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SOCIETE
D'HISTOIRE NATURELLE
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SOCIETE
D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
FONDEE LE I" AVRIL 1886
ET RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE LE 15 MAI 1RS»
DIX-NEUVIÈME BULLETIN
AUTUN
IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE DEJUSSIF.U
1906
/feW STATUTS ET RÈGLEMENT
OB LA
SOCIETE D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
APPROUVÉS PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL
Bit DATE DU I" AVRIL 1886
«T IIOD1PIK8
d'après l'instruction du conseil d'état
DU 15 DÉCBMBR.B 1893
STATUTS
BUT ET COMPOSITION DE L'ASSOCIATION
Article 1". — L'association dite Société d'histoire naturetle
d'Autun, fondée le 1" avril 1886, a pour but exclusif de contribuer
au progrès des sciences naturelles et préhistoriques, d'en propager
le goût, de reoberoher et recueillir tout ce qui peut se rattacher à
ces sciences. Tous les membres de la Société devront être Français,
et tout individu appartenant à une nationalité étrangère ne pourra
en faire partie à un titre quelconque. Les mineurs ne pourront être
admis, sans le consentement de leurs parents ou tuteurs.
Elle a son siège à Autun.
Art. 2. — Les moyens d'action de l'association sont les réunions,
les conférences, les excursions, l'exposition publique de ses collec-
tions, la publication d'un Bulletin annuel, une bibliothèque, etc.
Art. 3. — • L'association se compose de membres titulaires, de
membres à vie, de membres d'honneur, de membres bienfaiteurs et
de membres correspondants.
Pour être membre titulaire, il faut : 1° être présenté par deux
membres de l'association et agréé par le conseil d'administration ;
2* payer une cotisation annuelle, dont le minimum est de 10 francs.
Cette cotisation peut être rachetée, en ventant la somme de
100 francs qui donne alors droit au titre de Membre à vie.
Vj STATUTS ET RÈGLEMENT.
Les membres titulaires ont seuls voix délibérative dans les réu-
nions de la Société et sont seuls éligibles aux fonctions qu'elle
confère.
Le titre de membre d'honneur sera donné par la Société, en assem-
blée générale, aux personnes qui lui auront rendu des services ou
qui occupent un rang distingué dans les sciences ou les lettres.
Les propositions pour la collation de ce titre devront être adres-
sées au conseil d'administration qui n'y donnera suite qu'après
s'être assuré de l'assentiment de la personne proposée.
Le titre de membre bienfaiteur est aocordé à toute personne fai-
sant à la Sooiété un don en espèce ou en nature, d'une valeur mini-
mum de 500 francs.
Les membres correspondants ne sont pas plus soumis au paiement
de la cotisation que les membres d'honneur. Tous sont invités à
contribuer à la prospérité de la Société, par des dons manuels,
communications, etc., etc.
Art. 4. — La qualité de membre de l'association se perd :
1° Par la démission ;
2° Par la radiation prononcée, pour motifs graves, par le conseil
d'administration, le membre intéressé ayant été préalablement
appelé à fournir ses explications, sauf recours à l'assemblée générale ;
ou par l'assemblée générale, sur le rapport du conseil d'adminis-
tration.
ADMINISTRATION ET FONCTIONNEMENT
Art. 5. — L'assooiation est administrée par un oonseil composé
au moins de seize membres élus pour trois ans, par l'assemblée
générale.
En cas de vacance, le conseil pourvoit au remplacement de ses
membres, sauf ratification par la plus prochaine assemblée générale.
Le renouvellement du oonseil a lieu intégralement tous les trois
ans.
Les membres sortants sont rééligibles.
Ce conseil choisit parmi ses membres un bureau composé des
président, vice-présidents, secrétaire, trésorier.
Le bureau est élu pour trois ans.
Art. 6. — Le conseil se réunit tous les mois et ohaque fois qu'il
est convoqué par son président ou sur la demande du quart de ses
membres.
La présence du tiers des membres du oonseil d'administration est
nécessaire pour la validité des délibérations.
Il est tenu procès-verbal des séances.
Lee procès- verbaux sont signés par le président et le secrétaire.
Art. 7. — Toutes les fonotions de membre du oonseil d'adminis-
tration et du bureau sont gratuites.
STATUTS ET RÈGLEMENT. VÎJ
Art. 8. — L'assemblée générale des membres titulaires de l'asso-
ciation se réunit au moins une fois par an et chaque fois qu'elle est
convoquée par le conseil d'administration ou sur la demande au
moins du quart de ses membres.
Son ordre du jour est réglé par le conseil d'administration.
Son bureau est celui du conseil.
Elle entend les rapports sur la gestion du conseil d'administration,
sur la situation financière et morale de l'association.
Elle approuve les comptes de l'exercice clos, vote le budget de
l'exercice suivant, délibère sur les questions mises à l'ordre du jour
et pourvoit au renouvellement des membres du conseil d'adminis-
tration.
Le rapport annuel et les comptes sont adressés, chaque année, à
tous les membres, au préfet du département et au ministre de
l'intérieur.
Art. 9. — Les dépenses sont ordonnancées par le président. L'as-
sociation est représentée, en justice et dans tous les actes de la vie
civile, par le président.
Art. 10. — Les délibérations du conseil d'administration relatives
aux acquisitions, échanges et aliénations d'immeubles, aliénations
de valeurs dépendant du fonds de réserve, prêts hypothécaires, em-
prunts, constitutions d'hypothèques et baux excédant neuf années,,
ne sont valables qu'après l'approbation de l'assemblée générale.
Art. 41. — Les délibérations du conseil d'administration relatives
à l'acceptation des dons et legs, les délibérations de l'assemblée
générale relatives aux acquisitions et échanges d'immeubles, alié-
nations de valeurs dépendant du fonds de réserve et prêts hypothé-
caires, ne sont valables qu'après l'approbation du gouvernement.
RESSOURCES ANNUELLES ET FONDS DE RÉSERVE
Art. 12. — Les ressources annuelles de l'association se compo-
sent :
1» Des cotisations et souscriptions de ses membres ;
2° Des subventions qui pourront lui être accordées ;
3° Du produit des ressources créées à titre exceptionnel et, s'il y
a lieu, avec l'agrément de l'autorité compétente ;
4° Enfin, du revenu de ses biens et valeurs de toute nature.
Ces fonds seront exclusivement employés à favoriser le progrès
des sciences dont elle s'occupe.
Toute dépense n'excédant pas 50 francs pourra être autorisée
d'office par le président. Celles qui ne dépasseront pas 100 francs
seront votées par le conseil ; au-dessus de ce chiffre, elles ne pour»
ront être autorisées que par un vote de la Société.
Viîj STATUTS ET RÈGLEMENT.
Art. 43. — Le fonds de réserve comprend :
1° La dotation ;
2* Le dixième au moins de l'excédent des ressources annuelles ;
3° Les sommes versées pour le raohat des cotisations ;
4° Le produit des libéralités autorisées sans affectation spéciale.
Art. 14. — Le fonds de réserve est placé en rentes nominatives
3 °/o sur l'État, ou en obligations nominatives de chemins de fer
dont le minimum d'intérêt est garanti par l'État.
Il peut également être employé en acquisitions d'immeubles,
pourvu que oes immeubles soient nécessaires au fonctionnement de
la Société, ou en prêts hypothécaires, pourvu que le montant de ces
prêts réuni aux sommes garanties par les autres inscriptions ou
privilèges qui grèvent l'immeuble ne dépasse pas les deux tiers de
sa valeur estimative.
MODIFICATION DES STATUTS ET DISSOLUTION
Art. 15. — Les statuts ne peuvent être modifiés que sur la pro-
position du conseil d'administration ou du dixième des membres
titulaires, soumise au bureau, au moins un mois avant la séance.
L'assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet,
ne peut modifier les statuts qu'à la majorité des deux tiers des
membres présents. — L'assemblée doit se composer du quart, au
moins, des membres en exeroice.
Art. 16. — L'assemblée générale, appelée à se prononcer sur la
dissolution de l'association et convoquée spécialement à oet effet,
doit comprendre, au moins, la moitié plus un des membres en
exercice. La dissolution ne peut être votée qu'à la majorité des
deux tiers des membres présents.
Art. 17. — En cas de dissolution ou en cas de retrait de la recon-
naissance de l'association comme établissement d'utilité publique,
l'assemblée générale désigne un ou plusieurs commissaires chargés
de la liquidation des biens de l'association. Elle attribue les collec-
tions et la bibliothèque à la ville d'Autun, et l'actif net à un ou
plusieurs établissements analogues, publics ou reconnus d'utilité
publique. Ces délibérations sont adressées, sans délai, au ministre
de l'instruction publique.
Dans le cas où l'assemblée générale n'ayant pas pris les mesures
indiquées, un décret interviendrait pour y pourvoir, les détenteurs
des fonds, titres, livres et archives appartenant à l'association s'en
dessaisiront valablement entre les mains du commissaire liquida-
teur désigné par ledit décret*
Art. 18. — Les délibérations de l'assemblée générale prévues aux
articles 15, 16 et 17 ne sont valables qu'après l'approbation du
gouvernement.
STATUTS ET RÈGLEMENT. ÎX
Art. 19. — Un règlement adopté par l'assemblée générale et
approuvé par le ministre de l'intérieur, après avis du ministre de
l'instruction publique, arrête les conditions de détail propres à
assurer l'exécution des présents statuts. Il peut toujours être modifié
dans la môme forme.
Art. 20. — Le ministre de l'instruction publique aura le droit de
faire visiter par ses délégués les établissements fondés par l'asso-
ciation et de se faire rendre compte de leur fonctionnement.
REGLEMENT INTERIEUR
ET SURVEILLANCE
Article 1er. — Le président est chargé de maintenir l'ordre et la
régularité dans la Société, de diriger et de surveiller l'impression
des publications décidée par le conseil, et de pourvoir d'une manière
générale à tous les détails d'administration.
Art. 2. — Les vice-présidents remplacent le président en l'absence
de celui-ci. Ils en ont tous les pouvoirs.
Art. 3. — Le secrétaire^ sur l'invitation du président, convoque
aux séances, excursions, etc. ; il rédige les procès-verbaux.
Art. 4. — Le trésorier recouvre les cotisations, le droit de
diplôme, les allocations ou dons pécuniaires faits à la Société et en
délivre quittance.
Il acquitte les dépenses sur mandat du président.
Il tient, en un mot, un compte détaillé des recettes et des dépenses
de toute nature, et doit rendre compte de sa gestion à la première
réunion générale de chaque année.
Il ne pourra démissionner sans avoir fait vérifier ses livres par le
conseil.
Art. 5. — Les conservateurs recueillent et classent tous les objets
d'histoire naturelle offerts à la Société; ils donnent les soins néces-
saires aux collections et au mobilier.
Art. 6. — Le bibliothécaire-archiviste est chargé de la conser-
vation des livres, papiers, mémoires, communications, etc.
Art. 7. — Le conseil déterminera les ouvrages et les mémoires
qui devront être imprimés par la Société.
Art. 8. — Toutes les nominations et tous les votes auront lieu au
scrutin secret et à la majorité absolue des membres présents, à
moins que le vote par assis et levé ne rencontre aucune opposition.
X STATUTS ET REGLEMENT.
Art. 9. — Les membres titulaires devront acquitter, dans le pre-
mier trimestre de l'année, la cotisation annuelle.
Art. 10. — En échange du diplôme qu'ils recevront à leur réception,
les nouveaux sociétaires devront payer la somme de 2 francs.
Art. 14. — La cotisation donnera le droit de recevoir gratuitement
toutes les publications de la Sooiété et de prendre part à toutes les
excursions, réunions et conférences qu'elle pourra organiser.
Art. 12. — Tous les livres ou objets de colleotions donnés à la
Société porteront, autant que possible avec son estampille, le nom
du donateur.
Art. 13. — L'auteur d'un mémoire publié par la Société pourra en
faire exécuter, à ses frais, un tirage spécial qui devra porter en
sous-titre : Extrait des Mémoires de la Société d'histoire naturelle
d'Autun.
Art. 14. — La Sooiété fera l'envoi de ses publications aux sooiétés
qui auront été déclarées correspondantes.
Art. 15. — La Société déposera un exemplaire de toutes ses
publications à la bibliothèque de la ville d'Autun.
Art. 16. — Les membres titulaires de la Société auront seuls la
faoulté d'emporter à domioile les livres qui appartiennent à la
Sooiété, à la condition expresse d'en laisser un reçu sur le registre
tenu à cet effet par le bibliothécaire, et d'opérer eux-mêmes, dans
le délai d'un mois, la restitution des ouvrages qui leur auront été
confiés.
Art. 17. — Si la Sooiété venait à se dissoudre librement, sa biblio-
thèque et ses oollections deviendraient la propriété de la ville d'Au-
tun, pour être réunies aux collections publiques existantes. L'assem-
blée générale statuerait sur la liquidation du mobilier et l'emploi à
donner au fonds social, conformément au premier paragraphe de
l'article 17 des statuts.
Art. 18. — Toutes discussions, lectures ou impressions politiques
ou religieuses sont formellement interdites. La Société n'entend
d'ailleurs prendre, dans aucun cas, la responsabilité des opinions
émises dans les ouvrages qu'elle pourra publier.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ1
COMPOSITION DU BUREAU
Président d'honneur, M. Albert Gaudry, C. *, membre de l'Institut,
de la Société royale de Londres, de l'Académie royale de Prusse, eto.
Président, M. le Dr X. Gillot, médecin à Autun, I. Qt lauréat de
l'Institut, vice-président de la Société Éduenne et correspondant
du Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
le V* H. os Chaignon, *, à Autun.
M. Fauconnbt Louis, A. Q, à Autun.
Vice - Présidante ) M. A. Raymond, A. Qt ancien ingénieur en chef
' des mines de la Société du Creusot.
M. E. Schneidbr, maître de forges au Creusot,
député.
Secrétaire, M. Victor Bbrthier, I. Q, quincaillier à Autun.
Secrétaire adjoint, M. Camusat, ingénieur au Creusot.
Bibliothécaire, M. Ch. Clément, à Autun.
Bibliothécaire adjoint, M. Joseph Jbannbt, banquier à Autun.
M. V. Bbrthier, I. Q (minéralogie, géologie).
M. Bovbt, agent d'assurances (botanique).
M. le vicomte Henry de Chaignon, # (orai-
Con.arr.teur., J M *S"S!' ***?#*> minéralogie).
A M. Dubois Léon, pharmacien.
M. Fauconnbt Louis, A. Q (entomologie).
M. X. Gillot, I. i) (botanique).
M. Porte, ébéniste (botanique).
Trésorier, M. Jbannbt, anoien banquier.
I. La présente lUte est établie au I" Janvier 1907.
Xlj MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
MEMBRES D'HONNEUR
M. Baybt Charles, #, directeur de l'Enseignement supérieur et de
sociétés savantes au ministère de l'Instruction publique.
M. Edouard Bornet, O. $<, membre de l'Institut, 27, quai des Tour-
nelles, à Paris.
M. Marcellin Boule, #, professeur de paléontologie au Muséum,
72, avenue Alphand, à Saint-Mandé.
M. Bouvier, $*, membre de l'Institut et professeur de zoologie au
Muséum, 39, rue Claude-Bernard, à Paris.
M. Edouard Bureau, $s professeur de botanique au Muséum en
retraite, 24, quai de Béthune, à Paris.
M. Ernest Chantre, #, lauréat de l'Institut, sous-directeur du
Muséum de Lyon et secrétaire général de la Société d'anthropo-
logie de Lyon.
M. Chauveau, C. #s membre de l'Institut et professeur de pathologie
comparée au Muséum, 4, rue du Cloître-Notre-Dame, à Paris.
M. Dblafond, O. #, inspecteur général des mines, à Paris, 408,
boulevard Montparnasse.
M. Fayol Henri, $<, directeur général de la Société de Commentry-
Fourchambault-Deoazeville, 49, rue de Bellechasse, à Paris.
M. Albert Gaudry, C. $5, membre de l'Institut, professeur honoraire
de paléontologie au Muséum, 7 bis, rue des Saints-Pères, à Paris.
M. Alfred Qiard, #, membre de l'Institut, professeur à la Sorboune,
14, rue Stanislas, à Paris.
M. Grand'Eury, $<, ancien professeur à l'Ecole des mines, corres-
pondant de l'Institut, 5, cours Victor-Hugo, à Saint-Étienne.
M. Ernest Haiiy, O. $5, membre de l'Institut, professeur d'anthro-
pologie au Muséum et conservateur du musée d'ethnographie,
36, rue GeofTroy-Saint-Hilaire, à Paris.
M. Alfred Lacroix, *, membre de l'Institut, professeur de miné-
ralogie au Muséum, 8, quai Henri IV, à Paris.
M. Michel Levy, O. *, membre de l'Institut, inspecteur général des
mines, directeur du service de la Carte géologique de la France,
26, rue Spontini, à Paris.
M. Liard, G. O. $5, conseiller d'Etat, vice-recteur de l'Académie de
Paris, à la Sorbonne.
M. Léon Maquennb, $<, membre de l'Institut, professeur de physique
végétale au Muséum, 19, rue Soufllot, à Paris.
M. Stanislas Meunier, #, professeur de géologie au Muséum, 3,
quai Voltaire, à Paris.
Mn# F. de Montessus, à Ruliy.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. xiij
M. Pellat, O. # , ancien président de la Société géologique de France,
inspecteur général honoraire des services administratifs du minis-
tère de l'intérieur, au château de la Tourette, par Tarascon-sur-
Rhône (Bouches-du-Rhône), et 19, avenue du Maine, à Paris.
M. Germain Périer, maire d'Autun, conseiller général et député de
Saône-ët-Loire.
M. Henri de Par ville, O. $s rédacteur scientifique du Journal
officiel, des Débats, etc., lauréat de l'Institut, villa des Pins, Parc
des Princes, à Boulogne (Seine).
M. Edmond Perrier, O. $s membre de l'Institut, directeur du
Muséum d'histoire naturelle, membre de l'Académie de médecine,
57, rue Cuvier, au Muséum, à Paris.
M. Proteau Éléonore-Jean, juge au tribunal civil, à Autun.
M. Georges Rouy, $s ancien secrétaire général du Syndicat de la
presse parisienne, ancien vice-président de la Société botaniqne de
France, etc. » 41, rue Parmentier, à Asnières (Seine).
Dr H. -TE. Sauvage, $s directeur de la station aquicole de Boulogne-
sur-Mer (Pas-de-Calais), 39 bis, rue Tour-Notre-Dame.
M. Léon Vaillant, #S professeur de zoologie au Muséum, 36, rue
Geoffroy-Saint-Hilaire, à Paris.
M. R. Zeiller, O. $t, membre de l'Institut, inspecteur général' des
mines, professeur de paléontologie végétale à l'École des Mines,
8, rue du Vieux-Colombier, à Paris.
MEMBRES BIENFAITEURS
Mme J. Bocquet, 18, place d'Italie, à Paris.
Mme Duchamp, à Autun. f
Mme Jules Geoffroy, à la Chicolle, par Autun.
Mme F. de Montessus, à Rully.
Mmo Charles Naudin, à Antibes.
Mme Philibert Abel, à Bruailles et 16, rue Gioffredo, à Nice.
MM.
Vte H. de Chaignon, #, au château de Condàl (S.-et-L.), et 14, ruo
Guérin, à Autun.
Albert Gaudry, C. &, membre de l'Institut, 7 bis, rue des Saints-
Pères, à Paris.
Docteur X. Gillot, I.'0, médecin à Autun.
Georges de Laplanche, au château de Laplanche, près Luzy (Nièvre).
Pierre de Laplanche, au château de Laplanche, près Luzy (Nièvre).
Capitaine Lucand, décédé.
i. Par décision prise dans la séance du 6 avril 1893, la Société accorde le titre
de Membre bienfaiteur, à toute personne qui lui fait un don en espèces ou en nature
d'une valeur minimum de 500 francs.
Xiv MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
A. ManGEard, décédé.
Docteur F. de Montbssus, décédé.
Proteau Éléonore-Jean, juge au tribunal civil d' Autun.
Proteau François, décédé.
A. Roche, décédé.
Philibert Abel, $s chef de bataillon du génie, en retraite, à Bruailles,
et 16, rue Gioiïredo, à Nice.
Bernard Renault, décédé.
MEMBRES A VIE
MM.
Abord Gaston, $s procureur de la République à Toulon (Var).
André Ernest, 64, rue Carnot, à Màcon.
Bergeron Jules, &, professeur de géologie à l'École centrale, sous-
directeur du Laboratoire de géologie à la Faculté des Sciences,
157, boulevard Haussmann, à Paris.
Bbrthier Maurice, à Autun.
Berthier Victor, I. Q, à Autun.
Prince Roland Bonaparte, iO, avenue d'Iéna, à Paris.
Docteur Boquin médecin à Autun, lauréat médaillé de la Faculté de
médecine, de l'Académie de médecine et des hôpitaux de Paris.
Chevalier Eugène, direoteur de l'agence H du Crédit Lyonnais,
34, rue du Bao, à Paris.
Coqueugniot Henri, ingénieur à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais).
Dbvillbrdbau Jules, A. Q, 51, rue Denfert-Rochereau, à Paris.
Devoucoux Albert, docteur en droit, avocat à Autun.
Docteur Épery, médeoin à Alise-Sainte-Reine.
Fourney, contrôleur des mines au Creusot, 177, route de Couches.
Gaonbpain, A. y, préparateur de botanique au Muséum, 4, avenue
d'Italie, à Paris.
Gbnsoul Charles-Louis-Joseph, au château du Blanohet, à Château-
neuf (Saône-et-Loire).
Docteur Gillot Viotor, A. Q. chef de clinique et médeoin des hôpi-
taux d'Alger, 21, avenue Victor-Hugo (Mustapha).
Jbannbt Joseph, banquier à Autun.
Docteur Jousseaume, 29, rue de Gergovie, à Paris.
Docteur Lannois Maurice, A. y, professeur agrégé à la Faculté de
médecine, médecin des hôpitaux de Lyon, 14, rue Emile- Zola.
MAncAiLHOU-D'AYMÉRic Hippolyte, pharmacien de 1" classe à Ax-
les-Thermes (Ariège).
t. D'après le troisième paragraphe de l'art. 3 du règlement, tout sociétaire peut
devenir membre à vie eu versant une fois pour toute la somme de 100 francs.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. XV
Michaud, huissier à Nolay (Côte-d'Or).
Pic Maurice, A. Q, directeur de l'Échange, maire des Guerreaux
(Saône-et-Loire).
Mmo Maurice Pic, aux Guerreaux (S.-et-L.).
Yovanne Renault, ancien huissier, 15, rue Dufraigne, à Autun.
Reyssibr Pierre, employé de commerce à Autun,
Royer Lucien, propriétaire à Barnay.
Paul Saintot, professeur de l'Université à Villegusien (Haute-
Marne).
Docteur Valat, médecin à Autun.
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Abbayes (des), sous-directeur des contributions indirectes à Autun.
Abord Charles, juge de paix à Mesvres.
Abord Victor, receveur municipal à Autun.
Adbnot, notaire à Moux.
Agogué, commisssaire-priseur à Autun.
André 0., artiste peintre, 19, rue des Gordeliers, à Soissons.
André Georges, vétérinaire à Autun.
André-Rousseau, marchand de bois à la Coudre, oommune d'Auxy.
Andriot Pierre, négociant à Autun.
Arbelot Jean, ancien négociant à Autun.
Arlot, représentant de oommeroe à Autun.
Armandin Ernest, pharmacien à Quarré-les-Tombes (Yonne).
Armbt de Lisle, $s industriel, 29, rue Hoche, à Nogent-sur-Marne.
Arnon Victor, A. Q, chef de bureau à la petite vitesse, à Nevers.
Marquis d'Audiffret, officier de cavalerie en retraite, au château
de Boutavent, près de Cluny.
Audin Marius, 7, rue du Jardin-des-Plantes, à Lyon.
Avondo-Thevbnet, peintre à Autun.
Bacqublot Charles, propriétaire au château des Rondeaux, com-
mune de Sain t-Nizier-sur-Ar roux.
Bailly, libraire à Etang.
Bailly Jacques, propriétaire à Damerey (S.-et-L.).
Barbotte, vétérinaire à Autun.
Docteur G. Bardet, 20, rue de Vaugirard, à Paris.
Baret Félix, propriétaire à Dracy-Saint-Loup.
Barnay, propriétaire, rue du Petit- Ri vault, à Autun.
Baroin Simon, négociant à Autun.
Baron Antoine, notaire à Autun.
Docteur Baron Joseph, médecin, 10, rue Changarnier, à Autun,
Basdevant Louis, propriétaire à Anost.
XVJ MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Bassal, ingénieur civil des mines, Croix- Menée, au Creusot.
Basset, instituteur à Mont, par Bourbon-Lancy.
Baudran Claude, représentant de commerce à la Grande-Verrière.
Baudonnet, pharmacien au Creusot, rue de la Sablière.
Baumann, ingénieur des arts et manufactures, directeur de l'usine
de plombs argentifères de l'Escalette Madrague- Mon tredon, à
Marseille.
Batle Paul, A. 1£, ingénieur, directeur de la Société lyonnaise des
schistes bitumineux, à Autun.
Bazot Louis, I. Q, professeur de l'Université en retraite, 17, rue du
Drapeau, à Dijon.
V" Xavier de Beaumont, à Martigny-le-Comte (S.-et-L.).
Béclère Henri, externe des hôpitaux de Paris, 3, rue de la Harpe.
Bel Adolphe, tanneur à Autun.
Béné-Nicot, fabricant de plâtre à Ivry-en-Montagne (Côte-d'Or).
Berger Camille, propriétaire, rue du Petit-Pont, à Autun.
Berger Claudius, négociant à Toulon-sur-Arroux.
BBUTHlfiR Ernest, rue de la Sablière, au Creusot.
Docteur Bertrand, médecin, rue Bernard-Renault, à Autun.
Bertrand Emile, imprimeur à Chalon-sur-Saône.
Bertrand C.-Eg., $s professeur à l'Université de Lille, correspon-
dant de l'Institut, 6, rue d'Alger, à Amiens (Somme).
Bertrand Paul, préparateur du Musée houiller à l'Université de
Lille.
Bbsancbnot, entrepreneur à Autun.
Bburton-Vieillard, négociant à Liernais (Côte-d'Or).
Docteur Bichbt, médecin, rue de la Sablière, au Creusot.
Bidaut Pierre, préposé en chef de l'ootroi d' Autun.
Bigeard René, A. Ô, instituteur en retraite à Nolay (Côte-d'Or).
Billard Emile, dessinateur aux usines du Creusot, en résidence à
Montcenis.
Docteur Billout, médecin, 18, rue Changarnier, à Autun.
Blanvillain Alexandre, artiste, 54, rue Lamartine, à Paris.
Bligny-Péguet, industriel à Autun.
Blondeau Jean, négociant à Autun.
Boell Charles, agréé près le tribunal de commerce d' Autun.
Bois Désiré, $<, assistant au Muséum, secrétaire rédacteur de la
Société nationale d'horticulture de France, 15, rue Faidherbe, à
Saint-Mandé (Seine).
Boisseau Paul, employé aux usines du Creusot, rue de Torcy.
De Boissieu Henri, membre de la Sooiété botanique de France, à
Varambon, par Pont-d'Ain (Ain).
Bonjean Antoine, percepteur à Épinac.
Bonn aud- Brosse, serrurier à Autun, rue des Cordeliers.
Bonnbtêtb Hector, conservateur des hypothèques à Lunéville.
Bonnin (l'abbé), 34, cours la Reine, à Paris.
Bonny Victor, marchand de bois en gros, à Saint-Léger-sur-Dheune.
De Bontin Henri, château des Revireys, près Autun.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. ZVij
Bordaz G., planteur à la Martinique (Saint- Joseph), habitation la
Salubre.
Bosc Antoine, huissier à Autun.
Boudriot Armand, huissier à Issy-1'Evôque.
Bouhéret Louis, propriétaire à Mesvres.
Bouillod Lois, propriétaire à Saint-Léger-sur-Dheune.
Bourdot Henri (l'abbé), curé à Saint-Priest-en-Murat, par Montma-
rault (Allier).
Bourgeois Claude, fleuriste à Autun.
Bousquet Henri, négociant à Toulon-sur-Arroux.
De Boutètre (Roger Assézat), aux Munots, par la Charité (Nièvre).
Bouthenbt, notaire à Couches.
Boutillon Jules, propriétaire & Montoenis.
Bouvet, pharmacien à Autun.
BouveyrOn Jules, anoien pharmacien à Lagnieu (Ain).
Bovet Antoine, agent d'assurances, à Autun.
Dooteur Briau, médecin à l'Hôtel-Dieu, au Creusot.
Brintet (l'abbé), aumônier du Collège, à Autun.
Briotet-Lacoste, doreur à Autun.
Brivot Edmond, minotier au Moulin-du-Sac, près Toulon-s.-Arroux.
Brosse, ingénieur en chef des mines à Épinac.
Bûcheron Léon, ingénieur à Moulins.
Buisson, pharmacien à Autun.
Cambray Antoine, A. Q, ingénieur aux Thelots, près Autun.
Camusat J., ingénr aux hauts fourneaux du Creusot, 2, rue de Dijon.
Candoret Jean, entrepreneur, 152, route de Couches, au Creusot.
Canet Adolphe, notaire à Autun.
Canbt Louis, industriel, avenue de la Gare, à Autun.
Cardot Jules, bryologue, square du Petit-Bois, 1, à Charlevilie.
Carne Louis, industriel à Autun.
Carrion J.-M., instituteur à Paris-l'Hôpital.
Chalon Paul, pharmacien à Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre).
Docteur Chalon Pierre, médecin à Issy-1'Évêque.
Du Chambon Pierre, industriel à Grury (Saône-et-Loire).
Chambrun, pharmacien au Creusot.
Changarnier Emile, architecte du gouvernement, àChalon-s.-Saône.
Chanliau Gabriel, propriétaire à Saint-Symphorien-de-Marmagne.
Chanlon, contremaître au Creusot, 5, rue de Chalon.
Chantblot J.-M., ancien négociant aux Gravières, près Toulon-
sur-Arroux.
Charbonnier-Lebreton, greffier du tribunal civil à Autun.
Charleux, marchand de biens au Creusot.
Charmasse (de) Anatole, président de la Sooiété Éduenne.
Charollois René, peintre à Autun.
Charollois, professeur d'arboriculture, horticulteur-pépiniériste, à
la Montée-Noire, près du Creusot.
Châtaignier J.-B., entrepreneur à Autun.
tome xix. b
XViij MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Châtain Jean-Baptiste, vétérinaire à Autun.
Château, instituteur à Bourg-le-Comte, près Marcigny.
Chaumonot Alfred, percepteur à Montcenis.
Chayannbs Edmond, villa des Rosiers, à Autun.
Chbvaillbr (l'abbé), curé à Ëpinac.
Chevalier Jean, propriétaire à Paris-l'Hôpital.
Chevalier Joseph, propriétaire à Autun.
Chevalier René, négociant à Autun, rue de la République.
Chevalier, direct1, de la Grande Tuilerie, à Saint-Symphorien-lès-
Autun.
Chevallier Maurice, quincaillier à Autun.
Chevrier Charles, représentant de commerce, à Autun.
Chifflot, serrurier, rue Saint-Saulge, à Autun.
Docteur A. Chobaut, 4, rue Dorée, à Avignon.
Chopin, entrepreneur de menuiserie à Autun.
Chubillbau Eugène, entrepreneur à Villiers-Charlemagne(Mayenne).
Clair Albert, au ohàteau de Frétoy, commune de Collonge-la-Made-
leine (Saône-et-Loire).
Clément Charles, propriétaire à Autun.
Clerc Emile, quincaillier à Autun.
Cochet Emile, A. Q, banquier à Toulon-sur-Arroux.
Colbttb Paul, fabricant de produits chimiques à Ne vers.
Colleuil Charles, comptable à l'usine Courtot aîné, à Dôle.
Collinbt père, éleotricien à Autun.
Collot Jules, négociant en bois à Autun.
Comeau, propriétaire à la Mine, faubourg Saint-Biaise.
Comoob René, représentant de commerce à Autun.
Coroin Henri, menuisier à Autun.
Cordin Pierre, menuisier à Autun, rue Piolin.
Cortbt Paul, pharmacien à Alligny-en-Morvan (Nièvre).
Çortbt-Roussbau, négooiant à Alligny-en-Morvan (Nièvre).
Coste, agréé près le tribunal de commerce à Autun.
Costb Etienne, maître de forges à Laoanche (Côte-d'Or).
Cottin Lazare, inspecteur de la compagnie d'assurances le Cotiser-
valeur, au Creusot.
Cottin, maire de Broyé.
Cougnbt Alphonse, direoteur de l'usine à gaz, à Vierzon.
Courrbau Lazare» facteur de pianos à Autun.
Crbusvaux Alfred, industriel à Arnay-le-Duo.
Croizier Henri, avoué à Autun.
Croizier Bernard, avoué à Autun.
Dambron, négociant en vins à Autun.
Dantbl, rue de la Grille, à Autun.
Daviot Hugues, I. Q, ingénieur civil, licencié es sciences, à Gueu-
gnon.
Docteur Daviot Maurice, médecin à Saint-Léger-sur*Dheune (Saône-
et-Loire).
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ xix
Dbbourdeau Louis, propriétaire à Grizy, commune de Saint-Sym-
phorien-de-Marmagne.
Docteur Dechaumb-Montcharmont, médecin à Étang.
Déchelettb Joseph, A. Q, à Roanne.
Deffoux Louis, 4, rue Molière, à Paris.
Deguin, employé de commerce à Àutun.
Dejussieu Ernest, #, capitaine au 10« ohasseurs à Moulins (Allier).
Dbjussieu François, imprimeur-libraire à Autun.
Dejussieu Michel, imprimeur-libraire à Autun.
Dblacour Théodore, trésorier de la Société botanique de France,
94, rue de la Faisanderie, à Passy-Paris.
Demonmerot Emile, notaire à Autun.
Derdaine père, brasseur à Autun.
Deseilligny J., au château de Mont-d'Arnaud, commune de Broyé.
Dbshayes, représentant des houillères d'Épinac, à Autun.
Desjours Joseph, entrepreneur à Autun.
Dbsmoulins, horticulteur à Pierrefitte, près Autun.
DE8SENDRE Edmond, propriétaire aux Daumas, commune de Mesvres.
Desserte nne, négociant, rue d'Allier, à Moulins.
Dessoly J.-L., propriétaire et conseiller municipal au Creusot.
Comte Fernand d'Esterno, au château de la Vesvre, â la Selle-en-
Morvan.
Destival, ingénieur civil des mines, directeur de la Société des
houillères à Épinac.
Desvignes Louis, entrepreneur â Saint-Symphorien-de-Marmagne.
Desvignes, maître d'hôtel, rue de la Sablière, au Creusot.
Develay Louis, négociant à Autun.
Devenbt, pharmacien au Creusot.
Devieux, hôtel de la Gare, à Autun.
Deville Jules, 42, rue des Jeûneurs, à Paris.
Docteur Diard G., A. Q> médecin au Creusot.
Docteur Digoy, A. Q, médecin à Saint- Léger-sous-Beuvray.
Diosson P., fabricant de produits chimiques, à Palinges.
Dirand Eugène, A. Q, mécanicien-fondeur, premier adjoint à Autun.
Diry Stéphane, négociant à Grury (Saône-et-Loire).
Dode Louis-Albert, docteur en droit, 4, place du Maine, à Paris et
à Sorbier, par Jalligny (Allier).
Dolle, ingénr des arts et manufactures, 58, rue de Torcy, au Creusot.
Douhéret Gaston, géomètre-expert à Montcenis.
Drbyssé, &, chef d'escadron d'artillerie colon1*, en retraite, à Autun.
Drillien, boucher à Autun.
Docteur Drizard, médecin au Creusot.
Drouhin, propriétaire à Cirey-lès-Nolay.
Dubois Léon, pharmacien à Autun.
Duchemain Charles, à la Roche t te, commune de Laizy (Saône-et-
Loire).
Duchêne Louis, à Saint-Martin-lès-Autun.
Dulaurbnt, architecte à Autun.
XX MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
Dumontbt Louis, géomètre aux usines du Creusot.
Dupuis L., chef de comptabilité aux usines du Creusot, avenue de
Chaniiau.
Dorbl, direoteur de la Sooiété générale (succursale d'Autun).
Essards (Eugène des), ohef d'institution à Territet (Vaud, Suisse).
Falque Auguste, pharmacien à Autun.
Fauconnbt, sculpteur & Autun.
Fauconnbt Louis, A. Q, à la Frette, à Autun.
Faurb Michel, avocat à la Cour d'appel, 21, quai Fulohiron,
à Lyon.
FB8QUBT Joseph, mécanicien-électricien à Autun.
Finbt Achille, attaohé au Muséum, 117, boulevard Malesherbes,
à Paris.
Flagbollbt (l'abbé), curé à Rigny-sur-Arroux.
Flamarion Louis, A. Q, substitut du procureur général à Dijon.
Flichb Paul, #, ancien professeur à l'École forestière de Nancy,
9, rue Saint-Dizier.
Floqubt Paul, étudiant A Beaune.
Théodule db Fontbnay-Changarnier, à Autun.
Fonty Martin, sculpteur à Autun.
Fourneau Joseph, Ingénieur, sous-directeur de l'usine de Char-
donnet, près Besançon.
Franchet Louis, chimiste, 11, rue Barreau, à Asnlères (Seine).
Frérot Lazare-Étienne-Joseph, commis principal, chef de poste des
contributions indirectes à Semur (Côte-d'Or).
Gadant René, A. 0, receveur de l'enregistrement à Autun.
Gaillard Auguste, cafetier au Creusot.
Gallay, pharmacien à Toulon-sur-Arroux.
Comte Gérard de Ganay, chalet de Fougerette, près Étang.
Garnibr J.-M., aux Gravières, près Toulon-sur-Arroux.
Garnibr Maurice (l'abbé), curé à Auxy.
Gaudry, propriétaire à Saint-Nizier-sous-Charmoy (S.-et-L.).
Gaunet-Laplantb, Nouvel-Hôtel, à Autun.
Gauthby Henri, restaurateur à Autun.
Gbnnbvaux, 18, rue Saint-Claude, à Montpellier.
Gensoul J., à Saint-Maurice-lès-Chàteauneuf (S.-et-L.).
Gentilhomme Lazare, régisseur à la Boulaye.
Genty Paul-André, botaniste à Dijon, 15, rue Garibaldi.
Gérard, négociant, 3, rue aux Cordiers, à Autun.
Docteur Gérard, médecin au Creusot, 54, rue d'Autun.
Gérardin, A. {}, professeur au Collège d'Autun.
Gillot André, secrétaire de la Société Éduenne, à Autun.
Gillot Charles, correspondant du chemin de fer, à Autun.
Gillot Joseph, ingénieur-électricien, à Paris.
Gillot Louis, avoué à Autun.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. XXj
Gireau, conducteur principal des ponts et chaussées à Saint-Julien-
sur-Dheune.
Gloria (l'abbé), chanoine à Autun.
Goulot Jean-Marie, droguiste à Autun.
Goursaud, négociant à Autun.
Gouthiére Alfred, propriétaire à Gordesse.
Graillot Antony, ancien négociant à Autun.
G rail lot Félix, ingénieur, boulevard Mazagran, à Autun.
Graillot Henri, agrégé, maître de conférera à la Faculté de Toulouse.
Graillot Léon, négociant à Autun.
Graillot J.-M., recev-entreposeur, 19, cours de la Liberté, à Lyon.
Gravier Charles, assistant au Muséum, li, rue Lacépède, à Paris.
Grèce Charles, secrétaire de mairie à Toulon-sur-Arroux.
Grézbl Louis, A. Qt professeur au Collège d* Autun.
Docteur Grillot Henri, A. Q, médecin à Autun.
Docteur Griveaud Louis, médecin au Martrat de Marcilly-lès-Buxy.
Groux-Lemcke J., libraire, 13, rue de Buci, à Paris.
Guenaro Gabriel, négociant à Autun.
Docteur Etienne Guenot, médecin à la Roche-en-Brenil (Côte-d'Or).
Gueuneau, négociant à Dezize (Saône-et-Loire).
Gubrrin A., architecte à Autun.
Guillaume Edmond, I. Q, prinoipal du Collège à Autun.
Guillemaut Lucien, sénateur à Paris, 62, boulevard Saint-Germain.
Guillemaut, receveur des finances à Autun.
Guette Jean, chef du service de la régie du domaine de MM. Schnei-
der et Cie, aux Socs, le Creusot.
Hariot Paul, préparateur au Muséum, 63, rue de Buffon, à Paris.
Hémet, pharmacien à Chavanges (Aube).
Henriot, A. i>, rue des Écoles, à Autun.
Docteur HouzÉ, médecin à Cussy-en-Morvan.
Hua Henri, botaniste, 254, boulevard Saint-Germain, à Paris.
Jardot, peintre au Creusot, rue de Montchanin.
Jarlot James, notaire à Autun.
Jarlot Jean, banquier à Autun.
Jeannet père, anoien banquier à Autun.
Jeannet, juge de paix à Issy-l'Evôque.
Jeannin-Mangematin, entrepreneur à Autun.
Jolibt Gaston, I. Q, docteur en droit, gouverneur des colonies, 64,
rue Chabot-Charny, à Dijon.
Jondbau, A. 0, instituteur à Chagny.
Jondot Henri, dessinateur, 24, rue de l'Artillerie, au Creusot.
Jumart Joseph-François, graveur-dessinateur, 6, chemin de laRize,
Lyon- Villeurbanne.
Labarrb, fondé de pouvoirs au bureau des hypothèques, à Autun.
LachOT Henry, instituteur en retraite, chevalier du Mérite agricole,
à Souhey, par Semur (Côte-d'Or).
XXÎj MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Lacommb Léon, A. Q, docteur en droit, à Mesvres.
Dooteur Lagouttb, médecin en chef de l'Hôtel-Dieu, au Creusot.
Docteur Laguille Lazare, #, médecin à Autun.
Lahayb François, rue Bouteiller, à Autun.
Lahayb Louis, oafetier à Autun.
De Lairb Edgar, 188, rue de l'Université, à Paris.
Docteur Lallibr Alphonse, médecin à Tannay (Nièvre).
Lamy Edouard, préparateur à la Faculté des sciences et au Muséum,
à Paris.
Langbron Maurice, docteur en médeoine, li, rue Férou, à Paris.
Laprêt Louis, chef du personnel des usines de MM. Sohneider et Civ,
au Creusot.
Larub-Duvbrnb fils, relieur à Autun.
Docteur Latouchb Frédéric-Ferdinand, médecin à Autun.
Lbbègub, confiseur à Autun.
Lbblond, pharmacien à Pouilly-en-Auxois.
Lbcomtb, professeur au lycée Saint-Louis, 14, rue des Éooles, à
Paris.
Dooteur Lbmoinb, médecin à Chàteau-Chinon.
Lbnoblb Noël, propriétaire à Antully.
Lbtort, avocat à Autun.
Levier, horloger, cité Antoine, par Montchanin-les-Mines.
Docteur Liabot Henri, médeoin à Cluny.
Lignibr Octave, professeur de botanique à la Faculté des soienoes
de Gaen, 26, rue du Docteur- Rayer.
Magnibn, sénateur, 2, boulevard Raspail, à Paris.
Malord Claudius, architecte à Autun.
Mangin Louis, O. #, professeur de cryptogamie au Muséum d'his-
toire naturelle, 2, rue de la Sorbonne, à Paris.
Marchal Ch., A. Q, instituteur en retraite à Saint-Maurioe-lès-
Couohes (3aône-et-Loire).
Marchand, instituteur, 8, rue Masséna, au Creusot.
Marchand, pharmacien à Autun.
Marchand Emile, négociant à Autun.
Mariottb Christophe, tapissier & Autun.
Marlot Hippolyte, à Martigny, près Saint- Symphorien-de-Mar-
magne (Saône-et-Loire).
Maron Albert, 13, rue du Charnier, à Nevers.
Martbt Charles, imprimeur au Creusot.
Martin Félix, sénateur à Paris, 36, rue des Bernardins, et à Morey,
près du Creusot.
Martinon Lazare, 12, rue Guérin, à Autun.
Marty Pierre, au château de Caillac, près Arpajon (Cantal).
Marie, #, chef de bataillon au 36* régiment d'infanterie à Bourgoing
(Isère).
Massby Henri, entrepreneur de travaux d'hygiène et de couverture,
à Autun.
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. XXiij
MA880N Pierre, libraire-éditeur, 120, boulevard Saint-Germain, à
Paris.
Maudry Achille, maître d'hôtel chez M. E. Schneider, 34, cours la
Reine, à Paris.
Mauchien E., négociant à Autun.
Mazimann, professeur à l'Ecole préparatoire de cavalerie, à Autun.
Menand Emile, avoué à Autun.
Menegaux Henri-Auguste, docteur es sciences, assistant au Muséum,
9, rue du Chemin-de-Fer, à Bourg-la-Reine (Seine).
Menni Jean-Ulrich, à Devay, près Decize (Nièvre).
Mercier Bertrand, industriel à Autun.
Merle Antoine, notaire à Montcenis.
Meunier, entrepreneur à Autun.
Michaud-Chevribr, ornithologiste à Autun.
Millet Léon fils, propriétaire à Lucenay-l'Évéque.
Millier François, propriétaire, agronome à Sainte-Radegonde.
Millot Lucien, A. Q, 27, avenue de Versailles, à Paris.
Miron François, ingénieur civil, 95, rue Lamarok, à Paris.
Montagne, agent général de l'Urbaine, au Creusot.
Montcharmont, conseiller général à la Grande- Verrière.
Montmartin L., employé aux usines du Creusot.
Montpillard Fernand, A. y, micrographe, 22, boulevard Saint-
Marcel, à Paris.
Monzein, bourrelier à Autun.
Moreau Henri, vétérinaire inspecteur à Châtillon-en-Bazois.
Morbl Louis, conducteur de la voie, à Montchanin.
Moriot J., instituteur à Gannay- sur-Loire (Allier).
Morot Louis, I. 0, docteur es sciences naturelles, assistant au
Muséum, 9, rue du Regard, à Paris.
Mortier, sous-directeur du Crédit Lyonnais, à Autun.
Nbctoux Joseph, ancien négociant en vin& à Autun.
Nbyrat Alexandre, négociant, rue de la Terrasse, à Autun.
Nidiaut J., dessinateur au Creusot, maison Vincent, route de
Couches.
Nigaud Albert, géomètre-expert à Mesvres.
Ninot Edmond, propriétaire à Saint-Léger-sur-Dheune.
Noblat Jean, négociant à Autun.
Nourrt Dominique, négooiant à Autun.
Nulbt, receveur d'octroi à Autun.
Offnbr Jules, préparateur de botanique à la Faculté des sciences
de Grenoble.
Ormbzzano Quentin, entrepreneur à Marcigny.
Oudot Joseph, négociant en vins à Autun.
Ozanon Charles, propriétaire à Saint-Émiland, par Couches-les-
Mines.
Xxiv MEMBRES 0B LA SOCIÉTÉ.
Paillard Louis, négociant à Autun.
Paquelin Charles, loueur de voitures à Autun.
Paquis, ancien avoué à Autun.
Parant Georges, vétérinaire à Autun.
Paris Paul, ancien vérificateur des poids et mesures à Autun.
Parmbntier Paul, I. Q et du Mérite agricole, lauréat de l'Institut
de France et de la Société Nationale d'Agriculture, professeur
adjoint à la Faculté des sciences de Besançon, direoteur de la
Station agronomique de Franche-Comté, 6, ohemin des Vieilles-
Perrières, à Besançon.
Passibr Albert, propriétaire à Chtssey.
Pasteur, conservateur des hypothèques à Autun.
Patron Félix, agent voyer d'arrondissement faisant fonctions d'in-
génieur ordinaire en retraite, à Autun
Pautet G., libraire au Creusot.
Pelletier Gustave, anoien bijoutier à Autun.
Pelletier Jérôme, anoien inspecteur aux chemins de fer P.-L.-M.
1, avenue de la République, à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-
et-Oise).
Pblux C, maire à Auxy.
Pénoyéb, négociant à Autun.
Périer Germain, avocat, député, conseiller général, maire d'Autun.
Pbrnot Ernest, A. |>, professeur de mathématiques en retraite,
à Aujeures, par Vaillant (Haute-Marne).
Docteur Pbrraudin, pharmaoien, 70, rue Legendre, à Paris.
Pbrraudin Jean, agent d'assurances à Autun.
Perriault Emile, négociant à Autun.
Perricaudet Etienne, ferblantier à Autun.
Pbrruchot, au château de Brouin, par Aunay-en-Bazois (Nièvre).
Perruchot René-Marie, instituteur en retraite à Auxy.
Perrucot Charles, quincaillier à Autun.
Pbssbt dit Fontaine, négociant en vins à Autun.
Petit L., dessinateur au Creusot, rue des Riaux.
Pichat, substitut du procureur de la République, à Chalon-sur-Saône.
Pinard, A. 0, agent voyer à Étang.
Pitois Etienne, élève à l'École polytechnique.
PlaS8ard, A. Q, professeur à l'École de cavalerie, à Autun.
Poirault Georges, docteur es sciences, direoteur de la villa Thuret,
à Antibes.
P0IR80N Paul, A. O, imprimeur à Autun.
Pons Edouard, chef de service à Margenne, près Autun.
Porte P., ébéniste à Autun.
Pouillbvbt Georges, banquier à Autun.
Prdnblé (comte Charles de), au ohâteau de Digoine, près Couches-
les-Mines.
De Qubrcizb Eusèbe, propriétaire à Luoenay-lÉvôque.
Qdbsnbl, huissier à Autun.
0 #_
MEMBRES DE LA SOCIETE. XXV
Queva Charles, professeur à la Faculté des sciences, 2 bis, rue
Gagneraux, à Dijon.
Quincey Jean, horticulteur, maison Abord, rue de l'Arquebuse, à
Autun.
Quincy Ch., instituteur en retraite, 12, rue Edgar-Quinet, à Chalon-
sur-Saône.
Racouchot Henri, à Autun.
Rais, ingénieur des arts et manufactures, directeur aux établisse-
ments Schneider et Cie, au Creusot.
Raphaël, photographe à Autun.
Rasse, négociant à Autun.
Raymond, A. y, ancien ingénieur en chef des mines de la Société du
Creusot, à la Porte, près Saint-Symphorien-de-Marmagne.
Raymond Maurice, ingénieur des arts et manufactures, aux Moreaux,
commune de Brion, par Autun.
Docteur Rebillard, médecin au Creusot.
Régnier Emile, ancien notaire à Roussillon.
Régnier Jules, #, ancien président du tribunal de commerce de
Dijon, 16, place d'Armes, à Dijon.
Docteur Renaud Fernand, médecin à Autun.
Renaud aîné, ancien négociant à Autun.
Renaud Louis, ancien négociant à Autun.
Renier Louis, négociant à Autun.
Repoux Charles, propriétaire et maire à la Comelle-sous-Beuvray.
Rbpoux Léopold, à la Ferrière, commune d'Anost, et 191, boulevard
Pereire, à Paris.
Rèrolle Joseph, secrétaire perpétuel de la Société Eduenne, ancien
notaire à Autun.
Rérolle Louis, conservateur du musée de Grenoble.
Reyssier Joseph, négociant à Autun.
Abbé Ribaud Michel, 3, rue Président-Carnot, à Lyon.
Ridard Philippe, négociant en vins à Santenay.
Rigollot François, ancien libraire à Autun. •
Rodary Paul, propriétaire à Monthelon.
Roidot Albert, C. #, général de division à Orléans.
Roizot, pharmacien à Autun.
Rondblbux, industriel à Buxières-les-Mines (Allier).
Roussblet Charles, pharmacien à Aurec (Haute-Loire).
Roux J.-A.-Cl., docteur es sciences, 25, rue du Plat, à Lyon,
Saclier, A. 0, maire à Charbonnat.
Saladin Edouard, ingénieur aux usines du Creusot.
Salin, pharmacien à Château-Chinon.
Salin Pierre ingénieur, directeur des mines de Decize à la Machine
(Nièvre)
Saulze-Bbst, représentant de commerce, 55, rue de la Charité, à Lyon.
Sauron Henri, à Anost.
XXVJ MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Sauzay Jean, négociant à Autun.
Sauzay Joanny, ancien notaire, à Fontaines (Saône-et- Loire).
Sauzay Marc, ancien négociant à Fontaines (8aône-et-Loire).
Sauzay Maurice, vice-président honoraire de la Chambre de com-
merce de Chalon-sur-Saône, à Autun.
Sauzay Paul, ohevalier du Mérite agricole, négociant à Autun.
Schneider Eugène, maître de forges au Creusot.
Sebille (l'abbé), ouré-archiprêtre à Lucenay-l'Évêque.
Sbbille (l'abbé) René, curé-arohiprétre à Issy-l'Évèque.
Seguin Adrien, négociant à Autun.
Seguin Ernest, cordonnier à Auxy.
Institution Saint-Lazare, à Autun.
Silyestrb J.-B., doreur à Autun.
Sirdby, chef de gare en retraite à Autun.
Soudan Edward, A. 0, industriel à Luzy.
Taragonnbt Paul, quincaillier à Briennon (Yonne).
Thbvbnin Armand, I. 0, docteur es sciences, assistant au Muséum,
à Paris, 45, rue Bara.
Thévbnin Georges, 6, quai Henri IV, à Paris.
Thibault Alexandre, rentier, avenue de la Gare, à Autun.
Thomas Léon, pharmacien au Creusot, 30, rue de Chalon.
Thombrbt Jules, industriel à Arnay-le-Duc.
Tissibr Emile, entrepreneur à Autun.
Tournoubr André, 48, rue de Lille, à Paris.
Toussaint Viotor, $s ingénieur, 7, boulevard de Brosses, à Dijon.
Touzot Eugène, dessinateur, rue des Acacias, au Creusot.
Trbmbau Louis, entrepreneur, rue de la République, au Creusot.
Troussard Georges, avoué à Autun.
Trunbl, maître de Verreries à Epinao (8aône-et-Loire).
Tupinibr Auguste, pharmacien à Autun.
Vachot Martus, quincaillier à Autun.
Varry, directeur de l'Ecole publique, boulevard Saint-Quentin, au
Creusot.
Vauthirr Jean-Louis, pharmacien, 96, rue du Chemin-Vert, à Paris.
Verdbrbau J.-B., rentier à Autun.
Vbrgniaud Louis, libraire à Autun.
Vbrgniaud Pierre, épicier à Autun.
Vermorel, bijoutier à Autun.
Viard Claude, ancien négociant, adjoint au maire d'Autun.
Vieillard Eugène, ohapelier à Autun.
Viénnbt, industriel en Chaumont, par Autun.
Vincbnot, huissier à Couches.
MEMBRES CORRESPONDANTS. XXVlj
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM.
Bazin, instituteur à Villy-le-Moustier, par Corberon (Gôte-d'Or).
Bellet Daniel, 80, rue Claude-Bernard, à Paris.
Bodbt, instituteur à Qibles (Saône-et-Loire).
Bonnet, professeur d'agriculture et de viticulture à Nolay.
Caillot Paul, à la Croix-Brenot.
Changarnibr, I. Q, conservateur des musées de Beaune.
Charpy, instituteur à Sennecey-le-Grand.
Chassignol, ohevalier du Mérite agricole, instituteur à la Boulaye.
Chevalier, instituteur à Saint-Jean-de-Trézy (Saône-et-Loire).
Chifflot Julien, ohef des travaux pratiques de botanique à la
Faculté des sciences, aide-naturaliste au parc de la Tôte-d'Or, à
Lyon.
Collot L., professeur de géologie à l'Université de Dijon, 4, rue du
Tillot.
Cottin (abbé), curé à Saint-Sernin-du-Plain.
Drlhommbau, inspecteur primaire, 9, rue Rolland, à Dinan (Côtes -
du-Nord).
Le Directeur des mines du Bois-d'Asson, par Voix (Basses- Alpes).
Dubois Claude, instituteur à Donzy-le-National.
Durand, instituteur à Couches.
A. Faure, instituteur à Oran.
François, instituteur à Mesvres.
Goublet, rédacteur au ministère de l'Instruction publique, 3, rue
Leverrier, à Paris.
Jacquet, instituteur à Charriez, par Vaivre (Haute-Saône).
Jacquier, ingénieur, directeur des mines de Sablé (Sarthe).
Janbt Charles, ingénieur des arts et manufactures, lauréat de l'Ins-
titut, 71, rue de Paris, à Voisinlieu, près Beauvais.
Lassimonnb S.-E., expert agronome, à Robe, commune d'Yzeure
(Allier).
Lbbègub Henri-Albert, lieutenant de vaisseau attaché à la défense
mobile, à Toulon.
Malo Léon, ingénieur, directeur des mines dePyrimont-Seyssel(Ain).
Masson Paul, à Merceuil, près Beaune.
Massot Joseph, ingénieur, directeur de la Société anonyme de Las
Minas de Apatita de Jumilla, à Agramor, province de Albacète
(Espagne).
Maujean, directeur de l'École de Loire, à Ne vers.
XXVllj MEMBRES CORRESPONDANTS.
Monniot Simon, instituteur à St-Aubin, par Chassagne-Montrachet.
De Montessus de Ballore Fernand, #, commandant de recrute-
ment à Abbeville (Somme).
Morot Charles, secrétaire général de la Société vétérinaire de
l'Aube, 20, rue des Tonnelles, à Troyes.
Mouillé, instituteur à Savilly (Côte-d'Or).
Nectoux A., conseiller de préfecture à Privas.
Œhlert, correspondant de l'Académie des sciences, conservateur
de la bibliothèque et du musée de Laval (Mayenne).
Olivier Ernest, direoteur de la Revue scientifique du Bourbonnais,
à Moulins (Allier), 10, cours de la Préfeoture.
Parât (l'abbé), curé de Bois-d'Aroy (Yonne).
Pector Eugène, consul général plénipotentiaire en Franoe de Sal-
vador, 3, rue Rosaini, à Paris.
Pérot Francis, A. ||, 44, rue du Jeu-de- Paume, à Moulins (Allier).
Pochon, ingénieur à Valona (Turquie).
Prisse d'Avbsnbs Emile, 26, rue d'Alésia, à Paris.
Prive y Paul, I. Q, principal du Collège de Dôle.
Raquin Alfred, instituteur à la Comelle.
Raspillairb, secrétaire de la Société d'histoire naturelle de Savoie,
à Chambéry.
Renault Maurice, contrôleur de 2* classe des contributions et
douanes à Papeete, Tahiti (Océanie).
Renoux (l'abbé), curé de Lavoine, par Ferrières-sur-Sichon (Allier).
Revenu Louis, propriétaire cultivateur à la Selle-d'Auxy.
Rigey, instituteur en retraite à Blanzy.
Saint- Arroman (de), O. &, ohef du premier bureau au ministère de
l'Instruction publique, il, rue de Verneuil, à Paris.
Sorgues, instituteur à Vitry-en-Charollais (Saône- et- Loire).
Spitz Augustin, 53, rue du Poteau, à Paris, Montmartre.
Terrillon, instituteur à Planay (Côte-d'Or).
Thibullibn Adrien, 72, rue d'Assas, à Paris.
Trenbt, instituteur en retraite à Beaume, par Pouilly-en-Auzois
(Côte-d'Or).
Vincb, instituteur à Saint-Martin-de-Commune.
*
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. XXÎX
• #
SOCIETES CORRESPONDANTES
SOCIÉTÉS FRANÇAISES
Ain.
Boarg. — Société d'émulation et d'agriculture de l'Ain.
» — 8ooiété des sciences naturelles et d'archéologie de l'Ain.
» — Sooiété des naturalistes de l'Ain.
Allier.
Moallae. — 8ooiété d'émulation du Bourbonnais.
Alpes (Hautes).
Gap. — Société d'études des Hautes-Alpes.
Aube.
Troyee. — Société académique d'agriculture, des sciences, arts et
belles-lettres de l'Aube.
» — Sooiété vétérinaire de l'Aube.
Aude.
Careaaeonne. — Soolétés d'études scientifiques de l'Aude.
Aveyron.
Bodez. — Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.
Bouches* du-RhÔne.
Marseille. — Faoulté des sciences de Marseille.
» — Institut colonial de Marseille.
Calvados.
Caea. — 8oeiété Linnéenne de Normandie.
Charente-Inférieure.
La Rochelle. — Aoadémie des belles-lettres, sciences et arts de
la Rochelle.
Boeaefort. — Sooiété de géographie, d'agriculture, lettres, soiences
et arts de Rochefort.
Côte-d'Or.
Dijon. — Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.
» — Société d'horticulture et viticulture de la Côte-d'Or.
Semer. — Société des soiences naturelles et historiques de Semur.
Deux-Sèvres.
Niort. — Société botanique des Deux-Sèvres.
Doubs.
Beeaaeon. — Société d'émulation du Doubs.
Eure-et-Loir.
Châteaadaa. — Société Dunoise.
Gard.
msaee. — Société d'étude des soiences naturelles de Nimes.
XXX SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Gironde.
Bordeaux. — Société Linnéenne de Bordeaux.
Héraut.
Bézlers. — Société des soienoes naturelles de Béziers.
Montpellier. — Société d'horticulture et d'histoire naturelle de
l'Hérault.
Ille-et- Vilaine.
Renne». — Bibliothèque universitaire de Rennes.
Isère.
Grenoble. — Sooiété dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie.
» — Société de statistique, des sciences naturelles et des
arts industriels du département de l'Isère.
Loir-et-Cher.
Vendôme. — Sooiété archéologique, scientifique et littéraire du
Vendômois.
Blole. — Sooiété d'histoire naturelle du Loir-et-Cher.
Loire.
Salnt-Étlenne. — Société de l'industrie minérale.
Loire- Inférieure.
Nantes. — Société des sciences naturelles de l'Ouest de la Franoe.
» — Société aoadémique de Nantes.
Lot.
Cahors. — Société des études littéraires, scientifiques et artistiques
du Lot.
Maine-et-Loire.
Angers. — Sooiété nationale d'agriculture, sciences et arts d'Angers.
» — Sooiété des études scientifiques d'Angers.
Manche.
Salnt-LÔ. — Société d'agriculture, d'histoire naturelle et d'archéo-
logie de la Manche.
Cherbourg. — Société des sciences naturelles et mathématiques
de Cherbourg.
Marne.
Reims. — Société d'étude des sciences naturelles de Reims.
Meurthe-et-Moselle.
Nancy. — Sooiété des sciences de Nanoy.
Meuse.
Montmédy. — Sooiété des amateurs naturalistes du nord de ià Meuse.
Puy-de-Dôme.
Glermonl. — Société des amis de l'Université de Clermont.
Rhône.
Beaujeu. — Société des sciences et arts du Beaujolais.
Lyon. — Muséum d'histoire naturelle.
» — Société d'anthropologie de Lyon.
» — Sooiété botanique de Lyon.
Tarare. — Sooiété des sciences naturelles.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. XXXJ
Saône-et^Loire.
Aatsn. — Société Éduenne.
Chaloa-aar-Sadne. — Société des sciences naturelles de S.-et-L.
— Académie de Màcon.
— Société d'histoire naturelle de Màcon.
— 8ociété des amis des arts et des sciences de Tournus.
'. — Société d'études agricoles, scientifiques et historiques
de Matour.
Savoie.
— Société d'histoire naturelle de Savoie.
Seine.
Parla. — Muséum d'histoire naturelle.
— Société d'anthropologie de Paris.
— Société botanique de France.
— Société de spéléologie, 34, rue de Lille.
— Société du Club alpin français.
— Société géologique de France.
— Société philomatique de Paris.
— 8ooiété soologique de France.
— Omis, comité ornithologique international.
Seine-Inférieure.
Blheaf. — 8ociété d'étude des sciences naturelles d'BIbeuf.
Beveo. — Société des amis des scienoes naturelles de Rouen.
Somme.
AsmleM. — Société Linnéenne du nord de la France.
Territoire de Belfort.
Belfort. — Société belfortaine d'émulation.
Vienne (Haute).
Limogea. — Société botanique du Limousin.
Boeheehosiart. — Société des amis des scienoes et des arts de
Roohechouart.
Vosges.
ÉelasJ. — Société d'émulation des Vosges.
Yonne.
Avallos. —Société d'Études d'Avallon.
>. —Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne.
SOCIÉTÉS ETRANGERES
Afrique.
(8errioe des Annales du). — Musée de l'Etat indépendant du
Congo, 41, rue de la Pépinière, à Bruxelles (Belgique).
A Isace-Lorraine.
— 8ociété des sciences, agriculture et arts de la
Basse-Alsace.
Amérique du Nord.
Philadelphie. — Académie des sciences naturelles de Philadelphie.
SaJst-Loula. — Aoadémie des sciences de Saint-Louis.
m — Jardin botanique du Missouri.
i. — Smithsonian Institution.
XXXÎj SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
Amérique du Sud.
Brésil. — Revista do museu Paulista a San-Paolo.
Paraguay. — Muséum national de Montevideo.
La Plata. — Museo de la Plata, République Argentine.
Mexico. — Instituto geologica de Mexico.
» — Societad Cientiûca « Antonio Alzate ».
Belgique.
Bruxelles. — Société royale botanique de Belgique.
» — Sooiété belge de géologie, de paléontologie et d'hy-
drologie.
» — Société royale malacologique de Belgique.
Egypte.
Le Caire. — Comité de conservation des monuments de l'art arabe.
Hongrie.
Budapest.— Annales historico-naturalesMuseinationalisHungarici.
Luxembourg.
Luxembourg. — Société botanique du grand duché de Luxembourg.
Russie.
Moscou. — Société impériale des naturalistes de Moscou.
Odessa. — Société des naturalistes d'Odessa.
St-Pétersbourf. — Sooiété des naturalistes de Saint-Pétersbourg.
Suède.
Stockholm. — Académie royale suédoise des sciences.
Suisse.
Berne. — Sooiété helvétique des sciences naturelles.
Golre. — Société d'histoire naturelle de Coire.
Frlbourg. — * Sooiété fribourgeoise des sciences naturelles.
Genève. — Conservatoire de botanique.
Lausanne. — Société Vaudoise des soiences naturelles.
Zurich. — Société des sciences naturelles de Zurich.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES
▲VIC LESQUELLES LA SOCIÉTÉ B8T EN RELATION! D'ÉCHANGES
Feuille des Jeunes Naturalistes : directeur M. Adrien Dollfus,
35, rue Pierre-Charron, à Paris.
Revue scientifique du Bourbonnais : directeur M. Ernest Olivier,
10, cours de la Préfecture, à Moulins.
Revue bryologique : directeur M. Husnot, à Gahan, par Athis (Orne).
Le Naturaliste : directeurs Dbyrollb fils, à Paris, 46, rue du Bac.
Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, publié par
M. Alfred Giard, professeur en Sorbonne et maître de conférences
à l'École normale supérieure, 14, rue Stanislas, à Paris.
Bulletin de l'herbier Boissier, continué par W. Barbey, à Chambesy,
près Genève.
-HO*>*-
( ;? ■■/'-
AUGUSTE ROCHE
PRÉSIDENT HONORAIRE DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE. NATURELLE D'aDTUN
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
CORRESPONDANT DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS
«
M. Albert Gaudry raconte, dans un de ses livres, qu'au
cours d'un voyage dans le nord de l'Ecosse, il aperçut à
l'entrée de la bourgade de Cromarty, une statue élevée en
l'honneur d'Hugh Miller. Miller était un simple ouvrier
carrier. « En cassant les pierres des terrains dévoniens, il
y trouva des poissons fossiles. Son esprit en fut émerveillé ;
un jour, il laissa la pioche pour prendre la plume ; il se mit
à enseigner aux montagnards écossais la science nouvelle
qui fait découvrir dans les pierres des créatures de Dieu,
et, ainsi, augmente la grandeur de nos idées sur la pre-
mière organisation du monde1. » Il est impossible de lire
ce passage sans en faire l'application à Auguste Roche
qui lui aussi, industriel intelligent, mais d'instruction
médiocre, sut découvrir les trésors renfermés dans les
pierres de schiste qu'il cassait, et devint un paléontolo-
giste distingué. A défaut d'une statue que nous ne pouvons
lui ériger, puissent ces quelques lignes appeler l'attention
sur ses mérites, et mettre en relief les services qu'il a
rendus à l'industrie et à la science de notre pays !
I. A. Gaudry, les Enchaînements du monde animal dans le§ temps géologique*.
Fossiles primaire*, Paris, 1883, p. 218.
TOME XIX. 1
DOCTEUR X. GILLOT.
I
Auguste Roche est né, le 9 avril 1827, à Braisne-sur-
Vesle (Aisne). Son père, François Roche, professeur de
seconde au collège Sainte-Barbe à Paris, quitta l'enseigne-
ment officiel, où il s'était fait avantageusement connaître
par la publication d'ouvrages classiques, pour se marier
et s'établit à Braisne-sur-Vesle. Devenu veuf au bout de
quatre ans, il vint habiter Festieux (Aisne), et y prit la
direction d'un externat de jeunes gens. C'est là qu'il fit
lui-même l'éducation de ses deux fils, auxquels il fit faire
des progrès rapides, en dehors toutefois de classes régu-
lières et complètes. Remarié vers 1840, il se retira à Braye-
en-Laonnais ; et, peu après, ses fils, se sentant peu de
sympathie pour leur belle-mère, quittèrent, fort jeunes, la
maison paternelle pour tenter la fortune. Auguste Roche entra
d'abord, à titre de commis, dans une maison de nouveautés
de la petite ville de Chauny (Aisne), puis s'en vint, en 1844,
à Paris pour y parfaire son apprentissage commercial.
C'est en 1851 qu'il vint se fixer à Autun pour y prendre,
avec un associé, M. Braux, la suite des affaires de la maison
de nouveautés Brunet frères. L'association dura peu. L'in-
dépendance de son caractère, d'une part ; d'autre part, le
désir d'arriver à une position plus rapide et plus luorative
entraînèrent M. Roche du côté de l'industrie. Avant 1845,
les schistes bitumineux des environs d' Autun étaient à peu
près inexploités; et une seule usine, celle d'Igornay, en
extrayait une huile brute qui était expédiée à Paris, Dijon,
Strasbourg, etc., où on la transformait en gaz d'éclairage.
Mais l'attention des industriels se porta sur ce produit et de
nouvelles usines ne tardèrent pas à s'élever.
Auguste Roohe avait épousé à Autun, au mois de
décembre 1852, M119 Henriette Blondeau, fille d'un impri-
meur de Beaune, élevée à Autun par ses grands-parents.
BIOGRAPHIE D AUGUSTE ROCHE. 6
M. et MmeDejussieu. Son beau-frère, M. Paul Blondeau, ingé-
nieur aux mines de Montceau, l'engagea à s'adonner à
l'industrie des schistes, alors à ses débuts et sans concur-
rence. II lui signala un gisement de schistes bitumineux
au Galuzot près de Montceau-les-Mines. M. Roche s'y trans-
porta en 1855 et essaya d'y monter une usine dite des
Georgets, pour la fabrication des huiles de schiste. Mais
le peu d'abondance et la pauvreté du minerai le forcèrent
d'abandonner l'usine des Georgets, dès 1859. La même
année, après la mort de M. Batillat, pharmacien et chimiste
maçonnais devenu industriel, il vint à Igornay (arrondisse-
ment d'Autun), comme directeur gérant de l'usine de la
Varenne, fondée par M. de l'Isle de Salles et appartenant à
une société autunoise, Ballard, Pernot, Roy et Ci0. En
1861, il reprit, avec le même titre et la même société, la
direction de l'usine abandonnée, établie au bourg même
d'Igornay par M. Selligues, puis exploitée par la société
Chartron père et fils, Desbleins, Blanchet et Raymond. Il
finit par l'acquérir pour son propre compte et en devint
seul propriétaire et directeur en 1865. La concession,
accordée par arrêté du 29 juillet 1841, était de 522 hectares,
et la fabrication des huiles de schiste, sous l'impulsion de
M. Roche, qui s'était adjoint plus tard son fils, M. Emile
Roche, comme ingénieur, prit une grande extension.
L'industrie des schistes s'était rapidement développée à
partir de 1862, où dix concessions se partageaient l'exploi-
tation du bassin d'Autun. Les huiles brutes ou épurées se
vendaient également bien; une véritable fièvre s'était
emparée des exploitants de l'Autunois; de toutes parts se
faisaient de nouvelles recherches, s'élevaient de nouvelles
usines et, en une seule année, 1864, on avait adressé sept
demandes de concessions nouvelles. C'est à cette époque,
où la production des huiles de schiste se chiffrait par plus
de 1,200,000 quintaux métriques, que cette industrie autu-
noise atteignit son apogée. M. A. Roche y contribua beau-
4 DOCTEUR X. GILLOT.
coup pour sa part, et, dans l'espoir de nouveaux bénéfices
il agrandit considérablement son usine, qui compta soixante
cornues verticales pour la distillation des schistes et neuf
chaudières pour la rectification des huiles. Mais cette ère
de prospérité ne fut pas de longue durée; la ohute fut
rapide par suite de l'introduction du pétrole d'Amérique
découvert en 1860, plus facile à brûler et moins désagréable
comme odeur. Il fallait, au contraire, pour obtenir des
schistes une huile mal odorante et difficile à brûler, les
extraire de la mine à grands frais, puis les distiller dans
des vases clos ou cornues en fonte, enfin rectifier par des
produits chimiques, acides et bases, encore peu connus et
coûteux, les huiles lourdes bitumineuses. Le produit prin-
cipal, l'huile lampante de schiste, était loin d'avoir la
valeur du pétrole américain.
La situation de l'industrie autunoise devint tellement
critique que le gouvernement s'en émut, et ordonna une
enquête sur la situation de cette industrie nationale et les
moyens de la protéger contre la concurrence croissante du
pétrole *. L'usine de M. Roche fut particulièrement atteinte.
D'un côté, les schistes exploités étaient pauvres en matières
extractives et d'un rendement inférieur à celui des usines
plus récemment installées au centre du bassin, sur les
couches à boghead. D'un autre côté, le matériel ne répon-
dait plus aux besoins de l'industrie. M. Roche fit de grands
efforts pour l'améliorer. Tout d'abord, par un procédé
ingénieux et économique, il fit servir le schiste déjà
distillé, comme combustible, pour le chauffage des cornues ;
il employa des souffleries à vapeur surchauffée à l'aide
d'appareils fournis par M. Testud de Beauregard, cons-
tructeur à Paris, système séduisant en théorie, mais qui
entraîna de graves mécomptes dans la pratique; il rem-
I. De la êituMlion des $chi»te$ bitumineux du b*»iin d'Autan, rapport par
M. Chosson, ingénieur des mines à Paris, 1872. (Ext. des Annales des mines,
I. XX, 1871.)
BIOGRAPHIE D AUGUSTE ROCHE. 5
plaça une partie des cornues primitives par des cornues à
double chauffe, du système Seguin ; il apporta lui-même
des modifications importantes aux appareils à air desséché
et forcé pour augmenter la combustion et la chaleur *. Mais
les anciens errements étaient condamnés ; il eût fallu rem-
placer entièrement le matériel édifié à grands frais et
engager de nouveaux capitaux dans une entreprise deve-
nue de plus en plus aléatoire. Malgré son intelligence, son
esprit d'initiative, son activité commerciale, sa ténacité et
sa compétence acquise, M. Roche recula devant cette extré-
mité. Mais il perfectionna le mode de rectification des
huiles en mélangeant les huiles trop légères d'Igornay
avec les huiles lourdes achetées aux autres concessions
pour obtenir la densité exigée des huiles du commerce.
C'est grâce à ces procédés nouveaux et à l'utilisation
des sous-produits que M. Roche put, non sans peine et
sans tracas, soutenir la lutte pendant quelques années. Il
projetait de fonder encore, tant pour l'exploitation des
schistes que de leurs résidus, gaz riche, etc., diverses
sociétés que le krach financier de 1882 empêcha de se
constituer. C'est alors qu'il se décida à céder, en 1883, son
usine à la « Société lyonnaise des schistes bitumineux »,
qui, disposant de capitaux considérables, a fini par absorber
les compagnies rivales, et à réaliser le monopole presque
exclusif de l'industrie schistière dans l'Autunois.
II
La vie industrielle d'Auguste Roche était terminée; sa
vie scientifique allait commencer ou pluôt se développer
singulièrement. Depuis longtemps, comme Hugh Miller,
son esprit observateur et perspicace avait été frappé par
la vue des débris organiques, animaux ou végétaux, que
renfermaient les schistes permiens exploités à Igornay, et
1. Voyez Ann. des mines, XX (1871), pi. VUI.
O DOCTEUR X. GILLOT.
que mettait au jour le marteau du casseur de pierres. Il
connaissait, en outre, les rares publications, les premières
en date, qui avaient appelé l'attention des savants sur les
poissons fossiles et les empreintes végétales de Muse, près
d'Igornay1, puis sur les restes d'animaux plus élevés en
organisation, les plus anciens reptiles connus2; et il faisait
mettre de côté, par simple curiosité d'abord, les plus beaux
échantillons que l'on trouvait alors en abondance dans son
exploitation, et qu'il donnait généreusement. C'est ainsi
qu'il eut l'heureuse occasion, si profitable à la science,
d'entrer en rapport avec M. Albert Qaudry, et d'entretenir
avec ce grand et affable savant des relations d'estime et
d'amitié réciproques, dont la Société d'histoire naturelle
d'Autun a tant bénéficié, et qui lui ont valu d'avoir aujour-
d'hui l'éminent professeur du Muséum de Paris comme
président d'honneur.
M. Roche nous a raconté lui-même le début de leur con-
naissance : « J'ai eu la bonne fortune, dit-il, en 1873, de
recueillir au ravin de Muse, ce fameux Protriton étudié et
décrit en 1875 par notre illustre président d'honneur. Un
des amis de M. Gaudry, qui était aussi le mien, M. Lous-
teau, ingénieur au chemin de fer du Nord, voulut bien lui
remettre ce minuscule vertébré. Cet infiniment petit, dont
je ne prévoyais pas l'importance scientifique, me procura
l'honneur d'entrer en relations avec M. Qaudry. Depuis,
j'ai eu l'heureuse chance de trouver, avec le concours de
mon fils, une série de ces beaux sauriens, montrant l'évo-
lution de la vertèbre : d'abord l'état gélatineux, cartilagi-
neux, puis la vertèbre en partie ossifiée, soudée par des
t. Notice géologique eur fa formation dee echietee de Muse, par M. l'abbé
Landriot, dans Compte rendu des travaux de la Société Bduenne, 1** année
(1836-1837), p. 117.
t. Albert Gaudry, Noté eur le reptile trouvé à Mute (C R. Ae. des sciences,
28 août 1866); Mémoire eur le reptile découvert par M. Froeeerd, à Mue (Nouv.
Arch. du Muséum, 1867, avec planches); sur VActinodon Fromrdide Mute (Bull.
Soc géoL de France, 2« série, XXV (1868), p. 576), etc.
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 7
[es, enfin la vertèbre complètement ossifiée. Sans
M. Gaudry, ces témoins de l'évolution, ces êtres aussi
étranges que rares, seraient restés ignorés, perdus pour
la science. Grâce à lui, ils sont sortis de l'oubli de la tombe
où ils gisaient depuis des milliers de siècles; leur recons-
titution nous montre les diverses phases de la vie chez les
premiers vertébrés. Nous lui devons une vive reconnais-
sance pour ses remarquables travaux, qui placent le bassin
d'Autun au premier rang pour ses trésors fossiles du ter-
rain primaire. »*
C'est surtout à partir de 1876, où M. Roche fut secondé
dans son exploitation par son fils afné, Emile Roche, jeune
ingénieur sorti de l'École centrale des arts et manufac-
tures, également épris des curiosités naturelles, et plus
particulièrement préposé i la surveillance de l'extraction
des minerais, que la recherche et la conservation des fos-
siles, auxquels ils avaient su intéresser les ouvriers, eurent
lieu plus méthodiquement; et les collections de M. Roche
devinrent la mine féconde dont les savants paléontologistes
du Muséum, MM. Albert Gaudry, Stanislas Meunier,
H.-E. 8auvage, tirèrent les matériaux de savantes publi-
cations, matériaux que MM. Roche se faisaient plaisir et
honneur de leur abandonner sans compter, et qui figurent
aujourd'hui en bonne place dans les galeries de paléonto-
logie du Muséum.
Si, dans sa modestie et son admiration pour ses maîtres,
en particulier pour M. A. Gaudry, M. Roche leur rapporte
tout le mérite des études dont les fossiles permiens des
environs d'Autun ont été l'objet, il a été justement payé de
retour; et dans ses livres, aussi bien que dans sa correspon-
dance, M. A. Gaudry n'a jamais laissé passer une occasion
d'exalter les découvertes de M. Roche, et de lui témoigner
la plus vive reconnaissance pour ses communications et
I. BulL Soc* Met. Ml. d'Autun, XIV (ttOl), 29 p. 191.
8 DOCTEUR X. GILLOT.
les dons généreux et multipliés qu'il a faits au Muséum.
« En France, sauf Y Aphelosaurus trouvé par M. de Rouville
auprès de Lodève, on n'avait signalé, avant 1867, aucun
reptile primaire. Aujourd'hui nous avons le Protriton, le
Pleuronoura, YActinodon, YEuchirosaurus, le Stereorachis,
tous extraits du permien des environs d'Autun; c'est sur-
tout à MM. Roche père et fils, directeurs des usines d'Igor-
nay, que nous sommes redevables de leurs découvertes. » {
Parlant ailleurs des reptiles permiens, et notamment
des squelettes plus grands et plus complets qu'aucun de
ceux qui ont été trouvés dans les autres pays du monde,
M. A. Gaudry ajoute que le principal mérite doit en revenir
aux savants d'Autun, qui non seulement ont habilement
exploré leurs terrains, mais ont envoyé, avec la plus grande
générosité, pour le Muséum de Paris, les richesses scien-
tifiques qu'ils avaient su découvrir2. Les lettres de M. A. Gau-
dry, soigneusement conservées et classées par M. A. Roche,
sont encore plus explicites : « Vous avez, lui écrivait-il,
dans vos schistes bitumineux des sources de richesses
paléontologiques, et nous sommes heureux qu'un homme
distingué comme vous se trouve sur les lieux des fouilles
pour recueillir les précieuses reliques des primitifs verté-
brés. * (29 juin 1879.) « Grâce à vous, nous n'aurons bientôt
plus rien à envier aux Allemands, aux Anglais et aux Amé-
ricains; grâce à la générosité spontanée avec laquelle
vous nous avez abandonné le résultat de vos savantes
recherches. » (11 juin 1880.) « Les pièces données si géné-
reusement par vous au Muséum ont un intérêt extrême ;
elles sont des plus instructives pour l'évolution du type
vertébré. » (4 juillet 1880.) Et plus tard : « Nous avons
reçu vos magnifiques pièces d'Actinodon, accompagnées
de petits reptiles dont l'étude sera très intéressante. Grâce
1. A. Gaudry, lee Enchatnementê du monde animai dana le§ tempe géologique.
Foêêilee primeireê, 1883, chap. xn, les Reptilee primaire* , p. 251.
?. Bull. Soc. Met. naf. d'Autun, I (1888), p. I.
BIOGRAPHIE Û AUGUSTE ROCHE. 9
aux savants d'Autun, et à vous surtout, notre collection des
schistes bitumineux du permien est une des grandes curio-
sités de notre Muséum de paléontologie. Je vous renou-
velle tous nos remerciements au nom du Muséum. » (7 juillet
1898.) « Votre générosité ne se lasse pas. Vous venez encore
de faire un don précieux au Muséum. J'ai attendu que
votre saurien ait été dégagé ; il est superbe ; ce sera une
de nos plus curieuses pièces. Venez voir notre musée ; vous
aurez une bonne part dans le succès de notre galerie. »
(22 novembre 1899.)
Non seulement M. Roche avait mis à la disposition du
Muséum ses premières trouvailles, mais, guidé par les con-
seils de M. Gaudry, il poursuivit avec plus de méthode ses
recherches scientifiques, et les compléta plus tard en y inté-
ressant les ingénieurs distingués qui lui avaient succédé à
la tête de la Société lyonnaise des schistes bitumineux,
MM. Bayle et Cambray, dont les découvertes ont eu égale-
ment un grand retentissement, et qui ont partagé avec leur
devancier les sentiments de gratitude des maîtres de la
science française.
Les types nouveaux de ces créatures primaires qui
devaient nous apprendre sous quelle forme la vie est
apparue dans le lointain des âges ont été rencontrés par
M. Roche dans les différents groupes zoologiques. Les ver-
tébrés tiennent la place d'honneur en raison de leur impor-
tance. Après le Protriton petrolei communiqué, comme nous
l'avons dit, à M. Gaudry, dès 1873, c'est l'histoire de YActi-
nodon élucidée par les pièces tout à fait remarquables
que M. Vélain, chargé en 1878 du service de la carte géo-
logique du département de Saône-et-Loire, s'était chargé
de remettre à M. Gaudry, à qui ces débris, en apparence
informes, ont causé une surprise et une joie extrêmes, et
ont permis de fixer plus d'un détail sur l'organisation de
ce curieux animal. (Vélain, lettre du 23 août 1878.) Parmi
les nombreux fragments recueillis par M. Roche, il s'est
10 DOCTEUR X. GILLOT.
trouvé, notamment un crâne, du permien de Dracy-Saint-
Loup, assez différent de la première espèce connue, VAc-
tinodon Frossardiy pour mériter d'en être distingué sous le
nom d'Actinodon brevis A. Qaudry. A la base du permien,
dans le sous-étage d'Igornay, antérieur à celui de Muse,
M. Roche a fait connaître deux autres reptiles, de grande
taille, Y Euchirosaurus Rochei A. Oaudry et le Stereorachis
dominant A. Oaudry, que l'ossification de plus en plus com-
plète de leurs vertèbres caractérisent comme plus perfec-
tionnés que YActinodon, quoique ayant vécu avant lui, ce
qui a suggéré à M. Gaudry cette réflexion philosophique :
« Nous sommes arrivés à cet état de la science où nous
constatons beaucoup de choses et où nous en expliquons
très peu. » '
Les poissons ont fourni, en dehors des espèces déjà
connues, leur contingent par la découverte d'un type fort
différent, muni de côtes singulières, qui a longtemps intri-
gué M. Gaudry. Il a fini par le décrire sous le nom de
Megapleuron Rochei (C. R. Ac. des soM 21 mars 1881). Plus
tard, M. le professeur Vaillant, du Muséum, a reconnu à ce
fossile de telles affinités avec les Ceratodus vivant aujourd'hui
en Australie qu'il propose de l'inscrire sous le même nom
générique.
En dehors des vertébrés, les schistes d'Igornay ont fourni
à M. Roche, en 1878, un crustacé nouveau, étudié par
M. Paul Brocchi, du Muséum, et dont les caractères inter-
médiaires entre les Amphipodes et les Isopodes ont mérité
la création d'un genre nouveau le Nectotelson Rochei
P. Brocchi.2
Les recherches de M. Roche ne s'étaient pas bornées
aux schistes d'Igornay. Il avait également recueilli et
envoyé au Muséum des fossiles du lias inférieur de Viévy
1. A. Oaudry, £*mI de paléontologie philo$ophiquê, p. 67.
t. BulL Spc. hiêt. n*U d'Auftm, I (1818), p. 91, areopUncb*.
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 11
(Côte-d'Or), parmi lesquels des ossements de Plesiosaurus ;
puis, plus tard, par voie d'échange, il avait réuni des séries
remarquables de poissons fossiles de Commentry, Sainte-
Colombe, Seyssel, Orbagnoux, etc., qui ont fait l'objet
d'une étude spéciale de la part de M. Sauvage et fourni
plusieurs espèces nouvelles , entre autres le Thrissops
Rochei E. Sauvage !. Il avait formé en même temps d'impor-
tantes collections de paléontologie générale et de minéra-
logie sur lesquelles nous reviendrons plus loin.
III
Lorsque, en 1883, Aug. Roche se retira de la lutte indus-
trielle, il se Gxa à Autun et, satisfait d'une aisance modeste
mais suffisante à la simplicité de sa vie, il se consacra de
plus en plus, et sans entraves, à l'étude de la paléontologie.
La curiosité primitive avait fait place au goût; le goût était
devenu passion, et cette passion allait le conduire i de
nouvelles découvertes, non moins nombreuses et non moins
intéressantes que les premières. Éloigné des mines de
schistes et des centres d'extraction, M. Roche ne cessa pas
cependant d'y faire de fréquentes visites, de rechercher
dans les déblais des nouvelles usines de Millery, de Mar-
ge nne, des Thelots, etc., les fossiles qu'il savait si habile-
ment y trouver, et qu'il apprenait aux autres à reconnaître ;
mais en même temps que les vestiges animaux, il n'avait
eu garde de négliger les empreintes végétales si fréquentes
et si belles qui permettent d'extraire des schistes autunois
ces superbes fougères, Pecopteris, CallipUridium> Alethopte-
rit, Odontopleri$% Txniopterisy etc., qu'on croirait conser-
vées dans un herbier de pierre ; et il avait trouvé, dans
un autre grand savant qui était à la fois un compatriote et
un ami, un guide précieux pour leur détermination et leur
t. IMd., V (U9Ï), p. 436 et pi. VU, fif . 2.
12 DOCTEUR X. GILLOT.
étude. Nous avons nommé Bernard Renault, dont le nom
va désormais se trouver intimement associé i la vie et aux
travaux de M. Roche.
Leur connaissance datait de loin. A l'époque où M. Roche
tenait un commerce de draperies à Autun, il eut pour com-
mis le frère de Bernard, M. Yovanne Renault, qui plus
tard succéda à son père comme huissier à Autun. Bernard
Renault, qui terminait alors brillamment ses études au
collège d' Autun, passait chaque jour devant le magasin, et
s'arrêtait parfois pour causer avec le patron qui l'avait pris
en affection. Après la guerre de 1870, Bernard Renault, qui
avait failli payer de sa vie l'accomplissement de ses devoirs
de citoyen1, était venu passer, à Autun, le temps d'une
longue convalescence, dont il occupait les loisirs à la
recherche et au polissage des fragments végétaux silicifîés
plus connus sous le nom de « bois fossiles ». La ferme-
ture de l'École de Cluny le laissait sans place et sans
position. Découragé, il s'adressa à M. Roche et lui demanda
un emploi de comptable dans son usine d'Igornay. M. Roche,
qui connaissait le savoir et les aptitudes de B. Renault, le
détourna de cette idée, l'encouragea et lui conseilla de
retourner à Paris. Renault suivit ce conseil, renoua, à
Paris, connaissance avec le professeur Adolphe Brongniart
qui avait déjà pu apprécier, à l'École normale de Cluny,
sa science paléontologique, et qui le fit entrer au Muséum
où sa vie devait s'écouler tout entière, laissant après sa
mort un vide difficile à remplir. Nous avons donc quelque
raison de dire que c'est à M. Roche que nous devons
l'orientation définitive de notre savant compatriote vers
l'enseignement paléontologique, dont il a été en France un
des plus éminents représentants. B. Renault en a toujours
gardé à M. Roche une respectueuse et profonde reconnais-
sance, qu'il lui témoignait en toute occasion, et qui fut le
1. A. Roche, Biognphi* de Bernard Renault, dans Bull. Soc. hist. nai. d'Autun,
XVIII, (1905), I, p. 8.
BIOGRAPHIE D AUGUSTE ROCHE. 13
point de départ des recherches de paléontologie végétale
qui ont acquis, en dernier lieu, à Aug. Roche une notoriété
scientifique des plus honorables.
En outre des empreintes végétales conservées entre les
feuillets des schistes, l'attention avait été appelée, dès 1832,
par M. Landriot, alors supérieur du petit Séminaire d'Au-
tun, sur les plantes silicifîées des environs d'Autun, dont
Adolphe Brongniart avait commencé l'étude, mais unique-
ment au point de vue des caractères morphologiques exté-
rieurs1. La préparation de plaques minces, en permettant
l'étude de leur structure interne aussi facilement que sur
des coupes fraîches, avait singulièrement modifié et étendu
les connaissances paléobotaniques, en particulier la classi-
fication de ces fossiles, et, en 1878, B. Renault avait
résumé ses premiers travaux dans un livre imprimé et
accompagné de trente planches lithographiées 2. La tech-
nique de ces préparations demandait un temps considé-
rable et occasionnait une perte de temps énorme que déplo-
rait le savant obligé de les exécuter lui-même. M. Roche
a raconté en détails comment B. Renault sut l'intéresser à
ses recherches, l'entraîner à sa suite, pendant ses prome-
nades de vacances, dans les champs delà Justice, des Espar-
geolles ou des Borgis, commune de Saint-Pantaléon, à
quelques kilomètres d'Autun, « le sac du géologue au dos,
le gros marteau à la ceinture »; comment il lui apprit à
nettoyer, le plus souvent avec la langue, les échantillons
alors si nombreux, aujourd'hui devenus si rares, i discer-
ner les bons morceaux des mauvais, « Ces cailloux recou-
verts de la terre des champs ne laissaient guère soupçonner
leur présence, encore moins leur valeur scientifique. La
récolte était aride ; il fallait un œil exercé, battre les champs
pas à pas, essuyer à peu près ces morceaux plus ou moins
1. A. Roche, foc. cit., p. 15.
2. B. Renault, Recherchée sur le$ végéUux êilietfiés d'Autun et de Saint'
Etienne, Autun, 1878; publication de la Société Éduenne.
14 DOCTEUR X. GILLOT.
sales, soit avec la main ou sur les vêtements, puis à défaut
d'eau les lécher pour les mouiller et faire apparaître ce
qu'ils pouvaient contenir, les regarder à la loupe pour pre-
mière observation précédant celle d'un grand lavage et d'un
examen à la rentrée. Pour un caillou passable, il avait fallu
en soumettre plus d'un cent à ces préliminaires. 1 » Mais
aussi quel enthousiasme à l'aspect des morceaux bien con-
servés dont les faisceaux vasculaires ou les organes de
fructification promettaient de belles préparations et des
observations fécondes, qui ont tant contribué à nous dévoiler
les mystères du prodigieux développement de la végétation
aux époques primaires.
En toutes saisons, pendant nombre d'années, M. Roche
ne se lassa pas de parcourir ces localités privilégiées,
tantôt seul, tantôt accompagné de M. Victor Berthier,
chercheur aussi habile et aussi zélé que lui, ou de quelques
amis, dont il utilisait ainsi les promenades : MM. Chevalier,
Yovanne Renault, Rigollot, etc. ; et le nombre est incal-
culable des précieuses pierres qu'il a rapportées. Mais
bientôt il ne se contenta pas d'être le pourvoyeur perspi-
cace, mais anonyme, de son ami Renault ; il en devint, sur
les instances de Renault lui-même, le collaborateur auto-
risé. B. Renault, qui nous a décrit la technique de ses pré-
parations microscopiques et les instruments inventés ou
perfectionnés par lui ', donna à M. Roche des leçons et des
conseils, dont celui-ci profita si bien qu'en peu de temps
il acquit l'adresse d'un lapidaire consommé, tant pour le
sciage des silex à l'aide de la roue à émeri que pour le
polissage des plaques minces sur le tour à user, dont il
avait meublé ce petit atelier, situé au troisième étage de
sa maison, et où, tardivement dans la nuit, le passant voyait
encore briller la lampe du travailleur acharné.
1. A. Roche, toc cil., p. 16.
2. Bernard Renault, Court de botanique fo$$iU f*it eu MuUum d'hiêtoire naiu*
nlle, 1" année, 1891, p. 31 et pi. A.
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 15
IV
Le maniement du microscope lui étant devenu familier, il
finit par étudier lui-même ses préparations avant de les
soumettre à B. Renault, attirant son attention sur les détails
nouveaux, et lui facilitant ainsi le travail du laboratoire et
le contrôle des pièces. Rien n'est plus intéressant et plus
touchant que de lire dans la correspondance de B. Renault,
pieusement conservée, en un volume relié, par M. Roche,
les conseils minutieux, les détails précis, les explications
multipliées que le savant paléontologiste donne au vieux
néophyte sur les procédés et les tours de main les plus
favorables aux préparations microscopiques, sur l'usage du
microscope, sur le dessin à la chambre claire, etc. ; et, à
chaque vacance, des démonstrations nouvelles achevaient
l'éducation du micrographe autunois, dont l'habileté exci-
tait, en dernier lieu, l'admiration de ses savants corres-
pondants : MM. Bertrand, Orand'Eury, Zeiller, Oliver, etc.
Avec sa modestie habituelle, il en rapportait tout le
mérite i son ami : « Depuis bientôt vingt ans, disait-il
récemment, j'ai pu contempler les merveilles de la bota-
nique fossile et des microorganismes contenus dans les
quartz d'Autun. Grâce i l'obligeance et à la bienveillance
de M. Bernard Renault, j'ai pu, avec ses conseils, en former
une collection importante et faire de nombreuses prépara-
tions qui, sous le microscope, montrent une quantité d'or-
ganismes infiniment petits, quelquefois d'une conservation
complète, en permettant l'étude aussi facile que celle des
organismes vivants. » !
M. Roche étendit le cercle de ses investigations à tout le
bassin du permien et du houiller supérieur de l'Autunois,
partout où on lui signalait des quartz à inclusions végétales,
I. Jfail. Soc. hisLnêi. d'Autun, XV (1*0!), 2, p. 71.
16 DOCTEUR X. GILLOT.
à Dracy-Saint-Loup, à laComaille, à Chambois, à Reclesne,
à Esnost. Cette dernière localité, située entre les villages
de Reclesne et de Sommant, était connue par un gisement
anthraoifère qui repose sur les soulèvements porphyri-
ques formant de ce côté la ceinture du bassin d'Autun,
mais qui n'a jamais été exploité. Elle avait attiré l'atten-
tion de B. Renault à cause des magmas siliceux tout par-
ticuliers qu'on y avait rencontrés. M. Roche y fît, malgré
la distance, les frais et la fatigue nécessités par ces dépla-
cements, de nombreux voyages, surtout après les labours,
quand la charrue avait ramené à la surface du sol les frag-
ments brisés des Lépidophytes, Bornia, Diplolabis, Syrin-
godendron, etc., et en rapporta quelques-uns de ses plus
précieux échantillons.
Il suffit de citer parmi les principales découvertes d'A.
Roche, le Sigillariostrobus spectabilis B. R., fructification
fossile en épi, provenant de Montceau-les-Mines et qui tint
longtemps en échec la perspicacité de B . Renault pour « déter-
miner si les petits corps qu'on voyait entre les bractées
étaient des sacs de pollen ou des macrospores, question
qui mettait en cause les idées françaises sur les Sigil-
laires »; le Sphenozamites Rochei B. R., décrit sur un échan-
tillon unique, recueilli en 1885; VHapaloxylon Rochei B. R.,
nouveau genre de Gymnosperme fossile du terrain permo-
carbonifère d'Autun, trouvé au champ des Borgis; le Cedro-
xylon varollense B. R. et A. Roche, de Varolles, et ce pre-
mier et intéressant représentant d'une tige à double bois,
primaire et secondaire, décrit d'abord sous le nom de
Diploxylon esnostense B. R. et A. Roche, et rapporté ensuite
au Syringodendron esnostense B. R., à propos duquel « les
échantillons trouvés par M. Roche ont dissipé les quelques
obscurités » qu'offrait son interprétation.
Une découverte en appelle une autre, et dans ces nom-
breuses préparations l'œil exercé d'Aug. Roche apercevait
au milieu des tissus végétaux des organismes étrangers,
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 17
qu'il fut le premier à signaler, et qu'une étude attentive
fit reconnaître, les uns pour des spores cryptogamiques et
des filaments mycéliens de champignons parasites, les
autres pour des œufs d'insectes indéterminés, mais dont
l'apparition est ainsi reculée jusqu'à l'époque du Gulm.
Ces œufs fossiles, découverts en nombre considérable dans
les assises libériennes des radicelles de Lepidodendron
esnostense, avaient été comparés à ceux du phylloxéra ou de
l'écrivain par B. Renault : a II est bien curieux, écrivait-il,
de voir les Lépidodendrons de l'époque du Culm déjà tra-
vaillés dans leurs racines par des insectes comme la vigne
de nos jours. Après l'éclosion des œufs, on constate dans
le bois et l'écorce des racines les ravages produits par les
larves qui en sont issues; il ne serait donc pas impossible,
un de ces jours, de rencontrer dans les quartz d'Esnost
quelques débris d'insectes parfaits; cela doit rendre prudent
dans l'application des lois du transformisme qui me parais-
sent perdre beaucoup de leur généralité. » (3 juin 1873.)
Et ces premiers vestiges entomologiques ont consacré le
mérite de leur inventeur, en empruntant son nom, Arthroon
Rochei B. Renault. Plus récemment, il avait constaté dans
les mêmes silex du Gulm et du permien d'autres microorga-
nismes cylindroides qu'il avait cru pouvoir rapporter à des
vers nématoïdes fossiles; mais cette assimilation n'a pas
encore paru démontrée aux spécialistes qui en ont examiné
les préparations.
Familiarisé, mieux que personne, avec la question des
combustibles fossiles, étudiés jusqu'alors surtout au point de
vue stratigraphique et paléontologique, A. Roche était
tout indiqué pour prêter un concours actif aux nouvelles
études de B. Renault relatives à la structure intime de ces
combustibles, en leur appliquant la méthode microgra-
TOME XIX. 2
18 DOCTEUR X. GILLOT.
phique qui avait fait faire tant de progrès à la pétrographie.
Ces recherches, entreprises à la fois par B. Renault et
M. G.-Eg. Bertrand (de Lille), amenèrent entre ces
savants une correspondance suivie, dont M. Roche eut sa
part. Il n'a jamais dit le temps qu'il a consacré au travail
difficile que nécessitaient ces préparations microscopiques,
et s'est modestement et généreusement effacé devant son
ami auquel il a rendu tant de services, en assumant la plus
grande part du travail matériel de la mise au point des
matériaux que B. Renault lui envoyait de tous côtés.
Ceux-là seuls qui l'ont vu à l'œuvre et ont pu apprécier son
désintéressement et son amical dévouement savent que
c'est de lui surtout qu'il faut admirer « la grande habileté
avec laquelle il arriva à rendre la houille transparente, à
pouvoir la soumettre aux plus forts grossissements, à y
reconnaître la nature de ses végétaux, dans leurs plus
intimes détails. On ne peut se figurer, lorsqu'on n'a pas
essayé soi-même cette opération délicate, l'habileté et la
patience que réclame ce travail. 1 » Il a donc eu une large
part de collaboration dans les récentes études de MM. B. Re-
nault et E. Bertrand qui ont éclairé d'une lumière si vive
et si nouvelle les origines et les causes de la formation de
la houille, par l'action des bactéries fossiles; du boghead et
descannels, par les algues fossiles; des lignites et des tourbes,
par l'action de microorganismes, dont il allait observer lui-
même les effets actuels dans les tourbières de Fragny.
Cette révélation des microorganismes anciens, et de
l'action si prodigieuse de ces infiniment petits aboutissant
à des effets si considérables l'avait absolument passionné ;
il les recherchait et les trouvait partout, dans les schistes
et leurs coprolithes, dans les quartz et dans les pierres.
B. Renault a rendu, du reste, toute justice i son collabora-
teur, en lui attribuant le mérite de ces découvertes. « Dans
1. A. Roche, (oc. ettM p. 24.
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 19
ces dernières années, notre savant confrère a exécuté de
nombreuses préparations dans le boghead d'Autun et dans
les coprolithes des schistes bitumineux ; il y a rencontré
une foule de bactériacées, telles que Micrococcus lepido-
phagus% Mie. petrolei, Bacillus gratnna, B. vorax et bien
d'autres. ! » C'est également à la transparence de ses pré-
parations, répétées avec tant de patience et de perfection,
qu'est due la connaissance de ces anciens habitants des
lignites, décrits dans un mémoire en collaboration par
B. Renault et A. Roche 2, tant Infusoires : Plœsconio cycloides,
Cineioconia crassay etc. , que Champignons : Helminthosporium
giganteutn, H. ellipsoïdale, Morosporium lignitum, etc., fai-
sant remonter jusqu'à l'époque éocène les formes ances-
trales des types actuels.
M. Roche avait même commencé l'étude en plaques
minces des roches oolithiques de la Côte-d'Or et de l'Yonne
qui avaient fourni des matériaux de construction de pre-
mier ordre aux Romains et qui continuent aujourd'hui à
être couramment employés par nos architectes. Ses prépa-
rations de foraminifères fossiles, aux structures les plus
variées, étaient de pures merveilles, qu'il se proposait de
soumettre à l'examen de M. Schlumberger, « le grand
maître » de cette spécialité paléontologique. Absorbé par
d'autres préoccupations, il n'a pas eu le temps de donner
suite à ce projet, avant la mort récente et regrettable de
ce savant.
En effet, désireux de vulgariser ses découvertes et de
mettre ses fragiles préparations microscopiques à l'abri
d'un désastre irréparable, M. Roche s'était mis, avec l'en*
train qui le caractérisait, à l'étude et à la pratique de la
photographie. Il s'initia, en chimiste et en physicien, à tous
les secrets du métier. Il installa une chambre noire dans
une annexe de son laboratoire et, dès qu'il eut la main
1. Bu». Soc. hiêt. nal. d'Autun, X (1*97), t, p. 66.
t. Bull. Soc. hi$L fui. d'Autun, XI (1898), I, p. 301.
20 DOCTEUR X. GILLOT.
suffisamment exercée, il adapta à son microscope un appa-
reil d'agrandissement, et tira de ses principales prépara-
tions des clichés de plus en plus nets, à l'aide desquels il
put composer des albums de microphotographies précieux
pour l'étude, en l'absence des originaux.
VI
Tous ces travaux divers qui occupaient la vie d'A. Roche,
sans un jour de relâche, mais aussi sans un jour d'ennui,
collections, publications, photographies, il les mit pendant
vingt ans au service de la Société d'histoire naturelle
d'Autun, dont il fut un des principaux fondateurs et le
bienfaiteur perpétuel. Il fut le premier qui, répondant aux
propositions d'un autre naturaliste autunois, homme d'ini-
tiative et d'organisation, M. Victor Berthier, l'aida dès le
mois de septembre 1885, à grouper, autour de Bernard
Renault, leur chef incontesté, un petit cercle d'amateurs
qui, s'élargissant rapidement, compta bientôt ses adhérents
par centaines et constitua la Société d'histoire naturelle
d'Autun, devenue Tune des plus prospères de France. Dès
la première séance, qui eut lieu le 2 mai 1886, M. Roche y
figure comme conservateur des collections en formation,
et comme donateur d'un beau moulage du Megapleuron
d'Igornay.
Dès lors, chacune des réunions, auxquelles il était assidu,
fut marquée par de nouveaux dons de sa part ou par des
communications dans lesquelles il nous donnait la primeur
de. ses découvertes, à moins qu'à l'occasion de ses voyages
à Autun, le président B. Renault ne fît, à ce sujet, quelque
leçon toujours écoutée avec plaisir, et dans laquelle il n'ou-
bliait jamais de faire ressortir les mérites de son fidèle,
affectionné et dévoué collaborateur. Chacun des Bulletins
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 21
de la Société renferme des notes ou articles intéressants
de M. Roche, soit qu'il nous montrât ses récentes trou-
vailles, soit qu'il profitât des excursions de la Société,
qu'il suivit aussi régulièrement que sa santé le lui permit,
pour nous parler des pierres à cuvettes d'Uchon, de la
station préhistorique de Rozereuil, des tourbières de Fra-
gny, des mines anthracifères de Polleroye, etc. ; soit qu'il
nous gratifiât de substantiels rapports biographiques ou
bibliographiques ; soit qu'il nous fît avec humour quelque
récit sur l'habileté des limaces, la sensibilité des moineaux,
les effets bizarres de la foudre, etc., d'après les menus
faits que son œil observateur avait su remarquer et inter-
préter en naturaliste et en homme d'esprit. Nous donnerons
plus loin la liste de ses publications.
Très dévoué à la Société, où il était entouré d'une res-
pectueuse déférence, M. Roche mettait à profit ses relations
pour recruter de nouveaux membres ou pour obtenir de
nouveaux dons, rendant de multiples services avec une
rare discrétion; et lorsqu'on 1896, la mort de M. le capitaine
Lucand laissa vacante une place de vice-président, il ne
fallut rien moins, pour la lui faire accepter, que les ins-
tances réitérées de B. Renault qui lui écrivait : « Ces
fonctions vous reviennent de droit par vos travaux et par
les services que vous avez rendus à la Société depuis que
vous l'avez fondée. Vous êtes vraiment injuste i votre
égard ! Les travaux et les découvertes que vous avez faites
sont plus que suffisants pour vous autoriser à occuper très
légitimement les fonctions de vice-président. D'un autre
côté, c'est une nouvelle preuve de dévouement que nous
vous demandons. Les fonctions de président n'ont souvent
rien de bien attrayant; et, pour certains tempéraments,
c'est un acte de courage qu'on leur demande en les obli-
geant à présider une réunion. Mais, comme de ce côté vous
n'avez rien à redouter, j'ai la conviction que vous vous
laisserez toucher. » (12 décembre 1896.) A la séance du
22 DOCTEUR X. GILLOT.
7 février 1897, M. Roche fut élu vice-président par accla-
mations, et la Société n'eut qu'à s'en féliciter.
Lorsqu'on 1895, la Société d'histoire naturelle d'Autun
eut hérité du musée créé par M. le Dr F. B. de Montessus,
à Chalon-sur-Saône, A. Roche s'occupa activement de la
restauration et du classement de ces nombreuses collec-
tions, où l'ornithologie brillait en première ligne. L'exemple
de M. de Montessus l'engagea peut-être à compléter ce
musée, devenu autunois; toujours est-il qu'à deux reprises
différentes, avec le rare désintéressement dont il était cou-
tumier, M. Roche abandonna à la Société d'histoire natu-
relle d'Autun, les riches collections de paléontologie et de
minéralogie qu'il avait réunies à grand'peine et à grands
frais. Il les mit lui-même en vitrines, les pourvut d'éti-
quettes exactes et soignées ; et ces splendides collections,
qui sont aujourd'hui un des ornements de notre musée,
méritaient bien les éloges et les remerciements que B. Re-
nault adressait au nom de la Société tout entière au géné-
reux donateur (séances du 9 avril 1899 et du 22 avril 1900).
VII
L'estime en laquelle A. Roche était tenu par les savants
les plus distingués, les dons nombreux qu'il avait faits au
Muséum de Paris, ont eu pour la Société d'histoire natu-
relle d'Autun les conséquences les plus avantageuses, en
augmentant pour elle la sympathie et la faveur que les
professeurs du Muséum lui avaient accordées par égard
pour leur collègue B. Renault. Il a pu obtenir, en échange
de ses fossiles permiens, toute une série de superbes mou-
lages paléontologiques du Muséum, et surtout l'inscription
de ses savants correspondants parmi les membres d'hon-
neur de la Société, et l'acceptation par le plus illustre et
le plus bienveillant d'entre eux, M. Albert Oaudry, de la
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 23
présidence d'honneur de la Société d'histoire naturelle
d'Autun! Aussi lorsqu'à deux reprises différentes, le 22 sep*
tembre 1901 et le 29 juin 1902, dates mémorables pour elle,
M. A. Oaudry fit à la Société l'honneur de la visiter, accom-
pagné de M. Liard, directeur de l'Enseignement supérieur,
et de toute une escorte de savants, A. Roche eut sa bonne
et légitime part dans les éloges flatteurs sortis de bouches
si autorisées, et ce fut justice !
Après la mort tant regrettée de Bernard Renault, la pré-
sidence de la Société d'histoire naturelle d'Autun revenait
de droit i Aug. Roche, et lui fut, pour ainsi dire, imposée.
Il n'accepta ce mandat qu'à titre provisoire et intérimaire,
et le résigna dès le 9 avril 1905, gardant toutefois avec le
titre de président honoraire, le même dévouement à l'œuvre
commune. II le prouva en se chargeant d'écrire la biogra-
phie de son prédécesseur, de son ami, de son collaborateur,
B. Renault. Ce travail, l'occupa pendant tout l'hiver de
1905, et ce ne fut pas sans fatigue; dans son désir de
n'oublier aucun des titres de notoriété du savant, pour
lequel il avait un véritable culte, il entretint une corres-
pondance suivie aveo leurs amis communs, s'astreignit à
de longues lectures; et c'est au prix d'un réel surmenage
cérébral qu'il termina son travail, véritable monument
d'érudition et de touchante amitié ! Il avait conçu le projet
de lui en élever un autre plus tangible au cimetière du
pays natal, où ses démarches avaient contribué à ramener
la dépouille mortelle du grand naturaliste, qui après avoir
tant honoré la science française et si bien servi son pays
n'avait pas même laissé de quoi se faire enterrer. La sous-
cription dont H. Roohe avait pris l'initiative a réussi au-delà
de ses espérances. Il ne verra, malheureusement, pas inau-
gurer la pierre funéraire dont il a eu, tout au moins, la satis-
faction de savoir le projet en voie de prochaine réalisation.
Au cours de Tété dernier, M. Roche s'était surtout
occupé de compléter ses photographies scientifiques, qu'il
24 DOCTEUR X. GILLOT.
considérait comme une distraction et un repos. Sa constitu-
tion robuste semblait défier les atteintes de la vieillesse;
il n'avait rien perdu de son intelligence et de sa bonne
humeur. Pendant les vacances, une visite du savant pro-
fesseur de Lille, M. G.-Eg. Bertrand, accompagné de son
fils, également botaniste distingué, lui avait procuré le
plaisir de les voir admirer, pendant de longues heures, ses
préparations microscopiques, et lui demander sa collabora-
tion pour de nouvelles études. M. Grand'Eury l'avait éga-
lement intéressé à ses recherches sur les fructifications de
certaines fougères fossiles, et le vieux paléontologiste,
repris d'un nouvel enthousiasme, avait promis son concours !
Hélas! le 21 octobre, après une après-midi consacrée
à prendre des photographies, dans les salles de ce Musée
qu'il aimait tant, après une soirée passée en famille sans
apparence de malaises, Aug. Roche se couchait pour ne plus
se relever. Une congestion cérébrale, imprévue et brutale,
terrassait ce vaillant organisme, chez lequel la vie s'éteignit
doucement, le 25 octobre, après quatre jours d'agonie.
La solennité de ses obsèques, les discours prononcés sur
sa tombe, les témoignages de regrets et de condoléance
adressés de toutes parts à la famille et à la Société d'histoire
naturelle d'Autun permettent de mesurer la place que tenait
M. Roche dans l'estime du monde savant, et la grandeur
de la perte qui nous atteint. Tout le premier, M. Albert
Gaudry a tenu, à rendre en termes émus, un suprême
hommage à son ancien et fidèle collaborateur auquel il
reconnaît devoir « une reconnaissance toute particulière »,
attendu qu'il a été « le premier à nous découvrir les trésors
des temps passés enfouis dans notre sol ; et si les reliques du
permien d'Autun ont contribué à jeter quelque lumière sur
la paléontologie philosophique, le mérite en revient surtout
i Auguste Roche. » (26 octobre 1905.) MM. E. Perrier, direc-
teur du Muséum, St. Meunier, Bureau, H. Hua, F. Gagne-
pain, E. Bertrand, Michel Lévy, Zeiller, etc., nous ont
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 25
adressé des lettres que nous voudrions pouvoir reproduire
entièrement9 comme le plus bel éloge du défunt!
Tous ceux qui ont connu personnellement M. Roche ou
l'ont eu comme correspondant, dans ces derniers temps,
se déclaraient charmés du spectacle d'un homme de cet
âge, encore plein d'ardeur et d'enthousiasme comme un
jeune. « Il est de ceux qu'on ne remplace que difficilement
et avec beaucoup de temps, si la chose est possible », écrit
un botaniste du Muséum, et il ajoute : « J'ai conservé bien
vivant le souvenir d'une conversation avec M. Roche, et
j'en ai gardé l'impression que cet homme était non seule-
ment un grand travailleur, mais encore une intelligence
capable d'idées personnelles, ce qui est en tout temps assez
rare ! » Et M. le professeur Bertrand, en exprimant sa dou-
loureuse surprise de la mort de ce vieillard, qu'il avait vu
si souriant, un mois auparavant, et tout heureux de lui
montrer ses préparations, • où il y avait tant de choses i
voir », ajoute encore : « Il sentait que nous comprenions
l'étendue de l'immense effort qu'il a donné à un âge où les
autres se reposent. Il voyait bien que, pouvant lire son
œuvre, nous l'admirions en toute sincérité. Ce savant
modeste nous apparaissait comme le conservateur de
l'œuvre de Renault, comme le collaborateur qui lui a
fourni les éléments des travaux des quinze dernières années
de sa vie. »
VIII
L'industrie au début, la science pendant la seconde
période de sa vie, n'ont pas tellement absorbé les instants
de M. Roche qu'il n'ait encore trouvé le moyen de rendre
d'autres services marquants à ses compatriotes et à son
pays. Entré au conseil municipal d'Igornay peu après son
arrivée dans la commune, il fut nommé maire en 1870, et
remplit ces fonctions jusqu'à son départ en 1883. Très
26 DOCTEUR X. GILLOT.
aimé de ses ouvriers, estimé de ses concitoyens, homme
d'action par excellence, opiniâtre au travail, d'une fermeté
poussée parfois jusqu'à l'obstination, d'une grande indé-
pendance de caractère, libéral d'idées, quelque peu auto-
ritaire et dur à ses adversaires, mais fidèle i ses amis,
Au g. Roche a laissé à Igornay la réputation d'un excellent
administrateur et d'un courageux patriote. En 1870, c'est
lui qui fit porter par un émissaire assermenté à Garibaldi,
alors à la sous-préfecture d'Autun, la nouvelle de l'arrivée
des troupes prussiennes, nouvelle à laquelle le vieux condot-
tiere refusa de croire jusqu'à ce que l'ennemi parvenu aux
portes de la ville eût failli le surprendre. Inquiété pour ce
fait par les Prussiens et, en outre, pour avoir refusé de
leur dénoncer les francs-tireurs blessés et de leur fournir
les vivres qu'ils réquisitionnaient, A. Roche fut arrêté et
menacé d'être emmené comme otage en Allemagne. Il ne
dut son salut qu'à la retraite précipitée des Prussiens. Il
avait par le développement de son industrie attiré dans
Igornay une augmentation de population et une aisance,
bien disparues depuis. Parmi les services rendus à la com-
mune, il s'était principalement occupé d'améliorer la
voirie, et avait obtenu la construction de ponts sur l'Arroux,
à Igornay, et sur la Ganohe, à Lally, cours d'eau parfois
infranchissables en temps de crue.
A Autun, il s'écarta des fonctions publiques, sans s'en
désintéresser toutefois. Sa connaissance des affaires et son
expérience commerciale l'avaient fait élire tout d'abord
juge suppléant au tribunal de commerce d'Autun, le
21 décembre 1884, puis juge titulaire pour un an, le
20 décembre 1885, et pour deux ans, le 19 décembre 1886.
Il refusa le renouvellement de ce mandat, et se consacra
dès lors tout entier à ses occupations scientifiques.
S'il trouva sa principale satisfaction dans les jouissances
intimes que procurent seulement aux possesseurs du feu
sacré la solution d'un problème cherché, la découverte
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE HOCHE. 27
d'an fait nouveau, la poursuite de la vérité et les progrès
de la science, il obtint cependant quelques récompenses
bien méritées. Le 1" mai 1888, le directeur du Muséum,
E. Frémy, lui annonçait que l'assemblée des professeurs,
dans sa séance du 19 avril, venait de lui conférer le titre de
correspondant du Muséum d'histoire naturelle et lui en
transmettait le diplôme et la médaille. Peu après, il était
nommé officier d'Académie, par arrêté du 10 juillet 1888.
M. Liard, alors directeur de l'Enseignement supérieur au
ministère de l'Instruction publique, lui annonçait cette
nouvelle en déclarant que cette distinction était motivée
surtout par son dévouement à la science et sa générosité
pour nos collections nationales ; et lorsque le 23 avril 1897,
â l'occasion du Congrès des sociétés savantes i la Sorbonne,
ce ruban fut transformé en rosette d'officier de l'Instruction
publique, B. Renault, en félicitant M. Roche de cette nou-
velle distinction « due non à des démarches ou à des solli-
citations pressantes, mais au seul mérite du candidat »,
faisait ressortir « les services éminents rendus par
M. Roche, pendant sa longue et active carrière, à l'indus-
trie de notre pays et à la science, et qui n'ont pas médio-
crement contribué à mettre notre région en relief et à
attirer sur notre Société de précieuses sympathies Ce
ne sont pas seulement les découvertes remarquables de
M. Roche que le ministre a voulu récompenser. On connaît,
en effet, la somme de travail exigée par le classement de
nos collections géologiques et paléontologiques si variées,
travail plus ardu et certainement moins agréable que celui
de faire des découvertes, et auquel M. Roche a consacré
également de longues heures ; il n'est pas douteux que ce
dévouement de tous les instants i la Société, que ce labeur
opiniâtre et absolument désintéressé, n'aient pesé sur la
décision ministérielle. »*
t. BmII. Soc. HUt. iut. dMutun, X 1897), t, p. 6S.
28 DOCTEUR X. OILLOT.
Aug. Roche méritait mieux : c'était l'avis de ses amis et
de ses collègues, et le 26 octobre 1902, Bernard Renault
adressait au ministre de l'Instruction publique la demande
suivante, que nous reproduisons comme le résumé fidèle
de la vie tout entière de M. Roche :
« Dans la Société d'histoire naturelle d'Àutun, il y a un
homme qui a travaillé dès l'origine do cette Société à ses
progrès, c'est M. Roche, vice-président de la Société depuis
sa fondation. Industriel distingué à Igornay, dont il a été
maire pendant de longues années, et où il a dirigé une usine
destinée à l'exploitation des schistes bitumineux; aimé et
estimé de nombreux ouvriers, il a su leur inspirer l'intérêt
des objets d'histoire naturelle ; par une surveillance de tous
les instants, il a pu réunir une collection extrêmement
précieuse, unique par la valeur des pièces originales. Loin
de tirer profit de ces pièces très rares, il les a données à
notre établissement national, le Muséum d'histoire natu-
relle, où elles figurent dans les galeries de paléontologie.
» L'activité merveilleuse de M. Roche, malgré son grand
âge, lui a fait réunir de nombreux échantillons de toute
matière, empreintes végétales, bois silicifiés, roches, miné-
raux, etc. Il a donné à la Société d'Autun yne collection
assez grande pour garnir une salle entière qui, actuelle-
ment, porte son nom.
» Il a publié de nombreux et importants mémoires, dont
la liste accompagne cette lettre. Bien plus les nouveaux
échantillons recueillis et leurs dessins photographiés sont
donnés, par testament notarié, les uns au .Muséum de
Paris, les autres à la Société d'Autun.
• Une vie scientifique si bien remplie et si profitable pour
les autres mérite une récompense exceptionnelle. C'est
pourquoi nous demandons pour M. Roche, afin de récom-
penser les grands services qu'il a rendus, et dont la série
n'est pas interrompue, le titre de chevalier de la Légion
d'honneur. »
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 29
Cette adresse, revêtue de nombreuses signatures a été
apostillée par les professeurs du Muséum et particulièrement
par M. A. Gaudry, écrivant : « J'appuie bien volontiers la
demande de M. Renault en faveur de M. Roche, auquel le
Muséum d'histoire naturelle doit une grande reconnais-
sance pour les dons importants qu'il lui a faits. Il est diffi-
cile de trouver un homme plus dévoué à la science. » Le
ministre fit la sourde oreille, et pas plus que B. Renault,
en faveur duquel semblable démarche avait été faite pour
la rosette d'officier de la Légion d'honneur, M. Roche,
malgré ses sentiments libéraux et républicains manifestés
de longue date, n'obtint justice ! Dans un temps où le ruban
rouge se détaille à tout venant, souvent pour prix de ser-
vices douteux, il ne s'en est pas trouvé le moindre bout
pour décorer la poitrine d'un homme qui a personnifié la
science pure dans ce qu'elle a de plus élevé, la décentra-
lisation scientifique dans ce qu'elle a de plus utile !
Mais les honneurs que l'indifférence des hommes lui a
refusés, la science les lui a amplement rendus. Elle a ins-
crit, dans ses fastes, le nom d'Auguste Roche en lettres
ineffaçables, en attachant son nom à celles des créatures
dont il a révélé l'existence et exhumé les restes plusieurs
fois millénaires; et tant qu'il existera des naturalistes, —
et la science de la nature est impérissable, — alors que
tant d'autres noms fameux, de renommées bruyantes
mais éphémères, auront sombré dans l'éternel oubli, le
nom modeste d'Auguste Roche restera i jamais oonnu et
répété !
Voici la liste des espèces qui lui ont été dédiées, tant
zoologiques que botaniques :
Reptile,
EMblrosanrtie Roche I A. Gaudry. Enchaln. du monde ani-
mai, I, Fossiles primaires (1883), p. 270 ; flg. 269-280 ; Bull. Soc.
hUL nat. Autun, 1 (1888), p. 60, flg. 14*25.
30 DOCTEUR X. GILLOT.
Poissons.
Amblypteras Roobel E. Sauvage. Et. des gîtes minéraux de la
France, bassin houiller et permien d'Autun et d'Épinac, fasc. V
(1893) ; Poissons fossiles, p. 26. Bull. Soc. hist. nat. Autun, VII
(4894), p. 53. — Arohœonlacas Roobel Sauv., loc. cit., fasc. III;
Poissons fossiles, 1890, p. 19, pi. I, fig. 1; pi. II, fig. 1.
Ifegaplearon Roobel A. Gaudry. C. R. Ac. se, 21 mars 1881 ;
Enchaln. monde animal, Fossiles primaires (1883), p. 239, fig. 246;
E. Sauvage. Et. gîtes min., Poissons fossiles, fasc. 111(1890), pi. V,
fig. 1, p. 27, et fasc. V (1893), p. 28. Les Poissons du terrain
permien d'Autun, Bull. Soc. hist. nat. Autun, VII (1894), p. 59.
A. Frit8ch, Fauna der Gaskohle und der Kalhsteine der Perm., for-
mation Bohmens, p. 65 (ex Sauvage). — Sagenodus Roobel Smith
Woodward. Cat. foss. fishes British Muséum, II (1891), p. 261 (ex
Sauvage).
Tbrluopo Roobel E. Sauvage. Poissons fossiles du Bugey, Bull.
Soc. hist. nat. Autun, VI (1893), p. 436, pi. VIII, fig. 2.
Crustaoé.
Nectotelson Roobel P. Brochi. Note sur un Crustacé fossile
recueilli dans les schistes d'Autun, Bull. Soc. géol. de France,
3* série, VIII (1880), p. 5, pi. I, fig. 1-6 ; Bull. Soc. hist. nat. Autun,
I (1888), p. 97, pi. I, fig. 1-6.
Insecte.
Arihroon Roobel B. Renault. Bull. Soc. hist. nat. Autun, VI
(1893), 2; Procès-Verbaux des séances de 1893, p. 178; C. R. Ac. se,
12 février 1894 ; Et. des gîtes minéraux de la France, bassin houiller
et permien d'Autun et d'Épinac, fasc. IV ; Flore fossile, 2* partie
(1896), p. 435, fig. 85-87.
Végétaux.
Spbenozamlteo Roobel B. Renault. Et. des gîtes minéraux
de la France, bassin houiller et permien d'Autun et d'Épinac,
fasc. IV ; Flore fossile, 2« partie (1896), p. 327, ûg. 65 et pi. LXXXIv
fig. 1.
Artbropltn» Rochel B. Renault. Et. des gîtes minéraux de
la France, bassin houiller et permien d'Autun et d'Épinac, fasc IV,
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 31
Flore fossile, 2« partie (1896), p. 101, pi. LI, fig. 1-3 ; Notice sur les
Calamariées, Bail. Soc. hiat. nat. Autun, IX (1896), 1, p. 325, pi. VII,
fig. 1-3.
Hapaloxylon Roehel B. Renault. Note sur un nouveau genre
de Gymnosperme fossile du terrain carbonif. d'Autun, Bull. 8oc.
hUt. nat. Autun, V (1892), p. 157, pi. V, fig. 1-9 (sub nom. Apa-
loxylon); EL gîtes miner. France, loo. cit., p. 361, pi. LXXVI,
fig. 1-8.
Calllptoridlam Rochel R. Zeiller. EL des gîtes minéraux de la
France, bassin houiller et permien d'Autun et d'Épinac, fasc. II,
Flore fossile (1890), p. 80, pi. IX, fig. 1-3. — Nenropterla pteroldea
Gœpp. (non Brongniart), Foss. fl. der perm. Form., 1864, p. 401,
pi. XI, flg. 3-4 (ex Zeiller). — Alethopterla ptorofdee 8chimp.
Traité paliont. végét., 1869, I, p. 558. — Calllpterldlum pteroîdea
Weiss. Zeitschr. der Deutsche geol. Gessellsch, XXII (1870), p. 877
(ex Zeiller).
M. Roche a, en outre, signé en collaboration avec
H. Renault, les espèces suivantes :
Cedroxyloa ▼arolleoee B. Renault et A. Roohe. 0. R. Ao. se.,
12 mars 1894, et EL gites min.f loo. oit, p. 368, fig. 67-72.
Mtoroeoeem tepldophagus B. Renault et A. Roohe. Sur
quelques Bactéries des temps primaires, Bull. Soc. hist nat. Autun,
VII (1894), p. 439, fig. A ; EL gîtes min.t loo. oit (1896), p. 453,
fig. 96, 97.
IX
Nous avons cité à maintes reprises les collections de
M. Roche ; il importe de dire quelles en ont été l'origine,
l'importance et la destination. Aug. Roche a toujours été
un chercheur, il nous Ta dit lui-même : « J'ai mis cons-
tamment en pratique cette maxime surtout vraie en histoire
naturelle : « Cherchez et vous trouverez. » J'ai beaucoup
cherché et, favorisé par une heureuse chance, j'ai beaucoup
trouvé. J'ai pu rendre ainsi quelques services à la science
32 DOCTEUR X. GILLOT.
en fournissant des sujets nouveaux aux éminents professeurs
du Muséum et à notre distingué président B. Renault. » *
Trop occupé, au début de sa gestion industrielle à
Igornay, par les affaires commerciales, ce n'est qu'au bout
de quelques années que M. Roche songea à faire mettre de
côté les échantillons de fossiles auxquels il s'intéressa
surtout après la découverte retentissante de VActinodon par
Ch. Frossard. Et, encore, laissa-t-il tout d'abord, son fils,
M. Emile Roche, ingénieur de l'École centrale et son
associé, recueillir ces précieux débris. La découverte du
Protriton l'avait cependant, comme nous l'avons vu, mis
par l'intermédiaire de M. Lousteau, en relations avec M. le
professeur A. Gaudry. Mais une correspondance directe et
qui ne devait plus s'interrompre s'établit bientôt entre eux,
et dès le 30 juillet 1877, date de sa première lettre, M. A.
Gaudry sollicitait le concours de M. Roche « pour com-
pléter l'histoire de VActinodon. » Il fut servi i souhait, car
une année après (29 juin 1878), il remercie, dans les termes
chaleureux, son correspondant de ses envois de vertébrés
fossiles, poissons et sauriens, qui se succédèrent de façon
à ne plus rien laisser à envier aux trouvailles analogues
déjà faites en Allemagne, en Angleterre et en Amérique.
C'est qu'en effet M. Roche s'était mis, avec l'ardeur et
l'intelligence qu'il apportait en toutes choses, à rechercher,
étudier et conserver tous les fossiles de ses schistes. Il en
envoyait les plus beaux spécimens, les vertébrés à M. A.
Gaudry, les végétaux à B. Renault, et en abandonnait, avec
la plus grande libéralité et le plus louable désintéresse-
ment, les originaux au Muséum, où ils forment aujourd'hui
des séries remarquables et occupent une place d'honneur
dans les vitrines. Il conservait, en même temps, comme
collection particulière, un grand nombre de pièces, qu'il
mettait volontiers à la disposition de ses visiteurs, surtout
1. Bull. Soc. hiêt. net. Autun, X (1897), 2, p. 38.
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 33
quand ces visiteurs étaient de marque scientifique comme
M. Stanislas Meunier et comme M. A. Gaudry, qui vint
étudier, sur place, les gisements fossilifères du permien
d'Igornay, en 1881. Cette visite stimula davantage encore
le zèle de M. Roche, en resserrant de plus en plus les rela-
tions des deux savants. En quittant Igornay, M. Roche
emporta avec lui de nombreuses caisses de fossiles, dont
les uns furent employés à faire des échanges, les autres à
enrichir différents musées, entre autres celui de la Société
d'histoire naturelle d'Autun. La retraite ne ralentit pas
ses recherches; au contraire, il les poursuivit, en les
étendant, sur toutes les concessions du bassin d'Autun, et
recueillit successivement les fossiles des trois étages du
terrain permo-carbonifère de l'Autunois ; en même temps
qu'en compagnie de Bernard Renault et de V. Berthier, il
réunissait ces collections sans rivales de végétaux silicifiés
sur lesquelles nous avons insisté plus haut.
En retour de la générosité spontanée avec laquelle il
avait abandonné au Muséum le résultat de ses savantes
recherches, M. A. Oaudry avait fait envoyer à M. Roche de
multiples exemplaires des moulages exécutés d'après les
grands fossiles du permien d'Autun, et, en outre, cinq
caisses renfermant environ 1 ,600 échantillons de spécimens
des fossiles des divers âges géologiques, soigneusement
choisis et déterminés par M. Morlet, préparateur de paléon-
tologie au Muséum, et revus par M. A. Gaudry, qui déclarait
lui* même « n'avoir jamais envoyé de collection faite avec
autant de soins. »
A. Roche ne négligeait aucune occasion d'augmenter par
voie d'échange et même par achats coûteux, son cabinet
d'histoire naturelle, grâce à ses relations nombreuses en
Suisse, en Espagne, en Allemagne, notamment avec le
musée de Munich, en Autriche, en Angleterre, voire même
en Amérique; et ceci jusqu'au moment où, par deux fois,
en 1899 et en 1900, il se dessaisit de ces collections au
tome xix. 3
34 DOCTEUR X. GILLOT.
bénéfice de la Société d'histoire naturelle d'Autun1. Il
n'avait mis qu'une condition à cette donation princière,
c'était de grouper ces précieux matériaux d'étude dans une
salle spéciale, et de se réserver le soin de les mettre en
ordre et de les étiqueter, n'en conservant, chez lui, comme
ornements et comme souvenirs qu'un petit nombre d'échan-
tillons choisis, qui viennent, après sa mort, de prendre
place à côté des autres.
Le « Musée Roche » qui est une des richesses du musée
de la Société d'histoire naturelle d'Autun, occupe, à lui
seul, une salle du collège, beaucoup trop exiguë pour le
grand nombre d'objets qu'elle renferme, bien qu'ils soient
uniquement spécialisés à la paléontologie et la minéralogie,
et qu'aucun espace n'ait été perdu ni sur les murs ni dans
les vitrines.
Le tout forme un ensemble de près de 4,000 sujets, pour
la plupart numérotés, étiquetés et catalogués. Les terrains
primaires, cambrien, silurien, dévonien, sont largement
représentés par 400 pièces, principalement du groupe des
Trilobite8 : lllœnus, Calymenes, Dalmanites, Asaphus, Pha-
cops, etc., ou des Mollusques fossiles : Orthis, Osthoceras,
Lingula, Spirifer> etc. Le permo-carbonifère qui couvre, en
grande partie, le bassin d'Autun, a fourni, comme bien on
pense, un des plus importants contingents avec les débris
de leurs sauriens, Protriton, Actinodon, Stereorachis, etc., ou
les moulages des beaux exemplaires déposés au Muséum ;
avec les poissons d'Igornay, de Muse, de Margenne, des
Thelots ; avec les végétaux : Fougères, Galamariées, Sigil-
laires, Lépidodendrons, etc. , des mêmes gisements et en
outre de Millery, delà Comaille, du Mont-Pélé, etc. Si Ton
ajoute les fossiles provenant de localités diverses : Blanzy,
le Greusot, Saint-É tienne, Auohelles, Drooourt, etc., on
1. Bull. Soc. Met. ML d'Autun, XII (t899), 2, p. 145, et XIII (1900), 2,
p. 182.
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 35
arrive i un total de 1,200 pièces tout particulièrement inté-
ressantes pour les paléontologistes autunois.
Les terrains secondaires, à étages si nombreux et si
riches en fossiles, ont fourni près d'un millier d'échantil-
lons de toute provenance et rangés par étages. A signaler,
en particulier, une collection de poissons du kimméridgien
d'Orbagnoux (Ain), étudiés par M. E. Sauvage, et dont une
espèce nouvelle a été dédiée à M. Roche, le Trissops Rochei ! ;
une autre belle série de poissons des calcaires lithogra-
phiques du Wurtemberg, Kolheim, Eischtadt, les uns en
nature, les autres artistement moulés et accompagnés
d'autres moulages de monstrueux Sauriens, tels que les
TeUosaurus d'Holzmaden, les Plesiosaurus d'Angleterre, ou
de ces bizarres animaux moitié reptiles, moitié oiseaux,
Pterodactylas, Archœopteryx, etc., de Solenhofen, provenant
des échanges ou des achats de M. Roche. Les étages
jurassiques de Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or sont
représentés par de nombreux fossiles dont certains genres,
Ammonites, Bêle m mi tes, Rhynchonella, Pleurotomaria, Ostrea,
Cidaris, Pentacrinus, etc., particulièrement riches en
espèces, quelques-unes fort rares, ainsi que les empreintes
végétales à Z ami tes et à Changarniera du corallien de
Meursault.
L'ère tertiaire qui a vu apparaître les colosses vertébrés
et les grands carnassiers est restée en dehors des études
de M. Roche, et n'entre que pour une part très restreinte,
200 pièces environ, dans ses collections.
8i nous mentionnons une curieuse série de 158 morceaux
d'ambre fossile avec inclusions d'insectes divers : Coléop-
tères, Lépidoptères, Diptères, Arachnides, etc., nous
n'aurons donné qu'un aperçu très sommaire des richesses
paléontologiques amassées par M. Roche.
La minéralogie n'a pas une moindre importance : roches
I. BuU. Soc, hiâf. fut. d'Autun, VI, (1S93), p. 4M.
36 DOCTEUR X. GILLOT.
de toute nature et de provenances diverses, françaises ou
étrangères; minéraux classés par famille : Aluminides,
Zincides, Cuprides, Argyrides, Stilbides, Aurides, etc.,
Silicides surtout riches en quartz cristallisés, calcédoines,
agates, gemmes, etc., échantillons de choix, tout concourt
à flatter l'œil en même temps qu'à faciliter l'étude.
Et l'on sort de ce cabinet, plein d'admiration et de recon-
naissance pour le savant trop peu connu qui en a réuni
les matériaux à l'aide desquels on peut à la fois apprendre
à connaître les éléments constitutifs de notre globe, l'appa-
rition et l'évolution de la vie à sa surface, et les enchaîne-
ments du monde animal et du monde végétal à travers les
âges!
A. Roche avait trié dans ses collections un second lot,
exclusivement formé de bois silicifiés, sciés et polis, et des
préparations microscopiques qui se rapportent à l'étude de
ces végétaux et à celle des combustibles fossiles : houille,
bogheads et lignites. Les quartz paléophytiques ont été,
pour une bonne part, recueillis de concert avec M. Victor
Berthier qui, très généreusement aussi, communiquait
ses propres échantillons à M. Roche. Celui-ci les faisait
scier et polir, quand il ne le faisait pas lui-même, soit à
Idar (Prusse rhénane) par des spécialistes, soit à Montceau-
les-Mines pour les plus gros morceaux, et en gardait une
moitié, rendant l'autre au légitime propriétaire, ce qui
leur a permis de constituer ainsi une collection en partie
double. M. Roche l'a augmentée, en dernier lieu, avec les
fossiles du culm d'Esnost et a pu réunir, par centaines, les
échantillons de ces silex fossilifères, des plus rares et des
plus précieux, leurs gisements d'origine étant, aujourd'hui,
à peu près épuisés. On y trouve, entre autres, tous les
types des genres nouveaux et espèces nouvelles décrits
dans les nombreux mémoires de B. Renault et Ton se
rendra aisément compte de l'inestimable valeur scientifique
de séries composées de superbes et rarissimes échantillons
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 37
de Ptaronius, de Sigillaria, de Myelopteris, d'Arthropitus,
d'A$êromyelon, considérés comme leurs racines, de Bomia,
de Dictyoxylon, de Cedroxylon, etc. Les préparations micro-
scopiques, montées dans le baume de Canada, fruits de
quinze ou vingt années de travail assidu, sont au nombre
d'environ 1,500, classées dans 70 boites à casiers, et mer-
veilleuses de conservation. M. Roche a estimé que de pareils
joyaux méritaient un écrin de luxe et devaient être mis,
non seulement i l'abri de la dispersion et de la destruction,
mais surtout au service de la science; et, depuis longtemps,
malgré de tentantes propositions d'achat venant de l'étran-
ger, il avait résolu de les léguer à notre grand établisse-
ment national, le Muséum de Paris. Il en fit l'objet d'une
disposition testamentaire, à charge par le Muséum de con-
server cette collection dans son intégrité et dans des
vitrines spéciales d'au moins dix mètres carrés. C'est pour
ne pas en priver entièrement la Société d'histoire naturelle
d'Autun, et lui laisser, pour ainsi dire, le double de cette
rare collection, qu'il l'avait en grande partie reproduite
par la microphotographie, dont les épreuves, extraordinaires
de finesse et de netteté, ont été réparties en vingt porte-
feuilles et déposées dans la bibliothèque de la Société.
Le Muséum ne pouvait qu'accepter avec empressement et
reconnaissance la donation patriotique d'Auguste Roche, et
Téminent directeur, M. Edmond Perrier, faisait connaître
cette décision par la lettre officielle suivante :
m Monsieur, j'ai l'honneur de vous accuser réception de
la copie du testament par lequel vous avez bien voulu léguer
au Muséum votre belle collection de plantes fossiles.
m Adolphe Brongniart avait reçu et étudié quelques échan-
tillons de cette magnifique flore; après lui, Bernard
Renault, votre regretté compatriote, avait fait profiter la
science de ses précieuses découvertes. Mais les documents
mis à jour par ces hommes éminents, quoiqu'ils jetassent
une lumière nouvelle sur la Paléontologie végétale, ne com-
38 DOCTEUR X. GILLOT.
blaient pas certaines lacunes que vos travaux font heureu-
sement disparaître ; et je suis heureux de vous exprimer
les sentiments de profonde gratitude que mes collègues et
moi éprouvons envers vous, qui enrichissez nos collections
de spécimens uniques au monde et qui rendez ainsi notre
musée botanique le plus important des établissements simi-
laires.
» Veuillez agréer, Monsieur, avec le témoignage de la
reconnaissance de l'assemblée des professeurs du Muséum,
l'expression de mes plus chaleureux remerciements et
l'assurance de ma haute considération. E. Perrier. »
Cette lettre est datée du 3 janvier 1905; il n'était que
temps, comme on le voit, de remplir ces formalités, dont
la réalisation devait avoir lieu à si brève échéance. Ce der-
nier geste de M. Roche est le digne couronnement d'une
longue carrière, dirigée tout entière par les plus nobles
sentiments du travail utile, du culte de la science et de
l'amour de la patrie !
Les environs d'Autun n'étaient pas seulement, en cer-
tains endroits privilégiés, des carrières sans pareilles de
quartz fossilifères; les premiers chercheurs de « bois pétri-
fiés » y avaient rencontré, en même temps, des silex taillés
et des haches polies de la période néolithique, dont
MM. V. Berthier, Rigollot, Yovanne Renault, etc., ont
réuni des milliers de spécimens. M. Roche qui s'intéressait
également à l'anthropologie préhistorique, n'avait eu garde
de négliger ces témoins de l'industrie des premiers habi-
tants du pays. Il avait exploré, dans le but de les recueillir,
non seulement les célèbres champs de la Justice, mais
ceux de Pierrefitte, de Saint-Martin, etc., et avait signalé
à Rozereuil, commune d'Igornay, une station nouvelle,
très remarquable par la taille grossière de ses silex d'ori-
gine locale, et paraissant remonter & la période paléoli-
thique et probablement mouatérienne. Les morceaux de
choix ont été conservés et forment une petite collection
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 39
disposée en tableaux dans la salle Roche du Musée d'his-
toire naturelle d'Autun.
Archéologue par occasion, collectionneur par goût,
A. Roche suivait avec intérêt les fouilles qui, à chaque
instant, exhument du vieux sol éduen des débris antiques,
et a contribué à la conservation de quelques objets gallo-
romains, déposés au musée de la ville. Il avait, enfin, formé
un petit médaillier et réuni quelques curiosités, le tout des-
tiné à son petit-fils auquel nous souhaitons les mêmes
goûts et les mêmes succès que son grand 'père, dont l'in-
telligente prévoyance a su faire une part équitable des
richesses amassées par lui à son pays, à ses concitoyens et
i sa famille !
Publications d'Auguste Roohe.
Pendant longtemps, M. A. Roche a beaucoup collectionné,
beaucoup étudié, largement communiqué ses découvertes
aux savants qui les ont publiées, en lui attribuant, il faut
le reconnaître, tout le mérite qui lui revenait ; mais il a
peu écrit. La première publication qui résume ses recher-
ches paléontologiques à Igornay, en collaboration avec son
fils, M. Emile Roche, a même été signée du nom de celui-ci,
et a été présentée par M. A. Qaudry à la séance du 22 novem«
bre 1880 de la Société géologique de France :
E. Roche, Sur les Fossiles du terrain permien d'Autun (Saône*
et- Loire); Bull. 800. géol. France, 3* série, t. IX (1881), p. 78.
à partir de la formation de la Société d'histoire
naturelle d'Autun et de la publication de ses Bulletins,
A. Roche en a été un collaborateur assidu, comme en
témoigne la liste suivante :
BULLETINS OS LA SOCIÉTÉ D'HISTOJRB NATURELLE D'AUTUN
4888, I, p. 3it, Notice sur le terrain permo-carbonifère d'Autun
et ses fossiles.
40 DOCTEUR X. GILLOT.
1889, II, p. 560, Note sur les rochers d'Uchon et les pierres à
cuvettes.
«
1891, IV, p. 616, Note sur l'Actinodon et les coprolithes de Mar-
genne.
1893, VI, 2 (Procès-verbaux des séances), p. 19. Notes sur les
moulages offerts à la Société d'histoire naturelle d'Autun par
M. Albert Gaudry.
Idem, p. 87. Note sur les bois silicifiés d'Algérie rapportés par
M. de Laplanche.
1894, VII, p. 26, Note sur les fossiles coralliens d'Auxey (Côte-d'Or).
Idem, p. 28, Communication sur la Cedroxylon varollense, en
collaboration avec B. Renault.
1895, VIII, 2, p. 79, Nouvelle Station préhistorique découverte à
Rozereuil, près Igornay.
Idem, p. 125, Sur les Limaces.
Idem, p. 127, Sentiments instinctifs, Sollicitude maternelle et
Pitié chez les Moineaux.
1897, X, 1, p. 633, Sur une nouvelle Diploxylée, en collaboration
aveo B. Renault.
Idem, X, 2, p. 48, Rapport sur le livre du docteur Scheuchzer
intitulé : Plaintes et Revendications des Poissons, Zurich, 1708.
Idem, p. 87, Note sur Gabriel Duchamp et ses collections.
Idem, p. 263, Note sur les Lignites et leurs microorganismes.
1898, XI, 1, p. 201, Étude sur la Constitution des lignites et les
organismes qu'ils renferment, suivie d'une Note préliminaire sur
les schistes lignitifères du Menât et du Bois d'Asson, en collabo-
ration avec B. Renault.
Idem, XI, 2, p. 128. Note sur la tourbière de Fragny, en collabo-
ration avec B. Renault.
1899, XII, 2, p. 145, Note sur les Trilobites.
Idem, p. 171, Note sur les préparations microscopiques laissées
par M. Alexandre Geoffroy.
1900, XIII, 2, p. 32, Archœopteryx et Ptérodactyle.
Idem, p. 184, Plésiosaures et Télèosaures.
Idem, p. 187, Note sur les Poissons secondaires.
Idem, p. 189, Note sur le diluvium du Soissonnais.
1902, XV, 2, p. 78, Note sur les photomicrographies paléontolo-
giques.
Idem, p. 174, Autun et ses Richesses fossiles.
1903, XVI, 2, p. 55, (e Terrain anthracifère de Polleroye et d'Esnost
et ses Fossiles.
BIOGRAPHIE D'AUGUSTE ROCHE. 41
1903, XVI, 2, p. 183, Note sur les portes d'Arroux et de Saint-
André, avec la microphotographie de leurs habitants.
Idem, p. 186, la Pierre de taille calcaire employée à la construction
des portiques d'Arroux et de Saint-André, à Autun.
1901, XVII, 2, p. 16, Vers fossiles du Culm et du Permien d'Autun.
Idem, p. 86, Notes sur l'orage du 16 juillet 190k, à Autunt Phé-
nomènes et Bizarreries de la foudre en boule.
1905, XVIII, 1. p. 1, Biographie de Bernard Renault, avec extraits
de ses notices scientifiques.
On peut ajouter que par les superbes collections qu'il a
mises i leur disposition et les renseignements qu'il leur a
fournis, Auguste Roche a réellement collaboré aux travaux
de MM. Albert Oaudry et E. Sauvage sur les Vertébrés
des temps primaires1, et de MM. R. Zeiller et B. Renault
sur la Flore fossile d'un des bassins les plus importants des
gîtes minéraux de France *. Son nom se trouve cité, et
avec honneur, i maintes pages de ces ouvrages. Sans
l'infatigable et sagace collectionneur, il existerait encore
bien des lacunes, qu'il a comblées, dans la série évolution-
naire des primitifs habitants de notre globe. Sans lui, peut-
être, nous n'aurions pas cet admirable monument des
Enchaînements du monde animal dans les temps géoologiques,
au sommet duquel rayonne, comme un phare éclatant, sur
tout l'horizon de la science, V Essai de paléontologie philo-
sophique. Qu'il nous soit permis de rapporter i l'un des
modestes ouvriers quelques parcelles de la gloire de rémi-
nent architecte !
I. A. Qwidry, lu BnchstnsmêMs du mondssnlmsl dsns Us Umps géotoçiquu,
Pouilu primait***, 1883. EumI do paléontologie philosophique.
B. SaaYafe, Êtudo du gitu minéraux d§ l* Frtnu; buêln houilUr et p*rmi*n
d'Autun t d'Êpinse. Poiuons fossiles, tue III (1890) el tac. V (189 S).
t. R. Zaillar, Éludé dm ait** min., etc. Flore fouit*, tue. II (1890), B. Renault,
IM4„ tue. IV (1896).
0F
Xiphorfiyncbua lafresnayanus d'Orbigny.
(Gr. i/s) p. 118.
Phylidor consobrinus Scluter.
(Or. 1/-.0 p. 00.
ETUDE
ESPÈCES CRITIQUES ET DES TYPES OU GROUPE
DU
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES
DE L'AMERIQUE TROPICALE
APPARTENANT AUX COLLECTIONS DU MUSÉUM
PAB
MM. A. HENEGAUX à C.-E. HELLHAYR
L'étude des familles des Conopopkagidés et des Hylactidés
ayant paru dans le Bulletin du Muséum (n° 7, 1905), nous
commençons aujourd'hui la publication de nos recherches
sur la troisième famille des Passereaux trachéophones, les
Dendrocolaptidés ou Orimpereauz américains. Pour plus
de commodité nous avons adopté les divisions et l'arran-
gement des espèces du Catalogue of Birds of the British
Muséum (vol. XV).
III. DENDROCOLAPTIDÉS.
1 • Geobates pœcilopterns (Wied).
Antfius pœcllopteru$ Wied, Beitr. Natg. Bras. 3, I (1831),
p. 633 (Campos Géraës).
a, un exemplaire monté, rapporté des environs de Saint-
Paul, Brésil, par A. Saint-Hilaire, en août 1822.
frt une peau provenant du voyage de Castelnau au Brésil.
44 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
2. Geositta cunicularia cunicularia (Vieill.).
Alauda cunicularia Vieillot, Nouv. Dict. I (1816), p. 369 (la
Plata et Buenos-Ayres : ex Azara).
Exemplaires en peau :
a, ft, cA Talcahuano, Chili. Voyage de l'Astrolabe.
c, Valparaiso, par Gaudichaud.
d, Chili, par M. Gay.
0, p San-Alfonso (dep. Quillota), Chili, par Lataste.
fj <? Coquimbo, Chili, par Gaudichaud.
g, Santiago, par Gay.
A, », Chili, par M. Gay.
;', /, Patagonie, février 1831, par d'Orbigny.
m, Buenos-Ayres, juillet 1829, par d'Orbigny.
n, o, Maldonado, Uruguay, par d'Orbigny.
p, République argentine, par M. Hénault.
Exemplaires montés :
?, cf, Santiago, Chili, par M. de Philippi.
r, Chili, par M. Gay.
s, Chili, par M. de la Narde.
1, P> Santiago, Chili, acquis à Gerrard de Londres.
"t "> cf > jP> de San-Alfonso (dept. Quillota), Chili, juin 1894,
par Lataste.
3. Geositta cunicularia frobeni (Phil. et Landb).
Certhilauda Frobeni Philippi et Landbeck, Arch. Nalurg. 31,
I, (1865), p. 62 (Putre, Pérou).
a, adulte, des Andes d'Arequipe, Pérou méridional, par
M. Casteinau.
6, c, adulte, Cochabamba, Bolivie, 1834, par M. d'Orbigny.
Le spécimen a provient d'une localité très voisine de
celle du type. Les deux autres ont été rapportés par
d'Orbigny, de la Bolivie, ce sont ceux qu'il a décrits dans
le Syn. Av. I, p. 71, avec ceux de Buenos-Ayres, etc., sous
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 45
le nom de C. cunicularia. Cette forme est très proche du
G. cunicularia typique et ne s'en distingue que par la moitié
basale de la queue qui est presque blanche (au lieu d'être
roussâtre) et par les supracaudales très nettement blanches.
G. c. frobeni n'a pas encore été signalé en Bolivie.
4. Geositta isabellina (Phil. et Landb.).
Certhilauda isabellina Philippi et Landbeck, Âreh. Naturg.y
31, I (1865), p. 63 (« Çordilleren der Provinz Santiago
und zwar im Valle largo, bei Los Piquenes u. s. w. »).
a, cT, 8antiago, Chili, cotype, donné par M. de Philippi.
Monté.
6, p, 8antiago, Chili, par E. Rééd. Monté.
c, adulte, Chili, donné par de la Narde. Monté.
d, pt Santiago, octobre 1872, raccolté par Rééd. Coll.
Boucard.
*, </, Cordillera de Santiago, octobre 1872, par Rééd.
Coll. Boucard.
Cette espèce, extrêmement rare, est donc représentée dans
les collections par cinq échantillons dont l'un est un cotype.
Elle se distingue de G. frobeni par sa taille beaucoup plus
grande et par l'absence de taohes brunâtres sur la poitrine.
G. cunicularia a toujours les supracaudales plus ou moins
mêlées de brunâtre, tandis qu'elles sont blanches chez
G. c. frobeni et G. isabellina.
5. Geositta rnfipennis fasoiata (Phil. et Landb.).
Qeobamon fasoiata Philippi et Landbeck, Arch. Naturg.,
31, 1(1865), p. 68 (« Chili »).
a, adulte monté, Chili, acquis à Gerrard.
b, adulte, Chili, par de la Narde.
c, d, adultes, Chili, par Rééd. Coll. Boucard.
Cette forme a été réunie à tort à G. rnfipennis dans le
Cal. Brit. Mus., XV. Elle diffère des types de l'espèce
46 À. ME N EGAUX ET C.-E. HELLMÀYR.
décrit s par Burmeister, par une taille plus petite, un bec plus
court, la surface supérieure du corps plus grisâtre et par la
face inférieure qui est presque uniformément brunâtre au
lieu d'être d'un blanc grisâtre. En outre, la bande sourcilière
est plus large et le roux du dessous des ailes moins vif.
Cinq spécimens de G. r. fasciata ont été mesurés. Ils
présentent les dimensions suivantes : aile 98-103; queue
57-61 ; bec 15-16 mm. D'autre part, les types de G. rufipen-
nis Burm., du Musée de Halle présentent pour les ailes
113, 108, pour la queue 68, 67, pour le bec 19, il^mm.
La forme du Chili (G. r. fasciata) diffère donc bien de
celle du Parana (G. r. rufipennis).
e, d" ad. Lara, Tucuman, 4000 m, 14 février 1903, rapporté
par M. G.-A. Baer. Aile 107 !/2; queue 67; bec 16"".
Cet oiseau s'accorde pour la taille avec la forme typique,
mais il a le bec aussi court que G. r. fasciata. Il diffère
des deux formes par le dos beaucoup plus pâle et par les
parties inférieures d'un blanc roussâtre très clair. Peut-être
représente-t-il une race particulière, mais, pour résoudre
la question il faudrait examiner plusieurs échantillons de
Tucuman.
6. Geositta peruviana Lafr.
Qeositta peruuiana Lafrepnaye, Rev. zool.% 1847, p. 75 (« Lima,
in Peruvia »).
a, o", monté, Lima, Pérou, par M. de Castelnau.
b, «o ; c, adulte, sans indication de sexe, provenant de
Lima. Tous les deux par Castelnau.
d, adulte de Callao, donné par le docteur Dubois.
7. Geositta paytae n. sp.
a, çf ad. Payta, côte nord-occidentale du Pérou, rapporté
par l'expédition de la Vénus.
Cette nouvelle espèce se distingue de G. peruviana par la
couleur des parties supérieures beaucoup plus pâle, Isabelle,
PASSBRRAUX TRACHÉOPHONKS. 47
au lieu d'être d'un brun terreux. La deuxième rectrice i
partir du bord externe ne présente du roux que sur la
moitié basale de la barbe externe, tandis que chez G. peru-
viana la barbe est rousse sur toute la longueur. Les bords
isabelles des couvertures supérieures des ailes et des rec-
trices médianes sont beaucoup plus larges et les extré-
mités des rectrice8 sont plus nettement bordées d'isabelle
que chez G. peruviana. La taille est la même que celle de
la dernière espèce.
Aile 79 ; queue 53 xjt î bec 15 V2 "•
Cette forme représente sûrement G. peruviana dans la
partie nord-occidentale du Pérou. Il est intéressant de faire
remarquer que la couleur pâle provient de son habitat dans
les déserts des environs de Payta où l'on trouve beaucoup
de formes, Ochthoëca salvini Tacz., Leucippus bxri 81m.,
Pénélope albipennis Tacz., etc., qui ont pris la livrée des
déserts.
En général la nouvelle espèce concorde avec G. peruviana,
elle a donc la barbe interne des rémiges rousse à la base,
et la barbe extérieure de la rectrice externe de couleur
blanche. La barbe intérieure de la dernière ainsi que les
rectrice8 suivantes sont noirâtres excepté l'extrémité qui
est finement bordée d'isabelle ; les deux médianes sont plus
mates et largement bordées d'isabelle. Le bec est foncé.
8. Geositta maritima (Lafr. et d'Orb.).
Certhilauda maritima Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., I,
in : Mag. îooL, 1837, cl. II, p. 72 (« In Bolivia, Cobija ») ;
d'Orbigny, Voyage, Oiseaux, p. 360, pi. 44, fig. 1.
a, une peau étiq. : d'Orbigny, janvier 1831, de Cobija,
Bolivia, n* 167, type de l'espèce.
Aile 84 ; queue 51 ; bec 14™.
Le type de l'espèce, qui est resté unique, est un jeune
oiseau comme le prouve la structure des plumes uropy-
48 A. MENKGAUX ET C-E. HELLMAYR.
giales. Il s'agit ici d'une forme très voisine de 6. pêruviana,
mais les caractères suivants l'en distinguent nettement :
1° Le bec est plus court et plus mince, la base de la man-
dibule inférieure est d'une couleur jaune qui tranche sur
le noir de l'extrémité ;
2° Les ailes sont un peu plus longues;
3° Les rémiges ne sont que finement bordées de roux
intérieurement, tandis que chez G. pêruviana la couleur
rousse s'étend jusqu'au rachis ;
4° La barbe externe de la rectrice externe est d'un roux
pâle en dessus et en dessous (au lieu d'être blanche) ;
5# Les trois rectrices suivantes sont noires jusqu'à la
base, tandis que chez G. pêruviana la deuxième et la troi-
sième ont la barbe externe toujours plus ou moins rousse.
Ajoutons que l'oiseau de Lima, décrit par Taczanowski1,
ne nous paraît pas rentrer dans cette espèce puisque les
rémiges et la queue sont tout à fait différentes de G. mari'
tima par l'absence d'une bordure rousse. Il faudra réexa-
miner ce spécimen qui est probablement conservé au
Musée universitaire à Varsovie. Il y a donc trois formes
voisines sur la côte occidentale du Pérou et du Chili :
G. paytae, près Payta, G. pêruviana, aux environs de Lima,
et G. maritima, près Gobija.
Au cours de cette étude nous avons fait la remarque très
curieuse qu'il y a entre cette espèce et Muscisaxicola macu-
lirostris Lafr. et d'Orb.2 presque similitude de coloration,
et pourtant cette dernière appartient à une famille éloi-
gnée, celle de Tyrannidés. Cette identité s'étend même i
la queue, au dessous des ailes et à la coloration de la man-
dibule inférieure. Cependant M. maculirostris se distingue
au premier coup d'œil par la queue, par les tarses et par
les doigts beaucoup plus longs. En outre, le bec a une
1. G.mêritim* Tacz., Orn. Pérou, II, p. 101.
2. Ce ion! les types des deux espèces qui nous ont servi pour la comparaison.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONBS. 49
forme différente, et les supracaudales sont noires comme
la queue, tandis que ohez Geositta maritima elles sont gris
brunâtre pâle comme le dos.
9. Geositta tenuirostris (Lafr. et d'Orb.).
Certhiiauda tenuirostris Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av. I,
in : Mag. sool. 1837, cl. II, p. 72 (« Sioasica, Cochabamba,
rep. Boliviana »).
Alauda tenuirostris Lafresnaye, Mag. zool. t. II, 1836, p. 6,
texte des pi. 58, 59.
a, adulte, étiq. : D. 288. Sioasica, d'Orbigny, n9 327.
6, adulte, étiq. : D. 288. Sioasica, d'Orbigny, 1834, n9 379.
Types de l'espèce.
c, un exemplaire sans localité, donné par Gay.
d,</ad. Lara,Tucuman, 4000m, 1 6 févr. 1903. G.-A. Baercoll.
L'oiseau de Tuouman diffère des types par les parties
supérieures qui sont beaucoup plus grisâtres au lieu d'être
d'un brun vif. La tâte est plus nettement maculée de noi-
râtre, et les stries du haut de la poitrine sont plus nom-
breuses et plus prononcées.
10. Furnarius rufus rufus (Gm.).
Merops rufus Gmelin, Syst. Nat. 1, 1 (1788), p. 465 (ex Buffon
et Daubenton, PL enl. 739 « in Bonariis »).
a, d ad., de Montevideo, par d'Orbigny.
6, oiseau adulte, de Maldonado. Voyage d'Orbigny.
e, un jeune oiseau monté, de Corrientes, par d'Orbigny.
d% adulte, de Paraguay, donné par M. Tamberlich.
#, adulte, de Paraguay, donné par M. Cochelet.
f$ adulte de Corrientes, rapporté par M. Flamant. Coll.
Boucard.
gf adulte, monté, par A. Saint-Hilaire. « Boavista, capt.
de Saint-Paul, Brésil, août 1822. »
A, <f *d* Tapia, Tuouman, janvier 1903, rapporté par
G.-A. Baer.
tome xix. 4
50 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLUATR.
Les échantillons a-f représentent le vrai F. ru fus, qui a
le front nettement roux et le dessous du corps d'une cou-
leur isabelle un peu teintée de grisâtre. L'oiseau de Mon-
tevideo et celui donné par Cochelet ont la nuque un peu
lavée d'une nuance roussâtre qui est cependant moins pro-
noncée que dans F. r. commersoni.
Le spécimen de Boavista, petite ville située entre le Rio
Chopim, et le R. Piquiri, dans la province de Santa- Gatharina
qui, à l'époque du voyage de Saint-Hilaire, faisait partie
de la capitainerie de Saint-Paul, est tout à fait identique à
ceux de l'Argentine. L'un de nous a aussi examiné quelques
échantillons du vrai F. rufus provenant de Saint- Lourenço,
province de Rio-Grande-do-Sul. (Mus. v. Berlepsch). Il y a
donc trois formes différentes au Brésil : 1° le vrai F. rufus
dans les provinces de Santa-Catharina et de Rio-Grande-
do-Sul ; 2° F. rufus commersoni dans celle de Mattogrosso ;
3* F. r. badins dans celles de Minas-Geraës, Rio-de-Janeiro
et de San-Paulo.
11. Furnarius rufus commersoni Pelz.
Furnariu8 commersoni Pelzeln. Zur Ornith. Brasil. I (1867),
p. 34 (prov. de Goyaz et de Mattogrosso).
a, (S ad. de Guyaba, recueilli en janvier 1845, par Castel-
nau.
6, c, adultes, de Mattogrosso, par Castelnau.
d, adulte, de Bolivie, par d'Orbigny.
Les oiseaux de Mattogrosso (F. r. commersoni typique) se
distinguent du vrai F. rufus par la nuque fortement lavée
de roux et par la poitrine et les flancs roux ocreux isabelle
pâle. Le front est nettement roux comme chez F. rufus
typique.
L'échantillon de Bolivie est intermédiaire entre F. rufus
et F. r. commersoni, car il a la nuque aussi rousse que le
second, et la couleur des parties inférieures voisine de
celle du premier.
PASSEREAUX TRACHÊOPHONES. 51
12. Furnarius rufus badins (Lcht.).
Turdua badius Liechtenstein, Vezr. Dubl. 1823, p. 40 (S. Paulo).
Figulus albogulari8 Spix, Av. Bras. I (1824), p. 76, tab. lxxviii
(« in campis provinciae Minas-Geraës ad flumen Verde »).
Opetiorhynchua rufieaudua Wied, Beitr. Naturg. BrasiL 3, II
(1831), p. 671 (Minas-Geraës).
a, adulte monté, sans indication de localité. Rapporté par
M. Geoffroy Saint-Hilaire de son voyage à Lisbonne.
i, adulte monté, envoyé par A. Saint-Hilaire, du Brésil,
en 1818.
c, d, exemplaires adultes de la province de Rio-de-
Janeiro, par M. de Castelnau.
e, adulte, province de Minas-Geraës : bords du Rio Doce,
par M. Philippe Rey.
/, adulte, de Minas-Geraës, en échange du comte Ber-
lepsch.
Cette forme se distingue nettement de F. ru/to et de
F. r. eommersoni par l'absence complète de roux sur le
front, et par la coloration du dessous du corps encore plus
intense que dans la deuxième forme. La nuque est à peine
lavée de roussfttre.
L'un de nous qui a examiné les types de Turdus badius
Lcht. (Mus. Berlin) et de Figulus albogularis Spix. (Mus.
Munich), a pu constater qu'ils sont identiques les uns aux
autres. Donc cette forme doit prendre le nom de F. r. badius
(Lcht.) puisqu'il est le plus ancien.
13. Fumarius figulus (Lcht.)
Turdua figulus Liechtenstein, Verz. Dubl. (1823), p. 40(Bahia).
Fumarius superciliaris Lesson, Traité d'Orn. 1831, p. 307.
a, adulte monté, sans indication de localité, rapporté par
Geoffroy Saint-Hilaire de Lisbonne. Type de F. supereiliaris
Less.
52 A. MENEGAUX ET C.-E. HBLLMATR.
6, <^ad., envoyé du Brésil, par M. de Castelnau.
c, jeune, monté, acquis de Dufresne en 1819.
d, adulte de Bahia. Coll. Boucard.
0, adulte de Bahia, en échange du comte Berlepsch.
Le type de F. superciliaris Less. est absolument identique
au spécimen rapporté par Castelnau du Brésil. Le som-
met de la tête est d'un châtain brunâtre et nettement plus
foncé que le dos, tandis que dans l'oiseau de la collection Bou-
card le piléum est presque de la même couleur que le dos.
F. figulus se distingue du groupe de F. assimilis par deux
taches d'un roux pâle sur les deux rémiges externes, et par
la couleur des parties inférieures.
14. Furnarius torridus Sel. et Salv.
F. torridus Sclater et Salvin, P. Z. S., 1866, p. 183 (« in ripis
fl. Ucayali sup. et inf. »)•
a, jeune oiseau, de la Mission de Sarayacu, Ucayali,
17 novembre 1846.
6, çf ad., de Pébas, Pérou.
c, p juv., de Pébas, Pérou.
d, jeune, du Pérou nord oriental, sans indication de
localité particulière.
Les quatre exemplaires (montés) proviennent du voyage
de Castelnau et Deville. Us représentent certainement la
forme décrite par Sclater et Salvin, sous le nom de F. tor-
ridus (type de l'Ucayali). Comme F. leucopus ils n'ont pas
de tache sur la barbe interne de la première rémige, mais
comme F. assimilis, à partir de la troisième, la barbe
externe est rousse dans la région qui correspond à la tache
de la barbe intérieure. Les ailes et la queue sont toujours
beaucoup plus foncées, et le sommet de la tête est d'un
brun plus noirâtre, sans reflets roux, que dans F. leucopus.
La femelle de Pébas (c), qui est un jeune oiseau, a le dos
aussi foncé que les ailes, et le dessous du corps d'un roux
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 53
ocreux très vif. Il nous semble que l'espèce a été établie
sur un exemplaire identique. Les autres spécimens, quoique
étant de la même localité, se rapprochent de la couleur de
F. assitniliSy excepté pour les ailes. Il est donc probable
que les exemplaires de Pébas et Elvira, mentionnés par
Sclater comme F. leucopus^ doivent aussi être rapportés à
F. torridui.
15. Furnariua assimilis Cab. et Heine.
Fumariua aeaimilia Cabanis et Heine, Mxas. Heinean. II (1859),
p. 22 (« Brasilien »).
a, un cf ad. monté, rapporté du Brésil par Castelnau et
Deville.
i, adultes de Bahia. Coll. Boucard.
Cette forme qui se trouve dans les provinces de Bahia et
de Mattogrosso, diffère de F. Uucopus par le dos un peu
plus clair et surtout par la présence d'une tache rousse sur
la barbe interne de la première rémige.
16. Furnarius cinnamomeus (Less.).
Pieolaptea cinnamomeus Lesson, Rev. zool., 1844, p. 433
(Ouayaquil).
a, &, adultes de Ouayaquil, Equateur, donné par If. Rémy.
c, rf, adultes de Payta, Pérou. Expédition de la Vénus.
*, adulte sans indication de localité.
17. Furnarius minor Pelz.
Fumariua (Opetiorhynchus) minor Pelzeln, Sitzungsber. Akad.
Wimy XXXI (1858), p. 321 (Rio Madeira, Brésil; cfr.
Ornith. BrasiL, p. 35).
a, 6, dp de Pébas, Pérou, rapportés par MM. de Cas-
telnau et Deville (montés).
1. Cet. BrlL Jf«j., XV, p. 19.
54 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMATR .
18. Furnarius cristatus Burm.
Furnariu8 cristatua Burmeister, Ibis, 1888, p. 495 (ex F. tri*
color Cabanis (nec Giebel), Journ. f. Ornith. 1878, p. 196.
Cordoba).
a, a* ad. Santa-Ana, Tucuman, 350m, l#r novembre 1902,
par G.-A. Baer.
19. Upucerthia dumetaria dumetaria I. Qeoffr.-St-Hil.
Upucerthia dumetaria I. Geoffroy-Saint-Hilaire, Nouv. Ann.
Mus. I (1832), p. 394 (Patagonie, d'Orbigny).
a, adulte monté, rapporté par d'Orbigny de la Patagonie,
février 1831.
b, adulte monté (en peau), par d'Orbigny, Patagonie,
février 1831. — Types de V espèce.
c, spécimen monté, par d'Orbigny, 1831, sans localité.
d, 6, «o «o Miss. S.-Cruz, Patagonie, rapportés par l'ex-
pédition Volage en 1883.
f, adulte monté, du Chili, par la Narde.
g, o\ Chili, août 1872, récolté par Rééd. Coll. Boucard.
Les spécimens rapportés par la mission du cap Horn sont
identiques aux types de l'espèce découverts par d'Orbigny
en Patagonie. Les exemplaires du Chili n'en diffèrent pas
non plus, ce qui nous rend douteuse la différence spéci-
fique d'U. saturatior établie sur un oiseau du Chili par
W.-E.-D. Scott en 1900.
20. Upucerthia dumetaria darwini Scott.
Upucerthia darwini W.-E.-D. Scott, Bull. Brit. Orn. Cl.%
n° LXXI (avril 1900), (Mendoza, Argentine)
a, adulte monté, de Mendoza, récolté par Weisshaupt
et acquis à Gerrard.
Cet exemplaire a la barbe extérieure de la rectrioe externe
toute entière roussfttre, tandis que chez tous les spécimens
PASSE RB AUX TRACHÉOPHONES. 55
d'U. dumelaria que nous avons entre les mains, il n'y a que
le tiers apical qui soit de cette couleur. D'après la localité,
ce spécimen se rapporte à U. darwini, mais cette forme
nous paraît encore douteuse.
21. Upucerthia validirostris (Burm.).
Ochetorhynchu8 oalidiroetris Burmeister, Reise la Plata
Staaten, II (1861), p. 464 (Sierra de Mendoza).
a, adulte, monté, par M. Oay en 1843, de Chili. Aile 86;
queue 70 ; bec 31 mm.
Nous n'avons pas d'exemplaires de la localité typique,
mais cet oiseau s'accorde assez bien avec la description
trop succincte de Burmeister. Il se distingue d'U. dumetaria
par sa taille beaucoup moins forte, par le dos plus brunâtre
et surtout par sa queue uniformément roussâtre. Dans
YD. dumetaria les quatre rectrices externes de chaque côté
sont noirâtres, et les deux médianes brun grisâtre. En
outre, 0. validirostris ne porte pas de macules sur le haut
de la poitrine.
22. Upucerthia exoelsior (Sel.).
Ciaelodes exeeMor Sclater, P. Z. S., 1860, p. 77 (« in monte
Chimborazo, reipubl. Equator. ad ait. 14.000 ped. »).
a, monté, de l'Equateur, acquis de Gerrard.
b% adulte, du Pichincha, par le docteur Rivet,
c, adulte, de Tumbaco, Equateur , par le docteur Rivet.
23. Upucerthia andaecola Lafr. et d'Orb.
Upucerthia andaecoia Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av.y II,
in Mag. %ool„ 1838, cl. II, p. 21 (« La Paz, Sicasica, rep.
Boliviana »).
Upucerthia bridgeai Sclater, P. Z. S., 1889, p. 32 (Bolivia).
a, adulte monté, étiq. : « La Paz. D. 196, d'Orbigny,
1834, n° 378 ».
56 A. MBNBGAUX ET C.-K. HBLLMAYR.
b, adulte (en peau), étiq. : « 378, d'Orbigny, 1834, D. 196,
La Paz, Bolivie ».
c, adulte (eu peau), étiq. : « D. 196, Sicasica, 378, d'Or-
bigny, 1834 ».
Ces spécimens sont les types de VU. andaecola Lafr. et
d'Orb. Un de nous a comparé les exemplaires b et c avec
les types de U. bridgesi au Musée britannique et a pu cons-
tater qu'ils leur sont absolument identiques. Au contraire,
les échantillons du Pérou, décrits par Sclater sous le nom
ù!U. andicola * appartiennent à une autre espèce, U. ser-
rana Tacz.
Voici les dimensions des spécimens examinés :
1. Mus. Paris, a, aile 85; queue 79 V2; bec 26"". Type
d'U. andaecola.
2. Mus. Paris, 6, aile 79; queue 72; bec 26mm. Type
d'U. andaecola.
3. Mus. Paris, c, aile 77; queue 76; bec 25 72 mm- Type
d'U. andaecola.
4. Mus. Brit., adulte, a Interior of Bolivia Bridges ».
Type d'U. bridgesi Sel. Aile 80; queue 72; bec 25 mm.
24. Upucerthia luscinia (Burm.).
Ochetorhynchus luscinia Burmeister, Journ. f. Ornith., 1860,
p. 249 (Argentine se. Mendoza. — Voir Burm. Reise La
Plata Staat., II, p. 464).
a, <$ ad. monté, de Cordoba, rép. Argentine, donné par
l'Université nationale de Cordova.
6, (/ ad., de Tapia, Tucuman, 600 met. ait., décembre
1902, rapporté par M. G. -A. Baer.
25. Upuoerthia certhioides (Lafr. et d'Orb.)
Anabate8 certhioides Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in Hag. zooL, 1838, cl. II, p. 15 (« Corrientes, rep. Argen-
tina »).
I. Ctl. birdê BrU. Mus., XV, p. 19.
PASSEREAUX TRAGHÉ0PH0NE8. 57
a, un oiseau adulte, étiq. : d'Orbigny, juillet 1829, n° 170,
Corrientes. Type d'Ânabates certhioides Lafr. et d'Orb.
Aile 69; queue 67 ; bec 23 mn>.
6, o% ad. de San-Vioente, Chaco, province Santa-Fé,
rép. Argentine, 15 nov. 1905 (Musée de Tring). Aile 69 ;
queue 67 ; bec 23Blm.
Cet exemplaire est sans aucun doute le type de Lafres-
naye et d'Orbigny, seulement la longueur indiquée est de
27 Vii et le spécimen n'a que n{l2mm. Il y a là sûrement
une faute d'impression. Depuis sa description jamais cette
espèce n'a été signalée dans les ouvrages.
Pourtant c'est une forme distincte, quoique très voisine
de U. luscinia. Ces deux spécimens, identiques par la colo-
ration et la taille, diffèrent de tous les exemplaires (15) de
U. luscinia que, tous deux, nous avons examinés, ensemble
et séparément, par la queue plus courte, par toutes les
parties supérieures d'un brun beaucoup plus roussfttre, et
spécialement sur les ailes et la queue. Le dessous du corps
est presque aussi roux que le dos, surtout aux flancs, tandis
que chez U. luscinia le ventre est d'un brun terreux pâle
sans aucune teinte de roussfttre. D'ailleurs U. certhioides
concorde avec l'espèce que nous venons de citer par le
front et les sourcils ferrugineux et par la gorge blanche
nettement délimitée.
Ces deux espèces ont donc une aire de dispersion toute
différente. En effet, U. certhioides habite les plaines des
provinces de Corrientes et de Santa-Fé, et tandis que U. lus-
cinia se trouve dans les montagnes de Cordova, de Mendoza,
de Catamarca, de Tucuman et de Salta.
26. Upucerthia rufloauda (Meyen).
Ochetorhynohua ruflcaudus Meyen, Nov. Act. Acad. Leop.
Carol.y XVI, Suppl., 1834, p. 81, pi. XI (« Chili am Pusse
des Vulcans von Maipu »)•
58 A. MKNEGAUX ET C.-E. HBLLMAYR.
Upucerthia montana Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in : Mag. zool.} 1838, cl. II, p. 22 (« Palca rep. Peru-
viana »).
Upucerthia Baeri Oustalet, Bull. Mus. H. N. Paris, X (1904),
p. 43 (Tucuman, rép. Argentine).
a, oiseau adulte monté, étiq. : Cinclodes mon t anus (d'Orb.)
Type. D'Orbigny, Bolivie. C'est donc le type de VU. montana
Lafr. et d'Orb.
b, <$ ad. monté, rapporté par M. G. -A. Baer, de Lara,
Tucuman, rép. Argentine, février 1903, type de VU. Baeri
Oust.
Le premier exemplaire, étiqueté comme provenant de la
Bolivie, vient bien de Palca, comme les auteurs l'indiquent
dans la description originale de U. montana.
Le type de U. baeri Oust, concorde avec ce spécimen
par tous ces caractères, excepté par la tête dont le sommet
est un peu moins roussâtre. C'est probablement une diffé-
rence saisonnière parce que l'oiseau de d'Orbigny est en
plumage plus frais.
27. Cinclodes nigro fumosus (Lafr. et d'Orb.).
Upucerthia nigro-fumo8a Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av. H,
in : Mag. zool. cl. II, 1838, p. 23 (o Cobija, in Bolivia »).
Oinclodea nigrofumosus (part. : spéc. ex d'Orbigny) + C.
lanceolatus Oustalet, Miss, scient. Cap Horn, Oiseaux (1891),
p. 61.
a, adulte, étiq. : d'Orbigny, janvier 1831, de Cobija,
Bolivie. D. 154. Type de l'espèce.
b, c, étiq. : d'Orbigny. Valparaiso, 1830, D. 154.
d} exemplaire du voyage de d'Orbigny, sans lieu d'origine.
6, jeune, de Valparaiso, rapporté par d'Orbigny en 1830.
Le premier spécimen provenant de Cobija est sûrement
le type de l'espèce, car ses dimensions et sa coloration con-
cordent exactement aveo la description originale. C'est
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 59
d'ailleurs le seul exemplaire de Cobija, existant dans la
collection. Il est tout à fait identique aux oiseaux du Chili.
Le spécimen a, regardé par Oustalet (1. c.) comme type de
r espèce, est un jeune, et par conséquent de plus petite
taille que les adultes.
C. iacsanowskii Berl. et Stolzm. ' dont C. sparsim-striatus
Scott2 est un synonyme, est par conséquent une espèce
distincte .
C. nigrofumosus est d'une taille assez grande :
Type de Cobija : aile 117 ; queue 86; bec 23**.
6, c, de Valparaiso : aile 115, 118; queue 85, 83; bec
24»/,-.
d$ sans lieu d'origine : aile 117; queue 85;bec 24 mm.
0, jeune, de Valparaiso : aile 102 ; queue 80 ; bec 22 mm.
Les parties supérieures sont d'un brun fuligineux très
foncé, la queue presque noir ; la gorge d'un blanc pur, le
reste du dessous du corps un peu plus pile que le dos
avec des stries longitudinales blanches très nettes.
28. Cinclodes patagonicus patagonicus (Gm.).
Motacllla patagonica Gmelin, Syst. Nat. 1, II (1788), p. 957
(ex Latham. « in Terra ignis »).
Cinclodes nigrofumosus (nec Lafr. et d'Orb. !) Oustalet, Miss,
scient. Cap. Horn, Oiseaux (1891), p. 61.
*t 6) dd% baie Orange, Terre de Feu, par la mission du
cap Horn, tués en juin 1883 et en octobre 1882.
c, d, pp% même origine, prises en juillet et décembre 1882.
Ces oiseaux se distinguent de C. nigrofumosus par une
taille plus petite, par un bec un peu plus mince, par le
dessus du oorps sensiblement moins foncé et particulière-
ment par les parties inférieures d'un gris terreux sale. Les
stries blanches sont aussi nettes.
Il parait que oette espèce est limitée à la Patagonie, car
1. P. Z. S. U9t, p. Ml (CborUlo* près Umi, Pérou),
t. BuU. BrU. Orn. Cl. n» ixu, avril 1900 (I«Uy, Pérou).
ira m
60 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
les oiseaux de Chili qu'on y a rattachés appartiennent à des
formes distinctes.
Dimensions :
a, aile 107 ; queue 82 ; bec 23"M.
6, <$ aile 108; queue 85 ; bec 23
c, p aile 108; queue 83; bec 23
d, ^juv. aile 102; queue 80; beo20V2
29. Cinclodes patagonious molitor Scott.
Cinciodea molitor Scott. Bull Brit. Orn. Cl. LXXI, avril 1900
[type ex : Chili (Leybold)].
0. nigrofumoau8 (nec Lafr. et d'Orb.), Oustalet, Miss, scient.
Cap Horn, Oiseaux (1891), p. 61 (part. : spéc. de Port-
Famine).
a, ç? ad. recueilli par E. Reed près Santiago, Chili. Coll.
Boucard.
6, c, adulte et jeune, de Port-Famine, Chili. Voyage de
la Zélée, 1840.
<J, S1 ad., de Penaflor, Chili, 7 mars 1894, par M. Lataste.
0, P ad., de San-Alfonso (dept. Quillota), Chili, 26 juin
1894, par Lataste.
Cette forme représente évidemment au Chili le vrai
C. p. patagonicuSj en effet les couvertures inférieures de la
queue portent les mêmes dessins, et les becs sont iden-
tiques. Les seules différences consistent dans la teinte
plus brunâtre du dessus et du dessous du corps, et dans les
dimensions un peu plus faibles.
a, aile 102; queue 80; bec 22rom.
b} aile 105; queue 78; bec 22m*.
c, aile 101 ; queue 78; bec 21na.
<*, (/aile 100; queue 82; beo 21Bn>.
a, p aile 98; queue 81 ; beo 2172mm.
61
Il est probable que Furnarius ckilensis Less. ! se rapporte
i celte forme, mais malheureusement nous n'avons pa en
trouver le type pour l'examiner.
30. Cinclodes antarticus (Gara.).
CertU* amtmrctiem Garnot, Ann. je. mat. VII (1826), p. 45
(3es Malouines).
Furnarius fwligimoeus Lesson, if an. fOmith. II (1828), p. 15
(«les îles Malooines »); Voyage de la Coquille, ZooL I,
p. 670 (avril 1830).
a, oiseau monte, rapporté des fies Malouines par M. Garnot,
naturaliste du voyage de la Coquille. Type de Cerikia
ontareHea Garn.
6, monté, des îles Malouines. Voyage de la Coquille.
Type de Furnarius fuliginosus Less.
c, monté, rapporté des îles Malouines, par Quoy et Gai-
mard, en 1820.
31. Cinclodes oustaleti Scott.
Cmehdes oustaleti Scott, Bull. Brii. Orn. CL, n* LXXI,
avril 1900 (Central Chile).
Upucerthia rupestris Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in Mag. iooL, 1838, cl. II, p. 21 (Valparaiso (Chili); Cobija,
rep. Boliviana).
Cinclodes patagonieus (nec Gmelin) Oustalet, Miss, scient.
Cap Horn, Oiseaux (1891), p. 65.
a, b, d'Orbigny, Valparaiso, 1830, n* 158. Exemplaires
décrits par d'Orbigny et Lafresnaye sous le nom d'tf. ru»
pestris.
c, Chili, envoi de l'amiral Dupetit-Thouars, en mars 1845.
d, «o ad., Santiago, Chili, par Rééd. Coll. Boucard.
t, o9, Chili, par Rééd. Acquis à Gerrard (monté).
/, adulte, du Chili, voyage de la Bonite.
I. Uên. fOrm. II (IS2S), p. 17, (port Saint- Vincent, au Chili); Vtyap GoquUfe,
Z«of. I |tSS0), p. 671.
62 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
Cette petite forme que, avec Scott, nous regardons
comme bien distincte de C. p. palagonieus et de C. p. molitor,
en diffère au premier coup d'oeil par sa taille beaucoup
plus faible, par le bec plus court et plus mince, par du
blanc au milieu de l'abdomen, par les sous-caudales d'un
brun roussâtre uniforme, par les axillaires blanches, etc.
Elle ne nous paraît avoir aucun rapport avec le groupe
de C. patagonicus. Notre opinion est corroborée par ce fait
que près de Santiago on trouve la forme en question qui
vit à côté de C. p. molitor. La description d* Upucerthia
rupestris de Lafr. et d'Orb. s'accorde en général très bien
avec les spécimens a et ft, sauf les dimensions et la colora-
tion des sous-caudales qui sont évidemment indiquées
d'après le jeune exemplaire de C. nigrofumosus (e de notre
liste), que les auteurs par erreur ont rapporté à la même
espèce.
Opetiorynchos rupestris Kittl . , est probablement la même
forme que celle dont nous venons de parler. La description
de Kittlitz, un peu succincte, peut laisser des doutes.
Il faudrait examiner les types pour résoudre la question.
a, aile 89; queue — ; bec 16 "m.
6, aile 88V2Î queue 67; bec 17"".
' c, aile 92; queue 68; beo 17 V3
<J, aile 9272» queue 68; bec 18
a, aile 90; queue 67; beo 16 V2
fy aile 92; queue 68; bec 16 72
32. Cinclodes fuscus (Vieill.).
Anthus fuscus Vieillot, Nouv. Dict., XXVI (1818), p. 490 (ex
Azara, n° 147 : Buenos-Ayres, Montevideo et Paraguay).
Upucerthia oulgaris Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in : Mag. zool., 1838, cl. II, p. 22 (desor. orig. et habit,
part. (« Santa-Fé, rep. Argentina ; in Patagonia »).
1. Mèm. Acêd. Se. Stint-Pètmb. (sar. étrangers), I (1831), p. 188, pi. VIII
(CnilJ, se. Valpanlso).
mm
passereaux traghéophonbs. 63
a, monté, de Montevideo, par Quoy et Gaimard, ootobre
1820.
b% c, adultes, de Santa-Fé, rép. Argentine, juillet 1829,
par d'Orbigny, n° 77. Types de VUpucerthia vulgaris Lafr.
et d'Orb.
dy e, adultes, de Buenos- Ayres, juillet 1829, par d'Orbigny.
fy adulte, de Patagonie, février 1831, par d'Orbigny.
j, />, Punta-Àrenas, terre de feu, par Lebrun.
A, pf adulte, Rio Galligoschico, terre de feu, par Lebrun.
i, >, A, J, (frf, PP> de la Baie Orange, Patagonie, mars,
octobre, décembre, par la mission du Cap Horn.
m, monté, recueilli par Auguste Saint-Hilaire, près Rio-
Orande-do-Sul, Brésil, 23 mai 1821.
n, adulte, monté, du Chili, par de la Narde.
o, o*, monté, de Magallama, Chili, par Philippi.
p, 6*, monté, du Chili, par Rééd. Acquis à Gerrard.
?, r, *, *, u, adultes, du Chili, par Rééd. Coll. Boucard.
t>, u/, jp, de San-Alfonso (dept. Quillota), Chili, juin
1894, par Lataste.
Tous ces exemplaires sont identiques. Les quatre sui-
vants en diffèrent par la couleur des parties supérieures
sensiblement plus roussàtre. Deux ont été recueillis à Tal-
cahuano, baie de la Concepcion, localité très voisine
d'Arauoana d'où proviennent les types de Cillurus minor
Cab. et Heine.
*i <$ ad., de Talcahuano, Chili, du voyage de l'Astrolabe.
y, p ad., de Talcahuano, Chili, du voyage de la Zélée.
;, a', adultes, du Chili, donnés par Gay, 1843.
33. Cinclodes albidiventris Sel.
Cifielodea albidiuentria Sclater, P. Z. S., 1860, p. 77 (« in monte
Chimborazo reipubl. Equator., ad ait. 14.000 pedum »).
a, adulte, de l'Equateur, recueilli par Buckley. Coll.
Boucard.
6, c, adultes, du Pichincha, Equateur, par le Dr Rivet.
64 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
C'est aussi une forme bien caractérisée. Elle a le dos
brun roussâtre comme C. rivularis, mais le miroir alaire est
d'un roux ferrugineux encore plus vif que chez C. fusons.
34. Cinclodes rivularis (Cab.).
Cilluru8 rioularia Cabanis, Journ. f. ornith.% 1873, p. 319,
descrip. orig. (Maraynioc, Pérou central).
Upucerthia uulgaris Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in : Mag. zool., 1838, cl. II, p. 22 (part. : « La Paz, rep.
Boliviana »).
Cinclodes bifasclatus (nec Sclater) Oustalet, Miss, scient. Cap
Horn, Oiseaux (1891), p. 65.
a, 6, c, adultes, de la Paz, Bolivie, par d'Orbigny, en 1834.
d, «o ad., rapporté de la Bolivie, août 1839, par Pentland.
*> f> 9) A, o* ad., et trois exemplaires sans indication de
sexe, de Yanavia, près Arequipa, Pérou méridional, par
Castelnau et Deville.
Cette espèce, assez rare, est distincte de C. fuscus
(Vieill.) et de C. albidiventris Sel. ; les différences ont
été bien mises en évidence par le docteur Cabanis (1. c.)
Tous nos spécimens ont le miroir blano sur les rémiges
primaires et fauve pâle sur les rémiges secondaires.
Ces échantillons ont été mentionnés par Oustalet (1. c.),
sons le nom de C. bifasciatus, espèce qui n'est pas repré-
sentée dans les collections.
35. Enicornis melanura Qray.
Henicorni8 melanura G. R. Oray, Gênera Birds, II (184 ),
p. 133, pi. XLI.
a, 6, montés, <$p, de Santiago, Chili, acquis de Oerrard.
c, P du Chili, par Hénault.
d, adulte, donné par le professeur Comalia, de Milan.
Le premier exemplaire est probablement un jeune mile
et se distingue des autres par son bec beaucoup plus court et
par la présence des raies transversales claires sur la poitrine.
passereaux trachéophones. 65
36. Lochmias nematura nematura (Lcht).
Myiothera nematura Lichtenstein, Verz. Dubl. Berliner Mus.
1823, p. 43 (San-Paulo).
Furnarius Sancti-Hilarii Lesson, Traité $orn. 1831, p. 307
(Brésil).
a, monté, du Brésil, par Auguste Saint-Hilaire. Type de
Purnarius Sancti-Hilarii Less.
6, monté, de Rio-de- Janeiro, août 1824, par Ménétriès.
c, monté, du Brésil, 1816, par Delalande fils.
d, monté, de la Serra d'Estrella, près de Rio-de-Janeiro,
par Castelnau et Deville.
*, adulte, de Rio, par le docteur Peichoto, 1854.
37. Lochmias nematura obscurata Gab.
Lochmias obeeurata Cabanis, Journ. f. Ornith. 1873 (janvier),
p. 65 (Monterico, Pérou central).
Lochmias eororia Sclater et S al vin, P. Z. S. 1873 (Mai),
p. 511 (Venezuela).
a, de Bogota. Coll. Boucard.
Cette forme ne se distingue de la précédente que par
le dos un peu plus châtain, par les taches ventrales moins
nombreuses, et par l'absence complète de la bande sour-
cilière blanche.
En tenant compte des dates de publications (janvier et
mai), c'est le nom de Cabanis qui doit être adopté.
38. Sylviorthorhynchus desmurii Gay.
8yloiorthorhynchus Desmurii Gay, Faun. Chil.y Avea (1841),
p. 316, pi. 7 (Chili ; provinoiade Valdivia) ; des Murs, Iconogr.
ornith. ylivr. 8, pi. 45 (s. le nom : S. maluroîdes 0. des Murs).
a, adulte monté, du Chili, par Oay, mai 1843. Type de
F espèce et de S. maluroîdes des Murs. Exemplaire figuré
dans l'ouvrage de des Murs, pi. 45.
by adulte, monté, du Chili, par Oay, mai 1843.
c, adulte, du Chili, par Reed, 1876. Coll. Boucard.
tome xix. 5
66 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
39. Phleo cryptes melanops (Vieill.).
Syluia melanops Vieillot, Nouv. Dict., XI (1817), p. 232 (ex
Azara, n° 232. Paraguay).
Synallaxi8 dorso-maculata Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av.,
I, in : Mag. zool. 1837, cl. II, p. 21 (Buenos-Ayres).
a, monté ; 6, c, en peau, de Buenos-Ayres, par d'Orbi-
gny, juillet 1829. Types de S. dorso-maculata Lafr. et d'Orb.
d, monté, du Chili, acquis de Canivet, 1843.
6, adulte, du Chili, par de la Narde.
/*, g, adultes, du Brésil méridional, par Bonpland, 1833.
A, adultes, du Brésil, par Fronsacq, 1864.
Les exemplaires de Buenos-Ayres sont tout à fait sem-
blables à ceux du Chili.
40. Leptasthenuraaegithaloides (Kittl).
Synnalaxis aegithaloides Kittlitz, Mém. Acad. se. Saint-Péters-
bourg (sav. étrangers), I (1831), p. 187, pi. 7 (Valparaiso).
8ynallaxi8 aegythaloides Lafr. et d'Orbigny, Syn. Av., I, in :
Mag. Zool. 1837, cl. II, p. 23 (« in Chilensi republica,
Patagonia et Andium vertice (rep. Boliviana) »).
a, 6, adultes montés et en peau, de Coquimbo, Chili, par
Oaudichaud, 1832.
c, adulte, monté, du Chili, par Gay, mars 1843.
d, e, monté et en peau, de Cobija, Chili, par d'Orbigny, 183 1 .
/*,,pad., de San-Alfonso, dep. Quillota, Chili, 24 juin 1894,
o* Penaflor, 8 avril 1894, par Lataste.
g, À, adulte et jeune, de Patagonie, février 1831, par
d'Orbigny.
t, ;, &, /, m, 0*0" tPifi ad., du Chili, par Rééd. Coll. Bou-
card.
n, adulte, de La Paz, Bolivie, 1834, par d'Orbigny.
0, adulte, rapporté certainement par d'Orbigny, peut-
être de la môme localité.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 67
Les exemplaires de Bolivie ont le sommet de la tête
d'un roux plus vif, le dos plus brunâtre et l'abdomen fauve
clair, au lieu d'être d'un blanc sale comme dans les échan-
tillons du Chili et de la Patagonie. Ils sont aussi de taille
plus grande : aile 65, 70 ; queue 95mm.
41. Leptasthenura platensis Reichb.
Leptasthenura platensis Reichenbach, Handbuch Scansor.
(1853), p. 160 (« Rio de la Plata »)•
a, b, çf ad. et jeune, montés, Cordova, Rép. Argentine,
donnés par l'Université nationale de Cordova.
c, adulte, monté, acquis en 1837, indiqué comme prove-
nant du Chili, mais c'est probablement une erreur, car il
faisait partie de la même collection que le type d'Anaeretes
telaUri Oust., espèce qui n'habite que la République Argen-
tine et la province brésilienne de Mattogrosso.
L. platensis est une espèce tout à fait différente de
L. aegithaloides à laquelle elle a été réunie par Sclater.
En plus de trois exemplaires du Muséum, l'un de nous en
a examiné cinq à Tring, provenant tous de Cosquin et de
La Soledad, République Argentine.
Tous ces spécimens ont les mêmes caractères, c'est-à-
dire : les quatre rectrices externes de chaque côté ont leur
portion apicale roux clair (non gris blanchâtre) ; la tête
porte une huppe et n'est marquée de stries qu'en avant,
celles-ci sont d'un blanc i peine roussâtre, au lieu d'être d'un
roux vif comme dans le L. aegithaloides (Kittl.). Les stries blan-
ches de la nuque et des côtés du cou manquent complètement,
et le miroir alaire est moins étendu et d'un roux moins vif.
Les jeunes des deux espèces présentent les mêmes
différences que les adultes.
42. Leptasthenura fuliginiceps (Lafr. et d'Orb.).
8gnallaxis fuliginiceps Lafresnaye et d Orbigny, Syn. Av. I,
in Mac. Zool. cl. H, 1837, p. 23 (« Sioasica (rep. Boliviana) »),
68 A. MBNEGAUX ET G.-B. HBLLMATR.
Leptasthenura fuliginiceps boliuiana Allen, Bull. Amer. Mus.
II (1889), p. 91 (Bolivie septentrionale).
a, oiseau adulte monté, de Sicasica, Bolivie, par d'Orbi-
gny, 1834. N° D. 286. Aile 65; queue 96mm.
6, oiseau adulte en peau, même provenance. Aile 65;
queue 95"". Types de V espèce.
c, adulte, de Valle-Grande, Bolivie, par d'Orbigny, 1834,
D, 286.
Cette espèce est immédiatement caractérisée par sa
queue entièrement rousse et par sa tête uniformément roux
brun.
L. f. boliviana Allen est tout simplement un synonyme de
la forme typique, tandis que celle de la République Argen-
tine, si elle en diffère réellement, doit être appelée L. para-
nensis Sel.
43. Leptasthenura setaria (Temm.).
8ynallaxi88etaria Temminck, Recueil Pl.ColMvr.b2 (nov. 1824),
pi. 311, fig. 2 (Saint- Paul, Brésil. Mus. Paris).
Deux spécimens montés aux galeries, étiq. :
a, « M. Saint-Hilaire, Brésil, près Casto, capt. de Saint-
Paul. S. setaria Temm. type. »
bf « S. setaria Temm. Mines, capt. de Saint-Paul,
août 1822, par M. Auguste de Saint-Hilaire, type de l'espèce
et de la planche. »
Ces deux spécimens sont les seuls connus de l'espèce
depuis leur découverte en 1822, et aucun ouvrage n'en fait
mention et n'en donne la description.
La localité d'où ils proviennent, Casto, est sûrement
Castro^ ville du Parana, état qui, à l'époque du voyage d'Au-
guste Saint-Hilaire, faisait partie de la « capitanerie » de
Saint-Paul, Brésil. Il est très curieux de faire remarquer
que c'est aussi dans l'état du Parana, près de la ville de
Curitibay que Natterer a récolté un spécimen unique d'une
PASSBBKAUX TRACHÉOPHONKS. 69
autre espèce très distincte, L. striolata Pelz. et qui est con-
servé au musée de Vienne.
La description de Temminck est assez bonne, mais la
figure indique une queue tout a fait rousse, ce qui est
inexact. Les deux paires des rectrices externes seules sont
entièrement rousses, les deux suivantes portent une bordure
noirâtre sur le tiers basai de la barbe interne ; la cinquième
est noirâtre sauf au tiers apical. Les couleurs rousse et
noire sont séparées suivant une ligne qui traverse obliquement
toute la plume. La paire médiane est noirâtre, très allongée
et très atténuée à l'extrémité libre, qui seule est rousse.
Le sommet de la tète porte une huppe comme L platensis^
mais toutes les plumes sont noires avec une strie blanche,
fine le long de la baguette; le dos est d'un roux ferrugi-
neux, un peu plus pâle sur le croupion. La nuque et les
côtés du cou sont brun grisâtre avec des stries blanchâtres
très fines et peu prononcées. Les axillaires sont blanches
tandis qu'elles sont d'un roux plus ou moins pâle dans toutes
les autres espèces. La mandibule supérieure est noire, l'infé-
rieure jaune pâle avec la pointe brune.
Nous ajouterons que la couleur du dos et des axillaires
ainsi que la répartition des couleurs de la queue suffisent
pour distinguer cette espèce au premier coup d'œil.
a, aile 56!/î; rectr. méd. 105, submed. 80, ext. 25;
bec H*/*""-
6, aile 56; rectr. méd. 1 18, submed. 85, ext. 25 ; bec lV/2mm.
44. Synallaxis ruflcapilla Vieill.
8ynallaxis ruflcapilla Vieillot, Nouv. Dici.% XXXII (1819),
p. 310 (« au Brésil »).
a, adulte, monté, du Brésil, par Delalande fils, 1816.
Type de S. ruflcapilla Vieill.
Aile 59 ; queue 80 ; beo 1 4ma.
Comme Delalande fils n'a voyagé qu'aux environs de
70 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
Rio-de-Janeiro, ce type doit provenir de cette localité. Il
appartient à l'espèce qui a le front roux comme le piléum
et une bande postoculaire fauve pâle.
45. Synallaxis azara d'Orb.
Synallaxi8 azarœ d'Orbigny, Voyage, Oiseaux (publié entre
1839 et 1847), p. 246, descr. orig. (Bolivie).
a, adulte, étiq. : n° 20. S. azarœ d'Orb. Type d'Orbigny.
Vallegrande, Bolivie, 1834 G. 276 — 367. Type de l'espèce,
aile 57 ; queue 93mm ; bec (cassé).
Beaucoup d'incertitude règne sur la valeur de cette
espèce. Sclater ' la regarde comme étant synonyme de S. fron-
talis avec doute, bien qu'il ait examiné le type du Muséum
de Paris. Allen2 fait encore une plus grande confusion
quand il affirme qu'il y a trois ( ! ) types de S. azarx dans
la collection Lafresnaye conservée au Musée de Boston, qui
soient identiques à S. frontalis Pelz. Mais ces exemplaires
ne peuvent être les types, puisque d'Orbigny dit expressé-
ment : « Un individu que nous avons tué dans la république
de la Bolivie, est d'une taille beaucoup plus grande (lon-
gueur totale 20 V21 et 9 centimètres pour la queue). Il pré-
sente la même distribution de teinte, et diffère des autres :
1° en ce que le roux de la tête est beaucoup plus vif et
s'étend sur les parties postérieures du cou ; 2° par le roux
plus pâle des rectrices des ailes; 3° parla queue également
roux clair et beaucoup plus longue que chez les autres
nous nommerions cette espèce S. azarx. »
Le Muséum possède quatre exemplaires rapportés par
d'Orbigny : 1' et 2° adultes de Corrientes, juillet 1829 ;
3' adulte, de Vallegrande, Bolivie, 1834 ; 4° jeune, dont le
sommet de la tête est encore varié de brun et de roux, des
Yungas, Bolivie, 1834.
Les deux premiers appartiennent à l'espèce S. frontalis
1. Cal. Birdê Brit. Mus., XV, p. 39.
2. Bull Amer. Mut., New-York, II (1889), p. 243,
PASSEREAUX TRACHÉ0PH0NB8. 71
Pelz., et le troisième s'en distingue exactement par les
caractères indiqués par d'Orbigny et cités plus haut. Il
n'est donc pas douteux que c'est bien l'exemplaire qui a
été déorit par d'Orbigny et qui doit être considéré comme
le type de S. azarx d'Orb.
Grâce à l'obligeance du comte de Berlepsch, nous avons
pu comparer cet oiseau avec une série (10 exemplaires) de
S. griseivmtris Allen provenant des Yungas de la Bolivie,
avec quelques spécimens d'une espèce inédite de la région
de Vallegran de (Bolivie), et avec deux spécimens de S. super-
eiliosa Cab.
La dernière se distingue au premier coup d'oeil par un
trait postoculaire fauve pâle, et il ne peut en être question.
L'espèce inédite de Vallegrande présente avec le type de
5. azarae des différences bien mises en évidence par le comte
de Berlepsch, dans un mémoire en cours de publication.
L'espèce la plus voisine, peut-être identique, est S. gri-
$eiventrùy mais le spécimen de d'Orbigny diffère de tous
les échantillons examinés, par le roux beaucoup plus clair
et plus vif de rectrices alaires supérieures et du sommet
de la tête ; cette couleur s'étend de plus sur toute la nuque.
Il est possible que ces différences soient individuelles,
mais la seule raison qui nous fait hésiter i réunir S. gri-
seivmtris à S. azarX) c'est que le type de la dernière espèce
est étiqueté comme provenant de Vallegrande (Bolivie
orientale), tandis que S. griseiventris habite les Yungas de
la Bolivie septentrionale. D'Orbigny dans sa diagnose n'in-
dique que Bolivie comme lieu d'origine. La localité Valle-
grande serait-elle erronée f
46. Syn&llaxis semicinerea (Rchb.).
Leptoxyura semicinerea Reichenbach, Handb. Scan*. (1853),
p. 170, pi. 521, fig. 3610 (Brasilien).
a, adulte en mauvais état, acquis de Canivet, en 1856,
et catalogué sous le nom de : Xenops, n* 915.
72 A. MENBGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
Cet oiseau porte sur l'étiquette : Vallegrande, d'Orbigny.
C'est une erreur, car le catalogue d'entrée donne les rensei-
gnements que nous avons indiqués ci-dessus. C'est l'oiseau
dont parlent Sclater et Salvin4 comme provenant de la
Bolivie.
Cette localité doit donc être rayée de l'aire de dispersion
du S. semicinerea qui est limité à l'état de Bahia, Brésil
oriental.
47. Synallaxis cinnamomea russeola (Vieill.).
[Certhia cinnamomea Gmelin, Syst. Nat. 1, I (1788), p. 480
(ex Latham, Cayenne)].
Syluia russeola Vieillot, Nouv. Die t., XI (1817), p. 217 (ex.
Azara, n° 233, Paraguay).
Synallaxis rufleauda Vieillot, Nouv. Dict., XXXII (1819),
p. 310 (« apportée du Brésil »).
a, adulte monté, rapporté du Brésil (Rio-de- Janeiro), en
1816, par Delalande fils. Type de Synallaxis ruficauda Vieill.
6, monté, du Brésil, 1820, par le prince Max de Wicd-
Neuwied.
c, monté, de Rio-de-Janeiro, 1824, par Ménétriès.
d, monté, du Brésil, par Auguste Saint-Hilaire.
e, fy montés, de Corrientes, par d'Orbigny, juillet 1829.
Sous ce nom nous distinguons la forme méridionale de
S. c. cinnamomea, que les auteurs ont nommée S. ruficauda.
Tous ces spécimens diffèrent de ceux de Cayenne (S. cinna-
momea typique) par leurs dimensions un peu plus fortes,
par leur dos moins roussfttre et par les flancs qui sont plus
sensiblement lavés de brunâtre.
Les échantillons de Corrientes qui sûrement représentent
la S. russeola, nom fondé par Vieillot sur la description
d' Azara, sont identiques à ceux du Brésil [S. ruficauda). Le
premier nom étant le plus ancien doit être conservé.
t. p. z. S., 1879, p. 6Î0.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 73
48. Synallaxis mustelina Sel.
8ynallaxis mustelina Sclater, P. Z. £., 1874, p. 14 (Rio
Madeira. Mus. Vienne).
a, (/, adulte, monté ; b} c, </cf, ad., de Pébas, Pérou, par
Castelnau et De ville.
rf, o% adulte, monté, de Sarayacu, Pérou, par Castelnau
et De ville.
Ces quatre exemplaires ne présentent aucune trace de
jaune sous la gorge comme le vrai S. cinnamotnea. Les
parties supérieures sont d'un roux ferrugineux très vif,
sauf le croupion qui est isabelle.
49. Synallaxis unirufà (Lafr.).
8ynnalaxi8 unirufus Lafresnaye, Rev. zool., 1843, p. 290
(Colombie, Bogota),
a, adulte, monté, de Santa-Fé de Bogota, par Rieffer, 1843.
50. Synallaxis castanea (Sel.).
8ynaUaxis castanea Sclater, Ann. Mag. nat. Hist., (2), XVII
(1856), p. 466 (Caracas).
a, 6, o* ad. et adulte sans indication de sexe, de Caracas,
par Levraud. Types de l'espèce. Aile 59, 62; queue 105, 103;
bec 14 V3, 15".
Cette espèce se reconnaît de suite par la oouleur du corps
entièrement roux cannelle, sur laquelle tranche très nette*
ment la gorge noire et le menton blanc.
Sclater prétend que cette espèce ne possède que huit
rectrices, c'est vrai pour ces deux exemplaires, mais dans
l'espèce la plus voisine, S. unirufa Lafr., il y en a dix. On
peut donc admettre qu'il leur manque une paire de rectrices.
N. B. — Nous n'avons pu trouver dans les collections
le type de S. candei Lafr. et d'Orb. l, qui probablement n'y
a jamais existé.
I. Stn*MUxi$ Cradti UTr. et d'Orb., Bsv. tool., 1M8, p. ltt (Cartbafèoe).
74 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
51. Synallaxis maximiliaai d'Orb.
Synallaxi8 maximiliani jd'Orbigny, Voyage, Oiseaux (publ.
entre 1838 et 1847), p. 247 (montagne du Bis cachai, près
Carcuata, Yungas, Bolivie).
8. torquata (nec Wied.) Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av.,
I, in : Mag. zool., 1837, cl. II, p. 25 (Carcuata, Bolivia);
d'Orbigny, Voyage, Oiseaux, pi. XV, fig. 1.
a, adulte, monté de Yungas, Bolivie, par d'Orbigny, 1834.
Type de l'espèce.
La poitrine et l'abdomen sont exactement de la même
couleur, roux châtain. L'oiseau étant en mue, nous n'en
donnons pas les dimensions.
b, <£ ad., de Tapia, Tucuman,600 mètr., décembre 1902,
rapporté par G.- A. Baer.
Cet oiseau se distingue du type par l'abdomen beaucoup
plus pâle, d'un roux ocreux, seulement en arrière de la
bande noire, il y aune étroite bande d'un roux châtain pur.
N. B. — Nous n'avons malheureusement pas retrouvé
dans les collections le type de S. bitorquata Lafr. et d'Orb. *
52. Synallaxis phryganophila (Vieill.)
Syluia phryganophila Vieillot, Nouv. Dict., XI (1817), p. 207
(ex Azara, n° 229. Paraguay).
8ynallaxi8 teoellata Temminok, Recueil PL col. livr. 52
(nov. 1824), pi. 311, fig. 1 (San-Paulo, Mus. Paris).
a, adulte, monté, de Saint-Paul, Brésil, par Auguste
Saint-Hilaire, août 1822. Type de S. te ce lia ta et de la
planche dans l'ouvrage de Temminck.
b, c, adultes, montés, de Corrientes, par d'Orbigny,
juillet 1829.
d, monté, donné par Fontaine.
Le spécimen du Brésil (a) ne diffère pas de ceux de Cor-
rientes.
1. Syn. Av., I, In Mêç. zool.t 1837, cl. II, p. 24 (Chlqoltos).
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 75
N. B. — Synallaxis troglodytoides Lafr. et cTOrb.1 appar-
tient à la famille des Troglodytidés et au genre Cistotkorus.
Nous venons de trouver dans les collections du Muséum le
type décrit par Lafresnaye et d'Orbigny, que M. Sclater2
avait cherché en vain.
Nous reviendrons sur ce sujet dans un travail ultérieur.
53. Siptornis vulpina. vulpina (Pelz.).
8ynallaxi8 vulpina Pelzeln, Sitzungsber. Akad. Wissensch.
Wien, XX (1856), p. 162 (Brasilien; les types provenaient
de Goiaz et de Mattogrosso; voir Pelz., Orn. Bras., I,
p. 37).
Synallaxis vulpecula Sclater et Salvin, P.Z.S., 1866, p. 184
(« in ripis fl. Ucayali sup. etinf. »).
a, 6, tP adulte, *o jeune, de Pébas, Pérou, par Castel-
nau et De ville.
c, pullus (poussin), de l'intérieur du Brésil, par les mêmes
voyageurs.
d, çf ad., de Nauta, Pérou, 14 nov. 1883, recueilli par
J. Hauxwell. Coll. Boucard.
Les adultes ont toutes les parties supérieures roux ferru-
gineux saufle croupion qui est d'un brun olivâtre pâle.
On a considéré les oiseaux du Pérou comme étant une
forme distincte, mais les différences ne paraissant pas être
constantes, nous réunissons donc la forme vulpecula à la
forme typique.
Sclater a placé cette espèce dans le genre Synallaxis,
qui n'a que dix rectrices. Nous en avons trouvé douze,
elle appartient donc au genre Siptornis. En effet, elle est
très voisine de S. pallida (Wied.), mais pourtant distincte.
1. Syn. Av., in : Uèq. zoot^ 1S37, cl. II. p. 2î (PatagooU); d'Orblgoj, Voyflft,
Oitêaux, p. 238 (BahU de San-Blu, PaUgonie).
t. P. Z. S., 1874, p. 27.
76 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
54. Siptornis vulpina alopecias (Pelz.).
Synallaxi8 alopecias Pelzeln, Sitzungsber. Akad. Wissensch.
Wien, XXXIV (1859), p. 101 (Brasilien, les types venaient
du Rio Branco, Brésil sept. ; voir Pelzeln, Orn. Bras., I,
p. 37).
a, adulte, du haut Sarare, par Geay, 1897.
Le Sarare forme la limite entre le Venezuela et la
Colombie ; c'est un affluent du Rio Apure, qui se jette dans
TOrénoque.
S. v. alopecias (Pelz.) se distingue de la forme précédente
paroe qu'il a le dos tout entier d'un brun olivâtre uniforme,
le sommet de la tête seul est roux comme les ailes et la
queue.
L'un de nous a examiné les types de S. alopecias appar-
tenant au Musée de Vienne, et une série du haut Orénoque,
et tous présentent les caractères que nous avons signalés
ci-dessus.
L'aire de dispersion de cette forme est donc la suivante.
Brésil septentrional : Forte do Rio Branco (Natterer); Vene-
zuela : Caicara et Altagracia sur les bords du haut Oré-
noque (Cherrie), Sarare (Oeay).
55* Siptornis gutturata (Lafr. et d'Orb.).
Anabate8 gutturatus Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in : Mag. zooi, 1838, cl. II, p. 14 (« Yuracares, rep. Boli-
viana »).
Synallaxis hyposticta Pelzeln, SitzungsBer. Akad. Wissensch.
Wien, XXXIV (1859), p. 102 (« Brasilia ». Le type venait
de Boavista, Rio Negro; voir Pelzeln, (h%n. Brasil.t I
1867, p. 38); Sclater, Salvin, P. Z. S., 1879, p. 620 (Yura-
cares ; d'Orbigny, Mus. Paris).
a, jeune, étiq. : Ayuracares, d'Orbigny, 1834, n° 372.
D. 410. Type d'Anabates gutturatus Lafr. et d'Orb.
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 77
A, c, adultes, montés, de l'Equateur oriental, rapportés
par Buckley, acquis de Gerrard.
Le spécimen a quoique ayant été examiné par Sclater, il
y a longtemps, n'avait pas été reconnu comme le type
d'Anabates gutturatus, espèce complètement oubliée dans
les ouvrages depuis sa description par Lafresnaye et d'Or-
bigny. Cependant en le comparant avec la diagnose origi-
nale, il ne peut y avoir aucun doute sur son identité, car les
caractères, les dimensions (longueur totale de 14,5 •■) et
la localité d'origine correspondent parfaitement aux indi-
cations données par les auteurs de l'espèce. L'identification
a été peut-être rendue difficile par ce fait que l'espèce a
été omise dans la partie ornithologique du voyage de d'Or-
bigny et qu'elle a été comparée in Mag. zool.} 1. c, avec
un oiseau appartenant à un genre très différent (Margaror-
nis squamiger Lafr. et d'Orb.).
Nous avons entre les mains une série de six échantillons
provenant du Caura et de l'Orénoque qui nous ont été
obligeamment communiqués par le musée de Tring. Ces
derniers ont été comparés par un de nous au type de
S. hyposticta Pelz. (Musée de Vienne). Tous ces exem-
plaires concordent parfaitement et appartiennent à la même
forme qui doit, à partir de maintenant, prendre le nom de
guUuratus comme étant le plus ancien.
Voioi les dimensions des spécimens examinés :
Type <FA. guUuratus Lafr. et d'Orb. : aile 63 */2; queue
59; bec 15—.
</ ad., de Boavista, Rio Negro, type de S. hyposticta Pelz. :
aile 72; queue 66; bec 16".
2 c/cA Orénoque supérieur : aile 67, 68; queue 60 */*• 64;
bec 15, 15 V*"".
2 </df> du Caura, Venezuela : aile 66, 68; queue 60 ■/* 62;
bec 15, 15*/2" .
2 Pf>, du Caura : aile 65, 60 ; queue 58, 57 ; beo 15, 14 */2 ""•
78 A. MEN EGAUX ET G.-B. HELLMAYR.
56. Siptornis subcristata (Sel.).
Synallaxis subcristata Sclater, P. Z. S. 1874, p. 20, pi. IV,
fig. 1 (« Venezuela, prope urbem Caracas »).
a, ft, adulte et jeune, envoyés de Caracas, Venezuela, par
Levraud, en 1856. N0' 455, 495.
57. Siptornis striaticeps striaticeps (Lafr. et d'Orb.).
Synallaxis striaticeps Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av. I, in :
Mag. Zool. 1837, cl. II, p. 22 (part. : « Corrientes (Rep.
argentins) »).
a, adulte monté, de Corrientes, par d'Orbigny, juillet 1829.
Type de V espèce. — Aile 59 ; queue 64 mm ; bec (cassé).
Bien que les auteurs de S. striaticeps n'aient pas distingué
cette forme de la suivante, ce nom doit être conservé à
celle de l'Argentine parce que la localité Corrientes est
indiquée la première.
58. Siptornis striaticeps ruflpennis (Sel. et Salv.).
Synallaxis ruflpennis Sclater et Salvin, P. Z. S. 1879, p. 620
(Tilotilo, Bolivia).
8. striaticeps Lafresnaye et d'Orbigny, 1. c. (part. : « Cocha-
bamba (rep. Boliviana) »).
a, adulte monté, de Vallegrande, Bolivie, par d'Orbigny,
1834. Cotype de S. striaticeps Lafr. et d'Orb. Aile 63 ; queue 63 ;
bec Umm.
Cet exemplaire se distingue à peine du type de Corrientes
parce que les stries du sommet de la tête s'étendent un
peu plus en arrière. L'autre différence, c'est-à-dire les bor-
dures rousses des secondaires, indiquée par Sclater et
Salvin n'existent pas dans notre spécimen.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONBS. 79
59. Siptornis albiceps (Lafr. et d'Orb.).
Synallaxi8 albiceps Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av. I, in
Mag. Zool. 1837, cl. II, p. 23 (« Sica-Sica, rep. Boliviana »).
a, ft, adultes montés, de Sica-Sica, Bolivie, par d'Orbigny,
1834. N* D. 287. Types de l'espèce. Aile 65, 68 ; queue 69 ;
bec 14V2mm.
60. Siptornis humioola (Kittl.).
Synnalaxi8 (sic) humioola Kittlitz, Mim. Acad. se. Saint»
Pétersbg. (savants étrangers), I (1831), p. 185, pi. VI (Val-
paraiso, Chili).
Synallaxis humioola d'Orbigny, Voyage, Oiseaux, p. 245 (part. :
Valparaiso).
a, adulte, de Valparaiso, Chili, par d'Orbigny, 1830.N0 159.
b, adulte, du Chili, par l'expédition de la Danaide, mai 1843.
e, jeune, de Valparaiso, par Oaudichaud, mai 1832.
d% e, adulte et jeune mâle, du Chili, recueillis par Reed,
1872. Coll. Boucard.
8ous le nom de S. humioola, d'Orbigny a compris deux
espèces comme Reichenbach l'a démontré.
Le spécimen de Valparaiso s'accorde parfaitement avec
ceux rapportés par Reed et par l'expédition de la Danaïde .
61. Siptornis d'orbignyi (Reichb.).
Synallaxi8 humioola (nec Kittlitz) Lafresnaye et d'Orbigny,
Syn. Av. I, in Mag. zool. 1837, cl. II, p. 24 (La Paz, rep.
Boliviana); d'Orbigny, Voyage, Oiseaux, p. 245, pi. XVII,
fig. 2 (texte part. : La Paz, Cochabamba et Palca, Bolivie).
Bathmidura d'Orbigny! Reichenbach, Handb. Seans. (1853),
p. 163 (ex d'Orbigny, pi. XVII, fig. 2).
a, adulte monté, d'Ayupaya, Bolivie, par d'Orbigny, 1834.
Type de B. d'Orbigny i Rchb.
b9 av. junior (en peau), de Cochabamba, Bolivie, par
d'Orbigny, 1834. N*369. D. 197.
80 A. MENEGAUX ET C.*E. HELLMAYR.
Reichenbach a établi ce nom sur la planche de d'Orbigny,
qui représente un oiseau avec une tache rousse sur la
gorge. Le premier spécimen seul a ce caractère nettement
prononcé, et comme il répond exactement pour le reste
aussi à la figure, il doit être considéré comme le type de
B. d'orbignyi Rchb.
Le second spécimen s'en distingue par une taille plus
petite, surtout par la queue plus courte, par l'absence de
tache rousse sous la gorge et de la bande alaire roux can-
nelle.
a, aile 68; queue 77; bec 13V2mm-
by aile 65 ; queue 66 mm ; bec — (cassé).
62. Siptornis patagonica (d'Orb.).
Syn al Iaxis patagonica d'Orbigny, Voyage , Oiseaux (publié
entre 1838 et 1847), p. 249, descr. orig. (Rio Negro, en
Patagonie).
a, adulte, de Patagonie, par d'Orbigny, 1831. N' 71.
6, adulte, de Patagonie, février 1831, par d'Orbigny.
Types de l'espèce.
a, aile 58 ; queue 69; bec llmm.
b, aile 58 ; queue 70 ; bec 12nUB.
Sclater indique que la queue, dans cette espèce, est
comparativement courte ; ceci doit être une erreur, ce sont
plutôt les ailes qui sont visiblement plus courtes que dans
les espèces voisines.
63. Siptornis multo-striata (Sel.).
8ynallaxi8 multo-striata Sclater, P. Z. S. 1857, p. 273 (Bogota.
Mus. Paris).
Siptornis flammulata Sclater, Cat. Birds. Brit. Mus. XV,
p. 72 (part. : Colombia).
a, adulte monté, de Santa-Fé de Bogota, aoquis de
H. Rieffer, 1 843. Type de Synallaxis multo-striata Sel. Aile 64 ;
queue 75; bec W/2l
mm
PASSEREAUX TRACHÉOPHONBS. 81
M. Sclater, in P. Z. S. 1869, p. 636, note, fait remarquer
que S. mu Itos tria ta, de Colombie est identique kS.flammulata
de rÉquateur, mais cette affirmation est une erreur, car
nous avons entre les mains le type de la première espèce
et, en le comparant à de nombreux spécimens de l'autre,
nous avons trouvé les différences suivantes :
1* S. multo-striata. Menton et milieu de la gorge d'un
roux ferrugineux intense; les lores et la bande sourcilière,
jusqu'à l'angle postérieur de l'œil, d'un roux ferrugineux,
un peu moins vif ; les stries longitudinales blanches situées
sur le dos sont plus étroites; les bordures noirâtres des
taches des parties inférieures sont assez larges et très bien
limitées, même sur les flancs, et tranohent nettement sur
la couleur blanchâtre du fond.
2* S. flammulata (plusieurs exemplaires du Pichincha et de
Quito). Menton blanchâtre, milieu de la gorge d'un jaunâtre
soyeux ; les lores et une bande sourcilière allant des narines
aux côtés du cou blanchâtres ; les stries du dos sont plus
larges et les bordures des taches des parties inférieures
sont plus étroites, moins nombreuses et moins foncées.
Un oiseau de Bogota appartenant au musée de Tring
présente les mômes caraotères que le type ; donc S. multo*
striata est bien une forme distincte de S. flammulata.
64. Siptornis maluroides (Lafr. et d'Orb.).
8ynallaxi8 maluroides Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av. I, in
Mag. Zool. 1837, cl. II, p. 22 (« Buenos-Ayres(Rep. Argen-
tins) m ) ; d'Orbigny, Voyage, Oiseaux, p. 238, pi. XIV, fig. 3.
a, é, adultes, montés, de Buenos~Ayres, juillet 1829, par
d'Orbigny. N# 165. Types de l'espèce.
c, cf ad., rapporté de Buenos-Ayres, septembre 1876, par
le Dr Rey.
Dimensions des types : aile 51, 50l/2; queue 59, 67; bec
12% 12-.
TOME XIX. 6
82 A. MBNEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
65. Metopothrix aurantiacus Sel. et Salv.
Metopothrix aurantiacus Sclater et Salvin, P. Z. S. 1866,
p. 190, pi. XVIII (Sarayacu. Pérou).
a, cf ad., de Sarayacu, Pérou, par Gastelnau et Deville,
en 1846. Aile 56 ; queue 46; bec 10y2mm.
Cette forme remarquable qui a été rangée par les
auteurs dans la famille de Pipridàs (!), fait partie, comme
Ta démontré le comte de Belepsch1, de celle des Dendro-
colaptidés, mais par la couleur vive du front et de la gorge
c'est un type aberrant dans cette famille comme les espèces
du genre Xener pestes. La principale différence qui existe
entre ces deux genres, c'est que dans Metopothrix la queue
est plus étagée.
Le spécimen de la collection a déjà été recueilli en 1846,
et la description originale faite en Angleterre est de vingt
ans postérieure.
66. Anumbius anumbi (Vieill.).
Furnartus anumbi Vieillot, Nouv. Die t., XII (1817), p. 117
(ex Azara, n° 222. Paraguay).
Anumbius anthoîdes Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in : Mag. Zool., 1838, cl. II, p. 17 (Corrientes, rep. Argen-
tina).
a, adulte, monté, de Corrientes, par d'Orbigny, 1829.
Type d' Anumbius anthoîdes Lafr. et d'Orb. Aile 84 '/? ;
queue 86 ; bec i6mm.
6, adulte, monté, par A. Saint-Hilaire, août 1822, de
Cascambre, sud de la capitanerie de Saint-Paul, Brésil.
c, adulte, monté, de la capitanerie de Qoyaz, Brésil, par
A. Saint-Hilaire, 1822.
d} monté, du Brésil, par Saint-Hilaire, 1822.
6, *o, ad. monté, de Maldonado, Uruguay, par d'Orbigny.
t. Ibis., 1903, p. 108,
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 83
/, 9 y adultes, du Rio-Negro, Patagonie, février 1831, par
d'Orbigny.
Les échantillons du Brésil offrent les mêmes dimensions
que celui de Corrientes que nous pouvons regarder comme
représentant la forme typique. Ceux de la Patagonie, de
TUruguay et de Buenos-Ayres (Mus. Berlepsoh) sont sen-
siblement plus petits.
8pécimen de Corrientes : aile 84 */2 ; queue 86m.
o"o*«0, de Rio Ver de, Brésil* : aile 84, 88, 89;
queue 101, 90, 89mm.
Une «o de Jaguaraiba, Brésil 2 : aile 80 ; queue 80°"".
Un o" d'Itararé, San-Paulo 3 : aile 82 */2 ; queue 76 */2.
<#>p, de Curitiba Parana * : aile 85, 85, 82 ; queue 88,
94, 89-m.
Un adulte de Ooyaz : aile 86 */2; 83mm.
Spécimen de Casoambre, San-Paulo : aile 84mm.
o"«o, de Buenos-Ayres (Mus. Berlepsch) : aile 78, 79;
queue 74, 75n,m.
f, de Maldonado : aile 79m*.
Deux spécimens de Patagonie : aile 74, 75 ; queue 80mm.
Quoique cette espèce ait déjà été signalée au Brésil par
Pelzeln 5, Sclater n'indique pas ce pays dans le Cat. Birds
Btit. Mus., XV, p. 75.
67. Pseudocolaptes lawrenoii Ridgw.
Pseudocolaptes lawrenoii Ridgway, Proc. U. S. Mus., I (1879),
p. 253 (Costa- Rica).
Pseudocolaptes costaricensis Boucard, Bull. Soc. zool. France,
V (1880), p. 230 (Navarro, C os ta- Rie a).
a, jeune, de Navarro, Costa-Rica, 1877. Type de P. cos-
taricensis Bouc. Coll. Boucard.
1. Musée de Vienne.
2. Idem.
3. Idem.
4. Idem.
5. PeUeln, Orn. Brésil., I (1867), p. 38.
84 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
68. Phacellodomus ruber (Vieill.).
Furnarius ruber Vieillot, Nom. Dict., XII (1817), p. 118 (ex
Azara, n° 220 : Paraguay).
Phacellodomus rufipennis Sclater, P. Z. S., 1889, p. 33 (Inte-
rior of Bolivia).
Anumbiu8 ruber Lafr. et d'Orb., Syn. Av., II, in Mag. zool.,
1838, cl. H, p. 18 (Corrientes, Mojos); d'Orbigny, Voyage,
Oiseaux, p. 253.
a, adulte, du Paraguay. Acquis de Verreaux.
b, adulte, monté, de Corrientes, juillet 1829, par M. d'Or-
bigny, n° 169.
c, adulte, monté, de Paracatu, Minas Geraës, Brésil,
par Auguste Saint-Hilaire, août 1822.
d, jeune, de Mojos, Bolivie, par d'Orbigny, 1834, n° 381.
Nommé Anumbius ruber, par Lafresnaye et d'Orbigny.
Les trois premiers exemplaires (a, b, c) sont absolument
semblables : le dos est chez tous d'un brun terreux pâle,
contrastant avec la couleur de la calotte qui est roux ferru-
gineux vif.
L'échantillon d correspond à la description de P. ruber,
dans le Cat. Birds Brit. Mus., XV, p. 80, parce que le dos
est presque aussi roux que le sommet de la tête.
Cependant, l'examen fait au Musée de Vienne d'une nom-
breuse série provenant du M atto grosso et du Paraguay nous
a prouvé que les oiseaux à dos roux vif ne sont que les jeunes
de ceux à dos d'un brun terreux, puisque nous y avons
trouvé tous les passages entre ces deux extrêmes. Donc nous
concluons que P. rufipennis est un simple synonyme de
P. ruber. Nous ajouterons que la nouvelle localité Minas
Geraës étend l'aire de dispersion beaucoup vers Test.
69. Phacellodomus rufifirons (Wied).
Anabates ruflfrons Wied, Reise Brasilien, II (1821), p. 177
(Tamburil, près Vareda, province de Bahia).
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 85
Anumbiua rufifrons Lafr. et d'Orb., Syn. Av., II, in Mog.
zool.j 1838, cl. II, p. 19(Chiquitos, Bolivie).
Phacellodomus sincipitalis Cabanis, Journ. f. Ornith., 1883,
p. 109 (Tucuman, Argentine).
a, adulte, monté, rapporté du Brésil, par le prince Max
de Wied-Neuwied. Cotype de l'espèce.
b, c, adultes, de Bahia. Coll. Boucard.
d, adulte, monté, de Paraoatu, Minas Geraës, par Auguste
Saint-Hilaire, août 1822.
e, adulte, monté, de Miranda, Qoiaz, par Castelnau et
Deville, 1846.
f, presque adulte, de Salvador, haut Paraguay, par
Laglaize. Coll. Boucard.
g, o* ad., de Santa-Ana, Tucuman, 350 môtr., 26 nov.
1902, recuilli par G. -A. Baer.
À, adulte, monté, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny, 1834.
Les oiseaux de Bahia, dont nous avons examiné douze,
ont en général les trois rectrices externes gris brunâtre, et
le croupion de la couleur du dos, tandis que ceux de Tucu-
man, Paraguay et Chiquitos ont les mêmes rectrices d'un
roussâtre pâle et le croupion sensiblement lavé de fauve.
Cependant les échantillons de l'intérieur du Brésil (Minas,
Ooiaz et Mattogrosso), se rapprochent les uns de la forme
de Bahia, les autres de celle de Tucuman. Il nous parait
donc impossible de séparer P. sincipitalis de P. rufifrons,
même comme race locale.
Le seul exemplaire de d'Orbigny est étiqueté comme
provenant du territoire des Chiquitos, situé dans les plaines
de la Bolivie orientale. Cette même indication est repro-
duite dans le travail de Lafresnaye et d'Orbigny, cepen-
dant ce dernier naturaliste dans son Voyage dans l'Amérique
méridionale, p. 256, dit : Nous avons rencontré cette espèce
sur les plateaux des Andes boliviennes, dans la province
de Sioasica à près de 4,000 mètres d'élévation.
86 A. MENBGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
Ces deux assertions se contredisent, car il nous paraît
impossible que cet oiseau qui habite les campos brésiliens
se trouve aussi à une si grande hauteur dans les Andes.
70. Phaoellodomus inornatus Ridgw.
Phacellodomu8 inornatus Ridgway, Proo. 0. S. Mus., X, 1887
(1888), p. 152 (Caracas, Venezuela).
a, 6, adultes, de San-Fernando, Rio Apure (affluent de
TOrénoque), Venezuela, par Laglaize, 1897.
Ces deux exemplaires n'offrent aucune trace de roux
sur le front et correspondent très bien à la description
originale de Ridgway.
L'un de nous en a examiné une série de six : un du
mont Bucarito, province de Tocuyo, et cinq des environs de
Cumana, qui tous présentent ce même caractère. Donc cette
forme est bien distincte de P. rufifrons.
71. Phaoellodomus striaticeps (Lafr. et d'Orb.).
Ànumbiua striaticeps Lafresnaye etd'Orbigny, Syn. Av., II,
in Mag. zool.y 1838, cl. II, p. 19 (Sicasica, Bolivia).
a, o* ad., monté, de Sicasica, Bolivie, par d'Orbigny,
1834, type de V espèce. Aile 67; queue 70; bec 16ma>.
Ce type s'accorde bien avec un o* ad., de Tucuman,
appartenant au Musée de Tring, sauf quelques variations
individuelles peu importantes.
72. Phaoellodomus striatioollis (Lafr. et d'Orb.).
Anumbius striatioollis Lafresnaye et d'Orbigny, Syn Av. > II,
in Mag. zool., 1838, cl. II, p. 18 (Buenos-Ayres).
a, adulte, monté, de Buenos-Ayres, par d'Orbigny, 1829,
type de l'espèce. Aile 62; queue 83; bec 141/2aim-
6, cf adulte, monté, de Montevideo, par d'Orbigny, sep-
tembre 1827. Aile 64; queue incomplète; bec 15
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 87
La distribution de cette espèce est plus grande que ne
Ta indiquée M. Sclater (1. c), puisque Natterer en a récolté
deux exemplaires, près Curitiba, province de Par an a,
Brésil. ■
73. Pseudoseisura cristata (Spix).
Anabates cristatus Spix, Av. Bras. ,1(1 824), p. 83, pi . LXXXIV,
(prope pagum Malhada ad flumen Sancti-Francisci).
Anabates unirufus Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in : Mag.zooL, 1838, cl. II, p. 16 (Moxos, rep. Boliviana);
d'Orbigny, Voyage, Oiseaux, p. 259, 370, pi. LV, fig. 1 *
(dans la province de Moxos, près de la mission de Mag-
dalena).
Homorus Qalatheœ Leverktihn, Journ. f. Ornith., 1889,
p. 106 (Cuyaba, Mattogrosso).
a, adulte, monté, de Bahia, acheté à Canivet en 1856.
bt adulte, monté, du Brésil, acquis en 1840.
c, adulte, monté, bords de la rivière San-Francisco,
Bahia, recueilli par A. Sain t-Hila ire, août 1822. Aile 97;
queue 97 ; bec 20 !/2 ■-
d, adulte en peau, étiq. : D. 93. Mojos, Bolivie. D'Or-
bigny, 1834, n° 380. Type d' Anabates unirufus Lafr. et
d'Orb. , figuré dans l'ouvrage de d'Orbigny. Aile 96;
queue 97 ; bec 20mm.
Le type d' Anabates unirufus s'accorde parfaitement comme
dimensions et coloration avec plusieurs peaux du Matto-
grosso (//. galathex Lev.) appartenant au Musée de Vienne.
Les différences que Leverktihn a cru remarquer entre son
type de //. galathex et la description de d'Orbigny n'exis-
tent pas, car les dimensions données par ce dernier auteur,
sont inexactes (voir plus haut), et la coloration de la huppe
n'est pas constante.
Hellmayr, dans la revision de l'ouvrage de Spix, intitulé :
I. Ptlttlo, Orn. DreiH., 1 (1867), p. 31.
î. Sooa to ood d'Anum6tu# unirufuê.
88 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
Aves Brasilia, re vision qui va paraître incessamment, a
distingué la forme de l'intérieur du Brésil et de la Bolivie
orientale sous le nom de P. cristata unirufa de celle du
Bahia (P. cristata typique), mais les différences de dimen-
sions ne paraissent pas être constantes, car l'échantillon c
qui provient de la localité typique de P. cristata, c'est-à-
dire de la province de Bahia, est de même taille que le
type d'unirufus. Il n'est donc pas possible de maintenir la
séparation de ces deux formes.
74. Pseudoseisura lophotes (Rchb.).
Homoru8 lophotes Reichenbaoh, Handb. Scans. 1853, p. 172
[« Bolivia » (?)]
Anabates cristatus (nec Spix) Lafresnaye et d'Orbigny, Syn.
Av. II, in : Mag. Zool. 1838, cl. II, p. 15 (Corrientes) ; d'Or-
bigny, Voyage, Oiseaux, p. 258, (« dans les bois des
rives du Parana, près de San-Lorenzo, provinoe de
Santa-Fé »).
a, adulte, monté, de Santa-Fé, Corrientes, par d'Orbigny ,
juillet 1829.
b, adulte, monté, de la République Argentine, donné par
Gay, 1837.
c, o* ad. de Santiago, La Banda, Argentine, 24 avril 1903,
par G.-A. Baer.
Gomme les auteurs l'ont déjà supposé, l'oiseau men-
tionné par Lafresnaye et d'Orbigny sous le nom d'Anabales
cristatus se rapporte à une espèce très différente décrite
plus tard par Reichenbach. Les trois exemplaires du Muséum
sont identiques entre eux.
75. Pseudoseisura gutturalis (Lafr. et d'Orb.).
Anabates gutturalis Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av. II, in
Mag. Zool. 1838, cl. II, p. 15, (in Patagonia); d'Orbigny,
Voyage, Oiseaux, p. 257, 370, pi. LV, fig. 3 (non loin des
rives du Rio Negro, en Patagonie) .
PASSER BAUX TRACHÉOPHONES. 89
a, 6, adultes, montés, de Patagonie, par d'Orbigny, février
1831. Aile 105, 104; queue 93, 96; bec 24, 26V2mm.
c, adulte, monté, mêmes origine et localité, Oguré dans
l'ouvrage de d'Orbigny. Aile 107 ; queue 105 ; bec 2omm.
df adulte en peau, de Patagonie, par d'Orbigny. Aile 106 ;
queue 92 ; bec 25mm. Types de l'espèce.
76. Automolus leucophthalmus (Wied.).
Anabates leucophthalmus Wied, Reise Brasil. II (1821), p. 141,
(Rio Ilhéo8, affluent du Rio Pardo, au sud de Bahia,
Brésil oriental).
Xenops rufus Lesson, Traité d'Orn. 1831, p. 318 (Brésil);
Pucheran, Rev. Mag. zool. 1853, p. 547 (crit.).
a, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, Brésil, par Ménétriès,
août 1824. Type de Xenops rufus Less. Aile 91 V2; queue 89,
bec 20".
6, e, adultes, de Bahia. Coll. Boucard.
d, adulte de Bahia, rapporté par Castelnau, en 1853.
Le type de X. rufus est absolument identique aux spéci-
mens de Bahia. Ce nom a été omis dans le Cat. Birds Brit.
Mus. XV.
77. Philydor columbianus riveti n. subsp.
[Phllydor columbianus Cabanis et Heine, Mus. Heinean.t II
(1859), p. 29 (Porto Cabello, Venezuela)].
P. columbianus (nec Cabanis et Heine), Goodfellow, Ibis,
1902, p. 61 (« West side of Piohincha, Ecuador »).
a, adulte, de Oualea, Equateur occidental, par Rivet
Cg. 1904, n9 654. Type de la sous-espice. Aile 94; queue 82;
bec 21— .
Cette nouvelle forme se distingue du vrai P. columbianus
par sa queue plus courte *, par le dos beaucoup plus foncé,
I. Deux spécimen* dé P. eolumbUnuê (Cumana et Caracas) ont pour la queue
90 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
sépia olivâtre au lieu de brun olivâtre pâle, par le vertex
plus noirâtre et par la couleur jaune du front moins pro-
noncée. La gorge est d'un ocreux vif et nettement séparée
de la couleur de la poitrine, tandis que chez toutes les
formes voisines le milieu de la poitrine et la gorge sont de
la même teinte, qui est d'un ocreux plus pâle. Le reste de
la surface inférieure (chez J\ c. riveti) est à peu près con-
colore, d'un brun olivâtre pâle, la couleur olive s'accentuant
vers l'arrière.
Les autres parties du plumage sont identiques à celles
de la forme typique.
La mandibule supérieure est noire ; l'inférieure, foncée
à la base, est blanchâtre vers la pointe.
Un exemplaire tout à fait semblable, provenant du
Pichincha, Equateur (coll. Goodfellow), se trouve au musée
de Tring.
Les formes de cette espèce sont donc au nombre de trois :
1° P. c. eolumbianus Gab. et Heine, de la côte sept, du
Venezuela (de Gumana à Puerto Cabello).
2° P. c. panerythrus Sel. (type ex Bogota), de la Colombie
(Bogota), isthme de Panama, Chiriqui et du Costa-Rica.
Cette forme placée par Solater entre deux espèces avec
lesquelles elle n'a pas de rapports, ne diffère de la précé-
dente que par ses ailes plus longues (100-104 au lieu
de 95-97 mm). L'un de nous a examiné le type au Musée
britannique et l'a trouvé identique aux spécimens du
Chiriqui.
3° P. c. riveti Ménég. etHellm., de l'Equateur occidental.
78. Philydor ruflpileatus consobrinus Sel.
[Anabates rufipileatue Pelzeln, Sitzgs. Berichte Akad. Wisstnsch.
Wim., XXXIV (1859), p. 109 (« Brasilien », le type
venait du Para; cfr. Ornith. Brasil.} I, p. 41].
Philydor consobrinus Sclater, P.Z.S., 1870, p. 328 (Bogota).
PASSEREAUX TRACHÉOPHONRS. 91
Philydor rufiplleatus maynanus Hellmayr, Verhandl. sool.
botan. Gesellsch. Wien, 1902, p. 220 (Maynas, Pérou).
a, adulte, de Bogota. Coll. Boucard.
6, adulte, de Pébas, Pérou, par Castelnau et Deville,
en 1846.
c, p, jeune, monté, de Pébas, Pérou, par Castelnau et
Deville, en 1846.
Les spécimens de Pérou et celui de Bogota ne présentent
aucune différence constante, il faudra donc réunir la sous-
espèce maynanus à la forme consobrinus, qui nous paraît
même douteuse. En effet, tous les échantillons de Bogota,
du Napo, du Caura (Venezuela), et du Pérou ont les parties
inférieures nettement plus brunâtres que le type de P. rufi-
pikatus du Para (musée de Vienne), mais un <J ad. provenant
du Rio Takutu, Guyane britannique, fait le passage entre
ces deux formes.
79* Philydor ruflcaudatus (Lafr. et d'Orb.).
Ânabates ruflcaudatus Lafresnaye et d'Orbigny, Syn. Av., II,
in Mag. zool. 1838, cl. II, p. 15 (Yuracares,rep. Boliviana).
Ânabazenop8 immaculatus Allen, Bull. Amer. Mus., II (1889),
p. 92 (Northern Bolivia).
o9 adulte en peau, étiq. : D. 411, Yuracares, d'Orbigny,
1834, n* 373. Type de V espèce. Aile 97; queue 80; bec 17 BO>.
69 c, adulte et jeune, montés, de Sarayacu, Equateur
oriental, par Buokley. Acquis de Gerrard, en 1880.
<J, adulte, de Bogota. Coll. Boucard.
Nous avons trouvé dans la collection en peau un spéci-
men rapporté par d'Orbigny (a), qui, d'après la description
originale, ne peut être que le type ' de l'espèce. Seulement
la longueur indiquée est de 12 centimètres, mais c'est évi-
I. Taexanowtkl, Ont. Pérou, II, p. 156, ne l'ayant pat trouvé, affirma qu'il
t'txist* plot <Um la collection.
92 A. MKNEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
demment une erreur d'impression. Cet oiseau est tout à fait
semblable comme coloration et dimensions, à l'adulte de
Sarayacu (6), tandis que le spécimen de Bogota (d), a les
ailes un peu plus courtes. Tous les spécimens ont les supra-
caudales d'un vert olivâtre terne comme le dos, tandis que
chez P. erythrocercus tout le croupion est d'un roux cannelle
comme la queue. L'excellente diagnose d'Allen fait voir
sans laisser aucun doute, que VAnabazenops immaculatus
est le même que Philydor ruficaudatus.
80. Philydor liohtensteini Gab. et Heine.
Philydor liohtensteini Cabanis et Heine, Mus. Heine an ^ II
(1859), p. 29 (Brasilien).
Cfr. Berlepesch et Hellmayr, Joum. f. Ornith.} 1905, p. 31.
a, adulte, de Rio-de-Janeiro, par le docteur Peichoto, en
1854. Aile 88; queue 81; bec 15V2mm-
Cette forme, ayant été omise dans le Cat. B. Brit. Mus.,
Vol. XV, ses caractères et sa distribution géographique
sont indiqués in Joum. f. Ornith., 1905, p. 31.
N. B. — Myiothera eryihacus Pucheran, Arch. Mus. Paris,
VII (1855), p. 337 (Cayenne) (descr. incompl.).
Le type qui est en très mauvais état se trouve encore
dans la collection montée. Malgré cela il nous semble
qu'il s'agit ici d'un spécimen de Philydor erythrocercus (Pelz.).
La queue étant décolorée ainsi que la tête et le dos, il est
impossible de l'affirmer avec certitude. D'ailleurs la des*
cription originale donnée par Pucheran est trop insuffisante
pour identifier l'espèce.
81. Xenicopsis rafo-superciliatus rufo-
superciliatus (Lafr.).
Xenop8 rufo-8uperciliatu8 Lafresnaye, Mag. zool., 1832,01.11,
pi. VII (« du Brésil »).
a, adulte, monté, du Brésil, en échange, à M . de Lafresnaye.
b, d adulte, de Rio-de-Janeiro, par Peiohoto, 1854.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 93
Ces deux spécimens sont identiques. Le dessus du corps
est d'un brun roussâtre assez vif, les ailes sont un peu plus
rousses, les parties inférieures un peu plus ternes que le
, dos, les taches pectorales ne sont pas nettement délimitées
; et la bande souroilière est ocreux vif.
82. Xenicopsis rufo-superciliatus cabanisi (Tacz.).
Anabazenops cabanisi Taczanowski, P. Z. S., 1874, p. 528
(Pumamarca, Pérou central).
Xenops rufo-superciliatus (nec Lafresnaye), Lafresnaye et
d'Orbigny, Syn. Av., II, in Mag. zool. 1838, cl. II, p. 13
(part. : Yungas, rép. Boliviana).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny, 1834,
n# 278. Aile 85 ; queue 87 ; bec 17 V2mm.
Cette forme réunie par Sclater à X. rufo-superciliatus
s'en distingue pourtant par les parties inférieures d'un
brun sensiblement plus foncé et marquées partout par des
taches plus étroites et nettement délimitées. Le sommet
de la tête et le manteau sont plus foncés et la queue paraît
plus longue. La bande sourcilière est ocreuse comme dans
la forme typique.
Un de nous a comparé un o* ad. provenant de Cocochon,
Pérou sept. (Musée de Berlepsch) et lui a trouvé les mêmes
caractères. Aile 86; queue 90; bec 20 m".
83. Xenicopsia rufo-superciliatus oleagineus (Sel.).
Anabazenops oleagineus Sclater, P. Z. S., 1883, p. 654
(Parana et Catamarca, Argentine).
Xenops rufo-superciliatus (nec Lafresnaye!) Lafresnaye et
d'Orbigny, Syn. Av.t II, in : Mag. zool, 1838, cl. II, p. 13
(part. : Corrientes, rép. Argentine).
Anabazenops acritus Oberholser, Proc. bioL Soc. Washington,
XIV, 1901, p. 187 (Sapuoay, Paraguay).
94 A. MEN EGAUX ET C.-E. HELLMAYK.
a, adulte, monté ; b, une peau de Corrientes, par d'Or-
bigny, en juillet 1829.
c, monté, tué au midi de la capitanerie de San-Paulo,
par Auguste Saint-Hilaire, août 1822.
d, monté, du Brésil méridional, par À. Saint-Hilaire,
août 1822.
Ces spécimens sont identiques entre eux et se distin-
guent des formes précédentes par le dos et l'abdomen
d'une couleur olivâtre à peine lavée de brun, et par la
bande sourcilière blanchâtre. Les six exemplaires de
Sapucay d'où provient le type d\4. acritus, que l'un de nous
a examinés, ne présentent aucune différence avec cette
forme.
84. Xenicopsis guttulatus (Sol.).
Anabazenops guttulatus Sclater, P. Z. S., 1857, p. 272,
pi. 130 (« in Venezuela, prope urbem Caracas »).
a, <^ juv., monté, de Caracas, par Levraud, 185. Type
de l'espèce, figuré Z. o. Aile 85; queue 80; bec I9*l2mm.
Le type est un jeune oiseau comme le prouve la sructure
des plumes du manteau et de la poitrine. Nous croyons
que la couleur roux ocreux de la bande sourcilière est
aussi un signe d'immaturité parce que la même différence
se retrouve entre le jeune et l'adulte chez les espèces voisines
comme X. subalaris subalaris}X. s. lineatus, X. m en ta lis, etc.
Plusieurs spécimens de Cumana (Musée de Tring) se
distinguent du type par les ailes et le bec un peu plus
longs et surtout par la bande sourcilière plus étroite et
jaunâtre.
85. Anabazenops fuscus (Vieill.).
Sittafusca Vieillot, Analyse Nature (1816), p. 68.
Anabatoides fuscus auct.
a, adulte, monté, du Brésil, rapporté par J. Geoffroy-Saint-
Hilaire, de Lisbonne, 1808. Type de Sitta fusca Vieill.
Aile 81 ; queue 73 ; beo 22mm.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 95
b, adulte, monté, tué sur l'Ilha Grande, prov. de Rio-de-
Janeiro, par A. Saint-Hilaire, 1820.
c, adulte, monté, du Brésil méridional, par A. Saint-
Hilaire, 1820.
d, adulte, de Porto-Real, Rio-de- Janeiro, par Hardy, 1891.
Coll. Boucard.
Le type qui est un des plus anciens spécimens du Muséum,
est parfaitement identique aux autres, seulement un peu
plus petit.
86. Sittasomus sylviellus (Temm.).
Dendrocolaptes sylviellus Temminck, PL coL livr. 12 (juillet
1821), pi. 72, 0g. 1 (« Brésil »).
Dendrocolaptes Erithacus Lichtenstein, Abhandl. A kad. Wiss.
Berlin a. d. Jahren 1820-21 (publ. 1822), p. 259, 266,
pi. I, 6g. 2 (in provinoia San-Paulo).
0> &!(/</ a(î. de Goyaz, Brésil, 27 mars et 1" avril 1844,
par Castelnau et Deville. « Œil d'un gris clair. »
Ces spécimens s'accordent parfaitement avec une série
de San-Paulo, Rio, Minas et Parana (Musée de Tring.); ils
appartiennent donc bien à la forme typique. Celle de Bahia,
5. i. olivaceus Wied en diffère par les parties inférieures
un peu plus verdâtres.
Ce dernier nom a été employé à faux par Sclater pour
désigner un mélange de cinq ou six espaces différentes.
La localité de Goyaz est nouvelle pour l'espèce.
87. Sittasomus chapadensis Ridgw.
8fttasomus chapadensis Ridgway, Proc. U.S. Nat. if ta., XIV,
1891 (1892), p. 509 (Chapada, Mattogrosso) ; Allen, Bull.
Amer. Mus. V (1893), p. 113 (Chapada); Salvadori, BolL
Mus. Torino, XV, n* 378 (1900), p. 8(Urucum, Mattogrosso).
8. olioaeeus (nec Wied) Pelzeln, Zur. Orn. Brasil. I (1867),
p. 42 (Engenbo do Pari et Engenho do Gama, Matto-
grosso) ; White, P. 2. S., 1882, p. 613 (Salta, Argentine).
96 A. MBNEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
8. erithacus (nec Lichtenstein) Salvador! , Boll. Mus. rortno,
X, n° 208 (1895), p. 12 (Colonia Risso, Paraguay sept.);
idem, 1. c. XII, n°292 (1897), p. 20 (San-Francisco, Chaco
boliviano; San-Lorenzo, Jujuy; Tala, Salta, Argentine).
Dendrocolaptes syluiellus (neo Temminck) Lafresnaye et
d'Orbigny, Syn. Av. II, in : Mag. zool. II (1838), p. 13
(Chiquitos, Bolivie).
a, adulte, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny, 1834.
bf adulte, sans étiquette originale, mais évidemment de
la même localité.
Les caractères de cette espèce ont été bien mis en évi-
dence par Ridgway, nous n'avons rien à y ajouter, sinon
que les oiseaux de la Bolivie orientale et de Tucuman sont
identiques i ceux du Mattogrosso dont l'un de nous a exa-
miné une série au musée de Vienne. Nous ajoutons la syno-
nymie complète qui jusqu'à maintenant a été très confuse.
88. Sittasomus amazonus Lafr..
8itta8omu8 amazonus Lafresnaye, Rev. Mag. zool.% 1850,
p. 590 (haut Amazone. Castelnau coll.); des Murs, in :
Castelnau, Voyage Amer, du Sud. Oiseaux (1855), p. 47,
pi. XV, fig. 3.
a, ($ ad., monté, du haut Amazone, par Castelnau et
Deville, 1847. Aile 83; queue 88; bec 17 mm.
6, £ ad., monté, même origine. Exemplaire figuré dans
l'atlas du voyage de Castelnau. Aile 82 ; queue 88 ; bec 16 mm.
Types de V espèce.
c, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny, 1834.
L'étiquette portait de la main de M. de Lafresnaye un
nom manuscrit qui n'a pas été publié.
Il est intéressant de faire remarquer que c'est cette forme
qui se trouve dans la Bolivie septentrionale, tandis que
dans les plaines de l'Est elle est représentée par S. chapa-
densis, comme nous l'avons indiqué plus haut.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONBS. 97
89. Sittasomus griseus phelpsi Chapm.
[8ittaaomu8 gnseua Jardine, Ann. Mag.Nat. Hist., XIX (1847),
p. 82 (Tobago)].
8itta8omu8 phelpsi Chapman, Auk, 1897, p. 369 (Caripé,
Venezuela).
a, adulte, monté, de Caracas, par Levraud, 1856.
6, adulte, de Mérida, Venezuela, par Briceno. Coll. Boucard.
Le spécimen (b) s'accorde bien avec celui de Caracas,
sauf pour les dimensions qui sont beaucoup faibles, c'est
probablement une femelle.
a, aile 81; queue 84; bec...."".
b9 aile 70; queue 70; bec 14 l/2n,m.
La forme du Venezuela se distingue du vrai S. griseus,
de Tobago, par sa coloration générale, au dessus et au
dessous, d'un vert plus pur, et par la couleur rousse des
secondaires qui est un peu plus étendue.
Les deux formes se séparent de toutes les autres par
leur plumage vert olive, par les ax il la ire s blanc jaunfttre,
par la bande transversale des ailes qui est blanchâtre au
lieu d'être roussAtre, etc., etc.
Le Musée de Tring possède onze échantillons de cette
forme provenant, huit, des environs de Cumana et trois,
des monts Bucarito, près de Tocuyo.
Cette forme se trouve donc exclusivement dans la partie
septentrionale du Venezuela, de Cumana, jusqu'aux mon-
tagnes de Mérida.
90. Glyphorhynchus cuneatus cuneatus (Lcht.).
Dendrocolapte8 cuneatus Liechtenstein, Abhandl. Akad. Berlin
a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 204, pi. II, fi g. 2
(• in Brasiliae provincia Bahia ». Cfr. idemy 1. c, 1820-
1821 (1822), p. 264).
8fttû8omu8 flammulatus Lesson, Traité d'orn., 1831, p. 315
(« le Brésil? »); Pucheran, Rev. Mag. %ooLy 1853, p. 489.
tomb xix. 7
98 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
a, jeune, monté, du Brésil, acquis en échange de M. Tem-
minck, 1820. Type de SiUasomus flammulatus Le ss. Aile 64;
queue 68; bec 12mBl.
Comme Pucheran Ta déjà indiqué, ce type de Lesson
n'est pas autre chose qu'un jeune de G. c. cuneatus (Lcht.).
Il n'a donc rien à faire avec Siptomis striaticollis (Lafr.).
(Voir Cat. Birds Brit. Mus., XV, p. 61).
91. Glyphorhynchus cuneatus castelnaudii des Murs.
Qlyphorhynchus castelnaudii des Murs, in : Castelnau, Voyage
Amer. Sud. Oiseaux (1855), p. 47, pi. XV, fig. 2 (Santa-
Maria).
a, d &d., monté, de Santa-Maria, Pérou, par Castelnau
et Deville. Type de la sous-espèce , figuré dans l'ouvrage, 1. c,
Aile 75; queue 70; bec 13min.
6, adulte, monté, de Santa-Maria, par Castelnau et
Deville.
c, cf adulte, monté, du haut Amazone, par Castelnau et
Deville. Co types/
92. Dendroruis guttata guttata (Lcht.)*
Dendrocolaptes guttatus Liechtenstein, Abhandl. Akad. Berlin
a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 201 (in Brasilia
provincia Bahia »; cfr. 1. c. vol. pour 1820-1821 (publ.
1822), p. 264).
a, 6, adultes, de Bahia. Coll. Boucard.
93. Dendrornis guttata dorbignyana (Lafr.).
Na8ica dorbignyanus (« Pucheran et Lafresnaye in Museo
Parisiense »). Lafresnaye, Rev. Mag. zool., 1850, p. 420
(« Guarayos, Chiquitos, a dom. d'Orbigny allatus »).
Dendrornis guttata (nec Lichtenstein), Sclater et Salvin,
P. Z. S., 1879, p. 622 (Guanai, prov. Yungas); Sclater,
Cat. Birds, XV, p. 128 (part. ; speo. g. Guanai).
PASSEREAUX TRACHÉOPHONKS. 99
a, adulte, monté, de Chiquitos, par d'Orbigny, 1834,
n# 385. Aile 108 ; queue 92 ; bec 35 m».
t, adulte, monté, de Ouarayos, Bolivie, par d'Orbigny,
1834, n»385. Aile 112; queue 102; bec38mm.
Types de la sous-espèce.
Comme cela a déjà été indiqué par Lafresnaye (1. c.) et
EUiot1, cette forme se distingue de toutes les autres parce
que les flammettes du manteau et des parties inférieures
ne sont nullement entourées ou bordées de noirâtre. Les
deux mandibules sont blanchâtres comme chez D. g. gutta-
toides (= rostripallens auct.).
Un de nous a examiné le spécimen de Guanai, Bolivie,
au Musée britannique, et a pu constater qu'il se rapporte
aussi à cette forme qui est donc la seule habitant la Bolivie.
L'indication de Lafresnaye : « le Dorbignyanus est du
Pérou » est certainement une faute d'impression.
94. Dendrornis guttata guttatoides (Lafr.).
Kasica guttatoides Lafresnaye, Rev. Mag. zool.y 1850, p. 387
(c rapportée de Lorette, au Musée, par l'expédition Cas*
tel n au et « de Colombie2 ») [descr. orig. juv.].
Dendrornis rostripallens des Murs, in : Castelnau, Voyage
Amer, du sud. Oiseaux (1855), p. 45, pi. XII, 6g. 2 (« le
haut Amazone ») [descr. orig. adulte],
D. rostripallens (= adult) + D. guttatoides (= juv.). EUiot,
Auk, VII (1890), p. 184, 186.
0. guttatoides des Murs, in : Castelnau, Voyage Amer. Sud.,
Oiseaux (1855), p. 43, pi. XIII, Qg. 2 (Lorette).
a, p jeune, montée, de Pébas, par Castelnau et Deville,
en 1846. Type de la sous-espèce. Individu figuré dans l'atlas
zoologique du voyage de Castelnau.
6, p ad. de Cavallo-Coche, haut Amazone, par Castelnau
et Deville.
1. AuK VII, 1890, p. 182.
î. Cette Indication d'origine est celle de Lafresnaye, celle do Cet. Birdê, XV,
s. lît : Cayeane, est tout à fait erronée.
0
100 A. MENEGAUX BT G.-E. HBLLMAYR .
c, d, adultes, de Pébas, par Castelnau et Deville* Spé-
cimen d est indiqué comme figuré dans l'atlas zoologique
du voyage de Castelnau.
Les spécimens 6, c, d sont les types de D. rostripallens.
*> U ?> P a^- et deux adultes sans indication de sexe,
de Pébas, Pérou, par Castelnau et De ville.
A, i, /, adultes, du haut Amazone, par les mêmes
voyageurs.
A, jeune, mâme origine.
Berlepsch et Hartert * ont prouvé que le nom de gut-
tatoides ne peut s'appliquer à la forme des Ouyanes comme
l'a fait Sclater (voir Cat. B. XV, p. 128). D'autre part, Elliot
a décrit sous le même nom le soi-disant type de Lafresnaye
de Colombie qui existe au Musée de Boston ; mais il nous
semble que ce spécimen ne peut être regardé comme le
type, puisque Lafresnaye, dans la description originale,
dit : « Cette espèce a été rapportée de Lorette, au Musée,
par l'expédition Castelnau ; mais nous la possédions déjà
dans notre collection ; l'ayant achetée d'un marchand avec
quelques oiseaux de Colombie. » C'est donc le premier spé-
cimen mentionné qui doit être considéré comme le vrai type .
D'ailleurs, cette question n'a qu'une importance secondaire
parce que les individus à bec court et noir, décrits comme
espèce distincte par Lafresnaye et Elliot ne sont que des
jeunes de la forme rostripallens à bec long et blanchâtre.
Ceci résulte de l'examen d'une série d'exemplaires de
Bogota que l'un de nous a étudiés au Musée britannique,
et dans laquelle il a trouvé tous les passages entre ces deux
extrêmes.
Nous sommes arrivés au même résultat en examinant la
série du Muséum, dans laquelle l'exemplaire k nous montre
le passage pour la longueur, la forme et la couleur du bec
entre le type de D. guttatoides (spécimen a) et l'adulte
1. Nov. Zoo!., IX, 1902, p. 63.
PASSEREAUX TBAGHÉOPHONBS.
101
(rostripalUns). En effet, le type a a un beo noirâtre qui est
décoloré sur le tiers apical du culmen, et plus sur le côté
gauche que sur le droit. Les adultes [b-j) ont le bec beau-
coup plus allongé, comprimé latéralement et blanchâtre
sauf près des narines.
Dans la figure de des Murs, la coloration du bec est tout
à fait fausse.
Quant à la localité de Lorette, indiquée par Lafresnaye,
on sait que c'est un village au voisinage de Pébas, Pérou.
D'après ce que nous avons dit, il est évident que ces
deux nome : guitaioides et rostripallens se rapportent à une
seule et même forme qui, en vertu de la loi de priorité,
doit désormais porter le nom de D. g. guitaioides (Lafr.),
tandis que celle des Guyanes doit s'appeler D. g. sororia
Berl. et Hart.
Voici les dimensions des exemplaires examinés :
*,
c,
d,
«»
A
9,
A,
t.
ile 118;
queue
100;
, bec 28J/t"'
» 117;
i *
110;
; » 33 »
» 115;
118;
; » 38V,.
» 110
100;
; » 37 »
» 117;
105
; » 36 »
» 115;
1C0;
1 » 40 »
• 124;
110:
; » 41 »
* 123;
97
; » 42 »
» 111
97;
; » 40 »
» 121
112;
; » 40 »
» 122
103;
; » 39 »
95. Dendrornis eburneirostris (Less.).
Dryocopu* eburneirostrig Lessont Echo du monde s av. 1843,
p. ' [.Réalejo (Centre-Amérique). »],
Dryocopus eburneirostris des Murs, lconogr. ornith. livr. 9,
pi. 52 (figure du type).
1. Nos» n'avons pu trouver U description dans l'ouvrage dsi.
102 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLHAYR.
»
a, jeune, monté, de Realejo, Amérique centrale, rapporté
par M. A. Lesson. Don de R.-P. Lesson. Type de V espèce;
Gguré dans l'ouvrage de des Murs, pi. 52. Aile 109 ; queue 90 ;
bec 39V2mm.
6, adulte, du Mexique, par Boucard. Coll. Boucard.
c, adulte, d'Orizaba, Mexique, par Lucien Biart.
d, e, adultes, de Saint-Augustin, Mexique, par M. Bocourt.
/", g, A, i, adultes et jeunes, de la haute Ver a- Paz, Gua-
temala, par Bocourt.
j% fc, Z, m, n, adultes et jeunes, du Guatemala. Coll. Boucard.
o, o* ad. de Santa-Efigenia, Tehuantepec, Mexique,
3 avril 1871, par le prof. F. Sumichrast. Coll. Boucard.
p, adulte, de Tapana, Tehuantepec, Mexique, juillet 1877,
par le prof. F. Sumichrast. Coll. Boucard.
9, r, s, o* ad. et deux adultes sans indication de sexe,
d'Yzamal, Yucatan, Mexique, par Gaumer. Coll. Boucard.
Le type est un très jeune oiseau et c'est avec les spéci-
mens du Guatemala qu'il paraît s'accorder le mieux. Mais
il faudra examiner des adultes de Realejo avant de décider
si ces derniers doivent en être séparés et considérés comme
forme géographique. Il est probable que lorsqu'on aura
des matériaux plus abondants, on pourra distinguer plu-
sieurs sous-espèces.
96. Dendrornis susurrans jardinei Dalmas.
[Dendrocolapte8 susurrans Jardine. Ann. Mag. N. //., XIX(1847),
p. 81 (Tobago)].
Nasica Beauperthuysii Lafresnaye, Rev. Mag. zool. 1850,
p. 419 (part. : spec. ex Beauperthuy).
Dendrornis Jardine! Dalmas, Mém. Soc. sool. France^ XIII,
(1900), p. 140 (Cumana).
a, jeune, monté, de la Côte ferme (c'est-à-dire Cumana),
par Beauperthuy, 1842).
fr, c, vix adultes, montés, de Cumana, par Beauperthuy , 1840 .
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 103
Ces échantillons sont ceux que Lafresnaye, dans la des-
cription de N. beauperthuysii avait mentionnés comme ayant
été rapportés du Pérou par Beauperthuy. C'est la forme
continentale du groupe de D. susurrant décrite par Dalmas
sous le nom de D. jardinei. Elle est très voisine de la forme
typique, mais s'en distingue par la couleur de la gorge qui
est fauve au lieu d'être blanchâtre, et par celle du reste
du dessous du corps qui est plus fortement lavée de rous-
sâtre.
Spécimen a est un jeune oiseau à bec entièrement noir,
les deux autres ont la base de la mandibule inférieure d'une
couleur cornée.
97. Dendrornis ocellata (Spix).
Dendrœolaptes ocellatus (guttatus) Spix, Av. Bras. I (1824),
p. 88, pi. XCI, ûg. 1 (« in sylvis campestribus Piauhy »
errore ! type examiné, Musée Munich).
Kasiea Beauperthuysii Lafresnaye, Rev. Mag. zool. 1850, p. 419
(part. : descr. et spec. ex Castelnau et Deville).
Dendrornis Weddellii des Murs, in: Voyage Castelnau, Oiseaux
(1855), p. 46, pi. XIV, fig. 2 (sans indication de localité);
Elliot, Auk, VII (1890), p. 168.
a, adulte, monté, du haut Amazone, Pérou, par Castel-
nau et Deville. Aile 105; queue 93 ; bec 31maB.
6, adulte, monté, du haut Amazone, par Castelnau et
Deville. Exemplaire figuré dans l'atlas zoologique du voyage
de Castelnau. Aile 99; queue 85; bec 33mn\ Types de Den-
drornis Weddellii des Murs.
c, jeune, monté, de Pébas, Pérou, par Castelnau et
Deville. Aile 108; queue 97; bec 33V2mm.
d, çf ad. en peau, du haut Amazone, par Castelnau et
Deville. Aile 104 ; queue 93; bec 35ram.
Spécimens c et d sont les types de Nasica beauperthuysii
Lafir.
104 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
Nous avons comparé le type de D. ocellata appartenant
au Musée de Munich avec ceux de D. tueddellii et nous les
avons trouvés identiques. Cette espèce se reconnaît facile-
ment par son dos uniforme sans stries ; sur la nuque seule-
ment on en aperçoit quelques-unes qui sont filiformes. Le
bec est presque rectiligne, très peu incurvé à l'extrémité,
comme il a été exactement décrit par Elliot.
Ce dernier a déjà supposé * qu'il y a identité entre D. ocel-
lata et D. weddellii, et nous sommes heureux de pouvoir
résoudre définitivement cette question. Elliot admet que
les deux spécimens du Musée de Boston, étiquetés par
E. Verreaux, comme les types de D. weddellii, sont les vrais
types de l'espèce. Il nous paraît étrange de supposer que
des types décrits par des Murs se soient égarés dans la
collection de Lafresnaye, car tous les spécimens rapportés
par l'expédition de Castelnau sont conservés au Muséum
de Paris, et parmi eux se trouvent évidemment les types
authentiques de D. weddellii. D'ailleurs, ce fait est de peu
d'importance, parce que les soi-disant types de D. weddellii
du Musée de Boston, appartiennent à l'espèce D. ocellata
de même que ceux du Muséum de Paris.
Les spécimens c et d qui, comme nous allons le mon-
trer, doivent être regardés comme les types de N. beau-
perthuysii sont identiques aux types de D. weddellii et de
D. ocellata. Dans la description originale de Lafresnaye, il
y a une double erreur. Il confond deux espèces différentes :
1° l'une rapportée de Pébas et Santa-Maria, Pérou, par
Castelnau et Deville (D. ocellata) ; 2° l'autre envoyée par
Beauperthuy (D. susurrans jardinei Daim.). Cette dernière
cependant ne provient pas du Pérou, comme Lafresnaye le
dit, mais du Cumana, comme l'indiquent les étiquettes.
Beauperthuy n'a d'ailleurs recueilli des oiseaux qu'aux
environs de Cumana (voir aussi p. 121).
1. Auk, VII, 1890, p. 208.
PASSEREAUX TRACHÉOPflONBS. 105
La diagnose paraît être un mélange des caractères,
appartenant aux deux espèces, ceux relatifs à la coloration
peuvent s'appliquer à Tune et à l'autre, mais la description
du bec : « Rostrum valde elongatum, rectissimum com-
pressiusoulum, corneum, mandibula infera basi pâlies-
cente », ainsi que la longueur des ailes se rapportent
exclusivement aux spécimens du Pérou (D. ocellata). C'est
pour cette raison que le nom de N. beauperthuysii nous
parait devoir être considéré comme synonyme deD. ocellata.
Cette espèce est tout à fait distincte de D. chunchotambo
(Tsch.) (voir Hellmayr, Journ. f. Ornith., 1903, p. 538).
98. Dendrornis obsolète multigutteta (Lafr.).
[Dsndroeolaptes obsolètes Lichtenstein, Abhandl. Akad. Berlin
a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 205 (Para; cfr.,
1. c, vol. pour 1820-1821 (1822), p. 265)].
Kaslea multiguttatus Lafresnaye, Rev. et Mag. zool., 1850,
p. 417 (« De Fontiboa, haut Amazone et du Brésil »).
Picolaptes notatus Eyton, Contrib. ornith., 1852, p. 26 (sans
localité, type examiné, Musée britannique).
ûendroplex similis Pelzeln, Orn. BrasiL, I (1867), p. 46, 64
(Engenho do Qama, Mattogrosso, etc., types examinés,
Musée de Vienne).
Dendrornis multiguttatus des Murs, in : Voyage Castelnau y
Oiseaux (1855), p. 44, pi. XII, fig. 1 (Fontiboa et du Bré-
sil).
a, b, P ad. monté et adulte en peau, de Fonteboa,
R. Amazone, Brésil, par Castelnau et Deville. Types de
Nasica multiguttatus Lafr. Aile 96, 88 ; queue 84, 76 ; beo
25—.
c, </ adulte, monté, du Brésil, par Castelnau et Deville.
Individu figuré dans l'atlas zoologique du voyage de Cas-
telnau. Aile 102; queue 90; beo 27 ".
106 A. M EN EGAUX ET C.-E. HELLMAYB.
d, e, adultes (monte et en peau), du haut Amazone, par
Gastelnau et Deville. Aile 96, 104; queue 78, 86; bec 26,
27 mm
/", adulte, du Rio Napo, Equateur, par Wiener, en 1881.
Aile 98 ; queue 83 ; bec 26 mm.
<7, jeune, du haut Sarare, à la frontière de la Colombie
et du Venezuela, par Geay, 1897. Aile 88; queue 74; bec
23 mm
A, cf ad., des environs de Saint-Georges d'Oyapock,
Guyane française, par Geay. Aile 100; queue 82; bec 24 œm.
h d jeune, de l'Ouanary, Guyane française, par Geay,
1900, n° 1296. Aile 88; queue 78; bec 24 mm.
Berlepsch et Hartert 1 ont prouvé que P. no ta tus et
D. similis sont synonymes, et pour la forme du Mattogrosso,
du Rio Negro et de l'Orénoque ils ont accepté le nom de
D. obsoleta notala (Eyt.). Les mêmes auteurs ont fait remar-
quer que la forme de l'Ucayali est un peu différente, et ils
lui ont appliqué le nom de D. multiguttata (Lafr.).
Il y a là une erreur. L'étude des spécimens originaux de
N. multiguttata provenant de Fonteboa(a, 6,) nous montre que
cette forme est la même que D. 0. no ta ta > tandis que celle de
rUcayali doit prendre le nom de D. pallia ta des Murs.
Nous avons comparé les échantillons du voyage de Cas-
telnau (a-*) à une très grande série d'exemplaires de l'Oré-
noque, du Rio Negro, du Mattogrosso, etc., et nous n'avons
trouvé aucune différence. De même les oiseaux du Napo,
du Sarare et de la Guyane française leur sont identiques.
Il faut donc prendre le nom de D. 0. multiguttata (Lafr.)
pour désigner cette forme.
99. Dendrornis obsoleta palliata des Murs.
Dendrornls palliatus des Murs in : Voyage Castelnau, Oiseaux
(1855), p. 46, pi. XV, fi g. 1 (sans indication de localité).
I. No*. Zool. IX, 1902f p. 64-65,
PASSBRBAUX TRAGHÉOPHONES. 107
Dendrornia palliata Sclater et Salvin, P. Z. S. 1866, p. 184
(Lower Ucayali.) spécimens examinés au Musée britan-
nique.
Dendrornia multiguttata (nec Lafr.) Berlepsch, Journ. f. Ornith .
1889, p. 304 (« Sarayacu am Ucayali », spécimen examiné).
a, cf junior, monté, de Sarayacu, Pérou, par Gastelnau
et Deville. Type de D. palliatus des Murs, figuré dans l'atlas
zoologique du voyage de Gastelnau. Aile 90 ; queue 78 ;
bec 25™.
Ce nom n'a jamais été établi avec certitude, quoique
Sclater et Salvin, en 1866, aient déjà exactement déterminé
comme D. palliata des spécimens de l' Ucayali. Mais plus
tard et surtout dans le Cat. B. Bril. Mus. XV, p. 138, on les
a appelés faussement D. multiguttata.
Des Murs a décrit D. palliata sans indication de localité,
pourtant le type porte sur le pied « Sarayacu » (ce qui est
confirmé par le Catalogue gén. 1847, n* 1013). Il s'accorde
parfaitement avec l'exemplaire de Sarayacu de la collection
de Berlepsch (voir 1. c), sauf que les taches de la nuque et du
haut du dos sont moins nettement délimitées parce que le
type n'est pas adulte.
Comme l'indiquent Berlepsch et Hartert1, la forme de
D. o. palliata se distingue de D. o. multiguttata par le dos et
les parties inférieures plus roussfttres, et par le bec plus
fort. La longueur des ailes n'est pas un caractère cons-
tant.
A notre avis, il y a donc lieu de distinguer les trois formes
suivantes :
1* D. obsoleta obsoleta (Lcht.). Para.
2* D. obsoleta multiguttata (Lafr.)- Cayenne, Quyane bri-
tannique; Orénoque et son affluent le Caura; à l'ouest
jusqu'au haut Sarare et au Napo, Equateur oriental ; au sud
I. JVov. ZooL O, 1102, p. 6».
108 A. MENKGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
jusqu'au Rio Negro, à l'Amazone (Fonteboa) et au Matto-
grosso (Engenho do Gama, etc.).
3° D. obsoleta palliala des Murs. Vallée de TUcayali, Pérou
oriental.
100. Dendroplex pious (Gm.).
Oriolus Picus Gmelin, Syst. ^al., 1, II (1788), p. 384 (ex
Daubenton, PI. enl. 605, « Talapiot » — Cayenne).
Dendrornis Kienerii des Murs, in : Castelnau, Voyage, Oiseaux
(1855), p. 45, pi. XIV, fig. 1 (« E&a, au Brésil »).
Dendrocolapte8 rectirostris Lafresnaye et d'Orbigny, Syn.
Av,, II, in : Mag. zool., 1838, cl. II, p. 12 (Chiquitos,
rép. Boliviana).
a, n° 3642, a", ad., monté, d'Ega, Brésil, par Castelnau
et Deville. Type de l'espèce. Aile 110; queue 101 ; bec 28 V2-"-
6, nv 3643, o*, ad., monté, de Sarayacu, Pérou, par
Castelnau et Deville. Individu figuré dans l'atlas zoologique
du voyage de Castelnau. Aile 114; queue 102; bec 30 mm.
c, adulte, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny, 1834,
n# D. 353. Aile 107; queue 93 ; bec 293/4mra.
d, o", ad. de Pébas, Pérou, par Castelnau et Deville.
Aile 102 ; queue 85 ; bec 28 mm.
6, 0*1 ad., de Rexe, Goyaz, Brésil, septembre 1844, par
Castelnau et Deville. Aile 106 ; queue 94 ; bec 31 nm.
fy g, o*«o, du Mahury et de Kourou, Guyane française,
par P. Geay.
g, A, adultes, de Cayenne, par le docteur Suard et
M. Fabre.
Outre les exemplaires du Muséum, nous avons entre les
mains une série de quarante spécimens qui nous ont été
envoyés obligeamment par les Musées de Tring et de
Vienne. L'examen de ces nombreux échantillons nous a
convaincu que l'espèce de D. Kienerii a été établie sur un
exemplaire de grande taille du Talapiot de Cayenne (D. picus),
comme on en trouve aussi dans d'autres localités.
PASSEREAUX TRACHÊOPHONBS. 109
Des deux spécimens de Villa-Maria, Mattogrosso (Musée
de Vienne), l'un (n* 16027 « o* » ad.) a les ailes aussi Ion*
gués que le type de D. Kienerii, seulement la queue est un
peu plus courte (5 millimètres), l'autre a les dimensions
ordinaires du D. picus de Cayenne, Surinam, etc. C'est
une preuve que la taille n'a rien i faire avec la distri-
bution géographique. Le type de D. Kienerii a un bec qui
présente une légère courbure vers la pointe, c'est ce qui
avait probablement engagé des Murs i placer sa prétendue
espèce dans le genre Dendrornis. La forme de ce bec se
retrouve aussi chez plusieurs spécimens de diverses loca-
lités, surtout chez un o* de Rio dos Pilœns, nord du San-
Paulo, Brésil (n# 16034, Musée de Vienne), et chez un adulte
de Chiquitos, Bolivie (spécimen c). En étudiant notre série
nous remarquons que les oiseaux d'Ega (type de D. Kienerii),
de Sarayacu, de Pébas, de Chiquitos, du Rio Madeira
(R. Guaporé, Salto Theotonio, Borba) et du Mattogrosso
(Villa-Maria, San-Vicente, ville de Mattogrosso, Cuyaba),
ont le dessous du corps plus nettement lavé de roussfttre que
les spécimens des Ouyanes, du Venezuela, de Bahia, etc.
Cependant comme divers spécimens ne présentent pas cette
particularité, il nous paraît impossible de lui accorder assez
d'importance pour en faire une forme spéciale, qui devrait
alors s'appeler D. picus kienerii.
Voici quelques dimensions i l'appui de notre opi-
nion :
3</, de Surinam. Aile 95-98; queue 80; bec 26-28 •".
2/5, de Surinam. Aile 93V2t 99; queue 84; bec 25 V2. 27 V2".
1 <ff Mahury, Guyane. Aile 101 ; queue 85 ; beo 29M.
1 py Kourou, Guyane. Aile 100 ; queue 82 ; beo 28 œ".
dp, Maipures, Orénoque. Aile 99, 94; queue 84, 80;
bec 26 V3, 25 «/«■*.
2 d\ Perico, Orénoque. Aile 95, 100; queue 85 y2, 83;
bec28—.
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*—
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>i •
:z le
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 1 1 1
Sclater (Cat. 5., XV, p. 140), est incomplète et ne se rap-
porte qu'au jeune âge.
Un échantillon de cette espèce rare a été recueilli par
Natterer, près de Manaos, Brésil sept. Cette localité a
été omise par les auteurs qui n'indiquent que Gayenne
comme lieu de provenance.
102. Dendrexetastes devillei (Lafr.).
Oendrocolaptes Devillei Lafresnaye, Rev. Mag. zool., 1850,
p. 102 (« loco Sarayacu dicto ad Amazonum fluminis
ripas »); des Murs, in : Castelnau, Voyage Amer, du Sud,
Oiseaux (1855), p. 42, pi. XIII, fig. 1.
a, o* ad., de Sarayacu, Pérou, par Castelnau et Deville.
Type de V espèce y figuré dans l'atlas du voyage de Castelnau.
Aile 108; queue 112; bec 32
mm
Cette espèce se distingue de la précédente par l'absence
complète de taches claires sur la nuque, par la gorge d'un
fauve uniforme et par la forme des maculatures sur le haut
de la poitrine.
Chez D. devillei, ces stries sont peu nombreuses, très
étroites, presque linéaires et bordées d'un léger filet
noirâtre, tandis que chez D. temminckii toute la gorge
(sans le menton), le cou inférieur et le haut de la poitrine
sont couverts de taches allongées blanches, largement
entourées de noir.
103. Xiphocolaptes albicollis (Vieill.).
Dendrocopus albicollis Vieillot, Nouv. Dicl.y XXVI (1818),
p. 117 (« Brésil »).
a, adulte, monté, du Brésil (Rio-de-Janeiro), par Dela-
lande, 1817. Type de Dendrocopus albicollis Vieill. Aile 127 ;
queue 126; bec 48mm.
112 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
6, adulte, monté, de la capitanerie de Goyaz, par A. Saint-
Hilaire, août 1822.
c, adulte, monté, de Minas-Geraës, par A. Saint-Hilaire,
1822.
d, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, par A. Saint*
Hilaire, 1821.
e, /*, adultes, monté et en peau, de Rio-de-Janeiro, par
le docteur Peichoto, en 1854.
g, hy adultes, du Brésil méridional. Coll. Boucard.
Le type, un des plus anciens de la collection, quoique un
peu décoloré, s'accorde bien avec les autres exemplaires.
104. Xiphocolaptes simpliciceps (Lafr.).
Dendrocolaptes simpliciceps Lafresnaye, Rev. et Mag. zool.,
1850, p. 100 (Yungas, Bolivie).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny. Type
de D. simpliciceps Lafr. Aile 140; queue 120; bec 47 Vi™"-
Cette espèce est bien distincte de X. promeropirhynchus,
par l'absence complète de maculatures sur la tête et le cou
qui sont d'un brun olivâtre uniforme. La couleur du fond
de ces parties est aussi plus pâle et elle concorde exacte-
ment avec celle du dos, tandis que chez X. promeropirhyn-
chus la coiffe est plus foncée que le manteau. Le bec est
plus faible et de couleur cornée pâle. Tous les spécimens
de X. promeropirhynchus que nous avons sous les yeux ont
le bec tout entier noir.
La figure de Dendrocolaptes lineatocephalus Gray et Mitch.1,
publiée sans description et sans localité, nous parait se rap-
porter plutôt à la forme de Bogota (JT. promeropirhynchus
(Less.), et c'est probablement une erreur puisque dans le
Cat. of. Birds Brit. i/u$., XV, p. 144, Sclater indique un
exemplaire de Bolivie comme type de l'espèce que nous
venons de citer.
1. Gênera of Birds, pi. 43.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 113
105. Picolaptes lacrymiger (des Murs).
Dendrocolaptes lacrymiger des Murs, lconogr. ornith. livr. 12
(1849), pi. 71 (« Mexique », errore! Le type venait de
Santa-Fé-de-Bogota).
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acquis à M. Lar-
roque, mars 1843. Type de l'espèce, figuré 1. c. Aile 113;
queue 94; bec 2972n,m.
Le type s'accorde très bien avec une série d'exemplaires
de Bogota et d'Antioquia.
106. Picolaptes puncticeps Sel. et Salv.
Picolaptes puncticeps Sclateret Salvin, Nomencl. Av. Neotrop.,
1873, p. 69, 160(Cayenne).
a, adulte, de la Guyane française, par M. Fabre, 1894,
n1 683. Aile 84 ; queue 77; bec 24 mm.
Cette espèce est très rare ; c'est le troisième exemplaire
connu.
Elle diffère de P. albolineatus (Lafr.) par le dos d'un brun
beaucoup plus foncé et par la présence de petites taches
blanchâtres arrondies sur la tête qui, au contraire, chez
l'autre espèce porte des stries longitudinales étroites, plus
jaunâtres. Le fond des parties inférieures est d'un brun
terreux mat au lieu d'être d'un brun roussâtre pâle, et les
macules blanchâtres sont plus nettement bordées de noir,
ce qui tranche plus vivement sur la couleur générale.
107. Picolaptes fuscus (Vieill.).
Dendrocolaptes fuscus Vieillot, Nouv. Dict.} XXVI (1818),
p. 117 (du Brésil, par M. Delalande fils); idem, Tabl.
me. méth. II (1822), p. 624.
Dendrocolaptes tenuirostris Lichtenstein, Abhandl. Akad.
Berlin, a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 202 (« ad
fluvium St. Francisci Brasiliae »).
tome xix. 8
114 A. MEN EGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
a, adulte, monté, rapporté du Brésil (Rio-de-Janeiro),
par Delalande fils, en 1816. Type de D. fuscus Vieill. Aile
81 V2; queue 74; bec 27 mm.
6, adulte, monté, du Brésil, par Ménétriès, 1823.
c, d, adulte et jeune, de Bahia. Coll. Boucard.
Le type de D. fuscus concorde en général avec des spéci-
mens de l'espèce qu'on avait coutume d'appeler Picolaptes
tenuirostris (Lcht.), mais il est probable qu'il s'agit ici
d'une forme méridionale. Car l'oiseau rapporté par Dela-
lande, ainsi que celui de Ménétriès, qui provient également
de la province de Rio, ont la gorge et les macules sur le
dessous du corps d'un blanc pur, tandis que chez trois spé-
cimens de Bahia ces mêmes parties sont d'un fauve jau-
nâtre vif, et les macules du cou inférieur plus arrondies et
bordées d'un liseré noirâtre plus net.
Dans le cas où ces différences seraient constantes, il
y aurait donc deux formes à distinguer :
a, P. fuscus fuscus (Vieill.), du Brésil méridional.
6, P. fuscus tenuirostris (Lcht.), de Bahia.
108. Picolaptes souleyetii (des Murs).
Dendrocolaptes Souleyetii des Murs, Iconogr. ornith. livr. 12
(1849), pi. 70 (Pérou).
a, adulte, monté, du Pérou, par Eydoux et Souleyet, en
1838. Type de l'espèce, figuré 1. c. Aile 103; queue 86;
bec 36mm.
6, adulte, monté, de Payta, Pérou occid., parNéboux, en
1839. Cotype.
c, adulte, de San-Pedro, 200 pieds d'élév., Pérou occid.,
par le prof. Orton. Coll. Boucard.
Le seul caractère différentiel qui sépare cette forme de
P. albolineatus consiste dans la plus grande largeur des
stries longitudinales de la tête et des parties inférieures.
Le type est absolument semblable au spécimen de San-
Pedro, rapporté par Orton.
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 115
N. B. — Nous n'avons pu trouver dans les collections le
type de Dendrocopus maculatus Vieillot { dont fait mention
Pucheran in : Rev. Mag. zool. 1853, p. 483. La description
originale est insuffisante pour identifier l'espèce.
109. Nasica longirostris (Vieill.).
Dendrocopus longirostris Vieillot, Nouv. Dict. XXVI (1818),
p. 117 (ex Levaillant : Le Grimpar Nasican, Hist. nat.
Promerops, etc., p. 65, pi. XXIV, Brésil).
Kasiea nasalis Lesson, Traité d'om. 1831, p. 311 (le Brésil).
a, adulte, monté, du Brésil, rapporté par M. Geoffroy-
Saint-Hilaire de Lisbonne, 1808 : individu figuré dans l'ou-
vrage de Levaillant, 1. c. Type de Nasica nasalis Less.
i, c, d> ç? adultes, sans indication de sexe et jeune,
de Pébas, Pérou, par Gastelnau et Deville, en 1846.
110. Xiphorhynchus falcularius (Vieill.).
Dendrocopus falcularius Vieillot, Tabl. enc. rneth., II (1822),
p. 626 (Brésil); Vieillot et Oudart, Gai. Oiseaux, vol. 1, II
(1825), p. 286, pi. 175 (« Brésil, elle a été tuée dans les
montagnes des Orguis, par M. le docteur Quoy, qui a
accompagné M. le capitaine Freyssinet dans son voyage
autour du monde »).
Xiphorhynchus trochilirostris (nec Lichtenstein), Lafresnaye,
Rev. Mag. zool., 1850, p. 374 (descr.opt.) ; Burmeister, Syst.
Ubers Th. Brasil., 3 (1856), p. 16.
Dendrocolaptes p roc u ru us Temminck, Recueil PI. col. livr. 5
(1820), pi. 28 (mais pas la description qui se rapporte à
X. trochilirostris Lcht.).
Xiphorhynchus procurvus (nec Temminck!). Sclater, Cat.
Birds Brit. Mus., XV (1890), p. 158.
1. Nouv. Dict. XXVI (1818), p. 117.
116 A. MBNBGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
a, jeune, monté, du Brésil, par Quoy (expédition Freys-
sinet), 1818. Type de Dendrocopus falcularius Vieill.
6, adulte, monté, du Brésil, par Quoy et Gaimard (Expé-
dition Freyssinet), 1820. Exemplaire figuré pi. 175 de la
Galerie des oiseaux.
c, adulte, monté, du Brésil, donné par Van Lede, 1847.
d, 0, adultes, envoyés de Rio-de-Janeiro, par Peichoto.
f, adulte, de Porto-Real, province de Rio, par Hardy,
1891. Coll. Boucard.
gy adulte, de Rio-Grande-do-Sul, par Rogers. Coll. Bou-
card.
Sclater1 a considéré D. falcularius comme synonyme de
X. trochilirostris, et il signale un exemplaire de la collection
Riocour (actuellement au Musée britannique), comme étant
le type de Vieillot. C'est une erreur, parce que ce type se
trouve encore au Musée de Paris.
Dans sa première description, Vieillot ne donne pas la
provenance exacte de son type, c'est seulement dans la
Galerie des oiseaux qu'il affirme qu'il « a été tué dans
les montagnes des Orguis (près de Rio-de-Janeiro), par M. le
docteur Quoy. »
Comme Vieillot dit expressément in Tabl. enc. méth., II,
p. 626 : bec et pieds noirs, et que le pied de l'exemplaire
a porte la mention : type de Vieillot, nous pouvons en con-
clure que la première diagnose se rapporte à l'échantillon a,
recueilli par Quoy. (Voir aussi Lafresnaye, 1. c). L'exem-
plaire b porte sur le pied : type de la planche 175.
Ces deux spécimens n'ont aucun rapport avec X. trochili-
rostris puisqu'ils ont le bec noir. Au contraire, ils s'accor-
dent dans tous les détails avec une série d'échantillons de
l'espèce nommée jadis par les auteurs X. procurvus. Il est
vrai que Temminck a figuré un oiseau à bec noir, mais la
description qui fait seule foi, indique « bec rougeâtre ». Il
1. Càt. Birdi Brit. Muê.t XV, p. 159.
Passereaux traghéophones. il!
est donc évident que le nom de X. procurvus ne peut être
appliqué à cette espèce dont le nom est alors X. falcula-
rius.
Chapman* en se basant sur la description seulement est
arrivé au même résultat que nous, ce qui a probablement
échappé à M. Sclater.
Cette espèce est bien caractérisée par son bec noir, forte-
ment et brusquement recourbé à la base et par sa tête
noire% portant des larges stries presque blanches. Le dos
est d'un brun olivâtre sans aucune nuance roussâtre, de
plus les couvertures supérieures de la queue sont seules de
couleur rousse, tandis que dans le X. trochilirostris toute
la moitié postérieure du dos est d'un roux cannelle comme
la queue. Enfin, il n'y a que la partie antérieure de la poi-
trine qui porte des stries fines et peu prononcées. Chez
X. trochilirostris toute la poitrine est couverte de stries
blanchâtres, larges et nombreuses.
L'aire de dispersion de X. falcularius s'étend de l'état de
Rio-de-Janeiro jusqu'à celui de Rio-Grande-do-Sul. Aux
environs de Bahia il est représenté par l'espèce suivante
dont la distribution est plus septentrionale. Ci-dessous nous
en donnons la synonymie.
111. Xiphorhynchus trochilirostris (Lcht.).
Dendrocolapte8 trochilirostris Lichtenstein, Abhandl. Berliner
Akad. Wissensch. 1818-1819 (publ. 1820), p. 207, pi. III,
[Bahia : voir l.c. volume des années 1820-1821 (publ. 1822),
p. 263.]
D. procuruus Temminck, Recueil PI. col. livr. 5 (1820),
texte de la planche 28 (mais pas la planche qui représente
I. falcularius (Vieil!.)).
Xiphorhynchus procuruus Lafresnaye, Rev. Mag. Zool. 1850,
p. 375, descr. opt.
1. Bull. Amer. Mu$.% II (1889;, p. 161 f.
118 A. MENBGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
a-dy adultes et jeunes, de Bahia. Coll. Bouoard.
Comme nous l'avons démontré, la diagnose de D. pro-
curvus Temm. s'applique à cette espèce, mais du texte il
ressort qu'elle est postérieure à celle de Lichtenstein, dont
le nom reste.
112. Xiphorhynchus lafresnayanus (d'Orb.).
Dendrocolaptes lafresnayanus d'Orbigny, Voyage, Oiseaux
(1847), p. 368, pi. 53, fig. 2 (« nous l'avons rencontrée
dans les îles du Rio Paranay près de Goya, au 29* degré
de latitude. Nous l'avons retrouvée ensuite dans la pro-
vince de Chiquitos (Bolivie) »).
Xiphorhynchus rufo-dorsalis Chapman, Bull. Amer. Mus. II
(1889), p. 160 (Corumba, Mattogrosso).
a, jeune, monté, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny,
1834.
6, adulte, en peau, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny,
1834, n° 393.
Types de Dendrocolaptes lafresnayanus d'Orb.
c, adulte, du Rio de la Plata, par Castelnau, juin 1840.
Cette forme se distingue de X. trochilirostris par sa taille
plus forte, par son bec sensiblement plus long, parla colo-
ration générale, en dessus et en dessous, qui est beaucoup
plus roussâtre, et par les taches de la tête qui sont plus
étroites et d'un blanc moins pur.
a, aile 112; queue 95; bec 80mm.
6, aile 110; queue 84 mm.
c. aile 98; queue 88 mBl.
Quand même nous n'avons aucun spécimen du Parana du
voyage de d'Orbigny sous les yeux, il n'est pas douteux que
la forme de cette localité est identique à celle de la Bolivie
puisqu'il y a dans la collection un échantillon provenant du
Rio de la Plata qui ne diffère pas des types de l'espèce.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 119
X. rufodorsalis dont l'un de nous a examiné une série du
Mattogrosso (coll. Natterer, musée de Vienne), ne présente
aucune différence constante avec les oiseaux de la Bolivie.
113. Xiphorhynchus pucherani (des Murs.).
Xyphorhynchu8 pucheranii des Murs, lconogr. ornith. livr. 12
(1849), pi. 69 (Santa-Fé-de-Bogota).
Xiphorhynchus pucheranii Lafresnaye, Rev. Mag. Zool. 1850,
p. 378.
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acheté à
Canivet en 1840. Type de l'espèce, figuré dans Y lconogr.
ornith., pi. 69. Aile 131 ; queue 122; bec 68mm.
114. Dendrocincla fuliginosa (Vieill.).
Dendrocopus fuliginosus Vieillot, Nouv. Dict.} XXVI (1818),
p. 117 (établi sur « Le Grimpar enfumé », Levaillant,
Hist. nat. Promerops, etc. (1807), p. 70, pi. 28. Cayenne).
Dendrocolaptes fumigatus Liechtenstein, Abhandl. Akad. Berlin
a.d.Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 203 (ex Levaillant).
a, adulte, monté, de Cayenne, en échange à M. Lionne.
Exemplaire figuré par Levaillant et par conséquent c'est
le type de D. fuliginosus et de D. fumigatus. Aile 107 ;
queue 90; bec 271/2nim.
Nous sommes heureux d'avoir retrouvé ce type dans la
collection, car il y a toujours eu quelques doutes sur la
détermination faite d'après la figure de Levaillant.
En effet, celle-ci indique deux bandes claires sur les
côtés de la tête, l'une au-dessus, l'autre au-dessous de
l'œil ; cette dernière doit être une exagération du dessi-
nateur, car on ne remarque sur l'exemplaire qu'une tache
plus ou moins claire très peu nette dans la partie inférieure
des plumes auriculaires. Comme c'est le cas d'ailleurs chez
beaucoup de spécimens de l'espèce désignée sous le nom
de D. fuliginosa par les auteurs. Ce nom est donc définiti-
vement établi.
110 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
2 p$ Perico, Orénoque. Aile 98, 93; queue 86, 83;
bec 28mm.
10 adultes de Bahia. Aile 95-103 '/2; queue 83-90;
bec 25-28 V2œm.
</, Barcellos, Rio Negro. Aile 94 ; queue 83 ; bec 26mm.
p, Rio Branco. Aile 93 ; queue 85 ; bec 25 Vs"".
,p, Cajutuba, près Para. Aile 99 ; queue 87 ; bec 2572min.
p} Obidos, Amazonie. Aile 93 ; queue 84; bec 26ma>.
/>, Araguay, Brésil. Aile 101 ; queue 84*/2; bec 27 mm.
</, Rio dos Pilœns, Brésil. Aile 95; queue 81 ; bec271/2n",\
cT, Rio Ouaporé, Mattogrosso. Aile 88 xj2\ queue 75;
bec 278/4mm.
c/, Salto Theotonio, Rio Madeira. Aile 101 ; queue 85;
bec 26V2m,n.
2 dV> Borba, Rio Madeira. Aile 103, 101 ; queue 95, 85;
bec 27, 29m".
cf, Villa- Maria, Mattogrosso. Aile 110; queue 96;
bec 29V2m,n-
p, Villa-Maria, Mattogrosso. Aile 99; queue 83; bec 29mn>.
rf, San-Vicente, Mattogrosso. Aile 105 ; queue 91 ;
bec 28 V,™.
</, Mattogrosso, Mattogrosso. Aile 101; queue 84;
bec 27 Bm.
/>, Cuyaba, Mattogrosso. Aile 99 ; queue 87 !/2 ; bec 27 V3mm.
Pour les dimensions des spécimens du Muséum, voir
plus haut.
101. Dendrezetastes temminckii (Lafr.).
Dendrocolaptes Temminckii Lafresnaye, Rev. Mag. zool., 1851
(mars), p. 145, pi. IV (« Santa-Fé-de-Bogota », errore).
Dendrexetastes temminckii Menegaux, Bull. Mus. Paris, X,
n° 4 (1904), p. 179 (Guyane française).
a, adulte, de l'Ouanary, Guyane française, par Geay, 1900.
L'un de nous a déjà fait remarquer que la description de
r
I
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 1 1 1
Sclater (Cat. B., XV, p. 140), est incomplète et ne se rap-
porte qu'au jeune âge.
Un échantillon de cette espèce rare a été recueilli par
Natte rer, près de Manaos, Brésil sept. Cette localité a
été omise par les auteurs qui n'indiquent que Cayenne
comme lieu de provenance.
102. Dendrexetastes devillei (Lafr.).
Dendrocolaptes Devillei Lafresnaye, Rev. Mag. zool., 1850,
p. 102 (« loco Sarayacu dicto ad Amazonum fluminis
ripas »); des Murs, in : Castelnau, Voyage Amer, du Sud,
Oiseaux (1855), p. 42, pi. XIII, fig. 1.
a, o" ad., de Sarayacu, Pérou, par Castelnau et Deville.
Type de l'espèce, figuré dans l'atlas du voyage de Castelnau.
Aile 108; queue 112; bec 32 mm.
Cette espèce se distingue de la précédente par l'absence
complète de taches claires sur la nuque, par la gorge d'un
fauve uniforme et par la forme des maculatures sur le haut
de la poitrine.
Chez D. devillei, ces stries sont peu nombreuses, très
étroites, presque linéaires et bordées d'un léger filet
noirâtre, tandis que chez D. temminckii toute la gorge
(sans le menton), le cou inférieur et le haut de la poitrine
sont couverts de taches allongées blanches, largement
entourées de noir.
103. Xiphocolaptes albioollis (Vieill.).
Dendrocopus albicollis Vieillot, Nouv. Dict., XXVI (1818),
p. 117 (« Brésil »).
a, adulte, monté, du Brésil (Rio-de-Janeiro), par Delà-
lande, 1817. Type de Dendrocopus albicollis Vieill. Aile 127 ;
queue 126; bec 48 ■m.
112 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
b, adulte, monté, de la capitanerie de Goyaz, par A. Saint-
Hilaire, août 1822.
c, adulte, monté, de Minas-Geraës, par A. Saint-Hilaire,
1822.
d, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, par A. Saint-
Hilaire, 1821.
et f} adultes, monté et en peau, de Rio-de-Janeiro, par
le docteur Peichoto, en 1854.
g, h, adultes, du Brésil méridional. Coll. Boucard.
Le type, un des plus anciens de la collection, quoique un
peu décoloré, s'accorde bien avec les autres exemplaires.
104. Xiphocolaptes simpliciceps (Lafr.).
Dendrocolapte8 simpliciceps Lafresnaye, Rev. et Mag. zool.,
1850, p. 100 (Yungas, Bolivie).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny. Type
de D. simpliciceps Lafr. Aile 140; queue 120; bec 47 ,/2ra"1-
Cette espèce est bien distincte de X. promeropirhynchus,
par l'absence complète de maculatures sur la tète et le cou
qui sont d'un brun olivâtre uniforme. La couleur du fond
de ces parties est aussi plus pâle et elle concorde exacte-
ment avec celle du dos, tandis que chez X. promeropirhyn-
chus la coiffe est plus foncée que le manteau. Le bec est
plus faible et de couleur cornée pâle. Tous les spécimens
de X. promeropirhynchus que nous avons sous les yeux ont
le bec tout entier noir.
La figure de Dendrocolaptes lineatocephalus Gray et Mitch. *,
publiée sans description et sans localité, nous parait se rap-
porter plutôt à la forme de Bogota (X. promeropirhynchus
(Less.), et c'est probablement une erreur puisque dans le
Cat. of. Birds Brit. Mus., XV, p. 144, Sclater indique un
exemplaire de Bolivie comme type de l'espèce que nous
venons de citer.
1. Gênera of Birds, pi. 43.
\
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 113
105. Picolaptes lacrymiger (des Murs).
Dendrocolapte8 lacrymiger des Murs, lconogr. ornith. livr. 12
(1849), pi. 71 (« Mexique », errore! Le type venait de
Santa-Fé-de-Bogota).
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acquis à M. Lar-
roque, mars 1843. Type de l'espèce, figuré 1. c. Aile 113;
queue 94; bec 29 Vî™"-
Le type s'accorde très bien avec une série d'exemplaires
de Bogota et d'Antioquia.
106. Picolaptes puncticeps Sel. et Salv.
Picolaptes puncticeps Sclater et Salvin, Nomencl. Av. Neotrop.,
1873, p. 69, 160(Cayenne).
a, adulte, de la Guyane française, par M. Fabre, 1894,
n§ 683. Aile 84 ; queue 77; bec 24 mm.
Cette espèce est très rare ; c'est le troisième exemplaire
connu.
Elle diffère de P. albolineatus (Lafr.) par le dos d'un brun
beaucoup plus foncé et par la présence de petites taches
blanchâtres arrondies sur la tête qui, au contraire, chez
Vautre espèce porte des stries longitudinales étroites, plus
jaunâtres. Le fond des parties inférieures est d'un brun
terreux mat au lieu d'être d'un brun roussâtre pâle, et les
macules blanchâtres sont plus nettement bordées de noir,
ce qui tranche plus vivement sur la couleur générale.
107. Picolaptes fuscus (Vieill.).
Dendrocolaptes fuscus Vieillot, Nouv. Die t., XXVI (1818),
p. 117 (du Brésil, par M. Delalande fils); idem, Tabl.
enc. mith. II (1822), p. 624.
Dendrocolaptes tenuirostris Lichtenstein, Abhandl. Âkad.
Berlin, a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 202 (« ad
fluvium St. Francisci Brasilia »).
tome xix. 8
112 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
b, adulte, monté, de la capitanerie de Goyaz, par A. Saint-
Hilaire, août 1822.
c, adulte, monté, de Minas-Geraës, par A. Saint-Hilaire,
1822.
d, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, par A. Saint-
Hilaire, 1821.
e, f} adultes, monté et en peau, de Rio-de-Janeiro, par
le docteur Peichoto, en 1854.
</, A, adultes, du Brésil méridional. Coll. Boucard.
Le type, un des plus anciens de la collection, quoique un
peu décoloré, s'accorde bien avec les autres exemplaires.
104. Xiphocolaptes simplicioeps (Lafr.).
Dendrocolapte8 simplicioeps Lafresnaye, Rev. et Mag. zool.t
1850, p. 100 (Yungas, Bolivie).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny. Type
de D. simpliciceps Lafr. Aile 140; queue 120; bec 47 V«-™-
Cette espèce est bien distincte de X. promeropirhynchus,
par l'absence complète de maculatures sur la tète et le cou
qui sont d'un brun olivâtre uniforme. La couleur du fond
de ces parties est aussi plus pâle et elle concorde exacte-
ment avec celle du dos, tandis que chez X. promeropirhyn-
chus la coiffe est plus foncée que le manteau. Le bec est
plus faible et de couleur cornée pâle. Tous les spécimens
de X. promeropirhynchus que nous avons sous les yeux ont
le bec tout entier noir.
La figure de Dendrocolaptes lineatocephalus Gray et Mitch. *,
publiée sans description et sans localité, nous parait se rap-
porter plutôt à la forme de Bogota (J. promeropirhynchus
(Less.), et c'est probablement une erreur puisque dans le
Cat. of. Birds Brit. Mus., XV, p. 144, Sclater indique un
exemplaire de Bolivie comme type de l'espèce que nous
venons de citer.
1. Generà of Birds, pi. 43.
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 113
105. Picolaptes lacrymiger (des Murs).
Dendrocolapte8 lacrymiger des Murs, lconogr. omit h. livr. 12
(1849), pi. 71 (« Mexique », errore! Le type venait de
Santa-Fé-de-Bogota).
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acquis à M. Lar-
roque, mars 1843. Type de l'espèce, figuré 1. c. Aile 113;
queue 94; bec 2972mm.
Le type s'accorde très bien avec une série d'exemplaires
de Bogota et d'Antioquia.
106. Picolaptes puncticeps Sel. et Salv.
Picolaptes puncticeps SclateretSalvin, Nomencl. Av. Neotrop.y
1873, p. 69, 160(Cayenne).
a, adulte, de la Guyane française, par M. Fabre, 1894,
n° 683. Aile 84; queue 77; bec 24 mm.
Cette espèce est très rare ; c'est le troisième exemplaire
connu.
Elle diffère de P. albolineatus (Lafr.) par le dos d'un brun
beaucoup plus foncé et par la présence de petites taches
blanchâtres arrondies sur la tête qui, au contraire, chez
l'autre espèce porte des stries longitudinales étroites, plus
jaunâtres. Le fond des parties inférieures est d'un brun
terreux mat au lieu d'être d'un brun roussâtre pâle, et les
macules blanchâtres sont plus nettement bordées de noir,
ce qui tranche plus vivement sur la couleur générale.
107. Picolaptes fuscus (Vieill.).
Dendrocolaptes fuscus Vieillot, Nouv. Die t., XXVI (1818),
p. 117 (du Brésil, par M. Delalande fils); idem, Tabl.
enc. mith. II (1822), p. 624.
Dendrocolaptes tenuirostris Lichtenstein , Abhandl. Âkad.
Berlin, a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 202 (« ad
fluvium St. Francisci Brasilia »).
TOME XIX. 8
112 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
b, adulte, monté, de la capitanerie de Goyaz,par A. Saint-
Hilaire, août 1822.
c, adulte, monté, de Minas-Qeraës, par A. Saint- Hilaire,
1822.
d, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, par A. Saint-
Hilaire, 1821.
0, fy adultes, monté et en peau, de Rio-de-Janeiro, par
le docteur Peichoto, en 1854.
g, h, adultes, du Brésil méridional. Coll. Boucard.
Le type, un des plus anciens de la collection, quoique un
peu décoloré, s'accorde bien avec les autres exemplaires.
104. Xiphocolaptes simpliciceps (Lafr.).
Dendrocolapte$ simpliciceps Lafresnaye, Rev. et Mag. zool.,
1850, p. 100 (Yungas, Bolivie).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny. Type
de D. simpliciceps Lafr. Aile 140; queue 120; bec 47 i/zmm.
Cette espèce est bien distincte de X. promeropirhynchus 9
par rabsence complète de maculatures sur la tête et le cou
qui sont d'un brun olivâtre uniforme. La couleur du fond
de ces parties est aussi plus pâle et elle concorde exacte-
ment avec celle du dos, tandis que chez X. promeropirhyn-
chus la coiffe est plus foncée que le manteau. Le bec est
plus faible et de couleur cornée pâle. Tous les spécimens
de X. promeropirhynchus que nous avons sous les yeux ont
le bec tout entier noir.
La figure de Dendrocolaptes lineatocephalus Gray et Mitch. *,
publiée sans description et sans localité, nous parait se rap-
porter plutôt à la forme de Bogota (X. promeropirhynchus
(Less.), et c'est probablement une erreur puisque dans le
Cat. of. Birds Brit. Mus., XV, p. 144, Sclater indique un
exemplaire de Bolivie comme type de l'espèce que nous
venons de citer.
1. Gênera of Birds, pi. 43.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 113
105. Picolaptes lacrymiger (des Murs).
Dendrocolapte8 lacrymiger des Murs, Iconogr. ornith. livr. 12
(1849), pi. 71 (« Mexique », errore! Le type venait de
Santa-Fé-de-Bogota).
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acquis à M. Lar-
roque, mars 1843. Type de l'espèce, figuré 1. c. Aile 113;
queue 94; bec 2972n,m.
Le type s'accorde très bien avec une série d'exemplaires
de Bogota et d'Antioquia.
106. Picolaptes punoticeps Sel. et Salv.
Picolaptes puncticeps SclateretSalvin, Nomencl Av. Neotrop.,
1873, p. 69, 160(Cayenne).
a, adulte, de la Guyane française, par M. Fabre, 1894,
n° 683. Aile 84; queue 77; bec 24 mm.
Cette espèce est très rare ; c'est le troisième exemplaire
connu.
Elle diffère de P. albolineatus (Lafr.) par le dos d'un brun
beaucoup plus foncé et par la présence de petites taches
blanchâtres arrondies sur la tête qui, au contraire, chez
l'autre espèce porte des stries longitudinales étroites, plus
jaunâtres. Le fond des parties inférieures est d'un brun
terreux mat au lieu d'être d'un brun roussâtre pâle, et les
macules blanchâtres sont plus nettement bordées de noir,
ce qui tranche plus vivement sur la couleur générale.
107. Picolaptes fuscus (Vieill.).
Dendrocol aptes fuscus Vieillot, Nouv. Dictn XXVI (1818),
p. 117 (du Brésil, par M. Delalande fils); idem, Tabl.
enc. méth. II (1822), p. 624.
Dendrocolaptes tenuirostris Lichtenstein, Abhandl. Akad.
Berlin, a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 202 (« ad
fluvium St. Francisci Brasilia »).
TOME XIX. 8
112 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
b, adulte, monté, de la capitanerie de Ooyaz, par A. Saint*
Hilaire, août 1822.
c, adulte, monté, de Minas-Geraës, par À. Saint-Hilaire,
1822.
d, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, par A. Saint-
Hilaire, 1821.
e, /*, adultes, monté et en peau, de Rio-de-Janeiro, par
le docteur Peichoto, en 1854.
<7, A, adultes, du Brésil méridional. Coll. Boucard.
Le type, un des plus anciens de la collection, quoique un
peu décoloré, s'accorde bien avec les autres exemplaires.
104. Xiphocolaptes simpliciceps (Lafr.).
Dendrocolapte8 simpliciceps Lafresnaye, Rev. et Mag. zool.t
1850, p. 100 (Yungas, Bolivie).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny. Type
de D. simpliciceps Lafr. Aile 140; queue 120; bec 47 !/*-™-
Cette espèce est bien distincte de X. promeropirhynchus >
par l'absence complète de maculatures sur la tête et le cou
qui sont d'un brun olivâtre uniforme. La couleur du fond
de ces parties est aussi plus pâle et elle concorde exacte-
ment avec celle du dos, tandis que chez X. promeropirhyn-
chus la coiffe est plus foncée que le manteau. Le bec est
plus faible et de couleur cornée pâle. Tous les spécimens
de X. promeropirhynchus que nous avons sous les yeux ont
le bec tout entier noir.
La figure de Dendrocolaptes lineatocephalus Gray et Mitch. i,
publiée sans description et sans localité, nous parait se rap-
porter plutôt à la forme de Bogota (J. promeropirhynchus
(Less.), et c'est probablement une erreur puisque dans le
Cat. of. Birds Brit. Mus., XV, p. 144, Sclater indique un
exemplaire de Bolivie comme type de l'espèce que nous
venons de citer.
1. Gêner* of Birds, pi. 43.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 113
105. Picolaptes lacrymiger (des Murs).
Dendrocolapte8 lacrymiger des Murs, lconogr. ornith. livr. 12
(1849), pi. 71 (« Mexique », errore! Le type venait de
Santa-Fé-de-Bogota).
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acquis à M. Lar-
roque, mars 1843. Type de l'espèce, figuré 1. c. Aile 113;
queue 94; bec 2972n,m.
Le type s'accorde très bien avec une série d'exemplaires
de Bogota et d'Antioquia.
106. Picolaptes puncticeps Sel. et Salv.
Picolaptes puncticeps Sclateret Salvin, Nomencl. Av. Neotrop.,
1873, p. 69, 160 (Cayenne).
a, adulte, de la Guyane française, par M. Fabre, 1894,
n° 683. Aile 84; queue 77; bec 24 mm.
Cette espèce est très rare ; c'est le troisième exemplaire
connu.
Elle diffère de P. albolineatus (Lafr.) par le dos d'un brun
beaucoup plus foncé et par la présence de petites taches
blanchâtres arrondies sur la tête qui, au contraire, chez
l'autre espèce porte des stries longitudinales étroites, plus
jaunâtres. Le fond des parties inférieures est d'un brun
terreux mat au lieu d'être d'un brun roussâtre pâle, et les
macules blanchâtres sont plus nettement bordées de noir,
ce qui tranche plus vivement sur la couleur générale.
107. Picolaptes fuscus ( Vieil 1.).
Dendrocolaptes fuscus Vieillot, Nouv. Die t., XXVI (1818),
p. 117 (du Brésil, par M. Delalande fils); idem, Tabl.
enc. met h. H (1822), p. 624.
Dendrocolaptes tenuirostris Lichtenstein , Abhandl. Akad.
Berlin, a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 202 (« ad
fluvium St. Francisci Brasilia »).
tome xix. 8
112 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
6, adulte, monté, de la capitanerie de Goyaz, par A. Saint-
Hilaire, août 1822.
c, adulte, monté, de Minas-Geraës, par À. Saint-Hilaire,
1822.
d, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, par A. Saint-
Hilaire, 1821.
e, /*, adultes, monté et en peau, de Rio-de-Janeiro, par
le docteur Peichoto, en 1854.
g, h, adultes, du Brésil méridional. Coll. Boucard.
Le type, un des plus anciens de la collection, quoique un
peu décoloré, s'accorde bien avec les autres exemplaires.
104. Xiphocolaptes sixnpliciceps (Lafr.).
Dendrocolaptes simpliciceps Lafresnaye, Rev. et Mag. zool.,
1850, p. 100 (Yungas, Bolivie).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny. Type
de D. simpliciceps Lafr. Aile 140; queue 120; bec 47 {l%mm.
Cette espèce est bien distincte de X. promeropirhynchus,
par l'absence complète de maculatures sur la tête et le cou
qui sont d'un brun olivâtre uniforme. La couleur du fond
de ces parties est aussi plus pâle et elle concorde exacte-
ment avec celle du dos, tandis que chez X. promeropirhyn-
chus la coiffe est plus foncée que le manteau. Le bec est
plus faible et de couleur cornée pâle. Tous les spécimens
de X. promeropirhynchus que nous avons sous les yeux ont
le bec tout entier noir.
La figure de Dendrocolaptes lineatocephalus Gray et Mitch. !,
publiée sans description et sans localité, nous parait se rap-
porter plutôt à la forme de Bogota (1. promeropirhynchus
(Less.), et c'est probablement une erreur puisque dans le
Cat. of. Birds Brit. Mus., XV, p. 144, Sclater indique un
exemplaire de Bolivie comme type de l'espèce que nous
venons de citer.
1. Generâ of Birds, pi. 43.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 113
105. Picolaptes lacrymiger (des Murs).
Dendrocolaptes lacrymiger des Murs, Iconogr. omit h. livr. 12
(1849), pi. 71 (« Mexique », errore! Le type venait de
Santa-Fé-de-Bogota).
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acquis à M. Lar-
roque, mars 1843. Type de V espèce, figuré 1. c. Aile 113;
queue 94; bec 2972mm.
Le type s'accorde très bien avec une série d'exemplaires
de Bogota et d'Antioquia.
106. Picolaptes puncticeps Sel. et Salv.
Picolaptes puncticeps Sclateret Salvin, Nomencl. Av. Neotrop.,
1873, p. 69, 160(Cayenne).
a, adulte, de la Guyane française, par M. Fabre, 1894,
n° 683. Aile 84; queue 77; bec 24 mm.
Cette espèce est très rare ; c'est le troisième exemplaire
connu.
Elle diffère de P. albolineatus (Lafr.) par le dos d'un brun
beaucoup plus foncé et par la présence de petites taches
blanchâtres arrondies sur la tête qui, au contraire, chez
l'autre espèce porte des stries longitudinales étroites, plus
jaunâtres. Le fond des parties inférieures est d'un brun
terreux mat au lieu d'être d'un brun roussâtre pâle, et les
macules blanchâtres sont plus nettement bordées de noir,
ce qui tranche plus vivement sur la couleur générale.
107. Picolaptes fuscus (Vieill.).
Dendrocolaptes fuscus Vieillot, Nouv. Die t., XXVI (1818),
p. 117 (du Brésil, par M. Delalande fils); idem, Tabl.
enc. méth. II (1822), p. 624.
Dendrocolaptes tenuirostris Lichtenstein , Abhandl. Akad.
Berlin, a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 202 (« ad
fluvium St. Francisci Brasilia »).
tome xix. 8
112 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
b, adulte, monté, de la capitanerie de Goyaz, par A. Saint-
Hilaire, août 1822.
c, adulte, monté, de Minas-Geraës, par A. 8aint*Hilaire,
1822.
d, adulte, monté, de Rio-de-Janeiro, par A. Saint*
Hilaire, 1821.
0, /*, adultes, monté et en peau, de Rio-de-Janeiro, par
le docteur Peichoto, en 1854.
<7, A, adultes, du Brésil méridional. Coll. Boucard.
Le type, un des plus anciens de la collection, quoique un
peu décoloré, s'accorde bien avec les autres exemplaires.
104. Xiphocolaptes simpliciceps (Lafr.).
Dendrocolapte8 simpliciceps Lafresnaye, Rev. et Mag. zool.t
1850, p. 100 (Yungas, Bolivie).
a, adulte, monté, d'Yungas, Bolivie, par d'Orbigny. Type
de D. simpliciceps Lafr. Aile 140; queue 120; bec 47 7*™"-
Cette espèce est bien distincte de X. promeropirhynchus,
par l'absence complète de maculatures sur la tête et le cou
qui sont d'un brun olivâtre uniforme. La couleur du fond
de ces parties est aussi plus pâle et elle concorde exacte-
ment avec celle du dos, tandis que chez X. promeropirhyn-
chus la coiffe est plus foncée que le manteau. Le bec est
plus faible et de couleur cornée pâle. Tous les spécimens
de X. promeropirhynchus que nous avons sous les yeux ont
le bec tout entier noir.
La figure de Dendrocolaptes lineatocephalus Gray et Mitch. *,
publiée sans description et sans localité, nous parait se rap-
porter plutôt à la forme de Bogota (J. promeropirhynchus
(Less.), et c'est probablement une erreur puisque dans le
Cat. of. Birds Brit. Mus., XV, p. 144, Sclater indique un
exemplaire de Bolivie comme type de l'espèce que nous
venons de citer.
1. Gêner» of Btrdi, pi. 43.
113
105. Picolaptes lacrymiger (des Mais).
Demdroc*laptes lacrymiger des Murs, Iconofr. amitk. livr. 12
(1849\ pi. 71 (« Mexique », errore! Le type venait de
8anta-Fé-de-Bogota).
s, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acquis à M. Lar-
roqae, mais 1843. Type de r espèce, 6guré 1. c. Aile 113;
queue 94; bec 29 !/*™™-
Le type s'accorde très bien avec une série d'exemplaires
de Bogota et d'Antioquia.
106. Picolaptes poncticeps Sel. et Salv.
Picolaptes pu ncticeps Sclateret Salvin, Nomencl. Av. Neotrop.,
1873, p. 69, 160 (Cayenne).
a, adulte, de la Guyane française, par M. Fabre, 1894,
n* 683. Aile 84 ; queue 77; bec 24 ■-.
Cette espèce est très rare ; c'est le troisième exemplaire
connu.
Elle diffère de P. albolineatus (Lafr.) par le dos d'un brun
beaucoup plus foncé et par la présence de petites taches
blanchâtres arrondies sur la tète qui, au contraire, chez
l'autre espèce porte des stries longitudinales étroites, plus
jaunâtres. Le fond des parties inférieures est d'un brun
terreux mat au lieu d'être d'un brun roussâtre pâle, et les
macules blanchâtres sont plus nettement bordées de noir,
ce qui tranche plus vivement sur la couleur générale.
107. Picolaptes fuscus (Vieil).).
Dtndrocolaptes fuscus Vieillot, Nouv. Dict.y XXVI (1818),
p. 117 (du Brésil, par M. Delalande fils); idem, Tabl.
ene. méth. II (1822), p. 624.
Dtndrocolaptes tenuirostris Lichtenstein , Abhandl Akad.
Berlin, a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 202 (« ad
fluvium 8t. Prancisci Brasilia »).
tome xix. 8
114 A. M EN EGAUX ET C.-E. HKLLMAYR.
a, adulte, monté, rapporté du Brésil (Rio-de-Janeiro),
par Delalande fils, en 1816. Type de D. fuscus Vieill. Aile
81 V2; queue 74 ; bec 27 m".
b, adulte, monté, du Brésil, par Ménétriès, 1823.
c, d, adulte et jeune, de Bahia. Coll. Boucard.
Le type de D. fuscus concorde en général avec des spéci-
mens de l'espèce qu'on avait coutume d'appeler Picolaptes
tenuirostris (Lcht.), mais il est probable qu'il s'agit ici
d'une forme méridionale. Car l'oiseau rapporté par Dela-
lande, ainsi que celui de Ménétriès, qui provient également
de la province de Rio, ont la gorge et les macules sur le
dessous du corps d'un blanc pur, tandis que chez trois spé-
cimens de Bahia ces mêmes parties sont d'un fauve jau-
nâtre vif, et les macules du cou inférieur plus arrondies et
bordées d'un liseré noirâtre plus net.
Dans le cas où ces différences seraient constantes, il
y aurait donc deux formes à distinguer :
a, P. fuscus fuscus (Vieill.), du Brésil méridional.
b, P. fuscus tenuirostris (Lcht.), de Bahia.
108. Picolaptes souleyetii (des Murs).
Dendrocolapte8 Souleyetii des Murs, Iconogr. omit h. livr. 12
(1849), pi. 70 (Pérou).
a, adulte, monté, du Pérou, par Eydoux et Souleyet, en
1838. Type de l'espèce, figuré 1. c. Aile 103; queue 86;
bec 36mm.
b, adulte, monté, de Payta, Pérou occid., par Néboux, en
1839. Cotype.
c, adulte, de San- Pedro, 200 pieds d'élév., Pérou occid.,
par le prof. Orton. Coll. Boucard.
Le seul caractère différentiel qui sépare cette forme de
P. albolineatus consiste dans la plus grande largeur des
stries longitudinales de la tête et des parties inférieures.
Le type est absolument semblable au spécimen de San-
Pedro, rapporté par Orton.
PASSKREAUX TRACHÉOPHONXS. 115
N. B. — Nous n'avons pu trouver dans les collections le
type de Dendrocopus maculaius Vieillot ! dont fait mention
Pucberan in : Rev. Mag. zool. 1853, p. 483. La description
originale est insuffisante pour identifier l'espèce.
109. Nasica longirostris (Vieill.).
Dendrocopus longirostris Vieillot, Nouv. Dict. XXVI (1818),
p. 117 (ex Le vaillant : Le Grimpar Nasioan, Hist. nat.
Promerops, etc., p. 65, pi. XXIV, Brésil).
Kaska nasalls Lesson, Traité iïorn. 1831, p. 31 1 (le Brésil).
s, adulte, monté, du Brésil, rapporté par M. Geoffroy-
Saint-Hilaire de Lisbonne, 1808 : individu figuré dans l'ou-
vrage de Levaillant, 1. c. Type de Nasica nasalis Lcss.
b, c, d, cf adultes, sans indication de sexe et jeune,
de Pébas, Pérou, par Gastelnau et De ville, en 1846.
110. Xiphorhynchus falcularius (Vieill.).
Dendrocopus fatcularius Vieillot, Tabl. enc. meth., II (1822),
p. 626 (Brésil); Vieillot et Oudart, Gai. Oiseaux, vol. 1, II
(1825), p. 286, pi. 175 (« Brésil, elle a été tuée dans les
montagnes des Or guis, par M. le docteur Quoy, qui a
accompagné M. le capitaine Freyssinet dans son voyage
autour du monde »).
Xiphorhynchus trochilirostris (nec Liohtenstein), Lafresnaye,
Rev. Mag. sool., 1850, p. 374 (descr.opt.) ; Burmeister, Syst.
Obers Th. BrasiL, 3 (1856), p. 16.
Dendrocolaptes procurvus Temminck, Recueil PL col. livr. 5
(1820), pi. 28 (mais pas la description qui se rapporte i
I. trochilirostris Lcht.).
Xiphorhynchus procurvus (nec Temminck!). Sclater, Cat.
Birds Brit. Mus., XV (1890), p. 158.
t. H<mt. M*. XXVI (ISIS), p. 1 17.
116 A. M EN EGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
a, jeune, monté, du Brésil, par Quoy (expédition Freys-
sinet), 1818. Type de Dendrocopus falcularius Vieill.
6, adulte, monté, du Brésil, par Quoy et Gaimard (Expé-
dition Freyssinet), 1820. Exemplaire figuré pi. 175 de la
Galerie des oiseaux.
c, adulte, monté, du Brésil, donné par Van Lede, 1847.
dj 6, adultes, envoyés de Rio-de- Janeiro, par Peichoto.
/*, adulte, de Porto- Real, province de Rio, par Hardy,
1891. Coll. Boucard.
g, adulte, de Rio-Grande-do-Sul, par Rogers. Coll. Bou-
card.
Sclater * a considéré D. falcularius comme synonyme de
X. trochilirostris, et il signale un exemplaire de la collection
Riocour (actuellement au Musée britannique), comme étant
le type de Vieillot. C'est une erreur, parce que ce type se
trouve encore au Musée de Paris.
Dans sa première description, Vieillot ne donne pas la
provenance exacte de son type, c'est seulement dans la
Galerie des oiseaux qu'il affirme qu'il « a été tué dans
les montagnes des Orguis (près de Rio-de-Janeiro), par M. le
docteur Quoy. »
Comme Vieillot dit expressément in Tabl. enc. méth., II,
p. 626 : bec et pieds noirs, et que le pied de l'exemplaire
a porte la mention : type de Vieillot, nous pouvons en con-
clure que la première diagnose se rapporte à l'échantillon a,
recueilli par Quoy. (Voir aussi Lafresnaye, 1. c). L'exem-
plaire b porte sur le pied : type de la planche 175.
Ces deux spécimens n'ont aucun rapport avec X. trochili-
rostris puisqu'ils ont le bec noir. Au contraire, ils s'accor-
dent dans tous les détails avec une série d'échantillons de
l'espèce nommée jadis par les auteurs X. procurvus. Il est
vrai que Temminck a figuré un oiseau à bec noir, mais la
description qui fait seule foi, indique « bec rougeâtre ». Il
1. Cit. Birdê Brit. Mue., XV, p. 159.
PASSKBKACX TRACHÉOPBONBS. 11?
est donc évident que le nom de I. procurvus ne peut être
appliqué i cette espèce dont le nom est alors X. falcula-
rius.
Cbapman ■ en se basant sur la description seulement est
arrivé au même résultat que nous, ce qui a probablement
échappé i M. Sclater.
Cette espèce est bien caractérisée par son bec noir, forte-
ment et brusquement recourbé i la base et par sa tête
notre, portant des larges stries presque blanches. Le dos
est d'un brun olivâtre sans aucune nuance roussâtre, de
plus les couvertures supérieures de la queue sont seules de
couleur rousse, tandis que dans le X. troc hilir os tris toute
la moitié postérieure du dos est d'un roux cannelle comme
la queue. En6n, il n'y a que la partie antérieure de la poi-
trine qui porte des stries fines et peu prononcées. Chez
1. trochilirostris toute la poitrine est couverte de stries
blanchâtres, larges et nombreuses.
L'aire de dispersion de X. falcularius s'étend de l'état de
Rio-de-Janeiro jusqu'à celui de Rio-Grande-do-Sul. Aux
environs de Bahia il est représenté par l'espèce suivante
dont la distribution est plus septentrionale. Ci-dessous nous
en donnons la synonymie.
lit. Xiphorhynchus trochilirostris (Lcht.).
Dsndroeolaptcs trochilirostris Lichtenstein, AbhandL Berliner
Akad. Wissmseh. 1818-1819 (publ. 1820), p. 207, pi. III,
[Bahia: voir l.c. volume des années 1820-1821 (publ. 1822),
p. 263.]
D. procurvus Temminck, Recueil PL col. livr. 5 (1820),
texte de la planohe 28 (mais pas la planche qui représente
I. falcularius (Vieill.)).
Xiphorhynchus procurvus Lafresnaye, Rev. Mag. Zool. 1850,
p. 375, descr. opt.
1. B*U. Anm. Mm., II (tN9j, p. 161 f.
118 A. MENEGAUX ET G.-E. HELLMAYR.
a-d, adultes et jeunes, de Bahia. Coll. Bouoard.
Gomme nous l'avons démontré, la diagnose de D. pro-
curvus Temm. s'applique à cette espèce, mais du texte il
ressort qu'elle est postérieure à celle de Liechtenstein, dont
le nom reste.
112. Xiphorhynchus lafresnayanus (d'Orb.).
Dendrocolapte8 lafresnayanus d'Orbigny, Voyage, Oiseaux
(1847), p. 368, pi. 53, fig. 2 (« nous l'avons rencontrée
dans les îles du Rio Parana, près de Goya, au 29* degré
de latitude. Nous l'avons retrouvée ensuite dans la pro-
vince de Chiquitos (Bolivie) »).
Xiphorhynchus rufo-dorsalis Ghapman, Bull. Amer. Mus. II
(1889), p. 160 (Corumba, Mattogrosso).
a, jeune, monté, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny,
1834.
6, adulte, en peau, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny,
1834, n° 393.
Types de Dendrocolaptes lafresnayanus d'Orb.
c, adulte, du Rio de la Plata, par Castelnau, juin 1840.
Cette forme se distingue de X. trochilirostris par sa taille
plus forte, par son bec sensiblement plus long, parla colo-
ration générale, en dessus et en dessous, qui est beaucoup
plus roussâtre, et par les taches de la tête qui sont plus
étroites et d'un blanc moins pur.
a, aile 112; queue 95; bec 80mm.
b, aile 110; queue 84 mm.
c, aile 98; queue 88 mB.
Quand même nous n'avons aucun spécimen du Parana du
voyage de d'Orbigny sous les yeux, il n'est pas douteux que
la forme de cette localité est identique à celle de la Bolivie
puisqu'il y a dans la collection un échantillon provenant du
Rio de la Plata qui ne diffère pas des types de l'espèce.
PASSEREAUX TRACHBOPHONBS. 1(9
J. rufodarsalis dont l'un de nous a examiné une série du
Mattogrosso (coll. Natterer, musée de Vienne), ne présente
aucune différence constante avec les oiseaux de la Bolivie.
113. Xiphorhynchus pucherani (des Murs.).
Xyphorhynchus pueheranii des Murs, lconogr. ornith. livr. 12
(1849), pi. 69 (Santa-Fé-de-Bogota).
Xiphorhy nchua pueheranii Lafresnaye, Rev. Mac. Zool. 1850,
p. 378.
a, adulte, monté, de Santa-Fé-de-Bogota, acheté à
Canivet en 1840. Type de l'espèce, figuré dans V lconogr.
ornith., pi. 69. Aile 131 ; queue 122 ; bec 68M.
114. DendrocLacla fuliginosa (Vieill.).
Dendroeopus fuliginosus Vieillot, Nouv. Die t., XXVI (1818),
p. 117 (établi sur « Le Orimpar enfumé », Levaillant,
Hist. nat. Promerops, etc. (1807), p. 70, pi. 28. Cayenne).
ûendroeolaptee fumigatue Liechtenstein, Abhandl. Akad. Berlin
a.d.Johren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 203 (ex Levaillant).
a, adulte, monté, de Cayenne, en échange à M. Lionne.
Exemplaire figuré par Levaillant et par conséquent c'est
le type de D. fuliginosus et de D. fumigatus. Aile 107 ;
queue 90; bec 27 •/*■".
Nous sommes heureux d'avoir retrouvé ce type dans la
collection, car il y a toujours eu quelques doutes sur la
détermination faite d'après la figure de Levaillant.
En effet, celle-ci indique deux bandes claires sur les
côtés de la tête, l'une au-dessus, l'autre au-dessous de
l'œil ; cette dernière doit être une exagération du dessi-
nateur, car on ne remarque sur l'exemplaire qu'une tache
plus ou moins olaire très peu nette dans la partie inférieure
des plumes auriculaires. Comme c'est le cas d'ailleurs chez
beaucoup de spécimens de l'espèce désignée sous le nom
de D. fuliginosa par les auteurs. Ce nom est donc définiti-
vement établi.
120 A. M EN EGAUX ET G.-E. HELLMaYR.
115. Dendrocincla atrirostris (Lafr. et d'Orb.).
Dendrocolapte8 atrirostris Lafresnayeet d'Orbigny, Syn. Av.,
II, in : Mag. zool., 1838, cl. II, p. 12 [Guarayos, rép.
Boliviana] ; d'Orbigny, Voyage, Oiseaux, p. 369, pi. LIV,
fig. 1.
Dendrocincla minor Pelzeln, Zur Ornith. Brasil., I (1867),
p. 42, 60 (San-Vicente, Mattogrosso).
a, jeune, monté, de Guarayos, Bolivie, par d'Orbigny,
1834. Type de Dendrocolaptes atrirostris Lafr. et d'Orb.
Aile 95 ; queue 90 ; bec 26 mm.
Cette espèce est très voisine de D. turdina (Libl.) avec
laquelle elle forme un groupe naturel, séparé de toutes les
autres espèces du genre par la présence de fines stries
jaunâtres sur le vertex. Elle diffère cependant de D. turdina
par une large bande postoculaire d'un jaune ocreux, par la
barbe externe des secondaires et par les tertiaires qui sont
roux châtain vif, jamais lavées d'olivâtre comme c'est le cas
chez D. turdina ; enfin par la gorge non uniforme, un peu
variée de grisâtre.
Nous avons comparé le type avec celui de D. minor Pelz.
qui n'en diffère guère que par un bec un peu plus court.
Tous les deux sont des jeunes à bec entièrement noir, mais
une p ad. de San-Vicente, Mattogrosso (Musée de Vienne)
a la mandibule supérieure d'un brun foncé, et l'inférieure
d'un blanc jaunâtre sauf la base qui est foncée. Nous avons
vu dans la collection Berlepsch une femelle provenant de
la Bolivie septentrionale qui, pour la coloration du bec,
est intermédiaire entre ces deux extrêmes.
Il ne faut pas confondre cette espèce avec D. longieauda
Pelz. qui se trouve aussi dans la Bolivie. Celle-ci se recon-
naît facilement à son bec très comprimé latéralement dans
sa moitié apicale et par l'arête dorsale du culmen très
saillante, ainsi que par sa coloration.
PASSEREAUX tracoéophonks. 121
1 16. Dendrocincla meruloides (Lafr.).
Dendrocops meruloides Lafresnaye, Rev. Mag. sooL, 1851,
p. 467 (« rapportée de la côte ferme par M. Beauperthuy » ;
les types venaient de Cumana).
Dendrocincla meruloides aphanta Oberholser, Proc. Acad.
Philad.t 1904, p. 460 (Tobago).
*, *, o"o" ad.t montés, de Cumana, Venezuela, par Beau»
perthuy, 1840. Types de l'espèce. Aile 102, 104; queue 84,
87; bec22V2,24V2— .
c, «o ad., monté, de Caracas, par Levraud, 1856.
d} et adulte et jeune, préparation dite deTrinidad. Coll.
Boucard.
M. Oberholser, dans sa revision du genre Dendrocincla
(1. c), suppose que les types venaient de la Guyane britan-
nique, mais c'est une erreur, car Lafresnaye, dans la des-
cription originale, dit que cette espèce a été rapportée de
la côte ferme par M. Beauperthuy. Or, on sait que sous le
nom de côte ferme, on désignait la côte septentrionale du
Venezuela, située entre le port de la Ouaira et Cumana. En
outre, il est de notoriété que Beauperthuy, voyageur du
Muséum, n'a fait des collections qu'aux environs de Cumana.
Il est donc évident que a et & sont les vrais types de l'espèce,
et les autres échantillons existant sous ce nom au Musée
de Boston sont au plus des co types.
Comme M. Oberholser Ta déjà fait remarquer, les spé-
cimens des îles Tobago et Trinidad sont absolument iden-
tiques à ceux de Cumana, donc D. m. aphanta n'est qu'un
synonyme. D'ailleurs, aucune forme de D. meruloides ne se
trouve dans la Guyane britannique, et nous pensons
qu'Oberholser a été induit en erreur par des indications
fausses, quand il affirme avoir eu entre les mains des
échantillons provenant de ce pays.
122 A. MKNEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
117. Dendrocincla merula (Lcht.).
Dendrocolapte8 Merula Lichtenstein, Abhandl. Akad. Berlin
a. d. Jahren, 1818-1819 (publ. 1820), p. 208 (Cayenne,
type in Mus. Berlin).
Dendrocop8 merula Lafresnaye, Rev. Mag. zool., 1851, p. 467
(Mission de Sarayacu).
a, adulte, monté, de Sarayacu, Pérou, par Gastelnau et
De ville. Individu décrit par Lafresnaye, 1. c. Aile 99 ; queue
80;bec24min.
Cette espèce se reconnaît facilement par la portion
médiane de la gorge d'un blanc soyeux et par les couver-
tures supérieures des ailes d'un roux châtain foncé comme
les rémiges. Chez toutes les autres espèces elles sont de la
couleur du dos; les rémiges seules étant roux châtain.
118. Dendrocolaptes pallescens Pelz.
Dendrocolaptes pallescens Pelzeln, Zur Ornith. Brasil.t I
(1867), p. 43, 61 (Estiva et Engenho do Gama : Matto-
grosso).
Dendrocolaptes cayennensis (nec Gmelin), d'Orbigny et
Lafresnaye, Syn. Av., II, in Mag. zool.y 1838, cl. H, p. 11
(Chiquitos, rep. Boliviana).
a, adulte, de Chiquitos, Bolivie, par d'Orbigny, .1834)
D. 251.
fc, adulte, monté, des Yungas de Bolivie, par d'Orbigny,
1834, n° 251.
Cette espèce, très rare, se reconnaît facilement par les
maculatures du sommet de la tête. La couleur générale est
d'un brun pâle comme le dos, toutes les plumes portent le
long de la tige une ligne étroite d'un blanc jaunâtre et
sont terminées à la pointe par une bordure noirâtre. La
mandibule supérieure a une couleur cornée très pâle, l'in-
férieure est jaune blanchâtre,
PASSEREAUX TRAGHÉOPHONES. 123
Ce sont les spécimens dont parle Lafresnaye, sous le
nom de Dendrocops cayennensis, in Rev. Mag. sool., 1851,
p. 321, 324, comme ayant été rapportée de la Bolivie, par
d'Orbigny.
119. Dendrocolaptes plagosus Salv. et Oodm.
Dendrocolaptes plagosus Salvin et Oodman, /fris, 1883, p. 210
(Camacusa, Ouyane britannique).
Dendrocolaptes plagosus Menegaux, Bull. Mus. Parist X
(1904), n° 4, p. 179 (rivière Carsevenne, contesté franco-
brésilien).
Dendrocops cayennensis (neo Omelin) Lafresnaye, Rev. Mag.
iooI.j 1851, p. 321 (part. : description de l'adulte).
Dendrocolaptes certhia Pelzeln, Zur Orn. Brasil. I (1867), p. 43
(part. : Barra do Rio Negro et Porte do Rio Branoo,
Brésil, sept.).
Dendrocolaptes oariegatus Ridgway, Proc. 0. S. Nat. Mus. XI
(1888), p. 546 (« Bahia », localité sans doute fausse).
LeQrlmparPieucule} Levaillant, Hist. nat. Promerops etc. {l$01)}
p. 67 (part. : description de l'adulte), pi. 26.
a, adulte, de la rivière Carsevenne, contesté franco-
brésilien par M. P. Oeay, 1904.
Cette espèce est très voisine de D. validus Tsch. !, et
présente le même dessin au sommet de la tête, mais elle
t'en distingue par les caractères suivants. Le dos est assez
nettement rayé de noir ; les couvertures supérieures, petites
et moyennes, des ailes portent une strie linéaire d'un
ocreux pâle le long de la tige, et avant la pointe celle-ci est
coupée par une bande angulaire noire; toute la poitrine
ainsi que l'abdomen sont marqués de bandes transversales
1. Non* en avons trois exemplaire* sou les jeux : de Mérida, Venezuela, d'An*
taoqoU et de Bogota, Colombie.
124 A. MENEGAUX ET C.-È. fiELLMAYA.
noirâtres qui sont plus larges et plus régulières que chez
D. validus.
Nous ajouterons que c'est à D. plagosus qu'il faut rapporter
la description de l'adulte et la figure données par Levait-
lant, ainsi que la diagnose du plumage de l'adulte de Den-
drocops cayennensis, publiée par Lafresnaye. La description
du soi-disant jeune se rapporte à une tout autre espèce,
D. certhia (Bodd.). Pelzeln a aussi confondu ces deux espèces,
mais en sens inverse ; pour lui D. plagosus était le jeune, et
D. certhia l'adulte.
Le Musée de Vienne possède de l'espèce dont nous par-
lons une p ad. du Forte do Rio Branco, et quatre échantil-
lons de Barra do Rio Negro (= Manaos).
Après avoir lu la description de D. variegatus Ridgw.,
nous sommes forcés d'admettre qu'elle se rapporte à D. pla-
gosus ; la localité indiquée (Bahia) est certainement
fausse.
120. Dendrocolaptes certhia certhia (Bodd.).
Picu8 certhia Boddœrt, Tabl. PL enl., 1783, p. 38 (ex Dau-
benton, PL enl.} 621 : Le Picucule, de Cayenne).
Qracula cayennensis Gmelin, Syst. NaL, 1, 1(1788), p. 399
(ex Daubenton).
Qracula scandens Latham, lnd. orn., I (1790), p. 193 (ex
Daubenton).
Dendrocolaptes certhia Pelzeln, Zur Orn. BrasiL, I (1867),
p. 43 (part. : Barra do Rio Negro et Forte do Rio Branco).
Dendrocops cayennensls Lafresnaye, Rev. Mag. %ool.^ 1851,
p. 320 (part. : junior avis).
a, cf, ad. de la rivière Gamopi, intérieur de la Guyane
française, par F. Geay, en 1900.
6, c, ^ et p ad., des Montagnes de Merumé, Guyane
britannique, par H. Whitely, juin 1881. Coll. Boucard.
PASSEREAUX TRACHÉOPHONES. 125
dy *, adultes, montés, de Cayenne, par Délai ande et par
Poiteau.
f, adulte, de Para, par Barraquin, en 1859.
C'est à cette espèce que se rapporte la description du
jeune âge donnée par Lafresnaye et par Le vaillant.
121. Dandrocolaptes certhia radiolatus Sel. et Salv.
Dendrœolaptes radiolatus Scia ter et Salvin, P. Z. S., 1867,
p. 755 (type ex Yurimaguas, Pérou sept).
Dendrœolaptes certhia Pelzeln, Zur Orn. Bros il., I (1867),
p. 43 (part. : Marabitanas, Rio Negro sup.).
a, o* jun.,deChamicuros, Pérou sept, or., par E. Bartlett.
Coll. Boucard.
by c, adultes, de Pébas, Pérou sept, or., par Castelnau
et Deville, rapportés en 1846.
d} e, f> adultes du Rio Napo, Equateur oriental, par
Wiener, 1881.
Ces oiseaux ne se distinguent de la forme typique que
par les bandes noirâtres du manteau et des parties infé-
rieures, un peu plus marquées et plus régulières.
L'étude de séries complètes provenant du Para, des
Ouyanes, du Rio Branco, du Caura, de l'Orénoque, de
Marabitanas (Rio Negro), de Manaos, du Rio Napo, du Pérou
nord-oriental et du Rio Jurua, Brésil, montre qu'il y a tous
les passages entre D. e. certhia et D. c. radiolatus. Il est à
remarquer que la forme D. c. concolor sans bandes trans-
versales habite les bords du Rio Madeira et que près de 8an-
tarem, Amazone inférieur, se trouve encore une forme,
D. e. ridgwayiy qui fait le passage à D. c. certhia.
D'un autre côté, la forme qui habite l'Amérique centrale
jusqu'au Honduras et qui descend au sud jusqu'au nord-
ouest de l'Equateur, présente les mêmes caractères que
0. c. radiolatus, mais plus accentués. On la distingue sous
le nom de D. c. sancti-thom* (Lafr.).
126 A. MENEGAUX ET C.-E. HELLMAYR.
Nous avons ainsi fermé le cercle de dispersion des formes
du type D. certhia.
Les spécimens b et e sont ceux que mentionne Lafres-
naye sous le nom de D. cayennensis (Rev. Mag. zool., 1851,
p. 324) comme ayant été rapportés du Pérou par Castelnau.
Les quatre échantillons recueillis par Natterer, près Mara-
bitanas, sur les bords du Rio Negro supérieur, se rap-
portent plutôt à la forme dont nous parlons quoiqu'ils
soient un peu intermédiaires entre celle-ci et D. certhia
certhia.
>♦*
LE TIR
OOHTBB
LES ORAGES A GRÊLE
FA»
M. J. CAMUSÀT
La défense oontre la grêla i peina née d'hier, malgré quelquea
vagues antériorité*, a fait de tels progrès qu'elle n'a pour ainsi
dire paa eu d'enfance.
Lee résultats aoquis ont été presque dés le début oe qu'ils sont
aujourd'hui, c'est-à-dire le plus souvent concluants. Dès lors,
révolution de la défense ne semblait plus devoir résulter que de
questions d'ordre général, ayant trait plus spécialement k l'orga-
nisation des stations et aux règlements du tir.
Il n'en fut pas ainsi cependant Cette évolution fut quelque
peu retardée par suite de la difficulté de se procurer les ressources
nécessaires pour l'installation des canons, et, malgré les modifi-
cations économiques importantes pouvant résulter de l'usage des
fusées d'artifice, une certaine méfiance, provenant peut-être de
réclames trop pompeuses, ne cessa de régner jusqu'en ces der-
niers temps parmi nos populations rurales.
A une époque où la culture intensive et raisonnes devient si
nécessaire pour suffire aux besoins d'une population toujours
croissante, les tirs grélifuges semblaient pourtant arriver en leur
temps.
128 J. GAMUSAT.
L'agriculture qui, en de patients efforts, apprit à lutter contre
les plus dangereuses maladies des végétaux, ne pouvait en effet
rester plus longtemps impuissante contre la dévastation par la
grêle, le plus terrible fléau naturel qui, avec les gelées pri n ta-
nières, peut, en quelques minutes, détruire les plus belles espé-
rances.
Malgré une expérience de plusieurs années, l'œuvre ne fait
donc que commencer, mais il semble possible, dès à présent, de
prévoir une époque prochaine où, grâce à une vaste organisation,
peut-être aussi à de nouveaux procédés, la défense grêlifuge
appartiendra définitivement aux grandes épopées des luttes agri-
coles.
Un grand pas a déjà été fait dans cette voie, bien que le plus
difficile reste peut-être à faire. Il est indispensable de réussir à
tirer de leur apathie nos cultivateurs qui, trop souvent éprouvés,
n'appuient le plus souvent leur résistance au progrès que sur des
questions de dépenses, doutant toujours des résultats futurs.
Une organisation lente et de proohe en proche sera seule
susceptible d'avoir raison de ces résistances qui tomberont natu-
rellement devant la certitude des résultats acquis.
Les volontés, plus souvent timides qu'obstinées, seront plus
faciles à briser lorsque les agriculteurs plus éclairés comprendront
que, en attendant mieux, le tir contre les nuages procure comme
moyen préventif de réels avantages, et que point n'est besoin
d'être un savant pour tirer profit d'un prooédé qui comporte en
lui-même beaucoup plus de pratique que de théorie.
C'est dans cet ordre d'idées que j'entreprends de résumer l'état
actuel de la défense grêlifuge ; je serai pleinement satisfait si
l'humble pierre que j'apporte à l'édifice peut contribuer quelque
peu à son achèvement.
Observateur peu convaincu au début, je l'avoue, c'est avec la
plus grande attention toutefois que j'ai suivi l'évolution de la
nouvelle armée, et, grâce aux nombreux et précis renseignements
que j'ai pu recueillir auprès des personnes les plus autorisées,
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 129
j'ai dù modifier mon opinion et m'incliner devant l'éloquence
des chiffres.
Qu'il me aoit permis de remercier ici tous ceux qui ont bien
voulu m'aider dans cette tâche difficile :
M. J. Ohatillon, président du Syndicat agricole des cantons de
Villefranche et d'Anse, de la Société de tir contre la grêle de
Limas, président de la Commission d'études et de défense grô-
lifuge nommée par la Société régionale de viticulture de Lyon
en 1905;
H. L. Morel, de Villefranche (Rhône), qui s'est mis très ami-
calement à ma disposition pour me procurer tous les renseigne-
ments relatifs au Beaujolais;
M. Battanchon, notre savant professeur d'agriculture de
8aône-et*Loire, dont on ne demande jamais en vain l'assistance,
qui a bien voulu m'aider i compléter mes documents sur les
départements de Saône-et-Loire et de la Oôte-d'Or ;
H. E. Château, instituteur à Bourg-le-Comte (8a6ne-et-Loire),
membre de la Société d'histoire naturelle d'Autun, qui a mis le
plus grand empressement, non seulement à répondre à mes
demandes de renseignements, mais encore à me recommander
aux personnalités les plus en vue des syndicats grélifuges de notre
région;
M. A. 8imonin, secrétaire du Syndicat grélifuge d'Avril ly
(Allier) ; M. Tachon-Brunet, professeur à l'École pratique d'In-
dustrie de 8ain t-Étienne ; M. 8eltensperger, professeur spécial
d'agriculture i Charolles ; M. F. Vassilliére; qui ont eu l'amabi-
lité de bien vouloir répondre à la demande de M. Château et de
m'adresser les renseignements en leur possession.
Que ces Messieurs reçoivent l'expression de ma profonde
reconnaissance.
J. C.
-*• —
TOME XIX. 9
130 J. CAMUSÀT.
I
Historique et Considérations générales.
Les orages, avec leur cortège de fléaux, ont de tout
temps affligé l'humanité, notamment les populations rurales
qui généralement en subissent les plus graves atteintes.
A la campagne, en effet, la foudre peut allumer des incen-
dies, rapidement propagés à travers les quantités impor-
tantes de matières inflammables : bois, paille ou foin, accu-
mulées dans les bâtiments d'exploitation ; les modifications
climatériques résultant d'un orage, ou plutôt d'une série
d'orages, peuvent compromettre la quantité et surtout la
qualité des récoltes; enfin la grêle peut, en quelques
minutes, détruire l'œuvre laborieuse de toute une année
et occasionner des pertes confinant à la misère pour les
petits cultivateurs.
La crainte des orages doit être aussi vieille que l'huma-
nité, et constamment l'homme a dû imaginer des moyens
propres à les détourner, tout au moins à en atténuer les
effets. Ne savons-nous pas en effet que, bien avant que
l'on songeât au paratonnerre, les soldats des antiques
cohortes fichaient leurs lances dans le sol, la pointe en
l'air, pour se préserver de la foudre.
Nos ancêtres les Gaulois n'échappèrent pas eux-mêmes
à cette peur instinctive et, ainsi que les anciennes peu-
plades de la Grèce, ils tiraient des flèches contre les nuages
menaçants.
Plus tard, dans ses Capitulaires, Charlemagne parle de
l'art de diriger les orages *, mais il dut condamner comme
superstitieuse la coutume d'élever de hautes perches por-
tant des signes cabalistiques à leur sommet.
1 . Ceux qui à ces époques prétendaient posséder l'art de diriger les orages se
nommaient les Tempestaires.
LK TT» OÛSTXË. LX> OàAttS A âfttXJC. 131
A d'antres époques moins lointaines on chercha à
ililwu— les orages par ébranlement de l'atmosphère et,
es 1527, Benvenuto Gelljni, le célèbre graveur-orfèvre de
Florence, assure avoir préservé Rome de la grêle es utili-
sant la détonation des pièces d'artillerie.
Après Cellîni, jusque vers le milieu du dix-huitième siècle,
on ne retrouve plus d'exemples de l'usage des canons contre
la grêle; cependant, dans beaucoup de campagnes ita-
liennes, et même en France, on conserva très longtemps
lliabitode de tirer de nombreux coups de fusils ans appro-
ches des orages.
Jusqu'en ces dernières années, si toutefois la coutume
s'en est complètement perdue, il fut également d'un usage
fréquent, dans certaines contrées, de sonner les cloches i
toute volée pour conjurer le danger. Il importe de remar-
quer toutefois, que cette pratique n'était pas sans danger
pour les sonneurs qui étaient souvent atteints par la foudre,
attirée autant par le déplacement d'air provoqué par le
mouvement des cloches, que par la forme élancée des
clochers.
Lorsque Franklin eut découvert le paratonnerre, plu-
sieurs systèmes de paragriles, utilisant la propriété des
pointes, furent proposés pour combattre les orages : en
1787 par Bertholon; en 1788 par Pinnanzi, de Mantoue;
en 1818 par Lapostolle; en 1821 par Thollard, professeur
à Tarbes. Quelques-uns provoquèrent un certain enthou-
siasme, mais aucun ne fut de longue durée.
En 1891, un savant italien, M. Bombicci, voulant sans
doute mettre i profit la pratique des coups de fusils et la
rendre plus efficace, lança l'idée des canonnades contre la
grêle. Cette idée qui n'eut pas de suite immédiate, était
alors loin d'être nouvelle, car, en dehors même de l'expé-
rience de Benvenuto Cellini, la pratique du tir contre la
grêle avait pris naissance en France vers le milieu du dix-
siècle.
132 J. CAMUSAT.
M. H. Sagnier, dans son Journal de l'Agriculture, du
23 février 1901, a retracé l'historique de ces premiers
essais français, mais il ne sera pas sans intérêt d'en repro-
duire ici les principaux traits.
Les premières observations sérieuses, relatives aux effets
produits par le tir du canon sur les orages, émanent surtout
de marins, et semblent devoir être reportées i la fin du
dix-septième siècle; mais ce n'est que dans Y Encyclopédie
de d'Alembert et Diderot que l'on retrouve, en 1760, les
premières propositions ayant trait à la mise en application
de ces observations.
Le chevalier Louis de Jaucourt, qui fut l'un des plus
actifs collaborateurs de cette vaste publication, y consacre
au mot Orage un très long article, dans lequel il expose
un projet de tir qui, bien que pouvant paraître suranné
aujourd'hui par les expressions antiscientifiques qui y sont
usitées, mérite cependant d'être cité :
Nous avons oui dire plus d'une fois à nos militaires, que le bruit
du oanon dissipe les orages, et qu'on ne voit jamais de grôle dans
les villes assiégées. Je n'oserais assurer qu'on puisse compter sur cette
observation ; il semble pourtant que l'aooord de tant de gens dignes de
foi, qui prétendent l'avoir faite, doit être de quelque considération.
Lorsque j'examine la chose en physicien, et relativement aux prin-
cipes ci-dessus, cet effet du oanon ne me paraît pas hors de toute
vraisemblance. Après tout, que risquerait-on à faire un essai?
Quelques quintaux de poudre, les frais du transport de quelques
pièces de oanon qui ne vaudraient pas moins pour avoir été employées
à cet usage.
Vingt ou trente pièces de canon, peut-être un plus petit nombre
pourrait suffire pour faire oette expérience, en les plaçant trois à
trois ou quatre à quatre de distance en distance, comme serait à
une lieue ou à une lieue et demie les unes des autres.
Peut-être qu'au moyen de oette espèce de mouvement d'ondula-
tion qu'on exoiterait dans l'air par l'explosion de plusieurs canons
tirés les uns après les autres, on pourrait ébranler, diviser, dissiper
le nuage qui commence à fermenter.
Peut-être qu'on écarterait les nuages voisins, et qu'on dissiperait
toutes ces parties de différents mixtes répandus dans l'air; en sorte
LE TIR CONTEE LES ORAGES A GRÊLE. 133
qu'on empêcherait l'effet de cette vertu attractive qui assemble tout
au même endroit; car ce n'est qu'à la faveur du calme extraordinaire
qui règne dans l'air, que peut se former et continuer cette espèce
de chaîne que font ces différents corpuscules en e'êlevant vers
Venge les uns à la suite des autres. Or le bruit du canon, en trou-
blant ce calme, ne doit-il pas rompre cette chaîne, et faire cesser la
fermentation, en lui dérobant des ferments qui sans doute servent
à l'entretenir?
Je ne porte pas plus loin mes conjectures, et je finis cet article en
conjurant les physiciens de vouloir bien examiner s'il n'y aurait pas
de bonnes raisons pour engager les malheureux habitants des pays
sujets à la grêle, à faire l'expérience du canon pour tâcher de se
délivrer de ce fléau.
Peut-être des raisons de douter devraient-elles suffire pour presser
l'exécution de ce projet. En effet, pour la conduire avec prudenoe,
on doit balancer le danger qu'il y a de faire une dépense inutile par
le degré d'utilité que cette même dépense peut procurer, si l'expé-
rience réussit. Or, l'utilité serait grande sans doute. Il n'y a pas
d'années où la grêle ne ravage la moitié, quelquefois les trois quarts
des diocèse de Rieux, Comminges, Couserans, Auch et Lombes,
•ans compter que les endroits épargnés rendent beaucoup moins,
parce que le propriétaire découragé néglige la culture de son champ,
et souvent le laisse en friche, n'ayant pas de quoi semer; il y a même
certains quartiers dans ces différents diocèses qui sont prêtés régu-
berement toutes les années, souvent deux, trois, jusqu'à quatre
fois dans la même année, ce fait est certain, et l'auteur ne le
sait que trop. Donc il semble que l'incertitude du succès ne devrait
empêcher qu'on la fit.
Au reste, pour éviter l'embarras qu'il y aurait à faire transporter
du canon, et la difficulté qu'on pourrait trouver à obtenir la per-
mission de déplacer celui de nos villes de guerre, ne pourrait-on
pas faire usage des bottes à feu propres à produire le même effet
dans l'air ? Et si cela se peut, comme je n'en doute pas, quelle forme
faudrait-il leur donner pour que l'inflammation de la poudre qu'on y
enfermerait, excitât dans l'air la plus forte commotion qu'il serait
possible? Cest ce que je voudrais qu'on examinât
Ne pourrait-on pas encore faire des bottes à vent, dans lesquelles
on comprimerait l'air à un tel point, qu'en le laissant échapper tout
à la fols, il se débanderait avec force sur l'air extérieur, dans lequel il
exciterait un ébranlement à peu près psreil àoelui qu'excite la poudre
quand elle prend feu dans le canon? Autre question à examiner.
134 J. CAMUSAT.
Le projet du chevalier de Jaucourt relatif aux boites à
feu fut mis à exécution peu de temps après.
Arago s'est également occupé de cette question du tir
contre les orages.
Dans sa notice sur le tonnerre, qui forme la plus grande
partie du tome IV de ses Œuvres complètes (publié en 1854),
il y développe un assez long paragraphe intitulé : Du bruit
du canon considéré comme moyen de dissiper les orages.
Il mentionne d'abord, à titre documentaire, les Mémoires
du comte de Forbin, parus en 1729, où l'auteur constate
que « sur les côtes voisines de Carthagène-des-Indes (Amé-
rique du Sud), l'amiral d'Estrées dissipait les orages, jour-
naliers dans cette région tropicale, en tirant des coups de
canon. »
Arago ajoute : « Dans divers pays, les agriculteurs,
encouragés par l'opinion des hommes de guerre, ont main-
tenant recours au bruit du canon lorsqu'ils se croient
menacés d'un orage, et surtout d'un orage chargé de
grêle. A quelle époque cette pratique est-elle née ? »
Le premier document qu'il cite est l'article de Y Encyclo-
pédie y puis il ajoute avoir lu dans le tome VIII de l'Histoire
de Y air et des météores qu'en mai 1769, dans le comté de
Ghamb, en Bavière, les campagnes furent ravagées par la
grêle, « excepté celles dont les habitants ont introduit
l'usage de faire, aux premiers coups de tonnerre qui se font
entendre, des décharges multipliées de boites et de petits
canon s. »
Arrivant ensuite aux applications dont il a eu connais-
sance, il s'exprime ainsi :
C'est vers cette môme année 1769 que M. le marquis de Chevriers,
ancien officier de marine, retiré dans 0a terre de Vaurenard
(Maçonnais), imagina de combattre le fléau de la grêle de la manière
dont il avait vu en mer dissiper, à ce qu'il croyait, les nuées
orageuses, o'est-à-dire à l'aide des explosions de l'artillerie. Il con-
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 135
sommait annuellement, pour ce seul objet, 100 à 450 kilog. de poudre
de mine.
Le marquis de Cbevriers mourut au commencement de la Révo-
lution ; mais les habitants de sa commune, convaincus de la bonté
du procédé qu'il avait mis en usage, continuèrent à l'employer. Je
trouve dans un mémoire rédigé sur les lieux par M. Leschevin, com-
missaire en chef des poudres et salpêtres, qu'en 1806, les boites et
les canons étaient en usage dans les communes de Vaurenard, d'Igé,
d'Azé, de Romanéohe, de Julnat, de Torrins, de Pouilly, de Fleury,
de Saint-Sorlin, de Viviers, des Bouteaux, etc. La commune de
Fleury se servait d'un mortier qui recevait 500 grammes de poudre
à la fois ; d'autres employaient des boites plus ou moins larges;
c'est ordinairement sur les hauteurs que les décharges se faisaient.
La consommation de poudre de mine était, pour ce seul objet, de
400 à 500 kilog. par an.
Le procédé du marquis de Cbevriers n'est pas resté concentré dans
le Maçonnais. Naguère, un maire des environs de Blois m'apprenait
que, dans sa commune, on tirait également des boites à l'approche
des orages, et désirait savoir si la science avait légitimé cette cou-
tume, ce qui, par parenthèse, ne semblait pas indiquer que l'usage
en eût complètement démontré l'efficacité.
Arago cite ensuite un certain nombre de faits contraires
empruntés aux observations des marins, mais, toutefois, il
ne nie pas l'efficacité possible du tir et conclut prudem-
ment : « Je me bornerai seulement i dire que, relative*»
ment aux nuages communs, la détonation des plus forts
canons parait être sans influence. Voili donc un problème
qui exigera de nouvelles recherches. Je prendrai la liberté
de le recommander à MM. les généraux, commandants de
nos écoles d'artillerie. »
Dans le paragraphe qu'il consacre plus loin aux sonne-
ries des cloches, Arago apporte également la plus grande
réserve dans ses appréciations ; mais, bien qu'au fond il ne
semble pas très partisan de cette coutume, il condamne
durement l'assurance avec laquelle bien des gens se pro-
noncent sans motifs.
« En remarquant, dit-il, la réserve que j'ai mise à m'ex-
136 1. C AMUSAT.
pliquer sur l'utilité vraie ou imaginaire de sonner les cloches
en temps d'orage, on sera étonné de voir l'assurance avec
laquelle certaines autorités administratives se prononcent
à ce sujet. Je vois, en effet, dans un arrêté de M. de M...,
préfet de la Dordogne, en date du lir juillet 1844, — que
l'opinion suivant laquelle le son des cloches aurait la vertu
d'écarter la foudre ou d'en paralyser les effets n'est fondée
que sur la superstition, et que le moyen doit infailliblement
amener la chute du météore — On voit par ce passage,
que la fausse science n'est pas moins dangereuse que
l'ignorance complète, et qu'elle conduit infailliblement à
des conséquences que rien ne justifie. »
Pour savoir ce qu'il était advenu des pratiques signalées
par Arago, et pour répondre à un désir exprimé par
M. Gustavo Massa, avocat à Oênes, M. H. Sagnier pria
M. J. Longepierre, de Mâcon, de se livrer sur ce sujet à
une enquête dans le pays qu'il connaît bien et qu'il parcourt
souvent. Voici en quelques mots le résultat de cette enquête
tel que l'a donné le Journal de l'Agriculture du 23 février 1901 :
« La pratique des tirs suivant la méthode inaugurée par
le marquis de Ghevriers s'est maintenue pendant une grande
partie du dix-neuvième siècle dans un certain nombre de
communes du Maçonnais et du Beaujolais. Cinq de ces
communes forment un groupe compact : ce sont celles de
Vauxrenard, Fleurie, Ghénas et Juliénas, dans le canton de
Beaulieu (Rhône), et celle de Romanêohe, dans le canton
de la Chapelle-de-Guinchay (Saône-et-Loire). En dehors
de ce groupe, figurent, dans le département de Saône-et-
Loire, les communes d'Azé, canton de Lugny et d'Igé,
canton de Gluny, et dans le département du Rhône, celle
de Saint-Vérand, dans le canton de Bois-d'Oingt. Dans
ces communes, les vieillards ne se souviennent pas du début
de ces opérations ; mais ils disent qu'elles remontent très
loin. Il est donc certain que, pendant une période très
longue, on y a cru à l'efficacité des tirs.
LE TlR CONTRE LES ORAGES A GRÂLE. 137
» La forme des mortiers ou des boîtes variait suivant
les communes ; sans que l'on ait de documents précis à cet
égard, la forme la plus commune se rapprochait de celle
d'un seau tronconique, lequel portait, à peu près aux
deux tiers de sa hauteur, deux tourillons destinés à le
fixer sur un affût.
» Ces appareils étaient généralement en fonte ; leur poids
pouvait varier de 50 à 150 kilog. La charge variait de
500 à 1,200 grammes de poudre de mine, suivant la force
du mortier; on bourrait le plus fortement possible avec
du papier et du sable. L'allumage se pratiquait par une
mèche traversant un trou peroé à la partie inférieure de
l'appareil.
» L'organisation des tirs était des plus simples. Chaque
commune avait son artilleur, c'est-à-dire un habitant, géné-
ralement un ouvrier sédentaire, qui était chargé de l'en-
tretien du mortier, de l'achat de la poudre et du tir. Quand
un orage menaçait, il exécutait les tirs comme il l'enten-
dait, en suivant des méthodes traditionnelles; aucune
autre personne ne s'en occupait. La rémunération de
l'artilleur était en nature : au moment des vendanges,
il taisait le tour des vignes, et chaque vigneron lui donnait
sa rétribution en raisin ou en vin. La méthode était
patriarcale.
» Quand et pourquoi a-t-on cessé de tirer? La réponse est
la même presque partout : le tir a été arrêté au moment de la
crise phylloxérique. Dans cette région fortement éprouvée,
les vendanges avaient à peu près disparu; l'artilleur
n'avait plus de rémunération, il a cessé son service. Il y a
cependant au moins une exception : dans la commune de
8aint*Vérand, où la durée de la crise a été moins grande,
on a maintenu la pratique des tirs, mais, depuis 1899, on
a adopté au-dessus du mortier un cône en tôle pour en
faire un canon moderne.
» Et maintenant, dit en terminant M. H. Sagnier, peut*
138 3. CAMUS AT.
on tirer une conclusion de ces faits? La confiance des
vignerons des communes citées a- 1- elle été justifiée par
une immunité réelle oontre la grêle, ou bien était-elle
une foi aveugle? Les observations comparatives manquent
sur les résultats des tirs. Une seule affirmation est légitime,
c'est que cette confiance a duré jusqu'au jour où une cala-
mité d'une autre nature s'est abattue sur les vignes et les a
détruites. »
La France est relativement favorisée sous le rapport des
perturbations atmosphériques, et les orages de grêle n'y
atteignent que rarement l'intensité et la fréquence qu'ils
présentent dans d'autres contrées.
La Styrie, le Tyrol et la haute Italie, entre autres, ont
à souffrir cruellement de la grêle chaque année. D'après
M. Georges Ouénaux1, avant l'organisation des tirs contre
les orages, c'est-à-dire avant 1897-1898, on comptait en
moyenne par année : 26 jours de grêle en Piémont, 31 jours
en Lombardie, 28 jours en Vénitie. Par ces chiffres, dit-il,
on se rend compte de la dîme énorme prélevée par le fléau
sur les récoltes et on s'explique les efforts tentés pour s'en
affranchir.
Ce n'est qu'en 1896 que les premiers essais sérieux furent
tentés en Styrie par M. Albert Stiger, propriétaire et maire
de Windisch-Feistritz, qui avait vu son vignoble ravagé
par la grêle pendant dix années consécutives.
M. Stiger avait cru remarquer que chaque orage de
grêle était annoncé par un calme absolu de l'atmosphère
durant quelques secondes, et dont la caractéristique est la
lourdeur étouffante de l'air. Il fut ainsi conduit à penser
qu'en empêchant ce calme de s'établir, en produisant un
certain ébranlement dans l'atmosphère au moyen de fortes
détonations, la formation et la chute de la grêle seraient
rendues impossibles.
1. L'Agriculture nouvelle, n° du 27 Janvier 1900.
LE TIR CONTRE LSS ORAGES A GRÊLE- 139
Les expériences furent, sinon très concluantes, tout mu
moins assez encourageantes pour que l'organisation des
stations de défense fît de rapides progrès en Styrie et dans
le Tyrol.
En 1897 on y comptait trente-trois stations et cinquante-
six en 1898.
D'après les rapports officiels, pendant ces deux années,
la grêle ne serait pas tombée une seule fois dans le péri-
mètre protégé par le tir.
Ces résultats causèrent un grand émoi en Autriche et
en Italie. Les Italiens du Piémont et de la Vénitie qui,
comme il a été dit, subissaient de très grands ravages par
la grêle, allèrent en Styrie étudier les installations de
canons, et se mirent de suite i l'œuvre pour l'organisation
de la défense dans leur pays.
En 1899, 2,000 stations environ s'organisèrent dans
diverses provinces, et M. Edoardo Ottavi, député au Par*
lement italien, fut, dans son pays, l'apôtre de cette nouvelle
armée de défenseurs contre les éléments naturels.
Sous son inspiration les stations prirent un tel développe-
ment, qu'en trois ans on en comptait près de 15,000, repré-
sentant une superficie protégée de plus de 750,000 hectares.
En novembre 1899, un grand congrès international du
tir contre la grêle eut lieu à Casale-Montferrato (Italie); il
eut un succès inespéré et apporta les plus précieux encou-
ragements pour l'organisation des stations dans d'autres
contrées*
Ce n'est qu'au commencement de Tannée 1900 que la
défense contre la grêle fut propagée en France, par
M. Antonin Ouinand, propriétaire en Beaujolais, vice-
président de r Union du Sud-Est des syndicats agricoles.
Huit stations furent rapidement organisées : deux dans
le Beaujolais, trois dans le Bordelais, une dans laDordogne,
une dans le Jura et une i Épernay.
C'est dans le Beaujolais que furent faits les premiers
140 J. CAMDSAt.
essais français, en 1900. La première société fut organisée
à Denicé, par le Syndicat agricole de Villefranche et
d'Anse qui entreprit de tenter cette importante expérience.
Ces essais furent couronnés de succès et Ton se rappelle
le retentissement qu'ils ont eu dans la France entière.
Comme recherche d'une sanction scientifique, la question
fut portée devant l'Académie des sciences. Un rapport de
MM. G. Gastine et V. Vermorel, intitulé : Sur les projectiles
gazeux des canons proposés pour prévenir la formation de la
grêle, y fut présenté par M. Mascart, à la séance du
5 novembre 1900.
Dans ce rapport, que j'aurai l'occasion de rappeler dans
la suite, les auteurs y décrivaient en détail les expériences
auxquelles ils s'étaient livrés pour arriver à déterminer les
effet s balistiques du tir.
Quelque temps avant, en juillet 1900, M. le Dr Vidal,
d'Hyères, avait déjà fait à l'Académie une communication
sur l'emploi des fusées d'artifice contre les orages en
général et contre la grêle en particulier, et décrivait
quelques résultats obtenus par ce procédé.
L'opinion de nos savants fut loin d'être favorable au
système de tir contre les nuages.
A une séance de la Société nationale d'Agriculture,
le 28 novembre 1900, M. Mascart, discutant la récente
communication de MM. Gastine et Vermorel à l'Académie,
i laquelle il ajoute ses idées personnelles, cherche à
démontrer que l'on se trompe en affirmant que les projec-
tiles gazeux des canons grélifuges peuvent ébranler les
nuages. Toute l'énergie de ces projectiles, disait-il, consiste
dans une sorte d'anneau gazeux, animé d'un grand mouve-
ment tourbillonnant qui, divisé par les moindres obstacles,
peut tout au plus s'élever à 200 mètres, c'est-à-dire bien
au-dessous des nuages à grêle qui se tiennent vers une
altitude de 2,000 mètres, et reste impuissant même pour
percer des disques de papier très minces*
LK TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 14 1
Les expériences de MM. Oastine et Vermorel avaient
cependant démontré une force de perforation assez grande,
découpant dans des cibles en papier une zone annulaire
représentant les dimensions du tore gazeux au moment du
contact.
M. Berthelot, du même avis que M. Mascart, traitait
l'idée nouvelle de simple préjugé dont, paraît-il, on retrou*
verait la trace dans Plutarque.
D'après le monde savant, on s'enthousiasmait donc pour
une chimère ! ; mais, comme je chercherai i le démontrer
plus loin, cette discussion ne présentait pas une bien
grande importance scientifique, car elle reposait sur l'idée
erronée que l'action du tir agissait par ébranlement sur les
nuages.
Lie grand Congrès international de Padoue, qui dura
trois jours, et qui tenait ses assises à oe même moment,
releva le défi .
Les conclusions de ce Congrès, rédigées dans une dialec-
tique serrée, furent diamétralement opposées i l'opinion
de M. Mascart.
Quinze cents personnes, appartenant en majeure partie à
l'élite des professeurs, auxquels étaient venus se joindre
des officiers d'artillerie et des viticulteurs en renom,
assistaient à ce Congrès. Il y fut rendu oompte des
résultats obtenus dans divers pays. Les stations italiennes
qui, i elles seules, possédaient plus de dix mille canons,
avaient tiré plus de neuf millions de coups en 1900, et l'on
estimait que huit millions avaient produit un effet utile.
Malgré la constatation de quelques insuccès, semblant
résulter d'une mauvaise organisation de la défense, qui
demandait certainement i être perfectionnée, la résolution
f . Il est juste de faire remarquer loi que, plus tard, à la séance de l'Académie
du t février 1903, M. Mascart, à propoe d'une communication de M. Oberlin, relative
a TeOet des fusées contre les nuages à grélt, accorda plus de créance aux résultats
142 j. càmusat.
suivante, dont l'importance ne pouvait échapper, fut votée
à l'unanimité : le Congrès, ayant entendu successivement les
rapports et les discussions sur les résultats des tir$} retient
comme démontrée d'une façon irréfragable, par V ensemble des
renseignements obtenus, la grande efficacité du tir contre la
grêle.
La majorité des congressistes constate toutefois que,
malgré cette efficacité indiscutable, l'explication scienti-
Gque était encore à trouver.
Les patientes et coûteuses expériences entreprises de
toutes parts dans un grand but humanitaire semblaient
dignes en tout point du plus grand encouragement et le
jugement sévère, résultat d'une surprise peut-être, porté
sur elles par nos savants météorologistes, pouvait justifier
les paroles échappées Tannée suivante à M. J. Chatillon,
président du Syndicat agricole de Villefranche, dans le
compte rendu des expériences du Beaujolais pour l'année
1901 :
« Sans doute la science nous reprochera encore de ne
pouvoir expliquer comment agissent nos canons ; mais
nous n'attacherons qu'une médiocre importance aux cri-
tiques. Que les savants commencent eux-mêmes par se
mettre d'accord sur la vraie théorie de la formation de la
grêle. Quant à nous, nous continuerons à nous préserver
de ce terrible fléau, sauf à savoir plus tard comment. »
Les autres articles du rapport général du Congrès de
Padoue avaient trait à l'organisation des batteries, aux
remises à obtenir des compagnies d'assurances, etc., etc.
En 1901, la lutte contre les orages reprend plus ardente.
Profitant des enseignements du Congrès de Padoue, des
ligues se forment de toutes parts, non seulement entre les
communes, mais entre départements. C'est ainsi que prend
consistance, en France, le Syndicat de défense des Alpes
françaises, déjà ébauché en l'année 1900 sous l'inspiration
de M. Guinand. Ce syndicat devait comprendre les cinq
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 143
départements des Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Alpes-]
Urnes, Var et Vauoluse.
Un troisième grand Congrès international eut lieu à
Lyon en novembre 1901. Les résultats du tir y furent lon-
guement discutés, et, ainsi qu'à Padoue, on dut conclure i
son efficacité indiscutable. En outre, une plus longue expé-
rience permit de rédiger un programme beaucoup plus
circonstancié sur l'organisation de la défense, la discipline
du tir et les mesures à employer pour la sécurité des
artilleurs.
De pu Î8, les congrès régionaux ou les diverses assemblées
générales des commissions administratives des sociétés de
défense ont encore perfectionné les règlements.
Un grand nombre de vœux, dont plusieurs ont été
entendus en haut lieu, ont été émis dans tous ces congrès
ou assemblées. Les principaux de ces vœux concernant la
France visent surtout l'intervention des pouvoirs publics
pour rendre obligatoire, par extension des lois des 21 Juin
1865 et décembre 1888, la défense contre la grêle ! ; pour
l'essai et l'inspection du matériel de tir qui, soit par suite
de vices de construction, soit par détérioration, peut occa-
sionner des accidents très graves ; pour la fourniture de la
poudre aux associations dans des conditions assez avanta-
geuses pour permettre une défense très large et moins
onéreuse pour les sociétés syndicales, généralement peu
favorisées sous le rapport financier.
1. A la toile du Congrès de Padoue, te Parlement Italien, par une loi du
t Jnin 1901, a rendu le Syndicat de défense obligatoire pour tous les propriétaire*
compris dans son périmètre, lorsque les promoteurs ont obtenu l'adhésion d'an
•joins les deux tiers des intéresses, payant la moitié de l'impôt foncier sur le
terrain compris dans le périmètre à défendre.
D'antre part, la même loi (art. 13) décharge de toute taxe la fabrication et la
distribution des poudres spéciales destinées exclusivement aux syndicats de tir
contre la grêle.
Comme on le verra plus loin, cette loi qui, a priori, semblait devoir avantager
les syndicats de tir a été, au contraire, une cause d'entraves pour ta défense en
144 J. GAHUSAT.
Jusqu'alors le canon a été, ou à peu près, le seul engin
employé contre la grêle; cependant, l'usage des fusées,
préconisées par M. le Dr Vidal, se répand peu à peu, et, tout
à côté de stations de canons, s'organisent des sociétés se
servant exclusivement de fusées, et même des sociétés
mixtes.
Depuis sa première communication à l'Académie des
sciences, en juillet 1900, M. Vidal a poursuivi sans relâche
ses expériences, et, dans plusieurs notes excessivement
intéressantes, communiquées soit à l'Académie, soit i
divers congrès ou sociétés savantes, il a pu confirmer un
certain nombre de succès obtenus avec ses fusées para-
grêles.
A la séance de l'Académie du 2 février 1903, à propos
d'une note adressée par M. Ch. Oberlin, de Colmar,
M. Mascart faisait remarquer que les expériences citées par
l'auteur paraissaient avoir eu une véritable efficacité. « Le
tir contre la grêle, disait-il, ayant fait l'objet de nombreux
essais en ces dernières années, il est utile de signaler les
résultats obtenus par M. Oberlin dans l'emploi des fusées,
selon la méthode préconisée par M. le Dr Vidal. »
On ne saurait contester que les fusées paragrêles ont fait
assez bonne figure au Congrès de Lyon en 1901, mais, ainsi
que les canons, si elles ont leurs défenseurs, elles ont égale-
ment leurs détracteurs.
Le canon cependant semble devoir conserver encore
longtemps une situation prépondérante.
Simple engouement, dira-t-on, résultant des expériences
originelles qui ont fait développer très rapidement les sta-
tions avec cet engin qui n'avait alors aucun concurrent !
Peut-être ! Toutefois, de l'avis de beaucoup d'expérimen-
tateurs compétents, le canon, avec les derniers modèles
créés, semble devoir rester supérieur.
Les fusées ont incontestablement l'avantage de réduire
considérablement les frais de première installation des sta-
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 145
tions, mais elles présentent de sérieux inconvénients, dont
les plus importants sont leur prix de revient élevé et les
ratés nombreux auxquels elles sont sujettes.
M. F. Sisqué, l'un de leurs plus vaillants défenseurs,
leur attribue, dans une brochure qu'il vient de publier1,
une action supérieure à celle du canon, en raison de leur
éclatement i des hauteurs plus compatibles avec l'altitude
des nuages i grêle.
Bien que l'on compte en France de nombreuses sociétés
en faisant un usage exclusif, je ne crois pas que l'expé-
rience en soit encore suffisante pour permettre une com-
paraison définitive avec le tir du canon.
Ce qui frappe évidemment le plus dans l'emploi des
fusées, c'est leur consommation relativement faible, eu égard
aux nombreux coups de canon tirés pendant un orage ; ce
qui porterait à faire oroire i une efficacité plus grande.
Il n'est pas possible jusqu'alors de voir dans ce fait une
justification de supériorité. Les postes ne disposent gêné*
ralement que d'un seul pieu-porte-fwéâ et le montage de la
fusée nécessite un temps plus long que la préparation d'un
coup de canon.
D'autre part, le départ d'une fusée produit toujours un
certain effet attractif, et l'artificier improvisé a une tendance
naturelle à suivre son évolution aérienne, ce qui perd un
temps assez important. Si Ton tient compte en outre qu'étant
le plus souvent intéressé aux frais de l'association, il peut
être conduit i mesurer l'effet produit en raison de la
dépense, on pourra s'expliquer les différences constatées
dans le nombre de coups tirés par les deux procédés.
En tout cas, le tir lent des postes de fusées n'a pas encore
été justifié d'une façon irréfragable, et il est bien possible
que beaucoup d'insuccès constatés lui soient attribuables.
1. La ùéftnâë eaatre te grêU, résumé de conférence* faite* an 1904, par
F. Slaqoé, Ingénieur agricole (E. A. M ) Eo dépôt chez Pauleur a Rivet* Iles
TOME XÎX. 10
146 J. G AMUSAT.
Ainsi que pour toute chose nouvelle, il se fait en ce
moment une concurrence effrénée sur le commerce des
fusées, et il devient nécessaire de se méfier des réclames
tapageuses, les syndicats se laissant trop souvent tromper
par des propositions alléchantes.
Comme me l'écrivait à ce sujet M. Taehon-Brunet, pro-
fesseur à l'École pratique d'industrie de Saint-Étienne, « les
industriels qui prétendent arrêter les orages les plus vio-
lents avec une, deux, trois fusées ou bombes, au plus, ne
doivent pas être pris au sérieux. Actuellement tous les
artificiers veulent faire des fusées, comme autrefois tous
les industriels de notre région voulaient faire des canons.
Sous peu, ainsi qu'il en fut pour les canons, la fabrication
des fusées paragrêles sera localisée dans deux ou trois des
meilleures maisons techniques, pouvant présenter toute
garantie pour la qualité de leurs produits. »
Beaucoup de maisons vendent leurs fusées avec garantie
d'assurance en cas d'accidents de personnes ; ici encore on
ne saurait trop recommander aux intéressés de bien étudier
la police d'assurance du fabricant avant de signer un con-
trat. Bien souvent la police ne sert qu'à couvrir la respon-
sabilité du fabricant, et, en l'espèce, les tribunaux débou-
tent les victimes qui sont alors obligées de se retourner
contre les propriétaires ou les syndicats.
Les griefs reprochés au canon, en tant que portée des
effets balistiques, ne sauraient en aucune façon ratifier
une accusation d'impuissance comparativement aux fusées,
bien que ces dernières soient susceptibles de s'élever à
400 mètres, et même jusqu'à 600 mètres et plus, ainsi
qu'on a pu le constater dans les derniers essais effectués
au concours de Nuits-Saint-Georges (Côtc-d'Or), à la fin
de janvier 1904.
Cette appréciation me semble purement gratuite; elle
repose sur la théorie primitive, consistant à expliquer
l'action du tir par simple ébranlement de l'atmosphère, et
ls nm ooxrax les oaaess a âaftLK 14?
d'après laquelle l'efficacité doit être d'autant plus grande
que la détonation est plus rapprochée des nuages.
Cette théorie de la première heure n'est plus admissible
aujourd'hui, et les effets du tir doivent être attribués i des
causes bien différentes, ainsi que j'aurai l'occasion de l'ex»
pliquer plus loin.
Sans parti pris, il faut reconnaître une certaine effieaoité
aux fusées, et peut-être sont-elles appelées i devenir un
puissant auxiliaire du canon par l'alternance des postes.
Dans le courant de l'année 1903, un nouveau type de
canon grélifuge, se chargeant au gaa aoétylène, a fait son
apparition dans les champs de tir italiens. Ce canon a été
inventé par MM. Maggiora, Orasiani et C'\ de Padoue, et
le représentant français de cette société, M. Mabille, d'Àm-
boise, en a réparti quelques-uns, l'année dernière, à titre
d'essais, dans les stations de tir françaises.
D'après les expériences qui en ont été faites en janvier
1904, au concours de Nuits-Saint-Georges, la détonation de
ce canon est très vive et donne une impression brisante
très violente, beaucoup plus stridente que celle du canon
à poudre, produisant un sifflement du tore gazeux plus pro-
longé, ce qui implique une plus grande portée balistique.
Le gros avantage de ce système réside dans une diminution
très importante des frais de tir, et la question de l'extension
de ce canon se résume dans la sécurité qu'il peut présenter
i l'usage courant. Le gaz aoétylène est, en effet, un gaz
explosif délicat à manipuler, dont la réputation est mau-
vaise et malheureusement méritée dans beaucoup de cas.
Parallèlement à l'usage du canon et des fusées pour les
tirs grèlifuges, l'emploi des bombes aériennes explosives
fut proposé à diverses reprises.
Dès 1880, M. Bombioci en préconisait l'application, et,
bien que sa proposition ne fût pas prise en considération,
il la récidiva i plusieurs reprises.
Au Congrès de Lyon, en 1901, la bombe fut présentée
148 J. CAMUSAT.
par M. Vissière, artificier, et par M. Rachel Séverin, rédac-
teur en chef du Journal d'agriculture et d'horticulture de la
Gironde 9 mais elle ne retint pas l'attention des congressistes.
Cependant des expériences furent faites avec cet engin,
notamment dans la Gironde, où l'on crut devoir constater
une certaine efficacité.
D'après M. F. Sisqué qui en fait un historique rapide *,
les bombes furent d'abord lancées avec des mortiers, mais la
hauteur d'élévation était tout à fait insuffisante ; on fit alors
usage de tubes-canons de même diamètre que celui de la
bombe, ce qui donnait une force de projection plus grande.
Le matériel est des plus simples, le lance-bombes pou-
vant être constitué par un simple tube fixé assez solidement
dans le sol par une sorte de tarière. Au début les tubes
étaient courts, ce qui présentait un grand danger pour
l'artificier qui, souvent, n'avait pas le temps de se retirer et
risquait de se faire brûler la figure; pour éviter oe grave
inconvénient, on donne aujourd'hui à ce tube une longueur
qui n'est pas inférieure à lm20.
Les explosions du tube étant assez fréquentes on fut dans
l'obligation de les fretter sur tout ou partie de leur lon-
gueur, ce qui en augmente sensiblement le prix de revient.
On alla même jusqu'à essayer des tubes lance-bombes en
carton, mais, pour être moins dangereux en cas d'éclate-
ment, ces tubes ne pouvaient rendre de grands services,
ils ont l'inconvénient de ne pas durer longtemps ; l'inté-
rieur s'usant assez rapidement, la force de projection y
perd beaucoup de son intensité.
Un grave inconvénient du tube lance-bombes réside
dans l'obligation de le nettoyer à chaque coup, car il peut
y rester quelques débris de papier brûlé susceptibles de
provoquer une explosion anticipée de la bombe au moment
du rechargement.
f . Brochure citée.
Le tir contre les orages k grêle. 149
Pour faciliter ce nettoyage, en même temps que pour
empêcher la pluie d'y pénétrer, on a fait des tubes pouvant
s'incliner i volonté, mais cette modification ne semble pas
avoir avantagé bien sérieusement le système.
D'après les promoteurs de l'usage des bombes, leur effi-
cacité résiderait principalement dans l'action des poussières
solides lancées par la bombe, poussières qui troubleraient
le calme nécessaire à la congélation de la vapeur d'eau.
M. R. Séverin dit i ce sujet : « Les poussières atmosphé-
riques mises en mouvement par l'explosion, ainsi que les
poussières et fumées provenant directement de cette explo-
sion, tendent à condenser la vapeur d'eau au-devant du
nuage i grêle, ce qui arrête le développement du grêlon. »
M. Vissières, qui peut être considéré comme l'inventeur de
la bombe, alla même jusqu'à mélanger de la poudre de zino à
l'explosif, prétendant ainsi décomposer les molécules d'eau.
Tous ces raisonnements consistent à faire considérer la
grêle comme étant le résultat d'une cristallisation analogue
i celle d'un sel soluble dans ses eaux mères, mais une
semblable hypothèse paraîtra bien hasardée si l'on envi-
sage l'état d'agitation qui caractérise les couches gazeuses
des nuages.
M. J. Balondrade cheroha également à utiliser les
bombes à projeotions métalliques en employant la poudre
et les paillettes d'aluminium, mais sur un autre principe
que celui de la condensation des molécules de vapeur
d'eau. Partant de l'expérience de physique qui consiste 4
décharger une boule électrisée en projetant de la limaille
métallique i sa surface, M. Balondrade prétend agir de la
même façon sur les nuages.
Il est possible que, dans certaines circonstances, on puisse
ainsi produire une modification de potentiel dans les remous
nuageux, mais jusqu'alors ce système ne semble pas suffi-
samment développé pour en tirer des conclusions favorables.
Les bombes, quelle que soit leur composition, n'ont pas
150 J. CAMUSÀT.
fait preuve jusqu'alors d'une puissance ascensionnelle bien
considérable, les plus grandes hauteurs obtenues dans les
expériences n'ayant guère dépassé 300 mètres, et s'étant
limitées le plus souvent entre 200 et 250 mètres. En outre,
cet engin est sujet à de nombreux et graves accidents, ce
qui nuira toujours à son extension, au moins jusqu'à ce que
l'on ait trouvé un autre procédé de lancement. Les fusées,
du reste, pourraient très bien, si le principe était reconnu
excellent, se fabriquer avec un mélange de poussières
métalliques, ainsi que cela se pratique pour certaines
pièces d'artifice ; il faudrait toutefois, et la même remarque
peut s'appliquer aux bombes, éviter la combustion des
poussières métalliques au moment de l'explosion, l'oxyda-
tion qui en résulte tendant à détruire leur conductibilité
électrique.
C'est surtout dans les départements de la Gironde, du
Lot, du Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne, de la Dor-
dogne et du Gers que s'est localisé l'usage des bombes
paragrâles, et si des expériences en ont été faites dans
d'autres départements, ce ne semble guère être que d'une
manière incidente.
Je ne terminerai pas cet article relatif aux bombes sans
dire un mot sur les pétards métalliques imaginés par M. le
Dr Vidal. Ces pétards, lancés par un mortier du même
inventeur, éclateraient, d'après lui, entre 400 et 500 mètres,
mais jusqu'alors leur usage ne semble pas s'être beaucoup
répandu.
On est obligé de reconnaître que cette invention est plutôt
faite pour jeter quelque discrédit sur l'efBoacité des fusées,
dont M. Vidal pouvait être considéré comme le promoteur.
Si, comme je l'ai dit, la Franoe est relativement privilé-
giée sous le rapport des orages à grêle, il n'existe pas
moins certaines régions où les dégâts se chiffrent par
millions. Pour ne parler que de nos environs directs, il me
suffira de oiter tout spécialement le Beaujolais qui, dans une
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE.
151
période de dix années, de 1890 à 1900, a payé à la grêle
un tribut de plus de treize millions de francs, se répar-
tîsaant seulement sur la superficie de seize communes.
On peut se faire une opinion générale sur la répartition
de la grêle en France en consultant les statistiques établies
à cet effet.
M. Turquan a trouvé que, pour une période de vingt
années, de 1873 à 1892, le dommage annuel moyen de la
France ressort à 1 fr. 60 par hectare, en tablant sur la
superficie totale du territoire.
Ce chiffre est loin cependant d'être régulier et Ton peut
constater des écarts considérables entre diverses régions,
ainsi qu'il résulte du tableau ci-dessous établi pour un cer-
tain nombre de départements :
tiHxrmm
pfcATs kmm
flfflINCM TOTAL!
nVËCTAMM»
ftfcATI
Amdi Btym
PàMtmCtAMM
Finistère1
Tarn
fr.
1.850
1.062.000
1.020.000
2.866.000
2.730.000
3.400.000
2.763.000
289.000
2.337.000
694.000
1.921.000
5.600.000
5.100.000
2.285.000
3.164.000
1.450.000
2.150.000
875.000
1.698.000
672.171
574.216
372.016
521.174
535.396
628.988
452.945
412.211
631.626
478.405
619 799
628.031
279.039
475.962
855.175
742.272
795.051
583.556
499.402
fr.
1.85
2.78
5.50
5.10
5.40
6.10
0.70
3.70
1.45
3.10
8.95
18.30
4.80
3.70
1.95
2.70
1.50
3.40
Tarn-et-Garonne. . . .
Lot
Hautes- Pyrénées . . .
Pyrénées-Orientales
Ariège
Hérault
Oers
Rhône
Allier
Gard
Jura
1. Pour IVn«*tnbU do la Bretagne, la moyenne annuelle de* dépàu par heoUr*
•'«ièw l0(r. 10.
152 J. camusaî.
Bien que résultant de statistiques portant sur une
période de vingt années, ces chiffres sont loin de repré-
senter la réalité des dégâts. Il y a lieu, en effet, de
remarquer que le chiffre global accusé ne porte effective-
ment que sur les zones culturales, ne représentant qu'une
fraction plus ou moins grande de la superficie totale du
département.
Les terrains en friche ne subissent pas de dégâts; les
bois ne sont pas ou presque pas atteints ; la grêle, d'autre
part, ne tombe pas régulièrement et, le plus souvent,
n'exerce ses ravages qu'en suivant des bandes plus ou
moins larges; toutes conditions qui contribuent à aug-
menter considérablement le tribut annuel payé au fléau
par les contrées contaminées.
Dans le seul exemple du Beaujolais cité plus haut, les
seize communes considérées représentant une superficie de
8,000 hectares environ, et le chiffre global des ravages s'étant
élevé à treize millions de francs en dix années consécutives,
le dégât annuel par hectare ressortirait à 160 fr. environ ;
ce chiffre justifie pleinement l'énergie déployée par les
viticulteurs de cette région pour se défendre de la grêle.
Dans l'organisation de cette grande lutte pour la con-
servation des récoltes, on ne saurait, certes, accuser nos
propriétaires ruraux d'avoir subi les emportements que les
premières expériences avaient provoqués dans la haute
Italie, mais il faut constater que, pour avoir été moins
enthousiaste, la défense n'en a été que mieux organisée.
Malgré la vieille pratique du tir des boîtes dans nos
régions de Saône-et-Loire et du Rhône, la France ne
semble pas avoir eu l'honneur de l'innovation en cette
circonstance, mais c'est grâce i cette sage modération,
permettant de saines observations, que nos syndicats ont
pu obtenir des résultats de plus en plus encourageants, au
lieu de courir aux échecs malheureux qui ont fini par
annihiler les efforts des consorii italiens.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A ORÉLE. 153
Ces échecs n'ont pas eu, peut-être, un bien grand reten-
tissement en France, mais, néanmoins, ils servent trop i
raviver les opinions pessimistes des détracteurs irréduc-
tibles du tir grélifuge. Ils pourraient, si Ton n'en justifiait
les causes primordiales, décourager nos vaillants lutteurs,
et enrayer les expériences tendant i la preuve définitive de
efficacité du tir.
Tout récemment, à une séance de la Société nationale
d'agriculture, M. Angot, résumant certaines observations
de M. Pochettino, directeur de la station expérimentale du
gouvernement i Castelfranca (Italie), pouvait dire que
« l'opinion que le tir empêche, non seulement la grêle,
mais la chute de la foudre, n'est pas confirmée et que,
jusqu'alors, l'observateur italien n'avait pu obtenir aucune
preuve palpable de l'efficacité du canon. »
M. Angot estimait, toutefois, qu'il était nécessaire de
poursuivre les études commencées, jusqu'à ce qu'elles
aient donné le dernier mot sur la question de la lutte contre
la grêle.
Il faut bien reconnaître que la grêle est un phénomène
très irrégulier, et que, ne tombant souvent que par plaoes,
il n'est pas toujours possible d'affirmer qu'elle ne tombe
pas grâce au tir. On pourrait également, en choisissant i
travers les statistiques, démontrer que telle contrée qui
jadis payait une forte prime pour l'assurance contre la
grêle, ne paie plus aujourd'hui que des sommes très
minimes, les courants atmosphériques ayant subi des modi-
fications de direction, au grand désavantage d'autres
régions autrefois privilégiées.
Mais il ne s'agit pas ici de discuter pour savoir si la
grêle aurait dû ou n'aurait pas dû tomber. Les statistiques
annuelles relatives aux dégâts causés avant ou après l'usage
du tir sont là pour trancher la question, et les chiffres
qu'elles fournissent ne sont pas tout à fait dépourvus d'élo-
quence. Il paraîtrait certainement bizarre que dans le
154 J. CAMUSAT.
Beaujolais, par exemple, la grêle ait cessé naturellement
de commettre des dégâts importants juste au moment où
l'on commençait à attaquer les nuages. J'aurai à revenir
sur les statistiques beaujolaises ; il me suffit, pour le
moment, de dire que les orages y sont tout aussi fréquents
qu'avant l'année 1900, et que leur direction générale n'a
pas été modifiée.
Ainsi que le faisait remarquer M. Sagnier dans une
réponse à M. Angot, en attendant qu'un contrôle scientifique
soit organisé, il est intéressant en la circonstance de tenir
compte de l'attitude des compagnies d'assurances contre
la grêle ; depuis quelques années, ces sociétés ont une ten-
dance marquée à diminuer leurs primes annuelles au profit
des cultivateurs faisant partie d'un syndicat de tir. Ceci
permettrait de supposer que le tir n'est pas aussi inefficace
qu'on voudrait le dire.
Nos paysans ne sont pas, que je sache, gens à transfor-
mer aussi longtemps leur argent en fumée, s'ils n'avaient
constaté des avantages matériels sérieux dans la pratique
du tir.
La débâcle des sociétés de tir italiennes est regrettable à
tous points de vue, mais elle n'est pas de nature à faire
jeter l'anathème sur le principe même du tir. Il est néces-
saire, avant toute critique, d'établir quelques comparaisons
judicieuses entre ce qui se passe chez nous et ce qui s'est
passé chez nos voisins transalpins.
Ces échecs sont le résultat de conditions toutes spéciales,
bien caractérisées, qui ont engendré les pires erreurs, et
ne sauraient suffire pour enrayer les efforts de nos syndicats
français mieux avisés.
Ces conditions lamentables ont été résumées du reste,
avec la plus grande équité, par MM. J. Chatillon et B. Blanc,
désignés par la Société de viticulture de Lyon pour
enquêter en tous pays sur les résultats de la défense contre
la grêle.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 155
En oe qui concerne l'Italie, ces Messieurs se sont adres-
sés aux autorités les plus compétentes, voire même à
M. Pochettino, et leurs conclusions ne sauraient être taxées
de simple opinion personnelle.
Voici, en quelques mots, les principales conclusions de
leur rapport :
« Il y avait, en 1900, d'après ce que Von a prétendu au
Congrès de Padoue, près de quinze mille stations de tir
répandues dans toute la haute Italie, c'est-à-dire sur une
étendue immense de territoire, en Piémont, en Lombardie,
en Vénitie, en Emilie et jusqu'en Toscane.
» Toutes ces stations ne formaient, pour la plupart, que
des groupements peu importants et entièrement isolés.
L'emballement avait été si grand que partout à la fois on
avait voulu essayer de se préserver, mais sans tenir compte
des règles essentielles d'une bonne défense, que l'on ne
connaissait du reste pas encore suffisamment, deux années
seulement d'expériences n'ayant pu permettre d'en faire
l'apprentissage.
» C'est à partir de 1902 que la débftole devint générale,
non pas le plus souvent pour cause d'insuccès, mais pour
des raisons multiples dont les principales sont les sui-
vantes :
» 1* La plupart des sociétés étaient isolées et trop peu
importantes, et ne disposaient que d'un nombre d'appareils
insuffisants ;
» 2* Le plus souvent les postes avaient été plaoés à de
trop grandes distances les uns des autres, quelquefois à
plus de 1,200 mètres, d'où une protection insuffisante dans
les intervalles;
m 3* L'extrême faiblesse des pièces et leur mauvaise
qualité. On avait été si pressé de se procurer de l'artillerie
que les appareils avaient été construits très i la légère et
demandaient i être remplacés à brève échéance. Au début
on employait comme tubes de vieilles cheminées de looo-
156 J. CAtttlSAf.
motives et l'on en vint même souvent i se contenter de
cônes en bois;
» 4° Parfois l'insuffisance des charges de poudre. On
tirait avec moins de soixante grammes de poudre de mine
parce que beaucoup de canons n'auraient pu résister à des
charges plus importantes;
» 5° La mauvaise qualité de la poudre, et quelquefois la
difficulté de s'en procurer;
» 6* Les nombreux accidents, occasionnés le plus souvent
par les défectuosités du matériel, et qui inspiraient à tous
une frayeur bien facile à comprendre. A Padoue, on avait
relaté que l'on avait amené à l'hôpital de cette ville jusqu'à
soixante personnes blessées par les tirs, dans l'espace d'un
mois. Il arriva même que l'administration fut obligée d'in-
terdire le tir dans une société à cause d'accidents trop
nombreux ;
» 7° La mauvaise discipline, résultant le plus souvent de
ce que les artilleurs n'étaient pas intéressés à la protection
des récoltes ;
» 8° Les dispositions de la loi du 9 juin 1901, sur l'orga-
nisation des sociétés, qui ont soulevé des plaintes nombreuses
et justifiées, et entravé au lieu de l'encourager, la création
de nouvelles sociétés, tout en rendant plus difficile le fonc-
tionnement de celles existantes ;
» 9° La guerre acharnée faite, au début, par les compa-
gnies d'assurances contre la grêle, toutes puissantes en
Italie, pour empêcher le développement des sociétés. »
Telles sont les principales raisons qui ont apporté le
découragement en Italie et contribué i la disparition d'un
très grand nombre de sociétés. Toutefois on est heureux
de pouvoir constater que beaucoup de syndicats se sont
maintenus, après s'être réorganisés, et, qu'après la panique,
la confiance renaît dans celles de ces sociétés qui fonction-
nent régulièrement, avec des armes suffisamment puis-
santes.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 157
Partout ailleurs, en Autriche, en Suisse, en Russie, en
Espagne, les expériences sont des plus encourageantes,
et il est indiscutable que tous ceux qui pratiquent le tir
dans de bonnes conditions ont confiance dans son efficacité.
De l'avis des hommes les plus compétents en la matière,
on aura toujours à redouter certains orages généraux
violentiuimes , mais, comme Ta fort bien dit M. le professeur
Roberto : « Parce que parfois des ponts sont emportés
par les torrents, on ne cesse pas d'en reconstruire, ou
parce que, sur mer, quelques navires se perdent, on ne
songe pas i ne plus naviguer. »
En France, l'organisation de la défense fait des progrès
rapides et sérieux, et, dans une conférence faite à Lyon le
7 juin dernier, conférence à laquelle assistait M. Couannon,
inspecteur général de la viticulture, les meilleurs résultats
furent affirmés. M. J. Chatillon, président de la Commission
d'études et de défense contre la grêle, y certifiait qu'il faut
considérer comme un fait acquis et indéniable que tous
ceux qui font usage du tir dans les conditions voulues se
déclarent satisfaits des résultats obtenus.
M. Battanohon, partisan convaincu de l'efficacité du tir,
résumant les discussions exposées par divers orateurs,
estimait qu'il y avait lieu de se tenir sur le terrain des faits
constatés, laissant aux savants le soin de découvrir les
véritables causes des phénomènes de la grêle et du tir.
Tous les orateurs entendus dans cette conférence furent
d'un avis unanime pour demander qu'un contrôle officiel
de l'État reproduise l'enquête générale faite en France et
i l'étranger.
L'organisation de la défense est rendue plus facile, dans
beaucoup de contrées françaises, par la pratique de la cul-
ture 4 mi-fruits. Les cultivateurs y étant tout aussi inté-
ressés que les propriétaires, le recrutement des artilleurs
y est toujours plus facile, et les sociétés s'y fondent plus
nombreuses et plus étroitement unies.
158 J. CAMUSAT.
Jusqu'alors la protection s'est confinée plus spécialement
dans la viticulture; là, plus qu'ailleurs peut-être, les
dépenses y sont plus en rapport avec l'importance et la
valeur des produits ; mais il y a encore à cela une autre
raison : la récolte ne se faisant qu'à l'automne, les fruits
y sont plus longtemps exposés aux atteintes de la grêle.
Cependant il est d'autres récoltes qui, bien qu'ayant une
végétation plus rapide, ont également à redouter beaucoup
des orages à grêle, et qui, lorsque l'efficacité du tir sera
universellement reconnue, pourront à leur tour bénéficier
d'une organisation défensive qui, appliquée très judicieu-
sement, permettra de réaliser le maximum de protection
avec le minimum de frais.
Le plus grand reproche que l'on puisse adresser au tir
grêlifuge, notamment au tir avec le canon, réside dans la
liste, trop importante, hélas! des accidents survenus en
cours de service des postes.
On ne saurait contester qu'un grand nombre de ces acci-
dents sont imputables à une certaine négligence dans l'ob-
servation des règlements; néanmoins, il devient de plus
en plus nécessaire de multiplier les efforts susceptibles
d'améliorer cet état de choses qui, s'il devait persister,
pourrait jeter la déconsidération sur le procédé, et nuire
considérablement au recrutement des artilleurs vitiooles.
Les essais préalables et la vérification permanente du
matériel, l'emploi des gargousses Condeminal en papier
sulfurisé, ont déjà réalisé un progrès considérable, quant à
la sécurité des servants, mais les meilleurs résultats à
obtenir se trouveront incontestablement dans l'application
du tir automatique à distance.
Si le canon à poudre se prête peu à cette méthode, il
n'en est pas de même du canon à acétylène qui, d'après
les essais que l'on en fait depuis l'année dernière dans le
Beaujolais, semble au contraire être appelé à réaliser ce
desideratum.
US TIR CUMTBB US OaUfiKS A fiftÊLS. 159
Le canon mis en essai & Lamas et a Denieé, qui est
un perfectionnement du système Maggiora, a été imaginé
par MM. Tabard et Charvet, ingénieurs civils de TE.
C. P.*
Une disposition très ingénieuse permet, i l'aide d'appa-
reils automatiques producteurs de gax acétylène, d'envoyer
des charges successives dans le cylindre d'explosion, l'allu-
mage du mélange détonant se faisant i distance au moyen
de l'électricité.
Il est presque inutile de rappeler tout l'intérêt que peut
présenter ce système : absence de danger, par conséquent,
suppression des primes d'assurances contre les accidents;
suppression des artilleurs, une seule personne pouvant
commander toute une série de postes, etc.
Par suite de quelques circonstances indépendantes de la
volonté des inventeurs et de quelques défectuosités, iné-
vitables dans un premier appareil de ce genre, les pre-
miers essais sont loin d'avoir donné tous les résultats atten-
dus. Cependant MM. Tabard et Charvet ont pris toutes les
dispositions nécessaires pour que l'expérience se poursuive
sans discontinuité cette année, et, d'après les conclusions
de MM. J. Ghatillon et B. Blanc, il y a tout lieu d'espérer
que ce nouvel engin est appelé à rendre prochainement
tous les services que l'on peut en attendre.
Pour clore ce chapitre, il ne sera pas inutile de dire
quelques mots de l'intérêt tout particulier qui s'attache à la
prévision des orages.
La distribution des orages se fait d'une façon assez irré-
gulière, selon les saisons et même suivant les diverses
périodes de la journée.
Tous les auteurs qui ont écrit sur ce sujet en ont fourni
des explications très circonstanciées, mais je mécontenterai
S. Pour la description de oet appareil, voir la nota publiée par M. Tabard! dans
te Houille bUscAf, numéro de septembre 190&.
160 J. CAMUSAT.
de reproduire ici la manière très simple sous laquelle Ta
condensée M. F. Sisqué. *
« Dans Vannée : la période la plus orageuse correspond
aux mois de juin, juillet et août, le maximum d'intensité
ayant lieu en juillet. Jusqu'à cette époque, la marche des
orages va croissant, puis diminue ensuite jusqu'en décembre
et janvier qui sont les mois les moins orageux. »
« Dans la journée : c'est entre trois heures et six heures
du soir que les orages éclatent le plus fréquemment, puis
de midi à trois heures du soir, et ensuite de six heures i
neuf heures du soir ; pendant la nuit on constate peu d'orages
de neuf heures du soir à minuit, puis de minuit à six heures
du matin, et ils sont encore plus rares de six heures à
neuf heures du matin. »
Les météorologistes ne cachent point que la prévision
des orages est très difficile à réaliser.
Les orages généraux à grêle partent généralement des
Açores et du golfe de Gascogne, se déplaçant du sud-ouest au
nord-est. D'après M. André, leurs dimensions latérales, qui
sont généralement peu étendues, peuvent être modifiées con-
sidérablement, et même divisées, par la conformation oro-
graphique des régions traversées, de telle sorte que les dif-
férentes bandes, qui constituent alors l'ensemble de l'orage,
peuvent présenter des caractères très différents. Ces carac-
tères peuvent encore varier très sensiblement selon que le
phénomène est observé au centre de la bande ou sur ses
limites, en plaine ou en montagne, selon aussi que l'orage
traverse des régions froides ou chaudes, sèches ou humides.
Certains météorologistes, comme M. Porro, professeur
d'astronomie à Gênes, croient i la possibilité de prédire
l'arrivée des orages, surtout des orages à grêle, par l'obser-
vation attentive des éléments locaux du temps. A ce point
de vue, il est évident que certains signes précurseurs
t. Brochure citée.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 161
peuvent faire prévoir une modification profonde de l'équi-
libre des couches atmosphériques, et il suffira, à cet effet,
de rappeler l'expérience qu'en ont acquis bon nombre de
cultivateurs très observateurs du temps. Malheureusement,
ces indices se rapportent presque toujours à la formation
des orages locaux, et, le plus souvent, ne précèdent pas
suffisamment l'arrivée de l'orage pour qu'il soit possible de
prendre toutes les dispositions préventives exigées pour
une défense efficace. Jusqu'alors, les dépêches des obser-
vatoires, pas plus que les différents appareils électriques
que Ton a utilisés dans ce but, n'ont pu être d'aucun secours
pour les stations de tir; on n'a pu annoncer d'une façon
précise les orages, leur direction, le lieu où ils éclateront*
Cependant, au concours d'engins paragrêles de Nuits-
Saint-Georges, un appareil du système Branly-Popp, exposé
par la Société française de la télégraphie sans fil, semblait
présenter des avantages sérieux. Cet appareil, basé sur le
principe de la télégraphie sans fil, est, parait-il, suscep-
tible de laisser percevoir les orages à une distance de plu-
sieurs centaines de kilomètres, et, quelle que soit la vitesse
qui les amène, on peut toujours être assuré d'être averti
trois ou quatre heures i l'avance, temps plus que suffisant
pour l'organisation du tir grêlifuge.
On comprend quels services pourrait rendre un appareil
de ce genre dans un champ de tir, mais son prix est beaucoup
trop élevé pour que, dans le présent, on puisse songer à
son usage, surtout avec les faibles ressources dont dispo-
sent les syndicats de défense.
Il est à désirer que quelques-uns de ces appareils puissent
être mis en usage permanent sur quelques points centraux
des stations de tir, afin que l'on puisse juger des nombreux
services qu'il est appelé à rendre à l'artillerie agricole. Le
syndicat de Branne (Gironde) vient d'en installer un tout
récemment; espérons qu'avant peu l'on pourra être édifié
sur sa valeur présente et future.
tome xix. 1 1
162 J. CAMUS AT.
II
Résultats acquis. — Organisation des Champs de Tir.
Si Ton veut se rendre un compte exact de l'efficacité du tir
contre la grêle, il est nécessaire de consulter les statis-
tiques des associations les plus sérieusement organisées,
et l'on peut dire à ce sujet que les résultats obtenus dans
les stations beaujolaises semblent le critérium de la ques-
tion.
L'ensemble de la défense beaujolaise constitue la plus
vaste organisation qui ait été tentée tant en France qu'à
l'étranger1. Le syndicat de V Union des associations grili-
fuges en Beaujolais couvre, sur une étendue de plus de
12,000 hectares, une surface à peu près continue, condi-
tion reconnue nécessaire par tous les congrès pour entre-
prendre une lutte efficace contre les orages.
Aussitôt après les expériences de Denioé, en 1900, le
Syndicat agricole des cantons de Villefranche et d'Anse
résolut d'élargir la défense, et de démontrer qu'avec une
bonne organisation et une excellente discipline, il était
possible d'obtenir des résultats importants. A son appel
plusieurs sociétés se formèrent, et en 1901 on en comptait
dix-huit possédant 333 canons et protégeant 8,275 hectares.
En 1902, on comptait vingt sociétés avec 375 canons, et
en 1903, vingt-deux sociétés avec 388 canons. Enfin, à la
fin de 1904, il y avait en Beaujolais vingt-huit sociétés
disposant de 462 canons, dont 248 de gros calibres à cônes
de trois mètres et demi et quatre mètres, 88 de moyen
calibre à cônes de trois mètres, et 126 de petit calibre i
cônes de deux mètres. En dehors du syndicat, il y a lieu
1. Pour les détails de cette organisation, voir les Comptée rendue annuels de$
expériences de tir du Be*ujolài$t Villefranche, Imprimerie du Réveil BetujoUU.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 163
d'ajouter i ce nombre trois sociétés indépendantes, dont
deux possédant 35 postes de canons et une, celle du Perréon,
possédant 15 postes de tir avec fusées.
Au début de l'organisation! les canons de gros calibre
étaient placés principalement dans les champs de tir en
bordure de la direction générale des orages, mais, aujour-
d'hui, les sociétés nouvelles n'installent plus que des canons
de gros calibre.
Après chaque orage, les présidents des diverses sociétés
adressent un rapport au bureau syndical. Ces rapports
servent i établir le compte rendu mensuel, qui est commu-
niqué i tous les associés ; c'est dire que l'on peut attacher
la plus grande importance k ces comptes rendus, où la plus
légère erreur qui aurait pu s'y glisser serait immédiate-
ment signalée.
A la On de chaque campagne, c'est-à-dire chaque année,
les commissions administratives des sociétés se réunissent
en assemblée générale, pour discuter les conclusions qu'il
convient de prendre sur la défense.
8i la puissance d'organisation du Beaujolais présente
toutes les garanties désirables dans l'état actuel de la
question, il faut en reporter le plus grand honneur à
MM. J. Chatillon et B. Blanc qui, sans se laisser influencer
par des opinions plus ou moins tendancieuses et plutôt
pessimistes, ont lutté avec persévérance pour la démons-
tration de l'efficacité du tir.
Le syndicat beaujolais comprenant toute l'importance
que pouvait présenter, après plusieurs années de fonction-
nement des stations de tir, la comparaison des pertes
occasionnées par la grêle, avant et après l'organisation de
la défense, a cherché à établir le chiffre de ces pertes pour
une longue période et pour le plus grand nombre possible
de communes.
Inévitablement, il a été matériellement impossible dans
beaucoup de communes d'obtenir des renseignements
L
164 1. CAMUSAT.
complets sur la période qui a précédé leur organisation.
Toutefois, en consultant les statistiques établies par les
répartiteurs et les contrôleurs de contributions directes, en
vue des dégrèvements d'impôts et des allocations de
secours aux vignerons et propriétaires peu aisés, le syn-
dicat est parvenu à établir un chiffre, sinon exact, tout au
moins très approximatif, pour seize communes dont l'orga-
nisation était achevée dès la fin de 1900.
Pour ces seize communes, pendant une période de dix
années, de 1891 à 1900 inclus, le chiffre global des dégâts
peut être évalué à treize millions de francs.
Et maintenant, après quatre années de défense, pendant
lesquelles les pertes survenues ont été notées soigneuse-
ment, on ne se trouve plus en présence que d'un déficit
de 826,000 francs, portant seulement sur les années 1902 et
1903, les années 1901 et 1904 ayant été indemnes, bien que
les orages y aient fait une apparition à peu près normale.
Avant l'organisation, la moyenne annuelle des dégâts
pouvait donc être estimée à 1,300,000 francs (le maximum
qui avait été de 3,696,365 francs ayant eu lieu en 1897),
tandis que depuis 1901, en éliminant les années indemnes,
la moyenne annuelle n'a été que 400,000 francs, avec un
maximum de 460,000 francs en 1903, soit environ un quart
de la moyenne habituelle.
Pendant ces quatre années, fait remarquable, dix com-
munes, où le service du tir fut fait régulièrement, furent
constamment et complètement indemnes.
En Tannée 1903, la plus contaminée depuis l'usage du
tir, le nombre des orages généraux ou locaux n'avait
pourtant été que d'une quinzaine, c'est-à-dire bien infé-
rieur à celui des années précédentes, et deux seulement,
ceux du 31 mai et du 13 juillet, avaient puissamment con-
tribué aux ravages. !
1. Voir compte rendu des expériences du Beaujolais, année 1003.
Lk tir contre les orages a grêle. 165
Le 31 mai, jour de Pentecôte, les artilleurs étaient absents
dans beaucoup de postes, et l'orage, qui était excessive-
ment violent, avait pu y commettre impunément ses
ravages. Partout ailleurs, où le service des canons avait été
fait à peu près régulièrement, les atteintes étaient, sinon
nulles, tout au moins insignifiantes; on a même constaté
que les postes qui avaient bien tiré avaient beaucoup atténué
les effets destructeurs autour d'eux.
Le 1 3 juillet, jour d'orage violent également, plusieurs
postes en bordure ont tiré trop tard et se sont laissé
déborder; ce qui a contribué à augmenter la somme des
dégâts.
En l'année 1902 S qui n'avait subi que pour 365,000 fr.
de dégâts, les sociétés avaient eu i se défendre contre
vingt-trois orages généraux ou locaux, dont cinq avaient
été extrêmement dangereux. Il avait été constaté, comme
toujours, que les parties les plus ravagées par la grêle
avaient été celles où les postes n'avaient pu tirer, ou avaient
tiré trop tard.
Ces chiffres se passent de commentaires, et justifient
pleinement la confiance du syndicat et des vignerons beau-
jolais dans l'efficacité du tir.
Je ferai remarquer ici, ainsi que n'ont manqué de le
faire les assemblées générales du syndicat beaujolais, qu'il
est fort regrettable qu'au lendemain de quelque orage
important, certains journaux se croient obligés d'insérer
des statistiques erronées, avant de s'être renseignés en
lieu sûr pour la détermination exacte des dégâts.
On n'ose cependant admettre la mauvaise foi des corres-
pondants, mais on est en droit de leur demander un peu
plus de réflexion avant l'envoi de leurs communications ;
elles ne peuvent servir qu'à tromper les lecteurs de leurs
feuilles et i semer le découragement parmi ceux qui
1. Voir compte rendu des eipérleDoee do Beaojoleis, année 1903.
166 J. GAMUSAT.
seraient tentés d'imiter l'exemple des communes beaujo-
laises .
Dans le département de Saône-et-Loire, ainsi que dans
les autres départements limitrophes, l'organisation ayant
été plus tardive, il n'a pas encore été possible d'établir
des comparaisons entre le passé et l'état de choses actuel ;
néanmoins, nos vignerons commencent à y attacher une
grande importance, ainsi qu'en témoigne la progression
rapide du nombre des stations en ces dernières années.
A la fin de 1904, Saône-et-Loire comprenait quatorze
sociétés bien organisées, possédant 223 postes de canons et
44 postes de fusées. Parmi ces sociétés plusieurs sont" déjà
anoiennes et datent de 1901.
Depuis le commencement de cette année, beaucoup
d'autres sociétés s'organisent, et si, dans notre départe-
ment, la défense ne peut être encore bien efficace par
suite de l'isolement relatif des sociétés de tir, elle a cepen-
dant fourni d'excellents résultats.
L'impression générale est partout favorable aux tirs, et
il est à espérer que bientôt, grâce aux généreux efforts de
notre savant professeur d'agriculture, M. Battanchon, et
des vaillants organisateurs de la première heure, nous
pourrons opposer aux orages une défense aussi énergique
que celle du Beaujolais.
En Côte-d'Or, où l'organisation est tout à fait récente,
six sociétés seulement datant de 1902, on comptait à la fin
de 1904 vingt-trois sociétés.
L'organisation de ce département est plus compacte que
celle de Saône-et-Loire; on y distingue trois groupes
séparés par des intervalles non protégés de quelques
kilomètres : le groupe de l'arrière -côte, comprenant 2,100
hectares protégés, le groupe de la côte dijonnaise,
4,100 hectares, et le groupe de la côte de Beaune, 1,500
hectares.
Chacun de ces trois groupes présente une grande homo-
I
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 167
généité, aussi l'impression générale y est-elle partout
excellente.
Tenant compte de quelques postes complémentaires ins-
tallés dans les montagnes pour augmenter la profondeur
du champ de tir de la côte proprement dite, l'ensemble de
la défense dans la Côte-d'Or comprend environ 1 40 postes
à fusées et 180 canons de gros calibre, dont 21 canons du
type Maggiora à acétylène; ces derniers qui ont 5m20 de
hauteur, y compris la chambre d'explosion, emploient 18 à
23 litres de gaz par coup.
Les sociétés organisées en dernier lieu dans ce départe-
ment ont presque toutes, par raison d'économies, utilisé les
postes de fusées. Ces engins y ont été appréciés au début,
mais, d'après les renseignements que j'ai pu me procurer,
ils semblent l'être beaucoup moins aujourd'hui. On se plaint
notamment des nombreux ratés et des départs insuffisants
auxquels les fusées sont sujettes.
Quand on procède à des essais, soit dans les concours,
soit en vue de la création de stations, les fusées qui viennent
directement de chez l'artificier se comportent générale-
ment assez bien au départ, mais il n'en est pas toujours de
même en pratique, lorsque les postes sont définitivement
installés.
S'il est relativement facile, chez les artificiers, de con-
server les fusées i l'abri des détériorations résultant de
l'humidité ou de tout autre cause, dans des magasins appro-
priés à oet usage, la chose devient beaucoup plus difficile
dans les magasins des syndicats, où les fusées sont trop
souvent exposées à toutes les variations hygrométriques
de l'air.
D'après des renseignements qui m'ont été fournis, les
fusées de fabrication récente n'auraient pas, parait-il,
acquis toute la force qu'ells ont au bout de deux ou trois
mois, ce qui réduit très sensiblement leur puissance ascen-
sionnelle; au contraire) les fusées qui ont toute leur puis-
J. GAMUSAT.
. i la fabrication rateront au bout de deux ou trois
s .a produisant des explosions prématurées.
!1 est cependant nécessaire que les syndicats de défense
>iient pourvus de munitions pour un certain temps, sous
lK»iue d'être pris au dépourvu, et, pour les raisons ci-dessus,
la fusée semblerait être un engin sur lequel on ne peut
compter en toute assurance.
Partout on a constaté, à part quelques rares exceptions,
que les ratés ne sont pas inférieurs à dix pour cent, et
que, le plus souvent, il faut en escompter jusqu'à trente et
quarante pour cent, quelquefois plus.
Je veux bien admettre que, dans beaucoup de cas, on
n'a pas pris toutes les précautions désirables pour sous-
traire les fusées à l'humidité, mais tout ce que l'on pourra
faire dans ce sens ne pourra que contribuer à l'élévation
des frais de première installation, sans peut-être diminuer
sensiblement le nombre des ratés.
On m'objectera sans doute que le nombre des ratés n'in-
tervient pas dans les frais de tir, les fabricants s'engageant
généralement à les reprendre sur la production de l'enve-
loppe cartonnée intacte.
Comprenant comme ratées toutes les fusées qui fusent
simplement sans exploser, ainsi que éelles qui explosent
prématurément à une très faible hauteur, je répondrai que,
en dehors même du fait d'avoir des munitions sur lesquelles
on ne peut compter d'une manière absolue, il n'y a guère
que les ratés proprement dits, c'est-à-dire les fusées
n'explosant pas, qui conserveront leur enveloppe intacte et
pourront être présentées au remboursement. Toutes celles
qui auront explosé prématurément et, par conséquent,
n'auront pas produit l'effet utile attendu, seront détruites
et ne pourront être remboursées, ce qui constituera effec-
tivement un certain déficit.
A propos de l'explosion prématurée, M. F. Sisqué ! émet
t. Brochure citée.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 169
une opinion qui parait au moins bizarre, et que je n'ose
oependant considérer comme un parti pris de dénigrer le
canon : « Ses effets, dit-il, sont moindres sans doute que
s'ils se produisent à hauteur des nuages, mais ils vaudront
toujours ceux du canon explosant à la surface du sol. »
Les deux explosions ne sont en rien comparables, et ce
serait, en tout cas, bien mal raisonner les causes de l'effi-
cacité du tir que d'admettre une tell» similitude d'effet.
Dans les postes de canons, les charges de poudre, peu
encombrantes, peuvent facilement se mettre à l'abri dans
des seaux ou des caisses hermétiquement fermés ; le prix
en est peu élevé, mais constitue néanmoins un surcroit de
dépense.
Comme exemple de l'importance moyenne des ratés de
fusées, je puis citer la campagne 1904 de la Société grêli-
fuge du Perréon (Rhône), dont j'ai pu obtenir le compte
rendu.
La surface maximum supposée protégée dans cette corn*
mune est de 600 hectares, mais, en réalité, 264 hectares
seulement appartiennent aux propriétaires syndiqués qui
ont établi 28 postes de fusées.
Pour se défendre de sept orages, dont trois seulement ont
paru menaçants, il a été tiré 495 fusées, coûtant plus de
trois francs pièce. Sur ce nombre, 182 ont été signalées
comme ratées on insuffisantes, oe qui constitue un déchet
de trentâ-$6pt pour cent.
En dehors des ratés, le tir des fusées, plus peut-être que
le tir du canon, peut oocasionner des accidents graves,
soit dans la manipulation, soit par suite de déviations au
départ, soit même dans la chute.
Certaines fusées, surtout les types anciens, retombent
entières, ce qui peut présenter des inconvénients pour les
contrées où les exploitations sont très rapprochées. Par la
vitesse acquise, l'ensemble du culot et de la baguette, qui
représente un poids assez important, pourrait blesser les
170 J. CAMUSAT.
personnes qui en seraient atteintes; ce cas, toutefois, doit
être très rare, car il n'y a que peu de gens dehors pendant
l'orage. D'autre part, le papier du culot, retombant toujours
plus ou moins en feu, peut allumer des incendies dans les
toits de chaume ou dans les nombreuses matières inflam-
mables qui encombrent toujours les exploitations agricoles
ou leurs abords.
Les fusées récentes sont évidemment un peu moins dan-
gereuses; elles comportent, immédiatement au-dessus de
la charge fusante, une charge explosive qui brise la partie
supérieure du carton et en détache la baguette. Les deux
parties de la fusée retombent alors séparées de manière
moins inquiétante mais, pour être atténué, le danger
d'incendie n'en subsiste pas moins; la chute lente ne donne
pas toujours au culot le temps de s'éteindre et la prépara-
tion spéciale que l'on fait subir actuellement au papier de
l'enveloppe ne suffira pas toujours pour le rendre incom-
bustible aux températures élevées produites dans les
explosions. Si l'enveloppe n'est pas suffisamment brisée,
comme cela se produit souvent, et reste à l'état de tube
plus ou moins déchiqueté, le peu de feu qui se prendra à
l'intérieur ne pourra que s'activer par les courants d'air qui
se produiront dans le tube pendant la chute.
L'emploi simultané des canons et des fusées dans un
même poste fut recommandé et essayé i maintes reprises,
mais il a toujours paru difficile et excessivement dangereux.
Je ne m'étendrai pas davantage sur l'organisation défen-
sive d'autres départements français, et citerai simplement,
à titre de renseignements sur nos environs directs : la
Loire, qui comprend déjà 220 postes de canons et 40 postes
de fusées, l'Allier qui comprend 47 canons et 25 postes de
fusées. Partout l'impression semble analogue i celle que
je viens de signaler pour notre région.
En France, ainsi qu'à l'étranger, l'organisation semble
donc suivre une progression bien marquée, et, grâce aux
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 171
engins de plus en plus perfectionnés employés pour la
défense, on peut prévoir une époque prochaine où la ques-
tion du tir grâlifuge sera définitivement tranchée.
Pour compléter ce chapitre, il me reste à produire, à titre
purement documentaire, quelques renseignements géné-
raux sur l'organisation et le fonctionnement des champs de
tir.
Si l'on veut se faire une idée exacte de cette organisation,
il suffit de consulter le magistral rapport de MM. J. Cha-
tillon et B. Blanc au Congrès de Lyon, rapport ayant trait
principalement i l'organisation beaujolaise qui, dès son
origine, a été mise au point d'une manière presque parfaite.
Je ne ferai que résumer ici les passages les plus saillants
de ce rapport auquel je renverrai le leoteur pour plus de
deuils. *
L'important pour une bonne défense contre la grêle est
que l'organisation soit faite avec le plus grand soin, les
circonstances les plus favorables dépendant beaucoup du
mode de oulture, de la densité ou de l'éparpillement de la
population sur le territoire à protéger.
C'est ainsi que dans le pays où l'on cultive i mi-fruits,
où la population est très divisée, où les habitations sont
disséminées à travers champs, il y a plus de chanoes de
réussite, parce que le recrutement des artilleurs ou des
artificiers y est plus facile, en même temps que la disci-
pline y est meilleure.
D'une manière générale, l'organisation nécessitant un
grand esprit de solidarité, il y a lieu de réunir, autant que
possible, tous les habitants d'une même oommune dans
l'association, car il faut s'unir pour se protéger mutuelle-
ment et pour payer toutes les dépenses. Il est plus difficile,
d'après M. J. Chatillon, de comprendre plusieurs communes
dans une même association : les gens ne se connaissent
1. Comptas Nttchu dos expériaoo— do B«aa}oUat 190t.
l'ÎS J. CAliUSAt.
pas assez bien, et des contestations pourraient s'élever sur
la proportionnalité des dépenses.
Toutefois, au point de vue de l'ensemble de la défense,
il est nécessaire, et même indispensable, d'établir certains
liens syndicaux entre les diverses sociétés voisines, afin
d'assurer la discipline du tir et de faciliter la répartition
des postes sur les terrains limitrophes.
La principale chose, avant toute organisation, est de
bien connaître la direction générale des orages sur la con-
trée à défendre.
Les orages locaux pourront être très efficacement com-
battus avec un groupe de postes relativement peu impor-
tant, mais contre les orages généraux, qui sont toujours
beaucoup plus violents, il est nécessaire d'opposer une
vaste organisation.
C'est à cette condition essentielle que les syndicats beau-
jolais doivent leur triomphe.
Les postes en bordure du côté des orages risquant d'être
un peu entamés, il y a lieu, toutes les fois que la chose est
possible, de porter la défense un peu en avant par une ou
deux lignes de postes supplémentaires. D'autre part, ainsi
que je viens de le dire, il est nécessaire, dans l'intérêt
général, d'établir des relations de bonne entente entre les
diverses sociétés pour unifier les règlements du tir. Les
sociétés en bordure auront à entretenir un feu plus nourri,
dispensant ainsi les autres de tirer autant qu'elles, sans
que pour cela les sociétés de seconde ligne restent inac-
tives, et si, de ce fait, il incombe un surcroit de dépenses
aux premières, il est juste que toutes y participent dans
une certaine mesure.
Maintes fois, pour simplifier l'organisation des champs
de tir et atténuer les frais d'installation, on a essayé de ne
pratiquer la défense que du côté des orages, ou sur les
cimes où se forment les nuages; on espérait pouvoir pro-
téger suffisamment les récoltes situées plus loin et en des-
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 173
bous, mais ce système a été condamné par l'expérience.
Les postes de tir doivent être uniformément répartis sur
toute la zone à préserver, sans tenir compte de l'altitude
ou de la configuration du sol et l'ensemble de la défense
sera renforcé par une ou deux lignes d'avant-postes en
bordure.
En l'état actuel de la défense, ainsi qu'il résulte de l'ex-
périence beaujolaise, on n'a pu encore établir aucune règle
précise pour la disposition des postes. Il semble cependant
qu'un canon ne doit pas protéger plus de 25 à 30 hectares,
et, dans ces conditions, les postes doivent être disposés à
500 ou 600 mètres au plus d'intervalle, pour ne s'exposer à
aucun mécompte.
Dans l'installation des postes de fusées on devrait obser-
ver à peu près les mêmes règles, mais on a plutôt une
tendance à augmenter les intervalles. Sur la foi de cer-
taines maisons de vente qui, dans un but de pure réclame
pour leurs produits, n'hésitent pas i avancer que la
surface de protection des fusées est double de celle du
canon, les postes ont souvent été espacés jusqu'à 700 ou
800 mètres et plus.
L'économie qui en résulte est bien minime eu égard au
peu d'importance des frais d'installation des postes ; le seul
avantage sérieux que l'on peut en retirer étant la diminu-
tion du nombre des artificiers, c'est i tort, je crois, que
Ion se plaoe trop à la limite de la protection, et plusieurs
insuccès constatés en sont peut-être le résultat.
On ne saurait également établir des comparaisons pré-
cises entre les divers calibres de canons usités sous le rap-
port de la zone protégée. S'il était démontré que les gros
calibres ont une action plus étendue, il pourrait résulter
de leur emploi une diminution notable des frais d'installa-
tion, mais il est impossible, avec l'expérience actuelle, de
se prononcer sur ce point. Toutes les sociétés nouvellement
fondées en Beaujolais se sont, avec raison je crois, outillées
174 J. CÀMUSAT.
avec des canons de gros calibre, sans avoir cru devoir aug-
menter l'espace compris entre les postes.
Je ne ferai pas ici la critique des divers modèles de
canons ou de fusées employés actuellement, cette étude
n'étant pas faite dans un but de réclame industrielle. Je
me contenterai de dire qu'en matière de canons, ce sont
ceux à cartouche qui, dès les débuts, ont conquis toute la
faveur des artilleurs agricoles ; tous ceux livrés par l'indus-
trie française sont assez perfectionnés et ne laissent rien
à désirer sous le rapport de la solidité ; ils sont, du reste,
soumis, avant usage, à certaines conditions d'épreuve pres-
crites par l'administration.
Les fusées de fabrication française sont également loin
d'être de qualité inférieure, et c'est bien à tort que nos
syndicats, pour des raisons d'économie, souvent bien mal
raisonnée, vont s'approvisionner à des maisons étrangères.
Quant aux cabanes-abris des postes de canons, elles
doivent être assez spacieuses pour y faire toutes les
manoeuvres sans la moindre gêne ; elles doivent être assez
bien construites pour que les munitions et tous les acces-
soires du tir y soient à l'abri de l'humidité. Le canon est
monté extérieurement, du côté opposé à la direction des
orages, et abrité par un avant-toit à travers lequel passe
le cône. Après le tir le corps du canon est démonté, nettoyé
à fond et rentré dans la cabane ; le cône seul reste en place
à l'extérieur, aussi doit-il être repeint de temps en temps
pour éviter son oxydation.
Dans les postes à fusées on a le plus souvent négligé de
créer des cabanes spéciales, en utilisant les nombreuses
baraques qui existent dans les vignes, ou en laissant i
chaque chef de poste le soin d'en construire à sa fantaisie.
Néanmoins, la cabane est indispensable; il est nécessaire
que l'artiBcier puisse mettre ses fusées à l'abri, et lui-même
ne saurait rester longtemps exposé aux intempéries, fût-il
muni de vêtements imperméables.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A ORÊLE. 175
La poudre de guerre, c'est-à-dire la poudre i combus-
tion rapide, est celle qui convient le mieux pour le charge-
ment des canons grêlifuges; elle n'encrasse pas les canons
comme la poudre de mine primitivement employée, et,
par la rapidité de son allumage, elle brûle entièrement
dans l'âme, produisant ainsi le maximum de force explo-
sive, ainsi que l'on peut en juger par la durée du sifflement
au départ.
On a calculé que, par suite du déchet provenant d'une
combustion incomplète, 100 grammes de poudre de mine
équivalent à peine à 60 grammes de poudre de guerre.
A partir de 1901 , pour donner satisfaction aux vœux nom-
breux des congrès et assemblées générales des sociétés
grêlifuges, l'État mit i la disposition de l'artillerie agri-
cole une poudre déclassée désignée sous le nom de poudre
de démolition.
L'usage auquel était destinée cette poudre ayant disparu
avec les nouvelles méthodes de guerre, les arsenaux s'en
débarrassaient en la lessivant pour en retirer le salpêtre*
La défense grélifuge étant susceptible de faire réduire les
dégrèvements d'impôts et les secours accordés à chaque
orage ayant occasionné des dégâts importants, l'État avait
dono tout intérêt i sa réussite, aussi consentit-il à laisser
la poudre de démolition au prix de revient du salpêtre
retiré, soit i 0 fr. 30 le kilog.
Malheureusement, le stock de cette poudre fut vite
épuisé, et l'on dut la remplacer, dans le cours de la cam-
pagne 1903, par une nouvelle poudre, fabriquée spéciale-
ment pour oet usage et dénommée poudre G. La qualité
de cette poudre est à peu près équivalente à celle de la
poudre de démolition, mais elle présente le grave incon-
vénient de coûter trois fois plus cher (0 fr. 90 le kilog), ce
qui occasionna une certaine perturbation dans les budgets
des sociétés déjà bien péniblement équilibrés.
Au début des tirs en Beaujolais, les charges employées
176 J. CAMUSAT.
avec la poudre de démolition étaient respectivement de
120 grammes pour les canons de gros calibre à cônes de
4 mètres, 90 grammes pour les calibres moyens à cônes
de 3 mètres, et 60 grammes pour les petits calibres à
cônes de 2 mètres. Actuellement on a tendance à aug-
menter cette charge, et, dans les canons de gros calibre
récents, uniquement usités, ou à peu près, dans les instal-
lations nouvelles, les charges s'élèvent à 180 grammes et
même 200 grammes.
Si pour assurer le bon fonctionnement des sociétés de
défense, il convient de ne rien négliger dans les détails
d'organisation, il est également de la plus haute impor-
tance, pour garantir l'efficacité du tir, d'assurer une disci-
pline qui ne laisse rien à désirer.
Il faut confier le service des postes à des hommes
dévoués et intelligents, suceptibles d'être toujours prêts
au moment du danger. Les artilleurs doivent donc être
recrutés de préférence parmi les hommes jeunes et zélés
de la commune, et choisis, autant que possible, dans les
familles les plus voisines des stations, afin que la mobilisa-
tion soit rapidement faite en cas d'alerte.
L'instruction des artilleurs mérite une attention toute
particulière, et chacun d'eux devra avoir conscience de la
gravité et de la responsabilité de sa mission.
Chaque poste devra, pour parer à toute absence motivée,
être muni, dans la mesure du possible, de deux artilleurs,
et des suppléants devront même être désignés d'avance,
pour éviter l'immobilisation totale ou partielle de quelques
postes au moment du danger.
Une haute surveillance devra en outre s'exercer à tous
les moments par les chefs de section, afin d'assurer l'en-
tretien parfait du matériel et le renouvellement des appro-
visionnements de munitions.
Aux approches d'un orage, les signaux ont une réelle impor-
tance, soit pour prévenir du danger, soit pour exécuter le tir.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 177
On se sert généralement de drapeaux, que Ton hisse en
des points culminants, des sonneries de cloches, quelque-
fois du clairon, les drapeaux n'ayant d'utilité que pendant
le jour. Dans beaucoup de sociétés, le signal est également
donné par un coup de canon tiré au poste central.
Les signaux ont surtout leur utilité pour les sociétés en
bordure du côté des orages, les autres étant toujours pré-
venues par les premiers coups de canons tirés en avant.
Quant au moment précis où l'on doit commencer le tir
pour attaquer un orage, les observateurs sont loin d'être
d'accord à ce sujet : les uns conseillent une action préven-
tive, les autres une action plutôt défensive.
D'après M. Houdaille, professeur i l'École d'agriculture
de Montpellier, dont la compétence en la matière est indis*
cutable, on doit exécuter un tir préventif.
« Le tir préventif, dit-il, exécuté pendant la formation de
l'orage à grêle et un peu avant son développement, paraît
le plus rationnel. Car le tir n'a pas pour but d'empêcher la
chute de la grêle déjà formée, mais bien la transformation
des éléments qui doivent la former. Dans plusieurs orages
à grêle, la chute de celle-ci est précédée par une période
de grand calme aveo température élevée, accompagnée
d'une sensation de lourdeur ou d'oppression assez particu-
lière. C'est pendant cette période qu'il convient de com-
mencer le tir, dès l'apparition des premiers nuages mena-
çants.
» La forme des nuages qui précèdent l'orage peut sou-
vent aussi servir d'utile avertissement.
» Ou bien, lorsqu'on entend le grondement des premiers
coups de tonnerre, en même temps que les nuages sont
chassés des sommets montagneux voisins, c'est souvent
encore le signal du commencement de la lutte.
• Enfin, le bruissement spécial dû à la formation ou i la
chute des grêlons à une certaine distance des champs de
tir, constitue de même un avertissement qui sera mis à
tome xix. 12
178 J. GAMUSAT.
profit} bien qu'il précède quelquefois de trop peu de temps
la chute de la grêle sur la zone protégée.
» Les observateurs auxquels incombe la délicate mission
de donner le signal du tir devront agir avec une grande
circonspection, mais ne point manquer d'une certaine har-
diesse. Car si on tire souvent trop tôt, plus souvent encore
on tire trop tard, surtout quand l'orage i grêle se développe
la nuit. Et comme d'autre part, en cette matière mieux
vaut prévenir que guérir, il y a plutôt intérêt à commencer
les tirs de bonne heure, alors même que le développement
de l'orage n'est pas certain. »
D'après l'expérience acquise, le tir du canon doit être
lent au début, un coup toutes les deux ou trois minutes ;
ce n'est que lorsque l'orage éclate que l'on doit accélérer,
sans qu'il soit nécessaire, je crois, de tirer plus d'un coup
à la minute.
Dans les postes à fusées, on tire généralement plus len-
tement; j'ai dit précédemment ce que je pensais à ce sujet.
Si la grêle vient à tomber, il faut à tout prix ne pas se
décourager et continuer le tir, et lorsque, le danger écarté,
le tir a cessé, les artilleurs ou artificiers doivent rester
encore quelque temps sur le qui-vive, de peur que l'orage
ne se reforme, comme cela se produit assez souvent.
En un mot, c'est surtout par l'expérience que l'on arrive
à juger des conditions dans lesquelles le tir doit être
effeotué.
L'essentiel est surtout de ne pas se laisser surprendre.
En ce qui concerne la sécurité des artilleurs, les corn*
missions administratives, assumant une grosse reponsabi-
lité, doivent se préoccuper constamment de faire observer
les règlements, et des instructions particulières devront
être données aux intéressés en vue d'éviter toute impru-
dence ou toute négligence dont ils seraient les premières
victimes.
Je ne saurais mieux terminer ce chapitre qu'en donnant
LB TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 179
une évaluation approximative et comparative des dépenses
d'installations et de tir pour les postes à canons et à fusées.
Les chiffres relatifs aux postes à canons ont été produits
par MM. J. Chatillon et B. Blanc, dans leur rapport à la
é régionale de viticulture de Lyon, en février 1905.
POSTE AVEC CANON
(Le type de canon pris pour base est Y Idéal grand
modèle, à cône de 4 mètres renforcé, le plus répandu en
Beaujolais.) *
Dépenses d'installation :
Un canon 280 fr.
Poinçon officiel au banc d'épreuve 10 fr.
Vingt douilles en aoier 70 fr.
Accessoires de tir : seau à poudre, caisse à muni-
tions, bourroir et désamorçoir, écouvillon,
baguette à graisser, lanterne 20 fr.
Une cabane abri 75 fr.
Transport et pose, imprévus 15 fr.
Part proportionnelle pour les frais de construction
d'une poudrière 30 fr.
Total 500 fr.*
Dépenses annuelles de tir :
Poudre i 1 fr. le kilogr., compris les frais de trans-
port et de livraison ; 500 coups a 150 gr 75 fr.
Oargousses Condeminal 6 fr.
Amorces 5 fr.
Assurance et imprévus 24 fr.
Total 110 fr.
1. Construit par MM. Qoelln et Perras, de BeUevMle-eor-Saône.
t. Ce devis fourni par M. Chatillon se rapporte à une époque déjà ancienne ; on
peut anjoard'niii installer on poste de canon pour an prix ne dépassant pas
900 francs.
180 J. CAMUSAT.
A ce chiffre de dépenses de tir, il conviendrait d'ajouter
quelques frais d'entretien, et peut-être de tenir compte d'une
certaine somme d'amortissement pour remplacement du
matériel après usure. On n'a pas encore suffisamment d'ex-
périence pour déterminer la durée possible d'un canon ;
mais, ne recevant pas de projectile et n'étant soumis qu'à
l'action de la poudre, s'il est bien construit, en matériaux
de première qualité, cette durée sera très longue, surtout si
on l'entretient dans un parfait état de propreté pour éviter
l'oxydation.
En escomptant une somme annuelle de 20 fr. pour ces
frais hors compte, on sera, je crois, dans d'excellentes
conditions.
La dépense annuelle du tir ressortirait donc à 130 fr.
Pour un canon de gros calibre recevant 180 grammes de
poudre, le coup, en tant que dépense de poudre, revient i
18 centimes. Avec le canon à acétylène, ce prix est consi-
dérablement diminué.
Un kilogramme de carbure de calcium, coûtant 0 fr. 40,
peut, étant bien utilisé, donner 300 litres de gaz, corres-
pondant à 15 coups, ce qui fait ressortir la dépense par
coup à 0 fr. 026, soit à environ 1/7 du prix du canon à
poudre.
POSTE A FUSÉES
Dépenses d'installation :
Une cabane-abri 40 fr. »»
Un pieu-porte-fusée 2 fr. 50
Total 42 fr. 50
(Si Ton ne construit pas de cabane, les frais ne s'élève-
ront qu'à 2 fr. 50, c'est-à-dire qu'ils sont à peu près
nuls.)
LE TÎR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 181
Dépenses annuelles de tir :
D'après tout ce qui a été dit sur les fusées, et sans pré-
juger sur les résultats obtenus, on peut évaluer la con-
sommation à 3 fusées par poste et par orage.
Les frais de tir pour le canon ayant été établis pour les
stations beaujolaises où le nombre d'orages annuel est
d'une vingtaine, il est nécessaire, pour la comparaison, de
ramener le tir des fusées à ce même nombre d'orages.
60 fusées à 3 fr. l'une 180 fr. »»
Assurance 20 fr. »» !
Total 200 fr. »»
(Il y aurait lieu d'ajouter i ce chiffre le déchet résultant
des fusées qui, ayant explosé prématurément, ne peuvent
être reprises par le fabricant.)
L'assurance ne devrait pas être comptée si l'on achète
les fusées avec garantie contre les accidents, mais, le prix
des fusées étant un peu plus élevé dans ces conditions, le
résultat reste le même.
Estimant à 35 hectares la surface protégée par un poste,
la dépense annuelle par hectare serait :
Pour le canon : 130 : 35 = 3 fr. 71 .
Pour les fusées ; 200 : 35 = 5 fr. 71 .
En couvrant une surface de 50 hectares avec un poste
à fusées, comme cela se pratique souvent, la dépense
annuelle pour cet engin serait encore de 4 fr. par hectare.
Il est presque inutile d'ajouter que les chiffres ci-dessus
n'ont rien d'absolu et qu'ils peuvent varier très sensible-
ment, selon le nombre et l'intensité des orages, selon l'or-
ganisation et la discipline des champs de tir, etc.; en
I. Cette prime d'assurance de 20 francs pouvait s'admettre au débat des tirs.
alors que les accidents étaient plus nombreux par suite du manqua d'expérience.
▲ujourd*bui ou trouva des compagnies qui ont abaissé cette prima jusqu'à 7 francs.
182
J. GAMUSAT.
général, ils seront d'autant plus faibles que la défense
s'appliquera à une plus grande étendue de territoire.
M. Tachon-Brunet a bien voulu m adresser les résultats
obtenus en 1904, dans la commune de Saint-Haon-le-
Vieux (Loire), commune qui comprend deux syndicats :
l'un se servant exclusivement des canons, l'autre n'utili-
sant que les fusées.
Les deux syndicats ayant eu à lutter contre les mêmes
orages, il semble facile, a priori, d'établir une comparaison
exacte des dépenses du tir occasionnées par les deux pro-
cédés. Ces résultats sont tout & l'avantage des fusées, mais,
comme ils ne me semblent pas à l'abri de la critique, j'ai
jugé nécessaire de les reproduire ici.
Dépenses d'installation :
SYNDICAT 018 CANONS (17 POSTES)
Mise de fonds
par poste
Oanon et douilles 288 f.
Oabane et caisse 76 f.
Total 364 f.
SYNDICAT DIS FUSRES (8 POSTSS)
Mise de fonds ) _ ,
M pieu 2 f. 25
par poste )
Dépenses de tir (comptes de 190k) :
SYNDICAT DBS CANONS
810 kilos de poudre 891 fr.
Amortissement du capital (intérêt
13 •/•) 806 »
Assurances accidents 340 »
7.080 amorces 99 »
7.080 gargousses 43 »
Transports divers 50 »
Fabrication des cartouches et distri-
bution 83 »
Réparations diverses 45 »
Frais généraux 34 »
Total 2.391 fr.
Dépense par poste 2.391 = 140 fr.
17
Prix du coup de canon :
2.391 :7.080 = 0fr. 33
SYNDICAT DBS FUSSES
Achat de fusées 390 f. 90
Amortissement 0 f. 30
Frais généraux 16 f. 00
Total 407 f. 20
Dépense par poste :
407.20: 8 = 51 fr.
LE TIR CONTBE LES ORAGES A GRÊLE. 183
Si l'on ne compare que les chiffres, on ne saurait nier
évidemment que, dans ce cas, les fusées ont été bien supé-
rieures aux canons au point de vue de la dépense ; il est
regrettable toutefois que, dans le compte rendu, on n'ait
pas jugé nécessaire d'indiquer la somme comparative des
dégâts subis par les deux stations, ainsi que la situation
topographique relative des champs de tir par rapport à la
direction générale des orages.
Je trouve dans l'ouvrage de M. Sisqué' que les huit
postes de fusées sont placés au nord de la station de
canons et disposés sensiblement sur une même ligne droite
allant de l'ouest à l'est. Si, comme il est probable, la direc-
tion générale des orages est la même que pour les régions
voisines du Rhône, de l'Allier et de Saône-et-Loire, c'est-à-
dire venant du sud-ouest, les postes de canons subiraient
le premier choc, tandis que les postes de fusées, sauf peut-
être les deux premiers situés en bordure à l'ouest, rece-
vraient une puissante protection par les canons.
Le nombre d'orages combattus dans cette commune, en
1904, a été de douze ; en établissant la comparaison avec les
résultats beaujolais cités plus haut, c'est-à-dire pour une
vingtaine d'orages, la dépense par poste de fusées se serait
élevée à 85 francs.
Quant aux postes de canons de Saint-Haon, leur dépense
parait excessive eu égard au nombre d'orages. Ceci résulte
un peu du quantum élevé prélevé pour l'amortissement.
Au point de vue de la prévoyance on ne saurait critiquer
cette manière de faire, car le matériel se trouvera amorti
avant d'être complètement hors d'usage; néanmoins ce
système jette, parmi les viticulteurs, un certain discrédit
sur l'emploi du canon.
Mais une des causes principales de l'élévation des frais
réside dans le grand nombre de coups tirés. Il semble,
t. Brochure citée, page It8.
i
i
184 j. CAMUSAf .
comparativement à ce qui se passe dans les régions beau-
jolaises, qu'il y a eu un véritable gaspillage. En effet,
7,080 coups ont été tirés par 17 postes contre 12 orages,
ce qui donne une moyenne de 34 coups par poste et par
orage, alors que dans le Beaujolais on ne dépasse pas 20 à
25 coups.
Il a du reste été constaté un peu partout, notamment
dans la Côte-d'Or, que l'appréhension des orages est plus
ou moins vive parmi les populations rurales, et que tel
nuage mettra tous les artilleurs d'une commune en mou-
vement, tandis qu'il laissera les autres indifférents. Il en
résulte inévitablement que les consorti d'une même région,
subissant les mêmes orages, arrivent à faire des dépenses
de poudre excessivement variables.
C'est qu'aussi, comme le disait M. Ad. Savot au con-
cours d'engins grêlifuges de Nuits-Saint-Georges, en 1904,
« on laisse plus ou moins de latitude à la rapidité du tir :
tandis qu'ici on ne doit pas tirer plus de deux coups à la
minute, là on abandonne le tir à l'arbitraire de l'artilleur.
En général on constate que Ton tire beaucoup plus dans
les sociétés nouvelles que dans les anciennes, ce qu'explique
l'entrain de la nouveauté. »
Il me semble qu'avec un peu d'expérience on peut arriver
à régler convenablement la vitesse du tir et diminuer très
sensiblement la dépense sans nuire à l'efficacité.
Dans les postes à fusées, pour les raisons que j'ai don-
nées précédemment, on tire moins, ce qui contribue évi-
demment à atténuer les dépenses.
A la société du Perréon (Rhône) qui comprend 28 postes
à fusées, les dépenses de tir pour la campagne 1904 se
sont élevées à 1,131 fr. 40; ce qui porte à 40 fr. 40 la
dépense par poste pour lutter contre sept orages. Si le
nombre des orages se fût élevé à une vingtaine, comme dans
les régions voisines, la dépense effective aurait été trois
fois plus grande, c'est-à-dire d'environ 120 francs par poste.
LE TIR CONTRE LES ORA0ES A GBÈLÊ. 185
En Côte-d'Or on a constaté, comme partout, des diffé-
rences considérables dans le montant de la cotisation de
tir par hectare, et tel syndicat paie 10 francs et plus, alors
que d'autres, subissant le mémo nombre d'orages, ne paient
que 4 à 5 francs et moins.
Sans vouloir faire aucune critique ici, il me semble, avec
M. Ad. Savot, qu'il reste à démontrer qu'un petit nombre
de fusées produit le même effet qu'un grand nombre de
coups de canon. L'expérience des fusées ne semble pas
encore assez longue pour permettre des comparaisons à
l'abri de toute contradiction.
Résultats obtenus en Beaujolais en 1905.
Au moment de mettre sous presse, M. J. Chatillon a
l'amabilité de me faire adresser le compte rendu des expé-
riences beaujolaises de Tannée 1905.
Les résultats obtenus pendant cette campagne ayant été,
comme toujours, absolument surprenants, il est nécessaire
de les consigner ici afin de mettre cette étude à jour.
La comparaison des dégâts commis avant et après la pra-
tique du tir, dans les seize communes où il fut possible
d'obtenir des renseignements à peu près exacts, ne saurait
mieux se faire qu'en donnant année par année la somme
des pertes constatées. *
1. Compte rendu des expérienoes de tir en Beaujolais. Année 1905. Imprimerie
éa Rè*U Aeaitfoiai* , Villefranche.
186
J. CAMUSAT.
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LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE.
187
Une seule année a été indemne pendant cette période.
Les chiffres ci-dessus représentent plutôt un minimum .
On ne retrouve guère dans les mairies que les états ayant
servi de base aux allocations de secours, beaucoup de gros
propriétaires, qui ne peuvent recevoir que des dégrève
ments d'impôts, négligeant de faire leur déclaration. D'après
M. J. Chatillon on peut, pendant ces dix années, estimer
les pertes à 16 millions de francs.
Dégâts occasionnés par la grêle depuis l'organisation
de la défense.
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181
1164
1668
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97.740
175.250
48. 180
46.650
72.850
72.000
315.300
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97.740
175.250
72.850
46.180
72.000
361.950
41.000
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Ville- sar-JaraJoax. • .
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460.150
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41.000
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Sur les 16 communes envisagées, 9 sont restées constam-
ment et complètement indemnes pendant ces cinq années.
En 1905 les orages généraux ou locaux combattus ont
été au nombre de 22, se répartissant ainsi : 2 en mai, 9 en
juin, 4 en juillet, 5 en août et 2 en septembre.
Presque tous ces orages furent facilement disloqués par
les tirs d'avant-postes, 2 seulement, ceux des 10 et 25 août,
ayant été considérés comme très dangereux.
La plupart de ces orages venaient de leur direction babi-
18Ô i. CAMUSAf.
tuelle, c'est-à-dire de l'ouest et du sud-ouest; 3 se Sont
produits avec une direction sud et sud-est.
L'orage du 10 août, qui éclata i six heures du soir, ne
paraissait pas dangereux tout d'abord; il fut fortement
canonné par les avant-postes, mais les sociétés d'arrière
tirèrent peu, ayant confiance dans le tir pratiqué en avant.
Tout le monde, du reste, réclamait la pluie et si le tir fut
quelque peu négligé, c'est surtout parce que l'on considère
généralement qu'il disperse les nuages et empêche la pluie
de tomber.
Par suite de ce relâchement de discipline, la grêle tomba
sur quelques points, mais n'occasionna que des dégâts
insignifiants. Nulle part il ne fut fait de déclarations de
pertes en mairie en vue de secours ou de dégrèvements
d'impôts, sauf dans la commune de Liergues, restée indemne
les quatre années précédentes, où les dégâts, relativement
peu élevés, furent estimés à 41,000 francs.
Si les communes beaujolaises pratiquant le tir ont été
bien protégées cette année par leur artillerie, il n'eft a pas
été de même dans les communes voisines où la grêle est
tombée plusieurs fois. Dans les départements limitrophes
les orages à grêle ont été également nombreux et, partout
où la défense n'est pas organisée, on a eu à constater des
pertes sérieuses.
En résumé, la pratique du tir se trouve à nouveau justi-
fiée cette année parles expériences beaujolaises, et il devient
de plus en plus difficile de nier son efficacité.
Si la grêle n'a pu commettre ses méfaits en Beaujolais,
malheureusement, comme partout ailleurs, les pluies
persistantes, à l'approche des vendanges, sont venues
ruiner les légitimes espérances qu'avaient nos viticulteurs
de faire du bon vin. Depuis le 4 septembre la pluie tomba
presque tous les jours, et sur tous les points il a fallu ven-
danger presque en même temps, à cause de la pourriture
qui attaquait rapidement le raisin.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 189
Les expériences avec le canon automatique à acétylène
de MM. Tabard et Gharvet ont continué cette année à
Denicé et à Limas.
Les perfectionnements apportés par M. Tabard aux appa-
reils de manœuvre à distance ont donné d'assez bons résul-
tats, toutefois il s'est produit encore quelques accrocs qui
ont nui parfois à la régularité du tir.
Les imperfections, faciles à corriger, concernent surtout
les accessoires des appareils et non le mécanisme lui-
même qui était la partie la plus délicate à mettre au point.
M. Tabard considère la difficulté comme résolue, et,
dans une lettre adressée à M. J. Chatillon, dit qu'actuelle-
ment il ne craindrait pas d'engager sa responsabilité de
constructeur en acceptant de faire des installations avec
garantie de fonctionnement.
III
Considérations scientifiques sur les Tirs grélifuges.
Dès l'origine des tirs grélifuges, il s'est élevé une con-
tradiction formelle entre le monde savant et les promoteurs
du mouvement défensif.
Il est regrettable, évidemment, de voir ceux qui, les
premiers, auraient dû s'intéresser à cette nouvelle méthode
de résistance aux éléments naturels, se mettre en travers
des meilleures volontés avant même d'être édifiés sur les
résultats du procédé.
Surpris par la brusquerie des expériences grélifuges, nos
savants ne sauraient être taxés d'idées préconçues, ou d'in-
tolérance ; leur première intention, qui peut paraître louable,
ayant été, sans doute, d'empêcher la spéculation de venir
accabler nos populations rurales déjà bien éprouvées.
Mais n'était-il pas nécessaire, avant toute chose, de tenir
190 J. GAMUSAT.
compte de l'honorabilité indiscutable des pionniers de la
première heure?
Que les premiers expérimentateurs, dans un enthousiasme
bien compréhensible, aient pu se tromper, la chose pou-
vait paraître possible; il était alors du devoir des savants
de suivre attentivement les expériences, et, après des obser-
vations réitérées et concluantes, de redresser au besoin les
erreurs qui pouvaient résulter de déductions trop préci-
pitées.
Que de paroles amères eussent été évitées !
Abandonnés par la science, mais encouragés par des
résultats paraissant de plus en plus appréciables, les orga-
nisateurs de la défense, ne comptant que sur leurs propres
efforts, engagèrent vigoureusement la lutte contre les
orages.
« Que les savants, disaient-ils, avant de critiquer nos
expériences, se mettent d'accord sur la théorie de la for-
mation de la grêle! »
La grêle est, en effet, un phénomène météorique qui
paraît encore inexpliqué, et la théorie de sa formation a
fourni à un grand nombre de physiciens le sujet d'hypo-
thèses très remarquables, mais des plus contradictoires.
Pour les uns elle résulte de la simple congélation, plus
ou moins subite, et par des moyens différents, de Peau vési-
culaire en suspension dans les nuages, ou des gouttes de
pluie qui tombent des régions élevées ; pour les autres, au
contraire, l'électricité accumulée dans les nuages lors d'un
orage ferait seule les frais de transformation de l'eau liquide
en eau solide.
Pour mieux définir l'état scientifique de cette question,
il suffira de résumer brièvement les principales théories
auxquelles elle a donné lieu.
Volta est peut-être le premier qui ait exposé une théorie
raisonnée de la grêle. « Les rayons solaires, disait-il, frap-
pant la sqrface supérieure d'un nuage très dense sont
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 191
absorbés et il en résulte une grande évaporât ion, favorisée
par la sécheresse des couches d'air situées au-dessus des
nuages, et par l'état électrique de ces derniers.
» Cette évaporation suffit i produire un changement de
température assez sensible pour déterminer la formation
de flocons neigeux et d'aiguilles de glace qui sont comme
les embryons des grêlons.
m Si deux nuages se superposent, le supérieur étant
formé par la condensation de la vapeur d'eau émanant de
l'inférieur, ils se polarisent, le nuage supérieur étant élec-
trisé positivement et le nuage inférieur négativement.
» Les flocons neigeux et les aiguilles de glace formés
dans le nuage inférieur s'électrisant comme lui, sont
repoussés et attirés par le nuage supérieur au contact duquel
ils ohangent de signe pour être renvoyés sur le nuage infé-
rieur. Selon la durée de ces attractions et répulsions suc-
cessives, les grains se chargent de couches plus ou moins
épaisses de glace, jusqu'à ce que le nuage inférieur ne pou-
vant plus les retenir, la pesanteur l'emporte et les fait
tomber i la surface de la terre. »
D'après M. Stroubo, la grêle serait la conséquence d'une
trombe existant, dans les régions supérieures, entre deux
nuages orageux ayant des électricités contraires, ou entre
un nuage et la terre .
Pour M. PouilUt, l'électricité ne joue aucun rôle. Cer-
tains vents, que Ton désigne généralement sous le nom de
vents d'aspiration, sont toujours accompagnés d'un refroi-
dissement plus ou moins important. Or, supposant le refroi-
dissement produit par le vent, on peut admettre égale-
ment que c'est la puissance du vent qui entraîne les grêlons
horizontalement, ou du moins très obliquement, dans
l'atmosphère, qu'ils parcourent avec une vitesse considé-
rable qui peut les porter à 60 ou 80 kilomètres de leur
point d'origine.
Us n'auraient alors pas besoin de rester suspendus bien
192 J. GAMUSAT.
longtemps au-dessus des nuages très denses et très froii
pour atteindre le volume qu'ils ont quelquefois.
Ainsi, d'après M. P oui lie t, ce serait une même cause
rabaissement rapide de la température par les vents, qui déte
minerait la formation et l'accroissement des grêlons. Qua
à l'électricité qui accompagne toujours ce phénomèn
elle serait un effet et non une cause. L'accumulation de
vapeur d'eau, nécessaire pour engendrer la grêle, ne sa
rait avoir lieu sans un grand dégagement d'éleotricil
puisque tous les nuages qui se condensent au foyer où
forme la grêle, y viennent avec une électricité positive
négative qui acquiert une grande tension par la condensatic
M. Planté prétendait, au contraire, que l'électricité et
le principal facteur de la formation de la grêle. Les for
décharges électriques qui se produisent au sein d'un nus
peuvent le réduire en vapeur ou en une multitude de p
ticules liquides suivant son état de condensation. Ces p
ticules projetées dans les régions élevées et glacées
l'atmosphère, se solidifieraient et retomberaient sous for
de grêlons.
if . Paye rattachait le phénomène de la grêle à celui (
tourbillons aériens. « Les cirrus atteignant une altiti
très élevée, où règne une température excessivement bas
seraient formés d'aiguilles neigeuses. Ces nuages, anin
d'un mouvement descendant de giration, déterminerai*
une abondante condensation de la vapeur d'eau par refr
dissement des couches d'air qu'ils traversent, et, par
fait, provoqueraient l'amoncellement de nuages vésiculai
orageux où s'accumule l'électricité des régions supérieur
de l'atmosphère Les aiguilles glacées des cirrus, animées
de leur mouvement tourbillonnant très rapide, s'amasse-
raient dans les nuages inférieurs et formeraient ainsi les
noyaux des grêlons qui augmentent progressivement de
volume, jusqu'à ce que leur vitesse de giration soit devenue
trop faible pour contrebalancer l'effet de la pesanteur. »
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 193
M. Mascari n'admet pas la théorie des tourbillons descen-
dants de Faye.
M. U If Trabert, du Bureau central météorologique de
Vienne, n'accepte pas non plus l'influence électrique.
D'après lui, les cirrus, dont l'apparition est presque tou-
jours le signe précurseur d'un orage, circulent dans les
hautes régions de l'atmosphère où la température est très
basse, et sont, de ce fait, chargés d'aiguilles de glace. Les
cumulus, qui se tiennent i une altitude moins élevée, sont
parfois cependant à une température assez basse pour que
des gouttelettes d'eau s'y trouvent i l'état de surfusion,
c'est-à-dire à un état liquide bien qu'à une température
inférieure à zéro.
Lorsque les cirrus en s'abaissant peuvent laisser tomber
des aiguilles de glaoe dans un tel cumulus, les gouttelettes
en surfusion se congèlent brusquement à leur contact et
augmentent leur volume ; il se produirait ainsi des congé-
lations successives, capables de grossir peu à peu le noyau
primitif pour former les grêlons.
M. Rotensihiely partant de cette observation que les grê-
lons sont cristallisés sur un noyau central, admet égale-
ment qu'il peut exister dans l'atmosphère des buées liquides
à l'état de surfusion. D'après lui, la grêle se formerait sou-
dainement, comme dans une solution sursaturée d'un sel
s opère instantanément la cristallisation quand on y ajoute
un peu de ce même sel.
M. 1$ professeur Roberto exposait une nouvelle théorie
tourbillonnaire en 1882 : '
« Les orages à grêle seraient formés par des tourbillons
à axe horizontal, de forme elliptique, dont la partie cen-
trale serait le siège de la production de la grêle; le vide
y existerait, créant un refroidissement intense et l'eau serait
aussitôt condensée et congelée. Le plus grand abaissement
I. Vol? F. Siaqoé, brochure citée.
TOME XIX. 13
194 J. GAMUSAT.
de température se produirait, non dans les hautes sphères,
mais entre zéro et 600 mètres, et les plus grandes varia-
tions de température auraient lieu de 200 à 500 mètres.
» Le déplacement de ces tourbillons à axe horizontal se
produirait toujours dans le même sens : de la région la
plus froide vers la région la plus chaude. Si l'orage
rencontre des régions de plus en plus chaudes et humides,
il croît en force et en vitesse; s'il remonte vers des
régions moins chaudes et moins humides, il s'affaiblit et
disparaît.
» Ces tourbillons à axe horizontal auraient un caractère
mécanique commun avec les tourbillons à axe vertical.
Dans l'un et l'autre cas, il y aurait un rapport tel entre la
vitesse de chaque molécule et sa distance au centre du
tourbillon, que la force centrifuge vers Taxe serait très
grande. D'où tendance à la formation du vide autour de
l'axe et à la formation des phénomènes d'évaporation de
l'eau, de refroidissement brusque, de congélation et de
grêle. »
Une autre théorie, basée sur les observations météoro-
logiques et sur les expériences exécutées en ballon, fut
publiée en 1885 par M. Plumandon, météorologiste i l'ob-
servatoire du Puy-de-Dôme. !
D'après les déductions de M. Plumandon, les grêlons
se développeraient uniquement pendant leur chute, et leur
origine résulterait aussi bien de la goutte d'eau que du
grain de grésil, c'est-à-dire de l'aiguille neigeuse pri-
mitive.
Les expériences aériennes démontrent que la tempéra-
ture ne décroît pas uniformément suivant la verticale et
varie considérablement d'une époque à une autre, dans la
même saison et pour la même altitude.
1 . Formation dee principaux hydrométéoree, Nouvelle Théorie de le gréUy par
J.-R. Plumandon, librairie Gauthier- Villars, Parie, 1885.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 195
L'état hygrométrique de l'air présente également des
variations très grandes et tout aussi irrégulières.
En un mot, l'état ordinaire de l'atmosphère semblerait
être la superposition d'un nombre indéterminé de couches,
tantôt sèches, tantôt humides, groupées d'une manière
quelconque, et ces alternances de couches sèches ou
humides joueraient un rôle important dans la formation de
la grêle.
8i l'on considère un petit cristal de glace, un flocon de
neige, tombant d'une région élevée, il se ramollira et fondra
plus ou moins dans une zone où la température est supé-
rieure à zéro et constituera un globule de neige fondante.
Lorsqu'il pénétrera dans une zone sèche, l'évaporation,
activée encore par la vitesse de chute, le congèlera en
quelques secondes. 8i pendant le reste de sa chute ce petit
grain ne traverse que de l'air humide ou des brouillards
susceptibles de mouiller, il s'accroîtra peu et les couches
plus ou moins concentriques dont il pourra se charger
seront opaques. S'il arrive ainsi jusqu'au sol, il y tombera
sous la forme d'un grain de grésil.
Lorsque le petit grain considéré traverse des régions où
la vapeur s'est déjà condensée, il s'adjoint, à cause de sa
basse température, des couches concentriques de glace
translucide. 8on volume s'accroît modérément si la vapeur
mouille, vite dans les zones où il bruine et plus vite encore
dans celles où il pleut.
En général, les gréions seraient d'autant plus gros qu'ils
tombent d'une plus grande hauteur, les autres conditions
restant les mêmes.
8i l'on avait considéré une goutte de pluie en lieu et
plaoe d'un flocon de neige comme origine, le résultat aurait
été identique et l'on obtiendrait comme produit final un
grêlon plus ou moins transparent.
La nature, l'ordre, le nombre et l'étendue des couches
traversées par le météore variant considérablement, il en
196 J. C AMUSAT.
résulte des formes très diverses pour les grêlons, surtout
s'ils proviennent de chutes différentes.
Enfin, en 1904, M. Nolibois, ingénieur à Alais, publiait
une nouvelle théorie basée sur la surfusion, mais ne néces-
sitant que la présence d'un seul nuage pour la formation
de la grêle. *
D'après lui, un nuage épais doit être considéré comme
étant formé de plusieurs zones :
Une zone inférieure assez importante, composée de plu-
sieurs couches à l'état de brouillard très dense ;
Une zone moyenne moins dense ;
Une zone supérieure mi-vapeur, en voie de condensation,
et mi-eau.
Sous l'influence de la chaleur, émanant des couches
atmosphériques voisines de la terre, la partie basse de la
zone inférieure du nuage se transforme en vapeur, laquelle
tend à s'échapper, soit par les échancrures, soit par les
bords du nuage, pour remonter se condenser dans la zone
froide supérieure, de sorte que le nuage est dans un état
permanent de désagrégation et de reconstitution.
Cette évaporation inférieure occasionnera, dans la couche
immédiatement supérieure, un abaissement de tempéra-
ture qui sera d'autant plus intense qu'elle aura été plus
rapide, et qui pourra descendre bien au-dessous du zéro.
Par suite du calme des hautes régions et de l'extrême
division de l'eau, cette chute de température ne congèlera
pas immédiatement les gouttelettes d'eau qui se maintien-
dront à l'état de surfusion. Cet état pourra subsister un
certain temps, mais si, pour une cause quelconque, une
molécule d'eau vient à se solidifier, toute la masse en sur-
fusion se transformera en glace, d'autant plus rapidement
que la température sera plus basse.
1. Progrès agricole, du 28 août 1904. Voir également : F. Sisqué, brochure
citée.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 197
La durée du phénomène dépendra de l'importance de la
zone en sur fusion, puis à cause de la grande masse d'eau
qui se condense au-dessus de cette zone, la pluie ne tar-
dera pas à se produire; ceci expliquerait pourquoi la grêle
tombe d'abord et pourquoi elle est de courte durée. A
mesure que la terre se mouille le rayonnement diminue et
l'évaporation des parties basses s'atténuant, l'équilibre se
rétablira.
M . Nolibois conclut que l'évaporation inférieure du nuage
sera d'autant plus rapide que les couches atmosphériques
voisines de la terre seront plus chaudes et plus sèches, ce
qui expliquerait « pourquoi la grêle tombe l'été plutôt que
l'hiver, le jour plutôt que la nuit; pourquoi aussi les coteaux
sont plus frappés que les plaines, les terres calcaires et
sablonneuses plus que les alluvions humides, et les forêts
très rarement. »
Comment se reconnaître i travers ce dédale? Combien,
dès lors, il devient difficile de formuler une théorie ration*
nelle de l'efficacité du tir grêlifuge!
Quoi qu'il en soit, les chutes de grêle abondantes sem-
blent, le plus souvent, résulter de la rencontre de deux
nuages venant de directions différentes ; cependant le phé-
nomène ne se produit pas seulement pour les courants
directement opposés nord et sud, comme l'indique Jf. Le fort
dans son Traité de chimie hydrologique; il peut résulter
également du croisement des courants sud-est et sud-
ouest, comme j'ai pu le constater au Creusot, lors de l'orage
général du 15 août dernier.
Après avoir fouillé un peu partout pour retrouver les
théories relatives i la grêle, il m'a semblé singulier que
physiciens et météorologistes aient omis de signaler l'ex-
périence faite par Quinquet, l'inventeur de la lampe qui
porta son nom vers la fin du dix-huitième siècle. Nul ouvrage
général, récent ou même ancien, n'en fait mention.
M. le Dr Vidal, l'inventeur des fusées grélifuges, en
198 J. CAMUSAT.
faisant des recherches sur les causes qui pouvaient atté-
nuer et même supprimer la chute de la foudre dans le péri-
mètre d'un champ de tir, retrouva l'exposé de cette expé-
rience fondamentale dans un mémoire de l'académicien
Luvini ; Ghaptal et Kant en font également mention.
M. Quinquet parvint à transformer des gouttelettes d'eau
en grêlons en les soumettant tout simplement à des
décharges électriques réitérées, et son expérience fut
reprise plus tard avec succès par M. Seiferheld.
De cette expérience, M. Vidal tire la conclusion bien
justifiée : que la congélation subite d'une partie de l'eau
vésiculaire contenue dans les nuages peut bien n'être due
qu'à l'action des courants électriques qui les sillonnent en
tous sens.
La formation de la grêle au sein même des nuages
pourra donc paraître très raisonnable sous cette condition,
cependant il n'est pas impossible que les grêlons ainsi
formés puissent subir diverses modifications dans leur
chute. Peut-être même peuvent-ils se produire électrique-
ment dans une zone bien inférieure aux nuages portant
l'orage. La présence d'électricité inférieure au moment de
l'orage est indiscutable, car on observe fréquemment, et
M. Plumandon l'a constaté lui-même dans la plupart des
orages, des éclairs bien au-dessous de la région des nuages.
Que la production des éclairs, ainsi que leur forme
sinueuse, brisée, ou ramifiée, soit le résultat du manque
d'homogénéité hygrométrique des couches atmosphériques
qui, par suite de cet état, sont plus ou moins conductrices,
que l'électricité soit le résultat de condensations ou de
mouvements tourbillonnaires se produisant entre les nuages
ou dans leur sein, ce sont choses admissibles dans l'état
actuel de la science météorologique ; mais on ne saurait
en conclure que l'action des décharges, quelle que soit
l'origine de la source électrique, n'a aucune influence sur
la formation des hydrométéores,
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 199
L'expérience de H. Quinquet semble, i ce point de vue,
prépondérante sur toutes les hypothèses que Ton peut faire
à ce sujet.
M 'appuyant sur cette expérience, ainsi que sur quelques
observations météorologiques, très caractéristiques, que j'ai
pu faire au Creusot, j'essaierai d'esquisser quelques consi-
dérations scientifiques sur l'efficacité des tirs grâlifuges,
mais, avant d'entrer dans le détail de ces vues toutes per-
sonnelles, il est nécessaire de résumer, très brièvement,
les oonceptions diverses qui ont pu prendre naissance sur
cette question.
Dès l'origine des tirs grêlifuges modernes, si les opinions
furent flottantes quant i l'efficacité, elles le furent encore
davantage lorsqu'il s'agit de préciser le mode d'action. Pour
les uns, les vibrations résultant de la détonation préve-
naient la formation de la grêle en provoquant la condensa-
tion des nuées; pour d'autres, au contraire, les ondes
sonores et les gaz qui pouvaient s'élever à l'altitude des
nuages étaient susceptibles de modifier la tension élec-
trique des couches atmosphériques.
Pour beaucoup d'observateurs, et ils furent nombreux au
début, alors que le canon était le seul engin dé fensif usité,
les effets du tir devaient résulter, soit d'une sorte de pro-
jectile gazeux, lancé par le canon et pouvant s'élever
jusqu'aux nuages, origine ou cause de la grêle, dont il
modifiait les conditions d'équilibre et provoquait la disper-
sion, soit de l'action de l'anneau, tore tourbillonnaire ou
vortex, qui apparaît dans le tir et qui semble condenser
une grande partie de l'énergie explosive de la poudre.
C'est dans le but de rechercher les effets balistiquesdu canon
grêlifuge que furent entreprises les expériences de Bill. G.
Oastine et V. Vermorel, dont il a été déjà parlé et dont je
résumerai succinctement les principales caractéristiques. !
I. Comptes rendus ds rAeftd4mle d«« Mtaoots. Séâoes du 5 oovtmbr* 1000.
200 J. CAMU3AT.
Une cible de quatre à cinq mètres de coté, divisée par
des fils de fer en treillis de dix centimètres, fut recouverte
des deux côtés par des feuilles de papier très minces,
encollées soigneusement de manière i emprisonner les
mailles du treillis qui leur servaient de support; pour
rendre cet écran plus perméable, on perça au centre de
chaque maille un petit trou carré ou triangulaire.
Les essais effectués en tir horizontal, à quatre-vingts
mètres de distance, avec un canon du format habituel des
tirs grêlifuges et chargé de cent grammes de poudre,
donnèrent les résultats suivants :
Le tir provoqua dans la cible une déchirure circulaire,
de 2 mètres de diamètre et de 20 centimètres d'épaisseur,
représentant les dimensions du tore gazeux à cette dis-
tance du canon.
Avec un canon de très petit calibre on obtint des résul-
tats analogues, les dimensions seules de l'anneau étant
plus restreintes. Avec un canon de très gros calibre, cons-
truit spécialement pour les expériences et recevant un
kilogramme de poudre, on obtint encore les mêmes effets,
avec un tore arraché de trois mètres de diamètre.
Dans tous les tirs la partie centrale de la cible étant
restée absolument intacte, il fallut écarter toute idée de
projectile gazeux précédant le tourbillon annulaire.
L'examen des lèvres de la déchirure annulaire montrant
le papier arraché par lambeaux minuscules, les sommités
des branches et les feuilles d'arbres ayant subi les mêmes
déchirures au passage du tore, cette violence semble rap-
peler les effets d'une trombe.
En un mot, l'anneau tourbillonnaire, bien que constitué par
une masse gazeuse, semblerait posséder les propriétés bien
connues du gyrostat. Le tourbillon roule extérieurement
dans le milieu qu'il traverse et écarte devant lui les couches
homogènes, tandis que par succion il entraînerait en arrière
une petite partie de ces couches primitivement refoulées.
LE TIR CONTRE LES ORAG&S K GRÊLE. SOI
Le tore gazeux est très visible, il a même été photogra-
phié bien souvent, et son passage est signalé par une
sorte de sifflement caractéristique qui peut durer de douse
a quinze minutes et plus selon l'intensité de l'explosion.
Par oontre, et c'est surtout sur cette considération que
s'appuient les dénégations de M. Mascart, l'expérience a
démontré que le tore était facilement dévié par les obs-
tacles naturels (sol, bâtiments, massifs d'arbres, etc.), même
assez écartés de sa route, ce qui rend très aléatoire la préci-
sion du tir. Dans le tir vertical, le tore tendrait dono à être
emporté dans la direction du vent.
Si l'on n'envisage qu'une action directe du tore sur les
nuages, il est évident que cette facilité aveo laquelle il a
été dévié dans les premières expériences de i 900, c'est-à-dire
à l'aurore des canons grâlifuges, semblerait plutôt défavo-
rable au principe même du tir contre les nuages qui, en
général, peuvent être assez élevés.
Il est vrai que, pas plus que pour la formation de la grêle ,
les météorologistes ne sont d'accord sur l'altitude des nuages
à grêle. M. Plumandon1, qui n'est pas précisément con-
vaincu de l'influence que l'on attribue au canon, admet,
pour les nuages qui concourent i la formation de la grêle,
une altitude de 3,000 à 4,000 mètres, considérant même
ces hauteurs comme des minima.
Dans les sociétés de tir grélifuges, au contraire, on
estime que cette altitude est beaucoup moins importante :
en France de 300 à 800 mètres, en Autriche de 400 i
800 mètres, en Italie de 500 à 900 mètres; mats M. Plu*
mandon considère que, dans ce cas, on confond les nuages
noirs inférieurs, que la grêle doit forcément traverser avant
d'arriver au sol, aveo ceux où elle se forme qui sont beau*
coup plus élevés.
I. Emcyclopèdi* dê$ Aidt-mémoin LêêuU : lêê OrêQiê et U Grêtê, par J.-R, Pttt*
l, Gaalhlar-VUlan , édilaar, Parte.
202 J. CAMUSAT.
Si les météorologistes ne croient pas à l'efficacité du tir,
c'est justement à cause de la hauteur qu'ils attribuent à la
formation de la grêle, mais ils sont, en cela, non seulement
en désaccord avec les praticiens des tirs, mais encore avec
les alpinistes. M. F. Sisqué rappelle à ce sujet que des
observateurs se trouvant en pleine montagne, à des alti-
tudes voisines de 2,000 mètres, ont vu souvent des orages
se former et éclater bien au-dessous d'eux.
M. le Dr Vidal signalait tout récemment à l'attention de
l'Académie des sciences1, l'évolution très caractéristique
d'un ouragan à grêle qui ravagea le canton de Vaud (Suisse),
le 1er août 1904. D'après les graphiques qu'il en a tracé,
cet orage qui semblait avoir pris naissance sur les sommets
des Alpes bernoises, à des altitudes dépassant 3,000 mètres,
s'est abaissé rapidement puisque, sur tout son parcours,
les territoires situés à plus de 700 mètres d'altitude ont été
totalement épargnés.
Il est possible aussi, comme le dit M. Houdaille, que le
relief du sol et l'orientation des courants locaux dans le
voisinage des vallées, exerce une action importante sur la
trajectoire des orages. Il a été constaté bien souvent que
les orages à grêle peuvent avoir une trajectoire plongeante
les faisant briser contre des collines relativement peu
élevées.
Tout en remarquant simplement, pour le moment, que
l'action réelle du tore gazeux doit être envisagée au delà
de sa portée balistique visible, il est nécessaire de rappeler
que les expériences de tir effectuées plus récemment, au
concours d'engins paragréles de Nuits-Saint-Georges, ont
donné des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus
dans les expériences de MM. Oastine et Vermorel.
Les tirs furent exécutés par-devant la commission d'examen
des appareils avec le canon Idéal, de MM. Quelin et Perras .
I , Comptes rendus, séance du 10 Juillet I9Q6,
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 203
Dans une première expérience, une cible en papier,
placée à 50 mètres du canon, fut arrachée violemment et
le tore continuant sa route sans déviation allait ébranler,
50 mètres plus loin, des cerisiers placés dans la direction
du tir.
Dans une deuxième expérience, des arbres, situés à
200 mètres de distance, ayant servi de cible furent mutilés
à leur sommet, et il fut possible de percevoir une sorte de
claquement dû i l'arrivée du tore contre une colline nue,
située i plus de 100 mètres au deli des arbres.
La portée du tir a donc été beaucoup plus importante
que celle admise jusqu'alors; néanmoins, en présence des
hauteurs attribuées aux nuages à grêle, les partisans des
fusées sembleraient avoir le beau rôle, ce genre d'en-
gin étant susceptible de porter l'explosion à des hauteurs
bien supérieures : jusqu'à 800 mètres, ainsi qu'on l'a cons-
taté au concours de Nuits-Saint-Georges.
Mais, comme je l'ai fait remarquer bien souvent, là n'est
pas la solution de la question.
Ainsi que je le rappelais dans la partie historique de
cette étude, l'influence du tir du canon sur l'état de l'at-
mosphère a été constatée en maintes occasions, mais il
existe cependant une assez grande différence, quant aux
conclusions à en tirer, selon que le tir est effectué avec le
canon ordinaire, o'est-à-dire le canon de guerre, ou aveo le
canon paragréle.
Dans le cas du canon de guerre, les remarques propres
à démontrer la dispersion de l'orage sont assez rares, et,
d'une manière générale, les observateurs sont plutôt d'accord
pour attribuer au tir, soit la production de la pluie et du
vent, soit le déchaînement subit d'un orage.
Le météorologiste breton Charles Le Maout, dont les
curieuses observations barométriques firent grand bruit
pendant la guerre de Grimée, en ce qu'elles lui permirent
d'en prédire les grandes batailles le jour même, et bien
204 J. GAMUSAT.
longtemps avant l'arrivée des dépêches officielles, admet-
tait également que le canon, ainsi du reste que le son des
cloches ou tout autre bruit brusque et violent, pouvait engen-
drer le vent, la pluie et l'orage.
Disons en passant que la Doctrine des Condensations1, de
Ch. Le Maout, malgré les ingénieuses conceptions sur les-
quelles elle s'appuie, ne saurait être admise dans le sens
d'une théorie générale. Elle ne s'applique guère qu'i un
nombre de cas restreint, concordant avec un état hygromé-
trique spécial dû à une atmosphère saturée d'eau vésiculaire,
état tout particulièrement réalisable dans la région de
Saint-Brieuc, pour laquelle le savant observateur a établi
ses longues et patientes statistiques.
On sait, du reste, que les expériences entreprises en
1891, par le général américain Dyrenforth, dans le but
d'obtenir la pluie par le tir de l'artillerie, ne donnèrent
aucun résultat.
Avec les canons à tromblon qui furent utilisés pour le
tir contre les orages, si tout le monde n'est pas d'accord
quant à la suppression de la grêle, tous les observateurs,
et ils sont nombreux aujourd'hui, semblent i peu près una-
nimes pour attribuer au tir un effet de disjonction des nuages,
et, dans un très grand nombre de cas, la suppression du
vent et du tonnerre sur l'étendue des champs de tir, la
pluie n'intervenant pas toujours.
Ce sont là, évidemment, des effets absolument contraires
à ceux constatés pendant le tir du canon de guerre.
Le canon de guerre se tire horizontalement, ou sous
un angle toujours plus rapproché de l'horizontale que
de la verticale ; les cloches produisent des ondes qui se
déplacent plutôt dans une direction horizontale. Le canon
paragrêle se tire toujours verticalement et les fusées ont
également une trajectoire à peu près verticale.
1. Exposé de la DoclriM de$ Conden$*tion$, imprimerie Emile Le Mioat, Cher-
bourg. Réimpression de 1891,
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 205
Il semble, a priori, que c'est dans la direction des tirs
qu'il faut rechercher la différence des résultats constatés,
mais de toute façon la théorie des vibrations paraît inad-
missible, car les ondes sonores produites par les éclats
du tonnerre seraient susceptibles, à elles seules, de dis-
perser un orage et d'empêcher la formation de la grêle.
Or, la grêle est toujours accompagnée d'éclairs et de
tonnerre, et tout ce que l'on peut constater pendant un
orage, c'est une recrudescence de la pluie à chaque coup
de tonnerre violent, surtout au début de l'orage. Encore
cette recrudescence peut elle résulter d'une modification
électrique instantanée survenue dans les couches atmos-
phériques, car j'ai remarqué qu'elle se produit le plus
souvent immédiatement après l'éclair, avant que le ton-
nerre ne se soit fait entendre.
M. Brunet-Tachon a remarqué qu'à la suite de violents
coups de tonnerre l'orage se calmait, surtout la nuit; cette
remarque, pas plus que la précédente, n'implique un rôle
certain aux ondes sonores.
Dans l'exposé de sa théorie sur la formation de la grêle,
M. Roberto ne croit pas à l'action des vibrations sonores
résultant du tir; leur intensité étant inversement propor-
tionnelle au carré des distances, elles n'auraient en consé-
quence qu'un effet bien peu appréciable à 500 mètres. Pour
lui, le tore gazeux lancé par le canon attaquant le tour-
billon à axe horizontal, origine de la grêle, perpendiculai-
rement à l'axe, le mouvement tourbillonnaire est rompu,
et, par la brèche produite, l'air peut pénétrer pour combler
le vide central, empêchant ainsi la production du froid,
partant la congélation de l'eau vésiculaire.
Dans la théorie de M. Nolibois, si l'on provoque des déchi-
rements brusques dans le nuage orageux, on établira des
ondulations ou même des trouées, par lesquelles la vapeur
chaude de la région inférieure pourra s'écouler en suppo-
sant à rétablissement d'une zone de surfusion.
206 J. CAMUSAT.
Que Ton admette l'hypothèse des ondes sonores, celle de
M. Roberto ou celle de M. Nolibois, les partisans des
fusées pourront s'en servir avantageusement pour appuyer
leur opinion, car ces engins portent l'explosion beaucoup
plus près du laboratoire à grêle.
Toutefois, beaucoup d'observateurs n'admettent pas que
l'efficacité des tirs puisse être attribuée à une action méca-
nique des gaz. L'électricité semblant être le principal
agent qui engendre les phénomènes hydrométéoriques,
l'action des gaz dégagés par les engins grêlifuges inter-
viendrait pour diminuer la tension électrique des nuages,
s'opposant ainsi à la formation de la grêle.
M. Violle, membre de l'Institut, qui présida le concours
de Nuits-Saint-Georges, où il eut l'occasion de suivre les
expériences de tir grêlifuges, envisage la question sous
une tout autre forme.
Dans une communication faite à l'Académie des sciences *,
il admet que le tir contre les nuages tend à rétablir l'équi-
libre électrique. « Cela doit être, dit-il, si, comme il est
permis de le supposer, les engins agissent surtout par les
gaz chauds et ionisés auxquels ils donnent lieu. »
Les appareils paragrêles fonctionneraient alors comme
de véritables paratonnerres opérant au sein même des
nuages.
D'après ce que j'ai dit de la fameuse expérience de
Quinquet, et d'après mes observations personnelles, c'est
évidemment dans la voie indiquée par M. Violle qu'il faut
rechercher la théorie des tirs grêlifuges.
La théorie de l'ionisation, d'origine toute récente, joue
aujourd'hui un rôle très important dans l'interprétation des
phénomènes de conductibilité.
Les travaux de C. T. R. Wilson, d'Elster, de Qeitel, etc.,
ont démontré la présence permanente dans l'atmosphère
1. Comptes rendus, séaooe du 6 février 1905.
LK TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 207
de centres électrisés, ou ions, des deux signes, identiques
i ceux que produisent les rayons Rœntgen, et qui, par
leurs collisions ou leurs recombinaisons à travers les
molécules neutres du fluide aérien, communiquent à l'air
la conductibilité électrique.
La détermination de cette conductibilité par les ions est
de première importance pour la météorologie, et c'est à
cette cause que Ton tend à attribuer aujourd'hui les phé-
nomènes de condensation de la vapeur, l'origine de la pluie
et des orages, ainsi que l'existence du champ électrique
terrestre.
Plus récemment encore, les recherches de MM. P. Lan-
gevin et P. Massoulier sur les flammes et les gaz chauds
ont démontré que, sous l'influence de certaines réactions
résultant d'une combustion, et par l'effet de la tempéra-
ture élevée, flammes et gaz chauds peuvent devenir con-
ducteurs : leur conductibilité résultant d'une ionisation en
volume se produisant dans le corps même de la flamme au
moment de la combustion.
Les tirs grelifuges réalisent-ils les conditions de conduc-
tibilité suffisantes pour influencer les nuages?
Dans le tir du canon, les gaz ionisés dégagés par la
déflagration de la poudre s'élèvent à une hauteur plus ou
moins importante ; mais leur projection sous forme de tore
produit un brassage énergique des couches atmosphériques
avec lesquelles ils entrent en contact.
Ce brassage provoque une agitation thermique et méca-
nique très vive, qui sera d'autant plus favorable i la mise
en fonction des ions atmosphériques, joints aux ions gazeux,
que les modiGcations fluidales se produisent entre deux
électrodes naturelles très puissantes : le sol et les nuages.
Si donc le tore gazeux semble disparaître à une hauteur
peu en rapport avec l'altitude des nuages, l'agitation molé-
culaire dont il est l'origine peut embrasser une aire de dis-
persion beaucoup plus considérable, qui constitue rapide*
208 J. CAMUSAT.
ment une puissante colonne conductrice capable de sou-
tirer aux couches supérieures de l'atmosphère et aux nuages
des quantités appréciables d'électricité.
Ainsi déchargés, les nuages perdent de leur capacité
orageuse, et les phénomènes habituels qu'ils engendrent,
notamment la formation de la grêle, sont, sinon sup-
primés totalement, tout au moins considérablement atté-
nués.
Ainsi s'explique également la cessation des éclairs et du
tonnerre sur l'étendue des champs de tirs.
Quant à la grêle, on ne pourrait évidemment assurer
qu'elle serait tombée sans le tir, tous les orages n'étant
pas susceptibles d'en produire d'une façon permanente;
mais la chute de grêlons mous ou de flocons neigeux, cons-
tatée fréquemment par les artilleurs agricoles, semble,
quoi qu'en dise M. Plumandon, un indice que cet hydro-
météore a été surpris en pleine période de formation, et
que, sans l'influence du tir, il aurait pu se développer plus
largement.
Envisagée sous cette forme, l'efficacité du canon ne semble
plus se présenter comme une anomalie.
Il m'a du reste été permis, dans un ordre de choses diffé-
rent, bien que similaire, de faire quelques remarques qui
semblent venir à l'appui de cette théorie.
Le Greusot, pour tous ceux qui le connaissent bien, est
réputé pour être rarement touché par les orages, tout au
moins par des orages de quelque importance.
La foudre, en effet, y tombe assez rarement, et quand le
tonnerre s'y fait entendre, c'est plutôt sur les conGns du
pays.
Cette particularité avait fait croire jusqu'alors que, par
suite de conditions orographiques spéciales provoquant des
courants aériens, les orages, qu'ils vinssent du sud-ouest
ou du nord - es t, se trouvaient canalisés et divisés en
deux branches, l'une passant au nord dans la direction de
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ou du nord -est, s
deux branches, Tune
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CL
CD
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LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 209
la vallée de l'Àrroax, l'autre passant au sud dans la direc-
tion de la vallée de la Dheune et du canal du Centre.
A priori, cette influence de la configuration du sol pou-
vait paraître assez vraisemblable, mais, avec un peu d'at-
tention, il est facile de donner une explication plus ration-
nelle de ce phénomène.
Depuis longtemps je cherche i éclaircir ce point, et
cette année surtout, année de sécheresse par excellence,
où, depuis juin, nous avons été constamment sous la menace
de l'orage, sans que la plupart du temps le tonnerre se fit
entendre, il m'a été permis de faire quelques constatations
excessivement intéressantes.
Quelle que soit la direction de l'orage, alors que le ciel
était très chargé aux quatre points cardinaux, on pouvait
remarquer que sur toute la ligne des usines le ciel était
beaucoup moins couvert, laissant même parfois apparaître
l'azur supérieur.
Dans les premiers jours de juillet notamment, le vent du
sud-est soufflait en tempête, le ciel était très noir sur toute
la bordure sud de la ville, mais, à mesure que les nuages
étaient chassés sur la région des usines, on les voyait
s'éclaircir progressivement. Après avoir traversé cette
zone, on les voyait se recharger à nouveau pour former
une deuxième bande très noire sur la bordure nord.
Les nuages, animés d'une grande vitesse, n'avaient sans
doute pas le temps nécessaire pour se dissiper très sensi-
blement en traversant les usines, néanmoins l'éclairoie
était bien caractérisée et contrastait singulièrement avec
les bordures nord et sud.
Je pourrais encore citer beaucoup d'autres constatations
de oe genre qui, toutes, concourent au même résultat.
A quoi peut-on attribuer cette tendance i la dispersion
des nuages au-dessus des usines ?
Toute la ligne de ces usines est parsemée de hautes
cheminées, ayant 60 à 70 mètres de hauteur, dont les som-
TOME XIX. 14
210 J. GAXUSAT.
mets atteignent et dépassent 400 mètres d'altitude. Les
colonnes de fumées qui s'échappent de ces cheminées, a
une température supérieure à 100 degrés, jettent leurs
volutes très haut dans l'atmosphère.
Ionisés i leur origine, ces gaz, par l'agitation thermique
qu'ils provoquent, rendent les couches atmosphériques
supérieures conductrices, et les nuages qui arrivent dans
cette région abandonnent une partie de leur électricité qui
se diffusera très facilement dans un sol recouvert partout
de masses métalliques, ces masses étant déjà susceptibles
par elles-mêmes de soutirer, par influence, une certaine
quantité d'électricité aux couches aériennes.
Il n'est pas à dire pour cela que le Creusot soit totalement
indemne d'orages sérieux. Il y a des orages violentissimes,
dont la vitesse est excessive, que les colonnes de fumées
ont d'autant moins le temps de décharger, qu'elles sont
elles-mêmes éparpillées par la violence du vent et se
répartissent plutôt dans une zone horizontale, au lieu de
laisser leur progression se perpétuer jusqu'aux nuages.
Tel est, par exemple, l'orage i grêle du 30 juin 1897,
orage qui ravagea une étendue considérable de territoire et
qui, au Creusot seulement, fit pour plus d'un million de
dégâts.
Cet orage arriva, heureusement, vers neuf heures du
soir, o'est-à-dire après la cessation du travail dans la
majeure partie des usines ; s'il se fût produit dans la journée,
les plus fâcheux accidents de personnes auraient pu en
résulter dans un grand nombre d'ateliers, dont la disposi-
tion nécessite l'éclairage par vitraux placés dans les toi-
tures.
Les grêlons avaient à peu près tous la forme d'oignons et
étaient constitués par des couches concentriques de glace
opaque et de glace translucide. Les plus petits n'avaient
pas moins de 2 à 3 centimètres de diamètre et 8 à 10 milli-
mètres d'épaisseur au milieu; les plus gros atteignaient, et
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 211
dépassaient souvent 4 à 5 centimètres de diamètre avec
2 à 3 centimètres d'épaisseur.
De mémoire d'homme on n'avait vu semblables grêlons
tomber au Creusot, où les plus gros, déjà rares, que Ton
connaissait ne dépassaient pas la dimension d'une noisette
ordinaire.
Le 15 août de cette année, il y eut également une chute
de grêle importante, mais les grêlons ne dépassèrent pas la
dimension de grosses noisettes, et les dégâts furent tout à
fait insignifiants.
La chute de la grêle au Creusot n'est peut-être pas aussi
en contradiction qu'on pourrait le croire avec la théorie
de l'influence des colonnes gazeuses lancées par les che-
minées.
Les usines étant construites dans une vallée longue et
étroite, la zone aérienne ionisée constitue de fait une bande
curvilique peu large. Que la formation de la grêle com-
mence à une distance quelque peu importante de la zone
de protection, il suffira que l'orage soit chassé violemment
pour que les grêlons, dont j'ai toujours remarqué la chute
très oblique, soient projetés jusque dans cette zone.
Ainsi dans l'orage du 30 juin 1897, résultant, comme j'ai
été à même de le constater, de la rencontre de deux
nuages de directions opposées nord et sud, le point origi-
nel de la chute de la grêle était situé bien au sud de la
ligne des usines.
Dans un autre ordre d'idées, on a remarqué que les con-
trées forestières sont moins facilement grêlées que les
autres, et que les orages à grêle suivent exclusivement les
parties déboisées et se résolvent en pluie lorsqu'ils passent
au-dessus des grandes forêts.
Il y a, dans ce phénomène, une nouvelle preuve à l'appui
de la théorie de l'ionisation que je viens d'exposer.
Les forêts sont le siège d'une évaporation très active
par suite de l'action des rayons solaires sur les feuilles des
212 J. CAMUSAT.
arbres, et la vapeur ainsi produite, qui contribue puissam-
ment à la formation des nuages, provoque, pendant son
ascension, une agitation thermique des couches atmosphé-
riques; il en résulte une certaine ionisation, capable d'éta-
blir une conductibilité suffisante pour réduire la tension
électrique des nuages au moment de leur passage au-
dessus des forêts, et empêcher la formation de la grêle.
La condensation d'une partie de la vapeur d'eau qui s'élève
de la forêt vient augmenter, dans les nuages, la proportion
de l'eau vésiculaire en suspension; les gouttelettes qui
augmentent de poids, et ne sont plus autant influencées
par les décharges électriques, se résolvent en pluie.
Au Greusot la quantité de vapeur d'eau lancée dans l'at-
mosphère, par les échappements de machines à vapeur, par
l'arrosage du coke, par la coulée des laitiers de hauts four-
neaux dans l'eau, etc., est considérable, et l'ascension de
cette vapeur contribue avec les fumées i diminuer la ten-
sion électrique des nuages.
Examinons maintenant ce qui se passe dans le tir des
fusées contre les nuages.
La fusée s'élève par réaction pendant la combustion de
la charge fusante, laissant en dessous d'elle une traînée
gazeuse conductrice ; cette colonne gazeuse, par suite des
conditions de sa production : rétrécissement de l'orifice
inférieur de la fusée et grande vitesse ascensionnelle, con-
servera sur toute sa hauteur une faible section et ne pro-
duira pas une agitation importante de la masse atmosphé-
rique.
Au moment de l'allumage de la charge explosive, c'est-à-
dire au point culminant de l'ascension de la fusée, une
nappe de gaz, également ionisés, se répand dans l'atmos-
phère.
Si cette nappe entre en contact avec un nuage, elle peut,
incontestablement, modifier les différences de potentiel
qui caractérisent ses diverses zones et régulariser sa ten-
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 213
sion électrique. D'autre part, une partie de l'électricité du
nuage pourra suivre cette nappe conductrice et venir
s'écouler jusqu'au sol par la colonne ascensionnelle, à con-
dition toutefois que cette dernière n'ait pas été rompue
par le vent. La quantité d'électricité qui s'écoule étant
fonction de la dimension du conducteur, le nuage, en tout
cas, ne se déchargera que très lentement, par conséquent
peu abondamment.
La fusée peut donc intervenir favorablement dans la
lutte contre les orages, mais, comme elle agit plus par sa
nappe gazeuse d'explosion que par sa colonne ascension-
nelle, elle tend surtout à rétablir un certain équilibre élec-
trique des nuages, mais non à les décharger. Les éclairs et
le tonnerre pourront cesser momentanément, et la grêle ne
pas se produire, mais la capacité électrique des nuages res-
tant à peu près entière, ils reprendront rapidement leur
forme orageuse dès qu'ils auront dépassé la zone des postes
de tir.
En un mot, la fusée semblerait plutôt n'avoir qu'une
action modératrice, et l'étendue de sa protection serait très
localisée.
A mon point de vue, le canon, par l'importance de la
colonne conductrice qu'il engendre, colonne bien entretenue
par la précipitation du tir, me semble plus susceptible de
briser un orage et d'atténuer son étendue, car les nuages,
au fur et à mesure de leur passage au-dessus des postes,
laisseront perdre dans le sol une partie de leur élec-
tricité.
Néanmoins les fusées, avec les modèles que Ton fabrique
aujourd'hui, pourront, dans les orages élevés surtout,
assurer une proteotion appréciable et assez rapide au-dessus
dés champs de tir.
Quant à attribuer aux fusées insuffisantes un effet encore
comparable à celui du canon, comme l'a fait M. Sisqué,
l'idée me paraît bien hasardée.
214 S. GAMUSAT.
Il semble au contraire prouvé par l'expérience que les
fusées dont l'explosion se fait en dessous des nuages ne
produisent aucun effet. Ceci résulte incontestablement de
ce que la nappe gazeuse d'explosion n'a pu régulariser la
tension des nuages; elle est incapable d'influencer les ions
des couches atmosphériques supérieures pour les rendre
conductrices, et n'agit que par contact direct.
Les artificiers agricoles ont à leur disposition plusieurs
numéros de fusées suivant les hauteurs à atteindre, mais
l'appréciation de la hauteur des nuages reste toujours l'une
des grosses difficultés du tir.
Cette appréciation ne peut guère s'obtenir que par tâton-
nements, en lançant successivement des fusées de plus en
plus fortes, jusqu'à ce que l'on constate que l'explosion se
produit dans les nuages. Il ne faut donc pas, sous un vain
prétexte d'économie! hésiter à brûler rapidement quelques
fusées au début de l'orage, jusqu'à ce que l'on soit assuré
que la hauteur du tir est suffisante ; on prépare ainsi le
succès de la défense.
D'une manière générale, il sera toujours préférable de
tirer trop haut plutôt que d'utiliser des fusées trop courtes.
Telle qu'elle vient d'être présentée, la théorie de l'effica-
cité des tirs grâlifuges peut paraître rationnelle, le tir
n'agissant plus que comme un simple paratonnerre, avec
toutefois une action plus énergique par suite de la jonction
directe des nuages avec le sol.
On retombe ainsi dans les prévisions d'Ampère, qui pro-
posait de décharger les nuages en utilisant des ballons
captifs, ou des cerfs-volants, munis de pointes et reliés au
sol par des conducteurs ; mais, eu égard à l'importance de
la colonne conductrice développée par les tirs, les modifi-
cations électriques sont beaucoup plus rapides et assurent
un résultat plus certain.
Pour terminer ce chapitre, je signalerai un reproche que
j'ai entendu faire au tir des fusées, ayant trait à la difficulté
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 215
de l'allumage lorsque la pluie tombe abondamment. Les
allumettes, l'amadou, les torches, s'éteignent, et les mèches
dos fusées s'humidifient malgré tous les moyens de pro-
tection employés.
On m'a cité certaines stations de Saône-et-Loire où des
postes avaient été grêlés par suite de l'impossibilité
d'allumer les fusées.
Il me semble qu'il serait possible de remédier à ce grave
inconvénient, en utilisant un allumeur électrique du genre
de celui usité pour l'éclairage au gaz.
Cet appareil1, basé sur la production de l'électricité par
frottement, ne comporte par conséquent ni pile, ni accu-
mulateur, susceptibles de remplacement ou de recharge*
ment, et se trouve de ce fait toujours prêt à fonctionner.
11 comprend deux parties : une poignée, dans laquelle est
monté le générateur d'électricité, un tube, plus ou moins
long selon les besoins, fixé à la poignée, dans l'intérieur
duquel sont placés des fils conducteurs reliant le générateur
à deux petites pointes de platine opposées, fixées i l'extré-
mité du tube.
Un cylindre d'ébonite, monté sur pivots dans le tube
formant poignée, peut recevoir un mouvement de rotation
très rapide, par l'intermédiaire d'une crémaillère et d'un
jeu de rouages amplificateurs, lorsque l'on presse du doigt
sur un bouton extérieur i la poignée.
Le frottement du cylindre sur deux lames métalliques
fixées à l'intérieur du tube-poignée donne lieu à un déga-
gement d'électricité des deux signes qui, recueillie par de
petits trotteurs, est dirigée sur les fils conducteurs jusqu'aux
pointes de platine entre lesquelles jaillissent des étincelles.
Pour l'allumage des fusées il serait évidemment néces-
saire de faire subir une modification à l'extrémité du tube
I. L'allumeur électrique te Perpétuai se trouve à la maison J. Visseaux, de Ljon,
qui, probablement, ne demanderait paa mieux que d'en faire l'expérimentation a
l'allumage des fusées.
216 J. CAMUSAT.
portant les pointes, afin de faciliter le contact des étincelles
avec la poudre de la mèche ; il faudrait probablement aussi
que les étincelles soient plus puissantes que celles produites
par l'allumeur à gaz. Ce sont là, je crois, des modifications
réalisables.
Cet appareil n'aurait rien à craindre de l'humidité et
présenterait l'avantage de pouvoir faire l'allumage à une
certaine distance de la fusée, ce qui assurerait plus de
sécurité pour l'artificier.
Le reproche qu'on peut lui faire est son prix un peu
élevé : 9 à 10 francs, selon la longueur du tube; mais
l'allumage des fusées ne nécessitant pas une construction
de luxe, on pourrait très probablement réduire ce prix.
Il serait intéressant d'essayer cet allumeur.
Pour éviter l'humidification de la mèche d'allumage de la
fusée, ne pourrait-on pas emprisonner son extrémité dans
un petit sac de papier imperméable que l'artificier déchi-
rerait au moment de l'allumage ? Je laisse cette question à
l'appréciation des spécialistes.
IV. — Conclusions.
De ce qui précède, s'il est possible de tirer quelques con-
clusions en faveur de l'efficacité des tirs grâlifuges, la
chose devient plus difficile lorsqu'il s'agit de préciser le
choix entre le canon et la fusée.
Sans doute le canon semble devoir assurer un décharge-
ment plus rapide et plus complet des nuages, de sorte que
la protection pourrait s'étendre bien en arrière du champ de
tir, l'orage ayant à parcourir une distance assez grande avant
de reconstituer son énergie électrique. Mais la fusée assure
également une protection qui, pour n'être qu'instantanée
et tout à fait locale, n'en est pas moins évidente.
Le problème repose presque entièrement sur ces deux
questions :
LE TIR CONTRE LES ORAGES K GRÊLE. 217
Est-on bien assuré que la portée conductrice de la
colonne ionisée développée par le canon est suffisante,
dans la majeure partie des cas, pour atteindre une hauteur
compatible avec l'altitude des orages?
Le canon peut-il être aussi efficace dans les pays de
vallées basses que dans les régions montagneuses d'altitude
importante?
Si l'on ne considérait que les résultats obtenus en Beau-
jolais, on n'hésiterait pas à répondre affirmativement.
Dans d'autres contrées, en Côte-d'Or par exemple, il a
été permis de constater également une efficaoité indiscu-
table, mais quelquefois, il faut le reconnaître, les tirs se
sont traduits par des éohecs qui n'ont pas peu contribué
à discréditer le canon.
Je sais bien que Ton peut toujours, dans la majeure
partie des cas, invoquer la raison d'un tir tardif, ou celle
d'une charge de poudre trop faible, mais sont-ce bien là
les uniques raisons des échecs?
C'est le cas de regretter l'absence d'une organisation
générale de contrôle permettant la vérification judioieuse
des résultats.
L existence effective d'une telle organisation dépend
surtout d'une question financière et ne peut guère s'exercer
que sous les auspices de l'État. N'est-il pas, du reste,
intéressé directement à la suppression des allocations dis-
tribuées ohaque année aux sinistrés?
Ces considérations ne sauraient viser uniquement le
canon car, plus que lui peut-être, les fusées ont été bien
souvent sujettes i caution en tant qu'efficacité.
Lors de l'organisation d'un syndicat de défense, on se
trouve presque toujours, i moins d'interventions généreuses,
en présence d'une difficulté capitale : la création d'un fonds
syndical pour l'achat du matériel de tir. Cette difficulté,
aujourd'hui plus que jamais, tend à faire préférer la fusée
au canon.
218 J. CAMUSAT.
Si la grêle était le seul fléau à redouter, peut-être le
vigneron ferait-il moins de difCcultés à pratiquer une nou-
velle saignée à sa bourse déjà trop obérée ; mais, hélas ! il
lui faut compter avec bien d'autres ennemis non moins
redoutables :
Les maladies cryptogamiques ou autres, contre lesquelles
il est encore possible de lutter, à grand renfort de labeur
et de dépenses; les gelées prin tanières qui détruisent les
bourgeons précoces et nuisent sérieusement à la produc-
tion; la trop grande sécheresse qui, au moment de la matu-
rité, arrête le développement de la grume par rabaissement
profond des nappes aquifères souterraines ; les pluies tar-
dives et persistantes qui, en même temps que favorables
au développement des maladies cryptogamiques, peuvent,
par le refroidissement général qui en résulte, arrêter la
maturation.
Tous ces maux concourent à détruire tout espoir de
rémunération et obligent le vigneron, plus peut-être qu'en
année normale, à poursuivre sans relâche le travail et les
soins périodiques de sa vigne sous peine de compromettre
la productivité de l'année suivante.
Admettant ces raisons majeures qui entraînent le vigne-
ron à l'adoption du système des fusées pour la défense
grêlifuge, je considère, néanmoins, qu'il y aurait intérêt à
alterner les postes de canons avec ceux à fusées. On
assurerait ainsi une défense plus énergique et plus cer-
taine.
On pourrait tout au moins utiliser quelques canons en
avant-postes du côté des orages, en les plaçant, autant
que possible, sur les points culminants pour assurer leur
maximum d'efficacité. L'orage pénétrant sur le champ de
tir aurait de ce fait perdu une partie de sa violence, de
sorte que les postes à fusées installés en retraite n'au-
raient plus que quelques efforts à faire pour terminer la
lutte.
LE TIR CONTRE LES ORAGES A GRÊLE. 219
L'économie de tir qui résulterait de cette disposition
permettrait un amortissement assez rapide des dépenses,
bien atténuées de fait, occasionnées par l'installation de ces
quelques postes de canons.
Je n'hésiterai même pas à recommander cette dernière
solution. Elle me semble la plus rationnelle pour le moment,
non pas seulement pour l'économie qu'elle procure ou la
protection suffisante qu'elle peut assurer dans la majeure
partie des cas, mais encore parce que la pratique des tirs,
qui n'est pas le dernier mot de la défense grêlifuge, est
peut-être bien près de disparaître pour faire place h d'autres
procédés plus expéditifs et plus rationnels.
La science, à laquelle on semble avoir refusé jusqu'alors
d'intervenir officiellement dans les tirs grêlifuges, finira
par s'imposer dans cette question, comme elle l'a fait dans
bien d'autres circonstances difficiles.
Elle saura deviner le mystère impénétrable des nuages
grèliformes, et, par une de ces surprises comme elle en
ménage bien souvent, trouver le moyen d'annihiler leurs
effets destructeurs.
Un lieutenant de vaisseau italien, M. Ettore Rota, vient
d'inventer un appareil paragrâle utilisant les ondes
hertziennes, et, d'après les expérienoes qui viennent d'en
être faites à Veroelli, on aurait obtenu les meilleurs
résultats.
Qui eût pu croire, il y a quelques années à peine, qu'il
fût possible de faire de la télégraphie sans fil?
La chose est cependant indiscutable aujourd'hui, et il
est possible, par l'utilisation des ondes hertziennes, de
transmettre des dépêches i des distances de plus de 200 kilo-
mètres.
L'appareil de M. E. Rota, bien que le dispositif n'en ait
pas encore été décrit, du moins i ma connaissance,
semble, en somme, basé sur le principe de la télégraphie
fil.
220 J. GAMUSAT.
La propagation des ondes hertziennes doit résulter, sans
doute, de l'intervention des ions atmosphériques qui engen-
drent la conductibilité des couches aériennes.
Dans le cas particulier de l'application paragrêle, le poste
récepteur des faisceaux hertziens étant constitué par l'écran
nuageux d'un orage, il n'est pas impossible que, sous l'in-
fluence de l'ionisation atmosphérique, il se produise un
courant de retour au détriment de la tension électrique
des nuages.
Espérons que les premiers résultats signalés seront
bientôt confirmés par de nouvelles expériences, et que
l'appareil de M. Rota permettra d'aller reprendre aux
nuages toute l'énergie électrique qui s'y accumule pour la
ramener dans le grand condensateur naturel du sol.
Ondes hertziennes et ionisation semblent bien proches
parentes; attendons, pour la plus grande satisfaction de
nos populations agricoles, les bienfaits de ces liens ori-
ginels.
Creusoft, le 4 décembre 1905.
J. CA MUSAT.
^<-
FLORULE RAISONNÉE
DU BRIONNAIS
PAR
MM. Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU
AVBC LA
CoDaboration de M. le D' X. GILLOT
AVANT-PROPOS
Grâce au développement pria par les Sociétés d'histoire natu-
relle, et plus particulièrement par celle d'Autun, la flore du
département de Saône-et-Loire est assez bien connue. Cependant
l'arrondissement de Oharolles et surtout l'ancien Brionnais, éloi-
gné des centres scientifiques, est moins bien partagé à cet égard.
Les ouvrages donnant quelques localités de cette région sont la
Flore du centre de la France, de A. Boreau, et le Catalogue
des plantes de S&ône»eULoire9 du Dr Oarion, complété par un
important supplément de M. Orognot1. Ils citent une fois ou
deux Marcigny ou Semur et ensuite comme localités les plus
rapprochées, Digoin et Gharolles. Les indications de l'un et
1. A. Boreau, Flore du centré de la France, Paris, 2 vol. in-8*; i" édit. 1840,
?• édit. 1849, 3* édit 1857. — Dr Carion, Catalogue raisonné dee plantée du dépar-
tement de Saône-et-Loire, croissant naturellement ou soumises a la grande culture,
dans Soc. Éd tienne, Mémoires d'histoire naturelle, I, Autun, 1865, in-8* et extrait,
122 p. — Grognot aîné, Plantes vaaculairea, phanérogames et cryptogames du
département de Saône-et-Loire, à ajouter à celles mentionnées dans le Catalogue
raisonné des plantes du département de Saône-et-Loire y par le D* Carion, dans
Mémoires Soc. Êduenne, ibid., pp. 123-204.
222 Q. ORMEZZANO ET K. CHATEAU.
l'autre ouvrages ont été fournies par M. Berthiot ou le Dr Carion,
tous les deux correspondants de Boreau.
Il appartenait à notre savant et excellent ami Quentin
Ormezzano de faire connaître les richesses végétales du Brion-
nais qu'il explore depuis bientôt quarante ans.
L'amour de la botanique était inné chez lui : tout enfant il
desséchait des plantes entre les feuillets de ses livres d'écolier et
n'était jamais aussi heureux que lorsqu'il parvenait à en con-
naître les noms. En 1865, son père voulant lui offrir un cadeau,
lui demanda ce qui lui ferait le plus de plaisir; le futur botaniste
fixa son choix sur une flore. Il eut sa flore et il s'en est servi. Dés
lors, il employa tous ses loisirs à récolter, dessécher, déterminer
et classer les plantes qu'il rencontrait, sans se laisser rebuter par
les difficultés. Il voyait, avec une satisfaction non dissimulée, son
herbier devenir chaque année plus volumineux, pour prendre
enfin les proportions qu'il a aujourd'hui. Entre temps, il entrait
en relations avec M. le Dr X. Oillot, le savant botaniste autunois,
qui revisa son herbier avec une complaisance n'ayant d'égale
que sa science. Toutes les plantes, sans exception aucune, de
l'herbier Ormezzano ont été soumises au contrôle autorisé du
savant président de la Société d'histoire naturelle d'Autun. Il a
de môme revu toutes les plantes litigieuses du nôtre et lu, ligne
par ligne, notre manuscrit qu'il a longuement annoté. Il s'est
déplacé à plusieurs reprises, pour nous diriger sur le terrain ; il
nous a consacré de longues heures dans son cabinet, pour nous
expliquer les faits les plus obscurs, tout en nous offrant l'hospi-
talité la plus large et la plus amicale; il a entretenu avec nous
une correspondance suivie que nous relisons souvent et toujours
avec profit; en un mot, nous pouvons dire que la partie scien-
tifique de ce travail est son œuvre. O'est grâce à sa direction que
nous avons pu terminer une étude qui n'aurait jamais vu le jour,
si nous avions été livrés à notre seule force. Qu'il reçoive donc
ici l'expression de notre vive reconnaissance !
A notre arrivée à Bourg-le-Oomte, en 1895, M. Ormezzano
voulut bien nous associer à ses travaux. Il se mit à notre entière
disposition pour nous faciliter la connaissance d'une région que
nous ignorions complètement. Avec un tel guide, la flore brion-
naise nous était bientôt familière. Depuis nous n'avons pas cessé
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 223
de travailler ensemble, discutant souvent, mais finissant toujours
par tomber d'acoord. Ses occupations d'entrepreneur, justement
considéré, ne lui permettant pas de s'occuper aussi activement
qu'il l'aurait voulu de la partie statistique, il voulut bien nous
charger de l'établir en son lieu et place. C'est ce que nous avons
fait après avoir classé son herbier méthodiquement. Nous tenons
donc à bien préciser quel a été notre rôle dans ce travail, rôle
qui a consisté surtout à dresser ce catalogue, à ajouter quelques
localités, mais bien peu d'espèces nouvelles, rien n'ayant échappé
à l'observation de notre savant ami avant notre arrivée. Il est
donc bien entendu que c'est presque uniquement sur les docu-
ments réunis par M. Ormezzano, depuis nombre d'années, que
nous nous sommes appuyés pour établir la statistique du Brion-
nais, et que le principal mérite qu'elle peut avoir doit lui être
reporté, Nous lui devons d'ailleurs plusieurs espèces nouvelles
pour Saône-et-Loire et de nombreuses observations d'histoire
naturelle disséminées dans les volumineux Bulletins de la Société
d'histoire naturelle d'Autun.
Le Brionnais a été exploré, en partie, par quelques amateurs
qui ont bien voulu nous communiquer le résultat de leurs
découvertes.
Le regretté Frère Asclépiade, correspondant de l'abbé Cariot,
a herborisé, pendant son séjour à Semur, dans les communes
avoisinantes. La liste dressée par lui, et à nous communiquée,
est importante, en ce qu'elle confirme souvent les localités de
l'herbier Ormezzano. Son amour de la botanique lui valut, cer-
tain jour, d'être considéré comme un espion au service d'un gou-
vernement étranger. Il suivait les rives du canal de Roanne à
Digoin, scrutant le fond de l'eau, descendant sous les ponts, les
examinant en détail tout en prenant des notes. En passant à
Bourg-le-Comte, les employés du canal remarquèrent ses allures
mystérieuses; ils le filèrent jusqu'à l'aqueduc Morgat et firent
leur rapport au conducteur des ponts et chaussées chargé de sur-
veiller les travaux qu'exécutaient les ouvriers de M. Ormezzano;
ils restèrent tout confus en voyant leur espion se diriger vers
l'entrepreneur des travaux et lui parler familièrement comme à
une vieille connaissance. On s'expliqua et le Frère Asclépiade fut
longtemps à rire de la méprise des employés de la navigation.
224 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Notre ami Marchand, agriculteur à Avrilly, aime passionné-
ment la botanique. Seul il s'est instruit; seul aussi il est arrivé
à connaître à fond les plantes des rives de la Loire; il nous a été
d'une grande utilité pour l'exploration du canal. Pendant plu-
sieurs années, il a fait partie de l'équipe chargée d'enlever les
herbes aquatiques gênant la navigation ; il nous a ainsi procuré
un certain nombre de plantes qu'il nous eût été difficile de
recueillir sans son aide.
M. Hémet, ancien interne des hôpitaux, pharmacien à Oha-
vanges (Aube), et membre de la Société d'histoire naturelle
d'Autun, a herborisé pendant plusieurs années autour de Mar-
cigny. Nous l'avons accompagné dans toutes ses excursions et
nous avons conservé le meilleur souvenir des bonnes promenades
faites en sa compagnie. Le petit opuscule qu'il a publié, rédigé
hâtivement et de mémoire, renferme un certain nombre d'inexac-
titudes que nous nous abstiendrons de relever. '
Récemment M. l'abbé Ramage, ouré de Briant, nous a com-
muniqué le catalogue de près de quatre cents espèces de plantes
observées par lui dans sa commune. Nous en avons tenu compte
dans la citation des localités.
Nous avons consulté les herbiers des écoles de Vareilles et de
Chenay-le-Ohfttel. Dans le premier, notre collègue, Aulas, a réuni
un assez grand nombre d'espèces de Vareilles, Mussy-sous-Dun
et Chauffailles. Dans le second, commencé par M. Provillard,
ancien instituteur adjoint à Chenay, et continué par M. Vuil-
laume, le directeur actuel de l'école, se trouvent plusieurs
plantes intéressantes de Ohenay, Melay et Iguerande.
Nous serions heureux de voir nos collègues suivre l'exemple
de MM. Aulas, Provillard et Vuillaume. Si chaque instituteur
recueillait les plantes de sa commune, il suffirait de consulter
l'herbier de chaque école pour établir un travail d'ensemble sur
la géographie botanique du département.
Le petit Séminaire de Semur-en-Brionnais possède un petit
musée composé d'échantillons de choix et l'herbier de l'abbé
Lacatte que M. Durix, professeur, a mis à notre disposition. Les
1. L. Hémet, Promenade* botanique* aux environ* de Marcigny, Alger, impri-
merie Charles Zaoith, 1901, 14 pages.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 225
plantes qu'il renferme sont préparées avec soin, mais aucune n'a
été récoltée dans le Brionnais. Enfin, M. 8udre9 professeur à
l'École normale de Toulouse, batologue distingué, a bien voulu
se charger de la détermination de tous nos Rubus de Bourg-le-
Comte; et plus récemment nous avons revu les herbiers de
MM. Merlin, de Marcigny, et E. Chassignol, de Bourg-le-Comte,
qui contiennent quelques bonnes espèces de notre région, notam-
ment Wahlenbergia, hederacea Reichb., découvert par M. Mer-
lin. A tous ces collaborateurs désintéressés, nous adressons nos
remerciements les plus sincères, ainsi qu'à la 8ociété d'histoire
naturelle d'Autun qui a bien voulu publier ce travail, sur la
recommandation de son président, M. le docteur Oillot. Elle
s'est imposé des sacrifices élevés pour nous être utiles; elle a
donné ainsi un précieux encouragement aux travailleurs toujours
assurés d'être bien accueillis par cette importante association,
dans laquelle les notoriétés scientifiques fraternisent avec les
modestes amateurs qui demandent aux sciences naturelles une
distraction i leurs occupations journalières. Elle nous a large*
ment ouvert son Bulletin toutes les fols que nous avons eu des
communications a faire, et c'est un agréable devoir pour nous
de l'assurer de notre entier dévouement et de notre reconnais-
sance.
E. CHATEAU,
Iastltotwr à Bourg «le-Coute.
• c »
TOME XIX. 15
226 Q. ORMEZZÀNO ET E. CHATEAU.
Limites, surface.
Le Brionnais n'est, en réalité, qu'une circonscription
territoriale qui n'a jamais eu de valeur propre, ni politique
ni administrative. Son origine remonte cependant aux pre-
miers temps de la Gaule, où il était occupé, au moment
de la conquête romaine, par la nation celtique des Bran-
novii ou Brannovices, dont il est parlé dans les Commen-
taires de César. Ce petit peuple, client des Éduens, a par-
tagé la fortune politique de ces derniers et, après la chute
de l'indépendance gauloise, fut incorporé par les Romains
dans la province dite Lyonnaise II6. Dès la fin du cinquième
siècle, après les grandes invasions germaniques, le pays
fut occupé par les Burgundes, et il n'a plus cessé de faire
partie, au moins nominalement, du duché de Bourgogne. 1
Le nom même du Brionnais rappelle son origine, Bran-
novii, avec l'intercalation de la lettre i par euphonie, et se
trouve dans les mots Brian ou Briant qui désigne encore
aujourd'hui une petite commune au centre du territoire, et
dans Briennon-sur-Loire. On aurait même retrouvé à
Briant les traces d'un camp retranché entouré de fossés
et de palissades à la manière gauloise : c'est le Brianum
des anciennes chartes. Toutefois le pays s'est appelé long-
temps Briennais, pagus Briennensis (Courtépée) ; mais on
trouve déjà l'orthographe actuelle Brionnais (in pago Brio-
nensi) dans une vieille charte de 892. 2
Le Brionnais qui, à la fin du siècle dernier, relevait tout
entier du bailliage de Semur, a été pendant tout le moyen âge
sousia domination des barons de Semur, vassaux des comtes
1. Courtépée, Deêcription générale et particulière du duché de Bourgogne,
2* édition, 1847-1848, t. I, p. 281, et III, p. 77. — Rlmoux, Notice êur Màrcigny
et ion prieuré, 1895, Màrcigny, imprimerie J.-B. Derost.
2. Abbé F. Cucherat, Alexie et le$ Aulerci Brennovices eu tribunal de vingt
êiéclet et dee troie Cé$ert Lyon, 1864, p. 46-58.
FLORULE RAISONNÉE DU BRIONNAIS. 227
de Chalon et par là même des duos de Bourgogne. La plu-
part des paroisses relevaient du diocèse d'Autun, quelques-
unes cependant de celui de Mâcon. C'est autour de Semur,
dont plusieurs seigneurs ont joué un rôle important, et de
Marcigny, dit M arcigny-1 es-No nains, dont le Monastère
de religieuses bénédictines avait une grande renommée,
que se sont passés les événements historiques intéressant
le Brionnais qu'il n'entre pas dans notre cadre de rappeler.
Les limites géographiques du Brionnais ne sont pas plus
précises que son histoire. Dans les anciennes divisions
provinciales, il était compris entre le Charollais au nord et
à Test, le Forez au sud, le Bourbonnais au sud et à l'ouest,
et l'Autunois à l'ouest. Aujourd'hui la région qui nous
occupe et qui fait l'objet de notre étude, appartient, presque
tout entière, au département de Saône- et- Loire. Elle est
confinée au sud par le département de la Loire, à l'ouest
par celui de l'Allier jusqu'à Avrilly, puis par le canal de
Roanne à Digoin; au nord par la route nationale passant
par Digoin, Paray et Charolles, et à Test par la route de
Charolles à Belmont par la Clayette et Chauffai 11 es.
Les limites naturelles du Brionnais, dont il faut toujours
chercher l'origine dans les cours d'eau ou le relief monta-
gneux du sol, ont dû être primitivement la Loire au sud,
l'Arroux et la Bourbince à l'ouest, le Sornin à l'est et au
nord les collines qui séparent les bassins de la Bourbince
et de l'Arconce, entre Paray-le-Monial et Charolles. Le
Brionnais, tel que nous le comprenons, déborde légèrement
ces limites à l'est, où sur la rive gauche du Sornin il s'étend
jusqu'au pied des collines charollaises entre ChaufTailles et
la Clayette, et au sud où il franchit la Loire, pour former
sur sa rive gauche une sorte d'enclave du département de
Saône-et- Loire dans celui de l'Allier, enclave comprenant
six communes, et qui sont évidemment un vestige géogra-
phique de l'ancien territoire Brionnais, sauf Bourg-le-
Comte, Céron et une partie de Chambilly qui, jusqu'à la
228 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Révolution faisaient partie des Basses-Marches du Bour-
bonnais.
La surface ainsi déterminée occupe approximativement
90,000 hectares, y compris une partie des quatre com-
munes du canton du Donjon (Allier), traversées par le canal
de Roanne à Digoin. Elle s'étend en Saône-et-Loire, sur
cinquante-neuf communes réparties dans les cantons de
C haro lie s, la Clayette, Chaufïailles, Digoin, Marcigny et
Semur.
Relief du sol.
La plaine de la Loire, qui mesure plusieurs kilomètres
de largeur, ne dépasse pas 350 mètres d'altitude. Le fleuve
entre dans notre département à 254m830; sous Marcigny;
il s'abaisse à 244m069, pour descendre à 223m676 à Digoin,
zéro de l'échelle du pont suspendu. Au nord, le sol n'est
guère plus accidenté. C'est une vaste plaine s'étendant de
la Loire à la vallée de l'Arconce, à partir de laquelle le
relief va en s'accentuant jusqu'à l'extrême limite sud-est.
Le plateau de Cherra (Sainte-Foy), d'où l'on jouit d'une
vue magnifique, est déjà à 500 mètres au-dessus du niveau
de la mer ; le mont Bernier, 527 mètres, et le bois Gauthey,
604 mètres, vers Coublanc, annoncent une progression con-
tinue. Plusieurs points atteignent près de 600 mètres aux
environs de Saint-Igny-de-Roche où le sol est très acci-
denté. Chauffailles, situé entre la montagne desÉcharmeaux
et la vallée de Mussy-sous-Dun, est entouré de montagnes
dont la plus élevée est le mont Chelu, 663 mètres. Le
mont Dreuillin, 678 mètres, l'un des contreforts du pic de
Dun-le-Roi,708 mètres, limite la Chapelle-sous-Dun à l'est.
Puis c'est le mont Dunet, 732 mètres, le point culminant,
situé en dehors de nos limites sur Saint-Raoho, qui conti-
nue ces hauteurs.
Entre ces collines sont de nombreuses vallées plus ou
FLORULE RAISONNES OU BRIONNAJS. 229
moins profondes où s'étendent les riches prairies brion-
naises, arrosées par de nombreux ruisseaux allant directe*
ment dans la Loire ou ses deux principaux affluents, l'Ar-
conce et le Sornin.
Géologie.
La nature du sol ayant une influence considérable sur la
composition du tapis végétal, nous allons esquisser briève-
ment la composition géologique des terrains compris dans
notre circonscription.
Presque toute la rive gauche de la Loire et une partie
de la rive droite, celle comprise entre la Loire, Digoin,
Gharolles et Anzy-le-Duc, est formée de cailloutis, sables
et argiles appartenant au pliocène supérieur, niveau de
Chagny. Ces mêmes terrains se retrouvent en étendues
moins grandes à Varenne-l'Arconce, Briant, Oyé, Saint-
Christophe. La nature des éléments qui les composent
dépend en grande partie des terrains qui les bordent, mais,
cependant, partout la silice domine.
Les bords de la Loire, de l'Aroonce et du Sornin sont des
alluvions récentes ou anciennes; elles occupent dans les
vallées de la Loire et de l'Arconce des étendues considé-
rables. Les alluvions modernes sont formées de sables
très Cns, bien plus rarement de limons, et les plus anoiennes
sont constituées par des sables et cailloutis peu altérés,
principalement des silex ou des débris de basalte prove-
nant de la région supérieure du fleuve. Ces sédiments,
déposés par la Loire pendant une longue suite d'années et
qui constituent « les terres i froment qui sont la richesse
des cultivateurs, ont reçu le nom de « Champs-Bons * • ;
aujourd'hui on orthographie « Chambons ».
Au sud-est, la microgranulite abonde en dômes puissants
1. Coortépte, Diêcriptlon du duché de fiottrfQfiw, *• édit., III, p. 79.
230 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
à la Chapelle-sous- Dun, où elle englobe un lambeau de
terrain houiller donnant du charbon sec très cendreux,
mais exceptionnellement flambant, à Ghâteauneuf, Chauf-
failles, Saint-Igny-de-Roche, et en filon vers Dyo. Tancon,
une partie de Châteauneuf sont sur le granit à gros grains
qui s'étend jusqu'à Saint-Laurent et qui est exploité à
Saint-Maurice , dans plusieurs carrières nouvellement
ouvertes et justement renommées.
Entre Marcigny et la Clayette, les plateaux et les pentes
sont recouverts par des chailles jurassiques de grande
étendue, surtout à l'ouest de Vauban, mais de peu d'épais-
seur. Ces chailles sont constituées par des silex molaires
provenant d'altérations sur place du jurassique. Le calcaire
a disparu; il a été dissous par les eaux renfermant de
l'anhydride carbonique, est passé à l'état de bicarbonate et
a été entraîné peu à peu, tandis que les silex, dont une très
grande quantité passe au jaspe d'un rouge très vif, sont
restés; quelques-uns sont demeurés sur les plateaux et
d'autres ont glissé sur les flancs des collines et sont des-
cendus jusque dans les vallées. A Marcigny et à Sainte-Foy,
les silex forment parfois des bancs continus d'une certaine
épaisseur dont on a tiré autrefois quelques meules de qua-
lité très médiocre. Il y a là un phénomène de décalcifica-
tion plus commun qu'on ne le croit et qui explique pourquoi
certains terrains à sous-sol calcaire ont cependant un sol
végétal très pauvre en chaux.
Les alluvions de l'Arconce, de la Loire, sont séparées
des sables et cailloutis du pliocène par des bandes étroites
et allongées de calcaires à phryganes qui se mêlent quelque
peu aux alluvions et môme aux sables des plateaux dont
les limites se trouvent de ce fait plus difficilement déter-
minées.
Le centre est beaucoup plus variable dans son allure
géologique.
La succession rapide de zones relativement étroites des
FLORULK nAISONNÉE DU BRIONNAIS. 931
terrains, depuis le calcaire à gryphées du lias inférieur ou
8inémurien qui s'étend entre Saint-Didier, Sarry, Briant,
Saint-Christophe et que Ton retrouve i Oyé et à 8aint-
Julien-de-Civry en bandes étroites et allongées, jusqu'aux
calcaires marneux (Fuller's earth) du Bathonien, renfermant
de nombreux nodules de chaux que l'on a essayé d'ex-
ploiter à Oyé, fait voir que cette région a subi de nom-
breuses modifications orographiques, non seulement par
l'ouverture, à l'est, de failles de direction nord-ouest, sur
lesquelles vient se greffer un réseau d'autres failles moins
importantes de direction nord-est, mais encore au moment
de la formation de la dépression de la Loire. Dans toute
cette partie la constitution géologique est très variée. C'est
ainsi qu'à Saint-Christophe elle comprend huit formations
différentes. Le granit perce le calcaire dans la vallée des
bains, au Grand-Moulin et i la Noierie ; le village est assis
sur le grès ; le lias inférieur (calcaires à gryphées) apparaît
i Ponay, le Solin, Seuilly ; le lias moyen (calcaire à bélem-
nites), occupe Poumoux, la Chaise, les Cadoux, et le lias
supérieur, Trélu, Sermier et le voisinage de Mussy ; le juras-
sique inférieur (calcaire à entroques) affleure du côté de
Mussy et du Grand-Bois; on rencontre le pliocène, sable de
Chagny, au nord de la Noierie, et les terrains d'éboulis
(cailloutis des plateaux), à Loury, Valtin, Fougères, etc. *
Les marnes du lias sont extrêmement riches en phos-
phates à Oyé et à Saint-Christophe. M. Bernard s'exprime
ainsi au sujet de ces terrains : *
« En janvier 1890, j'ai trouvé pour les phosphates d'Oyé,
sans indication précise de gisement, de 25 à 27, 2*/. d'acide
phosphorique.
» En 1893, on m'a renvoyé de nouveau des phosphates
d'Oyé, dont je désirais étudier particulièrement la forme
f . Vojres Charles M Mol, Nef le* iur 5aifif-Cfcri*topfte-*n*Brionfiais, Annuaire de
8a4ne-e<- Loire, Màcon, 18J6.
t. Bernard, Rapport tu eoneeii gènénl, session d'août, année 119*.
232
Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
de combinaison. Ils sont à 26, 3°/» d'acide phosphorique ,
en combinaison avec fer et alumine quoiqu'il y ait de la
chaux dans le minerai.
» En 1894, jf ai fait ramasser des pierres quelconques prises
le long des chemins de Saint-Christophe-en-Brionnais pour
les soumettre à un essai rapide.
» Sur 20 échantillons examinés, 7 étaient assez chargés
d'acide phosphorique pour en renfermer 14 2 %> c'est-à-
dire 4 à 8 fois plus que du fumier.
» J'ai rapporté de la terre prise au bord de la route, près
d'un four à chaux, à Ponay, commune de Saint-Christophe,
et dans le talus même de la route. En triant à la main une
sorte de pierre blanche, friable et légère et, l'analysant sépa-
rément, j'ai trouvé :
Acide phosphorique
Inattaquable
Calcaire
I
II
III
23,04
24,73
10,15
22,80
12,95
30,31
2,43
2,02
0,60
» La terre rouge restante, au milieu de laquelle on a trouvé
cette pierre, donne, sans broyage, tamisée au tamis de
10 fils :
Acide phosphorique
Inattaquable
Calcaire
I
II
III
11,30
31,20
i *•»
14,10
31,47
1,21
8,50
32,90
0,40
» On transporte bien de la chaux à 1 fr. 50 environ les
100 kilogr., fabriquée en ces endroits; la terre fine III
a une valeur agricole bien supérieure à cette chaux et
n'exigerait aucune calcination. La calcination en serait
avantageuse.
» En effet, de telles terres calcinées avec bon poids de
pierres du lias, dans les fours à chaux voisins, donnent un
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 233
termo-phosphate valant, je crois, les scories de déphosphora-
tion et immédiatement utilisable dans les pays a voisinants. »
Des marnes supraliasiques à Ammonites bifrons existent
à Amanzé, Saint- Julien- de- Ci vry, Baudemont, et les ter-
rains de l'oolithe ne sont apparents que dans la gorge pro-
fonde où se déroule la route de Marcigny à Semur. L'ooli-
the inférieure qui forme tout le long de la route un escar-
pement à pic est constituée par une série de bancs minces
de calcaires jaunâtres alternant avec des lits de marnes éga-
lement jaunâtres. Plusieurs carrières abandonnées, ouvertes
prés de la route, laissent voir à la base le calcaire i entroques
exploité à Vareilles et qui borde les alluvions de l'Arconce
sur les deux rives, à Nochize et au sud-ouest de Ghangy.
Toute la crête de l'escarpement oolithique est formée
par quelques lits de calcaires marneux et de marnes blan-
ches appartenant au bathonien. C'est le groupe de terre à
foulon des anciens auteurs Fui 1er' s earth, qui se continue en
déclivité jusqu'à la vallée de la Loire, car on retrouve à
Marcigny, sur la rive droite, une bande étroite de Fuller's
earth qui sert de bordure aux alluvions anciennes.
L'oolithe ne présente pas une épaisseur bien considérable,
car, en arrivant à Semur, elle laisse apercevoir à sa base,
sur le bord de la route, les marnes bleues feuilletées du
lias supérieur. L'épaisseur en ce point serait d'environ
20 mètres.
Gomme terrains postérieurs à ceux précités, il ne nous
reste qu'à signaler, sur la rive gauche de la Loire, une bande
d'argiles bariolées bordant les alluvions anciennes. Ces
argiles qui forment la ceinture de I'Aquitanien sont d'ori-
gine granitique ; elles sont très exploitées pour tuileries.
Les roches éruptives que nous avons vues très dévelop-
pées à l'est de la Clayette sont peu nombreuses ailleurs.
Car outre le granit de Saint-Christophe et Briant, nous ne
voyons guère à signaler que trois pointements de basalte
labradorique peu conséquents, un i Baugy et deux à Sainte-
234 Q. ORMEZZÀNO ET E. CHATEAU.
Foy : la Bel use et Ghetal. L'arrivée du basalte a dû se pro-
duire vers la fin de la période oolithique, car si les poin-
tements de Sainte-Foy n'émergent que des couches du lias,
celui de Baugy, qui est identique comme texture et comme
composition minéralogique, perce les couches du Fuller's
sur la rive droite de la Loire. Le basalte du Brionnais a
traversé les calcaires sans leur faire subir aucune action
métamorphique ; il a dû arriver au jour chassé par une
poussée lente, déjà consolidé et suffisamment refroidi, ce
qui éloigne toute idée de coulée ou de volcan. *
A Saint-Christophe-en-Brionnais existe une source d'eau
ferrugineuse qui est complètement délaissée. Voici la notice
autrefois imprimée sur l'étiquette des bouteilles : « L'eau
ferrugineuse gazeuse doit ses succès à la grande quantité
de fer qu'elle contient; par un emploi journalier, elle
triomphe de l'anémie et de son cortège d'affections si variées :
dyspepsie, troubles menstruels, névropathies, etc. On l'em-
ploie aussi comme eau de table. »
Elle donne à l'analyse faite par M. Henry Ossian :
Aoide carbonique Vi2 de vol.
Bicarbonate de ehaux 0,040
Id. de magnésie trace
Sulfate de chaux : 0,020
Chlorure de sodium 0,022
Silice ) .
Alumine ) 8ilioate °>0il
( carbonate )
Oxyde de fer. .. j opénaM | °'070
Manganèse trace
Principe arsenical »,»»»
Id. minéralisateur 0,163
Eau pure 999,837
La galène a été rencontrée à Saint-Christophe, lieu dit
Mesmon, où elle n'est plus exploitée depuis 1826, quoique
t. J. Camusat, Géologie d$$ environê de Marcipny -sur-Loire, In Bull. Soc. hlst.
nat. d'Autun, VII (1894), 2, p. 164. Nous avons fait de fréquents emprunts a cette
note.
FLORULE RAISONNÉE DU BRIONNAIS.
235
non épuisée, et à Châteauneuf, en veinules mélangées d'ar-
gile jaune et verte, disséminée dans un calcaire à gryphées
ou dans des silex cornés entre le calcaire terreux et le
granit.
Le minerai de fer a été rencontré à Ligny-en-Brionnais
et à la Craye, près de Semur. Ce dernier gîte a donné lieu
à une exploitation de quelque importance. Les minerais de
ces deux localités, qui sont de même formation et i peu près
de même composition, consistent en un peroxyde de fer
hydraté, à gangue essentiellement siliceuse. Voici leur
composition :
UCUYI
uonr
7,55
7,00
45,90
44,75
M5
4,20
•»,»»
0,65
»»,»»
0.56
42,85
42,74
0,45
0,07
W!
0,017
99,31
99,987
29,995
29,948
Eau
Silice
Alumine
Chaux
Magnésie
Peroxyde de fer
Oxyde de manganèse
Aoide phosphorique.,
Fer
Ces deux minerais ne renferment aucune trace de matières
organiques, de sulfure ou d'arséniates ; mais celui de Ligny
contient des traces infinitésimales de cuivre.
Ils font partie de la formation des chailles jurassiques
dans laquelle ils se rencontrent en couohes presque super*
ficielles de peu d'épaisseur. Ils ont dû subir les mêmes
transformations que ces chailles et doivent provenir de la
destruction des couches calcaires. L'oxyde de fer devait
être très abondant dans toute la formation jurassique dis-
parue ; il doit même avoir joué un rôle important dans la
décalcification de ces terrains; car A. Bernard a démontré
236 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
que le fer et ses sels « sont d'énergiques véhicules de l'oxy-
» gène de l'air et que, par son oxydation, ce métal devient
» un puissant décalcifiant, en détruisant, comme l'alumine,
» les carbonates alcali no- terreux. Avec une petite quantité
» d'un sel de fer en présence des matières organiques, la
» terre se décalcifie indéfiniment et ces faits expliquent
» comment certains calcaires très compacts, donnant de la
» chaux grasse par calcination renfermant 90 °/0 de chaux,
» comme le corallien, le bathonien,le bajocien, fournissent,
» par leur décomposition, une terre qui est un limon ferru-
» gineux, presque dépourvu de chaux et, par conséquent,
» sur lequel peuvent croître des plantes calcifuges. » '
Le minerai de la Craye a été extrait en tranchées et en
galeries peu profondes et très étroites; il a été traité par
les usines du Creusot qui ont dû l'abandonner & cause de
son prix de revient beaucoup trop élevé eu égard à la pro-
portion de fer et aussi à cause de la difficulté de son emploi ;
car il est très réfractaire et exige pour sa fusion une grande
quantité de fondants calcaires et alumineux qui diminuent
la production journalière du haut fourneau et augmentent
encore le prix de revient. 2
Nous compléterons cet aperçu géologique par le tableau
des analyses de terres provenant du Brionnais et exécutées
par le laboratoire et la station agronomique de Gluny. Le
résultat de ces analyses est extrait des différents rapports
adressés chaque année à M. le préfet de Saône-et-Loire,
par M. A. Bernard, pour être soumis au conseil général
dans sa session d'août. Nous devons celles qui n'ont pas
été publiées à l'obligeance de M. Paturel, le directeur actuel
du laboratoire de Cluny, auquel nous adressons nos vifs
remerciements.
1. A. Bernard, le F*r en §ol calcaire, in journal le Chemp d'expérience*, Jolil
1902. Dv X. Glllot et Durafour, Répartition topognpMque de ta fougère, PterU
êquilin*, daiif ta vëltée de ta Vataerine (Jura et Ain), Bourg, f 904.
2. J. Camusaft, toc. cit.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS.
237
1
3
4
5
6
7
8
9
to
H
12
13
14
15
16
17
18
18
20
21
23
24
25
26
LIEUX DITS
Anzy-le-Dac
— les Carrons A, 8
ArUix
Baogy, les Sauvages de Reffy A, 8.
Baudemoot, terra Mérange
Saint- Bonnet- de- Cray
Saint- Bonnet-de-Cray
Bourg-le-Comte, la Picardière
Briant, les RenoUères
Cbarolles
— Champ Baaaot
— Au Montai
— La Pernelle.
— Pré des Tyrs
Chateaoneaf
ChauflaiUes, las Te* A, 1 246 . . . . ,
Chrlstopbe-en-Brionnais (Saint-).
Dldier*en-Brionnais (St-) les Tyrs . ,
Dlgoln E, 570
— Aux Doux
— Le Verdler
Kleory-la- Montagne, aux Cayots..
Iguerande, Cbaraney
9
«
O
8
2
17
18
39
38
32
45
46
33
23
5
6
7
8
9
43
44
30
15
1
o
3
41
40
JiMea-aVCmy (Ssisl-), k ImMim lin 13
— Brosse de Sarre .
JtUts si Jsny (ll-)f fméiïï. Csrtiir. . 42
14
M
c
M
M
m
M
H
M
m
<
p
a
<
t
<
77
88.7
81.7
92
75.5
94.3
71.7
92.7
77
75.8
87
58.9
88
40.6
88.1
93.6
71.2
78.9
85.4
63
81.3
86
85.5
86.4
85.5
86
70
86.8
78.2
86
60
87
69.2
82
86
54.10
82.8
85.6
89.2
39.8
86.3
89.9
78
88
96.9
S4 •
0.60
90.1
85.7
80.4
99.2
69.8
0
0
0
0
1
12.4
36.4
0.25
0.16
9.4
0.04
0.3
0.1
0.02
0.14
0.04
3
16.4
0.12
46.3
0
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0.59
0.68
0.41
0.65
0.42
0.52
0.50
0.72
1.18
1.81
1.22
1.76
0.83
2.12
0.86
0.48
1.50
2.09
1.28
4.41
1.14
0.83
1.32
3.16
1.08
0.95
1.36
0.46
0.88
0.75
0.69
0.88
1.26
2.82
0.96
4.68
0.46
0.55
0.44
0.66
0.48
0.26
1.09
1.09
•9
0.94
0.50
0.65
1.56
1.11
0.40
2.50
s s
1.77
1.31
1.13
0.79
2.87
4.78
5.15
0.91
2.85
6.44
1.28
2.14
2.27
0.96
1.72
1.56
3.40
5.50
2.32
3.01
1.37
1.83
*
1.68
2.73
4.80
238
Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
«
P
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P
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2
LIEUX DITS
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
I
Lauront-en-Brionn. (SU), la Craye.
— les Soignes
Lugny-lès-Charolles, les Caillets..
— Vongea les Rivoux
Marcigny
— En Borchamp D, 12 et 14.
— E, 61, sol
— E, 61 , sous-sol. •
— E. 8, sol
— Ef 8, sous-sol
— Alluvions
— Pré de la Forêt
IsiriM-l.-Cafttuiiiif (SU), lu Anime, 874
— terre d'Avijon A, lit...
Montoeaux-l'Étoile, su bourg D, 109.
Mussy-sous-Dun
Sarry
— En Botteret
— LaBallUe
— au Prôt, Grand Pàquler. . . .
Semur-en-Brlonnais, en Crottes. . .
— à Launay
Vinillti, sapais éa dm a*i Bajaaiaa . . .
VanuM-l'ÀRMM, lu ImIsm a, 491 . . . .
Vitry-en-Charollais
6
o
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I
36
37
10
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28
24
25
25
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26
27
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47
48
12
49
19
20
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34
35
31
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74.3
85.5
46
8.50
95.4
91.8
94.9
91
95.2
91
80
90.4
95.6
36.70
99.45
22
73.4
50.6
98.7
24
89.2
84.8
78.8
88
68
91.70
93
90.3
50
89.7
35.5
86.4
72.9
67.7
43.4
85
82.6
82.9
69.2
54.6
74.5
87.8
81.9
75.2
74.9
84.7
75.9
85.8
94.9
79.6
0.1
0.06
0
0.1
0
0.05
44.06
66.64
21.85
58.12
0
0.04
0.15
0.08
0.3
0.04
15.70
0
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1.89
0.74
0.57
0.87
0.47
0.41
0.58
0.33
1.75
1.17
1.77
0.80
1.12
0.25
1.14
1.23
1.43
0.34
1.11
0.94
1.85
2.05
0.68
0.40
0.29
0.85
0.40
0.60
0.86
0.37
0.37
0.61
t. 61
0.70
0.55
2.48
0.82
0.12
1.47
0.73
0.66
0.95
3.28
0.63
0.71
1.37
1.21
2.27
1.61
P0
3
H
2
2.26
0.89
1.01
1.57
6.85
1.60
5.23
1.23
5.43
0.84
4.3?
0.95
1.00
0.84
0.81
0.69
3.30
0.79
1.88
4.89
1.09
3.31
2.10
0.54
2.72
FLORULE RAISONNES DU BHIONNAIS. 239
De oet aperçu géologique, il résulte que les plantes cal-
cifuges ont dû se localiser aux extrémités, tandis que les
espèces calciphiles habitent le centre. Il ne faudrait cepen-
dant pas trop se fier aux coupes géologiques, car il est
impossible de savoir par leur seul examen si un sol con-
tient du calcaire ou s'il n'y en a point. Telle terre qui pas-
sera pour être très calcaire ne le sera point du tout, comme
le bajocien de Vareilles qui n'accuse que 0,06 de chaux p. •/„
et telle autre qu'on ne croit pas être une terre calcaire
l'est considérablement, comme les chailles jurassiques qui
commencent à Marcigny et qui accusent 44,06 et 21,85 p. •/•
de chaux, bien que les géologues les signalent comme ne
contenant plus de calcaire. Cependant, dans le dernier cas,
il n'y a rien qui doive nous surprendre. Les terres analy-
sées sont tout à fait au bas des plateaux décalcifiés et il
est à présumer que les eaux en dissolvant la chaux des
parties élevées l'ont entraînée dans les parties inférieures
où elle s'est déposée pour constituer des terres fortement
calcaires qui se décalcifient, elles aussi, lentement mais
sûrement, la chaux étant entrainée peu à peu dans le sous-
sol qui devient bien plus riche en cet élément que le sol
végétal.
Une série d'analyses que nous avons entreprises, i l'aide
du calcimètre Bernard, dans de nombreuses localités de
notre région, et, en particulier, sur les coteaux qui bordent
le canal de Roanne à Digoin, entre Bourg-le-Comte et
Avrilly, nous ont fourni, à cet égard, des résultats fort
intéressants. Ces observations, qui concordent avec les
faits signalés, d'autre part, par M. le Dr X. Gillot, sur les
coteaux calcaires de Santenay et de Chassagne (Côte-d'Or),
confirment l'influence prépondérante de la composition
chimique du sol sur la répartition topographique des
espèces végétales, et démontrent qu'il y a lieu de mainte*
nir, en géo-botanique, du moins d'une façon générale, Tan-
240 Q. ORMBZZANO ET E. CHATEAU.
cienne division de ces espèces en calcicoles ou calciphiles,
et calcifuges, souvent aussi appelées silicicoles.
En effet, soit que nous ayons rencontré des associations
de plantes, à caractère édaphique différent, croissant au
voisinage les unes des autres, mais cantonnées sur des
points distincts, colonies végétales hé ter otopiques { } soit que
nous les ayons rencontrées en mélange et sur le même
point, colonies végétales hétérocœniques2, toutes les fois
que nous avons pu, avec des précautions minutieuses, pré-
lever des échantillons de terre au voisinage immédiat de
ces diverses espèces, nous avons constaté des indices cal-
ci métriques tellement différents, qu'il est impossible de ne
pas leur attribuer une influence capitale sur la croissance
de ces plantes. Nous avons exposé, en détails, ces faits dans
des mémoires spéciaux3. Nous nous bornerons à rappeler
ici, comme exemple, le contraste aux environs de Bourg-le-
Comte, déplantes calcicoles : Papaver Argemone, P. dubium,
Helianthemum vulgare, Dianthus prolifer, Coronilla varia,
Lathyrus hirsutus, Sedum reflexum, Erigeron acer, lnula
Conyza, Euphorbia Cyparissias, etc., croissant en société
avec les calcifuges : Sinapis Cheiranthus, Scleranthus peren-
ni s, Jasione montana, Calluna vulgaris, Digitalis purpurea,
Anarrhinum bellidifolium, Aira flexuosa, Danthonia decum-
bens, Pteris aquilina, etc. L'analyse calcimétrique de la
terre prise au niveau des racines du premier groupe attei-
gnait 6, 9,3, 10,2 et 13,5 °/o> tandis qu'auprès des racines
du second groupe elle ne dépassait pas 0,2 à 0,9 */•> et par-
fois même descendait à 0.
t. Dr X. Gillot, Influence de (a composition minéralogique des roche* sur /a
végétation; colonie* végétales hétéro topique: (Bail. Soo. bot. France, XLI (1894),
session extraordinaire en Suisse, p. xvi et suiv.)
2. D* A. Magnin, Rapporté du $ol et de là flore» VÊdephitme chimique, (Ann.
Soc. hist. nat. Doubs, 1903.)
3. D' X. Gillot et E. Château, V Appétence chimique de» plantes et leur Répar-
tition géographique, dans Bull. Soc. bot. France, LUI (1906), séance du 23 mars
1906, et Répartition topographique de§ espèces végétale* au point de vue calcimé-
trique, dans Congrès des Soc. savantes à la Sorbonne, 19 avril 1906.
FLORULK RAISONNES DU BRIONNAIS. 241
Au Bas-du-Ris, près Bourg-le-Comte, et auprès du bassin
d'Avrilly, nous avons rencontré deux stations, où, sur les
coteaux embroussaillés et garnis de Genêt commun, Saro-
thamnus scoparius, et de Fougère, Pteris oquilina, plantes
calcifuges par excellence, croissaient, en assez grand
nombre, des Orchidées nettement calciphiles, Orchis pur-
pure a, dans un cas, et Loroglossum hircinum, dans l'autre.
La terre profonde, atteinte par les racines des premières
espèces, au Bas-du-Ris, ne contenait pas ou seulement de
faibles traces de chaux, tandis que la partie superficielle
du sol, au voisinage des bulbes de Y Orchis y accuse une teneur
moyenne de 8, 12 •/.. Dans le second cas, la teneur en chaux
du terrain, en général, ne dépassait pas 2#/„ tandis qu'au-
tour des bulbes et des racines de Loroglossum elle s'éle-
vait à 17,7 #/#. Sur ces points, s'étaient produits des glisse-
ments de terrain qui avaient occasionné, sur des pentes
décalcifiées par les eaux et les agents atmosphériques, un
nouvel apport d'éléments calcaires. Ailleurs, ce sont des
remblais en pierre à chaux, ou parfois les argiles imper-
méables du sous-sol retenant les eaux d'infiltration, qui,
sur des habitats limités, fournissent aux végétaux leur
substratum calcique de prédilection. Ces faits sont bien
connus, et ont été maintes fois relatés ailleurs.
Hydrographie*
A l'exception de la Loire, de l'Aroonce et du 8ornin, les
nombreux cours d'eau qui arrosent le Brionnais sont peu
importants. La plupart ont leurs sources i quelques kilo-
mètres seulement du lieu où ils déversent leurs eaux dans
notre grand fleuve ou ses deux principaux affluents.
La Loire. — Quand la Loire entre en Saône-et-Loiref elle a
déjà traversé deux départements, la Haute-Loire et la Loire,
non compris oelui de l'Ardèche où elle prend sa source.
C'est un fleuve i régime torrentiel dont le bassin de récep-
toms xix. 16
242 Q. ORMRZZANO ET £. CHATEAU.
tion, situé presque en entier dans le même massif monta-
gneux, est immense et couvert de montagnes peu élevées
privées de glaciers. Les neiges fondent rapidement sous
les pluies du printemps qui tombent à la fois dans tout le
bassin supérieur du fleuve dont le lit ne peut plus con-
tenir un volume d'eau dix fois trop fort pour lui. Pendant
l'été, ce même lit, d'une largeur moyenne de trois à quatre
cents mètres, n'est sillonné que par de maigres ruisseaux,
permettant le passage à gué sur de nombreux points et lais-
sant libres de grandes surfaces de sables et graviers dési-
gnés sous le nom de grèves de la Loire. Aux plus basses
eaux de Tété, le débit de la Loire à Roanne descend à
7 mètres cubes par seconde, tandis qu'au même point, aux
époques des grandes crues le débit est de 7,000 mètres
cubes pendant le même temps, c'est-à-dire qu'elle roule
mille fois plus d'eau. A l'étiage du pont de Digoin, le débit
ne descend guère au-dessous de 15 mètres cubes par
seconde, mais il dépasse 7,500 mètres cubes pendant les
crues, dont quelques-unes ont été de véritables fléaux pour
les riverains. Vers la fin de mai les eaux de la Loire sont
blanches et laiteuses parce qu'elles transportent d'innom-
brables pollens des sapins qui bordent ses rives dans la
Haute-Loire.
Dès le commencement du printemps, si les eaux sont
basses, les parties qui émergent se recouvrent d'une végé-
tation très variée présentant un aspect tout particulier. Les
galets et sables, fertilisés seulement par les limons laissés
par les crues, offrent aux plantes des éléments nutritifs
peu abondants. Elles vont puiser leur nourriture au-des-
sous de la couche superficielle et développent leurs racines
outre mesure, tandis que les tiges sont d'autant plus ché-
tives et rabougries que la saison est plus sèche. Qu'un orage
accompagné de pluies torrentielles survienne sur le cours
supérieur du fleuve, l'eau monte rapidement, recouvre sables
et graviers, puis s'étend sur les prairies riveraines. En se
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 243
retirant, elle entraîne les graines arrivées à maturité pour
les déposer un peu partout sur les rives du fleuve. Si cet état
de choses était accidentel, son influence sur la modification
de la flore des terrains subissant les crues serait très secon-
daire, mais comme des inondations se produisent plusieurs
fois chaque année, peu i peu la végétation de la plaine de
la Loire tend à s'unifier sur tout le parcours du fleuve.
Le courant, de tout temps très rapide, ne permet pas aux
plantes aquatiques de se développer abondamment dans
le lit même de la Loire ; mais, comme elle s'est déplacée à
plusieurs reprises, elle a laissé non loin de son cours actuel
un grand nombre de creux, ganches ou rioles, toujours
pleins d'une eau tranquille très favorable à la végétation
hydrophile.
La flore de la plaine de la Loire est donc très variée.
Près de l'eau, c'est le sable et les galets arides ; plus loin,
ce sont les prés sablonneux riches en humus; ça et là, les
anciens lits du fleuve parfois remplis de cailloutis, le plus
souvent pleins d'eau. Ces diverses parties constituent autant
de stations de plantes intéressantes parmi lesquelles nous
citerons :
Ranonculus charophyllos, Latyrus Nissoli*,
— Monspeliacus, Hyppocrepis comosm,
Roripa pyrenaica, 8edum sexangulare,
Bisoutella cootroverta, Crucianella angustifolia,
Lipidium Draba, Saxifraga granulata,
Viola propera, Centaures maeulosa,
Malva Alcea, Artemtsia campestris,
Ifedicago minima, Anthémis montana,
— Gerardi, Xeranthemum inapertum,
Trifolium Molinierii, Verbascum phlomoides,
— gracile, — thapsifonne,
— striatum, Veronica Teucrium,
— subterraneum, — triphyllos.
Vicia lathyroides, Lindernia Pyxidaria,
— lutea, Ajuga Genevensis,
Latyrus angulatus, Plan U go arenaria.
244 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Polychnemum ma jus, Kœleria cristata,
Chenopodium opulifolium, Agropyrum campestre,
Scilla autumnalis, Eragrostis pilosa,
Muscari botryoides, — megastachya,
Scirpus maritimus, Equisetum ramosum,
Ventenata avenacea, Etc., etc.
En comparant notre liste des plantes de la plaine
de la Loire avec celle que M. Oagnepain a établie pour
les environs de Cercy-la-Tour1, nous voyons que vingt-
sept espèces, parmi les plus rares, sont à la fois notées
dans les deux régions. Il est à présumer qu'elles existent
sur la plus grande partie du cours du fleuve, puisque
la plupart ont déjà été signalées dans la plaine du Forez
et beaucoup plus bas jusqu'auprès de Tours.
UArconce. — L'Arconce qui vient de l'étang du Rousset
coule ses eaux poissonneuses dans notre région, à partir
de Charolles où elle reçoit la Semence. Elle se dirige du
nord-est au sud-ouest, arrose Charolles, Ghangy, Lugny-
lès-Charolles, Saint-Didier-en-Brionnais, Anzy-le-Duc, puis
soudain prend la direction du nord-ouest pour baigner
Montceaux-l'Étoile, Versaugues, Saint- Yan, Saint-Germain-
de-Rives et Varenne-Reuillon où elle se jette dans la Loire
au-dessous de Pont-à-Mailly, à 6 kilomètres en amont de
Digoin. Elle forme une vallée fertile bordée d'excellentes
prairies, à végétation moins variée que sur les bords de la
Loire. Comme elle coule plus lentement, les plantes aqua-
tiques y élisent plus facilement domicile, surtout celles à
larges feuilles qui ne peuvent se développer dans la Loire,
sans risquer à chaque instant d'être emportées par le cou-
rant.
On peut récolter dans l'Arconce ou sur ses bords :
Ranunculus fluitans, Nuphar luteum,
Nymphaea alba, Sinapis incana,
1. Gagne paiû, Topographie botanique deê environê de Cercy -la-Tour, in Bull.
Soc. bist. oat. Autun, 1900.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 245
Roripa nasturtioides, PimpinelU magna,
Parnasaia pal us tri s, Inula britannica,
Mœnchia erecta, Qratiola oflicinalis,
Trifolium médium, Potamogeton natans,
Lathyrus Nissolia, — fluitana,
— tuberoaus, Scirpua lacuatris,
Sanguisorba oflicinalis, Carez caneacens,
Trapa natans, Ilordeum seoalinum,
Sison Amomum, Etc., etc.
Le Sornin. — Le Sornin a sa source près d'Aigueperse
(Rhône); il entre en Saône-et- Loire par Saint-Racho, passe
à Varennes-sous-Dun, la Clayette, Saint-Maurice-lès-Châ-
teauneuf, Château neuf, 8aint-Martin-de-Lixy, rentre dans
le Rhône sur 8aint-Denis-de*Cabane, arrose Charlieu,
Pouilly-sous-Charlieu, puis va se jeter dans la Loire un
peu au-dessous du pont de Briennon (Loire). Son cours a
environ 25 kilomètres en Saône-et-Loire. Il forme une
vallée aux bords accidentés, mais fertile, occupée par de
verdoyantes prairies. Les plantes spéciales i la région tra-
versée par le Sornin sont :
Dentaria pinnata, 8enecio Fuchsii,
Epilobium spicatum, Laetuea virosa,
Chrysoaplenium oppositifo - Carex paludosa,
lium, Athyrium Filix-femina,
Pimpinella magna, Asplenium septentrionale,
Oaiium aaxatile, Bleehnum spicant,
Cirsium anglicum, Eté., etc.
Canal de Roanne à Digoin. — Nous avons étudié le canal
de Roanne à Digoin depuis son entrée en Saône-et-Loire
jusqu'à sa jonction avec le canal du Centre, sur une lon-
gueur approximative de 35 kilomètres. Nos récoltes ont
été facilitées par suite des travaux d'amélioration de cette
voie de navigation, qui nécessitent chaque année un chô-
mage de près de deux mois. De juin à août le canal est à
sec sauf sur certains points où il reste une petite quantité
d'eau suffisante pour permettre aux plantes aquatiques de
246 Q. ORMEZZA.NO ET E. CHATEAU.
mûrir leurs graines. Elles se multiplient rapidement ; mais
d'un bout à l'autre on retrouve les mêmes espèces. Cette
flore uniforme s'explique facilement. L'administration fait
faucher les plantes qui gêneraient la navigation, quelques
jours avant de remettre l'eau dans le canal. Les ouvriers
les déposent sur les levées, mais il reste de nombreux *
débris qui sont entraînés par le faible courant et propagent
les espèces dont ils proviennent sur toute la longueur du
canal. Les pêcheurs retirent dans leurs filets des fragments
de plantes aquatiques qu'ils rejettent à l'eau ; quelques-unes
s'accrochent aux bateaux et vont dans les deux sens s'im-
planter sur différents points d'où partiront de nouvelles
colonies qui unifieront peu à peu la végétation sur toute la
longueur du canal, dans lequel on peut récolter :
Ranunculus peltatus, Butomus umbellatus,
— trichophyllus, Vallisneria spiralis,
— fluitans, Helodea oanadensis,
Blatine hexandra, Potamogeton lucens,
Isnardia palustris, — perfoliatus,
Myriophyllum verticillatum, orispus,
— spicatum, — acutifolius,
— alterniflorum, — compressus,
Callitriche hamulata, — pusillus,
— verna, Zanniohellia palustris,
Ceratophyllum demersum, Oaulinia fragilis,
Alisma Plantago, Naias major,
— repens, Isolepis setacea,
Sagittaria sagittifolia, Heleocharis aoioularis, etc.
Les rives du canal, que l'on fauche malheureusement
trop tôt, offrent toute une collection de Carex et plusieurs
autres plantes qui ne se rencontrent pas ailleurs. Nous
citerons :
Sanguisorba officinalis, Iris pseudo-Acorus,
Peucedanum palustre, Carex maxima,
Rumex Hydrolapathum, — mûrie a ta,
PLOliULE RAIàONNKK DU BR10NNA1S.
247
Carexvulgaris,
— remoU,
— acuta,
— vesioaria,
Carez ri paria,
Glyceria aquatica,
Equisetum Telmateia.
Etc., etc.
Ut Étangs. — Les creux pleins d'eau et les étangs sont
moins nombreux qu'autrefois; il en existe cependant dans
toutes les communes. En général ils n'occupent qu'une
surface restreinte mais n'en sont pas moins intéressants i
explorer au point de vue de la variété des espèces. Les étangs
de la Clayette (27 hectares) et de Chanron (Nochize, 10 bec-
tares), sont les plus grands; mais, quelle que soit leur
étendue, à peu près dans tous croissent la Châtaigne d'eau,
la Renoncule aquatique, le Potamot nageant et la Renouée
aquatique. Leur végétation est surtout variée sur les bords,
et à la queue parmi les sphaignes où croissent souvent
des plantes rares.
On peut récolter autour des étangs, des creux et des
mares :
Nymphœa alba,
Nuphar luteum,
Roripa nasturtioides,
— amphibia,
Paroaasia palustris,
Drosera rotundifolia,
Elatine hexandra,
Helodes palustris,
Comarum palustre,
Epilobium hirsutum,
Isoardia palustris,
àfyriophyllum verMoillatum,
— spioatum,
Ceratophyllum demersum,
Peplis Portula,
Hydrocotyle vulgaris,
HeKosciadium inundatum,
Œnantbe Phellandrium,
Hottonla palustris,
Villarsia nymphoides,
Qratiola ofBoinalis,
Lindernia Pyxldaria,
Limosella aquatica,
Veronica Beccabunga,
— Anagallis,
Utrioularia vulgaris,
Littorella lacustris,
Iris pseudo-Acorus,
Sagittaria sagittifolia,
Alisma Plantago,
— laooeolatum,
Juncus fluitans,
Typha angustifolla,
— latifolia,
Sparganium ramosum,
— bimplex,
Rhynchospora alba,
Scirpus ovatus,
— aeicularis,
— Micbelianus,
248 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Scirpus lacustris, Carez elongata,
Garex vulpina, — pallescens,
— stellulata, — canescens,
— acuta, Glyoeria aquatica,
— vesicaria, — fluitans,
— riparia, Marsilia quadrifolia,
— paludoea, Chara vulgaris, etc., etc.
Epiphytisme. — De nombreux arbres, presque exclusive-
ment Saules ou Chênes, sont taillés en têtards dans les
haies, et portent, entre les moignons de leurs branches cou-
pées, une végétation épiphytique dont nous avons fait le
recensement, à l'instar de MM. A. Magnin, F. Oagnepain,
C. Thomas, etc., dans d'autres régions voisines. Nous
avons publié ailleurs1 le résultat de nos observations qui
ont porté sur 1,476 saules, 1,448 chênes et une douzaine
d'autres arbres. Sur une centaine d'espèces de plantes épi-
phytes,ce sont les espèces à fruits charnus emportés par les
oiseaux ou à graines fines facilement disséminées par le
vent, qui dominent, en première ligne : Ribes Uva crispa,
Solanum Dulcamara, GaliumÂparine, Urtica diolca, Galeopsis
Tetrahit, Mehringia trineria, Stellaria holoslea, etc. Toutes
ces plantes se rencontrent dans la flore locale, sans modi-
fications spéciales.
Climat.
Le climat ou ensemble des circonstances géographiques
et des phénomènes atmosphériques qui déterminent, pour
une région donnée, les variations de chaleur, de lumière,
d'humidité, etc., qui s'y succèdent, a une importance très
grande sur la distribution des végétaux. En effet, toute
graine possède une température minimum^ au-dessous de
laquelle elle ne germe pas, une température optimum, à
laquelle elle se développe avec activité, et une tempéra-
1. E. Château, SUliitique épiphytique du Brionrutiê (Bull. Soc. hist. nat. d'Au«
tan, XVIII (1905), 2, p. 253.)
FLOHULE RAISONNÉK OU BRIONNAIS. $49
ture maximum au-dessus de laquelle la germination s'ar-
rête. Comme ces différents degrés de température varient
avec chaque espèce, il est facile de comprendre que les
plantes qui ne les rencontrent pas sur un point donné en
sont forcément exclues. Mais le degré de température
utile peut-il être apprécié exactement par l'évaluation de
la température de l'air? N'est-il pas nécessaire de con-
naître aussi la chaleur emmagasinée dans le sol où sont
les racines? Nous n'hésiterons pas à répondre affirmative-
ment, car tous les sols ne s'échauffent pas avec la même
facilité. Schubler, d'après Parme ntier1, a reconnu qu'entre
deux lots d'une même terre exposés au soleil, l'un sec et
l'autre humide, on peut observer en faveur du lot sec une
différence de température de huit degrés dans la couche
superficielle. Ce fait n'a pas échappé i nos cultivateurs
qui appellent « terres froides » celles qui retiennent l'eau
et sont constamment humides comme les argiles et les tour-
bières, bien que la température de l'air qui les entoure soit i
peu près la même que celle qui enveloppe les terres voisines.
Les terres de couleur foncée absorbent mieux la chaleur
que celles de teinte claire. D'après Parmentier (toc. cit.),
en colorant en noir un sol de teinte claire on peut accroître
son pouvoir absorbant pour la chaleur de 509/«- Les sols
foncés subissent d'ailleurs moins l'effet du rayonnement
que les sols plus clairs, ce dont il est facile de se rendre
compte pendant les gelées printanières. Les parties forte-
ment éclairées ont, en général, beaucoup plus i souffrir
que les parties ombragées, bien que la température de l'air
soit la même sur les deux points. D'après de nombreuses
expériences, il résulte que c'est le sable calcaire qui retient
le plus de chaleur, c'est donc lui qui a été pris comme
terme de comparaison pour indiquer le pouvoir absorbant
de la chaleur par différents sols. Le tableau suivant dressé
I. Pamtottor, BtUniquê êfriooU, Paris, ttOÎ.
250 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
par Girardin et Dubreuil nous fait connaître dans quelles
proportions les terres différentes s'échauffent :
Sable calcaire 100,0
— siliceux 55,6
Glaise maigre 76,9
Glaise grasse 71,4
Terre argileuse 68,4
Argile pure 66,7
Terre de jardin 64,8
Terre calcaire fine 61,8
Humus 49,0
D'après ces chiffres, il est certain que la température de
l'air est insuffisante à expliquer l'effet de la chaleur sur la
végétation et surtout sur la germination qui a lieu dans le
sol et non pas dans l'air. Supposons deux graines placées
le même jour, l'une dans du sable calcaire et l'autre dans
l'humus, à température de l'air égale, la graine placée dans
le sable calcaire germera avant celle qui a été placée dans
rhumus ; et comment expliquer ce fait si l'on ne tient pas
compte du pouvoir absorbant de la chaleur par le sol ? Celte
influence n'a peut-être aucun effet sur les arbres ou les
arbustes, mais il en est autrement au moment de la germi-
nation et peut-être même pendant toute la vie des plantes
annuelles. Il serait donc intéressant d'avoir des faits précis
sur la température de l'air et du sol brionnais, ce qui nous
fait regretter de n'avoir eu aucune donnée météorologique
sur cette région.
D'après le Cours d'agriculture de M. Gasparin, voici les
températures nécessaires à diverses plantes spontanées :
Foliation.
Tiapéntirt mytiii.
Lonicera Periclymenura + 3*
Ribes Uva crispa 5
Ribes rubrum 6
Salix Caproa 6
ASsculus Hippoeastanum 7,5
PLORULB RAISONNES DU BRIONNAIS. 251
Twptalin ssjnsi*
Pirus Malus + 8
Prunus Cerasus 8
Juglans regia 9,8
Medioago sativa (pousse) 10
Vitis vinifera (pousse) 10,5
Alous glutioosa tî
Quercus 12,7
Robinia pseudo-Acacia 13,4
Dans nos campagnes où les observations sont souvent
formulées sous forme de dictons populaires on dit en par-
lant de Ribes Uva crispa :
Il n'est si mauvais mois de février
Qui n'ait vu feuiller son groseillier.
Il est rare que le dicton soit en défaut, c'est donc dans
ce mois que la température moyenne atteint 5*.
Des observations analogues ont été faites sur la florai-
son ; nous en citerons quelques-unes.
Floraison.
tapfeilifi stfjosf.
Coryllus Avellana + 3*
Ulex europsous, Buxus sempervirens et Populus alba.. 4
Salis Capnea, Lonicera Pericly menum 5
Persica vulgaris 5,4
Pirus oommunis et P. Malus 8
Pragaria vesea 9,5
Sarotbamous sooparius 10
ASsculus Hippocastanum 12
Cratasgus oxyacantha 42,5
Robinla pseudo-Aeaoia 14
Des observations prolongées sur les dates de foliation et
de floraison de ces diverses plantes permettraient, à défaut
de données météorologiques, de connaître approximative-
ment la température moyenne d'une région. Ces mêmes
observations effectuées dans de nombreuses régions four-
252 0- ormezzano et e. château.
niraient matière à d'importantes comparaisons, peut-être
plus en rapport avec la végétation que les chiffres fournis
par le thermomètre.
Pluie. — La quantité d'eau qui tombe annuellement a sa
répercussion sur la distribution des plantes. Un sol peut
être trop humide pour une espèce et pas assez pour une
autre ; par conséquent telle région ou plutôt tel sol exclut
certaines plantes qui ne trouvent pas dans ce sol le degré
d'humidité dont elles ont besoin. Mais l'humidité du sol
n'est pas toujours en rapport avec la quantité de pluie
déversée par les nuages. En été, un orage violent peut
donner une quantité considérable d'eau dont une faible
quantité est absorbée par le sol. Le nombre des jours plu-
vieux d'une année nous semblerait plus en rapport avec
l'humidité du sol que la hauteur d'eau tombée. Il peut pleu-
voir souvent, mais très peu chaque fois; dans ce cas le sol
retient la plus grande partie de l'eau, tandis que si la pluie
arrive à flots, la plus grande partie va à la rivière. Le pou-
voir absorbant de l'humidité varie d'une terre à l'autre ;
suivant Schubler, les différents sols traversés par l'eau en
retiennent :
Sable siliceux 25 % de son poids total.
— calcaire 29
Argile pure 70
Terre calcaire fine .... 85
Humus........ 190
• «
En outre, les. cols ont le pouvoir d'enlever de la vapeur
d'eau à l'atmosphère, ce qui constitue leur hygromètricitè,
mais cette propriété n'est pas égale pour tous les sols.
Voici, toujours d'après Schubler, la quantité de vapeur d'eau
absorbée par différents terrains : *
1. Voyez Pirmentier, BoUnique agricole, Paris, 1902.
PLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS.
253
VAPEUR D EAU ABSORBÉE APRÈS
Ubtim
filtra
ttlnm
71 knm
0.000
0.010
0.185
0.400
0.000
0.015
0.210
0.481
0.000
0.015
0.240
0.550
0.000
0.015
0.245
0.600
L'humidité excessive nuit à la conservation des graines
qui pourrissent ou dont la faculté germinative diminue
d'intensité, mais il nous est impossible de dire si le Brion-
nais es t plus sec ou plus humide que d'autres régions. Les
observations pluviométriques nous font presque complète-
ment défaut. Nous savons seulement que durant sept
années, il est tombé une moyenne annuelle de 989 milli-
mètres d'eau à Chauffailles. !
Des pluviomètres ont bien été placés par M. F. Dejus-
8ieu, d'Autun, à Baudemont, Bourg-le-Comte et Marcigny,
mais comme les observations datent i peine d'une année,
il est impossible d'en tenir compte pour établir des moyennes
qui seraient certainement complètement modiGées par les
chiffres ultérieurs.
Les brouillards apparaissent, dans les parties basses,
dès le mois de septembre ; ils sont fréquents dans la vallée
de la Loire jusqu'au milieu du printemps; l'on y voit aussi
en mai, juin et juillet des brouillards d'été avant-précurseurs
des orages.
La direction des vents n'est pas plus certaine que les
degrés de température et la hauteur pluviale. Les vents
considérés comme dominants sont le S-W ou Traversa le
N-E, l'W et le N-W ou Morvan. Le premier et le troisième
amènent souvent la pluie. Le N est désigné sous le nom de
Bise, TE, sous celui de Matinal et le S sous celui de Grandvent.
1. M. AuJIo, Eêêëi but la Q+ogrêphlê botuniqu* du Bcêujoliii, In Bu!!. Artic-
ule internationale de Géographie botanique, n" 18?, décembre 1901, p. 0i
254 Q. ORMEZZANO ET S. CHATEAU.
Suivant une croyance populaire, les orages de grêle se
formeraient dans la fontaine de la Madeleine, près de Saint-
Martin-d Estreauœ (Loire), et seraient amenés dans le Brion-
nais par le S-S-W.
Deux courants d'air chauds ont été signalés dans notre
circonscription par MM. F. Pérot, de Moulins, et Dagand-
Quentin, de Bourg-le-Comte. Le premier, orienté du S-S-E
au N-N-W, traverse à angle droit la route de Saint-Julien-
de-Jonzy à Semur, environ à 3 kilomètres 500 de cette
dernière localité; il a une largeur de 9 à 11 mètres et une
température approximative de 18 à 20 degrés. Le second,
orienté de S-S-W à N-N-E, a une largeur d au moins
100 mètres; il traverse la route de Chambilly au Donjon
au bas de la montée de Bourg-le-Comte. Il est surtout sen-
sible le soir ou de grand matin. *
Statistique végétale.
Plantes vulgaires indigènes. — Prenant pour guide l'ex-
cellent travail de M. Oagnepain2, qui nous a fourni matière
à d'importantes comparaisons, nous avons réparti les espèces
indigènes les plus communes dans les catégories suivantes :
Espèces forestières.
Espèces des champs.
Espèces des prés naturels.
Espèces aquatiques.
Espèces des chemins, des terrains vagues, décombres.
I. — Forées. — Les grandes forêts n'existent pour ainsi
dire pas dans le Brionnais ; par contre, on rencontre sur de
nombreux points des taillis dont la plupart n'ont qu'une
t. F. Pérot, Ob$ervation eut un coursnt itmotphérique tempéré, in Bull. Soc.
bist. nat. Autun, XIII, 1900, 2* partie, p. 249. — Dagand-Quentin, A propo$ d'un
counnt d'eir tempéré, in Bull. Soc. bist. nat. Autun, XIV, 1901, 2* partie,
p. 31.
2. F. Gagnepaio, TopograplUe botanique de$ environ$ de Cercy-U-Tour, in Bull.
Soc. bist. nat. Autun, XIII, 1900.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 255
étendue très restreinte. Les principaux sont ceux des
Aisances, entre Paray et Poisson, du Gouvernement, entre
Marcigny, Semur, Sainte-Foy et Sarry, de Lugny, Chizeuil,
Vauban, de Maulevrier, la Côte, etc. Chaque année de
nouveaux défrichements diminuent la surface forestière,
sauf au sud-est où le terrain accidenté se prête plus diffici-
lement à la culture.
Les hautes futaies composées seulement d'essences uti-
lisées pour la charpente ou l'industrie sont rares. On ren-
contre presque exclusivement des taillis coupés tous les
vingt ou vingt-cinq ans pour bois de chauffage. La flore
silvatique est formée d'espèces dont les souches émettent
des rejets pouvant garnir rapidement le terrain sur lequel
une coupe a été pratiquée.
La végétation dominante est représentée par :
Acer campestre, Fagus eilvatica,
Quercus sessiliflora, Alnus glutinosa,
— pedunculata, Betula verrucosa,
Carpinus Betulus, Populus Tremula.
Dans les clairières et partout où le feuillage laisse péné-
trer l'air et la lumière, de nombreux arbustes occupent les
parties vides, rendent le taillis plus épais pour former un
sous-bois dont les espèces les plus communes sont :
Clematis Vitalba, Cornus sanguinea,
liez Aquifolium, Lonicera Perichymenum,
Evonymus europaeus, Sambucus nigra,
Sarothamnus scoparius, Viburnum Opulus,
Rhamnus Frangula, Galluna vulgaris,
Rubus sp? Ligustrum vulgare,
Prunus spinosa, Corylus Avellana,
Cratsegus oxyacantha, Salis Capraea,
Hedera Hélix, Juniperus communia.
A la suite des coupes, un grand nombre d'espèces her-
bacées viennent prendre possession des espaces libres. Les
unes, celles qui ont besoin d'une vive lumière, disparais-
256 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
sent dès que la végétation dominante intercepte suffisam-
ment les rayons du soleil ; les autres, celles qui exigent le
couvert des grands arbres pour se développer normale-
ment continuent à croître avec tendance à prendre la place
de celles qui se sont étiolées. L'ombre et les racines sont
communes à toutes les forêts, mais il est de nombreuses
conditions de végétation qui modifient leur flore herbacée
en même temps que celle du sous-bois. Le terrain peut
être calcaire ou siliceux, compact ou léger, sec ou humide,
toutes causes qui donnent un aspect particulier à chaque
bois ou taillis et contribuent i rendre plus nombreuses les
espèces que l'on rencontre communément dans nos petites
forêts brionnaises. Nous citerons comme plantes herbacées :
Viola Reichenbaohiana, Convallaria maialis,
Mœhringia trinervia, Paris quadrifolia,
Hypericum pulchrum, Polygonatum vulgare,
Orobus tuberosus, — multiflorum,
Fragaria vesca, Tamus communia,
Solidago Virga aurea, Luzula pilosa,
Senecio silvaticus, — Fors te ri,
Hieraciumsp? — multiflora,
Phyteuma splcatum, Holcus mollis,
Primula officinalis, Braohypodium silvaticum,
Lysimachia nemorum, Aira flexuosa,
Vinoa minor, Pteris aquilina,
Melampyrum pratense, Polystichum Filix mas.
II. — Les champs. — Les champs couvrent à peu près le
tiers de notre circonscription; leur flore varie avec les cul-
tures, la nature du sol, son degré de sécheresse ou d'humi-
dité. Chacun est à même de constater que les terrains por-
tant des plantes sarclées, n'ont pas la même végétation
spontanée que ceux ensemencés en céréales, couvertes en
luzerne, prairies artificielles, pacages ou laissés seulement
en jachères. Les champs de la plaine humide n'ont pas les
mêmes plantes que ceux de la colline aride ; les causes de
PLORULB RAISONNES DU BRIONNAIS.
257
végétation sont donc ici très diversifiées et par suite les
espèces communes plus nombreuses que dans la plupart
des autres groupes ; ce sont :
a. — Champs portant des plantes sarclées.
Ranunculus repens,
Fumaria offioinalis,
8inapis arvensis,
Arabls Thaliana,
Draba verna,
Capsella Bursa pastoris,
Silène inflata,
8tellaria média,
Cerastiom vulgatum,
8pergula arvensis,
liedtoago Lupullna,
Valerianella olltoria,
Tussilago Farfara,
Sanecio vulgaris,
b. — Plantes messicoles.
Ranunculus arvensis,
Papaver Rbaas,
— dubium,
Viola tricolor,
Agrostemma Oithago,
Trifolium arvense.
Vicia angustiiblia,
Ervum tetraspermum,
Cirsium arvense,
Centaurea Cyanus,
c. — Jachères, pacages, etc.
Lepidium campestre,
If jpericum perforatum,
8oleranthus annuus,
— pcrennts,
Sherardia arvensis,
Filago germanica,
TOME XIX.
Crépis taraxaoifolia,
8oncbus oleraoeus,
Anagallis phœnioea,
Convolvulus arvensis,
Myosotis intermedia,
Linaria spuria,
— Elatine,
Veronica arvensis,
Cbenopodium album,
Polygonum avioulare,
Merourialis annua,
8etaria viridif ,
Agropyrum repens.
Etc., etc.
Lampsana communia,
Arnoseris pusills,
Oaleopsis angustifolia,
— Ladanum.
Alopeourus agrestis,
Agrostis vulgaris,
Serrafalcus mollis,
Apera spiea venti,
Lolium temulentum.
Eto., etc.
Filago arvensis,
Carlina vulgaris,
Ecbiam vulgart,
Atriplex patula,
Humes Aoetosella,
Polygonum Coovolvulus, etc.
17
258
Q. ORMEZZA.NO ET E. CHATEAU.
III. — Les prés. — Les prairies du Brionnais sont renom-
mées pour leurs herbages. Elles sont établies autant que
possible auprès des cours d'eau; elles occupent la plus
grande partie des vallées de la Loire, de l'Arconce et du
Sornin. La plupart ont été engazonnées spontanément. On
s'est borné à niveler grossièrement le terrain après la mois-
son, puis on l'a abandonné à lui-même. Il s'est couvert
d'une végétation devenant chaque année plus dense d'où
sont exclues graduellement les espèces annuelles dont les
graines ne peuvent germer sur un sol recouvert d'herbes
vivaces. Comme celle des champs, la flore des prairies
présente différents aspects, suivant que le sol est plus ou
moins sec ou humide, léger ou compact, calcaire ou sili-
ceux, et aussi suivant que l'herbe est fauchée ou broutée,
pâturée par des bovidés ou des chevaux. Les plantes qu'on
retrouve le plus communément dans les prairies brionnaises
considérées dans leur ensemble sont :
Ranunculus buibosus,
— acer,
Cardamine pratensis,
Medicago Lupulina,
Trifolium repens,
— pratense,
Daucus Carota,
Heracleum Sphondyiium,
Pimpinella Saxifraga,
Galiura verum,
Leucanthemum vulgare,
Achillea Ptarmica,
Bellis perennis,
Tragopogon pratensis,
Taraxaoum officinale,
Veronioa serpyllifolia,
— Teucrium,
Rhinanthus major,
Salvia pratensis,
Ajuga reptans,
Rumex Acetosa,
Plantago lanceolata,
— média,
Orchis (diverses espèces),
Junous lamprocarpus,
Luzula campestris,
Oarex prœcox,
— hirta,
Anthoxanthum odorat um,
Alopeourus pratensis,
— geniculatus,
Phleum pratense,
Holous lanatus,
Trisetum flavesoens,
Poa pratensis,
— trivialis,
Daotylis glomerata,
Cynosurus cristatus,
Briza média,
Festuca pratensis,
Bromus ereotus,
— mollis, etc., etc.
FLORULE RAISONNES DU B1UONNAIS. 259
IV. — Espèces aquatiques, palustres ou hydrophiles. — Les
espèces communes de cette section sont groupées d'après
la olas8iûcation du docteur A. Magnin f, qui divise la flore
aquatique en zones établies d'après la profondeur des eaux
et les associations végétales.
1" zone. — Cariçaie ou zone des Car ex.
Ranunculus aquatilis, Polygonum Persicaria,
— fluitans, Salixalba,
Caltha palustris, — triandra,
Roripa ampbibia, — purpurea,
Epilobium hirsutum, Alisma Plantago,
Isnardia palustris, Iris pseudo Aeorus,
Lythrum Salioaria, Heleocharis palustris,
Myosotis palustris, — acicularis,
8orophularia aquatiea, Carex vulgaris,
Gratiola offioinalis, — vesi caria,
Veronioa soutellata, — paludoss,
— Beccabunga, — remota.
Il entba aquatiea, Baldingera arundinacea,
8outeilaria galerie ulata, Olyœria aquatioa,
Rumex Hydrolapathum, Etc., eto.
2* zone. — Phragmitaie. — Plantes croissant dans les
eaux jusqu'à une profondeur de 2 mètres au maximum :
(Enanthe Phellandrium, 8parganlum ramosum,
8agittaria sagittifolia, Pbragmitas oommunfs,
Lemna minor, Olyœria fluitans,
— polyrbtza, Equisetum limosum.
Typha latifolia, Etc., eto.
3* zone. — Scirpaie. — Plantes s'avançant jusqu'à 3 ou
4 mètres de profondeur :
Nupbar luteum, Utrioularia vulgaris,
Myriopbyllom verticillatum, Polygonum ampbibium,
— » spicatum, 8cirpus laoustris.
Callitriobe stagnalis, Eto., eto.
I. A. Mafoln, Riefurche* êur U vèçèittion de* Ucf du Juré, dan* R*v%t*g*né-
rate de boUniçuê, V (MU), P- 541-303.
260 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
4* zone. — Potamogétonaie. — • Cette zone est uniquement
formée de Potamots ; ils peuvent croître à une profondeur
de 6 à 8 mètres ; ce sont :
Potamogeton natans, Potamogeton perfoliatus,
— crispue, — pusillus.
5e zone. — Charaçaie. — Cette zone comprend les espèces
qui tapissent le fond des eaux; elles sont représentées par
quelques Characées dont une seule commune Charavulgaris,
et par des Naiadées qui ne peuvent trouver place parmi les
espèces très répandues.
V. — Espèces des rues, des murs, des décombres, des haies. —
Autour des habitations, dans les rues, sur les places publi-
ques des villages on dépose des tas d'immondices riches en
matières azotées, bientôt recouverts d'une végétation abon-
dante. Les bords des chemins tassés par les animaux ou
les piétons forment une station unique qui ne se retrouve
pas ailleurs. Les murailles en pierres sèches sont particu-
lièrement intéressantes car elles sont l'image frappante de
l'influence du sol sur le tapis végétal ; si elles sont cons-
truites avec du granit leur sommet présente une flore calci-
fuge, et si Ton a employé des pierres calcaires, il se recou-
vre de plantes calciphiles. Quand les murs en granit se
désagrègent, le mortier laisse tomber au pied du mur cer-
tains éléments qui permettent aux plantes calciphiles de se
développer; par conséquent il y a un contraste frappant
entre la végétation du sommet du mur et celle de la base.
Les vieilles murailles maçonnées portent souvent une flore
calciphile quand la chaux a été employée pour la fabrica-
tion du mortier qui a servi à lier les pierres, même si
celles-ci sont siliceuses.
Quant aux haies elles tiennent des bois par les nombreuses
racines qui s'enfoncent dans le sol et qui s'opposent tou-
jours plus ou moins à une prise de possession par d'autres
plantes; mais elles n'ont pas, comme les bois, une ombre
FLORULE RAISON NEE DU BRIONNAIS.
261
exclusive pour certaines espèces. Elles sont d'ailleurs
taillées plus ou moins régulièrement, souvent broutées par
les animaux, dont quelques-uns, comme la chèvre, sont un
obstacle puissant à la multiplication de certaines plantes.
L'influence du sol, de la richesse, de l'humidité, n'est pas
moindre dans les haies qu'ailleurs; il faut encore ajouter
l'exposition qui se fait sentir sur ses deux côtés. Il est donc
de nombreuses causes qui jouent un rôle dans la distribu-
tion des plantes de ces diverses stations et par suite les
espèces communes y sont nombreuses ; ce sont :
Clematis Vitalba,
Chelidonium majus,
8i8ymbrium Alliaria,
— officinale,
Stellaria Holostea,
— média,
Malva rotundifolia,
— silvestris,
Viola odorata,
Qeranium Robertianum,
— dissectum,
Evonymus europœus,
Vicia Cracca,
Potentilla Anierina,
Geum urbanum,
Prunus spioosa,
Agrimooia Eupatoria,
Cratstgus Oxyacaotha,
Dryonia diolca,
Sedum acre,
— album,
— Cepaja,
Chœrophyllura temulum,
Cornus sanguinea,
Sambueus nigra,
— Ebulus,
Galium Aparine,
Qalium Cruciata,
— Moilugo,
Dipsacus silvestris,
Ribes Uva crispa,
Artemisia vulgaris,
Lappa major,
— minor,
Convolvulus s»pium,
Veronica hederifolia,
Mentha Pulegium,
Clinopodium vulgare,
Glechoma hederacea,
Lamium maculatum,
BalloU fcetida,
Marrubium vulgare,
Plantago major,
Verbena officinalis,
Gbenopodium Bonus Henrlous
— intermedium,
— murale,
Rumex crispus,
— conglomeratus,
Urtica dioica,
Corylus Avellana,
Arum maculatum,
Poa anua.
Eto., etc.
*»*.
262 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
FLORE SPONTANEE
Le degré de fréquence ou de rareté est exprimé par les
abréviations suivantes :
CG = très communes.
C = communes.
AC = assez communes.
AR = assez rares.
R = rares.
RR = très rares.
Renonculacées.
Ranunculus hederaceus L. — Sources, fossés, ruisseaux dans
les terrains primitifs et sablonneux. AR. — Route de
Sarry; Chambilly, route de Bourg-le-Comte ; Semur,
à l'étang de la Fay ; la Clayette ; Briant ; Saint-Chris-
tophe-en-Brionnais ; route de Digoin, entre Montceaux-
l'Ëtoile et Saint- Yan ; fossé de la route, près de l'étang
Vélo (Avrilly).
R. Baudotii Godr., var. confusus Godr. — Canal. RR. —
Digoin, bassin terminal du canal du Centre.
t. Nous comprenons août ce vocable, non seulement les espèces primitivement
et incontestablement indigènes, mais aussi les espèces anciennement et largement
naturalisées; elles occupent dans la flore une place considérable et ne peuvent
plus en être distinguées que par des antécédents historiques ; elles jouent d'ailleurs
absolument le rôle de plantes spontanées ou tout au moins subspontanées. (Voyez
A. de Candolle, Géographie botanique rationnée, 2 vol., 1855. — Origine de$
pUnteë cultivées, 1883.) On trouvera au chapitre des modifications floristiques,
l'exposé de nos idées à ce sujet. — Nous avons suivi autant que possible la classi-
fication adoptée dans le Catalogue des plenleê de France, Suiêêe et Belgique, de
E.-G. Camus.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 263
A. diversifolius Gilib. = A. aquatilis L. — Mares, étangs,
ru i sse aux. CC. — Saint-Bonnet-de-Cray ; Semur; Mar-
cigny; Chambilly; Hautefond; Artaix; Saint-Julien-
de-Ci vry ; Bourg-le-Comte ; Avrilly ; Varennes-Reuillon ;
Montceaux-l'Étoile ; Fleury-la-Montagne; la Clayette.
Plante polymorphe dont nous avons reconnu les variétés
suivantes :
— — var . submersus GO. — Mares, route d' Artaix.
— — var. terrestris GG. — C. — La Clayette.
Délaissés de la Loire et la plupart des mares asséchées
où croit le type.
— — A. peltatus Schranck. — Fossés, route de
Marcigny à Chambilly ; Bourg-le-Comte ; Artaix.
— — A. truneatus Koch. — Crot-Rond, pêcherie
Bérard, i Bourg-le-Comte.
A. trichophyllus Chaix. — Mares, fossés, ruisseaux. AR. —
Délaissés de la Loire à la Digue ; canal de Chambilly ;
Bourg-le-Comte ; Avrilly.
A. fœnieulaeeus Gilib. = A. divaricatus Schrank. — Eaux
tranquilles. R. — Canal de Roanne à Digoin; Vareilles,
en Payolles.
A. fluitans Lamk. — Eaux courantes, rivières. AR. —
Canal de Roanne i Digoin; dans la Loire; l'Urbize, à
Bourg-le-Comte; l'Arconce, à Anzy-le-Duc ; Poisson.
A. aconitifolius L. — Lieux humides des montagnes gra-
nitiques. R. — Mussy-sous-Dun, près du grand viaduc
et des montagnes l'avoisinant.
A. Flammula L. — Prés frais, bois argileux, pâturages
humides, fossés, lieux marécageux. CC.
— — - var. tênuifolius Wallr. — Pré tourbeux le
long de la route de Marcigny i Montceaux-l'Étoile.
A. aurieomus DC. — Bois, haies, lieux frais et couverts. C.
— Sarry, route de Semur ; Changy, près Charolles ;
Bois de la Côte; Fleury-la-Montagne ; Saint-Julien-de-
Civry ; Iguerande ; Saint-Bonnet-de-Cray ; Briant.
264 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
R. acer L. — Champs, bois, prés. CC.
— — R. Steveni Àndr. — Prairies des bords de
la Loire.
R. nemorosus DC. — Bois couverts. AC. — Saint-Julien-
de-Jonzy; Saint-Bonnet-de-Cray ; Vernay; Embondy;
Morvan, à Saint-Martin-du-Lac ; Sarry ; Briant; Semur.
— — R. Amansii Jord. — Bois entre Melay-
outre-Loire; Artaix; Céron; Chenay-le-Châtel, où cette
forme abonde.
R. repens L. — Champs, vignes, jardins, prés. CC. — On
en cultive une variété à fleurs doubles dans les jardins
de Marcigny.
R. bulbosus L. — - Prés, pâturages, champs, haies, bois,
bords des chemins. CC. — Cette espèce se multiplie
tellement dans les prés qu'elle nuit considérablement
à la qualité des fourrages.
R. monspeliacus L.
— — R. lugdunensis Jord. — Prés sablonneux
de la vallée de la Loire, nul ailleurs. R. — Artaix;
Chambilly ; Baugy ; Vindecy ; Varennes-Reuillon ;
Bourg -le- Comte ; Avrilly ; Luneau; Chassenard;
Champ de courses, à Marcigny. Cette dernière station,
la première reconnue par M. Ormezzano, date de 1865;
à cette époque elle était abritée par un petit bois de
pins; elle s'est maintenue, mais peu agrandie. Depuis,
cette plante a été reconnue dans presque tout le val
de la Loire. (Voir E. Château, le Ranunculus monspe-
liacus des bords de la Loire, in Bull. Soc. hist. nat,
Autun, XIV, 1901, p. 202.)
R. chasrophyllos L. — Endroits secs et sablonneux des bords
de la Loire. RR. — Champ de courses, à Marcigny;
pré Mamme8sier; Chambilly; Bourg-le-Comte ; Vin-
decy ; Varennes-Reuillon.
— — R. acutilobus Freyn. — Cailloux du Gras à
Bourg-le-Comte où cette forme abonde.
FLORULB RAISONNÉE DU BRIONNAIS. 265
Observation. — Rouy et Foucaud [Flore de France, 1. 1, p. 88),
changent le nom de chœrophyllos en celui de flabellatus Desf., car,
disent-ils, la plante de Linné est une espèce des plus douteuses à
calioes réfléchis, à pédoncules sillonnés que ne présente nullement
la plante de France et de Corse. Quoi qu'en disent les savants auteurs
de la Flore de France, il est acquis que sous le nom de R. ch*ro-
phyllos, Linné a compris plusieurs sous-espèces, mais le véritable
R. flabellatus Desf. est une de ces sous-espèces algériennes, et il
n'est pas davantage prouvé que ce soit la nôtre, o*est pourquoi nous
maintenons le nom chœrophyllos employé dans presque toutes les
flores.
R. sardous Crantz. = R. philonotis Retz. — Champs humi-
des. C. — Chambons, à Bourg-le-Comte ; Chambilly ;
Avrilly; Vindecy; Luneau; Chassenard; vignes à
Iguerande et Semur. A Iguerande et i Semur, cette
renoncule est plus vigoureuse qu'ailleurs quoique
venant sur un sol seo exposé au midi.
R. arvensu L. — Champs, moissons. CC. — Adventice
messicole naturalisée depuis un temps immémorial.
A. sceleratus L. — Marais et fossés, bords des étangs, lieux
fangeux. R. — Chenoux, près Baugy ; bords du Mer-
dasson, i Maroigny ; fossé à gauche du canal au Bas-
du-Ris de Bourg-le-Comte; 8aint-Martin-du-Lac.
Obê. — On ne rencontre jamais cette plante en quantité mais par
groupes de quelques pieds épars ci et là, sans régularité et sans
stations bien précises.
ranunculoidet Mœnoh. — Lieux humides, haies,
bois, prés, bords des ruisseaux. C.
Ob$. — Dans les bois de liorvan, à 8aint-Martin-du-Lae, on ren-
contre une forme très vigoureuse, à fleurs grandes, presque doubles
du type. Suivant le Journal d'acclimatation, année 1904, p. 118, les
faisans se régalent si avidement des bulbiiles de la ficaire que leur
jabot en est absolument rempli à l'exclusion presque complète
d'autres graines.
266 Q. ORMEZZÀNO ET E. CHATEAU.
Myosurus minimus L. — Terres argileuses et sablonneuses
fraîches. R. — Luneau ; pré au-dessous de l'école et
chaussée d'un creux aux Ginquins à Bourg-le-Comte ;
levée de l'étang Batardeaux où il devient de plus en
plus rare ; bords de l'étang Vélo à Avrilly, mais seu-
lement les années où les eaux sont basses.
Adonis autumnalis L. — Lieux cultivés. RR. — Chambons
de Bourg-le-Gomte. Adventice d'origine grecque, mais
depuis longtemps naturalisée en France.
A. flammea Jacq. — Terrains calcaires dans les moissons.
RR. — Sarry; Saint-Didier-en-Brionnais.
Clematis Vitalba L. — Bois, haies, broussailles, non loin
ou quelquefois sur l'emplacement d'anciennes habita-
tions. G.
— — var. integrata DC. — Folioles entières ou
peu dentées. Haies, bois, broussailles. G.
— — var. crenata Jord. — Folioles crénelées,
tiges rampant sur le sol. RR. — Murs des rives de la
Loire; talus de la route de Saint-Christophe à Semur.
Obs. — On trouve parfois sur le même pied des feuilles entières
et d'autres un peu dentées qui ne constituent nullement la variété
crenata telle que nous l'entendons et qui doit être essentiellement
calciphile. Nous ne l'avons vue, dans notre région, que dans les
pierres du Montet amenées pour soutenir les bords de la Loire et
éviter les écoulements et sur le talus de la route de Saint-Christophe
à Semur. Elle est plus abondante à Salornay-sur-Guye, mais
toujours dans les murs de pierre sèche et non dans les haies. Les
tiges traînent sur le sol, elles sont plus faibles que dans la var.
integrata; les fleurs petites, portées sur des pédoncules allongés
forment des grappes lâches ; les feuilles sont courtes et toutes munies
de plusieurs dents.
Anémone nemorosa L. — Bois, broussailles, haies, prés. C.
— Vareilles; Saint-Martin-de-Lixy; Coublanc; Saint-
Igny-de-Roche ; Gregaine; Bourg-le-Comte ; Céron;
Chenay; Chambilly; Avrilly; Marcigny; Vitry-en-
Charollais.
FLORULE RAISONNES OU BRIONNA1S. 267
A. ranunculoïdes L. — Bois calcaires. RR. — Tourny,
près Charolles (abbé Ramage). Recherchée plus tard
par M. Ormezzano, n'a pu être retrouvée.
C ait ha palustris L. — Prés humides, bords des ruisseaux. C.
Helleborus fœtidus L. — Lieux pierreux, haies, bois. AR.
— Saint- Bonnet-de- Cray; Semur; Saint-Julien-de-
Jonzy; Sainte-Foy; Saint-Didier; Sarry; Varennes-
l'Arconce ; Briant ; Ghetal ; Saint-Christophe ; Oyé ;
Vareilles. Plante calciphile, manquant sur la rive
gauche de la Loire.
Isopyrum thalictroïdes L. — Lieux couverts, broussailles
des endroits frais. R. — Bois de la Côte ; de Crotte ;
de Semur ; de Tourny, près Charolles ; de l'État, à
Sarry; de Glenne; Saint-Martin-du-Lac. Bois entre
Paray-le-Monial et Charolles (Q. Ormezzano).
Delphinium Consolidais. — Moissons calcaires. R. — Sarry;
Saint-Didier-en-Brionnais ; Oyé. Adventice messicole
naturalisée.
Aquilegia vulgaris L. — Bois, taillis, haies, buissons, prés
montueux. AR. — Montmegin; parc de Châteauneuf;
Semur ; Saint-Martin-du-Lac ; Charolles ; la Clayette ;
Saint-Julien-de-Jonzy ; Saint-Bonnet-de-Cray.
Nymphéacées.
Nymphœa alba L. — Mares, étangs, rivières, eaux pro-
fondes. R. — Dans l'Arconce, à Anzy-le-Duc ; mares
de la Loire.
Nuphar luteum Sm. — Mares, étangs, rivières, eaux tran-
quilles. AR. — Parties profondes et calmes de l'Arconce,
à Charolles; Poisson, à la digue, délaissés de la Loire;
creux Tortiot, à Bourg-le-Comte ; Vitry-en-Charollais ;
Hautefond.
268 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Papavéracées.
Papaver Rhœas L. — Moissons, champs. CC.
— — var. vestitum G. G. — Champs sablonneux
des bords de la Loire. Rencontré à fleurs doubles
dans les sables de la Loire, à Chambilly.
P. dubium L. — Champs, moissons, jachères. C. — Mar-
cigny ; Bourg-le-Comte ; l'Hôpital-le-Mercier ; Dun ;
Saint- Yan; Montceaux l'Étoile; Vindecy; Baugy; Saint-
Germain-de-Rives ; Céron; Chenay-le-Châtel ; Melay;
Avrilly; Luneau; Digoin.
— — var. collinum Bogenh. — Champs, mois-
sons. — • Marcigny; l'Hôpital-le-Mercier.
P. Argemone L. — Terres sablonneuses des bords de la
Loire, moissons, jardins. AR. — Bourg-le-Comte;
Céron ; Iguerande ; la Clayette ; Saint-Igny-de-Roche ;
Montceaux - l'Étoile ; Saint- Yan ; Paray -le - Monial ;
Digoin.
Obs. — Ces trois plantes, originaires d'Orient, Grèce, sont depuis
longtemps et amplement naturalisées.
Chelidonium majus L. — Vieux murs, décombres, haies.
AC. — Se rencontre dans presque tous les villages,
et parfois à fleurs doubles.
Fumaria officinalis L. — Lieux cultivés. CC.
— — var. média Bor. — Jardins paysagers,
bosquets, haies. — Bourg-le-Comte ; Marcigny ; Baugy ;
Poisson; Saint-Didier-en-Brionnais ; Iguerande; Fleury-
Ia-Montagne.
06s. — Cette forme à pétioles en vrilles diffère du F. capreolata
par ses fruits longs et déprimés, ses fleurs petites, roses.
FLORULK RAISONNER DU BRIONNAIS. 269
Crucifères.
Raphanus Raphanistrum L. — Champs, cultures. CC. —
Adventice messicole méridionale (Italie, Sardaigne),
naturalisée au point d'être devenue une de nos espèces
les plus communes, et un fléau pour nos cultures.
Sinapis arvensis L. — Moissons, jachères, cultures, bords
des chemins. CC.
S. Ckeiranthus Koch. — Champs sablonneux, bords de la
Loire. C. — Maroigny ; Iguerande ; Melay ; Chenay-le-
Chfttel ; Céron ; Artaix ; Chambilly ; Bourg-le-Comte ;
Avrilly ; Luneau ; Baugy ; Vindecy ; Montceaux-l'Étoile ;
l'Hôpital-le-Mercier ; Saint~Germain-de-Rives; Va-
renncs-Reuillon ; Saint-Yan.
Hirschfeldia adpressa Mœnch. — Lieux secs et sablonneux. R.
— Bords de la Loire; del'Aroonce; Poisson; Semur;
Oregaine ; Sarry ; Marcigny ; Saint-Julien-de-Jonzy ;
Iguerande; Saint- Bonnet-de-Cray. Plante d'origine
adventice indigène méridionale qui se propage de plus
en plus le long des chemins de fer et les grandes voies
de communication, s'y resème et par là peut être consi-
dérée comme naturalisée et acquise a la flore locale.
Hesperis matronalis L. — Bords des ruisseaux, haies. R. —
Chenoux, près Baugy; Châteauneuf; 8emur; Cham-
billy ; Bourg-le-Comte ; Moulin de Poisson. Cette
plante existe depuis 1865 au-dessous de Charlieu (Loire),
où elle se reproduit spontanément. Probablement
d'espèce adventice indigène, mais assez commune pour
être considérée tout au moins comme subspontanée.
Cheiranthus Cheiri L. — Vieux murs autour des villages. R.
— Murs de l'abbaye et des fortifications i Marcigny ;
tour de Semur ; murs à Bourg-le-Comte et ça et li
où cette espèce originaire de Grèce est naturalisée
depuis longtemps comme dans toutes les autres loca-
lités françaises.
270 Q. ORMEZZANO ET K. CHATEAU.
Barbarea vulgaris R. Br. — Champs, chemins. G.
— — B. stricta Pries. — Bords des routes ; Mar-
cigny; Chambilly.
— — B. arcuata Rchb. — Route de Sarry et au
bourg; Semur; Bourg-le-Comte; route des Gharmays
et à la Berthaud.
B. intermedia Bor. — Champs, chemins. AC. — Saint-
Julien-de-Jonzy ; Verne t; Bourg-le-Comte; Digoin; au
Désert.
B. patula Fries. — Terrains frais, cultures, fossés. AC. —
Marcigny; Bourg-le-Comte; Chambilly; Semur; Saint-
Julien; Vareilles; Chenay-le-Châtel ; Céron; Artaix;
Melay; Iguerande; Avrilly; Vindecy; Saint-Germain-
de-Rives.
Sisymbrium officinale Scop. — Lieux incultes, bords des
routes. CC.
S. Alliaria Scop. — Bois frais, haies, bords des che-
mins. CC.
S. Sophia L. — Décombres. AR. — Bords de la Loire où
il est très répandu, surtout près du pont suspendu de
Chambilly; rues à Bourg-le-Comte; Avrilly; Baugy;
Vindecy; Saint- Yan; Paray-le-Monial ; Digoin. D'ori-
gine adventice indigène rudérale, naturalisée.
Nasturtium officinale R. Br. — Souroes, fontaines, ruis-
seaux. AR. — Bourg-le-Comte; Marcigny; Semur;
Saint-Yan; Varennes-Reuillon; Vareilles.
— — var. siifolium Rchb. — Marcigny.
N. silvestre R. B. — Lieux frais, sables. AC. — Artaix ;
Bourg-le-Comte ; Melay ; Chenay-le-Châtel ; Chambilly ;
Poisson; Hautefond.
— — forma patula. — Route de Marcigny à
Chambilly.
— — forma erecta. — Bois humides de Marcigny.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAJS. 271
N. anceps Rchb. — Sables des bords de la Loire. AR. —
Artaix ; Chambilly ; Bourg-le-Comte ; Vindecy ; Digoin.
Arabis Thaliana L. — Murs, bords des chemins, champs
sablonneux. CC.
A. perfoliata Lamk = Turritis glabra L. — Bords des che-
mins, champs, mais jamais en quantité. R. — Route
de Bourg-le-Comte i Avrilly; entrée du cimetière à
Chambilly ; au Champseau ; Saint-Martin-du-Lac ;
champs au-dessus des étangs supérieurs d* Avrilly.
Cardamine pratonsis L. — Prés humides, marécages, bois,
bords des fossés. C.
C. Impatiens L. — Bois, lieux ombragés, vieux murs du
Merdasson, bords de la Loire. AR. — Bourg-le-Comte ;
Chambilly, Artaix ; Avrilly ; Vareilles à Saint-Aubin ;
route de Saint-Christophe ; Marcigny.
C. hirsula L. — Lieux frais, murs, champs. C. — Cette
espèce est mangée en salade sous le nom de cresson
de vigne.
C. silvatica Link. — Lieux humides, bords des ruisseaux
ombragés, bois. R. — Bords du Merdasson i Marcigny;
fossé route de Chambilly; bois de Montmegin; Saint-
Igny-de-Roche ; Melay.
Dentaria pinnata Lamk. — Bords du Sornin, de Saint*
Maurice-lès-Ch&teauneuf i la Clayette et en descen-
dant sur Charlieu. RR.
Alyssum calycinum L. — Coteaux, sables des bords de la
Loire. C. — Route de Chenoux; Artaix; Bourg-le-
Comte; Marcigny; Versaugues; Semur; Iguerande;
Vareilles, etc.
— — var. elongatum. — Tige simple droite et
très allongée ; bords de la Loire dans les prairies.
Draba muralis L. — Vieux murs à Vareilles ; route de la
Clayette où elle n'a pas été retrouvée.
Ù. verna L. = Brophila vulgaris DC. — Lieux sablonneux,
champs, murs. CC.
272 Q, ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
— — E. prmcox DC. — Bords de la Loire à
Bourg-le-Comte.
— — E. hirtella Jord. — Ghambons des bords de
la Loire entre Marcigny et Iguerande.
— — E. majusoula Jord. — Sables de la Loire;
Bourg-le-Comte ; Marcigny.
— — E. spathulata Lang. — Bords de la Loire
à Bourg-le-Comte.
— — E. claviformis Jord. — Bords de la Loire
à Bourg-le-Comte.
— — E. leptophylla Jord. — Bords de la Loire à
Bourg-le-Comte.
Roripa nasturtioides Spach. — Lieux humides, bords des
eaux. AC. — Merdasson à Marcigny ; toutes les mares
de la Loire; Bourg-le-Comte; Saint-Martin-du-Lac ;
Iguerande.
Roripa pyrenaica Spach. — Pelouses sablonneuses dans
toute la plaine de la Loire ; Chauffailles. AR.
— — var . microcarpa R. et F . — Bourg-le-Comte ;
Avrilly ; Vindecy ; Saint-Germain-de-Rives ; Varennes-
Reuillon. AR.
R. amphibia Bess. — Fossés, bords des eaux. C. — Toutes
les mares de la Loire ; Saint- Julien-de-Civry ; Beau-
demont; Tancon; Saint-Martin-de-Lixy; Poisson ; Ver-
saugues; Ghenay-le-Châtel ; Céron; Hautefond.
Myagrum perfoliatum L. — Moissons dans la plaine de la
Loire entre Chambilly et Bourg-le-Comte. R. —Adven-
tice messicole indigène abondant certaines années, puis
disparaissant par suite de l'assolement.
Biscutella lœvigata L. — Sables de la plaine de la Loire,
nulle ailleurs. R. — Champs de courses à Marcigny;
Digoin. Apportée du plateau central par la Loire,
d'abord à l'état de plante adventice indigène, actuelle-
ment naturalisée avec les deux formes locales sui-
vantes.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 273
— — B. intricata Jord. — Levée du canal au*
dessus de Bourg-le-Comte.
— — B. controverse* Bor. — Sables de la Loire i
Bourg-le-Comte, au Port-Chasset, au-dessus du Vilma-
rion à la limite d'Avrilly (Allier).
Iberis amara L. — Introduite avec les moissons. R. —
Bords de la Loire en face Chambilly; Baugy; Bourg-
le-Comte.
Teesdalia nudicaulis R. Br. — Champs des terrains siliceux.
AC. — Plaine de l'Hôpital ; Baugy ; Bourg-le-Comte ;
Avrilly; Céron; Vindecy.
Thlaspi arvense L. — Champs cultivés des terrains calcaires.
AR. — Bourg-le-Comte, quelques pieds seulement
dans les alluvions de la Loire; Marcigny; Chetal;
Briant ; Semur ; Oyé ; Saint-Didier-en-Brionnais ;
Varennes-l'Arconce ; Vareilles.
T. per foliation L. — Vignes, bords des chemins, murs dans
les terrains calcaires. AR. — Chenoux; vieille route de
Semur; Saint-Bonnet-de-Cray;Sarry; Saint-Julien-de-
Jonzy; Briant; Varennes-l'Arconce ; Oyé; Vareilles;
Saint-Didier-en-Brionnais.
Capsella Bursa-postoris Mœnch. — Partout CC.
C. rubella Reuter. — Champs, vignes, bords des chemins,
prés sablonneux. C. — Bourg-le-Comte ; Marcigny et
un peu partout, mais surtout dans la plaine de la
Loire.
C. gracilis Oren. — » Hybride supposé des deux précédents
aveo lesquels il est mélangé, mais beaucoup plus rare
et surtout au printemps. Nous parait être plutôt une
forme abortive qu'un hybride.
Lepidium campeslrs R. Br. — Champs, chemins, sables de
la Loire, CC.
— — L errabundum Jord. — Sables de la Loire
i Bourg-le-Comte.
tomb xix. 18
274 Q. ORMEZZÀNO ET E. CHATEAU.
L. Smithii Hook. = L. heterophyllum Benth., var. caneseens
G. G. — Sables de la Loire à Bourg-le-Comte. RR. —
Abonde aux Moinats, commune de Mont, près Bourbon-
Lancy (G. Basset). Espèce de l'ouest de la France à
rechercher dans le Brionnais. (Voyez Bull. Soc. hist.
nat. Autun, XIII (1900), 2, p. 254.)
L. ruderale L. — Rues, places publiques. R. — Souvent à
l'état de plante adventice ruderale indigène. — Bords
de la Loire à Chambilly; Saint- Yan, rues à Marcigny ;
Bourg-le-Comte ; Paray; Digoin; Charolles; Semur.
L. graminifblium L. — Endroits sablonneux sur les bords
de la Loire ou dans les villages, apportée avec le sable.
AR. — Chambilly; Avrilly; Digoin; vieux murs en
montant à l'église d'Iguerande ; Melay ; Artaix.
L. Draba L. — Talus herbeux des routes et des voies fer-
rées. RR. — Gare de Paray-le-Monial ; talus à Avrilly
entre le canal et la Loire, après avoir passé la maison
du conducteur; bord de la Loire en Chenoux de
Baugy; champ de course à Marcigny. Espèce pérégrine
originaire du sud-est de l'Europe (Sardaigne, Sicile, etc.),
qui se répand et se naturalise de plus en plus en France,
du midi au nord, le long des routes et des voies fer-
rées, au point de faire actuellement partie intégrante
de la flore.
Senebiera Coronopus Jord. — Cours pavées, entre les pierres,
endroits battus. AC. — Marcigny; Sarry; Bourg-le-
Comte; Avrilly; Chambilly; Semur; Digoin; Paray-le-
Monial; Baugy; Montceaux-l'Étoile ; Vindecy; Briant.
Cistacées.
Helianthemum vulgare Gaartn. — Endroits secs. AR. —
Pelouses de la plaine de la Loire ; Baugy ; Bourg-le-
Comte; Avrilly; montagne de Dun; Sarry; Saint-
Didier-en-Brionnais ; Briant.
FLORULE RAISONNER DU BRI0NNAI3, 275
H. terpyllifolium Mill. var. ovalifolium R. et P. — Cailloux
du Gras i Bourg-le-Comte ; montagne de Dun. R.
//. guttatum Mill. — Sables secs de la Loire. RR. — Digoin;
cailloux du Gras à Bourg-le-Comte.
— — var. erioeaulon Dun. — • Digoin; cailloux
du Gras à Bourg-le-Comte. RR.
H. Fumana Mill. — Lieux secs calcaires. RR. — Montagne
de Dun.
Violacées.
Viola silvatica Pries.
— — V. Reichenbachiana Jord. ap. Boreau. —
Bois, prés, haies. C.
— — V. Riviniana Rchb. — Bois, haies. AR. —
La Côte ; château de la Garde ; de Selorre ; Bourg-le-
Comte; Chambilly; Avrilly.
— — var. arenieola Chabert ap. R. et F. —
Bourg-le-Comte, à la Berthaud. R.
V. eanina L. — • Lieux sablonneux et secs, bords des bois,
landes et bruyères. AR. — Chenay-le-Ch&tel ; Bourg-
le-Comte; au Bois; les Gouttes au-dessus d' Avrilly;
Semur; Marcigny; Baugy.
— — var. tricetorum Reichb. — Pré au-dessus
de l'étang de la Clayette.
V. hirta L. — Haies, endroits secs, champs calcaires. C. —
Marcigny ; Semur ; Vareilles ; Pleury-la-Montagne ;
Vauban; Poisson; Céron; Bourg-le-Comte; Avrilly;
Varennes-Reuillon.
— — var. Foudrasii Jord. — Chambons d'Artaix.
— — var. propera Jord. — Prairies dans la
plaine de la Loire. AR. — Route d'Artaix; Bourg-le-
Comte ; Chambilly ; Avrilly ; Baugy ; Vindecy ; l'Hôpital-
le-Meroier; Saint-Germain-de-Rives; Varennee-ReuiU
Ion; Digoin.
276 Q. ORMEZZANO ET B. CHATEAU.
— — var. œnochroa Gillot et Ozanon Bull. Soc.
Dauph., II, p. 461, R. et F. Chetal, près Briant (Ormez-
zano).
V. odorata L. — Haies, bois, prés. CC.
— — var. subcarnea Jord. — Haies. C. — La
Clayette; Marcigny; Semur; Bourg-le-Comte ; Saint-
Martin-du-Lac; Baugy;Céron.
— — var. dumelorum Jord. — Bois à Poisson.
Viola alba Bess. — Marcigny, bois de Crotte, route de
Semur. R.
V. tricolor L. —Champs cultivés. C.
— — V. wralis Jord. — Champs cultivés. AC.
— Route de Saint- Julien ; Chambilly ; Bourg-le-Comte ;
Varenne-r Arconce ; Saint-Yan; Poisson.
— — V. agrestis Jord. — Lieux cultivés, champs.
AC. — Toute la plaine de la Loire; Céron; Vitry-en-
Charollais; Hautefond.
— — V. variata Jord. — Moissons. AR. —
Chambilly ; Bourg-le-Comte ; Vareilles.
— — V. segetalis Jord. — Moissons. AC. —
Iguerande ; Marcigny ; Semur ; plaine de l'Hôpital-le-
Mercier; Baugy; Bourg-le-Comte.
— — V. confinis Jord. — Haies au Port Chasset
de Bourg-le-Comte.
Résédacées.
Resêda Phyteuma L. — Adventice indigène méridionale.
RR. — Terres avoisinant la route de Roanne.
R. lutea L. — Lieux incultes, bords des chemins, vieux
murs. AR. — Terres sablonneuses des bords de la
Loire; Saint- Agnan; Chambilly.
R. luteola L. — Murs, terrains incultes, bords des chemins,
décombres. C. — Bourg-le-Comte; Marcigny; Ligny-
en-Brionnais ; Vauban.
FLORULE RAISONNÊE DU BRIONNAIS. 27?
Aiêrocarpus Clusii Gay. — Lieux sablonneux. AC. — Champs
des bords de la Loire; toute la plaine de l'Hôpital-le-
Mercier; Saint-Martin-du-Lac au Champseau; Bourg-
le-Comte aux Charnays; Avrilly; Saint-Yan; Digoin.
Polygalaoéea.
Polygala vulgaris L. — Pelouses, prés, bois, bords des
chemins. C.
— — P. oxyptera Reichb. — Montagne de Dun. R.
P. depressa Wend. — Landes et bruyères. AR. — Bords de
la route de Semur à Sainte-Foy; Saint-Julien-de-
Jonzy; Saint-Bonnet-de-Cray ; Bourg-le-Com te ; Va-
reilles ; Sarry.
Droséracées.
Drosera rotundifolia L. — Tourbières, terrains spongieux,
surtout dans le sol granitique. AR. — ■ Saint-Julien-de-
Civry; Saint-Julien-de-Jonzy; Saint-Bonnet-de-Cray ;
Vauban; étangs de Morvan ; ChAteauneuf; Saint-Yan;
Avrilly.
Obs. — Le Drosera intermedi* Hsyne n'a pas été jusqu'ici observé
dans le Brionnais : cependant comme il existe sur nos limites, canton
du Donjon (Allier) (Migout, FL de l'Allier), Il n'y aurait rien
d'étonnant à ce qu'il nous eût échappé. A reoheroher.
Parnossia palustris L. — Prés marécageux, tourbières. AR.
— Sain t-Julien-de- Jonzy ; Poisson; Saint-Yan; Mont*
oeaux-l'Étoile ; étangs de Morvan ; Avrilly ; Hautefond ;
Vi try-en-Charollais .
Caryophyllaoées.
Cucubalut baccifer L. — Haies, broussailles des lieux
humides. AC. — Tous les environs de Marcigny ; Bourg*
le-Comte; Semur; Avrilly; Céron; Saint-Laurent-en*
Brionnais; Oregaine; Briant.
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FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 279
Saint-Ghristophe-en-Brionnais ; Semur ; Saint-Martin-
du-Lac ; Chenay-le-Châtel.
D. Carthusianorum L. — Lieux secs, bois, pelouses mon-
tueuses. AC. — Champs de la plaine de la Loire ; parc
de Châteauneuf; Semur; Fleury-la-Montagne ; Igue-
rande; Saint-Bonnet-de-Cray; Saint-Didier-en-Brion-
uais.
Sagina ciliata Fries. var. patula Jord. — Champ de courses
i Marcigny ; rives de la Loire à Chambilly et Bourg-
le- Comte. R.
S. apetala D. — Lieux sablonneux, champs, bords des che-
mins. AC. — Bords de la Loire, vieux murs du Mer-
dasson; Baugy; Semur; Vauban; Saint-Julien-de-
Civry; Poisson; Céron; Bourg-le-Comte; Marci-
gny, etc.
— — var. filicaulis Jord. — Sarry; Semur; Mar-
cigny.
S. procumbens L. — Lieux frais et sablonneux. AC. — Ça et là
dans toute la plaine de la Loire; Semur ; Saint-Martin-
du-Lac; Chambilly, aux Diens; Melay; Saint- Yan;
Bourg-le-Comte, etc.
Alsine tenuifolia Crantz. — Vieux murs à Châteauneuf;
bords de la Loire; Artaix; Bourg-le-Comte; Avrilly;
montagne de Dun. AR.
Mœhringia trinervia Clairv. — Lieux frais, fossés, bois,
haies, saules têtards. C.
Arenaria serpyllifolia L. — Murs, bords de la Loire. C.
Stelïaria média Willd. — Endroits cultivés, vignes, sables
de la Loire. CC.
— — var. apelata Bor. = S. Bormana Jord. —
Qare de Marcigny, sables de la Loire ; Semur.
— — var. pedicellata R. et F. — Bords de la Loire
à Bourg-le-Comte.
— — var. major Koch — S. neglecta Willd. —
Lieux humides; Semur; Marcigny.
278 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Silène inflata Sm. — Bords des chemins, champs, cul-
tures. C.
— — var. oleracea Bor. — Talus du chemin de
fer en allant sur Iguerande; Melay; Géron.
S. Armeria L. — Champs sablonneux, alluvions des bords
de la Loire entre Marcigny et Iguerande. RR.
S. nutans L. — Prés secs, bois des terrains granitiques
des environs de la Clayette. AR.
Lychnis Flos-Cuculi L. — Prés, bois frais.. C.
Melandrium pratense RœhL — Haies, murs, champs. C.
M. silvestre Rœhl. — Haies, prés, bois frais. AC. — Bois de
la côte de Olenne; de l'État; Céron ; Chenay-le-Châtel ;
Chambilly.
M. intermedium Schur. (if. silvestre X pratense). Au milieu
de M. silvestre au Bas-du-Ris d'Avrilly, près Larue. Le
M. pratense croît à une dizaine de mètres de là, au
bord d'une haie.
Agrostemma Githago L. — Moissons. C. — Adventice mes-
sicole orientale, de naturalisation très ancienne.
Saponaria officinalis L. — Lieux frais, bords des eaux. AC.
— Saint-Christophe; Marcigny; Artaix; Bourg-le-
Comte, Avrilly; Chenay-le-Châtel, Vareilles. Cette
plante est très souvent cultivée dans les jardins d'où
elle se propage à l'état de plante adventice horticole,
et se rencontre même avec des fleurs doubles sur les
bords de la Loire.
Gypsophila muralis L. — Champs mouillés l'hiver, bords
des creux et mares. AC. — Abonde dans toute la plaine
de la Loire, plus rare ailleurs.
Dianthus prolifer L. — Lieux secs, champs sablonneux. AC.
— Iguerande ; Marcigny ; Chambilly ; Baugy ; Bourg-
le-Comte; Avrilly ; Vitry-en-Charollais ; Hautefond, etc.
D. Armeria L. — Bords des chemins, pelouses sèches. C.
— Vareilles au Montet ; toute la plaine de la Loire ;
FLORULE ttAISONNÉË OU BRÎONNAIS. $81
Elatinacées.
E latine paludosa Seub.
— — E. hexandra DC. — Bords du grand étang
de la Clayette; étangs entre Avrilly et Bourg-le-
Comte; Gharolles. R.
— — E. octandra DG. — Sur la vase au fond
du canal de Roanne à Digoin.
E. Alsinastrurn L. — Étang de la Clayette. RR.
Linaoées.
Linum gallicum L. — Pelouses, moissons. R. — Champs
des bords de la Loire à Baugy.
L. catharticum L. — Champs, prés, pâturages, bords des
bois. C. — Bords du canal de Roanne à Digoin ; Bourg-
le-Comte; Avrilly; Chambilly; Semur; Saint-Martin-
du-Lac; Marcigny; Céron; Vitry-en-Charollais, etc.
Radiola linoides Gmel. — Lieux sablonneux et humides. R.
— < Chemin humide à la Touche, en Bel-Air; Semur;
Briant.
Tiliacées.
Tilia silvestris Desf. — Çà et là, haies, bois, parcs. AR. —
Semur-en-Brionnais ; route de Chambilly à Bourg-le
Comte; Avrilly; Fleury-la- Montagne; Melay ; Chenay-
le-Châtel; Versaugues. Ne se rencontre qu'à l'état
subspontané dans le Brionnais.
Malvacées.
Malva Alcœa L. — Prés, bords des haies. AR. — Plaine de
la Loire; Marcigny; Saint-Martin-du-Lao; Bourg-le-
Comte; Avrilly; Briant.
X #. intermedia Bor. — Hybride de M. Alcœa et de M. mosta-
cha. Entre Saint-Martin-du-Lac et Semur-en-Brionnais
(frère Asclépiade). RR.
280 Q. 0RMEZZAN0 ET E. CHATEAU.
S. Holostea L. — Haies, bois. CC.
S. graminea L. — Bords des bois, prés, haies, buissons. C.
S. uliginosa Mur. — Sables humides, bords des ruisseaux
et des mares. AG. — Semur; Marcigny; Melay; Jonzy ;
Saint-Bonnet-de-Cray ; Briant; la Clayette, etc.
Holosteum umbellatum L. — Sables des bords de la Loire,
vieux murs. AR. — Bourg-le-Comte; Avrilly ; Digoin ;
Vindecy; Montceaux-l'Étoile.
Cerastium erectum Goss. et G. — Pelouses sablonneuses,
bords de la Loire. R. — Saint- Yan; l'Hôpital-le-
Mercier; Bourg-le-Comte, pré entre l'école et le
canal.
C. arvense L. — Champs. AR. — Qà et là dans la plaine de
la Loire; Bourg-le-Comte; Avrilly.
C. vulgatum L. — Champs, prés, murs. C.
C. viscosum L. — Champs sablonneux, lieux cultivés. C.
C. brachypetalum Desp. — Champs incultes, murs. AC. —
Sables de la Loire ; Vareilles ; Bourg-le-Comte ; Avrilly ;
Saint-Yan; Paray-le-Monial.
C. glutinosum Fries. — Bords de la Loire dans tout le
chambonnage. AR.
C. semidecandrum L. — Toute la plaine de la Loire. AC.
Halaohium aquaticum Fries. — Lieux marécageux, bois
humides, haies couvertes. AC. — Avrilly; Luneau;
Semur; Marcigny; Bourg-le-Comte; Céron; Chenay-
le-Châtel; Saint-Martin-du-Lac ; Briant.
Spergula arvensis L. — Moissons, champs, sables de la
Loire. AC. — Avrilly; Céron; Bourg-le-Comte; Saint-
Martin-du-Lac; Marcigny; Chambilly.
S. pentandra L. — Champs dans la plaine de la Loire. R.
— Chambons d'Artaix ; champ de courses à Marcigny ;
Bourg-le-Comte ; parc de Selorre ; Saint-Yan.
S. Morisonii Bor. — Moissons. R. — Champs des bords
de la Loire à Marcigny.
Spergularia rubra Pers. — Plaine de la Loire. AC.
FLORULK RA1SONNEE DU BRIONNAIS. 281
Elatinacéeg.
E latine paludosa Seub .
— — E . hexandra DC. — Bords du grand étang
de la Clayette; étangs entre Avrilly et Bourg-le-
Comte; Charolles. R.
— • — E. octandra DC. — Sur la vase au fond
du canal de Roanne i Digoin.
E. AUinasêrum L. — Étang de la Clayette. RR.
Linaoées.
Linum gallicum L. — Pelouses, moissons. R. — Champs
des bords de la Loire à Baugy.
L catharticum L. — Champs, prés, pâturages, bords des
bois. C. — • Bords du canal de Roanne à Digoin ; Bourg-
le-Comte; Avrilly; Chambilly; Semur; Saint-Martin-
du*Lao; Marcigny; Céron; Vitry-en-Charollais, etc.
Radiola linoides Omel. — Lieux sablonneux et humides. R.
— Chemin humide à la Touche, en Bel-Air; 8emur;
Briant.
Tiliacées.
Tilia silvestris Desf. — Ci et li, haies, bois, parcs. AR. —
Semur-en-Brionnais ; route de Chambilly à Bourg-Ie
Comte; Avrilly; Fleury-la- Montagne; Melay ; Chenay-
le-Chfttel; Versaugues. Ne se rencontre qu'à l'état
subspontané dans le Brionnais.
Malyacies.
Malva Alema L. — Prés, bords des haies. AR. — Plaine de
la Loire; Marcigny; Saint-Martin-du-Lao ; Bourg-le-
Comte ; Avrilly ; Briant.
X M. intormedia Bor. — Hybride de M. Alema et de M . mosta-
eha. Entre Saint-Martin-du-Lao et Semur-en-Brionnais
(frère Asclépiade). RR.
282 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
M. moschata L. — Prés secs, pâturages, bords des bois.
AC. — Avrilly; Bourg-le-Comte ; Marcigny; Baugy;
Mon tceaux-1' Étoile ; Sain t-Yan ; Varennes-Reuillon ;
Chassenard.
— — var. laciniata G. G. — Mélangée à la pré-
cédente mais moins abondante. AR.
M. silvestris L. — Chemins, haies, places, champs, lieux
incultes. CG.
M. rotundifolia L. — Jardins, places, cours, chemins. CC.
Géraniacées.
Géranium nodosum L. — Bois. R. — Semur-en-Brionnais ;
bois du Baron, de la Côte; Saint-Martin-du-Lac; bois
de Crotte, d'Iguerande.
G. columbinum L. — Champs, haies, buissons, bords des
routes. C.
G. dissectum L. — Prés, champs, bords des chemins. C.
G. pyrenaicum L. — Haies, prés, lieux frais, bords des
fossés. AC. — Semur; Bourg-le-Comte, près du pont
du canal; chemin des Rabots à Avrilly, sur les levées
du canal de Roanne à Digoin, à Artaix et Melay-outre-
Loire ; bords de la Loire à l'entrée des broussailles ;
bords du Merdasson; Saint-Christophe-en-Brionnais;
Briant; Saint-Martin-du-Lac. Espèce autrefois rare
dans le département de Saône-et-Loire et qui s'y
répand de plus en plus.
G. molle L. — Champs, prés, bords des routes. C.
G. pusillum L. — Lieux incultes, bords des chemins. C.
G. rotundifolium L. — Bords des routes. AC. — Vareilles;
Semur; Vauban; Marcigny; Briant; Baugy; Vindeoy;
Saint- Yan; Charolles; Iguerande, etc.
G. lucidum L. — Digoin, dans les broussailles, près de la
Loire et au Désert; bords de la Loire à Marcigny. R.
G. Robertianum L. — Lieux incultes, bords des ruisseaux,
murs, haies. CC.
FLOAULE AA130NNÉE DU BRIONNAtS. 283
Erodium cicularium L'Hér. — Bords des chemins, lieux
cultivés, murs. CC.
— — var. prmtêrmissum Jord. — A côté de la
tour de Maroigny et bords des chemins.
— — var. pimpinêllifolium Sibth. — Sables de
la Loire i Bourg-le-Comte.
— — var. aeaule R. et F. — Sables de la Loire
à Bourg-le-Comte.
Hypérieacées.
Hyper icum perforatum L. — Champs, lieux incultes, haies v
bois, pâturages. CC.
— — H. microphyllum Jord. — Champs très
secs. AC.
H. Mrapîerum Pries. — Prés et bois humides, bords des
ruisseaux. AC. — Tancon; Briant; Sarry; Coublanc;
Saint-Igny-de- Roche; Maroigny; Oyé; Avrilly; Vin-
decy.
£/. humifusum L. — Lieux sablonneux. AC. «— Saint-Julien-
de-Jonzy; Saint-Martin-du-Lac et dans toute la plaine
de la Loire.
//. pulehrum L. — Haies, bois dans les terrains sablonneux.
AC. — Bois delà Côte, de Olenne; Oregaine de l'État;
Semur; Bourg-le-Comte; Avrilly.
H. hirsutum L. — Bois, haies, broussailles. AC. — Bourg-
le-Comte ; Saint-Martin-du-Lac ; Saint-Oermain-des-
Bois; Céron; Ligny-en-Brionnais; Briant à Batailly.
//. Androtœmum L. — Bois. R. — Saint-Martin-du-Lac;
Montmegin; Olenne; Gatelier; Saint-Bonne t-de-Cray;
Saint-Julien-de-Jonzy ; bois de l'Enfer.
Hêlodes palustris Spach. — Lieux tourbeux. R. — Étang
de Lafay à Semur; étang des Cornues i Vernay;
étang de Morvan ; étangs Popelin entre Mailly et Saint-
Martin-du-Lac.
284 Q. ORMEZZANO ET B. C&ATEAU.
Acéracées.
Acer campestre L. — • Haies, bois, broussailles. GG.
— — var. leiocarpum Tausch. — Haies, bois.
— — var. hebecarpum DC. — Haies, bois.
Ampélidacées.
Vitis vinifera L. — Cultivé partout, se naturalise çà et là
dans les haies. AG. — Bords de la Loire; Poisson;
Saint-Julien-de-Jonzy, dans toutes les haies jusqu'à
Saint-Bonne t-de-Cray ; Semur-en-Brionnais.
Balsaminacées.
Impatiens Noli-tangere L. — Bords des ruisseaux ombragés.
R. — Ravins entre le moulin Morgat et Bonnant;
Iguerande.
Oxalidacées.
Oxalis Acetosella L. — Bois humides, haies ombragées. AC.
— Bois de l'État; de Glenne ; Bourg-le-Com te ; Avrilly;
Tancon ; Saint-Igny-de-Roche ; Coublanc ; Vitry-en-
Charollais; Briant à Mortru.
0. stricta L. — Lieux cultivés. AC. — Dans toute la plaine
de la Loire, depuis Iguerande jusqu'à Digoin.
Célastracées»
Evonymus europœus L. — Haies, bois. G.
Aquifoliaoées.
Ilex aquifolium L.
— — var. vulgaris Rehb. — Haies et sous-bois
des sols siliceux montueux. AG.
— — var. heierophylla Rchb. — Haies. AR.
FLORULE RAISON NEE DU BMONN&IS. $85
— — var. senescens Gaud. — Vallée de 8emur;
Saint- Julien-de- Jonzy ; très rare ailleurs.
— — var. aucubiformis Oillot et Ormezzano. —
Semur-en-Brionnais, sur les chailles jurassiques.
Ces diverses variétés du Houx commun ont fait l'objet
d'une étude très intéressante de M. le Dr F.-X. Oillot1 à
laquelle nous empruntons les détails qui suivent :
« La variété senescens Oaud est caractérisée par la perte
des épines latérales chez les feuilles qui est habituelle
sur les arbustes déjà vieux et sur les branches terminales
des hautes tiges. Le plus souvent on trouve à la fois des
feuilles épineuses et des feuilles inermes sur le même
pied. C'est alors la var. h$terophylla Rchb. (Ft. excurs.,
p. 433).
» Hais si l'apparence des feuilles a de tout temps attiré
l'attention des phytographes, il n'en est pas de même
pour les fruits. C'est ce qui m'a engagé à étudier de plus
près une variété de Houx, qui m'a tout d'abord été com-
muniquée par un excellent observateur, M. Q. Ormezzano,
de Marcigny-sur-Loire (S.-et-L.), et que j'ai pu ensuite
examiner sur place en sa compagnie. Cette variété parait
assez répandue sur les coteaux du Charollais et du Brion-
nais, en même temps que la forme vulgaire dont elle se
distingue! au premier coup d'oeil, par l'aspect général
du feuillage et des fruits, qui rappellent un peu le port
de ÏAucuba japonica L. Ce Houx i gros fruits se trouve
au-dessus de Maroigny, sur la vieille route de Semur,
aux environs de Semur, près de 3ainte-Foy, sur la route
de la Craye, de Saint-Julien, etc. Le sol y est argilo-
siliceux ; cependant on trouve le calcaire tout au-dessous
des silex provenant des chailles jurassiques, et ces silex
recouvrent le sol de tous les bois de la région. »
I. D' F. X. G Mot, Sur mu vêrtétê du Houx commun (lUx tquifotlum var. meu*
biformit), io Rerue de Bol systématique el de Géographie botanique, I. ?, IfOi,
p. 13*; et Bull. Soc. hiU net. dMufiiii. XVII (1*04). î, p. IU.
286 Q. ORMEZZÀNO ET E. CHATEAU.
M. le Dr Gillot a donné à cette variété le nom d'aucubi-
formis. Elle diffère de la var. vulgaris par son port arbo-
rescent, ses tiges plus élevées, de 5 à 6 mètres, moins buis-
sonneuses, ses rameaux allongés, à écorce d'un vert plus
jaunâtre, luisante et lisse; ses feuilles plus larges, plus
ovales, d'un vert plus clair, parfois légèrement jaunâtre,
moins coriaces; les inférieures moins épineuses, à 1-3 dents
de chaque côté, les supérieures toujours inermes; ses fruits
sensiblement plus gros, ovoïdes et d'un rouge vermillon
plus clair, comme orangé. L'examen comparatif des feuilles
et des fruits établit que les feuilles de la var. vulgaris
sont à celles de la var. aucubiformis dans les rapports de
1 : 1,03 pour la longueur totale et 1 : 1,35 pour la largeur;
et que les fruits présentent de même les rapports de 0,85 : 1
pour le diamètre, et 0,78 : 1 pour la hauteur; la cicatricule
du fruit est de 3 millimètres au lieu de 2 millimètres;
chiffres qui sont en parfaite concordance avec la forme et
les caractères morphologiques.
Rhamnacées.
Rhamnus Frangula L. — Bords des, eaux, haies, bois
humides. C.
R. cathartiea L. — Haies et bois. R. — Haie à l'angle des
étangs Batardeaux; haie à Varennes-1' Arconce ; Creux
Guérin, à Bourg-le-Comte ; Semur; Hautefond; Pois-
son; Pleury-la-Montagne ; Briant.
Papilionacées.
Ulex europœus L. — Haies, landes, lieux stériles. Adventice
indigène, introduite dans les clôtures, puis naturalisée.
AR. — Plaine de Saint- Yan ; Ligny-en-Brionnais ; Saint-
Julien-de-Jonzy ; Baugy; Avrilly; Briant.
Obs. — L'ajonc a été recommandé dès 1666 par Querbrat-Callat,
pour la nourriture des poulains. Dans la Basse-Bretagne il fournit
l'hiver une excellente nourriture pour le bétail après que les pousses
ont été broyées à l'aide d'une machine spéciale.
FLORULK RAISONNES DU BRIONNAI3. 287
U. nantis Sm. — Landes, bords des champs, talus des
routes. R. — Bois de pins à Mussy-sous-Dun et sur
les montagnes de Dun; la Chapelle-sous-Dun; la
Clayette.
Sarothamnus vulgaris Winm. — Haies, bois nouvellement
coupés, jachères dans les terrains siliceux. C.
Genista sagittalis L. — Bois, prés secs. AC. — Vareilles ;
Céron à Germanges ; Cbambilly ; Avrilly ; Saint-Julien-
de- Jonzy ; Saint-Bonnet-de-Cray ; Fleury-la-Montagne ;
Briant.
G. pilosa L. — Coteaux et terrains secs. AR. — Pelouses
des bords de la Loire; Semur; Saint-Martin-du-Lac ;
Marcigny ; Saint-Julien-de-Jonzy.
G. linctoria L. — Bois, prés secs. AC. — Bourg-le-Comte ;
Céron; Chenay-le-Ch&tel; Semur; Saint-Martin-du-
Lao; Briant; Saint-Christophe-en-Brionnais ; Saint-
Yan, etc.
— — var. marginata Bess. — Feuilles plus
larges et plus obtuses. Prés aux environs de Baugy.
G. anglica DC. — Collines et champs arides. AC. — Cham-
billy à la Croix-Rousse; Céron; Bourg-le-Comte;
Digoin; Varennes-Reutllon ; Saint-Gerraain-de- Rives;
Saint- Yan ; Hautefond ; Vindecy.
Ononis vulgaris Rouy.
— — 0. proeurrsns Wallr. -—Champs, sables. C.
— Plaine de la Loire; Bourg-le-Comte; Avrilly;
Chassenard ; Varennes-Reuillon ; 8aint-Germain-de-
Rives.
— — 0. campestris Koeh. — Champs. C.
Anthyllis Vulnsraria L. — Prés secs de la plaine de la Loire,
coteaux, bords des bois des terrains calcaires. R. —
Cbambilly; au Gras de Bourg-le-Comte; Vareilles;
Oyé; Saint-Laurent; Vauban.
Msdicago Lupulina L. — Champs, prés, pâturages. CC.
Jf. falcata L. — Bords des chemins, pâturages secs. R.
288 Q. ORMEZZANO Et E. CHATEAU.
— Plaine de la Loire; Chambilly; Bourg-le-Comte;
Avrilly; Nochize.
M. sativa L. — Appartient à la grande culture fourragère
et se trouve un peu partout à l'état subspontané.
Obe. — La luzerne est une plante très anciennement connue dont
il est fait mention dans l'histoire naturelle d'Aristote. En 1570, on
la désignait en Provence sous le nom de laueerdo dont on aurait
fait luzerne.
Originaire de Médie, empire d'Assyrie, elle fut importée d'Asie en
Grèce, cinq siècles avant notre ère, lorsque Darius, roi de Perse,
attaqua les Athéniens et se répandit dans la Oaule romaine.
En 1516, suivant François Ruel (Natura stirpium), elle était
répandue dans le Soissonnais. Olivier de Serres l'a vivement recom-
mandée au dix-septième siècle; il l'appelait la Merveille du mes-
nage.
XM- média Pers. = (Jf. sativa X fakata). R. — Levée du
canal de Roanne à Digoin ; bord de la route de Marci-
gny à Chambilly.
M. maculata Willd. — Prés riches en humus et frais. AG.
— Bourg-le-Gomte ; Chambilly; Avrilly; Saint- Yan;
Montceaux-1'É toile.
M. minima Lamk. — Prés sablonneux dans toute la plaine
de la Loire. AR.
M. Gerardi Willd. = M . cinerascens Jord. Bor. — Pelouses
des bords de la Loire. AR. — Bourg-le-Comte au
Gras; Digoin au Désert; Avrilly; Baugy; Vindecy;
Saint-Germain-de-Rives ; Marcigny; Chambilly.
Melilotus officinalis Lamk. — Champs, bords des routes. AC.
M. alba Lamk. — Bords de la Loire, levées du canal, sou-
vent autour des fours à chaux. AR. — Adventice cul-
turale originaire de Sibérie, mais complètement et
largement naturalisée. Souvent désignée sous les noms
de Trèfle de Sibérie, T. de Bokhara.
M. macrorhiza Koch. — Champs dans la plaine de la Loire.
R. — Près du pont à Iguerande; Chambilly.
FLOnULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 289
Trifolium incarnation L. — Cultivé en prairies artificielles;
paraît subspontané dans la plaine de la Loire. AR.
— — T. Molinierii Balb. — Abonde dans certains
prés de la plaine de la Loire, notamment à la limite
de Bourg-le-Comte et d'Avrilly (Allier) ; talus du che-
min de fer en montant sur Roanne; levée du canal
entre Artaix et Chambilly. D'après A. de Candolle
(Origine des plantes cuftiwfes, p. 85), le T. Molinierii serait
spontané en France, tandis que 7\ incarnatum L. serait
originaire d'Espagne, de Sardaigne, et on ne le trou-
verait chez nous en dehors des cultures fourragères
qu'à l'état adventioe.
7*. médium L. — Bois, buissons, lieux pierreux, coteaux.
R. — Bords du canal; Saint-Martin-du-Lac ; Anzy-le-
Duc ; haie au-dessus du canal et coteau de Montinard
à Avrilly (Ailier).
T. praéense L. — Champs, prés. C.
— — var. sativum Reichb. — Talus des champs
cultivés. AC.
T. ochroleucum L. — Bords des bois, pelouses, AC. —
Route de Saint-Julien-de-Jonzy ; Marcigny; bords du
canal au Bas-du-Ris, à la limite de Bourg-lo-Comte et
d'Avrilly; Oregaine; Semur; Oyé; Saint-Christophe;
Sarry; Vareilles; Briant.
06*. — Nous l'avons observé près de la vieille route de Semur
sur de nombreux points au milieu de Rumex Acetosella, surtout au
bord des champs cultivés en trèfle des prés ; sans pioche ni bêche,
il nous a été impossible de recueillir la terre entourant les radi-
eetles pour la soumettre au calcimètre.
T. arvense L. — Champs sablonneux, moissons. C.
— — f. gracile Rohb. — Sables de la Loire à
Bourg-le-Comte.
7\ striatum L. — Champs, prés dans toute la vallée de la
Loire. AC. — Chambons, champ de courses à Marci-
gny; Iguerande; Chambilly; levée du canal entre
TOME XIX. 19
290 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Artaix et Chambilly ; Saint-Martin-du-Lac ; Bourg-le-
Comte ; Vindecy ; Montceaux l'Étoile ; Saint- Yan ;
Varennes-Reuillon ; Saint-Germain-de-Rives ; pelouses
du château de Saint-Bonnet-de-Cray.
f. subterraneum L. — Prairies de la plaine de la Loire. AR.
— Se rencontre dans tout le val de la Loire, depuis
Iguerande jusqu'à Digoin, remonte même sur les
coteaux avoisinant Avrilly et Bourg-le-Comte.
— — var. brachycladum Gib. — Alluvions de la
Loire à Bourg-le-Comte.
T. fragiferum L. — Bords des chemins, pâturages, prairies.
C. — Bourg-le-Comte; Avrilly; Marcigny; Baugy;
Vindecy; Montceaux-l'Étoile ; Sarry; Briant; Semur;
Saint- Yan; Versaugues.
T. elegans Savi. — Bords des bois, des chemins. C. —
Vareilles au Montet; à la Touche; Semur; Saint-
Yan; Marcigny; Chambilly; Céron; Chenay-le-Châtel ;
Bourg-le-Comte; Avrilly ; Luneau ; Briant.
T. repens L. — Prairies, chemins. CC.
T. minus Rehl. — Prairies, bords des bois. AC. — Plaine
de la Loire; Marcigny; Chambilly; Bourg-le-Comte;
Montceaux-l'Étoile.
T. procumbens L. — Champs sablonneux dans toute la
plaine de la Loire. AR.
— — T. pseudo-procumbens Gmel. — Champs à
Marcigny.
T. agrarium L. — Pâturages, champs. C. — Bourg-le-
Comte ; Marcigny; Avrilly; Varennes-l'Arconce ;
Vareilles; Semur; Saint- Yan; Varennes-Reuillon.
Lotus cor ni eu la tus L. — Prairies, champs. CC.
— — var. pedunculatus Cav. — Pré entre Mar-
cigny et Montceaux-l'Étoile.
L. tennis Kit. — Bords des chemins. AR. — Chenoux, près
Baugy; Saint-Christophe-en-Brionnais; Varennes-1'Ar-
KLORULB RAISONNES DU BRIONNAIS. Î91
conce; Gregaine; Saint-Julien-de-Jonzy ; Saint-Bon*
net-de-Cray; Oyé.
L. uliginosus Schrk. — Fossés, haies, bois frais, marécages. C.
L. diffusus 8oland. — Bourg-le-Comte ; Avrilly aux Perrins,
chemin de Luneau. RR.
Astragalus glycyphyilos L. — Prés, bois, haies. AG. —
Marcigny ; plaine de la Loire ; levée du canal ; Bourg-»
le-Comte ; Chambilly ; Avrilly ; Chenay-le-Ch&tel ;
Melay; Iguerande; Fleury-la-lfontagne ; Briant.
Vicia saliva L. — Prés, champs. AC. — Employée en
grande culture comme plante fourragère et persiste à
l'état subspontané. Parait originaire du bassin oriental
de la Méditerranée. Appartient vraisemblablement au
même type spécifique que notre F. angustifolia Roth.
et s'y rattache par des formes intermédiaires.
Vicia angustifolia Roth. — Champs, terrains vagues, mois-
sons. C.
— — K. Forsteri Jord. — Champs des bords de
la Loire ; Bourg-le-Comte ; Marcigny.
— — V. Bobartii Kooh. — Champs des bords de
la Loire; Marcigny; Bourg-le-Comte; Iguerande aveo
une variété & fleurs blanches.
K. segetalis Thuil. — Moissons. AC. — Toute la plaine de
l'Hôpital-le-Mercier; Avrilly; Baugy; Vindecy; Vitry;
Varennes-Reuillon.
— — V. uneinaia Desv. — Moissons dans la
plaine de l'Hôpital.
— — V. nemoralis Pers. — Marcigny dans les
prairies artificielles.
V. lathyroïdes L. — Pelouses des bords de la Loire. AR.
— Chambons d'Artaix ; Saint- Yan ; Bourg-le-Comte ;
Avrilly ; Vindecy ; Vitry-en-CharoIlais.
V. lutta L. — Moissons surtout dans la plaine de la Loire.
AR. — Marcigny ; Bourg-le-Comte ; Avrilly ; Chasse-
nard; Luneau.
292 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
V. sepium L. — Bois, buissons, haies. G. — Variété à
fleurs blanches à Poisson.
V. Gracoa L. — Champs, haies, prés. G.
V. tenuifolia Roth. — Haies, broussailles. AG. — Cham-
billy ; Bourg-le-Comte ; Saint- Yan; Hautefond; Sarry.
V. varia Host. — Terrains cultivés à Marcigny. R.
Ervum hirsutum L. — Moissons, prés, haies. CC.
E. tetraspermum L. — Moissons, haies. C. — Gregaine;
Sarry ; Bourg-le-Comte ; Marcigny ; Avrilly ; Montceaux-
l'Étoile.
E. gracile DC. — Moissons calcaires. R. — Sarry; Saint-
Didier; Semur; Poisson; Oyé; Vauban.
Lathyrus latifolius L. — Adventice indigène méridionale;
fréquemment cultivée comme plante ornementale, se
retrouve à l'état subspontané dans les haies ou les
terrains vagues. R. — Gare de Paray-le-Monial ; Mar-
cigny; broussailles des carrières aux environs de
Semur; Charolles. La plante vivace et à souche puis-
sante persiste indéfiniment tant que la station n est pas
détruite accidentellement.
L. silvestris L. — Bois, broussailles. R. — Bois au-dessus
des carrières de Semur; broussailles près du canal à
Bourg-le-Comte.
L. tuberosus L. — Terrains calcaires. R. — Poisson; Semur;
haies entre Iguerande et Saint-Bonnet-de-Cray.
L. pratensis L. — Moissons, prairies. C.
L. angulatus L. — Sables. AG. — Toute la plaine de la
Loire ; l'Hôpital-le-Mercier ; Marcigny ; Avrilly ; Bourg-
le-Comte.
L. sphxricus Retz. — Talus sablonneux. RR. — A la Ber-
thaud à Bourg-le-Comte ; chemin cT Avrilly avant d'ar-
river à la Piscotte ; chemin de fer à Marcigny.
L. hirsutus L. — Champs, moissons. AR. — Saint-Bonnet-
de-Cray; Semur; Oyé; Bourg-le-Comte; Artaix;
Melay, et çà et là dans tous les environs de Marcigny.
FLORULE IUISONNÉE DU BRIONNAIS. 293
L. Nissolia L. — Pelouses, haies. AR. — Route d'Artaix ;
Marcigny ; Baugy ; Poisson ; Bourg-le-Comte en Ver-
mont et au Por t-Chasset ; Avrilly, aux Orand es- Places
et au Cavalier; Sarry; Saint-Bonnet-de-Cray; Saint-
Julien-de-Jonzy.
L Aphaca L. — Moissons, haies. AC. — Oregaine; Sarry;
Semur; Bourg-le-Comte; Nochize; Hautefond; Mar-
cigny ; Céron ; Chenay-le-Châtel ; Melay ; Briant.
Orobus tuberosus L. — Bois. G. — Vareilles; Vauban;
Ligny; Fleury-la-Montagne ; Vilry ; Nochize; Bourg-
le- Comte; Chambilly; Céron; Chenay-le-Châtel, etc.
Coronilla varia L. — Champs, prés secs, coteaux. AR. —
Çà et là dans la plaine de la Loire ; Marcigny ; Bourg-
le-Comte, au Gras; Baugy; Saint-Yan; Varennes-
Reuillon; Briant.
Ornithopus perpxisiilus L. — Sables siliceux. AR. — Plaine
de l'Hôpital; Iguerande; Montceaux-l'Étoilo; Baugy;
Saint-Yan; Vitry-en-Charollais; Varennes-Reuillon ;
Saint-Oermain-de-Rives; Bourg-le-Comte ; Avrilly.
Hippocrepit comosa L. — Pelouses des bords de la Loire. AR.
— Marcigny; Chambilly; Bourg-le*Comte; Avrilly;
Luneau; Chassenard; Digoin; levée du canal entre
Artaix et Chambilly.
Onobrychis sativa Lamk. — Coteaux calcaires. R. — Cul-
tivé mais parait subspontano en montant i Semur.
Rosacées.
Prunus Mahaleb L. — Haies, broussailles des terrains cal-
caires. AR. — Semur; route de Marcigny à Semur;
l'Hôpital-le-Mercier ; Oyé; Vauban; Vareilles; Saint-
Christophe-en-Brionnais.
P. padus L. — Haies, bois frais. R. — Route de Saint-Yan;
buissons à Avrilly, près du bassin du canal; grande
route de Montceaux-l'Étoile, en face la Chassagne.
294 Q. ORMEZZANO ET £. CHATEAU .
Prunus avium L. — Bois, haies. G.
P. spinosa L. — Haies, buissons, bois. CC.
— — P. frulicans Weihe. — Haies, surtout dans
les villages. AR. — Marcigny; Baugy ; Vitry-en-Cha-
rollais; Avrilly; Chenay-le-Châtel.
Spir&a Ulmaria L. — Bords des ruisseaux, prés humides. C.
— — var. denudata Hayn. — Gorges ombragées,
haies. R. — Avrilly, au moulin Morgat; Chambilly;
vallée de Semur.
Geum urbanum L. — Lieux ombragés et frais, bois,
haies. G.
Potentilla Anserina L. — Pelouses humides ou mouillées,
fossés des bords des routes. G. — Vitry-en-Charollais ;
Nochize ; Hautefond ; Saint- Yan ; Bourg-le-Comte ;
Chambilly; Marcigny.
P. argentea L. — Lieux secs et sablonneux. AC. — Marci-
gny; Bourg-le-Gomte; Vindecy; Baugy; Semur;
Saint-Martin-du-Lac; Chenay-le-Châtel; Céron.
— — P. decumbens Jord. — Sables et cailloux
dans la plaine de la Loire.
— — P. argent a ta Jord. — Sables des bords de
la Loire entre Marcigny et Iguerande.
P. verna L. — Pelouses sèches, bois, coteaux. AG. —
Bourg-le-Comte ; Marcigny ; Semur ; Vareilles ; Vauban ;
Sarry; Saint-Julien-de-Jonzy ; Saint-Bonnet-de-Cray;
Iguerande ; FI eury-la- Montagne.
P. Tormentilla Scop. — Bois, pâturages, coteaux, bruyères.
C. — Vareilles; Beaudemont; la Clayette; Briant;
Semur; Oyé; Poisson; Sainte-Foy; Saint-Didier; Igue-
rande ; Sarry ; Mailly.
P. reptans L. — Bords des chemins, champs, pâturages,
fossés. C.
P. fragariastrum Bhrh. — Haies, buissons, bois, pelouses. C.
Comarum palustre L. — Lieux tourbeux et marécageux
des terrains granitiques ou sablonneux. R. — Port
FLORLLK RAISONNEE Dt BR10SNAI5. ?95
Chasset à Baugy; étang de la Clayette, de Yarennes-
sous-Dun; Digoin: Avrilly.
Fragaria elatior Ehrh. — Probablement issu de variétés
horticoles. R. — Parcs de Chiteauneuf ; de l'Hôpital-
le-Mercier ; de Selorre ; au sommet des broussailles
entre le moulin Morgat d'Avrilly et Bonnant.
F. vesca L. — Bois, coteaux, haies. CC.
Haïras.
« Si l'étude des Rubus, dit M. H. Sudre *, est fort négligée
d'un grand nombre de botanistes, cela tient sans doute à
l'extrême difficulté que présente la détermination des
plantes de ce genre. En dehors d'un nombre très restreint
d'espèces qu'on trouve toujours semblables à elles-mêmes,
et qui ont une aire de dispersion très étendue puisqu'elles
occupent au moins la plus grande partie de TEuropo
moyenne, on rencontre à chaque pas des formes embarras-
santes qu'il est impossible de rattacher avec certitude aux
Ronces déjà décrites. Cela tient à ce que nos Rubus actuels
dérivent apparemment d'un petit nombre de formes pri-
mitives sur l'origine desquelles nous n'avons aucune notion
précise. Sous diverses influences, agents extérieurs, cli-
mat, etc., ces formes ont dû éprouver des modifications
plus ou moins profondes, et il est aisé de comprendre que
cette lente évolution, continuée pendant une très longue
suite d'années, ait produit suivant les milieux un nombre
considérable de petites espèces, à caractères parfaitement
fixés.
» Mais en dehors de ces formes, déjà très nombreuses,
il en existe un grand nombre d'autres dues à des croise-
ments. Lorsqu'on rencontre dans le voisinage l'un de l'autre,
deux Rubus d'espèces différentes, il n'est pas rare d'observer
I. Exeutëionê bj(otoyifju<« dûn» la liytnotët lu M&n«, In,j> d« I luitilul Uc
bibliofraphie, I89t-f903, p I.
296 Q. ORMEZZANO et E. CHATEAU.
une troisième forme d'origine hybride, nettement intermé-
diaire entre les deux premières, et se reconnaissant surtout à
sa fructification partielle ou même à sa stérilité complète. »
Nous avons recherché avec soin les formes et hybrides
qui ne pouvaient manquer d'exister dans notre circonscrip-
tion, mais le temps nous a manqué pour visiter tout le
Brionnais ; ce sont les environs de Marcigny et de Bourg-
le-Gomte qui ont été plus particulièrement étudiés ; il est
donc certain qu'un grand nombre de formes nous ont
échappé et que les espèces que nous signalons ne consti-
tuent qu'un aperçu batologique de la florule du Brionnais.
Tous les exemplaires de l'herbier Ormezzano ont été
nommés par M. le Dr X. Gillot, d'Autun, et les nôtres, par
M. H. Sudre, professeur à l'École normale de Toulouse.
La plupart des espèces ont été reconnues à la fois par nos
deux savants correspondants à une dizaine d'années d'in-
tervalle, ce qui diminue considérablement les chances d'er-
reur qui peuvent toujours se produire quand il s'agit d'un
genre aussi litigieux que le genre Rubus, aussi adressons-
nous à l'un et à l'autre nos plus vifs remerciements.
Nous avons suivi la classification adoptée par M. H. Sudre
et c'est lui-même qui a établi le tableau synoptique des
ronces brionnaises, sauf pour quelques espèces qui ne lui
ont point été soumises et dont la place est moins certaine.
Subg. — Idaeobatus Focke.
ftubus idœus L. — Bois et lieux rocheux. AR. — Montmegin ;
Chevenizet, près Nochize ; Semui\
Subg. — Eubaius Focke.
8ect. I. — Subereotl P.-J. Mull.
/?. suberectus Anders. — Lisières et clairières des bois dans
les sols siliceux ou sablonneux. AC. — Marcigny;
Saint-Julien-de-Jonzy ; Saint-Martin-du-Lac; Semur;
Ghenay-le-Châtel.
FLORULB RÀISONNKE DU BRIONNAIS. 297
A. nitidusVf. N. — Haies sablonneuses. — Bourg-ta-Comte ;
i la Berthaud.
_ _ A. inleçribasis P.-J. Mail. — Céron.
A. sulcatus Vest. — Fossés, bords des bois. C. — Bourg-
le-Comte; G regaine; Saint- Julien-de-Jonzy ; Vitry-en-
Charollais ; Chambilly ; Avrilly.
Seot. II. — Sllvatlcl P.-J. Mull.
a. — Grati Sudro.
A. Sprengelii Wh. — Lieux frais des bois. — Bois de la
Côte, entre Marcigny et Semur.
6. — BuTiretoentas Geo.
A. macrophyllus W. N. — Parc de Sarry.
— — A. piletostackys Qr. et U. — Marcigny.
e. — Diseoloroidet Geo.
A. albiflorus Boul. et Luc. — Haies, bords des bois.— Bourg-
le-Comte; route de Gregaine à Semur; bord du bois.
X A. Wahlbergii Arrh. — Étangs Bâtarde aux. Cette espèce n'a
pas été soumise à M. Sudre. Voici ce qu'il nous écrit à
son sujet : « Dérive apparemment du A. villicaulis Kœhl.,
» que vous n'avez pas dans le Brionnais. U est pro-
» bable que ce Wahlbergii est mon Xfl. amplifoliaius
» (ulmifoliusX^Bsius). Mais je n'affirme rien sans voir
» de spécimens. » (Sudre in litt.)
8ection III. — Diaeoloree P.-J. Mail.
a. — Gypsooaalon P.-J. MûU.
A. ulmi folios Schott. — « Espèce extrêmement variable,
» comportant d'abord en chaque région naturelle des
■ formes moyennes que Ton peut grouper sous le nom
» de A. rusticanus Merc, puis des formes de plus en
• plus divergentes, mais locales, de telle sorte que
» leur description donne prise i de graves difficultés !. »
Voici les formes observées dans le Brionnais :
I. Abbé Boolay, PL de FrtJtet, Rony et Camus, tome VI, p. 90.
298 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
— — A. subtruncatus Sudre. Rubus des Pyrénées,
p. 193. — Foliole caulinaire terminale très largement
ovale ou suborbiculaire, nettement échancrée à la base,
arrondie et subtronquée au sommet, cuspidée, fleurs
roses. Haie à Bourg-le-Comte, route du Donjon.
— — var. calcareus Rip. — Jeunes carpelles
glabres, folioles larges. — Haie à Bourg-le-Comte,
route du Donjon, en face la maison Saive.
— — R. contractifolius Sud. (loc. cit.). — Haie
à Bourg-le-Comte, route du Bouchaud, en face le
Theulet.
— — R. dilata tifolius Sud. (loc. cit.). — Haie à
Bourg-le-Comte, route du Donjon, entre le clos Maillet
et la bifurcation du chemin du Bouchaud.
— — R. anisodon Sud. — Bourg-le-Comte, haie
du pré Barrier, près de l'école.
— — var. pallescens Rip. — Bourg-le-Comte,
haie du pré Barrier.
— — var. albescens B. et Oill. — Parc de Sarry.
— — R. albidiflorus Sud. — Bourg-le-Comte,
route du Donjon.
— — R. vulgatus Sud. — Bourg-le-Comte, route
du Bouchaud, près du Theulet.
— — var. congestus B. et M. — Parc de Sarry.
— — var. anchostachys Rip. — Bourg-le-Comte,
haie du pré Barrier.
— — R. angustifactus Sud. — Haie aux Diens
de Chambilly.
— — R. cuneatus Boul. et Bouv. — Bourg-le-
Comte, bord de la Loire, près du port Chasset.
— — var. ischnoacanthos MOU. — Bourg-le-Comte
au port Chasset.
— — R. heteromorphus Rip.
— — var. truncatus Sud. — Haie à Bourg-le-
Comte, pré au-dessous des vignes des Dions.
FLORULK RAISONNES DU BRIONNAIS. 299
A. propinquus P.-J. Mttll. — Avrilly, près des Simonins;
Bourg-le-Comte, rives de la Loire au port Chasset et
à la Berthaud, près du Cray.
06s. — M. Boulay considère cette espèce comme hybride, tandis
que M. Sudre qui l'a étudiée de nombreuses localités, d'une douzaine
de départements, ne croit pas qu'elle le soit. Nous nous rangeons
volontiers à cette manière de voir, car la plante de Bourg-le-Comte
fructifie toujours abondamment. (Voyez Rouy et Camus, FI. de Fr.t
t. VI, p. 79; Sudre, les Rubus de V herbier Boreau, Angers, 1902,
p. 30, Bathotheca europœa, fascioule 1, 1903. Albi, p. 6.)
b. — Hedyoarpi Fockt.
R. Gillotii N. Boul. — Haies, lisières des bois. C. — Parc
de Sarry ; abonde à Bourg-le-Comte et Avrilly ; Se mur ;
Chambilly; Saint-Germain-de-Rives ; Varennes Reuil-
Ion; Vitry-en-Gharollais.
Oto. — Ce Rubus nous parait largement répandu dans notre
région ; il l'est également autour de Bourbon-Laney où notre ami
Basset Ta récolté en diverses stations. Nous sommes complètement
de Ta vis de M. 8udre qui le considère comme une espèoe de pre-
mier ordre, et l'une des plus faciles à reconnaître sur le vif. (8udre,
Bathoteca europma, loo. cit., p. 7.)
— — var. nemophilus Rip. — Haie au Theulet,
route de Bourg-le-Comte au Bouchaud.
R. genictilatns Kalt. (sensu amplo).
-* — R. hebes Boul. et Luc. — Haie à Marcigny.
R. pubescens Wh.
— — R. emollitus Sud. (Rubus de CAriiget p. 56.)
— Bourg-le-Comte, haie à la Berthaud.
c. — Candloaates Focko.
R. thyrsoideus Wim. (flore pleno). — Bord du canal i Cham-
billy.
— — R. candicans Wh. — • Plaine de la Loire,
près du port Chasset à Bourg-le-Comte.
— — R. hispidulus Oen. — Au port Chasset de
Bourg-le-Comte.
300 Q. ORMKZZANO ET £. CHATEAU.
Sect. IV. — Appendiculatl.
a. — Tomentosi Wirtg.
Ii. tomentosus Borckh. — Haie à la Berthaud de Bourg-le-
Comte.
b. — Vestiti Focke.
R. vestitus W. N. — Marcigny.
— — R. leucanthemus P.-J. Mtill. — Parc de
Sarry.
R. mucronifer Sud. {R. mucronalus Blox. non Ser.)
— — R. Henriquesii G. Samp. — Route de Gre-
gaine à Semur, sur la chaussée de l'Étang.
— — R. vinealis Mtill. et Timb. — Haies à
Semur.
Obs. — « Le R. vinealis de Saône-et-Loire, tel qu'il a été distribué
» dans les exsiccata de l'Association rubologique, n'est pas le même
» que celui de Timbal et Mûlier. C'est un orbifolius X caestus, que
» j'appelle R. peracutifrons, après Qdg. Novus conspectus Florœ
» Europss. » (Sudre, in litt.).
c. — Radulœ Focke.
R. Menkei W. N.
— — R. distractus Mtill. — Semur-en-Brionnais.
Sect. V. — Triviales P.-J. Mûll.
R. cœsius L. — Lieux frais, fossés. C. — Les variations de
cette espèce sont compliquées et difficiles à préciser
(Rouy et Camus, FI. de Fr.y t. VI, p. 132). Les formes
suivantes ont été reconnues dans le Brionnais; elles
offrent tous les passages de Tune à l'autre et ne sont
guère séparables.
— — R. ligerinus Gen. — bords de la Loire à
Bourg-le-Comte et Avrilly.
— — var. awalis Rchb. =(cœsiu$X^gresti$ W. N.
non A. agrestis W. K). — Marcigny.
— — R. rivalis Gen. — Avrilly, bord de la Loire.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 301
— — il. agrestis W. K. — Marcigny.
— — A. spiculatus B. ot B. — Étangs Batar-
deaux.
X". assurgens B. et B. = (c&sius-ulmifolius Sud.). — Haie
humide à Bourg-le-Comte ; aux carrières sur la route
de Semur i Saint-Julien-de-Jonzy.
Ob$, — La plante de Bourg-le-Comte est voisine de la var. pusil-
lus 8ud. (Sudre, les Rubus de l'herbier Boreau, Angers, 1902, p. 90.)
— — var. dilatatut Boul. et Let. — Parc de
Sarry.
Obs. — Cette forme est étiquetée dans l'herbier Ormezzano :
R. longicuspidatus B. et L. Association rubologique, n* 302,
M. Sudre nous ayant écrit à son sujet : « M. l'abbé Boula? avait
» d'abord groupé sous le nom de R. longicupidatus des formes assez
» diverses; j'ignore ee que désigne ce nom de votre liste. » Nous
avons fait de nouvelles recherches dans la FI. de France de Rouy
et Camus et nous avons vu, p. 137, que la plante distribuée par
VAss. rub.t sous le n* 302, était le R. dilatatus B. et Let, nom que
nous avons adopté de préférenoe à R. longicuspidatus qui ne flguro
pas dans la FI, de France.
— — var. leptocaulon B. et L. — Étangs Bâtar-
de aux.
— — var. stêlliger B. et Tuezk. — Montglabot,
près Marcigny.
— — A. cuspidatus P.-J. Mail. — Marcigny.
Xfl. Châteaux Sud. [cxsittsXGilbtii). — Bourg-le-Comte;
haie, chemin d'Avrilly, près des Simonins.
Turion obtusément anguleux, très pubescent, glauces-
cent, à quelques glandes rares, à aiguillons très inégaux,
les grands un peu comprimés ; pétioles à aiguillons falqués,
à quelques glandes éparscs, â stipules larges. Feuilles à 3-5
folioles, les supérieures grises pubescentes en dessous;
foliole terminalo i pétioluie égalant à peu près la moitié de
sa hauteur, ovale, émarginée, aiguë ou un peu acuminée,
dents médiocres, inégales. Rameau anguleux, pubescent,
302 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
à glandes rares, à aiguillons inégaux, les grands compri-
més, un peu falqués. Feuilles 3-nées, grises en dessous, à
foliole terminale ovale ou un peu obovale émarginée. Inflo-
rescence courte, feuillée, peu poilue, un peu glanduleuse,
à aiguillons déclinés; calice tomenteux, un peu poilu, peu
ou point glanduleux, parfois aculéolé, à lobes courts,
étalés ou réfléchis. Pétales orbiculaires, roses; étamines
blanches, dépassant les styles verdâtres. Stérile. L'in-
fluence du R. Gillotii se manifeste dans la pubescence du
turion, la longueur des aiguillons et la coloration rose
vif des pétales. Hétéracanthe comme le R. c&sius.*
Rosa.
Tous nos échantillons de Rosa ) sans en excepter un seul,
ont été revus par M. le Dr X. Gillot. Nous avons suivi, pour
leur classification, celle adoptée dans la Flore de France,
de Rouy et Camus, vol. VI, p. 236 et suivantes.
Sect. I. — Synalylœ DC.
Rosa arvensis Huds. — Haies, buissons. G. — Bourg-le*
Comte; Avrilly; Céron; Chambilly; Semur; Sainte-
Foy; Marcigny; étangs Batardeaux; Melay; Chenay;
Mailly ; Fleur y-la- Montagne ; Saint-Didier-en-Brion-
nais, etc.
— — R. ovata Lej. — Haies à Bourg-le-Comte
et entre Saint-Christophe et Vareilles.
— — R. repens Scop. — Haies à la Berthaud de
Bourg-le-Comte; les Charnays de Céron.
— — fl. erronea Rip. — Marcigny, route des
Maniguets.
/?. bibracteata Auct. — Bourg-le-Comte; étangs Batardeaux;
montée de Palantureau, entre Semur et Saint-Chris-
tophe-en-Brionnais.
I. Sudre, Contribuiionê à la FL batologique du plateau central de la France, In
Bull. Soc. bot. de France, t. LI, séance du 8 janfier 1904.
FLORULE RAISONNES DU BRIONNAIS. 303
Sect. II. — Gallicanes DC.
XA- Schleicheri H. Braun in Beck von Managetta, FI. von
Nieder-Oest, p. 773; G. Rouy, FI. de France, VI, p. 263,
= XRosa arvensis L. Y^gallica L.
— — var. brannovicensis Gillot et Ormezzano
(Rose du Brionnais). — Marcigny; vieille route de
Semur, en passant par le pont des Beurres, dans une
haie à droite en montant, un demi-kilomètre au-dessus
du bourg, sur une vingtaine de mètres.
Le Rosa g allie a L. qui est l'origine de nombreux hybrides
n'existe, dans le Brionnais, qu'à l'état de variétés culti-
vées dans les jardins; c'est ce qui explique la formation,
par son croisement avec R. arvensis, d'un hybride nouveau,
très voisin des X #• conica Chabert et X #• acutifolia Boullu,
mais qui en diffère cependant par son disque en cône bien
moins saillant, par la dentelure simple de ses folioles
arrondies, et non cordiformes à la base, par ses fleurs d'un
rose pâle, ou panachées, par ses fruits lisses, etc. — M. le
Dr Gillot, qui en a fait une étude particulière, après l'avoir
étudié sur place, Ta distribué dans les Exsiccata « pour l'étude
de la flore de la Société franco-helvétique », sous le n° 1497.
Voici, du reste, la description complète qu'il en a donnée :
Tiges robustes, dressées dans les haies, rameuses, à longs
sarments décombants. Rameaux rougeâtres, hétéracan-
thes, garnis d'aiguillons faibles et droits ou légèrement
inclinés, et d'acicules glanduleux nombreux. Pétioles pubes-
cents, aiguillonneux et très glanduleux. Stipules étroites, à
oreillettes divergentes, glanduleuses sur le dos et les bords.
Folioles 5, grandes (dimensions moyennes : longueur =
56 millim., largeur = 34 millim.), vertes en dessus, glati-
cescentes et pubescentes en dessous, à nervure médiane
glanduleuse, ovales-elliptiques, arrondies à la base, aiguës
ou acuminées au sommet, à dents simples ou irrégulières,
quelques-unes à peine surdentées. Bractées étroites, velues
304 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
glanduleuses. Pédicelles solitaires, ou 2-4, allongés, rou-
ge a très, chargés de soies glanduleuses. Pétales grands,
d'un rose pâle ou panachés, arrondis à la base, à onglet
très court. Fleurs grandes, de 5, 6 et 8 centimètres de dia-
mètre, à odeur suave. Disque en cône tronqué, à base élargie.
Styles allongés, rapprochés, mais libres, plus courts que
les étamines, fortement hérissés, comme laineux. Fruits
ovoïdes, glabres, ou portant à peine quelques soies glan-
duleuses à la base, contractés au sommet, les uns avortés,
la plupart arrivant à maturité, mais plus ou moins défor-
més, et renfermant des achaines peu nombreux et d'appa-
rence stérile. Le pollen, examiné au microscope, donne une
proportion moyenne de 75 % de grains bien conformés. l
Fleurit au commencement de juin. Fructifie en août.
Sect. III. — Canloœ Grép.
a. — Eucaninœ Crép.
R. canina L.
— — R. systyla Bast. — Chevenizet, près Nochize.
— — R. mucronulata Dés. — Poisson ; Cheve-
nizet, près Nochize.
— — R. senticosa Achar. — Bois de la Côte,
près de Marcigny.
— — R. Carioti Chabert. — Haie de Semur à
Saint-Christophe.
— — R. hispidula Rip. — Marcigny.
— — R. obtusifolia Desv. — Route de Saint-
Julien-de-Jonzy, près Marcigny.
— — R. lutetiana Lem. — Marcigny ; route
d'Anzy-le-Duc; Poisson; Chambilly; Bourg-le-Comte ;
haie à la Berthaud.
1. Dr X. Gillot, Contributiottê à là flore du département de S.-eC-L., in Bull.
Soc. hist. oat. Autuo, XVII (1904). Procès- verbaux des séances, p. 161. — Bull.
Soc. pour l'étude de /a flore franco-helvétique, XIV (1904), p. 13; ext. du Bull,
herbier Doitêier, 1905.
FLORULE RAISONNÉE DU BMONNAIS. 305
— var. fallens Dés. — • Haie i Poisson.
— var. glaucescens Desv. — Chevenizet, prêt
Nochize.
— var. nitens Desv. Iguerande.
— A. dumalis Bechst. — Haies à Chambilly;
Bourg-le-Comte.
— A. leiostylo Rip. = il. Chaboitsxi Oren. —
Haies à Chambilly et Chenoux, près Baugy.
— A. andegavensis Bast. — La Clayette;
Iguerande ; Saint-Bonnet-de-Cray.
— A. trichoneura Rip. — Poisson ; Chevenizet,
près Nochize; route d'Iguerande i Saint-Bonnet-de-
Cray.
— A. urbiea Lem. — Poisson; Saint-Julien-
de-Jonzy ; la Clayette ; Semur.
— R. Deseglisei Bor. —Chambilly; Mareigny;
Iguerande; Saint-Bonnet-de-Cray.
— R. sphxriea Or. — Aux Maniguets, près de
Mareigny.
— A. tphmroidea Rip. — Montglabot, près
Mareigny.
_ A. malmundorimsis Lej. — Haie au Bas-
du-Ris de Bourg-le-Comte.
— A. dumetorum Thuill. — Bourg-le-Comte
à la Picardière ; Mareigny.
— A. semiglabra Rip. — Chevenizet, près
Nochize.
— A. insignis Dés. et Rip. — Chevenizet, près
Nochize; Anzy-le-Duc.
— A. platyphylloides Dés et Oz. — Mareigny ;
route de Saint-Julien-de-Jonzy.
— A. medioxima Dés. — Route de Saint-
Julien-de-Jonzy, près Mareigny.
— A. platyphylla Rau. — Haie à Mareigny.
tome xix. 20
306 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
b. — Jundzilliœ Crôp.
R. Jundzillii Bess.
— — R. subolida Dés. — Haie au Cray, le long
du chemin qui va au bois à Bourg-le-Comte ; route de
Marcigny à Saint- Yan, avant les Peupliers.
e. — Rubiginosœ Crép.
R. agrestis Savi. — Marcigny, au Mamelon vert; étangs
Batardeaux; Chambilly; Bourg-le-Comte.
— — R. sepium Thuill. — Haies, Bourg-le-
Comte; Marcigny.
R. micrantha Sm. — Marcigny; Chambilly; Saint-Julien-
de-Jonzy.
— — R. septicola Dés. — Haies, étangs Batar-
deaux; Marcigny; Bourg-le-Comte.
R. rubiginosa L. — Saint-Didier-en-Brionnais ; Bourg-le-
Comte.
— — R. apricorum Rip. — Bourg-le-Comte;
Saint-Julien-de-Jonzy ; Marcigny.
— — fl. umbellata Lehm. — Route de Marcigny
à Sarry.
R. graveolens Gren.
— — R. œduensis Dés. et Gillot. — Haie au clos
Maillet, à Bourg-le-Comte.
d. — Tomentosœ Crép.
R. tomentosa Sm. — Haies à Chambilly; Saint-Julien-de-
Jonzy ; Bourg-le-Comte ; Marcigny ; bois de la Côte.
— — var. subglobosa Dés. — Vernay, près Semur ;
Saint- Julien-de-Jonzy; Bourg-le-Comte à la Berthaud
et au Bas-du-Ris; route entre Saint-Christophe et
Vareilles.
— — R. dumosa Pug. — Anzy-le-Duo.
Agrimonia Eupatoria L. — Haies, fossés, bois. CC.
A. odorata Mill. — Lieux frais, fossés, haies. R. — Étangs
Batardeaux; Marcigny.
FLORULE RAISONNÉE DU BRIONNAIS. 307
Poterium dictyocarpum Spaoh. — Prés, coteaux, sables de
la Loire. AC.
P. murieatum Spach. — Prés, pâturages. C.
— — var. stenolophum Jord. — Pelouses à
Saint-Bonnet-de-Cray.
P. guestphalicum Bœnnig. — Lieux chauds, coteaux. ÀR.
— Environs de Marcigny.
Sanguisorba officinalis L. — Prés frais. AR. — Route
d'Anzy i Vindecy; Mon tceaux-1' Étoile; l'Hôpital-le-
Mercier; Saint-Martin-du-Lac ; Chambilly; Bourg-le-
Comte; Avrilly ; Varennes-Reuillon ; Saint-Germain-de-
Rives; Briant.
Alchemilla arvensis Scop. — Champs, moissons. C. — Plaine
de l'Hôpital-le-Mercier ; Céron ; Bourg-le-Comte ;
Vitry-en-Charollais ; Saint-Germain- de- Rives; Varen-
nes-Reuillon ; Saint- Yan, etc.
Mespilus germanica L. — Haies, bois. G.
Mespilut loba ta Poir. (Mespilus germanica L. X CraUvgus
oxyacantha L.). — Haie à environ 400 mètres du bourg
de Melay-outre-Loire, à gauche du chemin rural allant
i l'étang Baubruyère. C'est le 18 mai 1905 que nous
avons rencontré, dans des conditions d'apparente spon-
tanéité, ce rare hybride, déjà signalé et décrit dans un
article très documenté par M. le Dr X. Gillot, à Saint-
Sernin-du-Bois, à l'extrémité diamétralement opposée
du département de Saône-et* Loire f . A ne pas confondre
avec des sujets greffé s, comme nous en avons rencontré
un exemple sur la route de Bessuges à Anzy-le-Duc,
où, dans une haie, une Aubépine, déjà ancienne, a été
manifestement greffée, de sorte que le tronc, gros
I. D' X. Gillot, Etude mur un hybrid* <U Mupiluê girminie* L. «I de Cr*tmçuê
oaryacanf/ia L. {Crêtrfu* wryaeaAi'io-otrmaatcj;. dam Bull. Soc bot. Franc*,
XXII! (187f>), Motion extraord. a Lyon, p. m. — K. Château, Souvtllê Ststton
eu XM««piiu4 lodala Poir., «n Saona-aJ-Loira, dao« Bail. Soc. bot. Franc*, LU
(•W>), p. 313.
308 Q. ORMEZZANO ET B. CHATEAU.
comme le bras, se divise en deux branches, Tune de
Cratxgus, l'autre de M es pi lus, mais tout à fait distinctes,
et sans apparence d'hybridité. (Q. Ormezzano.)
Cratœgus oxyacantha L.
— — C. oxyacanthoides Thuil. — Haies, bois,
buissons. AC.
— — C. monogyna Jacq. — Haies, bois. CC.
Pirus Malus L.
— — P. acerba DC. — Bois, haies. C.
P. communis L. — Bois, haies. C.
— — P. Piraster Borck. — Marcigny ; Semur.
Sorbus domestica L. — Haies, bois, cultivé. AR. — Marci-
gny; Semur; Chenay-le-Châtel ; Poisson ; Melay-outre-
Loire, près du bourg.
S. Aucuparia L. — Bois. R. — Le plus souvent planté
dans les parcs.
5. Aria Grantz. — • Marcigny, bois de la Côte; souvent
planté dans les parcs.
S. torminalis Grantz. — Bois, haies. AC. — Marcigny, route
de Saint-Julien-de-Jonzy; Semur; Bourg-le-Comte,
route de Céron ; bois, haies dans toute la région s'éten-
dant entre Melay-outre-Loire; Artaix; Chenay-le-
Châtel.
Onothéracées.
Onothera biennis L. — Sables des bords de la Loire où elle
abonde; plus rare ailleurs. R. — Saint- Yan; Melay;
Chenay-le-Châtel; Hautefond; Charolles.
Obs. — Cette espèce, d'origine américaine, introduite dès le com-
mencement du seizième siècle (1519), est actuellement très répandue
et si bien naturalisée, que tout en rappelant son origine adventice
exotique, il n'est plus possible de la distraire de la flore locale à
laquelle elle est acquise.
PLORULB RAISONNES DU BRIONNAIS. 309
Epilobium têtrogonum L. — Fossés, bois frais, champs
humides. AC. — Queue de l'étang Lafay i Semur;
Marcigny ; route de Charolles ; Briant ; Avriily ; Luneau ;
Céron; Saint-Yan.
R. roseum Schreb. — Fossés et lieux humides dans les
terrains sablonneux. AC. — Bois de Crotte; Semur;
Marcigny ; bords du canal de Roanne à Digoin ; Vitry •
en-Charollais ; Saint-Yan; Paray; Poisson.
E. monianum L. — Haies, bois. AC. — Semur; Marcigny;
Chambilly ; Bourg-le-Comte ; Artaix ; Céron ; Avriily ;
Saint-Julien-de-Civry ; Briant.
S. parviflorum Schreb. — Lieux frais, bords des eaux,
fossés. C.
E, hirsutum L. — Bords des eaux dans tout le Brionnais. C.
E. spicatum Lamk. — Bois frais, haies. AR. — Toute la
région comprise entre la Clayette et Charlieu, terrain
siliceux ; manque ailleurs.
E. rosmarinifolium Hœncke. — Adventice indigène subs-
pontanée. RR. — Bords de la Loire en allant sur
Iguerande, en face le Champseau.
Isnardia palustris L. — Lieux inondés, bords des étangs, des
rivières. AC. — Mares de la Loire i la digue ; canal
de Roanne à Digoin ; mares i Bourg-le-Comte ; Cham-
billy; Marcigny; Digoin; Saint-Yan; Hautefond;
Poisson.
Circxa lutetiana L. — Lieux frais et ombragés, haies, bois.
AC. — Semur; Bourg-le-Comte; Marcigny; Vitry-en-
Charollais; Coublanc; Tancon; Céron; Chambilly;
Vareilles; Briant.
Haloragaeées.
Myriophyllum veriicillatum L. — Mares, étangs, ruisseaux.
AR. — Marcigny, dans le Merdasson; mares dans tout
le val de la Loire ; canal de Roanne à Digoin et dans
TUrbize i Bourg-le-Comte; Hautefond; Charolles.
310 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
M. spicatum L. — Eaux paisibles. AG. — Mares dans tout
le val de la Loire; à la digue, à la Riaule, canal de
Roanne à Digoin; Avrilly; Céron; Iguerande; Saint-
Bonnet-de-Cray.
M. alterniflorum DC. — Eaux profondes, légèrement cou-
rantes. RR. — Canal de Roanne à Digoin; à Chambilly,
et au bassin d' Avrilly.
Trapa natans L. — Mares, étangs, eaux profondes et tran-
quilles. C. — Existe dans presque tous les creux,
étangs et mares du Brionnais, et aussi dans l'Arconce
à Poisson, et le canal de Roanne à Digoin au bassin
d'Avrilly.
Callitrichacées.
Callitriche stagnalis Scop. — Ruisseaux, fossés, mares. G.
: — Mares des bords de la Loire ; Merdasson à Chambilly ;
fossés de la route de Chambilly, à Bourg-le-Comte;
Avrilly; Vindecy; la Clayette; Vareilles; Iguerande.
C. verna Kiltz. — Ruisseaux, fossés, mares. C. — Mares de
la Loire; Avrilly; étang Lafay à Semur ; étang à l'Enfer
avant d'arriver à Jonzy ; Saint-Martin-du-Lac ; la
Clayette.
C. hamulata Ktltz. — Fossés, sources. R. — Canal de
Roanne à Digoin et fossés le bordant, ruisseau du
Ris à Bourg-le-Comte et Avrilly; la Piscotte à Avrilly;
creux de l'école des filles à Fleury-la-Montagne. (Or-
mezzano.)
— — var. homoïophylla G. G. — Canal de Roanne
à Digoin.
Cératophyllacées.
Ceratophyllum demersum L. — Eaux paisibles, mares,
étangs, fossés. G. — Canal de Roanne à Digoin ; toutes
les mares de la plaine de la Loire; Vitry; Hautefond;
Digoin; Paray; Gharolles; Saint- Yan; Poisson; Vin-
decy; Saint-Martin-du-Lac; Iguerande, etc.
PLORULB RAISONNES DU BRIONNAIS. 31 1
Lythrariacées.
Lylhrum Salicaria L. — Bords des eaux, fossés, lieux
humides. C.
L. Hyuopifolia L. — Lieux humides, champs frais, fossés.
AC. — Bourg-le-Comte ; Avrilly ; Anzy-le-Duc ; Céron ;
Saint-Germain-de-Rives ; route de Charolles i 3aint-
Yan ; Marcigny ; fossés humides i Chevenizet.
Peplis Portula L. — Bords des étangs, des mares, lieux
humides, fossés. AC. — Étangs de Lafay à Semur ; de
la Clayette; de Chanron, pris Nochize; mares dans
toute la plaine de la Loire; Avrilly ; Montoeaux-l'Étoile ;
Vareilles; 8aint-Martin-du-Lac, etc.
Cuourbitacées.
Bryonia dioica Jacq. — Haies, broussailles. C.
Portul&cées.
Portulaca oleracea L. — Lieux cultivés, bords des chemins,
canal de Roanne à Digoin où il tapisse les côtés pen-
dant le chômage. AC.
Montia minor Omel. — Champs humides, bords des ruis-
seaux. AC. — Marcigny; Saint-Martin-du-Lac ; étangs
de Morvan; Chambilly; Céron; Chenay-le-Chitel ;
Melay ; Artaix ; Bourg-le-Comte ; Avrilly.
Jf. rivularis Omel. — Eaux vives, fossés. R. — Montceaux-
l'Étoile; Saint-Martin-du-Lao et dans les terrains gra-
nitiques autour do la Clayette.
ParonyohiAoée*.
Herniaria glabra L. — Lieux sablonneux C. — Toutes les
alluvions de la Loire; Céron; Avrilly; Montceaux-
l'Étoile ; Vitry ; Saint- Yan ; Saint-Julien-de-Civry ;
Baudemont ; Vareilles ; 8ain t-Martin-de-Lixy ; Tancon.
312 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Herniaria hirsuta L. — Champs sablonneux. C. — Bourg-le-
Comte; Céron; Marcigny; Artaix; Melay; Chenay-le-
Châtel; Céron; Montceaux-l'Étoile; Poisson; Melay-
outre-Loire.
Corrigiola liUoralis L. — Terrains sablonneux, champs,
bords des rivières. C. — Tous les sables de la Loire ;
Paray-le-Monial ; ballast des voies ferrées; Vitry;
Baudemont ; Saint • Laurent ; Chftteauneuf ; Saint-
Martin-de-Lixy ; Tancon; Coublano.
Scleranthus annuus L. — Champs sablonneux. AC. —
Moissons du val de la Loire; l'Hôpital-le-Mercier;
Montceaux-l'Étoile ; Tancon ; Saint-Martin-de-Lixy ;
Bourg-le-Comte ; Avrilly ; Céron ; Chenay, etc.
Scleranthus perennis L. — Lieux sablonneux, terrains gra-
nitiques. C. — Toute la plaine de la Loire et de l'Hô-
pital - le - M ercier ; Saint - Laurent ; Saint • Christophe ;
Briant; Châteauneuf; Saint-Maurice; Tancon.
Crassulaoées.
Sedum Telephium L. — Bois humides, haies, broussailles.
R. — Céron; Marcigny. R.
5. complanatum Qilib. = S. purpurascens Koch. Bor. —
Haies, bois. R. — En Justice; Saint- Julien ; queue de
la Clayette; Vareilles; Briant.
— — S. affine Bor. — Ravins entre le Bas-du-
Ris et Avrilly; rive droite du canal près du Chibrely,
et près de la maison Larue; Avrilly, à la Pendeun
broussailles près de l'Arcel et bois entre Chenay-le-
Châtel et Artaix, où il est assez abondant.
S. cepœa L. — Bords des chemins, des haies, rocailles.
AC. — • Pied des haies sur toute la rive gauche de la
Loire; Briant à la Goutte; Chetal; Saint-Christophe ;
Semur ; Vauban ; Montceaux-l'Étoile ; Marcigny ; Saint-
Martin-du-Lac ; Melay-outre-Loire .
FLORULB RAISONNES DU BRIONNAIS. 313
S. rubens L. — Lieux secs, vignes, bords des chemins. AC.
— Avrilly ; Bourg-le-Comte; Semur, en descendant aux
carrières; Saint-Julien-de-Jonzy ; 3aint-Bonnet-de-
Cray; Iguerande; Fleury-la-Montagne.
S. album L. — » Haies, vieux murs, sables de la Loire. C.
— 8e rencontre çà et là dans tout le Brionnais.
S. aère L. — Vieux murs, coteaux sablonneux, sables do
la Loire. G.
S. teœangulare O.O. — Sables calcaires. AR. — Alluvions
anciennes de la Loire rive gauche de TUrbize i Bourg*
le-Comte, Marcigny; Iguerande; bords de la route de
Chambilly à Marcigny.
S. reflerum L. — Coteaux sablonneux, murs, saules têtards.
AR. — Bords des bois autour de Marcigny; route de
Char; Semur; Bourg-le-Comte; Saint-Martin-du-Lac;
Iguerande ; Fleury-la-Montagne ; Saint-Bonnet-de-
Cray; Briant; Sarry; Vareilles.
S. elegans Lej. — Rochers des terrains granitiques, sables.
R. — Roohers à Château neuf et i Saint-Maurice, sables
de la Loire, entre Marcigny et Iguerande ; Semur.
Obé. — Le S. elegans préfère les terrains siliceux, tandis que le
S. reflexum s'accommode mieux des sols plus ou moins calcaires.
Sempervivum tectorum L. — Vieux murs, toits. AR. — Çà et
li sur quelques toits ou murs dans tout le Brionnais .
Ribésiacées.
Ribê$ Uva crispa L. — Haies, buissons, saules têtards,
chênes, clochers. CC.
A. rubrum L. — Haies i Baugy, route de Saint-Yan, en
face la ferme Alamartine, au Bas-du-Ris i Bourg-le-
Comte. R. — Cette espèce est probablement échappée
des jardins et n'existe dans oes diverses localités qu'à
l'état subspontané.
314 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
R. alpinum L. — Vieux parcs. R. — Charolles ; Montceaux-
l'Étoile ; Saint-Yan ; l'Hôpital-le-Mercier ; Selorre .
Adventice horticole parfois naturalisée dans les haies.
Saxifragacées.
Saxifraga granulata L. — Prés secs et sablonneux. AR.
— Pelouses et prés dans toute la vallée de la Loire ;
Iguerande; Fleury-la-Montagne ; Mailly.
S. tridactylites L. — Vieux murs, toits, lieux sablonneux.
AC. — Semur; Vareilles ; Saint-Didier; Varennes-1'Ar-
conce;Oyé; Saint-Julien-de-Jonzy; Baugy.
Chrysosplenium oppositifolium L. — Lieux couverts et
bords des ruisseaux et des filets d'eau, surtout dans les
terrains granitiques. R. — Ruisseau à la Touche, fon-
taine au-dessus de la maison Renaud, près Semur,
.parc de Châteauneuf; Saint-Igny- de-Roche ; Tourny,
près Charolles ; bords du ruisseau traversant des brous-
sailles entre le moulin Morgat d'Avrilly et Bonnant;
Briant.
C. alternifolium L. — Marais. RR. — Briant, au bas du
Grimpichon. (Abbé Ramage!)
Ombellifères.
Dautus Carota L. — Bords des chemins, prés, champs,
jachères. GC.
— — var. virescens — Étang de Morvan.
Orlaya grandi flor a Hoffm. — RR. — Terres à blé à Céron
où cette plante a dû être introduite dans les cultures,
à l'état d'adventice indigène.
Turgenia latifolia Hoffm. — Champs, moissons des ter-
rains calcaires. RR. — Sarry; Saint-Didier-en-Brion-
nais. Adventice messicole d'origine ancienne.
Caucalis daucoïdes L. — Champs, moissons. R. — Terres à
KLORULE RAISONNER DU BRIONNAIS. 315
blé i Saint-Didier-en-Brionnais ; environs de Charolles ;
Marcigny ; Chambilly. Adventice messicole orientale et
méridionale.
Torilis Anthriscus Omel. — Haies, bords des chemins, des
bois, buissons, jachères. CG.
T. helvetica Gmel. — Champs, moissons. G.
— — var. divaricata Bor. — - Environs de Mar-
cigny.
Angelica silvestris L. — Bois frais, bords des rivières, haies
humides. C. — Chambilly; Bourg-le-Comte ; Céron;
Avrilly; Saint-Yan; Coublanc; 8aint-Igny-de- Roche ;
8aint-Martin-de-Lixy, etc.
Peucedanum Oreoselinum Mœnch. — Pâturages secs, bois.
R. — De Chambilly à Bourg-le-Comte; coteau de
Montinard à Avrilly; Saint-Yan, près du pont du che-
min de fer; Marcigny.
P. palustre Mœnch. — Bords du canal de Roanne à Digoin
où il abonde; nul ailleurs.
Pastinaea saliva Mill.
— — P. pratensis Jord. — Prés, lieux frais. AC.
— Marcigny; Semur; Chambilly; Montceaux-l'Étoile;
Briant; Sarry; Vitry-en-Charollais ; Hautefond.
P. opaca Kocb. — Bords des routes, haies, broussailles,
lieux secs. AC. — Semur en descendant aux Carrières;
Marcigny; Chambilly; Artaix; Bourg-le-Comte; Céron;
Saint-Yan; Vindecy; Briant.
Heraeleum Sphondylium L. — Prés, bois frais, bords des
rivières. C. — Marcigny; Bourg-le-Comte; Chambilly;
Céron ; Artaix, etc. Une variété à fleurs toutes roses
sur le bord du canal à Digoin.
Tordijlium maximum L. — Lieux secs, bords des haies
et des chemins. R. — Chemin de halage; Avrilly;
Luneau; chemin le long des haies, près des étangs
supérieurs df Avrilly; Marcigny; montée de Char;
Semur.
316 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Silaus pratensis Bess. — Prés humides, bois. AC. —
Semur; Bourg-le-Com te ; Jonzy; Maroigny; Avrilly;
Saint-Christophe ; Vareilles ; Vauban ; Ligny-en-Brion-
nais; Briant.
Œnanthe peucedanifolia Poil. — Prés humides. AC. —
Vallée du Merdasson ; bords de la Loire et du canal ;
prés aux plaines de Chambilly ; Artaix ; Melay ;
Céron, etc.
OE. fistulosa L. — Prés marécageux, fossés, bords des
étangs. AC. — Vallées de l'Arconce et du Merdasson;
Vareilles; Sainte-Foy; Semur; Oyé; Ligny-en-Brion-
nais; Saint-Martin-du-Lac, etc.
OE. Phellandrium Lamk. — Fossés profonds, mares, étangs.
C. — Mares de la Loire; la Riaule, à la digue; fossé
route de Chambilly; Saint-Martin-du-Lac; Bourg-le-
Comte ; fossés du canal au Chibrely à Avrilly.
Bupleurum falcatum L. — Bord de la Loire au Vilmarion,
un peu au-dessus d' Avrilly. RR. — Cette espèce, très
abondante au bord des bois des terrains calcaires
dans certaines régions du département, n'a été trouvée
que dans la seule localité indiquée, dans le Brionnais,
bien que les sols qu'elle affecte soient assez étendus vers
Saint-Didier, Briant, Sarry, Oyé. Il est vrai que dans
ces localités on ne rencontre ni broussailles ni terrains
incultes, le sol étant entièrement occupé par les em-
bouches.
B. rotundifolium L. — Çà et là dans les terres et vignes
des terrains calcaires, vraisemblablement d'origine
adventice messicole. R. — Marcigny; Chenoux à
Baugy; Sarry; Saint-Didier-en-Brionnais.
Berula anguslifolia Koch. — Fossés, ruisseaux, étangs. AR.
— Marcigny ; fossés à Chambilly et à Bourg-le-Com te ;
mares de la plaine de la Loire; Saint-Martin-du-Lac;
Iguerande.
Pimpinella magna L. — Prairies humides, haies et bois
FLORUL.E RA1S0NNKE DU BRIONNAIS. 317
frais. AR. — Prairies des bords de l'Arconce; Poisson;
Saint- Julien-de-Jonzy; la Clayette; Semur; Anzy-le-
Duc; Saint-Bonnet-de-Cray.
P. Saxifraga L. — Pelouses sèches, lieux incultes, bords
des chemins, prés, etc. C.
Bunium verticillatum G. et G. — Prés humides et bords
des bois frais, surtout dans les terrains siliceux. AC. —
Vallées de l'Arconce et du Merdasson ; Bourg-Ie-Comte ;
Semur; étang de Lafay; Gregaine; Chambilly; Che-
nay-le-Chfttel.
B. Carvi Bieb. — Prés des bords de la Loire, près du
canal à Avrilly. RR.
jEgopodium Podagraria L. — Haies, prés frais. RR. —
Semur; Avrilly, entre le canal et la Loire.
Obs. — Cette espèce, Introduite dans les jardins au moyen Age
comme plante médicinale, est complètement naturalisée çà et là.
Sison Amomum L. — Haies, bords des bois. AC. — Digoin,
près du chemin de la Motte; Sarry; Briant; Chetal;
Anzy-le-Duc, à côté du pont de l'Arconce; Saint-
Bonnet-de-Cray, en allant à Vermont; Sarry, route
de Gregaine.
Helosciadium nodiflorum Koch. — Ruisseaux, mares. AR.
— Mares de la plaine de la Loire, i la digue; la Ber-
thaud i Bourg-le-Comte, près du Cray; Chambilly, aux
Plaines ; fossés du canal entre Chambilly et Artaix.
//. inundatum Koch. — Étang de la Clayette. RR.
Cicuta virosa L. — ■ Dans un fossé à Chassenard, près du
pont aqueduc de Digoin. RR.
Scandix Pecten Veneris L. — Plante messicole adventice,
très ancienne, aujourd'hui commune partout. C.
Anlhriscus vulgaris Pers. — Bords des routes, lieux in*
cultes. C.
A. silvestris Hoflm. — Haies, lieux frais un peu couverts.
R. — Marcigny, bord de la route en allant au lac ;
Artaix, fossé en allant au gué Sadin.
318 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
Chœrophyllum temulum L. — Lieux incultes, haies, bords
des chemins. C.
Conium maculatum L. — Lieux frais, haies, fossés, décom-
bres. AC. — Existe dans ces diverses stations dans
presque tout le Brionnais, surtout à l'état d'adventice
rudérale.
Hydrocotyle vulgaris L. — Bords des étangs, mares et
pelouses inondées. AR. — Étangs Batardeaux, Pope-
lin, de Morvan ; Marcigny; Saint- Martin-du-Lac ;
Digoin, derrière la Sarreguemines.
Eryngium campes tre L. — Champs, prés secs, bords des
chemins. G. — N'abonde que trop dans tous les prés
secs de la plaine de la Loire, où on ne parvient pas à
le détruire.
Sanicula europœa L. — Bois taillis, lieux couverts et frais.
AC. — Bois de Glenne; de l'État; Semur; Bourg-le-
Comte aux Charnays; Avrilly; Céron; Chenay-le-
Châtel; Chambilly; Melay; bois de Sainte-Foy; Saint-
Julien-de-Jonzy ; broussailles entre le moulin Morgat
d' Avrilly et Bonnant; Briant.
Hédéracées.
Hedera Hélix L. — Vieux murs, rochers, troncs d'arbres.
CC. — La tour de Semur est garnie complètement par
un seul pied; la maison Bouthier de Rochefort à
Semur a ses murs complètement recouverts de lierre.
Cornacées.
Cornus sanguinea L. — Bois, haies. CC.
Loranthaoées.
Viscum album L. — Parasite sur un grand nombre d'arbres,
principalement fruitiers. C. — Sur l'Aulne à Marcigny.
R. (Ormezzano.) Le gui de l'aubépine qui est assez rare
est recherché pour la médecine vulgaire vétérinaire.
PLORULK RAISONNES DU BRIONNAIS. 319
Caprifoliacées.
Adora Moschatollina L. — Bois, haies frais et ombragés.
AR. — Semur à la Vallée ; Changy ; bois de la Côte ;
Bourg-le-Comte, rue Chogne et haies des prés entre
le bourg et le canal ; Baudemont, chemin du vieux
bourg ; Vareilles ; Saint - Chrisophe-en- Brionnais ;
B riant.
Sambucus Ebulus L. — Champs, bords des fossés, prés. C.
S. nigra L. — Haies, bois et assez fréquemment sur les
saules et les chênes têtards. C. — Dans la région de
Semur; Sarry; B riant; Saint-Julien; Saint-Bonnet. Des
troncs énormes de sureau existent dans toutes les haies.
— — var. laeiniaia G.G. — Haies a Marcigny,
échappé des jardins.
5. raeemosa L. — Bois des terrains primitifs ou siliceux. R.
— Bois en allant i Semur, Montmegin, Launay.
Viburnum Lantana L. — Bois, haies, coteaux des terrains
calcaires. R. — Sarry; Oyé; Briant; Saint-Julien-de-
Jonzy; Saint- Bonnet-de-Cray.
V. Opulus L. — Bois humides, bords des eaux. AC. —
Semur; Marcigny; Saint-Martin-du-Lac; Artaix; Che-
nay-le-Chfttel ; Céron; Avrilly; Luneau; Vindecy;
Briant.
Lonieera Periclymenum L. — Haies, bois, broussailles. C.
L. Xylosteum L. — Haies à Marcigny. R.
Bubiacées.
Galium Cruciaia L. — Bois, prés, haies. C.
G. verum L. — Prés, pâturages, bords des bois, des che-
mins. C.
G. Mollugo G.G. — Haies, bois. C.
— — var. dumitorum Jord. — Haies i Marcigny.
— — var. album Jord. — Carrières près d'Igue-
rande.
320 Q. ORMEZZANO ET E. CHATEAU.
XC decolorans GG. (G. verumXmollugo). — Ça et là avec
les parents. RR.
G. erectum Huds. — Haies, bois. R. — Marcigny; pré sec
à Saint-Bonnet-de-Cray ; Saint-Julien-de-Jonzy ; Fleury-
la-Montagne; Briant.
G. silvestre Poil. — Bois, pelouses. C. — Vallée de Semur ;
à l'Enfer, près Saint-Julien-de-Jonzy ; Bourg-le-Comte ;
Chenay-le-Châtel; Céron.
— — var. commutatum Jor. — Pré sec au-
dessus de l'étang de la Clayette.
G. saxatile L. — Rochers, bruyères, pelouses sèches des
sols sablonneux ou granitiques. R. — Rochers au-
dessus de l'étang de la Clayette.
G. palustre L. — Fossés, mares, lieux humides. C.
G. elongatum Presl. — Fossés, lieux humides. R. — Grand
fossé, route de Chambilly, à la digue.
G. uliginosum L. — Fossés, mares, lieux fangeux ou tour-
beux. C.
G. anglicum Huds.
— — var. parisiense Jord. — Champs, lieux secs,
pierreux ou sablonneux. R. — Sables de la Loire à
Digoin.
G. Aparine L. — Haies, buissons. CC.
G. tricorne With. — Moissons, champs, surtout dans les
terrains calcaires. R. — Saint-Didier-en-Brionnais;
Sarry; Briant; Varennes-l' Arconce ; Charolles.
Asperula odorata L. — Bois frais et couverts. AR. — Bois
de Saint-Julien-de-Jonzy; Saint- Bonnet-de- Cray;
Changy; Selorre; Marcigny, au moulin de la Marque;
bois de la Côte ; Briant; bois de Sertines.
A. Cynanchica L. — Pelouses sèches ou sablonneuses. AC.
— Prés secs dans toute la plaine de la Loire ; Briant;
Sarry ; Oyé ; Vareilles ; Saint- Laurent-en-Brionnais ;
Fleury-la- Montagne.
A. arvensis L. — Tourny, près de Charolles. RR.
FLOBt'LE RAISONNER DV BRIONNAIS. 321
A. galioides M. B. — D'origine adventice indigène. R. —
Entre Iguerande et Marcigny, à côté des vieilles car-
rières; la Clayette, le long des voies ferrées.
Sherardia arvensis L. — Champs, lieux cultivés. AC. —
Âvrilly; Bourg-le-Comte ; Marcigny; Vareilles; Vitry;
Saint-Maurice ; Chenay ; Chambilly ; Céron ; Melay.
Crucianella angustifolia L. — Champs sablonneux et allu-
vions. R. — Toute la plaine de la Loire depuis Igue-
rande jusqu'à Digoin, sur les coteaux d'Avrilly.
Valérian&cées.
Valeriana of fie in a lis L. — Bords des eaux, haies fraiches,
fossés, bois. C. — Bourg-le-Comte; Saint-Christophe-
en-Brionnais ; Briant; Avrilly; Saint- Yan; Nochize;
Gregaine; Semur; Marcigny.
V. sambucifolia Mik. Reichb. — Bords de l'étang de la
Garde i Saint-Martin-du-Lac. RR.
T. dioica L. — Prés marécageux, vallées, bois humides,
lieux tourbeux. AC. — Semur; la Touche; Bourg-le-
Comte ; Céron ; Chenay-le-Châtel ; Chambilly; Avrilly;
l'Hôpital-le-Mercier; Vitry; Saint- Yan; Briant, le long
de la Blaine.
Valerianella olitoria Poil. — Champs, vignes, lieux culti-
vés. C. — D'origine messicole orientale, cette espèce
est naturalisée depuis les premiers temps histo-
riques.
F. earinata Lois. — Lieux cultivés, surtout dans les mois-
sons. AR. — Marcigny; bords de l'Urbize i Céron;
plaine de la Loire i Bourg-le-Comte.
V. Auricula DC. — Moissons des champs sablonneux. AR.
— Marcigny; Saint-Martin-du-Lac; Baugy; Vindecy;
l'Hôpital-le-Mercier.
V. Morisonii DC. — Champs, moissons* RR. — Terre aux
Roches, près du Chailloux à Marcigny.
tome xix. 21
322 Q. 0RMEZZAN0 BT E. CHATEAU.
Dipsacées.
Dipsacus silvestris Mill. — Bords des chemins, des haies,
champs incultes. C. — D'origine adventice indigène,
cette espèce existe dans toutes nos localités brion-
n ai se s,
D. pilosus L. — Haies, bois frais, fossés. AR. — Saint-
Martin-du-Lac ; route de Sainte-Foy à Saint-Christophe ;
Semur; Vareilles, pré de Combesse; Briant, à Crest,
le long de la Blaine.
Knautia arvensis Koch. — Champs, bords des chemins.
AC. — Marcigny ; Baugy ; Saint-Martin-du-Lac; Cham-
billy; Artaix; Céron; Bourg-le-Comte.
S. Columbaria L. — Pelouses sèches, bois, coteaux. AC.
— Bourg-le-Comte ; Marcigny ; Semur ; Saint-Martin-
du-Lac; Sarry; Briant; Vauban; Saint-Martin-de-
Lixy.
S. Succisa L. — Prés, pâturages, bois frais. CC.
{A suivre.)
PUBLICATIONS
DB LA
SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE
D'AUTUN
1" Bulletin. — Année 1888.
Les Vertébrée fossiles des environs d'Autan, par M. A. Oaudry.
— Note par M. le docteur Brocchi sur un erustaeé fossile reouellli
dans les sohistes d'Autun. — Sur l'existence de Mollusques pul-
monés terrestres dans le terrain permien de l'Autunois, par M. P.
Fisc hsr. — Catalogue des oiseaux qui se reproduisent dans les
environs d'Autun, par M. A. M an&bard. — Notice sur les 8igflllairee,
_m_
par M. B. Renault. — Etude sur les blés et leur culture, par
M. Tacnbt. — Examen paléontologique du Calcaire à Saoeamina de
Cussy-en-Morvan, par M. Stanislas Meunier. — Études sur les
Arkoses de Saone-et- Loire, par M. Devilerdbau.
Avec 14 planches et 30 figures dans le texte.
8* Bulletin* — Année 1889.
Les Tubercules des Légumineuses, par Ch.-M. Naudin. — Les
Poroxylons, par MM. C.-Eg. Bertrand et B. Renault. — Le Thé
et ses 8uooédanés, par M. Désiré Bois. — Notes sur quelques plantes
qui entrent dans la composition des prairies, par M. Tacnbt. —
Catalogue raisonné des Champignons supérieurs (Hyménomycètes)
des environs d'Autun et du département de 8aô ne -et -Loire, par
t. Ko tente chez MM. Dejimieu, imprimeur*- hbr Aires * A ut un. et (i. Mamuo.
libraire-éditeur. 1?0. boulevard SatnMWu.jio, a Paru. — l'rti Je cbftqu*
votunw l&fraac*
324 PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
M. le docteur Gillot et M. le capitaine Lucand (t™ partie). —
Examen lithologique de quelques roches provenant d'Anost, par
M. St. Meunier. — Notes sur les roohes au point de vue de leur emploi
dans les constructions, par M. Dbvilbrdbau. — L'histoire naturelle
au Concours régional et aux Expositions industrielle et scolaire
d'Autun, par MM. le docteur Gillot et V. Bbrthibr. — Communi-
cation faite par M. B. Renault au Congrès des sociétés savantes, le
23 mai 1888, sur les gisements des plantes fossiles d'Esnost.
Avec 12 planches et 48 figures dans le texte.
3« Bulletin. — Année 1890.
Notioe sur quatre stations néolithiques de la vallée de l'Arroux,
par M. Emile Carion. — Sur la faune de l'isthme de Suez, par
M. Eusèbe Vassbl. —Note sur quelques oiseaux, par M. Marconnrt.
— Notioe sur une Lycopodiaoée arboresoente du terrain houiller
du Brésil, par M. B. Renault. — Catalogue raisonné des Cham-
pignons supérieurs (Hyménomycètes) des environs d'Autun et du
département de Saône-et- Loire, par M. le docteur Gillot et M. le
capitaine Lucand (2* partie). — Glaciers quaternaires du Morvan,
par M. Ch. Dbmontmbrot. — Philosophie naturelle et son Applica-
tion sociale, par M. le docteur Bbrgbret. — Les Phosphates ali-
mentaires ohez les animaux, par M. le docteur Bbrgerbt. — Com-
munication faite par M. B. Renault sur un nouveau genre de tige
oycadéenne et sur la structure du faisceau foliaire des Lépidoden-
drons et des Sigillaires.
Avec 41 planches et 15 figures dans le texte.
4« Bulletin. — Année 1891.
Paléoéthnologie des vallées de la Loire, de la Bourbince et de
l'Arroux, par M. Fr. Pbrot. — Notes sur les Céphalopodes dibran-
ches du Lias supérieur de Sainte-Colombe-lès-A vallon (Yonne), par
M. L. Millot. — Recherches sur les poissons du Lias supérieur de
l'Yonne, par M. H.-E. Sauvage. — Catalogue et Distribution géo-
graphique des Mollusques terrestres, fluviatiles et marins d'une
partie de l'Indo-Chine, par M. le docteur P. Fischer. — Note sur le
Depres&aria doronicella Wocke, par M. A. Constant. — Lis comes-
tibles, par MM. A. Paillbux et D. Bois, du Muséum de Paris. — Des
caractères que l'anatomie peut fournir à la classification des végé-
taux, par M. C.-Eg. Bertrand, professeur à la Faculté des sciences
d'histoire naturelle dautun. 325
de Lille. — Note sur les Botryoptéridées, par M. B. Renault. —
Catalogue raisonné des Champignons supérieurs (Hyménomycètes)
des environs d'Autun et du département de 8aône- et- Loire, par
M. le docteur Oillot et M. le capitaine Lucand (3* partie). — Con-
tributions à la flore mycologique du département de Saône-et-Loire,
par M. l'abbé Flageolet. — Notice sur la Flore ornementale et le
dessin des plantes indigènes, par M. Ch. Quincy. — Communications
faites par M. B. Renault, sur la formation de la Houille et sur une
nouvelle Lycopodiacée.
Avec 19 planches et 11 figures dans le texte.
5« Bulletin. - Année 1899*
Contribution à l'étude de la Flore myoologique du département de
Sa6ne-et-Loire, par If. O. Delacroix. — Liste annotée des Lépidop-
tères envoyés à la Société d'Histoire naturelle d'Autun, par M. A.
Constant. — Les Mines de diamant du Cap, par M. Th. Reunert,
traduction de M. le vioomte Jean de Montmort, suivie d'une étude
minéralogique, par M. Couttolbnc. — Note sur un nouveau genre
de Oymnosperme fossile du terrain permo-carbonifère d'Autun, par
M. B. Renault. — Pila Mbractenti* et le Boghead d'Autun, par
MM. C-Eg. Bertrand et B. Rbnault. — Mission du cap Horn. Bra-
chiopodee, par MM. P. Fischer et D.-P. Œhlert. — Examen miné-
ralogique de deux météorites bourguignonnes, par M. Stanislas
Meunier. — L' Ichtyo$Muru$ Burçundim, par M. Albert Oaudrt. —
Conférences sur les racines et les stolons des Calamodendrées, par
M. B. Renault. — Communication faite par M. B. Renault au Con-
grès des Sociétés savantes, dans la séance du 26 mai 1891, sur le
genre Retinodendron. — Communication faite par M. B. Renault
sur un nouveau genre de Gymnosperme fossile. — Recherche sur
les Poissons du Lias supérieur de l'Yonne, par M. II.-E. Sauvage.
Avec 35 figures dans le texte et 17 planches.
6« Bulletin. - Année 1893.
Liste chronologique des travaux de M. Armand de Quatrefages,
par M. Oodefroy Malloieel. — Recherches minéralogiquee sur les
gisements diamantifères de l'Afrique australe, par M. Stanislas
Meunier. — Le (Mlybrtchion Gtudryi, nouveau reptile foesile du
permlen d'Aotun, par M. Marcellln Boule et M. Philippe Glangbavd.
326 PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
— Révision des fers météoriques de la collection du Muséum d'his-
toire naturelle de Paris, par M. Stanislas Meunier. — Le Travail du
sol et la Nitrification, par M. P.-P. Dbhérain. — Reinschia au&tralis
et premières Remarques sur le Kérosène shale de la Nouvelle-Galles
du Sud, par MM. C.-Eg. Bertrand et B. Renault. — Note sur
quelques poissons du calcaire bitumineux d'Orbagnoux (Ain), par
M. H.-E. Sauvage. — Notice sur un atelier de fabrication de brace-
lets en sohiste, par M. Francis Pérot. — Sur divers bracelets ou
brassards en schiste trouvés à Toulon-sur-Arroux, Note par M. V.
Berthibr. — Un Champignon nouveau pour la France, Battarea
phalloïdes Pers., par M. Ernest Olivier. — Note sur les Hyménop-
tères de Saône-et-Loire de la famille des Mellifères, par M. C. Mar-
chal. — Communication faite par M. B. Renault au cours de la
séance du 24 avril 1892 sur le Boghead. — Communication faite par
M. B. Renault dans la séance du 25 septembre 1892, sur l'utilité de
l'étude des plantes fossiles au point de vue de l'évolution des organes.
Avec 26 figures dans le texte et 14 planches.
7* Bulletin. — Année 1894.
Note sur un Ganoide de genre nouveau, du Lias de Vassy (Yonne),
par M. H.-E. Sauvage. — Les Poissons du terrain permien d'Autun,
par M. H.-E. Sauvage. — Liste annotée des Lépidoptères envoyés
à la Société d'histoire naturelle d'Autun, par M. A. Constant. —
Note sur une dent de mammouth provenant d'un foyer ou habita-
tion préhistorique, par M. Francis Pérot. — Mémoire sur un cou-
teau en sohiste noir, par M. Fr. Pérot. — Revision des Lithosi-
dérites de la collection du Muséum d'histoire naturelle de Paris,
par M. St. Meunier. — Flore nouvelle de la chaîne jurassique et de
la Haute-Saône, & l'usage du botaniste herborisant, par M. Paul
Parmentier. — Communication faite à la réunion de la Société
d'histoire naturelle d'Autun, le 22 avril 1895, par M. B. Renault,
sur quelques Bactéries des temps primaires.
Avec 38 figures dans le texte et 10 planches.
8« Bulletin. — Année 1896.
Notice sur les Calamariées, par M. B. Renault. — Recherches sur
les Péronosporées, par M. Louis Mangin. — Tozioologie africaine,
par M. A. T. de Rochebrunb. — Note sur quelques Amblypterus
du terrain permien d'Autun, par M. E. Sauvage. — Contributions à
d'histoire naturelle d'autun. 327
la flore du Congo français, par M. A. Franchit. — Mollusques des
Nouvelles-Hébrides, par M. Jules Mabille. — Mesura et Habitats
peu connus de quelques Coléoptères de Saônc-ct- Loire, par M. l'abbé
Viturat. — Liste annotée des fourmis de 8aône-et*Loire, par M. C.
Marchal.
Aveo 56 figures dans le texte et 12 planches.
9« Bulletin. — Année 1896.
Toxicologie africaine (suite), par M. A. T. ds Rochkbrunb. — Nou-
velles remarques sur le Kérosène Shale de la Nouvelle-Galles du
Sud, par M. C.-Bg. Bertrand. — Utilité des oiseaux. — Néoesslté
d'une entente internationale pour en conserver les espèces, par
M. le docteur F. Bernard de Montessus. — Notice sur les Calama-
riées (suite), par M. B. Renault. — Re vision des Pierres météori-
ques de la oollection du Muséum d'histoire naturelle de Paris, par
M. Stanislas Meunier. — Liste alphabétique des Pierres météoriques
mentionnées dans le mémoire précédent —Houille et Bactériacées,
par M. B. Renault.
Avec 206 figures dans le texte et 14 planches.
10* Bulletin. - Année 1897.
Toxicologie africaine (suite), par M. A. T. de Rochbbrunb. — Notice
biographique sur J.-L. Lucand, par M. le Df F.-X. Oillot. « Réper-
toire sphagnologtque, par M. Jules Car dot. — Bogheads, Baotériaoées,
par M. B. Renault. — Lamium album tératologique, par MM. le Dr
F -X. Oillot et P. Parmentibr. — Catalogue analytique et raisonné
des Coléoptères de Saône -et- Loire et des départements limitrophes,
par MM. l'abbé Viturat et L. Fauconnet. — 8ur une nouvelle
Diploxylée, par MM. B. Renault et A. Roche. — Contribution à la
Flore du Congo français, famille des Liliacées, par M. Henri Hua.
Aveo 93 figures dans le texte et 9 planches.
11* Bulletin. - Année 1898.
Toxicologie africaine (suite), par M. A. T. os Rochbbrunb. —
Note sur les Paohyoormidés du Lias supérieur de Vassy (Yonne), par
M. H.-E. Sauvage. — Étude sur la constitution des llgnites et les
organismes qu'ils renferment, suivie d'une note préliminaire sur les
schistes lignitifères de Mena et du Bois-d'Asson, par MM. B. Renault
328 PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
et A. Roche. — Notice biographique sur M. l'abbé Alexandre Mar-
cailhou-d'Aymério, par M. le docteur F.-X. Gillot. — Catalogue
raisonné des plantes phanérogames et cryptogames indigènes du
bassin de la haute Ariège, par MM. Hippolyte et l'abbé Alexandre
Marcailhou-d'Ayméric. — Notice sur les Calamariées (suite),
3e partie, par M. B. Rbnault. — Catalogue analytique et raisonné
des coléoptères de Saône-et-Loire et des départements limitrophes,
par MM. l'abbé Viturat et Louis Fauconnbt (suite). — Argiles à
silex de Saône-et-Loire, par M. J. Camusat. — Premières notes sur
les Hémiptères de Saône-et-Loire, par M. C Marchal.
Avec 70 figures dans le texte et 14 planches.
12« Bulletin. — Année 1899.
Toxicologie afrioaine (suite et fin de la lre partie), par M. A. T.
de Rochebrune. — Liste des coquilles recueillies à la Martinique,
par M. Gustave Bordaz. —Etude sur l'affleurement et les premières
recherches minières du gîte métallifère à sulfures complexes de Dun-
sur-Grandry (Nièvre), par M. le Vu Gautron du Coudray. — Notice
biographique sur Ferdinand Bernard de Montessus de Ballore, par
M. le docteur F.-X. Gillot. — Etude sur les migrations des oiseaux.
— Statistique des oiseaux de la Faune française, par M. le docteur
Ferdinand Bernard de Montessus. — Contribution à l'étude géolo-
gique, chimique et minéraiogique du Laurium (Grèce), par M. Hugues
Daviot. — Contribution à l'étude de la flore fossile de Sézanne, par
M. Maurice Langeron. — Silex taillés de la période néolithique
donnant des profils humains ou d'animaux, par M. Francis Pérot.
Avec 45 figures dans le texte et 8 planches.
13« Bulletin. — Année 1900.
Catalogue raisonné des plantes phanérogames et cryptogames
indigènes du bassin de la haute Ariège (deuxième partie), par
MM. H. et A. MARCAiLHOU-d'AYMÉRic. — Topographie botanique des
environs de Cercy-la-Tour (Nièvre), par M. F. Gagnepain. — Consi-
dérations nouvelles sur les Tourbes et les Houilles, par M. B.
Renault. — Contribution à l'étude de la flore fossile de Sézanne
(deuxième fascicule), par M. Langeron. — Notice biographique sur
Alphonse Mllne-Edwards, par M. B. Renault. — Sur un nouveau
genre de tige fossile, par M. B. Renault.
Avec 14 figures dans le texte et 12 planches.
DHfSTOlRK NATURELLE D'aUTUN. 3?9
14* Bulletin. - Année 1901.
Catalogue raisonné des plantes phanérogames el cryptogames
indigènes du bassin de la haute Ariège, par MM. H. et A. Mae*
cailhou-d'Ayméric (troisième partie). — Un coin de la Nièvre pré-
historique. Les Roches de Basseville et le Camp de 8urgy, par
M. V. Arnon. — Catalogue analytique et raisonné des Coléoptères
de 8aône-et-Loire et des départements limitrophes, par M. Louis
Fauconnbt et M. l'abbé Viturat (suite). — Sur quelques Crypto-
games hétérosporéesf par M. B. Renault. — 8ur trois nouveaux
Polychètes d'eau douce de la Guyane française, par M. Ch. Gravibr.
— 8ur le genre Lycasti* Savigny (Audouin et Milne-Edwards rev.),
par M. Çh. O ravier. — 8ur les Annélides polychètes d'eau douce,
par M. Ch. Gravier. — Le genre Sherbournia Don. (Amaraita
Welw.), étude historique et critique d'un genre de la flore tropicale
africaine, par M. H. Hua.
Aveo 29 figures dans le texte et 15 planches.
15* Bulletin. — Année 1902.
Études géologiques sur le terrain quaternaire du canton de Vaud.
par M. 8t. Meunier. — Contribution à l'étude de la flore fossile de
8ésanne (troisième Cascioule), par M. le D' M. Lanqrron. — Note
sur une empreinte remarquable provenant des Cinérites du Cantal,
Paliurileg Martyi Langeron, par M. le D* M. Lauorron. — Note sur
quelques micro et maorospores fossiles, par M. B. Rxkault. — Le
Rutile et see Propriétés colorantes, par M. Louis Franchbt. —
Les Zingibéracées du continent africain dans l'herbier du Muséum,
par M. F. Gagnrpam. — Les Captations d'eau modernes. Oaptation
des nappée souterraines par galeries drainantes, par M. J. Oamusat.
— Catalogue raisonné des plantes phanérogames et cryptogames
indigènes du bassin de la haute Ariège(eantond'Ax«les-Thcrmes,oto.)
(quatrième partie), par MM. H. et A. Marcailhoo-d'Ayméric. — Le
Professeur Henri Filhol, par M. le D» A. Pettit
Avec 5 figures dans le texte et 26 planches.
16* Bulletin* - Année IMS.
Catalogue analytique et raisonné des Lépidoptères de Saône-et-
Loire et des départements limitrophes, par M. B. André. — Contri-
bution à l'étude du Pollen des Géraniacées, par M. F. Gaokefain —
330 PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
Les Radicelles de la Macre et les Bxoeptions aux définitions des
membres des plantes vasculairea, par M. G. Qdbva. — Note sur la
Néphélinite du Drevain, par M. A. Lacroix. — Catalogue analytique
et raisonné des Coléoptères de Saône- et- Loire et des départements
limitrophes, par M. Louis Fauconnbt et M. l'abbé Viturat (suite). —
Note sur les Reptiles de l'étage rhétlen des environs d' Autun, par
M. H.-E. Sauvage. — L'Ichthyos&ure du Lias inférieur de Curgy,
près Autun, par M. H.-E. Sauvage. — De la présence du genre
Polyptyohodon dans les sables verts de la Meuse, par M.H.-E.Sauvaob.
Avec 27 figures dans le texte et 27 planches.
17* Bulletin. — Année 1904.
Contribution à l'histoire naturelle de la Tunisie, par M. le Vu H.
de Chaignon. — Le Typha stenophylla (Fisch et Meyer), espèce
nouvelle pour la flore de France, par le Dr F.-X. Gillot. - Cata-
logue analytique et raisonné des Lépidoptères de Saône-et-Loire et
des départements limitrophes, par M. E. André (deuxième partie).
— L'Époque acheuléenne & Rosereuil-Igornay, près Autun (Saône-
et-Loire), par M. Victor Arnon.
Avec 19 planches.
18* Bulletin. — Année 1905.
Biographie de Bernard Renault, avec extrait de ses notices scien-
tifiques, par M. A. Roche. — Extrait d'une Monographie inédite du
genre Populus, par M. L.-A. Dodb. — Catalogue des Zoooéoidies de
Saône-et-Loire, par MM. C. Marchal et E. Chat Eau. — Tératolo-
gie. Diagnose de la polymélie : Hypergénèse; Hétéradelphle; obser-
vation d'un cas d'hétéradelphie-hétérotypique chez l'homme; examen
d'un poussin hétéradelphe-thoradelphe; pathogénie tératologique,
par le Dr Diard. — Les Relations des tremblements de terre aveo
la géologie et la tectonique du sol en France, par M. F. de Montbssus
db Ballore.
Aveo 24 planohes.
d'histoire naturelle d autun. 331
Publications de la Société.
1891. Catalogue raisonné des Champignons supérieurs (Hyménomy-
cètes) des environs d'Autun et du département de Saône-et-
Loire, par le D' F.-X. Gillot et le Capitaine Lucand. 10 fr.
1892. Contribution à l'étude de la Flore mycologique du
département de Saône-et- Loire, par G. Delacroix. . 3 fr.
1895. Flore nouvelle de la Chaîne jurassique et de la Haute-
Saône, à l'usage du botaniste herborisant, par
Paul Parmbntier 6 fr.
1897. Répertoire sphagnologique. Catalogue alphabétique
de toutes les espèces et variétés du genre Sphagnum,
par Jules Cardot 6 fr.
1900. Contribution à l'étude de la géographie botanique de la
France. Topographie botanique des environs de
Cercy-la-Tour (Nièvre), par F. Gaonepain 5 fr.
1903. Catalogue analytique et raisonné des plantes indigènes
du bassin de la haute Ariège (environs d'Ax-les-
Thermes), par Hippolyte Marcajlhou-d'AyiUric
(!»• partie) 10 fr.
1905. Catalogue analytique et raisonné des Coléoptères de
8aône-et-Loire et des départements limitrophes, par
Louis Fauconnkt et l'abbé Viturat, 1" partie 12 fr.
1905. Catalogue des Zoooécidies de Saône «et -Loire, par
C. Marchai et E. Château S fr.
1905. Biographie de B. Renault, par A. Roche, avec planches 5 fr.
1906. Florule raisonnes du Brionnais, par MM. Château,
Ormezzano et Dr F.-X. Gillot 6 fr.
1906. Notice biographique sur A. Roche, par le Dr F.-X. Gillot ? fr.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Statut* et règlement v
Composition du bureau xj
LUte des membres de la Société xij
Liste des sociétés correspondantes xxix
Publications aveo lesquelles la Société est en relations
d'échange
Auguste Roche, président honoraire de la 8ociété d'histoire
naturelle d'Autun, etc., Notice biographique, par le Dr F.*X.
Oillot !
Publications d'Auguste Roche 39
_♦_
Etude des espèces critiques et des types du groupe des
Passereaux trachéophones de l'Amérique tropicale» appar-
tenant aux collections du Muséum, par MM. A. Menegaux
et C.-E. Hellmayr 43
Le Tir oontre les orages à grêle, par M. J. Camusat 127
I. Historique et considérations générales 130
II. Résultats acquis. Organisation des champs de tir. 16?
Résultats obtenus en Beaujolais, en 1905 185
III. Considérations scientifiques sur les tirs grèlifuges 189
IV. Conclusions 216
Plorule raisonnes du Brlonnais, par MM. Q. Ormexsano et
E. Château, avec la collaboration de M. le D» F.-X. Oillot . 221
Avant-Propos 221
Limites, surface 226
Relief du sol 228
Géologie 229
Hydrographie 241
Climat 248
Floraison 251
8tatistique végétale 254
Flore spontanée 262
Publications de la Société 323
334 TABLES.
TABLE DES PLANCHES
PAC**-
Planohe I. Portrait de A. Roche i
» II. Xiphorhynchus lafretnayanus d'Orbigny. —
Phylidor consobrinus Solater 148
» III. Carte géo-botanique du Brionnais 224
-*
ANNÉE 1906
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DES EXCURSIONS
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 11 FÉVRIER 1906.
PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE CHAIONON
Étaient présents : MM* André Georges; Arbelot; Victor
Arnon et son fils; Camille Berger; Bourgeois; Bovet;
Chassignol, à la Boulaye; Chavannes; Comeau; Cottard,
à Saint-Pierre; Dantel; Desjours, entrepreneur; Desmou-
lins, à PierreGtte ; Devieux ; Pesquet Joseph; Ponty Martin ;
Charles Oillot; Orézel ; Guerrin; Jeannet Joseph; le Dr La-
guille ; Lebègue et sa petite-Bile ; Georges Parant ; Poirson
père et fils ; Porte ; François Rigollot ; Sirdey et V. Berthier.
Le secrétaire exprime les regrets de M. le Dr Oillot que
la mort de M"* Vieillard-Baron, sa belle-mère, survenue la
veille, empêche d'assister i la réunion.
La Société charge son secrétaire d'adresser & M. le Dr
Oillot ses plus sympathiques condoléances et de l'assurer
de toute la part qu'elle prend au deuil qui vient de le
frapper.
Puis on procède au renouvellement du Bureau dont le
mandat est expiré. Quelques modifications ont dû être
apportées i la composition du Bureau précédent, par suite
de la nomination de M. le Dr Oillot à la présidence, du
décès de M. A. Roche et du changement de résidence de
MM. Ernest Pemot et Marchai.
Les membres présents qui faisaient partie de l'ancien
s.un. tm. 1
— 2 —
Bureau quittent la salle, et M. Sirdey veut bien présider
les opérations du vote. L'assemblée consultée accepte à
l'unanimité la liste proposée. D'autre part, quarante-sept
sociétaires, empêchés d'assister à cette réunion, ont envoyé
leur adhésion à cette même liste, sans y apporter la
moindre modification1. En sorte que M. Sirdey proclame
élus pour trois ans :
Président : M. le Dr X. Gillot.
Vice-présidents : M. le vicomte H. de Chaignon ; M. Louis
Fauconnet; M. A. Raymond, à la Porte; M. Schneider, au
Creusot.
Secrétaire : M. Victor Berthier.
Secrétaire adjoint : M. J. Camusat, au Creusot.
Bibliothécaire : M. Charles Clément.
Bibliothécaire adjoint : M. Joseph Jeannet.
Trésorier : M. Jeannet père.
Conservateurs : M. V. Arnon; M. A. Bovet; M. Bouvet;
M. Léon Dubois; M. Ch. Marchai; M. G. Parant; M. Porte.
En reprenant la présidence, M. de Chaignon s'exprime
ainsi :
« Je vous remercie, Messieurs, de l'honneur que vous
voulez bien me faire en me nommant vice-président ; c'est
mon âge qui me vaut cette faveur.
1. Ce sont : MM. Armandin, à Quarré-les-Tombes ; Audin Marlus, à Lyon;
Bailly, à Étang; Bertrand, a Amiens; Beurton- Vieillard, à Liernais ; Bois Désiré,
à Salnt-Mandé ; Bosc, à A ut un ; R. de Boutèyre, à Hyères ; Camusat, au Creusot ;
Chanliau Gabriel, à Salnt-Symphorlen-de-Marmagne ; Charleux, au Creusot ; Joseph
Chevalier, à Autun; Emile Clerc, à Autun ; René Comode, à Autun; Croizier
Henri, & Autun; Louis Debourdeau. à Grizy; François et Michel Dejussieu, à
Antun ; Jules Devilerdeau, & Paris ; Dlry Stéphane, à Grury ; Léon Dubois, à Autun ;
L. Duputs, au Creusot ; Fauconnet Louis, a Autun ; Gueneau, à Dezize ; le D* Gueoot,
à la Roche-en-Brenil ; Guillaume, prinoipal du collège ; Jeannin-Mangematin, à
Autun; H. Lachot, a Magny-la- Ville ; Malord, à Autun; Mangematln-Follot, à
Autun; Charles Marchai, à Saint-Maurice-les-Couches; H. Marlot, à Grury; Mon-
tagne, au Creusot: Nouveau, à Auxy; Paul Parmentier, à Besançon; Pelux, à
Auxy; Ernest Pernot, à Aujeures; Perruchot, à Auxy; Pons, à Margenne; Easèbe
de Quercize, à Lucenay ; Yovanne Renault, à Autun; Saclier, à Charbonnat ; Salin,
à Chàteau-Chinon ; L. Thomas, au Creusot ; Tupinier, à Autun ; le D* Valat, &
Autun; et Viennet, à Autun.
— 3 —
» Cet honneur cependant ne me laisse pas sans un regret
et un regret profond, celui de succéder trop tôt et d'une
façon aussi inattendue à un collègue qui était devenu pour
moi un bon compagnon de travail, je puis dire un ami. »
Le secrétaire ajoute :
« Je crois être, Messieurs, l'interprète des membres du
nouveau Bureau, en adressant à la Société de sincères
remerciements pour la nouvelle marque d'estime dont elle
vient de les honorer. »
En l'absence de M. le Dr Gillot, il est donné lecture du
rapport suivant rédigé par notre dévoué Président avec le
talent dont il est coutumier, et dans lequel il est rendu
compte de la marche de la Société pendant l'année 1905 :
« Messieurs,
j> J'aurais voulu, dans cette première réunion de l'année,
vous apporter la bonne nouvelle de la réussite du projet de
construction d'un Musée d'histoire naturelle qui nous tient
à cœur depuis deux ans, et du succès complet de la loterie
destinée à nous procurer les fonds nécessaires. Malheureu-
sement le résultat auquel nous avons toujours le ferme
espoir d'arriver, n'a pas été aussi rapide et aussi complet
que nous le désirions. Malgré nos efforts persévérants,
malgré les bonnes volontés qui les ont secondés, le place-
ment des billets s'est montré difficile; nous sommes encore
loin du compte, et nous entrevoyons, avec regret, la néces-
sité de demander un ajournement de la date du tirage,
primitivement fixée au 15 mars 1906. La principale raison
de ce mécompte se trouve dans le grand nombre de
loteries qui ont été successivement autorisées en même
temps que la nôtre ou postérieurement, et qui, plus impor-
tantes, avec des lots plus alléchants, ont obtenu les préfé-
rences de la foule. La publicité n'a peut-être pas été suffi-
sante; mais nous avons confiance que l'Agence Fournier,
_ 4 —
chargée de l'émission et du placement des billets, et aussi
intéressée que nous au succès de l'opération, va redoubler
d'activité et d'efforts pour atteindre le but final. En atten-
dant, nous avons cru devoir profiter d'une occasion excep-
tionnelle et des fonds déjà disponibles, pour conclure une
acquisition de terrain, celui de l'ancien hôtel du Mesnil,
grande rue Chauchien, n° 14. Cet acte auquel vous avez
bien voulu, dans la séance du 17 décembre 1905, donner
votre entière approbation, n'attend pour devenir définitif
que l'autorisation administrative, à laquelle notre Société
est soumise par ses statuts. Les formalités nécessaires
sont en voie de s'accomplir, et il me parait bien impro-
bable qu'aucun obstacle puisse, de ce côté, être apporté à
l'exécution d'un projet si patriotique, si désintéressé et si
profitable à la ville d'Autun. Je dois, en tous cas, remercier
tous les amis dévoués qui ont bien voulu jusqu'ici apporter
leur concours au succès de notre entreprise ; la municipa-
lité autunoise qui s'est montrée si favorable, et en particu-
lier M. Périer, maire d'Autun et député, qui n'a ménagé
ni son temps ni ses démarches; M. le professeur A. Oau-
dry, notre vénéré président d'honneur, qui nous a tant
aidé et de sa souscription personnelle, et de son influence
auprès de ses amis, et de sa plume autorisée; les publicistes
qui se sont efforcés d'attirer l'attention sur notre Musée dans
des articles spéciaux; et vous tous, Messieurs et chers col-
lègues, qui, j'en suis sûr, avez déjà contribué et contribuerez
encore à placer les billets de notre loterie, et que je voudrais
déjà pouvoir convier à l'inauguration du futur Musée!
» Cette année, comme l'année dernière, des deuils aussi
nombreux que regrettables, sont venus nous attrister.
L'échéance de l'automne semble nous être particulièrement
fatale, car, le 25 octobre, presque à la même date, et à un
an de distance, nous perdions l'ami et le collaborateur de
Bernard Renault, M. Auguste Roche, notre très distingué
— 5 —
et très dévoué président honoraire, que ses soixante-dix*
huit ans rendaient également notre doyen d'âge. Les ser-
vices rendus à la science et à notre Société pendant sa
longue carrière demandaient mieux que quelques lignes
de regrets. Nous avons cherché, dans une notice biogra-
phique plus détaillée, à faire valoir les titres de M. Roche
à l'estime et à la reconnaissance du monde savant. Je me
bornerai donc ici à ce simple mémento.
» II en sera de même pour l'abbé Claude Viturat,
décédé i cinquante-un ans, le 21 août, à Saint-Àgnan-sur-
Loire, auquel nous devons, en collaboration avec M. L. Fau-
connet, le Catalogue des Coléoptères du département de Saône"
et- Loire. Notre savant collègue, M. Maurice Pic, a bien
voulu retracer, aveo sa compétence d'entomologiste et son
cœur d'ami, la vie trop courte mais bien employée de notre
regretté sociétaire, et vous lirez cette biographie aveo
émotion, dans notre XVIII9 Bulletin (2* partie, p. 237). Un
moment, nous aurions pu craindre que la mort de l'abbé
Viturat ne compromit l'achèvement du Catalogue en cours
de publication. Mais M. Maurice Pic a consenti à se charger
de continuer l'œuvre si bien commencée; M. L. Fauconnet
a promis de nouveau sa collaboration ; et nous allons pou-
voir commencer la publication du deuxième volume de cet
ouvrage, qui ne le cédera au premier, ni en importance
ni en intérêt.
» Si nous reprenons Tordre chronologique de nos pertes,
elles débutent au 15 février 1905, par la mort de Pierrk-
François Gaillard, docteur en médecine, au Creusot. Né
à Saint-Maurice-en-Ri vière (Saône-et-Loire), le 5 avril 1836,
Gaillard fit ses études de médecine i Paris, avec un stage
comme interne des hôpitaux d'Orléans, et soutint, le
4 août 1862, sa thèse de doctorat, ayant pour sujet : Du
cancer primitif du poumon. Après avoir exercé la médecine
— 6 —
à Chagny pendant quelques années, le Dr Gaillard vint au
Creusot, pour se trouver plus à proximité de ses propriétés
de Torcy, dont il ne tarda pas à être nommé maire. Il rem-
plit, en outre, de nombreuses fonctions publiques : con-
seiller général pour le canton de Montcenis, de 1884 à
1886, suppléant de la justice de paix du Creusot, inspec-
teur des enfants du premier âge, médecin cantonal,
membre du conseil d'hygiène et président du jury médical
de l'arrondissement d'Autun, etc. Il fut récompensé de ces
longs et nombreux services par deux médailles d'argent de
l'Académie de médecine, et par les titres d'officier d'Aca-
démie et d'officier de l'Instruction publique. D'opinions très
libérales, mais d'un esprit très conciliant, causeur agréable
avec une pointe de verve gauloise, la main facilement
tendue à ses nombreux amis, épicurien de bon ton, Gail-
lard était très sympathique et très populaire, et la longue
maladie qui devait l'emporter, à l'âge de soixante-neuf ans,
n'altéra ni sa bonne humeur ni son activité. Très dévoué
à la Société d'histoire naturelle d'Autun, il prit part à
plusieurs de nos excursions; il assistait régulièrement aux
réunions de la section du Creusot, et y fit mâme plusieurs
conférences très goûtées, sur « l'Empirisme ou l'Origine
de la médecine », sur le « Charlatanisme », etc. Doué
d'une excellente mémoire et d'une grande facilité de parole,
il excellait, comme Ta dit sur sa tombe, M. Bouland, juge
de paix du Creusot, à charmer ses auditeurs « en distil-
lant le jus anecdotique », et était toujours écouté avec
plaisir.
» Peu après, le 21 février, mourait à Autun, dans sa cin-
quante-septième année, Hubert-François Vallbt, qui
exerçait la profession de masseur, pendant l'été aux eaux
thermales de Bourbon-Lancy, et pendant l'hiver à Autun,
et que sa robuste apparence semblait appeler à une longue
existence, s'il n'avait pas dû compter avec les dangers d'une
- 7 -
pneumonie aiguë; toujours si grave dans notre climat,
surtout pour les fortes constitutions.
» Le 6 mars, un second deuil frappait la section du Creu-
sot, dans la personne de Claude Flèche, âgé de soixante-
onze ans. Né au Creusot, dans le pittoresque quartier de
« la Combe aux Mineurs », sa vie s'y écoula tout entière.
Entrepreneur des travaux de remblais pour les mines du
Creusot, de caractère enjoué et très sociable, il aimait nos
réunions où régnent la camaraderie et la gaieté, et où, sans
pédanterie scientifique, chacun trouve à s'instruire agréa-
blement.
» Le 13 avril, dans la personne d' Alexandre Hubt, nous
avons perdu un excellent camarade, membre fondateur de
la Société d'histoire naturelle d'Autun, que ses nombreuses
relations, entretenues avec loyauté et bonne humeur, non
moins que son talent d'artiste, avaient entouré d'une noto-
riété de bon aloi, et que nous appelions familièrement
« l'ami Huet. » Il était bien, dans notre Société, de ceux
qui justifient l'admiration de M. A. Gaudry, parlant de ces
artisans, de ces hommes de travail et d'action, qui viennent
se distraire parmi nous, de leur labeur professionnel au
profit des études de science pure. A. Huet n'affichait aucune
prétention à être savant, mais il savait que la science
réglemente l'art, et que l'art dissimule l'aridité de la science.
Il comprenait la nature, dont son pinceau savait si bien
rendre les tons harmonieux; et c'était plaisir que de passer,
avec lui, quelques heures pleines de charme, en études et
en causeries. Je conserve, avec bonheur, le souvenir d'une
de ces promenades dans notre Morvan autunois, où, étendus
sur la mousse, le peintre me disait, avant de les fixer sur
la toile, les impressions qu'il ressentait en face de ce
paysage calme et reposant, quelque peu mélancolique, ici
carminé par les bruyères d'automne, là doré par la teinte
— 8 —
jaunissante des fougères, encadré par la ligne assombrie
des grands « foyards », çà et là égayée par la olaire verdure
des bouleaux; et le botaniste, à son tour, expliquait à
l'artiste les « associations végétales » et les « formations »
qui donnent à chaque contrée son caractère, et qu'il est
bon de connaître pour en rendre les effets avec exactitude !
» Huet excellait en saillies imprévues, en jugements pri-
mesautiers, en idées personnelles, dans sa conversation
que son accent autunois et ses locutions locales rendaient
particulièrement originale et intéressante. Tous ses nom-
breux amis en ont connu l'attrait, qui se sont assis dans un
des vieux fauteuils de ce vaste atelier qu'il s'était fait cons-
truire, et qu'il avait encombré d'antiquités, d'objets d'art,
de bibelots de toute sorte et de ses œuvres personnelles,
ébauchées ou terminées. Tout artiste est plus ou moins
collectionneur, et, à ce titre encore, il se sentait en com-
munauté d'idées avec les membres d'une société dont un
des buts principaux est de former des collections. Dès les
débuts de notre musée, il contribuait à la formation des
collections naissantes par des dons successifs : hachettes
préhistoriques du Champ de la justice, grenats de Montjeu,
fossiles des grès rhétiens d'Antully, etc., et chaque fois
qu'un appel fut adressé à son crayon pour reproduire le
dessin d'un arbre curieux ou les traits d'un ami, il s'em-
pressa d'y répondre avec la bonne grâce et le désintéres-
sement les plus complets.
» C'est une intéressante histoire que celle d'Alexandre
Huet, né dans la boutique d'un tapissier autunois, séden-
taire et prosaïque, destiné à continuer le métier paternel,
mais tourmenté dès l'enfanoe par des aspirations et des
ambitions artistiques, menant de front à Paris l'apprentis-
sage de l'industrie d'ameublement avec l'étude de la musique
et de la peinture, «'introduisant, presque furtivement, dans
l'orchestre de Pasdeloup comme dans l'atelier de Cabanel,
élargissant ses idées et perfectionnant son talent par de s
— 9 —
voyages à l'étranger, en Italie, en Belgique, en Hollande, etc. ,
et finissant, un beau jour, par jeter de côté le tablier du
manœuvre pour le chevalet du peintre ou l'ébauchoir du
modeleur, et par sortir de l'échoppe où il étouffe pour
respirer le plein air des rives de l'Arroux et des collines du
Morvan, qui lui fourniront ses sujets d'études préférés !
Mais la biographie d'A. Huet n'est plus à faire : le très
distingué secrétaire perpétuel de la Société Éduenne a
tracé de notre ami commun, en termes si délicats, un por-
trait si complet et si documenté ! que je ne pourrais qu'en
affaiblir le charme et l'intérêt en le résumant. Je me bor-
nerai à rappeler les services qu'il a rendus, en 1870, à
l'armée des Vosges comme secrétaire général des ambu-
lances; ses relations avec de nombreux artistes et, en par-
ticulier, avec les peintres autunois, Octave de Champeaux
et Jules Didier, qui contribuèrent à lui tracer sa voie et à
affermir son talent ; ses succès répétés aux expositions de
Nevers, de Lyon, Mâcon, et Dijon; son inépuisable bien-
veillance à prêter son concours à une bonne œuvre ; et enfin
son amour du terroir, son culte du pays natal, dont il
recueillait les débris archéologiques, dont il reproduisait
par le fusain ou 1q pinceau les vieux monuments et les sites
pittoresques, et dont il conservait l'histoire anecdotique
et les légendes dans des articles d'un style irrégulier mais
original et sincère, qu'il a eu la bonne idée de réunir dans
un petit livre : Lettres aux Êduens. Il en achevait à peine
l'impression quand une longue et cruelle maladie, qui
depuis longtemps, malgré des apparences trompeuses,
minait sourdement sa robuste constitution, mit brutale-
ment et prématurément fin à une carrière, encore pleine
de promesses et de projets inaccomplis. Huet avait la forte
oharpente, et le sang généreux des vieux Gaulois, ses
ancêtres ; la lutte qu'il soutint contre un mal inexorable
1. Notice biographique sur Alexandre Huet, par M. Joseph Rérolle; séance de
la Société Éduenne du 4 septembre 1 905, et l' Autunois, numéro du 1 0 septembre I90&.
- 10 —
fut longue, et vaillamment supportée, adoucie par les soins
.assidus et délicats d'une compagne dévouée. Il n'avait que
cinquante-huit ans quand il succomba, suivant de près
dans la tombe notre regretté président Bernard Renault,
pour lequel il professait une profonde estime et une sincère
amitié, et dont il avait cherché à reproduire les traits dans
un médaillon qui fut une de ses dernières œuvres, et figura
à l'exposition provinciale de Dijon en 1904. Si l'on peut
critiquer la ressemblance, on ne peut qu'applaudir à l'in-
tention, et nous conserverons précieusement ce médaillon,
dernier don de l'auteur à notre musée, comme un double
souvenir du modèle et de l'artiste !
» Le 6 juin succombait également avant l'heure, à l'âge
de quarante-six ans seulement, notre compatriote Louis-
Antoine-M arcel Douhéret, né à Autun, le 23 décembre 1 858,
professeur de philosophie au lycée de Ghaumont (Haute-
Marne), agrégé de philosophie, officier d'Académie, etc.
Ces titres honorifiques ne sont pas faits pour surprendre
ceux d'entre nous qui ont pu connaître le jeune élève régu-
lier et studieux du collège d'Autun, dont l'air sérieux et
réfléchi présageait les fortes études ultérieures, et qui inau-
gurait ses succès en remportant le prix d'honneur décerné
par l'Association des anciens élèves du collège. Après avoir
terminé ses études au lycée Charlemagne, il fut reçu licencié
es lettres en 1884, et professa la philosophie successivement
aux collèges de Cette, d'Argentan et d'Étampes, puis au
lycée de Guéret, tout en préparant l'agrégation en philo*
sophie dont il obtint le titre en 1887. Il passa au lycée
Lamartine de Mâcon (1889), puis, cinq ans après, fut nommé
à Montluçon (1894), et enfin au lycée de Ghaumont (1901).
» Partout, il fut apprécié et se créa de nombreux amis
attirés vers lui par le charme qui se dégageait de sa per-
sonne, la bonté et le désintéressement dont il faisait
preuve. A ces dons du cœur, il joignait de rares qualités
— 11 —
d'esprit et captivait par sa parole simple et pénétrante,
ceux qui l'entouraient. D'une très grande érudition, il
discutait aussi bien en philosophie qu'en histoire naturelle,
les deux sujets qu'il affectionnait le plus et qui, du reste,
se prêtent mutuellement un concours profitable. En philo-
sophie, Marcel Douhéret a publié récemment, sous le titre
d'Idéologie, Discours sur la philosophie première, Paris,
F. Alcan, 1900, un ouvrage, un peu abstrait, mais très goûté
des savants. Il se préparait, quand la mort est venue le
surprendre, à en éditer la deuxième partie, intitulée :
Anthropodicée, où ses connaissances de naturaliste devaient
être d'un puissant secours au philosophe. Il collaborait, en
outre, à la Revue internationale de V Enseignement. En
histoire naturelle, M. Douhéret n'a rien écrit ; mais il en
avait étudié les différentes branches, la botanique, surtout
avec passion. Pendant son séjour à Mâcon, il y suivait
assidûment les séances et les excursions de la Société
d'histoire naturelle, dont il avait été l'un des membres fon-
dateurs en 1893, et se faisait remarquer par le soin avec
lequel il observait, et la clarté avec laquelle il exposait le
résultat de ses observations. Très attaché à ses souvenirs
d'enfance, M. Douhéret aimait à revenir au pays natal, et
ne pouvait rester indifférent ni à ses progrès matériels ni à
son développement intellectuel. Il accepta donc volontiers,
le 6 juin 1898, le titre de membre de la Société d'histoire
naturelle d'Autun ; si les exigences professionnelles l'en
tinrent éloigné, il en applaudissait les succès, et nous pou-
vions espérer, plus tard, lui voir tenir une place plus active
parmi nous.
» Auguste Roidot, plus connu sous le nom de Roidot-
Erràrd, n'était ni un philosophe ni un artiste de profession ;
mais c'était un architecte de talent et un véritable natura-
liste dont l'érudition et le goût donnaient à toutes ses études
techniques ou scientifiques une empreinte d'art et de phi-
— 12 —
losophfe. Né à Autun, le 10 décembre 1828, il s'y est éteint
• paisiblement, le 31 août 1905, après une vie passée loin des
mondanités bruyantes et des intrigues ambitieuses, mais
tout entière vouée aux charmes de l'intimité domestique et
à la culture de l'esprit. Ses études commencées au petit
Séminaire d'Autun se sont achevées au Collège de notre
ville, où ses jeunes amis, Asselineau et A. Constant, pas-
sionnés déjà pour les sciences naturelles, l'entraînaient
avec eux à la chasse des papillons, de jour et de nuit, au
Glet et à la lanterne. Il s'intéressa toujours aux Lépidop-
tères, et en a laissé une importante collection, renfermée
dans quarante boîtes vitrées, sans compter un grand nombre
d'aquarelles, merveilleusement exécutées par son père,
Roidot-Deléago, et continuées par lui, dont la plupart ont
été léguées à un de ses jeunes neveux, mais dont quelques
pages, conservées et gracieusement données à notre
bibliothèque, par M11* Roidot, nous permettent d'en appré-
cier la valeur. A. Roidot n'était jamais passé par aucune
école d'architecture ; son père, géomètre et architecte lui-
même, fut son premier maître en arpentage et en construc-
tions, comme en archéologie et en histoire naturelle ; toute-
fois le jeune Roidot séjourna quelque temps à Paris pour
y parfaire ses études, mais en dehors de tout enseignement
officiel. D'une intelligence ouverte, d'un esprit réfléchi, de
manières courtoises, homme de bons conseils et d'une pro-
bité à toute épreuve, il n'eût tenu qu'à lui d'occuper, dans
notre ville, une situation prépondérante. Sa modestie et sa
grande réserve, qui passait parfois pour de la sauvagerie,
le portèrent à rechercher le silence, et à se tenir à l'écart
des fonctions publiques, avec autant de soin que d'autres
en mettent à rechercher le bruit et à se mettre en avant.
Il se contentait de l'affection des siens, de la considération
de sa clientèle choisie, et de l'estime des amis privilégiés
auxquels il ouvrait les trésors de son savoir et de son cœur.
Il ne pouvait toutefois se dérober aux expertises qu'on lui
— 13 -
confiait, et ses décisions faisaient autorité devant les tribu-
naux. Une seule fois, sollicité par ses amis, considérant
comme un devoir de ne pas déserter la cause qu'il croyait
la meilleure, en un jour de crise, il consentit à laisser ins-
crire son nom sur une liste municipale. Les électeurs ne
tinrent pas compte de ses capacités, mais l'échec lui fut
peu sensible ; il s'en consola facilement en rentrant dans sa
retraite et en se remettant au travail.
» Très au courant des origines et de l'histoire d'Autun,
dont son père, Roidot-Deléage, avait dressé le plan antique
et reconnu les vieux monuments, il s'occupa, toute sa vie,
à compléter l'œuvre paternelle, en surveillant les fouilles et
les travaux publics, et une voix plus autorisée que la mienne
a rendu compte des services que lui doit l'archéologie
locale1. C'est ainsi qu'en dernier lieu, pendant le cours
des travaux exécutés pour l'adduction de la source des
Garniers, il avait reconnu l'existence d'une ancienne cana-
lisation romaine, qui n'avait jamais été établie d'une façon
bien certaine. Il avait mis, pendant de longues années, ses
promenades à profit pour étudier et relever les tracés des
voies romaines de l'Autunois, et s'il n'a rien publié sur ce
sujet, il a laissé des notes précieuses, dont la Société
Éduenne a accepté le dépôt, et qu'elle saura utiliser. Les
excursions hebdomadaires étaient devenues, en effet, une
habitude, presque une nécessité pour M. Roidot-Errard ;
et il les utilisait, non seulement au bénéfice de l'archéo-
logie et de la topographie locales, qu'il connaissait mieux
que personne, mais au profit des sciences naturelles, et
c'est ici qu'il nous appartient. Chaque dimanche, la boîte de
botaniste au dos et le marteau du géologue à la main,
M. Roidot parcourait les campagnes de l'Autunois et du
Morvan, et son œil curieux s'arrêtait sur toutes les pro-
ductions de la nature, dont il rapportait au logis une ample
1 . Soc. Éduenne, séance du 30 novembre 1 905, Notice biographique sur M. Roidot-
Erràrd, par M. A. de Charmasse, président. (L'Autunois, n* du 10 décembre 1905.)
— 14 —
provision pour les études de la semaine. J'ai déjà parlé de
sa collection de papillons ; il avait, en outre, réuni une col-
lection d'oeufs des oiseaux du pays, renfermés dans cinq
boites vitrées et soigneusement étiquetés. Il avait entretenu
avec soin et augmenté un herbier commencé par son père,
dont les découvertes ont été mises à profit par le Dr Carion,
dans son Catalogue des planées vasculaires du département
de Saône- et- Loire (1861). Cet herbier contenu dans vingt-cinq
cartons, comprend la totalité des plantes du pays, pour la
plupart en très beaux échantillons et en bon état de conser-
vation.
» Bien que très sympathique aux œuvres locales et
membre de la Société Éduenne, Roidot-Errard mit long-
temps à nous apporter son concours désiré ; mais après sa
réception, 8 juillet 1900, notre Société ne compta pas de
membre plus assidu; il fut un de nos excursionnistes les
plu s fidèles, et nous communiquait, à chaque séance, le
résultat de ses découvertes personnelles. Il nous a donné
une série de dessins i la plume et de photographies repré-
sentant les arbres curieux et les promenades détruites des
environs d'Autun. Ses relations suivies avec notre ancien
vice-président, le capitaine Lucand, lui avaient fait contracter
le goût de la mycologie ; il avait fourni un notable contin-
gent d'espèces intéressantes au Catalogue raisonné des
Champignons supérieurs du département de Saône-et-boire>
et n'a jamais cessé de s'en occuper activement et de faire
de nouvelles découvertes. La minéralogie lui était familière ;
sa connaissance des stations géologiques ont été mises à
profit par M. H. de Chaignon, soit pour retrouver les
anciennes carrières des appareils romains, dont le crayon
de M. Roidot a retracé les détails *, soit pour récolter,
1. Rechercha sur les gisements ou carrière$ d'où ont été extraits les matériaux
constituant le petit appareil de revêtement dans lea constructions romaines
d'Autun, par M. H. de Chaignon, avec une planche dessinée par M. Roidot-
Errard. (Mémoires de la Société Éduenne, nouvelle série, XXXIII, 1905, p. 1-16.)
— 15 —
en compagnie et sous la direction de M. Roidot, un grand
nombre de roches dont la collection devient une des prin-
cipales curiosités de notre Musée. La générosité filiale de
MUe Juliette Roidot a enrichi celui-ci de nombreux échan-
tillons de minéraux rares ou de marbres antiques laissés par
notre regretté collègue. C'est même au lendemain d'une
course pédestre, à Marmagne, à la recherche d'un filon de
serpentine et d'asbeste, qu'il s'était juré de retrouver, que
cet alerte vieillard de soixante-dix-sept ans, trahi par les
entraînements d'une ardeur restée jeune, s'est alité pour ne
plus se relever, calculant avec une résignation chrétienne
et une patience admirable les progrès d'une maladie qu'il
savait sans remède, mais que le dévouement filial le plus
délicat lui rendait presque douce. Nous devons conserver
un souvenir tout particulier de cet excellent et doux collè-
gue, qui a vécu comme un sage et est mort comme un saint,
de cet homme sensible et bon qui aimait tant la nature,
qui en écoutait et comprenait les voix mystérieuses, et qui
en présence des merveilles du monde végétal écrivait dans
un élan de religieux enthousiasme : « Ne frappez pas
l'herbe du pied ; elle renferme peut-être quelque âme sen-
sible qui demande à refleurir! »
o La même date du 31 août nous affligeait d'un second
deuil. Le comte Jean-Marie-Claude-Gabriel d'Orlyé de
Saint-Innocent, décédé à Sommant, dans sa soixante-
unième année, était, avant tout, un horticulteur distingué.
L'amour des fleurs était chez lui un héritage de famille.
Son père, le marquis de Saint-Innocent, avait entretenu au
château des Boursons, des serres renommées où mûris-
sait l'Ananas, où fleurissaient les Azalées et les Orchidées,
dont le parc de la Tête-d'Or, à Lyon, possède peut-être
encore les derniers restes. Plus modeste était l'installation
des serres du château de Sommant, où M. le comte Gabriel
de Saint-Innocent a passé toute sa vie; mais les résultats
— 16 —
n'en étaient pas moins brillants. La cour d'honneur et les
parterres charmaient, dès son entrée, le visiteur par la
variété et la beauté des fleurs, l'éclat de leur coloris, l'har-
monie de leur disposition. Le châtelain, aux mœurs sim-
ples, à l'abord facile et affable, d'une exquise urbanité, se
plaisait & en faire les honneurs, heureux des compliments
mérités qui lui étaient adressés, et qui redoublaient après
l'inspection des serres, où les Bégonias aux gigantesques
corolles, les Orchidées aux élégantes et bizarres inflores-
cences, les Fougères délicates, témoignaient, par leur
vigueur des soins assidus et éclairés que leur prodiguait
leur propriétaire. Les résultats de son expérience, il aimait
à en faire profiter les autres; et c'est dans ce but que,
malgré sa modestie et son dédain des honneurs, il accepta,
comme un devoir, le titre de président de la Société d'hor-
ticulture d'Autun (14 mars 1886), en remplacement de son
père, qui en avait été le principal organisateur, en 1858,
et lui resta dévoué jusqu'à sa mort. Cette charge, en
effet, ne fut pas pour lui un simple titre d'apparat, mais
une fonction sérieuse. Il s'arrachait à ses occupations favo-
rites pour venir présider les séances de la Société d'hor-
ticulture, se mettre en rapports bienveillants avec les plus
humbles de ses membres, les aider de ses conseils, parfois
de ses subventions, présentant de nouvelles fleurs ou dis-
tribuant des graines rares, et sachant, aux banquets annuels,
devenus de vraies fêtes de famille pour les sociétaires,
trouver dans des allocutions sans prétention les mots qui
stimulent l'émulation et provoquent l'union. Il se prodi-
guait aux expositions horticoles, de plus en plus brillantes,
et où les raretés de ses serres s'étalaient au premier rang.
Il suffit de parcourir les Bulletins de la Société d'horticul-
ture d'Autun pour apprécier les services rendus par le
comte de Saint-Innocent, qui avait accepté, avec la bonne
grâce dont il était coutumier, la proposition de faire éga-
lement partie de notre Société, où la botanique est en
- 17 —
honneur, l'horticulture n'étant, en définitive, que la bota-
nique appliquée sous sa forme la plus agréable et la plus
utile. M. de Saint-Innocent jouissait, dans sa commune, de
la considération et de la confiance générales; ses conci-
toyens le lui prouvèrent en le maintenant, pendant vingt
ans, à la tête de la municipalité, et en apportant, en foule,
sur sa tombe, les témoignages les moins équivoques de
leurs regrets et de leur reconnaissance.
» En dehors d'Autun, nous perdions, le 6 août, à l'âge
de trente-un ans, Louis-Nicolas Mazellier, notaire à Issy-
l'Évéque. Né en 1874, à Ferrières (Allier), il avait fait ses
études au collège d'Yzeure et en sortit bachelier es sciences.
Il entra presque aussitôt comme clerc de notaire dans une
étude de Vichy, et vint en 1897 chez M6 Miney, notaire à
Issy-rÉvêque, dont il acheta l'étude quelques mois après
son arrivée. Il était de ceux que les occupations profes-
sionnelles détournent de l'étude des sciences naturelles
sans les en détacher complètement ; et, dans ces dernières
années, il s'était intéressé vivement à la découverte des
minéraux radio-actifs d'Issy-l'Évêque et de Grury.
» Emile Oustalet, né à Montbéliard, le 24 août 1844,
décédé, le 26 octobre, à Saint-Cast (Gôtes-du-Nord) était
membre correspondant de notre Société, où ses relations
avec Bernard Renault, assistant au Muséum comme lui,
lui ont permis de nous rendre quelques services. Il avait
promis, en effet, à son collègue de déterminer les oiseaux
exotiques de la collection de Montessus ; et il a fourni à
M. Roche des renseignements qui lui étaient demandés sur
quelques ossements et plumes d'oiseaux fossiles. E. Oustalet
était entré comme aide-naturaliste au Muséum en 1873, et
y acheva toute sa carrière; nommé assistant en 1891, il
suppléa avec succès le professeur Milne-Edwards, empêché
par la maladie, et fit, en outre (1893-1900), une série de
S.H.N. 1906. 2
- 18 -
« cours et conférences aux voyageurs naturalistes sur les
mammifères et les oiseaux. » Ses publications étaient
nombreuses, ses titres scientifiques des plus sérieux; aussi
fut-il appelé à remplacer A. Milne-Edwards (20 août 1900),
dans la chaire de mammologie et d'ornithologie du Muséum,
qu'il ne devait malheureusement occuper que trop peu de
temps. Il était honoré de nombreuses distinctions : officier
d'Académie 0*874), officier d'Instruction publique (1885),
chevalier de la Légion d'honneur (1889), lauréat de l'Ins-
titut, etc. Directeur de la ménagerie au Muséum, il y avait
apporté une compétence égale et assez rare, aussi bien en
ce qui concerne les mammifères que les oiseaux. Ancien
président de la Société zoologique de France, sous-direc-
teur à l'École des Hautes-Études, membre du jury de
l'Exposition universelle, en 1900, etc., Oustalet a tenu une
plaoe importante dans la science française, et l'énuméra-
tion de ses travaux, dans une « Notice » rédigée en vue de
sa candidature à la succession de Milne-Edwards ne com-
prend pas moins de 78 pages, grand in-8\ Ils se divisent
en monographies anatomiques et zoologiques de différents
groupes et observations biologiques; en notes et mémoires
consacrés à la faune de différentes contrées : Chine, Indo-
Chine, Thibet, Papouasie, îles Mariannes, Afrique occiden-
tale, orientale et australe, avec descriptions d'espèces
nouvelles ; mémoires et notes relatifs aux insectes vivants
et fossiles ; notice géologique ; et de très nombreux rapports
et articles répartis dans les publications périodiques :
dictionnaires, revues, journaux, notamment dans la Nature
où nous avons pu lire, à maintes reprises, ses notices si
intéressantes, notamment sur les oiseaux exotiques et leurs
mœurs.
» Lucikn Jossier, décédé à Paris le 14 juillet 1905, dans
sa cinquante-quatrième année, nous avait été recruté par
son ami, notre excellent collègue Jules Devilerdeau, à qui
- 19 —
il exprimait volontiers son estime pour notre Société et
l'intérêt qu'il prenait à la lecture de nos Bulletins. Né à
Appoigny (Yonne), le 19 janvier 1852, élève du collège
d'Auxerre, Lucien Jossier devint, comme marinier, l'associé
de son père et de ses frères, et par son activité et son érudi-
tion, son énergie et sa compétence dans l'art nautique, fit
faire de grands progrès à la batellerie, surtout aux remor-
queurs à hélice appelés à faire disparaître sous peu les
toueurs à chaîne noyée. Malgré les conditions défavorables
causées par les intempéries, la batellerie lutte avec succès
contre les chemins de fer, puisqu'elle transporte deux
milliards de tonnes kilométriques, ce qui fait le quart des
transports effectués annuellement en France. Ce résultat
est dû surtout à MM. Jossier père et fils, qui ont su par
leur expérience et leur sagacité fusionner la batellerie et
créer une importante Compagnie de transports fluviaux du
Havre à Paris et de Paris à Lyon et à Marseille, sans
transbordement de marchandises, et à un tarif inférieur à
celui des chemins de fer1. Lucien Jossier était administra-
teur délégué de cette « Compagnie générale de navigation
H.-P.-L.-M. », ainsi que de la compagnie « la Seine. »
L'énorme affluence qui se pressait à ses obsèques prouve
la notoriété qu'il possédait dans le monde des mariniers et
dans l'industrie des transports par eau, et M. Robert
Mitchell, ancien député et vice-président de la Compagnie
H.-P.-L.-M., a rappelé dans un discours ému, les éminentes
qualités d'intelligence et de travail de notre collègue.
» Le Dr Guy-Édouard Loydreau de Nbuillt terminait, le
27 novembre, dans son château de Neuilly, commune de
Maligny (Côte-d'Or), une longue existence de quatre-vingt-
cinq ans, activement et utilement remplie. Son père, J.-M.
Loydreau (1770-1866) était un glorieux soldat du premier
1. Voyez J. Devilerdeau, la Concavité bourguignonne, %• édition» Paris, H. Chau-
dron (1905), p. 71.
- 20 -
Empire : capitaine à vingt-trois ans, décoré de la main de
Napoléon Ier en 1815, il brisa son épée à la chute de l'cm-
pire, et se retira dans ses terres de Neuilly, pour se con-
sacrer à l'agriculture et à l'administration de sa commune.
Edouard Loydreau, né à Arnay-le-Duc, le 4 avril 1820, 6t
ses études de médecine à Paris ; il les terminait au moment
de la révolution de 1848, et assista, comme ohirurgien
volontaire, aux journées de juin, prodiguant ses soins aux
blessés des deux partis, car s'il considérait les défenseurs
des barricades « oomme des malheureux que de fausses
théories avaient poussé à s'armer contre la société », il
proclame bien haut que « la haine s'arrête au seuil de
l'hôpital, et vaincus et vainqueurs, insurgés et défenseurs
de Tordre, étaient apportés dans la même salle, couchés dans
des lits voisins, et recevaient des soins également éclairés,
également zélés et bienveillants. » Les faits dont il avait été
témoin lui inspirèrent le sujet de sa thèse pour le Doctorat
en médecine, soutenue le 1" mars 1849 : Des Blessures par
armes à feuy Paris, imprimerie Rignoux, 1849, in-4*, 90 pages.
La hantise de ce drame sanglant, non moins que les tra-
ditions paternelles dominèrent toute la carrière administra-
tive et politique du Dr Loydreau, qui accueillit l'avènement
du second Empire avec enthousiasme, et en resta le servi-
teur Adèle et oonvaincu. Établi comme médecin à Ohagny,
ses talents et son activité lui acquirent une rapide noto-
riété, et lui valurent d'entrer d'emblée au conseil muni-
cipal de la commune, dont il devint adjoint en 1852, et
maire, le 14 juillet 1860; il conserva ces fonctions sans
interruption jusqu'en 1878. Marié i Mlle Paquelin, de Chas-
sagne, il eut la douleur de perdre ses deux enfants en bas
âge; il s'en consola en consacrant sa vie tout entière au
bien de ses compatriotes, au soulagement des malheureux,
et au service de la science.
» Sous son administration municipale, le pays de Chagny
semble se réveiller; d'importantes améliorations sont
— 21 —
apportées par son esprit d'initiative, dans tous les services;
le nouveau maire fonde une compagnie de sapeurs-pompiers
dont il est le chef; il s'attache surtout au développement de
l'instruction publique, et prend très au sérieux son rôle de
délégué cantonal, surveillant la bonne tenue des classes,
et faisant des distributions de prix de véritables solennités
qu'avec sa belle prestance et sa tenue correcte, il présidait
en rappelant, dans d'éloquents discours, leurs devoirs à la
fois aux maîtres et aux élèves *. Pendant la guerre franco-
allemande, il joua un rôle important en raison de la situa-
tion de Ghagny, qui fut plusieurs fois choisi comme centre
de défense. Le Dr Loydreau a, paraît-il, consigné ses sou-
venirs de cette époque dans un manuscrit, qu'il serait bien
intéressant de retrouver et de publier. La chute de l'Empire
l'affecta beaucoup ; il en rêva la restauration, et s'employa,
de toute son énergie, à y ramener le suffrage populaire de
plus en plus réfractaire. Il en fit l'expérience à ses frais et
à son détriment. Élu au conseil général en 1877, il vit son
élection annulée. A deux reprises différentes, aux élections
législatives du 20 février 1876 et du 14 octobre 1877, il fut
battu par M. Daron, son concurrent. Toutefois le gouver-
nement du maréchal de Mac Mahon, qu'il avait soutenu
avec ardeur l'en récompensa en le nommant chevalier de
la Légion d'honneur (1876). Peu après, un nouvel échec au
oonseil municipal, échec provoqué par la ferveur de ses
convictions bonapartistes, mais qu'il considéra comme un
déni de justice, lui fit abandonner Chagny, et prendre,
en 1878, dans sa propriété de Neuilly, une retraite qui ne
devait être pour lui qu'un simple changement d'occupations.
La population de Maligny, qui gardait encore le souvenir
de l'administration éclairée et dévouée de son père, le mit
à la tête de son conseil municipal le 20 janvier 1883 ; et là,
I. Distribution de» prix aux élève* de» écoles communales dé Chagny, par le
D* Loydreau, délégué cantonnai pour l'instruction publique, 1865-1866. Beaune,
Imp. Lambert, 1866.
— 22 —
comme à Chagny, il remplit, jusqu'à sa mort, les devoirs
de sa oharge avec une droiture, un zèle et un dévouement
qui lui valurent l'estime, l'amour et la vénération de tous.
» L'influence exercée par le Dr Loydreau était en grande
partie due à sa qualité de médecin, et l'impartial dévoue-
ment, dont il fit preuve au commencement de sa carrière
fut la règle de toute sa vie. Il fit mieux que de prêter le
serment d'Hippocrate, il le mit en pratique, prodiguant
aux malheureux et aux déshérités de la vie non seulement
les soins expérimentés de sa science, mais bien souvent
l'assistance d'une aumône discrète, et surtout les encoura-
gements, qui donnent l'espoir, et les consolations, qui vont
au cœur; c'est ce qu'on appelle la philanthropie ; permettez-
moi de lui appliquer un nom plus beau et plus vrai surtout,
pour un homme de sincères convictions comme le Dr Loy-
dreau : la charité chrétienne ! Pendant l'épidémie de cho-
léra qui sévit, à Chagny, en 1854, le Dr Loydreau fit preuve
d'un courage et d'un dévouement, qui ne furent pas
moindre pendant la guerre de 1870, où surmené déjà par
ses fonctions administratives, il trouva le temps et le moyen
d'organiser les ambulances, de donner ses soins aux
blessés qui encombraient Chagny, et de combattre les épi-
démies redoutables qui menaçaient la population. Il fut
pendant vingt ans médecin de l'hôpital de Chagny, et
médecin de plusieurs sociétés de secours mutuels. A
Neuilly, au lieu d'un repos mérité, il reprit de plus belle
l'exercice de son art, médecin consultant à Àrnay-le*Duo,
médecin des usines de la Canche et médecin inspecteur
des enfants du premier âge, ne comptant ni avec les
fatigues ni avec les progrès de l'âge, compatissant à tous,
et trouvant sa satisfaction et sa récompense dans l'estime
et l'affection générales, dont, au jour de ses funérailles,
M. le Dr Laffage, d'Arnay-le-Duc, et M. Coste, directeur
des usines de la Canche, se sont faits les interprètes élo-
quents et sincères.
— 23 —
» Il semblerait que des occupations si multipliées et si
astreignantes aient suffi pour remplir largement une vie
humaine, quelle que soit son endurance physique et son
activité intellectuelle. Le Dr Loydreau, au contraire, fit,
dans la sienne, une large place à la science et à l'art, et y
puisa ses plus vives et ses plus pures jouissances. Il rédigea
quelques notes historiques d'intérêt local qui, malheu-
reusement, n'eurent pas de suite. Il s'essaya succes-
sivement, et avec talent, dans la peinture, la sculpture
et le modelage ; et le petit château gothique de Neuilly,
dont il avait été l'architecte, était converti en un véritable
musée, encombré de curiosités et d'objets d'art, et où ses
propres œuvres ne paraissaient pas sans valeur. La Société
d'histoire naturelle d'Autun a pu s'en convaincre dans la
visite faite le 22 septembre 1894, au château de Neuilly
(Bull. Soc. d'hist. nat. d'Autun, X (1894), 2, p. 409), dont le
propriétaire fit les honneurs avec tant de bonne grâce et
émerveilla si bien ses visiteurs par l'intérêt de ses collec-
tions, qu'il fut prié d'accepter le titre de membre d'honneur
de la Société. C'est l'archéologue et le paléontologiste que
notre Société entendait récompenser, et qu'il me reste à
vous faire connaître.
» Les dépôts quaternaires de Chagny et de la vallée de
la Dheune sont depuis longtemps réputés pour leur richesse
fossilifère. Dès 1789, en creusant le lit du canal du Centre,
on trouva des dents fossiles, qui furent soumises à l'examen
de G. Cuvier, reconnues par lui pour celles du Rhinocéros
tichorhinus, et figurées dans ses Recherches sur les ossements
fossiles (4ft édition, 1836, pi. 44, Rhinocéros, pi. VI, fig. 6).
Les travaux du chemin de fer de Paris à Lyon, en 1845,
avaient fourni un grand nombre de débris fossiles d'ours,
de cerf, de cheval, etc. En 1860, les déblais exécutés dans
la vallée de la Dheune pour l'établissement du chemin de
fer de Chagny à Nevers mirent au jour de nouveaux gise-
ments paléontologiques, qui furent recueillis par M. Raoul
— 24 —
Tournouêr, Jules Martin, de Dijon, Flouest, procureur à
Chalon-sur-Saône, et étudiés par M. le professeur Lortet,
de Lyon, ainsi que les ossements retirés en grand nombre
des grottes de la montagne de Santenay, en 1865, par M.
Gh. Meray, notaire, Jules Chevrier et Flouest, de Chalon. La
faune ancienne a été reconnue comme composée de Mastodon
Borsoni, Elephas antiquus et meridionalis, Rhinocéros ticko-
rhinus, Orsus spelxus, Félix spel&us et, en outre, d'ossements
innombrables de cheval, bœuf, cerf, chevreuil, blaireau,
lièvre, rat, etc. Le Dr Loydreau ne pouvait manquer de
s'intéresser à ces découvertes ; il les reprit et les continua.
Médecin des chantiers du chemin de fer de la vallée de la
Dheune, il explora les sablières exploitées par MM. Gournot
et La marche, entrepreneurs des travaux, et en retira entre
autres de nombreuses dents de mammouth. Il reprit
l'exploration des grottes à ossements, situées sur la mon-
tagne de Santenay, découvertes, en cherchant des carrières
de sable pour les verreries et « qu'on dirait de vastes
cimetières conservés par la Providence, pour nous apprendre
l'histoire de ces générations éteintes. » Dans des conférences
faites à Chalon-sur-Saône, avec un grand succès, le Dr Loy-
dreau a raconté lui-même la peine que lui occasionnèrent
des travaux pénibles de déblaiement poursuivis pendant
plus de deux mois, mais aussi les résultats féconds en
découvertes paléontologiques, en particulier d'une superbe
tête d'ours des cavernes, la plus grande connue, ne mesu-
rant pas moins de 53 centimètres *. Il s'était formé une belle
collection de ces nombreux fossiles, reconstituant lui-même
avec habileté par des modelages en plâtre les fragments
manquants ou endommagés. Il a rendu compte également
de la découverte dans la vallée de la Cozanne, près de
Nolay, par M. Rémond, pharmacien, d'un squelette de
1. Conférences de l'hôtel de ville de Chalon-sur-Saône ; séances des 10 et
17 février 1866, Élude de Paléontologie locale, par le D' Loydreau, Beaune, imp.
A. Lambert, 1866.
— 25 —
mammouth, Elephasprimigenius, avec tous les détails géolo-
giques nécessaires. *
» Ces recherches paléontologiques avaient préparé le
Dr Loydreau aux études préhistoriques ; il les poursuivit
pendant dix ans sur ce plateau de Chassey, plus connu
sous le nom de « Camp de Chassey » où tant de généra-
tions successives depuis les temps néolithiques jusqu'à
l'époque mérovingienne ont laissé les traces de leurs séjours.
La station de Chassey avait été reconnue, et son importance
pressentie, dès 1864, par M. Flouest, procureur à Chalon-
sur-Saône, qui avait publié, en 1869, une notice sur ses
premières fouilles dans les Mémoires de la Société d'his-
toire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône 2. Il encouragea
le Dr Loydreau à les continuer, et celui-ci avec l'ardeur
qu'il apportait en toutes choses, se mit à l'œuvre en 1869,
faisant remuer en tout sens, et jusqu'au roc primitif le sol
du plateau, dirigeant les ouvriers, couchant lui-même
dans un abri sous-roche converti en chambre sommaire,
et exhumant de cette terre, comme d'un trésor inépuisable,
des milliers d'objets antiques : ossements et bois de cerf
travaillés, instruments et pointes de flèche en silex ou en
cristal de roche, hachettes en pierre polie, poteries primi-
tives, médailles des haut et bas empires, etc. Bon nombre
d'entre nous ont pu admirer ces collections hors ligne,
aussi bien par le nombre que par la valeur des objets, soit
dans l'exposition qui en fut faite en 1876, à Autun même,
au moment de la 42* session du Congrès scientifique des
provinces de France, dans une salle de l'ancien petit sémi-
naire et qui ne comptait pas moins de 4,504 pièces choisies 3,
soit pendant la visite que la Société d'histoire naturelle fit
1. Ibid. p. 73, 1" juillet 1866.
2. Notice archéologique êur le camp de Chauey (Seône-et-Loire), par M. Ed.
Flouest, dans Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-
Saône, V, 2« partie, 1869, p. 237-337 et 9 pi. lithog.
3. Congrès scientifique de France, 42* session tenue à Autun du 4 au 13 septembre
1876, I, p. 185, collection du Dr Loydreau.
— 26 —
au château de Neuilly1. a Pionnier ardent des sciences
préhistoriques, » le I)r Loydreau avait beaucoup cherché,
beaucoup trouvé ; mais il sentait qu'une œuvre n'avait toute
sa valeur qu'autant qu'elle serait exposée, expliquée et
publiée « dans un livre à venir qui n'existe encore, disait-il,
que dans mes notes et dans mes souvenirs. » « Mais, comme
la fourmi économe , j'entasse des richesses précieuses,
des matériaux, pour occuper mes loisirs quand aura sonné
l'heure prochaine de la retraite; c'est alors que je ferai
la monographie complète de la station de Chassey2. »
Malheureusement le livre promis ne fut jamais écrit. A
Neuilly pas plus qu'à Chagny, pendant sa prétendue
retraite pas plus qu'en pleine activité juvénile, cet homme
d'action ne put trouver les loisirs nécessaires. « Les exi-
gences de ma profession, et les soins que je donne à l'admi-
nistration de la commune dont les intérêts me sont confiés
ne me laissent pas le temps d'être assis pendant deux heures
pour écrire. » Cette lacune est d'autant plus regrettable
que le seul chapitre écrit par le Dr Loydreau : Ce que les
premiers habitants du plateau de Chassey faisaient avec un
bois de cerf* nous permet d'apprécier avec quelle compé-
tence de savant et quel éclat de style l'ouvrage eût été
composé. Il l'avait conçu grandiose, et, avec un talent
d'artiste photographe consommé, il avait exécuté les nom-
breuses planches destinées à l'illustrer. Notre bibliothèque
possède une trentaine de ces épreuves photographiques repré-
sentant quatre cents objets divers, la plupart de grandeur
naturelle. Nous les avons fait relier en album et nous les
conserverons précieusement. Nous avons appris avec joie
que ces collections, si intéressantes pour notre pays, ne
seront pas aliénées, et que la Société Éduenne va être
1. Bail. Soc. hlst. nat. Autan, XI (1874), 2, p. 409.
2. Congrès scientifique de France, 42* session, à Autun, It (1878), Fouillée du
camp dé Chataey, par le Dr Loydreau, p. 451-474.
3. Ibld.
— 27 —
appelée à les recueillir et à les conserver dans une salle
spéciale. Nous nous en réjouissons pour elle et pour nous,
qui pourrons les étudier i l'hôtel Rolin, et nous garderons
la mémoire d'un homme de bien et d'un homme de savoir,
que de nombreuses sociétés ont tenu i s'attacher : 8ociété
d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, Académie
de Mâcon, Société archéologique de Beau ne, Société
Éduenne, etc., et que la Société d'histoire naturelle d'Autun
s'honore d'avoir oompté parmi ses membres.
» Louis- Antoine Tacnet, décédé à Santenay le 29 novem-
bre, à Page de soixante-dix-huit ans, était né à la Grande-
Verrière, le 7 juin 1828. Il avait suivi les classes du collège
d'Autun, et fit partie, plus tard, de l'Association des anciens
élèves. Il avait commencé ses études de médecine ; mais la
mort de son père l'ayant mis dans l'impossibilité de les
continuer, il travailla, pendant quelque temps, i la recette
de l'Enregistrement i Autun; mais peu après il retourna
à Paris, entra comme employé dans la maison Vilmorin-
Andrieux et C*, et y resta pendant près de quarante
ans, de 1855 i 1894. En mime temps qu'il dirigeait
un service dépendant de la comptabilité, avec plus de
quarante-cinq employés sous ses ordres, il s'occupait
de la confection des catalogues et de leurs illustrations,
que leur perfectionnement incessant et leur exécution
artistique ont depuis longtemps classés hors de pair ; très
attaché à la maison, il était payé de retour, et par ses
subordonnés, qui ont unanimement regretté son départ, et
par ses directeurs qui, pour montrer le cas qu'ils faisaient
de son savoir et le récompenser des services rendus,
l'avaient intéressé i leurs affaires. Il y avait gagné une
honnête aisance et, i sa retraite, s'était fixé i Santenay,
où, depuis longtemps, il venait faire des cures de raisin.
Il y avait de nombreux amis, et y était très populaire; il a
tenu, par différents legs, i laisser des témoignages de
— 28 —
sa sympathie aux diverses sociétés locales, qu'à la mode
antique il avait invité à célébrer ses funérailles, en se
réunissant dans un banquet somptuaire. A l'occasion de
deux excursions différentes (18 août 1895 et 27 mai 1900),
notre aimable compatriote nous avait offert, au passage,
une cordiale hospitalité. Il avait toujours porté le plus
grand intérêt à notre Société; c'est à lui que nous devons
la collection de graines qui garnit les tablettes de notre
Musée; c'est à lui que nous devons les publications illus-
trées de la maison Vilmorin- Andrieux ; c'est à lui que nous
avons dû de compter M. Henri de Vilmorin parmi nos
membres. Il a, en outre, écrit pour nos bulletins, une inté-
ressante Étude sur les blés et leur culture (Bull. Soc. hist. nat.
d'Autun, I (1888), pp. 200-231). Nous devons donc conserver
le souvenir reconnaissant de ce dévoué collaborateur.
» Ce long nécrologe se clôt sur le nom de Maurice Chau-
vin, décédé le 18 décembre, dans sa trente-deuxième
année, à Fontevrault (Maine-et-Loire). Ingénieur des arts
et manufactures, M. Chauvin était venu à la Comaille,
près Autun, pour diriger les usines de schiste de MM. Ron-
deleux et C1*. Mais la crise commerciale qui a ruiné, chez
nous, l'industrie des huiles minérales, ayant entraîné la
fermeture de ces usines, M. Chauvin quitta le pays, où ses
aptitudes et son caractère avaient été appréciés, et fut
appelé à la direction des mines et usines de Peyrebrune
(Aveyron). Les amitiés qu'il avait contractées à Autun lui
en rendaient le souvenir précieux, et il avait tenu, malgré
l'éloignement, à rester membre de notre Société, à qui
cette mort prématurée et en pleine jeunesse sera particu-
lièrement sensible.
» Les vides causés par la mort, ou par quelques démis-
sions, heureusement fort peu nombreuses, ont été remplis
— 29 —
par l'admission de nouveaux sociétaires, et au 31 décembre
1905, le total de nos membres se maintenait au chiffre de
cinq cent quatre-vingt-douze, à savoir quarante-cinq mem-
bres d'honneur ou bienfaiteurs, trente membres à vie,
quatre cent soixante-huit membres titulaires et quarante-
neuf correspondants. Ces chiffres ont leur éloquence, et
prouvent parle recensement régulier de notre Société, l'in-
térêt qu'elle inspire, la notoriété qu'elle a acquise, et que jus-
tifient les distinctions obtenues parla Société elle-même et
par quelques-uns de ses membres. Le comité des travaux
scientifiques, sur le rapport de M. le professeur Vaillant, et
en considération de l'importance exceptionnelle de nos Bulle-
tins, nous a obtenu une subvention de 800 francs du minis-
tère de l'Instruction publique. Notre dernier Bulletin égale
au moins le précédent pour la valeur des mémoires et com-
munications, et le nombre des planches, et nous espérons
que le ministère persistera de même à seconder nos efforts
en nous continuant une égale allocation. M. le professeur
Marcellin Boule, l'un de nos membres d'honneur, a obtenu
à l'Académie des sciences (séance publique annuelle du
18 décembre 1905), le prix Alhumbert, prix de géologie,
pour ses savantes études sur les Dernières Éruptions volca-
niques de la France centrale. L'Académie des inscriptions
et belles-lettres a décerné à M. J. Déchelette, au concours
des antiquités nationales, une médaille de première classe
pour ses ouvrages particulièrement intéressants pour
l'archéologie autunoise : les Fouilles du mont Beuvray et les
Vases céramiques ornés de la Gaule romaine. A l'occasion du
Congrès des sociétés savantes à Alger, notre collègue,
M. Marchai, secrétaire de la section du Creusot, a enfin
obtenu les palmes académiques qu'il méritait depuis si
longtemps. La même distinction a été accordée à M. le
Dr Victor Oillot, chef de clinique médicale à Alger, à
M. Ernest André, secrétaire de la Société d'histoire natu-
relle de Mâcon, entomologiste bien connu (5 mars 1905),
— 30 —
à M. Bonny, vice-président de la chambre de commerce de
Chalon-sur-Saône, industriel à Saint-Léger-sur-Dheune
(21 août 1905), et tout récemment (30 janvier 1906) à un
autre de nos collègues, M. Guillemaut, receveur des
finances à Autun, pour ses longs travaux administratifs.
A la même date, notre compatriote M. Gaston Abord, pro-
cureur de la République à Toulon (Var), recevait la rosette
d'officier d'Instruction publique. La Société, fi ère des hon-
neurs rendus à ses membres, est heureuse de leur renou-
veler ses félicitations. Dans sa séance du 29 novembre
1905, l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de
Dijon décernait à votre président le titre de membre cor-
respondant, et, le 7 décembre, l'assemblée des professeurs
le nommait, à l'unanimité, correspondant du Muséum
d'histoire naturelle de Paris, récompensant ainsi les ser-
vices rendus à notre grand établissement national, non par
la personne du titulaire, mais par la Société tout entière
qu'il représente !
» Vous pouvez du reste, Messieurs, vous rendre cette
justice, en toute sincérité ; c'est grâce à votre appui per-
sévérant, à votre émulation scientifique, à votre active colla-
boration, que notre Société doit ses succès et la réputation
de ses Bulletins. Le XVIIIe qui vous est distribué aujour-
d'hui, vous sera particulièrement précieux par la Biographie
de Bernard Renault, dont la sympathique figure nous sourit
à la première page du volume, et dont la vie a été si bien
retracée par la plume amie de M. Roche. Suivent la Mono-
graphie du genre Peuplier, par M. A. Dode, et le Catalogue
des Zoocécidies du département de Saône-et- Loire, par MM. Ch.
Marchai et E. Château, qui sera le point de départ de nou-
velles recherches pour les adeptes de cette science nou-
velle, intéressant à la fois les botanistes et les entomolo-
gistes. Les mémoires de M. le Dr Diard (du Creusot), sur
la Tératologie humaine et animale, et de M. F. de Montessus
de Ballore, sur les Relations des tremblements de terre avec
— 31 —
la géologie et la tectonique du sol de la France, sont, comme
les précédents, illustrés de planches et de cartes, dont le
nombre total est de vingt-quatre, en y comprenant les
planches de la deuxième partie des comptes rendus des
séances, où, parmi les articles d'actualité les plus variés,
nous citerons l'exploitation des minerais radioactifs en
Saône-et-Loire, le voyage de M. de Chaignon au pays des
Gommiers, en Tunisie, les notes météorologiques de
M. Camusat, etc.
» Tel est le concours de nos collaborateurs et l'abon-
dance des matériaux qu'à peine un volume de Bulletin ter-
miné, il faut commencer l'autre. Le XIX9 Bulletin com-
prendra une Notice biographique sur M. A. Roche, Y Étude
des Passereaux trachéophones de l'Amérique tropicale, par
M. Menegaux, du Muséum, un Mémoire important sur la
Défense contre la grêle, par M. Camusat, la suite du Catalogue
des Coléoptères du département de Saône-et-Loire, par MM. Fau-
connet et Viturat, et enfin la Florule raisonnée du Brion-
nais, par MM. Ormazzano et Château, qui annoncée depuis
deux ans n'aura rien perdu à attendre, par suite des décou-
vertes et observations qui, chaque année, ont permis aux
auteurs de la compléter.
» Le mouvement du Musée et de la Bibliothèque est en
progrès constant, je dirais presque inquiétant, à cause de
l'encombrement de nos vitrines et de nos armoires. Les
dons considérables des collections ichthyologiques et ento-
mologiques de M. Maurice de Laplanche, des minéraux
rapportés de Sardaigne par M. H. de Chaignon, des biblio-
thèques de MM. M. de Laplanche et Ch. Naudin, etc., ont
considérablement accru nos richesses, et justifient de plus
en plus la nécessité d'un local plus convenable et plus spa-
cieux. Je connais, d'autre part, plusieurs donateurs bien
intentionnés, qui n'attendent pour nous léguer des collec-
tions spéciales ou des livres rares que la certitude de les
voir logés et conservés dans le futur Musée, dont le sort
— 32 —
est entre vos mains et pour l'édification duquel je ferai, en
terminant comme en commençant, appel au concours et à
la générosité de tous les amis des sciences naturelles! »
Dons.
La veuve de notre savant compatriote Charles Naudin,
membre de l'Institut, né à Autun, le 14 août 1815, mort à
Antibes, le 19 mars 1899, dont Bernard Renault nous a
retracé la vie1, partageant l'intérêt que son mari avait tou-
jours porté à sa ville natale et, en particulier, à notre
Société d'histoire naturelle, a voulu, d'accord avec son fils,
nous en laisser une nouvelle preuve, en nous envoyant :
1° Les insignes de membre de l'Institut portés par
M. Naudin.
2° Les décorations, médailles et diplômes dont il avait été
honoré au cours de sa longue carrière, et en récompense
de ses travaux. 2
3° Une série de plaquettes ou médailles commémora-
tives, rappelant des cérémonies scientifiques ou les portraits
de savants connus, ses collègues de l'Institut ou du Muséum,
tels que Pasteur, Chevreul, Milne-Edwards, etc.
4° Un lot de quatre-vingts volumes ou brochures, de la
bibliothèque de M. Naudin, ayant trait à l'histoire natu-
relle, en particulier à la botanique. 3
1. Bull. Soc. hist. nat. d'Autan, XII, (1899), 2, p. 114 et suiv.
2. Croix de chevalier de l'Ordre impérial de la Légion d'honneur (tw mars 1866).
— Croix de commandeur de l'Ordre impérial de la Rose du Brésil (10 décembre 1888).
— Croix de l'Ordre royal du Sauveur, de Grèce (13 avril 1890). — Croix de com-
mandeur de l'Ordre royal de l'Étoile d'Anjouan (1er janvier 1695). — Deux
médailles de bronze des Expositions universelles de Paris de 1855 et 1867. —
Une médaille d'argent, grand module de la Société d'horticulture de France, 1857.
— Une médaille de vermeil, grand module, de la même Société, 1860. — Une
médaille d'or de la même Société, 1888. — Une médaille en argent grand module
de la Société d'horticulture de Londres, 1897. -— Diplôme de bachelier es lettres
(27 août 1836); de bachelier es sciences (10 août 1838); de licencié es sciences
(11 mars 1841); de docteur es sciences (18 août 1842). — Celui de docteur en phi-
losophie de l'Université de Halle (Allemagne), 3 janvier 1886. — Enfin ceux de
membre correspondant de diverses sociétés savantes, françaises et étrangères.
3. Quelques autres volumes de philosophie ou de mathématiques ont été,
suivant le désir de M"* Naudin, remis, en son nom à la bibliothèque de la ville.
— 33 —
La Société tout entière s'associera aux sentiments de
profonde et respectueuse gratitude que son président s'est
empressé d'exprimer à MŒ* Naudin, aussitôt après la
réception de ces objets ; et il vous propose de donner par
acclamation à Mm# Naudin la seule récompense que nous
puissions lui offrir en échange, c'est de l'inscrire parmi les
membres bienfaiteurs de la Société d'histoire naturelle
d'Autun.
Cette proposition est ratifiée avec empressement.
Publications de Ch. Naudin :
Gh. Naudin et F. von Mûller, Manuel de VAcclimateur, ou
choix déplantes, recommandées pour l'agriculture, V industrie
et la, mèdecine% et adoptées aux divers climats de lEurope et
des pays tropicaux, 1867, in-8\
Ch. Naudin et J. Decaisne, Manuel de l'Amateur des jardins.
Traité général d'agriculture, 4 vol. in-8\
Ch. Naudin, On hybridism considered as a cause of varia*
bility of vege table, etc., dans The Journal ofthe royal horti-
cultural society of London, I, 1865, broch. in-8*. — Mêlas*
tomacearum quae in museo Parisiensi continentur monogra-
phies descriptionis et secundum affinitates distributionis
tentamen, 1849-1853, in-8\ — Fructification du Jubœa spec-
tabilis en France (extr. de la Revue des se. natur. appliquée,
1894), broch. in-8#. — Description et Emploi des Eucalyptus
introduits en Europe, principalement en France et en Algérie,
1891, broch. in-8\ — Les Espèces affines et la Théorie de Vévo*
lut ion, 1875, broch. in-8*. — Les Pittosporum. Étude bote-
nique et horticole, 1899, broch. in-8*. — Nouvelles Recherches
sur Vhybridité dans les végétaux, 1861» ln-4* avec pi. col. —
Quelques Remarques au sujet des Plaqueminiers (Diospyros)
cultivés A Tatr libre dans les jardins de VEuroj)e, ln-4\ 1879,
avec pi. (Extr. des Nouvelles Archives du Muséum, 29 série,
1879.)
Dr Philibert Naudin, Analyse des eaux minérales d'Orczza,
(Corse), et de leurs effets thérapeutiques, thèse de Montpellier,
1852, irMV
s.h.n. tsoe. 3
— 34 —
Botanique générale :
E. Le Maout et J. Decaisne, Traité général de botanique
descriptive et analytique, 1868, in-4*.
J. Sache, Traité de botanique, traduit par Van Tieghem,
1874, in-8°.
P. Duchartre, Éléments de botanique, comprenant fana-
tomie, Uorganographie, la physiologie des plantes, les familles
naturelles et la géographie botanique, 3* édition, 1885, in-8*.
G. Bonnier, Recherches sur Vanatomie expérimentale des
végétaux, 1895, in-8°, avec planches.
E.-A. Carrière, Considérations générales sur l'espèce, 1861,
brochure in-8*. — Production et Fixation des variétés dans les
végétaux, brochure grand in-8°.
J. Moyen, les Champignons. Traité élémentaire et pratique
de mycologie, in -8°, avec 20 planches coloriées.
C* de Saporta, le Monde des plantes avant Vapparition de
Vhomme, 1879, in-8".
W. Miller, Dictionary of english names of Plants, 1884,
grand in -8°.
L.-H. Bailey, Plant-Breeding, being five lectures upon the
amélioration of domestic plants, 1895, in-8*.
Arthur Gris, Recherches anatomiques et physiologiques sur
la germination, 1864, in-8°.
B. Verlot, Sur la production et la fixation des variétés dans
les plantes d'ornement, 1865, in -8°. — Le Guide du botaniste
herborisant, 1865, in-12.
Dr F. Franceschi, San te- Barbara exotic flora, 1895.
B. Seeman, On Hamburia, a cucurbitaceous genus from
Mexico (ext. d'Anna /s and Magazine of natural history), 1862,
brochure in-89.
Abbé Pons, Observations sur les Anémones de Grasse et des
environs (ext. du Bull. Soc. bot. de France, XXX (1883), sess.
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Sciences naturelles :
Oh. Darwin, De la variation des animaux et des plantes
sous l'action de la domestication, traduit par J. Moulinié, 1868,
î vol. in-8°. — Les Mouvements et les Habitudes des plantes
— 35 -
grimpantes, traduit par le D' R. Gordon, 1877, in-fi*. — The
différent formes of flowers on plants of the same species, 1877,
in-8*.
John Bal!, Notes of a naturalist in South America, 1877,
in-8*.
Ch. Robin, Anatomie microscopique des tissus et des sécré»
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H. Joly, Psychologie comparée; VHomme et l'Animal, 1877,
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en 1886, in-4# avec cartes.
- 36 —
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A. Pai lieux et D. Bois, le Potager d'un curieux, Histoire,
Culture et Usage de deux cents plantes comestibles peu connues
ou inconnues, 2* édition, 1892, in-8°.
F. Debray, Guide pour l'emploi des engrais, 1893, brochure
in-8°.
C. Farrenc et J. Grec, Une Maladie des œillets, brochure in-8°.
Ed. Prillieux, Maladies des plantes agricoles et des arbres
fruitiers et forestiers causées par des parasites végétaux, 1897,
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A. Berne, Manuel d'arboriculture fruitière, 1898, in-8°.
A. Carré, Taille de la vigne (système de Royat), avec un
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R. P. A. Sebire, les Plantes utiles du Sénégal, Plantes indi-
gènes, Plantes exotiques, 1899, in-8°.
Aimé Girard, Amélioration de la culture de la pomme de
terre industrielle et fourragère (Instructions pratiques), 1893,
brochure in-8°.
G. Foëx, Manuel pratique de Viticulture pour la reconsti-
tution des vignobles méridionaux, 1891, in -8°.
E. Sauvaigo, les Cultures sur le littoral de la Méditerranée,
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Georges Ville, Résultats obtenus en 1868, au moyen des
engrais chimiques, 1869, in-4°.
Le Bon Jardinier, almanach horticole pour 1890, 134e édition.
Sciences physiques et chimiques :
E. Becquerel, la Lumière, ses Causes et ses Effets, 1867,
2 vol. in-8°.
J.-B. Boussingault, Économie rurale considérée dans ses
rapports avec la chimie, la physique et la météorologie, 1843,
2 vol. in-8*.
Aimé Girard, Composition chimique et Valeur alimentaire
des diverses parties du grain de froment, 1884, brochure in -8*.
J. Reiaet, Recherches pratiques et expérimentales sur V Agro-
nomie, 1865, in-8°.
— 37 —
E. Frémy, Sur la génération des ferments, 1873, in»8v
A. Wûrtz, la Théorie des atomes dans la conception générale
du monde, 1875, in-18.
R. P. Secchi, l'Unité des forces physiques; Essai de philo*
sophie naturelle, traduit par le Dr Deleschamps, 1869, in-18.
M. -A. Gaudin, l'Architecture du monde des atomes, 1873,
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Herber Spencer, Classification des sciences, traduit par
F. Rélhoré, 1872, in-18.
M.-D. Leroy, l'Évolution restreinte aux espèces organiques,
1891, in-18.
G -A. Hirn, Conséquences philosophiques et métaphysiques
de la Thermodynamique, 1868, grand in-8\
Ch. Lévôque, la Science de l'invisible, 1865, in-18.
J. Boiteux, {a Pluralité des mondes habités et les Questions
qui s'y rattachent, 1898, in-18.
Abbé Moigno, Physique moléculaire, ses Conquêtes, ses
Conséquences, ses Applications, 1868, in-18.
Notice sur les travaux scientifiques de Th. Schlœssing,
1882, in-4\
Obsèques du comtede Chambrun, fondateur du Musée social,
1821-1899, in-4'.
La Société a reçu en outre depuis sa dernière réunion :
De M. Grand'Eury, ingénieur des mines à S aint-É tienne f
deux notes dont il est Fauteur : Sur Us graines de Sphenopteris,
sur l'attribution des Codonosperhum et sur l'extrême variété
des graines de fougères '. — Sur les mutations de quelques
plantes fossiles du terrain houiller. 2
De M. H. Marlot, Note sur les minerais radifères de Grury
(Saône-et-Loire), qu'il a communiquée à la Société des
sciences historiques et naturelles de l'Yonne (2* semestre
1904).
i
i
1. Elirait des comptes rendus des séance* de l'Académie des science», t. CXLI.
p. 81 .'(séance da 20 novembre 190}). i
S. I.texn, Idem, t. CXLII, p. 15 (séance do S Janvier 1904). i
— 38 —
De Mma Roche, deux brochures extraites des publications
du Congrès international des mines, de la métallurgie, de
la mécanique et de la géologie appliquées, tenu à Liège, du
15 juin au 1er juillet 1905. — 1° De l'emploi de la paléontologie
en géologie appliquée, par A. Renier. — 2° Formation de la
houille et des roches analogues y compris les pétroles, par
H. Potonié.
De M. Menegaux, assistant au Muséum, Notice sur ses
titres et travaux scientifiques .
De M. Beurton- Vie illard, négociant à Liernais, une
moitié de hachette en silex trouvée par lui sur le territoire
de sa commune.
De M. le Dr Joseph Baron, une très belle empreinte de
poisson du permien d'Autun.
De M. Chassigriol, instituteur à la Boulaye, deux silex
taillés trouvés par ses élèves.
De M. C.-Eg. Bertrand, professeur à la Faculté de Gaen,
le résumé de la conférence qu'il a donnée dans la section
de géologie appliquée au Congrès international des mines,
de la métallurgie et de la mécanique, tenu à Liège, en juin
1905, sous le titre de : Ce que les coupes minces des charbons
de terre nous ont appris sur leurs modes de formation. *
De M116 Juliette Roidot, huit cartons de classification du
règne animal établie par son grand-père M. Roidot*
Deléage.
Parmi les ouvrages récemment envoyés à la bibliothèque
de notre Société, nous devons une mention particulière
aux Annales de Paléontologie, publiées sous la direction de
M. Marcellin Boule, et qui remplissent une lacune dans la
presse scientifique de la France, où la paléontologie a pris
naissance, et où cependant elle ne possédait aucun recueil
spécial. Dans la lettre-préface de M. A. Gaudry, et l'Intro-
1. Une brochure in-8* de 44 pages de texte et 9 planchée in*4*. Imprimerie
H. Vaillant-Carmanne, Liège, 1905.
- 39 —
raitesdm* duction de M. Marcellin Boule, qui présentent au public
de la ma cette nouvelle publication, les auteurs précisent le rôle de
nées tein *a Pal®onto'°&ie) et 'a méthode des études sérieuses de
vloidthr stratigraphie ou de systématique, qui ont plus à gagner à
- 9« vyx des a rapprochements légitimes * qu'à « la multiplication
des genres et des espèces. » Et les savants auteurs appli-
quent ces principes, dès ce premier fascicule, dans deux
magistrales études, Tune de M. A. Oaudry, sur les Fossiles
de Patagonie, rapportés par M. A. Tournouër, où procla-
mant que « la recherche des manifestations de la vie est
un des buts principaux de la paléontologie, » l'éminent
professeur reconstitue les Attitudes de quelques animaux,
rectigrades et flexigrades; l'autre de M. M. Boule, sur les
Grands Chats des cavernes, où, mettant à profit les dons
récents faits par M. Edmond de Rothschild au Muséum, il
recherche et explique les ancêtres des Lions quaternaires
et de notre Lion actuel; M. M. Boule a, en outre, collaboré
avec son assistant, M. Armand Thevenin, à un autre
leetiw mémoire sur la Paléontologie de Madagascar .'Fossiles de la
iatiooalk< côte orieniaie^ complété par un travail de M . Robert Dauvillé,
nu à W $ur quelques gisements nummuli tiques de Madagascar ; le tout
ninm^ illustré de nombreuses figures et de superbes planches et
forMiï édité avec tout le soin qu'apporte la maison Masson à ses
e classa publications scientifiques. En remerciant nos membres
père Ï d'honneur de s'être souvenus que la paléontologie tient
une grande place dans notre Société, et de nous avoir
, ,.', donné une nouvelle preuve de bienveillance par leur gra-
cieux et généreux envoi, nous ne pouvons qu'ajouter nos
vœux, à ceux qui ont déjà été hautement exprimés pour le
succès des Annales de Paléontologie.
A signaler un autre ouvrage d'un ordre tout différent,
mais particulièrement pratique, aimablement adressé à
notre Société : la Flore de poche de la France, ou Tableau
analytique de la Flore française, par M,r H. Léveillé, secré-
taire perpétuel de l'Académie internationale de géographie
\pris la?
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- 40 —
botanique (Paris, Ch. Amat, éditeur, 1906), qui, sous un
format de poche commode (in-16), solidement cartonné et
d'un prix modique (5 fr.), donne, en 620 pages, le moyen
d'arriver d'une façon claire et rapide à la détermination de
toutes les plantes de France. A recommander particulière-
ment aux jeunes botanistes !
A signaler, en outre, dans les comptes rendus des séances
de l'Académie des sciences (n° 26 du 26 décembre 1905),
une intéressante note de M. Armand Thevenin, sur la
découverte récente d'amphibiens analogues à ceux de notre
permien et recueillis par M. Fayol, dans le terrain houiller
de Gommentry.
De sincères remerciements sont adressés aux donateurs.
M. Jeannet expose ensuite la situation financière de la
Société qui n'est toujours pas brillante et qui se solde cette
année, malgré les économies réalisées, par un déficit de
1,119 fr. 15, que va combler heureusement le prochain
recouvrement des cotisations.
Le secrétaire dépose sur le bureau un exemplaire de la
notice biographique que M. le Dr F.-X. Gillot vient de con-
sacrer à la mémoire de M. Roche, et il donne en même
temps lecture de la lettre suivante qu'il a reçue de M. Albert
Gaudry, à la date du 1èr février 1906 :
Cher confrère,
Je vous remercie de l'envoi de la notioe de votre préaident, sur
M. Roohe. Avec son talent habituel, M. Gillot a fait une belle pein-
ture d'un homme qui a été un bienfaiteur de la science par l'habileté
de ses rcherches et la libéralité avec laquelle il en a fait profiter
les travailleurs. La notice de M. Gillot me parait très encourageante
pour les membres de notre Société qui ne sont pas des savants de
profession, car elle montre qu'avec l'amour du travail et avec de la
générosité d'âme, on peut rendre à la science de signalés services
et laisser après soi un nom très honoré.
Cordialement à vous,
Albert GAUDRY.
— 41 —
Quatre nouveaux adhérents sont reçus i l'unanimité
comme membres titulaires :
M. Claudius Berger, négociant à Toulon-sur- Arroux ,
présenté par MM. Chantelot et V. Berthier.
M. Bonnaud, serrurier i Autun, présenté par MM. Avondo
Fernand et A. Bovet.
M. Chifflot, serrurier a Autun, présenté par MM. SiWestre
et V. Berthier.
M. Pierre Cordin, menuisier à Autun, présenté par
MM. A. Bovet et V. Berthier.
Il est donné lecture de la note suivante envoyée par
M. Marlot :
Note sur le filon de pyromorphite de
Saint - Didier-sur- Arroux .
Ce Glon ayant beaucoup de ressemblance avec ceux de
Grury est situé sur la commune de Saint-Didier, près du
moulin des Jouleaux, et limitrophe de Thil-sur-Arroux ; il
se trouve dans un champ appartenant à M. Louis Vadrot,
demeurant au hameau des Oauthey.
La première indication de l'existence de ce minerai
nous a été donnée par notre collègue M. Camusat, du
Creusot, et au mois de novembre 1904, avec M. Berthier,
sur le terrain, nous en avons fait la reconnaissance avec le
propriétaire, par des morceaux de minerais éparpillés à la
surface du sol voisine de l'affleurement.
Les travaux de recherches entrepris peu de temps après
se sont composés d'une tranchée de 90 mètres de longueur,
suivant le filon en direction 8.-N.-0. de la veine minéralisée
et ayant atteint parfois plus de 3 mètres de profondeur.
Ce filon est i peine accusé sur presque toute l'étendue
où nous l'avons poursuivi ; il forme parfois de petits amas
ou chapelets dans une gangue feldspathique assez dure. Il
— 42 —
en est comme l'ossature au milieu d'une granulite terreuse
décomposée formant les parois d'encaissement et n'offrant
rien de particulier. Ces petits bourrelets de pyromorphite
sont des rognons de la grosseur d'une noix, au plus du
poing, d'un beau vert ou de couleur jaune et possédant une
forte densité. On y a remarqué quelques mouchettes de
galène cristallisée avec de petits cristaux de cérusite.
La radioactivité constatée au début n'a pas été suivie sur
les minerais trouvés en profondeur; celle-ci n'encourageait
pas les recherches à cause de la faiblesse du filon qui ne
semblait pas augmenter et, comme il exigeait de plus
grands frais, nous avons cru l'abandonner. Malgré cela
il était utile de leur consacrer un mot, ne serait-ce qu'à
l'état de souvenir par une communication à la Société
d'histoire naturelle.
Grury, le 6 février 1906.
H. MARLOT.
M. de Chaignon entretient la Société d'une nouvelle
recherche qu'il vient de faire, en lui adressant une :
Note sur la Perdrix grise des Pyrénées
(Perdix oinerea charrela (Lopez Seoane).
Dans le Bulletin de la Société des sciences naturelles de
l'ouest de la France, M. L. Bureau, directeur du musée
d'histoire naturelle de Nantes, signale une variété ou sous-
espèce de Perdrix grise propre aux Pyrénées, que Ton ren-
contre tant sur le versant français que du côté de l'Espagne.
Plusieurs exemplaires de cette perdrix lui ont été envoyés
pour l'étude, par M. M. Qourdon, vice-président de la
Société Ramond et membre de la Société géologique de
France. Pour M. Gourdon, les Pyrénées n'ont plus de
secret; il les a parcourues en tous sens, depuis trente ans;
- 43 —
il y a fait de nombreuses et intéressantes découvertes dans
différentes branches de l'histoire naturelle.
C'est en qualité de collègue de la Société géologique,
que j'ai eu recours i l'obligeance de M. Gourdon, en le
priant de me faire savoir s'il serait possible de me procurer
un exemplaire de cette nouvelle perdrix. Par le marne
courrier, M. Oourdon m'a répondu qu'il avait i ma dispo-
sition un beau mâle tout fraîchement tué et qu'il me
l'adressait.
Sur ces entrefaites, M. Louis Gillot ayant eu, de son
côté, la bonne fortune de tuer une perdrix grise ordinaire,
mâle bien adulte également, il fut aisé de comparer les
deux sujets, soit sur le vif, soit avec les exemplaires que
nous possédons dans nos vitrines, et d'établir les rapports
et les différences entre les deux espèces.
Pour la taille, il n'y a pas de différence; elle est de
30 centimètres comme dans l'espèce type; le beo a la même
longueur mais il est plus étroit i la base, plus pointu
chez P. charrela et de couleur brune plutôt que gris jau-
nâtre.
Chez la P. grise, le front roux uniforme s'étend au-dessus
et en arrière de l'œil, sur une largeur au moins double que
dans P. charrela ; chez celle-ci le roux est plus clair. Un
trait blanchâtre existe au-dessus de l'œil et se prolonge
jusqu'à la hauteur de la région auriculaire, où il se fond
avec le roux qui est alors lavé de blanc. Dans la P. grise,
toute oette partie est uniformément rousse sans traces de
tons blancs.
Dans P. charrela, le dessus de la tète est brun, coupé
par des taches blanches arrondies faiblement, jaunâtres, et
non par des traits comme dans la P. grise, avec le vertex
et l'occiput roux grisâtre.
La ooloration de la gorge est semblable dans les deux
espèces.
Dans P. charrela, les plumes décomposées qui recou-
— 44 —
vrent l'oreille sont brunes avec un fin liseré blanchâtre
sur la tige; il n'est pas apparent chez la P. grise, à
cause de la coloration uniformément grise de cette partie.
Dans P. charrela, les côtés du cou ont des taches blan-
châtres arrondies ou en larmes, bordées en bas par un trait
brun sur chaque plume. Dans la P. grise, ces taches n'exis-
tent pas et sont remplacées par de fines lignes vermicu-
lées transversales, d'un roux plus ou moins foncé sur fond
cendré ; cette teinte se continue sur le haut du dos.
Dans P. charrela, le dos et les côtés sont coupés de
bandes transversales d'un brun noir, séparées par des espaces
plus clairs, variés de zigzags foncés. Cette disposition de
coloration se continue jusque au-dessus du croupion. Chez la
P. grise, ces bandes transversales se voient un peu sur le
croupion, mais elles sont rousses, moins larges et moins
nombreuses ; dans certains sujets elles se continuent par
des zigzags sur les rectrices médianes, jusqu'à la moitié
de leur longueur; chez d'autres, jusqu'à leur extrémité.
Dans l'exemplaire que nous possédons de la P. charrela,
ces zigzags se succèdent jusqu'à l'extrémité des rectrices
médianes.
Les grandes rémiges ainsi que les secondaires ont une
couleur sombre et sont dépourvues de roux; le trait blanc
sur la tige de certaines plumes est bien accusé ; chez la
P. grise, toute cette partie de l'aile a plutôt une teinte
générale gris roussâtre, ou noires chez le mâle ; car si l'on
veut établir un certain rapprochement entre les deux espèces,
il faut comparer la P. charrela mâle avec la femelle de
notre perdrix grise ; la différence est bien moins tranchée
que de mâle à mâle.
La disposition des plumes des flancs est à peu près
pareille, mais les taches sombres n'existent toujours pas
dans la P. grise.
Dans les deux, la coloration de la poitrine offrirait .une
certaine analogie, sauf que, dans P. charrela, le pointillé
— 45 —
noir et blanc, ou cendré, est plus foncé que dans la P. grise
et se rapprocherait de celui de la femelle de nos pays.
Le fer à cheval assez peu développé est noir ou noirâtre
et non roux comme dans notre perdrix.
Les rectrices latérales sont pareilles ainsi que les sous*
caudale 8.
En terminant, je ne puis mieux faire que de rappeler ce
que rapporte d'une manière succincte M. Bureau, dans le
Bulletin précité; une étude plus détaillée de cette espèce
devant paraître prochainement dans le journal l'Omis :
« Le mile diffère des perdrix grises des autres régions
de la France, par une coloration générale brunâtre des
parties supérieures, avec absence de gris cendré et de
roux. Sur le haut du dos et les côtés du cou, chaque plume
porte, sur la tige, près de l'extrémité, une ou deux taches
d'un jaunâtre clair en forme de losange ou de gouttelettes.
Les plumes scapulaires et les grandes couvertures des ailes,
de couleur sombre, sont dépourvues de roux et rappellent
celles des femelles des autres parties de la France. Un fer
â cheval, noir ou noirâtre, de moyenne dimension, s'observe
au bas de la poitrine.
» Cette sous-espèce, loin d'habiter la plaine, les contre*
forts ou les régions basses des montagnes, est cantonnée
au-dessus du niveau des forêts, dans les hauts pâturages,
zone dépourvue de toute culture, comprise entre 1 ,500 mètres
et 2,500 mètres au-dessous de la région habitée par le
Tétras ptarmigan, »
II. os CIIAIONON.
H. J. Camusat communique ses observations hygro-
métriques faites au Creusot, pour le mois de décembre
1905 :
- 46 -
ÉTAT HYGROMÉTRIQUE DE L'àIR AU CREUSOT
(Hygromètre enregistreur a cheveux de Richard.)
MOIS DE DÉCEMBRE 1905
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+ 4
0,763
6.36
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+ 3,2
0,766
6,03
6.08
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12
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+ 3
0,766
5.95
6.00
3,21
13
0.595
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0.764
5.57
5.60
3,33
14
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-0,3
0,763
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4.85
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15
0.847
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0,762
5,57
5.58
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0
0,761
4.87
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+ 1,5
0,760
5,39
5,39
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+ 0,5
0,760
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5,04
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19
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0,760
4,79
4,79
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0.830
+ 2,5
0,764
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5,79
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+ 4
0,766
6,36
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+ 0,8
0,764
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5.17
4.30
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Hauteur d'eau tombée en décembre : 41 % 8. J. G.
— 47 —
ÉTAT HYGROMÉTRIQUE DE l'AIR AU CREUSOT
(Moyennes mensuelles. — Année 1905).
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Février . • .
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Mars
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Avril
0.639
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70,2 1
j Mai ••».••«
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Juin
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Juillet
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12.00
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Août
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1-20.3
0,754
11.15
167,0
158.6
Septembre.
0,728
h 15.6
0.754
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122.2
170,2
Octobre . . .
0,690
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Novembre.
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5.15
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Décembre .
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ANNUELLES *
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OBSERVATION. — La région du Poi)t-d*Ajout eoo«tUaAHt lo ba*«ln tllnMD-
Uirt des «tu du Oeu*ot, oou* to donnons, * Ulre oomparalif, U régtoM pluvul.
M. G. Parant, vétérinaire à Autun, communique la note
suivante sur :
Les Essais d'immunisation contre la Tuberculose.
La maladie qui tous les ans fait les plus grands ravages,
aussi bien dans les rangs des humains que dans les rangs
de nos animaux domestiques, est certainement la tubercu-
lose. Aussi cette maladie, connue depuis des époques
très reculées, a-t-elle été l'objet d'études sérieuses de la
part des savants et des médecins de tous les pays, qui
s'ingénièrent i trouver un remède à ce terrible fléau.
— 48 —
Mais ce n'est vraiment que depuis l'année 1882, époque à
laquelle le Dr Robert Koch, de Berlin, découvrit et cultiva
le fameux bacille, agent causal de la maladie, que les
recherches ont pu être dirigées d'une façon rationnelle.
De nombreux savants, parmi lesquels il convient de citer
les noms de Villemain, Chauveau, Klebs, Bollinger, Kitt,
Gerlach, Gadiot, Gilbert, Roger, Arloing, Nocard et beau-
coup d'autres, montrèrent que toutes les tuberculoses
n'étaient fonction que d'un seul facteur : le bacille de Koch.
Que la tuberculose existe chez l'homme, le singe, le bœuf,
le chien, etc., et même chez les oiseaux, la maladie est
toujours causée par le même bacille. Le bacille de Koch
est donc l'agent de toutes les tuberculoses et, s'il présente
parfois des différences souvent assez grandes, tant au point
de vue morphologique qu'au point de vue de la virulence,
cela vient seulement de l'adaptation du bacille à l'animal
sur lequel il vit, et du degré de réceptivité de ce dernier.
« Le bacille de Koch se présente chez toutes les espèces
avec des caractères essentiels communs; l'infection est
transmissible d'une espèce à toutes les autres, sous des
conditions plus ou moins expresses pour chacune d'elles. » i
De nombreux traitements ont été préconisés tant en
médecine humaine qu'en médecine vétérinaire, contre cette
redoutable maladie ; mais nous les laisserons tous de côté
pour ne nous occuper présentement que des divers essais
d'immunisation. Ces divers essais peuvent être rangés sous
trois grands chefs :
1° Inoculation de toxines, c'est-à-dire de produits solu-
bles sécrétés par le bacille lui-même.
2° Inoculation de divers sérums.
3° Inoculation de virus affaiblis, c'est-à-dire des bacilles
tuberculeux dont la virulence a été atténuée par divers
procédés.
1. Nocard et Leclalnche, Maladie* microbienne* de* anlmtux, t. H.
— 49 -
I. — Immunisation par les toxines.
Le monde médical et le public se souviennent encore
de Tannée 1890, au point de vue de la lutte contre la tuber-
culose. Cette année-là, en effet, le professeur Robert Koch,
de Berlin, annonçait partout qu'il avait découvert une
lymphe fabriquée secrètement, dont l'inoculation prévenait
et guérissait même la tuberculose. L'effet produit fut
immense et, de tous côtés, on se rendit à Berlin se faire
inoculer par l'illustre savant. La lymphe de Koch se ven-
dait au poids de l'or, et la confiance du public en celui qui
avait découvert le bacille de la tuberculose était illimitée.
Mais, hélas ! il fallut bientôt en rabattre, car parmi tous ces
malades, beaucoup ne purent retourner chez eux et mou-
rurent dans la capitale allemande.
La lymphe de Koch n'avait guéri personne et elle
avait aggravé l'état des moins malades. Six mois après,
Koch était traîné dans la boue par tous ceux qui l'avaient
porté aux nues. Qu'était-ce donc que cette lymphe dont le
procédé de fabrication restait secret? Ce n'était ni plus ni
moins que le produit d'une culture de tuberculose en milieu
glycérine.
C'est à deux savants français, MM. Nocard et Roux, que
revient l'honneur d'avoir trouvé la nature et le mode de
préparation de cette lymphe secrète ; et quinze jours après
la communication qu'ils firent à l'Académie de médecine
de Paris, le professeur Robert Koch parla enfin, annonça
que ces deux bactériologistes ne s'étaient pas trompés et
qu'ils avaient bien préparé sa fameuse lymphe. Cette
lymphe n'est pas autre chose que ce que nous appelons
aujourd'hui la tuberculine.
Si la tuberculine n'a été d'aucune utilité dans le traite-
ment de la tuberculose, elle a rendu et rend encore d'im-
menses services quand même; car elle permet de déceler
S.H.N. 1906. 4
— 50 —
dans l'organisme d'un homme ou d'un animal la moindre
lésion tuberculeuse.
II. — Inoculation de aérums divers.
Héricourt et Richet ont essayé d'obtenir l'immunisation,
par des injections de sérum d'animaux traités par des
inoculations virulentes ou des injections de toxines. Aucun
résultat n'a été obtenu dans cette voie.
De même, l'inoculation de sérum d'animaux autrefois
réputés réfractaires à la tuberculose n'a pas été suivie de
plus de succès.
III. — Vaccination.
Depuis longtemps on s'était ingénié à vacciner les bovidés
contre la tuberculose, en leur injectant soit des bacilles
affaiblis, soit des bacilles provenant d'autres animaux.
Arloing, Nocard, Qebhardt espéraient, à la suite d'inocula-
tions de produits scrofuleux, amener les organismes à une
accoutumance plus ou moins grande ; mais les recherches
de Grancher et de Strauss montrèrent l'inefficacité de cette
méthode.
L'inoculation de bacilles aviaires ne donna aucun résultat.
En 1894, Schweinitz avait montré que les bovidés peuvent
tolérer des injections intraveineuses de bacilles tuber-
culeux affaiblis.
En 1901, Mac-Fadyean avait aussi montré que si l'on
augmente peu à peu les doses injectées, on arrive à aug-
menter la résistance des animaux ainsi traités vis-à-vis de
l'infection tuberculeuse.
C'est le 12 décembre 1901, à l'Académie des sciences de
Stockholm, que le professeur Behring, de Marbourg,
annonçait dans une retentissante communication, qu'il
avait trouvé le moyen de vacciner les bovidés contre la
tuberculose, par un procédé spécial, procédé qu'il appe-
lait : Jennérisation antituberculeuse. L'état réfractaire était
— 51 -
obtenu chez l'animal, par l'inoculation d'une culture de
tuberculose humaine affaiblie.
Au début, Behring injectait dans la veine jugulaire des
jeunes bovidés, une dose inférieure à 5 milligrammes
d'une culture de bacilles humains, entretenue dans son
laboratoire sans aucun passage sur un être vivant quel-
conque, depuis sept années. Cette première injection créait
déjà une légère immunité, que Ton augmentait au bout de
quelques semaines, en injectant une dose double de culture.
Les animaux ainsi vaccinés résistaient à des inoculations
tuant sûrement les témoins ; mais à l'autopsie d'un sujet
vacciné, Behring trouva des bacilles virulents ; ce qui l'amena
à changer son mode de vaccination.
Dans cette deuxième méthode, Behring emploie toujours
les mêmes cultures de bacilles humains, mais desséchées
dans le vide. Il injecte d'abord 4 milligrammes de culture
desséchée. Ces 4 milligrammes de culture sèche proviennent
de 20 milligrammes de culture fraîche et possèdent la même
virulence que 2 milligrammes de cette culture. Pour faire
l'inoculation, il est nécessaire de broyer ces bacilles viru-
lents desséchés et de les diluer dans de l'eau salée à
1 pour 100; le tout est injecté dans la veine jugulaire.
Trois mois après cette première vaccination, on injecte,
toujours d'après la même technique, 20 milligrammes de
culture sèche, provenant de 100 milligrammes de culture
fraîche.
De suite, dans tous les pays, on se mit à contrôler ces
résultats. Pearson et Gililand, Schweinitz et Schrœder,
Schlegel, de Fribourg-en-Brisgau, Lorentz, de Darmstadt,
Eber, de Leipzig, reçoivent des animaux immunisés et les
soumettent à divers modes d'infection, et partout on cons-
tata chez les vaccinés une grande résistance à l'évolution
de la tuberculose. Dans l'Europe centrale, on fit de grandes
applications pratiques. On vaccina par milliers dans les
environs de Marbourg, le Mecklembourg, la Pologne prus-
— 52 —
sienne, la Hesse, l'Autriche, la Hongrie, etc., mais on ne
connaît encore qu'imparfaitement les résultats obtenus.
Au Congrès international de médecine vétérinaire tenu
à Budapest, en septembre 1905, la vaccination par le pro-
cédé de Behring a été étudiée.
Le professeur Dr Hutyra, de Budapest, estime que le
procédé n'a pas donné tout ce que Ton pouvait en attendre,
car quelques vaccinés avaient encore réagi à la tubercu-
line ; néanmoins il conclut que : « Une injection intravei-
neuse de culture dé bacilles de l'homme, faite à deux
reprises par la méthode de Behring, accroît dans une
mesure considérable la force de résistance des bœufs contre
l'infection artificielle par des bacilles tuberculeux bovins. »
En outre, il constate que le procédé est sans danger pour
les animaux sains. Le professeur Thomassen, d'Utrecht,
depuis 1902, a entrepris des expériences de contrôle, et il
constate que les vaccinés résistent à une inoculation viru-
lente faite sous la peau ou intraveineuse qui tue les témoins
à coup sûr.
Le Dr Rômer, de Marbourg, arrive à des conclusions ana-
logues. -
Le professeur Schuetz, de Berlin, fait remarquer avec
juste raison, que la pulvérisation de bacilles humains dessé-
chés et virulents est très dangereuse pour le vaccinateur,
aussi préfère-t-il se servir d'un vaccin qu'il a trouvé et
qu'il livre liquide. La vaccination est obtenue par une seule
injection de 2 centigrammes de bacilles humains atténués.
MM. Pearson, de New-York, Arloing, de Lyon, Eber,
de Leipzig, Lorentz, de Darmstadt, Malm, de Christiania,
Lôfïler et Greifwald, ont tous contrôlé les essais de
Behring, et tous ont obtenu des résultats remarquables.
Au même congrès, M. Lignières, de Buenos-Ayres, pré-
tendit obtenir aussi l'immunisation contre la tuberculose,
en injectant sous la peau des bovidés une culture homogène
de bacilles humains.
— 53 —
C'est vers la fin de décembre 1904, que la France devait
expérimenter ces deux nouvelles méthodes de vaccination.
Sous les auspices de la Société de médecine vétérinaire
pratique, le professeur Vallée, de l'École d'Alfort, fut
chargé de vacciner à Melun, un certain nombre de bovidés
et de les soumettre ensuite à des inoculations de contrôle
très sévères. De suite, le savant professeur avait reconnu
les inconvénients de la méthode de Behring; c'est-à-dire
le danger qui existe pour l'opérateur à pulvériser des
bacilles humains desséchés. Il obvia à cet inconvénient en
plaçant ces bacilles dans un ballon en verre très épais
(matras de Wurtz), contenant des billes de verre qui, par
suite de l'agitation du matras, triturent les bacilles. Le
col du ballon est obturé par un tampon d'ouate et, pour
faciliter le broyage, on fait adhérer les bacilles aux billes
et aux parois par quelques gouttes de glycérine stérilisée,
et on ajoute peu à peu la quantité d'eau salée nécessaire
pour obtenir la dilution voulue.
On rassembla à Melun, vingt-un jeunes bovidés appar-
tenant à sept races différentes, qui tous, après injection
de tuberculine, furent reconnus indemnes de tuberculose.
La première vaccination fut pratiquée le 1 1 décembre ; la
deuxième le 1 1 mars, en se conformant aux prescriptions
de Behring. Entre les deux vaccinations, un bœuf charol-
lais mourut d'une maladie quelconque, mais à son autopsie
on ne constata aucune lésion tuberculeuse. Le 6 juin 1905,
vaccinés et témoins achetés en vue de l'épreuve d'infec-
tion furent soumis à une injection de tuberculine. Un seul
des vaccinés réagit, mais réinoculé en juillet et novembre,
il cessa de réagir. Il fut, d'ailleurs, abattu le 6 décembre,
et on ne trouva, à son autopsie, aucune trace de tubercu-
lose. Donc : la vaccination est inoffensive.
Restait à connaître son efficacité. Pour cela, on infecta
de diverses façons vaccinés et témoins. Les diverses
méthodes employées furent : l'inoculation sous la peau,
— 52 —
sienne, la Hesse, l'Autriche, la Hongrie, etc., mais on ne
connaît encore qu'imparfaitement les résultats obtenus.
Au Congrès international de médecine vétérinaire tenu
à Budapest, en septembre 1905, la vaccination par le pro-
cédé de Behring a été étudiée.
Le professeur Dr Hutyra, de Budapest, estime que le
procédé n'a pas donné tout ce que l'on pouvait en attendre,
car quelques vaccinés avaient encore réagi à la tubercu-
line ; néanmoins il conclut que : « Une injection intravei-
neuse de culture de bacilles de l'homme, faite à deux
reprises par la méthode de Behring, accroît dans une
mesure considérable la force de résistance des bœufs contre
l'infection artificielle par des bacilles tuberculeux bovins. »
En outre, il constate que le procédé est sans danger pour
les animaux sains. Le professeur Thomassen, d'Utrecht,
depuis 1902, a entrepris des expériences de contrôle, et il
constate que les vaccinés résistent à une inoculation viru- *
lente faite sous la peau ou intraveineuse qui tue les témoins
à coup sûr.
Le Dr Rômer, de Marbourg, arrive & des conclusions ana-
logues.
Le professeur Schuetz, de Berlin, fait remarquer avec
juste raison, que la pulvérisation de bacilles humains dessé-
chés et virulents est très dangereuse pour le vaccinateur,
aussi préfère-t-il se servir d'un vaccin qu'il a trouvé et
qu'il livre liquide. La vaccination est obtenue par une seule
injection de 2 centigrammes de bacilles humains atténués.
MM. Pearson, de New-York, Arloing, de Lyon, Eber,
de Leipzig, Lorentz, de Darmstadt, Malm, de Christiania,
Lôffler et Greifwald, ont tous contrôlé les essais de
Behring, et tous ont obtenu des résultats remarquables.
Au même congrès, M. Lignières, de Buenos-Ayres, pré-
tendit obtenir aussi l'immunisation contre la tuberculose,
en injectant sous la peau des bovidés une culture homogène
de bacilles humains.
— 55 —
ploi de bacilles humains ou bovins, dangereux pour l'opé-
rateur ou le vacciné, et ils se servent d'un bacille d'ori-
gine équine inoffensif pour les deux. Les résultats obtenus
sont, paraît-il, excellents, et une communication impor-
tante sur ce sujet doit être faite incessamment par les
auteurs.
Nous ne saurions terminer cette histoire de la lutte
contre la tuberculose, sans parler d'un nouveau sérum
curateur des bovins et des humains, qui donne de grandes
espérances : nous voulons parler du sérum du Dr Cuguil-
lière. Ce sérum, dont la formule exacte est déposée à
l'Académie des sciences, contient du sulfure d'allyle, de
l'essence de myrrhe dans du sérum de Hayem qui leur sert
de véhicule.
Ni irritante, ni toxique, son administration se fait par la
voie sous-cutanée. De nombreux bovidés, tuberculeux
avancés, traités pour la plupart par le vétérinaire Faure à
l'aide de ce sérum, ont parfaitement guéri et augmenté de
poids. A l'autopsie on ne trouve plus que des nodules tuber-
culeux isolés du tissu sain par une barrière de tissu fibreux.
L'examen microscopique de ces nodules, fait à Paris par
le Dr Martin Roux, a montré que le poumon était envahi
par des phagocytes, et sur les coupes on ne put jamais
trouver un seul bacille tuberculeux.
Le Dr Escoyez, de Braffe, en Belgique, a aussi employé
cette méthode de traitement au point de vue de la tuber-
culose humaine, et les quelques observations qu'il a publiées
montrent qu'il a obtenu des guérisons.
D'autre part, le 7 octobre 1905, au Congrès international
de la tuberculose tenu à Paris, le professeur Behring a
annoncé qu'il avait trouvé le principe curateur de la tuber-
culose bovine; là TC, tel est le nom de ce principe. Le
25 novembre 1905, le vétérinaire Faure, de Saint-Denis de
Pilse, au nom de la Société d'application des sciences
médicales, écrivait au professeur Behring, lui demandant
— 56 -
d'essayer comparativement sa TC et le sérum du Dr Cuguil-
lière. « Ces expériences, écrit-il, pourraient être insti-
tuées de la façon suivante. On prendrait, par exemple, un
lot de quatre bêtes bovines tuberculeuses, de même race,
ayant [autant que possible des lésions tuberculeuses des
mêmes organes et au même degré. Dans ce lot, vous choi-
sirez deux bêtes qui seraient traitées avec votre TC ; les
deux autres seraient traitées avec le sérum du Dr Cuguil-
lière. Ces expériences pourraient se faire dans un pays
neutre, la Belgique, par exemple, sous la direction de
M. Max Vanhemelrych, inspecteur vétérinaire de l'État
belge. On pourrait ainsi apprécier la valeur curative des
deux produits et, le cas échéant, déterminer celui auquel
revient la supériorité. »
Nous ne pensons pas que le professeur de Marbourg se
dérobe à cette invitation; espérons que de ces expériences
faites pour le plus grand profit de l'humanité, il sortira un
remède efficace contre ce fléau qui peu à peu dépeuple la terre .
Nous sommes donc très près de la solution. Behring
nous a appris à vacciner les bovidés contre la tuberculose ;
le Dr Cuguillière et Behring ensuite nous annoncent qu'ils
ont pu arriver à guérir cette maladie et les observations
publiées nous permettent d'avoir confiance en l'avenir.
Espérons que bientôt les résultats annoncés seront officielle-
ment constatés, et alors on ne mourra plus par le fait du
redoutable bacille de Koch.
Autun, le 7 février 1906.
G. PARANT.
La correspondance comprend une lettre de M. Charles
Marchai, exprimant ses regrets de ne pouvoir continuer à
exercer les fonctions de secrétaire adjoint, approuvant
le choix qu'on a fait de son successeur et assurant la Société
de tout son dévouement.
, "\
$
Monument de Bernard RENAULT
AU ClMETltmt D-AUTVM
— 57 —
M. le ministre de l'instruction publique accuse réception
de la communication que M. le Dr X. Gillot doit faire en
collaboration avec M. Château, au prochain Congrès des
Sociétés savantes, sur la Répartition topographique des
espèces végétales au point de vue calcimétrique.
M. Ra8pillaire adresse ses remerciements pour le titre
de membre correspondant qui lui a été décerné au cours
de la précédente réunion.
Différentes lettres de M. Albert Qaudry, dans lesquelles
sa sollicitude toute paternelle à notre égard s'inquiète,
non sans raison, de l'indifférence, pour ne pas dire plus,
que l'Agence Fournier met à l'émission des billets de notre
loterie.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée et lo
dix-huitième Bulletin est distribué aux membres présents.
INAUGURATION
OU MONUMENT DE BERNARD RENAULT
La notoriété et les sympathies que s'était acquises notre
savant et regretté compatriote, Bernard Renault, ont assuré
le succès de la souscription ouverte, Tannée dernière,
pour lui élever un monument au cimetière d'Autun.
M. le professeur Albert Oaudry, membre de l'Institut,
ancien président de l'Académie des sciences, commandeur
de la Légion d'honneur, qui a toujours, et en toutes cir-
constances, manifesté son estime et son admiration pour le
caractère et les beaux travaux de Bernard Renault, et sa
bienveillance pour la Société d'histoire naturelle d'Autun,
a bien voulu tenir la promesse qu'il avait faite de présider
la cérémonie de l'inauguration de ce monument, fixée au
— 58 —
29 avril. M. A. Gaudry, dont la verte vieillesse ne connaît
pas d'obstacles, quand il s'agit d'une bonne œuvre ou d'un
acte généreux, n'a pas reculé devant les fatigues d'un long
voyage et l'inclémence de la température, et est arrivé le
samedi soir 28 avril, à Autun, où il a été reçu par le Bureau
de la Société d'histoire naturelle. Il était accompagné de sa
nièce, M™ Bezard, petite-fille d'Alcide d'Orbigny, l'un des
maîtres de la paléontologie française, et a été rejoint par
M. The venin, assistant de la chaire de paléontologie au
Muséum, collègue et ami personnel de Bernard Renault.
Malgré les circonstances défavorables, préoccupations
électorales, indispositions saisonnières, mauvais temps, etc.,
qui ont occasionné l'abstention, motivée par de nombreuses
lettres d'excuses et de sympathiques sentiments, de la part
des sociétés voisines et des amis ou correspondants de
BernardRenaultjlacérémonieaeu lieu, suivant le programme
annoncé, et avec un caractère d'émouvante simplicité.
Dimanche, à onze heures et demie, un dîner, parfaite-
ment servi, réunissait à l'hôtel de la Poste, sous la prési-
dence d'honneur de M. A. Gaudry, une quarantaine de
membres de la Société d'histoire naturelle d' Autun. Au
Champagne, offert par M. A. Gaudry, M. le docteur X. Gillot,
président de la Société, remercie M. A. Gaudry de son
nouveau voyage à Autun, si honorable pour la mémoire de
Bernard Renault, et témoignant, en même temps, de son
vif intérêt pour la Société d'histoire naturelle, dont il est
un véritable bienfaiteur. Il adresse également ses remer-
ciements à M. Thevenin, du Muséum, et salue, au nom de
la Société tout entière, la présence de M°" Bezard, héri-
tière du nom glorieusement scientifique de d'Orbigny, qui
a bien voulu honorer cette réunion de sa gracieuse pré-
sence. M. Gillot regrette l'absence de M. Périer, député et
maire d' Autun, retenu par les exigences du renouvellement
prochain de son mandat législatif et des engagements
antérieurs. Il remercie MM. les adjoints Dirand et Viard et
— 59 —
les conseillers municipaux, qui ont bien voulu le remplacer,
et dont la bonne volonté s'est toujours exercée en faveur
de la Société d'histoire naturelle, comme celle de M. Périer
lui-même. M. Dirand, premier adjoint, se fait, en effet au
nom de la ville, l'interprète de ces sentiments et présente
les regrets de M. le maire. Après quelques mots aimables
de M. A. Gaudry, tout le monde se rend i une heure et
demie à l'hôtel de ville, où se forme le cortège.
M. Albert Gaudry en prend la tête suivi par le bureau et
les membres de la Société d'histoire naturelle, par bon
nombre de notabilités de la ville, de représentants de
l'armée, et par les délégations des Sociétés locales :
Société Éduenne, Société de tir, Collège d'Autun, Sapeurs*
pompiers, Société de gymnastique la Vaillante, etc. Le
ciel, jusque-là pluvieux, s'est heureusement éclairci, et à
deux heures précises la nombreuse assistance était réunie
au cimetière autour du monument, dû au ciseau de M. Martin
Fonty, artiste sculpteur autunois et membre de la Société
d'histoire naturelle.
Ce monument, tout en marbre blanc- veiné de Carrare,
repose sur la partie supérieure de la dalle tombale. Il est
formé d'un socle i quatre faces évidées en cintre de cour-
bure gracieuse, et surmonté d'une pyramide quadrangu-
laire, dont la face antérieure est décorée d'une couronne et
d'une grande palme surmontées par la croix de la Légion
d'honneur. Une plaque de bronze encastrée dans le socle
porte cette inscription :
A
BERNARD RENAULT
DO MUSÉUM DB PAftIS
pbésidbnt
os la société d'histoibi naturillb
d'autun
1836-1904.
8BS AMIS
IT
SB8 ADMIEATIUM.
- 60 —
Quatre discours sont prononcés. M. le Dr Gillot prend
la parole au nom de la Société :
Mesdames, Messieurs,
Le compatriote éminent, dont nous honorons la mémoire, avait
l'amour profond de la terre natale; et, cependant, le peu de place
qu'il y occupe aujourd'hui a failli lui manquer. Après une vie tout
entière consacrée au service du pays et à la science, Bernard
Renault est mort pauvre, et sa dépouille mortelle serait restée, ano-
nyme et bientôt oubliée, dans quelque coin d'une nécropole pari-
sienne, si la municipalité d'Autun, avec un empressement et une géné-
rosité, dont je tiens à la remercier tout d'abord, ne lui avait accordé
une concession gratuite et perpétuelle dans ce cimetière où reposent
déjà les membres de sa famille et ses plus anciens camarades, et si
la Société d'histoire naturelle d'Autun, qu'il avait fondée, dirigée et
tant aimée, n'avait fait les Irais de ses obsèques. '
Il a fallu la mort, et le concert unanime de regrets et d'hommages,
malheureusement trop tardifs, qui l'ont suivie, pour révéler, môme
à beaucoup de ses concitoyens, la valeur de Bernard Renault et la
place qu'il occupait dans le monde scientifique. Il importait que son
nom fût transmis à la postérité et son œuvre proclamée, comme
exemple de désintéressement, de travail et de dévouement.
La vie de Bernard Renault vient d'être écrite par la main d'un
ami, hélas 1 lui aussi disparu, avec une abondance de documents
qui ne laisse rien à ajouter, et avec une émotion sincère, que nous
avons tous ressentie. Elle s'est écoulée, régulière et féconde, digne
et laborieuse, partagée entre Paris, la ville des grandes ressources,
le foyer du progrès scientifique, auquel il a pris une si large part, et
Autun, la petite patrie, aux traditions généreuses, reconnaissante et
fière du succès de ses enfants. Et voilà pourquoi sur ce monument,
éloquent dans sa simplicité, au-dessous de la croix et de la palme,
symboles de l'honneur et de la gloire, le bronze résume en deux
lignes la carrière de Bernard Renault, en évoquant le Muséum de
Paris, où il a dépensé le meilleur de son intelligence, et la Société
d'histoire naturelle d'Autun, à laquelle il avait donné tout son
cœur!
Bernard Renault s'est élevé, & lui-même, un monument plus
— 61 —
fameux et plus durable que le marbre et que le bronze ; c'est l'en-
8 omble des travaux qui l'ont placé au premier rang des paléobota-
nistes, des leçons qu'il a professées, des mémoires qu'il a publiés
par centaines et qui font autorité dans le monde entier, des patientes
études qui ont dévoilé jusque dans leur plus intime structure, et
reconstitué aux yeux étonnés des savants, les flores depuis long-
temps disparues des anciens âges géologiques, des découvertes qui
ont éclairé d'un jour si nouveau et si brillant la formation de la
houille et des combustibles minéraux, et, par là -môme, rendu de si
importants services à l'industrie de notre pays.
Le nom du modeste savant était si généralement connu et sa
valeur appréciée, qu'au premier appel du comité constitué pour
marquer sa tombe d'une pierre tumulaire, les souscriptions sont par-
venues de France et de l'étranger, nombreuses et généreuses, accom-
pagnées, pour la plupart, des témoignages les plus expressifs et les
plus touchants d'estime et de sympathie. Et voilà pourquoi, encore,
ces simples mots qui, dans leur concision, résument également
l'origine et la signification de ce monument : « A Bernard Renault,
ses amis et ses admirateurs I »
Ce m'est un devoir de remercier tous les collaborateurs qui nous
ont permis d'accomplir cette œuvre de justice et de reconnaissance :
M. le maire et le conseil municipal d'Autun, qui ont fourni le ter-
rain; l'artiste, M. Fonty, qui a conçu le projet et travaillé le marbre
de ce tombeau, avec autant d'habileté que de désintéressement;
les savants français et étrangers qui nous ont encouragés et par
leurs souscriptions et par leurs éloges, tout particulièrement les
collègues de Bernard Renault au Muséum, professeurs et assistants,
et, avant tout, l'un des plus distingués par l'étendue de sa science
comme par la dignité de son caractère, M. le professeur Albert
Gaudry, dont la bienveillance envers Bernard Renault et la Société
d'histoire naturelle d'Autun ne connaît pas de bornes, et qui a tenu
à rehausser le lustre de cette cérémonie par sa' présence, témoignage
éclatant de la haute estime en laquelle il tenait Bernard Renault et
son œuvre. Qu'il reçoive, en mémoire de notre cher et regretté pré*
sident, l'expression de notre respectueuse gratitude !
La ville d'Autun a toujours conservé le culte des lettres et des
sciences qui ont fait son antique réputation. Elle s'honore, une fois
de plus, en glorifiant l'un de ses fils, dont le nom, insorit à l'angle
de ses rues comme sur le bronze de cette pyramide, rappellera à nos
descendants les vertus de l'honnête homme, du bon citoyen et du
grand savant que fut Bernard Renault 1
— 62 —
M. Albert Gaudry, président d'honneur de la Société,
s'exprime en ces termes :
Messieurs,
Comme membre de l'Académie des sciences, je suis heureux d'ap-
porter mon tribut d'admiration à la mémoire d'un des hommes qui
ont le plus honoré la science française. Peu de paléontologistes ont
autant que Bernard Renault contribué à jeter de la lumière sur la
grande histoire des âges passés.
Bien des millions d'années avant le temps où les Romains ontfondé
à Autun un centre intellectuel qui rayonne au loin encore aujourd'hui,
grâce à votre Société Eduenne et à votre Société d'histoire naturelle,
la vie se manifestait intense et grandiose dans ce pays. Il y avait d'im-
menses forêts de Lepidodendron, de Lepidoslrobus, de Cordaîtes,
de Sig Maria, de Calamodendron, de Fougères arborescentes. Ces
plantes étaient si abondantes que leurs restes ont formé des masses
de charbon de terre. Elles étaient absolument différentes de celles
qui existent à présent dans l'hémisphère austral et dans l'hémis-
phère boréal. Le génie de Bernard Renault les a reconstituées;
aidé par notre regretté confrère Roche, qui avait un talent particu-
lier pour en découvrir les débris et en faire des préparations micros-
copiques, il a étudié leurs parties les plus délicates aussi bien
que si o'étaient des plantes actuelles. Depuis les révélations de
Bernard Renault et de Roche, nous pouvons, par la pensée, nous
promener dans les forêts houillères et permiennes.
Au milieu de ces forêts, se trouvaient des étangs aveo des Crus-
tacés, des Poissons et des Reptiles qui sont les plus anciens Qua-
drupèdes oonnus jusqu'à présent en France : Protriton, Stereora-
chis, Callibrachion, Actinodon; quelques-uns nous font assister à
la formation du type vertébré : on y voit les vertèbres et les os des
membres sur le point d'achever leur ossification. Roche, MM. Bayle,
Cambray, Berthier et d'autres ont eu l'honneur de les découvrir.
Mais c'est Bernard Renault qui le premier a provoqué leurs inves-
tigations.
Un des résultats les plus remarquables des recherches de ce
savant, unies à celles de M. Bertrand, a été de nous apprendre que
les microbes, dont le rôle aujourd'hui préoccupe tant de personnes»
— 63 —
ont eu un rôle non moins important dans les âges primaires. Il a
montré aux géologues étonnés que la structure très spéciale de la
houille, que nul d'entre eux n'avait expliquée, provient de l'action
des bacilles et des microcoques. Son travail sur les combustibles
minéraux suffira pour faire passer le nom de Bernard Renault à la
postérité.
A ces titres de gloire, Messieurs, votre compatriote en joint un
autre qui vous le rend particulièrement cher. C'est lui qui a fondé
la Société d'histoire naturelle d'Autun, dont le succès continu est un
sujet de surprise pour tous nos naturalistes. Comment, disait-on,
Bernard Renault peut-il espérer avoir une société s'occupant de
science pure dans une ville de 14,000 habitants, qui pour la plupart
sont absorbés par les nécessités d'un constant labeur. Les sociétés
de cette sorte se sont jusqu'à présent recrutées dans les villes très
peuplées, où un grand nombre d'hommes ont des loisirs qui leur
permettent de se donner le luxe de la science.
Mais Bernard Renault avait pour l'étude de la nature une telle
passion, qu'il pensait que cette passion devait facilement se propa-
ger et il avait si bonne opinion de l'esprit des hommes de ce pays
qu'il n'hésita pas. Il vous a bien jugés, Messieurs. Honneur à lui et
honneur à vous! Vous avez montré aux travailleurs français que le
culte des choses de l'esprit appartient à tous.
Pour réunir des objets d'art, des tableaux, des monnaies, des
bibelots, il faut de la fortune. Mais la belle et bonne nature est plus
généreuse que les hommes; elle livre gratuitement ses trésors à
quiconque prend la peine de les rassembler. Avec un marteau et un
ciseau vous mettez à jour des pierres et des fossiles jusqu'à ce jour
inconnus ; avec des feuilles de papier vous rangez vos plantes dans
des herbiers; il vous suffit d'avoir des épingles, du liège et des
boîtes, que vous savez fabriquer vous-mêmes, pour classer vos
insectes; à peu de frais vous préparez des Reptiles, des Oiseaux, des
Mammifères ; et, comme les collectionneurs sont les préoieux auxi-
liaires des savants spécialistes, vous devenez des bienfaiteurs de la
science. Votre éminent président, le Dr Gillot, votre vaillant secré-
taire, M. Berthier, l'habile géologue M. de Chaignon et les autres
organisateurs de vos collections sont secondés par des chercheurs
dévoués ; de grands savants, étrangers à ce pays, sont honorés de
joindre leurs communications aux vôtres. Cette union de tous est
quelque chose d'admirable.
Cependant on ne peut disconvenir que vous avez été peu encou-
ragés. Loin de moi la pensée de jeter un mot d'amertume devant le
— 64 —
monument d'un homme, dont la bonté a été incomparable; mais il
est évident pour tous qu'il n'a pas été traité comme devrait l'être
sur le sol français un homme de génie qui s'est saorifié pour la
science. Il est manifeste aussi que la Société d'histoire naturelle
d'Autun n'est pas aidée autant qu'elle devrait l'être. Cela, mes chers
amis, fait éclater davantage le désintéressement scientifique dont
Bernard Renault vous a donné le plus magnifique exemple.
Votre ancien président avait conçu l'idée d'un Musée qui serait le
couronnement de vos efforts et permettrait d'appréoier l'œuvre que
vous avez accomplie. Avec votre courage habituel, vous poursuivez
cette idée. Je souhaite que vous puissiez réussir; ce serait le plus
bel hommage à la mémoire de l'éminent fondateur de votre Société.
Je souhaite aussi qu'en venant visiter le monumeut que votre piété
lui a élevé, plusieurs d'entre vous tâchent de devenir ses imitateurs,
afin de conserver à cette noble cité son prestige intellectuel.
M. Thevenin parle au nom du Muséum :
Au nom du Muséum d'histoire naturelle, je voudrais essayer de
faire, en quelques mots, revivre la belle figure de Bernard Renault
dans son laboratoire, devant le monument élevé par ses amis de la
Société d'histoire naturelle.
D'éminents admirateurs de son œuvre vous ont dit comment il fut
appelé à Paris par Brongniart qui, en inspectant l'École de Cluny,
avait remarqué l'ingéniosité du jeune professeur de chimie, épris
d'une ardeur sans pareille pour l'étude des végétaux fossiles
d'Autun.
Il conserva pendant vingt-huit ans le titre modeste d'aide natu-
raliste ou d'assistant au Muséum, bien que, rapidement, il fût
devenu un maître qui aurait dû être, lui-même, aidé ou assisté :
toujours, il travailla seul dans son laboratoire.
Quelques-uns d'entre vous ont connu ce laboratoire, que je qua-
lifierais de misérable si d'aussi beaux travaux n'en étaient sortis;
o'étaient deux petites constructions en planches, véritables échoppes
d'artisan du dix-huitième sièole, élevées sous le péristyle de l'un
des bâtiments du Muséum. Le froid y rendait le travail pénible en
hiver et leurs dimensions étaient des plus exiguës, mais cela
importait peu à Bernard Renault, car la lumière y était très favo-
rable à ses études de microscopie.
— 65 —
Il a publié plus de deux cents mémoires, et chaque observation
exigeait un long et délicat travail de préparation ; il fallait réduire
en plaques minces les fragments silioifiés ou charbonneux dans
lesquels se cachaient la structure des tiges et l'appareil fruetifica-
teur de ces végétaux enfouis depuis des millions d'années ou les
bacilles et les microcoques qui ont été les agents actifs de la trans-
formation de la cellulose en houille. Après cette besogne de patient
lapidaire commençait le travail d'examen, de comparaison et de
réflexion du naturaliste; Bernard Renault y montra une conscience,
une ingéniosité, parfois même une hardiesse géniale que des voix
plus autorisées que la mienne ont louées déjà devant vous.
Hais le savant devait souvent interrompre son travail, pour
répondre à des géologues ou à des ingénieurs qui, lui présentant
quelques empreintes végétales, lui demandaient d'en fixer l'âge
pour diriger leurs recherches. Cest alors, dans le cadre de cet
humble laboratoire, qu'apparaissait vraiment son caractère affable;
sa figure sérieuse et bienveillante encourageait son interlocuteur,
charmé de trouver sous cet aspect modeste un homme d'un aussi
rare savoir.
Son acharnement au travail ne s'est jamais ralenti, et lorsqu'une
maladie incurable avait affaibli sa vue, il venait encore souvent à
son laboratoire pour y faire une observation microscopique nouvelle,
au prix d'une fatigue qui hâtait le progrès du mal.
Il enseigna peu, mais les leçons faites par lui au Muséum, de 1681
à 1885, étaient si originales, si documentées, que les notes autogra-
phlées de ce cours sont enoore un des ouvrages fondamentaux de
paléobotanique.
La dignité de son caractère lui rendait difficile toute démarche de
sollicitation et 11 ne quittait son laboratoire que pour demander à
quelques maîtres bienveillants leur appui en faveur de sa chère
8ociété d'histoire naturelle d'Autun.
Cette belle vie de savant n'eut pas le couronnement qu'elle
méritait. Les amis ou les collègues de Bernard Renault ont ardem-
ment souhaité sa nomination professorale ou son élection à l'Aca-
démie des sciences, hélas ( la mort est venue plus tôt que les hon-
neurs officiels. Nous ne pouvons nous défendre d'un sentiment
pénible devant ces espéranoes déçues; mais nous garderons tous au
cœur, comme un précieux exemple, le pur souvenir des qualités
morales de Bernard Renault dont les travaux seront pendant de
longues années une gloire pour le Muséum d'histoire naturelle.
S.H.N. IMS. 5
— 66 —
M. Dirand, premier adjoint, donne lecture de la lettre
suivante de M. Périer, maire d'Autun et député :
Autan, le 29 avril 1906.
Mon cher Adjoint et Ami,
Les nécessités de la période électorale me tiennent éloigné
d'Autun aujourd'hui.
J'aurais vivement désiré exprimer mes sentiments d'admiration
pour la mémoire de notre savant et regretté compatriote Bernard
Renault.
C'eût été un honneur pour moi d'assister à l'éloge que des voix
aussi autorisées que celles de l'éminent membre de l'Institut,
M. Gaudry, et des professeurs et savants qui l'entourent ne man-
queront pas de faire du fondateur de notre Sooiété d'histoire natu-
relle.
Veuillez être mon interprète auprès d'eux, leur dire tous les
regrets que j'éprouve et assurer de mes sentiments sympathiques
et reconnaissants, les dévoués collaborateurs et continuateurs de
l'œuvre de Bernard Renault : M. le docteur Gillot, le Bureau et les
membres de la Société d'histoire naturelle.
Vous voudrez bien donner communication de cette lettre et agréer
l'assurance de mes sentiments les plus dévoués.
G. PÉRIER,
Maire d'Autan.
Chacun de ces discours est accueilli par d'unanimes
applaudissements, démontrant combien l'assemblée tout
entière s'associe aux éloges adressés à notre grand savant
et éminent concitoyen.
— 67 —
SÉANCE DU 29 AVRIL 1906
PRÉSIDENCE DE M. ALBERT GAUDRY
Ayant à sa droite M. le Dr X. Gillot
et à sa gauche M. le Vto H. de Chàigkon
Étaient présents : MMme' des Abbayes; de la Barbelais;
Bezard, de Paris, et Pasteur. MM. des Abbayes; Victor
Arnon; Bouvet; Bovet; l'abbé Brintet ; Cambray et son fils
Alexandre ; Camusat, du Creusot, et son fils ; Changarnier,
conservateur des musées de Beaune ; Anatole de Charmasse ;
Chassignol, instituteur à la Boulaye; Charles Chevrier;
Charles Clément; Comeau; Cougnet; Dejussieu Charles;
Léon Dubois; Fesquet Xavier; Fonty Martin; Oadant;
Gérardin ; Gillot Louis ; Gillot, correspondant du chemin de
fer; Graillot Antony ; Grézel ; Jarlot James; Jeannet Joseph;
Jouvel, du Creusot; Malord; Marchai, de Sain t-Maurice-lès-
Couches; Marchand, du Creusot; Marguet et son fils
Gaston; Menand; Georges Parant; Paris Paul; Pasteur;
Porte ; Régnier, professeur; Rigollot François ; A. Thevenin,
du Muséum de Paris, et Victor Berthier.
Huit nouveaux adhérents sont reçus à l'unanimité comme
membres titulaires :
M. Paul Bertrand, préparateur du Musée houiller à l'Uni-
versité de Lille, présenté par M. le DrX. Gillot et V. Berthier.
M. Henri Bousquet, négociant à Toulon-sur-Arroux, pré-
senté par MM. Chantelot et V. Berthier.
M. Jules Deville, 42, rue des Jeûneurs, à Paris, présenté
par MM. Albert Gaudry et V. Berthier.
M. le comte Fernand d'Esterno, au château de la Vesvre,
près de la Selle-en-Morvan, présenté par M. le Dr Gillot et
M. le vicomte H. de Chaignon.
— 68 —
M. Charles-Louis-Joseph Gensoul, au château du Blan-
chet, à Ghâteauneuf (Saône-et-Loire), présenté par M. le
vicomte H. de Ghaignon et M. Ormezzano.
M. Lazare Gentilhomme, régisseur à la Boulaye, pré-
senté par MM. J. Pelletier et Ghassignol.
M. Henri Massey, entrepreneur de travaux d'hygiène, de
plomberie et de couverture à Autun, présenté par M. le
Dr Gillot et V. Berthier.
Et M. L. Petit, dessinateur au Greusot, présenté par
MM. Gamusat et Marchand.
Dons.
La Société a reçu depuis sa dernière réunion, en dehors
des publications des Sociétés correspondantes :
De M. A. de Mortillet, deux brochures dont il est l'auteur :
les Monuments mégalithiques de la Lozère1; les Polissoirs de
Villemaur. 2
De notre compatriote, M. Charles Mariotte, un recueil de
poésies qu'il vient de publier sous le titre de Herbes folles
Éduennes, Paris, Vie et Amat, 11, rue Cassette, Paris.
De M. P. Marty, trois notes dont il est l'auteur : Vif
miocène de Joursac (Cantal) 3 ; V Oligocène du Puech d'Alzon,
près de Bezouls (Aveyron)4; Végétaux fossiles de la Molasse de
Bonneville (Haute-Savoie). b
De M. Ormezzano, de magnifiques échantillons de
Y Ichthyosaurus longirostris, trouvé àChenoux, près Marcigny,
et qui fait l'objet de la note de M. de Chaignon qu'on
trouvera plus loin.
1. Rapport adressé à la Commission des monuments mégalithiques, publié arec
le concours de l'Association française pour l'avancement des sciences, avec
29 figures dans le texte et 5 planches hors texte. Paris, Schleicher frères, éditeurs.
2. Extrait de l'Homme préhistorique, 4* année, 1906, n* 2.
3. Extrait de la Feuille de» Jeune» naturalistes, p. 177-182.
4. Extrait du Bulletin de la Société géologique de France, 4* série, tome V,
p. 580, année 1905.
5. Idem, p. 776.
— 69 —
De M. Vaille au, i Auxy, quelques minéraux recueillis
sur le territoire de sa commune.
De M. Louis Revenu, un rognon schisteux.
De M. Ploquet fils, une petite collection de roches du
8iebengebirget Bonn (Prusse).
M. le président se fait l'interprète de la Société en
adressant de sincères remerciements i tous les donateurs.
Correspondance.
Le secrétaire dépose sur le bureau quantité de lettres
de sociétaires exprimant leurs regrets de n'avoir pu assister
i la réunion de ce jour. Au hasard nous en citerons quel-
ques-uns : M. Liard, membre do l'Institut; M. Yovanne
Renault; M. Bayle, directeur de la Société lyonnaise;
M. A. Raymond, de 8aint-8ymphorien-de-Marmagne ;
M. R. Zeiller, membre de l'Institut; H. Marc Sauzay;
M. Jules Devilerdeau; M. C.-Eg. Bertrand, professeur i
l'Université de Lille; etc., etc.
M. le président informe la Société que, par arrêté en
date du 21 avril 1906, M. Jules Devilerdeau a été nommé
officier d'Académie, sur la proposition de M. Bayet, direc-
teur de l'Enseignement supérieur.
A ce propos, M. le Dr Oillot ajoute :
« Nous avons appris avec la plus vive satisfaction que,
par décision ministérielle du 21 avril, i l'occasion du Con-
grès des sociétés savantes i la Sorbonne, et k titre de
membre de la Société d'histoire naturelle d'Autun, notre
collègue et ami, Jules Devilerdeau, avait été nommé offi-
oier d'Académie. Il est un de oeux qui, parti des origines
les plus modestes, ont conquis, par leur intelligence et leur
travail, une position honorable, et ont su trouver dans le
développement de leur instruction un délassement des tra-
vaux professionnels* Membre dévoué de la Société d'I
— 70 —
toire naturelle d'Autun, il a publié différents articles de
géologie dans nos Bulletins, et a représenté notre Société
au Congrès des sociétés savantes à Alger, en 1905. La dis-
tinction qu'il a reçue est une juste récompense d'une car-
rière bien et utilement remplie; et je regrette qu'une indis-
position, qu'il faut espérer peu sérieuse, le retienne à
Paris et l'empêche d'assister à notre réunion, où nous
aurions été heureux de lui adresser les sincères félicita-
tions que nous lui transmettrons au nom de tous ses cama-
rades! »
Dans une intéressante causerie, M. L. The venin, du
Muséum, entretient la Société des découvertes récentes
faites par M. Fayol, à Commentry, de reptiles très voisins
du Protriton petrolei de nos schistes bitumineux et qui sont
jusqu'alors les plus anciens connus.
M. Gamusat lit une note biographique sur M. Gény,
ingénieur, directeur des usines du Creusot, récemment
victime d'une mort tragique et prématurée, et qui s'était
toujours intéressé aux travaux de notre Société.
Il est donné lecture des communications suivantes :
Un Orthoptère (Forflcule) nouveau
pour Saône-et-Loire.
Labidura riparia Pall. = Forficula giganlea Latr. — Ce
Perce-oreille, reconnaissable à sa taille (13 à 19 milli-
mètres), aux antennes de 27 à 30 articles, est très commun
en Algérie et dans le midi de la France. M. E. Olivier
(Rev. Se. Bourbe 1888, p. 282), le signale sur divers points du
département de l'Allier, tels que les bords de la Sioule, de
la Loire et de l'Allier, sous les débris. Cet auteur dit :
a L'Allier semble être la limite de l'habitat septentrional
de cet insecte. »
^ 71 —
Cette limite doit être reculée plus au nord, car l'insecte
en question a été capturé, en 1903, à Marcigny, par notre
zélé collègue, M. Ormezzano.
Il faut voir dans ce fait minime un nouvel exemple de la
pénétration, dans le sud de notre département, de quelques
espèces méridionales, phénomène déjà signalé pour lès
hémiptères {Bull. Soc. hist. nat. Âutun, 1896).
C. MARCHAL
Sur PIchthyosaure de Chenoux.
Les ossements déposés sur cette table sont offerts à la
Société par notre zélé confrère de Marcigny, M. Ormezzano.
J'en dirai quelques mots écrits sous sa dictée ; ils serviront
de préliminaire à l'historique de cette découverte, M. Or-
mezzano, s'il le juge à propos, se réservant de donner, par
la suite, une note plus détaillée sur ce sujet.
Vers 1869, M. Ormezzano et un de ses amis, M. Bernard,
découvrirent les premiers vestiges d'ossements à Chenoux,
petit hameau situé sur le bord de la Loire, à deux kilomètres
environ, au nord de Marcigny. Ces débris se trouvaient
engagés dans un calcaire marneux supraliàsique (Toarcien),
à Am. bifronSj Am. radians, etc., représentant un affleu-
rement bien indiqué sur la carte géologique, feuille de
Char oll es.
Ces premiers ossements se trouvaient à la surface du
sol, et sur le moment on ne fît pas de fouille pour en pour-
suivre, la recherche. M. Ormezzano les recueillit et ils
restèrent chez lui, oubliés pendant plusieurs années. Aussi,
n'est-ce que vingt-cinq ans après cette première rencontre
que M. Ormezzano, estimant le moment venu de procéder
à des recherches plus sérieuses, s'adressa £. la Société
— 72 —
physiophile qui venait de se fonder tout récemment à
Montceau-les-Mines, sous la présidence de MM. les ingé-
nieurs de Gournay et Mathey.
Cette Société vint elle-même i Marcigny, en 1896, se
transporta à Chenoux et, après examen sur les lieux,
décida que des fouilles méthodiques seraient entreprises.
A cet effet, M. Bouffange, conservateur du petit musée de
la Compagnie des mines de Montceau, fut délégué par la
Société; il vint à Marcigny où il séjourna pendant un
mois.
Ces calcaires de Chenoux sont disposés en bancs parais-
sant horizontaux, au moins sur leur tranche ; ils constituent
le front d'une ancienne carrière dont la base est masquée
par les éboulis. Des lits ou bancs, de différentes couleurs,
gris, rouges ou violets, alternent leurs assises. C'est dans
un de ces bancs rouges que reposait le squelette.
Leur composition cependant n'est pas homogène ; il y a
un mélange de parties marneuses tendres, presque ter-
reuses, et de calcaire dur. M. Bouffange a été obligé de
dégager après coup et presque l'une après l'autre, chaque
vertèbre de sa gangue pierreuse.
La tête du squelette, qui devait affleurer sur la bordure
du talus, avait disparu par le fait du ravinement de la sur-
face.
Pour dégager la succession des ossements, une galerie
fut creusée et boisée; à la fin des travaux elle avait atteint
une profondeur de huit mètres.
M. Ormezzano estime que la longueur totale du reptile
pouvait mesurer près de six mètres, assertion que j'ai pu
vérifier au musée de Montceau, où toute la partie du sque-
lette découverte par M. Bouffange figure aujourd'hui, c'est-
à-dire toute la colonne vertébrale, chaque vertèbre déta-
chée, avec des os plats de l'épaule. Le reste du squelette
dont les ossements sont très mélangés, et que M. Ormezzano
veut bien offrir à notre musée, ont été récoltés par lui-
— 73 —
même. Ces restes, au premier abord, sembleraient pré-
senter moins d'importance que ceux que possède le musée
de Montceau, mais ils ont aussi leur valeur. Aussi serait-il
à propos que ces deux collections pussent se trouver
réunies pour permettre, s'il était possible, de reconstituer
le reptile. Ce serait d'autant plus à souhaiter que M. Gau-
dry, qui a bien voulu examiner ces ossements, est arrivé,
en rapprochant trois fragments détachés, à reconstituer
une partie de maxillaire. Cette reconstitution donne au
museau de l'animal une longueur bien supérieure à celle
que peut atteindre celui de Ylchthyosaurus communis; aussi
M. Qaudry n'a-t-il pas hésité à assimiler notre sujet à
celui qu'il a décrit dans son bel ouvrage : les Enchaînements
du monde animal dans les temps géologiques. Fossiles secon-
daires, p. 182, sous le nom Ylchthyosaurus longirostris. Pour
confirmer cette assertion, M. Thevenin, professeur au
Muséum, a fait remarquer que les vertèbres que nous pos-
sédons du Longirostris ont une épaisseur supérieure à celle
des vertèbres de Ylch. communis.
De même que le fait très bien ressortir la figure que
donne M. Gaudry du longirostris, on peut voir, sur deux
de nos fragments, quelques dents couchées dans une des
rigoles qui occupent toute la longueur de la mâchoire.
Cette figure est réduite au cinquième, ce qui donnerait
pour longueur totale au museau 0n75 centimètres au mini-
mum. Ce don de M. Ormezzano est d'autant plus intéres-
sant que cette espèce n'a pas encore été signalée en France,
et que le seul exemplaire qui existe provient du lias supé-
rieur d'Holzmaden (Wurtemberg) et a été donné au Muséum
de Paris.
Nous devons également à la générosité de notre nouveau
confrère de Lyon, M. Àudin, une série de roches intéres-
santes recueillies principalement dans la région beaujo-
laise, et qu'il a bien voulu me permettre de prélever sur
— 74 —
les nombreux échantillons qu'il a chez lui. Cette collection
complétera ou accroîtra tout au moins celle que nous pos-
sédons déjà provenant des mêmes localités. Sans avoir
peut-être l'intérêt d'une collection locale, elle peut avoir
son utilité pour l'étude comparative avec des roches simi-
laires mais de provenances différentes.
H. de CHAIGNON.
Note sur le Filon de plomb de Jouvrain, commune
de la Grande- Verrière (Saône-et-Loire).
Dans sa Géologie et Statistique minéralogique de Saône-et-
Loire, M. Manès cite la mine de Jouvrain, dans un filon
quartzeux de 0m50, dont les travaux sont abandonnés. Un
peu plus loin, le même ouvrage fournit un autre rensei-
gnement plus complet : « La mine de plomb de Jouvrain a
été attaquée, vers 1826, par quelques tranchées superfi*
» cielles qui suivirent un filon quartzeux, .courant N.-E.
» au S.-O., puissant de 0m50, aux veines de 2 i 5 oenti-
» mètres d'épaisseur de plomb sulfuré et carbonate. La
» dureté de la roche à traverser et le peu de richesse en
» argent du plomb contenu firent abandonner ces travaux
» qui ont été trop peu importants pour qu'on puisse asseoir
» un jugement définitif sur ce gîte. »
Dans Caillaux, Description des mines métalliques de la
France, ce minerai est également indiqué : « Les. gîtes
» plombeuxde Saint-Prix et la Grande-Verrière, situés près
» des limites du département de Saône-et-Loire et sur les
» pentes du Nivernais, sont les seuls qui paraissent avoir
» quelque importance. On y connaît deux filons très étendus
» encaissés dans le porphyre. Ils renferment de la galène
— 75 —
a argentifère, du plomb phosphaté, arséniaté, carbonate,
» dans une gangue de quartz et de spath-fluor.
» Celui de Saint-Prix, commune de Saint- Prix-sous-
» Beuvray, sous la montagne de Oamay, à la limite de
» Saint- Prix et de Glux (Nièvre), anciennement exploité,
» est connu sur 300 mètres ; les travaux repris en 1858 ont
» été abandonnés à cause de l'abondance des eaux.
» Le filon de la Grande -Verrière est reconnu sur
» 750 mètres. Sa puissance est de 1 mètre. Ces filons
» furent découverts en 1776 et travaillés de 1786 à 1796.
» La mort d'un des exploitants et la politique arrêtèrent
» tout. »
Nous ignorons où M. Caillaux a pu réunir ces derniers
renseignements. Toutefois, encouragé par ces détails, nous
avons demandé aux propriétaires actuels du terrain,
MM. Mathé et Rossignol, l'autorisation de faire quelques
fouilles dans les anciens travaux qui se trouvent sur leur
domaine des Chevrots. Profitant d'une ancienne coupure
et de tranchées faites à flanc de coteau dans des schistes
quartzifères et porphyritiques, nous avons élargi la fouille,
non sans grandes difficultés, en raison de la dureté de la
roche attaquée. Nous n'avons trouvé nulle trace d'un filon,
mais une simple cassure ou coupe, avec argiles blanches
feldspathiques décomposées et quelques noyaux barytiques
perdus dans la masse, sans direction. Ce sont ces résultats
peu encourageants qui ont dû faire abandonner les premiers
travaux ainsi que les nôtres. Dans les déblais de l'ancienne
fouille, j'ai pu récolter quelques rognons d'une galène à
grands cristaux dont j'ai le plaisir d'offrir un spécimen à la
Société d'histoire naturelle. J'ai aussi constaté la présence
d'irisations et de malachite sur d'autres échantillons ainsi
que des enduits de calcite.
Les terrains avoisinants sont criblés de Blonnets de
quartz blanc qui forme cortège sans doute au filon métal-
lique plombeux. On peut suivre la direction Nord de ce filon
- 76 —
jusque dans la montagne des Pouriots, à l'aide des traînées
barytiques roses affleurant la surface du sol et accompa-
gnant ces mêmes quartz. Du reste, ces indices suivent laté-
ralement le grand filon de pyrite de fer des Perreaux et du
Pouriot.
Pour les chercheurs de l'avenir qui seraient tentés de
reprendre la suite de nos investigations, nous avons cru,
par ces quelques lignes, ne pas perdre le souvenir de ce que
nous avons constaté.
Hippolytk MARLOT.
Notes de Tératologie végétale.
L'appel que nous avons adressé dans une précédente
publication (Bull. Soc. hist. nat. d'Autun, XVII (1904),
2, p. 28), à nos collaborateurs pour la recherche et l'étude
des anomalies végétales, a été entendu, et nous avons reçu
de nombreux envois tantôt de monstruosités bien connues
et de moindre intérêt, tantôt de déformations parasitaires
relevant de la cécidiologie, et, pour la plupart, consignées
dans l'important Catalogue des Zoocàcidies de Saône-et-hoire,
par MM. Marchai et Château (Bull. Soe. hist. ndt. d'Autun,
XVIII (1905), pp. 233-320); parfois cependant il s'est agi
de cas tératologiques rares et curieux, ou tout au moins
signalés par quelques particularités notables. Nous enregis-
trons cette nouvelle série en en rapportant tout le mérite
à nos zélés correspondants.
I. — Fasolatlons.
1° Onothera biennis L. — Nous avons reçu, au mois de juillet
1904, de M. Q. Ormezzano, de Marcigny, toute une botte
de tiges fasciées et plus ou moins contournées, récoltées
— 77 —
aux bords de la Loire, où cette espèce est commune. Nous
ne reviendrions pas à nouveau sur les fasciations de cette
plante, déjà décrites en détail dans nos Notes ter a to logiques
de 1903 (toc. cit., p. 30), si leur fréquence même ne nous
semblait militer en faveur de l'hypothèse d'une hérédité
tératologique, dont l'origine première est, peut-être, trau-
matique, comme de nombreux exemples en ont été rap-
portés récemment (J. Gostantin, l'Hérédité acquise; Scien-
tia, série biologique, n° 12, 1901, p. 40; L. Blaringhem,
Production par traumatisme d'anomalies florales dont cer-
taines sont héréditaires, dans Bull. Muséum hist. nat., 28 juin
1904, n* 6, p. 399; Anomalies héréditaires provoquées par des
traumatisme*, dans C. R. Ac. se, GXII, n° 6, 6 février
1905, p. 378). Les jeunes tiges d'Onagre sont, en effet,
sur les sables ou dans les pâturages des bords de la Loire,
soumises à toute espèce d'accidents, foulées aux pieds, muti-
lées par le bétail, et surtout couchées, brisées ou tordues
par les crues fréquentes du fleuve; leur végétation, comme
en témoignent leur grande taille et leurs multiples rameaux,
est stimulée par l'humidité du sol fertilisé par les limons ;
d'où la fréquence des fasciations, compliquées d'autres ano-
malies : cladomanie, phyllomanie, et parfois phyllomor-
phie des organes floraux. Il parait démontré, aujourd'hui,
contrairement à l'opinion de Godron qui leur déniait toute
qualité héréditaire (Mém. Soc. se. nat. et math, de Cher-
bourg, XVI (1871), p. 112), que ces anomalies sont sucep-
tibles de se transmettre par semis, et Hugo de Vriès l'a
prouvé pour les fasciations de Crépis biennis, tout comme
pour les races horticoles de Celosia cristata (H. de Vriès,
Sur les courbes galtoniennes des monstruosités, dans Bull,
scientif. de la France et de la Belgique, publié par A. Giard,
XXVII (1896), p. 396; Sur la culture des fasciations des espèces
annuelles et bisannuelles, dans Rev. gén de bot., XI (1899),
p. 136). A. Gallardo a également observé des fasciations
de Digitalis purpurea, qui se sont reproduites pendant sept
— 78 —
ans de suite dans son jardin (Notas de teratol. veget., dans
Anales del Museo nacional de Buenos-Ayres, ser. 3, t. II
(1903), p. 532). De Vriès a prouvé que les anomalies, les
fasciations en particulier, pouvaient se reproduire par le
semis jusqu'à 50 °/0 dans des conditions favorables, mais
diminuent rapidement dans des conditions défavorables.
Nous croyons qu'il en est de même pour les fasciations
accidentelles ou traumatiques d'Onothera biennis, ce qui
explique leur nombre de plus en plus considérable. La
démonstration en paraît évidente, du reste, sur un certain
nombre de jeunes plantes, où, dès les premiers temps de
leur croissance, le centre de végétation des rosettes s'élar-
git en forme de ligne ou de crête, s'allonge en ruban aplati,
et se recourbe plus tard par le développement inégal de
ses parties. Le même phénomène n'est pas rare dans les
jardins potagers sur certaines variétés de Chicorée cul-
tivée.
La fasciation, en ce cas, est due à une rupture d'équi-
libre entre la tension normale du cylindre central et de
l'éoorce, d'où le cône de végétation est transformé en
crête de végétation, avec aplatissement, formation de bour-
geons et de rameaux latéraux et tendance à la courbure
ou à la torsion des rameaux. Il se produit une action cen-
trifuge par excès de tension de la partie médullaire. (G. He-
naudet, Contribution à l'étude de la tératologie végétale. De
la fasciation herbacée et ligneuse. Poitiers, 1901.)
2° Brassica Cheiranthus DC. — Bords de la Loire à Mar*
cigny. Communiqué par M. Ormezzano, juillet 1904.
Plante robuste, poussée sur les alluvions de la Loire. La
tige, haute de 0m60, fasciée dès le collet de la racine, se
divise à 0m10 plus haut en deux rameaux l'un et l'autre
fascié mais d'une façon inégale. L'un d'eux, très peu élargi,
est droit ; l'autre, très [aplati, d'une largeur moyenne de
3 centimètres, est en torsion héliçoîde dans sa moitié
supérieure, de telle façon qu'il semble s'enrouler autour
— 79 -
du rameau droit, qui se dresse comme un tuteur au centre
de la spire; l'extrémité terminale est tordue en tire-bouchon
et chargée de fleurs normales et très rapprochées.
3° Hesperis matronalis L. — Dans un jardin, à Toulon-sur-
Arroux. Communiqué par M. Chassignol, instituteur à la
Boulaye, juin 1905. Anomalie en tout semblable à la précé-
dente. La tige, haute de 0*80, est aplatie, dans toute sa
longueur, en ruban fascié de 3 centimètres à la base, de
8 centimètres dans sa plus grande largeur, et tordue de
droite à gauche en spirale formant cinq tours complets.
Du collet de la racine se détachent, en outre, deux rameaux
minces et verticaux qui se dressent à l'intérieur des volutes
fasciées comme un axe central. La tige, à sommet recourbé
en crosse, est garnie de très nombreux rameaux ou ramus-
cules bien fructifies.
4° Sempervivum arboreum L. — Autun, cultivé en pots,
29 septembre 1904. Rameau fascié à base arrondie, mais
aplati sur une longueur de 30 centimètres en s'élargissant
progressivement jusqu'à 6 centimètres de largeur, et por-
tant sept rameaux également plans et fasciés, alternes, dis-
posés en éventail au sommet du rameau, et terminés par
des rosettes de feuilles petites et très serrées.
5° Te tr agoni a expansa Ait. — Jardin potager de M. Chas-
signol, instituteur à la Boulaye, 4 novembre 1904. Tige
très vigoureuse, longue de plus d'un mètre, et présentant,
sur 70 centimètres de longueur, une fasciatioa progressi-
vement croissante jusqu'à 35 millimètres de largeur, et
divisée en deux branches terminales également fasciées,
recourbées au sommet, et chargées de larges feuilles et de
fleurs bien conformées. La végétation semble avoir été
forcée par la culture en terreau riche en engrais orga-
nique.
C'est donc toujours la théorie de l'excès de nutrition sur
la production du phénomène de fasciation. Il faut le con-
sidérer plutôt comme une dilatation des tiges que comme
— 80 —
une soudure de plusieurs d'entre elles. Il en est de même
quand la végétation retardée par le froid, la sécheresse, ou
un traumatisme, subit une activité extrême à la suite de
pluies, ce qui occasionne à certaines années de véritables
épidémies de fasoiations. A. H. Church (On relations of
Phyllotaxis to tnechanical law$)y citer par A. Oallardo, com-
pare la masse cellulaire, à parois molles, du cône de végé-
tation à une masse liquide, que l'afflux de nouvelles veines
liquides et l'excès de pression tendent à faire sortir de
l'équilibre équipotentiel, à élargir dans le sens le moins
résistant, et à diviser en plusieurs faisceaux, toujours
comme une veine liquide sortant sous une forte pression;
et la cause en est encore dans une nutrition exagérée. Il
s'ensuit une aberration complète de la phyllotaxie, qui est
normalement déterminée par les conditions mécaniques
régulières et concentriques de la zone d'accroissement.
(A. Gallardo, Alcunas casas de teratologia végétal. Faseiaciànf
prolifération y sinantia, dans Anales del Museo nacional
de Buenos-Ayres, VI (1893), p. 37; Notas de teratol. veget.,
ibid., ser. 3, II (1903), p. 525.)
6° Plantago major L. — La Boulaye (S.-et-L.), dans la cour
de l'école, 4 juillet 1904. Plante robuste, munie de sept
feuilles en rosette, dont la plupart ont un pétiole sensible-
ment plus large qu'à l'état normal. Deux de ces feuilles
sont soudées par la base de leurs pétioles sur une hau-
teur de 2 centimètres, et, en outre, par les bords de leurs
limbes sur une égale longueur. Du centre de la rosette
s'élève une hampe aplatie, fasoiée sur toute sa longueur, et
terminée par un bouquet de six épis disposés en éventail,
mais se détachant i des hauteurs inégales, munis de fleurs
bien constituées. Il est probable que la jeune plante a dû
être foulée aux pieds de bonne heure, et c'est probable-
ment à un écrasement partiel des centres végétatifs qu'est
due l'anomalie, comme à la suite des traumatismes expé-
rimentaux cités par M. L. Blaringhem (G. R. As. se, CXL,
_ si —
n# 6, 6 février 1905, p. 378); et dans les ramifications des
épillets de Lolium perenne L., var. eristatum et ramosum,
étudiés par E. de Bergevin. (Rem. sur les variations de
Lolium perenne, dans Bull. 8oo. amis se. nat. de Rouen,
27* année, 1891, p. 161.)
II. — HMdores.
1* Nigella damascena L. — Jardin de M. Chassignol, insti-
tuteur i la Boulaye, 23 août 1904. Fruit capsulaire d'appa-
rence normale comme dimensions et comme forme, mais
composé de six carpelles, au lieu de cinq, ett en plus, un
petit carpelle surnuméraire, situé vers la base de la capsule,
& son tiers inférieur, dans le sillon qui sépare deux des car-
pelles, par conséquent sur le bord de soudure de deux
Flg. t.
feuilles carpellaires. Il semblerait que le fruit a été cons-
titué par sept carpelles, dont l'un s'est incomplètement
développé, sans se souder avec les autres, mais en se déje-
tant en dehors; c'est donc un phénomène à'épicarpie. Ce
petit carpelle accessoire était d'ailleurs surmonté d'un style
normal et contenait des graines mûres et semblables aux
autres (fig. 1 .)
SUN 1104. 6
- 82 -
2° Trifolium pannonicum L. — Cultivé à la Boulaye.
Communiqué par M. Chassignol, instituteur, 28 juin 1904.
Fusion de deux pédoncules floraux, légèrement aplatis en
un pédoncule unique de 5 millimètres de largeur, profon-
dément sillonné, et terminé par deux épis de 5 centimètres
de longueur, soudés à la base sur une longueur de 15 milli-
mètres, et distincts au sommet, constituant, en somme, un
gros épi aplati et bilobé.
3° Lilium candidum L. — Autun, dans un jardin, 26 juin
1904. Fusion de deux pédoncules simulant un rameau
biflore; ces deux pédoncules inégaux, l'un de 5 centi-
mètres, l'autre de 8 centimètres de longueur, et munis de
leurs bractées florales, sont intimement soudés, avec un
léger sillon longitudinal, et portent des fleurs normales.
4° Chou-vert (Brassica oleracea L., var. a cep ha la Hort.). —
Jardin au Creusot. Communiqué par M. C. Marchai, insti-
tuteur, 25 mai 1904. Tige robuste et rameuse; sur les
rameaux fructifères, les siliques ne sont pas régulièrement
espacées en spirale autour de l'axe, comme à l'état normal ;
elles sont réunies par groupes de 2 à 5, portées sur
des pédicelles soudés, tantôt à leur base seulement, tantôt
sur la plus grande partie de leur longueur, et alors aplatis
et sillonnés. Il est évident, à voir la saillie des faisceaux
vasculaires le long de la tige, qu'il s'agit ici de synophties,
ou soudures de bourgeons floraux, reconnaissant pour
cause, probablement comme les fasciations, un excès de
nourriture et de végétation. Les fleurs et siliques étaient,
du reste, parfaitement conformées et fertiles.
5* Nicotiana longiflora Cav. — Jardin de M. Chassignol,
instituteur à la Boulaye, 18 sept. 1904. Dans cette espèce,
les fleurs sont toujours uniques sur leurs pédoncules ; mais
dans le cas observé, à la base de l'inflorescence, on voit
deux fleurs accolées et d'apparence bizarre. Un pédoncule
inférieur s'est allongé le long de l'axe, avec lequel il est
soudé, jusqu'au niveau du pédoncule de la fleur immédia-
- 83 —
tement supérieure. A ee niveau, les deux pédoncules se
détachent de Taxe, en restant soudés, ainsi que les calices
qui forment un seul calice à dix lobes, mais fendu sur un
des côtés par l'effort des fleurs. Les deux corolles, soudées
à la base, se séparent ensuite l'une de l'autre; mais les
tubes se dilatent et s'incurvent en se raccourcissant
(25 millimètres au lieu de 65 millimètres dans les fleurs
normales) et s élargissant (15 millimètres au lieu de 8 mil-
limètres); puis la corolle la plus rapprochée de Taxe se fend,
et loge, dans cette fente, la corolle externe, à lobes élargis
et étalés, de façon à simuler une fleur double, alors qu'en
réalité il y a deux corolles distinctes, soudées à la base,
et incluses l'une dans l'autre. Les étamines et les pistils
des deux fleurs existent complets et distincts; mais les
anthères sont atrophiées et les ovaires rudimentaires.
6° Syncarpies. — Les soudures d'un ou plusieurs fruits,
tantôt simplement accolés par adhérence du péricarpe,
tantôt fusionnés en un seul par coalescence complète de
toutes les enveloppes du fruit, ne sont pas rares et nous en
avons antérieurement rapporté quelques exemples (loc. cit.,
p. 41). Nous avons pu constater, en 1905,1a fréquence sin-
gulière de Cerises doubles, surtout chez les Guignes pré-
coces, sans avoir pu en savoir la cause. De même un grand
nombre de Pommes doubles, dont une particulièrement
remarquable par sa forme et le degré de la syncarpie.
Cette pomme, de la variété dite Reinette grise, et pesant
.180 grammes, formait au sommet d'un pédoncule dilaté un
fruit unique, d'apparence réniforme, à pellicule lisse, à
peine marqué dans son milieu d'un léger sillon, et portant
deux cicatricules calicinales ou œils déjetés aux deux extré-
mités opposées. La section du fruit démontrait qu'il s'agis-
sait de la fusion intime du méricarpe ou chair de deux
pommes, dont l'épicarpe et les pépins restaient parfaite-
ment distincts à l'intérieur.
Enfin, M. Chassignol nous a procuré un fruit syncar-
— 84 —
pique de Concombre, Cucumis sativus L. , résultant de la sou-
dure par leurs pédoncules, et sur toute leur longueur, de
deux Concombres bien développés, de façon à constituer
un fruit unique, du poids de 530 grammes, mesurant
20 centimètres de longueur, 12 centimètres de largeur et
30 centimètres ce circonférence, et parcouru sur sa surface
externe par un sillon profond sur la ligne d'adhérence des
deux péricarpes. Un cas analogue, résultant de la réunion
de trois concombres en un seul fruit trilobé, a été décrit et
figuré sous le titre de Syncarpie de concombres à trois, par
le Dr E. Raymondaud, dans la Revue scientifique du Limousin,
12e année, n° 141, du 15 septembre 1904, p. 333 et pi. 12.
7° Champignon. — Il s'agit d'un spécimen de Champignon
rose, Pratella campestris Fr., à stipe bicéphale, réunissant
deux anomalies que J. de Seynes a depuis longtemps
décrites et figurées (Observ. sur quelques monstruosités sur
Fig. 2.
les Champignons supérieurs, dans Bull. Soc. bot. de France,
XIV (1867), p. 290, et pi. V, fig. 7 et 8), Tune consistant
en la présence d'un chapeau surnuméraire à stipe émanant,
comme un rameau latéral, du pied principal, l'autre dans
la soudure du bord des deux chapeaux presque également
développés et atteignant la même hauteur (fig. 2.)
— 85 —
Les exemples de coalescence totale ou partielle et de
ramification ne sont pas très rares chez les Champignons, et
M. Cl. Roux, président de la Société botanique de Lyon, et
membre de la Société d'histoire naturelle d'Autun, vient
de résumer nos connaissances à cet égard dans ses Observa*
lions générales et particulières sur la tératologie des Champi-
gnons. (Ann. de la Soc. bot. de Lyon, XXX (1905), pp. 205-
214, avec planche.)
III. — Monstruoaltés florales.
I9 Helichrysum annuum L. — Cultivé comme plante d'or-
nement, 25 août 1904. Déformation de trois fleurs par élar-
gissement et incurvation du réceptacle, mais dans des sons
différents. Dans un premier cas, le réceptacle très déve-
loppé et comme étiré est renversé en dedans en forme de
coupe, de telle façon que les écailles involucrales sont
seules apparentes extérieurement, et cachent les fleurons
tassés dans la concavité interne, à courbure allongée, ce
qui donne à l'ensemble de la fleur un aspect aplati latéra-
lement. Dans deux autres fleurs, sur deux rameaux du
même pied, la disposition est inverse : le réceptacle en est
étalé et déjeté en dehors, à surface convexe couverte par
les fleurons, tandis que les écailles de l'involucre sont
repliées en dedans autour de l'axe, au point de se toucher
par leur face dorsale ; les fleurs sont également aplaties
dans le sens de leur diamètre et présentent l'aspect d'une
crête convexe. Dans toutes ces fleurs, le réceptacle et le
sommet du pédoncule, examinés avec soin, étaient pleins
et charnus, sans traces de parasites ou de larves, et les
akènes, bien conformés et en voie de maturation. Toute la
déformation a donc porté sur le disque du réceptacle, qui
était simple et comprimé, sans fasciation et sans synanthie
ou coalescence de deux ou plusieurs fleurs, comme on
aurait pu le croire tout d'abord. Est-ce à la sécheresse excep-
tionnelle de la saison qu'on peut attribuer ce phénomène?
— 86 —
2° Matricaria inodora L. — Champ à la Boulaye, 26 mai
1904. Communiqué par M. Chassignol, instituteur, l'un de
nos pourvoyeurs habituels les plus zélés et les plus heu-
reux. Il s'agit d'un pied multicaule de Camomille inodore,
dont les nombreux rameaux ne sont encore qu'en boutons,
sauf celui du centre de la touffe qui porte une fleur épanouie
mais d'aspect bien singulier. Le capitule, au lieu d'être
porté sur un réceptable court et convexe, à insertion ombi-
liquée, forme, au sommet du pédoncule, un rendement
allongé de plus d'un centimètre et évasé de bas en haut.
Les écailles involucrales très multipliées et espacées sur
le réceptacle claviforme, ont pris l'apparence de petites
folioles pinnatifides, dont plusieurs, parmi les plus élevées,
portent, à leur aisselle, une fleur minuscule pédonculée et
également entourée de bractées foliacées et d'un involuore
a écailles de structure normale mais très réduites. Les
écailles les plus internes de l'involucre principal, seules,
sont entières, mais élargies, aplaties et plus ou moins bor-
dées de brun. Les demi-fleurons sont disposés sur deux
rangs irréguliers, et plus nombreux que de coutume et à
languette étroite.
Cette plante est donc atteinte : 1° de multiplication et
de phyllodie des écailles de l'involucre ; 2° de prolifération
florale; 3° d'ataxie florale.
Mais la cause en est ici nettement parasitaire, et il nous
a été facile d'y reconnaître une déformation cécidiologique.
En effet, en fendant le capitule et son réceptacle, nous
avons vu que la partie renflée de celui-ci était occupée
par une loge, où s'était développée une larve d'insecte
que nous n'avons pas retrouvée. Il y avait bien quelques
pucerons ailés sur la fleur, mais ils ne paraissent être pour
rien dans la cause du phénomène tératologique, qui ne
répond à aucun des cas de cécidie signalés jusqu'ici sur
Chrysanthemum inodorum L., pas plus que sur Chrysanthe-
mum Leucanthemum L. , parles auteurs, notamment MM. Dar-
— 87 —
baux et Houard. (Catalogue systém. dss Zoocécidies d'Europe,
1901, p. 106.) Il s'agit vraisemblablement de la même
monstruosité que celle observée déjà, dans les mêmes
conditions, sur la même plante, la fausse Camomille! et
présentée à la séance du 29 mai 1904 de la Société d'his-
toire naturelle d'Autun. {Bull. XVII* (1904), 2, p. 47.)
IV. — Endotrophisme.
Il s'agit d'un curieux phénomène de pseudo-inclusion
présenté par des tubercules de Pommes de terre, et qui
nous a été signalé i deux reprises, par M. Sirdey, con-
seiller municipal à Autun, le 17 septembre 1904, et par
M. Q. Ormezzano, i Marcigny-sur-Loire, le 18 mai 1905.
1* Pomme de terre, jaune de Hollande, pesant 38 grammes,
€ '
de forme à peu près globuleuse. Cette pomme de terre est
fendue et entrouverte à sa partie supérieure, et des deux
lèvres de la fente sort un second tubercule à peau fine et
verdâtre, comme inclus dans le premier (fi g. 3 et 4). A la
coupe, le tubercule intérieur b parait enclavé dans le tissu
de l'autre a et se termine intérieurement par une sorte de
pédoncule qui atteint le bord inférieur du tubercule primi-
— 88 —
tif et y projette extérieurement des saillies radiculaires, c.
Il est évident que la pomme de terre a été blessée et fis-
surée, et qu'un bourgeon s'y est développé, émettant des
radicules mamelonnées et rudimentaires à la surface, et
poussant intérieurement, au milieu du tissu charnu, une
tige aérienne, tuberculi forme, exactement enchâssée dans
la première.
2° Le second exemple se rapporte également à une
Pomme de terre jaune du poids de 180 grammes, de forme
ovale élargie, avec une circonférence de 21 centimètres.
Elle présente également à son sommet une fente entre-
baillée qui donne issue à deux petits tubercules et à des
pousses allongées et cylindriques. La coupe longitudinale
de la pomme de terre montre qu'elle a été blessée et fendue
à sa partie postérieure et supérieure par une cause acci-
dentelle, qui a permis l'aération de la partie centrale. Il en
est résulté qu'un des bourgeons latéraux, au lieu de se
porter en dehors, s'est développé à l'intérieur du tubercule,
sous forme d'un petit tubercule secondaire, complètement
inclus et bilobé, de 2 centimètres de diamètre, accompagné
à sa base de six filaments ou rameaux charnus, cylindri-
ques, de 30 à 35 millimètres de longueur, saillants hors de
la fente et terminés l'un par un tubercule piriforme de
28 millimètres de diamètre, le deuxième par un autre
tubercule arrondi de 20 millimètres, les autres par des
rudiments de jeunes feuilles. La pomme de terre était
chargée, d'ailleurs, d'autres bourgeons ou yeux, également
en voie de végétation, émettant des « fils » d'apparence
normale.
Les tissus de ces pommes de terre étaient sains, excepté
sur les bords des fentes, où la teinte noirâtre et altérée
indiquait le traumatisme initial qui, en permettant l'ac-
cès de l'air à l'intérieur du tubercule, a dévié de ce côté
l'activité végétative d'un bourgeon, par un phénomène
qui nous parait peu commun, et que nous désignerons
— 89 —
sous le nom d'endotrophisme, par opposition à Vectotrophisme
normal.
Il s'agit donc plutôt, dans ces cas, d'accidents hypoté-
riques que de monstruosités proprement dites. Ils sont,
dans tous les cas, bien différents des véritables inclusions
végétales assez fréquentes dans certains fruits, en particu-
lier les oranges, et se rapprochent davantage du fait signalé,
sous le nom d'endorhize par le Dr Raymondaud, dans une
racine de Carotte, constituée par un cylindre central déve-
loppé dans une gaine charnue distincte et simulant deux
racines emboîtées Tune dans l'autre. (Revue scientifique du
Limousin, 13* année, n° 145, 15 janvier 1905, p. 4.)
Dr X. GILLOT.
(A suivre.)
Le Congrès de Monaco.
Pour répondre au désir exprimé par M. A. Gaudry, je
vous dirai quelques mots du Congrès international d'an-
thropologie et d'archéologie préhistoriques qui vient de
tenir sa treizième session à Monaco, du 16 au 21 avril 1906,
sous le haut patronage de Son Altesse Sérénissime le prince
Albert I".
Trois de nos collègues y ont pris une part effective :
M. Victor Arnon, avec un Mémoire sur les Pointes de
flèche et de lance du Sahara.
M. Joseph Déchelette, avec un travail sur la Distribution
géographique des cachettes de Vdge du bronze en France.
M. l'abbé Parât, avec deux notes : 1° sur la Classifica*
tion des temps quaternaires dans les vallées de la Cure et de
l'Yonne] 2° sur les Stations de Hallstatt et de la Tène> dans
ces mêmes vallées.
La Société d'histoire naturelle d'Autun y était en outre
— 90 -
représentée par M. l'abbé Brintet, aumônier du collège;
M. le Dr Bocquin; M. Henri Graillot, professeur agrégé au
lycée de Toulouse, et V. Berthier.
Dans la phalange des savants qui composaient le comité
d'organisation, nous comptions plusieurs de nos membres
d'honneur.
Tout d'abord, M. Albert Gaudry, président d'honneur
du congrès. Puis M. le Dr Ernest Hamy, président du
congrès, et M. Marcelin Boule, vice-président du congrès.
M. Bayet, qui représentait le ministère de l'Instruction
publique, est également un de nos membres d'honneur.
Les ministères de l'Instruction publique d'Autriche, de
Belgique, de Cuba, de Russie et de Wurtemberg avaient
envoyé des délégués.
Plusieurs gouvernements s'étaient fait représenter offi-
ciellement : celui d'Allemagne, de l'Equateur, du Mexique,
de Roumanie, de Suède, ainsi que le Conseil fédéral suisse.
Un grand nombre de sociétés savantes d'Angleterre, de
Berlin, de Munich, de Paris, de Turin, de Rome et de
Vienne participaient à ce congrès, auquel quatre oent cin-
quante-huit personnes s'étaient en outre fait inscrire.
L'intérêt des excursions projetées et la ville choisie
justifiaient naturellement cette affluenoe inconnue aux
sessions précédentes.
En dehors du programme scientifique, quoi de plus
attrayant que ce petit coin de terre monégasque qui s'étale
capricieusement du promontoire de Monaco, aux terrasses
de Monte-Carlo, en côtoyant cette rade demi-circulaire aux
flots azurés comme le ciel qui l'éclairé ?
C'est un Éden quelque peu différent de celui de la Bible,
mais plus approprié à nos goûts modernes.
Ce rocher de Monaco, qui s'avance jusqu'à 800 mètres
dans la mer, est unique avec ses pentes abruptes et ses
anfractuosités tapissées d'une flore semi-tropicale qui émer-
veille à la fois le botaniste et le simple touriste.
- 91 -
En face, Monte-Carlo présente ses hôtels somptueux,
ses coquettes villas, ses superbes jardins et son célèbre
casino.
Chacun a entendu parler des explorations de la Princesse-
Alice sur laquelle le prince de Monaco a fait tant d'impor-
tants travaux d'océanographie. Il s'intéresse aussi à l'anthro-
pologie. En offrant spontanément l'hospitalité à la treizième
session du Congrès d'anthropologie et d'archéologie pré-
historiques, il a témoigné une fois de plus de son amour
profond pour les sciences naturelles et les aspirations
intellectuelles qu'elles font naître et développent.
Une malencontreuse grippe l'empêcha d'assister à la
séance d'ouverture, mais son fils, le prince Louis, lut, à
sa place, un discours où il sut mettre en lumière la philo-
sophie de la science et termina par cette péroraison :
« Puisse votre Congrès, inspiré par le trésor que notre
pays livre à l'investigation de votre pensée comme à la
discussion de tous les savants, servir largement pour la
conquête de l'inconnu, la seule conquête vraiment digne
des aspirations de l'esprit moderne. »
Successivement, M. Olivier Ritt, gouverneur général de
la Principauté, M. Bayet, directeur de l'enseignement supé-
rieur, et M. le Dr Hamy, de l'Institut, ont pris la parole.
Cette réunion avait lieu dans une des galeries du Musée
océanographique, que le prince Albert fait construire près
de son palais et qui sera un établissement unique dans le
monde.
A l'issue de la séance, une visite eut lieu au Musée d'an*
thropologie de Monaco. Les honneurs en furent faits par
M. le chanoine de Villeneuve, qui poursuit depuis dix ans
des fouilles sous la direction du prince Albert.
Ce musée renferme exclusivement les objets trouvés
dans les grottes de la région et plus particulièrement ceux
recueillis dans la grotte dite du Prince.
M. Marcelin Boule et M. le Dr Verneau ont étudié et
— 92 —
déterminé avec le plus grand soin tous les ossements qui
composent cette riche collection.
Le soir, réception des congressistes au palais des Gri-
raaldi. Les invitations avaient été étendues aux notabilités
monégasques. Les élégantes toilettes des dames ajoutaient
à l'éclat de cette soirée, qui a été vraiment merveilleuse.
Nous n'entrerons pas dans le détail de chacune des
séances; nous dirons seulement qu'elles furent très régu-
lièrement suivies et que chacune des questions à l'ordre
du jour y fut traitée.
A ce propos, nous nous permettrons même une légère
critique.
Le trop grand nombre des communications et le trop peu
de temps à accorder à chacune ne permit pas la moindre
discussion.
Chaque auteur dut se contenter de lire, pendant quel-
ques minutes (dix exactement), le résumé très succinct du
travail qu'il présentait. Dans ces conditions, aucun échange
d'idées, aucune contradiction n'était possible. En sorte
qu'à ce point de vue les résultats du congrès de Monaco ne
seront peut-être pas ce qu'ils auraient pu être. Les séances
étaient beaucoup trop chargées à notre avis.
La grande question des éolithes qui passionne bon
nombre de préhistoriens a été discutée. Son principal
promoteur, M. Rutot était présent, mais elle reste toujours
dans le statu quo, ses partisans n'ayant apporté aucun
élément nouveau qui permette d'établir la véracité de cette
théorie.
D'intéressants sujets furent également abordés au cours
de ces séances.
MM. Boule, Cartailhac, Albert Gaudry, le chanoine
de Villeneuve et le docteur Verneau donnèrent les détails
les plus précis sur la stratigraphie, la paléontologie et
l'industrie des grottes de Grimaldi.
— 93 —
MM. Pillard d'Arkaï et l'abbé de Villeneuve communi-
quèrent le résultat de leurs études sur les enceintes pré-
historiques dites Ligures.
L'évolution de la peinture et de la gravure de l'âge du
renne dans les grottes à parois décorées fut exposée par
des adeptes bien convaincus, MM. Breuil, Capitan, Cler-
geau et Peyrony.
MM. Coutil, le baron de Loë et Georges Poulain firent
part de leurs observations sur les temps intermédiaires
entre le paléolithique et le néolithique.
La conférence avec projections de M. le Dr Capitan sur
les grottes préhistoriques à parois décorées, celle de M. le
professeur Montelius sur l'âge du bronze en Suède, de
même que celle de M. Hœrnès eurent un grand succès.
Les gravures ou peintures récemment observées sur les
parois de plusieurs grottes préhistoriques sont vraiment
étonnantes; quelques-unes accusent une sûreté de main,
une fidélité de reproduction telles qu'on reconnaît immé-
diatement l'animal qu'a voulu représenter l'artiste, bœuf,
cheval, ours, aurochs, mammouth, etc.
Et quand on réfléchit que ces figurations ont été exécu-
tées dans de sombres couloirs, sur des panneaux mesurant
quelquefois cinq à six mètres de longueur, comme ceux
découverts par Rivière dans la grotte de la Mouthe (Dor-
dogne), à 113 mètres de Ventrée, on est tenté de se demander
si elles sont vraiment l'œuvre de peintres magdaléniens ou
solutréens. Il ne faut rien moins que l'autorité des savants,
qui avancent ces faits, pour croire que ces dessins sont
dus aux troglodytes de l'âge du renne.
Les excursions furent des plus intéressantes, grâce aux
maîtres qui les dirigèrent. La première, celle du mardi
17 avril, eut pour but les grottes des Baoussé-Roussé, plus
connues sous le nom de grottes de Menton, bien qu'elles soient
sur le territoire italien, dans la province de Vintimille.
— 94 —
M. le chanoine de Villeneuve rendit compte sur place des
travaux exécutés sous sa direction, dans la plus grande de
ces grottes, celle dite du Prince. Des coupes, des plans
distribués aux congressistes permettaient, avec les objets
trouvés au cours des fouilles, de reconnaître facilement les
différents niveaux rencontrés.
M. Boule traita ensuite les questions géologiques et
paléontologiques résultant des nombreux échantillons
recueillis dans cette importante station. Il établit qu'elle a
dû être occupée depuis le commencement de la période
quaternaire jusqu'au néolithique. Et c'est un fait curieux
et important à constater qu'elle ait abrité, depuis les grands
mammifères, aujourd'hui disparus, du commencement du
quaternaire jusqu'au renne, c'est-à-dire une faune qui
dénote au début un climat chaud et, à la fin, un climat froid.
M. Cartailhac a donné d'intéressants détails sur l'industrie
des hommes des Baoussé-Roussé.
Les grottes de Menton ont été explorées il y a longtemps
par M. Rivière. L'extraction du premier squelette humain
trouvé dans la caverne des Baoussé-Roussé fit sensation
dans le monde savant de la préhistoire.
Le musée de Menton n'a conservé qu'un seul crâne,
exhumé en février 1884.
A la suite des recherches de M. Abbo, commencées huit
ans plus tard, cinq nouveaux squelettes furent mis à jour.
Ils sont conservés sur les lieux mêmes, dans un musée
construit en avant de la grotte, grâce à la libéralité d'un
riche anglais, M. Thomas Hanbury, bien connu des tou-
ristes qui fréquentent Menton, par le jardin d'acclimatation
qu'il a créé dans sa propriété de la Mortola, entre Menton
et Vintimille, où il cultive en plein air plus de quatre mille
espèces végétales de toutes les parties du monde : Chine,
Japon, Egypte, Mexique, Californie, etc.
Pendant longtemps les fouilles des Baoussé-Roussé,
comme celles des autres gisements quaternaires, n'ont pas
— 95 -
été faites méthodiquement. Le prince de Monaco a chargé
M. de Villeneuve d'enlever couches par couches de haut
en bas les dépôts de la principale grotte des Baoussé- Rousse,
en notant dans quelle assise chaque morceau a été trouvé.
On a ainsi pu établir exactement l'histoire de la grotte. On
a vu qu'au-dessous des terrains se rapportant à l'âge gla-
ciaire dans lesquels était enfoui le premier homme trouvé
par M. Rivière, il y avait des terrains qui, à en juger par
les restes d'animaux, appartiennent à la faune chaude
(étage chelléen), et dans ces terrains, l'abbé de Villeneuve
a mis à jour des squelettes que M. Verneau a étudiés ; il a
prié M. Albert Gaudry d'examiner la dentition. Il a été
admis que l'homme de la race, dite de Grimaldi par
M. Verneau, plus ancien que les squelettes trouvés
autrefois, se rapprochait des Négroïdes. On a ainsi obtenu
des renseignements sur les hommes primitifs de nos pays.
La seconde excursion eut lieu le 19 avril, aux enceintes
préhistoriques du mont Bastide, sous la direction de M. le
chanoine de Villeneuve. On s'y rendit par la Turbie, avec
arrêt à la Tour d'Auguste, monument romain que Ton croit
édifié sur une enceinte plus* ancienne.
En écoutant au mont Bastide la description que M. San-
vèze, architecte à Monaco, donnait de ce primitif centre
d'habitations, la pensée se reportait involontairement vers
cet autre centre d'habitations que nous venions de quitter,
Monte-Carlo. D'une part, des casés étroites uniquement
constituées par des rochers naturels ou des dalles brutes
mises debout; de l'autre, des constructions répondant de
la façon la plus luxueuse à toutes les exigences du confort
moderne. A quelques kilomètres de distance, l'architecture
la plus ancienne et la plus récente, la plus pauvre et la
plus riche.
Le dimanche 22 avril avait lieu la séance de clôture du
congrès. M. Bayet prononça un discours sur l'intérêt des
travaux du congrès. M. Albert Gaudry fut chargé de
— 96 -
remercier le prince de Monaco. M. Hamy a prononcé la
clôture de la treizième session, et donné rendez-vous aux
archéologues, pour 1909, à Dublin, où se tiendra la quator-
zième session.
Gomme complément, une excursion se fit le 24 avril, après
le congrès, dans les environs de Grasse, sous la conduite
de M. Paul Ooby, chargé par l'Association française pour
l'avancement des sciences, de recherches préhistoriques
dans les Alpes-Maritimes.
Cette excursion, dans une des plus belles régions de la
Côte d'azur, a permis de visiter dans la même journée sept
dolmens, cinq tumulus et deux enceintes préhistoriques.
V. BERTHIER.
M. Albert Gaudry confirme les observations fournies par
M. de Chaignon, sur richthyosaure de Chenoux dont les
pièces sont mises sous les yeux de la société.
M. Changarnier, de Beaune, demande la parole pour
indiquer qu'il possède deux coprolithes de sauriens du ter-
rain houiller de Montceau-les-Mines. Ce fait semble inté-
ressant à M. Albert Gaudry, parce qu'il prouve l'existence
de reptiles d'une certaine taille dans le houiller du bassin
de Blanzy.
Nous ajouterons que ces deux coprolithes ont été donnés
à M. Changarnier, par notre dévoué collègue M. Porte,
qui les avait trouvés lui-même, lorsqu'il habitait Montceau.
Après s'être assuré auprès de B. Renault que c'étaient
bien des coprolithes. M. Porte les avait montrés, en 1892,
à M. Stanislas Meunier, au cours de l'excursion géologique
qu'il dirigeait alors dans la région.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
— 97 —
SÉANCE DU 15 JUILLET 1906
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr GILLOT
Étaient présents : MM. des Abbayes; Bovet; Chassignol,
i la Boulaye; Charles Clément; Dubois; Fesquet Joseph;
Gérardin; Grézel; Levier, à Montchanin; Marchand, au
Creusot; Parant; Paris; Porte; Quincey Jean et V. Ber-
thier.
MM. Camusat, de Chaignon, Marlot et Sirdey s'excusent
par lettre de ne pouvoir assister à la réunion.
Trois nouveaux adhérents sont reçus i l'unanimité comme
membres titulaires :
M. Charbonnier -Lebreton, greffier du tribunal civil
d'Autun, présenté par MM. le Dr Oillot et Proteau.
M. Bernard Croizier, avoué à Autun, présenté par
MM. Henri Croizier et V. Berthier.
M. l'abbé Maurice Garnier, curé à Auxy, présenté par
MM. Louis Revenu et V. Berthier.
La Société reçoit en outre comme membre correspon-
dant, sur la présentation de MM. les docteurs Victor et
Xavier Oillot, M. A. Faure, instituteur à Oran, en recon-
naissance de ses envois de plantes pour nos herbiers.
Dons.
Depuis sa dernière réunion, la Société a reçu :
De M. François Miron, ingénieur à Paris, des échantil-
lons de laves et de cendres, provenant de la dernière érup-
tion du Vésuve (avril 1906).
De M. de Chaignon, des racines aériennes de cyprès
chauve {Taxodium distichum Rich.), ainsi que divers miné-
8.B.N. itot. 7
— 98 -
raux provenant de Cuzy, Andalousite, Chlorophyllite, Gigan-
tolite, etc.
De M. Ed. Bonnet, la description sommaire qu'il a donnée
dans le Bulletin du Muséum d'histoire naturelle (1906, n° 3,
p. 175), de la collection Auguste Roche, avec une notice
biographique sur son auteur.
De M. le Dr Gillot, trois notes dont il est l'auteur : V Ap-
pétence chimique des plantes et leur répartition topographique*
en collaboration avec M. E. Château; — Notes toximyco-
logiques2; — Nouveaux Tableaux scolaires de champignons. 3
De M. de Bontin, deux ouvrages de M. G. Cotteau : Con-
grès international d'anthropologie et d'archéologie préhistori-
ques (session de Stockholm, 1874) s; — laSociété géologique de
France à Chambéry, à Genève et à Chamonix, la Société hel-
vétique à Andermatt (session de 1875)*; ainsi qu'une Étude
géologique des terrains de la rive gauche de l'Yonne, compris
dans les arrondissements d'Auxerre et de Joigny, par
M. le T de L , 1 vol. de texte accompagné de
10 planches, d'une carte et de coupes géologiques.5
De M. H. Marcailhou-d'Ayméric, pharmacien à Ax-les-
Thermes, l'Annuaire de VAriège pour 1906 (36e année, J. Fra,
directeur-gérant, imp. Pomies, à Foix). Ce volume de
1 ,104 pages est une véritable encyclopédie ariégeoise et peut
être considéré comme un modèle du genre. En outre de
tous les documents et renseignements administratifs, indus-
triels, commerciaux, etc., d'usage dans ces sortes d'ou-
vrages, on y trouve la monographie détaillée de toutes les
communes du département et de ses nombreuses stations
thermales ; et ce qui nous intéresse particulièrement, des
travaux afférents aux sciences naturelles et d'une réelle
importance. Sous le titre à" Explorations ariégeoises, la plume
1. Bulletin de la Société botanique de France, tome 53* (1906), p. 98.
2 et 3. Bulletins de la Société mycologique de France, tome XXII (1906),
pp. 164 et 166.
3 et 4. Auxerre, imprimerie Gustave Perriquet, 2 vol. in-16, 1875.
5. Idem, idem, 1843.
— 99 —
savante, alerte- et infatigable comme ses jambes, de notre
distingué collègue, M. Hippolyte Marcailhou-d'Ayméric,
raconte les beautés et énumère la richesse florale des prin-
cipaux massifs qu'il a parcourus en tous sens : i° le Massif
de Tabe (pp. 548-572); 2° le Montcalm et le Pie d' Estais
(pp. 666-682} ; 3* le Mont Vallier (pp. 1001-1028). Description,
panorama, altitude, géologie, flore, légendes, etc, tout est
à lire, et avec intérêt, dans ces études, dont l'auteur a eu
également la gracieuseté de nous envoyer les tirés à part.
Le livre débute par une magistrale monographie de la
Haute Chaîne pyrénéenne. Beauté de la chaîne, Étude oro-hydro-
graphique (pp. 29-247), écrite par M. le Dr A. Marcailhou-
d'Ayméric fils, de Lézat-sur-Lèze (Ariège), neveu de notre
collègue, et qui continue avec succès les traditions scienti-
fiques de la famille. Ajoutons que ce beau volume est par-
faitement édité et illustré d'un grand nombre de photogra-
vures représentant les hommes notables et les sites prin-
cipaux du département.
Correspondance.
La correspondance comprend :
1° Une lettre de la préfecture de Saône-et-Loire, com-
muniquant le décret du 22 juin 1906, par lequel M. le pré-
sident de la République autorise la Société d'histoire natu-
relle d'Autun à acquérir, aux clauses et conditions énon-
cées dans sa délibération du 17 décembre 1905, un terrain
destiné à l'édification d'un musée.
2° Une lettre de M. Bayet, directeur de l'enseignement
supérieur, annonçant qu'il vient d'attribuer à la Société
d'histoire naturelle d'Autun une subvention de cinq cents
francs pour encouragement à ses études.
Une lettre de M. le comte d'Esterno remerciant la Société
de l'avoir admis comme membre titulaire, au cours de sa
dernière réunion.
— 100 —
Deux convocations pour prendre part aux congrès qui
seront tenus : 1° du 2 au 7 août prochain à Lyon, par
l'Association française pour l'avancement des sciences
fusionnée avec l'Association scientifique de France ; 2* du
21 au 26 août 1906, à Vannes, par le Congrès préhistorique
de France. Des circulaires et des programmes relatifs à
ces congrès sont mis à la disposition des intéressés.
M. Albert- Michel Lévy envoie le résultat des détermina-
tions des plaques minces que M. Michel Lévy, son père, a
eu l'amabilité de faire faire avec les échantillons de basalte
de Marcigny et de Sainte-Foy, que nous lui avions soumis
l'année dernière.
M. le président annonce qu'aux promotions du 14 juillet,
deux de nos sociétaires ont reçu de hautes distinctions,
bien méritées :
Notre compatriote, M. Gaston Abord, jeune magistrat
des plus distingués, actuellement procureur de la Répu-
blique à Toulon (Var), a été nommé chevalier de la Légion
d'honneur;
M. Grézel, sous-principal du collège d'Autun, a été
nommé officier de l'Instruction publique. M. Grézel, présent
à la réunion, reçoit les félicitations de toute l'assemblée.
M. le président annonce que, cette année comme les
précédentes, la Société a mis à la disposition de M. le
principal du collège d'Autun, une somme de 30 francs pour
décerner un prix d'histoire naturelle. Il expose, en outre,
que le but de la Société étant de propager par tous les
moyens, le goût et l'étude des sciences naturelles, il y aurait
lieu, à l'instar de la Société Éduenne, d'accorder égale-
ment un prix à l'élève le plus méritant en histoire naturelle
du petit Séminaire d'Autun. Il rappelle à cette occasion
l'intérêt que portent à notre Société les professeurs de cet
établissement, dont plusieurs font, individuellement, partie
de la Société et nous ont rendu des services, et où l'his-
- iÔi -
toire naturelle a toujours été en honneur. Cette proposition
est adoptée à mains levées et à l'unanimité, et il est décidé
que le prix consistera dans un ou deux volumes des der-
niers Bulletins de la Société.
Le Frère Sennen, botaniste distingué, autrefois à la Nou-
velle (Aude), actuellement à Bugedo, par Miranda de Ebro,
prov. de Burgos (Espagne), se propose de publier des cen-
turies de plantes desséchées du nord de l'Espagne, prin-
cipalement de Castille, ne renfermant que des espèces rares,
bien préparées et largement représentées, au prix de
25 francs la centurie. Le F. Sennen a enrichi l'herbier de
notre Société d'une collection de plantes de l'Aude, dont
l'excellente préparation ne peut qu'encourager les souscrip-
teurs.
On passe à la discussion de projets d'excursions, qui
deviennent de plus en plus difficiles à organiser, à cause
du grand nombre de localités déjà visitées, et le Bureau de
la Société invite tous les membres de bonne volonté à lui
soumettre de nouvelles indications. Il est donné lecture
d'une lettre de M. le Dr Lemoine, de Château-Chinon, qui
propose, entre cette ville et Fachin, une excursion destinée
à visiter les moraines supposées d'un ancien glacier, et un
site des plus pittoresques, Roche Cartance. M. Lemoine se
met obligeamment, mais seulement après le 15 août, à la
disposition de la Société, pour lui servir de guide. La pro-
position est adoptée, et l'excursion projetée pour la fin
d'août.
M. Albert Gaudry, qui a bien voulu nous envoyer un
exemplaire de son important mémoire sur les Fossiles de
Patagonie, Ta accompagné de la lettre suivante, qui en est
le meilleur résumé :
« J'ai donné à la Société d'histoire naturelle d'Autun ma
première note sur les fossiles tertiaires de Patagonie, rap-
portés par André Tournouër. C'était dans la séance du
— 102 —
29 juin 1902, où assistait M. Liard, entouré de plusieurs
savants venus de Paris. Il y avait parmi eux André Tour-
nouer qui est, non seulement un vaillant explorateur, mais
qui est aussi, comme vous vous le rappelez, un aimable
compagnon. Depuis cette époque, M. Tournouër a conti-
nué à faire des fouilles en Patagonie, et moi j'ai continué
à en publier les résultats. Mes mémoires, bien qu'accom-
pagnés de nombreuses figures, sont d'une lecture un peu
difficile. Aujourd'hui je présente dans la nouvelle revue,
fondée par notre ami, M. Boule, sous le nom d'Annales de
Paléontologie, un mémoire d'un caractère plus général. Il
est intitulé Fossiles de Patagonie, Étude sw% une portion du
monde antarctique. J'ai l'honneur de vous l'envoyer pour
notre chère Société d'Autun, pensant qu'il pourra intéresser
quelques-uns de nos confrères.
» C'est une des grandes curiosités de notre temps, d'ap-
prendre l'histoire du continent antarctique ; car depuis que
le fameux Erik Nordenskjôld nous a révélé que le monde
arctique a été autrefois un centre de vie, on se demande
s'il n'en a pas été ainsi pour le continent antarctique. Des
explorateurs de divers pays ont, avec un admirable cou-
rage, abordé les régions antarctiques ; ils ont découvert des
animaux et des végétaux secondaires; mais ils ne nous ont
appris presque rien du continent tertiaire ou quaternaire.
La Patagonie va sans doute nous en dire quelque chose;
on y trouve des Mammifères nombreux, variés et gigan-
tesques, dont l'existence est incompréhensible dans une
contrée étroite, dépourvue de végétation comme Test
actuellement la Patagonie ; il faut nécessairement admettre
qu'elle est un reliquat d'un vaste continent, aujourd'hui
caché sous les mers et les glaces antarctiques.
» Ce continent nous apporte des surprises. Ses animaux
ont été si différents de ceux de l'hémisphère boréal que la
plupart ne peuvent rentrer dans les classifications faites
d'après les genres de nos pays : Astrapothmumt Pyrothe-
— 103 —
rium, Nesodon, Coresodon, Colpodon, Homalodontherium,
Diadiaphorus, Palœopeltis et plusieurs autres ne ressemblent
nullement à nos Mammifères vivants ou fossiles. La marche
de leur évolution a été très différente. Pendant que, dans
l'hémisphère boréal, le progrès a été continu et la vie s'est
manifestée dans toute sa magnificence, en Patagonie il y a
eu arrêt de développement ; aucun animal n'est parvenu
au stade de Ruminant, de Pachyderme à doigts pairs, de
Solipède comme les nôtres, de Proboscidien, de Carnivore
placentaire (Ours, Hyène, Chien, Chat), de Singe anthropo-
morphe. Il en a été de même en Australie, bien que ses
genres soient assez éloignés pour la plupart de ceux de la
Patagonie.
» Ainsi, il semble que la surface terrestre soit divisée en
deux parties : une boréale où le progrès a été continu ; une
australe où le monde animal a subi un arrêt de développe-
ment. Pourquoi? En présentant mon Mémoire à l'Académie
des sciences, j'ai dit que je l'ignorais, comme un bien
grand nombre d'autres choses. Il faut ajouter ce problème
à tous ceux qui se présentent devant les savants voués à
l'étude de l'histoire de la vie. »
» Albert GAUDRY. »
M. Martel a inséré aux Informations, dans la Nature du
2 juin 1906, les lignes suivantes :
ce Une touchante cérémonie vient d'avoir lieu à Autun
pour l'inauguration du monument que la Société d'histoire
naturelle de cette ville a élevé à son fondateur, Bernard
Renault. Plusieurs discours ont été prononcés en l'honneur
de ce grand naturaliste, auquel on n'a pas donné de son
vivant des distinctions proportionnées aux services qu'il a
rendus à la science. »
— 104 —
M. le Dr X. Gillot fait la communication suivante :
Notes de tératologie végétale
(Suite).
V. — Partitions anormales de la Fougère Doradllle,
Asplenium Trichomanes L., var. ramosum L.
A la séance du 29 mai 1904, nous montrions à la Société
d'histoire naturelle d' Au t un des spécimens de Doradille Poly-
tric, Asplenium Trichomanes L., cueillis par M. Gh. Marchai,
instituteur au Creusot, sur un mur du champ de foire de
Couches-les-Mines, à la date du 7 mai, et présentant un
phénomène de partition de la fronde, allant à la tri et mul-
tifurcation du rachis, anomalie très rare à ce degré chez les
Fougères, et dont la cause reste encore obscure. Et, en
publiant cette simple note dans le Bulletin de Tannée, nous
la faisions accompagner d'une planche en phototypie repré-
sentant les principales de ces partitions tératologiques,
nous proposant d'y revenir plus en détail {Bull. Soc. test,
nat. d'Autun, XVII (1904), 2, p. 48 avec planche).
L'étude de cette Fougère a été, en effet, l'objet d'un
article paru dans le Bulletin de la Société botanique de
France (tome LI (1904), session jubilaire à Paris, pp. xcii-ci
et pi. II), et que nous nous bornerons à résumer.
La touffe unique de cette Doradille Polytric ou Capillaire
des murailles se composait d'une dizaine de frondes, toutes
plus ou moins anormales, les moins déformées étant bifides.
Ces frondes, émanant d'une souche implantée dans une
fissure de muraille sèche, sont un peu rabougries compa-
rativement à celles des touffes voisines normales; leur
taille ne dépasse pas 8 centimètres et s'abaisse même pour
quelques-unes à 4 centimètres. Le rachis, relativement
grêle, se bifurque dans trois cas, et, dans tous les autres,
se divise en trois, et même, dans un cas, en cinq rameaux.
— 105 —
se subdivisant eux-mêmes, à des hauteurs différentes, en
une ou deux trichotomies, d'où l'aspect général d'une
fronde surdécomposée. Les segments ovales ou arrondis,
chargés de spores sur leur face inférieure, sont plus petits
que d'habitude ; les plus grands segments mesurent 4-5 mil-
limètres de longueur sur 3-4 millimètres de largeur, et
leurs dimensions se réduisent même jusqu'à 2 millimètres
sur 1 millimètre. Une pinnule plus ou moins développée
existe toujours au-dessous du point d'origine des rameaux.
La plante était en pleine végétation ; car, à côté des frondes,
en partie desséchées et privées de leurs pinnules, d'autres,
plus jeunes, étaient encore en voie de développement et
immatures. La souche, ayant été respectée, a reproduit des
frondes nouvelles et, à la date du mois d'août suivant, on
pouvait encore en constater une demi-douzaine d'une taille
de 3 à 5 centimètres, et nettement triramifiées.
Bien que de nombreux cas de partitions tératologiques
aient depuis longtemps été décrits chez bien des espèces
de Fougères, et en particulier chez Asplenium Trichomanes,
il en est peu d'aussi prononcés. Nous en avons cependant
relevé quelques exemples cités par Kirschleger (FI. vogéso-
rhénane, 1870, II, p. 271), A. Ouebhard (Feuille des Jeunes
nat., XXV, 1895, p. 68, fîg. 4), Fliche (Bull. Soc. se. Nancy,
1871, p. 24, et 1885, ext. 32 p.), etc. Elles n'avaient tou-
tefois pas échappé aux anciens botanistes, et nous les avons
retrouvées parfaitement indiquées et figurées parles auteurs
prélinnéens, dès 1588, par Tabernœmontanus, puis par les
Bauhin, Cherler, Tournefort, etc., et c'est J. Bauhin qui
leur a donné le nom définitif de Trichomanes ramosum. Mais
la plupart de ces phytographes, d'autres bien plus récents
du reste, ont confondu sous le nom de Trichomanes, et
Linné, lui-même, sous le nom d1 Asplenium Trichomanes, les
deux espèces aujourd'hui distinguées sous le nom d'Aspl.
Trichomanes L. et dX viride Huds, et les auteurs que nous
avons consultés rapportent des cas de monstruosités foliaires
— 106 —
bi et tripartites aussi bien chez Tune que chez l'autre de ces
espèces» Linné les a consacrées de sa grande autorité en
inscrivant dans son Species plantarum (éd. 1 (1753), p. 1080,
et éd. 2 (1762), p. 1540), un Asplenium Trichomanes ramo-
sum; et nous croyons avoir prouvé par le contexte de Linné,
les citations des auteurs, et notamment l'opinion de Haller,
qu'il a surtout eu en vue le véritable AspL Trichomanes, si
commun sur toutes nos murailles. Le cas tératologique que
nous avons observé à Couches-les-Mines, et qui peut compter
parmi les plus accentués et les plus rares, doit donc
reprendre, à titre de variété, le nom de ramosum L., qui
a été oublié ou méconnu par tous les Aoristes et même
les monographes modernes. Quand il leur arrive d'en parler
comme M. C. de Rey-Pailhade (les Fougères de France,
p. 35), d'après Venance Payot, sous le nom de variétés
bifida, ramosa et dickotoma, ils ne visent que de simples
bifurcations du rachis. Milde (Filices Europe et Atlantidis,
1867), n'en parle pas, non plus que M. H. Christ, le mono-
graphe contemporain le plus autorisé dans son livre : Die
Farnkraùter der Erde {les Fougères du globe), Iéna, 1897 ; mais
dans ses Fougères de la Suisse (Die Farnkraùter der Schweiz,
Bern, 1900, p. 93), le même auteur en fait mention sous le
titre de « Lusus multiftdum. Moore nat. Printed Brit. Feras,
oct. H, 1863, 76 bis B. Rachis dichotome vers son milieu,
avec des rameaux subdivisés eux-mêmes, jusqu'à quatre
fois dicho tomes, comme dans Scolopendium multifidwn.
Frondes petites, avec ses divisions atrophiées. » Il indique
comme habitats, le Tessin (Astano) et le Piémont (Trevano,
Lugano), localités voisines du mont Boro, où cette fougère
a été cueillie par M. Fliche, et de la Vénétie, où elle a été
retrouvée plus récemment par M. le Dr R. Pampanini, de
Florence. A la même époque, le Frère Héribaud, de Cler-
mont Ferrand, publiait dans les exsiccata de la « Société
pour l'étude de la flore franco-helvétique », 1900, sous le
n° 1140, un Asplenium TrichomanesL., var. ramosum F. Héri-
rt
ii-1
HP
*
Si
Je
ir-
•lé
le
— 107 —
baud et Lavergne », récolté par M. Lavergne, « sur les
schistes cristallins, entre Boisset et Mours, Cantal, août
1899 », avec cette observation : « 3e distingue du type par
le rachis rameux, par les lobes cunéiformes et plus pro-
fondément crénelés. » Les échantillons que nous en avons
pu examiner se rapprochent, en effet, beaucoup de ceux
que nous avons décrits, mais les frondes sont plus grêles,
pour la plupart simplement bi ou trifurqués, et à lobes bien
plus étroits. Il est évident qu'il s'agit de la même variété
plus ou moins accentuée.
Les stations méridionales, de même que la croissance de
VAsplenium Trichomanes^ var. ramosum L., dans des fissures
étroites de rochers, comme dans le Cantal, ou d'un mur très
sec, comme à Couches-les-Mines, pourraient permettre d'in-
voquer ces conditions écologiques comme facteurs de l'ano-
malie, par un retard dans le développement avec tendance
à la ramification. A moins d'admettre l'apparition brusque
d'une de ces variétés dont le professeur Hugo de Vriès
a si bien étudié la filiation ; dans le cas actuel, d'une variété
rameuse, dont l'origine est tout intime, dans une modifica-
tion cytologique originelle et accidentelle du prothalle et
de son développement. Dans tous les cas il nous paraît
impossible d'admettre une étiologie parasitaire ou trauma-
tique, comme l'a supposé M. A. Ouebhard (loc. cit.). Des
observations multipliées et des expériences de culture
permettraient d'élucider la question; il y aurait donc à
rechercher ces « petits monstres » avec plus de soin sur
les rochers et les vieux murs.
Notre opinion est corroborée par le fait de la persistance
indéfinie de cette anomalie, car M. Marchai, qui surveille
cette curieuse fougère à Couches-les-Mines, l'a vue repous-
ser chaque année, à la même place, de nouvelles frondes
rameuses, et nous en signale, cette année encore, la vigou-
reuse végétation.
— 108 —
VI. — Raisins bigarrés.
Nous avons reçu, le 17 septembre 1904, de M. Marc
Sauzay, propriétaire et membre de la Société d'histoire
naturelle d'Autun, un raisin provenant de Corsechats,
près Bourgneuf-Val-d'Or (3aône-et-Loire), du poids de
55 grammes, et formé de 45 grains, également bien
développés et mûrs, dont 27 noirs et 18 blancs. Ce raisin
était unique, au milieu de plusieurs grappes noires, sur
un cep de Pinot noir, dit Pinot de Mercurey, greffé sur
Riparia. Cette anomalie paraît rare, car les nombreuses
demandes adressées depuis deux ans à des propriétaires
ou vignerons de la Bourgogne et du Maçonnais n'ont
pas abouti à nous procurer de nouveaux spécimens de
raisins bigarrés, ni même de renseignements authentiques
sur leur apparition, bien que plusieurs personnes décla-
rent en avoir eu connaissance. Une enquête ouverte, à
cet égard, dans la Feuille des Jeunes naturalistes (4* série,
35" année, n° 409, du 1" novembre 1904, p. 14), sous
forme de question, n'a reçu qu'une seule réponse, insé-
rée dans le numéro suivant de la même feuille (n° 410,
du 1er décembre 1904, p. 30). Elle émane du professeur
Gregorio Manca, de l'Université de Sassari (Sardaigne), et
relate des observations citées dans le journal italien// Col-
tivatore, Casaie-Monferrato (n0> du 23 et du 30 octobre
1904). Il en résulte que des raisins à grappes bigarrées, ou
à grains moitié blancs et moitié noirs, ont été rencontrés
en Italie par un viticulteur distingué, l'avocat Giuseppe
Aliore et par le professeur Vittorio Racah, directeur de la
chaire ambulante d'agriculture de Sienne, dans un établis-
sement de San -Marco, à Ferrucciola, province de Pise,
et, dans ce dernier cas, le même cep portait des grappes
entièrement noires, d'autres tout à fait blanches et d'autres
bigarrées. Or, dans tous ces cas, comme dans le nôtre, il
— 109 —
s'agissait du Pinot noir, cépage qui semble plus particu-
lièrement disposé à la production de ce phénomène, d'après
M. Pulliat, qui tend à l'attribuer à une hybridation avec
des vignes blanches voisines.
Aux environs de Bordeaux, même fait relaté par M. L. Mo-
telay, sur un raisin mûr récolté par M. R. Doleau, et dont
la moitié des grains étaient rouges et l'autre moitié
blancs (Actes Soc. linn. de Bordeaux, LIX, 7e série, t. IX
(1904), p. cxliv). En Bourgogne, le Dr Joseph Baron, pro-
priétaire à Beaune, a vu un de ces raisins bigarrés entre
les mains d'un vigneron, qui lui a affirmé en rencontrer
chaque année dans la même vigne, sans avoir pu préciser
si c'était sur le même cep ou des ceps différents, et ici
encore il s'agissait de Pinot noir, dit Teinturier.
En Italie, le marquis Serluppi a observé un grappillon
bigarré sur un cep à raisins noirs greffé sur Pizzutello blanc,
et A. Pirovano, qui rapporte ce fait, le considère comme de
tous points semblable au nôtre (la Vigne américaine, dirigée
par G. Battanchon, 29e année, n° 5, mai 1905, p. 145).
Il ne s agit jusqu'ici que de faits isolés, en apparence
fortuits. Cependant cette variation à fruits bigarrés de la
vigne est susceptible de se fixer et de constituer une
race héréditaire, comme en témoigne la note suivante,
relevée dans la Nature, n° 1639, du 22 octobre 1904,
p. 82 : « M. Michelon, à Tours, nous a fait parvenir une
grappe de raisin particulier en nous donnant les renseigne-
ments suivants. Ces grappes, d'un aspect tout à fait spécial,
proviennent, paraît-il, d'un pied très ancien, et dont il
n'existe, en tous cas, qu'un nombre très restreint de spé-
cimens, chez deux ou trois propriétaires qui les gardent
comme curiosité. On les rencontre près de Tours, sur les
coteaux de Roche- Corbon, dans la patrie du vin de Vou-
vray. Les vignerons du pays font remonter son origine à
une époque très éloignée et lui ont donné le nom de Man-
teau de Saint-Martin, soit à cause de sa vétusté, soit à cause
— 110 —
de la proximité de l'ancien couvent du Sacré-Cœur de
Marmoutier où on Ta rencontré. Les grains sont, pour la
plupart, et à certaines années, moitié blancs, moitié noirs.
L'échantillon que je vous ai adressé, bien que beaucoup
moins beau qu'à certaines années, montre cette particula-
rité : grains entièrement blancs, entièrement noirs, et
mitigés, moitié blanc et noir, ou encore un quart noir et
trois quarts blanc. Ce n'est pas une exception pour une
seule grappe, car toutes celles venant sur ce genre de ceps,
présentent cette même apparence. »
D'après le professeur Vittorio Racah, de Sienne, il existe
également en Italie « une variété de raisins cités par d'an-
ciens auteurs viticoles italiens, sous le nom d'Uva Svizzera
(raisin suisse), qui présente constamment le caractère de la
bigarrure, ayant les grappes mélangées de grains blancs et
de grains noirs. » M. Racah ajoute, toutefois, qu'il ne l'a
pas vue par lui-même dans aucune collection (8 mars 1906,
in liit.).
Il importe de bien distinguer le cas tératologique qui
nous occupe, c'est-à-dire les raisins bigarrés, composés de
grains les uns entièrement noirs, les autres entièrement
blancs, des raisins bicolores sur un même cep, portant, à la
fois, des raisins complètement rouges et des raisins com-
plètement blancs, soit sur un même sarment, soit sur des
sarments différents, et des raisins panachés, c'est-à-dire à
grains simplement marbrés ou veinés de noir et de blanc.
Ce dernier accident a même été fixé dans la variété connue
sous le nom de Tressot panaché. Il est probable que beau-
coup de variétés de cépages n'ont pas d'autre origine; le
bouturage permet ces fixations avec trop de facilité pour
que les viticulteurs n'en aient pas largement usé.
M. Dauty (Ann. de la Soc. d'horticult. et d'hist. nat. de
l'Hérault, 45e année, 2* série, XXXVII, n° 4, juillet, août,
1905, p. 127), cite, mais sans détail, le fait « chez un de ses
amis, d'une souche ayant donné des raisins moitié blancs
— 111 —
et moitié noirs » ; mais il relate, tout au long, le phénomène
qui s'est produit à la campagne de M. Sévérac, quartier de
l'Aiguelongue, sur une souohe d'Âspiran gris. « Sur un cour-
son réservé de la dernière taille, il y avait des raisins de
deux nuances. Ce courson avait donné naissance à deux
sarments, dont l'un portait deux raisins très blancs d'une
bonne grosseur, et l'autre ne portait qu'un seul raisin plus
petit et d'une nuance grisâtre. Après avoir dégusté les
deux variétés, il m'a semblé que le blanc était plus doux,
plus ferme et plus croquant que le gris L'Aramon gris,
qui sert aujourd'hui à faire du très bon vin blanc, est venu
sur une souche d'Aramon noir. M. Fournier m'a montré
un Garignan à grains deux fois plus gros que ceux des
autres raisins de la mime souche, et cette nouvelle espèce
s'est parfaitement reproduite par la greffe. »
De toutes ces variations, depuis longtemps connues,
mais mal observées, celle des raisins bigarrés paraît la
moins fréquente et la plus difficile à expliquer. M. Marc
Sauzay a eu l'obligeance de faire une enquête sur le cas
rencontré et communiqué par lui : le raisin bigarré était
seul de cette nature sur le cep de Pinot qui le portait
accompagné d'autres raisins entièrement noirs; le cep ne
provenait pas de semis mais d'une greffe de « Pinot de
Mercurey » sur « Riparia » ; la vigne renfermait des ceps
noirs et des ceps blancs mélangés, et, malgré la recom-
mandation faite au vigneron de surveiller le canton de
Corsechats l'année suivante, il lui a été impossible dé
reconnaître le cep producteur du raisin bigarré, et d'en
retrouver aucun dans tout le vignoble à l'automne de 1905;
ledit vigneron n'hésite pas à attribuer le phénomène à
l'hybridation par fécondation de quelques ovaires de raisins
noirs par le pollen des raisins blancs.
Cette explication est loin d'être concluante, car, dans
les innombrables hybridations pratiquées de tous côtés par
les viticulteurs il est sans exemple qu'on ait vu un raisin
— 112 —
rouge se décolorer par l'effet du pollen d'un cépage blanc,
et l'on est en droit de se demander pourquoi le cas est si
rare dans la nature, alors que les pieds de vigne à raisins
noirs ou blancs sont si habituellement mélangés dans les
cultures. M. Battanchon, le savant professeur d'agriculture
du département de Saône«et-Loire, qui a particulièrement
étudié la question, à propos des « variations de couleur *
des raisins (Agriculture nouvelle, n° 650 du 3 ootobre 1903,
p. 794, et n° 761, du 18 octobre 1905, p. 912), sans repousser,
dans certains cas, « les influences de pollinisation », et en
admettant « qu'on peut encore faire intervenir l'hybridation
asexuelle quand il s'agit d'un cépage d'une couleur greffé
sur porte-greffe d'une autre couleur », conclut « qu'on ne
peut dire que la présence de grains blancs au milieu d'une
grappe noire appartenant à une variété noire, greffée elle-
même sur un américain à raisins noirs comme le Riparia,
ait été expliquée physiologiquement de façon indiscutable ;
ce ne sont guère que des hypothèses qui ont été formulées
à ce propos. » Il est même disposé à n'y voir que des varia-
tions accidentelles dans la série qui conduit des cépages à
jus incolore aux cépages à jus plus foncé, « variations qui
peuvent même se reproduire et se fixer soit par le boutu-
rage comme autrefois, soit par la greffe. »
Il est à remarquer que tous les cas authentiques de raisins
bigarrés ont été observés sur des « Pinots gris », qui sont telle-
ment variables que M. Pacottet, dans son récent ouvrage,
Viticulture, a écrit : a Le Pinot gris est un véritable caméléon ;
planté dans les terres calcaires blanches, il reste gris ; mais
transporté dans les terrains rouges, ferrugineux, il devient
noir avec une extrême facilité. Nous avons trouvé sur un cep
de Pinot noir un sarment portant deux raisins, dont l'un
était blanc et l'autre noir. Ce fait fréquent montre avec quelle
extrême facilité la vigne modifie la couleur de ses fruits. »
Le cas de la grappe bigarrée du Bourgneuf ne serait qu'une
accentuation de celui cité en dernier lieu par M. Pacottet.
— 113 —
Les mêmes faits ont été observés sur d'autres cépages.
Ainsi, d'après l'opinion de M. Roy-Chevrier, de Chalon-sur-
Saône, rapportée par M. Chassignol, le Gamay Fréauœ ne
serait qu'un accident d'un sarment du Rouge de Bouze, trouvé
par Antoine Fréaux, vigneron à Saint-Denis-de-Vaux (Saône-
et-Loire), et propagé par lui dans cette commune, il y a une
soixantaine d'années. Bien qu'ancien et fixé par des mul-
tiplications successives, et enfin par le greffage, il n'est
pas rare de trouver dans un hectare de Fréaux plusieurs
souches redevenues partiellement ou totalement simples
Gamays, tantôt ne portant que des sarments avec raisins
à jus blanc; tantôt des sarments avec raisins, les uns à jus
blanc, les autres à jus coloré. Dans cette sorte de rétro-
gradation, la plante ne s'arrête pas au premier degré. Issu
du Bouze, le Fréaux ne redevient pas Bouze, mais bien
Arcenant ou Malain, ancêtre présumé du Bouze. C'est un
fait d'atavisme intéressant à signaler ; on pourrait en inférer
que les variations de couleur, bigarrures ou panachures,
observées sur divers cépages, reconnaissent pour cause ces
influences ancestrales, et ne sont pas un simple effet du
hasard. Les Pinots présentent ces variations beaucoup plus
fréquemment que les Gamays.
Il était intéressant de savoir si le phénomène inverse
avait été observé, c'est-à-dire si l'on avait vu des raisins
colorés sur des ceps à raisins blancs. Nous n'avons pu en
recueillir aucun exemple véridique, et, si le fait existe, il
doit être des plus rares. Cependant, Bouschet de Bernard,
viticulteur français bien connu, en fécondant avec du pollen
de Teinturier, cépage dont la richesse en œnocyanine est
considérable, une variété de vigne à fruits blancs, avait
observé que les grains de ceux-ci présentaient par la suite
une coloration rouge bien marquée. Un autre illustre
ampélographe, le baron A. Mendola, a constaté un fait
semblable dans un croisement de Sanginella blanche au
moyen du pollen du Zobalkanski qui est rouge. Les raisins
S.H.N. 1906. 8
— 114 —
de Sanginella se teintèrent- de rose, démontrant ainsi que
l'influence du pollen s'était exercée dans tout le plasma.
(A. Pirovano, dans la Vigne américaine, dirigée par M. Bat-*
tanchon, 29* année, n° 5, mai 1905, p. 143.)
D'après des renseignements obligeamment fournis par
M. Battanchon à M. Ghassignol, on lui aurait montré,
cette année même, à Iguerande (Saône-et-Loire), des pieds
de Chardonnay, qui portaient des grappes teintées de
rouge ou de rose ; mais il attribue cette particularité à
l'influence de la sécheresse, i l'état de souffrance du cep,
ayant entraîné certaines altérations d'ordre physico-chi-
mique, et non pas des phénomènes morphologiques pro-
prement dits.
On a cherché, encore, à expliquer le phénomène qui
nous occupe par les expériences d'hybridation ou de fécon-
dation croisée, effectuées sur la vigne par M. Bouschet de
Bernard, et sur d'autres végétaux par le professeur Hugo
de Vriès, en leur appliquant la théorie de la double fécon-
dation découverte et étudiée par le professeur Guignard,
et les idées Mendéliennes sur l'hérédité et la régression des
hybrides *. Mais ces explications, plausibles et satisfaisantes
quand il s'agit d'hybrides ou métis reproduits par le semis,
n'ont aucune raison d'être vis-à-vis de simples greffes.
Et, en attendant mieux, il faut peut-être s'en tenir à l'idée
d'hybridation aseœuelle ou d'hybridation par la greffe, et il
nous paraît intéressant de reproduire à ce sujet la discus-
sion que le cas signalé par nous dans la Feuille des Jeunes
naturalistes a provoqué de la part de M. Alb. Pirovano, de
Vaprio d'Adda, dans le journal 11 Coltivatore, Casale-Mon-
1. Voyez : Georges Bellair, VOrigine de la déformation des fruiU et de leur
coloration anormale, dans là Nature, 33* année, n* 1668, du 13 mai 1005, p. 380.
— M. Gard. Éludée enetomiquee eur le$ vignes et leurs hybrides artificiels, dans
Actes Soc. linn. Bordeaux, vol. lyiii, 6* série, t. VII (1903), pp. 185-312. —
A. Pirovano, Variations de couleur dans les grappes et les grains, et phénomènes
d'hybridation, dans la Vigne américaine et la Viticulture en Europe, dirigée par
M. G. Battanchon, 29* année» n* 5, mai 1905, p. 143.
— 115 —
ferrato, du 22 janvier 1905, et traduite dans la Vigne améri-
caine, journal de viticulture dirigé par H. O. Battanchon
(n° du 5 mai 1905) :
« Les plus récents phénomènes d'hybridation asexuelle
ont été étudiés par le professeur Daniel et par H. Jurie, ce
dernier s'en étant même servi pour rendre plus robustes
quelques-uns de ses hybrides producteurs directs. Dans la
plupart des cas, le sauvage infuse peu à peu quelques-uns
de ses caractères au greffon, s'amalgamant avec lui, pour
ainsi dire, jusqu'à modifier entièrement sa constitution.
Quelquefois, la sève du porte-greffe fait violemment irrup-
tion dans les tissus du greffon ; elle en modifie ainsi et peu
à peu les caractères ; elle s'infiltre entre les fibres, les tra-
verse, et crée de la sorte un tissu à elle, avec lequel elle
progresse en symbiose, tissu parallèle et disjoint. Il est
olair que sur un sarment ainsi constitué, il peut exister, au
milieu des autres, un bourgeon dans lequel se réuniront les
tissus des variétés influençantes. C'est ainsi et non autre-
ment que peut s'expliquer l'apparition des grains blancs
surles grappes noires d'une vigne greffée sur cépage blanc.
• Mais, il y a plus, M. Paroni, de Brescia, surmontant
des difficultés techniques des plus sérieuses, est parvenu i
produire artificiellement > par sa greffe spéciale à œil unique,
une végétation nettement influencée par les deux variétés
blanche et noire. Le sarment fructifère obtenu a donné des
fruits réalisant parfaitement l'attente de l'auteur qui espère,
de plus, pouvoir perpétuer « l'anomalie » qu'il a patiem-
ment provoquée.
» Tout cela est très bien, pourra-t-on m'objecter : mais,
dans le cas du Dr Gillot, le raisin noir se trouvait sur
Riparia qui est aussi à fruits noirs. D'où provient donc la
coloration blanche présentée par une partie des grains du
Pinot qui était greffé sur cet américain? En admettant
comme avéré que lo Pinot en cause se trouve bien sur un
véritable Riparia, c'est une autre hypothèse, un peu incer-
— 116 —
taine, qui va se présenter. En tenant compte de ce que les
phénomènes tératologiques de cet ordre sont plus particu-
lièrement fréquents chez le Pinot noir, on peut supposer
qu'à son origine on retrouverait une hybridation entre
variétés à raisins blancs et à raisins noirs ; de là, une sorte
de dialyse possible ou de scission intime entre les compo-
sants. Semblable phénomène est très commun dans les
plantes à fleurs obtenues en si grand nombre aujourd'hui par
hybridations successives ; tel est le cas notamment chez les
Chrysanthèmes. Une véritable lutte s'établit entre les sèves
composantes, et celle qui l'emporte donne à la fleur sa colo-
ration.
» Je m'explique. Dans le flot de sève circulant dans un
jeune bourgeon, il arrive souvent que, par suite des ampu-
tations culturales, se produit une déviation; la sève reflue
alors dans le tissu vasculaire, dont la structure moléculaire
favorise quelquefois la dialyse dont nous avons parlé. Le
bourgeon, ainsi anormalement développé, sera alors plus
influencé par un de ses composants que par les autres,
au point de produire une fleur à teinte uniforme, mais diffé-
rente de celle présentée par l'ensemble des autres fleurs
du même pied. Cette variation peut alors être fixée par les
méthodes habituelles.
» Mais, dans notre cas, il s'agit d'une grappe, non pas
d'une couleur uniforme, mais portant des grains de cou-'
leurs différentes et tranchées, grappe pouvant être le
résultat de deux sèves réunies dans un même sarment mais
pourtant distinctes. Sur une vigne à fruits uniformément
variés, il peut s'être produit un sarment que nous suppo-
serons constitué intérieurement par un ensemble de fais-
ceaux disposés en secteurs, alternativement influencés par
une variété blanche et une variété noire, de telle sorte
qu'à chaque bourgeon aboutissent' au moins deux de ces
faisceaux virtuels à la fois conjugués et en parfaite oppo-
sition d'influence. »
— 117 —
Tout en laissant i l'auteur la responsabilité de son ingé-
nieuse explication, nous sommes heureux de l'avoir provo-
quée, et attendons de nouvelles recherches sa confirmation
ou sa critique.
(À suivre.)
M. le Dr Oillot donne lecture des notes suivantes :
Nidification de la Bécasse en Saône-et-Loire.
M. Q. Ormezzano nous adressait, 4 la date du 1" mai,
une jeune Bécasse, i moitié de sa taille, prise au nid à
Àrtaix, près Marcigny (Saône-et-Loire). Il y avait, dans le
nid trois Bécasseaux, dont deux ont pris leur vol au moment
où Ton voulait les capturer; le troisième, nourri aveo des
vermisseaux, n'a vécu que trois jours en captivité. Les
œufs ont dû être pondus dès le milieu de mars, et notre
zélé correspondant et ami regarde cette couvée de Bécasses
comme « un fait inconnu dans la région », et l'attribue « i
une paire de Bécasses qui s'est localisée au moment du
passage de novembre ». J'ignore si les nichées de Bécasses
sont réellement aussi rares dans le Brionnais, mais elles
sont assez fréquentes dans le reste du département, notam-
ment dans la région autunoise. Cette année même, aux
derniers jours du mois, notre collègue, M. le Dr Joseph
Baron, nous signalait, dans les bois de Saint-Émiland, un
nid de Bécasse dont la mère avait été tuée sur le nid ren-
fermant trois œufs qui ont été brisés. D'autres faits, moins
précis, nous ont été racontés, et j'ai, moi-même, souve-
nance, il y a quelques années, d'avoir surpris une nichée
de Bécasseaux au moment où ils quittaient leur nid dans
les bois de la Goutte, forêt do Polin, au lieu dit Verné-
du-Cerisier, commune de Roussillon-en-Morvan. Depuis
— 122 —
présence de cette plante, étrangère au pays, en plein bois,
avait d'abord paru singulière à M. Château, mais il s'est
rappelé un article de M. P. Fliche, professeur à l'École
forestière de Nancy (Deux Observations relatives à la flore
des jeunes taillis, G. R. Ac. se, CXL, séance du 25 avril
1905, p. 1129), dans lequel la station de YE. Lathyris, loca-
lisée au voisinage de ruines gallo-romaines, semblait faire
remonter son introduction jusqu'à cette époque lointaine,
où elle avait dû être employée à titre officinal. Et précisé-
ment la localité brionnaise de l'Epurge, au lieu dit la
« Motte au Singe », se trouve être à la fois sur l'emplace-
ment probable d'une voie romaine, et sur les ruines de
l'ancien manoir de Glavegris, dont l'histoire remonte jus-
qu'en 1328 (Cf. les Fiefs du Bourbonnais, par Aubert de la
Faige et Roger de la Boutresse). L'analogie s'impose,
YE. Lathyris étant fréquemment cultivé comme plante médi-
cinale dans les jardins des vieux châteaux et des monas-
tères, et encore aujourd'hui dans les jardins de campagne;
les graines employées comme purgatives ont quelquefois
déterminé des accidents graves par leur action drastique
trop énergique. La persistance indéfinie de certaines
espèces de plantes adventices, et leur réapparition inter-
mittente s'explique, en ce cas, par la résistance des graines
enfouies dans le sol, où elles peuvent séjourner longtemps
avant de germer, attendant les circonstances favorables,
déboisement ou simple éclaircie des taillis, défrichements,
mouvements du sol, etc. Il ne faut cependant pas exagérer
la longévité des graines, et il y a longtemps que, depuis
les expériences d'A. de Candolle, on a fait justice de la
légende des graines pharaoniques, trouvées dans les cer-
cueils des momies d'Egypte et susceptibles de germer
encore. Il n'en est rien, et les observations récentes entre
autres de MM. Jules Poisson [Observations sur la durée de la
vitalité des graines, Bull. Soc. bot. de France, L (1903),
p. 337), et Paul Becquerel (De la longévité des graines, C. R.
— 123 —
Ac. se, CXLII, n° 26, séance du 25 juin 1906, p. 1549), ont
démontré l'inégale résistance des différentes graines. Les
expériences de M. P. Becquerel ont porté sur les semences,
de cinq cent cinquante espèces de plantes de diverses familles
et sur des graines conservées depuis vingt-cinq à cent
trente-cinq ans. La plupart sont restées stériles et mortes ;
quelques-unes, cependant, ont germé, même âgées de
quatre-vingts ans; mais il s'agissait, en ce cas, exclusive-
ment de graines « protégées par un tégument épais et pos-
sédant des réserves peu oxydables. » C'est, en effet, la
pénurie d'oxygène, et par conséquent le peu d'altération
respiratoire des réserves, qui permet le prolongement de
la vie latente, et ces conditions se trouvent également
réalisées pour les graines enfouies profondément dans le
sol et plus ou moins complètement à l'abri de l'air.
Elles n'en donnent quelquefois, plus tard, que des sujets
plus vigoureux, car M. J. Poisson a encore observé qu'il se
fait dans les vieilles graines « un travail de perfectionne-
ment qui a eu retentissement sur le développement futur
du végétal », et qui a été utilisé, en horticulture, pour l'amé-
lioration de certains légumes, la production des fleurs
doubles, etc. (J. Poisson, Comparaison des résultats obtenus
en semant de jeunes et vieilles graines, Bull. Soc. bot. de
France, L (1903), p. 478).
Plantes nouvelles.
Notre collègue, M. Chassignol, instituteur à la Boulaye,
en chercheur heureux, nous communique en beaux exem-
plaires, une trouvaille particulièrement intéressante pour
la flore de Saône-et-Loire, celle de la Luzule jaunâtre,
Luzula albida DC, dans le bois dit « le Parc », commune
de la Boulaye, 30 mai 1906. Cette élégante Joncée, propre
aux montagnes siliceuses, est commune dans les Vosges,
et confirme les rapports déjà signalés entre les flores vos-
— 120 —
semble avoir été observé pour la première fois en Egypte,
au commencement du dix-neuvième siècle, et a dû être
introduit en France avec le retour des armées de Bona-
parte. Il n'est pas indiqué parmi les rongeurs du départe-
ment de Saône-et-Loire énumérés dans un catalogue inédit
de Grognot aîné ; il a dû passer inaperçu jusqu'ici .
Poissons.
Enfin, M. Ormezzano nous a encore envoyé, à la date
du 5 juillet dernier, trois poissons, compris parmi les Pois-
sons blancs de la famille des Cyprinidés, et péchés dans la
Riole d'Artaix : la Brème, Abramis Brama L., le Rotengle,
Scardinus erythrophtalmus Bon., et le Qardon, Leuciscus
rutilus Guv. Ces poissons, parvenus en bon état de con-
servation, ont pris place dans les bocaux de nos collections .
M. Ormezzano accompagne l'envoi de ces poissons des
réflexions suivantes : « La description et la distinction de
ces poissons ont été bien faites par M. l'abbé E. Dumas,
de Villeneuve (Allier), dans son opuscule sur la Faune de
V Allier : les Poissons, descriptions, mœurs, habitats (Moulins,
1897). Sur les trois échantillons, à peu près de même taille,
que je vous ai adressés, capturés dans la Riole ou Riaule
d'Artaix, on distingue très bien leurs différences à la simple
vue. Le Rotengle ou Gardon brammé, est plus épais que la
Brème et moins que le Gardon; ses écailles sont plus
étroites que celles de la Brème, mais plus larges que celles
du Gardon. Le Gardon est plus épais que les deux autres,
et a les écailles plus fines. La Brème est plus large et plus
mince que les deux autres et a également les écailles plus
larges ; et cependant c'est à peine si nos meilleurs pêcheurs
les distinguent. Le Rotengle se pêche surtout dans les rioles
ou étangs, qui sont des délaissés de la Loire, sur l'empla-
cement probable de son ancien lit; je ne l'ai encore pas vu
pêcher en Loire. Il tient assez bien le milieu entre la
— 123 —
Ac. se, CXLII, n° 26, séance du 25 juin 1906, p. 1549), ont
démontré l'inégale résistance des différentes graines. Les
expériences de M. P. Becquerel ont porté sur les semences,
de cinq cent cinquante espèces de plantes de diverses familles
et sur des graines conservées depuis vingt-cinq à cent
trente-cinq ans. La plupart sont restées stériles et mortes;
quelques-unes, cependant, ont germé, même âgées de
quatre-vingts ans; mais il s'agissait, en ce cas, exclusive-
ment de graines « protégées par un tégument épais et pos-
sédant des réserves peu oxydables. » C'est, en effet, la
pénurie d'oxygène, et par conséquent le peu d'altération
respiratoire des réserves, qui permet le prolongement de
la vie latente, et ces conditions se trouvent également
réalisées pour les graines enfouies profondément dans le
sol et plus ou moins complètement à l'abri de l'air.
Elles n'en donnent quelquefois, plus tard, que des sujets
plus vigoureux, car M. J. Poisson a encore observé qu'il se
fait dans les vieilles graines « un travail de perfectionne-
ment qui a eu retentissement sur le développement futur
du végétal », et qui a été utilisé, en horticulture, pour l'amé-
lioration de certains légumes, la production des fleurs
doubles, etc. (J. Poisson, Comparaison des résultats obtenus
en semant de jeunes et vieilles graines, Bull. Soc. bot. de
France, L (1903), p. 478).
Plantes nouvelles.
Notre collègue, M. Chassignol, instituteur à la Boulaye,
en chercheur heureux, nous communique en beaux exem-
plaires, une trouvaille particulièrement intéressante pour
la flore de Saône-et-Loire, celle de la Luzule jaunâtre,
Luzula albida DC, dans le bois dit « le Parc », commune
de la Boulaye, 30 mai 1906. Cette élégante Joncée, propre
aux montagnes siliceuses, est commune dans les Vosges,
et confirme les rapports déjà signalés entre les flores vos-
— 114 —
de Sanginella se teintèrent* de rose, démontrant ainsi que
l'influence du pollen s'était exercée dans tout le plasma.
(A. Pirovano, dans la Vigne américaine, dirigée par M. Bat-
tanchon, 29- année, n° 5, mai 1905, p. 143.)
D'après des renseignements obligeamment fournis par
M. Battanchon à M. Chassignol, on lui aurait montré,
cette année même, à Iguerande (Saône-et-Loire), des pieds
de Chardonnay, qui portaient des grappes teintées de
rouge ou de rose ; mais il attribue cette particularité à
l'influence de la sécheresse, à l'état de souffrance du cep,
ayant entraîné certaines altérations d'ordre physico-chi-
mique, et non pas des phénomènes morphologiques pro-
prement dits.
On a cherché, encore, à expliquer le phénomène qui
nous occupe par les expériences d'hybridation ou de fécon-
dation croisée, effectuées sur la vigne par M. Bouschet de
Bernard, et sur d'autres végétaux par le professeur Hugo
de Vriès, en leur appliquant la théorie de la double fécon-
dation découverte et étudiée par le professeur Guignard,
et les idées Mendéliennes sur l'hérédité et la régression des
hybrides !. Mais ces explications, plausibles et satisfaisantes
quand il s'agit d'hybrides ou métis reproduits par le semis,
n'ont aucune raison d'être vis-à-vis de simples greffes.
Et, en attendant mieux, il faut peut-être s'en tenir à l'idée
d'hybridation asexuelle ou d'hybridation par la greffe, et il
nous paraît intéressant de reproduire à ce sujet la discus-
sion que le cas signalé par nous dans la Feuille des Jeunes
naturalistes a provoqué de la part de M. Alb. Pirovano, de
Vaprio d'Adda, dans le journal 11 Coltivatore, Gasale-Mon-
1. Voyez : Georges Bellair, l'Origine de la déformation de» fruits et de leur
coloration anormale, dans la Nature, 33* année, n* 1668, du 13 mai 1905, p. 380.
— M. Gard, Études anatomiques sur les vignes et leurs hybrides artificiels, dans
Actes Soc. linn. Bordeaux, vol. lviii, 6* série, t. VII (1903), pp. 185-312. —
A. Pirovano, Variations de couleur dans les grappes et les grains, et phénomènes
d'hybridation, dans la Vigne américaine et la Viticulture en Europe, dirigée par
M. G. Battanchon, 29* année, n* 5, mai 1905, p. 143.
— 115 —
ferrato, du 22 janvier 1905, et traduite dans la Vigne améri-
caine, journal de viticulture dirigé par M, G. Battanchon
(n° du 5 mai 1905) :
« Les plus récents phénomènes d'hybridation asexuelle
ont été étudiés par le professeur Daniel et par M. Jurie, ce
dernier s'en étant même servi pour rendre plus robustes
quelques-uns de ses hybrides producteurs directs. Dans la
plupart des cas, le sauvage infuse peu à peu quelques-uns
de ses caractères au greffon, s'amalgamant avec lui, pour
ainsi dire, jusqu'à modifier entièrement sa constitution.
Quelquefois, la sève du porte-greffe fait violemment irrup-
tion dans les tissus du greffon ; elle en modifie ainsi et peu
à peu les caractères; elle s'infiltre entre les fibres, les tra-
verse, et crée de la sorte un tissu à elle, avec lequel elle
progresse en symbiose, tissu parallèle et disjoint. Il est
clair que sur un sarment ainsi constitué, il peut exister, au
milieu des autres, un bourgeon dans lequel se réuniront les
tissus des variétés influençantes. C'est ainsi et non autre-
ment que peut s'expliquer l'apparition des grains blancs
sur les grappes noires d'une vigne greffée sur cépage blanc.
» Mais, il y a plus, M. Paroni, de Brescia, surmontant
des difficultés techniques des plus sérieuses, est parvenu à
produire artificiellement, par sa greffe spéciale à œil unique,
une végétation nettement influencée par les deux variétés
blanche et noire. Le sarment fructifère obtenu a donné des
fruits réalisant parfaitement l'attente de l'auteur qui espère,
de plus, pouvoir perpétuer « l'anomalie » qu'il a patiem-
ment provoquée.
» Tout cela est très bien, pourra-t-on m'objecter : mais,
dans le cas du Dr Gillot, le raisin noir se trouvait sur
Riparia qui est aussi à fruits noirs. D'où provient donc la
coloration blanche présentée par une partie des grains du
Pinot qui était greffé sur cet américain? En admettant
comme avéré que le Pinot en cause se trouve bien sur un
véritable Riparia, c'est une autre hypothèse, un peu incer-
— 124 —
gienne et morvandelle : elle se retrouve plus près de nous
dans le Jura, aux environs de Besançon, Montbéliard,
puis, plus au sud, dans l'Ardèche, l'Aude, l'Ariège, etc.
Elle est excessivement rare dans le centre de la France
où la Flore de Boreau n'en signale que deux localités, aux
environs d'Orléans, où elle a disparu, et i Saulieu, d'après
Loret. Elle a été retrouvée dans la Oôte-d'Or, mais tou-
jours très rare, à Premières, Renève, Bèze (Gh. Royer,
FI. de la Côte-d'Or, p. 337). La localité de Saône-et-Loire
semble donc être actuellement la station la plus occidentale
de cette espèce en France.
M. Ghassignol a, en outre, récolté le 14 juin, le Pied-de-
Chat, Antennaria dioïca Gœrtn., dans une station nouvelle :
terrain inculte, couvert de bruyère, à deux kilomètres et
demi environ de Dettey, sur le chemin de traverse qui con-
duit à la Tagnière. Il a également retrouvé cette plante,
mais peu abondante, dans les bruyères en montant de la
Tagnière, à Uchon. Elle était déjà indiquée, mais vague-
ment, par le Dr Garion, à la Tagnière (Catal. des plantes
du département de Saône-et-Loire, 1865, p. 58).
Notre collègue, M. Porte, toujours à l'affût des nou-
veautés de la flore autunoise, nous a signalé sur la pelouse
de la plate-forme supérieure du théâtre romain, aux Caves-
Joyaux, la présence de la Sauge à feuilles de Verveine,
Salvia verbenaca L., plante méridionale, cal ci phi le etxéro-
thermique, qui se retrouve dans la région do l'ouest, mais
au sud de la Loire, et n'a été que rarement rencontrée dans
les départements du Centre et de l'Est, et très probablement
à titre d'adventice indigène sporadique, en particulier
dans les vignes de Cormatin (Saône-et-Loire), d'après le
Dr Carion (Catal. pi. S.-et-L., p. 80). Elle se distingue, à
première vue, des variétés à petites fleurs (var. micrantha
Gr.), de Salvia pratensis L., par ses corolles dépassant à
peine le calice, non comprimées, à lèvre supérieure con-
- 117 -
Tout en laissant à l'auteur la responsabilité de son ingé-
nieuse explication, nous sommes heureux de l'avoir provo-
quée, et attendons de nouvelles recherches sa confirmation
ou sa critique.
(A suivre.)
M. le Dr Gillot donne lecture des notes suivantes :
Nidification de la Bécasse en Saône-et-Loire.
M. Q. Ormezzano nous adressait, à la date du 1" mai,
une jeune Bécasse, à moitié de sa taille, prise au nid à
Artaix, près Marcigny (Saône-et-Loire). Il y avait, dans le
nid trois Bécasseaux, dont deux ont pris leur vol au moment
où Ton voulait les capturer; le troisième, nourri avec des
vermisseaux, n'a vécu que trois jours en captivité. Les
œufs ont dû être pondus dès le milieu de mars, et notre
zélé correspondant et ami regarde cette couvée de Bécasses
comme « un fait inconnu dans la région », et l'attribue « à
une paire de Bécasses qui s'est localisée au moment du
passage de novembre ». J'ignore si les nichées de Bécasses
sont réellement aussi rares dans le Brionnais, mais elles
sont assez fréquentes dans le reste du département, notam-
ment dans la région autunoise. Cette année même, aux
derniers jours du mois, notre collègue, M. le Dr Joseph
Baron, nous signalait, dans les bois de Saint-Émiland, un
nid de Bécasse dont la mère avait été tuée sur le nid ren-
fermant trois œufs qui ont été brisés. D'autres faits, moins
précis, nous ont été racontés, et j'ai, moi-même, souve-
nance, il y a quelques années, d'avoir surpris une nichée
de Bécasseaux au moment où ils quittaient leur nid dans
les bois de la Goutte, forêt de Folin, au lieu dit Verné-
du-Cerisier, commune de Roussillon-en-Morvan. Depuis
— 126 —
Boches et fossiles du Siebengebirge.
M. Paul Floquet, qui vient de passer avec succès à la
Faculté de Lyon, l'examen de licence es sciences natu-
relles (géologie), envoie à la Société un petit lot de roches
et de fossiles recueillis par lui au Siebengebirge, pendant le
séjour d'études qu'il vient de faire à Bonn (Prusse rhénane);
ce sont :
1° Trachyte andésitique soufflé (Siebengebirge).
2° Tuf trachytique blanc avec inclusions schisteuses (idem).
3° Basalte, passant i la Dolérite très chargée en Olivine
(Falkengebirge).
4° Basalte scoriacé à Leucite (Roderberg).
5° Ginérite avec feuilles de Ginnamomum (Siebenge-
birge).
6° La même avec bois fossile (idem).
7° Même cinérite avec feuilles de Ginnamomum et
bois (idem).
8° Bois opalisé dans un quartzite (Siebengebirge).
9* Bois passé à l'état de quartz résinite dans quart-
zite (idem).
10° Cailloux vitrifiés à la surface; éruptions du Roder-
berg.
11° Schiste dévonien argilo-silioeux micacé, calciné au
voisinage du Roderberg ; déshydraté et fendillé.
A son envoi M. P. Floquet a joint la note explicative
suivante :
« Le Siebengebirge (nom qui signifie « les sept monta-
gnes »), est situé environ à 8 kilomètres à vol d'oiseau, au
sud-est de la ville de Bonn, en Prusse rhénane. Ge massif
est sur la rive droite du Rhin, précisément à l'endroit où
le fleuve quitte le plateau dévonien dans lequel il se trou-
vait profondément encaissé depuis Mayence, et entre dans
— 119 —
plus propre à sa reproduction. Il est vrai que notre dépar-
tement se trouve bien près de sa limite de nidification,
d'après les cartes dressées par M. Ternier, mais, pour être
clairsemées, les couvées y sont habituelles, et justifient
l'opinion de l'excellent observateur qu'était notre collègue,
A. Mangeard, pour lequel la Bécasse méritait d'être quali-
fiée de « sédentaire » dans notre arrondissement.
Bat fauve ou Alexandrin.
M. Q. Ormezzano nous envoyait, le lendemain, 2 mai
1906, un gros Rat au pelage fauve, d'un blanc jaunâtre sous
la gorge, de même forme que le Rat d'égout, si commun
et si connu, mais de moindre taille. L'animal, du sexe mas-
culin, mesurait la longueur totale de 0m37, du museau à
l'extrémité de la queue, dont 0m18 pour le corps et 0m19
pour la queue. Il s'agit du Rat fauve considéré comme une
variété du Rat ordinaire ou Rat noir, Mus Rattus L., et
appelé par les zoologistes Mus [Rattus) alexandrinus Geof-
froy *. Ce Rat, qui paraît rare dans notre région, a été cap-
turé par M. Deville, propriétaire à Marcigny, dans un cla-
pier de lapins, où il a pris successivement sept exemplaires
de ce rongeur jusqu'alors inconnu dans le pays, et qui,
d'après ses observations, « est plus vif, plus alerte et plus
vigoureux que le Mus Rattus. » Il en a, du reste, les mœurs
et vit surtout dans les greniers, les granges, les écuries, etc. ,
au contraire du Rat d'égout ou Surmulot, Rus decumanus
Pal las, qui pullule de préférence dans les parties infé-
rieures des habitations, les caves, les égouts, les abat-
toirs, etc., et qui, plus gros et plus vorace, a presque par-
tout chassé le Rat commun, devenu rare dans les villes et
réfugié dans les campagnes. Le Rat fauve ou l'Alexandrin
1 . D* £. Trouessart, les Petit» Mammifère» de France, dans la Feuille des
Jeune» naturaliste», n- 120 (qov. 1888), p, 80, et Hiat. n&t. de la, Fr*nce, 2* partie,
Mammifères (E. Deyrolle), p. 142. — A. Bouvier, les Mammifère» de France,
1891, p. 155.
— 118 —
longtemps, du reste, le fait a été relaté et signalé par Pro-
teau, qui, dans son Catalogue ', donne la Bécasse, Scolopax
rusticola, comme oiseau « de passage périodique à l'au-
tomne et au printemps ; quelques couples s'établissent dans
nos bois où ils nichent dès les premiers jours d'avril » ; et
A. Mangeard 2 : « La Bécasse niche en mars à terre, dans
un petit enfoncement à l'abri de quelque broussaille ; pond
quatre œufs ; sédentaire ; peu commune. »
Il n'en est pas moins vrai que les nids de Bécasse sont
assez rares dans notre pays; mais, à en croire M. L. Ter-
nier, la cause en serait moins dans les habitudes de Foi-
seau que dans la chasse intempestive qu'on lui fait au
printemps, et il suffirait de l'interdire à cette époque,
c'est-à-dire après la clôture de la chasse du gibier séden-
taire, pour voir augmenter le nombre des nichées. Cette
mesure a été prise, depuis deux ans, par le ministère
de l'agriculture et c'est peut-être la raison pour laquelle
on a signalé cette année un plus grand nombre de nids de
Bécasses. L'étude très instructive et très documentée à
laquelle s'est livré M. Ternier3 prouve que, contrairement
à l'opinion de nombre de chasseurs et d'ornithologistes, la
Bécasse niche largement en France, où le fait a été cons-
taté dans cinquante-huit départements, principalement de
l'Est et du Nord ; que, dans nos départements de l'Est on
appelle très improprement « arrivée » le passage de prin-
temps de la Bécasse, qui est, au contraire, son « retour »
des contrées plus septentrionales afin de chercher un climat
1. Proteau, Catalogue des oiseaux observés dans V arrondissement d*Autun%
pendant le coure dee années 18kk à t860, dans Soc. Éduenne. Mém. d'histoire
naturelle, 1(1865), p. 272.
2. A. Mangeard, Catalogue dee oiseaux qui se reproduisent dans lea environs
d'Autun, et qui ont été observés depuis 18k0 jusqu'en i886y dans Bail. Soc. hlst.
nat. d'Autan, I (1888), p. 118.
3. Louis Ternier, Distribution géographique en France de la Bécasse (Scolopax
rusticola), d'après l'enquête territoriale ordonnée par le ministre de l'Instruc-
tion publique en 1885 et 1886, dans Ornti, Bull, du comité ornlthologique inter-
national, XII (1903-1904), n* 3, p. 235.
— 121 —
Brème et le Gardon, d'où son nom de Gardon Brammé,
qui semble invoquer, entre les deux autres espèces, une
idée d'hybridation que ne justifient pas ses caractères ana-
tomiques, et notamment sa dentition complètement diffé-
rente. »
A propos de Poissons, nous devons signaler l'acclimata-
tion, dans le canton d'Issy-l'Évêque, d'une jolie espèce
exotique, dont M. H. de Ghaignon a rapporté tout récem-
ment un exemplaire pâché dans la Somme, près de Grury,
et qui paraissait inconnu des pêcheurs du pays. Il s'agit du
C abri-Cobras , Lepomis mégalo tis Rafin., Sun fis h ou Perche
argentée, poisson percoide américain, de la famille des
Centrachidœ, introduit en grand nombre, depuis quelques
années, dans les étangs et les rivières de France, de Bel-
gique, de Suisse et d'Italie. Il est naturalisé dans la Loire
où il se reproduit. (A. Giard, lnterméd. des biologistes, I,
n° 5, 5 janvier 1898, p. 104.) 11. Ferdinand Mérendet, pro-
priétaire à Issy-l'Évêque, l'a propagé depuis une dizaine
d'années, dans les étangs et les rivières de ses environs,
notamment dans la Somme, où il s'est également natura-
lisé et reproduit, car on en a péché en assez grande quan-
tité à Maltat; et M. Prosper Baron, qui en avait reçu de
M. Mérendet quelques exemplaires, envoyés d'Allemagne,
et les avait mis dans son vivier de la Chèze, près de Luzy,
en a retrouvé, quelques années plus tard, au moment d'une
pêche, près de deux mille de toute taille. Ce poisson, du
reste, ne devient jamais gros et ne fournit qu'une assez
médiocre friture.
Euphorbe Epurge.
M. E. Château, instituteur à Bourg-le-Comte, signale la
présence de l'Epurge, Euphorbia Lathyris L., dans le B don-
nais, à Avrilly, entre le moulin Morgat et Bonnant, au
milieu des broussailles de la rive gauche du canal. La
— 120 —
semble avoir été observé pour la première fois en Egypte,
au commencement du dix-neuvième siècle, et a dû être
introduit en France avec le retour des armées de Bona-
parte. Il n'est pas indiqué parmi les rongeurs du départe-
ment de Saône-et-Loire énumérés dans un catalogue inédit
de Grognot aîné; il a dû passer inaperçu jusqu'ici.
Poissons.
Enfin, M. Ormezzano nous a encore envoyé, à la date
du 5 juillet dernier, trois poissons, compris parmi les Pois-
sons blancs de la famille des Cyprinidés, et péchés dans la
Riole d'Artaix : la Brème, Abramis Brama L., le Rotengle,
Scardinus erythrophtalmus Bon., et le Gardon, Leuciscus
rutilus Cuv. Ces poissons, parvenus en bon état de con-
servation, ont pris place dans les bocaux de nos collections.
M. Ormezzano accompagne l'envoi de ces poissons des
réflexions suivantes : « La description et la distinction de
ces poissons ont été bien faites par M. l'abbé E. Dumas,
de Villeneuve (Allier), dans son opuscule sur la Faune de
V Allier : les Poissons, descriptions, mœurs, habitats (Moulins,
1897). Sur les trois échantillons, à peu près de même taille,
que je vous ai adressés, capturés dans la Riole ou Ri au le
d'Artaix, on distingue très bien leurs différences à la simple
vue. Le Rotengle ou Gardon brammé, est plus épais que la
Brème et moins que le Gardon; ses écailles sont plus
étroites que celles de la Brème, mais plus larges que celles
du Gardon. Le Gardon est plus épais que les deux autres,
et a les écailles plus fines. La Brème est plus large et plus
mince que les deux autres et a également les écailles plus
larges ; et cependant c'est à peine si nos meilleurs pêcheurs
les distinguent. Le Rotengle se pêche surtout dans les rioles
ou étangs, qui sont des délaissés de la Loire, sur l'empla-
cement probable de son anoien lit; je ne l'ai encore pas vu
pêcher en Loire. Il tient assez bien le milieu entre la
— 121 —
Brème et le Gardon, d'où son nom de Gardon Brammé,
qui semble invoquer, entre les deux autres espèces, une
idée d'hybridation que ne justifient pas ses caractères ana-
tomiques, et notamment sa dentition complètement diffé-
rente. »
A propos de Poissons, nous devons signaler l'acclimata-
tion, dans le canton d'Issy-l'Évêque, d'une jolie espèce
exotique, dont M. H. de Ghaignon a rapporté tout récem-
ment un exemplaire péché dans la Somme, près de Grury,
et qui paraissait inconnu des pêcheurs du pays. Il s'agit du
Cabri-Cobras, Lepomis megalotis Rafin., Sun fis h ou Perche
argentée, poisson percoïde américain, de la famille des
Centrachidœ, introduit en grand nombre, depuis quelques
années, dans les étangs et les rivières de France, de Bel-
gique, de Suisse et d'Italie. Il est naturalisé dans la Loire
où il se reproduit. (A. Giard, lntermëd. des biologistes, I,
n° 5, 5 janvier 1898, p. 104.) M. Ferdinand Mérendet, pro-
priétaire à Issy-l'Évéque, l'a propagé depuis une dizaine
d'années, dans les étangs et les rivières de ses environs,
notamment dans la Somme, où il s'est également natura-
lisé et reproduit, car on en a péché en assez grande quan-
tité à Maltat; et M. Prosper Baron, qui en avait reçu de
M. Mérendet quelques exemplaires, envoyés d'Allemagne,
et les avait mis dans son vivier de la Chèze, près de Luzy,
en a retrouvé, quelques années plus tard, au moment d'une
pêche, près de deux mille de toute taille. Ce poisson, du
reste, ne devient jamais gros et ne fournit qu'une assez
médiocre friture.
Euphorbe Epurge.
M. E. Château, instituteur à Bourg-le-Comte, signale la
présence de l' Epurge, Euphorbia Lathyris L., dans le Brion-
nais, à Avrilly, entre le moulin Morgat et Bonnant, au
milieu des broussailles de la rive gauche du canal. La
— 122 —
présence de cette plante, étrangère au pays, en plein bois,
avait d'abord paru singulière à M. Château, mais il s'est
rappelé un article de M. P. Fliche, professeur à l'École
forestière de Nancy (Deux Observations relatives à la flore
des jeunes taillis, G. R. Ac. se, GXL, séance du 25 avril
1905, p. 1129), dans lequel la station de VB. Lathyris, loca-
lisée au voisinage de ruines gallo-romaines, semblait faire
remonter son introduction jusqu'à cette époque lointaine,
où elle avait dû être employée à titre officinal. Et précisé-
ment la localité brionnaise de l'Epurge, au lieu dit la
« Motte au Singe », se trouve être à la fois sur l'emplace-
ment probable d'une voie romaine, et sur les ruines de
l'ancien manoir de Clavegris, dont l'histoire remonte jus-
qu'en 1328 (Cf. les Fiefs du Bourbonnais, par Aubert de la
Faige et Roger de la Boutresse). L'analogie s'impose,
VE. Lathyris étant fréquemment cultivé comme plante médi-
cinale dans les jardins des vieux châteaux et des monas-
tères, et encore aujourd'hui dans les jardins de campagne;
les graines employées comme purgatives ont quelquefois
déterminé des accidents graves par leur action drastique
trop énergique. La persistance indéfinie de certaines
espèces de plantes adventices, et leur réapparition inter-
mittente s'explique, en ce cas, par la résistance des graines
enfouies dans le sol, où elles peuvent séjourner longtemps
avant de germer, attendant les circonstances favorables,
déboisement ou simple éclaircie des taillis, défrichements,
mouvements du sol, etc. Il ne faut cependant pas exagérer
la longévité des graines, et il y a longtemps que, depuis
les expériences d'A. de Candolle, on a fait justice de la
légende des graines pharaoniques, trouvées dans les cer-
cueils des momies d'Egypte et susceptibles de germer
encore. Il n'en est rien, et les observations récentes entre
autres de MM. Jules Poisson (Observations sur la durée de la
vitalité des graines, Bull. Soc. bot. de France, L (1903),
p. 337), et Paul Becquerel (De la longévité des graines, G. R.
— 123 —
Ac. se, CXLII, n° 26, séance du 25 juin 1906, p. 1549), ont
démontre l'inégale résistance des différentes graines. Les
expériences de M. P. Becquerel ont porté sur les semences,
de cinq cent cinquante espèces de plantes de diverses familles
et sur des graines conservées depuis vingt-cinq à cent
trente-cinq ans. La plupart sont restées stériles et mortes ;
quelques-unes, cependant, ont germé, même âgées de
quatre-vingts ans; mais il s'agissait, en ce cas, exclusive-
ment de graines « protégées par un tégument épais et pos-
sédant des réserves peu oxydables. » C'est, en effet, la
pénurie d'oxygène, et par conséquent le peu d'altération
respiratoire des réserves, qui permet le prolongement de
la vie latente, et ces conditions se trouvent également
réalisées pour les graines enfouies profondément dans le
sol et plus ou moins complètement à l'abri de l'air.
Elles n'en donnent quelquefois, plus tard, que des sujets
plus vigoureux, car M. J. Poisson a encore observé qu'il se
fait dans les vieilles graines « un travail de perfectionne-
ment qui a eu retentissement sur le développement futur
du végétal », et qui a été utilisé, en horticulture, pour l'amé-
lioration de certains légumes, la production des fleurs
doubles, etc. (J. Poisson, Comparaison des résultats obtenus
en semant de jeunes et vieilles graines, Bull. Soc. bot. de
France, L (1903), p. 478).
Plantes nouvelles.
Notre collègue, M. Chassignol, instituteur à la Boulaye,
en chercheur heureux, nous communique en beaux exem-
plaires, une trouvaille particulièrement intéressante pour
la flore de Saône-et-Loire, celle de la Luzule jaunâtre,
Luzula albida DC, dans le bois dit « le Parc », commune
de la Boulaye, 30 mai 1906. Cette élégante Joncée, propre
aux montagnes siliceuses, est commune dans les Vosges,
et confirme les rapports déjà signalés entre les flores vos-
— 124 —
gienne et morvandelle : elle se retrouve plus près de nous
dans le Jura, aux environs de Besançon, Montbéliard,
puis, plus au sud, dans l'Ardèche, l'Aude, l'Ariège, etc.
Elle est excessivement rare dans le centre de la France
où la Flore de Boreau n'en signale que deux localités, aux
environs d'Orléans, où elle a disparu, et à Saulieu, d'après
Loret. Elle a été retrouvée dans la Gôte-d'Or, mais tou-
jours très rare, à Premières, Renève, Bèze (Gh. Royer,
FI. de la Côte-d'Or, p. 337). La localité de Saône-et-Loire
semble donc être actuellement la station la plus occidentale
de cette espèce en France.
M. Chassignol a, en outre, récolté le 14 juin, le Pied-de-
Chat, Antennaria dioïca Gœrtn., dans une station nouvelle :
terrain inculte, couvert de bruyère, à deux kilomètres et
demi environ de Dettey, sur le chemin de traverse qui con-
duit à la Tagnière. Il a également retrouvé cette plante,
mais peu abondante, dans les bruyères en montant de la
Tagnière, à Uchon. Elle était déjà indiquée, mais vague-
ment, par le Dr Carion, i la Tagnière (Catal. des plantes
du département de Saône-et-Loire, 1865, p. 58).
Notre collègue, M. Porte, toujours à l'affût des nou-
veautés de la flore autunoise, nous a signalé sur la pelouse
de la plate- forme supérieure du théâtre romain, aux Caves-
Joyaux, la présence de la Sauge à feuilles de Verveine,
Salvia verbenaca L., plante méridionale, calciphile etxéro-
thermique, qui se retrouve dans la région do l'ouest, mais
au sud de la Loire, et n'a été que rarement rencontrée dans
les départements du Centre et de l'Est, et très probablement
à titre d'adventice indigène sporadique, en particulier
dans les vignes de Cormatin (Saône-et-Loire), d'après le
Dr Carion (Catal. pi. 5.-eJ-£., p. 80). Elle se distingue, à
première vue, des variétés à petites fleurs (var. micrantha
Or.), de Salvia pratensis L., par ses corolles dépassant à
peine le calice, non comprimées, à lèvre supérieure oon-
— 125 —
vexe, à styles inclus, par ses feuilles plus profondément
incisées, etc. Cependant, dans les repousses d'automne,
les feuilles sont presque entières, ou seulement dentées, et
pourraient en imposer pour celles de S. pratensis. Cette
variation a déjà été signalée par Linné : « In pratis foîiis
gaudet magis integris, et corolla vix calyce majore cœrulea. »
(Hort. cliff., p. 13). La persistance et la multiplication de
cette espèce sur les ruines de notre théâtre romain, quelle
qu'en soit l'origine, s'explique par le fait qu'elles sont recou-
vertes de toute une colonie hétérotopique de plantes xéro-
philes et cal cic oies, également adventices indigènes : Tri-
foliwn scabrum, Coronilla varia, Medicago minima, Astraga-
les glycyphyllos, Origanum vulgare, Stachys recta, Teucrium
Chammdrys, etc., depuis longtemps et complètement natu-
ralisées.
M. Porte a également récolté, à la date du 5 juin, sur les
bords marécageux de l'étang du Ruisseau, commune
d'Auxy, trois échantillons de X Cirsium spurium Delastre
(C. Forsteri 8m., C. anglico-palustre G. et G.), hybride des
C. anglicum DC. et C. palustre Scop. Cet hybride qui,
d'après G. Rouy (FI. de France, IX, p. 37), serait assez
répandu en France, se rapproche plus ou moins de l'un ou
de l'autre parent, et, comme l'a dit A. Franchet (FI. de Loir-
et-Cher, 1885, p. 318) : « On ne peut avoir de certitude,
pour la détermination de cet hybride, que par la connais-
sance exacte des parents dont il est issu. » Or, M. Porte,
dont les spécimens ont davantage le port de C. anglicum,
mais à tiges plus élevées, rameuses, ou à calathides agmi-
nées par 2-3, plus petites et moins ouvertes, avec des
feuilles légèrement décurrentes, et rappelant celles de
C. palustre, les a trouvés en société avec les parents, dont
il a eu la sagacité de les distinguer. Nul doute que cet
hybride, nouveau pour notre flore, ne se retrouve dans nos
environs et dans le Morvan où les deux espèces sont con-
nues.
— 126 —
Boches et fossiles du Siebengebirge.
M. Paul Floquet, qui vient de passer aveo succès à la
Faculté de Lyon, l'examen de licence es sciences natu-
relles (géologie), envoie à la Société un petit lot de roches
et de fossiles recueillis par lui au Siebengebirge, pendant le
séjour d'études qu'il vient de faire à Bonn (Prusse rhénane);
ce sont :
1° Trachyte andésitique soufflé (Siebengebirge).
2* Tuf trachy tique blanc avec inclusions schisteuses (idem).
3° Basalte, passant à la Dolérite très chargée en Olivine
(Falkengebirge).
4° Basalte scoriacé à Leucite (Roderberg).
5° Cinérite avec feuilles de Cinnamomum (Siebenge-
birge).
6° La même avec bois fossile (idem).
7° Même cinérite avec feuilles de Cinnamomum et
bois (idem).
8° Bois opalisé dans un quartzite (Siebengebirge).
9* Bois passé à l'état de quartz résinite dans quart-
zite (idem).
10° Cailloux vitrifiés à la surface; éruptions du Roder-
berg.
11° Schiste dévonien argilosiliceux micacé, calciné au
voisinage du Roderberg; déshydraté et fendillé.
A son envoi M. P. Floquet a joint la note explicative
suivante :
« Le Siebengebirge (nom qui signifie « les sept monta-
gnes »), est situé environ à 8 kilomètres à vol d'oiseau, au
sud-est de la ville de Bonn, en Prusse rhénane. Ce massif
est sur la rive droite du Rhin, précisément à l'endroit où
le fleuve quitte le plateau dévonien dans lequel il se trou-
vait profondément encaissé depuis Mayence, et entre dans
— 127 —
la plaine immense qui se continue sans interruption jus-
qu'à la mer du Nord. Les plus hauts sommets du Siebenge-
birge atteignent près de 500 mètres, dominant ainsi le
Rhin de plus de 400 mètres, celui-ci n'étant qu'à une alti-
tude d'environ 60 mètres ; le paysage est très beau. Les
sommités du massif sont plutôt arrondies et couvertes de
végétation (bois et pâturages), seul le Drachenfels ou
Rocher des Dragons présente du côté du Rhin des escar-
pements abrupts. Le fleuve, en cet endroit, mesure envi-
ron 400 mètres de large, et les premières pentes sont cou-
vertes de vignes; les plus septentrionales, je crois, de toute
l'Europe, la latitude étant sensiblement celle de Calais. De
puissantes carrières ont été ouvertes un peu partout, car
la pierre à bâtir est rare dans la région.
» Au point de vue géologique, les soubassements du
massif éruptif du Siebengebirge se composent des schistes
et grauwackes du dévonien inférieur. Ceux-ci ont été for-
tement plissés, probablement lors de l'activité tectonique
hercynéenne. Us sont recouverts en partie par les couches
puissantes du tertiaire lignitifère, vraisemblablement aqui-
tonien, à débris de palmiers. Les éruptions semblent datées,
par ce fait que les formations lignitifères alternent avec
des tufs trachytiques. L'activité éruptive principale du
Siebengebirge est donc miocène. Les tufs occupent la péri-
phérie du massif et sont recouverts de coulées de trachytes
et de basaltes.
» La mer du miocène avait alors pour rivage le pourtour
du plateau dévonien, au bord duquel se trouvaient les vol-
cans rhénans. La végétation d'alors qui se composait en
grande partie de Cinnamomums, détruite lors des érup-
tions, était entraînée au bas des pentes par les eaux tor-
rentielles et formait ces cinérites extraordinairement riches
en empreintes végétales, au point d'en devenir fissiles
presque comme un schiste. Elles alternent avec des quart-
zites contenant des fragments de bois opalisés.
— 128 —
» D'autre part, sur toute la périphérie du massif, se for-
maient de puissants dépôts de tufs trachytiques atteignant
jusqu'à 150 mètres de puissance.
» Les principales coulées se composent de Trachytes,
d'Andésites et de Basaltes.
» Le Drachenfels notamment est formé d'un Trachyte à
grands cristaux de Sanidine, et son voisin, le Walkenburg
est composé d'une Andésite à pâte claire, renfermant de
très nombreuses baguettes d'Amphibole qui lui donnent
un aspect caractéristique.
» On observe du reste tous les termes de passage entre le
Trachyte et l'Andésite. Les basaltes paraissent être venus
au jour en dernier lieu. Us sont, d'après l'échantillon que
je vous ai présenté, très riches en Olivine et passent insensi-
blement à la Dolérite, par l'intermédiaire de la Dolérite à
Olivine. La Dolérite classique se trouve au Lôwenburg.
Les coulées de basalte qui s'étendent jusqu'en face de
Bonn sont très nettement sectionnées en prismes comme
les coulées classiques du massif central de la France.
» Ces basaltes forment maintenant les sommets et les
plateaux de la région, car leur dureté a préservé de l'éro-
sion le fond des vallées sur lequel ils avaient coulé; de
sorte que celui-ci s'est trouvé, par la suite, devenu une
crête offrant ainsi le phénomène de l'inversion du relief.
Les orifices volcaniques du Siebengebirge ne sont plus visi-
bles. Les sommets actuels sont des sommets dus i l'éro-
sion, et non point les appareils volcaniques; l'hypothèse
admise actuellement place le centre du volcan sur le lit
même du Rhin qui alors n'existait point encore.
* Le Roderberg représente la dernière manifestation vol-
canique de la région du Siebengebirge. Il y a eu, pour ainsi
dire, avortement; le phénomène volcanique n'a été que
commencé.
» Le Roderberg est un cratère d'explosion quaternaire,
qui s'est ouvert sur la rive gauche du Rhin, en face du
— 129 —
Siebengebirge, alors que le fleuve existait depuis longtemps
déjà.
» En effet, les détritus rejetés par le volcan (couches
sédimentaires pulvérisées, cendres, bombes, etc.), recou-
vrent les anciennes alluvions du Rhin et, comme vous avez
pu le voir, la chaleur de la bouche volcanique a vitrifié
superficiellement les cailloux roulés provenant des terrasses
alluviales du fleuve. Les schistes dévoniens ont éclaté, et
leurs débris calcinés se trouvent mélangés aux fragments
de laves poreuses. Celles-ci sont exploitées pour être
employées comme rocailles à la décoration des jardins.
» Ce qu'il y a de curieux c'est que le phénomène d'ex-
plosion n'a été accompagné d'aucune coulée. Seulement les
carrières d'exploitation ont mis au jour d'énormes blocs de
basaltes à Leucite ; ce qui montre que la lave est parvenue
jusqu'à l'oriGce, puis s'y est solidifiée en formant bouchon,
et l'activité volcanique affaiblie n'a point eu la force de
briser ce dernier obstacle.
» Le Roderberg est probablement antérieur à la grande
extension glaciaire; en effet, le cratère est très peu visible,
occupé par des cultures, et presque totalement comblé par
le lœss, que tout le monde regarde comme un produit,
dans le massif rhénan, de l'activité glaciaire. »
Cette note provoque, de la part de M. de Chaignon, les
observations qui suivent :
La communication que M. P. Floquet veut bien joindre
à son envoi de roches et fossiles du Siebengebirge, est
très intéressante ; elle se trouve confirmée, au moins dans
ses grandes lignes, par les observations sur le même sujet
que M. de Lapparent ne manque pas de signaler dans son
Traité de géologie, citations sur lesquelles l'auteur revient
à plusieurs reprises; s'occupant en premier lieu de la des-
cription des roches composant l'ensemble du massif, puis
des aperçus sur la stratigraphie générale, et termine par
S.H.N. 1906. 9
— 130 —
quelques lignes plus spéciales au petit cratère de Roder-
berg.
Ainsi pour le Trachyte du Drachenfels, M. de Lapparent
signale sa disposition tout particulièrement porphyrique,
avec des cristaux de Sanidine de plusieurs centimètres de
longueur. Sans faire allusion à la variété de Trachyte andé-
sitique soufflé envoyé par M. Floquet, il mentionne les
Andésites à Hypersthène et à Augite du Siebengebirge.
D'un point à un autre du même massif, ces roches peu-
vent présenter des modes différents de structure, et il
existe des termes de passage entre le Trachyte et l'Andé-
site. C'est à l'Andésite à Amphibole qu'appartiennent la
plupart des roches trachytiques du Siebengebirge. Au
Lôwenburg, dans le Siebengebirge également, l'auteur du
Traité de géologie signale le basalte de cette région comme
appartenant plus particulièrement à une Dolérite, constituée
par un mélange granitoîde ou ophitique d' Augite et de
Plagioclase, auxquels s'adjoint une grande quantité d'Oli-
vine. Cette Dolérite de Lôwenburg serait le type de la
Dolérite à gros grain.
Au point de vue s trati graphique, une partie de la for-
mation lignitifère des provinces rhénanes (Siebengebirge),
doit être attribuée à l'Aquitanien (oligocène supérieur),
sinon au miocène inférieur où les couches sont associées
à des épanchements basaltiques ; mais la plus grande partie
de ces dépôts lignitifères appartient à l'étage Burdégalien
(miocène inférieur). La flore de ces schistes lignitifères se
rapportant à des cinérites feuilletées, est très riche et
renferme entre autres espèces des Cinnamomums, genre
voisin des Lauriers. A la base est un quartzite riche égale-
ment en végétaux fossiles reposant sur un conglomérat
trachy tique à Opale et Calcédoine.
Au Siebengebirge le conglomérat trachytique occupe
surtout le pourtour du massif éruptif, et il est traversé par
des filons de trachyte.
— 131 —
cntk. Comme le rapporte M. Floquet, l'activité éruptive s'est
de nouveau réveillée dans le Siebengebirge, après le
.Vie! dépôt des premières alluvions pléistocônes. C'est alors que
s'est formé le petit cratère du Roderberg, dont les érup-
tions, rejetant des scories de basalte à Leucite, ont en partie
vitrifié les alluvions, tandis que plus tard, un dépôt de
lœss est venu combler la cavité volcanique.
En terminant, nous adressons à M. P. Floquet nos bien
sincères remerciements; sa collection permet d'étudier
toute la série de roches et de fossiles dont il vient d'être
question.
H. de CHAIGNON.
t. ;•
Le Canal du Centre.
Son Origine et son Histoire.
La question du Canal des deux Mers qui, depuis quelques
années, s'agite à chaque instant sans succès, me remet en
mémoire l'histoire d'une œuvre plus modeste, bien que
grandiose en son temps, œuvre réalisée aujourd'hui, et qui
consistait également à relier l'Océan à la Méditerranée,
mais en passant par la Bourgogne.
J'ai désigné la jonction de la Loire à la Saône par le
canal du Centre.
Cette jonction présentait un intérêt immense à l'époque
de sa conception.
Des chemins de fer, il était loin d'en être question. Les
transactions commerciales se faisaient surtout par trans-
ports sur route et, de ce fait, étaient très limitées. Les
produits variés des diverses parties de la France se con-
sommaient pour ainsi dire sur place, leur zone de disper-
sion étant toujours peu étendue. Il en résultait fatalement
— 132 —
un surcroît de production locale dépréciant les produits et
annihilant les efforts producteurs.
La conséquence forcée d'un semblable état de choses se
traduisait par la disette qui, de temps en temps, accablait
quelque région où les récoltes détruites ne pouvaient se
compenser suffisamment et surtout économiquement.
La batellerie était alors le seul mode de transport qui
pût permettre une dispersion économique des divers pro-
duits naturels, ou de ceux de l'industrie humaine. Mais, en
France, les fleuves ou les rivières où la batellerie pouvait
être pratiquée facilement, sans travaux préalables d'amé-
nagement, étaient peu nombreux, seules les contrées qui
avaient un accès direct sur ces cours d'eaux navigables
pouvant en tirer quelque profit ; d'autre part, avant que
l'on connût la navigation à vapeur, la remorque de bateaux
de quelque importance était toujours un travail difficile,
long et coûteux. Aussi la création des canaux apporta-t-elle
une amélioration profonde dans les relations commerciales.
Les anciens peuples connaissaient déjà l'art de la canali-
sation, mais s'ils savaient diriger l'écoulement des eaux,
ils ne savaient pas les maîtriser ou les arrêter momentané-
ment par des barrages ou des écluses.
Lorsque, en 1481, les deux frères italiens, Denis et Pierre
de Viterbe, eurent inventé les éclusages par sas, et que
Léonard de Vinci en eut fait connaître le principe, les
Français comprirent de suite les avantages que, dans notre
pays, Ton pouvait retirer de l'application de ce système
permettant de franchir des .différences de niveau très
importantes avec des bateaux.
Le canal du Centre, bien qu'il ne soit pas le premier qui
ait été construit en France, est celui dont la conception est
la plus ancienne. Son origine appartient effectivement à la
première œuvre de navigation intérieure que Ton ait songé
à réaliser depuis 1538, sous le règne de François I" : la
réunion de l'Océan à la Méditerranée.
— 133 —
Son histoire, que beaucoup sans doute ignorent, est
d'autant plus intéressante que le canal ne vit le jour
qu'après de nombreuses péripéties ayant traversé plusieurs
siècles, et qu'il fallut toute l'intelligence et toute la persé-
vérance de son créateur, Émiland Gauthey, pour le mener
à bonne fin malgré tout l'intérêt social qui s'y rattachait.
L'histoire du canal du Centre, ainsi que celle des divers
projets qui l'ont précédé, est toute locale. C'est à ce titre
que je l'offre à notre Société d'histoire naturelle, espérant
qu'elle y recevra bon accueil, bien qu'elle sorte un peu de
notre cadre d'études.
La majeure partie des documents relatifs aux projets
originels de la réunion des deux mers par la Bourgogne se
trouve aux archives du château de Montjeu, près Autun;
malheureusement pour l'histoire de notre région, il est peu
ou point facile de pénétrer le secret de ces archives et je
suis obligé, pour retracer cette première phase, de recourir
à des notes éparses et sommaires émanant en partie de
communications de M. l'abbé Doret1, ancien curé d'Antully,
qui, par un privilège bien envié, eut la bonne fortune de
pouvoir soulever un coin du voile des mystérieux cartons
de Montjeu.
La partie de la Bourgogne qui porte aujourd'hui le nom
de département de Saône-et-Loire semblait tout indiquée
par la nature pour la réalisation de la jonction des deux
mers. La Loire et la Saône s'y rapprochent brusquement
et, il y a dix-neuf cents ans, Strabon remarquait déjà
combien il était aisé, dans cette contrée des Gaules, de
transporter des fardeaux d'une province à l'autre parla voie
des grands cours d'eaux qui la traversent. Il signalait ce
rapprochement des lits de la Loire et de la Saône. « C'est là,
1. Les notes de M. l'abbé Doret ont été reproduites en partie par M. l'abbé
Sebille dans son ouvrage ; SaintSernin-du-Bois et son dernier Prieur, J.-B.-A.
de Salignac-Fènelon, Jules Gervais, libraire-éditeur, Paris 188?.
— 134 —
disait-il, que la Saône s'avance vers la Loire pour engager
les hommes à faire disparaître l'intervalle qui les sépare ;
c'est là aussi qu'elle marche avec une lenteur incroyable,
suspendant presque son cours qui la porte vers la Médi-
terranée, comme si elle s'éloignait à regret des sources de
la Moselle dont il serait également si utile de la rapprocher. »
Le projet de jonction des deux mers par la Bourgogne
prit naissance vers le début du règne de François Ier,
c'est-à-dire presque aussitôt après l'invention des écluses
en Italie; peut-être, à cette époque, aurait-il pris consis-
tance sans la perte de la funeste bataille de Pavie.
Sous Henri II, Adam de Graponne le reprit, mais sans
résultat, et de nouvelles tentatives, également infructueuses,
eurent lieu sous Henri IV. Sous ce règne on songea même
à agrandir le projet en reliant la Loire à la Seine ; c'est
ainsi que prit naissance le canal de Briare, qui va de Briare,
sur la Loire, à Montargis, d'où il était relié à la Seine par
le Loing. Commencé en 1604, le canal de Briare, qui n'a
cependant que 55 kilomètres de longueur, ne fut achevé
qu'en 1642, sur la fin du règne de Louis XIII.
Deux projets principaux furent surtout proposés.
Le premier consistait à réunir la Dheune, affluent de la
Saône, à la Bourbince, affluent de la Loire. Le partage des
eaux devait être l'étang de Longpendu qui, par sa situation,
semblait tout indiqué pour cet usage. Situé sur la commune
d'Écuisses, il possédait deux chaussées et deux déohargeoirs :
l'un envoyant ses eaux dans la Dheune, c'est-à-dire à la
Saône, l'autre alimentant la Bourbince, c'est-à-dire la Loire.
Le deuxième projet qui, d'après M. de Touzac, aurait
coûté moins cher et aurait été plus avantageux, consistait
à relier la Dheune à l'Arroux par une communication à
établir entre la Guzanne !, qui passe à Nolay et se jette dans
1. La Cuzanne ou Cosanno est une toute petite rivière qui, s'échappant do la
grotte de la Tournée, au-dessus de Nolay, traverse Nolay et descend a la Dheune
par Cheilly.
— 135 —
la Dheune à Cheilly, et la rivière Lamotte1, qui se jette
dans l'Arroux près de Dracy-Saint-Loup. Il était nécessaire,
dans ce projet, de rendre l'Arroux navigable jusqu'à la
Loire.
A la suite d'une enquête que fit faire Louis XIII, en 1612,
le premier projet fut adopté et, en 1613, l'exécution en fut
ordonnée et mise en adjudication pour la somme de
800,000 livres. Cependant, probablement par suite d'in-
fluences secrètes, l'exécution resta en suspens jusqu'en 1632.
En cette année une nouvelle enquête fut ordonnée par le
roi, laquelle enquête semble avoir plutôt favorisé le deu-
xième projet. Ce n'est toutefois que dix ans après cette
enquête, en 1642, qu'eut lieu une nouvelle adjudication,
comprenant en outre la navigation de l'Arroux d'Autun à la
Loire, et qu'un entrepreneur se chargea de l'exécution
pour la somme totale de 950,000 livres.
La mort de Richelieu fit échouer à nouveau l'entreprise.
En 1665, Louis XIV donna l'ordre à l'intendant Bouchu
de reprendre cette étude. L'adjudication en fut encore
publiée en 1666, mais le grand projet du canal du Lan-
guedoc, et surtout les guerres continuelles qui marquèrent
le règne de Louis XIV, firent oublier le canal de Long-
pendu.
Sous ce règne on compléta le canal de Briare par le
canal d'Orléans, canal de 73 kilomètres de longueur, qui
va de Montargis à Orléans et qui nécessita dix-sept années
pour son achèvement (1675-1692).
(Le canal du Languedoc, aujourd'hui canal du Midi, fut
commencé en 1667, par Pierre-Paul Riquet, sur les plans
de l'ingénieur Andréosse, et livré à la circulation en mai
1681. Sa longueur est de 244 kilomètres et son exécution
coûta 35 millions.)
1. Lamotte, ou rivière de Santosse, se jette dans la rivière de Varenne, au-dessus
de Dracy. Depuis ce point jusqu'à l'Arroux, elle prend le nom de Drée.
— 136
Sous la Régence, l'ingénieur Thomassin, élève de Vauban,
reprit le projet du canal de Longpendu et essaya de
démontrer la facilité de son exécution, mais, malgré son
autorité, il ne put le faire accepter.
Sous Louis XV on entreprit quelques canaux, mais la
jonction de la Loire à la Saône ne semble pas avoir retenu
beaucoup l'attention des pouvoirs publics.
Cependant un grand nombre de propriétaires de la
région réclamèrent la construction du canal de Longpendu,
appelé à rendre plus florissante la basse Bourgogne dont
les produits, notamment les bois abondants et le charbon
de terre de Montcenis, trouvaient difficilement un écoule-
ment rémunérateur.
N'espérant plus faire accepter un projet général de navi-
gation, les intéressés essayèrent de le faire réaliser en
partie, demandant tout au moins une canalisation sommaire
de la Dheune permettant de pratiquer le flottage des bois.
Le principal promoteur de cette démarche fut le comte
de Thélis, seigneur du Breuil1, qui, bien en cour, obtint,
en 1763, une ordonnance de Louis XV exigeant l'inventaire
et les plans des terres riveraines de la Dheune. Cette
première ordonnance fut bientôt complétée par une autre,
de 1764, chargeant le comte de Thélis de la garantie de
tous les dommages qui pourraient être causés par le flottage.
Sur la recommandation de M"* de Lu y nés, un commen-
cement d'exécution de cet embryon du canal de Longpendu
avait déjà été confié à M. Vivant Jobert, originaire d'Estain,
près Montbard, qui, marchand de bois pour la provision de
Paris, avait compris tout le profit qu'il pourrait en retirer
au point de vue du flottage des bois.
I. Le Breuil, commune de millo deux cent cinquante habitants, fait aujourd'hui
partie du canton du Creusot. Le Crcusot, depuis son origine jusqu'au I" janvier
1793, fit partie de cette commune qui dépendait du bailliage do Montcenis.
Jusqu'au 2 S mars IStiS, date de la création du canton du Creusot, les deux com-
munes appartinrent au canton Uo Montcenis.
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(C'est à ce même Jobert qui, maître de forges à Châ-
tillon-sur-Seine, était très versé dans la métallurgie, que
l'abbé de Fénelon, prieur de Saint-Sernin-du-Bois, confia
le soin de fonder sa forge de Mesvrin, en 1763.)
La question du flottage des bois avait, dès le début,
soulevé de graves difficultés entre les seigneurs proprié-
taires de la région, ce qui contribua à les diviser en deux
camps.
La lutte s'engagea toute faite d'intérêts personnels. Les
uns, propriétaires de forêts immenses et de peu de rapport,
cherchaient des débouchés rémunérateurs, rêvant de faire
servir les richesses de leurs forêts aux besoins de Paris et
de Lyon. Les autres, n'ayant pas de bois à exploiter, mais
propriétaires de moulins sur la Dheune et de terres rive-
raines, voulaient spéculer sur le flottage en réclamant pour
les passages des indemnités exagérées qui entravaient les
transports; ils avaient réussi à intéresser à leur parti
quelques seigneurs qui auraient dû rester étrangers à ces
querelles.
Les premiers qui, disons-le, semblaient avoir une con-
ception plus élevée des questions générales de commerce
et d'industrie, ne se refusaient pas à payer un droit de
passage, à condition toutefois que ce droit ne fût pas prohi-
bitif.
Dans le parti du comte de Thélis, qui avait eu gain de
cause auprès du roi, à condition d'assumer la responsabi-
lité du flottage, nous trouvons :
L'abbé de Salignac-Fénelon, prieur de Saint-Sernin-du-
Bois; M. Raphaël de Villedieu, seigneur de Torcy; Cham-
pliau, conseiller au Parlement de Dijon; Etienne de Ragney,
seigneur de Ragney ; le comte de la Madeleine, seigneur de
Marcilly ; l'abbé de la Ferté, seigneur d'A voire ; le marquis
de Saint-Micaud, seigneur de Saint-Micaud ; l'abbé de
Royer, baron de Savigny ; le sieur de Martigny, seigneur
de Sainte-Hellène ; le sieur Quarré, seigneur Duplessis ; le
— 138 —
sieur de Montsange, seigneur de la Genetoye; le sieur
Venot, de Montcenis, et le seigneur de Sauvage.
Dans le camp hostile au flottage on comptait :
Le comte de Clermont-Montoison, seigneur de Chagny ;
le prieur et les religieux de l'abbaye de Maizières ; la mar-
quise de Foudras; le sieur Louis-Henry de Rochefort;
Dailly, évêque et comte de Chalon ; le marquis de Choiseul,
maître de camp de cavalerie, chef de brigade de gendar-
merie ; Philippe Bouchier de Vers al i eu, seigneur de Che-
vigny; Claude de Chatillon, chevalier seigneur de Cercy;
Henry de Riollet, chevalier seigneur de Monteuil; Etienne*
Elisabeth Copin, escuyer seigneur de Mosse ; Charles Vienot,
escuyer seigneur de Vaublans, major du régiment de
Navarre; Jean-François de la Moret, prieur de l'église
Saint-Martin de Chagny, agissant tant en son nom, comme
décimateur de Chagny, qu'en celui des bénéficiaires de
cette église; le sieur comte de Qraville, lieutenant-général
des armées du Roy ; Madeleine Bouton de Chamilly et le
bailli de Fontenay.
Sans se laisser influencer par toutes ces rancunes per-
sonnelles, Jobert savait profiter intelligemment des conces-
sions royales et poursuivait activement les travaux de régu-
larisation de la Dheune jusqu'à Santenay, espérant, de là,
faire descendre facilement les bois jusqu'à Verdun, puis à
Lyon par la Saône.
Au moment où ces premiers travaux commençaient à
prendre tournure, M. de Thélis sollicita et obtint, en 1774,
une nouvelle ordonnance royale autorisant définitivement
le flottage à bois perdu sur une partie de la Dheune, jusqu'à
concurrence de 500 cordes (environ 1,900 stères), avec
charge d'indemniser les riverains à dire d'experts, et non
d'après les ordonnances de 1669 usitées jusqu'alors. A cet
effet, procès-verbal fut demandé sur l'état actuel des
moulins et des ponts sur la Dheune.
Mais il était dit que le canal de Longpendu ne verrait
— 139 —
pas le jour. La chaussée de l'étang déversant sur la Dheune
se rompit en cette même année 1774 et les dégâts furent si
considérables qu'il fallut cesser tous les travaux. La fortune
de Jobert sombra dans cette catastrophe.
Le même accident était déjà survenu deux fois à cette
chaussée, en 1730 et en 1765.
M. de Thélis essaya cependant de relever cette œuvre et
obtint, en 1775, une quatrième ordonnance l'autorisant à
percer une ouverture, ou pertuis, à côté du déchargeoir du
moulin d'Hauterive et de continuer le flottage, mais cette
ordonnance ne sauva pas la situation. Le projet du canal
de Longpendu, tel qu'il résultait de la conception primitive,
ne devait plus être pris en considération.
Toutes ces discordes entre seigneurs avaient fait oublier
l'œuvre principale : la réunion des deux mers, pour aboutir
lamentablement à un essai de flottage malheureux sur une
partie de la Dheune.
Cependant les échecs successifs du canal de Longpendu
n'avaient pas pour cause principale ces querelles mesquines,
pas plus que le manque d'appui des pouvoirs publics. La
cause en était dans la conception même du projet, par suite
de l'impossibilité matérielle de vaincre pratiquement
toutes les difficultés qu'il entraînait avec lui.
Canaliser une rivière à régime très variable, comme la
Dheune ou la Bourbince, serait évidemment une œuvre
réalisable aujourd'hui avec l'outillage puissant dont dispo-
sent les chantiers de travaux publics. Il est possible,
en effet, d'élargir ou d'approfondir le lit d'un cours d'eau
par des dragages mécaniques n'entravant en aucune façon
le régime des eaux; tout au plus serait-on retardé dans
l'exécution par la saison hivernale ou les périodes de
grandes pluies qui font sortirtrès rapidement ces rivières
de leur lit.
A l'époque où fut conçu le canal de Longpendu, on ne
disposait pas d'engins mécaniques, les terrassements se
— 140 —
faisant exclusivement à la main. Ce genre de travail aurait
occasionné une grande perte de temps parce qu'il aurait
fallu profiter de l'époque des basses eaux, permettant une
déviation plus facile des eaux pendant la rectification du lit.
Dans ces conditions, en dehors même de la difficulté
d'exécution, et faisant abstraction de certains accidents
imprévus comme celui de la rupture de la chaussée de
l'étang de Longpendu1, par exemple, l'achèvement d'un
semblable canal aurait nécessité un nombre considérable
d'années ; les dépenses se seraient élevées bien au delà des
prévisions et se seraient encore accrues par les dégâts
inévitables produits par les hautes eaux dans les biefs en
cours d'exécution.
Les projets primitifs semblent du reste avoir été conçus
avec la plus grande légèreté, si l'on en juge par les prix
fixés pour les adjudications : 800,000 livres en 1613 et
950,000 livres en 1642. On sera pleinement édifié à ce sujet
en établissant la comparaison avec les dépenses réelles
occasionnées par la création de canaux de même longueur,
le canal du Centre, par exemple, qui a remplacé le canal
de Longpendu, et qui a coûté près de 11 millions de francs.
Malgré toutes ces difficultés le principe de la jonction
des deux mers n'était cependant pas complètement aban-
donné ; nos ingénieurs compétents, que n'influençaient pas
ces questions de clochers ou d'intérêts particuliers, conti-
nuaient à s'en préoccuper.
Dès 1760, un nouveau projet avait été conçu par un
Chalonnais peu connu à cette époque, Émiland Oauthey,
alors sous-ingénieur aux États de Bourgogne.
En présence des difficultés que présentait la canalisation
de la Dheune et de la Bourbince, il avait songé à creuser
un canal suivant à peu près la vallée de ces deux rivières,
1. Depuis le relèvement des biefs du canal, la chaussée de cet étang, côté
Dheune, a été renforcée et le niveau de l'eau a été maintenu plus bas par abais-
sement des déversoirs.
— 141 —
mais sans jamais emprunter leurs lits, et dont les aboutis-
sants étaient Chalon sur la Saône et Digoin sur la Loire,
avec point de partage des eaux dans le voisinage des étangs
de Longpendu, comme dans le projet primitif.
Le traoé maintenait constamment le canal à un niveau
légèrement supérieur à celui des deux rivières afin de le
mettre à l'abri des crues dont les vallées étaient trop sou-
vent affectées.
Ce canal qui, dans la pensée de son auteur, devait
prendre le nom de canal du Charolais, ou du Charolois,
comme on disait alors, présentait incontestablement une
portée pratique considérable puisque, malgré toutes les
difficultés suscitées de part et d'autre pendant près de vingt
années, il fut exécuté tel que l'avait prévu Gauthey. (Après
le décret de l'Assemblée constituante ordonnant, en 1790,
la division de la France en départements, il perdit son nom
de canal du Charolais pour prendre celui de canal du
Centre qu'il porte aujourd'hui.)
Le canal du Centre est l'œuvre maîtresse de Gauthey ;
de sa propre initiative il en conçut et fit adopter le tracé et
fut seul directeur des travaux.
D'après la biographie publiée par M. Dartein, inspecteur
général des ponts et chaussées en retraite *, Émiland-
Marie Gauthey naquit à Chalon-sur-Saône le 3 décembre
1732. Son père était médecin, et sa famille, de souche
chalonnaise, était honorable mais sans fortune.
Ses premières études achevées à Chalon, il fut envoyé à
Versailles, auprès d'un oncle, professeur des pages, pour
étudier les mathématiques. Grâce à des aptitudes tout à fait
spéciales il suppléa bientôt à son oncle, puis entra à l'École
des Ponts et Chaussées que Perromet venait de fonder.
Dans les débuts de cette école, les professeurs faisaient
parfois défaut et l'on était obligé de les recruter parmi les
1. La Vie et tes Travaux de Êmiland Gauthey , par H. Dartein. Anna/et de§
Ponte et Chaussées, troisième trimestre 1904, première partie.
— 142 —
élèves. C'est ainsi que Gauthey fut chargé du cours de
mathématiques pour lequel il fut rétribué.
En 1758, il fut nommé sous-ingénieur de la province de
Bourgogne, modeste emploi dans lequel il resta vingt-
quatre ans, jusqu'à l'âge de cinquante ans, pour voir enfin
reconnaître ses mérites qui le portèrent au poste d'in-
génieur (1782), puis peu après à celui d'ingénieur en chef.
En 1791, vers la fin de l'achèvement des travaux du canal
du Charolais, Gauthey était inspecteur général des Ponts
et Chaussées.
En mai 1802, à la création de l'ordre de la Légion d'hon-
neur, il fut nommé membre de la Légion, distinction très
rare à cette époque ; il reçut la croix des mains du premier
Consul.
Lorsque le décret du 7 fructidor an XII (25 août 1804),
appliqué seulement en 1805, eut réduit à cinq le nombre
des inspecteurs généraux qui devaient constituer le conseil
général permanent des Ponts et Chaussées, Gauthey fut
maintenu en tête de la liste.
En septembre 1805, Crétet, directeur général, le pro-
posa pour la vice-présidence du conseil, et le même mois
il fut désigné pour faire partie du conseil de perfectionne-
ment de l'École polytechnique.
Le grand chancelier de la Légion d'honneur venait de
lui annoncer sa prochaine promotion au grade de com-
mandant de la Légion lorsqu'il mourut à Paris le 15 juil-
let 1806, dans sa soixante-quatorzième année.
L'histoire du canal du Centre est plus facile à retracer
que celle des projets primitifs dont il vient d'être question,
Gauthey s'étant chargé d'en décrire les phases successives
dans un mémoire intitulé : Mémoire sur l'histoire du canal
de communication de la Saône à la Loire par le Charolais,
publié dans le troisième volume de ses œuvres. *
1. Dans son étude sur la. Vie et les Travaux de Émiland Gauthey, M. Darteio
a reproduit en partie oe mémoire.
— 143 —
La grande pensée consistait alors à relier Paris à la
Bourgogne, aussi à peine Gauthey eut-il fait part de son
idée, qu'un projet rival surgissait en 1764 : celui du canal
de Bourgogne, consistant à joindre la Saône à la Seine par
l'Yonne1. Perronet se prononçait pour ce tracé, formulant
comme principal argument que l'on manquerait d'eau
pour alimenter le bief de partage du canal du Gharolais.
Cependant Gauthey, qui tenait essentiellement à son
projet devant avantager Chalon, sa ville natale, se refusa
à croire à la validité de cet arrêt.
Lorsque, en 1767, François delà Ghaize, seigneur enga-
giste de Montcenis, eut, par lettres patentes, obtenu l'au-
torisation d'exploiter la mine de charbon du Greusot, il
demanda aussitôt la création d'une route de desserte pour
cette région. Gauthey fut, la même année, chargé du tracé
de cette route qui devait relier Chalon-sur-Saône à Toulon-
sur-Arroux en passant aux étangs de Longpendu, point de
partage des bassins de la Saône et de la Loire. Il profita
de cette circonstance pour procéder à un jaugeage minu-
tieux du régime des eaux aboutissant à ce point de partage.
Cet examen lui permit de constater que les évaluations
fournies par Perronet étaient beaucoup trop faibles, et il
démontra que le canal de Bourgogne, dont le bief de par-
tage était à Pouilly, serait moins alimenté que celui de
Longpendu.
Gomme suite à cette étude, Gauthey adressa un mémoire
à Turgot pour justifier son canal du Gharolais qui, d'après
lui, présentait de grands avantages sur celui de Bourgogne :
meilleure alimentation ; moindre longueur ; dénivellation
1. Proposé sous Henri IV, puis repris et abandonné par Riquet, le -canal de
Bourgogne ne fut commencé qu'en 1775. Pour des raisons exposées plus loin, il
fut suspendu sous la Révolution et repris seulement sous l'Empire ; il ne fut
achevé qu'en 1834. Le versant Seine, long de 154 kilomètres, présente une pente
de 300 mètres qui était rachetée par cent soixante-quinze écluses ; le versant
Saône n'a que 82 kilomètres, avec une pente de 200 mètres rachetée par soixante-
seize écluses. La construction a coûté plus de 54 millions.
— 144 —
moins importante & franchir; dépenses moindres, etc. Tur-
got fut frappé de la valeur de ces arguments et demanda à
Trudaine de faire faire une nouvelle étude du canal du Cha-
rolais par Gauthey.
Lorsque le mémoire de Oauthey lui fut communiqué,
Perronet maintint son précédent avis, objectant, dans un
mémoire du 31 janvier 1776 :
« Que le Charolais était un pays pauvre et peu intéres-
sant comparativement à la contrée que devait traverser le
canal de Bourgogne ;
» Qu'il faudrait, pour atteindre la Seine, franchir entre
le canal du Charolais et celui de Briare, quarante lieues de
Loire très difficilement navigables ;
» Que, faute d'eau, les canaux de Briare et du Loing,
qu'on devait emprunter pour aller à Paris, suffisaient à
peine l'été à la navigation existante ;
» Que des droits considérables seraient à payer sur ces
canaux ;
» Que le trajet de Paris à Lyon serait accru de treize
lieues. »
Gauthey eut connaissance du mémoire de Perronet le
2 mars 1776 et y répondit immédiatement par un contre-
mémoire :
« Le Charolais, disait-il, abonde en bois et en charbon
de terre qui trouveront un grand débit si on peut les trans-
porter par eau ;
» On trouvera plus d'eau à Longpendu qu'à Pouilly ;
» Si la navigation de la Loire est en effet difficile, on
construira facilement un canal latéral qui, d'ailleurs, serait à
faire, indépendamment de l'exécution du canal du Charolais ;
» Il serait facile d'améliorer le canal de Briare et, du
reste, une partie du trafic du Charolais s'en irait vers
Nantes ;
» L'allongement du parcours Paris-Lyon par le Charo-
lais serait de une lieue et non de treize. »
— 145 —
Condorcet, cTAlembert et Bossut1, qui furent consultés
à cet effet, conseillèrent, pour permettre une comparaison
rationnelle des deux canaux proposés, de faire établir par
Gauthey un projet détaillé du canal du Gharolais.
La retraite de Turgot et la mort de Trudaine fils sur-
vinrent malencontreusement pour annihiler toutes ces
bonnes volontés.
Gauthey cependant ne perdit pas courage et continua
l'étude de son projet.
En présence de ces rivalités sur la valeur économique
des deux canaux proposés, les anciennes compétitions
relatives aux projets primitifs recommencèrent et vinrent
encore compliquer la situation.
Afin de donner satisfaction aux nombreuses réclamations
venues de ia région autunoise, les élus de Bourgogne se
virent dans l'obligation de charger Gauthey d'étudier, pour
son canal du Charolais, un nouveau tracé dirigé de la
Dheune sur l'Arroux et passant par Autun.
Cette mission présentait un avantage appréciable pour
Gauthey, en ce qu'elle permit de lui faire obtenir une
compensation indirecte aux lourdes dépenses occasionnées
par ses nombreux déplacements, lors des études compa-
ratives des canaux du Charolais et de la Bourgogne.
Mais le projet nouveau qui lui était demandé présentait
des difficultés insurmontables, et ne voulant pas assumer
la responsabilité d'une semblable entreprise, peut-être
aussi dans l'intention de conserver intact son premier
projet, à l'étude duquel il avait apporté toute sa science,
il en vint à proposer un tracé qui constituait de fait une
démonstration ab absurdo et condamnait sans rémission le
projet.
Le projet autunois aurait nécessité, sur 5 kilomètres de
1. Condorcet, d'Alembert et l'abbé Bossut étalent les trois académiciens chargés
de la direction de la navigation intérieure.
S.H.N. 1906. 10
— 146 —
longueur, une construction en tunnel, au débouché duquel
il eût fallu franchir un vallon à pente très rapide, pré-
sentant une dénivellation de 1 1 1 mètres sur 3 kilomètres
seulement de distance. La traversée de ce vallon aurait
donc exigé la construction d'un grand nombre d'écluses
accolées, ou très rapprochées, et, pour éviter ce travail
considérable, Gauthey proposait l'exécution d'un canal
complètement souterrain, comportant trois sas en forme
de puits de 39 mètres de profondeur.
Une telle entreprise, sans exemple encore aujourd'hui,
eût été bien téméraire, tant par les dépenses excessives
qui devaient en résulter que par la difficulté d'exécution
des travaux.
Cette entrave disparue, Gauthey reprit son étude du
tracé du Charolais, mais l'ère des difficultés était loin
d'être terminée.
En 1778, deux membres des États, le comte et le che-
valier de Brancion, demandèrent au conseil du roi, pour
une société à fonder par eux, le privilège de la construction
et de l'exploitation du canal du Charolais, moyennant un
droit à percevoir de 0 fr. 25 par lieue et par 490 kilos de
marchandises transportées.
D'autre part, M. de Thélis, seigneur du Breuil, à qui sa
situation de capitaine aux Gardes françaises procurait une
haute influence, réitérait ses démarches pour compléter les
ordonnances royales déjà formulées en 6a faveur et obtenir
la reprise du projet primitif de canalisation de la Dheune
et de la Bourbince, projet qui présentait pour lui un
intérêt tout particulier puisqu'il devait mettre ses terres
en valeur.
MM. de Brancion qui, au début de leur requête, n'avaient
en mains aucune étude technique, venaient de s'entendre
avec Gauthey, dont le projet était alors complètement
dressé, et l'avaient présenté aux élus qui lavaient accueilli
avec faveur. M. Aubry, ingénieur en chef des Ponts et
— 147 -
Chaussées pour la Bresse, fut chargé de faire un examen
sur place de ce projet, travail qu'il commença le 8 septembre
1778 et auquel il consacra deux mois et demi, après quoi
il formula des conclusions tout à fait favorables.
L'administration des Ponts et Chaussées chargea alors
M. Hue, inspecteur général, d'examiner les pièces de ce
projet, et, bien qu'il eût déclaré n'avoir pas besoin d'expli-
cations complémentaires, Gauthey s'en vint à Paris pour
défendre lui-même son œuvre et réussit à obtenir un rapport
approbateur.
M. de Thélis, au courant de tout ce qui se faisait pour
l'aboutissement du canal du Charolais, se remuait active-
ment pour le faire échouer.
A cette époque, M. F. de la Chaize et l'abbé de Fénelon,
intéressés dans cette question, quelle que fût la solution
adoptée, le premier, pour les débouchés que le canal pou-
vait procurer à sa mine du Creusot, le second, pour la pros-
périté qu'il en attendait pour sa forge de Mesvrin, tentèrent
un rapprochement entre M. de Thélis et le comte de Bran-
don, mais l'accord ne put se faire, ainsi qu'en témoigne
une lettre de l'abbé de Fénelon adressée de Paris à M. de
la Chaize en août 1779 : 1
« Je suis persuadé que le canal de la Dheune n'aura pas
lieu, et voicy sur quoy fondé : M. de Thélis et M. de Bran-
don ne veulent pas se réunir, c'est-à-dire M. de Brandon,
à qui j'en ai parlé, refuse constamment toute réunion avec
M. de Thélis. Or, M. de Thélis s'oppose de toutes ses
forces à l'exécution du plan de M. de Brancion, et il a pour
luy M. de Coste, sans l'avis duquel le conseil n'accorde
jamais de permission dans ce genre. J'ay entendu dire à
M. de Coste que le projet de M. de Brancion était impra-
ticable, qu'il faudrait au moins 15 millions pour l'exécuter,
ce qui ferait, à raison de 5 pour 100, 750,000 livres de
1 . S&int-Sernin et son dernier Prieur, par M. l'abbé Sebille.
— 148 —
rente, que le canal du Languedoc ne vaudrait que
100,000 écus quitte1, que, cependant, jamais celui de la
Dheune ne serait d'un aussi grand produit, et que ce serait
ruiner des actionnaires que de le permettre ; il paraît
incliner au projet économique de M. de Thélis, lequel offre
de sacrifier 350,000 livres. M. de Thélis trouve d'ailleurs
tant d'opposition, que je crains que le conseil, fatigué de
ces contrariétés, ne rejeté les deux plans. »
Quelques jours plus tard, l'abbé de Fénelon adressait à
M. de la Chaize une nouvelle lettre qui, bien que moins
pessimiste, ne laissait cependant percer que peu d'espé-
rances :
« M. de Brandon vient d'emporter la victoire pour le
canal de Longpendu et de la Dheune, et cela contre l'avis
formel de M. l'intendant, de M. de Coste et des Ponts et
Chaussées; l'arrêt du conseil est de dimanche dernier, je
l'appris lundi par M. de Vergenne. Jamais il ne réussira, les
dépenses seront toujours fort au-dessus du produit, il
commencera et en restera là. S'il pouvait au moins aller
jusques à la Motte2, vous pourries vous en consoler. »
L'abbé de Fénelon se trompait lorsqu'il annonçait que le
projet de Gauthey avait été accepté contre l'avis des auto-
rités compétentes ; le projet avait été, au contraire, admis
sur l'avis même de l'administration des Ponts et Chaussées,
sans qu'il fût tenu aucun compte des démarches de MM. de
Brancion.
M. de Thélis avait bien réussi à gagner à son projet le
duc de Charost qui s'intéressait tout spécialement à la
création du canal du Charolais, mais, à la suite d'un
mémoire de Gauthey, démontrant l'inanité de ce projet, le
duc consulta Perronet qui confirma les vues de Gauthey à.
ce sujet.
1. On ne s'explique guère cette estimation qui est ridicule eu égard à la dépense
réelle qui s'éleva à 35 millions.
2. Ancien château de la Motte, paroisse d'Ecuisscs, près de l'étang de Longpendu.
— 149 —
Converti par les explications de Gauthey, Perronet revint
sur ses deux avis contraires donnés précédemment, et
soutint à l'assemblée des Ponts et Chaussées le projet du
canal du Charolais dont l'adoption fut dès lors assurée.
La consécration technique étant acquise, il restait à
instituer les moyens financiers nécessaires pour l'exécution,
mais l'importance des dépenses prévues par Gauthey
rendait cette question pleine de grosses difficultés qui
devaient retarder encore la mise en œuvre.
Ces difficultés furent surtout suscitées par quelques par-
tisans du canal de Bourgogne. Ce canal cependant n'était
plus en rivalité directe avec, celui du Charolais puisqu'il
avait été commencé en 1775; mais, exécuté au moyen de
crédits annuels votés par les États, les travaux avançaient
très lentement, et les intéressés purent craindre que les
fonds considérables que devait absorber le projet de Gau-
they ne fussent une nouvelle cause d'entraves pour l'achè-
vement.
Malgré l'appui de hautes personnalités, l'intendant de
Bourgogne ayant rejeté la demande de concession de
MM. de Brancion, exigeant la création d'une compagnie
présentant toute sécurité, M. de Thélis en profita pour
recommencer, mais sans succès, les démarches en faveur
de son projet.
Cependant MM. de Brancion avaient réussi à constituer
un groupe d'actionnaires pouvant fournir environ deux
millions, et demandaient aux États de cautionner le reste
de la dépense. Cette demande fut d'abord accueillie par les
États, mais faute de temps ils la renvoyèrent à l'examen
des Élus.
Désigné par les Élus du clergé pour visiter les lieux,
l'abbé de Luzines parcourut avec Gauthey tout le tracé du
canal et, d'après le rapport qu'il en fit, le prince de Condé,
gouverneur de Bourgogne, appuya chaudement le projet.
Usant du pouvoir qui leur avait été conféré, les Élus
— 150 —
décidèrent, par une délibération du 4 décembre 1781, de
faire cautionner par les États, sous certaines conditions, les
emprunts de MM. de Brancion.
Forts de cette décision, MM. de Brancion se rendirent à
Paris pour obtenir leurs lettres patentes. Gauthey et l'abbé de
Luzines y vinrent eux-mêmes pour appuyer leurs démarches ,
mais un nouvel obstacle les attendait dans la capitale.
M. de Fleuri, contrôleur général, accepta sans hésitation
le projet, exprimant même le désir de sa prompte exécution,
mais, d'accord en cela avec l'intendant de Bourgogne, il se
refusa à admettre la concession faite à MM. de Brancion.
Pour la bonne règle et la sécurité même de l'entreprise,
il est préférable, disait-il, que les États fournissent les
fonds et fassent exécuter les travaux par eux-mêmes, au
lieu de garantir les fonds à une association qui, si elle
venait à ne pas réussir leur en laisserait quand même toute
la responsabilité.
Cette question fut soumise à l'assemblée des députés et
intendants du commerce. Les délégués bourguignons, qui
tenaient essentiellement à enlever l'autorisation de com-
mencer les travaux, quelle que fût du reste la décision
relative à la gestion financière de l'entreprise, restèrent
pendant six mois à Paris pour attendre le résultat des
nombreuses délibérations de cette assemblée.
Afin de décider du sort de l'entreprise, Qauthey alla
jusqu'à faire modeler en relief le pays traversé par le
canal, et il est incontestable que ce modèle, qui fut pré-
senté aux ministres et même au roi, contribua quelque peu
au succès. *
1. Le plan en relief de Qauthey est actuellement au bureau du conducteur du
canal à Saint- Julien-sur-Dheune, où j'ai pu le voir grâce à l'amabilité du conduc-
teur, M. Oiraud. Il consiste en un moulage à fond blanc, très soigné, sur lequel
toutes les indications topographiques ont été dessinées finement avec les teintes
conventionnelles, et contenu dans une boite mesurant environ 60 centimètres de
longueur sur 30 centimètres de largeur. A l'intérieur du couvercle est collée une
inscription, en très bonne écriture moulée! résumant les principales caractéris-
tiques du canal.
— 151 —
Le 29 août 1782, M. de Fleuri signifia aux États de
Bourgogne la décision royale les engageant à contracter un
emprunt pour faire construire le canal du Charolais confor-
mément aux plans et devis rédigés par le sieur Gauthey.
ingénieur en chef de la province.
Le droit de transit admis fut de 0 fr. 25 par lieue et pour
490 kilog. de marchandises, c'est-à-dire le même que celui
qui avait été accordé à MM. de Brancion qui, pour dédom-
magements, reçurent des pensions viagères.
Les Élus acceptèrent ces propositions et, pour couper
court à toutes les difficultés soulevées précédemment par
les intéressés du canal de Bourgogne, décidèrent égale-
ment l'achèvement de ce premier canal par voie d'emprunt,
après avoir toutefois accepté une modification économique
du tracé proposée par Gauthey, d'accord avec Perronet.
Les Élus convinrent également, après entente avec l'in-
tendant de Franche-Comté, de donner suite à un deuxième
projet de Gauthey concernant la construction de la partie
du canal de la Saône au Doubs, située en Bourgogne.
Cette délibération des Élus fut transmise à la postérité
par la frappe d'une médaille portant cette inscription :
Utrius que maris junctio triplex , fossis ab Arari ad Ligerum et
Rhenum, simul apertis, 1783. *
Les lettres patentes pour la construction du canal du
Charolais furent délivrées en janvier 1783, et le 30 décembre
de la même année, d'autres lettres patentes limitèrent à
12 millions le montant des emprunts relatifs à l'exécution
des trois canaux, dont 9 millions étaient affectés au canal
du Charolais.
Gauthey remportait enfin la victoire, et lorsque, le 8 mars
1783, il fut nommé directeur général des travaux, c'était le
plus bel éloge que Ton pût adresser à cet homme de génie
qui seul était à même de mener à bonne fin ce grand projet,
1 . Triple jonction des deux mers par des canaux creusés de la Saône a la Loire
et au Rhône, ouverts ensemble en 1783.
— 152 —
pour lequel il avait sacrifié une grande partie de sa carrière
d'ingénieur.
a II y avait seize ans, dit M. Dartein, que Gauthey, de
sa propre initiative avait pris en main la cause du canal du
Charolais et qu'il employait à la gagner son talent, son
énergie et son habileté. En dépit de la médiocrité de son
emploi, ce petit sous-ingénieur, intrépide et volontaire, sut
prendre très simplement, sans tapage, par le seul ascen-
dant de ses qualités personnelles, l'autorité et le prestige
nécessaires à l'accomplissement de son dessein. »
Bernard de Chanteau, conseiller aux États de Bourgogne,
fut délégué pour faire les adjudications, surveiller les tra-
vaux et trancher toutes questions qui auraient pu entraver
l'exécution.
Nous arrivons à la dernière phase du canal, celle de l'exé-
cution.
Gauthey décida d'attaquer les travaux par Chagny et,
le 9 avril 1783, le premier coup de pioche était donné par
le comte de Clermont-Montoison, seigneur de Chagny. *
Les travaux furent loin d'être sans difficultés, et Gauthey
dut s'y employer de toutes ses forces pour en assurer la
réussite. M. Dartein dit à ce sujet :
« En moitié moins de temps qu'il n'en avait fallu pour
parvenir à l'exécution, en huit années, de 1783 à 1791, les
travaux furent terminés et l'eau mise dans le canal.
» Ce prompt achèvement ne put être obtenu qu'au prix
1. Gauthey connaissait particulièrement le comte de Clermont dont il Tenait de
reconstruire le château de Chagny, terminé en 1780. De cette œuvre de Gauthey il
ne subsiste rien. Le château a été complètement démoli en 1866. Les seuls ren-
seignements recueillis à son sujet consistent en une description, accompagnée de
deux photogravurest donnée par une histoire locale (Roy frères, Hietoire de Chagny ,
Chagny 1897). Ce château fut construit près de l'ancien, sur les bords de la
Dheune. Comme le sol reposait sur un lit d'alluvion, aûn d'assurer la solidité do
ce lourd édifice, on fut obligé de le bâtir sur pilotis, et, malgré celte précaution,
il se fit, cinquante ans après, un tassement considérable qui compromit sa solidité.
— Dartein, ta Vie et les Travaux de Émiland Gauthey, — Annale* des Pont» et
Chaussées, 3e trimestre 1904, \'* partie.
— 153 —
d'une extrême activité et moyennant une judicieuse et
indéfectible prévoyance, qui apparaît surtout dans l'ensemble
des mesures adoptées pour organiser le travail selon les
ressources locales. »
On dut aller jusqu'à employer des soldats pour obvier
au manque d'ouvriers et, pour des raisons particulières
énumérées par Gauthey lui-même, ce système coûta fort
cher. !
« La province, dit-il, était exempte de garnisons et il
fallut payer tous les frais de logement, ce qui doubla les
faux frais. On ne faisait pas travailler pendant cinq mois de
l'hiver, et un tiers des troupes seulement travaillait à la
fois, de sorte que le nombre des journées de logement était
au moins six fois plus grand que celui des journées de
travail. »
En dehors même du manque d'ouvriers, on ne trouva pas
dans la localité d'entrepreneurs capables de construire les
ouvrages d'art. Ceux que l'on fît venir du dehors ne suf-
firent pas davantage à la tâche, et Gauthey dut diviser les
travaux en petits lots confiés à des maîtres maçons qui, à
la longue, se mirent au courant et purent dans la suite
faire de plus grosses entreprises.
Ce mode de travail nécessitait évidemment une surveil-
lance très active et la régie en devenait difficile, ce qui
amena Gauthey à faire une division tout à fait spéciale de
son personnel technique; il alla jusqu'à créer chez lui une
école où son personnel apprenait les détails indispensables
de la théorie.
Pour la description sommaire de la marche des travaux,
il me suffira de résumer la relation qu'en a fournie M. Dartein.
On fit peu de choses la première année, en 1783, ce fut
plutôt une sorte de préparation de la mise en œuvre.
Les travaux ne commencèrent effectivement qu'en 1784.
1. Les troupes utilisées appartenaient aux régiments de Monsieur et de Beau-
jolais.
— 154 —
Au commencement du mois de juin de cette année, le roi
de Suède, qui voyageait en France, vint visiter les travaux
de Técluse de Chagny, ainsi qu'en témoigne une lettre de
Gauthey, datée du 6 juin, à l'abbé de Luzines.
Le 22 juillet, la première pierre des trois canaux projetés
fut posée par le duc de Ouise, au nom du roi, dans l'écluse
de Saône, à Ghalon.
Cette cérémonie se fit en grande pompe et, dans ses
mémoires, Gauthey nous dit qu'à cet effet il revêtit le duc,
et se revêtit lui-même, d'un tablier blanc orné de rubans.
Si la pose de cette première pierre fut rattachée aux
trois canaux du Gharolais, de la Saône au Doubs et de
Bourgogne, ce fut plutôt pour une question de principe,
en commémoration de la délibération des Élus de Bour-
gogne qui avait décidé de la construction simultanée de
ces trois voies navigables par voie d'emprunt.
Le canal du Charolais était, en effet, indépendant des
deux autres, auxquels il se trouvait relié par la Saône, et
qui aboutissaient bien en amont, vers Saint -Jean-de-
Losnes.
Dans cette cérémonie, Gauthey tenait aussi, et surtout,
à faire représenter ces trois canaux parce qu'il était l'auteur
du tracé des deux premiers, et que la continuation de celui
de Bourgogne n'avait été décidée que sur les plans recti-
ficatifs qu'il avait proposés.
Les travaux des deux autres canaux furent du reste
suspendus pendant longtemps, les fonds qui leur avaient
été attribués ayant été absorbés pour l'achèvement de celui
du Gharolais considéré comme le plus intéressant.
Les travaux avaient été attaqués en de nombreux points
et les terrassements des parties faciles avancèrent si rapi-
dement qu'à la fin de 1784 les déblais étaient achevés sur
51,650 mètres, soit sur presque la moitié du parcours ;
vingt-quatre écluses sur quatre-vingts étaient commencées.
Dans le cours des années 1785, 1786 et 1787, malgré la
pénurie de la main-d'œuvre, les chômages d'hiver et les
difficultés plus grandes rencontrées dans certaines parties,
les travaux, grâce à l'habile direction de Gauthey, suivirent
néanmoins une progression remarquable puisque, à la fin de
1787, les déblais atteignaient 111,500 mètres, 2,900 mètres
seulement restant à faire, et que vingt écluses étaient
complètement terminées et cinquante-une très avancées.
Vers cette époque, les établissements métallurgiques du
Creusot naissaient. Situés à quelques kilomètres seulement
du bief de partage du canal, ces établissements ne pou-
vaient néanmoins tirer tout le profit que leur eût procuré
une liaison directe avec le canal. La société métallurgique
ayant été fondée sous le patronage du roi Louis XVI, le
gouvernement intervint à ce sujet et demanda à Oauthey,
dans le cours de l'année 1787, de rendre navigable la
rigole d'alimentation qui recueillait les eaux venant de la
direction de Montcenis (rigole de Torcy), et de relier cette
rigole à la fonderie de canons du Creusot par un tronçon
de canal.
En dressant le projet de ces ouvrages, Oauthey fut
conduit à modiGer le tracé de la rigole et i lui faire fran-
chir un souterrain de 1,267 mètres de longueur. Le per-
cement de ce tunnel dans des argiles et des grès peu
consistants suscita de grandes difficultés ; des éboulements
se produisirent en divers endroits, ce qui nécessita la
construction d'un revêtement épais de maçonnerie sur
toute la section du tunnel.
Oauthey en profita pour justifier ses conclusions précé-
dentes relatives au projet de déviation du canal du Cha-
rolais sur Autun, en faisant remarquer combien il était
dangereux d'entreprendre des canaux souterrains de
grande longueur. '
1 On %'eip!i-i'j<* 'lifilnl^rn'iit !•*% rraiDle* »!•* Gauthey i c<* *»jj*-t. t/auti j'nt*,
notamment IVpo-j »c roranu.', do-m a l»i-*e «le nombreux exemple ij'a<]ui lue*
souterrain* île trc« k*raoilc imi'orUacc, entre autre* l*ju«J'jc A</u« Haudij, qui
— 156 —
Quant au tronçon de canal devant relier directement la
rigole de Torcy à la fonderie de canons du Creusot, il ne
fut jamais exécuté ; je doute même que Gauthey en ait
jamais étudié le tracé. L'exécution de ce canal aurait
nécessité un très grand nombre d'écluses pour racheter une
différence de niveau de plus de 50 mètres, ce qui le rendait
irréalisable, non seulement par l'importance des dépenses
peu en rapport avec le trafic, mais encore, et surtout, par
l'impossibilité absolue de compenser le débit de ces écluses
par les eaux émanant de la montagne dominant le Creusot.
Aussi Gauthey ne chercha-t-il pas à vaincre cette diffi-
culté. Il se contenta d'établir la rigole de Torcy, en suivant
presque une courbe de niveau, jusqu'au point le plus
éloigné possible en amont, dans la vallée de la Bourbince.
Le port d'aboutissement fut créé dans cette vallée juste
en face le bourg de Torcy, sur le terrain dit le Perraudin.
Ce port, qui consistait en un grand bief de 12 mètres de
largeur sur 60 mètres environ de longueur, recueillait, à
l'une de ses extrémités, les eaux de la Bourbince et celles
de la rigole de fuite de l'étang de Torcy1. Il y avait une
grue pour le chargement et le déchargement des bateaux.
A l'amont du port, la Bourbince avait reçu un ouvrage
avait un parcours en souterrain de 54 kilomètres, et le tunnel entrepris sous
Claude et César, à travers une haute montagne, pour dessécher le lac Fucin
(aujourd'hui Celano), en faisant déverser ses eaux dans le Liris (Garigliano). Co
tunnel, auquel 30,000 hommes travaillèrent, ne put cependant être terminé sous
les Césars par suilo des dépenses excessives qu'il occasionna ; il ne fut repris et
achevé que de 1852 à 1862.
La construction des grands tunnels modernes n'a pas non plus justifié les
craintes de Gauthey, mais s'il n'avait pu les prévoir, c'est sans doute parce qu'ils
ne présentaient alors aucun intérêt direct, surtout pour la navigation. Ils sont le
résultat de la création des chemins de fer encore inconnus a cette époque ; leur
construction aurait été, du reste, sinon impossible, tout au moins très longue et
excessivement coûteuse par suite des faibles moyens dont disposaient les chantiers
de travaux publics.
1. Cet étang de Torcy, plus connu au Creusot sous le nom d'étang du Breuil,
est désigné aujourd'hui par les Ponts et Chaussées sous le nom de Torcy vieux,
pour le différencier du nouveau réservoir établi près du Creusot qui porte le nom
de Torcy neuf, et que l'on désigne aussi sous la rubrique de réservoir du Creusot.
— 157 —
de répartition permettant le déversement d'une partie de
ses eaux dans le lit normal au moment des hautes eaux.
Du port de Torcy à la fonderie de canons, et vice versa,
le transport des marchandises s'effectuait par traction sur
routes au moyen de chevaux * ; à la montée le trajet était
dur et il avait fallu créer un relai de chevaux au lieu dit
la Mouillelongue. Le bâtiment de ce relai existe encore.
Après 1820, lorsque l'usage des lignes ferrées commença
de prendre cours en France, on en établit une de la fonderie
de canons au port de Torcy pour améliorer les transports.
Cette voie était naturellement à pente rapide ; les chevaux
remorquaient la charge et, au retour, on les montait sur un
wagon plat pour les redescendre par la gravité. Ce procédé,
bien que primitif, permettait cependant de réduire sensi-
blement les frais de traction.
Jusqu'en 1830, le trafic du canal à son bief de partage
n'avait pas présenté une bien grande importance, mais, par
suite du développement progressjf des transactions com-
merciales, par suite aussi de l'extension des usines du
Creusot et des houillères du Creusot et de Montchanin, on
jugea nécessaire à cette époque de créer à ce bief un port
important, susceptible de répondre aux besoins présents et
futurs. Ce port prit le nom de Port du Bois-Bretoux, qu'il
porte encore aujourd'hui, tiré du nom du lieu sur lequel il
fut établi.
La tête de l'étang de la Muette, contigu au canal, fut
rectifiée et une écluse établie pour la jonction au bassin du
port. L'entrée de la rigole de Torcy, qui pénétrait vers la
queue de cet étang, fut également rectifiée pour aboutir à
la nouvelle écluse de la Muette.
Les usines du Creusot demandèrent à ce moment la con-
1. Les voitures qui servaient aux transports, très curieuses par leur construc-
tion robuste et leurs très larges roues, ont été conservées jusqu'en ces dernières
années sous les hangars des équipages des usines du Creusot, au lieu dit les.
Nouillots.
— 158 —
cession de remplacement laissé libre entre la rigole et le
bord rectifié de l'étang de la Muette pour l'établissement
d'un débarcadère et d'un entrepôt.
Lorsque le port fut terminé, la rigole de Torcy présentait
pour la navigation à peu près la même pente d'écoulement
des eaux qu'au début. La différence de niveau, de l'écluse
de la Muette au port de Torcy, était de 3 pieds, soit près
d'un mètre ; l'étiage de cette rigole étant de quatre pieds à
l'écluse, il y avait un pied d'eau seulement au port de
Torcy lorsque l'alimentation cessait en amont.
La navigation n'était donc possible qu'autant que l'étang
de Torcy et la Bourbince pouvaient fournir de l'eau en
quantité suffisante. La rigole fonctionnait alors comme une
simple rivière, dans laquelle le niveau s'établit par la
résistance opposée à l'écoulement par le fond et les bords,
résistance qui était d'autant plus grande que le parcours
était assez sinueux.
La largeur peu importante de la rigole, son tirant d'eau
ne dépassant pas un mètre à l'amont, ne permettaient que
le passage de tout petits bateaux, ce qui nécessitait natu-
rellement un transbordement en arrivant au port du canal.
D'autre part, la traversée du souterrain était très difficul-
tueuse par suite de l'absence de chemin de halage, ce qui
obligeait les mariniers à monter sur le bateau. A la descente,
les bateaux allaient à la dérive, et il suffisait de les guider
pour éviter les accostages contre les parements ; mais il
était plus difficile de remonter car il fallait s'aider de
perches, voire même des pieds { et des mains, pour avancer
assez péniblement.
Aujourd'hui, depuis que les biefs du canal ont été relevés
pour augmenter le tirant d'eau, la navigation ne serait plus
1 . J'ai entendu raconter par des personnes âgées, qui à l'époque étaient des
enfants, que les mariniers se chaussaient de sabots dont le talon et le noz étaient
munis de pointes en fer pour faciliter l'arcboutement contre les parements du
tunnel.
— 159 —
possible sous ce tunnel; on y circule très difficilement en
se couchant dans une barque plate.
Lorsque les frères Schneider prirent en main les destinées
du Creusot, le 1èr janvier 1837, ils s'occupèrent immédia-
tement du développement des chemins de fer et de la cons-
truction des locomotives. L'une de leurs premières préoc-
cupations fut de remédier au mode insuffisant du transport
de leurs produits et ils demandèrent, en 1838, une autori-
sation de création d'une ligne de chemin de fer reliant les
usines au port du Bois-Bretoux. Le plan qu'ils soumirent
à l'approbation des autorités compétentes fut immédiate-
ment approuvé et, mettant en pratique la vieille devise
anglaise : Time is money, ils firent exécuter rapidement
cette ligne.
Depuis cette époque, la rigole ne sert plus qu'à l'écou-
lement de l'eau des étangs d'amont au bief de partage.
Le port de Torcy subsiste encore et se reconnaît parfai-
tement à la régularité de ses bords. La compagnie P.-L.-M.
y a fait installer une pompe qui remonte de l'eau pour l'ali-
mentation des réservoirs de la gare de Montchanin.
A la fin de l'année 1789, tous les déblais du canal étaient
terminés, excepté ceux de la tranchée de Longpendu. Les
écluses étaient terminées, sauf huit très avancées; 29 kilo-
mètres de rigoles d'alimentation étaient achevées et il n'en
restait plus que 3,500 mètres à faire; le souterrain de la
rigole de Torcy était voûté sur les deux tiers de sa lon-
gueur.
Par suite d'une situation financière qui sera expliquée,
l'achèvement du canal fut retardé, et ce n'est qu'en
novembre 1791, tous les ouvrages d'art étant terminés, que
l'on mit l'eau dans le canal.
Gauthey, alors inspecteur général, M. Guillemot, ingé-
nieur en chef de Saône-et-Loire, et M. Forey, ingénieur du
canal, s'embarquèrent à Digoin et arrivèrent à Saint-
Léger- sur-Dheune le quatrième jour.
— 160 —
Le grand bief de Chagny, long de plus de 8 kilomètres,
perdait beaucoup d'eau, des fuites s'étaient également
produites dans d'autres biefs et à quelques écluses ; il fallut
arrêter la navigation de Saint-Léger à Chalon pour étan-
cher ces Oltrations, et ce n'est qu'en janvier 1793 que le
canal put être livré définitivement à la navigation sur tout
son parcours.
Disons, pour terminer cette partie technique des travaux,
que l'on n'a rencontré de difficultés sérieuses que pour
l'exécution des deux écluses des extrémités, celle de Loire
et celle de Saône, creusées dans des alluvions très per-
méables. Voici, d'après M. Dartein, quel a été leur mode
de construction :
Le radier a été constitué, après dragage, par des pilotis
plantés en quinconce dans une enceinte de pal pi anche 9, et
enveloppés à leur sommet par une couohe de 0m40 à 0m45
de glaise corroyée. On fixa par-dessus une plate-forme de
planches calfatées et on la chargea de chaux vive dans
laquelle on jeta des pierres, puis du béton. On laissa
reposer pendant l'hiver et, le printemps venu, on épuisa
facilement.
L'évaluation primitive des travaux avait été prévue par
Gauthey, à 7,201,740 livres, et la somme autorisée pour
l'emprunt avait été de 9 millions de livres.
On dépensa successivement : en 1783, 350,000 livres; en
1784, 1,300,000 livres; en 1785, 1,360,000 livres; en 1786,
1,108,000 livres; en 1787, 1,153,000 livres; en 1788,
2,904,000 livres; et dans les six premiers mois de 1789,
441,000 livres.
Au 1er juillet 1789, la dépense totale, indemnités et
arrérages compris, s'élevait à 8,616,000 livres. Le crédit
disponible sur l'emprunt se réduisait alors à 384,000 livres.
Gauthey en prévint l'administration en lui adressant
l'estimation des dépenses restant à faire qui, arrérages,
— 161 —
indemnités et imprévus compris, s'élevaient à 2 millions
et demi de livres.
Pour ne pas retarder l'achèvement du canal, il deman-
dait, en attendant un nouvel emprunt qui devenait néces-
saire, qu'on l'autorisât à continuer les travaux sur le fonds
d'emprunt de 3 millions de livres, en grande partie dispo-
nible, destiné aux deux autres canaux.
Cette solution fut acceptée à titre provisoire.
Mais, les fonds s'épuisant, l'administration des Élus n'a-
yant pu contracter un nouvel emprunt, il fallut fermer les
chantiers. Toutefois, afin de ne pas provoquer de désordres
parmi les ouvriers congédiés, on ne procéda au licencie-
ment que progressivement, dans un délai de trois mois.
Le décret de l'Assemblée constituante du 15 janvier 1791
ayant aboli les anciennes provinces, pour les remplacer par
une subdivision en départements, les pouvoirs de l'admi-
nistration des Élus de Bourgogne prirent fin le 20 juillet
de la même année. A cette époque la dépense totale des
travaux du canal s'élevait à 10,383,424 livres.
La commission départementale qui sucoéda aux Élus fit
terminer les travaux ; il fut dépensé 113,901 francs en 1790
et 343,369 francs en 1791. Les travaux d'étanchement exé-
cutés en 1792 coûtèrent 246,839 francs.
Les sommes absorbées par le canal se résument dès lors
ainsi :
1° Dépenses effectuées sous l'administration de la pro-
vince de Bourgogne : 10,383,424 livres, soit 10, 255, 189 fr.
2° Dépenses effectuées sous la commis-
sion départementale 704, 109 fr.
Soit un total de 10, 959,298 fr.
La différence entre cette dépense effective et la dépense
prévue pouvait laisser supposer qu'il avait été commis des
erreurs graves dans le devis estimatif, mais Gauthey
S.H.N. 1906. H
— 162 —
prit soin, dès le 1er juillet 1790, de justifier le surcroît de
dépense qui n'était qu'apparent et qui tenait surtout à deux
causes :
1° Addition des divers travaux non prévus, notamment
la transformation de la rigole de Torcy en canal navigable
(coût 560,000 livres); faux frais pour l'établissement des
troupes utilisées au canal (coût 347,800 livres).
2° Addition des arrérages, comptés jusqu'au 1" janvier
1792 (2,005,126 livres).
Tout compte fait, le total des objets non prévus à l'esti-
matif monte à 3,616,700 livres, lesquels ajoutés à la pre-
mière estimation formaient un total de 10,817,000 livres,
inférieur seulement de 300,000 livres au montant des
dépenses faites et restant à faire à cette époque.
Si l'on tient compte de l'accroissement du prix de la
main-d'œuvre depuis l'origine des travaux, des frais supplé-
mentaires occasionnés par des consolidations de tranchées
et de talus, de l'addition et de l'élargissement de quelques
aqueducs, on peut dire, ajoute M. Dartein, qu'il n'était
guère possible de dresser un devis plus exact.
Les données principales du canal, à l'origine, étaient les
suivantes :
Sa longueur était de 114,322 mètres, du bord de la Loire
à Digoin, au bord de la Saône à Ghalon. A la suite de
modifications récentes, il a été raccourci de près d'un
kilomètre avant sa jonction à la Loire.
Sa largeur était de 9m75 au plafond et de 14n62 à la
surface, et son mouillage était de lm62.
On y comptait quatre-vingts écluses, dont trente sur le
versant Loire, rachetant une chute de 77m64, et cinquante
sur le versant Saône, rachetant une chute de 130m91. Les
sas des écluses mesuraient 32m48 de longueur sur 5m20 de
largeur avec 2m60 de chute, sauf aux écluses de Loire et
— 163 —
de Saône, où la chute était respectivement de 2m24 et
3m5i. *
Les six premiers biefs descendant du point de partage
vers la Saône étant très courts, la section mouillée y avait
été doublée pour réduire les dénivellations résultant des
éclusages.
Outre les écluses, les travaux du canal comprenaient
encore comme ouvrages d'art : soixante-onze ponts et
soixante-seize aqueducs.
Trois rigoles d'alimentation avaient été prévues pour
recueillir les eaux des bassins montagneux avoisinant le
bief de partage et les rejeter dans les réservoirs de com-
pensation : celle de Torcy (4,814 m.) qui, ainsi qu'on l'a vu
plus haut, fut modifiée, avant son achèvement, en rigole
navigable; celle de Marigny (19,738 m.) et celle de Saint-
Julien (11,232 m.).
Ces rigoles, serpentant à flancs de coteaux, suivaient
presque une courbe de niveau dans le but d'éviter une
pente trop prononcée qui eût facilité l'entraînement des
terres au moment des grandes pluies et, malgré cette pré-
caution, Gauthey avait quand même jugé nécessaire de les
munir de bassins de dépôt avant leur entrée dans les réser-
voirs.
Sur ces trois rigoles, seule celle de Marigny fonctionne
encore sur une partie de sa longueur ; celle de Saint-Julien
a été supprimée presque à l'origine, et celle de Torcy ne
sert plus que de rigole d'écoulement pour les eaux des
réservoirs, anciens ou nouveaux, situés à l'amont.
Le canal du Centre, ainsi que tous les anciens canaux de
la France, a reçu, dit M. Dartein, d'importantes améliora-
1. A l'entrée en Saône et à l'entrée en Loire on avait construit deux écluses
accolées produisant une chute importante. Ce dispositif avait été nécessité par
l'obligation d'assurer l'entrée en rivière à l'époque des plus basses eaux, les deux
écluses fonctionnant à ce moment, et de maintenir le lit du canal en dehors des
crues pendant les hautes eaux qui arrêtaient alors le fonctionnement de l'écluse
inférieure.
— 164 —
tions, notamment de 1881 à 1895, pour être mis en rapport
avec les nouvelles conditions de la navigation. Les prin-
cipales tranchées ont été élargies, de nouveaux réservoirs
ont été construits * et le mouillage a été porté à 2*20, par
relèvement des biefs, afin de permettre un tirant d'eau de
2 mètres pour les bateaux. Les écluses ont été élargies et
allongées et leur nombre a été réduit i soixante-sept par
suite de la suppression de treize d'entre elles, sur le
versant de la Saône, aux endroits où elles étaient trop
rapprochées. A l'entrée en Saône, où il y avait deux écluses
consécutives, celle d'aval, qui ne servait qu'à l'époque des
basses eaux fut supprimée. Beaucoup de ponts ont été
modifiés pour augmenter leur ouverture et le tirant d'air.
Après la construction du canal latéral à la Loire et du
canal de Roanne à Digoin (1822-1838), se rejoignant sur la
rive gauche de la Loire, en face Digoin, on réunit le canal
du Centre à ces deux canaux.
La jonction directe par la Loire eût entravé fréquem-
ment la navigation par suite des ensablements et des écarts
de niveau du fleuve entre les basses eaux et les crues ; on
préféra faire la jonction par une branche de canal, se gref-
fant à Digoin sur le bief du canal du Centre, et traversant
la Loire sur un pont-aqueduc de seize arches qui est l'une
des plus belles œuvres du génie moderne.
I. Le réservoir de Torcy neuf, situé près du Creusot, dont les travaux, com-
mencés en 1 884, furent achevés en 1886, a une superficie de 174 hectares et contient
près de neuf millions de mètres cubes. 11 est divisé en deux parties, sur sa lon-
gueur, par la ligne du chemin de fer de Chagny à Nevers dont la traversée se fait
sur un remblai de laitiers de hauts fourneaux à travers lequel s'établit la com-
munication des eaux par un aqueduc do fond.
La chaussée, construite sur la branche sud du réservoir, est faite en remblai de
terre corroyée dont le parement intérieur a reçu une protection en moellons
de 0*50 d'épaisseur établie en gradins.
La longueur au parapet de la chaussée est de 442*85, l'épaisseur est de 53*40
au pied et de 5"50 au sommet, avec une hauteur totale de 23*20, dont 7 mètres
de fondations au-dessous du radier de l'étang.
La hauteur de l'eau à la chaussée est de 1 4*50 et les vannages de prélèvement
sont montés à l'intérieur d'une tour carrée en maçonneries pour éviter les affouii-
lements.
— 165 —
L'ancienne jonction à la Loire fut conservée intacte.
Une nouvelle rigole, de 14 kilomètres de longueur, dite
rigole de l'Arroux, fut établie de Oueugnon à Digoin pour
l'alimentation du nouveau bief.
Cette rigole, maintenue au-dessus du niveau des hautes
eaux de l'Arroux pour la mettre à l'abri des crues, fut
rendue navigable pour faciliter le trafic des forges de Gueu-
gnon, fondées en 1721 parle marquis de Latour-Maubourg,
qui, à cette époque, avaient déjà pris une extension impor-
tante.
Ainsi que l'ancienne rigole de Torcy, la rigole d'Arroux,
qui est encore en service pour la navigation, ne peut
porter que de petits bateaux nécessitant un transbordement
à l'arrivée au port de Digoin.
Afin de commémorer l'ouverture du canal à la naviga-
tion, Gauthey avait fait construire l'obélisque monumental
qui existe encore à Ghalon, près du Palais de Justice.
L'éloignement de cet obélisque et l'absence de toute
inscription font oublier aujourd'hui la circonstance pour
laquelle il avait été érigé. Autrefois le canal comportait
un bras divergent, servant de port, qui se prolongeait
jusqu'au pied du monument. La construction de l'ancienne
gare de Ghalon et le développement de cette partie de la
ville firent supprimer progressivement cette ramification
dont les dernières traces ont disparu il n'y a que quelques
années.
A l'origine, le piédestal du monument portait, paraît-il,
gravées sur ses quatre faces, des inscriptions qui furent
effacées pendant la Révolution, c'est-à-dire aussitôt après
l'inauguration, et dont, malheureusement pour l'histoire
locale, le texte exact n'a pas été conservé.
En 1819, il n'en restait qu'un vague souvenir, ainsi qu'il
résulte d'une lettre adressée à M. l'ingénieur en chef, du
— 166 —
département, le 30 octobre, par M. de Lisle, conservateur
des canaux du Centre et de la Seille. *
« L'entrepreneur La Chaume, disait-il, qui a construit
cet obélisque, croit se rappeler que Tune des inscriptions
exprimait la reconnaissance de la province envers le sou-
verain qui avait autorisé la construction du canal; que la
seconde témoignait des mêmes sentiments à l'égard du
prince de Condé, gouverneur de la Bourgogne, qui avait
puissamment favorisé l'entreprise, et que la troisième rap-
pelait le nom des Élus généraux qui dirigèrent cette grande
opération. Quant à la quatrième, La Chaume n'en a gardé
aucun souvenir »
Si nous étudions maintenant dans son ensemble le trafic
du canal du Centre, nous voyons que l'avenir a donné
raison aux prévisions de Oauthey.
Le tonnage qui, d'après M. Dartein, a peu varié depuis
une quinzaine d'années, s'est élevé, en 1902, à 1,245,874
tonnes, sur lesquelles 843,276 tonnes, soit les deux tiers,
forment la part du trafic né sur la voie.
Ainsi que l'avait annoncé Oauthey, le canal du Charo-
lais sert à l'exportation beaucoup plus qu'au transit, tandis
qu'au canal de Bourgogne, dont le trafic n'atteint pas la
moitié de celui du Centre, le tonnage de transit est sensi-
blement égal au tonnage né sur la voie.
Le canal du Centre, ainsi que beaucoup de canaux fran-
çais, présente incontestablement l'inconvénient de com-
porter un trop grand nombre d'écluses qui retardent consi-
dérablement la navigation, mais cette difficulté est inhérente
à l'orographie du pays.
Les efforts de nos ingénieurs ont amélioré ce régime
dans la mesure du possible, et si nos canaux ne sont pas
1. Lettre conservée aux archives du canal du Centre.
— 167 —
parfaits, on peut néanmoins conclure que Ton a su, avec le
minimum de dépenses, tirer le meilleur parti possible d'un
état de choses établi depuis un siècle et plus.
Les conceptions relatives à la navigation des canaux se
sont considérablement modifiées en ces dernières années,
et les vieilles écluses, telles qu'elles furent inventées par
les frères de Viterbe, en 1481, sont condamnées pour faire
place à des systèmes plus rapides, permettant de franchir
en une seule fois des différences de niveau importantes, ce
qui permettra de raccourcir très sensiblement le tracé des
canaux.
Il ne sera pas sans intérêt de faire ici une courte digres-
sion pour indiquer les principaux procédés modernes pro-
posés pour le rachat des chutes importantes :
1* Les écluses avec bassins d'épargne. Ces bassins,
ménagés dans les parois du sas, permettent, par la ma-
nœuvre de vannages étages, de franchir des hauteurs de
15 à 20 mètres et plus en ne dépensant que la quantité
d'eau qui aurait été nécessaire pour une éclusée ordi-
naire ;
2° Les sas plongeurs, sorte de ludions colossaux, mais
qui ne permettent guère de franchir des hauteurs supé-
rieures à 10 ou 12 mètres;
3° Les appareils du genre des grandes roues que l'on a
pu admirer dans les expositions. Le wagon suspendu est
remplacé par un sas dans lequel le bateau est introduit et
peut être ramené par rotation soit au niveau du bief supé-
rieur, soit au niveau du bief inférieur. Étant donné le poids
du bateau et du sas plein d'eau, l'équilibrage est très diffi-
cile à réaliser et l'appareil a forcément des dimensions
restreintes ne permettant pas le passage de chutes très
importantes ;
4° Les ascenseurs verticaux qui ont l'inconvénient de
coûter fort cher et ne se prêtent guère à des hauteurs
supérieures à 15 mètres;
— 168 —
5° Les ascenseurs funiculaires, pouvant être utilisés à
toutes hauteurs, mais ne présentant pas toute la sécurité
désirable et pour lesquels la grande difficulté réside dans
l'importance du poids à soulever, malgré l'équilibrage
possible par contrepoids, ainsi que la chose avait été pro-
posée, en 1881, pour le canal de la Marne à la Saône;
6° Enfin lés plans inclinés à double voie. Ces plans
inclinés reçoivent sur chaque voie un chariot automoteur
électrique portant un sas d'éclusage du bateau.
Si Ton ne dépasse pas des pentes de V20 & V255 on peut
utiliser le roulement simple, mais il est préférable à tous
points de vue d'employer un chemin de roulement à cré-
maillère qui facilite le freinage.
La double voie est certainement dispendieuse, mais elle
présente le grand avantage de ne pas entraver le service
du canal en permettant de fonctionner à simple voie en cas
de réparations à l'un des chariots moteurs. On pourrait du
reste, en marche normale, équilibrer une partie de la
charge montante par le chariot descendant.
Le seul reproche que l'on puisse adresser à ce système,
comme du reste à d'autres précités, résulte de la force
motrice considérable qu'il nécessite, force qui atteint 1 ,200
à 1 ,500 chevaux pour remorquer un bateau de 600 tonnes
dans le cas le plus défavorable, c'est-à-dire pour la marche
à une seule voie. Toutefois cette dépense de force motrice
est plus apparente que réelle si on la compare à la perte
de force vive occasionnée par la chute d'eau d'une écluse.
Supposons, par exemple, une écluse à épargne, construite
comme il a été indiqué plus haut, susceptible de faire
franchir une chute de 30 mètres à un bateau de 600 tonnes.
La dépense d'eau pour cette écluse serait d'environ 5,000
mètres cubes, d'où un travail de chute de 5,000,000 k X 30 m
= 150,000,000 kilogramètres.
L'élévation à cette même hauteur d'un chariot automoteur,
sas et bateau en charge compris, soit environ 2,200 tonnes.
— 169 —
exigerait théoriquement une puissance de 2,200,000 k X 30 m
= 66,000,000, soit en ohi fifre rond 70,000,000 de kilogra-
mètres. On voit par là que Ton a tout intérêt à utiliser la
chute d'eau pour alimenter une usine génératrice au lieu
de construire une écluse.
Si l'on tient compte de la rapidité de fonctionnement
des plans inclinés eu égard aux écluses, il ne fait aucun
doute que les plans inclinés représentent bien le système
de l'avenir pour rétablissement des canaux à forte chute.
C'est du reste celui qui a le plus retenu l'attention des
ingénieurs et des économistes dans tous les concours orga-
nisés en ces dernières années sur les questions de naviga-
tion intérieure.
La création du canal du Centre suffit à elle seule pour
illustrer Oauthey, mais si, par suite de difficultés innom-
brables, cette œuvre semble avoir absorbé la majeure
partie de sa carrière d'ingénieur; il entreprit néanmoins
un grand nombre d'autres travaux, qu'il serait trop long de
décrire ici, qui contribuèrent à lui faire attribuer de réels
talents de mathématicien et d'architecte et le classèrent
parmi les plus grands savants de son siècle.
Les questions de navigation commerciale furent cepen-
dant Tune de ses plus absorbantes préoccupations, ainsi
qu'en témoignent les nombreux mémoires qu'il a écrits sur
ce sujet.
Dans ses études sur les canaux de navigation nécessaires
au commerce, s'il s'intéressa tout particulièrement de la
France, il rechercha aussi quels étaient ceux qu'il pouvait
être le plus utile d'établir dans les différents pays de
l'Europe. Il alla même jusqu'à étudier l'amélioration des
relations commerciales du monde entier par les routes
maritimes et fut le premier, dans un mémoire d'août 1777,
à préconiser l'ouverture des canaux de Suez et de Panama.
En 1819 il fut question, sur un désir exprimé par la ville
— 170 —
de Chalon, de consacrer une des faces maintenant nues de
l'obélisque à la mémoire de Oauthey. Ce désir n'eut pas de
suite, mais, dit M. Dartein, un hommage d'une plus haute
valeur qu'une simple inscription a été rendu peu après à
l'illustre auteur du canal du Centre par sa ville natale. Le
buste en bronze de Oauthey, placé dans le musée de la
ville, a été exécuté aux frais de ses concitoyens. Plus tard,
l'administration des travaux publics s'est associée à cet hom-
mage en faisant placer dans le vestibule des Ponts et Chaus-
sées une reproduction en marbre du buste érigé à Chalon.
Les hommes comme Gauthey appartiennent à l'histoire,
et si l'exemple de sa vie, toute faite d'études et de simpli-
cité malgré quelques emportements bien justifiés, semble
peu se prêter aux honneurs bruyants, sa mémoire mérite
cependant mieux qu'un modeste buste caché dans des salles
peu fréquentées.
La ville de Béziers, où Riquet 1 naquit en 1604, et la ville
de Toulouse, où il mourut en 1680, s'honorèrent en perpé-
tuant aussi le souvenir de cet homme illustre par le bronze
et par le marbre, mais elles le firent au grand jour, en
élevant des statues qui font le plus bel ornement de leurs
places publiques. 2
Cependant Riquet, qui eut peut-être l'idée première de la
création du canal du Languedoc, ou d'Entre-les-deux-Mers s
(aujourd'hui canal du Midi), ne fut de fait que l'entrepre-
neur des travaux de ce canal qui fut exécuté suivant les
plans de l'ingénieur Andréosse.
1. Pierre-Paul Riquet, baron de Bonrepos, descendait de la famille des Arrl~
ghetti, gibelins chassés de Florence. C'est une des branches de cette môme famille
qui donna naissance à Mirabeau.
2. A Béziers, la statue de bronze de Riquet a été érigée, en 1838, sur la place
de la Citadelle. A Toulouse, une statue en marbre blanc a été érigée en 1853 sur
l'allée de la Fayette.
3. Le canal du Languedoc, commencé en 1667, par P.-P. Riquet, fut achevé
par ses fils et livré à la circulation en mal 1681. Ce canal fut la première grande
œuvre de ce genre entreprise par le génie français, c'est pourquoi sa construction
éveilla l'admiration des contemporains de Riquet.
— 171 —
La ville de Ghalon, ville commerciale par excellence, se
rappellera qu'elle doit en grande partie son importance à la
création du canal du Centre ; elle ne tardera pas, espérons-le,
à rendre à la mémoire de l'un de ses plus illustres 61s, les
honneurs que lui doit la postérité.
Aucune arrière-pensée ne doit arrêter les bonnes volontés
dans cette voie d'une juste réparation, car, même par ces
temps de politique à outrance, on ne saurait refuser i
Qauthey le titre de bon citoyen qui lui fut reconnu même
aux époques révolutionnaires lorsque, sur de viles accu-
sations, il fut obligé, ainsi qu'en témoigne sa lettre du
26 mars 1793 au oitoyen Garât, ministre de l'Intérieur, de
prouver la rectitude et l'honnêteté de son administration.
Crmnot, to 31 mal lt06.
J. CAMUSAT.
Quelques Observations sur la radio-activité
dans l'Autunois.
Les gisements de pyromorphite découverts à Orury et
qui ont donné lieu ces deux dernières années à des travaux
sérieux de la part de M. Armet de Lasle, directeur-pro-
priétaire de l'usine du Radium à Nogent-sur-Seine (Marne),
n'ont pas donné au point de vue radifère les résultats qu'ils
laissaient espérer au début. Ces minerais, tout d'actualité
par la découverte de M. et MM Curie, se trouvent, comme
on Ta déjà dit ', sur le domaine des Dorains ou la Salade
et sur le domaine de Baptisent, en filons minces, assez
irréguliers, aveo renflements noueux, passant i une roche
1. BulteUn éê ta SoeMU d*hiêtoU» natorvlte d'Autos, tome VU. p. »Cf oompUt
— 172 —
blanchâtre, feldspathique, parfois kaolinique, dans laquelle
on rencontre de la barytine rose et du spath-fluor qui exis-
tent du reste sur un autre point de la commune, au lieu
dit le Haut-du-Crot, en un puissant filon faisant l'objet
d'une exploitation. Des cristaux de Gérusite y ont été aussi
rencontrés, ainsi que des traces de carbonate de cuivre
vert avec veinules de pyrites sulfureuses arsenicales. Depuis
peu nous avons découvert dans une carrière de granité à
grands éléments, près de l'étang de Grury, des filonnete de
mispickel de 1 à 5 centimètres d'épaisseur, remplissant les
disjoints de la roche et formant des sortes de ramifications
ou étoilements dans le sens de ce filon plombifère. Nous
avons le plaisir d'offrir des échantillons de ce mispickel à
la Société d'histoire naturelle, ainsi qu'un autre minéral
assez rare, la Penguite ou Nontronite, que nous avons ren-
contré plus à l'est d'Issy-l'Évêque, dans une petite tranchée
de la ligne du chemin de fer de Toulon à Bourbon-Lancy,
et déjà signalé par M. de Charmasse sur la commune de
Montmort.
La masse de la surface du sol de la commune de Orury
est composée par la granulite en arène, devenant dure,
résistante et compacte vers 10 à 15 mètres de profondeur,
ainsi que nous l'avons constaté dans nos travaux de recher-
ches. Cette granulite est traversée par d'autres roches
filonniennes qui ont dû surgir en même temps que les
filons métallifères. Citons d'abord un quartz pegmatoide,
avec parties talqueuses, verdfttres, des Dorains, Oiné et
Chez-Reynaud, qui se continue jusqu'à Cierge, en passant
par le Haut-du-Crot où il s'imprègne de véritables inclu-
sions de fluorine et de baryte laminaire; puis des bandes
feldspathiques plus ou moins pures et rosées, avec un
porphyre globulaire d'un grain très fin qui est visible dans
le talus de la route de Neuvy-Grandchamp, à la sortie du
village. Enfin une Dioritine ou schiste dioritique qui s'est
montrée surtout en salbandes et en noyaux d'une distribu-
— 173 —
lion irrégulière au contact du filon plomb itère auquel il
semble lié d'une façon générale ; c'est même une indication
pour le suivre dans ses différents affleurements.
Ces émissions filonniennes et métallifères qui ont dû se
produire à différentes reprises ont donné lieu au drainage
des eaux de sources qui sont très nombreuses. On remarquo
en effet au milieu des champs des suintements ou parties
mouillées reconnaissables à une végétation spéciale des
terrains marécageux : carex, joncs et roseaux qui sont
toujours une gêne pour la culture et qui dégagent l'hiver,
de même que certaines fontaines qui ne gèlent pas, des
sortes de buées ou vapeurs. Il y a aussi certains points où,
selon l'expression commune, la neige ne tient pas ; elle est
aussitôt fondue qu'elle est tombée. Ce fait, constaté de
temps immémorial, s'explique par des émanations pivo-
tantes, formant des cheminées chaudes, traversant les
terrains et venant s'évaporer à la surface par les fractures.
Peut-être y a-t-il li d'intéressantes observations i faire et
des études i entreprendre au sujet de la radio-activité.
Nous les signalons aux chercheurs.
Nous rappellerons sommairement ce qui a été dit à
maintes reprises dans les Bulletins de la Société d'histoire
naturelle d'Àutun * et même dans la presse autunoise 2, i
propos de la radio-activité constatée dans les premiers
échantillons de pyromorphite que nous avons recueillis aux
Dorains. Cette propriété n'étant alors attribuée qu'aux sels
d'uranium, M. Danne, l'habile préparateur de M. Curie,
expliquait cette contradiction en admettant que le radium
avait dû être apporté dans la pyromorphite à une époque
toute récente par des eaux radio-actives. La vérité est que
cette activité alla en décroissant à mesure que les travaux
s'enfoncèrent ; bientôt elle disparut complètement, même
1. Bulletins de la Société d'histoire naturelle d'Aotuo. tome XVII, ?• p.,
page tti. — tome XVI II. t* p., pajes 89 et suivante*.
?. te Iforvan rtpuotfcaiJi, numéros des Î6 février et t mars I90S.
— 174 —
dans des échantillons prélevés presque à la surface du sol
un peu plus loin.
La présence du Radium dans les eaux thermales, pro-
venant des gaz se dégageant au griffon de certaines sources
minérales, a été constatée dans de nombreuses contrées,
de même qu'aux volcans et geysers de l'Islande et aux
Soffioni à acide borique de la Toscane. Elle s'expliquerait
par une venue des couches profondes du globe.
Le Radium, avec ses propriétés étonnantes, dégage
constamment de l'Hélium. Or, nous possédons ici, tout
près de nous, dans la région d'Arnay~le-Duc, limitrophe de
l'Autunois, à Maizières, une source minérale récemment
mise en valeur, donnant à sa sortie de terre de grosses
bulles qui renferment environ 8 */• d'un mélange d'Argon
et d'Hélium. On se trouverait donc à posséder la source la
plus riche en Hélium connue jusqu'à ce jour.
En ajoutant à cela les gisements d'Autunite de Saint-
Sy mpho ri en-de-Mar magne, dont les travaux de recherches
et de reconnaissance se continuent normalement avec quel-
ques succès, et les traces d'Autunite trouvée en paillettes
aux carrières de Gouhard, au-dessus de la ville d'Autun,
ne peut-on déjà prétendre que l'on se trouve dans une
contrée privilégiée, extrêmement intéressante, pouvant
fournir à l'étude de la radio-activité de précieux documents
et peut-être de nouvelles découvertes scientiGques ?
Hippolyte MARLOT.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
— 175 —
SÉANCE DU 9 SEPTEMBRE 1906
PRÉSIDENCE DR M. LE Dr OILLOT
Étaient présents : MM. Bovet; Louis Canet; Chassignol,
i la Boulaye ; Château, à Bourg-le-Comte ; Léon Dubois ;
Louis Gillot ; Grand'Eury, i Saint-Étienne ; Porte ; Victor
Berthier, et quelques personnes étrangères à la Société.
Deux nouveaux adhérents sont reçus i l'unanimité comme
membres titulaires : M. P. Diosson, fabricant de produits
céramiques à Palinges, présenté par MM. Stéphane Diry,
de Grury, et Henri Millier, de Sainte-Radegonde ; M. le
Dr Henri Liabot, médecin i Cluny, présenté par MM. le
Dr Gillot et V. Berthier.
Dons.
En dehors des publications des Sociétés avec lesquelles
elle est en relations d'échange, la Société a reçu depuis sa
dernière réunion :
De M. Jules Devilerdeau, quelques échantillons de miné*
raux et fossiles de diverses provenances, ainsi qu'un ouvrage
qu'il vient de publier sous le titre de : Manuel pratique des
travaux d'exploitation des Mines par les procédés les plue
récents.
De M. Louis Canet, industriel à Autun, un Pangolin que
son beau -frire, M. Emile Boutroue, lui a envoyé de la
Guinée.
De M. Marcailhou-d'Ayméric, pharmacien de première
— 176 —
classe à Ax-les-Thermes, une note dont il est l'auteur : la
Pharmacie en Ethiopie1.
De M. P. Fliche, ancien professeur à l'École nationale
forestiôre de Nancy, deux brochures dont il est l'auteur :
Lavoisier et le genre Isoetes 2 ; — Note sur des bois fossiles de
Madagascar. 3
De M. Guillaume, principal du Collège d'Autun, le pal-
marès de la distribution des prix faite aux élèves de cet éta-
blissement, le 28 juillet 1906.
De M. le ministre de l'Instruction publique : les Discours
prononcés à la séance générale du Congrès des Sociétés
savantes, le 25 avril 1906, à la Sorbonne, par MM. Armand
Brette et Raymond Poincaré.
De M. P. Husnot, briologue à Cahan, la seconde partie
de son ouvrage sur les Cypéracées de France, Suisse et
Belgique.
De M. Cunisset-Carnot, premier président à la Cour
d'appel de Dijon, un œuf de Nandou (Rhea americana)
envoyé par lui de sa résidence des Petites-Dalles (Seine-
Inférieure). Cet œuf pesait, à l'état frais, 650 grammes, et
venait d'être pondu à Melun (Seine-et-Marne), où M . Dubreuil,
membre dévoué de la Société d'acclimatation, se livre avec
succès à l'élevage et à la reproduction de ces volatiles.
Nous empruntons au donateur les renseignements suivants
que nous extrayons d'un humoristique article qu'il a
publié à ce sujet dans le journal le Temps, numéro du
mardi 11 septembre 1906, sous le titre la Vie à la cam-
pagne :
« Le Nandou est, après l'autruche dont il a l'aspect et
la forme, le plus grand des oiseaux connus. Il n'en diffère
1. Bulletin mensuel de la Fédération des pharmaciens du Sud-Ouest et du Centre
numéro 319, juillet 1906, p. 229.
2. Extrait des Mémoires de l'Académie de Stanislas, 6" série, III, 1 905-1906.
3. Extrait du Bulletin de la Société géologique de France, 4" série, t. V, p. 346,
année 1905.
— 177 —
que par la taille qui est un peu moindre que celle de l'au-
truche, et par la couleur, plus uniforme* et plus sombre que
la sienne. Son habitat est la partie tempérée de l'Amérique
du Sud. Il s'y comporte comme l'autruche en Afrique. Il
fournit aux indigènes qui le chassent ou qui relèvent une
chair excellente, des œufs savoureux et des plumes qui
empanachent aussi largement et aussi coquettement que
les plumes d'autruche les chapeaux de théâtre de nos élé-
gantes. Pour récompenser le Nandou de tant de bienfaits,
les savants lui ont donné le nom gracieux de Rhea ameri-
cana, et GeofTroy-Saint-Hilaire, plus prosaïque, lui a décerné
le titre encore enviable d'oiseau de boucherie.
» Il donne plus de viande qu'un gros mouton, et ses pro-
duits accessoires, œufs et plumes, ajoutent à sa valeur
boucherie. D'après les calculs les plus modérés, un Nandou
adulte, qui se paie environ 70 francs, rapporte bon an mal
an : production déjeunes, œufs, plumes, de 80 à 85 francs.
Sa nourriture atteint à peine quinze centimes par jour de
pommes de terre et de verdures, et coûte moins encore si
l'on peut placer l'oiseau dans un pâturage avec les autres
bestiaux. Aucun animal indigène, on le voit, n'est aussi
rémunérateur. Ces chiffres, depuis longtemps connus, sont
démonstratifs, Il est donc malaisé d'expliquer pour quelles
causes, alors que les premiers Nandous ont été donnés par
le comte d'Épréménil à la Société d'acclimatation depuis
plus de quarante-cinq ans, et malgré tous les efforts de
celle-ci, il n'y ait guère en France actuellement qu'une
quinzaine d'élevages de cet utile oiseau, qui tous d'ailleurs
réussissent fort bien. »
De M. R. Bigeard, de Nolay, une trentaine d'exem-
plaires d'une brochure qu'il vient de faire paraître sous le
titre de : Deuxième supplément à la Petite Flore des Cham-
pignons les plus vulgaires, publiée en 1903, et qu'il met
gracieusement à la disposition des personnes présentes.
Notre distingué collègue, qui s'est voué, avec une ardeur
S.H.N. 1906. 12
— 178 —
infatigable, à la vulgarisation de la mycologie, résume de
la façon la plus simple et la plus précise, en deux leçons
de seize pages, les notions élémentaires indispensables
pour aborder l'étude des Champignons, surtout au point de
vue pratique. On ne saurait trop en recommander la
lecture.
De M. E. Chassignol, instituteur adjoint à Pouilloux
(Saône-et-Loire), deux spécimens de Oui, récoltés l'un sur
un Chêne pédoncule, l'autre sur un Noisetier, au Heu dit
la Forêt, commune de Pouilloux, et au sujet desquels
M. Chassignol nous a adressé une note détaillée et inté-
ressante que l'on trouvera plus loin.
M. le président remercie tous les donateurs.
Correspondance.
La correspondance comprend :
1° Une lettre de l'Académie de Mâcon accompagnant
l'envoi du tome IX de la 3e série de ses Annales ainsi que
la médaille de son Centenaire, dont l'avers porte l'effigie
de son nouveau jeton de présence.
2° Une lettre de M. Francis Pérot, de Moulins, annonçant
le prochain envoi d'une statistique faite scrupuleusement
par le Dr Boratton, de 1786 à 1816, sur l'état de la tempé-
rature, les pressions atmosphériques, les tremblements de
terre, orages, inondations, sécheresses, etc.
3° Une convocation de la Société des sciences histo-
riques et naturelles de Semur, invitant la Société à prendre
part à la grande réunion quelle tiendra à Alise le 13 sep-
tembre prochain, sous la présidence de M. Cagnat, membre
de l'Institut, professeur au Collège de France et président
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Le pro-
gramme de cette excursion est joint à la convocation.
4° Une lettre circulaire du ministre de l'Instruction
— 179 —
publique annonçant que le prochain Congrès des Sociétés
savantes s'ouvrira à Montpellier le 2 avril 1907. Des pro-
grammes de ce congrès sont tenus à la disposition des
intéressés qui devront envoyer leurs mémoires au cinquième
bureau de la direction de l'Enseignement supérieur avant
le 7 janvier 1907.
5° Une lettre de M. le supérieur du petit Séminaire
d'Autun remerciant la Société du prix accordé au cours de
sa dernière réunion à l'élève de cet établissement qui se
sera le plus distingué dans l'étude des sciences naturelles.
M. Grand'Eury, correspondant de l'Institut et professeur
honoraire à l'École des Mines de Saint-Étienne, qui assiste
à la réunion, veut bien prendre la parole pour nous entre-
tenir des recherches qu'il poursuit sur les graines fossiles
des terrains permiens et carbonifères. Ces graines abondent
dans le banc de schiste supérieur au boghead des conces-
sions de Margenne et des Thelots, et il ne paraît pas dou-
teux qu'elles doivent être rapportées aux Callipteris qui
constituent la flore fossile principale de ces gisements.
Leur structure se rapproche de celles des graines de Cyca-
dées et de Conifères, et tendrait à démontrer que les
Callipteris ne sont pas des Fougères, comme on l'a cru jus-
qu'ici, mais des végétaux d'une organisation supérieure,
de la classe des Gymnospermes. M. Orand'Eury a trouvé,
tant sur place que dans nos collections, de précieux maté-
riaux qu'il se propose d'étudier, et promet très gracieuse-
ment de réserver à nos Bulletins les prémices de ses
travaux à ce sujet, ce dont M. le président prend acte, en
remerciant M. Grand'Eury de sa très intéressante causerie.
Il est donné lecture de notes lithologiques sur les environs
de Grury et d'Issy-l'Ëvêque, que M. de Chaignon a envoyées
en s'excusant de ne pouvoir assister à la réunion.
M. le docteur Gillot donne lecture des communications
suivantes :
— 180 —
Note sur un Gui de Chêne et un Gui de Noisetier
trouvés à la Forêt, commune de Pouilloux (S.-et-L.)
Le Gui, Viscum album L., est connu dans le Charollais
sous le nom vulgaire de Livet, Lavêtche. Nous ne reviendrons
pas sur l'histoire du Gui que les légendes bien connues
ont fait classer, depuis l'antiquité, parmi les plantes
c fastes ». Il en a déjà été question, à plusieurs reprises,
dans les Bulletins de la Société d'histoire naturelle d'Autun,
et la dispersion du Gui par les oiseaux viscivores, merle,
grive, draine, etc., a été, notamment, parfaitement étudiée
par M. Gagnepain (Bull. Soc. hist. nat. Autun, X (1897), 2,
p. 146.) C'est une erreur de croire que les graines gluantes
de Gui, transportées par les oiseaux, s'implantent de pré-
férence sur les vieux arbres, à écorce crevassée. M. E.
Spalikowski qui, dans un excellent article, a résumé nos
connaissances actuelles sur « la Question du Gui » {Revue
scientifique), 4e série, t. XIX, numéro du 21 janvier 1903,
p. 144), établit, au contraire, c qu'une écorce lisse et vivace
est nécessaire pour la germination des graines ; les pluies
abondantes leur sont nuisibles en les faisant glisser de la
branche et tomber sur le sol. » On a discuté également
l'influence du Gui sur son support, et quelques observateurs,
en voyant parfois des pousses vigoureuses sur des branches
porte-gui, et en tenant compte de la teinte verte et de la
fonction chlorophyllienne persistante de ces arbrisseaux en
hiver, ont cru à une sorte de symbiose entre l'arbre et son
épiphyte, et contesté l'action nuisible de celui-ci. Mais le
phénomène signalé plus haut est dû à un arrêt momentané
de la sève montante ; le Gui est bien un parasite, et son
influence néfaste n'est pas douteuse sur les arbres dont les
branches altérées finissent par mourir. Aussi divers arrêtés
préfectoraux, notamment en Bretagne et en Normandie, où
le Gui ravage les Pommiers, en ont prescrit la destruction,
— 181 —
mais ces prescriptions sont restées, la plupart du temps,
lettre morte, non seulement à cause des difficultés de
l'opération, mais aussi à cause des préjugés anciens qui
inspirent aux paysans une sorte de respect pour le Gui,
auquel ils attribuent des propriétés médicinales ou des
vertus occultes, comme d'entraîner la mort de celui qui
arrache le Gui du chêne, etc.
Dans le Gharollais, le Gui des diverses essences est
employé en infusion pour combattre l'asthme, l'épilepsie,
les convulsions, la danse de Saint-Guy, etc. On y fait
manger le Gui de l'aubépine aux chèvres qui viennent de
mettre bas pour les faire « dégarnir ». Enfin, « à Noël, un
bouquet de Gui placé dans un appartement porterait bon-
heur et santé durant Tannée suivante, à celui qui Ta
cueilli. »
On en tire également de la glu, mais ces usages ont peu
d'importance. On a cependant tenté d'utiliser le Gui comme
plante fourragère, car, d'après les analyses de M. Gran-
dèves, le Gui renferme, suivant les essences qui le portent,
de 9 à 25 °/0 de matières azotées. C'est celui du chêne qui
en renferme le plus ; mais c'est aussi le plus rare. Le Gui
est facilement accepté par le bétail, vaches, chèvres, et ne
détermine aucun des accidents dont on Ta parfois accusé.
Les expériences récentes de MM. Ginieis et Ray, à l'École
nationale de Grignon, prouvent que sur une vache délicate
des rations fourragères de Gui, portées de 2 à 6 kilogrammes
par jour, pendant deux mois, n'ont altéré en aucune façon
la sécrétion du lait et ont même augmenté sa richesse en
beurre. {Assoc. fr. pour l'avanc1 des sciences, 34° session,
Cherbourg, 1905, p. 951). Dans les années de sécheresse
et de disette fourragère comme celle que nous subissons
cette année, la récolte du Gui pourrait donc procurer aux
cultivateurs un double avantage, celui de débarrasser leurs
arbres d'un parasite nuisible et celui de leur fournir un
fourrage peu coûteux.
— 182 —
bien que le Gui soit très commun, il croit de préférence
sur certains arbres : peupliers, pommiers, tilleuls, robi-
niers, etc., et ne se montre que rarement sur d'autres. Les
enquêtes qui ont été poursuivies depuis quelques années
sur les arbres nourriciers du Gui en ont singulièrement
augmenté la liste. On en trouvera les résultats dans la
Feuille des Jeunes Naturalistes (années 1891, 1892 et 1895,
passim), le Bulletin scientifique du Bourbonnais et du Centre
de la France (du t. VII, 1894 au t. XVII, 1904, passim), la
Revue scientifique du Limousin (de 1897 à 1902), etc. Le
nombre en atteint actuellement près d'une centaine d'arbres
ou arbustes, spontanés ou cultivés, des essences les plus
variées. Or, parmi ces supports, le Chêne et le Noisetier
restent relativement rares, et c'est une bonne fortune pour
moi que d'en avoir récemment rencontré de remarquables
spécimens dans notre région.
A propos de la découverte d'un Gui de chêne, à la
Combe-aux-Loups, commune de Toulon-sur-Arroux (Saône-
et-Loire), par mon oncle, M. François Ghassignol, insti-
tuteur à La Boulaye, le Bulletin de la Société d'histoire natu-
relle d'Autun (XVI, 1903, 2, p. 172), a rappelé les principales
découvertes du Gui de chêne déjà faites dans les dépar-
tements voisins, Côte-d'Or, Nièvre, Yonne, etc. Elles sont
peu nombreuses, et il y a toujours intérêt à signaler avec
détails les nouveaux cas qui se présentent.
Au commencement de l'année dernière, le Gui de chêne
a été retrouvé dans le département de Saône-et-Loire, i
Marcilly-lès-Buxy, dans le bois de la Creppène, où des
bûcherons en ayant aperçu un gros bouquet sur un chêne,
se sont empressés de couper la branche où était le Gui et
de l'emporter. (L'Autunois, numéro du 8 février 1905.)
C'est M. Bernard, fils d'un marchand de bois de Pouil-
loux, qui m'a signalé le Gui du chêne que je me fais un
plaisir d'offrir à la Société d'histoire naturelle, en raccom-
pagnant de cette petite note.
— 183 —
La station de la Forêt est située à environ 2 kilomètres
au sud de Pouilloux, canton de la Ouiche (Saône-et-Loire).
C'est un bosquet occupant environ 60 ares dans une dépres-
sion orientée du S.-E. au N.-O., où coule la a Raie d'An-
drée », petit ruisseau venant de Marizy, qui alimente l'étang
de Pierre-Poulain, de 12 hectares.
Le groupe des chênes est séparé d'une forêt assez vaste
par une petite terre cultivée. Les oiseaux qui se rendent
dans le bois ont là un poste de repos tout indiqué, et c'est
certainement à l'un d'eux, venant de se gorger du Oui des
vergers voisins, qu'est due l'introduction du Gui.
Le chêne porte-gui est le Quercus pedunculata. Deux de
ses voisins, au nombre de six, sont de la variété sessiliflora.
Cet arbre est âgé d'environ cinquante ans, d'une hauteur
de 15 mètres, remarquablement droit* avec une circonfé-
rence de lm50 jusqu'à la naissance des grosses branches à
6 mètres du sol.
Deux touffes de Gui se trouvaient sur le chêne ; la plus
élevée (celle que j'ai cueillie), était placée presque à la cime,
à 12 mètres de hauteur. La branche nourricière est inclinée
vers le ruisseau et se détache nettement de ses voisines.
La seconde touffe demeurée sur l'arbre est située sur
une branche ayant exactement 50 centimètres de circonfé-
rence, à environ 8 mètres du pied.
Il est à remarquer, conformément à l'opinion rappelée
plus haut, que ces deux touffes de Gui n'ont pas dû s'enra-
ciner dans une crevasse de l'écorce ; le chêne porte-gui est
plus vigoureux et plus haut que ses voisins pour la plupart
malades.
La station semble bien placée pour le repos des oiseaux
et par suite pour la dissémination du Gui, ce qui nous
explique pourquoi, à environ trois cents mètres sur le chemin
de la Forêt à Pierre-Poulain, nous en avons rencontré une
jolie touffe sur un Noisetier. C'est, je crois, la première fois
que le Gui est signalé sur cet arbre dans notre département.
— 184 —
Il est, du reste, fort rare partout, car dans une liste
dressée par B. Gaspard des arbres nourriciers du Gui,
clans le centre de la France, sur vingt-neuf espèces énumé-
rées, le pommier est le premier et le noisetier le vingt-
huitième (Revue scientifique du Limousin, VIII (1900), p. 367).
M. Guérin a signalé et figuré, dans le même recueil, un
cas de Gui croissant sur le Coudrier au Mesnil-Thébault
(Manche), et M. Strich en a vu deux autres exemples dans
le Doubs.
Notre Noisetier de la Forêt (Corylus Avellana), est âgé
d'environ vingt ans ; il mesure 24 centimètres de tour au
pied, et la branche porte-gui, très vigoureuse, a 9 centi-
mètres de circonférence. — Il est à supposer que ce Gui
provient de deux pommiers voisins qui sont couverts de
touffes identiques.
Nous devons à notre excellent ami, A. Dumoux, les pho-
tographies de ces deux Guis, dont on peut, croyons-nous,
fixer Tâge à quatorze ans environ pour celui du Chêne et à
six ans pour celui du Noisetier, la branche de chêne parais-
sant avoir vingt-deux ans et celle du coudrier dix ans,
d'après le compte des cercles annuels d'accroissement sur
la coupe de embranches.
Si le Gui du chêne est rare, de même que celui du noi-
setier, ils ne sont pas introuvables, et je me suis demandé,
en cueillant moi-même un nouveau Gui de chêne à Pouil-
loux, deux ans après que mon oncle Chassignol, de la Bou-
laye, en avait trouvé un à Toulon-sur-Arroux, si certaines
familles, peut-être descendantes des Druides, n'avaient pas
hérité de quelques dispositions particulières pour le décou-
vrir. On serait tenté de le croire, en admettant que le nom
de Chassignol vient de Cassanos, cassinoialum, au sens de
Chênaie !
Etienne CHASSIGNOL,
Instituteur adjoint à Pouilloux.
— 185 —
Notre collègue, M. Q. Ormezzano, nous a envoyé une
boite de feuilles de Tilleul desséchées, cueillies par lui, le
26 juillet dernier, sur la promenade publique de Marcigny,
avec la note suivante :
La « Grille » des Tilleuls.
Noire superbe promenade plantée de Tilleuls, à Marci-
gny, a été dévastée par l'action d'un Puceron terrible qui,
en trois semaines, a changé la verdure des feuilles en un
ton roussi, rappelant le passage du feu. Les feuilles ont
commencé par être littéralement couvertes de ce petit
puceron vert, visible même à l'œil nu, et qui s'est propagé
en quantité innombrable. Il doit se nourrir du suc de la
feuille ou de la chlorophylle, car la feuille n'est pas déchi-
quetée et mangée dans le sens du mot; elle est sucée, et,
de plus, les parties non colorées en vert, comme les brac-
tées, ne sont pas attaquées. Il ne semble pas y voir de
traces de miellat, comme dans certains cas, mais en revan-
che on voit de nombreuses Coccinelles à la chasse des
pucerons.
L'attaque s'est faite au bas des branches les plus rappro-
chées de terre; puis, chaque jour, on voyait graduellement
monter le fléau. Quelques arbres ont été complètement
roussis et n'ont pas conservé une seule feuille; d'autres, qui
semblaient avoir résisté tout d'abord, ont été atteints à
leur tour, et la marche du mal n'en a été que plus rapide.
Cependant) chez la plupart des arbres, qui sont taillés, et
dont les branches ou pousses ont trois ans d'âge, l'extré-
mité des rameaux supérieurs a conservé quelques feuilles
vertes, et, depuis le milieu d'août, malgré la continuation
de la haute température, ces feuilles n'ont pas été attaquées,
— 186 —
et, de plus, à l'extrémité de quelques branches inférieures
ont repoussé des feuilles nouvelles d'un vert tendre comme
au printemps, ce qui donne en ce moment aux arbres un
aspect bizarre.
M. Alex, cafetier à Marcigny et très observateur, se sou-
vient d'avoir vu le même phénomène se reproduire i trois
ou quatre reprises depuis quarante ans ; et les gens du pays
qui attribuent, trop exclusivement selon moi, la maladie à
la sécheresse, à l'action du soleil, l'appellent « la grille ».
Mon ami, M. Morel, directeur du laboratoire agricole de
Charlieu (Loire), auquel j'ai soumis le cas, veut bien
admettre l'action nuisible des pucerons, mais par la produc-
tion de miellat et consécutivement de la « fumagine »,
maladie cryptogamique, causée par un petit champignon,
le Capnodium Tiiix Fuck. (C. Persoonii Auct. non Berkl.),
qui ne se développe en général que sur le miellat provoqué
par les attaques d'insectes.
Le remède, dans tous les cas, serait d'empêcher, dès le
début, l'invasion des pucerons, par des pulvérisations sur
les feuilles du Tilleul avec une solution de nicotine.
Q. ORMEZZANO.
M. le Dr Oillot, qui a examiné avec soin, les feuilles
envoyées par M. Q. Ormezzano, a constaté la présence sur
leur face inférieure de nombreuses dépouilles ou cadavres
du « Puceron du Tilleul », mais sans miellée et surtout
sans traces de fumagine, facilement reoonnaissable à son
enduit noirâtre et à ses caractères microscopiques, et qui,
du reste, semble assez rare sur le Tilleul.
Il rappelle que la question de la miellée ou du miellat des
plantes a occupé à plusieurs reprises l'attention delaSooiété,
et que l'effet de la chaleur prolongée ne suffit pas à l'expli-
— 187 —
quer, puisqu'elle semble faire défaut dans le cas actuel1.
Dans un voyage récent, 24 août, i Moulins-sur-Àllier, il
a remarqué que les Tilleuls des promenades avaient perdu
leurs feuilles, comme i Marcigny, et que les feuilles tom-
bées portaient également les dépouilles des nombreux
pucerons. À Autun, rien de semblable ne s'est produit ; les
Tilleuls de nos promenades et de nos jardins ont gardé
leurs feuilles, malgré l'altération et la dessiccation d'un
grand nombre d'entre elles, mais avec un tout autre aspect
que dans le cas qui nous occupe. Il partage donc tout à fait
l'opinion de M. Ormezzano : les pucerons, en pullulant sur
certains points, ont sucé, absorbé et détruit la chlorophylle
des feuilles des Tilleuls, et déterminé leur asphyxie ; l'in-
solation continue et la chaleur qui a été rapide, excessive
et prolongée cette année depuis le commencement de
juillet, atteignant + 30* et plus, a desséché et littéralement
grillé ces feuilles et leurs parasites avant même la pro-
duction de la miellée et de ses suites habituelles. Il serait
intéressant de savoir si des observations analogues ont été
faites ailleurs. Remarquons, en outre, qu'il s'agit seule-
ment du Tilleul i larges feuilles (Tilia grandi folia Ebrh.),
le plus habituellement planté sur les avenues, les autres
espèces résistant davantage aux pucerons soit par la dureté
de leur épiderme (Tilia parvi folia Ehrh.), soit par la pré-
sence de poils feutrés i la faoe inférieure des feuilles (Tilia
argenUa DC).
I. Voy*i Butt. Soc. hiêt. nat. Autun, VU. Procès» Vertau dMaéaoo» <to 1M3,
pp. 99, 111; VIII, Procèt-V«rbaiu d» •éaaces d« 1894. p. 74; X(tS97), ï, p. Ut,
— 188 —
Recherches sur la présence de coquilles
d'huîtres et d'autres mollusques marins dans les ruines
gallo-romaines du centre de la Gaule.
Nous avons toujours été vivement frappé, en voyant
surgir, au cours de fouilles qui se pratiquaient dans les
ruines gallo-romaines, des amas parfois considérables de
coquilles d'huîtres, bien que ces ruines se trouvassent au
centre dé la Gaule ou dans des contrées souvent fort éloi-
gnées des littoraux maritimes. Nous avons réuni plusieurs
de nos observations, et ce sont ces notes dont le groupe-
ment formera le sujet de cette étude, bien susceptible d'un
plus grand développement.
Plus d'un archéologue a déjà disserté sur la présence
de ces amas de coquilles d'huitres avoisinant les ruines
des villas ou des cités gallo-romaines, véritables Kjockken-
moeddings relativement récents, qui témoignent non pas de
la satisfaction d'un appétit naturel, mais d'un raffinement
caractéristique que l'art culinaire réservait aux gourmets
tels que l'étaient ces Romains, conquérants des Gaules,
qui ont importé dans le pays des vaincus la licence des
mœurs, l'orgie, la bestialité, tels que ces vices se prati-
quaient à Rome et dans toute retendue de l'Empire.
Bien au delà de la conquête des Gaules, même aux temps
préhistoriques, les mollusques étaient recherchés, non, cette
fois, comme une contribution à l'alimentation mais comme
Un objet de parure et peut-être aussi comme une monnaie
d'échange. Une certaine quantité de bivalves percés pou-
vaient appartenir à des colliers, former des pendeloques,
des amulettes, car, dès la plus haute antiquité, comme de
nos jours, l'humble coquille marine, et même fluviatile, a
joué un rôle ethnique dans l'histoire des peuples. Beaucoup
de tribus encore sauvages s'en servent actuellement comme
— 189 —
ornementation, objet de parure, puis aussi comme d'un
moyen d'échange ; rappelons encore que les monnaies cou-
rantes des Chinois sont percées d'un trou au centre pour
être plus facilement rassemblées et conservées par ce
peuple où les pratiques comme les usages s'immobilisent
depuis de longs siècles.
Plus tard, le moyen âge a fait des coquilles un symbole
chrétien, et à ce sujet, nous renvoyons aux savantes disser-
tations de Mgr Crosnier1, de l'abbé de Martigny2, du
savant abbé Cochet, etc. 3
Temps préhistoriques.
La plupart des tribus des temps préhistoriques ont laissé,
elles aussi, des amas, parfois d'immenses dépôts de mollus-
ques, que l'on retrouve en nombre si considérable sur les
côtes du Danemark, et connus sous le nom de Kjockkenmoed-
dings (rebuts de cuisine), mais ceux-là attestent non pas le
sensualisme, mais seulement le besoin de vivre pour ces
tribus de pêcheurs ; on rencontre fréquemment dans ces
dépôts des silex ouvrés appartenant au paléolithique.
Mais rien de plus naturel que de rencontrer ces débris
de cuisine sur les littoraux. Citons maintenant les localités
du continent où des coquillages marins ont été découverts.
Dans la caverne de la Roche, à Besson, non loin de Mou-
lins, plusieurs sépultures avec silex néolithiques y ont été
découvertes. Les cadavres humains reposaient étendus,
ayant chacun une grosse pierre plate sous la tête4; la faune
a fourni des andouillers de cerf, puis des coquilles marines,
les unes appartenant au genre Purpura Lapillus, qui est
exclusivement océanique, d'autres étaient des Pectunculus
1. Iconographie chrétienne, 29 édition, Tours, Marne, 1876.
2. Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, Hachette, 1665, grand in-8*,
p. 178.
3. Normandie souterraine, Paris, Derache, 1855, p. 273-Î75.
4. Revue scientifique du Bourbonnais, VI* année, 1893, p. 74.
— 190 —
glycimeris, bivalves tout à la fois océaniques et méditerra-
néens. Ces coquilles étaient percées pour la plupart.
Dans plusieurs fonds de cabanes néolithiques explorés
par M. de Saint- Venant, en Italie ', cet archéologue y trouva
une écaille d'huître perlière, polie, qui n'a ses congénères
que dans l'océan indien. C'était bien là une importation.
Les fouilles de l'allée de F argues, dans l'Aveyron, ont
fait découvrir des croissants taillés dans la nacre de coquilles
d'huîtres, plusieurs perles en test de coquilles marines,
une dent de sanglier, des dents percées, une hache en
pierre polie. 2
Dans le dolmen de la Tascherie, près de Milhau, de
semblables pendeloques ont été trouvées, ainsi que sous
le mégalithe de Couriac, où un collier était formé de perles
de cardium. 3
M. l'abbé Poulaine a découvert une coquille percée, la
Purpura Lapillus, dans la grotte de Saint-Joseph, à Saint-
More (Yonne), ayant le Moustier pour caractéristique. 4
Une valve de Pétoncle portant un trou de suspension a
été trouvée à Laugerie-Haute, commune de Tayac (Dor-
dogne), associée aux silex gisant avec des débris de mam-
mouth, d'hyène, etc.
Dans la caverne du Trou-du-Frontal, à Furfooz, Dupont
a retiré les débris d'un vase en terre grise, de nombreux
silex taillés, divers ornements en fluorine et une très grande
quantité de coquilles bivalves, la plupart perforées. 5
Beaucoup de dolmens de France ont fourni des esquilles
et des coquilles marines.
Bien que ces coquilles si diverses, recueillies dans les
1. De Saint- Venant, Fondé de cabanes néolith., Bourges, Tardy, 1893, p. 17.
2. Matériaux pour êervir à Vhiatoire de l'homme, 1876, p. 27, ibid., p, 6, 87
et 617.
3. Matériaux, 1876, p. 517.
4. L'Homme préhistorique, 1904, mai, p. 152.
5. Salomon Reinach, Catalogue de$ antiquitia nationale* du muaéa de Saint-
Germain, p. 214.
yi&r
— 191 —
grottes, dans les cavernes ou dans les dolmens, ne semblent
avoir été utilisées que pour la parure ou comme talismans,
^ il n'en est pas moins vrai qu'elles ont été importées des
',Lr mers lointaines à une époque où les chemins étaient à
peine indiqués. C'est donc à la suite de migrations qui se
sont établies aux temps paléolithiques et néolithiques, que
ces coquilles marines ont été importées dans le pays qui
fut ensuite les Gaules, pour servir de bijoux, de talismans,
et que Ton retrouve encore assez fréquemment.
a* Il nous a paru nécessaire de citer plusieurs auteurs de
l'antiquité et des temps modernes, qui ont parlé de la
de ï grande consommation d'huîtres qui se faisait de leur temps
as en Italie comme en Gaule; nous avons avantageusement
forx: utilisé leur témoignage comme leurs descriptions.
D'après Suétone1, « les conquérants avaient l'habitude
de faire transporter l'eau de la mer dans les naumachies
de leurs cirques, où des monstres marins nageaient dans
l'eau de mer : Exhibiit et naumacliiam marina aqua in nau-
tibus bellicis. Ils pouvaient bien alors faire pour leur ventre
ce qu'ils faisaient pour leurs yeux ; gourmands comme ils
l'étaient, ces Luoullus se donnaient le luxe d'entretenir
des parcs à huîtres avec l'eau de mer, et tout porte à croire
que ces grands amas de coquilles d'huîtres que l'on trouve
dans presque toutes les ruines romaines, étaient entrete-
nues dans les villas à l'aide de l'eau de mer; du reste, les
Gaulois asservis étaient là pour faire cette besogne.
Sergius Orata fut le premier qui fit construire des réser-
voirs pour entretenir les huîtres fraîches à Baîa, où il fit
bâtir un palais. C'est là qu'il rassemblait ses amis exprès
pour y manger les huîtres qu'il y engraissait.
Vitellius en mangeait de quatre à cinq fois par jour. Les
dames romaines suivaient cet exemple.
Les huîtres les plus estimées étaient celles qui se
1. Suet. tfer., XVI, p. 313.
/>î
dé."
;s
— 192 —
péchaient à Lucrin, à Brindes, à Tarente ; Néron leur pré-
férait celles de Circé, que les fins gourmets reconnais-
saient au premier coup de dent1. Et dans leurs voyages, ils
ne manquaient pas de s'arrêter dans les lieux réputés pour
la qualité de leurs huîtres.
Pline2 dit que les gastronomes romains ne reculaient
devant aucune dépense pour faire arriver à grands frais
des poissons péchés sur les côtes d'Espagne, tels que des
scombres ou maquereaux dont le sang et les entrailles
entraient dans la composition d'une saumure appelée
gai*umy avec laquelle ils se faisaient servir des huîtres ; et
que trois litres de cette saumure coûtaient deux mille pièces
d'argent.
Manlius 3 et plusieurs auteurs ont écrit que les huîtres
subissaient les influences lunaires :
Sic submersa fretis concharura et carcere clausa,
Ad lunae partum variant animalia corpus.
Horace ajoute :
Lubrica nascentes implant conchylia lunœ. 4
Plus près de nous, un archéologue autorisé, A. Lièvre,
publiait dans la Revue archéologique un article sur plusieurs
parcs à huîtres qu'il avait remarqués en Aquitaine, pour la
culture des huîtres en eau douce. 5
Le Clerc, dans son Manuel de l'amateur d'huîtres 6,
expose que les anciens avaient, pour conserveries huîtres,
des moyens qui ne sont pas parvenus jusqu'à nous. Ils
1. Jtiv.,Ub. I, Sat. iv.
2. PI., Hiêt. nat. liber XXXI, c. 7, et lib. XXXII, cap. 6.
3. AKr., lib. II.
4. Satire du livre II.
5. Les huîtres nourries en eau douce dans l'ancienne Aquitaine. Problème d'ar-
chéologie et de zooétique. 1883. Rev. arcfe. second semestre, p. 102.
6. Paris, Palais-Royal. Galerie de Pierres, 165-186, 1828, p. 39. Rare opuscule,
planche coloriée.
— 193 —
connaissaient et employaient ces moyens. Comment Apicius
aurait-il pu envoyer ces mollusques d'Italie en Perse à
l'empereur Trajan qui s'y trouvait?
Époque gallo-romaine* — Gaule.
La présence si importante de valves d'huîtres (Ostrea)
dans la plupart des villes antiques fait supposer un grand
luxe de table que les conquérants introduisirent dans les
Gaules. Quand on retrouve dans ces nombreuses ruines les
plus beaux marbres importés d'Italie pour en orner les
temples ou leurs somptueuses demeures, on peut bien leur
prêter le luxe d'y avoir fait transporter ces huîtres fraîches
dans des récipients remplis d'eau de mer, et pouvait-il en
être autrement? Ces amas des plus considérables d'huîtres
permettent de supposer que leur consommation en était
presque générale à en juger par ce qu'il en reste, et n'y en
a-t-il point encore à découvrir?
En outre des huîtres, l'on retrouve avec elles des moules,
des clovis, des peignes ou pectens, etc.
Moulins. — La villa des Champins, fouillée par M.
Bertrand, a révélé une certaine quantité de coquilles
d'huîtres.
Yzeure. — Lors de la pose des conduites d'eau des
réservoirs de Bardon à l'asile des aliénés, les tranchées
fort profondes ont mis à découvert une quantité de débris
gallo-romains sur les hauteurs de Saint-Bonnet, tels que
vases, statuettes en terre blanche, tuiles à rebords, médailles
en bronze du haut Empire, etc.; parmi ces débris, étaient
de nombreuses coquilles d'huîtres, de grandes dimensions,
mesurant 0,92m, 0,95m et 105m de diamètre ; leur poids était
de 0,77 ,r, 114 et 160grl. Ces dimensions accusent des sujets
assurément choisis avant d'être transportés dans cette
région du centre, si éloignée du littoral.
1 . Nos collections.
S.H.N. 1906. 13
— 194 —
•
Les fouilles pratiquées il y a cinquante ans environ à
Plaisance, dans cette même commune, ont révélé de
somptueuses villas; parmi les débris de marbres, de pote-
ries, se trouvaient de nombreuses coquilles d'huîtres. Enfin,
en 1904, au cours de divers travaux nécessites pour la
plantation d'une vigne dans le voisinage immédiat de ces
antiques villas, Ton mit à découvert deux larges bassins
entièrement bétonnés et enduits d'un ciment rouge très
résistant, obtenu par la pulvérisation de briques et de mor-
tier gras. Ces bassins mesuraient environ 2m25 sur chaque
face, sur une profondeur de 0m55 environ; à en juger par
ce qui en restait, certaines parties demeurées intactes sem-
blaient de facture récente. N'était-ce point des viviers
destinés à conserver ou à nourrir, soit avec l'eau de mer
apportée, soit avec de l'eau douce, des huîtres dont les
écailles gisaient dans les ruines de ces villas.
Ghassenard. — Parmi les débris et les substructions
antiques qui abondent à Ce, des coquilles d'huîtres ont été
reconnues en assez grande quantité.
Néris. — L'on ne pouvait manquer de retrouver des
huîtres dans les ruines de l'antique cité thermale. L'abbé
Forichon a découvert lui-même avec des andouillers de cerf,
des tests de grosses tortues [Trionix], une quantité considé-
rable de coquilles d'huîtres des côtes de la Méditerranée,
dont beaucoup étaient encore fermées.
« Leur présence ici prouve une communication avec la
mer, ainsi que la rapidité de leur transport. » {
Barailon2 dit à ce sujet que les routes romaines, établies
en Bourbonnais, étaient dans un bel état d'utilisation, que
des relais de poste y étaient parfaitement établis, et qu'il
n'est pas étonnant de retrouver dans toutes les villes et dans
les villas antiques, de ces immenses dépôts d'huîtres, dont
t. Monumenti de l'antique Nirie, seconde édition, 1866, p. 115.
2. Recherchée sur pluêieure monumenti celtiquee et romaine, et $ur l'ancienne
ville de Nèriê, Paris, Dentu, 1806, in-8*.
— 195 —
les écailles forment des monceaux extraordinaires. Il ajoute
que, pour les manger bonnes, il fallait aller grand train de
Marennes, de la Rochelle, grands centres de production dé
ces mollusques dans l'antiquité, à Néris. Nous sommes loin,
de nos jours, d'être à la hauteur de ces grands consom-
mateurs d'huîtres.
La vaux- S ain te- Anne. — Dans cette commune, sur les
confins du Berry, Ton a trouvé en 1835, dans un champ de
labour appelé Rimare (Rio-Mer?) trente-cinq bivalves de
cypris denté, Dentale isocarde; nous possédons une coquille
sciée à la charnière. Ces belles coquilles avaient dû être
importées en cet endroit à l'époque de la domination
romaine.
Les moyens de transport étaient donc connus, et même
faciles, puisque dans l'étendue de la Gaule des mollusques
comestibles do plusieurs espèces s'y retrouvent parfois
en grande quantité.
Molles, près de Gusset. — Des coquilles d'huîtres ont
été recueillies dans les restes d'habitations gallo-romaines
de la Couronne. *
Hérisson. — Des coquilles d'huîtres se rencontrent
encore éparses sur le sol qui fut jadis l'antique cité gau-
loise de Cordes ; il s'en est rencontré plusieurs valves dans
les puits antiques, gisant avec les vases et les statères
en électrum au type de Philippe de Macédoine.
Vighy. — Sur tous les points de cette antique cité ther-
male, fouillés pour l'édification de la ville moderne, des
quantités de coquilles d'huîtres dont beaucoup étaient
encore fermées ont été exhumées de ce sol autrefois couvert
d'édifices grandioses et de villas somptueuses.
Les huîtres trouvées fermées indiquent certainement
qu'elles étaient entretenues dans des parcs spécialement
construits pour leur conservation. L'on serait porté à
1. Bulletin de U Société d'Émulation de l'Allier, tome XVI, 1882, planche.
— 196 —
penser que les huîtres étaient nourries dans ces viviers par
l'eau salée; comme il fallait des transports spéciaux pour
les amener dans les villes et les villas éloignées des côtes
huit ri ère s, rien ne coûtait aux Lucullus de ce temps d'y
faire transporter l'eau de la mer, qui servait déjà à la con-
servation des mollusques pendant leur voyage.
Le peu d'importance que l'on attachait à la présence de
coquilles d'huîtres dans les découvertes de matériaux
antiques, dans les fouilles, est une cause que leur présence
n'a pas toujours été signalée par les fouilleurs qui recher-
chaient tout autre chose que des écailles d'huîtres. C'est
une négligence regrettable pour le travail qui nous occupe,
car, presque partout où se trouvait un établissement romain
d'une certaine importance, les huîtres devraient s'y ren-
contrer, tant le luxe de la table était devenu exagéré.
Provinces.
Clermont-Ferrand. — Nous empruntons aux Tablettes
historiques de l'Auvergne, les indications suivantes. !
Huîtres apportées en Auvergne en grande quantité au
deuxième et au troisième siècle.
« M. Sauret a fait enlever pour le creusement de sa cave,
rue Domat, à Clermont, plus de quarante tombereaux de
coquilles d'huîtres.
» Ce dépôt coquillier avait de 15 à 20 cent, d'épaisseur; il
reposait directement sur le tuf qui sert de base à la ville de
Clermont; ce dépôt est très compact et forme un magma
assez dur. » ?
Mathieu nous fournit sur ce sujet, des détails intéressants,
que nous reproduisons. 3
1. Bouillet, Tabietteë d'Auvergne, tome IV, p. G68 et suivantes.
2. Une coupe de terrain indique la disposition et l'épaisseur exacte des couches.
3. Des colonie» et des voie» romaine» en Auvergne, mémoire où sont exposées,
d'après les documents, les origines et l'histoire primitive de la province. Clermont,
imp. de Thibaud, 1857, gr. in-8« de 560 pages.
— 197 —
« Dans le quartier où s'élevait le temple1, résidaient
vraisemblablement le collège des prêtres et le président
de la province. Le sol recelait certains indices gastrono-
miques, étrangers aux mœurs des Arvennes, mais fami-
liers aux Romains. Dans les décombres où gisaient les
matériaux dont il a été parlé, il s'est rencontré une couche
d'huîtres de dix à douze centimètres d'épaisseur, sur une
surface d'environ quatre-vingts mètres carrés2; on en avait
déjà découvert une couche semblable sous la rue del'Éclacho,
près du jardin botanique. La plupart n'avaient pas été
ouvertes.
o D'où provenaient ces amas de mollusques, sur un ter-
rain où Ton n'avait encore remarqué aucune trace de sédi-
ment neptunien? La question a été diversement agitée
dans le monde savant de la province : Grammatici certant.
Ces bivalves avaient-ils été conservés là, dans un vivier
d'eau douce, qu'on aurait convertie en eau de mer au
moyen de balles de sel ; ou bien ne serait-ce qu'un procédé
d'assainissement? car on ne pouvait pas en faire remonter
l'origine au temps où la Limagne n'offrait qu'un lac con-
temporain des volcans; c'était d'ailleurs un lac d'eau douce.
Considérée sous ce triple rapport, la difficulté n'était pas
résolue. Il fallait chercher une autre solution, et l'on ne
pouvait guère la trouver que dans l'hypothèse d'un éta-
blissement colonial.
d Les Romains, sous l'influence de l'épicuréisme popula-
risé par la verve de Lucrèce, tenaient beaucoup aux plaisirs
de la table. Ils étaient surtout friands de poissons. C'était,
chez eux, un goût inné. L'histoire le signale dès le berceau
de la Ville éternelle. Numa, pour diminuer les frais des
festins publics et privés, interdit l'usage de quelques espèces
de poissons, qu'on achetait à des prix exorbitants. Mais
1 . Celui de Wasso, dont la cathédrale occupe remplacement.
2. Ce qui donnerait un volume de prè9 de cent mètres cubes, représentant la
charge de plus de quatre-vingts chars.
— 198 —
son édit eut le sort de toutes les lois somptuaires. Les
parcs d'huîtres, les viviers se multiplièrent autour des
sept collines. Lucullus fit raser une montagne pour amener
l'eau de la mer dans un de ses réservoirs. Le grand Pom-
pée l'appelait, pour cela, Xerxès en toge. Les femmes
mêmes étaient devenues icthyopophages, et, d'après
Sénèque, elles tenaient tête, dans les festins, aux plus intré-
pides buveurs. Ce luxe de la table, que le philosophe
appelle le fléau de la terre et des mers, fut poussé si loin
qu'un surmulet se vendit neuf mille sesterces ou près de
quinze cents francs de notre monnaie. On cite un gour-
mand qui engraissait des parcs de limaçons avec du vin
cuit, de la farine et d'autres substances; et, si Védius
Pollon jetait ses esclaves à ses murènes, Hortensius en
aima une, dit-on, au point qu'il en pleura la mort. À une
autre, la fille de Drusus, Hortensia, suspendit de riches
pendants d'oreille.
» Cette sensualité révèle, dans la constitution morale de
ce peuple, une lacune importante, c'est qu'au lieu de répri-
mer les appétits sensitifs, la loi leur laissait un libre essor ;
et les grands qui s'y abandonnaient sans réserve, aidaient
ainsi à l'une des causes les plus actives de la dissolution
des empires.
» En prenant la pourpre, Vitellius fut invité à un souper,
dit Eutrope, où l'on servit deux mille poissons. Apicius ne
semblait pouvoir vivre sans l'usage journalier des squilles.
» L'huître était pour les Romains la reine des festins;
les rivages de l'Italie n'en fournirent plus assez. Les
baies et les rochers furent fouillés; Cyzique, dans le
Pont, Leptis, en Afrique, Rochester, dans la Grande-Bre-
tagne, Médoc, en Aquitaine, enfin, les côtes de la Méditer-
ranée, de l'Euxin et le littoral de l'océan gaulois, devinrent
les grands centres de production et de pêche de ces
bivalves. »
M. Mathieu établit que les voyages se faisaient très rapi-
- 199 —
dément des côtes de l'Océan, de la Méditerranée à la capi-
tale des Arvernes. Tibère, au rapport de Pline, parcourut
deux cent vingt milles en vingt-quatre heures, c'est-à-dire
bien près de trois cents kilomètres.
« Ainsi, que des turbots, des surmulets, des squilles, des
huîtres et de tous les aphrodisiaques du monde, soient
venus d'Abydas, de Leptis, de Cette ou de Médoc, orner,
dans Augusto-Nemetum, la table de n'importe quel Vibius
Avitus, il n'y a nullement matière à exclamation. Malgré
la rapidité de la course, les huîtres qui arrivaient n'étaient
toutes pas également saines, elles étaient rejetées, avec
d'autres débris, dans un lieu à l'écart, où on les retrouve
aujourd'hui.
» Sur divers points la couche d'huîtres était traversée par
des murs romains de petit appareil. Sur le banc des mol-
lusques s'étendait une couche de décombres composée de
chaux, de scories volcaniques, de tuiles brisées, puis un lit
de terres jeotisses, et par-dessus, un béton romain qui avait
dû former l'aire d'un édifice, lequel en remplaçait un plus
ancien, celui sans doute où s'était faite une si grande con-
sommation d'huîtres, et dont le dépôt serait contemporain
du premier établissement colonial, peut-être du Wasso, qui
s'élevait dans la primitive circonvallation. »
Neschers, canton de Ghampeix (Puy-de-Dôme). — Un
dépôt considérable de coquilles d'huîtres et autres mol-
lusques a été trouvé, par le curé de Neschers, avec des
haches en pierre, dans les habitations antiques creusées
dans le grès. 1
Bourgogne. — Nous savons que des amas importants
de coquilles d'huîtres ont été reconnus à Autun, à Digoin
et près des anciens thermes de Bourbon-Lancy.
En 1893, notre confrère, M. Q. Ormezzano, a pu voir
î . Bouillet, Description archéologique des monuments celtiques, romains et du
moyen âge de VAuvergne, Clermont-Ferrand, 1874, p. 170 et suiv.
— 200 —
au moment où des fouilles importantes se pratiquaient dans
cette ville, un nombre très considérable de coquilles
d'huîtres que les ouvriers retiraient du fond d'un puits
antique, avec des débris de vases rouges et autres, sta-
tuettes en terre blanche, ossements et cornes de bœuf,
divers instruments en bronze, en fer, et des médailles
romaines. 1
Saintonge. — Huîtres gallo-romaines à Saintes2. — « Nous
continuons à signaler les divers dépôts d'huîtres gallo-ro-
mains, que nous rencontrons çà et là; nous avons déjà parlé
de celles de Jarnac, III, 264-231 ; de Niort, IV, 144 ; de celles
de la rue de la Boule et du Coteau à Saintes, III, 57, 216,
264; IV, 63. Peut-être en les relevant soigneusement, Ton
arrivera à déterminer l'origine et la destination. Dans la
prairie de la Pallu à Saintes, un fossé a été creusé parallèle-
ment à la Charente, en face de la rue Reverseaux. Cette
prairie, ne l'oublions pas, est sous l'eau, aux moindres
inondations du fleuve. Or, à 60 centimètres du niveau actuel
du sol, on voit une couche peu épaisse d'huîtres qui n'ont
jamais été ouvertes. Au-dessus d'elles des cailloux, des
débris de tuiles et de briques. Elles semblent presque par-
tout reposer sur un lit de pierres très friables, que suppor-
tent des espèces de dalles en pierre d'un grain plus fin et
plus résistantes. Au-dessous, des terres rapportées mêlées
de charbons et de débris de poteries. Des murs assez épais
se rencontrent çà et là; il semble que la couche huîtrière
est circonscrite entre deux de ces murs. Ainsi, voilà un
dépôt qui est presque identique à celui de Jarnac, mais
plus régulier; le terrain de celui de Jarnac a été bouleversé.
D'autre part, si ces deux dépôts ont été sujets aux inonda-
tions de la Charente, ceux de la rue de la Boule, de Saint-
Macoux et du Coteau sont placés au sommet de la ville
1. Collections do Mgr Melin, à Moulins.
2. Bull, de la Soc. de§ Arch. de la Saintonge et de l'A unis, IV* vol., 4* Uv.,
1" octobre 1833, Saintes, Mortreuil, p. 188-189.
— 201 —
et dans une situation topographique toute différente; la
disposition de la couche est d'ailleurs la même. Si un raz
de marée a pu à la rigueur pousser quelques huîtres dans
la prairie, il n'a pu les porter sur la colline où s'élève la
ville de Saintes. D'autre part, si on admet des huîtrières,
ostrearia, pour les maisons de la haute ville, peut-on affir-
mer que cette prairie, qui est complètement submergée
souvent pendant des mois entiers, ait eu des maisons d'ha-
bitation? Faudrait-il, vu la dimension, voir là l'établisse-
ment d'un industriel, une espèce de claie, où les huîtres par-
quées attendaient l'acheteur? »
« M. A. Caillé, dans un article de la Revue archéologique
(3raa série 1,237), Une curieuse découverte géologique à Niort}
« soutient que le banc d'huîtres du quartier du Port à
Niort », d'une épaisseur assez mince et longuement con-
tinu, entre deux couches de terre de couleur foncée »,
prouve incontestablement que la mer pénétrait jadis jus-
qu'au pied des deux collines sur lesquelles la ville s'est
élevée. On a dit et même écrit que, dans le cours du
sixième siècle, elle s'en éloigna subitement pour n'y
plus revenir. Alors la Sèvre se creusa un lit, celui d'au-
jourd'hui, jusqu'à la baie de l'Aiguillon, laquelle ne serait
qu'un grand golfe séparant le pays des Pictons de celui
des Santons. » Or, ce qui n'était qu'une vérité présumée et
une théorie scientifique devient, du fait de la découverte
du banc d'huîtres du quartier du Port, une vérité maté-
rielle désormais acquise. Mais il est impossible d'expliquer
par le séjour de la mer les amas d'huîtres entières que nous
trouvons parmi des débris romains et sur la colline qui
portait et porte la ville de Saintes. »
Vendée.
Jarnac. — Les Huîtres. — La station des Grandes Mai-
sons contenait, à 0m75 de profondeur, une couche d'huîtres
dont il ne fut pas possible de reconnaître l'étendue, mais
— Î02 —
qui n'avait pas moins de 200m superficiels ; tous les sujets
étaient adultes et avaient conservé leurs deux valves, le
tout reposait sur une couche de 0*30 de terre argileuse
rapportée.
Des observations analogues avaient été déjà faites en
divers lieux, à Bordeaux, Saintes, Avranches, Poitiers,
Glermont, etc. Aucune explication satisfaisante n'avait été
donnée à ce sujet. Lièvre propose d'y voir des fonds de
réservoirs destinés à nourrir ou, tout au moins, à conser-
ver des huîtres, soit dans de l'eau de mer apportée à cet
effet, soit dans de l'eau douce artificiellement préparée. '
Vitry-le-François. — Dans la nécropole de Scrupt, Ton
y a trouvé une quantité de coquillages (porcelaines), mélan-
gés aux débris gallo-romains, datés par des médailles
d'Auguste. 2
Nîmes. — J. Ganonge 3 raconte qu'en fouillant près de
la fontaine de Nimes, à l'extrémité occidentale de la grande
allée, il y a découvert une quantité de débris de poteries
rouges, noires, des amphores, des amas de cendres, de
charbons, des ossements calcinés, puis des rebuts de cui-
sine, une notable quantité de coquilles d'huîtres, déposées
en amas avec des débris d'ossements de bœufs.
Puis, fouillant dans la direction de la Tour-Magne, il
retrouva ces mêmes amas de coquilles d'huitres mélangés
à d'autres coquillages marins, comestibles, avec les mêmes
vases en terre rouge ornés, dont l'un portait l'estampille
de son fabricant : perse vs.
Dieppe. — A Neuville, les fouilles pratiquées à la Mala-
drerie, en 1845, par le savant abbé Cochet, mirent à décou-
vert de nombreuses antiquités gallo-romaines, notamment
1. Chauret G., n" à Raffec, Notice êur Lièvre, Angouléme, imp. Chasseignae,
1900, p. 17.
2. Congréê archéologique de France, XII* session, session de Chalons-sur* Marne,
1856, p. 57.
3. L'Art en Province, tome VII, Moulins, Desrosiers, 1843, in-4% p. 105-107.
— 203 —
des meules, des vases, des tuiles à rebords, des bronzes,
des ossements d'animaux, des arêtes de poissons, des
coquilles d'huîtres dont la plupart étaient encore fermées,
des moules, des patelles, etc. 1
La Balme. — Dans les tombeaux francs-mérovingiens
de la Balme, près la Roche-en-Faucigny, M. Oasse a décou-
vert avec des fibules, des vases, beaucoup de coquilles, dont
plusieurs étaient percées, notamment le Pecten et VEulima
glaberrina.
Le fait était unique en Suisse, quand dans la tombe
d'une femme se trouvèrent des morceaux de corail rouge
et une coquille marine de l'Océan indien (Cyprea Tigris) 2.
Viollet-le-Duc donne ainsi la définition du couteau à
huîtres ; nous la reproduisons in-extenso, car elle vient à
l'appui de notre thèse.
« Les couteaux à huîtres sont également une invention
très ancienne. Nos aïeux, les Gaulois, étaient très grands
mangeurs d'huîtres, car on retrouve des écailles de ce
coquillage en grande quantité dans les tombeaux et les traces
d'habitations antérieurs à la conquête romaine, sur toutes
les côtes de la Manche, et jusque dans le voisinage de Paris.
» Pendant tout le moyen âge on fabriquait de ces cou-
teaux. »3
Pays étrangers.
Buenos-Ayres. — On constate aussi la présence de
coquilles d'huîtres dans les sépultures néolithiques des
Pampas de la province de Buenos-Ayres.
Le Olyptodon gisait avec ces huitres et des débris
humains. 4
1. A. Cochet, Normandie souterraine, 1855, p. 74 et 83; Notice sur les fouillée
exécutées à Neuville-le-Pollet. Rouen, Peron, 1845.
2. Notice sur d'anciens cimetières trouvés en Savoie et dans le canton de Genève,
1857.
3. Viollet-le-Duc. Dictionnaire du mobilier français, tome II, p. 79.
4. Mu de Nadaillac, l'Amérique préhistorique, Paris, Masson, 1883, gr. in-8*,
p. 480.
— 204 —
Iowa. — Déjà, aux temps de la préhistoire, on découvrit
que des coquilles trouvées sous un mound à Toolesbora,
pays de Iowa, provenaient de l'Amérique du Sud, c'est-à-
dire à une distance immense. 1
Venezuela. — Dans les cerritos (lieux de sépulture du
Venezuela), M. M arc an o a observé une quantité considé-
rable de mollusques marins, fluviatiles et terrestres. Dans
les cerritos de Santa-Cruz, ils ont été déterminés par
M. Fischer, qui a reconnu parmi ces coquilles :
Marines : Triton, Strombus, Cypraa, Lucina, Oliva, Fis-
surella, Nerita.
Fluviatiles : Pachychilus, Planorbis, A m pull aria.
Terrestres : Bulimes, Strophia. 2
L'auteur suppose que ces coquilles marines étaient des
ornements, et les autres comme étant destinées à l'ali-
mentation, quoique le Strophia ait dû être rapporté des
Antilles.
Pérou. — Les fouilles pratiquées dans la nécropole de
Callao, au Pérou, par la commission française chargée de
cette mission, ont fait découvrir parmi les vases à têtes
humaines, les bijoux, les fuseaux, les fusaîoles, les vête-
ments, les étoffes qui enveloppaient les momies, des
coquilles bivalves d'origine océanienne sciées à la char-
nière. 3
. Cet exposé formé de faits recueillis au hasard, de lec-
tures diverses et de fouilles pratiquées sur notre vieux sol,
ne forme qu'un ensemble bien incomplet, mais susceptible
d'être augmenté.
Deux problèmes ardus ont surgi : comment pouvait s'ef-
fectuer le transport d'huîtres vivantes à d'aussi grandes
distances, et quels étaient aussi les moyens employés pour
1. American An tiguartan, 1879.
t. Mémoires de (a Société d'anthropologie de Pàriê, tome IV, C« série, 1S89,
p. 11.
S. Nos collections.
Fouilles aseidit-cH de Saxifraga ciliata Wall.
— 205 —
les entretenir? C'est ce que pourra peut-être nous appren-
dre un jour la découverte de textes inconnus. Cette révé-
lation nous apprendra plus intimement une particularité à
peine connue de la vie privée de nos aïeux:
Moulins, 18 août 1906.
Francis PÊROT.
M. le Dr X. Gillot fait la communication suivante :
Notes de tératologie végétale
(Suite).
VII. — Ascidies foliaires des Saxifrages.
En collaboration avec M. Jules Maheu.
Les Saxifrages du groupe Megasea, notamment le Saxi-
frage crassifolia L. et le S.' ci lia ta Wall., de l'Himalaya,
très fréquemment cultivés dans les jardins, présentent
souvent des déformations foliaires en cornets, ou ascidies,
qui ont attiré depuis longtemps l'attention des botanistes.
Ces anomalies desphyllomes que M. Casimir de Candolle
a récemment étudiées sous le nom d'épiascidies basilaires,
sont assez fréquentes et ont été rencontrées dans des
plantes appartenant à des familles bien différentes : sur
Pisum sativum, par de Candolle; Laihyrus tuberosus> par
Dutailly; Vicia sepium, par W. Russel; Trifolium pratense,
par L. Blaringhem; Staphylea pinnata, par Lachmann;
Spinacia o 1er ace a, par de Lanessan ; Ficus elastica, Prunus
Lauro-CerasuSj Fraxinus excelsior, Juglans regia, Tecoma
grandiflora, diverses Orchidées exotiques, Masdevalia fra-
granSj Masdevalia Lindeni^ Acanthephippium bicolor, par
Casimir de Candolle, et par le même auteur, sur des pétales
de Potentilla fruticosa, au total sur plus de quarante espèces
— 206 —
différentes1. On les a observées également sur les Gra-
minées, en particulier le Maïs dont les gaines des feuilles
se soudent en cornet et prennent une apparence spathi-
forme (H. de Vriès, L. Blaringhem). Dans une curieuse
anomalie, récemment observée, une feuille de Tradescantia
viridis complètement tubulée par la soudure de ses bords,
renfermait et cachait le bourgeon terminal (A. Guebhard).
Les feuilles ascidiformes ne sont pas rares sur les repousses
des arbres coupés au ras du sol, Corylus, Acer, TYiia,
Fraœinus, et, à l'automne dernier, M. E. Château, insti-
tuteur, nous en a communiqué de beaux spécimens récoltés
sur des repousses vigoureuses de Tilleul, dans le jardin de
l'école de Marcigny (Saône-et-Loire), occupant la moitié
du limbe de la feuille absolument cyathiforme. Je laisse
de côté les ascidies des choux, particulièrement fréquentes,
dont nous avons cité et figuré nous -même de beaux
exemples2 et dont nous avons encore observé, au mois de
juillet 1905 dans un jardin des environs d'Autun, sur une
jeune feuille de chou à moelle, un spécimen dont le cornet,
régulièrement conformé, mesurait 0m08 de longueur avec
un orifice oblique de 0m05 de diamètre.
Il nous a été donné d'observer à plusieurs reprises de
nombreux pieds de Saxifraga (Megasea) crassifolia L. et de
S. ciliata Wallr., de différentes provenances et atteintes
d'anomalies du phyllome à tous les degrés, depuis les
simples expansions foliacées de la nervure médiane jusqu'à
l'épiascidie basilaire la plus complète.
1. A. -P. de Candolle, Org&nog. végét., I, p. 316; Dutailly, Bull. Soc. Lfrtn.,
1879, p. 25; W. Rnssell, Étude des folioles anormales de Vicia, sepium, dans
Rev. gén. de Bot., III, 1890, p. 481; Lachmann, Note sur les folioles ascidiées
d'un Staphylea pinnala, dans Bail. Soc. bot. Lyon., 1886; de Lannessan, Bull.
Soc. Linn.% 1876, p. 71 ; C. de Candolle, Étude sur les hypoascidies du Ficus,
dans Bull. herb. Boissier, 2* série, 1902, p. 753; Observations têratologiques , dans
Bull, travaux de la Soc. bot. de Genève, XI, 1904; Monstruosité taxinomique sur
une feuille d'Orchidée, dans Bull. herb. Boissier, V, 1905, p. 1191.
2. D' X. Glllot, Notes têratologiques. Ascidie du Chou-fleur, dans Bull. Soc.
hist. nat. d'Autun, XVII, 1904, 2. p. 35.
— 207 —
M. Château, instituteur à Bourg-le-Comte (Saône-et-
Loire), nous a envoyé, à plusieurs reprises, des feuilles
anormales, cueillies dans son jardin, en nous faisant savoir
que, depuis plusieurs années, il observe sur les mêmes
pieds, et sur de nombreuses feuilles, ces déformations
cupulées à des degrés divers, et en toutes saisons. Il
ajoute que son ami, M. Q. Ormezzano, constate le même
phénomène dans tous les jardins de Marcigny (Saône-et-
Loire); il pourrait, au besoin, dit-il, fournir une « brassée »
de ces feuilles.
Peu après, M. G. Marchai, instituteur au Greusot (Saône-
et-Loire), ayant eu connaissance du fait, nous a envoyé
également de nombreux et beaux cas de ces anomalies
foliaires recueillies dans son jardin sur la même espèce de
Saxifrage.
Nous avons observé les mêmes faits sur le S. ci lia ta, à
Chalon-sur-Saône, et sur des pieds de S. crassifolia, récoltés
à Autun et dans le jardin de l'École de Pharmacie de Paris.
Nous les avons signalés dès Tannée 1903, nous réservant
d'en faire l'objet d'une note ultérieure, dès que nous serions
en mesure de faire connaître les résultats de leur étude
anatomique. Ce travail a été exécuté par M. J. Maheu, au
laboratoire de botanique de l'École supérieure de Paris, et
publié dans le Journal de botanique, dirigé par M. L. Morot *.
Depuis l'impression de ce travail, quelques faits nouveaux
étant venus compléter nos connaissances sur ce sujet, il
nous a paru opportun d'en tenir compte dans cet article
qui est, pour ainsi dire, une seconde édition du précédent.
Dans les cas les plus prononcés, où la plupart des feuilles
sont transformées en ascidies, celles-ci rentrent, d'après la
classification de Morren 2, dans la catégorie de celles résul-
1. Jacques Maheu et D* X. Gillot, Étude morphologique et histologique de$
ascidieê de Saxifrages, dans Journal de botanique, XIX, n* 2, février 1905,
pp. 27-39.
2. Morren, Bull. Ac. Roy. Bruxelles, 1852, t. XIX, p. 437.
— 208 —
tant de l'union des bords d'une seule feuille et non de la
soudure de plusieurs.
Dans les cas les plus prononcés, le limbe de la feuille
présente, à sa base et à sa face inférieure, un repli avec
une soudure de ses bords en cornet profond. La soudure
paraît complète, sans traces internes, et le tissu de la feuile
semble normal, quant à l'apparence extérieure. Les men-
surations prises sur un grand nombre de feuilles nous ont
donné les proportions suivantes, très variables, comme on
peut le voir :
Longueur du limbe
foliaire
Largeur du limbe
foliaire
Profondeur de
l'ascidie
0-07
0-045
0-04
0Bil
0-08
0-03
0-065
0-05
0-035
0B035
0-035
0-015
0-075
0-07
0-045
0m065
0-035
0-032
0m095
0-07
0-045
0-075
0-05
0-018
0-075
0-045
0-02
0-05
0-05
0-018
0n08
0-045
0-04
0-04
0-05
0-012
0"04
0-038
0-026
0m07
0-055
0-03
0m06
0-055
0-02
0-095
0-08
0-04
0-05
0-05
0-03
0»14
0-09
0-02
0»ii
0-08
0-05
0"12
0-095
0-04
0m06
0-055
0-015
0-06
0-05
0-025
0-16
0-12
0-05
— 219 -
oeaux libéro-ligneux existent en cercle concentrique, tans
formations intermédullaires, ces dernières n'apparaissant
dans la moelle qu'au-dessous des premières pièces accès*
soires de la tige et d'origine foliaire qui viennent s'insérer
sur la bampe florale.
On peut interpréter de diverses manières les dispositifs
que nous venons de passer en revue.
Considérations générale*.
On a donné différentes interprétations de ces cas térato-
logiques, aussi bien chez d'autres plantes asoidifères que
chez les Saxifrages.
William M asters1, qui a figuré des ascidies de Pêlargo»
nium, tout à fait conformes à celles de nos 8ax if rages, y
voit plutôt une dilatation du pétiole qu'une soudure ou
coalescence des bords de la feuille. « Il n'est pas toujours
facile, dit-il, de reconnaître l'origine et la vraie nature
d'une ascidie, car la nervation est souvent obscure ; si la
nervation médiane seule est bien marquée, il est probable
que la cause est due i une soudure des bords de la feuille ;
mais si les veines sont toutes égales et rayonnent d'un
centre commun, la formation en poche est probablement
due i la dilatation et à la dépression du pétiole. En outre,
quand l'ascidie résulte de la soudure des bords de la feuille,
elle est en général moins régulière que quand elle est
formée par l'expansion infundibuli forme du sommet du
pétiole. »
On a invoqué, pour expliquer l'origine de ces anoma-
lies, tantôt la culture et l'excès de nutrition, tantôt l'inter-
vention d'insectes, comme Russel a pu le constater pour la
Vescc.*
I. Muter», VêffêUbU Urêtotoçy, IM9, p. 3IJ-3U.
?. W. RomcII, £tud* «fiAlomi'fM <f*ua* ëêcidi* de Veêct. (fUvod générale <J«
fcoUoJqt». II. 1190, p. 411.)
— 210 —
Dans un cas unique, nous avons observé deux cornets
épiphylles voisins; l'un des trois cordons libéro-ligneux de
la nervure médiane se sépare des voisins, se bifurque, et
chacune des nouvelles branches résultantes s'irradie dans
une des ascidies.
La forme de ces dernières ne diffère guère de celles
précédemment décrites. Elles comprennent deux parties
évasées munies d'un large pied ; la première mesure 0™02
Fio. b. — A. B. Folioles surnuméraires provenant de la prolifération tics nemuea.
— D. Une dea folioles 1res grossie. — C. Àvorteraent du limbe, épanouissement
n minuscules folioles anormales E.
de diamètre, la seconde 0m01i ; toutes deux, sensiblement
de même hauteur, atteignent 0,u023.
Quelques-unes des plus petites feuilles présentent de
minuscules folioles, résultant d'une prolifération locale des
faisceaux libéro-ligneux, organes surnuméraires rappelant
ceux décrits par M. Perrot1 chez VAristoloekia Sipho. Ces
productions prennent naissance dans le bourgeon foliaire
de la façon suivante. Plusieurs poils voisins, situés de part
— 211 —
et d'autre d'un cordon libéro-ligneux, se rencontrent et se
soudent ; il en résulte un petit entonnoir d'abord sessile sur
le bord de la feuille. La soudure s'accentuant tandis que
l'arc libéro-ligneux se développe, les éléments parenchy-
mateux entourant ce dernier s'écrasent, s'oblitèrent et
meurent; le faisceau libéro-ligneux, assez fort pour résister
à cette pression en collier, continue à pousser en entraî-
nant au dehors, tout en la pétiolant, la minuscule ascidie
secondaire ainsi formée.
La dégénérescence de la feuille peut encore s'accentuer,
le pétiole primitif se divisant en autant de pétioles secon-
daires, terminés par une petite feuille de 2 à 3 millimètres,
qu'il y a de nervures médianes formées par les 3 ou
4 groupes de faisceaux libéro-ligneux.
La même déformation (avortement de la feuille) s'ob-
serve sans séparation des cordons cribro-vasculaires dans
toute leur longueur.
Dans quelques cas, le pétiole a subi un aplatissement qui
lui donne un aspect fascié; il présente les trois cordons
libéro-ligneux en saillie et l'organe prend en coupe un
aspect trilobé. Chaque faisceau libéro-ligneux est alors
concentrique, le liber entourant complètement le bois, et
la dislocation n'a lieu qu'à l'insertion de l'ascidie.
Guebhard1 a décrit une autre forme nettement atro-
phique, très apparemment pathologique, consistant dans un
arrêt de développement presque immédiat du pétiole
rabougri, contorsionné, réduit à un rudiment de grosse
côte, de 3 ou 4 centimètres au lieu de 30 ou 40, bordé, en
guise de limbe, de petites frisures de quelques millimètres,
à peine confluentes, souvent éparses et roulées en minus-
cules cornets.
Enfin M. G. de Candolle2 signale une monstruosité con-
comitante qui s'est produite, à Genève, en grande quantité
1. Loe. cit.
2. Obierv. tèr&tol., p. 8.
— 212 —
en 1904. a Elle consiste en ce que le limbe de la feuille de
S. crassifolia porte sur sa face dorsale une ou plusieurs
petites ascidies basilaires insérées un peu au-dessous de
son bord supérieur. Elles sont pourvues de pétiolules plus
ou moins longs, orientés comme le limbe, et leur nombre
est très variable d'une feuille à l'autre. Elles correspondent
à autant de cas de ramification faciale homotrope. Leur
présence n'exclut d'ailleurs nullement celle des anomalies
de la face ventrale dont il a été question ci-dessus. En
outre, le limbe des feuilles ayant de ces ascidies dorsales
est presque toujours garni sur ses bords de petits lobes
longs de quelques millimètres, ovales ou arrondis. Ceux-ci
constituent encore une autre anomalie pour cette espèce,
car ses feuilles normales ont un limbe entier, muni seule-
ment sur ses bords de très petites dents qui existent d'ail-
leurs aussi sur le bord des épiascidies dorsales et des lobes
qui les accompagnent ordinairement. La structure de ces
lobes et leur position sur le bord du limbe méritent de
fixer l'attention. Ils sont, en effet, fort souvent insérés un
peu en retrait du bord, du côté de la face dorsale du limbe.
Or, dans ce cas, beaucoup d'entre eux sont plus ou moins
transformés en épiascidies basilaires par la présence d'un
mince bourrelet formant en travers de leur base un pro-
longement du bord du limbe. Ils ont ainsi l'air d'être des
épiascidies dorsales en voie de formation, et il semble pro-
bable que c'est de cette manière que celles-ci prennent
naissance sur le primorde de la feuille. »
L'origine et la cause de ces phénomènes tératologiques
ayant été fort discutées et diversement expliquées, il était
nécessaire d'en chercher l'interprétation, si possible, dans
les données anatomiques.
— 213 —
Élude hlstologlque.
Examen d'une feuille normale. — Dans les .S. crauifolia '
et S. ci lia ta, le pétiole est parcouru par un grand nombre
de faisceaux foliaires, ceux de la périphérie rangés sur une
7
Kio. G. — 1 a 7, Cou pet tran%Tcr**I<M de l'atci'lic (aHet fie haut en bat. ■ebema*
mootrmnt U diapoaitioo dee taUccaux libéro~UfDcux de U oenrure. — I, ooope
du pétiole.
circonférence, les centraux, souvent en fer à cheval dis-
posés sans ordre et présentant une tendance à devenir
concentriques.
I. Petit, le fVtiofe dee Oicefyfedone*. (Tbèee doct. ec.. 1U7. p. loî )
— 214 —
L'épiderme de la feuille est formé de cellules régulières,
recouvrant un mésophylle bifacial présentant trois rangs de
cellules en palissade et un petit nombre de cellules formant
un parenchyme lacuneux. !
Feuilles ascidiées. — Les coupes pratiquées à la base du
pétiole sont circulaires, formées par un tissu parenchyma-
teux très lacuneux.
L'épiderme est loin de présenter la régularité des cellules
normales; quelques-unes diffèrent par leurs dimensions
plus grandes, mais le plus souvent elles sont étirées tan-
gentiellement, dédoublées par des cloisons radiales ou
t ange nti elles.
Ce qui frappe, c'est la structure pétiolaire que nous
observons jusque dans la nervure médiane; les formations
libéro-ligneuses sont disposées comme dans les types nor-
maux, mais les faisceaux centraux sont plus petits, recourbés
en fer à cheval, parfois concentriques (bois entouré com-
plètement par le liber), ce qui est ici une exagération de ce
que l'on observe normalement chez les S. serrata et S. sar-
mentosa.
Les faisceaux cheminant dans le pétiole se disloquent en
fragments dont la pointe du bois converge en un point
commun, représentant le centre du faisceau circulaire
avant sa séparation.
A mesure que les coupes du pétiole se rapprochent de
l'insertion du tube de l'ascidie, elles cessent d'être circu-
laires; l'organe, subissant une sorte d'étirement suivant un
de ses diamètres, devient peu à peu elliptique, quelques
faisceaux subsistent seuls dans la nervure centrale, les
autres s'écartent latéralement, tournent leur liber vers
Tépiderme, et c'est au milieu d'eux que le ou les vides de
l'ascidie, simple ou double, prendront un peu plus haut
naissance.
1. A. Engler, Monographie der Qattung Saxifraga L. mit beiondever Berûck-
êichtigung der geographiachen VerhmUniaae (Breslau, 1872).
— 215 —
L'ascidie peut donc être considérée comme une feuille
longuement pétiotée, dont le limbe, peu développé, ne
présentant plus qu'une rangée de cellules palissadiques à
l'intérieur du cornet, offre des nervures ooa-
lescentes entre elles ; sa structure correspond
à celle d'une feuille peltée, et non à une
feuille enroulée et dont les bords sont sou-
dés; il n'existe, en effet, aucune trace de
soudure des bords du limbe.
Ascidie épiphylle. — Le pétiole présente
ici la disposition précédemment observée;
l'un des trois cordons libéro-ligneux pénètre
dans l'ascidie où il envoie des ramifications
dans toute la région foliacée de l'ascidie.
Le parenchyme compris entre ces nervures
est tout à fait normal.
Par sa structure et sa disposition, cette
déformation représente une feuille enroulée
sur elle-même, avec folioles surnuméraires,
désignées par Masters sous le nom d'ena-
tion, et résultant du dédoublement de la
feuille normale.
Tiges souterraine et aérienne. — On sait
que les Saxifrages sont des plantes herba-
cées à souche souterraine, à feuilles isolées
et disposées en rosette à la base de la tige très réduite.
La coupe d'une plante normale présente des faisceaux
libéro-ligneux plus ou moins isolés, et, à la périphérie de
la moelle, des formations anormales signalées dans quel-
ques espèces par Thouvenin ' , et présentant un liber
central entouré par le bois concentrique.
La structure anormale des faisceaux à trajet médullaire
Schéma montrant
la marche des
faisceaux libéro-
ligneux dans ta
lige du Stxi-
fragn ciliata.
« Sëxlfngte*. (Ann. Se.
— 216 —
semble résulter de la concressence des divers systèmes con-
ducteurs de la tige. La pression de la gaine des feuilles
ayant été encore plus considérable pour nos échantillons
déformés que pour les types normaux, l'anomalie semble
de ce fait augmenter.
Le trajet de ces faisceaux n'ayant pas été établi, il nous
a semblé intéressant d'exposer ici le résultat de nos
recherches.
■*!?
'♦
vCl
Fig. 8. — Schémas montrant la disposition des faisceaux libéro-ligneux et des
traces foliaires dans la tige (de haut [n* 11 en bas [n° 9].)
En étudiant la marche des faisceaux dans l'espace, par
un grand nombre de coupes en série, nous verrons tous les
faisceaux provenant d'une insertion foliaire précédente,
que nous considérerons momentanément comme cercle
normal, repoussés dans la moelle par ceux de l'insertion
suivante provenant des parties accessoires de la tige, et
auxquels nous conserverons ici la valeur de faisceaux
foliaires.
— 217 —
Après un parcours plus ou moins prolongé, les faisceaux
primitivement repoussés dans la moelle se rapprochent de
la périphérie et viennent s'intercaler entre ceux qui les
avaient précédemment refoulés.
Col, dans son travail sur les faisceaux médullaires !, avait
prévu le cas où ces derniers rejoindraient le cercle normal
périphérique, sans en avoir rencontré d'exemple ; la lacune
est désormais comblée.
D'une fagon générale, le type de la marche des faisceaux
médullaires dans les Saxifrages tient le milieu entre ceux
que présentent les Pipéraeées et les Campanulacées.
La disposition concentrique du bois augmente en des-
cendant dans la moelle, résultat d'une prolifération laté-
rale du cambium. Sur quel-
ques-uns des faisceaux médul- £\ \SX\ ' (*)\ \èk)*
laires, le cambium s'allonge *"j \^J) \ J \f^I \
latéralement, contourne le * ■ g ,
liber en donnant du bois ex- F». 9. — Pomuttoo <ie» faisceaut
terne et du liber interne, 1 arc qoM ^ prolliiimllail uxénU dll
ligneUX acquiert ainsi Une cambium. — 6. boit; e, c*mbiom ;
Tonne en croissant, dont les * «*■■*■'•« *• «• «"™>
branches entourent le cône libérien, surmonté de son péri-
cycle oollenchymateux. Plus l'on descend dans la tige, plus
la prolifération latérale des cellules du cambium augmente,
le liber devient cordiforme, lïlot de collenchyme pénétrant
ce dernier comme une sorte de coin.
Le phénomène s'accentuant, l'ilot anormal présente
autour du péricycle oollenchymateux, devenu central, les
éléments libériens, entourés eux-mêmes complètement par
le bois légèrement excentrique.
En dessous de la dernière insertion foliaire, l'arc nor-
mal présente le type ordinaire des Dicotylédones; toutefois
1 . Col, Sur tes nUitonê d*ê fûi*c—ux méduttêirm m dm fêiêcmuM dàiê êumu-
lm fMinnmw mmtumx. (J«m*l 4« bouolqw. 1. XVI. lit;.)
- 216 -
semble résulter de la concressence f> . A nous avons oons-
ducteurs de la tige. La pressi-- , >iaeot d'origine pri-
ayant été encore plus cons* '
déformés que
de ce fait aut '"e°
Le trajet d
a semblé in
recherches. "J1
Fia. 10. — Coups transversale de 1» soaohe d'un échantillon asoidié faite bien am-
dessous de la dernière insertion foliaire, montrant le bols primaire sépare du
oambium par du parenchyme, (ait dû i l'arrêt da développement normal de m
dernier, n'ajant pu donné de bois secondaire,
Co, oollonchymo ; L, liber; C, camblum -, P, parenchyme; 0, oxalate de coaui;
V, vaisseaux ligneux; B, bols primaire.
maire, séparés du cambium par du parenchyme normal
(fig. 10).
Pédoncule ftorai. — Dans le pédoncule floral, les fais-
— 219 -
ceaux libéro-ligneux existent en cercle concentrique, sans
formations intermédullaires, ces dernières n'apparaissant
dans la moelle qu'au-dessous des premières pièces acces-
soires de la tige et d'origine foliaire qui viennent s'insérer
sur la hampe florale.
On peut interpréter de diverses manières les dispositifs
que nous venons de passer en revue.
Considérations générales.
On a donné différentes interprétations de ces cas térato-
logiques, aussi bien chez d'autres plantes ascidifères que
chez les Saxifrages.
William M asters1, qui a figuré des ascidies de Pelargo-
niumy tout à fait conformes à celles de nos Saxifrages, y
voit plutôt une dilatation du pétiole qu'une soudure ou
coalescence des bords de la feuille. « Il n'est pas toujours
facile, dit-il, de reconnaître l'origine et la vraie nature
d'une ascidie, car la nervation est souvent obscure ; si la
nervation médiane seule est bien marquée, il est probable
que la cause est due à une soudure des bords de la feuille ;
mais si les veines sont toutes égales et rayonnent d'un
centre commun, la formation en poche est probablement
due à la dilatation et à la dépression du pétiole. En outre,
quand l'ascidie résulte de la soudure des bords de la feuille,
elle est en général moins régulière que quand elle est
formée par l'expansion infundibuliforme du sommet du
pétiole. »
On a invoqué, pour expliquer l'origine de ces anoma-
lies, tantôt la culture et l'excès de nutrition, tantôt l'inter-
vention d'insectes, comme Russel a pu le constater pour la
Vesce. 2
t. Masters, Vegetable teralology, 1869, p. 313-314.
2. W. Russell, Étude anatomique d'une ascidie de Veace. (Revue générale de
botanique, II, 1890, p. 481.)
— 220 —
M. A. Guebhard1, qui a déjà émis à propos des parti-
tions anormales de la fronde de certaines fougères une
opinion analogue, et en contradiction avec celle de la plu-
part des ptéridologues, est disposé à admettre une influence
traumatique. « Si l'on considère, dit-il, qu'une ou deux
feuilles seulement, sur la touffe la plus luxuriante, offrent
ces déformations, l'évidence appert d'une cause nullement
intrinsèque, physiologique, spontanée, mais externe, patho-
logique, accidentelle; lésion primitive, peut-être micros-
copique, mais sûrement épi et non endogénique, ayant dis-
turbé Tordre ordinaire du développement, et dirigé vers
des formes inhabituelles les groupements cellulaires, loca-
lement dérangés, mais inéluctablement soumis à certaines
lois physiques de la végétation. » Outre le vague de cette
hypothèse, elle n'est pas conforme à la réalité des faits,
car nous avons pu voir des pieds vigoureux de Saxifrages
où la plupart des feuilles étaient atteintes d'anomalies à
des degrés variés, et cela non seulement sur les dernières
feuilles des pousses annuelles, comme le dit de son côté
M. C. de Candolle, mais, également sur des feuilles primor-
diales ou échelonnées le long de la tige. Nous croyons
cependant que ces déformations des phyllomes correspon-
dent à des phases déterminées de la végétation de la
plante, comme l'a également avancé M. Tammes, d'après
ses observations au jardin botanique de Gromingen, mais
qu'elles sont liées surtout aux influences climatériques et
écologiques qui en activent plus ou moins le développement,
et nous avons également observé, ainsi que nos collabora-
teurs MM. Marchai, Château, etc., et comme le docteur
Luigi Montemartini, de Pavie, que ces anomalies très fré-
quentes à certaines années ne se reproduisaient pas ou
devenaient tout au moins fort rares l'année suivante. Mais
l'auteur précité, qui a étudié ce phénomène à l'Institut
1. Loc. cit.
— 221 —
botanique de Pavie, semble tout disposé à lui attribuer une
cause parasitaire et à la trouver dans la présence de petits
Acares abondants en 1903 sur les feuilles ascidifères des
Saxifrages, et seulement au fond des ascidies, et qui
Tannée suivante avaient disparu en même temps que les
altérations foliaires ne s'étaient pas reproduites. 1
Cette opinion nous paraît loin d'être prouvée, la présence
des insectes pouvant être toute fortuite ou due également
aux influences do température, et pas plus que MM. Mar-
chai et Château, cécidiologistes expérimentés, nous n'avons
trouvé, malgré des recherches répétées et minutieuses, de
vestiges entomologiques ni sur les feuilles, ni dans les
cavités tératologiques.
Il nous parait plus probable de penser que la déforma-
tion ascidiforme des feuilles est en rapport avec l'énergie
plus ou moins active de la végétation, suivant les saisons
et les années, d'où le tassement plus ou moins prononcé
des feuilles sur l'axe végétatif, et compression dans la
gaine préfoliaire, de sorte que la jeune feuille, gênée dans
l'expansion de son limbe, devient peltée par épanouisse-
ment vasculaire du pétiole.
Le pétiole de la feuille en formation se développe sur le
dos et jusqu'au sommet de la gaine, laquelle est insérée
dans celle de la feuille précédente. Si la gaine envelop-
pante est fendue dans toute sa longueur, la jeune feuille
peut sortir librement, elle est donc normale. Mais il arrive
que l'extrémité de la gaine de la feuille ancienne, formant
carène, n'est pas fendue entièrement; la jeune feuille se
trouve donc emprisonnée entre sa propre gaine et celle de
l'enveloppe.
1. Tine Tammes, Die PeriodicitAt morphologiacher Erscheinungen bei der
Pflanzen (la Périodicité des phénomènes morphologique» dan» les plantes), dans
Verhand. d. K. Âkad. von Wetensch. te Amsterdam, 1903, p. 128, cité par
L. Montemartini. — Dr Luigi Montemartini Sull'origine degli ascidi anomali nelle
foglie diSaxifraga crassifolia L., dans Atti delF Ist. Bot. di Pavia. ser., 2* vol. 10,
extr. 2 p.
— 222 —
Le pétiole ne pouvant sortir se recourbe en faisant butter
le jeune limbe contre la gaine de la feuille ancienne avec
une telle force que le pétiole est comme laminé de haut
en bas, parfois même segmenté, en autant de parties qu'il
présente de cordons libéro-ligneux (6g. 5).
Le limbe qui devait croître à l'extrémité du pétiole ne
peut se développer, et cependant la sève arrive toujours
et la jeune feuille l'utilise le mieux qu'elle peut; le limbe
devient circulaire, en croissant à la fois à son extrémité
supérieure et à la jonction du pétiole, pour former une
feuille peltée, dont les bords se relèvent et s'enroulent en
dessus jusqu'à la sortie de sa prison. A ce moment, le limbe
se déroule et l'ascidie est presque parfaite, le pétiole
s' al longe, le limbe n'éprouve plus aucune résistance à se
développer par son extrémité, et peu à peu l'ascidie prend
la forme d'une petite hotte.
L'extrémité du limbe s'allongeant, s'élargissant de plus
en plus, tandis que la partie cupulée ne s'accroît plus autant,
il se forme dans cette partie anormale une échancrure qui
augmente peu à peu pour arriver jusqu'à la jonction du
pétiole et de la feuille, et cette dernière redevient nor-
male, mais on peut reconnaître, à la base du limbe, de
chaque côté du pétiole, la cicatrice de la rupture.
Il semble donc hors de doute qu'une gêne ou un retard
dans la croissance de la feuille, puis une poussée active de
la végétation au moment de son développement, ont une
grande influence sur la production des déformations asci-
diformes. Cette année, 1906, où la température plus sèche
et plus régulière a favorisé un développement plus lent et
plus régulier des feuilles, certains pieds de Saxifrages qui
avaient présenté l'année dernière des feuilles cupulées n'en
ont pas eu du tout.
D'autre part, de nouvelles expériences sur l'influence du
traumatisme ont prouvé que les jeunes repousses d'arbres
mutilés ou recepés ou de plantes fauchées, présentent fré-
— 223 —
quemment des feuilles en cornet, ce qui semble dû, le plus
souvent, à un excès de vigueur. L'anomalie pourrait même,
dans certains cas, devenir héréditaire. *
Conelnaloos.
1* Les feuilles des Saxifrages étudiées présentent plu-
sieurs types de déformations :
a) Transformation des feuilles en ascidies;
b) Formations d'ascidies épiphylles;
c) Folioles surnuméraires provenant de la prolifération
des nervures.
2* La forme en ascidie des feuilles provient d'une aotion
de compression de la jeune feuille dans le bourgeon
foliaire, d'où développement pelté par évasement du
pétiole, et non soudure des bords du limbe.
3* Les feuilles ascidiées se rencontrent chez un grand
nombre de types de différentes provenances, mais elles sem-
blent reconnaître pour cause une résistance mécanique des
gaines foliaires en rapport avec l'activité de la végétation.
4* Absence de l'action parasitaire.
5* Présence dans la moelle des Saxifrages normales et
anormales de faisceaux anormaux, dont la marche est la
suivante : les faisceaux normaux repoussés dans la moelle
par les faisceaux foliaires y cheminent quelque temps et
regagnent leur place normale.
6* La différenciation sur place des faisceaux de la moelle,
avec orientation inverse, bois externe et liber interne,
semble due i une prolifération latérale des cellules cam-
biales.
7* Dana les types ascidies, présence dans le collet
d'ilôts ligneux, uniquement d'origine primaire, séparés
du oambium par des parenchymes normaux.
1. U BUflOfbftfB, Production do$ fouillée on eomot por IroMmolkmo, C. R, Àc
Se., CXMI (1*0«)( n* ?e. K juin. p. !*4i. — P. VollUmlo. Sur Cm comooo do
Vmtrumm do fonmoê dêêm Mtmutei, ifctd., CXUII, ■* ♦, • août IN*, p. ttt.
— 224 —
VIII. — Anomalies de Digitalis lutea L.
M. E. Château nous a communiqué six tiges de Digitalis
lutea L., coupées dans son jardin de l'école de Bourg-le-
Comte, et provenant d'un pied unique. Ce pied est issu de
graines récoltées à Salornay-sur-Guye (Saône-et-Loire), et
âgé de sept années; la plante, habituellement bisannuelle,
est donc devenue pérennante, car elle ne paraît pas épuisée,
et M. Château nous a procuré à son sujet d'amples et
intéressants détails :
« A sa première floraison, cette Digitale n'adonné qu'une
seule tige; les années suivantes, elles sont devenues plus
nombreuses. Cette année elle en portait sept, dont six ont
été enlevées; près du point où elles ont été coupées, de
nouveaux bourgeons se sont développés; il y en a actuelle-
ment quatorze, dont quelques-uns ont de quatre à cinq
centimètres de longueur, et si les gelées ne viennent pas
les détruire, il est probable qu'ils parviendront à fleurir. »
Les tiges apportées par M. Château sont robustes, hautes
de 0*70 à 0*80, garnies de feuilles longues de 0m15 à 0m20
sur 0m05 de largeur, et terminées par une panicule mons-
trueuse de 0*20 à 0m30 de longueur. Les bractées florales
sont largement foliacées. Les fleurs sont remplacées par
de véritables rameaux, longs de Ûm05 à 0m08 et portent de
nombreuses bractées disposées en spirale. A l'aisselle de
ces bractées on trouve des bourgeons, parfois allongés eux-
mêmes en ramuscules de troisième ordre, parfois dévelop-
pés en une petite fleur dialypétale, à 4-5-6 divisions péta-
loïdes jaunâtres, avec un fascicule de minuscules folioles au
centre ; le plus souvent ces petits bourgeons sont avortés,
jaunâtres et caducs.
Dans ce véritable dévergondage tératologique, les fleurs
de Digitalis lutea se sont donc transformées en axes secon-
daires, sur lesquels les pièces des verticilles floraux se sont
espacées en appendices foliacés et les ovules transformés
- 225 —
en fleurs avortées ou en petits bourgeons, et cela jusqu'au
sommet de l'inflorescence .
C'est donc un cas de virescence ou phyllanthie complexe,
avec prolifications médiane et aœillaire, dialysis et pélorie
de certaines fleurs, pleiotaxie des bractées, phyllodie et
polyphyllie des organes floraux.
Tl importait de rechercher la cause de ces anomalies,
observées plusieurs années de suite, et pour lesquelles on
pouvait invoquer un changement de terrain ou l'influence
de la culture. M. Château interrogé à cet égard nous a fourni
les renseignements suivants :
« En 1905, la Digitale jaune, après avoir fleuri normale-
ment, se terminait par de nombreux rameaux, ayant l'as-
pect de petites tiges, munies de très petites feuilles, dont
quelques-unes portaient des fleurs. Cette anomalie ne com-
mença à paraître qu'après le 15 août, date de l'arrivée de
la pluie. Vers le 15 septembre, le sol étant saturé d'eau,
les tiges filiformes se développèrent de plus en plus, et
j'étais convaincu qu'elles allaient produire des fleurs. Je
les laissai en observation ; elles ne souffrirent pas des pre-
mières gelées d'octobre, mais furent détruites, le 17, par
une forte gelée de — 5°. J'étais persuadé, à ce moment,
que l'anomalie était due à l'humidité succédant â une séche-
resse prolongée. En effet, les mois de juin, juillet et la
première quinzaine d'août avaient été caractérisés par une
sécheresse désespérante; les prairies ressemblaient à des
champs moissonnés, l'eau était sur le point de manquer
dans les fermes lorsque le 15 août la pluie survint pour ne
pas cesser. Le sol calciné fut saturé d'eau, les prés rever-
dirent comme au printemps, les pommes de terre fleurirent
une seconde fois ; rien d'étonnant à ce que la Digitale jaune,
qui avait accompli son évolution, mais dont les tiges
n'étaient pas encore desséchées, reçût, comme les autres
plantes, une nouvelle poussée de sève utilisée à la forma-
tion des jeunes rameaux venus à l'extrémité des tiges.
S.H.N. 1906. 15
— 226 -
» L'année 1906 a été plus sèche encore que 1905. Depuis
le 24 mai, la terre n'a pas été trempée. La température a
été fort irrégulière; certaines journées brûlantes, +35°,
+ 38° à l'ombre, ont été suivies de nuits très fraîches, si
bien qu'au matin du 1er juillet une forte gelée blanche a été
observée dans tout le val de la Loire. Sur certains points
une mince couche de glace recouvrait l'eau, mais Digitalis
lutea n'en a pas souffert; cependant la floraison n'a pas eu
lieu, ou plutôt quelques fleurs seulement ont ouvert leur
corolle d'une façon à peu près régulière. Pendant une
absence de Bourg-le-Comte, du 1 1 au 26 août, la pluie
était survenue le 14 avec 32mm d'eau. En rentrant je
retrouvai ma plante avec la même anomalie qu'en 1905.
Mais déjà l'ondée bienfaisante n'était plus qu'un souvenir,
si bien que les plantes croissant à côté de Digitalis lutea,
telles que Tanacetum vulgare, Algopodium Podagraria^ pour-
tant très résistantes, avaient leurs feuilles desséchées. La
Digitale commençait également à souffrir, les feuilles se
flétrissaient et les jeunes pousses de l'extrémité de la tige
penchaient la tête. Du 26 août au 4 septembre, je l'arrosai
chaque soir, et elle redevint plus vigoureuse que jamais.
Le 4 septembre, je coupai les tiges que je vous ai remises,
n'en laissaitt qu'une seule. Je ne l'ai pas arrosée, mais il
est tombé quelques ondées, les nuits sont devenues fraîches,
d'épais brouillards entretiennent une humidité bienfaisante
et l'anomalie continue à se développer, sans que j'en puisse
déterminer la cause. Il est tout d'abord assez naturel de
supposer que la sécheresse suivie d'une humidité considé-
rable, a produit la monstruosité. Mais il se pourrait aussi
que la station y fût pour quelque chose. D'abord, cette
plante est bisannuelle partout où elle croît spontanément,
et ne produit le plus souvent qu'une tige florifère, tandis
que dans mon jardin elle est devenue vivace, ou plutôt
pérennante, et portant plusieurs tiges florifères. Il y a là
une modification importante, et en dehors des influences
— 227 —
climatériques, car si les trois dernières années ont été
particulièrement sèches, les cinq années précédentes ne
l'ont pas été plus que la moyenne, et cependant ma plante
était déjà pérennante et multicaule.
» ùigitalis lutea est considéré comme une espèce calci-
cole ou tout au moins préférente des sols calcaires. Or, à
Bourg-le-Comte, le sol est argileux et le sous-sol est de
l'argile pure; la station est à l'ombre de l'école dès midi en
plein été, dès dix heures en automne. Le sol retient bien
l'eau, mais moins bien la chaleur, d'autant plus qu'il ne
reçoit pas les rayons solaires les plus chauds de la journée.
Il n'a reçu d'autre engrais que les cendres de houille des
poêles des écoles, et cependant la Digitale jaune y est de
belle venue. La terre fine, passant au tamis de 10 fils,
desséchée au feu et essayée au calcimètre a accusé 6,64 °/0
de chaux; les petits graviers restant sur le tamis sont
essentiellement siliceux; ils ne donnent pas trace de chaux.
» A Salornay-sur-Guye, d'où provenait la graine, le sol
est constitué par une terre d'un jaune rouillé, mêlée de
pierrailles, reposant sur des bancs de rochers calcaires
exploités pour la construction; il ne retient pas l'eau,
s'échauffe facilement, est exposé toute la journée à l'ardeur
du soleil ; aussi les Digitales jaunes se dessèchent dès le
mois d'août, et n'ont pas la vigueur de celle de mon jardin.
J'ai relevé la teneur calcimétrique d'une terre prise au voi-
sinage, au lieu dit la Roche, et où croît toute une associa-
tion de plantes calcicoles : Coronilla Emerus, Lathyrus tube-
rosus, Rubia peregrina, Vibumwn Lantana, Cirsium acaule,
Teucrium Chamxdrys, Teucrium montanum, etc. La terre
fine donne seulement 0,28 °/0 de chaux, mais les pierres
pulvérisées 94,6%-
» Digitalis lutea trouve donc à Bourg-le-Gomte un sol
suffisamment calcaire et plus fertile, et ces conditions géo-
trophiques paraîtraient suffisantes, si une autre observa-
tion ne venait en mettre l'influence en doute. A 0m20 du
— 228 —
pied de Digitalis lutea existant dans mon jardin, se trouve
un seul pied de Vincetoxicum officinale, provenant lui aussi
de graines récoltées à Salornay-sur-Guye, à peu près au
même point que la Digitale. Il est chétif, atteint de flaves-
cence, n'a pas la force de soutenir ses tiges qui traînent
sur le sol, fleurit régulièrement chaque année, mais ne
donne pas de fruit. Que conclure ? Voici deux plantes prises
dans un même terrain et semées dans un jardin sur un
même point. L'une reste chétive, se chlorose et ne fructifie
pas ; l'autre devient plus vigoureuse que dans sa station
d'origine, mais devient monstrueuse. La fertilité du sol
restant la même, il me semble qu'il faut surtout invoquer
l'influence de la sécheresse suivie d'une humidité assez
grande. Je vous donne ces renseignements pour ce qu'ils
valent; ils n'ont d'autre mérite que d'être scrupuleusement
exacts, et relevés d'après mes notes. »
Ces observations de M. E. Château confirment les résul-
tats que nous avons exposés dans une récente étude
(Dr X. Gillot et E. Château, Y Appétence chimique des plantes
et leur Répartition topographique, dans Bull. Soc. bot. de
France, LUI (1906), p. 215). Le Digitalis lutea, de même
que le Vincetoxicum officinale, plantes calcicoles, trouvent
dans le terrain de Bourg-le-Comte une quantité de chaux
suffisante pour leur végétation, mais cet élément, malgré
sa prépondérance dans beaucoup de cas, n'est pas le seul
facteur; il faut considérer en outre les phénomènes
d'absorption par les racines plus ou moins profondes et
par conséquent l'influence du sous-sol, et les conditions
physiques, hygroscopiques du sol, etc., que M. Cl. Roux a
si magistralement exposées et discutées. (Cl. Roux, Traité
historique, critique et expérimental des rapports des plantes
wec le sol et de la chlorose végétale, 1900). Il est possible,
dans le cas actuel, que le renversement de proportion dans
la teneur calcimétrique du sol et du sous-sol et la plus
grande humidité, ait défavorablement influencé le Dompte-
- 229 -
venin, plante vivace, xérophile, à racines profondes, tandis
que la Digitale jaune à racine pivotante, garnie d'un chevelu
plus superficiel et soumise, par M. Château, après les souf-
frances de la sécheresse, à un arrosage intensif, a puisé dans
ce sol plus riche et plus humide une vigueur inaccoutumée,
mais avec aberration morphologique de l'inflorescence.
Ce processus est à rapprocher de celui que nous avons
indiqué précédemment à propos des troubles dystrophiques
des fasciations (pp. 76, 79).
Il est a remarquer, en outre, que les anomalies florales
ne se sont produites qu'après plusieurs années de floraison
régulière chez une plante à conditions biologiques modi-
fiées, et qu'elles s'accentuent de plus en plus avec la durée
exceptionnelle du végétal.
Quoi qu'il en soit l'état monstrueux de Digitalis lutea est
d'autant plus intéressant, que cette espèce semble jusqu'à
présent présenter peu d'anomalies, ou du moins, nous n'en
avons pas trouvé de citations dans les auteurs spéciaux,
Moquin-Tandon, William Masters, 0. Penzig, à part un
cas de dialypétalie observé par Germain de Saint-Pierre
(Bull. Soc. bot. de France, XVII (1870), p. 217), et qui s'est
également reproduit pendant plusieurs années.
La grande Digitale, Digitalis purpurea L., est au con-
traire sujette à de nombreuses déformations tératologiques
énumérées par les auteurs précités, et qui reproduisent,
isolés ou réunis, la plupart des phénomènes étudiés plus
haut. Cette année même, au 21 juillet, M. l'abbé Jarrin,
curé à Thil-sur-Arroux (Saône-et- Loire), nous a obligeam-
ment adressé deux épis de Digitale pourprée dont les
corolles étaient atteintes de dialipétalie, anomalie depuis
longtemps déjà rencontrée par le Dr Carion, aux environs
d'Autun et signalée par Boreau : t Corolle à quatre pétales
spatules et atténués en long onglet. » (A. Boreau, Flore du
centre de la France, 2- éd. (1849), p. 384 et 3a éd. (1857),
p. 483, en note).
Dr X. GILLOT.
— 230 —
M. de Chaignon regrettant de ne pouvoir assister à la
séance, il est donné lecture de la communication suivante :
Environs de Grury et d'Issy-FÉvêque.
Dans une course récente faite en compagnie de M. Mar-
lot, prospecteur, il nous a été donné de faire quelques
rencontres assez heureuses, au point de vue lithologique
et surtout minéralogique, autour de Grury et d'Issy-
l'Évêque, nos deux centres principaux d'excursion.
Je ne citerai que pour mémoire les quelques localités
autrefois classiques et dont j'ai déjà parlé dans ma note :
Sur les terrains traversés par la ligne du chemin de fer de
Toulon-sur-Arroux à Bourbon^ Lancy. Ces gisements ont de
plus en plus disparu ; les excavations ou carrières ouvertes
pour l'exploitation sont aujourd'hui comblées, nivelées par
les cultures ou envahies par la végétation.
De Grury, notre première sortie fut dirigée sur le Crot-
Blanc, où a été reprise l'exploitation de la Fluorine ; mais
avant de poursuivre jusque-là, M. Marlot fait remarquer,
dans un des fossés de la route et tout de suite après les
dernières maisons de Grury, un filon de Porphyrite amphi-
bolique qui présente là une particularité assez spéciale. On
peut se demander si la Granulite est pénétrée par la Por-
phyrite, ou si c'est cette dernière qui pénètre la Granulite,
et si c'est bien le filon lui-même qu'on aperçoit, ou seu-
lement son entourage? Quoi qu'il en soit, la roche est très
tenace, ce qui est bien le caractère des Porphyrites ; le
grain est fin, la couleur violacée, à cause de la présence
des grains clairs de la granulite, du feldspath. Cette péné-
tration des éléments d'une roche par l'autre n'a pas lieu
brusquement, mais insensiblement par gradations; les par-
ties centrales ont le grain très fin; à mesure qu'on approche
de la périphérie, le grain devient plus gros, et on distingue
— 231 —
très bien tous les éléments granulitiques, mouchetés de
parties plus sombres vraisemblablement amphiboliques.
Quelques fragments, malheureusement bien altérés, pourris
dans le voisinage des parties saines, seraient-ils des débris,
des représentants du filon lui-même de Porphyrite ; on ne
peut se prononcer; mais il serait intéressant de mettre au
jour ce gisement pour savoir comment il se comporte en pro-
fondeur et quel rôle est attribué à chacune des deux roches.
Au Crot-Blanc, une galerie a été ouverte de l'autre côté
du vallon, dans le prolongement du filon de Fluorine
exploité primitivement sur le versant opposé. Cette galerie
a déjà atteint 70 à 80 mètres de profondeur. Le minerai est
chargé sur des wagonnets tirés de l'intérieur par un mulet
puis, après un premier triage, il est monté à la hauteur de
la route, au moyen d'un treuil actionné par une locomobile,
puis, déversé de là dans des voitures qui le conduisent au
moulin de Montpéroux où est installée une laverie. Une
certaine quantité de ce minerai a même déjà été moulue
sous une des meules à grains.
La Fluorine présente les mêmes caractères que ceux
observés par la Société dans les premiers travaux, lors de
la visite à la mine, le 19 juin 1904 !, et en plus un grand
choix de beaux échantillons. Les couleurs dominantes sont
toujours le blanc et le violet; les échantillons verts sont
les plus rares. Nous n'avons pas rencontré de cristaux. Il
existe également de superbes associations de quartz avec
Fluorine en couches zonées et concentriques d'un joli effet,
d'autres simplement bréchiformes qui font le désespoir des
exploitants, car elles nécessitent un triage plus minutieux.
A ce propos nous mentionnerons les documents histori-
ques suivants, qui ont été publiés sur le Crot-Blanc, quel-
ques années avant notre visite, dans le Nouvelliste du Morvan,
à la date du 27 avril 1901. Il n'était donc pas question à
1. Voyez Bull. Soc. hi$L nat. Autun, XVII (1904), 2, p. 261.
— 232 —
cette époque de la reprise des travaux dans les conditions
que nous venons de rapporter.
« Une société pour l'extraction du spath-fluor vient
d'acheter à M. Bloud, propriétaire au Crot-Blanc, trois hec-
tares de terrain sur la montagne du même nom, au lieu
même où jadis furent creusés deux puits pour l'exploita-
tion de ce cristal multicolore. Voici l'histoire sommaire de
cette mine qui, pendant cinq ans, jouit d'une certaine pros-
périté. Vers 1855, un Lyonnais, M. Tinia, se rendit au
Crot-Blanc sur l'indication de quelques amis, pour y faire
des fouilles quelconques. Frappé de la richesse du sol en
spath, il fit ouvrir, à ses frais, une mine qui occupa une
vingtaine d'ouvriers et dont il resta le seul concessionnaire.
Deux puits et de nombreuses galeries furent alors creusés.
Le cristal était conduit à Digoin, distant de 25 kilomètres,
puis, après avoir subi un lavage, embarqué sur le canal. »
En passant au Folin, nous nous arrêtons quelques ins-
tants à la mine de Pyromorphite qui est actuellement
abandonnée. M. Marlot nous fait remarquer quelques beaux
échantillons du minerai qu'on a laissés sur place. En
remontant en arrière de la mine, le chemin creux qui y
conduit est coupé par un filon mince d'une granulite à
grain très fin, uniformément semé de petits points blancs
et roses d'un joli effet.
Dans la grande tranchée, entre Grury et Cressy-sur-
Somme et à 300 mètres de la gare de Grury, j'ai retrouvé
la Porphyrite amphibolique couronnant le Granité porphy-
roïde, comme je l'avais indiqué antérieurement; l'en-
semble est un peu moins frais qu'en 1901. J'ai pu cepen-
dant détacher des échantillons montrant le contact des
deux roches; l'adhérence n'est pas absolue, il existe entre
les deux une intercalation d'argile grise de quelques milli-
mètres d'épaisseur, qui est un produit d'altération.
En passant à Giney nous revoyons sur la route la roche
que j'avais indiquée provisoirement comme un Porphyre à
— 233 —
quartz globulaire, par analogie avec celui qui affleure aux
Dorins.
Un peu avant Marly-sous-Issy, nous passons devant une
carrière ouverte pour l'empierrement, dans une granulite
rosée, dont il n'est pas fait mention sur la carte géolo-
gique.
A la Forge, qui est notre point terminus pour ce jour-là,
nous visitons encore deux autres carrières, situées sous bois,
au-dessus du pittoresque étang alimenté parla Somme, et
qui faisait mouvoir, il y a plus de soixante ans, les marti-
nets propres au service de l'usine installée en dessous.
Dans Tune de ces carrières, c'est un Granité gris porphy-
roide, qui n'offre rien de particulier; dans l'autre, on aurait
affaire à une Granulite à grain moyen généralement, de
couleur gris-rosé, qui paraît très fraîche et très compacte,
même à la surface, où elle ne semble pas avoir subi d'al-
tération; ces carrières dans la granulite sont ouvertes
depuis peu de temps.
Toutes les reconnaissances que nous avons pu faire ce
jour-là n'étaient pas le but principal de notre course.
M. Marlot tenait surtout à retrouver, dans les environs de la
Forge, une roche bien spéciale, parait-il, qu'il se rappelait
avoir vue déposée pour l'empierrement, il y a deux ans, sur
la route de Luzy, vers la borne départementale; malheu-
reusement il négligea, à ce moment, d'en prendre des
échantillons, et le jour où nous y fûmes, il était trop tard;
personne ne put nous renseigner et savoir à quoi nous fai-
sions allusion.
Le second jour, nous partons par la route d'Issy-l'Évêque
à Sainte-Radegonde, et passons à un kilomètre environ
d'Issy-l'Évêque, devant une grande carrière entaillée dans
un granité rouge porphyroide.
A Baugis, à hauteur des fermes appartenant à l'hospice
d'Issy-l'Évêque, la route est traversée par un filon manga-
nésifère, de 1 mètre à lm50 d'épaisseur visible, qui appa-
— 234 —
rait surtout sous le talus à droite de la route, et en corréla-
tion avec un filon quartzeux que la carte géologique indique
dans le voisinage, mais qui ne se montre pas cependant
sur la route. Le minéral présente une particularité assez
spéciale ; la masse n'est pas homogène et continue, mais
divisée en fragments de grosseur variable, très irréguliers
de forme, sans adhérence les uns aux autres, et se séparant
facilement; l'intérieur de chacun de ces morceaux est
creux, géodique, et chaque géode est remplie de grains
siliceux et surtout feldspathiques, reliés ou noyés dans un
résidu kaoli nique blanc jaunâtre, mais sans consistance et
plutôt sableux. Il s'agit là d'infiltration ou de remplissage
qui sont la conséquence de l'altération. L'épaisseur de l'en-
veloppe manganésienne qui, elle, est assez compacte, varie
peu : 7 à 8 millimètres environ.
Nous passons de là à ce qu'on appelle dans le pays la
montagne des Baudrillons, près de Corcelle, lande inculte
à pentes peu accusées, et au pied de laquelle serpente la
petite ligne du chemin de fer. Vers son milieu doit exister
un gros filon quartzeux qui a semé de ses débris cette
partie de la montagne. Le quartz se présente là sous un
aspect qu'on ne rencontre pas habituellement dans la plu-
part des filons de cette sorte. L'ensemble est bigarré ou
veiné de blanc et de rouge ; certaines parties sont caver-
neuses avec enduit de protoxyde de manganèse, ailleurs ce
sont de jolies agates calcédonieuses, véritables onyx dis-
posés en zones concentriques, où domine le blanc; et enfin
des calcédoines bleues entourées d'une auréole plus pâle
qui rappellent les belles calcédoines du Meynard, près de
Montbrison, les géodes de calcédoine des Vens (Ardèche),
ou encore celles de l'argile à silex de Flacé-lès-Mâcon, etc.
On aurait également signalé aux Baudrillons la présence
du quartz améthiste ; de belles pyramides de cristaux lar-
gement teintées en violet, comme c'est le cas habituelle-
ment, mais nous n'en avons trouvé nulle trace.
— 235 —
De là nous passons à Mon tgillard, Montchanin, Mont-Tortu,
à côté des exploitations dont j'avais parlé dans ma note de
1901. Rien n'a changé depuis cette époque, sinon que la
culture a de plus en plus fait disparaître le peu qu'on pou-
vait déjà en voir à cette époque.
A Auzon, cette disparition est encore plus complète; en
1901 la carrière était abandonnée mais existait encore;
dans cet état, avec un outillage approprié, on aurait pu
procéder à quelques recherches, au moins dans les déblais,
mais aujourd'hui tout est comblé et la charrue passe au
dessus.
Entre Montgillard et Mont-Tortu, nous obliquons vers la
Cour, sur la ligne du chemin de fer et à 6 ou 700 mètres
de l'arrêt de la Cour, avant celui de Corcelle, où nous
retrouvons la Nontronite ou Pinguite, signalée pour la pre-
mière fois sur ce point par M. Marlot, quelques mois aupa-
ravant. Les parties les plus riches se trouvent emballées
dans une granulite non seulement décomposée mais ter-
reuse, de sorte qu'on ne peut obtenir que des échantillons
très fragmentés et très fragiles. Quelques-uns cependant
présentent un certain volume d'un joli vert; c'est un silicate
de fer hydraté, produit d'altération et mélanges. On le
retrouve également sur le talus opposé, où il affecte une
disposition différente : en enduits de peu d'épaisseur sur
les faces de la granulite fragmentée mais non altérée. Dans
ces conditions ce produit doit être assimilé à la Pinguite
de Salvezinet, près de Feurs (Loire); cette détermination
avait été donnée, dans le temps, par M. Locard, pour une
variété également en enduit sur granulite et dont notre
musée possède quelques exemplaires.
Après Auzon, nous nous dirigeons sur Cuzy, en laissant
à notre gauche la route de Luzy, à hauteur de l'étang. Une
exploitation dans ces parages avait été signalée à M. Mar-
lot. En effet, peu après le passage de l'étang et avant d'ar-
river au village de Cuzy, nous nous trouvons en face d'une
— 236 —
carrière située en haut du talus dominant la route de 4 à
5 mètres ; on y accède au moyen d'une échelle qui aboutit
à un terre-plein. A 20 mètres plus loin, se trouve la carrière
elle-même. C'est une excavation à peu près circulaire,
sorte de puits très largement ouvert au moins à la partie
supérieure, avec un diamètre de 8 ou 10 mètres. Dans le
fond il n'a pas plus de 2m50 à 3 mètres, la profondeur
totale peut être de 7 à 8 mètres ; à mesure des travaux tous
ces chiffres iront en augmentant.
La masse principale de la roche est une magnifique
Pegmatite à très grandes parties; orthose rose et quartz
assez limpide avec mica blanc, surtout à la partie supé-
rieure de l'exploitation. Dans le fond, les éléments acces-
soires disparaissent en partie, et le feldspath en grandes
masses laminaires, sans contours géométriques bien définis,
paraît exister seul. Véritable Harmophanite des anciens
auteurs (Jannetaz, d'après Gordier), très probablement du
Microcline. Ces parties sont d'une très grande richesse
pour l'emploi auquel elles sont destinées, le feldspath seul
étant utilisé ; le triage est donc bien simplifié, et le minerai
concassé est chargé sur les chariots, au moyen d'un plan
incliné qui vient aboutir sur la route. Cette exploitation a
été entreprise, il y a dix-huit mois, pour le compte d'une
fabrique de céramique qui a son siège à Paray-le-Monial.
Le granité est largement représenté autour de Cuzy;
cependant, d'après la carte géologique, feuille d'Autun, un
filon de granulite partant de Lavault se dirige au sud- est
et aboutit à Bucheleur, en coupant très obliquement la
grande route de Luzy à Toulon-sur-Arroux. Il semble donc
tout indiqué qu'on doive étendre cet affleurement et le pro-
longer jusqu'au pied de la butte où est située la carrière ;
ou bien, en indiquer un second, s'il y a interruption par le
granité, entre les deux affleurements granulitiques.
Deux minéraux intéressants ont été rencontrés dans cette
carrière. Il s'agit, en premier lieu de la Gigantolite, iden-
— 237 —
tique à celle que nous possédons d'Auzon et qui a été
donnée au musée par M. V. Berthier. Quelques blocs assez
altérés ont déjà été extraits et rejetés; les carriers les
prenant avec raison pour du mica, les éliminent de leur
triage.
La masse principale de cette Oigantolite est encore en
place; quelques morceaux seulement venant d'en être
détachés. C'est une lentille isolée de im10 à lm20 de lon-
gueur, sur 0m45 à 0m50 de largeur ; l'épaisseur doit être à
peu près pareille, de forme très irrégulière et noyée dans
la Pegmatite, qu'elle ne paraît pas affecter.
Quelques morceaux assez volumineux paraissent être
des extrémités de cristaux, malheureusement brisés, dont
les angles quelque peu émoussés sont encore bien accusés.
Depuis notre course avec M. Marlot je suis retourné à
Cuzy et j'ai pu y faire quelques observations nouvelles. La
lentille de Gigantolite que je signale plus haut a disparu et
ses débris sont dispersés dans les déblais non utilisés ; mais
une seconde lentille, peut-être moins volumineuse que la
première, a été mise au jour. Je n'ai pu savoir quelle place
elle occupait par rapport à la première ; on n'a pu me ren-
seigner là-dessus. Elles ne devaient pas être en prolonge-
ment l'une de l'autre, avec un étranglement ou une inter-
ruption les séparant, parce que toutes les deux eussent
été visibles ; mais, autant que je puis me rappeler la posi-
tion de celle qui a été enlevée, elles devaient se trouver à
la même hauteur et l'une en arrière de l'autre. Quoi qu'il
en soit, cette seconde lentille qui pourrait bien représenter
un énorme cristal est très apparente; tout un côté a été
dégagé et il serait facile de la détacher entièrement, car la
roche tout à l'entour, sans être altérée, est très peu dure
et se brise en esquilles. Ce qui faciliterait encore l'extrac-
tion, c'est qu'au contact du cristal, il y a une pellicule kaoli-
nisée d'épaisseur insignifiante, mais qui suffit pour ôter
toute adhérence entre le bloc de Gigantolite et la roche
— 238 —
encaissante. Le cristal se trouvant dégagé sur toute une
face pouvait être mesuré ; sa longueur est de 0m85 à 0*90,
avec une hauteur ou épaisseur variant de 0*20 à 0*35,
parce qu'une moitié du cristal a été détachée dans la lon-
gueur par les carriers. Je n'ai pas la compétence voulue
pour juger de la forme cristalline de ce minéral, mais une
des extrémités au moins présente des indices de plans de
cristallisations bien accusés. Sur la longueur qui est à
découvert, on ne peut se prononcer; il faudrait que toute
la masse fût dégagée. A cause de l'altération probablement,
ce qu'on en voit est plutôt arrondi qu'anguleux ; on peut
même ajouter que l'ensemble est irrégulier et contourné.
Cette lentille est couchée sous un angle de 45 degrés. En
dehors de la place occupée par celle-ci, on n'aperçoit plus
d'autres traces du minéral le long des parois de la carrière ;
il est possible que la suite des travaux en mettent au jour
de nouveaux, mais, pour l'instant, ces deux cristaux devaient
être très rapprochés l'un de l'autre et localisés. Celui qui
subsiste est à 3 mètres du fond actuel de la carrière ; il est
recouvert par une Pegmatite à éléments moins gros et plus
quartzeux, sur une épaisseur d'un mètre, et passant dans
le haut à une granulite grossière, réduite en arène et pou-
vant mesurer 3m50. Dans ces conditions, il n'est pas éton-
nant que l'infiltration des eaux ait occasionné une altéra-
tion à peu près générale.
Toutefois la structure de ce minéral se rapporte bien à
la description qu'en donne M. Lacroix (Minéralogie de la
France). Quand une Cordièrite se transforme en Giganlolite,
les plans de séparation, perpendiculaires généralement à
l'axe du cristal, deviennent répétés, car leur facilité est
augmentée par le développement parallèlement à eux de
lamelles de mica (Biotite, moscovite). Peu à peu le miné-
ral se transforme complètement en micas dont les lames se
propagent souvent le long des clivages prismatiques. Le
minéral finit par être transformé entièrement en mica. Ce
— 239 —
doit être le cas de la Gigantolite de Cuzy ; à cause de son
peu de dureté, je crois qu'on peut la considérer comme une
masse en partie micacée.
La rencontre nouvelle de ces pseudomorphoses de Cor-
diérite est des plus intéressantes; elle étend encore les
connaissances que Ton avait déjà sur celles d'Auzon et que
M. Lacroix considérait déjà comme le type le plus régulier
de Gigantolite qu'il ait eu l'occasion de signaler.
La découverte la plus heureuse et la plus inattendue a
été celle de VAndalousite, silicate d'alumine anhydre avec
une faible teneur en fer et chaux ; cette composition d'ailleurs
peut varier si le minéral n'est pas à l'état de pureté, ou s'il
est altéré. Pareille trouvaille n'a pas encore été signalée,
que je sache, dans aucun gisement similaire de la région.
Dans cette seconde course également, j'ai pu voir en
place l'Andalousite que je n'avais trouvée qu'en débris, la
première fois. Elle se présente sous forme de petites
masses cristallines, bacillaires et flabelliformes et non en
cristaux prismatiques. L'intérieur est terne et offre la colo-
ration caractéristique rose fleur de pêcher avec des parties
noirâtres, où l'altération serait plus avancée ; à la péri-
phérie cette altération se traduit par une transformation en
mica blanc (Damourite), qui s'étend aussi dans l'intérieur,
en pénétrant les fines cannelures ou stries qui sillonnent
l'extérieur.
Plusieurs de ces petites masses peuvent se trouver
groupées sur un même plan, avec intervalles occupés par
du mica, du quartz et surtout du feldspath, de sorte que la
forme en éventail est encore plus accusée. J'ai pu mesurer
sur place quelques-unes de ces petites masses cristallines.
Certaines peuvent atteindre 15 à 18 centimètres; je ne
serais pas étonné, d'après des débris trouvés, qu'il y en
eût de taille supérieure encore. Mais elles sont d'une telle
fragilité que, malgré le peu de dureté et même la friabi-
lité de la roche encaissante, il est impossible de les obtenir
— 240 —
entières. Quelques échantillons très altérés sont entière-
ment transformés en Damourite et de leur état primitif
ne conservent plus que la forme, aussi se désagrègent-ils
au moindre contact.
L' Andalousite disséminée dans une veine presque exclu-
sivement feldspathique (probablement Microcline), est
visible sur une longueur de 4m50 à 5 mètres. Les masses
cristallines distribuées sans ordre sont enchevêtrées les
unes dans les autres. Sur cette longueur il y a des inter-
ruptions où les cristaux sont plus rares.
De même que pour la Gig an t otite l'Andalousite parait
très localisée; à part cette veine qui va en plongeant sous
un angle de 50 à 55 degrés, je n'en ai pas aperçu ailleurs.
Il est à supposer cependant qu'il doit s'en trouver sur
d'autres points, d'autant plus que la carrière n'a pas dit
son dernier mot?
Cette veine très sinueuse peut avoir, dans sa plus grande
épaisseur et où l'Andalousite est plus abondante, de 50 à
60 centimètres; puis elle s'étrangle en formant par inter-
valles de petites poches avec Andalousite également, et
finalement disparaît dans le haut. La poohe principale est
à la même hauteur que le bloc de Gigantolite, seulement
du côté opposé de la carrière, par conséquent, elle n'est pas
plus garantie que lui des influences atmosphériques ; aussi la
partie haute de la veine ne présente plus que des squelettes
d'Andalousite, si je puis m'exprimer ainsi, qui tombent en
poussière au moindre attouchement.
Ces observations, une fois de plus, nous amènent à faire
ressortir, sans vouloir en rechercher la raison, combien
l'association d'espèces minérales, dans la Pegmatite prin-
cipalement, varie suivant les points où on l'étudié.
Au retour, nous fondions un certain espoir sur la route
nouvellement ouverte qui relie Luzy avec Gharbonnat, ne
doutant pas qu'elle ait donné lieu à des travaux d'une cer-
taine importance; mais cette route soi-disant nouvelle ne
— 241 —
part pas de Luzy. De cette ville au col situé i l'Ouest des
Bruyères, elle existe depuis longtemps ; aussi n'est-ce qu'à
partir do là qu'elle a été rectifiée dans quelques points et
élargie dans d'autres. Du col où la vue est des plus éten-
dues, la route descend constamment jusqu'à Charbonnat,
en passant par le gros village de Montjalmin. Dans tout ce
parcours, notre attente fut bien déçue ; à part quelques
talus sans importance au milieu des éboulis, on n'aperçoit
pas la moindre roche en place ; nous n'eûmes pas à nous
arrêter
H. de CHAIONON.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1906.
PRÉSIDENCE DE M. LE Dr GILLOT
Étaient présents : MM. des Abbayes; Camille Berger;
Bouvet; Bovet; Camusat, du Creusot, et son fils; le V* H.
de Chaignon; Diossin, de Palinges; Pesquet Joseph; Fonty
Martin; Louis Oillot; Orézel; Lebreton; Lebègue; Pas-
teur; Porte; Quincey Jean; Louis Renaud; François Rigol*
lot» et V. Berthier.
Cinq nouveaux adhérents sont reçus à l'unanimité comme
membres titulaires :
M. Jondot Henry, dessinateur au Creusot, présenté par
MM. A. Raymond et Camusat.
M. le Dr Lemoine, à Château-Chinon, présenté par M. le
Dr X. Oillot et M. James Jarlot.
M. Etienne Perricaudet, ferblantier à Autunt présenté
par MM. le Vu H. de Chaignon et V. Berthier.
5.H.N ffOf. 16
— 242 —
M. Bais, ingénieur, directeur des établissements Schnei-
der et Cie, au Creusot, présenté par M. A. Raymond et
M. le Dr Gillot.
. M. Touzot Eugène, dessinateur au Creusot, présenté par
MM. A. Raymond et Camusat.
M. Albert Nigaud, géomètre-expert à Mesvres (8aône-et-
Loire), présenté par MM. le Dr Gillot et Raymond.
La Société confère en outre le titre de membre corres-
pondant à M. Augustin Spitz, 53, rue du Poteau, à Paris
(Montmartre), présenté par M. le Dr Gillot et M. V. Berthier.
M. le président prend la parole dans les termes sui-
vants :
« Messieurs,
» Les appréhensions qu'au commencement de cette année
j'avais déjà le regret d'exprimer sur le résultat de la loterie
pour la construction d'un Musée d'histoire naturelle (séance
du 11 février 1906), n'étaient malheureusement que trop
justifiées; et je suis désolé d'avoir aujourd'hui à vous com-
muniquer la déception de nos espérances et l'ajournement
indéfini de notre projet. Émise, il y a dix-huit mois, dans
des conditions, en apparence, favorables, notre loterie,
mal soutenue par une publicité insuffisante, mal servie,
pour ne pas dire desservie, par les circonstances et les
préférences financières des intermédiaires obligés, a été
littéralement écrasée par la concurrence d'autres loteries,
autorisées après elle, mais plus importantes, et partant
plus aptes à capter la faveur du public. Depuis longtemps,
malgré un ajournement sans effet utile, nous sentions
notre oause perdue, et il a fallu nouer résigner à une liqui-
dation déplorable. Je ne veux pas cependant laisser clore
ce chapitre attristant sans remercier, et avec d'autant plus
de gratitude que la cause était digne d'un meilleur sort,
tous ceux qui ont apporté à notre projet le concours dévoué
de leurs encouragements, de leur influence et de leur
— 243 —
bourse. En premier lieu, notre cher et vénéré président
d'honneur, M. Albert Gaudry qui, après avoir été pour nous
un aide si dévoué et si précieux, s'est montré si affecté de
notre échec; M. G. Périer, député et maire d'Autun, qui a
multiplié ses démarches en notre faveur, et nous a secondé
jusqu'au bout en mettant gracieusement les salles de l'hôtel
de ville au service du tirage de la loterie; les membres du
comité de surveillance de la loterie qui en ont aidé et
facilité les opérations avec tant de bienveillance et de
désintéressement; et tout particulièrement notre secrétaire,
M. Victor Berthier, qui, après avoir été le principal insti-
gateur du projet, s'est dévoué sans relâche à sa réussite,
stimulant les indifférents, soutenant les défaillants de son
espoir tenace, assumant la charge d'une énorme et fasti-
dieuse correspondance, et auquel, je tiens à le dire bien
haut, revient tout le mérite du résultat obtenu, si mince
soit-il !
» Car enfin la faillite n'a pas été complète et n'a pas
laissé la caisse absolument vide, et je dois au nom du
Bureau et du Comité, vous mettre au courant de la situa-
tion exacte. Sur les 300,000 billets émis à un franc, l'agence
Fournier n'a pu, en vingt mois, en placer que 95,000.
Après le prélèvement de 45,000 francs pour garantie des
lots, et de 19,000 francs pour la remise à 20 % de l'agence,
il nous est resté exactement la somme de 31,000 francs.
Ces fonds ont été, en grande partie, pour un chiffre de
22,000 francs employés à l'achat d'un terrain, achat que
vous avez ratifié par un vote en assemblée générale le
17 décembre 1905. Il nous reste donc actuellement, en
dépôt, au Crédit Lyonnais, une somme de 9,000 francs, à
peine de quoi faire bâtir un hangar!
» Il vous appartient, Messieurs, de décider l'usage et
l'emploi que vous entendez faire du terrain acquis et de
la somme disponible. Des dons et des subventions géné-
reuses pourraient seuls, en ce moment, en augmenter le
ji
— 2'*4 —
chiffre et permettre de reprendre, sur d'autres bases, ce
projet de musée, dont l'avortement est d'autant plus
regrettable que le moment est venu où nos belles collec-
tions, malheureusement plus connues et plus admirées
ailleurs que chez nous, sont menacées de perdre leur asile
provisoire. La prospérité du collège d'Autun, à laquelle
nous ne pouvons qu'applaudir, va nécessiter, i bref délai,
la reprise d'une partie des locaux occupés par le musée
d'histoire naturelle ; nous en sommes d'ores et déjà avisés
et notre embarras n'est pas mince pour parer à cette éven-
tualité, si menaçante pour la Société d'histoire naturelle
d'Autun. J'en appelle à vous tous, Messieurs et chers collè-
gues, à qui je devais d'exposer notre bilan et de rendre
compte des opérations effectuées, à titre de directeur de
la loterie qui vous prie de vouloir bien lui en donner
décharge, en vous remerciant de la confiance dont vous
l'avez honoré, et en regrettant profondément de n'avoir pas
été capable de vous apporter un meilleur résultat. »
M. V. Berthier se fait l'interprète des membres présents
i la réunion pour remercier M. le Dr Gillot du dévouement
qu'il a témoigné à la Société d'histoire naturelle d'Autun
dans la circonstance ; il met en outre les choses au point
en expliquant que son rôle de secrétaire s'est borné, dans
cette malheureuse affaire, à un travail de bureau, tandis
que celui de M. le Dr Gillot a été compliqué de tous les
ennuis résultant des circonstances défavorables dans les-
quelles s'est trouvée cette loterie, ainsi que de l'incurie qui
a présidé à l'émission des billets.
Il est donné lecture des procès-verbaux des réunions de
la commission de surveillance de la loterie qui ont eu lieu
le 14 et le 15 novembre 1906, la veille et le jour du tirage.
L'assemblée ratifie l'ensemble des opérations faites au
sujet de la loterie et en donne acte et décharge à M. le
Dr Gillot, ainsi qu'aux membres de la Commission de sur-
veillance.
— 24â —
Puis le secrétaire énumère les dons faits à la Société
depuis sa dernière réunion :
Par M. Louis Gillot, quelques champignons de forme
bizarre, Sphœria digilala Fr. ou Clavaria digitata Bull.,
trouvés par lui sur du bois pourri.
Par M. Jean Vieillard-Baron, deux polypiers du calcaire
bajocien de Plottes, près de Tournus.
Par M. H. Marlot, deux silex taillés, trouvés par lui près
de la source thermale de Maizières, près d'Arnay-le-Duc.
Par M. le président du tribunal civil de Baugé (Maine-et-
Loire), divers minéraux.
Par M. Garrion, instituteur à Paris-l'Hôpital, une branche
de ootonnier, rapportée de El-Dar route (Mauritanie), par
M. Léon Vigneron, d'Issy-l'Évêque.
Par M. Yovanne Renault, une médaille de bronze grand
module, à l'effigie de Michel-Eugène Chevreul, offerte par
la jeunesse française au doyen des étudiants.
Par M. Léon Graillot, un excellent positif pour projec-
tions, exécuté par lui et représentant la visite de la Société
aux sources thermales de Orisy, lors de l'excursion du
14 octobre 1906.
Par M. l'abbé Sebille, curé d'Issy-l'Évêque, des incrus-
tations calcaires d'une touffe de Chara, provenant de la
fontaine de Ooie, près Bellenaves (Allier).
Par M. Lucien Millot, deux superbes spécimens d'Ich-
thyosaure (une tête entière et des côtes), provenant de ses
exploitations de ciment de l'Isle-sur-Serein, ainsi que deux
dents de mammouth.
Par M. Cartailhac, les Monuments primitifs des Baléares,
ouvrage qu'il a publié à la suite d'une mission scientifique
que lui avait confiée le ministère de l'Instruction publique.
Un volume de texte avec 80 planches ou dessins édité par
la librairie Edmond Privât, en 1892.
Par M. le Vl# H. de Chaignon, Études sur les tufs de Mexi-
mieux, de M. A. Faisan.
— 246 —
Par M. le Dr Adrien Guébhard, agrégé de physique des
facultés de médecine, président de la Société des lettres,
sciences et arts des Alpes-Maritimes, dix ouvrages dont il
est l'auteur : les Préalpes maritimes, tomes I et II. Excur-
sions géologiques, paléontologie et stratigraphie1. — Notes
psychiques sur l'évocation psychique des objets réels2. —
Sur un trésor de deniers romains, trouvé en 1901 aux envi-
rons de Nice 3. — Sur quelques meules à grains et un moulin
ancien ressemblant au Trapetum, découverts dans l'arron-
dissement de Grasse (A.-M.)4. — Sur les terrains de tuf et
le surcreusement non glaciaire de la haute vallée de la Siagneh.
— L'Inversion photographique 6. — Sur l'anomalie en jabot
des feuilles de Saxifraga crassifolia L., et sur une autre en
forme de tubulure1. — Essai d'inventaire des enceintes pré»
historiques (Castelars), du département du Var 8. — Sur la fonc-
tion photographique9. — Notes photographiques. 10
Par M. Pierre Marty, le compte rendu sommaire d'ob-
servations nouvelles sur la géologie du thalweg de la
moyenne vallée de la Cère (Gantai), qu'il a publié dans la
Revue de la haute Auvergne.
Par M. le Dr Gillot et MM. Mazimann et PI as sa rd, Cham-
pignons comestibles mortels et dangereux, en deux tableaux. n
1. Extrait du Bulletin de la Société géologique de France, 4° série, tome II,
année 1902.
2. Extrait des Annales des sciences psychiques, 1895-1904.
3. Extrait des Annales de la Société des lettres,- sciences et arts des Alpes*
Maritimes, tome XIX, 1904.
4. Extrait des Annales de la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-
Maritimes, tome XIX.
5. Extrait des comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des
sciences, congrès de Grenoble, 1904.
6. Extrait de la Revue des sciences photographiques, Î904-1905.
7. Extrait des comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des
sciences, congrès de Cherbourg, 1905.
.8. Extrait du compte rendu du premier Congrès préhistorique de France, tenu
à Périgueux en 1905.
9. Journal de physique théorique et appliquée, s. iv, tome IV.
10. Comptes rendus de L'Académie des sciences, tome CXLI, p. 559, 2 octobre 1905.
11. Extrait des comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des
sciences, congrès de Cherbourg, 1905.
— 247 —
Par M. Collot, trois brochures dont il est l'auteur,
Détroit de Langres, feuille de Dijon au 320,000* *. — Le Genre
Trogontherium dans le bassin de la Saône2. — Le Musée
d'histoire naturelle de Dijon. 3
Par M. A. Thieullen, le récent ouvrage qu'il vient de
faire paraître sous le titre de les Préjugés et les Faits en
industrie préhistorique.*
Par M. Henri Fischer, chef de travaux pratiques à la
faculté des sciences de Paris, trois brochures d'Edouard
Piette : le Chevêtre et la Semi» Domestication des animaux
aux temps pléistocènesb. — Fibules pléistocènes*. — Déplace*
ment des glaces polaires et grandes extensions des glaciers1 ;
ainsi que la biographie qu'il vient de publier de son beau*
père, M. Edouard Piette, l'un de nos savants membres
correspondants.
M. le Dr Gillot remercie tous les donateurs et en parti-
culier M. Lucien Millot, puis il entretient la Société, dans
les termes suivants, des récompenses ou des titres accordés
à quelques-uns de ses membres :
Nous sommes toujours heureux d'enregistrer les succès
obtenus par quelques-uns de nos membres, pour leurs tra-
vaux, plus appréciés peut-être ailleurs que chez nous,
succès qui sont la meilleure preuve de l'utilité de notre
œuvre, et qui doivent nous consoler de bien des déboires.
L'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon,
dans sa séance du 13 juin 1906, a décerné une médaille
de vermeil à notre dévoué vice-président M. de Chaignon,
1. Extrait du Bulletin delà carte géologique de France, n* 110, tome XVI (mai
1906).
2. Revue bourguignonne, publiée par l'université de Dijon, tome XVI, n* 3, 1906.
3. Conférence faite sous le patronage de la Société des amis de l'université de
Dijon.
4. Paris, imprimerie Larousse, 1906, un vol. ln-4% avec planches.
5. Extrait de V Anthropologie, tome XVII (janvier-avril 1906).
6. Extrait de la Revue prèhië torique, 1" année 1906, n* 1.
7. Imprimerie Ch. Poette, à Saint-Quentin) 1906.
— 248 —
à la suite d'un rapport dont on nous saura gré de reproduire
les considérants :
« M. le V* Maurice-Henri de Chai gnon, ancien officier,
chevalier de la Légion d'honneur, a consacré des notes
nombreuses dans le Bulletin de la Société d'histoire natu-
relle d'Autun à des minéraux et a des roches peu répandus
de l'Autunois. Il a fait connaître leurs gisements, leurs
gangues, leur manière d'être dans le sol. Il n'est pas jus-
qu'aux indications précises qu'il donne sur le lieu de la
trouvaille qui n'aient leur utilité, pour permettre à ceux
qui voudraient les étudier de les retrouver. D'autres notices
sont des relevés géologiques des lignes de chemin de fer de
Montceau-les-Mines à la Ouiche, de Toulon-sur-Arroux à
Bourbon-Lancy.
« M. de Chaignon a publié des notes de voyage sur la
Tunisie ; à l'inverse de ce qu'on trouve souvent dans de
semblables relations, les incidents de route sont réduits au
minimum et la place est réservée aux observations person-
nelles sur l'histoire naturelle et à des notes critiques sur
les animaux et les plantes rencontrés, sur la production de
la gomme dans la forêt d'Acacias du Bled-Thalah. Pendant
son voyage, M. de Chaignon n'a pas fermé les yeux à ce
qui n'était pas histoire naturelle ; il a visité les catacombes
de Sousse et la basilique d'Upenna, près de l'Enfida, et il
leur a consacré quelques pages i part.
» Une note publiée jadis par lui sur l'Erpétologie du
Jura semble avoir préparé M. de Chaignon à s'occuper des
nombreux reptiles de Tunisie ; il ne néglige pas pour cela
les mammifères, les oiseaux. Lorsqu'il n'a pas pu étudier
par lui-même les échantillons qu'il recueillait, il les adres-
sait à des spécialistes. C'est ce qui lui est arrivé pour les
poissons parmi lesquels il s'est trouvé une nouvelle espèce
d'eau douce. Il a parlé personnellement de certaines
plantes qui présentaient un intérêt particulier, par les
produits qu'elles fournissent à l'homme, ou parce qu'elles
— 249 —
donnent le caractère au pays traversé; mais il a simple-
ment transmis les autres, pour en faire la liste, aux bota-
nistes de profession.
» D'ailleurs ses récoltes de toute catégorie sont nom-
breuses, et il en a généreusement enrichi la Société d'his-
toire naturelle d'Autun. Il a aussi donné à cette Société
son temps, en travaillant avec assiduité au classement des
collections de roches et de minéraux. C'est grâce à la
science, à l'activité, au dévouement de membres tels que
M. de Chaignon que la Société d'histoire naturelle d'Autun
a atteint le degré de prospérité qui en fait un des foyers
de décentralisation scientifique et de vulgarisation des plus
remarquables de la province.
» Nous pensons qu'une médaille de vermeil décernée
aux travaux si désintéressés de M. de Chaignon serait une
distinction bien méritée. » 1
Ces conclusions ont été, comme bien on pense, adoptées
par l'Académie, et notre distingué collègue nous permettra
d'y joindre nos sincères félicitations, pour une récompense
qui honore notre Société tout entière.
La Société mycologique de France ayant pris l'initiative
d'envoyer les publications françaises (livres et dessins), les
plus récentes, relatives à l'étude des Champignons, à l'ex-
position internationale de Milan, M. E. Perrot, professeur
à l'École supérieure de pharmacie de Paris, délégué officiel
du gouvernement français, a bien voulu y faire admettre les
Tableaux des Champignons comestibles, mortels et dangereux,
édités, sous les auspices de la Société d'histoire naturelle
d'Autun, par nos collègues MM. Mazimann et Plassard, ainsi
que les ouvrages, actuellement classiques, de M. R. Bigeard :
Flore des Champignons supérieurs du département de Saône-*
et-Loire, 1898; Petite Flore mycologique des Champignons
1 . Académie des sciences, arts et belles* lettres de Dijon. RêpporU but lë§ prix
de 1905, présentés à l'Académie, dans sa séance du 13 juin 1906, par MM. Collot,
Jobert et Mathey. Dijon, 1905, p. 11.
— 250 —
tes plus vulgaires et principalement des espèces comestibles et
vénéneuses à V usage des débutants en mycologie, avec deux
suppléments, 1903-1906. M. E. Perrot nous a fait savoir que
ces utiles travaux de propagande scientifique et d'applica-
tions pratiques avaient été récompensés, les planches de
MM. Mazimann et Plassard d'une médaille d'or, les livres
de M. Bigeard d'une médaille d'argent. Encore une fois
toutes nos félicitations à nos laborieux collègues!
Enfin, notre jeune collègue, M. le Dr Victor Oillot, chef
de clinique médicale à Alger, a été nommé, par le bey de
Tunis, chevalier de première classe de l'ordre du Nicham-
Iftikhar, comme rapporteur au Congrès colonial de 1905.
Correspondance.
M. H. Marlot, M. le comte de Prunelé et M. Maurice Pic
témoignent leurs regrets de ne pouvoir assister à la réu-
nion. Ce dernier envoie le résultat de ses chasses ento-
mologiques en Saône-et-Loire pendant le cours de l'année
1906.
Coléoptères recueillis dans le département
en 1906.
Dans le courant de l'année 1906 mes récoltes ont été
peu importantes, bien que je sois resté dans notre région
pendant la saison la plus favorable pour la chasse aux
insectes. Ce manque de résultat fructueux tient à plusieurs
causes : à la longue, le filon des découvertes s'épuise et
Ton devient, trouvant moins de choses intéressantes, plus
paresseux pour excursionner ; ma santé a été aussi une
cause importante d'entrave, en m'interdisant toute sortie
pendant plus de deux mois. En somme, mes promenades
entomologiques de cette année, peu nombreuses pour com-
mencer, ont dû cesser brusquement pour cause de santé,
— 251 —
le 15 juillet dernier. Bien qu'ayant eette année-ci peu
chassé, par paresse ou par manque de santé, j'ai la satis-
faction cependant de pouvoir ajouter au catalogue Viturat
six espèces qui sont : Xylodromus deplanatus Gylh., 7W-
toma (Mycetophagus) b-guttata Mtill. , Lemophlœus duplicatas
Walt., Dorytomus occalescens Gylh., Elleschus infirmus
Herbst., Baiophila [Glyptica) œrata Marsh.
Gomme précédemment, je mettrai un astérisque devant
les noms déjà catalogués.
En complément de cet article, on peut consulter diverses
notes de chasses publiées dans V Échange (n0$ 257, 258, 259,
260); dans ces notes plusieurs des espèces mentionnées ici
ont déjà été signalées, ainsi que quelques autres non citées
dans cet article.
*Epaphius secalis Payk. La Boulaye, sous une pierre au
bord de l'Arroux, le 2 juillet.
'Stenelmis canaliculatus Gylh. La Boulaye, sur bois
immergé dans l'Arroux, le 2 juillet.
*Macronichus4-tuberculatus Mtill. La Boulaye, sur bois
immergé dans l'Arroux, le 2 juillet.
*Potamophilus acuminatus F. La Boulaye, sous une
pierre au bord de l'Arroux, le 2 juillet.
'Tachinus bipustulatus F. Les Guerreaux, en juin.
Xylodromus deplanatus Gylh. Les Guerreaux, en mai,
sur le tronc d'un vieux châtaignier.
*Megarthrus sinuatocollis Beck. Les Guerreaux, fin
avril, sous l'écorce d'un chêne abattu.
Tritoma (Mycetophagus) 4-guttata Mtill. Les Guer-
reaux, en juin, cavité d'un vieux chêne.
*Dermestes bicolor F. Les Guerreaux, en juin, au vol à
la tombée de la nuit.
* Abraus globosus Hoff. Les Guerreaux, en juin, cavité
d'un vieux chêne.
Lœmophlœus duplicatas Walt. Les Guerreaux, sous
écorce de chêne abattu, fin avril.
— 252 —
'Lœmophlœus olematidis Er. Perrigny, sur Clématite
sèche, en mai.
*Rhagonycha translucida Kryn. Perrigny, en battant
un Abiès, au mois de juin.
*Clerus rufipes Brahm. Toulon-sur-Arroux, courant de
mai, en battant des branches sèches ou dans des fagots de
pins. C'est la deuxième localité de capture de cette inté-
ressante espèce dans le département.
'Tarsostenus univittatus Rossi. Digoin, au vol, au com-
mencement de juillet.
*Ptinu8 Aubei Boield. Perrigny, en battant des chênes,
au mois de mai.
*Ernobiu8 pini Sturm. Sarry, sur Abiès.
'Lyctus pubescens Panz. Les Guerre aux, en juin, sur
bûches de charme, dans un bûcher.
'Mordellistena abdominalis P. Sarry, le 2 juin.
* Ochthenomus punctatus Laf., var. Digoin, en avril, au
pied de Lepidium graminifolium L.
'Ceutorrhynchus lœtus Ros. Id., id.
* Apion oerdo Oerst. Digoin, milieu d'avril, sur les osiers
(Salix purpurascms), aux bords de la Loire.
Dorytomus occalescens Oylh. Id., id.
Elleschus infirmas Herbst. Id., id.
'Magdalis duplicata Qerm. Saint- Yan, en mai, en filo-
chant, sous un bois de pins.
'Rhynchites olivaceus Gylh. Toulon-sur-Arroux, en
battant des chênes, au mois de mai.
'Rhagitun inquisitor L. (indagator P.). Toulon-sur-
Arroux, en mai. Un exemplaire dans une branche morte de
pin. Espèce peu commune dans le département.
'Cœnoptera minor L. Toulon-sur-Arrroux, en mai, sur
aubépine en fleurs.
'Pogonochœrus decoratus Fairm. Toulon-sur-Arroux,
en battant une branche sèche de pin.
'Chrysomela rufoanea SufT. Les Guerreaux, le 4 mai.
— 253 —
'Adimonia (Galeruca) interrupta 01. Digoin, en juin,
sur Lepidium virginicum L.
*Psylliodes dulcamar» Koch. Toulon-sur- Arroux , en
filochant.
Batophila (Glyptina) œrata Marsh. Sarry, le 2 juin,
en filochant.
Maurice PIC.
M. le Dr Gillot informe la Société que la ville d'Autun
a été choisie pour être le siège du troisième Congrès de la
Société préhistorique de France. Il est donné lecture à ce
propos de la note publiée par M. Adrien de Mortillet dans
le journal l'Homme préhistorique, n° 12, 1" décembre 1906,
p. 374.
« C'est à Autun (Saône-et-Loire), que se tiendra, au
mois d'août 1907, le troisième Congrès préhistorique de
France. Cette session promet d'être aussi brillante que les
deux précédentes.
» Le choix fait par la Société préhistorique de France
est des plus heureux. Autun possède, en effet, outre des
monuments romains assez curieux, de très beaux musées
et deux actives sociétés scientifiques, la Société Éduenne
et la Société d'histoire naturelle, qui apporteront au con-
grès leur dévoué et savant concours.
» Après avoir étudié, à Péri gueux, les gisements paléoli-
thiques des bords de la Vézère et, à Vannes, les monuments
mégalithiques des environs de Carnac, les préhistoriens se
trouveront, à Autun, dans d'excellentes conditions pour
examiner d'une façon toute particulière la question des
Camps qui est actuellement, plus que jamais, à Tordre du
jour.
» Us pourront voir au Musée de la Société Éduenne,
disposées dans des salles spéciales, deux très importantes
collections comprenant le produit de l'exploration de deux
camps d'âge très différent. L'un d'eux, le camp de Chassey
— 254 —
(Saône-et-Loire), qui a surtout été occupé i l'époque dé la
pierre, a fourni à M. le Dr Loydreau une industrie néoli-
thique tout à fait remarquable. C'est incontestablement
la station robenhausienne la plus riche, la plus intéressante
qui ait été signalée en France. L'autre, le mont Beuvray,
place forte importante de l'époque gauloise, située sur les
confins des départements de la Nièvre et de Saône-et-Loire,
a été l'objet de longues et fructueuses fouilles, très habi-
lement dirigées par M. Bulliot.
» Des excursions les conduiront ensuite sur le terrain;
ils visiteront successivement : le mont Beuvray, l'antique
Bibracte, où M. J. Déchelette leur montrera une habitation
gauloise et une portion du mur de défense, dégagés spé-
cialement pour le congrès ; le mont Auxois, à Alise-Sainte-
Reine, VAlesia de César, dont l'exploration, à peine com-
mencée, a déjà donné d'encourageants résultats et amené
la découverte d'objets curieux, qu'ils verront en passant au
Musée de Semur (Côte-d'Or) ; enfin la station classique de
Solutré (Saône-et-Loire), avec son pittoresque rocher, au
sommet duquel se trouve également un camp.
» Le comité d'organisation du congrès d'An tu n, consti-
tué le 16 novembre dernier, est ainsi composé :
» Président : M. le Dr A. Guébhard.
» Vice-présidents : MM. le Dr Ballet et E. Fourdrignier.
» Secrétaire général : M. le Dr Marcel Baudouin.
» Secrétaire général adjoint : M. le Dr Henri Martin.
» Secrétaires : MM. Charles Schleicher et Edmond Hue.
9 Trésorier : M. Louis Oiraux.
» Membres d'honneur : MM. les sénateurs, les députés,
le président du conseil général, le préfet du département
de Saône-et-Loire, le maire d'Autun, le président de la
Société d'anthropologie de Paris, le président de la sous-
commission des monuments mégalithiques, Emile Rivière,
Adrien de Mortillet, le Dr Baudon, le baron J. de Baye, le
prince Roland Bonaparte, E. Chantre, Albert Gaudry,
— 255 —
Gabriel Hanotatix, Gaston Vasseur, Liard, Stanislas Meu-
nier, le Dr Peyrot, et Salomon Reinach.
» Membres du comité : MM. le comte J. Beaupré, Cazalis
de Fondouce, P. du Chatellier, G. Chauvet, le Dr A. Cher-
vin, Oeorges Oourty , Léon Coutil * François Dàleau,
J. Déchelette, A. Doigneau, Espérandieu, le Dr P. Girod,
6. Lacouloumère, A. Létienne, J. Pranishnikofï, Ramon-
Gontaud, J. de Saint-Venant, O. Schmidt, Tabariès de
Grandsaignes, E. Taté et Armand Viré. *
C'est en attendant qu'il fasse plus ample connaissance
avec la Société d'histoire naturelle d'Autun, que M. le
Dr Guébhard a fait hommage à notre bibliothèque, en guise
de carte de visite et de présentation, des ouvrages qui vien-
nent d'être énumérés dans la liste des dons. Il est égale-
ment donné lecture de la note suivante présentée à l'Aca-
démie des sciences *, par un de nos savants membres d'hon-
neur, M. Grand'Eury, à la suite de l'étude qu'il vient de
faire à Autun même de notre flore permienne :
Sur les graines et inflorescences des Callipteris Br.
« La présence fréquente, avec les Callipteris des environs
d'Autun, des graines inventoriées, il y a trente ans, sous
le nom de Car poli thés variabilis Gr. *, jointe au mélange
intime des mêmes graines avec le Call. conferta St. dans
du charbon de Bert (Allier), formé exclusivement de ce
fossile, m'ont fait supposer3 qu'elles se rapportent aux
mêmes plantes. L'étude, sur le terrain, de la flore de l'ho-
rizon du boghead d'Autun confirme ce rapprochement.
» Cette flore, aux mines de Margenne et des Telots, est
des plus simples, composée qu'elle est presque entière-
ment de Callipteris et de Carp. variabilis, ne comprenant
1 . Séances du 5 novembre 1 906, p. 664 des comptes rendus.
2. Flore carbonifère, p. 515.
3. Comptes rendue, t. CXLII, 1906, p. 27.
— 256 —
en outre que de très rares Walchia et quelques types et
espèces en voie d'extinction des couches supérieures de
Saint-Étienne.
» Ces Carpolithes prodigieusement nombreux * sont dis-
perses partout, au toit, au mur de la couche de boghead,
à 100 mètres au dessous et dans l'intervalle; au toit de
cette couche, en particulier, ils sont associés aux Callip-
teris dans la proportion de 100 pour une feuille; et comme
avec les fossiles dissidents, y compris les Walchia2, se
trouvent leurs fructifications et graines, les Carp. variabilis
s'imposent comme graines des Callipteris conferta et dérivés.
» Cependant des nombreuses graines trouvées en con-
tact avec les feuilles, aucune ne leur est attachée. Au toit
du boghead, ces graines sont souvent agglomérées en plus
ou moins grand nombre et, dans les groupes les plus
isolés, elles sont en partie orientées et disposées comme
si elles étaient en connexion avec des axes grêles ramifiés
dont il reste encore quelques vestiges ou traces en dépit de
la mauvaise conservation des empreintes végétales dans
les schistes bitumineux : ces groupements représentent
sans doute des inflorescences égrenées sur place. D'autre
part, sur des schistes à pâte fine de Toulon-sur- Arroux,
se voient des jeunes graines nues attachées à de fins
rameaux. De plus, un bouquet de ces graines a été trouvé
fixé à un rachis rappelant ceux des Callipteris, ce qui a
achevé de me convaincre que les très nombreuses graines
de ces fossiles ont formé des régimes3 séparés indépen-
dants des feuilles ordinaires.
1. Ces graines n'ont pas retenu l'attention ; les plu» approchantes qui soient
publiées sont celles des figures 18 à 21, planche XVIII, Flor* d. jûng. Stk. u.
Roth. im S&*r-Rhein-Gebiele.
2. Leurs graines, plus petites que celles des CàllipUrU, en diffèrent en outre
par la forme et la consistance; et avec les Piniteë permiemi» Ren., qui sont com-
muns à Margenne, gisent des strobiles sphériques ne comportant aussi que de
très petites graines.
3. Je n'ai découvert aucun reste de Cycadospadtx Mlllêryentiê Ren.t me per-
mettant de penser que cette inflorescence puisse se rapporter aux Callipteriê du
type conferl*.
— 257 —
» Les graines nues des Callipteris sont sessiles et sou-
vent obliques comme celles attachées directement et laté-
ralement à un axe. Aplaties à l'état fossile, leurs empreintes,
larges de 5mm à 10mm, sont elliptiques, ovoides ou rondes.
Le testa en est mince et uni, ou plutôt très légèrement
strié par des linéaments fibreux divergeant de la base et
convergeant vers le sommet ; il ne présente aucune ligne
de déhiscence, ni arête organique et tout indique que, à
l'état de nature, les graines de Callipteris ressemblaient à
des baies; ce sont, de forme, les plus simples des graines
de Ptéridospermées.
» Les graines se rapportant aux Call. conforta St.,
prœlongata W., obliqua Gôp., etc., au lieu d'offrir, comme
celles des Nevropterit stéphaniens, autant de types que les
feuilles, varient dans de si étroites limites qu'elles ne se
prêtent pas à des distinctions spécifiques.
» Sans être en mesure de les rattacher à ces Callipteris,
je signalerai néanmoins, parmi ces fossiles, d'assez nom-
breux organes mâles fort singuliers, longs de 2 à 3 centi-
mètres, ressemblant à d'énormes Crossotheca Z., et se lais-
sant comparer, quoique plus gros, aux fossiles des mines
de Decize (Nièvre), représentés par M. Zeiller dans la
Flore fossile de Commentry (pi. XXXI, fig. 2, 3 et 4). A l'état
adulte, les capsules marginales sont pendantes ; au jeune
âge, repliées et dissimulées au-dessous de ces organes
très charnus. Lesdites fleurs, étrangères au bassin de la
Loire, sont généralement isolées. J'en ai cependant décou-
vert une rangée de sept accolées et, sur un autre échan-
tillon, on voit les mêmes fleurs attachées aux deux côtés
d'une large côte moyenne, formant ainsi une inflorescence
en épi large de 5 centimètres.
» En mettant à découvert un grand nombre de feuilles
de Callipteris, j'ai constaté qu'elles sont petites et courtes
comparativement aux Névroptéridées et portées par des
rachis recourbés vers une base tronquée et renflée, tels
S.H.N. 1906. 17
— 258 -
que des pétioles de feuilles caduques détachées d'une
tige.
» D'après tout cela, les Callipteris s'éloignent des Névrop-
téridées par leurs organes de végétation aussi bien que
par ceux de reproduction.
» Ces plantes permiennes débutent d'ailleurs, à la base
du bassin de Bert, par quelques rares Call. conferta St.,
qu'aucun lien aujourd'hui connu ne rattache aux « Fougères
à graines » du Stéphanien.
9 A l'extrémité libre de toutes les feuilles de Callipteris,
on s'aperçoit que leur forme si caractéristique résulte de
dichotomies répétées à très courts intervalles. »
M. le président explique que M. Parant, retenu à la
chambre par une indisposition, ne pourra pas faire aujour-
d'hui la communication annoncée à Tordre du jour, puis il
fait part des observations suivantes :
Mœurs de la Bécasse.
La note que nous avons publiée plus haut (séance du
15 juillet 1906, p. 117), sur la nidification de la Bécasse,
nous a valu de notre collègue, M. Michel Dejussieu, la très
intéressante communication que voici :
« Le garde de M. Emile Merle avait découvert une nichée
de Bécasses dans les bois de Chantai. Un jour que je me
trouvais chez lui, mon ami me dit : « Nous avons un nid
de Bécasses. Les œufs doivent être éclos depuis plusieurs
jours. Allons le voir. »
» Le garde nous guidait. Il était accompagné d'un vieux
chien d'arrêt très prudent et très docile. Lorsque nous arri-
vâmes à l'endroit où était établie la nichée, le couple de
vieilles Bécasses s'envola, et le chien se mit à l'arrêt sur
deux Bécasseaux, au quart ou au tiers de leur taille, mais
qui couraient déjà comme déjeunes poussins de gallinacés.
— 259 —
A l'aide du chien, nous les prîmes et les tînmes entre nos
mains.
• Nous remarquâmes ce détail : le corps des Bécasseaux,
couvert de duvet, portait déjà quelques plumes naissantes,
mais la tête était pour ainsi dire nue. Le bec était très
mou, et incapable, dans sa mollesse, de pouvoir saisir à
terre de la nourriture.
» Nous conclûmes de cet examen que l'oisillon était
nourri par ses parents à l'instar des pigeonneaux, qui pren-
nent leur nourriture dans l'estomac de leurs parents.
» Pendant que nous examinions ces jeunes oiseaux,
nous avions vu un des vieux se rapprocher de nous en
volant.
» Nous nous retirâmes d'une dizaine de pas en rendant
la liberté à nos oisillons. Aussitôt, le parent que nous
avions vu se rapprocher de nous se précipita sur un des
jeunes et l'emporta. Nous n'avons pu voir comment il le
saisit. Alors nous nous retirâmes tout à fait.
» Quelques jours après, M. Merle voulut voir ce qu'était
devenue cette intéressante famille Tout avait disparu.
» J'avais entendu dire à mon père et à M. Dufraigne, son
beau-frère, qu'ils avaient été témoins de Bécasse emportant
ses petits. D'autres personnes m'ont assuré que les Bécasses
emportent même leurs œufs lorsqu'elles s'aperçoivent que
leur nichée est découverte.
» Tout cela confirme que la Bécasse niche dans nos con-
trées lorsqu'elle se trouve pressée par la ponte. »
L'observation si précise de M. Dejussieu corrobore celles
qui ont déjà été faites antérieurement par des chasseurs
et des naturalistes dignes de foi (Brehm, les Merveilles de
la Nature, IV, Oiseaux, p. 581). Il semble toutefois que ce
n'est ni avec son bec trop peu résistant, ni avec ses pattes
peu préhensiles, que la Bécasse emporte ses poussins en
cas de danger, mais en les serrant entre la poitrine et le
bec et le cou replié.
— 260 —
Quant à l'enlèvement des œufs d'un nid découvert et
menacé, le fait est aussi d'autant plus admissible qu'il a
été constaté également chez la Perdrix grise, comme
M. Xavier Raspail en a rapporté récemment des exemples
authentiques (X. Raspail, Une Station ornithologique dans
l'Oise, dans Mém. de la Soc. zool. de France, XVIII (1905),
p. 180). C'est en les serrant sous leurs ailes, que les per-
drix arrivent à transporter leurs œufs de toute leur couvée
à une distance assez grande du nid primitif.
Notes de Tératologie végétale.
Les faits d'anomalies végétales décrits dans le présent
Bulletin ont suscité quelques observations complémentaires,
qu'il est utile de reproduire :
1° Partitions anormales de la Fougère Doradille (voir plus
haut, p. 104). M. Gh. Marchai nous écrit, à la date du 7 no-
vembre 1906 : « De temps en temps je fais une visite à la
Capillaire multipartite (Asplenium Trichomanes var. ramo-
sum L.), du champ de foire de Couches-les-Mines. Actuelle*
ment, elle est très rabougrie et pulvérulente, par l'effet de
l'extrême sécheresse; mais ses caractères semblent se
dessiner sur un pied très voisin, distant d'un mètre.
« De plus, à Saint-Maurice-lès-Couches, je viens de
trouver, sur un même mur, long de quarante mètres, huit
pieds de cette Fougère à fronde bi et tri-furquée, tous très
vigoureux.
d Dans les deux localités, ce cas de tératologie ne se
montre que sur les murs ayant un enduit dans les joints
des pierres et à l'exposition nord-ouest. »
M. Ch. Marchai a joint quelques échantillons probatoires
à l'appui de cette note.
2° Raisins bigarrés (voir plus haut, p. 108). Le savant
président de la Société botanique suisse, le monographe
le plus autorisé de la classe des Fougères, M. le prof.
— 261 —
Dr H. Christ, nous écrit de Bâle, le 12 novembre 1906 :
« Vos très intéressantes communications me rappellent un
fait de raisin bigarré. Il y a des années, j'ai trouvé dans
ma vigne à Liestal (Jura bftlois), sur un cep blanc, un
raisin à baies bicolores, en raies ou quartiers noirs et blancs,
dans le sens de la longueur. J'ai communiqué les échan-
tillons frais au professeur Vœchting, actuellement à Tttbin-
gen (Wurtemberg), qui encore peut témoigner de l'exac-
titude de l'observation. C'était donc un cas de mélange
imparfait et de juxtaposition des caractères des deux
variétés qui se cultivaient un peu pêle-mêle dans ladite
vigne. Je me suis expliqué jadis ce phénomène par une
hybridité ou un greffage accidentel qui me rappelait de
loin le cas de Cytisus Adami ou de Rosa dichroa Lersch. »
3* Endotrophisme des pommes de teire (voir plus haut,
p. 87). A rapprocher des cas cités, celui que nous avons
retrouvé, au cours de recherches bibliographiques, perdu
dans un alinéa des Annales de la Société de botanique de
Lyon, 23e année, compte rendu des séances, p. 24 (séance
du 7 juin, 1898), et qui a le droit de priorité : « M. L. Blanc
présente une Pomme de terre, à l'intérieur de laquelle s'est
développé un bourgeon qui a produit deux tubercules. La
tigelle a traversé la pomme de terre pour sortir de l'autre
côté. »
Dr X. GILLOT.
Le secrétaire donne lecture de la note suivante envoyée
par M. Marchai :
Menus faits de la vie des oiseaux (2* note). 1
1° Le Rossignol de muraille (Sylvia phœnicurus L.). — A cause
de sa livrée et peut-être aussi parce qu'il aime percher au
sommet des cheminées, les campagnards du pays de
1. Voir le compte rendu de la séance du 12 juillet 1903, p. 124.
— 262 —
Couches-les-Mines lui ont donné le nom de ramounia (le
Ramoneur). Il arrive dans la première quinzaine d'avril et
repart au commencement d'août : ces dates coïncident avec
celles données par M. Précigou, dans l'Ornithologie de la
Haute-Vienne. Il niche généralement dans les creux des
arbres et dans les trous des murs ; mais parfois le choix du
berceau de sa jeune famille dénote des goûts très capri-
cieux, ainsi qu'en témoignent les observations suivantes.
Le 19 juin 1904, j'ai constaté qu'un couple avait élu
domicile dans un ancien nid d'hirondelles de cheminée
{Hirundo rustica L.), sous un hangar, à Saint-Maurice-lès-
Couches, et qu'à cette date la femelle couvait.
En mai 1905, à l'intérieur d'un mausolée du cimetière
Saint-Laurent, au Creusot, un couple construisit son nid
dans une couronne mortuaire suspendue au-dessus d'un
petit autel; les matériaux du nid étaient des brins de
mousse enlevés aux vases funéraires du sombre lieu.
L'entrée et la sortie du mâle et de la femelle s'opéraient
indifféremment, soit par une ouverture cruciforme prati-
quée dans la porte métallique du monument, soit par un
trou en losange, de 4 à 5 centimètres de côté, percé au-dessus
de l'autel.
Cette année même, un journal (Lyon républicain, du
6 juillet 1906), signale que M. Qeay, receveur de l'octroi
des Gaisses, a constaté que le Rossignol de muraille a
niché dans la serrure de la grille. « M. Oeay pouvait
néanmoins fermer le pêne sans dommage pour le nid.
Pendant toute la durée de la couvée, le petit rossignol fut
emprisonné toutes les nuits, et, chaque matin, M. Qeay lui
donnait la liberté. Les petits se sont envolés le 4 juillet. »
Enfin, M. H. de Parville (Mœurs d'oiseaux : Annales pol.
et litt., n° 1,204, 22 juillet 1906, p. 57.), cite : !• un couple
qui s'est installé en plein jardin, dans une grande boite en
bois juchée sur quatre pieds et renfermant des instruments
météorologiques.
— 263 —
2° Un autre qui a choisi une boîte aux lettres.
3° Un autre, la niche en osier d'un petit chien.
4° Enfin, un dernier, qui a poussé le comble de la fan-
taisie en élisant domicile dans le pantalon d'un jardinier,
lequel vêtement était pendu à un clou sous un appentis.
On a trouvé, dans les nids, des œufs, de mai à la fin de
juillet, ce qui est une indication sérieuse de plusieurs pontes
annuelles.
Comme son homonyme [Sylvia luscinia L.), c'est un musi-
cien des nuits : à partir du 15 ou du 20 avril, il chante dès
les trois heures du matin; juché sur le faite des toits et
surtout des cheminées, il lance dans l'espace silencieux
les notes sonores de son chant monotone, composé inva-
riablement de quatre notes suivies de plusieurs trilles.
Cet oiseau n'est pas rare ; cependant on n'en voit que
quelques couples isolés; et, depuis dix ans, j'en observe
un seul, chaque année, cherchant sa provende dans les
plates-bandes de mon jardin, particulièrement sous les
choux.
2° Moineaux mycophages et herbivores. — On a beaucoup
écrit sur les mœurs du moineau et la dime qu'il prélève
sur nos récoltes; tantôt granivore et tantôt insectivore ou
frugivore, il est utile ou nuisible suivant les saisons. La
matière est inépuisable et les quelques détails suivants me
semblent inédits.
Presque chaque jour, à partir de novembre (observa-
tions faites au Creusot en 1902, 1903 et 1904), jusqu'aux
neiges et aussi durant l'hiver aux périodes de dégel, des
bandes de huit à douze moineaux viennent picorer les
touffe s de mousse qui croissent sur les toits dans ma cour.
Us en font sauter des pelotes grosses comme une noix en
becquetant dedans. Un examen attentif ne m'a fait décou-
vrir, dans cette mousse, ni graines ni insectes. Cela a lieu
à certaines heures de la journée, surtout de midi à deux
heures.
— 264 —
Durant l'hiver de 1903-1904, ces moineaux ont dévoré,
jusqu'à la racine, plus de deux cents jeunes plants de
myosotis; en avril suivant, ils ont mangé toutes les folioles
d'une planche de jeunes pois nains.
La nécessité d'un changement de nourriture semble,
plus que la faim, être le mobile de ces apparentes aberra-
tions dans leur régime alimentaire.
3° Chardonneret fabricant de duvet — Nous avons vu
(séance du 12 juillet 1903, p. 126), le chardonneret récolter
des lambeaux de toiles d'araignées.
Les deux petites observations suivantes indiquent que
cet oiseau sait plier son instinct à la diversité des circons-
tances.
Un morceau de vieille toile fixait un enduit sur la plaie
d'un prunier. Pendant plusieurs jours, durant la saison des
nids, un chardonneret vint s'escrimer du bec à en détacher
les fibres.
Même fait s'est produit à l'égard d'un chiffon protégeant
une greffe en couronne.
Dans les deux cas, l'oiseau formait du duvet pour la gar-
niture de son nid.
G. MARCHAL.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.
-i
COMPTES RENDUS
DES EXCURSIONS
DE 1906
EXCURSION A DIGOIN (19 juin 1906).
Depuis longtemps déjà il était question d'une excursion
à Digoin, ayant pour principal objectif la visite de la
faïencerie dite de Sarreguemines, établie à Digoin en 187%.
Retardée par des formalités administratives, qu'il y avait
lieu de respecter, l'autorisation de visiter la fabrique, en
nombre indéterminé, nous fut enfin gracieusement accordée,
grâce, en grande partie, à la bienveillance de M. de Jubé-
court, directeur de l'établissement. L'attrait du programme,
secondé par la perspective d'une belle journée d'été, avait
réuni de nombreux excursionnistes à la gare d'Autun, le
19 juin, au départ du train de 6 h. 22 *. Nous avons revu
avec plaisir les sites des bords de l'Arroux, que la voie
ferrée, celle du P.-L.-M. d'abord, puis celle du chemin de
fer départemental d'Étang à Digoin, suit sans interruption.
La rivière, tantôt accélère son cours pour se briser contre
1. MM*" des Abbayes; Goupy; Pasteur; Paul Sauzay; Thibault et Tupinier.
MM. des Abbayes; V. Bertbier ; Bouvet; le V* H. de Chaignon ; Croizier Bernard;
Croizier Henri; Croizier Louis; leDr GUlot; Gueuneau, de Dezize; Jarlot James;
Jarlot Jean; Pasteur et son fils Jean; Renaud aîné; Jean et Pierre Reyssier;
Rigollot François; Paul Sauzay; Thibault; Tupinier père et Ûls, auxquels se Joi-
gnirent en cours de route MM. Douhéret Gaston, de Montcenis; Lerier, de Mont-
ohanin; Marlot, de Martigny; Chassignol, instituteur à la Boulaye, et l'abbé
Flageolet, curé de Rigny.
— 266 —
tes rochers de Chazeux ou de la Boulaye, tantôt le ralentit
pour s'étaler en eau profonde au dormant du « Gourman-
dou » ou au barrage de Toulon-sur-Arroux, ailleurs s'infiltre
capricieusement dans les sables, de telle sorte qu'il a fallu,
de Oueugnon à Digoin, lui adjoindre un petit canal, dit
« Rigole de Gueugnon », pour assurer l'écoulement des
produits métallurgiques de cette petite ville industrielle.
Nous remarquons au passage, sur le talus de la route qui
longe le canal, une borne marquant sur le territoire de
Neuzy, la place où furent trouvés les fameux a Silex de
Volgu », dont une partie a été déposée au musée de Chalon-
sur-Saône. *
A l'arrivée du train, à 9 h. 32, nous sommes accueillis
sur le quai de la gare, par quelques-uns de nos collègues
ou amis, M. Ormezzano, de Marcigny; MM. Maurice Pic,
des Guerreaux, Dr Tuloup, Nigaud et Petitjean, de Digoin,
qui s'empressent de nous offrir leurs bons offices. La pro-
menade commence immédiatement le long du bras du
canal du Centre qui va se jeter dans la Loire, en herbo-
risant d'abord sur les rives du canal et sur les quais;
puis nous descendons au bord du fleuve pour examiner
les travaux du pont que l'on construit sur la Loire, en
remplacement du pont suspendu, octogénaire, très fatigué
et trop étroit, qui sert de passage à la route de Moulins.
Le nouveau pont, tout en pierres, dont le conducteur des
travaux, M. Edmond Debachy, nous explique les détails de
construction avec une extrême obligeance, sera supporté par
neuf piles, dont six en plein lit du fleuve. Ces piles auront
leurs fondations assises sur le sol solide et imperméable, et
pour l'atteindre on emploie des caissons en tôle progressi-
vement enfoncés dans les couches sablonneuses et argi-
1. La cachette de Volga a été découverte le 21 février 1874 par les ouvrier*
terrassiers employés au creusement de la rigole de l'Arroux. Voir le rapport com-
muniqué la même année, à ce sujet, à la Société d'histoire et d'archéologie de
Chalon-sur-Saône, par F. Chabas.
— 267 —
leuses superficielles grâce à l'air comprimé qui, par le
moyen de sasses à clapets, refoule latéralement l'eau et les
matières meubles. Une machine de quarante-cinq ohevaux
sert à comprimer l'air et à le distribuer aux chantiers, qui
occupent soixante-dix ouvriers. Les travaux sont estimés
à 500,000 francs et on espérait les achever dans le délai
de deux années. Mais l'entreprise a joué de malheur. La
mort d'un premier entrepreneur, puis, postérieurement à
notre visite, des difficultés administratives et financières
ont obligé de suspendre les travaux et ont privé l'entre-
prise du bénéfice d'un été exceptionnellement sec et pro-
longé, qui en eût singulièrement facilité l'exécution et
l'accélération.
Notre collègue, M. H. de Chaignon, examine les coupes
géologiques et les roches ou sables extraits du lit de la
Loire, cependant qu'après avoir traversé le pont, et être
passés sur la rive gauche, nous la remontons jusqu'au pont
aqueduc, explorant, au point de vue botanique, les sables,
les pâturages malheureusement grillés par le soleil, les
oseraies et les mares ou c ganches » à demi-desséchées ;
et, malgré la sécheresse, nous récoltons encore bon nombre
de plantes spéciales, dont M. Chassignol a soigneusement
dressé la liste qu'on trouvera plus bas.
La petite ville de Digoin, qui borde la rive droite de la
Loire, est réellement jolie, ainsi vue d'en face, avec ses
maisons blanches, ses terrasses et ses jardins. Peuplée
aujourd'hui de plus de sept mille habitants, Digoin est un
centre agricole assez actif, et doit surtout son importance
commerciale aux canaux qui s'y réunissent, à ses chantiers
de construction de bateaux, et depuis quelques années à
l'industrie céramique dont nous parlerons plus loin. Nous
rentrons en ville par le beau pont aqueduc de onze arches,
long de 217 mètres, sur lequel passe le canal latéral à la
Loire, construit de 1832 à 1835, sous la direction de M. Ad.
Jullien, ingénieur ordinaire des ponts et chaussées. Du
— 268 —
milieu du pont, on a une belle vue sur la ville, sur le fleuve,
et au loin sur les campagnes qu'il arrose, les plaines du
Bourbonnais d'un côté, de l'autre, les collines de la rive
droite, au premier plan celle de la Motte-Saint-Jean, qui
domine a bec d'Arroux, » au confluent de l'Arroux et de
la Loire, et que couronne encore la terrasse de l'ancien
château des ducs de Cossé-Brissac. C'est vraiment un
agréable paysage.
A 1 1 heures et demie, nous sommes attablés à l'hôtel du
Commerce, où l'accueil est gracieux et la cuisine bonne.
Nous y faisons honneur, et à 2 heures, après avoir tra-
versé la rue principale et visité l'église de Digoin, toute
moderne, encore dépourvue de clocher, tandis que MM. de
Chaignon et V. Berthier jettent un coup d'œil à la col-
lection minéralogique et préhistorique de M. Jost, nous
nous rendons àla faïencerie de Sarreguemines, que MM. Utz-
chneider et C" ont transportée à Digoin, à la suite de
l'annexion de l'Alsace - Lorraine à l'Allemagne. Nous y
sommes reçus par M. de Jubécourt qui avait eu l'ama-
bilité de s'adjoindre MM. Brettnacher, Thiriet et Walter,
empressés à nous servir de guides et i nous donner toutes les
explications techniques désirables, et cela pendant deux
grandes heures qui nous ont paru courtes, étant donné l'in-
térêt de la visite, mais quelque peu fatigantes en raison de
la grande chaleur, du bruit assourdissant des ateliers et
de l'attention soutenue. C'est merveille de voir dans oette
ruche industrielle, qui occupe mille cinq cents ouvriers,
tant hommes que femmes, l'évolution de la matière plas-
tique, depuis le galet primitif calciné au four, broyé et
réduit en pâte, jusqu'au vase artistique, décoré, enluminé
et mordoré, qui sort triomphant de la fournaise! Nous
admirons successivement l'adresse du tourneur et du
modeleur, dont la main habile transforme en quelques
instants une motte de glaise en un plat, une tasse ou une
élégante aiguière ; la dextérité et la rapidité avec laquelle
— 269 —
de toutes jeunes filles enduisent les objets façonnés d'en*
gobe ou d'émail, ou les recouvrent de décalques et d'im-
pressions variées ; la sûreté de main que d'autres apportent
dans le dessin et l'enluminure des décors aux sujets sim*
pies ou compliqués; quelques lestes coups de pinceau sur
la surface blanche et c'est un bouquet de fleurs qui s'épa-
nouit, un coq au superbe panache, ou un motif de paysage, etc.
Après nous être grillés à la gueule des fours chauffés à
1500*, éclaboussés auprès des cuves, empoussiérés autour
des souffleries, nous finissons par les ateliers de nettoyage,
de triage, les magasins de vente et d'emballage, et enfin
la grande salle du musée dans laquelle sont exposés les
produits de la fabrique de Digoin, i oôté de ceux de Sarre*
guemines même. Nous sortons émerveillés, remerciant aveo
effusion nos aimables et savants cicérones, et nous pou-
vons les assurer que nous n'avons surpris ni emporté
aucun des secrets de leur fabrication!
Il nous restait encore une heure et demie avant le départ
du train d'Autun, i 5 h. 45. Les plus intrépides parcourent
l'esplanade qui s'étend en face de la faïencerie, de l'autre
oôté de la route d'Autun, et où le terrain rapporté et sablon-
neux se couvre rapidement d'une végétation de plantes,
pour la plupart ubiquistes et de peu d'intérêt. D'autres
rentrent en ville pour y faire quelques commissions. La
plupart se réunissent au eafé voisin de la gare, où peu i
peu toute la compagnie se rassemble pour prendre congé
des aimables collègues digoin nais qui ont tenu i nous
accompagner jusqu'au bout, et que nous ne saurions trop
remercier de l'instructive et excellente journée qu'ils nous
ont fait passer.
— 270 —
Notes botaniques,
Par M. Fr. Chassignol, instituteur à la Boulaye.
Gomme d'habitude, M. le Dr Gillot s'est mis avec beau-
coup d'empressement à la disposition des rares botanistes
qui ont pris part à l'excursion, pour leur faire explorer
très rapidement, sur quelques centaines de mètres, les
bords de la Loire, ainsi que les abords de la faïencerie,
dont la visite a absorbé une grande partie du temps dont
nous disposions.
Parmi les plantes remarquées, nous citerons les sui-
vantes :
!• Sur les bords de la Loire.
Papaver Argemone L.
— Rhœas L.
Nasturtium amphibium Brown.
Lepidium graminifolium L.
— oampeatre Brown.
— virginicum L., en exem-
plaires nombreux mais de
petite taille.
X Capsella gracilis Gren.
Alyssum calycinum L.
Dianthus prolifer L.
Saponaria offîcinalis L.
Melilotus alba Desv.
— oflicinalis Auct.
Trifolium repens L.
— prostratum Biasol.
Astragalus Qlycyphyllos L.
Potentilla reptans L.
— argentea Jord.
Rosa micrantha Sm.
— tomentosa Smith.
Epilobium lanceolatum Seb.
Hemiaria glabra L.
Corrigiola littoralis L.
Tordylium maximum L.
Torilis Anthriacus Gmel.
Torilis nodosa Gaert.
Anthriacus vulgaris Pera.
Chserophyllum temulum L.
Sambucu8 Ebulus L.
A8perula Cynanchioa L.
Achtllea millefolium L. (var. à fl.
roses.)
Gnaphalium uliginosum L.
Gentaurea Galcitrapa L.
Onopordum Acanthium L.
Hypochseris glabra L.
Chondrilla juncea L.
Crépis fœtida L.
Hieraoium Pilosella L.
Ja8ione montana L.
Campanula patula L.
Myosotis atricta Link.
Verbasoum Thapaus L.
— flocooaum Waldat.
Scrofularia canina L.
Ballota fœtida Lam.
Marrubium vulgare L.
Teucrium Botrys L.
Armeria plantaginea Willd.
Plantago arenaria Waldst.
Rumex nemorosua Schr.
— 271 —
Rumex puloher L.
Polygonum amphibium L., por-
tant sur les feuilles une cécidie
molle, rouge : Perrisia Persi-
cariœ L. (Diptère). 4
Ficus carica L., sur les murs des
terrasses du quai.
Alisma Plantago L.
Eleocharis palustris R. Br.
Sctrpus acioularis L.
Oarex muricata L.
— hirta L.
Cynodon dactylon Pers.
Alopecurus agrestis L.
Corynephorus canesoens P. 6.
Bromus tectorum L.
Vulpia pseudomyuros S. W.
— sciuroides Gmel.
Nardurus Lachenalii Spen.
Glyceria spectabilis M. et Kooh.
Agropyrum glauoum R. et S.
Hordeum murinum L.
— seoalinum Sohr.
Bqui8etum variegatum Sch.
Marsilia quadrifolia L.
2* Aux abords de la faïencerie.
Sisymbrium Sophia L.
Bra8sica Cheiranthus Will.
Berteroa incana DO., plante ad-
ventice, de la flore d'Alsace,
apportée sans doute avec des
matériaux destinés à la faïen-
cerie autour de laquelle elle
vit, ça et là, en colonies hétè-
rocasniques (Oillot).
Lepidium ruderale L.
Astrocarpus purpurascens
Walp.
Malva moschata L.
Medicago minima Lam.
Lactuoa Scariola L.
Anarrhinum bellidifolium Desf.
Verbena ofïîcinalis L.
Nous avons également remarqué, dans plusieurs jardins,
de beaux pieds de Lavande (Lavandula spica L.), dont les
fleurs sont mises, par petits paquets, dans les armoires
pour en parfumer le linge.
Notes géologiques,
Par M. H. de Chaignon.
Au point de vue géologique les travaux du nouveau pont
en construction sur la Loire reposent, d'une manière géné-
rale et superficielle, sur les alluvions modernes qui bordent
le lit du fleuve dans une certaine étendue, développées prin-
1. Voir Bull. Soc. hist. nat. Autun, XVIII (1905), Catalogue dea Zoocèdiea de
Saône-et-Loire, par Marchai et Château, p. 279. — Darboux et Houard, Catalogue
aystématique dea Zoocèdiea de l'Europe et du baeain méditerranéen, 1901, n* 2103.
— 272 —
cipalement sur la rive gauche. Digoin et ses alentours, à
une altitude un peu supérieure, se trouvent sur les allu-
vions anciennes.
Plus au Sud et à l'Est, s'étendent les sables et cailloutis
des plateaux rapportés au Pliocène et se présentant avec
des épaisseurs et des niveaux très variables.
Toujours en remontant la Loire, ces sables et cailloutis
sont bordés par les calcaires à Phryganes (oligocène supé-
rieur aquitanien), qui s'étendent au S.-E. en une longue
bande, vers Varennes, Saint- Yan, etc., et séparés du lit du
fleuve par de nouvelles alluvions modernes et anciennes.
D'après la Carte géologique (feuille de Charolles), ces cal-
caires disparaîtraient au Nord vers les Car rages, non loin
des faubourgs de Digoin, et à 1 kilomètre ou 2 au plus du
pont en construction. Les travaux pour l'établissement des
culées et des piles, à l'aide de caissons i air comprimé, se
poursuivent jusqu'à la rencontre du sous-sol en place ou
tout au moins d'un terrain résistant et ne pouvant subir
aucun affaissement. Ce résultat a été obtenu, si l'on en
juge par les matériaux extraits des fouilles en dernier lieu.
Sur le lit marne du fleuve ce sont des alluvions meubles :
sables, limons, marnes, galets, etc., d'épaisseur variable
et se déplaçant suivant les crues.
En dessous et sur une épaisseur variable également, on
a rencontré un banc de grès discontinu, c'est-à-dire que
les travaux d'une pile ont pu le traverser et qu'à côté il
faisait entièrement défaut.
Ce grès, assez uniforme dans la composition, est très
variable comme grosseur de grain, depuis le grès très fin
jusqu'au grès grossier, passant même au poudingue. Je
n'ai pu me renseigner exactement, mais il est probable
que les parties fines sont superposées aux plus grossières.
Quand il est mouillé ou encore humide, il offre une cer-
taine résistance au choc, mais en séchant il perd toute
cohésion et devient très friable.
— 273 —
Les cailloux sont peu roulés, quelques-uns ont simple-
ment leurs parties saillantes émoussées. Ils ne peuvent
venir de loin, ou bien ils ont été cimentés de bonne heure,
peu après leur dépôt en ces points. Le quartz hyalin, les
quartzites blancs et blonds, le feldspath, des fragments de
calcaire même entrent dans sa composition, et le tout est
relié par un ciment calcaire.
Cette formation gréseuse ne doit pas s'étendre en dehors
du lit de la Loire ; elle est d'âge relativement récent et peut se
continuer de nos jours, au milieu des alternatives de crues et
d'eaux très basses qui permettent au calcaire de se concré-
tionner et de relier tous ses éléments, comme cela se passe
actuellement le long de certaines sources ou cours d'eau.
En dessous de ce dépôt gréseux très réduit, les travaux
ont rencontré des couches calcaires qui, sans être d'une
épaisseur partout égale, offriraient bien plus de régularité
et de continuité que les grès et seraient constituées par de
véritables bancs dont l'épaisseur n'a pas été déterminée,
que je sache; mais c'est sur cette base solide et bien en
place que doivent reposer les piles du pont.
Ce calcaire est blanchâtre avec veines jaunâtres; entière-
ment amorphe, d'aspect un peu crayeux, mais à grain plus
fin et plus compact que la craie; il est argilo-siliceux en
assez forte proportion et rappellerait le calcaire lacustre de
Saint-Gérand-le-Puy (Allier), par exemple, dans lequel,
cependant, la silice est moins abondante, mais ce peut être
une différence toute locale et qui n'influe en rien sur le
rapprochement.
Dans ces conditions, ne pourrait-on pas voir là la prolon-
gation en profondeur de la bande des calcaires à Phryganes
qui vient, comme nous l'avons vu plus haut, affleurer à
hauteur des Carrages, et qui n'aurait pas à s'étendre bien
loin pour être rencontrée par les travaux de forage.
La présence des induses ou autres traces fossilifères
ôterait toute indécision à ce sujet. Quoi qu'il en soit, la
S.H.N. 1906. 18
— 274 —
nature du calcaire, son voisinage avec celui des Carrages
qui, dans bien des points, est, lui aussi, des moins fossili-
fères, peut, à la rigueur, permettre ce rapprochement.
Cette visite au pont en construction et surtout celle bien
plus longue à la faïencerie, ne nous permirent pas de nous
éloigner de Digoin. Cependant une petite excursion dans
la direction de la Motte-Saint-Jean eût été intéressante
pour y étudier les grès rouges permiens, qui se développent
là en un long ruban encadré, au Sud, par les alluvions
anciennes et modernes, et au Nord par les cailloutis ou
sables pliocène s. M. le docteur Tuloup, de Digoin, à qui
j'en fis la remarque, eut l'obligeance de me remettre pour
nos collections un exemplaire de cette roche ; il s'agit bien
d'un grès, mais il n'est pas rouge. Il eût fallu aller sur les
lieux pour se rendre compte de l'ensemble de la formation,
car tout en appartenant à ce niveau, il peut bien se faire
que la coloration rouge ne soit pas aussi accusée que dans
d'autres dépôts analogues et n'affecte pas tout le massif.
En bien des points, d'ailleurs, cet ensemble gréseux est
loin d'être absolument homogène. Quoi qu'il en soit, le
grès est essentiellement siliceux; aux acides il ne donne
aucune effervescence.
M. le docteur Tuloup nous remit également un échan-
tillon de quartzite renfermant des ossements paraissant
appartenir à des mammifères. Je n'ai pu savoir au juste dans
quelles conditions il a été rencontré; il s'agit probable-
ment d'une brèche siliceuse à ossements, d'âge plus récent
que le terrain encaissant, et pincée dans quelque fente.
Depuis la visite de la Société à Digoin, j'ai eu l'occa-
sion de passer deux jours à Rigny-sur-Arroux. Oràce à
l'obligeant concours de M. l'abbé Flageolet, curé de Rigny,
j'ai pu suivre plusieurs affleurements de grès rouge dans
les environs. Je laisserai de côté la bande de grès rouge
qui existe également plus à l'Ouest, vers Orandchamp, les
Bernard, etc. ; elle doit être la prolongation en profondeur
— 275 —
de la première. Celle-ci seule nous intéresse à cause de
son développement plus au Sud-Ouest, dans la direction de
la Motte-Saint-Jean, où des doutes subsistaient sur l'attri-
bution à donner à certains échantillons gréseux.
À la sortie de Rigny par la route du Breuil, le premier
chemin qu'on trouve en quittant l'Arroux montre, dans les
talus, des grès rouges stratifiés avec pendage à l'Ouest ; ils
sont surmontés par les cailloutis (pliocènes) à silex roulés.
En ce point, le grès rouge est trop altéré et ne permet
aucun rapprochement. En continuant ce chemin jusqu'au
domaine de Grandchamp, sur l'autre versant de la colline,
les bancs de grès reparaissent et une carrière a été ouverte
au bord d'un pré, presque dans le fond du vallon. De nom-
breux moellons sont déjà extraits de la carrière. Le grès
est peu homogène ou plutôt très variable de faciès et pré-
sente tous les passages, depuis le grès grossier, presque
un poudingue, jusqu'au grès à grain fin et moyen. Il en
est de même pour la coloration qui est distribuée sans
ordre; des parties absolument blanches sont accolées à
des parties rouge vif ou rouge clair.
En revenant sur Rigny par le même chemin, puis en
suivant la route qui longe l'Arroux, dans la direction de
Roche, on peut voir dans le lit de la rivière un troisième
affleurement des grès rouges, disposés en bancs bien réglés,
peu épais, et se délitant en plaquettes de quelques centi-
mètres d'épaisseur, alternativement blanches et rouges;
dans Tune comme dans l'autre, le grain est fin et très
homogène, et la coloration bien régulière.
En présence des dissemblances de faciès qui affectent
le grès rouge de Rigny, il est vraisemblable qu'il doit en
être de même à la Motte-Saint-Jean ; aussi les échantillons
donnés à la Société comme venant de cette localité, et
qui laissaient subsister quelques doutes sur leur prove-
nance, ne peuvent être attribués qu'au grès rouge.
— 276 —
EXCURSION
à FACHIN et CHATEAU-CHINON
(16 septembre 1906).
Le Morvan est riche en sites pittoresques et peu con-
nus, et c'est l'un d'eux que notre collègue, M. le Dr Le-
moine, de Château-Chinon, nous conviait depuis longtemps
à visiter. L'excursion fixée au 16 septembre faillit être
gâtée par le temps. Après deux mois de chaleurs excessives,
de beau temps exceptionnel, un orage survenu le 14 sep-
tembre avait enfin amené la pluie bienfaisante pour la cam-
pagne, mais désagréable pour une promenade. Et ce n'est
pas sans appréhensions que le dimanche matin la petite
troupe d'Autunois, réduite par la crainte du mauvais temps,
prenait le chemin de fer départemental d'Autun à Château-
Chinon, qui les déposait à 8 h. 39 à la gare de Châtelet-
Fachin1. Leur confiance fut, du reste, récompensée, car à
part une ondée matinale et un orage sur la fin de la
journée, la température, l'éclaircie, le soleil même, leur
procuraient une agréable et intéressante journée.
Inutile de revenir sur le charme des paysages morvan-
deaux et des forêts ombreuses que traverse la voie ferrée
et que nous avons déjà parcourues dans plusieurs excur-
sions antérieures. Disons seulement que cette année la fraî-
cheur des vallons et la verdure des prairies contrastaient
agréablement avec les tons roussis et l'aspect grillé par la
sécheresse des pâturages et des boqueteaux de la plaine
autunoise.
A la gare du Châtelet, nous trouvons M. le Dr Lemoine
qui s'est constitué notre guide avec la plus obligeante ama-
i. MM. le marquis d'Audiffret, de Cluny; V. Berthier; Croizier Henri ; Croizier
Charles ; Croizier Louis; le Dr Gillot ; Louis Gillot ; Jarlot James ; Léon Lacomme,
de Mesvres; Porte; Adrien Seguin et Georges Valat.
— 277 —
bilité et une compétence que sa parfaite connaissance du
pays rendait d'autant plus précieuse. Des voitures, rete-
nues par ses soins et venues de Château-Chinon, nous
montent par la route de Saint-Honoré, entre le bourg de
Fachin et le hameau de la Comme situés à Torée des
grands bois, jusqu'au lieu dit « la Louère », où nous croi-
sons la route de Luzy à Château-Chinon, et qui fait partie
de l'extrémité septentrionale de la grande « forêt de la
Gravelle ». Nous mettons pied à terre et suivons M. le
D' Lemoine qui, à grandes enjambées, à travers les ronces
et les houx d'une jeune coupe, nous fait grimper jusqu'au
sommet de la montagne, où surgit un massif de roches,
appelé Roche Cartance, à l'altitude de 674 mètres.
De ce point élevé la vue s'étend sur les vastes plaines du
Bazois et du Nivernais, arrosées par l'Aron et la Loire, avec
leur damier de champs cultivés et de bocages, avec leur
semis de villages et de châteaux, dont M. le Dr Lemoine
nous détaille les noms et l'historique, jusqu'aux collines
de Saint-Saulge, de Prémery et de Pougues, qui, du côté
et au delà de Nevers, ferment l'horizon vers l'ouest. Il est
fâcheux qu'un rideau d'arbres masque la vue du côté de
l'Est; il suffirait d'en couper une bien petite superficie au
sommet de la montagne pour découvrir le grand massif du
Morvan avec ses sombres forêts et ses vallées sauvages,
et Ton aurait alors un des points de vue les plus contras-
tants, les plus étendus et les plus pittoresques du Morvan.
En ce faisant, Mma la comtesse de Laboulaye, propriétaire
du bois, serait bien venue des touristes et des amateurs de
belle nature.
Taillé à pans droits, et facilement accessible par sa
partie supérieure, le rocher affecte une apparence grossière-
ment cubique, et c'est peut-être à cette circonstance qu'il
doit son nom de Roche Cartance, roche carrée, rupes qua-
drata. Il est tout entier constitué par de l'Orthophyre à mica
noir, à arêtes aiguës et irrégulières, et dont la pâte com-
— 278 —
pacte et dure défie le marteau des minéralogistes. Néan-
moins la surface de la roche est creusée de quelques
cuvettes peu profondes ; sur le bord sud deux dépressions
superposées figurent vaguement un siège dans lequel un
homme peut s'asseoir commodément; les gens du pays
l'appellent le Beurrier ou berceau. À l'autre extrémité de
la roche, sur un replat, une autre dépression superficielle,
semi-elliptique, dite le Fer à cheval, représente assez bien
comme forme et dimension l'empreinte d'un pas de cheval.
Ces explications nous sont fournies par Jean Roy, auber-
giste aux Curées, non loin de là, brave homme que sa con-
naissance du pays recommande aux excursionnistes, à la
demande desquels il est tout disposé à satisfaire.
C'est ainsi qu'un peu plus loin, au milieu d'un éboulis
de rochers, et caché par les houx, il nous montre un petit
creux d'eau appelé la Fontaine à Charly, qui ne tarit
jamais et à laquelle les bûcherons viennent se désaltérer.
C'est une cuvette conique dont la cavité naturelle creusée
dans TOrthophyre semble avoir été un peu agrandie et
arrondie intentionnellement sur les bords. Son petit bassin
mesure environ 50 centimètres de diamètre, et 30 centi-
mètres de profondeur; l'eau y arrive par infiltration, et nous
avons pu constater, en effet, que, malgré l'extrême séche-
resse, elle ne faisait pas défaut.
Après avoir dévalé la pente opposée de la montagne et
de la forêt, nous débouchons dans les prés et les terres du
petit hameau des Prêles, dépendant de Saint-Léger-de-
Fougeret, où nous rejoignons la route et nos voitures. C'est
là que M. le Dr Lemoine nous fait constater la grande
quantité de blocs rocheux et de pierres aux angles arrondis
qui couvrent le flanc du coteau, et qu'on a cru pouvoir
comparer à une moraine glaciaire. Nous n'y voyons qu un
éboulis fort ancien de la montagne voisine, étalé en cône
d'éboulement sur les pentes d'un ravin ; les eaux ont, avec
le temps, corrodé les arêtes des pierres, poli et même, sur
— 279 —
les plus gros blocs, légèrement excavé la surface. Les pro-
priétaires voisins les ont utilisées pour clore leurs champs
en en faisant des murs à sec à matériaux de dimensions
colossales.
Pendant que les géologues discutent sur l'origine et la
nature de ces roches, notre ami Porte fouille les prés maré-
cageux avoisinants, et, malgré la saison avancée, nous
apporte un petit bouquet de plantes morvandelles qui ne
manque pas d'intérêt : le Rossolis ou Attrape-Mouches,
Drosera rotundifolia; la fleur du Parnasse, Parnassia palus-
tris \ la mignonne Campanule, Wahlenbergia hederacea, puis
Lotus uliginosus, Scutellaria minor, Juncus supinus, J. squar-
rosus, etc. Mais il est déjà 11 heures et demie, et nous
avons encore quatre à cinq kilomètres à faire pour atteindre
Saint-Léger-de-Fougeret, par une route superbe qui con-
tourne l'opulent château de « Qlaziou » , entouré d'un beau
parc, édifié récemment par M. Humbert, le liquidateur
bien connu des affaires de Panama.
Saint-Léger-de-Fougeret est un coquet petit village,
abrité dans un repli de colline, avec une échappée superbe
sur la plaine nivernaise. L'auberge de Mm* veuve Aubossu
mérite la réputation, par laquelle on nous avait alléchés,
tant par la propreté et la qualité de sa cuisine que par
l'excellent service et les bonnes grâces de l'hôtesse et de
ses accortes filles. A 2 heures, nous activons la digestion
par une petite promenade à la « Pointe de la Garde »,
promontoire rocheux, surmonté d'une statue de la Vierge,
qui se dresse à un kilomètre en avant du village, et d'où
Ton jouit encore, mais sous un autre aspect, du beau pano-
rama des montagnes du Morvan et du pays nivernais. Ici
encore, M. Porte nous fait remarquer dans les fissures du
rocher, de jolies touffes de Fougères, Asplenium septen-
trionale; tout à côté l'élégante Bruyère cendrée, Erica
cinerea7 encore en fleurs; puis les débris de quelques
plantes silicicoles : Teesdalea nudicaulis, Silène nu tans,
— 280 —
Filago mimimay Teucrium Scorodonia, Aira pr&cox> Nar-
durus Lachenalii, etc.
Saint-Léger-de-Fougeret est à huit kilomètres de Château-
Chinon, et la route accidentée traverse la vallée et la
« rivière des Oarats », puis remonte en longeant les rochers
escarpés de « Montseaunin », jusqu'à un plateau qui se
trouve à la même hauteur, et même un peu plus élevé que
la ville. C'est la seule route par laquelle on aborde Château-
Chinon par une descente. A 3 heures et demie, nos voitures
nous déposent devant l'hôtel du Lion d'Or, et nous utili-
sons le temps qui nous reste à grimper sur la plate-forme
du vieux château et à admirer encore une fois le panorama
que nous dominons de cette hauteur de 609 mètres, et qui
est à peu près, plus étendu même, celui que nous contem-
plons depuis le matin. Pendant que nous ravivons les
souvenirs d'une excursion antérieure (Bull. Soc. hist. nat.
d'Autun, XVI, 1903, Excursion à Château- Chinon, p. 254),
et que nous les complétons à l'aide des explications que
notre aimable guide, M. le Dr Lemoine, continue à nous
donner avec une complaisance infatigable, un orage se
forme à l'horizon, dont nous voyons rapidement approcher
les nuées venant de l'ouest. Nous nous hâtons de redescendre,
mais pas assez vite pour éviter la bourrasque de vent, de
tonnerre, de pluie et de grêle qui nous force à nous
réfugier sous divers abris, pendant qu'en un clin d'œil les
rues sont transformées en torrents. Au bout d'une demi-
heure l'accalmie se produit et nous permet de regagner la
gare, pour prendre le train de 5 heures 29, non sans avoir
remercié encore notre nouveau collègue, M. le Dr Lemoine,
de l'intéressante journée qu'il nous a fait passer, et pris
acte de son invitation à renouveler Tannée prochaine, et
dans une autre direction, une promenade en Morvan, et
de sa promesse de l'y retrouver à la tête d'un nouveau
groupe d'excursionnistes !
— 281 —
EXCURSION au CBEUSOT et à 6RISY
(14 Octobre 1906).
Visite du « Musée Schneider » suivie d'une course aux Sources
thermales de Grisy et aux exploitations d'Uranite des Riaux \
commune de Saint-Symphorien-de-Marmagne.
L'excursion du 14 octobre avait pour but principal la
visite du « Musée Schneider » en voie d'organisation2.
Toutefois, cette visite ne devant absorber que la matinée,
il avait été convenu de la compléter par une promenade
aux Sources thermales de la Crôte (hameau de Grisy),
dégagées récemment de leur marécage par les soins du pro-
priétaire, M. L. Debourdeau, et aux nouvelles exploita-
tions d'Uranite des Riaux, dirigées par M. H. Marlot.
Arrivés par le train de 8 heures du matin, les sociétaires
1. La carte à l'échelle de 1/100,000, du ministère de l'Intérieur, désigne le
hameau sous le nom de Ruauds, mais je lui conserverai l'appellation de Riaux
qui lui est donnée dans la localité et qui a été reproduite dans toutes les notices
ayant trait aux recherches d'Uranite.
2. Assistaient à la visite du musée :
MM. Rais, directeur aux établissements de MM. Schneider et Compagnie;
Defosse, archiviste, délégués par M. Schneider pour recevoir la Société d'histoire
naturelle ; Gillot, docteur à Autun, président; vicomte H. de Chaignon, officier en
retraite à Autun, vice-président ; Berthier, quincaillier à Autun, secrétaire ;
des Abbayes, sous- directeur des Contributions indirectes à Autun ; André Georges,
vétérinaire à Autun; Graillot Léon, négociant à Autun; Charbonnier- Lebre ton,
greffier du tribunal civil, à Autun ; Mauchien fils, négociant à Autun ; Seguin Adrien,
négociant à Autun ; Sirdey père, rentier à Autun ; Sirdey fils, lieutenant d'artil-
lerie; le marquis d'AudifTret, officier de cavalerie en retraite, à Cluny ; Armandin,
pharmacien & Quarré-les- Tombes (Tonne) ; Chassignol, instituteur à la Boulaye ;
Cottin, maire, à Broyé; Desvignes, entrepreneur à Saint-Symphorien-de-Mar-
magne; Drizard, docteur à Montcenis; Marlot, géologue- prospecteur à Saint-
Symphorien-de-Marmagne ; Saclier, maire, à Charbonnat.
De la section du Creusot : MM. Raymond, ingénieur civil des mines en retraite,
vice-président ; Camusat, ingénieur, secrétaire adjoint ; Berthier Ernest, agronome ;
Chanlon, contremaître, et M11* Chanlon ; Diard, docteur, et M"** Diard ; Dolle,
ingénieur des arts et manufactures, Jondot, dessinateur; Jouvel, ingénieur-
géomètre aux mines du Creusot ; Montmartin, chimiste ; Montagne, agent général
d'assurances ; Nidiaut, ingénieur ; Petit, dessinateur ; Thomas, pharmacien.
— 282 —
sont reçus à la gare par la section du Creusot et, sous la
direction de M. Raymond, ancien ingénieur en chef des
mines de MM. Schneider et Compagnie, vice-président de
la Société d'histoire naturelle d'Autun, l'on se rend immé-
diatement au musée.
La Société est reçue au seuil du musée par M. Rais,
directeur aux établissements de MM. Schneider et Compa-
gnie, accompagné de M. Défasse, archiviste.
M. Rais souhaite la bienvenue aux sociétaires, leur expri-
mant les regrets de M. Schneider de n'avoir pu les rece-
voir lui-même, puis la visite commence immédiatement
par les collections d'histoire naturelle, dont M. Raymond
explique, avec beaucoup de détails très intéressants, l'im-
portance, l'origine et la raison d'être de chacune d'elles.
Passant ensuite à la salle des collections industrielles,
c'est à M. Rais, tout désigné en cette circonstance, qu'in-
combe le rôle de nous faire connaître toute la valeur de
l'œuvre entreprise par M. Schneider en créant ce musée.
Les explications qu'il veut bien nous donner sur chacune
des nombreuses pièces déjà classées dans cette salle sont
du plus haut intérêt, et c'est avec le plus grand regret que
nous voyons s'achever cette très instructive visite.
Pour conserver un souvenir de cette visite, une photo*
graphie de la Société est prise à la sortie du musée, puis
un lunch est offert aux visiteurs dans les salons du Cercle
de MM. Schneider et Compagnie.
M. Rais, se levant, adresse à la Société quelques paroles
de bienvenue :
MONSIEUR LB PRÉSIDENT, MESSIEURS,
En vous renouvelant les très vifs regrets de M. Schneider, retenu
par ses obligations hors du Creusot, de n'avoir pu vous recevoir et
vous faire lui-même les honneurs de son musée, comme il l'aurait
désiré, je tiens à vous dire que rien ne pouvait lui être plus agréable,
pour une première visite officielle de ce musée, que d'en ouvrir les
portes à la Société d'histoire naturelle d'Autun.
— 283 —
Oe musée est la réalisation d'un projet depuis longtemps caressé
par M. Schneider. Il désirait d'abord sauver de l'oubli cette magni-
fique collection de minéraux, de bois silicifiés et d'échantillons de
la flore fossile de notre région qui vous a si vivement intéressés. La
remise en ordre et la classification de ces échantillons sont dues à
M. Raymond et font le plus grand honneur à l'érudition de votre
sympathique collègue. Je suis particulièrement heureux de l'occa-
sion qui m'est offerte de lui en rendre publiquement hommage.
M. Schneider voulait aussi grouper les souvenirs, modèles, docu-
ments et produits fabriqués à diverses époques de la vie indus-
trielle du Creusot et de ses établissements. Mais, comme vous
l'aurez remarqué, ce musée est en voie d'organisation et bien des
objets lui manquent, qui sont dispersés de côté et d'autre et qui
prendraient toute leur valeur à figurer au milieu de nos collections
existantes. Aussi, permettez-moi de vous faire un appel quelque peu
intéressé, à vous qui vous passionnez pour les choses anciennes, en
vous disant que nous serons toujours très reconnaissants aux per-
sonnes qui pourraient nous remettre quelque objet se rattachant à
l'histoire du Creusot ou de la région. C'est ainsi que vous aurez pu
voir déjà dans nos collections des objets offerts par de généreux
donateurs, dont nous avons fait figurer les noms sur des étiquettes
spéciales.
Messieurs, je suis heureux de reconnaître et de saluer parmi vous
de très gracieux spécimens d'une flore toute moderne en la personne
des dames présentes. Je les prie d'agréer mes respectueux hommages
et en levant mon verre en leur honneur, je bois à leur santé, à la
vôtre, Messieurs, et à la prospérité de la Société d'histoire naturelle
d'Autun.
Répondant à M. Rais, M. le Dr Gillot, président de la
Société, s'exprime en ces termes :
Mesdames, Messieurs,
Je remercie M. Rais des paroles de bienvenue qu'il vient de nous
adresser au nom de M. Schneider. Je le prie de vouloir bien être
auprès de lui l'interprète de nos sentiments de respectueuse gra-
titude pour la bienveillance avec laquelle il a bien voulu nous
ouvrir les portes de son musée en cours d'organisation, et pour
avoir délégué, pour nous recevoir, MM. Rais et Defosse qui, avec
M. Raymond, nous ont fait les honneurs de ces collections avec
autant de bonnes grâces que de compétence.
— 284 —
La visite que nous venons de faire du « Musée Schneider » nous
a doublement intéressés.
D'une part, nous avons vu réunis un nombre déjà important d'objets
industriels divers : pièces historiques, cristaux, modèles anciens,
maquettes, réductions de travaux d'arts, projectiles divers, etc.,
qui retracent l'histoire du Creusot depuis ses modestes débuts,
d'il y a plus d'un siècle, jusqu'à cette merveilleuse apogée de l'in-
dustrie moderne, à laquelle elle est parvenue sous la haute direc-
tion de la famille Schneider, qui est devenue, du reste, l'âme et
l'honneur de la grande cité industrielle.
D'autre part, les collections paléontologiques et minéralogiques,
si intéressantes et si utiles à l'industrie minérale, créées, il y a déjà
quelques années, sur la demande de M. Henri Schneider, par la
science de M. Raymond, à laquelle l'intelligente initiative de
M. Eugène Schneider vient de faire appel à nouveau, en lui en
confiant le classement définitif propre à leur introduction dans un
musée.
Vous me permettrez de rappeler ici l'intérêt que M. Eugène
Schneider, continuant les traditions de son père, a toujours témoi-
gné aux études scientifiques, notamment à celles de la Société d'his-
toire naturelle d'Autun et de la section du Creusot. Il a bien voulu,
même, accepter d'être l'un de nos vioe-présidents, et je suis heureux
d'avoir encore à l'en remercier aujourd'hui.
En examinant vos belles séries de bois silicifiés et d'empreintes
végétales, le souvenir m'est tout naturellement revenu de notre
ancien et regretté président Bernard Renault, qui a contribué, il y
a quelques années, à les étudier et à les déterminer. La pensée
m'est venue que le grand industriel avait lieu d'avoir quelque
reconnaissance au modeste savant qui a tout simplement gravé le
nom des Schneider sur un morceau de houille, en caractères plus
durables que les lettres d'or d'un monument.
Si les palais de fer du Creusot peuvent contribuer, dans la suite
des siècles, à perpétuer les noms de leurs créateurs au Livre d'Or
de la Métallurgie, la science, qui est immortelle, y joindra aussi son
puissant appui, car le géologue, en retrouvant dans les entrailles
du sol le Nœggerathia IL Schneideri, signé de Bernard Renault,
ainsi que le Walchia E. Schneideri, signé de Zeiller, remettra en
lumière, lui aussi, le glorieux nom des Schneider.
Au nom de la Société d'histoire naturelle d'Autun, je lève mon
verre en l'honneur de M. Schneider, de ses distingués collabora-
teurs, nos oollègues, et à la prospérité du « Musée Sohneider ».
— 285 —
Les sociétaires prennent ensuite congé de MM. Rais et
Defosse, enchantés de cette très aimable réception dont
ils garderont l'agréable souvenir.
Faisant maintenant un retour en arrière, il me semble
qu'il ne sera pas sans intérêt, à titre d'aide-mémoire à
l'usage de ceux qui ont eu la bonne fortune d'en faire la
visite, de rappeler, au moins dans leurs grandes lignes,
les choses très intéressantes qu'il nous a été permis de
voir au « Musée Schneider ».
1* Collections d'Histoire natureUe.
Nous retrouvons ici de vieilles connaissances, car c'est
la troisième fois que la Société d'histoire naturelle d'Autun
a l'avantage et le plaisir de visiter ces belles collections.
Les collections paléontologiques furent commencées
par M. Raymond en 1883, sur l'initiative de M. H. Schnei-
der. Installées d'abord sommairement dans un local du
château de la Verrerie, elles furent visitées par la Société
le 17 avril 1887.
Transportées en 1892 dans un local d'archives des usines
du Creusot, situé place de l'ancienne pharmacie, au point
culminant de la ville, elles furent complétées par une riche
collection minéralogique provenant principalement de la
mine de fer carbonate spathique d'AUevard (Isère), qui
était alors exploitée par MM. Schneider et Compagnie pour
l'alimentation partielle des hauts fourneaux du Creusot, et
de la mine de Saint-Georges-des-Hurthières (Savoie), mine
encore exploitée actuellement, dans ses gisements cuivreux,
par les soins de MM. Schneider et Compagnie.
C'est dans ce local que la Société les visita pour la
seconde fois, le 15 octobre 1896.
Mises de côté momentanément, par la nécessité d'utiliser
leur emplacement pour l'agrandissement des salles d'ar-
chives, ce n'est qu'au commencement de cette année 1906
— 286 —
que M. Schneider les fit reprendre pour les faire figurer
dans le musée industriel dont il a commencé la réalisation,
après avoir confié à M. Raymond le soin d'un classement
définitif propre à leur introduction dans ce musée actuelle-
ment installé place Schneider, dans les anciens locaux des
écoles spéciales des usines du Creusot.
Cette fois du moins, ces collections ont reçu une place
digne de leur grande valeur scientifique.
Installées avec soin, à l'abri de la poussière dans de
splendides vitrines, elles ont vraiment bon aspect et rap-
pellent mieux l'importance que les sciences ont toujours eue
dans le développement des industries du Creusot. Il n'est
pas jusqu'aux vitrines qui les recèlent qui n'aient leur
valeur historique, ayant figuré dans les nombreuses expo-
sitions, françaises ou étrangères, où MM. Schneider ont
porté si haut le renom de leurs établissements métallur-
giques.
Rappelons sommairement les grandes lignes de ces
collections.
Pour en établir la nomenclature, je procéderai dans le
même ordre que l'a fait M. Raymond dans les explications
qu'il nous en a données le 14 octobre.
Mine de fer de Mazenay (Saone-et-Loirb). — La mine
de fer de Mazenay, située à 35 kilomètres du Creusot, est
reliée directement aux usines par une ligne de chemin de
fer appartenant en partie à MM. Schneider et Compagnie
et empruntant, pour le reste, le réseau P.-L.-M. (ligne de
Nevers à Chagny), de Montchanin à Saint- Léger-su r-
Dheune.
Cette mine comprend deux concessions : celle de Maze-
nay, acquise par MM. Schneider et Compagnie le 5 jan-
vier 1853, et celle contiguë de Change, acquise le 5 août
1855. L'exploitation de ces deux concessions est presque
exclusivement concentrée sous le mont de Rome-Château
— 287
pour la première, et sous le mont de Rème, voisin du pre-
mier, pour la seconde.
Le minerai, à texture oolithique, et dont la teneur en fer
oscille entre 25 et 32 pour 100, appartient à la zone à
Schlotheimia angulata (Schl.). zone à Ammonites angulatus
de l'Hettangien, ou Infra-Lias de Leymerie.
Le minerai proprement dit, qui est très uniforme dans
tout le gisement, ne se prête pas à l'extension d'une col-
lection variée, aussi la mine de Mazenay est-elle surtout
représentée dans ses caractères géologiques par les fossiles
de son étage, ainsi que par ceux des étages de super-
structure qui, aux monts de Rome-Château et de Rème,
s'élèvent jusqu'à l'oolithe inférieure qui couronne les som-
mets de son calcaire à entroques.
Les principaux fossiles sont, en descendant la série
géologique :
Lias supérieur (Toarcien).
Ammonites (Harpoceras) bifrons
Brug.
Ammonites (Harpoceras) serpen-
tinus Rein.
Belemnites irregularis Schl.
Turbo subduplicatus.
Lias moyen (Liasien).
Ammonites ( ASgoceras ) plani-
costa Sow.
Belemnites clavatus Schl.
Gryphœa Gymbium Des h.
Spirifer p inguis.
Lias inférieur (Sinémurien).
Ammonites oxynotus.
— raricostatus.
Belemnites acutus Mill.
Pholadomya ventricosa Agas.
Gardinia crassiuscula Sow.
Lima gigantea Sow.
Terebratula cor. Lmk.
Rhynchonella variabilis.
Spirifer Walcottii Sow.
Pentaorinus tuberculatus Mill.
Gryphœa arcuata Lmk.
Hettangien (Infra-Lias).
Ammonites (ASgooeras) laqueus
Quenst.
Ammonites (Sohlotheimia) angu-
latus Schl.
Ghemnitzia vesta d'Orb.
Pleurotomaria rotellœformis
Dunk.
Plioatula hettangiensis Terq.
Peoten valoniensis Defr.
Pentaorinus angulatus Opp.
Flore permienne. — La flore permienne est représentée
par des empreintes provenant du bassin d'Autun et du
— 288 —
bassin de Charmoy, les schistes, argileux jaunâtres, de ce
dernier représentant, très vraisemblablement, la partie
supérieure du système des schistes autunois, et par une
magnifique collection de bois silicifiés, sciés et polis aux
usines du Creusot.
Les fougères, abondantes à l'époque permienne, appar-
tiennent surtout aux genres Odontopteris, Callipteris et
Nevropteris; les Pecopteris, restes de la flore carbonifère,
étant devenus rares à cette époque géologique.
Les schistes de Charmoy ont également fourni de nom-
breux exemplaires de conifères, appartenant au genre Wal-
chia : W. piniformis, W. hypnoïdes, dont plusieurs possèdent
leurs épis fructifères, enfin une espèce nouvelle, trouvée
à la digue de l'étang de Martenet par notre secrétaire
M. V. Berthier, espèce filiforme étudiée par M. Zeiller,
inspecteur général des mines, membre de l'Institut, et
dédiée à M. E. Schneider sous le nom de Walchia Schneider i. 1
Je n'omettrai pas de signaler aussi quelques empreintes
de Baiera, genre allié au Ginkgo. Cette plante a été rencon-
trée pour la première fois dans le terrain permien lors de
l'excursion faite à Charmoy, le 26 août 1886, par la Société
d'histoire naturelle, sous la direction de MM. Bernard
Renault et Raymond. Avant cette découverte, le Bâtera
n'était pas connu plus bas que dans les couches supérieures
du Trias.
La collection de bois silicifiés, qui compte mille trois
cents échantillons, est aussi curieuse pour le profane, par
son bel aspect, que pour le connaisseur, par la conserva-
tion de ses échantillons et la richesse de ses variétés. Elle
appartient surtout au bassin autunois, le bassin de Char-
moy n'y étant représenté que par des échantillons de Cor-
1. Ce Wàlchiâ, à longues feuilles, est décrit dans ses autres caractères, par
M. Zeiller, dans le deuxième fascicule des Gttoi minéraux de U France ; paléon-
tologie des bassins houiller et permien de Blanzy et du Creusot, en court d'im-
pression à l'Imprimerie nationale.
— 289 —
daïtes, de belle taille, mais laissant généralement à dési-
rer sous le rapport de la conservation, trouvés dans les
champs avoisinant les Bizots.
Tous les échantillons de cette collection, qu'il serait trop
long d'énumérer ici, appartiennent généralement aux
genres : Cor daïtes, Sig Maria, Arthropitus, Poroxylon, Astro-
myelon, Myelopteris, Psaronius, etc., etc.
Je ne rappellerai plus particulièrement qu'un exemplaire
d'une espèce nouvelle, venant du bassin d'Autun, racine
d'Araucariée qui, sous le nom & Araucarioxylon Raymondi,
fut dédiée à M. Raymond, en souvenir des nombreux ser-
vices rendus par lui à la science paléontologique, et en
particulier à Bernard Renault, qui fut tout heureux de
trouver cette occasion de lui prouver sa reconnaissance.
A signaler ici, à côté de la flore permienne, quelques
exemplaires de poissons ganoïdes, des genres Palœoniscus
et Amblypterus, des schistes d'Autun.
Flore carbonifère. — La flore carbonifère comprend plus
de deux mille échantillons. Elle est représentée par la flore
à peu près complète du houiller supérieur, surtout dans sa
partie voisine du Permien.
Toutes les empreintes de cette collection, choisies parmi
les mieux conservées, proviennent des bassins houillers du
Creusot, de Montchanin, de Decize (Nièvre), appartenant à
MM. Schneider et Compagnie, de Blanzy, de Saint-Berain-
sur-Dheune, de Perrecy, d'Épinac, de Brassac, de la Loire
et de Gommentry.
Il est impossible de refaire, dans les limites de ce
compte rendu, une nomenclature un peu détaillée de tous
les échantillons, et je dois me contenter de rappeler som-
mairement les principaux genres représentés :
Calamodendrées. — Nombreuses tiges articulées de Cala-
modendrons, dont beaucoup possèdent encore leur écorce
houillifiée ;
S.H.N. 1906. 19
— 290 —
Cordaïtées. — Tiges et moelles (Artisia) ; belles plaques
de feuilles de Cordaites et de Poacordaites, montrant sou-
vent leurs insertions raméales ;
Équisétacées. — Tiges de Calamités et d'Equis etum ,
rameaux d'Ânnularia, Asterophyllites, etc., etc.
Lycopodiacées. — Écorces de Lépidodendrons et de Sigil-
laires, avec leurs curieuses cicatrices foliaires; Stigma-
ria, etc. A rappeler ici que le genre Stigmaria, qui a été
pendant longtemps considéré comme un genre à part,
semble, d'après les savantes études de Bernard Renault,
devoir être considéré comme l'appareil radiculaire des
Sigillaires.
Rhizocarpées. — Nombreux exemplaires de Sphenophyllum;
Fougères. — Les Fougères sont les plus nombreuses
parmi les espèces de la flore houillère. Elles appartiennent
principalement aux genres : Sphenopteris, Dictyopteris, Odon-
topteris, Alethopteris, Pecopteris, etc.
Cycadées. — Les Cycadées, dont les empreintes sont
relativement rares dans le terrain houiller, sont représen-
tées tout particulièrement ici par une espèce nouvelle, le
Nœggerathia Schneideri, trouvée dans les grès houillers de
Longpendu, bassin houiller de Montchanin. Cette oycadée,
dont on ne possède qu'un seul exemplaire, est assez remar-
quable par sa bonne conservation; elle a été dédiée à
M. Henri Schneider par Bernard Renault qui en a donné
la description dans une communication faite, en collabora-
tion avec M. Zeiller, à l'Académie des sciences, le 8 février
1886 :
Fronde de Nœggerathia, longue de 0»062, portant 45 pinnules,
trouvée dans les grès houillère de Longpendu et que nous dési-
gnerons sous le nom de Nœggerathia Schneideri.
Le rachis est grêle, quelque peu flexueux, garni de pinnules
persistantes, alternes, s'écartant de leur support commun sous un
angle ouvert ; le plan des pinnules coupe obliquement le raohis, ce
qui résulte de leur mode d'insertion.
— 291 —
Les pinnules sont égales, sessiles, entières, oblongues, le bord
supérieur un peu plus convexe que le bord inférieur, arrondies au
sommet, échancrées à la base, s'insérant obliquement d'arrière en
avant sur les côtés et sur la face supérieure du rachis qu'elles
entourent ainsi sur une certaine étendue.
Les pinnules mesurent 0»021 en longueur et 0m009 en largeur,
leur distance moyenne est de 0m008 ; elles se recouvrent légèrement
sur leurs bords quand, par une pression extérieure, elles ont été
amenées dans le même plan que le rachis.
Les nervures sont nettes, égales, équidistantes, parallèles, se
divisant quelquefois par dichotomie, terminées sans inflexions au
contour de la feuille, plus serrées vers la base, d'où elles partent
sur tout le contour d'insertion. Sur une largeur de 0m0i, on compte
25 nervures ; le N. foliosa en offre 30 sur la même étendue.
Houille organisée. — Je n'omettrai pas de signaler une
belle collection d'échantillons de houille organisée, c'est-à-
dire d'échantillons de houille conservant, malgré la com-
pression qu'ils ont subie, toutes les traces de l'organisa-
tion des végétaux dont ils sont formés. Les études de Ber-
nard Renault sur les houilles organisées ont fait faire un
grand pas à la théorie végétale de la formation des cou-
ches houillères.
La collection de la flore carbonifère du « Musée Schnei-
der » ne constitue pas, dans son ensemble, un amas plus
ou moins banal d'échantillons divers, réunis dans le seul
but de créer une collection de curiosités naturelles.
Dès l'origine de sa création, M. Raymond s'est préoccupé,
non seulement d'en faire un classement méthodique, mais
encore et surtout de l'organiser d'une façon tout à fait judi-
cieuse et spéciale, permettant d'en tirer les renseigne-
ments les plus précieux au point de vue de l'exploitation.
Toutes les espèces y étaient représentées par des nombres
proportionnels, en rapport avec leur abondance dans les
gisements d'où elles avaient été tirées, ce qui pouvait faci-
liter, dans les exploitations futures, l'assimilation du niveau
relatif des couches rencontrées.
— 292 —
La réunion d'un certain nombre d'échantillons de chaque
espèce facilite en outre leur détermination spécifique. Les
différentes parties d'une même fronde : base, milieu, som-
met, devenues voisines, permettent, en effet, de rectifier
les erreurs d'un premier classement, et je citerai comme
exemple, à ce sujet, de très beaux échantillons de pinnules
basilaires d'Odontopteris genuina qui, prises isolément,
ressemblent, à s'y méprendre, à un Cyclopteris.
Il en est de même pour les empreintes d'Odontopteris Rei-
chiana, fougère dissymétrique, dont bien souvent une
portion de la fronde est tripinnée du côté inférieur et seu-
lement bipinnée du côté supérieur, caractères qui ne sont
accusés que sur de beaux échantillons de la base.
En un mot, cette collection, telle qu'elle est organisée,
constitue l'une des connaissances principales de l'art du
mineur.
Mines de fer d'Allevard (Isère). — Les mines de fer
d'AUevard, situées dans les Alpes dauphinoises, apparte-
naient, il y a quelques années seulement, à MM. Schnei-
der et Compagnie qui y avaient installé une puissante
exploitation mécanique, et qu'ils pnt été amenés, par des
circonstances particulières, à céder à MM. Ch. Pinat et
Compagnie, maîtres de forges à Allevard, auxquels ils
livraient déjà du minerai de ces mines avant la cession.
Les filons de fer carbonate spathique (sidérose), avaient
une puissance de 6 à 8 mètres. Ils sont enclavés tantôt
dans des couches de grès et dolomies semblant se rapporter
à la base du Trias, et peut-être au Permien, tantôt dans des
schistes cristallins, chloriteux ou sériciteux, attribués au
Précambrien .
Les filons des schistes cristallins, dits filons-rives { y ont
1. Le minerai de ces filons était d'un traitement plus facile par les anciens
procédés et, par suite, recherché particulièrement pour la fabrication de l'acier dit
de Rives (Isère), d'où lui est venu son nom.
— 293 —
une texture à petites facettes, tandis que les filons des grès
et dolomies, filons-maillat, sont à grandes lamelles.
La teneur en fer du minerai cru n'était que de 32 pour 100,
aussi ces minerais étaient-ils grillés sur place pour leur
enrichissement par disparition de l'acide carbonique, ce
qui portait leur teneur en fer à 42 pour 100.
A la mine de Saint-Georges, les filons de fer, qui appar-
tiennent à la variété « rives », n'ont pas donné lieu à une
exploitation de quelque importance. On s'est surtout atta-
ché à l'exploitation de la Ghalcopyrite qui se rencontre assez
abondante aux abords des failles, ou sous forme de len-
tilles dans les filons de fer carbonate.
La collection du « Musée Schneider » comprend, outre
de forts beaux échantillons, de dimensions souvent très
considérables, de sidérose à grands cristaux rhomboé-
driques, ou parfois lenticulaires, toutes les gangues et les
minéraux accessoires qui se rencontrent fréquemment, soit
aux abords des filons, soit à l'état intrusif : quartz hyalin,
en beaux cristaux, ou en aiguilles très déliées, tapissant
par milliers quelques échantillons, Calcite en très petits
prismes pyramides, semés à profusion sur les rhomboèdres
de Sidérose, Dolomie en beaux cristaux, ou quelquefois en
nodules dans le fer carbonate auquel elle donne un aspect
orbiculaire, Chalcopyrite, Malachite, Panabase (cuivre gris),
Galène, Epidote, Tourmaline rose, etc. , etc.
Gette collection a été très heureusement complétée par
un grand nombre d'autres échantillons d'origines diverses.
2* Collections industrielles.
La reconstitution de l'histoire du Creusot par un musée
est loin d'être chose facile. Ses origines sont déjà anciennes,
et il s'agit de réunir un grand nombre d'objets qui, oubliés
momentanément à travers les développements rapides
des usines, sous la haute direction des Schneider, ont pu
s'éparpiller facilement de côté et d'autre. L'œuvre entre-
— 294 —
prise par M. Schneider est donc une œuvre de grande per-
sévérance.
Les collections que nous avons pu visiter le 14 octobre
se complètent de jour en jour, se classent, se cataloguent
méthodiquement, et tout fait espérer que bientôt elles pour-
ront nous raconter, sans trop de lacunes, l'histoire indus-
trielle des jours passés.
Dans cet état actuel des choses : un grand nombre d'ob-
jets, non organisés dans d'autres salles, n'ayant pu nous être
montrés, le lecteur voudra bien me pardonner la brièveté
de ce compte rendu, que je m'efforcerai, toutefois, de lui
rendre aussi attrayant que possible par la relation de faits
historiques ou de particularités techniques se rattachant à
quelques-uns des objets de ces collections.
Marteaux-pilons. — Le premier objet qui frappe nos
regards, en entrant dans la salle des collections industrielles,
est un petit marteau-pilon, de 70 centimètres de hauteur,
portant tout son mécanisme de manœuvre, et accompagné,
sur le même socle, d'une petite chaudière à vapeur en
forme de poire, ayant environ 50 centimètres de diamètre,
60 centimètres de hauteur, et munie de tous ses acces-
soires.
Ce petit marteau à vapeur servit aux études de M M . Schnei-
der et Compagnie, avant la construction définitive du pre-
mier marteau-pilon qui a tant révolutionné l'art du forge-
ron et illustré son auteur, François Bourdon, directeur des
constructions aux usines du Creusot.
On se rappelle que, en même temps que Bourdon,
Nasmyth, en Angleterre, inventait également le marteau-
pilon, le marteau i vapeur, comme il l'appelait, et comme
on l'appelle encore en Angleterre (Steam hammer).'
Plusieurs revendications de priorité, émanant de Nasmyth
lui-même ou de ses compatriotes, ayant été formulées à
diverses époques, il ne sera pas sans intérêt, l'histoire du
— 295 —
marteau-pilon appartenant, en somme, à l'histoire du
Creusot, de rétablir ici, en quelques lignes, les faits histo-
riques de cette invention.
La recherche de la vérité m'est d'autant plus facile qu'elle
a déjà fait, en 1884, l'objet d'une notice publiée dans le
Bulletin de la Société des ingénieurs civils par M. Gabriel
Boutmy, élève de Bourdon, qui, dans ses débuts comme
dessinateur aux usines du Creusot, a eu à s'occuper spé-
cialement des études du marteau-pilon et a pu connaître
toutes les péripéties qui ont marqué la mise en pratique
de cette invention.
Del; 1839, Bourdon se préoccupait de l'insuffisance des
plus gros marteaux de forge en usage pour souder et forger
les arbres et les manivelles qui devenaient nécessaires
pour les nouveaux appareils à vapeur projetés pour la
marine. Il songea alors « à faire soulever par la vapeur
une masse formant marteau, suspendue directement à la
tige d'un piston se mouvant dans un cylindre vertical, et
à la laisser retomber librement sur la pièce à forger placée
convenablement sur son enclume. »
Il établit aussitôt un « projet détaillé » de cet appareil,
projet que M. Boutmy affirme lui avoir vu dessiner, et qui
fut alors « montré à tous les ingénieurs qui venaient jour-
nellement au Creusot, notamment à MM. Mimerel, Ber-
trand et Paulin, ingénieurs de la marine chargés du con-
trôle de la construction des machines marines exécutées
pour l'État. »
C'est également en 1839 que James Nasmyth, sous l'em-
pire des mêmes besoins industriels, eut l'idée d'un marteau-
direct à vapeur. Il consigna son idée sur son livre de projets
par un « simple croquis », daté du 24 novembre 1839, qu'il
soumit, paraît-il, à l'approbation des autorités compétentes
de la marine anglaise. La construction de la machine en vue
de laquelle Nasmyth avait fixé son idée sur le papier ne fut
pas exécutée et l'invention resta à « l'état de croquis ».
— 296 —
A cette époque, l'idée de Bourdon sembla tellement
hardie, que MM. Schneider hésitèrent à l'exécuter .
Au mois de juillet 1840, M. Eugène Schneider et M. Bour-
don allèrent en Angleterre pour se renseigner sur les
meilleurs marteaux de forge en usage. Ils firent une visite
aux ateliers de Nasmyth, absent en ce moment, et son
associé, M. Oaskel, leur montra le croquis de marteau à
vapeur de Nasmyth. Les dispositions, « encore incomplètes, »
de ce croquis ne répondant pas aux idées de Bourdon, il fit
des objections à M. Gaskel, lui parla du marteau qu'il avait
dessiné au Creusot, et lui Ht même un tracé au crayon de
la manière dont il avait entendu l'appareil.
Le fait de voir deux hommes, aussi éminents que Nas-
myth et Bourdon, avoir la même idée en même temps
frappa beaucoup M. Schneider, aussi, dès sa sortie de chez
Nasmyth, écrivit-il à son frère une lettre que M. Boutmy
a pu lire au Creusot : « Dès notre rentrée, disait-il, il fau-
dra mettre le marteau de Bourdon en exécution. »
C'est probablement à cette époque, peut-être même dès
1839, que fut construit le petit marteau qui figure au
« Musée Schneider ».
Le pilon définitif fut construit, sur la fin de 1840, d'après
le projet de 1839; toutefois le brevet, d'une durée de cinq
années, ne fut demandé que le 29 octobre 1841.
La mise en service de ce pilon fut loin de se faire sans
difficultés. Sous l'action des chocs, d'une intensité inconnue
jusqu'alors, l'ensemble se trouva composé de pièces trop
faibles ou insuffisamment assemblées; les avaries étaient
fréquentes, et découragèrent à un tel point qu'il fut ques-
tion à un moment d'abandonner l'appareil.
Bourdon, dit M. Boutmy, fit de tels prodiges de génie et
d'activité pour renforcer son pilon tout en le réparant,
qu'il arriva à triompher des difficultés.
Le marteau-pilon était enfin au point lorsque, en 1842,
Nasmyth passa au Creusot pour y offrir ses machines-outils.
— 297 —
M. Boutmy assista à l'entrevue de Nasmyth et de Bour-
don.
Dans le cours de la conversation, Bourdon demanda à
Nasmyth s'il avait donné suite à son idée de marteau à
vapeur. Nasmyth répondit, évasivement, « que l'appareil
était à l'étude, et qu'il comptait l'exécuter prochainement. »
Bourdon lui montra alors son dessin de pilon, lui deman-
dant ce qu'il pensait de ce dispositif. Après l'avoir examiné
longuement, Nasmyth ne fit qu'une seule objection, rela-
tive à l'assemblage rigide à clavette de la tige sur le mar-
teau, disant qu'il préférerait un assemblage élastique pour
amortir le choc.
Bourdon lui répondit qu'effectivement, le clavetage, tel
qu'il était indiqué au dessin, n'avait pas résisté, mais que,
préférant l'assemblage rigide à tout autre, il l'avait rem-
placé par un système qui semblait devoir donner satisfac-
tion. Il raconta alors toutes les difficultés qu'il avait ren-
contrées au début de la marche, puis, suivi de M. Boutmy,
il emmena Nasmyth à l'atelier de forgeage pour lui faire
voir le fonctionnement du pilon.
A la vue de ce pilon, Nasmyth resta un instant immobile,
puis, s'approchant de Bourdon, il lui dit « qu'il était
enchanté de voir devant ses yeux ce qu'il avait depuis si
longtemps dans la tête. »
Nasmyth ne protesta donc pas à cette époque contre
l'invention de Bourdon. Ce n'est qu'en 1844, à propos de
l'exposition française à laquelle le Greusot avait envoyé
un marteau-pilon, qu'il publia une revendication dans le
Moniteur industriel pour la priorité exclusive de l'invention.
Une longue polémique s'engagea alors dans le Moniteur*,
polémique qui aboutit à la consécration de l'œuvre de
Bourdon.
Plus tard, d'autres revendications furent encore formu-
1. Moniteur industriel, des 9, 12, 30 mai, 2 et 6 juin 1844.
— 298 —
lées, notamment en 1883, dans la publication d'un mémoire
autobiographique, écrit par Samuel Smiles, d'après les
notes de Nasmyth.
C'est à la suite de ce mémoire que M. Boutmy se décida
à publier sa notice sur François Bourdon, afin de réhabi-
liter définitivement la mémoire de son regretté maître.
« Le croquis montré par M. Oaskel à MM. Schneider et
Bourdon, n'a rien changé, affirme-t-il, au projet étudié par
Bourdon, avant son voyage en Angleterre, tandis que l'on
peut, au contraire, admettre que la vue du pilon fonction-
nant au Greusot, et les confidences de Bourdon sur les diffi-
cultés de détails de la mise au point de l'appareil, ont bien
dû fixer, chez Nasmyth, l'idée qu'il avait depuis longtemps
dans la tête. »
« Il est juste de dire cependant, ajoute-t-il, que si le
croquis de Nasmyth n'a rien changé à la conception de
Bourdon, il a été la cause déterminante de l'exécution du
projet, en faisant cesser les hésitations de MM. Schnei-
der. »
Dans une lettre publiée par le Moniteur industriel du
2 juin 1844, M. Schneider avait protesté contre les asser-
tions de Nasmyth, affirmant « que Bourdon n'avait pas
laissé ignorer à M. Qaskel l'étude qu'il avait faite d'un
marteau-pilon, lui ayant même tracé un croquis au crayon
de son appareil. »
Il est donc juste de dire, insiste M. Boutmy, que « la
conduite de M. Schneider, ainsi que celle de Bourdon, a
été très correcte, et que, si le pilon Bourdon a préoédé de
plus de deux ans celui de Nasmyth, nous devons cet hon-
neur à MM. Schneider, dont la haute sagacité a su prévoir
l'avenir de cet admirable instrument et prendre l'avance
sur le constructeur anglais. »
Si deux inventeurs ont, sans se oonnaître, édifié une
conception sur une idée oommune, la plus grande part de
mérite reviendra incontestablement à celui qui aura donné
— 299 —
à son invention une sanction pratique, alors que le premier
en sera encore à douter de la possibilité de l'exécution.
C'est du reste pour cette raison que les regrets furent
si vifs en Angleterre au sujet de l'avance prise par Bour-
don sur Nasmyth. Dans ce pays, depuis les statuts anciens
de Jacques Ier relatifs aux patentes, « le véritable inventeur
était moins celui qui inventait que celui qui créait, ou seule-
ment apportait dans le Royaume une idée nouvelle. »
Si, dans la recherche de la priorité pour une invention, la
considération d'une simple idée traduite par un croquis
plus ou moins complet suffit, Nasmyth n'avait pas lui-même
le droit de revendication, car il est facile de retrouver des
antériorités relatives à l'idée du marteau direct à vapeur.
Le mérite de l'invention reviendrait alors à Watt qui,
dès le 28 avril 1774, demandait une patente dans laquelle il
décrivait « les gros marteaux ou pilons, pour forger ou
estamper le fer, le cuivre ou autres métaux, sans l'inter-
vention de mécanismes rotatifs ou roues, en fixant lesdits
marteaux ou pilons, soit directement au piston, soit à la
tige du piston de la machine. »
Un autre inventeur anglais, W. Deverell, demanda égale-
ment une patente ayant même objet, le 6 juin 1806. « Cette
invention, disait-il, consiste en un moyen de donner le
mouvement aux marteaux et autres appareils pour estam-
per, en envoyant la vapeur d'une chaudière dans un cylindre
dont la tige du piston est armée à son extrémité d'un mar-
teau fixé par soudure ou partout autre moyen ; suivent
des explications sur le fonctionnement. »
On ne saurait dire cependant que ces deux patentes ont
force de priorité, puisque l'invention qu'elles comportent
n'a jamais été mise à exécution. Il semble bien qu'il doive
en être de même pour le croquis de Nasmyth qui n'avait
même pas été sanctionné par une patente lorsque Bourdon
construisit son pilon.
Les sous-entendus malveillants qui auraient pu résulter
— 300 —
de la polémique engagée par Nasmyth, et plus tard par
ses continuateurs, étant dissipés par cette relation exacte
des faits, la gloire de l'invention du marteau-pilon revient
donc entièrement à Bourdon, d'autant plus que tout porte
à croire que si MM. Schneider n'avaient pas mis à exécu-
tion son projet, l'avènement du pilon eût été retardé de
plusieurs années, au grand détriment de l'industrie.
Personnellement, Nasmyth ne semblait pas, du reste,
avoir conservé à Bourdon une rancune aussi grande qu'on
a bien voulu le faire croire puisque, en 1844 ou 1845, il
engagea des pourparlers avec le Creusot pour l'exploita-
tion de son brevet, qui avait trait à un pilon à commande
automatique {self-acting)% conjointement avec le brevet de
MM. Schneider. Bourdon ne considérait pas le self-acting
(il raisonnait juste, puisque Nasmyth l'abandonna plus tard),
et les pourparlers n'eurent pas de suite.
Le premier pilon construit par MM. Schneider, en 1840,
dont nous avons vu également un petit modèle au musée,
avait les dimensions suivantes :
Poids de la masse active 2,500 kilos
Hauteur de la chute 2œ00
Diamètre du cylindre 0m44
Poids de la chabotte 9,000 kilos
Hauteur totale du pilon 7m46
Poids maximum du paquet à forger. 1,500 kilos
Cet appareil avait une importance considérable, eu égard
aux anciens marteaux à cames usités précédemment pour
le forgeage. Quelle différence, cependant, avec le marteau-
pilon de 100 tonnes que les visiteurs peuvent admirer
actuellement aux Usines du Creusot !
La construction de ce gros pilon, dont une petite
maquette représente, au musée, l'installation complète, a
été commencée en 1875 et le premier coup de marteau fut
donné le 23 septembre 1877.
— 301 —
Le type primitif, dont un modèle en boit, de grandeur
naturelle, fut exposé en avant du palais du Creusot à
l'exposition de 1878, avait d'abord été établi pour une
puissance de 80 tonnes, mais il fut modifié, quelques années
après, dans ses œuvres vives pour être porté i 100 tonnes.
Cet engin, qui répondait à un besoin réel, fut pendant
quelque temps le plus puissant du monde, mais il excita
bientôt l'envie des autres usines métallurgiques.
8aint*Chamond l'imita, et les aciéries de Terni, en
Italie, en firent également construire un de la même puis-
sance, mais sur un autre type, fonctionnant i double effet
et i l'air comprimé. !
Les aciéries de Bethlebem, aux États-Unis, qui adop-
tèrent le procédé de fabrication des blindages de M M. Schnei-
der et Compagnie, en construisirent un de 120 tonnes
sur le modèle de celui du Creusot.
Les dimensions principales du Gros pilon du Creusot
sont les suivantes :
Poids de la masse active 100 tonnes
Hauteur de chute du marteau 5 * 00
Diamètre du cylindre 1 ■ 90
Poids de la chabotte 750 tonnes
Poids du pilon proprement dit 550 tonnes
Hauteur totale du pilon au-dessus du
sol de l'atelier «1 "00
Profondeur de la fondation au-dessous
du sol de l'atelier 8 " 50
Autour du pilon sont répartis quatre fours i chauffer,
avec chaudières multitubulaires pour l'utilisation des
I . Les plions nécessitant une grande consommation de vapeur. Bourdon étudia.
eu It&O, à propos d'an projet ds forge pour l'Espagne, un pilou atatoepnértque
Devenu plus Urd ingénieur sa chef des forges et chantiers n Marseille, Bourdon
étudia étalement et Qt construire, ro 116?. on marteau- presse, on pilon aydrau-
Uque de oeot vingt tonnes.
— 302 —
flammes perdues, et quatre grues en col de cygne, dont
trois d'une puissance de 100 tonnes et une de 150 tonnes.
La dimension des fours permet de chauffer un lingot carré
de 2 mètres de côté.
Métallurgie. — La métallurgie est représentée :
1° Par des maquettes d'installations, parmi lesquelles
je citerai notamment l'installation d'un groupe Bessemer à
deux convertisseurs;
2° Par des collections d'échantillons d'aciers divers :
cassures montrant la texture et l'homogénéité du métal;
barreaux et pièces diverses ayant subi, sans ruptures, toute
une série d'épreuves de poinçonnage, de ployage, de tor-
sion, etc., propres à faire voir les qualités de résistance du
métal.
Chaudronnerie. — Magnifique collection de vases étirés
d'une seule pièce, soit dans une tôle, soit dans une barre
d'acier, ces derniers donnant l'impression d'un mélange
artistique de ferronnerie et de chaudronnerie. Ces vases sont
l'œuvre d'un artiste creusotin, Balzon, qui a su admirable-
ment tirer parti des qualités du métal pour l'amener sans
ruptures aux formes les plus variées.
A signaler aussi, à titre de curiosité historique, une
Tarasque en cuivre chaudronné, exécutée aux usines du
Creusot en 1842, pour orner la proue du remorqueur de
Saône, le Dragon. Disons, en passant, que cette Tarasqw,
très bien conservée, n'a rien de l'aspect terrifiant que les
vieilles légendes prêtent généralement à ces monstres fan-
tastiques et imaginaires.
Fonderie1. — Les travaux de la fonderie primitive du
1 . Après la crise révolutionnaire, qui fut peu favorable à l'industrie, la Société
du Creusot, dite Société de Saint-James, dont la raison sociale était Perrier, Bet-
tingen et Compagnie, essaya, sans beaucoup de succès, de trouver de nouveaux
débouchés rémunérateurs pour la fonderie dans le moulage artistique. Les quatre
lions de fonte qui ornent rentrée de l'Institut, à Paris, datent de cette époque et
ont été coulés au Creusot en 1809.
— 303 —
Creusot ne sont représentés, momentanément, que par
quelques plaques de foyers comportant des sujets histo-
riques, admirablement moulés, et par un buste en fonte de
Pernollet, directeur de la fonderie du Creusot en 1806.
Je signalerai aussi deux vieilles cloches en bronze : Tune,
d'environ 60 centimètres de diamètre au pavillon, prove-
nant de la chapelle de Mazenay, et datant de 1623; l'autre,
ayant à peu près 40 centimètres de diamètre, fondue en
1834 à la fonderie du Creusot. Cette dernière était installée
à l'habitation de la Verrerie d'où elle fut enlevée, en 1902,
lorsque M. Schneider fit commencer la restauration en
cours de ces constructions.
Constructions métalliques. — Un grand nombre de
modèles des ponts et des charpentes métalliques diverses,
construits par les Établissements de MM. Schneider et
Compagnie, pour la France et pour l'étranger, n'ayant pu
encore être classés dans le musée, ont malheureusement
échappé à notre visite. Je n'aurai à signaler ici qu'un petit
modèle de l'échafaudage roulant en bois qui a servi, en 1869,
à faire le levage des charpentes métalliques de l'ancienne
gare d'Orléans à Paris.
La grande difficulté de ce montage consistait dans l'obli-
gation de ne pas entraver la circulation des trains, ce qui
nécessita la construction d'un échafaudage très compliqué
pour en assurer la solidité. Son poids, y compris les treuils
de halage et les deux grues roulantes de levage montées
au sommet, était de 210,000 kilogrammes, et sa construc-
tion absorba 350 mètres cubes de bois.
Quarante ouvriers pouvaient travailler sur le plancher
supérieur.
Industries de la guerre. — Les industries de la guerre,
qui ont porté si haut le renom des Établissements de
MM. Schneider et Compagnie, dont le dernier type de
canon de campagne est réputé comme le meilleur du monde
— 304 —
entier, sont représentées au musée par des séries de pro-
jectiles de divers types.
Les canons, plus encombrants et plus lourds que des
objets ordinaires de musée, figurent à leur emplacement
naturel, dans les polygones de la Villedieu (Creusot), du
Hoc et d'Harfleur (Seine-Inférieure). Un certain nombre
servent aux essais quotidiens de tirs d'expériences ou de
tirs exécutés devant des commissions. Quant aux autres,
M. Schneider se préoccupe de les grouper aussi dans un
local spécial, où leur collection constituera une histoire
vivante de la construction du matériel d'artillerie, mar-
quant toutes les étapes franchies dans cet art avant d'arriver
aux systèmes perfectionnés actuels.
Collection d'obus de rupture en acier chromé, comprenant
tous les calibres jusqu'à celui de 42 centimètres (modèle
1875), obus monstrueux pesant 780 kilogrammes, qui sort
du canon avec une vitesse initiale de près de 600 mètres
par seconde, chassé par la déflagration d'une charge de
poudre de plus de 200 kilogrammes.
Les obus en acier chromé, dont la résistance à la rup-
ture est considérable, sont les seuls qui aient pu être uti-
lisés avec succès dans l'éternelle lutte entre le canon et la
cuirasse. Ils furent pendant longtemps à avoir raison des
meilleures fabrications de blindages, mais, depuis l'avène-
ment des plaques tout acier de MM. Schneider et Compa-
gnie, depuis, surtout, le traitement de la face d'impact par
cémentation, les plaques ont pu être victorieuses du pro-
jectile, ce qui a permis de diminuer très sensiblement leur
épaisseur, par conséquent d'alléger le bateau.
A côté de ces obus nous en trouvons d'autres, du même
métal, qui ont été tirés contre des plaques Schneider sur
lesquelles ils se sont brisés ou complètement déformés.
Collection de shrapnels. Cette collection d'obus à mitraille,
qui comprend tous les calibres, et dont plusieurs sont
montés sur leur gargousse métallique, est excessivement
— 305 —
intéressante. Dans chaque calibre, l'un des obus est coupé
au quart sur toute la hauteur pour faire voir la disposition
des balles dans le corps d'obus, et le mécanisme de la fusée
de tête, fusée destinée à mettre le feu à l'intérieur de
l'obus pour le faire exploser, soit en l'air à la distance prévue,
soit par choc à la rencontre d'un obstacle.
Ces shrapnels se fabriquent aux usines du Greusot, où
MM. Schneider et Compagnie viennent de faire installer
un outillage spécial très important et très perfectionné,
permettant une grande rapidité de production, condition
essentielle pour faire face aux commandes affluant de
toutes parts et se chiffrant chacune par plusieurs centaines
de mille.
Obus à grande capacité. Ces obus, chargés à la mélinite,
sont employés dans les canons de calibres moyens; leurs
effets destructeurs sont considérables sur les ouvrages de
fortifications.
Économie sociale. — Les œuvres de prévoyance et d'éco-
nomie sociale ont toujours été Tune des grandes préoccu-
pations de la famille Schneider, et les institutions patro-
nales ne se comptent plus au Creusot.
En dehors des libéralités directement afférentes aux
usines, nous retrouvons au musée de nombreuses maquettes
reproduisant les diverses créations de la famille Schneider,
ainsi que celles de MM. Schneider et Compagnie, et dont
je signalerai seulement les principales :
Cités ouvrières, érigées selon les règles les plus modernes
de l'hygiène et du confort, dont les maisons, généralement
accompagnées d'un jardin, sont louées à des prix excessi-
vement minimes aux ouvriers. Chaque locataire peut même,
s'il le désire, devenir propriétaire de son immeuble dans
des conditions très avantageuses.
Constructions d'écoles. MM. Schneider et Compagnie ont
toujours attaché une importance considérable à l'instruction
S.H.N. 1906. 20
— 306 —
et à l'éducation des enfants de leurs cités industrielles, seul
moyen d'assurer un niveau intellectuel élevé à leurs popu-
lations.
Depuis fort longtemps, alors que l'instruction était encore
à peine répandue, même dans les cités de quelque impor-
tance, ils ont créé des organisations scolaires sur lesquelles
ils ont apporté toute leur attention, les modiGant au fur
et à mesure des développements de renseignement, et
qui, on peut le dire, leur ont toujours donné toute satis-
faction.
Les méthodes d'enseignement, les salles de classe, le
mobilier scolaire lui-même, dont nous avons pu voir les
modèles, tout a été conçu et étudié pour assurer aux
élèves le maximum de développement intellectuel sans
nuire à leur développement physique.
Hôtel' Dieu. Vaste établissement, l'un des mieux organisés
et outillés de France, contenant cent vingt-huit lits et
aménagé pour en recevoir le double en cas de nécessité.
Cet Hôtel-Dieu, qui a été inauguré le 15 septembre 1894,
a été fondé et doté par MB* veuve Eugène Schneider et
M. et Mmo Henri Schneider. MM. Schneider et Compagnie
ont fourni l'emplacement sur lequel il s'élève et participé
à sa construction par une subvention importante. Il a coûté
1,650,000 francs.
L'Hôtel-Dieu assure, à domicile, le service médical et
pharmaceutique aux employés et ouvriers de MM. Schnei-
der et Compagnie et à leur famille. Il assure, en cas de
blessure ou de maladie, le service hospitalier : en premier
lieu, au personnel de MM. Schneider et Compagnie; en
second lieu, aux habitants de la ville et du canton du
Creusot; en troisième lieu, aux troupes tenant garnison
au Creusot; en quatrième lieu, aux étrangers en résidence
au Creusot.
Maison de retraite, hospitalisant gratuitement soixante-
dix vieillards des deux sexes, choisis en premier lieu,
— 307 —
parmi les ouvriers de MM. Schneider et Compagnie, leurs
femmes et leurs veuves; en second lieu, parmi les indi-
gents de la ville et en troisième lieu, parmi les indigents
du canton.
La première pierre de cet établissement fut posée, le
22 octobre 1884, par Mlle Constance Schneider, aujourd'hui
marquise de Chaponay ; le musée a reçu la truelle et le
marteau qui ont servi à cette cérémonie.
L'inauguration a eu lieu le 4 janvier 1887. Les cons-
tructions, d'une valeur de 340,000 francs, ont été faites par
MM. Schneider et Compagnie et à leurs frais; la dotation
de l'établissement a été faite par Mme veuve Eugène Schnei-
der et M. et MBa Henri Schneider.
Centenaire de M. Eugène Schneider. Je ne décrirai pas ici
les fêtes inoubliables qui ont accompagné la célébration
du centenaire de M. Eugène Schneider, le 11 juin 1905,
fêtes où la population du Creusot tout entière a, dans un
élan sublime de reconnaissant souvenir, montré le plus
bel exemple d'attachement qu'une population ouvrière
puisse avoir pour ses bienfaiteurs.
Les couronnes et les gerbes de fleurs, qui couvraient
littéralement la statue du fondateur du Creusot sont dispa-
rues depuis bien longtemps, mais il reste heureusement
quelques souvenirs plus durables pour l'enseignement
des générations futures, et qui sont conservés pieusement
dans une vitrine :
Palme des anciens Élèves de l'École centrale.
Palme des anciens Élèves des Arts et Métiers.
Palme du Syndicat des Corporations ouvrières.
Plaque en bronze du Commerce du Creusot.
Cristallerie. — La cristallerie du Creusot qui, érigée
en 1787 sous le patronage de la reine Marie-Antoinette,
prit le titre de Manufacture des Cristaux de la Reine, fut
une rivale redoutée des cristalleries de Baccarat (Meurthe)
— 308 —
et de Saint-Louis (Moselle), ce qui explique l'empresse-
ment de ces sociétés à en disperser le matériel lorsque,
le 19 juin 1833, elles l'eurent racheté aux frères Gbagot.
On fabriqua à la cristallerie du Creusot toutes sortes
d'objets de verrerie et de cristallerie, on y fabriqua aussi
des émaux et même des porcelaines.
Les cristaux du Creusot, dont nous avons pu voir de
beaux exemplaires dans la collection exposée au musée,
sont devenus rares, aussi sont-ils très recherchés des
amateurs.
Après une matinée aussi bien employée, ce fut avec la
plus vive satisfaction que les sociétaires constatèrent que
M. Desvignes, restaurateur, membre de la Société d'his-
toire naturelle, n'avait rien perdu de sa réputation de
maître-coq distingué ; aussi est-ce très dispos, malgré Tin-
clémence du temps, que nous partîmes en voitures pour
parcourir les étapes de la seconde partie du programme. *
Sources thermale* de Grisy.
J'ai déjà publié, dans le compte rendu de l'excursion du
24 avril 1904, tout ce qui avait été dit sur ces sources, dont
la connaissance remonte au dix-huitième siècle, et je
n'aurais pas à y revenir aujourd'hui, si les travaux de
recherches dont elles sont l'objet en ce moment ne leur
donnaient un regain d'actualité.
Dans les anciens ouvrages, il n'est fait mention que d'une
source, la seule apparente, du reste, il y a peu de temps
t. Notre caravane, légèrement augmentée par quelques dames nouvelles, com-
prenait : MM. Gillot; le V1* de Chaignon ; Berthier ; des Abbayes; André Georges ;
G rai Ilot Léon; Lebreton; Mauchien fils; Seguin Adrien; Sirdey père; Sirdey fils,
d'Autun; M" d'Audiffret, de Cluny; Armendin, de Quarré-les-Tombes ; Chassi-
gnol, de la Boulaye ; Cottin, de Broyé ; Desvignes ; Marlot, de Saint-Symphorien*
de-Marmagne; Drizard, de Montcenis; Saclier, de Charbonnat. MMm> Camusat ;
Diard; Nidiaut; MM11" Chanlon; Coutaudier, du Creusot. MM. Raymond; Camu-
sat; Cbanlon; Diard; Dolle; Dupuis; Jondot; Marchand; Nidiaut; Nidiaut fils;
Petit ; Thomas, du Creusot.
— 309 —
encore, et qui était désignée sous le nom caractéristique
de Source chaude, ou plutôt de Bourbière chaude de la
Crôte.
Cette source, située au milieu d'un long marécage tour-
beux, à surface mouvante, dont la profondeur est de lm50
à 2 mètres, était alimentée par le fond du marécage ; sa
température constante était de 21° à 21*5, et l'eau dégageait
une légère odeur sulfhydrique que, faute de renseignements
plus précis, j'avais cru devoir attribuer à l'action des acides
organiques sur les sulfures métalliques qui pouvaient se
trouver dans la roche de fond.
Les premiers travaux de recherches, exécutés il y a déjà
quatre mois, permettaient de croire qu'il y avait, non pas
une source, mais très probablement une ligne de sources
sur toute la longueur du marécage, sources qui devaient
émerger d'une longue fracture de substratum suivant le
thalweg.
Pour ces premières études, on s'était contenté d'enfoncer
jusqu'à la couche sableuse de fond deux caissons carrés
en palplanches, bien étanches, de lm50 environ de côté, le
premier sur l'emplacement même de la source historique,
le second sur le bord du marécage, à 20 mètres environ à
Test du premier.
Dès que ces caissons furent en place, et la couche de
sable mise à nu, il s'établit un niveau d'eau à environ un
mètre au-dessus du fond (c'était le niveau de l'eau dans le
marécage), et Ton remarqua immédiatement, dans chaque
puits ainsi formé, une série de dégagements gazeux, accusés
par de nombreuses bulles venant crever à la surface.
Les choses étaient encore en cet état lors de l'excursion
du 14 octobre.
Je ne crois pas aller au delà de ce qui est permis en
disant que l'on s'intéresse tout particulièrement à ces
sources en ce moment et que, à la suite de ces travaux,
très sommaires, il a été décidé de dégager complètement
— 310 —
la ligne des sources en enlevant la partie marécageuse, ce
qui permettra de déterminer exactement le régime des
eaux, ainsi que leurs propriétés chimiques, physiques et
thérapeutiques.
Le matériel nécessaire pour l'épuisement et les terrasse-
ments vient d'arriver tout récemment et, sur l'avis de
M. Edgar de Laire !, M. Debourdeau a fait déjà ouvrir dans
le marécage une sape reliant les deux caissons.
J'ai eu l'occasion de visiter à plusieurs reprises les tra-
vaux d'isolement des sources et il m'a été permis, aidé
beaucoup en cela par les nombreux renseignements que m'a
donnés très amicalement M. Debourdeau, de faire quelques
remarques intéressantes qu'il ne sera pas sans intérêt de
signaler ici, au moins comme préliminaires des décou-
vertes que peut réserver la suite des travaux.
Une pompe, susceptible d'un débit de 14,000 litres à
l'heure, installée sur l'un des caissons, a permis de se faire
une première idée du débit minimum possible des sources.
Lorsque la pompe est en marche, il est facile d'épuiser la
nappe d'eau superficielle, mais dès que le niveau de l'eau
atteint la couche sableuse du fond, il ne baisse plus; le
débit de la pompe compense alors la montée d'eau dans la
tourbière, le surplus du débit des sources disparaissant,
aussitôt après l'émergence, sous la couche sableuse pour
aller se perdre plus loin. C'est pour cette raison que la
première source semblait avoir un débit insignifiant.
L'enlèvement de la couche sableuse du fond, qui n'a pas
moins de 50 centimètres d'épaisseur et atteint jusqu'à
un mètre par places, permet de constater que la roohe gra-
nulitique du substratum est brisée et disloquée, présentant
tout le long de la sape l'aspect d'un remblai en pierres
sèches. L'ensemble des roches de cette partie montagneuse
1. M. Edgar de Laire a fait, tout récemment, de nouveaux travaux de prospec-
tion à Saint-Symphorlen, sur l'emplacement du gisement historique d*uranite. Ces
travaux n'ont pas donné les résultats que l'on attendait.
— 311 —
appartenant au granité, il semble résulter de cet état de
choses qu'une poussée granulitique, arrivant froide au
jour, après s'être brisée sous les efforts mécaniques de la
pénétration, a crevé le thalweg, produisant une cassure par
laquelle se sont fait jour les eaux venant de la profondeur.
Cette cassure a du reste pu être mise en évidence en
certains points par quelques sondages exécutés au moyen
d'une petite perforatrice.
L'isolement préalable des sources par les caissons n'avait
pas modifié la température de l'eau, qui était restée cons-
tante entre 21* et 21° 5, mais, au-dessous de la couche
sableuse, cette température augmente un peu et s'élève à
23° 5. La température est donc bien l'indice d'une origine
profonde.
Deux petites sources, découvertes par la sape, semblant
venir du versant de Grisy, n'accuseraient qu'une tempéra-
ture de 16° à 18°.
L'odeur sulfureuse, qui a l'air de persister dans l'eau
venant directement des sources, semblerait émaner des
sources elles-mêmes, au lieu d'être le résultat de réactions
superficielles; toutefois, on ne saurait se prononcer en toute
connaissance de cause tant que la ligne des sources ne sera
pas complètement et parfaitement isolée.
L'eau des sources semble neutre, cependant elle présen-
terait quelques tendances à l'acidité, comme j'ai pu le cons-
tater par l'emploi du papier à réactions.
J'ai pu ramasser, dans la rigole de trop plein des cais-
sons, des dépôts d'un sel blanc qui, sur la langue, laisse
uniquement l'impression du chlorure de sodium, le goût
amer caractéristique de la magnésie ne s'y décelant pas.
L'analyse des eaux ne saurait se faire tant que l'on ne
sera pas assuré d'obtenir de l'eau absolument pure des
sources, mais l'analyse des gaz dégagés a permis de cons-
tater qu'ils étaient à peu près uniquement constitués par
de l'azote, et que les gaz rares : argon, néon, crypton,
— 312 —
notamment l'hélium, y existent en proportions importantes,
assurant à ces eaux un coefficient de radioactivité très
appréciable.
Cette particularité n'a, du reste, rien d'extraordinaire,
les propriétés radioactives ayant été généralement consta-
tées par M. Ch. Moureu dans les sources thermales, prin-
cipalement dans celles qui sont faiblement minéralisées, ce
qui semble devoir être le cas des sources de Grisy.
La radioactivité pourrait bien n'être ici que le résultat
de la circulation des eaux dans des failles recelant des
filons uranifères car, si l'on en juge d'après les recherches
effectuées autour du hameau des Riaux, situé à 2 kilo-
mètres au plus à l'ouest de Grisy, les filonnets d'autunite
doivent être relativement fréquents dans toute la série des
roches granulitiques de la contrée.
Le marécage tourbeux qui masque les sources de Grisy
est, sans aucun doute, le résultat de la présence même des
sources. Les eaux, s'échappant de leurs griffons sous une
certaine pression hydrostatique, soulèvent la masse argilo-
tourbeuse superficielle qui, suspendue pour ainsi dire sur
la nappe d'eau, acquiert une certaine mobilité.
Le marécage est constitué, dans son épaisseur, par trois
couches superposées se fondant plus ou moins les unes
dans les autres : une couche de fond sableuse, une couche
moyenne de nature argileuse, une couche supérieure de nature
argilo-tourbeuse, de couleur noire ou brunâtre, sur laquelle
se développent les végétations herbacées des prairies.
Il est possible que la couche de matières carbonées, qui
imprègne fortement la partie supérieure, soit le résultat
d'un apport de principes organiques azotés insolubles par
les sources 1 ; ces matières se déposeraient lorsque les eaux
1. On connaît plusieurs exemples de sources thermales émergeant sous un maré-
cage; les deux plus Importantes sont celles de Saint- Arnaud, dans le département
du Nord, et de Franzensbad, en Bohême. Dans ces stations on fait non seulement
usage des eaux minérales, mais encore des boues tourbeuses des marécages, aux-
quelles on attribue des propriétés thérapeutiques importantes.
— 313 —
ont perdu leur pression hydrostatique, c'est-à-dire à la
partie supérieure de la nappe d'imbibition et, sous l'action
des agents oxydants, se décomposeraient pour former la
matière tourbeuse. Un fait caractéristique, que vient de
me signaler M. Debourdeau, viendrait à l'appui de cette
hypothèse.
Les blocs de granulite, qui sont sous la couche sableuse,
sont recouverts d'un enduit verdâtre qui, exposé à . l'air,
noircit très rapidement. Je n'ai pas encore eu l'occasion
d'étudier sur place cette particularité mais, pour moi, il ne
fait aucun doute que cette matière verte n'est qu'une végéta-
tion algologique, analogue aux conferves que l'on trouve dans
un grand nombre de sources thermales, où elles peuvent
prendre naissance et se développer dans des eaux ayant
plus de 50°, comme cela se produit à Néris (Allier), à Bour-
bon-1'Archambault (Allier) et à Bourbon- Lancy (Saône-et-
Loire), pour ne citer que des exemples choisis parmi les
stations les plus rapprochées de notre région.
Les conferves de Néris et de Bourbon-l'Archambault, que
j'ai eu l'occasion d'examiner tout particulièrement, se com-
portent absolument de la même manière que les enduits
verdâtres de Grisy; elles se putréfient très rapidement
lorsqu'elles sont exposées à l'air, en devenant noires, ou
plutôt brunâtres.
Il est probable qu'à Grisy les végétations commencent
seulement à se développer depuis l'ouverture de la sape
et l'abaissement du niveau de l'eau, conditions qui permet-
tent la pénétration des rayons solaires sur le fond du bassin
des sources.
J'espère que la suite des travaux, tout en confirmant ces
premières constatations, permettra de faire de nouvelles
remarques, non moins intéressantes, qui, avec l'analyse
complète et très minutieuse des eaux, pourront éclaircir
bien des points encore obscurs de ce cas particulier d'hy-
drologie thermale.
— 314 —
Exploitations d'Uranlte des Rlaax.
L'uranite de Saint-Symphorien -de-Marmagne, qui est un
phosphate hydraté urano-calcique, se distingue quelque
peu, par sa composition chimique, de l'uranite que Ton
trouve à Johanngeorgenstadt (Saxe), à Zinwald (Bohême),
et à Gunnislake (Gornouailles), qui est un phosphate hydraté
d'urane et de cuivre. C'est pourquoi on a proposé de différen-
cier minéralogiquement l'uranite de Saint-Symphorien sous
le nom d'Autunite, qui doit prévaloir aujourd'hui.
Analyses comparées de l'Autunite et de VUr&nite
de Gornouailles.
ELEMENTS
Acide phosphorique. . .
Peroxyde d'Urane
Oxyde de cuivre
Chaux
Magnésie
Silice et oxyde de fer.
Baryte
Oxyde de zinc
Oxyde d'étain
Eau
AUTUNITE
DR SAINT-SYlMOBflN
laprès
Lancier
14.50
55.00
4.60
3.00
21.00
d'aprts
Berxélins
14.63
59.37
5.66
0.19
1.50
0.06
14.90
J'apte
Rfvot
15.20
61.73
5.88
0.20
1.57
0.06
15.48
l'apte
Pisaii
14.60
59.00
5.80
21.20
URANITE
M CORNOCAÏLLC
tf'aprte
PWllips
16.00
60.00
9.00
14.50
fajfte
BtRÉttis
15.57
60.25
8.44
15.05
Je ne rappellerai pas ici l'historique de la découverte de
l'autunite à Saint-Symphorien, renvoyant le lecteur aux
notices publiées dans nos Bulletins par M. le vicomte
H. de Ghaignon1 et par M. Lacroix.2
1. Soc. d'Hist. nat. d'Autuo, XV* Bulletin, séances du 6 avril !»0Î et du
17 août 1902.
2. Soc. d'Hist. nat. d'Autuo, XVI* Bulletin, séance du 12 juillet 1905.
— 315 —
La présence de l'autunite au hameau des Riaux fut
signalée pour la première fois vers 1855, par M. Joussieux,
qui rencontra ce minéral, bien par hasard, en creusant un
fossé d'assainissement dans une de ses terres située à
quelques centaines de mètres au-dessous du hameau.
Depuis, ce minéral fut également signalé en quelques
autres points autour des Riaux, mais il n'y fut fait comme
travaux sérieux de recherches que ceux que dirige actuel-
lement notre collègue, M. H. Marlot, pour le compte de la
Société Armet-de-Lisle, de Nogent-sur-Marne, qui utilise
l'autunite pour la fabrication des sels de radium ou, plus
exactement, des sels de baryum radifère s, le baryum
entrant toujours en proportions plus ou moins grandes
dans la constitution de ces sels.
Les sels les plus couramment employés sont : le bro-
mure de baryum radifère, le chlorure de baryum radifère
et le sulfate de baryum radifère.
« Le bromure et le chlorure sont solubles et lumineux,
le sulfate n'est pas soluble dans l'organisme et est attaqué
par les acides concentrés.
» Le sel de radium pur est celui dont, par une série de
fractionnements longs et minutieux, on a éliminé le
baryum. Les sels de radium sont cotés à des prix variables,
selon qu'ils contiennent plus ou moins de baryum et que,
par conséquent, leur activité est plus ou moins grande.
» Dans la gamme de l'activité, l'activité de l'uranium
métallique est prise comme unité ; on dira, par exemple,
qu'un sel de radium a une activité de 50, quand il a une
activité cinquante fois plus grande que celle d'un même
poids d'uranium métallique.
» Le bromure de radium pur est considéré comme ayant
une activité de deux millions.
* Le radium se vend sous une forme pulvérulente et ne
peut se manipuler que dans des appareils spécialement
adaptés à cet usage. »
— 316 —
M. Mario t, qui a eu l'aimable obligeance de me donner
de nombreux renseignements sur le résultat de ses recher-
ches, vint, en juin 1905, sur des indications que je lui
fournis, faire des fouilles au domaine de la Troche, situé
en face de la gare de Marmagne, sur la rive gauche du
Mesvrin ; ces fouilles aboutirent à la découverte de Tau-
tunite S tantôt en filonnets très minces, ou en rognons, dans
une granulite altérée, présentant des traversées de gneiss
décomposé, tantôt en enduits, de 1 à 7 millimètres d'épais»
seur, dans les parties pegmatoides de la granulite compacte.
Presque en même temps qu'il commençait ses travaux
à la Troche, fin juin 1905, M. Marlot vint faire également
quelques fouilles au hameau des Riaux où une première
tranchée, ouverte en dessous et un peu à l'est du hameau,
amena bientôt la découverte de l'autunite.
En octobre 1905, les travaux de la Troche furent aban-
donnés, M. Marlot ayant l'intention de localiser ses recher-
ches aux * Riaux, où la reprise de la première tranchée
permit de constater la présence d'un filon, de direction N.-S. ,
qu'il était nécessaire de suivre par un puits.
Ce puits, commencé en janvier 1906, fut creusé jusqu'à
16 mètres de profondeur. L'allure très capricieuse du pen-
dage nécessita, à 10 mètres et & 16 mètres, l'avancement
de deux petites galeries, de quelques mètres de longueur,
pour suivre la veine uranifère qui s'inclinait à 60 pour 100
à l'étage 10 mètres et se couchait presque horizontalement
au fond du puits.
1 . L'autunite fut découverte à la Troche, vers 1846, par M. Cl. Gien, qui exploitait
alors ce domaine, qui appartenait à M. Landrot, de Marmagne. Un grand nombre
d'échantillons, de dimensions souvent importantes, y furent trouvés à la profon-
deur d'un soc de charrue en labourant. Disséminés de coté et d'autre, sans
indication d'origine, ces échantillons durent certainement être attribués au gise-
ment de Satnt-Symphorien, qui est du reste très peu éloigné de la Troche et situé
sur le même versant granulitique.
Les gens de la localité désignaient l'autunite sous le nom caractéristique d'arbre
d'or, ce qui semble prouver qu'ils avaient dû constater la présence d'un filon d'une
certaine importance, sur lequel se ramifiaient d'autres petits filonnets. — J. C.
— 317 —
En même temps que ces travaux suivaient leur cours,
M. Marlot commençait, en septembre 1905, d'autres tra-
vaux de recherches au-dessus du hameau des Riaux. C'est
en oe point, visité par la Société le 14 octobre, que sont
actuellement concentrées les recherches d'autunite, le puits
n* 1 ayant été abandonné en octobre 1906, par suite du peu
de rapport de l'exploitation.
Dans ce nouveau chantier, on a d'abord descendu un
puits de 16 métrés de profondeur, puits n9 2. Au fond, une
galerie de direction E.-O., a été avancée de part et d'autre
dans le plan du Glon, puis continuée par une descenderie
inclinée, de 1 1 mètres de profondeur, sur la branche ouest,
et par un bure de 12 métrés de profondeur sur l'autre
branche. Actuellement les recherches en profondeur sont
arrêtées pour prendre une galerie en travers -bancs, i
30 mètres en contrebas de l'orifice du puits, s ouvrant a
flanc de coteau et se dirigeant sur le bure, situé i 1 10 mètres
de distanoe.
L'ouverture de ce travers-bancs, qui a déjà 40 mètres de
long et sera terminé en janvier prochain, avantagera sin-
gulièrement les travaux de recherches, en facilitant la sortie
des déblais et l'écoulement des eaux qui, sans être très
abondantes, le sont cependant assez aux époques de pluies
persistantes pour gêner l'exploitation.
Seize hommes et deux chefs de chantier, divisés en deuz
postes, sont occupés de jour et de nuit i ces travaux.
A la sortie du puits, les matières de filon sont divisées
au marteau, lavées avec soin, puis les paillettes et les
enduits d'autunite grattés minutieusement. Cet enrichisse-
ment à la main est très difficile et ne manque pas d'être
onéreux, aussi M. Marlot me signale-t-il que l'on attend
impatiemment les résultats des essais qui se font en ce
moment en Allemagne, avec un nouveau procédé de traite-
ment mécanique.
Dans le puits de recherches n# 1 , le filon était constitué
— 318 —
par une veine d'argile blanchâtre, recoupée parfois par des
bandes gneissiques très altérées (roche pourrie des mineurs)
et très tourmentées; le filon est enclavé dans une roche
granulitique, généralement peu cohérente aux épontes où
elle est pénétrée de fines paillettes d'autunite.
Depuis la surface jusqu'à la première galerie de recoupe,
la veine argileuse, imprégnée de paillettes d'autunite, s'est
montrée assez constante dans son épaisseur, mais, à partir
de ce point, elle est devenue très irrégulière, l'imprégna-
tion et les enduits étant de moins en moine riches avec la
profondeur.
La quantité de matière utilisable extraite de ce puits a
été tout à fait insignifiante, l'autunite n'ayant été fournie
que par trois ou quatre veinules en chapelet, dont l'épais-
seurne dépassa pas 3 ou 4 millimètres.
Dans le puits n° 2, le filon uranifère est enclavé dans
une couche d'argile kaolinique de 0m60 à lm50 d'épaisseur,
dont le pendage est très irrégulier sur toute la hauteur
connue, soit sur 28 mètres.
On est incontestablement en présence du remplissage
d'une faille profonde et largement ouverte, par laquelle se
sont fait jour les émissions uranifères.
C'est dans ce remplissage, dont l'argile prend parfois une
allure laminaire, que se rencontre l'autunite, soit, dans les
délits feuilletés, en paillettes disséminées ou en plaques
de recouvrement très irrégulières, soit en veinules, le plus
souvent discontinues, de 4 à 5 millimètres d'épaisseur au
plus.
Sur toute la hauteur connue, le remplissage est traversé
par une enclave, de 5 à 6 centimètres d'épaisseur, d'une
argile très fine, généralement blanchâtre, mais présentant
souvent des parties ferrugineuses de couleur rouge ou
violacée.
Le mur qui forme la masse de la montagne, et près duquel
l'autunite se trouve de préférence, est constitué par une
— 319 —
granulite franche très dura. Le toit, au contraire» qui
représente la partie superficielle de la montagne, présente
une granulite altérée, friable, recoupée par des bandes
gneissique8 et par des zones dune roche pourrie, composée
principalement de biotite et de parties onotueuses qui ne
sont que du feldspath très altéré.
Le travers-bancs pénètre dans la granulite altérée, très
fendillée et disloquée du toit. A 26 mètres s'est montré un
passage de paillettes d'autunite, et plus loin on a recoupé
des traversées gneissiques et des roches amphiboliques.
Jusqu'alors, l'exploitation du puits n* 2 n'a pas donné
beaucoup d'autunite, mais, d'après les prévisions de M. Mar-
lot, on attendrait mieux de l'avenir, surtout de la profon-
deur.
Toute la région montagneuse de Saint-Symphorien semble
sillonnée par des Glonnets d'autunite. A part le gisement
historique du bourg de Saint-Symphorien et celui de la
Troche, on connaît encore des affleurements à Marnay, à
Hauterive et aux Riaux, où en dehors des deux puits pré*
cités, on a retrouvé six autres affleurements reconnus
sans suite et disparaissant à 1 ou 2 mètres de la surface.
Creusot. la U décembre l»<K»
J. CAMUSAT
INDEX ANALYTIQUE
OIS
!%<-.
PROCES-VERBAUX ET DES EXCURSIONS
DE L'ANNEE 1906
Page».
Abord (Gaston) 100
AHevard (mines de fer) . . . 292
Andalousite 239
Anomalies de Digitalis lu*
lea 224
Antennaria dioica 124
Araucarioxylon Raymondi 289
Arlège (Annuaire de 1'; . . 98
Ascidies foliaires des Saxi-
frages 205
Audin (M ) 73
bécasse (mœurs do !a\. . . 258
— (nidification en Saône*
et-Loire) 117
Berthier(V.) 89
Bigeard (R.) 177, 249
DrassicaCheiranlliuft(lcra«
tologle) 78
Brassica oleracea (tératol.; 82
Brème 121
Cabri-Cobras 121
Callipteris (graines de)... 255
Camusat (J.). 45,70, 131. 281
Canal du Centre 131
Cartance (roche] 277
II. de Chaignon 2, 42, 71,
129, 230, 247, 271
S.H.N. It06.
Champignon (tératologie). 84
Changarnier 96
Chardonneret 264
Chassignol (E.) 178. 180
Chassiffnol (P.) 123. 270
Château E) 121, 224
Château • Chinon ( excur*
slon) 276
Chauvin (Maurice) 28
Chenoux ' Ichlhyosaure de) 71
Chou-vert (tératologie) ... 82
Cirsium spurium 125
Coléoptères récollés en 1906 250
Concombre (tératologie) . . 84
Congrès de Monaco 89
— préhistorique. . . . 253
Coquilles dans les ruines
ftallo- romaines 188
Creusot (excursion) 281
Crot-Blanc 231
Cunlsset-Carnot 176
Dejussieu Michel 258
l)evilerdeau Jules' 69
Diffitalis lulea anomalieii 224
Digoin excursion) 265
Dirand 59, 66
Douhèret Antoine-Marcel) 10
21
— 322 —
Pages. Pages.
Endotrophisme 87, 261 Ichthyosaure de Chenoux. 71
Euphorbe Épurge 121 Issy-l'Évéque (minéralogie) 230
Fachin (excursion) 276
Fasciations 76
Flèche (Claude) 17
Floquet (Paul) 126
Fluorine 231
Forficule 70
Fougère Doradille (téra-
tologie) 104, 260
Gaillard (Dr) 5
Gardon 121
Gaudry (Albert) . . 40, 57,
62, 67, 101
Gauthey ( Émiland - Ma -
rie) 140
Gény 70
Gigantolite 237
Gillot (Dr Victor) 250
Gillot(DrX.)... 3,60,76,
117, 186, 205, 242, 260, 283
Graines de Oallipteris .... 255
Grand'Eury 179, 255
Grézel 100
Grille des Tilleuls 185
Grisy (excursion). ... 281 , 308
Grury (minéralogie) 230
Guébhard (D' A.) . . . 246, 255
Gui de chêne 180
Gui de noisetier 183
Helichrysum annuum (té-
ratologie) 85
Hesperis matronalis (téra-
tologie) 79
Huet (Alexandre) 7
Hygrométrie de l'air au
Creusot 46
Jeannet 40
Jossier (Lucien) 18
Jouvrain (filon de plomb de) 74
Labidura riparia 70
Lilium candidum (tératol.) 82
Loydreau de Neuilly (Dr) . 19
Luzula albida 123
Maheu (Jules) 205
Marcailhou-d'Ayméric (H.) 98
Marchai (Ch.) 56,70, 261
Marlot.. 41, 74, 171, 235, 316
Matricariainodora (tératol.) 86
Mazellier (Louis-Nicolas). 17
Mazenay (mine de fer) . . . 286
Mazimann 249
Mœurs de la Bécasse 258
Mœurs des oiseaux 261
Moineaux mycophages. . . . 263
Monaco (congrès de) 89
Monstruosités florales. ... 85
Monument de B. Renault
57, 103
Mortillet (Adrien de) 253
Motte-Saint-Jean 274
Musée Schneider .... 281, 285
Nandou 176
Naudin (Charles) 32
Nicotiana longiflora (téra-
tologie) 82
Nidification de la Bécasse
en Saône-et-Loire 117
Nigella damascena (téra-
tologie) 81
NœggeratUia Schneideri.. 290
Nontronite 235
323
f*.
<UX.
de !.
le: "
!tJ
Pages.
Oiseaux (mœurs des) 261
Onothera biennis (tératol.) 76
Ormezzano. 71, 117, 119,
120, 185
Orlhoptère nouveau 70
Oustalet (Emile) 17
Paléontologie (Annales de) 38
Parant (G.) 47
Partitions anormales de la
Fougère Doradille. 104, 260
Patagonie (fossiles de). , . . 101
Perche argentée 121
Perdrix grise des Pyrénées 42
Périer (Germain) 66
Pérot (Francis) 188
Pic (Maurice) 250
Pinguite 235
Plantago major (tératol.). . 80
Plantes nouvelles 123
Plassard 249
Poissons 120
Plomb (filon de) de Jouvrain 74
Pomme de terre (térato-
logie) 87, 261
Pommes doubles 83
Porte (P.) 124, 279
Préhistorique (congrès). . . 253
Pyromorphite de Saint -
Didier-sur-Arroux 41
Radio-activité dans ï'Au-
tunois 171
Rais 282
Raisins bigarrés .... 108, 260
Rat fauve ou Alexandrin. . 1 19
Renault (Bernard) 57
Rhea americana 176
Pages.
Riaux (uranite des) 314
Roche (Auguste) 4
Roche Cartance 277
Roches et fossiles du Sie-
bengebirge 126
Roidot-Errard (Auguste). . 1 1
Rossignol des murailles. . 261
Rotengle 120
Salvia verbenaca 124
Saint-Innocent (comte Ga-
briel de) 15
Saint-Léger-de-Fougeret. . 279
Saxifrages ( ascidies fo -
liaires) 205
Sempervirumarboreum (té-
ratologie) 79
Sennen (Frère) 101
Siebengebirge (roches et
fossiles du) 126
Soudures 81
Syncarples 83
Tacnet (Louis-Antoine). . . 27
Tératologie végétale. • 76,
104, 205, 260
Tetragonia expansa (téra-
tologie) 79
Thevenin (L.) 64, 70
Tilleuls (grille des) 185
Trifolium pannonicum (té-
ratologie) 82
Tuberculose (essais d'im-
munisation contre la). . 47
Uranite des Riaux 314
Vallet (Hubert-François).. 6
Viturat (Claude) 5
S.H.N. 1906.
21
TABLE
DB8
SÉANCES DE L'ANNÉE 1906
Séance du 11 février 1906.
Pages.
Renouvellement du bureau 1
Allooution de M. de Chaignon 2
Rapport annuel par M. le Dr Gillot, président 3
Dons et envois 32
Don de Mœe veuve Ch. Naudin 32
Annales de Paléontologie, publiées sous la direction de M. Mar-
oellin Boule 38
Flore de poche de la France ou Tableau analytique de la Flore
française, par Mgr H. Léveillé 39
Rapport de M. Jeannet, trésorier 40
Lettre de M. Albert Gaudry 40
Admission de nouveaux membres titulaires : MM. Claudius
Berger, Bonnaud, Chifflot, Pierre Cordin 41
Note sur le filon de pyromorphite de Saint- Didier-sur-Arroux,
par M. H. Marlot 41
Note sur la Perdrix grise des Pyrénées (Perdue cinerea char-
rela), par M. H. de Chaignon 42
Observations hygrométriques faites au Creusot pour le mois
de décembre 1905, par M. J. Camusat 45
Les essais d'immunisation contre la tuberculose, par M. G.
Parant 47
I. Immunisation par les toxines 49
II. Inoculation de sérums divers 50
III. Vaocination 50
Correspondance 57
Inauguration du monument de Bernard Renault 57
Discours de M. le D' Gillot 60
— de M. Albert Gaudry 62
— de M. Thevenin, du Muséum 64
Lettre de M. G. Périer, maire d'Autun et député 66
— 325 —
Séance du 29 avril 1906.
Pages.
Admission de nouveaux membres titulaires : MM. Paul Bertrand,
Henri Bousquet, Jules Deville, le comte Fernand d'Ësterno,
Ch. -Joseph Gensoul, Lazare Gentilhomme, Henri Massey,
L. Petit 67
Dons et envois 68
Correspondance 69
Nomination de M. Jules Devilerdeau comme officier d'Académie 69
Conférence de M. J. Thévenin 70
Note biographique sur M. Gény, par M. J. Camusat 70
Un Orthoptère (For fi eu le) nouveau pour Saône-et- Loire, par
par M. Ch. Marchai 70
Sur l'Ichthyosaure de Chenoux, par M. H. de Chaignon 71
Don de MM. Audin (minéraux) 73
Note sur le filon de plomb de Jouvrain, commune de la Grande-
Verrière (Saône-et-Loire), par M. H. Marlot 74
Notes de tératologie végétale, par M. le Dr X. Gillot 76
I. Fasciations 76
IL Soudures 8i
III. Monstruosités florales 85
IV. Endotrophisme 87
Le Congrès de Monaco, par M. V. Berthier 89
Observations de M. Albert Gaudry 96
Observations de M. Changarnier (de Beaune) 96
Séance du 15 juillet 1906.
Admission de nouveaux membres titulaires : MM. Charbonnier-
Lebreton, Bernard Croizièr, l'abbé Maurice Garnier 97
Dons et envois 97
Annuaire de l'Ariège pour 4906, par M. H. Mafcailhou-d'Ay-
méric 98
Correspondance 99
Lettre de M. le préfet de Saône-et-Loire, relative à l'autorisa-
tion d'un achat de terrain destiné à l'édification d'un musée. 99
Lettre de M. Bayet, directeur de l'Enseignement supérieur,
annonçant l'octroi d'une subvention de 500 francs 99
Convocations au Congrès de l'Association française pour
l'avancement des sciences, à Lyon (2-7 août 1906), et au
Congrès préhistorique de France, à Vannes (21-26 août 1906) 100
— 330 —
PLANCHES ET FIGURES
DES PROCÈS-VERBAUX
•
Pages.
Planche A. Monument de Bernard Renault au cimetière d'Autun 57
— B. Bassin hydrographique du canal du Centre 131
— C. Port du Bois Bretoux 131
— D. Feuilles ascidiées de Saxifraga ciliata 205
Figure 1. Nigella damascena (épicarpie) 81
— 2. Champignons (soudure) 84
— 3 et 4. Pomme de terre (endotrophisme) 87
— 5. Folioles anormales de Saxifraga ciliata 210
— 6. Coupes transversales des ascidies de Saxifrage ... 213
— 7. Schéma montrant la marche des faisceaux libéro-
ligneux dans les tiges de Saxifraga ciliata 215
— 8. Schéma montrant la disposition des faisceaux
libéro-ligneux et des traces foliaires 216
— 9. Formation des faisceaux médullaires anormaux,
concentriques 217
— 10. Coupe transversale de la souche d'un échantillon
ascidie 218
ERRATA
P. 119, ligne 32 (en note), au lieu de nqv.J888, lisez : mars-avril 1881.
P. 181, ligne 18, au lieu.de Grandèves, lisez : Grandeau.
Autua. — Un p. Dclutslcu.