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SOCIETE 


D'HISTOIRE  NATURELLE 


D'AUTUN 


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SOCIETE 


D'HISTOIRE  NATURELLE 


D'AUTUN 


FONDEE   LE    I"   AVRIL  1886 
ET  RECONNUE  D'UTILITÉ  PUBLIQUE  LE  15  MAI  1RS» 


DIX-NEUVIÈME  BULLETIN 


AUTUN 

IMPRIMERIE  ET  LIBRAIRIE   DEJUSSIF.U 

1906 


/feW  STATUTS  ET  RÈGLEMENT 


OB   LA 


SOCIETE  D'HISTOIRE  NATURELLE 

D'AUTUN 

APPROUVÉS  PAR  ARRÊTÉ  PRÉFECTORAL 

Bit  DATE  DU    I"  AVRIL    1886 
«T    IIOD1PIK8 

d'après  l'instruction  du  conseil  d'état 

DU    15    DÉCBMBR.B    1893 


STATUTS 


BUT  ET  COMPOSITION  DE  L'ASSOCIATION 


Article  1".  —  L'association  dite  Société  d'histoire  naturetle 
d'Autun,  fondée  le  1"  avril  1886,  a  pour  but  exclusif  de  contribuer 
au  progrès  des  sciences  naturelles  et  préhistoriques,  d'en  propager 
le  goût,  de  reoberoher  et  recueillir  tout  ce  qui  peut  se  rattacher  à 
ces  sciences.  Tous  les  membres  de  la  Société  devront  être  Français, 
et  tout  individu  appartenant  à  une  nationalité  étrangère  ne  pourra 
en  faire  partie  à  un  titre  quelconque.  Les  mineurs  ne  pourront  être 
admis,  sans  le  consentement  de  leurs  parents  ou  tuteurs. 

Elle  a  son  siège  à  Autun. 

Art.  2.  —  Les  moyens  d'action  de  l'association  sont  les  réunions, 
les  conférences,  les  excursions,  l'exposition  publique  de  ses  collec- 
tions, la  publication  d'un  Bulletin  annuel,  une  bibliothèque,  etc. 

Art.  3.  — •  L'association  se  compose  de  membres  titulaires,  de 
membres  à  vie,  de  membres  d'honneur,  de  membres  bienfaiteurs  et 
de  membres  correspondants. 

Pour  être  membre  titulaire,  il  faut  :  1°  être  présenté  par  deux 
membres  de  l'association  et  agréé  par  le  conseil  d'administration  ; 
2*  payer  une  cotisation  annuelle,  dont  le  minimum  est  de  10  francs. 

Cette  cotisation  peut  être  rachetée,  en  ventant  la  somme  de 
100  francs  qui  donne  alors  droit  au  titre  de  Membre  à  vie. 


Vj  STATUTS  ET  RÈGLEMENT. 

Les  membres  titulaires  ont  seuls  voix  délibérative  dans  les  réu- 
nions de  la  Société  et  sont  seuls  éligibles  aux  fonctions  qu'elle 
confère. 

Le  titre  de  membre  d'honneur  sera  donné  par  la  Société,  en  assem- 
blée générale,  aux  personnes  qui  lui  auront  rendu  des  services  ou 
qui  occupent  un  rang  distingué  dans  les  sciences  ou  les  lettres. 

Les  propositions  pour  la  collation  de  ce  titre  devront  être  adres- 
sées au  conseil  d'administration  qui  n'y  donnera  suite  qu'après 
s'être  assuré  de  l'assentiment  de  la  personne  proposée. 

Le  titre  de  membre  bienfaiteur  est  aocordé  à  toute  personne  fai- 
sant à  la  Sooiété  un  don  en  espèce  ou  en  nature,  d'une  valeur  mini- 
mum de  500  francs. 

Les  membres  correspondants  ne  sont  pas  plus  soumis  au  paiement 
de  la  cotisation  que  les  membres  d'honneur.  Tous  sont  invités  à 
contribuer  à  la  prospérité  de  la  Société,  par  des  dons  manuels, 
communications,  etc.,  etc. 

Art.  4.  —  La  qualité  de  membre  de  l'association  se  perd  : 

1°  Par  la  démission  ; 

2°  Par  la  radiation  prononcée,  pour  motifs  graves,  par  le  conseil 
d'administration,  le  membre  intéressé  ayant  été  préalablement 
appelé  à  fournir  ses  explications,  sauf  recours  à  l'assemblée  générale  ; 
ou  par  l'assemblée  générale,  sur  le  rapport  du  conseil  d'adminis- 
tration. 

ADMINISTRATION  ET  FONCTIONNEMENT 


Art.  5.  —  L'assooiation  est  administrée  par  un  oonseil  composé 
au  moins  de  seize  membres  élus  pour  trois  ans,  par  l'assemblée 
générale. 

En  cas  de  vacance,  le  conseil  pourvoit  au  remplacement  de  ses 
membres,  sauf  ratification  par  la  plus  prochaine  assemblée  générale. 

Le  renouvellement  du  oonseil  a  lieu  intégralement  tous  les  trois 
ans. 

Les  membres  sortants  sont  rééligibles. 

Ce  conseil  choisit  parmi  ses  membres  un  bureau  composé  des 
président,  vice-présidents,  secrétaire,  trésorier. 

Le  bureau  est  élu  pour  trois  ans. 

Art.  6.  —  Le  conseil  se  réunit  tous  les  mois  et  ohaque  fois  qu'il 
est  convoqué  par  son  président  ou  sur  la  demande  du  quart  de  ses 
membres. 

La  présence  du  tiers  des  membres  du  oonseil  d'administration  est 
nécessaire  pour  la  validité  des  délibérations. 

Il  est  tenu  procès-verbal  des  séances. 

Lee  procès- verbaux  sont  signés  par  le  président  et  le  secrétaire. 

Art.  7.  —  Toutes  les  fonotions  de  membre  du  oonseil  d'adminis- 
tration et  du  bureau  sont  gratuites. 


STATUTS  ET  RÈGLEMENT.  VÎJ 

Art.  8.  —  L'assemblée  générale  des  membres  titulaires  de  l'asso- 
ciation se  réunit  au  moins  une  fois  par  an  et  chaque  fois  qu'elle  est 
convoquée  par  le  conseil  d'administration  ou  sur  la  demande  au 
moins  du  quart  de  ses  membres. 

Son  ordre  du  jour  est  réglé  par  le  conseil  d'administration. 

Son  bureau  est  celui  du  conseil. 

Elle  entend  les  rapports  sur  la  gestion  du  conseil  d'administration, 
sur  la  situation  financière  et  morale  de  l'association. 

Elle  approuve  les  comptes  de  l'exercice  clos,  vote  le  budget  de 
l'exercice  suivant,  délibère  sur  les  questions  mises  à  l'ordre  du  jour 
et  pourvoit  au  renouvellement  des  membres  du  conseil  d'adminis- 
tration. 

Le  rapport  annuel  et  les  comptes  sont  adressés,  chaque  année,  à 
tous  les  membres,  au  préfet  du  département  et  au  ministre  de 
l'intérieur. 

Art.  9.  —  Les  dépenses  sont  ordonnancées  par  le  président.  L'as- 
sociation est  représentée,  en  justice  et  dans  tous  les  actes  de  la  vie 
civile,  par  le  président. 

Art.  10.  —  Les  délibérations  du  conseil  d'administration  relatives 
aux  acquisitions,  échanges  et  aliénations  d'immeubles,  aliénations 
de  valeurs  dépendant  du  fonds  de  réserve,  prêts  hypothécaires,  em- 
prunts, constitutions  d'hypothèques  et  baux  excédant  neuf  années,, 
ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  de  l'assemblée  générale. 

Art.  41.  —  Les  délibérations  du  conseil  d'administration  relatives 
à  l'acceptation  des  dons  et  legs,  les  délibérations  de  l'assemblée 
générale  relatives  aux  acquisitions  et  échanges  d'immeubles,  alié- 
nations de  valeurs  dépendant  du  fonds  de  réserve  et  prêts  hypothé- 
caires, ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  du  gouvernement. 


RESSOURCES  ANNUELLES  ET  FONDS  DE  RÉSERVE 


Art.  12.  —  Les  ressources  annuelles  de  l'association  se  compo- 
sent : 

1»  Des  cotisations  et  souscriptions  de  ses  membres  ; 

2°  Des  subventions  qui  pourront  lui  être  accordées  ; 

3°  Du  produit  des  ressources  créées  à  titre  exceptionnel  et,  s'il  y 
a  lieu,  avec  l'agrément  de  l'autorité  compétente  ; 

4°  Enfin,  du  revenu  de  ses  biens  et  valeurs  de  toute  nature. 

Ces  fonds  seront  exclusivement  employés  à  favoriser  le  progrès 
des  sciences  dont  elle  s'occupe. 

Toute  dépense  n'excédant  pas  50  francs  pourra  être  autorisée 
d'office  par  le  président.  Celles  qui  ne  dépasseront  pas  100  francs 
seront  votées  par  le  conseil  ;  au-dessus  de  ce  chiffre,  elles  ne  pour» 
ront  être  autorisées  que  par  un  vote  de  la  Société. 


Viîj  STATUTS  ET  RÈGLEMENT. 

Art.  43.  —  Le  fonds  de  réserve  comprend  : 

1°  La  dotation  ; 

2*  Le  dixième  au  moins  de  l'excédent  des  ressources  annuelles  ; 

3°  Les  sommes  versées  pour  le  raohat  des  cotisations  ; 

4°  Le  produit  des  libéralités  autorisées  sans  affectation  spéciale. 

Art.  14.  —  Le  fonds  de  réserve  est  placé  en  rentes  nominatives 
3  °/o  sur  l'État,  ou  en  obligations  nominatives  de  chemins  de  fer 
dont  le  minimum  d'intérêt  est  garanti  par  l'État. 

Il  peut  également  être  employé  en  acquisitions  d'immeubles, 
pourvu  que  oes  immeubles  soient  nécessaires  au  fonctionnement  de 
la  Société,  ou  en  prêts  hypothécaires,  pourvu  que  le  montant  de  ces 
prêts  réuni  aux  sommes  garanties  par  les  autres  inscriptions  ou 
privilèges  qui  grèvent  l'immeuble  ne  dépasse  pas  les  deux  tiers  de 
sa  valeur  estimative. 


MODIFICATION  DES  STATUTS  ET  DISSOLUTION 


Art.  15.  —  Les  statuts  ne  peuvent  être  modifiés  que  sur  la  pro- 
position du  conseil  d'administration  ou  du  dixième  des  membres 
titulaires,  soumise  au  bureau,  au  moins  un  mois  avant  la  séance. 

L'assemblée  extraordinaire,  spécialement  convoquée  à  cet  effet, 
ne  peut  modifier  les  statuts  qu'à  la  majorité  des  deux  tiers  des 
membres  présents.  —  L'assemblée  doit  se  composer  du  quart,  au 
moins,  des  membres  en  exeroice. 

Art.  16.  —  L'assemblée  générale,  appelée  à  se  prononcer  sur  la 
dissolution  de  l'association  et  convoquée  spécialement  à  oet  effet, 
doit  comprendre,  au  moins,  la  moitié  plus  un  des  membres  en 
exercice.  La  dissolution  ne  peut  être  votée  qu'à  la  majorité  des 
deux  tiers  des  membres  présents. 

Art.  17.  —  En  cas  de  dissolution  ou  en  cas  de  retrait  de  la  recon- 
naissance de  l'association  comme  établissement  d'utilité  publique, 
l'assemblée  générale  désigne  un  ou  plusieurs  commissaires  chargés 
de  la  liquidation  des  biens  de  l'association.  Elle  attribue  les  collec- 
tions et  la  bibliothèque  à  la  ville  d'Autun,  et  l'actif  net  à  un  ou 
plusieurs  établissements  analogues,  publics  ou  reconnus  d'utilité 
publique.  Ces  délibérations  sont  adressées,  sans  délai,  au  ministre 
de  l'instruction  publique. 

Dans  le  cas  où  l'assemblée  générale  n'ayant  pas  pris  les  mesures 
indiquées,  un  décret  interviendrait  pour  y  pourvoir,  les  détenteurs 
des  fonds,  titres,  livres  et  archives  appartenant  à  l'association  s'en 
dessaisiront  valablement  entre  les  mains  du  commissaire  liquida- 
teur désigné  par  ledit  décret* 

Art.  18.  —  Les  délibérations  de  l'assemblée  générale  prévues  aux 
articles  15,  16  et  17  ne  sont  valables  qu'après  l'approbation  du 
gouvernement. 


STATUTS  ET  RÈGLEMENT.  ÎX 

Art.  19.  —  Un  règlement  adopté  par  l'assemblée  générale  et 
approuvé  par  le  ministre  de  l'intérieur,  après  avis  du  ministre  de 
l'instruction  publique,  arrête  les  conditions  de  détail  propres  à 
assurer  l'exécution  des  présents  statuts.  Il  peut  toujours  être  modifié 
dans  la  môme  forme. 

Art.  20.  —  Le  ministre  de  l'instruction  publique  aura  le  droit  de 
faire  visiter  par  ses  délégués  les  établissements  fondés  par  l'asso- 
ciation et  de  se  faire  rendre  compte  de  leur  fonctionnement. 


REGLEMENT  INTERIEUR 

ET   SURVEILLANCE 


Article  1er.  —  Le  président  est  chargé  de  maintenir  l'ordre  et  la 
régularité  dans  la  Société,  de  diriger  et  de  surveiller  l'impression 
des  publications  décidée  par  le  conseil,  et  de  pourvoir  d'une  manière 
générale  à  tous  les  détails  d'administration. 

Art.  2.  —  Les  vice-présidents  remplacent  le  président  en  l'absence 
de  celui-ci.  Ils  en  ont  tous  les  pouvoirs. 

Art.  3.  —  Le  secrétaire^  sur  l'invitation  du  président,  convoque 
aux  séances,  excursions,  etc.  ;  il  rédige  les  procès-verbaux. 

Art.  4.  —  Le  trésorier  recouvre  les  cotisations,  le  droit  de 
diplôme,  les  allocations  ou  dons  pécuniaires  faits  à  la  Société  et  en 
délivre  quittance. 

Il  acquitte  les  dépenses  sur  mandat  du  président. 

Il  tient,  en  un  mot,  un  compte  détaillé  des  recettes  et  des  dépenses 
de  toute  nature,  et  doit  rendre  compte  de  sa  gestion  à  la  première 
réunion  générale  de  chaque  année. 

Il  ne  pourra  démissionner  sans  avoir  fait  vérifier  ses  livres  par  le 
conseil. 

Art.  5.  —  Les  conservateurs  recueillent  et  classent  tous  les  objets 
d'histoire  naturelle  offerts  à  la  Société;  ils  donnent  les  soins  néces- 
saires aux  collections  et  au  mobilier. 

Art.  6.  —  Le  bibliothécaire-archiviste  est  chargé  de  la  conser- 
vation des  livres,  papiers,  mémoires,  communications,  etc. 

Art.  7.  —  Le  conseil  déterminera  les  ouvrages  et  les  mémoires 
qui  devront  être  imprimés  par  la  Société. 

Art.  8.  —  Toutes  les  nominations  et  tous  les  votes  auront  lieu  au 
scrutin  secret  et  à  la  majorité  absolue  des  membres  présents,  à 
moins  que  le  vote  par  assis  et  levé  ne  rencontre  aucune  opposition. 


X  STATUTS  ET  REGLEMENT. 

Art.  9.  —  Les  membres  titulaires  devront  acquitter,  dans  le  pre- 
mier trimestre  de  l'année,  la  cotisation  annuelle. 

Art.  10.  —  En  échange  du  diplôme  qu'ils  recevront  à  leur  réception, 
les  nouveaux  sociétaires  devront  payer  la  somme  de  2  francs. 

Art.  14.  —  La  cotisation  donnera  le  droit  de  recevoir  gratuitement 
toutes  les  publications  de  la  Sooiété  et  de  prendre  part  à  toutes  les 
excursions,  réunions  et  conférences  qu'elle  pourra  organiser. 

Art.  12.  —  Tous  les  livres  ou  objets  de  colleotions  donnés  à  la 
Société  porteront,  autant  que  possible  avec  son  estampille,  le  nom 
du  donateur. 

Art.  13.  —  L'auteur  d'un  mémoire  publié  par  la  Société  pourra  en 
faire  exécuter,  à  ses  frais,  un  tirage  spécial  qui  devra  porter  en 
sous-titre  :  Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun. 

Art.  14.  —  La  Sooiété  fera  l'envoi  de  ses  publications  aux  sooiétés 
qui  auront  été  déclarées  correspondantes. 

Art.  15.  —  La  Société  déposera  un  exemplaire  de  toutes  ses 
publications  à  la  bibliothèque  de  la  ville  d'Autun. 

Art.  16.  —  Les  membres  titulaires  de  la  Société  auront  seuls  la 
faoulté  d'emporter  à  domioile  les  livres  qui  appartiennent  à  la 
Sooiété,  à  la  condition  expresse  d'en  laisser  un  reçu  sur  le  registre 
tenu  à  cet  effet  par  le  bibliothécaire,  et  d'opérer  eux-mêmes,  dans 
le  délai  d'un  mois,  la  restitution  des  ouvrages  qui  leur  auront  été 
confiés. 

Art.  17.  —  Si  la  Sooiété  venait  à  se  dissoudre  librement,  sa  biblio- 
thèque et  ses  oollections  deviendraient  la  propriété  de  la  ville  d'Au- 
tun, pour  être  réunies  aux  collections  publiques  existantes.  L'assem- 
blée générale  statuerait  sur  la  liquidation  du  mobilier  et  l'emploi  à 
donner  au  fonds  social,  conformément  au  premier  paragraphe  de 
l'article  17  des  statuts. 

Art.  18.  —  Toutes  discussions,  lectures  ou  impressions  politiques 
ou  religieuses  sont  formellement  interdites.  La  Société  n'entend 
d'ailleurs  prendre,  dans  aucun  cas,  la  responsabilité  des  opinions 
émises  dans  les  ouvrages  qu'elle  pourra  publier. 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ1 


COMPOSITION  DU  BUREAU 


Président  d'honneur,  M.  Albert  Gaudry,  C.  *,  membre  de  l'Institut, 
de  la  Société  royale  de  Londres,  de  l'Académie  royale  de  Prusse,  eto. 

Président,  M.  le  Dr  X.  Gillot,  médecin  à  Autun,  I.  Qt  lauréat  de 
l'Institut,  vice-président  de  la  Société  Éduenne  et  correspondant 
du  Muséum  national  d'histoire  naturelle  de  Paris. 

le  V*  H.  os  Chaignon,  *,  à  Autun. 
M.  Fauconnbt  Louis,  A.  Q,  à  Autun. 
Vice  -  Présidante     )    M.  A.  Raymond,  A.  Qt  ancien  ingénieur  en  chef 

'  des  mines  de  la  Société  du  Creusot. 

M.  E.  Schneidbr,  maître  de  forges  au  Creusot, 
député. 

Secrétaire,  M.  Victor  Bbrthier,  I.  Q,  quincaillier  à  Autun. 

Secrétaire  adjoint,  M.  Camusat,  ingénieur  au  Creusot. 

Bibliothécaire,  M.  Ch.  Clément,  à  Autun. 

Bibliothécaire  adjoint,  M.  Joseph  Jbannbt,  banquier  à  Autun. 

M.  V.  Bbrthier,  I.  Q  (minéralogie,  géologie). 
M.  Bovbt,  agent  d'assurances  (botanique). 
M.  le  vicomte  Henry  de  Chaignon,  #  (orai- 

Con.arr.teur.,       J    M      *S"S!'  ***?#*>  minéralogie). 

A    M.  Dubois  Léon,  pharmacien. 

M.  Fauconnbt  Louis,  A.  Q  (entomologie). 

M.  X.  Gillot,  I.  i)  (botanique). 

M.  Porte,  ébéniste  (botanique). 

Trésorier,  M.  Jbannbt,  anoien  banquier. 


I.  La  présente  lUte  est  établie  au  I"  Janvier  1907. 


Xlj  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


MEMBRES  D'HONNEUR 


M.  Baybt  Charles,  #,  directeur  de  l'Enseignement  supérieur  et  de 
sociétés  savantes  au  ministère  de  l'Instruction  publique. 

M.  Edouard  Bornet,  O.  $<,  membre  de  l'Institut,  27,  quai  des  Tour- 
nelles,  à  Paris. 

M.  Marcellin  Boule,  #,  professeur  de  paléontologie  au  Muséum, 
72,  avenue  Alphand,  à  Saint-Mandé. 

M.  Bouvier,  $*,  membre  de  l'Institut  et  professeur  de  zoologie  au 
Muséum,  39,  rue  Claude-Bernard,  à  Paris. 

M.  Edouard  Bureau,  $s  professeur  de  botanique  au  Muséum  en 
retraite,  24,  quai  de  Béthune,  à  Paris. 

M.  Ernest  Chantre,  #,  lauréat  de  l'Institut,  sous-directeur  du 
Muséum  de  Lyon  et  secrétaire  général  de  la  Société  d'anthropo- 
logie de  Lyon. 

M.  Chauveau,  C.  #s  membre  de  l'Institut  et  professeur  de  pathologie 
comparée  au  Muséum,  4,  rue  du  Cloître-Notre-Dame,  à  Paris. 

M.  Dblafond,  O.  #,  inspecteur  général  des  mines,  à  Paris,  408, 
boulevard  Montparnasse. 

M.  Fayol  Henri,  $<,  directeur  général  de  la  Société  de  Commentry- 
Fourchambault-Deoazeville,  49,  rue  de  Bellechasse,  à  Paris. 

M.  Albert  Gaudry,  C.  $5,  membre  de  l'Institut,  professeur  honoraire 
de  paléontologie  au  Muséum,  7  bis,  rue  des  Saints-Pères,  à  Paris. 

M.  Alfred  Qiard,  #,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la  Sorboune, 
14,  rue  Stanislas,  à  Paris. 

M.  Grand'Eury,  $<,  ancien  professeur  à  l'Ecole  des  mines,  corres- 
pondant de  l'Institut,  5,  cours  Victor-Hugo,  à  Saint-Étienne. 

M.  Ernest  Haiiy,  O.  $5,  membre  de  l'Institut,  professeur  d'anthro- 
pologie au  Muséum  et  conservateur  du  musée  d'ethnographie, 
36,  rue  GeofTroy-Saint-Hilaire,  à  Paris. 

M.  Alfred  Lacroix,  *,  membre  de  l'Institut,  professeur  de  miné- 
ralogie au  Muséum,  8,  quai  Henri  IV,  à  Paris. 

M.  Michel  Levy,  O.  *,  membre  de  l'Institut,  inspecteur  général  des 
mines,  directeur  du  service  de  la  Carte  géologique  de  la  France, 
26,  rue  Spontini,  à  Paris. 

M.  Liard,  G.  O.  $5,  conseiller  d'Etat,  vice-recteur  de  l'Académie  de 
Paris,  à  la  Sorbonne. 

M.  Léon  Maquennb,  $<,  membre  de  l'Institut,  professeur  de  physique 
végétale  au  Muséum,  19,  rue  Soufllot,  à  Paris. 

M.  Stanislas  Meunier,  #,  professeur  de  géologie  au  Muséum,  3, 
quai  Voltaire,  à  Paris. 

Mn#  F.  de  Montessus,  à  Ruliy. 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ.  xiij 

M.  Pellat,  O.  # ,  ancien  président  de  la  Société  géologique  de  France, 
inspecteur  général  honoraire  des  services  administratifs  du  minis- 
tère de  l'intérieur,  au  château  de  la  Tourette,  par  Tarascon-sur- 
Rhône  (Bouches-du-Rhône),  et  19,  avenue  du  Maine,  à  Paris. 

M.  Germain  Périer,  maire  d'Autun,  conseiller  général  et  député  de 
Saône-ët-Loire. 

M.  Henri  de  Par  ville,  O.  $s  rédacteur  scientifique  du  Journal 
officiel,  des  Débats,  etc.,  lauréat  de  l'Institut,  villa  des  Pins,  Parc 
des  Princes,  à  Boulogne  (Seine). 

M.  Edmond  Perrier,  O.  $s  membre  de  l'Institut,  directeur  du 
Muséum  d'histoire  naturelle,  membre  de  l'Académie  de  médecine, 
57,  rue  Cuvier,  au  Muséum,  à  Paris. 

M.  Proteau  Éléonore-Jean,  juge  au  tribunal  civil,  à  Autun. 

M.  Georges  Rouy,  $s  ancien  secrétaire  général  du  Syndicat  de  la 
presse  parisienne,  ancien  vice-président  de  la  Société  botaniqne  de 
France,  etc. »  41,  rue  Parmentier,  à  Asnières  (Seine). 

Dr  H. -TE.  Sauvage,  $s  directeur  de  la  station  aquicole  de  Boulogne- 
sur-Mer  (Pas-de-Calais),  39  bis,  rue  Tour-Notre-Dame. 

M.  Léon  Vaillant,  #S  professeur  de  zoologie  au  Muséum,  36,  rue 
Geoffroy-Saint-Hilaire,  à  Paris. 

M.  R.  Zeiller,  O.  $t,  membre  de  l'Institut,  inspecteur  général'  des 
mines,  professeur  de  paléontologie  végétale  à  l'École  des  Mines, 
8,  rue  du  Vieux-Colombier,  à  Paris. 


MEMBRES  BIENFAITEURS 


Mme  J.  Bocquet,  18,  place  d'Italie,  à  Paris. 

Mme  Duchamp,  à  Autun.  f 

Mme  Jules  Geoffroy,  à  la  Chicolle,  par  Autun. 

Mme  F.  de  Montessus,  à  Rully. 

Mmo  Charles  Naudin,  à  Antibes. 

Mme  Philibert  Abel,  à  Bruailles  et  16,  rue  Gioffredo,  à  Nice. 

MM. 

Vte  H.  de  Chaignon,  #,  au  château  de  Condàl  (S.-et-L.),  et  14,  ruo 
Guérin,  à  Autun. 

Albert  Gaudry,  C.  &,  membre  de  l'Institut,  7  bis,  rue  des  Saints- 
Pères,  à  Paris. 

Docteur  X.  Gillot,  I.'0,  médecin  à  Autun. 

Georges  de  Laplanche,  au  château  de  Laplanche,  près  Luzy  (Nièvre). 

Pierre  de  Laplanche,  au  château  de  Laplanche,  près  Luzy  (Nièvre). 

Capitaine  Lucand,  décédé. 

i.  Par  décision  prise  dans  la  séance  du  6  avril  1893,  la  Société  accorde  le  titre 
de  Membre  bienfaiteur,  à  toute  personne  qui  lui  fait  un  don  en  espèces  ou  en  nature 
d'une  valeur  minimum  de  500  francs. 


Xiv  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 

A.  ManGEard,  décédé. 

Docteur  F.  de  Montbssus,  décédé. 

Proteau  Éléonore-Jean,  juge  au  tribunal  civil  d' Autun. 

Proteau  François,  décédé. 

A.  Roche,  décédé. 

Philibert  Abel,  $s  chef  de  bataillon  du  génie,  en  retraite,  à  Bruailles, 

et  16,  rue  Gioiïredo,  à  Nice. 
Bernard  Renault,  décédé. 


MEMBRES  A  VIE 


MM. 

Abord  Gaston,  $s  procureur  de  la  République  à  Toulon  (Var). 

André  Ernest,  64,  rue  Carnot,  à  Màcon. 

Bergeron  Jules,  &,  professeur  de  géologie  à  l'École  centrale,  sous- 
directeur  du  Laboratoire  de  géologie  à  la  Faculté  des  Sciences, 
157,  boulevard  Haussmann,  à  Paris. 

Bbrthier  Maurice,  à  Autun. 

Berthier  Victor,  I.  Q,  à  Autun. 

Prince  Roland  Bonaparte,  iO,  avenue  d'Iéna,  à  Paris. 

Docteur  Boquin  médecin  à  Autun,  lauréat  médaillé  de  la  Faculté  de 
médecine,  de  l'Académie  de  médecine  et  des  hôpitaux  de  Paris. 

Chevalier  Eugène,  direoteur  de  l'agence  H  du  Crédit  Lyonnais, 
34,  rue  du  Bao,  à  Paris. 

Coqueugniot  Henri,  ingénieur  à  Nœux-les-Mines  (Pas-de-Calais). 

Dbvillbrdbau  Jules,  A.  Q,  51,  rue  Denfert-Rochereau,  à  Paris. 

Devoucoux  Albert,  docteur  en  droit,  avocat  à  Autun. 

Docteur  Épery,  médeoin  à  Alise-Sainte-Reine. 

Fourney,  contrôleur  des  mines  au  Creusot,  177,  route  de  Couches. 

Gaonbpain,  A.  y,  préparateur  de  botanique  au  Muséum,  4,  avenue 
d'Italie,  à  Paris. 

Gbnsoul  Charles-Louis-Joseph,  au  château  du  Blanohet,  à  Château- 
neuf  (Saône-et-Loire). 

Docteur  Gillot  Viotor,  A.  Q.  chef  de  clinique  et  médeoin  des  hôpi- 
taux d'Alger,  21,  avenue  Victor-Hugo  (Mustapha). 

Jbannbt  Joseph,  banquier  à  Autun. 

Docteur  Jousseaume,  29,  rue  de  Gergovie,  à  Paris. 

Docteur  Lannois  Maurice,  A.  y,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de 
médecine,  médecin  des  hôpitaux  de  Lyon,  14,  rue  Emile-  Zola. 

MAncAiLHOU-D'AYMÉRic  Hippolyte,  pharmacien  de  1"  classe  à  Ax- 
les-Thermes  (Ariège). 

t.  D'après  le  troisième  paragraphe  de  l'art.  3  du  règlement,  tout  sociétaire  peut 
devenir  membre  à  vie  eu  versant  une  fois  pour  toute  la  somme  de  100  francs. 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ.  XV 

Michaud,  huissier  à  Nolay  (Côte-d'Or). 

Pic  Maurice,  A.  Q,  directeur  de  l'Échange,  maire  des  Guerreaux 
(Saône-et-Loire). 

Mmo  Maurice  Pic,  aux  Guerreaux  (S.-et-L.). 

Yovanne  Renault,  ancien  huissier,  15,  rue  Dufraigne,  à  Autun. 

Reyssibr  Pierre,  employé  de  commerce  à  Autun, 

Royer  Lucien,  propriétaire  à  Barnay. 

Paul  Saintot,  professeur  de  l'Université  à  Villegusien  (Haute- 
Marne). 

Docteur  Valat,  médecin  à  Autun. 


MEMBRES  TITULAIRES 


MM. 

Abbayes  (des),  sous-directeur  des  contributions  indirectes  à  Autun. 

Abord  Charles,  juge  de  paix  à  Mesvres. 

Abord  Victor,  receveur  municipal  à  Autun. 

Adbnot,  notaire  à  Moux. 

Agogué,  commisssaire-priseur  à  Autun. 

André  0.,  artiste  peintre,  19,  rue  des  Gordeliers,  à  Soissons. 

André  Georges,  vétérinaire  à  Autun. 

André-Rousseau,  marchand  de  bois  à  la  Coudre,  oommune  d'Auxy. 

Andriot  Pierre,  négociant  à  Autun. 

Arbelot  Jean,  ancien  négociant  à  Autun. 

Arlot,  représentant  de  oommeroe  à  Autun. 

Armandin  Ernest,  pharmacien  à  Quarré-les-Tombes  (Yonne). 

Armbt  de  Lisle,  $s  industriel,  29,  rue  Hoche,  à  Nogent-sur-Marne. 

Arnon  Victor,  A.  Q,  chef  de  bureau  à  la  petite  vitesse,  à  Nevers. 

Marquis  d'Audiffret,  officier  de  cavalerie  en  retraite,  au  château 

de  Boutavent,  près  de  Cluny. 
Audin  Marius,  7,  rue  du  Jardin-des-Plantes,  à  Lyon. 
Avondo-Thevbnet,  peintre  à  Autun. 

Bacqublot  Charles,  propriétaire  au  château  des  Rondeaux,  com- 
mune de  Sain  t-Nizier-sur-Ar  roux. 
Bailly,  libraire  à  Etang. 

Bailly  Jacques,  propriétaire  à  Damerey  (S.-et-L.). 
Barbotte,  vétérinaire  à  Autun. 
Docteur  G.  Bardet,  20,  rue  de  Vaugirard,  à  Paris. 
Baret  Félix,  propriétaire  à  Dracy-Saint-Loup. 
Barnay,  propriétaire,  rue  du  Petit- Ri vault,  à  Autun. 
Baroin  Simon,  négociant  à  Autun. 
Baron  Antoine,  notaire  à  Autun. 

Docteur  Baron  Joseph,  médecin,  10,  rue  Changarnier,  à  Autun, 
Basdevant  Louis,  propriétaire  à  Anost. 


XVJ  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 

Bassal,  ingénieur  civil  des  mines,  Croix- Menée,  au  Creusot. 
Basset,  instituteur  à  Mont,  par  Bourbon-Lancy. 
Baudran  Claude,  représentant  de  commerce  à  la  Grande-Verrière. 
Baudonnet,  pharmacien  au  Creusot,  rue  de  la  Sablière. 
Baumann,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  directeur  de  l'usine 

de  plombs  argentifères  de   l'Escalette  Madrague- Mon tredon,  à 

Marseille. 
Batle  Paul,  A.  1£,  ingénieur,  directeur  de  la  Société  lyonnaise  des 

schistes  bitumineux,  à  Autun. 
Bazot  Louis,  I.  Q,  professeur  de  l'Université  en  retraite,  17,  rue  du 

Drapeau,  à  Dijon. 
V"  Xavier  de  Beaumont,  à  Martigny-le-Comte  (S.-et-L.). 
Béclère  Henri,  externe  des  hôpitaux  de  Paris,  3,  rue  de  la  Harpe. 
Bel  Adolphe,  tanneur  à  Autun. 

Béné-Nicot,  fabricant  de  plâtre  à  Ivry-en-Montagne  (Côte-d'Or). 
Berger  Camille,  propriétaire,  rue  du  Petit-Pont,  à  Autun. 
Berger  Claudius,  négociant  à  Toulon-sur-Arroux. 
BBUTHlfiR  Ernest,  rue  de  la  Sablière,  au  Creusot. 
Docteur  Bertrand,  médecin,  rue  Bernard-Renault,  à  Autun. 
Bertrand  Emile,  imprimeur  à  Chalon-sur-Saône. 
Bertrand  C.-Eg.,  $s  professeur  à  l'Université  de  Lille,  correspon- 
dant de  l'Institut,  6,  rue  d'Alger,  à  Amiens  (Somme). 
Bertrand  Paul,  préparateur  du  Musée  houiller  à  l'Université  de 

Lille. 
Bbsancbnot,  entrepreneur  à  Autun. 
Bburton-Vieillard,  négociant  à  Liernais  (Côte-d'Or). 
Docteur  Bichbt,  médecin,  rue  de  la  Sablière,  au  Creusot. 
Bidaut  Pierre,  préposé  en  chef  de  l'ootroi  d' Autun. 
Bigeard  René,  A.  Ô,  instituteur  en  retraite  à  Nolay  (Côte-d'Or). 
Billard  Emile,  dessinateur  aux  usines  du  Creusot,  en  résidence  à 

Montcenis. 
Docteur  Billout,  médecin,  18,  rue  Changarnier,  à  Autun. 
Blanvillain  Alexandre,  artiste,  54,  rue  Lamartine,  à  Paris. 
Bligny-Péguet,  industriel  à  Autun. 
Blondeau  Jean,  négociant  à  Autun. 

Boell  Charles,  agréé  près  le  tribunal  de  commerce  d' Autun. 
Bois  Désiré,  $<,  assistant  au  Muséum,  secrétaire  rédacteur  de  la 

Société  nationale  d'horticulture  de  France,  15,  rue  Faidherbe,  à 

Saint-Mandé  (Seine). 
Boisseau  Paul,  employé  aux  usines  du  Creusot,  rue  de  Torcy. 
De  Boissieu  Henri,  membre  de  la  Sooiété  botanique  de  France,  à 

Varambon,  par  Pont-d'Ain  (Ain). 
Bonjean  Antoine,  percepteur  à  Épinac. 
Bonn aud- Brosse,  serrurier  à  Autun,  rue  des  Cordeliers. 
Bonnbtêtb  Hector,  conservateur  des  hypothèques  à  Lunéville. 
Bonnin  (l'abbé),  34,  cours  la  Reine,  à  Paris. 

Bonny  Victor,  marchand  de  bois  en  gros,  à  Saint-Léger-sur-Dheune. 
De  Bontin  Henri,  château  des  Revireys,  près  Autun. 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ.  ZVij 

Bordaz  G.,  planteur  à  la  Martinique  (Saint- Joseph),  habitation  la 

Salubre. 
Bosc  Antoine,  huissier  à  Autun. 
Boudriot  Armand,  huissier  à  Issy-1'Evôque. 
Bouhéret  Louis,  propriétaire  à  Mesvres. 
Bouillod  Lois,  propriétaire  à  Saint-Léger-sur-Dheune. 
Bourdot  Henri  (l'abbé),  curé  à  Saint-Priest-en-Murat,  par  Montma- 

rault  (Allier). 
Bourgeois  Claude,  fleuriste  à  Autun. 
Bousquet  Henri,  négociant  à  Toulon-sur-Arroux. 
De  Boutètre  (Roger  Assézat),  aux  Munots,  par  la  Charité  (Nièvre). 
Bouthenbt,  notaire  à  Couches. 
Boutillon  Jules,  propriétaire  &  Montoenis. 
Bouvet,  pharmacien  à  Autun. 

BouveyrOn  Jules,  anoien  pharmacien  à  Lagnieu  (Ain). 
Bovet  Antoine,  agent  d'assurances,  à  Autun. 
Dooteur  Briau,  médecin  à  l'Hôtel-Dieu,  au  Creusot. 
Brintet  (l'abbé),  aumônier  du  Collège,  à  Autun. 
Briotet-Lacoste,  doreur  à  Autun. 

Brivot  Edmond,  minotier  au  Moulin-du-Sac,  près  Toulon-s.-Arroux. 
Brosse,  ingénieur  en  chef  des  mines  à  Épinac. 
Bûcheron  Léon,  ingénieur  à  Moulins. 
Buisson,  pharmacien  à  Autun. 

Cambray  Antoine,  A.  Q,  ingénieur  aux  Thelots,  près  Autun. 

Camusat  J.,  ingénr  aux  hauts  fourneaux  du  Creusot,  2,  rue  de  Dijon. 

Candoret  Jean,  entrepreneur,  152,  route  de  Couches,  au  Creusot. 

Canet  Adolphe,  notaire  à  Autun. 

Canbt  Louis,  industriel,  avenue  de  la  Gare,  à  Autun. 

Cardot  Jules,  bryologue,  square  du  Petit-Bois,  1,  à  Charlevilie. 

Carne  Louis,  industriel  à  Autun. 

Carrion  J.-M.,  instituteur  à  Paris-l'Hôpital. 

Chalon  Paul,  pharmacien  à  Saint-Honoré-les-Bains  (Nièvre). 

Docteur  Chalon  Pierre,  médecin  à  Issy-1'Évêque. 

Du  Chambon  Pierre,  industriel  à  Grury  (Saône-et-Loire). 

Chambrun,  pharmacien  au  Creusot. 

Changarnier  Emile,  architecte  du  gouvernement,  àChalon-s.-Saône. 

Chanliau  Gabriel,  propriétaire  à  Saint-Symphorien-de-Marmagne. 

Chanlon,  contremaître  au  Creusot,  5,  rue  de  Chalon. 

Chantblot  J.-M.,  ancien  négociant  aux  Gravières,  près  Toulon- 
sur-Arroux. 

Charbonnier-Lebreton,  greffier  du  tribunal  civil  à  Autun. 

Charleux,  marchand  de  biens  au  Creusot. 

Charmasse  (de)  Anatole,  président  de  la  Sooiété  Éduenne. 

Charollois  René,  peintre  à  Autun. 

Charollois,  professeur  d'arboriculture,  horticulteur-pépiniériste,  à 
la  Montée-Noire,  près  du  Creusot. 

Châtaignier  J.-B.,  entrepreneur  à  Autun. 

tome  xix.  b 


XViij  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 

Châtain  Jean-Baptiste,  vétérinaire  à  Autun. 

Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte,  près  Marcigny. 

Chaumonot  Alfred,  percepteur  à  Montcenis. 

Chayannbs  Edmond,  villa  des  Rosiers,  à  Autun. 

Chbvaillbr  (l'abbé),  curé  à  Ëpinac. 

Chevalier  Jean,  propriétaire  à  Paris-l'Hôpital. 

Chevalier  Joseph,  propriétaire  à  Autun. 

Chevalier  René,  négociant  à  Autun,  rue  de  la  République. 

Chevalier,  direct1,  de  la  Grande  Tuilerie,  à  Saint-Symphorien-lès- 

Autun. 
Chevallier  Maurice,  quincaillier  à  Autun. 
Chevrier  Charles,  représentant  de  commerce,  à  Autun. 
Chifflot,  serrurier,  rue  Saint-Saulge,  à  Autun. 
Docteur  A.  Chobaut,  4,  rue  Dorée,  à  Avignon. 
Chopin,  entrepreneur  de  menuiserie  à  Autun. 
Chubillbau  Eugène,  entrepreneur  à  Villiers-Charlemagne(Mayenne). 
Clair  Albert,  au  ohàteau  de  Frétoy,  commune  de  Collonge-la-Made- 

leine  (Saône-et-Loire). 
Clément  Charles,  propriétaire  à  Autun. 
Clerc  Emile,  quincaillier  à  Autun. 
Cochet  Emile,  A.  Q,  banquier  à  Toulon-sur-Arroux. 
Colbttb  Paul,  fabricant  de  produits  chimiques  à  Ne  vers. 
Colleuil  Charles,  comptable  à  l'usine  Courtot  aîné,  à  Dôle. 
Collinbt  père,  éleotricien  à  Autun. 
Collot  Jules,  négociant  en  bois  à  Autun. 
Comeau,  propriétaire  à  la  Mine,  faubourg  Saint-Biaise. 
Comoob  René,  représentant  de  commerce  à  Autun. 
Coroin  Henri,  menuisier  à  Autun. 
Cordin  Pierre,  menuisier  à  Autun,  rue  Piolin. 
Cortbt  Paul,  pharmacien  à  Alligny-en-Morvan  (Nièvre). 
Çortbt-Roussbau,  négooiant  à  Alligny-en-Morvan  (Nièvre). 
Coste,  agréé  près  le  tribunal  de  commerce  à  Autun. 
Costb  Etienne,  maître  de  forges  à  Laoanche  (Côte-d'Or). 
Cottin  Lazare,  inspecteur  de  la  compagnie  d'assurances  le  Cotiser- 

valeur,  au  Creusot. 
Cottin,  maire  de  Broyé. 

Cougnbt  Alphonse,  direoteur  de  l'usine  à  gaz,  à  Vierzon. 
Courrbau  Lazare»  facteur  de  pianos  à  Autun. 
Crbusvaux  Alfred,  industriel  à  Arnay-le-Duo. 
Croizier  Henri,  avoué  à  Autun. 
Croizier  Bernard,  avoué  à  Autun. 

Dambron,  négociant  en  vins  à  Autun. 

Dantbl,  rue  de  la  Grille,  à  Autun. 

Daviot  Hugues,  I.  Q,  ingénieur  civil,  licencié  es  sciences,  à  Gueu- 
gnon. 

Docteur  Daviot  Maurice,  médecin  à  Saint-Léger-sur*Dheune  (Saône- 
et-Loire). 


MEMBRES   DE   LA   SOCIÉTÉ  xix 

Dbbourdeau  Louis,  propriétaire  à  Grizy,  commune  de  Saint-Sym- 
phorien-de-Marmagne. 

Docteur  Dechaumb-Montcharmont,  médecin  à  Étang. 

Déchelettb  Joseph,  A.  Q,  à  Roanne. 

Deffoux  Louis,  4,  rue  Molière,  à  Paris. 

Deguin,  employé  de  commerce  à  Àutun. 

Dejussieu  Ernest,  #,  capitaine  au  10«  ohasseurs  à  Moulins  (Allier). 

Dbjussieu  François,  imprimeur-libraire  à  Autun. 

Dejussieu  Michel,  imprimeur-libraire  à  Autun. 

Dblacour  Théodore,  trésorier  de  la  Société  botanique  de  France, 
94,  rue  de  la  Faisanderie,  à  Passy-Paris. 

Demonmerot  Emile,  notaire  à  Autun. 

Derdaine  père,  brasseur  à  Autun. 

Deseilligny  J.,  au  château  de  Mont-d'Arnaud,  commune  de  Broyé. 

Dbshayes,  représentant  des  houillères  d'Épinac,  à  Autun. 

Desjours  Joseph,  entrepreneur  à  Autun. 

Dbsmoulins,  horticulteur  à  Pierrefitte,  près  Autun. 

DE8SENDRE  Edmond,  propriétaire  aux  Daumas,  commune  de  Mesvres. 

Desserte nne,  négociant,  rue  d'Allier,  à  Moulins. 

Dessoly  J.-L.,  propriétaire  et  conseiller  municipal  au  Creusot. 

Comte  Fernand  d'Esterno,  au  château  de  la  Vesvre,  â  la  Selle-en- 
Morvan. 

Destival,  ingénieur  civil  des  mines,  directeur  de  la  Société  des 
houillères  à  Épinac. 

Desvignes  Louis,  entrepreneur  â  Saint-Symphorien-de-Marmagne. 

Desvignes,  maître  d'hôtel,  rue  de  la  Sablière,  au  Creusot. 

Develay  Louis,  négociant  à  Autun. 

Devenbt,  pharmacien  au  Creusot. 

Devieux,  hôtel  de  la  Gare,  à  Autun. 

Deville  Jules,  42,  rue  des  Jeûneurs,  à  Paris. 

Docteur  Diard  G.,  A.  Q>  médecin  au  Creusot. 

Docteur  Digoy,  A.  Q,  médecin  à  Saint- Léger-sous-Beuvray. 

Diosson  P.,  fabricant  de  produits  chimiques,  à  Palinges. 

Dirand  Eugène,  A.  Q,  mécanicien-fondeur,  premier  adjoint  à  Autun. 

Diry  Stéphane,  négociant  à  Grury  (Saône-et-Loire). 

Dode  Louis-Albert,  docteur  en  droit,  4,  place  du  Maine,  à  Paris  et 
à  Sorbier,  par  Jalligny  (Allier). 

Dolle,  ingénr  des  arts  et  manufactures,  58,  rue  de  Torcy,  au  Creusot. 

Douhéret  Gaston,  géomètre-expert  à  Montcenis. 

Drbyssé,  &,  chef  d'escadron  d'artillerie  colon1*,  en  retraite,  à  Autun. 

Drillien,  boucher  à  Autun. 

Docteur  Drizard,  médecin  au  Creusot. 

Drouhin,  propriétaire  à  Cirey-lès-Nolay. 

Dubois  Léon,  pharmacien  à  Autun. 

Duchemain  Charles,  à  la  Roche t te,  commune  de  Laizy  (Saône-et- 
Loire). 

Duchêne  Louis,  à  Saint-Martin-lès-Autun. 

Dulaurbnt,  architecte  à  Autun. 


XX  MEMBRES   DE   LA   SOCIÉTÉ 

Dumontbt  Louis,  géomètre  aux  usines  du  Creusot. 

Dupuis  L.,  chef  de  comptabilité  aux  usines  du  Creusot,  avenue  de 

Chaniiau. 
Dorbl,  direoteur  de  la  Sooiété  générale  (succursale  d'Autun). 

Essards  (Eugène  des),  ohef  d'institution  à  Territet  (Vaud,  Suisse). 

Falque  Auguste,  pharmacien  à  Autun. 

Fauconnbt,  sculpteur  &  Autun. 

Fauconnbt  Louis,  A.  Q,  à  la  Frette,  à  Autun. 

Faurb   Michel,  avocat  à  la    Cour  d'appel,  21,  quai   Fulohiron, 

à  Lyon. 
FB8QUBT  Joseph,  mécanicien-électricien  à  Autun. 
Finbt  Achille,  attaohé  au  Muséum,  117,  boulevard  Malesherbes, 

à  Paris. 
Flagbollbt  (l'abbé),  curé  à  Rigny-sur-Arroux. 
Flamarion  Louis,  A.  Q,  substitut  du  procureur  général  à  Dijon. 
Flichb  Paul,  #,  ancien  professeur  à  l'École  forestière  de  Nancy, 

9,  rue  Saint-Dizier. 
Floqubt  Paul,  étudiant  A  Beaune. 
Théodule  db  Fontbnay-Changarnier,  à  Autun. 
Fonty  Martin,  sculpteur  à  Autun. 
Fourneau  Joseph,  Ingénieur,  sous-directeur  de  l'usine  de  Char- 

donnet,  près  Besançon. 
Franchet  Louis,  chimiste,  11,  rue  Barreau,  à  Asnlères  (Seine). 
Frérot  Lazare-Étienne-Joseph,  commis  principal,  chef  de  poste  des 

contributions  indirectes  à  Semur  (Côte-d'Or). 

Gadant  René,  A.  0,  receveur  de  l'enregistrement  à  Autun. 

Gaillard  Auguste,  cafetier  au  Creusot. 

Gallay,  pharmacien  à  Toulon-sur-Arroux. 

Comte  Gérard  de  Ganay,  chalet  de  Fougerette,  près  Étang. 

Garnibr  J.-M.,  aux  Gravières,  près  Toulon-sur-Arroux. 

Garnibr  Maurice  (l'abbé),  curé  à  Auxy. 

Gaudry,  propriétaire  à  Saint-Nizier-sous-Charmoy  (S.-et-L.). 

Gaunet-Laplantb,  Nouvel-Hôtel,  à  Autun. 

Gauthby  Henri,  restaurateur  à  Autun. 

Gbnnbvaux,  18,  rue  Saint-Claude,  à  Montpellier. 

Gensoul  J.,  à  Saint-Maurice-lès-Chàteauneuf  (S.-et-L.). 

Gentilhomme  Lazare,  régisseur  à  la  Boulaye. 

Genty  Paul-André,  botaniste  à  Dijon,  15,  rue  Garibaldi. 

Gérard,  négociant,  3,  rue  aux  Cordiers,  à  Autun. 

Docteur  Gérard,  médecin  au  Creusot,  54,  rue  d'Autun. 

Gérardin,  A.  {},  professeur  au  Collège  d'Autun. 

Gillot  André,  secrétaire  de  la  Société  Éduenne,  à  Autun. 

Gillot  Charles,  correspondant  du  chemin  de  fer,  à  Autun. 

Gillot  Joseph,  ingénieur-électricien,  à  Paris. 

Gillot  Louis,  avoué  à  Autun. 


MEMBRES   DE    LA   SOCIÉTÉ.  XXj 

Gireau,  conducteur  principal  des  ponts  et  chaussées  à  Saint-Julien- 
sur-Dheune. 

Gloria  (l'abbé),  chanoine  à  Autun. 

Goulot  Jean-Marie,  droguiste  à  Autun. 

Goursaud,  négociant  à  Autun. 

Gouthiére  Alfred,  propriétaire  à  Gordesse. 

Graillot  Antony,  ancien  négociant  à  Autun. 

G  rail  lot  Félix,  ingénieur,  boulevard  Mazagran,  à  Autun. 

Graillot  Henri,  agrégé,  maître  de  conférera  à  la  Faculté  de  Toulouse. 

Graillot  Léon,  négociant  à  Autun. 

Graillot  J.-M.,  recev-entreposeur,  19,  cours  de  la  Liberté,  à  Lyon. 

Gravier  Charles,  assistant  au  Muséum,  li,  rue  Lacépède,  à  Paris. 

Grèce  Charles,  secrétaire  de  mairie  à  Toulon-sur-Arroux. 

Grézbl  Louis,  A.  Qt  professeur  au  Collège  d* Autun. 

Docteur  Grillot  Henri,  A.  Q,  médecin  à  Autun. 

Docteur  Griveaud  Louis,  médecin  au  Martrat  de  Marcilly-lès-Buxy. 

Groux-Lemcke  J.,  libraire,  13,  rue  de  Buci,  à  Paris. 

Guenaro  Gabriel,  négociant  à  Autun. 

Docteur  Etienne  Guenot,  médecin  à  la  Roche-en-Brenil  (Côte-d'Or). 

Gueuneau,  négociant  à  Dezize  (Saône-et-Loire). 

Gubrrin  A.,  architecte  à  Autun. 

Guillaume  Edmond,  I.  Q,  prinoipal  du  Collège  à  Autun. 

Guillemaut  Lucien,  sénateur  à  Paris,  62,  boulevard  Saint-Germain. 

Guillemaut,  receveur  des  finances  à  Autun. 

Guette  Jean,  chef  du  service  de  la  régie  du  domaine  de  MM.  Schnei- 
der et  Cie,  aux  Socs,  le  Creusot. 

Hariot  Paul,  préparateur  au  Muséum,  63,  rue  de  Buffon,  à  Paris. 

Hémet,  pharmacien  à  Chavanges  (Aube). 

Henriot,  A.  i>,  rue  des  Écoles,  à  Autun. 

Docteur  HouzÉ,  médecin  à  Cussy-en-Morvan. 

Hua  Henri,  botaniste,  254,  boulevard  Saint-Germain,  à  Paris. 

Jardot,  peintre  au  Creusot,  rue  de  Montchanin. 

Jarlot  James,  notaire  à  Autun. 

Jarlot  Jean,  banquier  à  Autun. 

Jeannet  père,  anoien  banquier  à  Autun. 

Jeannet,  juge  de  paix  à  Issy-l'Evôque. 

Jeannin-Mangematin,  entrepreneur  à  Autun. 

Jolibt  Gaston,  I.  Q,  docteur  en  droit,  gouverneur  des  colonies,  64, 

rue  Chabot-Charny,  à  Dijon. 
Jondbau,  A.  0,  instituteur  à  Chagny. 

Jondot  Henri,  dessinateur,  24,  rue  de  l'Artillerie,  au  Creusot. 
Jumart  Joseph-François,  graveur-dessinateur,  6,  chemin  de  laRize, 

Lyon- Villeurbanne. 

Labarrb,  fondé  de  pouvoirs  au  bureau  des  hypothèques,  à  Autun. 
LachOT  Henry,  instituteur  en  retraite,  chevalier  du  Mérite  agricole, 
à  Souhey,  par  Semur  (Côte-d'Or). 


XXÎj  MEMBRES    DE    LA    SOCIÉTÉ. 

Lacommb  Léon,  A.  Q,  docteur  en  droit,  à  Mesvres. 

Dooteur  Lagouttb,  médecin  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu,  au  Creusot. 

Docteur  Laguille  Lazare,  #,  médecin  à  Autun. 

Lahayb  François,  rue  Bouteiller,  à  Autun. 

Lahayb  Louis,  oafetier  à  Autun. 

De  Lairb  Edgar,  188,  rue  de  l'Université,  à  Paris. 

Docteur  Lallibr  Alphonse,  médecin  à  Tannay  (Nièvre). 

Lamy  Edouard,  préparateur  à  la  Faculté  des  sciences  et  au  Muséum, 

à  Paris. 
Langbron  Maurice,  docteur  en  médeoine,  li,  rue  Férou,  à  Paris. 
Laprêt  Louis,  chef  du  personnel  des  usines  de  MM.  Sohneider  et  Civ, 

au  Creusot. 
Larub-Duvbrnb  fils,  relieur  à  Autun. 
Docteur  Latouchb  Frédéric-Ferdinand,  médecin  à  Autun. 
Lbbègub,  confiseur  à  Autun. 
Lbblond,  pharmacien  à  Pouilly-en-Auxois. 
Lbcomtb,  professeur  au  lycée  Saint-Louis,  14,  rue  des  Éooles,  à 

Paris. 
Dooteur  Lbmoinb,  médecin  à  Chàteau-Chinon. 
Lbnoblb  Noël,  propriétaire  à  Antully. 
Lbtort,  avocat  à  Autun. 

Levier,  horloger,  cité  Antoine,  par  Montchanin-les-Mines. 
Docteur  Liabot  Henri,  médeoin  à  Cluny. 
Lignibr  Octave,  professeur  de  botanique  à  la  Faculté  des  soienoes 

de  Gaen,  26,  rue  du  Docteur- Rayer. 

Magnibn,  sénateur,  2,  boulevard  Raspail,  à  Paris. 

Malord  Claudius,  architecte  à  Autun. 

Mangin  Louis,  O.  #,  professeur  de  cryptogamie  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  2,  rue  de  la  Sorbonne,  à  Paris. 

Marchal  Ch.,  A.  Q,  instituteur  en  retraite  à  Saint-Maurioe-lès- 
Couohes  (3aône-et-Loire). 

Marchand,  instituteur,  8,  rue  Masséna,  au  Creusot. 

Marchand,  pharmacien  à  Autun. 

Marchand  Emile,  négociant  à  Autun. 

Mariottb  Christophe,  tapissier  &  Autun. 

Marlot  Hippolyte,  à  Martigny,  près  Saint- Symphorien-de-Mar- 
magne  (Saône-et-Loire). 

Maron  Albert,  13,  rue  du  Charnier,  à  Nevers. 

Martbt  Charles,  imprimeur  au  Creusot. 

Martin  Félix,  sénateur  à  Paris,  36,  rue  des  Bernardins,  et  à  Morey, 
près  du  Creusot. 

Martinon  Lazare,  12,  rue  Guérin,  à  Autun. 

Marty  Pierre,  au  château  de  Caillac,  près  Arpajon  (Cantal). 

Marie,  #,  chef  de  bataillon  au  36*  régiment  d'infanterie  à  Bourgoing 
(Isère). 

Massby  Henri,  entrepreneur  de  travaux  d'hygiène  et  de  couverture, 
à  Autun. 


MEMBRES   DE    LA    SOCIÉTÉ.  XXiij 

MA880N  Pierre,  libraire-éditeur,  120,  boulevard  Saint-Germain,  à 
Paris. 

Maudry  Achille,  maître  d'hôtel  chez  M.  E.  Schneider,  34,  cours  la 
Reine,  à  Paris. 

Mauchien  E.,  négociant  à  Autun. 

Mazimann,  professeur  à  l'Ecole  préparatoire  de  cavalerie,  à  Autun. 

Menand  Emile,  avoué  à  Autun. 

Menegaux  Henri-Auguste,  docteur  es  sciences,  assistant  au  Muséum, 
9,  rue  du  Chemin-de-Fer,  à  Bourg-la-Reine  (Seine). 

Menni  Jean-Ulrich,  à  Devay,  près  Decize  (Nièvre). 

Mercier  Bertrand,  industriel  à  Autun. 

Merle  Antoine,  notaire  à  Montcenis. 

Meunier,  entrepreneur  à  Autun. 

Michaud-Chevribr,  ornithologiste  à  Autun. 

Millet  Léon  fils,  propriétaire  à  Lucenay-l'Évéque. 

Millier  François,  propriétaire,  agronome  à  Sainte-Radegonde. 

Millot  Lucien,  A.  Q,  27,  avenue  de  Versailles,  à  Paris. 

Miron  François,  ingénieur  civil,  95,  rue  Lamarok,  à  Paris. 

Montagne,  agent  général  de  l'Urbaine,  au  Creusot. 

Montcharmont,  conseiller  général  à  la  Grande- Verrière. 

Montmartin  L.,  employé  aux  usines  du  Creusot. 

Montpillard  Fernand,  A.  y,  micrographe,  22,  boulevard  Saint- 
Marcel,  à  Paris. 

Monzein,  bourrelier  à  Autun. 

Moreau  Henri,  vétérinaire  inspecteur  à  Châtillon-en-Bazois. 

Morbl  Louis,  conducteur  de  la  voie,  à  Montchanin. 

Moriot  J.,  instituteur  à  Gannay- sur-Loire  (Allier). 

Morot  Louis,  I.  0,  docteur  es  sciences  naturelles,  assistant  au 
Muséum,  9,  rue  du  Regard,  à  Paris. 

Mortier,  sous-directeur  du  Crédit  Lyonnais,  à  Autun. 

Nbctoux  Joseph,  ancien  négociant  en  vin&  à  Autun. 
Nbyrat  Alexandre,  négociant,  rue  de  la  Terrasse,  à  Autun. 
Nidiaut  J.,  dessinateur  au   Creusot,   maison  Vincent,   route  de 

Couches. 
Nigaud  Albert,  géomètre-expert  à  Mesvres. 
Ninot  Edmond,  propriétaire  à  Saint-Léger-sur-Dheune. 
Noblat  Jean,  négociant  à  Autun. 
Nourrt  Dominique,  négooiant  à  Autun. 
Nulbt,  receveur  d'octroi  à  Autun. 

Offnbr  Jules,  préparateur  de  botanique  à  la  Faculté  des  sciences 

de  Grenoble. 
Ormbzzano  Quentin,  entrepreneur  à  Marcigny. 
Oudot  Joseph,  négociant  en  vins  à  Autun. 
Ozanon  Charles,  propriétaire  à  Saint-Émiland,  par  Couches-les- 

Mines. 


Xxiv  MEMBRES   0B    LA   SOCIÉTÉ. 

Paillard  Louis,  négociant  à  Autun. 

Paquelin  Charles,  loueur  de  voitures  à  Autun. 

Paquis,  ancien  avoué  à  Autun. 

Parant  Georges,  vétérinaire  à  Autun. 

Paris  Paul,  ancien  vérificateur  des  poids  et  mesures  à  Autun. 

Parmbntier  Paul,  I.  Q  et  du  Mérite  agricole,  lauréat  de  l'Institut 
de  France  et  de  la  Société  Nationale  d'Agriculture,  professeur 
adjoint  à  la  Faculté  des  sciences  de  Besançon,  direoteur  de  la 
Station  agronomique  de  Franche-Comté,  6,  ohemin  des  Vieilles- 
Perrières,  à  Besançon. 

Passibr  Albert,  propriétaire  à  Chtssey. 

Pasteur,  conservateur  des  hypothèques  à  Autun. 

Patron  Félix,  agent  voyer  d'arrondissement  faisant  fonctions  d'in- 
génieur ordinaire  en  retraite,  à  Autun 

Pautet  G.,  libraire  au  Creusot. 

Pelletier  Gustave,  anoien  bijoutier  à  Autun. 

Pelletier  Jérôme,  anoien  inspecteur  aux  chemins  de  fer  P.-L.-M. 
1,  avenue  de  la  République,  à  Villeneuve-Saint-Georges  (Seine- 
et-Oise). 

Pblux  C,  maire  à  Auxy. 

Pénoyéb,  négociant  à  Autun. 

Périer  Germain,  avocat,  député,  conseiller  général,  maire  d'Autun. 

Pbrnot  Ernest,  A.  |>,  professeur  de  mathématiques  en  retraite, 
à  Aujeures,  par  Vaillant  (Haute-Marne). 

Docteur  Pbrraudin,  pharmaoien,  70,  rue  Legendre,  à  Paris. 

Pbrraudin  Jean,  agent  d'assurances  à  Autun. 

Perriault  Emile,  négociant  à  Autun. 

Perricaudet  Etienne,  ferblantier  à  Autun. 

Pbrruchot,  au  château  de  Brouin,  par  Aunay-en-Bazois  (Nièvre). 

Perruchot  René-Marie,  instituteur  en  retraite  à  Auxy. 

Perrucot  Charles,  quincaillier  à  Autun. 

Pbssbt  dit  Fontaine,  négociant  en  vins  à  Autun. 

Petit  L.,  dessinateur  au  Creusot,  rue  des  Riaux. 

Pichat,  substitut  du  procureur  de  la  République,  à  Chalon-sur-Saône. 

Pinard,  A.  0,  agent  voyer  à  Étang. 

Pitois  Etienne,  élève  à  l'École  polytechnique. 

PlaS8ard,  A.  Q,  professeur  à  l'École  de  cavalerie,  à  Autun. 

Poirault  Georges,  docteur  es  sciences,  direoteur  de  la  villa  Thuret, 
à  Antibes. 

P0IR80N  Paul,  A.  O,  imprimeur  à  Autun. 

Pons  Edouard,  chef  de  service  à  Margenne,  près  Autun. 

Porte  P.,  ébéniste  à  Autun. 

Pouillbvbt  Georges,  banquier  à  Autun. 

Prdnblé  (comte  Charles  de),  au  ohâteau  de  Digoine,  près  Couches- 
les-Mines. 

De  Qubrcizb  Eusèbe,  propriétaire  à  Luoenay-lÉvôque. 
Qdbsnbl,  huissier  à  Autun. 


0 #_ 


MEMBRES  DE  LA  SOCIETE.  XXV 

Queva  Charles,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  2  bis,  rue 
Gagneraux,  à  Dijon. 

Quincey  Jean,  horticulteur,  maison  Abord,  rue  de  l'Arquebuse,  à 
Autun. 

Quincy  Ch.,  instituteur  en  retraite,  12,  rue  Edgar-Quinet,  à  Chalon- 
sur-Saône. 

Racouchot  Henri,  à  Autun. 

Rais,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  directeur  aux  établisse- 
ments Schneider  et  Cie,  au  Creusot. 

Raphaël,  photographe  à  Autun. 

Rasse,  négociant  à  Autun. 

Raymond,  A.  y,  ancien  ingénieur  en  chef  des  mines  de  la  Société  du 
Creusot,  à  la  Porte,  près  Saint-Symphorien-de-Marmagne. 

Raymond  Maurice,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  aux  Moreaux, 
commune  de  Brion,  par  Autun. 

Docteur  Rebillard,  médecin  au  Creusot. 

Régnier  Emile,  ancien  notaire  à  Roussillon. 

Régnier  Jules,  #,  ancien  président  du  tribunal  de  commerce  de 
Dijon,  16,  place  d'Armes,  à  Dijon. 

Docteur  Renaud  Fernand,  médecin  à  Autun. 

Renaud  aîné,  ancien  négociant  à  Autun. 

Renaud  Louis,  ancien  négociant  à  Autun. 

Renier  Louis,  négociant  à  Autun. 

Repoux  Charles,  propriétaire  et  maire  à  la  Comelle-sous-Beuvray. 

Rbpoux  Léopold,  à  la  Ferrière,  commune  d'Anost,  et  191,  boulevard 
Pereire,  à  Paris. 

Rèrolle  Joseph,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  Eduenne,  ancien 
notaire  à  Autun. 

Rérolle  Louis,  conservateur  du  musée  de  Grenoble. 

Reyssier  Joseph,  négociant  à  Autun. 

Abbé  Ribaud  Michel,  3,  rue  Président-Carnot,  à  Lyon. 

Ridard  Philippe,  négociant  en  vins  à  Santenay. 

Rigollot  François,  ancien  libraire  à  Autun.  • 

Rodary  Paul,  propriétaire  à  Monthelon. 

Roidot  Albert,  C.  #,  général  de  division  à  Orléans. 

Roizot,  pharmacien  à  Autun. 

Rondblbux,  industriel  à  Buxières-les-Mines  (Allier). 

Roussblet  Charles,  pharmacien  à  Aurec  (Haute-Loire). 

Roux  J.-A.-Cl.,  docteur  es  sciences,  25,  rue  du  Plat,  à  Lyon, 

Saclier,  A.  0,  maire  à  Charbonnat. 

Saladin  Edouard,  ingénieur  aux  usines  du  Creusot. 

Salin,  pharmacien  à  Château-Chinon. 

Salin  Pierre  ingénieur,  directeur  des  mines  de  Decize  à  la  Machine 

(Nièvre) 
Saulze-Bbst,  représentant  de  commerce,  55,  rue  de  la  Charité,  à  Lyon. 
Sauron  Henri,  à  Anost. 


XXVJ  MEMBRES  DE   LA  SOCIÉTÉ. 

Sauzay  Jean,  négociant  à  Autun. 

Sauzay  Joanny,  ancien  notaire,  à  Fontaines  (Saône-et- Loire). 
Sauzay  Marc,  ancien  négociant  à  Fontaines  (8aône-et-Loire). 
Sauzay  Maurice,  vice-président  honoraire  de  la  Chambre  de  com- 
merce de  Chalon-sur-Saône,  à  Autun. 
Sauzay  Paul,  ohevalier  du  Mérite  agricole,  négociant  à  Autun. 
Schneider  Eugène,  maître  de  forges  au  Creusot. 
Sebille  (l'abbé),  ouré-archiprêtre  à  Lucenay-l'Évêque. 
Sbbille  (l'abbé)  René,  curé-arohiprétre  à  Issy-l'Évèque. 
Seguin  Adrien,  négociant  à  Autun. 
Seguin  Ernest,  cordonnier  à  Auxy. 
Institution  Saint-Lazare,  à  Autun. 
Silyestrb  J.-B.,  doreur  à  Autun. 
Sirdby,  chef  de  gare  en  retraite  à  Autun. 
Soudan  Edward,  A.  0,  industriel  à  Luzy. 

Taragonnbt  Paul,  quincaillier  à  Briennon  (Yonne). 

Thbvbnin  Armand,  I.  0,  docteur  es  sciences,  assistant  au  Muséum, 

à  Paris,  45,  rue  Bara. 
Thévbnin  Georges,  6,  quai  Henri  IV,  à  Paris. 
Thibault  Alexandre,  rentier,  avenue  de  la  Gare,  à  Autun. 
Thomas  Léon,  pharmacien  au  Creusot,  30,  rue  de  Chalon. 
Thombrbt  Jules,  industriel  à  Arnay-le-Duc. 
Tissibr  Emile,  entrepreneur  à  Autun. 
Tournoubr  André,  48,  rue  de  Lille,  à  Paris. 
Toussaint  Viotor,  $s  ingénieur,  7,  boulevard  de  Brosses,  à  Dijon. 
Touzot  Eugène,  dessinateur,  rue  des  Acacias,  au  Creusot. 
Trbmbau  Louis,  entrepreneur,  rue  de  la  République,  au  Creusot. 
Troussard  Georges,  avoué  à  Autun. 
Trunbl,  maître  de  Verreries  à  Epinao  (8aône-et-Loire). 
Tupinibr  Auguste,  pharmacien  à  Autun. 

Vachot  Martus,  quincaillier  à  Autun. 

Varry,  directeur  de  l'Ecole  publique,  boulevard  Saint-Quentin,  au 

Creusot. 
Vauthirr  Jean-Louis,  pharmacien,  96,  rue  du  Chemin-Vert,  à  Paris. 
Verdbrbau  J.-B.,  rentier  à  Autun. 
Vbrgniaud  Louis,  libraire  à  Autun. 
Vbrgniaud  Pierre,  épicier  à  Autun. 
Vermorel,  bijoutier  à  Autun. 

Viard  Claude,  ancien  négociant,  adjoint  au  maire  d'Autun. 
Vieillard  Eugène,  ohapelier  à  Autun. 
Viénnbt,  industriel  en  Chaumont,  par  Autun. 
Vincbnot,  huissier  à  Couches. 


MEMBRES  CORRESPONDANTS.  XXVlj 


MEMBRES  CORRESPONDANTS 


MM. 


Bazin,  instituteur  à  Villy-le-Moustier,  par  Corberon  (Gôte-d'Or). 
Bellet  Daniel,  80,  rue  Claude-Bernard,  à  Paris. 
Bodbt,  instituteur  à  Qibles  (Saône-et-Loire). 
Bonnet,  professeur  d'agriculture  et  de  viticulture  à  Nolay. 
Caillot  Paul,  à  la  Croix-Brenot. 

Changarnibr,  I.  Q,  conservateur  des  musées  de  Beaune. 
Charpy,  instituteur  à  Sennecey-le-Grand. 

Chassignol,  ohevalier  du  Mérite  agricole,  instituteur  à  la  Boulaye. 
Chevalier,  instituteur  à  Saint-Jean-de-Trézy  (Saône-et-Loire). 
Chifflot  Julien,  ohef  des  travaux  pratiques  de  botanique  à  la 
Faculté  des  sciences,  aide-naturaliste  au  parc  de  la  Tôte-d'Or,  à 
Lyon. 
Collot  L.,  professeur  de  géologie  à  l'Université  de  Dijon,  4,  rue  du 

Tillot. 
Cottin  (abbé),  curé  à  Saint-Sernin-du-Plain. 
Drlhommbau,  inspecteur  primaire,  9,  rue  Rolland,  à  Dinan  (Côtes - 

du-Nord). 
Le  Directeur  des  mines  du  Bois-d'Asson,  par  Voix  (Basses- Alpes). 
Dubois  Claude,  instituteur  à  Donzy-le-National. 
Durand,  instituteur  à  Couches. 
A.  Faure,  instituteur  à  Oran. 
François,  instituteur  à  Mesvres. 
Goublet,  rédacteur  au  ministère  de  l'Instruction  publique,  3,  rue 

Leverrier,  à  Paris. 
Jacquet,  instituteur  à  Charriez,  par  Vaivre  (Haute-Saône). 
Jacquier,  ingénieur,  directeur  des  mines  de  Sablé  (Sarthe). 
Janbt  Charles,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  lauréat  de  l'Ins- 
titut, 71,  rue  de  Paris,  à  Voisinlieu,  près  Beauvais. 
Lassimonnb  S.-E.,  expert  agronome,  à  Robe,  commune  d'Yzeure 

(Allier). 
Lbbègub  Henri-Albert,  lieutenant  de  vaisseau  attaché  à  la  défense 

mobile,  à  Toulon. 
Malo  Léon,  ingénieur,  directeur  des  mines  dePyrimont-Seyssel(Ain). 
Masson  Paul,  à  Merceuil,  près  Beaune. 

Massot  Joseph,  ingénieur,  directeur  de  la  Société  anonyme  de  Las 
Minas  de  Apatita  de  Jumilla,  à  Agramor,  province  de  Albacète 
(Espagne). 
Maujean,  directeur  de  l'École  de  Loire,  à  Ne  vers. 


XXVllj  MEMBRES  CORRESPONDANTS. 

Monniot  Simon,  instituteur  à  St-Aubin,  par  Chassagne-Montrachet. 

De  Montessus  de  Ballore  Fernand,  #,  commandant  de  recrute- 
ment à  Abbeville  (Somme). 

Morot  Charles,  secrétaire  général  de  la  Société  vétérinaire  de 
l'Aube,  20,  rue  des  Tonnelles,  à  Troyes. 

Mouillé,  instituteur  à  Savilly  (Côte-d'Or). 

Nectoux  A.,  conseiller  de  préfecture  à  Privas. 

Œhlert,  correspondant  de  l'Académie  des  sciences,  conservateur 
de  la  bibliothèque  et  du  musée  de  Laval  (Mayenne). 

Olivier  Ernest,  direoteur  de  la  Revue  scientifique  du  Bourbonnais, 
à  Moulins  (Allier),  10,  cours  de  la  Préfeoture. 

Parât  (l'abbé),  curé  de  Bois-d'Aroy  (Yonne). 

Pector  Eugène,  consul  général  plénipotentiaire  en  Franoe  de  Sal- 
vador, 3,  rue  Rosaini,  à  Paris. 

Pérot  Francis,  A.  ||,  44,  rue  du  Jeu-de- Paume,  à  Moulins  (Allier). 

Pochon,  ingénieur  à  Valona  (Turquie). 

Prisse  d'Avbsnbs  Emile,  26,  rue  d'Alésia,  à  Paris. 

Prive  y  Paul,  I.  Q,  principal  du  Collège  de  Dôle. 

Raquin  Alfred,  instituteur  à  la  Comelle. 

Raspillairb,  secrétaire  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Savoie, 
à  Chambéry. 

Renault  Maurice,  contrôleur  de  2*  classe  des  contributions  et 
douanes  à  Papeete,  Tahiti  (Océanie). 

Renoux  (l'abbé),  curé  de  Lavoine,  par  Ferrières-sur-Sichon  (Allier). 

Revenu  Louis,  propriétaire  cultivateur  à  la  Selle-d'Auxy. 

Rigey,  instituteur  en  retraite  à  Blanzy. 

Saint- Arroman  (de),  O.  &,  ohef  du  premier  bureau  au  ministère  de 
l'Instruction  publique,  il,  rue  de  Verneuil,  à  Paris. 

Sorgues,  instituteur  à  Vitry-en-Charollais  (Saône- et- Loire). 

Spitz  Augustin,  53,  rue  du  Poteau,  à  Paris,  Montmartre. 

Terrillon,  instituteur  à  Planay  (Côte-d'Or). 

Thibullibn  Adrien,  72,  rue  d'Assas,  à  Paris. 

Trenbt,  instituteur  en  retraite  à  Beaume,  par  Pouilly-en-Auzois 
(Côte-d'Or). 

Vincb,  instituteur  à  Saint-Martin-de-Commune. 


* 


SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES.  XXÎX 


•       # 


SOCIETES  CORRESPONDANTES 


SOCIÉTÉS  FRANÇAISES 

Ain. 

Boarg.  —  Société  d'émulation  et  d'agriculture  de  l'Ain. 

»       —  8ooiété  des  sciences  naturelles  et  d'archéologie  de  l'Ain. 
»       —  Sooiété  des  naturalistes  de  l'Ain. 

Allier. 

Moallae.  —  8ooiété  d'émulation  du  Bourbonnais. 

Alpes  (Hautes). 

Gap.  —  Société  d'études  des  Hautes-Alpes. 

Aube. 

Troyee.  —  Société  académique  d'agriculture,  des  sciences,  arts  et 

belles-lettres  de  l'Aube. 
»       —  Sooiété  vétérinaire  de  l'Aube. 

Aude. 

Careaaeonne.  —  Soolétés  d'études  scientifiques  de  l'Aude. 

Aveyron. 

Bodez.  —  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  l'Aveyron. 

Bouches*  du-RhÔne. 

Marseille.  —  Faoulté  des  sciences  de  Marseille. 
»  —  Institut  colonial  de  Marseille. 

Calvados. 

Caea.  —  8oeiété  Linnéenne  de  Normandie. 

Charente-Inférieure. 

La  Rochelle.  —  Aoadémie  des  belles-lettres,  sciences  et  arts  de 

la  Rochelle. 
Boeaefort.  —  Sooiété  de  géographie,  d'agriculture,  lettres,  soiences 

et  arts  de  Rochefort. 

Côte-d'Or. 

Dijon.  —  Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon. 

»     —  Société  d'horticulture  et  viticulture  de  la  Côte-d'Or. 
Semer.  —  Société  des  soiences  naturelles  et  historiques  de  Semur. 

Deux-Sèvres. 

Niort.  —  Société  botanique  des  Deux-Sèvres. 

Doubs. 

Beeaaeon.  —  Société  d'émulation  du  Doubs. 

Eure-et-Loir. 

Châteaadaa.  —  Société  Dunoise. 

Gard. 

msaee.  —  Société  d'étude  des  soiences  naturelles  de  Nimes. 


XXX  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES. 

Gironde. 
Bordeaux.  —  Société  Linnéenne  de  Bordeaux. 

Héraut. 

Bézlers.  —  Société  des  soienoes  naturelles  de  Béziers. 

Montpellier.  —  Société  d'horticulture  et  d'histoire  naturelle  de 

l'Hérault. 

Ille-et-  Vilaine. 

Renne».  —  Bibliothèque  universitaire  de  Rennes. 

Isère. 
Grenoble.  —  Sooiété  dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthropologie. 
»         —  Société  de  statistique,  des  sciences  naturelles  et  des 
arts  industriels  du  département  de  l'Isère. 

Loir-et-Cher. 
Vendôme.  —  Sooiété  archéologique,  scientifique  et  littéraire  du 

Vendômois. 
Blole.  —  Sooiété  d'histoire  naturelle  du  Loir-et-Cher. 

Loire. 
Salnt-Étlenne.  —  Société  de  l'industrie  minérale. 

Loire- Inférieure. 

Nantes.  —  Société  des  sciences  naturelles  de  l'Ouest  de  la  Franoe. 
»       —  Société  aoadémique  de  Nantes. 

Lot. 

Cahors.  —  Société  des  études  littéraires,  scientifiques  et  artistiques 

du  Lot. 

Maine-et-Loire. 

Angers. —  Sooiété  nationale  d'agriculture,  sciences  et  arts  d'Angers. 

»       —  Sooiété  des  études  scientifiques  d'Angers. 

Manche. 

Salnt-LÔ.  —  Société  d'agriculture,  d'histoire  naturelle  et  d'archéo- 
logie de  la  Manche. 
Cherbourg.  —  Société  des  sciences  naturelles  et  mathématiques 

de  Cherbourg. 

Marne. 

Reims.  —  Société  d'étude  des  sciences  naturelles  de  Reims. 

Meurthe-et-Moselle. 

Nancy.  —  Sooiété  des  sciences  de  Nanoy. 

Meuse. 
Montmédy.  —  Sooiété  des  amateurs  naturalistes  du  nord  de  ià  Meuse. 

Puy-de-Dôme. 

Glermonl.  —  Société  des  amis  de  l'Université  de  Clermont. 

Rhône. 
Beaujeu.  —  Société  des  sciences  et  arts  du  Beaujolais. 
Lyon.  —  Muséum  d'histoire  naturelle. 

»      —  Société  d'anthropologie  de  Lyon. 

»      —  Sooiété  botanique  de  Lyon. 
Tarare.  —  Sooiété  des  sciences  naturelles. 


SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES.  XXXJ 

Saône-et^Loire. 
Aatsn.  —  Société  Éduenne. 
Chaloa-aar-Sadne.  —  Société  des  sciences  naturelles  de  S.-et-L. 

—  Académie  de  Màcon. 

—  Société  d'histoire  naturelle  de  Màcon. 

—  8ociété  des  amis  des  arts  et  des  sciences  de  Tournus. 

'.  —  Société  d'études  agricoles,  scientifiques  et  historiques 
de  Matour. 

Savoie. 

—  Société  d'histoire  naturelle  de  Savoie. 

Seine. 

Parla.  —  Muséum  d'histoire  naturelle. 

—  Société  d'anthropologie  de  Paris. 

—  Société  botanique  de  France. 

—  Société  de  spéléologie,  34,  rue  de  Lille. 

—  Société  du  Club  alpin  français. 

—  Société  géologique  de  France. 

—  Société  philomatique  de  Paris. 

—  8ooiété  soologique  de  France. 

—  Omis,  comité  ornithologique  international. 

Seine-Inférieure. 
Blheaf.  —  8ociété  d'étude  des  sciences  naturelles  d'BIbeuf. 
Beveo.  —  Société  des  amis  des  scienoes  naturelles  de  Rouen. 

Somme. 
AsmleM.  —  Société  Linnéenne  du  nord  de  la  France. 

Territoire  de  Belfort. 
Belfort.  —  Société  belfortaine  d'émulation. 

Vienne  (Haute). 
Limogea.  —  Société  botanique  du  Limousin. 
Boeheehosiart.  —  Société  des  amis  des  scienoes  et  des  arts  de 
Roohechouart. 

Vosges. 

ÉelasJ.  —  Société  d'émulation  des  Vosges. 

Yonne. 
Avallos.  —Société  d'Études  d'Avallon. 

>. —Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne. 


SOCIÉTÉS  ETRANGERES 

Afrique. 

(8errioe  des  Annales  du).  —  Musée  de  l'Etat  indépendant  du 
Congo,  41,  rue  de  la  Pépinière,  à  Bruxelles  (Belgique). 

A  Isace-Lorraine. 
—  8ociété  des  sciences,  agriculture  et  arts  de  la 
Basse-Alsace. 

Amérique  du  Nord. 

Philadelphie.  —  Académie  des  sciences  naturelles  de  Philadelphie. 
SaJst-Loula.  —  Aoadémie  des  sciences  de  Saint-Louis. 
m  —  Jardin  botanique  du  Missouri. 

i.  —  Smithsonian  Institution. 


XXXÎj  SOCIÉTÉS   CORRESPONDANTES. 

Amérique  du  Sud. 
Brésil.  —  Revista  do  museu  Paulista  a  San-Paolo. 
Paraguay.  —  Muséum  national  de  Montevideo. 
La  Plata.  —  Museo  de  la  Plata,  République  Argentine. 
Mexico.  —  Instituto  geologica  de  Mexico. 

»        —  Societad  Cientiûca  «  Antonio  Alzate  ». 

Belgique. 
Bruxelles.  —  Société  royale  botanique  de  Belgique. 

»  —  Sooiété  belge  de  géologie,  de  paléontologie  et  d'hy- 

drologie. 
»  —  Société  royale  malacologique  de  Belgique. 

Egypte. 
Le  Caire.  —  Comité  de  conservation  des  monuments  de  l'art  arabe. 

Hongrie. 
Budapest.— Annales  historico-naturalesMuseinationalisHungarici. 

Luxembourg. 
Luxembourg.  —  Société  botanique  du  grand  duché  de  Luxembourg. 

Russie. 
Moscou.  —  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou. 
Odessa.  —  Société  des  naturalistes  d'Odessa. 
St-Pétersbourf.  —  Sooiété  des  naturalistes  de  Saint-Pétersbourg. 

Suède. 
Stockholm.  —  Académie  royale  suédoise  des  sciences. 

Suisse. 
Berne.  —  Sooiété  helvétique  des  sciences  naturelles. 
Golre.  —  Société  d'histoire  naturelle  de  Coire. 
Frlbourg.  — *  Sooiété  fribourgeoise  des  sciences  naturelles. 
Genève.  —  Conservatoire  de  botanique. 
Lausanne.  —  Société  Vaudoise  des  soiences  naturelles. 
Zurich.  —  Société  des  sciences  naturelles  de  Zurich. 


PUBLICATIONS  PÉRIODIQUES 

▲VIC  LESQUELLES  LA  SOCIÉTÉ  B8T  EN  RELATION!  D'ÉCHANGES 


Feuille  des  Jeunes  Naturalistes  :  directeur  M.  Adrien  Dollfus, 

35,  rue  Pierre-Charron,  à  Paris. 
Revue  scientifique  du  Bourbonnais  :  directeur  M.  Ernest  Olivier, 

10,  cours  de  la  Préfecture,  à  Moulins. 
Revue  bryologique  :  directeur  M.  Husnot,  à  Gahan,  par  Athis  (Orne). 
Le  Naturaliste  :  directeurs  Dbyrollb  fils,  à  Paris,  46,  rue  du  Bac. 
Bulletin  scientifique  de  la  France  et  de  la  Belgique,  publié  par 

M.  Alfred  Giard,  professeur  en  Sorbonne  et  maître  de  conférences 

à  l'École  normale  supérieure,  14,  rue  Stanislas,  à  Paris. 
Bulletin  de  l'herbier  Boissier,  continué  par  W.  Barbey,  à  Chambesy, 

près  Genève. 


-HO*>*- 


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AUGUSTE  ROCHE 

PRÉSIDENT  HONORAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE.  NATURELLE  D'aDTUN 

OFFICIER  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
CORRESPONDANT  DU  MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE  DE  PARIS 


« 


M.  Albert  Gaudry  raconte,  dans  un  de  ses  livres,  qu'au 
cours  d'un  voyage  dans  le  nord  de  l'Ecosse,  il  aperçut  à 
l'entrée  de  la  bourgade  de  Cromarty,  une  statue  élevée  en 
l'honneur  d'Hugh  Miller.  Miller  était  un  simple  ouvrier 
carrier.  «  En  cassant  les  pierres  des  terrains  dévoniens,  il 
y  trouva  des  poissons  fossiles.  Son  esprit  en  fut  émerveillé  ; 
un  jour,  il  laissa  la  pioche  pour  prendre  la  plume  ;  il  se  mit 
à  enseigner  aux  montagnards  écossais  la  science  nouvelle 
qui  fait  découvrir  dans  les  pierres  des  créatures  de  Dieu, 
et,  ainsi,  augmente  la  grandeur  de  nos  idées  sur  la  pre- 
mière organisation  du  monde1.  »  Il  est  impossible  de  lire 
ce  passage  sans  en  faire  l'application  à  Auguste  Roche 
qui  lui  aussi,  industriel  intelligent,  mais  d'instruction 
médiocre,  sut  découvrir  les  trésors  renfermés  dans  les 
pierres  de  schiste  qu'il  cassait,  et  devint  un  paléontolo- 
giste distingué.  A  défaut  d'une  statue  que  nous  ne  pouvons 
lui  ériger,  puissent  ces  quelques  lignes  appeler  l'attention 
sur  ses  mérites,  et  mettre  en  relief  les  services  qu'il  a 
rendus  à  l'industrie  et  à  la  science  de  notre  pays  ! 


I.  A.  Gaudry,  les  Enchaînements  du  monde  animal  dans  le§  temps  géologique*. 
Fossiles  primaire*,  Paris,  1883,  p.  218. 

TOME  XIX.  1 


DOCTEUR  X.    GILLOT. 


I 


Auguste  Roche  est  né,  le  9  avril  1827,  à  Braisne-sur- 
Vesle  (Aisne).  Son  père,  François  Roche,  professeur  de 
seconde  au  collège  Sainte-Barbe  à  Paris,  quitta  l'enseigne- 
ment officiel,  où  il  s'était  fait  avantageusement  connaître 
par  la  publication  d'ouvrages  classiques,  pour  se  marier 
et  s'établit  à  Braisne-sur-Vesle.  Devenu  veuf  au  bout  de 
quatre  ans,  il  vint  habiter  Festieux  (Aisne),  et  y  prit  la 
direction  d'un  externat  de  jeunes  gens.  C'est  là  qu'il  fit 
lui-même  l'éducation  de  ses  deux  fils,  auxquels  il  fit  faire 
des  progrès  rapides,  en  dehors  toutefois  de  classes  régu- 
lières et  complètes.  Remarié  vers  1840,  il  se  retira  à  Braye- 
en-Laonnais  ;  et,  peu  après,  ses  fils,  se  sentant  peu  de 
sympathie  pour  leur  belle-mère,  quittèrent,  fort  jeunes,  la 
maison  paternelle  pour  tenter  la  fortune.  Auguste  Roche  entra 
d'abord,  à  titre  de  commis,  dans  une  maison  de  nouveautés 
de  la  petite  ville  de  Chauny  (Aisne),  puis  s'en  vint,  en  1844, 
à  Paris  pour  y  parfaire  son  apprentissage  commercial. 

C'est  en  1851  qu'il  vint  se  fixer  à  Autun  pour  y  prendre, 
avec  un  associé,  M.  Braux,  la  suite  des  affaires  de  la  maison 
de  nouveautés  Brunet  frères.  L'association  dura  peu.  L'in- 
dépendance de  son  caractère,  d'une  part  ;  d'autre  part,  le 
désir  d'arriver  à  une  position  plus  rapide  et  plus  luorative 
entraînèrent  M.  Roche  du  côté  de  l'industrie.  Avant  1845, 
les  schistes  bitumineux  des  environs  d' Autun  étaient  à  peu 
près  inexploités;  et  une  seule  usine,  celle  d'Igornay,  en 
extrayait  une  huile  brute  qui  était  expédiée  à  Paris,  Dijon, 
Strasbourg,  etc.,  où  on  la  transformait  en  gaz  d'éclairage. 
Mais  l'attention  des  industriels  se  porta  sur  ce  produit  et  de 
nouvelles  usines  ne  tardèrent  pas  à  s'élever. 

Auguste  Roohe  avait  épousé  à  Autun,  au  mois  de 
décembre  1852,  M119  Henriette  Blondeau,  fille  d'un  impri- 
meur de  Beaune,  élevée  à  Autun  par  ses  grands-parents. 


BIOGRAPHIE  D  AUGUSTE  ROCHE.  6 

M.  et  MmeDejussieu.  Son  beau-frère,  M.  Paul  Blondeau,  ingé- 
nieur aux  mines  de  Montceau,  l'engagea  à  s'adonner  à 
l'industrie  des  schistes,  alors  à  ses  débuts  et  sans  concur- 
rence. II  lui  signala  un  gisement  de  schistes  bitumineux 
au  Galuzot  près  de  Montceau-les-Mines.  M.  Roche  s'y  trans- 
porta en  1855  et  essaya  d'y  monter  une  usine  dite  des 
Georgets,  pour  la  fabrication  des  huiles  de  schiste.  Mais 
le  peu  d'abondance  et  la  pauvreté  du  minerai  le  forcèrent 
d'abandonner  l'usine  des  Georgets,  dès  1859.  La  même 
année,  après  la  mort  de  M.  Batillat,  pharmacien  et  chimiste 
maçonnais  devenu  industriel,  il  vint  à  Igornay  (arrondisse- 
ment d'Autun),  comme  directeur  gérant  de  l'usine  de  la 
Varenne,  fondée  par  M.  de  l'Isle  de  Salles  et  appartenant  à 
une  société  autunoise,  Ballard,  Pernot,  Roy  et  Ci0.  En 
1861,  il  reprit,  avec  le  même  titre  et  la  même  société,  la 
direction  de  l'usine  abandonnée,  établie  au  bourg  même 
d'Igornay  par  M.  Selligues,  puis  exploitée  par  la  société 
Chartron  père  et  fils,  Desbleins,  Blanchet  et  Raymond.  Il 
finit  par  l'acquérir  pour  son  propre  compte  et  en  devint 
seul  propriétaire  et  directeur  en  1865.  La  concession, 
accordée  par  arrêté  du  29  juillet  1841,  était  de  522  hectares, 
et  la  fabrication  des  huiles  de  schiste,  sous  l'impulsion  de 
M.  Roche,  qui  s'était  adjoint  plus  tard  son  fils,  M.  Emile 
Roche,  comme  ingénieur,  prit  une  grande  extension. 

L'industrie  des  schistes  s'était  rapidement  développée  à 
partir  de  1862,  où  dix  concessions  se  partageaient  l'exploi- 
tation du  bassin  d'Autun.  Les  huiles  brutes  ou  épurées  se 
vendaient  également  bien;  une  véritable  fièvre  s'était 
emparée  des  exploitants  de  l'Autunois;  de  toutes  parts  se 
faisaient  de  nouvelles  recherches,  s'élevaient  de  nouvelles 
usines  et,  en  une  seule  année,  1864,  on  avait  adressé  sept 
demandes  de  concessions  nouvelles.  C'est  à  cette  époque, 
où  la  production  des  huiles  de  schiste  se  chiffrait  par  plus 
de  1,200,000  quintaux  métriques,  que  cette  industrie  autu- 
noise atteignit  son  apogée.  M.  A.  Roche  y  contribua  beau- 


4  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

coup  pour  sa  part,  et,  dans  l'espoir  de  nouveaux  bénéfices 
il  agrandit  considérablement  son  usine,  qui  compta  soixante 
cornues  verticales  pour  la  distillation  des  schistes  et  neuf 
chaudières  pour  la  rectification  des  huiles.  Mais  cette  ère 
de  prospérité  ne  fut  pas  de  longue  durée;  la  ohute  fut 
rapide  par  suite  de  l'introduction  du  pétrole  d'Amérique 
découvert  en  1860,  plus  facile  à  brûler  et  moins  désagréable 
comme  odeur.  Il  fallait,  au  contraire,  pour  obtenir  des 
schistes  une  huile  mal  odorante  et  difficile  à  brûler,  les 
extraire  de  la  mine  à  grands  frais,  puis  les  distiller  dans 
des  vases  clos  ou  cornues  en  fonte,  enfin  rectifier  par  des 
produits  chimiques,  acides  et  bases,  encore  peu  connus  et 
coûteux,  les  huiles  lourdes  bitumineuses.  Le  produit  prin- 
cipal, l'huile  lampante  de  schiste,  était  loin  d'avoir  la 
valeur  du  pétrole  américain. 

La  situation  de  l'industrie  autunoise  devint  tellement 
critique  que  le  gouvernement  s'en  émut,  et  ordonna  une 
enquête  sur  la  situation  de  cette  industrie  nationale  et  les 
moyens  de  la  protéger  contre  la  concurrence  croissante  du 
pétrole  *.  L'usine  de  M.  Roche  fut  particulièrement  atteinte. 
D'un  côté,  les  schistes  exploités  étaient  pauvres  en  matières 
extractives  et  d'un  rendement  inférieur  à  celui  des  usines 
plus  récemment  installées  au  centre  du  bassin,  sur  les 
couches  à  boghead.  D'un  autre  côté,  le  matériel  ne  répon- 
dait plus  aux  besoins  de  l'industrie.  M.  Roche  fit  de  grands 
efforts  pour  l'améliorer.  Tout  d'abord,  par  un  procédé 
ingénieux  et  économique,  il  fit  servir  le  schiste  déjà 
distillé,  comme  combustible,  pour  le  chauffage  des  cornues  ; 
il  employa  des  souffleries  à  vapeur  surchauffée  à  l'aide 
d'appareils  fournis  par  M.  Testud  de  Beauregard,  cons- 
tructeur à  Paris,  système  séduisant  en  théorie,  mais  qui 
entraîna  de  graves  mécomptes  dans  la  pratique;  il  rem- 

I.  De  la  êituMlion  des  $chi»te$  bitumineux  du  b*»iin  d'Autan,  rapport  par 
M.  Chosson,  ingénieur  des  mines  à  Paris,  1872.  (Ext.  des  Annales  des  mines, 
I.  XX,  1871.) 


BIOGRAPHIE  D  AUGUSTE  ROCHE.  5 

plaça  une  partie  des  cornues  primitives  par  des  cornues  à 
double  chauffe,  du  système  Seguin  ;  il  apporta  lui-même 
des  modifications  importantes  aux  appareils  à  air  desséché 
et  forcé  pour  augmenter  la  combustion  et  la  chaleur  *.  Mais 
les  anciens  errements  étaient  condamnés  ;  il  eût  fallu  rem- 
placer entièrement  le  matériel  édifié  à  grands  frais  et 
engager  de  nouveaux  capitaux  dans  une  entreprise  deve- 
nue de  plus  en  plus  aléatoire.  Malgré  son  intelligence,  son 
esprit  d'initiative,  son  activité  commerciale,  sa  ténacité  et 
sa  compétence  acquise,  M.  Roche  recula  devant  cette  extré- 
mité. Mais  il  perfectionna  le  mode  de  rectification  des 
huiles  en  mélangeant  les  huiles  trop  légères  d'Igornay 
avec  les  huiles  lourdes  achetées  aux  autres  concessions 
pour  obtenir  la  densité  exigée  des  huiles  du  commerce. 
C'est  grâce  à  ces  procédés  nouveaux  et  à  l'utilisation 
des  sous-produits  que  M.  Roche  put,  non  sans  peine  et 
sans  tracas,  soutenir  la  lutte  pendant  quelques  années.  Il 
projetait  de  fonder  encore,  tant  pour  l'exploitation  des 
schistes  que  de  leurs  résidus,  gaz  riche,  etc.,  diverses 
sociétés  que  le  krach  financier  de  1882  empêcha  de  se 
constituer.  C'est  alors  qu'il  se  décida  à  céder,  en  1883,  son 
usine  à  la  «  Société  lyonnaise  des  schistes  bitumineux  », 
qui,  disposant  de  capitaux  considérables,  a  fini  par  absorber 
les  compagnies  rivales,  et  à  réaliser  le  monopole  presque 
exclusif  de  l'industrie  schistière  dans  l'Autunois. 

II 

La  vie  industrielle  d'Auguste  Roche  était  terminée;  sa 
vie  scientifique  allait  commencer  ou  pluôt  se  développer 
singulièrement.  Depuis  longtemps,  comme  Hugh  Miller, 
son  esprit  observateur  et  perspicace  avait  été  frappé  par 
la  vue  des  débris  organiques,  animaux  ou  végétaux,  que 
renfermaient  les  schistes  permiens  exploités  à  Igornay,  et 

1.  Voyez  Ann.  des  mines,  XX  (1871),  pi.  VUI. 


O  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

que  mettait  au  jour  le  marteau  du  casseur  de  pierres.  Il 
connaissait,  en  outre,  les  rares  publications,  les  premières 
en  date,  qui  avaient  appelé  l'attention  des  savants  sur  les 
poissons  fossiles  et  les  empreintes  végétales  de  Muse,  près 
d'Igornay1,  puis  sur  les  restes  d'animaux  plus  élevés  en 
organisation,  les  plus  anciens  reptiles  connus2;  et  il  faisait 
mettre  de  côté,  par  simple  curiosité  d'abord,  les  plus  beaux 
échantillons  que  l'on  trouvait  alors  en  abondance  dans  son 
exploitation,  et  qu'il  donnait  généreusement.  C'est  ainsi 
qu'il  eut  l'heureuse  occasion,  si  profitable  à  la  science, 
d'entrer  en  rapport  avec  M.  Albert  Qaudry,  et  d'entretenir 
avec  ce  grand  et  affable  savant  des  relations  d'estime  et 
d'amitié  réciproques,  dont  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun  a  tant  bénéficié,  et  qui  lui  ont  valu  d'avoir  aujour- 
d'hui l'éminent  professeur  du  Muséum  de  Paris  comme 
président  d'honneur. 

M.  Roche  nous  a  raconté  lui-même  le  début  de  leur  con- 
naissance :  «  J'ai  eu  la  bonne  fortune,  dit-il,  en  1873,  de 
recueillir  au  ravin  de  Muse,  ce  fameux  Protriton  étudié  et 
décrit  en  1875  par  notre  illustre  président  d'honneur.  Un 
des  amis  de  M.  Gaudry,  qui  était  aussi  le  mien,  M.  Lous- 
teau,  ingénieur  au  chemin  de  fer  du  Nord,  voulut  bien  lui 
remettre  ce  minuscule  vertébré.  Cet  infiniment  petit,  dont 
je  ne  prévoyais  pas  l'importance  scientifique,  me  procura 
l'honneur  d'entrer  en  relations  avec  M.  Qaudry.  Depuis, 
j'ai  eu  l'heureuse  chance  de  trouver,  avec  le  concours  de 
mon  fils,  une  série  de  ces  beaux  sauriens,  montrant  l'évo- 
lution de  la  vertèbre  :  d'abord  l'état  gélatineux,  cartilagi- 
neux, puis  la  vertèbre  en  partie  ossifiée,  soudée  par  des 


t.  Notice  géologique  eur  fa  formation  dee  echietee  de  Muse,  par  M.  l'abbé 
Landriot,  dans  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  Bduenne,  1**  année 
(1836-1837),  p.  117. 

t.  Albert  Gaudry,  Noté  eur  le  reptile  trouvé  à  Mute  (C  R.  Ae.  des  sciences, 
28  août  1866);  Mémoire  eur  le  reptile  découvert  par  M.  Froeeerd,  à  Mue  (Nouv. 
Arch.  du  Muséum,  1867,  avec  planches);  sur  VActinodon  Fromrdide  Mute  (Bull. 
Soc  géoL  de  France,  2«  série,  XXV  (1868),  p.  576),  etc. 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  7 

[es,  enfin  la  vertèbre  complètement  ossifiée.  Sans 
M.  Gaudry,  ces  témoins  de  l'évolution,  ces  êtres  aussi 
étranges  que  rares,  seraient  restés  ignorés,  perdus  pour 
la  science.  Grâce  à  lui,  ils  sont  sortis  de  l'oubli  de  la  tombe 
où  ils  gisaient  depuis  des  milliers  de  siècles;  leur  recons- 
titution nous  montre  les  diverses  phases  de  la  vie  chez  les 
premiers  vertébrés.  Nous  lui  devons  une  vive  reconnais- 
sance pour  ses  remarquables  travaux,  qui  placent  le  bassin 
d'Autun  au  premier  rang  pour  ses  trésors  fossiles  du  ter- 
rain primaire.  »* 

C'est  surtout  à  partir  de  1876,  où  M.  Roche  fut  secondé 
dans  son  exploitation  par  son  fils  afné,  Emile  Roche,  jeune 
ingénieur  sorti  de  l'École  centrale  des  arts  et  manufac- 
tures, également  épris  des  curiosités  naturelles,  et  plus 
particulièrement  préposé  i  la  surveillance  de  l'extraction 
des  minerais,  que  la  recherche  et  la  conservation  des  fos- 
siles, auxquels  ils  avaient  su  intéresser  les  ouvriers,  eurent 
lieu  plus  méthodiquement;  et  les  collections  de  M.  Roche 
devinrent  la  mine  féconde  dont  les  savants  paléontologistes 
du  Muséum,  MM.  Albert  Gaudry,  Stanislas  Meunier, 
H.-E.  8auvage,  tirèrent  les  matériaux  de  savantes  publi- 
cations, matériaux  que  MM.  Roche  se  faisaient  plaisir  et 
honneur  de  leur  abandonner  sans  compter,  et  qui  figurent 
aujourd'hui  en  bonne  place  dans  les  galeries  de  paléonto- 
logie du  Muséum. 

Si,  dans  sa  modestie  et  son  admiration  pour  ses  maîtres, 
en  particulier  pour  M.  A.  Gaudry,  M.  Roche  leur  rapporte 
tout  le  mérite  des  études  dont  les  fossiles  permiens  des 
environs  d'Autun  ont  été  l'objet,  il  a  été  justement  payé  de 
retour;  et  dans  ses  livres,  aussi  bien  que  dans  sa  correspon- 
dance, M.  A.  Gaudry  n'a  jamais  laissé  passer  une  occasion 
d'exalter  les  découvertes  de  M.  Roche,  et  de  lui  témoigner 
la  plus  vive  reconnaissance  pour  ses  communications  et 

I.  BulL  Soc*  Met.  Ml.  d'Autun,  XIV  (ttOl),  29  p.  191. 


8  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

les  dons  généreux  et  multipliés  qu'il  a  faits  au  Muséum. 
«  En  France,  sauf  Y  Aphelosaurus  trouvé  par  M.  de  Rouville 
auprès  de  Lodève,  on  n'avait  signalé,  avant  1867,  aucun 
reptile  primaire.  Aujourd'hui  nous  avons  le  Protriton,  le 
Pleuronoura,  YActinodon,  YEuchirosaurus,  le  Stereorachis, 
tous  extraits  du  permien  des  environs  d'Autun;  c'est  sur- 
tout à  MM.  Roche  père  et  fils,  directeurs  des  usines  d'Igor- 
nay,  que  nous  sommes  redevables  de  leurs  découvertes.  » { 
Parlant  ailleurs  des  reptiles  permiens,  et  notamment 
des  squelettes  plus  grands  et  plus  complets  qu'aucun  de 
ceux  qui  ont  été  trouvés  dans  les  autres  pays  du  monde, 
M.  A.  Gaudry  ajoute  que  le  principal  mérite  doit  en  revenir 
aux  savants  d'Autun,  qui  non  seulement  ont  habilement 
exploré  leurs  terrains,  mais  ont  envoyé,  avec  la  plus  grande 
générosité,  pour  le  Muséum  de  Paris,  les  richesses  scien- 
tifiques qu'ils  avaient  su  découvrir2.  Les  lettres  de  M.  A.  Gau- 
dry, soigneusement  conservées  et  classées  par  M.  A.  Roche, 
sont  encore  plus  explicites  :  «  Vous  avez,  lui  écrivait-il, 
dans  vos  schistes  bitumineux  des  sources  de  richesses 
paléontologiques,  et  nous  sommes  heureux  qu'un  homme 
distingué  comme  vous  se  trouve  sur  les  lieux  des  fouilles 
pour  recueillir  les  précieuses  reliques  des  primitifs  verté- 
brés. *  (29  juin  1879.)  «  Grâce  à  vous,  nous  n'aurons  bientôt 
plus  rien  à  envier  aux  Allemands,  aux  Anglais  et  aux  Amé- 
ricains; grâce  à  la  générosité  spontanée  avec  laquelle 
vous  nous  avez  abandonné  le  résultat  de  vos  savantes 
recherches.  »  (11  juin  1880.)  «  Les  pièces  données  si  géné- 
reusement par  vous  au  Muséum  ont  un  intérêt  extrême  ; 
elles  sont  des  plus  instructives  pour  l'évolution  du  type 
vertébré.  »  (4  juillet  1880.)  Et  plus  tard  :  «  Nous  avons 
reçu  vos  magnifiques  pièces  d'Actinodon,  accompagnées 
de  petits  reptiles  dont  l'étude  sera  très  intéressante.  Grâce 

1.  A.  Gaudry,  lee  Enchatnementê  du  monde  animai  dana  le§  tempe  géologique. 
Foêêilee  primeireê,  1883,  chap.  xn,  les  Reptilee  primaire* ,  p.  251. 
?.  Bull.  Soc.  Met.  naf.  d'Autun,  I  (1888),  p.  I. 


BIOGRAPHIE  Û  AUGUSTE  ROCHE.  9 

aux  savants  d'Autun,  et  à  vous  surtout,  notre  collection  des 
schistes  bitumineux  du  permien  est  une  des  grandes  curio- 
sités de  notre  Muséum  de  paléontologie.  Je  vous  renou- 
velle tous  nos  remerciements  au  nom  du  Muséum.  »  (7  juillet 
1898.)  «  Votre  générosité  ne  se  lasse  pas.  Vous  venez  encore 
de  faire  un  don  précieux  au  Muséum.  J'ai  attendu  que 
votre  saurien  ait  été  dégagé  ;  il  est  superbe  ;  ce  sera  une 
de  nos  plus  curieuses  pièces.  Venez  voir  notre  musée  ;  vous 
aurez  une  bonne  part  dans  le  succès  de  notre  galerie.  » 
(22  novembre  1899.) 

Non  seulement  M.  Roche  avait  mis  à  la  disposition  du 
Muséum  ses  premières  trouvailles,  mais,  guidé  par  les  con- 
seils de  M.  Gaudry,  il  poursuivit  avec  plus  de  méthode  ses 
recherches  scientifiques,  et  les  compléta  plus  tard  en  y  inté- 
ressant les  ingénieurs  distingués  qui  lui  avaient  succédé  à 
la  tête  de  la  Société  lyonnaise  des  schistes  bitumineux, 
MM.  Bayle  et  Cambray,  dont  les  découvertes  ont  eu  égale- 
ment un  grand  retentissement,  et  qui  ont  partagé  avec  leur 
devancier  les  sentiments  de  gratitude  des  maîtres  de  la 
science  française. 

Les  types  nouveaux  de  ces  créatures  primaires  qui 
devaient  nous  apprendre  sous  quelle  forme  la  vie  est 
apparue  dans  le  lointain  des  âges  ont  été  rencontrés  par 
M.  Roche  dans  les  différents  groupes  zoologiques.  Les  ver- 
tébrés tiennent  la  place  d'honneur  en  raison  de  leur  impor- 
tance. Après  le  Protriton  petrolei  communiqué,  comme  nous 
l'avons  dit,  à  M.  Gaudry,  dès  1873,  c'est  l'histoire  de  YActi- 
nodon  élucidée  par  les  pièces  tout  à  fait  remarquables 
que  M.  Vélain,  chargé  en  1878  du  service  de  la  carte  géo- 
logique du  département  de  Saône-et-Loire,  s'était  chargé 
de  remettre  à  M.  Gaudry,  à  qui  ces  débris,  en  apparence 
informes,  ont  causé  une  surprise  et  une  joie  extrêmes,  et 
ont  permis  de  fixer  plus  d'un  détail  sur  l'organisation  de 
ce  curieux  animal.  (Vélain,  lettre  du  23  août  1878.)  Parmi 
les  nombreux  fragments  recueillis  par  M.  Roche,  il  s'est 


10  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

trouvé,  notamment  un  crâne,  du  permien  de  Dracy-Saint- 
Loup,  assez  différent  de  la  première  espèce  connue,  VAc- 
tinodon  Frossardiy  pour  mériter  d'en  être  distingué  sous  le 
nom  d'Actinodon  brevis  A.  Qaudry.  A  la  base  du  permien, 
dans  le  sous-étage  d'Igornay,  antérieur  à  celui  de  Muse, 
M.  Roche  a  fait  connaître  deux  autres  reptiles,  de  grande 
taille,  Y  Euchirosaurus  Rochei  A.  Oaudry  et  le  Stereorachis 
dominant  A.  Oaudry,  que  l'ossification  de  plus  en  plus  com- 
plète de  leurs  vertèbres  caractérisent  comme  plus  perfec- 
tionnés que  YActinodon,  quoique  ayant  vécu  avant  lui,  ce 
qui  a  suggéré  à  M.  Gaudry  cette  réflexion  philosophique  : 
«  Nous  sommes  arrivés  à  cet  état  de  la  science  où  nous 
constatons  beaucoup  de  choses  et  où  nous  en  expliquons 
très  peu.  »  ' 

Les  poissons  ont  fourni,  en  dehors  des  espèces  déjà 
connues,  leur  contingent  par  la  découverte  d'un  type  fort 
différent,  muni  de  côtes  singulières,  qui  a  longtemps  intri- 
gué M.  Gaudry.  Il  a  fini  par  le  décrire  sous  le  nom  de 
Megapleuron  Rochei  (C.  R.  Ac.  des  soM  21  mars  1881).  Plus 
tard,  M.  le  professeur  Vaillant,  du  Muséum,  a  reconnu  à  ce 
fossile  de  telles  affinités  avec  les  Ceratodus  vivant  aujourd'hui 
en  Australie  qu'il  propose  de  l'inscrire  sous  le  même  nom 
générique. 

En  dehors  des  vertébrés,  les  schistes  d'Igornay  ont  fourni 
à  M.  Roche,  en  1878,  un  crustacé  nouveau,  étudié  par 
M.  Paul  Brocchi,  du  Muséum,  et  dont  les  caractères  inter- 
médiaires entre  les  Amphipodes  et  les  Isopodes  ont  mérité 
la  création  d'un  genre  nouveau  le  Nectotelson  Rochei 
P.  Brocchi.2 

Les  recherches  de  M.  Roche  ne  s'étaient  pas  bornées 
aux  schistes  d'Igornay.  Il  avait  également  recueilli  et 
envoyé  au  Muséum  des  fossiles  du  lias  inférieur  de  Viévy 


1.  A.  Oaudry,  £*mI  de  paléontologie  philo$ophiquê,  p.  67. 
t.  BulL  Spc.  hiêt.  n*U  d'Auftm,  I  (1818),  p.  91,  areopUncb*. 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  11 

(Côte-d'Or),  parmi  lesquels  des  ossements  de  Plesiosaurus  ; 
puis,  plus  tard,  par  voie  d'échange,  il  avait  réuni  des  séries 
remarquables  de  poissons  fossiles  de  Commentry,  Sainte- 
Colombe,  Seyssel,  Orbagnoux,  etc.,  qui  ont  fait  l'objet 
d'une  étude  spéciale  de  la  part  de  M.  Sauvage  et  fourni 
plusieurs  espèces  nouvelles ,  entre  autres  le  Thrissops 
Rochei  E.  Sauvage !.  Il  avait  formé  en  même  temps  d'impor- 
tantes collections  de  paléontologie  générale  et  de  minéra- 
logie sur  lesquelles  nous  reviendrons  plus  loin. 


III 


Lorsque,  en  1883,  Aug.  Roche  se  retira  de  la  lutte  indus- 
trielle, il  se  Gxa  à  Autun  et,  satisfait  d'une  aisance  modeste 
mais  suffisante  à  la  simplicité  de  sa  vie,  il  se  consacra  de 
plus  en  plus,  et  sans  entraves,  à  l'étude  de  la  paléontologie. 
La  curiosité  primitive  avait  fait  place  au  goût;  le  goût  était 
devenu  passion,  et  cette  passion  allait  le  conduire  i  de 
nouvelles  découvertes,  non  moins  nombreuses  et  non  moins 
intéressantes  que  les  premières.  Éloigné  des  mines  de 
schistes  et  des  centres  d'extraction,  M.  Roche  ne  cessa  pas 
cependant  d'y  faire  de  fréquentes  visites,  de  rechercher 
dans  les  déblais  des  nouvelles  usines  de  Millery,  de  Mar- 
ge nne,  des  Thelots,  etc.,  les  fossiles  qu'il  savait  si  habile- 
ment y  trouver,  et  qu'il  apprenait  aux  autres  à  reconnaître  ; 
mais  en  même  temps  que  les  vestiges  animaux,  il  n'avait 
eu  garde  de  négliger  les  empreintes  végétales  si  fréquentes 
et  si  belles  qui  permettent  d'extraire  des  schistes  autunois 
ces  superbes  fougères,  Pecopteris,  CallipUridium>  Alethopte- 
rit,  Odontopleri$%  Txniopterisy  etc.,  qu'on  croirait  conser- 
vées dans  un  herbier  de  pierre  ;  et  il  avait  trouvé,  dans 
un  autre  grand  savant  qui  était  à  la  fois  un  compatriote  et 
un  ami,  un  guide  précieux  pour  leur  détermination  et  leur 

t.  IMd.,  V  (U9Ï),  p.  436  et  pi.  VU,  fif .  2. 


12  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

étude.  Nous  avons  nommé  Bernard  Renault,  dont  le  nom 
va  désormais  se  trouver  intimement  associé  i  la  vie  et  aux 
travaux  de  M.  Roche. 

Leur  connaissance  datait  de  loin.  A  l'époque  où  M.  Roche 
tenait  un  commerce  de  draperies  à  Autun,  il  eut  pour  com- 
mis le  frère  de  Bernard,  M.  Yovanne  Renault,  qui  plus 
tard  succéda  à  son  père  comme  huissier  à  Autun.  Bernard 
Renault,  qui  terminait  alors  brillamment  ses  études  au 
collège  d' Autun,  passait  chaque  jour  devant  le  magasin,  et 
s'arrêtait  parfois  pour  causer  avec  le  patron  qui  l'avait  pris 
en  affection.  Après  la  guerre  de  1870,  Bernard  Renault,  qui 
avait  failli  payer  de  sa  vie  l'accomplissement  de  ses  devoirs 
de  citoyen1,  était  venu  passer,  à  Autun,  le  temps  d'une 
longue  convalescence,  dont  il  occupait  les  loisirs  à  la 
recherche  et  au  polissage  des  fragments  végétaux  silicifîés 
plus  connus  sous  le  nom  de  «  bois  fossiles  ».  La  ferme- 
ture de  l'École  de  Cluny  le  laissait  sans  place  et  sans 
position.  Découragé,  il  s'adressa  à  M.  Roche  et  lui  demanda 
un  emploi  de  comptable  dans  son  usine  d'Igornay.  M.  Roche, 
qui  connaissait  le  savoir  et  les  aptitudes  de  B.  Renault,  le 
détourna  de  cette  idée,  l'encouragea  et  lui  conseilla  de 
retourner  à  Paris.  Renault  suivit  ce  conseil,  renoua,  à 
Paris,  connaissance  avec  le  professeur  Adolphe  Brongniart 
qui  avait  déjà  pu  apprécier,  à  l'École  normale  de  Cluny, 
sa  science  paléontologique,  et  qui  le  fit  entrer  au  Muséum 
où  sa  vie  devait  s'écouler  tout  entière,  laissant  après  sa 
mort  un  vide  difficile  à  remplir.  Nous  avons  donc  quelque 
raison  de  dire  que  c'est  à  M.  Roche  que  nous  devons 
l'orientation  définitive  de  notre  savant  compatriote  vers 
l'enseignement  paléontologique,  dont  il  a  été  en  France  un 
des  plus  éminents  représentants.  B.  Renault  en  a  toujours 
gardé  à  M.  Roche  une  respectueuse  et  profonde  reconnais- 
sance, qu'il  lui  témoignait  en  toute  occasion,  et  qui  fut  le 

1.  A.  Roche,  Biognphi*  de  Bernard  Renault,  dans  Bull.  Soc.  hist.  nai.  d'Autun, 
XVIII,  (1905),  I,  p.  8. 


BIOGRAPHIE  D  AUGUSTE  ROCHE.  13 

point  de  départ  des  recherches  de  paléontologie  végétale 
qui  ont  acquis,  en  dernier  lieu,  à  Aug.  Roche  une  notoriété 
scientifique  des  plus  honorables. 

En  outre  des  empreintes  végétales  conservées  entre  les 
feuillets  des  schistes,  l'attention  avait  été  appelée,  dès  1832, 
par  M.  Landriot,  alors  supérieur  du  petit  Séminaire  d'Au- 
tun,  sur  les  plantes  silicifîées  des  environs  d'Autun,  dont 
Adolphe  Brongniart  avait  commencé  l'étude,  mais  unique- 
ment au  point  de  vue  des  caractères  morphologiques  exté- 
rieurs1. La  préparation  de  plaques  minces,  en  permettant 
l'étude  de  leur  structure  interne  aussi  facilement  que  sur 
des  coupes  fraîches,  avait  singulièrement  modifié  et  étendu 
les  connaissances  paléobotaniques,  en  particulier  la  classi- 
fication de  ces  fossiles,  et,  en  1878,  B.  Renault  avait 
résumé  ses  premiers  travaux  dans  un  livre  imprimé  et 
accompagné  de  trente  planches  lithographiées  2.  La  tech- 
nique de  ces  préparations  demandait  un  temps  considé- 
rable et  occasionnait  une  perte  de  temps  énorme  que  déplo- 
rait le  savant  obligé  de  les  exécuter  lui-même.  M.  Roche 
a  raconté  en  détails  comment  B.  Renault  sut  l'intéresser  à 
ses  recherches,  l'entraîner  à  sa  suite,  pendant  ses  prome- 
nades de  vacances,  dans  les  champs  delà  Justice,  des  Espar- 
geolles  ou  des  Borgis,  commune  de  Saint-Pantaléon,  à 
quelques  kilomètres  d'Autun,  «  le  sac  du  géologue  au  dos, 
le  gros  marteau  à  la  ceinture  »;  comment  il  lui  apprit  à 
nettoyer,  le  plus  souvent  avec  la  langue,  les  échantillons 
alors  si  nombreux,  aujourd'hui  devenus  si  rares,  i  discer- 
ner les  bons  morceaux  des  mauvais,  «  Ces  cailloux  recou- 
verts de  la  terre  des  champs  ne  laissaient  guère  soupçonner 
leur  présence,  encore  moins  leur  valeur  scientifique.  La 
récolte  était  aride  ;  il  fallait  un  œil  exercé,  battre  les  champs 
pas  à  pas,  essuyer  à  peu  près  ces  morceaux  plus  ou  moins 


1.  A.  Roche,  foc.  cit.,  p.  15. 

2.  B.  Renault,  Recherchée  sur   le$  végéUux  êilietfiés  d'Autun  et  de  Saint' 
Etienne,  Autun,  1878;  publication  de  la  Société  Éduenne. 


14  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

sales,  soit  avec  la  main  ou  sur  les  vêtements,  puis  à  défaut 
d'eau  les  lécher  pour  les  mouiller  et  faire  apparaître  ce 
qu'ils  pouvaient  contenir,  les  regarder  à  la  loupe  pour  pre- 
mière observation  précédant  celle  d'un  grand  lavage  et  d'un 
examen  à  la  rentrée.  Pour  un  caillou  passable,  il  avait  fallu 
en  soumettre  plus  d'un  cent  à  ces  préliminaires. 1  »  Mais 
aussi  quel  enthousiasme  à  l'aspect  des  morceaux  bien  con- 
servés dont  les  faisceaux  vasculaires  ou  les  organes  de 
fructification  promettaient  de  belles  préparations  et  des 
observations  fécondes,  qui  ont  tant  contribué  à  nous  dévoiler 
les  mystères  du  prodigieux  développement  de  la  végétation 
aux  époques  primaires. 

En  toutes  saisons,  pendant  nombre  d'années,  M.  Roche 
ne  se  lassa  pas  de  parcourir  ces  localités  privilégiées, 
tantôt  seul,  tantôt  accompagné  de  M.  Victor  Berthier, 
chercheur  aussi  habile  et  aussi  zélé  que  lui,  ou  de  quelques 
amis,  dont  il  utilisait  ainsi  les  promenades  :  MM.  Chevalier, 
Yovanne  Renault,  Rigollot,  etc.  ;  et  le  nombre  est  incal- 
culable des  précieuses  pierres  qu'il  a  rapportées.  Mais 
bientôt  il  ne  se  contenta  pas  d'être  le  pourvoyeur  perspi- 
cace, mais  anonyme,  de  son  ami  Renault  ;  il  en  devint,  sur 
les  instances  de  Renault  lui-même,  le  collaborateur  auto- 
risé. B.  Renault,  qui  nous  a  décrit  la  technique  de  ses  pré- 
parations microscopiques  et  les  instruments  inventés  ou 
perfectionnés  par  lui  ',  donna  à  M.  Roche  des  leçons  et  des 
conseils,  dont  celui-ci  profita  si  bien  qu'en  peu  de  temps 
il  acquit  l'adresse  d'un  lapidaire  consommé,  tant  pour  le 
sciage  des  silex  à  l'aide  de  la  roue  à  émeri  que  pour  le 
polissage  des  plaques  minces  sur  le  tour  à  user,  dont  il 
avait  meublé  ce  petit  atelier,  situé  au  troisième  étage  de 
sa  maison,  et  où,  tardivement  dans  la  nuit,  le  passant  voyait 
encore  briller  la  lampe  du  travailleur  acharné. 

1.  A.  Roche,  toc  cil.,  p.  16. 

2.  Bernard  Renault,  Court  de  botanique  fo$$iU  f*it  eu  MuUum  d'hiêtoire  naiu* 
nlle,  1"  année,  1891,  p.  31  et  pi.  A. 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  15 


IV 


Le  maniement  du  microscope  lui  étant  devenu  familier,  il 
finit  par  étudier  lui-même  ses  préparations  avant  de  les 
soumettre  à  B.  Renault,  attirant  son  attention  sur  les  détails 
nouveaux,  et  lui  facilitant  ainsi  le  travail  du  laboratoire  et 
le  contrôle  des  pièces.  Rien  n'est  plus  intéressant  et  plus 
touchant  que  de  lire  dans  la  correspondance  de  B.  Renault, 
pieusement  conservée,  en  un  volume  relié,  par  M.  Roche, 
les  conseils  minutieux,  les  détails  précis,  les  explications 
multipliées  que  le  savant  paléontologiste  donne  au  vieux 
néophyte  sur  les  procédés  et  les  tours  de  main  les  plus 
favorables  aux  préparations  microscopiques,  sur  l'usage  du 
microscope,  sur  le  dessin  à  la  chambre  claire,  etc.  ;  et,  à 
chaque  vacance,  des  démonstrations  nouvelles  achevaient 
l'éducation  du  micrographe  autunois,  dont  l'habileté  exci- 
tait, en  dernier  lieu,  l'admiration  de  ses  savants  corres- 
pondants :  MM.  Bertrand,  Orand'Eury,  Zeiller,  Oliver,  etc. 

Avec  sa  modestie  habituelle,  il  en  rapportait  tout  le 
mérite  i  son  ami  :  «  Depuis  bientôt  vingt  ans,  disait-il 
récemment,  j'ai  pu  contempler  les  merveilles  de  la  bota- 
nique fossile  et  des  microorganismes  contenus  dans  les 
quartz  d'Autun.  Grâce  i  l'obligeance  et  à  la  bienveillance 
de  M.  Bernard  Renault,  j'ai  pu,  avec  ses  conseils,  en  former 
une  collection  importante  et  faire  de  nombreuses  prépara- 
tions qui,  sous  le  microscope,  montrent  une  quantité  d'or- 
ganismes infiniment  petits,  quelquefois  d'une  conservation 
complète,  en  permettant  l'étude  aussi  facile  que  celle  des 
organismes  vivants.  »  ! 

M.  Roche  étendit  le  cercle  de  ses  investigations  à  tout  le 
bassin  du  permien  et  du  houiller  supérieur  de  l'Autunois, 
partout  où  on  lui  signalait  des  quartz  à  inclusions  végétales, 

I.  Jfail.  Soc.  hisLnêi.  d'Autun,  XV  (1*0!),  2,  p.  71. 


16  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

à  Dracy-Saint-Loup,  à  laComaille,  à  Chambois,  à  Reclesne, 
à  Esnost.  Cette  dernière  localité,  située  entre  les  villages 
de  Reclesne  et  de  Sommant,  était  connue  par  un  gisement 
anthraoifère  qui  repose  sur  les  soulèvements  porphyri- 
ques  formant  de  ce  côté  la  ceinture  du  bassin  d'Autun, 
mais  qui  n'a  jamais  été  exploité.  Elle  avait  attiré  l'atten- 
tion de  B.  Renault  à  cause  des  magmas  siliceux  tout  par- 
ticuliers qu'on  y  avait  rencontrés.  M.  Roche  y  fît,  malgré 
la  distance,  les  frais  et  la  fatigue  nécessités  par  ces  dépla- 
cements, de  nombreux  voyages,  surtout  après  les  labours, 
quand  la  charrue  avait  ramené  à  la  surface  du  sol  les  frag- 
ments brisés  des  Lépidophytes,  Bornia,  Diplolabis,  Syrin- 
godendron,  etc.,  et  en  rapporta  quelques-uns  de  ses  plus 
précieux  échantillons. 

Il  suffit  de  citer  parmi  les  principales  découvertes  d'A. 
Roche,  le  Sigillariostrobus  spectabilis  B.  R.,  fructification 
fossile  en  épi,  provenant  de  Montceau-les-Mines  et  qui  tint 
longtemps  en  échec  la  perspicacité  de  B .  Renault  pour  «  déter- 
miner si  les  petits  corps  qu'on  voyait  entre  les  bractées 
étaient  des  sacs  de  pollen  ou  des  macrospores,  question 
qui  mettait  en  cause  les  idées  françaises  sur  les  Sigil- 
laires  »;  le  Sphenozamites  Rochei  B.  R.,  décrit  sur  un  échan- 
tillon unique,  recueilli  en  1885;  VHapaloxylon  Rochei  B.  R., 
nouveau  genre  de  Gymnosperme  fossile  du  terrain  permo- 
carbonifère  d'Autun,  trouvé  au  champ  des  Borgis;  le  Cedro- 
xylon  varollense  B.  R.  et  A.  Roche,  de  Varolles,  et  ce  pre- 
mier et  intéressant  représentant  d'une  tige  à  double  bois, 
primaire  et  secondaire,  décrit  d'abord  sous  le  nom  de 
Diploxylon  esnostense  B.  R.  et  A.  Roche,  et  rapporté  ensuite 
au  Syringodendron  esnostense  B.  R.,  à  propos  duquel  «  les 
échantillons  trouvés  par  M.  Roche  ont  dissipé  les  quelques 
obscurités  »  qu'offrait  son  interprétation. 

Une  découverte  en  appelle  une  autre,  et  dans  ces  nom- 
breuses préparations  l'œil  exercé  d'Aug.  Roche  apercevait 
au  milieu  des  tissus  végétaux  des  organismes  étrangers, 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  17 

qu'il  fut  le  premier  à  signaler,  et  qu'une  étude  attentive 
fit  reconnaître,  les  uns  pour  des  spores  cryptogamiques  et 
des  filaments  mycéliens  de  champignons  parasites,  les 
autres  pour  des  œufs  d'insectes  indéterminés,  mais  dont 
l'apparition  est  ainsi  reculée  jusqu'à  l'époque  du  Gulm. 
Ces  œufs  fossiles,  découverts  en  nombre  considérable  dans 
les  assises  libériennes  des  radicelles  de  Lepidodendron 
esnostense,  avaient  été  comparés  à  ceux  du  phylloxéra  ou  de 
l'écrivain  par  B.  Renault  :  a  II  est  bien  curieux,  écrivait-il, 
de  voir  les  Lépidodendrons  de  l'époque  du  Culm  déjà  tra- 
vaillés dans  leurs  racines  par  des  insectes  comme  la  vigne 
de  nos  jours.  Après  l'éclosion  des  œufs,  on  constate  dans 
le  bois  et  l'écorce  des  racines  les  ravages  produits  par  les 
larves  qui  en  sont  issues;  il  ne  serait  donc  pas  impossible, 
un  de  ces  jours,  de  rencontrer  dans  les  quartz  d'Esnost 
quelques  débris  d'insectes  parfaits;  cela  doit  rendre  prudent 
dans  l'application  des  lois  du  transformisme  qui  me  parais- 
sent perdre  beaucoup  de  leur  généralité.  »  (3  juin  1873.) 
Et  ces  premiers  vestiges  entomologiques  ont  consacré  le 
mérite  de  leur  inventeur,  en  empruntant  son  nom,  Arthroon 
Rochei  B.  Renault.  Plus  récemment,  il  avait  constaté  dans 
les  mêmes  silex  du  Gulm  et  du  permien  d'autres  microorga- 
nismes cylindroides  qu'il  avait  cru  pouvoir  rapporter  à  des 
vers  nématoïdes  fossiles;  mais  cette  assimilation  n'a  pas 
encore  paru  démontrée  aux  spécialistes  qui  en  ont  examiné 
les  préparations. 


Familiarisé,  mieux  que  personne,  avec  la  question  des 
combustibles  fossiles,  étudiés  jusqu'alors  surtout  au  point  de 
vue  stratigraphique  et  paléontologique,  A.  Roche  était 
tout  indiqué  pour  prêter  un  concours  actif  aux  nouvelles 
études  de  B.  Renault  relatives  à  la  structure  intime  de  ces 
combustibles,  en  leur  appliquant  la  méthode  microgra- 

TOME    XIX.  2 


18  DOCTEUR  X.   GILLOT. 

phique  qui  avait  fait  faire  tant  de  progrès  à  la  pétrographie. 
Ces  recherches,  entreprises  à  la  fois  par  B.  Renault  et 
M.  G.-Eg.  Bertrand  (de  Lille),  amenèrent  entre  ces 
savants  une  correspondance  suivie,  dont  M.  Roche  eut  sa 
part.  Il  n'a  jamais  dit  le  temps  qu'il  a  consacré  au  travail 
difficile  que  nécessitaient  ces  préparations  microscopiques, 
et  s'est  modestement  et  généreusement  effacé  devant  son 
ami  auquel  il  a  rendu  tant  de  services,  en  assumant  la  plus 
grande  part  du  travail  matériel  de  la  mise  au  point  des 
matériaux  que  B.  Renault  lui  envoyait  de  tous  côtés. 
Ceux-là  seuls  qui  l'ont  vu  à  l'œuvre  et  ont  pu  apprécier  son 
désintéressement  et  son  amical  dévouement  savent  que 
c'est  de  lui  surtout  qu'il  faut  admirer  «  la  grande  habileté 
avec  laquelle  il  arriva  à  rendre  la  houille  transparente,  à 
pouvoir  la  soumettre  aux  plus  forts  grossissements,  à  y 
reconnaître  la  nature  de  ses  végétaux,  dans  leurs  plus 
intimes  détails.  On  ne  peut  se  figurer,  lorsqu'on  n'a  pas 
essayé  soi-même  cette  opération  délicate,  l'habileté  et  la 
patience  que  réclame  ce  travail. 1  »  Il  a  donc  eu  une  large 
part  de  collaboration  dans  les  récentes  études  de  MM.  B.  Re- 
nault et  E.  Bertrand  qui  ont  éclairé  d'une  lumière  si  vive 
et  si  nouvelle  les  origines  et  les  causes  de  la  formation  de 
la  houille,  par  l'action  des  bactéries  fossiles;  du  boghead  et 
descannels,  par  les  algues  fossiles;  des  lignites  et  des  tourbes, 
par  l'action  de  microorganismes,  dont  il  allait  observer  lui- 
même  les  effets  actuels  dans  les  tourbières  de  Fragny. 

Cette  révélation  des  microorganismes  anciens,  et  de 
l'action  si  prodigieuse  de  ces  infiniment  petits  aboutissant 
à  des  effets  si  considérables  l'avait  absolument  passionné  ; 
il  les  recherchait  et  les  trouvait  partout,  dans  les  schistes 
et  leurs  coprolithes,  dans  les  quartz  et  dans  les  pierres. 
B.  Renault  a  rendu,  du  reste,  toute  justice  i  son  collabora- 
teur, en  lui  attribuant  le  mérite  de  ces  découvertes.  «  Dans 

1.  A.  Roche,  (oc.  ettM  p.  24. 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  19 

ces  dernières  années,  notre  savant  confrère  a  exécuté  de 
nombreuses  préparations  dans  le  boghead  d'Autun  et  dans 
les  coprolithes  des  schistes  bitumineux  ;  il  y  a  rencontré 
une  foule  de  bactériacées,  telles  que  Micrococcus  lepido- 
phagus%  Mie.  petrolei,  Bacillus  gratnna,  B.  vorax  et  bien 
d'autres. !  »  C'est  également  à  la  transparence  de  ses  pré- 
parations, répétées  avec  tant  de  patience  et  de  perfection, 
qu'est  due  la  connaissance  de  ces  anciens  habitants  des 
lignites,  décrits  dans  un  mémoire  en  collaboration  par 
B.  Renault  et  A.  Roche 2,  tant  Infusoires  :  Plœsconio  cycloides, 
Cineioconia  crassay  etc. ,  que  Champignons  :  Helminthosporium 
giganteutn,  H.  ellipsoïdale,  Morosporium  lignitum,  etc.,  fai- 
sant remonter  jusqu'à  l'époque  éocène  les  formes  ances- 
trales  des  types  actuels. 

M.  Roche  avait  même  commencé  l'étude  en  plaques 
minces  des  roches  oolithiques  de  la  Côte-d'Or  et  de  l'Yonne 
qui  avaient  fourni  des  matériaux  de  construction  de  pre- 
mier ordre  aux  Romains  et  qui  continuent  aujourd'hui  à 
être  couramment  employés  par  nos  architectes.  Ses  prépa- 
rations de  foraminifères  fossiles,  aux  structures  les  plus 
variées,  étaient  de  pures  merveilles,  qu'il  se  proposait  de 
soumettre  à  l'examen  de  M.  Schlumberger,  «  le  grand 
maître  »  de  cette  spécialité  paléontologique.  Absorbé  par 
d'autres  préoccupations,  il  n'a  pas  eu  le  temps  de  donner 
suite  à  ce  projet,  avant  la  mort  récente  et  regrettable  de 
ce  savant. 

En  effet,  désireux  de  vulgariser  ses  découvertes  et  de 
mettre  ses  fragiles  préparations  microscopiques  à  l'abri 
d'un  désastre  irréparable,  M.  Roche  s'était  mis,  avec  l'en* 
train  qui  le  caractérisait,  à  l'étude  et  à  la  pratique  de  la 
photographie.  Il  s'initia,  en  chimiste  et  en  physicien,  à  tous 
les  secrets  du  métier.  Il  installa  une  chambre  noire  dans 
une  annexe  de  son  laboratoire  et,  dès  qu'il  eut  la  main 

1.  Bu».  Soc.  hiêt.  nal.  d'Autun,  X  (1*97),  t,  p.  66. 
t.  Bull.  Soc.  hi$L  fui.  d'Autun,  XI  (1898),  I,  p.  301. 


20  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

suffisamment  exercée,  il  adapta  à  son  microscope  un  appa- 
reil d'agrandissement,  et  tira  de  ses  principales  prépara- 
tions des  clichés  de  plus  en  plus  nets,  à  l'aide  desquels  il 
put  composer  des  albums  de  microphotographies  précieux 
pour  l'étude,  en  l'absence  des  originaux. 


VI 


Tous  ces  travaux  divers  qui  occupaient  la  vie  d'A.  Roche, 
sans  un  jour  de  relâche,  mais  aussi  sans  un  jour  d'ennui, 
collections,  publications,  photographies,  il  les  mit  pendant 
vingt  ans  au  service  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  dont  il  fut  un  des  principaux  fondateurs  et  le 
bienfaiteur  perpétuel.  Il  fut  le  premier  qui,  répondant  aux 
propositions  d'un  autre  naturaliste  autunois,  homme  d'ini- 
tiative et  d'organisation,  M.  Victor  Berthier,  l'aida  dès  le 
mois  de  septembre  1885,  à  grouper,  autour  de  Bernard 
Renault,  leur  chef  incontesté,  un  petit  cercle  d'amateurs 
qui,  s'élargissant  rapidement,  compta  bientôt  ses  adhérents 
par  centaines  et  constitua  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  devenue  Tune  des  plus  prospères  de  France.  Dès 
la  première  séance,  qui  eut  lieu  le  2  mai  1886,  M.  Roche  y 
figure  comme  conservateur  des  collections  en  formation, 
et  comme  donateur  d'un  beau  moulage  du  Megapleuron 
d'Igornay. 

Dès  lors,  chacune  des  réunions,  auxquelles  il  était  assidu, 
fut  marquée  par  de  nouveaux  dons  de  sa  part  ou  par  des 
communications  dans  lesquelles  il  nous  donnait  la  primeur 
de.  ses  découvertes,  à  moins  qu'à  l'occasion  de  ses  voyages 
à  Autun,  le  président  B.  Renault  ne  fît,  à  ce  sujet,  quelque 
leçon  toujours  écoutée  avec  plaisir,  et  dans  laquelle  il  n'ou- 
bliait jamais  de  faire  ressortir  les  mérites  de  son  fidèle, 
affectionné  et  dévoué  collaborateur.  Chacun  des  Bulletins 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  21 

de  la  Société  renferme  des  notes  ou  articles  intéressants 
de  M.  Roche,  soit  qu'il  nous  montrât  ses  récentes  trou- 
vailles, soit  qu'il  profitât  des  excursions  de  la  Société, 
qu'il  suivit  aussi  régulièrement  que  sa  santé  le  lui  permit, 
pour  nous  parler  des  pierres  à  cuvettes  d'Uchon,  de  la 
station  préhistorique  de  Rozereuil,  des  tourbières  de  Fra- 
gny,  des  mines  anthracifères  de  Polleroye,  etc.  ;  soit  qu'il 
nous  gratifiât  de  substantiels  rapports  biographiques  ou 
bibliographiques  ;  soit  qu'il  nous  fît  avec  humour  quelque 
récit  sur  l'habileté  des  limaces,  la  sensibilité  des  moineaux, 
les  effets  bizarres  de  la  foudre,  etc.,  d'après  les  menus 
faits  que  son  œil  observateur  avait  su  remarquer  et  inter- 
préter en  naturaliste  et  en  homme  d'esprit.  Nous  donnerons 
plus  loin  la  liste  de  ses  publications. 

Très  dévoué  à  la  Société,  où  il  était  entouré  d'une  res- 
pectueuse déférence,  M.  Roche  mettait  à  profit  ses  relations 
pour  recruter  de  nouveaux  membres  ou  pour  obtenir  de 
nouveaux  dons,  rendant  de  multiples  services  avec  une 
rare  discrétion;  et  lorsqu'on  1896,  la  mort  de  M.  le  capitaine 
Lucand  laissa  vacante  une  place  de  vice-président,  il  ne 
fallut  rien  moins,  pour  la  lui  faire  accepter,  que  les  ins- 
tances réitérées  de  B.  Renault  qui  lui  écrivait  :  «  Ces 
fonctions  vous  reviennent  de  droit  par  vos  travaux  et  par 
les  services  que  vous  avez  rendus  à  la  Société  depuis  que 
vous  l'avez  fondée.  Vous  êtes  vraiment  injuste  i  votre 
égard  !  Les  travaux  et  les  découvertes  que  vous  avez  faites 
sont  plus  que  suffisants  pour  vous  autoriser  à  occuper  très 
légitimement  les  fonctions  de  vice-président.  D'un  autre 
côté,  c'est  une  nouvelle  preuve  de  dévouement  que  nous 
vous  demandons.  Les  fonctions  de  président  n'ont  souvent 
rien  de  bien  attrayant;  et,  pour  certains  tempéraments, 
c'est  un  acte  de  courage  qu'on  leur  demande  en  les  obli- 
geant à  présider  une  réunion.  Mais,  comme  de  ce  côté  vous 
n'avez  rien  à  redouter,  j'ai  la  conviction  que  vous  vous 
laisserez  toucher.  »  (12  décembre  1896.)  A  la  séance  du 


22  DOCTEUR  X.   GILLOT. 

7  février  1897,  M.  Roche  fut  élu  vice-président  par  accla- 
mations, et  la  Société  n'eut  qu'à  s'en  féliciter. 

Lorsqu'on  1895,  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun 
eut  hérité  du  musée  créé  par  M.  le  Dr  F.  B.  de  Montessus, 
à  Chalon-sur-Saône,  A.  Roche  s'occupa  activement  de  la 
restauration  et  du  classement  de  ces  nombreuses  collec- 
tions, où  l'ornithologie  brillait  en  première  ligne.  L'exemple 
de  M.  de  Montessus  l'engagea  peut-être  à  compléter  ce 
musée,  devenu  autunois;  toujours  est-il  qu'à  deux  reprises 
différentes,  avec  le  rare  désintéressement  dont  il  était  cou- 
tumier,  M.  Roche  abandonna  à  la  Société  d'histoire  natu- 
relle d'Autun,  les  riches  collections  de  paléontologie  et  de 
minéralogie  qu'il  avait  réunies  à  grand'peine  et  à  grands 
frais.  Il  les  mit  lui-même  en  vitrines,  les  pourvut  d'éti- 
quettes exactes  et  soignées  ;  et  ces  splendides  collections, 
qui  sont  aujourd'hui  un  des  ornements  de  notre  musée, 
méritaient  bien  les  éloges  et  les  remerciements  que  B.  Re- 
nault adressait  au  nom  de  la  Société  tout  entière  au  géné- 
reux donateur  (séances  du  9  avril  1899  et  du  22  avril  1900). 


VII 


L'estime  en  laquelle  A.  Roche  était  tenu  par  les  savants 
les  plus  distingués,  les  dons  nombreux  qu'il  avait  faits  au 
Muséum  de  Paris,  ont  eu  pour  la  Société  d'histoire  natu- 
relle d'Autun  les  conséquences  les  plus  avantageuses,  en 
augmentant  pour  elle  la  sympathie  et  la  faveur  que  les 
professeurs  du  Muséum  lui  avaient  accordées  par  égard 
pour  leur  collègue  B.  Renault.  Il  a  pu  obtenir,  en  échange 
de  ses  fossiles  permiens,  toute  une  série  de  superbes  mou- 
lages paléontologiques  du  Muséum,  et  surtout  l'inscription 
de  ses  savants  correspondants  parmi  les  membres  d'hon- 
neur de  la  Société,  et  l'acceptation  par  le  plus  illustre  et 
le  plus  bienveillant  d'entre  eux,  M.  Albert  Oaudry,  de  la 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  23 

présidence  d'honneur  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun!  Aussi  lorsqu'à  deux  reprises  différentes,  le  22  sep* 
tembre  1901  et  le  29  juin  1902,  dates  mémorables  pour  elle, 
M.  A.  Oaudry  fit  à  la  Société  l'honneur  de  la  visiter,  accom- 
pagné de  M.  Liard,  directeur  de  l'Enseignement  supérieur, 
et  de  toute  une  escorte  de  savants,  A.  Roche  eut  sa  bonne 
et  légitime  part  dans  les  éloges  flatteurs  sortis  de  bouches 
si  autorisées,  et  ce  fut  justice  ! 

Après  la  mort  tant  regrettée  de  Bernard  Renault,  la  pré- 
sidence de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  revenait 
de  droit  i  Aug.  Roche,  et  lui  fut,  pour  ainsi  dire,  imposée. 
Il  n'accepta  ce  mandat  qu'à  titre  provisoire  et  intérimaire, 
et  le  résigna  dès  le  9  avril  1905,  gardant  toutefois  avec  le 
titre  de  président  honoraire,  le  même  dévouement  à  l'œuvre 
commune.  II  le  prouva  en  se  chargeant  d'écrire  la  biogra- 
phie de  son  prédécesseur,  de  son  ami,  de  son  collaborateur, 
B.  Renault.  Ce  travail,  l'occupa  pendant  tout  l'hiver  de 
1905,  et  ce  ne  fut  pas  sans  fatigue;  dans  son  désir  de 
n'oublier  aucun  des  titres  de  notoriété  du  savant,  pour 
lequel  il  avait  un  véritable  culte,  il  entretint  une  corres- 
pondance suivie  aveo  leurs  amis  communs,  s'astreignit  à 
de  longues  lectures;  et  c'est  au  prix  d'un  réel  surmenage 
cérébral  qu'il  termina  son  travail,  véritable  monument 
d'érudition  et  de  touchante  amitié  !  Il  avait  conçu  le  projet 
de  lui  en  élever  un  autre  plus  tangible  au  cimetière  du 
pays  natal,  où  ses  démarches  avaient  contribué  à  ramener 
la  dépouille  mortelle  du  grand  naturaliste,  qui  après  avoir 
tant  honoré  la  science  française  et  si  bien  servi  son  pays 
n'avait  pas  même  laissé  de  quoi  se  faire  enterrer.  La  sous- 
cription dont  H.  Roohe  avait  pris  l'initiative  a  réussi  au-delà 
de  ses  espérances.  Il  ne  verra,  malheureusement,  pas  inau- 
gurer la  pierre  funéraire  dont  il  a  eu,  tout  au  moins,  la  satis- 
faction de  savoir  le  projet  en  voie  de  prochaine  réalisation. 

Au  cours  de  Tété  dernier,  M.  Roche  s'était  surtout 
occupé  de  compléter  ses  photographies  scientifiques,  qu'il 


24  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

considérait  comme  une  distraction  et  un  repos.  Sa  constitu- 
tion robuste  semblait  défier  les  atteintes  de  la  vieillesse; 
il  n'avait  rien  perdu  de  son  intelligence  et  de  sa  bonne 
humeur.  Pendant  les  vacances,  une  visite  du  savant  pro- 
fesseur de  Lille,  M.  G.-Eg.  Bertrand,  accompagné  de  son 
fils,  également  botaniste  distingué,  lui  avait  procuré  le 
plaisir  de  les  voir  admirer,  pendant  de  longues  heures,  ses 
préparations  microscopiques,  et  lui  demander  sa  collabora- 
tion pour  de  nouvelles  études.  M.  Grand'Eury  l'avait  éga- 
lement intéressé  à  ses  recherches  sur  les  fructifications  de 
certaines  fougères  fossiles,  et  le  vieux  paléontologiste, 
repris  d'un  nouvel  enthousiasme,  avait  promis  son  concours  ! 

Hélas!  le  21  octobre,  après  une  après-midi  consacrée 
à  prendre  des  photographies,  dans  les  salles  de  ce  Musée 
qu'il  aimait  tant,  après  une  soirée  passée  en  famille  sans 
apparence  de  malaises,  Aug.  Roche  se  couchait  pour  ne  plus 
se  relever.  Une  congestion  cérébrale,  imprévue  et  brutale, 
terrassait  ce  vaillant  organisme,  chez  lequel  la  vie  s'éteignit 
doucement,  le  25  octobre,  après  quatre  jours  d'agonie. 

La  solennité  de  ses  obsèques,  les  discours  prononcés  sur 
sa  tombe,  les  témoignages  de  regrets  et  de  condoléance 
adressés  de  toutes  parts  à  la  famille  et  à  la  Société  d'histoire 
naturelle  d'Autun  permettent  de  mesurer  la  place  que  tenait 
M.  Roche  dans  l'estime  du  monde  savant,  et  la  grandeur 
de  la  perte  qui  nous  atteint.  Tout  le  premier,  M.  Albert 
Gaudry  a  tenu,  à  rendre  en  termes  émus,  un  suprême 
hommage  à  son  ancien  et  fidèle  collaborateur  auquel  il 
reconnaît  devoir  «  une  reconnaissance  toute  particulière  », 
attendu  qu'il  a  été  «  le  premier  à  nous  découvrir  les  trésors 
des  temps  passés  enfouis  dans  notre  sol  ;  et  si  les  reliques  du 
permien  d'Autun  ont  contribué  à  jeter  quelque  lumière  sur 
la  paléontologie  philosophique,  le  mérite  en  revient  surtout 
i  Auguste  Roche.  »  (26  octobre  1905.)  MM.  E.  Perrier,  direc- 
teur du  Muséum,  St.  Meunier,  Bureau,  H.  Hua,  F.  Gagne- 
pain,  E.  Bertrand,  Michel  Lévy,   Zeiller,  etc.,  nous  ont 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  25 

adressé  des  lettres  que  nous  voudrions  pouvoir  reproduire 
entièrement9  comme  le  plus  bel  éloge  du  défunt! 

Tous  ceux  qui  ont  connu  personnellement  M.  Roche  ou 
l'ont  eu  comme  correspondant,  dans  ces  derniers  temps, 
se  déclaraient  charmés  du  spectacle  d'un  homme  de  cet 
âge,  encore  plein  d'ardeur  et  d'enthousiasme  comme  un 
jeune.  «  Il  est  de  ceux  qu'on  ne  remplace  que  difficilement 
et  avec  beaucoup  de  temps,  si  la  chose  est  possible  »,  écrit 
un  botaniste  du  Muséum,  et  il  ajoute  :  «  J'ai  conservé  bien 
vivant  le  souvenir  d'une  conversation  avec  M.  Roche,  et 
j'en  ai  gardé  l'impression  que  cet  homme  était  non  seule- 
ment un  grand  travailleur,  mais  encore  une  intelligence 
capable  d'idées  personnelles,  ce  qui  est  en  tout  temps  assez 
rare  !  »  Et  M.  le  professeur  Bertrand,  en  exprimant  sa  dou- 
loureuse surprise  de  la  mort  de  ce  vieillard,  qu'il  avait  vu 
si  souriant,  un  mois  auparavant,  et  tout  heureux  de  lui 
montrer  ses  préparations,  •  où  il  y  avait  tant  de  choses  i 
voir  »,  ajoute  encore  :  «  Il  sentait  que  nous  comprenions 
l'étendue  de  l'immense  effort  qu'il  a  donné  à  un  âge  où  les 
autres  se  reposent.  Il  voyait  bien  que,  pouvant  lire  son 
œuvre,  nous  l'admirions  en  toute  sincérité.  Ce  savant 
modeste  nous  apparaissait  comme  le  conservateur  de 
l'œuvre  de  Renault,  comme  le  collaborateur  qui  lui  a 
fourni  les  éléments  des  travaux  des  quinze  dernières  années 
de  sa  vie.  » 

VIII 

L'industrie  au  début,  la  science  pendant  la  seconde 
période  de  sa  vie,  n'ont  pas  tellement  absorbé  les  instants 
de  M.  Roche  qu'il  n'ait  encore  trouvé  le  moyen  de  rendre 
d'autres  services  marquants  à  ses  compatriotes  et  à  son 
pays.  Entré  au  conseil  municipal  d'Igornay  peu  après  son 
arrivée  dans  la  commune,  il  fut  nommé  maire  en  1870,  et 
remplit  ces  fonctions  jusqu'à  son  départ  en  1883.  Très 


26  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

aimé  de  ses  ouvriers,  estimé  de  ses  concitoyens,  homme 
d'action  par  excellence,  opiniâtre  au  travail,  d'une  fermeté 
poussée  parfois  jusqu'à  l'obstination,  d'une  grande  indé- 
pendance de  caractère,  libéral  d'idées,  quelque  peu  auto- 
ritaire et  dur  à  ses  adversaires,  mais  fidèle  i  ses  amis, 
Au  g.  Roche  a  laissé  à  Igornay  la  réputation  d'un  excellent 
administrateur  et  d'un  courageux  patriote.  En  1870,  c'est 
lui  qui  fit  porter  par  un  émissaire  assermenté  à  Garibaldi, 
alors  à  la  sous-préfecture  d'Autun,  la  nouvelle  de  l'arrivée 
des  troupes  prussiennes,  nouvelle  à  laquelle  le  vieux  condot- 
tiere refusa  de  croire  jusqu'à  ce  que  l'ennemi  parvenu  aux 
portes  de  la  ville  eût  failli  le  surprendre.  Inquiété  pour  ce 
fait  par  les  Prussiens  et,  en  outre,  pour  avoir  refusé  de 
leur  dénoncer  les  francs-tireurs  blessés  et  de  leur  fournir 
les  vivres  qu'ils  réquisitionnaient,  A.  Roche  fut  arrêté  et 
menacé  d'être  emmené  comme  otage  en  Allemagne.  Il  ne 
dut  son  salut  qu'à  la  retraite  précipitée  des  Prussiens.  Il 
avait  par  le  développement  de  son  industrie  attiré  dans 
Igornay  une  augmentation  de  population  et  une  aisance, 
bien  disparues  depuis.  Parmi  les  services  rendus  à  la  com- 
mune, il  s'était  principalement  occupé  d'améliorer  la 
voirie,  et  avait  obtenu  la  construction  de  ponts  sur  l'Arroux, 
à  Igornay,  et  sur  la  Ganohe,  à  Lally,  cours  d'eau  parfois 
infranchissables  en  temps  de  crue. 

A  Autun,  il  s'écarta  des  fonctions  publiques,  sans  s'en 
désintéresser  toutefois.  Sa  connaissance  des  affaires  et  son 
expérience  commerciale  l'avaient  fait  élire  tout  d'abord 
juge  suppléant  au  tribunal  de  commerce  d'Autun,  le 
21  décembre  1884,  puis  juge  titulaire  pour  un  an,  le 
20  décembre  1885,  et  pour  deux  ans,  le  19  décembre  1886. 
Il  refusa  le  renouvellement  de  ce  mandat,  et  se  consacra 
dès  lors  tout  entier  à  ses  occupations  scientifiques. 

S'il  trouva  sa  principale  satisfaction  dans  les  jouissances 
intimes  que  procurent  seulement  aux  possesseurs  du  feu 
sacré  la  solution  d'un  problème  cherché,   la  découverte 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  HOCHE.  27 

d'an  fait  nouveau,  la  poursuite  de  la  vérité  et  les  progrès 
de  la  science,  il  obtint  cependant  quelques  récompenses 
bien  méritées.  Le  1"  mai  1888,  le  directeur  du  Muséum, 
E.  Frémy,  lui  annonçait  que  l'assemblée  des  professeurs, 
dans  sa  séance  du  19  avril,  venait  de  lui  conférer  le  titre  de 
correspondant  du  Muséum  d'histoire  naturelle  et  lui  en 
transmettait  le  diplôme  et  la  médaille.  Peu  après,  il  était 
nommé  officier  d'Académie,  par  arrêté  du  10  juillet  1888. 
M.  Liard,  alors  directeur  de  l'Enseignement  supérieur  au 
ministère  de  l'Instruction  publique,  lui  annonçait  cette 
nouvelle  en  déclarant  que  cette  distinction  était  motivée 
surtout  par  son  dévouement  à  la  science  et  sa  générosité 
pour  nos  collections  nationales  ;  et  lorsque  le  23  avril  1897, 
â  l'occasion  du  Congrès  des  sociétés  savantes  i  la  Sorbonne, 
ce  ruban  fut  transformé  en  rosette  d'officier  de  l'Instruction 
publique,  B.  Renault,  en  félicitant  M.  Roche  de  cette  nou- 
velle distinction  «  due  non  à  des  démarches  ou  à  des  solli- 
citations pressantes,  mais  au  seul  mérite  du  candidat  », 
faisait  ressortir  «  les  services  éminents  rendus  par 
M.  Roche,  pendant  sa  longue  et  active  carrière,  à  l'indus- 
trie de  notre  pays  et  à  la  science,  et  qui  n'ont  pas  médio- 
crement contribué  à  mettre  notre  région  en  relief  et  à 

attirer  sur  notre  Société  de  précieuses  sympathies Ce 

ne  sont  pas  seulement  les  découvertes  remarquables  de 
M.  Roche  que  le  ministre  a  voulu  récompenser.  On  connaît, 
en  effet,  la  somme  de  travail  exigée  par  le  classement  de 
nos  collections  géologiques  et  paléontologiques  si  variées, 
travail  plus  ardu  et  certainement  moins  agréable  que  celui 
de  faire  des  découvertes,  et  auquel  M.  Roche  a  consacré 
également  de  longues  heures  ;  il  n'est  pas  douteux  que  ce 
dévouement  de  tous  les  instants  i  la  Société,  que  ce  labeur 
opiniâtre  et  absolument  désintéressé,  n'aient  pesé  sur  la 
décision  ministérielle.  »* 

t.  BmII.  Soc.  HUt.  iut.  dMutun,  X   1897),  t,  p.  6S. 


28  DOCTEUR  X.  OILLOT. 

Aug.  Roche  méritait  mieux  :  c'était  l'avis  de  ses  amis  et 
de  ses  collègues,  et  le  26  octobre  1902,  Bernard  Renault 
adressait  au  ministre  de  l'Instruction  publique  la  demande 
suivante,  que  nous  reproduisons  comme  le  résumé  fidèle 
de  la  vie  tout  entière  de  M.  Roche  : 

«  Dans  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Àutun,  il  y  a  un 
homme  qui  a  travaillé  dès  l'origine  do  cette  Société  à  ses 
progrès,  c'est  M.  Roche,  vice-président  de  la  Société  depuis 
sa  fondation.  Industriel  distingué  à  Igornay,  dont  il  a  été 
maire  pendant  de  longues  années,  et  où  il  a  dirigé  une  usine 
destinée  à  l'exploitation  des  schistes  bitumineux;  aimé  et 
estimé  de  nombreux  ouvriers,  il  a  su  leur  inspirer  l'intérêt 
des  objets  d'histoire  naturelle  ;  par  une  surveillance  de  tous 
les  instants,  il  a  pu  réunir  une  collection  extrêmement 
précieuse,  unique  par  la  valeur  des  pièces  originales.  Loin 
de  tirer  profit  de  ces  pièces  très  rares,  il  les  a  données  à 
notre  établissement  national,  le  Muséum  d'histoire  natu- 
relle, où  elles  figurent  dans  les  galeries  de  paléontologie. 

»  L'activité  merveilleuse  de  M.  Roche,  malgré  son  grand 
âge,  lui  a  fait  réunir  de  nombreux  échantillons  de  toute 
matière,  empreintes  végétales,  bois  silicifiés,  roches,  miné- 
raux, etc.  Il  a  donné  à  la  Société  d'Autun  yne  collection 
assez  grande  pour  garnir  une  salle  entière  qui,  actuelle- 
ment, porte  son  nom. 

»  Il  a  publié  de  nombreux  et  importants  mémoires,  dont 
la  liste  accompagne  cette  lettre.  Bien  plus  les  nouveaux 
échantillons  recueillis  et  leurs  dessins  photographiés  sont 
donnés,  par  testament  notarié,  les  uns  au  .Muséum  de 
Paris,  les  autres  à  la  Société  d'Autun. 

•  Une  vie  scientifique  si  bien  remplie  et  si  profitable  pour 
les  autres  mérite  une  récompense  exceptionnelle.  C'est 
pourquoi  nous  demandons  pour  M.  Roche,  afin  de  récom- 
penser les  grands  services  qu'il  a  rendus,  et  dont  la  série 
n'est  pas  interrompue,  le  titre  de  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  » 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  29 

Cette  adresse,  revêtue  de  nombreuses  signatures  a  été 
apostillée  par  les  professeurs  du  Muséum  et  particulièrement 
par  M.  A.  Gaudry,  écrivant  :  «  J'appuie  bien  volontiers  la 
demande  de  M.  Renault  en  faveur  de  M.  Roche,  auquel  le 
Muséum  d'histoire  naturelle  doit  une  grande  reconnais- 
sance pour  les  dons  importants  qu'il  lui  a  faits.  Il  est  diffi- 
cile de  trouver  un  homme  plus  dévoué  à  la  science.  »  Le 
ministre  fit  la  sourde  oreille,  et  pas  plus  que  B.  Renault, 
en  faveur  duquel  semblable  démarche  avait  été  faite  pour 
la  rosette  d'officier  de  la  Légion  d'honneur,  M.  Roche, 
malgré  ses  sentiments  libéraux  et  républicains  manifestés 
de  longue  date,  n'obtint  justice  !  Dans  un  temps  où  le  ruban 
rouge  se  détaille  à  tout  venant,  souvent  pour  prix  de  ser- 
vices douteux,  il  ne  s'en  est  pas  trouvé  le  moindre  bout 
pour  décorer  la  poitrine  d'un  homme  qui  a  personnifié  la 
science  pure  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  élevé,  la  décentra- 
lisation scientifique  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  utile  ! 

Mais  les  honneurs  que  l'indifférence  des  hommes  lui  a 
refusés,  la  science  les  lui  a  amplement  rendus.  Elle  a  ins- 
crit, dans  ses  fastes,  le  nom  d'Auguste  Roche  en  lettres 
ineffaçables,  en  attachant  son  nom  à  celles  des  créatures 
dont  il  a  révélé  l'existence  et  exhumé  les  restes  plusieurs 
fois  millénaires;  et  tant  qu'il  existera  des  naturalistes,  — 
et  la  science  de  la  nature  est  impérissable,  —  alors  que 
tant  d'autres  noms  fameux,  de  renommées  bruyantes 
mais  éphémères,  auront  sombré  dans  l'éternel  oubli,  le 
nom  modeste  d'Auguste  Roche  restera  i  jamais  oonnu  et 
répété  ! 

Voici  la  liste  des  espèces  qui  lui  ont  été  dédiées,  tant 
zoologiques  que  botaniques  : 

Reptile, 

EMblrosanrtie  Roche I  A.  Gaudry.  Enchaln.  du  monde  ani- 
mai, I,  Fossiles  primaires  (1883),  p.  270  ;  flg.  269-280  ;  Bull.  Soc. 
hUL  nat.  Autun,  1  (1888),  p.  60,  flg.  14*25. 


30  DOCTEUR  X.  GILLOT. 


Poissons. 

Amblypteras  Roobel  E.  Sauvage.  Et.  des  gîtes  minéraux  de  la 
France,  bassin  houiller  et  permien  d'Autun  et  d'Épinac,  fasc.  V 
(1893)  ;  Poissons  fossiles,  p.  26.  Bull.  Soc.  hist.  nat.  Autun,  VII 
(4894),  p.  53.  —  Arohœonlacas  Roobel  Sauv.,  loc.  cit.,  fasc.  III; 
Poissons  fossiles,  1890,  p.  19,  pi.  I,  fig.  1;  pi.  II,  fig.  1. 

Ifegaplearon  Roobel  A.  Gaudry.  C.  R.  Ac.  se,  21  mars  1881  ; 
Enchaln.  monde  animal,  Fossiles  primaires  (1883),  p.  239,  fig.  246; 
E.  Sauvage.  Et.  gîtes  min.,  Poissons  fossiles,  fasc.  111(1890),  pi.  V, 
fig.  1,  p.  27,  et  fasc.  V  (1893),  p.  28.  Les  Poissons  du  terrain 
permien  d'Autun,  Bull.  Soc.  hist.  nat.  Autun,  VII  (1894),  p.  59. 
A.  Frit8ch,  Fauna  der  Gaskohle  und  der  Kalhsteine  der  Perm.,  for- 
mation Bohmens,  p.  65  (ex  Sauvage).  —  Sagenodus  Roobel  Smith 
Woodward.  Cat.  foss.  fishes  British  Muséum,  II  (1891),  p.  261  (ex 
Sauvage). 

Tbrluopo  Roobel  E.  Sauvage.  Poissons  fossiles  du  Bugey,  Bull. 
Soc.  hist.  nat.  Autun,  VI  (1893),  p.  436,  pi.  VIII,  fig.  2. 

Crustaoé. 

Nectotelson  Roobel  P.  Brochi.  Note  sur  un  Crustacé  fossile 
recueilli  dans  les  schistes  d'Autun,  Bull.  Soc.  géol.  de  France, 
3*  série,  VIII  (1880),  p.  5,  pi.  I,  fig.  1-6  ;  Bull.  Soc.  hist.  nat.  Autun, 
I  (1888),  p.  97,  pi.  I,  fig.  1-6. 

Insecte. 

Arihroon  Roobel  B.  Renault.  Bull.  Soc.  hist.  nat.  Autun,  VI 
(1893),  2;  Procès-Verbaux  des  séances  de  1893,  p.  178;  C.  R.  Ac.  se, 
12  février  1894  ;  Et.  des  gîtes  minéraux  de  la  France,  bassin  houiller 
et  permien  d'Autun  et  d'Épinac,  fasc.  IV  ;  Flore  fossile,  2*  partie 
(1896),  p.  435,  fig.  85-87. 

Végétaux. 

Spbenozamlteo  Roobel  B.  Renault.  Et.  des  gîtes  minéraux 
de  la  France,  bassin  houiller  et  permien  d'Autun  et  d'Épinac, 
fasc.  IV  ;  Flore  fossile,  2«  partie  (1896),  p.  327,  ûg.  65  et  pi.  LXXXIv 
fig.  1. 

Artbropltn»  Rochel  B.  Renault.  Et.  des  gîtes  minéraux  de 
la  France,  bassin  houiller  et  permien  d'Autun  et  d'Épinac,  fasc  IV, 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE  ROCHE.  31 

Flore  fossile,  2«  partie  (1896),  p.  101,  pi.  LI,  fig.  1-3  ;  Notice  sur  les 
Calamariées,  Bail.  Soc.  hiat.  nat.  Autun,  IX  (1896),  1,  p.  325,  pi.  VII, 
fig.  1-3. 

Hapaloxylon  Roehel  B.  Renault.  Note  sur  un  nouveau  genre 
de  Gymnosperme  fossile  du  terrain  carbonif.  d'Autun,  Bull.  8oc. 
hUt.  nat.  Autun,  V  (1892),  p.  157,  pi.  V,  fig.  1-9  (sub  nom.  Apa- 
loxylon);  EL  gîtes  miner.  France,  loo.  cit.,  p.  361,  pi.  LXXVI, 
fig.  1-8. 

Calllptoridlam  Rochel  R.  Zeiller.  EL  des  gîtes  minéraux  de  la 
France,  bassin  houiller  et  permien  d'Autun  et  d'Épinac,  fasc.  II, 
Flore  fossile  (1890),  p.  80,  pi.  IX,  fig.  1-3.  —  Nenropterla  pteroldea 
Gœpp.  (non  Brongniart),  Foss.  fl.  der  perm.  Form.,  1864,  p.  401, 
pi.  XI,  flg.  3-4  (ex  Zeiller).  —  Alethopterla  ptorofdee  8chimp. 
Traité  paliont.  végét.,  1869,  I,  p.  558.  —  Calllpterldlum  pteroîdea 
Weiss.  Zeitschr.  der  Deutsche  geol.  Gessellsch,  XXII  (1870),  p.  877 
(ex  Zeiller). 

M.  Roche  a,  en  outre,  signé  en  collaboration  avec 
H.  Renault,  les  espèces  suivantes  : 

Cedroxyloa  ▼arolleoee  B.  Renault  et  A.  Roohe.  0.  R.  Ao.  se., 
12  mars  1894,  et  EL  gites  min.f  loo.  oit,  p.  368,  fig.  67-72. 

Mtoroeoeem  tepldophagus  B.  Renault  et  A.  Roohe.  Sur 
quelques  Bactéries  des  temps  primaires,  Bull.  Soc.  hist  nat.  Autun, 
VII  (1894),  p.  439,  fig.  A  ;  EL  gîtes  min.t  loo.  oit  (1896),  p.  453, 
fig.  96,  97. 


IX 


Nous  avons  cité  à  maintes  reprises  les  collections  de 
M.  Roche  ;  il  importe  de  dire  quelles  en  ont  été  l'origine, 
l'importance  et  la  destination.  Aug.  Roche  a  toujours  été 
un  chercheur,  il  nous  Ta  dit  lui-même  :  «  J'ai  mis  cons- 
tamment en  pratique  cette  maxime  surtout  vraie  en  histoire 
naturelle  :  «  Cherchez  et  vous  trouverez.  »  J'ai  beaucoup 
cherché  et,  favorisé  par  une  heureuse  chance,  j'ai  beaucoup 
trouvé.  J'ai  pu  rendre  ainsi  quelques  services  à  la  science 


32  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

en  fournissant  des  sujets  nouveaux  aux  éminents  professeurs 
du  Muséum  et  à  notre  distingué  président  B.  Renault.  »  * 
Trop  occupé,  au  début  de  sa  gestion  industrielle  à 
Igornay,  par  les  affaires  commerciales,  ce  n'est  qu'au  bout 
de  quelques  années  que  M.  Roche  songea  à  faire  mettre  de 
côté  les  échantillons  de  fossiles  auxquels  il  s'intéressa 
surtout  après  la  découverte  retentissante  de  VActinodon  par 
Ch.  Frossard.  Et,  encore,  laissa-t-il  tout  d'abord,  son  fils, 
M.  Emile  Roche,  ingénieur  de  l'École  centrale  et  son 
associé,  recueillir  ces  précieux  débris.  La  découverte  du 
Protriton  l'avait  cependant,  comme  nous  l'avons  vu,  mis 
par  l'intermédiaire  de  M.  Lousteau,  en  relations  avec  M.  le 
professeur  A.  Gaudry.  Mais  une  correspondance  directe  et 
qui  ne  devait  plus  s'interrompre  s'établit  bientôt  entre  eux, 
et  dès  le  30  juillet  1877,  date  de  sa  première  lettre,  M.  A. 
Gaudry  sollicitait  le  concours  de  M.  Roche  «  pour  com- 
pléter l'histoire  de  VActinodon.  »  Il  fut  servi  i  souhait,  car 
une  année  après  (29  juin  1878),  il  remercie,  dans  les  termes 
chaleureux,  son  correspondant  de  ses  envois  de  vertébrés 
fossiles,  poissons  et  sauriens,  qui  se  succédèrent  de  façon 
à  ne  plus  rien  laisser  à  envier  aux  trouvailles  analogues 
déjà  faites  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Amérique. 
C'est  qu'en  effet  M.  Roche  s'était  mis,  avec  l'ardeur  et 
l'intelligence  qu'il  apportait  en  toutes  choses,  à  rechercher, 
étudier  et  conserver  tous  les  fossiles  de  ses  schistes.  Il  en 
envoyait  les  plus  beaux  spécimens,  les  vertébrés  à  M.  A. 
Gaudry,  les  végétaux  à  B.  Renault,  et  en  abandonnait,  avec 
la  plus  grande  libéralité  et  le  plus  louable  désintéresse- 
ment, les  originaux  au  Muséum,  où  ils  forment  aujourd'hui 
des  séries  remarquables  et  occupent  une  place  d'honneur 
dans  les  vitrines.  Il  conservait,  en  même  temps,  comme 
collection  particulière,  un  grand  nombre  de  pièces,  qu'il 
mettait  volontiers  à  la  disposition  de  ses  visiteurs,  surtout 

1.  Bull.  Soc.  hiêt.  net.  Autun,  X  (1897),  2,  p.  38. 


BIOGRAPHIE   D'AUGUSTE   ROCHE.  33 

quand  ces  visiteurs  étaient  de  marque  scientifique  comme 
M.  Stanislas  Meunier  et  comme  M.  A.  Gaudry,  qui  vint 
étudier,  sur  place,  les  gisements  fossilifères  du  permien 
d'Igornay,  en  1881.  Cette  visite  stimula  davantage  encore 
le  zèle  de  M.  Roche,  en  resserrant  de  plus  en  plus  les  rela- 
tions des  deux  savants.  En  quittant  Igornay,  M.  Roche 
emporta  avec  lui  de  nombreuses  caisses  de  fossiles,  dont 
les  uns  furent  employés  à  faire  des  échanges,  les  autres  à 
enrichir  différents  musées,  entre  autres  celui  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun.  La  retraite  ne  ralentit  pas 
ses  recherches;  au  contraire,  il  les  poursuivit,  en  les 
étendant,  sur  toutes  les  concessions  du  bassin  d'Autun,  et 
recueillit  successivement  les  fossiles  des  trois  étages  du 
terrain  permo-carbonifère  de  l'Autunois  ;  en  même  temps 
qu'en  compagnie  de  Bernard  Renault  et  de  V.  Berthier,  il 
réunissait  ces  collections  sans  rivales  de  végétaux  silicifiés 
sur  lesquelles  nous  avons  insisté  plus  haut. 

En  retour  de  la  générosité  spontanée  avec  laquelle  il 
avait  abandonné  au  Muséum  le  résultat  de  ses  savantes 
recherches,  M.  A.  Oaudry  avait  fait  envoyer  à  M.  Roche  de 
multiples  exemplaires  des  moulages  exécutés  d'après  les 
grands  fossiles  du  permien  d'Autun,  et,  en  outre,  cinq 
caisses  renfermant  environ  1 ,600  échantillons  de  spécimens 
des  fossiles  des  divers  âges  géologiques,  soigneusement 
choisis  et  déterminés  par  M.  Morlet,  préparateur  de  paléon- 
tologie au  Muséum,  et  revus  par  M.  A.  Gaudry,  qui  déclarait 
lui* même  «  n'avoir  jamais  envoyé  de  collection  faite  avec 
autant  de  soins.  » 

A.  Roche  ne  négligeait  aucune  occasion  d'augmenter  par 
voie  d'échange  et  même  par  achats  coûteux,  son  cabinet 
d'histoire  naturelle,  grâce  à  ses  relations  nombreuses  en 
Suisse,  en  Espagne,  en  Allemagne,  notamment  avec  le 
musée  de  Munich,  en  Autriche,  en  Angleterre,  voire  même 
en  Amérique;  et  ceci  jusqu'au  moment  où,  par  deux  fois, 
en  1899  et  en  1900,  il  se  dessaisit  de  ces  collections  au 
tome  xix.  3 


34  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

bénéfice  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun1.  Il 
n'avait  mis  qu'une  condition  à  cette  donation  princière, 
c'était  de  grouper  ces  précieux  matériaux  d'étude  dans  une 
salle  spéciale,  et  de  se  réserver  le  soin  de  les  mettre  en 
ordre  et  de  les  étiqueter,  n'en  conservant,  chez  lui,  comme 
ornements  et  comme  souvenirs  qu'un  petit  nombre  d'échan- 
tillons choisis,  qui  viennent,  après  sa  mort,  de  prendre 
place  à  côté  des  autres. 

Le  «  Musée  Roche  »  qui  est  une  des  richesses  du  musée 
de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  occupe,  à  lui 
seul,  une  salle  du  collège,  beaucoup  trop  exiguë  pour  le 
grand  nombre  d'objets  qu'elle  renferme,  bien  qu'ils  soient 
uniquement  spécialisés  à  la  paléontologie  et  la  minéralogie, 
et  qu'aucun  espace  n'ait  été  perdu  ni  sur  les  murs  ni  dans 
les  vitrines. 

Le  tout  forme  un  ensemble  de  près  de  4,000  sujets,  pour 
la  plupart  numérotés,  étiquetés  et  catalogués.  Les  terrains 
primaires,  cambrien,  silurien,  dévonien,  sont  largement 
représentés  par  400  pièces,  principalement  du  groupe  des 
Trilobite8  :  lllœnus,  Calymenes,  Dalmanites,  Asaphus,  Pha- 
cops,  etc.,  ou  des  Mollusques  fossiles  :  Orthis,  Osthoceras, 
Lingula,  Spirifer>  etc.  Le  permo-carbonifère  qui  couvre,  en 
grande  partie,  le  bassin  d'Autun,  a  fourni,  comme  bien  on 
pense,  un  des  plus  importants  contingents  avec  les  débris 
de  leurs  sauriens,  Protriton,  Actinodon,  Stereorachis,  etc.,  ou 
les  moulages  des  beaux  exemplaires  déposés  au  Muséum  ; 
avec  les  poissons  d'Igornay,  de  Muse,  de  Margenne,  des 
Thelots  ;  avec  les  végétaux  :  Fougères,  Galamariées,  Sigil- 
laires,  Lépidodendrons,  etc. ,  des  mêmes  gisements  et  en 
outre  de  Millery,  delà  Comaille,  du  Mont-Pélé,  etc.  Si  Ton 
ajoute  les  fossiles  provenant  de  localités  diverses  :  Blanzy, 
le  Greusot,  Saint-É tienne,  Auohelles,  Drooourt,  etc.,   on 


1.  Bull.  Soc.  Met.  ML  d'Autun,   XII  (t899),  2,   p.   145,    et   XIII  (1900),  2, 
p.  182. 


BIOGRAPHIE   D'AUGUSTE  ROCHE.  35 

arrive  i  un  total  de  1,200  pièces  tout  particulièrement  inté- 
ressantes pour  les  paléontologistes  autunois. 

Les  terrains  secondaires,  à  étages  si  nombreux  et  si 
riches  en  fossiles,  ont  fourni  près  d'un  millier  d'échantil- 
lons de  toute  provenance  et  rangés  par  étages.  A  signaler, 
en  particulier,  une  collection  de  poissons  du  kimméridgien 
d'Orbagnoux  (Ain),  étudiés  par  M.  E.  Sauvage,  et  dont  une 
espèce  nouvelle  a  été  dédiée  à  M.  Roche,  le  Trissops  Rochei !  ; 
une  autre  belle  série  de  poissons  des  calcaires  lithogra- 
phiques du  Wurtemberg,  Kolheim,  Eischtadt,  les  uns  en 
nature,  les  autres  artistement  moulés  et  accompagnés 
d'autres  moulages  de  monstrueux  Sauriens,  tels  que  les 
TeUosaurus  d'Holzmaden,  les  Plesiosaurus  d'Angleterre,  ou 
de  ces  bizarres  animaux  moitié  reptiles,  moitié  oiseaux, 
Pterodactylas,  Archœopteryx,  etc.,  de  Solenhofen,  provenant 
des  échanges  ou  des  achats  de  M.  Roche.  Les  étages 
jurassiques  de  Saône-et-Loire  et  de  la  Côte-d'Or  sont 
représentés  par  de  nombreux  fossiles  dont  certains  genres, 
Ammonites,  Bêle  m  mi  tes,  Rhynchonella,  Pleurotomaria,  Ostrea, 
Cidaris,  Pentacrinus,  etc.,  particulièrement  riches  en 
espèces,  quelques-unes  fort  rares,  ainsi  que  les  empreintes 
végétales  à  Z  ami  tes  et  à  Changarniera  du  corallien  de 
Meursault. 

L'ère  tertiaire  qui  a  vu  apparaître  les  colosses  vertébrés 
et  les  grands  carnassiers  est  restée  en  dehors  des  études 
de  M.  Roche,  et  n'entre  que  pour  une  part  très  restreinte, 
200  pièces  environ,  dans  ses  collections. 

8i  nous  mentionnons  une  curieuse  série  de  158  morceaux 
d'ambre  fossile  avec  inclusions  d'insectes  divers  :  Coléop- 
tères, Lépidoptères,  Diptères,  Arachnides,  etc.,  nous 
n'aurons  donné  qu'un  aperçu  très  sommaire  des  richesses 
paléontologiques  amassées  par  M.  Roche. 

La  minéralogie  n'a  pas  une  moindre  importance  :  roches 

I.  BuU.  Soc,  hiâf.  fut.  d'Autun,  VI,  (1S93),  p.  4M. 


36  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

de  toute  nature  et  de  provenances  diverses,  françaises  ou 
étrangères;  minéraux  classés  par  famille  :  Aluminides, 
Zincides,  Cuprides,  Argyrides,  Stilbides,  Aurides,  etc., 
Silicides  surtout  riches  en  quartz  cristallisés,  calcédoines, 
agates,  gemmes,  etc.,  échantillons  de  choix,  tout  concourt 
à  flatter  l'œil  en  même  temps  qu'à  faciliter  l'étude. 

Et  l'on  sort  de  ce  cabinet,  plein  d'admiration  et  de  recon- 
naissance pour  le  savant  trop  peu  connu  qui  en  a  réuni 
les  matériaux  à  l'aide  desquels  on  peut  à  la  fois  apprendre 
à  connaître  les  éléments  constitutifs  de  notre  globe,  l'appa- 
rition et  l'évolution  de  la  vie  à  sa  surface,  et  les  enchaîne- 
ments du  monde  animal  et  du  monde  végétal  à  travers  les 
âges! 

A.  Roche  avait  trié  dans  ses  collections  un  second  lot, 
exclusivement  formé  de  bois  silicifiés,  sciés  et  polis,  et  des 
préparations  microscopiques  qui  se  rapportent  à  l'étude  de 
ces  végétaux  et  à  celle  des  combustibles  fossiles  :  houille, 
bogheads  et  lignites.  Les  quartz  paléophytiques  ont  été, 
pour  une  bonne  part,  recueillis  de  concert  avec  M.  Victor 
Berthier  qui,  très  généreusement  aussi,  communiquait 
ses  propres  échantillons  à  M.  Roche.  Celui-ci  les  faisait 
scier  et  polir,  quand  il  ne  le  faisait  pas  lui-même,  soit  à 
Idar  (Prusse  rhénane)  par  des  spécialistes,  soit  à  Montceau- 
les-Mines  pour  les  plus  gros  morceaux,  et  en  gardait  une 
moitié,  rendant  l'autre  au  légitime  propriétaire,  ce  qui 
leur  a  permis  de  constituer  ainsi  une  collection  en  partie 
double.  M.  Roche  l'a  augmentée,  en  dernier  lieu,  avec  les 
fossiles  du  culm  d'Esnost  et  a  pu  réunir,  par  centaines,  les 
échantillons  de  ces  silex  fossilifères,  des  plus  rares  et  des 
plus  précieux,  leurs  gisements  d'origine  étant,  aujourd'hui, 
à  peu  près  épuisés.  On  y  trouve,  entre  autres,  tous  les 
types  des  genres  nouveaux  et  espèces  nouvelles  décrits 
dans  les  nombreux  mémoires  de  B.  Renault  et  Ton  se 
rendra  aisément  compte  de  l'inestimable  valeur  scientifique 
de  séries  composées  de  superbes  et  rarissimes  échantillons 


BIOGRAPHIE  D'AUGUSTE   ROCHE.  37 

de  Ptaronius,  de  Sigillaria,  de  Myelopteris,  d'Arthropitus, 
d'A$êromyelon,  considérés  comme  leurs  racines,  de  Bomia, 
de  Dictyoxylon,  de  Cedroxylon,  etc.  Les  préparations  micro- 
scopiques, montées  dans  le  baume  de  Canada,  fruits  de 
quinze  ou  vingt  années  de  travail  assidu,  sont  au  nombre 
d'environ  1,500,  classées  dans  70  boites  à  casiers,  et  mer- 
veilleuses de  conservation.  M.  Roche  a  estimé  que  de  pareils 
joyaux  méritaient  un  écrin  de  luxe  et  devaient  être  mis, 
non  seulement  i  l'abri  de  la  dispersion  et  de  la  destruction, 
mais  surtout  au  service  de  la  science;  et, depuis  longtemps, 
malgré  de  tentantes  propositions  d'achat  venant  de  l'étran- 
ger, il  avait  résolu  de  les  léguer  à  notre  grand  établisse- 
ment national,  le  Muséum  de  Paris.  Il  en  fit  l'objet  d'une 
disposition  testamentaire,  à  charge  par  le  Muséum  de  con- 
server cette  collection  dans  son  intégrité  et  dans  des 
vitrines  spéciales  d'au  moins  dix  mètres  carrés.  C'est  pour 
ne  pas  en  priver  entièrement  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  et  lui  laisser,  pour  ainsi  dire,  le  double  de  cette 
rare  collection,  qu'il  l'avait  en  grande  partie  reproduite 
par  la  microphotographie,  dont  les  épreuves,  extraordinaires 
de  finesse  et  de  netteté,  ont  été  réparties  en  vingt  porte- 
feuilles et  déposées  dans  la  bibliothèque  de  la  Société. 

Le  Muséum  ne  pouvait  qu'accepter  avec  empressement  et 
reconnaissance  la  donation  patriotique  d'Auguste  Roche,  et 
Téminent  directeur,  M.  Edmond  Perrier,  faisait  connaître 
cette  décision  par  la  lettre  officielle  suivante  : 

m  Monsieur,  j'ai  l'honneur  de  vous  accuser  réception  de 
la  copie  du  testament  par  lequel  vous  avez  bien  voulu  léguer 
au  Muséum  votre  belle  collection  de  plantes  fossiles. 

m  Adolphe  Brongniart  avait  reçu  et  étudié  quelques  échan- 
tillons de  cette  magnifique  flore;  après  lui,  Bernard 
Renault,  votre  regretté  compatriote,  avait  fait  profiter  la 
science  de  ses  précieuses  découvertes.  Mais  les  documents 
mis  à  jour  par  ces  hommes  éminents,  quoiqu'ils  jetassent 
une  lumière  nouvelle  sur  la  Paléontologie  végétale,  ne  com- 


38  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

blaient  pas  certaines  lacunes  que  vos  travaux  font  heureu- 
sement disparaître  ;  et  je  suis  heureux  de  vous  exprimer 
les  sentiments  de  profonde  gratitude  que  mes  collègues  et 
moi  éprouvons  envers  vous,  qui  enrichissez  nos  collections 
de  spécimens  uniques  au  monde  et  qui  rendez  ainsi  notre 
musée  botanique  le  plus  important  des  établissements  simi- 
laires. 

»  Veuillez  agréer,  Monsieur,  avec  le  témoignage  de  la 
reconnaissance  de  l'assemblée  des  professeurs  du  Muséum, 
l'expression  de  mes  plus  chaleureux  remerciements  et 
l'assurance  de  ma  haute  considération.  E.  Perrier.  » 

Cette  lettre  est  datée  du  3  janvier  1905;  il  n'était  que 
temps,  comme  on  le  voit,  de  remplir  ces  formalités,  dont 
la  réalisation  devait  avoir  lieu  à  si  brève  échéance.  Ce  der- 
nier geste  de  M.  Roche  est  le  digne  couronnement  d'une 
longue  carrière,  dirigée  tout  entière  par  les  plus  nobles 
sentiments  du  travail  utile,  du  culte  de  la  science  et  de 
l'amour  de  la  patrie  ! 

Les  environs  d'Autun  n'étaient  pas  seulement,  en  cer- 
tains endroits  privilégiés,  des  carrières  sans  pareilles  de 
quartz  fossilifères;  les  premiers  chercheurs  de  «  bois  pétri- 
fiés »  y  avaient  rencontré,  en  même  temps,  des  silex  taillés 
et  des  haches  polies  de  la  période  néolithique,  dont 
MM.  V.  Berthier,  Rigollot,  Yovanne  Renault,  etc.,  ont 
réuni  des  milliers  de  spécimens.  M.  Roche  qui  s'intéressait 
également  à  l'anthropologie  préhistorique,  n'avait  eu  garde 
de  négliger  ces  témoins  de  l'industrie  des  premiers  habi- 
tants du  pays.  Il  avait  exploré,  dans  le  but  de  les  recueillir, 
non  seulement  les  célèbres  champs  de  la  Justice,  mais 
ceux  de  Pierrefitte,  de  Saint-Martin,  etc.,  et  avait  signalé 
à  Rozereuil,  commune  d'Igornay,  une  station  nouvelle, 
très  remarquable  par  la  taille  grossière  de  ses  silex  d'ori- 
gine locale,  et  paraissant  remonter  &  la  période  paléoli- 
thique et  probablement  mouatérienne.  Les  morceaux  de 
choix  ont  été  conservés  et  forment  une  petite  collection 


BIOGRAPHIE   D'AUGUSTE   ROCHE.  39 

disposée  en  tableaux  dans  la  salle  Roche  du  Musée  d'his- 
toire naturelle  d'Autun. 

Archéologue  par  occasion,  collectionneur  par  goût, 
A.  Roche  suivait  avec  intérêt  les  fouilles  qui,  à  chaque 
instant,  exhument  du  vieux  sol  éduen  des  débris  antiques, 
et  a  contribué  à  la  conservation  de  quelques  objets  gallo- 
romains,  déposés  au  musée  de  la  ville.  Il  avait,  enfin,  formé 
un  petit  médaillier  et  réuni  quelques  curiosités,  le  tout  des- 
tiné à  son  petit-fils  auquel  nous  souhaitons  les  mêmes 
goûts  et  les  mêmes  succès  que  son  grand 'père,  dont  l'in- 
telligente prévoyance  a  su  faire  une  part  équitable  des 
richesses  amassées  par  lui  à  son  pays,  à  ses  concitoyens  et 
i  sa  famille  ! 

Publications  d'Auguste  Roohe. 

Pendant  longtemps,  M.  A.  Roche  a  beaucoup  collectionné, 
beaucoup  étudié,  largement  communiqué  ses  découvertes 
aux  savants  qui  les  ont  publiées,  en  lui  attribuant,  il  faut 
le  reconnaître,  tout  le  mérite  qui  lui  revenait  ;  mais  il  a 
peu  écrit.  La  première  publication  qui  résume  ses  recher- 
ches paléontologiques  à  Igornay,  en  collaboration  avec  son 
fils,  M.  Emile  Roche,  a  même  été  signée  du  nom  de  celui-ci, 
et  a  été  présentée  par  M.  A.  Qaudry  à  la  séance  du  22  novem« 
bre  1880  de  la  Société  géologique  de  France  : 

E.  Roche,  Sur  les  Fossiles  du  terrain  permien  d'Autun  (Saône* 
et- Loire);  Bull.  800.  géol.  France,  3*  série,  t.  IX  (1881),  p.  78. 


à  partir  de  la  formation  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  d'Autun  et  de  la  publication  de  ses  Bulletins, 
A.  Roche  en  a  été  un  collaborateur  assidu,  comme  en 
témoigne  la  liste  suivante  : 

BULLETINS  OS  LA  SOCIÉTÉ  D'HISTOJRB  NATURELLE  D'AUTUN 

4888,  I,  p.  3it,  Notice  sur  le  terrain  permo-carbonifère  d'Autun 
et  ses  fossiles. 


40  DOCTEUR  X.  GILLOT. 

1889,  II,  p.  560,  Note  sur  les  rochers  d'Uchon  et  les  pierres  à 

cuvettes. 

« 

1891,  IV,  p.  616,  Note  sur  l'Actinodon  et  les  coprolithes  de  Mar- 
genne. 

1893,  VI,  2  (Procès-verbaux  des  séances),  p.  19.  Notes  sur  les 
moulages  offerts  à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  par 
M.  Albert  Gaudry. 

Idem,  p.  87.  Note  sur  les  bois  silicifiés  d'Algérie  rapportés  par 
M.  de  Laplanche. 

1894,  VII,  p.  26,  Note  sur  les  fossiles  coralliens  d'Auxey  (Côte-d'Or). 
Idem,  p.  28,  Communication  sur  la  Cedroxylon  varollense,  en 

collaboration  avec  B.  Renault. 

1895,  VIII,  2,  p.  79,  Nouvelle  Station  préhistorique  découverte  à 
Rozereuil,  près  Igornay. 

Idem,  p.  125,  Sur  les  Limaces. 

Idem,  p.  127,  Sentiments  instinctifs,  Sollicitude  maternelle  et 
Pitié  chez  les  Moineaux. 

1897,  X,  1,  p.  633,  Sur  une  nouvelle  Diploxylée,  en  collaboration 
aveo  B.  Renault. 

Idem,  X,  2,  p.  48,  Rapport  sur  le  livre  du  docteur  Scheuchzer 
intitulé  :  Plaintes  et  Revendications  des  Poissons,  Zurich,  1708. 
Idem,  p.  87,  Note  sur  Gabriel  Duchamp  et  ses  collections. 
Idem,  p.  263,  Note  sur  les  Lignites  et  leurs  microorganismes. 

1898,  XI,  1,  p.  201,  Étude  sur  la  Constitution  des  lignites  et  les 
organismes  qu'ils  renferment,  suivie  d'une  Note  préliminaire  sur 
les  schistes  lignitifères  du  Menât  et  du  Bois  d'Asson,  en  collabo- 
ration avec  B.  Renault. 

Idem,  XI,  2,  p.  128.  Note  sur  la  tourbière  de  Fragny,  en  collabo- 
ration avec  B.  Renault. 

1899,  XII,  2,  p.  145,  Note  sur  les  Trilobites. 

Idem,  p.  171,  Note  sur  les  préparations  microscopiques  laissées 
par  M.  Alexandre  Geoffroy. 

1900,  XIII,  2,  p.  32,  Archœopteryx  et  Ptérodactyle. 
Idem,  p.  184,  Plésiosaures  et  Télèosaures. 

Idem,  p.  187,  Note  sur  les  Poissons  secondaires. 

Idem,  p.  189,  Note  sur  le  diluvium  du  Soissonnais. 

1902,  XV,  2,  p.  78,  Note  sur  les  photomicrographies  paléontolo- 
giques. 

Idem,  p.  174,  Autun  et  ses  Richesses  fossiles. 

1903, XVI,  2,  p.  55,  (e  Terrain  anthracifère  de  Polleroye  et  d'Esnost 
et  ses  Fossiles. 


BIOGRAPHIE    D'AUGUSTE   ROCHE.  41 

1903,  XVI,  2,  p.  183,  Note  sur  les  portes  d'Arroux  et  de  Saint- 
André,  avec  la  microphotographie  de  leurs  habitants. 

Idem,  p.  186,  la  Pierre  de  taille  calcaire  employée  à  la  construction 
des  portiques  d'Arroux  et  de  Saint-André,  à  Autun. 

1901,  XVII,  2,  p.  16,  Vers  fossiles  du  Culm  et  du  Permien  d'Autun. 

Idem,  p.  86,  Notes  sur  l'orage  du  16  juillet  190k,  à  Autunt  Phé- 
nomènes et  Bizarreries  de  la  foudre  en  boule. 

1905,  XVIII,  1.  p.  1,  Biographie  de  Bernard  Renault,  avec  extraits 
de  ses  notices  scientifiques. 

On  peut  ajouter  que  par  les  superbes  collections  qu'il  a 
mises  i  leur  disposition  et  les  renseignements  qu'il  leur  a 
fournis,  Auguste  Roche  a  réellement  collaboré  aux  travaux 
de  MM.  Albert  Oaudry  et  E.  Sauvage  sur  les  Vertébrés 
des  temps  primaires1,  et  de  MM.  R.  Zeiller  et  B.  Renault 
sur  la  Flore  fossile  d'un  des  bassins  les  plus  importants  des 
gîtes  minéraux  de  France  *.  Son  nom  se  trouve  cité,  et 
avec  honneur,  i  maintes  pages  de  ces  ouvrages.  Sans 
l'infatigable  et  sagace  collectionneur,  il  existerait  encore 
bien  des  lacunes,  qu'il  a  comblées,  dans  la  série  évolution- 
naire  des  primitifs  habitants  de  notre  globe.  Sans  lui,  peut- 
être,  nous  n'aurions  pas  cet  admirable  monument  des 
Enchaînements  du  monde  animal  dans  les  temps  géoologiques, 
au  sommet  duquel  rayonne,  comme  un  phare  éclatant,  sur 
tout  l'horizon  de  la  science,  V Essai  de  paléontologie  philo- 
sophique.  Qu'il  nous  soit  permis  de  rapporter  i  l'un  des 
modestes  ouvriers  quelques  parcelles  de  la  gloire  de  rémi- 
nent architecte  ! 


I.  A.  Qwidry,  lu  BnchstnsmêMs  du  mondssnlmsl  dsns  Us  Umps  géotoçiquu, 
Pouilu  primait***,  1883.  EumI  do  paléontologie  philosophique. 

B.  SaaYafe,  Êtudo  du  gitu  minéraux  d§  l*  Frtnu;  buêln  houilUr  et  p*rmi*n 
d'Autun  t  d'Êpinse.  Poiuons  fossiles,  tue  III  (1890)  el  tac.  V  (189 S). 

t.  R.  Zaillar,  Éludé  dm  ait**  min.,  etc.  Flore  fouit*,  tue.  II  (1890),  B.  Renault, 
IM4„  tue.  IV  (1896). 


0F 


Xiphorfiyncbua  lafresnayanus  d'Orbigny. 
(Gr.  i/s)  p.  118. 


Phylidor  consobrinus  Scluter. 
(Or.  1/-.0  p.  00. 


ETUDE 


ESPÈCES  CRITIQUES  ET  DES  TYPES  OU  GROUPE 

DU 

PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES 


DE  L'AMERIQUE  TROPICALE 

APPARTENANT  AUX   COLLECTIONS   DU   MUSÉUM 

PAB 

MM.  A.  HENEGAUX  à  C.-E.  HELLHAYR 


L'étude  des  familles  des  Conopopkagidés  et  des  Hylactidés 
ayant  paru  dans  le  Bulletin  du  Muséum  (n°  7,  1905),  nous 
commençons  aujourd'hui  la  publication  de  nos  recherches 
sur  la  troisième  famille  des  Passereaux  trachéophones,  les 
Dendrocolaptidés  ou  Orimpereauz  américains.  Pour  plus 
de  commodité  nous  avons  adopté  les  divisions  et  l'arran- 
gement des  espèces  du  Catalogue  of  Birds  of  the  British 
Muséum  (vol.  XV). 

III.  DENDROCOLAPTIDÉS. 

1  •  Geobates  pœcilopterns  (Wied). 

Antfius  pœcllopteru$  Wied,  Beitr.  Natg.  Bras.  3,  I  (1831), 
p.  633  (Campos  Géraës). 

a,  un  exemplaire  monté,  rapporté  des  environs  de  Saint- 
Paul,  Brésil,  par  A.  Saint-Hilaire,  en  août  1822. 
frt  une  peau  provenant  du  voyage  de  Castelnau  au  Brésil. 


44  A.   MENEGAUX  ET  C.-E.   HELLMAYR. 

2.  Geositta  cunicularia  cunicularia  (Vieill.). 

Alauda  cunicularia  Vieillot,  Nouv.  Dict.  I  (1816),  p.  369  (la 
Plata  et  Buenos-Ayres  :  ex  Azara). 

Exemplaires  en  peau  : 

a,  ft,  cA  Talcahuano,  Chili.  Voyage  de  l'Astrolabe. 

c,  Valparaiso,  par  Gaudichaud. 

d,  Chili,  par  M.  Gay. 

0,  p  San-Alfonso  (dep.  Quillota),  Chili,  par  Lataste. 
fj  <?  Coquimbo,  Chili,  par  Gaudichaud. 

g,  Santiago,  par  Gay. 

A,  »,  Chili,  par  M.  Gay. 

;',  /,  Patagonie,  février  1831,  par  d'Orbigny. 

m,  Buenos-Ayres,  juillet  1829,  par  d'Orbigny. 

n,  o,  Maldonado,  Uruguay,  par  d'Orbigny. 

p,  République  argentine,  par  M.  Hénault. 

Exemplaires  montés  : 

?,  cf,  Santiago,  Chili,  par  M.  de  Philippi. 

r,  Chili,  par  M.  Gay. 

s,  Chili,  par  M.  de  la  Narde. 

1,  P>  Santiago,  Chili,  acquis  à  Gerrard  de  Londres. 

"t  ">  cf >  jP>  de  San-Alfonso  (dept.  Quillota),  Chili,  juin  1894, 
par  Lataste. 

3.  Geositta  cunicularia  frobeni  (Phil.  et  Landb). 

Certhilauda  Frobeni  Philippi  et  Landbeck,  Arch.  Nalurg.  31, 
I,  (1865),  p.  62  (Putre,  Pérou). 

a,  adulte,  des  Andes  d'Arequipe,  Pérou  méridional,  par 
M.  Casteinau. 
6,  c,  adulte,  Cochabamba,  Bolivie,  1834,  par  M.  d'Orbigny. 

Le  spécimen  a  provient  d'une  localité  très  voisine  de 
celle  du  type.  Les  deux  autres  ont  été  rapportés  par 
d'Orbigny,  de  la  Bolivie,  ce  sont  ceux  qu'il  a  décrits  dans 
le  Syn.  Av.  I,  p.  71,  avec  ceux  de  Buenos-Ayres,  etc.,  sous 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  45 

le  nom  de  C.  cunicularia.  Cette  forme  est  très  proche  du 
G.  cunicularia  typique  et  ne  s'en  distingue  que  par  la  moitié 
basale  de  la  queue  qui  est  presque  blanche  (au  lieu  d'être 
roussâtre)  et  par  les  supracaudales  très  nettement  blanches. 
G.  c.  frobeni  n'a  pas  encore  été  signalé  en  Bolivie. 

4.  Geositta  isabellina  (Phil.  et  Landb.). 

Certhilauda  isabellina  Philippi  et  Landbeck,  Âreh.  Naturg.y 
31,  I  (1865),  p.  63  («  Çordilleren  der  Provinz  Santiago 
und  zwar  im  Valle  largo,  bei  Los  Piquenes  u.  s.  w.  »). 

a,  cT,  8antiago,  Chili,  cotype,  donné  par  M.  de  Philippi. 
Monté. 
6,  p,  8antiago,  Chili,  par  E.  Rééd.  Monté. 

c,  adulte,  Chili,  donné  par  de  la  Narde.  Monté. 

d,  pt  Santiago,  octobre  1872,  raccolté  par  Rééd.  Coll. 
Boucard. 

*,  </,  Cordillera  de  Santiago,  octobre  1872,  par  Rééd. 
Coll.  Boucard. 

Cette  espèce,  extrêmement  rare,  est  donc  représentée  dans 
les  collections  par  cinq  échantillons  dont  l'un  est  un  cotype. 
Elle  se  distingue  de  G.  frobeni  par  sa  taille  beaucoup  plus 
grande  et  par  l'absence  de  taohes  brunâtres  sur  la  poitrine. 
G.  cunicularia  a  toujours  les  supracaudales  plus  ou  moins 
mêlées  de  brunâtre,  tandis  qu'elles  sont  blanches  chez 
G.  c.  frobeni  et  G.  isabellina. 

5.  Geositta  rnfipennis  fasoiata  (Phil.  et  Landb.). 

Qeobamon  fasoiata  Philippi  et  Landbeck,  Arch.  Naturg., 
31,  1(1865),  p.  68  («  Chili  »). 

a,  adulte  monté,  Chili,  acquis  à  Gerrard. 

b,  adulte,  Chili,  par  de  la  Narde. 

c,  d,  adultes,  Chili,  par  Rééd.  Coll.  Boucard. 

Cette  forme  a  été  réunie  à  tort  à  G.  rnfipennis  dans  le 
Cal.   Brit.  Mus.,  XV.  Elle  diffère  des  types  de  l'espèce 


46  À.   ME N EGAUX  ET  C.-E.  HELLMÀYR. 

décrit  s  par  Burmeister,  par  une  taille  plus  petite,  un  bec  plus 
court,  la  surface  supérieure  du  corps  plus  grisâtre  et  par  la 
face  inférieure  qui  est  presque  uniformément  brunâtre  au 
lieu  d'être  d'un  blanc  grisâtre.  En  outre,  la  bande  sourcilière 
est  plus  large  et  le  roux  du  dessous  des  ailes  moins  vif. 

Cinq  spécimens  de  G.  r.  fasciata  ont  été  mesurés.  Ils 
présentent  les  dimensions  suivantes  :  aile  98-103;  queue 
57-61  ;  bec  15-16  mm.  D'autre  part,  les  types  de  G.  rufipen- 
nis  Burm.,  du  Musée  de  Halle  présentent  pour  les  ailes 
113,  108,  pour  la  queue  68,  67,  pour  le  bec  19,  il^mm. 

La  forme  du  Chili  (G.  r.  fasciata)  diffère  donc  bien  de 
celle  du  Parana  (G.  r.  rufipennis). 

e,  d"  ad.  Lara,  Tucuman,  4000 m,  14  février  1903,  rapporté 
par  M.  G.-A.  Baer.  Aile  107  !/2;  queue  67;  bec  16"". 

Cet  oiseau  s'accorde  pour  la  taille  avec  la  forme  typique, 
mais  il  a  le  bec  aussi  court  que  G.  r.  fasciata.  Il  diffère 
des  deux  formes  par  le  dos  beaucoup  plus  pâle  et  par  les 
parties  inférieures  d'un  blanc  roussâtre  très  clair.  Peut-être 
représente-t-il  une  race  particulière,  mais,  pour  résoudre 
la  question  il  faudrait  examiner  plusieurs  échantillons  de 
Tucuman. 

6.  Geositta  peruviana  Lafr. 

Qeositta peruuiana  Lafrepnaye,  Rev.  zool.%  1847,  p.  75  («  Lima, 
in  Peruvia  »). 

a,  o",  monté,  Lima,  Pérou,  par  M.  de  Castelnau. 

b,  «o  ;  c,  adulte,  sans  indication  de  sexe,  provenant  de 
Lima.  Tous  les  deux  par  Castelnau. 

d,  adulte  de  Callao,  donné  par  le  docteur  Dubois. 

7.  Geositta  paytae  n.  sp. 

a,  çf  ad.  Payta,  côte  nord-occidentale  du  Pérou,  rapporté 
par  l'expédition  de  la  Vénus. 

Cette  nouvelle  espèce  se  distingue  de  G.  peruviana  par  la 
couleur  des  parties  supérieures  beaucoup  plus  pâle,  Isabelle, 


PASSBRRAUX  TRACHÉOPHONKS.  47 

au  lieu  d'être  d'un  brun  terreux.  La  deuxième  rectrice  i 
partir  du  bord  externe  ne  présente  du  roux  que  sur  la 
moitié  basale  de  la  barbe  externe,  tandis  que  chez  G.  peru- 
viana  la  barbe  est  rousse  sur  toute  la  longueur.  Les  bords 
isabelles  des  couvertures  supérieures  des  ailes  et  des  rec- 
trices  médianes  sont  beaucoup  plus  larges  et  les  extré- 
mités des  rectrice8  sont  plus  nettement  bordées  d'isabelle 
que  chez  G.  peruviana.  La  taille  est  la  même  que  celle  de 
la  dernière  espèce. 

Aile  79  ;  queue  53  xjt  î  bec  15  V2  "• 

Cette  forme  représente  sûrement  G.  peruviana  dans  la 
partie  nord-occidentale  du  Pérou.  Il  est  intéressant  de  faire 
remarquer  que  la  couleur  pâle  provient  de  son  habitat  dans 
les  déserts  des  environs  de  Payta  où  l'on  trouve  beaucoup 
de  formes,  Ochthoëca  salvini  Tacz.,  Leucippus  bxri  81m., 
Pénélope  albipennis  Tacz.,  etc.,  qui  ont  pris  la  livrée  des 
déserts. 

En  général  la  nouvelle  espèce  concorde  avec  G.  peruviana, 
elle  a  donc  la  barbe  interne  des  rémiges  rousse  à  la  base, 
et  la  barbe  extérieure  de  la  rectrice  externe  de  couleur 
blanche.  La  barbe  intérieure  de  la  dernière  ainsi  que  les 
rectrice8  suivantes  sont  noirâtres  excepté  l'extrémité  qui 
est  finement  bordée  d'isabelle  ;  les  deux  médianes  sont  plus 
mates  et  largement  bordées  d'isabelle.  Le  bec  est  foncé. 

8.  Geositta  maritima  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Certhilauda  maritima  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  I, 
in  :  Mag.  îooL,  1837,  cl.  II,  p.  72  («  In  Bolivia,  Cobija  »)  ; 
d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux,  p.  360,  pi.  44,  fig.  1. 

a,  une  peau  étiq.  :  d'Orbigny,  janvier  1831,  de  Cobija, 
Bolivia,  n*  167,  type  de  l'espèce. 

Aile  84  ;  queue  51  ;  bec  14™. 

Le  type  de  l'espèce,  qui  est  resté  unique,  est  un  jeune 
oiseau  comme  le  prouve  la  structure  des  plumes  uropy- 


48  A.  MENKGAUX  ET  C-E.  HELLMAYR. 

giales.  Il  s'agit  ici  d'une  forme  très  voisine  de  6.  pêruviana, 
mais  les  caractères  suivants  l'en  distinguent  nettement  : 

1°  Le  bec  est  plus  court  et  plus  mince,  la  base  de  la  man- 
dibule inférieure  est  d'une  couleur  jaune  qui  tranche  sur 
le  noir  de  l'extrémité  ; 

2°  Les  ailes  sont  un  peu  plus  longues; 

3°  Les  rémiges  ne  sont  que  finement  bordées  de  roux 
intérieurement,  tandis  que  chez  G.  pêruviana  la  couleur 
rousse  s'étend  jusqu'au  rachis  ; 

4°  La  barbe  externe  de  la  rectrice  externe  est  d'un  roux 
pâle  en  dessus  et  en  dessous  (au  lieu  d'être  blanche)  ; 

5#  Les  trois  rectrices  suivantes  sont  noires  jusqu'à  la 
base,  tandis  que  chez  G.  pêruviana  la  deuxième  et  la  troi- 
sième ont  la  barbe  externe  toujours  plus  ou  moins  rousse. 

Ajoutons  que  l'oiseau  de  Lima,  décrit  par  Taczanowski1, 
ne  nous  paraît  pas  rentrer  dans  cette  espèce  puisque  les 
rémiges  et  la  queue  sont  tout  à  fait  différentes  de  G.  mari' 
tima  par  l'absence  d'une  bordure  rousse.  Il  faudra  réexa- 
miner ce  spécimen  qui  est  probablement  conservé  au 
Musée  universitaire  à  Varsovie.  Il  y  a  donc  trois  formes 
voisines  sur  la  côte  occidentale  du  Pérou  et  du  Chili  : 
G.  paytae,  près  Payta,  G.  pêruviana,  aux  environs  de  Lima, 
et  G.  maritima,  près  Gobija. 

Au  cours  de  cette  étude  nous  avons  fait  la  remarque  très 
curieuse  qu'il  y  a  entre  cette  espèce  et  Muscisaxicola  macu- 
lirostris  Lafr.  et  d'Orb.2  presque  similitude  de  coloration, 
et  pourtant  cette  dernière  appartient  à  une  famille  éloi- 
gnée, celle  de  Tyrannidés.  Cette  identité  s'étend  même  i 
la  queue,  au  dessous  des  ailes  et  à  la  coloration  de  la  man- 
dibule inférieure.  Cependant  M.  maculirostris  se  distingue 
au  premier  coup  d'œil  par  la  queue,  par  les  tarses  et  par 
les  doigts  beaucoup  plus  longs.  En  outre,  le  bec  a  une 


1.  G.mêritim*  Tacz.,  Orn.  Pérou,  II,  p.  101. 

2.  Ce  ion!  les  types  des  deux  espèces  qui  nous  ont  servi  pour  la  comparaison. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONBS.  49 

forme  différente,  et  les  supracaudales  sont  noires  comme 
la  queue,  tandis  que  ohez  Geositta  maritima  elles  sont  gris 
brunâtre  pâle  comme  le  dos. 

9.  Geositta  tenuirostris  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Certhiiauda  tenuirostris  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.  I, 
in  :  Mag.  sool.  1837,  cl.  II,  p.  72  («  Sioasica,  Cochabamba, 
rep.  Boliviana  »). 

Alauda  tenuirostris  Lafresnaye,  Mag.  zool.  t.  II,  1836,  p.  6, 
texte  des  pi.  58,  59. 

a,  adulte,  étiq.  :  D.  288.  Sioasica,  d'Orbigny,  n9  327. 

6,  adulte,  étiq.  :  D.  288.  Sioasica,  d'Orbigny,  1834,  n9  379. 
Types  de  l'espèce. 

c,  un  exemplaire  sans  localité,  donné  par  Gay. 

d,</ad.  Lara,Tucuman,  4000m,  1 6  févr.  1903.  G.-A.  Baercoll. 

L'oiseau  de  Tuouman  diffère  des  types  par  les  parties 
supérieures  qui  sont  beaucoup  plus  grisâtres  au  lieu  d'être 
d'un  brun  vif.  La  tâte  est  plus  nettement  maculée  de  noi- 
râtre, et  les  stries  du  haut  de  la  poitrine  sont  plus  nom- 
breuses et  plus  prononcées. 

10.  Furnarius  rufus  rufus  (Gm.). 

Merops  rufus  Gmelin,  Syst.  Nat.  1, 1  (1788),  p.  465  (ex  Buffon 
et  Daubenton,  PL  enl.  739  «  in  Bonariis  »). 

a,  d  ad.,  de  Montevideo,  par  d'Orbigny. 

6,  oiseau  adulte,  de  Maldonado.  Voyage  d'Orbigny. 

e,  un  jeune  oiseau  monté,  de  Corrientes,  par  d'Orbigny. 

d%  adulte,  de  Paraguay,  donné  par  M.  Tamberlich. 

#,  adulte,  de  Paraguay,  donné  par  M.  Cochelet. 

f$  adulte  de  Corrientes,  rapporté  par  M.  Flamant.  Coll. 
Boucard. 

gf  adulte,  monté,  par  A.  Saint-Hilaire.  «  Boavista,  capt. 
de  Saint-Paul,  Brésil,  août  1822.  » 

A,  <f  *d*  Tapia,  Tuouman,  janvier  1903,  rapporté  par 
G.-A.  Baer. 

tome  xix.  4 


50  A.   MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLUATR. 

Les  échantillons  a-f  représentent  le  vrai  F.  ru  fus,  qui  a 
le  front  nettement  roux  et  le  dessous  du  corps  d'une  cou- 
leur isabelle  un  peu  teintée  de  grisâtre.  L'oiseau  de  Mon- 
tevideo et  celui  donné  par  Cochelet  ont  la  nuque  un  peu 
lavée  d'une  nuance  roussâtre  qui  est  cependant  moins  pro- 
noncée que  dans  F.  r.  commersoni. 

Le  spécimen  de  Boavista,  petite  ville  située  entre  le  Rio 
Chopim,  et  le  R.  Piquiri,  dans  la  province  de  Santa- Gatharina 
qui,  à  l'époque  du  voyage  de  Saint-Hilaire,  faisait  partie 
de  la  capitainerie  de  Saint-Paul,  est  tout  à  fait  identique  à 
ceux  de  l'Argentine.  L'un  de  nous  a  aussi  examiné  quelques 
échantillons  du  vrai  F.  rufus  provenant  de  Saint- Lourenço, 
province  de  Rio-Grande-do-Sul.  (Mus.  v.  Berlepsch).  Il  y  a 
donc  trois  formes  différentes  au  Brésil  :  1°  le  vrai  F.  rufus 
dans  les  provinces  de  Santa-Catharina  et  de  Rio-Grande- 
do-Sul  ;  2°  F.  rufus  commersoni  dans  celle  de  Mattogrosso  ; 
3*  F.  r.  badins  dans  celles  de  Minas-Geraës,  Rio-de-Janeiro 
et  de  San-Paulo. 

11.  Furnarius  rufus  commersoni  Pelz. 

Furnariu8  commersoni  Pelzeln.  Zur  Ornith.  Brasil.  I  (1867), 
p.  34  (prov.  de  Goyaz  et  de  Mattogrosso). 

a,  (S  ad.  de  Guyaba,  recueilli  en  janvier  1845,  par  Castel- 
nau. 
6,  c,  adultes,  de  Mattogrosso,  par  Castelnau. 
d,  adulte,  de  Bolivie,  par  d'Orbigny. 

Les  oiseaux  de  Mattogrosso  (F.  r.  commersoni  typique)  se 
distinguent  du  vrai  F.  rufus  par  la  nuque  fortement  lavée 
de  roux  et  par  la  poitrine  et  les  flancs  roux  ocreux  isabelle 
pâle.  Le  front  est  nettement  roux  comme  chez  F.  rufus 
typique. 

L'échantillon  de  Bolivie  est  intermédiaire  entre  F.  rufus 
et  F.  r.  commersoni,  car  il  a  la  nuque  aussi  rousse  que  le 
second,  et  la  couleur  des  parties  inférieures  voisine  de 
celle  du  premier. 


PASSEREAUX  TRACHÊOPHONES.  51 

12.  Furnarius  rufus  badins  (Lcht.). 

Turdua  badius  Liechtenstein,  Vezr.  Dubl.  1823,  p.  40  (S.  Paulo). 

Figulus  albogulari8  Spix,  Av.  Bras.  I  (1824),  p.  76,  tab.  lxxviii 

(«  in  campis  provinciae  Minas-Geraës  ad  flumen  Verde  »). 

Opetiorhynchua  rufieaudua  Wied,  Beitr.  Naturg.  BrasiL  3,  II 
(1831),  p.  671  (Minas-Geraës). 

a,  adulte  monté,  sans  indication  de  localité.  Rapporté  par 
M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  de  son  voyage  à  Lisbonne. 

i,  adulte  monté,  envoyé  par  A.  Saint-Hilaire,  du  Brésil, 
en  1818. 

c,  d,  exemplaires  adultes  de  la  province  de  Rio-de- 
Janeiro,  par  M.  de  Castelnau. 

e,  adulte,  province  de  Minas-Geraës  :  bords  du  Rio  Doce, 
par  M.  Philippe  Rey. 

/,  adulte,  de  Minas-Geraës,  en  échange  du  comte  Ber- 
lepsch. 

Cette  forme  se  distingue  nettement  de  F.  ru/to  et  de 
F.  r.  eommersoni  par  l'absence  complète  de  roux  sur  le 
front,  et  par  la  coloration  du  dessous  du  corps  encore  plus 
intense  que  dans  la  deuxième  forme.  La  nuque  est  à  peine 
lavée  de  roussfttre. 

L'un  de  nous  qui  a  examiné  les  types  de  Turdus  badius 
Lcht.  (Mus.  Berlin)  et  de  Figulus  albogularis  Spix.  (Mus. 
Munich),  a  pu  constater  qu'ils  sont  identiques  les  uns  aux 
autres.  Donc  cette  forme  doit  prendre  le  nom  de  F.  r.  badius 
(Lcht.)  puisqu'il  est  le  plus  ancien. 

13.  Fumarius  figulus  (Lcht.) 

Turdua  figulus  Liechtenstein,  Verz.  Dubl.  (1823),  p.  40(Bahia). 

Fumarius  superciliaris  Lesson,  Traité  d'Orn.  1831,  p.  307. 

a,  adulte  monté,  sans  indication  de  localité,  rapporté  par 
Geoffroy  Saint-Hilaire  de  Lisbonne.  Type  de  F.  supereiliaris 
Less. 


52  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.   HBLLMATR. 

6,  <^ad.,  envoyé  du  Brésil,  par  M.  de  Castelnau. 

c,  jeune,  monté,  acquis  de  Dufresne  en  1819. 

d,  adulte  de  Bahia.  Coll.  Boucard. 

0,  adulte  de  Bahia,  en  échange  du  comte  Berlepsch. 

Le  type  de  F.  superciliaris  Less.  est  absolument  identique 
au  spécimen  rapporté  par  Castelnau  du  Brésil.  Le  som- 
met de  la  tête  est  d'un  châtain  brunâtre  et  nettement  plus 
foncé  que  le  dos,  tandis  que  dans  l'oiseau  de  la  collection  Bou- 
card le  piléum  est  presque  de  la  même  couleur  que  le  dos. 
F.  figulus  se  distingue  du  groupe  de  F.  assimilis  par  deux 
taches  d'un  roux  pâle  sur  les  deux  rémiges  externes,  et  par 
la  couleur  des  parties  inférieures. 

14.  Furnarius  torridus  Sel.  et  Salv. 

F.  torridus  Sclater  et  Salvin,  P.  Z.  S.,  1866,  p.  183  («  in  ripis 
fl.  Ucayali  sup.  et  inf.  »)• 

a,  jeune  oiseau,  de  la  Mission  de  Sarayacu,  Ucayali, 
17  novembre  1846. 
6,  çf  ad.,  de  Pébas,  Pérou. 

c,  p  juv.,  de  Pébas,  Pérou. 

d,  jeune,  du  Pérou  nord  oriental,  sans  indication  de 
localité  particulière. 

Les  quatre  exemplaires  (montés)  proviennent  du  voyage 
de  Castelnau  et  Deville.  Us  représentent  certainement  la 
forme  décrite  par  Sclater  et  Salvin,  sous  le  nom  de  F.  tor- 
ridus (type  de  l'Ucayali).  Comme  F.  leucopus  ils  n'ont  pas 
de  tache  sur  la  barbe  interne  de  la  première  rémige,  mais 
comme  F.  assimilis,  à  partir  de  la  troisième,  la  barbe 
externe  est  rousse  dans  la  région  qui  correspond  à  la  tache 
de  la  barbe  intérieure.  Les  ailes  et  la  queue  sont  toujours 
beaucoup  plus  foncées,  et  le  sommet  de  la  tête  est  d'un 
brun  plus  noirâtre,  sans  reflets  roux,  que  dans  F.  leucopus. 

La  femelle  de  Pébas  (c),  qui  est  un  jeune  oiseau,  a  le  dos 
aussi  foncé  que  les  ailes,  et  le  dessous  du  corps  d'un  roux 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  53 

ocreux  très  vif.  Il  nous  semble  que  l'espèce  a  été  établie 
sur  un  exemplaire  identique.  Les  autres  spécimens,  quoique 
étant  de  la  même  localité,  se  rapprochent  de  la  couleur  de 
F.  assitniliSy  excepté  pour  les  ailes.  Il  est  donc  probable 
que  les  exemplaires  de  Pébas  et  Elvira,  mentionnés  par 
Sclater  comme  F.  leucopus^  doivent  aussi  être  rapportés  à 
F.  torridui. 

15.  Furnariua  assimilis  Cab.  et  Heine. 

Fumariua  aeaimilia  Cabanis  et  Heine,  Mxas.  Heinean.  II  (1859), 
p.  22  («  Brasilien  »). 

a,  un  cf  ad.  monté,  rapporté  du  Brésil  par  Castelnau  et 
Deville. 
i,  adultes  de  Bahia.  Coll.  Boucard. 

Cette  forme  qui  se  trouve  dans  les  provinces  de  Bahia  et 
de  Mattogrosso,  diffère  de  F.  Uucopus  par  le  dos  un  peu 
plus  clair  et  surtout  par  la  présence  d'une  tache  rousse  sur 
la  barbe  interne  de  la  première  rémige. 

16.  Furnarius  cinnamomeus  (Less.). 

Pieolaptea  cinnamomeus  Lesson,  Rev.  zool.,  1844,  p.  433 
(Ouayaquil). 

a,  &,  adultes  de  Ouayaquil,  Equateur,  donné  par  If.  Rémy. 
c,  rf,  adultes  de  Payta,  Pérou.  Expédition  de  la  Vénus. 
*,  adulte  sans  indication  de  localité. 

17.  Furnarius  minor  Pelz. 

Fumariua  (Opetiorhynchus)  minor  Pelzeln,  Sitzungsber.  Akad. 
Wimy  XXXI  (1858),  p.  321  (Rio  Madeira,  Brésil;  cfr. 
Ornith.  BrasiL,  p.  35). 

a,  6,  dp  de  Pébas,  Pérou,  rapportés  par  MM.  de  Cas- 
telnau et  Deville  (montés). 

1.  Cet.  BrlL  Jf«j.,  XV,  p.  19. 


54  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.   HELLMATR  . 

18.  Furnarius  cristatus  Burm. 

Furnariu8  cristatua  Burmeister,  Ibis,  1888,  p.  495  (ex  F.  tri* 
color  Cabanis  (nec  Giebel),  Journ.  f.  Ornith.  1878,  p.  196. 
Cordoba). 

a,  a*  ad.  Santa-Ana,  Tucuman,  350m,  l#r  novembre  1902, 
par  G.-A.  Baer. 

19.  Upucerthia  dumetaria  dumetaria  I.  Qeoffr.-St-Hil. 

Upucerthia  dumetaria  I.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Nouv.  Ann. 
Mus.  I  (1832),  p.  394  (Patagonie,  d'Orbigny). 

a,  adulte  monté,  rapporté  par  d'Orbigny  de  la  Patagonie, 
février  1831. 

b,  adulte  monté  (en  peau),  par  d'Orbigny,  Patagonie, 
février  1831.  —  Types  de  V espèce. 

c,  spécimen  monté,  par  d'Orbigny,  1831,  sans  localité. 

d,  6,  «o  «o  Miss.  S.-Cruz,  Patagonie,  rapportés  par  l'ex- 
pédition Volage  en  1883. 

f,  adulte  monté,  du  Chili,  par  la  Narde. 

g,  o\  Chili,  août  1872,  récolté  par  Rééd.  Coll.  Boucard. 

Les  spécimens  rapportés  par  la  mission  du  cap  Horn  sont 
identiques  aux  types  de  l'espèce  découverts  par  d'Orbigny 
en  Patagonie.  Les  exemplaires  du  Chili  n'en  diffèrent  pas 
non  plus,  ce  qui  nous  rend  douteuse  la  différence  spéci- 
fique d'U.  saturatior  établie  sur  un  oiseau  du  Chili  par 
W.-E.-D.  Scott  en  1900. 

20.  Upucerthia  dumetaria  darwini  Scott. 

Upucerthia  darwini  W.-E.-D.  Scott,  Bull.  Brit.  Orn.  Cl.% 
n°  LXXI  (avril  1900),  (Mendoza,  Argentine) 

a,  adulte  monté,  de  Mendoza,  récolté  par  Weisshaupt 
et  acquis  à  Gerrard. 

Cet  exemplaire  a  la  barbe  extérieure  de  la  rectrioe  externe 
toute  entière  roussfttre,  tandis  que  chez  tous  les  spécimens 


PASSE RB AUX  TRACHÉOPHONES.  55 

d'U.  dumelaria  que  nous  avons  entre  les  mains,  il  n'y  a  que 
le  tiers  apical  qui  soit  de  cette  couleur.  D'après  la  localité, 
ce  spécimen  se  rapporte  à  U.  darwini,  mais  cette  forme 
nous  paraît  encore  douteuse. 


21.  Upucerthia  validirostris  (Burm.). 

Ochetorhynchu8  oalidiroetris  Burmeister,  Reise  la  Plata 
Staaten,  II  (1861),  p.  464  (Sierra  de  Mendoza). 

a,  adulte,  monté,  par  M.  Oay  en  1843,  de  Chili.  Aile  86; 
queue  70  ;  bec  31  mm. 

Nous  n'avons  pas  d'exemplaires  de  la  localité  typique, 
mais  cet  oiseau  s'accorde  assez  bien  avec  la  description 
trop  succincte  de  Burmeister.  Il  se  distingue  d'U.  dumetaria 
par  sa  taille  beaucoup  moins  forte,  par  le  dos  plus  brunâtre 
et  surtout  par  sa  queue  uniformément  roussâtre.  Dans 
YD.  dumetaria  les  quatre  rectrices  externes  de  chaque  côté 
sont  noirâtres,  et  les  deux  médianes  brun  grisâtre.  En 
outre,  0.  validirostris  ne  porte  pas  de  macules  sur  le  haut 
de  la  poitrine. 

22.  Upucerthia  exoelsior  (Sel.). 

Ciaelodes  exeeMor  Sclater,  P.  Z.  S.,  1860,  p.  77  («  in  monte 
Chimborazo,  reipubl.  Equator.  ad  ait.  14.000  ped.  »). 
a,  monté,  de  l'Equateur,  acquis  de  Gerrard. 
b%  adulte,  du  Pichincha,  par  le  docteur  Rivet, 
c,  adulte,  de  Tumbaco,  Equateur ,  par  le  docteur  Rivet. 

23.  Upucerthia  andaecola  Lafr.  et  d'Orb. 

Upucerthia  andaecoia  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.y  II, 
in  Mag.  %ool„  1838,  cl.  II,  p.  21  («  La  Paz,  Sicasica,  rep. 
Boliviana  »). 

Upucerthia  bridgeai  Sclater,  P.  Z.  S.,  1889,  p.  32  (Bolivia). 

a,  adulte  monté,  étiq.  :  «  La  Paz.  D.  196,  d'Orbigny, 
1834,  n°  378  ». 


56  A.  MBNBGAUX  ET  C.-K.   HBLLMAYR. 

b,  adulte  (en  peau),  étiq.  :  «  378,  d'Orbigny,  1834,  D.  196, 
La  Paz,  Bolivie  ». 

c,  adulte  (eu  peau),  étiq.  :  «  D.  196,  Sicasica,  378,  d'Or- 
bigny, 1834  ». 

Ces  spécimens  sont  les  types  de  VU.  andaecola  Lafr.  et 
d'Orb.  Un  de  nous  a  comparé  les  exemplaires  b  et  c  avec 
les  types  de  U.  bridgesi  au  Musée  britannique  et  a  pu  cons- 
tater qu'ils  leur  sont  absolument  identiques.  Au  contraire, 
les  échantillons  du  Pérou,  décrits  par  Sclater  sous  le  nom 
ù!U.  andicola  *  appartiennent  à  une  autre  espèce,  U.  ser- 
rana  Tacz. 

Voici  les  dimensions  des  spécimens  examinés  : 

1.  Mus.  Paris,  a,  aile  85;  queue  79  V2;  bec  26"".  Type 
d'U.  andaecola. 

2.  Mus.  Paris,  6,  aile  79;  queue  72;  bec  26mm.  Type 
d'U.  andaecola. 

3.  Mus.  Paris,  c,  aile  77;  queue  76;  bec  25  72 mm-  Type 
d'U.  andaecola. 

4.  Mus.  Brit.,  adulte,  a  Interior  of  Bolivia  Bridges  ». 
Type  d'U.  bridgesi  Sel.  Aile  80;  queue  72;  bec  25  mm. 

24.  Upucerthia  luscinia  (Burm.). 

Ochetorhynchus  luscinia  Burmeister,  Journ.  f.  Ornith.,  1860, 
p.  249  (Argentine  se.  Mendoza.  —  Voir  Burm.  Reise  La 
Plata  Staat.,  II,  p.  464). 

a,  <$  ad.  monté,  de  Cordoba,  rép.  Argentine,  donné  par 
l'Université  nationale  de  Cordova. 

6,  (/  ad.,  de  Tapia,  Tucuman,  600  met.  ait.,  décembre 
1902,  rapporté  par  M.  G. -A.  Baer. 

25.  Upuoerthia  certhioides  (Lafr.  et  d'Orb.) 

Anabate8  certhioides  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  Hag.  zooL,  1838,  cl.  II,  p.  15  («  Corrientes,  rep.  Argen- 
tina  »). 

I.  Ctl.  birdê  BrU.  Mus.,  XV,  p.  19. 


PASSEREAUX  TRAGHÉ0PH0NE8.  57 

a,  un  oiseau  adulte,  étiq.  :  d'Orbigny,  juillet  1829,  n°  170, 
Corrientes.  Type  d'Ânabates  certhioides  Lafr.  et  d'Orb. 
Aile  69;  queue  67  ;  bec  23  mn>. 

6,  o%  ad.  de  San-Vioente,  Chaco,  province  Santa-Fé, 
rép.  Argentine,  15  nov.  1905  (Musée  de  Tring).  Aile  69  ; 
queue  67  ;  bec  23Blm. 

Cet  exemplaire  est  sans  aucun  doute  le  type  de  Lafres- 
naye  et  d'Orbigny,  seulement  la  longueur  indiquée  est  de 
27  Vii  et  le  spécimen  n'a  que  n{l2mm.  Il  y  a  là  sûrement 
une  faute  d'impression.  Depuis  sa  description  jamais  cette 
espèce  n'a  été  signalée  dans  les  ouvrages. 

Pourtant  c'est  une  forme  distincte,  quoique  très  voisine 
de  U.  luscinia.  Ces  deux  spécimens,  identiques  par  la  colo- 
ration et  la  taille,  diffèrent  de  tous  les  exemplaires  (15)  de 
U.  luscinia  que,  tous  deux,  nous  avons  examinés,  ensemble 
et  séparément,  par  la  queue  plus  courte,  par  toutes  les 
parties  supérieures  d'un  brun  beaucoup  plus  roussfttre,  et 
spécialement  sur  les  ailes  et  la  queue.  Le  dessous  du  corps 
est  presque  aussi  roux  que  le  dos,  surtout  aux  flancs,  tandis 
que  chez  U.  luscinia  le  ventre  est  d'un  brun  terreux  pâle 
sans  aucune  teinte  de  roussfttre.  D'ailleurs  U.  certhioides 
concorde  avec  l'espèce  que  nous  venons  de  citer  par  le 
front  et  les  sourcils  ferrugineux  et  par  la  gorge  blanche 
nettement  délimitée. 

Ces  deux  espèces  ont  donc  une  aire  de  dispersion  toute 
différente.  En  effet,  U.  certhioides  habite  les  plaines  des 
provinces  de  Corrientes  et  de  Santa-Fé,  et  tandis  que  U.  lus- 
cinia se  trouve  dans  les  montagnes  de  Cordova,  de  Mendoza, 
de  Catamarca,  de  Tucuman  et  de  Salta. 

26.  Upucerthia  rufloauda  (Meyen). 

Ochetorhynohua  ruflcaudus  Meyen,  Nov.  Act.  Acad.  Leop. 
Carol.y  XVI,  Suppl.,  1834,  p.  81,  pi.  XI  («  Chili  am  Pusse 
des  Vulcans  von  Maipu  »)• 


58  A.  MKNEGAUX  ET  C.-E.  HBLLMAYR. 

Upucerthia  montana  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  :  Mag.  zool.}  1838,  cl.  II,  p.  22  («  Palca  rep.  Peru- 
viana  »). 

Upucerthia  Baeri  Oustalet,  Bull.  Mus.  H.  N.  Paris,  X  (1904), 
p.  43  (Tucuman,  rép.  Argentine). 

a,  oiseau  adulte  monté,  étiq.  :  Cinclodes  mon t anus  (d'Orb.) 
Type.  D'Orbigny,  Bolivie.  C'est  donc  le  type  de  VU.  montana 
Lafr.  et  d'Orb. 

b,  <$  ad.  monté,  rapporté  par  M.  G. -A.  Baer,  de  Lara, 
Tucuman,  rép.  Argentine,  février  1903,  type  de  VU.  Baeri 
Oust. 

Le  premier  exemplaire,  étiqueté  comme  provenant  de  la 
Bolivie,  vient  bien  de  Palca,  comme  les  auteurs  l'indiquent 
dans  la  description  originale  de  U.  montana. 

Le  type  de  U.  baeri  Oust,  concorde  avec  ce  spécimen 
par  tous  ces  caractères,  excepté  par  la  tête  dont  le  sommet 
est  un  peu  moins  roussâtre.  C'est  probablement  une  diffé- 
rence saisonnière  parce  que  l'oiseau  de  d'Orbigny  est  en 
plumage  plus  frais. 

27.  Cinclodes  nigro  fumosus  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Upucerthia  nigro-fumo8a  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.  H, 
in  :  Mag.  zool.  cl.  II,  1838,  p.  23  (o  Cobija,  in  Bolivia  »). 

Oinclodea  nigrofumosus  (part.  :  spéc.  ex  d'Orbigny)  +  C. 
lanceolatus Oustalet,  Miss,  scient.  Cap  Horn,  Oiseaux  (1891), 
p.  61. 

a,  adulte,  étiq.  :  d'Orbigny,  janvier  1831,  de  Cobija, 
Bolivie.  D.  154.  Type  de  l'espèce. 

b,  c,  étiq.  :  d'Orbigny.  Valparaiso,  1830,  D.  154. 

d}  exemplaire  du  voyage  de  d'Orbigny,  sans  lieu  d'origine. 
6,  jeune,  de  Valparaiso,  rapporté  par  d'Orbigny  en  1830. 

Le  premier  spécimen  provenant  de  Cobija  est  sûrement 
le  type  de  l'espèce,  car  ses  dimensions  et  sa  coloration  con- 
cordent exactement  aveo  la   description  originale.  C'est 


PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  59 

d'ailleurs  le  seul  exemplaire  de  Cobija,  existant  dans  la 
collection.  Il  est  tout  à  fait  identique  aux  oiseaux  du  Chili. 

Le  spécimen  a,  regardé  par  Oustalet  (1.  c.)  comme  type  de 
r espèce,  est  un  jeune,  et  par  conséquent  de  plus  petite 
taille  que  les  adultes. 

C.  iacsanowskii  Berl.  et  Stolzm.  '  dont  C.  sparsim-striatus 
Scott2  est  un  synonyme,  est  par  conséquent  une  espèce 
distincte . 

C.  nigrofumosus  est  d'une  taille  assez  grande  : 

Type  de  Cobija  :  aile  117  ;  queue  86;  bec  23**. 

6,  c,  de  Valparaiso  :  aile  115,  118;  queue  85,  83;  bec 

24»/,-. 
d$  sans  lieu  d'origine  :  aile  117;  queue  85;bec  24  mm. 
0,  jeune,  de  Valparaiso  :  aile  102  ;  queue  80  ;  bec  22  mm. 

Les  parties  supérieures  sont  d'un  brun  fuligineux  très 
foncé,  la  queue  presque  noir  ;  la  gorge  d'un  blanc  pur,  le 
reste  du  dessous  du  corps  un  peu  plus  pile  que  le  dos 
avec  des  stries  longitudinales  blanches  très  nettes. 

28.  Cinclodes  patagonicus  patagonicus  (Gm.). 

Motacllla  patagonica  Gmelin,  Syst.  Nat.  1,  II  (1788),  p.  957 
(ex  Latham.  «  in  Terra  ignis  »). 

Cinclodes  nigrofumosus  (nec  Lafr.  et  d'Orb.  !)  Oustalet,  Miss, 
scient.  Cap.  Horn,  Oiseaux  (1891),  p.  61. 

*t  6)  dd%  baie  Orange,  Terre  de  Feu,  par  la  mission  du 
cap  Horn,  tués  en  juin  1883  et  en  octobre  1882. 
c,  d,  pp%  même  origine,  prises  en  juillet  et  décembre  1882. 

Ces  oiseaux  se  distinguent  de  C.  nigrofumosus  par  une 
taille  plus  petite,  par  un  bec  un  peu  plus  mince,  par  le 
dessus  du  oorps  sensiblement  moins  foncé  et  particulière- 
ment par  les  parties  inférieures  d'un  gris  terreux  sale.  Les 
stries  blanches  sont  aussi  nettes. 

Il  parait  que  oette  espèce  est  limitée  à  la  Patagonie,  car 

1.  P.  Z.  S.  U9t,  p.  Ml  (CborUlo*  près  Umi,  Pérou), 
t.  BuU.  BrU.  Orn.  Cl.  n»  ixu,  avril  1900  (I«Uy,  Pérou). 


ira  m 


60  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.   HELLMAYR. 

les  oiseaux  de  Chili  qu'on  y  a  rattachés  appartiennent  à  des 
formes  distinctes. 

Dimensions  : 

a,  aile  107  ;  queue  82  ;  bec  23"M. 
6,  <$  aile  108;  queue  85  ;  bec  23 

c,  p  aile  108;  queue  83;  bec  23 

d,  ^juv.  aile  102;  queue  80;  beo20V2 

29.  Cinclodes  patagonious  molitor  Scott. 

Cinciodea  molitor  Scott.  Bull  Brit.  Orn.  Cl.  LXXI,  avril  1900 
[type  ex  :  Chili  (Leybold)]. 

0.  nigrofumoau8  (nec  Lafr.  et  d'Orb.),  Oustalet,  Miss,  scient. 
Cap  Horn,  Oiseaux  (1891),  p.  61  (part.  :  spéc.  de  Port- 
Famine). 

a,  ç?  ad.  recueilli  par  E.  Reed  près  Santiago,  Chili.  Coll. 
Boucard. 

6,  c,  adulte  et  jeune,  de  Port-Famine,  Chili.  Voyage  de 
la  Zélée,  1840. 

<J,  S1  ad.,  de  Penaflor,  Chili,  7  mars  1894,  par  M.  Lataste. 

0,  P  ad.,  de  San-Alfonso  (dept.  Quillota),  Chili,  26  juin 
1894,  par  Lataste. 

Cette  forme  représente  évidemment  au  Chili  le  vrai 
C.  p.  patagonicuSj  en  effet  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue  portent  les  mêmes  dessins,  et  les  becs  sont  iden- 
tiques. Les  seules  différences  consistent  dans  la  teinte 
plus  brunâtre  du  dessus  et  du  dessous  du  corps,  et  dans  les 
dimensions  un  peu  plus  faibles. 

a,  aile  102;  queue  80;  bec  22rom. 
b}  aile  105;  queue  78;  bec  22m*. 
c,  aile  101  ;  queue  78;  bec  21na. 
<*,  (/aile  100;  queue  82;  beo  21Bn>. 
a,  p  aile  98;  queue  81  ;  beo  2172mm. 


61 

Il  est  probable  que  Furnarius  ckilensis  Less. !  se  rapporte 
i  celte  forme,  mais  malheureusement  nous  n'avons  pa  en 
trouver  le  type  pour  l'examiner. 

30.  Cinclodes  antarticus  (Gara.). 

CertU*  amtmrctiem  Garnot,  Ann.  je.  mat.  VII  (1826),  p.  45 
(3es  Malouines). 

Furnarius  fwligimoeus  Lesson,  if  an.  fOmith.  II  (1828),  p.  15 

(«les  îles  Malooines  »);   Voyage  de  la  Coquille,  ZooL  I, 

p.  670  (avril  1830). 

a,  oiseau  monte,  rapporté  des  fies  Malouines  par  M.  Garnot, 
naturaliste  du  voyage  de  la  Coquille.  Type  de  Cerikia 
ontareHea  Garn. 

6,  monté,  des  îles  Malouines.  Voyage  de  la  Coquille. 
Type  de  Furnarius  fuliginosus  Less. 

c,  monté,  rapporté  des  îles  Malouines,  par  Quoy  et  Gai- 
mard,  en  1820. 

31.  Cinclodes  oustaleti  Scott. 

Cmehdes  oustaleti  Scott,  Bull.  Brii.  Orn.  CL,  n*  LXXI, 
avril  1900  (Central  Chile). 

Upucerthia  rupestris  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  Mag.  iooL,  1838,  cl.  II,  p.  21  (Valparaiso  (Chili);  Cobija, 
rep.  Boliviana). 

Cinclodes  patagonieus  (nec  Gmelin)  Oustalet,  Miss,  scient. 
Cap  Horn,  Oiseaux  (1891),  p.  65. 

a,  b,  d'Orbigny,  Valparaiso,  1830,  n*  158.  Exemplaires 
décrits  par  d'Orbigny  et  Lafresnaye  sous  le  nom  d'tf.  ru» 
pestris. 

c,  Chili,  envoi  de  l'amiral  Dupetit-Thouars,  en  mars  1845. 

d,  «o  ad.,  Santiago,  Chili,  par  Rééd.  Coll.  Boucard. 
t,  o9,  Chili,  par  Rééd.  Acquis  à  Gerrard  (monté). 

/,  adulte,  du  Chili,  voyage  de  la  Bonite. 

I.  Uên.  fOrm.  II  (IS2S),  p.  17,  (port  Saint- Vincent, au  Chili);  Vtyap GoquUfe, 
Z«of.  I  |tSS0),  p.  671. 


62  A.   MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

Cette  petite  forme  que,  avec  Scott,  nous  regardons 
comme  bien  distincte  de  C.  p.  palagonieus  et  de  C.  p.  molitor, 
en  diffère  au  premier  coup  d'oeil  par  sa  taille  beaucoup 
plus  faible,  par  le  bec  plus  court  et  plus  mince,  par  du 
blanc  au  milieu  de  l'abdomen,  par  les  sous-caudales  d'un 
brun  roussâtre  uniforme,  par  les  axillaires  blanches,  etc. 

Elle  ne  nous  paraît  avoir  aucun  rapport  avec  le  groupe 
de  C.  patagonicus.  Notre  opinion  est  corroborée  par  ce  fait 
que  près  de  Santiago  on  trouve  la  forme  en  question  qui 
vit  à  côté  de  C.  p.  molitor.  La  description  d*  Upucerthia 
rupestris  de  Lafr.  et  d'Orb.  s'accorde  en  général  très  bien 
avec  les  spécimens  a  et  ft,  sauf  les  dimensions  et  la  colora- 
tion des  sous-caudales  qui  sont  évidemment  indiquées 
d'après  le  jeune  exemplaire  de  C.  nigrofumosus  (e  de  notre 
liste),  que  les  auteurs  par  erreur  ont  rapporté  à  la  même 
espèce. 

Opetiorynchos  rupestris  Kittl . ,  est  probablement  la  même 
forme  que  celle  dont  nous  venons  de  parler.  La  description 
de  Kittlitz,  un  peu  succincte,  peut  laisser  des  doutes. 
Il  faudrait  examiner  les  types  pour  résoudre  la  question. 

a,  aile  89;  queue  — ;  bec  16  "m. 
6,  aile  88V2Î  queue  67;  bec  17"". 
'  c,  aile  92;  queue  68;  beo  17  V3 
<J,  aile  9272»  queue  68;  bec  18 
a,  aile  90;  queue  67;  beo  16  V2 
fy  aile  92;  queue  68;  bec  16  72 

32.  Cinclodes  fuscus  (Vieill.). 

Anthus  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Dict.,  XXVI  (1818),  p.  490  (ex 
Azara,  n°  147  :  Buenos-Ayres,  Montevideo  et  Paraguay). 

Upucerthia  oulgaris  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  :  Mag.  zool.,  1838,  cl.  II,  p.  22  (desor.  orig.  et  habit, 
part.  («  Santa-Fé,  rep.  Argentina  ;  in  Patagonia  »). 

1.  Mèm.  Acêd.  Se.  Stint-Pètmb.  (sar.  étrangers),  I  (1831),  p.  188,  pi.  VIII 
(CnilJ,  se.  Valpanlso). 


mm 


passereaux  traghéophonbs.  63 

a,  monté,  de  Montevideo,  par  Quoy  et  Gaimard,  ootobre 
1820. 

b%  c,  adultes,  de  Santa-Fé,  rép.  Argentine,  juillet  1829, 
par  d'Orbigny,  n°  77.  Types  de  VUpucerthia  vulgaris  Lafr. 
et  d'Orb. 

dy  e,  adultes,  de  Buenos- Ayres,  juillet  1829,  par  d'Orbigny. 

fy  adulte,  de  Patagonie,  février  1831,  par  d'Orbigny. 

j,  />,  Punta-Àrenas,  terre  de  feu,  par  Lebrun. 

A,  pf  adulte,  Rio  Galligoschico,  terre  de  feu,  par  Lebrun. 

i,  >,  A,  J,  (frf,  PP>  de  la  Baie  Orange,  Patagonie,  mars, 
octobre,  décembre,  par  la  mission  du  Cap  Horn. 

m,  monté,  recueilli  par  Auguste  Saint-Hilaire,  près  Rio- 
Orande-do-Sul,  Brésil,  23  mai  1821. 

n,  adulte,  monté,  du  Chili,  par  de  la  Narde. 

o,  o*,  monté,  de  Magallama,  Chili,  par  Philippi. 

p,  6*,  monté,  du  Chili,  par  Rééd.  Acquis  à  Gerrard. 

?,  r,  *,  *,  u,  adultes,  du  Chili,  par  Rééd.  Coll.  Boucard. 

t>,  u/,  jp,  de  San-Alfonso  (dept.  Quillota),  Chili,  juin 
1894,  par  Lataste. 

Tous  ces  exemplaires  sont  identiques.  Les  quatre  sui- 
vants en  diffèrent  par  la  couleur  des  parties  supérieures 
sensiblement  plus  roussàtre.  Deux  ont  été  recueillis  à  Tal- 
cahuano,  baie  de  la  Concepcion,  localité  très  voisine 
d'Arauoana  d'où  proviennent  les  types  de  Cillurus  minor 
Cab.  et  Heine. 

*i  <$  ad.,  de  Talcahuano,  Chili,  du  voyage  de  l'Astrolabe. 

y,  p  ad.,  de  Talcahuano,  Chili,  du  voyage  de  la  Zélée. 

;,  a',  adultes,  du  Chili,  donnés  par  Gay,  1843. 

33.  Cinclodes  albidiventris  Sel. 

Cifielodea  albidiuentria  Sclater,  P.  Z.  S.,  1860,  p.  77 («  in  monte 
Chimborazo  reipubl.  Equator.,  ad  ait.  14.000  pedum  »). 

a,  adulte,  de  l'Equateur,  recueilli   par  Buckley.   Coll. 
Boucard. 
6,  c,  adultes,  du  Pichincha,  Equateur,  par  le  Dr  Rivet. 


64  A.   MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

C'est  aussi  une  forme  bien  caractérisée.  Elle  a  le  dos 
brun  roussâtre  comme  C.  rivularis,  mais  le  miroir  alaire  est 
d'un  roux  ferrugineux  encore  plus  vif  que  chez  C.  fusons. 

34.  Cinclodes  rivularis  (Cab.). 

Cilluru8  rioularia  Cabanis,  Journ.  f.  ornith.%  1873,  p.  319, 
descrip.  orig.  (Maraynioc,  Pérou  central). 

Upucerthia  uulgaris  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  :  Mag.  zool.,  1838,  cl.  II,  p.  22  (part.  :  «  La  Paz,  rep. 
Boliviana  »). 

Cinclodes  bifasclatus  (nec  Sclater)  Oustalet,  Miss,  scient.  Cap 
Horn,  Oiseaux  (1891),  p.  65. 

a,  6,  c,  adultes,  de  la  Paz,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  en  1834. 

d,  «o  ad.,  rapporté  de  la  Bolivie,  août  1839,  par  Pentland. 

*>  f>  9)  A,  o*  ad.,  et  trois  exemplaires  sans  indication  de 
sexe,  de  Yanavia,  près  Arequipa,  Pérou  méridional,  par 
Castelnau  et  Deville. 

Cette  espèce,  assez  rare,  est  distincte  de  C.  fuscus 
(Vieill.)  et  de  C.  albidiventris  Sel.  ;  les  différences  ont 
été  bien  mises  en  évidence  par  le  docteur  Cabanis  (1.  c.) 
Tous  nos  spécimens  ont  le  miroir  blano  sur  les  rémiges 
primaires  et  fauve  pâle  sur  les  rémiges  secondaires. 

Ces  échantillons  ont  été  mentionnés  par  Oustalet  (1.  c.), 
sons  le  nom  de  C.  bifasciatus,  espèce  qui  n'est  pas  repré- 
sentée dans  les  collections. 

35.  Enicornis  melanura  Qray. 

Henicorni8  melanura  G.  R.  Oray,  Gênera  Birds,  II  (184  ), 
p.  133,  pi.  XLI. 

a,  6,  montés,  <$p,  de  Santiago,  Chili,  acquis  de  Oerrard. 

c,  P  du  Chili,  par  Hénault. 

d,  adulte,  donné  par  le  professeur  Comalia,  de  Milan. 

Le  premier  exemplaire  est  probablement  un  jeune  mile 
et  se  distingue  des  autres  par  son  bec  beaucoup  plus  court  et 
par  la  présence  des  raies  transversales  claires  sur  la  poitrine. 


passereaux  trachéophones.  65 

36.  Lochmias  nematura  nematura  (Lcht). 

Myiothera  nematura  Lichtenstein,  Verz.  Dubl.  Berliner  Mus. 

1823,  p.  43  (San-Paulo). 
Furnarius  Sancti-Hilarii  Lesson,  Traité  $orn.  1831,  p.  307 

(Brésil). 

a,  monté,  du  Brésil,  par  Auguste  Saint-Hilaire.  Type  de 
Purnarius  Sancti-Hilarii  Less. 

6,  monté,  de  Rio-de- Janeiro,  août  1824,  par  Ménétriès. 

c,  monté,  du  Brésil,  1816,  par  Delalande  fils. 

d,  monté,  de  la  Serra  d'Estrella,  près  de  Rio-de-Janeiro, 
par  Castelnau  et  Deville. 

*,  adulte,  de  Rio,  par  le  docteur  Peichoto,  1854. 

37.  Lochmias  nematura  obscurata  Gab. 

Lochmias  obeeurata  Cabanis,  Journ.  f.  Ornith.  1873  (janvier), 

p.  65  (Monterico,  Pérou  central). 
Lochmias  eororia  Sclater  et  S  al  vin,  P.  Z.  S.    1873  (Mai), 

p.  511  (Venezuela). 

a,  de  Bogota.  Coll.  Boucard. 

Cette  forme  ne  se  distingue  de  la  précédente  que  par 
le  dos  un  peu  plus  châtain,  par  les  taches  ventrales  moins 
nombreuses,  et  par  l'absence  complète  de  la  bande  sour- 
cilière  blanche. 

En  tenant  compte  des  dates  de  publications  (janvier  et 
mai),  c'est  le  nom  de  Cabanis  qui  doit  être  adopté. 

38.  Sylviorthorhynchus  desmurii  Gay. 

8yloiorthorhynchus  Desmurii  Gay,  Faun.  Chil.y  Avea  (1841), 
p.  316,  pi.  7 (Chili  ;  provinoiade  Valdivia)  ;  des  Murs,  Iconogr. 
ornith. ylivr.  8,  pi.  45 (s.  le  nom  :  S.  maluroîdes  0.  des  Murs). 

a,  adulte  monté,  du  Chili,  par  Oay,  mai  1843.  Type  de 
F  espèce  et  de  S.  maluroîdes  des  Murs.  Exemplaire  figuré 
dans  l'ouvrage  de  des  Murs,  pi.  45. 

by  adulte,  monté,  du  Chili,  par  Oay,  mai  1843. 

c,  adulte,  du  Chili,  par  Reed,  1876.  Coll.  Boucard. 
tome  xix.  5 


66  A.   MENEGAUX  ET  C.-E.   HELLMAYR. 

39.  Phleo cryptes  melanops  (Vieill.). 

Syluia  melanops  Vieillot,  Nouv.  Dict.,  XI  (1817),  p.  232  (ex 
Azara,  n°  232.  Paraguay). 

Synallaxi8 dorso-maculata  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av., 
I,  in  :  Mag.  zool.  1837,  cl.  II,  p.  21  (Buenos-Ayres). 

a,  monté  ;  6,  c,  en  peau,  de  Buenos-Ayres,  par  d'Orbi- 
gny, juillet  1829.  Types  de  S.  dorso-maculata  Lafr.  et  d'Orb. 
d,  monté,  du  Chili,  acquis  de  Canivet,  1843. 
6,  adulte,  du  Chili,  par  de  la  Narde. 
/*,  g,  adultes,  du  Brésil  méridional,  par  Bonpland,  1833. 
A,  adultes,  du  Brésil,  par  Fronsacq,  1864. 

Les  exemplaires  de  Buenos-Ayres  sont  tout  à  fait  sem- 
blables à  ceux  du  Chili. 

40.  Leptasthenuraaegithaloides  (Kittl). 

Synnalaxis  aegithaloides  Kittlitz,  Mém.  Acad.  se.  Saint-Péters- 
bourg (sav.  étrangers),  I  (1831),  p.  187,  pi.  7  (Valparaiso). 

8ynallaxi8  aegythaloides  Lafr.  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  I,  in  : 
Mag.  Zool.  1837,  cl.  II,  p.  23  («  in  Chilensi  republica, 
Patagonia  et  Andium  vertice  (rep.  Boliviana)  »). 

a,  6,  adultes  montés  et  en  peau,  de  Coquimbo,  Chili,  par 
Oaudichaud,  1832. 

c,  adulte,  monté,  du  Chili,  par  Gay,  mars  1843. 

d,  e,  monté  et  en  peau,  de  Cobija,  Chili,  par  d'Orbigny,  183 1 . 
/*,,pad.,  de  San-Alfonso,  dep.  Quillota,  Chili, 24  juin  1894, 

o*  Penaflor,  8  avril  1894,  par  Lataste. 

g,  À,  adulte  et  jeune,  de  Patagonie,  février  1831,  par 
d'Orbigny. 

t,  ;,  &,  /,  m,  0*0"  tPifi  ad.,  du  Chili,  par  Rééd.  Coll.  Bou- 
card. 

n,  adulte,  de  La  Paz,  Bolivie,  1834,  par  d'Orbigny. 

0,  adulte,  rapporté  certainement  par  d'Orbigny,  peut- 
être  de  la  môme  localité. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  67 

Les  exemplaires  de  Bolivie  ont  le  sommet  de  la  tête 
d'un  roux  plus  vif,  le  dos  plus  brunâtre  et  l'abdomen  fauve 
clair,  au  lieu  d'être  d'un  blanc  sale  comme  dans  les  échan- 
tillons du  Chili  et  de  la  Patagonie.  Ils  sont  aussi  de  taille 
plus  grande  :  aile  65,  70  ;  queue  95mm. 

41.  Leptasthenura  platensis  Reichb. 

Leptasthenura  platensis  Reichenbach,  Handbuch  Scansor. 
(1853),  p.  160  («  Rio  de  la  Plata  »)• 

a,  b,  çf  ad.  et  jeune,  montés,  Cordova,  Rép.  Argentine, 
donnés  par  l'Université  nationale  de  Cordova. 

c,  adulte,  monté,  acquis  en  1837,  indiqué  comme  prove- 
nant du  Chili,  mais  c'est  probablement  une  erreur,  car  il 
faisait  partie  de  la  même  collection  que  le  type  d'Anaeretes 
telaUri  Oust.,  espèce  qui  n'habite  que  la  République  Argen- 
tine et  la  province  brésilienne  de  Mattogrosso. 

L.  platensis  est  une  espèce  tout  à  fait  différente  de 
L.  aegithaloides  à  laquelle  elle  a  été  réunie  par  Sclater. 
En  plus  de  trois  exemplaires  du  Muséum,  l'un  de  nous  en 
a  examiné  cinq  à  Tring,  provenant  tous  de  Cosquin  et  de 
La  Soledad,  République  Argentine. 

Tous  ces  spécimens  ont  les  mêmes  caractères,  c'est-à- 
dire  :  les  quatre  rectrices  externes  de  chaque  côté  ont  leur 
portion  apicale  roux  clair  (non  gris  blanchâtre)  ;  la  tête 
porte  une  huppe  et  n'est  marquée  de  stries  qu'en  avant, 
celles-ci  sont  d'un  blanc  i  peine  roussâtre,  au  lieu  d'être  d'un 
roux  vif  comme  dans  le  L.  aegithaloides  (Kittl.).  Les  stries  blan- 
ches de  la  nuque  et  des  côtés  du  cou  manquent  complètement, 
et  le  miroir  alaire  est  moins  étendu  et  d'un  roux  moins  vif. 

Les  jeunes  des  deux  espèces  présentent  les  mêmes 
différences  que  les  adultes. 

42.  Leptasthenura  fuliginiceps  (Lafr.  et  d'Orb.). 

8gnallaxis  fuliginiceps  Lafresnaye  et  d  Orbigny,  Syn.  Av.  I, 
in  Mac.  Zool.  cl.  H,  1837,  p.  23  («  Sioasica  (rep.  Boliviana)  »), 


68  A.  MBNEGAUX  ET  G.-B.    HBLLMATR. 

Leptasthenura  fuliginiceps  boliuiana  Allen,  Bull.  Amer.  Mus. 
II  (1889),  p.  91  (Bolivie  septentrionale). 

a,  oiseau  adulte  monté,  de  Sicasica,  Bolivie,  par  d'Orbi- 
gny,  1834.  N°  D.  286.  Aile  65;  queue  96mm. 

6,  oiseau  adulte  en  peau,  même  provenance.  Aile  65; 
queue  95"".  Types  de  V espèce. 

c,  adulte,  de  Valle-Grande,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834, 
D,  286. 

Cette  espèce  est  immédiatement  caractérisée  par  sa 
queue  entièrement  rousse  et  par  sa  tête  uniformément  roux 
brun. 

L.  f.  boliviana  Allen  est  tout  simplement  un  synonyme  de 
la  forme  typique,  tandis  que  celle  de  la  République  Argen- 
tine, si  elle  en  diffère  réellement,  doit  être  appelée  L.  para- 
nensis  Sel. 

43.  Leptasthenura  setaria  (Temm.). 

8ynallaxi88etaria  Temminck,  Recueil  Pl.ColMvr.b2  (nov.  1824), 
pi.  311,  fig.  2  (Saint- Paul,  Brésil.  Mus.  Paris). 

Deux  spécimens  montés  aux  galeries,  étiq.  : 

a,  «  M.  Saint-Hilaire,  Brésil,  près  Casto,  capt.  de  Saint- 
Paul.  S.  setaria  Temm.  type.  » 

bf  «  S.  setaria  Temm.  Mines,  capt.  de  Saint-Paul, 
août  1822,  par  M.  Auguste  de  Saint-Hilaire,  type  de  l'espèce 
et  de  la  planche.  » 

Ces  deux  spécimens  sont  les  seuls  connus  de  l'espèce 
depuis  leur  découverte  en  1822,  et  aucun  ouvrage  n'en  fait 
mention  et  n'en  donne  la  description. 

La  localité  d'où  ils  proviennent,  Casto,  est  sûrement 
Castro^  ville  du  Parana,  état  qui,  à  l'époque  du  voyage  d'Au- 
guste Saint-Hilaire,  faisait  partie  de  la  «  capitanerie  »  de 
Saint-Paul,  Brésil.  Il  est  très  curieux  de  faire  remarquer 
que  c'est  aussi  dans  l'état  du  Parana,  près  de  la  ville  de 
Curitibay  que  Natterer  a  récolté  un  spécimen  unique  d'une 


PASSBBKAUX  TRACHÉOPHONKS.  69 

autre  espèce  très  distincte,  L.  striolata  Pelz.  et  qui  est  con- 
servé au  musée  de  Vienne. 

La  description  de  Temminck  est  assez  bonne,  mais  la 
figure  indique  une  queue  tout  a  fait  rousse,  ce  qui  est 
inexact.  Les  deux  paires  des  rectrices  externes  seules  sont 
entièrement  rousses,  les  deux  suivantes  portent  une  bordure 
noirâtre  sur  le  tiers  basai  de  la  barbe  interne  ;  la  cinquième 
est  noirâtre  sauf  au  tiers  apical.  Les  couleurs  rousse  et 
noire  sont  séparées  suivant  une  ligne  qui  traverse  obliquement 
toute  la  plume.  La  paire  médiane  est  noirâtre,  très  allongée 
et  très  atténuée  à  l'extrémité  libre,  qui  seule  est  rousse. 

Le  sommet  de  la  tète  porte  une  huppe  comme  L  platensis^ 
mais  toutes  les  plumes  sont  noires  avec  une  strie  blanche, 
fine  le  long  de  la  baguette;  le  dos  est  d'un  roux  ferrugi- 
neux, un  peu  plus  pâle  sur  le  croupion.  La  nuque  et  les 
côtés  du  cou  sont  brun  grisâtre  avec  des  stries  blanchâtres 
très  fines  et  peu  prononcées.  Les  axillaires  sont  blanches 
tandis  qu'elles  sont  d'un  roux  plus  ou  moins  pâle  dans  toutes 
les  autres  espèces.  La  mandibule  supérieure  est  noire,  l'infé- 
rieure jaune  pâle  avec  la  pointe  brune. 

Nous  ajouterons  que  la  couleur  du  dos  et  des  axillaires 
ainsi  que  la  répartition  des  couleurs  de  la  queue  suffisent 
pour  distinguer  cette  espèce  au  premier  coup  d'œil. 

a,  aile  56!/î;  rectr.  méd.  105,   submed.   80,  ext.   25; 

bec  H*/*""- 
6,  aile  56;  rectr.  méd.  1 18,  submed.  85,  ext.  25  ;  bec  lV/2mm. 

44.  Synallaxis  ruflcapilla  Vieill. 

8ynallaxis  ruflcapilla  Vieillot,  Nouv.  Dici.%  XXXII  (1819), 
p.  310  («  au  Brésil  »). 

a,  adulte,  monté,   du  Brésil,  par  Delalande  fils,   1816. 
Type  de  S.  ruflcapilla  Vieill. 
Aile  59  ;  queue  80  ;  beo  1 4ma. 

Comme  Delalande  fils  n'a  voyagé  qu'aux  environs  de 


70  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.   HELLMAYR. 

Rio-de-Janeiro,  ce  type  doit  provenir  de  cette  localité.  Il 
appartient  à  l'espèce  qui  a  le  front  roux  comme  le  piléum 
et  une  bande  postoculaire  fauve  pâle. 

45.  Synallaxis  azara  d'Orb. 

Synallaxi8  azarœ  d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux  (publié  entre 
1839  et  1847),  p.  246,  descr.  orig.  (Bolivie). 

a,  adulte,  étiq.  :  n°  20.  S.  azarœ  d'Orb.  Type  d'Orbigny. 
Vallegrande,  Bolivie,  1834  G.  276  —  367.  Type  de  l'espèce, 
aile  57  ;  queue  93mm  ;  bec  (cassé). 

Beaucoup  d'incertitude  règne  sur  la  valeur  de  cette 
espèce.  Sclater  '  la  regarde  comme  étant  synonyme  de  S.  fron- 
talis  avec  doute,  bien  qu'il  ait  examiné  le  type  du  Muséum 
de  Paris.  Allen2  fait  encore  une  plus  grande  confusion 
quand  il  affirme  qu'il  y  a  trois  (  !  )  types  de  S.  azarx  dans 
la  collection  Lafresnaye  conservée  au  Musée  de  Boston,  qui 
soient  identiques  à  S.  frontalis  Pelz.  Mais  ces  exemplaires 
ne  peuvent  être  les  types,  puisque  d'Orbigny  dit  expressé- 
ment :  «  Un  individu  que  nous  avons  tué  dans  la  république 
de  la  Bolivie,  est  d'une  taille  beaucoup  plus  grande  (lon- 
gueur totale  20  V21  et  9  centimètres  pour  la  queue).  Il  pré- 
sente la  même  distribution  de  teinte,  et  diffère  des  autres  : 
1°  en  ce  que  le  roux  de  la  tête  est  beaucoup  plus  vif  et 
s'étend  sur  les  parties  postérieures  du  cou  ;  2°  par  le  roux 
plus  pâle  des  rectrices  des  ailes;  3°  parla  queue  également 

roux  clair  et  beaucoup  plus  longue  que  chez  les  autres 

nous  nommerions  cette  espèce  S.  azarx.  » 

Le  Muséum  possède  quatre  exemplaires  rapportés  par 
d'Orbigny  :  1'  et  2°  adultes  de  Corrientes,  juillet  1829  ; 
3'  adulte,  de  Vallegrande,  Bolivie,  1834  ;  4°  jeune,  dont  le 
sommet  de  la  tête  est  encore  varié  de  brun  et  de  roux,  des 
Yungas,  Bolivie,  1834. 

Les  deux  premiers  appartiennent  à  l'espèce  S.  frontalis 

1.  Cal.  Birdê  Brit.  Mus.,  XV,  p.  39. 

2.  Bull  Amer.  Mut.,  New-York,  II  (1889),  p.  243, 


PASSEREAUX  TRACHÉ0PH0NB8.  71 

Pelz.,  et  le  troisième  s'en  distingue  exactement  par  les 
caractères  indiqués  par  d'Orbigny  et  cités  plus  haut.  Il 
n'est  donc  pas  douteux  que  c'est  bien  l'exemplaire  qui  a 
été  déorit  par  d'Orbigny  et  qui  doit  être  considéré  comme 
le  type  de  S.  azarx  d'Orb. 

Grâce  à  l'obligeance  du  comte  de  Berlepsch,  nous  avons 
pu  comparer  cet  oiseau  avec  une  série  (10  exemplaires)  de 
S.  griseivmtris  Allen  provenant  des  Yungas  de  la  Bolivie, 
avec  quelques  spécimens  d'une  espèce  inédite  de  la  région 
de  Vallegran de  (Bolivie),  et  avec  deux  spécimens  de  S.  super- 
eiliosa  Cab. 

La  dernière  se  distingue  au  premier  coup  d'oeil  par  un 
trait  postoculaire  fauve  pâle,  et  il  ne  peut  en  être  question. 
L'espèce  inédite  de  Vallegrande  présente  avec  le  type  de 
5.  azarae  des  différences  bien  mises  en  évidence  par  le  comte 
de  Berlepsch,  dans  un  mémoire  en  cours  de  publication. 
L'espèce  la  plus  voisine,  peut-être  identique,  est  S.  gri- 
$eiventrùy  mais  le  spécimen  de  d'Orbigny  diffère  de  tous 
les  échantillons  examinés,  par  le  roux  beaucoup  plus  clair 
et  plus  vif  de  rectrices  alaires  supérieures  et  du  sommet 
de  la  tête  ;  cette  couleur  s'étend  de  plus  sur  toute  la  nuque. 

Il  est  possible  que  ces  différences  soient  individuelles, 
mais  la  seule  raison  qui  nous  fait  hésiter  i  réunir  S.  gri- 
seivmtris à  S.  azarX)  c'est  que  le  type  de  la  dernière  espèce 
est  étiqueté  comme  provenant  de  Vallegrande  (Bolivie 
orientale),  tandis  que  S.  griseiventris  habite  les  Yungas  de 
la  Bolivie  septentrionale.  D'Orbigny  dans  sa  diagnose  n'in- 
dique que  Bolivie  comme  lieu  d'origine.  La  localité  Valle- 
grande serait-elle  erronée  f 

46.  Syn&llaxis  semicinerea  (Rchb.). 

Leptoxyura  semicinerea  Reichenbach,  Handb.  Scan*.  (1853), 
p.  170,  pi.  521,  fig.  3610  (Brasilien). 

a,  adulte  en  mauvais  état,  acquis  de  Canivet,  en  1856, 
et  catalogué  sous  le  nom  de  :  Xenops,  n*  915. 


72  A.  MENBGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

Cet  oiseau  porte  sur  l'étiquette  :  Vallegrande,  d'Orbigny. 
C'est  une  erreur,  car  le  catalogue  d'entrée  donne  les  rensei- 
gnements que  nous  avons  indiqués  ci-dessus.  C'est  l'oiseau 
dont  parlent  Sclater  et  Salvin4  comme  provenant  de  la 
Bolivie. 

Cette  localité  doit  donc  être  rayée  de  l'aire  de  dispersion 
du  S.  semicinerea  qui  est  limité  à  l'état  de  Bahia,  Brésil 
oriental. 

47.  Synallaxis  cinnamomea  russeola  (Vieill.). 

[Certhia  cinnamomea  Gmelin,  Syst.  Nat.  1,  I  (1788),  p.  480 

(ex  Latham,  Cayenne)]. 
Syluia  russeola  Vieillot,  Nouv.  Die  t.,  XI  (1817),  p.  217  (ex. 

Azara,  n°  233,  Paraguay). 

Synallaxis  rufleauda  Vieillot,  Nouv.   Dict.,  XXXII  (1819), 
p.  310  («  apportée  du  Brésil  »). 

a,  adulte  monté,  rapporté  du  Brésil  (Rio-de- Janeiro),  en 
1816,  par  Delalande  fils.  Type  de  Synallaxis  ruficauda  Vieill. 

6,  monté,  du  Brésil,  1820,  par  le  prince  Max  de  Wicd- 
Neuwied. 

c,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  1824,  par  Ménétriès. 

d,  monté,  du  Brésil,  par  Auguste  Saint-Hilaire. 

e,  fy  montés,  de  Corrientes,  par  d'Orbigny,  juillet  1829. 

Sous  ce  nom  nous  distinguons  la  forme  méridionale  de 
S.  c.  cinnamomea,  que  les  auteurs  ont  nommée  S.  ruficauda. 
Tous  ces  spécimens  diffèrent  de  ceux  de  Cayenne  (S.  cinna- 
momea typique)  par  leurs  dimensions  un  peu  plus  fortes, 
par  leur  dos  moins  roussfttre  et  par  les  flancs  qui  sont  plus 
sensiblement  lavés  de  brunâtre. 

Les  échantillons  de  Corrientes  qui  sûrement  représentent 
la  S.  russeola,  nom  fondé  par  Vieillot  sur  la  description 
d' Azara,  sont  identiques  à  ceux  du  Brésil  [S.  ruficauda).  Le 
premier  nom  étant  le  plus  ancien  doit  être  conservé. 

t.  p.  z.  S.,  1879,  p.  6Î0. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  73 

48.  Synallaxis  mustelina  Sel. 

8ynallaxis  mustelina  Sclater,  P.  Z.  £.,  1874,  p.  14  (Rio 
Madeira.  Mus.  Vienne). 

a,  (/,  adulte,  monté  ;  b}  c,  </cf,  ad.,  de  Pébas,  Pérou,  par 
Castelnau  et  De  ville. 

rf,  o%  adulte,  monté,  de  Sarayacu,  Pérou,  par  Castelnau 
et  De  ville. 

Ces  quatre  exemplaires  ne  présentent  aucune  trace  de 
jaune  sous  la  gorge  comme  le  vrai  S.  cinnamotnea.  Les 
parties  supérieures  sont  d'un  roux  ferrugineux  très  vif, 
sauf  le  croupion  qui  est  isabelle. 

49.  Synallaxis  unirufà  (Lafr.). 

8ynnalaxi8  unirufus  Lafresnaye,   Rev.  zool.,  1843,  p.  290 
(Colombie,  Bogota), 
a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé  de  Bogota,  par  Rieffer,  1843. 

50.  Synallaxis  castanea  (Sel.). 

8ynaUaxis  castanea  Sclater,  Ann.  Mag.  nat.  Hist.,  (2),  XVII 

(1856),  p.  466  (Caracas). 

a,  6,  o*  ad.  et  adulte  sans  indication  de  sexe,  de  Caracas, 
par  Levraud.  Types  de  l'espèce.  Aile  59,  62;  queue  105,  103; 
bec  14  V3,  15". 

Cette  espèce  se  reconnaît  de  suite  par  la  oouleur  du  corps 
entièrement  roux  cannelle,  sur  laquelle  tranche  très  nette* 
ment  la  gorge  noire  et  le  menton  blanc. 

Sclater  prétend  que  cette  espèce  ne  possède  que  huit 
rectrices,  c'est  vrai  pour  ces  deux  exemplaires,  mais  dans 
l'espèce  la  plus  voisine,  S.  unirufa  Lafr.,  il  y  en  a  dix.  On 
peut  donc  admettre  qu'il  leur  manque  une  paire  de  rectrices. 

N.  B.  —  Nous  n'avons  pu  trouver  dans  les  collections 
le  type  de  S.  candei  Lafr.  et  d'Orb. l,  qui  probablement  n'y 
a  jamais  existé. 

I.  Stn*MUxi$  Cradti  UTr.  et  d'Orb.,  Bsv.  tool.,  1M8,  p.  ltt  (Cartbafèoe). 


74  A.   MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

51.  Synallaxis  maximiliaai  d'Orb. 

Synallaxi8  maximiliani  jd'Orbigny,    Voyage,  Oiseaux  (publ. 

entre  1838  et  1847),  p.  247  (montagne  du  Bis  cachai,  près 

Carcuata,  Yungas,  Bolivie). 
8.  torquata  (nec  Wied.)  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av., 

I,  in  :  Mag.  zool.,  1837,  cl.  II,  p.  25  (Carcuata,  Bolivia); 

d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux,  pi.  XV,  fig.  1. 

a,  adulte,  monté  de  Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834. 
Type  de  l'espèce. 

La  poitrine  et  l'abdomen  sont  exactement  de  la  même 
couleur,  roux  châtain.  L'oiseau  étant  en  mue,  nous  n'en 
donnons  pas  les  dimensions. 

b,  <£  ad.,  de  Tapia,  Tucuman,600  mètr.,  décembre  1902, 
rapporté  par  G.-  A.  Baer. 

Cet  oiseau  se  distingue  du  type  par  l'abdomen  beaucoup 
plus  pâle,  d'un  roux  ocreux,  seulement  en  arrière  de  la 
bande  noire,  il  y  aune  étroite  bande  d'un  roux  châtain  pur. 

N.  B.  —  Nous  n'avons  malheureusement  pas  retrouvé 
dans  les  collections  le  type  de  S.  bitorquata  Lafr.  et  d'Orb.  * 

52.  Synallaxis  phryganophila  (Vieill.) 

Syluia  phryganophila  Vieillot,  Nouv.  Dict.,  XI  (1817),  p.  207 

(ex  Azara,  n°  229.  Paraguay). 
8ynallaxi8  teoellata   Temminok,   Recueil  PL  col.  livr.  52 

(nov.  1824),  pi.  311,  fig.  1  (San-Paulo,  Mus.  Paris). 

a,  adulte,  monté,  de  Saint-Paul,  Brésil,  par  Auguste 
Saint-Hilaire,  août  1822.  Type  de  S.  te  ce  lia  ta  et  de  la 
planche  dans  l'ouvrage  de  Temminck. 

b,  c,  adultes,  montés,  de  Corrientes,  par  d'Orbigny, 
juillet  1829. 

d,  monté,  donné  par  Fontaine. 

Le  spécimen  du  Brésil  (a)  ne  diffère  pas  de  ceux  de  Cor- 
rientes. 

1.  Syn.  Av.,  I,  In  Mêç.  zool.t  1837,  cl.  II,  p.  24  (Chlqoltos). 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  75 

N.  B.  —  Synallaxis  troglodytoides  Lafr.  et  cTOrb.1  appar- 
tient à  la  famille  des  Troglodytidés  et  au  genre  Cistotkorus. 
Nous  venons  de  trouver  dans  les  collections  du  Muséum  le 
type  décrit  par  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  que  M.  Sclater2 
avait  cherché  en  vain. 

Nous  reviendrons  sur  ce  sujet  dans  un  travail  ultérieur. 

53.  Siptornis  vulpina.  vulpina  (Pelz.). 

8ynallaxi8  vulpina  Pelzeln,  Sitzungsber.  Akad.  Wissensch. 
Wien,  XX  (1856),  p.  162  (Brasilien;  les  types  provenaient 
de  Goiaz  et  de  Mattogrosso;  voir  Pelz.,  Orn.  Bras.,  I, 
p.  37). 

Synallaxis  vulpecula  Sclater  et  Salvin,  P.Z.S.,  1866,  p.  184 
(«  in  ripis  fl.  Ucayali  sup.  etinf.  »). 

a,  6,  tP  adulte,  *o  jeune,  de  Pébas,  Pérou,  par  Castel- 
nau  et  De  ville. 

c,  pullus  (poussin),  de  l'intérieur  du  Brésil,  par  les  mêmes 
voyageurs. 

d,  çf  ad.,  de  Nauta,  Pérou,  14  nov.  1883,  recueilli  par 
J.  Hauxwell.  Coll.  Boucard. 

Les  adultes  ont  toutes  les  parties  supérieures  roux  ferru- 
gineux saufle  croupion  qui  est  d'un  brun  olivâtre  pâle. 

On  a  considéré  les  oiseaux  du  Pérou  comme  étant  une 
forme  distincte,  mais  les  différences  ne  paraissant  pas  être 
constantes,  nous  réunissons  donc  la  forme  vulpecula  à  la 
forme  typique. 

Sclater  a  placé  cette  espèce  dans  le  genre  Synallaxis, 
qui  n'a  que  dix  rectrices.  Nous  en  avons  trouvé  douze, 
elle  appartient  donc  au  genre  Siptornis.  En  effet,  elle  est 
très  voisine  de  S.  pallida  (Wied.),  mais  pourtant  distincte. 


1.  Syn.  Av.,  in  :  Uèq.  zoot^  1S37,  cl.  II.  p.  2î  (PatagooU);  d'Orblgoj,  Voyflft, 
Oitêaux,  p.  238  (BahU  de  San-Blu,  PaUgonie). 
t.  P.  Z.  S.,  1874,  p.  27. 


76  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

54.  Siptornis  vulpina  alopecias  (Pelz.). 

Synallaxi8  alopecias  Pelzeln,  Sitzungsber.  Akad.  Wissensch. 
Wien,  XXXIV  (1859),  p.  101  (Brasilien,  les  types  venaient 
du  Rio  Branco,  Brésil  sept.  ;  voir  Pelzeln,  Orn.  Bras.,  I, 
p.  37). 

a,  adulte,  du  haut  Sarare,  par  Geay,  1897. 

Le  Sarare  forme  la  limite  entre  le  Venezuela  et  la 
Colombie  ;  c'est  un  affluent  du  Rio  Apure,  qui  se  jette  dans 
TOrénoque. 

S.  v.  alopecias  (Pelz.)  se  distingue  de  la  forme  précédente 
paroe  qu'il  a  le  dos  tout  entier  d'un  brun  olivâtre  uniforme, 
le  sommet  de  la  tête  seul  est  roux  comme  les  ailes  et  la 
queue. 

L'un  de  nous  a  examiné  les  types  de  S.  alopecias  appar- 
tenant au  Musée  de  Vienne,  et  une  série  du  haut  Orénoque, 
et  tous  présentent  les  caractères  que  nous  avons  signalés 
ci-dessus. 

L'aire  de  dispersion  de  cette  forme  est  donc  la  suivante. 
Brésil  septentrional  :  Forte  do  Rio  Branco  (Natterer);  Vene- 
zuela :  Caicara  et  Altagracia  sur  les  bords  du  haut  Oré- 
noque (Cherrie),  Sarare  (Oeay). 

55*  Siptornis  gutturata  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Anabate8  gutturatus  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  :  Mag.  zooi,  1838,  cl.  II,  p.  14  («  Yuracares,  rep.  Boli- 
viana  »). 

Synallaxis  hyposticta  Pelzeln,  SitzungsBer.  Akad.  Wissensch. 
Wien,  XXXIV  (1859),  p.  102  («  Brasilia  ».  Le  type  venait 
de  Boavista,  Rio  Negro;  voir  Pelzeln,  (h%n.  Brasil.t  I 
1867,  p.  38);  Sclater,  Salvin,  P.  Z.  S.,  1879,  p.  620  (Yura- 
cares ;  d'Orbigny,  Mus.  Paris). 

a,  jeune,  étiq.  :  Ayuracares,  d'Orbigny,  1834,  n°  372. 
D.  410.  Type  d'Anabates  gutturatus  Lafr.  et  d'Orb. 


PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  77 

A,  c,  adultes,  montés,  de  l'Equateur  oriental,  rapportés 
par  Buckley,  acquis  de  Gerrard. 

Le  spécimen  a  quoique  ayant  été  examiné  par  Sclater,  il 
y  a  longtemps,  n'avait  pas  été  reconnu  comme  le  type 
d'Anabates  gutturatus,  espèce  complètement  oubliée  dans 
les  ouvrages  depuis  sa  description  par  Lafresnaye  et  d'Or- 
bigny.  Cependant  en  le  comparant  avec  la  diagnose  origi- 
nale, il  ne  peut  y  avoir  aucun  doute  sur  son  identité,  car  les 
caractères,  les  dimensions  (longueur  totale  de  14,5  •■)  et 
la  localité  d'origine  correspondent  parfaitement  aux  indi- 
cations données  par  les  auteurs  de  l'espèce.  L'identification 
a  été  peut-être  rendue  difficile  par  ce  fait  que  l'espèce  a 
été  omise  dans  la  partie  ornithologique  du  voyage  de  d'Or- 
bigny  et  qu'elle  a  été  comparée  in  Mag.  zool.}  1.  c,  avec 
un  oiseau  appartenant  à  un  genre  très  différent  (Margaror- 
nis  squamiger  Lafr.  et  d'Orb.). 

Nous  avons  entre  les  mains  une  série  de  six  échantillons 
provenant  du  Caura  et  de  l'Orénoque  qui  nous  ont  été 
obligeamment  communiqués  par  le  musée  de  Tring.  Ces 
derniers  ont  été  comparés  par  un  de  nous  au  type  de 
S.  hyposticta  Pelz.  (Musée  de  Vienne).  Tous  ces  exem- 
plaires concordent  parfaitement  et  appartiennent  à  la  même 
forme  qui  doit,  à  partir  de  maintenant,  prendre  le  nom  de 
guUuratus  comme  étant  le  plus  ancien. 

Voioi  les  dimensions  des  spécimens  examinés  : 

Type  <FA.  guUuratus  Lafr.  et  d'Orb.  :  aile  63 */2;  queue 
59;  bec  15—. 

</  ad.,  de  Boavista,  Rio  Negro,  type  de  S.  hyposticta  Pelz.  : 
aile  72;  queue  66;  bec  16". 

2  c/cA  Orénoque  supérieur  :  aile  67,  68;  queue  60 */*•  64; 
bec  15, 15  V*"". 

2  </df>  du  Caura,  Venezuela  :  aile  66, 68;  queue  60  ■/*  62; 
bec  15, 15*/2" . 

2  Pf>,  du  Caura  :  aile 65, 60  ;  queue  58, 57  ;  beo  15, 14  */2  ""• 


78  A.  MEN EGAUX  ET  G.-B.   HELLMAYR. 

56.  Siptornis  subcristata  (Sel.). 

Synallaxis  subcristata  Sclater,  P.  Z.  S.  1874,  p.  20,  pi.  IV, 
fig.  1  («  Venezuela,  prope  urbem  Caracas  »). 

a,  ft,  adulte  et  jeune,  envoyés  de  Caracas,  Venezuela,  par 
Levraud,  en  1856.  N0'  455,  495. 

57.  Siptornis  striaticeps  striaticeps  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Synallaxis  striaticeps  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.  I,  in  : 
Mag.  Zool.  1837,  cl.  II,  p.  22  (part.  :  «  Corrientes  (Rep. 
argentins)  »). 

a,  adulte  monté,  de  Corrientes,  par  d'Orbigny,  juillet  1829. 
Type  de  V espèce.  —  Aile  59  ;  queue  64 mm  ;  bec  (cassé). 

Bien  que  les  auteurs  de  S.  striaticeps  n'aient  pas  distingué 
cette  forme  de  la  suivante,  ce  nom  doit  être  conservé  à 
celle  de  l'Argentine  parce  que  la  localité  Corrientes  est 
indiquée  la  première. 

58.  Siptornis  striaticeps  ruflpennis  (Sel.  et  Salv.). 

Synallaxis  ruflpennis  Sclater  et  Salvin,  P.  Z.  S.  1879,  p.  620 
(Tilotilo,  Bolivia). 

8.  striaticeps  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  1.  c.  (part.  :  «  Cocha- 
bamba  (rep.  Boliviana)  »). 

a,  adulte  monté,  de  Vallegrande,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834.  Cotype  de  S.  striaticeps  Lafr.  et  d'Orb.  Aile  63  ;  queue  63  ; 
bec  Umm. 

Cet  exemplaire  se  distingue  à  peine  du  type  de  Corrientes 
parce  que  les  stries  du  sommet  de  la  tête  s'étendent  un 
peu  plus  en  arrière.  L'autre  différence,  c'est-à-dire  les  bor- 
dures rousses  des  secondaires,  indiquée  par  Sclater  et 
Salvin  n'existent  pas  dans  notre  spécimen. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONBS.  79 

59.  Siptornis  albiceps  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Synallaxi8  albiceps  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.  I,  in 
Mag.  Zool.  1837,  cl.  II,  p.  23  («  Sica-Sica,  rep.  Boliviana  »). 

a,  ft,  adultes  montés,  de  Sica-Sica,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834.  N*  D.  287.  Types  de  l'espèce.  Aile  65,  68  ;  queue  69  ; 
bec  14V2mm. 

60.  Siptornis  humioola  (Kittl.). 

Synnalaxi8  (sic)  humioola  Kittlitz,  Mim.  Acad.  se.  Saint» 
Pétersbg.  (savants  étrangers),  I  (1831),  p.  185,  pi.  VI  (Val- 
paraiso,  Chili). 

Synallaxis  humioola  d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux,  p.  245  (part.  : 
Valparaiso). 

a,  adulte,  de  Valparaiso,  Chili,  par  d'Orbigny,  1830.N0 159. 

b,  adulte,  du  Chili,  par  l'expédition  de  la  Danaide,  mai  1843. 
e,  jeune,  de  Valparaiso,  par  Oaudichaud,  mai  1832. 

d%  e,  adulte  et  jeune  mâle,  du  Chili,  recueillis  par  Reed, 
1872.  Coll.  Boucard. 

8ous  le  nom  de  S.  humioola,  d'Orbigny  a  compris  deux 
espèces  comme  Reichenbach  l'a  démontré. 

Le  spécimen  de  Valparaiso  s'accorde  parfaitement  avec 
ceux  rapportés  par  Reed  et  par  l'expédition  de  la  Danaïde . 

61.  Siptornis  d'orbignyi  (Reichb.). 

Synallaxi8  humioola  (nec  Kittlitz)  Lafresnaye  et  d'Orbigny, 
Syn.  Av.  I,  in  Mag.  zool.  1837,  cl.  II,  p.  24  (La  Paz,  rep. 
Boliviana);  d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux,  p.  245,  pi.  XVII, 
fig.  2  (texte  part.  :  La  Paz,  Cochabamba  et  Palca,  Bolivie). 

Bathmidura  d'Orbigny!  Reichenbach,  Handb.  Seans.  (1853), 
p.  163  (ex  d'Orbigny,  pi.  XVII,  fig.  2). 

a,  adulte  monté,  d'Ayupaya,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834. 
Type  de  B.  d'Orbigny i  Rchb. 

b9  av.  junior  (en  peau),  de  Cochabamba,  Bolivie,  par 
d'Orbigny,  1834.  N*369.  D.  197. 


80  A.  MENEGAUX  ET  C.*E.  HELLMAYR. 

Reichenbach  a  établi  ce  nom  sur  la  planche  de  d'Orbigny, 
qui  représente  un  oiseau  avec  une  tache  rousse  sur  la 
gorge.  Le  premier  spécimen  seul  a  ce  caractère  nettement 
prononcé,  et  comme  il  répond  exactement  pour  le  reste 
aussi  à  la  figure,  il  doit  être  considéré  comme  le  type  de 
B.  d'orbignyi  Rchb. 

Le  second  spécimen  s'en  distingue  par  une  taille  plus 
petite,  surtout  par  la  queue  plus  courte,  par  l'absence  de 
tache  rousse  sous  la  gorge  et  de  la  bande  alaire  roux  can- 
nelle. 

a,  aile  68;  queue  77;  bec  13V2mm- 

by  aile  65  ;  queue  66 mm  ;  bec  —  (cassé). 

62.  Siptornis  patagonica  (d'Orb.). 

Syn  al  Iaxis  patagonica  d'Orbigny,  Voyage ,  Oiseaux  (publié 
entre  1838  et  1847),  p.  249,  descr.  orig.  (Rio  Negro,  en 
Patagonie). 

a,  adulte,  de  Patagonie,  par  d'Orbigny,  1831.  N'  71. 
6,  adulte,  de  Patagonie,  février  1831,  par  d'Orbigny. 
Types  de  l'espèce. 

a,  aile  58  ;  queue  69;  bec  llmm. 

b,  aile  58  ;  queue  70  ;  bec  12nUB. 

Sclater  indique  que  la  queue,  dans  cette  espèce,  est 
comparativement  courte  ;  ceci  doit  être  une  erreur,  ce  sont 
plutôt  les  ailes  qui  sont  visiblement  plus  courtes  que  dans 
les  espèces  voisines. 

63.  Siptornis  multo-striata  (Sel.). 

8ynallaxi8 multo-striata  Sclater,  P.  Z.  S.  1857,  p.  273 (Bogota. 
Mus.  Paris). 

Siptornis  flammulata  Sclater,  Cat.  Birds.  Brit.  Mus.  XV, 
p.  72  (part.  :  Colombia). 

a,  adulte  monté,  de  Santa-Fé  de  Bogota,  aoquis  de 
H.  Rieffer,  1 843.  Type  de  Synallaxis  multo-striata  Sel.  Aile  64  ; 
queue  75;  bec  W/2l 


mm 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONBS.  81 

M.  Sclater,  in  P.  Z.  S.  1869,  p.  636,  note,  fait  remarquer 
que  S.  mu  Itos  tria  ta,  de  Colombie  est  identique  kS.flammulata 
de  rÉquateur,  mais  cette  affirmation  est  une  erreur,  car 
nous  avons  entre  les  mains  le  type  de  la  première  espèce 
et,  en  le  comparant  à  de  nombreux  spécimens  de  l'autre, 
nous  avons  trouvé  les  différences  suivantes  : 

1*  S.  multo-striata.  Menton  et  milieu  de  la  gorge  d'un 
roux  ferrugineux  intense;  les  lores  et  la  bande  sourcilière, 
jusqu'à  l'angle  postérieur  de  l'œil,  d'un  roux  ferrugineux, 
un  peu  moins  vif  ;  les  stries  longitudinales  blanches  situées 
sur  le  dos  sont  plus  étroites;  les  bordures  noirâtres  des 
taches  des  parties  inférieures  sont  assez  larges  et  très  bien 
limitées,  même  sur  les  flancs,  et  tranohent  nettement  sur 
la  couleur  blanchâtre  du  fond. 

2*  S.  flammulata  (plusieurs  exemplaires  du  Pichincha  et  de 
Quito).  Menton  blanchâtre,  milieu  de  la  gorge  d'un  jaunâtre 
soyeux  ;  les  lores  et  une  bande  sourcilière  allant  des  narines 
aux  côtés  du  cou  blanchâtres  ;  les  stries  du  dos  sont  plus 
larges  et  les  bordures  des  taches  des  parties  inférieures 
sont  plus  étroites,  moins  nombreuses  et  moins  foncées. 

Un  oiseau  de  Bogota  appartenant  au  musée  de  Tring 
présente  les  mômes  caraotères  que  le  type  ;  donc  S.  multo* 
striata  est  bien  une  forme  distincte  de  S.  flammulata. 

64.  Siptornis  maluroides  (Lafr.  et  d'Orb.). 

8ynallaxi8  maluroides  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.  I,  in 
Mag.  Zool.  1837,  cl.  II,  p.  22  («  Buenos-Ayres(Rep.  Argen- 
tins) m  )  ;  d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux,  p.  238,  pi.  XIV,  fig.  3. 

a,  é,  adultes,  montés,  de  Buenos~Ayres,  juillet  1829,  par 
d'Orbigny.  N#  165.  Types  de  l'espèce. 

c,  cf  ad.,  rapporté  de  Buenos-Ayres,  septembre  1876,  par 
le  Dr  Rey. 

Dimensions  des  types  :  aile  51,  50l/2;  queue  59,  67;  bec 
12%  12-. 

TOME  XIX.  6 


82  A.  MBNEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

65.  Metopothrix  aurantiacus  Sel.  et  Salv. 

Metopothrix  aurantiacus  Sclater  et  Salvin,  P.  Z.  S.   1866, 

p.  190,  pi.  XVIII  (Sarayacu.  Pérou). 

a,  cf  ad.,  de  Sarayacu,  Pérou,  par  Gastelnau  et  Deville, 
en  1846.  Aile  56  ;  queue  46;  bec  10y2mm. 

Cette  forme  remarquable  qui  a  été  rangée  par  les 
auteurs  dans  la  famille  de  Pipridàs  (!),  fait  partie,  comme 
Ta  démontré  le  comte  de  Belepsch1,  de  celle  des  Dendro- 
colaptidés,  mais  par  la  couleur  vive  du  front  et  de  la  gorge 
c'est  un  type  aberrant  dans  cette  famille  comme  les  espèces 
du  genre  Xener pestes.  La  principale  différence  qui  existe 
entre  ces  deux  genres,  c'est  que  dans  Metopothrix  la  queue 
est  plus  étagée. 

Le  spécimen  de  la  collection  a  déjà  été  recueilli  en  1846, 
et  la  description  originale  faite  en  Angleterre  est  de  vingt 
ans  postérieure. 

66.  Anumbius  anumbi  (Vieill.). 

Furnartus  anumbi  Vieillot,  Nouv.  Die  t.,  XII  (1817),  p.   117 
(ex  Azara,  n°  222.  Paraguay). 

Anumbius  anthoîdes  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 

in  :  Mag.  Zool.,  1838,  cl.  II,  p.  17  (Corrientes,  rep.  Argen- 

tina). 

a,  adulte,  monté,  de  Corrientes,  par  d'Orbigny,  1829. 
Type  d' Anumbius  anthoîdes  Lafr.  et  d'Orb.  Aile  84  '/?  ; 
queue  86  ;  bec  i6mm. 

6,  adulte,  monté,  par  A.  Saint-Hilaire,  août  1822,  de 
Cascambre,  sud  de  la  capitanerie  de  Saint-Paul,  Brésil. 

c,  adulte,  monté,  de  la  capitanerie  de  Qoyaz,  Brésil,  par 
A.  Saint-Hilaire,  1822. 

d}  monté,  du  Brésil,  par  Saint-Hilaire,  1822. 

6,  *o,  ad.  monté,  de  Maldonado,  Uruguay,  par  d'Orbigny. 

t.  Ibis.,  1903,  p.  108, 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  83 

/,  9 y  adultes,  du  Rio-Negro,  Patagonie,  février  1831,  par 
d'Orbigny. 

Les  échantillons  du  Brésil  offrent  les  mêmes  dimensions 
que  celui  de  Corrientes  que  nous  pouvons  regarder  comme 
représentant  la  forme  typique.  Ceux  de  la  Patagonie,  de 
TUruguay  et  de  Buenos-Ayres  (Mus.  Berlepsoh)  sont  sen- 
siblement plus  petits. 

8pécimen  de  Corrientes  :  aile  84  */2  ;  queue  86m. 

o"o*«0,  de  Rio  Ver  de,  Brésil*  :  aile  84,  88,  89; 
queue  101,  90,  89mm. 

Une  «o  de  Jaguaraiba,  Brésil 2  :  aile  80  ;  queue  80°"". 

Un  o"  d'Itararé,  San-Paulo  3  :  aile  82  */2  ;  queue  76  */2. 

<#>p,  de  Curitiba  Parana  *  :  aile  85,  85,  82  ;  queue  88, 
94,  89-m. 

Un  adulte  de  Ooyaz  :  aile  86  */2;  83mm. 

Spécimen  de  Casoambre,  San-Paulo  :  aile  84mm. 

o"«o,  de  Buenos-Ayres  (Mus.  Berlepsch)  :  aile  78,  79; 
queue  74,  75n,m. 

f,  de  Maldonado  :  aile  79m*. 

Deux  spécimens  de  Patagonie  :  aile  74,  75  ;  queue  80mm. 

Quoique  cette  espèce  ait  déjà  été  signalée  au  Brésil  par 
Pelzeln 5,  Sclater  n'indique  pas  ce  pays  dans  le  Cat.  Birds 
Btit.  Mus.,  XV,  p.  75. 

67.  Pseudocolaptes  lawrenoii  Ridgw. 

Pseudocolaptes  lawrenoii  Ridgway,  Proc.  U.  S.  Mus.,  I  (1879), 
p.  253  (Costa- Rica). 

Pseudocolaptes  costaricensis  Boucard,  Bull.  Soc.  zool.  France, 
V  (1880),  p.  230  (Navarro,  C  os  ta- Rie  a). 

a,  jeune,  de  Navarro,  Costa-Rica,  1877.  Type  de  P.  cos- 
taricensis  Bouc.  Coll.  Boucard. 

1.  Musée  de  Vienne. 

2.  Idem. 

3.  Idem. 

4.  Idem. 

5.  PeUeln,  Orn.  Brésil.,  I  (1867),  p.  38. 


84  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.    HELLMAYR. 

68.  Phacellodomus  ruber  (Vieill.). 

Furnarius  ruber  Vieillot,  Nom.  Dict.,  XII  (1817),  p.  118  (ex 
Azara,  n°  220  :  Paraguay). 

Phacellodomus  rufipennis  Sclater,  P.  Z.  S.,  1889,  p.  33  (Inte- 
rior  of  Bolivia). 

Anumbiu8  ruber  Lafr.  et  d'Orb.,  Syn.  Av.,  II,  in  Mag.  zool., 
1838,  cl.  H,  p.  18  (Corrientes,  Mojos);  d'Orbigny,  Voyage, 
Oiseaux,  p.  253. 

a,  adulte,  du  Paraguay.  Acquis  de  Verreaux. 

b,  adulte,  monté,  de  Corrientes,  juillet  1829,  par  M.  d'Or- 
bigny, n°  169. 

c,  adulte,  monté,  de  Paracatu,  Minas  Geraës,  Brésil, 
par  Auguste  Saint-Hilaire,  août  1822. 

d,  jeune,  de  Mojos,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834,  n°  381. 
Nommé  Anumbius  ruber,  par  Lafresnaye  et  d'Orbigny. 

Les  trois  premiers  exemplaires  (a,  b,  c)  sont  absolument 
semblables  :  le  dos  est  chez  tous  d'un  brun  terreux  pâle, 
contrastant  avec  la  couleur  de  la  calotte  qui  est  roux  ferru- 
gineux vif. 

L'échantillon  d  correspond  à  la  description  de  P.  ruber, 
dans  le  Cat.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  80,  parce  que  le  dos 
est  presque  aussi  roux  que  le  sommet  de  la  tête. 

Cependant,  l'examen  fait  au  Musée  de  Vienne  d'une  nom- 
breuse série  provenant  du  M atto grosso  et  du  Paraguay  nous 
a  prouvé  que  les  oiseaux  à  dos  roux  vif  ne  sont  que  les  jeunes 
de  ceux  à  dos  d'un  brun  terreux,  puisque  nous  y  avons 
trouvé  tous  les  passages  entre  ces  deux  extrêmes.  Donc  nous 
concluons  que  P.  rufipennis  est  un  simple  synonyme  de 
P.  ruber.  Nous  ajouterons  que  la  nouvelle  localité  Minas 
Geraës  étend  l'aire  de  dispersion  beaucoup  vers  Test. 

69.  Phacellodomus  rufifirons  (Wied). 

Anabates  ruflfrons  Wied,  Reise  Brasilien,  II  (1821),  p.  177 
(Tamburil,  près  Vareda,  province  de  Bahia). 


PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  85 

Anumbiua  rufifrons  Lafr.  et  d'Orb.,  Syn.  Av.,  II,  in  Mog. 
zool.j  1838,  cl.  II,  p.  19(Chiquitos,  Bolivie). 

Phacellodomus  sincipitalis  Cabanis,  Journ.  f.  Ornith.,  1883, 
p.  109  (Tucuman,  Argentine). 

a,  adulte,  monté,  rapporté  du  Brésil,  par  le  prince  Max 
de  Wied-Neuwied.  Cotype  de  l'espèce. 

b,  c,  adultes,  de  Bahia.  Coll.  Boucard. 

d,  adulte,  monté,  de  Paraoatu,  Minas  Geraës,  par  Auguste 
Saint-Hilaire,  août  1822. 

e,  adulte,  monté,  de  Miranda,  Qoiaz,  par  Castelnau  et 
Deville,  1846. 

f,  presque  adulte,  de  Salvador,  haut  Paraguay,  par 
Laglaize.  Coll.  Boucard. 

g,  o*  ad.,  de  Santa-Ana,  Tucuman,  350  môtr.,  26  nov. 
1902,  recuilli  par  G. -A.  Baer. 

À,  adulte,  monté,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834. 

Les  oiseaux  de  Bahia,  dont  nous  avons  examiné  douze, 
ont  en  général  les  trois  rectrices  externes  gris  brunâtre,  et 
le  croupion  de  la  couleur  du  dos,  tandis  que  ceux  de  Tucu- 
man, Paraguay  et  Chiquitos  ont  les  mêmes  rectrices  d'un 
roussâtre  pâle  et  le  croupion  sensiblement  lavé  de  fauve. 
Cependant  les  échantillons  de  l'intérieur  du  Brésil  (Minas, 
Ooiaz  et  Mattogrosso),  se  rapprochent  les  uns  de  la  forme 
de  Bahia,  les  autres  de  celle  de  Tucuman.  Il  nous  parait 
donc  impossible  de  séparer  P.  sincipitalis  de  P.  rufifrons, 
même  comme  race  locale. 

Le  seul  exemplaire  de  d'Orbigny  est  étiqueté  comme 
provenant  du  territoire  des  Chiquitos,  situé  dans  les  plaines 
de  la  Bolivie  orientale.  Cette  même  indication  est  repro- 
duite dans  le  travail  de  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  cepen- 
dant ce  dernier  naturaliste  dans  son  Voyage  dans  l'Amérique 
méridionale,  p.  256,  dit  :  Nous  avons  rencontré  cette  espèce 
sur  les  plateaux  des  Andes  boliviennes,  dans  la  province 
de  Sioasica  à  près  de  4,000  mètres  d'élévation. 


86  A.  MENBGAUX  ET  C.-E.   HELLMAYR. 

Ces  deux  assertions  se  contredisent,  car  il  nous  paraît 
impossible  que  cet  oiseau  qui  habite  les  campos  brésiliens 
se  trouve  aussi  à  une  si  grande  hauteur  dans  les  Andes. 

70.  Phaoellodomus  inornatus  Ridgw. 

Phacellodomu8  inornatus  Ridgway,  Proo.  0.  S.  Mus.,  X,  1887 
(1888),  p.  152  (Caracas,  Venezuela). 

a,  6,  adultes,  de  San-Fernando,  Rio  Apure  (affluent  de 
TOrénoque),  Venezuela,  par  Laglaize,  1897. 

Ces  deux  exemplaires  n'offrent  aucune  trace  de  roux 
sur  le  front  et  correspondent  très  bien  à  la  description 
originale  de  Ridgway. 

L'un  de  nous  en  a  examiné  une  série  de  six  :  un  du 
mont  Bucarito,  province  de  Tocuyo,  et  cinq  des  environs  de 
Cumana,  qui  tous  présentent  ce  même  caractère.  Donc  cette 
forme  est  bien  distincte  de  P.  rufifrons. 

71.  Phaoellodomus  striaticeps  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Ànumbiua  striaticeps  Lafresnaye  etd'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  Mag.  zool.y  1838,  cl.  II,  p.  19  (Sicasica,  Bolivia). 

a,  o*  ad.,  monté,  de  Sicasica,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834,  type  de  V espèce.  Aile  67;  queue  70;  bec  16ma>. 

Ce  type  s'accorde  bien  avec  un  o*  ad.,  de  Tucuman, 
appartenant  au  Musée  de  Tring,  sauf  quelques  variations 
individuelles  peu  importantes. 

72.  Phaoellodomus  striatioollis  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Anumbius  striatioollis  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn  Av. >  II, 
in  Mag.  zool.,  1838,  cl.  II,  p.  18  (Buenos-Ayres). 

a,  adulte,  monté,  de  Buenos-Ayres,  par  d'Orbigny,  1829, 
type  de  l'espèce.  Aile  62;  queue  83;  bec  141/2aim- 

6,  cf  adulte,  monté,  de  Montevideo,  par  d'Orbigny,  sep- 
tembre 1827.  Aile  64;  queue  incomplète;  bec  15 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  87 

La  distribution  de  cette  espèce  est  plus  grande  que  ne 
Ta  indiquée  M.  Sclater  (1.  c),  puisque  Natterer  en  a  récolté 
deux  exemplaires,  près  Curitiba,  province  de  Par  an  a, 
Brésil.  ■ 

73.  Pseudoseisura  cristata  (Spix). 

Anabates  cristatus  Spix,  Av.  Bras.  ,1(1 824),  p.  83,  pi .  LXXXIV, 
(prope  pagum  Malhada  ad  flumen  Sancti-Francisci). 

Anabates  unirufus  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  :  Mag.zooL,  1838,  cl.  II,  p.  16  (Moxos,  rep.  Boliviana); 
d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux,  p.  259,  370,  pi.  LV,  fig.  1  * 
(dans  la  province  de  Moxos,  près  de  la  mission  de  Mag- 
dalena). 

Homorus  Qalatheœ  Leverktihn,  Journ.  f.  Ornith.,  1889, 
p.  106  (Cuyaba,  Mattogrosso). 

a,  adulte,  monté,  de  Bahia,  acheté  à  Canivet  en  1856. 
bt  adulte,  monté,  du  Brésil,  acquis  en  1840. 

c,  adulte,  monté,  bords  de  la  rivière  San-Francisco, 
Bahia,  recueilli  par  A.  Sain  t-Hila  ire,  août  1822.  Aile  97; 
queue  97  ;  bec  20  !/2  ■- 

d,  adulte  en  peau,  étiq.  :  D.  93.  Mojos,  Bolivie.  D'Or- 
bigny, 1834,  n°  380.  Type  d' Anabates  unirufus  Lafr.  et 
d'Orb. ,  figuré  dans  l'ouvrage  de  d'Orbigny.  Aile  96; 
queue  97  ;  bec  20mm. 

Le  type  d' Anabates  unirufus  s'accorde  parfaitement  comme 
dimensions  et  coloration  avec  plusieurs  peaux  du  Matto- 
grosso (//.  galathex  Lev.)  appartenant  au  Musée  de  Vienne. 
Les  différences  que  Leverktihn  a  cru  remarquer  entre  son 
type  de  //.  galathex  et  la  description  de  d'Orbigny  n'exis- 
tent pas,  car  les  dimensions  données  par  ce  dernier  auteur, 
sont  inexactes  (voir  plus  haut),  et  la  coloration  de  la  huppe 
n'est  pas  constante. 

Hellmayr,  dans  la  revision  de  l'ouvrage  de  Spix,  intitulé  : 

I.  Ptlttlo,  Orn.  DreiH.,  1  (1867),  p.  31. 
î.  Sooa  to  ood  d'Anum6tu#  unirufuê. 


88  A.   MENEGAUX  ET  C.-E.   HELLMAYR. 

Aves  Brasilia,  re vision  qui  va  paraître  incessamment,  a 
distingué  la  forme  de  l'intérieur  du  Brésil  et  de  la  Bolivie 
orientale  sous  le  nom  de  P.  cristata  unirufa  de  celle  du 
Bahia  (P.  cristata  typique),  mais  les  différences  de  dimen- 
sions ne  paraissent  pas  être  constantes,  car  l'échantillon  c 
qui  provient  de  la  localité  typique  de  P.  cristata,  c'est-à- 
dire  de  la  province  de  Bahia,  est  de  même  taille  que  le 
type  d'unirufus.  Il  n'est  donc  pas  possible  de  maintenir  la 
séparation  de  ces  deux  formes. 

74.  Pseudoseisura  lophotes  (Rchb.). 

Homoru8  lophotes  Reichenbaoh,  Handb.  Scans.  1853,  p.  172 
[«  Bolivia  »  (?)] 

Anabates  cristatus  (nec  Spix)  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn. 
Av.  II,  in  :  Mag.  Zool.  1838,  cl.  II,  p.  15  (Corrientes)  ;  d'Or- 

bigny,   Voyage,  Oiseaux,  p.  258,  («  dans  les  bois des 

rives  du  Parana,  près  de  San-Lorenzo,  provinoe  de 
Santa-Fé  »). 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé,  Corrientes,  par  d'Orbigny , 
juillet  1829. 

b,  adulte,  monté,  de  la  République  Argentine,  donné  par 
Gay,  1837. 

c,  o*  ad.  de  Santiago,  La  Banda,  Argentine,  24  avril  1903, 
par  G.-A.  Baer. 

Gomme  les  auteurs  l'ont  déjà  supposé,  l'oiseau  men- 
tionné par  Lafresnaye  et  d'Orbigny  sous  le  nom  d'Anabales 
cristatus  se  rapporte  à  une  espèce  très  différente  décrite 
plus  tard  par  Reichenbach.  Les  trois  exemplaires  du  Muséum 
sont  identiques  entre  eux. 

75.  Pseudoseisura  gutturalis  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Anabates  gutturalis  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.  II,  in 
Mag.  Zool.  1838,  cl.  II,  p.  15,  (in  Patagonia);  d'Orbigny, 
Voyage,  Oiseaux,  p.  257,  370,  pi.  LV,  fig.  3  (non  loin  des 
rives  du  Rio  Negro,  en  Patagonie) . 


PASSER  BAUX  TRACHÉOPHONES.  89 

a,  6,  adultes,  montés,  de  Patagonie,  par  d'Orbigny,  février 
1831.  Aile  105,  104;  queue  93,  96;  bec  24,  26V2mm. 

c,  adulte,  monté,  mêmes  origine  et  localité,  Oguré  dans 
l'ouvrage  de  d'Orbigny.  Aile  107  ;  queue  105  ;  bec  2omm. 

df  adulte  en  peau,  de  Patagonie,  par  d'Orbigny.  Aile  106  ; 
queue  92  ;  bec  25mm.  Types  de  l'espèce. 

76.  Automolus  leucophthalmus  (Wied.). 

Anabates  leucophthalmus  Wied,  Reise  Brasil.  II  (1821),  p.  141, 
(Rio  Ilhéo8,  affluent  du  Rio  Pardo,  au  sud  de  Bahia, 
Brésil  oriental). 

Xenops  rufus  Lesson,  Traité  d'Orn.  1831,  p.  318  (Brésil); 
Pucheran,  Rev.  Mag.  zool.  1853,  p.  547  (crit.). 

a,  adulte,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  Brésil,  par  Ménétriès, 
août  1824.  Type  de  Xenops  rufus  Less.  Aile  91 V2;  queue  89, 
bec  20". 

6,  e,  adultes,  de  Bahia.  Coll.  Boucard. 

d,  adulte  de  Bahia,  rapporté  par  Castelnau,  en  1853. 

Le  type  de  X.  rufus  est  absolument  identique  aux  spéci- 
mens de  Bahia.  Ce  nom  a  été  omis  dans  le  Cat.  Birds  Brit. 
Mus.  XV. 

77.  Philydor  columbianus  riveti  n.  subsp. 

[Phllydor  columbianus  Cabanis  et  Heine,  Mus.  Heinean.t  II 
(1859),  p.  29  (Porto  Cabello,  Venezuela)]. 

P.  columbianus  (nec  Cabanis  et  Heine),  Goodfellow,  Ibis, 
1902,  p.  61  («  West  side  of  Piohincha,  Ecuador  »). 

a,  adulte,  de  Oualea,  Equateur  occidental,  par  Rivet 
Cg.  1904,  n9  654.  Type  de  la  sous-espice.  Aile  94;  queue  82; 
bec  21— . 

Cette  nouvelle  forme  se  distingue  du  vrai  P.  columbianus 
par  sa  queue  plus  courte *,  par  le  dos  beaucoup  plus  foncé, 

I.  Deux  spécimen*  dé  P.  eolumbUnuê  (Cumana  et  Caracas)  ont  pour  la  queue 


90  A.   MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

sépia  olivâtre  au  lieu  de  brun  olivâtre  pâle,  par  le  vertex 
plus  noirâtre  et  par  la  couleur  jaune  du  front  moins  pro- 
noncée. La  gorge  est  d'un  ocreux  vif  et  nettement  séparée 
de  la  couleur  de  la  poitrine,  tandis  que  chez  toutes  les 
formes  voisines  le  milieu  de  la  poitrine  et  la  gorge  sont  de 
la  même  teinte,  qui  est  d'un  ocreux  plus  pâle.  Le  reste  de 
la  surface  inférieure  (chez  J\  c.  riveti)  est  à  peu  près  con- 
colore,  d'un  brun  olivâtre  pâle,  la  couleur  olive  s'accentuant 
vers  l'arrière. 

Les  autres  parties  du  plumage  sont  identiques  à  celles 
de  la  forme  typique. 

La  mandibule  supérieure  est  noire  ;  l'inférieure,  foncée 
à  la  base,  est  blanchâtre  vers  la  pointe. 

Un  exemplaire  tout  à  fait  semblable,  provenant  du 
Pichincha,  Equateur  (coll.  Goodfellow),  se  trouve  au  musée 
de  Tring. 

Les  formes  de  cette  espèce  sont  donc  au  nombre  de  trois  : 

1°  P.  c.  eolumbianus  Gab.  et  Heine,  de  la  côte  sept,  du 
Venezuela  (de  Gumana  à  Puerto  Cabello). 

2°  P.  c.  panerythrus  Sel.  (type  ex  Bogota),  de  la  Colombie 
(Bogota),  isthme  de  Panama,  Chiriqui  et  du  Costa-Rica. 
Cette  forme  placée  par  Solater  entre  deux  espèces  avec 
lesquelles  elle  n'a  pas  de  rapports,  ne  diffère  de  la  précé- 
dente que  par  ses  ailes  plus  longues  (100-104  au  lieu 
de  95-97 mm).  L'un  de  nous  a  examiné  le  type  au  Musée 
britannique  et  l'a  trouvé  identique  aux  spécimens  du 
Chiriqui. 

3°  P.  c.  riveti  Ménég.  etHellm.,  de  l'Equateur  occidental. 

78.  Philydor  ruflpileatus  consobrinus  Sel. 

[Anabates  rufipileatue  Pelzeln,  Sitzgs.  Berichte  Akad.  Wisstnsch. 
Wim.,  XXXIV  (1859),  p.  109  («  Brasilien  »,  le  type 
venait  du  Para;  cfr.  Ornith.  Brasil.}  I,  p.  41]. 

Philydor  consobrinus  Sclater,  P.Z.S.,  1870,  p.  328  (Bogota). 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONRS.  91 

Philydor  rufiplleatus  maynanus   Hellmayr,    Verhandl.  sool. 
botan.  Gesellsch.  Wien,  1902,  p.  220  (Maynas,  Pérou). 

a,  adulte,  de  Bogota.  Coll.  Boucard. 

6,  adulte,  de  Pébas,  Pérou,  par  Castelnau  et  Deville, 
en  1846. 

c,  p,  jeune,  monté,  de  Pébas,  Pérou,  par  Castelnau  et 
Deville,  en  1846. 

Les  spécimens  de  Pérou  et  celui  de  Bogota  ne  présentent 
aucune  différence  constante,  il  faudra  donc  réunir  la  sous- 
espèce  maynanus  à  la  forme  consobrinus,  qui  nous  paraît 
même  douteuse.  En  effet,  tous  les  échantillons  de  Bogota, 
du  Napo,  du  Caura  (Venezuela),  et  du  Pérou  ont  les  parties 
inférieures  nettement  plus  brunâtres  que  le  type  de  P.  rufi- 
pikatus  du  Para  (musée  de  Vienne),  mais  un  <J  ad.  provenant 
du  Rio  Takutu,  Guyane  britannique,  fait  le  passage  entre 
ces  deux  formes. 

79*  Philydor  ruflcaudatus  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Ânabates  ruflcaudatus  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II, 
in  Mag.  zool.  1838,  cl.  II, p.  15  (Yuracares,rep.  Boliviana). 

Ânabazenop8  immaculatus  Allen,  Bull.  Amer.  Mus.,  II  (1889), 
p.  92  (Northern  Bolivia). 

o9  adulte  en  peau,  étiq.  :  D.  411,  Yuracares,  d'Orbigny, 
1834,  n*  373.  Type  de  V espèce.  Aile  97;  queue  80;  bec  17  BO>. 

69  c,  adulte  et  jeune,  montés,  de  Sarayacu,  Equateur 
oriental,  par  Buokley.  Acquis  de  Gerrard,  en  1880. 

<J,  adulte,  de  Bogota.  Coll.  Boucard. 

Nous  avons  trouvé  dans  la  collection  en  peau  un  spéci- 
men rapporté  par  d'Orbigny  (a),  qui,  d'après  la  description 
originale,  ne  peut  être  que  le  type  '  de  l'espèce.  Seulement 
la  longueur  indiquée  est  de  12  centimètres,  mais  c'est  évi- 


I.  Taexanowtkl,  Ont.  Pérou,  II,  p.  156,  ne  l'ayant  pat  trouvé,  affirma  qu'il 
t'txist*  plot  <Um  la  collection. 


92  A.   MKNEGAUX  ET  G.-E.   HELLMAYR. 

demment  une  erreur  d'impression.  Cet  oiseau  est  tout  à  fait 
semblable  comme  coloration  et  dimensions,  à  l'adulte  de 
Sarayacu  (6),  tandis  que  le  spécimen  de  Bogota  (d),  a  les 
ailes  un  peu  plus  courtes.  Tous  les  spécimens  ont  les  supra- 
caudales  d'un  vert  olivâtre  terne  comme  le  dos,  tandis  que 
chez  P.  erythrocercus  tout  le  croupion  est  d'un  roux  cannelle 
comme  la  queue.  L'excellente  diagnose  d'Allen  fait  voir 
sans  laisser  aucun  doute,  que  VAnabazenops  immaculatus 
est  le  même  que  Philydor  ruficaudatus. 

80.  Philydor  liohtensteini  Gab.  et  Heine. 

Philydor  liohtensteini  Cabanis  et  Heine,  Mus.  Heine  an  ^  II 
(1859),  p.  29  (Brasilien). 
Cfr.  Berlepesch  et  Hellmayr,  Joum.  f.  Ornith.}  1905,  p.  31. 

a,  adulte,  de  Rio-de-Janeiro,  par  le  docteur  Peichoto,  en 
1854.  Aile  88;  queue  81;  bec  15V2mm- 

Cette  forme,  ayant  été  omise  dans  le  Cat.  B.  Brit.  Mus., 
Vol.  XV,  ses  caractères  et  sa  distribution  géographique 
sont  indiqués  in  Joum.  f.  Ornith.,  1905,  p.  31. 

N.  B.  —  Myiothera  eryihacus  Pucheran,  Arch.  Mus.  Paris, 
VII  (1855),  p.  337  (Cayenne)  (descr.  incompl.). 

Le  type  qui  est  en  très  mauvais  état  se  trouve  encore 
dans  la  collection  montée.  Malgré  cela  il  nous  semble 
qu'il  s'agit  ici  d'un  spécimen  de  Philydor  erythrocercus  (Pelz.). 
La  queue  étant  décolorée  ainsi  que  la  tête  et  le  dos,  il  est 
impossible  de  l'affirmer  avec  certitude.  D'ailleurs  la  des* 
cription  originale  donnée  par  Pucheran  est  trop  insuffisante 
pour  identifier  l'espèce. 

81.  Xenicopsis  rafo-superciliatus  rufo- 

superciliatus  (Lafr.). 

Xenop8  rufo-8uperciliatu8  Lafresnaye,  Mag.  zool.,  1832,01.11, 
pi.  VII  («  du  Brésil  »). 

a,  adulte,  monté,  du  Brésil,  en  échange,  à  M .  de  Lafresnaye. 

b,  d  adulte,  de  Rio-de-Janeiro,  par  Peiohoto,  1854. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  93 

Ces  deux  spécimens  sont  identiques.  Le  dessus  du  corps 
est  d'un  brun  roussâtre  assez  vif,  les  ailes  sont  un  peu  plus 
rousses,  les  parties  inférieures  un  peu  plus  ternes  que  le 

,  dos,  les  taches  pectorales  ne  sont  pas  nettement  délimitées 

;  et  la  bande  souroilière  est  ocreux  vif. 

82.  Xenicopsis  rufo-superciliatus  cabanisi  (Tacz.). 

Anabazenops  cabanisi  Taczanowski,  P.  Z.  S.,  1874,  p.  528 
(Pumamarca,  Pérou  central). 

Xenops  rufo-superciliatus  (nec  Lafresnaye),  Lafresnaye  et 
d'Orbigny,  Syn.  Av.,  II,  in  Mag.  zool.  1838,  cl.  II,  p.  13 
(part.  :  Yungas,  rép.  Boliviana). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834, 
n#  278.  Aile  85  ;  queue  87  ;  bec  17 V2mm. 

Cette  forme  réunie  par  Sclater  à  X.  rufo-superciliatus 
s'en  distingue  pourtant  par  les  parties  inférieures  d'un 
brun  sensiblement  plus  foncé  et  marquées  partout  par  des 
taches  plus  étroites  et  nettement  délimitées.  Le  sommet 
de  la  tête  et  le  manteau  sont  plus  foncés  et  la  queue  paraît 
plus  longue.  La  bande  sourcilière  est  ocreuse  comme  dans 
la  forme  typique. 

Un  de  nous  a  comparé  un  o*  ad.  provenant  de  Cocochon, 
Pérou  sept.  (Musée  de  Berlepsch)  et  lui  a  trouvé  les  mêmes 
caractères.  Aile  86;  queue  90;  bec  20 m". 

83.  Xenicopsia  rufo-superciliatus  oleagineus  (Sel.). 

Anabazenops  oleagineus  Sclater,  P.  Z.  S.,  1883,  p.  654 
(Parana  et  Catamarca,  Argentine). 

Xenops  rufo-superciliatus  (nec  Lafresnaye!)  Lafresnaye  et 
d'Orbigny,  Syn.  Av.t  II,  in  :  Mag.  zool,  1838,  cl.  II,  p.  13 
(part.  :  Corrientes,  rép.  Argentine). 

Anabazenops  acritus  Oberholser,  Proc.  bioL  Soc.  Washington, 
XIV,  1901,  p.  187  (Sapuoay,  Paraguay). 


94  A.  MEN EGAUX  ET  C.-E.   HELLMAYK. 

a,  adulte,  monté  ;  b,  une  peau  de  Corrientes,  par  d'Or- 
bigny,  en  juillet  1829. 

c,  monté,  tué  au  midi  de  la  capitanerie  de  San-Paulo, 
par  Auguste  Saint-Hilaire,  août  1822. 

d,  monté,  du  Brésil  méridional,  par  À.  Saint-Hilaire, 
août  1822. 

Ces  spécimens  sont  identiques  entre  eux  et  se  distin- 
guent des  formes  précédentes  par  le  dos  et  l'abdomen 
d'une  couleur  olivâtre  à  peine  lavée  de  brun,  et  par  la 
bande  sourcilière  blanchâtre.  Les  six  exemplaires  de 
Sapucay  d'où  provient  le  type  d\4.  acritus,  que  l'un  de  nous 
a  examinés,  ne  présentent  aucune  différence  avec  cette 

forme. 

84.  Xenicopsis  guttulatus  (Sol.). 

Anabazenops  guttulatus   Sclater,  P.  Z.  S.,  1857,  p.  272, 
pi.  130  («  in  Venezuela,  prope  urbem  Caracas  »). 

a,  <^  juv.,  monté,  de  Caracas,  par  Levraud,  185.  Type 
de  l'espèce,  figuré  Z.  o.  Aile  85;  queue  80;  bec  I9*l2mm. 

Le  type  est  un  jeune  oiseau  comme  le  prouve  la  sructure 
des  plumes  du  manteau  et  de  la  poitrine.  Nous  croyons 
que  la  couleur  roux  ocreux  de  la  bande  sourcilière  est 
aussi  un  signe  d'immaturité  parce  que  la  même  différence 
se  retrouve  entre  le  jeune  et  l'adulte  chez  les  espèces  voisines 
comme  X.  subalaris  subalaris}X.  s.  lineatus,  X.  m  en  ta  lis,  etc. 

Plusieurs  spécimens  de  Cumana  (Musée  de  Tring)  se 
distinguent  du  type  par  les  ailes  et  le  bec  un  peu  plus 
longs  et  surtout  par  la  bande  sourcilière  plus  étroite  et 
jaunâtre. 

85.  Anabazenops  fuscus  (Vieill.). 

Sittafusca  Vieillot,  Analyse  Nature  (1816),  p.  68. 

Anabatoides  fuscus  auct. 

a,  adulte,  monté,  du  Brésil,  rapporté  par  J.  Geoffroy-Saint- 
Hilaire,  de  Lisbonne,  1808.  Type  de  Sitta  fusca  Vieill. 
Aile  81  ;  queue  73  ;  beo  22mm. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  95 

b,  adulte,  monté,  tué  sur  l'Ilha  Grande,  prov.  de  Rio-de- 
Janeiro,  par  A.  Saint-Hilaire,  1820. 

c,  adulte,  monté,  du  Brésil  méridional,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  1820. 

d,  adulte,  de  Porto-Real,  Rio-de-  Janeiro,  par  Hardy,  1891. 
Coll.  Boucard. 

Le  type  qui  est  un  des  plus  anciens  spécimens  du  Muséum, 
est  parfaitement  identique  aux  autres,  seulement  un  peu 
plus  petit. 

86.  Sittasomus  sylviellus  (Temm.). 

Dendrocolaptes  sylviellus  Temminck,  PL  coL  livr.  12  (juillet 

1821),  pi.  72,  0g.  1  («  Brésil  »). 
Dendrocolaptes  Erithacus  Lichtenstein,  Abhandl.  A  kad.  Wiss. 

Berlin  a.  d.  Jahren  1820-21  (publ.   1822),  p.  259,  266, 

pi.  I,  6g.  2  (in  provinoia  San-Paulo). 

0>  &!(/</  a(î.  de  Goyaz,  Brésil,  27  mars  et  1"  avril  1844, 
par  Castelnau  et  Deville.  «  Œil  d'un  gris  clair.  » 

Ces  spécimens  s'accordent  parfaitement  avec  une  série 
de  San-Paulo,  Rio,  Minas  et  Parana  (Musée  de  Tring.);  ils 
appartiennent  donc  bien  à  la  forme  typique.  Celle  de  Bahia, 
5.  i.  olivaceus  Wied  en  diffère  par  les  parties  inférieures 
un  peu  plus  verdâtres. 

Ce  dernier  nom  a  été  employé  à  faux  par  Sclater  pour 
désigner  un  mélange  de  cinq  ou  six  espaces  différentes. 

La  localité  de  Goyaz  est  nouvelle  pour  l'espèce. 

87.  Sittasomus  chapadensis  Ridgw. 

8fttasomus  chapadensis  Ridgway,  Proc.  U.S.  Nat.  if  ta.,  XIV, 
1891  (1892),  p.  509  (Chapada,  Mattogrosso)  ;  Allen,  Bull. 
Amer.  Mus.  V  (1893),  p.  113  (Chapada);  Salvadori,  BolL 
Mus.  Torino,  XV,  n*  378  (1900), p.  8(Urucum,  Mattogrosso). 

8.  olioaeeus  (nec  Wied)  Pelzeln,  Zur.  Orn.  Brasil.  I  (1867), 
p.  42  (Engenbo  do  Pari  et  Engenho  do  Gama,  Matto- 
grosso) ;  White,  P.  2.  S.,  1882,  p.  613  (Salta,  Argentine). 


96  A.   MBNEGAUX  ET  G.-E.   HELLMAYR. 

8.  erithacus  (nec  Lichtenstein)  Salvador! ,  Boll.  Mus.  rortno, 
X,  n°  208  (1895),  p.  12  (Colonia  Risso,  Paraguay  sept.); 
idem,  1.  c.  XII,  n°292  (1897),  p.  20  (San-Francisco,  Chaco 
boliviano;  San-Lorenzo,  Jujuy;  Tala,  Salta,  Argentine). 

Dendrocolaptes  syluiellus  (neo  Temminck)  Lafresnaye  et 
d'Orbigny,  Syn.  Av.  II,  in  :  Mag.  zool.  II  (1838),  p.  13 
(Chiquitos,  Bolivie). 

a,  adulte,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834. 
bf  adulte,  sans  étiquette  originale,  mais  évidemment  de 
la  même  localité. 

Les  caractères  de  cette  espèce  ont  été  bien  mis  en  évi- 
dence par  Ridgway,  nous  n'avons  rien  à  y  ajouter,  sinon 
que  les  oiseaux  de  la  Bolivie  orientale  et  de  Tucuman  sont 
identiques  i  ceux  du  Mattogrosso  dont  l'un  de  nous  a  exa- 
miné une  série  au  musée  de  Vienne.  Nous  ajoutons  la  syno- 
nymie complète  qui  jusqu'à  maintenant  a  été  très  confuse. 

88.  Sittasomus  amazonus  Lafr.. 

8itta8omu8  amazonus  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.%  1850, 
p.  590  (haut  Amazone.  Castelnau  coll.);  des  Murs,  in  : 
Castelnau,  Voyage  Amer,  du  Sud.  Oiseaux  (1855),  p.  47, 
pi.  XV,  fig.  3. 

a,  ($  ad.,  monté,  du  haut  Amazone,  par  Castelnau  et 
Deville,  1847.  Aile  83;  queue  88;  bec  17  mm. 

6,  £  ad.,  monté,  même  origine.  Exemplaire  figuré  dans 
l'atlas  du  voyage  de  Castelnau.  Aile  82  ;  queue  88  ;  bec  16  mm. 
Types  de  V espèce. 

c,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834. 
L'étiquette  portait  de  la  main  de  M.  de  Lafresnaye  un 
nom  manuscrit  qui  n'a  pas  été  publié. 

Il  est  intéressant  de  faire  remarquer  que  c'est  cette  forme 
qui  se  trouve  dans  la  Bolivie  septentrionale,  tandis  que 
dans  les  plaines  de  l'Est  elle  est  représentée  par  S.  chapa- 
densis,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONBS.  97 

89.  Sittasomus  griseus  phelpsi  Chapm. 

[8ittaaomu8 gnseua  Jardine,  Ann.  Mag.Nat.  Hist.,  XIX  (1847), 

p.  82  (Tobago)]. 
8itta8omu8  phelpsi  Chapman,  Auk,  1897,  p.  369  (Caripé, 

Venezuela). 

a,  adulte,  monté,  de  Caracas,  par  Levraud,  1856. 

6,  adulte,  de  Mérida,  Venezuela,  par  Briceno.  Coll.  Boucard. 

Le  spécimen  (b)  s'accorde  bien  avec  celui  de  Caracas, 
sauf  pour  les  dimensions  qui  sont  beaucoup  faibles,  c'est 
probablement  une  femelle. 

a,  aile  81;  queue  84;  bec...."". 

b9  aile  70;  queue  70;  bec  14  l/2n,m. 

La  forme  du  Venezuela  se  distingue  du  vrai  S.  griseus, 
de  Tobago,  par  sa  coloration  générale,  au  dessus  et  au 
dessous,  d'un  vert  plus  pur,  et  par  la  couleur  rousse  des 
secondaires  qui  est  un  peu  plus  étendue. 

Les  deux  formes  se  séparent  de  toutes  les  autres  par 
leur  plumage  vert  olive,  par  les  ax  il  la  ire  s  blanc  jaunfttre, 
par  la  bande  transversale  des  ailes  qui  est  blanchâtre  au 
lieu  d'être  roussAtre,  etc.,  etc. 

Le  Musée  de  Tring  possède  onze  échantillons  de  cette 
forme  provenant,  huit,  des  environs  de  Cumana  et  trois, 
des  monts  Bucarito,  près  de  Tocuyo. 

Cette  forme  se  trouve  donc  exclusivement  dans  la  partie 
septentrionale  du  Venezuela,  de  Cumana,  jusqu'aux  mon- 
tagnes de  Mérida. 

90.  Glyphorhynchus  cuneatus  cuneatus  (Lcht.). 

Dendrocolapte8  cuneatus  Liechtenstein,  Abhandl.  Akad.  Berlin 
a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  204,  pi.  II,  fi  g.  2 
(•  in  Brasiliae  provincia  Bahia  ».  Cfr.  idemy  1.  c,  1820- 
1821  (1822),  p.  264). 

8fttû8omu8  flammulatus  Lesson,  Traité  d'orn.,  1831,  p.  315 
(«  le  Brésil?  »);  Pucheran,  Rev.  Mag.  %ooLy  1853,  p.  489. 
tomb  xix.  7 


98  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.   HELLMAYR. 

a,  jeune,  monté,  du  Brésil,  acquis  en  échange  de  M.  Tem- 
minck,  1820.  Type  de  SiUasomus  flammulatus  Le ss.  Aile  64; 
queue  68;  bec  12mBl. 

Comme  Pucheran  Ta  déjà  indiqué,  ce  type  de  Lesson 
n'est  pas  autre  chose  qu'un  jeune  de  G.  c.  cuneatus  (Lcht.). 
Il  n'a  donc  rien  à  faire  avec  Siptomis  striaticollis  (Lafr.). 
(Voir  Cat.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  61). 

91.  Glyphorhynchus  cuneatus  castelnaudii  des  Murs. 

Qlyphorhynchus  castelnaudii  des  Murs,  in  :  Castelnau,  Voyage 
Amer.  Sud.  Oiseaux  (1855),  p.  47,  pi.  XV,  fig.  2  (Santa- 
Maria). 

a,  d  &d.,  monté,  de  Santa-Maria,  Pérou,  par  Castelnau 
et  Deville.  Type  de  la  sous-espèce ,  figuré  dans  l'ouvrage,  1.  c, 
Aile  75;  queue  70;  bec  13min. 

6,  adulte,  monté,  de  Santa-Maria,  par  Castelnau  et 
Deville. 

c,  cf  adulte,  monté,  du  haut  Amazone,  par  Castelnau  et 
Deville.  Co types/ 

92.  Dendroruis  guttata  guttata  (Lcht.)* 

Dendrocolaptes  guttatus  Liechtenstein,  Abhandl.  Akad.  Berlin 
a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  201  (in  Brasilia 
provincia  Bahia  »;  cfr.  1.  c.  vol.  pour  1820-1821  (publ. 
1822),  p.  264). 

a,  6,  adultes,  de  Bahia.  Coll.  Boucard. 

93.  Dendrornis  guttata  dorbignyana  (Lafr.). 

Na8ica  dorbignyanus  («  Pucheran  et  Lafresnaye  in  Museo 
Parisiense  »).  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.,  1850,  p.  420 
(«  Guarayos,  Chiquitos,  a  dom.  d'Orbigny  allatus  »). 

Dendrornis  guttata  (nec  Lichtenstein),  Sclater  et  Salvin, 
P.  Z.  S.,  1879,  p.  622  (Guanai,  prov.  Yungas);  Sclater, 
Cat.  Birds,  XV,  p.  128  (part.  ;  speo.  g.  Guanai). 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONKS.  99 

a,  adulte,  monté,  de  Chiquitos,  par  d'Orbigny,  1834, 
n#  385.  Aile  108  ;  queue  92  ;  bec  35  m». 

t,  adulte,  monté,  de  Ouarayos,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834,  n»385.  Aile  112;  queue  102;  bec38mm. 

Types  de  la  sous-espèce. 

Comme  cela  a  déjà  été  indiqué  par  Lafresnaye  (1.  c.)  et 
EUiot1,  cette  forme  se  distingue  de  toutes  les  autres  parce 
que  les  flammettes  du  manteau  et  des  parties  inférieures 
ne  sont  nullement  entourées  ou  bordées  de  noirâtre.  Les 
deux  mandibules  sont  blanchâtres  comme  chez  D.  g.  gutta- 
toides  (=  rostripallens  auct.). 

Un  de  nous  a  examiné  le  spécimen  de  Guanai,  Bolivie, 
au  Musée  britannique,  et  a  pu  constater  qu'il  se  rapporte 
aussi  à  cette  forme  qui  est  donc  la  seule  habitant  la  Bolivie. 
L'indication  de  Lafresnaye  :  «  le  Dorbignyanus  est  du 
Pérou  »  est  certainement  une  faute  d'impression. 

94.  Dendrornis  guttata  guttatoides  (Lafr.). 
Kasica  guttatoides  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.y  1850,  p.  387 

(c  rapportée  de  Lorette,  au  Musée,  par  l'expédition  Cas* 

tel  n  au et  «  de  Colombie2  »)  [descr.  orig.  juv.]. 

Dendrornis  rostripallens  des  Murs,  in  :  Castelnau,  Voyage 

Amer,  du  sud.  Oiseaux  (1855),  p.  45,  pi.  XII,  6g.  2  («  le 

haut  Amazone  »)  [descr.  orig.  adulte], 
D.  rostripallens  (=  adult)  +  D.  guttatoides  (=  juv.).  EUiot, 

Auk,  VII  (1890),  p.  184,  186. 
0.  guttatoides  des  Murs,  in  :  Castelnau,  Voyage  Amer.  Sud., 

Oiseaux  (1855),  p.  43,  pi.  XIII,  Qg.  2  (Lorette). 

a,  p  jeune,  montée,  de  Pébas,  par  Castelnau  et  Deville, 
en  1846.  Type  de  la  sous-espèce.  Individu  figuré  dans  l'atlas 
zoologique  du  voyage  de  Castelnau. 

6,  p  ad.  de  Cavallo-Coche,  haut  Amazone,  par  Castelnau 
et  Deville. 

1.  AuK  VII,  1890,  p.  182. 

î.  Cette  Indication  d'origine  est  celle  de  Lafresnaye,  celle  do  Cet.  Birdê,  XV, 
s.  lît  :  Cayeane,  est  tout  à  fait  erronée. 


0 


100  A.  MENEGAUX  BT  G.-E.  HBLLMAYR  . 

c,  d,  adultes,  de  Pébas,  par  Castelnau  et  Deville*  Spé- 
cimen d  est  indiqué  comme  figuré  dans  l'atlas  zoologique 
du  voyage  de  Castelnau. 

Les  spécimens  6,  c,  d  sont  les  types  de  D.  rostripallens. 

*>  U  ?>  P  a^-  et  deux  adultes  sans  indication  de  sexe, 
de  Pébas,  Pérou,  par  Castelnau  et  De  ville. 

A,  i,  /,  adultes,  du  haut  Amazone,  par  les  mêmes 
voyageurs. 

A,  jeune,  mâme  origine. 

Berlepsch  et  Hartert  *  ont  prouvé  que  le  nom  de  gut- 
tatoides  ne  peut  s'appliquer  à  la  forme  des  Ouyanes  comme 
l'a  fait  Sclater  (voir  Cat.  B.  XV,  p.  128).  D'autre  part,  Elliot 
a  décrit  sous  le  même  nom  le  soi-disant  type  de  Lafresnaye 
de  Colombie  qui  existe  au  Musée  de  Boston  ;  mais  il  nous 
semble  que  ce  spécimen  ne  peut  être  regardé  comme  le 
type,  puisque  Lafresnaye,  dans  la  description  originale, 
dit  :  «  Cette  espèce  a  été  rapportée  de  Lorette,  au  Musée, 
par  l'expédition  Castelnau  ;  mais  nous  la  possédions  déjà 
dans  notre  collection  ;  l'ayant  achetée  d'un  marchand  avec 
quelques  oiseaux  de  Colombie.  »  C'est  donc  le  premier  spé- 
cimen mentionné  qui  doit  être  considéré  comme  le  vrai  type . 
D'ailleurs,  cette  question  n'a  qu'une  importance  secondaire 
parce  que  les  individus  à  bec  court  et  noir,  décrits  comme 
espèce  distincte  par  Lafresnaye  et  Elliot  ne  sont  que  des 
jeunes  de  la  forme  rostripallens  à  bec  long  et  blanchâtre. 
Ceci  résulte  de  l'examen  d'une  série  d'exemplaires  de 
Bogota  que  l'un  de  nous  a  étudiés  au  Musée  britannique, 
et  dans  laquelle  il  a  trouvé  tous  les  passages  entre  ces  deux 
extrêmes. 

Nous  sommes  arrivés  au  même  résultat  en  examinant  la 
série  du  Muséum,  dans  laquelle  l'exemplaire  k  nous  montre 
le  passage  pour  la  longueur,  la  forme  et  la  couleur  du  bec 
entre  le  type  de  D.   guttatoides  (spécimen  a)  et  l'adulte 

1.  Nov.  Zoo!.,  IX,  1902,  p.  63. 


PASSEREAUX  TBAGHÉOPHONBS. 


101 


(rostripalUns).  En  effet,  le  type  a  a  un  beo  noirâtre  qui  est 
décoloré  sur  le  tiers  apical  du  culmen,  et  plus  sur  le  côté 
gauche  que  sur  le  droit.  Les  adultes  [b-j)  ont  le  bec  beau- 
coup plus  allongé,  comprimé  latéralement  et  blanchâtre 
sauf  près  des  narines. 

Dans  la  figure  de  des  Murs,  la  coloration  du  bec  est  tout 
à  fait  fausse. 

Quant  à  la  localité  de  Lorette,  indiquée  par  Lafresnaye, 
on  sait  que  c'est  un  village  au  voisinage  de  Pébas,  Pérou. 

D'après  ce  que  nous  avons  dit,  il  est  évident  que  ces 
deux  nome  :  guitaioides  et  rostripallens  se  rapportent  à  une 
seule  et  même  forme  qui,  en  vertu  de  la  loi  de  priorité, 
doit  désormais  porter  le  nom  de  D.  g.  guitaioides  (Lafr.), 
tandis  que  celle  des  Guyanes  doit  s'appeler  D.  g.  sororia 
Berl.  et  Hart. 

Voici  les  dimensions  des  exemplaires  examinés  : 


*, 

c, 
d, 
«» 

A 

9, 
A, 

t. 


ile  118; 

queue 

100; 

,  bec  28J/t"' 

»     117; 

i   * 

110; 

;  »    33   » 

»  115; 

118; 

;  »  38V,. 

»  110 

100; 

;  »    37   » 

»  117; 

105 

;  »  36   » 

»  115; 

1C0; 

1  »  40   » 

•  124; 

110: 

;  »  41   » 

*  123; 

97 

;  »  42   » 

»  111 

97; 

;  »  40   » 

»    121 

112; 

;  »  40   » 

»    122 

103; 

;  »  39   » 

95.  Dendrornis  eburneirostris  (Less.). 

Dryocopu*  eburneirostrig  Lessont  Echo  du  monde  s  av.  1843, 
p.  '  [.Réalejo  (Centre-Amérique).  »], 

Dryocopus  eburneirostris  des  Murs,  lconogr.  ornith.  livr.  9, 
pi.  52  (figure  du  type). 


1.  Nos»  n'avons  pu  trouver  U  description  dans  l'ouvrage  dsi. 


102  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLHAYR. 

» 

a,  jeune,  monté,  de  Realejo,  Amérique  centrale,  rapporté 
par  M.  A.  Lesson.  Don  de  R.-P.  Lesson.  Type  de  V espèce; 
Gguré  dans  l'ouvrage  de  des  Murs,  pi.  52.  Aile  109  ;  queue  90  ; 
bec  39V2mm. 

6,  adulte,  du  Mexique,  par  Boucard.  Coll.  Boucard. 

c,  adulte,  d'Orizaba,  Mexique,  par  Lucien  Biart. 

d,  e,  adultes,  de  Saint-Augustin,  Mexique,  par  M.  Bocourt. 
/",  g,  A,  i,  adultes  et  jeunes,  de  la  haute  Ver  a- Paz,  Gua- 
temala, par  Bocourt. 

j%  fc,  Z,  m,  n,  adultes  et  jeunes,  du  Guatemala.  Coll.  Boucard. 

o,  o*  ad.  de  Santa-Efigenia,  Tehuantepec,  Mexique, 
3  avril  1871,  par  le  prof.  F.  Sumichrast.  Coll.  Boucard. 

p,  adulte,  de  Tapana,  Tehuantepec,  Mexique,  juillet  1877, 
par  le  prof.  F.  Sumichrast.  Coll.  Boucard. 

9,  r,  s,  o*  ad.  et  deux  adultes  sans  indication  de  sexe, 
d'Yzamal,  Yucatan,  Mexique,  par  Gaumer.  Coll.  Boucard. 

Le  type  est  un  très  jeune  oiseau  et  c'est  avec  les  spéci- 
mens du  Guatemala  qu'il  paraît  s'accorder  le  mieux.  Mais 
il  faudra  examiner  des  adultes  de  Realejo  avant  de  décider 
si  ces  derniers  doivent  en  être  séparés  et  considérés  comme 
forme  géographique.  Il  est  probable  que  lorsqu'on  aura 
des  matériaux  plus  abondants,  on  pourra  distinguer  plu- 
sieurs sous-espèces. 

96.  Dendrornis  susurrans  jardinei  Dalmas. 

[Dendrocolapte8  susurrans  Jardine.  Ann.  Mag.  N.  //.,  XIX(1847), 
p.  81  (Tobago)]. 

Nasica  Beauperthuysii  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.    1850, 
p.  419  (part.  :  spec.  ex  Beauperthuy). 

Dendrornis  Jardine!  Dalmas,  Mém.  Soc.  sool.  France^  XIII, 
(1900),  p.  140  (Cumana). 

a,  jeune,  monté,  de  la  Côte  ferme  (c'est-à-dire  Cumana), 
par  Beauperthuy,  1842). 
fr,  c,  vix  adultes,  montés,  de  Cumana,  par  Beauperthuy ,  1840 . 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  103 

Ces  échantillons  sont  ceux  que  Lafresnaye,  dans  la  des- 
cription de  N.  beauperthuysii  avait  mentionnés  comme  ayant 
été  rapportés  du  Pérou  par  Beauperthuy.  C'est  la  forme 
continentale  du  groupe  de  D.  susurrant  décrite  par  Dalmas 
sous  le  nom  de  D.  jardinei.  Elle  est  très  voisine  de  la  forme 
typique,  mais  s'en  distingue  par  la  couleur  de  la  gorge  qui 
est  fauve  au  lieu  d'être  blanchâtre,  et  par  celle  du  reste 
du  dessous  du  corps  qui  est  plus  fortement  lavée  de  rous- 
sâtre. 

Spécimen  a  est  un  jeune  oiseau  à  bec  entièrement  noir, 
les  deux  autres  ont  la  base  de  la  mandibule  inférieure  d'une 
couleur  cornée. 

97.  Dendrornis  ocellata  (Spix). 

Dendrœolaptes  ocellatus  (guttatus)  Spix,  Av.  Bras.  I  (1824), 
p.  88,  pi.  XCI,  ûg.  1  («  in  sylvis  campestribus  Piauhy  » 
errore  !  type  examiné,  Musée  Munich). 

Kasiea  Beauperthuysii  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.  1850,  p.  419 
(part.  :  descr.  et  spec.  ex  Castelnau  et  Deville). 

Dendrornis  Weddellii  des  Murs, in:  Voyage  Castelnau,  Oiseaux 
(1855),  p.  46,  pi.  XIV,  fig.  2  (sans  indication  de  localité); 
Elliot,  Auk,  VII  (1890),  p.  168. 

a,  adulte,  monté,  du  haut  Amazone,  Pérou,  par  Castel- 
nau et  Deville.  Aile  105;  queue  93  ;  bec  31maB. 

6,  adulte,  monté,  du  haut  Amazone,  par  Castelnau  et 
Deville.  Exemplaire  figuré  dans  l'atlas  zoologique  du  voyage 
de  Castelnau.  Aile  99;  queue  85;  bec  33mn\  Types  de  Den- 
drornis Weddellii  des  Murs. 

c,  jeune,  monté,  de  Pébas,  Pérou,  par  Castelnau  et 
Deville.  Aile  108;  queue  97;  bec  33V2mm. 

d,  çf  ad.  en  peau,  du  haut  Amazone,  par  Castelnau  et 
Deville.  Aile  104  ;  queue  93;  bec  35ram. 

Spécimens  c  et  d  sont  les  types  de  Nasica  beauperthuysii 
Lafir. 


104  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

Nous  avons  comparé  le  type  de  D.  ocellata  appartenant 
au  Musée  de  Munich  avec  ceux  de  D.  tueddellii  et  nous  les 
avons  trouvés  identiques.  Cette  espèce  se  reconnaît  facile- 
ment par  son  dos  uniforme  sans  stries  ;  sur  la  nuque  seule- 
ment on  en  aperçoit  quelques-unes  qui  sont  filiformes.  Le 
bec  est  presque  rectiligne,  très  peu  incurvé  à  l'extrémité, 
comme  il  a  été  exactement  décrit  par  Elliot. 

Ce  dernier  a  déjà  supposé  *  qu'il  y  a  identité  entre  D.  ocel- 
lata et  D.  weddellii,  et  nous  sommes  heureux  de  pouvoir 
résoudre  définitivement  cette  question.  Elliot  admet  que 
les  deux  spécimens  du  Musée  de  Boston,  étiquetés  par 
E.  Verreaux,  comme  les  types  de  D.  weddellii,  sont  les  vrais 
types  de  l'espèce.  Il  nous  paraît  étrange  de  supposer  que 
des  types  décrits  par  des  Murs  se  soient  égarés  dans  la 
collection  de  Lafresnaye,  car  tous  les  spécimens  rapportés 
par  l'expédition  de  Castelnau  sont  conservés  au  Muséum 
de  Paris,  et  parmi  eux  se  trouvent  évidemment  les  types 
authentiques  de  D.  weddellii.  D'ailleurs,  ce  fait  est  de  peu 
d'importance,  parce  que  les  soi-disant  types  de  D.  weddellii 
du  Musée  de  Boston,  appartiennent  à  l'espèce  D.  ocellata 
de  même  que  ceux  du  Muséum  de  Paris. 

Les  spécimens  c  et  d  qui,  comme  nous  allons  le  mon- 
trer, doivent  être  regardés  comme  les  types  de  N.  beau- 
perthuysii  sont  identiques  aux  types  de  D.  weddellii  et  de 
D.  ocellata.  Dans  la  description  originale  de  Lafresnaye,  il 
y  a  une  double  erreur.  Il  confond  deux  espèces  différentes  : 
1°  l'une  rapportée  de  Pébas  et  Santa-Maria,  Pérou,  par 
Castelnau  et  Deville  (D.  ocellata)  ;  2°  l'autre  envoyée  par 
Beauperthuy  (D.  susurrans  jardinei  Daim.).  Cette  dernière 
cependant  ne  provient  pas  du  Pérou,  comme  Lafresnaye  le 
dit,  mais  du  Cumana,  comme  l'indiquent  les  étiquettes. 
Beauperthuy  n'a  d'ailleurs  recueilli  des  oiseaux  qu'aux 
environs  de  Cumana  (voir  aussi  p.  121). 

1.  Auk,  VII,  1890,  p.  208. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPflONBS.  105 

La  diagnose  paraît  être  un  mélange  des  caractères, 
appartenant  aux  deux  espèces,  ceux  relatifs  à  la  coloration 
peuvent  s'appliquer  à  Tune  et  à  l'autre,  mais  la  description 
du  bec  :  «  Rostrum  valde  elongatum,  rectissimum  com- 
pressiusoulum,  corneum,  mandibula  infera  basi  pâlies- 
cente  »,  ainsi  que  la  longueur  des  ailes  se  rapportent 
exclusivement  aux  spécimens  du  Pérou  (D.  ocellata).  C'est 
pour  cette  raison  que  le  nom  de  N.  beauperthuysii  nous 
parait  devoir  être  considéré  comme  synonyme  deD.  ocellata. 

Cette  espèce  est  tout  à  fait  distincte  de  D.  chunchotambo 
(Tsch.)  (voir  Hellmayr,  Journ.  f.  Ornith.,  1903,  p.  538). 

98.   Dendrornis  obsolète  multigutteta  (Lafr.). 

[Dsndroeolaptes  obsolètes  Lichtenstein,  Abhandl.  Akad.  Berlin 
a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  205  (Para;  cfr., 
1.  c,  vol.  pour  1820-1821  (1822),  p.  265)]. 

Kaslea  multiguttatus  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool.,  1850, 
p.  417  («  De  Fontiboa,  haut  Amazone  et  du  Brésil  »). 

Picolaptes  notatus  Eyton,  Contrib.  ornith.,  1852,  p.  26  (sans 
localité,  type  examiné,  Musée  britannique). 

ûendroplex  similis  Pelzeln,  Orn.  BrasiL,  I  (1867),  p.  46,  64 
(Engenho  do  Qama,  Mattogrosso,  etc.,  types  examinés, 
Musée  de  Vienne). 

Dendrornis  multiguttatus  des  Murs,  in  :  Voyage  Castelnau  y 
Oiseaux  (1855),  p.  44,  pi.  XII,  fig.  1  (Fontiboa  et  du  Bré- 
sil). 

a,  b,  P  ad.  monté  et  adulte  en  peau,  de  Fonteboa, 
R.  Amazone,  Brésil,  par  Castelnau  et  Deville.  Types  de 
Nasica  multiguttatus  Lafr.  Aile  96,  88  ;  queue  84,  76  ;  beo 
25—. 

c,  </  adulte,  monté,  du  Brésil,  par  Castelnau  et  Deville. 
Individu  figuré  dans  l'atlas  zoologique  du  voyage  de  Cas- 
telnau. Aile  102;  queue  90;  beo  27  ". 


106  A.   M  EN  EGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYB. 

d,  e,  adultes  (monte  et  en  peau),  du  haut  Amazone,  par 

Gastelnau  et  Deville.  Aile  96,  104;  queue  78,  86;  bec  26, 

27  mm 

/",  adulte,  du  Rio  Napo,  Equateur,  par  Wiener,  en  1881. 
Aile  98  ;  queue  83  ;  bec  26  mm. 

<7,  jeune,  du  haut  Sarare,  à  la  frontière  de  la  Colombie 
et  du  Venezuela,  par  Geay,  1897.  Aile  88;  queue  74;  bec 

23  mm 

A,  cf  ad.,  des  environs  de  Saint-Georges  d'Oyapock, 
Guyane  française,  par  Geay.  Aile  100;  queue  82;  bec  24  œm. 

h  d  jeune,  de  l'Ouanary,  Guyane  française,  par  Geay, 
1900,  n°  1296.  Aile  88;  queue  78;  bec  24  mm. 

Berlepsch  et  Hartert 1  ont  prouvé  que  P.  no  ta  tus  et 
D.  similis  sont  synonymes,  et  pour  la  forme  du  Mattogrosso, 
du  Rio  Negro  et  de  l'Orénoque  ils  ont  accepté  le  nom  de 
D.  obsoleta  notala  (Eyt.).  Les  mêmes  auteurs  ont  fait  remar- 
quer que  la  forme  de  l'Ucayali  est  un  peu  différente,  et  ils 
lui  ont  appliqué  le  nom  de  D.  multiguttata  (Lafr.). 

Il  y  a  là  une  erreur.  L'étude  des  spécimens  originaux  de 
N.  multiguttata  provenant  de  Fonteboa(a,  6,)  nous  montre  que 
cette  forme  est  la  même  que  D.  0.  no  ta  ta  >  tandis  que  celle  de 
rUcayali  doit  prendre  le  nom  de  D.  pallia  ta  des  Murs. 

Nous  avons  comparé  les  échantillons  du  voyage  de  Cas- 
telnau  (a-*)  à  une  très  grande  série  d'exemplaires  de  l'Oré- 
noque, du  Rio  Negro,  du  Mattogrosso,  etc.,  et  nous  n'avons 
trouvé  aucune  différence.  De  même  les  oiseaux  du  Napo, 
du  Sarare  et  de  la  Guyane  française  leur  sont  identiques. 

Il  faut  donc  prendre  le  nom  de  D.  0.  multiguttata  (Lafr.) 
pour  désigner  cette  forme. 

99.  Dendrornis  obsoleta  palliata  des  Murs. 

Dendrornls  palliatus  des  Murs  in  :  Voyage  Castelnau,  Oiseaux 
(1855),  p.  46,  pi.  XV,  fi  g.  1  (sans  indication  de  localité). 

I.  No*.  Zool.  IX,  1902f  p.  64-65, 


PASSBRBAUX  TRAGHÉOPHONES.  107 

Dendrornia  palliata  Sclater  et  Salvin,  P.  Z.  S.  1866,  p.  184 
(Lower  Ucayali.)  spécimens  examinés  au  Musée  britan- 
nique. 

Dendrornia  multiguttata  (nec  Lafr.)  Berlepsch,  Journ.  f.  Ornith . 
1889,  p.  304  («  Sarayacu  am  Ucayali  »,  spécimen  examiné). 

a,  cf  junior,  monté,  de  Sarayacu,  Pérou,  par  Gastelnau 
et  Deville.  Type  de  D.  palliatus  des  Murs,  figuré  dans  l'atlas 
zoologique  du  voyage  de  Gastelnau.  Aile  90  ;  queue  78  ; 
bec  25™. 

Ce  nom  n'a  jamais  été  établi  avec  certitude,  quoique 
Sclater  et  Salvin,  en  1866,  aient  déjà  exactement  déterminé 
comme  D.  palliata  des  spécimens  de  l' Ucayali.  Mais  plus 
tard  et  surtout  dans  le  Cat.  B.  Bril.  Mus.  XV,  p.  138,  on  les 
a  appelés  faussement  D.  multiguttata. 

Des  Murs  a  décrit  D.  palliata  sans  indication  de  localité, 
pourtant  le  type  porte  sur  le  pied  «  Sarayacu  »  (ce  qui  est 
confirmé  par  le  Catalogue  gén.  1847,  n*  1013).  Il  s'accorde 
parfaitement  avec  l'exemplaire  de  Sarayacu  de  la  collection 
de  Berlepsch  (voir  1.  c),  sauf  que  les  taches  de  la  nuque  et  du 
haut  du  dos  sont  moins  nettement  délimitées  parce  que  le 
type  n'est  pas  adulte. 

Comme  l'indiquent  Berlepsch  et  Hartert1,  la  forme  de 
D.  o.  palliata  se  distingue  de  D.  o.  multiguttata  par  le  dos  et 
les  parties  inférieures  plus  roussfttres,  et  par  le  bec  plus 
fort.  La  longueur  des  ailes  n'est  pas  un  caractère  cons- 
tant. 

A  notre  avis,  il  y  a  donc  lieu  de  distinguer  les  trois  formes 
suivantes  : 

1*  D.  obsoleta  obsoleta  (Lcht.).  Para. 

2*  D.  obsoleta  multiguttata  (Lafr.)-  Cayenne,  Quyane  bri- 
tannique; Orénoque  et  son  affluent  le  Caura;  à  l'ouest 
jusqu'au  haut  Sarare  et  au  Napo,  Equateur  oriental  ;  au  sud 

I.  JVov.  ZooL  O,  1102,  p.  6». 


108  A.  MENKGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

jusqu'au  Rio  Negro,  à  l'Amazone  (Fonteboa)  et  au  Matto- 

grosso  (Engenho  do  Gama,  etc.). 

3°  D.  obsoleta  palliala  des  Murs.  Vallée  de  TUcayali, Pérou 

oriental. 

100.  Dendroplex  pious  (Gm.). 

Oriolus  Picus  Gmelin,  Syst.  ^al.,  1,  II  (1788),  p.  384  (ex 
Daubenton,  PI.  enl.  605,  «  Talapiot  »  —  Cayenne). 

Dendrornis  Kienerii  des  Murs,  in  :  Castelnau,  Voyage,  Oiseaux 
(1855),  p.  45,  pi.  XIV,  fig.  1  («  E&a,  au  Brésil  »). 

Dendrocolapte8  rectirostris  Lafresnaye  et  d'Orbigny,  Syn. 
Av,,  II,  in  :  Mag.  zool.,  1838,  cl.  II,  p.  12  (Chiquitos, 
rép.  Boliviana). 

a,  n°  3642,  a",  ad.,  monté,  d'Ega,  Brésil,  par  Castelnau 
et  Deville.  Type  de  l'espèce.  Aile  110;  queue  101  ;  bec  28  V2-"- 

6,  nv  3643,  o*,  ad.,  monté,  de  Sarayacu,  Pérou,  par 
Castelnau  et  Deville.  Individu  figuré  dans  l'atlas  zoologique 
du  voyage  de  Castelnau.  Aile  114;  queue  102;  bec  30 mm. 

c,  adulte,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  1834, 
n#  D.  353.  Aile  107;  queue  93  ;  bec  293/4mra. 

d,  o",  ad.  de  Pébas,  Pérou,  par  Castelnau  et  Deville. 
Aile  102  ;  queue  85  ;  bec  28 mm. 

6,  0*1  ad.,  de  Rexe,  Goyaz,  Brésil,  septembre  1844,  par 
Castelnau  et  Deville.  Aile  106  ;  queue  94  ;  bec  31 nm. 

fy  g,  o*«o,  du  Mahury  et  de  Kourou,  Guyane  française, 
par  P.  Geay. 

g,  A,  adultes,  de  Cayenne,  par  le  docteur  Suard  et 
M.  Fabre. 

Outre  les  exemplaires  du  Muséum,  nous  avons  entre  les 
mains  une  série  de  quarante  spécimens  qui  nous  ont  été 
envoyés  obligeamment  par  les  Musées  de  Tring  et  de 
Vienne.  L'examen  de  ces  nombreux  échantillons  nous  a 
convaincu  que  l'espèce  de  D.  Kienerii  a  été  établie  sur  un 
exemplaire  de  grande  taille  du  Talapiot  de  Cayenne  (D.  picus), 
comme  on  en  trouve  aussi  dans  d'autres  localités. 


PASSEREAUX  TRACHÊOPHONBS.  109 

Des  deux  spécimens  de  Villa-Maria,  Mattogrosso  (Musée 
de  Vienne),  l'un  (n*  16027  «  o*  »  ad.)  a  les  ailes  aussi  Ion* 
gués  que  le  type  de  D.  Kienerii,  seulement  la  queue  est  un 
peu  plus  courte  (5  millimètres),  l'autre  a  les  dimensions 
ordinaires  du  D.  picus  de  Cayenne,  Surinam,  etc.  C'est 
une  preuve  que  la  taille  n'a  rien  i  faire  avec  la  distri- 
bution géographique.  Le  type  de  D.  Kienerii  a  un  bec  qui 
présente  une  légère  courbure  vers  la  pointe,  c'est  ce  qui 
avait  probablement  engagé  des  Murs  i  placer  sa  prétendue 
espèce  dans  le  genre  Dendrornis.  La  forme  de  ce  bec  se 
retrouve  aussi  chez  plusieurs  spécimens  de  diverses  loca- 
lités, surtout  chez  un  o*  de  Rio  dos  Pilœns,  nord  du  San- 
Paulo,  Brésil  (n#  16034,  Musée  de  Vienne),  et  chez  un  adulte 
de  Chiquitos,  Bolivie  (spécimen  c).  En  étudiant  notre  série 
nous  remarquons  que  les  oiseaux  d'Ega  (type  de  D.  Kienerii), 
de  Sarayacu,  de  Pébas,  de  Chiquitos,  du  Rio  Madeira 
(R.  Guaporé,  Salto  Theotonio,  Borba)  et  du  Mattogrosso 
(Villa-Maria,  San-Vicente,  ville  de  Mattogrosso,  Cuyaba), 
ont  le  dessous  du  corps  plus  nettement  lavé  de  roussfttre  que 
les  spécimens  des  Ouyanes,  du  Venezuela,  de  Bahia,  etc. 
Cependant  comme  divers  spécimens  ne  présentent  pas  cette 
particularité,  il  nous  paraît  impossible  de  lui  accorder  assez 
d'importance  pour  en  faire  une  forme  spéciale,  qui  devrait 
alors  s'appeler  D.  picus  kienerii. 

Voici  quelques  dimensions  i  l'appui  de  notre  opi- 
nion : 

3</,  de  Surinam.  Aile  95-98;  queue  80;  bec  26-28 •". 

2/5,  de  Surinam.  Aile  93V2t  99;  queue  84;  bec  25 V2. 27  V2". 
1  <ff  Mahury,  Guyane.  Aile  101  ;  queue  85  ;  beo  29M. 

1  py  Kourou,  Guyane.  Aile  100  ;  queue  82  ;  beo  28 œ". 
dp,  Maipures,  Orénoque.  Aile  99,  94;  queue  84,  80; 

bec  26  V3,  25  «/«■*. 

2  d\  Perico,  Orénoque.  Aile  95,  100;  queue  85  y2,  83; 
bec28—. 


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PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  1 1 1 

Sclater  (Cat.  5.,  XV,  p.  140),  est  incomplète  et  ne  se  rap- 
porte qu'au  jeune  âge. 

Un  échantillon  de  cette  espèce  rare  a  été  recueilli  par 
Natterer,  près  de  Manaos,  Brésil  sept.  Cette  localité  a 
été  omise  par  les  auteurs  qui  n'indiquent  que  Gayenne 
comme  lieu  de  provenance. 

102.  Dendrexetastes  devillei  (Lafr.). 

Oendrocolaptes  Devillei  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.,  1850, 
p.  102  («  loco  Sarayacu  dicto  ad  Amazonum  fluminis 
ripas  »);  des  Murs,  in  :  Castelnau,  Voyage  Amer,  du  Sud, 
Oiseaux  (1855),  p.  42,  pi.  XIII,  fig.  1. 

a,  o*  ad.,  de  Sarayacu,  Pérou,  par  Castelnau  et  Deville. 
Type  de  V  espèce  y  figuré  dans  l'atlas  du  voyage  de  Castelnau. 
Aile  108;  queue  112;  bec  32 


mm 


Cette  espèce  se  distingue  de  la  précédente  par  l'absence 
complète  de  taches  claires  sur  la  nuque,  par  la  gorge  d'un 
fauve  uniforme  et  par  la  forme  des  maculatures  sur  le  haut 
de  la  poitrine. 

Chez  D.  devillei,  ces  stries  sont  peu  nombreuses,  très 
étroites,  presque  linéaires  et  bordées  d'un  léger  filet 
noirâtre,  tandis  que  chez  D.  temminckii  toute  la  gorge 
(sans  le  menton),  le  cou  inférieur  et  le  haut  de  la  poitrine 
sont  couverts  de  taches  allongées  blanches,  largement 
entourées  de  noir. 

103.  Xiphocolaptes  albicollis  (Vieill.). 

Dendrocopus  albicollis  Vieillot,  Nouv.  Dicl.y  XXVI  (1818), 
p.  117  («  Brésil  »). 

a,  adulte,  monté,  du  Brésil  (Rio-de-Janeiro),  par  Dela- 
lande,  1817.  Type  de  Dendrocopus  albicollis  Vieill.  Aile  127  ; 
queue  126;  bec  48mm. 


112  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

6,  adulte,  monté,  de  la  capitanerie  de  Goyaz,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  août  1822. 

c,  adulte,  monté,  de  Minas-Geraës,  par  A.  Saint-Hilaire, 
1822. 

d,  adulte,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  par  A.  Saint* 
Hilaire,  1821. 

e,  /*,  adultes,  monté  et  en  peau,  de  Rio-de-Janeiro,  par 
le  docteur  Peichoto,  en  1854. 

g,  hy  adultes,  du  Brésil  méridional.  Coll.  Boucard. 

Le  type,  un  des  plus  anciens  de  la  collection,  quoique  un 
peu  décoloré,  s'accorde  bien  avec  les  autres  exemplaires. 

104.  Xiphocolaptes  simpliciceps  (Lafr.). 

Dendrocolaptes  simpliciceps  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool., 
1850,  p.  100  (Yungas,  Bolivie). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny.  Type 
de  D.  simpliciceps  Lafr.  Aile  140;  queue  120;  bec  47  Vi™"- 

Cette  espèce  est  bien  distincte  de  X.  promeropirhynchus, 
par  l'absence  complète  de  maculatures  sur  la  tête  et  le  cou 
qui  sont  d'un  brun  olivâtre  uniforme.  La  couleur  du  fond 
de  ces  parties  est  aussi  plus  pâle  et  elle  concorde  exacte- 
ment avec  celle  du  dos,  tandis  que  chez  X.  promeropirhyn- 
chus  la  coiffe  est  plus  foncée  que  le  manteau.  Le  bec  est 
plus  faible  et  de  couleur  cornée  pâle.  Tous  les  spécimens 
de  X.  promeropirhynchus  que  nous  avons  sous  les  yeux  ont 
le  bec  tout  entier  noir. 

La  figure  de  Dendrocolaptes  lineatocephalus  Gray  et  Mitch.1, 
publiée  sans  description  et  sans  localité,  nous  parait  se  rap- 
porter plutôt  à  la  forme  de  Bogota  (JT.  promeropirhynchus 
(Less.),  et  c'est  probablement  une  erreur  puisque  dans  le 
Cat.  of.  Birds  Brit.  i/u$.,  XV,  p.  144,  Sclater  indique  un 
exemplaire  de  Bolivie  comme  type  de  l'espèce  que  nous 
venons  de  citer. 

1.  Gênera  of  Birds,  pi.  43. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  113 

105.  Picolaptes  lacrymiger  (des  Murs). 

Dendrocolaptes  lacrymiger  des  Murs,  lconogr.  ornith.  livr.  12 
(1849),  pi.  71  («  Mexique  »,  errore!  Le  type  venait  de 
Santa-Fé-de-Bogota). 

a, adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acquis  à  M.  Lar- 
roque,  mars  1843.  Type  de  l'espèce,  figuré  1.  c.  Aile  113; 
queue  94;  bec  2972n,m. 

Le  type  s'accorde  très  bien  avec  une  série  d'exemplaires 
de  Bogota  et  d'Antioquia. 

106.    Picolaptes  puncticeps  Sel.  et  Salv. 

Picolaptes  puncticeps  Sclateret  Salvin,  Nomencl.  Av.  Neotrop., 
1873,  p.  69,  160(Cayenne). 

a,  adulte,  de  la  Guyane  française,  par  M.  Fabre,  1894, 
n1  683.  Aile  84  ;  queue  77;  bec  24  mm. 

Cette  espèce  est  très  rare  ;  c'est  le  troisième  exemplaire 
connu. 

Elle  diffère  de  P.  albolineatus  (Lafr.)  par  le  dos  d'un  brun 
beaucoup  plus  foncé  et  par  la  présence  de  petites  taches 
blanchâtres  arrondies  sur  la  tête  qui,  au  contraire,  chez 
l'autre  espèce  porte  des  stries  longitudinales  étroites,  plus 
jaunâtres.  Le  fond  des  parties  inférieures  est  d'un  brun 
terreux  mat  au  lieu  d'être  d'un  brun  roussâtre  pâle,  et  les 
macules  blanchâtres  sont  plus  nettement  bordées  de  noir, 
ce  qui  tranche  plus  vivement  sur  la  couleur  générale. 

107.  Picolaptes  fuscus  (Vieill.). 

Dendrocolaptes  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Dict.}  XXVI  (1818), 
p.  117  (du  Brésil,  par  M.  Delalande  fils);  idem,  Tabl. 
me.  méth.  II  (1822),  p.  624. 

Dendrocolaptes  tenuirostris  Lichtenstein,  Abhandl.  Akad. 
Berlin,  a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  202  («  ad 
fluvium  St.  Francisci  Brasiliae  »). 

tome  xix.  8 


114  A.   MEN EGAUX  ET  G.-E.    HELLMAYR. 

a,  adulte,  monté,  rapporté  du  Brésil  (Rio-de-Janeiro), 
par  Delalande  fils,  en  1816.  Type  de  D.  fuscus  Vieill.  Aile 
81  V2;  queue  74;  bec  27  mm. 

6,  adulte,  monté,  du  Brésil,  par  Ménétriès,  1823. 

c,  d,  adulte  et  jeune,  de  Bahia.  Coll.  Boucard. 

Le  type  de  D.  fuscus  concorde  en  général  avec  des  spéci- 
mens de  l'espèce  qu'on  avait  coutume  d'appeler  Picolaptes 
tenuirostris  (Lcht.),  mais  il  est  probable  qu'il  s'agit  ici 
d'une  forme  méridionale.  Car  l'oiseau  rapporté  par  Dela- 
lande, ainsi  que  celui  de  Ménétriès,  qui  provient  également 
de  la  province  de  Rio,  ont  la  gorge  et  les  macules  sur  le 
dessous  du  corps  d'un  blanc  pur,  tandis  que  chez  trois  spé- 
cimens de  Bahia  ces  mêmes  parties  sont  d'un  fauve  jau- 
nâtre vif,  et  les  macules  du  cou  inférieur  plus  arrondies  et 
bordées  d'un  liseré  noirâtre  plus  net. 

Dans  le  cas  où  ces  différences  seraient  constantes,  il 
y  aurait  donc  deux  formes  à  distinguer  : 

a,  P.  fuscus  fuscus  (Vieill.),  du  Brésil  méridional. 

6,  P.  fuscus  tenuirostris  (Lcht.),  de  Bahia. 

108.  Picolaptes  souleyetii  (des  Murs). 

Dendrocolaptes  Souleyetii  des  Murs,  Iconogr.  ornith.  livr.  12 
(1849),  pi.  70  (Pérou). 

a,  adulte,  monté,  du  Pérou,  par  Eydoux  et  Souleyet,  en 

1838.  Type  de   l'espèce,  figuré  1.  c.  Aile  103;  queue  86; 
bec  36mm. 

6,  adulte,  monté,  de  Payta,  Pérou  occid.,  parNéboux,  en 

1839.  Cotype. 

c,  adulte,  de  San-Pedro,  200  pieds  d'élév.,  Pérou  occid., 
par  le  prof.  Orton.  Coll.  Boucard. 

Le  seul  caractère  différentiel  qui  sépare  cette  forme  de 
P.  albolineatus  consiste  dans  la  plus  grande  largeur  des 
stries  longitudinales  de  la  tête  et  des  parties  inférieures. 

Le  type  est  absolument  semblable  au  spécimen  de  San- 
Pedro,  rapporté  par  Orton. 


PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  115 

N.  B.  —  Nous  n'avons  pu  trouver  dans  les  collections  le 
type  de  Dendrocopus  maculatus  Vieillot {  dont  fait  mention 
Pucheran  in  :  Rev.  Mag.  zool.  1853,  p.  483.  La  description 
originale  est  insuffisante  pour  identifier  l'espèce. 

109.  Nasica  longirostris  (Vieill.). 

Dendrocopus  longirostris  Vieillot,  Nouv.  Dict.  XXVI  (1818), 
p.  117  (ex  Levaillant  :  Le  Grimpar  Nasican,  Hist.  nat. 
Promerops,  etc.,  p.  65,  pi.  XXIV,  Brésil). 

Kasiea  nasalis  Lesson,  Traité  d'om.  1831,  p.  311  (le  Brésil). 

a,  adulte,  monté,  du  Brésil,  rapporté  par  M.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  de  Lisbonne,  1808  :  individu  figuré  dans  l'ou- 
vrage de  Levaillant,  1.  c.  Type  de  Nasica  nasalis  Less. 

i,  c,  d>  ç?  adultes,  sans  indication  de  sexe  et  jeune, 
de  Pébas,  Pérou,  par  Gastelnau  et  Deville,  en  1846. 

110.  Xiphorhynchus  falcularius  (Vieill.). 

Dendrocopus  falcularius  Vieillot,  Tabl.  enc.  rneth.,  II  (1822), 
p.  626  (Brésil);  Vieillot  et  Oudart,  Gai.  Oiseaux,  vol.  1,  II 
(1825),  p.  286,  pi.  175  («  Brésil,  elle  a  été  tuée  dans  les 
montagnes  des  Orguis,  par  M.  le  docteur  Quoy,  qui  a 
accompagné  M.  le  capitaine  Freyssinet  dans  son  voyage 
autour  du  monde  »). 

Xiphorhynchus  trochilirostris  (nec  Lichtenstein),  Lafresnaye, 
Rev.  Mag.  zool.,  1850,  p.  374  (descr.opt.)  ;  Burmeister,  Syst. 
Ubers  Th.  Brasil.,  3  (1856),  p.  16. 

Dendrocolaptes  p  roc  u  ru  us  Temminck,  Recueil  PI.  col.  livr.  5 
(1820),  pi.  28  (mais  pas  la  description  qui  se  rapporte  à 
X.  trochilirostris  Lcht.). 

Xiphorhynchus  procurvus  (nec  Temminck!).  Sclater,  Cat. 
Birds  Brit.  Mus.,  XV  (1890),  p.  158. 


1.  Nouv.  Dict.  XXVI  (1818),  p.  117. 


116  A.  MBNBGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

a,  jeune,  monté,  du  Brésil,  par  Quoy  (expédition  Freys- 
sinet),  1818.  Type  de  Dendrocopus  falcularius  Vieill. 

6,  adulte,  monté,  du  Brésil,  par  Quoy  et  Gaimard  (Expé- 
dition Freyssinet),  1820.  Exemplaire  figuré  pi.  175  de  la 
Galerie  des  oiseaux. 

c,  adulte,  monté,  du  Brésil,  donné  par  Van  Lede,  1847. 

d,  0,  adultes,  envoyés  de  Rio-de-Janeiro,  par  Peichoto. 

f,  adulte,  de  Porto-Real,  province  de  Rio,  par  Hardy, 
1891.  Coll.  Boucard. 

gy  adulte,  de  Rio-Grande-do-Sul,  par  Rogers.  Coll.  Bou- 
card. 

Sclater1  a  considéré  D.  falcularius  comme  synonyme  de 
X.  trochilirostris,  et  il  signale  un  exemplaire  de  la  collection 
Riocour  (actuellement  au  Musée  britannique),  comme  étant 
le  type  de  Vieillot.  C'est  une  erreur,  parce  que  ce  type  se 
trouve  encore  au  Musée  de  Paris. 

Dans  sa  première  description,  Vieillot  ne  donne  pas  la 
provenance  exacte  de  son  type,  c'est  seulement  dans  la 
Galerie  des  oiseaux  qu'il  affirme  qu'il  «  a  été  tué  dans 
les  montagnes  des  Orguis  (près  de  Rio-de-Janeiro),  par  M.  le 
docteur  Quoy.  » 

Comme  Vieillot  dit  expressément  in  Tabl.  enc.  méth.,  II, 
p.  626  :  bec  et  pieds  noirs,  et  que  le  pied  de  l'exemplaire 
a  porte  la  mention  :  type  de  Vieillot,  nous  pouvons  en  con- 
clure que  la  première  diagnose  se  rapporte  à  l'échantillon  a, 
recueilli  par  Quoy.  (Voir  aussi  Lafresnaye,  1.  c).  L'exem- 
plaire b  porte  sur  le  pied  :  type  de  la  planche  175. 

Ces  deux  spécimens  n'ont  aucun  rapport  avec  X.  trochili- 
rostris  puisqu'ils  ont  le  bec  noir.  Au  contraire,  ils  s'accor- 
dent dans  tous  les  détails  avec  une  série  d'échantillons  de 
l'espèce  nommée  jadis  par  les  auteurs  X.  procurvus.  Il  est 
vrai  que  Temminck  a  figuré  un  oiseau  à  bec  noir,  mais  la 
description  qui  fait  seule  foi,  indique  «  bec  rougeâtre  ».  Il 

1.  Càt.  Birdi  Brit.  Muê.t  XV,  p.  159. 


Passereaux  traghéophones.  il! 

est  donc  évident  que  le  nom  de  X.  procurvus  ne  peut  être 
appliqué  à  cette  espèce  dont  le  nom  est  alors  X.  falcula- 
rius. 

Chapman*  en  se  basant  sur  la  description  seulement  est 
arrivé  au  même  résultat  que  nous,  ce  qui  a  probablement 
échappé  à  M.  Sclater. 

Cette  espèce  est  bien  caractérisée  par  son  bec  noir,  forte- 
ment et  brusquement  recourbé  à  la  base  et  par  sa  tête 
noire%  portant  des  larges  stries  presque  blanches.  Le  dos 
est  d'un  brun  olivâtre  sans  aucune  nuance  roussâtre,  de 
plus  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  sont  seules  de 
couleur  rousse,  tandis  que  dans  le  X.  trochilirostris  toute 
la  moitié  postérieure  du  dos  est  d'un  roux  cannelle  comme 
la  queue.  Enfin,  il  n'y  a  que  la  partie  antérieure  de  la  poi- 
trine qui  porte  des  stries  fines  et  peu  prononcées.  Chez 
X.  trochilirostris  toute  la  poitrine  est  couverte  de  stries 
blanchâtres,  larges  et  nombreuses. 

L'aire  de  dispersion  de  X.  falcularius  s'étend  de  l'état  de 
Rio-de-Janeiro  jusqu'à  celui  de  Rio-Grande-do-Sul.  Aux 
environs  de  Bahia  il  est  représenté  par  l'espèce  suivante 
dont  la  distribution  est  plus  septentrionale.  Ci-dessous  nous 
en  donnons  la  synonymie. 

111.  Xiphorhynchus  trochilirostris  (Lcht.). 

Dendrocolapte8  trochilirostris  Lichtenstein,  Abhandl.  Berliner 
Akad.  Wissensch.  1818-1819  (publ.  1820),  p.  207,  pi.  III, 
[Bahia  :  voir  l.c.  volume  des  années  1820-1821  (publ.  1822), 
p.  263.] 

D.  procuruus  Temminck,  Recueil  PI.  col.  livr.  5  (1820), 
texte  de  la  planche  28  (mais  pas  la  planche  qui  représente 
I.  falcularius  (Vieil!.)). 

Xiphorhynchus  procuruus  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  Zool.  1850, 
p.  375,  descr.  opt. 

1.  Bull.  Amer.  Mu$.%  II  (1889;,  p.  161  f. 


118  A.  MENBGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

a-dy  adultes  et  jeunes,  de  Bahia.  Coll.  Bouoard. 

Comme  nous  l'avons  démontré,  la  diagnose  de  D.  pro- 
curvus  Temm.  s'applique  à  cette  espèce,  mais  du  texte  il 
ressort  qu'elle  est  postérieure  à  celle  de  Lichtenstein,  dont 
le  nom  reste. 

112.  Xiphorhynchus  lafresnayanus  (d'Orb.). 

Dendrocolaptes  lafresnayanus  d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux 
(1847),  p.  368,  pi.  53,  fig.  2  («  nous  l'avons  rencontrée 
dans  les  îles  du  Rio  Paranay  près  de  Goya,  au  29*  degré 
de  latitude.  Nous  l'avons  retrouvée  ensuite  dans  la  pro- 
vince de  Chiquitos  (Bolivie)  »). 

Xiphorhynchus  rufo-dorsalis  Chapman,  Bull.  Amer.  Mus.  II 
(1889),  p.  160  (Corumba,  Mattogrosso). 

a,  jeune,  monté,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834. 

6,  adulte,  en  peau,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834,  n°  393. 

Types  de  Dendrocolaptes  lafresnayanus  d'Orb. 

c,  adulte,  du  Rio  de  la  Plata,  par  Castelnau,  juin  1840. 

Cette  forme  se  distingue  de  X.  trochilirostris  par  sa  taille 
plus  forte,  par  son  bec  sensiblement  plus  long,  parla  colo- 
ration générale,  en  dessus  et  en  dessous,  qui  est  beaucoup 
plus  roussâtre,  et  par  les  taches  de  la  tête  qui  sont  plus 
étroites  et  d'un  blanc  moins  pur. 

a,  aile  112;  queue  95;  bec  80mm. 
6,  aile  110;  queue  84 mm. 
c.  aile  98;  queue  88 mBl. 

Quand  même  nous  n'avons  aucun  spécimen  du  Parana  du 
voyage  de  d'Orbigny  sous  les  yeux,  il  n'est  pas  douteux  que 
la  forme  de  cette  localité  est  identique  à  celle  de  la  Bolivie 
puisqu'il  y  a  dans  la  collection  un  échantillon  provenant  du 
Rio  de  la  Plata  qui  ne  diffère  pas  des  types  de  l'espèce. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  119 

X.  rufodorsalis  dont  l'un  de  nous  a  examiné  une  série  du 
Mattogrosso  (coll.  Natterer,  musée  de  Vienne),  ne  présente 
aucune  différence  constante  avec  les  oiseaux  de  la  Bolivie. 

113.  Xiphorhynchus  pucherani  (des  Murs.). 

Xyphorhynchu8  pucheranii  des  Murs,  lconogr.  ornith.  livr.  12 
(1849),  pi.  69  (Santa-Fé-de-Bogota). 

Xiphorhynchus  pucheranii  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  Zool.  1850, 

p.  378. 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acheté  à 
Canivet  en  1840.  Type  de  l'espèce,  figuré  dans  Y  lconogr. 
ornith.,  pi.  69.  Aile  131  ;  queue  122;  bec  68mm. 

114.  Dendrocincla  fuliginosa  (Vieill.). 

Dendrocopus  fuliginosus  Vieillot,  Nouv.  Dict.}  XXVI  (1818), 
p.  117  (établi  sur  «  Le  Grimpar  enfumé  »,  Levaillant, 
Hist.  nat.  Promerops,  etc.  (1807),  p.  70,  pi.  28.  Cayenne). 

Dendrocolaptes  fumigatus  Liechtenstein,  Abhandl.  Akad.  Berlin 
a.d.Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  203  (ex  Levaillant). 

a,  adulte,  monté,  de  Cayenne,  en  échange  à  M.  Lionne. 
Exemplaire  figuré  par  Levaillant  et  par  conséquent  c'est 
le  type  de  D.  fuliginosus  et  de  D.  fumigatus.  Aile  107  ; 
queue  90;  bec  271/2nim. 

Nous  sommes  heureux  d'avoir  retrouvé  ce  type  dans  la 
collection,  car  il  y  a  toujours  eu  quelques  doutes  sur  la 
détermination  faite  d'après  la  figure  de  Levaillant. 

En  effet,  celle-ci  indique  deux  bandes  claires  sur  les 
côtés  de  la  tête,  l'une  au-dessus,  l'autre  au-dessous  de 
l'œil  ;  cette  dernière  doit  être  une  exagération  du  dessi- 
nateur, car  on  ne  remarque  sur  l'exemplaire  qu'une  tache 
plus  ou  moins  claire  très  peu  nette  dans  la  partie  inférieure 
des  plumes  auriculaires.  Comme  c'est  le  cas  d'ailleurs  chez 
beaucoup  de  spécimens  de  l'espèce  désignée  sous  le  nom 
de  D.  fuliginosa  par  les  auteurs.  Ce  nom  est  donc  définiti- 
vement établi. 


110  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

2  p$  Perico,  Orénoque.  Aile  98,  93;  queue  86,  83; 
bec  28mm. 

10  adultes  de  Bahia.   Aile  95-103 '/2;  queue   83-90; 

bec  25-28  V2œm. 
</,  Barcellos,  Rio  Negro.  Aile  94  ;  queue  83  ;  bec  26mm. 
p,  Rio  Branco.  Aile  93  ;  queue  85  ;  bec  25  Vs"". 
,p,  Cajutuba,  près  Para.  Aile  99  ;  queue  87  ;  bec  2572min. 
p}  Obidos,  Amazonie.  Aile  93  ;  queue  84;  bec  26ma>. 
/>,  Araguay,  Brésil.  Aile  101  ;  queue  84*/2;  bec  27 mm. 
</,  Rio  dos  Pilœns,  Brésil.  Aile  95;  queue  81  ;  bec271/2n",\ 
cT,  Rio   Ouaporé,  Mattogrosso.  Aile  88 xj2\  queue   75; 

bec  278/4mm. 
c/,  Salto  Theotonio,  Rio  Madeira.  Aile  101  ;  queue  85; 

bec  26V2m,n. 

2  dV>  Borba,  Rio  Madeira.  Aile  103,  101  ;  queue  95,  85; 
bec  27,  29m". 

cf,  Villa- Maria,    Mattogrosso.    Aile    110;    queue    96; 

bec  29V2m,n- 

p,  Villa-Maria,  Mattogrosso.  Aile  99;  queue  83;  bec  29mn>. 

rf,  San-Vicente,  Mattogrosso.  Aile  105  ;  queue  91  ; 
bec  28  V,™. 

</,  Mattogrosso,  Mattogrosso.  Aile  101;  queue  84; 
bec  27  Bm. 

/>,  Cuyaba,  Mattogrosso.  Aile  99  ;  queue  87  !/2 ;  bec  27  V3mm. 

Pour  les  dimensions  des  spécimens  du  Muséum,  voir 
plus  haut. 

101.  Dendrezetastes  temminckii  (Lafr.). 

Dendrocolaptes  Temminckii  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.,  1851 
(mars),  p.  145,  pi.  IV  («  Santa-Fé-de-Bogota  »,  errore). 

Dendrexetastes  temminckii  Menegaux,  Bull.  Mus.  Paris,  X, 
n°  4  (1904),  p.  179  (Guyane  française). 

a,  adulte,  de  l'Ouanary,  Guyane  française,  par  Geay,  1900. 

L'un  de  nous  a  déjà  fait  remarquer  que  la  description  de 


r 

I 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  1 1 1 

Sclater  (Cat.  B.,  XV,  p.  140),  est  incomplète  et  ne  se  rap- 
porte qu'au  jeune  âge. 

Un  échantillon  de  cette  espèce  rare  a  été  recueilli  par 
Natte rer,  près  de  Manaos,  Brésil  sept.  Cette  localité  a 
été  omise  par  les  auteurs  qui  n'indiquent  que  Cayenne 
comme  lieu  de  provenance. 


102.  Dendrexetastes  devillei  (Lafr.). 

Dendrocolaptes  Devillei  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.,  1850, 
p.  102  («  loco  Sarayacu  dicto  ad  Amazonum  fluminis 
ripas  »);  des  Murs,  in  :  Castelnau,  Voyage  Amer,  du  Sud, 
Oiseaux  (1855),  p.  42,  pi.  XIII,  fig.  1. 

a,  o"  ad.,  de  Sarayacu,  Pérou,  par  Castelnau  et  Deville. 
Type  de  l'espèce,  figuré  dans  l'atlas  du  voyage  de  Castelnau. 
Aile  108;  queue  112;  bec  32 mm. 

Cette  espèce  se  distingue  de  la  précédente  par  l'absence 
complète  de  taches  claires  sur  la  nuque,  par  la  gorge  d'un 
fauve  uniforme  et  par  la  forme  des  maculatures  sur  le  haut 
de  la  poitrine. 

Chez  D.  devillei,  ces  stries  sont  peu  nombreuses,  très 
étroites,  presque  linéaires  et  bordées  d'un  léger  filet 
noirâtre,  tandis  que  chez  D.  temminckii  toute  la  gorge 
(sans  le  menton),  le  cou  inférieur  et  le  haut  de  la  poitrine 
sont  couverts  de  taches  allongées  blanches,  largement 
entourées  de  noir. 


103.  Xiphocolaptes  albioollis  (Vieill.). 

Dendrocopus  albicollis  Vieillot,  Nouv.  Dict.,  XXVI  (1818), 
p.  117  («  Brésil  »). 

a,  adulte,  monté,  du  Brésil  (Rio-de-Janeiro),  par  Delà- 
lande,  1817.  Type  de  Dendrocopus  albicollis  Vieill.  Aile  127  ; 
queue  126;  bec  48  ■m. 


112  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

b,  adulte,  monté,  de  la capitanerie  de  Goyaz,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  août  1822. 

c,  adulte,  monté,  de  Minas-Geraës,  par  A.  Saint-Hilaire, 
1822. 

d,  adulte,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  1821. 

et  f}  adultes,  monté  et  en  peau,  de  Rio-de-Janeiro,  par 
le  docteur  Peichoto,  en  1854. 
g,  h,  adultes,  du  Brésil  méridional.  Coll.  Boucard. 

Le  type,  un  des  plus  anciens  de  la  collection,  quoique  un 
peu  décoloré,  s'accorde  bien  avec  les  autres  exemplaires. 

104.  Xiphocolaptes  simpliciceps  (Lafr.). 

Dendrocolapte8  simpliciceps  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool., 
1850,  p.  100  (Yungas,  Bolivie). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny.  Type 
de  D.  simpliciceps  Lafr.  Aile  140;  queue  120;  bec  47  ,/2ra"1- 

Cette  espèce  est  bien  distincte  de  X.  promeropirhynchus, 
par  l'absence  complète  de  maculatures  sur  la  tète  et  le  cou 
qui  sont  d'un  brun  olivâtre  uniforme.  La  couleur  du  fond 
de  ces  parties  est  aussi  plus  pâle  et  elle  concorde  exacte- 
ment avec  celle  du  dos,  tandis  que  chez  X.  promeropirhyn- 
chus  la  coiffe  est  plus  foncée  que  le  manteau.  Le  bec  est 
plus  faible  et  de  couleur  cornée  pâle.  Tous  les  spécimens 
de  X.  promeropirhynchus  que  nous  avons  sous  les  yeux  ont 
le  bec  tout  entier  noir. 

La  figure  de  Dendrocolaptes  lineatocephalus  Gray  et  Mitch.  *, 
publiée  sans  description  et  sans  localité,  nous  parait  se  rap- 
porter plutôt  à  la  forme  de  Bogota  (X.  promeropirhynchus 
(Less.),  et  c'est  probablement  une  erreur  puisque  dans  le 
Cat.  of.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  144,  Sclater  indique  un 
exemplaire  de  Bolivie  comme  type  de  l'espèce  que  nous 
venons  de  citer. 

1.  Gênera  of  Birds,  pi.  43. 


\ 


PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  113 

105.  Picolaptes  lacrymiger  (des  Murs). 

Dendrocolapte8  lacrymiger  des  Murs,  lconogr.  ornith.  livr.  12 
(1849),  pi.  71  («  Mexique  »,  errore!  Le  type  venait  de 
Santa-Fé-de-Bogota). 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acquis  à  M.  Lar- 
roque,  mars  1843.  Type  de  l'espèce,  figuré  1.  c.  Aile  113; 
queue  94;  bec  29  Vî™"- 

Le  type  s'accorde  très  bien  avec  une  série  d'exemplaires 
de  Bogota  et  d'Antioquia. 

106.  Picolaptes  puncticeps  Sel.  et  Salv. 

Picolaptes  puncticeps  Sclater  et  Salvin,  Nomencl.  Av.  Neotrop., 
1873,  p.  69,  160(Cayenne). 

a,  adulte,  de  la  Guyane  française,  par  M.  Fabre,  1894, 
n§  683.  Aile  84  ;  queue  77;  bec  24  mm. 

Cette  espèce  est  très  rare  ;  c'est  le  troisième  exemplaire 
connu. 

Elle  diffère  de  P.  albolineatus  (Lafr.)  par  le  dos  d'un  brun 
beaucoup  plus  foncé  et  par  la  présence  de  petites  taches 
blanchâtres  arrondies  sur  la  tête  qui,  au  contraire,  chez 
Vautre  espèce  porte  des  stries  longitudinales  étroites,  plus 
jaunâtres.  Le  fond  des  parties  inférieures  est  d'un  brun 
terreux  mat  au  lieu  d'être  d'un  brun  roussâtre  pâle,  et  les 
macules  blanchâtres  sont  plus  nettement  bordées  de  noir, 
ce  qui  tranche  plus  vivement  sur  la  couleur  générale. 

107.  Picolaptes  fuscus  (Vieill.). 

Dendrocolaptes  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Die  t.,  XXVI  (1818), 
p.  117  (du  Brésil,  par  M.  Delalande  fils);  idem,  Tabl. 
enc.  mith.  II  (1822),  p.  624. 

Dendrocolaptes  tenuirostris  Lichtenstein,  Abhandl.  Âkad. 
Berlin,  a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  202  («  ad 
fluvium  St.  Francisci  Brasilia  »). 

tome  xix.  8 


112  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

b,  adulte,  monté,  de  la  capitanerie  de  Goyaz,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  août  1822. 

c,  adulte,  monté,  de  Minas-Geraës,  par  A.  Saint-Hilaire, 
1822. 

d,  adulte,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  1821. 

e,  f}  adultes,  monté  et  en  peau,  de  Rio-de-Janeiro,  par 
le  docteur  Peichoto,  en  1854. 

</,  A,  adultes,  du  Brésil  méridional.  Coll.  Boucard. 

Le  type,  un  des  plus  anciens  de  la  collection,  quoique  un 
peu  décoloré,  s'accorde  bien  avec  les  autres  exemplaires. 

104.  Xiphocolaptes  simplicioeps  (Lafr.). 

Dendrocolapte8  simplicioeps  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool.t 
1850,  p.  100  (Yungas,  Bolivie). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny.  Type 
de  D.  simpliciceps  Lafr.  Aile  140;  queue  120;  bec  47  V«-™- 

Cette  espèce  est  bien  distincte  de  X.  promeropirhynchus, 
par  l'absence  complète  de  maculatures  sur  la  tète  et  le  cou 
qui  sont  d'un  brun  olivâtre  uniforme.  La  couleur  du  fond 
de  ces  parties  est  aussi  plus  pâle  et  elle  concorde  exacte- 
ment avec  celle  du  dos,  tandis  que  chez  X.  promeropirhyn- 
chus la  coiffe  est  plus  foncée  que  le  manteau.  Le  bec  est 
plus  faible  et  de  couleur  cornée  pâle.  Tous  les  spécimens 
de  X.  promeropirhynchus  que  nous  avons  sous  les  yeux  ont 
le  bec  tout  entier  noir. 

La  figure  de  Dendrocolaptes  lineatocephalus  Gray  et  Mitch.  *, 
publiée  sans  description  et  sans  localité,  nous  parait  se  rap- 
porter plutôt  à  la  forme  de  Bogota  (J.  promeropirhynchus 
(Less.),  et  c'est  probablement  une  erreur  puisque  dans  le 
Cat.  of.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  144,  Sclater  indique  un 
exemplaire  de  Bolivie  comme  type  de  l'espèce  que  nous 
venons  de  citer. 

1.  Generà  of  Birds,  pi.  43. 


PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  113 

105.  Picolaptes  lacrymiger  (des  Murs). 

Dendrocolapte8  lacrymiger  des  Murs,  lconogr.  omit  h.  livr.  12 
(1849),  pi.  71  («  Mexique  »,  errore!  Le  type  venait  de 
Santa-Fé-de-Bogota). 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acquis  à  M.  Lar- 
roque,  mars  1843.  Type  de  l'espèce,  figuré  1.  c.  Aile  113; 
queue  94;  bec  2972mm. 

Le  type  s'accorde  très  bien  avec  une  série  d'exemplaires 
de  Bogota  et  d'Antioquia. 

106.    Picolaptes  puncticeps  Sel.  et  Salv. 

Picolaptes  puncticeps  SclateretSalvin,  Nomencl.  Av.  Neotrop.y 
1873,  p.  69,  160(Cayenne). 

a,  adulte,  de  la  Guyane  française,  par  M.  Fabre,  1894, 
n°  683.  Aile  84;  queue  77;  bec  24  mm. 

Cette  espèce  est  très  rare  ;  c'est  le  troisième  exemplaire 
connu. 

Elle  diffère  de  P.  albolineatus  (Lafr.)  par  le  dos  d'un  brun 
beaucoup  plus  foncé  et  par  la  présence  de  petites  taches 
blanchâtres  arrondies  sur  la  tête  qui,  au  contraire,  chez 
l'autre  espèce  porte  des  stries  longitudinales  étroites,  plus 
jaunâtres.  Le  fond  des  parties  inférieures  est  d'un  brun 
terreux  mat  au  lieu  d'être  d'un  brun  roussâtre  pâle,  et  les 
macules  blanchâtres  sont  plus  nettement  bordées  de  noir, 
ce  qui  tranche  plus  vivement  sur  la  couleur  générale. 

107.  Picolaptes  fuscus  (Vieill.). 

Dendrocolaptes  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Die  t.,  XXVI  (1818), 
p.  117  (du  Brésil,  par  M.  Delalande  fils);  idem,  Tabl. 
enc.  mith.  II  (1822),  p.  624. 

Dendrocolaptes  tenuirostris  Lichtenstein ,  Abhandl.  Âkad. 
Berlin,  a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  202  («  ad 
fluvium  St.  Francisci  Brasilia  »). 

TOME   XIX.  8 


112  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

b,  adulte,  monté,  de  la  capitanerie  de  Goyaz,par  A.  Saint- 
Hilaire,  août  1822. 

c,  adulte,  monté,  de  Minas-Qeraës,  par  A.  Saint- Hilaire, 
1822. 

d,  adulte,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  1821. 

0,  fy  adultes,  monté  et  en  peau,  de  Rio-de-Janeiro,  par 
le  docteur  Peichoto,  en  1854. 
g,  h,  adultes,  du  Brésil  méridional.  Coll.  Boucard. 

Le  type,  un  des  plus  anciens  de  la  collection,  quoique  un 
peu  décoloré,  s'accorde  bien  avec  les  autres  exemplaires. 

104.  Xiphocolaptes  simpliciceps  (Lafr.). 

Dendrocolapte$  simpliciceps  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool., 
1850,  p.  100  (Yungas,  Bolivie). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny.  Type 
de  D.  simpliciceps  Lafr.  Aile  140;  queue  120;  bec  47  i/zmm. 

Cette  espèce  est  bien  distincte  de  X.  promeropirhynchus  9 
par  rabsence  complète  de  maculatures  sur  la  tête  et  le  cou 
qui  sont  d'un  brun  olivâtre  uniforme.  La  couleur  du  fond 
de  ces  parties  est  aussi  plus  pâle  et  elle  concorde  exacte- 
ment avec  celle  du  dos,  tandis  que  chez  X.  promeropirhyn- 
chus  la  coiffe  est  plus  foncée  que  le  manteau.  Le  bec  est 
plus  faible  et  de  couleur  cornée  pâle.  Tous  les  spécimens 
de  X.  promeropirhynchus  que  nous  avons  sous  les  yeux  ont 
le  bec  tout  entier  noir. 

La  figure  de  Dendrocolaptes  lineatocephalus  Gray  et  Mitch.  *, 
publiée  sans  description  et  sans  localité,  nous  parait  se  rap- 
porter plutôt  à  la  forme  de  Bogota  (X.  promeropirhynchus 
(Less.),  et  c'est  probablement  une  erreur  puisque  dans  le 
Cat.  of.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  144,  Sclater  indique  un 
exemplaire  de  Bolivie  comme  type  de  l'espèce  que  nous 
venons  de  citer. 

1.  Gênera  of  Birds,  pi.  43. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  113 

105.  Picolaptes  lacrymiger  (des  Murs). 

Dendrocolapte8  lacrymiger  des  Murs,  Iconogr.  ornith.  livr.  12 
(1849),  pi.  71  («  Mexique  »,  errore!  Le  type  venait  de 
Santa-Fé-de-Bogota). 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acquis  à  M.  Lar- 
roque,  mars  1843.  Type  de  l'espèce,  figuré  1.  c.  Aile  113; 
queue  94;  bec  2972n,m. 

Le  type  s'accorde  très  bien  avec  une  série  d'exemplaires 
de  Bogota  et  d'Antioquia. 

106.    Picolaptes  punoticeps  Sel.  et  Salv. 

Picolaptes  puncticeps  SclateretSalvin,  Nomencl  Av.  Neotrop., 
1873,  p.  69,  160(Cayenne). 

a,  adulte,  de  la  Guyane  française,  par  M.  Fabre,  1894, 
n°  683.  Aile  84;  queue  77;  bec  24  mm. 

Cette  espèce  est  très  rare  ;  c'est  le  troisième  exemplaire 
connu. 

Elle  diffère  de  P.  albolineatus  (Lafr.)  par  le  dos  d'un  brun 
beaucoup  plus  foncé  et  par  la  présence  de  petites  taches 
blanchâtres  arrondies  sur  la  tête  qui,  au  contraire,  chez 
l'autre  espèce  porte  des  stries  longitudinales  étroites,  plus 
jaunâtres.  Le  fond  des  parties  inférieures  est  d'un  brun 
terreux  mat  au  lieu  d'être  d'un  brun  roussâtre  pâle,  et  les 
macules  blanchâtres  sont  plus  nettement  bordées  de  noir, 
ce  qui  tranche  plus  vivement  sur  la  couleur  générale. 

107.  Picolaptes  fuscus  (Vieill.). 

Dendrocol aptes  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Dictn  XXVI  (1818), 
p.  117  (du  Brésil,  par  M.  Delalande  fils);  idem,  Tabl. 
enc.  méth.  II  (1822),  p.  624. 

Dendrocolaptes  tenuirostris  Lichtenstein,  Abhandl.  Akad. 
Berlin,  a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  202  («  ad 
fluvium  St.  Francisci  Brasilia  »). 

TOME   XIX.  8 


112  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

b,  adulte,  monté,  de  la capitanerie  de  Ooyaz,  par  A.  Saint* 
Hilaire,  août  1822. 

c,  adulte,  monté,  de  Minas-Geraës,  par  À.  Saint-Hilaire, 
1822. 

d,  adulte,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  1821. 

e,  /*,  adultes,  monté  et  en  peau,  de  Rio-de-Janeiro,  par 
le  docteur  Peichoto,  en  1854. 

<7,  A,  adultes,  du  Brésil  méridional.  Coll.  Boucard. 

Le  type,  un  des  plus  anciens  de  la  collection,  quoique  un 
peu  décoloré,  s'accorde  bien  avec  les  autres  exemplaires. 

104.  Xiphocolaptes  simpliciceps  (Lafr.). 

Dendrocolapte8  simpliciceps  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool.t 
1850,  p.  100  (Yungas,  Bolivie). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny.  Type 
de  D.  simpliciceps  Lafr.  Aile  140;  queue  120;  bec  47  !/*-™- 

Cette  espèce  est  bien  distincte  de  X.  promeropirhynchus  > 
par  l'absence  complète  de  maculatures  sur  la  tête  et  le  cou 
qui  sont  d'un  brun  olivâtre  uniforme.  La  couleur  du  fond 
de  ces  parties  est  aussi  plus  pâle  et  elle  concorde  exacte- 
ment avec  celle  du  dos,  tandis  que  chez  X.  promeropirhyn- 
chus  la  coiffe  est  plus  foncée  que  le  manteau.  Le  bec  est 
plus  faible  et  de  couleur  cornée  pâle.  Tous  les  spécimens 
de  X.  promeropirhynchus  que  nous  avons  sous  les  yeux  ont 
le  bec  tout  entier  noir. 

La  figure  de  Dendrocolaptes  lineatocephalus  Gray  et  Mitch. i, 
publiée  sans  description  et  sans  localité,  nous  parait  se  rap- 
porter plutôt  à  la  forme  de  Bogota  (J.  promeropirhynchus 
(Less.),  et  c'est  probablement  une  erreur  puisque  dans  le 
Cat.  of.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  144,  Sclater  indique  un 
exemplaire  de  Bolivie  comme  type  de  l'espèce  que  nous 
venons  de  citer. 

1.  Gêner*  of  Birds,  pi.  43. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  113 

105.  Picolaptes  lacrymiger  (des  Murs). 

Dendrocolapte8  lacrymiger  des  Murs,  lconogr.  ornith.  livr.  12 
(1849),  pi.  71  («  Mexique  »,  errore!  Le  type  venait  de 
Santa-Fé-de-Bogota). 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acquis  à  M.  Lar- 
roque,  mars  1843.  Type  de  l'espèce,  figuré  1.  c.  Aile  113; 
queue  94;  bec  2972n,m. 

Le  type  s'accorde  très  bien  avec  une  série  d'exemplaires 
de  Bogota  et  d'Antioquia. 

106.    Picolaptes  puncticeps  Sel.  et  Salv. 

Picolaptes  puncticeps  Sclateret  Salvin,  Nomencl.  Av.  Neotrop., 
1873,  p.  69,  160  (Cayenne). 

a,  adulte,  de  la  Guyane  française,  par  M.  Fabre,  1894, 
n°  683.  Aile  84;  queue  77;  bec  24  mm. 

Cette  espèce  est  très  rare  ;  c'est  le  troisième  exemplaire 
connu. 

Elle  diffère  de  P.  albolineatus  (Lafr.)  par  le  dos  d'un  brun 
beaucoup  plus  foncé  et  par  la  présence  de  petites  taches 
blanchâtres  arrondies  sur  la  tête  qui,  au  contraire,  chez 
l'autre  espèce  porte  des  stries  longitudinales  étroites,  plus 
jaunâtres.  Le  fond  des  parties  inférieures  est  d'un  brun 
terreux  mat  au  lieu  d'être  d'un  brun  roussâtre  pâle,  et  les 
macules  blanchâtres  sont  plus  nettement  bordées  de  noir, 
ce  qui  tranche  plus  vivement  sur  la  couleur  générale. 

107.  Picolaptes  fuscus  ( Vieil  1.). 

Dendrocolaptes  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Die  t.,  XXVI  (1818), 
p.  117  (du  Brésil,  par  M.  Delalande  fils);  idem,  Tabl. 
enc.  met  h.  H  (1822),  p.  624. 

Dendrocolaptes  tenuirostris  Lichtenstein ,  Abhandl.  Akad. 
Berlin,  a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  202  («  ad 
fluvium  St.  Francisci  Brasilia  »). 

tome  xix.  8 


112  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

6,  adulte,  monté,  de  la  capitanerie  de  Goyaz,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  août  1822. 

c,  adulte,  monté,  de  Minas-Geraës,  par  À.  Saint-Hilaire, 
1822. 

d,  adulte,  monté,  de  Rio-de-Janeiro,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  1821. 

e,  /*,  adultes,  monté  et  en  peau,  de  Rio-de-Janeiro,  par 
le  docteur  Peichoto,  en  1854. 

g,  h,  adultes,  du  Brésil  méridional.  Coll.  Boucard. 

Le  type,  un  des  plus  anciens  de  la  collection,  quoique  un 
peu  décoloré,  s'accorde  bien  avec  les  autres  exemplaires. 

104.  Xiphocolaptes  sixnpliciceps  (Lafr.). 

Dendrocolaptes  simpliciceps  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool., 
1850,  p.  100  (Yungas,  Bolivie). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny.  Type 
de  D.  simpliciceps  Lafr.  Aile  140;  queue  120;  bec  47  {l%mm. 

Cette  espèce  est  bien  distincte  de  X.  promeropirhynchus, 
par  l'absence  complète  de  maculatures  sur  la  tête  et  le  cou 
qui  sont  d'un  brun  olivâtre  uniforme.  La  couleur  du  fond 
de  ces  parties  est  aussi  plus  pâle  et  elle  concorde  exacte- 
ment avec  celle  du  dos,  tandis  que  chez  X.  promeropirhyn- 
chus  la  coiffe  est  plus  foncée  que  le  manteau.  Le  bec  est 
plus  faible  et  de  couleur  cornée  pâle.  Tous  les  spécimens 
de  X.  promeropirhynchus  que  nous  avons  sous  les  yeux  ont 
le  bec  tout  entier  noir. 

La  figure  de  Dendrocolaptes  lineatocephalus  Gray  et  Mitch. !, 
publiée  sans  description  et  sans  localité,  nous  parait  se  rap- 
porter plutôt  à  la  forme  de  Bogota  (1.  promeropirhynchus 
(Less.),  et  c'est  probablement  une  erreur  puisque  dans  le 
Cat.  of.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  144,  Sclater  indique  un 
exemplaire  de  Bolivie  comme  type  de  l'espèce  que  nous 
venons  de  citer. 

1.  Generâ  of  Birds,  pi.  43. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  113 

105.  Picolaptes  lacrymiger  (des  Murs). 

Dendrocolaptes  lacrymiger  des  Murs,  Iconogr.  omit  h.  livr.  12 
(1849),  pi.  71  («  Mexique  »,  errore!  Le  type  venait  de 
Santa-Fé-de-Bogota). 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acquis  à  M.  Lar- 
roque,  mars  1843.  Type  de  V espèce,  figuré  1.  c.  Aile  113; 
queue  94;  bec  2972mm. 

Le  type  s'accorde  très  bien  avec  une  série  d'exemplaires 
de  Bogota  et  d'Antioquia. 

106.    Picolaptes  puncticeps  Sel.  et  Salv. 

Picolaptes  puncticeps  Sclateret  Salvin,  Nomencl.  Av.  Neotrop., 
1873,  p.  69,  160(Cayenne). 

a,  adulte,  de  la  Guyane  française,  par  M.  Fabre,  1894, 
n°  683.  Aile  84;  queue  77;  bec  24  mm. 

Cette  espèce  est  très  rare  ;  c'est  le  troisième  exemplaire 
connu. 

Elle  diffère  de  P.  albolineatus  (Lafr.)  par  le  dos  d'un  brun 
beaucoup  plus  foncé  et  par  la  présence  de  petites  taches 
blanchâtres  arrondies  sur  la  tête  qui,  au  contraire,  chez 
l'autre  espèce  porte  des  stries  longitudinales  étroites,  plus 
jaunâtres.  Le  fond  des  parties  inférieures  est  d'un  brun 
terreux  mat  au  lieu  d'être  d'un  brun  roussâtre  pâle,  et  les 
macules  blanchâtres  sont  plus  nettement  bordées  de  noir, 
ce  qui  tranche  plus  vivement  sur  la  couleur  générale. 

107.  Picolaptes  fuscus  (Vieill.). 

Dendrocolaptes  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Die  t.,  XXVI  (1818), 
p.  117  (du  Brésil,  par  M.  Delalande  fils);  idem,  Tabl. 
enc.  méth.  II  (1822),  p.  624. 

Dendrocolaptes  tenuirostris  Lichtenstein ,  Abhandl.  Akad. 
Berlin,  a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  202  («  ad 
fluvium  St.  Francisci  Brasilia  »). 

tome  xix.  8 


112  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

b,  adulte,  monté,  de  la  capitanerie  de  Goyaz,  par  A.  Saint- 
Hilaire,  août  1822. 

c,  adulte,  monté,  de  Minas-Geraës,  par  A.  8aint*Hilaire, 
1822. 

d,  adulte,   monté,   de   Rio-de-Janeiro,  par  A.   Saint* 
Hilaire,  1821. 

0,  /*,  adultes,  monté  et  en  peau,  de  Rio-de-Janeiro,  par 
le  docteur  Peichoto,  en  1854. 
<7,  A,  adultes,  du  Brésil  méridional.  Coll.  Boucard. 

Le  type,  un  des  plus  anciens  de  la  collection,  quoique  un 
peu  décoloré,  s'accorde  bien  avec  les  autres  exemplaires. 


104.  Xiphocolaptes  simpliciceps  (Lafr.). 

Dendrocolapte8  simpliciceps  Lafresnaye,  Rev.  et  Mag.  zool.t 
1850,  p.  100  (Yungas,  Bolivie). 

a,  adulte,  monté,  d'Yungas,  Bolivie,  par  d'Orbigny.  Type 
de  D.  simpliciceps  Lafr.  Aile  140;  queue  120;  bec  47 7*™"- 

Cette  espèce  est  bien  distincte  de  X.  promeropirhynchus, 
par  l'absence  complète  de  maculatures  sur  la  tête  et  le  cou 
qui  sont  d'un  brun  olivâtre  uniforme.  La  couleur  du  fond 
de  ces  parties  est  aussi  plus  pâle  et  elle  concorde  exacte- 
ment avec  celle  du  dos,  tandis  que  chez  X.  promeropirhyn- 
chus  la  coiffe  est  plus  foncée  que  le  manteau.  Le  bec  est 
plus  faible  et  de  couleur  cornée  pâle.  Tous  les  spécimens 
de  X.  promeropirhynchus  que  nous  avons  sous  les  yeux  ont 
le  bec  tout  entier  noir. 

La  figure  de  Dendrocolaptes  lineatocephalus  Gray  et  Mitch.  *, 
publiée  sans  description  et  sans  localité,  nous  parait  se  rap- 
porter plutôt  à  la  forme  de  Bogota  (J.  promeropirhynchus 
(Less.),  et  c'est  probablement  une  erreur  puisque  dans  le 
Cat.  of.  Birds  Brit.  Mus.,  XV,  p.  144,  Sclater  indique  un 
exemplaire  de  Bolivie  comme  type  de  l'espèce  que  nous 
venons  de  citer. 

1.  Gêner»  of  Btrdi,  pi.  43. 


113 


105.  Picolaptes  lacrymiger  (des  Mais). 

Demdroc*laptes  lacrymiger  des  Murs,  Iconofr.  amitk.  livr.  12 
(1849\  pi.  71  («  Mexique  »,  errore!  Le  type  venait  de 
8anta-Fé-de-Bogota). 

s,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acquis  à  M.  Lar- 
roqae,  mais  1843.  Type  de  r espèce,  6guré  1.  c.  Aile  113; 
queue  94;  bec  29 !/*™™- 

Le  type  s'accorde  très  bien  avec  une  série  d'exemplaires 
de  Bogota  et  d'Antioquia. 

106.  Picolaptes  poncticeps  Sel.  et  Salv. 

Picolaptes  pu ncticeps  Sclateret  Salvin,  Nomencl.  Av.  Neotrop., 
1873,  p.  69,  160  (Cayenne). 

a,  adulte,  de  la  Guyane  française,  par  M.  Fabre,  1894, 
n*  683.  Aile  84  ;  queue  77;  bec  24  ■-. 

Cette  espèce  est  très  rare  ;  c'est  le  troisième  exemplaire 
connu. 

Elle  diffère  de  P.  albolineatus  (Lafr.)  par  le  dos  d'un  brun 
beaucoup  plus  foncé  et  par  la  présence  de  petites  taches 
blanchâtres  arrondies  sur  la  tète  qui,  au  contraire,  chez 
l'autre  espèce  porte  des  stries  longitudinales  étroites,  plus 
jaunâtres.  Le  fond  des  parties  inférieures  est  d'un  brun 
terreux  mat  au  lieu  d'être  d'un  brun  roussâtre  pâle,  et  les 
macules  blanchâtres  sont  plus  nettement  bordées  de  noir, 
ce  qui  tranche  plus  vivement  sur  la  couleur  générale. 

107.  Picolaptes  fuscus  (Vieil).). 

Dtndrocolaptes  fuscus  Vieillot,  Nouv.  Dict.y  XXVI  (1818), 
p.  117  (du  Brésil,  par  M.  Delalande  fils);  idem,  Tabl. 
ene.  méth.  II  (1822),  p.  624. 

Dtndrocolaptes  tenuirostris  Lichtenstein ,  Abhandl  Akad. 
Berlin,  a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  202  («  ad 
fluvium  8t.  Prancisci  Brasilia  »). 

tome  xix.  8 


114  A.  M  EN  EGAUX  ET  C.-E.    HKLLMAYR. 

a,  adulte,  monté,  rapporté  du  Brésil  (Rio-de-Janeiro), 
par  Delalande  fils,  en  1816.  Type  de  D.  fuscus  Vieill.  Aile 
81 V2;  queue  74  ;  bec  27  m". 

b,  adulte,  monté,  du  Brésil,  par  Ménétriès,  1823. 

c,  d,  adulte  et  jeune,  de  Bahia.  Coll.  Boucard. 

Le  type  de  D.  fuscus  concorde  en  général  avec  des  spéci- 
mens de  l'espèce  qu'on  avait  coutume  d'appeler  Picolaptes 
tenuirostris  (Lcht.),  mais  il  est  probable  qu'il  s'agit  ici 
d'une  forme  méridionale.  Car  l'oiseau  rapporté  par  Dela- 
lande, ainsi  que  celui  de  Ménétriès,  qui  provient  également 
de  la  province  de  Rio,  ont  la  gorge  et  les  macules  sur  le 
dessous  du  corps  d'un  blanc  pur,  tandis  que  chez  trois  spé- 
cimens de  Bahia  ces  mêmes  parties  sont  d'un  fauve  jau- 
nâtre vif,  et  les  macules  du  cou  inférieur  plus  arrondies  et 
bordées  d'un  liseré  noirâtre  plus  net. 

Dans  le  cas  où  ces  différences  seraient  constantes,  il 
y  aurait  donc  deux  formes  à  distinguer  : 

a,  P.  fuscus  fuscus  (Vieill.),  du  Brésil  méridional. 

b,  P.  fuscus  tenuirostris  (Lcht.),  de  Bahia. 

108.  Picolaptes  souleyetii  (des  Murs). 

Dendrocolapte8  Souleyetii  des  Murs,  Iconogr.  omit  h.  livr.  12 
(1849),  pi.  70  (Pérou). 

a,  adulte,  monté,  du  Pérou,  par  Eydoux  et  Souleyet,  en 

1838.  Type  de  l'espèce,  figuré  1.  c.  Aile  103;  queue  86; 
bec  36mm. 

b,  adulte,  monté,  de  Payta,  Pérou  occid.,  par  Néboux,  en 

1839.  Cotype. 

c,  adulte,  de  San- Pedro,  200  pieds  d'élév.,  Pérou  occid., 
par  le  prof.  Orton.  Coll.  Boucard. 

Le  seul  caractère  différentiel  qui  sépare  cette  forme  de 
P.  albolineatus  consiste  dans  la  plus  grande  largeur  des 
stries  longitudinales  de  la  tête  et  des  parties  inférieures. 

Le  type  est  absolument  semblable  au  spécimen  de  San- 
Pedro,  rapporté  par  Orton. 


PASSKREAUX  TRACHÉOPHONXS.  115 

N.  B.  —  Nous  n'avons  pu  trouver  dans  les  collections  le 
type  de  Dendrocopus  maculaius  Vieillot !  dont  fait  mention 
Pucberan  in  :  Rev.  Mag.  zool.  1853,  p.  483.  La  description 
originale  est  insuffisante  pour  identifier  l'espèce. 

109.  Nasica  longirostris  (Vieill.). 

Dendrocopus  longirostris  Vieillot,  Nouv.  Dict.  XXVI  (1818), 
p.  117  (ex  Le  vaillant  :  Le  Grimpar  Nasioan,  Hist.  nat. 
Promerops,  etc.,  p.  65,  pi.  XXIV,  Brésil). 

Kaska  nasalls  Lesson,  Traité  iïorn.  1831,  p.  31 1  (le  Brésil). 

s,  adulte,  monté,  du  Brésil,  rapporté  par  M.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  de  Lisbonne,  1808  :  individu  figuré  dans  l'ou- 
vrage de  Levaillant,  1.  c.  Type  de  Nasica  nasalis  Lcss. 

b,  c,  d,  cf  adultes,  sans  indication  de  sexe  et  jeune, 
de  Pébas,  Pérou,  par  Gastelnau  et  De  ville,  en  1846. 

110.  Xiphorhynchus  falcularius  (Vieill.). 

Dendrocopus  fatcularius  Vieillot,  Tabl.  enc.  meth.,  II  (1822), 
p.  626  (Brésil);  Vieillot  et  Oudart,  Gai.  Oiseaux,  vol.  1,  II 
(1825),  p.  286,  pi.  175  («  Brésil,  elle  a  été  tuée  dans  les 
montagnes  des  Or  guis,  par  M.  le  docteur  Quoy,  qui  a 
accompagné  M.  le  capitaine  Freyssinet  dans  son  voyage 
autour  du  monde  »). 

Xiphorhynchus  trochilirostris  (nec  Liohtenstein),  Lafresnaye, 
Rev.  Mag.  sool.,  1850,  p.  374  (descr.opt.)  ;  Burmeister,  Syst. 
Obers  Th.  BrasiL,  3  (1856),  p.  16. 

Dendrocolaptes  procurvus  Temminck,  Recueil  PL  col.  livr.  5 
(1820),  pi.  28  (mais  pas  la  description  qui  se  rapporte  i 
I.  trochilirostris  Lcht.). 

Xiphorhynchus  procurvus  (nec  Temminck!).  Sclater,  Cat. 
Birds  Brit.  Mus.,  XV  (1890),  p.  158. 

t.  H<mt.  M*.  XXVI  (ISIS),  p.  1 17. 


116  A.  M  EN  EGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

a,  jeune,  monté,  du  Brésil,  par  Quoy  (expédition  Freys- 
sinet),  1818.  Type  de  Dendrocopus  falcularius  Vieill. 

6,  adulte,  monté,  du  Brésil,  par  Quoy  et  Gaimard  (Expé- 
dition Freyssinet),  1820.  Exemplaire  figuré  pi.  175  de  la 
Galerie  des  oiseaux. 

c,  adulte,  monté,  du  Brésil,  donné  par  Van  Lede,  1847. 

dj  6,  adultes,  envoyés  de  Rio-de- Janeiro,  par  Peichoto. 

/*,  adulte,  de  Porto- Real,  province  de  Rio,  par  Hardy, 
1891.  Coll.  Boucard. 

g,  adulte,  de  Rio-Grande-do-Sul,  par  Rogers.  Coll.  Bou- 
card. 

Sclater  *  a  considéré  D.  falcularius  comme  synonyme  de 
X.  trochilirostris,  et  il  signale  un  exemplaire  de  la  collection 
Riocour  (actuellement  au  Musée  britannique),  comme  étant 
le  type  de  Vieillot.  C'est  une  erreur,  parce  que  ce  type  se 
trouve  encore  au  Musée  de  Paris. 

Dans  sa  première  description,  Vieillot  ne  donne  pas  la 
provenance  exacte  de  son  type,  c'est  seulement  dans  la 
Galerie  des  oiseaux  qu'il  affirme  qu'il  «  a  été  tué  dans 
les  montagnes  des  Orguis  (près  de  Rio-de-Janeiro),  par  M.  le 
docteur  Quoy.  » 

Comme  Vieillot  dit  expressément  in  Tabl.  enc.  méth.,  II, 
p.  626  :  bec  et  pieds  noirs,  et  que  le  pied  de  l'exemplaire 
a  porte  la  mention  :  type  de  Vieillot,  nous  pouvons  en  con- 
clure que  la  première  diagnose  se  rapporte  à  l'échantillon  a, 
recueilli  par  Quoy.  (Voir  aussi  Lafresnaye,  1.  c).  L'exem- 
plaire b  porte  sur  le  pied  :  type  de  la  planche  175. 

Ces  deux  spécimens  n'ont  aucun  rapport  avec  X.  trochili- 
rostris  puisqu'ils  ont  le  bec  noir.  Au  contraire,  ils  s'accor- 
dent dans  tous  les  détails  avec  une  série  d'échantillons  de 
l'espèce  nommée  jadis  par  les  auteurs  X.  procurvus.  Il  est 
vrai  que  Temminck  a  figuré  un  oiseau  à  bec  noir,  mais  la 
description  qui  fait  seule  foi,  indique  «  bec  rougeâtre  ».  Il 

1.  Cit.  Birdê  Brit.  Mue.,  XV,  p.  159. 


PASSKBKACX  TRACHÉOPBONBS.  11? 

est  donc  évident  que  le  nom  de  I.  procurvus  ne  peut  être 
appliqué  i  cette  espèce  dont  le  nom  est  alors  X.  falcula- 
rius. 

Cbapman  ■  en  se  basant  sur  la  description  seulement  est 
arrivé  au  même  résultat  que  nous,  ce  qui  a  probablement 
échappé  i  M.  Sclater. 

Cette  espèce  est  bien  caractérisée  par  son  bec  noir,  forte- 
ment et  brusquement  recourbé  i  la  base  et  par  sa  tête 
notre,  portant  des  larges  stries  presque  blanches.  Le  dos 
est  d'un  brun  olivâtre  sans  aucune  nuance  roussâtre,  de 
plus  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  sont  seules  de 
couleur  rousse,  tandis  que  dans  le  X.  troc  hilir  os  tris  toute 
la  moitié  postérieure  du  dos  est  d'un  roux  cannelle  comme 
la  queue.  En6n,  il  n'y  a  que  la  partie  antérieure  de  la  poi- 
trine qui  porte  des  stries  fines  et  peu  prononcées.  Chez 
1.  trochilirostris  toute  la  poitrine  est  couverte  de  stries 
blanchâtres,  larges  et  nombreuses. 

L'aire  de  dispersion  de  X.  falcularius  s'étend  de  l'état  de 
Rio-de-Janeiro  jusqu'à  celui  de  Rio-Grande-do-Sul.  Aux 
environs  de  Bahia  il  est  représenté  par  l'espèce  suivante 
dont  la  distribution  est  plus  septentrionale.  Ci-dessous  nous 
en  donnons  la  synonymie. 

lit.  Xiphorhynchus  trochilirostris  (Lcht.). 

Dsndroeolaptcs  trochilirostris  Lichtenstein,  AbhandL  Berliner 
Akad.  Wissmseh.  1818-1819  (publ.  1820),  p.  207,  pi.  III, 
[Bahia:  voir  l.c.  volume  des  années  1820-1821  (publ.  1822), 
p.  263.] 

D.  procurvus  Temminck,  Recueil  PL  col.  livr.  5  (1820), 
texte  de  la  planohe  28  (mais  pas  la  planche  qui  représente 
I.  falcularius  (Vieill.)). 

Xiphorhynchus  procurvus  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  Zool.  1850, 
p.  375,  descr.  opt. 

1.  B*U.  Anm.  Mm.,  II  (tN9j,  p.  161  f. 


118  A.  MENEGAUX  ET  G.-E.  HELLMAYR. 

a-d,  adultes  et  jeunes,  de  Bahia.  Coll.  Bouoard. 

Gomme  nous  l'avons  démontré,  la  diagnose  de  D.  pro- 
curvus  Temm.  s'applique  à  cette  espèce,  mais  du  texte  il 
ressort  qu'elle  est  postérieure  à  celle  de  Liechtenstein,  dont 
le  nom  reste. 

112.  Xiphorhynchus  lafresnayanus  (d'Orb.). 

Dendrocolapte8  lafresnayanus  d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux 
(1847),  p.  368,  pi.  53,  fig.  2  («  nous  l'avons  rencontrée 
dans  les  îles  du  Rio  Parana,  près  de  Goya,  au  29*  degré 
de  latitude.  Nous  l'avons  retrouvée  ensuite  dans  la  pro- 
vince de  Chiquitos  (Bolivie)  »). 

Xiphorhynchus  rufo-dorsalis  Ghapman,  Bull.  Amer.  Mus.  II 
(1889),  p.  160  (Corumba,  Mattogrosso). 

a,  jeune,  monté,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834. 

6,  adulte,  en  peau,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834,  n° 393. 

Types  de  Dendrocolaptes  lafresnayanus  d'Orb. 

c,  adulte,  du  Rio  de  la  Plata,  par  Castelnau,  juin  1840. 

Cette  forme  se  distingue  de  X.  trochilirostris  par  sa  taille 
plus  forte,  par  son  bec  sensiblement  plus  long,  parla  colo- 
ration générale,  en  dessus  et  en  dessous,  qui  est  beaucoup 
plus  roussâtre,  et  par  les  taches  de  la  tête  qui  sont  plus 
étroites  et  d'un  blanc  moins  pur. 

a,  aile  112;  queue  95;  bec  80mm. 

b,  aile  110;  queue  84 mm. 

c,  aile  98;  queue  88 mB. 

Quand  même  nous  n'avons  aucun  spécimen  du  Parana  du 
voyage  de  d'Orbigny  sous  les  yeux,  il  n'est  pas  douteux  que 
la  forme  de  cette  localité  est  identique  à  celle  de  la  Bolivie 
puisqu'il  y  a  dans  la  collection  un  échantillon  provenant  du 
Rio  de  la  Plata  qui  ne  diffère  pas  des  types  de  l'espèce. 


PASSEREAUX  TRACHBOPHONBS.  1(9 

J.  rufodarsalis  dont  l'un  de  nous  a  examiné  une  série  du 
Mattogrosso  (coll.  Natterer,  musée  de  Vienne),  ne  présente 
aucune  différence  constante  avec  les  oiseaux  de  la  Bolivie. 

113.  Xiphorhynchus  pucherani  (des  Murs.). 

Xyphorhynchus  pueheranii  des  Murs,  lconogr.  ornith.  livr.  12 
(1849),  pi.  69  (Santa-Fé-de-Bogota). 

Xiphorhy nchua  pueheranii  Lafresnaye,  Rev.  Mac.  Zool.  1850, 

p.  378. 

a,  adulte,  monté,  de  Santa-Fé-de-Bogota,  acheté  à 
Canivet  en  1840.  Type  de  l'espèce,  figuré  dans  V lconogr. 
ornith.,  pi.  69.  Aile  131  ;  queue  122  ;  bec  68M. 

114.  DendrocLacla  fuliginosa  (Vieill.). 

Dendroeopus  fuliginosus  Vieillot,  Nouv.  Die  t.,  XXVI  (1818), 
p.  117  (établi  sur  «  Le  Orimpar  enfumé  »,  Levaillant, 
Hist.  nat.  Promerops,  etc.  (1807),  p.  70,  pi.  28.  Cayenne). 

ûendroeolaptee  fumigatue  Liechtenstein,  Abhandl.  Akad.  Berlin 
a.d.Johren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  203  (ex  Levaillant). 

a,  adulte,  monté,  de  Cayenne,  en  échange  à  M.  Lionne. 
Exemplaire  figuré  par  Levaillant  et  par  conséquent  c'est 
le  type  de  D.  fuliginosus  et  de  D.  fumigatus.  Aile  107  ; 
queue  90;  bec  27  •/*■". 

Nous  sommes  heureux  d'avoir  retrouvé  ce  type  dans  la 
collection,  car  il  y  a  toujours  eu  quelques  doutes  sur  la 
détermination  faite  d'après  la  figure  de  Levaillant. 

En  effet,  celle-ci  indique  deux  bandes  claires  sur  les 
côtés  de  la  tête,  l'une  au-dessus,  l'autre  au-dessous  de 
l'œil  ;  cette  dernière  doit  être  une  exagération  du  dessi- 
nateur, car  on  ne  remarque  sur  l'exemplaire  qu'une  tache 
plus  ou  moins  olaire  très  peu  nette  dans  la  partie  inférieure 
des  plumes  auriculaires.  Comme  c'est  le  cas  d'ailleurs  chez 
beaucoup  de  spécimens  de  l'espèce  désignée  sous  le  nom 
de  D.  fuliginosa  par  les  auteurs.  Ce  nom  est  donc  définiti- 
vement établi. 


120  A.  M  EN  EGAUX  ET  G.-E.   HELLMaYR. 

115.  Dendrocincla  atrirostris  (Lafr.  et  d'Orb.). 

Dendrocolapte8  atrirostris  Lafresnayeet  d'Orbigny,  Syn.  Av., 
II,  in  :  Mag.  zool.,  1838,  cl.  II,  p.  12  [Guarayos,  rép. 
Boliviana]  ;  d'Orbigny,  Voyage,  Oiseaux,  p.  369,  pi.  LIV, 
fig.  1. 

Dendrocincla  minor  Pelzeln,  Zur  Ornith.  Brasil.,  I  (1867), 
p.  42,  60  (San-Vicente,  Mattogrosso). 

a,  jeune,  monté,  de  Guarayos,  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834.  Type  de  Dendrocolaptes  atrirostris  Lafr.  et  d'Orb. 
Aile  95  ;  queue  90  ;  bec  26 mm. 

Cette  espèce  est  très  voisine  de  D.  turdina  (Libl.)  avec 
laquelle  elle  forme  un  groupe  naturel,  séparé  de  toutes  les 
autres  espèces  du  genre  par  la  présence  de  fines  stries 
jaunâtres  sur  le  vertex.  Elle  diffère  cependant  de  D.  turdina 
par  une  large  bande  postoculaire  d'un  jaune  ocreux,  par  la 
barbe  externe  des  secondaires  et  par  les  tertiaires  qui  sont 
roux  châtain  vif,  jamais  lavées  d'olivâtre  comme  c'est  le  cas 
chez  D.  turdina  ;  enfin  par  la  gorge  non  uniforme,  un  peu 
variée  de  grisâtre. 

Nous  avons  comparé  le  type  avec  celui  de  D.  minor  Pelz. 
qui  n'en  diffère  guère  que  par  un  bec  un  peu  plus  court. 
Tous  les  deux  sont  des  jeunes  à  bec  entièrement  noir,  mais 
une  p  ad.  de  San-Vicente,  Mattogrosso  (Musée  de  Vienne) 
a  la  mandibule  supérieure  d'un  brun  foncé,  et  l'inférieure 
d'un  blanc  jaunâtre  sauf  la  base  qui  est  foncée.  Nous  avons 
vu  dans  la  collection  Berlepsch  une  femelle  provenant  de 
la  Bolivie  septentrionale  qui,  pour  la  coloration  du  bec, 
est  intermédiaire  entre  ces  deux  extrêmes. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cette  espèce  avec  D.  longieauda 
Pelz.  qui  se  trouve  aussi  dans  la  Bolivie.  Celle-ci  se  recon- 
naît facilement  à  son  bec  très  comprimé  latéralement  dans 
sa  moitié  apicale  et  par  l'arête  dorsale  du  culmen  très 
saillante,  ainsi  que  par  sa  coloration. 


PASSEREAUX  tracoéophonks.  121 

1 16.  Dendrocincla  meruloides  (Lafr.). 

Dendrocops  meruloides  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  sooL,  1851, 
p.  467  («  rapportée  de  la  côte  ferme  par  M.  Beauperthuy  »  ; 
les  types  venaient  de  Cumana). 

Dendrocincla  meruloides  aphanta  Oberholser,  Proc.  Acad. 
Philad.t  1904,  p.  460  (Tobago). 

*,  *,  o"o"  ad.t  montés,  de  Cumana,  Venezuela,  par  Beau» 
perthuy,  1840.  Types  de  l'espèce.  Aile  102,   104;  queue  84, 

87;  bec22V2,24V2— . 

c,  «o  ad.,  monté,  de  Caracas,  par  Levraud,  1856. 

d}  et  adulte  et  jeune,  préparation  dite  deTrinidad.  Coll. 
Boucard. 

M.  Oberholser,  dans  sa  revision  du  genre  Dendrocincla 
(1.  c),  suppose  que  les  types  venaient  de  la  Guyane  britan- 
nique, mais  c'est  une  erreur,  car  Lafresnaye,  dans  la  des- 
cription originale,  dit  que  cette  espèce  a  été  rapportée  de 
la  côte  ferme  par  M.  Beauperthuy.  Or,  on  sait  que  sous  le 
nom  de  côte  ferme,  on  désignait  la  côte  septentrionale  du 
Venezuela,  située  entre  le  port  de  la  Ouaira  et  Cumana.  En 
outre,  il  est  de  notoriété  que  Beauperthuy,  voyageur  du 
Muséum,  n'a  fait  des  collections  qu'aux  environs  de  Cumana. 
Il  est  donc  évident  que  a  et  &  sont  les  vrais  types  de  l'espèce, 
et  les  autres  échantillons  existant  sous  ce  nom  au  Musée 
de  Boston  sont  au  plus  des  co types. 

Comme  M.  Oberholser  Ta  déjà  fait  remarquer,  les  spé- 
cimens des  îles  Tobago  et  Trinidad  sont  absolument  iden- 
tiques à  ceux  de  Cumana,  donc  D.  m.  aphanta  n'est  qu'un 
synonyme.  D'ailleurs,  aucune  forme  de  D.  meruloides  ne  se 
trouve  dans  la  Guyane  britannique,  et  nous  pensons 
qu'Oberholser  a  été  induit  en  erreur  par  des  indications 
fausses,  quand  il  affirme  avoir  eu  entre  les  mains  des 
échantillons  provenant  de  ce  pays. 


122  A.  MKNEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 


117.  Dendrocincla  merula  (Lcht.). 

Dendrocolapte8  Merula  Lichtenstein,  Abhandl.  Akad.  Berlin 
a.  d.  Jahren,  1818-1819  (publ.  1820),  p.  208  (Cayenne, 
type  in  Mus.  Berlin). 

Dendrocop8  merula  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  zool.,  1851,  p.  467 
(Mission  de  Sarayacu). 

a,  adulte,  monté,  de  Sarayacu,  Pérou,  par  Gastelnau  et 
De  ville.  Individu  décrit  par  Lafresnaye,  1.  c.  Aile  99  ;  queue 
80;bec24min. 

Cette  espèce  se  reconnaît  facilement  par  la  portion 
médiane  de  la  gorge  d'un  blanc  soyeux  et  par  les  couver- 
tures supérieures  des  ailes  d'un  roux  châtain  foncé  comme 
les  rémiges.  Chez  toutes  les  autres  espèces  elles  sont  de  la 
couleur  du  dos;  les  rémiges  seules  étant  roux  châtain. 

118.  Dendrocolaptes  pallescens  Pelz. 

Dendrocolaptes  pallescens  Pelzeln,  Zur  Ornith.  Brasil.t  I 
(1867),  p.  43,  61  (Estiva  et  Engenho  do  Gama  :  Matto- 
grosso). 

Dendrocolaptes  cayennensis  (nec  Gmelin),  d'Orbigny  et 
Lafresnaye,  Syn.  Av.,  II,  in  Mag.  zool.y  1838,  cl.  H,  p.  11 
(Chiquitos,  rep.  Boliviana). 

a,  adulte,  de  Chiquitos,  Bolivie,  par  d'Orbigny,  .1834) 
D.  251. 

fc,  adulte,  monté,  des  Yungas  de  Bolivie,  par  d'Orbigny, 
1834,  n°  251. 

Cette  espèce,  très  rare,  se  reconnaît  facilement  par  les 
maculatures  du  sommet  de  la  tête.  La  couleur  générale  est 
d'un  brun  pâle  comme  le  dos,  toutes  les  plumes  portent  le 
long  de  la  tige  une  ligne  étroite  d'un  blanc  jaunâtre  et 
sont  terminées  à  la  pointe  par  une  bordure  noirâtre.  La 
mandibule  supérieure  a  une  couleur  cornée  très  pâle,  l'in- 
férieure est  jaune  blanchâtre, 


PASSEREAUX  TRAGHÉOPHONES.  123 

Ce  sont  les  spécimens  dont  parle  Lafresnaye,  sous  le 
nom  de  Dendrocops  cayennensis,  in  Rev.  Mag.  sool.,  1851, 
p.  321,  324,  comme  ayant  été  rapportée  de  la  Bolivie,  par 
d'Orbigny. 

119.  Dendrocolaptes  plagosus  Salv.  et  Oodm. 

Dendrocolaptes  plagosus  Salvin  et  Oodman,  /fris,  1883,  p.  210 
(Camacusa,  Ouyane  britannique). 

Dendrocolaptes  plagosus  Menegaux,  Bull.  Mus.  Parist  X 
(1904),  n°  4,  p.  179  (rivière  Carsevenne,  contesté  franco- 
brésilien). 

Dendrocops  cayennensis  (neo  Omelin)  Lafresnaye,  Rev.  Mag. 
iooI.j  1851,  p.  321  (part.  :  description  de  l'adulte). 

Dendrocolaptes  certhia  Pelzeln,  Zur  Orn.  Brasil.  I  (1867),  p.  43 
(part.  :  Barra  do  Rio  Negro  et  Porte  do  Rio  Branoo, 
Brésil,  sept.). 

Dendrocolaptes  oariegatus  Ridgway,  Proc.  0.  S.  Nat.  Mus.  XI 
(1888),  p.  546  («  Bahia  »,  localité  sans  doute  fausse). 

LeQrlmparPieucule}  Levaillant,  Hist.  nat.  Promerops  etc. {l$01)} 
p.  67  (part.  :  description  de  l'adulte),  pi.  26. 

a,  adulte,  de  la  rivière  Carsevenne,  contesté  franco- 
brésilien  par  M.  P.  Oeay,  1904. 

Cette  espèce  est  très  voisine  de  D.  validus  Tsch. !,  et 
présente  le  même  dessin  au  sommet  de  la  tête,  mais  elle 
t'en  distingue  par  les  caractères  suivants.  Le  dos  est  assez 
nettement  rayé  de  noir  ;  les  couvertures  supérieures,  petites 
et  moyennes,  des  ailes  portent  une  strie  linéaire  d'un 
ocreux  pâle  le  long  de  la  tige,  et  avant  la  pointe  celle-ci  est 
coupée  par  une  bande  angulaire  noire;  toute  la  poitrine 
ainsi  que  l'abdomen  sont  marqués  de  bandes  transversales 


1.  Non*  en  avons  trois  exemplaire*  sou  les  jeux  :  de  Mérida,  Venezuela,  d'An* 
taoqoU  et  de  Bogota,  Colombie. 


124         A.  MENEGAUX  ET  C.-È.  fiELLMAYA. 

noirâtres  qui  sont  plus  larges  et  plus  régulières  que  chez 
D.  validus. 

Nous  ajouterons  que  c'est  à  D.  plagosus  qu'il  faut  rapporter 
la  description  de  l'adulte  et  la  figure  données  par  Levait- 
lant,  ainsi  que  la  diagnose  du  plumage  de  l'adulte  de  Den- 
drocops  cayennensis,  publiée  par  Lafresnaye.  La  description 
du  soi-disant  jeune  se  rapporte  à  une  tout  autre  espèce, 
D.  certhia  (Bodd.).  Pelzeln  a  aussi  confondu  ces  deux  espèces, 
mais  en  sens  inverse  ;  pour  lui  D.  plagosus  était  le  jeune,  et 
D.  certhia  l'adulte. 

Le  Musée  de  Vienne  possède  de  l'espèce  dont  nous  par- 
lons une  p  ad.  du  Forte  do  Rio  Branco,  et  quatre  échantil- 
lons de  Barra  do  Rio  Negro  (=  Manaos). 

Après  avoir  lu  la  description  de  D.  variegatus  Ridgw., 
nous  sommes  forcés  d'admettre  qu'elle  se  rapporte  à  D.  pla- 
gosus ;  la  localité  indiquée  (Bahia)  est  certainement 
fausse. 

120.  Dendrocolaptes  certhia  certhia  (Bodd.). 

Picu8  certhia  Boddœrt,  Tabl.  PL  enl.,  1783,  p.  38  (ex  Dau- 
benton,  PL  enl.}  621  :  Le  Picucule,  de  Cayenne). 

Qracula  cayennensis  Gmelin,  Syst.  NaL,  1,  1(1788),  p.  399 
(ex  Daubenton). 

Qracula  scandens  Latham,  lnd.  orn.,  I  (1790),  p.  193  (ex 
Daubenton). 

Dendrocolaptes  certhia  Pelzeln,  Zur  Orn.  BrasiL,  I  (1867), 
p.  43  (part.  :  Barra  do  Rio  Negro  et  Forte  do  Rio  Branco). 

Dendrocops  cayennensls  Lafresnaye,  Rev.  Mag.  %ool.^  1851, 
p.  320  (part.  :  junior  avis). 

a,  cf,  ad.  de  la  rivière  Gamopi,  intérieur  de  la  Guyane 
française,  par  F.  Geay,  en  1900. 

6,  c,  ^  et  p  ad.,  des  Montagnes  de  Merumé,  Guyane 
britannique,  par  H.  Whitely,  juin  1881.  Coll.  Boucard. 


PASSEREAUX  TRACHÉOPHONES.  125 

dy  *,  adultes,  montés,  de  Cayenne,  par  Délai ande  et  par 
Poiteau. 
f,  adulte,  de  Para,  par  Barraquin,  en  1859. 

C'est  à  cette  espèce  que  se  rapporte  la  description  du 
jeune  âge  donnée  par  Lafresnaye  et  par  Le  vaillant. 

121.  Dandrocolaptes  certhia  radiolatus  Sel.  et  Salv. 

Dendrœolaptes  radiolatus  Scia  ter  et  Salvin,  P.  Z.  S.,  1867, 
p.  755  (type  ex  Yurimaguas,  Pérou  sept). 

Dendrœolaptes  certhia  Pelzeln,  Zur  Orn.  Bros  il.,  I  (1867), 
p.  43  (part.  :  Marabitanas,  Rio  Negro  sup.). 

a,  o*  jun.,deChamicuros,  Pérou  sept,  or.,  par  E.  Bartlett. 
Coll.  Boucard. 

by  c,  adultes,  de  Pébas,  Pérou  sept,  or.,  par  Castelnau 
et  Deville,  rapportés  en  1846. 

d}  e,  f>  adultes  du  Rio  Napo,  Equateur  oriental,  par 
Wiener,  1881. 

Ces  oiseaux  ne  se  distinguent  de  la  forme  typique  que 
par  les  bandes  noirâtres  du  manteau  et  des  parties  infé- 
rieures, un  peu  plus  marquées  et  plus  régulières. 

L'étude  de  séries  complètes  provenant  du  Para,  des 
Ouyanes,  du  Rio  Branco,  du  Caura,  de  l'Orénoque,  de 
Marabitanas  (Rio  Negro),  de  Manaos,  du  Rio  Napo,  du  Pérou 
nord-oriental  et  du  Rio  Jurua,  Brésil,  montre  qu'il  y  a  tous 
les  passages  entre  D.  e.  certhia  et  D.  c.  radiolatus.  Il  est  à 
remarquer  que  la  forme  D.  c.  concolor  sans  bandes  trans- 
versales habite  les  bords  du  Rio  Madeira  et  que  près  de  8an- 
tarem,  Amazone  inférieur,  se  trouve  encore  une  forme, 
D.  e.  ridgwayiy  qui  fait  le  passage  à  D.  c.  certhia. 

D'un  autre  côté,  la  forme  qui  habite  l'Amérique  centrale 
jusqu'au  Honduras  et  qui  descend  au  sud  jusqu'au  nord- 
ouest  de  l'Equateur,  présente  les  mêmes  caractères  que 
0.  c.  radiolatus,  mais  plus  accentués.  On  la  distingue  sous 
le  nom  de  D.  c.  sancti-thom*  (Lafr.). 


126  A.  MENEGAUX  ET  C.-E.  HELLMAYR. 

Nous  avons  ainsi  fermé  le  cercle  de  dispersion  des  formes 
du  type  D.  certhia. 

Les  spécimens  b  et  e  sont  ceux  que  mentionne  Lafres- 
naye  sous  le  nom  de  D.  cayennensis  (Rev.  Mag.  zool.,  1851, 
p.  324)  comme  ayant  été  rapportés  du  Pérou  par  Castelnau. 
Les  quatre  échantillons  recueillis  par  Natterer,  près  Mara- 
bitanas,  sur  les  bords  du  Rio  Negro  supérieur,  se  rap- 
portent plutôt  à  la  forme  dont  nous  parlons  quoiqu'ils 
soient  un  peu  intermédiaires  entre  celle-ci  et  D.  certhia 
certhia. 


>♦* 


LE  TIR 


OOHTBB 


LES  ORAGES  A  GRÊLE 


FA» 


M.  J.  CAMUSÀT 


La  défense  oontre  la  grêla  i  peina  née  d'hier,  malgré  quelquea 
vagues  antériorité*,  a  fait  de  tels  progrès  qu'elle  n'a  pour  ainsi 
dire  paa  eu  d'enfance. 

Lee  résultats  aoquis  ont  été  presque  dés  le  début  oe  qu'ils  sont 
aujourd'hui,  c'est-à-dire  le  plus  souvent  concluants.  Dès  lors, 
révolution  de  la  défense  ne  semblait  plus  devoir  résulter  que  de 
questions  d'ordre  général,  ayant  trait  plus  spécialement  k  l'orga- 
nisation des  stations  et  aux  règlements  du  tir. 

Il  n'en  fut  pas  ainsi  cependant  Cette  évolution  fut  quelque 
peu  retardée  par  suite  de  la  difficulté  de  se  procurer  les  ressources 
nécessaires  pour  l'installation  des  canons,  et,  malgré  les  modifi- 
cations économiques  importantes  pouvant  résulter  de  l'usage  des 
fusées  d'artifice,  une  certaine  méfiance,  provenant  peut-être  de 
réclames  trop  pompeuses,  ne  cessa  de  régner  jusqu'en  ces  der- 
niers temps  parmi  nos  populations  rurales. 

A  une  époque  où  la  culture  intensive  et  raisonnes  devient  si 
nécessaire  pour  suffire  aux  besoins  d'une  population  toujours 
croissante,  les  tirs  grélifuges  semblaient  pourtant  arriver  en  leur 
temps. 


128  J.  GAMUSAT. 

L'agriculture  qui,  en  de  patients  efforts,  apprit  à  lutter  contre 
les  plus  dangereuses  maladies  des  végétaux,  ne  pouvait  en  effet 
rester  plus  longtemps  impuissante  contre  la  dévastation  par  la 
grêle,  le  plus  terrible  fléau  naturel  qui,  avec  les  gelées  pri n ta- 
nières,  peut,  en  quelques  minutes,  détruire  les  plus  belles  espé- 
rances. 

Malgré  une  expérience  de  plusieurs  années,  l'œuvre  ne  fait 
donc  que  commencer,  mais  il  semble  possible,  dès  à  présent,  de 
prévoir  une  époque  prochaine  où,  grâce  à  une  vaste  organisation, 
peut-être  aussi  à  de  nouveaux  procédés,  la  défense  grêlifuge 
appartiendra  définitivement  aux  grandes  épopées  des  luttes  agri- 
coles. 

Un  grand  pas  a  déjà  été  fait  dans  cette  voie,  bien  que  le  plus 
difficile  reste  peut-être  à  faire.  Il  est  indispensable  de  réussir  à 
tirer  de  leur  apathie  nos  cultivateurs  qui,  trop  souvent  éprouvés, 
n'appuient  le  plus  souvent  leur  résistance  au  progrès  que  sur  des 
questions  de  dépenses,  doutant  toujours  des  résultats  futurs. 

Une  organisation  lente  et  de  proohe  en  proche  sera  seule 
susceptible  d'avoir  raison  de  ces  résistances  qui  tomberont  natu- 
rellement devant  la  certitude  des  résultats  acquis. 

Les  volontés,  plus  souvent  timides  qu'obstinées,  seront  plus 
faciles  à  briser  lorsque  les  agriculteurs  plus  éclairés  comprendront 
que,  en  attendant  mieux,  le  tir  contre  les  nuages  procure  comme 
moyen  préventif  de  réels  avantages,  et  que  point  n'est  besoin 
d'être  un  savant  pour  tirer  profit  d'un  prooédé  qui  comporte  en 
lui-même  beaucoup  plus  de  pratique  que  de  théorie. 

C'est  dans  cet  ordre  d'idées  que  j'entreprends  de  résumer  l'état 
actuel  de  la  défense  grêlifuge  ;  je  serai  pleinement  satisfait  si 
l'humble  pierre  que  j'apporte  à  l'édifice  peut  contribuer  quelque 
peu  à  son  achèvement. 

Observateur  peu  convaincu  au  début,  je  l'avoue,  c'est  avec  la 
plus  grande  attention  toutefois  que  j'ai  suivi  l'évolution  de  la 
nouvelle  armée,  et,  grâce  aux  nombreux  et  précis  renseignements 
que  j'ai  pu  recueillir  auprès  des  personnes  les  plus  autorisées, 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         129 

j'ai  dù  modifier  mon  opinion  et  m'incliner  devant  l'éloquence 
des  chiffres. 

Qu'il  me  aoit  permis  de  remercier  ici  tous  ceux  qui  ont  bien 
voulu  m'aider  dans  cette  tâche  difficile  : 

M.  J.  Ohatillon,  président  du  Syndicat  agricole  des  cantons  de 
Villefranche  et  d'Anse,  de  la  Société  de  tir  contre  la  grêle  de 
Limas,  président  de  la  Commission  d'études  et  de  défense  grô- 
lifuge  nommée  par  la  Société  régionale  de  viticulture  de  Lyon 
en  1905; 

H.  L.  Morel,  de  Villefranche  (Rhône),  qui  s'est  mis  très  ami- 
calement à  ma  disposition  pour  me  procurer  tous  les  renseigne- 
ments  relatifs  au  Beaujolais; 

M.  Battanchon,  notre  savant  professeur  d'agriculture  de 
8aône-et*Loire,  dont  on  ne  demande  jamais  en  vain  l'assistance, 
qui  a  bien  voulu  m'aider  i  compléter  mes  documents  sur  les 
départements  de  Saône-et-Loire  et  de  la  Oôte-d'Or  ; 

H.  E.  Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte  (8a6ne-et-Loire), 
membre  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  qui  a  mis  le 
plus  grand  empressement,  non  seulement  à  répondre  à  mes 
demandes  de  renseignements,  mais  encore  à  me  recommander 
aux  personnalités  les  plus  en  vue  des  syndicats  grélifuges  de  notre 
région; 

M.  A.  8imonin,  secrétaire  du  Syndicat  grélifuge  d'Avril ly 
(Allier)  ;  M.  Tachon-Brunet,  professeur  à  l'École  pratique  d'In- 
dustrie de  8ain t-Étienne  ;  M.  8eltensperger,  professeur  spécial 
d'agriculture  i  Charolles  ;  M.  F.  Vassilliére;  qui  ont  eu  l'amabi- 
lité de  bien  vouloir  répondre  à  la  demande  de  M.  Château  et  de 
m'adresser  les  renseignements  en  leur  possession. 

Que  ces  Messieurs  reçoivent  l'expression  de  ma  profonde 
reconnaissance. 

J.  C. 


-*•  — 


TOME  XIX.  9 


130  J.  CAMUSÀT. 


I 


Historique  et  Considérations  générales. 

Les  orages,  avec  leur  cortège  de  fléaux,  ont  de  tout 
temps  affligé  l'humanité,  notamment  les  populations  rurales 
qui  généralement  en  subissent  les  plus  graves  atteintes. 
A  la  campagne,  en  effet,  la  foudre  peut  allumer  des  incen- 
dies, rapidement  propagés  à  travers  les  quantités  impor- 
tantes de  matières  inflammables  :  bois,  paille  ou  foin,  accu- 
mulées dans  les  bâtiments  d'exploitation  ;  les  modifications 
climatériques  résultant  d'un  orage,  ou  plutôt  d'une  série 
d'orages,  peuvent  compromettre  la  quantité  et  surtout  la 
qualité  des  récoltes;  enfin  la  grêle  peut,  en  quelques 
minutes,  détruire  l'œuvre  laborieuse  de  toute  une  année 
et  occasionner  des  pertes  confinant  à  la  misère  pour  les 
petits  cultivateurs. 

La  crainte  des  orages  doit  être  aussi  vieille  que  l'huma- 
nité, et  constamment  l'homme  a  dû  imaginer  des  moyens 
propres  à  les  détourner,  tout  au  moins  à  en  atténuer  les 
effets.  Ne  savons-nous  pas  en  effet  que,  bien  avant  que 
l'on  songeât  au  paratonnerre,  les  soldats  des  antiques 
cohortes  fichaient  leurs  lances  dans  le  sol,  la  pointe  en 
l'air,  pour  se  préserver  de  la  foudre. 

Nos  ancêtres  les  Gaulois  n'échappèrent  pas  eux-mêmes 
à  cette  peur  instinctive  et,  ainsi  que  les  anciennes  peu- 
plades de  la  Grèce,  ils  tiraient  des  flèches  contre  les  nuages 
menaçants. 

Plus  tard,  dans  ses  Capitulaires,  Charlemagne  parle  de 
l'art  de  diriger  les  orages  *,  mais  il  dut  condamner  comme 
superstitieuse  la  coutume  d'élever  de  hautes  perches  por- 
tant des  signes  cabalistiques  à  leur  sommet. 

1 .  Ceux  qui  à  ces  époques  prétendaient  posséder  l'art  de  diriger  les  orages  se 
nommaient  les  Tempestaires. 


LK  TT»  OÛSTXË.  LX>  OàAttS  A  âfttXJC.  131 


A  d'antres  époques  moins  lointaines  on  chercha  à 
ililwu—  les  orages  par  ébranlement  de  l'atmosphère  et, 
es  1527,  Benvenuto  Gelljni,  le  célèbre  graveur-orfèvre  de 
Florence,  assure  avoir  préservé  Rome  de  la  grêle  es  utili- 
sant la  détonation  des  pièces  d'artillerie. 

Après  Cellîni,  jusque  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
on  ne  retrouve  plus  d'exemples  de  l'usage  des  canons  contre 
la  grêle;  cependant,  dans  beaucoup  de  campagnes  ita- 
liennes, et  même  en  France,  on  conserva  très  longtemps 
lliabitode  de  tirer  de  nombreux  coups  de  fusils  ans  appro- 
ches des  orages. 

Jusqu'en  ces  dernières  années,  si  toutefois  la  coutume 
s'en  est  complètement  perdue,  il  fut  également  d'un  usage 
fréquent,  dans  certaines  contrées,  de  sonner  les  cloches  i 
toute  volée  pour  conjurer  le  danger.  Il  importe  de  remar- 
quer toutefois,  que  cette  pratique  n'était  pas  sans  danger 
pour  les  sonneurs  qui  étaient  souvent  atteints  par  la  foudre, 
attirée  autant  par  le  déplacement  d'air  provoqué  par  le 
mouvement  des  cloches,  que  par  la  forme  élancée  des 
clochers. 

Lorsque  Franklin  eut  découvert  le  paratonnerre,  plu- 
sieurs systèmes  de  paragriles,  utilisant  la  propriété  des 
pointes,  furent  proposés  pour  combattre  les  orages  :  en 
1787  par  Bertholon;  en  1788  par  Pinnanzi,  de  Mantoue; 
en  1818  par  Lapostolle;  en  1821  par  Thollard,  professeur 
à  Tarbes.  Quelques-uns  provoquèrent  un  certain  enthou- 
siasme, mais  aucun  ne  fut  de  longue  durée. 

En  1891,  un  savant  italien,  M.  Bombicci,  voulant  sans 
doute  mettre  i  profit  la  pratique  des  coups  de  fusils  et  la 
rendre  plus  efficace,  lança  l'idée  des  canonnades  contre  la 
grêle.  Cette  idée  qui  n'eut  pas  de  suite  immédiate,  était 
alors  loin  d'être  nouvelle,  car,  en  dehors  même  de  l'expé- 
rience de  Benvenuto  Cellini,  la  pratique  du  tir  contre  la 
grêle  avait  pris  naissance  en  France  vers  le  milieu  du  dix- 
siècle. 


132  J.  CAMUSAT. 

M.  H.  Sagnier,  dans  son  Journal  de  l'Agriculture,  du 
23  février  1901,  a  retracé  l'historique  de  ces  premiers 
essais  français,  mais  il  ne  sera  pas  sans  intérêt  d'en  repro- 
duire ici  les  principaux  traits. 

Les  premières  observations  sérieuses,  relatives  aux  effets 
produits  par  le  tir  du  canon  sur  les  orages,  émanent  surtout 
de  marins,  et  semblent  devoir  être  reportées  i  la  fin  du 
dix-septième  siècle;  mais  ce  n'est  que  dans  Y  Encyclopédie 
de  d'Alembert  et  Diderot  que  l'on  retrouve,  en  1760,  les 
premières  propositions  ayant  trait  à  la  mise  en  application 
de  ces  observations. 

Le  chevalier  Louis  de  Jaucourt,  qui  fut  l'un  des  plus 
actifs  collaborateurs  de  cette  vaste  publication,  y  consacre 
au  mot  Orage  un  très  long  article,  dans  lequel  il  expose 
un  projet  de  tir  qui,  bien  que  pouvant  paraître  suranné 
aujourd'hui  par  les  expressions  antiscientifiques  qui  y  sont 
usitées,  mérite  cependant  d'être  cité  : 

Nous  avons  oui  dire  plus  d'une  fois  à  nos  militaires,  que  le  bruit 
du  oanon  dissipe  les  orages,  et  qu'on  ne  voit  jamais  de  grôle  dans 
les  villes  assiégées.  Je  n'oserais  assurer  qu'on  puisse  compter  sur  cette 
observation  ;  il  semble  pourtant  que  l'aooord  de  tant  de  gens  dignes  de 
foi,  qui  prétendent  l'avoir  faite,  doit  être  de  quelque  considération. 

Lorsque  j'examine  la  chose  en  physicien,  et  relativement  aux  prin- 
cipes ci-dessus,  cet  effet  du  oanon  ne  me  paraît  pas  hors  de  toute 
vraisemblance.  Après  tout,  que  risquerait-on  à  faire  un  essai? 
Quelques  quintaux  de  poudre,  les  frais  du  transport  de  quelques 
pièces  de  oanon  qui  ne  vaudraient  pas  moins  pour  avoir  été  employées 
à  cet  usage. 

Vingt  ou  trente  pièces  de  canon,  peut-être  un  plus  petit  nombre 
pourrait  suffire  pour  faire  oette  expérience,  en  les  plaçant  trois  à 
trois  ou  quatre  à  quatre  de  distance  en  distance,  comme  serait  à 
une  lieue  ou  à  une  lieue  et  demie  les  unes  des  autres. 

Peut-être  qu'au  moyen  de  oette  espèce  de  mouvement  d'ondula- 
tion qu'on  exoiterait  dans  l'air  par  l'explosion  de  plusieurs  canons 
tirés  les  uns  après  les  autres,  on  pourrait  ébranler,  diviser,  dissiper 
le  nuage  qui  commence  à  fermenter. 

Peut-être  qu'on  écarterait  les  nuages  voisins,  et  qu'on  dissiperait 
toutes  ces  parties  de  différents  mixtes  répandus  dans  l'air;  en  sorte 


LE  TIR  CONTEE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         133 

qu'on  empêcherait  l'effet  de  cette  vertu  attractive  qui  assemble  tout 
au  même  endroit;  car  ce  n'est  qu'à  la  faveur  du  calme  extraordinaire 
qui  règne  dans  l'air,  que  peut  se  former  et  continuer  cette  espèce 
de  chaîne  que  font  ces  différents  corpuscules  en  e'êlevant  vers 
Venge  les  uns  à  la  suite  des  autres.  Or  le  bruit  du  canon,  en  trou- 
blant ce  calme,  ne  doit-il  pas  rompre  cette  chaîne,  et  faire  cesser  la 
fermentation,  en  lui  dérobant  des  ferments  qui  sans  doute  servent 
à  l'entretenir? 

Je  ne  porte  pas  plus  loin  mes  conjectures,  et  je  finis  cet  article  en 
conjurant  les  physiciens  de  vouloir  bien  examiner  s'il  n'y  aurait  pas 
de  bonnes  raisons  pour  engager  les  malheureux  habitants  des  pays 
sujets  à  la  grêle,  à  faire  l'expérience  du  canon  pour  tâcher  de  se 
délivrer  de  ce  fléau. 

Peut-être  des  raisons  de  douter  devraient-elles  suffire  pour  presser 
l'exécution  de  ce  projet.  En  effet,  pour  la  conduire  avec  prudenoe, 
on  doit  balancer  le  danger  qu'il  y  a  de  faire  une  dépense  inutile  par 
le  degré  d'utilité  que  cette  même  dépense  peut  procurer,  si  l'expé- 
rience réussit.  Or,  l'utilité  serait  grande  sans  doute.  Il  n'y  a  pas 
d'années  où  la  grêle  ne  ravage  la  moitié,  quelquefois  les  trois  quarts 
des  diocèse  de  Rieux,  Comminges,  Couserans,  Auch  et  Lombes, 
•ans  compter  que  les  endroits  épargnés  rendent  beaucoup  moins, 
parce  que  le  propriétaire  découragé  néglige  la  culture  de  son  champ, 
et  souvent  le  laisse  en  friche,  n'ayant  pas  de  quoi  semer;  il  y  a  même 
certains  quartiers  dans  ces  différents  diocèses  qui  sont  prêtés  régu- 
berement  toutes  les  années,  souvent  deux,  trois,  jusqu'à  quatre 
fois  dans  la  même  année,  ce  fait  est  certain,  et  l'auteur  ne  le 
sait  que  trop.  Donc  il  semble  que  l'incertitude  du  succès  ne  devrait 
empêcher  qu'on  la  fit. 

Au  reste,  pour  éviter  l'embarras  qu'il  y  aurait  à  faire  transporter 
du  canon,  et  la  difficulté  qu'on  pourrait  trouver  à  obtenir  la  per- 
mission de  déplacer  celui  de  nos  villes  de  guerre,  ne  pourrait-on 
pas  faire  usage  des  bottes  à  feu  propres  à  produire  le  même  effet 
dans  l'air  ?  Et  si  cela  se  peut,  comme  je  n'en  doute  pas,  quelle  forme 
faudrait-il  leur  donner  pour  que  l'inflammation  de  la  poudre  qu'on  y 
enfermerait,  excitât  dans  l'air  la  plus  forte  commotion  qu'il  serait 
possible?  Cest  ce  que  je  voudrais  qu'on  examinât 

Ne  pourrait-on  pas  encore  faire  des  bottes  à  vent,  dans  lesquelles 
on  comprimerait  l'air  à  un  tel  point,  qu'en  le  laissant  échapper  tout 
à  la  fols,  il  se  débanderait  avec  force  sur  l'air  extérieur,  dans  lequel  il 
exciterait  un  ébranlement  à  peu  près  psreil  àoelui  qu'excite  la  poudre 
quand  elle  prend  feu  dans  le  canon?  Autre  question  à  examiner. 


134  J.  CAMUSAT. 

Le  projet  du  chevalier  de  Jaucourt  relatif  aux  boites  à 
feu  fut  mis  à  exécution  peu  de  temps  après. 

Arago  s'est  également  occupé  de  cette  question  du  tir 
contre  les  orages. 

Dans  sa  notice  sur  le  tonnerre,  qui  forme  la  plus  grande 
partie  du  tome  IV  de  ses  Œuvres  complètes  (publié  en  1854), 
il  y  développe  un  assez  long  paragraphe  intitulé  :  Du  bruit 
du  canon  considéré  comme  moyen  de  dissiper  les  orages. 

Il  mentionne  d'abord,  à  titre  documentaire,  les  Mémoires 
du  comte  de  Forbin,  parus  en  1729,  où  l'auteur  constate 
que  «  sur  les  côtes  voisines  de  Carthagène-des-Indes  (Amé- 
rique du  Sud),  l'amiral  d'Estrées  dissipait  les  orages,  jour- 
naliers dans  cette  région  tropicale,  en  tirant  des  coups  de 
canon. » 

Arago  ajoute  :  «  Dans  divers  pays,  les  agriculteurs, 
encouragés  par  l'opinion  des  hommes  de  guerre,  ont  main- 
tenant recours  au  bruit  du  canon  lorsqu'ils  se  croient 
menacés  d'un  orage,  et  surtout  d'un  orage  chargé  de 
grêle.  A  quelle  époque  cette  pratique  est-elle  née  ?  » 

Le  premier  document  qu'il  cite  est  l'article  de  Y  Encyclo- 
pédie y  puis  il  ajoute  avoir  lu  dans  le  tome  VIII  de  l'Histoire 
de  Y  air  et  des  météores  qu'en  mai  1769,  dans  le  comté  de 
Ghamb,  en  Bavière,  les  campagnes  furent  ravagées  par  la 
grêle,  «  excepté  celles  dont  les  habitants  ont  introduit 
l'usage  de  faire,  aux  premiers  coups  de  tonnerre  qui  se  font 
entendre,  des  décharges  multipliées  de  boites  et  de  petits 
canon  s.  » 

Arrivant  ensuite  aux  applications  dont  il  a  eu  connais- 
sance, il  s'exprime  ainsi  : 

C'est  vers  cette  môme  année  1769  que  M.  le  marquis  de  Chevriers, 
ancien  officier  de  marine,  retiré  dans  0a  terre  de  Vaurenard 
(Maçonnais),  imagina  de  combattre  le  fléau  de  la  grêle  de  la  manière 
dont  il  avait  vu  en  mer  dissiper,  à  ce  qu'il  croyait,  les  nuées 
orageuses,  o'est-à-dire  à  l'aide  des  explosions  de  l'artillerie.  Il  con- 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         135 

sommait  annuellement,  pour  ce  seul  objet,  100  à  450  kilog.  de  poudre 
de  mine. 

Le  marquis  de  Cbevriers  mourut  au  commencement  de  la  Révo- 
lution ;  mais  les  habitants  de  sa  commune,  convaincus  de  la  bonté 
du  procédé  qu'il  avait  mis  en  usage,  continuèrent  à  l'employer.  Je 
trouve  dans  un  mémoire  rédigé  sur  les  lieux  par  M.  Leschevin,  com- 
missaire en  chef  des  poudres  et  salpêtres,  qu'en  1806,  les  boites  et 
les  canons  étaient  en  usage  dans  les  communes  de  Vaurenard,  d'Igé, 
d'Azé,  de  Romanéohe,  de  Julnat,  de  Torrins,  de  Pouilly,  de  Fleury, 
de  Saint-Sorlin,  de  Viviers,  des  Bouteaux,  etc.  La  commune  de 
Fleury  se  servait  d'un  mortier  qui  recevait  500  grammes  de  poudre 
à  la  fois  ;  d'autres  employaient  des  boites  plus  ou  moins  larges; 
c'est  ordinairement  sur  les  hauteurs  que  les  décharges  se  faisaient. 
La  consommation  de  poudre  de  mine  était,  pour  ce  seul  objet,  de 
400  à  500  kilog.  par  an. 

Le  procédé  du  marquis  de  Cbevriers  n'est  pas  resté  concentré  dans 
le  Maçonnais.  Naguère,  un  maire  des  environs  de  Blois  m'apprenait 
que,  dans  sa  commune,  on  tirait  également  des  boites  à  l'approche 
des  orages,  et  désirait  savoir  si  la  science  avait  légitimé  cette  cou- 
tume, ce  qui,  par  parenthèse,  ne  semblait  pas  indiquer  que  l'usage 
en  eût  complètement  démontré  l'efficacité. 

Arago  cite  ensuite  un  certain  nombre  de  faits  contraires 
empruntés  aux  observations  des  marins,  mais,  toutefois,  il 
ne  nie  pas  l'efficacité  possible  du  tir  et  conclut  prudem- 
ment :  «  Je  me  bornerai  seulement  i  dire  que,  relative*» 
ment  aux  nuages  communs,  la  détonation  des  plus  forts 
canons  parait  être  sans  influence.  Voili  donc  un  problème 
qui  exigera  de  nouvelles  recherches.  Je  prendrai  la  liberté 
de  le  recommander  à  MM.  les  généraux,  commandants  de 
nos  écoles  d'artillerie.  » 

Dans  le  paragraphe  qu'il  consacre  plus  loin  aux  sonne- 
ries des  cloches,  Arago  apporte  également  la  plus  grande 
réserve  dans  ses  appréciations  ;  mais,  bien  qu'au  fond  il  ne 
semble  pas  très  partisan  de  cette  coutume,  il  condamne 
durement  l'assurance  avec  laquelle  bien  des  gens  se  pro- 
noncent sans  motifs. 

«  En  remarquant,  dit-il,  la  réserve  que  j'ai  mise  à  m'ex- 


136  1.  C AMUSAT. 

pliquer  sur  l'utilité  vraie  ou  imaginaire  de  sonner  les  cloches 
en  temps  d'orage,  on  sera  étonné  de  voir  l'assurance  avec 
laquelle  certaines  autorités  administratives  se  prononcent 
à  ce  sujet.  Je  vois,  en  effet,  dans  un  arrêté  de  M.  de  M..., 
préfet  de  la  Dordogne,  en  date  du  lir  juillet  1844,  — que 
l'opinion  suivant  laquelle  le  son  des  cloches  aurait  la  vertu 
d'écarter  la  foudre  ou  d'en  paralyser  les  effets  n'est  fondée 
que  sur  la  superstition,  et  que  le  moyen  doit  infailliblement 

amener  la  chute  du  météore —  On  voit  par  ce  passage, 

que  la  fausse  science  n'est  pas  moins  dangereuse  que 
l'ignorance  complète,  et  qu'elle  conduit  infailliblement  à 
des  conséquences  que  rien  ne  justifie.  » 

Pour  savoir  ce  qu'il  était  advenu  des  pratiques  signalées 
par  Arago,  et  pour  répondre  à  un  désir  exprimé  par 
M.  Gustavo  Massa,  avocat  à  Oênes,  M.  H.  Sagnier  pria 
M.  J.  Longepierre,  de  Mâcon,  de  se  livrer  sur  ce  sujet  à 
une  enquête  dans  le  pays  qu'il  connaît  bien  et  qu'il  parcourt 
souvent.  Voici  en  quelques  mots  le  résultat  de  cette  enquête 
tel  que  l'a  donné  le  Journal  de  l'Agriculture  du  23  février  1901  : 

«  La  pratique  des  tirs  suivant  la  méthode  inaugurée  par 
le  marquis  de  Ghevriers  s'est  maintenue  pendant  une  grande 
partie  du  dix-neuvième  siècle  dans  un  certain  nombre  de 
communes  du  Maçonnais  et  du  Beaujolais.  Cinq  de  ces 
communes  forment  un  groupe  compact  :  ce  sont  celles  de 
Vauxrenard,  Fleurie,  Ghénas  et  Juliénas,  dans  le  canton  de 
Beaulieu  (Rhône),  et  celle  de  Romanêohe,  dans  le  canton 
de  la  Chapelle-de-Guinchay  (Saône-et-Loire).  En  dehors 
de  ce  groupe,  figurent,  dans  le  département  de  Saône-et- 
Loire,  les  communes  d'Azé,  canton  de  Lugny  et  d'Igé, 
canton  de  Gluny,  et  dans  le  département  du  Rhône,  celle 
de  Saint-Vérand,  dans  le  canton  de  Bois-d'Oingt.  Dans 
ces  communes,  les  vieillards  ne  se  souviennent  pas  du  début 
de  ces  opérations  ;  mais  ils  disent  qu'elles  remontent  très 
loin.  Il  est  donc  certain  que,  pendant  une  période  très 
longue,  on  y  a  cru  à  l'efficacité  des  tirs. 


LE  TlR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÂLE.         137 

»  La  forme  des  mortiers  ou  des  boîtes  variait  suivant 
les  communes  ;  sans  que  l'on  ait  de  documents  précis  à  cet 
égard,  la  forme  la  plus  commune  se  rapprochait  de  celle 
d'un  seau  tronconique,  lequel  portait,  à  peu  près  aux 
deux  tiers  de  sa  hauteur,  deux  tourillons  destinés  à  le 
fixer  sur  un  affût. 

»  Ces  appareils  étaient  généralement  en  fonte  ;  leur  poids 
pouvait  varier  de  50  à  150  kilog.  La  charge  variait  de 
500  à  1,200  grammes  de  poudre  de  mine,  suivant  la  force 
du  mortier;  on  bourrait  le  plus  fortement  possible  avec 
du  papier  et  du  sable.  L'allumage  se  pratiquait  par  une 
mèche  traversant  un  trou  peroé  à  la  partie  inférieure  de 
l'appareil. 

»  L'organisation  des  tirs  était  des  plus  simples.  Chaque 
commune  avait  son  artilleur,  c'est-à-dire  un  habitant,  géné- 
ralement un  ouvrier  sédentaire,  qui  était  chargé  de  l'en- 
tretien du  mortier,  de  l'achat  de  la  poudre  et  du  tir.  Quand 
un  orage  menaçait,  il  exécutait  les  tirs  comme  il  l'enten- 
dait, en  suivant  des  méthodes  traditionnelles;  aucune 
autre  personne  ne  s'en  occupait.  La  rémunération  de 
l'artilleur  était  en  nature  :  au  moment  des  vendanges, 
il  taisait  le  tour  des  vignes,  et  chaque  vigneron  lui  donnait 
sa  rétribution  en  raisin  ou  en  vin.  La  méthode  était 
patriarcale. 

»  Quand  et  pourquoi  a-t-on  cessé  de  tirer?  La  réponse  est 
la  même  presque  partout  :  le  tir  a  été  arrêté  au  moment  de  la 
crise  phylloxérique.  Dans  cette  région  fortement  éprouvée, 
les  vendanges  avaient  à  peu  près  disparu;  l'artilleur 
n'avait  plus  de  rémunération,  il  a  cessé  son  service.  Il  y  a 
cependant  au  moins  une  exception  :  dans  la  commune  de 
8aint*Vérand,  où  la  durée  de  la  crise  a  été  moins  grande, 
on  a  maintenu  la  pratique  des  tirs,  mais,  depuis  1899,  on 
a  adopté  au-dessus  du  mortier  un  cône  en  tôle  pour  en 
faire  un  canon  moderne. 

»  Et  maintenant,  dit  en  terminant  M.  H.  Sagnier,  peut* 


138  3.  CAMUS  AT. 

on  tirer  une  conclusion  de  ces  faits?  La  confiance  des 
vignerons  des  communes  citées  a- 1- elle  été  justifiée  par 
une  immunité  réelle  oontre  la  grêle,  ou  bien  était-elle 
une  foi  aveugle?  Les  observations  comparatives  manquent 
sur  les  résultats  des  tirs.  Une  seule  affirmation  est  légitime, 
c'est  que  cette  confiance  a  duré  jusqu'au  jour  où  une  cala- 
mité d'une  autre  nature  s'est  abattue  sur  les  vignes  et  les  a 
détruites.  » 

La  France  est  relativement  favorisée  sous  le  rapport  des 
perturbations  atmosphériques,  et  les  orages  de  grêle  n'y 
atteignent  que  rarement  l'intensité  et  la  fréquence  qu'ils 
présentent  dans  d'autres  contrées. 

La  Styrie,  le  Tyrol  et  la  haute  Italie,  entre  autres,  ont 
à  souffrir  cruellement  de  la  grêle  chaque  année.  D'après 
M.  Georges  Ouénaux1,  avant  l'organisation  des  tirs  contre 
les  orages,  c'est-à-dire  avant  1897-1898,  on  comptait  en 
moyenne  par  année  :  26  jours  de  grêle  en  Piémont,  31  jours 
en  Lombardie,  28  jours  en  Vénitie.  Par  ces  chiffres,  dit-il, 
on  se  rend  compte  de  la  dîme  énorme  prélevée  par  le  fléau 
sur  les  récoltes  et  on  s'explique  les  efforts  tentés  pour  s'en 
affranchir. 

Ce  n'est  qu'en  1896  que  les  premiers  essais  sérieux  furent 
tentés  en  Styrie  par  M.  Albert  Stiger,  propriétaire  et  maire 
de  Windisch-Feistritz,  qui  avait  vu  son  vignoble  ravagé 
par  la  grêle  pendant  dix  années  consécutives. 

M.  Stiger  avait  cru  remarquer  que  chaque  orage  de 
grêle  était  annoncé  par  un  calme  absolu  de  l'atmosphère 
durant  quelques  secondes,  et  dont  la  caractéristique  est  la 
lourdeur  étouffante  de  l'air.  Il  fut  ainsi  conduit  à  penser 
qu'en  empêchant  ce  calme  de  s'établir,  en  produisant  un 
certain  ébranlement  dans  l'atmosphère  au  moyen  de  fortes 
détonations,  la  formation  et  la  chute  de  la  grêle  seraient 
rendues  impossibles. 

1.  L'Agriculture  nouvelle,  n°  du  27  Janvier  1900. 


LE  TIR  CONTRE  LSS  ORAGES  A  GRÊLE-  139 

Les  expériences  furent,  sinon  très  concluantes,  tout  mu 
moins  assez  encourageantes  pour  que  l'organisation  des 
stations  de  défense  fît  de  rapides  progrès  en  Styrie  et  dans 
le  Tyrol. 

En  1897  on  y  comptait  trente-trois  stations  et  cinquante- 
six  en  1898. 

D'après  les  rapports  officiels,  pendant  ces  deux  années, 
la  grêle  ne  serait  pas  tombée  une  seule  fois  dans  le  péri- 
mètre protégé  par  le  tir. 

Ces  résultats  causèrent  un  grand  émoi  en  Autriche  et 
en  Italie.  Les  Italiens  du  Piémont  et  de  la  Vénitie  qui, 
comme  il  a  été  dit,  subissaient  de  très  grands  ravages  par 
la  grêle,  allèrent  en  Styrie  étudier  les  installations  de 
canons,  et  se  mirent  de  suite  i  l'œuvre  pour  l'organisation 
de  la  défense  dans  leur  pays. 

En  1899,  2,000  stations  environ  s'organisèrent  dans 
diverses  provinces,  et  M.  Edoardo  Ottavi,  député  au  Par* 
lement  italien,  fut,  dans  son  pays,  l'apôtre  de  cette  nouvelle 
armée  de  défenseurs  contre  les  éléments  naturels. 

Sous  son  inspiration  les  stations  prirent  un  tel  développe- 
ment, qu'en  trois  ans  on  en  comptait  près  de  15,000,  repré- 
sentant une  superficie  protégée  de  plus  de  750,000  hectares. 

En  novembre  1899,  un  grand  congrès  international  du 
tir  contre  la  grêle  eut  lieu  à  Casale-Montferrato  (Italie);  il 
eut  un  succès  inespéré  et  apporta  les  plus  précieux  encou- 
ragements pour  l'organisation  des  stations  dans  d'autres 
contrées* 

Ce  n'est  qu'au  commencement  de  Tannée  1900  que  la 
défense  contre  la  grêle  fut  propagée  en  France,  par 
M.  Antonin  Ouinand,  propriétaire  en  Beaujolais,  vice- 
président  de  r Union  du  Sud-Est  des  syndicats  agricoles. 

Huit  stations  furent  rapidement  organisées  :  deux  dans 
le  Beaujolais,  trois  dans  le  Bordelais,  une  dans  laDordogne, 
une  dans  le  Jura  et  une  i  Épernay. 

C'est  dans  le  Beaujolais  que  furent  faits  les  premiers 


140  J.  CAMDSAt. 

essais  français,  en  1900.  La  première  société  fut  organisée 
à  Denicé,  par  le  Syndicat  agricole  de  Villefranche  et 
d'Anse  qui  entreprit  de  tenter  cette  importante  expérience. 
Ces  essais  furent  couronnés  de  succès  et  Ton  se  rappelle 
le  retentissement  qu'ils  ont  eu  dans  la  France  entière. 

Comme  recherche  d'une  sanction  scientifique,  la  question 
fut  portée  devant  l'Académie  des  sciences.  Un  rapport  de 
MM.  G.  Gastine  et  V.  Vermorel,  intitulé  :  Sur  les  projectiles 
gazeux  des  canons  proposés  pour  prévenir  la  formation  de  la 
grêle,  y  fut  présenté  par  M.  Mascart,  à  la  séance  du 
5  novembre  1900. 

Dans  ce  rapport,  que  j'aurai  l'occasion  de  rappeler  dans 
la  suite,  les  auteurs  y  décrivaient  en  détail  les  expériences 
auxquelles  ils  s'étaient  livrés  pour  arriver  à  déterminer  les 
effet  s  balistiques  du  tir. 

Quelque  temps  avant,  en  juillet  1900,  M.  le  Dr  Vidal, 
d'Hyères,  avait  déjà  fait  à  l'Académie  une  communication 
sur  l'emploi  des  fusées  d'artifice  contre  les  orages  en 
général  et  contre  la  grêle  en  particulier,  et  décrivait 
quelques  résultats  obtenus  par  ce  procédé. 

L'opinion  de  nos  savants  fut  loin  d'être  favorable  au 
système  de  tir  contre  les  nuages. 

A  une  séance  de  la  Société  nationale  d'Agriculture, 
le  28  novembre  1900,  M.  Mascart,  discutant  la  récente 
communication  de  MM.  Gastine  et  Vermorel  à  l'Académie, 
i  laquelle  il  ajoute  ses  idées  personnelles,  cherche  à 
démontrer  que  l'on  se  trompe  en  affirmant  que  les  projec- 
tiles gazeux  des  canons  grélifuges  peuvent  ébranler  les 
nuages.  Toute  l'énergie  de  ces  projectiles,  disait-il,  consiste 
dans  une  sorte  d'anneau  gazeux,  animé  d'un  grand  mouve- 
ment tourbillonnant  qui,  divisé  par  les  moindres  obstacles, 
peut  tout  au  plus  s'élever  à  200  mètres,  c'est-à-dire  bien 
au-dessous  des  nuages  à  grêle  qui  se  tiennent  vers  une 
altitude  de  2,000  mètres,  et  reste  impuissant  même  pour 
percer  des  disques  de  papier  très  minces* 


LK  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         14 1 

Les  expériences  de  MM.  Oastine  et  Vermorel  avaient 
cependant  démontré  une  force  de  perforation  assez  grande, 
découpant  dans  des  cibles  en  papier  une  zone  annulaire 
représentant  les  dimensions  du  tore  gazeux  au  moment  du 
contact. 

M.  Berthelot,  du  même  avis  que  M.  Mascart,  traitait 
l'idée  nouvelle  de  simple  préjugé  dont,  paraît-il,  on  retrou* 
verait  la  trace  dans  Plutarque. 

D'après  le  monde  savant,  on  s'enthousiasmait  donc  pour 
une  chimère !  ;  mais,  comme  je  chercherai  i  le  démontrer 
plus  loin,  cette  discussion  ne  présentait  pas  une  bien 
grande  importance  scientifique,  car  elle  reposait  sur  l'idée 
erronée  que  l'action  du  tir  agissait  par  ébranlement  sur  les 
nuages. 

Lie  grand  Congrès  international  de  Padoue,  qui  dura 
trois  jours,  et  qui  tenait  ses  assises  à  oe  même  moment, 
releva  le  défi . 

Les  conclusions  de  ce  Congrès,  rédigées  dans  une  dialec- 
tique serrée,  furent  diamétralement  opposées  i  l'opinion 
de  M.  Mascart. 

Quinze  cents  personnes,  appartenant  en  majeure  partie  à 
l'élite  des  professeurs,  auxquels  étaient  venus  se  joindre 
des  officiers  d'artillerie  et  des  viticulteurs  en  renom, 
assistaient  à  ce  Congrès.  Il  y  fut  rendu  oompte  des 
résultats  obtenus  dans  divers  pays.  Les  stations  italiennes 
qui,  i  elles  seules,  possédaient  plus  de  dix  mille  canons, 
avaient  tiré  plus  de  neuf  millions  de  coups  en  1900,  et  l'on 
estimait  que  huit  millions  avaient  produit  un  effet  utile. 

Malgré  la  constatation  de  quelques  insuccès,  semblant 
résulter  d'une  mauvaise  organisation  de  la  défense,  qui 
demandait  certainement  i  être  perfectionnée,  la  résolution 


f .  Il  est  juste  de  faire  remarquer  loi  que,  plus  tard,  à  la  séance  de  l'Académie 
du  t  février  1903,  M.  Mascart,  à  propoe  d'une  communication  de  M.  Oberlin,  relative 
a  TeOet  des  fusées  contre  les  nuages  à  grélt,  accorda  plus  de  créance  aux  résultats 


142  j.  càmusat. 

suivante,  dont  l'importance  ne  pouvait  échapper,  fut  votée 
à  l'unanimité  :  le  Congrès,  ayant  entendu  successivement  les 
rapports  et  les  discussions  sur  les  résultats  des  tir$}  retient 
comme  démontrée  d'une  façon  irréfragable,  par  V ensemble  des 
renseignements  obtenus,  la  grande  efficacité  du  tir  contre  la 
grêle. 

La  majorité  des  congressistes  constate  toutefois  que, 
malgré  cette  efficacité  indiscutable,  l'explication  scienti- 
Gque  était  encore  à  trouver. 

Les  patientes  et  coûteuses  expériences  entreprises  de 
toutes  parts  dans  un  grand  but  humanitaire  semblaient 
dignes  en  tout  point  du  plus  grand  encouragement  et  le 
jugement  sévère,  résultat  d'une  surprise  peut-être,  porté 
sur  elles  par  nos  savants  météorologistes,  pouvait  justifier 
les  paroles  échappées  Tannée  suivante  à  M.  J.  Chatillon, 
président  du  Syndicat  agricole  de  Villefranche,  dans  le 
compte  rendu  des  expériences  du  Beaujolais  pour  l'année 
1901  : 

«  Sans  doute  la  science  nous  reprochera  encore  de  ne 
pouvoir  expliquer  comment  agissent  nos  canons  ;  mais 
nous  n'attacherons  qu'une  médiocre  importance  aux  cri- 
tiques. Que  les  savants  commencent  eux-mêmes  par  se 
mettre  d'accord  sur  la  vraie  théorie  de  la  formation  de  la 
grêle.  Quant  à  nous,  nous  continuerons  à  nous  préserver 
de  ce  terrible  fléau,  sauf  à  savoir  plus  tard  comment.  » 

Les  autres  articles  du  rapport  général  du  Congrès  de 
Padoue  avaient  trait  à  l'organisation  des  batteries,  aux 
remises  à  obtenir  des  compagnies  d'assurances,  etc.,  etc. 

En  1901,  la  lutte  contre  les  orages  reprend  plus  ardente. 
Profitant  des  enseignements  du  Congrès  de  Padoue,  des 
ligues  se  forment  de  toutes  parts,  non  seulement  entre  les 
communes,  mais  entre  départements.  C'est  ainsi  que  prend 
consistance,  en  France,  le  Syndicat  de  défense  des  Alpes 
françaises,  déjà  ébauché  en  l'année  1900  sous  l'inspiration 
de  M.  Guinand.  Ce  syndicat  devait  comprendre  les  cinq 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         143 


départements  des  Hautes-Alpes,  Basses-Alpes,  Alpes-] 
Urnes,  Var  et  Vauoluse. 

Un  troisième  grand  Congrès  international  eut  lieu  à 
Lyon  en  novembre  1901.  Les  résultats  du  tir  y  furent  lon- 
guement discutés,  et,  ainsi  qu'à  Padoue,  on  dut  conclure  i 
son  efficacité  indiscutable.  En  outre,  une  plus  longue  expé- 
rience permit  de  rédiger  un  programme  beaucoup  plus 
circonstancié  sur  l'organisation  de  la  défense,  la  discipline 
du  tir  et  les  mesures  à  employer  pour  la  sécurité  des 
artilleurs. 

De  pu  Î8,  les  congrès  régionaux  ou  les  diverses  assemblées 
générales  des  commissions  administratives  des  sociétés  de 
défense  ont  encore  perfectionné  les  règlements. 

Un  grand  nombre  de  vœux,  dont  plusieurs  ont  été 
entendus  en  haut  lieu,  ont  été  émis  dans  tous  ces  congrès 
ou  assemblées.  Les  principaux  de  ces  vœux  concernant  la 
France  visent  surtout  l'intervention  des  pouvoirs  publics 
pour  rendre  obligatoire,  par  extension  des  lois  des  21  Juin 
1865  et  décembre  1888,  la  défense  contre  la  grêle !  ;  pour 
l'essai  et  l'inspection  du  matériel  de  tir  qui,  soit  par  suite 
de  vices  de  construction,  soit  par  détérioration,  peut  occa- 
sionner des  accidents  très  graves  ;  pour  la  fourniture  de  la 
poudre  aux  associations  dans  des  conditions  assez  avanta- 
geuses pour  permettre  une  défense  très  large  et  moins 
onéreuse  pour  les  sociétés  syndicales,  généralement  peu 
favorisées  sous  le  rapport  financier. 


1.  A  la  toile  du  Congrès  de  Padoue,  te  Parlement  Italien,  par  une  loi  du 
t  Jnin  1901,  a  rendu  le  Syndicat  de  défense  obligatoire  pour  tous  les  propriétaire* 
compris  dans  son  périmètre,  lorsque  les  promoteurs  ont  obtenu  l'adhésion  d'an 
•joins  les  deux  tiers  des  intéresses,  payant  la  moitié  de  l'impôt  foncier  sur  le 
terrain  compris  dans  le  périmètre  à  défendre. 

D'antre  part,  la  même  loi  (art.  13)  décharge  de  toute  taxe  la  fabrication  et  la 
distribution  des  poudres  spéciales  destinées  exclusivement  aux  syndicats  de  tir 
contre  la  grêle. 

Comme  on  le  verra  plus  loin,  cette  loi  qui,  a  priori,  semblait  devoir  avantager 
les  syndicats  de  tir  a  été,  au  contraire,  une  cause  d'entraves  pour  ta  défense  en 


144  J.  GAHUSAT. 

Jusqu'alors  le  canon  a  été,  ou  à  peu  près,  le  seul  engin 
employé  contre  la  grêle;  cependant,  l'usage  des  fusées, 
préconisées  par  M.  le  Dr  Vidal,  se  répand  peu  à  peu,  et,  tout 
à  côté  de  stations  de  canons,  s'organisent  des  sociétés  se 
servant  exclusivement  de  fusées,  et  même  des  sociétés 
mixtes. 

Depuis  sa  première  communication  à  l'Académie  des 
sciences,  en  juillet  1900,  M.  Vidal  a  poursuivi  sans  relâche 
ses  expériences,  et,  dans  plusieurs  notes  excessivement 
intéressantes,  communiquées  soit  à  l'Académie,  soit  i 
divers  congrès  ou  sociétés  savantes,  il  a  pu  confirmer  un 
certain  nombre  de  succès  obtenus  avec  ses  fusées  para- 
grêles. 

A  la  séance  de  l'Académie  du  2  février  1903,  à  propos 
d'une  note  adressée  par  M.  Ch.  Oberlin,  de  Colmar, 
M.  Mascart  faisait  remarquer  que  les  expériences  citées  par 
l'auteur  paraissaient  avoir  eu  une  véritable  efficacité.  «  Le 
tir  contre  la  grêle,  disait-il,  ayant  fait  l'objet  de  nombreux 
essais  en  ces  dernières  années,  il  est  utile  de  signaler  les 
résultats  obtenus  par  M.  Oberlin  dans  l'emploi  des  fusées, 
selon  la  méthode  préconisée  par  M.  le  Dr  Vidal.  » 

On  ne  saurait  contester  que  les  fusées  paragrêles  ont  fait 
assez  bonne  figure  au  Congrès  de  Lyon  en  1901,  mais,  ainsi 
que  les  canons,  si  elles  ont  leurs  défenseurs,  elles  ont  égale- 
ment leurs  détracteurs. 

Le  canon  cependant  semble  devoir  conserver  encore 
longtemps  une  situation  prépondérante. 

Simple  engouement,  dira-t-on,  résultant  des  expériences 
originelles  qui  ont  fait  développer  très  rapidement  les  sta- 
tions avec  cet  engin  qui  n'avait  alors  aucun  concurrent  ! 

Peut-être  !  Toutefois,  de  l'avis  de  beaucoup  d'expérimen- 
tateurs compétents,  le  canon,  avec  les  derniers  modèles 
créés,  semble  devoir  rester  supérieur. 

Les  fusées  ont  incontestablement  l'avantage  de  réduire 
considérablement  les  frais  de  première  installation  des  sta- 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         145 

tions,  mais  elles  présentent  de  sérieux  inconvénients,  dont 
les  plus  importants  sont  leur  prix  de  revient  élevé  et  les 
ratés  nombreux  auxquels  elles  sont  sujettes. 

M.  F.  Sisqué,  l'un  de  leurs  plus  vaillants  défenseurs, 
leur  attribue,  dans  une  brochure  qu'il  vient  de  publier1, 
une  action  supérieure  à  celle  du  canon,  en  raison  de  leur 
éclatement  i  des  hauteurs  plus  compatibles  avec  l'altitude 
des  nuages  i  grêle. 

Bien  que  l'on  compte  en  France  de  nombreuses  sociétés 
en  faisant  un  usage  exclusif,  je  ne  crois  pas  que  l'expé- 
rience en  soit  encore  suffisante  pour  permettre  une  com- 
paraison définitive  avec  le  tir  du  canon. 

Ce  qui  frappe  évidemment  le  plus  dans  l'emploi  des 
fusées,  c'est  leur  consommation  relativement  faible,  eu  égard 
aux  nombreux  coups  de  canon  tirés  pendant  un  orage  ;  ce 
qui  porterait  à  faire  oroire  i  une  efficacité  plus  grande. 

Il  n'est  pas  possible  jusqu'alors  de  voir  dans  ce  fait  une 
justification  de  supériorité.  Les  postes  ne  disposent  gêné* 
ralement  que  d'un  seul  pieu-porte-fwéâ  et  le  montage  de  la 
fusée  nécessite  un  temps  plus  long  que  la  préparation  d'un 
coup  de  canon. 

D'autre  part,  le  départ  d'une  fusée  produit  toujours  un 
certain  effet  attractif,  et  l'artificier  improvisé  a  une  tendance 
naturelle  à  suivre  son  évolution  aérienne,  ce  qui  perd  un 
temps  assez  important.  Si  Ton  tient  compte  en  outre  qu'étant 
le  plus  souvent  intéressé  aux  frais  de  l'association,  il  peut 
être  conduit  i  mesurer  l'effet  produit  en  raison  de  la 
dépense,  on  pourra  s'expliquer  les  différences  constatées 
dans  le  nombre  de  coups  tirés  par  les  deux  procédés. 

En  tout  cas,  le  tir  lent  des  postes  de  fusées  n'a  pas  encore 
été  justifié  d'une  façon  irréfragable,  et  il  est  bien  possible 
que  beaucoup  d'insuccès  constatés  lui  soient  attribuables. 

1.  La  ùéftnâë  eaatre  te  grêU,  résumé   de  conférence*  faite*  an   1904,   par 
F.  Slaqoé,  Ingénieur  agricole  (E.  A.  M  )  Eo  dépôt  chez   Pauleur  a  Rivet* Iles 

TOME  XÎX.  10 


146  J.    G  AMUSAT. 

Ainsi  que  pour  toute  chose  nouvelle,  il  se  fait  en  ce 
moment  une  concurrence  effrénée  sur  le  commerce  des 
fusées,  et  il  devient  nécessaire  de  se  méfier  des  réclames 
tapageuses,  les  syndicats  se  laissant  trop  souvent  tromper 
par  des  propositions  alléchantes. 

Comme  me  l'écrivait  à  ce  sujet  M.  Taehon-Brunet,  pro- 
fesseur à  l'École  pratique  d'industrie  de  Saint-Étienne,  «  les 
industriels  qui  prétendent  arrêter  les  orages  les  plus  vio- 
lents avec  une,  deux,  trois  fusées  ou  bombes,  au  plus,  ne 
doivent  pas  être  pris  au  sérieux.  Actuellement  tous  les 
artificiers  veulent  faire  des  fusées,  comme  autrefois  tous 
les  industriels  de  notre  région  voulaient  faire  des  canons. 
Sous  peu,  ainsi  qu'il  en  fut  pour  les  canons,  la  fabrication 
des  fusées  paragrêles  sera  localisée  dans  deux  ou  trois  des 
meilleures  maisons  techniques,  pouvant  présenter  toute 
garantie  pour  la  qualité  de  leurs  produits.  » 

Beaucoup  de  maisons  vendent  leurs  fusées  avec  garantie 
d'assurance  en  cas  d'accidents  de  personnes  ;  ici  encore  on 
ne  saurait  trop  recommander  aux  intéressés  de  bien  étudier 
la  police  d'assurance  du  fabricant  avant  de  signer  un  con- 
trat. Bien  souvent  la  police  ne  sert  qu'à  couvrir  la  respon- 
sabilité du  fabricant,  et,  en  l'espèce,  les  tribunaux  débou- 
tent les  victimes  qui  sont  alors  obligées  de  se  retourner 
contre  les  propriétaires  ou  les  syndicats. 

Les  griefs  reprochés  au  canon,  en  tant  que  portée  des 
effets  balistiques,  ne  sauraient  en  aucune  façon  ratifier 
une  accusation  d'impuissance  comparativement  aux  fusées, 
bien  que  ces  dernières  soient  susceptibles  de  s'élever  à 
400  mètres,  et  même  jusqu'à  600  mètres  et  plus,  ainsi 
qu'on  a  pu  le  constater  dans  les  derniers  essais  effectués 
au  concours  de  Nuits-Saint-Georges  (Côtc-d'Or),  à  la  fin 
de  janvier  1904. 

Cette  appréciation  me  semble  purement  gratuite;  elle 
repose  sur  la  théorie  primitive,  consistant  à  expliquer 
l'action  du  tir  par  simple  ébranlement  de  l'atmosphère,  et 


ls  nm  ooxrax  les  oaaess  a  âaftLK  14? 

d'après  laquelle  l'efficacité  doit  être  d'autant  plus  grande 
que  la  détonation  est  plus  rapprochée  des  nuages. 

Cette  théorie  de  la  première  heure  n'est  plus  admissible 
aujourd'hui,  et  les  effets  du  tir  doivent  être  attribués  i  des 
causes  bien  différentes,  ainsi  que  j'aurai  l'occasion  de  l'ex» 
pliquer  plus  loin. 

Sans  parti  pris,  il  faut  reconnaître  une  certaine  effieaoité 
aux  fusées,  et  peut-être  sont-elles  appelées  i  devenir  un 
puissant  auxiliaire  du  canon  par  l'alternance  des  postes. 

Dans  le  courant  de  l'année  1903,  un  nouveau  type  de 
canon  grélifuge,  se  chargeant  au  gaa  aoétylène,  a  fait  son 
apparition  dans  les  champs  de  tir  italiens.  Ce  canon  a  été 
inventé  par  MM.  Maggiora,  Orasiani  et  C'\  de  Padoue,  et 
le  représentant  français  de  cette  société,  M.  Mabille,  d'Àm- 
boise,  en  a  réparti  quelques-uns,  l'année  dernière,  à  titre 
d'essais,  dans  les  stations  de  tir  françaises. 

D'après  les  expériences  qui  en  ont  été  faites  en  janvier 
1904,  au  concours  de  Nuits-Saint-Georges,  la  détonation  de 
ce  canon  est  très  vive  et  donne  une  impression  brisante 
très  violente,  beaucoup  plus  stridente  que  celle  du  canon 
à  poudre,  produisant  un  sifflement  du  tore  gazeux  plus  pro- 
longé, ce  qui  implique  une  plus  grande  portée  balistique. 

Le  gros  avantage  de  ce  système  réside  dans  une  diminution 
très  importante  des  frais  de  tir,  et  la  question  de  l'extension 
de  ce  canon  se  résume  dans  la  sécurité  qu'il  peut  présenter 
i  l'usage  courant.  Le  gaz  aoétylène  est,  en  effet,  un  gaz 
explosif  délicat  à  manipuler,  dont  la  réputation  est  mau- 
vaise et  malheureusement  méritée  dans  beaucoup  de  cas. 

Parallèlement  à  l'usage  du  canon  et  des  fusées  pour  les 
tirs  grèlifuges,  l'emploi  des  bombes  aériennes  explosives 
fut  proposé  à  diverses  reprises. 

Dès  1880,  M.  Bombioci  en  préconisait  l'application,  et, 
bien  que  sa  proposition  ne  fût  pas  prise  en  considération, 
il  la  récidiva  i  plusieurs  reprises. 

Au  Congrès  de  Lyon,  en  1901,  la  bombe  fut  présentée 


148  J.    CAMUSAT. 

par  M.  Vissière,  artificier,  et  par  M.  Rachel  Séverin,  rédac- 
teur en  chef  du  Journal  d'agriculture  et  d'horticulture  de  la 
Gironde 9  mais  elle  ne  retint  pas  l'attention  des  congressistes. 
Cependant  des  expériences  furent  faites  avec  cet  engin, 
notamment  dans  la  Gironde,  où  l'on  crut  devoir  constater 
une  certaine  efficacité. 

D'après  M.  F.  Sisqué  qui  en  fait  un  historique  rapide  *, 
les  bombes  furent  d'abord  lancées  avec  des  mortiers,  mais  la 
hauteur  d'élévation  était  tout  à  fait  insuffisante  ;  on  fit  alors 
usage  de  tubes-canons  de  même  diamètre  que  celui  de  la 
bombe,  ce  qui  donnait  une  force  de  projection  plus  grande. 

Le  matériel  est  des  plus  simples,  le  lance-bombes  pou- 
vant être  constitué  par  un  simple  tube  fixé  assez  solidement 
dans  le  sol  par  une  sorte  de  tarière.  Au  début  les  tubes 
étaient  courts,  ce  qui  présentait  un  grand  danger  pour 
l'artificier  qui,  souvent,  n'avait  pas  le  temps  de  se  retirer  et 
risquait  de  se  faire  brûler  la  figure;  pour  éviter  oe  grave 
inconvénient,  on  donne  aujourd'hui  à  ce  tube  une  longueur 
qui  n'est  pas  inférieure  à  lm20. 

Les  explosions  du  tube  étant  assez  fréquentes  on  fut  dans 
l'obligation  de  les  fretter  sur  tout  ou  partie  de  leur  lon- 
gueur, ce  qui  en  augmente  sensiblement  le  prix  de  revient. 
On  alla  même  jusqu'à  essayer  des  tubes  lance-bombes  en 
carton,  mais,  pour  être  moins  dangereux  en  cas  d'éclate- 
ment, ces  tubes  ne  pouvaient  rendre  de  grands  services, 
ils  ont  l'inconvénient  de  ne  pas  durer  longtemps  ;  l'inté- 
rieur s'usant  assez  rapidement,  la  force  de  projection  y 
perd  beaucoup  de  son  intensité. 

Un  grave  inconvénient  du  tube  lance-bombes  réside 
dans  l'obligation  de  le  nettoyer  à  chaque  coup,  car  il  peut 
y  rester  quelques  débris  de  papier  brûlé  susceptibles  de 
provoquer  une  explosion  anticipée  de  la  bombe  au  moment 
du  rechargement. 

f .  Brochure  citée. 


Le  tir  contre  les  orages  k  grêle.  149 

Pour  faciliter  ce  nettoyage,  en  même  temps  que  pour 
empêcher  la  pluie  d'y  pénétrer,  on  a  fait  des  tubes  pouvant 
s'incliner  i  volonté,  mais  cette  modification  ne  semble  pas 
avoir  avantagé  bien  sérieusement  le  système. 

D'après  les  promoteurs  de  l'usage  des  bombes,  leur  effi- 
cacité résiderait  principalement  dans  l'action  des  poussières 
solides  lancées  par  la  bombe,  poussières  qui  troubleraient 
le  calme  nécessaire  à  la  congélation  de  la  vapeur  d'eau. 
M.  R.  Séverin  dit  i  ce  sujet  :  «  Les  poussières  atmosphé- 
riques mises  en  mouvement  par  l'explosion,  ainsi  que  les 
poussières  et  fumées  provenant  directement  de  cette  explo- 
sion, tendent  à  condenser  la  vapeur  d'eau  au-devant  du 
nuage  i  grêle,  ce  qui  arrête  le  développement  du  grêlon.  » 

M.  Vissières,  qui  peut  être  considéré  comme  l'inventeur  de 
la  bombe,  alla  même  jusqu'à  mélanger  de  la  poudre  de  zino  à 
l'explosif,  prétendant  ainsi  décomposer  les  molécules  d'eau. 

Tous  ces  raisonnements  consistent  à  faire  considérer  la 
grêle  comme  étant  le  résultat  d'une  cristallisation  analogue 
i  celle  d'un  sel  soluble  dans  ses  eaux  mères,  mais  une 
semblable  hypothèse  paraîtra  bien  hasardée  si  l'on  envi- 
sage l'état  d'agitation  qui  caractérise  les  couches  gazeuses 
des  nuages. 

M.  J.  Balondrade  cheroha  également  à  utiliser  les 
bombes  à  projeotions  métalliques  en  employant  la  poudre 
et  les  paillettes  d'aluminium,  mais  sur  un  autre  principe 
que  celui  de  la  condensation  des  molécules  de  vapeur 
d'eau.  Partant  de  l'expérience  de  physique  qui  consiste  4 
décharger  une  boule  électrisée  en  projetant  de  la  limaille 
métallique  i  sa  surface,  M.  Balondrade  prétend  agir  de  la 
même  façon  sur  les  nuages. 

Il  est  possible  que,  dans  certaines  circonstances,  on  puisse 
ainsi  produire  une  modification  de  potentiel  dans  les  remous 
nuageux,  mais  jusqu'alors  ce  système  ne  semble  pas  suffi- 
samment développé  pour  en  tirer  des  conclusions  favorables. 

Les  bombes,  quelle  que  soit  leur  composition,  n'ont  pas 


150  J.    CAMUSÀT. 

fait  preuve  jusqu'alors  d'une  puissance  ascensionnelle  bien 
considérable,  les  plus  grandes  hauteurs  obtenues  dans  les 
expériences  n'ayant  guère  dépassé  300  mètres,  et  s'étant 
limitées  le  plus  souvent  entre  200  et  250  mètres.  En  outre, 
cet  engin  est  sujet  à  de  nombreux  et  graves  accidents,  ce 
qui  nuira  toujours  à  son  extension,  au  moins  jusqu'à  ce  que 
l'on  ait  trouvé  un  autre  procédé  de  lancement.  Les  fusées, 
du  reste,  pourraient  très  bien,  si  le  principe  était  reconnu 
excellent,  se  fabriquer  avec  un  mélange  de  poussières 
métalliques,  ainsi  que  cela  se  pratique  pour  certaines 
pièces  d'artifice  ;  il  faudrait  toutefois,  et  la  même  remarque 
peut  s'appliquer  aux  bombes,  éviter  la  combustion  des 
poussières  métalliques  au  moment  de  l'explosion,  l'oxyda- 
tion qui  en  résulte  tendant  à  détruire  leur  conductibilité 
électrique. 

C'est  surtout  dans  les  départements  de  la  Gironde,  du 
Lot,  du  Lot-et-Garonne,  du  Tarn-et-Garonne,  de  la  Dor- 
dogne  et  du  Gers  que  s'est  localisé  l'usage  des  bombes 
paragrâles,  et  si  des  expériences  en  ont  été  faites  dans 
d'autres  départements,  ce  ne  semble  guère  être  que  d'une 
manière  incidente. 

Je  ne  terminerai  pas  cet  article  relatif  aux  bombes  sans 
dire  un  mot  sur  les  pétards  métalliques  imaginés  par  M.  le 
Dr  Vidal.  Ces  pétards,  lancés  par  un  mortier  du  même 
inventeur,  éclateraient,  d'après  lui,  entre  400  et  500  mètres, 
mais  jusqu'alors  leur  usage  ne  semble  pas  s'être  beaucoup 
répandu. 

On  est  obligé  de  reconnaître  que  cette  invention  est  plutôt 
faite  pour  jeter  quelque  discrédit  sur  l'efBoacité  des  fusées, 
dont  M.  Vidal  pouvait  être  considéré  comme  le  promoteur. 

Si,  comme  je  l'ai  dit,  la  Franoe  est  relativement  privilé- 
giée sous  le  rapport  des  orages  à  grêle,  il  n'existe  pas 
moins  certaines  régions  où  les  dégâts  se  chiffrent  par 
millions.  Pour  ne  parler  que  de  nos  environs  directs,  il  me 
suffira  de  oiter  tout  spécialement  le  Beaujolais  qui,  dans  une 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE. 


151 


période  de  dix  années,  de  1890  à  1900,  a  payé  à  la  grêle 
un  tribut  de  plus  de  treize  millions  de  francs,  se  répar- 
tîsaant  seulement  sur  la  superficie   de  seize  communes. 

On  peut  se  faire  une  opinion  générale  sur  la  répartition 
de  la  grêle  en  France  en  consultant  les  statistiques  établies 
à  cet  effet. 

M.  Turquan  a  trouvé  que,  pour  une  période  de  vingt 
années,  de  1873  à  1892,  le  dommage  annuel  moyen  de  la 
France  ressort  à  1  fr.  60  par  hectare,  en  tablant  sur  la 
superficie  totale  du  territoire. 

Ce  chiffre  est  loin  cependant  d'être  régulier  et  Ton  peut 
constater  des  écarts  considérables  entre  diverses  régions, 
ainsi  qu'il  résulte  du  tableau  ci-dessous  établi  pour  un  cer- 
tain nombre  de  départements  : 


tiHxrmm 

pfcATs  kmm 

flfflINCM  TOTAL! 

nVËCTAMM» 

ftfcATI 
Amdi  Btym 

PàMtmCtAMM 

Finistère1 

Tarn 

fr. 

1.850 
1.062.000 
1.020.000 
2.866.000 
2.730.000 
3.400.000 
2.763.000 

289.000 
2.337.000 

694.000 
1.921.000 
5.600.000 
5.100.000 
2.285.000 
3.164.000 
1.450.000 
2.150.000 

875.000 
1.698.000 

672.171 
574.216 
372.016 
521.174 
535.396 
628.988 
452.945 
412.211 
631.626 
478.405 
619  799 
628.031 
279.039 
475.962 
855.175 
742.272 
795.051 
583.556 
499.402 

fr. 

1.85 
2.78 
5.50 
5.10 
5.40 
6.10 
0.70 
3.70 
1.45 
3.10 
8.95 
18.30 
4.80 
3.70 
1.95 
2.70 
1.50 
3.40 

Tarn-et-Garonne. . . . 
Lot 

Hautes- Pyrénées . . . 
Pyrénées-Orientales 

Ariège 

Hérault 

Oers 

Rhône 

Allier 

Gard 

Jura 

1.  Pour  IVn«*tnbU  do  la  Bretagne,  la  moyenne  annuelle  de*  dépàu  par  heoUr* 
•'«ièw  l0(r.  10. 


152  J.  camusaî. 

Bien  que  résultant  de  statistiques  portant  sur  une 
période  de  vingt  années,  ces  chiffres  sont  loin  de  repré- 
senter la  réalité  des  dégâts.  Il  y  a  lieu,  en  effet,  de 
remarquer  que  le  chiffre  global  accusé  ne  porte  effective- 
ment que  sur  les  zones  culturales,  ne  représentant  qu'une 
fraction  plus  ou  moins  grande  de  la  superficie  totale  du 
département. 

Les  terrains  en  friche  ne  subissent  pas  de  dégâts;  les 
bois  ne  sont  pas  ou  presque  pas  atteints  ;  la  grêle,  d'autre 
part,  ne  tombe  pas  régulièrement  et,  le  plus  souvent, 
n'exerce  ses  ravages  qu'en  suivant  des  bandes  plus  ou 
moins  larges;  toutes  conditions  qui  contribuent  à  aug- 
menter considérablement  le  tribut  annuel  payé  au  fléau 
par  les  contrées  contaminées. 

Dans  le  seul  exemple  du  Beaujolais  cité  plus  haut,  les 
seize  communes  considérées  représentant  une  superficie  de 
8,000  hectares  environ,  et  le  chiffre  global  des  ravages  s'étant 
élevé  à  treize  millions  de  francs  en  dix  années  consécutives, 
le  dégât  annuel  par  hectare  ressortirait  à  160  fr.  environ  ; 
ce  chiffre  justifie  pleinement  l'énergie  déployée  par  les 
viticulteurs  de  cette  région  pour  se  défendre  de  la  grêle. 

Dans  l'organisation  de  cette  grande  lutte  pour  la  con- 
servation des  récoltes,  on  ne  saurait,  certes,  accuser  nos 
propriétaires  ruraux  d'avoir  subi  les  emportements  que  les 
premières  expériences  avaient  provoqués  dans  la  haute 
Italie,  mais  il  faut  constater  que,  pour  avoir  été  moins 
enthousiaste,  la  défense  n'en  a  été  que  mieux  organisée. 

Malgré  la  vieille  pratique  du  tir  des  boîtes  dans  nos 
régions  de  Saône-et-Loire  et  du  Rhône,  la  France  ne 
semble  pas  avoir  eu  l'honneur  de  l'innovation  en  cette 
circonstance,  mais  c'est  grâce  i  cette  sage  modération, 
permettant  de  saines  observations,  que  nos  syndicats  ont 
pu  obtenir  des  résultats  de  plus  en  plus  encourageants,  au 
lieu  de  courir  aux  échecs  malheureux  qui  ont  fini  par 
annihiler  les  efforts  des  consorii  italiens. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  ORÉLE.         153 

Ces  échecs  n'ont  pas  eu,  peut-être,  un  bien  grand  reten- 
tissement en  France,  mais,  néanmoins,  ils  servent  trop  i 
raviver  les  opinions  pessimistes  des  détracteurs  irréduc- 
tibles du  tir  grélifuge.  Ils  pourraient,  si  Ton  n'en  justifiait 
les  causes  primordiales,  décourager  nos  vaillants  lutteurs, 
et  enrayer  les  expériences  tendant  i  la  preuve  définitive  de 
efficacité  du  tir. 

Tout  récemment,  à  une  séance  de  la  Société  nationale 
d'agriculture,  M.  Angot,  résumant  certaines  observations 
de  M.  Pochettino,  directeur  de  la  station  expérimentale  du 
gouvernement  i  Castelfranca  (Italie),  pouvait  dire  que 
«  l'opinion  que  le  tir  empêche,  non  seulement  la  grêle, 
mais  la  chute  de  la  foudre,  n'est  pas  confirmée  et  que, 
jusqu'alors,  l'observateur  italien  n'avait  pu  obtenir  aucune 
preuve  palpable  de  l'efficacité  du  canon.  » 

M.  Angot  estimait,  toutefois,  qu'il  était  nécessaire  de 
poursuivre  les  études  commencées,  jusqu'à  ce  qu'elles 
aient  donné  le  dernier  mot  sur  la  question  de  la  lutte  contre 
la  grêle. 

Il  faut  bien  reconnaître  que  la  grêle  est  un  phénomène 
très  irrégulier,  et  que,  ne  tombant  souvent  que  par  plaoes, 
il  n'est  pas  toujours  possible  d'affirmer  qu'elle  ne  tombe 
pas  grâce  au  tir.  On  pourrait  également,  en  choisissant  i 
travers  les  statistiques,  démontrer  que  telle  contrée  qui 
jadis  payait  une  forte  prime  pour  l'assurance  contre  la 
grêle,  ne  paie  plus  aujourd'hui  que  des  sommes  très 
minimes,  les  courants  atmosphériques  ayant  subi  des  modi- 
fications de  direction,  au  grand  désavantage  d'autres 
régions  autrefois  privilégiées. 

Mais  il  ne  s'agit  pas  ici  de  discuter  pour  savoir  si  la 
grêle  aurait  dû  ou  n'aurait  pas  dû  tomber.  Les  statistiques 
annuelles  relatives  aux  dégâts  causés  avant  ou  après  l'usage 
du  tir  sont  là  pour  trancher  la  question,  et  les  chiffres 
qu'elles  fournissent  ne  sont  pas  tout  à  fait  dépourvus  d'élo- 
quence. Il  paraîtrait  certainement   bizarre  que  dans  le 


154  J.    CAMUSAT. 

Beaujolais,  par  exemple,  la  grêle  ait  cessé  naturellement 
de  commettre  des  dégâts  importants  juste  au  moment  où 
l'on  commençait  à  attaquer  les  nuages.  J'aurai  à  revenir 
sur  les  statistiques  beaujolaises  ;  il  me  suffit,  pour  le 
moment,  de  dire  que  les  orages  y  sont  tout  aussi  fréquents 
qu'avant  l'année  1900,  et  que  leur  direction  générale  n'a 
pas  été  modifiée. 

Ainsi  que  le  faisait  remarquer  M.  Sagnier  dans  une 
réponse  à  M.  Angot,  en  attendant  qu'un  contrôle  scientifique 
soit  organisé,  il  est  intéressant  en  la  circonstance  de  tenir 
compte  de  l'attitude  des  compagnies  d'assurances  contre 
la  grêle  ;  depuis  quelques  années,  ces  sociétés  ont  une  ten- 
dance marquée  à  diminuer  leurs  primes  annuelles  au  profit 
des  cultivateurs  faisant  partie  d'un  syndicat  de  tir.  Ceci 
permettrait  de  supposer  que  le  tir  n'est  pas  aussi  inefficace 
qu'on  voudrait  le  dire. 

Nos  paysans  ne  sont  pas,  que  je  sache,  gens  à  transfor- 
mer aussi  longtemps  leur  argent  en  fumée,  s'ils  n'avaient 
constaté  des  avantages  matériels  sérieux  dans  la  pratique 
du  tir. 

La  débâcle  des  sociétés  de  tir  italiennes  est  regrettable  à 
tous  points  de  vue,  mais  elle  n'est  pas  de  nature  à  faire 
jeter  l'anathème  sur  le  principe  même  du  tir.  Il  est  néces- 
saire, avant  toute  critique,  d'établir  quelques  comparaisons 
judicieuses  entre  ce  qui  se  passe  chez  nous  et  ce  qui  s'est 
passé  chez  nos  voisins  transalpins. 

Ces  échecs  sont  le  résultat  de  conditions  toutes  spéciales, 
bien  caractérisées,  qui  ont  engendré  les  pires  erreurs,  et 
ne  sauraient  suffire  pour  enrayer  les  efforts  de  nos  syndicats 
français  mieux  avisés. 

Ces  conditions  lamentables  ont  été  résumées  du  reste, 
avec  la  plus  grande  équité,  par  MM.  J.  Chatillon  et  B.  Blanc, 
désignés  par  la  Société  de  viticulture  de  Lyon  pour 
enquêter  en  tous  pays  sur  les  résultats  de  la  défense  contre 
la  grêle. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.  155 

En  oe  qui  concerne  l'Italie,  ces  Messieurs  se  sont  adres- 
sés aux  autorités  les  plus  compétentes,  voire  même  à 
M.  Pochettino,  et  leurs  conclusions  ne  sauraient  être  taxées 
de  simple  opinion  personnelle. 

Voici,  en  quelques  mots,  les  principales  conclusions  de 
leur  rapport  : 

«  Il  y  avait,  en  1900,  d'après  ce  que  Von  a  prétendu  au 
Congrès  de  Padoue,  près  de  quinze  mille  stations  de  tir 
répandues  dans  toute  la  haute  Italie,  c'est-à-dire  sur  une 
étendue  immense  de  territoire,  en  Piémont,  en  Lombardie, 
en  Vénitie,  en  Emilie  et  jusqu'en  Toscane. 

»  Toutes  ces  stations  ne  formaient,  pour  la  plupart,  que 
des  groupements  peu  importants  et  entièrement  isolés. 
L'emballement  avait  été  si  grand  que  partout  à  la  fois  on 
avait  voulu  essayer  de  se  préserver,  mais  sans  tenir  compte 
des  règles  essentielles  d'une  bonne  défense,  que  l'on  ne 
connaissait  du  reste  pas  encore  suffisamment,  deux  années 
seulement  d'expériences  n'ayant  pu  permettre  d'en  faire 
l'apprentissage. 

»  C'est  à  partir  de  1902  que  la  débftole  devint  générale, 
non  pas  le  plus  souvent  pour  cause  d'insuccès,  mais  pour 
des  raisons  multiples  dont  les  principales  sont  les  sui- 
vantes : 

»  1*  La  plupart  des  sociétés  étaient  isolées  et  trop  peu 
importantes,  et  ne  disposaient  que  d'un  nombre  d'appareils 
insuffisants  ; 

»  2*  Le  plus  souvent  les  postes  avaient  été  plaoés  à  de 
trop  grandes  distances  les  uns  des  autres,  quelquefois  à 
plus  de  1,200  mètres,  d'où  une  protection  insuffisante  dans 
les  intervalles; 

m  3*  L'extrême  faiblesse  des  pièces  et  leur  mauvaise 
qualité.  On  avait  été  si  pressé  de  se  procurer  de  l'artillerie 
que  les  appareils  avaient  été  construits  très  i  la  légère  et 
demandaient  i  être  remplacés  à  brève  échéance.  Au  début 
on  employait  comme  tubes  de  vieilles  cheminées  de  looo- 


156  J.    CAtttlSAf. 

motives  et  l'on  en  vint  même  souvent  i  se  contenter  de 
cônes  en  bois; 

»  4°  Parfois  l'insuffisance  des  charges  de  poudre.  On 
tirait  avec  moins  de  soixante  grammes  de  poudre  de  mine 
parce  que  beaucoup  de  canons  n'auraient  pu  résister  à  des 
charges  plus  importantes; 

»  5°  La  mauvaise  qualité  de  la  poudre,  et  quelquefois  la 
difficulté  de  s'en  procurer; 

»  6*  Les  nombreux  accidents,  occasionnés  le  plus  souvent 
par  les  défectuosités  du  matériel,  et  qui  inspiraient  à  tous 
une  frayeur  bien  facile  à  comprendre.  A  Padoue,  on  avait 
relaté  que  l'on  avait  amené  à  l'hôpital  de  cette  ville  jusqu'à 
soixante  personnes  blessées  par  les  tirs,  dans  l'espace  d'un 
mois.  Il  arriva  même  que  l'administration  fut  obligée  d'in- 
terdire le  tir  dans  une  société  à  cause  d'accidents  trop 
nombreux  ; 

»  7°  La  mauvaise  discipline,  résultant  le  plus  souvent  de 
ce  que  les  artilleurs  n'étaient  pas  intéressés  à  la  protection 
des  récoltes  ; 

»  8°  Les  dispositions  de  la  loi  du  9  juin  1901,  sur  l'orga- 
nisation des  sociétés,  qui  ont  soulevé  des  plaintes  nombreuses 
et  justifiées,  et  entravé  au  lieu  de  l'encourager,  la  création 
de  nouvelles  sociétés,  tout  en  rendant  plus  difficile  le  fonc- 
tionnement de  celles  existantes  ; 

»  9°  La  guerre  acharnée  faite,  au  début,  par  les  compa- 
gnies d'assurances  contre  la  grêle,  toutes  puissantes  en 
Italie,  pour  empêcher  le  développement  des  sociétés.  » 

Telles  sont  les  principales  raisons  qui  ont  apporté  le 
découragement  en  Italie  et  contribué  i  la  disparition  d'un 
très  grand  nombre  de  sociétés.  Toutefois  on  est  heureux 
de  pouvoir  constater  que  beaucoup  de  syndicats  se  sont 
maintenus,  après  s'être  réorganisés,  et,  qu'après  la  panique, 
la  confiance  renaît  dans  celles  de  ces  sociétés  qui  fonction- 
nent régulièrement,  avec  des  armes  suffisamment  puis- 
santes. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         157 

Partout  ailleurs,  en  Autriche,  en  Suisse,  en  Russie,  en 
Espagne,  les  expériences  sont  des  plus  encourageantes, 
et  il  est  indiscutable  que  tous  ceux  qui  pratiquent  le  tir 
dans  de  bonnes  conditions  ont  confiance  dans  son  efficacité. 

De  l'avis  des  hommes  les  plus  compétents  en  la  matière, 
on  aura  toujours  à  redouter  certains  orages  généraux 
violentiuimes ,  mais,  comme  Ta  fort  bien  dit  M.  le  professeur 
Roberto  :  «  Parce  que  parfois  des  ponts  sont  emportés 
par  les  torrents,  on  ne  cesse  pas  d'en  reconstruire,  ou 
parce  que,  sur  mer,  quelques  navires  se  perdent,  on  ne 
songe  pas  i  ne  plus  naviguer.  » 

En  France,  l'organisation  de  la  défense  fait  des  progrès 
rapides  et  sérieux,  et,  dans  une  conférence  faite  à  Lyon  le 
7  juin  dernier,  conférence  à  laquelle  assistait  M.  Couannon, 
inspecteur  général  de  la  viticulture,  les  meilleurs  résultats 
furent  affirmés.  M.  J.  Chatillon,  président  de  la  Commission 
d'études  et  de  défense  contre  la  grêle,  y  certifiait  qu'il  faut 
considérer  comme  un  fait  acquis  et  indéniable  que  tous 
ceux  qui  font  usage  du  tir  dans  les  conditions  voulues  se 
déclarent  satisfaits  des  résultats  obtenus. 

M.  Battanohon,  partisan  convaincu  de  l'efficacité  du  tir, 
résumant  les  discussions  exposées  par  divers  orateurs, 
estimait  qu'il  y  avait  lieu  de  se  tenir  sur  le  terrain  des  faits 
constatés,  laissant  aux  savants  le  soin  de  découvrir  les 
véritables  causes  des  phénomènes  de  la  grêle  et  du  tir. 

Tous  les  orateurs  entendus  dans  cette  conférence  furent 
d'un  avis  unanime  pour  demander  qu'un  contrôle  officiel 
de  l'État  reproduise  l'enquête  générale  faite  en  France  et 
i  l'étranger. 

L'organisation  de  la  défense  est  rendue  plus  facile,  dans 
beaucoup  de  contrées  françaises,  par  la  pratique  de  la  cul- 
ture 4  mi-fruits.  Les  cultivateurs  y  étant  tout  aussi  inté- 
ressés que  les  propriétaires,  le  recrutement  des  artilleurs 
y  est  toujours  plus  facile,  et  les  sociétés  s'y  fondent  plus 
nombreuses  et  plus  étroitement  unies. 


158  J.   CAMUSAT. 

Jusqu'alors  la  protection  s'est  confinée  plus  spécialement 
dans  la  viticulture;  là,  plus  qu'ailleurs  peut-être,  les 
dépenses  y  sont  plus  en  rapport  avec  l'importance  et  la 
valeur  des  produits  ;  mais  il  y  a  encore  à  cela  une  autre 
raison  :  la  récolte  ne  se  faisant  qu'à  l'automne,  les  fruits 
y  sont  plus  longtemps  exposés  aux  atteintes  de  la  grêle. 
Cependant  il  est  d'autres  récoltes  qui,  bien  qu'ayant  une 
végétation  plus  rapide,  ont  également  à  redouter  beaucoup 
des  orages  à  grêle,  et  qui,  lorsque  l'efficacité  du  tir  sera 
universellement  reconnue,  pourront  à  leur  tour  bénéficier 
d'une  organisation  défensive  qui,  appliquée  très  judicieu- 
sement, permettra  de  réaliser  le  maximum  de  protection 
avec  le  minimum  de  frais. 

Le  plus  grand  reproche  que  l'on  puisse  adresser  au  tir 
grêlifuge,  notamment  au  tir  avec  le  canon,  réside  dans  la 
liste,  trop  importante,  hélas!  des  accidents  survenus  en 
cours  de  service  des  postes. 

On  ne  saurait  contester  qu'un  grand  nombre  de  ces  acci- 
dents sont  imputables  à  une  certaine  négligence  dans  l'ob- 
servation des  règlements;  néanmoins,  il  devient  de  plus 
en  plus  nécessaire  de  multiplier  les  efforts  susceptibles 
d'améliorer  cet  état  de  choses  qui,  s'il  devait  persister, 
pourrait  jeter  la  déconsidération  sur  le  procédé,  et  nuire 
considérablement  au  recrutement  des  artilleurs  vitiooles. 

Les  essais  préalables  et  la  vérification  permanente  du 
matériel,  l'emploi  des  gargousses  Condeminal  en  papier 
sulfurisé,  ont  déjà  réalisé  un  progrès  considérable,  quant  à 
la  sécurité  des  servants,  mais  les  meilleurs  résultats  à 
obtenir  se  trouveront  incontestablement  dans  l'application 
du  tir  automatique  à  distance. 

Si  le  canon  à  poudre  se  prête  peu  à  cette  méthode,  il 
n'en  est  pas  de  même  du  canon  à  acétylène  qui,  d'après 
les  essais  que  l'on  en  fait  depuis  l'année  dernière  dans  le 
Beaujolais,  semble  au  contraire  être  appelé  à  réaliser  ce 
desideratum. 


US  TIR  CUMTBB  US  OaUfiKS  A  fiftÊLS.  159 


Le  canon  mis  en  essai  &  Lamas  et  a  Denieé,  qui  est 
un  perfectionnement  du  système  Maggiora,  a  été  imaginé 
par   MM.   Tabard  et   Charvet,    ingénieurs  civils  de  TE. 

C.  P.* 

Une  disposition  très  ingénieuse  permet,  i  l'aide  d'appa- 
reils automatiques  producteurs  de  gax  acétylène,  d'envoyer 
des  charges  successives  dans  le  cylindre  d'explosion,  l'allu- 
mage du  mélange  détonant  se  faisant  i  distance  au  moyen 
de  l'électricité. 

Il  est  presque  inutile  de  rappeler  tout  l'intérêt  que  peut 
présenter  ce  système  :  absence  de  danger,  par  conséquent, 
suppression  des  primes  d'assurances  contre  les  accidents; 
suppression  des  artilleurs,  une  seule  personne  pouvant 
commander  toute  une  série  de  postes,  etc. 

Par  suite  de  quelques  circonstances  indépendantes  de  la 
volonté  des  inventeurs  et  de  quelques  défectuosités,  iné- 
vitables dans  un  premier  appareil  de  ce  genre,  les  pre- 
miers essais  sont  loin  d'avoir  donné  tous  les  résultats  atten- 
dus. Cependant  MM.  Tabard  et  Charvet  ont  pris  toutes  les 
dispositions  nécessaires  pour  que  l'expérience  se  poursuive 
sans  discontinuité  cette  année,  et,  d'après  les  conclusions 
de  MM.  J.  Ghatillon  et  B.  Blanc,  il  y  a  tout  lieu  d'espérer 
que  ce  nouvel  engin  est  appelé  à  rendre  prochainement 
tous  les  services  que  l'on  peut  en  attendre. 

Pour  clore  ce  chapitre,  il  ne  sera  pas  inutile  de  dire 
quelques  mots  de  l'intérêt  tout  particulier  qui  s'attache  à  la 
prévision  des  orages. 

La  distribution  des  orages  se  fait  d'une  façon  assez  irré- 
gulière, selon  les  saisons  et  même  suivant  les  diverses 
périodes  de  la  journée. 

Tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  ce  sujet  en  ont  fourni 
des  explications  très  circonstanciées,  mais  je  mécontenterai 


S.  Pour  la  description  de  oet  appareil,  voir  la  nota  publiée  par  M.  Tabard!  dans 
te  Houille  bUscAf,  numéro  de  septembre  190&. 


160  J.    CAMUSAT. 

de  reproduire  ici  la  manière  très  simple  sous  laquelle  Ta 
condensée  M.  F.  Sisqué.  * 

«  Dans  Vannée  :  la  période  la  plus  orageuse  correspond 
aux  mois  de  juin,  juillet  et  août,  le  maximum  d'intensité 
ayant  lieu  en  juillet.  Jusqu'à  cette  époque,  la  marche  des 
orages  va  croissant,  puis  diminue  ensuite  jusqu'en  décembre 
et  janvier  qui  sont  les  mois  les  moins  orageux.  » 

«  Dans  la  journée  :  c'est  entre  trois  heures  et  six  heures 
du  soir  que  les  orages  éclatent  le  plus  fréquemment,  puis 
de  midi  à  trois  heures  du  soir,  et  ensuite  de  six  heures  i 
neuf  heures  du  soir  ;  pendant  la  nuit  on  constate  peu  d'orages 
de  neuf  heures  du  soir  à  minuit,  puis  de  minuit  à  six  heures 
du  matin,  et  ils  sont  encore  plus  rares  de  six  heures  à 
neuf  heures  du  matin.  » 

Les  météorologistes  ne  cachent  point  que  la  prévision 
des  orages  est  très  difficile  à  réaliser. 

Les  orages  généraux  à  grêle  partent  généralement  des 
Açores  et  du  golfe  de  Gascogne,  se  déplaçant  du  sud-ouest  au 
nord-est.  D'après  M.  André,  leurs  dimensions  latérales,  qui 
sont  généralement  peu  étendues,  peuvent  être  modifiées  con- 
sidérablement, et  même  divisées,  par  la  conformation  oro- 
graphique des  régions  traversées,  de  telle  sorte  que  les  dif- 
férentes bandes,  qui  constituent  alors  l'ensemble  de  l'orage, 
peuvent  présenter  des  caractères  très  différents.  Ces  carac- 
tères peuvent  encore  varier  très  sensiblement  selon  que  le 
phénomène  est  observé  au  centre  de  la  bande  ou  sur  ses 
limites,  en  plaine  ou  en  montagne,  selon  aussi  que  l'orage 
traverse  des  régions  froides  ou  chaudes,  sèches  ou  humides. 

Certains  météorologistes,  comme  M.  Porro,  professeur 
d'astronomie  à  Gênes,  croient  i  la  possibilité  de  prédire 
l'arrivée  des  orages,  surtout  des  orages  à  grêle,  par  l'obser- 
vation attentive  des  éléments  locaux  du  temps.  A  ce  point 
de  vue,  il  est  évident  que  certains  signes  précurseurs 

t.  Brochure  citée. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         161 

peuvent  faire  prévoir  une  modification  profonde  de  l'équi- 
libre des  couches  atmosphériques,  et  il  suffira,  à  cet  effet, 
de  rappeler  l'expérience  qu'en  ont  acquis  bon  nombre  de 
cultivateurs  très  observateurs  du  temps.  Malheureusement, 
ces  indices  se  rapportent  presque  toujours  à  la  formation 
des  orages  locaux,  et,  le  plus  souvent,  ne  précèdent  pas 
suffisamment  l'arrivée  de  l'orage  pour  qu'il  soit  possible  de 
prendre  toutes  les  dispositions  préventives  exigées  pour 
une  défense  efficace.  Jusqu'alors,  les  dépêches  des  obser- 
vatoires, pas  plus  que  les  différents  appareils  électriques 
que  Ton  a  utilisés  dans  ce  but,  n'ont  pu  être  d'aucun  secours 
pour  les  stations  de  tir;  on  n'a  pu  annoncer  d'une  façon 
précise  les  orages,  leur  direction,  le  lieu  où  ils  éclateront* 

Cependant,  au  concours  d'engins  paragrêles  de  Nuits- 
Saint-Georges,  un  appareil  du  système  Branly-Popp,  exposé 
par  la  Société  française  de  la  télégraphie  sans  fil,  semblait 
présenter  des  avantages  sérieux.  Cet  appareil,  basé  sur  le 
principe  de  la  télégraphie  sans  fil,  est,  parait-il,  suscep- 
tible de  laisser  percevoir  les  orages  à  une  distance  de  plu- 
sieurs centaines  de  kilomètres,  et,  quelle  que  soit  la  vitesse 
qui  les  amène,  on  peut  toujours  être  assuré  d'être  averti 
trois  ou  quatre  heures  i  l'avance,  temps  plus  que  suffisant 
pour  l'organisation  du  tir  grêlifuge. 

On  comprend  quels  services  pourrait  rendre  un  appareil 
de  ce  genre  dans  un  champ  de  tir,  mais  son  prix  est  beaucoup 
trop  élevé  pour  que,  dans  le  présent,  on  puisse  songer  à 
son  usage,  surtout  avec  les  faibles  ressources  dont  dispo- 
sent les  syndicats  de  défense. 

Il  est  à  désirer  que  quelques-uns  de  ces  appareils  puissent 
être  mis  en  usage  permanent  sur  quelques  points  centraux 
des  stations  de  tir,  afin  que  l'on  puisse  juger  des  nombreux 
services  qu'il  est  appelé  à  rendre  à  l'artillerie  agricole.  Le 
syndicat  de  Branne  (Gironde)  vient  d'en  installer  un  tout 
récemment;  espérons  qu'avant  peu  l'on  pourra  être  édifié 
sur  sa  valeur  présente  et  future. 

tome  xix.  1 1 


162  J.  CAMUS  AT. 


II 


Résultats  acquis.  —  Organisation  des  Champs  de  Tir. 

Si  Ton  veut  se  rendre  un  compte  exact  de  l'efficacité  du  tir 
contre  la  grêle,  il  est  nécessaire  de  consulter  les  statis- 
tiques des  associations  les  plus  sérieusement  organisées, 
et  l'on  peut  dire  à  ce  sujet  que  les  résultats  obtenus  dans 
les  stations  beaujolaises  semblent  le  critérium  de  la  ques- 
tion. 

L'ensemble  de  la  défense  beaujolaise  constitue  la  plus 
vaste  organisation  qui  ait  été  tentée  tant  en  France  qu'à 
l'étranger1.  Le  syndicat  de  V  Union  des  associations  grili- 
fuges  en  Beaujolais  couvre,  sur  une  étendue  de  plus  de 
12,000  hectares,  une  surface  à  peu  près  continue,  condi- 
tion reconnue  nécessaire  par  tous  les  congrès  pour  entre- 
prendre une  lutte  efficace  contre  les  orages. 

Aussitôt  après  les  expériences  de  Denioé,  en  1900,  le 
Syndicat  agricole  des  cantons  de  Villefranche  et  d'Anse 
résolut  d'élargir  la  défense,  et  de  démontrer  qu'avec  une 
bonne  organisation  et  une  excellente  discipline,  il  était 
possible  d'obtenir  des  résultats  importants.  A  son  appel 
plusieurs  sociétés  se  formèrent,  et  en  1901  on  en  comptait 
dix-huit  possédant  333  canons  et  protégeant  8,275  hectares. 

En  1902,  on  comptait  vingt  sociétés  avec  375  canons,  et 
en  1903,  vingt-deux  sociétés  avec  388  canons.  Enfin,  à  la 
fin  de  1904,  il  y  avait  en  Beaujolais  vingt-huit  sociétés 
disposant  de  462  canons,  dont  248  de  gros  calibres  à  cônes 
de  trois  mètres  et  demi  et  quatre  mètres,  88  de  moyen 
calibre  à  cônes  de  trois  mètres,  et  126  de  petit  calibre  i 
cônes  de  deux  mètres.  En  dehors  du  syndicat,  il  y  a  lieu 


1.  Pour  les  détails  de  cette  organisation,  voir  les  Comptée  rendue  annuels  de$ 
expériences  de  tir  du  Be*ujolài$t  Villefranche,  Imprimerie  du  Réveil  BetujoUU. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         163 

d'ajouter  i  ce  nombre  trois  sociétés  indépendantes,  dont 
deux  possédant  35  postes  de  canons  et  une,  celle  du  Perréon, 
possédant  15  postes  de  tir  avec  fusées. 

Au  début  de  l'organisation!  les  canons  de  gros  calibre 
étaient  placés  principalement  dans  les  champs  de  tir  en 
bordure  de  la  direction  générale  des  orages,  mais,  aujour- 
d'hui, les  sociétés  nouvelles  n'installent  plus  que  des  canons 
de  gros  calibre. 

Après  chaque  orage,  les  présidents  des  diverses  sociétés 
adressent  un  rapport  au  bureau  syndical.  Ces  rapports 
servent  i  établir  le  compte  rendu  mensuel,  qui  est  commu- 
niqué i  tous  les  associés  ;  c'est  dire  que  l'on  peut  attacher 
la  plus  grande  importance  k  ces  comptes  rendus,  où  la  plus 
légère  erreur  qui  aurait  pu  s'y  glisser  serait  immédiate- 
ment signalée. 

A  la  On  de  chaque  campagne,  c'est-à-dire  chaque  année, 
les  commissions  administratives  des  sociétés  se  réunissent 
en  assemblée  générale,  pour  discuter  les  conclusions  qu'il 
convient  de  prendre  sur  la  défense. 

8i  la  puissance  d'organisation  du  Beaujolais  présente 
toutes  les  garanties  désirables  dans  l'état  actuel  de  la 
question,  il  faut  en  reporter  le  plus  grand  honneur  à 
MM.  J.  Chatillon  et  B.  Blanc  qui,  sans  se  laisser  influencer 
par  des  opinions  plus  ou  moins  tendancieuses  et  plutôt 
pessimistes,  ont  lutté  avec  persévérance  pour  la  démons- 
tration de  l'efficacité  du  tir. 

Le  syndicat  beaujolais  comprenant  toute  l'importance 
que  pouvait  présenter,  après  plusieurs  années  de  fonction- 
nement des  stations  de  tir,  la  comparaison  des  pertes 
occasionnées  par  la  grêle,  avant  et  après  l'organisation  de 
la  défense,  a  cherché  à  établir  le  chiffre  de  ces  pertes  pour 
une  longue  période  et  pour  le  plus  grand  nombre  possible 
de  communes. 

Inévitablement,  il  a  été  matériellement  impossible  dans 
beaucoup   de  communes    d'obtenir  des   renseignements 


L 


164  1.    CAMUSAT. 

complets  sur  la  période  qui  a  précédé  leur  organisation. 
Toutefois,  en  consultant  les  statistiques  établies  par  les 
répartiteurs  et  les  contrôleurs  de  contributions  directes,  en 
vue  des  dégrèvements  d'impôts  et  des  allocations  de 
secours  aux  vignerons  et  propriétaires  peu  aisés,  le  syn- 
dicat est  parvenu  à  établir  un  chiffre,  sinon  exact,  tout  au 
moins  très  approximatif,  pour  seize  communes  dont  l'orga- 
nisation était  achevée  dès  la  fin  de  1900. 

Pour  ces  seize  communes,  pendant  une  période  de  dix 
années,  de  1891  à  1900  inclus,  le  chiffre  global  des  dégâts 
peut  être  évalué  à  treize  millions  de  francs. 

Et  maintenant,  après  quatre  années  de  défense,  pendant 
lesquelles  les  pertes  survenues  ont  été  notées  soigneuse- 
ment, on  ne  se  trouve  plus  en  présence  que  d'un  déficit 
de  826,000  francs,  portant  seulement  sur  les  années  1902  et 
1903,  les  années  1901  et  1904  ayant  été  indemnes,  bien  que 
les  orages  y  aient  fait  une  apparition  à  peu  près  normale. 

Avant  l'organisation,  la  moyenne  annuelle  des  dégâts 
pouvait  donc  être  estimée  à  1,300,000  francs  (le  maximum 
qui  avait  été  de  3,696,365  francs  ayant  eu  lieu  en  1897), 
tandis  que  depuis  1901,  en  éliminant  les  années  indemnes, 
la  moyenne  annuelle  n'a  été  que  400,000  francs,  avec  un 
maximum  de  460,000  francs  en  1903,  soit  environ  un  quart 
de  la  moyenne  habituelle. 

Pendant  ces  quatre  années,  fait  remarquable,  dix  com- 
munes, où  le  service  du  tir  fut  fait  régulièrement,  furent 
constamment  et  complètement  indemnes. 

En  Tannée  1903,  la  plus  contaminée  depuis  l'usage  du 
tir,  le  nombre  des  orages  généraux  ou  locaux  n'avait 
pourtant  été  que  d'une  quinzaine,  c'est-à-dire  bien  infé- 
rieur à  celui  des  années  précédentes,  et  deux  seulement, 
ceux  du  31  mai  et  du  13  juillet,  avaient  puissamment  con- 
tribué aux  ravages. ! 

1.  Voir  compte  rendu  des  expériences  du  Beaujolais,  année  1003. 


Lk  tir  contre  les  orages  a  grêle.  165 

Le  31  mai,  jour  de  Pentecôte,  les  artilleurs  étaient  absents 
dans  beaucoup  de  postes,  et  l'orage,  qui  était  excessive- 
ment violent,  avait  pu  y  commettre  impunément  ses 
ravages.  Partout  ailleurs,  où  le  service  des  canons  avait  été 
fait  à  peu  près  régulièrement,  les  atteintes  étaient,  sinon 
nulles,  tout  au  moins  insignifiantes;  on  a  même  constaté 
que  les  postes  qui  avaient  bien  tiré  avaient  beaucoup  atténué 
les  effets  destructeurs  autour  d'eux. 

Le  1 3  juillet,  jour  d'orage  violent  également,  plusieurs 
postes  en  bordure  ont  tiré  trop  tard  et  se  sont  laissé 
déborder;  ce  qui  a  contribué  à  augmenter  la  somme  des 
dégâts. 

En  l'année  1902  S  qui  n'avait  subi  que  pour  365,000  fr. 
de  dégâts,  les  sociétés  avaient  eu  i  se  défendre  contre 
vingt-trois  orages  généraux  ou  locaux,  dont  cinq  avaient 
été  extrêmement  dangereux.  Il  avait  été  constaté,  comme 
toujours,  que  les  parties  les  plus  ravagées  par  la  grêle 
avaient  été  celles  où  les  postes  n'avaient  pu  tirer,  ou  avaient 
tiré  trop  tard. 

Ces  chiffres  se  passent  de  commentaires,  et  justifient 
pleinement  la  confiance  du  syndicat  et  des  vignerons  beau- 
jolais dans  l'efficacité  du  tir. 

Je  ferai  remarquer  ici,  ainsi  que  n'ont  manqué  de  le 
faire  les  assemblées  générales  du  syndicat  beaujolais,  qu'il 
est  fort  regrettable  qu'au  lendemain  de  quelque  orage 
important,  certains  journaux  se  croient  obligés  d'insérer 
des  statistiques  erronées,  avant  de  s'être  renseignés  en 
lieu  sûr  pour  la  détermination  exacte  des  dégâts. 

On  n'ose  cependant  admettre  la  mauvaise  foi  des  corres- 
pondants, mais  on  est  en  droit  de  leur  demander  un  peu 
plus  de  réflexion  avant  l'envoi  de  leurs  communications  ; 
elles  ne  peuvent  servir  qu'à  tromper  les  lecteurs  de  leurs 
feuilles  et  i  semer  le  découragement    parmi  ceux  qui 

1.  Voir  compte  rendu  des  eipérleDoee  do  Beaojoleis,  année  1903. 


166  J.    GAMUSAT. 

seraient  tentés  d'imiter  l'exemple  des  communes  beaujo- 
laises . 

Dans  le  département  de  Saône-et-Loire,  ainsi  que  dans 
les  autres  départements  limitrophes,  l'organisation  ayant 
été  plus  tardive,  il  n'a  pas  encore  été  possible  d'établir 
des  comparaisons  entre  le  passé  et  l'état  de  choses  actuel  ; 
néanmoins,  nos  vignerons  commencent  à  y  attacher  une 
grande  importance,  ainsi  qu'en  témoigne  la  progression 
rapide  du  nombre  des  stations  en  ces  dernières  années. 

A  la  fin  de  1904,  Saône-et-Loire  comprenait  quatorze 
sociétés  bien  organisées,  possédant  223  postes  de  canons  et 
44  postes  de  fusées.  Parmi  ces  sociétés  plusieurs  sont"  déjà 
anoiennes  et  datent  de  1901. 

Depuis  le  commencement  de  cette  année,  beaucoup 
d'autres  sociétés  s'organisent,  et  si,  dans  notre  départe- 
ment, la  défense  ne  peut  être  encore  bien  efficace  par 
suite  de  l'isolement  relatif  des  sociétés  de  tir,  elle  a  cepen- 
dant fourni  d'excellents  résultats. 

L'impression  générale  est  partout  favorable  aux  tirs,  et 
il  est  à  espérer  que  bientôt,  grâce  aux  généreux  efforts  de 
notre  savant  professeur  d'agriculture,  M.  Battanchon,  et 
des  vaillants  organisateurs  de  la  première  heure,  nous 
pourrons  opposer  aux  orages  une  défense  aussi  énergique 
que  celle  du  Beaujolais. 

En  Côte-d'Or,  où  l'organisation  est  tout  à  fait  récente, 
six  sociétés  seulement  datant  de  1902,  on  comptait  à  la  fin 
de  1904  vingt-trois  sociétés. 

L'organisation  de  ce  département  est  plus  compacte  que 
celle  de  Saône-et-Loire;  on  y  distingue  trois  groupes 
séparés  par  des  intervalles  non  protégés  de  quelques 
kilomètres  :  le  groupe  de  l'arrière -côte,  comprenant  2,100 
hectares  protégés,  le  groupe  de  la  côte  dijonnaise, 
4,100  hectares,  et  le  groupe  de  la  côte  de  Beaune,  1,500 
hectares. 

Chacun  de  ces  trois  groupes  présente  une  grande  homo- 


I 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         167 

généité,  aussi   l'impression   générale   y   est-elle  partout 
excellente. 

Tenant  compte  de  quelques  postes  complémentaires  ins- 
tallés dans  les  montagnes  pour  augmenter  la  profondeur 
du  champ  de  tir  de  la  côte  proprement  dite,  l'ensemble  de 
la  défense  dans  la  Côte-d'Or  comprend  environ  1 40  postes 
à  fusées  et  180  canons  de  gros  calibre,  dont  21  canons  du 
type  Maggiora  à  acétylène;  ces  derniers  qui  ont  5m20  de 
hauteur,  y  compris  la  chambre  d'explosion,  emploient  18  à 
23  litres  de  gaz  par  coup. 

Les  sociétés  organisées  en  dernier  lieu  dans  ce  départe- 
ment ont  presque  toutes,  par  raison  d'économies,  utilisé  les 
postes  de  fusées.  Ces  engins  y  ont  été  appréciés  au  début, 
mais,  d'après  les  renseignements  que  j'ai  pu  me  procurer, 
ils  semblent  l'être  beaucoup  moins  aujourd'hui.  On  se  plaint 
notamment  des  nombreux  ratés  et  des  départs  insuffisants 
auxquels  les  fusées  sont  sujettes. 

Quand  on  procède  à  des  essais,  soit  dans  les  concours, 
soit  en  vue  de  la  création  de  stations,  les  fusées  qui  viennent 
directement  de  chez  l'artificier  se  comportent  générale- 
ment assez  bien  au  départ,  mais  il  n'en  est  pas  toujours  de 
même  en  pratique,  lorsque  les  postes  sont  définitivement 
installés. 

S'il  est  relativement  facile,  chez  les  artificiers,  de  con- 
server les  fusées  i  l'abri  des  détériorations  résultant  de 
l'humidité  ou  de  tout  autre  cause,  dans  des  magasins  appro- 
priés à  oet  usage,  la  chose  devient  beaucoup  plus  difficile 
dans  les  magasins  des  syndicats,  où  les  fusées  sont  trop 
souvent  exposées  à  toutes  les  variations  hygrométriques 
de  l'air. 

D'après  des  renseignements  qui  m'ont  été  fournis,  les 
fusées  de  fabrication  récente  n'auraient  pas,  parait-il, 
acquis  toute  la  force  qu'ells  ont  au  bout  de  deux  ou  trois 
mois,  ce  qui  réduit  très  sensiblement  leur  puissance  ascen- 
sionnelle; au  contraire)  les  fusées  qui  ont  toute  leur  puis- 


J.    GAMUSAT. 

.    i  la  fabrication  rateront  au  bout  de  deux  ou  trois 
s  .a  produisant  des  explosions  prématurées. 

!1  est  cependant  nécessaire  que  les  syndicats  de  défense 
>iient  pourvus  de  munitions  pour  un  certain  temps,  sous 
lK»iue  d'être  pris  au  dépourvu,  et,  pour  les  raisons  ci-dessus, 
la  fusée  semblerait  être  un  engin  sur  lequel  on  ne  peut 
compter  en  toute  assurance. 

Partout  on  a  constaté,  à  part  quelques  rares  exceptions, 
que  les  ratés  ne  sont  pas  inférieurs  à  dix  pour  cent,  et 
que,  le  plus  souvent,  il  faut  en  escompter  jusqu'à  trente  et 
quarante  pour  cent,  quelquefois  plus. 

Je  veux  bien  admettre  que,  dans  beaucoup  de  cas,  on 
n'a  pas  pris  toutes  les  précautions  désirables  pour  sous- 
traire les  fusées  à  l'humidité,  mais  tout  ce  que  l'on  pourra 
faire  dans  ce  sens  ne  pourra  que  contribuer  à  l'élévation 
des  frais  de  première  installation,  sans  peut-être  diminuer 
sensiblement  le  nombre  des  ratés. 

On  m'objectera  sans  doute  que  le  nombre  des  ratés  n'in- 
tervient pas  dans  les  frais  de  tir,  les  fabricants  s'engageant 
généralement  à  les  reprendre  sur  la  production  de  l'enve- 
loppe cartonnée  intacte. 

Comprenant  comme  ratées  toutes  les  fusées  qui  fusent 
simplement  sans  exploser,  ainsi  que  éelles  qui  explosent 
prématurément  à  une  très  faible  hauteur,  je  répondrai  que, 
en  dehors  même  du  fait  d'avoir  des  munitions  sur  lesquelles 
on  ne  peut  compter  d'une  manière  absolue,  il  n'y  a  guère 
que  les  ratés  proprement  dits,  c'est-à-dire  les  fusées 
n'explosant  pas,  qui  conserveront  leur  enveloppe  intacte  et 
pourront  être  présentées  au  remboursement.  Toutes  celles 
qui  auront  explosé  prématurément  et,  par  conséquent, 
n'auront  pas  produit  l'effet  utile  attendu,  seront  détruites 
et  ne  pourront  être  remboursées,  ce  qui  constituera  effec- 
tivement un  certain  déficit. 

A  propos  de  l'explosion  prématurée,  M.  F.  Sisqué  !  émet 

t.  Brochure  citée. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         169 

une  opinion  qui  parait  au  moins  bizarre,  et  que  je  n'ose 
oependant  considérer  comme  un  parti  pris  de  dénigrer  le 
canon  :  «  Ses  effets,  dit-il,  sont  moindres  sans  doute  que 
s'ils  se  produisent  à  hauteur  des  nuages,  mais  ils  vaudront 
toujours  ceux  du  canon  explosant  à  la  surface  du  sol.  » 

Les  deux  explosions  ne  sont  en  rien  comparables,  et  ce 
serait,  en  tout  cas,  bien  mal  raisonner  les  causes  de  l'effi- 
cacité du  tir  que  d'admettre  une  tell»  similitude  d'effet. 

Dans  les  postes  de  canons,  les  charges  de  poudre,  peu 
encombrantes,  peuvent  facilement  se  mettre  à  l'abri  dans 
des  seaux  ou  des  caisses  hermétiquement  fermés  ;  le  prix 
en  est  peu  élevé,  mais  constitue  néanmoins  un  surcroit  de 
dépense. 

Comme  exemple  de  l'importance  moyenne  des  ratés  de 
fusées,  je  puis  citer  la  campagne  1904  de  la  Société  grêli- 
fuge  du  Perréon  (Rhône),  dont  j'ai  pu  obtenir  le  compte 
rendu. 

La  surface  maximum  supposée  protégée  dans  cette  corn* 
mune  est  de  600  hectares,  mais,  en  réalité,  264  hectares 
seulement  appartiennent  aux  propriétaires  syndiqués  qui 
ont  établi  28  postes  de  fusées. 

Pour  se  défendre  de  sept  orages,  dont  trois  seulement  ont 
paru  menaçants,  il  a  été  tiré  495  fusées,  coûtant  plus  de 
trois  francs  pièce.  Sur  ce  nombre,  182  ont  été  signalées 
comme  ratées  on  insuffisantes,  oe  qui  constitue  un  déchet 
de  trentâ-$6pt  pour  cent. 

En  dehors  des  ratés,  le  tir  des  fusées,  plus  peut-être  que 
le  tir  du  canon,  peut  oocasionner  des  accidents  graves, 
soit  dans  la  manipulation,  soit  par  suite  de  déviations  au 
départ,  soit  même  dans  la  chute. 

Certaines  fusées,  surtout  les  types  anciens,  retombent 
entières,  ce  qui  peut  présenter  des  inconvénients  pour  les 
contrées  où  les  exploitations  sont  très  rapprochées.  Par  la 
vitesse  acquise,  l'ensemble  du  culot  et  de  la  baguette,  qui 
représente  un  poids  assez  important,  pourrait  blesser  les 


170  J.    CAMUSAT. 

personnes  qui  en  seraient  atteintes;  ce  cas,  toutefois,  doit 
être  très  rare,  car  il  n'y  a  que  peu  de  gens  dehors  pendant 
l'orage.  D'autre  part,  le  papier  du  culot,  retombant  toujours 
plus  ou  moins  en  feu,  peut  allumer  des  incendies  dans  les 
toits  de  chaume  ou  dans  les  nombreuses  matières  inflam- 
mables qui  encombrent  toujours  les  exploitations  agricoles 
ou  leurs  abords. 

Les  fusées  récentes  sont  évidemment  un  peu  moins  dan- 
gereuses; elles  comportent,  immédiatement  au-dessus  de 
la  charge  fusante,  une  charge  explosive  qui  brise  la  partie 
supérieure  du  carton  et  en  détache  la  baguette.  Les  deux 
parties  de  la  fusée  retombent  alors  séparées  de  manière 
moins  inquiétante  mais,  pour  être  atténué,  le  danger 
d'incendie  n'en  subsiste  pas  moins;  la  chute  lente  ne  donne 
pas  toujours  au  culot  le  temps  de  s'éteindre  et  la  prépara- 
tion spéciale  que  l'on  fait  subir  actuellement  au  papier  de 
l'enveloppe  ne  suffira  pas  toujours  pour  le  rendre  incom- 
bustible aux  températures  élevées  produites  dans  les 
explosions.  Si  l'enveloppe  n'est  pas  suffisamment  brisée, 
comme  cela  se  produit  souvent,  et  reste  à  l'état  de  tube 
plus  ou  moins  déchiqueté,  le  peu  de  feu  qui  se  prendra  à 
l'intérieur  ne  pourra  que  s'activer  par  les  courants  d'air  qui 
se  produiront  dans  le  tube  pendant  la  chute. 

L'emploi  simultané  des  canons  et  des  fusées  dans  un 
même  poste  fut  recommandé  et  essayé  i  maintes  reprises, 
mais  il  a  toujours  paru  difficile  et  excessivement  dangereux. 

Je  ne  m'étendrai  pas  davantage  sur  l'organisation  défen- 
sive d'autres  départements  français,  et  citerai  simplement, 
à  titre  de  renseignements  sur  nos  environs  directs  :  la 
Loire,  qui  comprend  déjà  220  postes  de  canons  et  40  postes 
de  fusées,  l'Allier  qui  comprend  47  canons  et  25  postes  de 
fusées.  Partout  l'impression  semble  analogue  i  celle  que 
je  viens  de  signaler  pour  notre  région. 

En  France,  ainsi  qu'à  l'étranger,  l'organisation  semble 
donc  suivre  une  progression  bien  marquée,  et,  grâce  aux 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         171 

engins  de  plus  en  plus  perfectionnés  employés  pour  la 
défense,  on  peut  prévoir  une  époque  prochaine  où  la  ques- 
tion du  tir  grâlifuge  sera  définitivement  tranchée. 

Pour  compléter  ce  chapitre,  il  me  reste  à  produire,  à  titre 
purement  documentaire,  quelques  renseignements  géné- 
raux sur  l'organisation  et  le  fonctionnement  des  champs  de 
tir. 

Si  l'on  veut  se  faire  une  idée  exacte  de  cette  organisation, 
il  suffit  de  consulter  le  magistral  rapport  de  MM.  J.  Cha- 
tillon  et  B.  Blanc  au  Congrès  de  Lyon,  rapport  ayant  trait 
principalement  i  l'organisation  beaujolaise  qui,  dès  son 
origine,  a  été  mise  au  point  d'une  manière  presque  parfaite. 

Je  ne  ferai  que  résumer  ici  les  passages  les  plus  saillants 
de  ce  rapport  auquel  je  renverrai  le  leoteur  pour  plus  de 
deuils.  * 

L'important  pour  une  bonne  défense  contre  la  grêle  est 
que  l'organisation  soit  faite  avec  le  plus  grand  soin,  les 
circonstances  les  plus  favorables  dépendant  beaucoup  du 
mode  de  oulture,  de  la  densité  ou  de  l'éparpillement  de  la 
population  sur  le  territoire  à  protéger. 

C'est  ainsi  que  dans  le  pays  où  l'on  cultive  i  mi-fruits, 
où  la  population  est  très  divisée,  où  les  habitations  sont 
disséminées  à  travers  champs,  il  y  a  plus  de  chanoes  de 
réussite,  parce  que  le  recrutement  des  artilleurs  ou  des 
artificiers  y  est  plus  facile,  en  même  temps  que  la  disci- 
pline y  est  meilleure. 

D'une  manière  générale,  l'organisation  nécessitant  un 
grand  esprit  de  solidarité,  il  y  a  lieu  de  réunir,  autant  que 
possible,  tous  les  habitants  d'une  même  oommune  dans 
l'association,  car  il  faut  s'unir  pour  se  protéger  mutuelle- 
ment et  pour  payer  toutes  les  dépenses.  Il  est  plus  difficile, 
d'après  M.  J.  Chatillon,  de  comprendre  plusieurs  communes 
dans  une  même  association  :  les  gens  ne  se  connaissent 

1.  Comptas  Nttchu  dos  expériaoo—  do  B«aa}oUat  190t. 


l'ÎS  J.   CAliUSAt. 

pas  assez  bien,  et  des  contestations  pourraient  s'élever  sur 
la  proportionnalité  des  dépenses. 

Toutefois,  au  point  de  vue  de  l'ensemble  de  la  défense, 
il  est  nécessaire,  et  même  indispensable,  d'établir  certains 
liens  syndicaux  entre  les  diverses  sociétés  voisines,  afin 
d'assurer  la  discipline  du  tir  et  de  faciliter  la  répartition 
des  postes  sur  les  terrains  limitrophes. 

La  principale  chose,  avant  toute  organisation,  est  de 
bien  connaître  la  direction  générale  des  orages  sur  la  con- 
trée à  défendre. 

Les  orages  locaux  pourront  être  très  efficacement  com- 
battus avec  un  groupe  de  postes  relativement  peu  impor- 
tant, mais  contre  les  orages  généraux,  qui  sont  toujours 
beaucoup  plus  violents,  il  est  nécessaire  d'opposer  une 
vaste  organisation. 

C'est  à  cette  condition  essentielle  que  les  syndicats  beau- 
jolais doivent  leur  triomphe. 

Les  postes  en  bordure  du  côté  des  orages  risquant  d'être 
un  peu  entamés,  il  y  a  lieu,  toutes  les  fois  que  la  chose  est 
possible,  de  porter  la  défense  un  peu  en  avant  par  une  ou 
deux  lignes  de  postes  supplémentaires.  D'autre  part,  ainsi 
que  je  viens  de  le  dire,  il  est  nécessaire,  dans  l'intérêt 
général,  d'établir  des  relations  de  bonne  entente  entre  les 
diverses  sociétés  pour  unifier  les  règlements  du  tir.  Les 
sociétés  en  bordure  auront  à  entretenir  un  feu  plus  nourri, 
dispensant  ainsi  les  autres  de  tirer  autant  qu'elles,  sans 
que  pour  cela  les  sociétés  de  seconde  ligne  restent  inac- 
tives, et  si,  de  ce  fait,  il  incombe  un  surcroit  de  dépenses 
aux  premières,  il  est  juste  que  toutes  y  participent  dans 
une  certaine  mesure. 

Maintes  fois,  pour  simplifier  l'organisation  des  champs 
de  tir  et  atténuer  les  frais  d'installation,  on  a  essayé  de  ne 
pratiquer  la  défense  que  du  côté  des  orages,  ou  sur  les 
cimes  où  se  forment  les  nuages;  on  espérait  pouvoir  pro- 
téger suffisamment  les  récoltes  situées  plus  loin  et  en  des- 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.  173 

bous,  mais  ce  système  a  été  condamné  par  l'expérience. 
Les  postes  de  tir  doivent  être  uniformément  répartis  sur 
toute  la  zone  à  préserver,  sans  tenir  compte  de  l'altitude 
ou  de  la  configuration  du  sol  et  l'ensemble  de  la  défense 
sera  renforcé  par  une  ou  deux  lignes  d'avant-postes  en 
bordure. 

En  l'état  actuel  de  la  défense,  ainsi  qu'il  résulte  de  l'ex- 
périence beaujolaise,  on  n'a  pu  encore  établir  aucune  règle 
précise  pour  la  disposition  des  postes.  Il  semble  cependant 
qu'un  canon  ne  doit  pas  protéger  plus  de  25  à  30  hectares, 
et,  dans  ces  conditions,  les  postes  doivent  être  disposés  à 
500  ou  600  mètres  au  plus  d'intervalle,  pour  ne  s'exposer  à 
aucun  mécompte. 

Dans  l'installation  des  postes  de  fusées  on  devrait  obser- 
ver à  peu  près  les  mêmes  règles,  mais  on  a  plutôt  une 
tendance  à  augmenter  les  intervalles.  Sur  la  foi  de  cer- 
taines maisons  de  vente  qui,  dans  un  but  de  pure  réclame 
pour  leurs  produits,  n'hésitent  pas  i  avancer  que  la 
surface  de  protection  des  fusées  est  double  de  celle  du 
canon,  les  postes  ont  souvent  été  espacés  jusqu'à  700  ou 
800  mètres  et  plus. 

L'économie  qui  en  résulte  est  bien  minime  eu  égard  au 
peu  d'importance  des  frais  d'installation  des  postes  ;  le  seul 
avantage  sérieux  que  l'on  peut  en  retirer  étant  la  diminu- 
tion du  nombre  des  artificiers,  c'est  i  tort,  je  crois,  que 
Ion  se  plaoe  trop  à  la  limite  de  la  protection,  et  plusieurs 
insuccès  constatés  en  sont  peut-être  le  résultat. 

On  ne  saurait  également  établir  des  comparaisons  pré- 
cises entre  les  divers  calibres  de  canons  usités  sous  le  rap- 
port de  la  zone  protégée.  S'il  était  démontré  que  les  gros 
calibres  ont  une  action  plus  étendue,  il  pourrait  résulter 
de  leur  emploi  une  diminution  notable  des  frais  d'installa- 
tion, mais  il  est  impossible,  avec  l'expérience  actuelle,  de 
se  prononcer  sur  ce  point.  Toutes  les  sociétés  nouvellement 
fondées  en  Beaujolais  se  sont,  avec  raison  je  crois,  outillées 


174  J.    CÀMUSAT. 

avec  des  canons  de  gros  calibre,  sans  avoir  cru  devoir  aug- 
menter l'espace  compris  entre  les  postes. 

Je  ne  ferai  pas  ici  la  critique  des  divers  modèles  de 
canons  ou  de  fusées  employés  actuellement,  cette  étude 
n'étant  pas  faite  dans  un  but  de  réclame  industrielle.  Je 
me  contenterai  de  dire  qu'en  matière  de  canons,  ce  sont 
ceux  à  cartouche  qui,  dès  les  débuts,  ont  conquis  toute  la 
faveur  des  artilleurs  agricoles  ;  tous  ceux  livrés  par  l'indus- 
trie française  sont  assez  perfectionnés  et  ne  laissent  rien 
à  désirer  sous  le  rapport  de  la  solidité  ;  ils  sont,  du  reste, 
soumis,  avant  usage,  à  certaines  conditions  d'épreuve  pres- 
crites par  l'administration. 

Les  fusées  de  fabrication  française  sont  également  loin 
d'être  de  qualité  inférieure,  et  c'est  bien  à  tort  que  nos 
syndicats,  pour  des  raisons  d'économie,  souvent  bien  mal 
raisonnée,  vont  s'approvisionner  à  des  maisons  étrangères. 

Quant  aux  cabanes-abris  des  postes  de  canons,  elles 
doivent  être  assez  spacieuses  pour  y  faire  toutes  les 
manoeuvres  sans  la  moindre  gêne  ;  elles  doivent  être  assez 
bien  construites  pour  que  les  munitions  et  tous  les  acces- 
soires du  tir  y  soient  à  l'abri  de  l'humidité.  Le  canon  est 
monté  extérieurement,  du  côté  opposé  à  la  direction  des 
orages,  et  abrité  par  un  avant-toit  à  travers  lequel  passe 
le  cône.  Après  le  tir  le  corps  du  canon  est  démonté,  nettoyé 
à  fond  et  rentré  dans  la  cabane  ;  le  cône  seul  reste  en  place 
à  l'extérieur,  aussi  doit-il  être  repeint  de  temps  en  temps 
pour  éviter  son  oxydation. 

Dans  les  postes  à  fusées  on  a  le  plus  souvent  négligé  de 
créer  des  cabanes  spéciales,  en  utilisant  les  nombreuses 
baraques  qui  existent  dans  les  vignes,  ou  en  laissant  i 
chaque  chef  de  poste  le  soin  d'en  construire  à  sa  fantaisie. 
Néanmoins,  la  cabane  est  indispensable;  il  est  nécessaire 
que  l'artiBcier  puisse  mettre  ses  fusées  à  l'abri,  et  lui-même 
ne  saurait  rester  longtemps  exposé  aux  intempéries,  fût-il 
muni  de  vêtements  imperméables. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  ORÊLE.         175 

La  poudre  de  guerre,  c'est-à-dire  la  poudre  i  combus- 
tion rapide,  est  celle  qui  convient  le  mieux  pour  le  charge- 
ment des  canons  grêlifuges;  elle  n'encrasse  pas  les  canons 
comme  la  poudre  de  mine  primitivement  employée,  et, 
par  la  rapidité  de  son  allumage,  elle  brûle  entièrement 
dans  l'âme,  produisant  ainsi  le  maximum  de  force  explo- 
sive, ainsi  que  l'on  peut  en  juger  par  la  durée  du  sifflement 
au  départ. 

On  a  calculé  que,  par  suite  du  déchet  provenant  d'une 
combustion  incomplète,  100  grammes  de  poudre  de  mine 
équivalent  à  peine  à  60  grammes  de  poudre  de  guerre. 

A  partir  de  1901 ,  pour  donner  satisfaction  aux  vœux  nom- 
breux des  congrès  et  assemblées  générales  des  sociétés 
grêlifuges,  l'État  mit  i  la  disposition  de  l'artillerie  agri- 
cole une  poudre  déclassée  désignée  sous  le  nom  de  poudre 
de  démolition. 

L'usage  auquel  était  destinée  cette  poudre  ayant  disparu 
avec  les  nouvelles  méthodes  de  guerre,  les  arsenaux  s'en 
débarrassaient  en  la  lessivant  pour  en  retirer  le  salpêtre* 
La  défense  grélifuge  étant  susceptible  de  faire  réduire  les 
dégrèvements  d'impôts  et  les  secours  accordés  à  chaque 
orage  ayant  occasionné  des  dégâts  importants,  l'État  avait 
dono  tout  intérêt  i  sa  réussite,  aussi  consentit-il  à  laisser 
la  poudre  de  démolition  au  prix  de  revient  du  salpêtre 
retiré,  soit  i  0  fr.  30  le  kilog. 

Malheureusement,  le  stock  de  cette  poudre  fut  vite 
épuisé,  et  l'on  dut  la  remplacer,  dans  le  cours  de  la  cam- 
pagne 1903,  par  une  nouvelle  poudre,  fabriquée  spéciale- 
ment pour  oet  usage  et  dénommée  poudre  G.  La  qualité 
de  cette  poudre  est  à  peu  près  équivalente  à  celle  de  la 
poudre  de  démolition,  mais  elle  présente  le  grave  incon- 
vénient de  coûter  trois  fois  plus  cher  (0  fr.  90  le  kilog),  ce 
qui  occasionna  une  certaine  perturbation  dans  les  budgets 
des  sociétés  déjà  bien  péniblement  équilibrés. 

Au  début  des  tirs  en  Beaujolais,  les  charges  employées 


176  J.    CAMUSAT. 

avec  la  poudre  de  démolition  étaient  respectivement  de 
120  grammes  pour  les  canons  de  gros  calibre  à  cônes  de 
4  mètres,  90  grammes  pour  les  calibres  moyens  à  cônes 
de  3  mètres,  et  60  grammes  pour  les  petits  calibres  à 
cônes  de  2  mètres.  Actuellement  on  a  tendance  à  aug- 
menter cette  charge,  et,  dans  les  canons  de  gros  calibre 
récents,  uniquement  usités,  ou  à  peu  près,  dans  les  instal- 
lations nouvelles,  les  charges  s'élèvent  à  180  grammes  et 
même  200  grammes. 

Si  pour  assurer  le  bon  fonctionnement  des  sociétés  de 
défense,  il  convient  de  ne  rien  négliger  dans  les  détails 
d'organisation,  il  est  également  de  la  plus  haute  impor- 
tance, pour  garantir  l'efficacité  du  tir,  d'assurer  une  disci- 
pline qui  ne  laisse  rien  à  désirer. 

Il  faut  confier  le  service  des  postes  à  des  hommes 
dévoués  et  intelligents,  suceptibles  d'être  toujours  prêts 
au  moment  du  danger.  Les  artilleurs  doivent  donc  être 
recrutés  de  préférence  parmi  les  hommes  jeunes  et  zélés 
de  la  commune,  et  choisis,  autant  que  possible,  dans  les 
familles  les  plus  voisines  des  stations,  afin  que  la  mobilisa- 
tion soit  rapidement  faite  en  cas  d'alerte. 

L'instruction  des  artilleurs  mérite  une  attention  toute 
particulière,  et  chacun  d'eux  devra  avoir  conscience  de  la 
gravité  et  de  la  responsabilité  de  sa  mission. 

Chaque  poste  devra,  pour  parer  à  toute  absence  motivée, 
être  muni,  dans  la  mesure  du  possible,  de  deux  artilleurs, 
et  des  suppléants  devront  même  être  désignés  d'avance, 
pour  éviter  l'immobilisation  totale  ou  partielle  de  quelques 
postes  au  moment  du  danger. 

Une  haute  surveillance  devra  en  outre  s'exercer  à  tous 
les  moments  par  les  chefs  de  section,  afin  d'assurer  l'en- 
tretien parfait  du  matériel  et  le  renouvellement  des  appro- 
visionnements de  munitions. 

Aux  approches  d'un  orage,  les  signaux  ont  une  réelle  impor- 
tance, soit  pour  prévenir  du  danger,  soit  pour  exécuter  le  tir. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         177 

On  se  sert  généralement  de  drapeaux,  que  Ton  hisse  en 
des  points  culminants,  des  sonneries  de  cloches,  quelque- 
fois du  clairon,  les  drapeaux  n'ayant  d'utilité  que  pendant 
le  jour.  Dans  beaucoup  de  sociétés,  le  signal  est  également 
donné  par  un  coup  de  canon  tiré  au  poste  central. 

Les  signaux  ont  surtout  leur  utilité  pour  les  sociétés  en 
bordure  du  côté  des  orages,  les  autres  étant  toujours  pré- 
venues par  les  premiers  coups  de  canons  tirés  en  avant. 

Quant  au  moment  précis  où  l'on  doit  commencer  le  tir 
pour  attaquer  un  orage,  les  observateurs  sont  loin  d'être 
d'accord  à  ce  sujet  :  les  uns  conseillent  une  action  préven- 
tive, les  autres  une  action  plutôt  défensive. 

D'après  M.  Houdaille,  professeur  i  l'École  d'agriculture 
de  Montpellier,  dont  la  compétence  en  la  matière  est  indis* 
cutable,  on  doit  exécuter  un  tir  préventif. 

«  Le  tir  préventif,  dit-il,  exécuté  pendant  la  formation  de 
l'orage  à  grêle  et  un  peu  avant  son  développement,  paraît 
le  plus  rationnel.  Car  le  tir  n'a  pas  pour  but  d'empêcher  la 
chute  de  la  grêle  déjà  formée,  mais  bien  la  transformation 
des  éléments  qui  doivent  la  former.  Dans  plusieurs  orages 
à  grêle,  la  chute  de  celle-ci  est  précédée  par  une  période 
de  grand  calme  aveo  température  élevée,  accompagnée 
d'une  sensation  de  lourdeur  ou  d'oppression  assez  particu- 
lière. C'est  pendant  cette  période  qu'il  convient  de  com- 
mencer le  tir,  dès  l'apparition  des  premiers  nuages  mena- 
çants. 

»  La  forme  des  nuages  qui  précèdent  l'orage  peut  sou- 
vent aussi  servir  d'utile  avertissement. 

»  Ou  bien,  lorsqu'on  entend  le  grondement  des  premiers 
coups  de  tonnerre,  en  même  temps  que  les  nuages  sont 
chassés  des  sommets  montagneux  voisins,  c'est  souvent 
encore  le  signal  du  commencement  de  la  lutte. 

•  Enfin,  le  bruissement  spécial  dû  à  la  formation  ou  i  la 
chute  des  grêlons  à  une  certaine  distance  des  champs  de 
tir,  constitue  de  même  un  avertissement  qui  sera  mis  à 
tome  xix.  12 


178  J.   GAMUSAT. 

profit}  bien  qu'il  précède  quelquefois  de  trop  peu  de  temps 
la  chute  de  la  grêle  sur  la  zone  protégée. 

»  Les  observateurs  auxquels  incombe  la  délicate  mission 
de  donner  le  signal  du  tir  devront  agir  avec  une  grande 
circonspection,  mais  ne  point  manquer  d'une  certaine  har- 
diesse. Car  si  on  tire  souvent  trop  tôt,  plus  souvent  encore 
on  tire  trop  tard,  surtout  quand  l'orage  i  grêle  se  développe 
la  nuit.  Et  comme  d'autre  part,  en  cette  matière  mieux 
vaut  prévenir  que  guérir,  il  y  a  plutôt  intérêt  à  commencer 
les  tirs  de  bonne  heure,  alors  même  que  le  développement 
de  l'orage  n'est  pas  certain.  » 

D'après  l'expérience  acquise,  le  tir  du  canon  doit  être 
lent  au  début,  un  coup  toutes  les  deux  ou  trois  minutes  ; 
ce  n'est  que  lorsque  l'orage  éclate  que  l'on  doit  accélérer, 
sans  qu'il  soit  nécessaire,  je  crois,  de  tirer  plus  d'un  coup 
à  la  minute. 

Dans  les  postes  à  fusées,  on  tire  généralement  plus  len- 
tement; j'ai  dit  précédemment  ce  que  je  pensais  à  ce  sujet. 

Si  la  grêle  vient  à  tomber,  il  faut  à  tout  prix  ne  pas  se 
décourager  et  continuer  le  tir,  et  lorsque,  le  danger  écarté, 
le  tir  a  cessé,  les  artilleurs  ou  artificiers  doivent  rester 
encore  quelque  temps  sur  le  qui-vive,  de  peur  que  l'orage 
ne  se  reforme,  comme  cela  se  produit  assez  souvent. 

En  un  mot,  c'est  surtout  par  l'expérience  que  l'on  arrive 
à  juger  des  conditions  dans  lesquelles  le  tir  doit  être 
effeotué. 

L'essentiel  est  surtout  de  ne  pas  se  laisser  surprendre. 

En  ce  qui  concerne  la  sécurité  des  artilleurs,  les  corn* 
missions  administratives,  assumant  une  grosse  reponsabi- 
lité,  doivent  se  préoccuper  constamment  de  faire  observer 
les  règlements,  et  des  instructions  particulières  devront 
être  données  aux  intéressés  en  vue  d'éviter  toute  impru- 
dence ou  toute  négligence  dont  ils  seraient  les  premières 
victimes. 

Je  ne  saurais  mieux  terminer  ce  chapitre  qu'en  donnant 


LB  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         179 

une  évaluation  approximative  et  comparative  des  dépenses 

d'installations  et  de  tir  pour  les  postes  à  canons  et  à  fusées. 

Les  chiffres  relatifs  aux  postes  à  canons  ont  été  produits 

par  MM.  J.  Chatillon  et  B.  Blanc,  dans  leur  rapport  à  la 

é  régionale  de  viticulture  de  Lyon,  en  février  1905. 


POSTE  AVEC  CANON 

(Le  type  de  canon  pris  pour  base  est  Y  Idéal  grand 
modèle,  à  cône  de  4  mètres  renforcé,  le  plus  répandu  en 
Beaujolais.)  * 

Dépenses  d'installation  : 

Un  canon 280  fr. 

Poinçon  officiel  au  banc  d'épreuve 10  fr. 

Vingt  douilles  en  aoier 70  fr. 

Accessoires  de  tir  :  seau  à  poudre,  caisse  à  muni- 
tions,   bourroir    et  désamorçoir,    écouvillon, 

baguette  à  graisser,  lanterne 20  fr. 

Une  cabane  abri 75  fr. 

Transport  et  pose,  imprévus 15  fr. 

Part  proportionnelle  pour  les  frais  de  construction 

d'une  poudrière 30  fr. 

Total 500  fr.* 

Dépenses  annuelles  de  tir  : 

Poudre  i  1  fr.  le  kilogr.,  compris  les  frais  de  trans- 
port et  de  livraison  ;  500  coups  a  150  gr 75  fr. 

Oargousses  Condeminal 6  fr. 

Amorces 5  fr. 

Assurance  et  imprévus 24  fr. 

Total 110  fr. 


1.  Construit  par  MM.  Qoelln  et  Perras,  de  BeUevMle-eor-Saône. 

t.  Ce  devis  fourni  par  M.  Chatillon  se  rapporte  à  une  époque  déjà  ancienne  ;  on 
peut  anjoard'niii  installer  on  poste  de  canon  pour  an  prix  ne  dépassant  pas 
900  francs. 


180  J.    CAMUSAT. 

A  ce  chiffre  de  dépenses  de  tir,  il  conviendrait  d'ajouter 
quelques  frais  d'entretien,  et  peut-être  de  tenir  compte  d'une 
certaine  somme  d'amortissement  pour  remplacement  du 
matériel  après  usure.  On  n'a  pas  encore  suffisamment  d'ex- 
périence pour  déterminer  la  durée  possible  d'un  canon  ; 
mais,  ne  recevant  pas  de  projectile  et  n'étant  soumis  qu'à 
l'action  de  la  poudre,  s'il  est  bien  construit,  en  matériaux 
de  première  qualité,  cette  durée  sera  très  longue,  surtout  si 
on  l'entretient  dans  un  parfait  état  de  propreté  pour  éviter 
l'oxydation. 

En  escomptant  une  somme  annuelle  de  20  fr.  pour  ces 
frais  hors  compte,  on  sera,  je  crois,  dans  d'excellentes 
conditions. 

La  dépense  annuelle  du  tir  ressortirait  donc  à  130  fr. 

Pour  un  canon  de  gros  calibre  recevant  180  grammes  de 
poudre,  le  coup,  en  tant  que  dépense  de  poudre,  revient  i 
18  centimes.  Avec  le  canon  à  acétylène,  ce  prix  est  consi- 
dérablement diminué. 

Un  kilogramme  de  carbure  de  calcium,  coûtant  0  fr.  40, 
peut,  étant  bien  utilisé,  donner  300  litres  de  gaz,  corres- 
pondant à  15  coups,  ce  qui  fait  ressortir  la  dépense  par 
coup  à  0  fr.  026,  soit  à  environ  1/7  du  prix  du  canon  à 
poudre. 

POSTE  A  FUSÉES 

Dépenses  d'installation  : 

Une  cabane-abri 40  fr.  »» 

Un  pieu-porte-fusée 2  fr.  50 


Total 42  fr.  50 

(Si  Ton  ne  construit  pas  de  cabane,  les  frais  ne  s'élève- 
ront qu'à  2  fr.  50,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  à  peu  près 
nuls.) 


LE  TÎR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.        181 

Dépenses  annuelles  de  tir  : 

D'après  tout  ce  qui  a  été  dit  sur  les  fusées,  et  sans  pré- 
juger sur  les  résultats  obtenus,  on  peut  évaluer  la  con- 
sommation à  3  fusées  par  poste  et  par  orage. 

Les  frais  de  tir  pour  le  canon  ayant  été  établis  pour  les 
stations  beaujolaises  où  le  nombre  d'orages  annuel  est 
d'une  vingtaine,  il  est  nécessaire,  pour  la  comparaison,  de 
ramener  le  tir  des  fusées  à  ce  même  nombre  d'orages. 

60  fusées  à  3  fr.  l'une 180  fr.  »» 

Assurance 20  fr.  »» ! 


Total 200  fr.  »» 

(Il  y  aurait  lieu  d'ajouter  i  ce  chiffre  le  déchet  résultant 
des  fusées  qui,  ayant  explosé  prématurément,  ne  peuvent 
être  reprises  par  le  fabricant.) 

L'assurance  ne  devrait  pas  être  comptée  si  l'on  achète 
les  fusées  avec  garantie  contre  les  accidents,  mais,  le  prix 
des  fusées  étant  un  peu  plus  élevé  dans  ces  conditions,  le 
résultat  reste  le  même. 

Estimant  à  35  hectares  la  surface  protégée  par  un  poste, 
la  dépense  annuelle  par  hectare  serait  : 

Pour  le  canon  :  130  :  35  =  3  fr.  71 . 
Pour  les  fusées  ;  200  :  35  =  5  fr.  71 . 

En  couvrant  une  surface  de  50  hectares  avec  un  poste 
à  fusées,  comme  cela  se  pratique  souvent,  la  dépense 
annuelle  pour  cet  engin  serait  encore  de  4  fr.  par  hectare. 

Il  est  presque  inutile  d'ajouter  que  les  chiffres  ci-dessus 
n'ont  rien  d'absolu  et  qu'ils  peuvent  varier  très  sensible- 
ment, selon  le  nombre  et  l'intensité  des  orages,  selon  l'or- 
ganisation et  la  discipline  des  champs  de  tir,  etc.;  en 

I.  Cette  prime  d'assurance  de  20  francs  pouvait  s'admettre  au  débat  des  tirs. 
alors  que  les  accidents  étaient  plus  nombreux  par  suite  du  manqua  d'expérience. 
▲ujourd*bui  ou  trouva  des  compagnies  qui  ont  abaissé  cette  prima  jusqu'à  7  francs. 


182 


J.  GAMUSAT. 


général,  ils  seront  d'autant  plus  faibles  que  la  défense 
s'appliquera  à  une  plus  grande  étendue  de  territoire. 

M.  Tachon-Brunet  a  bien  voulu  m  adresser  les  résultats 
obtenus  en  1904,  dans  la  commune  de  Saint-Haon-le- 
Vieux  (Loire),  commune  qui  comprend  deux  syndicats  : 
l'un  se  servant  exclusivement  des  canons,  l'autre  n'utili- 
sant que  les  fusées. 

Les  deux  syndicats  ayant  eu  à  lutter  contre  les  mêmes 
orages,  il  semble  facile,  a  priori,  d'établir  une  comparaison 
exacte  des  dépenses  du  tir  occasionnées  par  les  deux  pro- 
cédés. Ces  résultats  sont  tout  &  l'avantage  des  fusées,  mais, 
comme  ils  ne  me  semblent  pas  à  l'abri  de  la  critique,  j'ai 
jugé  nécessaire  de  les  reproduire  ici. 

Dépenses  d'installation  : 


SYNDICAT  018  CANONS  (17  POSTES) 


Mise  de  fonds 
par  poste 


Oanon  et  douilles  288  f. 
Oabane  et  caisse     76  f. 


Total 364  f. 


SYNDICAT  DIS  FUSRES  (8  POSTSS) 

Mise  de  fonds  ) _    , 

M  pieu  2  f.  25 
par  poste     ) 


Dépenses  de  tir  (comptes  de  190k)  : 


SYNDICAT  DBS  CANONS 

810  kilos  de  poudre 891  fr. 

Amortissement  du  capital  (intérêt 

13  •/•) 806  » 

Assurances  accidents 340  » 

7.080  amorces 99  » 

7.080  gargousses 43  » 

Transports  divers 50  » 

Fabrication  des  cartouches  et  distri- 
bution     83  » 

Réparations  diverses 45  » 

Frais  généraux 34  » 

Total 2.391  fr. 

Dépense  par  poste  2.391  = 140  fr. 

17 
Prix  du  coup  de  canon  : 

2.391  :7.080  =  0fr.  33 


SYNDICAT  DBS  FUSSES 

Achat  de  fusées  390  f.  90 
Amortissement  0  f.  30 
Frais  généraux    16  f.  00 

Total 407  f.  20 


Dépense  par  poste  : 
407.20:  8  =  51  fr. 


LE  TIR  CONTBE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         183 

Si  l'on  ne  compare  que  les  chiffres,  on  ne  saurait  nier 
évidemment  que,  dans  ce  cas,  les  fusées  ont  été  bien  supé- 
rieures aux  canons  au  point  de  vue  de  la  dépense  ;  il  est 
regrettable  toutefois  que,  dans  le  compte  rendu,  on  n'ait 
pas  jugé  nécessaire  d'indiquer  la  somme  comparative  des 
dégâts  subis  par  les  deux  stations,  ainsi  que  la  situation 
topographique  relative  des  champs  de  tir  par  rapport  à  la 
direction  générale  des  orages. 

Je  trouve  dans  l'ouvrage  de  M.  Sisqué'  que  les  huit 
postes  de  fusées  sont  placés  au  nord  de  la  station  de 
canons  et  disposés  sensiblement  sur  une  même  ligne  droite 
allant  de  l'ouest  à  l'est.  Si,  comme  il  est  probable,  la  direc- 
tion générale  des  orages  est  la  même  que  pour  les  régions 
voisines  du  Rhône,  de  l'Allier  et  de  Saône-et-Loire,  c'est-à- 
dire  venant  du  sud-ouest,  les  postes  de  canons  subiraient 
le  premier  choc,  tandis  que  les  postes  de  fusées,  sauf  peut- 
être  les  deux  premiers  situés  en  bordure  à  l'ouest,  rece- 
vraient une  puissante  protection  par  les  canons. 

Le  nombre  d'orages  combattus  dans  cette  commune,  en 
1904,  a  été  de  douze  ;  en  établissant  la  comparaison  avec  les 
résultats  beaujolais  cités  plus  haut,  c'est-à-dire  pour  une 
vingtaine  d'orages,  la  dépense  par  poste  de  fusées  se  serait 
élevée  à  85  francs. 

Quant  aux  postes  de  canons  de  Saint-Haon,  leur  dépense 
parait  excessive  eu  égard  au  nombre  d'orages.  Ceci  résulte 
un  peu  du  quantum  élevé  prélevé  pour  l'amortissement. 
Au  point  de  vue  de  la  prévoyance  on  ne  saurait  critiquer 
cette  manière  de  faire,  car  le  matériel  se  trouvera  amorti 
avant  d'être  complètement  hors  d'usage;  néanmoins  ce 
système  jette,  parmi  les  viticulteurs,  un  certain  discrédit 
sur  l'emploi  du  canon. 

Mais  une  des  causes  principales  de  l'élévation  des  frais 
réside  dans  le  grand  nombre  de  coups  tirés.  Il  semble, 

t.  Brochure  citée,  page  It8. 


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184  j.  CAMUSAf . 

comparativement  à  ce  qui  se  passe  dans  les  régions  beau- 
jolaises,  qu'il  y  a  eu  un  véritable  gaspillage.  En  effet, 
7,080  coups  ont  été  tirés  par  17  postes  contre  12  orages, 
ce  qui  donne  une  moyenne  de  34  coups  par  poste  et  par 
orage,  alors  que  dans  le  Beaujolais  on  ne  dépasse  pas  20  à 
25  coups. 

Il  a  du  reste  été  constaté  un  peu  partout,  notamment 
dans  la  Côte-d'Or,  que  l'appréhension  des  orages  est  plus 
ou  moins  vive  parmi  les  populations  rurales,  et  que  tel 
nuage  mettra  tous  les  artilleurs  d'une  commune  en  mou- 
vement, tandis  qu'il  laissera  les  autres  indifférents.  Il  en 
résulte  inévitablement  que  les  consorti  d'une  même  région, 
subissant  les  mêmes  orages,  arrivent  à  faire  des  dépenses 
de  poudre  excessivement  variables. 

C'est  qu'aussi,  comme  le  disait  M.  Ad.  Savot  au  con- 
cours d'engins  grêlifuges  de  Nuits-Saint-Georges,  en  1904, 
«  on  laisse  plus  ou  moins  de  latitude  à  la  rapidité  du  tir  : 
tandis  qu'ici  on  ne  doit  pas  tirer  plus  de  deux  coups  à  la 
minute,  là  on  abandonne  le  tir  à  l'arbitraire  de  l'artilleur. 
En  général  on  constate  que  Ton  tire  beaucoup  plus  dans 
les  sociétés  nouvelles  que  dans  les  anciennes,  ce  qu'explique 
l'entrain  de  la  nouveauté.  » 

Il  me  semble  qu'avec  un  peu  d'expérience  on  peut  arriver 
à  régler  convenablement  la  vitesse  du  tir  et  diminuer  très 
sensiblement  la  dépense  sans  nuire  à  l'efficacité. 

Dans  les  postes  à  fusées,  pour  les  raisons  que  j'ai  don- 
nées précédemment,  on  tire  moins,  ce  qui  contribue  évi- 
demment à  atténuer  les  dépenses. 

A  la  société  du  Perréon  (Rhône)  qui  comprend  28  postes 
à  fusées,  les  dépenses  de  tir  pour  la  campagne  1904  se 
sont  élevées  à  1,131  fr.  40;  ce  qui  porte  à  40  fr.  40  la 
dépense  par  poste  pour  lutter  contre  sept  orages.  Si  le 
nombre  des  orages  se  fût  élevé  à  une  vingtaine,  comme  dans 
les  régions  voisines,  la  dépense  effective  aurait  été  trois 
fois  plus  grande,  c'est-à-dire  d'environ  120  francs  par  poste. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORA0ES  A  GBÈLÊ.        185 

En  Côte-d'Or  on  a  constaté,  comme  partout,  des  diffé- 
rences considérables  dans  le  montant  de  la  cotisation  de 
tir  par  hectare,  et  tel  syndicat  paie  10  francs  et  plus,  alors 
que  d'autres,  subissant  le  mémo  nombre  d'orages,  ne  paient 
que  4  à  5  francs  et  moins. 

Sans  vouloir  faire  aucune  critique  ici,  il  me  semble,  avec 
M.  Ad.  Savot,  qu'il  reste  à  démontrer  qu'un  petit  nombre 
de  fusées  produit  le  même  effet  qu'un  grand  nombre  de 
coups  de  canon.  L'expérience  des  fusées  ne  semble  pas 
encore  assez  longue  pour  permettre  des  comparaisons  à 
l'abri  de  toute  contradiction. 


Résultats  obtenus  en  Beaujolais  en  1905. 

Au  moment  de  mettre  sous  presse,  M.  J.  Chatillon  a 
l'amabilité  de  me  faire  adresser  le  compte  rendu  des  expé- 
riences beaujolaises  de  Tannée  1905. 

Les  résultats  obtenus  pendant  cette  campagne  ayant  été, 
comme  toujours,  absolument  surprenants,  il  est  nécessaire 
de  les  consigner  ici  afin  de  mettre  cette  étude  à  jour. 

La  comparaison  des  dégâts  commis  avant  et  après  la  pra- 
tique du  tir,  dans  les  seize  communes  où  il  fut  possible 
d'obtenir  des  renseignements  à  peu  près  exacts,  ne  saurait 
mieux  se  faire  qu'en  donnant  année  par  année  la  somme 
des  pertes  constatées.  * 


1.  Compte  rendu  des  expérienoes  de  tir  en  Beaujolais.  Année  1905.  Imprimerie 
éa  Rè*U  Aeaitfoiai* ,  Villefranche. 


186 


J.   CAMUSAT. 


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LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE. 


187 


Une  seule  année  a  été  indemne  pendant  cette  période. 

Les  chiffres  ci-dessus  représentent  plutôt  un  minimum . 
On  ne  retrouve  guère  dans  les  mairies  que  les  états  ayant 
servi  de  base  aux  allocations  de  secours,  beaucoup  de  gros 
propriétaires,  qui  ne  peuvent  recevoir  que  des  dégrève 
ments  d'impôts,  négligeant  de  faire  leur  déclaration.  D'après 
M.  J.  Chatillon  on  peut,  pendant  ces  dix  années,  estimer 
les  pertes  à  16  millions  de  francs. 

Dégâts  occasionnés  par  la  grêle  depuis  l'organisation 

de  la  défense. 


CHHflBS 

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■    ■  ■ 
1*1 

181 

1164 

1668 

mm 

— 

97.740 
175.250 

48. 180 
46.650 

72.850 

72.000 
315.300 

— 

iiTôoo 

97.740 
175.250 

72.850 

46.180 

72.000 

361.950 

41.000 

Glelx* 

Lions.  • . .  • 

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Ville- sar-JaraJoax.  • . 

— 

365.820 

460.150 

— 

41.000 

866.970 

Sur  les  16  communes  envisagées,  9  sont  restées  constam- 
ment et  complètement  indemnes  pendant  ces  cinq  années. 

En  1905  les  orages  généraux  ou  locaux  combattus  ont 
été  au  nombre  de  22,  se  répartissant  ainsi  :  2  en  mai,  9  en 
juin,  4  en  juillet,  5  en  août  et  2  en  septembre. 

Presque  tous  ces  orages  furent  facilement  disloqués  par 
les  tirs  d'avant-postes,  2  seulement,  ceux  des  10  et  25  août, 
ayant  été  considérés  comme  très  dangereux. 

La  plupart  de  ces  orages  venaient  de  leur  direction  babi- 


18Ô  i.  CAMUSAf. 

tuelle,  c'est-à-dire  de  l'ouest  et  du  sud-ouest;  3  se  Sont 
produits  avec  une  direction  sud  et  sud-est. 

L'orage  du  10  août,  qui  éclata  i  six  heures  du  soir,  ne 
paraissait  pas  dangereux  tout  d'abord;  il  fut  fortement 
canonné  par  les  avant-postes,  mais  les  sociétés  d'arrière 
tirèrent  peu,  ayant  confiance  dans  le  tir  pratiqué  en  avant. 
Tout  le  monde,  du  reste,  réclamait  la  pluie  et  si  le  tir  fut 
quelque  peu  négligé,  c'est  surtout  parce  que  l'on  considère 
généralement  qu'il  disperse  les  nuages  et  empêche  la  pluie 
de  tomber. 

Par  suite  de  ce  relâchement  de  discipline,  la  grêle  tomba 
sur  quelques  points,  mais  n'occasionna  que  des  dégâts 
insignifiants.  Nulle  part  il  ne  fut  fait  de  déclarations  de 
pertes  en  mairie  en  vue  de  secours  ou  de  dégrèvements 
d'impôts,  sauf  dans  la  commune  de  Liergues,  restée  indemne 
les  quatre  années  précédentes,  où  les  dégâts,  relativement 
peu  élevés,  furent  estimés  à  41,000  francs. 

Si  les  communes  beaujolaises  pratiquant  le  tir  ont  été 
bien  protégées  cette  année  par  leur  artillerie,  il  n'eft  a  pas 
été  de  même  dans  les  communes  voisines  où  la  grêle  est 
tombée  plusieurs  fois.  Dans  les  départements  limitrophes 
les  orages  à  grêle  ont  été  également  nombreux  et,  partout 
où  la  défense  n'est  pas  organisée,  on  a  eu  à  constater  des 
pertes  sérieuses. 

En  résumé,  la  pratique  du  tir  se  trouve  à  nouveau  justi- 
fiée cette  année  parles  expériences  beaujolaises,  et  il  devient 
de  plus  en  plus  difficile  de  nier  son  efficacité. 

Si  la  grêle  n'a  pu  commettre  ses  méfaits  en  Beaujolais, 
malheureusement,  comme  partout  ailleurs,  les  pluies 
persistantes,  à  l'approche  des  vendanges,  sont  venues 
ruiner  les  légitimes  espérances  qu'avaient  nos  viticulteurs 
de  faire  du  bon  vin.  Depuis  le  4  septembre  la  pluie  tomba 
presque  tous  les  jours,  et  sur  tous  les  points  il  a  fallu  ven- 
danger presque  en  même  temps,  à  cause  de  la  pourriture 
qui  attaquait  rapidement  le  raisin. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         189 

Les  expériences  avec  le  canon  automatique  à  acétylène 
de  MM.  Tabard  et  Gharvet  ont  continué  cette  année  à 
Denicé  et  à  Limas. 

Les  perfectionnements  apportés  par  M.  Tabard  aux  appa- 
reils de  manœuvre  à  distance  ont  donné  d'assez  bons  résul- 
tats, toutefois  il  s'est  produit  encore  quelques  accrocs  qui 
ont  nui  parfois  à  la  régularité  du  tir. 

Les  imperfections,  faciles  à  corriger,  concernent  surtout 
les  accessoires  des  appareils  et  non  le  mécanisme  lui- 
même  qui  était  la  partie  la  plus  délicate  à  mettre  au  point. 

M.  Tabard  considère  la  difficulté  comme  résolue,  et, 
dans  une  lettre  adressée  à  M.  J.  Chatillon,  dit  qu'actuelle- 
ment il  ne  craindrait  pas  d'engager  sa  responsabilité  de 
constructeur  en  acceptant  de  faire  des  installations  avec 
garantie  de  fonctionnement. 


III 


Considérations  scientifiques  sur  les  Tirs  grélifuges. 

Dès  l'origine  des  tirs  grélifuges,  il  s'est  élevé  une  con- 
tradiction formelle  entre  le  monde  savant  et  les  promoteurs 
du  mouvement  défensif. 

Il  est  regrettable,  évidemment,  de  voir  ceux  qui,  les 
premiers,  auraient  dû  s'intéresser  à  cette  nouvelle  méthode 
de  résistance  aux  éléments  naturels,  se  mettre  en  travers 
des  meilleures  volontés  avant  même  d'être  édifiés  sur  les 
résultats  du  procédé. 

Surpris  par  la  brusquerie  des  expériences  grélifuges,  nos 
savants  ne  sauraient  être  taxés  d'idées  préconçues,  ou  d'in- 
tolérance ;  leur  première  intention,  qui  peut  paraître  louable, 
ayant  été,  sans  doute,  d'empêcher  la  spéculation  de  venir 
accabler  nos  populations  rurales  déjà  bien  éprouvées. 

Mais  n'était-il  pas  nécessaire,  avant  toute  chose,  de  tenir 


190  J.  GAMUSAT. 

compte  de  l'honorabilité  indiscutable  des  pionniers  de  la 
première  heure? 

Que  les  premiers  expérimentateurs,  dans  un  enthousiasme 
bien  compréhensible,  aient  pu  se  tromper,  la  chose  pou- 
vait paraître  possible;  il  était  alors  du  devoir  des  savants 
de  suivre  attentivement  les  expériences,  et,  après  des  obser- 
vations réitérées  et  concluantes,  de  redresser  au  besoin  les 
erreurs  qui  pouvaient  résulter  de  déductions  trop  préci- 
pitées. 

Que  de  paroles  amères  eussent  été  évitées  ! 

Abandonnés  par  la  science,  mais  encouragés  par  des 
résultats  paraissant  de  plus  en  plus  appréciables,  les  orga- 
nisateurs de  la  défense,  ne  comptant  que  sur  leurs  propres 
efforts,  engagèrent  vigoureusement  la  lutte  contre  les 
orages. 

«  Que  les  savants,  disaient-ils,  avant  de  critiquer  nos 
expériences,  se  mettent  d'accord  sur  la  théorie  de  la  for- 
mation de  la  grêle!  » 

La  grêle  est,  en  effet,  un  phénomène  météorique  qui 
paraît  encore  inexpliqué,  et  la  théorie  de  sa  formation  a 
fourni  à  un  grand  nombre  de  physiciens  le  sujet  d'hypo- 
thèses très  remarquables,  mais  des  plus  contradictoires. 

Pour  les  uns  elle  résulte  de  la  simple  congélation,  plus 
ou  moins  subite,  et  par  des  moyens  différents,  de  Peau  vési- 
culaire  en  suspension  dans  les  nuages,  ou  des  gouttes  de 
pluie  qui  tombent  des  régions  élevées  ;  pour  les  autres,  au 
contraire,  l'électricité  accumulée  dans  les  nuages  lors  d'un 
orage  ferait  seule  les  frais  de  transformation  de  l'eau  liquide 
en  eau  solide. 

Pour  mieux  définir  l'état  scientifique  de  cette  question, 
il  suffira  de  résumer  brièvement  les  principales  théories 
auxquelles  elle  a  donné  lieu. 

Volta  est  peut-être  le  premier  qui  ait  exposé  une  théorie 
raisonnée  de  la  grêle.  «  Les  rayons  solaires,  disait-il,  frap- 
pant la  sqrface  supérieure  d'un  nuage  très  dense  sont 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         191 

absorbés  et  il  en  résulte  une  grande  évaporât  ion,  favorisée 
par  la  sécheresse  des  couches  d'air  situées  au-dessus  des 
nuages,  et  par  l'état  électrique  de  ces  derniers. 

»  Cette  évaporation  suffit  i  produire  un  changement  de 
température  assez  sensible  pour  déterminer  la  formation 
de  flocons  neigeux  et  d'aiguilles  de  glace  qui  sont  comme 
les  embryons  des  grêlons. 

m  Si  deux  nuages  se  superposent,  le  supérieur  étant 
formé  par  la  condensation  de  la  vapeur  d'eau  émanant  de 
l'inférieur,  ils  se  polarisent,  le  nuage  supérieur  étant  élec- 
trisé  positivement  et  le  nuage  inférieur  négativement. 

»  Les  flocons  neigeux  et  les  aiguilles  de  glace  formés 
dans  le  nuage  inférieur  s'électrisant  comme  lui,  sont 
repoussés  et  attirés  par  le  nuage  supérieur  au  contact  duquel 
ils  ohangent  de  signe  pour  être  renvoyés  sur  le  nuage  infé- 
rieur. Selon  la  durée  de  ces  attractions  et  répulsions  suc- 
cessives, les  grains  se  chargent  de  couches  plus  ou  moins 
épaisses  de  glace,  jusqu'à  ce  que  le  nuage  inférieur  ne  pou- 
vant plus  les  retenir,  la  pesanteur  l'emporte  et  les  fait 
tomber  i  la  surface  de  la  terre.  » 

D'après  M.  Stroubo,  la  grêle  serait  la  conséquence  d'une 
trombe  existant,  dans  les  régions  supérieures,  entre  deux 
nuages  orageux  ayant  des  électricités  contraires,  ou  entre 
un  nuage  et  la  terre . 

Pour  M.  PouilUt,  l'électricité  ne  joue  aucun  rôle.  Cer- 
tains vents,  que  Ton  désigne  généralement  sous  le  nom  de 
vents  d'aspiration,  sont  toujours  accompagnés  d'un  refroi- 
dissement plus  ou  moins  important.  Or,  supposant  le  refroi- 
dissement produit  par  le  vent,  on  peut  admettre  égale- 
ment que  c'est  la  puissance  du  vent  qui  entraîne  les  grêlons 
horizontalement,  ou  du  moins  très  obliquement,  dans 
l'atmosphère,  qu'ils  parcourent  avec  une  vitesse  considé- 
rable qui  peut  les  porter  à  60  ou  80  kilomètres  de  leur 
point  d'origine. 

Us  n'auraient  alors  pas  besoin  de  rester  suspendus  bien 


192  J.    GAMUSAT. 

longtemps  au-dessus  des  nuages  très  denses  et  très  froii 
pour  atteindre  le  volume  qu'ils  ont  quelquefois. 

Ainsi,  d'après  M.  P  oui  lie  t,  ce  serait  une  même  cause 
rabaissement  rapide  de  la  température  par  les  vents,  qui  déte 
minerait  la  formation  et  l'accroissement  des  grêlons.  Qua 
à  l'électricité  qui  accompagne  toujours  ce  phénomèn 
elle  serait  un  effet  et  non  une  cause.  L'accumulation  de 
vapeur  d'eau,  nécessaire  pour  engendrer  la  grêle,  ne  sa 
rait  avoir  lieu  sans  un  grand  dégagement  d'éleotricil 
puisque  tous  les  nuages  qui  se  condensent  au  foyer  où 
forme  la  grêle,  y  viennent  avec  une  électricité  positive 
négative  qui  acquiert  une  grande  tension  par  la  condensatic 

M.  Planté  prétendait,  au  contraire,  que  l'électricité  et 
le  principal  facteur  de  la  formation  de  la  grêle.  Les  for 
décharges  électriques  qui  se  produisent  au  sein  d'un  nus 
peuvent  le  réduire  en  vapeur  ou  en  une  multitude  de  p 
ticules  liquides  suivant  son  état  de  condensation.  Ces  p 
ticules  projetées  dans  les  régions  élevées  et  glacées 
l'atmosphère,  se  solidifieraient  et  retomberaient  sous  for 
de  grêlons. 

if .  Paye  rattachait  le  phénomène  de  la  grêle  à  celui  ( 
tourbillons  aériens.  «  Les  cirrus  atteignant  une  altiti 
très  élevée,  où  règne  une  température  excessivement  bas 
seraient  formés  d'aiguilles  neigeuses.  Ces  nuages,  anin 
d'un  mouvement  descendant  de  giration,  déterminerai* 
une  abondante  condensation  de  la  vapeur  d'eau  par  refr 
dissement  des  couches  d'air  qu'ils  traversent,  et,  par 
fait,  provoqueraient  l'amoncellement  de  nuages  vésiculai 
orageux  où  s'accumule  l'électricité  des  régions  supérieur 
de  l'atmosphère  Les  aiguilles  glacées  des  cirrus,  animées 
de  leur  mouvement  tourbillonnant  très  rapide,  s'amasse- 
raient dans  les  nuages  inférieurs  et  formeraient  ainsi  les 
noyaux  des  grêlons  qui  augmentent  progressivement  de 
volume,  jusqu'à  ce  que  leur  vitesse  de  giration  soit  devenue 
trop  faible  pour  contrebalancer  l'effet  de  la  pesanteur.  » 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         193 

M.  Mascari  n'admet  pas  la  théorie  des  tourbillons  descen- 
dants de  Faye. 

M.  U  If  Trabert,  du  Bureau  central  météorologique  de 
Vienne,  n'accepte  pas  non  plus  l'influence  électrique. 

D'après  lui,  les  cirrus,  dont  l'apparition  est  presque  tou- 
jours le  signe  précurseur  d'un  orage,  circulent  dans  les 
hautes  régions  de  l'atmosphère  où  la  température  est  très 
basse,  et  sont,  de  ce  fait,  chargés  d'aiguilles  de  glace.  Les 
cumulus,  qui  se  tiennent  i  une  altitude  moins  élevée,  sont 
parfois  cependant  à  une  température  assez  basse  pour  que 
des  gouttelettes  d'eau  s'y  trouvent  i  l'état  de  surfusion, 
c'est-à-dire  à  un  état  liquide  bien  qu'à  une  température 
inférieure  à  zéro. 

Lorsque  les  cirrus  en  s'abaissant  peuvent  laisser  tomber 
des  aiguilles  de  glaoe  dans  un  tel  cumulus,  les  gouttelettes 
en  surfusion  se  congèlent  brusquement  à  leur  contact  et 
augmentent  leur  volume  ;  il  se  produirait  ainsi  des  congé- 
lations  successives,  capables  de  grossir  peu  à  peu  le  noyau 
primitif  pour  former  les  grêlons. 

M.  Rotensihiely  partant  de  cette  observation  que  les  grê- 
lons sont  cristallisés  sur  un  noyau  central,  admet  égale- 
ment qu'il  peut  exister  dans  l'atmosphère  des  buées  liquides 
à  l'état  de  surfusion.  D'après  lui,  la  grêle  se  formerait  sou- 
dainement, comme  dans  une  solution  sursaturée  d'un  sel 
s  opère  instantanément  la  cristallisation  quand  on  y  ajoute 
un  peu  de  ce  même  sel. 

M.  1$  professeur  Roberto  exposait  une  nouvelle  théorie 
tourbillonnaire  en  1882  :  ' 

«  Les  orages  à  grêle  seraient  formés  par  des  tourbillons 
à  axe  horizontal,  de  forme  elliptique,  dont  la  partie  cen- 
trale serait  le  siège  de  la  production  de  la  grêle;  le  vide 
y  existerait,  créant  un  refroidissement  intense  et  l'eau  serait 
aussitôt  condensée  et  congelée.  Le  plus  grand  abaissement 

I.  Vol?  F.  Siaqoé,  brochure  citée. 

TOME  XIX.  13 


194  J.   GAMUSAT. 

de  température  se  produirait,  non  dans  les  hautes  sphères, 
mais  entre  zéro  et  600  mètres,  et  les  plus  grandes  varia- 
tions de  température  auraient  lieu  de  200  à  500  mètres. 

»  Le  déplacement  de  ces  tourbillons  à  axe  horizontal  se 
produirait  toujours  dans  le  même  sens  :  de  la  région  la 
plus  froide  vers  la  région  la  plus  chaude.  Si  l'orage 
rencontre  des  régions  de  plus  en  plus  chaudes  et  humides, 
il  croît  en  force  et  en  vitesse;  s'il  remonte  vers  des 
régions  moins  chaudes  et  moins  humides,  il  s'affaiblit  et 
disparaît. 

»  Ces  tourbillons  à  axe  horizontal  auraient  un  caractère 
mécanique  commun  avec  les  tourbillons  à  axe  vertical. 
Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  y  aurait  un  rapport  tel  entre  la 
vitesse  de  chaque  molécule  et  sa  distance  au  centre  du 
tourbillon,  que  la  force  centrifuge  vers  Taxe  serait  très 
grande.  D'où  tendance  à  la  formation  du  vide  autour  de 
l'axe  et  à  la  formation  des  phénomènes  d'évaporation  de 
l'eau,  de  refroidissement  brusque,  de  congélation  et  de 
grêle.  » 

Une  autre  théorie,  basée  sur  les  observations  météoro- 
logiques et  sur  les  expériences  exécutées  en  ballon,  fut 
publiée  en  1885  par  M.  Plumandon,  météorologiste  i  l'ob- 
servatoire du  Puy-de-Dôme. ! 

D'après  les  déductions  de  M.  Plumandon,  les  grêlons 
se  développeraient  uniquement  pendant  leur  chute,  et  leur 
origine  résulterait  aussi  bien  de  la  goutte  d'eau  que  du 
grain  de  grésil,  c'est-à-dire  de  l'aiguille  neigeuse  pri- 
mitive. 

Les  expériences  aériennes  démontrent  que  la  tempéra- 
ture ne  décroît  pas  uniformément  suivant  la  verticale  et 
varie  considérablement  d'une  époque  à  une  autre,  dans  la 
même  saison  et  pour  la  même  altitude. 


1 .  Formation  dee  principaux  hydrométéoree,  Nouvelle  Théorie  de  le  gréUy  par 
J.-R.  Plumandon,  librairie  Gauthier- Villars,  Parie,  1885. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         195 

L'état  hygrométrique  de  l'air  présente  également  des 
variations  très  grandes  et  tout  aussi  irrégulières. 

En  un  mot,  l'état  ordinaire  de  l'atmosphère  semblerait 
être  la  superposition  d'un  nombre  indéterminé  de  couches, 
tantôt  sèches,  tantôt  humides,  groupées  d'une  manière 
quelconque,  et  ces  alternances  de  couches  sèches  ou 
humides  joueraient  un  rôle  important  dans  la  formation  de 
la  grêle. 

8i  l'on  considère  un  petit  cristal  de  glace,  un  flocon  de 
neige,  tombant  d'une  région  élevée,  il  se  ramollira  et  fondra 
plus  ou  moins  dans  une  zone  où  la  température  est  supé- 
rieure à  zéro  et  constituera  un  globule  de  neige  fondante. 
Lorsqu'il  pénétrera  dans  une  zone  sèche,  l'évaporation, 
activée  encore  par  la  vitesse  de  chute,  le  congèlera  en 
quelques  secondes.  8i  pendant  le  reste  de  sa  chute  ce  petit 
grain  ne  traverse  que  de  l'air  humide  ou  des  brouillards 
susceptibles  de  mouiller,  il  s'accroîtra  peu  et  les  couches 
plus  ou  moins  concentriques  dont  il  pourra  se  charger 
seront  opaques.  S'il  arrive  ainsi  jusqu'au  sol,  il  y  tombera 
sous  la  forme  d'un  grain  de  grésil. 

Lorsque  le  petit  grain  considéré  traverse  des  régions  où 
la  vapeur  s'est  déjà  condensée,  il  s'adjoint,  à  cause  de  sa 
basse  température,  des  couches  concentriques  de  glace 
translucide.  8on  volume  s'accroît  modérément  si  la  vapeur 
mouille,  vite  dans  les  zones  où  il  bruine  et  plus  vite  encore 
dans  celles  où  il  pleut. 

En  général,  les  gréions  seraient  d'autant  plus  gros  qu'ils 
tombent  d'une  plus  grande  hauteur,  les  autres  conditions 
restant  les  mêmes. 

8i  l'on  avait  considéré  une  goutte  de  pluie  en  lieu  et 
plaoe  d'un  flocon  de  neige  comme  origine,  le  résultat  aurait 
été  identique  et  l'on  obtiendrait  comme  produit  final  un 
grêlon  plus  ou  moins  transparent. 

La  nature,  l'ordre,  le  nombre  et  l'étendue  des  couches 
traversées  par  le  météore  variant  considérablement,  il  en 


196  J.   C AMUSAT. 

résulte  des  formes  très  diverses  pour  les  grêlons,  surtout 
s'ils  proviennent  de  chutes  différentes. 

Enfin,  en  1904,  M.  Nolibois,  ingénieur  à  Alais,  publiait 
une  nouvelle  théorie  basée  sur  la  surfusion,  mais  ne  néces- 
sitant que  la  présence  d'un  seul  nuage  pour  la  formation 
de  la  grêle.  * 

D'après  lui,  un  nuage  épais  doit  être  considéré  comme 
étant  formé  de  plusieurs  zones  : 

Une  zone  inférieure  assez  importante,  composée  de  plu- 
sieurs couches  à  l'état  de  brouillard  très  dense  ; 

Une  zone  moyenne  moins  dense  ; 

Une  zone  supérieure  mi-vapeur,  en  voie  de  condensation, 
et  mi-eau. 

Sous  l'influence  de  la  chaleur,  émanant  des  couches 
atmosphériques  voisines  de  la  terre,  la  partie  basse  de  la 
zone  inférieure  du  nuage  se  transforme  en  vapeur,  laquelle 
tend  à  s'échapper,  soit  par  les  échancrures,  soit  par  les 
bords  du  nuage,  pour  remonter  se  condenser  dans  la  zone 
froide  supérieure,  de  sorte  que  le  nuage  est  dans  un  état 
permanent  de  désagrégation  et  de  reconstitution. 

Cette  évaporation  inférieure  occasionnera,  dans  la  couche 
immédiatement  supérieure,  un  abaissement  de  tempéra- 
ture qui  sera  d'autant  plus  intense  qu'elle  aura  été  plus 
rapide,  et  qui  pourra  descendre  bien  au-dessous  du  zéro. 

Par  suite  du  calme  des  hautes  régions  et  de  l'extrême 
division  de  l'eau,  cette  chute  de  température  ne  congèlera 
pas  immédiatement  les  gouttelettes  d'eau  qui  se  maintien- 
dront à  l'état  de  surfusion.  Cet  état  pourra  subsister  un 
certain  temps,  mais  si,  pour  une  cause  quelconque,  une 
molécule  d'eau  vient  à  se  solidifier,  toute  la  masse  en  sur- 
fusion se  transformera  en  glace,  d'autant  plus  rapidement 
que  la  température  sera  plus  basse. 


1.  Progrès  agricole,  du  28  août  1904.  Voir  également  :  F.  Sisqué,  brochure 
citée. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         197 

La  durée  du  phénomène  dépendra  de  l'importance  de  la 
zone  en  sur  fusion,  puis  à  cause  de  la  grande  masse  d'eau 
qui  se  condense  au-dessus  de  cette  zone,  la  pluie  ne  tar- 
dera pas  à  se  produire;  ceci  expliquerait  pourquoi  la  grêle 
tombe  d'abord  et  pourquoi  elle  est  de  courte  durée.  A 
mesure  que  la  terre  se  mouille  le  rayonnement  diminue  et 
l'évaporation  des  parties  basses  s'atténuant,  l'équilibre  se 
rétablira. 

M .  Nolibois  conclut  que  l'évaporation  inférieure  du  nuage 
sera  d'autant  plus  rapide  que  les  couches  atmosphériques 
voisines  de  la  terre  seront  plus  chaudes  et  plus  sèches,  ce 
qui  expliquerait  «  pourquoi  la  grêle  tombe  l'été  plutôt  que 
l'hiver,  le  jour  plutôt  que  la  nuit;  pourquoi  aussi  les  coteaux 
sont  plus  frappés  que  les  plaines,  les  terres  calcaires  et 
sablonneuses  plus  que  les  alluvions  humides,  et  les  forêts 
très  rarement.  » 

Comment  se  reconnaître  i  travers  ce  dédale?  Combien, 
dès  lors,  il  devient  difficile  de  formuler  une  théorie  ration* 
nelle  de  l'efficacité  du  tir  grêlifuge! 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  chutes  de  grêle  abondantes  sem- 
blent, le  plus  souvent,  résulter  de  la  rencontre  de  deux 
nuages  venant  de  directions  différentes  ;  cependant  le  phé- 
nomène ne  se  produit  pas  seulement  pour  les  courants 
directement  opposés  nord  et  sud,  comme  l'indique  Jf.  Le  fort 
dans  son  Traité  de  chimie  hydrologique;  il  peut  résulter 
également  du  croisement  des  courants  sud-est  et  sud- 
ouest,  comme  j'ai  pu  le  constater  au  Creusot,  lors  de  l'orage 
général  du  15  août  dernier. 

Après  avoir  fouillé  un  peu  partout  pour  retrouver  les 
théories  relatives  i  la  grêle,  il  m'a  semblé  singulier  que 
physiciens  et  météorologistes  aient  omis  de  signaler  l'ex- 
périence faite  par  Quinquet,  l'inventeur  de  la  lampe  qui 
porta  son  nom  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Nul  ouvrage 
général,  récent  ou  même  ancien,  n'en  fait  mention. 

M.  le  Dr  Vidal,  l'inventeur  des  fusées  grélifuges,  en 


198  J.  CAMUSAT. 

faisant  des  recherches  sur  les  causes  qui  pouvaient  atté- 
nuer et  même  supprimer  la  chute  de  la  foudre  dans  le  péri- 
mètre d'un  champ  de  tir,  retrouva  l'exposé  de  cette  expé- 
rience fondamentale  dans  un  mémoire  de  l'académicien 
Luvini  ;  Ghaptal  et  Kant  en  font  également  mention. 

M.  Quinquet  parvint  à  transformer  des  gouttelettes  d'eau 
en  grêlons  en  les  soumettant  tout  simplement  à  des 
décharges  électriques  réitérées,  et  son  expérience  fut 
reprise  plus  tard  avec  succès  par  M.  Seiferheld. 

De  cette  expérience,  M.  Vidal  tire  la  conclusion  bien 
justifiée  :  que  la  congélation  subite  d'une  partie  de  l'eau 
vésiculaire  contenue  dans  les  nuages  peut  bien  n'être  due 
qu'à  l'action  des  courants  électriques  qui  les  sillonnent  en 
tous  sens. 

La  formation  de  la  grêle  au  sein  même  des  nuages 
pourra  donc  paraître  très  raisonnable  sous  cette  condition, 
cependant  il  n'est  pas  impossible  que  les  grêlons  ainsi 
formés  puissent  subir  diverses  modifications  dans  leur 
chute.  Peut-être  même  peuvent-ils  se  produire  électrique- 
ment dans  une  zone  bien  inférieure  aux  nuages  portant 
l'orage.  La  présence  d'électricité  inférieure  au  moment  de 
l'orage  est  indiscutable,  car  on  observe  fréquemment,  et 
M.  Plumandon  l'a  constaté  lui-même  dans  la  plupart  des 
orages,  des  éclairs  bien  au-dessous  de  la  région  des  nuages. 

Que  la  production  des  éclairs,  ainsi  que  leur  forme 
sinueuse,  brisée,  ou  ramifiée,  soit  le  résultat  du  manque 
d'homogénéité  hygrométrique  des  couches  atmosphériques 
qui,  par  suite  de  cet  état,  sont  plus  ou  moins  conductrices, 
que  l'électricité  soit  le  résultat  de  condensations  ou  de 
mouvements  tourbillonnaires  se  produisant  entre  les  nuages 
ou  dans  leur  sein,  ce  sont  choses  admissibles  dans  l'état 
actuel  de  la  science  météorologique  ;  mais  on  ne  saurait 
en  conclure  que  l'action  des  décharges,  quelle  que  soit 
l'origine  de  la  source  électrique,  n'a  aucune  influence  sur 
la  formation  des  hydrométéores, 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         199 

L'expérience  de  H.  Quinquet  semble,  i  ce  point  de  vue, 
prépondérante  sur  toutes  les  hypothèses  que  Ton  peut  faire 
à  ce  sujet. 

M 'appuyant  sur  cette  expérience,  ainsi  que  sur  quelques 
observations  météorologiques,  très  caractéristiques,  que  j'ai 
pu  faire  au  Creusot,  j'essaierai  d'esquisser  quelques  consi- 
dérations scientifiques  sur  l'efficacité  des  tirs  grâlifuges, 
mais,  avant  d'entrer  dans  le  détail  de  ces  vues  toutes  per- 
sonnelles, il  est  nécessaire  de  résumer,  très  brièvement, 
les  oonceptions  diverses  qui  ont  pu  prendre  naissance  sur 
cette  question. 

Dès  l'origine  des  tirs  grêlifuges  modernes,  si  les  opinions 
furent  flottantes  quant  i  l'efficacité,  elles  le  furent  encore 
davantage  lorsqu'il  s'agit  de  préciser  le  mode  d'action.  Pour 
les  uns,  les  vibrations  résultant  de  la  détonation  préve- 
naient la  formation  de  la  grêle  en  provoquant  la  condensa- 
tion des  nuées;  pour  d'autres,  au  contraire,  les  ondes 
sonores  et  les  gaz  qui  pouvaient  s'élever  à  l'altitude  des 
nuages  étaient  susceptibles  de  modifier  la  tension  élec- 
trique des  couches  atmosphériques. 

Pour  beaucoup  d'observateurs,  et  ils  furent  nombreux  au 
début,  alors  que  le  canon  était  le  seul  engin  dé fensif  usité, 
les  effets  du  tir  devaient  résulter,  soit  d'une  sorte  de  pro- 
jectile gazeux,  lancé  par  le  canon  et  pouvant  s'élever 
jusqu'aux  nuages,  origine  ou  cause  de  la  grêle,  dont  il 
modifiait  les  conditions  d'équilibre  et  provoquait  la  disper- 
sion, soit  de  l'action  de  l'anneau,  tore  tourbillonnaire  ou 
vortex,  qui  apparaît  dans  le  tir  et  qui  semble  condenser 
une  grande  partie  de  l'énergie  explosive  de  la  poudre. 

C'est  dans  le  but  de  rechercher  les  effets  balistiquesdu  canon 
grêlifuge  que  furent  entreprises  les  expériences  de  Bill.  G. 
Oastine  et  V.  Vermorel,  dont  il  a  été  déjà  parlé  et  dont  je 
résumerai  succinctement  les  principales  caractéristiques. ! 

I.  Comptes  rendus  ds  rAeftd4mle  d««  Mtaoots.  Séâoes  du  5  oovtmbr*  1000. 


200  J.  CAMU3AT. 

Une  cible  de  quatre  à  cinq  mètres  de  coté,  divisée  par 
des  fils  de  fer  en  treillis  de  dix  centimètres,  fut  recouverte 
des  deux  côtés  par  des  feuilles  de  papier  très  minces, 
encollées  soigneusement  de  manière  i  emprisonner  les 
mailles  du  treillis  qui  leur  servaient  de  support;  pour 
rendre  cet  écran  plus  perméable,  on  perça  au  centre  de 
chaque  maille  un  petit  trou  carré  ou  triangulaire. 

Les  essais  effectués  en  tir  horizontal,  à  quatre-vingts 
mètres  de  distance,  avec  un  canon  du  format  habituel  des 
tirs  grêlifuges  et  chargé  de  cent  grammes  de  poudre, 
donnèrent  les  résultats  suivants  : 

Le  tir  provoqua  dans  la  cible  une  déchirure  circulaire, 
de  2  mètres  de  diamètre  et  de  20  centimètres  d'épaisseur, 
représentant  les  dimensions  du  tore  gazeux  à  cette  dis- 
tance du  canon. 

Avec  un  canon  de  très  petit  calibre  on  obtint  des  résul- 
tats analogues,  les  dimensions  seules  de  l'anneau  étant 
plus  restreintes.  Avec  un  canon  de  très  gros  calibre,  cons- 
truit spécialement  pour  les  expériences  et  recevant  un 
kilogramme  de  poudre,  on  obtint  encore  les  mêmes  effets, 
avec  un  tore  arraché  de  trois  mètres  de  diamètre. 

Dans  tous  les  tirs  la  partie  centrale  de  la  cible  étant 
restée  absolument  intacte,  il  fallut  écarter  toute  idée  de 
projectile  gazeux  précédant  le  tourbillon  annulaire. 

L'examen  des  lèvres  de  la  déchirure  annulaire  montrant 
le  papier  arraché  par  lambeaux  minuscules,  les  sommités 
des  branches  et  les  feuilles  d'arbres  ayant  subi  les  mêmes 
déchirures  au  passage  du  tore,  cette  violence  semble  rap- 
peler les  effets  d'une  trombe. 

En  un  mot,  l'anneau  tourbillonnaire,  bien  que  constitué  par 
une  masse  gazeuse,  semblerait  posséder  les  propriétés  bien 
connues  du  gyrostat.  Le  tourbillon  roule  extérieurement 
dans  le  milieu  qu'il  traverse  et  écarte  devant  lui  les  couches 
homogènes,  tandis  que  par  succion  il  entraînerait  en  arrière 
une  petite  partie  de  ces  couches  primitivement  refoulées. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAG&S  K  GRÊLE.  SOI 

Le  tore  gazeux  est  très  visible,  il  a  même  été  photogra- 
phié bien  souvent,  et  son  passage  est  signalé  par  une 
sorte  de  sifflement  caractéristique  qui  peut  durer  de  douse 
a  quinze  minutes  et  plus  selon  l'intensité  de  l'explosion. 

Par  oontre,  et  c'est  surtout  sur  cette  considération  que 
s'appuient  les  dénégations  de  M.  Mascart,  l'expérience  a 
démontré  que  le  tore  était  facilement  dévié  par  les  obs- 
tacles naturels  (sol,  bâtiments,  massifs  d'arbres,  etc.),  même 
assez  écartés  de  sa  route,  ce  qui  rend  très  aléatoire  la  préci- 
sion du  tir.  Dans  le  tir  vertical,  le  tore  tendrait  dono  à  être 
emporté  dans  la  direction  du  vent. 

Si  l'on  n'envisage  qu'une  action  directe  du  tore  sur  les 
nuages,  il  est  évident  que  cette  facilité  aveo  laquelle  il  a 
été  dévié  dans  les  premières  expériences  de  i  900,  c'est-à-dire 
à  l'aurore  des  canons  grâlifuges,  semblerait  plutôt  défavo- 
rable au  principe  même  du  tir  contre  les  nuages  qui,  en 
général,  peuvent  être  assez  élevés. 

Il  est  vrai  que,  pas  plus  que  pour  la  formation  de  la  grêle , 
les  météorologistes  ne  sont  d'accord  sur  l'altitude  des  nuages 
à  grêle.  M.  Plumandon1,  qui  n'est  pas  précisément  con- 
vaincu de  l'influence  que  l'on  attribue  au  canon,  admet, 
pour  les  nuages  qui  concourent  i  la  formation  de  la  grêle, 
une  altitude  de  3,000  à  4,000  mètres,  considérant  même 
ces  hauteurs  comme  des  minima. 

Dans  les  sociétés  de  tir  grélifuges,  au  contraire,  on 
estime  que  cette  altitude  est  beaucoup  moins  importante  : 
en  France  de  300  à  800  mètres,  en  Autriche  de  400  i 
800  mètres,  en  Italie  de  500  à  900  mètres;  mats  M.  Plu* 
mandon  considère  que,  dans  ce  cas,  on  confond  les  nuages 
noirs  inférieurs,  que  la  grêle  doit  forcément  traverser  avant 
d'arriver  au  sol,  aveo  ceux  où  elle  se  forme  qui  sont  beau* 
coup  plus  élevés. 


I.  Emcyclopèdi*  dê$  Aidt-mémoin  LêêuU  :  lêê  OrêQiê  et  U  Grêtê,  par  J.-R,  Pttt* 
l,  Gaalhlar-VUlan ,  édilaar,  Parte. 


202  J.  CAMUSAT. 

Si  les  météorologistes  ne  croient  pas  à  l'efficacité  du  tir, 
c'est  justement  à  cause  de  la  hauteur  qu'ils  attribuent  à  la 
formation  de  la  grêle,  mais  ils  sont,  en  cela,  non  seulement 
en  désaccord  avec  les  praticiens  des  tirs,  mais  encore  avec 
les  alpinistes.  M.  F.  Sisqué  rappelle  à  ce  sujet  que  des 
observateurs  se  trouvant  en  pleine  montagne,  à  des  alti- 
tudes voisines  de  2,000  mètres,  ont  vu  souvent  des  orages 
se  former  et  éclater  bien  au-dessous  d'eux. 

M.  le  Dr  Vidal  signalait  tout  récemment  à  l'attention  de 
l'Académie  des  sciences1,  l'évolution  très  caractéristique 
d'un  ouragan  à  grêle  qui  ravagea  le  canton  de  Vaud  (Suisse), 
le  1er  août  1904.  D'après  les  graphiques  qu'il  en  a  tracé, 
cet  orage  qui  semblait  avoir  pris  naissance  sur  les  sommets 
des  Alpes  bernoises,  à  des  altitudes  dépassant  3,000  mètres, 
s'est  abaissé  rapidement  puisque,  sur  tout  son  parcours, 
les  territoires  situés  à  plus  de  700  mètres  d'altitude  ont  été 
totalement  épargnés. 

Il  est  possible  aussi,  comme  le  dit  M.  Houdaille,  que  le 
relief  du  sol  et  l'orientation  des  courants  locaux  dans  le 
voisinage  des  vallées,  exerce  une  action  importante  sur  la 
trajectoire  des  orages.  Il  a  été  constaté  bien  souvent  que 
les  orages  à  grêle  peuvent  avoir  une  trajectoire  plongeante 
les  faisant  briser  contre  des  collines  relativement  peu 
élevées. 

Tout  en  remarquant  simplement,  pour  le  moment,  que 
l'action  réelle  du  tore  gazeux  doit  être  envisagée  au  delà 
de  sa  portée  balistique  visible,  il  est  nécessaire  de  rappeler 
que  les  expériences  de  tir  effectuées  plus  récemment,  au 
concours  d'engins  paragréles  de  Nuits-Saint-Georges,  ont 
donné  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à  ceux  obtenus 
dans  les  expériences  de  MM.  Oastine  et  Vermorel. 

Les  tirs  furent  exécutés  par-devant  la  commission  d'examen 
des  appareils  avec  le  canon  Idéal,  de  MM.  Quelin  et  Perras . 

I  ,  Comptes  rendus,  séance  du  10  Juillet  I9Q6, 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.        203 

Dans  une  première  expérience,  une  cible  en  papier, 
placée  à  50  mètres  du  canon,  fut  arrachée  violemment  et 
le  tore  continuant  sa  route  sans  déviation  allait  ébranler, 
50  mètres  plus  loin,  des  cerisiers  placés  dans  la  direction 
du  tir. 

Dans  une  deuxième  expérience,  des  arbres,  situés  à 
200  mètres  de  distance,  ayant  servi  de  cible  furent  mutilés 
à  leur  sommet,  et  il  fut  possible  de  percevoir  une  sorte  de 
claquement  dû  i  l'arrivée  du  tore  contre  une  colline  nue, 
située  i  plus  de  100  mètres  au  deli  des  arbres. 

La  portée  du  tir  a  donc  été  beaucoup  plus  importante 
que  celle  admise  jusqu'alors;  néanmoins,  en  présence  des 
hauteurs  attribuées  aux  nuages  à  grêle,  les  partisans  des 
fusées  sembleraient  avoir  le  beau  rôle,  ce  genre  d'en- 
gin étant  susceptible  de  porter  l'explosion  à  des  hauteurs 
bien  supérieures  :  jusqu'à  800  mètres,  ainsi  qu'on  l'a  cons- 
taté au  concours  de  Nuits-Saint-Georges. 

Mais,  comme  je  l'ai  fait  remarquer  bien  souvent,  là  n'est 
pas  la  solution  de  la  question. 

Ainsi  que  je  le  rappelais  dans  la  partie  historique  de 
cette  étude,  l'influence  du  tir  du  canon  sur  l'état  de  l'at- 
mosphère a  été  constatée  en  maintes  occasions,  mais  il 
existe  cependant  une  assez  grande  différence,  quant  aux 
conclusions  à  en  tirer,  selon  que  le  tir  est  effectué  avec  le 
canon  ordinaire,  o'est-à-dire  le  canon  de  guerre,  ou  aveo  le 
canon  paragréle. 

Dans  le  cas  du  canon  de  guerre,  les  remarques  propres 
à  démontrer  la  dispersion  de  l'orage  sont  assez  rares,  et, 
d'une  manière  générale,  les  observateurs  sont  plutôt  d'accord 
pour  attribuer  au  tir,  soit  la  production  de  la  pluie  et  du 
vent,  soit  le  déchaînement  subit  d'un  orage. 

Le  météorologiste  breton  Charles  Le  Maout,  dont  les 
curieuses  observations  barométriques  firent  grand  bruit 
pendant  la  guerre  de  Grimée,  en  ce  qu'elles  lui  permirent 
d'en  prédire  les  grandes  batailles  le  jour  même,  et  bien 


204  J.  GAMUSAT. 

longtemps  avant  l'arrivée  des  dépêches  officielles,  admet- 
tait également  que  le  canon,  ainsi  du  reste  que  le  son  des 
cloches  ou  tout  autre  bruit  brusque  et  violent,  pouvait  engen- 
drer le  vent,  la  pluie  et  l'orage. 

Disons  en  passant  que  la  Doctrine  des  Condensations1,  de 
Ch.  Le  Maout,  malgré  les  ingénieuses  conceptions  sur  les- 
quelles elle  s'appuie,  ne  saurait  être  admise  dans  le  sens 
d'une  théorie  générale.  Elle  ne  s'applique  guère  qu'i  un 
nombre  de  cas  restreint,  concordant  avec  un  état  hygromé- 
trique spécial  dû  à  une  atmosphère  saturée  d'eau  vésiculaire, 
état  tout  particulièrement  réalisable  dans  la  région  de 
Saint-Brieuc,  pour  laquelle  le  savant  observateur  a  établi 
ses  longues  et  patientes  statistiques. 

On  sait,  du  reste,  que  les  expériences  entreprises  en 
1891,  par  le  général  américain  Dyrenforth,  dans  le  but 
d'obtenir  la  pluie  par  le  tir  de  l'artillerie,  ne  donnèrent 
aucun  résultat. 

Avec  les  canons  à  tromblon  qui  furent  utilisés  pour  le 
tir  contre  les  orages,  si  tout  le  monde  n'est  pas  d'accord 
quant  à  la  suppression  de  la  grêle,  tous  les  observateurs, 
et  ils  sont  nombreux  aujourd'hui,  semblent  i  peu  près  una- 
nimes pour  attribuer  au  tir  un  effet  de  disjonction  des  nuages, 
et,  dans  un  très  grand  nombre  de  cas,  la  suppression  du 
vent  et  du  tonnerre  sur  l'étendue  des  champs  de  tir,  la 
pluie  n'intervenant  pas  toujours. 

Ce  sont  là,  évidemment,  des  effets  absolument  contraires 
à  ceux  constatés  pendant  le  tir  du  canon  de  guerre. 

Le  canon  de  guerre  se  tire  horizontalement,  ou  sous 
un  angle  toujours  plus  rapproché  de  l'horizontale  que 
de  la  verticale  ;  les  cloches  produisent  des  ondes  qui  se 
déplacent  plutôt  dans  une  direction  horizontale.  Le  canon 
paragrêle  se  tire  toujours  verticalement  et  les  fusées  ont 
également  une  trajectoire  à  peu  près  verticale. 

1.  Exposé  de  la  DoclriM  de$  Conden$*tion$,  imprimerie  Emile  Le  Mioat,  Cher- 
bourg. Réimpression  de  1891, 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         205 

Il  semble,  a  priori,  que  c'est  dans  la  direction  des  tirs 
qu'il  faut  rechercher  la  différence  des  résultats  constatés, 
mais  de  toute  façon  la  théorie  des  vibrations  paraît  inad- 
missible, car  les  ondes  sonores  produites  par  les  éclats 
du  tonnerre  seraient  susceptibles,  à  elles  seules,  de  dis- 
perser un  orage  et  d'empêcher  la  formation  de  la  grêle. 

Or,  la  grêle  est  toujours  accompagnée  d'éclairs  et  de 
tonnerre,  et  tout  ce  que  l'on  peut  constater  pendant  un 
orage,  c'est  une  recrudescence  de  la  pluie  à  chaque  coup 
de  tonnerre  violent,  surtout  au  début  de  l'orage.  Encore 
cette  recrudescence  peut  elle  résulter  d'une  modification 
électrique  instantanée  survenue  dans  les  couches  atmos- 
phériques, car  j'ai  remarqué  qu'elle  se  produit  le  plus 
souvent  immédiatement  après  l'éclair,  avant  que  le  ton- 
nerre ne  se  soit  fait  entendre. 

M.  Brunet-Tachon  a  remarqué  qu'à  la  suite  de  violents 
coups  de  tonnerre  l'orage  se  calmait,  surtout  la  nuit;  cette 
remarque,  pas  plus  que  la  précédente,  n'implique  un  rôle 
certain  aux  ondes  sonores. 

Dans  l'exposé  de  sa  théorie  sur  la  formation  de  la  grêle, 
M.  Roberto  ne  croit  pas  à  l'action  des  vibrations  sonores 
résultant  du  tir;  leur  intensité  étant  inversement  propor- 
tionnelle au  carré  des  distances,  elles  n'auraient  en  consé- 
quence qu'un  effet  bien  peu  appréciable  à  500  mètres.  Pour 
lui,  le  tore  gazeux  lancé  par  le  canon  attaquant  le  tour- 
billon à  axe  horizontal,  origine  de  la  grêle,  perpendiculai- 
rement à  l'axe,  le  mouvement  tourbillonnaire  est  rompu, 
et,  par  la  brèche  produite,  l'air  peut  pénétrer  pour  combler 
le  vide  central,  empêchant  ainsi  la  production  du  froid, 
partant  la  congélation  de  l'eau  vésiculaire. 

Dans  la  théorie  de  M.  Nolibois,  si  l'on  provoque  des  déchi- 
rements brusques  dans  le  nuage  orageux,  on  établira  des 
ondulations  ou  même  des  trouées,  par  lesquelles  la  vapeur 
chaude  de  la  région  inférieure  pourra  s'écouler  en  suppo- 
sant à  rétablissement  d'une  zone  de  surfusion. 


206  J.  CAMUSAT. 

Que  Ton  admette  l'hypothèse  des  ondes  sonores,  celle  de 
M.  Roberto  ou  celle  de  M.  Nolibois,  les  partisans  des 
fusées  pourront  s'en  servir  avantageusement  pour  appuyer 
leur  opinion,  car  ces  engins  portent  l'explosion  beaucoup 
plus  près  du  laboratoire  à  grêle. 

Toutefois,  beaucoup  d'observateurs  n'admettent  pas  que 
l'efficacité  des  tirs  puisse  être  attribuée  à  une  action  méca- 
nique des  gaz.  L'électricité  semblant  être  le  principal 
agent  qui  engendre  les  phénomènes  hydrométéoriques, 
l'action  des  gaz  dégagés  par  les  engins  grêlifuges  inter- 
viendrait pour  diminuer  la  tension  électrique  des  nuages, 
s'opposant  ainsi  à  la  formation  de  la  grêle. 

M.  Violle,  membre  de  l'Institut,  qui  présida  le  concours 
de  Nuits-Saint-Georges,  où  il  eut  l'occasion  de  suivre  les 
expériences  de  tir  grêlifuges,  envisage  la  question  sous 
une  tout  autre  forme. 

Dans  une  communication  faite  à  l'Académie  des  sciences  *, 
il  admet  que  le  tir  contre  les  nuages  tend  à  rétablir  l'équi- 
libre électrique.  «  Cela  doit  être,  dit-il,  si,  comme  il  est 
permis  de  le  supposer,  les  engins  agissent  surtout  par  les 
gaz  chauds  et  ionisés  auxquels  ils  donnent  lieu.  » 

Les  appareils  paragrêles  fonctionneraient  alors  comme 
de  véritables  paratonnerres  opérant  au  sein  même  des 
nuages. 

D'après  ce  que  j'ai  dit  de  la  fameuse  expérience  de 
Quinquet,  et  d'après  mes  observations  personnelles,  c'est 
évidemment  dans  la  voie  indiquée  par  M.  Violle  qu'il  faut 
rechercher  la  théorie  des  tirs  grêlifuges. 

La  théorie  de  l'ionisation,  d'origine  toute  récente,  joue 
aujourd'hui  un  rôle  très  important  dans  l'interprétation  des 
phénomènes  de  conductibilité. 

Les  travaux  de  C.  T.  R.  Wilson,  d'Elster,  de  Qeitel,  etc., 
ont  démontré  la  présence  permanente  dans  l'atmosphère 

1.  Comptes  rendus,  séaooe  du  6  février  1905. 


LK  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.        207 

de  centres  électrisés,  ou  ions,  des  deux  signes,  identiques 
i  ceux  que  produisent  les  rayons  Rœntgen,  et  qui,  par 
leurs  collisions  ou  leurs  recombinaisons  à  travers  les 
molécules  neutres  du  fluide  aérien,  communiquent  à  l'air 
la  conductibilité  électrique. 

La  détermination  de  cette  conductibilité  par  les  ions  est 
de  première  importance  pour  la  météorologie,  et  c'est  à 
cette  cause  que  Ton  tend  à  attribuer  aujourd'hui  les  phé- 
nomènes de  condensation  de  la  vapeur,  l'origine  de  la  pluie 
et  des  orages,  ainsi  que  l'existence  du  champ  électrique 
terrestre. 

Plus  récemment  encore,  les  recherches  de  MM.  P.  Lan- 
gevin  et  P.  Massoulier  sur  les  flammes  et  les  gaz  chauds 
ont  démontré  que,  sous  l'influence  de  certaines  réactions 
résultant  d'une  combustion,  et  par  l'effet  de  la  tempéra- 
ture élevée,  flammes  et  gaz  chauds  peuvent  devenir  con- 
ducteurs :  leur  conductibilité  résultant  d'une  ionisation  en 
volume  se  produisant  dans  le  corps  même  de  la  flamme  au 
moment  de  la  combustion. 

Les  tirs  grelifuges  réalisent-ils  les  conditions  de  conduc- 
tibilité suffisantes  pour  influencer  les  nuages? 

Dans  le  tir  du  canon,  les  gaz  ionisés  dégagés  par  la 
déflagration  de  la  poudre  s'élèvent  à  une  hauteur  plus  ou 
moins  importante  ;  mais  leur  projection  sous  forme  de  tore 
produit  un  brassage  énergique  des  couches  atmosphériques 
avec  lesquelles  ils  entrent  en  contact. 

Ce  brassage  provoque  une  agitation  thermique  et  méca- 
nique très  vive,  qui  sera  d'autant  plus  favorable  i  la  mise 
en  fonction  des  ions  atmosphériques,  joints  aux  ions  gazeux, 
que  les  modiGcations  fluidales  se  produisent  entre  deux 
électrodes  naturelles  très  puissantes  :  le  sol  et  les  nuages. 

Si  donc  le  tore  gazeux  semble  disparaître  à  une  hauteur 
peu  en  rapport  avec  l'altitude  des  nuages,  l'agitation  molé- 
culaire dont  il  est  l'origine  peut  embrasser  une  aire  de  dis- 
persion beaucoup  plus  considérable,  qui  constitue  rapide* 


208  J.  CAMUSAT. 

ment  une  puissante  colonne  conductrice  capable  de  sou- 
tirer aux  couches  supérieures  de  l'atmosphère  et  aux  nuages 
des  quantités  appréciables  d'électricité. 

Ainsi  déchargés,  les  nuages  perdent  de  leur  capacité 
orageuse,  et  les  phénomènes  habituels  qu'ils  engendrent, 
notamment  la  formation  de  la  grêle,  sont,  sinon  sup- 
primés totalement,  tout  au  moins  considérablement  atté- 
nués. 

Ainsi  s'explique  également  la  cessation  des  éclairs  et  du 
tonnerre  sur  l'étendue  des  champs  de  tirs. 

Quant  à  la  grêle,  on  ne  pourrait  évidemment  assurer 
qu'elle  serait  tombée  sans  le  tir,  tous  les  orages  n'étant 
pas  susceptibles  d'en  produire  d'une  façon  permanente; 
mais  la  chute  de  grêlons  mous  ou  de  flocons  neigeux,  cons- 
tatée fréquemment  par  les  artilleurs  agricoles,  semble, 
quoi  qu'en  dise  M.  Plumandon,  un  indice  que  cet  hydro- 
météore a  été  surpris  en  pleine  période  de  formation,  et 
que,  sans  l'influence  du  tir,  il  aurait  pu  se  développer  plus 
largement. 

Envisagée  sous  cette  forme,  l'efficacité  du  canon  ne  semble 
plus  se  présenter  comme  une  anomalie. 

Il  m'a  du  reste  été  permis,  dans  un  ordre  de  choses  diffé- 
rent, bien  que  similaire,  de  faire  quelques  remarques  qui 
semblent  venir  à  l'appui  de  cette  théorie. 

Le  Greusot,  pour  tous  ceux  qui  le  connaissent  bien,  est 
réputé  pour  être  rarement  touché  par  les  orages,  tout  au 
moins  par  des  orages  de  quelque  importance. 

La  foudre,  en  effet,  y  tombe  assez  rarement,  et  quand  le 
tonnerre  s'y  fait  entendre,  c'est  plutôt  sur  les  conGns  du 
pays. 

Cette  particularité  avait  fait  croire  jusqu'alors  que,  par 
suite  de  conditions  orographiques  spéciales  provoquant  des 
courants  aériens,  les  orages,  qu'ils  vinssent  du  sud-ouest 
ou  du  nord  -  es t,  se  trouvaient  canalisés  et  divisés  en 
deux  branches,  l'une  passant  au  nord  dans  la  direction  de 


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LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         209 

la  vallée  de  l'Àrroax,  l'autre  passant  au  sud  dans  la  direc- 
tion de  la  vallée  de  la  Dheune  et  du  canal  du  Centre. 

A  priori,  cette  influence  de  la  configuration  du  sol  pou- 
vait paraître  assez  vraisemblable,  mais,  avec  un  peu  d'at- 
tention, il  est  facile  de  donner  une  explication  plus  ration- 
nelle de  ce  phénomène. 

Depuis  longtemps  je  cherche  i  éclaircir  ce  point,  et 
cette  année  surtout,  année  de  sécheresse  par  excellence, 
où,  depuis  juin,  nous  avons  été  constamment  sous  la  menace 
de  l'orage,  sans  que  la  plupart  du  temps  le  tonnerre  se  fit 
entendre,  il  m'a  été  permis  de  faire  quelques  constatations 
excessivement  intéressantes. 

Quelle  que  soit  la  direction  de  l'orage,  alors  que  le  ciel 
était  très  chargé  aux  quatre  points  cardinaux,  on  pouvait 
remarquer  que  sur  toute  la  ligne  des  usines  le  ciel  était 
beaucoup  moins  couvert,  laissant  même  parfois  apparaître 
l'azur  supérieur. 

Dans  les  premiers  jours  de  juillet  notamment,  le  vent  du 
sud-est  soufflait  en  tempête,  le  ciel  était  très  noir  sur  toute 
la  bordure  sud  de  la  ville,  mais,  à  mesure  que  les  nuages 
étaient  chassés  sur  la  région  des  usines,  on  les  voyait 
s'éclaircir  progressivement.  Après  avoir  traversé  cette 
zone,  on  les  voyait  se  recharger  à  nouveau  pour  former 
une  deuxième  bande  très  noire  sur  la  bordure  nord. 

Les  nuages,  animés  d'une  grande  vitesse,  n'avaient  sans 
doute  pas  le  temps  nécessaire  pour  se  dissiper  très  sensi- 
blement en  traversant  les  usines,  néanmoins  l'éclairoie 
était  bien  caractérisée  et  contrastait  singulièrement  avec 
les  bordures  nord  et  sud. 

Je  pourrais  encore  citer  beaucoup  d'autres  constatations 
de  oe  genre  qui,  toutes,  concourent  au  même  résultat. 

A  quoi  peut-on  attribuer  cette  tendance  i  la  dispersion 
des  nuages  au-dessus  des  usines  ? 

Toute  la  ligne  de  ces  usines  est  parsemée  de  hautes 
cheminées,  ayant  60  à  70  mètres  de  hauteur,  dont  les  som- 

TOME  XIX.  14 


210  J.  GAXUSAT. 

mets  atteignent  et  dépassent  400  mètres  d'altitude.  Les 
colonnes  de  fumées  qui  s'échappent  de  ces  cheminées,  a 
une  température  supérieure  à  100  degrés,  jettent  leurs 
volutes  très  haut  dans  l'atmosphère. 

Ionisés  i  leur  origine,  ces  gaz,  par  l'agitation  thermique 
qu'ils  provoquent,  rendent  les  couches  atmosphériques 
supérieures  conductrices,  et  les  nuages  qui  arrivent  dans 
cette  région  abandonnent  une  partie  de  leur  électricité  qui 
se  diffusera  très  facilement  dans  un  sol  recouvert  partout 
de  masses  métalliques,  ces  masses  étant  déjà  susceptibles 
par  elles-mêmes  de  soutirer,  par  influence,  une  certaine 
quantité  d'électricité  aux  couches  aériennes. 

Il  n'est  pas  à  dire  pour  cela  que  le  Creusot  soit  totalement 
indemne  d'orages  sérieux.  Il  y  a  des  orages  violentissimes, 
dont  la  vitesse  est  excessive,  que  les  colonnes  de  fumées 
ont  d'autant  moins  le  temps  de  décharger,  qu'elles  sont 
elles-mêmes  éparpillées  par  la  violence  du  vent  et  se 
répartissent  plutôt  dans  une  zone  horizontale,  au  lieu  de 
laisser  leur  progression  se  perpétuer  jusqu'aux  nuages. 

Tel  est,  par  exemple,  l'orage  i  grêle  du  30  juin  1897, 
orage  qui  ravagea  une  étendue  considérable  de  territoire  et 
qui,  au  Creusot  seulement,  fit  pour  plus  d'un  million  de 
dégâts. 

Cet  orage  arriva,  heureusement,  vers  neuf  heures  du 
soir,  o'est-à-dire  après  la  cessation  du  travail  dans  la 
majeure  partie  des  usines  ;  s'il  se  fût  produit  dans  la  journée, 
les  plus  fâcheux  accidents  de  personnes  auraient  pu  en 
résulter  dans  un  grand  nombre  d'ateliers,  dont  la  disposi- 
tion nécessite  l'éclairage  par  vitraux  placés  dans  les  toi- 
tures. 

Les  grêlons  avaient  à  peu  près  tous  la  forme  d'oignons  et 
étaient  constitués  par  des  couches  concentriques  de  glace 
opaque  et  de  glace  translucide.  Les  plus  petits  n'avaient 
pas  moins  de  2  à  3  centimètres  de  diamètre  et  8  à  10  milli- 
mètres d'épaisseur  au  milieu;  les  plus  gros  atteignaient,  et 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         211 

dépassaient  souvent  4  à  5  centimètres  de  diamètre  avec 
2  à  3  centimètres  d'épaisseur. 

De  mémoire  d'homme  on  n'avait  vu  semblables  grêlons 
tomber  au  Creusot,  où  les  plus  gros,  déjà  rares,  que  Ton 
connaissait  ne  dépassaient  pas  la  dimension  d'une  noisette 
ordinaire. 

Le  15  août  de  cette  année,  il  y  eut  également  une  chute 
de  grêle  importante,  mais  les  grêlons  ne  dépassèrent  pas  la 
dimension  de  grosses  noisettes,  et  les  dégâts  furent  tout  à 
fait  insignifiants. 

La  chute  de  la  grêle  au  Creusot  n'est  peut-être  pas  aussi 
en  contradiction  qu'on  pourrait  le  croire  avec  la  théorie 
de  l'influence  des  colonnes  gazeuses  lancées  par  les  che- 
minées. 

Les  usines  étant  construites  dans  une  vallée  longue  et 
étroite,  la  zone  aérienne  ionisée  constitue  de  fait  une  bande 
curvilique  peu  large.  Que  la  formation  de  la  grêle  com- 
mence à  une  distance  quelque  peu  importante  de  la  zone 
de  protection,  il  suffira  que  l'orage  soit  chassé  violemment 
pour  que  les  grêlons,  dont  j'ai  toujours  remarqué  la  chute 
très  oblique,  soient  projetés  jusque  dans  cette  zone. 

Ainsi  dans  l'orage  du  30  juin  1897,  résultant,  comme  j'ai 
été  à  même  de  le  constater,  de  la  rencontre  de  deux 
nuages  de  directions  opposées  nord  et  sud,  le  point  origi- 
nel de  la  chute  de  la  grêle  était  situé  bien  au  sud  de  la 
ligne  des  usines. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  on  a  remarqué  que  les  con- 
trées forestières  sont  moins  facilement  grêlées  que  les 
autres,  et  que  les  orages  à  grêle  suivent  exclusivement  les 
parties  déboisées  et  se  résolvent  en  pluie  lorsqu'ils  passent 
au-dessus  des  grandes  forêts. 

Il  y  a,  dans  ce  phénomène,  une  nouvelle  preuve  à  l'appui 
de  la  théorie  de  l'ionisation  que  je  viens  d'exposer. 

Les  forêts  sont  le  siège  d'une  évaporation  très  active 
par  suite  de  l'action  des  rayons  solaires  sur  les  feuilles  des 


212  J.    CAMUSAT. 

arbres,  et  la  vapeur  ainsi  produite,  qui  contribue  puissam- 
ment à  la  formation  des  nuages,  provoque,  pendant  son 
ascension,  une  agitation  thermique  des  couches  atmosphé- 
riques; il  en  résulte  une  certaine  ionisation,  capable  d'éta- 
blir une  conductibilité  suffisante  pour  réduire  la  tension 
électrique  des  nuages  au  moment  de  leur  passage  au- 
dessus  des  forêts,  et  empêcher  la  formation  de  la  grêle. 

La  condensation  d'une  partie  de  la  vapeur  d'eau  qui  s'élève 
de  la  forêt  vient  augmenter,  dans  les  nuages,  la  proportion 
de  l'eau  vésiculaire  en  suspension;  les  gouttelettes  qui 
augmentent  de  poids,  et  ne  sont  plus  autant  influencées 
par  les  décharges  électriques,  se  résolvent  en  pluie. 

Au  Greusot  la  quantité  de  vapeur  d'eau  lancée  dans  l'at- 
mosphère, par  les  échappements  de  machines  à  vapeur,  par 
l'arrosage  du  coke,  par  la  coulée  des  laitiers  de  hauts  four- 
neaux dans  l'eau,  etc.,  est  considérable,  et  l'ascension  de 
cette  vapeur  contribue  avec  les  fumées  i  diminuer  la  ten- 
sion électrique  des  nuages. 

Examinons  maintenant  ce  qui  se  passe  dans  le  tir  des 
fusées  contre  les  nuages. 

La  fusée  s'élève  par  réaction  pendant  la  combustion  de 
la  charge  fusante,  laissant  en  dessous  d'elle  une  traînée 
gazeuse  conductrice  ;  cette  colonne  gazeuse,  par  suite  des 
conditions  de  sa  production  :  rétrécissement  de  l'orifice 
inférieur  de  la  fusée  et  grande  vitesse  ascensionnelle,  con- 
servera sur  toute  sa  hauteur  une  faible  section  et  ne  pro- 
duira pas  une  agitation  importante  de  la  masse  atmosphé- 
rique. 

Au  moment  de  l'allumage  de  la  charge  explosive,  c'est-à- 
dire  au  point  culminant  de  l'ascension  de  la  fusée,  une 
nappe  de  gaz,  également  ionisés,  se  répand  dans  l'atmos- 
phère. 

Si  cette  nappe  entre  en  contact  avec  un  nuage,  elle  peut, 
incontestablement,  modifier  les  différences  de  potentiel 
qui  caractérisent  ses  diverses  zones  et  régulariser  sa  ten- 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         213 

sion  électrique.  D'autre  part,  une  partie  de  l'électricité  du 
nuage  pourra  suivre  cette  nappe  conductrice  et  venir 
s'écouler  jusqu'au  sol  par  la  colonne  ascensionnelle,  à  con- 
dition toutefois  que  cette  dernière  n'ait  pas  été  rompue 
par  le  vent.  La  quantité  d'électricité  qui  s'écoule  étant 
fonction  de  la  dimension  du  conducteur,  le  nuage,  en  tout 
cas,  ne  se  déchargera  que  très  lentement,  par  conséquent 
peu  abondamment. 

La  fusée  peut  donc  intervenir  favorablement  dans  la 
lutte  contre  les  orages,  mais,  comme  elle  agit  plus  par  sa 
nappe  gazeuse  d'explosion  que  par  sa  colonne  ascension- 
nelle, elle  tend  surtout  à  rétablir  un  certain  équilibre  élec- 
trique des  nuages,  mais  non  à  les  décharger.  Les  éclairs  et 
le  tonnerre  pourront  cesser  momentanément,  et  la  grêle  ne 
pas  se  produire,  mais  la  capacité  électrique  des  nuages  res- 
tant à  peu  près  entière,  ils  reprendront  rapidement  leur 
forme  orageuse  dès  qu'ils  auront  dépassé  la  zone  des  postes 
de  tir. 

En  un  mot,  la  fusée  semblerait  plutôt  n'avoir  qu'une 
action  modératrice,  et  l'étendue  de  sa  protection  serait  très 
localisée. 

A  mon  point  de  vue,  le  canon,  par  l'importance  de  la 
colonne  conductrice  qu'il  engendre,  colonne  bien  entretenue 
par  la  précipitation  du  tir,  me  semble  plus  susceptible  de 
briser  un  orage  et  d'atténuer  son  étendue,  car  les  nuages, 
au  fur  et  à  mesure  de  leur  passage  au-dessus  des  postes, 
laisseront  perdre  dans  le  sol  une  partie  de  leur  élec- 
tricité. 

Néanmoins  les  fusées,  avec  les  modèles  que  Ton  fabrique 
aujourd'hui,  pourront,  dans  les  orages  élevés  surtout, 
assurer  une  proteotion  appréciable  et  assez  rapide  au-dessus 
dés  champs  de  tir. 

Quant  à  attribuer  aux  fusées  insuffisantes  un  effet  encore 
comparable  à  celui  du  canon,  comme  l'a  fait  M.  Sisqué, 
l'idée  me  paraît  bien  hasardée. 


214  S.    GAMUSAT. 

Il  semble  au  contraire  prouvé  par  l'expérience  que  les 
fusées  dont  l'explosion  se  fait  en  dessous  des  nuages  ne 
produisent  aucun  effet.  Ceci  résulte  incontestablement  de 
ce  que  la  nappe  gazeuse  d'explosion  n'a  pu  régulariser  la 
tension  des  nuages;  elle  est  incapable  d'influencer  les  ions 
des  couches  atmosphériques  supérieures  pour  les  rendre 
conductrices,  et  n'agit  que  par  contact  direct. 

Les  artificiers  agricoles  ont  à  leur  disposition  plusieurs 
numéros  de  fusées  suivant  les  hauteurs  à  atteindre,  mais 
l'appréciation  de  la  hauteur  des  nuages  reste  toujours  l'une 
des  grosses  difficultés  du  tir. 

Cette  appréciation  ne  peut  guère  s'obtenir  que  par  tâton- 
nements, en  lançant  successivement  des  fusées  de  plus  en 
plus  fortes,  jusqu'à  ce  que  l'on  constate  que  l'explosion  se 
produit  dans  les  nuages.  Il  ne  faut  donc  pas,  sous  un  vain 
prétexte  d'économie!  hésiter  à  brûler  rapidement  quelques 
fusées  au  début  de  l'orage,  jusqu'à  ce  que  l'on  soit  assuré 
que  la  hauteur  du  tir  est  suffisante  ;  on  prépare  ainsi  le 
succès  de  la  défense. 

D'une  manière  générale,  il  sera  toujours  préférable  de 
tirer  trop  haut  plutôt  que  d'utiliser  des  fusées  trop  courtes. 

Telle  qu'elle  vient  d'être  présentée,  la  théorie  de  l'effica- 
cité des  tirs  grâlifuges  peut  paraître  rationnelle,  le  tir 
n'agissant  plus  que  comme  un  simple  paratonnerre,  avec 
toutefois  une  action  plus  énergique  par  suite  de  la  jonction 
directe  des  nuages  avec  le  sol. 

On  retombe  ainsi  dans  les  prévisions  d'Ampère,  qui  pro- 
posait de  décharger  les  nuages  en  utilisant  des  ballons 
captifs,  ou  des  cerfs-volants,  munis  de  pointes  et  reliés  au 
sol  par  des  conducteurs  ;  mais,  eu  égard  à  l'importance  de 
la  colonne  conductrice  développée  par  les  tirs,  les  modifi- 
cations électriques  sont  beaucoup  plus  rapides  et  assurent 
un  résultat  plus  certain. 

Pour  terminer  ce  chapitre,  je  signalerai  un  reproche  que 
j'ai  entendu  faire  au  tir  des  fusées,  ayant  trait  à  la  difficulté 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         215 

de  l'allumage  lorsque  la  pluie  tombe  abondamment.  Les 
allumettes,  l'amadou,  les  torches,  s'éteignent,  et  les  mèches 
dos  fusées  s'humidifient  malgré  tous  les  moyens  de  pro- 
tection employés. 

On  m'a  cité  certaines  stations  de  Saône-et-Loire  où  des 
postes  avaient  été  grêlés  par  suite  de  l'impossibilité 
d'allumer  les  fusées. 

Il  me  semble  qu'il  serait  possible  de  remédier  à  ce  grave 
inconvénient,  en  utilisant  un  allumeur  électrique  du  genre 
de  celui  usité  pour  l'éclairage  au  gaz. 

Cet  appareil1,  basé  sur  la  production  de  l'électricité  par 
frottement,  ne  comporte  par  conséquent  ni  pile,  ni  accu- 
mulateur, susceptibles  de  remplacement  ou  de  recharge* 
ment,  et  se  trouve  de  ce  fait  toujours  prêt  à  fonctionner. 

11  comprend  deux  parties  :  une  poignée,  dans  laquelle  est 
monté  le  générateur  d'électricité,  un  tube,  plus  ou  moins 
long  selon  les  besoins,  fixé  à  la  poignée,  dans  l'intérieur 
duquel  sont  placés  des  fils  conducteurs  reliant  le  générateur 
à  deux  petites  pointes  de  platine  opposées,  fixées  i  l'extré- 
mité du  tube. 

Un  cylindre  d'ébonite,  monté  sur  pivots  dans  le  tube 
formant  poignée,  peut  recevoir  un  mouvement  de  rotation 
très  rapide,  par  l'intermédiaire  d'une  crémaillère  et  d'un 
jeu  de  rouages  amplificateurs,  lorsque  l'on  presse  du  doigt 
sur  un  bouton  extérieur  i  la  poignée. 

Le  frottement  du  cylindre  sur  deux  lames  métalliques 
fixées  à  l'intérieur  du  tube-poignée  donne  lieu  à  un  déga- 
gement d'électricité  des  deux  signes  qui,  recueillie  par  de 
petits  trotteurs,  est  dirigée  sur  les  fils  conducteurs  jusqu'aux 
pointes  de  platine  entre  lesquelles  jaillissent  des  étincelles. 

Pour  l'allumage  des  fusées  il  serait  évidemment  néces- 
saire de  faire  subir  une  modification  à  l'extrémité  du  tube 


I.  L'allumeur  électrique  te  Perpétuai  se  trouve  à  la  maison  J.  Visseaux,  de  Ljon, 
qui,  probablement,  ne  demanderait  paa  mieux  que  d'en  faire  l'expérimentation  a 
l'allumage  des  fusées. 


216  J.    CAMUSAT. 

portant  les  pointes,  afin  de  faciliter  le  contact  des  étincelles 
avec  la  poudre  de  la  mèche  ;  il  faudrait  probablement  aussi 
que  les  étincelles  soient  plus  puissantes  que  celles  produites 
par  l'allumeur  à  gaz.  Ce  sont  là,  je  crois,  des  modifications 
réalisables. 

Cet  appareil  n'aurait  rien  à  craindre  de  l'humidité  et 
présenterait  l'avantage  de  pouvoir  faire  l'allumage  à  une 
certaine  distance  de  la  fusée,  ce  qui  assurerait  plus  de 
sécurité  pour  l'artificier. 

Le  reproche  qu'on  peut  lui  faire  est  son  prix  un  peu 
élevé  :  9  à  10  francs,  selon  la  longueur  du  tube;  mais 
l'allumage  des  fusées  ne  nécessitant  pas  une  construction 
de  luxe,  on  pourrait  très  probablement  réduire  ce  prix. 

Il  serait  intéressant  d'essayer  cet  allumeur. 

Pour  éviter  l'humidification  de  la  mèche  d'allumage  de  la 
fusée,  ne  pourrait-on  pas  emprisonner  son  extrémité  dans 
un  petit  sac  de  papier  imperméable  que  l'artificier  déchi- 
rerait au  moment  de  l'allumage  ?  Je  laisse  cette  question  à 
l'appréciation  des  spécialistes. 

IV.  —  Conclusions. 

De  ce  qui  précède,  s'il  est  possible  de  tirer  quelques  con- 
clusions en  faveur  de  l'efficacité  des  tirs  grâlifuges,  la 
chose  devient  plus  difficile  lorsqu'il  s'agit  de  préciser  le 
choix  entre  le  canon  et  la  fusée. 

Sans  doute  le  canon  semble  devoir  assurer  un  décharge- 
ment plus  rapide  et  plus  complet  des  nuages,  de  sorte  que 
la  protection  pourrait  s'étendre  bien  en  arrière  du  champ  de 
tir,  l'orage  ayant  à  parcourir  une  distance  assez  grande  avant 
de  reconstituer  son  énergie  électrique.  Mais  la  fusée  assure 
également  une  protection  qui,  pour  n'être  qu'instantanée 
et  tout  à  fait  locale,  n'en  est  pas  moins  évidente. 

Le  problème  repose  presque  entièrement  sur  ces  deux 
questions  : 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  K   GRÊLE.         217 

Est-on  bien  assuré  que  la  portée  conductrice  de  la 
colonne  ionisée  développée  par  le  canon  est  suffisante, 
dans  la  majeure  partie  des  cas,  pour  atteindre  une  hauteur 
compatible  avec  l'altitude  des  orages? 

Le  canon  peut-il  être  aussi  efficace  dans  les  pays  de 
vallées  basses  que  dans  les  régions  montagneuses  d'altitude 
importante? 

Si  l'on  ne  considérait  que  les  résultats  obtenus  en  Beau- 
jolais, on  n'hésiterait  pas  à  répondre  affirmativement. 

Dans  d'autres  contrées,  en  Côte-d'Or  par  exemple,  il  a 
été  permis  de  constater  également  une  efficaoité  indiscu- 
table, mais  quelquefois,  il  faut  le  reconnaître,  les  tirs  se 
sont  traduits  par  des  éohecs  qui  n'ont  pas  peu  contribué 
à  discréditer  le  canon. 

Je  sais  bien  que  Ton  peut  toujours,  dans  la  majeure 
partie  des  cas,  invoquer  la  raison  d'un  tir  tardif,  ou  celle 
d'une  charge  de  poudre  trop  faible,  mais  sont-ce  bien  là 
les  uniques  raisons  des  échecs? 

C'est  le  cas  de  regretter  l'absence  d'une  organisation 
générale  de  contrôle  permettant  la  vérification  judioieuse 
des  résultats. 

L  existence  effective  d'une  telle  organisation  dépend 
surtout  d'une  question  financière  et  ne  peut  guère  s'exercer 
que  sous  les  auspices  de  l'État.  N'est-il  pas,  du  reste, 
intéressé  directement  à  la  suppression  des  allocations  dis- 
tribuées ohaque  année  aux  sinistrés? 

Ces  considérations  ne  sauraient  viser  uniquement  le 
canon  car,  plus  que  lui  peut-être,  les  fusées  ont  été  bien 
souvent  sujettes  i  caution  en  tant  qu'efficacité. 

Lors  de  l'organisation  d'un  syndicat  de  défense,  on  se 
trouve  presque  toujours,  i  moins  d'interventions  généreuses, 
en  présence  d'une  difficulté  capitale  :  la  création  d'un  fonds 
syndical  pour  l'achat  du  matériel  de  tir.  Cette  difficulté, 
aujourd'hui  plus  que  jamais,  tend  à  faire  préférer  la  fusée 
au  canon. 


218  J.    CAMUSAT. 

Si  la  grêle  était  le  seul  fléau  à  redouter,  peut-être  le 
vigneron  ferait-il  moins  de  difCcultés  à  pratiquer  une  nou- 
velle saignée  à  sa  bourse  déjà  trop  obérée  ;  mais,  hélas  !  il 
lui  faut  compter  avec  bien  d'autres  ennemis  non  moins 
redoutables  : 

Les  maladies  cryptogamiques  ou  autres,  contre  lesquelles 
il  est  encore  possible  de  lutter,  à  grand  renfort  de  labeur 
et  de  dépenses;  les  gelées  prin tanières  qui  détruisent  les 
bourgeons  précoces  et  nuisent  sérieusement  à  la  produc- 
tion; la  trop  grande  sécheresse  qui,  au  moment  de  la  matu- 
rité, arrête  le  développement  de  la  grume  par  rabaissement 
profond  des  nappes  aquifères  souterraines  ;  les  pluies  tar- 
dives et  persistantes  qui,  en  même  temps  que  favorables 
au  développement  des  maladies  cryptogamiques,  peuvent, 
par  le  refroidissement  général  qui  en  résulte,  arrêter  la 
maturation. 

Tous  ces  maux  concourent  à  détruire  tout  espoir  de 
rémunération  et  obligent  le  vigneron,  plus  peut-être  qu'en 
année  normale,  à  poursuivre  sans  relâche  le  travail  et  les 
soins  périodiques  de  sa  vigne  sous  peine  de  compromettre 
la  productivité  de  l'année  suivante. 

Admettant  ces  raisons  majeures  qui  entraînent  le  vigne- 
ron à  l'adoption  du  système  des  fusées  pour  la  défense 
grêlifuge,  je  considère,  néanmoins,  qu'il  y  aurait  intérêt  à 
alterner  les  postes  de  canons  avec  ceux  à  fusées.  On 
assurerait  ainsi  une  défense  plus  énergique  et  plus  cer- 
taine. 

On  pourrait  tout  au  moins  utiliser  quelques  canons  en 
avant-postes  du  côté  des  orages,  en  les  plaçant,  autant 
que  possible,  sur  les  points  culminants  pour  assurer  leur 
maximum  d'efficacité.  L'orage  pénétrant  sur  le  champ  de 
tir  aurait  de  ce  fait  perdu  une  partie  de  sa  violence,  de 
sorte  que  les  postes  à  fusées  installés  en  retraite  n'au- 
raient plus  que  quelques  efforts  à  faire  pour  terminer  la 
lutte. 


LE  TIR  CONTRE  LES  ORAGES  A  GRÊLE.         219 

L'économie  de  tir  qui  résulterait  de  cette  disposition 
permettrait  un  amortissement  assez  rapide  des  dépenses, 
bien  atténuées  de  fait,  occasionnées  par  l'installation  de  ces 
quelques  postes  de  canons. 

Je  n'hésiterai  même  pas  à  recommander  cette  dernière 
solution.  Elle  me  semble  la  plus  rationnelle  pour  le  moment, 
non  pas  seulement  pour  l'économie  qu'elle  procure  ou  la 
protection  suffisante  qu'elle  peut  assurer  dans  la  majeure 
partie  des  cas,  mais  encore  parce  que  la  pratique  des  tirs, 
qui  n'est  pas  le  dernier  mot  de  la  défense  grêlifuge,  est 
peut-être  bien  près  de  disparaître  pour  faire  place  h  d'autres 
procédés  plus  expéditifs  et  plus  rationnels. 

La  science,  à  laquelle  on  semble  avoir  refusé  jusqu'alors 
d'intervenir  officiellement  dans  les  tirs  grêlifuges,  finira 
par  s'imposer  dans  cette  question,  comme  elle  l'a  fait  dans 
bien  d'autres  circonstances  difficiles. 

Elle  saura  deviner  le  mystère  impénétrable  des  nuages 
grèliformes,  et,  par  une  de  ces  surprises  comme  elle  en 
ménage  bien  souvent,  trouver  le  moyen  d'annihiler  leurs 
effets  destructeurs. 

Un  lieutenant  de  vaisseau  italien,  M.  Ettore  Rota,  vient 
d'inventer  un  appareil  paragrâle  utilisant  les  ondes 
hertziennes,  et,  d'après  les  expérienoes  qui  viennent  d'en 
être  faites  à  Veroelli,  on  aurait  obtenu  les  meilleurs 
résultats. 

Qui  eût  pu  croire,  il  y  a  quelques  années  à  peine,  qu'il 
fût  possible  de  faire  de  la  télégraphie  sans  fil? 

La  chose  est  cependant  indiscutable  aujourd'hui,  et  il 
est  possible,  par  l'utilisation  des  ondes  hertziennes,  de 
transmettre  des  dépêches  i  des  distances  de  plus  de  200  kilo- 
mètres. 

L'appareil  de  M.  E.  Rota,  bien  que  le  dispositif  n'en  ait 
pas  encore  été  décrit,  du  moins  i  ma  connaissance, 
semble,  en  somme,  basé  sur  le  principe  de  la  télégraphie 
fil. 


220  J.    GAMUSAT. 

La  propagation  des  ondes  hertziennes  doit  résulter,  sans 
doute,  de  l'intervention  des  ions  atmosphériques  qui  engen- 
drent la  conductibilité  des  couches  aériennes. 

Dans  le  cas  particulier  de  l'application  paragrêle,  le  poste 
récepteur  des  faisceaux  hertziens  étant  constitué  par  l'écran 
nuageux  d'un  orage,  il  n'est  pas  impossible  que,  sous  l'in- 
fluence de  l'ionisation  atmosphérique,  il  se  produise  un 
courant  de  retour  au  détriment  de  la  tension  électrique 
des  nuages. 

Espérons  que  les  premiers  résultats  signalés  seront 
bientôt  confirmés  par  de  nouvelles  expériences,  et  que 
l'appareil  de  M.  Rota  permettra  d'aller  reprendre  aux 
nuages  toute  l'énergie  électrique  qui  s'y  accumule  pour  la 
ramener  dans  le  grand  condensateur  naturel  du  sol. 

Ondes  hertziennes  et  ionisation  semblent  bien  proches 
parentes;  attendons,  pour  la  plus  grande  satisfaction  de 
nos  populations  agricoles,  les  bienfaits  de  ces  liens  ori- 
ginels. 


Creusoft,  le  4  décembre  1905. 


J.  CA  MUSAT. 


^<- 


FLORULE  RAISONNÉE 


DU  BRIONNAIS 


PAR 


MM.  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU 


AVBC  LA 


CoDaboration  de  M.  le  D'  X.  GILLOT 


AVANT-PROPOS 


Grâce  au  développement  pria  par  les  Sociétés  d'histoire  natu- 
relle, et  plus  particulièrement  par  celle  d'Autun,  la  flore  du 
département  de  Saône-et-Loire  est  assez  bien  connue.  Cependant 
l'arrondissement  de  Oharolles  et  surtout  l'ancien  Brionnais,  éloi- 
gné des  centres  scientifiques,  est  moins  bien  partagé  à  cet  égard. 
Les  ouvrages  donnant  quelques  localités  de  cette  région  sont  la 
Flore  du  centre  de  la  France,  de  A.  Boreau,  et  le  Catalogue 
des  plantes  de  S&ône»eULoire9  du  Dr  Oarion,  complété  par  un 
important  supplément  de  M.  Orognot1.  Ils  citent  une  fois  ou 
deux  Marcigny  ou  Semur  et  ensuite  comme  localités  les  plus 
rapprochées,  Digoin   et   Gharolles.   Les  indications  de  l'un  et 


1.  A.  Boreau,  Flore  du  centré  de  la  France,  Paris,  2  vol.  in-8*;  i"  édit.  1840, 
?•  édit.  1849,  3*  édit  1857.  —  Dr  Carion,  Catalogue  raisonné  dee  plantée  du  dépar- 
tement de  Saône-et-Loire,  croissant  naturellement  ou  soumises  a  la  grande  culture, 
dans  Soc.  Éd tienne,  Mémoires  d'histoire  naturelle,  I,  Autun,  1865,  in-8*  et  extrait, 
122  p.  —  Grognot  aîné,  Plantes  vaaculairea,  phanérogames  et  cryptogames  du 
département  de  Saône-et-Loire,  à  ajouter  à  celles  mentionnées  dans  le  Catalogue 
raisonné  des  plantes  du  département  de  Saône-et-Loire y  par  le  D*  Carion,  dans 
Mémoires  Soc.  Êduenne,  ibid.,  pp.  123-204. 


222  Q.  ORMEZZANO  ET  K.  CHATEAU. 

l'autre  ouvrages  ont  été  fournies  par  M.  Berthiot  ou  le  Dr  Carion, 
tous  les  deux  correspondants  de  Boreau. 

Il  appartenait  à  notre  savant  et  excellent  ami  Quentin 
Ormezzano  de  faire  connaître  les  richesses  végétales  du  Brion- 
nais  qu'il  explore  depuis  bientôt  quarante  ans. 

L'amour  de  la  botanique  était  inné  chez  lui  :  tout  enfant  il 
desséchait  des  plantes  entre  les  feuillets  de  ses  livres  d'écolier  et 
n'était  jamais  aussi  heureux  que  lorsqu'il  parvenait  à  en  con- 
naître les  noms.  En  1865,  son  père  voulant  lui  offrir  un  cadeau, 
lui  demanda  ce  qui  lui  ferait  le  plus  de  plaisir;  le  futur  botaniste 
fixa  son  choix  sur  une  flore.  Il  eut  sa  flore  et  il  s'en  est  servi.  Dés 
lors,  il  employa  tous  ses  loisirs  à  récolter,  dessécher,  déterminer 
et  classer  les  plantes  qu'il  rencontrait,  sans  se  laisser  rebuter  par 
les  difficultés.  Il  voyait,  avec  une  satisfaction  non  dissimulée,  son 
herbier  devenir  chaque  année  plus  volumineux,  pour  prendre 
enfin  les  proportions  qu'il  a  aujourd'hui.  Entre  temps,  il  entrait 
en  relations  avec  M.  le  Dr  X.  Oillot,  le  savant  botaniste  autunois, 
qui  revisa  son  herbier  avec  une  complaisance  n'ayant  d'égale 
que  sa  science.  Toutes  les  plantes,  sans  exception  aucune,  de 
l'herbier  Ormezzano  ont  été  soumises  au  contrôle  autorisé  du 
savant  président  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun.  Il  a 
de  môme  revu  toutes  les  plantes  litigieuses  du  nôtre  et  lu,  ligne 
par  ligne,  notre  manuscrit  qu'il  a  longuement  annoté.  Il  s'est 
déplacé  à  plusieurs  reprises,  pour  nous  diriger  sur  le  terrain  ;  il 
nous  a  consacré  de  longues  heures  dans  son  cabinet,  pour  nous 
expliquer  les  faits  les  plus  obscurs,  tout  en  nous  offrant  l'hospi- 
talité la  plus  large  et  la  plus  amicale;  il  a  entretenu  avec  nous 
une  correspondance  suivie  que  nous  relisons  souvent  et  toujours 
avec  profit;  en  un  mot,  nous  pouvons  dire  que  la  partie  scien- 
tifique de  ce  travail  est  son  œuvre.  O'est  grâce  à  sa  direction  que 
nous  avons  pu  terminer  une  étude  qui  n'aurait  jamais  vu  le  jour, 
si  nous  avions  été  livrés  à  notre  seule  force.  Qu'il  reçoive  donc 
ici  l'expression  de  notre  vive  reconnaissance  ! 

A  notre  arrivée  à  Bourg-le-Oomte,  en  1895,  M.  Ormezzano 
voulut  bien  nous  associer  à  ses  travaux.  Il  se  mit  à  notre  entière 
disposition  pour  nous  faciliter  la  connaissance  d'une  région  que 
nous  ignorions  complètement.  Avec  un  tel  guide,  la  flore  brion- 
naise  nous  était  bientôt  familière.  Depuis  nous  n'avons  pas  cessé 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  223 

de  travailler  ensemble,  discutant  souvent,  mais  finissant  toujours 
par  tomber  d'acoord.  Ses  occupations  d'entrepreneur,  justement 
considéré,  ne  lui  permettant  pas  de  s'occuper  aussi  activement 
qu'il  l'aurait  voulu  de  la  partie  statistique,  il  voulut  bien  nous 
charger  de  l'établir  en  son  lieu  et  place.  C'est  ce  que  nous  avons 
fait  après  avoir  classé  son  herbier  méthodiquement.  Nous  tenons 
donc  à  bien  préciser  quel  a  été  notre  rôle  dans  ce  travail,  rôle 
qui  a  consisté  surtout  à  dresser  ce  catalogue,  à  ajouter  quelques 
localités,  mais  bien  peu  d'espèces  nouvelles,  rien  n'ayant  échappé 
à  l'observation  de  notre  savant  ami  avant  notre  arrivée.  Il  est 
donc  bien  entendu  que  c'est  presque  uniquement  sur  les  docu- 
ments réunis  par  M.  Ormezzano,  depuis  nombre  d'années,  que 
nous  nous  sommes  appuyés  pour  établir  la  statistique  du  Brion- 
nais,  et  que  le  principal  mérite  qu'elle  peut  avoir  doit  lui  être 
reporté,  Nous  lui  devons  d'ailleurs  plusieurs  espèces  nouvelles 
pour  Saône-et-Loire  et  de  nombreuses  observations  d'histoire 
naturelle  disséminées  dans  les  volumineux  Bulletins  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun. 

Le  Brionnais  a  été  exploré,  en  partie,  par  quelques  amateurs 
qui  ont  bien  voulu  nous  communiquer  le  résultat  de  leurs 
découvertes. 

Le  regretté  Frère  Asclépiade,  correspondant  de  l'abbé  Cariot, 
a  herborisé,  pendant  son  séjour  à  Semur,  dans  les  communes 
avoisinantes.  La  liste  dressée  par  lui,  et  à  nous  communiquée, 
est  importante,  en  ce  qu'elle  confirme  souvent  les  localités  de 
l'herbier  Ormezzano.  Son  amour  de  la  botanique  lui  valut,  cer- 
tain jour,  d'être  considéré  comme  un  espion  au  service  d'un  gou- 
vernement étranger.  Il  suivait  les  rives  du  canal  de  Roanne  à 
Digoin,  scrutant  le  fond  de  l'eau,  descendant  sous  les  ponts,  les 
examinant  en  détail  tout  en  prenant  des  notes.  En  passant  à 
Bourg-le-Comte,  les  employés  du  canal  remarquèrent  ses  allures 
mystérieuses;  ils  le  filèrent  jusqu'à  l'aqueduc  Morgat  et  firent 
leur  rapport  au  conducteur  des  ponts  et  chaussées  chargé  de  sur- 
veiller les  travaux  qu'exécutaient  les  ouvriers  de  M.  Ormezzano; 
ils  restèrent  tout  confus  en  voyant  leur  espion  se  diriger  vers 
l'entrepreneur  des  travaux  et  lui  parler  familièrement  comme  à 
une  vieille  connaissance.  On  s'expliqua  et  le  Frère  Asclépiade  fut 
longtemps  à  rire  de  la  méprise  des  employés  de  la  navigation. 


224  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Notre  ami  Marchand,  agriculteur  à  Avrilly,  aime  passionné- 
ment la  botanique.  Seul  il  s'est  instruit;  seul  aussi  il  est  arrivé 
à  connaître  à  fond  les  plantes  des  rives  de  la  Loire;  il  nous  a  été 
d'une  grande  utilité  pour  l'exploration  du  canal.  Pendant  plu- 
sieurs années,  il  a  fait  partie  de  l'équipe  chargée  d'enlever  les 
herbes  aquatiques  gênant  la  navigation  ;  il  nous  a  ainsi  procuré 
un  certain  nombre  de  plantes  qu'il  nous  eût  été  difficile  de 
recueillir  sans  son  aide. 

M.  Hémet,  ancien  interne  des  hôpitaux,  pharmacien  à  Oha- 
vanges  (Aube),  et  membre  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  a  herborisé  pendant  plusieurs  années  autour  de  Mar- 
cigny.  Nous  l'avons  accompagné  dans  toutes  ses  excursions  et 
nous  avons  conservé  le  meilleur  souvenir  des  bonnes  promenades 
faites  en  sa  compagnie.  Le  petit  opuscule  qu'il  a  publié,  rédigé 
hâtivement  et  de  mémoire,  renferme  un  certain  nombre  d'inexac- 
titudes que  nous  nous  abstiendrons  de  relever.  ' 

Récemment  M.  l'abbé  Ramage,  ouré  de  Briant,  nous  a  com- 
muniqué le  catalogue  de  près  de  quatre  cents  espèces  de  plantes 
observées  par  lui  dans  sa  commune.  Nous  en  avons  tenu  compte 
dans  la  citation  des  localités. 

Nous  avons  consulté  les  herbiers  des  écoles  de  Vareilles  et  de 
Chenay-le-Ohfttel.  Dans  le  premier,  notre  collègue,  Aulas,  a  réuni 
un  assez  grand  nombre  d'espèces  de  Vareilles,  Mussy-sous-Dun 
et  Chauffailles.  Dans  le  second,  commencé  par  M.  Provillard, 
ancien  instituteur  adjoint  à  Chenay,  et  continué  par  M.  Vuil- 
laume,  le  directeur  actuel  de  l'école,  se  trouvent  plusieurs 
plantes  intéressantes  de  Ohenay,  Melay  et  Iguerande. 

Nous  serions  heureux  de  voir  nos  collègues  suivre  l'exemple 
de  MM.  Aulas,  Provillard  et  Vuillaume.  Si  chaque  instituteur 
recueillait  les  plantes  de  sa  commune,  il  suffirait  de  consulter 
l'herbier  de  chaque  école  pour  établir  un  travail  d'ensemble  sur 
la  géographie  botanique  du  département. 

Le  petit  Séminaire  de  Semur-en-Brionnais  possède  un  petit 
musée  composé  d'échantillons  de  choix  et  l'herbier  de  l'abbé 
Lacatte  que  M.  Durix,  professeur,  a  mis  à  notre  disposition.  Les 


1.  L.  Hémet,  Promenade*  botanique*  aux  environ*  de  Marcigny,  Alger,  impri- 
merie Charles  Zaoith,  1901,  14  pages. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  225 

plantes  qu'il  renferme  sont  préparées  avec  soin,  mais  aucune  n'a 
été  récoltée  dans  le  Brionnais.  Enfin,  M.  8udre9  professeur  à 
l'École  normale  de  Toulouse,  batologue  distingué,  a  bien  voulu 
se  charger  de  la  détermination  de  tous  nos  Rubus  de  Bourg-le- 
Comte;  et  plus  récemment  nous  avons  revu  les  herbiers  de 
MM.  Merlin,  de  Marcigny,  et  E.  Chassignol,  de  Bourg-le-Comte, 
qui  contiennent  quelques  bonnes  espèces  de  notre  région,  notam- 
ment Wahlenbergia,  hederacea  Reichb.,  découvert  par  M.  Mer- 
lin. A  tous  ces  collaborateurs  désintéressés,  nous  adressons  nos 
remerciements  les  plus  sincères,  ainsi  qu'à  la  8ociété  d'histoire 
naturelle  d'Autun  qui  a  bien  voulu  publier  ce  travail,  sur  la 
recommandation  de  son  président,  M.  le  docteur  Oillot.  Elle 
s'est  imposé  des  sacrifices  élevés  pour  nous  être  utiles;  elle  a 
donné  ainsi  un  précieux  encouragement  aux  travailleurs  toujours 
assurés  d'être  bien  accueillis  par  cette  importante  association, 
dans  laquelle  les  notoriétés  scientifiques  fraternisent  avec  les 
modestes  amateurs  qui  demandent  aux  sciences  naturelles  une 
distraction  i  leurs  occupations  journalières.  Elle  nous  a  large* 
ment  ouvert  son  Bulletin  toutes  les  fols  que  nous  avons  eu  des 
communications  a  faire,  et  c'est  un  agréable  devoir  pour  nous 
de  l'assurer  de  notre  entier  dévouement  et  de  notre  reconnais- 
sance. 


E.  CHATEAU, 

Iastltotwr  à  Bourg «le-Coute. 


•   c   » 


TOME  XIX.  15 


226  Q.  ORMEZZÀNO  ET  E.   CHATEAU. 


Limites,  surface. 

Le  Brionnais  n'est,  en  réalité,  qu'une  circonscription 
territoriale  qui  n'a  jamais  eu  de  valeur  propre,  ni  politique 
ni  administrative.  Son  origine  remonte  cependant  aux  pre- 
miers temps  de  la  Gaule,  où  il  était  occupé,  au  moment 
de  la  conquête  romaine,  par  la  nation  celtique  des  Bran- 
novii  ou  Brannovices,  dont  il  est  parlé  dans  les  Commen- 
taires de  César.  Ce  petit  peuple,  client  des  Éduens,  a  par- 
tagé la  fortune  politique  de  ces  derniers  et,  après  la  chute 
de  l'indépendance  gauloise,  fut  incorporé  par  les  Romains 
dans  la  province  dite  Lyonnaise  II6.  Dès  la  fin  du  cinquième 
siècle,  après  les  grandes  invasions  germaniques,  le  pays 
fut  occupé  par  les  Burgundes,  et  il  n'a  plus  cessé  de  faire 
partie,  au  moins  nominalement,  du  duché  de  Bourgogne. 1 

Le  nom  même  du  Brionnais  rappelle  son  origine,  Bran- 
novii,  avec  l'intercalation  de  la  lettre  i  par  euphonie,  et  se 
trouve  dans  les  mots  Brian  ou  Briant  qui  désigne  encore 
aujourd'hui  une  petite  commune  au  centre  du  territoire,  et 
dans  Briennon-sur-Loire.  On  aurait  même  retrouvé  à 
Briant  les  traces  d'un  camp  retranché  entouré  de  fossés 
et  de  palissades  à  la  manière  gauloise  :  c'est  le  Brianum 
des  anciennes  chartes.  Toutefois  le  pays  s'est  appelé  long- 
temps Briennais,  pagus  Briennensis  (Courtépée)  ;  mais  on 
trouve  déjà  l'orthographe  actuelle  Brionnais  (in  pago  Brio- 
nensi)  dans  une  vieille  charte  de  892. 2 

Le  Brionnais  qui,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  relevait  tout 
entier  du  bailliage  de  Semur,  a  été  pendant  tout  le  moyen  âge 
sousia  domination  des  barons  de  Semur,  vassaux  des  comtes 


1.  Courtépée,  Deêcription  générale  et  particulière  du  duché  de  Bourgogne, 
2*  édition,  1847-1848,  t.  I,  p.  281,  et  III,  p.  77.  —  Rlmoux,  Notice  êur  Màrcigny 
et  ion  prieuré,  1895,  Màrcigny,  imprimerie  J.-B.  Derost. 

2.  Abbé  F.  Cucherat,  Alexie  et  le$  Aulerci  Brennovices  eu  tribunal  de  vingt 
êiéclet  et  dee  troie  Cé$ert  Lyon,  1864,  p.  46-58. 


FLORULE  RAISONNÉE  DU  BRIONNAIS.  227 

de  Chalon  et  par  là  même  des  duos  de  Bourgogne.  La  plu- 
part des  paroisses  relevaient  du  diocèse  d'Autun,  quelques- 
unes  cependant  de  celui  de  Mâcon.  C'est  autour  de  Semur, 
dont  plusieurs  seigneurs  ont  joué  un  rôle  important,  et  de 
Marcigny,  dit  M  arcigny-1  es-No  nains,  dont  le  Monastère 
de  religieuses  bénédictines  avait  une  grande  renommée, 
que  se  sont  passés  les  événements  historiques  intéressant 
le  Brionnais  qu'il  n'entre  pas  dans  notre  cadre  de  rappeler. 

Les  limites  géographiques  du  Brionnais  ne  sont  pas  plus 
précises  que  son  histoire.  Dans  les  anciennes  divisions 
provinciales,  il  était  compris  entre  le  Charollais  au  nord  et 
à  Test,  le  Forez  au  sud,  le  Bourbonnais  au  sud  et  à  l'ouest, 
et  l'Autunois  à  l'ouest.  Aujourd'hui  la  région  qui  nous 
occupe  et  qui  fait  l'objet  de  notre  étude,  appartient,  presque 
tout  entière,  au  département  de  Saône- et- Loire.  Elle  est 
confinée  au  sud  par  le  département  de  la  Loire,  à  l'ouest 
par  celui  de  l'Allier  jusqu'à  Avrilly,  puis  par  le  canal  de 
Roanne  à  Digoin;  au  nord  par  la  route  nationale  passant 
par  Digoin,  Paray  et  Charolles,  et  à  Test  par  la  route  de 
Charolles  à  Belmont  par  la  Clayette  et  Chauffai  11  es. 

Les  limites  naturelles  du  Brionnais,  dont  il  faut  toujours 
chercher  l'origine  dans  les  cours  d'eau  ou  le  relief  monta- 
gneux du  sol,  ont  dû  être  primitivement  la  Loire  au  sud, 
l'Arroux  et  la  Bourbince  à  l'ouest,  le  Sornin  à  l'est  et  au 
nord  les  collines  qui  séparent  les  bassins  de  la  Bourbince 
et  de  l'Arconce,  entre  Paray-le-Monial  et  Charolles.  Le 
Brionnais,  tel  que  nous  le  comprenons,  déborde  légèrement 
ces  limites  à  l'est,  où  sur  la  rive  gauche  du  Sornin  il  s'étend 
jusqu'au  pied  des  collines  charollaises  entre  ChaufTailles  et 
la  Clayette,  et  au  sud  où  il  franchit  la  Loire,  pour  former 
sur  sa  rive  gauche  une  sorte  d'enclave  du  département  de 
Saône-et- Loire  dans  celui  de  l'Allier,  enclave  comprenant 
six  communes,  et  qui  sont  évidemment  un  vestige  géogra- 
phique de  l'ancien  territoire  Brionnais,  sauf  Bourg-le- 
Comte,  Céron  et  une  partie  de  Chambilly  qui,  jusqu'à  la 


228  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Révolution  faisaient  partie  des  Basses-Marches  du  Bour- 
bonnais. 

La  surface  ainsi  déterminée  occupe  approximativement 
90,000  hectares,  y  compris  une  partie  des  quatre  com- 
munes du  canton  du  Donjon  (Allier),  traversées  par  le  canal 
de  Roanne  à  Digoin.  Elle  s'étend  en  Saône-et-Loire,  sur 
cinquante-neuf  communes  réparties  dans  les  cantons  de 
C  haro  lie  s,  la  Clayette,  Chaufïailles,  Digoin,  Marcigny  et 
Semur. 

Relief  du  sol. 

La  plaine  de  la  Loire,  qui  mesure  plusieurs  kilomètres 
de  largeur,  ne  dépasse  pas  350  mètres  d'altitude.  Le  fleuve 
entre  dans  notre  département  à  254m830;  sous  Marcigny; 
il  s'abaisse  à  244m069,  pour  descendre  à  223m676  à  Digoin, 
zéro  de  l'échelle  du  pont  suspendu.  Au  nord,  le  sol  n'est 
guère  plus  accidenté.  C'est  une  vaste  plaine  s'étendant  de 
la  Loire  à  la  vallée  de  l'Arconce,  à  partir  de  laquelle  le 
relief  va  en  s'accentuant  jusqu'à  l'extrême  limite  sud-est. 
Le  plateau  de  Cherra  (Sainte-Foy),  d'où  l'on  jouit  d'une 
vue  magnifique,  est  déjà  à  500  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer  ;  le  mont  Bernier,  527  mètres,  et  le  bois  Gauthey, 
604  mètres,  vers  Coublanc,  annoncent  une  progression  con- 
tinue. Plusieurs  points  atteignent  près  de  600  mètres  aux 
environs  de  Saint-Igny-de-Roche  où  le  sol  est  très  acci- 
denté. Chauffailles,  situé  entre  la  montagne  desÉcharmeaux 
et  la  vallée  de  Mussy-sous-Dun,  est  entouré  de  montagnes 
dont  la  plus  élevée  est  le  mont  Chelu,  663  mètres.  Le 
mont  Dreuillin,  678  mètres,  l'un  des  contreforts  du  pic  de 
Dun-le-Roi,708  mètres,  limite  la  Chapelle-sous-Dun  à  l'est. 
Puis  c'est  le  mont  Dunet,  732  mètres,  le  point  culminant, 
situé  en  dehors  de  nos  limites  sur  Saint-Raoho,  qui  conti- 
nue ces  hauteurs. 

Entre  ces  collines  sont  de  nombreuses  vallées  plus  ou 


FLORULE  RAISONNES  OU  BRIONNAJS.  229 

moins  profondes  où  s'étendent  les  riches  prairies  brion- 
naises,  arrosées  par  de  nombreux  ruisseaux  allant  directe* 
ment  dans  la  Loire  ou  ses  deux  principaux  affluents,  l'Ar- 
conce  et  le  Sornin. 


Géologie. 

La  nature  du  sol  ayant  une  influence  considérable  sur  la 
composition  du  tapis  végétal,  nous  allons  esquisser  briève- 
ment la  composition  géologique  des  terrains  compris  dans 
notre  circonscription. 

Presque  toute  la  rive  gauche  de  la  Loire  et  une  partie 
de  la  rive  droite,  celle  comprise  entre  la  Loire,  Digoin, 
Gharolles  et  Anzy-le-Duc,  est  formée  de  cailloutis,  sables 
et  argiles  appartenant  au  pliocène  supérieur,  niveau  de 
Chagny.  Ces  mêmes  terrains  se  retrouvent  en  étendues 
moins  grandes  à  Varenne-l'Arconce,  Briant,  Oyé,  Saint- 
Christophe.  La  nature  des  éléments  qui  les  composent 
dépend  en  grande  partie  des  terrains  qui  les  bordent,  mais, 
cependant,  partout  la  silice  domine. 

Les  bords  de  la  Loire,  de  l'Aroonce  et  du  Sornin  sont  des 
alluvions  récentes  ou  anciennes;  elles  occupent  dans  les 
vallées  de  la  Loire  et  de  l'Arconce  des  étendues  considé- 
rables. Les  alluvions  modernes  sont  formées  de  sables 
très  Cns,  bien  plus  rarement  de  limons,  et  les  plus  anoiennes 
sont  constituées  par  des  sables  et  cailloutis  peu  altérés, 
principalement  des  silex  ou  des  débris  de  basalte  prove- 
nant de  la  région  supérieure  du  fleuve.  Ces  sédiments, 
déposés  par  la  Loire  pendant  une  longue  suite  d'années  et 
qui  constituent  «  les  terres  i  froment  qui  sont  la  richesse 
des  cultivateurs,  ont  reçu  le  nom  de  «  Champs-Bons  *  •  ; 
aujourd'hui  on  orthographie  «  Chambons  ». 

Au  sud-est,  la  microgranulite  abonde  en  dômes  puissants 

1.  Coortépte,  Diêcriptlon  du  duché  de  fiottrfQfiw,  *•  édit.,  III,  p.  79. 


230  Q.  ORMEZZANO  ET  E.   CHATEAU. 

à  la  Chapelle-sous- Dun,  où  elle  englobe  un  lambeau  de 
terrain  houiller  donnant  du  charbon  sec  très  cendreux, 
mais  exceptionnellement  flambant,  à  Ghâteauneuf,  Chauf- 
failles,  Saint-Igny-de-Roche,  et  en  filon  vers  Dyo.  Tancon, 
une  partie  de  Châteauneuf  sont  sur  le  granit  à  gros  grains 
qui  s'étend  jusqu'à  Saint-Laurent  et  qui  est  exploité  à 
Saint-Maurice ,  dans  plusieurs  carrières  nouvellement 
ouvertes  et  justement  renommées. 

Entre  Marcigny  et  la  Clayette,  les  plateaux  et  les  pentes 
sont  recouverts  par  des  chailles  jurassiques  de  grande 
étendue,  surtout  à  l'ouest  de  Vauban,  mais  de  peu  d'épais- 
seur. Ces  chailles  sont  constituées  par  des  silex  molaires 
provenant  d'altérations  sur  place  du  jurassique.  Le  calcaire 
a  disparu;  il  a  été  dissous  par  les  eaux  renfermant  de 
l'anhydride  carbonique,  est  passé  à  l'état  de  bicarbonate  et 
a  été  entraîné  peu  à  peu,  tandis  que  les  silex,  dont  une  très 
grande  quantité  passe  au  jaspe  d'un  rouge  très  vif,  sont 
restés;  quelques-uns  sont  demeurés  sur  les  plateaux  et 
d'autres  ont  glissé  sur  les  flancs  des  collines  et  sont  des- 
cendus jusque  dans  les  vallées.  A  Marcigny  et  à  Sainte-Foy, 
les  silex  forment  parfois  des  bancs  continus  d'une  certaine 
épaisseur  dont  on  a  tiré  autrefois  quelques  meules  de  qua- 
lité très  médiocre.  Il  y  a  là  un  phénomène  de  décalcifica- 
tion plus  commun  qu'on  ne  le  croit  et  qui  explique  pourquoi 
certains  terrains  à  sous-sol  calcaire  ont  cependant  un  sol 
végétal  très  pauvre  en  chaux. 

Les  alluvions  de  l'Arconce,  de  la  Loire,  sont  séparées 
des  sables  et  cailloutis  du  pliocène  par  des  bandes  étroites 
et  allongées  de  calcaires  à  phryganes  qui  se  mêlent  quelque 
peu  aux  alluvions  et  môme  aux  sables  des  plateaux  dont 
les  limites  se  trouvent  de  ce  fait  plus  difficilement  déter- 
minées. 

Le  centre  est  beaucoup  plus  variable  dans  son  allure 
géologique. 

La  succession  rapide  de  zones  relativement  étroites  des 


FLORULK  nAISONNÉE  DU  BRIONNAIS.  931 

terrains,  depuis  le  calcaire  à  gryphées  du  lias  inférieur  ou 
8inémurien  qui  s'étend  entre  Saint-Didier,  Sarry,  Briant, 
Saint-Christophe  et  que  Ton  retrouve  i  Oyé  et  à  8aint- 
Julien-de-Civry  en  bandes  étroites  et  allongées,  jusqu'aux 
calcaires  marneux  (Fuller's  earth)  du  Bathonien,  renfermant 
de  nombreux  nodules  de  chaux  que  l'on  a  essayé  d'ex- 
ploiter à  Oyé,  fait  voir  que  cette  région  a  subi  de  nom- 
breuses modifications  orographiques,  non  seulement  par 
l'ouverture,  à  l'est,  de  failles  de  direction  nord-ouest,  sur 
lesquelles  vient  se  greffer  un  réseau  d'autres  failles  moins 
importantes  de  direction  nord-est,  mais  encore  au  moment 
de  la  formation  de  la  dépression  de  la  Loire.  Dans  toute 
cette  partie  la  constitution  géologique  est  très  variée.  C'est 
ainsi  qu'à  Saint-Christophe  elle  comprend  huit  formations 
différentes.  Le  granit  perce  le  calcaire  dans  la  vallée  des 
bains,  au  Grand-Moulin  et  i  la  Noierie  ;  le  village  est  assis 
sur  le  grès  ;  le  lias  inférieur  (calcaires  à  gryphées)  apparaît 
i  Ponay,  le  Solin,  Seuilly  ;  le  lias  moyen  (calcaire  à  bélem- 
nites),  occupe  Poumoux,  la  Chaise,  les  Cadoux,  et  le  lias 
supérieur,  Trélu,  Sermier  et  le  voisinage  de  Mussy  ;  le  juras- 
sique inférieur  (calcaire  à  entroques)  affleure  du  côté  de 
Mussy  et  du  Grand-Bois;  on  rencontre  le  pliocène,  sable  de 
Chagny,  au  nord  de  la  Noierie,  et  les  terrains  d'éboulis 
(cailloutis  des  plateaux),  à  Loury,  Valtin,  Fougères,  etc.  * 

Les  marnes  du  lias  sont  extrêmement  riches  en  phos- 
phates à  Oyé  et  à  Saint-Christophe.  M.  Bernard  s'exprime 
ainsi  au  sujet  de  ces  terrains  :  * 

«  En  janvier  1890,  j'ai  trouvé  pour  les  phosphates  d'Oyé, 
sans  indication  précise  de  gisement,  de  25  à  27,  2*/.  d'acide 
phosphorique. 

»  En  1893,  on  m'a  renvoyé  de  nouveau  des  phosphates 
d'Oyé,  dont  je  désirais  étudier  particulièrement  la  forme 

f .  Vojres  Charles  M  Mol,  Nef  le*  iur  5aifif-Cfcri*topfte-*n*Brionfiais,  Annuaire  de 
8a4ne-e<- Loire,  Màcon,  18J6. 
t.  Bernard,  Rapport  tu  eoneeii  gènénl,  session  d'août,  année  119*. 


232 


Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 


de  combinaison.  Ils  sont  à  26,  3°/»  d'acide  phosphorique , 
en  combinaison  avec  fer  et  alumine  quoiqu'il  y  ait  de  la 
chaux  dans  le  minerai. 

»  En  1894,  jf ai  fait  ramasser  des  pierres  quelconques  prises 
le  long  des  chemins  de  Saint-Christophe-en-Brionnais  pour 
les  soumettre  à  un  essai  rapide. 

»  Sur  20  échantillons  examinés,  7  étaient  assez  chargés 
d'acide  phosphorique  pour  en  renfermer  14  2  %>  c'est-à- 
dire  4  à  8  fois  plus  que  du  fumier. 

»  J'ai  rapporté  de  la  terre  prise  au  bord  de  la  route,  près 
d'un  four  à  chaux,  à  Ponay,  commune  de  Saint-Christophe, 
et  dans  le  talus  même  de  la  route.  En  triant  à  la  main  une 
sorte  de  pierre  blanche,  friable  et  légère  et,  l'analysant  sépa- 
rément, j'ai  trouvé  : 


Acide  phosphorique 

Inattaquable 

Calcaire 


I 

II 

III 

23,04 

24,73 

10,15 

22,80 

12,95 

30,31 

2,43 

2,02 

0,60 

»  La  terre  rouge  restante,  au  milieu  de  laquelle  on  a  trouvé 
cette  pierre,  donne,  sans  broyage,  tamisée  au  tamis  de 
10  fils  : 


Acide  phosphorique 

Inattaquable 

Calcaire 


I 

II 

III 

11,30 
31,20 

i  *•» 

14,10 

31,47 

1,21 

8,50 

32,90 

0,40 

»  On  transporte  bien  de  la  chaux  à  1  fr.  50  environ  les 
100  kilogr.,  fabriquée  en  ces  endroits;  la  terre  fine  III 
a  une  valeur  agricole  bien  supérieure  à  cette  chaux  et 
n'exigerait  aucune  calcination.  La  calcination  en  serait 
avantageuse. 

»  En  effet,  de  telles  terres  calcinées  avec  bon  poids  de 
pierres  du  lias,  dans  les  fours  à  chaux  voisins,  donnent  un 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  233 

termo-phosphate  valant,  je  crois,  les  scories  de  déphosphora- 
tion  et  immédiatement  utilisable  dans  les  pays  a  voisinants.  » 

Des  marnes  supraliasiques  à  Ammonites  bifrons  existent 
à  Amanzé,  Saint- Julien- de- Ci vry,  Baudemont,  et  les  ter- 
rains de  l'oolithe  ne  sont  apparents  que  dans  la  gorge  pro- 
fonde où  se  déroule  la  route  de  Marcigny  à  Semur.  L'ooli- 
the inférieure  qui  forme  tout  le  long  de  la  route  un  escar- 
pement à  pic  est  constituée  par  une  série  de  bancs  minces 
de  calcaires  jaunâtres  alternant  avec  des  lits  de  marnes  éga- 
lement jaunâtres.  Plusieurs  carrières  abandonnées,  ouvertes 
prés  de  la  route,  laissent  voir  à  la  base  le  calcaire  i  entroques 
exploité  à  Vareilles  et  qui  borde  les  alluvions  de  l'Arconce 
sur  les  deux  rives,  à  Nochize  et  au  sud-ouest  de  Ghangy. 

Toute  la  crête  de  l'escarpement  oolithique  est  formée 
par  quelques  lits  de  calcaires  marneux  et  de  marnes  blan- 
ches appartenant  au  bathonien.  C'est  le  groupe  de  terre  à 
foulon  des  anciens  auteurs  Fui  1er' s  earth,  qui  se  continue  en 
déclivité  jusqu'à  la  vallée  de  la  Loire,  car  on  retrouve  à 
Marcigny,  sur  la  rive  droite,  une  bande  étroite  de  Fuller's 
earth  qui  sert  de  bordure  aux  alluvions  anciennes. 

L'oolithe  ne  présente  pas  une  épaisseur  bien  considérable, 
car,  en  arrivant  à  Semur,  elle  laisse  apercevoir  à  sa  base, 
sur  le  bord  de  la  route,  les  marnes  bleues  feuilletées  du 
lias  supérieur.  L'épaisseur  en  ce  point  serait  d'environ 
20  mètres. 

Gomme  terrains  postérieurs  à  ceux  précités,  il  ne  nous 
reste  qu'à  signaler,  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire,  une  bande 
d'argiles  bariolées  bordant  les  alluvions  anciennes.  Ces 
argiles  qui  forment  la  ceinture  de  I'Aquitanien  sont  d'ori- 
gine granitique  ;  elles  sont  très  exploitées  pour  tuileries. 

Les  roches  éruptives  que  nous  avons  vues  très  dévelop- 
pées à  l'est  de  la  Clayette  sont  peu  nombreuses  ailleurs. 
Car  outre  le  granit  de  Saint-Christophe  et  Briant,  nous  ne 
voyons  guère  à  signaler  que  trois  pointements  de  basalte 
labradorique  peu  conséquents,  un  i  Baugy  et  deux  à  Sainte- 


234  Q.  ORMEZZÀNO  ET  E.  CHATEAU. 

Foy  :  la  Bel  use  et  Ghetal.  L'arrivée  du  basalte  a  dû  se  pro- 
duire vers  la  fin  de  la  période  oolithique,  car  si  les  poin- 
tements  de  Sainte-Foy  n'émergent  que  des  couches  du  lias, 
celui  de  Baugy,  qui  est  identique  comme  texture  et  comme 
composition  minéralogique,  perce  les  couches  du  Fuller's 
sur  la  rive  droite  de  la  Loire.  Le  basalte  du  Brionnais  a 
traversé  les  calcaires  sans  leur  faire  subir  aucune  action 
métamorphique  ;  il  a  dû  arriver  au  jour  chassé  par  une 
poussée  lente,  déjà  consolidé  et  suffisamment  refroidi,  ce 
qui  éloigne  toute  idée  de  coulée  ou  de  volcan.  * 

A  Saint-Christophe-en-Brionnais  existe  une  source  d'eau 
ferrugineuse  qui  est  complètement  délaissée.  Voici  la  notice 
autrefois  imprimée  sur  l'étiquette  des  bouteilles  :  «  L'eau 
ferrugineuse  gazeuse  doit  ses  succès  à  la  grande  quantité 
de  fer  qu'elle  contient;  par  un  emploi  journalier,  elle 
triomphe  de  l'anémie  et  de  son  cortège  d'affections  si  variées  : 
dyspepsie,  troubles  menstruels,  névropathies,  etc.  On  l'em- 
ploie aussi  comme  eau  de  table.  » 

Elle  donne  à  l'analyse  faite  par  M.  Henry  Ossian  : 

Aoide  carbonique Vi2  de  vol. 

Bicarbonate  de  ehaux 0,040 

Id.        de  magnésie trace 

Sulfate  de  chaux : 0,020 

Chlorure  de  sodium 0,022 

Silice )     . 

Alumine )  8ilioate °>0il 

(  carbonate ) 

Oxyde  de  fer. ..  j  opénaM | °'070 

Manganèse trace 

Principe  arsenical »,»»» 

Id.       minéralisateur 0,163 

Eau  pure 999,837 

La  galène  a  été  rencontrée  à  Saint-Christophe,  lieu  dit 
Mesmon,  où  elle  n'est  plus  exploitée  depuis  1826,  quoique 

t.  J.  Camusat,  Géologie  d$$  environê  de  Marcipny -sur-Loire,  In  Bull.  Soc.  hlst. 
nat.  d'Autun,  VII  (1894),  2,  p.  164.  Nous  avons  fait  de  fréquents  emprunts  a  cette 
note. 


FLORULE  RAISONNÉE  DU  BRIONNAIS. 


235 


non  épuisée,  et  à  Châteauneuf,  en  veinules  mélangées  d'ar- 
gile jaune  et  verte,  disséminée  dans  un  calcaire  à  gryphées 
ou  dans  des  silex  cornés  entre  le  calcaire  terreux  et  le 
granit. 

Le  minerai  de  fer  a  été  rencontré  à  Ligny-en-Brionnais 
et  à  la  Craye,  près  de  Semur.  Ce  dernier  gîte  a  donné  lieu 
à  une  exploitation  de  quelque  importance.  Les  minerais  de 
ces  deux  localités,  qui  sont  de  même  formation  et  i  peu  près 
de  même  composition,  consistent  en  un  peroxyde  de  fer 
hydraté,  à  gangue  essentiellement  siliceuse.  Voici  leur 
composition  : 


UCUYI 

uonr 

7,55 

7,00 

45,90 

44,75 

M5 

4,20 

•»,»» 

0,65 

»»,»» 

0.56 

42,85 

42,74 

0,45 

0,07 

W! 

0,017 

99,31 

99,987 

29,995 

29,948 

Eau 

Silice 

Alumine 

Chaux 

Magnésie 

Peroxyde  de  fer 

Oxyde  de  manganèse 
Aoide  phosphorique., 

Fer 


Ces  deux  minerais  ne  renferment  aucune  trace  de  matières 
organiques,  de  sulfure  ou  d'arséniates  ;  mais  celui  de  Ligny 
contient  des  traces  infinitésimales  de  cuivre. 

Ils  font  partie  de  la  formation  des  chailles  jurassiques 
dans  laquelle  ils  se  rencontrent  en  couohes  presque  super* 
ficielles  de  peu  d'épaisseur.  Ils  ont  dû  subir  les  mêmes 
transformations  que  ces  chailles  et  doivent  provenir  de  la 
destruction  des  couches  calcaires.  L'oxyde  de  fer  devait 
être  très  abondant  dans  toute  la  formation  jurassique  dis- 
parue ;  il  doit  même  avoir  joué  un  rôle  important  dans  la 
décalcification  de  ces  terrains;  car  A.  Bernard  a  démontré 


236  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

que  le  fer  et  ses  sels  «  sont  d'énergiques  véhicules  de  l'oxy- 
»  gène  de  l'air  et  que,  par  son  oxydation,  ce  métal  devient 
»  un  puissant  décalcifiant,  en  détruisant,  comme  l'alumine, 
»  les  carbonates  alcali  no- terreux.  Avec  une  petite  quantité 
»  d'un  sel  de  fer  en  présence  des  matières  organiques,  la 
»  terre  se  décalcifie  indéfiniment  et  ces  faits  expliquent 
»  comment  certains  calcaires  très  compacts,  donnant  de  la 
»  chaux  grasse  par  calcination  renfermant  90  °/0  de  chaux, 
»  comme  le  corallien,  le  bathonien,le  bajocien,  fournissent, 
»  par  leur  décomposition,  une  terre  qui  est  un  limon  ferru- 
»  gineux,  presque  dépourvu  de  chaux  et,  par  conséquent, 
»  sur  lequel  peuvent  croître  des  plantes  calcifuges.  »  ' 

Le  minerai  de  la  Craye  a  été  extrait  en  tranchées  et  en 
galeries  peu  profondes  et  très  étroites;  il  a  été  traité  par 
les  usines  du  Creusot  qui  ont  dû  l'abandonner  &  cause  de 
son  prix  de  revient  beaucoup  trop  élevé  eu  égard  à  la  pro- 
portion de  fer  et  aussi  à  cause  de  la  difficulté  de  son  emploi  ; 
car  il  est  très  réfractaire  et  exige  pour  sa  fusion  une  grande 
quantité  de  fondants  calcaires  et  alumineux  qui  diminuent 
la  production  journalière  du  haut  fourneau  et  augmentent 
encore  le  prix  de  revient. 2 

Nous  compléterons  cet  aperçu  géologique  par  le  tableau 
des  analyses  de  terres  provenant  du  Brionnais  et  exécutées 
par  le  laboratoire  et  la  station  agronomique  de  Gluny.  Le 
résultat  de  ces  analyses  est  extrait  des  différents  rapports 
adressés  chaque  année  à  M.  le  préfet  de  Saône-et-Loire, 
par  M.  A.  Bernard,  pour  être  soumis  au  conseil  général 
dans  sa  session  d'août.  Nous  devons  celles  qui  n'ont  pas 
été  publiées  à  l'obligeance  de  M.  Paturel,  le  directeur  actuel 
du  laboratoire  de  Cluny,  auquel  nous  adressons  nos  vifs 
remerciements. 


1.  A.  Bernard,  le  F*r  en  §ol  calcaire,  in  journal  le  Chemp  d'expérience*,  Jolil 
1902.  Dv  X.  Glllot  et  Durafour,  Répartition  topognpMque  de  ta  fougère,  PterU 
êquilin*,  daiif  ta  vëltée  de  ta  Vataerine  (Jura  et  Ain),  Bourg,  f 904. 

2.  J.  Camusaft,  toc.  cit. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS. 


237 


1 

3 

4 
5 
6 
7 
8 
9 

to 

H 
12 
13 
14 
15 
16 
17 
18 
18 
20 
21 

23 
24 
25 
26 


LIEUX  DITS 


Anzy-le-Dac 

—       les  Carrons  A,  8 

ArUix 


Baogy,  les  Sauvages  de  Reffy  A,  8. 

Baudemoot,  terra  Mérange 

Saint- Bonnet- de- Cray 

Saint-  Bonnet-de-Cray 

Bourg-le-Comte,  la  Picardière 

Briant,  les  RenoUères 

Cbarolles 

—  Champ  Baaaot 

—  Au  Montai 


—      La  Pernelle. 


—      Pré  des  Tyrs 

Chateaoneaf 

ChauflaiUes,  las  Te*  A,  1 246 . . . . , 
Chrlstopbe-en-Brionnais  (Saint-). 
Dldier*en-Brionnais  (St-)  les  Tyrs . , 
Dlgoln  E,  570 


—      Aux  Doux 


—      Le  Verdler 

Kleory-la- Montagne,  aux  Cayots.. 
Iguerande,  Cbaraney 


9 


« 

O 

8 
2 


17 

18 

39 

38 

32 

45 

46 

33 

23 

5 

6 

7 

8 

9 

43 

44 

30 

15 

1 

o 

3 
41 
40 


JiMea-aVCmy  (Ssisl-),  k  ImMim  lin  13 


—       Brosse  de  Sarre . 


JtUts  si  Jsny  (ll-)f  fméiïï.  Csrtiir. .  42 


14 


M 

c 

M 
M 

m 

M 
H 

M 

m 
< 
p 
a 
< 

t 

< 

77 

88.7 

81.7 

92 

75.5 

94.3 

71.7 

92.7 

77 

75.8 

87 

58.9 

88 

40.6 

88.1 

93.6 

71.2 

78.9 

85.4 

63 

81.3 

86 

85.5 

86.4 

85.5 

86 

70 

86.8 

78.2 

86 

60 

87 

69.2 

82 

86 

54.10 

82.8 

85.6 

89.2 

39.8 

86.3 

89.9 

78 

88 

96.9 

S4  • 

0.60 

90.1 

85.7 

80.4 

99.2 

69.8 

0 
0 
0 
0 

1 

12.4 

36.4 
0.25 
0.16 
9.4 
0.04 
0.3 
0.1 
0.02 
0.14 
0.04 
3 

16.4 
0.12 

46.3 
0 

0.2 
0.0? 
0 
0.6 

14.6 


UflBBlfcUl 

4$  Urrt  Mali 


M 

S 

< 

M 
O 

-I 
SB 

O 
■ 

0.59 

0.68 

0.41 

0.65 

0.42 

0.52 

0.50 

0.72 

1.18 

1.81 

1.22 

1.76 

0.83 

2.12 

0.86 

0.48 

1.50 

2.09 

1.28 

4.41 

1.14 

0.83 

1.32 

3.16 

1.08 

0.95 

1.36 

0.46 

0.88 

0.75 

0.69 

0.88 

1.26 

2.82 

0.96 

4.68 

0.46 

0.55 

0.44 

0.66 

0.48 

0.26 

1.09 

1.09 

•9 

0.94 

0.50 

0.65 

1.56 

1.11 

0.40 

2.50 

s  s 


1.77 
1.31 
1.13 

0.79 

2.87 

4.78 

5.15 

0.91 

2.85 

6.44 

1.28 

2.14 

2.27 

0.96 

1.72 

1.56 

3.40 

5.50 

2.32 

3.01 

1.37 

1.83 

* 

1.68 

2.73 

4.80 


238 


Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 


« 
P 

O 
P 

S 
2 


LIEUX  DITS 


27 
28 
29 
30 
31 
32 

33 

34 

35 
36 
37 
38 
39 
40 
41 
42 
43 
44 
45 
46 
47 
48 
49 


I 


Lauront-en-Brionn.  (SU),  la  Craye. 

—  les  Soignes 

Lugny-lès-Charolles,  les  Caillets.. 

—  Vongea  les  Rivoux 

Marcigny 

—  En  Borchamp  D,  12  et  14. 

—  E,  61,  sol 

—  E,  61 ,  sous-sol.  • 

—  E.  8,  sol 

—  Ef  8,  sous-sol 

—  Alluvions 

—  Pré  de  la  Forêt 

IsiriM-l.-Cafttuiiiif  (SU),  lu  Anime,  874 

—  terre  d'Avijon  A,  lit... 
Montoeaux-l'Étoile,  su  bourg  D,  109. 

Mussy-sous-Dun 

Sarry 

—  En  Botteret 

—  LaBallUe 

—  au  Prôt,  Grand  Pàquler. . . . 
Semur-en-Brlonnais,  en  Crottes. . . 

—         à  Launay 

Vinillti,  sapais  éa  dm  a*i  Bajaaiaa . . . 
VanuM-l'ÀRMM,  lu  ImIsm  a,  491 . . . . 
Vitry-en-Charollais 


6 

o 

w 
p 

I 


36 
37 
10 
tl 
28 
24 
25 
25 
26 
26 
27 
29 
47 
48 
12 
49 
19 
20 


21 


o«i 


34 


35 


31 
16 


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B 

h 

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M 
H 

M 

a 
m 

o 

< 

*4 

74.3 

85.5 

46 

8.50 

95.4 

91.8 

94.9 

91 

95.2 

91 

80 

90.4 

95.6 

36.70 

99.45 

22 

73.4 

50.6 

98.7 

24 

89.2 

84.8 

78.8 

88 

68 

91.70 

93 

90.3 

50 

89.7 

35.5 

86.4 

72.9 

67.7 

43.4 

85 

82.6 

82.9 

69.2 

54.6 

74.5 

87.8 

81.9 

75.2 

74.9 

84.7 

75.9 

85.8 

94.9 

79.6 

0.1 
0.06 
0 

0.1 
0 

0.05 
44.06 
66.64 
21.85 
58.12 
0 

0.04 
0.15 
0.08 
0.3 
0.04 
15.70 
0 
0 
27 
0 

2.74 
0.06 


BHSBSIHkLU 

p.  1000 

4ê  Un»  totale 


M 

S 

ACIDB 
PHOSPHORIQUB 

1.20 

1.89 

0.74 

0.57 

0.87 

0.47 

0.41 

0.58 

0.33 

1.75 

1.17 

1.77 

0.80 

1.12 

0.25 

1.14 

1.23 

1.43 

0.34 

1.11 

0.94 

1.85 

2.05 

0.68 

0.40 

0.29 

0.85 

0.40 

0.60 

0.86 

0.37 

0.37 

0.61 

t. 61 

0.70 

0.55 

2.48 

0.82 

0.12 

1.47 

0.73 

0.66 

0.95 

3.28 

0.63 

0.71 

1.37 

1.21 

2.27 

1.61 

P0 

3 

H 

2 


2.26 
0.89 
1.01 
1.57 
6.85 
1.60 
5.23 
1.23 
5.43 
0.84 
4.3? 
0.95 
1.00 
0.84 
0.81 
0.69 
3.30 
0.79 
1.88 
4.89 
1.09 
3.31 
2.10 
0.54 
2.72 


FLORULE  RAISONNES  DU  BHIONNAIS.  239 

De  oet  aperçu  géologique,  il  résulte  que  les  plantes  cal- 
cifuges  ont  dû  se  localiser  aux  extrémités,  tandis  que  les 
espèces  calciphiles  habitent  le  centre.  Il  ne  faudrait  cepen- 
dant pas  trop  se  fier  aux  coupes  géologiques,  car  il  est 
impossible  de  savoir  par  leur  seul  examen  si  un  sol  con- 
tient du  calcaire  ou  s'il  n'y  en  a  point.  Telle  terre  qui  pas- 
sera pour  être  très  calcaire  ne  le  sera  point  du  tout,  comme 
le  bajocien  de  Vareilles  qui  n'accuse  que  0,06  de  chaux  p.  •/„ 
et  telle  autre  qu'on  ne  croit  pas  être  une  terre  calcaire 
l'est  considérablement,  comme  les  chailles  jurassiques  qui 
commencent  à  Marcigny  et  qui  accusent  44,06  et  21,85  p.  •/• 
de  chaux,  bien  que  les  géologues  les  signalent  comme  ne 
contenant  plus  de  calcaire.  Cependant,  dans  le  dernier  cas, 
il  n'y  a  rien  qui  doive  nous  surprendre.  Les  terres  analy- 
sées sont  tout  à  fait  au  bas  des  plateaux  décalcifiés  et  il 
est  à  présumer  que  les  eaux  en  dissolvant  la  chaux  des 
parties  élevées  l'ont  entraînée  dans  les  parties  inférieures 
où  elle  s'est  déposée  pour  constituer  des  terres  fortement 
calcaires  qui  se  décalcifient,  elles  aussi,  lentement  mais 
sûrement,  la  chaux  étant  entrainée  peu  à  peu  dans  le  sous- 
sol  qui  devient  bien  plus  riche  en  cet  élément  que  le  sol 
végétal. 

Une  série  d'analyses  que  nous  avons  entreprises,  i  l'aide 
du  calcimètre  Bernard,  dans  de  nombreuses  localités  de 
notre  région,  et,  en  particulier,  sur  les  coteaux  qui  bordent 
le  canal  de  Roanne  à  Digoin,  entre  Bourg-le-Comte  et 
Avrilly,  nous  ont  fourni,  à  cet  égard,  des  résultats  fort 
intéressants.  Ces  observations,  qui  concordent  avec  les 
faits  signalés,  d'autre  part,  par  M.  le  Dr  X.  Gillot,  sur  les 
coteaux  calcaires  de  Santenay  et  de  Chassagne  (Côte-d'Or), 
confirment  l'influence  prépondérante  de  la  composition 
chimique  du  sol  sur  la  répartition  topographique  des 
espèces  végétales,  et  démontrent  qu'il  y  a  lieu  de  mainte* 
nir,  en  géo-botanique,  du  moins  d'une  façon  générale,  Tan- 


240  Q.  ORMBZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

cienne  division  de  ces  espèces  en  calcicoles  ou  calciphiles, 
et  calcifuges,  souvent  aussi  appelées  silicicoles. 

En  effet,  soit  que  nous  ayons  rencontré  des  associations 
de  plantes,  à  caractère  édaphique  différent,  croissant  au 
voisinage  les  unes  des  autres,  mais  cantonnées  sur  des 
points  distincts,  colonies  végétales  hé  ter  otopiques { }  soit  que 
nous  les  ayons  rencontrées  en  mélange  et  sur  le  même 
point,  colonies  végétales  hétérocœniques2,  toutes  les  fois 
que  nous  avons  pu,  avec  des  précautions  minutieuses,  pré- 
lever des  échantillons  de  terre  au  voisinage  immédiat  de 
ces  diverses  espèces,  nous  avons  constaté  des  indices  cal- 
ci  métriques  tellement  différents,  qu'il  est  impossible  de  ne 
pas  leur  attribuer  une  influence  capitale  sur  la  croissance 
de  ces  plantes.  Nous  avons  exposé,  en  détails,  ces  faits  dans 
des  mémoires  spéciaux3.  Nous  nous  bornerons  à  rappeler 
ici,  comme  exemple,  le  contraste  aux  environs  de  Bourg-le- 
Comte, déplantes  calcicoles  : Papaver  Argemone,  P.  dubium, 
Helianthemum  vulgare,  Dianthus  prolifer,  Coronilla  varia, 
Lathyrus  hirsutus,  Sedum  reflexum,  Erigeron  acer,  lnula 
Conyza,  Euphorbia  Cyparissias,  etc.,  croissant  en  société 
avec  les  calcifuges  :  Sinapis  Cheiranthus,  Scleranthus  peren- 
ni  s,  Jasione  montana,  Calluna  vulgaris,  Digitalis  purpurea, 
Anarrhinum  bellidifolium,  Aira  flexuosa,  Danthonia  decum- 
bens,  Pteris  aquilina,  etc.  L'analyse  calcimétrique  de  la 
terre  prise  au  niveau  des  racines  du  premier  groupe  attei- 
gnait 6,  9,3,  10,2  et  13,5  °/o>  tandis  qu'auprès  des  racines 
du  second  groupe  elle  ne  dépassait  pas  0,2  à  0,9  */•>  et  par- 
fois même  descendait  à  0. 


t.  Dr  X.  Gillot,  Influence  de  (a  composition  minéralogique  des  roche*  sur  /a 
végétation;  colonie*  végétales  hétéro  topique:  (Bail.  Soo.  bot.  France,  XLI  (1894), 
session  extraordinaire  en  Suisse,  p.  xvi  et  suiv.) 

2.  D*  A.  Magnin,  Rapporté  du  $ol  et  de  là  flore»  VÊdephitme  chimique,  (Ann. 
Soc.  hist.  nat.  Doubs,  1903.) 

3.  D'  X.  Gillot  et  E.  Château,  V Appétence  chimique  de»  plantes  et  leur  Répar- 
tition géographique,  dans  Bull.  Soc.  bot.  France,  LUI  (1906),  séance  du  23  mars 
1906,  et  Répartition  topographique  de§  espèces  végétale*  au  point  de  vue  calcimé- 
trique, dans  Congrès  des  Soc.  savantes  à  la  Sorbonne,  19  avril  1906. 


FLORULK  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  241 

Au  Bas-du-Ris,  près  Bourg-le-Comte,  et  auprès  du  bassin 
d'Avrilly,  nous  avons  rencontré  deux  stations,  où,  sur  les 
coteaux  embroussaillés  et  garnis  de  Genêt  commun,  Saro- 
thamnus  scoparius,  et  de  Fougère,  Pteris  oquilina,  plantes 
calcifuges  par  excellence,  croissaient,  en  assez  grand 
nombre,  des  Orchidées  nettement  calciphiles,  Orchis  pur- 
pure  a,  dans  un  cas,  et  Loroglossum  hircinum,  dans  l'autre. 
La  terre  profonde,  atteinte  par  les  racines  des  premières 
espèces,  au  Bas-du-Ris,  ne  contenait  pas  ou  seulement  de 
faibles  traces  de  chaux,  tandis  que  la  partie  superficielle 
du  sol,  au  voisinage  des  bulbes  de  Y  Orchis  y  accuse  une  teneur 
moyenne  de  8, 12  •/..  Dans  le  second  cas,  la  teneur  en  chaux 
du  terrain,  en  général,  ne  dépassait  pas  2#/„  tandis  qu'au- 
tour des  bulbes  et  des  racines  de  Loroglossum  elle  s'éle- 
vait à  17,7  #/#.  Sur  ces  points,  s'étaient  produits  des  glisse- 
ments de  terrain  qui  avaient  occasionné,  sur  des  pentes 
décalcifiées  par  les  eaux  et  les  agents  atmosphériques,  un 
nouvel  apport  d'éléments  calcaires.  Ailleurs,  ce  sont  des 
remblais  en  pierre  à  chaux,  ou  parfois  les  argiles  imper- 
méables du  sous-sol  retenant  les  eaux  d'infiltration,  qui, 
sur  des  habitats  limités,  fournissent  aux  végétaux  leur 
substratum  calcique  de  prédilection.  Ces  faits  sont  bien 
connus,  et  ont  été  maintes  fois  relatés  ailleurs. 

Hydrographie* 

A  l'exception  de  la  Loire,  de  l'Aroonce  et  du  8ornin,  les 
nombreux  cours  d'eau  qui  arrosent  le  Brionnais  sont  peu 
importants.  La  plupart  ont  leurs  sources  i  quelques  kilo- 
mètres seulement  du  lieu  où  ils  déversent  leurs  eaux  dans 
notre  grand  fleuve  ou  ses  deux  principaux  affluents. 

La  Loire.  —  Quand  la  Loire  entre  en  Saône-et-Loiref  elle  a 

déjà  traversé  deux  départements,  la  Haute-Loire  et  la  Loire, 

non  compris  oelui  de  l'Ardèche  où  elle  prend  sa  source. 

C'est  un  fleuve  i  régime  torrentiel  dont  le  bassin  de  récep- 

toms  xix.  16 


242  Q.  ORMRZZANO  ET  £.  CHATEAU. 

tion,  situé  presque  en  entier  dans  le  même  massif  monta- 
gneux, est  immense  et  couvert  de  montagnes  peu  élevées 
privées  de  glaciers.  Les  neiges  fondent  rapidement  sous 
les  pluies  du  printemps  qui  tombent  à  la  fois  dans  tout  le 
bassin  supérieur  du  fleuve  dont  le  lit  ne  peut  plus  con- 
tenir un  volume  d'eau  dix  fois  trop  fort  pour  lui.  Pendant 
l'été,  ce  même  lit,  d'une  largeur  moyenne  de  trois  à  quatre 
cents  mètres,  n'est  sillonné  que  par  de  maigres  ruisseaux, 
permettant  le  passage  à  gué  sur  de  nombreux  points  et  lais- 
sant libres  de  grandes  surfaces  de  sables  et  graviers  dési- 
gnés sous  le  nom  de  grèves  de  la  Loire.  Aux  plus  basses 
eaux  de  Tété,  le  débit  de  la  Loire  à  Roanne  descend  à 
7  mètres  cubes  par  seconde,  tandis  qu'au  même  point,  aux 
époques  des  grandes  crues  le  débit  est  de  7,000  mètres 
cubes  pendant  le  même  temps,  c'est-à-dire  qu'elle  roule 
mille  fois  plus  d'eau.  A  l'étiage  du  pont  de  Digoin,  le  débit 
ne  descend  guère  au-dessous  de  15  mètres  cubes  par 
seconde,  mais  il  dépasse  7,500  mètres  cubes  pendant  les 
crues,  dont  quelques-unes  ont  été  de  véritables  fléaux  pour 
les  riverains.  Vers  la  fin  de  mai  les  eaux  de  la  Loire  sont 
blanches  et  laiteuses  parce  qu'elles  transportent  d'innom- 
brables pollens  des  sapins  qui  bordent  ses  rives  dans  la 
Haute-Loire. 

Dès  le  commencement  du  printemps,  si  les  eaux  sont 
basses,  les  parties  qui  émergent  se  recouvrent  d'une  végé- 
tation très  variée  présentant  un  aspect  tout  particulier.  Les 
galets  et  sables,  fertilisés  seulement  par  les  limons  laissés 
par  les  crues,  offrent  aux  plantes  des  éléments  nutritifs 
peu  abondants.  Elles  vont  puiser  leur  nourriture  au-des- 
sous de  la  couche  superficielle  et  développent  leurs  racines 
outre  mesure,  tandis  que  les  tiges  sont  d'autant  plus  ché- 
tives  et  rabougries  que  la  saison  est  plus  sèche.  Qu'un  orage 
accompagné  de  pluies  torrentielles  survienne  sur  le  cours 
supérieur  du  fleuve,  l'eau  monte  rapidement,  recouvre  sables 
et  graviers,  puis  s'étend  sur  les  prairies  riveraines.  En  se 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  243 

retirant,  elle  entraîne  les  graines  arrivées  à  maturité  pour 
les  déposer  un  peu  partout  sur  les  rives  du  fleuve.  Si  cet  état 
de  choses  était  accidentel,  son  influence  sur  la  modification 
de  la  flore  des  terrains  subissant  les  crues  serait  très  secon- 
daire, mais  comme  des  inondations  se  produisent  plusieurs 
fois  chaque  année,  peu  i  peu  la  végétation  de  la  plaine  de 
la  Loire  tend  à  s'unifier  sur  tout  le  parcours  du  fleuve. 

Le  courant,  de  tout  temps  très  rapide,  ne  permet  pas  aux 
plantes  aquatiques  de  se  développer  abondamment  dans 
le  lit  même  de  la  Loire  ;  mais,  comme  elle  s'est  déplacée  à 
plusieurs  reprises,  elle  a  laissé  non  loin  de  son  cours  actuel 
un  grand  nombre  de  creux,  ganches  ou  rioles,  toujours 
pleins  d'une  eau  tranquille  très  favorable  à  la  végétation 
hydrophile. 

La  flore  de  la  plaine  de  la  Loire  est  donc  très  variée. 
Près  de  l'eau,  c'est  le  sable  et  les  galets  arides  ;  plus  loin, 
ce  sont  les  prés  sablonneux  riches  en  humus;  ça  et  là,  les 
anciens  lits  du  fleuve  parfois  remplis  de  cailloutis,  le  plus 
souvent  pleins  d'eau.  Ces  diverses  parties  constituent  autant 
de  stations  de  plantes  intéressantes  parmi  lesquelles  nous 
citerons  : 

Ranonculus  charophyllos,  Latyrus  Nissoli*, 

—  Monspeliacus,  Hyppocrepis  comosm, 
Roripa  pyrenaica,  8edum  sexangulare, 
Bisoutella  cootroverta,  Crucianella  angustifolia, 
Lipidium  Draba,  Saxifraga  granulata, 
Viola  propera,  Centaures  maeulosa, 
Malva  Alcea,  Artemtsia  campestris, 
Ifedicago  minima,  Anthémis  montana, 

—  Gerardi,  Xeranthemum  inapertum, 
Trifolium  Molinierii,  Verbascum  phlomoides, 

—  gracile,  —     thapsifonne, 

—  striatum,  Veronica  Teucrium, 

—  subterraneum,  —     triphyllos. 
Vicia  lathyroides,  Lindernia  Pyxidaria, 

—  lutea,  Ajuga  Genevensis, 
Latyrus  angulatus,  Plan U go  arenaria. 


244  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Polychnemum  ma  jus,  Kœleria  cristata, 

Chenopodium  opulifolium,  Agropyrum  campestre, 

Scilla  autumnalis,  Eragrostis  pilosa, 
Muscari  botryoides,  —      megastachya, 

Scirpus  maritimus,  Equisetum  ramosum, 
Ventenata  avenacea,  Etc.,  etc. 

En  comparant  notre  liste  des  plantes  de  la  plaine 
de  la  Loire  avec  celle  que  M.  Oagnepain  a  établie  pour 
les  environs  de  Cercy-la-Tour1,  nous  voyons  que  vingt- 
sept  espèces,  parmi  les  plus  rares,  sont  à  la  fois  notées 
dans  les  deux  régions.  Il  est  à  présumer  qu'elles  existent 
sur  la  plus  grande  partie  du  cours  du  fleuve,  puisque 
la  plupart  ont  déjà  été  signalées  dans  la  plaine  du  Forez 
et  beaucoup  plus  bas  jusqu'auprès  de  Tours. 

UArconce.  —  L'Arconce  qui  vient  de  l'étang  du  Rousset 
coule  ses  eaux  poissonneuses  dans  notre  région,  à  partir 
de  Charolles  où  elle  reçoit  la  Semence.  Elle  se  dirige  du 
nord-est  au  sud-ouest,  arrose  Charolles,  Ghangy,  Lugny- 
lès-Charolles,  Saint-Didier-en-Brionnais,  Anzy-le-Duc,  puis 
soudain  prend  la  direction  du  nord-ouest  pour  baigner 
Montceaux-l'Étoile,  Versaugues,  Saint- Yan,  Saint-Germain- 
de-Rives  et  Varenne-Reuillon  où  elle  se  jette  dans  la  Loire 
au-dessous  de  Pont-à-Mailly,  à  6  kilomètres  en  amont  de 
Digoin.  Elle  forme  une  vallée  fertile  bordée  d'excellentes 
prairies,  à  végétation  moins  variée  que  sur  les  bords  de  la 
Loire.  Comme  elle  coule  plus  lentement,  les  plantes  aqua- 
tiques y  élisent  plus  facilement  domicile,  surtout  celles  à 
larges  feuilles  qui  ne  peuvent  se  développer  dans  la  Loire, 
sans  risquer  à  chaque  instant  d'être  emportées  par  le  cou- 
rant. 

On  peut  récolter  dans  l'Arconce  ou  sur  ses  bords  : 

Ranunculus  fluitans,  Nuphar  luteum, 

Nymphaea  alba,  Sinapis  incana, 

1.  Gagne paiû,  Topographie  botanique  deê  environê  de  Cercy -la-Tour,  in  Bull. 
Soc.  bist.  oat.  Autun,  1900. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  245 

Roripa  nasturtioides,  PimpinelU  magna, 

Parnasaia  pal  us  tri  s,  Inula  britannica, 

Mœnchia  erecta,  Qratiola  oflicinalis, 

Trifolium  médium,  Potamogeton  natans, 
Lathyrus  Nissolia,  —      fluitana, 

—      tuberoaus,  Scirpua  lacuatris, 

Sanguisorba  oflicinalis,  Carez  caneacens, 

Trapa  natans,  Ilordeum  seoalinum, 
Sison  Amomum,  Etc.,  etc. 

Le  Sornin.  —  Le  Sornin  a  sa  source  près  d'Aigueperse 
(Rhône);  il  entre  en  Saône-et- Loire  par  Saint-Racho,  passe 
à  Varennes-sous-Dun,  la  Clayette,  Saint-Maurice-lès-Châ- 
teauneuf,  Château  neuf,  8aint-Martin-de-Lixy,  rentre  dans 
le  Rhône  sur  8aint-Denis-de*Cabane,  arrose  Charlieu, 
Pouilly-sous-Charlieu,  puis  va  se  jeter  dans  la  Loire  un 
peu  au-dessous  du  pont  de  Briennon  (Loire).  Son  cours  a 
environ  25  kilomètres  en  Saône-et-Loire.  Il  forme  une 
vallée  aux  bords  accidentés,  mais  fertile,  occupée  par  de 
verdoyantes  prairies.  Les  plantes  spéciales  i  la  région  tra- 
versée par  le  Sornin  sont  : 

Dentaria  pinnata,  8enecio  Fuchsii, 

Epilobium  spicatum,  Laetuea  virosa, 

Chrysoaplenium    oppositifo  -  Carex  paludosa, 

lium,  Athyrium  Filix-femina, 

Pimpinella  magna,  Asplenium  septentrionale, 

Oaiium  aaxatile,  Bleehnum  spicant, 
Cirsium  anglicum,  Eté.,  etc. 

Canal  de  Roanne  à  Digoin.  —  Nous  avons  étudié  le  canal 
de  Roanne  à  Digoin  depuis  son  entrée  en  Saône-et-Loire 
jusqu'à  sa  jonction  avec  le  canal  du  Centre,  sur  une  lon- 
gueur approximative  de  35  kilomètres.  Nos  récoltes  ont 
été  facilitées  par  suite  des  travaux  d'amélioration  de  cette 
voie  de  navigation,  qui  nécessitent  chaque  année  un  chô- 
mage de  près  de  deux  mois.  De  juin  à  août  le  canal  est  à 
sec  sauf  sur  certains  points  où  il  reste  une  petite  quantité 
d'eau  suffisante  pour  permettre  aux  plantes  aquatiques  de 


246  Q.  ORMEZZA.NO  ET  E.  CHATEAU. 

mûrir  leurs  graines.  Elles  se  multiplient  rapidement  ;  mais 
d'un  bout  à  l'autre  on  retrouve  les  mêmes  espèces.  Cette 
flore  uniforme  s'explique  facilement.  L'administration  fait 
faucher  les  plantes  qui  gêneraient  la  navigation,  quelques 
jours  avant  de  remettre  l'eau  dans  le  canal.  Les  ouvriers 
les  déposent  sur  les  levées,  mais  il  reste  de  nombreux  * 
débris  qui  sont  entraînés  par  le  faible  courant  et  propagent 
les  espèces  dont  ils  proviennent  sur  toute  la  longueur  du 
canal.  Les  pêcheurs  retirent  dans  leurs  filets  des  fragments 
de  plantes  aquatiques  qu'ils  rejettent  à  l'eau  ;  quelques-unes 
s'accrochent  aux  bateaux  et  vont  dans  les  deux  sens  s'im- 
planter sur  différents  points  d'où  partiront  de  nouvelles 
colonies  qui  unifieront  peu  à  peu  la  végétation  sur  toute  la 
longueur  du  canal,  dans  lequel  on  peut  récolter  : 

Ranunculus  peltatus,  Butomus  umbellatus, 

—  trichophyllus,  Vallisneria  spiralis, 

—  fluitans,  Helodea  oanadensis, 
Blatine  hexandra,  Potamogeton  lucens, 
Isnardia  palustris,                               —    perfoliatus, 
Myriophyllum  verticillatum,  orispus, 

—  spicatum,  —    acutifolius, 

—  alterniflorum,  —    compressus, 
Callitriche  hamulata,                           —    pusillus, 

—  verna,  Zanniohellia  palustris, 
Ceratophyllum  demersum,  Oaulinia  fragilis, 
Alisma  Plantago,  Naias  major, 

—  repens,  Isolepis  setacea, 
Sagittaria  sagittifolia,  Heleocharis  aoioularis,  etc. 

Les  rives  du  canal,  que  l'on  fauche  malheureusement 
trop  tôt,  offrent  toute  une  collection  de  Carex  et  plusieurs 
autres  plantes  qui  ne  se  rencontrent  pas  ailleurs.  Nous 
citerons  : 

Sanguisorba  officinalis,  Iris  pseudo-Acorus, 

Peucedanum  palustre,  Carex  maxima, 

Rumex  Hydrolapathum,  —    mûrie  a  ta, 


PLOliULE  RAIàONNKK  DU  BR10NNA1S. 


247 


Carexvulgaris, 

—  remoU, 

—  acuta, 

—  vesioaria, 


Carez  ri  paria, 
Glyceria  aquatica, 
Equisetum  Telmateia. 
Etc.,  etc. 


Ut  Étangs.  —  Les  creux  pleins  d'eau  et  les  étangs  sont 
moins  nombreux  qu'autrefois;  il  en  existe  cependant  dans 
toutes  les  communes.  En  général  ils  n'occupent  qu'une 
surface  restreinte  mais  n'en  sont  pas  moins  intéressants  i 
explorer  au  point  de  vue  de  la  variété  des  espèces.  Les  étangs 
de  la  Clayette  (27  hectares)  et  de  Chanron  (Nochize,  10  bec- 
tares),  sont  les  plus  grands;  mais,  quelle  que  soit  leur 
étendue,  à  peu  près  dans  tous  croissent  la  Châtaigne  d'eau, 
la  Renoncule  aquatique,  le  Potamot  nageant  et  la  Renouée 
aquatique.  Leur  végétation  est  surtout  variée  sur  les  bords, 
et  à  la  queue  parmi  les  sphaignes  où  croissent  souvent 
des  plantes  rares. 

On  peut  récolter  autour  des  étangs,  des  creux  et  des 
mares  : 

Nymphœa  alba, 
Nuphar  luteum, 
Roripa  nasturtioides, 

—  amphibia, 
Paroaasia  palustris, 
Drosera  rotundifolia, 
Elatine  hexandra, 
Helodes  palustris, 
Comarum  palustre, 
Epilobium  hirsutum, 
Isoardia  palustris, 
àfyriophyllum  verMoillatum, 

—  spioatum, 
Ceratophyllum  demersum, 
Peplis  Portula, 
Hydrocotyle  vulgaris, 
HeKosciadium  inundatum, 
Œnantbe  Phellandrium, 
Hottonla  palustris, 
Villarsia  nymphoides, 


Qratiola  ofBoinalis, 
Lindernia  Pyxldaria, 
Limosella  aquatica, 
Veronica  Beccabunga, 

—  Anagallis, 
Utrioularia  vulgaris, 
Littorella  lacustris, 
Iris  pseudo-Acorus, 
Sagittaria  sagittifolia, 
Alisma  Plantago, 

—  laooeolatum, 
Juncus  fluitans, 
Typha  angustifolla, 

—  latifolia, 
Sparganium  ramosum, 

—  bimplex, 
Rhynchospora  alba, 
Scirpus  ovatus, 

—  aeicularis, 

—  Micbelianus, 


248  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Scirpus  lacustris,  Carez  elongata, 
Garex  vulpina,  —    pallescens, 

—  stellulata,  —    canescens, 

—  acuta,  Glyoeria  aquatica, 

—  vesicaria,  —    fluitans, 

—  riparia,  Marsilia  quadrifolia, 

—  paludoea,  Chara  vulgaris,  etc.,  etc. 

Epiphytisme.  —  De  nombreux  arbres,  presque  exclusive- 
ment Saules  ou  Chênes,  sont  taillés  en  têtards  dans  les 
haies,  et  portent,  entre  les  moignons  de  leurs  branches  cou- 
pées, une  végétation  épiphytique  dont  nous  avons  fait  le 
recensement,  à  l'instar  de  MM.  A.  Magnin,  F.  Oagnepain, 
C.  Thomas,  etc.,  dans  d'autres  régions  voisines.  Nous 
avons  publié  ailleurs1  le  résultat  de  nos  observations  qui 
ont  porté  sur  1,476  saules,  1,448  chênes  et  une  douzaine 
d'autres  arbres.  Sur  une  centaine  d'espèces  de  plantes  épi- 
phytes,ce  sont  les  espèces  à  fruits  charnus  emportés  par  les 
oiseaux  ou  à  graines  fines  facilement  disséminées  par  le 
vent,  qui  dominent,  en  première  ligne  :  Ribes  Uva  crispa, 
Solanum  Dulcamara,  GaliumÂparine,  Urtica  diolca,  Galeopsis 
Tetrahit,  Mehringia  trineria,  Stellaria  holoslea,  etc.  Toutes 
ces  plantes  se  rencontrent  dans  la  flore  locale,  sans  modi- 
fications spéciales. 

Climat. 

Le  climat  ou  ensemble  des  circonstances  géographiques 
et  des  phénomènes  atmosphériques  qui  déterminent,  pour 
une  région  donnée,  les  variations  de  chaleur,  de  lumière, 
d'humidité,  etc.,  qui  s'y  succèdent,  a  une  importance  très 
grande  sur  la  distribution  des  végétaux.  En  effet,  toute 
graine  possède  une  température  minimum^  au-dessous  de 
laquelle  elle  ne  germe  pas,  une  température  optimum,  à 
laquelle  elle  se  développe  avec  activité,  et  une  tempéra- 


1.  E.  Château,  SUliitique  épiphytique  du  Brionrutiê  (Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Au« 
tan,  XVIII  (1905),  2,  p.  253.) 


FLOHULE  RAISONNÉK  OU  BRIONNAIS.  $49 

ture  maximum  au-dessus  de  laquelle  la  germination  s'ar- 
rête. Comme  ces  différents  degrés  de  température  varient 
avec  chaque  espèce,  il  est  facile  de  comprendre  que  les 
plantes  qui  ne  les  rencontrent  pas  sur  un  point  donné  en 
sont  forcément  exclues.  Mais  le  degré  de  température 
utile  peut-il  être  apprécié  exactement  par  l'évaluation  de 
la  température  de  l'air?  N'est-il  pas  nécessaire  de  con- 
naître aussi  la  chaleur  emmagasinée  dans  le  sol  où  sont 
les  racines?  Nous  n'hésiterons  pas  à  répondre  affirmative- 
ment, car  tous  les  sols  ne  s'échauffent  pas  avec  la  même 
facilité.  Schubler,  d'après  Parme  ntier1,  a  reconnu  qu'entre 
deux  lots  d'une  même  terre  exposés  au  soleil,  l'un  sec  et 
l'autre  humide,  on  peut  observer  en  faveur  du  lot  sec  une 
différence  de  température  de  huit  degrés  dans  la  couche 
superficielle.  Ce  fait  n'a  pas  échappé  i  nos  cultivateurs 
qui  appellent  «  terres  froides  »  celles  qui  retiennent  l'eau 
et  sont  constamment  humides  comme  les  argiles  et  les  tour- 
bières, bien  que  la  température  de  l'air  qui  les  entoure  soit  i 
peu  près  la  même  que  celle  qui  enveloppe  les  terres  voisines. 
Les  terres  de  couleur  foncée  absorbent  mieux  la  chaleur 
que  celles  de  teinte  claire.  D'après  Parmentier  (toc.  cit.), 
en  colorant  en  noir  un  sol  de  teinte  claire  on  peut  accroître 
son  pouvoir  absorbant  pour  la  chaleur  de  509/«-  Les  sols 
foncés  subissent  d'ailleurs  moins  l'effet  du  rayonnement 
que  les  sols  plus  clairs,  ce  dont  il  est  facile  de  se  rendre 
compte  pendant  les  gelées  printanières.  Les  parties  forte- 
ment éclairées  ont,  en  général,  beaucoup  plus  i  souffrir 
que  les  parties  ombragées,  bien  que  la  température  de  l'air 
soit  la  même  sur  les  deux  points.  D'après  de  nombreuses 
expériences,  il  résulte  que  c'est  le  sable  calcaire  qui  retient 
le  plus  de  chaleur,  c'est  donc  lui  qui  a  été  pris  comme 
terme  de  comparaison  pour  indiquer  le  pouvoir  absorbant 
de  la  chaleur  par  différents  sols.  Le  tableau  suivant  dressé 

I.  Pamtottor,  BtUniquê  êfriooU,  Paris,  ttOÎ. 


250  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

par  Girardin  et  Dubreuil  nous  fait  connaître  dans  quelles 
proportions  les  terres  différentes  s'échauffent  : 

Sable  calcaire 100,0 

—    siliceux 55,6 

Glaise  maigre 76,9 

Glaise  grasse 71,4 

Terre  argileuse 68,4 

Argile  pure 66,7 

Terre  de  jardin 64,8 

Terre  calcaire  fine 61,8 

Humus 49,0 

D'après  ces  chiffres,  il  est  certain  que  la  température  de 
l'air  est  insuffisante  à  expliquer  l'effet  de  la  chaleur  sur  la 
végétation  et  surtout  sur  la  germination  qui  a  lieu  dans  le 
sol  et  non  pas  dans  l'air.  Supposons  deux  graines  placées 
le  même  jour,  l'une  dans  du  sable  calcaire  et  l'autre  dans 
l'humus,  à  température  de  l'air  égale,  la  graine  placée  dans 
le  sable  calcaire  germera  avant  celle  qui  a  été  placée  dans 
rhumus  ;  et  comment  expliquer  ce  fait  si  l'on  ne  tient  pas 
compte  du  pouvoir  absorbant  de  la  chaleur  par  le  sol  ?  Celte 
influence  n'a  peut-être  aucun  effet  sur  les  arbres  ou  les 
arbustes,  mais  il  en  est  autrement  au  moment  de  la  germi- 
nation et  peut-être  même  pendant  toute  la  vie  des  plantes 
annuelles.  Il  serait  donc  intéressant  d'avoir  des  faits  précis 
sur  la  température  de  l'air  et  du  sol  brionnais,  ce  qui  nous 
fait  regretter  de  n'avoir  eu  aucune  donnée  météorologique 
sur  cette  région. 

D'après  le  Cours  d'agriculture  de  M.  Gasparin,  voici  les 
températures  nécessaires  à  diverses  plantes  spontanées  : 

Foliation. 

Tiapéntirt  mytiii. 

Lonicera  Periclymenura +       3* 

Ribes  Uva  crispa 5 

Ribes  rubrum 6 

Salix  Caproa 6 

ASsculus  Hippoeastanum 7,5 


PLORULB  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  251 

Twptalin  ssjnsi* 

Pirus  Malus +       8 

Prunus  Cerasus 8 

Juglans  regia 9,8 

Medioago  sativa  (pousse) 10 

Vitis  vinifera  (pousse) 10,5 

Alous  glutioosa tî 

Quercus 12,7 

Robinia  pseudo-Acacia 13,4 

Dans  nos  campagnes  où  les  observations  sont  souvent 
formulées  sous  forme  de  dictons  populaires  on  dit  en  par- 
lant de  Ribes  Uva  crispa  : 

Il  n'est  si  mauvais  mois  de  février 
Qui  n'ait  vu  feuiller  son  groseillier. 

Il  est  rare  que  le  dicton  soit  en  défaut,  c'est  donc  dans 
ce  mois  que  la  température  moyenne  atteint  5*. 

Des  observations  analogues  ont  été  faites  sur  la  florai- 
son ;  nous  en  citerons  quelques-unes. 

Floraison. 

tapfeilifi  stfjosf. 

Coryllus  Avellana +  3* 

Ulex  europsous,  Buxus  sempervirens  et  Populus  alba..  4 

Salis  Capnea,  Lonicera  Pericly menum 5 

Persica  vulgaris 5,4 

Pirus  oommunis  et  P.  Malus 8 

Pragaria  vesea 9,5 

Sarotbamous  sooparius 10 

ASsculus  Hippocastanum 12 

Cratasgus  oxyacantha 42,5 

Robinla  pseudo-Aeaoia 14 

Des  observations  prolongées  sur  les  dates  de  foliation  et 
de  floraison  de  ces  diverses  plantes  permettraient,  à  défaut 
de  données  météorologiques,  de  connaître  approximative- 
ment la  température  moyenne  d'une  région.  Ces  mêmes 
observations  effectuées  dans  de  nombreuses  régions  four- 


252  0-  ormezzano  et  e.  château. 

niraient  matière  à  d'importantes  comparaisons,  peut-être 
plus  en  rapport  avec  la  végétation  que  les  chiffres  fournis 
par  le  thermomètre. 

Pluie.  —  La  quantité  d'eau  qui  tombe  annuellement  a  sa 
répercussion  sur  la  distribution  des  plantes.  Un  sol  peut 
être  trop  humide  pour  une  espèce  et  pas  assez  pour  une 
autre  ;  par  conséquent  telle  région  ou  plutôt  tel  sol  exclut 
certaines  plantes  qui  ne  trouvent  pas  dans  ce  sol  le  degré 
d'humidité  dont  elles  ont  besoin.  Mais  l'humidité  du  sol 
n'est  pas  toujours  en  rapport  avec  la  quantité  de  pluie 
déversée  par  les  nuages.  En  été,  un  orage  violent  peut 
donner  une  quantité  considérable  d'eau  dont  une  faible 
quantité  est  absorbée  par  le  sol.  Le  nombre  des  jours  plu- 
vieux d'une  année  nous  semblerait  plus  en  rapport  avec 
l'humidité  du  sol  que  la  hauteur  d'eau  tombée.  Il  peut  pleu- 
voir souvent,  mais  très  peu  chaque  fois;  dans  ce  cas  le  sol 
retient  la  plus  grande  partie  de  l'eau,  tandis  que  si  la  pluie 
arrive  à  flots,  la  plus  grande  partie  va  à  la  rivière.  Le  pou- 
voir absorbant  de  l'humidité  varie  d'une  terre  à  l'autre  ; 
suivant  Schubler,  les  différents  sols  traversés  par  l'eau  en 
retiennent  : 


Sable  siliceux 25  %  de  son  poids  total. 

—    calcaire 29 

Argile  pure 70 

Terre  calcaire  fine ....    85 
Humus........ 190 


•  « 


En  outre,  les. cols  ont  le  pouvoir  d'enlever  de  la  vapeur 
d'eau  à  l'atmosphère,  ce  qui  constitue  leur  hygromètricitè, 
mais  cette  propriété  n'est  pas  égale  pour  tous  les  sols. 
Voici,  toujours  d'après  Schubler,  la  quantité  de  vapeur  d'eau 
absorbée  par  différents  terrains  :  * 


1.  Voyez  Pirmentier,  BoUnique  agricole,  Paris,  1902. 


PLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS. 


253 


VAPEUR  D  EAU  ABSORBÉE  APRÈS 

Ubtim 

filtra 

ttlnm 

71  knm 

0.000 
0.010 
0.185 
0.400 

0.000 
0.015 
0.210 
0.481 

0.000 
0.015 
0.240 
0.550 

0.000 
0.015 
0.245 
0.600 

L'humidité  excessive  nuit  à  la  conservation  des  graines 
qui  pourrissent  ou  dont  la  faculté  germinative  diminue 
d'intensité,  mais  il  nous  est  impossible  de  dire  si  le  Brion- 
nais  es t  plus  sec  ou  plus  humide  que  d'autres  régions.  Les 
observations  pluviométriques  nous  font  presque  complète- 
ment défaut.  Nous  savons  seulement  que  durant  sept 
années,  il  est  tombé  une  moyenne  annuelle  de  989  milli- 
mètres d'eau  à  Chauffailles. ! 

Des  pluviomètres  ont  bien  été  placés  par  M.  F.  Dejus- 
8ieu,  d'Autun,  à  Baudemont,  Bourg-le-Comte  et  Marcigny, 
mais  comme  les  observations  datent  i  peine  d'une  année, 
il  est  impossible  d'en  tenir  compte  pour  établir  des  moyennes 
qui  seraient  certainement  complètement  modiGées  par  les 
chiffres  ultérieurs. 

Les  brouillards  apparaissent,  dans  les  parties  basses, 
dès  le  mois  de  septembre  ;  ils  sont  fréquents  dans  la  vallée 
de  la  Loire  jusqu'au  milieu  du  printemps;  l'on  y  voit  aussi 
en  mai,  juin  et  juillet  des  brouillards  d'été  avant-précurseurs 
des  orages. 

La  direction  des  vents  n'est  pas  plus  certaine  que  les 
degrés  de  température  et  la  hauteur  pluviale.  Les  vents 
considérés  comme  dominants  sont  le  S-W  ou  Traversa  le 
N-E,  l'W  et  le  N-W  ou  Morvan.  Le  premier  et  le  troisième 
amènent  souvent  la  pluie.  Le  N  est  désigné  sous  le  nom  de 
Bise,  TE,  sous  celui  de  Matinal  et  le  S  sous  celui  de  Grandvent. 


1.  M.  AuJIo,  Eêêëi  but  la  Q+ogrêphlê  botuniqu*  du  Bcêujoliii,  In  Bu!!.  Artic- 
ule internationale  de  Géographie  botanique,  n"  18?,  décembre  1901,  p.  0i 


254  Q.  ORMEZZANO  ET  S.  CHATEAU. 

Suivant  une  croyance  populaire,  les  orages  de  grêle  se 
formeraient  dans  la  fontaine  de  la  Madeleine,  près  de  Saint- 
Martin-d  Estreauœ  (Loire),  et  seraient  amenés  dans  le  Brion- 
nais  par  le  S-S-W. 

Deux  courants  d'air  chauds  ont  été  signalés  dans  notre 
circonscription  par  MM.  F.  Pérot,  de  Moulins,  et  Dagand- 
Quentin,  de  Bourg-le-Comte.  Le  premier,  orienté  du  S-S-E 
au  N-N-W,  traverse  à  angle  droit  la  route  de  Saint-Julien- 
de-Jonzy  à  Semur,  environ  à  3  kilomètres  500  de  cette 
dernière  localité;  il  a  une  largeur  de  9  à  11  mètres  et  une 
température  approximative  de  18  à  20  degrés.  Le  second, 
orienté  de  S-S-W  à  N-N-E,  a  une  largeur  d  au  moins 
100  mètres;  il  traverse  la  route  de  Chambilly  au  Donjon 
au  bas  de  la  montée  de  Bourg-le-Comte.  Il  est  surtout  sen- 
sible le  soir  ou  de  grand  matin.  * 

Statistique  végétale. 

Plantes  vulgaires  indigènes.  —  Prenant  pour  guide  l'ex- 
cellent travail  de  M.  Oagnepain2,  qui  nous  a  fourni  matière 
à  d'importantes  comparaisons,  nous  avons  réparti  les  espèces 
indigènes  les  plus  communes  dans  les  catégories  suivantes  : 

Espèces  forestières. 

Espèces  des  champs. 

Espèces  des  prés  naturels. 

Espèces  aquatiques. 

Espèces  des  chemins,  des  terrains  vagues,  décombres. 

I.  —  Forées.  —  Les  grandes  forêts  n'existent  pour  ainsi 
dire  pas  dans  le  Brionnais  ;  par  contre,  on  rencontre  sur  de 
nombreux  points  des  taillis  dont  la  plupart  n'ont  qu'une 

t.  F.  Pérot,  Ob$ervation  eut  un  coursnt  itmotphérique  tempéré,  in  Bull.  Soc. 
bist.  nat.  Autun,  XIII,  1900,  2*  partie,  p.  249.  —  Dagand-Quentin,  A  propo$  d'un 
counnt  d'eir  tempéré,  in  Bull.  Soc.  bist.  nat.  Autun,  XIV,  1901,  2*  partie, 
p.  31. 

2.  F.  Gagnepaio,  TopograplUe  botanique  de$  environ$  de  Cercy-U-Tour,  in  Bull. 
Soc.  bist.  nat.  Autun,  XIII,  1900. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  255 

étendue  très  restreinte.  Les  principaux  sont  ceux  des 
Aisances,  entre  Paray  et  Poisson,  du  Gouvernement,  entre 
Marcigny,  Semur,  Sainte-Foy  et  Sarry,  de  Lugny,  Chizeuil, 
Vauban,  de  Maulevrier,  la  Côte,  etc.  Chaque  année  de 
nouveaux  défrichements  diminuent  la  surface  forestière, 
sauf  au  sud-est  où  le  terrain  accidenté  se  prête  plus  diffici- 
lement à  la  culture. 

Les  hautes  futaies  composées  seulement  d'essences  uti- 
lisées pour  la  charpente  ou  l'industrie  sont  rares.  On  ren- 
contre presque  exclusivement  des  taillis  coupés  tous  les 
vingt  ou  vingt-cinq  ans  pour  bois  de  chauffage.  La  flore 
silvatique  est  formée  d'espèces  dont  les  souches  émettent 
des  rejets  pouvant  garnir  rapidement  le  terrain  sur  lequel 
une  coupe  a  été  pratiquée. 

La  végétation  dominante  est  représentée  par  : 

Acer  campestre,  Fagus  eilvatica, 

Quercus  sessiliflora,  Alnus  glutinosa, 

—    pedunculata,  Betula  verrucosa, 

Carpinus  Betulus,  Populus  Tremula. 

Dans  les  clairières  et  partout  où  le  feuillage  laisse  péné- 
trer l'air  et  la  lumière,  de  nombreux  arbustes  occupent  les 
parties  vides,  rendent  le  taillis  plus  épais  pour  former  un 
sous-bois  dont  les  espèces  les  plus  communes  sont  : 

Clematis  Vitalba,  Cornus  sanguinea, 

liez  Aquifolium,  Lonicera  Perichymenum, 

Evonymus  europaeus,  Sambucus  nigra, 

Sarothamnus  scoparius,  Viburnum  Opulus, 

Rhamnus  Frangula,  Galluna  vulgaris, 

Rubus  sp?  Ligustrum  vulgare, 

Prunus  spinosa,  Corylus  Avellana, 

Cratsegus  oxyacantha,  Salis  Capraea, 

Hedera  Hélix,  Juniperus  communia. 

A  la  suite  des  coupes,  un  grand  nombre  d'espèces  her- 
bacées viennent  prendre  possession  des  espaces  libres.  Les 
unes,  celles  qui  ont  besoin  d'une  vive  lumière,  disparais- 


256  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

sent  dès  que  la  végétation  dominante  intercepte  suffisam- 
ment les  rayons  du  soleil  ;  les  autres,  celles  qui  exigent  le 
couvert  des  grands  arbres  pour  se  développer  normale- 
ment continuent  à  croître  avec  tendance  à  prendre  la  place 
de  celles  qui  se  sont  étiolées.  L'ombre  et  les  racines  sont 
communes  à  toutes  les  forêts,  mais  il  est  de  nombreuses 
conditions  de  végétation  qui  modifient  leur  flore  herbacée 
en  même  temps  que  celle  du  sous-bois.  Le  terrain  peut 
être  calcaire  ou  siliceux,  compact  ou  léger,  sec  ou  humide, 
toutes  causes  qui  donnent  un  aspect  particulier  à  chaque 
bois  ou  taillis  et  contribuent  i  rendre  plus  nombreuses  les 
espèces  que  l'on  rencontre  communément  dans  nos  petites 
forêts  brionnaises.  Nous  citerons  comme  plantes  herbacées  : 

Viola  Reichenbaohiana,  Convallaria  maialis, 

Mœhringia  trinervia,  Paris  quadrifolia, 

Hypericum  pulchrum,  Polygonatum  vulgare, 
Orobus  tuberosus,  —    multiflorum, 

Fragaria  vesca,  Tamus  communia, 

Solidago  Virga  aurea,  Luzula  pilosa, 
Senecio  silvaticus,  —    Fors  te  ri, 

Hieraciumsp?  —    multiflora, 

Phyteuma  splcatum,  Holcus  mollis, 

Primula  officinalis,  Braohypodium  silvaticum, 

Lysimachia  nemorum,  Aira  flexuosa, 

Vinoa  minor,  Pteris  aquilina, 

Melampyrum  pratense,  Polystichum  Filix  mas. 

II.  —  Les  champs.  —  Les  champs  couvrent  à  peu  près  le 
tiers  de  notre  circonscription;  leur  flore  varie  avec  les  cul- 
tures, la  nature  du  sol,  son  degré  de  sécheresse  ou  d'humi- 
dité. Chacun  est  à  même  de  constater  que  les  terrains  por- 
tant des  plantes  sarclées,  n'ont  pas  la  même  végétation 
spontanée  que  ceux  ensemencés  en  céréales,  couvertes  en 
luzerne,  prairies  artificielles,  pacages  ou  laissés  seulement 
en  jachères.  Les  champs  de  la  plaine  humide  n'ont  pas  les 
mêmes  plantes  que  ceux  de  la  colline  aride  ;  les  causes  de 


PLORULB  RAISONNES  DU  BRIONNAIS. 


257 


végétation  sont  donc  ici  très  diversifiées  et  par  suite  les 
espèces  communes  plus  nombreuses  que  dans  la  plupart 
des  autres  groupes  ;  ce  sont  : 

a.  —  Champs  portant  des  plantes  sarclées. 


Ranunculus  repens, 
Fumaria  offioinalis, 
8inapis  arvensis, 
Arabls  Thaliana, 
Draba  verna, 
Capsella  Bursa  pastoris, 
Silène  inflata, 
8tellaria  média, 
Cerastiom  vulgatum, 
8pergula  arvensis, 
liedtoago  Lupullna, 
Valerianella  olltoria, 
Tussilago  Farfara, 
Sanecio  vulgaris, 

b.  —  Plantes  messicoles. 

Ranunculus  arvensis, 
Papaver  Rbaas, 

—  dubium, 
Viola  tricolor, 
Agrostemma  Oithago, 
Trifolium  arvense. 
Vicia  angustiiblia, 
Ervum  tetraspermum, 
Cirsium  arvense, 
Centaurea  Cyanus, 

c.  —  Jachères,  pacages,  etc. 

Lepidium  campestre, 
If  jpericum  perforatum, 
8oleranthus  annuus, 

—  pcrennts, 
Sherardia  arvensis, 
Filago  germanica, 

TOME  XIX. 


Crépis  taraxaoifolia, 
8oncbus  oleraoeus, 
Anagallis  phœnioea, 
Convolvulus  arvensis, 
Myosotis  intermedia, 
Linaria  spuria, 

—    Elatine, 
Veronica  arvensis, 
Cbenopodium  album, 
Polygonum  avioulare, 
Merourialis  annua, 
8etaria  viridif , 
Agropyrum  repens. 

Etc.,  etc. 


Lampsana  communia, 
Arnoseris  pusills, 
Oaleopsis  angustifolia, 

—    Ladanum. 
Alopeourus  agrestis, 
Agrostis  vulgaris, 
Serrafalcus  mollis, 
Apera  spiea  venti, 
Lolium  temulentum. 

Eto.,  etc. 


Filago  arvensis, 
Carlina  vulgaris, 
Ecbiam  vulgart, 
Atriplex  patula, 
Humes  Aoetosella, 
Polygonum  Coovolvulus,  etc. 

17 


258 


Q.   ORMEZZA.NO  ET  E.  CHATEAU. 


III.  —  Les  prés.  —  Les  prairies  du  Brionnais  sont  renom- 
mées pour  leurs  herbages.  Elles  sont  établies  autant  que 
possible  auprès  des  cours  d'eau;  elles  occupent  la  plus 
grande  partie  des  vallées  de  la  Loire,  de  l'Arconce  et  du 
Sornin.  La  plupart  ont  été  engazonnées  spontanément.  On 
s'est  borné  à  niveler  grossièrement  le  terrain  après  la  mois- 
son, puis  on  l'a  abandonné  à  lui-même.  Il  s'est  couvert 
d'une  végétation  devenant  chaque  année  plus  dense  d'où 
sont  exclues  graduellement  les  espèces  annuelles  dont  les 
graines  ne  peuvent  germer  sur  un  sol  recouvert  d'herbes 
vivaces.  Comme  celle  des  champs,  la  flore  des  prairies 
présente  différents  aspects,  suivant  que  le  sol  est  plus  ou 
moins  sec  ou  humide,  léger  ou  compact,  calcaire  ou  sili- 
ceux, et  aussi  suivant  que  l'herbe  est  fauchée  ou  broutée, 
pâturée  par  des  bovidés  ou  des  chevaux.  Les  plantes  qu'on 
retrouve  le  plus  communément  dans  les  prairies  brionnaises 
considérées  dans  leur  ensemble  sont  : 

Ranunculus  buibosus, 


—  acer, 
Cardamine  pratensis, 
Medicago  Lupulina, 
Trifolium  repens, 

—  pratense, 
Daucus  Carota, 
Heracleum  Sphondyiium, 
Pimpinella  Saxifraga, 
Galiura  verum, 
Leucanthemum  vulgare, 
Achillea  Ptarmica, 
Bellis  perennis, 
Tragopogon  pratensis, 
Taraxaoum  officinale, 
Veronioa  serpyllifolia, 

—  Teucrium, 
Rhinanthus  major, 
Salvia  pratensis, 
Ajuga  reptans, 
Rumex  Acetosa, 


Plantago  lanceolata, 

—  média, 

Orchis  (diverses  espèces), 
Junous  lamprocarpus, 
Luzula  campestris, 
Oarex  prœcox, 

—  hirta, 
Anthoxanthum  odorat um, 
Alopeourus  pratensis, 

—  geniculatus, 
Phleum  pratense, 
Holous  lanatus, 
Trisetum  flavesoens, 
Poa  pratensis, 

—  trivialis, 
Daotylis  glomerata, 
Cynosurus  cristatus, 
Briza  média, 
Festuca  pratensis, 
Bromus  ereotus, 

—  mollis,  etc.,  etc. 


FLORULE  RAISONNES  DU  B1UONNAIS.  259 

IV.  —  Espèces  aquatiques,  palustres  ou  hydrophiles.  —  Les 
espèces  communes  de  cette  section  sont  groupées  d'après 
la  olas8iûcation  du  docteur  A.  Magnin  f,  qui  divise  la  flore 
aquatique  en  zones  établies  d'après  la  profondeur  des  eaux 
et  les  associations  végétales. 

1"  zone.  —  Cariçaie  ou  zone  des  Car  ex. 

Ranunculus  aquatilis,  Polygonum  Persicaria, 

—  fluitans,  Salixalba, 
Caltha  palustris,  —    triandra, 
Roripa  ampbibia,  —    purpurea, 
Epilobium  hirsutum,  Alisma  Plantago, 
Isnardia  palustris,  Iris  pseudo  Aeorus, 
Lythrum  Salioaria,  Heleocharis  palustris, 
Myosotis  palustris,  —    acicularis, 
8orophularia  aquatiea,  Carex  vulgaris, 
Gratiola  offioinalis,  —    vesi  caria, 
Veronioa  soutellata,                            —    paludoss, 

—  Beccabunga,  —    remota. 

Il entba  aquatiea,  Baldingera  arundinacea, 

8outeilaria  galerie  ulata,  Olyœria  aquatioa, 

Rumex  Hydrolapathum,  Etc.,  eto. 

2*  zone.  —  Phragmitaie.  —  Plantes  croissant  dans  les 
eaux  jusqu'à  une  profondeur  de  2  mètres  au  maximum  : 

(Enanthe  Phellandrium,  8parganlum  ramosum, 

8agittaria  sagittifolia,  Pbragmitas  oommunfs, 

Lemna  minor,  Olyœria  fluitans, 

—  polyrbtza,  Equisetum  limosum. 
Typha  latifolia,  Etc.,  eto. 

3*  zone.  —  Scirpaie.  —  Plantes  s'avançant  jusqu'à  3  ou 
4  mètres  de  profondeur  : 

Nupbar  luteum,  Utrioularia  vulgaris, 

Myriopbyllom  verticillatum,  Polygonum  ampbibium, 

— »    spicatum,  8cirpus  laoustris. 

Callitriobe  stagnalis,  Eto.,  eto. 

I.  A.  Mafoln,  Riefurche*  êur  U  vèçèittion  de*  Ucf  du  Juré,  dan*  R*v%t*g*né- 
rate  de  boUniçuê,  V  (MU),  P-  541-303. 


260  Q.   ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

4*  zone.  —  Potamogétonaie.  — •  Cette  zone  est  uniquement 
formée  de  Potamots  ;  ils  peuvent  croître  à  une  profondeur 
de  6  à  8  mètres  ;  ce  sont  : 

Potamogeton  natans,  Potamogeton  perfoliatus, 

—    crispue,  —    pusillus. 

5e  zone.  —  Charaçaie.  —  Cette  zone  comprend  les  espèces 
qui  tapissent  le  fond  des  eaux;  elles  sont  représentées  par 
quelques  Characées  dont  une  seule  commune  Charavulgaris, 
et  par  des  Naiadées  qui  ne  peuvent  trouver  place  parmi  les 
espèces  très  répandues. 

V.  —  Espèces  des  rues,  des  murs,  des  décombres,  des  haies.  — 
Autour  des  habitations,  dans  les  rues,  sur  les  places  publi- 
ques des  villages  on  dépose  des  tas  d'immondices  riches  en 
matières  azotées,  bientôt  recouverts  d'une  végétation  abon- 
dante. Les  bords  des  chemins  tassés  par  les  animaux  ou 
les  piétons  forment  une  station  unique  qui  ne  se  retrouve 
pas  ailleurs.  Les  murailles  en  pierres  sèches  sont  particu- 
lièrement intéressantes  car  elles  sont  l'image  frappante  de 
l'influence  du  sol  sur  le  tapis  végétal  ;  si  elles  sont  cons- 
truites avec  du  granit  leur  sommet  présente  une  flore  calci- 
fuge,  et  si  Ton  a  employé  des  pierres  calcaires,  il  se  recou- 
vre de  plantes  calciphiles.  Quand  les  murs  en  granit  se 
désagrègent,  le  mortier  laisse  tomber  au  pied  du  mur  cer- 
tains éléments  qui  permettent  aux  plantes  calciphiles  de  se 
développer;  par  conséquent  il  y  a  un  contraste  frappant 
entre  la  végétation  du  sommet  du  mur  et  celle  de  la  base. 
Les  vieilles  murailles  maçonnées  portent  souvent  une  flore 
calciphile  quand  la  chaux  a  été  employée  pour  la  fabrica- 
tion du  mortier  qui  a  servi  à  lier  les  pierres,  même  si 
celles-ci  sont  siliceuses. 

Quant  aux  haies  elles  tiennent  des  bois  par  les  nombreuses 
racines  qui  s'enfoncent  dans  le  sol  et  qui  s'opposent  tou- 
jours plus  ou  moins  à  une  prise  de  possession  par  d'autres 
plantes;  mais  elles  n'ont  pas,  comme  les  bois,  une  ombre 


FLORULE  RAISON  NEE  DU  BRIONNAIS. 


261 


exclusive  pour  certaines  espèces.  Elles  sont  d'ailleurs 
taillées  plus  ou  moins  régulièrement,  souvent  broutées  par 
les  animaux,  dont  quelques-uns,  comme  la  chèvre,  sont  un 
obstacle  puissant  à  la  multiplication  de  certaines  plantes. 
L'influence  du  sol,  de  la  richesse,  de  l'humidité,  n'est  pas 
moindre  dans  les  haies  qu'ailleurs;  il  faut  encore  ajouter 
l'exposition  qui  se  fait  sentir  sur  ses  deux  côtés.  Il  est  donc 
de  nombreuses  causes  qui  jouent  un  rôle  dans  la  distribu- 
tion des  plantes  de  ces  diverses  stations  et  par  suite  les 
espèces  communes  y  sont  nombreuses  ;  ce  sont  : 


Clematis  Vitalba, 
Chelidonium  majus, 
8i8ymbrium  Alliaria, 

—  officinale, 
Stellaria  Holostea, 

—  média, 
Malva  rotundifolia, 

—  silvestris, 
Viola  odorata, 
Qeranium  Robertianum, 

—  dissectum, 
Evonymus  europœus, 
Vicia  Cracca, 
Potentilla  Anierina, 
Geum  urbanum, 
Prunus  spioosa, 
Agrimooia  Eupatoria, 
Cratstgus  Oxyacaotha, 
Dryonia  diolca, 
Sedum  acre, 

—  album, 

—  Cepaja, 
Chœrophyllura  temulum, 
Cornus  sanguinea, 
Sambueus  nigra, 

—  Ebulus, 
Galium  Aparine, 


Qalium  Cruciata, 

—  Moilugo, 
Dipsacus  silvestris, 
Ribes  Uva  crispa, 
Artemisia  vulgaris, 
Lappa  major, 

—  minor, 
Convolvulus  s»pium, 
Veronica  hederifolia, 
Mentha  Pulegium, 
Clinopodium  vulgare, 
Glechoma  hederacea, 
Lamium  maculatum, 
BalloU  fcetida, 
Marrubium  vulgare, 
Plantago  major, 
Verbena  officinalis, 
Gbenopodium  Bonus  Henrlous 

—  intermedium, 

—  murale, 
Rumex  crispus, 

—  conglomeratus, 
Urtica  dioica, 
Corylus  Avellana, 
Arum  maculatum, 
Poa  anua. 

Eto.,  etc. 


*»*. 


262  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 


FLORE    SPONTANEE 


Le  degré  de  fréquence  ou  de  rareté  est  exprimé  par  les 
abréviations  suivantes  : 

CG  =  très  communes. 
C     =  communes. 
AC  =  assez  communes. 
AR  =  assez  rares. 
R    =  rares. 
RR  =  très  rares. 


Renonculacées. 

Ranunculus  hederaceus  L.  —  Sources,  fossés,  ruisseaux  dans 
les  terrains  primitifs  et  sablonneux.  AR.  —  Route  de 
Sarry;  Chambilly,  route  de  Bourg-le-Comte  ;  Semur, 
à  l'étang  de  la  Fay  ;  la  Clayette  ;  Briant  ;  Saint-Chris- 
tophe-en-Brionnais  ;  route  de  Digoin,  entre  Montceaux- 
l'Ëtoile  et  Saint- Yan  ;  fossé  de  la  route,  près  de  l'étang 
Vélo  (Avrilly). 

R.  Baudotii  Godr.,  var.  confusus  Godr.  —  Canal.  RR.  — 
Digoin,  bassin  terminal  du  canal  du  Centre. 


t.  Nous  comprenons  août  ce  vocable,  non  seulement  les  espèces  primitivement 
et  incontestablement  indigènes,  mais  aussi  les  espèces  anciennement  et  largement 
naturalisées;  elles  occupent  dans  la  flore  une  place  considérable  et  ne  peuvent 
plus  en  être  distinguées  que  par  des  antécédents  historiques  ;  elles  jouent  d'ailleurs 
absolument  le  rôle  de  plantes  spontanées  ou  tout  au  moins  subspontanées.  (Voyez 
A.  de  Candolle,  Géographie  botanique  rationnée,  2  vol.,  1855.  —  Origine  de$ 
pUnteë  cultivées,  1883.)  On  trouvera  au  chapitre  des  modifications  floristiques, 
l'exposé  de  nos  idées  à  ce  sujet.  —  Nous  avons  suivi  autant  que  possible  la  classi- 
fication adoptée  dans  le  Catalogue  des  plenleê  de  France,  Suiêêe  et  Belgique,  de 
E.-G.  Camus. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  263 

A.  diversifolius  Gilib.  =  A.  aquatilis  L.  —  Mares,  étangs, 
ru i sse aux.  CC.  —  Saint-Bonnet-de-Cray  ;  Semur;  Mar- 
cigny;  Chambilly;  Hautefond;  Artaix;  Saint-Julien- 
de-Ci vry  ;  Bourg-le-Comte  ;  Avrilly  ;  Varennes-Reuillon  ; 
Montceaux-l'Étoile  ;  Fleury-la-Montagne;  la  Clayette. 
Plante  polymorphe  dont  nous  avons  reconnu  les  variétés 
suivantes  : 

—  —  var .  submersus  GO. — Mares,  route  d' Artaix. 

—  —  var.  terrestris  GG.  —  C.  —  La  Clayette. 
Délaissés  de  la  Loire  et  la  plupart  des  mares  asséchées 
où  croit  le  type. 

—  —  A.  peltatus  Schranck.  —  Fossés,  route  de 
Marcigny  à  Chambilly  ;  Bourg-le-Comte  ;  Artaix. 

—  —  A.  truneatus  Koch.  —  Crot-Rond,  pêcherie 
Bérard,  i  Bourg-le-Comte. 

A.  trichophyllus  Chaix.  —  Mares,  fossés,  ruisseaux.  AR.  — 
Délaissés  de  la  Loire  à  la  Digue  ;  canal  de  Chambilly  ; 
Bourg-le-Comte  ;  Avrilly. 

A.  fœnieulaeeus  Gilib.  =  A.  divaricatus  Schrank.  —  Eaux 
tranquilles.  R.  —  Canal  de  Roanne  à  Digoin;  Vareilles, 
en  Payolles. 

A.  fluitans  Lamk.  —  Eaux  courantes,  rivières.  AR.  — 
Canal  de  Roanne  i  Digoin;  dans  la  Loire;  l'Urbize,  à 
Bourg-le-Comte;  l'Arconce,  à  Anzy-le-Duc ;   Poisson. 

A.  aconitifolius  L.  —  Lieux  humides  des  montagnes  gra- 
nitiques. R.  —  Mussy-sous-Dun,  près  du  grand  viaduc 
et  des  montagnes  l'avoisinant. 

A.  Flammula  L.  —  Prés  frais,  bois  argileux,  pâturages 
humides,  fossés,  lieux  marécageux.  CC. 

—  — -  var.  tênuifolius  Wallr.  —  Pré  tourbeux  le 
long  de  la  route  de  Marcigny  i  Montceaux-l'Étoile. 

A.  aurieomus  DC.  —  Bois,  haies,  lieux  frais  et  couverts.  C. 
—  Sarry,  route  de  Semur  ;  Changy,  près  Charolles  ; 
Bois  de  la  Côte;  Fleury-la-Montagne ;  Saint-Julien-de- 
Civry  ;  Iguerande  ;  Saint-Bonnet-de-Cray  ;  Briant. 


264  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

R.  acer  L.  —  Champs,  bois,  prés.  CC. 

—  —  R.  Steveni  Àndr.  —  Prairies  des  bords  de 
la  Loire. 

R.  nemorosus  DC.  —  Bois  couverts.  AC.  —  Saint-Julien- 
de-Jonzy;  Saint-Bonnet-de-Cray  ;  Vernay;  Embondy; 
Morvan,  à  Saint-Martin-du-Lac  ;  Sarry  ;  Briant;  Semur. 

—  —  R.  Amansii  Jord.  —  Bois  entre  Melay- 
outre-Loire;  Artaix;  Céron;  Chenay-le-Châtel,  où  cette 
forme  abonde. 

R.  repens  L.  —  Champs,  vignes,  jardins,  prés.  CC.  —  On 
en  cultive  une  variété  à  fleurs  doubles  dans  les  jardins 
de  Marcigny. 

R.  bulbosus  L.  — -  Prés,  pâturages,  champs,  haies,  bois, 
bords  des  chemins.  CC.  —  Cette  espèce  se  multiplie 
tellement  dans  les  prés  qu'elle  nuit  considérablement 
à  la  qualité  des  fourrages. 

R.  monspeliacus  L. 

—  —  R.  lugdunensis  Jord.  —  Prés  sablonneux 
de  la  vallée  de  la  Loire,  nul  ailleurs.  R.  —  Artaix; 
Chambilly  ;  Baugy  ;  Vindecy  ;  Varennes-Reuillon  ; 
Bourg -le- Comte  ;  Avrilly  ;  Luneau;  Chassenard; 
Champ  de  courses,  à  Marcigny.  Cette  dernière  station, 
la  première  reconnue  par  M.  Ormezzano,  date  de  1865; 
à  cette  époque  elle  était  abritée  par  un  petit  bois  de 
pins;  elle  s'est  maintenue,  mais  peu  agrandie.  Depuis, 
cette  plante  a  été  reconnue  dans  presque  tout  le  val 
de  la  Loire.  (Voir  E.  Château,  le  Ranunculus  monspe- 
liacus des  bords  de  la  Loire,  in  Bull.  Soc.  hist.  nat, 
Autun,  XIV,  1901,  p.  202.) 

R.  chasrophyllos  L.  —  Endroits  secs  et  sablonneux  des  bords 
de  la  Loire.  RR.  —  Champ  de  courses,  à  Marcigny; 
pré  Mamme8sier;  Chambilly;  Bourg-le-Comte ;  Vin- 
decy ;  Varennes-Reuillon. 

—  —  R.  acutilobus  Freyn.  —  Cailloux  du  Gras  à 
Bourg-le-Comte  où  cette  forme  abonde. 


FLORULB  RAISONNÉE  DU  BRIONNAIS.  265 

Observation.  —  Rouy  et  Foucaud  [Flore  de  France,  1. 1,  p.  88), 
changent  le  nom  de  chœrophyllos  en  celui  de  flabellatus  Desf.,  car, 
disent-ils,  la  plante  de  Linné  est  une  espèce  des  plus  douteuses  à 
calioes  réfléchis,  à  pédoncules  sillonnés  que  ne  présente  nullement 
la  plante  de  France  et  de  Corse.  Quoi  qu'en  disent  les  savants  auteurs 
de  la  Flore  de  France,  il  est  acquis  que  sous  le  nom  de  R.  ch*ro- 
phyllos,  Linné  a  compris  plusieurs  sous-espèces,  mais  le  véritable 
R.  flabellatus  Desf.  est  une  de  ces  sous-espèces  algériennes,  et  il 
n'est  pas  davantage  prouvé  que  ce  soit  la  nôtre,  o*est  pourquoi  nous 
maintenons  le  nom  chœrophyllos  employé  dans  presque  toutes  les 
flores. 

R.  sardous  Crantz.  =  R.  philonotis  Retz.  —  Champs  humi- 
des. C.  —  Chambons,  à  Bourg-le-Comte  ;  Chambilly  ; 
Avrilly;  Vindecy;  Luneau;  Chassenard;  vignes  à 
Iguerande  et  Semur.  A  Iguerande  et  i  Semur,  cette 
renoncule  est  plus  vigoureuse  qu'ailleurs  quoique 
venant  sur  un  sol  seo  exposé  au  midi. 

R.  arvensu  L.  —  Champs,  moissons.  CC.  —  Adventice 
messicole  naturalisée  depuis  un  temps  immémorial. 

A.  sceleratus  L.  —  Marais  et  fossés,  bords  des  étangs,  lieux 
fangeux.  R.  —  Chenoux,  près  Baugy  ;  bords  du  Mer- 
dasson,  i  Maroigny  ;  fossé  à  gauche  du  canal  au  Bas- 
du-Ris  de  Bourg-le-Comte;  8aint-Martin-du-Lac. 

Obê.  —  On  ne  rencontre  jamais  cette  plante  en  quantité  mais  par 
groupes  de  quelques  pieds  épars  ci  et  là,  sans  régularité  et  sans 
stations  bien  précises. 


ranunculoidet  Mœnoh.  —  Lieux  humides,  haies, 
bois,  prés,  bords  des  ruisseaux.  C. 

Ob$.  —  Dans  les  bois  de  liorvan,  à  8aint-Martin-du-Lae,  on  ren- 
contre une  forme  très  vigoureuse,  à  fleurs  grandes,  presque  doubles 
du  type.  Suivant  le  Journal  d'acclimatation,  année  1904,  p.  118,  les 
faisans  se  régalent  si  avidement  des  bulbiiles  de  la  ficaire  que  leur 
jabot  en  est  absolument  rempli  à  l'exclusion  presque  complète 
d'autres  graines. 


266  Q.   ORMEZZÀNO  ET  E.  CHATEAU. 

Myosurus  minimus  L.  —  Terres  argileuses  et  sablonneuses 
fraîches.  R.  —  Luneau  ;  pré  au-dessous  de  l'école  et 
chaussée  d'un  creux  aux  Ginquins  à  Bourg-le-Comte  ; 
levée  de  l'étang  Batardeaux  où  il  devient  de  plus  en 
plus  rare  ;  bords  de  l'étang  Vélo  à  Avrilly,  mais  seu- 
lement les  années  où  les  eaux  sont  basses. 

Adonis  autumnalis  L.  —  Lieux  cultivés.  RR.  —  Chambons 
de  Bourg-le-Gomte.  Adventice  d'origine  grecque,  mais 
depuis  longtemps  naturalisée  en  France. 

A.  flammea  Jacq.  —  Terrains  calcaires  dans  les  moissons. 
RR.  —  Sarry;  Saint-Didier-en-Brionnais. 

Clematis  Vitalba  L.  —  Bois,  haies,  broussailles,  non  loin 
ou  quelquefois  sur  l'emplacement  d'anciennes  habita- 
tions. G. 

—  —  var.  integrata  DC.  —  Folioles  entières  ou 
peu  dentées.  Haies,  bois,  broussailles.  G. 

—  —  var.  crenata  Jord.  —  Folioles  crénelées, 
tiges  rampant  sur  le  sol.  RR.  —  Murs  des  rives  de  la 
Loire;  talus  de  la  route  de  Saint-Christophe  à  Semur. 

Obs.  —  On  trouve  parfois  sur  le  même  pied  des  feuilles  entières 
et  d'autres  un  peu  dentées  qui  ne  constituent  nullement  la  variété 
crenata  telle  que  nous  l'entendons  et  qui  doit  être  essentiellement 
calciphile.  Nous  ne  l'avons  vue,  dans  notre  région,  que  dans  les 
pierres  du  Montet  amenées  pour  soutenir  les  bords  de  la  Loire  et 
éviter  les  écoulements  et  sur  le  talus  de  la  route  de  Saint-Christophe 
à  Semur.  Elle  est  plus  abondante  à  Salornay-sur-Guye,  mais 
toujours  dans  les  murs  de  pierre  sèche  et  non  dans  les  haies.  Les 
tiges  traînent  sur  le  sol,  elles  sont  plus  faibles  que  dans  la  var. 
integrata;  les  fleurs  petites,  portées  sur  des  pédoncules  allongés 
forment  des  grappes  lâches  ;  les  feuilles  sont  courtes  et  toutes  munies 
de  plusieurs  dents. 

Anémone  nemorosa  L.  —  Bois,  broussailles,  haies,  prés.  C. 
—  Vareilles;  Saint-Martin-de-Lixy;  Coublanc;  Saint- 
Igny-de-Roche  ;  Gregaine;  Bourg-le-Comte  ;  Céron; 
Chenay;  Chambilly;  Avrilly;  Marcigny;  Vitry-en- 
Charollais. 


FLORULE  RAISONNES  OU  BRIONNA1S.  267 

A.  ranunculoïdes  L.  —  Bois  calcaires.  RR.  —  Tourny, 
près  Charolles  (abbé  Ramage).  Recherchée  plus  tard 
par  M.  Ormezzano,  n'a  pu  être  retrouvée. 

C  ait  ha  palustris  L.  —  Prés  humides,  bords  des  ruisseaux.  C. 

Helleborus  fœtidus  L.  —  Lieux  pierreux,  haies,  bois.  AR. 
—  Saint- Bonnet-de- Cray;  Semur;  Saint-Julien-de- 
Jonzy;  Sainte-Foy;  Saint-Didier;  Sarry;  Varennes- 
l'Arconce  ;  Briant  ;  Ghetal  ;  Saint-Christophe  ;  Oyé  ; 
Vareilles.  Plante  calciphile,  manquant  sur  la  rive 
gauche  de  la  Loire. 

Isopyrum  thalictroïdes  L.  —  Lieux  couverts,  broussailles 
des  endroits  frais.  R.  —  Bois  de  la  Côte  ;  de  Crotte  ; 
de  Semur  ;  de  Tourny,  près  Charolles  ;  de  l'État,  à 
Sarry;  de  Glenne;  Saint-Martin-du-Lac.  Bois  entre 
Paray-le-Monial  et  Charolles  (Q.  Ormezzano). 

Delphinium  Consolidais.  —  Moissons  calcaires.  R.  —  Sarry; 
Saint-Didier-en-Brionnais  ;  Oyé.  Adventice  messicole 
naturalisée. 

Aquilegia  vulgaris  L.  —  Bois,  taillis,  haies,  buissons,  prés 
montueux.  AR.  —  Montmegin;  parc  de  Châteauneuf; 
Semur  ;  Saint-Martin-du-Lac  ;  Charolles  ;  la  Clayette  ; 
Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Saint-Bonnet-de-Cray. 

Nymphéacées. 

Nymphœa  alba  L.  —  Mares,  étangs,  rivières,  eaux  pro- 
fondes. R.  —  Dans  l'Arconce,  à  Anzy-le-Duc  ;  mares 
de  la  Loire. 

Nuphar  luteum  Sm.  —  Mares,  étangs,  rivières,  eaux  tran- 
quilles. AR.  —  Parties  profondes  et  calmes  de  l'Arconce, 
à  Charolles;  Poisson,  à  la  digue,  délaissés  de  la  Loire; 
creux  Tortiot,  à  Bourg-le-Comte  ;  Vitry-en-Charollais  ; 
Hautefond. 


268  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Papavéracées. 

Papaver  Rhœas  L.  —  Moissons,  champs.  CC. 

—  —  var.  vestitum  G.  G.  —  Champs  sablonneux 
des  bords  de  la  Loire.  Rencontré  à  fleurs  doubles 
dans  les  sables  de  la  Loire,  à  Chambilly. 

P.  dubium  L.  —  Champs,  moissons,  jachères.  C.  —  Mar- 
cigny  ;  Bourg-le-Comte  ;  l'Hôpital-le-Mercier  ;  Dun  ; 
Saint- Yan;  Montceaux  l'Étoile;  Vindecy;  Baugy;  Saint- 
Germain-de-Rives  ;  Céron;  Chenay-le-Châtel  ;  Melay; 
Avrilly;  Luneau;  Digoin. 

—  —  var.  collinum  Bogenh.  —  Champs,  mois- 
sons. — •  Marcigny;  l'Hôpital-le-Mercier. 

P.  Argemone  L.  —  Terres  sablonneuses  des  bords  de  la 
Loire,  moissons,  jardins.  AR.  —  Bourg-le-Comte; 
Céron  ;  Iguerande  ;  la  Clayette  ;  Saint-Igny-de-Roche  ; 
Montceaux  -  l'Étoile  ;  Saint-  Yan  ;  Paray  -le  -  Monial  ; 
Digoin. 

Obs.  —  Ces  trois  plantes,  originaires  d'Orient,  Grèce,  sont  depuis 
longtemps  et  amplement  naturalisées. 

Chelidonium  majus  L.  —  Vieux  murs,  décombres,  haies. 
AC.  —  Se  rencontre  dans  presque  tous  les  villages, 
et  parfois  à  fleurs  doubles. 


Fumaria  officinalis  L.  —  Lieux  cultivés.  CC. 
—        —  var.    média   Bor.    —  Jardins    paysagers, 

bosquets,  haies.  —  Bourg-le-Comte  ;  Marcigny  ;  Baugy  ; 
Poisson;  Saint-Didier-en-Brionnais  ;  Iguerande;  Fleury- 
Ia-Montagne. 

06s.  —  Cette  forme  à  pétioles  en  vrilles  diffère  du  F.  capreolata 
par  ses  fruits  longs  et  déprimés,  ses  fleurs  petites,  roses. 


FLORULK  RAISONNER  DU  BRIONNAIS.  269 

Crucifères. 

Raphanus  Raphanistrum  L.  —  Champs,  cultures.  CC.  — 
Adventice  messicole  méridionale  (Italie,  Sardaigne), 
naturalisée  au  point  d'être  devenue  une  de  nos  espèces 
les  plus  communes,  et  un  fléau  pour  nos  cultures. 

Sinapis  arvensis  L.  —  Moissons,  jachères,  cultures,  bords 
des  chemins.  CC. 

S.  Ckeiranthus  Koch.  —  Champs  sablonneux,  bords  de  la 
Loire.  C.  —  Maroigny  ;  Iguerande  ;  Melay  ;  Chenay-le- 
Chfttel  ;  Céron  ;  Artaix  ;  Chambilly  ;  Bourg-le-Comte  ; 
Avrilly  ;  Luneau  ;  Baugy  ;  Vindecy  ;  Montceaux-l'Étoile  ; 
l'Hôpital-le-Mercier  ;  Saint~Germain-de-Rives;  Va- 
renncs-Reuillon  ;  Saint-Yan. 

Hirschfeldia  adpressa  Mœnch.  —  Lieux  secs  et  sablonneux.  R. 

—  Bords  de  la  Loire;  del'Aroonce;  Poisson;  Semur; 
Oregaine  ;  Sarry  ;  Marcigny  ;  Saint-Julien-de-Jonzy  ; 
Iguerande;  Saint- Bonnet-de-Cray.  Plante  d'origine 
adventice  indigène  méridionale  qui  se  propage  de  plus 
en  plus  le  long  des  chemins  de  fer  et  les  grandes  voies 
de  communication,  s'y  resème  et  par  là  peut  être  consi- 
dérée comme  naturalisée  et  acquise  a  la  flore  locale. 

Hesperis  matronalis  L.  —  Bords  des  ruisseaux,  haies.  R.  — 
Chenoux,  près  Baugy;  Châteauneuf;  8emur;  Cham- 
billy ;  Bourg-le-Comte  ;  Moulin  de  Poisson.  Cette 
plante  existe  depuis  1865  au-dessous  de  Charlieu  (Loire), 
où  elle  se  reproduit  spontanément.  Probablement 
d'espèce  adventice  indigène,  mais  assez  commune  pour 
être  considérée  tout  au  moins  comme  subspontanée. 

Cheiranthus  Cheiri  L.  —  Vieux  murs  autour  des  villages.  R. 

—  Murs  de  l'abbaye  et  des  fortifications  i  Marcigny  ; 
tour  de  Semur  ;  murs  à  Bourg-le-Comte  et  ça  et  li 
où  cette  espèce  originaire  de  Grèce  est  naturalisée 
depuis  longtemps  comme  dans  toutes  les  autres  loca- 
lités françaises. 


270  Q.  ORMEZZANO  ET  K.  CHATEAU. 

Barbarea  vulgaris  R.  Br.  —  Champs,  chemins.  G. 

—  —  B.  stricta  Pries.  —  Bords  des  routes  ;  Mar- 
cigny;  Chambilly. 

—  —  B.  arcuata  Rchb.  —  Route  de  Sarry  et  au 
bourg;  Semur;  Bourg-le-Comte;  route  des  Gharmays 
et  à  la  Berthaud. 

B.  intermedia  Bor.  —  Champs,  chemins.  AC.  —  Saint- 
Julien-de-Jonzy  ;  Verne t;  Bourg-le-Comte;  Digoin;  au 
Désert. 

B.  patula  Fries.  —  Terrains  frais,  cultures,  fossés.  AC.  — 
Marcigny;  Bourg-le-Comte;  Chambilly;  Semur;  Saint- 
Julien;  Vareilles;  Chenay-le-Châtel  ;  Céron;  Artaix; 
Melay;  Iguerande;  Avrilly;  Vindecy;  Saint-Germain- 
de-Rives. 

Sisymbrium  officinale  Scop.  —  Lieux  incultes,  bords  des 
routes.  CC. 

S.  Alliaria  Scop.  —  Bois  frais,  haies,  bords  des  che- 
mins. CC. 

S.  Sophia  L.  —  Décombres.  AR.  —  Bords  de  la  Loire  où 
il  est  très  répandu,  surtout  près  du  pont  suspendu  de 
Chambilly;  rues  à  Bourg-le-Comte;  Avrilly;  Baugy; 
Vindecy;  Saint- Yan;  Paray-le-Monial ;  Digoin.  D'ori- 
gine adventice  indigène  rudérale,  naturalisée. 

Nasturtium  officinale  R.  Br.  —  Souroes,  fontaines,  ruis- 
seaux. AR.  —  Bourg-le-Comte;  Marcigny;  Semur; 
Saint-Yan;  Varennes-Reuillon;  Vareilles. 

—  —  var.  siifolium  Rchb.  —  Marcigny. 

N.  silvestre  R.  B.  —  Lieux  frais,  sables.  AC.  —  Artaix  ; 
Bourg-le-Comte  ;  Melay  ;  Chenay-le-Châtel  ;  Chambilly  ; 
Poisson;  Hautefond. 

—  —  forma  patula.  —  Route  de  Marcigny  à 
Chambilly. 

—  —         forma  erecta.  —  Bois  humides  de  Marcigny. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAJS.  271 

N.  anceps  Rchb.  —  Sables  des  bords  de  la  Loire.  AR.  — 
Artaix  ;  Chambilly  ;  Bourg-le-Comte  ;  Vindecy  ;  Digoin. 

Arabis  Thaliana  L.  —  Murs,  bords  des  chemins,  champs 
sablonneux.  CC. 

A.  perfoliata  Lamk  =  Turritis  glabra  L.  —  Bords  des  che- 
mins, champs,  mais  jamais  en  quantité.  R.  —  Route 
de  Bourg-le-Comte  i  Avrilly;  entrée  du  cimetière  à 
Chambilly  ;  au  Champseau  ;  Saint-Martin-du-Lac  ; 
champs  au-dessus  des  étangs  supérieurs  d* Avrilly. 

Cardamine  pratonsis  L.  —  Prés  humides,  marécages,  bois, 
bords  des  fossés.  C. 

C.  Impatiens  L.  —  Bois,  lieux  ombragés,  vieux  murs  du 
Merdasson,  bords  de  la  Loire.  AR.  —  Bourg-le-Comte  ; 
Chambilly,  Artaix  ;  Avrilly  ;  Vareilles  à  Saint-Aubin  ; 
route  de  Saint-Christophe  ;  Marcigny. 

C.  hirsula  L.  —  Lieux  frais,  murs,  champs.  C.  —  Cette 
espèce  est  mangée  en  salade  sous  le  nom  de  cresson 
de  vigne. 

C.  silvatica  Link.  —  Lieux  humides,  bords  des  ruisseaux 
ombragés,  bois.  R.  —  Bords  du  Merdasson  i  Marcigny; 
fossé  route  de  Chambilly;  bois  de  Montmegin;  Saint- 
Igny-de-Roche  ;  Melay. 

Dentaria  pinnata  Lamk.  —  Bords  du  Sornin,  de  Saint* 
Maurice-lès-Ch&teauneuf  i  la  Clayette  et  en  descen- 
dant sur  Charlieu.  RR. 

Alyssum  calycinum  L.  —  Coteaux,  sables  des  bords  de  la 
Loire.  C.  —  Route  de  Chenoux;  Artaix;  Bourg-le- 
Comte;  Marcigny;  Versaugues;  Semur;  Iguerande; 
Vareilles,  etc. 
—        —  var.  elongatum.  —  Tige  simple  droite  et 

très  allongée  ;  bords  de  la  Loire  dans  les  prairies. 

Draba  muralis  L.  —  Vieux  murs  à  Vareilles  ;  route  de  la 
Clayette  où  elle  n'a  pas  été  retrouvée. 

Ù.  verna  L.  =  Brophila  vulgaris  DC.  —  Lieux  sablonneux, 
champs,  murs.  CC. 


272  Q,  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

—  —  E.  prmcox  DC.  —  Bords  de  la  Loire  à 
Bourg-le-Comte. 

—  —  E.  hirtella  Jord.  —  Ghambons  des  bords  de 
la  Loire  entre  Marcigny  et  Iguerande. 

—  —  E.  majusoula  Jord.  —  Sables  de  la  Loire; 
Bourg-le-Comte  ;  Marcigny. 

—  —  E.  spathulata  Lang.  —  Bords  de  la  Loire 
à  Bourg-le-Comte. 

—  —  E.  claviformis  Jord.  —  Bords  de  la  Loire 
à  Bourg-le-Comte. 

—  —  E.  leptophylla  Jord.  —  Bords  de  la  Loire  à 
Bourg-le-Comte. 

Roripa  nasturtioides  Spach.  —  Lieux  humides,  bords  des 
eaux.  AC.  —  Merdasson  à  Marcigny  ;  toutes  les  mares 
de  la  Loire;  Bourg-le-Comte;  Saint-Martin-du-Lac ; 
Iguerande. 

Roripa  pyrenaica  Spach.  —  Pelouses  sablonneuses  dans 
toute  la  plaine  de  la  Loire  ;  Chauffailles.  AR. 

—  —  var .  microcarpa  R.  et  F . — Bourg-le-Comte  ; 
Avrilly  ;  Vindecy  ;  Saint-Germain-de-Rives  ;  Varennes- 
Reuillon.  AR. 

R.  amphibia  Bess.  —  Fossés,  bords  des  eaux.  C.  —  Toutes 
les  mares  de  la  Loire  ;  Saint- Julien-de-Civry  ;  Beau- 
demont;  Tancon;  Saint-Martin-de-Lixy;  Poisson  ;  Ver- 
saugues;  Ghenay-le-Châtel  ;  Céron;  Hautefond. 

Myagrum  perfoliatum  L.  —  Moissons  dans  la  plaine  de  la 
Loire  entre  Chambilly  et  Bourg-le-Comte.  R.  —Adven- 
tice messicole  indigène  abondant  certaines  années,  puis 
disparaissant  par  suite  de  l'assolement. 

Biscutella  lœvigata  L.  —  Sables  de  la  plaine  de  la  Loire, 
nulle  ailleurs.  R.  —  Champs  de  courses  à  Marcigny; 
Digoin.  Apportée  du  plateau  central  par  la  Loire, 
d'abord  à  l'état  de  plante  adventice  indigène,  actuelle- 
ment naturalisée  avec  les  deux  formes  locales  sui- 
vantes. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  273 

—  —  B.  intricata  Jord.  —  Levée  du  canal  au* 
dessus  de  Bourg-le-Comte. 

—  —  B.  controverse*  Bor.  —  Sables  de  la  Loire  i 
Bourg-le-Comte,  au  Port-Chasset,  au-dessus  du  Vilma- 
rion  à  la  limite  d'Avrilly  (Allier). 

Iberis  amara  L.  —  Introduite  avec  les  moissons.  R.  — 
Bords  de  la  Loire  en  face  Chambilly;  Baugy;  Bourg- 
le-Comte. 

Teesdalia  nudicaulis  R.  Br.  —  Champs  des  terrains  siliceux. 
AC.  —  Plaine  de  l'Hôpital  ;  Baugy  ;  Bourg-le-Comte  ; 
Avrilly;  Céron;  Vindecy. 

Thlaspi  arvense  L.  — Champs  cultivés  des  terrains  calcaires. 
AR.  —  Bourg-le-Comte,  quelques  pieds  seulement 
dans  les  alluvions  de  la  Loire;  Marcigny;  Chetal; 
Briant ;  Semur  ;  Oyé  ;  Saint-Didier-en-Brionnais  ; 
Varennes-l'Arconce  ;  Vareilles. 

T.  per foliation  L.  —  Vignes,  bords  des  chemins,  murs  dans 
les  terrains  calcaires.  AR.  —  Chenoux;  vieille  route  de 
Semur;  Saint-Bonnet-de-Cray;Sarry;  Saint-Julien-de- 
Jonzy;  Briant;  Varennes-l'Arconce ;  Oyé;  Vareilles; 
Saint-Didier-en-Brionnais. 

Capsella  Bursa-postoris  Mœnch.  —  Partout  CC. 

C.  rubella  Reuter.  —  Champs,  vignes,  bords  des  chemins, 
prés  sablonneux.  C.  —  Bourg-le-Comte  ;  Marcigny  et 
un  peu  partout,  mais  surtout  dans  la  plaine  de  la 
Loire. 

C.  gracilis  Oren.  — »  Hybride  supposé  des  deux  précédents 
aveo  lesquels  il  est  mélangé,  mais  beaucoup  plus  rare 
et  surtout  au  printemps.  Nous  parait  être  plutôt  une 
forme  abortive  qu'un  hybride. 

Lepidium  campeslrs  R.  Br.  —  Champs,  chemins,  sables  de 
la  Loire,  CC. 

—  —  L  errabundum  Jord.  —  Sables  de  la  Loire 
i  Bourg-le-Comte. 

tomb  xix.  18 


274  Q.  ORMEZZÀNO  ET  E.  CHATEAU. 

L.  Smithii  Hook.  =  L.  heterophyllum  Benth.,  var.  caneseens 
G. G.  —  Sables  de  la  Loire  à  Bourg-le-Comte.  RR.  — 
Abonde  aux  Moinats,  commune  de  Mont,  près  Bourbon- 
Lancy  (G.  Basset).  Espèce  de  l'ouest  de  la  France  à 
rechercher  dans  le  Brionnais.  (Voyez  Bull.  Soc.  hist. 
nat.  Autun,  XIII  (1900),  2,  p.  254.) 

L.  ruderale  L.  —  Rues,  places  publiques.  R.  —  Souvent  à 
l'état  de  plante  adventice  ruderale  indigène.  —  Bords 
de  la  Loire  à  Chambilly;  Saint- Yan,  rues  à  Marcigny  ; 
Bourg-le-Comte  ;  Paray;   Digoin;  Charolles;  Semur. 

L.  graminifblium  L.  —  Endroits  sablonneux  sur  les  bords 
de  la  Loire  ou  dans  les  villages,  apportée  avec  le  sable. 
AR.  — Chambilly;  Avrilly;  Digoin;  vieux  murs  en 
montant  à  l'église  d'Iguerande  ;  Melay  ;  Artaix. 

L.  Draba  L.  —  Talus  herbeux  des  routes  et  des  voies  fer- 
rées. RR.  —  Gare  de  Paray-le-Monial  ;  talus  à  Avrilly 
entre  le  canal  et  la  Loire,  après  avoir  passé  la  maison 
du  conducteur;  bord  de  la  Loire  en  Chenoux  de 
Baugy;  champ  de  course  à  Marcigny.  Espèce  pérégrine 
originaire  du  sud-est  de  l'Europe  (Sardaigne,  Sicile,  etc.), 
qui  se  répand  et  se  naturalise  de  plus  en  plus  en  France, 
du  midi  au  nord,  le  long  des  routes  et  des  voies  fer- 
rées, au  point  de  faire  actuellement  partie  intégrante 
de  la  flore. 

Senebiera  Coronopus  Jord.  —  Cours  pavées,  entre  les  pierres, 
endroits  battus.  AC.  —  Marcigny;  Sarry;  Bourg-le- 
Comte;  Avrilly;  Chambilly;  Semur;  Digoin;  Paray-le- 
Monial;  Baugy;  Montceaux-l'Étoile  ;  Vindecy;  Briant. 

Cistacées. 

Helianthemum  vulgare  Gaartn.  —  Endroits  secs.  AR.  — 
Pelouses  de  la  plaine  de  la  Loire  ;  Baugy  ;  Bourg-le- 
Comte;  Avrilly;  montagne  de  Dun;  Sarry;  Saint- 
Didier-en-Brionnais  ;  Briant. 


FLORULE  RAISONNER  DU  BRI0NNAI3,  275 

H.  terpyllifolium  Mill.  var.  ovalifolium  R.  et  P.  —  Cailloux 
du  Gras  i  Bourg-le-Comte  ;  montagne  de  Dun.  R. 

//.  guttatum  Mill.  —  Sables  secs  de  la  Loire.  RR.  —  Digoin; 
cailloux  du  Gras  à  Bourg-le-Comte. 

—  —  var.  erioeaulon  Dun.  — •  Digoin;  cailloux 
du  Gras  à  Bourg-le-Comte.  RR. 

H.  Fumana  Mill.  —  Lieux  secs  calcaires.  RR.  —  Montagne 
de  Dun. 

Violacées. 

Viola  silvatica  Pries. 

—  —  V.  Reichenbachiana  Jord.  ap.  Boreau.  — 
Bois,  prés,  haies.  C. 

—  —  V.  Riviniana  Rchb.  —  Bois,  haies.  AR.  — 
La  Côte  ;  château  de  la  Garde  ;  de  Selorre  ;  Bourg-le- 
Comte;  Chambilly;  Avrilly. 

—  —  var.  arenieola  Chabert  ap.  R.  et  F.  — 
Bourg-le-Comte,  à  la  Berthaud.  R. 

V.  eanina  L.  — •  Lieux  sablonneux  et  secs,  bords  des  bois, 
landes  et  bruyères.  AR.  —  Chenay-le-Ch&tel  ;  Bourg- 
le-Comte;  au  Bois;  les  Gouttes  au-dessus  d' Avrilly; 
Semur;  Marcigny;  Baugy. 

—  —  var.  tricetorum  Reichb.  —  Pré  au-dessus 
de  l'étang  de  la  Clayette. 

V.  hirta  L.  —  Haies,  endroits  secs,  champs  calcaires.  C.  — 
Marcigny  ;  Semur  ;  Vareilles  ;  Pleury-la-Montagne  ; 
Vauban;  Poisson;  Céron;  Bourg-le-Comte;  Avrilly; 
Varennes-Reuillon. 

—  —         var.  Foudrasii  Jord.  —  Chambons  d'Artaix. 

—  —  var.  propera  Jord.  —  Prairies  dans  la 
plaine  de  la  Loire.  AR.  —  Route  d'Artaix;  Bourg-le- 
Comte  ;  Chambilly  ;  Avrilly  ;  Baugy  ;  Vindecy  ;  l'Hôpital- 
le-Meroier;  Saint-Germain-de-Rives;  Varennee-ReuiU 
Ion;  Digoin. 


276  Q.  ORMEZZANO  ET  B.  CHATEAU. 

—  —  var.  œnochroa  Gillot  et  Ozanon  Bull.  Soc. 
Dauph.,  II,  p.  461,  R.  et  F.  Chetal,  près  Briant  (Ormez- 
zano). 

V.  odorata  L.  —  Haies,  bois,  prés.  CC. 

—  —  var.  subcarnea  Jord.  —  Haies.  C.  —  La 
Clayette;  Marcigny;  Semur;  Bourg-le-Comte ;  Saint- 
Martin-du-Lac;  Baugy;Céron. 

—  —         var.  dumelorum  Jord.  —  Bois  à  Poisson. 
Viola  alba  Bess.  —  Marcigny,  bois  de  Crotte,  route  de 

Semur.  R. 
V.  tricolor  L.  —Champs  cultivés.  C. 

—  —  V.  wralis  Jord.  —  Champs  cultivés.  AC. 
—  Route  de  Saint- Julien  ;  Chambilly  ;  Bourg-le-Comte  ; 
Varenne-r Arconce  ;  Saint-Yan;  Poisson. 

—  —  V.  agrestis  Jord.  —  Lieux  cultivés,  champs. 
AC.  —  Toute  la  plaine  de  la  Loire;  Céron;  Vitry-en- 
Charollais;  Hautefond. 

—  —  V.  variata  Jord.  —  Moissons.  AR.  — 
Chambilly  ;  Bourg-le-Comte  ;  Vareilles. 

—  —  V.  segetalis  Jord.  —  Moissons.  AC.  — 
Iguerande  ;  Marcigny  ;  Semur  ;  plaine  de  l'Hôpital-le- 
Mercier;  Baugy;  Bourg-le-Comte. 

—  —  V.  confinis  Jord.  —  Haies  au  Port  Chasset 
de  Bourg-le-Comte. 

Résédacées. 

Resêda  Phyteuma  L.  —  Adventice  indigène  méridionale. 

RR.  —  Terres  avoisinant  la  route  de  Roanne. 
R.  lutea  L.  —  Lieux  incultes,  bords  des  chemins,  vieux 

murs.  AR.  —  Terres  sablonneuses  des  bords  de   la 

Loire;  Saint- Agnan;  Chambilly. 
R.  luteola  L.  —  Murs,  terrains  incultes,  bords  des  chemins, 

décombres.  C.  —  Bourg-le-Comte;  Marcigny;  Ligny- 

en-Brionnais  ;  Vauban. 


FLORULE  RAISONNÊE  DU  BRIONNAIS.  27? 

Aiêrocarpus  Clusii  Gay.  —  Lieux  sablonneux.  AC.  —  Champs 
des  bords  de  la  Loire;  toute  la  plaine  de  l'Hôpital-le- 
Mercier;  Saint-Martin-du-Lac  au  Champseau;  Bourg- 
le-Comte  aux  Charnays;  Avrilly;  Saint-Yan;  Digoin. 

Polygalaoéea. 

Polygala  vulgaris  L.  —  Pelouses,  prés,  bois,  bords  des 

chemins.  C. 
—        —         P.  oxyptera  Reichb. — Montagne  de  Dun.  R. 
P.  depressa  Wend.  —  Landes  et  bruyères.  AR.  —  Bords  de 

la  route  de   Semur  à  Sainte-Foy;    Saint-Julien-de- 

Jonzy;   Saint-Bonnet-de-Cray  ;  Bourg-le-Com te  ;  Va- 

reilles  ;  Sarry. 

Droséracées. 

Drosera  rotundifolia  L.  —  Tourbières,  terrains  spongieux, 
surtout  dans  le  sol  granitique.  AR.  — ■  Saint-Julien-de- 
Civry;  Saint-Julien-de-Jonzy;  Saint-Bonnet-de-Cray  ; 
Vauban;  étangs  de  Morvan ;  ChAteauneuf;  Saint-Yan; 
Avrilly. 

Obs.  —  Le  Drosera  intermedi*  Hsyne  n'a  pas  été  jusqu'ici  observé 
dans  le  Brionnais  :  cependant  comme  il  existe  sur  nos  limites,  canton 
du  Donjon  (Allier)  (Migout,  FL  de  l'Allier),  Il  n'y  aurait  rien 
d'étonnant  à  ce  qu'il  nous  eût  échappé.  A  reoheroher. 

Parnossia  palustris  L.  — Prés  marécageux,  tourbières.  AR. 
—  Sain t-Julien-de- Jonzy ;  Poisson;  Saint-Yan;  Mont* 
oeaux-l'Étoile  ;  étangs  de  Morvan  ;  Avrilly  ;  Hautefond  ; 
Vi  try-en-Charollais . 

Caryophyllaoées. 

Cucubalut  baccifer  L.  —  Haies,  broussailles  des  lieux 
humides.  AC.  —  Tous  les  environs  de  Marcigny  ;  Bourg* 
le-Comte;  Semur;  Avrilly;  Céron;  Saint-Laurent-en* 
Brionnais;  Oregaine;  Briant. 


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isjo'.ff^.û  :  ^at*1^  ~  L.  —  1-if-^x  friis.  b:r£s  des  eux.  AC. 

—     >.L"r>"  *  -—.-S.T  •  -  ^jf-  ;     ^£ ij»* _£"LT ^     A^"*JÛX Z       2>I,ZLÏX'— J 

T«'"t#  es:  trt*  si^r*-;  £^;«Yêe  £*i.>  ies  ~*riLii5  i'rà 
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FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  279 

Saint-Ghristophe-en-Brionnais  ;  Semur  ;  Saint-Martin- 
du-Lac  ;  Chenay-le-Châtel. 

D.  Carthusianorum  L.  —  Lieux  secs,  bois,  pelouses  mon- 
tueuses.  AC.  —  Champs  de  la  plaine  de  la  Loire  ;  parc 
de  Châteauneuf;  Semur;  Fleury-la-Montagne ;  Igue- 
rande;  Saint-Bonnet-de-Cray;  Saint-Didier-en-Brion- 
uais. 

Sagina  ciliata  Fries.  var.  patula  Jord.  —  Champ  de  courses 
i  Marcigny  ;  rives  de  la  Loire  à  Chambilly  et  Bourg- 
le- Comte.  R. 

S.  apetala  D.  —  Lieux  sablonneux,  champs,  bords  des  che- 
mins. AC.  —  Bords  de  la  Loire,  vieux  murs  du  Mer- 
dasson;  Baugy;  Semur;  Vauban;  Saint-Julien-de- 
Civry;  Poisson;  Céron;  Bourg-le-Comte;  Marci- 
gny, etc. 

—  —  var.  filicaulis Jord.  —  Sarry;  Semur;  Mar- 
cigny. 

S.  procumbens  L.  — Lieux  frais  et  sablonneux.  AC.  —  Ça  et  là 

dans  toute  la  plaine  de  la  Loire;  Semur  ;  Saint-Martin- 

du-Lac;   Chambilly,  aux  Diens;   Melay;   Saint- Yan; 

Bourg-le-Comte,  etc. 
Alsine  tenuifolia  Crantz.  —  Vieux  murs  à  Châteauneuf; 

bords  de  la  Loire;  Artaix;  Bourg-le-Comte;  Avrilly; 

montagne  de  Dun.  AR. 
Mœhringia  trinervia  Clairv.  —  Lieux  frais,  fossés,  bois, 

haies,  saules  têtards.  C. 
Arenaria  serpyllifolia  L.  —  Murs,  bords  de  la  Loire.  C. 
Stelïaria  média  Willd.  —  Endroits  cultivés,  vignes,  sables 

de  la  Loire.  CC. 

—  —         var.  apelata  Bor.  =  S.  Bormana  Jord.  — 
Qare  de  Marcigny,  sables  de  la  Loire  ;  Semur. 

—  —  var.  pedicellata  R.  et  F.  —  Bords  de  la  Loire 
à  Bourg-le-Comte. 

—  —         var.  major  Koch  — S.  neglecta  Willd.  — 
Lieux  humides;  Semur;  Marcigny. 


278  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Silène  inflata  Sm.  —  Bords  des  chemins,  champs,  cul- 
tures. C. 
—        —  var.  oleracea  Bor.  —  Talus  du  chemin  de 

fer  en  allant  sur  Iguerande;  Melay;  Géron. 

S.  Armeria  L.  —  Champs  sablonneux,  alluvions  des  bords 
de  la  Loire  entre  Marcigny  et  Iguerande.  RR. 

S.  nutans  L.  —  Prés  secs,  bois  des  terrains  granitiques 

des  environs  de  la  Clayette.  AR. 
Lychnis  Flos-Cuculi  L.  —  Prés,  bois  frais.. C. 
Melandrium  pratense  RœhL  —  Haies,  murs,  champs.  C. 
M.  silvestre  Rœhl.  —  Haies,  prés,  bois  frais.  AC.  —  Bois  de 

la  côte  de  Olenne;  de  l'État;  Céron ;  Chenay-le-Châtel ; 

Chambilly. 

M.  intermedium  Schur.  (if.  silvestre  X  pratense).  Au  milieu 
de  M.  silvestre  au  Bas-du-Ris  d'Avrilly,  près  Larue.  Le 
M.  pratense  croît  à  une  dizaine  de  mètres  de  là,  au 
bord  d'une  haie. 

Agrostemma  Githago  L.  —  Moissons.  C.  — Adventice  mes- 
sicole  orientale,  de  naturalisation  très  ancienne. 

Saponaria  officinalis  L.  —  Lieux  frais,  bords  des  eaux.  AC. 

—  Saint-Christophe;  Marcigny;  Artaix;  Bourg-le- 
Comte,  Avrilly;  Chenay-le-Châtel,  Vareilles.  Cette 
plante  est  très  souvent  cultivée  dans  les  jardins  d'où 
elle  se  propage  à  l'état  de  plante  adventice  horticole, 
et  se  rencontre  même  avec  des  fleurs  doubles  sur  les 
bords  de  la  Loire. 

Gypsophila  muralis  L.  —  Champs  mouillés  l'hiver,  bords 
des  creux  et  mares.  AC.  —  Abonde  dans  toute  la  plaine 
de  la  Loire,  plus  rare  ailleurs. 

Dianthus  prolifer  L.  —  Lieux  secs,  champs  sablonneux.  AC. 

—  Iguerande  ;  Marcigny  ;  Chambilly  ;  Baugy  ;  Bourg- 
le-Comte;  Avrilly  ;  Vitry-en-Charollais  ;  Hautefond,  etc. 

D.  Armeria  L.  —  Bords  des  chemins,  pelouses  sèches.  C. 

—  Vareilles  au  Montet  ;  toute  la  plaine  de  la  Loire  ; 


FLORULE  ttAISONNÉË  OU  BRÎONNAIS.  $81 

Elatinacées. 

E latine  paludosa  Seub. 

—  —  E.  hexandra  DC.  —  Bords  du  grand  étang 
de  la  Clayette;  étangs  entre  Avrilly  et  Bourg-le- 
Comte;  Gharolles.  R. 

—  —  E.  octandra  DG.  —  Sur  la  vase  au  fond 
du  canal  de  Roanne  à  Digoin. 

E.  Alsinastrurn  L.  —  Étang  de  la  Clayette.  RR. 

Linaoées. 

Linum  gallicum  L.  —  Pelouses,  moissons.  R.  —  Champs 
des  bords  de  la  Loire  à  Baugy. 

L.  catharticum  L.  —  Champs,  prés,  pâturages,  bords  des 
bois.  C.  —  Bords  du  canal  de  Roanne  à  Digoin  ;  Bourg- 
le-Comte;  Avrilly;  Chambilly;  Semur;  Saint-Martin- 
du-Lac;  Marcigny;  Céron;  Vitry-en-Charollais,  etc. 

Radiola  linoides  Gmel.  —  Lieux  sablonneux  et  humides.  R. 
— <  Chemin  humide  à  la  Touche,  en  Bel-Air;  Semur; 
Briant. 

Tiliacées. 

Tilia  silvestris  Desf.  —  Çà  et  là,  haies,  bois,  parcs.  AR.  — 
Semur-en-Brionnais  ;  route  de  Chambilly  à  Bourg-le 
Comte;  Avrilly;  Fleury-la- Montagne;  Melay ;  Chenay- 
le-Châtel;  Versaugues.  Ne  se  rencontre  qu'à  l'état 
subspontané  dans  le  Brionnais. 

Malvacées. 

Malva  Alcœa  L.  —  Prés,  bords  des  haies.  AR.  —  Plaine  de 

la  Loire;  Marcigny;  Saint-Martin-du-Lao;  Bourg-le- 

Comte;  Avrilly;  Briant. 
X  #.  intermedia  Bor.  —  Hybride  de  M.  Alcœa  et  de  M.  mosta- 

cha.  Entre  Saint-Martin-du-Lac  et  Semur-en-Brionnais 

(frère  Asclépiade).  RR. 


280  Q.  0RMEZZAN0  ET  E.  CHATEAU. 

S.  Holostea  L.  —  Haies,  bois.  CC. 

S.  graminea  L.  —  Bords  des  bois,  prés,  haies,  buissons.  C. 

S.  uliginosa  Mur.  —  Sables  humides,  bords  des  ruisseaux 

et  des  mares.  AG.  —  Semur;  Marcigny;  Melay;  Jonzy  ; 

Saint-Bonnet-de-Cray  ;  Briant;  la  Clayette,  etc. 
Holosteum  umbellatum  L.  —  Sables  des  bords  de  la  Loire, 

vieux  murs.  AR.  —  Bourg-le-Comte;  Avrilly  ;  Digoin  ; 

Vindecy;  Montceaux-l'Étoile. 
Cerastium  erectum  Goss.  et  G.  —  Pelouses  sablonneuses, 

bords   de  la   Loire.  R.  —  Saint- Yan;   l'Hôpital-le- 

Mercier;    Bourg-le-Comte,   pré    entre   l'école    et   le 

canal. 
C.  arvense  L.  —  Champs.  AR.  —  Qà  et  là  dans  la  plaine  de 

la  Loire;  Bourg-le-Comte;  Avrilly. 
C.  vulgatum  L.  —  Champs,  prés,  murs.  C. 
C.  viscosum  L.  —  Champs  sablonneux,  lieux  cultivés.  C. 
C.  brachypetalum  Desp.  —  Champs  incultes,  murs.  AC.  — 

Sables  de  la  Loire  ;  Vareilles  ;  Bourg-le-Comte  ;  Avrilly  ; 

Saint-Yan;  Paray-le-Monial. 
C.  glutinosum  Fries.  —  Bords  de  la  Loire  dans  tout  le 

chambonnage.  AR. 
C.  semidecandrum  L.  —  Toute  la  plaine  de  la  Loire.  AC. 
Halaohium  aquaticum  Fries.  —  Lieux  marécageux,  bois 

humides,  haies  couvertes.   AC.  —  Avrilly;  Luneau; 

Semur;  Marcigny;  Bourg-le-Comte;  Céron;  Chenay- 

le-Châtel;  Saint-Martin-du-Lac  ;  Briant. 
Spergula  arvensis  L.  —  Moissons,  champs,  sables  de  la 

Loire.  AC.  —  Avrilly;  Céron;  Bourg-le-Comte;  Saint- 
Martin-du-Lac;  Marcigny;  Chambilly. 
S.  pentandra  L.  —  Champs  dans  la  plaine  de  la  Loire.  R. 

—  Chambons  d'Artaix  ;  champ  de  courses  à  Marcigny  ; 

Bourg-le-Comte  ;  parc  de  Selorre  ;  Saint-Yan. 
S.  Morisonii  Bor.  —  Moissons.  R.  —  Champs  des  bords 

de  la  Loire  à  Marcigny. 
Spergularia  rubra  Pers.  —  Plaine  de  la  Loire.  AC. 


FLORULK  RA1SONNEE  DU  BRIONNAIS.  281 

Elatinacéeg. 

E latine  paludosa  Seub . 
—        —         E .  hexandra  DC.  —  Bords  du  grand  étang 
de  la   Clayette;  étangs   entre  Avrilly  et   Bourg-le- 
Comte;  Charolles.  R. 
— •       —         E.  octandra  DC.  —  Sur  la  vase  au  fond 
du  canal  de  Roanne  i  Digoin. 
E.  AUinasêrum  L.  —  Étang  de  la  Clayette.  RR. 

Linaoées. 

Linum  gallicum  L.  —  Pelouses,  moissons.  R.  —  Champs 
des  bords  de  la  Loire  à  Baugy. 

L  catharticum  L.  —  Champs,  prés,  pâturages,  bords  des 
bois.  C.  — •  Bords  du  canal  de  Roanne  à  Digoin  ;  Bourg- 
le-Comte;  Avrilly;  Chambilly;  Semur;  Saint-Martin- 
du*Lao;  Marcigny;  Céron;  Vitry-en-Charollais,  etc. 

Radiola  linoides  Omel.  —  Lieux  sablonneux  et  humides.  R. 
—  Chemin  humide  à  la  Touche,  en  Bel-Air;  8emur; 
Briant. 

Tiliacées. 

Tilia  silvestris  Desf.  —  Ci  et  li,  haies,  bois,  parcs.  AR.  — 
Semur-en-Brionnais  ;  route  de  Chambilly  à  Bourg-Ie 
Comte;  Avrilly;  Fleury-la- Montagne;  Melay ;  Chenay- 
le-Chfttel;  Versaugues.  Ne  se  rencontre  qu'à  l'état 
subspontané  dans  le  Brionnais. 

Malyacies. 

Malva  Alema  L.  —  Prés,  bords  des  haies.  AR.  —  Plaine  de 

la  Loire;  Marcigny;  Saint-Martin-du-Lao ;  Bourg-le- 

Comte  ;  Avrilly  ;  Briant. 
X  M.  intormedia  Bor.  —  Hybride  de  M.  Alema  et  de  M .  mosta- 

eha.  Entre  Saint-Martin-du-Lao  et  Semur-en-Brionnais 

(frère  Asclépiade).  RR. 


282  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

M.  moschata  L.  —  Prés  secs,  pâturages,  bords  des  bois. 
AC.  —  Avrilly;   Bourg-le-Comte  ;   Marcigny;  Baugy; 
Mon tceaux-1' Étoile  ;    Sain  t-Yan  ;     Varennes-Reuillon  ; 
Chassenard. 
—        —  var.  laciniata  G.  G.  —  Mélangée  à  la  pré- 

cédente mais  moins  abondante.  AR. 

M.  silvestris  L.  —  Chemins,  haies,  places,   champs,  lieux 
incultes.  CG. 

M.  rotundifolia  L.  —  Jardins,  places,  cours,  chemins.  CC. 

Géraniacées. 

Géranium  nodosum  L.  —  Bois.  R.  —  Semur-en-Brionnais  ; 

bois  du  Baron,  de  la  Côte;  Saint-Martin-du-Lac;  bois 

de  Crotte,  d'Iguerande. 
G.  columbinum  L.  —  Champs,  haies,  buissons,  bords  des 

routes.  C. 
G.  dissectum  L.  —  Prés,  champs,  bords  des  chemins.  C. 
G.  pyrenaicum  L.  —  Haies,  prés,  lieux  frais,  bords  des 

fossés.  AC.  —  Semur;  Bourg-le-Comte,  près  du  pont 

du  canal;  chemin  des  Rabots  à  Avrilly,  sur  les  levées 

du  canal  de  Roanne  à  Digoin,  à  Artaix  et  Melay-outre- 

Loire  ;  bords  de  la  Loire  à  l'entrée  des  broussailles  ; 

bords  du  Merdasson;  Saint-Christophe-en-Brionnais; 

Briant;  Saint-Martin-du-Lac.    Espèce  autrefois   rare 

dans  le  département  de  Saône-et-Loire   et   qui   s'y 

répand  de  plus  en  plus. 
G.  molle  L.  —  Champs,  prés,  bords  des  routes.  C. 
G.  pusillum  L.  —  Lieux  incultes,  bords  des  chemins.  C. 
G.  rotundifolium  L.  —  Bords  des  routes.  AC.  —  Vareilles; 

Semur;  Vauban;  Marcigny;  Briant;  Baugy;  Vindeoy; 

Saint- Yan;  Charolles;  Iguerande,  etc. 
G.  lucidum  L.  —  Digoin,  dans  les  broussailles,  près  de  la 

Loire  et  au  Désert;  bords  de  la  Loire  à  Marcigny.  R. 
G.  Robertianum  L.  —  Lieux  incultes,  bords  des  ruisseaux, 

murs,  haies.  CC. 


FLOAULE  AA130NNÉE  DU  BRIONNAtS.  283 

Erodium  cicularium  L'Hér.  —  Bords  des  chemins,  lieux 
cultivés,  murs.  CC. 

—  —  var.  prmtêrmissum  Jord.  —  A  côté  de  la 
tour  de  Maroigny  et  bords  des  chemins. 

—  —  var.  pimpinêllifolium  Sibth.  —  Sables  de 
la  Loire  i  Bourg-le-Comte. 

—  —         var.  aeaule  R.  et  F.  —  Sables  de  la  Loire 
à  Bourg-le-Comte. 

Hypérieacées. 

Hyper icum  perforatum  L.  —  Champs,  lieux  incultes,  haies v 
bois,  pâturages.  CC. 

—  —         H.   microphyllum  Jord.  —  Champs  très 
secs.  AC. 

H.  Mrapîerum  Pries.  —  Prés  et  bois  humides,  bords  des 
ruisseaux.  AC.  —  Tancon;  Briant;  Sarry;  Coublanc; 
Saint-Igny-de- Roche;  Maroigny;  Oyé;  Avrilly;  Vin- 
decy. 

£/.  humifusum  L.  —  Lieux  sablonneux.  AC.  «—  Saint-Julien- 
de-Jonzy;  Saint-Martin-du-Lac  et  dans  toute  la  plaine 
de  la  Loire. 

//.  pulehrum  L.  —  Haies,  bois  dans  les  terrains  sablonneux. 
AC.  —  Bois  delà  Côte,  de  Olenne;  Oregaine  de  l'État; 
Semur;  Bourg-le-Comte;  Avrilly. 

H.  hirsutum  L.  —  Bois,  haies,  broussailles.  AC.  —  Bourg- 
le-Comte  ;  Saint-Martin-du-Lac  ;  Saint-Oermain-des- 
Bois;  Céron;  Ligny-en-Brionnais;  Briant  à  Batailly. 

//.  Androtœmum  L.  —  Bois.  R.  —  Saint-Martin-du-Lac; 
Montmegin;  Olenne;  Gatelier;  Saint-Bonne t-de-Cray; 
Saint-Julien-de-Jonzy  ;  bois  de  l'Enfer. 

Hêlodes  palustris  Spach.  —  Lieux  tourbeux.  R.  —  Étang 
de  Lafay  à  Semur;  étang  des  Cornues  i  Vernay; 
étang  de  Morvan  ;  étangs  Popelin  entre  Mailly  et  Saint- 
Martin-du-Lac. 


284  Q.  ORMEZZANO  ET  B.  C&ATEAU. 

Acéracées. 

Acer  campestre  L.  — •  Haies,  bois,  broussailles.  GG. 

—  —  var.  leiocarpum  Tausch.  —  Haies,  bois. 

—  —         var.  hebecarpum  DC.  —  Haies,  bois. 

Ampélidacées. 

Vitis  vinifera  L.  —  Cultivé  partout,  se  naturalise  çà  et  là 
dans  les  haies.  AG.  —  Bords  de  la  Loire;  Poisson; 
Saint-Julien-de-Jonzy,  dans  toutes  les  haies  jusqu'à 
Saint-Bonne t-de-Cray  ;  Semur-en-Brionnais. 

Balsaminacées. 

Impatiens  Noli-tangere  L.  —  Bords  des  ruisseaux  ombragés. 
R.  —  Ravins  entre  le  moulin  Morgat  et  Bonnant; 
Iguerande. 

Oxalidacées. 

Oxalis  Acetosella  L.  —  Bois  humides,  haies  ombragées.  AC. 

—  Bois  de  l'État;  de  Glenne  ;  Bourg-le-Com  te  ;  Avrilly; 

Tancon  ;  Saint-Igny-de-Roche  ;   Coublanc  ;    Vitry-en- 

Charollais;  Briant  à  Mortru. 
0.  stricta  L.  —  Lieux  cultivés.  AC.  —  Dans  toute  la  plaine 

de  la  Loire,  depuis  Iguerande  jusqu'à  Digoin. 

Célastracées» 

Evonymus  europœus  L.  —  Haies,  bois.  G. 

Aquifoliaoées. 

Ilex  aquifolium  L. 

—  —         var.  vulgaris  Rehb.  —  Haies  et  sous-bois 
des  sols  siliceux  montueux.  AG. 

—  —         var.  heierophylla  Rchb.  —  Haies.  AR. 


FLORULE  RAISON  NEE  DU  BMONN&IS.  $85 

—  —         var.  senescens  Gaud.  —  Vallée  de  8emur; 
Saint- Julien-de- Jonzy  ;  très  rare  ailleurs. 

—  —         var.  aucubiformis  Oillot  et  Ormezzano.  — 
Semur-en-Brionnais,  sur  les  chailles  jurassiques. 

Ces  diverses  variétés  du  Houx  commun  ont  fait  l'objet 
d'une  étude  très  intéressante  de  M.  le  Dr  F.-X.  Oillot1  à 
laquelle  nous  empruntons  les  détails  qui  suivent  : 
«  La  variété  senescens  Oaud  est  caractérisée  par  la  perte 
des  épines  latérales  chez  les  feuilles  qui  est  habituelle 
sur  les  arbustes  déjà  vieux  et  sur  les  branches  terminales 
des  hautes  tiges.  Le  plus  souvent  on  trouve  à  la  fois  des 
feuilles  épineuses  et  des  feuilles  inermes  sur  le  même 
pied.  C'est  alors  la  var.  h$terophylla  Rchb.  (Ft.  excurs., 
p.  433). 

»  Hais  si  l'apparence  des  feuilles  a  de  tout  temps  attiré 
l'attention  des  phytographes,  il  n'en  est  pas  de  même 
pour  les  fruits.  C'est  ce  qui  m'a  engagé  à  étudier  de  plus 
près  une  variété  de  Houx,  qui  m'a  tout  d'abord  été  com- 
muniquée par  un  excellent  observateur,  M.  Q.  Ormezzano, 
de  Marcigny-sur-Loire  (S.-et-L.),  et  que  j'ai  pu  ensuite 
examiner  sur  place  en  sa  compagnie.  Cette  variété  parait 
assez  répandue  sur  les  coteaux  du  Charollais  et  du  Brion- 
nais,  en  même  temps  que  la  forme  vulgaire  dont  elle  se 
distingue!  au  premier  coup  d'oeil,  par  l'aspect  général 
du  feuillage  et  des  fruits,  qui  rappellent  un  peu  le  port 
de  ÏAucuba  japonica  L.  Ce  Houx  i  gros  fruits  se  trouve 
au-dessus  de  Maroigny,  sur  la  vieille  route  de  Semur, 
aux  environs  de  Semur,  près  de  3ainte-Foy,  sur  la  route 
de  la  Craye,  de  Saint-Julien,  etc.  Le  sol  y  est  argilo- 
siliceux  ;  cependant  on  trouve  le  calcaire  tout  au-dessous 
des  silex  provenant  des  chailles  jurassiques,  et  ces  silex 
recouvrent  le  sol  de  tous  les  bois  de  la  région.  » 

I.  D' F.  X.  G  Mot,  Sur  mu  vêrtétê  du  Houx  commun  (lUx  tquifotlum  var.  meu* 
biformit),  io  Rerue  de  Bol  systématique  el  de  Géographie  botanique,  I.  ?,  IfOi, 
p.  13*;  et  Bull.  Soc.  hiU   net.  dMufiiii.  XVII  (1*04).  î,  p.  IU. 


286  Q.  ORMEZZÀNO  ET  E.  CHATEAU. 

M.  le  Dr  Gillot  a  donné  à  cette  variété  le  nom  d'aucubi- 
formis.  Elle  diffère  de  la  var.  vulgaris  par  son  port  arbo- 
rescent, ses  tiges  plus  élevées,  de  5  à  6  mètres,  moins  buis- 
sonneuses, ses  rameaux  allongés,  à  écorce  d'un  vert  plus 
jaunâtre,  luisante  et  lisse;  ses  feuilles  plus  larges,  plus 
ovales,  d'un  vert  plus  clair,  parfois  légèrement  jaunâtre, 
moins  coriaces;  les  inférieures  moins  épineuses,  à  1-3 dents 
de  chaque  côté,  les  supérieures  toujours  inermes;  ses  fruits 
sensiblement  plus  gros,  ovoïdes  et  d'un  rouge  vermillon 
plus  clair,  comme  orangé.  L'examen  comparatif  des  feuilles 
et  des  fruits  établit  que  les  feuilles  de  la  var.  vulgaris 
sont  à  celles  de  la  var.  aucubiformis  dans  les  rapports  de 
1  :  1,03  pour  la  longueur  totale  et  1  :  1,35  pour  la  largeur; 
et  que  les  fruits  présentent  de  même  les  rapports  de  0,85  :  1 
pour  le  diamètre,  et  0,78  :  1  pour  la  hauteur;  la  cicatricule 
du  fruit  est  de  3  millimètres  au  lieu  de  2  millimètres; 
chiffres  qui  sont  en  parfaite  concordance  avec  la  forme  et 
les  caractères  morphologiques. 

Rhamnacées. 

Rhamnus  Frangula  L.  —  Bords  des, eaux,  haies,  bois 
humides.  C. 

R.  cathartiea  L.  —  Haies  et  bois.  R.  —  Haie  à  l'angle  des 
étangs  Batardeaux;  haie  à  Varennes-1' Arconce  ;  Creux 
Guérin,  à  Bourg-le-Comte ;  Semur;  Hautefond;  Pois- 
son; Pleury-la-Montagne  ;  Briant. 

Papilionacées. 

Ulex  europœus  L.  —  Haies,  landes,  lieux  stériles.  Adventice 
indigène,  introduite  dans  les  clôtures,  puis  naturalisée. 
AR.  —  Plaine  de  Saint- Yan  ;  Ligny-en-Brionnais  ;  Saint- 
Julien-de-Jonzy  ;  Baugy;  Avrilly;  Briant. 

Obs.  —  L'ajonc  a  été  recommandé  dès  1666  par  Querbrat-Callat, 
pour  la  nourriture  des  poulains.  Dans  la  Basse-Bretagne  il  fournit 
l'hiver  une  excellente  nourriture  pour  le  bétail  après  que  les  pousses 
ont  été  broyées  à  l'aide  d'une  machine  spéciale. 


FLORULK  RAISONNES  DU  BRIONNAI3.  287 

U.  nantis  Sm.  —  Landes,  bords  des  champs,  talus  des 
routes.  R.  —  Bois  de  pins  à  Mussy-sous-Dun  et  sur 
les  montagnes  de  Dun;  la  Chapelle-sous-Dun;  la 
Clayette. 

Sarothamnus  vulgaris  Winm.  —  Haies,  bois  nouvellement 
coupés,  jachères  dans  les  terrains  siliceux.  C. 

Genista  sagittalis  L.  —  Bois,  prés  secs.  AC.  —  Vareilles  ; 
Céron  à  Germanges  ;  Cbambilly  ;  Avrilly  ;  Saint-Julien- 
de- Jonzy  ;  Saint-Bonnet-de-Cray  ;  Fleury-la-Montagne  ; 
Briant. 

G.  pilosa  L.  —  Coteaux  et  terrains  secs.  AR.  —  Pelouses 
des  bords  de  la  Loire;  Semur;  Saint-Martin-du-Lac  ; 
Marcigny  ;  Saint-Julien-de-Jonzy. 

G.  linctoria  L.  —  Bois,  prés  secs.  AC.  —  Bourg-le-Comte  ; 
Céron;  Chenay-le-Ch&tel;  Semur;  Saint-Martin-du- 
Lao;  Briant;  Saint-Christophe-en-Brionnais  ;  Saint- 
Yan,  etc. 

—  —  var.  marginata  Bess.  —  Feuilles  plus 
larges  et  plus  obtuses.  Prés  aux  environs  de  Baugy. 

G.  anglica  DC.  —  Collines  et  champs  arides.  AC.  —  Cham- 
billy  à  la  Croix-Rousse;  Céron;  Bourg-le-Comte; 
Digoin;  Varennes-Reutllon  ;  Saint-Gerraain-de- Rives; 
Saint- Yan  ;  Hautefond  ;  Vindecy. 

Ononis  vulgaris  Rouy. 

—  —  0. proeurrsns  Wallr.  -—Champs,  sables.  C. 
—  Plaine  de  la  Loire;  Bourg-le-Comte;  Avrilly; 
Chassenard  ;  Varennes-Reuillon  ;  8aint-Germain-de- 
Rives. 

—  —          0.  campestris  Koeh.  —  Champs.  C. 
Anthyllis  Vulnsraria  L.  —  Prés  secs  de  la  plaine  de  la  Loire, 

coteaux,  bords  des  bois  des  terrains  calcaires.  R.  — 
Cbambilly;  au  Gras  de  Bourg-le-Comte;  Vareilles; 
Oyé;  Saint-Laurent;  Vauban. 

Msdicago  Lupulina  L.  —  Champs,  prés,  pâturages.  CC. 

Jf.  falcata  L.  —  Bords  des  chemins,  pâturages  secs.  R. 


288  Q.  ORMEZZANO  Et  E.  CHATEAU. 

—  Plaine  de  la  Loire;  Chambilly;  Bourg-le-Comte; 
Avrilly;  Nochize. 

M.  sativa  L.  —  Appartient  à  la  grande  culture  fourragère 
et  se  trouve  un  peu  partout  à  l'état  subspontané. 

Obe.  —  La  luzerne  est  une  plante  très  anciennement  connue  dont 
il  est  fait  mention  dans  l'histoire  naturelle  d'Aristote.  En  1570,  on 
la  désignait  en  Provence  sous  le  nom  de  laueerdo  dont  on  aurait 
fait  luzerne. 

Originaire  de  Médie,  empire  d'Assyrie,  elle  fut  importée  d'Asie  en 
Grèce,  cinq  siècles  avant  notre  ère,  lorsque  Darius,  roi  de  Perse, 
attaqua  les  Athéniens  et  se  répandit  dans  la  Oaule  romaine. 

En  1516,  suivant  François  Ruel  (Natura  stirpium),  elle  était 
répandue  dans  le  Soissonnais.  Olivier  de  Serres  l'a  vivement  recom- 
mandée au  dix-septième  siècle;  il  l'appelait  la  Merveille  du  mes- 
nage. 

XM-  média  Pers.  =  (Jf.  sativa  X  fakata).  R.  —  Levée  du 
canal  de  Roanne  à  Digoin  ;  bord  de  la  route  de  Marci- 
gny  à  Chambilly. 

M.  maculata  Willd.  —  Prés  riches  en  humus  et  frais.  AG. 

—  Bourg-le-Gomte ;   Chambilly;  Avrilly;  Saint- Yan; 
Montceaux-1'É  toile. 

M.  minima  Lamk.  —  Prés  sablonneux  dans  toute  la  plaine 
de  la  Loire.  AR. 

M.  Gerardi  Willd.  =  M .  cinerascens  Jord.  Bor.  —  Pelouses 
des  bords  de  la  Loire.  AR.  —  Bourg-le-Comte  au 
Gras;  Digoin  au  Désert;  Avrilly;  Baugy;  Vindecy; 
Saint-Germain-de-Rives  ;  Marcigny;  Chambilly. 

Melilotus  officinalis  Lamk.  —  Champs,  bords  des  routes.  AC. 

M.  alba  Lamk.  —  Bords  de  la  Loire,  levées  du  canal,  sou- 
vent autour  des  fours  à  chaux.  AR.  —  Adventice  cul- 
turale  originaire  de  Sibérie,  mais  complètement  et 
largement  naturalisée.  Souvent  désignée  sous  les  noms 
de  Trèfle  de  Sibérie,  T.  de  Bokhara. 

M.  macrorhiza  Koch.  —  Champs  dans  la  plaine  de  la  Loire. 
R.  —  Près  du  pont  à  Iguerande;  Chambilly. 


FLOnULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  289 

Trifolium  incarnation  L.  —  Cultivé  en  prairies  artificielles; 
paraît  subspontané  dans  la  plaine  de  la  Loire.  AR. 

—  —  T.  Molinierii  Balb.  —  Abonde  dans  certains 
prés  de  la  plaine  de  la  Loire,  notamment  à  la  limite 
de  Bourg-le-Comte  et  d'Avrilly  (Allier)  ;  talus  du  che- 
min de  fer  en  montant  sur  Roanne;  levée  du  canal 
entre  Artaix  et  Chambilly.  D'après  A.  de  Candolle 
(Origine  des  plantes  cuftiwfes,  p.  85),  le  T.  Molinierii  serait 
spontané  en  France,  tandis  que  7\  incarnatum  L.  serait 
originaire  d'Espagne,  de  Sardaigne,  et  on  ne  le  trou- 
verait chez  nous  en  dehors  des  cultures  fourragères 
qu'à  l'état  adventioe. 

7*.  médium  L.  —  Bois,  buissons,  lieux  pierreux,  coteaux. 
R.  —  Bords  du  canal;  Saint-Martin-du-Lac  ;  Anzy-le- 
Duc  ;  haie  au-dessus  du  canal  et  coteau  de  Montinard 
à  Avrilly  (Ailier). 

T.  praéense  L.  —  Champs,  prés.  C. 

—  —  var.  sativum  Reichb.  —  Talus  des  champs 
cultivés.  AC. 

T.  ochroleucum  L.  —  Bords  des  bois,  pelouses,  AC.  — 
Route  de  Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Marcigny;  bords  du 
canal  au  Bas-du-Ris,  à  la  limite  de  Bourg-lo-Comte  et 
d'Avrilly;  Oregaine;  Semur;  Oyé;  Saint-Christophe; 
Sarry;  Vareilles;  Briant. 

06*.  —  Nous  l'avons  observé  près  de  la  vieille  route  de  Semur 
sur  de  nombreux  points  au  milieu  de  Rumex  Acetosella,  surtout  au 
bord  des  champs  cultivés  en  trèfle  des  prés  ;  sans  pioche  ni  bêche, 
il  nous  a  été  impossible  de  recueillir  la  terre  entourant  les  radi- 
eetles  pour  la  soumettre  au  calcimètre. 

T.  arvense  L.  —  Champs  sablonneux,  moissons.  C. 

—  —  f.  gracile  Rohb.  —  Sables  de  la  Loire  à 
Bourg-le-Comte. 

7\  striatum  L.  —  Champs,  prés  dans  toute  la  vallée  de  la 
Loire.  AC.  —  Chambons,  champ  de  courses  à  Marci- 
gny;  Iguerande;    Chambilly;    levée   du  canal   entre 

TOME  XIX.  19 


290  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Artaix  et  Chambilly  ;  Saint-Martin-du-Lac  ;  Bourg-le- 
Comte  ;  Vindecy  ;  Montceaux  l'Étoile  ;  Saint- Yan  ; 
Varennes-Reuillon  ;  Saint-Germain-de-Rives  ;  pelouses 
du  château  de  Saint-Bonnet-de-Cray. 

f.  subterraneum  L.  — Prairies  de  la  plaine  de  la  Loire.  AR. 
—  Se  rencontre  dans  tout  le  val  de  la  Loire,  depuis 
Iguerande  jusqu'à  Digoin,  remonte  même  sur  les 
coteaux  avoisinant  Avrilly  et  Bourg-le-Comte. 

—  —  var.  brachycladum  Gib.  —  Alluvions  de  la 
Loire  à  Bourg-le-Comte. 

T.  fragiferum  L.  —  Bords  des  chemins,  pâturages,  prairies. 
C.  —  Bourg-le-Comte;  Avrilly;  Marcigny;  Baugy; 
Vindecy;  Montceaux-l'Étoile ;  Sarry;  Briant;  Semur; 
Saint- Yan;  Versaugues. 

T.  elegans  Savi.  —  Bords  des  bois,  des  chemins.  C.  — 
Vareilles  au  Montet;  à  la  Touche;  Semur;  Saint- 
Yan;  Marcigny;  Chambilly;  Céron;  Chenay-le-Châtel ; 
Bourg-le-Comte;  Avrilly  ;  Luneau  ;  Briant. 

T.  repens  L.  —  Prairies,  chemins.  CC. 

T.  minus  Rehl.  —  Prairies,  bords  des  bois.  AC.  —  Plaine 
de  la  Loire;  Marcigny;  Chambilly;  Bourg-le-Comte; 
Montceaux-l'Étoile. 

T.  procumbens  L.  —  Champs  sablonneux  dans  toute  la 
plaine  de  la  Loire.  AR. 

—  —  T.  pseudo-procumbens  Gmel.  —  Champs  à 
Marcigny. 

T.  agrarium  L.  —  Pâturages,  champs.  C.  —  Bourg-le- 
Comte  ;  Marcigny;  Avrilly;  Varennes-l'Arconce  ; 
Vareilles;  Semur;  Saint- Yan;  Varennes-Reuillon. 

Lotus  cor  ni  eu  la  tus  L.  —  Prairies,  champs.  CC. 

—  —  var.  pedunculatus  Cav.  —  Pré  entre  Mar- 
cigny et  Montceaux-l'Étoile. 

L.  tennis  Kit.  —  Bords  des  chemins.  AR.  —  Chenoux,  près 
Baugy;  Saint-Christophe-en-Brionnais;  Varennes-1'Ar- 


KLORULB  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  Î91 

conce;  Gregaine;  Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Saint-Bon* 
net-de-Cray;  Oyé. 

L.  uliginosus  Schrk.  —  Fossés,  haies,  bois  frais,  marécages.  C. 

L.  diffusus  8oland.  —  Bourg-le-Comte  ;  Avrilly  aux  Perrins, 
chemin  de  Luneau.  RR. 

Astragalus  glycyphyilos  L.  —  Prés,  bois,  haies.  AG.  — 
Marcigny  ;  plaine  de  la  Loire  ;  levée  du  canal  ;  Bourg-» 
le-Comte  ;  Chambilly  ;  Avrilly  ;  Chenay-le-Ch&tel  ; 
Melay;  Iguerande;  Fleury-la-lfontagne  ;  Briant. 

Vicia  saliva  L.  —  Prés,  champs.  AC.  —  Employée  en 
grande  culture  comme  plante  fourragère  et  persiste  à 
l'état  subspontané.  Parait  originaire  du  bassin  oriental 
de  la  Méditerranée.  Appartient  vraisemblablement  au 
même  type  spécifique  que  notre  F.  angustifolia  Roth. 
et  s'y  rattache  par  des  formes  intermédiaires. 

Vicia  angustifolia  Roth.  —  Champs,  terrains  vagues,  mois- 
sons. C. 

—  —  K.  Forsteri  Jord.  —  Champs  des  bords  de 
la  Loire  ;  Bourg-le-Comte  ;  Marcigny. 

—  —  V.  Bobartii  Kooh.  —  Champs  des  bords  de 
la  Loire;  Marcigny;  Bourg-le-Comte;  Iguerande  aveo 
une  variété  &  fleurs  blanches. 

K.  segetalis  Thuil.  —  Moissons.  AC.  —  Toute  la  plaine  de 
l'Hôpital-le-Mercier;  Avrilly;  Baugy;  Vindecy;  Vitry; 
Varennes-Reuillon. 

—  —  V.  uneinaia  Desv.  —  Moissons  dans  la 
plaine  de  l'Hôpital. 

—  —  V.  nemoralis  Pers.  —  Marcigny  dans  les 
prairies  artificielles. 

V.  lathyroïdes  L.  —  Pelouses  des  bords  de  la  Loire.  AR. 

—  Chambons  d'Artaix  ;  Saint- Yan  ;  Bourg-le-Comte  ; 

Avrilly  ;  Vindecy  ;  Vitry-en-CharoIlais. 
V.  lutta  L.  —  Moissons  surtout  dans  la  plaine  de  la  Loire. 

AR.  —  Marcigny  ;  Bourg-le-Comte  ;  Avrilly  ;  Chasse- 

nard;  Luneau. 


292  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

V.  sepium  L.  —  Bois,  buissons,  haies.  G.  —  Variété  à 
fleurs  blanches  à  Poisson. 

V.  Gracoa  L.  —  Champs,  haies,  prés.  G. 

V.  tenuifolia  Roth.  —  Haies,  broussailles.  AG.  —  Cham- 
billy  ;  Bourg-le-Comte  ;  Saint- Yan;  Hautefond;  Sarry. 

V.  varia  Host.  —  Terrains  cultivés  à  Marcigny.  R. 

Ervum  hirsutum  L.  —  Moissons,  prés,  haies.  CC. 

E.  tetraspermum  L.  —  Moissons,  haies.  C.  —  Gregaine; 
Sarry  ;  Bourg-le-Comte  ;  Marcigny  ;  Avrilly  ;  Montceaux- 
l'Étoile. 

E.  gracile  DC.  —  Moissons  calcaires.  R.  —  Sarry;  Saint- 
Didier;  Semur;  Poisson;  Oyé;  Vauban. 

Lathyrus  latifolius  L.  —  Adventice  indigène  méridionale; 
fréquemment  cultivée  comme  plante  ornementale,  se 
retrouve  à  l'état  subspontané  dans  les  haies  ou  les 
terrains  vagues.  R.  —  Gare  de  Paray-le-Monial  ;  Mar- 
cigny; broussailles  des  carrières  aux  environs  de 
Semur;  Charolles.  La  plante  vivace  et  à  souche  puis- 
sante persiste  indéfiniment  tant  que  la  station  n  est  pas 
détruite  accidentellement. 

L.  silvestris  L.  —  Bois,  broussailles.  R.  —  Bois  au-dessus 
des  carrières  de  Semur;  broussailles  près  du  canal  à 
Bourg-le-Comte. 

L.  tuberosus  L.  —  Terrains  calcaires.  R.  —  Poisson;  Semur; 
haies  entre  Iguerande  et  Saint-Bonnet-de-Cray. 

L.  pratensis  L.  —  Moissons,  prairies.  C. 

L.  angulatus  L.  —  Sables.  AG.  —  Toute  la  plaine  de  la 
Loire  ;  l'Hôpital-le-Mercier  ;  Marcigny  ;  Avrilly  ;  Bourg- 
le-Comte. 

L.  sphxricus  Retz.  —  Talus  sablonneux.  RR.  —  A  la  Ber- 
thaud  à  Bourg-le-Comte  ;  chemin  cT Avrilly  avant  d'ar- 
river à  la  Piscotte  ;  chemin  de  fer  à  Marcigny. 

L.  hirsutus  L.  —  Champs,  moissons.  AR.  —  Saint-Bonnet- 
de-Cray;  Semur;  Oyé;  Bourg-le-Comte;  Artaix; 
Melay,  et  çà  et  là  dans  tous  les  environs  de  Marcigny. 


FLORULE  IUISONNÉE  DU  BRIONNAIS.  293 

L.  Nissolia  L.  —  Pelouses,  haies.  AR.  —  Route  d'Artaix  ; 
Marcigny  ;  Baugy  ;  Poisson  ;  Bourg-le-Comte  en  Ver- 
mont  et  au  Por t-Chasset  ;  Avrilly,  aux  Orand es- Places 
et  au  Cavalier;  Sarry;  Saint-Bonnet-de-Cray;  Saint- 
Julien-de-Jonzy. 

L  Aphaca  L.  —  Moissons,  haies.  AC.  —  Oregaine;  Sarry; 
Semur;  Bourg-le-Comte;  Nochize;  Hautefond;  Mar- 
cigny ;  Céron  ;  Chenay-le-Châtel  ;  Melay  ;  Briant. 

Orobus  tuberosus  L.  —  Bois.  G.  —  Vareilles;  Vauban; 
Ligny;  Fleury-la-Montagne  ;  Vilry  ;  Nochize;  Bourg- 
le- Comte;  Chambilly;  Céron;  Chenay-le-Châtel,  etc. 

Coronilla  varia  L.  —  Champs,  prés  secs,  coteaux.  AR.  — 
Çà  et  là  dans  la  plaine  de  la  Loire  ;  Marcigny  ;  Bourg- 
le-Comte,  au  Gras;  Baugy;  Saint-Yan;  Varennes- 
Reuillon;  Briant. 

Ornithopus  perpxisiilus  L.  —  Sables  siliceux.  AR.  —  Plaine 
de  l'Hôpital;  Iguerande;  Montceaux-l'Étoilo;  Baugy; 
Saint-Yan;  Vitry-en-Charollais;  Varennes-Reuillon ; 
Saint-Oermain-de-Rives;  Bourg-le-Comte  ;  Avrilly. 

Hippocrepit  comosa  L.  —  Pelouses  des  bords  de  la  Loire.  AR. 
—  Marcigny;  Chambilly;  Bourg-le*Comte;  Avrilly; 
Luneau;  Chassenard;  Digoin;  levée  du  canal  entre 
Artaix  et  Chambilly. 

Onobrychis  sativa  Lamk.  —  Coteaux  calcaires.  R.  —  Cul- 
tivé mais  parait  subspontano  en  montant  i  Semur. 

Rosacées. 

Prunus  Mahaleb  L.  —  Haies,  broussailles  des  terrains  cal- 
caires. AR.  —  Semur;  route  de  Marcigny  à  Semur; 
l'Hôpital-le-Mercier  ;  Oyé;  Vauban;  Vareilles;  Saint- 
Christophe-en-Brionnais. 

P.  padus  L.  —  Haies,  bois  frais.  R.  —  Route  de  Saint-Yan; 
buissons  à  Avrilly,  près  du  bassin  du  canal;  grande 
route  de  Montceaux-l'Étoile,  en  face  la  Chassagne. 


294  Q.   ORMEZZANO  ET  £.   CHATEAU  . 

Prunus  avium  L.  —  Bois,  haies.  G. 

P.  spinosa  L.  —  Haies,  buissons,  bois.  CC. 

—  —  P.  frulicans  Weihe.  —  Haies,  surtout  dans 
les  villages.  AR.  —  Marcigny;  Baugy  ;  Vitry-en-Cha- 
rollais;  Avrilly;  Chenay-le-Châtel. 

Spir&a  Ulmaria  L.  —  Bords  des  ruisseaux,  prés  humides.  C. 

—  —  var.  denudata  Hayn.  —  Gorges  ombragées, 
haies.  R.  —  Avrilly,  au  moulin  Morgat;  Chambilly; 
vallée  de  Semur. 

Geum  urbanum  L.  —  Lieux  ombragés  et  frais,  bois, 
haies.  G. 

Potentilla  Anserina  L.  —  Pelouses  humides  ou  mouillées, 
fossés  des  bords  des  routes.  G.  —  Vitry-en-Charollais  ; 
Nochize  ;  Hautefond  ;  Saint- Yan  ;  Bourg-le-Comte  ; 
Chambilly;  Marcigny. 

P.  argentea  L.  —  Lieux  secs  et  sablonneux.  AC.  —  Marci- 
gny; Bourg-le-Gomte;  Vindecy;  Baugy;  Semur; 
Saint-Martin-du-Lac;  Chenay-le-Châtel;  Céron. 

—  —  P.  decumbens  Jord.  —  Sables  et  cailloux 
dans  la  plaine  de  la  Loire. 

—  —  P.  argent  a  ta  Jord.  —  Sables  des  bords  de 
la  Loire  entre  Marcigny  et  Iguerande. 

P.  verna  L.  —  Pelouses  sèches,  bois,  coteaux.  AG.  — 
Bourg-le-Comte  ;  Marcigny  ;  Semur  ;  Vareilles  ;  Vauban  ; 
Sarry;  Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Saint-Bonnet-de-Cray; 
Iguerande  ;  FI eury-la- Montagne. 

P.  Tormentilla  Scop.  —  Bois,  pâturages,  coteaux,  bruyères. 
C.  —  Vareilles;  Beaudemont;  la  Clayette;  Briant; 
Semur;  Oyé;  Poisson;  Sainte-Foy;  Saint-Didier;  Igue- 
rande ;  Sarry  ;  Mailly. 

P.  reptans  L.  —  Bords  des  chemins,  champs,  pâturages, 
fossés.  C. 

P.  fragariastrum  Bhrh.  —  Haies,  buissons,  bois,  pelouses.  C. 

Comarum  palustre  L.  —  Lieux  tourbeux  et  marécageux 
des  terrains  granitiques  ou  sablonneux.   R.  —  Port 


FLORLLK   RAISONNEE   Dt    BR10SNAI5.  ?95 

Chasset  à  Baugy;  étang  de  la  Clayette,  de  Yarennes- 
sous-Dun;  Digoin:  Avrilly. 

Fragaria  elatior  Ehrh.  —  Probablement  issu  de  variétés 
horticoles.  R.  —  Parcs  de  Chiteauneuf  ;  de  l'Hôpital- 
le-Mercier  ;  de  Selorre  ;  au  sommet  des  broussailles 
entre  le  moulin  Morgat  d'Avrilly  et  Bonnant. 

F.  vesca  L.  —  Bois,  coteaux,  haies.  CC. 

Haïras. 

«  Si  l'étude  des  Rubus,  dit  M.  H.  Sudre  *,  est  fort  négligée 
d'un  grand  nombre  de  botanistes,  cela  tient  sans  doute  à 
l'extrême  difficulté  que  présente  la  détermination  des 
plantes  de  ce  genre.  En  dehors  d'un  nombre  très  restreint 
d'espèces  qu'on  trouve  toujours  semblables  à  elles-mêmes, 
et  qui  ont  une  aire  de  dispersion  très  étendue  puisqu'elles 
occupent  au  moins  la  plus  grande  partie  de  TEuropo 
moyenne,  on  rencontre  à  chaque  pas  des  formes  embarras- 
santes qu'il  est  impossible  de  rattacher  avec  certitude  aux 
Ronces  déjà  décrites.  Cela  tient  à  ce  que  nos  Rubus  actuels 
dérivent  apparemment  d'un  petit  nombre  de  formes  pri- 
mitives sur  l'origine  desquelles  nous  n'avons  aucune  notion 
précise.  Sous  diverses  influences,  agents  extérieurs,  cli- 
mat, etc.,  ces  formes  ont  dû  éprouver  des  modifications 
plus  ou  moins  profondes,  et  il  est  aisé  de  comprendre  que 
cette  lente  évolution,  continuée  pendant  une  très  longue 
suite  d'années,  ait  produit  suivant  les  milieux  un  nombre 
considérable  de  petites  espèces,  à  caractères  parfaitement 
fixés. 

»  Mais  en  dehors  de  ces  formes,  déjà  très  nombreuses, 
il  en  existe  un  grand  nombre  d'autres  dues  à  des  croise- 
ments. Lorsqu'on  rencontre  dans  le  voisinage  l'un  de  l'autre, 
deux  Rubus  d'espèces  différentes,  il  n'est  pas  rare  d'observer 

I.  Exeutëionê  bj(otoyifju<«  dûn»  la   liytnotët  lu  M&n«,  In,j>    d«    I  luitilul   Uc 
bibliofraphie,  I89t-f903,  p   I. 


296  Q.  ORMEZZANO  et  E.  CHATEAU. 

une  troisième  forme  d'origine  hybride,  nettement  intermé- 
diaire entre  les  deux  premières,  et  se  reconnaissant  surtout  à 
sa  fructification  partielle  ou  même  à  sa  stérilité  complète.  » 

Nous  avons  recherché  avec  soin  les  formes  et  hybrides 
qui  ne  pouvaient  manquer  d'exister  dans  notre  circonscrip- 
tion, mais  le  temps  nous  a  manqué  pour  visiter  tout  le 
Brionnais  ;  ce  sont  les  environs  de  Marcigny  et  de  Bourg- 
le-Gomte  qui  ont  été  plus  particulièrement  étudiés  ;  il  est 
donc  certain  qu'un  grand  nombre  de  formes  nous  ont 
échappé  et  que  les  espèces  que  nous  signalons  ne  consti- 
tuent qu'un  aperçu  batologique  de  la  florule  du  Brionnais. 

Tous  les  exemplaires  de  l'herbier  Ormezzano  ont  été 
nommés  par  M.  le  Dr  X.  Gillot,  d'Autun,  et  les  nôtres,  par 
M.  H.  Sudre,  professeur  à  l'École  normale  de  Toulouse. 
La  plupart  des  espèces  ont  été  reconnues  à  la  fois  par  nos 
deux  savants  correspondants  à  une  dizaine  d'années  d'in- 
tervalle, ce  qui  diminue  considérablement  les  chances  d'er- 
reur qui  peuvent  toujours  se  produire  quand  il  s'agit  d'un 
genre  aussi  litigieux  que  le  genre  Rubus,  aussi  adressons- 
nous  à  l'un  et  à  l'autre  nos  plus  vifs  remerciements. 

Nous  avons  suivi  la  classification  adoptée  par  M.  H.  Sudre 
et  c'est  lui-même  qui  a  établi  le  tableau  synoptique  des 
ronces  brionnaises,  sauf  pour  quelques  espèces  qui  ne  lui 
ont  point  été  soumises  et  dont  la  place  est  moins  certaine. 

Subg.  —  Idaeobatus  Focke. 

ftubus  idœus  L.  —  Bois  et  lieux  rocheux.  AR.  —  Montmegin  ; 
Chevenizet,  près  Nochize  ;  Semui\ 

Subg.  —  Eubaius  Focke. 
8ect.  I.  —  Subereotl  P.-J.  Mull. 

/?.  suberectus  Anders.  —  Lisières  et  clairières  des  bois  dans 
les  sols  siliceux  ou  sablonneux.  AC.  —  Marcigny; 
Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Saint-Martin-du-Lac;  Semur; 
Ghenay-le-Châtel. 


FLORULB  RÀISONNKE  DU  BRIONNAIS.  297 

A.  nitidusVf.  N.  —  Haies  sablonneuses.  —  Bourg-ta-Comte  ; 

i  la  Berthaud. 
_        _  A.  inleçribasis  P.-J.  Mail.  —  Céron. 

A.  sulcatus  Vest.  —  Fossés,  bords  des  bois.  C.  —  Bourg- 

le-Comte;  G  regaine;  Saint- Julien-de-Jonzy  ;  Vitry-en- 

Charollais  ;  Chambilly  ;  Avrilly. 

Seot.  II.  —  Sllvatlcl  P.-J.  Mull. 
a.  —  Grati  Sudro. 

A.  Sprengelii  Wh.  —  Lieux  frais  des  bois.  —  Bois  de  la 
Côte,  entre  Marcigny  et  Semur. 

6.  —  BuTiretoentas  Geo. 

A.  macrophyllus  W.  N.  —  Parc  de  Sarry. 
—        —         A.  piletostackys  Qr.  et  U.  —  Marcigny. 

e.  —  Diseoloroidet  Geo. 

A.  albiflorus  Boul.  et  Luc.  —  Haies,  bords  des  bois.— Bourg- 
le-Comte;  route  de  Gregaine  à  Semur;  bord  du  bois. 

X  A.  Wahlbergii  Arrh.  —  Étangs  Bâtarde  aux.  Cette  espèce  n'a 
pas  été  soumise  à  M.  Sudre.  Voici  ce  qu'il  nous  écrit  à 
son  sujet  :  «  Dérive  apparemment  du  A.  villicaulis  Kœhl., 
»  que  vous  n'avez  pas  dans  le  Brionnais.  U  est  pro- 
»  bable  que  ce  Wahlbergii  est  mon  Xfl.  amplifoliaius 
»  (ulmifoliusX^Bsius).  Mais  je  n'affirme  rien  sans  voir 
»  de  spécimens.  »  (Sudre  in  litt.) 

8ection  III.  —  Diaeoloree  P.-J.  Mail. 
a.  —  Gypsooaalon  P.-J.  MûU. 

A.  ulmi folios  Schott.  —  «  Espèce  extrêmement  variable, 
»  comportant  d'abord  en  chaque  région  naturelle  des 
■  formes  moyennes  que  Ton  peut  grouper  sous  le  nom 
»  de  A.  rusticanus  Merc,  puis  des  formes  de  plus  en 
•  plus  divergentes,  mais  locales,  de  telle  sorte  que 
»  leur  description  donne  prise  i  de  graves  difficultés !.  » 
Voici  les  formes  observées  dans  le  Brionnais  : 

I.  Abbé  Boolay,  PL  de  FrtJtet,  Rony  et  Camus,  tome  VI,  p.  90. 


298  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

—  —  A.  subtruncatus  Sudre.  Rubus  des  Pyrénées, 
p.  193.  —  Foliole  caulinaire  terminale  très  largement 
ovale  ou  suborbiculaire,  nettement  échancrée  à  la  base, 
arrondie  et  subtronquée  au  sommet,  cuspidée,  fleurs 
roses.  Haie  à  Bourg-le-Comte,  route  du  Donjon. 

—  —  var.  calcareus  Rip.  —  Jeunes  carpelles 
glabres,  folioles  larges.  —  Haie  à  Bourg-le-Comte, 
route  du  Donjon,  en  face  la  maison  Saive. 

—  —  R.  contractifolius  Sud.  (loc.  cit.).  —  Haie 
à  Bourg-le-Comte,  route  du  Bouchaud,  en  face  le 
Theulet. 

—  —  R.  dilata tifolius  Sud.  (loc.  cit.).  —  Haie  à 
Bourg-le-Comte,  route  du  Donjon,  entre  le  clos  Maillet 
et  la  bifurcation  du  chemin  du  Bouchaud. 

—  —  R.  anisodon  Sud.  —  Bourg-le-Comte,  haie 
du  pré  Barrier,  près  de  l'école. 

—  —  var.  pallescens  Rip.  —  Bourg-le-Comte, 
haie  du  pré  Barrier. 

—  —  var.  albescens  B.  et  Oill.  —  Parc  de  Sarry. 

—  —  R.  albidiflorus  Sud.  —  Bourg-le-Comte, 
route  du  Donjon. 

—  —  R.  vulgatus  Sud.  —  Bourg-le-Comte,  route 
du  Bouchaud,  près  du  Theulet. 

—  —  var.  congestus  B.  et  M.  —  Parc  de  Sarry. 

—  —  var.  anchostachys  Rip.  —  Bourg-le-Comte, 
haie  du  pré  Barrier. 

—  —  R.  angustifactus  Sud.  —  Haie  aux  Diens 
de  Chambilly. 

—  —  R.  cuneatus  Boul.  et  Bouv.  —  Bourg-le- 
Comte,  bord  de  la  Loire,  près  du  port  Chasset. 

—  —  var.  ischnoacanthos  MOU.  —  Bourg-le-Comte 
au  port  Chasset. 

—  —  R.  heteromorphus  Rip. 

—  —  var.  truncatus  Sud.  —  Haie  à  Bourg-le- 
Comte,  pré  au-dessous  des  vignes  des  Dions. 


FLORULK  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  299 

A.  propinquus  P.-J.  Mttll.  —  Avrilly,  près  des  Simonins; 
Bourg-le-Comte,  rives  de  la  Loire  au  port  Chasset  et 
à  la  Berthaud,  près  du  Cray. 

06s.  —  M.  Boulay  considère  cette  espèce  comme  hybride,  tandis 
que  M.  Sudre  qui  l'a  étudiée  de  nombreuses  localités,  d'une  douzaine 
de  départements,  ne  croit  pas  qu'elle  le  soit.  Nous  nous  rangeons 
volontiers  à  cette  manière  de  voir,  car  la  plante  de  Bourg-le-Comte 
fructifie  toujours  abondamment.  (Voyez  Rouy  et  Camus,  FI.  de  Fr.t 
t.  VI,  p.  79;  Sudre,  les  Rubus  de  V herbier  Boreau,  Angers,  1902, 
p.  30,  Bathotheca  europœa,  fascioule  1, 1903.  Albi,  p.  6.) 

b.  —  Hedyoarpi  Fockt. 

R.  Gillotii  N.  Boul.  —  Haies,  lisières  des  bois.  C.  —  Parc 
de  Sarry  ;  abonde  à  Bourg-le-Comte  et  Avrilly  ;  Se  mur  ; 
Chambilly;  Saint-Germain-de-Rives  ;  Varennes  Reuil- 
Ion;  Vitry-en-Gharollais. 

Oto.  —  Ce  Rubus  nous  parait  largement  répandu  dans  notre 
région  ;  il  l'est  également  autour  de  Bourbon-Laney  où  notre  ami 
Basset  Ta  récolté  en  diverses  stations.  Nous  sommes  complètement 
de  Ta  vis  de  M.  8udre  qui  le  considère  comme  une  espèoe  de  pre- 
mier ordre,  et  l'une  des  plus  faciles  à  reconnaître  sur  le  vif.  (8udre, 
Bathoteca  europma,  loo.  cit.,  p.  7.) 

—  —  var.  nemophilus  Rip.  —  Haie  au  Theulet, 
route  de  Bourg-le-Comte  au  Bouchaud. 

R.  genictilatns  Kalt.  (sensu  amplo). 

-*  —  R.  hebes  Boul.  et  Luc.  —  Haie  à  Marcigny. 
R.  pubescens  Wh. 

—  —  R.  emollitus  Sud.  (Rubus  de  CAriiget  p.  56.) 
—  Bourg-le-Comte,  haie  à  la  Berthaud. 

c.  —  Candloaates  Focko. 

R.  thyrsoideus  Wim.  (flore  pleno).  —  Bord  du  canal  i  Cham- 
billy. 

—  —         R.  candicans  Wh.  — •  Plaine  de  la  Loire, 
près  du  port  Chasset  à  Bourg-le-Comte. 

—  —  R.  hispidulus  Oen.  —  Au  port  Chasset  de 
Bourg-le-Comte. 


300  Q.   ORMKZZANO  ET  £.  CHATEAU. 

Sect.  IV.  —  Appendiculatl. 
a.  —  Tomentosi  Wirtg. 

Ii.  tomentosus  Borckh.  —  Haie  à  la  Berthaud  de  Bourg-le- 
Comte. 

b.  —  Vestiti  Focke. 

R.  vestitus  W.  N.  —  Marcigny. 

—  —  R.  leucanthemus  P.-J.  Mtill.  —  Parc  de 
Sarry. 

R.  mucronifer  Sud.  {R.  mucronalus  Blox.  non  Ser.) 

—  —  R.  Henriquesii  G.  Samp.  —  Route  de  Gre- 
gaine  à  Semur,  sur  la  chaussée  de  l'Étang. 

—  —  R.  vinealis    Mtill.    et  Timb.   —   Haies  à 
Semur. 

Obs.  —  «  Le  R.  vinealis  de  Saône-et-Loire,  tel  qu'il  a  été  distribué 
»  dans  les  exsiccata  de  l'Association  rubologique,  n'est  pas  le  même 
»  que  celui  de  Timbal  et  Mûlier.  C'est  un  orbifolius  X  caestus,  que 
»  j'appelle  R.  peracutifrons,  après  Qdg.  Novus  conspectus  Florœ 
»  Europss.  »  (Sudre,  in  litt.). 

c.  —  Radulœ  Focke. 

R.  Menkei  W.  N. 

—  —      R.  distractus  Mtill.  —  Semur-en-Brionnais. 

Sect.  V.  —  Triviales  P.-J.  Mûll. 

R.  cœsius  L.  —  Lieux  frais,  fossés.  C.  —  Les  variations  de 
cette  espèce  sont  compliquées  et  difficiles  à  préciser 
(Rouy  et  Camus,  FI.  de  Fr.y  t.  VI,  p.  132).  Les  formes 
suivantes  ont  été  reconnues  dans  le  Brionnais;  elles 
offrent  tous  les  passages  de  Tune  à  l'autre  et  ne  sont 
guère  séparables. 

—  —  R.  ligerinus  Gen.  —  bords  de  la  Loire  à 
Bourg-le-Comte  et  Avrilly. 

—  —         var.  awalis  Rchb.  =(cœsiu$X^gresti$  W.  N. 
non  A.  agrestis  W.  K).  —  Marcigny. 

—  —  R.  rivalis  Gen.  —  Avrilly,  bord  de  la  Loire. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  301 

—  —  il.  agrestis  W.  K.  —  Marcigny. 

—  —  A.  spiculatus  B.  ot  B.  —  Étangs  Batar- 
deaux. 

X".  assurgens  B.  et  B.  =  (c&sius-ulmifolius  Sud.).  —  Haie 
humide  à  Bourg-le-Comte  ;  aux  carrières  sur  la  route 
de  Semur  i  Saint-Julien-de-Jonzy. 

Ob$,  —  La  plante  de  Bourg-le-Comte  est  voisine  de  la  var.  pusil- 
lus  8ud.  (Sudre,  les  Rubus  de  l'herbier  Boreau,  Angers,  1902,  p.  90.) 

—  —         var.  dilatatut  Boul.  et  Let.  —  Parc  de 
Sarry. 

Obs.  —  Cette  forme  est  étiquetée  dans  l'herbier  Ormezzano  : 
R.  longicuspidatus  B.  et  L.  Association  rubologique,  n*  302, 
M.  Sudre  nous  ayant  écrit  à  son  sujet  :  «  M.  l'abbé  Boula?  avait 
»  d'abord  groupé  sous  le  nom  de  R.  longicupidatus  des  formes  assez 
»  diverses;  j'ignore  ee  que  désigne  ce  nom  de  votre  liste.  »  Nous 
avons  fait  de  nouvelles  recherches  dans  la  FI.  de  France  de  Rouy 
et  Camus  et  nous  avons  vu,  p.  137,  que  la  plante  distribuée  par 
VAss.  rub.t  sous  le  n*  302,  était  le  R.  dilatatus  B.  et  Let,  nom  que 
nous  avons  adopté  de  préférenoe  à  R.  longicuspidatus  qui  ne  flguro 
pas  dans  la  FI,  de  France. 

—  —  var.  leptocaulon  B.  et  L.  —  Étangs  Bâtar- 
de aux. 

—  —  var.  stêlliger  B.  et  Tuezk.  —  Montglabot, 
près  Marcigny. 

—  —  A.  cuspidatus  P.-J.  Mail.  —  Marcigny. 
Xfl.  Châteaux  Sud.  [cxsittsXGilbtii).  —   Bourg-le-Comte; 

haie,  chemin  d'Avrilly,  près  des  Simonins. 
Turion  obtusément  anguleux,  très  pubescent,  glauces- 
cent,  à  quelques  glandes  rares,  à  aiguillons  très  inégaux, 
les  grands  un  peu  comprimés  ;  pétioles  à  aiguillons  falqués, 
à  quelques  glandes  éparscs,  â  stipules  larges.  Feuilles  à  3-5 
folioles,  les  supérieures  grises  pubescentes  en  dessous; 
foliole  terminalo  i  pétioluie  égalant  à  peu  près  la  moitié  de 
sa  hauteur,  ovale,  émarginée,  aiguë  ou  un  peu  acuminée, 
dents  médiocres,  inégales.  Rameau  anguleux,  pubescent, 


302  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

à  glandes  rares,  à  aiguillons  inégaux,  les  grands  compri- 
més, un  peu  falqués.  Feuilles  3-nées,  grises  en  dessous,  à 
foliole  terminale  ovale  ou  un  peu  obovale  émarginée.  Inflo- 
rescence courte,  feuillée,  peu  poilue,  un  peu  glanduleuse, 
à  aiguillons  déclinés;  calice  tomenteux,  un  peu  poilu,  peu 
ou  point  glanduleux,  parfois  aculéolé,  à  lobes  courts, 
étalés  ou  réfléchis.  Pétales  orbiculaires,  roses;  étamines 
blanches,  dépassant  les  styles  verdâtres.  Stérile.  L'in- 
fluence du  R.  Gillotii  se  manifeste  dans  la  pubescence  du 
turion,  la  longueur  des  aiguillons  et  la  coloration  rose 
vif  des  pétales.  Hétéracanthe  comme  le  R.  c&sius.* 

Rosa. 

Tous  nos  échantillons  de  Rosa )  sans  en  excepter  un  seul, 
ont  été  revus  par  M.  le  Dr  X.  Gillot.  Nous  avons  suivi,  pour 
leur  classification,  celle  adoptée  dans  la  Flore  de  France, 
de  Rouy  et  Camus,  vol.  VI,  p.  236  et  suivantes. 

Sect.  I.  —  Synalylœ  DC. 

Rosa  arvensis  Huds.  —  Haies,  buissons.  G.  —  Bourg-le* 
Comte;  Avrilly;  Céron;  Chambilly;  Semur;  Sainte- 
Foy;  Marcigny;  étangs  Batardeaux;  Melay;  Chenay; 
Mailly  ;  Fleur  y-la- Montagne  ;  Saint-Didier-en-Brion- 
nais,  etc. 

—  —         R.  ovata  Lej.  —  Haies  à  Bourg-le-Comte 
et  entre  Saint-Christophe  et  Vareilles. 

—  —         R.  repens  Scop.  —  Haies  à  la  Berthaud  de 
Bourg-le-Comte;  les  Charnays  de  Céron. 

—  —  fl.  erronea  Rip.  —  Marcigny,  route  des 
Maniguets. 

/?.  bibracteata  Auct.  —  Bourg-le-Comte;  étangs  Batardeaux; 
montée  de  Palantureau,  entre  Semur  et  Saint-Chris- 
tophe-en-Brionnais. 

I.  Sudre,  Contribuiionê  à  la  FL  batologique  du  plateau  central  de  la  France,  In 
Bull.  Soc.  bot.  de  France,  t.  LI,  séance  du  8  janfier  1904. 


FLORULE  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  303 

Sect.  II.  —  Gallicanes  DC. 

XA-  Schleicheri  H.  Braun  in  Beck  von  Managetta,  FI.  von 
Nieder-Oest,  p.  773;  G.  Rouy,  FI.  de  France,  VI,  p.  263, 
=  XRosa  arvensis  L.  Y^gallica  L. 
—        —  var.  brannovicensis  Gillot  et   Ormezzano 

(Rose  du  Brionnais).  —  Marcigny;  vieille  route  de 
Semur,  en  passant  par  le  pont  des  Beurres,  dans  une 
haie  à  droite  en  montant,  un  demi-kilomètre  au-dessus 
du  bourg,  sur  une  vingtaine  de  mètres. 

Le  Rosa  g  allie  a  L.  qui  est  l'origine  de  nombreux  hybrides 
n'existe,  dans  le  Brionnais,  qu'à  l'état  de  variétés  culti- 
vées dans  les  jardins;  c'est  ce  qui  explique  la  formation, 
par  son  croisement  avec  R.  arvensis,  d'un  hybride  nouveau, 
très  voisin  des  X  #•  conica  Chabert  et  X  #•  acutifolia  Boullu, 
mais  qui  en  diffère  cependant  par  son  disque  en  cône  bien 
moins  saillant,  par  la  dentelure  simple  de  ses  folioles 
arrondies,  et  non  cordiformes  à  la  base,  par  ses  fleurs  d'un 
rose  pâle,  ou  panachées,  par  ses  fruits  lisses,  etc.  —  M.  le 
Dr  Gillot,  qui  en  a  fait  une  étude  particulière,  après  l'avoir 
étudié  sur  place,  Ta  distribué  dans  les  Exsiccata  «  pour  l'étude 
de  la  flore  de  la  Société  franco-helvétique  »,  sous  le  n°  1497. 
Voici,  du  reste,  la  description  complète  qu'il  en  a  donnée  : 

Tiges  robustes,  dressées  dans  les  haies,  rameuses,  à  longs 
sarments  décombants.  Rameaux  rougeâtres,  hétéracan- 
thes,  garnis  d'aiguillons  faibles  et  droits  ou  légèrement 
inclinés,  et  d'acicules  glanduleux  nombreux.  Pétioles  pubes- 
cents,  aiguillonneux  et  très  glanduleux.  Stipules  étroites,  à 
oreillettes  divergentes,  glanduleuses  sur  le  dos  et  les  bords. 
Folioles  5,  grandes  (dimensions  moyennes  :  longueur  = 
56  millim.,  largeur  =  34  millim.),  vertes  en  dessus,  glati- 
cescentes  et  pubescentes  en  dessous,  à  nervure  médiane 
glanduleuse,  ovales-elliptiques,  arrondies  à  la  base,  aiguës 
ou  acuminées  au  sommet,  à  dents  simples  ou  irrégulières, 
quelques-unes  à  peine  surdentées.  Bractées  étroites,  velues 


304  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

glanduleuses.  Pédicelles  solitaires,  ou  2-4,  allongés,  rou- 
ge a  très,  chargés  de  soies  glanduleuses.  Pétales  grands, 
d'un  rose  pâle  ou  panachés,  arrondis  à  la  base,  à  onglet 
très  court.  Fleurs  grandes,  de  5,  6  et  8  centimètres  de  dia- 
mètre, à  odeur  suave.  Disque  en  cône  tronqué,  à  base  élargie. 
Styles  allongés,  rapprochés,  mais  libres,  plus  courts  que 
les  étamines,  fortement  hérissés,  comme  laineux.  Fruits 
ovoïdes,  glabres,  ou  portant  à  peine  quelques  soies  glan- 
duleuses à  la  base,  contractés  au  sommet,  les  uns  avortés, 
la  plupart  arrivant  à  maturité,  mais  plus  ou  moins  défor- 
més, et  renfermant  des  achaines  peu  nombreux  et  d'appa- 
rence stérile.  Le  pollen,  examiné  au  microscope,  donne  une 
proportion  moyenne  de  75  %  de  grains  bien  conformés. l 
Fleurit  au  commencement  de  juin.  Fructifie  en  août. 

Sect.  III.  —  Canloœ  Grép. 
a.  —  Eucaninœ  Crép. 

R.  canina  L. 

—  —  R.  systyla  Bast.  —  Chevenizet,  près  Nochize. 

—  —  R.  mucronulata  Dés.  —  Poisson  ;  Cheve- 
nizet, près  Nochize. 

—  —  R.  senticosa  Achar.  —  Bois  de  la  Côte, 
près  de  Marcigny. 

—  —  R.  Carioti  Chabert.  —  Haie  de  Semur  à 
Saint-Christophe. 

—  —  R.  hispidula  Rip.  —  Marcigny. 

—  —  R.  obtusifolia  Desv.  —  Route  de  Saint- 
Julien-de-Jonzy,  près  Marcigny. 

—  —  R.  lutetiana  Lem.  —  Marcigny  ;  route 
d'Anzy-le-Duc;  Poisson;  Chambilly;  Bourg-le-Comte ; 
haie  à  la  Berthaud. 


1.  Dr  X.  Gillot,  Contributiottê  à  là  flore  du  département  de  S.-eC-L.,  in  Bull. 
Soc.  hist.  oat.  Autuo,  XVII  (1904).  Procès- verbaux  des  séances,  p.  161.  —  Bull. 
Soc.  pour  l'étude  de  /a  flore  franco-helvétique,  XIV  (1904),  p.  13;  ext.  du  Bull, 
herbier  Doitêier,  1905. 


FLORULE  RAISONNÉE  DU  BMONNAIS.  305 

—  var.  fallens  Dés.  — •  Haie  i  Poisson. 

—  var.  glaucescens  Desv.  —  Chevenizet,  prêt 
Nochize. 

—  var.  nitens  Desv.  Iguerande. 

—  A.  dumalis  Bechst.  —  Haies  à  Chambilly; 
Bourg-le-Comte. 

—  A.  leiostylo  Rip.  =  il.  Chaboitsxi  Oren.  — 
Haies  à  Chambilly  et  Chenoux,  près  Baugy. 

—  A.  andegavensis  Bast.  —  La  Clayette; 
Iguerande  ;  Saint-Bonnet-de-Cray. 

—  A.  trichoneura  Rip.  —  Poisson  ;  Chevenizet, 
près  Nochize;  route  d'Iguerande  i  Saint-Bonnet-de- 
Cray. 

—  A.  urbiea  Lem.  —  Poisson;  Saint-Julien- 
de-Jonzy  ;  la  Clayette  ;  Semur. 

—  R.  Deseglisei  Bor.  —Chambilly;  Mareigny; 
Iguerande;  Saint-Bonnet-de-Cray. 

—  R.  sphxriea  Or.  —  Aux  Maniguets,  près  de 
Mareigny. 

—  A.  tphmroidea  Rip.  —  Montglabot,  près 
Mareigny. 

_  A.  malmundorimsis  Lej.  —  Haie  au  Bas- 
du-Ris  de  Bourg-le-Comte. 

—  A.  dumetorum  Thuill.  —  Bourg-le-Comte 
à  la  Picardière  ;  Mareigny. 

—  A.  semiglabra  Rip.  —  Chevenizet,  près 
Nochize. 

—  A.  insignis  Dés.  et  Rip.  —  Chevenizet,  près 
Nochize;  Anzy-le-Duc. 

—  A.  platyphylloides  Dés  et  Oz.  —  Mareigny  ; 
route  de  Saint-Julien-de-Jonzy. 

—  A.  medioxima  Dés.  —  Route  de  Saint- 
Julien-de-Jonzy,  près  Mareigny. 

—  A.  platyphylla  Rau.  —  Haie  à  Mareigny. 
tome  xix.  20 


306  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

b.  —  Jundzilliœ  Crôp. 
R.  Jundzillii  Bess. 

—  —  R.  subolida  Dés.  —  Haie  au  Cray,  le  long 
du  chemin  qui  va  au  bois  à  Bourg-le-Comte  ;  route  de 
Marcigny  à  Saint- Yan,  avant  les  Peupliers. 

e.  —  Rubiginosœ  Crép. 

R.  agrestis  Savi.  —  Marcigny,  au  Mamelon  vert;  étangs 
Batardeaux;  Chambilly;  Bourg-le-Comte. 

—  —  R.  sepium  Thuill.  —  Haies,  Bourg-le- 
Comte;  Marcigny. 

R.  micrantha  Sm.  —  Marcigny;  Chambilly;  Saint-Julien- 
de-Jonzy. 

—  —  R.  septicola  Dés.  —  Haies,  étangs  Batar- 
deaux; Marcigny;  Bourg-le-Comte. 

R.  rubiginosa  L.  —  Saint-Didier-en-Brionnais  ;   Bourg-le- 
Comte. 

—  —  R.  apricorum  Rip.  —  Bourg-le-Comte; 
Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Marcigny. 

—  —  fl.  umbellata  Lehm.  —  Route  de  Marcigny 
à  Sarry. 

R.  graveolens  Gren. 

—  —  R.  œduensis  Dés.  et  Gillot.  —  Haie  au  clos 
Maillet,  à  Bourg-le-Comte. 

d.  —  Tomentosœ  Crép. 

R.  tomentosa  Sm.  —  Haies  à  Chambilly;  Saint-Julien-de- 
Jonzy  ;  Bourg-le-Comte  ;  Marcigny  ;  bois  de  la  Côte. 

—  —  var.  subglobosa  Dés.  —  Vernay,  près  Semur  ; 
Saint- Julien-de-Jonzy;  Bourg-le-Comte  à  la  Berthaud 
et  au  Bas-du-Ris;  route  entre  Saint-Christophe  et 
Vareilles. 

—  —  R.  dumosa  Pug.  —  Anzy-le-Duo. 
Agrimonia  Eupatoria  L.  —  Haies,  fossés,  bois.  CC. 

A.  odorata  Mill.  —  Lieux  frais,  fossés,  haies.  R.  —  Étangs 
Batardeaux;  Marcigny. 


FLORULE  RAISONNÉE  DU  BRIONNAIS.  307 

Poterium  dictyocarpum  Spaoh.  —  Prés,  coteaux,  sables  de 
la  Loire.  AC. 

P.  murieatum  Spach.  —  Prés,  pâturages.  C. 
—        —  var.    stenolophum    Jord.    —    Pelouses   à 

Saint-Bonnet-de-Cray. 

P.  guestphalicum  Bœnnig.  —  Lieux  chauds,  coteaux.  ÀR. 
—  Environs  de  Marcigny. 

Sanguisorba  officinalis  L.  —  Prés  frais.  AR.  —  Route 
d'Anzy  i  Vindecy;  Mon tceaux-1' Étoile;  l'Hôpital-le- 
Mercier;  Saint-Martin-du-Lac  ;  Chambilly;  Bourg-le- 
Comte;  Avrilly  ;  Varennes-Reuillon  ;  Saint-Germain-de- 
Rives;  Briant. 

Alchemilla  arvensis  Scop.  —  Champs,  moissons.  C.  —  Plaine 
de  l'Hôpital-le-Mercier  ;  Céron  ;  Bourg-le-Comte  ; 
Vitry-en-Charollais  ;  Saint-Germain- de- Rives;  Varen- 
nes-Reuillon  ;  Saint- Yan,  etc. 

Mespilus  germanica  L.  —  Haies,  bois.  G. 

Mespilut  loba  ta  Poir.  (Mespilus  germanica  L.  X  CraUvgus 
oxyacantha  L.).  —  Haie  à  environ  400  mètres  du  bourg 
de  Melay-outre-Loire,  à  gauche  du  chemin  rural  allant 
i  l'étang  Baubruyère.  C'est  le  18  mai  1905  que  nous 
avons  rencontré,  dans  des  conditions  d'apparente  spon- 
tanéité, ce  rare  hybride,  déjà  signalé  et  décrit  dans  un 
article  très  documenté  par  M.  le  Dr  X.  Gillot,  à  Saint- 
Sernin-du-Bois,  à  l'extrémité  diamétralement  opposée 
du  département  de  Saône-et*  Loire f .  A  ne  pas  confondre 
avec  des  sujets  greffé  s,  comme  nous  en  avons  rencontré 
un  exemple  sur  la  route  de  Bessuges  à  Anzy-le-Duc, 
où,  dans  une  haie,  une  Aubépine,  déjà  ancienne,  a  été 
manifestement   greffée,  de  sorte  que  le  tronc,  gros 


I.  D'  X.  Gillot,  Etude  mur  un  hybrid*  <U  Mupiluê  girminie*  L.  «I  de  Cr*tmçuê 
oaryacanf/ia  L.  {Crêtrfu*  wryaeaAi'io-otrmaatcj;.  dam  Bull.  Soc  bot.  Franc*, 
XXII!  (187f>),  Motion  extraord.  a  Lyon,  p.  m.  —  K.  Château,  Souvtllê  Ststton 
eu  XM««piiu4  lodala  Poir.,  «n  Saona-aJ-Loira,  dao«  Bail.  Soc.  bot.  Franc*,  LU 
(•W>),  p.  313. 


308  Q.  ORMEZZANO  ET  B.  CHATEAU. 

comme  le  bras,  se  divise  en  deux  branches,  Tune  de 
Cratxgus,  l'autre  de  M  es  pi  lus,  mais  tout  à  fait  distinctes, 
et  sans  apparence  d'hybridité.  (Q.  Ormezzano.) 

Cratœgus  oxyacantha  L. 

—  —  C.  oxyacanthoides  Thuil.  —  Haies,  bois, 
buissons.  AC. 

—  —  C.  monogyna  Jacq.  —  Haies,  bois.  CC. 

Pirus  Malus  L. 

—  —         P.  acerba  DC.  —  Bois,  haies.  C. 

P.  communis  L.  —  Bois,  haies.  C. 

—  —  P.  Piraster  Borck.  —  Marcigny  ;  Semur. 

Sorbus  domestica  L.  —  Haies,  bois,  cultivé.  AR.  —  Marci- 
gny; Semur;  Chenay-le-Châtel  ;  Poisson  ;  Melay-outre- 
Loire,  près  du  bourg. 

S.  Aucuparia  L.  —  Bois.  R.  —  Le  plus  souvent  planté 
dans  les  parcs. 

5.  Aria  Grantz.  — •  Marcigny,  bois  de  la  Côte;  souvent 
planté  dans  les  parcs. 

S.  torminalis  Grantz.  —  Bois,  haies.  AC.  —  Marcigny,  route 
de  Saint-Julien-de-Jonzy;  Semur;  Bourg-le-Comte, 
route  de  Céron  ;  bois,  haies  dans  toute  la  région  s'éten- 
dant  entre  Melay-outre-Loire;  Artaix;  Chenay-le- 
Châtel. 

Onothéracées. 

Onothera  biennis  L.  —  Sables  des  bords  de  la  Loire  où  elle 
abonde;  plus  rare  ailleurs.  R.  —  Saint- Yan;  Melay; 
Chenay-le-Châtel;  Hautefond;  Charolles. 

Obs.  —  Cette  espèce,  d'origine  américaine,  introduite  dès  le  com- 
mencement du  seizième  siècle  (1519),  est  actuellement  très  répandue 
et  si  bien  naturalisée,  que  tout  en  rappelant  son  origine  adventice 
exotique,  il  n'est  plus  possible  de  la  distraire  de  la  flore  locale  à 
laquelle  elle  est  acquise. 


PLORULB  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  309 

Epilobium  têtrogonum  L.  —  Fossés,  bois  frais,  champs 
humides.  AC.  —  Queue  de  l'étang  Lafay  i  Semur; 
Marcigny  ;  route  de  Charolles  ;  Briant  ;  Avriily  ;  Luneau  ; 
Céron;  Saint-Yan. 

R.  roseum  Schreb.  —  Fossés  et  lieux  humides  dans  les 
terrains  sablonneux.  AC.  —  Bois  de  Crotte;  Semur; 
Marcigny  ;  bords  du  canal  de  Roanne  à  Digoin  ;  Vitry  • 
en-Charollais ;  Saint-Yan;  Paray;  Poisson. 

E.  monianum  L.  —  Haies,  bois.  AC.  —  Semur;  Marcigny; 
Chambilly  ;  Bourg-le-Comte  ;  Artaix  ;  Céron  ;  Avriily  ; 
Saint-Julien-de-Civry  ;  Briant. 

S.  parviflorum  Schreb.  —  Lieux  frais,  bords  des  eaux, 
fossés.  C. 

E,  hirsutum  L.  —  Bords  des  eaux  dans  tout  le  Brionnais.  C. 

E.  spicatum  Lamk.  —  Bois  frais,  haies.  AR.  —  Toute  la 
région  comprise  entre  la  Clayette  et  Charlieu,  terrain 
siliceux  ;  manque  ailleurs. 

E.  rosmarinifolium  Hœncke.  —  Adventice  indigène  subs- 
pontanée. RR.  —  Bords  de  la  Loire  en  allant  sur 
Iguerande,  en  face  le  Champseau. 

Isnardia  palustris  L.  —  Lieux  inondés,  bords  des  étangs,  des 
rivières.  AC.  —  Mares  de  la  Loire  i  la  digue  ;  canal 
de  Roanne  à  Digoin  ;  mares  i  Bourg-le-Comte  ;  Cham- 
billy; Marcigny;  Digoin;  Saint-Yan;  Hautefond; 
Poisson. 

Circxa  lutetiana  L.  —  Lieux  frais  et  ombragés,  haies,  bois. 
AC.  —  Semur;  Bourg-le-Comte;  Marcigny;  Vitry-en- 
Charollais;  Coublanc;  Tancon;  Céron;  Chambilly; 
Vareilles;  Briant. 

Haloragaeées. 

Myriophyllum  veriicillatum  L.  —  Mares,  étangs,  ruisseaux. 
AR.  —  Marcigny,  dans  le  Merdasson;  mares  dans  tout 
le  val  de  la  Loire  ;  canal  de  Roanne  à  Digoin  et  dans 
TUrbize  i  Bourg-le-Comte;  Hautefond;  Charolles. 


310  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

M.  spicatum  L.  —  Eaux  paisibles.  AG.  —  Mares  dans  tout 
le  val  de  la  Loire;  à  la  digue,  à  la  Riaule,  canal  de 
Roanne  à  Digoin;  Avrilly;  Céron;  Iguerande;  Saint- 
Bonnet-de-Cray. 

M.  alterniflorum  DC.  —  Eaux  profondes,  légèrement  cou- 
rantes. RR.  —  Canal  de  Roanne  à  Digoin;  à Chambilly, 
et  au  bassin  d' Avrilly. 

Trapa  natans  L.  —  Mares,  étangs,  eaux  profondes  et  tran- 
quilles. C.  —  Existe  dans  presque  tous  les  creux, 
étangs  et  mares  du  Brionnais,  et  aussi  dans  l'Arconce 
à  Poisson,  et  le  canal  de  Roanne  à  Digoin  au  bassin 
d'Avrilly. 

Callitrichacées. 

Callitriche  stagnalis  Scop.  —  Ruisseaux,  fossés,  mares.  G. 

: —  Mares  des  bords  de  la  Loire  ;  Merdasson  à  Chambilly  ; 

fossés  de  la  route  de  Chambilly,  à  Bourg-le-Comte; 

Avrilly;  Vindecy;  la  Clayette;  Vareilles;  Iguerande. 
C.  verna  Kiltz.  —  Ruisseaux,  fossés,  mares.  C.  —  Mares  de 

la  Loire;  Avrilly;  étang  Lafay  à  Semur  ;  étang  à  l'Enfer 

avant    d'arriver    à    Jonzy  ;    Saint-Martin-du-Lac  ;    la 

Clayette. 
C.  hamulata  Ktltz.  —  Fossés,  sources.  R.   —   Canal  de 

Roanne  à  Digoin  et  fossés  le  bordant,   ruisseau   du 

Ris  à  Bourg-le-Comte  et  Avrilly;  la  Piscotte  à  Avrilly; 

creux  de  l'école  des  filles  à  Fleury-la-Montagne.  (Or- 

mezzano.) 
—        —  var.  homoïophylla  G.  G.  —  Canal  de  Roanne 

à  Digoin. 

Cératophyllacées. 

Ceratophyllum  demersum  L.  —  Eaux  paisibles,  mares, 
étangs,  fossés.  G.  —  Canal  de  Roanne  à  Digoin  ;  toutes 
les  mares  de  la  plaine  de  la  Loire;  Vitry;  Hautefond; 
Digoin;  Paray;  Gharolles;  Saint- Yan;  Poisson;  Vin- 
decy; Saint-Martin-du-Lac;  Iguerande,  etc. 


PLORULB  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  31 1 

Lythrariacées. 

Lylhrum  Salicaria  L.  —  Bords  des  eaux,  fossés,  lieux 
humides.  C. 

L.  Hyuopifolia  L.  —  Lieux  humides,  champs  frais,  fossés. 
AC.  —  Bourg-le-Comte  ;  Avrilly  ;  Anzy-le-Duc  ;  Céron  ; 
Saint-Germain-de-Rives  ;  route  de  Charolles  i  3aint- 
Yan  ;  Marcigny  ;  fossés  humides  i  Chevenizet. 

Peplis  Portula  L.  —  Bords  des  étangs,  des  mares,  lieux 
humides,  fossés.  AC.  —  Étangs  de  Lafay  à  Semur  ;  de 
la  Clayette;  de  Chanron,  pris  Nochize;  mares  dans 
toute  la  plaine  de  la  Loire;  Avrilly  ;  Montoeaux-l'Étoile  ; 
Vareilles;  8aint-Martin-du-Lac,  etc. 

Cuourbitacées. 
Bryonia  dioica  Jacq.  —  Haies,  broussailles.  C. 

Portul&cées. 

Portulaca  oleracea  L.  —  Lieux  cultivés,  bords  des  chemins, 
canal  de  Roanne  à  Digoin  où  il  tapisse  les  côtés  pen- 
dant le  chômage.  AC. 

Montia  minor  Omel.  —  Champs  humides,  bords  des  ruis- 
seaux. AC.  —  Marcigny;  Saint-Martin-du-Lac ;  étangs 
de  Morvan;  Chambilly;  Céron;  Chenay-le-Chitel  ; 
Melay  ;  Artaix  ;  Bourg-le-Comte  ;  Avrilly. 

Jf.  rivularis  Omel.  —  Eaux  vives,  fossés.  R.  —  Montceaux- 
l'Étoile;  Saint-Martin-du-Lao  et  dans  les  terrains  gra- 
nitiques autour  do  la  Clayette. 

ParonyohiAoée*. 

Herniaria  glabra  L.  —  Lieux  sablonneux  C.  —  Toutes  les 
alluvions  de  la  Loire;  Céron;  Avrilly;  Montceaux- 
l'Étoile  ;  Vitry  ;  Saint- Yan  ;  Saint-Julien-de-Civry  ; 
Baudemont  ;  Vareilles  ;  8ain t-Martin-de-Lixy  ;  Tancon. 


312  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Herniaria  hirsuta  L.  —  Champs  sablonneux.  C.  — Bourg-le- 

Comte;  Céron;  Marcigny;  Artaix;  Melay;  Chenay-le- 

Châtel;  Céron;  Montceaux-l'Étoile;  Poisson;  Melay- 

outre-Loire. 
Corrigiola  liUoralis  L.  —  Terrains   sablonneux,  champs, 

bords  des  rivières.  C.  —  Tous  les  sables  de  la  Loire  ; 

Paray-le-Monial ;    ballast  des   voies   ferrées;    Vitry; 

Baudemont  ;     Saint  •  Laurent  ;    Chftteauneuf  ;    Saint- 

Martin-de-Lixy  ;  Tancon;  Coublano. 

Scleranthus  annuus  L.  —  Champs  sablonneux.  AC.  — 
Moissons  du  val  de  la  Loire;  l'Hôpital-le-Mercier; 
Montceaux-l'Étoile  ;  Tancon  ;  Saint-Martin-de-Lixy  ; 
Bourg-le-Comte  ;  Avrilly  ;  Céron  ;  Chenay,  etc. 

Scleranthus  perennis  L.  —  Lieux  sablonneux,  terrains  gra- 
nitiques. C.  —  Toute  la  plaine  de  la  Loire  et  de  l'Hô- 
pital -  le  -  M  ercier  ;  Saint  -  Laurent  ;  Saint  •  Christophe  ; 
Briant;  Châteauneuf;  Saint-Maurice;  Tancon. 

Crassulaoées. 

Sedum  Telephium  L.  —  Bois  humides,  haies,  broussailles. 
R.  — Céron;  Marcigny.  R. 

5.  complanatum  Qilib.  =  S.  purpurascens  Koch.  Bor.  — 
Haies,  bois.  R.  —  En  Justice;  Saint- Julien  ;  queue  de 
la  Clayette;  Vareilles;  Briant. 
—  —  S.  affine  Bor.  —  Ravins  entre  le  Bas-du- 
Ris  et  Avrilly;  rive  droite  du  canal  près  du  Chibrely, 
et  près  de  la  maison  Larue;  Avrilly,  à  la  Pendeun 
broussailles  près  de  l'Arcel  et  bois  entre  Chenay-le- 
Châtel  et  Artaix,  où  il  est  assez  abondant. 

S.  cepœa  L.  —  Bords  des  chemins,  des  haies,  rocailles. 
AC.  — •  Pied  des  haies  sur  toute  la  rive  gauche  de  la 
Loire;  Briant  à  la  Goutte;  Chetal;  Saint-Christophe  ; 
Semur  ;  Vauban  ;  Montceaux-l'Étoile  ;  Marcigny  ;  Saint- 
Martin-du-Lac  ;  Melay-outre-Loire . 


FLORULB  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  313 

S.  rubens  L.  —  Lieux  secs,  vignes,  bords  des  chemins.  AC. 

—  Avrilly  ;  Bourg-le-Comte;  Semur,  en  descendant  aux 
carrières;  Saint-Julien-de-Jonzy  ;  3aint-Bonnet-de- 
Cray;  Iguerande;  Fleury-la-Montagne. 

S.  album  L.  — »  Haies,  vieux  murs,  sables  de  la  Loire.  C. 

—  8e  rencontre  çà  et  là  dans  tout  le  Brionnais. 

S.  aère  L.  —  Vieux  murs,  coteaux  sablonneux,  sables  do 

la  Loire.  G. 
S.  teœangulare  O.O.  —  Sables  calcaires.  AR.  —  Alluvions 

anciennes  de  la  Loire  rive  gauche  de  TUrbize  i  Bourg* 

le-Comte,  Marcigny;  Iguerande;  bords  de  la  route  de 

Chambilly  à  Marcigny. 
S.  reflerum  L.  —  Coteaux  sablonneux,  murs,  saules  têtards. 

AR.  —  Bords  des  bois  autour  de  Marcigny;  route  de 

Char;  Semur;  Bourg-le-Comte;  Saint-Martin-du-Lac; 

Iguerande  ;     Fleury-la-Montagne  ;     Saint-Bonnet-de- 

Cray;  Briant;  Sarry;  Vareilles. 
S.  elegans  Lej.  —  Rochers  des  terrains  granitiques,  sables. 

R.  —  Roohers  à  Château  neuf  et  i  Saint-Maurice,  sables 

de  la  Loire,  entre  Marcigny  et  Iguerande  ;  Semur. 

Obé.  —  Le  S.  elegans  préfère  les  terrains  siliceux,  tandis  que  le 
S.  reflexum  s'accommode  mieux  des  sols  plus  ou  moins  calcaires. 

Sempervivum  tectorum  L.  —  Vieux  murs,  toits.  AR.  —  Çà  et 
li  sur  quelques  toits  ou  murs  dans  tout  le  Brionnais . 

Ribésiacées. 

Ribê$  Uva  crispa  L.  —  Haies,  buissons,  saules  têtards, 
chênes,  clochers.  CC. 

A.  rubrum  L.  —  Haies  i  Baugy,  route  de  Saint-Yan,  en 
face  la  ferme  Alamartine,  au  Bas-du-Ris  i  Bourg-le- 
Comte.  R.  —  Cette  espèce  est  probablement  échappée 
des  jardins  et  n'existe  dans  oes  diverses  localités  qu'à 
l'état  subspontané. 


314  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

R.  alpinum  L.  —  Vieux  parcs.  R.  —  Charolles  ;  Montceaux- 
l'Étoile  ;  Saint-Yan  ;  l'Hôpital-le-Mercier  ;  Selorre . 
Adventice  horticole  parfois  naturalisée  dans  les  haies. 

Saxifragacées. 

Saxifraga  granulata  L.  —  Prés  secs  et  sablonneux.  AR. 
—  Pelouses  et  prés  dans  toute  la  vallée  de  la  Loire  ; 
Iguerande;  Fleury-la-Montagne  ;  Mailly. 

S.  tridactylites  L.  —  Vieux  murs,  toits,  lieux  sablonneux. 
AC.  —  Semur;  Vareilles  ;  Saint-Didier;  Varennes-1'Ar- 
conce;Oyé;  Saint-Julien-de-Jonzy;  Baugy. 

Chrysosplenium  oppositifolium  L.  —  Lieux  couverts  et 
bords  des  ruisseaux  et  des  filets  d'eau,  surtout  dans  les 
terrains  granitiques.  R.  —  Ruisseau  à  la  Touche,  fon- 
taine au-dessus  de  la  maison  Renaud,  près  Semur, 
.parc  de  Châteauneuf;  Saint-Igny- de-Roche  ;  Tourny, 
près  Charolles  ;  bords  du  ruisseau  traversant  des  brous- 
sailles entre  le  moulin  Morgat  d'Avrilly  et  Bonnant; 
Briant. 

C.  alternifolium  L.  —  Marais.  RR.  —  Briant,  au  bas  du 
Grimpichon.  (Abbé  Ramage!) 

Ombellifères. 

Dautus  Carota  L.  —  Bords  des  chemins,  prés,  champs, 
jachères.  GC. 
—        —         var.  virescens  —  Étang  de  Morvan. 

Orlaya  grandi flor a  Hoffm.  —  RR.  —  Terres  à  blé  à  Céron 
où  cette  plante  a  dû  être  introduite  dans  les  cultures, 
à  l'état  d'adventice  indigène. 

Turgenia  latifolia  Hoffm.  —  Champs,  moissons  des  ter- 
rains calcaires.  RR.  —  Sarry;  Saint-Didier-en-Brion- 
nais.  Adventice  messicole  d'origine  ancienne. 

Caucalis  daucoïdes  L.  —  Champs,  moissons.  R.  —  Terres  à 


KLORULE  RAISONNER  DU  BRIONNAIS.  315 

blé  i  Saint-Didier-en-Brionnais  ;  environs  de  Charolles  ; 

Marcigny  ;  Chambilly.  Adventice  messicole  orientale  et 

méridionale. 
Torilis  Anthriscus  Omel.  —  Haies,  bords  des  chemins,  des 

bois,  buissons,  jachères.  CG. 
T.  helvetica  Gmel.  —  Champs,  moissons.  G. 

—  —  var.  divaricata  Bor.  — -  Environs  de  Mar- 
cigny. 

Angelica  silvestris  L.  —  Bois  frais,  bords  des  rivières,  haies 
humides.  C.  —  Chambilly;  Bourg-le-Comte ;  Céron; 
Avrilly;  Saint-Yan;  Coublanc;  8aint-Igny-de- Roche  ; 
8aint-Martin-de-Lixy,  etc. 

Peucedanum  Oreoselinum  Mœnch.  —  Pâturages  secs,  bois. 
R.  —  De  Chambilly  à  Bourg-le-Comte;  coteau  de 
Montinard  à  Avrilly;  Saint-Yan,  près  du  pont  du  che- 
min de  fer;  Marcigny. 

P.  palustre  Mœnch.  —  Bords  du  canal  de  Roanne  à  Digoin 
où  il  abonde;  nul  ailleurs. 

Pastinaea  saliva  Mill. 

—  —  P.  pratensis  Jord.  —  Prés,  lieux  frais.  AC. 
—  Marcigny;  Semur;  Chambilly;  Montceaux-l'Étoile; 
Briant;  Sarry;  Vitry-en-Charollais  ;  Hautefond. 

P.  opaca  Kocb.  —  Bords  des  routes,  haies,  broussailles, 

lieux  secs.  AC.  —  Semur  en  descendant  aux  Carrières; 

Marcigny;  Chambilly;  Artaix;  Bourg-le-Comte;  Céron; 

Saint-Yan;  Vindecy;  Briant. 
Heraeleum  Sphondylium  L.  —  Prés,  bois  frais,  bords  des 

rivières.  C.  —  Marcigny;  Bourg-le-Comte;  Chambilly; 

Céron  ;  Artaix,  etc.  Une  variété  à  fleurs  toutes  roses 

sur  le  bord  du  canal  à  Digoin. 
Tordijlium  maximum  L.  —  Lieux  secs,  bords  des  haies 

et  des  chemins.  R.  —  Chemin  de  halage;  Avrilly; 

Luneau;  chemin  le  long  des  haies,  près  des  étangs 

supérieurs   df Avrilly;    Marcigny;    montée   de   Char; 

Semur. 


316  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Silaus  pratensis  Bess.  —  Prés  humides,  bois.  AC.  — 
Semur;  Bourg-le-Com te  ;  Jonzy;  Maroigny;  Avrilly; 
Saint-Christophe  ;  Vareilles  ;  Vauban  ;  Ligny-en-Brion- 
nais;  Briant. 

Œnanthe  peucedanifolia  Poil.  —  Prés  humides.  AC.  — 
Vallée  du  Merdasson  ;  bords  de  la  Loire  et  du  canal  ; 
prés  aux  plaines  de  Chambilly  ;  Artaix  ;  Melay  ; 
Céron,  etc. 

OE.  fistulosa  L.  —  Prés  marécageux,  fossés,  bords  des 
étangs.  AC.  —  Vallées  de  l'Arconce  et  du  Merdasson; 
Vareilles;  Sainte-Foy;  Semur;  Oyé;  Ligny-en-Brion- 
nais;  Saint-Martin-du-Lac,  etc. 

OE.  Phellandrium  Lamk.  —  Fossés  profonds,  mares,  étangs. 
C.  —  Mares  de  la  Loire;  la  Riaule,  à  la  digue;  fossé 
route  de  Chambilly;  Saint-Martin-du-Lac;  Bourg-le- 
Comte  ;  fossés  du  canal  au  Chibrely  à  Avrilly. 

Bupleurum  falcatum  L.  —  Bord  de  la  Loire  au  Vilmarion, 
un  peu  au-dessus  d' Avrilly.  RR.  —  Cette  espèce,  très 
abondante  au  bord  des  bois  des  terrains  calcaires 
dans  certaines  régions  du  département,  n'a  été  trouvée 
que  dans  la  seule  localité  indiquée,  dans  le  Brionnais, 
bien  que  les  sols  qu'elle  affecte  soient  assez  étendus  vers 
Saint-Didier,  Briant,  Sarry,  Oyé.  Il  est  vrai  que  dans 
ces  localités  on  ne  rencontre  ni  broussailles  ni  terrains 
incultes,  le  sol  étant  entièrement  occupé  par  les  em- 
bouches. 

B.  rotundifolium  L.  —  Çà  et  là  dans  les  terres  et  vignes 
des  terrains  calcaires,  vraisemblablement  d'origine 
adventice  messicole.  R.  —  Marcigny;  Chenoux  à 
Baugy;  Sarry;  Saint-Didier-en-Brionnais. 

Berula  anguslifolia  Koch.  —  Fossés,  ruisseaux,  étangs.  AR. 
—  Marcigny  ;  fossés  à  Chambilly  et  à  Bourg-le-Com  te  ; 
mares  de  la  plaine  de  la  Loire;  Saint-Martin-du-Lac; 
Iguerande. 

Pimpinella  magna  L.  —  Prairies  humides,  haies  et  bois 


FLORUL.E  RA1S0NNKE  DU  BRIONNAIS.  317 

frais.  AR.  —  Prairies  des  bords  de  l'Arconce;  Poisson; 

Saint- Julien-de-Jonzy;  la  Clayette;  Semur;  Anzy-le- 

Duc;  Saint-Bonnet-de-Cray. 
P.  Saxifraga  L.  —  Pelouses  sèches,  lieux  incultes,  bords 

des  chemins,  prés,  etc.  C. 
Bunium  verticillatum  G.  et  G.  —  Prés  humides  et  bords 

des  bois  frais,  surtout  dans  les  terrains  siliceux.  AC.  — 

Vallées  de  l'Arconce  et  du  Merdasson  ;  Bourg-Ie-Comte  ; 

Semur;  étang  de  Lafay;  Gregaine;  Chambilly;  Che- 

nay-le-Chfttel. 
B.   Carvi  Bieb.  —  Prés  des  bords  de  la  Loire,  près  du 

canal  à  Avrilly.  RR. 
jEgopodium  Podagraria  L.  —  Haies,  prés  frais.  RR.  — 

Semur;  Avrilly,  entre  le  canal  et  la  Loire. 

Obs.  —  Cette  espèce,  Introduite  dans  les  jardins  au  moyen  Age 
comme  plante  médicinale,  est  complètement  naturalisée  çà  et  là. 

Sison  Amomum  L.  —  Haies,  bords  des  bois.  AC.  —  Digoin, 
près  du  chemin  de  la  Motte;  Sarry;  Briant;  Chetal; 
Anzy-le-Duc,  à  côté  du  pont  de  l'Arconce;  Saint- 
Bonnet-de-Cray,  en  allant  à  Vermont;  Sarry,  route 
de  Gregaine. 

Helosciadium  nodiflorum  Koch.  —  Ruisseaux,  mares.  AR. 
—  Mares  de  la  plaine  de  la  Loire,  i  la  digue;  la  Ber- 
thaud  i  Bourg-le-Comte,  près  du  Cray;  Chambilly,  aux 
Plaines  ;  fossés  du  canal  entre  Chambilly  et  Artaix. 

//.  inundatum  Koch.  —  Étang  de  la  Clayette.  RR. 

Cicuta  virosa  L.  — ■  Dans  un  fossé  à  Chassenard,  près  du 
pont  aqueduc  de  Digoin.  RR. 

Scandix  Pecten  Veneris  L.  —  Plante  messicole  adventice, 
très  ancienne,  aujourd'hui  commune  partout.  C. 

Anlhriscus  vulgaris  Pers.  —  Bords  des  routes,  lieux  in* 
cultes.  C. 

A.  silvestris  Hoflm.  —  Haies,  lieux  frais  un  peu  couverts. 
R.  —  Marcigny,  bord  de  la  route  en  allant  au  lac  ; 
Artaix,  fossé  en  allant  au  gué  Sadin. 


318  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

Chœrophyllum  temulum  L.  —  Lieux  incultes,  haies,  bords 
des  chemins.  C. 

Conium  maculatum  L.  —  Lieux  frais,  haies,  fossés,  décom- 
bres. AC.  —  Existe  dans  ces  diverses  stations  dans 
presque  tout  le  Brionnais,  surtout  à  l'état  d'adventice 
rudérale. 

Hydrocotyle  vulgaris  L.  —  Bords  des  étangs,  mares  et 
pelouses  inondées.  AR.  —  Étangs  Batardeaux,  Pope- 
lin,  de  Morvan  ;  Marcigny;  Saint- Martin-du-Lac  ; 
Digoin,  derrière  la  Sarreguemines. 

Eryngium  campes tre  L.  —  Champs,  prés  secs,  bords  des 
chemins.  G.  —  N'abonde  que  trop  dans  tous  les  prés 
secs  de  la  plaine  de  la  Loire,  où  on  ne  parvient  pas  à 
le  détruire. 

Sanicula  europœa  L.  —  Bois  taillis,  lieux  couverts  et  frais. 
AC.  —  Bois  de  Glenne;  de  l'État;  Semur;  Bourg-le- 
Comte  aux  Charnays;  Avrilly;  Céron;  Chenay-le- 
Châtel;  Chambilly;  Melay;  bois  de  Sainte-Foy;  Saint- 
Julien-de-Jonzy  ;  broussailles  entre  le  moulin  Morgat 
d' Avrilly  et  Bonnant;  Briant. 

Hédéracées. 

Hedera  Hélix  L.  —  Vieux  murs,  rochers,  troncs  d'arbres. 
CC.  —  La  tour  de  Semur  est  garnie  complètement  par 
un  seul  pied;  la  maison  Bouthier  de  Rochefort  à 
Semur  a  ses  murs  complètement  recouverts  de  lierre. 

Cornacées. 

Cornus  sanguinea  L.  —  Bois,  haies.  CC. 

Loranthaoées. 

Viscum  album  L.  —  Parasite  sur  un  grand  nombre  d'arbres, 
principalement  fruitiers.  C.  —  Sur  l'Aulne  à  Marcigny. 
R.  (Ormezzano.)  Le  gui  de  l'aubépine  qui  est  assez  rare 
est  recherché  pour  la  médecine  vulgaire  vétérinaire. 


PLORULK  RAISONNES  DU  BRIONNAIS.  319 

Caprifoliacées. 

Adora  Moschatollina  L.  —  Bois,  haies  frais  et  ombragés. 
AR.  —  Semur  à  la  Vallée  ;  Changy  ;  bois  de  la  Côte  ; 
Bourg-le-Comte,  rue  Chogne  et  haies  des  prés  entre 
le  bourg  et  le  canal  ;  Baudemont,  chemin  du  vieux 
bourg  ;  Vareilles  ;  Saint  -  Chrisophe-en-  Brionnais  ; 
B  riant. 

Sambucus  Ebulus  L.  —  Champs,  bords  des  fossés,  prés.  C. 

S.  nigra  L.  —  Haies,  bois  et  assez  fréquemment  sur  les 
saules  et  les  chênes  têtards.  C.  —  Dans  la  région  de 
Semur;  Sarry;  B  riant;  Saint-Julien;  Saint-Bonnet.  Des 
troncs  énormes  de  sureau  existent  dans  toutes  les  haies. 

—  —  var.  laeiniaia  G.G.  —  Haies  a  Marcigny, 
échappé  des  jardins. 

5.  raeemosa  L.  —  Bois  des  terrains  primitifs  ou  siliceux.  R. 

—  Bois  en  allant  i  Semur,  Montmegin,  Launay. 
Viburnum  Lantana  L.  —  Bois,  haies,  coteaux  des  terrains 

calcaires.  R.  —  Sarry;  Oyé;  Briant;  Saint-Julien-de- 

Jonzy;  Saint- Bonnet-de-Cray. 
V.  Opulus  L.  —  Bois  humides,  bords  des  eaux.  AC.  — 

Semur;  Marcigny;  Saint-Martin-du-Lac;  Artaix;  Che- 

nay-le-Chfttel  ;    Céron;    Avrilly;    Luneau;    Vindecy; 

Briant. 
Lonieera  Periclymenum  L.  —  Haies,  bois,  broussailles.  C. 
L.  Xylosteum  L.  —  Haies  à  Marcigny.  R. 

Bubiacées. 

Galium  Cruciaia  L.  —  Bois,  prés,  haies.  C. 
G.  verum  L.  —  Prés,  pâturages,  bords  des  bois,  des  che- 
mins. C. 
G.  Mollugo  G.G.  —  Haies,  bois.  C. 

—  —  var.  dumitorum  Jord.  —  Haies  i  Marcigny. 

—  —  var.  album  Jord.  —  Carrières  près  d'Igue- 
rande. 


320  Q.  ORMEZZANO  ET  E.  CHATEAU. 

XC  decolorans  GG.  (G.  verumXmollugo).  —  Ça  et  là  avec 

les  parents.  RR. 
G.  erectum  Huds.  —  Haies,  bois.  R.  —  Marcigny;  pré  sec 

à  Saint-Bonnet-de-Cray  ;  Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Fleury- 

la-Montagne;  Briant. 
G.  silvestre  Poil.  —  Bois,  pelouses.  C.  —  Vallée  de  Semur  ; 

à  l'Enfer,  près  Saint-Julien-de-Jonzy  ;  Bourg-le-Comte  ; 

Chenay-le-Châtel;  Céron. 

—  —  var.  commutatum  Jor.  —  Pré  sec  au- 
dessus  de  l'étang  de  la  Clayette. 

G.  saxatile  L.  —  Rochers,  bruyères,  pelouses  sèches  des 
sols  sablonneux  ou  granitiques.  R.  —  Rochers  au- 
dessus  de  l'étang  de  la  Clayette. 

G.  palustre  L.  —  Fossés,  mares,  lieux  humides.  C. 

G.  elongatum  Presl.  —  Fossés,  lieux  humides.  R.  —  Grand 
fossé,  route  de  Chambilly,  à  la  digue. 

G.  uliginosum  L.  —  Fossés,  mares,  lieux  fangeux  ou  tour- 
beux. C. 

G.  anglicum  Huds. 

—  —  var.  parisiense  Jord.  —  Champs,  lieux  secs, 
pierreux  ou  sablonneux.  R.  —  Sables  de  la  Loire  à 
Digoin. 

G.  Aparine  L.  —  Haies,  buissons.  CC. 

G.  tricorne  With.  —  Moissons,  champs,  surtout  dans  les 

terrains  calcaires.   R.  —  Saint-Didier-en-Brionnais; 

Sarry;  Briant;  Varennes-l' Arconce ;  Charolles. 
Asperula  odorata  L.  —  Bois  frais  et  couverts.  AR.  —  Bois 

de   Saint-Julien-de-Jonzy;    Saint- Bonnet-de- Cray; 

Changy;  Selorre;  Marcigny,  au  moulin  de  la  Marque; 

bois  de  la  Côte  ;  Briant;  bois  de  Sertines. 
A.  Cynanchica  L.  —  Pelouses  sèches  ou  sablonneuses.  AC. 

—  Prés  secs  dans  toute  la  plaine  de  la  Loire  ;  Briant; 

Sarry  ;   Oyé  ;   Vareilles  ;  Saint-  Laurent-en-Brionnais  ; 

Fleury-la-  Montagne. 
A.  arvensis  L.  —  Tourny,  près  de  Charolles.  RR. 


FLOBt'LE  RAISONNER  DV  BRIONNAIS.  321 

A.  galioides  M.  B.  —  D'origine  adventice  indigène.  R.  — 
Entre  Iguerande  et  Marcigny,  à  côté  des  vieilles  car- 
rières; la  Clayette,  le  long  des  voies  ferrées. 

Sherardia  arvensis  L.  —  Champs,  lieux  cultivés.  AC.  — 
Âvrilly;  Bourg-le-Comte ;  Marcigny;  Vareilles;  Vitry; 
Saint-Maurice  ;  Chenay  ;  Chambilly  ;  Céron  ;  Melay. 

Crucianella  angustifolia  L.  —  Champs  sablonneux  et  allu- 
vions.  R.  —  Toute  la  plaine  de  la  Loire  depuis  Igue- 
rande jusqu'à  Digoin,  sur  les  coteaux  d'Avrilly. 

Valérian&cées. 

Valeriana  of fie  in  a  lis  L.  —  Bords  des  eaux,  haies  fraiches, 
fossés,  bois.  C.  —  Bourg-le-Comte;  Saint-Christophe- 
en-Brionnais ;  Briant;  Avrilly;  Saint- Yan;  Nochize; 
Gregaine;  Semur;  Marcigny. 

V.  sambucifolia  Mik.  Reichb.  —  Bords  de  l'étang  de  la 
Garde  i  Saint-Martin-du-Lac.  RR. 

T.  dioica  L.  —  Prés  marécageux,  vallées,  bois  humides, 
lieux  tourbeux.  AC.  —  Semur;  la  Touche;  Bourg-le- 
Comte  ;  Céron  ;  Chenay-le-Châtel  ;  Chambilly;  Avrilly; 
l'Hôpital-le-Mercier;  Vitry;  Saint- Yan;  Briant,  le  long 
de  la  Blaine. 

Valerianella  olitoria  Poil.  —  Champs,  vignes,  lieux  culti- 
vés. C.  —  D'origine  messicole  orientale,  cette  espèce 
est  naturalisée  depuis  les  premiers  temps  histo- 
riques. 

F.  earinata  Lois.  —  Lieux  cultivés,  surtout  dans  les  mois- 
sons. AR.  —  Marcigny;  bords  de  l'Urbize  i  Céron; 
plaine  de  la  Loire  i  Bourg-le-Comte. 

V.  Auricula  DC.  —  Moissons  des  champs  sablonneux.  AR. 
—  Marcigny;  Saint-Martin-du-Lac;  Baugy;  Vindecy; 
l'Hôpital-le-Mercier. 

V.  Morisonii  DC.  —  Champs,  moissons*  RR.  —  Terre  aux 
Roches,  près  du  Chailloux  à  Marcigny. 
tome  xix.  21 


322  Q.  0RMEZZAN0  BT  E.  CHATEAU. 

Dipsacées. 

Dipsacus  silvestris  Mill.  —  Bords  des  chemins,  des  haies, 
champs  incultes.  C.  —  D'origine  adventice  indigène, 
cette  espèce  existe  dans  toutes  nos  localités  brion- 
n  ai  se  s, 

D.  pilosus  L.  —  Haies,  bois  frais,  fossés.  AR.  —  Saint- 
Martin-du-Lac  ;  route  de  Sainte-Foy  à  Saint-Christophe  ; 
Semur;  Vareilles,  pré  de  Combesse;  Briant,  à  Crest, 
le  long  de  la  Blaine. 

Knautia  arvensis  Koch.  —  Champs,  bords  des  chemins. 
AC.  —  Marcigny  ;  Baugy  ;  Saint-Martin-du-Lac;  Cham- 
billy;  Artaix;  Céron;  Bourg-le-Comte. 

S.  Columbaria  L.  —  Pelouses  sèches,  bois,  coteaux.  AC. 
—  Bourg-le-Comte  ;  Marcigny  ;  Semur  ;  Saint-Martin- 
du-Lac;  Sarry;  Briant;  Vauban;  Saint-Martin-de- 
Lixy. 

S.  Succisa  L.  —  Prés,  pâturages,  bois  frais.  CC. 

{A  suivre.) 


PUBLICATIONS 


DB  LA 


SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE 


D'AUTUN 


1"  Bulletin.  —  Année  1888. 

Les  Vertébrée  fossiles  des  environs  d'Autan,  par  M.  A.  Oaudry. 
—  Note  par  M.  le  docteur  Brocchi  sur  un  erustaeé  fossile  reouellli 
dans  les  sohistes  d'Autun.  —  Sur  l'existence  de  Mollusques  pul- 
monés  terrestres  dans  le  terrain  permien  de  l'Autunois,  par  M.  P. 
Fisc hsr.  —  Catalogue  des  oiseaux  qui  se  reproduisent  dans  les 
environs  d'Autun,  par  M.  A.  M an&bard.  —  Notice  sur  les  8igflllairee, 

_m_ 

par  M.  B.  Renault.  —  Etude  sur  les  blés  et  leur  culture,  par 
M.  Tacnbt.  —  Examen  paléontologique  du  Calcaire  à  Saoeamina  de 
Cussy-en-Morvan,  par  M.  Stanislas  Meunier.  —  Études  sur  les 
Arkoses  de  Saone-et- Loire,  par  M.  Devilerdbau. 

Avec  14  planches  et  30  figures  dans  le  texte. 

8*  Bulletin*  —  Année  1889. 

Les  Tubercules  des  Légumineuses,  par  Ch.-M.  Naudin.  —  Les 
Poroxylons,  par  MM.  C.-Eg.  Bertrand  et  B.  Renault.  —  Le  Thé 
et  ses  8uooédanés,  par  M.  Désiré  Bois.  —  Notes  sur  quelques  plantes 
qui  entrent  dans  la  composition  des  prairies,  par  M.  Tacnbt.  — 
Catalogue  raisonné  des  Champignons  supérieurs  (Hyménomycètes) 
des  environs  d'Autun  et  du  département  de  8aô  ne -et -Loire,  par 


t.  Ko  tente  chez  MM.  Dejimieu,  imprimeur*- hbr  Aires  *  A  ut  un.  et  (i.  Mamuo. 
libraire-éditeur.  1?0.  boulevard  SatnMWu.jio,  a  Paru.  —  l'rti  Je  cbftqu* 
votunw     l&fraac* 


324  PUBLICATIONS   DE   LA   SOCIÉTÉ 

M.  le  docteur  Gillot  et  M.  le  capitaine  Lucand  (t™  partie).  — 
Examen  lithologique  de  quelques  roches  provenant  d'Anost,  par 
M.  St.  Meunier.  —  Notes  sur  les  roohes  au  point  de  vue  de  leur  emploi 
dans  les  constructions,  par  M.  Dbvilbrdbau.  —  L'histoire  naturelle 
au  Concours  régional  et  aux  Expositions  industrielle  et  scolaire 
d'Autun,  par  MM.  le  docteur  Gillot  et  V.  Bbrthibr.  —  Communi- 
cation faite  par  M.  B.  Renault  au  Congrès  des  sociétés  savantes,  le 
23  mai  1888,  sur  les  gisements  des  plantes  fossiles  d'Esnost. 
Avec  12  planches  et  48  figures  dans  le  texte. 

3«  Bulletin.  —  Année  1890. 

Notioe  sur  quatre  stations  néolithiques  de  la  vallée  de  l'Arroux, 
par  M.  Emile  Carion.  —  Sur  la  faune  de  l'isthme  de  Suez,  par 
M.  Eusèbe  Vassbl.  —Note  sur  quelques  oiseaux,  par  M.  Marconnrt. 
—  Notioe  sur  une  Lycopodiaoée  arboresoente  du  terrain  houiller 
du  Brésil,  par  M.  B.  Renault.  —  Catalogue  raisonné  des  Cham- 
pignons supérieurs  (Hyménomycètes)  des  environs  d'Autun  et  du 
département  de  Saône-et- Loire,  par  M.  le  docteur  Gillot  et  M.  le 
capitaine  Lucand  (2*  partie).  —  Glaciers  quaternaires  du  Morvan, 
par  M.  Ch.  Dbmontmbrot.  —  Philosophie  naturelle  et  son  Applica- 
tion sociale,  par  M.  le  docteur  Bbrgbret.  —  Les  Phosphates  ali- 
mentaires ohez  les  animaux,  par  M.  le  docteur  Bbrgerbt.  —  Com- 
munication faite  par  M.  B.  Renault  sur  un  nouveau  genre  de  tige 
oycadéenne  et  sur  la  structure  du  faisceau  foliaire  des  Lépidoden- 
drons  et  des  Sigillaires. 

Avec  41  planches  et  15  figures  dans  le  texte. 

4«  Bulletin.  —  Année  1891. 

Paléoéthnologie  des  vallées  de  la  Loire,  de  la  Bourbince  et  de 
l'Arroux,  par  M.  Fr.  Pbrot.  —  Notes  sur  les  Céphalopodes  dibran- 
ches  du  Lias  supérieur  de  Sainte-Colombe-lès-A vallon  (Yonne),  par 
M.  L.  Millot.  —  Recherches  sur  les  poissons  du  Lias  supérieur  de 
l'Yonne,  par  M.  H.-E.  Sauvage.  —  Catalogue  et  Distribution  géo- 
graphique des  Mollusques  terrestres,  fluviatiles  et  marins  d'une 
partie  de  l'Indo-Chine,  par  M.  le  docteur  P.  Fischer.  —  Note  sur  le 
Depres&aria  doronicella  Wocke,  par  M.  A.  Constant.  —  Lis  comes- 
tibles, par  MM.  A.  Paillbux  et  D.  Bois,  du  Muséum  de  Paris.  —  Des 
caractères  que  l'anatomie  peut  fournir  à  la  classification  des  végé- 
taux, par  M.  C.-Eg.  Bertrand,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences 


d'histoire  naturelle  dautun.  325 

de  Lille.  —  Note  sur  les  Botryoptéridées,  par  M.  B.  Renault.  — 
Catalogue  raisonné  des  Champignons  supérieurs  (Hyménomycètes) 
des  environs  d'Autun  et  du  département  de  8aône- et- Loire,  par 
M.  le  docteur  Oillot  et  M.  le  capitaine  Lucand  (3*  partie).  —  Con- 
tributions à  la  flore  mycologique  du  département  de  Saône-et-Loire, 
par  M.  l'abbé  Flageolet.  —  Notice  sur  la  Flore  ornementale  et  le 
dessin  des  plantes  indigènes,  par  M.  Ch.  Quincy.  —  Communications 
faites  par  M.  B.  Renault,  sur  la  formation  de  la  Houille  et  sur  une 
nouvelle  Lycopodiacée. 

Avec  19  planches  et  11  figures  dans  le  texte. 

5«  Bulletin.  -  Année  1899* 

Contribution  à  l'étude  de  la  Flore  myoologique  du  département  de 
Sa6ne-et-Loire,  par  If.  O.  Delacroix.  —  Liste  annotée  des  Lépidop- 
tères envoyés  à  la  Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun,  par  M.  A. 
Constant.  —  Les  Mines  de  diamant  du  Cap,  par  M.  Th.  Reunert, 
traduction  de  M.  le  vioomte  Jean  de  Montmort,  suivie  d'une  étude 
minéralogique,  par  M.  Couttolbnc.  —  Note  sur  un  nouveau  genre 
de  Oymnosperme  fossile  du  terrain  permo-carbonifère  d'Autun,  par 
M.  B.  Renault.  —  Pila  Mbractenti*  et  le  Boghead  d'Autun,  par 
MM.  C-Eg.  Bertrand  et  B.  Rbnault.  —  Mission  du  cap  Horn.  Bra- 
chiopodee,  par  MM.  P.  Fischer  et  D.-P.  Œhlert.  —  Examen  miné- 
ralogique de  deux  météorites  bourguignonnes,  par  M.  Stanislas 
Meunier.  —  L' Ichtyo$Muru$  Burçundim,  par  M.  Albert  Oaudrt.  — 
Conférences  sur  les  racines  et  les  stolons  des  Calamodendrées,  par 
M.  B.  Renault.  —  Communication  faite  par  M.  B.  Renault  au  Con- 
grès des  Sociétés  savantes,  dans  la  séance  du  26  mai  1891,  sur  le 
genre  Retinodendron.  —  Communication  faite  par  M.  B.  Renault 
sur  un  nouveau  genre  de  Gymnosperme  fossile.  —  Recherche  sur 
les  Poissons  du  Lias  supérieur  de  l'Yonne,  par  M.  II.-E.  Sauvage. 

Avec  35  figures  dans  le  texte  et  17  planches. 

6«  Bulletin.  -  Année  1893. 

Liste  chronologique  des  travaux  de  M.  Armand  de  Quatrefages, 
par  M.  Oodefroy  Malloieel.  —  Recherches  minéralogiquee  sur  les 
gisements  diamantifères  de  l'Afrique  australe,  par  M.  Stanislas 
Meunier.  —  Le  (Mlybrtchion  Gtudryi,  nouveau  reptile  foesile  du 
permlen  d'Aotun,  par  M.  Marcellln  Boule  et  M.  Philippe  Glangbavd. 


326  PUBLICATIONS    DE    LA   SOCIÉTÉ 

—  Révision  des  fers  météoriques  de  la  collection  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle  de  Paris,  par  M.  Stanislas  Meunier.  —  Le  Travail  du 
sol  et  la  Nitrification,  par  M.  P.-P.  Dbhérain.  —  Reinschia  au&tralis 
et  premières  Remarques  sur  le  Kérosène  shale  de  la  Nouvelle-Galles 
du  Sud,  par  MM.  C.-Eg.  Bertrand  et  B.  Renault.  —  Note  sur 
quelques  poissons  du  calcaire  bitumineux  d'Orbagnoux  (Ain),  par 
M.  H.-E.  Sauvage.  —  Notice  sur  un  atelier  de  fabrication  de  brace- 
lets en  sohiste,  par  M.  Francis  Pérot.  —  Sur  divers  bracelets  ou 
brassards  en  schiste  trouvés  à  Toulon-sur-Arroux,  Note  par  M.  V. 
Berthibr.  —  Un  Champignon  nouveau  pour  la  France,  Battarea 
phalloïdes  Pers.,  par  M.  Ernest  Olivier.  —  Note  sur  les  Hyménop- 
tères de  Saône-et-Loire  de  la  famille  des  Mellifères,  par  M.  C.  Mar- 
chal.  —  Communication  faite  par  M.  B.  Renault  au  cours  de  la 
séance  du  24  avril  1892  sur  le  Boghead.  —  Communication  faite  par 
M.  B.  Renault  dans  la  séance  du  25  septembre  1892,  sur  l'utilité  de 
l'étude  des  plantes  fossiles  au  point  de  vue  de  l'évolution  des  organes. 

Avec  26  figures  dans  le  texte  et  14  planches. 

7*  Bulletin.  —  Année  1894. 

Note  sur  un  Ganoide  de  genre  nouveau,  du  Lias  de  Vassy  (Yonne), 
par  M.  H.-E.  Sauvage.  —  Les  Poissons  du  terrain  permien  d'Autun, 
par  M.  H.-E.  Sauvage.  —  Liste  annotée  des  Lépidoptères  envoyés 
à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  par  M.  A.  Constant.  — 
Note  sur  une  dent  de  mammouth  provenant  d'un  foyer  ou  habita- 
tion préhistorique,  par  M.  Francis  Pérot.  —  Mémoire  sur  un  cou- 
teau en  sohiste  noir,  par  M.  Fr.  Pérot.  —  Revision  des  Lithosi- 
dérites  de  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris, 
par  M.  St.  Meunier.  —  Flore  nouvelle  de  la  chaîne  jurassique  et  de 
la  Haute-Saône,  &  l'usage  du  botaniste  herborisant,  par  M.  Paul 
Parmentier.  —  Communication  faite  à  la  réunion  de  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun,  le  22  avril  1895,  par  M.  B.  Renault, 
sur  quelques  Bactéries  des  temps  primaires. 

Avec  38  figures  dans  le  texte  et  10  planches. 

8«  Bulletin.  —  Année  1896. 

Notice  sur  les  Calamariées,  par  M.  B.  Renault.  —  Recherches  sur 
les  Péronosporées,  par  M.  Louis  Mangin.  —  Tozioologie  africaine, 
par  M.  A.  T.  de  Rochebrunb.  —  Note  sur  quelques  Amblypterus 
du  terrain  permien  d'Autun,  par  M.  E.  Sauvage.  —  Contributions  à 


d'histoire  naturelle  d'autun.  327 

la  flore  du  Congo  français,  par  M.  A.  Franchit.  —  Mollusques  des 
Nouvelles-Hébrides,  par  M.  Jules  Mabille.  —  Mesura  et  Habitats 
peu  connus  de  quelques  Coléoptères  de  Saônc-ct- Loire,  par  M.  l'abbé 
Viturat.  —  Liste  annotée  des  fourmis  de  8aône-et*Loire,  par  M.  C. 
Marchal. 

Aveo  56  figures  dans  le  texte  et  12  planches. 

9«  Bulletin.  —  Année  1896. 

Toxicologie  africaine  (suite),  par  M.  A.  T.  ds  Rochkbrunb.  — Nou- 
velles remarques  sur  le  Kérosène  Shale  de  la  Nouvelle-Galles  du 
Sud,  par  M.  C.-Bg.  Bertrand.  —  Utilité  des  oiseaux.  —  Néoesslté 
d'une  entente  internationale  pour  en  conserver  les  espèces,  par 
M.  le  docteur  F.  Bernard  de  Montessus.  —  Notice  sur  les  Calama- 
riées  (suite),  par  M.  B.  Renault.  —  Re vision  des  Pierres  météori- 
ques de  la  oollection  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  par 
M.  Stanislas  Meunier.  —  Liste  alphabétique  des  Pierres  météoriques 
mentionnées  dans  le  mémoire  précédent  —Houille  et Bactériacées, 
par  M.  B.  Renault. 

Avec  206  figures  dans  le  texte  et  14  planches. 

10*  Bulletin.  -  Année  1897. 

Toxicologie  africaine  (suite),  par  M.  A.  T.  de  Rochbbrunb.  —  Notice 
biographique  sur  J.-L.  Lucand,  par  M.  le  Df  F.-X.  Oillot.  «  Réper- 
toire sphagnologtque,  par  M.  Jules  Car  dot.  —  Bogheads,  Baotériaoées, 
par  M.  B.  Renault.  —  Lamium  album  tératologique,  par  MM.  le  Dr 
F  -X.  Oillot  et  P.  Parmentibr.  —  Catalogue  analytique  et  raisonné 
des  Coléoptères  de  Saône -et- Loire  et  des  départements  limitrophes, 
par  MM.  l'abbé  Viturat  et  L.  Fauconnet.  —  8ur  une  nouvelle 
Diploxylée,  par  MM.  B.  Renault  et  A.  Roche.  —  Contribution  à  la 
Flore  du  Congo  français,  famille  des  Liliacées,  par  M.  Henri  Hua. 

Aveo  93  figures  dans  le  texte  et  9  planches. 

11*  Bulletin.  -  Année  1898. 

Toxicologie  africaine  (suite),  par  M.  A.  T.  os  Rochbbrunb.  — 
Note  sur  les  Paohyoormidés  du  Lias  supérieur  de  Vassy  (Yonne),  par 
M.  H.-E.  Sauvage.  —  Étude  sur  la  constitution  des  llgnites  et  les 
organismes  qu'ils  renferment,  suivie  d'une  note  préliminaire  sur  les 
schistes  lignitifères  de  Mena  et  du  Bois-d'Asson,  par  MM.  B.  Renault 


328  PUBLICATIONS   DE   LA   SOCIÉTÉ 

et  A.  Roche.  —  Notice  biographique  sur  M.  l'abbé  Alexandre  Mar- 
cailhou-d'Aymério,  par  M.  le  docteur  F.-X.  Gillot.  —  Catalogue 
raisonné  des  plantes  phanérogames  et  cryptogames  indigènes  du 
bassin  de  la  haute  Ariège,  par  MM.  Hippolyte  et  l'abbé  Alexandre 
Marcailhou-d'Ayméric.  —  Notice  sur  les  Calamariées  (suite), 
3e  partie,  par  M.  B.  Rbnault.  —  Catalogue  analytique  et  raisonné 
des  coléoptères  de  Saône-et-Loire  et  des  départements  limitrophes, 
par  MM.  l'abbé  Viturat  et  Louis  Fauconnbt  (suite).  —  Argiles  à 
silex  de  Saône-et-Loire,  par  M.  J.  Camusat.  —  Premières  notes  sur 
les  Hémiptères  de  Saône-et-Loire,  par  M.  C  Marchal. 

Avec  70  figures  dans  le  texte  et  14  planches. 

12«  Bulletin.  —  Année  1899. 

Toxicologie  afrioaine  (suite  et  fin  de  la  lre  partie),  par  M.  A.  T. 
de  Rochebrune.  —  Liste  des  coquilles  recueillies  à  la  Martinique, 
par  M.  Gustave  Bordaz.  —Etude  sur  l'affleurement  et  les  premières 
recherches  minières  du  gîte  métallifère  à  sulfures  complexes  de  Dun- 
sur-Grandry  (Nièvre),  par  M.  le  Vu  Gautron  du  Coudray.  —  Notice 
biographique  sur  Ferdinand  Bernard  de  Montessus  de  Ballore,  par 
M.  le  docteur  F.-X.  Gillot.  —  Etude  sur  les  migrations  des  oiseaux. 
—  Statistique  des  oiseaux  de  la  Faune  française,  par  M.  le  docteur 
Ferdinand  Bernard  de  Montessus.  —  Contribution  à  l'étude  géolo- 
gique, chimique  et  minéraiogique  du  Laurium  (Grèce), par  M.  Hugues 
Daviot.  —  Contribution  à  l'étude  de  la  flore  fossile  de  Sézanne,  par 
M.  Maurice  Langeron.  —  Silex  taillés  de  la  période  néolithique 
donnant  des  profils  humains  ou  d'animaux,  par  M.  Francis  Pérot. 

Avec  45  figures  dans  le  texte  et  8  planches. 

13«  Bulletin.  —  Année  1900. 

Catalogue  raisonné  des  plantes  phanérogames  et  cryptogames 
indigènes  du  bassin  de  la  haute  Ariège  (deuxième  partie),  par 
MM.  H.  et  A.  MARCAiLHOU-d'AYMÉRic.  —  Topographie  botanique  des 
environs  de  Cercy-la-Tour  (Nièvre),  par  M.  F.  Gagnepain.  —  Consi- 
dérations nouvelles  sur  les  Tourbes  et  les  Houilles,  par  M.  B. 
Renault.  —  Contribution  à  l'étude  de  la  flore  fossile  de  Sézanne 
(deuxième  fascicule),  par  M.  Langeron.  —  Notice  biographique  sur 
Alphonse  Mllne-Edwards,  par  M.  B.  Renault.  —  Sur  un  nouveau 
genre  de  tige  fossile,  par  M.  B.  Renault. 

Avec  14  figures  dans  le  texte  et  12  planches. 


DHfSTOlRK   NATURELLE    D'aUTUN.  3?9 


14*  Bulletin.  -  Année  1901. 

Catalogue  raisonné  des  plantes  phanérogames  el  cryptogames 
indigènes  du  bassin  de  la  haute  Ariège,  par  MM.  H.  et  A.  Mae* 
cailhou-d'Ayméric  (troisième  partie).  —  Un  coin  de  la  Nièvre  pré- 
historique. Les  Roches  de  Basseville  et  le  Camp  de  8urgy,  par 
M.  V.  Arnon.  —  Catalogue  analytique  et  raisonné  des  Coléoptères 
de  8aône-et-Loire  et  des  départements  limitrophes,  par  M.  Louis 
Fauconnbt  et  M.  l'abbé  Viturat  (suite).  —  Sur  quelques  Crypto- 
games hétérosporéesf  par  M.  B.  Renault.  —  8ur  trois  nouveaux 
Polychètes  d'eau  douce  de  la  Guyane  française,  par  M.  Ch.  Gravibr. 

—  8ur  le  genre  Lycasti*  Savigny  (Audouin  et  Milne-Edwards  rev.), 
par  M.  Çh.  O ravier.  —  8ur  les  Annélides  polychètes  d'eau  douce, 
par  M.  Ch.  Gravier.  —  Le  genre  Sherbournia  Don.  (Amaraita 
Welw.),  étude  historique  et  critique  d'un  genre  de  la  flore  tropicale 
africaine,  par  M.  H.  Hua. 

Aveo  29  figures  dans  le  texte  et  15  planches. 

15*  Bulletin.  —  Année  1902. 

Études  géologiques  sur  le  terrain  quaternaire  du  canton  de  Vaud. 
par  M.  8t.  Meunier.  —  Contribution  à  l'étude  de  la  flore  fossile  de 
8ésanne  (troisième  Cascioule),  par  M.  le  D'  M.  Lanqrron.  —  Note 
sur  une  empreinte  remarquable  provenant  des  Cinérites  du  Cantal, 
Paliurileg  Martyi  Langeron,  par  M.  le  D*  M.  Lauorron.  —  Note  sur 
quelques  micro  et  maorospores  fossiles,  par  M.  B.  Rxkault.  —  Le 
Rutile  et  see  Propriétés  colorantes,  par  M.  Louis  Franchbt.  — 
Les  Zingibéracées  du  continent  africain  dans  l'herbier  du  Muséum, 
par  M.  F.  Gagnrpam.  —  Les  Captations  d'eau  modernes.  Oaptation 
des  nappée  souterraines  par  galeries  drainantes,  par  M.  J.  Oamusat. 

—  Catalogue  raisonné  des  plantes  phanérogames  et  cryptogames 
indigènes  du  bassin  de  la  haute  Ariège(eantond'Ax«les-Thcrmes,oto.) 
(quatrième  partie),  par  MM.  H.  et  A.  Marcailhoo-d'Ayméric.  —  Le 
Professeur  Henri  Filhol,  par  M.  le  D»  A.  Pettit 

Avec  5  figures  dans  le  texte  et  26  planches. 

16*  Bulletin*  -  Année  IMS. 

Catalogue  analytique  et  raisonné  des  Lépidoptères  de  Saône-et- 
Loire  et  des  départements  limitrophes,  par  M.  B.  André.  —  Contri- 
bution à  l'étude  du  Pollen  des  Géraniacées,  par  M.  F.  Gaokefain  — 


330  PUBLICATIONS   DE    LA   SOCIÉTÉ 

Les  Radicelles  de  la  Macre  et  les  Bxoeptions  aux  définitions  des 
membres  des  plantes  vasculairea,  par  M.  G.  Qdbva.  —  Note  sur  la 
Néphélinite  du  Drevain,  par  M.  A.  Lacroix.  —  Catalogue  analytique 
et  raisonné  des  Coléoptères  de  Saône- et- Loire  et  des  départements 
limitrophes,  par  M.  Louis  Fauconnbt  et  M.  l'abbé  Viturat  (suite).  — 
Note  sur  les  Reptiles  de  l'étage  rhétlen  des  environs  d' Autun,  par 
M.  H.-E.  Sauvage.  —  L'Ichthyos&ure  du  Lias  inférieur  de  Curgy, 
près  Autun,  par  M.  H.-E.  Sauvage.  —  De  la  présence  du  genre 
Polyptyohodon  dans  les  sables  verts  de  la  Meuse,  par  M.H.-E.Sauvaob. 

Avec  27  figures  dans  le  texte  et  27  planches. 

17*  Bulletin.  —  Année  1904. 

Contribution  à  l'histoire  naturelle  de  la  Tunisie,  par  M.  le  Vu  H. 
de  Chaignon.  —  Le  Typha  stenophylla  (Fisch  et  Meyer),  espèce 
nouvelle  pour  la  flore  de  France,  par  le  Dr  F.-X.  Gillot.  -  Cata- 
logue analytique  et  raisonné  des  Lépidoptères  de  Saône-et-Loire  et 
des  départements  limitrophes,  par  M.  E.  André  (deuxième  partie). 
—  L'Époque  acheuléenne  &  Rosereuil-Igornay,  près  Autun  (Saône- 
et-Loire),  par  M.  Victor  Arnon. 

Avec  19  planches. 

18*  Bulletin.  —  Année  1905. 

Biographie  de  Bernard  Renault,  avec  extrait  de  ses  notices  scien- 
tifiques, par  M.  A.  Roche.  —  Extrait  d'une  Monographie  inédite  du 
genre  Populus,  par  M.  L.-A.  Dodb.  —  Catalogue  des  Zoooéoidies  de 
Saône-et-Loire,  par  MM.  C.  Marchal  et  E.  Chat  Eau.  —  Tératolo- 
gie. Diagnose  de  la  polymélie  :  Hypergénèse;  Hétéradelphle;  obser- 
vation d'un  cas  d'hétéradelphie-hétérotypique  chez  l'homme;  examen 
d'un  poussin  hétéradelphe-thoradelphe;  pathogénie  tératologique, 
par  le  Dr  Diard.  —  Les  Relations  des  tremblements  de  terre  aveo 
la  géologie  et  la  tectonique  du  sol  en  France,  par  M.  F.  de  Montbssus 
db  Ballore. 

Aveo  24  planohes. 


d'histoire  naturelle  d  autun.  331 


Publications  de  la  Société. 

1891.  Catalogue  raisonné  des  Champignons  supérieurs  (Hyménomy- 

cètes)  des  environs  d'Autun  et  du  département  de  Saône-et- 
Loire,  par  le  D'  F.-X.  Gillot  et  le  Capitaine  Lucand.  10  fr. 

1892.  Contribution  à  l'étude  de  la  Flore  mycologique  du 

département  de  Saône-et- Loire,  par  G.  Delacroix.  .    3  fr. 

1895.  Flore  nouvelle  de  la  Chaîne  jurassique  et  de  la  Haute- 
Saône,  à  l'usage  du  botaniste  herborisant,  par 
Paul  Parmbntier 6  fr. 

1897.  Répertoire  sphagnologique.  Catalogue  alphabétique 
de  toutes  les  espèces  et  variétés  du  genre  Sphagnum, 
par  Jules  Cardot 6  fr. 

1900.  Contribution  à  l'étude  de  la  géographie  botanique  de  la 
France.  Topographie  botanique  des  environs  de 
Cercy-la-Tour  (Nièvre),  par  F.  Gaonepain 5  fr. 

1903.  Catalogue  analytique  et  raisonné  des  plantes  indigènes 
du  bassin  de  la  haute  Ariège  (environs  d'Ax-les- 
Thermes),  par  Hippolyte  Marcajlhou-d'AyiUric 
(!»•  partie) 10  fr. 

1905.  Catalogue  analytique  et  raisonné  des  Coléoptères  de 
8aône-et-Loire  et  des  départements  limitrophes,  par 
Louis  Fauconnkt  et  l'abbé  Viturat,  1"  partie 12  fr. 

1905.    Catalogue  des  Zoooécidies  de  Saône  «et -Loire,   par 

C.  Marchai  et  E.  Château S  fr. 

1905.  Biographie  de  B.  Renault,  par  A.  Roche,  avec  planches    5  fr. 

1906.  Florule  raisonnes  du  Brionnais,  par  MM.  Château, 

Ormezzano  et  Dr  F.-X.  Gillot 6  fr. 

1906.    Notice  biographique  sur  A.  Roche,  par  le  Dr  F.-X.  Gillot    ?  fr. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

Statut*  et  règlement v 

Composition  du  bureau xj 

LUte  des  membres  de  la  Société xij 

Liste  des  sociétés  correspondantes xxix 

Publications  aveo  lesquelles  la  Société  est  en  relations 
d'échange 

Auguste  Roche,  président  honoraire  de  la  8ociété  d'histoire 
naturelle  d'Autun, etc., Notice  biographique, par  le  Dr  F.*X. 

Oillot ! 

Publications  d'Auguste  Roche 39 

_♦_ 

Etude  des  espèces  critiques  et  des  types  du  groupe  des 
Passereaux  trachéophones  de  l'Amérique  tropicale»  appar- 
tenant aux  collections  du  Muséum,  par  MM.  A.  Menegaux 

et  C.-E.  Hellmayr 43 

Le  Tir  oontre  les  orages  à  grêle,  par  M.  J.  Camusat 127 

I.  Historique  et  considérations  générales 130 

II.  Résultats  acquis.  Organisation  des  champs  de  tir.  16? 

Résultats  obtenus  en  Beaujolais,  en  1905 185 

III.  Considérations  scientifiques  sur  les  tirs  grèlifuges  189 

IV.  Conclusions 216 

Plorule  raisonnes  du  Brlonnais,  par  MM.  Q.  Ormexsano  et 

E.  Château,  avec  la  collaboration  de  M.  le  D»  F.-X.  Oillot .  221 

Avant-Propos 221 

Limites,  surface 226 

Relief  du  sol 228 

Géologie 229 

Hydrographie 241 

Climat 248 

Floraison 251 

8tatistique  végétale 254 

Flore  spontanée 262 

Publications  de  la  Société 323 


334  TABLES. 


TABLE  DES  PLANCHES 


PAC**- 

Planohe  I.       Portrait  de  A.  Roche i 

»       II.     Xiphorhynchus  lafretnayanus  d'Orbigny.  — 

Phylidor  consobrinus  Solater 148 

»       III.    Carte  géo-botanique  du  Brionnais 224 


-* 


ANNÉE  1906 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


DES  EXCURSIONS 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SÉANCE  DU  11  FÉVRIER  1906. 


PRÉSIDENCE   DE  M.  LE  VICOMTE  DE  CHAIONON 

Étaient  présents  :  MM*  André  Georges;  Arbelot;  Victor 
Arnon  et  son  fils;  Camille  Berger;  Bourgeois;  Bovet; 
Chassignol,  à  la  Boulaye;  Chavannes;  Comeau;  Cottard, 
à  Saint-Pierre;  Dantel;  Desjours,  entrepreneur;  Desmou- 
lins, à  PierreGtte  ;  Devieux  ;  Pesquet  Joseph;  Ponty  Martin  ; 
Charles  Oillot;  Orézel ;  Guerrin;  Jeannet  Joseph;  le  Dr  La- 
guille  ;  Lebègue  et  sa  petite-Bile  ;  Georges  Parant  ;  Poirson 
père  et  fils  ;  Porte  ;  François  Rigollot  ;  Sirdey  et  V.  Berthier. 

Le  secrétaire  exprime  les  regrets  de  M.  le  Dr  Oillot  que 
la  mort  de  M"*  Vieillard-Baron,  sa  belle-mère,  survenue  la 
veille,  empêche  d'assister  i  la  réunion. 

La  Société  charge  son  secrétaire  d'adresser  &  M.  le  Dr 
Oillot  ses  plus  sympathiques  condoléances  et  de  l'assurer 
de  toute  la  part  qu'elle  prend  au  deuil  qui  vient  de  le 
frapper. 

Puis  on  procède  au  renouvellement  du  Bureau  dont  le 

mandat  est  expiré.  Quelques  modifications  ont  dû  être 

apportées  i  la  composition  du  Bureau  précédent,  par  suite 

de  la  nomination  de  M.  le  Dr  Oillot  à  la  présidence,  du 

décès  de  M.  A.  Roche  et  du  changement  de  résidence  de 

MM.  Ernest  Pemot  et  Marchai. 

Les  membres  présents  qui  faisaient  partie  de  l'ancien 
s.un.  tm.  1 


—  2  — 

Bureau  quittent  la  salle,  et  M.  Sirdey  veut  bien  présider 
les  opérations  du  vote.  L'assemblée  consultée  accepte  à 
l'unanimité  la  liste  proposée.  D'autre  part,  quarante-sept 
sociétaires,  empêchés  d'assister  à  cette  réunion,  ont  envoyé 
leur  adhésion  à  cette  même  liste,  sans  y  apporter  la 
moindre  modification1.  En  sorte  que  M.  Sirdey  proclame 
élus  pour  trois  ans  : 

Président  :  M.  le  Dr  X.  Gillot. 

Vice-présidents  :  M.  le  vicomte  H.  de  Chaignon  ;  M.  Louis 
Fauconnet;  M.  A.  Raymond,  à  la  Porte;  M.  Schneider,  au 
Creusot. 

Secrétaire  :  M.  Victor  Berthier. 

Secrétaire  adjoint  :  M.  J.  Camusat,  au  Creusot. 

Bibliothécaire  :  M.  Charles  Clément. 

Bibliothécaire  adjoint  :  M.  Joseph  Jeannet. 

Trésorier  :  M.  Jeannet  père. 

Conservateurs  :  M.  V.  Arnon;  M.  A.  Bovet;  M.  Bouvet; 
M.  Léon  Dubois;  M.  Ch.  Marchai;  M.  G.  Parant;  M.  Porte. 

En  reprenant  la  présidence,  M.  de  Chaignon  s'exprime 
ainsi  : 

«  Je  vous  remercie,  Messieurs,  de  l'honneur  que  vous 
voulez  bien  me  faire  en  me  nommant  vice-président  ;  c'est 
mon  âge  qui  me  vaut  cette  faveur. 

1.  Ce  sont  :  MM.  Armandin,  à  Quarré-les-Tombes ;  Audin  Marlus,  à  Lyon; 
Bailly,  à  Étang;  Bertrand,  a  Amiens;  Beurton- Vieillard,  à  Liernais  ;  Bois  Désiré, 
à  Salnt-Mandé  ;  Bosc,  à  A  ut  un  ;  R.  de  Boutèyre,  à  Hyères  ;  Camusat,  au  Creusot  ; 
Chanliau  Gabriel,  à  Salnt-Symphorlen-de-Marmagne  ;  Charleux,  au  Creusot  ;  Joseph 
Chevalier,  à  Autun;  Emile  Clerc,  à  Autun  ;  René  Comode,  à  Autun;  Croizier 
Henri,  &  Autun;  Louis  Debourdeau.  à  Grizy;  François  et  Michel  Dejussieu,  à 
Antun  ;  Jules  Devilerdeau,  &  Paris  ;  Dlry  Stéphane,  à  Grury  ;  Léon  Dubois,  à  Autun  ; 
L.  Duputs,  au  Creusot  ;  Fauconnet  Louis,  a  Autun  ;  Gueneau,  à  Dezize  ;  le  D*  Gueoot, 
à  la  Roche-en-Brenil  ;  Guillaume,  prinoipal  du  collège  ;  Jeannin-Mangematin,  à 
Autun;  H.  Lachot, a  Magny-la- Ville  ;  Malord,  à  Autun;  Mangematln-Follot,  à 
Autun;  Charles  Marchai,  à  Saint-Maurice-les-Couches;  H.  Marlot,  à  Grury;  Mon- 
tagne, au  Creusot:  Nouveau,  à  Auxy;  Paul  Parmentier,  à  Besançon;  Pelux,  à 
Auxy;  Ernest  Pernot,  à  Aujeures;  Perruchot,  à  Auxy;  Pons,  à  Margenne;  Easèbe 
de  Quercize,  à  Lucenay  ;  Yovanne  Renault,  à  Autun;  Saclier, à Charbonnat ;  Salin, 
à  Chàteau-Chinon  ;  L.  Thomas,  au  Creusot  ;  Tupinier,  à  Autun  ;  le  D*  Valat,  & 
Autun;  et  Viennet,  à  Autun. 


—  3  — 

»  Cet  honneur  cependant  ne  me  laisse  pas  sans  un  regret 
et  un  regret  profond,  celui  de  succéder  trop  tôt  et  d'une 
façon  aussi  inattendue  à  un  collègue  qui  était  devenu  pour 
moi  un  bon  compagnon  de  travail,  je  puis  dire  un  ami.  » 

Le  secrétaire  ajoute  : 

«  Je  crois  être,  Messieurs,  l'interprète  des  membres  du 
nouveau  Bureau,  en  adressant  à  la  Société  de  sincères 
remerciements  pour  la  nouvelle  marque  d'estime  dont  elle 
vient  de  les  honorer.  » 

En  l'absence  de  M.  le  Dr  Gillot,  il  est  donné  lecture  du 
rapport  suivant  rédigé  par  notre  dévoué  Président  avec  le 
talent  dont  il  est  coutumier,  et  dans  lequel  il  est  rendu 
compte  de  la  marche  de  la  Société  pendant  l'année  1905  : 

«  Messieurs, 

j>  J'aurais  voulu,  dans  cette  première  réunion  de  l'année, 
vous  apporter  la  bonne  nouvelle  de  la  réussite  du  projet  de 
construction  d'un  Musée  d'histoire  naturelle  qui  nous  tient 
à  cœur  depuis  deux  ans,  et  du  succès  complet  de  la  loterie 
destinée  à  nous  procurer  les  fonds  nécessaires.  Malheureu- 
sement le  résultat  auquel  nous  avons  toujours  le  ferme 
espoir  d'arriver,  n'a  pas  été  aussi  rapide  et  aussi  complet 
que  nous  le  désirions.  Malgré  nos  efforts  persévérants, 
malgré  les  bonnes  volontés  qui  les  ont  secondés,  le  place- 
ment des  billets  s'est  montré  difficile;  nous  sommes  encore 
loin  du  compte,  et  nous  entrevoyons,  avec  regret,  la  néces- 
sité de  demander  un  ajournement  de  la  date  du  tirage, 
primitivement  fixée  au  15  mars  1906.  La  principale  raison 
de  ce  mécompte  se  trouve  dans  le  grand  nombre  de 
loteries  qui  ont  été  successivement  autorisées  en  même 
temps  que  la  nôtre  ou  postérieurement,  et  qui,  plus  impor- 
tantes, avec  des  lots  plus  alléchants,  ont  obtenu  les  préfé- 
rences de  la  foule.  La  publicité  n'a  peut-être  pas  été  suffi- 
sante; mais  nous  avons  confiance  que  l'Agence  Fournier, 


_  4  — 

chargée  de  l'émission  et  du  placement  des  billets,  et  aussi 
intéressée  que  nous  au  succès  de  l'opération,  va  redoubler 
d'activité  et  d'efforts  pour  atteindre  le  but  final.  En  atten- 
dant, nous  avons  cru  devoir  profiter  d'une  occasion  excep- 
tionnelle et  des  fonds  déjà  disponibles,  pour  conclure  une 
acquisition  de  terrain,  celui  de  l'ancien  hôtel  du  Mesnil, 
grande  rue  Chauchien,  n°  14.  Cet  acte  auquel  vous  avez 
bien  voulu,  dans  la  séance  du  17  décembre  1905,  donner 
votre  entière  approbation,  n'attend  pour  devenir  définitif 
que  l'autorisation  administrative,  à  laquelle  notre  Société 
est  soumise  par  ses  statuts.  Les  formalités  nécessaires 
sont  en  voie  de  s'accomplir,  et  il  me  parait  bien  impro- 
bable qu'aucun  obstacle  puisse,  de  ce  côté,  être  apporté  à 
l'exécution  d'un  projet  si  patriotique,  si  désintéressé  et  si 
profitable  à  la  ville  d'Autun.  Je  dois,  en  tous  cas,  remercier 
tous  les  amis  dévoués  qui  ont  bien  voulu  jusqu'ici  apporter 
leur  concours  au  succès  de  notre  entreprise  ;  la  municipa- 
lité autunoise  qui  s'est  montrée  si  favorable,  et  en  particu- 
lier M.  Périer,  maire  d'Autun  et  député,  qui  n'a  ménagé 
ni  son  temps  ni  ses  démarches;  M.  le  professeur  A.  Oau- 
dry,  notre  vénéré  président  d'honneur,  qui  nous  a  tant 
aidé  et  de  sa  souscription  personnelle,  et  de  son  influence 
auprès  de  ses  amis,  et  de  sa  plume  autorisée;  les  publicistes 
qui  se  sont  efforcés  d'attirer  l'attention  sur  notre  Musée  dans 
des  articles  spéciaux;  et  vous  tous,  Messieurs  et  chers  col- 
lègues, qui,  j'en  suis  sûr,  avez  déjà  contribué  et  contribuerez 
encore  à  placer  les  billets  de  notre  loterie,  et  que  je  voudrais 
déjà  pouvoir  convier  à  l'inauguration  du  futur  Musée! 

»  Cette  année,  comme  l'année  dernière,  des  deuils  aussi 
nombreux  que  regrettables,  sont  venus  nous  attrister. 
L'échéance  de  l'automne  semble  nous  être  particulièrement 
fatale,  car,  le  25  octobre,  presque  à  la  même  date,  et  à  un 
an  de  distance,  nous  perdions  l'ami  et  le  collaborateur  de 
Bernard  Renault,  M.  Auguste  Roche,  notre  très  distingué 


—  5  — 

et  très  dévoué  président  honoraire,  que  ses  soixante-dix* 
huit  ans  rendaient  également  notre  doyen  d'âge.  Les  ser- 
vices rendus  à  la  science  et  à  notre  Société  pendant  sa 
longue  carrière  demandaient  mieux  que  quelques  lignes 
de  regrets.  Nous  avons  cherché,  dans  une  notice  biogra- 
phique plus  détaillée,  à  faire  valoir  les  titres  de  M.  Roche 
à  l'estime  et  à  la  reconnaissance  du  monde  savant.  Je  me 
bornerai  donc  ici  à  ce  simple  mémento. 

»  II  en  sera  de  même  pour  l'abbé  Claude  Viturat, 
décédé  i  cinquante-un  ans,  le  21  août,  à  Saint-Àgnan-sur- 
Loire,  auquel  nous  devons,  en  collaboration  avec  M.  L.  Fau- 
connet,  le  Catalogue  des  Coléoptères  du  département  de  Saône" 
et- Loire.  Notre  savant  collègue,  M.  Maurice  Pic,  a  bien 
voulu  retracer,  aveo  sa  compétence  d'entomologiste  et  son 
cœur  d'ami,  la  vie  trop  courte  mais  bien  employée  de  notre 
regretté  sociétaire,  et  vous  lirez  cette  biographie  aveo 
émotion,  dans  notre  XVIII9  Bulletin  (2*  partie,  p.  237).  Un 
moment,  nous  aurions  pu  craindre  que  la  mort  de  l'abbé 
Viturat  ne  compromit  l'achèvement  du  Catalogue  en  cours 
de  publication.  Mais  M.  Maurice  Pic  a  consenti  à  se  charger 
de  continuer  l'œuvre  si  bien  commencée;  M.  L.  Fauconnet 
a  promis  de  nouveau  sa  collaboration  ;  et  nous  allons  pou- 
voir commencer  la  publication  du  deuxième  volume  de  cet 
ouvrage,  qui  ne  le  cédera  au  premier,  ni  en  importance 
ni  en  intérêt. 

»  Si  nous  reprenons  Tordre  chronologique  de  nos  pertes, 
elles  débutent  au  15  février  1905,  par  la  mort  de  Pierrk- 
François  Gaillard,  docteur  en  médecine,  au  Creusot.  Né 
à  Saint-Maurice-en-Ri vière  (Saône-et-Loire),  le  5  avril  1836, 
Gaillard  fit  ses  études  de  médecine  i  Paris,  avec  un  stage 
comme  interne  des  hôpitaux  d'Orléans,  et  soutint,  le 
4  août  1862,  sa  thèse  de  doctorat,  ayant  pour  sujet  :  Du 
cancer  primitif  du  poumon.  Après  avoir  exercé  la  médecine 


—  6  — 

à  Chagny  pendant  quelques  années,  le  Dr  Gaillard  vint  au 
Creusot,  pour  se  trouver  plus  à  proximité  de  ses  propriétés 
de  Torcy,  dont  il  ne  tarda  pas  à  être  nommé  maire.  Il  rem- 
plit, en  outre,  de  nombreuses  fonctions  publiques  :  con- 
seiller général  pour  le  canton  de  Montcenis,  de  1884  à 
1886,  suppléant  de  la  justice  de  paix  du  Creusot,  inspec- 
teur des  enfants  du  premier  âge,  médecin  cantonal, 
membre  du  conseil  d'hygiène  et  président  du  jury  médical 
de  l'arrondissement  d'Autun,  etc.  Il  fut  récompensé  de  ces 
longs  et  nombreux  services  par  deux  médailles  d'argent  de 
l'Académie  de  médecine,  et  par  les  titres  d'officier  d'Aca- 
démie et  d'officier  de  l'Instruction  publique.  D'opinions  très 
libérales,  mais  d'un  esprit  très  conciliant,  causeur  agréable 
avec  une  pointe  de  verve  gauloise,  la  main  facilement 
tendue  à  ses  nombreux  amis,  épicurien  de  bon  ton,  Gail- 
lard était  très  sympathique  et  très  populaire,  et  la  longue 
maladie  qui  devait  l'emporter,  à  l'âge  de  soixante-neuf  ans, 
n'altéra  ni  sa  bonne  humeur  ni  son  activité.  Très  dévoué 
à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  il  prit  part  à 
plusieurs  de  nos  excursions;  il  assistait  régulièrement  aux 
réunions  de  la  section  du  Creusot,  et  y  fit  mâme  plusieurs 
conférences  très  goûtées,  sur  «  l'Empirisme  ou  l'Origine 
de  la  médecine  »,  sur  le  «  Charlatanisme  »,  etc.  Doué 
d'une  excellente  mémoire  et  d'une  grande  facilité  de  parole, 
il  excellait,  comme  Ta  dit  sur  sa  tombe,  M.  Bouland,  juge 
de  paix  du  Creusot,  à  charmer  ses  auditeurs  «  en  distil- 
lant le  jus  anecdotique  »,  et  était  toujours  écouté  avec 
plaisir. 

»  Peu  après,  le  21  février,  mourait  à  Autun,  dans  sa  cin- 
quante-septième année,  Hubert-François  Vallbt,  qui 
exerçait  la  profession  de  masseur,  pendant  l'été  aux  eaux 
thermales  de  Bourbon-Lancy,  et  pendant  l'hiver  à  Autun, 
et  que  sa  robuste  apparence  semblait  appeler  à  une  longue 
existence,  s'il  n'avait  pas  dû  compter  avec  les  dangers  d'une 


-  7  - 

pneumonie  aiguë;   toujours  si  grave   dans  notre  climat, 
surtout  pour  les  fortes  constitutions. 

»  Le  6  mars,  un  second  deuil  frappait  la  section  du  Creu- 
sot, dans  la  personne  de  Claude  Flèche,  âgé  de  soixante- 
onze  ans.  Né  au  Creusot,  dans  le  pittoresque  quartier  de 
«  la  Combe  aux  Mineurs  »,  sa  vie  s'y  écoula  tout  entière. 
Entrepreneur  des  travaux  de  remblais  pour  les  mines  du 
Creusot,  de  caractère  enjoué  et  très  sociable,  il  aimait  nos 
réunions  où  régnent  la  camaraderie  et  la  gaieté,  et  où,  sans 
pédanterie  scientifique,  chacun  trouve  à  s'instruire  agréa- 
blement. 

»  Le  13  avril,  dans  la  personne  d' Alexandre  Hubt,  nous 
avons  perdu  un  excellent  camarade,  membre  fondateur  de 
la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  que  ses  nombreuses 
relations,  entretenues  avec  loyauté  et  bonne  humeur,  non 
moins  que  son  talent  d'artiste,  avaient  entouré  d'une  noto- 
riété de  bon  aloi,  et  que  nous  appelions  familièrement 
«  l'ami  Huet.  »  Il  était  bien,  dans  notre  Société,  de  ceux 
qui  justifient  l'admiration  de  M.  A.  Gaudry,  parlant  de  ces 
artisans,  de  ces  hommes  de  travail  et  d'action,  qui  viennent 
se  distraire  parmi  nous,  de  leur  labeur  professionnel  au 
profit  des  études  de  science  pure.  A.  Huet  n'affichait  aucune 
prétention  à  être  savant,  mais  il  savait  que  la  science 
réglemente  l'art,  et  que  l'art  dissimule  l'aridité  de  la  science. 
Il  comprenait  la  nature,  dont  son  pinceau  savait  si  bien 
rendre  les  tons  harmonieux;  et  c'était  plaisir  que  de  passer, 
avec  lui,  quelques  heures  pleines  de  charme,  en  études  et 
en  causeries.  Je  conserve,  avec  bonheur,  le  souvenir  d'une 
de  ces  promenades  dans  notre  Morvan  autunois,  où,  étendus 
sur  la  mousse,  le  peintre  me  disait,  avant  de  les  fixer  sur 
la  toile,  les  impressions  qu'il  ressentait  en  face  de  ce 
paysage  calme  et  reposant,  quelque  peu  mélancolique,  ici 
carminé  par  les  bruyères  d'automne,  là  doré  par  la  teinte 


—  8  — 

jaunissante  des  fougères,  encadré  par  la  ligne  assombrie 
des  grands  «  foyards  »,  çà  et  là  égayée  par  la  olaire  verdure 
des  bouleaux;  et  le  botaniste,  à  son  tour,  expliquait  à 
l'artiste  les  «  associations  végétales  »  et  les  «  formations  » 
qui  donnent  à  chaque  contrée  son  caractère,  et  qu'il  est 
bon  de  connaître  pour  en  rendre  les  effets  avec  exactitude  ! 

»  Huet  excellait  en  saillies  imprévues,  en  jugements  pri- 
mesautiers,  en  idées  personnelles,  dans  sa  conversation 
que  son  accent  autunois  et  ses  locutions  locales  rendaient 
particulièrement  originale  et  intéressante.  Tous  ses  nom- 
breux amis  en  ont  connu  l'attrait,  qui  se  sont  assis  dans  un 
des  vieux  fauteuils  de  ce  vaste  atelier  qu'il  s'était  fait  cons- 
truire, et  qu'il  avait  encombré  d'antiquités,  d'objets  d'art, 
de  bibelots  de  toute  sorte  et  de  ses  œuvres  personnelles, 
ébauchées  ou  terminées.  Tout  artiste  est  plus  ou  moins 
collectionneur,  et,  à  ce  titre  encore,  il  se  sentait  en  com- 
munauté d'idées  avec  les  membres  d'une  société  dont  un 
des  buts  principaux  est  de  former  des  collections.  Dès  les 
débuts  de  notre  musée,  il  contribuait  à  la  formation  des 
collections  naissantes  par  des  dons  successifs  :  hachettes 
préhistoriques  du  Champ  de  la  justice,  grenats  de  Montjeu, 
fossiles  des  grès  rhétiens  d'Antully,  etc.,  et  chaque  fois 
qu'un  appel  fut  adressé  à  son  crayon  pour  reproduire  le 
dessin  d'un  arbre  curieux  ou  les  traits  d'un  ami,  il  s'em- 
pressa d'y  répondre  avec  la  bonne  grâce  et  le  désintéres- 
sement les  plus  complets. 

»  C'est  une  intéressante  histoire  que  celle  d'Alexandre 
Huet,  né  dans  la  boutique  d'un  tapissier  autunois,  séden- 
taire et  prosaïque,  destiné  à  continuer  le  métier  paternel, 
mais  tourmenté  dès  l'enfanoe  par  des  aspirations  et  des 
ambitions  artistiques,  menant  de  front  à  Paris  l'apprentis- 
sage de  l'industrie  d'ameublement  avec  l'étude  de  la  musique 
et  de  la  peinture,  «'introduisant,  presque  furtivement,  dans 
l'orchestre  de  Pasdeloup  comme  dans  l'atelier  de  Cabanel, 
élargissant  ses  idées  et  perfectionnant  son  talent  par  de  s 


—  9  — 

voyages  à  l'étranger,  en  Italie,  en  Belgique,  en  Hollande,  etc. , 
et  finissant,  un  beau  jour,  par  jeter  de  côté  le  tablier  du 
manœuvre  pour  le  chevalet  du  peintre  ou  l'ébauchoir  du 
modeleur,  et  par  sortir  de  l'échoppe  où  il  étouffe  pour 
respirer  le  plein  air  des  rives  de  l'Arroux  et  des  collines  du 
Morvan,  qui  lui  fourniront  ses  sujets  d'études  préférés  ! 
Mais  la  biographie  d'A.  Huet  n'est  plus  à  faire  :  le  très 
distingué  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  Éduenne  a 
tracé  de  notre  ami  commun,  en  termes  si  délicats,  un  por- 
trait si  complet  et  si  documenté !  que  je  ne  pourrais  qu'en 
affaiblir  le  charme  et  l'intérêt  en  le  résumant.  Je  me  bor- 
nerai à  rappeler  les  services  qu'il  a  rendus,  en  1870,  à 
l'armée  des  Vosges  comme  secrétaire  général  des  ambu- 
lances; ses  relations  avec  de  nombreux  artistes  et,  en  par- 
ticulier, avec  les  peintres  autunois,  Octave  de  Champeaux 
et  Jules  Didier,  qui  contribuèrent  à  lui  tracer  sa  voie  et  à 
affermir  son  talent  ;  ses  succès  répétés  aux  expositions  de 
Nevers,  de  Lyon,  Mâcon,  et  Dijon;  son  inépuisable  bien- 
veillance à  prêter  son  concours  à  une  bonne  œuvre  ;  et  enfin 
son  amour  du  terroir,  son  culte  du  pays  natal,  dont  il 
recueillait  les  débris  archéologiques,  dont  il  reproduisait 
par  le  fusain  ou  1q  pinceau  les  vieux  monuments  et  les  sites 
pittoresques,  et  dont  il  conservait  l'histoire  anecdotique 
et  les  légendes  dans  des  articles  d'un  style  irrégulier  mais 
original  et  sincère,  qu'il  a  eu  la  bonne  idée  de  réunir  dans 
un  petit  livre  :  Lettres  aux  Êduens.  Il  en  achevait  à  peine 
l'impression  quand  une  longue  et  cruelle  maladie,  qui 
depuis  longtemps,  malgré  des  apparences  trompeuses, 
minait  sourdement  sa  robuste  constitution,  mit  brutale- 
ment et  prématurément  fin  à  une  carrière,  encore  pleine 
de  promesses  et  de  projets  inaccomplis.  Huet  avait  la  forte 
oharpente,  et  le  sang  généreux  des  vieux  Gaulois,  ses 
ancêtres  ;  la  lutte  qu'il  soutint  contre  un  mal  inexorable 

1.  Notice  biographique  sur  Alexandre  Huet,  par  M.  Joseph  Rérolle;  séance  de 
la  Société  Éduenne  du  4  septembre  1 905,  et  l' Autunois,  numéro  du  1 0  septembre  I90&. 


-  10  — 

fut  longue,  et  vaillamment  supportée,  adoucie  par  les  soins 
.assidus  et  délicats  d'une  compagne  dévouée.  Il  n'avait  que 
cinquante-huit  ans  quand  il  succomba,  suivant  de  près 
dans  la  tombe  notre  regretté  président  Bernard  Renault, 
pour  lequel  il  professait  une  profonde  estime  et  une  sincère 
amitié,  et  dont  il  avait  cherché  à  reproduire  les  traits  dans 
un  médaillon  qui  fut  une  de  ses  dernières  œuvres,  et  figura 
à  l'exposition  provinciale  de  Dijon  en  1904.  Si  l'on  peut 
critiquer  la  ressemblance,  on  ne  peut  qu'applaudir  à  l'in- 
tention, et  nous  conserverons  précieusement  ce  médaillon, 
dernier  don  de  l'auteur  à  notre  musée,  comme  un  double 
souvenir  du  modèle  et  de  l'artiste  ! 

»  Le  6  juin  succombait  également  avant  l'heure,  à  l'âge 
de  quarante-six  ans  seulement,  notre  compatriote  Louis- 
Antoine-M arcel  Douhéret,  né  à  Autun,  le  23  décembre  1 858, 
professeur  de  philosophie  au  lycée  de  Ghaumont  (Haute- 
Marne),  agrégé  de  philosophie,  officier  d'Académie,  etc. 
Ces  titres  honorifiques  ne  sont  pas  faits  pour  surprendre 
ceux  d'entre  nous  qui  ont  pu  connaître  le  jeune  élève  régu- 
lier et  studieux  du  collège  d'Autun,  dont  l'air  sérieux  et 
réfléchi  présageait  les  fortes  études  ultérieures,  et  qui  inau- 
gurait ses  succès  en  remportant  le  prix  d'honneur  décerné 
par  l'Association  des  anciens  élèves  du  collège.  Après  avoir 
terminé  ses  études  au  lycée  Charlemagne,  il  fut  reçu  licencié 
es  lettres  en  1884,  et  professa  la  philosophie  successivement 
aux  collèges  de  Cette,  d'Argentan  et  d'Étampes,  puis  au 
lycée  de  Guéret,  tout  en  préparant  l'agrégation  en  philo* 
sophie  dont  il  obtint  le  titre  en  1887.  Il  passa  au  lycée 
Lamartine  de  Mâcon  (1889),  puis,  cinq  ans  après,  fut  nommé 
à  Montluçon  (1894),  et  enfin  au  lycée  de  Ghaumont  (1901). 

»  Partout,  il  fut  apprécié  et  se  créa  de  nombreux  amis 
attirés  vers  lui  par  le  charme  qui  se  dégageait  de  sa  per- 
sonne, la  bonté  et  le  désintéressement  dont  il  faisait 
preuve.  A  ces  dons  du  cœur,  il  joignait  de  rares  qualités 


—  11  — 

d'esprit  et  captivait  par  sa  parole  simple  et  pénétrante, 
ceux  qui  l'entouraient.  D'une  très  grande  érudition,  il 
discutait  aussi  bien  en  philosophie  qu'en  histoire  naturelle, 
les  deux  sujets  qu'il  affectionnait  le  plus  et  qui,  du  reste, 
se  prêtent  mutuellement  un  concours  profitable.  En  philo- 
sophie, Marcel  Douhéret  a  publié  récemment,  sous  le  titre 
d'Idéologie,  Discours  sur  la  philosophie  première,  Paris, 
F.  Alcan,  1900,  un  ouvrage,  un  peu  abstrait,  mais  très  goûté 
des  savants.  Il  se  préparait,  quand  la  mort  est  venue  le 
surprendre,  à  en  éditer  la  deuxième  partie,  intitulée  : 
Anthropodicée,  où  ses  connaissances  de  naturaliste  devaient 
être  d'un  puissant  secours  au  philosophe.  Il  collaborait,  en 
outre,  à  la  Revue  internationale  de  V Enseignement.  En 
histoire  naturelle,  M.  Douhéret  n'a  rien  écrit  ;  mais  il  en 
avait  étudié  les  différentes  branches,  la  botanique,  surtout 
avec  passion.  Pendant  son  séjour  à  Mâcon,  il  y  suivait 
assidûment  les  séances  et  les  excursions  de  la  Société 
d'histoire  naturelle,  dont  il  avait  été  l'un  des  membres  fon- 
dateurs en  1893,  et  se  faisait  remarquer  par  le  soin  avec 
lequel  il  observait,  et  la  clarté  avec  laquelle  il  exposait  le 
résultat  de  ses  observations.  Très  attaché  à  ses  souvenirs 
d'enfance,  M.  Douhéret  aimait  à  revenir  au  pays  natal,  et 
ne  pouvait  rester  indifférent  ni  à  ses  progrès  matériels  ni  à 
son  développement  intellectuel.  Il  accepta  donc  volontiers, 
le  6  juin  1898,  le  titre  de  membre  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  d'Autun  ;  si  les  exigences  professionnelles  l'en 
tinrent  éloigné,  il  en  applaudissait  les  succès,  et  nous  pou- 
vions espérer,  plus  tard,  lui  voir  tenir  une  place  plus  active 
parmi  nous. 

»  Auguste  Roidot,  plus  connu  sous  le  nom  de  Roidot- 
Erràrd,  n'était  ni  un  philosophe  ni  un  artiste  de  profession  ; 
mais  c'était  un  architecte  de  talent  et  un  véritable  natura- 
liste dont  l'érudition  et  le  goût  donnaient  à  toutes  ses  études 
techniques  ou  scientifiques  une  empreinte  d'art  et  de  phi- 


—  12  — 

losophfe.  Né  à  Autun,  le  10  décembre  1828,  il  s'y  est  éteint 
•  paisiblement,  le  31  août  1905,  après  une  vie  passée  loin  des 
mondanités  bruyantes  et  des  intrigues  ambitieuses,  mais 
tout  entière  vouée  aux  charmes  de  l'intimité  domestique  et 
à  la  culture  de  l'esprit.  Ses  études  commencées  au  petit 
Séminaire  d'Autun  se  sont  achevées  au  Collège  de  notre 
ville,  où  ses  jeunes  amis,  Asselineau  et  A.  Constant,  pas- 
sionnés déjà  pour  les  sciences  naturelles,  l'entraînaient 
avec  eux  à  la  chasse  des  papillons,  de  jour  et  de  nuit,  au 
Glet  et  à  la  lanterne.  Il  s'intéressa  toujours  aux  Lépidop- 
tères, et  en  a  laissé  une  importante  collection,  renfermée 
dans  quarante  boîtes  vitrées,  sans  compter  un  grand  nombre 
d'aquarelles,  merveilleusement  exécutées  par  son  père, 
Roidot-Deléago,  et  continuées  par  lui,  dont  la  plupart  ont 
été  léguées  à  un  de  ses  jeunes  neveux,  mais  dont  quelques 
pages,  conservées  et  gracieusement  données  à  notre 
bibliothèque,  par  M11*  Roidot,  nous  permettent  d'en  appré- 
cier la  valeur.  A.  Roidot  n'était  jamais  passé  par  aucune 
école  d'architecture  ;  son  père,  géomètre  et  architecte  lui- 
même,  fut  son  premier  maître  en  arpentage  et  en  construc- 
tions, comme  en  archéologie  et  en  histoire  naturelle  ;  toute- 
fois le  jeune  Roidot  séjourna  quelque  temps  à  Paris  pour 
y  parfaire  ses  études,  mais  en  dehors  de  tout  enseignement 
officiel.  D'une  intelligence  ouverte,  d'un  esprit  réfléchi,  de 
manières  courtoises,  homme  de  bons  conseils  et  d'une  pro- 
bité à  toute  épreuve,  il  n'eût  tenu  qu'à  lui  d'occuper,  dans 
notre  ville,  une  situation  prépondérante.  Sa  modestie  et  sa 
grande  réserve,  qui  passait  parfois  pour  de  la  sauvagerie, 
le  portèrent  à  rechercher  le  silence,  et  à  se  tenir  à  l'écart 
des  fonctions  publiques,  avec  autant  de  soin  que  d'autres 
en  mettent  à  rechercher  le  bruit  et  à  se  mettre  en  avant. 
Il  se  contentait  de  l'affection  des  siens,  de  la  considération 
de  sa  clientèle  choisie,  et  de  l'estime  des  amis  privilégiés 
auxquels  il  ouvrait  les  trésors  de  son  savoir  et  de  son  cœur. 
Il  ne  pouvait  toutefois  se  dérober  aux  expertises  qu'on  lui 


—  13  - 

confiait,  et  ses  décisions  faisaient  autorité  devant  les  tribu- 
naux. Une  seule  fois,  sollicité  par  ses  amis,  considérant 
comme  un  devoir  de  ne  pas  déserter  la  cause  qu'il  croyait 
la  meilleure,  en  un  jour  de  crise,  il  consentit  à  laisser  ins- 
crire son  nom  sur  une  liste  municipale.  Les  électeurs  ne 
tinrent  pas  compte  de  ses  capacités,  mais  l'échec  lui  fut 
peu  sensible  ;  il  s'en  consola  facilement  en  rentrant  dans  sa 
retraite  et  en  se  remettant  au  travail. 

»  Très  au  courant  des  origines  et  de  l'histoire  d'Autun, 
dont  son  père,  Roidot-Deléage,  avait  dressé  le  plan  antique 
et  reconnu  les  vieux  monuments,  il  s'occupa,  toute  sa  vie, 
à  compléter  l'œuvre  paternelle,  en  surveillant  les  fouilles  et 
les  travaux  publics,  et  une  voix  plus  autorisée  que  la  mienne 
a  rendu  compte  des  services  que  lui  doit  l'archéologie 
locale1.  C'est  ainsi  qu'en  dernier  lieu,  pendant  le  cours 
des  travaux  exécutés  pour  l'adduction  de  la  source  des 
Garniers,  il  avait  reconnu  l'existence  d'une  ancienne  cana- 
lisation romaine,  qui  n'avait  jamais  été  établie  d'une  façon 
bien  certaine.  Il  avait  mis,  pendant  de  longues  années,  ses 
promenades  à  profit  pour  étudier  et  relever  les  tracés  des 
voies  romaines  de  l'Autunois,  et  s'il  n'a  rien  publié  sur  ce 
sujet,  il  a  laissé  des  notes  précieuses,  dont  la  Société 
Éduenne  a  accepté  le  dépôt,  et  qu'elle  saura  utiliser.  Les 
excursions  hebdomadaires  étaient  devenues,  en  effet,  une 
habitude,  presque  une  nécessité  pour  M.  Roidot-Errard  ; 
et  il  les  utilisait,  non  seulement  au  bénéfice  de  l'archéo- 
logie et  de  la  topographie  locales,  qu'il  connaissait  mieux 
que  personne,  mais  au  profit  des  sciences  naturelles,  et 
c'est  ici  qu'il  nous  appartient.  Chaque  dimanche,  la  boîte  de 
botaniste  au  dos  et  le  marteau  du  géologue  à  la  main, 
M.  Roidot  parcourait  les  campagnes  de  l'Autunois  et  du 
Morvan,  et  son  œil  curieux  s'arrêtait  sur  toutes  les  pro- 
ductions de  la  nature,  dont  il  rapportait  au  logis  une  ample 

1 .  Soc.  Éduenne,  séance  du  30  novembre  1 905,  Notice  biographique  sur  M.  Roidot- 
Erràrd,  par  M.  A.  de  Charmasse,  président.  (L'Autunois,  n*  du  10  décembre  1905.) 


—  14  — 

provision  pour  les  études  de  la  semaine.  J'ai  déjà  parlé  de 
sa  collection  de  papillons  ;  il  avait,  en  outre,  réuni  une  col- 
lection d'oeufs  des  oiseaux  du  pays,  renfermés  dans  cinq 
boites  vitrées  et  soigneusement  étiquetés.  Il  avait  entretenu 
avec  soin  et  augmenté  un  herbier  commencé  par  son  père, 
dont  les  découvertes  ont  été  mises  à  profit  par  le  Dr  Carion, 
dans  son  Catalogue  des  planées  vasculaires  du  département 
de  Saône- et- Loire  (1861).  Cet  herbier  contenu  dans  vingt-cinq 
cartons,  comprend  la  totalité  des  plantes  du  pays,  pour  la 
plupart  en  très  beaux  échantillons  et  en  bon  état  de  conser- 
vation. 

»  Bien  que  très  sympathique  aux  œuvres  locales  et 
membre  de  la  Société  Éduenne,  Roidot-Errard  mit  long- 
temps à  nous  apporter  son  concours  désiré  ;  mais  après  sa 
réception,  8  juillet  1900,  notre  Société  ne  compta  pas  de 
membre  plus  assidu;  il  fut  un  de  nos  excursionnistes  les 
plu  s  fidèles,  et  nous  communiquait,  à  chaque  séance,  le 
résultat  de  ses  découvertes  personnelles.  Il  nous  a  donné 
une  série  de  dessins  i  la  plume  et  de  photographies  repré- 
sentant les  arbres  curieux  et  les  promenades  détruites  des 
environs  d'Autun.  Ses  relations  suivies  avec  notre  ancien 
vice-président,  le  capitaine  Lucand,  lui  avaient  fait  contracter 
le  goût  de  la  mycologie  ;  il  avait  fourni  un  notable  contin- 
gent d'espèces  intéressantes  au  Catalogue  raisonné  des 
Champignons  supérieurs  du  département  de  Saône-et-boire> 
et  n'a  jamais  cessé  de  s'en  occuper  activement  et  de  faire 
de  nouvelles  découvertes.  La  minéralogie  lui  était  familière  ; 
sa  connaissance  des  stations  géologiques  ont  été  mises  à 
profit  par  M.  H.  de  Chaignon,  soit  pour  retrouver  les 
anciennes  carrières  des  appareils  romains,  dont  le  crayon 
de  M.  Roidot  a  retracé  les  détails  *,  soit  pour  récolter, 


1.  Rechercha  sur  les  gisements  ou  carrière$  d'où  ont  été  extraits  les  matériaux 
constituant  le  petit  appareil  de  revêtement  dans  lea  constructions  romaines 
d'Autun,  par  M.  H.  de  Chaignon,  avec  une  planche  dessinée  par  M.  Roidot- 
Errard.  (Mémoires  de  la  Société  Éduenne,  nouvelle  série,  XXXIII,  1905,  p.  1-16.) 


—  15  — 

en  compagnie  et  sous  la  direction  de  M.  Roidot,  un  grand 
nombre  de  roches  dont  la  collection  devient  une  des  prin- 
cipales curiosités  de  notre  Musée.  La  générosité  filiale  de 
MUe  Juliette  Roidot  a  enrichi  celui-ci  de  nombreux  échan- 
tillons de  minéraux  rares  ou  de  marbres  antiques  laissés  par 
notre  regretté  collègue.  C'est  même  au  lendemain  d'une 
course  pédestre,  à  Marmagne,  à  la  recherche  d'un  filon  de 
serpentine  et  d'asbeste,  qu'il  s'était  juré  de  retrouver,  que 
cet  alerte  vieillard  de  soixante-dix-sept  ans,  trahi  par  les 
entraînements  d'une  ardeur  restée  jeune,  s'est  alité  pour  ne 
plus  se  relever,  calculant  avec  une  résignation  chrétienne 
et  une  patience  admirable  les  progrès  d'une  maladie  qu'il 
savait  sans  remède,  mais  que  le  dévouement  filial  le  plus 
délicat  lui  rendait  presque  douce.  Nous  devons  conserver 
un  souvenir  tout  particulier  de  cet  excellent  et  doux  collè- 
gue, qui  a  vécu  comme  un  sage  et  est  mort  comme  un  saint, 
de  cet  homme  sensible  et  bon  qui  aimait  tant  la  nature, 
qui  en  écoutait  et  comprenait  les  voix  mystérieuses,  et  qui 
en  présence  des  merveilles  du  monde  végétal  écrivait  dans 
un  élan  de  religieux  enthousiasme  :  «  Ne  frappez  pas 
l'herbe  du  pied  ;  elle  renferme  peut-être  quelque  âme  sen- 
sible qui  demande  à  refleurir!  » 

o  La  même  date  du  31  août  nous  affligeait  d'un  second 
deuil.  Le  comte  Jean-Marie-Claude-Gabriel  d'Orlyé  de 
Saint-Innocent,  décédé  à  Sommant,  dans  sa  soixante- 
unième  année,  était,  avant  tout,  un  horticulteur  distingué. 
L'amour  des  fleurs  était  chez  lui  un  héritage  de  famille. 
Son  père,  le  marquis  de  Saint-Innocent,  avait  entretenu  au 
château  des  Boursons,  des  serres  renommées  où  mûris- 
sait l'Ananas,  où  fleurissaient  les  Azalées  et  les  Orchidées, 
dont  le  parc  de  la  Tête-d'Or,  à  Lyon,  possède  peut-être 
encore  les  derniers  restes.  Plus  modeste  était  l'installation 
des  serres  du  château  de  Sommant,  où  M.  le  comte  Gabriel 
de  Saint-Innocent  a  passé  toute  sa  vie;  mais  les  résultats 


—  16  — 

n'en  étaient  pas  moins  brillants.  La  cour  d'honneur  et  les 
parterres  charmaient,  dès  son  entrée,  le  visiteur  par  la 
variété  et  la  beauté  des  fleurs,  l'éclat  de  leur  coloris,  l'har- 
monie de  leur  disposition.  Le  châtelain,  aux  mœurs  sim- 
ples, à  l'abord  facile  et  affable,  d'une  exquise  urbanité,  se 
plaisait  &  en  faire  les  honneurs,  heureux  des  compliments 
mérités  qui  lui  étaient  adressés,  et  qui  redoublaient  après 
l'inspection  des  serres,  où  les  Bégonias  aux  gigantesques 
corolles,  les  Orchidées  aux  élégantes  et  bizarres  inflores- 
cences, les  Fougères  délicates,  témoignaient,  par  leur 
vigueur  des  soins  assidus  et  éclairés  que  leur  prodiguait 
leur  propriétaire.  Les  résultats  de  son  expérience,  il  aimait 
à  en  faire  profiter  les  autres;  et  c'est  dans  ce  but  que, 
malgré  sa  modestie  et  son  dédain  des  honneurs,  il  accepta, 
comme  un  devoir,  le  titre  de  président  de  la  Société  d'hor- 
ticulture d'Autun  (14  mars  1886),  en  remplacement  de  son 
père,  qui  en  avait  été  le  principal  organisateur,  en  1858, 
et  lui  resta  dévoué  jusqu'à  sa  mort.  Cette  charge,  en 
effet,  ne  fut  pas  pour  lui  un  simple  titre  d'apparat,  mais 
une  fonction  sérieuse.  Il  s'arrachait  à  ses  occupations  favo- 
rites pour  venir  présider  les  séances  de  la  Société  d'hor- 
ticulture, se  mettre  en  rapports  bienveillants  avec  les  plus 
humbles  de  ses  membres,  les  aider  de  ses  conseils,  parfois 
de  ses  subventions,  présentant  de  nouvelles  fleurs  ou  dis- 
tribuant des  graines  rares,  et  sachant,  aux  banquets  annuels, 
devenus  de  vraies  fêtes  de  famille  pour  les  sociétaires, 
trouver  dans  des  allocutions  sans  prétention  les  mots  qui 
stimulent  l'émulation  et  provoquent  l'union.  Il  se  prodi- 
guait aux  expositions  horticoles,  de  plus  en  plus  brillantes, 
et  où  les  raretés  de  ses  serres  s'étalaient  au  premier  rang. 
Il  suffit  de  parcourir  les  Bulletins  de  la  Société  d'horticul- 
ture d'Autun  pour  apprécier  les  services  rendus  par  le 
comte  de  Saint-Innocent,  qui  avait  accepté,  avec  la  bonne 
grâce  dont  il  était  coutumier,  la  proposition  de  faire  éga- 
lement partie  de  notre  Société,  où  la  botanique  est  en 


-  17  — 

honneur,  l'horticulture  n'étant,  en  définitive,  que  la  bota- 
nique appliquée  sous  sa  forme  la  plus  agréable  et  la  plus 
utile.  M.  de  Saint-Innocent  jouissait,  dans  sa  commune,  de 
la  considération  et  de  la  confiance  générales;  ses  conci- 
toyens le  lui  prouvèrent  en  le  maintenant,  pendant  vingt 
ans,  à  la  tête  de  la  municipalité,  et  en  apportant,  en  foule, 
sur  sa  tombe,  les  témoignages  les  moins  équivoques  de 
leurs  regrets  et  de  leur  reconnaissance. 

»  En  dehors  d'Autun,  nous  perdions,  le  6  août,  à  l'âge 
de  trente-un  ans,  Louis-Nicolas  Mazellier,  notaire  à  Issy- 
l'Évéque.  Né  en  1874,  à  Ferrières  (Allier),  il  avait  fait  ses 
études  au  collège  d'Yzeure  et  en  sortit  bachelier  es  sciences. 
Il  entra  presque  aussitôt  comme  clerc  de  notaire  dans  une 
étude  de  Vichy,  et  vint  en  1897  chez  M6  Miney,  notaire  à 
Issy-rÉvêque,  dont  il  acheta  l'étude  quelques  mois  après 
son  arrivée.  Il  était  de  ceux  que  les  occupations  profes- 
sionnelles détournent  de  l'étude  des  sciences  naturelles 
sans  les  en  détacher  complètement  ;  et,  dans  ces  dernières 
années,  il  s'était  intéressé  vivement  à  la  découverte  des 
minéraux  radio-actifs  d'Issy-l'Évêque  et  de  Grury. 

»  Emile  Oustalet,  né  à  Montbéliard,  le  24  août  1844, 
décédé,  le  26  octobre,  à  Saint-Cast  (Gôtes-du-Nord)  était 
membre  correspondant  de  notre  Société,  où  ses  relations 
avec  Bernard  Renault,  assistant  au  Muséum  comme  lui, 
lui  ont  permis  de  nous  rendre  quelques  services.  Il  avait 
promis,  en  effet,  à  son  collègue  de  déterminer  les  oiseaux 
exotiques  de  la  collection  de  Montessus  ;  et  il  a  fourni  à 
M.  Roche  des  renseignements  qui  lui  étaient  demandés  sur 
quelques  ossements  et  plumes  d'oiseaux  fossiles.  E.  Oustalet 
était  entré  comme  aide-naturaliste  au  Muséum  en  1873,  et 
y  acheva  toute  sa  carrière;  nommé  assistant  en  1891,  il 
suppléa  avec  succès  le  professeur  Milne-Edwards,  empêché 
par  la  maladie,  et  fit,  en  outre  (1893-1900),  une  série  de 

S.H.N.  1906.  2 


-  18  - 

«  cours  et  conférences  aux  voyageurs  naturalistes  sur  les 
mammifères  et  les  oiseaux.  »  Ses  publications  étaient 
nombreuses,  ses  titres  scientifiques  des  plus  sérieux;  aussi 
fut-il  appelé  à  remplacer  A.  Milne-Edwards  (20  août  1900), 
dans  la  chaire  de  mammologie  et  d'ornithologie  du  Muséum, 
qu'il  ne  devait  malheureusement  occuper  que  trop  peu  de 
temps.  Il  était  honoré  de  nombreuses  distinctions  :  officier 
d'Académie  0*874),  officier  d'Instruction  publique  (1885), 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  (1889),  lauréat  de  l'Ins- 
titut, etc.  Directeur  de  la  ménagerie  au  Muséum,  il  y  avait 
apporté  une  compétence  égale  et  assez  rare,  aussi  bien  en 
ce  qui  concerne  les  mammifères  que  les  oiseaux.  Ancien 
président  de  la  Société  zoologique  de  France,  sous-direc- 
teur à  l'École  des  Hautes-Études,  membre  du  jury  de 
l'Exposition  universelle,  en  1900,  etc.,  Oustalet  a  tenu  une 
plaoe  importante  dans  la  science  française,  et  l'énuméra- 
tion  de  ses  travaux,  dans  une  «  Notice  »  rédigée  en  vue  de 
sa  candidature  à  la  succession  de  Milne-Edwards  ne  com- 
prend pas  moins  de  78  pages,  grand  in-8\  Ils  se  divisent 
en  monographies  anatomiques  et  zoologiques  de  différents 
groupes  et  observations  biologiques;  en  notes  et  mémoires 
consacrés  à  la  faune  de  différentes  contrées  :  Chine,  Indo- 
Chine,  Thibet,  Papouasie,  îles  Mariannes,  Afrique  occiden- 
tale, orientale  et  australe,  avec  descriptions  d'espèces 
nouvelles  ;  mémoires  et  notes  relatifs  aux  insectes  vivants 
et  fossiles  ;  notice  géologique  ;  et  de  très  nombreux  rapports 
et  articles  répartis  dans  les  publications  périodiques  : 
dictionnaires,  revues,  journaux,  notamment  dans  la  Nature 
où  nous  avons  pu  lire,  à  maintes  reprises,  ses  notices  si 
intéressantes,  notamment  sur  les  oiseaux  exotiques  et  leurs 
mœurs. 

»  Lucikn  Jossier,  décédé  à  Paris  le  14  juillet  1905,  dans 
sa  cinquante-quatrième  année,  nous  avait  été  recruté  par 
son  ami,  notre  excellent  collègue  Jules  Devilerdeau,  à  qui 


-  19  — 

il  exprimait  volontiers  son  estime  pour  notre  Société  et 
l'intérêt  qu'il  prenait  à  la  lecture  de  nos  Bulletins.  Né  à 
Appoigny  (Yonne),  le  19  janvier  1852,  élève  du  collège 
d'Auxerre,  Lucien  Jossier  devint,  comme  marinier,  l'associé 
de  son  père  et  de  ses  frères,  et  par  son  activité  et  son  érudi- 
tion, son  énergie  et  sa  compétence  dans  l'art  nautique,  fit 
faire  de  grands  progrès  à  la  batellerie,  surtout  aux  remor- 
queurs à  hélice  appelés  à  faire  disparaître  sous  peu  les 
toueurs  à  chaîne  noyée.  Malgré  les  conditions  défavorables 
causées  par  les  intempéries,  la  batellerie  lutte  avec  succès 
contre  les  chemins  de  fer,  puisqu'elle  transporte  deux 
milliards  de  tonnes  kilométriques,  ce  qui  fait  le  quart  des 
transports  effectués  annuellement  en  France.  Ce  résultat 
est  dû  surtout  à  MM.  Jossier  père  et  fils,  qui  ont  su  par 
leur  expérience  et  leur  sagacité  fusionner  la  batellerie  et 
créer  une  importante  Compagnie  de  transports  fluviaux  du 
Havre  à  Paris  et  de  Paris  à  Lyon  et  à  Marseille,  sans 
transbordement  de  marchandises,  et  à  un  tarif  inférieur  à 
celui  des  chemins  de  fer1.  Lucien  Jossier  était  administra- 
teur délégué  de  cette  «  Compagnie  générale  de  navigation 
H.-P.-L.-M.  »,  ainsi  que  de  la  compagnie  «  la  Seine.  » 
L'énorme  affluence  qui  se  pressait  à  ses  obsèques  prouve 
la  notoriété  qu'il  possédait  dans  le  monde  des  mariniers  et 
dans  l'industrie  des  transports  par  eau,  et  M.  Robert 
Mitchell,  ancien  député  et  vice-président  de  la  Compagnie 
H.-P.-L.-M.,  a  rappelé  dans  un  discours  ému,  les  éminentes 
qualités  d'intelligence  et  de  travail  de  notre  collègue. 

»  Le  Dr  Guy-Édouard  Loydreau  de  Nbuillt  terminait,  le 
27  novembre,  dans  son  château  de  Neuilly,  commune  de 
Maligny  (Côte-d'Or),  une  longue  existence  de  quatre-vingt- 
cinq  ans,  activement  et  utilement  remplie.  Son  père,  J.-M. 
Loydreau  (1770-1866)  était  un  glorieux  soldat  du  premier 

1.  Voyez  J.  Devilerdeau,  la  Concavité  bourguignonne,  %•  édition»  Paris,  H.  Chau- 
dron (1905),  p.  71. 


-  20  - 

Empire  :  capitaine  à  vingt-trois  ans,  décoré  de  la  main  de 
Napoléon  Ier  en  1815,  il  brisa  son  épée  à  la  chute  de  l'cm- 
pire,  et  se  retira  dans  ses  terres  de  Neuilly,  pour  se  con- 
sacrer à  l'agriculture  et  à  l'administration  de  sa  commune. 
Edouard  Loydreau,  né  à  Arnay-le-Duc,  le  4  avril  1820,  6t 
ses  études  de  médecine  à  Paris  ;  il  les  terminait  au  moment 
de  la  révolution  de  1848,  et  assista,  comme  ohirurgien 
volontaire,  aux  journées  de  juin,  prodiguant  ses  soins  aux 
blessés  des  deux  partis,  car  s'il  considérait  les  défenseurs 
des  barricades  «  oomme  des  malheureux  que  de  fausses 
théories  avaient  poussé  à  s'armer  contre  la  société  »,  il 
proclame  bien  haut  que  «  la  haine  s'arrête  au  seuil  de 
l'hôpital,  et  vaincus  et  vainqueurs,  insurgés  et  défenseurs 
de  Tordre,  étaient  apportés  dans  la  même  salle,  couchés  dans 
des  lits  voisins,  et  recevaient  des  soins  également  éclairés, 
également  zélés  et  bienveillants.  »  Les  faits  dont  il  avait  été 
témoin  lui  inspirèrent  le  sujet  de  sa  thèse  pour  le  Doctorat 
en  médecine,  soutenue  le  1"  mars  1849  :  Des  Blessures  par 
armes  à  feuy  Paris,  imprimerie  Rignoux,  1849,  in-4*,  90  pages. 
La  hantise  de  ce  drame  sanglant,  non  moins  que  les  tra- 
ditions paternelles  dominèrent  toute  la  carrière  administra- 
tive et  politique  du  Dr  Loydreau,  qui  accueillit  l'avènement 
du  second  Empire  avec  enthousiasme,  et  en  resta  le  servi- 
teur Adèle  et  oonvaincu.  Établi  comme  médecin  à  Ohagny, 
ses  talents  et  son  activité  lui  acquirent  une  rapide  noto- 
riété, et  lui  valurent  d'entrer  d'emblée  au  conseil  muni- 
cipal de  la  commune,  dont  il  devint  adjoint  en  1852,  et 
maire,  le  14  juillet  1860;  il  conserva  ces  fonctions  sans 
interruption  jusqu'en  1878.  Marié  i  Mlle  Paquelin,  de  Chas- 
sagne,  il  eut  la  douleur  de  perdre  ses  deux  enfants  en  bas 
âge;  il  s'en  consola  en  consacrant  sa  vie  tout  entière  au 
bien  de  ses  compatriotes,  au  soulagement  des  malheureux, 
et  au  service  de  la  science. 

»  Sous  son  administration  municipale,  le  pays  de  Chagny 
semble    se   réveiller;    d'importantes    améliorations    sont 


—  21  — 

apportées  par  son  esprit  d'initiative,  dans  tous  les  services; 
le  nouveau  maire  fonde  une  compagnie  de  sapeurs-pompiers 
dont  il  est  le  chef;  il  s'attache  surtout  au  développement  de 
l'instruction  publique,  et  prend  très  au  sérieux  son  rôle  de 
délégué  cantonal,  surveillant  la  bonne  tenue  des  classes, 
et  faisant  des  distributions  de  prix  de  véritables  solennités 
qu'avec  sa  belle  prestance  et  sa  tenue  correcte,  il  présidait 
en  rappelant,  dans  d'éloquents  discours,  leurs  devoirs  à  la 
fois  aux  maîtres  et  aux  élèves  *.  Pendant  la  guerre  franco- 
allemande,  il  joua  un  rôle  important  en  raison  de  la  situa- 
tion de  Ghagny,  qui  fut  plusieurs  fois  choisi  comme  centre 
de  défense.  Le  Dr  Loydreau  a,  paraît-il,  consigné  ses  sou- 
venirs de  cette  époque  dans  un  manuscrit,  qu'il  serait  bien 
intéressant  de  retrouver  et  de  publier.  La  chute  de  l'Empire 
l'affecta  beaucoup  ;  il  en  rêva  la  restauration,  et  s'employa, 
de  toute  son  énergie,  à  y  ramener  le  suffrage  populaire  de 
plus  en  plus  réfractaire.  Il  en  fit  l'expérience  à  ses  frais  et 
à  son  détriment.  Élu  au  conseil  général  en  1877,  il  vit  son 
élection  annulée.  A  deux  reprises  différentes,  aux  élections 
législatives  du  20  février  1876  et  du  14  octobre  1877,  il  fut 
battu  par  M.  Daron,  son  concurrent.  Toutefois  le  gouver- 
nement du  maréchal  de  Mac  Mahon,  qu'il  avait  soutenu 
avec  ardeur  l'en  récompensa  en  le  nommant  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur  (1876).  Peu  après,  un  nouvel  échec  au 
oonseil  municipal,  échec  provoqué  par  la  ferveur  de  ses 
convictions  bonapartistes,  mais  qu'il  considéra  comme  un 
déni  de  justice,  lui  fit  abandonner  Chagny,  et  prendre, 
en  1878,  dans  sa  propriété  de  Neuilly,  une  retraite  qui  ne 
devait  être  pour  lui  qu'un  simple  changement  d'occupations. 
La  population  de  Maligny,  qui  gardait  encore  le  souvenir 
de  l'administration  éclairée  et  dévouée  de  son  père,  le  mit 
à  la  tête  de  son  conseil  municipal  le  20  janvier  1883  ;  et  là, 

I.  Distribution  de»  prix  aux  élève*  de»  écoles  communales  dé  Chagny,  par  le 
D*  Loydreau,  délégué  cantonnai  pour  l'instruction  publique,  1865-1866.  Beaune, 
Imp.  Lambert,  1866. 


—  22  — 

comme  à  Chagny,  il  remplit,  jusqu'à  sa  mort,  les  devoirs 
de  sa  oharge  avec  une  droiture,  un  zèle  et  un  dévouement 
qui  lui  valurent  l'estime,  l'amour  et  la  vénération  de  tous. 
»  L'influence  exercée  par  le  Dr  Loydreau  était  en  grande 
partie  due  à  sa  qualité  de  médecin,  et  l'impartial  dévoue- 
ment, dont  il  fit  preuve  au  commencement  de  sa  carrière 
fut  la  règle  de  toute  sa  vie.  Il  fit  mieux  que  de  prêter  le 
serment  d'Hippocrate,  il  le  mit  en  pratique,  prodiguant 
aux  malheureux  et  aux  déshérités  de  la  vie  non  seulement 
les  soins  expérimentés  de  sa  science,  mais  bien  souvent 
l'assistance  d'une  aumône  discrète,  et  surtout  les  encoura- 
gements, qui  donnent  l'espoir,  et  les  consolations,  qui  vont 
au  cœur;  c'est  ce  qu'on  appelle  la  philanthropie  ;  permettez- 
moi  de  lui  appliquer  un  nom  plus  beau  et  plus  vrai  surtout, 
pour  un  homme  de  sincères  convictions  comme  le  Dr  Loy- 
dreau :  la  charité  chrétienne  !  Pendant  l'épidémie  de  cho- 
léra qui  sévit,  à  Chagny,  en  1854,  le  Dr  Loydreau  fit  preuve 
d'un  courage  et  d'un  dévouement,  qui  ne  furent  pas 
moindre  pendant  la  guerre  de  1870,  où  surmené  déjà  par 
ses  fonctions  administratives,  il  trouva  le  temps  et  le  moyen 
d'organiser  les  ambulances,  de  donner  ses  soins  aux 
blessés  qui  encombraient  Chagny,  et  de  combattre  les  épi- 
démies redoutables  qui  menaçaient  la  population.  Il  fut 
pendant  vingt  ans  médecin  de  l'hôpital  de  Chagny,  et 
médecin  de  plusieurs  sociétés  de  secours  mutuels.  A 
Neuilly,  au  lieu  d'un  repos  mérité,  il  reprit  de  plus  belle 
l'exercice  de  son  art,  médecin  consultant  à  Àrnay-le*Duo, 
médecin  des  usines  de  la  Canche  et  médecin  inspecteur 
des  enfants  du  premier  âge,  ne  comptant  ni  avec  les 
fatigues  ni  avec  les  progrès  de  l'âge,  compatissant  à  tous, 
et  trouvant  sa  satisfaction  et  sa  récompense  dans  l'estime 
et  l'affection  générales,  dont,  au  jour  de  ses  funérailles, 
M.  le  Dr  Laffage,  d'Arnay-le-Duc,  et  M.  Coste,  directeur 
des  usines  de  la  Canche,  se  sont  faits  les  interprètes  élo- 
quents et  sincères. 


—  23  — 

»  Il  semblerait  que  des  occupations  si  multipliées  et  si 
astreignantes  aient  suffi  pour  remplir  largement  une  vie 
humaine,  quelle  que  soit  son  endurance  physique  et  son 
activité  intellectuelle.  Le  Dr  Loydreau,  au  contraire,  fit, 
dans  la  sienne,  une  large  place  à  la  science  et  à  l'art,  et  y 
puisa  ses  plus  vives  et  ses  plus  pures  jouissances.  Il  rédigea 
quelques  notes  historiques  d'intérêt  local  qui,  malheu- 
reusement, n'eurent  pas  de  suite.  Il  s'essaya  succes- 
sivement, et  avec  talent,  dans  la  peinture,  la  sculpture 
et  le  modelage  ;  et  le  petit  château  gothique  de  Neuilly, 
dont  il  avait  été  l'architecte,  était  converti  en  un  véritable 
musée,  encombré  de  curiosités  et  d'objets  d'art,  et  où  ses 
propres  œuvres  ne  paraissaient  pas  sans  valeur.  La  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun  a  pu  s'en  convaincre  dans  la 
visite  faite  le  22  septembre  1894,  au  château  de  Neuilly 
(Bull.  Soc.  d'hist.  nat.  d'Autun,  X  (1894),  2,  p.  409),  dont  le 
propriétaire  fit  les  honneurs  avec  tant  de  bonne  grâce  et 
émerveilla  si  bien  ses  visiteurs  par  l'intérêt  de  ses  collec- 
tions, qu'il  fut  prié  d'accepter  le  titre  de  membre  d'honneur 
de  la  Société.  C'est  l'archéologue  et  le  paléontologiste  que 
notre  Société  entendait  récompenser,  et  qu'il  me  reste  à 
vous  faire  connaître. 

»  Les  dépôts  quaternaires  de  Chagny  et  de  la  vallée  de 
la  Dheune  sont  depuis  longtemps  réputés  pour  leur  richesse 
fossilifère.  Dès  1789,  en  creusant  le  lit  du  canal  du  Centre, 
on  trouva  des  dents  fossiles,  qui  furent  soumises  à  l'examen 
de  G.  Cuvier,  reconnues  par  lui  pour  celles  du  Rhinocéros 
tichorhinus,  et  figurées  dans  ses  Recherches  sur  les  ossements 
fossiles  (4ft  édition,  1836,  pi.  44,  Rhinocéros,  pi.  VI,  fig.  6). 
Les  travaux  du  chemin  de  fer  de  Paris  à  Lyon,  en  1845, 
avaient  fourni  un  grand  nombre  de  débris  fossiles  d'ours, 
de  cerf,  de  cheval,  etc.  En  1860,  les  déblais  exécutés  dans 
la  vallée  de  la  Dheune  pour  l'établissement  du  chemin  de 
fer  de  Chagny  à  Nevers  mirent  au  jour  de  nouveaux  gise- 
ments paléontologiques,  qui  furent  recueillis  par  M.  Raoul 


—  24  — 

Tournouêr,  Jules  Martin,  de  Dijon,  Flouest,  procureur  à 
Chalon-sur-Saône,  et  étudiés  par  M.  le  professeur  Lortet, 
de  Lyon,  ainsi  que  les  ossements  retirés  en  grand  nombre 
des  grottes  de  la  montagne  de  Santenay,  en  1865,  par  M. 
Gh.  Meray,  notaire,  Jules  Chevrier  et  Flouest,  de  Chalon.  La 
faune  ancienne  a  été  reconnue  comme  composée  de  Mastodon 
Borsoni,  Elephas  antiquus  et  meridionalis,  Rhinocéros  ticko- 
rhinus,  Orsus  spelxus,  Félix  spel&us  et,  en  outre,  d'ossements 
innombrables  de  cheval,  bœuf,  cerf,  chevreuil,  blaireau, 
lièvre,  rat,  etc.  Le  Dr  Loydreau  ne  pouvait  manquer  de 
s'intéresser  à  ces  découvertes  ;  il  les  reprit  et  les  continua. 
Médecin  des  chantiers  du  chemin  de  fer  de  la  vallée  de  la 
Dheune,  il  explora  les  sablières  exploitées  par  MM.  Gournot 
et  La  marche,  entrepreneurs  des  travaux,  et  en  retira  entre 
autres  de  nombreuses  dents  de  mammouth.  Il  reprit 
l'exploration  des  grottes  à  ossements,  situées  sur  la  mon- 
tagne de  Santenay,  découvertes,  en  cherchant  des  carrières 
de  sable  pour  les  verreries  et  «  qu'on  dirait  de  vastes 
cimetières  conservés  par  la  Providence,  pour  nous  apprendre 
l'histoire  de  ces  générations  éteintes.  »  Dans  des  conférences 
faites  à  Chalon-sur-Saône,  avec  un  grand  succès,  le  Dr  Loy- 
dreau a  raconté  lui-même  la  peine  que  lui  occasionnèrent 
des  travaux  pénibles  de  déblaiement  poursuivis  pendant 
plus  de  deux  mois,  mais  aussi  les  résultats  féconds  en 
découvertes  paléontologiques,  en  particulier  d'une  superbe 
tête  d'ours  des  cavernes,  la  plus  grande  connue,  ne  mesu- 
rant pas  moins  de  53  centimètres  *.  Il  s'était  formé  une  belle 
collection  de  ces  nombreux  fossiles,  reconstituant  lui-même 
avec  habileté  par  des  modelages  en  plâtre  les  fragments 
manquants  ou  endommagés.  Il  a  rendu  compte  également 
de  la  découverte  dans  la  vallée  de  la  Cozanne,  près  de 
Nolay,  par  M.  Rémond,  pharmacien,  d'un  squelette   de 

1.  Conférences  de  l'hôtel  de  ville  de  Chalon-sur-Saône  ;  séances  des  10  et 
17  février  1866,  Élude  de  Paléontologie  locale,  par  le  D'  Loydreau,  Beaune,  imp. 
A.  Lambert,  1866. 


—  25  — 

mammouth,  Elephasprimigenius,  avec  tous  les  détails  géolo- 
giques nécessaires.  * 

»  Ces  recherches  paléontologiques  avaient  préparé  le 
Dr  Loydreau  aux  études  préhistoriques  ;  il  les  poursuivit 
pendant  dix  ans  sur  ce  plateau  de  Chassey,  plus  connu 
sous  le  nom  de  «  Camp  de  Chassey  »  où  tant  de  généra- 
tions successives  depuis  les  temps  néolithiques  jusqu'à 
l'époque  mérovingienne  ont  laissé  les  traces  de  leurs  séjours. 
La  station  de  Chassey  avait  été  reconnue,  et  son  importance 
pressentie,  dès  1864,  par  M.  Flouest,  procureur  à  Chalon- 
sur-Saône,  qui  avait  publié,  en  1869,  une  notice  sur  ses 
premières  fouilles  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'his- 
toire et  d'archéologie  de  Chalon-sur-Saône 2.  Il  encouragea 
le  Dr  Loydreau  à  les  continuer,  et  celui-ci  avec  l'ardeur 
qu'il  apportait  en  toutes  choses,  se  mit  à  l'œuvre  en  1869, 
faisant  remuer  en  tout  sens,  et  jusqu'au  roc  primitif  le  sol 
du  plateau,  dirigeant  les  ouvriers,  couchant  lui-même 
dans  un  abri  sous-roche  converti  en  chambre  sommaire, 
et  exhumant  de  cette  terre,  comme  d'un  trésor  inépuisable, 
des  milliers  d'objets  antiques  :  ossements  et  bois  de  cerf 
travaillés,  instruments  et  pointes  de  flèche  en  silex  ou  en 
cristal  de  roche,  hachettes  en  pierre  polie,  poteries  primi- 
tives, médailles  des  haut  et  bas  empires,  etc.  Bon  nombre 
d'entre  nous  ont  pu  admirer  ces  collections  hors  ligne, 
aussi  bien  par  le  nombre  que  par  la  valeur  des  objets,  soit 
dans  l'exposition  qui  en  fut  faite  en  1876,  à  Autun  même, 
au  moment  de  la  42*  session  du  Congrès  scientifique  des 
provinces  de  France,  dans  une  salle  de  l'ancien  petit  sémi- 
naire et  qui  ne  comptait  pas  moins  de  4,504  pièces  choisies 3, 
soit  pendant  la  visite  que  la  Société  d'histoire  naturelle  fit 


1.  Ibid.  p.  73,  1"  juillet  1866. 

2.  Notice  archéologique  êur  le  camp  de  Chauey  (Seône-et-Loire),  par  M.  Ed. 
Flouest,  dans  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Chalon-sur- 
Saône,  V,  2«  partie,  1869,  p.  237-337  et  9  pi.  lithog. 

3.  Congrès  scientifique  de  France,  42*  session  tenue  à  Autun  du  4  au  13  septembre 
1876,  I,  p.  185,  collection  du  Dr  Loydreau. 


—  26  — 

au  château  de  Neuilly1.  a  Pionnier  ardent  des  sciences 
préhistoriques,  »  le  I)r  Loydreau  avait  beaucoup  cherché, 
beaucoup  trouvé  ;  mais  il  sentait  qu'une  œuvre  n'avait  toute 
sa  valeur  qu'autant  qu'elle  serait  exposée,  expliquée  et 
publiée  «  dans  un  livre  à  venir  qui  n'existe  encore,  disait-il, 
que  dans  mes  notes  et  dans  mes  souvenirs.  »  «  Mais,  comme 

la  fourmi  économe ,  j'entasse  des  richesses  précieuses, 

des  matériaux,  pour  occuper  mes  loisirs  quand  aura  sonné 

l'heure  prochaine  de  la  retraite;  c'est  alors que  je  ferai 

la  monographie  complète  de  la  station  de  Chassey2.  » 
Malheureusement  le  livre  promis  ne  fut  jamais  écrit.  A 
Neuilly  pas  plus  qu'à  Chagny,  pendant  sa  prétendue 
retraite  pas  plus  qu'en  pleine  activité  juvénile,  cet  homme 
d'action  ne  put  trouver  les  loisirs  nécessaires.  «  Les  exi- 
gences de  ma  profession,  et  les  soins  que  je  donne  à  l'admi- 
nistration de  la  commune  dont  les  intérêts  me  sont  confiés 
ne  me  laissent  pas  le  temps  d'être  assis  pendant  deux  heures 
pour  écrire.  »  Cette  lacune  est  d'autant  plus  regrettable 
que  le  seul  chapitre  écrit  par  le  Dr  Loydreau  :  Ce  que  les 
premiers  habitants  du  plateau  de  Chassey  faisaient  avec  un 
bois  de  cerf*  nous  permet  d'apprécier  avec  quelle  compé- 
tence de  savant  et  quel  éclat  de  style  l'ouvrage  eût  été 
composé.  Il  l'avait  conçu  grandiose,  et,  avec  un  talent 
d'artiste  photographe  consommé,  il  avait  exécuté  les  nom- 
breuses planches  destinées  à  l'illustrer.  Notre  bibliothèque 
possède  une  trentaine  de  ces  épreuves  photographiques  repré- 
sentant quatre  cents  objets  divers,  la  plupart  de  grandeur 
naturelle.  Nous  les  avons  fait  relier  en  album  et  nous  les 
conserverons  précieusement.  Nous  avons  appris  avec  joie 
que  ces  collections,  si  intéressantes  pour  notre  pays,  ne 
seront  pas  aliénées,  et  que  la  Société  Éduenne  va  être 


1.  Bail.  Soc.  hlst.  nat.  Autan,  XI  (1874),  2,  p.  409. 

2.  Congrès  scientifique  de  France,  42*  session,  à  Autun,  It  (1878),  Fouillée  du 
camp  dé  Chataey,  par  le  Dr  Loydreau,  p.  451-474. 

3.  Ibld. 


—  27  — 

appelée  à  les  recueillir  et  à  les  conserver  dans  une  salle 
spéciale.  Nous  nous  en  réjouissons  pour  elle  et  pour  nous, 
qui  pourrons  les  étudier  i  l'hôtel  Rolin,  et  nous  garderons 
la  mémoire  d'un  homme  de  bien  et  d'un  homme  de  savoir, 
que  de  nombreuses  sociétés  ont  tenu  i  s'attacher  :  8ociété 
d'histoire  et  d'archéologie  de  Chalon-sur-Saône,  Académie 
de  Mâcon,  Société  archéologique  de  Beau  ne,  Société 
Éduenne,  etc.,  et  que  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun 
s'honore  d'avoir  oompté  parmi  ses  membres. 

»  Louis- Antoine  Tacnet,  décédé  à  Santenay  le  29  novem- 
bre, à  Page  de  soixante-dix-huit  ans,  était  né  à  la  Grande- 
Verrière,  le  7  juin  1828.  Il  avait  suivi  les  classes  du  collège 
d'Autun,  et  fit  partie,  plus  tard,  de  l'Association  des  anciens 
élèves.  Il  avait  commencé  ses  études  de  médecine  ;  mais  la 
mort  de  son  père  l'ayant  mis  dans  l'impossibilité  de  les 
continuer,  il  travailla,  pendant  quelque  temps,  i  la  recette 
de  l'Enregistrement  i  Autun;  mais  peu  après  il  retourna 
à  Paris,  entra  comme  employé  dans  la  maison  Vilmorin- 
Andrieux  et  C*,  et  y  resta  pendant  près  de  quarante 
ans,  de  1855  i  1894.  En  mime  temps  qu'il  dirigeait 
un  service  dépendant  de  la  comptabilité,  avec  plus  de 
quarante-cinq  employés  sous  ses  ordres,  il  s'occupait 
de  la  confection  des  catalogues  et  de  leurs  illustrations, 
que  leur  perfectionnement  incessant  et  leur  exécution 
artistique  ont  depuis  longtemps  classés  hors  de  pair  ;  très 
attaché  à  la  maison,  il  était  payé  de  retour,  et  par  ses 
subordonnés,  qui  ont  unanimement  regretté  son  départ,  et 
par  ses  directeurs  qui,  pour  montrer  le  cas  qu'ils  faisaient 
de  son  savoir  et  le  récompenser  des  services  rendus, 
l'avaient  intéressé  i  leurs  affaires.  Il  y  avait  gagné  une 
honnête  aisance  et,  i  sa  retraite,  s'était  fixé  i  Santenay, 
où,  depuis  longtemps,  il  venait  faire  des  cures  de  raisin. 
Il  y  avait  de  nombreux  amis,  et  y  était  très  populaire;  il  a 
tenu,  par  différents  legs,  i  laisser  des  témoignages  de 


—  28  — 

sa  sympathie  aux  diverses  sociétés  locales,  qu'à  la  mode 
antique  il  avait  invité  à  célébrer  ses  funérailles,  en  se 
réunissant  dans  un  banquet  somptuaire.  A  l'occasion  de 
deux  excursions  différentes  (18  août  1895  et  27  mai  1900), 
notre  aimable  compatriote  nous  avait  offert,  au  passage, 
une  cordiale  hospitalité.  Il  avait  toujours  porté  le  plus 
grand  intérêt  à  notre  Société;  c'est  à  lui  que  nous  devons 
la  collection  de  graines  qui  garnit  les  tablettes  de  notre 
Musée;  c'est  à  lui  que  nous  devons  les  publications  illus- 
trées de  la  maison  Vilmorin- Andrieux  ;  c'est  à  lui  que  nous 
avons  dû  de  compter  M.  Henri  de  Vilmorin  parmi  nos 
membres.  Il  a,  en  outre,  écrit  pour  nos  bulletins,  une  inté- 
ressante Étude  sur  les  blés  et  leur  culture  (Bull.  Soc.  hist.  nat. 
d'Autun,  I  (1888),  pp.  200-231).  Nous  devons  donc  conserver 
le  souvenir  reconnaissant  de  ce  dévoué  collaborateur. 

»  Ce  long  nécrologe  se  clôt  sur  le  nom  de  Maurice  Chau- 
vin, décédé  le  18  décembre,  dans  sa  trente-deuxième 
année,  à  Fontevrault  (Maine-et-Loire).  Ingénieur  des  arts 
et  manufactures,  M.  Chauvin  était  venu  à  la  Comaille, 
près  Autun,  pour  diriger  les  usines  de  schiste  de  MM.  Ron- 
deleux  et  C1*.  Mais  la  crise  commerciale  qui  a  ruiné,  chez 
nous,  l'industrie  des  huiles  minérales,  ayant  entraîné  la 
fermeture  de  ces  usines,  M.  Chauvin  quitta  le  pays,  où  ses 
aptitudes  et  son  caractère  avaient  été  appréciés,  et  fut 
appelé  à  la  direction  des  mines  et  usines  de  Peyrebrune 
(Aveyron).  Les  amitiés  qu'il  avait  contractées  à  Autun  lui 
en  rendaient  le  souvenir  précieux,  et  il  avait  tenu,  malgré 
l'éloignement,  à  rester  membre  de  notre  Société,  à  qui 
cette  mort  prématurée  et  en  pleine  jeunesse  sera  particu- 
lièrement sensible. 

»  Les  vides  causés  par  la  mort,  ou  par  quelques  démis- 
sions, heureusement  fort  peu  nombreuses,  ont  été  remplis 


—  29  — 

par  l'admission  de  nouveaux  sociétaires,  et  au  31  décembre 
1905,  le  total  de  nos  membres  se  maintenait  au  chiffre  de 
cinq  cent  quatre-vingt-douze,  à  savoir  quarante-cinq  mem- 
bres d'honneur  ou  bienfaiteurs,  trente  membres  à  vie, 
quatre  cent  soixante-huit  membres  titulaires  et  quarante- 
neuf  correspondants.  Ces  chiffres  ont  leur  éloquence,  et 
prouvent  parle  recensement  régulier  de  notre  Société,  l'in- 
térêt qu'elle  inspire,  la  notoriété  qu'elle  a  acquise,  et  que  jus- 
tifient les  distinctions  obtenues  parla  Société  elle-même  et 
par  quelques-uns  de  ses  membres.  Le  comité  des  travaux 
scientifiques,  sur  le  rapport  de  M.  le  professeur  Vaillant,  et 
en  considération  de  l'importance  exceptionnelle  de  nos  Bulle- 
tins, nous  a  obtenu  une  subvention  de  800  francs  du  minis- 
tère de  l'Instruction  publique.  Notre  dernier  Bulletin  égale 
au  moins  le  précédent  pour  la  valeur  des  mémoires  et  com- 
munications, et  le  nombre  des  planches,  et  nous  espérons 
que  le  ministère  persistera  de  même  à  seconder  nos  efforts 
en  nous  continuant  une  égale  allocation.  M.  le  professeur 
Marcellin  Boule,  l'un  de  nos  membres  d'honneur,  a  obtenu 
à  l'Académie  des  sciences  (séance  publique  annuelle  du 
18  décembre  1905),  le  prix  Alhumbert,  prix  de  géologie, 
pour  ses  savantes  études  sur  les  Dernières  Éruptions  volca- 
niques de  la  France  centrale.  L'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  a  décerné  à  M.  J.  Déchelette,  au  concours 
des  antiquités  nationales,  une  médaille  de  première  classe 
pour  ses  ouvrages  particulièrement  intéressants  pour 
l'archéologie  autunoise  :  les  Fouilles  du  mont  Beuvray  et  les 
Vases  céramiques  ornés  de  la  Gaule  romaine.  A  l'occasion  du 
Congrès  des  sociétés  savantes  à  Alger,  notre  collègue, 
M.  Marchai,  secrétaire  de  la  section  du  Creusot,  a  enfin 
obtenu  les  palmes  académiques  qu'il  méritait  depuis  si 
longtemps.  La  même  distinction  a  été  accordée  à  M.  le 
Dr  Victor  Oillot,  chef  de  clinique  médicale  à  Alger,  à 
M.  Ernest  André,  secrétaire  de  la  Société  d'histoire  natu- 
relle de  Mâcon,  entomologiste  bien  connu  (5  mars  1905), 


—  30  — 

à  M.  Bonny,  vice-président  de  la  chambre  de  commerce  de 
Chalon-sur-Saône,  industriel  à  Saint-Léger-sur-Dheune 
(21  août  1905),  et  tout  récemment  (30  janvier  1906)  à  un 
autre  de  nos  collègues,  M.  Guillemaut,  receveur  des 
finances  à  Autun,  pour  ses  longs  travaux  administratifs. 
A  la  même  date,  notre  compatriote  M.  Gaston  Abord,  pro- 
cureur de  la  République  à  Toulon  (Var),  recevait  la  rosette 
d'officier  d'Instruction  publique.  La  Société,  fi  ère  des  hon- 
neurs rendus  à  ses  membres,  est  heureuse  de  leur  renou- 
veler ses  félicitations.  Dans  sa  séance  du  29  novembre 
1905,  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de 
Dijon  décernait  à  votre  président  le  titre  de  membre  cor- 
respondant, et,  le  7  décembre,  l'assemblée  des  professeurs 
le  nommait,  à  l'unanimité,  correspondant  du  Muséum 
d'histoire  naturelle  de  Paris,  récompensant  ainsi  les  ser- 
vices rendus  à  notre  grand  établissement  national,  non  par 
la  personne  du  titulaire,  mais  par  la  Société  tout  entière 
qu'il  représente  ! 

»  Vous  pouvez  du  reste,  Messieurs,  vous  rendre  cette 
justice,  en  toute  sincérité  ;  c'est  grâce  à  votre  appui  per- 
sévérant, à  votre  émulation  scientifique,  à  votre  active  colla- 
boration, que  notre  Société  doit  ses  succès  et  la  réputation 
de  ses  Bulletins.  Le  XVIIIe  qui  vous  est  distribué  aujour- 
d'hui, vous  sera  particulièrement  précieux  par  la  Biographie 
de  Bernard  Renault,  dont  la  sympathique  figure  nous  sourit 
à  la  première  page  du  volume,  et  dont  la  vie  a  été  si  bien 
retracée  par  la  plume  amie  de  M.  Roche.  Suivent  la  Mono- 
graphie du  genre  Peuplier,  par  M.  A.  Dode,  et  le  Catalogue 
des  Zoocécidies  du  département  de  Saône-et- Loire,  par  MM.  Ch. 
Marchai  et  E.  Château,  qui  sera  le  point  de  départ  de  nou- 
velles recherches  pour  les  adeptes  de  cette  science  nou- 
velle, intéressant  à  la  fois  les  botanistes  et  les  entomolo- 
gistes. Les  mémoires  de  M.  le  Dr  Diard  (du  Creusot),  sur 
la  Tératologie  humaine  et  animale,  et  de  M.  F.  de  Montessus 
de  Ballore,  sur  les  Relations  des  tremblements  de  terre  avec 


—  31  — 

la  géologie  et  la  tectonique  du  sol  de  la  France,  sont,  comme 
les  précédents,  illustrés  de  planches  et  de  cartes,  dont  le 
nombre  total  est  de  vingt-quatre,  en  y  comprenant  les 
planches  de  la  deuxième  partie  des  comptes  rendus  des 
séances,  où,  parmi  les  articles  d'actualité  les  plus  variés, 
nous  citerons  l'exploitation  des  minerais  radioactifs  en 
Saône-et-Loire,  le  voyage  de  M.  de  Chaignon  au  pays  des 
Gommiers,  en  Tunisie,  les  notes  météorologiques  de 
M.  Camusat,  etc. 

»  Tel  est  le  concours  de  nos  collaborateurs  et  l'abon- 
dance des  matériaux  qu'à  peine  un  volume  de  Bulletin  ter- 
miné, il  faut  commencer  l'autre.  Le  XIX9  Bulletin  com- 
prendra une  Notice  biographique  sur  M.  A.  Roche,  Y  Étude 
des  Passereaux  trachéophones  de  l'Amérique  tropicale,  par 
M.  Menegaux,  du  Muséum,  un  Mémoire  important  sur  la 
Défense  contre  la  grêle,  par  M.  Camusat,  la  suite  du  Catalogue 
des  Coléoptères  du  département  de  Saône-et-Loire,  par  MM.  Fau- 
connet  et  Viturat,  et  enfin  la  Florule  raisonnée  du  Brion- 
nais,  par  MM.  Ormazzano  et  Château,  qui  annoncée  depuis 
deux  ans  n'aura  rien  perdu  à  attendre,  par  suite  des  décou- 
vertes et  observations  qui,  chaque  année,  ont  permis  aux 
auteurs  de  la  compléter. 

»  Le  mouvement  du  Musée  et  de  la  Bibliothèque  est  en 
progrès  constant,  je  dirais  presque  inquiétant,  à  cause  de 
l'encombrement  de  nos  vitrines  et  de  nos  armoires.  Les 
dons  considérables  des  collections  ichthyologiques  et  ento- 
mologiques  de  M.  Maurice  de  Laplanche,  des  minéraux 
rapportés  de  Sardaigne  par  M.  H.  de  Chaignon,  des  biblio- 
thèques de  MM.  M.  de  Laplanche  et  Ch.  Naudin,  etc.,  ont 
considérablement  accru  nos  richesses,  et  justifient  de  plus 
en  plus  la  nécessité  d'un  local  plus  convenable  et  plus  spa- 
cieux. Je  connais,  d'autre  part,  plusieurs  donateurs  bien 
intentionnés,  qui  n'attendent  pour  nous  léguer  des  collec- 
tions spéciales  ou  des  livres  rares  que  la  certitude  de  les 
voir  logés  et  conservés  dans  le  futur  Musée,  dont  le  sort 


—  32  — 

est  entre  vos  mains  et  pour  l'édification  duquel  je  ferai,  en 
terminant  comme  en  commençant,  appel  au  concours  et  à 
la  générosité  de  tous  les  amis  des  sciences  naturelles!  » 

Dons. 

La  veuve  de  notre  savant  compatriote  Charles  Naudin, 
membre  de  l'Institut,  né  à  Autun,  le  14  août  1815,  mort  à 
Antibes,  le  19  mars  1899,  dont  Bernard  Renault  nous  a 
retracé  la  vie1,  partageant  l'intérêt  que  son  mari  avait  tou- 
jours porté  à  sa  ville  natale  et,  en  particulier,  à  notre 
Société  d'histoire  naturelle,  a  voulu,  d'accord  avec  son  fils, 
nous  en  laisser  une  nouvelle  preuve,  en  nous  envoyant  : 

1°  Les  insignes  de  membre  de  l'Institut  portés  par 
M.  Naudin. 

2°  Les  décorations,  médailles  et  diplômes  dont  il  avait  été 
honoré  au  cours  de  sa  longue  carrière,  et  en  récompense 
de  ses  travaux. 2 

3°  Une  série  de  plaquettes  ou  médailles  commémora- 
tives,  rappelant  des  cérémonies  scientifiques  ou  les  portraits 
de  savants  connus,  ses  collègues  de  l'Institut  ou  du  Muséum, 
tels  que  Pasteur,  Chevreul,  Milne-Edwards,  etc. 

4°  Un  lot  de  quatre-vingts  volumes  ou  brochures,  de  la 
bibliothèque  de  M.  Naudin,  ayant  trait  à  l'histoire  natu- 
relle, en  particulier  à  la  botanique. 3 

1.  Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Autan,  XII,  (1899),  2,  p.  114  et  suiv. 

2.  Croix  de  chevalier  de  l'Ordre  impérial  de  la  Légion  d'honneur  (tw  mars  1866). 

—  Croix  de  commandeur  de  l'Ordre  impérial  de  la  Rose  du  Brésil  (10  décembre  1888). 

—  Croix  de  l'Ordre  royal  du  Sauveur,  de  Grèce  (13  avril  1890).  —  Croix  de  com- 
mandeur de  l'Ordre  royal  de  l'Étoile  d'Anjouan  (1er  janvier  1695).  —  Deux 
médailles  de  bronze  des  Expositions  universelles  de  Paris  de  1855  et  1867.  — 
Une  médaille  d'argent,  grand  module  de  la  Société  d'horticulture  de  France,  1857. 

—  Une  médaille  de  vermeil,  grand  module,  de  la  même  Société,  1860.  —  Une 
médaille  d'or  de  la  même  Société,  1888.  —  Une  médaille  en  argent  grand  module 
de  la  Société  d'horticulture  de  Londres,  1897.  -—  Diplôme  de  bachelier  es  lettres 
(27  août  1836);  de  bachelier  es  sciences  (10  août  1838);  de  licencié  es  sciences 
(11  mars  1841);  de  docteur  es  sciences  (18  août  1842).  —  Celui  de  docteur  en  phi- 
losophie de  l'Université  de  Halle  (Allemagne),  3  janvier  1886.  —  Enfin  ceux  de 
membre  correspondant  de  diverses  sociétés  savantes,  françaises  et  étrangères. 

3.  Quelques   autres  volumes   de    philosophie  ou  de  mathématiques  ont  été, 
suivant  le  désir  de  M"*  Naudin,  remis,  en  son  nom  à  la  bibliothèque  de  la  ville. 


—  33  — 

La  Société  tout  entière  s'associera  aux  sentiments  de 
profonde  et  respectueuse  gratitude  que  son  président  s'est 
empressé  d'exprimer  à  MŒ*  Naudin,  aussitôt  après  la 
réception  de  ces  objets  ;  et  il  vous  propose  de  donner  par 
acclamation  à  Mm#  Naudin  la  seule  récompense  que  nous 
puissions  lui  offrir  en  échange,  c'est  de  l'inscrire  parmi  les 
membres  bienfaiteurs  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun. 

Cette  proposition  est  ratifiée  avec  empressement. 

Publications  de  Ch.  Naudin  : 

Gh.  Naudin  et  F.  von  Mûller,  Manuel  de  VAcclimateur,  ou 
choix  déplantes,  recommandées  pour  l'agriculture,  V industrie 
et  la,  mèdecine%  et  adoptées  aux  divers  climats  de  lEurope  et 
des  pays  tropicaux,  1867,  in-8\ 

Ch.  Naudin  et  J.  Decaisne,  Manuel  de  l'Amateur  des  jardins. 
Traité  général  d'agriculture,  4  vol.  in-8\ 

Ch.  Naudin,  On  hybridism  considered  as  a  cause  of  varia* 
bility  of  vege table,  etc.,  dans  The  Journal  ofthe  royal  horti- 
cultural  society  of  London,  I,  1865,  broch.  in-8*.  —  Mêlas* 
tomacearum  quae  in  museo  Parisiensi  continentur  monogra- 
phies descriptionis  et  secundum  affinitates  distributionis 
tentamen,  1849-1853,  in-8\  —  Fructification  du  Jubœa  spec- 
tabilis  en  France  (extr.  de  la  Revue  des  se.  natur.  appliquée, 
1894),  broch.  in-8#.  —  Description  et  Emploi  des  Eucalyptus 
introduits  en  Europe,  principalement  en  France  et  en  Algérie, 
1891,  broch.  in-8\ —  Les  Espèces  affines  et  la  Théorie  de  Vévo* 
lut  ion,  1875,  broch.  in-8*.  —  Les  Pittosporum.  Étude  bote- 
nique  et  horticole,  1899,  broch.  in-8*.  —  Nouvelles  Recherches 
sur  Vhybridité  dans  les  végétaux,  1861»  ln-4*  avec  pi.  col.  — 
Quelques  Remarques  au  sujet  des  Plaqueminiers  (Diospyros) 
cultivés  A  Tatr  libre  dans  les  jardins  de  VEuroj)e,  ln-4\  1879, 
avec  pi.  (Extr.  des  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  29  série, 
1879.) 

Dr  Philibert  Naudin,  Analyse  des  eaux  minérales  d'Orczza, 
(Corse),  et  de  leurs  effets  thérapeutiques,  thèse  de  Montpellier, 
1852,  irMV 

s.h.n.  tsoe.  3 


—  34  — 

Botanique  générale  : 

E.  Le  Maout  et  J.  Decaisne,  Traité  général  de  botanique 
descriptive  et  analytique,  1868,  in-4*. 

J.  Sache,  Traité  de  botanique,  traduit  par  Van  Tieghem, 
1874,  in-8°. 

P.  Duchartre,  Éléments  de  botanique,  comprenant  fana- 
tomie,  Uorganographie,  la  physiologie  des  plantes,  les  familles 
naturelles  et  la  géographie  botanique,  3*  édition,  1885,  in-8*. 

G.  Bonnier,  Recherches  sur  Vanatomie  expérimentale  des 
végétaux,  1895,  in-8°,  avec  planches. 

E.-A.  Carrière,  Considérations  générales  sur  l'espèce,  1861, 
brochure  in-8*.  —  Production  et  Fixation  des  variétés  dans  les 
végétaux,  brochure  grand  in-8°. 

J.  Moyen,  les  Champignons.  Traité  élémentaire  et  pratique 
de  mycologie,  in -8°,  avec  20  planches  coloriées. 

C*  de  Saporta,  le  Monde  des  plantes  avant  Vapparition  de 
Vhomme,  1879,  in-8". 

W.  Miller,  Dictionary  of  english  names  of  Plants,  1884, 
grand  in -8°. 

L.-H.  Bailey,  Plant-Breeding,  being  five  lectures  upon  the 
amélioration  of  domestic  plants,  1895,  in-8*. 

Arthur  Gris,  Recherches  anatomiques  et  physiologiques  sur 
la  germination,  1864,  in-8°. 

B.  Verlot,  Sur  la  production  et  la  fixation  des  variétés  dans 
les  plantes  d'ornement,  1865,  in -8°.  —  Le  Guide  du  botaniste 
herborisant,  1865,  in-12. 

Dr  F.  Franceschi,  San  te- Barbara  exotic  flora,  1895. 

B.  Seeman,  On  Hamburia,  a  cucurbitaceous  genus  from 
Mexico  (ext.  d'Anna /s  and  Magazine  of  natural  history),  1862, 
brochure  in-89. 

Abbé  Pons,  Observations  sur  les  Anémones  de  Grasse  et  des 
environs  (ext.  du  Bull.  Soc.  bot.  de  France,  XXX  (1883),  sess. 
extr.  à  Antibes,  p.  lxxvi). 

Sciences  naturelles  : 
Oh.  Darwin,  De  la  variation  des  animaux  et  des  plantes 
sous  l'action  de  la  domestication,  traduit  par  J.  Moulinié,  1868, 
î  vol.  in-8°.  —  Les  Mouvements  et  les  Habitudes  des  plantes 


—  35  - 

grimpantes,  traduit  par  le  D'  R.  Gordon,  1877,  in-fi*.  —  The 
différent  formes  of  flowers  on  plants  of  the  same  species,  1877, 
in-8*. 

John  Bal!,  Notes  of  a  naturalist  in  South  America,  1877, 
in-8*. 

Ch.  Robin,  Anatomie  microscopique  des  tissus  et  des  sécré» 
lions  (Anatomie  et  physiologie  comparée),  1869,  in-8V  —  Ana- 
tomie et  Physiologie  cellulaires,  1873,  in-8°. 

Burmeister,  Histoire  de  la  création,  Exposé  scientifique  des 
phases  du  développement  du  globe  terrestre  et  de  ses  habitants, 
traduit  par  E.  Maupaat  1870,  ln-8\ 

H.  Joly,  Psychologie  comparée;  VHomme  et  l'Animal,  1877, 
in-8». 

P.  Magy,  De  la  science  et  delà  nature;  Essai  de  philosophie 
première,  1865,  in-8#. 

H.  de  Valroger,  (a  Genèse  des  espèces;  Études  philosophiques 
et  religieuses  sur  l'histoire  naturelle  et  les  naturalistes  con* 
temporains,  1873,  fn-18. 

B.  Faivre,  la  Variabilité  des  espèces  et  ses  Limites,  1868,  in*18. 

E.  de  Hartmann ,  (e  Darwinisme;  Ce  qu'il  y  a  de  vrai  et  de  faux 
dans  cette  théorie,  traduit  par  G.  Guéroult,  1877,  in-18. 

A.  Leoomte,  le  Darwinisme  et  l'Origine  de  l'homme,  1873, 
in-18. 

A.  de  Quatrefagee,  Physiologie  comparée.  Métamorphoses 
de  Vhomme  et  des  animaux. 

Th.  Ribot,  l'Hérédité.  Étude  sur  ses  phénomènes,  ses  lois, 
ses  causes,  ses  conséquences,  1873,  ln-8*. 

P.  Papillon,  (a  Nature  et  la  Vie;  faits  et  doctrines,  1874,  in*8*. 

M.  Berthelot,  Science  et  Morale,  1897,  In8#. 

E.  Chauffard,  (a  Vie.  Étude  et  Problèmes  de  biologie  géné- 
rale, 1878, in-8V 

E.  Boutroux,  De  la  contingence  des  lois  de  la  Nature,  1874, 
in-8V 

Henri  Philibert,  Du  principe  de  la  vie  suivant  Aristote,  1865, 
in-8*. 

R.  P.  Armand  David,  Journal  d'un  voyage  en  Mongolie,  fait 
en  1886,  in-4#  avec  cartes. 


-  36  — 

Horticulture  : 

Vilmorin- Andrieux,  tes  Plantes  de  grande  culture,  grand  in-8°. 
—  les  Plantes  potagères,  1883,  grand  in-8\ 

A.  Pai lieux  et  D.  Bois,  le  Potager  d'un  curieux,  Histoire, 
Culture  et  Usage  de  deux  cents  plantes  comestibles  peu  connues 
ou  inconnues,  2*  édition,  1892,  in-8°. 

F.  Debray,  Guide  pour  l'emploi  des  engrais,  1893,  brochure 
in-8°. 

C.  Farrenc  et  J.  Grec,  Une  Maladie  des  œillets,  brochure  in-8°. 

Ed.  Prillieux,  Maladies  des  plantes  agricoles  et  des  arbres 
fruitiers  et  forestiers  causées  par  des  parasites  végétaux,  1897, 
2  vol.  in-8#. 

A.  Berne,  Manuel  d'arboriculture  fruitière,  1898,  in-8°. 

A.  Carré,  Taille  de  la  vigne  (système  de  Royat),  avec  un 
Manuel  pratique  complet  pour  l'installation  des  fils  de  fer,  1898. 

R.  P.  A.  Sebire,  les  Plantes  utiles  du  Sénégal,  Plantes  indi- 
gènes, Plantes  exotiques,  1899,  in-8°. 

Aimé  Girard,  Amélioration  de  la  culture  de  la  pomme  de 
terre  industrielle  et  fourragère  (Instructions  pratiques),  1893, 
brochure  in-8°. 

G.  Foëx,  Manuel  pratique  de  Viticulture  pour  la  reconsti- 
tution des  vignobles  méridionaux,  1891,  in -8°. 

E.  Sauvaigo,  les  Cultures  sur  le  littoral  de  la  Méditerranée, 
1894,  in-18. 

Georges  Ville,  Résultats  obtenus  en  1868,  au  moyen  des 
engrais  chimiques,  1869,  in-4°. 

Le  Bon  Jardinier,  almanach  horticole  pour  1890, 134e  édition. 

Sciences  physiques  et  chimiques  : 

E.  Becquerel,  la  Lumière,  ses  Causes  et  ses  Effets,  1867, 
2  vol.  in-8°. 

J.-B.  Boussingault,  Économie  rurale  considérée  dans  ses 
rapports  avec  la  chimie,  la  physique  et  la  météorologie,  1843, 
2  vol.  in-8*. 

Aimé  Girard,  Composition  chimique  et  Valeur  alimentaire 
des  diverses  parties  du  grain  de  froment,  1884,  brochure  in -8*. 

J.  Reiaet,  Recherches  pratiques  et  expérimentales  sur  V Agro- 
nomie, 1865,  in-8°. 


—  37  — 

E.  Frémy,  Sur  la  génération  des  ferments,  1873,  in»8v 

A.  Wûrtz,  la  Théorie  des  atomes  dans  la  conception  générale 
du  monde,  1875,  in-18. 

R.  P.  Secchi,  l'Unité  des  forces  physiques;  Essai  de  philo* 
sophie  naturelle,  traduit  par  le  Dr  Deleschamps,  1869,  in-18. 

M. -A.  Gaudin,  l'Architecture  du  monde  des  atomes,  1873, 
in-18. 

Herber  Spencer,  Classification  des  sciences,  traduit  par 
F.  Rélhoré,  1872,  in-18. 

M.-D.  Leroy,  l'Évolution  restreinte  aux  espèces  organiques, 
1891,  in-18. 

G  -A.  Hirn,  Conséquences  philosophiques  et  métaphysiques 
de  la  Thermodynamique,  1868,  grand  in-8\ 

Ch.  Lévôque,  la  Science  de  l'invisible,  1865,  in-18. 

J.  Boiteux,  {a  Pluralité  des  mondes  habités  et  les  Questions 
qui  s'y  rattachent,  1898,  in-18. 

Abbé  Moigno,  Physique  moléculaire,  ses  Conquêtes,  ses 
Conséquences,  ses  Applications,  1868,  in-18. 

Notice  sur  les  travaux  scientifiques  de  Th.  Schlœssing, 
1882,  in-4\ 

Obsèques  du  comtede  Chambrun,  fondateur  du  Musée  social, 
1821-1899,  in-4'. 

La  Société  a  reçu  en  outre  depuis  sa  dernière  réunion  : 

De  M.  Grand'Eury,  ingénieur  des  mines  à  S aint-É tienne f 
deux  notes  dont  il  est  Fauteur  :  Sur  Us  graines  de  Sphenopteris, 
sur  l'attribution  des  Codonosperhum  et  sur  l'extrême  variété 
des  graines  de  fougères  '.  —  Sur  les  mutations  de  quelques 
plantes  fossiles  du  terrain  houiller.  2 

De  M.  H.  Marlot,  Note  sur  les  minerais  radifères  de  Grury 
(Saône-et-Loire),  qu'il  a  communiquée  à  la  Société  des 
sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne  (2*  semestre 

1904). 

i 
i 

1.  Elirait  des  comptes  rendus  des  séance*  de  l'Académie  des  science»,  t.  CXLI. 
p.  81  .'(séance  da  20  novembre  190}).  i 

S.  I.texn,  Idem,  t.  CXLII,  p.  15  (séance  do  S  Janvier  1904).  i 


—  38  — 

De  Mma  Roche,  deux  brochures  extraites  des  publications 
du  Congrès  international  des  mines,  de  la  métallurgie,  de 
la  mécanique  et  de  la  géologie  appliquées,  tenu  à  Liège,  du 
15  juin  au  1er  juillet  1905.  —  1°  De  l'emploi  de  la  paléontologie 
en  géologie  appliquée,  par  A.  Renier.  —  2°  Formation  de  la 
houille  et  des  roches  analogues  y  compris  les  pétroles,  par 
H.  Potonié. 

De  M.  Menegaux,  assistant  au  Muséum,  Notice  sur  ses 
titres  et  travaux  scientifiques . 

De  M.  Beurton- Vie  illard,  négociant  à  Liernais,  une 
moitié  de  hachette  en  silex  trouvée  par  lui  sur  le  territoire 
de  sa  commune. 

De  M.  le  Dr  Joseph  Baron,  une  très  belle  empreinte  de 
poisson  du  permien  d'Autun. 

De  M.  Chassigriol,  instituteur  à  la  Boulaye,  deux  silex 
taillés  trouvés  par  ses  élèves. 

De  M.  C.-Eg.  Bertrand,  professeur  à  la  Faculté  de  Gaen, 
le  résumé  de  la  conférence  qu'il  a  donnée  dans  la  section 
de  géologie  appliquée  au  Congrès  international  des  mines, 
de  la  métallurgie  et  de  la  mécanique,  tenu  à  Liège,  en  juin 
1905,  sous  le  titre  de  :  Ce  que  les  coupes  minces  des  charbons 
de  terre  nous  ont  appris  sur  leurs  modes  de  formation.  * 

De  M116  Juliette  Roidot,  huit  cartons  de  classification  du 
règne  animal  établie  par  son  grand-père  M.  Roidot* 
Deléage. 

Parmi  les  ouvrages  récemment  envoyés  à  la  bibliothèque 
de  notre  Société,  nous  devons  une  mention  particulière 
aux  Annales  de  Paléontologie,  publiées  sous  la  direction  de 
M.  Marcellin  Boule,  et  qui  remplissent  une  lacune  dans  la 
presse  scientifique  de  la  France,  où  la  paléontologie  a  pris 
naissance,  et  où  cependant  elle  ne  possédait  aucun  recueil 
spécial.  Dans  la  lettre-préface  de  M.  A.  Gaudry,  et  l'Intro- 


1.  Une  brochure  in-8*  de  44  pages  de  texte  et  9  planchée  in*4*.  Imprimerie 
H.  Vaillant-Carmanne,  Liège,  1905. 


-  39  — 

raitesdm*  duction  de  M.  Marcellin  Boule,  qui  présentent  au  public 
de  la  ma  cette  nouvelle  publication,  les  auteurs  précisent  le  rôle  de 
nées  tein  *a  Pal®onto'°&ie)  et  'a  méthode  des  études  sérieuses  de 
vloidthr  stratigraphie  ou  de  systématique,  qui  ont  plus  à  gagner  à 
-  9«  vyx  des  a  rapprochements  légitimes  *  qu'à  «  la  multiplication 
des  genres  et  des  espèces.  »  Et  les  savants  auteurs  appli- 
quent ces  principes,  dès  ce  premier  fascicule,  dans  deux 
magistrales  études,  Tune  de  M.  A.  Oaudry,  sur  les  Fossiles 
de  Patagonie,  rapportés  par  M.  A.  Tournouër,  où  procla- 
mant que  «  la  recherche  des  manifestations  de  la  vie  est 
un  des  buts  principaux  de  la  paléontologie,  »  l'éminent 
professeur  reconstitue  les  Attitudes  de  quelques  animaux, 
rectigrades  et  flexigrades;  l'autre  de  M.  M.  Boule,  sur  les 
Grands  Chats  des  cavernes,  où,  mettant  à  profit  les  dons 
récents  faits  par  M.  Edmond  de  Rothschild  au  Muséum,  il 
recherche  et  explique  les  ancêtres  des  Lions  quaternaires 
et  de  notre  Lion  actuel;  M.  M.  Boule  a,  en  outre,  collaboré 
avec  son  assistant,  M.  Armand  Thevenin,  à  un  autre 
leetiw  mémoire  sur  la  Paléontologie  de  Madagascar  .'Fossiles  de  la 
iatiooalk<  côte  orieniaie^  complété  par  un  travail  de  M .  Robert  Dauvillé, 
nu  à  W  $ur  quelques  gisements  nummuli tiques  de  Madagascar  ;  le  tout 
ninm^  illustré  de  nombreuses  figures  et  de  superbes  planches  et 
forMiï  édité  avec  tout  le  soin  qu'apporte  la  maison  Masson  à  ses 
e  classa  publications  scientifiques.  En  remerciant  nos  membres 
père  Ï  d'honneur  de  s'être  souvenus  que  la  paléontologie  tient 

une  grande  place  dans  notre  Société,  et  de   nous  avoir 
,    ,.',  donné  une  nouvelle  preuve  de  bienveillance  par  leur  gra- 

cieux et  généreux  envoi,  nous  ne  pouvons  qu'ajouter  nos 
vœux,  à  ceux  qui  ont  déjà  été  hautement  exprimés  pour  le 
succès  des  Annales  de  Paléontologie. 

A  signaler  un  autre  ouvrage  d'un  ordre  tout  différent, 
mais  particulièrement  pratique,  aimablement  adressé  à 
notre  Société  :  la  Flore  de  poche  de  la  France,  ou  Tableau 
analytique  de  la  Flore  française,  par  M,r  H.  Léveillé,  secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie  internationale  de  géographie 


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-  40  — 

botanique  (Paris,  Ch.  Amat,  éditeur,  1906),  qui,  sous  un 
format  de  poche  commode  (in-16),  solidement  cartonné  et 
d'un  prix  modique  (5  fr.),  donne,  en  620  pages,  le  moyen 
d'arriver  d'une  façon  claire  et  rapide  à  la  détermination  de 
toutes  les  plantes  de  France.  A  recommander  particulière- 
ment aux  jeunes  botanistes  ! 

A  signaler,  en  outre,  dans  les  comptes  rendus  des  séances 
de  l'Académie  des  sciences  (n°  26  du  26  décembre  1905), 
une  intéressante  note  de  M.  Armand  Thevenin,  sur  la 
découverte  récente  d'amphibiens  analogues  à  ceux  de  notre 
permien  et  recueillis  par  M.  Fayol,  dans  le  terrain  houiller 
de  Gommentry. 

De  sincères  remerciements  sont  adressés  aux  donateurs. 

M.  Jeannet  expose  ensuite  la  situation  financière  de  la 
Société  qui  n'est  toujours  pas  brillante  et  qui  se  solde  cette 
année,  malgré  les  économies  réalisées,  par  un  déficit  de 
1,119  fr.  15,  que  va  combler  heureusement  le  prochain 
recouvrement  des  cotisations. 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  un  exemplaire  de  la 
notice  biographique  que  M.  le  Dr  F.-X.  Gillot  vient  de  con- 
sacrer à  la  mémoire  de  M.  Roche,  et  il  donne  en  même 
temps  lecture  de  la  lettre  suivante  qu'il  a  reçue  de  M.  Albert 
Gaudry,  à  la  date  du  1èr  février  1906  : 

Cher  confrère, 

Je  vous  remercie  de  l'envoi  de  la  notioe  de  votre  préaident,  sur 
M.  Roohe.  Avec  son  talent  habituel,  M.  Gillot  a  fait  une  belle  pein- 
ture d'un  homme  qui  a  été  un  bienfaiteur  de  la  science  par  l'habileté 
de  ses  rcherches  et  la  libéralité  avec  laquelle  il  en  a  fait  profiter 
les  travailleurs.  La  notice  de  M.  Gillot  me  parait  très  encourageante 
pour  les  membres  de  notre  Société  qui  ne  sont  pas  des  savants  de 
profession,  car  elle  montre  qu'avec  l'amour  du  travail  et  avec  de  la 
générosité  d'âme,  on  peut  rendre  à  la  science  de  signalés  services 
et  laisser  après  soi  un  nom  très  honoré. 

Cordialement  à  vous, 

Albert  GAUDRY. 


—  41  — 

Quatre  nouveaux  adhérents  sont  reçus  i  l'unanimité 
comme  membres  titulaires  : 

M.  Claudius  Berger,  négociant  à  Toulon-sur- Arroux , 
présenté  par  MM.  Chantelot  et  V.  Berthier. 

M.  Bonnaud,  serrurier  i  Autun,  présenté  par  MM.  Avondo 
Fernand  et  A.  Bovet. 

M.  Chifflot,  serrurier  a  Autun,  présenté  par  MM.  SiWestre 
et  V.  Berthier. 

M.  Pierre  Cordin,  menuisier  à  Autun,  présenté  par 
MM.  A.  Bovet  et  V.  Berthier. 

Il  est  donné  lecture  de  la  note  suivante  envoyée  par 
M.  Marlot  : 

Note  sur  le  filon  de  pyromorphite  de 
Saint  -  Didier-sur- Arroux . 

Ce  Glon  ayant  beaucoup  de  ressemblance  avec  ceux  de 
Grury  est  situé  sur  la  commune  de  Saint-Didier,  près  du 
moulin  des  Jouleaux,  et  limitrophe  de  Thil-sur-Arroux  ;  il 
se  trouve  dans  un  champ  appartenant  à  M.  Louis  Vadrot, 
demeurant  au  hameau  des  Oauthey. 

La  première  indication  de  l'existence  de  ce  minerai 
nous  a  été  donnée  par  notre  collègue  M.  Camusat,  du 
Creusot,  et  au  mois  de  novembre  1904,  avec  M.  Berthier, 
sur  le  terrain,  nous  en  avons  fait  la  reconnaissance  avec  le 
propriétaire,  par  des  morceaux  de  minerais  éparpillés  à  la 
surface  du  sol  voisine  de  l'affleurement. 

Les  travaux  de  recherches  entrepris  peu  de  temps  après 
se  sont  composés  d'une  tranchée  de  90  mètres  de  longueur, 
suivant  le  filon  en  direction  8.-N.-0.  de  la  veine  minéralisée 
et  ayant  atteint  parfois  plus  de  3  mètres  de  profondeur. 

Ce  filon  est  i  peine  accusé  sur  presque  toute  l'étendue 
où  nous  l'avons  poursuivi  ;  il  forme  parfois  de  petits  amas 
ou  chapelets  dans  une  gangue  feldspathique  assez  dure.  Il 


—  42  — 

en  est  comme  l'ossature  au  milieu  d'une  granulite  terreuse 
décomposée  formant  les  parois  d'encaissement  et  n'offrant 
rien  de  particulier.  Ces  petits  bourrelets  de  pyromorphite 
sont  des  rognons  de  la  grosseur  d'une  noix,  au  plus  du 
poing,  d'un  beau  vert  ou  de  couleur  jaune  et  possédant  une 
forte  densité.  On  y  a  remarqué  quelques  mouchettes  de 
galène  cristallisée  avec  de  petits  cristaux  de  cérusite. 

La  radioactivité  constatée  au  début  n'a  pas  été  suivie  sur 
les  minerais  trouvés  en  profondeur;  celle-ci  n'encourageait 
pas  les  recherches  à  cause  de  la  faiblesse  du  filon  qui  ne 
semblait  pas  augmenter  et,  comme  il  exigeait  de  plus 
grands  frais,  nous  avons  cru  l'abandonner.  Malgré  cela 
il  était  utile  de  leur  consacrer  un  mot,  ne  serait-ce  qu'à 
l'état  de  souvenir  par  une  communication  à  la  Société 
d'histoire  naturelle. 

Grury,  le  6  février  1906. 

H.  MARLOT. 


M.  de  Chaignon  entretient  la  Société  d'une  nouvelle 
recherche  qu'il  vient  de  faire,  en  lui  adressant  une  : 

Note  sur  la  Perdrix  grise  des  Pyrénées 

(Perdix  oinerea  charrela  (Lopez  Seoane). 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de 
l'ouest  de  la  France,  M.  L.  Bureau,  directeur  du  musée 
d'histoire  naturelle  de  Nantes,  signale  une  variété  ou  sous- 
espèce  de  Perdrix  grise  propre  aux  Pyrénées,  que  Ton  ren- 
contre tant  sur  le  versant  français  que  du  côté  de  l'Espagne. 

Plusieurs  exemplaires  de  cette  perdrix  lui  ont  été  envoyés 
pour  l'étude,  par  M.  M.  Qourdon,  vice-président  de  la 
Société  Ramond  et  membre  de  la  Société  géologique  de 
France.  Pour  M.  Gourdon,  les  Pyrénées  n'ont  plus  de 
secret;  il  les  a  parcourues  en  tous  sens,  depuis  trente  ans; 


-  43  — 

il  y  a  fait  de  nombreuses  et  intéressantes  découvertes  dans 
différentes  branches  de  l'histoire  naturelle. 

C'est  en  qualité  de  collègue  de  la  Société  géologique, 
que  j'ai  eu  recours  i  l'obligeance  de  M.  Gourdon,  en  le 
priant  de  me  faire  savoir  s'il  serait  possible  de  me  procurer 
un  exemplaire  de  cette  nouvelle  perdrix.  Par  le  marne 
courrier,  M.  Oourdon  m'a  répondu  qu'il  avait  i  ma  dispo- 
sition un  beau  mâle  tout  fraîchement  tué  et  qu'il  me 
l'adressait. 

Sur  ces  entrefaites,  M.  Louis  Gillot  ayant  eu,  de  son 
côté,  la  bonne  fortune  de  tuer  une  perdrix  grise  ordinaire, 
mâle  bien  adulte  également,  il  fut  aisé  de  comparer  les 
deux  sujets,  soit  sur  le  vif,  soit  avec  les  exemplaires  que 
nous  possédons  dans  nos  vitrines,  et  d'établir  les  rapports 
et  les  différences  entre  les  deux  espèces. 

Pour  la  taille,  il  n'y  a  pas  de  différence;  elle  est  de 
30  centimètres  comme  dans  l'espèce  type;  le  beo  a  la  même 
longueur  mais  il  est  plus  étroit  i  la  base,  plus  pointu 
chez  P.  charrela  et  de  couleur  brune  plutôt  que  gris  jau- 
nâtre. 

Chez  la  P.  grise,  le  front  roux  uniforme  s'étend  au-dessus 
et  en  arrière  de  l'œil,  sur  une  largeur  au  moins  double  que 
dans  P.  charrela  ;  chez  celle-ci  le  roux  est  plus  clair.  Un 
trait  blanchâtre  existe  au-dessus  de  l'œil  et  se  prolonge 
jusqu'à  la  hauteur  de  la  région  auriculaire,  où  il  se  fond 
avec  le  roux  qui  est  alors  lavé  de  blanc.  Dans  la  P.  grise, 
toute  oette  partie  est  uniformément  rousse  sans  traces  de 
tons  blancs. 

Dans  P.  charrela,  le  dessus  de  la  tète  est  brun,  coupé 
par  des  taches  blanches  arrondies  faiblement,  jaunâtres,  et 
non  par  des  traits  comme  dans  la  P.  grise,  avec  le  vertex 
et  l'occiput  roux  grisâtre. 

La  ooloration  de  la  gorge  est  semblable  dans  les  deux 
espèces. 

Dans  P.  charrela,  les  plumes  décomposées  qui  recou- 


—  44  — 

vrent  l'oreille  sont  brunes  avec  un  fin  liseré  blanchâtre 
sur  la  tige;  il  n'est  pas  apparent  chez  la  P.  grise,  à 
cause  de  la  coloration  uniformément  grise  de  cette  partie. 
Dans  P.  charrela,  les  côtés  du  cou  ont  des  taches  blan- 
châtres arrondies  ou  en  larmes,  bordées  en  bas  par  un  trait 
brun  sur  chaque  plume.  Dans  la  P.  grise,  ces  taches  n'exis- 
tent pas  et  sont  remplacées  par  de  fines  lignes  vermicu- 
lées  transversales,  d'un  roux  plus  ou  moins  foncé  sur  fond 
cendré  ;  cette  teinte  se  continue  sur  le  haut  du  dos. 

Dans  P.  charrela,  le  dos  et  les  côtés  sont  coupés  de 
bandes  transversales  d'un  brun  noir,  séparées  par  des  espaces 
plus  clairs,  variés  de  zigzags  foncés.  Cette  disposition  de 
coloration  se  continue  jusque  au-dessus  du  croupion.  Chez  la 
P.  grise,  ces  bandes  transversales  se  voient  un  peu  sur  le 
croupion,  mais  elles  sont  rousses,  moins  larges  et  moins 
nombreuses  ;  dans  certains  sujets  elles  se  continuent  par 
des  zigzags  sur  les  rectrices  médianes,  jusqu'à  la  moitié 
de  leur  longueur;  chez  d'autres,  jusqu'à  leur  extrémité. 
Dans  l'exemplaire  que  nous  possédons  de  la  P.  charrela, 
ces  zigzags  se  succèdent  jusqu'à  l'extrémité  des  rectrices 
médianes. 

Les  grandes  rémiges  ainsi  que  les  secondaires  ont  une 
couleur  sombre  et  sont  dépourvues  de  roux;  le  trait  blanc 
sur  la  tige  de  certaines  plumes  est  bien  accusé  ;  chez  la 
P.  grise,  toute  cette  partie  de  l'aile  a  plutôt  une  teinte 
générale  gris  roussâtre,  ou  noires  chez  le  mâle  ;  car  si  l'on 
veut  établir  un  certain  rapprochement  entre  les  deux  espèces, 
il  faut  comparer  la  P.  charrela  mâle  avec  la  femelle  de 
notre  perdrix  grise  ;  la  différence  est  bien  moins  tranchée 
que  de  mâle  à  mâle. 

La  disposition  des  plumes  des  flancs  est  à  peu  près 
pareille,  mais  les  taches  sombres  n'existent  toujours  pas 
dans  la  P.  grise. 

Dans  les  deux,  la  coloration  de  la  poitrine  offrirait  .une 
certaine  analogie,  sauf  que,  dans  P.  charrela,  le  pointillé 


—  45  — 

noir  et  blanc,  ou  cendré,  est  plus  foncé  que  dans  la  P.  grise 
et  se  rapprocherait  de  celui  de  la  femelle  de  nos  pays. 

Le  fer  à  cheval  assez  peu  développé  est  noir  ou  noirâtre 
et  non  roux  comme  dans  notre  perdrix. 

Les  rectrices  latérales  sont  pareilles  ainsi  que  les  sous* 
caudale  8. 

En  terminant,  je  ne  puis  mieux  faire  que  de  rappeler  ce 
que  rapporte  d'une  manière  succincte  M.  Bureau,  dans  le 
Bulletin  précité;  une  étude  plus  détaillée  de  cette  espèce 
devant  paraître  prochainement  dans  le  journal  l'Omis  : 

«  Le  mile  diffère  des  perdrix  grises  des  autres  régions 
de  la  France,  par  une  coloration  générale  brunâtre  des 
parties  supérieures,  avec  absence  de  gris  cendré  et  de 
roux.  Sur  le  haut  du  dos  et  les  côtés  du  cou,  chaque  plume 
porte,  sur  la  tige,  près  de  l'extrémité,  une  ou  deux  taches 
d'un  jaunâtre  clair  en  forme  de  losange  ou  de  gouttelettes. 
Les  plumes  scapulaires  et  les  grandes  couvertures  des  ailes, 
de  couleur  sombre,  sont  dépourvues  de  roux  et  rappellent 
celles  des  femelles  des  autres  parties  de  la  France.  Un  fer 
â  cheval,  noir  ou  noirâtre,  de  moyenne  dimension,  s'observe 
au  bas  de  la  poitrine. 

»  Cette  sous-espèce,  loin  d'habiter  la  plaine,  les  contre* 
forts  ou  les  régions  basses  des  montagnes,  est  cantonnée 
au-dessus  du  niveau  des  forêts,  dans  les  hauts  pâturages, 
zone  dépourvue  de  toute  culture,  comprise  entre  1 ,500  mètres 
et  2,500  mètres  au-dessous  de  la  région  habitée  par  le 
Tétras  ptarmigan,  » 

II.  os  CIIAIONON. 


H.  J.  Camusat  communique  ses  observations  hygro- 
métriques faites  au  Creusot,  pour  le  mois  de  décembre 
1905  : 


-  46  - 

ÉTAT  HYGROMÉTRIQUE  DE  L'àIR  AU  CREUSOT 

(Hygromètre  enregistreur  a  cheveux  de  Richard.) 

MOIS  DE  DÉCEMBRE  1905 


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+  1 

0,760 

5.21 

5,21 

4,27 

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0,757 

+  0,5 

0.759 

5,04 

5,03 

3,81 

5 

0,752 

—  0,5 

0,758 

4.68 

4.66 

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0,761 

7,73 

7,74 

6.76 

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0,860 

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0.763 

8.78 

8,81 

7,58 

9 

0,850 

+  9 

0,761 

8,78 

8,79 

7.47 

10 

0,665 

+  4 

0,763 

6.36 

6,38 

4,24 

11 

0,582 

+  3,2 

0,766 

6,03 

6.08 

3.54 

12 

0,535 

+  3 

0,766 

5.95 

6.00 

3,21 

13 

0.595 

+  2 

0.764 

5.57 

5.60 

3,33 

14 

0.803 

-0,3 

0,763 

4.83 

4.85 

3,89 

15 

0.847 

+  2 

0,762 

5,57 

5.58 

4,73 

16 

0.840 

0 

0,761 

4.87 

4,88 

4,10 

17 

0,795 

+  1,5 

0,760 

5,39 

5,39 

4.28 

18 

0,770 

+  0,5 

0,760 

5,04 

5,04 

3.88 

19 

0  830 

-0,2 

0,760 

4,79 

4,79 

3,98 

20 

0.830 

+  2,5 

0,764 

5,76 

5,79 

4,81 

21 

0.727 

+  4 

0,766 

6,36 

6,41 

4,66 

22 

0,832 

+  0,8 

0,764 

5,14 

5.17 

4.30 

23 

0,865 

0 

0.762 

4,87 

4.88 

4,22 

24 

0,865 

—  2,5 

0,763 

4,01 

4,02 

3,48 

25 

0,860 

_  1 

0.760 

4.49 

4,49 

3,86 

26 

0.870 

0 

0,756 

4.87 

4,84 

4,21 

27 

0,717 

1-3,7 

0,750 

6,24 

6,16 

4,42 

28 

0,760 

• 

1-6 

0,747 

7.25 

7.13 

5,42 

29 

0.738 

+  7,2 

0,744 

7,83 

7,66 

5,65 

30 

0.805 

+  6,2 

0,753 

7,34 

7,27 

5,85 

31 

0,720 

H 

1-1 

0,758 

5,21 

5,19 

3,74 

Hauteur  d'eau  tombée  en  décembre  :  41  %  8.      J.  G. 


—  47  — 

ÉTAT  HYGROMÉTRIQUE   DE   l'AIR   AU   CREUSOT 

(Moyennes  mensuelles.  —  Année  1905). 


M 

M 

Si 

BAU  T0HBÉB 

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3° 

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û. 

s 

• 

*'• 

■/• 

-/■ 

Janvier . . . 

0.734 

h  0*4 

0.761 

3.68 

92.0 

100.6 

Février  .  • . 

0,718 

h  3.2 

0.759 

4,32 

26.4 

48,6 

Mars 

0,686 

h  7.2 

0.752 

5.32 

64,6 

80,3 

Avril 

0.639 

h  10.3 

0.751 

6.03 

37,4 

70,2  1 

j  Mai  ••».••« 

0  597 

h  13,8 

0.754 

7,01 

37.7 

45.6  i 

Juin 

0,580 

|-20  6 

0.752 

10.20 

25,8 

20,5 

Juillet 

0.541 

(-24.6 

0.755 

12.00 

8.3 

25  9  1 

Août 

0.644 

1-20.3 

0,754 

11.15 

167,0 

158.6 

Septembre. 

0,728 

h  15.6 

0.754 

9.54 

122.2 

170,2 

Octobre . . . 

0,690 

h  7.1 

0,755 

5.«j3 

39.0 

54.1  , 

Novembre. 

0f763 

1-  5.1 

0-750 

5.15 

161.9 

177.3  ■ 

Décembre . 

■ 

0,785 

h  2.3 

0,760 

4,47 

41.8 

47,0  i 

urinas 

ANNUELLES     * 

1 

0,675 

1 

_ 

h  10.9 

0,755 

6,63 

68.67 

83,24  ' 

OBSERVATION.  —  La  région  du  Poi)t-d*Ajout  eoo«tUaAHt  lo  ba*«ln  tllnMD- 
Uirt  des  «tu  du  Oeu*ot,  oou*  to  donnons,  *  Ulre  oomparalif,  U  régtoM  pluvul. 

M.  G.  Parant,  vétérinaire  à  Autun,  communique  la  note 
suivante  sur  : 


Les  Essais  d'immunisation  contre  la  Tuberculose. 

La  maladie  qui  tous  les  ans  fait  les  plus  grands  ravages, 
aussi  bien  dans  les  rangs  des  humains  que  dans  les  rangs 
de  nos  animaux  domestiques,  est  certainement  la  tubercu- 
lose. Aussi  cette  maladie,  connue  depuis  des  époques 
très  reculées,  a-t-elle  été  l'objet  d'études  sérieuses  de  la 
part  des  savants  et  des  médecins  de  tous  les  pays,  qui 
s'ingénièrent  i  trouver  un  remède  à  ce   terrible  fléau. 


—  48  — 

Mais  ce  n'est  vraiment  que  depuis  l'année  1882,  époque  à 
laquelle  le  Dr  Robert  Koch,  de  Berlin,  découvrit  et  cultiva 
le  fameux  bacille,  agent  causal  de  la  maladie,  que  les 
recherches  ont  pu  être  dirigées  d'une  façon  rationnelle. 

De  nombreux  savants,  parmi  lesquels  il  convient  de  citer 
les  noms  de  Villemain,  Chauveau,  Klebs,  Bollinger,  Kitt, 
Gerlach,  Gadiot,  Gilbert,  Roger,  Arloing,  Nocard  et  beau- 
coup d'autres,  montrèrent  que  toutes  les  tuberculoses 
n'étaient  fonction  que  d'un  seul  facteur  :  le  bacille  de  Koch. 
Que  la  tuberculose  existe  chez  l'homme,  le  singe,  le  bœuf, 
le  chien,  etc.,  et  même  chez  les  oiseaux,  la  maladie  est 
toujours  causée  par  le  même  bacille.  Le  bacille  de  Koch 
est  donc  l'agent  de  toutes  les  tuberculoses  et,  s'il  présente 
parfois  des  différences  souvent  assez  grandes,  tant  au  point 
de  vue  morphologique  qu'au  point  de  vue  de  la  virulence, 
cela  vient  seulement  de  l'adaptation  du  bacille  à  l'animal 
sur  lequel  il  vit,  et  du  degré  de  réceptivité  de  ce  dernier. 
«  Le  bacille  de  Koch  se  présente  chez  toutes  les  espèces 
avec  des  caractères  essentiels  communs;  l'infection  est 
transmissible  d'une  espèce  à  toutes  les  autres,  sous  des 
conditions  plus  ou  moins  expresses  pour  chacune  d'elles.  » i 

De  nombreux  traitements  ont  été  préconisés  tant  en 
médecine  humaine  qu'en  médecine  vétérinaire,  contre  cette 
redoutable  maladie  ;  mais  nous  les  laisserons  tous  de  côté 
pour  ne  nous  occuper  présentement  que  des  divers  essais 
d'immunisation.  Ces  divers  essais  peuvent  être  rangés  sous 
trois  grands  chefs  : 

1°  Inoculation  de  toxines,  c'est-à-dire  de  produits  solu- 
bles  sécrétés  par  le  bacille  lui-même. 

2°  Inoculation  de  divers  sérums. 

3°  Inoculation  de  virus  affaiblis,  c'est-à-dire  des  bacilles 
tuberculeux  dont  la  virulence  a  été  atténuée  par  divers 
procédés. 

1.  Nocard  et  Leclalnche,  Maladie*  microbienne*  de*  anlmtux,  t.  H. 


—  49  - 


I.  —  Immunisation  par  les  toxines. 

Le  monde  médical  et  le  public  se  souviennent  encore 
de  Tannée  1890,  au  point  de  vue  de  la  lutte  contre  la  tuber- 
culose. Cette  année-là,  en  effet,  le  professeur  Robert  Koch, 
de  Berlin,  annonçait  partout  qu'il  avait  découvert  une 
lymphe  fabriquée  secrètement,  dont  l'inoculation  prévenait 
et  guérissait  même  la  tuberculose.  L'effet  produit  fut 
immense  et,  de  tous  côtés,  on  se  rendit  à  Berlin  se  faire 
inoculer  par  l'illustre  savant.  La  lymphe  de  Koch  se  ven- 
dait au  poids  de  l'or,  et  la  confiance  du  public  en  celui  qui 
avait  découvert  le  bacille  de  la  tuberculose  était  illimitée. 
Mais,  hélas  !  il  fallut  bientôt  en  rabattre,  car  parmi  tous  ces 
malades,  beaucoup  ne  purent  retourner  chez  eux  et  mou- 
rurent dans  la  capitale  allemande. 

La  lymphe  de  Koch  n'avait  guéri  personne  et  elle 
avait  aggravé  l'état  des  moins  malades.  Six  mois  après, 
Koch  était  traîné  dans  la  boue  par  tous  ceux  qui  l'avaient 
porté  aux  nues.  Qu'était-ce  donc  que  cette  lymphe  dont  le 
procédé  de  fabrication  restait  secret?  Ce  n'était  ni  plus  ni 
moins  que  le  produit  d'une  culture  de  tuberculose  en  milieu 
glycérine. 

C'est  à  deux  savants  français,  MM.  Nocard  et  Roux,  que 
revient  l'honneur  d'avoir  trouvé  la  nature  et  le  mode  de 
préparation  de  cette  lymphe  secrète  ;  et  quinze  jours  après 
la  communication  qu'ils  firent  à  l'Académie  de  médecine 
de  Paris,  le  professeur  Robert  Koch  parla  enfin,  annonça 
que  ces  deux  bactériologistes  ne  s'étaient  pas  trompés  et 
qu'ils  avaient  bien  préparé  sa  fameuse  lymphe.  Cette 
lymphe  n'est  pas  autre  chose  que  ce  que  nous  appelons 
aujourd'hui  la  tuberculine. 

Si  la  tuberculine  n'a  été  d'aucune  utilité  dans  le  traite- 
ment de  la  tuberculose,  elle  a  rendu  et  rend  encore  d'im- 
menses services  quand  même;  car  elle  permet  de  déceler 

S.H.N.  1906.  4 


—  50  — 

dans  l'organisme  d'un  homme  ou  d'un  animal  la  moindre 
lésion  tuberculeuse. 

II.  —  Inoculation  de  aérums  divers. 

Héricourt  et  Richet  ont  essayé  d'obtenir  l'immunisation, 
par  des  injections  de  sérum  d'animaux  traités  par  des 
inoculations  virulentes  ou  des  injections  de  toxines.  Aucun 
résultat  n'a  été  obtenu  dans  cette  voie. 

De  même,  l'inoculation  de  sérum  d'animaux  autrefois 
réputés  réfractaires  à  la  tuberculose  n'a  pas  été  suivie  de 
plus  de  succès. 

III.  —  Vaccination. 

Depuis  longtemps  on  s'était  ingénié  à  vacciner  les  bovidés 
contre  la  tuberculose,  en  leur  injectant  soit  des  bacilles 
affaiblis,  soit  des  bacilles  provenant  d'autres  animaux. 
Arloing,  Nocard,  Qebhardt  espéraient,  à  la  suite  d'inocula- 
tions de  produits  scrofuleux,  amener  les  organismes  à  une 
accoutumance  plus  ou  moins  grande  ;  mais  les  recherches 
de  Grancher  et  de  Strauss  montrèrent  l'inefficacité  de  cette 
méthode. 

L'inoculation  de  bacilles  aviaires  ne  donna  aucun  résultat. 

En  1894,  Schweinitz  avait  montré  que  les  bovidés  peuvent 
tolérer  des  injections  intraveineuses  de  bacilles  tuber- 
culeux affaiblis. 

En  1901,  Mac-Fadyean  avait  aussi  montré  que  si  l'on 
augmente  peu  à  peu  les  doses  injectées,  on  arrive  à  aug- 
menter la  résistance  des  animaux  ainsi  traités  vis-à-vis  de 
l'infection  tuberculeuse. 

C'est  le  12  décembre  1901,  à  l'Académie  des  sciences  de 
Stockholm,  que  le  professeur  Behring,  de  Marbourg, 
annonçait  dans  une  retentissante  communication,  qu'il 
avait  trouvé  le  moyen  de  vacciner  les  bovidés  contre  la 
tuberculose,  par  un  procédé  spécial,  procédé  qu'il  appe- 
lait :  Jennérisation  antituberculeuse.  L'état  réfractaire  était 


—  51  - 

obtenu  chez  l'animal,  par  l'inoculation  d'une  culture  de 
tuberculose  humaine  affaiblie. 

Au  début,  Behring  injectait  dans  la  veine  jugulaire  des 
jeunes  bovidés,  une  dose  inférieure  à  5  milligrammes 
d'une  culture  de  bacilles  humains,  entretenue  dans  son 
laboratoire  sans  aucun  passage  sur  un  être  vivant  quel- 
conque, depuis  sept  années.  Cette  première  injection  créait 
déjà  une  légère  immunité,  que  Ton  augmentait  au  bout  de 
quelques  semaines,  en  injectant  une  dose  double  de  culture. 
Les  animaux  ainsi  vaccinés  résistaient  à  des  inoculations 
tuant  sûrement  les  témoins  ;  mais  à  l'autopsie  d'un  sujet 
vacciné,  Behring  trouva  des  bacilles  virulents  ;  ce  qui  l'amena 
à  changer  son  mode  de  vaccination. 

Dans  cette  deuxième  méthode,  Behring  emploie  toujours 
les  mêmes  cultures  de  bacilles  humains,  mais  desséchées 
dans  le  vide.  Il  injecte  d'abord  4  milligrammes  de  culture 
desséchée.  Ces  4  milligrammes  de  culture  sèche  proviennent 
de  20  milligrammes  de  culture  fraîche  et  possèdent  la  même 
virulence  que  2  milligrammes  de  cette  culture.  Pour  faire 
l'inoculation,  il  est  nécessaire  de  broyer  ces  bacilles  viru- 
lents desséchés  et  de  les  diluer  dans  de  l'eau  salée  à 
1  pour  100;  le  tout  est  injecté  dans  la  veine  jugulaire. 
Trois  mois  après  cette  première  vaccination,  on  injecte, 
toujours  d'après  la  même  technique,  20  milligrammes  de 
culture  sèche,  provenant  de  100  milligrammes  de  culture 
fraîche. 

De  suite,  dans  tous  les  pays,  on  se  mit  à  contrôler  ces 
résultats.  Pearson  et  Gililand,  Schweinitz  et  Schrœder, 
Schlegel,  de  Fribourg-en-Brisgau,  Lorentz,  de  Darmstadt, 
Eber,  de  Leipzig,  reçoivent  des  animaux  immunisés  et  les 
soumettent  à  divers  modes  d'infection,  et  partout  on  cons- 
tata chez  les  vaccinés  une  grande  résistance  à  l'évolution 
de  la  tuberculose.  Dans  l'Europe  centrale,  on  fit  de  grandes 
applications  pratiques.  On  vaccina  par  milliers  dans  les 
environs  de  Marbourg,  le  Mecklembourg,  la  Pologne  prus- 


—  52  — 

sienne,  la  Hesse,  l'Autriche,  la  Hongrie,  etc.,  mais  on  ne 
connaît  encore  qu'imparfaitement  les  résultats  obtenus. 

Au  Congrès  international  de  médecine  vétérinaire  tenu 
à  Budapest,  en  septembre  1905,  la  vaccination  par  le  pro- 
cédé de  Behring  a  été  étudiée. 

Le  professeur  Dr  Hutyra,  de  Budapest,  estime  que  le 
procédé  n'a  pas  donné  tout  ce  que  Ton  pouvait  en  attendre, 
car  quelques  vaccinés  avaient  encore  réagi  à  la  tubercu- 
line  ;  néanmoins  il  conclut  que  :  «  Une  injection  intravei- 
neuse de  culture  dé  bacilles  de  l'homme,  faite  à  deux 
reprises  par  la  méthode  de  Behring,  accroît  dans  une 
mesure  considérable  la  force  de  résistance  des  bœufs  contre 
l'infection  artificielle  par  des  bacilles  tuberculeux  bovins.  » 
En  outre,  il  constate  que  le  procédé  est  sans  danger  pour 
les  animaux  sains.  Le  professeur  Thomassen,  d'Utrecht, 
depuis  1902,  a  entrepris  des  expériences  de  contrôle,  et  il 
constate  que  les  vaccinés  résistent  à  une  inoculation  viru- 
lente faite  sous  la  peau  ou  intraveineuse  qui  tue  les  témoins 
à  coup  sûr. 

Le  Dr  Rômer,  de  Marbourg,  arrive  à  des  conclusions  ana- 
logues.  - 

Le  professeur  Schuetz,  de  Berlin,  fait  remarquer  avec 
juste  raison,  que  la  pulvérisation  de  bacilles  humains  dessé- 
chés et  virulents  est  très  dangereuse  pour  le  vaccinateur, 
aussi  préfère-t-il  se  servir  d'un  vaccin  qu'il  a  trouvé  et 
qu'il  livre  liquide.  La  vaccination  est  obtenue  par  une  seule 
injection  de  2  centigrammes  de  bacilles  humains  atténués. 

MM.  Pearson,  de  New-York,  Arloing,  de  Lyon,  Eber, 
de  Leipzig,  Lorentz,  de  Darmstadt,  Malm,  de  Christiania, 
Lôfïler  et  Greifwald,  ont  tous  contrôlé  les  essais  de 
Behring,  et  tous  ont  obtenu  des  résultats  remarquables. 

Au  même  congrès,  M.  Lignières,  de  Buenos-Ayres,  pré- 
tendit obtenir  aussi  l'immunisation  contre  la  tuberculose, 
en  injectant  sous  la  peau  des  bovidés  une  culture  homogène 
de  bacilles  humains. 


—  53  — 

C'est  vers  la  fin  de  décembre  1904,  que  la  France  devait 
expérimenter  ces  deux  nouvelles  méthodes  de  vaccination. 
Sous  les  auspices  de  la  Société  de  médecine  vétérinaire 
pratique,  le  professeur  Vallée,  de  l'École  d'Alfort,  fut 
chargé  de  vacciner  à  Melun,  un  certain  nombre  de  bovidés 
et  de  les  soumettre  ensuite  à  des  inoculations  de  contrôle 
très  sévères.  De  suite,  le  savant  professeur  avait  reconnu 
les  inconvénients  de  la  méthode  de  Behring;  c'est-à-dire 
le  danger  qui  existe  pour  l'opérateur  à  pulvériser  des 
bacilles  humains  desséchés.  Il  obvia  à  cet  inconvénient  en 
plaçant  ces  bacilles  dans  un  ballon  en  verre  très  épais 
(matras  de  Wurtz),  contenant  des  billes  de  verre  qui,  par 
suite  de  l'agitation  du  matras,  triturent  les  bacilles.  Le 
col  du  ballon  est  obturé  par  un  tampon  d'ouate  et,  pour 
faciliter  le  broyage,  on  fait  adhérer  les  bacilles  aux  billes 
et  aux  parois  par  quelques  gouttes  de  glycérine  stérilisée, 
et  on  ajoute  peu  à  peu  la  quantité  d'eau  salée  nécessaire 
pour  obtenir  la  dilution  voulue. 

On  rassembla  à  Melun,  vingt-un  jeunes  bovidés  appar- 
tenant à  sept  races  différentes,  qui  tous,  après  injection 
de  tuberculine,  furent  reconnus  indemnes  de  tuberculose. 
La  première  vaccination  fut  pratiquée  le  1 1  décembre  ;  la 
deuxième  le  1 1  mars,  en  se  conformant  aux  prescriptions 
de  Behring.  Entre  les  deux  vaccinations,  un  bœuf  charol- 
lais  mourut  d'une  maladie  quelconque,  mais  à  son  autopsie 
on  ne  constata  aucune  lésion  tuberculeuse.  Le  6  juin  1905, 
vaccinés  et  témoins  achetés  en  vue  de  l'épreuve  d'infec- 
tion furent  soumis  à  une  injection  de  tuberculine.  Un  seul 
des  vaccinés  réagit,  mais  réinoculé  en  juillet  et  novembre, 
il  cessa  de  réagir.  Il  fut,  d'ailleurs,  abattu  le  6  décembre, 
et  on  ne  trouva,  à  son  autopsie,  aucune  trace  de  tubercu- 
lose. Donc  :  la  vaccination  est  inoffensive. 

Restait  à  connaître  son  efficacité.  Pour  cela,  on  infecta 
de  diverses  façons  vaccinés  et  témoins.  Les  diverses 
méthodes  employées  furent  :  l'inoculation  sous  la  peau, 


—  52  — 

sienne,  la  Hesse,  l'Autriche,  la  Hongrie,  etc.,  mais  on  ne 
connaît  encore  qu'imparfaitement  les  résultats  obtenus. 

Au  Congrès  international  de  médecine  vétérinaire  tenu 
à  Budapest,  en  septembre  1905,  la  vaccination  par  le  pro- 
cédé de  Behring  a  été  étudiée. 

Le  professeur  Dr  Hutyra,  de  Budapest,  estime  que  le 
procédé  n'a  pas  donné  tout  ce  que  l'on  pouvait  en  attendre, 
car  quelques  vaccinés  avaient  encore  réagi  à  la  tubercu- 
line  ;  néanmoins  il  conclut  que  :  «  Une  injection  intravei- 
neuse de  culture  de  bacilles  de  l'homme,  faite  à  deux 
reprises  par  la  méthode  de  Behring,  accroît  dans  une 
mesure  considérable  la  force  de  résistance  des  bœufs  contre 
l'infection  artificielle  par  des  bacilles  tuberculeux  bovins.  » 
En  outre,  il  constate  que  le  procédé  est  sans  danger  pour 
les  animaux  sains.  Le  professeur  Thomassen,  d'Utrecht, 
depuis  1902,  a  entrepris  des  expériences  de  contrôle,  et  il 
constate  que  les  vaccinés  résistent  à  une  inoculation  viru-  * 
lente  faite  sous  la  peau  ou  intraveineuse  qui  tue  les  témoins 
à  coup  sûr. 

Le  Dr  Rômer,  de  Marbourg,  arrive  &  des  conclusions  ana- 
logues. 

Le  professeur  Schuetz,  de  Berlin,  fait  remarquer  avec 
juste  raison,  que  la  pulvérisation  de  bacilles  humains  dessé- 
chés et  virulents  est  très  dangereuse  pour  le  vaccinateur, 
aussi  préfère-t-il  se  servir  d'un  vaccin  qu'il  a  trouvé  et 
qu'il  livre  liquide.  La  vaccination  est  obtenue  par  une  seule 
injection  de  2  centigrammes  de  bacilles  humains  atténués. 

MM.  Pearson,  de  New-York,  Arloing,  de  Lyon,  Eber, 
de  Leipzig,  Lorentz,  de  Darmstadt,  Malm,  de  Christiania, 
Lôffler  et  Greifwald,  ont  tous  contrôlé  les  essais  de 
Behring,  et  tous  ont  obtenu  des  résultats  remarquables. 

Au  même  congrès,  M.  Lignières,  de  Buenos-Ayres,  pré- 
tendit obtenir  aussi  l'immunisation  contre  la  tuberculose, 
en  injectant  sous  la  peau  des  bovidés  une  culture  homogène 
de  bacilles  humains. 


—  55  — 

ploi  de  bacilles  humains  ou  bovins,  dangereux  pour  l'opé- 
rateur ou  le  vacciné,  et  ils  se  servent  d'un  bacille  d'ori- 
gine  équine  inoffensif  pour  les  deux.  Les  résultats  obtenus 
sont,  paraît-il,  excellents,  et  une  communication  impor- 
tante sur  ce  sujet  doit  être  faite  incessamment  par  les 
auteurs. 

Nous  ne  saurions  terminer  cette  histoire  de  la  lutte 
contre  la  tuberculose,  sans  parler  d'un  nouveau  sérum 
curateur  des  bovins  et  des  humains,  qui  donne  de  grandes 
espérances  :  nous  voulons  parler  du  sérum  du  Dr  Cuguil- 
lière.  Ce  sérum,  dont  la  formule  exacte  est  déposée  à 
l'Académie  des  sciences,  contient  du  sulfure  d'allyle,  de 
l'essence  de  myrrhe  dans  du  sérum  de  Hayem  qui  leur  sert 
de  véhicule. 

Ni  irritante,  ni  toxique,  son  administration  se  fait  par  la 
voie  sous-cutanée.  De  nombreux  bovidés,  tuberculeux 
avancés,  traités  pour  la  plupart  par  le  vétérinaire  Faure  à 
l'aide  de  ce  sérum,  ont  parfaitement  guéri  et  augmenté  de 
poids.  A  l'autopsie  on  ne  trouve  plus  que  des  nodules  tuber- 
culeux isolés  du  tissu  sain  par  une  barrière  de  tissu  fibreux. 
L'examen  microscopique  de  ces  nodules,  fait  à  Paris  par 
le  Dr  Martin  Roux,  a  montré  que  le  poumon  était  envahi 
par  des  phagocytes,  et  sur  les  coupes  on  ne  put  jamais 
trouver  un  seul  bacille  tuberculeux. 

Le  Dr  Escoyez,  de  Braffe,  en  Belgique,  a  aussi  employé 
cette  méthode  de  traitement  au  point  de  vue  de  la  tuber- 
culose humaine,  et  les  quelques  observations  qu'il  a  publiées 
montrent  qu'il  a  obtenu  des  guérisons. 

D'autre  part,  le  7  octobre  1905,  au  Congrès  international 
de  la  tuberculose  tenu  à  Paris,  le  professeur  Behring  a 
annoncé  qu'il  avait  trouvé  le  principe  curateur  de  la  tuber- 
culose bovine;  là  TC,  tel  est  le  nom  de  ce  principe.  Le 
25  novembre  1905,  le  vétérinaire  Faure,  de  Saint-Denis  de 
Pilse,  au  nom  de  la  Société  d'application  des  sciences 
médicales,  écrivait  au  professeur  Behring,  lui  demandant 


—  56  - 

d'essayer  comparativement  sa  TC  et  le  sérum  du  Dr  Cuguil- 
lière.  «  Ces  expériences,  écrit-il,  pourraient  être  insti- 
tuées de  la  façon  suivante.  On  prendrait,  par  exemple,  un 
lot  de  quatre  bêtes  bovines  tuberculeuses,  de  même  race, 
ayant  [autant  que  possible  des  lésions  tuberculeuses  des 
mêmes  organes  et  au  même  degré.  Dans  ce  lot,  vous  choi- 
sirez deux  bêtes  qui  seraient  traitées  avec  votre  TC  ;  les 
deux  autres  seraient  traitées  avec  le  sérum  du  Dr  Cuguil- 
lière.  Ces  expériences  pourraient  se  faire  dans  un  pays 
neutre,  la  Belgique,  par  exemple,  sous  la  direction  de 
M.  Max  Vanhemelrych,  inspecteur  vétérinaire  de  l'État 
belge.  On  pourrait  ainsi  apprécier  la  valeur  curative  des 
deux  produits  et,  le  cas  échéant,  déterminer  celui  auquel 
revient  la  supériorité.  » 

Nous  ne  pensons  pas  que  le  professeur  de  Marbourg  se 
dérobe  à  cette  invitation;  espérons  que  de  ces  expériences 
faites  pour  le  plus  grand  profit  de  l'humanité,  il  sortira  un 
remède  efficace  contre  ce  fléau  qui  peu  à  peu  dépeuple  la  terre . 

Nous  sommes  donc  très  près  de  la  solution.  Behring 
nous  a  appris  à  vacciner  les  bovidés  contre  la  tuberculose  ; 
le  Dr  Cuguillière  et  Behring  ensuite  nous  annoncent  qu'ils 
ont  pu  arriver  à  guérir  cette  maladie  et  les  observations 
publiées  nous  permettent  d'avoir  confiance  en  l'avenir. 
Espérons  que  bientôt  les  résultats  annoncés  seront  officielle- 
ment constatés,  et  alors  on  ne  mourra  plus  par  le  fait  du 
redoutable  bacille  de  Koch. 

Autun,  le  7  février  1906. 

G.  PARANT. 


La  correspondance  comprend  une  lettre  de  M.  Charles 
Marchai,  exprimant  ses  regrets  de  ne  pouvoir  continuer  à 
exercer  les  fonctions  de  secrétaire  adjoint,  approuvant 
le  choix  qu'on  a  fait  de  son  successeur  et  assurant  la  Société 
de  tout  son  dévouement. 


,  "\ 


$ 


Monument  de  Bernard  RENAULT 

AU  ClMETltmt   D-AUTVM 


—  57  — 

M.  le  ministre  de  l'instruction  publique  accuse  réception 
de  la  communication  que  M.  le  Dr  X.  Gillot  doit  faire  en 
collaboration  avec  M.  Château,  au  prochain  Congrès  des 
Sociétés  savantes,  sur  la  Répartition  topographique  des 
espèces  végétales  au  point  de  vue  calcimétrique. 

M.  Ra8pillaire  adresse  ses  remerciements  pour  le  titre 
de  membre  correspondant  qui  lui  a  été  décerné  au  cours 
de  la  précédente  réunion. 

Différentes  lettres  de  M.  Albert  Qaudry,  dans  lesquelles 
sa  sollicitude  toute  paternelle  à  notre  égard  s'inquiète, 
non  sans  raison,  de  l'indifférence,  pour  ne  pas  dire  plus, 
que  l'Agence  Fournier  met  à  l'émission  des  billets  de  notre 
loterie. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  et  lo 
dix-huitième  Bulletin  est  distribué  aux  membres  présents. 


INAUGURATION 

OU    MONUMENT   DE    BERNARD   RENAULT 


La  notoriété  et  les  sympathies  que  s'était  acquises  notre 
savant  et  regretté  compatriote,  Bernard  Renault,  ont  assuré 
le  succès  de  la  souscription  ouverte,  Tannée  dernière, 
pour  lui  élever  un  monument  au  cimetière  d'Autun. 

M.  le  professeur  Albert  Oaudry,  membre  de  l'Institut, 
ancien  président  de  l'Académie  des  sciences,  commandeur 
de  la  Légion  d'honneur,  qui  a  toujours,  et  en  toutes  cir- 
constances, manifesté  son  estime  et  son  admiration  pour  le 
caractère  et  les  beaux  travaux  de  Bernard  Renault,  et  sa 
bienveillance  pour  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun, 
a  bien  voulu  tenir  la  promesse  qu'il  avait  faite  de  présider 
la  cérémonie  de  l'inauguration  de  ce  monument,  fixée  au 


—  58  — 

29  avril.  M.  A.  Gaudry,  dont  la  verte  vieillesse  ne  connaît 
pas  d'obstacles,  quand  il  s'agit  d'une  bonne  œuvre  ou  d'un 
acte  généreux,  n'a  pas  reculé  devant  les  fatigues  d'un  long 
voyage  et  l'inclémence  de  la  température,  et  est  arrivé  le 
samedi  soir  28  avril,  à  Autun,  où  il  a  été  reçu  par  le  Bureau 
de  la  Société  d'histoire  naturelle.  Il  était  accompagné  de  sa 
nièce,  M™  Bezard,  petite-fille  d'Alcide  d'Orbigny,  l'un  des 
maîtres  de  la  paléontologie  française,  et  a  été  rejoint  par 
M.  The  venin,  assistant  de  la  chaire  de  paléontologie  au 
Muséum,  collègue  et  ami  personnel  de  Bernard  Renault. 

Malgré  les  circonstances  défavorables,  préoccupations 
électorales, indispositions  saisonnières,  mauvais  temps, etc., 
qui  ont  occasionné  l'abstention,  motivée  par  de  nombreuses 
lettres  d'excuses  et  de  sympathiques  sentiments,  de  la  part 
des  sociétés  voisines  et  des  amis  ou  correspondants  de 
BernardRenaultjlacérémonieaeu  lieu,  suivant  le  programme 
annoncé,  et  avec  un  caractère  d'émouvante  simplicité. 

Dimanche,  à  onze  heures  et  demie,  un  dîner,  parfaite- 
ment  servi,  réunissait  à  l'hôtel  de  la  Poste,  sous  la  prési- 
dence d'honneur  de  M.  A.  Gaudry,  une  quarantaine  de 
membres  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d' Autun.  Au 
Champagne,  offert  par  M.  A.  Gaudry,  M.  le  docteur  X.  Gillot, 
président  de  la  Société,  remercie  M.  A.  Gaudry  de  son 
nouveau  voyage  à  Autun,  si  honorable  pour  la  mémoire  de 
Bernard  Renault,  et  témoignant,  en  même  temps,  de  son 
vif  intérêt  pour  la  Société  d'histoire  naturelle,  dont  il  est 
un  véritable  bienfaiteur.  Il  adresse  également  ses  remer- 
ciements à  M.  Thevenin,  du  Muséum,  et  salue,  au  nom  de 
la  Société  tout  entière,  la  présence  de  M°"  Bezard,  héri- 
tière du  nom  glorieusement  scientifique  de  d'Orbigny,  qui 
a  bien  voulu  honorer  cette  réunion  de  sa  gracieuse  pré- 
sence. M.  Gillot  regrette  l'absence  de  M.  Périer,  député  et 
maire  d' Autun,  retenu  par  les  exigences  du  renouvellement 
prochain  de  son  mandat  législatif  et  des  engagements 
antérieurs.  Il  remercie  MM.  les  adjoints  Dirand  et  Viard  et 


—  59  — 

les  conseillers  municipaux,  qui  ont  bien  voulu  le  remplacer, 
et  dont  la  bonne  volonté  s'est  toujours  exercée  en  faveur 
de  la  Société  d'histoire  naturelle,  comme  celle  de  M.  Périer 
lui-même.  M.  Dirand,  premier  adjoint,  se  fait,  en  effet  au 
nom  de  la  ville,  l'interprète  de  ces  sentiments  et  présente 
les  regrets  de  M.  le  maire.  Après  quelques  mots  aimables 
de  M.  A.  Gaudry,  tout  le  monde  se  rend  i  une  heure  et 
demie  à  l'hôtel  de  ville,  où  se  forme  le  cortège. 

M.  Albert  Gaudry  en  prend  la  tête  suivi  par  le  bureau  et 
les  membres  de  la  Société  d'histoire  naturelle,  par  bon 
nombre  de  notabilités  de  la  ville,  de  représentants  de 
l'armée,  et  par  les  délégations  des  Sociétés  locales  : 
Société  Éduenne,  Société  de  tir,  Collège  d'Autun,  Sapeurs* 
pompiers,  Société  de  gymnastique  la  Vaillante,  etc.  Le 
ciel,  jusque-là  pluvieux,  s'est  heureusement  éclairci,  et  à 
deux  heures  précises  la  nombreuse  assistance  était  réunie 
au  cimetière  autour  du  monument,  dû  au  ciseau  de  M.  Martin 
Fonty,  artiste  sculpteur  autunois  et  membre  de  la  Société 
d'histoire  naturelle. 

Ce  monument,  tout  en  marbre  blanc- veiné  de  Carrare, 
repose  sur  la  partie  supérieure  de  la  dalle  tombale.  Il  est 
formé  d'un  socle  i  quatre  faces  évidées  en  cintre  de  cour- 
bure gracieuse,  et  surmonté  d'une  pyramide  quadrangu- 
laire,  dont  la  face  antérieure  est  décorée  d'une  couronne  et 
d'une  grande  palme  surmontées  par  la  croix  de  la  Légion 
d'honneur.  Une  plaque  de  bronze  encastrée  dans  le  socle 
porte  cette  inscription  : 

A 

BERNARD   RENAULT 

DO  MUSÉUM  DB  PAftIS 

pbésidbnt 
os  la  société  d'histoibi  naturillb 

d'autun 
1836-1904. 

8BS  AMIS 

IT 

SB8  ADMIEATIUM. 


-  60  — 


Quatre  discours  sont  prononcés.  M.  le  Dr  Gillot  prend 
la  parole  au  nom  de  la  Société  : 

Mesdames,  Messieurs, 

Le  compatriote  éminent,  dont  nous  honorons  la  mémoire,  avait 
l'amour  profond  de  la  terre  natale;  et,  cependant,  le  peu  de  place 
qu'il  y  occupe  aujourd'hui  a  failli  lui  manquer.  Après  une  vie  tout 
entière  consacrée  au  service  du  pays  et  à  la  science,  Bernard 
Renault  est  mort  pauvre,  et  sa  dépouille  mortelle  serait  restée,  ano- 
nyme et  bientôt  oubliée,  dans  quelque  coin  d'une  nécropole  pari- 
sienne, si  la  municipalité  d'Autun,  avec  un  empressement  et  une  géné- 
rosité, dont  je  tiens  à  la  remercier  tout  d'abord,  ne  lui  avait  accordé 
une  concession  gratuite  et  perpétuelle  dans  ce  cimetière  où  reposent 
déjà  les  membres  de  sa  famille  et  ses  plus  anciens  camarades,  et  si 
la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  qu'il  avait  fondée,  dirigée  et 
tant  aimée,  n'avait  fait  les  Irais  de  ses  obsèques.  ' 

Il  a  fallu  la  mort,  et  le  concert  unanime  de  regrets  et  d'hommages, 
malheureusement  trop  tardifs,  qui  l'ont  suivie,  pour  révéler,  môme 
à  beaucoup  de  ses  concitoyens,  la  valeur  de  Bernard  Renault  et  la 
place  qu'il  occupait  dans  le  monde  scientifique.  Il  importait  que  son 
nom  fût  transmis  à  la  postérité  et  son  œuvre  proclamée,  comme 
exemple  de  désintéressement,  de  travail  et  de  dévouement. 

La  vie  de  Bernard  Renault  vient  d'être  écrite  par  la  main  d'un 
ami,  hélas  1  lui  aussi  disparu,  avec  une  abondance  de  documents 
qui  ne  laisse  rien  à  ajouter,  et  avec  une  émotion  sincère,  que  nous 
avons  tous  ressentie.  Elle  s'est  écoulée,  régulière  et  féconde,  digne 
et  laborieuse,  partagée  entre  Paris,  la  ville  des  grandes  ressources, 
le  foyer  du  progrès  scientifique,  auquel  il  a  pris  une  si  large  part,  et 
Autun,  la  petite  patrie,  aux  traditions  généreuses,  reconnaissante  et 
fière  du  succès  de  ses  enfants.  Et  voilà  pourquoi  sur  ce  monument, 
éloquent  dans  sa  simplicité,  au-dessous  de  la  croix  et  de  la  palme, 
symboles  de  l'honneur  et  de  la  gloire,  le  bronze  résume  en  deux 
lignes  la  carrière  de  Bernard  Renault,  en  évoquant  le  Muséum  de 
Paris,  où  il  a  dépensé  le  meilleur  de  son  intelligence,  et  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun,  à  laquelle  il  avait  donné  tout  son 
cœur! 

Bernard  Renault  s'est  élevé,  &  lui-même,  un  monument  plus 


—  61  — 

fameux  et  plus  durable  que  le  marbre  et  que  le  bronze  ;  c'est  l'en- 
8 omble  des  travaux  qui  l'ont  placé  au  premier  rang  des  paléobota- 
nistes, des  leçons  qu'il  a  professées,  des  mémoires  qu'il  a  publiés 
par  centaines  et  qui  font  autorité  dans  le  monde  entier,  des  patientes 
études  qui  ont  dévoilé  jusque  dans  leur  plus  intime  structure,  et 
reconstitué  aux  yeux  étonnés  des  savants,  les  flores  depuis  long- 
temps disparues  des  anciens  âges  géologiques,  des  découvertes  qui 
ont  éclairé  d'un  jour  si  nouveau  et  si  brillant  la  formation  de  la 
houille  et  des  combustibles  minéraux,  et,  par  là -môme,  rendu  de  si 
importants  services  à  l'industrie  de  notre  pays. 

Le  nom  du  modeste  savant  était  si  généralement  connu  et  sa 
valeur  appréciée,  qu'au  premier  appel  du  comité  constitué  pour 
marquer  sa  tombe  d'une  pierre  tumulaire,  les  souscriptions  sont  par- 
venues de  France  et  de  l'étranger,  nombreuses  et  généreuses,  accom- 
pagnées, pour  la  plupart,  des  témoignages  les  plus  expressifs  et  les 
plus  touchants  d'estime  et  de  sympathie.  Et  voilà  pourquoi,  encore, 
ces  simples  mots  qui,  dans  leur  concision,  résument  également 
l'origine  et  la  signification  de  ce  monument  :  «  A  Bernard  Renault, 
ses  amis  et  ses  admirateurs  I  » 

Ce  m'est  un  devoir  de  remercier  tous  les  collaborateurs  qui  nous 
ont  permis  d'accomplir  cette  œuvre  de  justice  et  de  reconnaissance  : 
M.  le  maire  et  le  conseil  municipal  d'Autun,  qui  ont  fourni  le  ter- 
rain; l'artiste,  M.  Fonty,  qui  a  conçu  le  projet  et  travaillé  le  marbre 
de  ce  tombeau,  avec  autant  d'habileté  que  de  désintéressement; 
les  savants  français  et  étrangers  qui  nous  ont  encouragés  et  par 
leurs  souscriptions  et  par  leurs  éloges,  tout  particulièrement  les 
collègues  de  Bernard  Renault  au  Muséum,  professeurs  et  assistants, 
et,  avant  tout,  l'un  des  plus  distingués  par  l'étendue  de  sa  science 
comme  par  la  dignité  de  son  caractère,  M.  le  professeur  Albert 
Gaudry,  dont  la  bienveillance  envers  Bernard  Renault  et  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun  ne  connaît  pas  de  bornes,  et  qui  a  tenu 
à  rehausser  le  lustre  de  cette  cérémonie  par  sa' présence,  témoignage 
éclatant  de  la  haute  estime  en  laquelle  il  tenait  Bernard  Renault  et 
son  œuvre.  Qu'il  reçoive,  en  mémoire  de  notre  cher  et  regretté  pré* 
sident,  l'expression  de  notre  respectueuse  gratitude  ! 

La  ville  d'Autun  a  toujours  conservé  le  culte  des  lettres  et  des 
sciences  qui  ont  fait  son  antique  réputation.  Elle  s'honore,  une  fois 
de  plus,  en  glorifiant  l'un  de  ses  fils,  dont  le  nom,  insorit  à  l'angle 
de  ses  rues  comme  sur  le  bronze  de  cette  pyramide,  rappellera  à  nos 
descendants  les  vertus  de  l'honnête  homme,  du  bon  citoyen  et  du 
grand  savant  que  fut  Bernard  Renault  1 


—  62  — 


M.  Albert  Gaudry,  président  d'honneur  de  la  Société, 
s'exprime  en  ces  termes  : 

Messieurs, 

Comme  membre  de  l'Académie  des  sciences,  je  suis  heureux  d'ap- 
porter mon  tribut  d'admiration  à  la  mémoire  d'un  des  hommes  qui 
ont  le  plus  honoré  la  science  française.  Peu  de  paléontologistes  ont 
autant  que  Bernard  Renault  contribué  à  jeter  de  la  lumière  sur  la 
grande  histoire  des  âges  passés. 

Bien  des  millions  d'années  avant  le  temps  où  les  Romains  ontfondé 
à  Autun  un  centre  intellectuel  qui  rayonne  au  loin  encore  aujourd'hui, 
grâce  à  votre  Société  Eduenne  et  à  votre  Société  d'histoire  naturelle, 
la  vie  se  manifestait  intense  et  grandiose  dans  ce  pays.  Il  y  avait  d'im- 
menses forêts  de  Lepidodendron,  de  Lepidoslrobus,  de  Cordaîtes, 
de  Sig Maria,  de  Calamodendron,  de  Fougères  arborescentes.  Ces 
plantes  étaient  si  abondantes  que  leurs  restes  ont  formé  des  masses 
de  charbon  de  terre.  Elles  étaient  absolument  différentes  de  celles 
qui  existent  à  présent  dans  l'hémisphère  austral  et  dans  l'hémis- 
phère boréal.  Le  génie  de  Bernard  Renault  les  a  reconstituées; 
aidé  par  notre  regretté  confrère  Roche,  qui  avait  un  talent  particu- 
lier pour  en  découvrir  les  débris  et  en  faire  des  préparations  micros- 
copiques, il  a  étudié  leurs  parties  les  plus  délicates  aussi  bien 
que  si  o'étaient  des  plantes  actuelles.  Depuis  les  révélations  de 
Bernard  Renault  et  de  Roche,  nous  pouvons,  par  la  pensée,  nous 
promener  dans  les  forêts  houillères  et  permiennes. 

Au  milieu  de  ces  forêts,  se  trouvaient  des  étangs  aveo  des  Crus- 
tacés, des  Poissons  et  des  Reptiles  qui  sont  les  plus  anciens  Qua- 
drupèdes oonnus  jusqu'à  présent  en  France  :  Protriton,  Stereora- 
chis,  Callibrachion,  Actinodon;  quelques-uns  nous  font  assister  à 
la  formation  du  type  vertébré  :  on  y  voit  les  vertèbres  et  les  os  des 
membres  sur  le  point  d'achever  leur  ossification.  Roche,  MM.  Bayle, 
Cambray,  Berthier  et  d'autres  ont  eu  l'honneur  de  les  découvrir. 
Mais  c'est  Bernard  Renault  qui  le  premier  a  provoqué  leurs  inves- 
tigations. 

Un  des  résultats  les  plus  remarquables  des  recherches  de  ce 
savant,  unies  à  celles  de  M.  Bertrand,  a  été  de  nous  apprendre  que 
les  microbes,  dont  le  rôle  aujourd'hui  préoccupe  tant  de  personnes» 


—  63  — 

ont  eu  un  rôle  non  moins  important  dans  les  âges  primaires.  Il  a 
montré  aux  géologues  étonnés  que  la  structure  très  spéciale  de  la 
houille,  que  nul  d'entre  eux  n'avait  expliquée,  provient  de  l'action 
des  bacilles  et  des  microcoques.  Son  travail  sur  les  combustibles 
minéraux  suffira  pour  faire  passer  le  nom  de  Bernard  Renault  à  la 
postérité. 

A  ces  titres  de  gloire,  Messieurs,  votre  compatriote  en  joint  un 
autre  qui  vous  le  rend  particulièrement  cher.  C'est  lui  qui  a  fondé 
la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  dont  le  succès  continu  est  un 
sujet  de  surprise  pour  tous  nos  naturalistes.  Comment,  disait-on, 
Bernard  Renault  peut-il  espérer  avoir  une  société  s'occupant  de 
science  pure  dans  une  ville  de  14,000  habitants,  qui  pour  la  plupart 
sont  absorbés  par  les  nécessités  d'un  constant  labeur.  Les  sociétés 
de  cette  sorte  se  sont  jusqu'à  présent  recrutées  dans  les  villes  très 
peuplées,  où  un  grand  nombre  d'hommes  ont  des  loisirs  qui  leur 
permettent  de  se  donner  le  luxe  de  la  science. 

Mais  Bernard  Renault  avait  pour  l'étude  de  la  nature  une  telle 
passion,  qu'il  pensait  que  cette  passion  devait  facilement  se  propa- 
ger et  il  avait  si  bonne  opinion  de  l'esprit  des  hommes  de  ce  pays 
qu'il  n'hésita  pas.  Il  vous  a  bien  jugés,  Messieurs.  Honneur  à  lui  et 
honneur  à  vous!  Vous  avez  montré  aux  travailleurs  français  que  le 
culte  des  choses  de  l'esprit  appartient  à  tous. 

Pour  réunir  des  objets  d'art,  des  tableaux,  des  monnaies,  des 
bibelots,  il  faut  de  la  fortune.  Mais  la  belle  et  bonne  nature  est  plus 
généreuse  que  les  hommes;  elle  livre  gratuitement  ses  trésors  à 
quiconque  prend  la  peine  de  les  rassembler.  Avec  un  marteau  et  un 
ciseau  vous  mettez  à  jour  des  pierres  et  des  fossiles  jusqu'à  ce  jour 
inconnus  ;  avec  des  feuilles  de  papier  vous  rangez  vos  plantes  dans 
des  herbiers;  il  vous  suffit  d'avoir  des  épingles,  du  liège  et  des 
boîtes,  que  vous  savez  fabriquer  vous-mêmes,  pour  classer  vos 
insectes;  à  peu  de  frais  vous  préparez  des  Reptiles,  des  Oiseaux,  des 
Mammifères  ;  et,  comme  les  collectionneurs  sont  les  préoieux  auxi- 
liaires des  savants  spécialistes,  vous  devenez  des  bienfaiteurs  de  la 
science.  Votre  éminent  président,  le  Dr  Gillot,  votre  vaillant  secré- 
taire, M.  Berthier,  l'habile  géologue  M.  de  Chaignon  et  les  autres 
organisateurs  de  vos  collections  sont  secondés  par  des  chercheurs 
dévoués  ;  de  grands  savants,  étrangers  à  ce  pays,  sont  honorés  de 
joindre  leurs  communications  aux  vôtres.  Cette  union  de  tous  est 
quelque  chose  d'admirable. 

Cependant  on  ne  peut  disconvenir  que  vous  avez  été  peu  encou- 
ragés. Loin  de  moi  la  pensée  de  jeter  un  mot  d'amertume  devant  le 


—  64  — 

monument  d'un  homme,  dont  la  bonté  a  été  incomparable;  mais  il 
est  évident  pour  tous  qu'il  n'a  pas  été  traité  comme  devrait  l'être 
sur  le  sol  français  un  homme  de  génie  qui  s'est  saorifié  pour  la 
science.  Il  est  manifeste  aussi  que  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun  n'est  pas  aidée  autant  qu'elle  devrait  l'être.  Cela,  mes  chers 
amis,  fait  éclater  davantage  le  désintéressement  scientifique  dont 
Bernard  Renault  vous  a  donné  le  plus  magnifique  exemple. 

Votre  ancien  président  avait  conçu  l'idée  d'un  Musée  qui  serait  le 
couronnement  de  vos  efforts  et  permettrait  d'appréoier  l'œuvre  que 
vous  avez  accomplie.  Avec  votre  courage  habituel,  vous  poursuivez 
cette  idée.  Je  souhaite  que  vous  puissiez  réussir;  ce  serait  le  plus 
bel  hommage  à  la  mémoire  de  l'éminent  fondateur  de  votre  Société. 
Je  souhaite  aussi  qu'en  venant  visiter  le  monumeut  que  votre  piété 
lui  a  élevé,  plusieurs  d'entre  vous  tâchent  de  devenir  ses  imitateurs, 
afin  de  conserver  à  cette  noble  cité  son  prestige  intellectuel. 


M.  Thevenin  parle  au  nom  du  Muséum  : 

Au  nom  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  je  voudrais  essayer  de 
faire,  en  quelques  mots,  revivre  la  belle  figure  de  Bernard  Renault 
dans  son  laboratoire,  devant  le  monument  élevé  par  ses  amis  de  la 
Société  d'histoire  naturelle. 

D'éminents  admirateurs  de  son  œuvre  vous  ont  dit  comment  il  fut 
appelé  à  Paris  par  Brongniart  qui,  en  inspectant  l'École  de  Cluny, 
avait  remarqué  l'ingéniosité  du  jeune  professeur  de  chimie,  épris 
d'une  ardeur  sans  pareille  pour  l'étude  des  végétaux  fossiles 
d'Autun. 

Il  conserva  pendant  vingt-huit  ans  le  titre  modeste  d'aide  natu- 
raliste ou  d'assistant  au  Muséum,  bien  que,  rapidement,  il  fût 
devenu  un  maître  qui  aurait  dû  être,  lui-même,  aidé  ou  assisté  : 
toujours,  il  travailla  seul  dans  son  laboratoire. 

Quelques-uns  d'entre  vous  ont  connu  ce  laboratoire,  que  je  qua- 
lifierais de  misérable  si  d'aussi  beaux  travaux  n'en  étaient  sortis; 
o'étaient  deux  petites  constructions  en  planches,  véritables  échoppes 
d'artisan  du  dix-huitième  sièole,  élevées  sous  le  péristyle  de  l'un 
des  bâtiments  du  Muséum.  Le  froid  y  rendait  le  travail  pénible  en 
hiver  et  leurs  dimensions  étaient  des  plus  exiguës,  mais  cela 
importait  peu  à  Bernard  Renault,  car  la  lumière  y  était  très  favo- 
rable à  ses  études  de  microscopie. 


—  65  — 

Il  a  publié  plus  de  deux  cents  mémoires,  et  chaque  observation 
exigeait  un  long  et  délicat  travail  de  préparation  ;  il  fallait  réduire 
en  plaques  minces  les  fragments  silioifiés  ou  charbonneux  dans 
lesquels  se  cachaient  la  structure  des  tiges  et  l'appareil  fruetifica- 
teur  de  ces  végétaux  enfouis  depuis  des  millions  d'années  ou  les 
bacilles  et  les  microcoques  qui  ont  été  les  agents  actifs  de  la  trans- 
formation de  la  cellulose  en  houille.  Après  cette  besogne  de  patient 
lapidaire  commençait  le  travail  d'examen,  de  comparaison  et  de 
réflexion  du  naturaliste;  Bernard  Renault  y  montra  une  conscience, 
une  ingéniosité,  parfois  même  une  hardiesse  géniale  que  des  voix 
plus  autorisées  que  la  mienne  ont  louées  déjà  devant  vous. 

Hais  le  savant  devait  souvent  interrompre  son  travail,  pour 
répondre  à  des  géologues  ou  à  des  ingénieurs  qui,  lui  présentant 
quelques  empreintes  végétales,  lui  demandaient  d'en  fixer  l'âge 
pour  diriger  leurs  recherches.  Cest  alors,  dans  le  cadre  de  cet 
humble  laboratoire,  qu'apparaissait  vraiment  son  caractère  affable; 
sa  figure  sérieuse  et  bienveillante  encourageait  son  interlocuteur, 
charmé  de  trouver  sous  cet  aspect  modeste  un  homme  d'un  aussi 
rare  savoir. 

Son  acharnement  au  travail  ne  s'est  jamais  ralenti,  et  lorsqu'une 
maladie  incurable  avait  affaibli  sa  vue,  il  venait  encore  souvent  à 
son  laboratoire  pour  y  faire  une  observation  microscopique  nouvelle, 
au  prix  d'une  fatigue  qui  hâtait  le  progrès  du  mal. 

Il  enseigna  peu,  mais  les  leçons  faites  par  lui  au  Muséum,  de  1681 
à  1885,  étaient  si  originales,  si  documentées,  que  les  notes  autogra- 
phlées  de  ce  cours  sont  enoore  un  des  ouvrages  fondamentaux  de 
paléobotanique. 

La  dignité  de  son  caractère  lui  rendait  difficile  toute  démarche  de 
sollicitation  et  11  ne  quittait  son  laboratoire  que  pour  demander  à 
quelques  maîtres  bienveillants  leur  appui  en  faveur  de  sa  chère 
8ociété  d'histoire  naturelle  d'Autun. 

Cette  belle  vie  de  savant  n'eut  pas  le  couronnement  qu'elle 
méritait.  Les  amis  ou  les  collègues  de  Bernard  Renault  ont  ardem- 
ment souhaité  sa  nomination  professorale  ou  son  élection  à  l'Aca- 
démie des  sciences,  hélas  (  la  mort  est  venue  plus  tôt  que  les  hon- 
neurs officiels.  Nous  ne  pouvons  nous  défendre  d'un  sentiment 
pénible  devant  ces  espéranoes  déçues;  mais  nous  garderons  tous  au 
cœur,  comme  un  précieux  exemple,  le  pur  souvenir  des  qualités 
morales  de  Bernard  Renault  dont  les  travaux  seront  pendant  de 
longues  années  une  gloire  pour  le  Muséum  d'histoire  naturelle. 

S.H.N.  IMS.  5 


—  66  — 


M.  Dirand,   premier  adjoint,  donne  lecture  de  la  lettre 
suivante  de  M.  Périer,  maire  d'Autun  et  député  : 


Autan,  le  29  avril  1906. 


Mon  cher  Adjoint  et  Ami, 


Les  nécessités  de  la  période  électorale  me  tiennent  éloigné 
d'Autun  aujourd'hui. 

J'aurais  vivement  désiré  exprimer  mes  sentiments  d'admiration 
pour  la  mémoire  de  notre  savant  et  regretté  compatriote  Bernard 
Renault. 

C'eût  été  un  honneur  pour  moi  d'assister  à  l'éloge  que  des  voix 
aussi  autorisées  que  celles  de  l'éminent  membre  de  l'Institut, 
M.  Gaudry,  et  des  professeurs  et  savants  qui  l'entourent  ne  man- 
queront pas  de  faire  du  fondateur  de  notre  Sooiété  d'histoire  natu- 
relle. 

Veuillez  être  mon  interprète  auprès  d'eux,  leur  dire  tous  les 
regrets  que  j'éprouve  et  assurer  de  mes  sentiments  sympathiques 
et  reconnaissants,  les  dévoués  collaborateurs  et  continuateurs  de 
l'œuvre  de  Bernard  Renault  :  M.  le  docteur  Gillot,  le  Bureau  et  les 
membres  de  la  Société  d'histoire  naturelle. 

Vous  voudrez  bien  donner  communication  de  cette  lettre  et  agréer 
l'assurance  de  mes  sentiments  les  plus  dévoués. 

G.  PÉRIER, 

Maire  d'Autan. 

Chacun  de  ces  discours  est  accueilli  par  d'unanimes 
applaudissements,  démontrant  combien  l'assemblée  tout 
entière  s'associe  aux  éloges  adressés  à  notre  grand  savant 
et  éminent  concitoyen. 


—  67  — 


SÉANCE  DU  29  AVRIL  1906 


PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY 

Ayant  à  sa  droite  M.  le  Dr  X.  Gillot 
et  à  sa  gauche  M.  le  Vto  H.  de  Chàigkon 

Étaient  présents  :  MMme'  des  Abbayes;  de  la  Barbelais; 
Bezard,  de  Paris,  et  Pasteur.  MM.  des  Abbayes;  Victor 
Arnon;  Bouvet;  Bovet;  l'abbé  Brintet  ;  Cambray  et  son  fils 
Alexandre  ;  Camusat,  du  Creusot,  et  son  fils  ;  Changarnier, 
conservateur  des  musées  de  Beaune  ;  Anatole  de  Charmasse  ; 
Chassignol,  instituteur  à  la  Boulaye;  Charles  Chevrier; 
Charles  Clément;  Comeau;  Cougnet;  Dejussieu  Charles; 
Léon  Dubois;  Fesquet  Xavier;  Fonty  Martin;  Oadant; 
Gérardin  ;  Gillot  Louis  ;  Gillot,  correspondant  du  chemin  de 
fer;  Graillot  Antony  ;  Grézel  ;  Jarlot  James;  Jeannet  Joseph; 
Jouvel,  du  Creusot;  Malord;  Marchai,  de  Sain t-Maurice-lès- 
Couches;  Marchand,  du  Creusot;  Marguet  et  son  fils 
Gaston;  Menand;  Georges  Parant;  Paris  Paul;  Pasteur; 
Porte  ;  Régnier,  professeur;  Rigollot  François  ;  A.  Thevenin, 
du  Muséum  de  Paris,  et  Victor  Berthier. 

Huit  nouveaux  adhérents  sont  reçus  à  l'unanimité  comme 
membres  titulaires  : 

M.  Paul  Bertrand,  préparateur  du  Musée  houiller  à  l'Uni- 
versité de  Lille,  présenté  par  M.  le  DrX.  Gillot  et  V.  Berthier. 

M.  Henri  Bousquet,  négociant  à  Toulon-sur-Arroux,  pré- 
senté par  MM.  Chantelot  et  V.  Berthier. 

M.  Jules  Deville,  42,  rue  des  Jeûneurs,  à  Paris,  présenté 
par  MM.  Albert  Gaudry  et  V.  Berthier. 

M.  le  comte  Fernand  d'Esterno,  au  château  de  la  Vesvre, 
près  de  la  Selle-en-Morvan,  présenté  par  M.  le  Dr  Gillot  et 
M.  le  vicomte  H.  de  Chaignon. 


—  68  — 

M.  Charles-Louis-Joseph  Gensoul,  au  château  du  Blan- 
chet,  à  Ghâteauneuf  (Saône-et-Loire),  présenté  par  M.  le 
vicomte  H.  de  Ghaignon  et  M.  Ormezzano. 

M.  Lazare  Gentilhomme,  régisseur  à  la  Boulaye,  pré- 
senté par  MM.  J.  Pelletier  et  Ghassignol. 

M.  Henri  Massey,  entrepreneur  de  travaux  d'hygiène,  de 
plomberie  et  de  couverture  à  Autun,  présenté  par  M.  le 
Dr  Gillot  et  V.  Berthier. 

Et  M.  L.  Petit,  dessinateur  au  Greusot,  présenté  par 
MM.  Gamusat  et  Marchand. 

Dons. 

La  Société  a  reçu  depuis  sa  dernière  réunion,  en  dehors 
des  publications  des  Sociétés  correspondantes  : 

De  M.  A.  de  Mortillet,  deux  brochures  dont  il  est  l'auteur  : 
les  Monuments  mégalithiques  de  la  Lozère1;  les  Polissoirs  de 
Villemaur. 2 

De  notre  compatriote,  M.  Charles  Mariotte,  un  recueil  de 
poésies  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  Herbes  folles 
Éduennes,  Paris,  Vie  et  Amat,  11,  rue  Cassette,  Paris. 

De  M.  P.  Marty,  trois  notes  dont  il  est  l'auteur  :  Vif 
miocène  de  Joursac  (Cantal) 3  ;  V Oligocène  du  Puech  d'Alzon, 
près  de  Bezouls  (Aveyron)4;  Végétaux  fossiles  de  la  Molasse  de 
Bonneville  (Haute-Savoie). b 

De  M.  Ormezzano,  de  magnifiques  échantillons  de 
Y  Ichthyosaurus  longirostris,  trouvé  àChenoux,  près  Marcigny, 
et  qui  fait  l'objet  de  la  note  de  M.  de  Chaignon  qu'on 
trouvera  plus  loin. 

1.  Rapport  adressé  à  la  Commission  des  monuments  mégalithiques,  publié  arec 
le  concours  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences,  avec 
29  figures  dans  le  texte  et  5  planches  hors  texte.  Paris,  Schleicher  frères,  éditeurs. 

2.  Extrait  de  l'Homme  préhistorique,  4*  année,  1906,  n*  2. 

3.  Extrait  de  la  Feuille  de»  Jeune»  naturalistes,  p.  177-182. 

4.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  4*  série,  tome  V, 
p.  580,  année  1905. 

5.  Idem,  p.  776. 


—  69  — 

De  M.  Vaille  au,  i  Auxy,  quelques  minéraux  recueillis 
sur  le  territoire  de  sa  commune. 

De  M.  Louis  Revenu,  un  rognon  schisteux. 

De  M.  Ploquet  fils,  une  petite  collection  de  roches  du 
8iebengebirget  Bonn  (Prusse). 

M.  le  président  se  fait  l'interprète  de  la  Société  en 
adressant  de  sincères  remerciements  i  tous  les  donateurs. 

Correspondance. 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  quantité  de  lettres 
de  sociétaires  exprimant  leurs  regrets  de  n'avoir  pu  assister 
i  la  réunion  de  ce  jour.  Au  hasard  nous  en  citerons  quel- 
ques-uns :  M.  Liard,  membre  do  l'Institut;  M.  Yovanne 
Renault;  M.  Bayle,  directeur  de  la  Société  lyonnaise; 
M.  A.  Raymond,  de  8aint-8ymphorien-de-Marmagne  ; 
M.  R.  Zeiller,  membre  de  l'Institut;  H.  Marc  Sauzay; 
M.  Jules  Devilerdeau;  M.  C.-Eg.  Bertrand,  professeur  i 
l'Université  de  Lille;  etc.,  etc. 

M.  le  président  informe  la  Société  que,  par  arrêté  en 
date  du  21  avril  1906,  M.  Jules  Devilerdeau  a  été  nommé 
officier  d'Académie,  sur  la  proposition  de  M.  Bayet,  direc- 
teur de  l'Enseignement  supérieur. 

A  ce  propos,  M.  le  Dr  Oillot  ajoute  : 

«  Nous  avons  appris  avec  la  plus  vive  satisfaction  que, 
par  décision  ministérielle  du  21  avril,  i  l'occasion  du  Con- 
grès des  sociétés  savantes  i  la  Sorbonne,  et  k  titre  de 
membre  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  notre 
collègue  et  ami,  Jules  Devilerdeau,  avait  été  nommé  offi- 
oier  d'Académie.  Il  est  un  de  oeux  qui,  parti  des  origines 
les  plus  modestes,  ont  conquis,  par  leur  intelligence  et  leur 
travail,  une  position  honorable,  et  ont  su  trouver  dans  le 
développement  de  leur  instruction  un  délassement  des  tra- 
vaux professionnels*  Membre  dévoué  de  la  Société  d'I 


—  70  — 

toire  naturelle  d'Autun,  il  a  publié  différents  articles  de 
géologie  dans  nos  Bulletins,  et  a  représenté  notre  Société 
au  Congrès  des  sociétés  savantes  à  Alger,  en  1905.  La  dis- 
tinction qu'il  a  reçue  est  une  juste  récompense  d'une  car- 
rière bien  et  utilement  remplie;  et  je  regrette  qu'une  indis- 
position, qu'il  faut  espérer  peu  sérieuse,  le  retienne  à 
Paris  et  l'empêche  d'assister  à  notre  réunion,  où  nous 
aurions  été  heureux  de  lui  adresser  les  sincères  félicita- 
tions que  nous  lui  transmettrons  au  nom  de  tous  ses  cama- 
rades! » 

Dans  une  intéressante  causerie,  M.  L.  The  venin,  du 
Muséum,  entretient  la  Société  des  découvertes  récentes 
faites  par  M.  Fayol,  à  Commentry,  de  reptiles  très  voisins 
du  Protriton  petrolei  de  nos  schistes  bitumineux  et  qui  sont 
jusqu'alors  les  plus  anciens  connus. 

M.  Gamusat  lit  une  note  biographique  sur  M.  Gény, 
ingénieur,  directeur  des  usines  du  Creusot,  récemment 
victime  d'une  mort  tragique  et  prématurée,  et  qui  s'était 
toujours  intéressé  aux  travaux  de  notre  Société. 

Il  est  donné  lecture  des  communications  suivantes  : 


Un   Orthoptère   (Forflcule)   nouveau 
pour  Saône-et-Loire. 

Labidura  riparia  Pall.  =  Forficula  giganlea  Latr.  —  Ce 
Perce-oreille,  reconnaissable  à  sa  taille  (13  à  19  milli- 
mètres), aux  antennes  de  27  à  30  articles,  est  très  commun 
en  Algérie  et  dans  le  midi  de  la  France.  M.  E.  Olivier 
(Rev.  Se.  Bourbe  1888,  p.  282),  le  signale  sur  divers  points  du 
département  de  l'Allier,  tels  que  les  bords  de  la  Sioule,  de 
la  Loire  et  de  l'Allier,  sous  les  débris.  Cet  auteur  dit  : 
a  L'Allier  semble  être  la  limite  de  l'habitat  septentrional 
de  cet  insecte.  » 


^  71  — 

Cette  limite  doit  être  reculée  plus  au  nord,  car  l'insecte 
en  question  a  été  capturé,  en  1903,  à  Marcigny,  par  notre 
zélé  collègue,  M.  Ormezzano. 

Il  faut  voir  dans  ce  fait  minime  un  nouvel  exemple  de  la 
pénétration,  dans  le  sud  de  notre  département,  de  quelques 
espèces  méridionales,  phénomène  déjà  signalé  pour  lès 
hémiptères  {Bull.  Soc.  hist.  nat.  Âutun,  1896). 

C.  MARCHAL 


Sur  PIchthyosaure  de  Chenoux. 

Les  ossements  déposés  sur  cette  table  sont  offerts  à  la 
Société  par  notre  zélé  confrère  de  Marcigny,  M.  Ormezzano. 
J'en  dirai  quelques  mots  écrits  sous  sa  dictée  ;  ils  serviront 
de  préliminaire  à  l'historique  de  cette  découverte,  M.  Or- 
mezzano, s'il  le  juge  à  propos,  se  réservant  de  donner,  par 
la  suite,  une  note  plus  détaillée  sur  ce  sujet. 

Vers  1869,  M.  Ormezzano  et  un  de  ses  amis,  M.  Bernard, 
découvrirent  les  premiers  vestiges  d'ossements  à  Chenoux, 
petit  hameau  situé  sur  le  bord  de  la  Loire,  à  deux  kilomètres 
environ,  au  nord  de  Marcigny.  Ces  débris  se  trouvaient 
engagés  dans  un  calcaire  marneux  supraliàsique  (Toarcien), 
à  Am.  bifronSj  Am.  radians,  etc.,  représentant  un  affleu- 
rement bien  indiqué  sur  la  carte  géologique,  feuille  de 
Char  oll  es. 

Ces  premiers  ossements  se  trouvaient  à  la  surface  du 
sol,  et  sur  le  moment  on  ne  fît  pas  de  fouille  pour  en  pour- 
suivre, la  recherche.  M.  Ormezzano  les  recueillit  et  ils 
restèrent  chez  lui,  oubliés  pendant  plusieurs  années.  Aussi, 
n'est-ce  que  vingt-cinq  ans  après  cette  première  rencontre 
que  M.  Ormezzano,  estimant  le  moment  venu  de  procéder 
à  des  recherches   plus  sérieuses,   s'adressa  £.  la  Société 


—  72  — 

physiophile  qui  venait  de  se  fonder  tout  récemment  à 
Montceau-les-Mines,  sous  la  présidence  de  MM.  les  ingé- 
nieurs de  Gournay  et  Mathey. 

Cette  Société  vint  elle-même  i  Marcigny,  en  1896,  se 
transporta  à  Chenoux  et,  après  examen  sur  les  lieux, 
décida  que  des  fouilles  méthodiques  seraient  entreprises. 
A  cet  effet,  M.  Bouffange,  conservateur  du  petit  musée  de 
la  Compagnie  des  mines  de  Montceau,  fut  délégué  par  la 
Société;  il  vint  à  Marcigny  où  il  séjourna  pendant  un 
mois. 

Ces  calcaires  de  Chenoux  sont  disposés  en  bancs  parais- 
sant horizontaux,  au  moins  sur  leur  tranche  ;  ils  constituent 
le  front  d'une  ancienne  carrière  dont  la  base  est  masquée 
par  les  éboulis.  Des  lits  ou  bancs,  de  différentes  couleurs, 
gris,  rouges  ou  violets,  alternent  leurs  assises.  C'est  dans 
un  de  ces  bancs  rouges  que  reposait  le  squelette. 

Leur  composition  cependant  n'est  pas  homogène  ;  il  y  a 
un  mélange  de  parties  marneuses  tendres,  presque  ter- 
reuses, et  de  calcaire  dur.  M.  Bouffange  a  été  obligé  de 
dégager  après  coup  et  presque  l'une  après  l'autre,  chaque 
vertèbre  de  sa  gangue  pierreuse. 

La  tête  du  squelette,  qui  devait  affleurer  sur  la  bordure 
du  talus,  avait  disparu  par  le  fait  du  ravinement  de  la  sur- 
face. 

Pour  dégager  la  succession  des  ossements,  une  galerie 
fut  creusée  et  boisée;  à  la  fin  des  travaux  elle  avait  atteint 
une  profondeur  de  huit  mètres. 

M.  Ormezzano  estime  que  la  longueur  totale  du  reptile 
pouvait  mesurer  près  de  six  mètres,  assertion  que  j'ai  pu 
vérifier  au  musée  de  Montceau,  où  toute  la  partie  du  sque- 
lette découverte  par  M.  Bouffange  figure  aujourd'hui,  c'est- 
à-dire  toute  la  colonne  vertébrale,  chaque  vertèbre  déta- 
chée, avec  des  os  plats  de  l'épaule.  Le  reste  du  squelette 
dont  les  ossements  sont  très  mélangés,  et  que  M.  Ormezzano 
veut  bien  offrir  à  notre  musée,  ont  été  récoltés  par  lui- 


—  73  — 

même.  Ces  restes,  au  premier  abord,  sembleraient  pré- 
senter moins  d'importance  que  ceux  que  possède  le  musée 
de  Montceau,  mais  ils  ont  aussi  leur  valeur.  Aussi  serait-il 
à  propos  que  ces  deux  collections  pussent  se  trouver 
réunies  pour  permettre,  s'il  était  possible,  de  reconstituer 
le  reptile.  Ce  serait  d'autant  plus  à  souhaiter  que  M.  Gau- 
dry,  qui  a  bien  voulu  examiner  ces  ossements,  est  arrivé, 
en  rapprochant  trois  fragments  détachés,  à  reconstituer 
une  partie  de  maxillaire.  Cette  reconstitution  donne  au 
museau  de  l'animal  une  longueur  bien  supérieure  à  celle 
que  peut  atteindre  celui  de  Ylchthyosaurus  communis;  aussi 
M.  Qaudry  n'a-t-il  pas  hésité  à  assimiler  notre  sujet  à 
celui  qu'il  a  décrit  dans  son  bel  ouvrage  :  les  Enchaînements 
du  monde  animal  dans  les  temps  géologiques.  Fossiles  secon- 
daires, p.  182,  sous  le  nom  Ylchthyosaurus  longirostris.  Pour 
confirmer  cette  assertion,  M.  Thevenin,  professeur  au 
Muséum,  a  fait  remarquer  que  les  vertèbres  que  nous  pos- 
sédons du  Longirostris  ont  une  épaisseur  supérieure  à  celle 
des  vertèbres  de  Ylch.  communis. 

De  même  que  le  fait  très  bien  ressortir  la  figure  que 
donne  M.  Gaudry  du  longirostris,  on  peut  voir,  sur  deux 
de  nos  fragments,  quelques  dents  couchées  dans  une  des 
rigoles  qui  occupent  toute  la  longueur  de  la  mâchoire. 
Cette  figure  est  réduite  au  cinquième,  ce  qui  donnerait 
pour  longueur  totale  au  museau  0n75  centimètres  au  mini- 
mum. Ce  don  de  M.  Ormezzano  est  d'autant  plus  intéres- 
sant que  cette  espèce  n'a  pas  encore  été  signalée  en  France, 
et  que  le  seul  exemplaire  qui  existe  provient  du  lias  supé- 
rieur d'Holzmaden  (Wurtemberg)  et  a  été  donné  au  Muséum 
de  Paris. 

Nous  devons  également  à  la  générosité  de  notre  nouveau 
confrère  de  Lyon,  M.  Àudin,  une  série  de  roches  intéres- 
santes recueillies  principalement  dans  la  région  beaujo- 
laise,  et  qu'il  a  bien  voulu  me  permettre  de  prélever  sur 


—  74  — 

les  nombreux  échantillons  qu'il  a  chez  lui.  Cette  collection 
complétera  ou  accroîtra  tout  au  moins  celle  que  nous  pos- 
sédons déjà  provenant  des  mêmes  localités.  Sans  avoir 
peut-être  l'intérêt  d'une  collection  locale,  elle  peut  avoir 
son  utilité  pour  l'étude  comparative  avec  des  roches  simi- 
laires mais  de  provenances  différentes. 

H.  de  CHAIGNON. 


Note  sur  le  Filon  de  plomb  de  Jouvrain,  commune 
de  la  Grande- Verrière  (Saône-et-Loire). 

Dans  sa  Géologie  et  Statistique  minéralogique  de  Saône-et- 
Loire,  M.  Manès  cite  la  mine  de  Jouvrain,  dans  un  filon 
quartzeux  de  0m50,  dont  les  travaux  sont  abandonnés.  Un 
peu  plus  loin,  le  même  ouvrage  fournit  un  autre  rensei- 
gnement plus  complet  :  «  La  mine  de  plomb  de  Jouvrain  a 
été  attaquée,  vers  1826,  par  quelques  tranchées  superfi* 
»  cielles  qui  suivirent  un  filon  quartzeux,  .courant  N.-E. 
»  au  S.-O.,  puissant  de  0m50,  aux  veines  de  2  i  5  oenti- 
»  mètres  d'épaisseur  de  plomb  sulfuré  et  carbonate.  La 
»  dureté  de  la  roche  à  traverser  et  le  peu  de  richesse  en 
»  argent  du  plomb  contenu  firent  abandonner  ces  travaux 
»  qui  ont  été  trop  peu  importants  pour  qu'on  puisse  asseoir 
»  un  jugement  définitif  sur  ce  gîte.  » 

Dans  Caillaux,  Description  des  mines  métalliques  de  la 
France,  ce  minerai  est  également  indiqué  :  «  Les.  gîtes 
»  plombeuxde  Saint-Prix  et  la  Grande-Verrière,  situés  près 
»  des  limites  du  département  de  Saône-et-Loire  et  sur  les 
»  pentes  du  Nivernais,  sont  les  seuls  qui  paraissent  avoir 
»  quelque  importance.  On  y  connaît  deux  filons  très  étendus 
»  encaissés  dans  le  porphyre.  Ils  renferment  de  la  galène 


—  75  — 

a  argentifère,  du  plomb  phosphaté,  arséniaté,  carbonate, 
»  dans  une  gangue  de  quartz  et  de  spath-fluor. 

»  Celui  de  Saint-Prix,  commune  de  Saint- Prix-sous- 
»  Beuvray,  sous  la  montagne  de  Oamay,  à  la  limite  de 
»  Saint- Prix  et  de  Glux  (Nièvre),  anciennement  exploité, 
»  est  connu  sur  300  mètres  ;  les  travaux  repris  en  1858  ont 
»  été  abandonnés  à  cause  de  l'abondance  des  eaux. 

»  Le  filon  de  la  Grande -Verrière  est  reconnu  sur 
»  750  mètres.  Sa  puissance  est  de  1  mètre.  Ces  filons 
»  furent  découverts  en  1776  et  travaillés  de  1786  à  1796. 
»  La  mort  d'un  des  exploitants  et  la  politique  arrêtèrent 
»  tout.  » 

Nous  ignorons  où  M.  Caillaux  a  pu  réunir  ces  derniers 
renseignements.  Toutefois,  encouragé  par  ces  détails,  nous 
avons  demandé  aux  propriétaires  actuels  du  terrain, 
MM.  Mathé  et  Rossignol,  l'autorisation  de  faire  quelques 
fouilles  dans  les  anciens  travaux  qui  se  trouvent  sur  leur 
domaine  des  Chevrots.  Profitant  d'une  ancienne  coupure 
et  de  tranchées  faites  à  flanc  de  coteau  dans  des  schistes 
quartzifères  et  porphyritiques,  nous  avons  élargi  la  fouille, 
non  sans  grandes  difficultés,  en  raison  de  la  dureté  de  la 
roche  attaquée.  Nous  n'avons  trouvé  nulle  trace  d'un  filon, 
mais  une  simple  cassure  ou  coupe,  avec  argiles  blanches 
feldspathiques  décomposées  et  quelques  noyaux  barytiques 
perdus  dans  la  masse,  sans  direction.  Ce  sont  ces  résultats 
peu  encourageants  qui  ont  dû  faire  abandonner  les  premiers 
travaux  ainsi  que  les  nôtres.  Dans  les  déblais  de  l'ancienne 
fouille,  j'ai  pu  récolter  quelques  rognons  d'une  galène  à 
grands  cristaux  dont  j'ai  le  plaisir  d'offrir  un  spécimen  à  la 
Société  d'histoire  naturelle.  J'ai  aussi  constaté  la  présence 
d'irisations  et  de  malachite  sur  d'autres  échantillons  ainsi 
que  des  enduits  de  calcite. 

Les  terrains  avoisinants  sont  criblés  de  Blonnets  de 
quartz  blanc  qui  forme  cortège  sans  doute  au  filon  métal- 
lique plombeux.  On  peut  suivre  la  direction  Nord  de  ce  filon 


-  76  — 

jusque  dans  la  montagne  des  Pouriots,  à  l'aide  des  traînées 
barytiques  roses  affleurant  la  surface  du  sol  et  accompa- 
gnant ces  mêmes  quartz.  Du  reste,  ces  indices  suivent  laté- 
ralement le  grand  filon  de  pyrite  de  fer  des  Perreaux  et  du 
Pouriot. 

Pour  les  chercheurs  de  l'avenir  qui  seraient  tentés  de 
reprendre  la  suite  de  nos  investigations,  nous  avons  cru, 
par  ces  quelques  lignes,  ne  pas  perdre  le  souvenir  de  ce  que 
nous  avons  constaté. 

Hippolytk  MARLOT. 


Notes  de  Tératologie  végétale. 

L'appel  que  nous  avons  adressé  dans  une  précédente 
publication  (Bull.  Soc.  hist.  nat.  d'Autun,  XVII  (1904), 
2,  p.  28),  à  nos  collaborateurs  pour  la  recherche  et  l'étude 
des  anomalies  végétales,  a  été  entendu,  et  nous  avons  reçu 
de  nombreux  envois  tantôt  de  monstruosités  bien  connues 
et  de  moindre  intérêt,  tantôt  de  déformations  parasitaires 
relevant  de  la  cécidiologie,  et,  pour  la  plupart,  consignées 
dans  l'important  Catalogue  des  Zoocàcidies  de  Saône-et-hoire, 
par  MM.  Marchai  et  Château  (Bull.  Soe.  hist.  ndt.  d'Autun, 
XVIII  (1905),  pp.  233-320);  parfois  cependant  il  s'est  agi 
de  cas  tératologiques  rares  et  curieux,  ou  tout  au  moins 
signalés  par  quelques  particularités  notables.  Nous  enregis- 
trons cette  nouvelle  série  en  en  rapportant  tout  le  mérite 
à  nos  zélés  correspondants. 

I.  —  Fasolatlons. 

1°  Onothera  biennis  L.  — Nous  avons  reçu,  au  mois  de  juillet 
1904,  de  M.  Q.  Ormezzano,  de  Marcigny,  toute  une  botte 
de  tiges  fasciées  et  plus  ou  moins  contournées,  récoltées 


—  77  — 

aux  bords  de  la  Loire,  où  cette  espèce  est  commune.  Nous 
ne  reviendrions  pas  à  nouveau  sur  les  fasciations  de  cette 
plante,  déjà  décrites  en  détail  dans  nos  Notes  ter  a  to  logiques 
de  1903  (toc.  cit.,  p.  30),  si  leur  fréquence  même  ne  nous 
semblait  militer  en  faveur  de  l'hypothèse  d'une  hérédité 
tératologique,  dont  l'origine  première  est,  peut-être,  trau- 
matique,  comme  de  nombreux  exemples  en  ont  été  rap- 
portés récemment  (J.  Gostantin,  l'Hérédité  acquise;  Scien- 
tia,  série  biologique,  n°  12,  1901,  p.  40;  L.  Blaringhem, 
Production  par  traumatisme  d'anomalies  florales  dont  cer- 
taines sont  héréditaires,  dans  Bull.  Muséum  hist.  nat.,  28  juin 

1904,  n*  6,  p.  399;  Anomalies  héréditaires  provoquées  par  des 
traumatisme*,  dans  C.  R.  Ac.  se,  GXII,  n°  6,  6  février 

1905,  p.  378).  Les  jeunes  tiges  d'Onagre  sont,  en  effet, 
sur  les  sables  ou  dans  les  pâturages  des  bords  de  la  Loire, 
soumises  à  toute  espèce  d'accidents,  foulées  aux  pieds,  muti- 
lées par  le  bétail,  et  surtout  couchées,  brisées  ou  tordues 
par  les  crues  fréquentes  du  fleuve;  leur  végétation,  comme 
en  témoignent  leur  grande  taille  et  leurs  multiples  rameaux, 
est  stimulée  par  l'humidité  du  sol  fertilisé  par  les  limons  ; 
d'où  la  fréquence  des  fasciations,  compliquées  d'autres  ano- 
malies :  cladomanie,  phyllomanie,  et  parfois  phyllomor- 
phie  des  organes  floraux.  Il  parait  démontré,  aujourd'hui, 
contrairement  à  l'opinion  de  Godron  qui  leur  déniait  toute 
qualité  héréditaire  (Mém.  Soc.  se.  nat.  et  math,  de  Cher- 
bourg, XVI  (1871),  p.  112),  que  ces  anomalies  sont  sucep- 
tibles  de  se  transmettre  par  semis,  et  Hugo  de  Vriès  l'a 
prouvé  pour  les  fasciations  de  Crépis  biennis,  tout  comme 
pour  les  races  horticoles  de  Celosia  cristata  (H.  de  Vriès, 
Sur  les  courbes  galtoniennes  des  monstruosités,  dans  Bull, 
scientif.  de  la  France  et  de  la  Belgique,  publié  par  A.  Giard, 
XXVII  (1896),  p.  396;  Sur  la  culture  des  fasciations  des  espèces 
annuelles  et  bisannuelles,  dans  Rev.  gén  de  bot.,  XI  (1899), 
p.  136).  A.  Gallardo  a  également  observé  des  fasciations 
de  Digitalis  purpurea,  qui  se  sont  reproduites  pendant  sept 


—  78  — 

ans  de  suite  dans  son  jardin  (Notas  de  teratol.  veget.,  dans 
Anales  del  Museo  nacional  de  Buenos-Ayres,  ser.  3,  t.  II 
(1903),  p.  532).  De  Vriès  a  prouvé  que  les  anomalies,  les 
fasciations  en  particulier,  pouvaient  se  reproduire  par  le 
semis  jusqu'à  50  °/0  dans  des  conditions  favorables,  mais 
diminuent  rapidement  dans  des  conditions  défavorables. 
Nous  croyons  qu'il  en  est  de  même  pour  les  fasciations 
accidentelles  ou  traumatiques  d'Onothera  biennis,  ce  qui 
explique  leur  nombre  de  plus  en  plus  considérable.  La 
démonstration  en  paraît  évidente,  du  reste,  sur  un  certain 
nombre  de  jeunes  plantes,  où,  dès  les  premiers  temps  de 
leur  croissance,  le  centre  de  végétation  des  rosettes  s'élar- 
git en  forme  de  ligne  ou  de  crête,  s'allonge  en  ruban  aplati, 
et  se  recourbe  plus  tard  par  le  développement  inégal  de 
ses  parties.  Le  même  phénomène  n'est  pas  rare  dans  les 
jardins  potagers  sur  certaines  variétés  de  Chicorée  cul- 
tivée. 

La  fasciation,  en  ce  cas,  est  due  à  une  rupture  d'équi- 
libre entre  la  tension  normale  du  cylindre  central  et  de 
l'éoorce,  d'où  le  cône  de  végétation  est  transformé  en 
crête  de  végétation,  avec  aplatissement,  formation  de  bour- 
geons et  de  rameaux  latéraux  et  tendance  à  la  courbure 
ou  à  la  torsion  des  rameaux.  Il  se  produit  une  action  cen- 
trifuge par  excès  de  tension  de  la  partie  médullaire.  (G.  He- 
naudet,  Contribution  à  l'étude  de  la  tératologie  végétale.  De 
la  fasciation  herbacée  et  ligneuse.  Poitiers,  1901.) 

2°  Brassica  Cheiranthus  DC.  —  Bords  de  la  Loire  à  Mar* 
cigny.  Communiqué  par  M.  Ormezzano,  juillet  1904. 
Plante  robuste,  poussée  sur  les  alluvions  de  la  Loire.  La 
tige,  haute  de  0m60,  fasciée  dès  le  collet  de  la  racine,  se 
divise  à  0m10  plus  haut  en  deux  rameaux  l'un  et  l'autre 
fascié  mais  d'une  façon  inégale.  L'un  d'eux,  très  peu  élargi, 
est  droit  ;  l'autre,  très  [aplati,  d'une  largeur  moyenne  de 
3  centimètres,  est  en  torsion  héliçoîde  dans  sa  moitié 
supérieure,  de  telle  façon  qu'il  semble  s'enrouler  autour 


—  79  - 

du  rameau  droit,  qui  se  dresse  comme  un  tuteur  au  centre 
de  la  spire;  l'extrémité  terminale  est  tordue  en  tire-bouchon 
et  chargée  de  fleurs  normales  et  très  rapprochées. 

3°  Hesperis  matronalis  L.  —  Dans  un  jardin,  à  Toulon-sur- 
Arroux.  Communiqué  par  M.  Chassignol,  instituteur  à  la 
Boulaye,  juin  1905.  Anomalie  en  tout  semblable  à  la  précé- 
dente. La  tige,  haute  de  0*80,  est  aplatie,  dans  toute  sa 
longueur,  en  ruban  fascié  de  3  centimètres  à  la  base,  de 
8  centimètres  dans  sa  plus  grande  largeur,  et  tordue  de 
droite  à  gauche  en  spirale  formant  cinq  tours  complets. 
Du  collet  de  la  racine  se  détachent,  en  outre,  deux  rameaux 
minces  et  verticaux  qui  se  dressent  à  l'intérieur  des  volutes 
fasciées  comme  un  axe  central.  La  tige,  à  sommet  recourbé 
en  crosse,  est  garnie  de  très  nombreux  rameaux  ou  ramus- 
cules  bien  fructifies. 

4°  Sempervivum  arboreum  L.  —  Autun,  cultivé  en  pots, 
29  septembre  1904.  Rameau  fascié  à  base  arrondie,  mais 
aplati  sur  une  longueur  de  30  centimètres  en  s'élargissant 
progressivement  jusqu'à  6  centimètres  de  largeur,  et  por- 
tant sept  rameaux  également  plans  et  fasciés,  alternes,  dis- 
posés en  éventail  au  sommet  du  rameau,  et  terminés  par 
des  rosettes  de  feuilles  petites  et  très  serrées. 

5°  Te  tr  agoni  a  expansa  Ait.  —  Jardin  potager  de  M.  Chas- 
signol, instituteur  à  la  Boulaye,  4  novembre  1904.  Tige 
très  vigoureuse,  longue  de  plus  d'un  mètre,  et  présentant, 
sur  70  centimètres  de  longueur,  une  fasciatioa  progressi- 
vement croissante  jusqu'à  35  millimètres  de  largeur,  et 
divisée  en  deux  branches  terminales  également  fasciées, 
recourbées  au  sommet,  et  chargées  de  larges  feuilles  et  de 
fleurs  bien  conformées.  La  végétation  semble  avoir  été 
forcée  par  la  culture  en  terreau  riche  en  engrais  orga- 
nique. 

C'est  donc  toujours  la  théorie  de  l'excès  de  nutrition  sur 
la  production  du  phénomène  de  fasciation.  Il  faut  le  con- 
sidérer plutôt  comme  une  dilatation  des  tiges  que  comme 


—  80  — 

une  soudure  de  plusieurs  d'entre  elles.  Il  en  est  de  même 
quand  la  végétation  retardée  par  le  froid,  la  sécheresse,  ou 
un  traumatisme,  subit  une  activité  extrême  à  la  suite  de 
pluies,  ce  qui  occasionne  à  certaines  années  de  véritables 
épidémies  de  fasoiations.  A.  H.  Church  (On  relations  of 
Phyllotaxis  to  tnechanical  law$)y  citer  par  A.  Oallardo,  com- 
pare la  masse  cellulaire,  à  parois  molles,  du  cône  de  végé- 
tation à  une  masse  liquide,  que  l'afflux  de  nouvelles  veines 
liquides  et  l'excès  de  pression  tendent  à  faire  sortir  de 
l'équilibre  équipotentiel,  à  élargir  dans  le  sens  le  moins 
résistant,  et  à  diviser  en  plusieurs  faisceaux,  toujours 
comme  une  veine  liquide  sortant  sous  une  forte  pression; 
et  la  cause  en  est  encore  dans  une  nutrition  exagérée.  Il 
s'ensuit  une  aberration  complète  de  la  phyllotaxie,  qui  est 
normalement  déterminée  par  les  conditions  mécaniques 
régulières  et  concentriques  de  la  zone  d'accroissement. 
(A.  Gallardo,  Alcunas  casas  de  teratologia  végétal.  Faseiaciànf 
prolifération  y  sinantia,  dans  Anales  del  Museo  nacional 
de  Buenos-Ayres,  VI  (1893),  p.  37;  Notas  de  teratol.  veget., 
ibid.,  ser.  3,  II  (1903),  p.  525.) 

6°  Plantago  major  L.  —  La  Boulaye  (S.-et-L.),  dans  la  cour 
de  l'école,  4  juillet  1904.  Plante  robuste,  munie  de  sept 
feuilles  en  rosette,  dont  la  plupart  ont  un  pétiole  sensible- 
ment plus  large  qu'à  l'état  normal.  Deux  de  ces  feuilles 
sont  soudées  par  la  base  de  leurs  pétioles  sur  une  hau- 
teur de  2  centimètres,  et,  en  outre,  par  les  bords  de  leurs 
limbes  sur  une  égale  longueur.  Du  centre  de  la  rosette 
s'élève  une  hampe  aplatie,  fasoiée  sur  toute  sa  longueur,  et 
terminée  par  un  bouquet  de  six  épis  disposés  en  éventail, 
mais  se  détachant  i  des  hauteurs  inégales,  munis  de  fleurs 
bien  constituées.  Il  est  probable  que  la  jeune  plante  a  dû 
être  foulée  aux  pieds  de  bonne  heure,  et  c'est  probable- 
ment à  un  écrasement  partiel  des  centres  végétatifs  qu'est 
due  l'anomalie,  comme  à  la  suite  des  traumatismes  expé- 
rimentaux cités  par  M.  L.  Blaringhem  (G.  R.  As.  se,  CXL, 


_  si  — 

n#  6,  6  février  1905,  p.  378);  et  dans  les  ramifications  des 
épillets  de  Lolium  perenne  L.,  var.  eristatum  et  ramosum, 
étudiés  par  E.  de  Bergevin.  (Rem.  sur  les  variations  de 
Lolium  perenne,  dans  Bull.  8oo.  amis  se.  nat.  de  Rouen, 
27*  année,  1891,  p.  161.) 


II.  —  HMdores. 

1*  Nigella  damascena  L.  —  Jardin  de  M.  Chassignol,  insti- 
tuteur i  la  Boulaye,  23  août  1904.  Fruit  capsulaire  d'appa- 
rence normale  comme  dimensions  et  comme  forme,  mais 
composé  de  six  carpelles,  au  lieu  de  cinq,  ett  en  plus,  un 
petit  carpelle  surnuméraire,  situé  vers  la  base  de  la  capsule, 
&  son  tiers  inférieur,  dans  le  sillon  qui  sépare  deux  des  car- 
pelles, par  conséquent  sur  le  bord  de  soudure  de  deux 


Flg.  t. 

feuilles  carpellaires.  Il  semblerait  que  le  fruit  a  été  cons- 
titué par  sept  carpelles,  dont  l'un  s'est  incomplètement 
développé,  sans  se  souder  avec  les  autres,  mais  en  se  déje- 
tant en  dehors;  c'est  donc  un  phénomène  à'épicarpie.  Ce 
petit  carpelle  accessoire  était  d'ailleurs  surmonté  d'un  style 
normal  et  contenait  des  graines  mûres  et  semblables  aux 
autres  (fig.  1 .) 

SUN    1104.  6 


-  82  - 

2°  Trifolium  pannonicum  L.  —  Cultivé  à  la  Boulaye. 
Communiqué  par  M.  Chassignol,  instituteur,  28  juin  1904. 
Fusion  de  deux  pédoncules  floraux,  légèrement  aplatis  en 
un  pédoncule  unique  de  5  millimètres  de  largeur,  profon- 
dément sillonné,  et  terminé  par  deux  épis  de  5  centimètres 
de  longueur,  soudés  à  la  base  sur  une  longueur  de  15  milli- 
mètres, et  distincts  au  sommet,  constituant,  en  somme,  un 
gros  épi  aplati  et  bilobé. 

3°  Lilium  candidum  L.  —  Autun,  dans  un  jardin,  26  juin 
1904.  Fusion  de  deux  pédoncules  simulant  un  rameau 
biflore;  ces  deux  pédoncules  inégaux,  l'un  de  5  centi- 
mètres, l'autre  de  8  centimètres  de  longueur,  et  munis  de 
leurs  bractées  florales,  sont  intimement  soudés,  avec  un 
léger  sillon  longitudinal,  et  portent  des  fleurs  normales. 

4°  Chou-vert  (Brassica  oleracea  L.,  var.  a  cep  ha  la  Hort.).  — 
Jardin  au  Creusot.  Communiqué  par  M.  C.  Marchai,  insti- 
tuteur, 25  mai  1904.  Tige  robuste  et  rameuse;  sur  les 
rameaux  fructifères,  les  siliques  ne  sont  pas  régulièrement 
espacées  en  spirale  autour  de  l'axe,  comme  à  l'état  normal  ; 
elles  sont  réunies  par  groupes  de  2  à  5,  portées  sur 
des  pédicelles  soudés,  tantôt  à  leur  base  seulement,  tantôt 
sur  la  plus  grande  partie  de  leur  longueur,  et  alors  aplatis 
et  sillonnés.  Il  est  évident,  à  voir  la  saillie  des  faisceaux 
vasculaires  le  long  de  la  tige,  qu'il  s'agit  ici  de  synophties, 
ou  soudures  de  bourgeons  floraux,  reconnaissant  pour 
cause,  probablement  comme  les  fasciations,  un  excès  de 
nourriture  et  de  végétation.  Les  fleurs  et  siliques  étaient, 
du  reste,  parfaitement  conformées  et  fertiles. 

5*  Nicotiana  longiflora  Cav.  —  Jardin  de  M.  Chassignol, 
instituteur  à  la  Boulaye,  18  sept.  1904.  Dans  cette  espèce, 
les  fleurs  sont  toujours  uniques  sur  leurs  pédoncules  ;  mais 
dans  le  cas  observé,  à  la  base  de  l'inflorescence,  on  voit 
deux  fleurs  accolées  et  d'apparence  bizarre.  Un  pédoncule 
inférieur  s'est  allongé  le  long  de  l'axe,  avec  lequel  il  est 
soudé,  jusqu'au  niveau  du  pédoncule  de  la  fleur  immédia- 


-  83  — 

tement  supérieure.  A  ee  niveau,  les  deux  pédoncules  se 
détachent  de  Taxe,  en  restant  soudés,  ainsi  que  les  calices 
qui  forment  un  seul  calice  à  dix  lobes,  mais  fendu  sur  un 
des  côtés  par  l'effort  des  fleurs.  Les  deux  corolles,  soudées 
à  la  base,  se  séparent  ensuite  l'une  de  l'autre;  mais  les 
tubes  se  dilatent  et  s'incurvent  en  se  raccourcissant 
(25  millimètres  au  lieu  de  65  millimètres  dans  les  fleurs 
normales)  et  s  élargissant  (15  millimètres  au  lieu  de  8  mil- 
limètres); puis  la  corolle  la  plus  rapprochée  de  Taxe  se  fend, 
et  loge,  dans  cette  fente,  la  corolle  externe,  à  lobes  élargis 
et  étalés,  de  façon  à  simuler  une  fleur  double,  alors  qu'en 
réalité  il  y  a  deux  corolles  distinctes,  soudées  à  la  base, 
et  incluses  l'une  dans  l'autre.  Les  étamines  et  les  pistils 
des  deux  fleurs  existent  complets  et  distincts;  mais  les 
anthères  sont  atrophiées  et  les  ovaires  rudimentaires. 

6°  Syncarpies.  —  Les  soudures  d'un  ou  plusieurs  fruits, 
tantôt  simplement  accolés  par  adhérence  du  péricarpe, 
tantôt  fusionnés  en  un  seul  par  coalescence  complète  de 
toutes  les  enveloppes  du  fruit,  ne  sont  pas  rares  et  nous  en 
avons  antérieurement  rapporté  quelques  exemples  (loc.  cit., 
p.  41).  Nous  avons  pu  constater,  en  1905,1a  fréquence  sin- 
gulière de  Cerises  doubles,  surtout  chez  les  Guignes  pré- 
coces, sans  avoir  pu  en  savoir  la  cause.  De  même  un  grand 
nombre  de  Pommes  doubles,  dont  une  particulièrement 
remarquable  par  sa  forme  et  le  degré  de  la  syncarpie. 
Cette  pomme,  de  la  variété  dite  Reinette  grise,  et  pesant 
.180  grammes,  formait  au  sommet  d'un  pédoncule  dilaté  un 
fruit  unique,  d'apparence  réniforme,  à  pellicule  lisse,  à 
peine  marqué  dans  son  milieu  d'un  léger  sillon,  et  portant 
deux  cicatricules  calicinales  ou  œils  déjetés  aux  deux  extré- 
mités opposées.  La  section  du  fruit  démontrait  qu'il  s'agis- 
sait de  la  fusion  intime  du  méricarpe  ou  chair  de  deux 
pommes,  dont  l'épicarpe  et  les  pépins  restaient  parfaite- 
ment distincts  à  l'intérieur. 

Enfin,  M.  Chassignol  nous  a  procuré  un  fruit  syncar- 


—  84  — 

pique  de  Concombre,  Cucumis  sativus  L. ,  résultant  de  la  sou- 
dure par  leurs  pédoncules,  et  sur  toute  leur  longueur,  de 
deux  Concombres  bien  développés,  de  façon  à  constituer 
un  fruit  unique,  du  poids  de  530  grammes,  mesurant 
20  centimètres  de  longueur,  12  centimètres  de  largeur  et 
30  centimètres  ce  circonférence,  et  parcouru  sur  sa  surface 
externe  par  un  sillon  profond  sur  la  ligne  d'adhérence  des 
deux  péricarpes.  Un  cas  analogue,  résultant  de  la  réunion 
de  trois  concombres  en  un  seul  fruit  trilobé,  a  été  décrit  et 
figuré  sous  le  titre  de  Syncarpie  de  concombres  à  trois,  par 
le  Dr  E.  Raymondaud,  dans  la  Revue  scientifique  du  Limousin, 
12e  année,  n°  141,  du  15  septembre  1904,  p.  333  et  pi.  12. 

7°  Champignon.  —  Il  s'agit  d'un  spécimen  de  Champignon 
rose,  Pratella  campestris  Fr.,  à  stipe  bicéphale,  réunissant 
deux  anomalies  que  J.  de  Seynes  a  depuis  longtemps 
décrites  et  figurées  (Observ.  sur  quelques  monstruosités  sur 


Fig.  2. 

les  Champignons  supérieurs,  dans  Bull.  Soc.  bot.  de  France, 
XIV  (1867),  p.  290,  et  pi.  V,  fig.  7  et  8),  Tune  consistant 
en  la  présence  d'un  chapeau  surnuméraire  à  stipe  émanant, 
comme  un  rameau  latéral,  du  pied  principal,  l'autre  dans 
la  soudure  du  bord  des  deux  chapeaux  presque  également 
développés  et  atteignant  la  même  hauteur  (fig.  2.) 


—  85  — 

Les  exemples  de  coalescence  totale  ou  partielle  et  de 
ramification  ne  sont  pas  très  rares  chez  les  Champignons,  et 
M.  Cl.  Roux,  président  de  la  Société  botanique  de  Lyon,  et 
membre  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  vient 
de  résumer  nos  connaissances  à  cet  égard  dans  ses  Observa* 
lions  générales  et  particulières  sur  la  tératologie  des  Champi- 
gnons. (Ann.  de  la  Soc.  bot.  de  Lyon,  XXX  (1905),  pp.  205- 
214,  avec  planche.) 

III.  —  Monstruoaltés  florales. 

I9  Helichrysum  annuum  L.  —  Cultivé  comme  plante  d'or- 
nement, 25  août  1904.  Déformation  de  trois  fleurs  par  élar- 
gissement et  incurvation  du  réceptacle,  mais  dans  des  sons 
différents.  Dans  un  premier  cas,  le  réceptacle  très  déve- 
loppé et  comme  étiré  est  renversé  en  dedans  en  forme  de 
coupe,  de  telle  façon  que  les  écailles  involucrales  sont 
seules  apparentes  extérieurement,  et  cachent  les  fleurons 
tassés  dans  la  concavité  interne,  à  courbure  allongée,  ce 
qui  donne  à  l'ensemble  de  la  fleur  un  aspect  aplati  latéra- 
lement. Dans  deux  autres  fleurs,  sur  deux  rameaux  du 
même  pied,  la  disposition  est  inverse  :  le  réceptacle  en  est 
étalé  et  déjeté  en  dehors,  à  surface  convexe  couverte  par 
les  fleurons,  tandis  que  les  écailles  de  l'involucre  sont 
repliées  en  dedans  autour  de  l'axe,  au  point  de  se  toucher 
par  leur  face  dorsale  ;  les  fleurs  sont  également  aplaties 
dans  le  sens  de  leur  diamètre  et  présentent  l'aspect  d'une 
crête  convexe.  Dans  toutes  ces  fleurs,  le  réceptacle  et  le 
sommet  du  pédoncule,  examinés  avec  soin,  étaient  pleins 
et  charnus,  sans  traces  de  parasites  ou  de  larves,  et  les 
akènes,  bien  conformés  et  en  voie  de  maturation.  Toute  la 
déformation  a  donc  porté  sur  le  disque  du  réceptacle,  qui 
était  simple  et  comprimé,  sans  fasciation  et  sans  synanthie 
ou  coalescence  de  deux  ou  plusieurs  fleurs,  comme  on 
aurait  pu  le  croire  tout  d'abord.  Est-ce  à  la  sécheresse  excep- 
tionnelle de  la  saison  qu'on  peut  attribuer  ce  phénomène? 


—  86  — 

2°  Matricaria  inodora  L.  —  Champ  à  la  Boulaye,  26  mai 
1904.  Communiqué  par  M.  Chassignol,  instituteur,  l'un  de 
nos  pourvoyeurs  habituels  les  plus  zélés  et  les  plus  heu- 
reux. Il  s'agit  d'un  pied  multicaule  de  Camomille  inodore, 
dont  les  nombreux  rameaux  ne  sont  encore  qu'en  boutons, 
sauf  celui  du  centre  de  la  touffe  qui  porte  une  fleur  épanouie 
mais  d'aspect  bien  singulier.  Le  capitule,  au  lieu  d'être 
porté  sur  un  réceptable  court  et  convexe,  à  insertion  ombi- 
liquée,  forme,  au  sommet  du  pédoncule,  un  rendement 
allongé  de  plus  d'un  centimètre  et  évasé  de  bas  en  haut. 
Les  écailles  involucrales  très  multipliées  et  espacées  sur 
le  réceptacle  claviforme,  ont  pris  l'apparence  de  petites 
folioles  pinnatifides,  dont  plusieurs,  parmi  les  plus  élevées, 
portent,  à  leur  aisselle,  une  fleur  minuscule  pédonculée  et 
également  entourée  de  bractées  foliacées  et  d'un  involuore 
a  écailles  de  structure  normale  mais  très  réduites.  Les 
écailles  les  plus  internes  de  l'involucre  principal,  seules, 
sont  entières,  mais  élargies,  aplaties  et  plus  ou  moins  bor- 
dées de  brun.  Les  demi-fleurons  sont  disposés  sur  deux 
rangs  irréguliers,  et  plus  nombreux  que  de  coutume  et  à 
languette  étroite. 

Cette  plante  est  donc  atteinte  :  1°  de  multiplication  et 
de  phyllodie  des  écailles  de  l'involucre  ;  2°  de  prolifération 
florale;  3°  d'ataxie  florale. 

Mais  la  cause  en  est  ici  nettement  parasitaire,  et  il  nous 
a  été  facile  d'y  reconnaître  une  déformation  cécidiologique. 
En  effet,  en  fendant  le  capitule  et  son  réceptacle,  nous 
avons  vu  que  la  partie  renflée  de  celui-ci  était  occupée 
par  une  loge,  où  s'était  développée  une  larve  d'insecte 
que  nous  n'avons  pas  retrouvée.  Il  y  avait  bien  quelques 
pucerons  ailés  sur  la  fleur,  mais  ils  ne  paraissent  être  pour 
rien  dans  la  cause  du  phénomène  tératologique,  qui  ne 
répond  à  aucun  des  cas  de  cécidie  signalés  jusqu'ici  sur 
Chrysanthemum  inodorum  L.,  pas  plus  que  sur  Chrysanthe- 
mum Leucanthemum  L. ,  parles  auteurs,  notamment  MM.  Dar- 


—  87  — 

baux  et  Houard.  (Catalogue  systém.  dss  Zoocécidies  d'Europe, 
1901,  p.  106.)  Il  s'agit  vraisemblablement  de  la  même 
monstruosité  que  celle  observée  déjà,  dans  les  mêmes 
conditions,  sur  la  même  plante,  la  fausse  Camomille!  et 
présentée  à  la  séance  du  29  mai  1904  de  la  Société  d'his- 
toire naturelle  d'Autun.  {Bull.  XVII*  (1904),  2,  p.  47.) 


IV.  —  Endotrophisme. 

Il  s'agit  d'un  curieux  phénomène  de  pseudo-inclusion 
présenté  par  des  tubercules  de  Pommes  de  terre,  et  qui 
nous  a  été  signalé  i  deux  reprises,  par  M.  Sirdey,  con- 
seiller municipal  à  Autun,  le  17  septembre  1904,  et  par 
M.  Q.  Ormezzano,  i  Marcigny-sur-Loire,  le  18  mai  1905. 

1*  Pomme  de  terre,  jaune  de  Hollande,  pesant  38  grammes, 


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de  forme  à  peu  près  globuleuse.  Cette  pomme  de  terre  est 
fendue  et  entrouverte  à  sa  partie  supérieure,  et  des  deux 
lèvres  de  la  fente  sort  un  second  tubercule  à  peau  fine  et 
verdâtre,  comme  inclus  dans  le  premier  (fi g.  3  et  4).  A  la 
coupe,  le  tubercule  intérieur  b  parait  enclavé  dans  le  tissu 
de  l'autre  a  et  se  termine  intérieurement  par  une  sorte  de 
pédoncule  qui  atteint  le  bord  inférieur  du  tubercule  primi- 


—  88  — 

tif  et  y  projette  extérieurement  des  saillies  radiculaires,  c. 
Il  est  évident  que  la  pomme  de  terre  a  été  blessée  et  fis- 
surée, et  qu'un  bourgeon  s'y  est  développé,  émettant  des 
radicules  mamelonnées  et  rudimentaires  à  la  surface,  et 
poussant  intérieurement,  au  milieu  du  tissu  charnu,  une 
tige  aérienne,  tuberculi forme,  exactement  enchâssée  dans 
la  première. 

2°  Le  second  exemple  se  rapporte  également  à  une 
Pomme  de  terre  jaune  du  poids  de  180  grammes,  de  forme 
ovale  élargie,  avec  une  circonférence  de  21  centimètres. 
Elle  présente  également  à  son  sommet  une  fente  entre- 
baillée qui  donne  issue  à  deux  petits  tubercules  et  à  des 
pousses  allongées  et  cylindriques.  La  coupe  longitudinale 
de  la  pomme  de  terre  montre  qu'elle  a  été  blessée  et  fendue 
à  sa  partie  postérieure  et  supérieure  par  une  cause  acci- 
dentelle, qui  a  permis  l'aération  de  la  partie  centrale.  Il  en 
est  résulté  qu'un  des  bourgeons  latéraux,  au  lieu  de  se 
porter  en  dehors,  s'est  développé  à  l'intérieur  du  tubercule, 
sous  forme  d'un  petit  tubercule  secondaire,  complètement 
inclus  et  bilobé,  de  2  centimètres  de  diamètre,  accompagné 
à  sa  base  de  six  filaments  ou  rameaux  charnus,  cylindri- 
ques, de  30  à  35  millimètres  de  longueur,  saillants  hors  de 
la  fente  et  terminés  l'un  par  un  tubercule  piriforme  de 
28  millimètres  de  diamètre,  le  deuxième  par  un  autre 
tubercule  arrondi  de  20  millimètres,  les  autres  par  des 
rudiments  de  jeunes  feuilles.  La  pomme  de  terre  était 
chargée,  d'ailleurs,  d'autres  bourgeons  ou  yeux,  également 
en  voie  de  végétation,  émettant  des  «  fils  »  d'apparence 
normale. 

Les  tissus  de  ces  pommes  de  terre  étaient  sains,  excepté 
sur  les  bords  des  fentes,  où  la  teinte  noirâtre  et  altérée 
indiquait  le  traumatisme  initial  qui,  en  permettant  l'ac- 
cès de  l'air  à  l'intérieur  du  tubercule,  a  dévié  de  ce  côté 
l'activité  végétative  d'un  bourgeon,  par  un  phénomène 
qui  nous  parait  peu  commun,  et  que  nous  désignerons 


—  89  — 

sous  le  nom  d'endotrophisme,  par  opposition  à  Vectotrophisme 
normal. 

Il  s'agit  donc  plutôt,  dans  ces  cas,  d'accidents  hypoté- 
riques  que  de  monstruosités  proprement  dites.  Ils  sont, 
dans  tous  les  cas,  bien  différents  des  véritables  inclusions 
végétales  assez  fréquentes  dans  certains  fruits,  en  particu- 
lier les  oranges,  et  se  rapprochent  davantage  du  fait  signalé, 
sous  le  nom  d'endorhize  par  le  Dr  Raymondaud,  dans  une 
racine  de  Carotte,  constituée  par  un  cylindre  central  déve- 
loppé dans  une  gaine  charnue  distincte  et  simulant  deux 
racines  emboîtées  Tune  dans  l'autre.  (Revue  scientifique  du 
Limousin,  13*  année,  n°  145,  15  janvier  1905,  p.  4.) 

Dr  X.  GILLOT. 

(A  suivre.) 


Le  Congrès  de  Monaco. 

Pour  répondre  au  désir  exprimé  par  M.  A.  Gaudry,  je 
vous  dirai  quelques  mots  du  Congrès  international  d'an- 
thropologie et  d'archéologie  préhistoriques  qui  vient  de 
tenir  sa  treizième  session  à  Monaco,  du  16  au  21  avril  1906, 
sous  le  haut  patronage  de  Son  Altesse  Sérénissime  le  prince 
Albert  I". 

Trois  de  nos  collègues  y  ont  pris  une  part  effective  : 

M.  Victor  Arnon,  avec  un  Mémoire  sur  les  Pointes  de 
flèche  et  de  lance  du  Sahara. 

M.  Joseph  Déchelette,  avec  un  travail  sur  la  Distribution 
géographique  des  cachettes  de  Vdge  du  bronze  en  France. 

M.  l'abbé  Parât,  avec  deux  notes  :  1°  sur  la  Classifica* 
tion  des  temps  quaternaires  dans  les  vallées  de  la  Cure  et  de 
l'Yonne]  2°  sur  les  Stations  de  Hallstatt  et  de  la  Tène>  dans 
ces  mêmes  vallées. 

La  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  y  était  en  outre 


—  90  - 

représentée  par  M.  l'abbé  Brintet,  aumônier  du  collège; 
M.  le  Dr  Bocquin;  M.  Henri  Graillot,  professeur  agrégé  au 
lycée  de  Toulouse,  et  V.  Berthier. 

Dans  la  phalange  des  savants  qui  composaient  le  comité 
d'organisation,  nous  comptions  plusieurs  de  nos  membres 
d'honneur. 

Tout  d'abord,  M.  Albert  Gaudry,  président  d'honneur 
du  congrès.  Puis  M.  le  Dr  Ernest  Hamy,  président  du 
congrès,  et  M.  Marcelin  Boule,  vice-président  du  congrès. 
M.  Bayet,  qui  représentait  le  ministère  de  l'Instruction 
publique,  est  également  un  de  nos  membres  d'honneur. 

Les  ministères  de  l'Instruction  publique  d'Autriche,  de 
Belgique,  de  Cuba,  de  Russie  et  de  Wurtemberg  avaient 
envoyé  des  délégués. 

Plusieurs  gouvernements  s'étaient  fait  représenter  offi- 
ciellement :  celui  d'Allemagne,  de  l'Equateur,  du  Mexique, 
de  Roumanie,  de  Suède,  ainsi  que  le  Conseil  fédéral  suisse. 

Un  grand  nombre  de  sociétés  savantes  d'Angleterre,  de 
Berlin,  de  Munich,  de  Paris,  de  Turin,  de  Rome  et  de 
Vienne  participaient  à  ce  congrès,  auquel  quatre  oent  cin- 
quante-huit personnes  s'étaient  en  outre  fait  inscrire. 

L'intérêt  des  excursions  projetées  et  la  ville  choisie 
justifiaient  naturellement  cette  affluenoe  inconnue  aux 
sessions  précédentes. 

En  dehors  du  programme  scientifique,  quoi  de  plus 
attrayant  que  ce  petit  coin  de  terre  monégasque  qui  s'étale 
capricieusement  du  promontoire  de  Monaco,  aux  terrasses 
de  Monte-Carlo,  en  côtoyant  cette  rade  demi-circulaire  aux 
flots  azurés  comme  le  ciel  qui  l'éclairé  ? 

C'est  un  Éden  quelque  peu  différent  de  celui  de  la  Bible, 
mais  plus  approprié  à  nos  goûts  modernes. 

Ce  rocher  de  Monaco,  qui  s'avance  jusqu'à  800  mètres 
dans  la  mer,  est  unique  avec  ses  pentes  abruptes  et  ses 
anfractuosités  tapissées  d'une  flore  semi-tropicale  qui  émer- 
veille à  la  fois  le  botaniste  et  le  simple  touriste. 


-  91  - 

En  face,  Monte-Carlo  présente  ses  hôtels  somptueux, 
ses  coquettes  villas,  ses  superbes  jardins  et  son  célèbre 
casino. 

Chacun  a  entendu  parler  des  explorations  de  la  Princesse- 
Alice  sur  laquelle  le  prince  de  Monaco  a  fait  tant  d'impor- 
tants travaux  d'océanographie.  Il  s'intéresse  aussi  à  l'anthro- 
pologie. En  offrant  spontanément  l'hospitalité  à  la  treizième 
session  du  Congrès  d'anthropologie  et  d'archéologie  pré- 
historiques, il  a  témoigné  une  fois  de  plus  de  son  amour 
profond  pour  les  sciences  naturelles  et  les  aspirations 
intellectuelles  qu'elles  font  naître  et  développent. 

Une  malencontreuse  grippe  l'empêcha  d'assister  à  la 
séance  d'ouverture,  mais  son  fils,  le  prince  Louis,  lut,  à 
sa  place,  un  discours  où  il  sut  mettre  en  lumière  la  philo- 
sophie de  la  science  et  termina  par  cette  péroraison  : 

«  Puisse  votre  Congrès,  inspiré  par  le  trésor  que  notre 
pays  livre  à  l'investigation  de  votre  pensée  comme  à  la 
discussion  de  tous  les  savants,  servir  largement  pour  la 
conquête  de  l'inconnu,  la  seule  conquête  vraiment  digne 
des  aspirations  de  l'esprit  moderne.  » 

Successivement,  M.  Olivier  Ritt,  gouverneur  général  de 
la  Principauté,  M.  Bayet,  directeur  de  l'enseignement  supé- 
rieur, et  M.  le  Dr  Hamy,  de  l'Institut,  ont  pris  la  parole. 

Cette  réunion  avait  lieu  dans  une  des  galeries  du  Musée 
océanographique,  que  le  prince  Albert  fait  construire  près 
de  son  palais  et  qui  sera  un  établissement  unique  dans  le 
monde. 

A  l'issue  de  la  séance,  une  visite  eut  lieu  au  Musée  d'an* 
thropologie  de  Monaco.  Les  honneurs  en  furent  faits  par 
M.  le  chanoine  de  Villeneuve,  qui  poursuit  depuis  dix  ans 
des  fouilles  sous  la  direction  du  prince  Albert. 

Ce  musée  renferme  exclusivement  les  objets  trouvés 
dans  les  grottes  de  la  région  et  plus  particulièrement  ceux 
recueillis  dans  la  grotte  dite  du  Prince. 

M.  Marcelin  Boule  et  M.  le  Dr  Verneau  ont  étudié  et 


—  92  — 

déterminé  avec  le  plus  grand  soin  tous  les  ossements  qui 
composent  cette  riche  collection. 

Le  soir,  réception  des  congressistes  au  palais  des  Gri- 
raaldi.  Les  invitations  avaient  été  étendues  aux  notabilités 
monégasques.  Les  élégantes  toilettes  des  dames  ajoutaient 
à  l'éclat  de  cette  soirée,  qui  a  été  vraiment  merveilleuse. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  de  chacune  des 
séances;  nous  dirons  seulement  qu'elles  furent  très  régu- 
lièrement suivies  et  que  chacune  des  questions  à  l'ordre 
du  jour  y  fut  traitée. 

A  ce  propos,  nous  nous  permettrons  même  une  légère 
critique. 

Le  trop  grand  nombre  des  communications  et  le  trop  peu 
de  temps  à  accorder  à  chacune  ne  permit  pas  la  moindre 
discussion. 

Chaque  auteur  dut  se  contenter  de  lire,  pendant  quel- 
ques minutes  (dix  exactement),  le  résumé  très  succinct  du 
travail  qu'il  présentait.  Dans  ces  conditions,  aucun  échange 
d'idées,  aucune  contradiction  n'était  possible.  En  sorte 
qu'à  ce  point  de  vue  les  résultats  du  congrès  de  Monaco  ne 
seront  peut-être  pas  ce  qu'ils  auraient  pu  être.  Les  séances 
étaient  beaucoup  trop  chargées  à  notre  avis. 

La  grande  question  des  éolithes  qui  passionne  bon 
nombre  de  préhistoriens  a  été  discutée.  Son  principal 
promoteur,  M.  Rutot  était  présent,  mais  elle  reste  toujours 
dans  le  statu  quo,  ses  partisans  n'ayant  apporté  aucun 
élément  nouveau  qui  permette  d'établir  la  véracité  de  cette 
théorie. 

D'intéressants  sujets  furent  également  abordés  au  cours 
de  ces  séances. 

MM.  Boule,  Cartailhac,  Albert  Gaudry,  le  chanoine 
de  Villeneuve  et  le  docteur  Verneau  donnèrent  les  détails 
les  plus  précis  sur  la  stratigraphie,  la  paléontologie  et 
l'industrie  des  grottes  de  Grimaldi. 


—  93  — 

MM.  Pillard  d'Arkaï  et  l'abbé  de  Villeneuve  communi- 
quèrent le  résultat  de  leurs  études  sur  les  enceintes  pré- 
historiques dites  Ligures. 

L'évolution  de  la  peinture  et  de  la  gravure  de  l'âge  du 
renne  dans  les  grottes  à  parois  décorées  fut  exposée  par 
des  adeptes  bien  convaincus,  MM.  Breuil,  Capitan,  Cler- 
geau  et  Peyrony. 

MM.  Coutil,  le  baron  de  Loë  et  Georges  Poulain  firent 
part  de  leurs  observations  sur  les  temps  intermédiaires 
entre  le  paléolithique  et  le  néolithique. 

La  conférence  avec  projections  de  M.  le  Dr  Capitan  sur 
les  grottes  préhistoriques  à  parois  décorées,  celle  de  M.  le 
professeur  Montelius  sur  l'âge  du  bronze  en  Suède,  de 
même  que  celle  de  M.  Hœrnès  eurent  un  grand  succès. 

Les  gravures  ou  peintures  récemment  observées  sur  les 
parois  de  plusieurs  grottes  préhistoriques  sont  vraiment 
étonnantes;  quelques-unes  accusent  une  sûreté  de  main, 
une  fidélité  de  reproduction  telles  qu'on  reconnaît  immé- 
diatement l'animal  qu'a  voulu  représenter  l'artiste,  bœuf, 
cheval,  ours,  aurochs,  mammouth,  etc. 

Et  quand  on  réfléchit  que  ces  figurations  ont  été  exécu- 
tées dans  de  sombres  couloirs,  sur  des  panneaux  mesurant 
quelquefois  cinq  à  six  mètres  de  longueur,  comme  ceux 
découverts  par  Rivière  dans  la  grotte  de  la  Mouthe  (Dor- 
dogne),  à  113  mètres  de  Ventrée,  on  est  tenté  de  se  demander 
si  elles  sont  vraiment  l'œuvre  de  peintres  magdaléniens  ou 
solutréens.  Il  ne  faut  rien  moins  que  l'autorité  des  savants, 
qui  avancent  ces  faits,  pour  croire  que  ces  dessins  sont 
dus  aux  troglodytes  de  l'âge  du  renne. 

Les  excursions  furent  des  plus  intéressantes,  grâce  aux 
maîtres  qui  les  dirigèrent.  La  première,  celle  du  mardi 
17  avril,  eut  pour  but  les  grottes  des  Baoussé-Roussé,  plus 
connues  sous  le  nom  de  grottes  de  Menton,  bien  qu'elles  soient 
sur  le  territoire  italien,  dans  la  province  de  Vintimille. 


—  94  — 

M.  le  chanoine  de  Villeneuve  rendit  compte  sur  place  des 
travaux  exécutés  sous  sa  direction,  dans  la  plus  grande  de 
ces  grottes,  celle  dite  du  Prince.  Des  coupes,  des  plans 
distribués  aux  congressistes  permettaient,  avec  les  objets 
trouvés  au  cours  des  fouilles,  de  reconnaître  facilement  les 
différents  niveaux  rencontrés. 

M.  Boule  traita  ensuite  les  questions  géologiques  et 
paléontologiques  résultant  des  nombreux  échantillons 
recueillis  dans  cette  importante  station.  Il  établit  qu'elle  a 
dû  être  occupée  depuis  le  commencement  de  la  période 
quaternaire  jusqu'au  néolithique.  Et  c'est  un  fait  curieux 
et  important  à  constater  qu'elle  ait  abrité,  depuis  les  grands 
mammifères,  aujourd'hui  disparus,  du  commencement  du 
quaternaire  jusqu'au  renne,  c'est-à-dire  une  faune  qui 
dénote  au  début  un  climat  chaud  et,  à  la  fin,  un  climat  froid. 

M.  Cartailhac  a  donné  d'intéressants  détails  sur  l'industrie 
des  hommes  des  Baoussé-Roussé. 

Les  grottes  de  Menton  ont  été  explorées  il  y  a  longtemps 
par  M.  Rivière.  L'extraction  du  premier  squelette  humain 
trouvé  dans  la  caverne  des  Baoussé-Roussé  fit  sensation 
dans  le  monde  savant  de  la  préhistoire. 

Le  musée  de  Menton  n'a  conservé  qu'un  seul  crâne, 
exhumé  en  février  1884. 

A  la  suite  des  recherches  de  M.  Abbo,  commencées  huit 
ans  plus  tard,  cinq  nouveaux  squelettes  furent  mis  à  jour. 
Ils  sont  conservés  sur  les  lieux  mêmes,  dans  un  musée 
construit  en  avant  de  la  grotte,  grâce  à  la  libéralité  d'un 
riche  anglais,  M.  Thomas  Hanbury,  bien  connu  des  tou- 
ristes qui  fréquentent  Menton,  par  le  jardin  d'acclimatation 
qu'il  a  créé  dans  sa  propriété  de  la  Mortola,  entre  Menton 
et  Vintimille,  où  il  cultive  en  plein  air  plus  de  quatre  mille 
espèces  végétales  de  toutes  les  parties  du  monde  :  Chine, 
Japon,  Egypte,  Mexique,  Californie,  etc. 

Pendant  longtemps  les  fouilles  des  Baoussé-Roussé, 
comme  celles  des  autres  gisements  quaternaires,  n'ont  pas 


—  95  - 

été  faites  méthodiquement.  Le  prince  de  Monaco  a  chargé 
M.  de  Villeneuve  d'enlever  couches  par  couches  de  haut 
en  bas  les  dépôts  de  la  principale  grotte  des  Baoussé- Rousse, 
en  notant  dans  quelle  assise  chaque  morceau  a  été  trouvé. 
On  a  ainsi  pu  établir  exactement  l'histoire  de  la  grotte.  On 
a  vu  qu'au-dessous  des  terrains  se  rapportant  à  l'âge  gla- 
ciaire dans  lesquels  était  enfoui  le  premier  homme  trouvé 
par  M.  Rivière,  il  y  avait  des  terrains  qui,  à  en  juger  par 
les  restes  d'animaux,  appartiennent  à  la  faune  chaude 
(étage  chelléen),  et  dans  ces  terrains,  l'abbé  de  Villeneuve 
a  mis  à  jour  des  squelettes  que  M.  Verneau  a  étudiés  ;  il  a 
prié  M.  Albert  Gaudry  d'examiner  la  dentition.  Il  a  été 
admis  que  l'homme  de  la  race,  dite  de  Grimaldi  par 
M.  Verneau,  plus  ancien  que  les  squelettes  trouvés 
autrefois,  se  rapprochait  des  Négroïdes.  On  a  ainsi  obtenu 
des  renseignements  sur  les  hommes  primitifs  de  nos  pays. 

La  seconde  excursion  eut  lieu  le  19  avril,  aux  enceintes 
préhistoriques  du  mont  Bastide,  sous  la  direction  de  M.  le 
chanoine  de  Villeneuve.  On  s'y  rendit  par  la  Turbie,  avec 
arrêt  à  la  Tour  d'Auguste,  monument  romain  que  Ton  croit 
édifié  sur  une  enceinte  plus*  ancienne. 

En  écoutant  au  mont  Bastide  la  description  que  M.  San- 
vèze,  architecte  à  Monaco,  donnait  de  ce  primitif  centre 
d'habitations,  la  pensée  se  reportait  involontairement  vers 
cet  autre  centre  d'habitations  que  nous  venions  de  quitter, 
Monte-Carlo.  D'une  part,  des  casés  étroites  uniquement 
constituées  par  des  rochers  naturels  ou  des  dalles  brutes 
mises  debout;  de  l'autre,  des  constructions  répondant  de 
la  façon  la  plus  luxueuse  à  toutes  les  exigences  du  confort 
moderne.  A  quelques  kilomètres  de  distance,  l'architecture 
la  plus  ancienne  et  la  plus  récente,  la  plus  pauvre  et  la 
plus  riche. 

Le  dimanche  22  avril  avait  lieu  la  séance  de  clôture  du 
congrès.  M.  Bayet  prononça  un  discours  sur  l'intérêt  des 
travaux   du   congrès.    M.    Albert   Gaudry   fut    chargé    de 


—  96  - 

remercier  le  prince  de  Monaco.  M.  Hamy  a  prononcé  la 
clôture  de  la  treizième  session,  et  donné  rendez-vous  aux 
archéologues,  pour  1909,  à  Dublin,  où  se  tiendra  la  quator- 
zième session. 

Gomme  complément,  une  excursion  se  fit  le  24  avril,  après 
le  congrès,  dans  les  environs  de  Grasse,  sous  la  conduite 
de  M.  Paul  Ooby,  chargé  par  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences,  de  recherches  préhistoriques 
dans  les  Alpes-Maritimes. 

Cette  excursion,  dans  une  des  plus  belles  régions  de  la 
Côte  d'azur,  a  permis  de  visiter  dans  la  même  journée  sept 
dolmens,  cinq  tumulus  et  deux  enceintes  préhistoriques. 

V.  BERTHIER. 


M.  Albert  Gaudry  confirme  les  observations  fournies  par 
M.  de  Chaignon,  sur  richthyosaure  de  Chenoux  dont  les 
pièces  sont  mises  sous  les  yeux  de  la  société. 

M.  Changarnier,  de  Beaune,  demande  la  parole  pour 
indiquer  qu'il  possède  deux  coprolithes  de  sauriens  du  ter- 
rain houiller  de  Montceau-les-Mines.  Ce  fait  semble  inté- 
ressant à  M.  Albert  Gaudry,  parce  qu'il  prouve  l'existence 
de  reptiles  d'une  certaine  taille  dans  le  houiller  du  bassin 
de  Blanzy. 

Nous  ajouterons  que  ces  deux  coprolithes  ont  été  donnés 
à  M.  Changarnier,  par  notre  dévoué  collègue  M.  Porte, 
qui  les  avait  trouvés  lui-même,  lorsqu'il  habitait  Montceau. 
Après  s'être  assuré  auprès  de  B.  Renault  que  c'étaient 
bien  des  coprolithes.  M.  Porte  les  avait  montrés,  en  1892, 
à  M.  Stanislas  Meunier,  au  cours  de  l'excursion  géologique 
qu'il  dirigeait  alors  dans  la  région. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée. 


—  97  — 


SÉANCE  DU   15  JUILLET  1906 


PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  GILLOT 

Étaient  présents  :  MM.  des  Abbayes;  Bovet;  Chassignol, 
i  la  Boulaye;  Charles  Clément;  Dubois;  Fesquet  Joseph; 
Gérardin;  Grézel;  Levier,  à  Montchanin;  Marchand,  au 
Creusot;  Parant;  Paris;  Porte;  Quincey  Jean  et  V.  Ber- 
thier. 

MM.  Camusat,  de  Chaignon,  Marlot  et  Sirdey  s'excusent 

par  lettre  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réunion. 

Trois  nouveaux  adhérents  sont  reçus  i  l'unanimité  comme 
membres  titulaires  : 

M.  Charbonnier -Lebreton,  greffier  du  tribunal  civil 
d'Autun,  présenté  par  MM.  le  Dr  Oillot  et  Proteau. 

M.  Bernard  Croizier,  avoué  à  Autun,  présenté  par 
MM.  Henri  Croizier  et  V.  Berthier. 

M.  l'abbé  Maurice  Garnier,  curé  à  Auxy,  présenté  par 
MM.  Louis  Revenu  et  V.  Berthier. 

La  Société  reçoit  en  outre  comme  membre  correspon- 
dant, sur  la  présentation  de  MM.  les  docteurs  Victor  et 
Xavier  Oillot,  M.  A.  Faure,  instituteur  à  Oran,  en  recon- 
naissance de  ses  envois  de  plantes  pour  nos  herbiers. 

Dons. 

Depuis  sa  dernière  réunion,  la  Société  a  reçu  : 

De  M.  François  Miron,  ingénieur  à  Paris,  des  échantil- 
lons de  laves  et  de  cendres,  provenant  de  la  dernière  érup- 
tion du  Vésuve  (avril  1906). 

De  M.  de  Chaignon,  des  racines  aériennes  de  cyprès 
chauve  {Taxodium  distichum  Rich.),  ainsi  que  divers  miné- 
8.B.N.  itot.  7 


—  98  - 

raux  provenant  de  Cuzy,  Andalousite,  Chlorophyllite,  Gigan- 
tolite,  etc. 

De  M.  Ed.  Bonnet,  la  description  sommaire  qu'il  a  donnée 
dans  le  Bulletin  du  Muséum  d'histoire  naturelle  (1906,  n°  3, 
p.  175),  de  la  collection  Auguste  Roche,  avec  une  notice 
biographique  sur  son  auteur. 

De  M.  le  Dr  Gillot,  trois  notes  dont  il  est  l'auteur  :  V Ap- 
pétence chimique  des  plantes  et  leur  répartition  topographique* 
en  collaboration  avec  M.  E.  Château;  —  Notes  toximyco- 
logiques2;  —  Nouveaux  Tableaux  scolaires  de  champignons. 3 

De  M.  de  Bontin,  deux  ouvrages  de  M.  G.  Cotteau  :  Con- 
grès international  d'anthropologie  et  d'archéologie  préhistori- 
ques (session  de  Stockholm,  1874) s;  —  laSociété  géologique  de 
France  à  Chambéry,  à  Genève  et  à  Chamonix,  la  Société  hel- 
vétique à  Andermatt  (session  de  1875)*;  ainsi  qu'une  Étude 
géologique  des  terrains  de  la  rive  gauche  de  l'Yonne,  compris 
dans   les  arrondissements    d'Auxerre    et  de  Joigny,   par 

M.  le  T de  L ,   1  vol.  de  texte  accompagné  de 

10  planches,  d'une  carte  et  de  coupes  géologiques.5 

De  M.  H.  Marcailhou-d'Ayméric,  pharmacien  à  Ax-les- 
Thermes,  l'Annuaire  de  VAriège  pour  1906  (36e  année,  J.  Fra, 
directeur-gérant,  imp.  Pomies,  à  Foix).  Ce  volume  de 
1 ,104  pages  est  une  véritable  encyclopédie  ariégeoise  et  peut 
être  considéré  comme  un  modèle  du  genre.  En  outre  de 
tous  les  documents  et  renseignements  administratifs,  indus- 
triels, commerciaux,  etc.,  d'usage  dans  ces  sortes  d'ou- 
vrages, on  y  trouve  la  monographie  détaillée  de  toutes  les 
communes  du  département  et  de  ses  nombreuses  stations 
thermales  ;  et  ce  qui  nous  intéresse  particulièrement,  des 
travaux  afférents  aux  sciences  naturelles  et  d'une  réelle 
importance.  Sous  le  titre  à" Explorations  ariégeoises,  la  plume 

1.  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France,  tome  53*  (1906),  p.  98. 

2  et  3.  Bulletins  de  la  Société  mycologique   de  France,   tome  XXII  (1906), 
pp.  164  et  166. 

3  et  4.  Auxerre,  imprimerie  Gustave  Perriquet,  2  vol.  in-16, 1875. 
5.  Idem,  idem,  1843. 


—  99  — 

savante,  alerte-  et  infatigable  comme  ses  jambes,  de  notre 
distingué  collègue,  M.  Hippolyte  Marcailhou-d'Ayméric, 
raconte  les  beautés  et  énumère  la  richesse  florale  des  prin- 
cipaux massifs  qu'il  a  parcourus  en  tous  sens  :  i°  le  Massif 
de  Tabe  (pp.  548-572);  2°  le  Montcalm  et  le  Pie  d' Estais 
(pp.  666-682}  ;  3*  le  Mont  Vallier  (pp.  1001-1028).  Description, 
panorama,  altitude,  géologie,  flore,  légendes,  etc,  tout  est 
à  lire,  et  avec  intérêt,  dans  ces  études,  dont  l'auteur  a  eu 
également  la  gracieuseté  de  nous  envoyer  les  tirés  à  part. 
Le  livre  débute  par  une  magistrale  monographie  de  la 
Haute  Chaîne  pyrénéenne.  Beauté  de  la  chaîne,  Étude  oro-hydro- 
graphique (pp.  29-247),  écrite  par  M.  le  Dr  A.  Marcailhou- 
d'Ayméric  fils,  de  Lézat-sur-Lèze  (Ariège),  neveu  de  notre 
collègue,  et  qui  continue  avec  succès  les  traditions  scienti- 
fiques de  la  famille.  Ajoutons  que  ce  beau  volume  est  par- 
faitement édité  et  illustré  d'un  grand  nombre  de  photogra- 
vures représentant  les  hommes  notables  et  les  sites  prin- 
cipaux du  département. 

Correspondance. 

La  correspondance  comprend  : 

1°  Une  lettre  de  la  préfecture  de  Saône-et-Loire,  com- 
muniquant le  décret  du  22  juin  1906,  par  lequel  M.  le  pré- 
sident de  la  République  autorise  la  Société  d'histoire  natu- 
relle d'Autun  à  acquérir,  aux  clauses  et  conditions  énon- 
cées dans  sa  délibération  du  17  décembre  1905,  un  terrain 
destiné  à  l'édification  d'un  musée. 

2°  Une  lettre  de  M.  Bayet,  directeur  de  l'enseignement 
supérieur,  annonçant  qu'il  vient  d'attribuer  à  la  Société 
d'histoire  naturelle  d'Autun  une  subvention  de  cinq  cents 
francs  pour  encouragement  à  ses  études. 

Une  lettre  de  M.  le  comte  d'Esterno  remerciant  la  Société 
de  l'avoir  admis  comme  membre  titulaire,  au  cours  de  sa 
dernière  réunion. 


—  100  — 

Deux  convocations  pour  prendre  part  aux  congrès  qui 
seront  tenus  :  1°  du  2  au  7  août  prochain  à  Lyon,  par 
l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences 
fusionnée  avec  l'Association  scientifique  de  France  ;  2*  du 
21  au  26  août  1906,  à  Vannes,  par  le  Congrès  préhistorique 
de  France.  Des  circulaires  et  des  programmes  relatifs  à 
ces  congrès  sont  mis  à  la  disposition  des  intéressés. 

M.  Albert- Michel  Lévy  envoie  le  résultat  des  détermina- 
tions des  plaques  minces  que  M.  Michel  Lévy,  son  père,  a 
eu  l'amabilité  de  faire  faire  avec  les  échantillons  de  basalte 
de  Marcigny  et  de  Sainte-Foy,  que  nous  lui  avions  soumis 
l'année  dernière. 

M.  le  président  annonce  qu'aux  promotions  du  14  juillet, 
deux  de  nos  sociétaires  ont  reçu  de  hautes  distinctions, 
bien  méritées  : 

Notre  compatriote,  M.  Gaston  Abord,  jeune  magistrat 
des  plus  distingués,  actuellement  procureur  de  la  Répu- 
blique à  Toulon  (Var),  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur; 

M.  Grézel,  sous-principal  du  collège  d'Autun,  a  été 
nommé  officier  de  l'Instruction  publique.  M.  Grézel,  présent 
à  la  réunion,  reçoit  les  félicitations  de  toute  l'assemblée. 

M.  le  président  annonce  que,  cette  année  comme  les 
précédentes,  la  Société  a  mis  à  la  disposition  de  M.  le 
principal  du  collège  d'Autun,  une  somme  de  30  francs  pour 
décerner  un  prix  d'histoire  naturelle.  Il  expose,  en  outre, 
que  le  but  de  la  Société  étant  de  propager  par  tous  les 
moyens,  le  goût  et  l'étude  des  sciences  naturelles,  il  y  aurait 
lieu,  à  l'instar  de  la  Société  Éduenne,  d'accorder  égale- 
ment un  prix  à  l'élève  le  plus  méritant  en  histoire  naturelle 
du  petit  Séminaire  d'Autun.  Il  rappelle  à  cette  occasion 
l'intérêt  que  portent  à  notre  Société  les  professeurs  de  cet 
établissement,  dont  plusieurs  font,  individuellement,  partie 
de  la  Société  et  nous  ont  rendu  des  services,  et  où  l'his- 


-  iÔi  - 

toire  naturelle  a  toujours  été  en  honneur.  Cette  proposition 
est  adoptée  à  mains  levées  et  à  l'unanimité,  et  il  est  décidé 
que  le  prix  consistera  dans  un  ou  deux  volumes  des  der- 
niers Bulletins  de  la  Société. 

Le  Frère  Sennen,  botaniste  distingué,  autrefois  à  la  Nou- 
velle (Aude),  actuellement  à  Bugedo,  par  Miranda  de  Ebro, 
prov.  de  Burgos  (Espagne),  se  propose  de  publier  des  cen- 
turies de  plantes  desséchées  du  nord  de  l'Espagne,  prin- 
cipalement de  Castille,  ne  renfermant  que  des  espèces  rares, 
bien  préparées  et  largement  représentées,  au  prix  de 
25  francs  la  centurie.  Le  F.  Sennen  a  enrichi  l'herbier  de 
notre  Société  d'une  collection  de  plantes  de  l'Aude,  dont 
l'excellente  préparation  ne  peut  qu'encourager  les  souscrip- 
teurs. 

On  passe  à  la  discussion  de  projets  d'excursions,  qui 
deviennent  de  plus  en  plus  difficiles  à  organiser,  à  cause 
du  grand  nombre  de  localités  déjà  visitées,  et  le  Bureau  de 
la  Société  invite  tous  les  membres  de  bonne  volonté  à  lui 
soumettre  de  nouvelles  indications.  Il  est  donné  lecture 
d'une  lettre  de  M.  le  Dr  Lemoine,  de  Château-Chinon,  qui 
propose,  entre  cette  ville  et  Fachin,  une  excursion  destinée 
à  visiter  les  moraines  supposées  d'un  ancien  glacier,  et  un 
site  des  plus  pittoresques,  Roche  Cartance.  M.  Lemoine  se 
met  obligeamment,  mais  seulement  après  le  15  août,  à  la 
disposition  de  la  Société,  pour  lui  servir  de  guide.  La  pro- 
position est  adoptée,  et  l'excursion  projetée  pour  la  fin 
d'août. 

M.  Albert  Gaudry,  qui  a  bien  voulu  nous  envoyer  un 
exemplaire  de  son  important  mémoire  sur  les  Fossiles  de 
Patagonie,  Ta  accompagné  de  la  lettre  suivante,  qui  en  est 
le  meilleur  résumé  : 

«  J'ai  donné  à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun  ma 
première  note  sur  les  fossiles  tertiaires  de  Patagonie,  rap- 
portés par  André  Tournouër.  C'était  dans  la  séance  du 


—  102  — 

29  juin  1902,  où  assistait  M.  Liard,  entouré  de  plusieurs 
savants  venus  de  Paris.  Il  y  avait  parmi  eux  André  Tour- 
nouer  qui  est,  non  seulement  un  vaillant  explorateur,  mais 
qui  est  aussi,  comme  vous  vous  le  rappelez,  un  aimable 
compagnon.  Depuis  cette  époque,  M.  Tournouër  a  conti- 
nué à  faire  des  fouilles  en  Patagonie,  et  moi  j'ai  continué 
à  en  publier  les  résultats.  Mes  mémoires,  bien  qu'accom- 
pagnés de  nombreuses  figures,  sont  d'une  lecture  un  peu 
difficile.  Aujourd'hui  je  présente  dans  la  nouvelle  revue, 
fondée  par  notre  ami,  M.  Boule,  sous  le  nom  d'Annales  de 
Paléontologie,  un  mémoire  d'un  caractère  plus  général.  Il 
est  intitulé  Fossiles  de  Patagonie,  Étude  sw%  une  portion  du 
monde  antarctique.  J'ai  l'honneur  de  vous  l'envoyer  pour 
notre  chère  Société  d'Autun,  pensant  qu'il  pourra  intéresser 
quelques-uns  de  nos  confrères. 

»  C'est  une  des  grandes  curiosités  de  notre  temps,  d'ap- 
prendre l'histoire  du  continent  antarctique  ;  car  depuis  que 
le  fameux  Erik  Nordenskjôld  nous  a  révélé  que  le  monde 
arctique  a  été  autrefois  un  centre  de  vie,  on  se  demande 
s'il  n'en  a  pas  été  ainsi  pour  le  continent  antarctique.  Des 
explorateurs  de  divers  pays  ont,  avec  un  admirable  cou- 
rage, abordé  les  régions  antarctiques  ;  ils  ont  découvert  des 
animaux  et  des  végétaux  secondaires;  mais  ils  ne  nous  ont 
appris  presque  rien  du  continent  tertiaire  ou  quaternaire. 
La  Patagonie  va  sans  doute  nous  en  dire  quelque  chose; 
on  y  trouve  des  Mammifères  nombreux,  variés  et  gigan- 
tesques, dont  l'existence  est  incompréhensible  dans  une 
contrée  étroite,  dépourvue  de  végétation  comme  Test 
actuellement  la  Patagonie  ;  il  faut  nécessairement  admettre 
qu'elle  est  un  reliquat  d'un  vaste  continent,  aujourd'hui 
caché  sous  les  mers  et  les  glaces  antarctiques. 

»  Ce  continent  nous  apporte  des  surprises.  Ses  animaux 
ont  été  si  différents  de  ceux  de  l'hémisphère  boréal  que  la 
plupart  ne  peuvent  rentrer  dans  les  classifications  faites 
d'après  les  genres  de  nos  pays  :  Astrapothmumt  Pyrothe- 


—  103  — 

rium,  Nesodon,  Coresodon,  Colpodon,  Homalodontherium, 
Diadiaphorus,  Palœopeltis  et  plusieurs  autres  ne  ressemblent 
nullement  à  nos  Mammifères  vivants  ou  fossiles.  La  marche 
de  leur  évolution  a  été  très  différente.  Pendant  que,  dans 
l'hémisphère  boréal,  le  progrès  a  été  continu  et  la  vie  s'est 
manifestée  dans  toute  sa  magnificence,  en  Patagonie  il  y  a 
eu  arrêt  de  développement  ;  aucun  animal  n'est  parvenu 
au  stade  de  Ruminant,  de  Pachyderme  à  doigts  pairs,  de 
Solipède  comme  les  nôtres,  de  Proboscidien,  de  Carnivore 
placentaire  (Ours,  Hyène,  Chien,  Chat),  de  Singe  anthropo- 
morphe. Il  en  a  été  de  même  en  Australie,  bien  que  ses 
genres  soient  assez  éloignés  pour  la  plupart  de  ceux  de  la 
Patagonie. 

»  Ainsi,  il  semble  que  la  surface  terrestre  soit  divisée  en 
deux  parties  :  une  boréale  où  le  progrès  a  été  continu  ;  une 
australe  où  le  monde  animal  a  subi  un  arrêt  de  développe- 
ment. Pourquoi?  En  présentant  mon  Mémoire  à  l'Académie 
des  sciences,  j'ai  dit  que  je  l'ignorais,  comme  un  bien 
grand  nombre  d'autres  choses.  Il  faut  ajouter  ce  problème 
à  tous  ceux  qui  se  présentent  devant  les  savants  voués  à 
l'étude  de  l'histoire  de  la  vie.  » 

»  Albert  GAUDRY.  » 

M.  Martel  a  inséré  aux  Informations,  dans  la  Nature  du 
2  juin  1906,  les  lignes  suivantes  : 

ce  Une  touchante  cérémonie  vient  d'avoir  lieu  à  Autun 
pour  l'inauguration  du  monument  que  la  Société  d'histoire 
naturelle  de  cette  ville  a  élevé  à  son  fondateur,  Bernard 
Renault.  Plusieurs  discours  ont  été  prononcés  en  l'honneur 
de  ce  grand  naturaliste,  auquel  on  n'a  pas  donné  de  son 
vivant  des  distinctions  proportionnées  aux  services  qu'il  a 
rendus  à  la  science.  » 


—  104  — 


M.  le  Dr  X.  Gillot  fait  la  communication  suivante  : 
Notes  de  tératologie  végétale 

(Suite). 

V.  —  Partitions  anormales  de  la  Fougère  Doradllle, 

Asplenium  Trichomanes  L.,  var.  ramosum  L. 

A  la  séance  du  29  mai  1904,  nous  montrions  à  la  Société 
d'histoire  naturelle  d' Au t un  des  spécimens  de  Doradille  Poly- 
tric,  Asplenium  Trichomanes  L.,  cueillis  par  M.  Gh.  Marchai, 
instituteur  au  Creusot,  sur  un  mur  du  champ  de  foire  de 
Couches-les-Mines,  à  la  date  du  7  mai,  et  présentant  un 
phénomène  de  partition  de  la  fronde,  allant  à  la  tri  et  mul- 
tifurcation  du  rachis,  anomalie  très  rare  à  ce  degré  chez  les 
Fougères,  et  dont  la  cause  reste  encore  obscure.  Et,  en 
publiant  cette  simple  note  dans  le  Bulletin  de  Tannée,  nous 
la  faisions  accompagner  d'une  planche  en  phototypie  repré- 
sentant les  principales  de  ces  partitions  tératologiques, 
nous  proposant  d'y  revenir  plus  en  détail  {Bull.  Soc.  test, 
nat.  d'Autun,  XVII  (1904),  2,  p.  48  avec  planche). 

L'étude  de  cette  Fougère  a  été,  en  effet,  l'objet  d'un 
article  paru  dans  le  Bulletin  de  la  Société  botanique  de 
France  (tome  LI  (1904),  session  jubilaire  à  Paris,  pp.  xcii-ci 
et  pi.  II),  et  que  nous  nous  bornerons  à  résumer. 

La  touffe  unique  de  cette  Doradille  Polytric  ou  Capillaire 
des  murailles  se  composait  d'une  dizaine  de  frondes,  toutes 
plus  ou  moins  anormales,  les  moins  déformées  étant  bifides. 
Ces  frondes,  émanant  d'une  souche  implantée  dans  une 
fissure  de  muraille  sèche,  sont  un  peu  rabougries  compa- 
rativement à  celles  des  touffes  voisines  normales;  leur 
taille  ne  dépasse  pas  8  centimètres  et  s'abaisse  même  pour 
quelques-unes  à  4  centimètres.  Le  rachis,  relativement 
grêle,  se  bifurque  dans  trois  cas,  et,  dans  tous  les  autres, 
se  divise  en  trois,  et  même,  dans  un  cas,  en  cinq  rameaux. 


—  105  — 

se  subdivisant  eux-mêmes,  à  des  hauteurs  différentes,  en 
une  ou  deux  trichotomies,  d'où  l'aspect  général  d'une 
fronde  surdécomposée.  Les  segments  ovales  ou  arrondis, 
chargés  de  spores  sur  leur  face  inférieure,  sont  plus  petits 
que  d'habitude  ;  les  plus  grands  segments  mesurent  4-5  mil- 
limètres de  longueur  sur  3-4  millimètres  de  largeur,  et 
leurs  dimensions  se  réduisent  même  jusqu'à  2  millimètres 
sur  1  millimètre.  Une  pinnule  plus  ou  moins  développée 
existe  toujours  au-dessous  du  point  d'origine  des  rameaux. 
La  plante  était  en  pleine  végétation  ;  car,  à  côté  des  frondes, 
en  partie  desséchées  et  privées  de  leurs  pinnules,  d'autres, 
plus  jeunes,  étaient  encore  en  voie  de  développement  et 
immatures.  La  souche,  ayant  été  respectée,  a  reproduit  des 
frondes  nouvelles  et,  à  la  date  du  mois  d'août  suivant,  on 
pouvait  encore  en  constater  une  demi-douzaine  d'une  taille 
de  3  à  5  centimètres,  et  nettement  triramifiées. 

Bien  que  de  nombreux  cas  de  partitions  tératologiques 
aient  depuis  longtemps  été  décrits  chez  bien  des  espèces 
de  Fougères,  et  en  particulier  chez  Asplenium  Trichomanes, 
il  en  est  peu  d'aussi  prononcés.  Nous  en  avons  cependant 
relevé  quelques  exemples  cités  par  Kirschleger  (FI.  vogéso- 
rhénane,  1870,  II,  p.  271),  A.  Ouebhard  (Feuille  des  Jeunes 
nat.,  XXV,  1895,  p.  68,  fîg.  4),  Fliche  (Bull.  Soc.  se.  Nancy, 
1871,  p.  24,  et  1885,  ext.  32  p.),  etc.  Elles  n'avaient  tou- 
tefois pas  échappé  aux  anciens  botanistes,  et  nous  les  avons 
retrouvées  parfaitement  indiquées  et  figurées  parles  auteurs 
prélinnéens,  dès  1588,  par  Tabernœmontanus,  puis  par  les 
Bauhin,  Cherler,  Tournefort,  etc.,  et  c'est  J.  Bauhin  qui 
leur  a  donné  le  nom  définitif  de  Trichomanes  ramosum.  Mais 
la  plupart  de  ces  phytographes,  d'autres  bien  plus  récents 
du  reste,  ont  confondu  sous  le  nom  de  Trichomanes,  et 
Linné,  lui-même,  sous  le  nom  d1  Asplenium  Trichomanes,  les 
deux  espèces  aujourd'hui  distinguées  sous  le  nom  d'Aspl. 
Trichomanes  L.  et  dX  viride  Huds,  et  les  auteurs  que  nous 
avons  consultés  rapportent  des  cas  de  monstruosités  foliaires 


—  106  — 

bi  et  tripartites  aussi  bien  chez  Tune  que  chez  l'autre  de  ces 
espèces»  Linné  les  a  consacrées  de  sa  grande  autorité  en 
inscrivant  dans  son  Species  plantarum  (éd.  1  (1753),  p.  1080, 
et  éd.  2  (1762),  p.  1540),  un  Asplenium  Trichomanes  ramo- 
sum;  et  nous  croyons  avoir  prouvé  par  le  contexte  de  Linné, 
les  citations  des  auteurs,  et  notamment  l'opinion  de  Haller, 
qu'il  a  surtout  eu  en  vue  le  véritable  AspL  Trichomanes,  si 
commun  sur  toutes  nos  murailles.  Le  cas  tératologique  que 
nous  avons  observé  à  Couches-les-Mines,  et  qui  peut  compter 
parmi  les  plus  accentués  et  les  plus  rares,  doit  donc 
reprendre,  à  titre  de  variété,  le  nom  de  ramosum  L.,  qui 
a  été  oublié  ou  méconnu  par  tous  les  Aoristes  et  même 
les  monographes  modernes.  Quand  il  leur  arrive  d'en  parler 
comme  M.  C.  de  Rey-Pailhade  (les  Fougères  de  France, 
p.  35),  d'après  Venance  Payot,  sous  le  nom  de  variétés 
bifida,  ramosa  et  dickotoma,  ils  ne  visent  que  de  simples 
bifurcations  du  rachis.  Milde  (Filices  Europe  et  Atlantidis, 
1867),  n'en  parle  pas,  non  plus  que  M.  H.  Christ,  le  mono- 
graphe contemporain  le  plus  autorisé  dans  son  livre  :  Die 
Farnkraùter  der  Erde  {les  Fougères  du  globe),  Iéna,  1897  ;  mais 
dans  ses  Fougères  de  la  Suisse  (Die  Farnkraùter  der  Schweiz, 
Bern,  1900,  p.  93),  le  même  auteur  en  fait  mention  sous  le 
titre  de  «  Lusus  multiftdum.  Moore  nat.  Printed  Brit.  Feras, 
oct.  H,  1863,  76  bis  B.  Rachis  dichotome  vers  son  milieu, 
avec  des  rameaux  subdivisés  eux-mêmes,  jusqu'à  quatre 
fois  dicho tomes,  comme  dans  Scolopendium  multifidwn. 
Frondes  petites,  avec  ses  divisions  atrophiées.  »  Il  indique 
comme  habitats,  le  Tessin  (Astano)  et  le  Piémont  (Trevano, 
Lugano),  localités  voisines  du  mont  Boro,  où  cette  fougère 
a  été  cueillie  par  M.  Fliche,  et  de  la  Vénétie,  où  elle  a  été 
retrouvée  plus  récemment  par  M.  le  Dr  R.  Pampanini,  de 
Florence.  A  la  même  époque,  le  Frère  Héribaud,  de  Cler- 
mont  Ferrand,  publiait  dans  les  exsiccata  de  la  «  Société 
pour  l'étude  de  la  flore  franco-helvétique  »,  1900,  sous  le 
n°  1140,  un  Asplenium  TrichomanesL.,  var.  ramosum  F.  Héri- 


rt 


ii-1 


HP 

* 

Si 

Je 
ir- 
•lé 
le 


—  107  — 

baud  et  Lavergne  »,  récolté  par  M.  Lavergne,  «  sur  les 
schistes  cristallins,  entre  Boisset  et  Mours,  Cantal,  août 
1899  »,  avec  cette  observation  :  «  3e  distingue  du  type  par 
le  rachis  rameux,  par  les  lobes  cunéiformes  et  plus  pro- 
fondément crénelés.  »  Les  échantillons  que  nous  en  avons 
pu  examiner  se  rapprochent,  en  effet,  beaucoup  de  ceux 
que  nous  avons  décrits,  mais  les  frondes  sont  plus  grêles, 
pour  la  plupart  simplement  bi  ou  trifurqués,  et  à  lobes  bien 
plus  étroits.  Il  est  évident  qu'il  s'agit  de  la  même  variété 
plus  ou  moins  accentuée. 

Les  stations  méridionales,  de  même  que  la  croissance  de 
VAsplenium  Trichomanes^  var.  ramosum  L.,  dans  des  fissures 
étroites  de  rochers,  comme  dans  le  Cantal,  ou  d'un  mur  très 
sec,  comme  à  Couches-les-Mines,  pourraient  permettre  d'in- 
voquer ces  conditions  écologiques  comme  facteurs  de  l'ano- 
malie, par  un  retard  dans  le  développement  avec  tendance 
à  la  ramification.  A  moins  d'admettre  l'apparition  brusque 
d'une  de  ces  variétés  dont  le  professeur  Hugo  de  Vriès 
a  si  bien  étudié  la  filiation  ;  dans  le  cas  actuel,  d'une  variété 
rameuse,  dont  l'origine  est  tout  intime,  dans  une  modifica- 
tion cytologique  originelle  et  accidentelle  du  prothalle  et 
de  son  développement.  Dans  tous  les  cas  il  nous  paraît 
impossible  d'admettre  une  étiologie  parasitaire  ou  trauma- 
tique,  comme  l'a  supposé  M.  A.  Ouebhard  (loc.  cit.).  Des 
observations  multipliées  et  des  expériences  de  culture 
permettraient  d'élucider  la  question;  il  y  aurait  donc  à 
rechercher  ces  «  petits  monstres  »  avec  plus  de  soin  sur 
les  rochers  et  les  vieux  murs. 

Notre  opinion  est  corroborée  par  le  fait  de  la  persistance 
indéfinie  de  cette  anomalie,  car  M.  Marchai,  qui  surveille 
cette  curieuse  fougère  à  Couches-les-Mines,  l'a  vue  repous- 
ser chaque  année,  à  la  même  place,  de  nouvelles  frondes 
rameuses,  et  nous  en  signale,  cette  année  encore,  la  vigou- 
reuse végétation. 


—  108  — 

VI.  —  Raisins  bigarrés. 

Nous  avons  reçu,  le  17  septembre  1904,  de  M.  Marc 
Sauzay,  propriétaire  et  membre  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  d'Autun,  un  raisin  provenant  de  Corsechats, 
près  Bourgneuf-Val-d'Or  (3aône-et-Loire),  du  poids  de 
55  grammes,  et  formé  de  45  grains,  également  bien 
développés  et  mûrs,  dont  27  noirs  et  18  blancs.  Ce  raisin 
était  unique,  au  milieu  de  plusieurs  grappes  noires,  sur 
un  cep  de  Pinot  noir,  dit  Pinot  de  Mercurey,  greffé  sur 
Riparia.  Cette  anomalie  paraît  rare,  car  les  nombreuses 
demandes  adressées  depuis  deux  ans  à  des  propriétaires 
ou  vignerons  de  la  Bourgogne  et  du  Maçonnais  n'ont 
pas  abouti  à  nous  procurer  de  nouveaux  spécimens  de 
raisins  bigarrés,  ni  même  de  renseignements  authentiques 
sur  leur  apparition,  bien  que  plusieurs  personnes  décla- 
rent en  avoir  eu  connaissance.  Une  enquête  ouverte,  à 
cet  égard,  dans  la  Feuille  des  Jeunes  naturalistes  (4*  série, 
35"  année,  n°  409,  du  1"  novembre  1904,  p.  14),  sous 
forme  de  question,  n'a  reçu  qu'une  seule  réponse,  insé- 
rée dans  le  numéro  suivant  de  la  même  feuille  (n°  410, 
du  1er  décembre  1904,  p.  30).  Elle  émane  du  professeur 
Gregorio  Manca,  de  l'Université  de  Sassari  (Sardaigne),  et 
relate  des  observations  citées  dans  le  journal  italien//  Col- 
tivatore,  Casaie-Monferrato  (n0>  du  23  et  du  30  octobre 
1904).  Il  en  résulte  que  des  raisins  à  grappes  bigarrées,  ou 
à  grains  moitié  blancs  et  moitié  noirs,  ont  été  rencontrés 
en  Italie  par  un  viticulteur  distingué,  l'avocat  Giuseppe 
Aliore  et  par  le  professeur  Vittorio  Racah,  directeur  de  la 
chaire  ambulante  d'agriculture  de  Sienne,  dans  un  établis- 
sement de  San -Marco,  à  Ferrucciola,  province  de  Pise, 
et,  dans  ce  dernier  cas,  le  même  cep  portait  des  grappes 
entièrement  noires,  d'autres  tout  à  fait  blanches  et  d'autres 
bigarrées.  Or,  dans  tous  ces  cas,  comme  dans  le  nôtre,  il 


—  109  — 

s'agissait  du  Pinot  noir,  cépage  qui  semble  plus  particu- 
lièrement disposé  à  la  production  de  ce  phénomène,  d'après 
M.  Pulliat,  qui  tend  à  l'attribuer  à  une  hybridation  avec 
des  vignes  blanches  voisines. 

Aux  environs  de  Bordeaux,  même  fait  relaté  par  M.  L.  Mo- 
telay,  sur  un  raisin  mûr  récolté  par  M.  R.  Doleau,  et  dont 
la  moitié  des  grains  étaient  rouges  et  l'autre  moitié 
blancs  (Actes  Soc.  linn.  de  Bordeaux,  LIX,  7e  série,  t.  IX 
(1904),  p.  cxliv).  En  Bourgogne,  le  Dr  Joseph  Baron,  pro- 
priétaire à  Beaune,  a  vu  un  de  ces  raisins  bigarrés  entre 
les  mains  d'un  vigneron,  qui  lui  a  affirmé  en  rencontrer 
chaque  année  dans  la  même  vigne,  sans  avoir  pu  préciser 
si  c'était  sur  le  même  cep  ou  des  ceps  différents,  et  ici 
encore  il  s'agissait  de  Pinot  noir,  dit  Teinturier. 

En  Italie,  le  marquis  Serluppi  a  observé  un  grappillon 
bigarré  sur  un  cep  à  raisins  noirs  greffé  sur  Pizzutello  blanc, 
et  A.  Pirovano,  qui  rapporte  ce  fait,  le  considère  comme  de 
tous  points  semblable  au  nôtre  (la  Vigne  américaine,  dirigée 
par  G.  Battanchon,  29e  année,  n°  5,  mai  1905,  p.  145). 

Il  ne  s  agit  jusqu'ici  que  de  faits  isolés,  en  apparence 
fortuits.  Cependant  cette  variation  à  fruits  bigarrés  de  la 
vigne  est  susceptible  de  se  fixer  et  de  constituer  une 
race  héréditaire,  comme  en  témoigne  la  note  suivante, 
relevée  dans  la  Nature,  n°  1639,  du  22  octobre  1904, 
p.  82  :  «  M.  Michelon,  à  Tours,  nous  a  fait  parvenir  une 
grappe  de  raisin  particulier  en  nous  donnant  les  renseigne- 
ments suivants.  Ces  grappes,  d'un  aspect  tout  à  fait  spécial, 
proviennent,  paraît-il,  d'un  pied  très  ancien,  et  dont  il 
n'existe,  en  tous  cas,  qu'un  nombre  très  restreint  de  spé- 
cimens, chez  deux  ou  trois  propriétaires  qui  les  gardent 
comme  curiosité.  On  les  rencontre  près  de  Tours,  sur  les 
coteaux  de  Roche-  Corbon,  dans  la  patrie  du  vin  de  Vou- 
vray.  Les  vignerons  du  pays  font  remonter  son  origine  à 
une  époque  très  éloignée  et  lui  ont  donné  le  nom  de  Man- 
teau  de  Saint-Martin,  soit  à  cause  de  sa  vétusté,  soit  à  cause 


—  110  — 

de  la  proximité  de  l'ancien  couvent  du  Sacré-Cœur  de 
Marmoutier  où  on  Ta  rencontré.  Les  grains  sont,  pour  la 
plupart,  et  à  certaines  années,  moitié  blancs,  moitié  noirs. 
L'échantillon  que  je  vous  ai  adressé,  bien  que  beaucoup 
moins  beau  qu'à  certaines  années,  montre  cette  particula- 
rité :  grains  entièrement  blancs,  entièrement  noirs,  et 
mitigés,  moitié  blanc  et  noir,  ou  encore  un  quart  noir  et 
trois  quarts  blanc.  Ce  n'est  pas  une  exception  pour  une 
seule  grappe,  car  toutes  celles  venant  sur  ce  genre  de  ceps, 
présentent  cette  même  apparence.  » 

D'après  le  professeur  Vittorio  Racah,  de  Sienne,  il  existe 
également  en  Italie  «  une  variété  de  raisins  cités  par  d'an- 
ciens auteurs  viticoles  italiens,  sous  le  nom  d'Uva  Svizzera 
(raisin  suisse),  qui  présente  constamment  le  caractère  de  la 
bigarrure,  ayant  les  grappes  mélangées  de  grains  blancs  et 
de  grains  noirs.  »  M.  Racah  ajoute,  toutefois,  qu'il  ne  l'a 
pas  vue  par  lui-même  dans  aucune  collection  (8  mars  1906, 
in  liit.). 

Il  importe  de  bien  distinguer  le  cas  tératologique  qui 
nous  occupe,  c'est-à-dire  les  raisins  bigarrés,  composés  de 
grains  les  uns  entièrement  noirs,  les  autres  entièrement 
blancs,  des  raisins  bicolores  sur  un  même  cep,  portant,  à  la 
fois,  des  raisins  complètement  rouges  et  des  raisins  com- 
plètement blancs,  soit  sur  un  même  sarment,  soit  sur  des 
sarments  différents,  et  des  raisins  panachés,  c'est-à-dire  à 
grains  simplement  marbrés  ou  veinés  de  noir  et  de  blanc. 
Ce  dernier  accident  a  même  été  fixé  dans  la  variété  connue 
sous  le  nom  de  Tressot  panaché.  Il  est  probable  que  beau- 
coup de  variétés  de  cépages  n'ont  pas  d'autre  origine;  le 
bouturage  permet  ces  fixations  avec  trop  de  facilité  pour 
que  les  viticulteurs  n'en  aient  pas  largement  usé. 

M.  Dauty  (Ann.  de  la  Soc.  d'horticult.  et  d'hist.  nat.  de 
l'Hérault,  45e  année,  2*  série,  XXXVII,  n°  4,  juillet,  août, 
1905,  p.  127),  cite,  mais  sans  détail,  le  fait  «  chez  un  de  ses 
amis,  d'une  souche  ayant  donné  des  raisins  moitié  blancs 


—  111  — 

et  moitié  noirs  »  ;  mais  il  relate,  tout  au  long,  le  phénomène 
qui  s'est  produit  à  la  campagne  de  M.  Sévérac,  quartier  de 
l'Aiguelongue,  sur  une  souohe  d'Âspiran  gris.  «  Sur  un  cour- 
son  réservé  de  la  dernière  taille,  il  y  avait  des  raisins  de 
deux  nuances.  Ce  courson  avait  donné  naissance  à  deux 
sarments,  dont  l'un  portait  deux  raisins  très  blancs  d'une 
bonne  grosseur,  et  l'autre  ne  portait  qu'un  seul  raisin  plus 
petit  et  d'une  nuance  grisâtre.  Après  avoir  dégusté  les 
deux  variétés,  il  m'a  semblé  que  le  blanc  était  plus  doux, 

plus  ferme  et  plus  croquant  que  le  gris L'Aramon  gris, 

qui  sert  aujourd'hui  à  faire  du  très  bon  vin  blanc,  est  venu 
sur  une  souche  d'Aramon  noir.  M.  Fournier  m'a  montré 
un  Garignan  à  grains  deux  fois  plus  gros  que  ceux  des 
autres  raisins  de  la  mime  souche,  et  cette  nouvelle  espèce 
s'est  parfaitement  reproduite  par  la  greffe.  » 

De  toutes  ces  variations,  depuis  longtemps  connues, 
mais  mal  observées,  celle  des  raisins  bigarrés  paraît  la 
moins  fréquente  et  la  plus  difficile  à  expliquer.  M.  Marc 
Sauzay  a  eu  l'obligeance  de  faire  une  enquête  sur  le  cas 
rencontré  et  communiqué  par  lui  :  le  raisin  bigarré  était 
seul  de  cette  nature  sur  le  cep  de  Pinot  qui  le  portait 
accompagné  d'autres  raisins  entièrement  noirs;  le  cep  ne 
provenait  pas  de  semis  mais  d'une  greffe  de  «  Pinot  de 
Mercurey  »  sur  «  Riparia  »  ;  la  vigne  renfermait  des  ceps 
noirs  et  des  ceps  blancs  mélangés,  et,  malgré  la  recom- 
mandation faite  au  vigneron  de  surveiller  le  canton  de 
Corsechats  l'année  suivante,  il  lui  a  été  impossible  dé 
reconnaître  le  cep  producteur  du  raisin  bigarré,  et  d'en 
retrouver  aucun  dans  tout  le  vignoble  à  l'automne  de  1905; 
ledit  vigneron  n'hésite  pas  à  attribuer  le  phénomène  à 
l'hybridation  par  fécondation  de  quelques  ovaires  de  raisins 
noirs  par  le  pollen  des  raisins  blancs. 

Cette  explication  est  loin  d'être  concluante,  car,  dans 
les  innombrables  hybridations  pratiquées  de  tous  côtés  par 
les  viticulteurs  il  est  sans  exemple  qu'on  ait  vu  un  raisin 


—  112  — 

rouge  se  décolorer  par  l'effet  du  pollen  d'un  cépage  blanc, 
et  l'on  est  en  droit  de  se  demander  pourquoi  le  cas  est  si 
rare  dans  la  nature,  alors  que  les  pieds  de  vigne  à  raisins 
noirs  ou  blancs  sont  si  habituellement  mélangés  dans  les 
cultures.  M.  Battanchon,  le  savant  professeur  d'agriculture 
du  département  de  Saône«et-Loire,  qui  a  particulièrement 
étudié  la  question,  à  propos  des  «  variations  de  couleur  * 
des  raisins  (Agriculture  nouvelle,  n°  650  du  3  ootobre  1903, 
p.  794,  et  n°  761,  du  18  octobre  1905,  p.  912),  sans  repousser, 
dans  certains  cas,  «  les  influences  de  pollinisation  »,  et  en 
admettant  «  qu'on  peut  encore  faire  intervenir  l'hybridation 
asexuelle  quand  il  s'agit  d'un  cépage  d'une  couleur  greffé 
sur  porte-greffe  d'une  autre  couleur  »,  conclut  «  qu'on  ne 
peut  dire  que  la  présence  de  grains  blancs  au  milieu  d'une 
grappe  noire  appartenant  à  une  variété  noire,  greffée  elle- 
même  sur  un  américain  à  raisins  noirs  comme  le  Riparia, 
ait  été  expliquée  physiologiquement  de  façon  indiscutable  ; 
ce  ne  sont  guère  que  des  hypothèses  qui  ont  été  formulées 
à  ce  propos.  »  Il  est  même  disposé  à  n'y  voir  que  des  varia- 
tions accidentelles  dans  la  série  qui  conduit  des  cépages  à 
jus  incolore  aux  cépages  à  jus  plus  foncé,  «  variations  qui 
peuvent  même  se  reproduire  et  se  fixer  soit  par  le  boutu- 
rage comme  autrefois,  soit  par  la  greffe.  » 

Il  est  à  remarquer  que  tous  les  cas  authentiques  de  raisins 
bigarrés  ont  été  observés  sur  des  «  Pinots  gris  »,  qui  sont  telle- 
ment variables  que  M.  Pacottet,  dans  son  récent  ouvrage, 
Viticulture,  a  écrit  :  a  Le  Pinot  gris  est  un  véritable  caméléon  ; 
planté  dans  les  terres  calcaires  blanches,  il  reste  gris  ;  mais 
transporté  dans  les  terrains  rouges,  ferrugineux,  il  devient 
noir  avec  une  extrême  facilité.  Nous  avons  trouvé  sur  un  cep 
de  Pinot  noir  un  sarment  portant  deux  raisins,  dont  l'un 
était  blanc  et  l'autre  noir.  Ce  fait  fréquent  montre  avec  quelle 
extrême  facilité  la  vigne  modifie  la  couleur  de  ses  fruits.  » 
Le  cas  de  la  grappe  bigarrée  du  Bourgneuf  ne  serait  qu'une 
accentuation  de  celui  cité  en  dernier  lieu  par  M.  Pacottet. 


—  113  — 

Les  mêmes  faits  ont  été  observés  sur  d'autres  cépages. 
Ainsi,  d'après  l'opinion  de  M.  Roy-Chevrier,  de  Chalon-sur- 
Saône,  rapportée  par  M.  Chassignol,  le  Gamay  Fréauœ  ne 
serait  qu'un  accident  d'un  sarment  du  Rouge  de  Bouze,  trouvé 
par  Antoine  Fréaux,  vigneron  à  Saint-Denis-de-Vaux  (Saône- 
et-Loire),  et  propagé  par  lui  dans  cette  commune,  il  y  a  une 
soixantaine  d'années.  Bien  qu'ancien  et  fixé  par  des  mul- 
tiplications successives,  et  enfin  par  le  greffage,  il  n'est 
pas  rare  de  trouver  dans  un  hectare  de  Fréaux  plusieurs 
souches  redevenues  partiellement  ou  totalement  simples 
Gamays,  tantôt  ne  portant  que  des  sarments  avec  raisins 
à  jus  blanc;  tantôt  des  sarments  avec  raisins,  les  uns  à  jus 
blanc,  les  autres  à  jus  coloré.  Dans  cette  sorte  de  rétro- 
gradation, la  plante  ne  s'arrête  pas  au  premier  degré.  Issu 
du  Bouze,  le  Fréaux  ne  redevient  pas  Bouze,  mais  bien 
Arcenant  ou  Malain,  ancêtre  présumé  du  Bouze.  C'est  un 
fait  d'atavisme  intéressant  à  signaler  ;  on  pourrait  en  inférer 
que  les  variations  de  couleur,  bigarrures  ou  panachures, 
observées  sur  divers  cépages,  reconnaissent  pour  cause  ces 
influences  ancestrales,  et  ne  sont  pas  un  simple  effet  du 
hasard.  Les  Pinots  présentent  ces  variations  beaucoup  plus 
fréquemment  que  les  Gamays. 

Il  était  intéressant  de  savoir  si  le  phénomène  inverse 
avait  été  observé,  c'est-à-dire  si  l'on  avait  vu  des  raisins 
colorés  sur  des  ceps  à  raisins  blancs.  Nous  n'avons  pu  en 
recueillir  aucun  exemple  véridique,  et,  si  le  fait  existe,  il 
doit  être  des  plus  rares.  Cependant,  Bouschet  de  Bernard, 
viticulteur  français  bien  connu,  en  fécondant  avec  du  pollen 
de  Teinturier,  cépage  dont  la  richesse  en  œnocyanine  est 
considérable,  une  variété  de  vigne  à  fruits  blancs,  avait 
observé  que  les  grains  de  ceux-ci  présentaient  par  la  suite 
une  coloration  rouge  bien  marquée.  Un  autre  illustre 
ampélographe,  le  baron  A.  Mendola,  a  constaté  un  fait 
semblable  dans  un  croisement  de  Sanginella  blanche  au 
moyen  du  pollen  du  Zobalkanski  qui  est  rouge.  Les  raisins 

S.H.N.  1906.  8 


—  114  — 

de  Sanginella  se  teintèrent-  de  rose,  démontrant  ainsi  que 
l'influence  du  pollen  s'était  exercée  dans  tout  le  plasma. 
(A.  Pirovano,  dans  la  Vigne  américaine,  dirigée  par  M.  Bat-* 
tanchon,  29*  année,  n°  5,  mai  1905,  p.  143.) 

D'après  des  renseignements  obligeamment  fournis  par 
M.  Battanchon  à  M.  Ghassignol,  on  lui  aurait  montré, 
cette  année  même,  à  Iguerande  (Saône-et-Loire),  des  pieds 
de  Chardonnay,  qui  portaient  des  grappes  teintées  de 
rouge  ou  de  rose  ;  mais  il  attribue  cette  particularité  à 
l'influence  de  la  sécheresse,  i  l'état  de  souffrance  du  cep, 
ayant  entraîné  certaines  altérations  d'ordre  physico-chi- 
mique, et  non  pas  des  phénomènes  morphologiques  pro- 
prement dits. 

On  a  cherché,  encore,  à  expliquer  le  phénomène  qui 
nous  occupe  par  les  expériences  d'hybridation  ou  de  fécon- 
dation croisée,  effectuées  sur  la  vigne  par  M.  Bouschet  de 
Bernard,  et  sur  d'autres  végétaux  par  le  professeur  Hugo 
de  Vriès,  en  leur  appliquant  la  théorie  de  la  double  fécon- 
dation découverte  et  étudiée  par  le  professeur  Guignard, 
et  les  idées  Mendéliennes  sur  l'hérédité  et  la  régression  des 
hybrides  *.  Mais  ces  explications,  plausibles  et  satisfaisantes 
quand  il  s'agit  d'hybrides  ou  métis  reproduits  par  le  semis, 
n'ont  aucune  raison  d'être  vis-à-vis  de  simples  greffes. 
Et,  en  attendant  mieux,  il  faut  peut-être  s'en  tenir  à  l'idée 
d'hybridation  aseœuelle  ou  d'hybridation  par  la  greffe,  et  il 
nous  paraît  intéressant  de  reproduire  à  ce  sujet  la  discus- 
sion que  le  cas  signalé  par  nous  dans  la  Feuille  des  Jeunes 
naturalistes  a  provoqué  de  la  part  de  M.  Alb.  Pirovano,  de 
Vaprio  d'Adda,  dans  le  journal  11  Coltivatore,  Casale-Mon- 


1.  Voyez  :  Georges  Bellair,  VOrigine  de  la  déformation  des  fruiU  et  de  leur 
coloration  anormale,  dans  là  Nature,  33*  année,  n*  1668,  du  13  mai  1005,  p.  380. 
—  M.  Gard.  Éludée  enetomiquee  eur  le$  vignes  et  leurs  hybrides  artificiels,  dans 
Actes  Soc.  linn.  Bordeaux,  vol.  lyiii,  6*  série,  t.  VII  (1903),  pp.  185-312.  — 
A.  Pirovano,  Variations  de  couleur  dans  les  grappes  et  les  grains,  et  phénomènes 
d'hybridation,  dans  la  Vigne  américaine  et  la  Viticulture  en  Europe,  dirigée  par 
M.  G.  Battanchon,  29*  année»  n*  5,  mai  1905,  p.  143. 


—  115  — 

ferrato,  du  22  janvier  1905,  et  traduite  dans  la  Vigne  améri- 
caine, journal  de  viticulture  dirigé  par  H.  O.  Battanchon 
(n°  du  5  mai  1905)  : 

«  Les  plus  récents  phénomènes  d'hybridation  asexuelle 
ont  été  étudiés  par  le  professeur  Daniel  et  par  H.  Jurie,  ce 
dernier  s'en  étant  même  servi  pour  rendre  plus  robustes 
quelques-uns  de  ses  hybrides  producteurs  directs.  Dans  la 
plupart  des  cas,  le  sauvage  infuse  peu  à  peu  quelques-uns 
de  ses  caractères  au  greffon,  s'amalgamant  avec  lui,  pour 
ainsi  dire,  jusqu'à  modifier  entièrement  sa  constitution. 
Quelquefois,  la  sève  du  porte-greffe  fait  violemment  irrup- 
tion dans  les  tissus  du  greffon  ;  elle  en  modifie  ainsi  et  peu 
à  peu  les  caractères  ;  elle  s'infiltre  entre  les  fibres,  les  tra- 
verse, et  crée  de  la  sorte  un  tissu  à  elle,  avec  lequel  elle 
progresse  en  symbiose,  tissu  parallèle  et  disjoint.  Il  est 
olair  que  sur  un  sarment  ainsi  constitué,  il  peut  exister,  au 
milieu  des  autres,  un  bourgeon  dans  lequel  se  réuniront  les 
tissus  des  variétés  influençantes.  C'est  ainsi  et  non  autre- 
ment que  peut  s'expliquer  l'apparition  des  grains  blancs 
surles  grappes  noires  d'une  vigne  greffée  sur  cépage  blanc. 

•  Mais,  il  y  a  plus,  M.  Paroni,  de  Brescia,  surmontant 
des  difficultés  techniques  des  plus  sérieuses,  est  parvenu  i 
produire  artificiellement  >  par  sa  greffe  spéciale  à  œil  unique, 
une  végétation  nettement  influencée  par  les  deux  variétés 
blanche  et  noire.  Le  sarment  fructifère  obtenu  a  donné  des 
fruits  réalisant  parfaitement  l'attente  de  l'auteur  qui  espère, 
de  plus,  pouvoir  perpétuer  «  l'anomalie  »  qu'il  a  patiem- 
ment provoquée. 

»  Tout  cela  est  très  bien,  pourra-t-on  m'objecter  :  mais, 
dans  le  cas  du  Dr  Gillot,  le  raisin  noir  se  trouvait  sur 
Riparia  qui  est  aussi  à  fruits  noirs.  D'où  provient  donc  la 
coloration  blanche  présentée  par  une  partie  des  grains  du 
Pinot  qui  était  greffé  sur  cet  américain?  En  admettant 
comme  avéré  que  lo  Pinot  en  cause  se  trouve  bien  sur  un 
véritable  Riparia,  c'est  une  autre  hypothèse,  un  peu  incer- 


—  116  — 

taine,  qui  va  se  présenter.  En  tenant  compte  de  ce  que  les 
phénomènes  tératologiques  de  cet  ordre  sont  plus  particu- 
lièrement fréquents  chez  le  Pinot  noir,  on  peut  supposer 
qu'à  son  origine  on  retrouverait  une  hybridation  entre 
variétés  à  raisins  blancs  et  à  raisins  noirs  ;  de  là,  une  sorte 
de  dialyse  possible  ou  de  scission  intime  entre  les  compo- 
sants. Semblable  phénomène  est  très  commun  dans  les 
plantes  à  fleurs  obtenues  en  si  grand  nombre  aujourd'hui  par 
hybridations  successives  ;  tel  est  le  cas  notamment  chez  les 
Chrysanthèmes.  Une  véritable  lutte  s'établit  entre  les  sèves 
composantes,  et  celle  qui  l'emporte  donne  à  la  fleur  sa  colo- 
ration. 

»  Je  m'explique.  Dans  le  flot  de  sève  circulant  dans  un 
jeune  bourgeon,  il  arrive  souvent  que,  par  suite  des  ampu- 
tations culturales,  se  produit  une  déviation;  la  sève  reflue 
alors  dans  le  tissu  vasculaire,  dont  la  structure  moléculaire 
favorise  quelquefois  la  dialyse  dont  nous  avons  parlé.  Le 
bourgeon,  ainsi  anormalement  développé,  sera  alors  plus 
influencé  par  un  de  ses  composants  que  par  les  autres, 
au  point  de  produire  une  fleur  à  teinte  uniforme,  mais  diffé- 
rente de  celle  présentée  par  l'ensemble  des  autres  fleurs 
du  même  pied.  Cette  variation  peut  alors  être  fixée  par  les 
méthodes  habituelles. 

»  Mais,  dans  notre  cas,  il  s'agit  d'une  grappe,  non  pas 
d'une  couleur  uniforme,  mais  portant  des  grains  de  cou-' 
leurs  différentes  et  tranchées,  grappe  pouvant  être  le 
résultat  de  deux  sèves  réunies  dans  un  même  sarment  mais 
pourtant  distinctes.  Sur  une  vigne  à  fruits  uniformément 
variés,  il  peut  s'être  produit  un  sarment  que  nous  suppo- 
serons constitué  intérieurement  par  un  ensemble  de  fais- 
ceaux disposés  en  secteurs,  alternativement  influencés  par 
une  variété  blanche  et  une  variété  noire,  de  telle  sorte 
qu'à  chaque  bourgeon  aboutissent'  au  moins  deux  de  ces 
faisceaux  virtuels  à  la  fois  conjugués  et  en  parfaite  oppo- 
sition d'influence.  » 


—  117  — 

Tout  en  laissant  i  l'auteur  la  responsabilité  de  son  ingé- 
nieuse explication,  nous  sommes  heureux  de  l'avoir  provo- 
quée, et  attendons  de  nouvelles  recherches  sa  confirmation 
ou  sa  critique. 

(À  suivre.) 


M.  le  Dr  Oillot  donne  lecture  des  notes  suivantes  : 

Nidification  de  la  Bécasse  en  Saône-et-Loire. 

M.  Q.  Ormezzano  nous  adressait,  4  la  date  du  1"  mai, 
une  jeune  Bécasse,  i  moitié  de  sa  taille,  prise  au  nid  à 
Àrtaix,  près  Marcigny  (Saône-et-Loire).  Il  y  avait,  dans  le 
nid  trois  Bécasseaux,  dont  deux  ont  pris  leur  vol  au  moment 
où  Ton  voulait  les  capturer;  le  troisième,  nourri  aveo  des 
vermisseaux,  n'a  vécu  que  trois  jours  en  captivité.  Les 
œufs  ont  dû  être  pondus  dès  le  milieu  de  mars,  et  notre 
zélé  correspondant  et  ami  regarde  cette  couvée  de  Bécasses 
comme  «  un  fait  inconnu  dans  la  région  »,  et  l'attribue  «  i 
une  paire  de  Bécasses  qui  s'est  localisée  au  moment  du 
passage  de  novembre  ».  J'ignore  si  les  nichées  de  Bécasses 
sont  réellement  aussi  rares  dans  le  Brionnais,  mais  elles 
sont  assez  fréquentes  dans  le  reste  du  département,  notam- 
ment dans  la  région  autunoise.  Cette  année  même,  aux 
derniers  jours  du  mois,  notre  collègue,  M.  le  Dr  Joseph 
Baron,  nous  signalait,  dans  les  bois  de  Saint-Émiland,  un 
nid  de  Bécasse  dont  la  mère  avait  été  tuée  sur  le  nid  ren- 
fermant trois  œufs  qui  ont  été  brisés.  D'autres  faits,  moins 
précis,  nous  ont  été  racontés,  et  j'ai,  moi-même,  souve- 
nance, il  y  a  quelques  années,  d'avoir  surpris  une  nichée 
de  Bécasseaux  au  moment  où  ils  quittaient  leur  nid  dans 
les  bois  de  la  Goutte,  forêt  do  Polin,  au  lieu  dit  Verné- 
du-Cerisier,  commune  de  Roussillon-en-Morvan.   Depuis 


—  122  — 

présence  de  cette  plante,  étrangère  au  pays,  en  plein  bois, 
avait  d'abord  paru  singulière  à  M.  Château,  mais  il  s'est 
rappelé  un  article  de  M.  P.  Fliche,  professeur  à  l'École 
forestière  de  Nancy  (Deux  Observations  relatives  à  la  flore 
des  jeunes  taillis,  G.  R.  Ac.  se,  CXL,  séance  du  25  avril 
1905,  p.  1129),  dans  lequel  la  station  de  YE.  Lathyris,  loca- 
lisée au  voisinage  de  ruines  gallo-romaines,  semblait  faire 
remonter  son  introduction  jusqu'à  cette  époque  lointaine, 
où  elle  avait  dû  être  employée  à  titre  officinal.  Et  précisé- 
ment la  localité  brionnaise  de  l'Epurge,  au  lieu  dit  la 
«  Motte  au  Singe  »,  se  trouve  être  à  la  fois  sur  l'emplace- 
ment probable  d'une  voie  romaine,  et  sur  les  ruines  de 
l'ancien  manoir  de  Glavegris,  dont  l'histoire  remonte  jus- 
qu'en 1328  (Cf.  les  Fiefs  du  Bourbonnais,  par  Aubert  de  la 
Faige  et  Roger  de  la  Boutresse).  L'analogie  s'impose, 
YE.  Lathyris  étant  fréquemment  cultivé  comme  plante  médi- 
cinale dans  les  jardins  des  vieux  châteaux  et  des  monas- 
tères, et  encore  aujourd'hui  dans  les  jardins  de  campagne; 
les  graines  employées  comme  purgatives  ont  quelquefois 
déterminé  des  accidents  graves  par  leur  action  drastique 
trop  énergique.  La  persistance  indéfinie  de  certaines 
espèces  de  plantes  adventices,  et  leur  réapparition  inter- 
mittente s'explique,  en  ce  cas,  par  la  résistance  des  graines 
enfouies  dans  le  sol,  où  elles  peuvent  séjourner  longtemps 
avant  de  germer,  attendant  les  circonstances  favorables, 
déboisement  ou  simple  éclaircie  des  taillis,  défrichements, 
mouvements  du  sol,  etc.  Il  ne  faut  cependant  pas  exagérer 
la  longévité  des  graines,  et  il  y  a  longtemps  que,  depuis 
les  expériences  d'A.  de  Candolle,  on  a  fait  justice  de  la 
légende  des  graines  pharaoniques,  trouvées  dans  les  cer- 
cueils des  momies  d'Egypte  et  susceptibles  de  germer 
encore.  Il  n'en  est  rien,  et  les  observations  récentes  entre 
autres  de  MM.  Jules  Poisson  [Observations  sur  la  durée  de  la 
vitalité  des  graines,  Bull.  Soc.  bot.  de  France,  L  (1903), 
p.  337),  et  Paul  Becquerel  (De  la  longévité  des  graines,  C.  R. 


—  123  — 

Ac.  se,  CXLII,  n°  26,  séance  du  25  juin  1906,  p.  1549),  ont 
démontré  l'inégale  résistance  des  différentes  graines.  Les 
expériences  de  M.  P.  Becquerel  ont  porté  sur  les  semences, 
de  cinq  cent  cinquante  espèces  de  plantes  de  diverses  familles 
et  sur  des  graines  conservées  depuis  vingt-cinq  à  cent 
trente-cinq  ans.  La  plupart  sont  restées  stériles  et  mortes  ; 
quelques-unes,  cependant,  ont  germé,  même  âgées  de 
quatre-vingts  ans;  mais  il  s'agissait,  en  ce  cas,  exclusive- 
ment de  graines  «  protégées  par  un  tégument  épais  et  pos- 
sédant des  réserves  peu  oxydables.  »  C'est,  en  effet,  la 
pénurie  d'oxygène,  et  par  conséquent  le  peu  d'altération 
respiratoire  des  réserves,  qui  permet  le  prolongement  de 
la  vie  latente,  et  ces  conditions  se  trouvent  également 
réalisées  pour  les  graines  enfouies  profondément  dans  le 
sol  et  plus  ou  moins  complètement  à  l'abri  de  l'air. 

Elles  n'en  donnent  quelquefois,  plus  tard,  que  des  sujets 
plus  vigoureux,  car  M.  J.  Poisson  a  encore  observé  qu'il  se 
fait  dans  les  vieilles  graines  «  un  travail  de  perfectionne- 
ment  qui  a  eu  retentissement  sur  le  développement  futur 

du  végétal  »,  et  qui  a  été  utilisé,  en  horticulture,  pour  l'amé- 
lioration de  certains  légumes,  la  production  des  fleurs 
doubles,  etc.  (J.  Poisson,  Comparaison  des  résultats  obtenus 
en  semant  de  jeunes  et  vieilles  graines,  Bull.  Soc.  bot.  de 
France,  L  (1903),  p.  478). 

Plantes  nouvelles. 

Notre  collègue,  M.  Chassignol,  instituteur  à  la  Boulaye, 
en  chercheur  heureux,  nous  communique  en  beaux  exem- 
plaires, une  trouvaille  particulièrement  intéressante  pour 
la  flore  de  Saône-et-Loire,  celle  de  la  Luzule  jaunâtre, 
Luzula  albida  DC,  dans  le  bois  dit  «  le  Parc  »,  commune 
de  la  Boulaye,  30  mai  1906.  Cette  élégante  Joncée,  propre 
aux  montagnes  siliceuses,  est  commune  dans  les  Vosges, 
et  confirme  les  rapports  déjà  signalés  entre  les  flores  vos- 


—  120  — 

semble  avoir  été  observé  pour  la  première  fois  en  Egypte, 
au  commencement  du  dix-neuvième  siècle,  et  a  dû  être 
introduit  en  France  avec  le  retour  des  armées  de  Bona- 
parte. Il  n'est  pas  indiqué  parmi  les  rongeurs  du  départe- 
ment de  Saône-et-Loire  énumérés  dans  un  catalogue  inédit 
de  Grognot  aîné  ;  il  a  dû  passer  inaperçu  jusqu'ici . 

Poissons. 

Enfin,  M.  Ormezzano  nous  a  encore  envoyé,  à  la  date 
du  5  juillet  dernier,  trois  poissons,  compris  parmi  les  Pois- 
sons blancs  de  la  famille  des  Cyprinidés,  et  péchés  dans  la 
Riole  d'Artaix  :  la  Brème,  Abramis  Brama  L.,  le  Rotengle, 
Scardinus  erythrophtalmus  Bon.,  et  le  Qardon,  Leuciscus 
rutilus  Guv.  Ces  poissons,  parvenus  en  bon  état  de  con- 
servation, ont  pris  place  dans  les  bocaux  de  nos  collections . 

M.  Ormezzano  accompagne  l'envoi  de  ces  poissons  des 
réflexions  suivantes  :  «  La  description  et  la  distinction  de 
ces  poissons  ont  été  bien  faites  par  M.  l'abbé  E.  Dumas, 
de  Villeneuve  (Allier),  dans  son  opuscule  sur  la  Faune  de 
V Allier  :  les  Poissons,  descriptions,  mœurs,  habitats  (Moulins, 
1897).  Sur  les  trois  échantillons,  à  peu  près  de  même  taille, 
que  je  vous  ai  adressés,  capturés  dans  la  Riole  ou  Riaule 
d'Artaix,  on  distingue  très  bien  leurs  différences  à  la  simple 
vue.  Le  Rotengle  ou  Gardon  brammé,  est  plus  épais  que  la 
Brème  et  moins  que  le  Gardon;  ses  écailles  sont  plus 
étroites  que  celles  de  la  Brème,  mais  plus  larges  que  celles 
du  Gardon.  Le  Gardon  est  plus  épais  que  les  deux  autres, 
et  a  les  écailles  plus  fines.  La  Brème  est  plus  large  et  plus 
mince  que  les  deux  autres  et  a  également  les  écailles  plus 
larges  ;  et  cependant  c'est  à  peine  si  nos  meilleurs  pêcheurs 
les  distinguent.  Le  Rotengle  se  pêche  surtout  dans  les  rioles 
ou  étangs,  qui  sont  des  délaissés  de  la  Loire,  sur  l'empla- 
cement probable  de  son  ancien  lit;  je  ne  l'ai  encore  pas  vu 
pêcher  en  Loire.  Il  tient  assez  bien  le  milieu  entre    la 


—  123  — 

Ac.  se,  CXLII,  n°  26,  séance  du  25  juin  1906,  p.  1549),  ont 
démontré  l'inégale  résistance  des  différentes  graines.  Les 
expériences  de  M.  P.  Becquerel  ont  porté  sur  les  semences, 
de  cinq  cent  cinquante  espèces  de  plantes  de  diverses  familles 
et  sur  des  graines  conservées  depuis  vingt-cinq  à  cent 
trente-cinq  ans.  La  plupart  sont  restées  stériles  et  mortes; 
quelques-unes,  cependant,  ont  germé,  même  âgées  de 
quatre-vingts  ans;  mais  il  s'agissait,  en  ce  cas,  exclusive- 
ment de  graines  «  protégées  par  un  tégument  épais  et  pos- 
sédant des  réserves  peu  oxydables.  »  C'est,  en  effet,  la 
pénurie  d'oxygène,  et  par  conséquent  le  peu  d'altération 
respiratoire  des  réserves,  qui  permet  le  prolongement  de 
la  vie  latente,  et  ces  conditions  se  trouvent  également 
réalisées  pour  les  graines  enfouies  profondément  dans  le 
sol  et  plus  ou  moins  complètement  à  l'abri  de  l'air. 

Elles  n'en  donnent  quelquefois,  plus  tard,  que  des  sujets 
plus  vigoureux,  car  M.  J.  Poisson  a  encore  observé  qu'il  se 
fait  dans  les  vieilles  graines  «  un  travail  de  perfectionne- 
ment  qui  a  eu  retentissement  sur  le  développement  futur 

du  végétal  »,  et  qui  a  été  utilisé,  en  horticulture,  pour  l'amé- 
lioration de  certains  légumes,  la  production  des  fleurs 
doubles,  etc.  (J.  Poisson,  Comparaison  des  résultats  obtenus 
en  semant  de  jeunes  et  vieilles  graines,  Bull.  Soc.  bot.  de 
France,  L  (1903),  p.  478). 

Plantes  nouvelles. 

Notre  collègue,  M.  Chassignol,  instituteur  à  la  Boulaye, 
en  chercheur  heureux,  nous  communique  en  beaux  exem- 
plaires, une  trouvaille  particulièrement  intéressante  pour 
la  flore  de  Saône-et-Loire,  celle  de  la  Luzule  jaunâtre, 
Luzula  albida  DC,  dans  le  bois  dit  «  le  Parc  »,  commune 
de  la  Boulaye,  30  mai  1906.  Cette  élégante  Joncée,  propre 
aux  montagnes  siliceuses,  est  commune  dans  les  Vosges, 
et  confirme  les  rapports  déjà  signalés  entre  les  flores  vos- 


—  114  — 

de  Sanginella  se  teintèrent*  de  rose,  démontrant  ainsi  que 
l'influence  du  pollen  s'était  exercée  dans  tout  le  plasma. 
(A.  Pirovano,  dans  la  Vigne  américaine,  dirigée  par  M.  Bat- 
tanchon,  29-  année,  n°  5,  mai  1905,  p.  143.) 

D'après  des  renseignements  obligeamment  fournis  par 
M.  Battanchon  à  M.  Chassignol,  on  lui  aurait  montré, 
cette  année  même,  à  Iguerande  (Saône-et-Loire),  des  pieds 
de  Chardonnay,  qui  portaient  des  grappes  teintées  de 
rouge  ou  de  rose  ;  mais  il  attribue  cette  particularité  à 
l'influence  de  la  sécheresse,  à  l'état  de  souffrance  du  cep, 
ayant  entraîné  certaines  altérations  d'ordre  physico-chi- 
mique, et  non  pas  des  phénomènes  morphologiques  pro- 
prement dits. 

On  a  cherché,  encore,  à  expliquer  le  phénomène  qui 
nous  occupe  par  les  expériences  d'hybridation  ou  de  fécon- 
dation croisée,  effectuées  sur  la  vigne  par  M.  Bouschet  de 
Bernard,  et  sur  d'autres  végétaux  par  le  professeur  Hugo 
de  Vriès,  en  leur  appliquant  la  théorie  de  la  double  fécon- 
dation découverte  et  étudiée  par  le  professeur  Guignard, 
et  les  idées  Mendéliennes  sur  l'hérédité  et  la  régression  des 
hybrides !.  Mais  ces  explications,  plausibles  et  satisfaisantes 
quand  il  s'agit  d'hybrides  ou  métis  reproduits  par  le  semis, 
n'ont  aucune  raison  d'être  vis-à-vis  de  simples  greffes. 
Et,  en  attendant  mieux,  il  faut  peut-être  s'en  tenir  à  l'idée 
d'hybridation  asexuelle  ou  d'hybridation  par  la  greffe,  et  il 
nous  paraît  intéressant  de  reproduire  à  ce  sujet  la  discus- 
sion que  le  cas  signalé  par  nous  dans  la  Feuille  des  Jeunes 
naturalistes  a  provoqué  de  la  part  de  M.  Alb.  Pirovano,  de 
Vaprio  d'Adda,  dans  le  journal  11  Coltivatore,  Gasale-Mon- 


1.  Voyez  :  Georges  Bellair,  l'Origine  de  la  déformation  de»  fruits  et  de  leur 
coloration  anormale,  dans  la  Nature,  33*  année,  n*  1668,  du  13  mai  1905,  p.  380. 
—  M.  Gard,  Études  anatomiques  sur  les  vignes  et  leurs  hybrides  artificiels,  dans 
Actes  Soc.  linn.  Bordeaux,  vol.  lviii,  6*  série,  t.  VII  (1903),  pp.  185-312.  — 
A.  Pirovano,  Variations  de  couleur  dans  les  grappes  et  les  grains,  et  phénomènes 
d'hybridation,  dans  la  Vigne  américaine  et  la  Viticulture  en  Europe,  dirigée  par 
M.  G.  Battanchon,  29*  année,  n*  5,  mai  1905,  p.  143. 


—  115  — 

ferrato,  du  22  janvier  1905,  et  traduite  dans  la  Vigne  améri- 
caine, journal  de  viticulture  dirigé  par  M,  G.  Battanchon 
(n°  du  5  mai  1905)  : 

«  Les  plus  récents  phénomènes  d'hybridation  asexuelle 
ont  été  étudiés  par  le  professeur  Daniel  et  par  M.  Jurie,  ce 
dernier  s'en  étant  même  servi  pour  rendre  plus  robustes 
quelques-uns  de  ses  hybrides  producteurs  directs.  Dans  la 
plupart  des  cas,  le  sauvage  infuse  peu  à  peu  quelques-uns 
de  ses  caractères  au  greffon,  s'amalgamant  avec  lui,  pour 
ainsi  dire,  jusqu'à  modifier  entièrement  sa  constitution. 
Quelquefois,  la  sève  du  porte-greffe  fait  violemment  irrup- 
tion dans  les  tissus  du  greffon  ;  elle  en  modifie  ainsi  et  peu 
à  peu  les  caractères;  elle  s'infiltre  entre  les  fibres,  les  tra- 
verse, et  crée  de  la  sorte  un  tissu  à  elle,  avec  lequel  elle 
progresse  en  symbiose,  tissu  parallèle  et  disjoint.  Il  est 
clair  que  sur  un  sarment  ainsi  constitué,  il  peut  exister,  au 
milieu  des  autres,  un  bourgeon  dans  lequel  se  réuniront  les 
tissus  des  variétés  influençantes.  C'est  ainsi  et  non  autre- 
ment que  peut  s'expliquer  l'apparition  des  grains  blancs 
sur  les  grappes  noires  d'une  vigne  greffée  sur  cépage  blanc. 

»  Mais,  il  y  a  plus,  M.  Paroni,  de  Brescia,  surmontant 
des  difficultés  techniques  des  plus  sérieuses,  est  parvenu  à 
produire  artificiellement,  par  sa  greffe  spéciale  à  œil  unique, 
une  végétation  nettement  influencée  par  les  deux  variétés 
blanche  et  noire.  Le  sarment  fructifère  obtenu  a  donné  des 
fruits  réalisant  parfaitement  l'attente  de  l'auteur  qui  espère, 
de  plus,  pouvoir  perpétuer  «  l'anomalie  »  qu'il  a  patiem- 
ment provoquée. 

»  Tout  cela  est  très  bien,  pourra-t-on  m'objecter  :  mais, 
dans  le  cas  du  Dr  Gillot,  le  raisin  noir  se  trouvait  sur 
Riparia  qui  est  aussi  à  fruits  noirs.  D'où  provient  donc  la 
coloration  blanche  présentée  par  une  partie  des  grains  du 
Pinot  qui  était  greffé  sur  cet  américain?  En  admettant 
comme  avéré  que  le  Pinot  en  cause  se  trouve  bien  sur  un 
véritable  Riparia,  c'est  une  autre  hypothèse,  un  peu  incer- 


—  124  — 

gienne  et  morvandelle  :  elle  se  retrouve  plus  près  de  nous 
dans  le  Jura,  aux  environs  de  Besançon,  Montbéliard, 
puis,  plus  au  sud,  dans  l'Ardèche,  l'Aude,  l'Ariège,  etc. 
Elle  est  excessivement  rare  dans  le  centre  de  la  France 
où  la  Flore  de  Boreau  n'en  signale  que  deux  localités,  aux 
environs  d'Orléans,  où  elle  a  disparu,  et  i  Saulieu,  d'après 
Loret.  Elle  a  été  retrouvée  dans  la  Oôte-d'Or,  mais  tou- 
jours très  rare,  à  Premières,  Renève,  Bèze  (Gh.  Royer, 
FI.  de  la  Côte-d'Or,  p.  337).  La  localité  de  Saône-et-Loire 
semble  donc  être  actuellement  la  station  la  plus  occidentale 
de  cette  espèce  en  France. 

M.  Ghassignol  a,  en  outre,  récolté  le  14  juin,  le  Pied-de- 
Chat,  Antennaria  dioïca  Gœrtn.,  dans  une  station  nouvelle  : 
terrain  inculte,  couvert  de  bruyère,  à  deux  kilomètres  et 
demi  environ  de  Dettey,  sur  le  chemin  de  traverse  qui  con- 
duit à  la  Tagnière.  Il  a  également  retrouvé  cette  plante, 
mais  peu  abondante,  dans  les  bruyères  en  montant  de  la 
Tagnière,  à  Uchon.  Elle  était  déjà  indiquée,  mais  vague- 
ment, par  le  Dr  Garion,  à  la  Tagnière  (Catal.  des  plantes 
du  département  de  Saône-et-Loire,  1865,  p.  58). 

Notre  collègue,  M.  Porte,  toujours  à  l'affût  des  nou- 
veautés de  la  flore  autunoise,  nous  a  signalé  sur  la  pelouse 
de  la  plate-forme  supérieure  du  théâtre  romain,  aux  Caves- 
Joyaux,  la  présence  de  la  Sauge  à  feuilles  de  Verveine, 
Salvia  verbenaca  L.,  plante  méridionale,  cal  ci  phi  le  etxéro- 
thermique,  qui  se  retrouve  dans  la  région  do  l'ouest,  mais 
au  sud  de  la  Loire,  et  n'a  été  que  rarement  rencontrée  dans 
les  départements  du  Centre  et  de  l'Est,  et  très  probablement 
à  titre  d'adventice  indigène  sporadique,  en  particulier 
dans  les  vignes  de  Cormatin  (Saône-et-Loire),  d'après  le 
Dr  Carion  (Catal.  pi.  S.-et-L.,  p.  80).  Elle  se  distingue,  à 
première  vue,  des  variétés  à  petites  fleurs  (var.  micrantha 
Gr.),  de  Salvia  pratensis  L.,  par  ses  corolles  dépassant  à 
peine  le  calice,  non  comprimées,  à  lèvre  supérieure  con- 


-  117  - 

Tout  en  laissant  à  l'auteur  la  responsabilité  de  son  ingé- 
nieuse explication,  nous  sommes  heureux  de  l'avoir  provo- 
quée, et  attendons  de  nouvelles  recherches  sa  confirmation 
ou  sa  critique. 

(A  suivre.) 


M.  le  Dr  Gillot  donne  lecture  des  notes  suivantes  : 

Nidification  de  la  Bécasse  en  Saône-et-Loire. 

M.  Q.  Ormezzano  nous  adressait,  à  la  date  du  1"  mai, 
une  jeune  Bécasse,  à  moitié  de  sa  taille,  prise  au  nid  à 
Artaix,  près  Marcigny  (Saône-et-Loire).  Il  y  avait,  dans  le 
nid  trois  Bécasseaux,  dont  deux  ont  pris  leur  vol  au  moment 
où  Ton  voulait  les  capturer;  le  troisième,  nourri  avec  des 
vermisseaux,  n'a  vécu  que  trois  jours  en  captivité.  Les 
œufs  ont  dû  être  pondus  dès  le  milieu  de  mars,  et  notre 
zélé  correspondant  et  ami  regarde  cette  couvée  de  Bécasses 
comme  «  un  fait  inconnu  dans  la  région  »,  et  l'attribue  «  à 
une  paire  de  Bécasses  qui  s'est  localisée  au  moment  du 
passage  de  novembre  ».  J'ignore  si  les  nichées  de  Bécasses 
sont  réellement  aussi  rares  dans  le  Brionnais,  mais  elles 
sont  assez  fréquentes  dans  le  reste  du  département,  notam- 
ment dans  la  région  autunoise.  Cette  année  même,  aux 
derniers  jours  du  mois,  notre  collègue,  M.  le  Dr  Joseph 
Baron,  nous  signalait,  dans  les  bois  de  Saint-Émiland,  un 
nid  de  Bécasse  dont  la  mère  avait  été  tuée  sur  le  nid  ren- 
fermant trois  œufs  qui  ont  été  brisés.  D'autres  faits,  moins 
précis,  nous  ont  été  racontés,  et  j'ai,  moi-même,  souve- 
nance, il  y  a  quelques  années,  d'avoir  surpris  une  nichée 
de  Bécasseaux  au  moment  où  ils  quittaient  leur  nid  dans 
les  bois  de  la  Goutte,  forêt  de  Folin,  au  lieu  dit  Verné- 
du-Cerisier,  commune  de  Roussillon-en-Morvan.   Depuis 


—  126  — 


Boches  et  fossiles  du  Siebengebirge. 

M.  Paul  Floquet,  qui  vient  de  passer  avec  succès  à  la 
Faculté  de  Lyon,  l'examen  de  licence  es  sciences  natu- 
relles (géologie),  envoie  à  la  Société  un  petit  lot  de  roches 
et  de  fossiles  recueillis  par  lui  au  Siebengebirge,  pendant  le 
séjour  d'études  qu'il  vient  de  faire  à  Bonn  (Prusse  rhénane); 
ce  sont  : 

1°  Trachyte  andésitique  soufflé  (Siebengebirge). 

2°  Tuf  trachytique  blanc  avec  inclusions  schisteuses  (idem). 

3°  Basalte,  passant  i  la  Dolérite  très  chargée  en  Olivine 
(Falkengebirge). 

4°  Basalte  scoriacé  à  Leucite  (Roderberg). 

5°  Ginérite  avec  feuilles  de  Ginnamomum  (Siebenge- 
birge). 

6°  La  même  avec  bois  fossile  (idem). 

7°  Même  cinérite  avec  feuilles  de  Ginnamomum  et 
bois  (idem). 

8°  Bois  opalisé  dans  un  quartzite  (Siebengebirge). 

9*  Bois  passé  à  l'état  de  quartz  résinite  dans  quart- 
zite (idem). 

10°  Cailloux  vitrifiés  à  la  surface;  éruptions  du  Roder- 
berg. 

11°  Schiste  dévonien  argilo-silioeux  micacé,  calciné  au 
voisinage  du  Roderberg  ;  déshydraté  et  fendillé. 

A  son  envoi  M.  P.  Floquet  a  joint  la  note  explicative 
suivante  : 

«  Le  Siebengebirge  (nom  qui  signifie  «  les  sept  monta- 
gnes »),  est  situé  environ  à  8  kilomètres  à  vol  d'oiseau,  au 
sud-est  de  la  ville  de  Bonn,  en  Prusse  rhénane.  Ge  massif 
est  sur  la  rive  droite  du  Rhin,  précisément  à  l'endroit  où 
le  fleuve  quitte  le  plateau  dévonien  dans  lequel  il  se  trou- 
vait profondément  encaissé  depuis  Mayence,  et  entre  dans 


—  119  — 

plus  propre  à  sa  reproduction.  Il  est  vrai  que  notre  dépar- 
tement se  trouve  bien  près  de  sa  limite  de  nidification, 
d'après  les  cartes  dressées  par  M.  Ternier,  mais,  pour  être 
clairsemées,  les  couvées  y  sont  habituelles,  et  justifient 
l'opinion  de  l'excellent  observateur  qu'était  notre  collègue, 
A.  Mangeard,  pour  lequel  la  Bécasse  méritait  d'être  quali- 
fiée de  «  sédentaire  »  dans  notre  arrondissement. 

Bat  fauve  ou  Alexandrin. 

M.  Q.  Ormezzano  nous  envoyait,  le  lendemain,  2  mai 
1906,  un  gros  Rat  au  pelage  fauve,  d'un  blanc  jaunâtre  sous 
la  gorge,  de  même  forme  que  le  Rat  d'égout,  si  commun 
et  si  connu,  mais  de  moindre  taille.  L'animal,  du  sexe  mas- 
culin, mesurait  la  longueur  totale  de  0m37,  du  museau  à 
l'extrémité  de  la  queue,  dont  0m18  pour  le  corps  et  0m19 
pour  la  queue.  Il  s'agit  du  Rat  fauve  considéré  comme  une 
variété  du  Rat  ordinaire  ou  Rat  noir,  Mus  Rattus  L.,  et 
appelé  par  les  zoologistes  Mus  [Rattus)  alexandrinus  Geof- 
froy *.  Ce  Rat,  qui  paraît  rare  dans  notre  région,  a  été  cap- 
turé par  M.  Deville,  propriétaire  à  Marcigny,  dans  un  cla- 
pier de  lapins,  où  il  a  pris  successivement  sept  exemplaires 
de  ce  rongeur  jusqu'alors  inconnu  dans  le  pays,  et  qui, 
d'après  ses  observations,  «  est  plus  vif,  plus  alerte  et  plus 
vigoureux  que  le  Mus  Rattus.  »  Il  en  a,  du  reste,  les  mœurs 
et  vit  surtout  dans  les  greniers,  les  granges,  les  écuries,  etc. , 
au  contraire  du  Rat  d'égout  ou  Surmulot,  Rus  decumanus 
Pal  las,  qui  pullule  de  préférence  dans  les  parties  infé- 
rieures des  habitations,  les  caves,  les  égouts,  les  abat- 
toirs, etc.,  et  qui,  plus  gros  et  plus  vorace,  a  presque  par- 
tout chassé  le  Rat  commun,  devenu  rare  dans  les  villes  et 
réfugié  dans  les  campagnes.  Le  Rat  fauve  ou  l'Alexandrin 

1 .  D*  £.  Trouessart,  les  Petit»  Mammifère»  de  France,  dans  la  Feuille  des 
Jeune»  naturaliste»,  n- 120  (qov.  1888),  p,  80,  et  Hiat.  n&t.  de  la,  Fr*nce,  2*  partie, 
Mammifères  (E.  Deyrolle),  p.  142.  —  A.  Bouvier,  les  Mammifère»  de  France, 
1891,  p.  155. 


—  118  — 

longtemps,  du  reste,  le  fait  a  été  relaté  et  signalé  par  Pro- 
teau,  qui,  dans  son  Catalogue  ',  donne  la  Bécasse,  Scolopax 
rusticola,  comme  oiseau  «  de  passage  périodique  à  l'au- 
tomne et  au  printemps  ;  quelques  couples  s'établissent  dans 
nos  bois  où  ils  nichent  dès  les  premiers  jours  d'avril  »  ;  et 
A.  Mangeard  2  :  «  La  Bécasse  niche  en  mars  à  terre,  dans 
un  petit  enfoncement  à  l'abri  de  quelque  broussaille  ;  pond 
quatre  œufs  ;  sédentaire  ;  peu  commune.  » 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  les  nids  de  Bécasse  sont 
assez  rares  dans  notre  pays;  mais,  à  en  croire  M.  L.  Ter- 
nier,  la  cause  en  serait  moins  dans  les  habitudes  de  Foi- 
seau  que  dans  la  chasse  intempestive  qu'on  lui  fait  au 
printemps,  et  il  suffirait  de  l'interdire  à  cette  époque, 
c'est-à-dire  après  la  clôture  de  la  chasse  du  gibier  séden- 
taire, pour  voir  augmenter  le  nombre  des  nichées.  Cette 
mesure  a  été  prise,  depuis  deux  ans,  par  le  ministère 
de  l'agriculture  et  c'est  peut-être  la  raison  pour  laquelle 
on  a  signalé  cette  année  un  plus  grand  nombre  de  nids  de 
Bécasses.  L'étude  très  instructive  et  très  documentée  à 
laquelle  s'est  livré  M.  Ternier3  prouve  que,  contrairement 
à  l'opinion  de  nombre  de  chasseurs  et  d'ornithologistes,  la 
Bécasse  niche  largement  en  France,  où  le  fait  a  été  cons- 
taté dans  cinquante-huit  départements,  principalement  de 
l'Est  et  du  Nord  ;  que,  dans  nos  départements  de  l'Est  on 
appelle  très  improprement  «  arrivée  »  le  passage  de  prin- 
temps de  la  Bécasse,  qui  est,  au  contraire,  son  «  retour  » 
des  contrées  plus  septentrionales  afin  de  chercher  un  climat 


1.  Proteau,  Catalogue  des  oiseaux  observés  dans  V arrondissement  d*Autun% 
pendant  le  coure  dee  années  18kk  à  t860,  dans  Soc.  Éduenne.  Mém.  d'histoire 
naturelle,  1(1865),  p.  272. 

2.  A.  Mangeard,  Catalogue  dee  oiseaux  qui  se  reproduisent  dans  lea  environs 
d'Autun,  et  qui  ont  été  observés  depuis  18k0  jusqu'en  i886y  dans  Bail.  Soc.  hlst. 
nat.  d'Autan,  I  (1888),  p.  118. 

3.  Louis  Ternier,  Distribution  géographique  en  France  de  la  Bécasse  (Scolopax 
rusticola),  d'après  l'enquête  territoriale  ordonnée  par  le  ministre  de  l'Instruc- 
tion  publique  en  1885  et  1886,  dans  Ornti,  Bull,  du  comité  ornlthologique  inter- 
national, XII  (1903-1904),  n*  3,  p.  235. 


—  121  — 

Brème  et  le  Gardon,  d'où  son  nom  de  Gardon  Brammé, 
qui  semble  invoquer,  entre  les  deux  autres  espèces,  une 
idée  d'hybridation  que  ne  justifient  pas  ses  caractères  ana- 
tomiques,  et  notamment  sa  dentition  complètement  diffé- 
rente. » 

A  propos  de  Poissons,  nous  devons  signaler  l'acclimata- 
tion, dans  le  canton  d'Issy-l'Évêque,  d'une  jolie  espèce 
exotique,  dont  M.  H.  de  Ghaignon  a  rapporté  tout  récem- 
ment un  exemplaire  pâché  dans  la  Somme,  près  de  Grury, 
et  qui  paraissait  inconnu  des  pêcheurs  du  pays.  Il  s'agit  du 
C abri-Cobras ,  Lepomis  mégalo  tis  Rafin.,  Sun  fis  h  ou  Perche 
argentée,  poisson  percoide  américain,  de  la  famille  des 
Centrachidœ,  introduit  en  grand  nombre,  depuis  quelques 
années,  dans  les  étangs  et  les  rivières  de  France,  de  Bel- 
gique, de  Suisse  et  d'Italie.  Il  est  naturalisé  dans  la  Loire 
où  il  se  reproduit.  (A.  Giard,  lnterméd.  des  biologistes,  I, 
n°  5,  5  janvier  1898,  p.  104.)  11.  Ferdinand  Mérendet,  pro- 
priétaire à  Issy-l'Évêque,  l'a  propagé  depuis  une  dizaine 
d'années,  dans  les  étangs  et  les  rivières  de  ses  environs, 
notamment  dans  la  Somme,  où  il  s'est  également  natura- 
lisé et  reproduit,  car  on  en  a  péché  en  assez  grande  quan- 
tité à  Maltat;  et  M.  Prosper  Baron,  qui  en  avait  reçu  de 
M.  Mérendet  quelques  exemplaires,  envoyés  d'Allemagne, 
et  les  avait  mis  dans  son  vivier  de  la  Chèze,  près  de  Luzy, 
en  a  retrouvé,  quelques  années  plus  tard,  au  moment  d'une 
pêche,  près  de  deux  mille  de  toute  taille.  Ce  poisson,  du 
reste,  ne  devient  jamais  gros  et  ne  fournit  qu'une  assez 
médiocre  friture. 

Euphorbe  Epurge. 

M.  E.  Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte,  signale  la 
présence  de  l'Epurge,  Euphorbia  Lathyris  L.,  dans  le  B don- 
nais, à  Avrilly,  entre  le  moulin  Morgat  et  Bonnant,  au 
milieu  des  broussailles  de  la  rive  gauche  du  canal.  La 


—  120  — 

semble  avoir  été  observé  pour  la  première  fois  en  Egypte, 
au  commencement  du  dix-neuvième  siècle,  et  a  dû  être 
introduit  en  France  avec  le  retour  des  armées  de  Bona- 
parte. Il  n'est  pas  indiqué  parmi  les  rongeurs  du  départe- 
ment de  Saône-et-Loire  énumérés  dans  un  catalogue  inédit 
de  Grognot  aîné;  il  a  dû  passer  inaperçu  jusqu'ici. 

Poissons. 

Enfin,  M.  Ormezzano  nous  a  encore  envoyé,  à  la  date 
du  5  juillet  dernier,  trois  poissons,  compris  parmi  les  Pois- 
sons blancs  de  la  famille  des  Cyprinidés,  et  péchés  dans  la 
Riole  d'Artaix  :  la  Brème,  Abramis  Brama  L.,  le  Rotengle, 
Scardinus  erythrophtalmus  Bon.,  et  le  Gardon,  Leuciscus 
rutilus  Cuv.  Ces  poissons,  parvenus  en  bon  état  de  con- 
servation, ont  pris  place  dans  les  bocaux  de  nos  collections. 

M.  Ormezzano  accompagne  l'envoi  de  ces  poissons  des 
réflexions  suivantes  :  «  La  description  et  la  distinction  de 
ces  poissons  ont  été  bien  faites  par  M.  l'abbé  E.  Dumas, 
de  Villeneuve  (Allier),  dans  son  opuscule  sur  la  Faune  de 
V Allier  :  les  Poissons,  descriptions,  mœurs,  habitats  (Moulins, 
1897).  Sur  les  trois  échantillons,  à  peu  près  de  même  taille, 
que  je  vous  ai  adressés,  capturés  dans  la  Riole  ou  Ri  au  le 
d'Artaix,  on  distingue  très  bien  leurs  différences  à  la  simple 
vue.  Le  Rotengle  ou  Gardon  brammé,  est  plus  épais  que  la 
Brème  et  moins  que  le  Gardon;  ses  écailles  sont  plus 
étroites  que  celles  de  la  Brème,  mais  plus  larges  que  celles 
du  Gardon.  Le  Gardon  est  plus  épais  que  les  deux  autres, 
et  a  les  écailles  plus  fines.  La  Brème  est  plus  large  et  plus 
mince  que  les  deux  autres  et  a  également  les  écailles  plus 
larges  ;  et  cependant  c'est  à  peine  si  nos  meilleurs  pêcheurs 
les  distinguent.  Le  Rotengle  se  pêche  surtout  dans  les  rioles 
ou  étangs,  qui  sont  des  délaissés  de  la  Loire,  sur  l'empla- 
cement probable  de  son  anoien  lit;  je  ne  l'ai  encore  pas  vu 
pêcher  en  Loire.  Il  tient  assez  bien  le  milieu  entre    la 


—  121  — 

Brème  et  le  Gardon,  d'où  son  nom  de  Gardon  Brammé, 
qui  semble  invoquer,  entre  les  deux  autres  espèces,  une 
idée  d'hybridation  que  ne  justifient  pas  ses  caractères  ana- 
tomiques,  et  notamment  sa  dentition  complètement  diffé- 
rente. » 

A  propos  de  Poissons,  nous  devons  signaler  l'acclimata- 
tion, dans  le  canton  d'Issy-l'Évêque,  d'une  jolie  espèce 
exotique,  dont  M.  H.  de  Ghaignon  a  rapporté  tout  récem- 
ment un  exemplaire  péché  dans  la  Somme,  près  de  Grury, 
et  qui  paraissait  inconnu  des  pêcheurs  du  pays.  Il  s'agit  du 
Cabri-Cobras,  Lepomis  megalotis  Rafin.,  Sun  fis  h  ou  Perche 
argentée,  poisson  percoïde  américain,  de  la  famille  des 
Centrachidœ,  introduit  en  grand  nombre,  depuis  quelques 
années,  dans  les  étangs  et  les  rivières  de  France,  de  Bel- 
gique, de  Suisse  et  d'Italie.  Il  est  naturalisé  dans  la  Loire 
où  il  se  reproduit.  (A.  Giard,  lntermëd.  des  biologistes,  I, 
n°  5,  5  janvier  1898,  p.  104.)  M.  Ferdinand  Mérendet,  pro- 
priétaire à  Issy-l'Évéque,  l'a  propagé  depuis  une  dizaine 
d'années,  dans  les  étangs  et  les  rivières  de  ses  environs, 
notamment  dans  la  Somme,  où  il  s'est  également  natura- 
lisé et  reproduit,  car  on  en  a  péché  en  assez  grande  quan- 
tité à  Maltat;  et  M.  Prosper  Baron,  qui  en  avait  reçu  de 
M.  Mérendet  quelques  exemplaires,  envoyés  d'Allemagne, 
et  les  avait  mis  dans  son  vivier  de  la  Chèze,  près  de  Luzy, 
en  a  retrouvé,  quelques  années  plus  tard,  au  moment  d'une 
pêche,  près  de  deux  mille  de  toute  taille.  Ce  poisson,  du 
reste,  ne  devient  jamais  gros  et  ne  fournit  qu'une  assez 
médiocre  friture. 

Euphorbe  Epurge. 

M.  E.  Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte,  signale  la 
présence  de  l' Epurge,  Euphorbia  Lathyris  L.,  dans  le  Brion- 
nais,  à  Avrilly,  entre  le  moulin  Morgat  et  Bonnant,  au 
milieu  des  broussailles  de  la  rive  gauche  du  canal.  La 


—  122  — 

présence  de  cette  plante,  étrangère  au  pays,  en  plein  bois, 
avait  d'abord  paru  singulière  à  M.  Château,  mais  il  s'est 
rappelé  un  article  de  M.  P.  Fliche,  professeur  à  l'École 
forestière  de  Nancy  (Deux  Observations  relatives  à  la  flore 
des  jeunes  taillis,  G.  R.  Ac.  se,  GXL,  séance  du  25  avril 
1905,  p.  1129),  dans  lequel  la  station  de  VB.  Lathyris,  loca- 
lisée au  voisinage  de  ruines  gallo-romaines,  semblait  faire 
remonter  son  introduction  jusqu'à  cette  époque  lointaine, 
où  elle  avait  dû  être  employée  à  titre  officinal.  Et  précisé- 
ment la  localité  brionnaise  de  l'Epurge,  au  lieu  dit  la 
«  Motte  au  Singe  »,  se  trouve  être  à  la  fois  sur  l'emplace- 
ment probable  d'une  voie  romaine,  et  sur  les  ruines  de 
l'ancien  manoir  de  Clavegris,  dont  l'histoire  remonte  jus- 
qu'en 1328  (Cf.  les  Fiefs  du  Bourbonnais,  par  Aubert  de  la 
Faige  et  Roger  de  la  Boutresse).  L'analogie  s'impose, 
VE.  Lathyris  étant  fréquemment  cultivé  comme  plante  médi- 
cinale dans  les  jardins  des  vieux  châteaux  et  des  monas- 
tères, et  encore  aujourd'hui  dans  les  jardins  de  campagne; 
les  graines  employées  comme  purgatives  ont  quelquefois 
déterminé  des  accidents  graves  par  leur  action  drastique 
trop  énergique.  La  persistance  indéfinie  de  certaines 
espèces  de  plantes  adventices,  et  leur  réapparition  inter- 
mittente s'explique,  en  ce  cas,  par  la  résistance  des  graines 
enfouies  dans  le  sol,  où  elles  peuvent  séjourner  longtemps 
avant  de  germer,  attendant  les  circonstances  favorables, 
déboisement  ou  simple  éclaircie  des  taillis,  défrichements, 
mouvements  du  sol,  etc.  Il  ne  faut  cependant  pas  exagérer 
la  longévité  des  graines,  et  il  y  a  longtemps  que,  depuis 
les  expériences  d'A.  de  Candolle,  on  a  fait  justice  de  la 
légende  des  graines  pharaoniques,  trouvées  dans  les  cer- 
cueils des  momies  d'Egypte  et  susceptibles  de  germer 
encore.  Il  n'en  est  rien,  et  les  observations  récentes  entre 
autres  de  MM.  Jules  Poisson  (Observations  sur  la  durée  de  la 
vitalité  des  graines,  Bull.  Soc.  bot.  de  France,  L  (1903), 
p.  337),  et  Paul  Becquerel  (De  la  longévité  des  graines,  G.  R. 


—  123  — 

Ac.  se,  CXLII,  n°  26,  séance  du  25  juin  1906,  p.  1549),  ont 
démontre  l'inégale  résistance  des  différentes  graines.  Les 
expériences  de  M.  P.  Becquerel  ont  porté  sur  les  semences, 
de  cinq  cent  cinquante  espèces  de  plantes  de  diverses  familles 
et  sur  des  graines  conservées  depuis  vingt-cinq  à  cent 
trente-cinq  ans.  La  plupart  sont  restées  stériles  et  mortes  ; 
quelques-unes,  cependant,  ont  germé,  même  âgées  de 
quatre-vingts  ans;  mais  il  s'agissait,  en  ce  cas,  exclusive- 
ment de  graines  «  protégées  par  un  tégument  épais  et  pos- 
sédant des  réserves  peu  oxydables.  »  C'est,  en  effet,  la 
pénurie  d'oxygène,  et  par  conséquent  le  peu  d'altération 
respiratoire  des  réserves,  qui  permet  le  prolongement  de 
la  vie  latente,  et  ces  conditions  se  trouvent  également 
réalisées  pour  les  graines  enfouies  profondément  dans  le 
sol  et  plus  ou  moins  complètement  à  l'abri  de  l'air. 

Elles  n'en  donnent  quelquefois,  plus  tard,  que  des  sujets 
plus  vigoureux,  car  M.  J.  Poisson  a  encore  observé  qu'il  se 
fait  dans  les  vieilles  graines  «  un  travail  de  perfectionne- 
ment  qui  a  eu  retentissement  sur  le  développement  futur 

du  végétal  »,  et  qui  a  été  utilisé,  en  horticulture,  pour  l'amé- 
lioration de  certains  légumes,  la  production  des  fleurs 
doubles,  etc.  (J.  Poisson,  Comparaison  des  résultats  obtenus 
en  semant  de  jeunes  et  vieilles  graines,  Bull.  Soc.  bot.  de 
France,  L  (1903),  p.  478). 

Plantes  nouvelles. 

Notre  collègue,  M.  Chassignol,  instituteur  à  la  Boulaye, 
en  chercheur  heureux,  nous  communique  en  beaux  exem- 
plaires, une  trouvaille  particulièrement  intéressante  pour 
la  flore  de  Saône-et-Loire,  celle  de  la  Luzule  jaunâtre, 
Luzula  albida  DC,  dans  le  bois  dit  «  le  Parc  »,  commune 
de  la  Boulaye,  30  mai  1906.  Cette  élégante  Joncée,  propre 
aux  montagnes  siliceuses,  est  commune  dans  les  Vosges, 
et  confirme  les  rapports  déjà  signalés  entre  les  flores  vos- 


—  124  — 

gienne  et  morvandelle  :  elle  se  retrouve  plus  près  de  nous 
dans  le  Jura,  aux  environs  de  Besançon,  Montbéliard, 
puis,  plus  au  sud,  dans  l'Ardèche,  l'Aude,  l'Ariège,  etc. 
Elle  est  excessivement  rare  dans  le  centre  de  la  France 
où  la  Flore  de  Boreau  n'en  signale  que  deux  localités,  aux 
environs  d'Orléans,  où  elle  a  disparu,  et  à  Saulieu,  d'après 
Loret.  Elle  a  été  retrouvée  dans  la  Gôte-d'Or,  mais  tou- 
jours très  rare,  à  Premières,  Renève,  Bèze  (Gh.  Royer, 
FI.  de  la  Côte-d'Or,  p.  337).  La  localité  de  Saône-et-Loire 
semble  donc  être  actuellement  la  station  la  plus  occidentale 
de  cette  espèce  en  France. 

M.  Chassignol  a,  en  outre,  récolté  le  14  juin,  le  Pied-de- 
Chat,  Antennaria  dioïca  Gœrtn.,  dans  une  station  nouvelle  : 
terrain  inculte,  couvert  de  bruyère,  à  deux  kilomètres  et 
demi  environ  de  Dettey,  sur  le  chemin  de  traverse  qui  con- 
duit à  la  Tagnière.  Il  a  également  retrouvé  cette  plante, 
mais  peu  abondante,  dans  les  bruyères  en  montant  de  la 
Tagnière,  à  Uchon.  Elle  était  déjà  indiquée,  mais  vague- 
ment, par  le  Dr  Carion,  i  la  Tagnière  (Catal.  des  plantes 
du  département  de  Saône-et-Loire,  1865,  p.  58). 

Notre  collègue,  M.  Porte,  toujours  à  l'affût  des  nou- 
veautés de  la  flore  autunoise,  nous  a  signalé  sur  la  pelouse 
de  la  plate- forme  supérieure  du  théâtre  romain,  aux  Caves- 
Joyaux,  la  présence  de  la  Sauge  à  feuilles  de  Verveine, 
Salvia  verbenaca  L.,  plante  méridionale,  calciphile  etxéro- 
thermique,  qui  se  retrouve  dans  la  région  do  l'ouest,  mais 
au  sud  de  la  Loire,  et  n'a  été  que  rarement  rencontrée  dans 
les  départements  du  Centre  et  de  l'Est,  et  très  probablement 
à  titre  d'adventice  indigène  sporadique,  en  particulier 
dans  les  vignes  de  Cormatin  (Saône-et-Loire),  d'après  le 
Dr  Carion  (Catal.  pi.  5.-eJ-£.,  p.  80).  Elle  se  distingue,  à 
première  vue,  des  variétés  à  petites  fleurs  (var.  micrantha 
Or.),  de  Salvia  pratensis  L.,  par  ses  corolles  dépassant  à 
peine  le  calice,  non  comprimées,  à  lèvre  supérieure  oon- 


—  125  — 

vexe,  à  styles  inclus,  par  ses  feuilles  plus  profondément 
incisées,  etc.  Cependant,  dans  les  repousses  d'automne, 
les  feuilles  sont  presque  entières,  ou  seulement  dentées,  et 
pourraient  en  imposer  pour  celles  de  S.  pratensis.  Cette 
variation  a  déjà  été  signalée  par  Linné  :  «  In  pratis  foîiis 
gaudet  magis  integris,  et  corolla  vix  calyce  majore  cœrulea.  » 
(Hort.  cliff.,  p.  13).  La  persistance  et  la  multiplication  de 
cette  espèce  sur  les  ruines  de  notre  théâtre  romain,  quelle 
qu'en  soit  l'origine,  s'explique  par  le  fait  qu'elles  sont  recou- 
vertes de  toute  une  colonie  hétérotopique  de  plantes  xéro- 
philes  et  cal cic oies,  également  adventices  indigènes  :  Tri- 
foliwn  scabrum,  Coronilla  varia,  Medicago  minima,  Astraga- 
les glycyphyllos,  Origanum  vulgare,  Stachys  recta,  Teucrium 
Chammdrys,  etc.,  depuis  longtemps  et  complètement  natu- 
ralisées. 

M.  Porte  a  également  récolté,  à  la  date  du  5  juin,  sur  les 
bords  marécageux  de  l'étang  du  Ruisseau,  commune 
d'Auxy,  trois  échantillons  de  X  Cirsium  spurium  Delastre 
(C.  Forsteri  8m.,  C.  anglico-palustre  G.  et  G.),  hybride  des 
C.  anglicum  DC.  et  C.  palustre  Scop.  Cet  hybride  qui, 
d'après  G.  Rouy  (FI.  de  France,  IX,  p.  37),  serait  assez 
répandu  en  France,  se  rapproche  plus  ou  moins  de  l'un  ou 
de  l'autre  parent,  et,  comme  l'a  dit  A.  Franchet  (FI.  de  Loir- 
et-Cher,  1885,  p.  318)  :  «  On  ne  peut  avoir  de  certitude, 
pour  la  détermination  de  cet  hybride,  que  par  la  connais- 
sance exacte  des  parents  dont  il  est  issu.  »  Or,  M.  Porte, 
dont  les  spécimens  ont  davantage  le  port  de  C.  anglicum, 
mais  à  tiges  plus  élevées,  rameuses,  ou  à  calathides  agmi- 
nées  par  2-3,  plus  petites  et  moins  ouvertes,  avec  des 
feuilles  légèrement  décurrentes,  et  rappelant  celles  de 
C.  palustre,  les  a  trouvés  en  société  avec  les  parents,  dont 
il  a  eu  la  sagacité  de  les  distinguer.  Nul  doute  que  cet 
hybride,  nouveau  pour  notre  flore,  ne  se  retrouve  dans  nos 
environs  et  dans  le  Morvan  où  les  deux  espèces  sont  con- 
nues. 


—  126  — 


Boches  et  fossiles  du  Siebengebirge. 

M.  Paul  Floquet,  qui  vient  de  passer  aveo  succès  à  la 
Faculté  de  Lyon,  l'examen  de  licence  es  sciences  natu- 
relles (géologie),  envoie  à  la  Société  un  petit  lot  de  roches 
et  de  fossiles  recueillis  par  lui  au  Siebengebirge,  pendant  le 
séjour  d'études  qu'il  vient  de  faire  à  Bonn  (Prusse  rhénane); 
ce  sont  : 

1°  Trachyte  andésitique  soufflé  (Siebengebirge). 

2*  Tuf  trachy  tique  blanc  avec  inclusions  schisteuses  (idem). 

3°  Basalte,  passant  à  la  Dolérite  très  chargée  en  Olivine 
(Falkengebirge). 

4°  Basalte  scoriacé  à  Leucite  (Roderberg). 

5°  Cinérite  avec  feuilles  de  Cinnamomum  (Siebenge- 
birge). 

6°  La  même  avec  bois  fossile  (idem). 

7°  Même  cinérite  avec  feuilles  de  Cinnamomum  et 
bois  (idem). 

8°  Bois  opalisé  dans  un  quartzite  (Siebengebirge). 

9*  Bois  passé  à  l'état  de  quartz  résinite  dans  quart- 
zite (idem). 

10°  Cailloux  vitrifiés  à  la  surface;  éruptions  du  Roder- 
berg. 

11°  Schiste  dévonien  argilosiliceux  micacé,  calciné  au 
voisinage  du  Roderberg;  déshydraté  et  fendillé. 

A  son  envoi  M.  P.  Floquet  a  joint  la  note  explicative 
suivante  : 

«  Le  Siebengebirge  (nom  qui  signifie  «  les  sept  monta- 
gnes »),  est  situé  environ  à  8  kilomètres  à  vol  d'oiseau,  au 
sud-est  de  la  ville  de  Bonn,  en  Prusse  rhénane.  Ce  massif 
est  sur  la  rive  droite  du  Rhin,  précisément  à  l'endroit  où 
le  fleuve  quitte  le  plateau  dévonien  dans  lequel  il  se  trou- 
vait profondément  encaissé  depuis  Mayence,  et  entre  dans 


—  127  — 

la  plaine  immense  qui  se  continue  sans  interruption  jus- 
qu'à la  mer  du  Nord.  Les  plus  hauts  sommets  du  Siebenge- 
birge  atteignent  près  de  500  mètres,  dominant  ainsi  le 
Rhin  de  plus  de  400  mètres,  celui-ci  n'étant  qu'à  une  alti- 
tude d'environ  60  mètres  ;  le  paysage  est  très  beau.  Les 
sommités  du  massif  sont  plutôt  arrondies  et  couvertes  de 
végétation  (bois  et  pâturages),  seul  le  Drachenfels  ou 
Rocher  des  Dragons  présente  du  côté  du  Rhin  des  escar- 
pements abrupts.  Le  fleuve,  en  cet  endroit,  mesure  envi- 
ron 400  mètres  de  large,  et  les  premières  pentes  sont  cou- 
vertes de  vignes;  les  plus  septentrionales,  je  crois,  de  toute 
l'Europe,  la  latitude  étant  sensiblement  celle  de  Calais.  De 
puissantes  carrières  ont  été  ouvertes  un  peu  partout,  car 
la  pierre  à  bâtir  est  rare  dans  la  région. 

»  Au  point  de  vue  géologique,  les  soubassements  du 
massif  éruptif  du  Siebengebirge  se  composent  des  schistes 
et  grauwackes  du  dévonien  inférieur.  Ceux-ci  ont  été  for- 
tement plissés,  probablement  lors  de  l'activité  tectonique 
hercynéenne.  Us  sont  recouverts  en  partie  par  les  couches 
puissantes  du  tertiaire  lignitifère,  vraisemblablement  aqui- 
tonien,  à  débris  de  palmiers.  Les  éruptions  semblent  datées, 
par  ce  fait  que  les  formations  lignitifères  alternent  avec 
des  tufs  trachytiques.  L'activité  éruptive  principale  du 
Siebengebirge  est  donc  miocène.  Les  tufs  occupent  la  péri- 
phérie du  massif  et  sont  recouverts  de  coulées  de  trachytes 
et  de  basaltes. 

»  La  mer  du  miocène  avait  alors  pour  rivage  le  pourtour 
du  plateau  dévonien,  au  bord  duquel  se  trouvaient  les  vol- 
cans rhénans.  La  végétation  d'alors  qui  se  composait  en 
grande  partie  de  Cinnamomums,  détruite  lors  des  érup- 
tions, était  entraînée  au  bas  des  pentes  par  les  eaux  tor- 
rentielles et  formait  ces  cinérites  extraordinairement  riches 
en  empreintes  végétales,  au  point  d'en  devenir  fissiles 
presque  comme  un  schiste.  Elles  alternent  avec  des  quart- 
zites  contenant  des  fragments  de  bois  opalisés. 


—  128  — 

»  D'autre  part,  sur  toute  la  périphérie  du  massif,  se  for- 
maient de  puissants  dépôts  de  tufs  trachytiques  atteignant 
jusqu'à  150  mètres  de  puissance. 

»  Les  principales  coulées  se  composent  de  Trachytes, 
d'Andésites  et  de  Basaltes. 

»  Le  Drachenfels  notamment  est  formé  d'un  Trachyte  à 
grands  cristaux  de  Sanidine,  et  son  voisin,  le  Walkenburg 
est  composé  d'une  Andésite  à  pâte  claire,  renfermant  de 
très  nombreuses  baguettes  d'Amphibole  qui  lui  donnent 
un  aspect  caractéristique. 

»  On  observe  du  reste  tous  les  termes  de  passage  entre  le 
Trachyte  et  l'Andésite.  Les  basaltes  paraissent  être  venus 
au  jour  en  dernier  lieu.  Us  sont,  d'après  l'échantillon  que 
je  vous  ai  présenté,  très  riches  en  Olivine  et  passent  insensi- 
blement à  la  Dolérite,  par  l'intermédiaire  de  la  Dolérite  à 
Olivine.  La  Dolérite  classique  se  trouve  au  Lôwenburg. 
Les  coulées  de  basalte  qui  s'étendent  jusqu'en  face  de 
Bonn  sont  très  nettement  sectionnées  en  prismes  comme 
les  coulées  classiques  du  massif  central  de  la  France. 

»  Ces  basaltes  forment  maintenant  les  sommets  et  les 
plateaux  de  la  région,  car  leur  dureté  a  préservé  de  l'éro- 
sion le  fond  des  vallées  sur  lequel  ils  avaient  coulé;  de 
sorte  que  celui-ci  s'est  trouvé,  par  la  suite,  devenu  une 
crête  offrant  ainsi  le  phénomène  de  l'inversion  du  relief. 
Les  orifices  volcaniques  du  Siebengebirge  ne  sont  plus  visi- 
bles. Les  sommets  actuels  sont  des  sommets  dus  i  l'éro- 
sion, et  non  point  les  appareils  volcaniques;  l'hypothèse 
admise  actuellement  place  le  centre  du  volcan  sur  le  lit 
même  du  Rhin  qui  alors  n'existait  point  encore. 

*  Le  Roderberg  représente  la  dernière  manifestation  vol- 
canique de  la  région  du  Siebengebirge.  Il  y  a  eu,  pour  ainsi 
dire,  avortement;  le  phénomène  volcanique  n'a  été  que 
commencé. 

»  Le  Roderberg  est  un  cratère  d'explosion  quaternaire, 
qui  s'est  ouvert  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  en  face  du 


—  129  — 

Siebengebirge,  alors  que  le  fleuve  existait  depuis  longtemps 
déjà. 

»  En  effet,  les  détritus  rejetés  par  le  volcan  (couches 
sédimentaires  pulvérisées,  cendres,  bombes,  etc.),  recou- 
vrent les  anciennes  alluvions  du  Rhin  et,  comme  vous  avez 
pu  le  voir,  la  chaleur  de  la  bouche  volcanique  a  vitrifié 
superficiellement  les  cailloux  roulés  provenant  des  terrasses 
alluviales  du  fleuve.  Les  schistes  dévoniens  ont  éclaté,  et 
leurs  débris  calcinés  se  trouvent  mélangés  aux  fragments 
de  laves  poreuses.  Celles-ci  sont  exploitées  pour  être 
employées  comme  rocailles  à  la  décoration  des  jardins. 

»  Ce  qu'il  y  a  de  curieux  c'est  que  le  phénomène  d'ex- 
plosion n'a  été  accompagné  d'aucune  coulée.  Seulement  les 
carrières  d'exploitation  ont  mis  au  jour  d'énormes  blocs  de 
basaltes  à  Leucite  ;  ce  qui  montre  que  la  lave  est  parvenue 
jusqu'à  l'oriGce,  puis  s'y  est  solidifiée  en  formant  bouchon, 
et  l'activité  volcanique  affaiblie  n'a  point  eu  la  force  de 
briser  ce  dernier  obstacle. 

»  Le  Roderberg  est  probablement  antérieur  à  la  grande 
extension  glaciaire;  en  effet,  le  cratère  est  très  peu  visible, 
occupé  par  des  cultures,  et  presque  totalement  comblé  par 
le  lœss,  que  tout  le  monde  regarde  comme  un  produit, 
dans  le  massif  rhénan,  de  l'activité  glaciaire.  » 

Cette  note  provoque,  de  la  part  de  M.  de  Chaignon,  les 
observations  qui  suivent  : 

La  communication  que  M.  P.  Floquet  veut  bien  joindre 
à  son  envoi  de  roches  et  fossiles  du  Siebengebirge,  est 
très  intéressante  ;  elle  se  trouve  confirmée,  au  moins  dans 
ses  grandes  lignes,  par  les  observations  sur  le  même  sujet 
que  M.  de  Lapparent  ne  manque  pas  de  signaler  dans  son 
Traité  de  géologie,  citations  sur  lesquelles  l'auteur  revient 
à  plusieurs  reprises;  s'occupant  en  premier  lieu  de  la  des- 
cription des  roches  composant  l'ensemble  du  massif,  puis 
des  aperçus  sur  la  stratigraphie  générale,  et  termine  par 

S.H.N.  1906.  9 


—  130  — 

quelques  lignes  plus  spéciales  au  petit  cratère  de  Roder- 
berg. 

Ainsi  pour  le  Trachyte  du  Drachenfels,  M.  de  Lapparent 
signale  sa  disposition  tout  particulièrement  porphyrique, 
avec  des  cristaux  de  Sanidine  de  plusieurs  centimètres  de 
longueur.  Sans  faire  allusion  à  la  variété  de  Trachyte  andé- 
sitique  soufflé  envoyé  par  M.  Floquet,  il  mentionne  les 
Andésites  à  Hypersthène  et  à  Augite  du  Siebengebirge. 
D'un  point  à  un  autre  du  même  massif,  ces  roches  peu- 
vent présenter  des  modes  différents  de  structure,  et  il 
existe  des  termes  de  passage  entre  le  Trachyte  et  l'Andé- 
site. C'est  à  l'Andésite  à  Amphibole  qu'appartiennent  la 
plupart  des  roches  trachytiques  du  Siebengebirge.  Au 
Lôwenburg,  dans  le  Siebengebirge  également,  l'auteur  du 
Traité  de  géologie  signale  le  basalte  de  cette  région  comme 
appartenant  plus  particulièrement  à  une  Dolérite,  constituée 
par  un  mélange  granitoîde  ou  ophitique  d' Augite  et  de 
Plagioclase,  auxquels  s'adjoint  une  grande  quantité  d'Oli- 
vine.  Cette  Dolérite  de  Lôwenburg  serait  le  type  de  la 
Dolérite  à  gros  grain. 

Au  point  de  vue  s trati graphique,  une  partie  de  la  for- 
mation lignitifère  des  provinces  rhénanes  (Siebengebirge), 
doit  être  attribuée  à  l'Aquitanien  (oligocène  supérieur), 
sinon  au  miocène  inférieur  où  les  couches  sont  associées 
à  des  épanchements  basaltiques  ;  mais  la  plus  grande  partie 
de  ces  dépôts  lignitifères  appartient  à  l'étage  Burdégalien 
(miocène  inférieur).  La  flore  de  ces  schistes  lignitifères  se 
rapportant  à  des  cinérites  feuilletées,  est  très  riche  et 
renferme  entre  autres  espèces  des  Cinnamomums,  genre 
voisin  des  Lauriers.  A  la  base  est  un  quartzite  riche  égale- 
ment en  végétaux  fossiles  reposant  sur  un  conglomérat 
trachy tique  à  Opale  et  Calcédoine. 

Au  Siebengebirge  le  conglomérat  trachytique  occupe 
surtout  le  pourtour  du  massif  éruptif,  et  il  est  traversé  par 
des  filons  de  trachyte. 


—  131  — 

cntk.  Comme  le  rapporte  M.  Floquet,  l'activité  éruptive  s'est 

de   nouveau   réveillée    dans   le  Siebengebirge,   après   le 

.Vie!  dépôt  des  premières  alluvions  pléistocônes.  C'est  alors  que 

s'est  formé  le  petit  cratère  du  Roderberg,  dont  les  érup- 
tions, rejetant  des  scories  de  basalte  à  Leucite,  ont  en  partie 
vitrifié  les  alluvions,  tandis  que  plus  tard,  un  dépôt  de 
lœss  est  venu  combler  la  cavité  volcanique. 

En  terminant,  nous  adressons  à  M.  P.  Floquet  nos  bien 
sincères  remerciements;  sa  collection  permet  d'étudier 
toute  la  série  de  roches  et  de  fossiles  dont  il  vient  d'être 
question. 

H.  de  CHAIGNON. 


t.  ;• 


Le  Canal  du  Centre. 
Son  Origine  et  son  Histoire. 


La  question  du  Canal  des  deux  Mers  qui,  depuis  quelques 
années,  s'agite  à  chaque  instant  sans  succès,  me  remet  en 
mémoire  l'histoire  d'une  œuvre  plus  modeste,  bien  que 
grandiose  en  son  temps,  œuvre  réalisée  aujourd'hui,  et  qui 
consistait  également  à  relier  l'Océan  à  la  Méditerranée, 
mais  en  passant  par  la  Bourgogne. 

J'ai  désigné  la  jonction  de  la  Loire  à  la  Saône  par  le 
canal  du  Centre. 

Cette  jonction  présentait  un  intérêt  immense  à  l'époque 
de  sa  conception. 

Des  chemins  de  fer,  il  était  loin  d'en  être  question.  Les 
transactions  commerciales  se  faisaient  surtout  par  trans- 
ports sur  route  et,  de  ce  fait,  étaient  très  limitées.  Les 
produits  variés  des  diverses  parties  de  la  France  se  con- 
sommaient pour  ainsi  dire  sur  place,  leur  zone  de  disper- 
sion étant  toujours  peu  étendue.  Il  en  résultait  fatalement 


—  132  — 

un  surcroît  de  production  locale  dépréciant  les  produits  et 
annihilant  les  efforts  producteurs. 

La  conséquence  forcée  d'un  semblable  état  de  choses  se 
traduisait  par  la  disette  qui,  de  temps  en  temps,  accablait 
quelque  région  où  les  récoltes  détruites  ne  pouvaient  se 
compenser  suffisamment  et  surtout  économiquement. 

La  batellerie  était  alors  le  seul  mode  de  transport  qui 
pût  permettre  une  dispersion  économique  des  divers  pro- 
duits naturels,  ou  de  ceux  de  l'industrie  humaine.  Mais,  en 
France,  les  fleuves  ou  les  rivières  où  la  batellerie  pouvait 
être  pratiquée  facilement,  sans  travaux  préalables  d'amé- 
nagement, étaient  peu  nombreux,  seules  les  contrées  qui 
avaient  un  accès  direct  sur  ces  cours  d'eaux  navigables 
pouvant  en  tirer  quelque  profit  ;  d'autre  part,  avant  que 
l'on  connût  la  navigation  à  vapeur,  la  remorque  de  bateaux 
de  quelque  importance  était  toujours  un  travail  difficile, 
long  et  coûteux.  Aussi  la  création  des  canaux  apporta-t-elle 
une  amélioration  profonde  dans  les  relations  commerciales. 

Les  anciens  peuples  connaissaient  déjà  l'art  de  la  canali- 
sation, mais  s'ils  savaient  diriger  l'écoulement  des  eaux, 
ils  ne  savaient  pas  les  maîtriser  ou  les  arrêter  momentané- 
ment par  des  barrages  ou  des  écluses. 

Lorsque,  en  1481,  les  deux  frères  italiens,  Denis  et  Pierre 
de  Viterbe,  eurent  inventé  les  éclusages  par  sas,  et  que 
Léonard  de  Vinci  en  eut  fait  connaître  le  principe,  les 
Français  comprirent  de  suite  les  avantages  que,  dans  notre 
pays,  Ton  pouvait  retirer  de  l'application  de  ce  système 
permettant  de  franchir  des  .différences  de  niveau  très 
importantes  avec  des  bateaux. 

Le  canal  du  Centre,  bien  qu'il  ne  soit  pas  le  premier  qui 
ait  été  construit  en  France,  est  celui  dont  la  conception  est 
la  plus  ancienne.  Son  origine  appartient  effectivement  à  la 
première  œuvre  de  navigation  intérieure  que  Ton  ait  songé 
à  réaliser  depuis  1538,  sous  le  règne  de  François  I"  :  la 
réunion  de  l'Océan  à  la  Méditerranée. 


—  133  — 

Son  histoire,  que  beaucoup  sans  doute  ignorent,  est 
d'autant  plus  intéressante  que  le  canal  ne  vit  le  jour 
qu'après  de  nombreuses  péripéties  ayant  traversé  plusieurs 
siècles,  et  qu'il  fallut  toute  l'intelligence  et  toute  la  persé- 
vérance de  son  créateur,  Émiland  Gauthey,  pour  le  mener 
à  bonne  fin  malgré  tout  l'intérêt  social  qui  s'y  rattachait. 

L'histoire  du  canal  du  Centre,  ainsi  que  celle  des  divers 
projets  qui  l'ont  précédé,  est  toute  locale.  C'est  à  ce  titre 
que  je  l'offre  à  notre  Société  d'histoire  naturelle,  espérant 
qu'elle  y  recevra  bon  accueil,  bien  qu'elle  sorte  un  peu  de 
notre  cadre  d'études. 

La  majeure  partie  des  documents  relatifs  aux  projets 
originels  de  la  réunion  des  deux  mers  par  la  Bourgogne  se 
trouve  aux  archives  du  château  de  Montjeu,  près  Autun; 
malheureusement  pour  l'histoire  de  notre  région,  il  est  peu 
ou  point  facile  de  pénétrer  le  secret  de  ces  archives  et  je 
suis  obligé,  pour  retracer  cette  première  phase,  de  recourir 
à  des  notes  éparses  et  sommaires  émanant  en  partie  de 
communications  de  M.  l'abbé  Doret1,  ancien  curé  d'Antully, 
qui,  par  un  privilège  bien  envié,  eut  la  bonne  fortune  de 
pouvoir  soulever  un  coin  du  voile  des  mystérieux  cartons 
de  Montjeu. 

La  partie  de  la  Bourgogne  qui  porte  aujourd'hui  le  nom 
de  département  de  Saône-et-Loire  semblait  tout  indiquée 
par  la  nature  pour  la  réalisation  de  la  jonction  des  deux 
mers.  La  Loire  et  la  Saône  s'y  rapprochent  brusquement 
et,  il  y  a  dix-neuf  cents  ans,  Strabon  remarquait  déjà 
combien  il  était  aisé,  dans  cette  contrée  des  Gaules,  de 
transporter  des  fardeaux  d'une  province  à  l'autre  parla  voie 
des  grands  cours  d'eaux  qui  la  traversent.  Il  signalait  ce 
rapprochement  des  lits  de  la  Loire  et  de  la  Saône.  «  C'est  là, 


1.  Les  notes  de  M.  l'abbé  Doret  ont  été  reproduites  en  partie  par  M.  l'abbé 
Sebille  dans  son  ouvrage  ;  SaintSernin-du-Bois  et  son  dernier  Prieur,  J.-B.-A. 
de  Salignac-Fènelon,  Jules  Gervais,  libraire-éditeur,  Paris   188?. 


—  134  — 

disait-il,  que  la  Saône  s'avance  vers  la  Loire  pour  engager 
les  hommes  à  faire  disparaître  l'intervalle  qui  les  sépare  ; 
c'est  là  aussi  qu'elle  marche  avec  une  lenteur  incroyable, 
suspendant  presque  son  cours  qui  la  porte  vers  la  Médi- 
terranée, comme  si  elle  s'éloignait  à  regret  des  sources  de 
la  Moselle  dont  il  serait  également  si  utile  de  la  rapprocher.  » 

Le  projet  de  jonction  des  deux  mers  par  la  Bourgogne 
prit  naissance  vers  le  début  du  règne  de  François  Ier, 
c'est-à-dire  presque  aussitôt  après  l'invention  des  écluses 
en  Italie;  peut-être,  à  cette  époque,  aurait-il  pris  consis- 
tance sans  la  perte  de  la  funeste  bataille  de  Pavie. 

Sous  Henri  II,  Adam  de  Graponne  le  reprit,  mais  sans 
résultat,  et  de  nouvelles  tentatives,  également  infructueuses, 
eurent  lieu  sous  Henri  IV.  Sous  ce  règne  on  songea  même 
à  agrandir  le  projet  en  reliant  la  Loire  à  la  Seine  ;  c'est 
ainsi  que  prit  naissance  le  canal  de  Briare,  qui  va  de  Briare, 
sur  la  Loire,  à  Montargis,  d'où  il  était  relié  à  la  Seine  par 
le  Loing.  Commencé  en  1604,  le  canal  de  Briare,  qui  n'a 
cependant  que  55  kilomètres  de  longueur,  ne  fut  achevé 
qu'en  1642,  sur  la  fin  du  règne  de  Louis  XIII. 

Deux  projets  principaux  furent  surtout  proposés. 

Le  premier  consistait  à  réunir  la  Dheune,  affluent  de  la 
Saône,  à  la  Bourbince,  affluent  de  la  Loire.  Le  partage  des 
eaux  devait  être  l'étang  de  Longpendu  qui,  par  sa  situation, 
semblait  tout  indiqué  pour  cet  usage.  Situé  sur  la  commune 
d'Écuisses,  il  possédait  deux  chaussées  et  deux  déohargeoirs  : 
l'un  envoyant  ses  eaux  dans  la  Dheune,  c'est-à-dire  à  la 
Saône,  l'autre  alimentant  la  Bourbince,  c'est-à-dire  la  Loire. 

Le  deuxième  projet  qui,  d'après  M.  de  Touzac,  aurait 
coûté  moins  cher  et  aurait  été  plus  avantageux,  consistait 
à  relier  la  Dheune  à  l'Arroux  par  une  communication  à 
établir  entre  la  Guzanne  !,  qui  passe  à  Nolay  et  se  jette  dans 

1.  La  Cuzanne  ou  Cosanno  est  une  toute  petite  rivière  qui,  s'échappant  do  la 
grotte  de  la  Tournée,  au-dessus  de  Nolay,  traverse  Nolay  et  descend  a  la  Dheune 
par  Cheilly. 


—  135  — 

la  Dheune  à  Cheilly,  et  la  rivière  Lamotte1,  qui  se  jette 
dans  l'Arroux  près  de  Dracy-Saint-Loup.  Il  était  nécessaire, 
dans  ce  projet,  de  rendre  l'Arroux  navigable  jusqu'à  la 
Loire. 

A  la  suite  d'une  enquête  que  fit  faire  Louis  XIII,  en  1612, 
le  premier  projet  fut  adopté  et,  en  1613,  l'exécution  en  fut 
ordonnée  et  mise  en  adjudication  pour  la  somme  de 
800,000  livres.  Cependant,  probablement  par  suite  d'in- 
fluences secrètes,  l'exécution  resta  en  suspens  jusqu'en  1632. 
En  cette  année  une  nouvelle  enquête  fut  ordonnée  par  le 
roi,  laquelle  enquête  semble  avoir  plutôt  favorisé  le  deu- 
xième projet.  Ce  n'est  toutefois  que  dix  ans  après  cette 
enquête,  en  1642,  qu'eut  lieu  une  nouvelle  adjudication, 
comprenant  en  outre  la  navigation  de  l'Arroux  d'Autun  à  la 
Loire,  et  qu'un  entrepreneur  se  chargea  de  l'exécution 
pour  la  somme  totale  de  950,000  livres. 

La  mort  de  Richelieu  fit  échouer  à  nouveau  l'entreprise. 

En  1665,  Louis  XIV  donna  l'ordre  à  l'intendant  Bouchu 
de  reprendre  cette  étude.  L'adjudication  en  fut  encore 
publiée  en  1666,  mais  le  grand  projet  du  canal  du  Lan- 
guedoc, et  surtout  les  guerres  continuelles  qui  marquèrent 
le  règne  de  Louis  XIV,  firent  oublier  le  canal  de  Long- 
pendu. 

Sous  ce  règne  on  compléta  le  canal  de  Briare  par  le 
canal  d'Orléans,  canal  de  73  kilomètres  de  longueur,  qui 
va  de  Montargis  à  Orléans  et  qui  nécessita  dix-sept  années 
pour  son  achèvement  (1675-1692). 

(Le  canal  du  Languedoc,  aujourd'hui  canal  du  Midi,  fut 
commencé  en  1667,  par  Pierre-Paul  Riquet,  sur  les  plans 
de  l'ingénieur  Andréosse,  et  livré  à  la  circulation  en  mai 
1681.  Sa  longueur  est  de  244  kilomètres  et  son  exécution 
coûta  35  millions.) 


1.  Lamotte,  ou  rivière  de  Santosse,  se  jette  dans  la  rivière  de  Varenne,  au-dessus 
de  Dracy.  Depuis  ce  point  jusqu'à  l'Arroux,  elle  prend  le  nom  de  Drée. 


—  136 

Sous  la  Régence,  l'ingénieur  Thomassin,  élève  de  Vauban, 
reprit  le  projet  du  canal  de  Longpendu  et  essaya  de 
démontrer  la  facilité  de  son  exécution,  mais,  malgré  son 
autorité,  il  ne  put  le  faire  accepter. 

Sous  Louis  XV  on  entreprit  quelques  canaux,  mais  la 
jonction  de  la  Loire  à  la  Saône  ne  semble  pas  avoir  retenu 
beaucoup  l'attention  des  pouvoirs  publics. 

Cependant  un  grand  nombre  de  propriétaires  de  la 
région  réclamèrent  la  construction  du  canal  de  Longpendu, 
appelé  à  rendre  plus  florissante  la  basse  Bourgogne  dont 
les  produits,  notamment  les  bois  abondants  et  le  charbon 
de  terre  de  Montcenis,  trouvaient  difficilement  un  écoule- 
ment rémunérateur. 

N'espérant  plus  faire  accepter  un  projet  général  de  navi- 
gation, les  intéressés  essayèrent  de  le  faire  réaliser  en 
partie,  demandant  tout  au  moins  une  canalisation  sommaire 
de  la  Dheune  permettant  de  pratiquer  le  flottage  des  bois. 

Le  principal  promoteur  de  cette  démarche  fut  le  comte 
de  Thélis,  seigneur  du  Breuil1,  qui,  bien  en  cour,  obtint, 
en  1763,  une  ordonnance  de  Louis  XV  exigeant  l'inventaire 
et  les  plans  des  terres  riveraines  de  la  Dheune.  Cette 
première  ordonnance  fut  bientôt  complétée  par  une  autre, 
de  1764,  chargeant  le  comte  de  Thélis  de  la  garantie  de 
tous  les  dommages  qui  pourraient  être  causés  par  le  flottage. 

Sur  la  recommandation  de  M"*  de  Lu  y  nés,  un  commen- 
cement d'exécution  de  cet  embryon  du  canal  de  Longpendu 
avait  déjà  été  confié  à  M.  Vivant  Jobert,  originaire  d'Estain, 
près  Montbard,  qui,  marchand  de  bois  pour  la  provision  de 
Paris,  avait  compris  tout  le  profit  qu'il  pourrait  en  retirer 
au  point  de  vue  du  flottage  des  bois. 


I.  Le  Breuil,  commune  de  millo  deux  cent  cinquante  habitants,  fait  aujourd'hui 
partie  du  canton  du  Creusot.  Le  Crcusot,  depuis  son  origine  jusqu'au  I"  janvier 
1793,  fit  partie  de  cette  commune  qui  dépendait  du  bailliage  do  Montcenis. 
Jusqu'au  2 S  mars  IStiS,  date  de  la  création  du  canton  du  Creusot,  les  deux  com- 
munes appartinrent  au  canton  Uo  Montcenis. 


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Sous  la  Régence,  l'ingénieur  Thomassi 
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—  137  — 

(C'est  à  ce  même  Jobert  qui,  maître  de  forges  à  Châ- 
tillon-sur-Seine,  était  très  versé  dans  la  métallurgie,  que 
l'abbé  de  Fénelon,  prieur  de  Saint-Sernin-du-Bois,  confia 
le  soin  de  fonder  sa  forge  de  Mesvrin,  en  1763.) 

La  question  du  flottage  des  bois  avait,  dès  le  début, 
soulevé  de  graves  difficultés  entre  les  seigneurs  proprié- 
taires de  la  région,  ce  qui  contribua  à  les  diviser  en  deux 
camps. 

La  lutte  s'engagea  toute  faite  d'intérêts  personnels.  Les 
uns,  propriétaires  de  forêts  immenses  et  de  peu  de  rapport, 
cherchaient  des  débouchés  rémunérateurs,  rêvant  de  faire 
servir  les  richesses  de  leurs  forêts  aux  besoins  de  Paris  et 
de  Lyon.  Les  autres,  n'ayant  pas  de  bois  à  exploiter,  mais 
propriétaires  de  moulins  sur  la  Dheune  et  de  terres  rive- 
raines, voulaient  spéculer  sur  le  flottage  en  réclamant  pour 
les  passages  des  indemnités  exagérées  qui  entravaient  les 
transports;  ils  avaient  réussi  à  intéresser  à  leur  parti 
quelques  seigneurs  qui  auraient  dû  rester  étrangers  à  ces 
querelles. 

Les  premiers  qui,  disons-le,  semblaient  avoir  une  con- 
ception plus  élevée  des  questions  générales  de  commerce 
et  d'industrie,  ne  se  refusaient  pas  à  payer  un  droit  de 
passage,  à  condition  toutefois  que  ce  droit  ne  fût  pas  prohi- 
bitif. 

Dans  le  parti  du  comte  de  Thélis,  qui  avait  eu  gain  de 
cause  auprès  du  roi,  à  condition  d'assumer  la  responsabi- 
lité du  flottage,  nous  trouvons  : 

L'abbé  de  Salignac-Fénelon,  prieur  de  Saint-Sernin-du- 
Bois;  M.  Raphaël  de  Villedieu,  seigneur  de  Torcy;  Cham- 
pliau,  conseiller  au  Parlement  de  Dijon;  Etienne  de  Ragney, 
seigneur  de  Ragney  ;  le  comte  de  la  Madeleine,  seigneur  de 
Marcilly  ;  l'abbé  de  la  Ferté,  seigneur  d'A voire  ;  le  marquis 
de  Saint-Micaud,  seigneur  de  Saint-Micaud  ;  l'abbé  de 
Royer,  baron  de  Savigny  ;  le  sieur  de  Martigny,  seigneur 
de  Sainte-Hellène  ;  le  sieur  Quarré,  seigneur  Duplessis  ;  le 


—  138  — 

sieur  de  Montsange,  seigneur  de  la  Genetoye;  le  sieur 
Venot,  de  Montcenis,  et  le  seigneur  de  Sauvage. 

Dans  le  camp  hostile  au  flottage  on  comptait  : 

Le  comte  de  Clermont-Montoison,  seigneur  de  Chagny  ; 
le  prieur  et  les  religieux  de  l'abbaye  de  Maizières  ;  la  mar- 
quise de  Foudras;  le  sieur  Louis-Henry  de  Rochefort; 
Dailly,  évêque  et  comte  de  Chalon  ;  le  marquis  de  Choiseul, 
maître  de  camp  de  cavalerie,  chef  de  brigade  de  gendar- 
merie ;  Philippe  Bouchier  de  Vers  al  i  eu,  seigneur  de  Che- 
vigny;  Claude  de  Chatillon,  chevalier  seigneur  de  Cercy; 
Henry  de  Riollet,  chevalier  seigneur  de  Monteuil;  Etienne* 
Elisabeth  Copin,  escuyer  seigneur  de  Mosse  ;  Charles  Vienot, 
escuyer  seigneur  de  Vaublans,  major  du  régiment  de 
Navarre;  Jean-François  de  la  Moret,  prieur  de  l'église 
Saint-Martin  de  Chagny,  agissant  tant  en  son  nom,  comme 
décimateur  de  Chagny,  qu'en  celui  des  bénéficiaires  de 
cette  église;  le  sieur  comte  de  Qraville,  lieutenant-général 
des  armées  du  Roy  ;  Madeleine  Bouton  de  Chamilly  et  le 
bailli  de  Fontenay. 

Sans  se  laisser  influencer  par  toutes  ces  rancunes  per- 
sonnelles, Jobert  savait  profiter  intelligemment  des  conces- 
sions royales  et  poursuivait  activement  les  travaux  de  régu- 
larisation de  la  Dheune  jusqu'à  Santenay,  espérant,  de  là, 
faire  descendre  facilement  les  bois  jusqu'à  Verdun,  puis  à 
Lyon  par  la  Saône. 

Au  moment  où  ces  premiers  travaux  commençaient  à 
prendre  tournure,  M.  de  Thélis  sollicita  et  obtint,  en  1774, 
une  nouvelle  ordonnance  royale  autorisant  définitivement 
le  flottage  à  bois  perdu  sur  une  partie  de  la  Dheune,  jusqu'à 
concurrence  de  500  cordes  (environ  1,900  stères),  avec 
charge  d'indemniser  les  riverains  à  dire  d'experts,  et  non 
d'après  les  ordonnances  de  1669  usitées  jusqu'alors.  A  cet 
effet,  procès-verbal  fut  demandé  sur  l'état  actuel  des 
moulins  et  des  ponts  sur  la  Dheune. 

Mais  il  était  dit  que  le  canal  de  Longpendu  ne  verrait 


—  139  — 

pas  le  jour.  La  chaussée  de  l'étang  déversant  sur  la  Dheune 
se  rompit  en  cette  même  année  1774  et  les  dégâts  furent  si 
considérables  qu'il  fallut  cesser  tous  les  travaux.  La  fortune 
de  Jobert  sombra  dans  cette  catastrophe. 

Le  même  accident  était  déjà  survenu  deux  fois  à  cette 
chaussée,  en  1730  et  en  1765. 

M.  de  Thélis  essaya  cependant  de  relever  cette  œuvre  et 
obtint,  en  1775,  une  quatrième  ordonnance  l'autorisant  à 
percer  une  ouverture,  ou  pertuis,  à  côté  du  déchargeoir  du 
moulin  d'Hauterive  et  de  continuer  le  flottage,  mais  cette 
ordonnance  ne  sauva  pas  la  situation.  Le  projet  du  canal 
de  Longpendu,  tel  qu'il  résultait  de  la  conception  primitive, 
ne  devait  plus  être  pris  en  considération. 

Toutes  ces  discordes  entre  seigneurs  avaient  fait  oublier 
l'œuvre  principale  :  la  réunion  des  deux  mers,  pour  aboutir 
lamentablement  à  un  essai  de  flottage  malheureux  sur  une 
partie  de  la  Dheune. 

Cependant  les  échecs  successifs  du  canal  de  Longpendu 
n'avaient  pas  pour  cause  principale  ces  querelles  mesquines, 
pas  plus  que  le  manque  d'appui  des  pouvoirs  publics.  La 
cause  en  était  dans  la  conception  même  du  projet,  par  suite 
de  l'impossibilité  matérielle  de  vaincre  pratiquement 
toutes  les  difficultés  qu'il  entraînait  avec  lui. 

Canaliser  une  rivière  à  régime  très  variable,  comme  la 
Dheune  ou  la  Bourbince,  serait  évidemment  une  œuvre 
réalisable  aujourd'hui  avec  l'outillage  puissant  dont  dispo- 
sent les  chantiers  de  travaux  publics.  Il  est  possible, 
en  effet,  d'élargir  ou  d'approfondir  le  lit  d'un  cours  d'eau 
par  des  dragages  mécaniques  n'entravant  en  aucune  façon 
le  régime  des  eaux;  tout  au  plus  serait-on  retardé  dans 
l'exécution  par  la  saison  hivernale  ou  les  périodes  de 
grandes  pluies  qui  font  sortirtrès  rapidement  ces  rivières 
de  leur  lit. 

A  l'époque  où  fut  conçu  le  canal  de  Longpendu,  on  ne 
disposait  pas  d'engins  mécaniques,  les  terrassements  se 


—  140  — 

faisant  exclusivement  à  la  main.  Ce  genre  de  travail  aurait 
occasionné  une  grande  perte  de  temps  parce  qu'il  aurait 
fallu  profiter  de  l'époque  des  basses  eaux,  permettant  une 
déviation  plus  facile  des  eaux  pendant  la  rectification  du  lit. 

Dans  ces  conditions,  en  dehors  même  de  la  difficulté 
d'exécution,  et  faisant  abstraction  de  certains  accidents 
imprévus  comme  celui  de  la  rupture  de  la  chaussée  de 
l'étang  de  Longpendu1,  par  exemple,  l'achèvement  d'un 
semblable  canal  aurait  nécessité  un  nombre  considérable 
d'années  ;  les  dépenses  se  seraient  élevées  bien  au  delà  des 
prévisions  et  se  seraient  encore  accrues  par  les  dégâts 
inévitables  produits  par  les  hautes  eaux  dans  les  biefs  en 
cours  d'exécution. 

Les  projets  primitifs  semblent  du  reste  avoir  été  conçus 
avec  la  plus  grande  légèreté,  si  l'on  en  juge  par  les  prix 
fixés  pour  les  adjudications  :  800,000  livres  en  1613  et 
950,000  livres  en  1642.  On  sera  pleinement  édifié  à  ce  sujet 
en  établissant  la  comparaison  avec  les  dépenses  réelles 
occasionnées  par  la  création  de  canaux  de  même  longueur, 
le  canal  du  Centre,  par  exemple,  qui  a  remplacé  le  canal 
de  Longpendu,  et  qui  a  coûté  près  de  11  millions  de  francs. 

Malgré  toutes  ces  difficultés  le  principe  de  la  jonction 
des  deux  mers  n'était  cependant  pas  complètement  aban- 
donné ;  nos  ingénieurs  compétents,  que  n'influençaient  pas 
ces  questions  de  clochers  ou  d'intérêts  particuliers,  conti- 
nuaient à  s'en  préoccuper. 

Dès  1760,  un  nouveau  projet  avait  été  conçu  par  un 
Chalonnais  peu  connu  à  cette  époque,  Émiland  Oauthey, 
alors  sous-ingénieur  aux  États  de  Bourgogne. 

En  présence  des  difficultés  que  présentait  la  canalisation 
de  la  Dheune  et  de  la  Bourbince,  il  avait  songé  à  creuser 
un  canal  suivant  à  peu  près  la  vallée  de  ces  deux  rivières, 


1.  Depuis  le  relèvement  des  biefs  du  canal,  la  chaussée  de  cet  étang,  côté 
Dheune,  a  été  renforcée  et  le  niveau  de  l'eau  a  été  maintenu  plus  bas  par  abais- 
sement des  déversoirs. 


—  141  — 

mais  sans  jamais  emprunter  leurs  lits,  et  dont  les  aboutis- 
sants étaient  Chalon  sur  la  Saône  et  Digoin  sur  la  Loire, 
avec  point  de  partage  des  eaux  dans  le  voisinage  des  étangs 
de  Longpendu,  comme  dans  le  projet  primitif. 

Le  traoé  maintenait  constamment  le  canal  à  un  niveau 
légèrement  supérieur  à  celui  des  deux  rivières  afin  de  le 
mettre  à  l'abri  des  crues  dont  les  vallées  étaient  trop  sou- 
vent affectées. 

Ce  canal  qui,  dans  la  pensée  de  son  auteur,  devait 
prendre  le  nom  de  canal  du  Charolais,  ou  du  Charolois, 
comme  on  disait  alors,  présentait  incontestablement  une 
portée  pratique  considérable  puisque,  malgré  toutes  les 
difficultés  suscitées  de  part  et  d'autre  pendant  près  de  vingt 
années,  il  fut  exécuté  tel  que  l'avait  prévu  Gauthey.  (Après 
le  décret  de  l'Assemblée  constituante  ordonnant,  en  1790, 
la  division  de  la  France  en  départements,  il  perdit  son  nom 
de  canal  du  Charolais  pour  prendre  celui  de  canal  du 
Centre  qu'il  porte  aujourd'hui.) 

Le  canal  du  Centre  est  l'œuvre  maîtresse  de  Gauthey  ; 
de  sa  propre  initiative  il  en  conçut  et  fit  adopter  le  tracé  et 
fut  seul  directeur  des  travaux. 

D'après  la  biographie  publiée  par  M.  Dartein,  inspecteur 
général  des  ponts  et  chaussées  en  retraite  *,  Émiland- 
Marie  Gauthey  naquit  à  Chalon-sur-Saône  le  3  décembre 
1732.  Son  père  était  médecin,  et  sa  famille,  de  souche 
chalonnaise,  était  honorable  mais  sans  fortune. 

Ses  premières  études  achevées  à  Chalon,  il  fut  envoyé  à 
Versailles,  auprès  d'un  oncle,  professeur  des  pages,  pour 
étudier  les  mathématiques.  Grâce  à  des  aptitudes  tout  à  fait 
spéciales  il  suppléa  bientôt  à  son  oncle,  puis  entra  à  l'École 
des  Ponts  et  Chaussées  que  Perromet  venait  de  fonder. 

Dans  les  débuts  de  cette  école,  les  professeurs  faisaient 
parfois  défaut  et  l'on  était  obligé  de  les  recruter  parmi  les 

1.  La  Vie  et  tes  Travaux  de  Êmiland  Gauthey ,  par  H.  Dartein.  Anna/et  de§ 
Ponte  et  Chaussées,  troisième  trimestre  1904,  première  partie. 


—  142  — 

élèves.  C'est  ainsi  que  Gauthey  fut  chargé  du  cours  de 
mathématiques  pour  lequel  il  fut  rétribué. 

En  1758,  il  fut  nommé  sous-ingénieur  de  la  province  de 
Bourgogne,  modeste  emploi  dans  lequel  il  resta  vingt- 
quatre  ans,  jusqu'à  l'âge  de  cinquante  ans,  pour  voir  enfin 
reconnaître  ses  mérites  qui  le  portèrent  au  poste  d'in- 
génieur (1782),  puis  peu  après  à  celui  d'ingénieur  en  chef. 
En  1791,  vers  la  fin  de  l'achèvement  des  travaux  du  canal 
du  Charolais,  Gauthey  était  inspecteur  général  des  Ponts 
et  Chaussées. 

En  mai  1802,  à  la  création  de  l'ordre  de  la  Légion  d'hon- 
neur, il  fut  nommé  membre  de  la  Légion,  distinction  très 
rare  à  cette  époque  ;  il  reçut  la  croix  des  mains  du  premier 
Consul. 

Lorsque  le  décret  du  7  fructidor  an  XII  (25  août  1804), 
appliqué  seulement  en  1805,  eut  réduit  à  cinq  le  nombre 
des  inspecteurs  généraux  qui  devaient  constituer  le  conseil 
général  permanent  des  Ponts  et  Chaussées,  Gauthey  fut 
maintenu  en  tête  de  la  liste. 

En  septembre  1805,  Crétet,  directeur  général,  le  pro- 
posa pour  la  vice-présidence  du  conseil,  et  le  même  mois 
il  fut  désigné  pour  faire  partie  du  conseil  de  perfectionne- 
ment de  l'École  polytechnique. 

Le  grand  chancelier  de  la  Légion  d'honneur  venait  de 
lui  annoncer  sa  prochaine  promotion  au  grade  de  com- 
mandant de  la  Légion  lorsqu'il  mourut  à  Paris  le  15  juil- 
let 1806,  dans  sa  soixante-quatorzième  année. 

L'histoire  du  canal  du  Centre  est  plus  facile  à  retracer 
que  celle  des  projets  primitifs  dont  il  vient  d'être  question, 
Gauthey  s'étant  chargé  d'en  décrire  les  phases  successives 
dans  un  mémoire  intitulé  :  Mémoire  sur  l'histoire  du  canal 
de  communication  de  la  Saône  à  la  Loire  par  le  Charolais, 
publié  dans  le  troisième  volume  de  ses  œuvres. * 

1.  Dans  son  étude  sur  la.  Vie  et  les  Travaux  de  Émiland  Gauthey,  M.  Darteio 
a  reproduit  en  partie  oe  mémoire. 


—  143  — 

La  grande  pensée  consistait  alors  à  relier  Paris  à  la 
Bourgogne,  aussi  à  peine  Gauthey  eut-il  fait  part  de  son 
idée,  qu'un  projet  rival  surgissait  en  1764  :  celui  du  canal 
de  Bourgogne,  consistant  à  joindre  la  Saône  à  la  Seine  par 
l'Yonne1.  Perronet  se  prononçait  pour  ce  tracé,  formulant 
comme  principal  argument  que  l'on  manquerait  d'eau 
pour  alimenter  le  bief  de  partage  du  canal  du  Gharolais. 

Cependant  Gauthey,  qui  tenait  essentiellement  à  son 
projet  devant  avantager  Chalon,  sa  ville  natale,  se  refusa 
à  croire  à  la  validité  de  cet  arrêt. 

Lorsque,  en  1767,  François  delà  Ghaize,  seigneur enga- 
giste  de  Montcenis,  eut,  par  lettres  patentes,  obtenu  l'au- 
torisation d'exploiter  la  mine  de  charbon  du  Greusot,  il 
demanda  aussitôt  la  création  d'une  route  de  desserte  pour 
cette  région.  Gauthey  fut,  la  même  année,  chargé  du  tracé 
de  cette  route  qui  devait  relier  Chalon-sur-Saône  à  Toulon- 
sur-Arroux  en  passant  aux  étangs  de  Longpendu,  point  de 
partage  des  bassins  de  la  Saône  et  de  la  Loire.  Il  profita 
de  cette  circonstance  pour  procéder  à  un  jaugeage  minu- 
tieux du  régime  des  eaux  aboutissant  à  ce  point  de  partage. 
Cet  examen  lui  permit  de  constater  que  les  évaluations 
fournies  par  Perronet  étaient  beaucoup  trop  faibles,  et  il 
démontra  que  le  canal  de  Bourgogne,  dont  le  bief  de  par- 
tage était  à  Pouilly,  serait  moins  alimenté  que  celui  de 
Longpendu. 

Gomme  suite  à  cette  étude,  Gauthey  adressa  un  mémoire 
à  Turgot  pour  justifier  son  canal  du  Gharolais  qui,  d'après 
lui,  présentait  de  grands  avantages  sur  celui  de  Bourgogne  : 
meilleure  alimentation  ;  moindre  longueur  ;  dénivellation 


1.  Proposé  sous  Henri  IV,  puis  repris  et  abandonné  par  Riquet,  le -canal  de 
Bourgogne  ne  fut  commencé  qu'en  1775.  Pour  des  raisons  exposées  plus  loin,  il 
fut  suspendu  sous  la  Révolution  et  repris  seulement  sous  l'Empire  ;  il  ne  fut 
achevé  qu'en  1834.  Le  versant  Seine,  long  de  154  kilomètres,  présente  une  pente 
de  300  mètres  qui  était  rachetée  par  cent  soixante-quinze  écluses  ;  le  versant 
Saône  n'a  que  82  kilomètres,  avec  une  pente  de  200  mètres  rachetée  par  soixante- 
seize  écluses.  La  construction  a  coûté  plus  de  54  millions. 


—  144  — 

moins  importante  &  franchir;  dépenses  moindres,  etc.  Tur- 
got  fut  frappé  de  la  valeur  de  ces  arguments  et  demanda  à 
Trudaine  de  faire  faire  une  nouvelle  étude  du  canal  du  Cha- 
rolais  par  Gauthey. 

Lorsque  le  mémoire  de  Oauthey  lui  fut  communiqué, 
Perronet  maintint  son  précédent  avis,  objectant,  dans  un 
mémoire  du  31  janvier  1776  : 

«  Que  le  Charolais  était  un  pays  pauvre  et  peu  intéres- 
sant comparativement  à  la  contrée  que  devait  traverser  le 
canal  de  Bourgogne  ; 

»  Qu'il  faudrait,  pour  atteindre  la  Seine,  franchir  entre 
le  canal  du  Charolais  et  celui  de  Briare,  quarante  lieues  de 
Loire  très  difficilement  navigables  ; 

»  Que,  faute  d'eau,  les  canaux  de  Briare  et  du  Loing, 
qu'on  devait  emprunter  pour  aller  à  Paris,  suffisaient  à 
peine  l'été  à  la  navigation  existante  ; 

»  Que  des  droits  considérables  seraient  à  payer  sur  ces 
canaux  ; 

»  Que  le  trajet  de  Paris  à  Lyon  serait  accru  de  treize 
lieues.  » 

Gauthey  eut  connaissance  du  mémoire  de  Perronet  le 
2  mars  1776  et  y  répondit  immédiatement  par  un  contre- 
mémoire  : 

«  Le  Charolais,  disait-il,  abonde  en  bois  et  en  charbon 
de  terre  qui  trouveront  un  grand  débit  si  on  peut  les  trans- 
porter par  eau  ; 

»  On  trouvera  plus  d'eau  à  Longpendu  qu'à  Pouilly  ; 

»  Si  la  navigation  de  la  Loire  est  en  effet  difficile,  on 
construira  facilement  un  canal  latéral  qui,  d'ailleurs,  serait  à 
faire,  indépendamment  de  l'exécution  du  canal  du  Charolais  ; 

»  Il  serait  facile  d'améliorer  le  canal  de  Briare  et,  du 
reste,  une  partie  du  trafic  du  Charolais  s'en  irait  vers 
Nantes  ; 

»  L'allongement  du  parcours  Paris-Lyon  par  le  Charo- 
lais serait  de  une  lieue  et  non  de  treize.  » 


—  145  — 

Condorcet,  cTAlembert  et  Bossut1,  qui  furent  consultés 
à  cet  effet,  conseillèrent,  pour  permettre  une  comparaison 
rationnelle  des  deux  canaux  proposés,  de  faire  établir  par 
Gauthey  un  projet  détaillé  du  canal  du  Gharolais. 

La  retraite  de  Turgot  et  la  mort  de  Trudaine  fils  sur- 
vinrent malencontreusement  pour  annihiler  toutes  ces 
bonnes  volontés. 

Gauthey  cependant  ne  perdit  pas  courage  et  continua 
l'étude  de  son  projet. 

En  présence  de  ces  rivalités  sur  la  valeur  économique 
des  deux  canaux  proposés,  les  anciennes  compétitions 
relatives  aux  projets  primitifs  recommencèrent  et  vinrent 
encore  compliquer  la  situation. 

Afin  de  donner  satisfaction  aux  nombreuses  réclamations 
venues  de  ia  région  autunoise,  les  élus  de  Bourgogne  se 
virent  dans  l'obligation  de  charger  Gauthey  d'étudier,  pour 
son  canal  du  Charolais,  un  nouveau  tracé  dirigé  de  la 
Dheune  sur  l'Arroux  et  passant  par  Autun. 

Cette  mission  présentait  un  avantage  appréciable  pour 
Gauthey,  en  ce  qu'elle  permit  de  lui  faire  obtenir  une 
compensation  indirecte  aux  lourdes  dépenses  occasionnées 
par  ses  nombreux  déplacements,  lors  des  études  compa- 
ratives des  canaux  du  Charolais  et  de  la  Bourgogne. 

Mais  le  projet  nouveau  qui  lui  était  demandé  présentait 
des  difficultés  insurmontables,  et  ne  voulant  pas  assumer 
la  responsabilité  d'une  semblable  entreprise,  peut-être 
aussi  dans  l'intention  de  conserver  intact  son  premier 
projet,  à  l'étude  duquel  il  avait  apporté  toute  sa  science, 
il  en  vint  à  proposer  un  tracé  qui  constituait  de  fait  une 
démonstration  ab  absurdo  et  condamnait  sans  rémission  le 
projet. 

Le  projet  autunois  aurait  nécessité,  sur  5  kilomètres  de 


1.  Condorcet,  d'Alembert  et  l'abbé  Bossut  étalent  les  trois  académiciens  chargés 
de  la  direction  de  la  navigation  intérieure. 

S.H.N.  1906.  10 


—  146  — 

longueur,  une  construction  en  tunnel,  au  débouché  duquel 
il  eût  fallu  franchir  un  vallon  à  pente  très  rapide,  pré- 
sentant une  dénivellation  de  1 1 1  mètres  sur  3  kilomètres 
seulement  de  distance.  La  traversée  de  ce  vallon  aurait 
donc  exigé  la  construction  d'un  grand  nombre  d'écluses 
accolées,  ou  très  rapprochées,  et,  pour  éviter  ce  travail 
considérable,  Gauthey  proposait  l'exécution  d'un  canal 
complètement  souterrain,  comportant  trois  sas  en  forme 
de  puits  de  39  mètres  de  profondeur. 

Une  telle  entreprise,  sans  exemple  encore  aujourd'hui, 
eût  été  bien  téméraire,  tant  par  les  dépenses  excessives 
qui  devaient  en  résulter  que  par  la  difficulté  d'exécution 
des  travaux. 

Cette  entrave  disparue,  Gauthey  reprit  son  étude  du 
tracé  du  Charolais,  mais  l'ère  des  difficultés  était  loin 
d'être  terminée. 

En  1778,  deux  membres  des  États,  le  comte  et  le  che- 
valier de  Brancion,  demandèrent  au  conseil  du  roi,  pour 
une  société  à  fonder  par  eux,  le  privilège  de  la  construction 
et  de  l'exploitation  du  canal  du  Charolais,  moyennant  un 
droit  à  percevoir  de  0  fr.  25  par  lieue  et  par  490  kilos  de 
marchandises  transportées. 

D'autre  part,  M.  de  Thélis,  seigneur  du  Breuil,  à  qui  sa 
situation  de  capitaine  aux  Gardes  françaises  procurait  une 
haute  influence,  réitérait  ses  démarches  pour  compléter  les 
ordonnances  royales  déjà  formulées  en  6a  faveur  et  obtenir 
la  reprise  du  projet  primitif  de  canalisation  de  la  Dheune 
et  de  la  Bourbince,  projet  qui  présentait  pour  lui  un 
intérêt  tout  particulier  puisqu'il  devait  mettre  ses  terres 
en  valeur. 

MM.  de  Brancion  qui,  au  début  de  leur  requête,  n'avaient 
en  mains  aucune  étude  technique,  venaient  de  s'entendre 
avec  Gauthey,  dont  le  projet  était  alors  complètement 
dressé,  et  l'avaient  présenté  aux  élus  qui  lavaient  accueilli 
avec  faveur.   M.  Aubry,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et 


—  147  - 

Chaussées  pour  la  Bresse,  fut  chargé  de  faire  un  examen 
sur  place  de  ce  projet,  travail  qu'il  commença  le  8  septembre 
1778  et  auquel  il  consacra  deux  mois  et  demi,  après  quoi 
il  formula  des  conclusions  tout  à  fait  favorables. 

L'administration  des  Ponts  et  Chaussées  chargea  alors 
M.  Hue,  inspecteur  général,  d'examiner  les  pièces  de  ce 
projet,  et,  bien  qu'il  eût  déclaré  n'avoir  pas  besoin  d'expli- 
cations complémentaires,  Gauthey  s'en  vint  à  Paris  pour 
défendre  lui-même  son  œuvre  et  réussit  à  obtenir  un  rapport 
approbateur. 

M.  de  Thélis,  au  courant  de  tout  ce  qui  se  faisait  pour 
l'aboutissement  du  canal  du  Charolais,  se  remuait  active- 
ment pour  le  faire  échouer. 

A  cette  époque,  M.  F.  de  la  Chaize  et  l'abbé  de  Fénelon, 
intéressés  dans  cette  question,  quelle  que  fût  la  solution 
adoptée,  le  premier,  pour  les  débouchés  que  le  canal  pou- 
vait procurer  à  sa  mine  du  Creusot,  le  second,  pour  la  pros- 
périté qu'il  en  attendait  pour  sa  forge  de  Mesvrin,  tentèrent 
un  rapprochement  entre  M.  de  Thélis  et  le  comte  de  Bran- 
don, mais  l'accord  ne  put  se  faire,  ainsi  qu'en  témoigne 
une  lettre  de  l'abbé  de  Fénelon  adressée  de  Paris  à  M.  de 
la  Chaize  en  août  1779  : 1 

«  Je  suis  persuadé  que  le  canal  de  la  Dheune  n'aura  pas 
lieu,  et  voicy  sur  quoy  fondé  :  M.  de  Thélis  et  M.  de  Bran- 
don ne  veulent  pas  se  réunir,  c'est-à-dire  M.  de  Brandon, 
à  qui  j'en  ai  parlé,  refuse  constamment  toute  réunion  avec 
M.  de  Thélis.  Or,  M.  de  Thélis  s'oppose  de  toutes  ses 
forces  à  l'exécution  du  plan  de  M.  de  Brancion,  et  il  a  pour 
luy  M.  de  Coste,  sans  l'avis  duquel  le  conseil  n'accorde 
jamais  de  permission  dans  ce  genre.  J'ay  entendu  dire  à 
M.  de  Coste  que  le  projet  de  M.  de  Brancion  était  impra- 
ticable, qu'il  faudrait  au  moins  15  millions  pour  l'exécuter, 
ce  qui  ferait,  à  raison  de  5  pour  100,  750,000  livres  de 

1 .  S&int-Sernin  et  son  dernier  Prieur,  par  M.  l'abbé  Sebille. 


—  148  — 

rente,  que  le  canal  du  Languedoc  ne  vaudrait  que 
100,000  écus  quitte1,  que,  cependant,  jamais  celui  de  la 
Dheune  ne  serait  d'un  aussi  grand  produit,  et  que  ce  serait 
ruiner  des  actionnaires  que  de  le  permettre  ;  il  paraît 
incliner  au  projet  économique  de  M.  de  Thélis,  lequel  offre 
de  sacrifier  350,000  livres.  M.  de  Thélis  trouve  d'ailleurs 
tant  d'opposition,  que  je  crains  que  le  conseil,  fatigué  de 
ces  contrariétés,  ne  rejeté  les  deux  plans.  » 

Quelques  jours  plus  tard,  l'abbé  de  Fénelon  adressait  à 
M.  de  la  Chaize  une  nouvelle  lettre  qui,  bien  que  moins 
pessimiste,  ne  laissait  cependant  percer  que  peu  d'espé- 
rances : 

«  M.  de  Brandon  vient  d'emporter  la  victoire  pour  le 
canal  de  Longpendu  et  de  la  Dheune,  et  cela  contre  l'avis 
formel  de  M.  l'intendant,  de  M.  de  Coste  et  des  Ponts  et 
Chaussées;  l'arrêt  du  conseil  est  de  dimanche  dernier,  je 
l'appris  lundi  par  M.  de  Vergenne.  Jamais  il  ne  réussira,  les 
dépenses  seront  toujours  fort  au-dessus  du  produit,  il 
commencera  et  en  restera  là.  S'il  pouvait  au  moins  aller 
jusques  à  la  Motte2,  vous  pourries  vous  en  consoler.  » 

L'abbé  de  Fénelon  se  trompait  lorsqu'il  annonçait  que  le 
projet  de  Gauthey  avait  été  accepté  contre  l'avis  des  auto- 
rités compétentes  ;  le  projet  avait  été,  au  contraire,  admis 
sur  l'avis  même  de  l'administration  des  Ponts  et  Chaussées, 
sans  qu'il  fût  tenu  aucun  compte  des  démarches  de  MM.  de 
Brancion. 

M.  de  Thélis  avait  bien  réussi  à  gagner  à  son  projet  le 
duc  de  Charost  qui  s'intéressait  tout  spécialement  à  la 
création  du  canal  du  Charolais,  mais,  à  la  suite  d'un 
mémoire  de  Gauthey,  démontrant  l'inanité  de  ce  projet,  le 
duc  consulta  Perronet  qui  confirma  les  vues  de  Gauthey  à. 
ce  sujet. 


1.  On  ne  s'explique  guère  cette  estimation  qui  est  ridicule  eu  égard  à  la  dépense 
réelle  qui  s'éleva  à  35  millions. 

2.  Ancien  château  de  la  Motte,  paroisse  d'Ecuisscs,  près  de  l'étang  de  Longpendu. 


—  149  — 

Converti  par  les  explications  de  Gauthey,  Perronet  revint 
sur  ses  deux  avis  contraires  donnés  précédemment,  et 
soutint  à  l'assemblée  des  Ponts  et  Chaussées  le  projet  du 
canal  du  Charolais  dont  l'adoption  fut  dès  lors  assurée. 

La  consécration  technique  étant  acquise,  il  restait  à 
instituer  les  moyens  financiers  nécessaires  pour  l'exécution, 
mais  l'importance  des  dépenses  prévues  par  Gauthey 
rendait  cette  question  pleine  de  grosses  difficultés  qui 
devaient  retarder  encore  la  mise  en  œuvre. 

Ces  difficultés  furent  surtout  suscitées  par  quelques  par- 
tisans du  canal  de  Bourgogne.  Ce  canal  cependant  n'était 
plus  en  rivalité  directe  avec,  celui  du  Charolais  puisqu'il 
avait  été  commencé  en  1775;  mais,  exécuté  au  moyen  de 
crédits  annuels  votés  par  les  États,  les  travaux  avançaient 
très  lentement,  et  les  intéressés  purent  craindre  que  les 
fonds  considérables  que  devait  absorber  le  projet  de  Gau- 
they ne  fussent  une  nouvelle  cause  d'entraves  pour  l'achè- 
vement. 

Malgré  l'appui  de  hautes  personnalités,  l'intendant  de 
Bourgogne  ayant  rejeté  la  demande  de  concession  de 
MM.  de  Brancion,  exigeant  la  création  d'une  compagnie 
présentant  toute  sécurité,  M.  de  Thélis  en  profita  pour 
recommencer,  mais  sans  succès,  les  démarches  en  faveur 
de  son  projet. 

Cependant  MM.  de  Brancion  avaient  réussi  à  constituer 
un  groupe  d'actionnaires  pouvant  fournir  environ  deux 
millions,  et  demandaient  aux  États  de  cautionner  le  reste 
de  la  dépense.  Cette  demande  fut  d'abord  accueillie  par  les 
États,  mais  faute  de  temps  ils  la  renvoyèrent  à  l'examen 
des  Élus. 

Désigné  par  les  Élus  du  clergé  pour  visiter  les  lieux, 
l'abbé  de  Luzines  parcourut  avec  Gauthey  tout  le  tracé  du 
canal  et,  d'après  le  rapport  qu'il  en  fit,  le  prince  de  Condé, 
gouverneur  de  Bourgogne,  appuya  chaudement  le  projet. 

Usant  du  pouvoir  qui  leur  avait  été  conféré,  les  Élus 


—  150  — 

décidèrent,  par  une  délibération  du  4  décembre  1781,  de 
faire  cautionner  par  les  États,  sous  certaines  conditions,  les 
emprunts  de  MM.  de  Brancion. 

Forts  de  cette  décision,  MM.  de  Brancion  se  rendirent  à 
Paris  pour  obtenir  leurs  lettres  patentes.  Gauthey  et  l'abbé  de 
Luzines  y  vinrent  eux-mêmes  pour  appuyer  leurs  démarches , 
mais  un  nouvel  obstacle  les  attendait  dans  la  capitale. 

M.  de  Fleuri,  contrôleur  général,  accepta  sans  hésitation 
le  projet,  exprimant  même  le  désir  de  sa  prompte  exécution, 
mais,  d'accord  en  cela  avec  l'intendant  de  Bourgogne,  il  se 
refusa  à  admettre  la  concession  faite  à  MM.  de  Brancion. 

Pour  la  bonne  règle  et  la  sécurité  même  de  l'entreprise, 
il  est  préférable,  disait-il,  que  les  États  fournissent  les 
fonds  et  fassent  exécuter  les  travaux  par  eux-mêmes,  au 
lieu  de  garantir  les  fonds  à  une  association  qui,  si  elle 
venait  à  ne  pas  réussir  leur  en  laisserait  quand  même  toute 
la  responsabilité. 

Cette  question  fut  soumise  à  l'assemblée  des  députés  et 
intendants  du  commerce.  Les  délégués  bourguignons,  qui 
tenaient  essentiellement  à  enlever  l'autorisation  de  com- 
mencer les  travaux,  quelle  que  fût  du  reste  la  décision 
relative  à  la  gestion  financière  de  l'entreprise,  restèrent 
pendant  six  mois  à  Paris  pour  attendre  le  résultat  des 
nombreuses  délibérations  de  cette  assemblée. 

Afin  de  décider  du  sort  de  l'entreprise,  Qauthey  alla 
jusqu'à  faire  modeler  en  relief  le  pays  traversé  par  le 
canal,  et  il  est  incontestable  que  ce  modèle,  qui  fut  pré- 
senté aux  ministres  et  même  au  roi,  contribua  quelque  peu 
au  succès. * 

1.  Le  plan  en  relief  de  Qauthey  est  actuellement  au  bureau  du  conducteur  du 
canal  à  Saint- Julien-sur-Dheune,  où  j'ai  pu  le  voir  grâce  à  l'amabilité  du  conduc- 
teur, M.  Oiraud.  Il  consiste  en  un  moulage  à  fond  blanc,  très  soigné,  sur  lequel 
toutes  les  indications  topographiques  ont  été  dessinées  finement  avec  les  teintes 
conventionnelles,  et  contenu  dans  une  boite  mesurant  environ  60  centimètres  de 
longueur  sur  30  centimètres  de  largeur.  A  l'intérieur  du  couvercle  est  collée  une 
inscription,  en  très  bonne  écriture  moulée!  résumant  les  principales  caractéris- 
tiques du  canal. 


—  151  — 

Le  29  août  1782,  M.  de  Fleuri  signifia  aux  États  de 
Bourgogne  la  décision  royale  les  engageant  à  contracter  un 
emprunt  pour  faire  construire  le  canal  du  Charolais  confor- 
mément aux  plans  et  devis  rédigés  par  le  sieur  Gauthey. 
ingénieur  en  chef  de  la  province. 

Le  droit  de  transit  admis  fut  de  0  fr.  25  par  lieue  et  pour 
490  kilog.  de  marchandises,  c'est-à-dire  le  même  que  celui 
qui  avait  été  accordé  à  MM.  de  Brancion  qui,  pour  dédom- 
magements, reçurent  des  pensions  viagères. 

Les  Élus  acceptèrent  ces  propositions  et,  pour  couper 
court  à  toutes  les  difficultés  soulevées  précédemment  par 
les  intéressés  du  canal  de  Bourgogne,  décidèrent  égale- 
ment l'achèvement  de  ce  premier  canal  par  voie  d'emprunt, 
après  avoir  toutefois  accepté  une  modification  économique 
du  tracé  proposée  par  Gauthey,  d'accord  avec  Perronet. 

Les  Élus  convinrent  également,  après  entente  avec  l'in- 
tendant de  Franche-Comté,  de  donner  suite  à  un  deuxième 
projet  de  Gauthey  concernant  la  construction  de  la  partie 
du  canal  de  la  Saône  au  Doubs,  située  en  Bourgogne. 

Cette  délibération  des  Élus  fut  transmise  à  la  postérité 
par  la  frappe  d'une  médaille  portant  cette  inscription  : 
Utrius  que  maris  junctio  triplex ,  fossis  ab  Arari  ad  Ligerum  et 
Rhenum,  simul  apertis,  1783.  * 

Les  lettres  patentes  pour  la  construction  du  canal  du 
Charolais  furent  délivrées  en  janvier  1783,  et  le  30  décembre 
de  la  même  année,  d'autres  lettres  patentes  limitèrent  à 
12  millions  le  montant  des  emprunts  relatifs  à  l'exécution 
des  trois  canaux,  dont  9  millions  étaient  affectés  au  canal 
du  Charolais. 

Gauthey  remportait  enfin  la  victoire,  et  lorsque,  le  8  mars 
1783,  il  fut  nommé  directeur  général  des  travaux,  c'était  le 
plus  bel  éloge  que  Ton  pût  adresser  à  cet  homme  de  génie 
qui  seul  était  à  même  de  mener  à  bonne  fin  ce  grand  projet, 

1 .  Triple  jonction  des  deux  mers  par  des  canaux  creusés  de  la  Saône  a  la  Loire 
et  au  Rhône,  ouverts  ensemble  en  1783. 


—  152  — 

pour  lequel  il  avait  sacrifié  une  grande  partie  de  sa  carrière 
d'ingénieur. 

a  II  y  avait  seize  ans,  dit  M.  Dartein,  que  Gauthey,  de 
sa  propre  initiative  avait  pris  en  main  la  cause  du  canal  du 
Charolais  et  qu'il  employait  à  la  gagner  son  talent,  son 
énergie  et  son  habileté.  En  dépit  de  la  médiocrité  de  son 
emploi,  ce  petit  sous-ingénieur,  intrépide  et  volontaire,  sut 
prendre  très  simplement,  sans  tapage,  par  le  seul  ascen- 
dant de  ses  qualités  personnelles,  l'autorité  et  le  prestige 
nécessaires  à  l'accomplissement  de  son  dessein.  » 

Bernard  de  Chanteau,  conseiller  aux  États  de  Bourgogne, 
fut  délégué  pour  faire  les  adjudications,  surveiller  les  tra- 
vaux et  trancher  toutes  questions  qui  auraient  pu  entraver 
l'exécution. 

Nous  arrivons  à  la  dernière  phase  du  canal,  celle  de  l'exé- 
cution. 

Gauthey  décida  d'attaquer  les  travaux  par  Chagny  et, 
le  9  avril  1783,  le  premier  coup  de  pioche  était  donné  par 
le  comte  de  Clermont-Montoison,  seigneur  de  Chagny.  * 

Les  travaux  furent  loin  d'être  sans  difficultés,  et  Gauthey 
dut  s'y  employer  de  toutes  ses  forces  pour  en  assurer  la 
réussite.  M.  Dartein  dit  à  ce  sujet  : 

«  En  moitié  moins  de  temps  qu'il  n'en  avait  fallu  pour 
parvenir  à  l'exécution,  en  huit  années,  de  1783  à  1791,  les 
travaux  furent  terminés  et  l'eau  mise  dans  le  canal. 

»  Ce  prompt  achèvement  ne  put  être  obtenu  qu'au  prix 

1.  Gauthey  connaissait  particulièrement  le  comte  de  Clermont  dont  il  Tenait  de 
reconstruire  le  château  de  Chagny,  terminé  en  1780.  De  cette  œuvre  de  Gauthey  il 
ne  subsiste  rien.  Le  château  a  été  complètement  démoli  en  1866.  Les  seuls  ren- 
seignements recueillis  à  son  sujet  consistent  en  une  description,  accompagnée  de 
deux  photogravurest  donnée  par  une  histoire  locale  (Roy  frères,  Hietoire  de  Chagny , 
Chagny  1897).  Ce  château  fut  construit  près  de  l'ancien,  sur  les  bords  de  la 
Dheune.  Comme  le  sol  reposait  sur  un  lit  d'alluvion,  aûn  d'assurer  la  solidité  do 
ce  lourd  édifice,  on  fut  obligé  de  le  bâtir  sur  pilotis,  et,  malgré  celte  précaution, 
il  se  fit,  cinquante  ans  après,  un  tassement  considérable  qui  compromit  sa  solidité. 
—  Dartein,  ta  Vie  et  les  Travaux  de  Émiland  Gauthey,  —  Annale*  des  Pont»  et 
Chaussées,  3e  trimestre  1904,  \'*  partie. 


—  153  — 

d'une  extrême  activité  et  moyennant  une  judicieuse  et 
indéfectible  prévoyance,  qui  apparaît  surtout  dans  l'ensemble 
des  mesures  adoptées  pour  organiser  le  travail  selon  les 
ressources  locales.  » 

On  dut  aller  jusqu'à  employer  des  soldats  pour  obvier 
au  manque  d'ouvriers  et,  pour  des  raisons  particulières 
énumérées  par  Gauthey  lui-même,  ce  système  coûta  fort 
cher. ! 

«  La  province,  dit-il,  était  exempte  de  garnisons  et  il 
fallut  payer  tous  les  frais  de  logement,  ce  qui  doubla  les 
faux  frais.  On  ne  faisait  pas  travailler  pendant  cinq  mois  de 
l'hiver,  et  un  tiers  des  troupes  seulement  travaillait  à  la 
fois,  de  sorte  que  le  nombre  des  journées  de  logement  était 
au  moins  six  fois  plus  grand  que  celui  des  journées  de 
travail.  » 

En  dehors  même  du  manque  d'ouvriers,  on  ne  trouva  pas 
dans  la  localité  d'entrepreneurs  capables  de  construire  les 
ouvrages  d'art.  Ceux  que  l'on  fît  venir  du  dehors  ne  suf- 
firent pas  davantage  à  la  tâche,  et  Gauthey  dut  diviser  les 
travaux  en  petits  lots  confiés  à  des  maîtres  maçons  qui,  à 
la  longue,  se  mirent  au  courant  et  purent  dans  la  suite 
faire  de  plus  grosses  entreprises. 

Ce  mode  de  travail  nécessitait  évidemment  une  surveil- 
lance très  active  et  la  régie  en  devenait  difficile,  ce  qui 
amena  Gauthey  à  faire  une  division  tout  à  fait  spéciale  de 
son  personnel  technique;  il  alla  jusqu'à  créer  chez  lui  une 
école  où  son  personnel  apprenait  les  détails  indispensables 
de  la  théorie. 

Pour  la  description  sommaire  de  la  marche  des  travaux, 
il  me  suffira  de  résumer  la  relation  qu'en  a  fournie  M.  Dartein. 

On  fit  peu  de  choses  la  première  année,  en  1783,  ce  fut 
plutôt  une  sorte  de  préparation  de  la  mise  en  œuvre. 

Les  travaux  ne  commencèrent  effectivement  qu'en  1784. 

1.  Les  troupes  utilisées  appartenaient  aux  régiments  de  Monsieur  et  de  Beau- 
jolais. 


—  154  — 

Au  commencement  du  mois  de  juin  de  cette  année,  le  roi 
de  Suède,  qui  voyageait  en  France,  vint  visiter  les  travaux 
de  Técluse  de  Chagny,  ainsi  qu'en  témoigne  une  lettre  de 
Gauthey,  datée  du  6  juin,  à  l'abbé  de  Luzines. 

Le  22  juillet,  la  première  pierre  des  trois  canaux  projetés 
fut  posée  par  le  duc  de  Ouise,  au  nom  du  roi,  dans  l'écluse 
de  Saône,  à  Ghalon. 

Cette  cérémonie  se  fit  en  grande  pompe  et,  dans  ses 
mémoires,  Gauthey  nous  dit  qu'à  cet  effet  il  revêtit  le  duc, 
et  se  revêtit  lui-même,  d'un  tablier  blanc  orné  de  rubans. 

Si  la  pose  de  cette  première  pierre  fut  rattachée  aux 
trois  canaux  du  Gharolais,  de  la  Saône  au  Doubs  et  de 
Bourgogne,  ce  fut  plutôt  pour  une  question  de  principe, 
en  commémoration  de  la  délibération  des  Élus  de  Bour- 
gogne qui  avait  décidé  de  la  construction  simultanée  de 
ces  trois  voies  navigables  par  voie  d'emprunt. 

Le  canal  du  Charolais  était,  en  effet,  indépendant  des 
deux  autres,  auxquels  il  se  trouvait  relié  par  la  Saône,  et 
qui  aboutissaient  bien  en  amont,  vers  Saint -Jean-de- 
Losnes. 

Dans  cette  cérémonie,  Gauthey  tenait  aussi,  et  surtout, 
à  faire  représenter  ces  trois  canaux  parce  qu'il  était  l'auteur 
du  tracé  des  deux  premiers,  et  que  la  continuation  de  celui 
de  Bourgogne  n'avait  été  décidée  que  sur  les  plans  recti- 
ficatifs qu'il  avait  proposés. 

Les  travaux  des  deux  autres  canaux  furent  du  reste 
suspendus  pendant  longtemps,  les  fonds  qui  leur  avaient 
été  attribués  ayant  été  absorbés  pour  l'achèvement  de  celui 
du  Gharolais  considéré  comme  le  plus  intéressant. 

Les  travaux  avaient  été  attaqués  en  de  nombreux  points 
et  les  terrassements  des  parties  faciles  avancèrent  si  rapi- 
dement qu'à  la  fin  de  1784  les  déblais  étaient  achevés  sur 
51,650  mètres,  soit  sur  presque  la  moitié  du  parcours  ; 
vingt-quatre  écluses  sur  quatre-vingts  étaient  commencées. 

Dans  le  cours  des  années  1785,  1786  et  1787,  malgré  la 


pénurie  de  la  main-d'œuvre,  les  chômages  d'hiver  et  les 
difficultés  plus  grandes  rencontrées  dans  certaines  parties, 
les  travaux,  grâce  à  l'habile  direction  de  Gauthey,  suivirent 
néanmoins  une  progression  remarquable  puisque,  à  la  fin  de 
1787,  les  déblais  atteignaient  111,500  mètres,  2,900  mètres 
seulement  restant  à  faire,  et  que  vingt  écluses  étaient 
complètement  terminées  et  cinquante-une  très  avancées. 

Vers  cette  époque,  les  établissements  métallurgiques  du 
Creusot  naissaient.  Situés  à  quelques  kilomètres  seulement 
du  bief  de  partage  du  canal,  ces  établissements  ne  pou- 
vaient néanmoins  tirer  tout  le  profit  que  leur  eût  procuré 
une  liaison  directe  avec  le  canal.  La  société  métallurgique 
ayant  été  fondée  sous  le  patronage  du  roi  Louis  XVI,  le 
gouvernement  intervint  à  ce  sujet  et  demanda  à  Oauthey, 
dans  le  cours  de  l'année  1787,  de  rendre  navigable  la 
rigole  d'alimentation  qui  recueillait  les  eaux  venant  de  la 
direction  de  Montcenis  (rigole  de  Torcy),  et  de  relier  cette 
rigole  à  la  fonderie  de  canons  du  Creusot  par  un  tronçon 
de  canal. 

En  dressant  le  projet  de  ces  ouvrages,  Oauthey  fut 
conduit  à  modiGer  le  tracé  de  la  rigole  et  i  lui  faire  fran- 
chir un  souterrain  de  1,267  mètres  de  longueur.  Le  per- 
cement de  ce  tunnel  dans  des  argiles  et  des  grès  peu 
consistants  suscita  de  grandes  difficultés  ;  des  éboulements 
se  produisirent  en  divers  endroits,  ce  qui  nécessita  la 
construction  d'un  revêtement  épais  de  maçonnerie  sur 
toute  la  section  du  tunnel. 

Oauthey  en  profita  pour  justifier  ses  conclusions  précé- 
dentes relatives  au  projet  de  déviation  du  canal  du  Cha- 
rolais  sur  Autun,  en  faisant  remarquer  combien  il  était 
dangereux  d'entreprendre  des  canaux  souterrains  de 
grande  longueur.  ' 

1  On  %'eip!i-i'j<* 'lifilnl^rn'iit  !•*%  rraiDle*  »!•*  Gauthey  i  c<*  *»jj*-t.  t/auti  j'nt*, 
notamment  IVpo-j  »c  roranu.',  do-m  a  l»i-*e  «le  nombreux  exemple  ij'a<]ui  lue* 
souterrain*  île  trc«  k*raoilc  imi'orUacc,  entre  autre*  l*ju«J'jc  A</u«  Haudij,  qui 


—  156  — 

Quant  au  tronçon  de  canal  devant  relier  directement  la 
rigole  de  Torcy  à  la  fonderie  de  canons  du  Creusot,  il  ne 
fut  jamais  exécuté  ;  je  doute  même  que  Gauthey  en  ait 
jamais  étudié  le  tracé.  L'exécution  de  ce  canal  aurait 
nécessité  un  très  grand  nombre  d'écluses  pour  racheter  une 
différence  de  niveau  de  plus  de  50  mètres,  ce  qui  le  rendait 
irréalisable,  non  seulement  par  l'importance  des  dépenses 
peu  en  rapport  avec  le  trafic,  mais  encore,  et  surtout,  par 
l'impossibilité  absolue  de  compenser  le  débit  de  ces  écluses 
par  les  eaux  émanant  de  la  montagne  dominant  le  Creusot. 

Aussi  Gauthey  ne  chercha-t-il  pas  à  vaincre  cette  diffi- 
culté. Il  se  contenta  d'établir  la  rigole  de  Torcy,  en  suivant 
presque  une  courbe  de  niveau,  jusqu'au  point  le  plus 
éloigné  possible  en  amont,  dans  la  vallée  de  la  Bourbince. 

Le  port  d'aboutissement  fut  créé  dans  cette  vallée  juste 
en  face  le  bourg  de  Torcy,  sur  le  terrain  dit  le  Perraudin. 
Ce  port,  qui  consistait  en  un  grand  bief  de  12  mètres  de 
largeur  sur  60  mètres  environ  de  longueur,  recueillait,  à 
l'une  de  ses  extrémités,  les  eaux  de  la  Bourbince  et  celles 
de  la  rigole  de  fuite  de  l'étang  de  Torcy1.  Il  y  avait  une 
grue  pour  le  chargement  et  le  déchargement  des  bateaux. 

A  l'amont  du  port,  la  Bourbince  avait  reçu  un  ouvrage 


avait  un  parcours  en  souterrain  de  54  kilomètres,  et  le  tunnel  entrepris  sous 
Claude  et  César,  à  travers  une  haute  montagne,  pour  dessécher  le  lac  Fucin 
(aujourd'hui  Celano),  en  faisant  déverser  ses  eaux  dans  le  Liris  (Garigliano).  Co 
tunnel,  auquel  30,000  hommes  travaillèrent,  ne  put  cependant  être  terminé  sous 
les  Césars  par  suilo  des  dépenses  excessives  qu'il  occasionna  ;  il  ne  fut  repris  et 
achevé  que  de  1852  à  1862. 

La  construction  des  grands  tunnels  modernes  n'a  pas  non  plus  justifié  les 
craintes  de  Gauthey,  mais  s'il  n'avait  pu  les  prévoir,  c'est  sans  doute  parce  qu'ils 
ne  présentaient  alors  aucun  intérêt  direct,  surtout  pour  la  navigation.  Ils  sont  le 
résultat  de  la  création  des  chemins  de  fer  encore  inconnus  a  cette  époque  ;  leur 
construction  aurait  été,  du  reste,  sinon  impossible,  tout  au  moins  très  longue  et 
excessivement  coûteuse  par  suite  des  faibles  moyens  dont  disposaient  les  chantiers 
de  travaux  publics. 

1.  Cet  étang  de  Torcy,  plus  connu  au  Creusot  sous  le  nom  d'étang  du  Breuil, 
est  désigné  aujourd'hui  par  les  Ponts  et  Chaussées  sous  le  nom  de  Torcy  vieux, 
pour  le  différencier  du  nouveau  réservoir  établi  près  du  Creusot  qui  porte  le  nom 
de  Torcy  neuf,  et  que  l'on  désigne  aussi  sous  la  rubrique  de  réservoir  du  Creusot. 


—  157  — 

de  répartition  permettant  le  déversement  d'une  partie  de 
ses  eaux  dans  le  lit  normal  au  moment  des  hautes  eaux. 

Du  port  de  Torcy  à  la  fonderie  de  canons,  et  vice  versa, 
le  transport  des  marchandises  s'effectuait  par  traction  sur 
routes  au  moyen  de  chevaux  *  ;  à  la  montée  le  trajet  était 
dur  et  il  avait  fallu  créer  un  relai  de  chevaux  au  lieu  dit 
la  Mouillelongue.  Le  bâtiment  de  ce  relai  existe  encore. 

Après  1820,  lorsque  l'usage  des  lignes  ferrées  commença 
de  prendre  cours  en  France,  on  en  établit  une  de  la  fonderie 
de  canons  au  port  de  Torcy  pour  améliorer  les  transports. 
Cette  voie  était  naturellement  à  pente  rapide  ;  les  chevaux 
remorquaient  la  charge  et,  au  retour,  on  les  montait  sur  un 
wagon  plat  pour  les  redescendre  par  la  gravité.  Ce  procédé, 
bien  que  primitif,  permettait  cependant  de  réduire  sensi- 
blement les  frais  de  traction. 

Jusqu'en  1830,  le  trafic  du  canal  à  son  bief  de  partage 
n'avait  pas  présenté  une  bien  grande  importance,  mais,  par 
suite  du  développement  progressjf  des  transactions  com- 
merciales, par  suite  aussi  de  l'extension  des  usines  du 
Creusot  et  des  houillères  du  Creusot  et  de  Montchanin,  on 
jugea  nécessaire  à  cette  époque  de  créer  à  ce  bief  un  port 
important,  susceptible  de  répondre  aux  besoins  présents  et 
futurs.  Ce  port  prit  le  nom  de  Port  du  Bois-Bretoux,  qu'il 
porte  encore  aujourd'hui,  tiré  du  nom  du  lieu  sur  lequel  il 
fut  établi. 

La  tête  de  l'étang  de  la  Muette,  contigu  au  canal,  fut 
rectifiée  et  une  écluse  établie  pour  la  jonction  au  bassin  du 
port.  L'entrée  de  la  rigole  de  Torcy,  qui  pénétrait  vers  la 
queue  de  cet  étang,  fut  également  rectifiée  pour  aboutir  à 
la  nouvelle  écluse  de  la  Muette. 

Les  usines  du  Creusot  demandèrent  à  ce  moment  la  con- 


1.  Les  voitures  qui  servaient  aux  transports,  très  curieuses  par  leur  construc- 
tion robuste  et  leurs  très  larges  roues,  ont  été  conservées  jusqu'en  ces  dernières 
années  sous  les  hangars  des  équipages  des  usines  du  Creusot,  au  lieu  dit  les. 
Nouillots. 


—  158  — 

cession  de  remplacement  laissé  libre  entre  la  rigole  et  le 
bord  rectifié  de  l'étang  de  la  Muette  pour  l'établissement 
d'un  débarcadère  et  d'un  entrepôt. 

Lorsque  le  port  fut  terminé,  la  rigole  de  Torcy  présentait 
pour  la  navigation  à  peu  près  la  même  pente  d'écoulement 
des  eaux  qu'au  début.  La  différence  de  niveau,  de  l'écluse 
de  la  Muette  au  port  de  Torcy,  était  de  3  pieds,  soit  près 
d'un  mètre  ;  l'étiage  de  cette  rigole  étant  de  quatre  pieds  à 
l'écluse,  il  y  avait  un  pied  d'eau  seulement  au  port  de 
Torcy  lorsque  l'alimentation  cessait  en  amont. 

La  navigation  n'était  donc  possible  qu'autant  que  l'étang 
de  Torcy  et  la  Bourbince  pouvaient  fournir  de  l'eau  en 
quantité  suffisante.  La  rigole  fonctionnait  alors  comme  une 
simple  rivière,  dans  laquelle  le  niveau  s'établit  par  la 
résistance  opposée  à  l'écoulement  par  le  fond  et  les  bords, 
résistance  qui  était  d'autant  plus  grande  que  le  parcours 
était  assez  sinueux. 

La  largeur  peu  importante  de  la  rigole,  son  tirant  d'eau 
ne  dépassant  pas  un  mètre  à  l'amont,  ne  permettaient  que 
le  passage  de  tout  petits  bateaux,  ce  qui  nécessitait  natu- 
rellement un  transbordement  en  arrivant  au  port  du  canal. 
D'autre  part,  la  traversée  du  souterrain  était  très  difficul- 
tueuse  par  suite  de  l'absence  de  chemin  de  halage,  ce  qui 
obligeait  les  mariniers  à  monter  sur  le  bateau.  A  la  descente, 
les  bateaux  allaient  à  la  dérive,  et  il  suffisait  de  les  guider 
pour  éviter  les  accostages  contre  les  parements  ;  mais  il 
était  plus  difficile  de  remonter  car  il  fallait  s'aider  de 
perches,  voire  même  des  pieds {  et  des  mains,  pour  avancer 
assez  péniblement. 

Aujourd'hui,  depuis  que  les  biefs  du  canal  ont  été  relevés 
pour  augmenter  le  tirant  d'eau,  la  navigation  ne  serait  plus 


1 .  J'ai  entendu  raconter  par  des  personnes  âgées,  qui  à  l'époque  étaient  des 
enfants,  que  les  mariniers  se  chaussaient  de  sabots  dont  le  talon  et  le  noz  étaient 
munis  de  pointes  en  fer  pour  faciliter  l'arcboutement  contre  les  parements  du 
tunnel. 


—  159  — 

possible  sous  ce  tunnel;  on  y  circule  très  difficilement  en 
se  couchant  dans  une  barque  plate. 

Lorsque  les  frères  Schneider  prirent  en  main  les  destinées 
du  Creusot,  le  1èr  janvier  1837,  ils  s'occupèrent  immédia- 
tement du  développement  des  chemins  de  fer  et  de  la  cons- 
truction des  locomotives.  L'une  de  leurs  premières  préoc- 
cupations fut  de  remédier  au  mode  insuffisant  du  transport 
de  leurs  produits  et  ils  demandèrent,  en  1838,  une  autori- 
sation de  création  d'une  ligne  de  chemin  de  fer  reliant  les 
usines  au  port  du  Bois-Bretoux.  Le  plan  qu'ils  soumirent 
à  l'approbation  des  autorités  compétentes  fut  immédiate- 
ment approuvé  et,  mettant  en  pratique  la  vieille  devise 
anglaise  :  Time  is  money,  ils  firent  exécuter  rapidement 
cette  ligne. 

Depuis  cette  époque,  la  rigole  ne  sert  plus  qu'à  l'écou- 
lement de  l'eau  des  étangs  d'amont  au  bief  de  partage. 

Le  port  de  Torcy  subsiste  encore  et  se  reconnaît  parfai- 
tement à  la  régularité  de  ses  bords.  La  compagnie  P.-L.-M. 
y  a  fait  installer  une  pompe  qui  remonte  de  l'eau  pour  l'ali- 
mentation des  réservoirs  de  la  gare  de  Montchanin. 

A  la  fin  de  l'année  1789,  tous  les  déblais  du  canal  étaient 
terminés,  excepté  ceux  de  la  tranchée  de  Longpendu.  Les 
écluses  étaient  terminées,  sauf  huit  très  avancées;  29  kilo- 
mètres de  rigoles  d'alimentation  étaient  achevées  et  il  n'en 
restait  plus  que  3,500  mètres  à  faire;  le  souterrain  de  la 
rigole  de  Torcy  était  voûté  sur  les  deux  tiers  de  sa  lon- 
gueur. 

Par  suite  d'une  situation  financière  qui  sera  expliquée, 
l'achèvement  du  canal  fut  retardé,  et  ce  n'est  qu'en 
novembre  1791,  tous  les  ouvrages  d'art  étant  terminés,  que 
l'on  mit  l'eau  dans  le  canal. 

Gauthey,  alors  inspecteur  général,  M.  Guillemot,  ingé- 
nieur en  chef  de  Saône-et-Loire,  et  M.  Forey,  ingénieur  du 
canal,  s'embarquèrent  à  Digoin  et  arrivèrent  à  Saint- 
Léger- sur-Dheune  le  quatrième  jour. 


—  160  — 

Le  grand  bief  de  Chagny,  long  de  plus  de  8  kilomètres, 
perdait  beaucoup  d'eau,  des  fuites  s'étaient  également 
produites  dans  d'autres  biefs  et  à  quelques  écluses  ;  il  fallut 
arrêter  la  navigation  de  Saint-Léger  à  Chalon  pour  étan- 
cher  ces  Oltrations,  et  ce  n'est  qu'en  janvier  1793  que  le 
canal  put  être  livré  définitivement  à  la  navigation  sur  tout 
son  parcours. 

Disons,  pour  terminer  cette  partie  technique  des  travaux, 
que  l'on  n'a  rencontré  de  difficultés  sérieuses  que  pour 
l'exécution  des  deux  écluses  des  extrémités,  celle  de  Loire 
et  celle  de  Saône,  creusées  dans  des  alluvions  très  per- 
méables. Voici,  d'après  M.  Dartein,  quel  a  été  leur  mode 
de  construction  : 

Le  radier  a  été  constitué,  après  dragage,  par  des  pilotis 
plantés  en  quinconce  dans  une  enceinte  de  pal  pi  anche  9,  et 
enveloppés  à  leur  sommet  par  une  couohe  de  0m40  à  0m45 
de  glaise  corroyée.  On  fixa  par-dessus  une  plate-forme  de 
planches  calfatées  et  on  la  chargea  de  chaux  vive  dans 
laquelle  on  jeta  des  pierres,  puis  du  béton.  On  laissa 
reposer  pendant  l'hiver  et,  le  printemps  venu,  on  épuisa 
facilement. 

L'évaluation  primitive  des  travaux  avait  été  prévue  par 
Gauthey,  à  7,201,740  livres,  et  la  somme  autorisée  pour 
l'emprunt  avait  été  de  9  millions  de  livres. 

On  dépensa  successivement  :  en  1783,  350,000  livres;  en 
1784,  1,300,000  livres;  en  1785,  1,360,000  livres;  en  1786, 
1,108,000  livres;  en  1787,  1,153,000  livres;  en  1788, 
2,904,000  livres;  et  dans  les  six  premiers  mois  de  1789, 
441,000  livres. 

Au  1er  juillet  1789,  la  dépense  totale,  indemnités  et 
arrérages  compris,  s'élevait  à  8,616,000  livres.  Le  crédit 
disponible  sur  l'emprunt  se  réduisait  alors  à  384,000  livres. 

Gauthey  en  prévint  l'administration  en  lui  adressant 
l'estimation  des  dépenses  restant  à  faire  qui,  arrérages, 


—  161  — 

indemnités  et  imprévus  compris,  s'élevaient  à  2  millions 
et  demi  de  livres. 

Pour  ne  pas  retarder  l'achèvement  du  canal,  il  deman- 
dait, en  attendant  un  nouvel  emprunt  qui  devenait  néces- 
saire, qu'on  l'autorisât  à  continuer  les  travaux  sur  le  fonds 
d'emprunt  de  3  millions  de  livres,  en  grande  partie  dispo- 
nible, destiné  aux  deux  autres  canaux. 

Cette  solution  fut  acceptée  à  titre  provisoire. 

Mais,  les  fonds  s'épuisant,  l'administration  des  Élus  n'a- 
yant pu  contracter  un  nouvel  emprunt,  il  fallut  fermer  les 
chantiers.  Toutefois,  afin  de  ne  pas  provoquer  de  désordres 
parmi  les  ouvriers  congédiés,  on  ne  procéda  au  licencie- 
ment que  progressivement,  dans  un  délai  de  trois  mois. 

Le  décret  de  l'Assemblée  constituante  du  15  janvier  1791 
ayant  aboli  les  anciennes  provinces,  pour  les  remplacer  par 
une  subdivision  en  départements,  les  pouvoirs  de  l'admi- 
nistration des  Élus  de  Bourgogne  prirent  fin  le  20  juillet 
de  la  même  année.  A  cette  époque  la  dépense  totale  des 
travaux  du  canal  s'élevait  à  10,383,424  livres. 

La  commission  départementale  qui  sucoéda  aux  Élus  fit 
terminer  les  travaux  ;  il  fut  dépensé  113,901  francs  en  1790 
et  343,369  francs  en  1791.  Les  travaux  d'étanchement  exé- 
cutés en  1792  coûtèrent  246,839  francs. 

Les  sommes  absorbées  par  le  canal  se  résument  dès  lors 
ainsi  : 

1°  Dépenses  effectuées  sous  l'administration  de  la  pro- 
vince de  Bourgogne  :  10,383,424  livres,  soit    10, 255, 189  fr. 

2°  Dépenses  effectuées  sous  la  commis- 
sion départementale 704, 109  fr. 

Soit  un  total  de 10, 959,298  fr. 

La  différence  entre  cette  dépense  effective  et  la  dépense 
prévue  pouvait  laisser  supposer  qu'il  avait  été  commis  des 
erreurs   graves    dans  le   devis   estimatif,  mais   Gauthey 

S.H.N.  1906.  H 


—  162  — 

prit  soin,  dès  le  1er  juillet  1790,  de  justifier  le  surcroît  de 
dépense  qui  n'était  qu'apparent  et  qui  tenait  surtout  à  deux 
causes  : 

1°  Addition  des  divers  travaux  non  prévus,  notamment 
la  transformation  de  la  rigole  de  Torcy  en  canal  navigable 
(coût  560,000  livres);  faux  frais  pour  l'établissement  des 
troupes  utilisées  au  canal  (coût  347,800  livres). 

2°  Addition  des  arrérages,  comptés  jusqu'au  1"  janvier 
1792  (2,005,126  livres). 

Tout  compte  fait,  le  total  des  objets  non  prévus  à  l'esti- 
matif monte  à  3,616,700  livres,  lesquels  ajoutés  à  la  pre- 
mière estimation  formaient  un  total  de  10,817,000  livres, 
inférieur  seulement  de  300,000  livres  au  montant  des 
dépenses  faites  et  restant  à  faire  à  cette  époque. 

Si  l'on  tient  compte  de  l'accroissement  du  prix  de  la 
main-d'œuvre  depuis  l'origine  des  travaux,  des  frais  supplé- 
mentaires occasionnés  par  des  consolidations  de  tranchées 
et  de  talus,  de  l'addition  et  de  l'élargissement  de  quelques 
aqueducs,  on  peut  dire,  ajoute  M.  Dartein,  qu'il  n'était 
guère  possible  de  dresser  un  devis  plus  exact. 

Les  données  principales  du  canal,  à  l'origine,  étaient  les 
suivantes  : 

Sa  longueur  était  de  114,322  mètres,  du  bord  de  la  Loire 
à  Digoin,  au  bord  de  la  Saône  à  Ghalon.  A  la  suite  de 
modifications  récentes,  il  a  été  raccourci  de  près  d'un 
kilomètre  avant  sa  jonction  à  la  Loire. 

Sa  largeur  était  de  9m75  au  plafond  et  de  14n62  à  la 
surface,  et  son  mouillage  était  de  lm62. 

On  y  comptait  quatre-vingts  écluses,  dont  trente  sur  le 
versant  Loire,  rachetant  une  chute  de  77m64,  et  cinquante 
sur  le  versant  Saône,  rachetant  une  chute  de  130m91.  Les 
sas  des  écluses  mesuraient  32m48  de  longueur  sur  5m20  de 
largeur  avec  2m60  de  chute,  sauf  aux  écluses  de  Loire  et 


—  163  — 

de  Saône,  où  la  chute  était  respectivement  de  2m24  et 
3m5i.  * 

Les  six  premiers  biefs  descendant  du  point  de  partage 
vers  la  Saône  étant  très  courts,  la  section  mouillée  y  avait 
été  doublée  pour  réduire  les  dénivellations  résultant  des 
éclusages. 

Outre  les  écluses,  les  travaux  du  canal  comprenaient 
encore  comme  ouvrages  d'art  :  soixante-onze  ponts  et 
soixante-seize  aqueducs. 

Trois  rigoles  d'alimentation  avaient  été  prévues  pour 
recueillir  les  eaux  des  bassins  montagneux  avoisinant  le 
bief  de  partage  et  les  rejeter  dans  les  réservoirs  de  com- 
pensation :  celle  de  Torcy  (4,814  m.)  qui,  ainsi  qu'on  l'a  vu 
plus  haut,  fut  modifiée,  avant  son  achèvement,  en  rigole 
navigable;  celle  de  Marigny  (19,738  m.)  et  celle  de  Saint- 
Julien  (11,232  m.). 

Ces  rigoles,  serpentant  à  flancs  de  coteaux,  suivaient 
presque  une  courbe  de  niveau  dans  le  but  d'éviter  une 
pente  trop  prononcée  qui  eût  facilité  l'entraînement  des 
terres  au  moment  des  grandes  pluies  et,  malgré  cette  pré- 
caution, Gauthey  avait  quand  même  jugé  nécessaire  de  les 
munir  de  bassins  de  dépôt  avant  leur  entrée  dans  les  réser- 
voirs. 

Sur  ces  trois  rigoles,  seule  celle  de  Marigny  fonctionne 
encore  sur  une  partie  de  sa  longueur  ;  celle  de  Saint-Julien 
a  été  supprimée  presque  à  l'origine,  et  celle  de  Torcy  ne 
sert  plus  que  de  rigole  d'écoulement  pour  les  eaux  des 
réservoirs,  anciens  ou  nouveaux,  situés  à  l'amont. 

Le  canal  du  Centre,  ainsi  que  tous  les  anciens  canaux  de 
la  France,  a  reçu,  dit  M.  Dartein,  d'importantes  améliora- 


1.  A  l'entrée  en  Saône  et  à  l'entrée  en  Loire  on  avait  construit  deux  écluses 
accolées  produisant  une  chute  importante.  Ce  dispositif  avait  été  nécessité  par 
l'obligation  d'assurer  l'entrée  en  rivière  à  l'époque  des  plus  basses  eaux,  les  deux 
écluses  fonctionnant  à  ce  moment,  et  de  maintenir  le  lit  du  canal  en  dehors  des 
crues  pendant  les  hautes  eaux  qui  arrêtaient  alors  le  fonctionnement  de  l'écluse 
inférieure. 


—  164  — 

tions,  notamment  de  1881  à  1895,  pour  être  mis  en  rapport 
avec  les  nouvelles  conditions  de  la  navigation.  Les  prin- 
cipales tranchées  ont  été  élargies,  de  nouveaux  réservoirs 
ont  été  construits  *  et  le  mouillage  a  été  porté  à  2*20,  par 
relèvement  des  biefs,  afin  de  permettre  un  tirant  d'eau  de 
2  mètres  pour  les  bateaux.  Les  écluses  ont  été  élargies  et 
allongées  et  leur  nombre  a  été  réduit  i  soixante-sept  par 
suite  de  la  suppression  de  treize  d'entre  elles,  sur  le 
versant  de  la  Saône,  aux  endroits  où  elles  étaient  trop 
rapprochées.  A  l'entrée  en  Saône,  où  il  y  avait  deux  écluses 
consécutives,  celle  d'aval,  qui  ne  servait  qu'à  l'époque  des 
basses  eaux  fut  supprimée.  Beaucoup  de  ponts  ont  été 
modifiés  pour  augmenter  leur  ouverture  et  le  tirant  d'air. 

Après  la  construction  du  canal  latéral  à  la  Loire  et  du 
canal  de  Roanne  à  Digoin  (1822-1838),  se  rejoignant  sur  la 
rive  gauche  de  la  Loire,  en  face  Digoin,  on  réunit  le  canal 
du  Centre  à  ces  deux  canaux. 

La  jonction  directe  par  la  Loire  eût  entravé  fréquem- 
ment la  navigation  par  suite  des  ensablements  et  des  écarts 
de  niveau  du  fleuve  entre  les  basses  eaux  et  les  crues  ;  on 
préféra  faire  la  jonction  par  une  branche  de  canal,  se  gref- 
fant à  Digoin  sur  le  bief  du  canal  du  Centre,  et  traversant 
la  Loire  sur  un  pont-aqueduc  de  seize  arches  qui  est  l'une 
des  plus  belles  œuvres  du  génie  moderne. 


I.  Le  réservoir  de  Torcy  neuf,  situé  près  du  Creusot,  dont  les  travaux,  com- 
mencés en  1 884,  furent  achevés  en  1886,  a  une  superficie  de  174  hectares  et  contient 
près  de  neuf  millions  de  mètres  cubes.  11  est  divisé  en  deux  parties,  sur  sa  lon- 
gueur, par  la  ligne  du  chemin  de  fer  de  Chagny  à  Nevers  dont  la  traversée  se  fait 
sur  un  remblai  de  laitiers  de  hauts  fourneaux  à  travers  lequel  s'établit  la  com- 
munication des  eaux  par  un  aqueduc  do  fond. 

La  chaussée,  construite  sur  la  branche  sud  du  réservoir,  est  faite  en  remblai  de 
terre  corroyée  dont  le  parement  intérieur  a  reçu  une  protection  en  moellons 
de  0*50  d'épaisseur  établie  en  gradins. 

La  longueur  au  parapet  de  la  chaussée  est  de  442*85,  l'épaisseur  est  de  53*40 
au  pied  et  de  5"50  au  sommet,  avec  une  hauteur  totale  de  23*20,  dont  7  mètres 
de  fondations  au-dessous  du  radier  de  l'étang. 

La  hauteur  de  l'eau  à  la  chaussée  est  de  1 4*50  et  les  vannages  de  prélèvement 
sont  montés  à  l'intérieur  d'une  tour  carrée  en  maçonneries  pour  éviter  les  affouii- 
lements. 


—  165  — 

L'ancienne  jonction  à  la  Loire  fut  conservée  intacte. 

Une  nouvelle  rigole,  de  14  kilomètres  de  longueur,  dite 
rigole  de  l'Arroux,  fut  établie  de  Oueugnon  à  Digoin  pour 
l'alimentation  du  nouveau  bief. 

Cette  rigole,  maintenue  au-dessus  du  niveau  des  hautes 
eaux  de  l'Arroux  pour  la  mettre  à  l'abri  des  crues,  fut 
rendue  navigable  pour  faciliter  le  trafic  des  forges  de  Gueu- 
gnon,  fondées  en  1721  parle  marquis  de  Latour-Maubourg, 
qui,  à  cette  époque,  avaient  déjà  pris  une  extension  impor- 
tante. 

Ainsi  que  l'ancienne  rigole  de  Torcy,  la  rigole  d'Arroux, 
qui  est  encore  en  service  pour  la  navigation,  ne  peut 
porter  que  de  petits  bateaux  nécessitant  un  transbordement 
à  l'arrivée  au  port  de  Digoin. 


Afin  de  commémorer  l'ouverture  du  canal  à  la  naviga- 
tion, Gauthey  avait  fait  construire  l'obélisque  monumental 
qui  existe  encore  à  Ghalon,  près  du  Palais  de  Justice. 

L'éloignement  de  cet  obélisque  et  l'absence  de  toute 
inscription  font  oublier  aujourd'hui  la  circonstance  pour 
laquelle  il  avait  été  érigé.  Autrefois  le  canal  comportait 
un  bras  divergent,  servant  de  port,  qui  se  prolongeait 
jusqu'au  pied  du  monument.  La  construction  de  l'ancienne 
gare  de  Ghalon  et  le  développement  de  cette  partie  de  la 
ville  firent  supprimer  progressivement  cette  ramification 
dont  les  dernières  traces  ont  disparu  il  n'y  a  que  quelques 
années. 

A  l'origine,  le  piédestal  du  monument  portait,  paraît-il, 
gravées  sur  ses  quatre  faces,  des  inscriptions  qui  furent 
effacées  pendant  la  Révolution,  c'est-à-dire  aussitôt  après 
l'inauguration,  et  dont,  malheureusement  pour  l'histoire 
locale,  le  texte  exact  n'a  pas  été  conservé. 

En  1819,  il  n'en  restait  qu'un  vague  souvenir,  ainsi  qu'il 
résulte  d'une  lettre  adressée  à  M.  l'ingénieur  en  chef,  du 


—  166  — 

département,  le  30  octobre,  par  M.  de  Lisle,  conservateur 
des  canaux  du  Centre  et  de  la  Seille. * 

«  L'entrepreneur  La  Chaume,  disait-il,  qui  a  construit 
cet  obélisque,  croit  se  rappeler  que  Tune  des  inscriptions 
exprimait  la  reconnaissance  de  la  province  envers  le  sou- 
verain qui  avait  autorisé  la  construction  du  canal;  que  la 
seconde  témoignait  des  mêmes  sentiments  à  l'égard  du 
prince  de  Condé,  gouverneur  de  la  Bourgogne,  qui  avait 
puissamment  favorisé  l'entreprise,  et  que  la  troisième  rap- 
pelait le  nom  des  Élus  généraux  qui  dirigèrent  cette  grande 
opération.  Quant  à  la  quatrième,  La  Chaume  n'en  a  gardé 
aucun  souvenir » 

Si  nous  étudions  maintenant  dans  son  ensemble  le  trafic 
du  canal  du  Centre,  nous  voyons  que  l'avenir  a  donné 
raison  aux  prévisions  de  Oauthey. 

Le  tonnage  qui,  d'après  M.  Dartein,  a  peu  varié  depuis 
une  quinzaine  d'années,  s'est  élevé,  en  1902,  à  1,245,874 
tonnes,  sur  lesquelles  843,276  tonnes,  soit  les  deux  tiers, 
forment  la  part  du  trafic  né  sur  la  voie. 

Ainsi  que  l'avait  annoncé  Oauthey,  le  canal  du  Charo- 
lais  sert  à  l'exportation  beaucoup  plus  qu'au  transit,  tandis 
qu'au  canal  de  Bourgogne,  dont  le  trafic  n'atteint  pas  la 
moitié  de  celui  du  Centre,  le  tonnage  de  transit  est  sensi- 
blement égal  au  tonnage  né  sur  la  voie. 

Le  canal  du  Centre,  ainsi  que  beaucoup  de  canaux  fran- 
çais, présente  incontestablement  l'inconvénient  de  com- 
porter un  trop  grand  nombre  d'écluses  qui  retardent  consi- 
dérablement la  navigation,  mais  cette  difficulté  est  inhérente 
à  l'orographie  du  pays. 

Les  efforts  de  nos  ingénieurs  ont  amélioré  ce  régime 
dans  la  mesure  du  possible,  et  si  nos  canaux  ne  sont  pas 

1.  Lettre  conservée  aux  archives  du  canal  du  Centre. 


—  167  — 

parfaits,  on  peut  néanmoins  conclure  que  Ton  a  su,  avec  le 
minimum  de  dépenses,  tirer  le  meilleur  parti  possible  d'un 
état  de  choses  établi  depuis  un  siècle  et  plus. 

Les  conceptions  relatives  à  la  navigation  des  canaux  se 
sont  considérablement  modifiées  en  ces  dernières  années, 
et  les  vieilles  écluses,  telles  qu'elles  furent  inventées  par 
les  frères  de  Viterbe,  en  1481,  sont  condamnées  pour  faire 
place  à  des  systèmes  plus  rapides,  permettant  de  franchir 
en  une  seule  fois  des  différences  de  niveau  importantes,  ce 
qui  permettra  de  raccourcir  très  sensiblement  le  tracé  des 
canaux. 

Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  faire  ici  une  courte  digres- 
sion pour  indiquer  les  principaux  procédés  modernes  pro- 
posés pour  le  rachat  des  chutes  importantes  : 

1*  Les  écluses  avec  bassins  d'épargne.  Ces  bassins, 
ménagés  dans  les  parois  du  sas,  permettent,  par  la  ma- 
nœuvre de  vannages  étages,  de  franchir  des  hauteurs  de 
15  à  20  mètres  et  plus  en  ne  dépensant  que  la  quantité 
d'eau  qui  aurait  été  nécessaire  pour  une  éclusée  ordi- 
naire ; 

2°  Les  sas  plongeurs,  sorte  de  ludions  colossaux,  mais 
qui  ne  permettent  guère  de  franchir  des  hauteurs  supé- 
rieures à  10  ou  12  mètres; 

3°  Les  appareils  du  genre  des  grandes  roues  que  l'on  a 
pu  admirer  dans  les  expositions.  Le  wagon  suspendu  est 
remplacé  par  un  sas  dans  lequel  le  bateau  est  introduit  et 
peut  être  ramené  par  rotation  soit  au  niveau  du  bief  supé- 
rieur, soit  au  niveau  du  bief  inférieur.  Étant  donné  le  poids 
du  bateau  et  du  sas  plein  d'eau,  l'équilibrage  est  très  diffi- 
cile à  réaliser  et  l'appareil  a  forcément  des  dimensions 
restreintes  ne  permettant  pas  le  passage  de  chutes  très 
importantes  ; 

4°  Les  ascenseurs  verticaux  qui  ont  l'inconvénient  de 
coûter  fort  cher  et  ne  se  prêtent  guère  à  des  hauteurs 
supérieures  à  15  mètres; 


—  168  — 

5°  Les  ascenseurs  funiculaires,  pouvant  être  utilisés  à 
toutes  hauteurs,  mais  ne  présentant  pas  toute  la  sécurité 
désirable  et  pour  lesquels  la  grande  difficulté  réside  dans 
l'importance  du  poids  à  soulever,  malgré  l'équilibrage 
possible  par  contrepoids,  ainsi  que  la  chose  avait  été  pro- 
posée, en  1881,  pour  le  canal  de  la  Marne  à  la  Saône; 

6°  Enfin  lés  plans  inclinés  à  double  voie.  Ces  plans 
inclinés  reçoivent  sur  chaque  voie  un  chariot  automoteur 
électrique  portant  un  sas  d'éclusage  du  bateau. 

Si  Ton  ne  dépasse  pas  des  pentes  de  V20  &  V255  on  peut 
utiliser  le  roulement  simple,  mais  il  est  préférable  à  tous 
points  de  vue  d'employer  un  chemin  de  roulement  à  cré- 
maillère qui  facilite  le  freinage. 

La  double  voie  est  certainement  dispendieuse,  mais  elle 
présente  le  grand  avantage  de  ne  pas  entraver  le  service 
du  canal  en  permettant  de  fonctionner  à  simple  voie  en  cas 
de  réparations  à  l'un  des  chariots  moteurs.  On  pourrait  du 
reste,  en  marche  normale,  équilibrer  une  partie  de  la 
charge  montante  par  le  chariot  descendant. 

Le  seul  reproche  que  l'on  puisse  adresser  à  ce  système, 
comme  du  reste  à  d'autres  précités,  résulte  de  la  force 
motrice  considérable  qu'il  nécessite,  force  qui  atteint  1 ,200 
à  1 ,500  chevaux  pour  remorquer  un  bateau  de  600  tonnes 
dans  le  cas  le  plus  défavorable,  c'est-à-dire  pour  la  marche 
à  une  seule  voie.  Toutefois  cette  dépense  de  force  motrice 
est  plus  apparente  que  réelle  si  on  la  compare  à  la  perte 
de  force  vive  occasionnée  par  la  chute  d'eau  d'une  écluse. 

Supposons,  par  exemple,  une  écluse  à  épargne,  construite 
comme  il  a  été  indiqué  plus  haut,  susceptible  de  faire 
franchir  une  chute  de  30  mètres  à  un  bateau  de  600  tonnes. 
La  dépense  d'eau  pour  cette  écluse  serait  d'environ  5,000 
mètres  cubes,  d'où  un  travail  de  chute  de  5,000,000 k  X  30  m 
=  150,000,000  kilogramètres. 

L'élévation  à  cette  même  hauteur  d'un  chariot  automoteur, 
sas  et  bateau  en  charge  compris,  soit  environ  2,200  tonnes. 


—  169  — 

exigerait  théoriquement  une  puissance  de  2,200,000 k  X  30  m 
=  66,000,000,  soit  en  ohi fifre  rond  70,000,000  de  kilogra- 
mètres.  On  voit  par  là  que  Ton  a  tout  intérêt  à  utiliser  la 
chute  d'eau  pour  alimenter  une  usine  génératrice  au  lieu 
de  construire  une  écluse. 

Si  l'on  tient  compte  de  la  rapidité  de  fonctionnement 
des  plans  inclinés  eu  égard  aux  écluses,  il  ne  fait  aucun 
doute  que  les  plans  inclinés  représentent  bien  le  système 
de  l'avenir  pour  rétablissement  des  canaux  à  forte  chute. 
C'est  du  reste  celui  qui  a  le  plus  retenu  l'attention  des 
ingénieurs  et  des  économistes  dans  tous  les  concours  orga- 
nisés en  ces  dernières  années  sur  les  questions  de  naviga- 
tion intérieure. 

La  création  du  canal  du  Centre  suffit  à  elle  seule  pour 
illustrer  Oauthey,  mais  si,  par  suite  de  difficultés  innom- 
brables, cette  œuvre  semble  avoir  absorbé  la  majeure 
partie  de  sa  carrière  d'ingénieur;  il  entreprit  néanmoins 
un  grand  nombre  d'autres  travaux,  qu'il  serait  trop  long  de 
décrire  ici,  qui  contribuèrent  à  lui  faire  attribuer  de  réels 
talents  de  mathématicien  et  d'architecte  et  le  classèrent 
parmi  les  plus  grands  savants  de  son  siècle. 

Les  questions  de  navigation  commerciale  furent  cepen- 
dant Tune  de  ses  plus  absorbantes  préoccupations,  ainsi 
qu'en  témoignent  les  nombreux  mémoires  qu'il  a  écrits  sur 
ce  sujet. 

Dans  ses  études  sur  les  canaux  de  navigation  nécessaires 
au  commerce,  s'il  s'intéressa  tout  particulièrement  de  la 
France,  il  rechercha  aussi  quels  étaient  ceux  qu'il  pouvait 
être  le  plus  utile  d'établir  dans  les  différents  pays  de 
l'Europe.  Il  alla  même  jusqu'à  étudier  l'amélioration  des 
relations  commerciales  du  monde  entier  par  les  routes 
maritimes  et  fut  le  premier,  dans  un  mémoire  d'août  1777, 
à  préconiser  l'ouverture  des  canaux  de  Suez  et  de  Panama. 

En  1819  il  fut  question,  sur  un  désir  exprimé  par  la  ville 


—  170  — 

de  Chalon,  de  consacrer  une  des  faces  maintenant  nues  de 
l'obélisque  à  la  mémoire  de  Oauthey.  Ce  désir  n'eut  pas  de 
suite,  mais,  dit  M.  Dartein,  un  hommage  d'une  plus  haute 
valeur  qu'une  simple  inscription  a  été  rendu  peu  après  à 
l'illustre  auteur  du  canal  du  Centre  par  sa  ville  natale.  Le 
buste  en  bronze  de  Oauthey,  placé  dans  le  musée  de  la 
ville,  a  été  exécuté  aux  frais  de  ses  concitoyens.  Plus  tard, 
l'administration  des  travaux  publics  s'est  associée  à  cet  hom- 
mage en  faisant  placer  dans  le  vestibule  des  Ponts  et  Chaus- 
sées une  reproduction  en  marbre  du  buste  érigé  à  Chalon. 

Les  hommes  comme  Gauthey  appartiennent  à  l'histoire, 
et  si  l'exemple  de  sa  vie,  toute  faite  d'études  et  de  simpli- 
cité malgré  quelques  emportements  bien  justifiés,  semble 
peu  se  prêter  aux  honneurs  bruyants,  sa  mémoire  mérite 
cependant  mieux  qu'un  modeste  buste  caché  dans  des  salles 
peu  fréquentées. 

La  ville  de  Béziers,  où  Riquet 1  naquit  en  1604,  et  la  ville 
de  Toulouse,  où  il  mourut  en  1680,  s'honorèrent  en  perpé- 
tuant aussi  le  souvenir  de  cet  homme  illustre  par  le  bronze 
et  par  le  marbre,  mais  elles  le  firent  au  grand  jour,  en 
élevant  des  statues  qui  font  le  plus  bel  ornement  de  leurs 
places  publiques. 2 

Cependant  Riquet,  qui  eut  peut-être  l'idée  première  de  la 
création  du  canal  du  Languedoc,  ou  d'Entre-les-deux-Mers s 
(aujourd'hui  canal  du  Midi),  ne  fut  de  fait  que  l'entrepre- 
neur des  travaux  de  ce  canal  qui  fut  exécuté  suivant  les 
plans  de  l'ingénieur  Andréosse. 


1.  Pierre-Paul  Riquet,  baron  de  Bonrepos,  descendait  de  la  famille  des  Arrl~ 
ghetti,  gibelins  chassés  de  Florence.  C'est  une  des  branches  de  cette  môme  famille 
qui  donna  naissance  à  Mirabeau. 

2.  A  Béziers,  la  statue  de  bronze  de  Riquet  a  été  érigée,  en  1838,  sur  la  place 
de  la  Citadelle.  A  Toulouse,  une  statue  en  marbre  blanc  a  été  érigée  en  1853  sur 
l'allée  de  la  Fayette. 

3.  Le  canal  du  Languedoc,  commencé  en  1667,  par  P.-P.  Riquet,  fut  achevé 
par  ses  fils  et  livré  à  la  circulation  en  mal  1681.  Ce  canal  fut  la  première  grande 
œuvre  de  ce  genre  entreprise  par  le  génie  français,  c'est  pourquoi  sa  construction 
éveilla  l'admiration  des  contemporains  de  Riquet. 


—  171  — 

La  ville  de  Ghalon,  ville  commerciale  par  excellence,  se 
rappellera  qu'elle  doit  en  grande  partie  son  importance  à  la 
création  du  canal  du  Centre  ;  elle  ne  tardera  pas,  espérons-le, 
à  rendre  à  la  mémoire  de  l'un  de  ses  plus  illustres  61s,  les 
honneurs  que  lui  doit  la  postérité. 

Aucune  arrière-pensée  ne  doit  arrêter  les  bonnes  volontés 
dans  cette  voie  d'une  juste  réparation,  car,  même  par  ces 
temps  de  politique  à  outrance,  on  ne  saurait  refuser  i 
Qauthey  le  titre  de  bon  citoyen  qui  lui  fut  reconnu  même 
aux  époques  révolutionnaires  lorsque,  sur  de  viles  accu- 
sations, il  fut  obligé,  ainsi  qu'en  témoigne  sa  lettre  du 
26  mars  1793  au  oitoyen  Garât,  ministre  de  l'Intérieur,  de 
prouver  la  rectitude  et  l'honnêteté  de  son  administration. 

Crmnot,  to  31  mal  lt06. 

J.  CAMUSAT. 


Quelques  Observations  sur  la  radio-activité 

dans  l'Autunois. 

Les  gisements  de  pyromorphite  découverts  à  Orury  et 
qui  ont  donné  lieu  ces  deux  dernières  années  à  des  travaux 
sérieux  de  la  part  de  M.  Armet  de  Lasle,  directeur-pro- 
priétaire de  l'usine  du  Radium  à  Nogent-sur-Seine  (Marne), 
n'ont  pas  donné  au  point  de  vue  radifère  les  résultats  qu'ils 
laissaient  espérer  au  début.  Ces  minerais,  tout  d'actualité 
par  la  découverte  de  M.  et  MM  Curie,  se  trouvent,  comme 
on  Ta  déjà  dit  ',  sur  le  domaine  des  Dorains  ou  la  Salade 
et  sur  le  domaine  de  Baptisent,  en  filons  minces,  assez 
irréguliers,  aveo  renflements  noueux,  passant  i  une  roche 

1.  BulteUn  éê  ta  SoeMU  d*hiêtoU»  natorvlte  d'Autos,  tome  VU.  p.  »Cf  oompUt 


—  172  — 

blanchâtre,  feldspathique,  parfois  kaolinique,  dans  laquelle 
on  rencontre  de  la  barytine  rose  et  du  spath-fluor  qui  exis- 
tent du  reste  sur  un  autre  point  de  la  commune,  au  lieu 
dit  le  Haut-du-Crot,  en  un  puissant  filon  faisant  l'objet 
d'une  exploitation.  Des  cristaux  de  Gérusite  y  ont  été  aussi 
rencontrés,  ainsi  que  des  traces  de  carbonate  de  cuivre 
vert  avec  veinules  de  pyrites  sulfureuses  arsenicales.  Depuis 
peu  nous  avons  découvert  dans  une  carrière  de  granité  à 
grands  éléments,  près  de  l'étang  de  Grury,  des  filonnete  de 
mispickel  de  1  à  5  centimètres  d'épaisseur,  remplissant  les 
disjoints  de  la  roche  et  formant  des  sortes  de  ramifications 
ou  étoilements  dans  le  sens  de  ce  filon  plombifère.  Nous 
avons  le  plaisir  d'offrir  des  échantillons  de  ce  mispickel  à 
la  Société  d'histoire  naturelle,  ainsi  qu'un  autre  minéral 
assez  rare,  la  Penguite  ou  Nontronite,  que  nous  avons  ren- 
contré plus  à  l'est  d'Issy-l'Évêque,  dans  une  petite  tranchée 
de  la  ligne  du  chemin  de  fer  de  Toulon  à  Bourbon-Lancy, 
et  déjà  signalé  par  M.  de  Charmasse  sur  la  commune  de 
Montmort. 

La  masse  de  la  surface  du  sol  de  la  commune  de  Orury 
est  composée  par  la  granulite  en  arène,  devenant  dure, 
résistante  et  compacte  vers  10  à  15  mètres  de  profondeur, 
ainsi  que  nous  l'avons  constaté  dans  nos  travaux  de  recher- 
ches. Cette  granulite  est  traversée  par  d'autres  roches 
filonniennes  qui  ont  dû  surgir  en  même  temps  que  les 
filons  métallifères.  Citons  d'abord  un  quartz  pegmatoide, 
avec  parties  talqueuses,  verdfttres,  des  Dorains,  Oiné  et 
Chez-Reynaud,  qui  se  continue  jusqu'à  Cierge,  en  passant 
par  le  Haut-du-Crot  où  il  s'imprègne  de  véritables  inclu- 
sions de  fluorine  et  de  baryte  laminaire;  puis  des  bandes 
feldspathiques  plus  ou  moins  pures  et  rosées,  avec  un 
porphyre  globulaire  d'un  grain  très  fin  qui  est  visible  dans 
le  talus  de  la  route  de  Neuvy-Grandchamp,  à  la  sortie  du 
village.  Enfin  une  Dioritine  ou  schiste  dioritique  qui  s'est 
montrée  surtout  en  salbandes  et  en  noyaux  d'une  distribu- 


—  173  — 

lion  irrégulière  au  contact  du  filon  plomb  itère  auquel  il 
semble  lié  d'une  façon  générale  ;  c'est  même  une  indication 
pour  le  suivre  dans  ses  différents  affleurements. 

Ces  émissions  filonniennes  et  métallifères  qui  ont  dû  se 
produire  à  différentes  reprises  ont  donné  lieu  au  drainage 
des  eaux  de  sources  qui  sont  très  nombreuses.  On  remarquo 
en  effet  au  milieu  des  champs  des  suintements  ou  parties 
mouillées  reconnaissables  à  une  végétation  spéciale  des 
terrains  marécageux  :  carex,  joncs  et  roseaux  qui  sont 
toujours  une  gêne  pour  la  culture  et  qui  dégagent  l'hiver, 
de  même  que  certaines  fontaines  qui  ne  gèlent  pas,  des 
sortes  de  buées  ou  vapeurs.  Il  y  a  aussi  certains  points  où, 
selon  l'expression  commune,  la  neige  ne  tient  pas  ;  elle  est 
aussitôt  fondue  qu'elle  est  tombée.  Ce  fait,  constaté  de 
temps  immémorial,  s'explique  par  des  émanations  pivo- 
tantes, formant  des  cheminées  chaudes,  traversant  les 
terrains  et  venant  s'évaporer  à  la  surface  par  les  fractures. 
Peut-être  y  a-t-il  li  d'intéressantes  observations  i  faire  et 
des  études  i  entreprendre  au  sujet  de  la  radio-activité. 
Nous  les  signalons  aux  chercheurs. 

Nous  rappellerons  sommairement  ce  qui  a  été  dit  à 
maintes  reprises  dans  les  Bulletins  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  d'Àutun  *  et  même  dans  la  presse  autunoise  2,  i 
propos  de  la  radio-activité  constatée  dans  les  premiers 
échantillons  de  pyromorphite  que  nous  avons  recueillis  aux 
Dorains.  Cette  propriété  n'étant  alors  attribuée  qu'aux  sels 
d'uranium,  M.  Danne,  l'habile  préparateur  de  M.  Curie, 
expliquait  cette  contradiction  en  admettant  que  le  radium 
avait  dû  être  apporté  dans  la  pyromorphite  à  une  époque 
toute  récente  par  des  eaux  radio-actives.  La  vérité  est  que 
cette  activité  alla  en  décroissant  à  mesure  que  les  travaux 
s'enfoncèrent  ;  bientôt  elle  disparut  complètement,  même 

1.    Bulletins  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Aotuo.  tome  XVII,   ?•  p., 
page  tti.  —  tome  XVI II.  t*  p.,  pajes  89  et  suivante*. 
?.  te  Iforvan  rtpuotfcaiJi,  numéros  des  Î6  février  et  t  mars  I90S. 


—  174  — 

dans  des  échantillons  prélevés  presque  à  la  surface  du  sol 
un  peu  plus  loin. 

La  présence  du  Radium  dans  les  eaux  thermales,  pro- 
venant des  gaz  se  dégageant  au  griffon  de  certaines  sources 
minérales,  a  été  constatée  dans  de  nombreuses  contrées, 
de  même  qu'aux  volcans  et  geysers  de  l'Islande  et  aux 
Soffioni  à  acide  borique  de  la  Toscane.  Elle  s'expliquerait 
par  une  venue  des  couches  profondes  du  globe. 

Le  Radium,  avec  ses  propriétés  étonnantes,  dégage 
constamment  de  l'Hélium.  Or,  nous  possédons  ici,  tout 
près  de  nous,  dans  la  région  d'Arnay~le-Duc,  limitrophe  de 
l'Autunois,  à  Maizières,  une  source  minérale  récemment 
mise  en  valeur,  donnant  à  sa  sortie  de  terre  de  grosses 
bulles  qui  renferment  environ  8  */•  d'un  mélange  d'Argon 
et  d'Hélium.  On  se  trouverait  donc  à  posséder  la  source  la 
plus  riche  en  Hélium  connue  jusqu'à  ce  jour. 

En  ajoutant  à  cela  les  gisements  d'Autunite  de  Saint- 
Sy mpho ri en-de-Mar magne,  dont  les  travaux  de  recherches 
et  de  reconnaissance  se  continuent  normalement  avec  quel- 
ques succès,  et  les  traces  d'Autunite  trouvée  en  paillettes 
aux  carrières  de  Gouhard,  au-dessus  de  la  ville  d'Autun, 
ne  peut-on  déjà  prétendre  que  l'on  se  trouve  dans  une 
contrée  privilégiée,  extrêmement  intéressante,  pouvant 
fournir  à  l'étude  de  la  radio-activité  de  précieux  documents 
et  peut-être  de  nouvelles  découvertes  scientiGques  ? 

Hippolyte  MARLOT. 
L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée. 


—  175  — 


SÉANCE  DU  9  SEPTEMBRE   1906 


PRÉSIDENCE  DR  M.  LE  Dr  OILLOT 

Étaient  présents  :  MM.  Bovet;  Louis  Canet;  Chassignol, 
i  la  Boulaye  ;  Château,  à  Bourg-le-Comte  ;  Léon  Dubois  ; 
Louis  Gillot  ;  Grand'Eury,  i  Saint-Étienne  ;  Porte  ;  Victor 
Berthier,  et  quelques  personnes  étrangères  à  la  Société. 

Deux  nouveaux  adhérents  sont  reçus  i  l'unanimité  comme 
membres  titulaires  :  M.  P.  Diosson,  fabricant  de  produits 
céramiques  à  Palinges,  présenté  par  MM.  Stéphane  Diry, 
de  Grury,  et  Henri  Millier,  de  Sainte-Radegonde  ;  M.  le 
Dr  Henri  Liabot,  médecin  i  Cluny,  présenté  par  MM.  le 
Dr  Gillot  et  V.  Berthier. 

Dons. 

En  dehors  des  publications  des  Sociétés  avec  lesquelles 
elle  est  en  relations  d'échange,  la  Société  a  reçu  depuis  sa 
dernière  réunion  : 

De  M.  Jules  Devilerdeau,  quelques  échantillons  de  miné* 
raux  et  fossiles  de  diverses  provenances,  ainsi  qu'un  ouvrage 
qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  Manuel  pratique  des 
travaux  d'exploitation  des  Mines  par  les  procédés  les  plue 
récents. 

De  M.  Louis  Canet,  industriel  à  Autun,  un  Pangolin  que 
son  beau -frire,  M.  Emile  Boutroue,  lui  a  envoyé  de  la 
Guinée. 

De  M.  Marcailhou-d'Ayméric,  pharmacien  de  première 


—  176  — 

classe  à  Ax-les-Thermes,  une  note  dont  il  est  l'auteur  :  la 
Pharmacie  en  Ethiopie1. 

De  M.  P.  Fliche,  ancien  professeur  à  l'École  nationale 
forestiôre  de  Nancy,  deux  brochures  dont  il  est  l'auteur  : 
Lavoisier  et  le  genre  Isoetes 2  ;  —  Note  sur  des  bois  fossiles  de 
Madagascar. 3 

De  M.  Guillaume,  principal  du  Collège  d'Autun,  le  pal- 
marès de  la  distribution  des  prix  faite  aux  élèves  de  cet  éta- 
blissement, le  28  juillet  1906. 

De  M.  le  ministre  de  l'Instruction  publique  :  les  Discours 
prononcés  à  la  séance  générale  du  Congrès  des  Sociétés 
savantes,  le  25  avril  1906,  à  la  Sorbonne,  par  MM.  Armand 
Brette  et  Raymond  Poincaré. 

De  M.  P.  Husnot,  briologue  à  Cahan,  la  seconde  partie 
de  son  ouvrage  sur  les  Cypéracées  de  France,  Suisse  et 
Belgique. 

De  M.  Cunisset-Carnot,  premier  président  à  la  Cour 
d'appel  de  Dijon,  un  œuf  de  Nandou  (Rhea  americana) 
envoyé  par  lui  de  sa  résidence  des  Petites-Dalles  (Seine- 
Inférieure).  Cet  œuf  pesait,  à  l'état  frais,  650  grammes,  et 
venait  d'être  pondu  à  Melun  (Seine-et-Marne),  où  M .  Dubreuil, 
membre  dévoué  de  la  Société  d'acclimatation,  se  livre  avec 
succès  à  l'élevage  et  à  la  reproduction  de  ces  volatiles. 

Nous  empruntons  au  donateur  les  renseignements  suivants 
que  nous  extrayons  d'un  humoristique  article  qu'il  a 
publié  à  ce  sujet  dans  le  journal  le  Temps,  numéro  du 
mardi  11  septembre  1906,  sous  le  titre  la  Vie  à  la  cam- 
pagne : 

«  Le  Nandou  est,  après  l'autruche  dont  il  a  l'aspect  et 
la  forme,  le  plus  grand  des  oiseaux  connus.  Il  n'en  diffère 


1.  Bulletin  mensuel  de  la  Fédération  des  pharmaciens  du  Sud-Ouest  et  du  Centre 
numéro  319,  juillet  1906,  p.  229. 

2.  Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas,  6"  série,  III,  1 905-1906. 

3.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  4"  série,  t.  V,  p.  346, 
année  1905. 


—  177  — 

que  par  la  taille  qui  est  un  peu  moindre  que  celle  de  l'au- 
truche, et  par  la  couleur,  plus  uniforme*  et  plus  sombre  que 
la  sienne.  Son  habitat  est  la  partie  tempérée  de  l'Amérique 
du  Sud.  Il  s'y  comporte  comme  l'autruche  en  Afrique.  Il 
fournit  aux  indigènes  qui  le  chassent  ou  qui  relèvent  une 
chair  excellente,  des  œufs  savoureux  et  des  plumes  qui 
empanachent  aussi  largement  et  aussi  coquettement  que 
les  plumes  d'autruche  les  chapeaux  de  théâtre  de  nos  élé- 
gantes. Pour  récompenser  le  Nandou  de  tant  de  bienfaits, 
les  savants  lui  ont  donné  le  nom  gracieux  de  Rhea  ameri- 
cana,  et  GeofTroy-Saint-Hilaire,  plus  prosaïque,  lui  a  décerné 
le  titre  encore  enviable  d'oiseau  de  boucherie. 

»  Il  donne  plus  de  viande  qu'un  gros  mouton,  et  ses  pro- 
duits accessoires,  œufs  et  plumes,  ajoutent  à  sa  valeur 
boucherie.  D'après  les  calculs  les  plus  modérés,  un  Nandou 
adulte,  qui  se  paie  environ  70  francs,  rapporte  bon  an  mal 
an  :  production  déjeunes,  œufs,  plumes,  de  80  à  85  francs. 
Sa  nourriture  atteint  à  peine  quinze  centimes  par  jour  de 
pommes  de  terre  et  de  verdures,  et  coûte  moins  encore  si 
l'on  peut  placer  l'oiseau  dans  un  pâturage  avec  les  autres 
bestiaux.  Aucun  animal  indigène,  on  le  voit,  n'est  aussi 
rémunérateur.  Ces  chiffres,  depuis  longtemps  connus,  sont 
démonstratifs,  Il  est  donc  malaisé  d'expliquer  pour  quelles 
causes,  alors  que  les  premiers  Nandous  ont  été  donnés  par 
le  comte  d'Épréménil  à  la  Société  d'acclimatation  depuis 
plus  de  quarante-cinq  ans,  et  malgré  tous  les  efforts  de 
celle-ci,  il  n'y  ait  guère  en  France  actuellement  qu'une 
quinzaine  d'élevages  de  cet  utile  oiseau,  qui  tous  d'ailleurs 
réussissent  fort  bien.  » 

De  M.  R.  Bigeard,  de  Nolay,  une  trentaine  d'exem- 
plaires d'une  brochure  qu'il  vient  de  faire  paraître  sous  le 
titre  de  :  Deuxième  supplément  à  la  Petite  Flore  des  Cham- 
pignons les  plus  vulgaires,  publiée  en  1903,  et  qu'il  met 
gracieusement  à  la  disposition  des  personnes  présentes. 
Notre  distingué  collègue,  qui  s'est  voué,  avec  une  ardeur 

S.H.N.  1906.  12 


—  178  — 

infatigable,  à  la  vulgarisation  de  la  mycologie,  résume  de 
la  façon  la  plus  simple  et  la  plus  précise,  en  deux  leçons 
de  seize  pages,  les  notions  élémentaires  indispensables 
pour  aborder  l'étude  des  Champignons,  surtout  au  point  de 
vue  pratique.  On  ne  saurait  trop  en  recommander  la 
lecture. 

De  M.  E.  Chassignol,  instituteur  adjoint  à  Pouilloux 
(Saône-et-Loire),  deux  spécimens  de  Oui,  récoltés  l'un  sur 
un  Chêne  pédoncule,  l'autre  sur  un  Noisetier,  au  Heu  dit 
la  Forêt,  commune  de  Pouilloux,  et  au  sujet  desquels 
M.  Chassignol  nous  a  adressé  une  note  détaillée  et  inté- 
ressante que  l'on  trouvera  plus  loin. 

M.  le  président  remercie  tous  les  donateurs. 

Correspondance. 

La  correspondance  comprend  : 

1°  Une  lettre  de  l'Académie  de  Mâcon  accompagnant 
l'envoi  du  tome  IX  de  la  3e  série  de  ses  Annales  ainsi  que 
la  médaille  de  son  Centenaire,  dont  l'avers  porte  l'effigie 
de  son  nouveau  jeton  de  présence. 

2°  Une  lettre  de  M.  Francis  Pérot,  de  Moulins,  annonçant 
le  prochain  envoi  d'une  statistique  faite  scrupuleusement 
par  le  Dr  Boratton,  de  1786  à  1816,  sur  l'état  de  la  tempé- 
rature, les  pressions  atmosphériques,  les  tremblements  de 
terre,  orages,  inondations,  sécheresses,  etc. 

3°  Une  convocation  de  la  Société  des  sciences  histo- 
riques et  naturelles  de  Semur,  invitant  la  Société  à  prendre 
part  à  la  grande  réunion  quelle  tiendra  à  Alise  le  13  sep- 
tembre prochain,  sous  la  présidence  de  M.  Cagnat,  membre 
de  l'Institut,  professeur  au  Collège  de  France  et  président 
de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  Le  pro- 
gramme  de  cette  excursion  est  joint  à  la  convocation. 

4°  Une  lettre  circulaire  du  ministre  de  l'Instruction 


—  179  — 

publique  annonçant  que  le  prochain  Congrès  des  Sociétés 
savantes  s'ouvrira  à  Montpellier  le  2  avril  1907.  Des  pro- 
grammes de  ce  congrès  sont  tenus  à  la  disposition  des 
intéressés  qui  devront  envoyer  leurs  mémoires  au  cinquième 
bureau  de  la  direction  de  l'Enseignement  supérieur  avant 
le  7  janvier  1907. 

5°  Une  lettre  de  M.  le  supérieur  du  petit  Séminaire 
d'Autun  remerciant  la  Société  du  prix  accordé  au  cours  de 
sa  dernière  réunion  à  l'élève  de  cet  établissement  qui  se 
sera  le  plus  distingué  dans  l'étude  des  sciences  naturelles. 

M.  Grand'Eury,  correspondant  de  l'Institut  et  professeur 
honoraire  à  l'École  des  Mines  de  Saint-Étienne,  qui  assiste 
à  la  réunion,  veut  bien  prendre  la  parole  pour  nous  entre- 
tenir des  recherches  qu'il  poursuit  sur  les  graines  fossiles 
des  terrains  permiens  et  carbonifères.  Ces  graines  abondent 
dans  le  banc  de  schiste  supérieur  au  boghead  des  conces- 
sions de  Margenne  et  des  Thelots,  et  il  ne  paraît  pas  dou- 
teux qu'elles  doivent  être  rapportées  aux  Callipteris  qui 
constituent  la  flore  fossile  principale  de  ces  gisements. 
Leur  structure  se  rapproche  de  celles  des  graines  de  Cyca- 
dées  et  de  Conifères,  et  tendrait  à  démontrer  que  les 
Callipteris  ne  sont  pas  des  Fougères,  comme  on  l'a  cru  jus- 
qu'ici, mais  des  végétaux  d'une  organisation  supérieure, 
de  la  classe  des  Gymnospermes.  M.  Orand'Eury  a  trouvé, 
tant  sur  place  que  dans  nos  collections,  de  précieux  maté- 
riaux qu'il  se  propose  d'étudier,  et  promet  très  gracieuse- 
ment de  réserver  à  nos  Bulletins  les  prémices  de  ses 
travaux  à  ce  sujet,  ce  dont  M.  le  président  prend  acte,  en 
remerciant  M.  Grand'Eury  de  sa  très  intéressante  causerie. 

Il  est  donné  lecture  de  notes  lithologiques  sur  les  environs 
de  Grury  et  d'Issy-l'Ëvêque,  que  M.  de  Chaignon  a  envoyées 
en  s'excusant  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réunion. 

M.  le  docteur  Gillot  donne  lecture  des  communications 
suivantes  : 


—  180  — 
Note  sur  un  Gui  de  Chêne  et  un  Gui  de  Noisetier 

trouvés  à  la  Forêt,  commune  de  Pouilloux  (S.-et-L.) 

Le  Gui,  Viscum  album  L.,  est  connu  dans  le  Charollais 
sous  le  nom  vulgaire  de  Livet,  Lavêtche.  Nous  ne  reviendrons 
pas  sur  l'histoire  du  Gui  que  les  légendes  bien  connues 
ont  fait  classer,  depuis  l'antiquité,  parmi  les  plantes 
c  fastes  ».  Il  en  a  déjà  été  question,  à  plusieurs  reprises, 
dans  les  Bulletins  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun, 
et  la  dispersion  du  Gui  par  les  oiseaux  viscivores,  merle, 
grive,  draine,  etc.,  a  été,  notamment,  parfaitement  étudiée 
par  M.  Gagnepain  (Bull.  Soc.  hist.  nat.  Autun,  X  (1897),  2, 
p.  146.)  C'est  une  erreur  de  croire  que  les  graines  gluantes 
de  Gui,  transportées  par  les  oiseaux,  s'implantent  de  pré- 
férence sur  les  vieux  arbres,  à  écorce  crevassée.  M.  E. 
Spalikowski  qui,  dans  un  excellent  article,  a  résumé  nos 
connaissances  actuelles  sur  «  la  Question  du  Gui  »  {Revue 
scientifique),  4e  série,  t.  XIX,  numéro  du  21  janvier  1903, 
p.  144),  établit,  au  contraire,  c  qu'une  écorce  lisse  et  vivace 
est  nécessaire  pour  la  germination  des  graines  ;  les  pluies 
abondantes  leur  sont  nuisibles  en  les  faisant  glisser  de  la 
branche  et  tomber  sur  le  sol.  »  On  a  discuté  également 
l'influence  du  Gui  sur  son  support,  et  quelques  observateurs, 
en  voyant  parfois  des  pousses  vigoureuses  sur  des  branches 
porte-gui,  et  en  tenant  compte  de  la  teinte  verte  et  de  la 
fonction  chlorophyllienne  persistante  de  ces  arbrisseaux  en 
hiver,  ont  cru  à  une  sorte  de  symbiose  entre  l'arbre  et  son 
épiphyte,  et  contesté  l'action  nuisible  de  celui-ci.  Mais  le 
phénomène  signalé  plus  haut  est  dû  à  un  arrêt  momentané 
de  la  sève  montante  ;  le  Gui  est  bien  un  parasite,  et  son 
influence  néfaste  n'est  pas  douteuse  sur  les  arbres  dont  les 
branches  altérées  finissent  par  mourir.  Aussi  divers  arrêtés 
préfectoraux,  notamment  en  Bretagne  et  en  Normandie,  où 
le  Gui  ravage  les  Pommiers,  en  ont  prescrit  la  destruction, 


—  181  — 

mais  ces  prescriptions  sont  restées,  la  plupart  du  temps, 
lettre  morte,  non  seulement  à  cause  des  difficultés  de 
l'opération,  mais  aussi  à  cause  des  préjugés  anciens  qui 
inspirent  aux  paysans  une  sorte  de  respect  pour  le  Gui, 
auquel  ils  attribuent  des  propriétés  médicinales  ou  des 
vertus  occultes,  comme  d'entraîner  la  mort  de  celui  qui 
arrache  le  Gui  du  chêne,  etc. 

Dans  le  Gharollais,  le  Gui  des  diverses  essences  est 
employé  en  infusion  pour  combattre  l'asthme,  l'épilepsie, 
les  convulsions,  la  danse  de  Saint-Guy,  etc.  On  y  fait 
manger  le  Gui  de  l'aubépine  aux  chèvres  qui  viennent  de 
mettre  bas  pour  les  faire  «  dégarnir  ».  Enfin,  «  à  Noël,  un 
bouquet  de  Gui  placé  dans  un  appartement  porterait  bon- 
heur et  santé  durant  Tannée  suivante,  à  celui  qui  Ta 
cueilli.  » 

On  en  tire  également  de  la  glu,  mais  ces  usages  ont  peu 
d'importance.  On  a  cependant  tenté  d'utiliser  le  Gui  comme 
plante  fourragère,  car,  d'après  les  analyses  de  M.  Gran- 
dèves,  le  Gui  renferme,  suivant  les  essences  qui  le  portent, 
de  9  à  25  °/0  de  matières  azotées.  C'est  celui  du  chêne  qui 
en  renferme  le  plus  ;  mais  c'est  aussi  le  plus  rare.  Le  Gui 
est  facilement  accepté  par  le  bétail,  vaches,  chèvres,  et  ne 
détermine  aucun  des  accidents  dont  on  Ta  parfois  accusé. 
Les  expériences  récentes  de  MM.  Ginieis  et  Ray,  à  l'École 
nationale  de  Grignon,  prouvent  que  sur  une  vache  délicate 
des  rations  fourragères  de  Gui,  portées  de  2  à  6  kilogrammes 
par  jour,  pendant  deux  mois,  n'ont  altéré  en  aucune  façon 
la  sécrétion  du  lait  et  ont  même  augmenté  sa  richesse  en 
beurre.  {Assoc.  fr.  pour  l'avanc1  des  sciences,  34°  session, 
Cherbourg,  1905,  p.  951).  Dans  les  années  de  sécheresse 
et  de  disette  fourragère  comme  celle  que  nous  subissons 
cette  année,  la  récolte  du  Gui  pourrait  donc  procurer  aux 
cultivateurs  un  double  avantage,  celui  de  débarrasser  leurs 
arbres  d'un  parasite  nuisible  et  celui  de  leur  fournir  un 
fourrage  peu  coûteux. 


—  182  — 

bien  que  le  Gui  soit  très  commun,  il  croit  de  préférence 
sur  certains  arbres  :  peupliers,  pommiers,  tilleuls,  robi- 
niers, etc.,  et  ne  se  montre  que  rarement  sur  d'autres.  Les 
enquêtes  qui  ont  été  poursuivies  depuis  quelques  années 
sur  les  arbres  nourriciers  du  Gui  en  ont  singulièrement 
augmenté  la  liste.  On  en  trouvera  les  résultats  dans  la 
Feuille  des  Jeunes  Naturalistes  (années  1891,  1892  et  1895, 
passim),  le  Bulletin  scientifique  du  Bourbonnais  et  du  Centre 
de  la  France  (du  t.  VII,  1894  au  t.  XVII,  1904,  passim),  la 
Revue  scientifique  du  Limousin  (de  1897  à  1902),  etc.  Le 
nombre  en  atteint  actuellement  près  d'une  centaine  d'arbres 
ou  arbustes,  spontanés  ou  cultivés,  des  essences  les  plus 
variées.  Or,  parmi  ces  supports,  le  Chêne  et  le  Noisetier 
restent  relativement  rares,  et  c'est  une  bonne  fortune  pour 
moi  que  d'en  avoir  récemment  rencontré  de  remarquables 
spécimens  dans  notre  région. 

A  propos  de  la  découverte  d'un  Gui  de  chêne,  à  la 
Combe-aux-Loups,  commune  de  Toulon-sur-Arroux  (Saône- 
et-Loire),  par  mon  oncle,  M.  François  Ghassignol,  insti- 
tuteur à  La  Boulaye,  le  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  natu- 
relle d'Autun  (XVI,  1903,  2,  p.  172),  a  rappelé  les  principales 
découvertes  du  Gui  de  chêne  déjà  faites  dans  les  dépar- 
tements voisins,  Côte-d'Or,  Nièvre,  Yonne,  etc.  Elles  sont 
peu  nombreuses,  et  il  y  a  toujours  intérêt  à  signaler  avec 
détails  les  nouveaux  cas  qui  se  présentent. 

Au  commencement  de  l'année  dernière,  le  Gui  de  chêne 
a  été  retrouvé  dans  le  département  de  Saône-et-Loire,  i 
Marcilly-lès-Buxy,  dans  le  bois  de  la  Creppène,  où  des 
bûcherons  en  ayant  aperçu  un  gros  bouquet  sur  un  chêne, 
se  sont  empressés  de  couper  la  branche  où  était  le  Gui  et 
de  l'emporter.  (L'Autunois,  numéro  du  8  février  1905.) 

C'est  M.  Bernard,  fils  d'un  marchand  de  bois  de  Pouil- 
loux,  qui  m'a  signalé  le  Gui  du  chêne  que  je  me  fais  un 
plaisir  d'offrir  à  la  Société  d'histoire  naturelle,  en  raccom- 
pagnant de  cette  petite  note. 


—  183  — 

La  station  de  la  Forêt  est  située  à  environ  2  kilomètres 
au  sud  de  Pouilloux,  canton  de  la  Ouiche  (Saône-et-Loire). 
C'est  un  bosquet  occupant  environ  60  ares  dans  une  dépres- 
sion orientée  du  S.-E.  au  N.-O.,  où  coule  la  a  Raie  d'An- 
drée »,  petit  ruisseau  venant  de  Marizy,  qui  alimente  l'étang 
de  Pierre-Poulain,  de  12  hectares. 

Le  groupe  des  chênes  est  séparé  d'une  forêt  assez  vaste 
par  une  petite  terre  cultivée.  Les  oiseaux  qui  se  rendent 
dans  le  bois  ont  là  un  poste  de  repos  tout  indiqué,  et  c'est 
certainement  à  l'un  d'eux,  venant  de  se  gorger  du  Oui  des 
vergers  voisins,  qu'est  due  l'introduction  du  Gui. 

Le  chêne  porte-gui  est  le  Quercus  pedunculata.  Deux  de 
ses  voisins,  au  nombre  de  six,  sont  de  la  variété  sessiliflora. 
Cet  arbre  est  âgé  d'environ  cinquante  ans,  d'une  hauteur 
de  15  mètres,  remarquablement  droit*  avec  une  circonfé- 
rence de  lm50  jusqu'à  la  naissance  des  grosses  branches  à 
6  mètres  du  sol. 

Deux  touffes  de  Gui  se  trouvaient  sur  le  chêne  ;  la  plus 
élevée  (celle  que  j'ai  cueillie),  était  placée  presque  à  la  cime, 
à  12  mètres  de  hauteur.  La  branche  nourricière  est  inclinée 
vers  le  ruisseau  et  se  détache  nettement  de  ses  voisines. 

La  seconde  touffe  demeurée  sur  l'arbre  est  située  sur 
une  branche  ayant  exactement  50  centimètres  de  circonfé- 
rence, à  environ  8  mètres  du  pied. 

Il  est  à  remarquer,  conformément  à  l'opinion  rappelée 
plus  haut,  que  ces  deux  touffes  de  Gui  n'ont  pas  dû  s'enra- 
ciner dans  une  crevasse  de  l'écorce  ;  le  chêne  porte-gui  est 
plus  vigoureux  et  plus  haut  que  ses  voisins  pour  la  plupart 
malades. 

La  station  semble  bien  placée  pour  le  repos  des  oiseaux 
et  par  suite  pour  la  dissémination  du  Gui,  ce  qui  nous 
explique  pourquoi,  à  environ  trois  cents  mètres  sur  le  chemin 
de  la  Forêt  à  Pierre-Poulain,  nous  en  avons  rencontré  une 
jolie  touffe  sur  un  Noisetier.  C'est,  je  crois,  la  première  fois 
que  le  Gui  est  signalé  sur  cet  arbre  dans  notre  département. 


—  184  — 

Il  est,  du  reste,  fort  rare  partout,  car  dans  une  liste 
dressée  par  B.  Gaspard  des  arbres  nourriciers  du  Gui, 
clans  le  centre  de  la  France,  sur  vingt-neuf  espèces  énumé- 
rées,  le  pommier  est  le  premier  et  le  noisetier  le  vingt- 
huitième  (Revue  scientifique  du  Limousin,  VIII  (1900),  p.  367). 
M.  Guérin  a  signalé  et  figuré,  dans  le  même  recueil,  un 
cas  de  Gui  croissant  sur  le  Coudrier  au  Mesnil-Thébault 
(Manche),  et  M.  Strich  en  a  vu  deux  autres  exemples  dans 
le  Doubs. 

Notre  Noisetier  de  la  Forêt  (Corylus  Avellana),  est  âgé 
d'environ  vingt  ans  ;  il  mesure  24  centimètres  de  tour  au 
pied,  et  la  branche  porte-gui,  très  vigoureuse,  a  9  centi- 
mètres de  circonférence.  —  Il  est  à  supposer  que  ce  Gui 
provient  de  deux  pommiers  voisins  qui  sont  couverts  de 
touffes  identiques. 

Nous  devons  à  notre  excellent  ami,  A.  Dumoux,  les  pho- 
tographies de  ces  deux  Guis,  dont  on  peut,  croyons-nous, 
fixer  Tâge  à  quatorze  ans  environ  pour  celui  du  Chêne  et  à 
six  ans  pour  celui  du  Noisetier,  la  branche  de  chêne  parais- 
sant avoir  vingt-deux  ans  et  celle  du  coudrier  dix  ans, 
d'après  le  compte  des  cercles  annuels  d'accroissement  sur 
la  coupe  de  embranches. 

Si  le  Gui  du  chêne  est  rare,  de  même  que  celui  du  noi- 
setier, ils  ne  sont  pas  introuvables,  et  je  me  suis  demandé, 
en  cueillant  moi-même  un  nouveau  Gui  de  chêne  à  Pouil- 
loux,  deux  ans  après  que  mon  oncle  Chassignol,  de  la  Bou- 
laye,  en  avait  trouvé  un  à  Toulon-sur-Arroux,  si  certaines 
familles,  peut-être  descendantes  des  Druides,  n'avaient  pas 
hérité  de  quelques  dispositions  particulières  pour  le  décou- 
vrir. On  serait  tenté  de  le  croire,  en  admettant  que  le  nom 
de  Chassignol  vient  de  Cassanos,  cassinoialum,  au  sens  de 
Chênaie  ! 

Etienne  CHASSIGNOL, 

Instituteur  adjoint  à  Pouilloux. 


—  185  — 


Notre  collègue,  M.  Q.  Ormezzano,  nous  a  envoyé  une 
boite  de  feuilles  de  Tilleul  desséchées,  cueillies  par  lui,  le 
26  juillet  dernier,  sur  la  promenade  publique  de  Marcigny, 
avec  la  note  suivante  : 


La  «  Grille  »  des  Tilleuls. 

Noire  superbe  promenade  plantée  de  Tilleuls,  à  Marci- 
gny, a  été  dévastée  par  l'action  d'un  Puceron  terrible  qui, 
en  trois  semaines,  a  changé  la  verdure  des  feuilles  en  un 
ton  roussi,  rappelant  le  passage  du  feu.  Les  feuilles  ont 
commencé  par  être  littéralement  couvertes  de  ce  petit 
puceron  vert,  visible  même  à  l'œil  nu,  et  qui  s'est  propagé 
en  quantité  innombrable.  Il  doit  se  nourrir  du  suc  de  la 
feuille  ou  de  la  chlorophylle,  car  la  feuille  n'est  pas  déchi- 
quetée et  mangée  dans  le  sens  du  mot;  elle  est  sucée,  et, 
de  plus,  les  parties  non  colorées  en  vert,  comme  les  brac- 
tées, ne  sont  pas  attaquées.  Il  ne  semble  pas  y  voir  de 
traces  de  miellat,  comme  dans  certains  cas,  mais  en  revan- 
che on  voit  de  nombreuses  Coccinelles  à  la  chasse  des 
pucerons. 

L'attaque  s'est  faite  au  bas  des  branches  les  plus  rappro- 
chées de  terre;  puis,  chaque  jour,  on  voyait  graduellement 
monter  le  fléau.  Quelques  arbres  ont  été  complètement 
roussis  et  n'ont  pas  conservé  une  seule  feuille; d'autres, qui 
semblaient  avoir  résisté  tout  d'abord,  ont  été  atteints  à 
leur  tour,  et  la  marche  du  mal  n'en  a  été  que  plus  rapide. 
Cependant)  chez  la  plupart  des  arbres,  qui  sont  taillés,  et 
dont  les  branches  ou  pousses  ont  trois  ans  d'âge,  l'extré- 
mité des  rameaux  supérieurs  a  conservé  quelques  feuilles 
vertes,  et,  depuis  le  milieu  d'août,  malgré  la  continuation 
de  la  haute  température,  ces  feuilles  n'ont  pas  été  attaquées, 


—  186  — 

et,  de  plus,  à  l'extrémité  de  quelques  branches  inférieures 
ont  repoussé  des  feuilles  nouvelles  d'un  vert  tendre  comme 
au  printemps,  ce  qui  donne  en  ce  moment  aux  arbres  un 
aspect  bizarre. 

M.  Alex,  cafetier  à  Marcigny  et  très  observateur,  se  sou- 
vient d'avoir  vu  le  même  phénomène  se  reproduire  i  trois 
ou  quatre  reprises  depuis  quarante  ans  ;  et  les  gens  du  pays 
qui  attribuent,  trop  exclusivement  selon  moi,  la  maladie  à 
la  sécheresse,  à  l'action  du  soleil,  l'appellent  «  la  grille  ». 

Mon  ami,  M.  Morel,  directeur  du  laboratoire  agricole  de 
Charlieu  (Loire),  auquel  j'ai  soumis  le  cas,  veut  bien 
admettre  l'action  nuisible  des  pucerons,  mais  par  la  produc- 
tion de  miellat  et  consécutivement  de  la  «  fumagine  », 
maladie  cryptogamique,  causée  par  un  petit  champignon, 
le  Capnodium  Tiiix  Fuck.  (C.  Persoonii  Auct.  non  Berkl.), 
qui  ne  se  développe  en  général  que  sur  le  miellat  provoqué 
par  les  attaques  d'insectes. 

Le  remède,  dans  tous  les  cas,  serait  d'empêcher,  dès  le 
début,  l'invasion  des  pucerons,  par  des  pulvérisations  sur 
les  feuilles  du  Tilleul  avec  une  solution  de  nicotine. 

Q.  ORMEZZANO. 


M.  le  Dr  Oillot,  qui  a  examiné  avec  soin,  les  feuilles 
envoyées  par  M.  Q.  Ormezzano,  a  constaté  la  présence  sur 
leur  face  inférieure  de  nombreuses  dépouilles  ou  cadavres 
du  «  Puceron  du  Tilleul  »,  mais  sans  miellée  et  surtout 
sans  traces  de  fumagine,  facilement  reoonnaissable  à  son 
enduit  noirâtre  et  à  ses  caractères  microscopiques,  et  qui, 
du  reste,  semble  assez  rare  sur  le  Tilleul. 

Il  rappelle  que  la  question  de  la  miellée  ou  du  miellat  des 
plantes  a  occupé  à  plusieurs  reprises  l'attention  delaSooiété, 
et  que  l'effet  de  la  chaleur  prolongée  ne  suffit  pas  à  l'expli- 


—  187  — 

quer,  puisqu'elle  semble  faire  défaut  dans  le  cas  actuel1. 
Dans  un  voyage  récent,  24  août,  i  Moulins-sur-Àllier,  il 
a  remarqué  que  les  Tilleuls  des  promenades  avaient  perdu 
leurs  feuilles,  comme  i  Marcigny,  et  que  les  feuilles  tom- 
bées portaient  également  les  dépouilles  des  nombreux 
pucerons.  À  Autun,  rien  de  semblable  ne  s'est  produit  ;  les 
Tilleuls  de  nos  promenades  et  de  nos  jardins  ont  gardé 
leurs  feuilles,  malgré  l'altération  et  la  dessiccation  d'un 
grand  nombre  d'entre  elles,  mais  avec  un  tout  autre  aspect 
que  dans  le  cas  qui  nous  occupe.  Il  partage  donc  tout  à  fait 
l'opinion  de  M.  Ormezzano  :  les  pucerons,  en  pullulant  sur 
certains  points,  ont  sucé,  absorbé  et  détruit  la  chlorophylle 
des  feuilles  des  Tilleuls,  et  déterminé  leur  asphyxie  ;  l'in- 
solation continue  et  la  chaleur  qui  a  été  rapide,  excessive 
et  prolongée  cette  année  depuis  le  commencement  de 
juillet,  atteignant  +  30*  et  plus,  a  desséché  et  littéralement 
grillé  ces  feuilles  et  leurs  parasites  avant  même  la  pro- 
duction de  la  miellée  et  de  ses  suites  habituelles.  Il  serait 
intéressant  de  savoir  si  des  observations  analogues  ont  été 
faites  ailleurs.  Remarquons,  en  outre,  qu'il  s'agit  seule- 
ment du  Tilleul  i  larges  feuilles  (Tilia  grandi  folia  Ebrh.), 
le  plus  habituellement  planté  sur  les  avenues,  les  autres 
espèces  résistant  davantage  aux  pucerons  soit  par  la  dureté 
de  leur  épiderme  (Tilia  parvi folia  Ehrh.),  soit  par  la  pré- 
sence de  poils  feutrés  i  la  faoe  inférieure  des  feuilles  (Tilia 
argenUa  DC). 


I.  Voy*i  Butt.  Soc.  hiêt.  nat.  Autun,  VU.  Procès»  Vertau  dMaéaoo»  <to  1M3, 
pp.  99,  111;  VIII,  Procèt-V«rbaiu  d»  •éaaces  d«  1894.  p.  74;  X(tS97),  ï,  p.  Ut, 


—  188  — 


Recherches  sur  la  présence  de  coquilles 

d'huîtres  et  d'autres  mollusques  marins  dans  les  ruines 

gallo-romaines  du  centre  de  la  Gaule. 

Nous  avons  toujours  été  vivement  frappé,  en  voyant 
surgir,  au  cours  de  fouilles  qui  se  pratiquaient  dans  les 
ruines  gallo-romaines,  des  amas  parfois  considérables  de 
coquilles  d'huîtres,  bien  que  ces  ruines  se  trouvassent  au 
centre  dé  la  Gaule  ou  dans  des  contrées  souvent  fort  éloi- 
gnées des  littoraux  maritimes.  Nous  avons  réuni  plusieurs 
de  nos  observations,  et  ce  sont  ces  notes  dont  le  groupe- 
ment formera  le  sujet  de  cette  étude,  bien  susceptible  d'un 
plus  grand  développement. 

Plus  d'un  archéologue  a  déjà  disserté  sur  la  présence 
de  ces  amas  de  coquilles  d'huitres  avoisinant  les  ruines 
des  villas  ou  des  cités  gallo-romaines,  véritables  Kjockken- 
moeddings  relativement  récents,  qui  témoignent  non  pas  de 
la  satisfaction  d'un  appétit  naturel,  mais  d'un  raffinement 
caractéristique  que  l'art  culinaire  réservait  aux  gourmets 
tels  que  l'étaient  ces  Romains,  conquérants  des  Gaules, 
qui  ont  importé  dans  le  pays  des  vaincus  la  licence  des 
mœurs,  l'orgie,  la  bestialité,  tels  que  ces  vices  se  prati- 
quaient à  Rome  et  dans  toute  retendue  de  l'Empire. 

Bien  au  delà  de  la  conquête  des  Gaules,  même  aux  temps 
préhistoriques,  les  mollusques  étaient  recherchés,  non,  cette 
fois,  comme  une  contribution  à  l'alimentation  mais  comme 
Un  objet  de  parure  et  peut-être  aussi  comme  une  monnaie 
d'échange.  Une  certaine  quantité  de  bivalves  percés  pou- 
vaient appartenir  à  des  colliers,  former  des  pendeloques, 
des  amulettes,  car,  dès  la  plus  haute  antiquité,  comme  de 
nos  jours,  l'humble  coquille  marine,  et  même  fluviatile,  a 
joué  un  rôle  ethnique  dans  l'histoire  des  peuples.  Beaucoup 
de  tribus  encore  sauvages  s'en  servent  actuellement  comme 


—  189  — 

ornementation,  objet  de  parure,  puis  aussi  comme  d'un 
moyen  d'échange  ;  rappelons  encore  que  les  monnaies  cou- 
rantes des  Chinois  sont  percées  d'un  trou  au  centre  pour 
être  plus  facilement  rassemblées  et  conservées  par  ce 
peuple  où  les  pratiques  comme  les  usages  s'immobilisent 
depuis  de  longs  siècles. 

Plus  tard,  le  moyen  âge  a  fait  des  coquilles  un  symbole 
chrétien,  et  à  ce  sujet,  nous  renvoyons  aux  savantes  disser- 
tations de  Mgr  Crosnier1,  de  l'abbé  de  Martigny2,  du 
savant  abbé  Cochet,  etc. 3 

Temps  préhistoriques. 

La  plupart  des  tribus  des  temps  préhistoriques  ont  laissé, 
elles  aussi,  des  amas,  parfois  d'immenses  dépôts  de  mollus- 
ques, que  l'on  retrouve  en  nombre  si  considérable  sur  les 
côtes  du  Danemark,  et  connus  sous  le  nom  de  Kjockkenmoed- 
dings  (rebuts  de  cuisine),  mais  ceux-là  attestent  non  pas  le 
sensualisme,  mais  seulement  le  besoin  de  vivre  pour  ces 
tribus  de  pêcheurs  ;  on  rencontre  fréquemment  dans  ces 
dépôts  des  silex  ouvrés  appartenant  au  paléolithique. 

Mais  rien  de  plus  naturel  que  de  rencontrer  ces  débris 
de  cuisine  sur  les  littoraux.  Citons  maintenant  les  localités 
du  continent  où  des  coquillages  marins  ont  été  découverts. 

Dans  la  caverne  de  la  Roche,  à  Besson,  non  loin  de  Mou- 
lins, plusieurs  sépultures  avec  silex  néolithiques  y  ont  été 
découvertes.  Les  cadavres  humains  reposaient  étendus, 
ayant  chacun  une  grosse  pierre  plate  sous  la  tête4;  la  faune 
a  fourni  des  andouillers  de  cerf,  puis  des  coquilles  marines, 
les  unes  appartenant  au  genre  Purpura  Lapillus,  qui  est 
exclusivement  océanique,  d'autres  étaient  des  Pectunculus 


1.  Iconographie  chrétienne,  29  édition,  Tours,  Marne,  1876. 

2.  Dictionnaire  des  antiquités  chrétiennes,  Paris,  Hachette,  1665,  grand  in-8*, 
p.  178. 

3.  Normandie  souterraine,  Paris,  Derache,  1855,  p.  273-Î75. 

4.  Revue  scientifique  du  Bourbonnais,  VI*  année,  1893,  p.  74. 


—  190  — 

glycimeris,  bivalves  tout  à  la  fois  océaniques  et  méditerra- 
néens. Ces  coquilles  étaient  percées  pour  la  plupart. 

Dans  plusieurs  fonds  de  cabanes  néolithiques  explorés 
par  M.  de  Saint- Venant,  en  Italie  ',  cet  archéologue  y  trouva 
une  écaille  d'huître  perlière,  polie,  qui  n'a  ses  congénères 
que  dans  l'océan  indien.  C'était  bien  là  une  importation. 

Les  fouilles  de  l'allée  de  F  argues,  dans  l'Aveyron,  ont 
fait  découvrir  des  croissants  taillés  dans  la  nacre  de  coquilles 
d'huîtres,  plusieurs  perles  en  test  de  coquilles  marines, 
une  dent  de  sanglier,  des  dents  percées,  une  hache  en 
pierre  polie. 2 

Dans  le  dolmen  de  la  Tascherie,  près  de  Milhau,  de 
semblables  pendeloques  ont  été  trouvées,  ainsi  que  sous 
le  mégalithe  de  Couriac,  où  un  collier  était  formé  de  perles 
de  cardium. 3 

M.  l'abbé  Poulaine  a  découvert  une  coquille  percée,  la 
Purpura  Lapillus,  dans  la  grotte  de  Saint-Joseph,  à  Saint- 
More  (Yonne),  ayant  le  Moustier  pour  caractéristique. 4 

Une  valve  de  Pétoncle  portant  un  trou  de  suspension  a 
été  trouvée  à  Laugerie-Haute,  commune  de  Tayac  (Dor- 
dogne),  associée  aux  silex  gisant  avec  des  débris  de  mam- 
mouth, d'hyène,  etc. 

Dans  la  caverne  du  Trou-du-Frontal,  à  Furfooz,  Dupont 
a  retiré  les  débris  d'un  vase  en  terre  grise,  de  nombreux 
silex  taillés,  divers  ornements  en  fluorine  et  une  très  grande 
quantité  de  coquilles  bivalves,  la  plupart  perforées. 5 

Beaucoup  de  dolmens  de  France  ont  fourni  des  esquilles 
et  des  coquilles  marines. 

Bien  que  ces  coquilles  si  diverses,  recueillies  dans  les 


1.  De  Saint- Venant,  Fondé  de  cabanes  néolith.,  Bourges,  Tardy,  1893,  p.  17. 

2.  Matériaux  pour  êervir  à  Vhiatoire  de  l'homme,  1876,  p.  27,  ibid.,  p,  6,  87 
et  617. 

3.  Matériaux,  1876,  p.  517. 

4.  L'Homme  préhistorique,  1904,  mai,  p.  152. 

5.  Salomon  Reinach,  Catalogue  de$  antiquitia  nationale*  du  muaéa  de  Saint- 
Germain,  p.  214. 


yi&r 


—  191  — 

grottes,  dans  les  cavernes  ou  dans  les  dolmens,  ne  semblent 
avoir  été  utilisées  que  pour  la  parure  ou  comme  talismans, 
^  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'elles  ont  été  importées  des 
',Lr  mers  lointaines  à  une  époque  où  les  chemins  étaient  à 
peine  indiqués.  C'est  donc  à  la  suite  de  migrations  qui  se 
sont  établies  aux  temps  paléolithiques  et  néolithiques,  que 
ces  coquilles  marines  ont  été  importées  dans  le  pays  qui 
fut  ensuite  les  Gaules,  pour  servir  de  bijoux,  de  talismans, 
et  que  Ton  retrouve  encore  assez  fréquemment. 
a*  Il  nous  a  paru  nécessaire  de  citer  plusieurs  auteurs  de 

l'antiquité  et  des  temps  modernes,  qui  ont  parlé  de  la 
de  ï  grande  consommation  d'huîtres  qui  se  faisait  de  leur  temps 
as  en  Italie  comme  en  Gaule;  nous  avons  avantageusement 
forx:         utilisé  leur  témoignage  comme  leurs  descriptions. 

D'après  Suétone1,  «  les  conquérants  avaient  l'habitude 
de  faire  transporter  l'eau  de  la  mer  dans  les  naumachies 
de  leurs  cirques,  où  des  monstres  marins  nageaient  dans 
l'eau  de  mer  :  Exhibiit  et  naumacliiam  marina  aqua  in  nau- 
tibus  bellicis.  Ils  pouvaient  bien  alors  faire  pour  leur  ventre 
ce  qu'ils  faisaient  pour  leurs  yeux  ;  gourmands  comme  ils 
l'étaient,  ces  Luoullus  se  donnaient  le  luxe  d'entretenir 
des  parcs  à  huîtres  avec  l'eau  de  mer,  et  tout  porte  à  croire 
que  ces  grands  amas  de  coquilles  d'huîtres  que  l'on  trouve 
dans  presque  toutes  les  ruines  romaines,  étaient  entrete- 
nues dans  les  villas  à  l'aide  de  l'eau  de  mer;  du  reste,  les 
Gaulois  asservis  étaient  là  pour  faire  cette  besogne. 

Sergius  Orata  fut  le  premier  qui  fit  construire  des  réser- 
voirs pour  entretenir  les  huîtres  fraîches  à  Baîa,  où  il  fit 
bâtir  un  palais.  C'est  là  qu'il  rassemblait  ses  amis  exprès 
pour  y  manger  les  huîtres  qu'il  y  engraissait. 

Vitellius  en  mangeait  de  quatre  à  cinq  fois  par  jour.  Les 
dames  romaines  suivaient  cet  exemple. 

Les   huîtres  les  plus   estimées    étaient  celles    qui    se 

1.  Suet.  tfer.,  XVI,  p.  313. 


/>î 


dé." 


;s 


—  192  — 

péchaient  à  Lucrin,  à  Brindes,  à  Tarente  ;  Néron  leur  pré- 
férait celles  de  Circé,  que  les  fins  gourmets  reconnais- 
saient au  premier  coup  de  dent1.  Et  dans  leurs  voyages,  ils 
ne  manquaient  pas  de  s'arrêter  dans  les  lieux  réputés  pour 
la  qualité  de  leurs  huîtres. 

Pline2  dit  que  les  gastronomes  romains  ne  reculaient 
devant  aucune  dépense  pour  faire  arriver  à  grands  frais 
des  poissons  péchés  sur  les  côtes  d'Espagne,  tels  que  des 
scombres  ou  maquereaux  dont  le  sang  et  les  entrailles 
entraient  dans  la  composition  d'une  saumure  appelée 
gai*umy  avec  laquelle  ils  se  faisaient  servir  des  huîtres  ;  et 
que  trois  litres  de  cette  saumure  coûtaient  deux  mille  pièces 
d'argent. 

Manlius  3  et  plusieurs  auteurs  ont  écrit  que  les  huîtres 
subissaient  les  influences  lunaires  : 

Sic  submersa  fretis  concharura  et  carcere  clausa, 
Ad  lunae  partum  variant  animalia  corpus. 

Horace  ajoute  : 

Lubrica  nascentes  implant  conchylia  lunœ. 4 

Plus  près  de  nous,  un  archéologue  autorisé,  A.  Lièvre, 
publiait  dans  la  Revue  archéologique  un  article  sur  plusieurs 
parcs  à  huîtres  qu'il  avait  remarqués  en  Aquitaine,  pour  la 
culture  des  huîtres  en  eau  douce. 5 

Le  Clerc,  dans  son  Manuel  de  l'amateur  d'huîtres 6, 
expose  que  les  anciens  avaient,  pour  conserveries  huîtres, 
des  moyens  qui  ne  sont  pas  parvenus  jusqu'à  nous.   Ils 


1.  Jtiv.,Ub.  I,  Sat.  iv. 

2.  PI.,  Hiêt.  nat.  liber  XXXI,  c.  7,  et  lib.  XXXII,  cap.  6. 

3.  AKr.,  lib.  II. 

4.  Satire  du  livre  II. 

5.  Les  huîtres  nourries  en  eau  douce  dans  l'ancienne  Aquitaine.  Problème  d'ar- 
chéologie et  de  zooétique.  1883.  Rev.  arcfe.  second  semestre,  p.  102. 

6.  Paris,  Palais-Royal.  Galerie  de  Pierres,  165-186,  1828,  p.  39.  Rare  opuscule, 
planche  coloriée. 


—  193  — 

connaissaient  et  employaient  ces  moyens.  Comment  Apicius 
aurait-il  pu  envoyer  ces  mollusques  d'Italie  en  Perse  à 
l'empereur  Trajan  qui  s'y  trouvait? 

Époque  gallo-romaine*  —  Gaule. 

La  présence  si  importante  de  valves  d'huîtres  (Ostrea) 
dans  la  plupart  des  villes  antiques  fait  supposer  un  grand 
luxe  de  table  que  les  conquérants  introduisirent  dans  les 
Gaules.  Quand  on  retrouve  dans  ces  nombreuses  ruines  les 
plus  beaux  marbres  importés  d'Italie  pour  en  orner  les 
temples  ou  leurs  somptueuses  demeures,  on  peut  bien  leur 
prêter  le  luxe  d'y  avoir  fait  transporter  ces  huîtres  fraîches 
dans  des  récipients  remplis  d'eau  de  mer,  et  pouvait-il  en 
être  autrement?  Ces  amas  des  plus  considérables  d'huîtres 
permettent  de  supposer  que  leur  consommation  en  était 
presque  générale  à  en  juger  par  ce  qu'il  en  reste,  et  n'y  en 
a-t-il  point  encore  à  découvrir? 

En  outre  des  huîtres,  l'on  retrouve  avec  elles  des  moules, 
des  clovis,  des  peignes  ou  pectens,  etc. 

Moulins.  —  La  villa  des  Champins,  fouillée  par  M. 
Bertrand,  a  révélé  une  certaine  quantité  de  coquilles 
d'huîtres. 

Yzeure.  —  Lors  de  la  pose  des  conduites  d'eau  des 
réservoirs  de  Bardon  à  l'asile  des  aliénés,  les  tranchées 
fort  profondes  ont  mis  à  découvert  une  quantité  de  débris 
gallo-romains  sur  les  hauteurs  de  Saint-Bonnet,  tels  que 
vases,  statuettes  en  terre  blanche,  tuiles  à  rebords,  médailles 
en  bronze  du  haut  Empire,  etc.;  parmi  ces  débris,  étaient 
de  nombreuses  coquilles  d'huîtres,  de  grandes  dimensions, 
mesurant  0,92m,  0,95m  et  105m  de  diamètre  ;  leur  poids  était 
de  0,77 ,r,  114  et  160grl.  Ces  dimensions  accusent  des  sujets 
assurément  choisis  avant  d'être  transportés  dans  cette 
région  du  centre,  si  éloignée  du  littoral. 

1 .  Nos  collections. 

S.H.N.  1906.  13 


—  194  — 

• 

Les  fouilles  pratiquées  il  y  a  cinquante  ans  environ  à 
Plaisance,  dans  cette  même  commune,  ont  révélé  de 
somptueuses  villas;  parmi  les  débris  de  marbres,  de  pote- 
ries, se  trouvaient  de  nombreuses  coquilles  d'huîtres.  Enfin, 
en  1904,  au  cours  de  divers  travaux  nécessites  pour  la 
plantation  d'une  vigne  dans  le  voisinage  immédiat  de  ces 
antiques  villas,  Ton  mit  à  découvert  deux  larges  bassins 
entièrement  bétonnés  et  enduits  d'un  ciment  rouge  très 
résistant,  obtenu  par  la  pulvérisation  de  briques  et  de  mor- 
tier gras.  Ces  bassins  mesuraient  environ  2m25  sur  chaque 
face,  sur  une  profondeur  de  0m55  environ;  à  en  juger  par 
ce  qui  en  restait,  certaines  parties  demeurées  intactes  sem- 
blaient de  facture  récente.  N'était-ce  point  des  viviers 
destinés  à  conserver  ou  à  nourrir,  soit  avec  l'eau  de  mer 
apportée,  soit  avec  de  l'eau  douce,  des  huîtres  dont  les 
écailles  gisaient  dans  les  ruines  de  ces  villas. 

Ghassenard.  —  Parmi  les  débris  et  les  substructions 
antiques  qui  abondent  à  Ce,  des  coquilles  d'huîtres  ont  été 
reconnues  en  assez  grande  quantité. 

Néris.  —  L'on  ne  pouvait  manquer  de  retrouver  des 
huîtres  dans  les  ruines  de  l'antique  cité  thermale.  L'abbé 
Forichon  a  découvert  lui-même  avec  des  andouillers  de  cerf, 
des  tests  de  grosses  tortues  [Trionix],  une  quantité  considé- 
rable de  coquilles  d'huîtres  des  côtes  de  la  Méditerranée, 
dont  beaucoup  étaient  encore  fermées. 

«  Leur  présence  ici  prouve  une  communication  avec  la 
mer,  ainsi  que  la  rapidité  de  leur  transport.  »  { 

Barailon2  dit  à  ce  sujet  que  les  routes  romaines,  établies 
en  Bourbonnais,  étaient  dans  un  bel  état  d'utilisation,  que 
des  relais  de  poste  y  étaient  parfaitement  établis,  et  qu'il 
n'est  pas  étonnant  de  retrouver  dans  toutes  les  villes  et  dans 
les  villas  antiques,  de  ces  immenses  dépôts  d'huîtres,  dont 

t.  Monumenti  de  l'antique  Nirie,  seconde  édition,  1866,  p.  115. 
2.  Recherchée  sur  pluêieure  monumenti  celtiquee  et  romaine,  et  $ur  l'ancienne 
ville  de  Nèriê,  Paris,  Dentu,  1806,  in-8*. 


—  195  — 

les  écailles  forment  des  monceaux  extraordinaires.  Il  ajoute 
que,  pour  les  manger  bonnes,  il  fallait  aller  grand  train  de 
Marennes,  de  la  Rochelle,  grands  centres  de  production  dé 
ces  mollusques  dans  l'antiquité,  à  Néris.  Nous  sommes  loin, 
de  nos  jours,  d'être  à  la  hauteur  de  ces  grands  consom- 
mateurs d'huîtres. 

La  vaux- S  ain  te- Anne.  —  Dans  cette  commune,  sur  les 
confins  du  Berry,  Ton  a  trouvé  en  1835,  dans  un  champ  de 
labour  appelé  Rimare  (Rio-Mer?)  trente-cinq  bivalves  de 
cypris  denté,  Dentale  isocarde;  nous  possédons  une  coquille 
sciée  à  la  charnière.  Ces  belles  coquilles  avaient  dû  être 
importées  en  cet  endroit  à  l'époque  de  la  domination 
romaine. 

Les  moyens  de  transport  étaient  donc  connus,  et  même 
faciles,  puisque  dans  l'étendue  de  la  Gaule  des  mollusques 
comestibles  do  plusieurs  espèces  s'y  retrouvent  parfois 
en  grande  quantité. 

Molles,  près  de  Gusset.  —  Des  coquilles  d'huîtres  ont 
été  recueillies  dans  les  restes  d'habitations  gallo-romaines 
de  la  Couronne.  * 

Hérisson.  —  Des  coquilles  d'huîtres  se  rencontrent 
encore  éparses  sur  le  sol  qui  fut  jadis  l'antique  cité  gau- 
loise de  Cordes  ;  il  s'en  est  rencontré  plusieurs  valves  dans 
les  puits  antiques,  gisant  avec  les  vases  et  les  statères 
en  électrum  au  type  de  Philippe  de  Macédoine. 

Vighy.  —  Sur  tous  les  points  de  cette  antique  cité  ther- 
male, fouillés  pour  l'édification  de  la  ville  moderne,  des 
quantités  de  coquilles  d'huîtres  dont  beaucoup  étaient 
encore  fermées  ont  été  exhumées  de  ce  sol  autrefois  couvert 
d'édifices  grandioses  et  de  villas  somptueuses. 

Les  huîtres  trouvées  fermées  indiquent  certainement 
qu'elles  étaient  entretenues  dans  des  parcs  spécialement 
construits   pour  leur  conservation.    L'on   serait  porté    à 

1.  Bulletin  de  U  Société  d'Émulation  de  l'Allier,  tome  XVI,  1882,  planche. 


—  196  — 

penser  que  les  huîtres  étaient  nourries  dans  ces  viviers  par 
l'eau  salée;  comme  il  fallait  des  transports  spéciaux  pour 
les  amener  dans  les  villes  et  les  villas  éloignées  des  côtes 
huit  ri  ère  s,  rien  ne  coûtait  aux  Lucullus  de  ce  temps  d'y 
faire  transporter  l'eau  de  la  mer,  qui  servait  déjà  à  la  con- 
servation des  mollusques  pendant  leur  voyage. 

Le  peu  d'importance  que  l'on  attachait  à  la  présence  de 
coquilles  d'huîtres  dans  les  découvertes  de  matériaux 
antiques,  dans  les  fouilles,  est  une  cause  que  leur  présence 
n'a  pas  toujours  été  signalée  par  les  fouilleurs  qui  recher- 
chaient tout  autre  chose  que  des  écailles  d'huîtres.  C'est 
une  négligence  regrettable  pour  le  travail  qui  nous  occupe, 
car,  presque  partout  où  se  trouvait  un  établissement  romain 
d'une  certaine  importance,  les  huîtres  devraient  s'y  ren- 
contrer, tant  le  luxe  de  la  table  était  devenu  exagéré. 

Provinces. 

Clermont-Ferrand.  —  Nous  empruntons  aux  Tablettes 
historiques  de  l'Auvergne,  les  indications  suivantes.  ! 

Huîtres  apportées  en  Auvergne  en  grande  quantité  au 
deuxième  et  au  troisième  siècle. 

«  M.  Sauret  a  fait  enlever  pour  le  creusement  de  sa  cave, 
rue  Domat,  à  Clermont,  plus  de  quarante  tombereaux  de 
coquilles  d'huîtres. 

»  Ce  dépôt  coquillier  avait  de  15  à  20  cent,  d'épaisseur;  il 
reposait  directement  sur  le  tuf  qui  sert  de  base  à  la  ville  de 
Clermont;  ce  dépôt  est  très  compact  et  forme  un  magma 
assez  dur.  »  ? 

Mathieu  nous  fournit  sur  ce  sujet,  des  détails  intéressants, 
que  nous  reproduisons. 3 


1.  Bouillet,  Tabietteë  d'Auvergne,  tome  IV,  p.  G68  et  suivantes. 

2.  Une  coupe  de  terrain  indique  la  disposition  et  l'épaisseur  exacte  des  couches. 

3.  Des  colonie»  et  des  voie»  romaine»  en  Auvergne,  mémoire  où  sont  exposées, 
d'après  les  documents,  les  origines  et  l'histoire  primitive  de  la  province. Clermont, 
imp.  de  Thibaud,  1857,  gr.  in-8«  de  560  pages. 


—  197  — 

«  Dans  le  quartier  où  s'élevait  le  temple1,  résidaient 
vraisemblablement  le  collège  des  prêtres  et  le  président 
de  la  province.  Le  sol  recelait  certains  indices  gastrono- 
miques, étrangers  aux  mœurs  des  Arvennes,  mais  fami- 
liers aux  Romains.  Dans  les  décombres  où  gisaient  les 
matériaux  dont  il  a  été  parlé,  il  s'est  rencontré  une  couche 
d'huîtres  de  dix  à  douze  centimètres  d'épaisseur,  sur  une 
surface  d'environ  quatre-vingts  mètres  carrés2;  on  en  avait 
déjà  découvert  une  couche  semblable  sous  la  rue  del'Éclacho, 
près  du  jardin  botanique.  La  plupart  n'avaient  pas  été 
ouvertes. 

o  D'où  provenaient  ces  amas  de  mollusques,  sur  un  ter- 
rain où  Ton  n'avait  encore  remarqué  aucune  trace  de  sédi- 
ment neptunien?  La  question  a  été  diversement  agitée 
dans  le  monde  savant  de  la  province  :  Grammatici  certant. 
Ces  bivalves  avaient-ils  été  conservés  là,  dans  un  vivier 
d'eau  douce,  qu'on  aurait  convertie  en  eau  de  mer  au 
moyen  de  balles  de  sel  ;  ou  bien  ne  serait-ce  qu'un  procédé 
d'assainissement?  car  on  ne  pouvait  pas  en  faire  remonter 
l'origine  au  temps  où  la  Limagne  n'offrait  qu'un  lac  con- 
temporain des  volcans;  c'était  d'ailleurs  un  lac  d'eau  douce. 
Considérée  sous  ce  triple  rapport,  la  difficulté  n'était  pas 
résolue.  Il  fallait  chercher  une  autre  solution,  et  l'on  ne 
pouvait  guère  la  trouver  que  dans  l'hypothèse  d'un  éta- 
blissement colonial. 

d  Les  Romains,  sous  l'influence  de  l'épicuréisme  popula- 
risé par  la  verve  de  Lucrèce,  tenaient  beaucoup  aux  plaisirs 
de  la  table.  Ils  étaient  surtout  friands  de  poissons.  C'était, 
chez  eux,  un  goût  inné.  L'histoire  le  signale  dès  le  berceau 
de  la  Ville  éternelle.  Numa,  pour  diminuer  les  frais  des 
festins  publics  et  privés,  interdit  l'usage  de  quelques  espèces 
de  poissons,  qu'on  achetait  à  des  prix  exorbitants.  Mais 

1 .  Celui  de  Wasso,  dont  la  cathédrale  occupe  remplacement. 

2.  Ce  qui  donnerait  un  volume  de  prè9  de  cent  mètres  cubes,  représentant  la 
charge  de  plus  de  quatre-vingts  chars. 


—  198  — 

son  édit  eut  le  sort  de  toutes  les  lois  somptuaires.  Les 
parcs  d'huîtres,  les  viviers  se  multiplièrent  autour  des 
sept  collines.  Lucullus  fit  raser  une  montagne  pour  amener 
l'eau  de  la  mer  dans  un  de  ses  réservoirs.  Le  grand  Pom- 
pée l'appelait,  pour  cela,  Xerxès  en  toge.  Les  femmes 
mêmes  étaient  devenues  icthyopophages,  et,  d'après 
Sénèque,  elles  tenaient  tête,  dans  les  festins,  aux  plus  intré- 
pides buveurs.  Ce  luxe  de  la  table,  que  le  philosophe 
appelle  le  fléau  de  la  terre  et  des  mers,  fut  poussé  si  loin 
qu'un  surmulet  se  vendit  neuf  mille  sesterces  ou  près  de 
quinze  cents  francs  de  notre  monnaie.  On  cite  un  gour- 
mand qui  engraissait  des  parcs  de  limaçons  avec  du  vin 
cuit,  de  la  farine  et  d'autres  substances;  et,  si  Védius 
Pollon  jetait  ses  esclaves  à  ses  murènes,  Hortensius  en 
aima  une,  dit-on,  au  point  qu'il  en  pleura  la  mort.  À  une 
autre,  la  fille  de  Drusus,  Hortensia,  suspendit  de  riches 
pendants  d'oreille. 

»  Cette  sensualité  révèle,  dans  la  constitution  morale  de 
ce  peuple,  une  lacune  importante,  c'est  qu'au  lieu  de  répri- 
mer les  appétits  sensitifs,  la  loi  leur  laissait  un  libre  essor  ; 
et  les  grands  qui  s'y  abandonnaient  sans  réserve,  aidaient 
ainsi  à  l'une  des  causes  les  plus  actives  de  la  dissolution 
des  empires. 

»  En  prenant  la  pourpre,  Vitellius  fut  invité  à  un  souper, 
dit  Eutrope,  où  l'on  servit  deux  mille  poissons.  Apicius  ne 
semblait  pouvoir  vivre  sans  l'usage  journalier  des  squilles. 

»  L'huître  était  pour  les  Romains  la  reine  des  festins; 
les  rivages  de  l'Italie  n'en  fournirent  plus  assez.  Les 
baies  et  les  rochers  furent  fouillés;  Cyzique,  dans  le 
Pont,  Leptis,  en  Afrique,  Rochester,  dans  la  Grande-Bre- 
tagne, Médoc,  en  Aquitaine,  enfin,  les  côtes  de  la  Méditer- 
ranée, de  l'Euxin  et  le  littoral  de  l'océan  gaulois,  devinrent 
les  grands  centres  de  production  et  de  pêche  de  ces 
bivalves.  » 

M.  Mathieu  établit  que  les  voyages  se  faisaient  très  rapi- 


-  199  — 

dément  des  côtes  de  l'Océan,  de  la  Méditerranée  à  la  capi- 
tale des  Arvernes.  Tibère,  au  rapport  de  Pline,  parcourut 
deux  cent  vingt  milles  en  vingt-quatre  heures,  c'est-à-dire 
bien  près  de  trois  cents  kilomètres. 

«  Ainsi,  que  des  turbots,  des  surmulets,  des  squilles,  des 
huîtres  et  de  tous  les  aphrodisiaques  du  monde,  soient 
venus  d'Abydas,  de  Leptis,  de  Cette  ou  de  Médoc,  orner, 
dans  Augusto-Nemetum,  la  table  de  n'importe  quel  Vibius 
Avitus,  il  n'y  a  nullement  matière  à  exclamation.  Malgré 
la  rapidité  de  la  course,  les  huîtres  qui  arrivaient  n'étaient 
toutes  pas  également  saines,  elles  étaient  rejetées,  avec 
d'autres  débris,  dans  un  lieu  à  l'écart,  où  on  les  retrouve 
aujourd'hui. 

»  Sur  divers  points  la  couche  d'huîtres  était  traversée  par 
des  murs  romains  de  petit  appareil.  Sur  le  banc  des  mol- 
lusques s'étendait  une  couche  de  décombres  composée  de 
chaux,  de  scories  volcaniques,  de  tuiles  brisées,  puis  un  lit 
de  terres  jeotisses,  et  par-dessus,  un  béton  romain  qui  avait 
dû  former  l'aire  d'un  édifice,  lequel  en  remplaçait  un  plus 
ancien,  celui  sans  doute  où  s'était  faite  une  si  grande  con- 
sommation d'huîtres,  et  dont  le  dépôt  serait  contemporain 
du  premier  établissement  colonial,  peut-être  du  Wasso,  qui 
s'élevait  dans  la  primitive  circonvallation.  » 

Neschers,  canton  de  Ghampeix  (Puy-de-Dôme).  —  Un 
dépôt  considérable  de  coquilles  d'huîtres  et  autres  mol- 
lusques a  été  trouvé,  par  le  curé  de  Neschers,  avec  des 
haches  en  pierre,  dans  les  habitations  antiques  creusées 
dans  le  grès. 1 

Bourgogne.  —  Nous  savons  que  des  amas  importants 
de  coquilles  d'huîtres  ont  été  reconnus  à  Autun,  à  Digoin 
et  près  des  anciens  thermes  de  Bourbon-Lancy. 

En  1893,  notre  confrère,  M.  Q.   Ormezzano,  a  pu  voir 


î .  Bouillet,  Description  archéologique  des  monuments  celtiques,  romains  et  du 
moyen  âge  de  VAuvergne,  Clermont-Ferrand,  1874,  p.  170  et  suiv. 


—  200  — 

au  moment  où  des  fouilles  importantes  se  pratiquaient  dans 
cette  ville,  un  nombre  très  considérable  de  coquilles 
d'huîtres  que  les  ouvriers  retiraient  du  fond  d'un  puits 
antique,  avec  des  débris  de  vases  rouges  et  autres,  sta- 
tuettes en  terre  blanche,  ossements  et  cornes  de  bœuf, 
divers  instruments  en  bronze,  en  fer,  et  des  médailles 
romaines. 1 

Saintonge.  —  Huîtres  gallo-romaines  à  Saintes2.  —  «  Nous 
continuons  à  signaler  les  divers  dépôts  d'huîtres  gallo-ro- 
mains, que  nous  rencontrons  çà  et  là;  nous  avons  déjà  parlé 
de  celles  de  Jarnac,  III,  264-231  ;  de  Niort,  IV,  144  ;  de  celles 
de  la  rue  de  la  Boule  et  du  Coteau  à  Saintes,  III,  57,  216, 
264;  IV,  63.  Peut-être  en  les  relevant  soigneusement,  Ton 
arrivera  à  déterminer  l'origine  et  la  destination.  Dans  la 
prairie  de  la  Pallu  à  Saintes,  un  fossé  a  été  creusé  parallèle- 
ment à  la  Charente,  en  face  de  la  rue  Reverseaux.  Cette 
prairie,  ne  l'oublions  pas,  est  sous  l'eau,  aux  moindres 
inondations  du  fleuve.  Or,  à  60  centimètres  du  niveau  actuel 
du  sol,  on  voit  une  couche  peu  épaisse  d'huîtres  qui  n'ont 
jamais  été  ouvertes.  Au-dessus  d'elles  des  cailloux,  des 
débris  de  tuiles  et  de  briques.  Elles  semblent  presque  par- 
tout reposer  sur  un  lit  de  pierres  très  friables,  que  suppor- 
tent des  espèces  de  dalles  en  pierre  d'un  grain  plus  fin  et 
plus  résistantes.  Au-dessous,  des  terres  rapportées  mêlées 
de  charbons  et  de  débris  de  poteries.  Des  murs  assez  épais 
se  rencontrent  çà  et  là;  il  semble  que  la  couche  huîtrière 
est  circonscrite  entre  deux  de  ces  murs.  Ainsi,  voilà  un 
dépôt  qui  est  presque  identique  à  celui  de  Jarnac,  mais 
plus  régulier;  le  terrain  de  celui  de  Jarnac  a  été  bouleversé. 
D'autre  part,  si  ces  deux  dépôts  ont  été  sujets  aux  inonda- 
tions de  la  Charente,  ceux  de  la  rue  de  la  Boule,  de  Saint- 
Macoux  et  du  Coteau  sont  placés  au  sommet  de  la  ville 


1.  Collections  do  Mgr  Melin,  à  Moulins. 

2.  Bull,  de  la  Soc.  de§  Arch.  de  la  Saintonge  et  de  l'A  unis,  IV*  vol.,  4*  Uv., 
1"  octobre  1833,  Saintes,  Mortreuil,  p.  188-189. 


—  201  — 

et  dans  une  situation  topographique  toute  différente;  la 
disposition  de  la  couche  est  d'ailleurs  la  même.  Si  un  raz 
de  marée  a  pu  à  la  rigueur  pousser  quelques  huîtres  dans 
la  prairie,  il  n'a  pu  les  porter  sur  la  colline  où  s'élève  la 
ville  de  Saintes.  D'autre  part,  si  on  admet  des  huîtrières, 
ostrearia,  pour  les  maisons  de  la  haute  ville,  peut-on  affir- 
mer que  cette  prairie,  qui  est  complètement  submergée 
souvent  pendant  des  mois  entiers,  ait  eu  des  maisons  d'ha- 
bitation? Faudrait-il,  vu  la  dimension,  voir  là  l'établisse- 
ment d'un  industriel,  une  espèce  de  claie,  où  les  huîtres  par- 
quées attendaient  l'acheteur?  » 

«  M.  A.  Caillé,  dans  un  article  de  la  Revue  archéologique 
(3raa  série  1,237),  Une  curieuse  découverte  géologique  à  Niort} 
«  soutient  que  le  banc  d'huîtres  du  quartier  du  Port  à 
Niort  »,  d'une  épaisseur  assez  mince  et  longuement  con- 
tinu, entre  deux  couches  de  terre  de  couleur  foncée  », 
prouve  incontestablement  que  la  mer  pénétrait  jadis  jus- 
qu'au pied  des  deux  collines  sur  lesquelles  la  ville  s'est 
élevée.  On  a  dit  et  même  écrit  que,  dans  le  cours  du 
sixième  siècle,  elle  s'en  éloigna  subitement  pour  n'y 
plus  revenir.  Alors  la  Sèvre  se  creusa  un  lit,  celui  d'au- 
jourd'hui, jusqu'à  la  baie  de  l'Aiguillon,  laquelle  ne  serait 
qu'un  grand  golfe  séparant  le  pays  des  Pictons  de  celui 
des  Santons.  »  Or,  ce  qui  n'était  qu'une  vérité  présumée  et 
une  théorie  scientifique  devient,  du  fait  de  la  découverte 
du  banc  d'huîtres  du  quartier  du  Port,  une  vérité  maté- 
rielle désormais  acquise.  Mais  il  est  impossible  d'expliquer 
par  le  séjour  de  la  mer  les  amas  d'huîtres  entières  que  nous 
trouvons  parmi  des  débris  romains  et  sur  la  colline  qui 
portait  et  porte  la  ville  de  Saintes.  » 

Vendée. 

Jarnac.  —  Les  Huîtres.  —  La  station  des  Grandes  Mai- 
sons contenait,  à  0m75  de  profondeur,  une  couche  d'huîtres 
dont  il  ne  fut  pas  possible  de  reconnaître  l'étendue,  mais 


—  Î02  — 

qui  n'avait  pas  moins  de  200m  superficiels  ;  tous  les  sujets 
étaient  adultes  et  avaient  conservé  leurs  deux  valves,  le 
tout  reposait  sur  une  couche  de  0*30  de  terre  argileuse 
rapportée. 

Des  observations  analogues  avaient  été  déjà  faites  en 
divers  lieux,  à  Bordeaux,  Saintes,  Avranches,  Poitiers, 
Glermont,  etc.  Aucune  explication  satisfaisante  n'avait  été 
donnée  à  ce  sujet.  Lièvre  propose  d'y  voir  des  fonds  de 
réservoirs  destinés  à  nourrir  ou,  tout  au  moins,  à  conser- 
ver des  huîtres,  soit  dans  de  l'eau  de  mer  apportée  à  cet 
effet,  soit  dans  de  l'eau  douce  artificiellement  préparée.  ' 

Vitry-le-François.  —  Dans  la  nécropole  de  Scrupt,  Ton 
y  a  trouvé  une  quantité  de  coquillages  (porcelaines),  mélan- 
gés aux  débris  gallo-romains,  datés  par  des  médailles 
d'Auguste. 2 

Nîmes.  —  J.  Ganonge  3  raconte  qu'en  fouillant  près  de 
la  fontaine  de  Nimes,  à  l'extrémité  occidentale  de  la  grande 
allée,  il  y  a  découvert  une  quantité  de  débris  de  poteries 
rouges,  noires,  des  amphores,  des  amas  de  cendres,  de 
charbons,  des  ossements  calcinés,  puis  des  rebuts  de  cui- 
sine, une  notable  quantité  de  coquilles  d'huîtres,  déposées 
en  amas  avec  des  débris  d'ossements  de  bœufs. 

Puis,  fouillant  dans  la  direction  de  la  Tour-Magne,  il 
retrouva  ces  mêmes  amas  de  coquilles  d'huitres  mélangés 
à  d'autres  coquillages  marins,  comestibles,  avec  les  mêmes 
vases  en  terre  rouge  ornés,  dont  l'un  portait  l'estampille 
de  son  fabricant  :  perse vs. 

Dieppe.  —  A  Neuville,  les  fouilles  pratiquées  à  la  Mala- 
drerie,  en  1845,  par  le  savant  abbé  Cochet,  mirent  à  décou- 
vert de  nombreuses  antiquités  gallo-romaines,  notamment 


1.  Chauret  G.,  n"  à  Raffec,  Notice  êur  Lièvre,  Angouléme,  imp.  Chasseignae, 
1900,  p.  17. 

2.  Congréê  archéologique  de  France,  XII*  session,  session  de  Chalons-sur*  Marne, 
1856,  p.  57. 

3.  L'Art  en  Province,  tome  VII,  Moulins,  Desrosiers,  1843,  in-4%  p.  105-107. 


—  203  — 

des  meules,  des  vases,  des  tuiles  à  rebords,  des  bronzes, 
des  ossements  d'animaux,  des  arêtes  de  poissons,  des 
coquilles  d'huîtres  dont  la  plupart  étaient  encore  fermées, 
des  moules,  des  patelles,  etc. 1 

La  Balme.  —  Dans  les  tombeaux  francs-mérovingiens 
de  la  Balme,  près  la  Roche-en-Faucigny,  M.  Oasse  a  décou- 
vert avec  des  fibules,  des  vases,  beaucoup  de  coquilles,  dont 
plusieurs  étaient  percées,  notamment  le  Pecten  et  VEulima 
glaberrina. 

Le  fait  était  unique  en  Suisse,  quand  dans  la  tombe 
d'une  femme  se  trouvèrent  des  morceaux  de  corail  rouge 
et  une  coquille  marine  de  l'Océan  indien  (Cyprea  Tigris) 2. 

Viollet-le-Duc  donne  ainsi  la  définition  du  couteau  à 
huîtres  ;  nous  la  reproduisons  in-extenso,  car  elle  vient  à 
l'appui  de  notre  thèse. 

«  Les  couteaux  à  huîtres  sont  également  une  invention 
très  ancienne.  Nos  aïeux,  les  Gaulois,  étaient  très  grands 
mangeurs  d'huîtres,  car  on  retrouve  des  écailles  de  ce 
coquillage  en  grande  quantité  dans  les  tombeaux  et  les  traces 
d'habitations  antérieurs  à  la  conquête  romaine,  sur  toutes 
les  côtes  de  la  Manche,  et  jusque  dans  le  voisinage  de  Paris. 

»  Pendant  tout  le  moyen  âge  on  fabriquait  de  ces  cou- 
teaux. »3 

Pays  étrangers. 

Buenos-Ayres.  —  On  constate  aussi  la  présence  de 
coquilles  d'huîtres  dans  les  sépultures  néolithiques  des 
Pampas  de  la  province  de  Buenos-Ayres. 

Le  Olyptodon  gisait  avec  ces  huitres  et  des  débris 
humains. 4 


1.  A.  Cochet,  Normandie  souterraine,  1855,  p.  74  et  83;  Notice  sur  les  fouillée 
exécutées  à  Neuville-le-Pollet.  Rouen,  Peron,  1845. 

2.  Notice  sur  d'anciens  cimetières  trouvés  en  Savoie  et  dans  le  canton  de  Genève, 
1857. 

3.  Viollet-le-Duc.  Dictionnaire  du  mobilier  français,  tome  II,  p.  79. 

4.  Mu  de  Nadaillac,  l'Amérique  préhistorique,  Paris,  Masson,  1883,  gr.  in-8*, 
p.  480. 


—  204  — 

Iowa.  —  Déjà,  aux  temps  de  la  préhistoire,  on  découvrit 
que  des  coquilles  trouvées  sous  un  mound  à  Toolesbora, 
pays  de  Iowa,  provenaient  de  l'Amérique  du  Sud,  c'est-à- 
dire  à  une  distance  immense. 1 

Venezuela.  —  Dans  les  cerritos  (lieux  de  sépulture  du 
Venezuela),  M.  M  arc  an  o  a  observé  une  quantité  considé- 
rable de  mollusques  marins,  fluviatiles  et  terrestres.  Dans 
les  cerritos  de  Santa-Cruz,  ils  ont  été  déterminés  par 
M.  Fischer,  qui  a  reconnu  parmi  ces  coquilles  : 

Marines  :  Triton,  Strombus,  Cypraa,  Lucina,  Oliva,  Fis- 
surella,  Nerita. 

Fluviatiles  :  Pachychilus,  Planorbis,  A  m  pull  aria. 

Terrestres  :  Bulimes,  Strophia. 2 

L'auteur  suppose  que  ces  coquilles  marines  étaient  des 
ornements,  et  les  autres  comme  étant  destinées  à  l'ali- 
mentation, quoique  le  Strophia  ait  dû  être  rapporté  des 
Antilles. 

Pérou.  —  Les  fouilles  pratiquées  dans  la  nécropole  de 
Callao,  au  Pérou,  par  la  commission  française  chargée  de 
cette  mission,  ont  fait  découvrir  parmi  les  vases  à  têtes 
humaines,  les  bijoux,  les  fuseaux,  les  fusaîoles,  les  vête- 
ments, les  étoffes  qui  enveloppaient  les  momies,  des 
coquilles  bivalves  d'origine  océanienne  sciées  à  la  char- 
nière. 3 

.  Cet  exposé  formé  de  faits  recueillis  au  hasard,  de  lec- 
tures diverses  et  de  fouilles  pratiquées  sur  notre  vieux  sol, 
ne  forme  qu'un  ensemble  bien  incomplet,  mais  susceptible 
d'être  augmenté. 

Deux  problèmes  ardus  ont  surgi  :  comment  pouvait  s'ef- 
fectuer le  transport  d'huîtres  vivantes  à  d'aussi  grandes 
distances,  et  quels  étaient  aussi  les  moyens  employés  pour 


1.  American  An tiguartan,  1879. 

t.  Mémoires  de  (a  Société  d'anthropologie  de  Pàriê,  tome  IV,  C«  série,  1S89, 
p.  11. 
S.  Nos  collections. 


Fouilles  aseidit-cH  de  Saxifraga  ciliata  Wall. 


—  205  — 

les  entretenir?  C'est  ce  que  pourra  peut-être  nous  appren- 
dre un  jour  la  découverte  de  textes  inconnus.  Cette  révé- 
lation nous  apprendra  plus  intimement  une  particularité  à 
peine  connue  de  la  vie  privée  de  nos  aïeux: 

Moulins,  18  août  1906. 

Francis  PÊROT. 


M.  le  Dr  X.  Gillot  fait  la  communication  suivante  : 
Notes  de  tératologie  végétale 

(Suite). 

VII.  —  Ascidies  foliaires   des    Saxifrages. 

En  collaboration  avec  M.  Jules  Maheu. 

Les  Saxifrages  du  groupe  Megasea,  notamment  le  Saxi- 
frage crassifolia  L.  et  le  S.' ci  lia  ta  Wall.,  de  l'Himalaya, 
très  fréquemment  cultivés  dans  les  jardins,  présentent 
souvent  des  déformations  foliaires  en  cornets,  ou  ascidies, 
qui  ont  attiré  depuis  longtemps  l'attention  des  botanistes. 

Ces  anomalies  desphyllomes  que  M.  Casimir  de  Candolle 
a  récemment  étudiées  sous  le  nom  d'épiascidies  basilaires, 
sont  assez  fréquentes  et  ont  été  rencontrées  dans  des 
plantes  appartenant  à  des  familles  bien  différentes  :  sur 
Pisum  sativum,  par  de  Candolle;  Laihyrus  tuberosus>  par 
Dutailly;  Vicia  sepium,  par  W.  Russel;  Trifolium  pratense, 
par  L.  Blaringhem;  Staphylea  pinnata,  par  Lachmann; 
Spinacia  o  1er  ace  a,  par  de  Lanessan  ;  Ficus  elastica,  Prunus 
Lauro-CerasuSj  Fraxinus  excelsior,  Juglans  regia,  Tecoma 
grandiflora,  diverses  Orchidées  exotiques,  Masdevalia  fra- 
granSj  Masdevalia  Lindeni^  Acanthephippium  bicolor,  par 
Casimir  de  Candolle,  et  par  le  même  auteur,  sur  des  pétales 
de  Potentilla  fruticosa,  au  total  sur  plus  de  quarante  espèces 


—  206  — 

différentes1.  On  les  a  observées  également  sur  les  Gra- 
minées, en  particulier  le  Maïs  dont  les  gaines  des  feuilles 
se  soudent  en  cornet  et  prennent  une  apparence  spathi- 
forme  (H.  de  Vriès,  L.  Blaringhem).  Dans  une  curieuse 
anomalie,  récemment  observée,  une  feuille  de  Tradescantia 
viridis  complètement  tubulée  par  la  soudure  de  ses  bords, 
renfermait  et  cachait  le  bourgeon  terminal  (A.  Guebhard). 
Les  feuilles  ascidiformes  ne  sont  pas  rares  sur  les  repousses 
des  arbres  coupés  au  ras  du  sol,  Corylus,  Acer,  TYiia, 
Fraœinus,  et,  à  l'automne  dernier,  M.  E.  Château,  insti- 
tuteur, nous  en  a  communiqué  de  beaux  spécimens  récoltés 
sur  des  repousses  vigoureuses  de  Tilleul,  dans  le  jardin  de 
l'école  de  Marcigny  (Saône-et-Loire),  occupant  la  moitié 
du  limbe  de  la  feuille  absolument  cyathiforme.  Je  laisse 
de  côté  les  ascidies  des  choux,  particulièrement  fréquentes, 
dont  nous  avons  cité  et  figuré  nous -même  de  beaux 
exemples2  et  dont  nous  avons  encore  observé,  au  mois  de 
juillet  1905  dans  un  jardin  des  environs  d'Autun,  sur  une 
jeune  feuille  de  chou  à  moelle,  un  spécimen  dont  le  cornet, 
régulièrement  conformé,  mesurait  0m08  de  longueur  avec 
un  orifice  oblique  de  0m05  de  diamètre. 

Il  nous  a  été  donné  d'observer  à  plusieurs  reprises  de 
nombreux  pieds  de  Saxifraga  (Megasea)  crassifolia  L.  et  de 
S.  ciliata  Wallr.,  de  différentes  provenances  et  atteintes 
d'anomalies  du  phyllome  à  tous  les  degrés,  depuis  les 
simples  expansions  foliacées  de  la  nervure  médiane  jusqu'à 
l'épiascidie  basilaire  la  plus  complète. 


1.  A. -P.  de  Candolle,  Org&nog.  végét.,  I,  p.  316;  Dutailly,  Bull.  Soc.  Lfrtn., 
1879,  p.  25;  W.  Rnssell,  Étude  des  folioles  anormales  de  Vicia,  sepium,  dans 
Rev.  gén.  de  Bot.,  III,  1890,  p.  481;  Lachmann,  Note  sur  les  folioles  ascidiées 
d'un  Staphylea  pinnala,  dans  Bail.  Soc.  bot.  Lyon.,  1886;  de  Lannessan,  Bull. 
Soc.  Linn.%  1876,  p.  71  ;  C.  de  Candolle,  Étude  sur  les  hypoascidies  du  Ficus, 
dans  Bull.  herb.  Boissier,  2*  série,  1902,  p.  753;  Observations  têratologiques ,  dans 
Bull,  travaux  de  la  Soc.  bot.  de  Genève,  XI,  1904;  Monstruosité  taxinomique  sur 
une  feuille  d'Orchidée,  dans  Bull.  herb.  Boissier,  V,  1905,  p.  1191. 

2.  D'  X.  Glllot,  Notes  têratologiques.  Ascidie  du  Chou-fleur,  dans  Bull.  Soc. 
hist.  nat.  d'Autun,  XVII,  1904,  2.  p.  35. 


—  207  — 

M.  Château,  instituteur  à  Bourg-le-Comte  (Saône-et- 
Loire),  nous  a  envoyé,  à  plusieurs  reprises,  des  feuilles 
anormales,  cueillies  dans  son  jardin,  en  nous  faisant  savoir 
que,  depuis  plusieurs  années,  il  observe  sur  les  mêmes 
pieds,  et  sur  de  nombreuses  feuilles,  ces  déformations 
cupulées  à  des  degrés  divers,  et  en  toutes  saisons.  Il 
ajoute  que  son  ami,  M.  Q.  Ormezzano,  constate  le  même 
phénomène  dans  tous  les  jardins  de  Marcigny  (Saône-et- 
Loire);  il  pourrait,  au  besoin,  dit-il,  fournir  une  «  brassée  » 
de  ces  feuilles. 

Peu  après,  M.  G.  Marchai,  instituteur  au  Greusot  (Saône- 
et-Loire),  ayant  eu  connaissance  du  fait,  nous  a  envoyé 
également  de  nombreux  et  beaux  cas  de  ces  anomalies 
foliaires  recueillies  dans  son  jardin  sur  la  même  espèce  de 
Saxifrage. 

Nous  avons  observé  les  mêmes  faits  sur  le  S.  ci  lia  ta,  à 
Chalon-sur-Saône,  et  sur  des  pieds  de  S.  crassifolia,  récoltés 
à  Autun  et  dans  le  jardin  de  l'École  de  Pharmacie  de  Paris. 
Nous  les  avons  signalés  dès  Tannée  1903,  nous  réservant 
d'en  faire  l'objet  d'une  note  ultérieure,  dès  que  nous  serions 
en  mesure  de  faire  connaître  les  résultats  de  leur  étude 
anatomique.  Ce  travail  a  été  exécuté  par  M.  J.  Maheu,  au 
laboratoire  de  botanique  de  l'École  supérieure  de  Paris,  et 
publié  dans  le  Journal  de  botanique,  dirigé  par  M.  L.  Morot  *. 
Depuis  l'impression  de  ce  travail,  quelques  faits  nouveaux 
étant  venus  compléter  nos  connaissances  sur  ce  sujet,  il 
nous  a  paru  opportun  d'en  tenir  compte  dans  cet  article 
qui  est,  pour  ainsi  dire,  une  seconde  édition  du  précédent. 

Dans  les  cas  les  plus  prononcés,  où  la  plupart  des  feuilles 
sont  transformées  en  ascidies,  celles-ci  rentrent,  d'après  la 
classification  de  Morren  2,  dans  la  catégorie  de  celles  résul- 


1.  Jacques  Maheu  et  D*  X.  Gillot,  Étude  morphologique  et  histologique  de$ 
ascidieê  de  Saxifrages,  dans  Journal  de  botanique,  XIX,  n*  2,  février  1905, 
pp.  27-39. 

2.  Morren,  Bull.  Ac.  Roy.  Bruxelles,  1852,  t.  XIX,  p.  437. 


—  208  — 

tant  de  l'union  des  bords  d'une  seule  feuille  et  non  de  la 
soudure  de  plusieurs. 

Dans  les  cas  les  plus  prononcés,  le  limbe  de  la  feuille 
présente,  à  sa  base  et  à  sa  face  inférieure,  un  repli  avec 
une  soudure  de  ses  bords  en  cornet  profond.  La  soudure 
paraît  complète,  sans  traces  internes,  et  le  tissu  de  la  feuile 
semble  normal,  quant  à  l'apparence  extérieure.  Les  men- 
surations prises  sur  un  grand  nombre  de  feuilles  nous  ont 
donné  les  proportions  suivantes,  très  variables,  comme  on 
peut  le  voir  : 


Longueur  du  limbe 
foliaire 

Largeur  du  limbe 
foliaire 

Profondeur  de 
l'ascidie 

0-07 

0-045 

0-04 

0Bil 

0-08 

0-03 

0-065 

0-05 

0-035 

0B035 

0-035 

0-015 

0-075 

0-07 

0-045 

0m065 

0-035 

0-032 

0m095 

0-07 

0-045 

0-075 

0-05 

0-018 

0-075 

0-045 

0-02 

0-05 

0-05 

0-018 

0n08 

0-045 

0-04 

0-04 

0-05 

0-012 

0"04 

0-038 

0-026 

0m07 

0-055 

0-03 

0m06 

0-055 

0-02 

0-095 

0-08 

0-04 

0-05 

0-05 

0-03 

0»14 

0-09 

0-02 

0»ii 

0-08 

0-05 

0"12 

0-095 

0-04 

0m06 

0-055 

0-015 

0-06 

0-05 

0-025 

0-16 

0-12 

0-05 

—  219  - 

oeaux  libéro-ligneux  existent  en  cercle  concentrique,  tans 
formations  intermédullaires,  ces  dernières  n'apparaissant 
dans  la  moelle  qu'au-dessous  des  premières  pièces  accès* 
soires  de  la  tige  et  d'origine  foliaire  qui  viennent  s'insérer 
sur  la  bampe  florale. 

On  peut  interpréter  de  diverses  manières  les  dispositifs 
que  nous  venons  de  passer  en  revue. 

Considérations  générale*. 

On  a  donné  différentes  interprétations  de  ces  cas  térato- 
logiques,  aussi  bien  chez  d'autres  plantes  asoidifères  que 
chez  les  Saxifrages. 

William  M  asters1,  qui  a  figuré  des  ascidies  de  Pêlargo» 
nium,  tout  à  fait  conformes  à  celles  de  nos  8ax  if  rages,  y 
voit  plutôt  une  dilatation  du  pétiole  qu'une  soudure  ou 
coalescence  des  bords  de  la  feuille.  «  Il  n'est  pas  toujours 
facile,  dit-il,  de  reconnaître  l'origine  et  la  vraie  nature 
d'une  ascidie,  car  la  nervation  est  souvent  obscure  ;  si  la 
nervation  médiane  seule  est  bien  marquée,  il  est  probable 
que  la  cause  est  due  i  une  soudure  des  bords  de  la  feuille  ; 
mais  si  les  veines  sont  toutes  égales  et  rayonnent  d'un 
centre  commun,  la  formation  en  poche  est  probablement 
due  i  la  dilatation  et  à  la  dépression  du  pétiole.  En  outre, 
quand  l'ascidie  résulte  de  la  soudure  des  bords  de  la  feuille, 
elle  est  en  général  moins  régulière  que  quand  elle  est 
formée  par  l'expansion  infundibuli forme  du  sommet  du 
pétiole.  » 

On  a  invoqué,  pour  expliquer  l'origine  de  ces  anoma- 
lies, tantôt  la  culture  et  l'excès  de  nutrition,  tantôt  l'inter- 
vention d'insectes,  comme  Russel  a  pu  le  constater  pour  la 
Vescc.* 


I.  Muter»,  VêffêUbU  Urêtotoçy,  IM9,  p.  3IJ-3U. 

?.  W.  RomcII,  £tud*  «fiAlomi'fM  <f*ua*  ëêcidi*  de  Veêct.  (fUvod  générale  <J« 
fcoUoJqt».  II.  1190,  p.  411.) 


—  210  — 

Dans  un  cas  unique,  nous  avons  observé  deux  cornets 
épiphylles  voisins;  l'un  des  trois  cordons  libéro-ligneux  de 
la  nervure  médiane  se  sépare  des  voisins,  se  bifurque,  et 
chacune  des  nouvelles  branches  résultantes  s'irradie  dans 
une  des  ascidies. 

La  forme  de  ces  dernières  ne  diffère  guère  de  celles 
précédemment  décrites.  Elles  comprennent  deux  parties 
évasées  munies  d'un  large  pied  ;  la  première  mesure  0™02 


Fio.  b.  —  A.  B.  Folioles  surnuméraires  provenant  de  la  prolifération  tics  nemuea. 
—  D.  Une  dea  folioles  1res  grossie.  —  C.  Àvorteraent  du  limbe,  épanouissement 
n  minuscules  folioles  anormales  E. 


de  diamètre,  la  seconde  0m01i  ;  toutes  deux,  sensiblement 
de  même  hauteur,  atteignent  0,u023. 

Quelques-unes  des  plus  petites  feuilles  présentent  de 
minuscules  folioles,  résultant  d'une  prolifération  locale  des 
faisceaux  libéro-ligneux,  organes  surnuméraires  rappelant 
ceux  décrits  par  M.  Perrot1  chez  VAristoloekia  Sipho.  Ces 
productions  prennent  naissance  dans  le  bourgeon  foliaire 
de  la  façon  suivante.  Plusieurs  poils  voisins,  situés  de  part 


—  211  — 

et  d'autre  d'un  cordon  libéro-ligneux,  se  rencontrent  et  se 
soudent  ;  il  en  résulte  un  petit  entonnoir  d'abord  sessile  sur 
le  bord  de  la  feuille.  La  soudure  s'accentuant  tandis  que 
l'arc  libéro-ligneux  se  développe,  les  éléments  parenchy- 
mateux  entourant  ce  dernier  s'écrasent,  s'oblitèrent  et 
meurent;  le  faisceau  libéro-ligneux,  assez  fort  pour  résister 
à  cette  pression  en  collier,  continue  à  pousser  en  entraî- 
nant au  dehors,  tout  en  la  pétiolant,  la  minuscule  ascidie 
secondaire  ainsi  formée. 

La  dégénérescence  de  la  feuille  peut  encore  s'accentuer, 
le  pétiole  primitif  se  divisant  en  autant  de  pétioles  secon- 
daires, terminés  par  une  petite  feuille  de  2  à  3  millimètres, 
qu'il  y  a  de  nervures  médianes  formées  par  les  3  ou 
4  groupes  de  faisceaux  libéro-ligneux. 

La  même  déformation  (avortement  de  la  feuille)  s'ob- 
serve sans  séparation  des  cordons  cribro-vasculaires  dans 
toute  leur  longueur. 

Dans  quelques  cas,  le  pétiole  a  subi  un  aplatissement  qui 
lui  donne  un  aspect  fascié;  il  présente  les  trois  cordons 
libéro-ligneux  en  saillie  et  l'organe  prend  en  coupe  un 
aspect  trilobé.  Chaque  faisceau  libéro-ligneux  est  alors 
concentrique,  le  liber  entourant  complètement  le  bois,  et 
la  dislocation  n'a  lieu  qu'à  l'insertion  de  l'ascidie. 

Guebhard1  a  décrit  une  autre  forme  nettement  atro- 
phique,  très  apparemment  pathologique,  consistant  dans  un 
arrêt  de  développement  presque  immédiat  du  pétiole 
rabougri,  contorsionné,  réduit  à  un  rudiment  de  grosse 
côte,  de  3  ou  4  centimètres  au  lieu  de  30  ou  40,  bordé,  en 
guise  de  limbe,  de  petites  frisures  de  quelques  millimètres, 
à  peine  confluentes,  souvent  éparses  et  roulées  en  minus- 
cules cornets. 

Enfin  M.  G.  de  Candolle2  signale  une  monstruosité  con- 
comitante qui  s'est  produite,  à  Genève,  en  grande  quantité 

1.  Loe.  cit. 

2.  Obierv.  tèr&tol.,  p.  8. 


—  212  — 

en  1904.  a  Elle  consiste  en  ce  que  le  limbe  de  la  feuille  de 
S.  crassifolia  porte  sur  sa  face  dorsale  une  ou  plusieurs 
petites  ascidies  basilaires  insérées  un  peu  au-dessous  de 
son  bord  supérieur.  Elles  sont  pourvues  de  pétiolules  plus 
ou  moins  longs,  orientés  comme  le  limbe,  et  leur  nombre 
est  très  variable  d'une  feuille  à  l'autre.  Elles  correspondent 
à  autant  de  cas  de  ramification  faciale  homotrope.  Leur 
présence  n'exclut  d'ailleurs  nullement  celle  des  anomalies 
de  la  face  ventrale  dont  il  a  été  question  ci-dessus.  En 
outre,  le  limbe  des  feuilles  ayant  de  ces  ascidies  dorsales 
est  presque  toujours  garni  sur  ses  bords  de  petits  lobes 
longs  de  quelques  millimètres,  ovales  ou  arrondis.  Ceux-ci 
constituent  encore  une  autre  anomalie  pour  cette  espèce, 
car  ses  feuilles  normales  ont  un  limbe  entier,  muni  seule- 
ment sur  ses  bords  de  très  petites  dents  qui  existent  d'ail- 
leurs aussi  sur  le  bord  des  épiascidies  dorsales  et  des  lobes 
qui  les  accompagnent  ordinairement.  La  structure  de  ces 
lobes  et  leur  position  sur  le  bord  du  limbe  méritent  de 
fixer  l'attention.  Ils  sont,  en  effet,  fort  souvent  insérés  un 
peu  en  retrait  du  bord,  du  côté  de  la  face  dorsale  du  limbe. 
Or,  dans  ce  cas,  beaucoup  d'entre  eux  sont  plus  ou  moins 
transformés  en  épiascidies  basilaires  par  la  présence  d'un 
mince  bourrelet  formant  en  travers  de  leur  base  un  pro- 
longement du  bord  du  limbe.  Ils  ont  ainsi  l'air  d'être  des 
épiascidies  dorsales  en  voie  de  formation,  et  il  semble  pro- 
bable que  c'est  de  cette  manière  que  celles-ci  prennent 
naissance  sur  le  primorde  de  la  feuille.  » 

L'origine  et  la  cause  de  ces  phénomènes  tératologiques 
ayant  été  fort  discutées  et  diversement  expliquées,  il  était 
nécessaire  d'en  chercher  l'interprétation,  si  possible,  dans 
les  données  anatomiques. 


—  213  — 


Élude  hlstologlque. 


Examen  d'une  feuille  normale.  —  Dans  les  .S.  crauifolia  ' 
et  S.  ci  lia  ta,  le  pétiole  est  parcouru  par  un  grand  nombre 
de  faisceaux  foliaires,  ceux  de  la  périphérie  rangés  sur  une 


7 


Kio.  G.  —  1  a  7,  Cou  pet  tran%Tcr**I<M  de  l'atci'lic  (aHet  fie  haut  en  bat.  ■ebema* 
mootrmnt  U  diapoaitioo  dee  taUccaux  libéro~UfDcux  de  U  oenrure.  —  I,  ooope 
du  pétiole. 

circonférence,  les  centraux,  souvent  en  fer  à  cheval  dis- 
posés sans  ordre  et  présentant  une  tendance  à  devenir 
concentriques. 


I.  Petit,  le  fVtiofe  dee  Oicefyfedone*.  (Tbèee  doct.  ec..  1U7.  p.  loî  ) 


—  214  — 

L'épiderme  de  la  feuille  est  formé  de  cellules  régulières, 
recouvrant  un  mésophylle  bifacial  présentant  trois  rangs  de 
cellules  en  palissade  et  un  petit  nombre  de  cellules  formant 
un  parenchyme  lacuneux. ! 

Feuilles  ascidiées.  —  Les  coupes  pratiquées  à  la  base  du 
pétiole  sont  circulaires,  formées  par  un  tissu  parenchyma- 
teux  très  lacuneux. 

L'épiderme  est  loin  de  présenter  la  régularité  des  cellules 
normales;  quelques-unes  diffèrent  par  leurs  dimensions 
plus  grandes,  mais  le  plus  souvent  elles  sont  étirées  tan- 
gentiellement,  dédoublées  par  des  cloisons  radiales  ou 
t  ange  nti  elles. 

Ce  qui  frappe,  c'est  la  structure  pétiolaire  que  nous 
observons  jusque  dans  la  nervure  médiane;  les  formations 
libéro-ligneuses  sont  disposées  comme  dans  les  types  nor- 
maux, mais  les  faisceaux  centraux  sont  plus  petits,  recourbés 
en  fer  à  cheval,  parfois  concentriques  (bois  entouré  com- 
plètement par  le  liber),  ce  qui  est  ici  une  exagération  de  ce 
que  l'on  observe  normalement  chez  les  S.  serrata  et  S.  sar- 
mentosa. 

Les  faisceaux  cheminant  dans  le  pétiole  se  disloquent  en 
fragments  dont  la  pointe  du  bois  converge  en  un  point 
commun,  représentant  le  centre  du  faisceau  circulaire 
avant  sa  séparation. 

A  mesure  que  les  coupes  du  pétiole  se  rapprochent  de 
l'insertion  du  tube  de  l'ascidie,  elles  cessent  d'être  circu- 
laires; l'organe,  subissant  une  sorte  d'étirement  suivant  un 
de  ses  diamètres,  devient  peu  à  peu  elliptique,  quelques 
faisceaux  subsistent  seuls  dans  la  nervure  centrale,  les 
autres  s'écartent  latéralement,  tournent  leur  liber  vers 
Tépiderme,  et  c'est  au  milieu  d'eux  que  le  ou  les  vides  de 
l'ascidie,  simple  ou  double,  prendront  un  peu  plus  haut 
naissance. 

1.  A.  Engler,  Monographie  der  Qattung  Saxifraga  L.  mit  beiondever  Berûck- 
êichtigung  der  geographiachen  VerhmUniaae  (Breslau,  1872). 


—  215  — 

L'ascidie  peut  donc  être  considérée  comme  une  feuille 
longuement  pétiotée,  dont  le  limbe,  peu  développé,  ne 
présentant  plus  qu'une  rangée  de  cellules  palissadiques  à 
l'intérieur  du  cornet,  offre  des  nervures  ooa- 
lescentes  entre  elles  ;  sa  structure  correspond 
à  celle  d'une  feuille  peltée,  et  non  à  une 
feuille  enroulée  et  dont  les  bords  sont  sou- 
dés; il  n'existe,  en  effet,  aucune  trace  de 
soudure  des  bords  du  limbe. 

Ascidie  épiphylle.  —  Le  pétiole  présente 
ici  la  disposition  précédemment  observée; 
l'un  des  trois  cordons  libéro-ligneux  pénètre 
dans  l'ascidie  où  il  envoie  des  ramifications 
dans  toute  la  région  foliacée  de  l'ascidie. 
Le  parenchyme  compris  entre  ces  nervures 
est  tout  à  fait  normal. 

Par  sa  structure  et  sa  disposition,  cette 
déformation  représente  une  feuille  enroulée 
sur  elle-même,  avec  folioles  surnuméraires, 
désignées  par  Masters  sous  le  nom  d'ena- 
tion,  et  résultant  du  dédoublement  de  la 
feuille  normale. 

Tiges  souterraine  et  aérienne.  —  On  sait 
que  les  Saxifrages  sont  des  plantes  herba- 
cées à  souche  souterraine,  à  feuilles  isolées 
et  disposées  en  rosette  à  la  base  de  la  tige  très  réduite. 

La  coupe  d'une  plante  normale  présente  des  faisceaux 
libéro-ligneux  plus  ou  moins  isolés,  et,  à  la  périphérie  de 
la  moelle,  des  formations  anormales  signalées  dans  quel- 
ques espèces  par  Thouvenin  ' ,  et  présentant  un  liber 
central  entouré  par  le  bois  concentrique. 

La  structure  anormale  des  faisceaux  à  trajet  médullaire 


Schéma  montrant 
la  marche  des 
faisceaux  libéro- 
ligneux  dans  ta 
lige  du  Stxi- 
fragn  ciliata. 


«  Sëxlfngte*.  (Ann.  Se. 


—  216  — 

semble  résulter  de  la  concressence  des  divers  systèmes  con- 
ducteurs de  la  tige.  La  pression  de  la  gaine  des  feuilles 
ayant  été  encore  plus  considérable  pour  nos  échantillons 
déformés  que  pour  les  types  normaux,  l'anomalie  semble 
de  ce  fait  augmenter. 

Le  trajet  de  ces  faisceaux  n'ayant  pas  été  établi,  il  nous 
a  semblé  intéressant  d'exposer  ici  le  résultat  de  nos 
recherches. 


■*!? 


'♦ 


vCl 


Fig.  8.  —  Schémas  montrant  la  disposition  des  faisceaux  libéro-ligneux  et  des 
traces  foliaires  dans  la  tige  (de  haut  [n*  11  en  bas  [n°  9].) 

En  étudiant  la  marche  des  faisceaux  dans  l'espace,  par 
un  grand  nombre  de  coupes  en  série,  nous  verrons  tous  les 
faisceaux  provenant  d'une  insertion  foliaire  précédente, 
que  nous  considérerons  momentanément  comme  cercle 
normal,  repoussés  dans  la  moelle  par  ceux  de  l'insertion 
suivante  provenant  des  parties  accessoires  de  la  tige,  et 
auxquels  nous  conserverons  ici  la  valeur  de  faisceaux 
foliaires. 


—  217  — 

Après  un  parcours  plus  ou  moins  prolongé,  les  faisceaux 
primitivement  repoussés  dans  la  moelle  se  rapprochent  de 
la  périphérie  et  viennent  s'intercaler  entre  ceux  qui  les 
avaient  précédemment  refoulés. 

Col,  dans  son  travail  sur  les  faisceaux  médullaires  !,  avait 
prévu  le  cas  où  ces  derniers  rejoindraient  le  cercle  normal 
périphérique,  sans  en  avoir  rencontré  d'exemple  ;  la  lacune 
est  désormais  comblée. 

D'une  fagon  générale,  le  type  de  la  marche  des  faisceaux 
médullaires  dans  les  Saxifrages  tient  le  milieu  entre  ceux 
que  présentent  les  Pipéraeées  et  les  Campanulacées. 

La  disposition  concentrique  du  bois  augmente  en  des- 
cendant dans  la  moelle,  résultat  d'une  prolifération  laté- 
rale du  cambium.  Sur  quel- 

ques-uns  des  faisceaux  médul-  £\  \SX\  '  (*)\  \èk)* 
laires,  le  cambium  s'allonge  *"j  \^J)  \  J  \f^I  \ 
latéralement,    contourne    le         *        ■  g  , 

liber  en  donnant  du  bois  ex-     F».  9.  —  Pomuttoo  <ie»  faisceaut 
terne  et  du  liber  interne,  1  arc       qoM  ^  prolliiimllail  uxénU  dll 

ligneUX     acquiert     ainsi     Une  cambium.  —  6.  boit;  e,  c*mbiom  ; 

Tonne  en  croissant,  dont  les  *  «*■■*■'•«  *•  «•  «"™> 
branches  entourent  le  cône  libérien,  surmonté  de  son  péri- 
cycle  oollenchymateux.  Plus  l'on  descend  dans  la  tige,  plus 
la  prolifération  latérale  des  cellules  du  cambium  augmente, 
le  liber  devient  cordiforme,  lïlot  de  collenchyme  pénétrant 
ce  dernier  comme  une  sorte  de  coin. 

Le  phénomène  s'accentuant,  l'ilot  anormal  présente 
autour  du  péricycle  oollenchymateux,  devenu  central,  les 
éléments  libériens,  entourés  eux-mêmes  complètement  par 
le  bois  légèrement  excentrique. 

En  dessous  de  la  dernière  insertion  foliaire,  l'arc  nor- 
mal présente  le  type  ordinaire  des  Dicotylédones;  toutefois 


1 .  Col,  Sur  tes  nUitonê  d*ê  fûi*c—ux  méduttêirm  m  dm  fêiêcmuM  dàiê  êumu- 
lm  fMinnmw  mmtumx.  (J«m*l  4«  bouolqw.  1.  XVI.  lit;.) 


-  216  - 
semble  résulter  de  la  concressence  f>         .  A  nous  avons  oons- 
ducteurs  de  la  tige.  La  pressi--  ,  >iaeot  d'origine  pri- 

ayant  été  encore  plus  cons*  ' 
déformés  que 
de  ce  fait  aut  '"e° 

Le  trajet  d 
a  semblé  in 
recherches.  "J1 


Fia.  10.  —  Coups  transversale  de  1»  soaohe  d'un  échantillon  asoidié  faite  bien  am- 
dessous  de  la  dernière  insertion  foliaire,  montrant  le  bols  primaire  sépare  du 
oambium  par  du  parenchyme,  (ait  dû  i  l'arrêt  da  développement  normal  de  m 
dernier,  n'ajant  pu  donné  de  bois  secondaire, 

Co,  oollonchymo  ;  L,  liber;  C,  camblum -,  P,  parenchyme;  0,  oxalate  de  coaui; 
V,  vaisseaux  ligneux;  B,  bols  primaire. 

maire,  séparés  du  cambium   par  du  parenchyme  normal 
(fig.  10). 

Pédoncule  ftorai.  —  Dans  le  pédoncule  floral,  les  fais- 


—  219  - 

ceaux  libéro-ligneux  existent  en  cercle  concentrique,  sans 
formations  intermédullaires,  ces  dernières  n'apparaissant 
dans  la  moelle  qu'au-dessous  des  premières  pièces  acces- 
soires de  la  tige  et  d'origine  foliaire  qui  viennent  s'insérer 
sur  la  hampe  florale. 

On  peut  interpréter  de  diverses  manières  les  dispositifs 
que  nous  venons  de  passer  en  revue. 

Considérations  générales. 

On  a  donné  différentes  interprétations  de  ces  cas  térato- 
logiques,  aussi  bien  chez  d'autres  plantes  ascidifères  que 
chez  les  Saxifrages. 

William  M  asters1,  qui  a  figuré  des  ascidies  de  Pelargo- 
niumy  tout  à  fait  conformes  à  celles  de  nos  Saxifrages,  y 
voit  plutôt  une  dilatation  du  pétiole  qu'une  soudure  ou 
coalescence  des  bords  de  la  feuille.  «  Il  n'est  pas  toujours 
facile,  dit-il,  de  reconnaître  l'origine  et  la  vraie  nature 
d'une  ascidie,  car  la  nervation  est  souvent  obscure  ;  si  la 
nervation  médiane  seule  est  bien  marquée,  il  est  probable 
que  la  cause  est  due  à  une  soudure  des  bords  de  la  feuille  ; 
mais  si  les  veines  sont  toutes  égales  et  rayonnent  d'un 
centre  commun,  la  formation  en  poche  est  probablement 
due  à  la  dilatation  et  à  la  dépression  du  pétiole.  En  outre, 
quand  l'ascidie  résulte  de  la  soudure  des  bords  de  la  feuille, 
elle  est  en  général  moins  régulière  que  quand  elle  est 
formée  par  l'expansion  infundibuliforme  du  sommet  du 
pétiole.  » 

On  a  invoqué,  pour  expliquer  l'origine  de  ces  anoma- 
lies, tantôt  la  culture  et  l'excès  de  nutrition,  tantôt  l'inter- 
vention d'insectes,  comme  Russel  a  pu  le  constater  pour  la 
Vesce. 2 


t.  Masters,  Vegetable  teralology,  1869,  p.  313-314. 

2.  W.  Russell,  Étude  anatomique  d'une  ascidie  de  Veace.  (Revue  générale  de 
botanique,  II,  1890,  p.  481.) 


—  220  — 

M.  A.  Guebhard1,  qui  a  déjà  émis  à  propos  des  parti- 
tions anormales  de  la  fronde  de  certaines  fougères  une 
opinion  analogue,  et  en  contradiction  avec  celle  de  la  plu- 
part des  ptéridologues,  est  disposé  à  admettre  une  influence 
traumatique.  «  Si  l'on  considère,  dit-il,  qu'une  ou  deux 
feuilles  seulement,  sur  la  touffe  la  plus  luxuriante,  offrent 
ces  déformations,  l'évidence  appert  d'une  cause  nullement 
intrinsèque,  physiologique,  spontanée,  mais  externe,  patho- 
logique, accidentelle;  lésion  primitive,  peut-être  micros- 
copique, mais  sûrement  épi  et  non  endogénique,  ayant  dis- 
turbé  Tordre  ordinaire  du  développement,  et  dirigé  vers 
des  formes  inhabituelles  les  groupements  cellulaires,  loca- 
lement dérangés,  mais  inéluctablement  soumis  à  certaines 
lois  physiques  de  la  végétation.  »  Outre  le  vague  de  cette 
hypothèse,  elle  n'est  pas  conforme  à  la  réalité  des  faits, 
car  nous  avons  pu  voir  des  pieds  vigoureux  de  Saxifrages 
où  la  plupart  des  feuilles  étaient  atteintes  d'anomalies  à 
des  degrés  variés,  et  cela  non  seulement  sur  les  dernières 
feuilles  des  pousses  annuelles,  comme  le  dit  de  son  côté 
M.  C.  de  Candolle,  mais,  également  sur  des  feuilles  primor- 
diales ou  échelonnées  le  long  de  la  tige.  Nous  croyons 
cependant  que  ces  déformations  des  phyllomes  correspon- 
dent à  des  phases  déterminées  de  la  végétation  de  la 
plante,  comme  l'a  également  avancé  M.  Tammes,  d'après 
ses  observations  au  jardin  botanique  de  Gromingen,  mais 
qu'elles  sont  liées  surtout  aux  influences  climatériques  et 
écologiques  qui  en  activent  plus  ou  moins  le  développement, 
et  nous  avons  également  observé,  ainsi  que  nos  collabora- 
teurs MM.  Marchai,  Château,  etc.,  et  comme  le  docteur 
Luigi  Montemartini,  de  Pavie,  que  ces  anomalies  très  fré- 
quentes à  certaines  années  ne  se  reproduisaient  pas  ou 
devenaient  tout  au  moins  fort  rares  l'année  suivante.  Mais 
l'auteur  précité,  qui  a  étudié  ce  phénomène  à  l'Institut 

1.  Loc.  cit. 


—  221  — 

botanique  de  Pavie,  semble  tout  disposé  à  lui  attribuer  une 
cause  parasitaire  et  à  la  trouver  dans  la  présence  de  petits 
Acares  abondants  en  1903  sur  les  feuilles  ascidifères  des 
Saxifrages,  et  seulement  au  fond  des  ascidies,  et  qui 
Tannée  suivante  avaient  disparu  en  même  temps  que  les 
altérations  foliaires  ne  s'étaient  pas  reproduites. 1 

Cette  opinion  nous  paraît  loin  d'être  prouvée,  la  présence 
des  insectes  pouvant  être  toute  fortuite  ou  due  également 
aux  influences  do  température,  et  pas  plus  que  MM.  Mar- 
chai et  Château,  cécidiologistes  expérimentés,  nous  n'avons 
trouvé,  malgré  des  recherches  répétées  et  minutieuses,  de 
vestiges  entomologiques  ni  sur  les  feuilles,  ni  dans  les 
cavités  tératologiques. 

Il  nous  parait  plus  probable  de  penser  que  la  déforma- 
tion ascidiforme  des  feuilles  est  en  rapport  avec  l'énergie 
plus  ou  moins  active  de  la  végétation,  suivant  les  saisons 
et  les  années,  d'où  le  tassement  plus  ou  moins  prononcé 
des  feuilles  sur  l'axe  végétatif,  et  compression  dans  la 
gaine  préfoliaire,  de  sorte  que  la  jeune  feuille,  gênée  dans 
l'expansion  de  son  limbe,  devient  peltée  par  épanouisse- 
ment vasculaire  du  pétiole. 

Le  pétiole  de  la  feuille  en  formation  se  développe  sur  le 
dos  et  jusqu'au  sommet  de  la  gaine,  laquelle  est  insérée 
dans  celle  de  la  feuille  précédente.  Si  la  gaine  envelop- 
pante est  fendue  dans  toute  sa  longueur,  la  jeune  feuille 
peut  sortir  librement,  elle  est  donc  normale.  Mais  il  arrive 
que  l'extrémité  de  la  gaine  de  la  feuille  ancienne,  formant 
carène,  n'est  pas  fendue  entièrement;  la  jeune  feuille  se 
trouve  donc  emprisonnée  entre  sa  propre  gaine  et  celle  de 
l'enveloppe. 


1.  Tine  Tammes,  Die  PeriodicitAt  morphologiacher  Erscheinungen  bei  der 
Pflanzen  (la  Périodicité  des  phénomènes  morphologique»  dan»  les  plantes),  dans 
Verhand.  d.  K.  Âkad.  von  Wetensch.  te  Amsterdam,  1903,  p.  128,  cité  par 
L.  Montemartini.  —  Dr  Luigi  Montemartini  Sull'origine  degli  ascidi  anomali  nelle 
foglie  diSaxifraga  crassifolia  L.,  dans  Atti  delF  Ist.  Bot.  di  Pavia.  ser.,  2*  vol.  10, 
extr.  2  p. 


—  222  — 

Le  pétiole  ne  pouvant  sortir  se  recourbe  en  faisant  butter 
le  jeune  limbe  contre  la  gaine  de  la  feuille  ancienne  avec 
une  telle  force  que  le  pétiole  est  comme  laminé  de  haut 
en  bas,  parfois  même  segmenté,  en  autant  de  parties  qu'il 
présente  de  cordons  libéro-ligneux  (6g.  5). 

Le  limbe  qui  devait  croître  à  l'extrémité  du  pétiole  ne 
peut  se  développer,  et  cependant  la  sève  arrive  toujours 
et  la  jeune  feuille  l'utilise  le  mieux  qu'elle  peut;  le  limbe 
devient  circulaire,  en  croissant  à  la  fois  à  son  extrémité 
supérieure  et  à  la  jonction  du  pétiole,  pour  former  une 
feuille  peltée,  dont  les  bords  se  relèvent  et  s'enroulent  en 
dessus  jusqu'à  la  sortie  de  sa  prison.  A  ce  moment,  le  limbe 
se  déroule  et  l'ascidie  est  presque  parfaite,  le  pétiole 
s' al  longe,  le  limbe  n'éprouve  plus  aucune  résistance  à  se 
développer  par  son  extrémité,  et  peu  à  peu  l'ascidie  prend 
la  forme  d'une  petite  hotte. 

L'extrémité  du  limbe  s'allongeant,  s'élargissant  de  plus 
en  plus,  tandis  que  la  partie  cupulée  ne  s'accroît  plus  autant, 
il  se  forme  dans  cette  partie  anormale  une  échancrure  qui 
augmente  peu  à  peu  pour  arriver  jusqu'à  la  jonction  du 
pétiole  et  de  la  feuille,  et  cette  dernière  redevient  nor- 
male, mais  on  peut  reconnaître,  à  la  base  du  limbe,  de 
chaque  côté  du  pétiole,  la  cicatrice  de  la  rupture. 

Il  semble  donc  hors  de  doute  qu'une  gêne  ou  un  retard 
dans  la  croissance  de  la  feuille,  puis  une  poussée  active  de 
la  végétation  au  moment  de  son  développement,  ont  une 
grande  influence  sur  la  production  des  déformations  asci- 
diformes.  Cette  année,  1906,  où  la  température  plus  sèche 
et  plus  régulière  a  favorisé  un  développement  plus  lent  et 
plus  régulier  des  feuilles,  certains  pieds  de  Saxifrages  qui 
avaient  présenté  l'année  dernière  des  feuilles  cupulées  n'en 
ont  pas  eu  du  tout. 

D'autre  part,  de  nouvelles  expériences  sur  l'influence  du 
traumatisme  ont  prouvé  que  les  jeunes  repousses  d'arbres 
mutilés  ou  recepés  ou  de  plantes  fauchées,  présentent  fré- 


—  223  — 

quemment  des  feuilles  en  cornet,  ce  qui  semble  dû,  le  plus 
souvent,  à  un  excès  de  vigueur.  L'anomalie  pourrait  même, 
dans  certains  cas,  devenir  héréditaire. * 

Conelnaloos. 

1*  Les  feuilles  des  Saxifrages  étudiées  présentent  plu- 
sieurs types  de  déformations  : 

a)  Transformation  des  feuilles  en  ascidies; 

b)  Formations  d'ascidies  épiphylles; 

c)  Folioles  surnuméraires  provenant  de  la  prolifération 
des  nervures. 

2*  La  forme  en  ascidie  des  feuilles  provient  d'une  aotion 
de  compression  de  la  jeune  feuille  dans  le  bourgeon 
foliaire,  d'où  développement  pelté  par  évasement  du 
pétiole,  et  non  soudure  des  bords  du  limbe. 

3*  Les  feuilles  ascidiées  se  rencontrent  chez  un  grand 
nombre  de  types  de  différentes  provenances,  mais  elles  sem- 
blent reconnaître  pour  cause  une  résistance  mécanique  des 
gaines  foliaires  en  rapport  avec  l'activité  de  la  végétation. 

4*  Absence  de  l'action  parasitaire. 

5*  Présence  dans  la  moelle  des  Saxifrages  normales  et 
anormales  de  faisceaux  anormaux,  dont  la  marche  est  la 
suivante  :  les  faisceaux  normaux  repoussés  dans  la  moelle 
par  les  faisceaux  foliaires  y  cheminent  quelque  temps  et 
regagnent  leur  place  normale. 

6*  La  différenciation  sur  place  des  faisceaux  de  la  moelle, 
avec  orientation  inverse,  bois  externe  et  liber  interne, 
semble  due  i  une  prolifération  latérale  des  cellules  cam- 
biales. 

7*  Dana  les  types  ascidies,  présence  dans  le  collet 
d'ilôts  ligneux,  uniquement  d'origine  primaire,  séparés 
du  oambium  par  des  parenchymes  normaux. 

1.  U  BUflOfbftfB,  Production  do$  fouillée  on  eomot  por  IroMmolkmo,  C.  R,  Àc 
Se.,  CXMI  (1*0«)(  n*  ?e.  K  juin.  p.  !*4i.  —  P.  VollUmlo.  Sur  Cm  comooo  do 
Vmtrumm  do  fonmoê  dêêm  Mtmutei,  ifctd.,  CXUII,  ■*  ♦,  •  août  IN*,  p.  ttt. 


—  224  — 

VIII.  —  Anomalies  de  Digitalis  lutea  L. 

M.  E.  Château  nous  a  communiqué  six  tiges  de  Digitalis 
lutea  L.,  coupées  dans  son  jardin  de  l'école  de  Bourg-le- 
Comte,  et  provenant  d'un  pied  unique.  Ce  pied  est  issu  de 
graines  récoltées  à  Salornay-sur-Guye  (Saône-et-Loire),  et 
âgé  de  sept  années;  la  plante,  habituellement  bisannuelle, 
est  donc  devenue  pérennante,  car  elle  ne  paraît  pas  épuisée, 
et  M.  Château  nous  a  procuré  à  son  sujet  d'amples  et 
intéressants  détails  : 

«  A  sa  première  floraison,  cette  Digitale  n'adonné  qu'une 
seule  tige;  les  années  suivantes,  elles  sont  devenues  plus 
nombreuses.  Cette  année  elle  en  portait  sept,  dont  six  ont 
été  enlevées;  près  du  point  où  elles  ont  été  coupées,  de 
nouveaux  bourgeons  se  sont  développés;  il  y  en  a  actuelle- 
ment quatorze,  dont  quelques-uns  ont  de  quatre  à  cinq 
centimètres  de  longueur,  et  si  les  gelées  ne  viennent  pas 
les  détruire,  il  est  probable  qu'ils  parviendront  à  fleurir.  » 

Les  tiges  apportées  par  M.  Château  sont  robustes,  hautes 
de  0*70  à  0*80,  garnies  de  feuilles  longues  de  0m15  à  0m20 
sur  0m05  de  largeur,  et  terminées  par  une  panicule  mons- 
trueuse de  0*20  à  0m30  de  longueur.  Les  bractées  florales 
sont  largement  foliacées.  Les  fleurs  sont  remplacées  par 
de  véritables  rameaux,  longs  de  Ûm05  à  0m08  et  portent  de 
nombreuses  bractées  disposées  en  spirale.  A  l'aisselle  de 
ces  bractées  on  trouve  des  bourgeons,  parfois  allongés  eux- 
mêmes  en  ramuscules  de  troisième  ordre,  parfois  dévelop- 
pés en  une  petite  fleur  dialypétale,  à  4-5-6  divisions  péta- 
loïdes  jaunâtres,  avec  un  fascicule  de  minuscules  folioles  au 
centre  ;  le  plus  souvent  ces  petits  bourgeons  sont  avortés, 
jaunâtres  et  caducs. 

Dans  ce  véritable  dévergondage  tératologique,  les  fleurs 
de  Digitalis  lutea  se  sont  donc  transformées  en  axes  secon- 
daires, sur  lesquels  les  pièces  des  verticilles  floraux  se  sont 
espacées  en  appendices  foliacés  et  les  ovules  transformés 


-  225  — 

en  fleurs  avortées  ou  en  petits  bourgeons,  et  cela  jusqu'au 
sommet  de  l'inflorescence . 

C'est  donc  un  cas  de  virescence  ou  phyllanthie  complexe, 
avec  prolifications  médiane  et  aœillaire,  dialysis  et  pélorie 
de  certaines  fleurs,  pleiotaxie  des  bractées,  phyllodie  et 
polyphyllie  des  organes  floraux. 

Tl  importait  de  rechercher  la  cause  de  ces  anomalies, 
observées  plusieurs  années  de  suite,  et  pour  lesquelles  on 
pouvait  invoquer  un  changement  de  terrain  ou  l'influence 
de  la  culture.  M.  Château  interrogé  à  cet  égard  nous  a  fourni 
les  renseignements  suivants  : 

«  En  1905,  la  Digitale  jaune,  après  avoir  fleuri  normale- 
ment, se  terminait  par  de  nombreux  rameaux,  ayant  l'as- 
pect de  petites  tiges,  munies  de  très  petites  feuilles,  dont 
quelques-unes  portaient  des  fleurs.  Cette  anomalie  ne  com- 
mença à  paraître  qu'après  le  15  août,  date  de  l'arrivée  de 
la  pluie.  Vers  le  15  septembre,  le  sol  étant  saturé  d'eau, 
les  tiges  filiformes  se  développèrent  de  plus  en  plus,  et 
j'étais  convaincu  qu'elles  allaient  produire  des  fleurs.  Je 
les  laissai  en  observation  ;  elles  ne  souffrirent  pas  des  pre- 
mières gelées  d'octobre,  mais  furent  détruites,  le  17,  par 
une  forte  gelée  de  — 5°.  J'étais  persuadé,  à  ce  moment, 
que  l'anomalie  était  due  à  l'humidité  succédant  â  une  séche- 
resse prolongée.  En  effet,  les  mois  de  juin,  juillet  et  la 
première  quinzaine  d'août  avaient  été  caractérisés  par  une 
sécheresse  désespérante;  les  prairies  ressemblaient  à  des 
champs  moissonnés,  l'eau  était  sur  le  point  de  manquer 
dans  les  fermes  lorsque  le  15  août  la  pluie  survint  pour  ne 
pas  cesser.  Le  sol  calciné  fut  saturé  d'eau,  les  prés  rever- 
dirent comme  au  printemps,  les  pommes  de  terre  fleurirent 
une  seconde  fois  ;  rien  d'étonnant  à  ce  que  la  Digitale  jaune, 
qui  avait  accompli  son  évolution,  mais  dont  les  tiges 
n'étaient  pas  encore  desséchées,  reçût,  comme  les  autres 
plantes,  une  nouvelle  poussée  de  sève  utilisée  à  la  forma- 
tion des  jeunes  rameaux  venus  à  l'extrémité  des  tiges. 

S.H.N.    1906.  15 


—  226  - 

»  L'année  1906  a  été  plus  sèche  encore  que  1905.  Depuis 
le  24  mai,  la  terre  n'a  pas  été  trempée.  La  température  a 
été  fort  irrégulière;  certaines  journées  brûlantes,  +35°, 
+  38°  à  l'ombre,  ont  été  suivies  de  nuits  très  fraîches,  si 
bien  qu'au  matin  du  1er  juillet  une  forte  gelée  blanche  a  été 
observée  dans  tout  le  val  de  la  Loire.  Sur  certains  points 
une  mince  couche  de  glace  recouvrait  l'eau,  mais  Digitalis 
lutea  n'en  a  pas  souffert;  cependant  la  floraison  n'a  pas  eu 
lieu,  ou  plutôt  quelques  fleurs  seulement  ont  ouvert  leur 
corolle  d'une  façon  à  peu  près  régulière.  Pendant  une 
absence  de  Bourg-le-Comte,  du  1 1  au  26  août,  la  pluie 
était  survenue  le  14  avec  32mm  d'eau.  En  rentrant  je 
retrouvai  ma  plante  avec  la  même  anomalie  qu'en  1905. 
Mais  déjà  l'ondée  bienfaisante  n'était  plus  qu'un  souvenir, 
si  bien  que  les  plantes  croissant  à  côté  de  Digitalis  lutea, 
telles  que  Tanacetum  vulgare,  Algopodium  Podagraria^  pour- 
tant très  résistantes,  avaient  leurs  feuilles  desséchées.  La 
Digitale  commençait  également  à  souffrir,  les  feuilles  se 
flétrissaient  et  les  jeunes  pousses  de  l'extrémité  de  la  tige 
penchaient  la  tête.  Du  26  août  au  4  septembre,  je  l'arrosai 
chaque  soir,  et  elle  redevint  plus  vigoureuse  que  jamais. 
Le  4  septembre,  je  coupai  les  tiges  que  je  vous  ai  remises, 
n'en  laissaitt  qu'une  seule.  Je  ne  l'ai  pas  arrosée,  mais  il 
est  tombé  quelques  ondées,  les  nuits  sont  devenues  fraîches, 
d'épais  brouillards  entretiennent  une  humidité  bienfaisante 
et  l'anomalie  continue  à  se  développer,  sans  que  j'en  puisse 
déterminer  la  cause.  Il  est  tout  d'abord  assez  naturel  de 
supposer  que  la  sécheresse  suivie  d'une  humidité  considé- 
rable, a  produit  la  monstruosité.  Mais  il  se  pourrait  aussi 
que  la  station  y  fût  pour  quelque  chose.  D'abord,  cette 
plante  est  bisannuelle  partout  où  elle  croît  spontanément, 
et  ne  produit  le  plus  souvent  qu'une  tige  florifère,  tandis 
que  dans  mon  jardin  elle  est  devenue  vivace,  ou  plutôt 
pérennante,  et  portant  plusieurs  tiges  florifères.  Il  y  a  là 
une  modification  importante,  et  en  dehors  des  influences 


—  227  — 

climatériques,  car  si  les  trois  dernières  années  ont  été 
particulièrement  sèches,  les  cinq  années  précédentes  ne 
l'ont  pas  été  plus  que  la  moyenne,  et  cependant  ma  plante 
était  déjà  pérennante  et  multicaule. 

»  ùigitalis  lutea  est  considéré  comme  une  espèce  calci- 
cole  ou  tout  au  moins  préférente  des  sols  calcaires.  Or,  à 
Bourg-le-Comte,  le  sol  est  argileux  et  le  sous-sol  est  de 
l'argile  pure;  la  station  est  à  l'ombre  de  l'école  dès  midi  en 
plein  été,  dès  dix  heures  en  automne.  Le  sol  retient  bien 
l'eau,  mais  moins  bien  la  chaleur,  d'autant  plus  qu'il  ne 
reçoit  pas  les  rayons  solaires  les  plus  chauds  de  la  journée. 
Il  n'a  reçu  d'autre  engrais  que  les  cendres  de  houille  des 
poêles  des  écoles,  et  cependant  la  Digitale  jaune  y  est  de 
belle  venue.  La  terre  fine,  passant  au  tamis  de  10  fils, 
desséchée  au  feu  et  essayée  au  calcimètre  a  accusé  6,64  °/0 
de  chaux;  les  petits  graviers  restant  sur  le  tamis  sont 
essentiellement  siliceux;  ils  ne  donnent  pas  trace  de  chaux. 

»  A  Salornay-sur-Guye,  d'où  provenait  la  graine,  le  sol 
est  constitué  par  une  terre  d'un  jaune  rouillé,  mêlée  de 
pierrailles,  reposant  sur  des  bancs  de  rochers  calcaires 
exploités  pour  la  construction;  il  ne  retient  pas  l'eau, 
s'échauffe  facilement,  est  exposé  toute  la  journée  à  l'ardeur 
du  soleil  ;  aussi  les  Digitales  jaunes  se  dessèchent  dès  le 
mois  d'août,  et  n'ont  pas  la  vigueur  de  celle  de  mon  jardin. 
J'ai  relevé  la  teneur  calcimétrique  d'une  terre  prise  au  voi- 
sinage, au  lieu  dit  la  Roche,  et  où  croît  toute  une  associa- 
tion de  plantes  calcicoles  :  Coronilla  Emerus,  Lathyrus  tube- 
rosus,  Rubia  peregrina,  Vibumwn  Lantana,  Cirsium  acaule, 
Teucrium  Chamxdrys,  Teucrium  montanum,  etc.  La  terre 
fine  donne  seulement  0,28  °/0  de  chaux,  mais  les  pierres 
pulvérisées  94,6%- 

»  Digitalis  lutea  trouve  donc  à  Bourg-le-Gomte  un  sol 
suffisamment  calcaire  et  plus  fertile,  et  ces  conditions  géo- 
trophiques  paraîtraient  suffisantes,  si  une  autre  observa- 
tion ne  venait  en  mettre  l'influence  en  doute.  A  0m20  du 


—  228  — 

pied  de  Digitalis  lutea  existant  dans  mon  jardin,  se  trouve 
un  seul  pied  de  Vincetoxicum  officinale,  provenant  lui  aussi 
de  graines  récoltées  à  Salornay-sur-Guye,  à  peu  près  au 
même  point  que  la  Digitale.  Il  est  chétif,  atteint  de  flaves- 
cence,  n'a  pas  la  force  de  soutenir  ses  tiges  qui  traînent 
sur  le  sol,  fleurit  régulièrement  chaque  année,  mais  ne 
donne  pas  de  fruit.  Que  conclure  ?  Voici  deux  plantes  prises 
dans  un  même  terrain  et  semées  dans  un  jardin  sur  un 
même  point.  L'une  reste  chétive,  se  chlorose  et  ne  fructifie 
pas  ;  l'autre  devient  plus  vigoureuse  que  dans  sa  station 
d'origine,  mais  devient  monstrueuse.  La  fertilité  du  sol 
restant  la  même,  il  me  semble  qu'il  faut  surtout  invoquer 
l'influence  de  la  sécheresse  suivie  d'une  humidité  assez 
grande.  Je  vous  donne  ces  renseignements  pour  ce  qu'ils 
valent;  ils  n'ont  d'autre  mérite  que  d'être  scrupuleusement 
exacts,  et  relevés  d'après  mes  notes.  » 

Ces  observations  de  M.  E.  Château  confirment  les  résul- 
tats que  nous  avons  exposés  dans  une  récente  étude 
(Dr  X.  Gillot  et  E.  Château,  Y  Appétence  chimique  des  plantes 
et  leur  Répartition  topographique,  dans  Bull.  Soc.  bot.  de 
France,  LUI  (1906),  p.  215).  Le  Digitalis  lutea,  de  même 
que  le  Vincetoxicum  officinale,  plantes  calcicoles,  trouvent 
dans  le  terrain  de  Bourg-le-Comte  une  quantité  de  chaux 
suffisante  pour  leur  végétation,  mais  cet  élément,  malgré 
sa  prépondérance  dans  beaucoup  de  cas,  n'est  pas  le  seul 
facteur;  il  faut  considérer  en  outre  les  phénomènes 
d'absorption  par  les  racines  plus  ou  moins  profondes  et 
par  conséquent  l'influence  du  sous-sol,  et  les  conditions 
physiques,  hygroscopiques  du  sol,  etc.,  que  M.  Cl.  Roux  a 
si  magistralement  exposées  et  discutées.  (Cl.  Roux,  Traité 
historique,  critique  et  expérimental  des  rapports  des  plantes 
wec  le  sol  et  de  la  chlorose  végétale,  1900).  Il  est  possible, 
dans  le  cas  actuel,  que  le  renversement  de  proportion  dans 
la  teneur  calcimétrique  du  sol  et  du  sous-sol  et  la  plus 
grande  humidité,  ait  défavorablement  influencé  le  Dompte- 


-  229  - 

venin,  plante  vivace,  xérophile,  à  racines  profondes,  tandis 
que  la  Digitale  jaune  à  racine  pivotante,  garnie  d'un  chevelu 
plus  superficiel  et  soumise,  par  M.  Château,  après  les  souf- 
frances de  la  sécheresse,  à  un  arrosage  intensif,  a  puisé  dans 
ce  sol  plus  riche  et  plus  humide  une  vigueur  inaccoutumée, 
mais  avec  aberration  morphologique  de  l'inflorescence. 

Ce  processus  est  à  rapprocher  de  celui  que  nous  avons 
indiqué  précédemment  à  propos  des  troubles  dystrophiques 
des  fasciations  (pp.  76,  79). 

Il  est  a  remarquer,  en  outre,  que  les  anomalies  florales 
ne  se  sont  produites  qu'après  plusieurs  années  de  floraison 
régulière  chez  une  plante  à  conditions  biologiques  modi- 
fiées, et  qu'elles  s'accentuent  de  plus  en  plus  avec  la  durée 
exceptionnelle  du  végétal. 

Quoi  qu'il  en  soit  l'état  monstrueux  de  Digitalis  lutea  est 
d'autant  plus  intéressant,  que  cette  espèce  semble  jusqu'à 
présent  présenter  peu  d'anomalies,  ou  du  moins,  nous  n'en 
avons  pas  trouvé  de  citations  dans  les  auteurs  spéciaux, 
Moquin-Tandon,  William  Masters,  0.  Penzig,  à  part  un 
cas  de  dialypétalie  observé  par  Germain  de  Saint-Pierre 
(Bull.  Soc.  bot.  de  France,  XVII  (1870),  p.  217),  et  qui  s'est 
également  reproduit  pendant  plusieurs  années. 

La  grande  Digitale,  Digitalis  purpurea  L.,  est  au  con- 
traire sujette  à  de  nombreuses  déformations  tératologiques 
énumérées  par  les  auteurs  précités,  et  qui  reproduisent, 
isolés  ou  réunis,  la  plupart  des  phénomènes  étudiés  plus 
haut.  Cette  année  même,  au  21  juillet,  M.  l'abbé  Jarrin, 
curé  à  Thil-sur-Arroux  (Saône-et- Loire),  nous  a  obligeam- 
ment adressé  deux  épis  de  Digitale  pourprée  dont  les 
corolles  étaient  atteintes  de  dialipétalie,  anomalie  depuis 
longtemps  déjà  rencontrée  par  le  Dr  Carion,  aux  environs 
d'Autun  et  signalée  par  Boreau  :  t  Corolle  à  quatre  pétales 
spatules  et  atténués  en  long  onglet.  »  (A.  Boreau,  Flore  du 
centre  de  la  France,  2-  éd.  (1849),  p.  384  et  3a  éd.  (1857), 

p.  483,  en  note). 

Dr  X.  GILLOT. 


—  230  — 

M.  de  Chaignon  regrettant  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance,  il  est  donné  lecture  de  la  communication  suivante  : 

Environs  de  Grury  et  d'Issy-FÉvêque. 

Dans  une  course  récente  faite  en  compagnie  de  M.  Mar- 
lot,  prospecteur,  il  nous  a  été  donné  de  faire  quelques 
rencontres  assez  heureuses,  au  point  de  vue  lithologique 
et  surtout  minéralogique,  autour  de  Grury  et  d'Issy- 
l'Évêque,  nos  deux  centres  principaux  d'excursion. 

Je  ne  citerai  que  pour  mémoire  les  quelques  localités 
autrefois  classiques  et  dont  j'ai  déjà  parlé  dans  ma  note  : 
Sur  les  terrains  traversés  par  la  ligne  du  chemin  de  fer  de 
Toulon-sur-Arroux  à  Bourbon^ Lancy.  Ces  gisements  ont  de 
plus  en  plus  disparu  ;  les  excavations  ou  carrières  ouvertes 
pour  l'exploitation  sont  aujourd'hui  comblées,  nivelées  par 
les  cultures  ou  envahies  par  la  végétation. 

De  Grury,  notre  première  sortie  fut  dirigée  sur  le  Crot- 
Blanc,  où  a  été  reprise  l'exploitation  de  la  Fluorine  ;  mais 
avant  de  poursuivre  jusque-là,  M.  Marlot  fait  remarquer, 
dans  un  des  fossés  de  la  route  et  tout  de  suite  après  les 
dernières  maisons  de  Grury,  un  filon  de  Porphyrite  amphi- 
bolique  qui  présente  là  une  particularité  assez  spéciale.  On 
peut  se  demander  si  la  Granulite  est  pénétrée  par  la  Por- 
phyrite, ou  si  c'est  cette  dernière  qui  pénètre  la  Granulite, 
et  si  c'est  bien  le  filon  lui-même  qu'on  aperçoit,  ou  seu- 
lement son  entourage?  Quoi  qu'il  en  soit,  la  roche  est  très 
tenace,  ce  qui  est  bien  le  caractère  des  Porphyrites  ;  le 
grain  est  fin,  la  couleur  violacée,  à  cause  de  la  présence 
des  grains  clairs  de  la  granulite,  du  feldspath.  Cette  péné- 
tration des  éléments  d'une  roche  par  l'autre  n'a  pas  lieu 
brusquement,  mais  insensiblement  par  gradations;  les  par- 
ties centrales  ont  le  grain  très  fin;  à  mesure  qu'on  approche 
de  la  périphérie,  le  grain  devient  plus  gros,  et  on  distingue 


—  231  — 

très  bien  tous  les  éléments  granulitiques,  mouchetés  de 
parties  plus  sombres  vraisemblablement  amphiboliques. 
Quelques  fragments,  malheureusement  bien  altérés,  pourris 
dans  le  voisinage  des  parties  saines,  seraient-ils  des  débris, 
des  représentants  du  filon  lui-même  de  Porphyrite  ;  on  ne 
peut  se  prononcer;  mais  il  serait  intéressant  de  mettre  au 
jour  ce  gisement  pour  savoir  comment  il  se  comporte  en  pro- 
fondeur et  quel  rôle  est  attribué  à  chacune  des  deux  roches. 

Au  Crot-Blanc,  une  galerie  a  été  ouverte  de  l'autre  côté 
du  vallon,  dans  le  prolongement  du  filon  de  Fluorine 
exploité  primitivement  sur  le  versant  opposé.  Cette  galerie 
a  déjà  atteint  70  à  80  mètres  de  profondeur.  Le  minerai  est 
chargé  sur  des  wagonnets  tirés  de  l'intérieur  par  un  mulet 
puis,  après  un  premier  triage,  il  est  monté  à  la  hauteur  de 
la  route,  au  moyen  d'un  treuil  actionné  par  une  locomobile, 
puis,  déversé  de  là  dans  des  voitures  qui  le  conduisent  au 
moulin  de  Montpéroux  où  est  installée  une  laverie.  Une 
certaine  quantité  de  ce  minerai  a  même  déjà  été  moulue 
sous  une  des  meules  à  grains. 

La  Fluorine  présente  les  mêmes  caractères  que  ceux 
observés  par  la  Société  dans  les  premiers  travaux,  lors  de 
la  visite  à  la  mine,  le  19  juin  1904 !,  et  en  plus  un  grand 
choix  de  beaux  échantillons.  Les  couleurs  dominantes  sont 
toujours  le  blanc  et  le  violet;  les  échantillons  verts  sont 
les  plus  rares.  Nous  n'avons  pas  rencontré  de  cristaux.  Il 
existe  également  de  superbes  associations  de  quartz  avec 
Fluorine  en  couches  zonées  et  concentriques  d'un  joli  effet, 
d'autres  simplement  bréchiformes  qui  font  le  désespoir  des 
exploitants,  car  elles  nécessitent  un  triage  plus  minutieux. 

A  ce  propos  nous  mentionnerons  les  documents  histori- 
ques suivants,  qui  ont  été  publiés  sur  le  Crot-Blanc,  quel- 
ques années  avant  notre  visite,  dans  le  Nouvelliste  du  Morvan, 
à  la  date  du  27  avril  1901.  Il  n'était  donc  pas  question  à 

1.  Voyez  Bull.  Soc.  hi$L  nat.  Autun,  XVII  (1904),  2,  p.  261. 


—  232  — 

cette  époque  de  la  reprise  des  travaux  dans  les  conditions 
que  nous  venons  de  rapporter. 

«  Une  société  pour  l'extraction  du  spath-fluor  vient 
d'acheter  à  M.  Bloud,  propriétaire  au  Crot-Blanc,  trois  hec- 
tares de  terrain  sur  la  montagne  du  même  nom,  au  lieu 
même  où  jadis  furent  creusés  deux  puits  pour  l'exploita- 
tion de  ce  cristal  multicolore.  Voici  l'histoire  sommaire  de 
cette  mine  qui,  pendant  cinq  ans,  jouit  d'une  certaine  pros- 
périté. Vers  1855,  un  Lyonnais,  M.  Tinia,  se  rendit  au 
Crot-Blanc  sur  l'indication  de  quelques  amis,  pour  y  faire 
des  fouilles  quelconques.  Frappé  de  la  richesse  du  sol  en 
spath,  il  fit  ouvrir,  à  ses  frais,  une  mine  qui  occupa  une 
vingtaine  d'ouvriers  et  dont  il  resta  le  seul  concessionnaire. 
Deux  puits  et  de  nombreuses  galeries  furent  alors  creusés. 
Le  cristal  était  conduit  à  Digoin,  distant  de  25  kilomètres, 
puis,  après  avoir  subi  un  lavage,  embarqué  sur  le  canal.  » 

En  passant  au  Folin,  nous  nous  arrêtons  quelques  ins- 
tants à  la  mine  de  Pyromorphite  qui  est  actuellement 
abandonnée.  M.  Marlot  nous  fait  remarquer  quelques  beaux 
échantillons  du  minerai  qu'on  a  laissés  sur  place.  En 
remontant  en  arrière  de  la  mine,  le  chemin  creux  qui  y 
conduit  est  coupé  par  un  filon  mince  d'une  granulite  à 
grain  très  fin,  uniformément  semé  de  petits  points  blancs 
et  roses  d'un  joli  effet. 

Dans  la  grande  tranchée,  entre  Grury  et  Cressy-sur- 
Somme  et  à  300  mètres  de  la  gare  de  Grury,  j'ai  retrouvé 
la  Porphyrite  amphibolique  couronnant  le  Granité  porphy- 
roïde,  comme  je  l'avais  indiqué  antérieurement;  l'en- 
semble est  un  peu  moins  frais  qu'en  1901.  J'ai  pu  cepen- 
dant détacher  des  échantillons  montrant  le  contact  des 
deux  roches;  l'adhérence  n'est  pas  absolue,  il  existe  entre 
les  deux  une  intercalation  d'argile  grise  de  quelques  milli- 
mètres d'épaisseur,  qui  est  un  produit  d'altération. 

En  passant  à  Giney  nous  revoyons  sur  la  route  la  roche 
que  j'avais  indiquée  provisoirement  comme  un  Porphyre  à 


—  233  — 

quartz  globulaire,  par  analogie  avec  celui  qui  affleure  aux 
Dorins. 

Un  peu  avant  Marly-sous-Issy,  nous  passons  devant  une 
carrière  ouverte  pour  l'empierrement,  dans  une  granulite 
rosée,  dont  il  n'est  pas  fait  mention  sur  la  carte  géolo- 
gique. 

A  la  Forge,  qui  est  notre  point  terminus  pour  ce  jour-là, 
nous  visitons  encore  deux  autres  carrières,  situées  sous  bois, 
au-dessus  du  pittoresque  étang  alimenté  parla  Somme,  et 
qui  faisait  mouvoir,  il  y  a  plus  de  soixante  ans,  les  marti- 
nets propres  au  service  de  l'usine  installée  en  dessous. 

Dans  Tune  de  ces  carrières,  c'est  un  Granité  gris  porphy- 
roide,  qui  n'offre  rien  de  particulier;  dans  l'autre,  on  aurait 
affaire  à  une  Granulite  à  grain  moyen  généralement,  de 
couleur  gris-rosé,  qui  paraît  très  fraîche  et  très  compacte, 
même  à  la  surface,  où  elle  ne  semble  pas  avoir  subi  d'al- 
tération; ces  carrières  dans  la  granulite  sont  ouvertes 
depuis  peu  de  temps. 

Toutes  les  reconnaissances  que  nous  avons  pu  faire  ce 
jour-là  n'étaient  pas  le  but  principal  de  notre  course. 
M.  Marlot  tenait  surtout  à  retrouver,  dans  les  environs  de  la 
Forge,  une  roche  bien  spéciale,  parait-il,  qu'il  se  rappelait 
avoir  vue  déposée  pour  l'empierrement,  il  y  a  deux  ans,  sur 
la  route  de  Luzy,  vers  la  borne  départementale;  malheu- 
reusement il  négligea,  à  ce  moment,  d'en  prendre  des 
échantillons,  et  le  jour  où  nous  y  fûmes,  il  était  trop  tard; 
personne  ne  put  nous  renseigner  et  savoir  à  quoi  nous  fai- 
sions allusion. 

Le  second  jour,  nous  partons  par  la  route  d'Issy-l'Évêque 
à  Sainte-Radegonde,  et  passons  à  un  kilomètre  environ 
d'Issy-l'Évêque,  devant  une  grande  carrière  entaillée  dans 
un  granité  rouge  porphyroide. 

A  Baugis,  à  hauteur  des  fermes  appartenant  à  l'hospice 
d'Issy-l'Évêque,  la  route  est  traversée  par  un  filon  manga- 
nésifère,  de  1  mètre  à  lm50  d'épaisseur  visible,  qui  appa- 


—  234  — 

rait  surtout  sous  le  talus  à  droite  de  la  route,  et  en  corréla- 
tion avec  un  filon  quartzeux  que  la  carte  géologique  indique 
dans  le  voisinage,  mais  qui  ne  se  montre  pas  cependant 
sur  la  route.  Le  minéral  présente  une  particularité  assez 
spéciale  ;  la  masse  n'est  pas  homogène  et  continue,  mais 
divisée  en  fragments  de  grosseur  variable,  très  irréguliers 
de  forme,  sans  adhérence  les  uns  aux  autres,  et  se  séparant 
facilement;  l'intérieur  de  chacun  de  ces  morceaux  est 
creux,  géodique,  et  chaque  géode  est  remplie  de  grains 
siliceux  et  surtout  feldspathiques,  reliés  ou  noyés  dans  un 
résidu  kaoli nique  blanc  jaunâtre,  mais  sans  consistance  et 
plutôt  sableux.  Il  s'agit  là  d'infiltration  ou  de  remplissage 
qui  sont  la  conséquence  de  l'altération.  L'épaisseur  de  l'en- 
veloppe manganésienne  qui,  elle,  est  assez  compacte,  varie 
peu  :  7  à  8  millimètres  environ. 

Nous  passons  de  là  à  ce  qu'on  appelle  dans  le  pays  la 
montagne  des  Baudrillons,  près  de  Corcelle,  lande  inculte 
à  pentes  peu  accusées,  et  au  pied  de  laquelle  serpente  la 
petite  ligne  du  chemin  de  fer.  Vers  son  milieu  doit  exister 
un  gros  filon  quartzeux  qui  a  semé  de  ses  débris  cette 
partie  de  la  montagne.  Le  quartz  se  présente  là  sous  un 
aspect  qu'on  ne  rencontre  pas  habituellement  dans  la  plu- 
part des  filons  de  cette  sorte.  L'ensemble  est  bigarré  ou 
veiné  de  blanc  et  de  rouge  ;  certaines  parties  sont  caver- 
neuses avec  enduit  de  protoxyde  de  manganèse,  ailleurs  ce 
sont  de  jolies  agates  calcédonieuses,  véritables  onyx  dis- 
posés en  zones  concentriques,  où  domine  le  blanc;  et  enfin 
des  calcédoines  bleues  entourées  d'une  auréole  plus  pâle 
qui  rappellent  les  belles  calcédoines  du  Meynard,  près  de 
Montbrison,  les  géodes  de  calcédoine  des  Vens  (Ardèche), 
ou  encore  celles  de  l'argile  à  silex  de  Flacé-lès-Mâcon,  etc. 

On  aurait  également  signalé  aux  Baudrillons  la  présence 
du  quartz  améthiste  ;  de  belles  pyramides  de  cristaux  lar- 
gement teintées  en  violet,  comme  c'est  le  cas  habituelle- 
ment, mais  nous  n'en  avons  trouvé  nulle  trace. 


—  235  — 

De  là  nous  passons  à  Mon tgillard,  Montchanin,  Mont-Tortu, 
à  côté  des  exploitations  dont  j'avais  parlé  dans  ma  note  de 
1901.  Rien  n'a  changé  depuis  cette  époque,  sinon  que  la 
culture  a  de  plus  en  plus  fait  disparaître  le  peu  qu'on  pou- 
vait déjà  en  voir  à  cette  époque. 

A  Auzon,  cette  disparition  est  encore  plus  complète;  en 
1901  la  carrière  était  abandonnée  mais  existait  encore; 
dans  cet  état,  avec  un  outillage  approprié,  on  aurait  pu 
procéder  à  quelques  recherches,  au  moins  dans  les  déblais, 
mais  aujourd'hui  tout  est  comblé  et  la  charrue  passe  au 
dessus. 

Entre  Montgillard  et  Mont-Tortu,  nous  obliquons  vers  la 
Cour,  sur  la  ligne  du  chemin  de  fer  et  à  6  ou  700  mètres 
de  l'arrêt  de  la  Cour,  avant  celui  de  Corcelle,  où  nous 
retrouvons  la  Nontronite  ou  Pinguite,  signalée  pour  la  pre- 
mière fois  sur  ce  point  par  M.  Marlot,  quelques  mois  aupa- 
ravant. Les  parties  les  plus  riches  se  trouvent  emballées 
dans  une  granulite  non  seulement  décomposée  mais  ter- 
reuse, de  sorte  qu'on  ne  peut  obtenir  que  des  échantillons 
très  fragmentés  et  très  fragiles.  Quelques-uns  cependant 
présentent  un  certain  volume  d'un  joli  vert;  c'est  un  silicate 
de  fer  hydraté,  produit  d'altération  et  mélanges.  On  le 
retrouve  également  sur  le  talus  opposé,  où  il  affecte  une 
disposition  différente  :  en  enduits  de  peu  d'épaisseur  sur 
les  faces  de  la  granulite  fragmentée  mais  non  altérée.  Dans 
ces  conditions  ce  produit  doit  être  assimilé  à  la  Pinguite 
de  Salvezinet,  près  de  Feurs  (Loire);  cette  détermination 
avait  été  donnée,  dans  le  temps,  par  M.  Locard,  pour  une 
variété  également  en  enduit  sur  granulite  et  dont  notre 
musée  possède  quelques  exemplaires. 

Après  Auzon,  nous  nous  dirigeons  sur  Cuzy,  en  laissant 
à  notre  gauche  la  route  de  Luzy,  à  hauteur  de  l'étang.  Une 
exploitation  dans  ces  parages  avait  été  signalée  à  M.  Mar- 
lot. En  effet,  peu  après  le  passage  de  l'étang  et  avant  d'ar- 
river au  village  de  Cuzy,  nous  nous  trouvons  en  face  d'une 


—  236  — 

carrière  située  en  haut  du  talus  dominant  la  route  de  4  à 
5  mètres  ;  on  y  accède  au  moyen  d'une  échelle  qui  aboutit 
à  un  terre-plein.  A  20  mètres  plus  loin,  se  trouve  la  carrière 
elle-même.  C'est  une  excavation  à  peu  près  circulaire, 
sorte  de  puits  très  largement  ouvert  au  moins  à  la  partie 
supérieure,  avec  un  diamètre  de  8  ou  10  mètres.  Dans  le 
fond  il  n'a  pas  plus  de  2m50  à  3  mètres,  la  profondeur 
totale  peut  être  de  7  à  8  mètres  ;  à  mesure  des  travaux  tous 
ces  chiffres  iront  en  augmentant. 

La  masse  principale  de  la  roche  est  une  magnifique 
Pegmatite  à  très  grandes  parties;  orthose  rose  et  quartz 
assez  limpide  avec  mica  blanc,  surtout  à  la  partie  supé- 
rieure de  l'exploitation.  Dans  le  fond,  les  éléments  acces- 
soires disparaissent  en  partie,  et  le  feldspath  en  grandes 
masses  laminaires,  sans  contours  géométriques  bien  définis, 
paraît  exister  seul.  Véritable  Harmophanite  des  anciens 
auteurs  (Jannetaz,  d'après  Gordier),  très  probablement  du 
Microcline.  Ces  parties  sont  d'une  très  grande  richesse 
pour  l'emploi  auquel  elles  sont  destinées,  le  feldspath  seul 
étant  utilisé  ;  le  triage  est  donc  bien  simplifié,  et  le  minerai 
concassé  est  chargé  sur  les  chariots,  au  moyen  d'un  plan 
incliné  qui  vient  aboutir  sur  la  route.  Cette  exploitation  a 
été  entreprise,  il  y  a  dix-huit  mois,  pour  le  compte  d'une 
fabrique  de  céramique  qui  a  son  siège  à  Paray-le-Monial. 

Le  granité  est  largement  représenté  autour  de  Cuzy; 
cependant,  d'après  la  carte  géologique,  feuille  d'Autun,  un 
filon  de  granulite  partant  de  Lavault  se  dirige  au  sud- est 
et  aboutit  à  Bucheleur,  en  coupant  très  obliquement  la 
grande  route  de  Luzy  à  Toulon-sur-Arroux.  Il  semble  donc 
tout  indiqué  qu'on  doive  étendre  cet  affleurement  et  le  pro- 
longer jusqu'au  pied  de  la  butte  où  est  située  la  carrière  ; 
ou  bien,  en  indiquer  un  second,  s'il  y  a  interruption  par  le 
granité,  entre  les  deux  affleurements  granulitiques. 

Deux  minéraux  intéressants  ont  été  rencontrés  dans  cette 
carrière.  Il  s'agit,  en  premier  lieu  de  la  Gigantolite,  iden- 


—  237  — 

tique  à  celle  que  nous  possédons  d'Auzon  et  qui  a  été 
donnée  au  musée  par  M.  V.  Berthier.  Quelques  blocs  assez 
altérés  ont  déjà  été  extraits  et  rejetés;  les  carriers  les 
prenant  avec  raison  pour  du  mica,  les  éliminent  de  leur 
triage. 

La  masse  principale  de  cette  Oigantolite  est  encore  en 
place;  quelques  morceaux  seulement  venant  d'en  être 
détachés.  C'est  une  lentille  isolée  de  im10  à  lm20  de  lon- 
gueur, sur  0m45  à  0m50  de  largeur  ;  l'épaisseur  doit  être  à 
peu  près  pareille,  de  forme  très  irrégulière  et  noyée  dans 
la  Pegmatite,  qu'elle  ne  paraît  pas  affecter. 

Quelques  morceaux  assez  volumineux  paraissent  être 
des  extrémités  de  cristaux,  malheureusement  brisés,  dont 
les  angles  quelque  peu  émoussés  sont  encore  bien  accusés. 

Depuis  notre  course  avec  M.  Marlot  je  suis  retourné  à 
Cuzy  et  j'ai  pu  y  faire  quelques  observations  nouvelles.  La 
lentille  de  Gigantolite  que  je  signale  plus  haut  a  disparu  et 
ses  débris  sont  dispersés  dans  les  déblais  non  utilisés  ;  mais 
une  seconde  lentille,  peut-être  moins  volumineuse  que  la 
première,  a  été  mise  au  jour.  Je  n'ai  pu  savoir  quelle  place 
elle  occupait  par  rapport  à  la  première  ;  on  n'a  pu  me  ren- 
seigner là-dessus.  Elles  ne  devaient  pas  être  en  prolonge- 
ment l'une  de  l'autre,  avec  un  étranglement  ou  une  inter- 
ruption les  séparant,  parce  que  toutes  les  deux  eussent 
été  visibles  ;  mais,  autant  que  je  puis  me  rappeler  la  posi- 
tion de  celle  qui  a  été  enlevée,  elles  devaient  se  trouver  à 
la  même  hauteur  et  l'une  en  arrière  de  l'autre.  Quoi  qu'il 
en  soit,  cette  seconde  lentille  qui  pourrait  bien  représenter 
un  énorme  cristal  est  très  apparente;  tout  un  côté  a  été 
dégagé  et  il  serait  facile  de  la  détacher  entièrement,  car  la 
roche  tout  à  l'entour,  sans  être  altérée,  est  très  peu  dure 
et  se  brise  en  esquilles.  Ce  qui  faciliterait  encore  l'extrac- 
tion, c'est  qu'au  contact  du  cristal,  il  y  a  une  pellicule  kaoli- 
nisée  d'épaisseur  insignifiante,  mais  qui  suffit  pour  ôter 
toute  adhérence  entre  le  bloc  de  Gigantolite  et  la  roche 


—  238  — 

encaissante.  Le  cristal  se  trouvant  dégagé  sur  toute  une 
face  pouvait  être  mesuré  ;  sa  longueur  est  de  0m85  à  0*90, 
avec  une  hauteur  ou  épaisseur  variant  de  0*20  à  0*35, 
parce  qu'une  moitié  du  cristal  a  été  détachée  dans  la  lon- 
gueur par  les  carriers.  Je  n'ai  pas  la  compétence  voulue 
pour  juger  de  la  forme  cristalline  de  ce  minéral,  mais  une 
des  extrémités  au  moins  présente  des  indices  de  plans  de 
cristallisations  bien  accusés.  Sur  la  longueur  qui  est  à 
découvert,  on  ne  peut  se  prononcer;  il  faudrait  que  toute 
la  masse  fût  dégagée.  A  cause  de  l'altération  probablement, 
ce  qu'on  en  voit  est  plutôt  arrondi  qu'anguleux  ;  on  peut 
même  ajouter  que  l'ensemble  est  irrégulier  et  contourné. 
Cette  lentille  est  couchée  sous  un  angle  de  45  degrés.  En 
dehors  de  la  place  occupée  par  celle-ci,  on  n'aperçoit  plus 
d'autres  traces  du  minéral  le  long  des  parois  de  la  carrière  ; 
il  est  possible  que  la  suite  des  travaux  en  mettent  au  jour 
de  nouveaux,  mais,  pour  l'instant,  ces  deux  cristaux  devaient 
être  très  rapprochés  l'un  de  l'autre  et  localisés.  Celui  qui 
subsiste  est  à  3  mètres  du  fond  actuel  de  la  carrière  ;  il  est 
recouvert  par  une  Pegmatite  à  éléments  moins  gros  et  plus 
quartzeux,  sur  une  épaisseur  d'un  mètre,  et  passant  dans 
le  haut  à  une  granulite  grossière,  réduite  en  arène  et  pou- 
vant mesurer  3m50.  Dans  ces  conditions,  il  n'est  pas  éton- 
nant que  l'infiltration  des  eaux  ait  occasionné  une  altéra- 
tion à  peu  près  générale. 

Toutefois  la  structure  de  ce  minéral  se  rapporte  bien  à 
la  description  qu'en  donne  M.  Lacroix  (Minéralogie  de  la 
France).  Quand  une  Cordièrite  se  transforme  en  Giganlolite, 
les  plans  de  séparation,  perpendiculaires  généralement  à 
l'axe  du  cristal,  deviennent  répétés,  car  leur  facilité  est 
augmentée  par  le  développement  parallèlement  à  eux  de 
lamelles  de  mica  (Biotite,  moscovite).  Peu  à  peu  le  miné- 
ral se  transforme  complètement  en  micas  dont  les  lames  se 
propagent  souvent  le  long  des  clivages  prismatiques.  Le 
minéral  finit  par  être  transformé  entièrement  en  mica.  Ce 


—  239  — 

doit  être  le  cas  de  la  Gigantolite  de  Cuzy  ;  à  cause  de  son 
peu  de  dureté,  je  crois  qu'on  peut  la  considérer  comme  une 
masse  en  partie  micacée. 

La  rencontre  nouvelle  de  ces  pseudomorphoses  de  Cor- 
diérite  est  des  plus  intéressantes;  elle  étend  encore  les 
connaissances  que  Ton  avait  déjà  sur  celles  d'Auzon  et  que 
M.  Lacroix  considérait  déjà  comme  le  type  le  plus  régulier 
de  Gigantolite  qu'il  ait  eu  l'occasion  de  signaler. 

La  découverte  la  plus  heureuse  et  la  plus  inattendue  a 
été  celle  de  VAndalousite,  silicate  d'alumine  anhydre  avec 
une  faible  teneur  en  fer  et  chaux  ;  cette  composition  d'ailleurs 
peut  varier  si  le  minéral  n'est  pas  à  l'état  de  pureté,  ou  s'il 
est  altéré.  Pareille  trouvaille  n'a  pas  encore  été  signalée, 
que  je  sache,  dans  aucun  gisement  similaire  de  la  région. 

Dans  cette  seconde  course  également,  j'ai  pu  voir  en 
place  l'Andalousite  que  je  n'avais  trouvée  qu'en  débris,  la 
première  fois.  Elle  se  présente  sous  forme  de  petites 
masses  cristallines,  bacillaires  et  flabelliformes  et  non  en 
cristaux  prismatiques.  L'intérieur  est  terne  et  offre  la  colo- 
ration caractéristique  rose  fleur  de  pêcher  avec  des  parties 
noirâtres,  où  l'altération  serait  plus  avancée  ;  à  la  péri- 
phérie cette  altération  se  traduit  par  une  transformation  en 
mica  blanc  (Damourite),  qui  s'étend  aussi  dans  l'intérieur, 
en  pénétrant  les  fines  cannelures  ou  stries  qui  sillonnent 
l'extérieur. 

Plusieurs  de  ces  petites  masses  peuvent  se  trouver 
groupées  sur  un  même  plan,  avec  intervalles  occupés  par 
du  mica,  du  quartz  et  surtout  du  feldspath,  de  sorte  que  la 
forme  en  éventail  est  encore  plus  accusée.  J'ai  pu  mesurer 
sur  place  quelques-unes  de  ces  petites  masses  cristallines. 
Certaines  peuvent  atteindre  15  à  18  centimètres;  je  ne 
serais  pas  étonné,  d'après  des  débris  trouvés,  qu'il  y  en 
eût  de  taille  supérieure  encore.  Mais  elles  sont  d'une  telle 
fragilité  que,  malgré  le  peu  de  dureté  et  même  la  friabi- 
lité de  la  roche  encaissante,  il  est  impossible  de  les  obtenir 


—  240  — 

entières.  Quelques  échantillons  très  altérés  sont  entière- 
ment transformés  en  Damourite  et  de  leur  état  primitif 
ne  conservent  plus  que  la  forme,  aussi  se  désagrègent-ils 
au  moindre  contact. 

L' Andalousite  disséminée  dans  une  veine  presque  exclu- 
sivement feldspathique  (probablement  Microcline),  est 
visible  sur  une  longueur  de  4m50  à  5  mètres.  Les  masses 
cristallines  distribuées  sans  ordre  sont  enchevêtrées  les 
unes  dans  les  autres.  Sur  cette  longueur  il  y  a  des  inter- 
ruptions où  les  cristaux  sont  plus  rares. 

De  même  que  pour  la  Gig an t otite  l'Andalousite  parait 
très  localisée;  à  part  cette  veine  qui  va  en  plongeant  sous 
un  angle  de  50  à  55  degrés,  je  n'en  ai  pas  aperçu  ailleurs. 
Il  est  à  supposer  cependant  qu'il  doit  s'en  trouver  sur 
d'autres  points,  d'autant  plus  que  la  carrière  n'a  pas  dit 
son  dernier  mot? 

Cette  veine  très  sinueuse  peut  avoir,  dans  sa  plus  grande 
épaisseur  et  où  l'Andalousite  est  plus  abondante,  de  50  à 
60  centimètres;  puis  elle  s'étrangle  en  formant  par  inter- 
valles de  petites  poches  avec  Andalousite  également,  et 
finalement  disparaît  dans  le  haut.  La  poohe  principale  est 
à  la  même  hauteur  que  le  bloc  de  Gigantolite,  seulement 
du  côté  opposé  de  la  carrière,  par  conséquent,  elle  n'est  pas 
plus  garantie  que  lui  des  influences  atmosphériques  ;  aussi  la 
partie  haute  de  la  veine  ne  présente  plus  que  des  squelettes 
d'Andalousite,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  qui  tombent  en 
poussière  au  moindre  attouchement. 

Ces  observations,  une  fois  de  plus,  nous  amènent  à  faire 
ressortir,  sans  vouloir  en  rechercher  la  raison,  combien 
l'association  d'espèces  minérales,  dans  la  Pegmatite  prin- 
cipalement, varie  suivant  les  points  où  on  l'étudié. 

Au  retour,  nous  fondions  un  certain  espoir  sur  la  route 
nouvellement  ouverte  qui  relie  Luzy  avec  Gharbonnat,  ne 
doutant  pas  qu'elle  ait  donné  lieu  à  des  travaux  d'une  cer- 
taine importance;  mais  cette  route  soi-disant  nouvelle  ne 


—  241  — 

part  pas  de  Luzy.  De  cette  ville  au  col  situé  i  l'Ouest  des 
Bruyères,  elle  existe  depuis  longtemps  ;  aussi  n'est-ce  qu'à 
partir  do  là  qu'elle  a  été  rectifiée  dans  quelques  points  et 
élargie  dans  d'autres.  Du  col  où  la  vue  est  des  plus  éten- 
dues, la  route  descend  constamment  jusqu'à  Charbonnat, 
en  passant  par  le  gros  village  de  Montjalmin.  Dans  tout  ce 
parcours,  notre  attente  fut  bien  déçue  ;  à  part  quelques 
talus  sans  importance  au  milieu  des  éboulis,  on  n'aperçoit 
pas  la  moindre  roche  en  place  ;  nous  n'eûmes  pas  à  nous 

arrêter 

H.  de  CHAIONON. 


L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée. 


SÉANCE  DU  9  DÉCEMBRE  1906. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  LE  Dr  GILLOT 

Étaient  présents  :  MM.  des  Abbayes;  Camille  Berger; 
Bouvet;  Bovet;  Camusat,  du  Creusot,  et  son  fils;  le  V*  H. 
de  Chaignon;  Diossin,  de  Palinges;  Pesquet  Joseph;  Fonty 
Martin;  Louis  Oillot;  Orézel;  Lebreton;  Lebègue;  Pas- 
teur;  Porte;  Quincey  Jean;  Louis  Renaud;  François  Rigol* 
lot»  et  V.  Berthier. 

Cinq  nouveaux  adhérents  sont  reçus  à  l'unanimité  comme 
membres  titulaires  : 

M.  Jondot  Henry,  dessinateur  au  Creusot,  présenté  par 
MM.  A.  Raymond  et  Camusat. 

M.  le  Dr  Lemoine,  à  Château-Chinon,  présenté  par  M.  le 
Dr  X.  Oillot  et  M.  James  Jarlot. 

M.  Etienne  Perricaudet,  ferblantier  à  Autunt  présenté 
par  MM.  le  Vu  H.  de  Chaignon  et  V.  Berthier. 

5.H.N   ffOf.  16 


—  242  — 

M.  Bais,  ingénieur,  directeur  des  établissements  Schnei- 
der et  Cie,  au  Creusot,  présenté  par  M.  A.  Raymond  et 
M.  le  Dr  Gillot. 

.    M.  Touzot  Eugène,  dessinateur  au  Creusot,  présenté  par 
MM.  A.  Raymond  et  Camusat. 

M.  Albert  Nigaud,  géomètre-expert  à  Mesvres  (8aône-et- 
Loire),  présenté  par  MM.  le  Dr  Gillot  et  Raymond. 

La  Société  confère  en  outre  le  titre  de  membre  corres- 
pondant à  M.  Augustin  Spitz,  53,  rue  du  Poteau,  à  Paris 
(Montmartre),  présenté  par  M.  le  Dr  Gillot  et  M.  V.  Berthier. 

M.  le  président  prend  la  parole  dans  les  termes  sui- 
vants : 

«  Messieurs, 

»  Les  appréhensions  qu'au  commencement  de  cette  année 
j'avais  déjà  le  regret  d'exprimer  sur  le  résultat  de  la  loterie 
pour  la  construction  d'un  Musée  d'histoire  naturelle  (séance 
du  11  février  1906),  n'étaient  malheureusement  que  trop 
justifiées;  et  je  suis  désolé  d'avoir  aujourd'hui  à  vous  com- 
muniquer la  déception  de  nos  espérances  et  l'ajournement 
indéfini  de  notre  projet.  Émise,  il  y  a  dix-huit  mois,  dans 
des  conditions,  en  apparence,  favorables,  notre  loterie, 
mal  soutenue  par  une  publicité  insuffisante,  mal  servie, 
pour  ne  pas  dire  desservie,  par  les  circonstances  et  les 
préférences  financières  des  intermédiaires  obligés,  a  été 
littéralement  écrasée  par  la  concurrence  d'autres  loteries, 
autorisées  après  elle,  mais  plus  importantes,  et  partant 
plus  aptes  à  capter  la  faveur  du  public.  Depuis  longtemps, 
malgré  un  ajournement  sans  effet  utile,  nous  sentions 
notre  oause  perdue,  et  il  a  fallu  nouer  résigner  à  une  liqui- 
dation déplorable.  Je  ne  veux  pas  cependant  laisser  clore 
ce  chapitre  attristant  sans  remercier,  et  avec  d'autant  plus 
de  gratitude  que  la  cause  était  digne  d'un  meilleur  sort, 
tous  ceux  qui  ont  apporté  à  notre  projet  le  concours  dévoué 
de  leurs  encouragements,  de   leur  influence  et  de  leur 


—  243  — 

bourse.  En  premier  lieu,  notre  cher  et  vénéré  président 
d'honneur,  M.  Albert  Gaudry  qui,  après  avoir  été  pour  nous 
un  aide  si  dévoué  et  si  précieux,  s'est  montré  si  affecté  de 
notre  échec;  M.  G.  Périer,  député  et  maire  d'Autun,  qui  a 
multiplié  ses  démarches  en  notre  faveur,  et  nous  a  secondé 
jusqu'au  bout  en  mettant  gracieusement  les  salles  de  l'hôtel 
de  ville  au  service  du  tirage  de  la  loterie;  les  membres  du 
comité  de  surveillance  de  la  loterie  qui  en  ont  aidé  et 
facilité  les  opérations  avec  tant  de  bienveillance  et  de 
désintéressement;  et  tout  particulièrement  notre  secrétaire, 
M.  Victor  Berthier,  qui,  après  avoir  été  le  principal  insti- 
gateur du  projet,  s'est  dévoué  sans  relâche  à  sa  réussite, 
stimulant  les  indifférents,  soutenant  les  défaillants  de  son 
espoir  tenace,  assumant  la  charge  d'une  énorme  et  fasti- 
dieuse correspondance,  et  auquel,  je  tiens  à  le  dire  bien 
haut,  revient  tout  le  mérite  du  résultat  obtenu,  si  mince 
soit-il  ! 

»  Car  enfin  la  faillite  n'a  pas  été  complète  et  n'a  pas 
laissé  la  caisse  absolument  vide,  et  je  dois  au  nom  du 
Bureau  et  du  Comité,  vous  mettre  au  courant  de  la  situa- 
tion  exacte.  Sur  les  300,000  billets  émis  à  un  franc,  l'agence 
Fournier  n'a  pu,  en  vingt  mois,  en  placer  que  95,000. 
Après  le  prélèvement  de  45,000  francs  pour  garantie  des 
lots,  et  de  19,000  francs  pour  la  remise  à  20  %  de  l'agence, 
il  nous  est  resté  exactement  la  somme  de  31,000  francs. 
Ces  fonds  ont  été,  en  grande  partie,  pour  un  chiffre  de 
22,000  francs  employés  à  l'achat  d'un  terrain,  achat  que 
vous  avez  ratifié  par  un  vote  en  assemblée  générale  le 
17  décembre  1905.  Il  nous  reste  donc  actuellement,  en 
dépôt,  au  Crédit  Lyonnais,  une  somme  de  9,000  francs,  à 
peine  de  quoi  faire  bâtir  un  hangar! 

»  Il  vous  appartient,  Messieurs,  de  décider  l'usage  et 
l'emploi  que  vous  entendez  faire  du  terrain  acquis  et  de 
la  somme  disponible.  Des  dons  et  des  subventions  géné- 
reuses pourraient  seuls,  en  ce  moment,  en  augmenter  le 


ji 


—  2'*4  — 

chiffre  et  permettre  de  reprendre,  sur  d'autres  bases,  ce 
projet  de  musée,  dont  l'avortement  est  d'autant  plus 
regrettable  que  le  moment  est  venu  où  nos  belles  collec- 
tions, malheureusement  plus  connues  et  plus  admirées 
ailleurs  que  chez  nous,  sont  menacées  de  perdre  leur  asile 
provisoire.  La  prospérité  du  collège  d'Autun,  à  laquelle 
nous  ne  pouvons  qu'applaudir,  va  nécessiter,  i  bref  délai, 
la  reprise  d'une  partie  des  locaux  occupés  par  le  musée 
d'histoire  naturelle  ;  nous  en  sommes  d'ores  et  déjà  avisés 
et  notre  embarras  n'est  pas  mince  pour  parer  à  cette  éven- 
tualité, si  menaçante  pour  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun.  J'en  appelle  à  vous  tous,  Messieurs  et  chers  collè- 
gues, à  qui  je  devais  d'exposer  notre  bilan  et  de  rendre 
compte  des  opérations  effectuées,  à  titre  de  directeur  de 
la  loterie  qui  vous  prie  de  vouloir  bien  lui  en  donner 
décharge,  en  vous  remerciant  de  la  confiance  dont  vous 
l'avez  honoré,  et  en  regrettant  profondément  de  n'avoir  pas 
été  capable  de  vous  apporter  un  meilleur  résultat.  » 

M.  V.  Berthier  se  fait  l'interprète  des  membres  présents 
i  la  réunion  pour  remercier  M.  le  Dr  Gillot  du  dévouement 
qu'il  a  témoigné  à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun 
dans  la  circonstance  ;  il  met  en  outre  les  choses  au  point 
en  expliquant  que  son  rôle  de  secrétaire  s'est  borné,  dans 
cette  malheureuse  affaire,  à  un  travail  de  bureau,  tandis 
que  celui  de  M.  le  Dr  Gillot  a  été  compliqué  de  tous  les 
ennuis  résultant  des  circonstances  défavorables  dans  les- 
quelles s'est  trouvée  cette  loterie,  ainsi  que  de  l'incurie  qui 
a  présidé  à  l'émission  des  billets. 

Il  est  donné  lecture  des  procès-verbaux  des  réunions  de 
la  commission  de  surveillance  de  la  loterie  qui  ont  eu  lieu 
le  14  et  le  15  novembre  1906,  la  veille  et  le  jour  du  tirage. 
L'assemblée  ratifie  l'ensemble  des  opérations  faites  au 
sujet  de  la  loterie  et  en  donne  acte  et  décharge  à  M.  le 
Dr  Gillot,  ainsi  qu'aux  membres  de  la  Commission  de  sur- 
veillance. 


—  24â  — 

Puis  le  secrétaire  énumère  les  dons  faits  à  la  Société 
depuis  sa  dernière  réunion  : 

Par  M.  Louis  Gillot,  quelques  champignons  de  forme 
bizarre,  Sphœria  digilala  Fr.  ou  Clavaria  digitata  Bull., 
trouvés  par  lui  sur  du  bois  pourri. 

Par  M.  Jean  Vieillard-Baron,  deux  polypiers  du  calcaire 
bajocien  de  Plottes,  près  de  Tournus. 

Par  M.  H.  Marlot,  deux  silex  taillés,  trouvés  par  lui  près 
de  la  source  thermale  de  Maizières,  près  d'Arnay-le-Duc. 

Par  M.  le  président  du  tribunal  civil  de  Baugé  (Maine-et- 
Loire),  divers  minéraux. 

Par  M.  Garrion,  instituteur  à  Paris-l'Hôpital,  une  branche 
de  ootonnier,  rapportée  de  El-Dar  route  (Mauritanie),  par 
M.  Léon  Vigneron,  d'Issy-l'Évêque. 

Par  M.  Yovanne  Renault,  une  médaille  de  bronze  grand 
module,  à  l'effigie  de  Michel-Eugène  Chevreul,  offerte  par 
la  jeunesse  française  au  doyen  des  étudiants. 

Par  M.  Léon  Graillot,  un  excellent  positif  pour  projec- 
tions, exécuté  par  lui  et  représentant  la  visite  de  la  Société 
aux  sources  thermales  de  Orisy,  lors  de  l'excursion  du 
14  octobre  1906. 

Par  M.  l'abbé  Sebille,  curé  d'Issy-l'Évêque,  des  incrus- 
tations calcaires  d'une  touffe  de  Chara,  provenant  de  la 
fontaine  de  Ooie,  près  Bellenaves  (Allier). 

Par  M.  Lucien  Millot,  deux  superbes  spécimens  d'Ich- 
thyosaure  (une  tête  entière  et  des  côtes),  provenant  de  ses 
exploitations  de  ciment  de  l'Isle-sur-Serein,  ainsi  que  deux 
dents  de  mammouth. 

Par  M.  Cartailhac,  les  Monuments  primitifs  des  Baléares, 
ouvrage  qu'il  a  publié  à  la  suite  d'une  mission  scientifique 
que  lui  avait  confiée  le  ministère  de  l'Instruction  publique. 
Un  volume  de  texte  avec  80  planches  ou  dessins  édité  par 
la  librairie  Edmond  Privât,  en  1892. 

Par  M.  le  Vl#  H.  de  Chaignon,  Études  sur  les  tufs  de  Mexi- 
mieux,  de  M.  A.  Faisan. 


—  246  — 

Par  M.  le  Dr  Adrien  Guébhard,  agrégé  de  physique  des 
facultés  de  médecine,  président  de  la  Société  des  lettres, 
sciences  et  arts  des  Alpes-Maritimes,  dix  ouvrages  dont  il 
est  l'auteur  :  les  Préalpes  maritimes,  tomes  I  et  II.  Excur- 
sions géologiques,  paléontologie  et  stratigraphie1.  —  Notes 
psychiques  sur  l'évocation  psychique  des  objets  réels2.  — 
Sur  un  trésor  de  deniers  romains,  trouvé  en  1901  aux  envi- 
rons de  Nice 3.  —  Sur  quelques  meules  à  grains  et  un  moulin 
ancien  ressemblant  au  Trapetum,  découverts  dans  l'arron- 
dissement de  Grasse  (A.-M.)4.  —  Sur  les  terrains  de  tuf  et 
le  surcreusement  non  glaciaire  de  la  haute  vallée  de  la  Siagneh. 
—  L'Inversion  photographique 6.  —  Sur  l'anomalie  en  jabot 
des  feuilles  de  Saxifraga  crassifolia  L.,  et  sur  une  autre  en 
forme  de  tubulure1.  —  Essai  d'inventaire  des  enceintes  pré» 
historiques  (Castelars),  du  département  du  Var  8.  —  Sur  la  fonc- 
tion photographique9.  —  Notes  photographiques. 10 

Par  M.  Pierre  Marty,  le  compte  rendu  sommaire  d'ob- 
servations nouvelles  sur  la  géologie  du  thalweg  de  la 
moyenne  vallée  de  la  Cère  (Gantai),  qu'il  a  publié  dans  la 
Revue  de  la  haute  Auvergne. 

Par  M.  le  Dr  Gillot  et  MM.  Mazimann  et  PI  as  sa  rd,  Cham- 
pignons comestibles  mortels  et  dangereux,  en  deux  tableaux. n 


1.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  4°  série,  tome  II, 
année  1902. 

2.  Extrait  des  Annales  des  sciences  psychiques,  1895-1904. 

3.  Extrait  des  Annales  de  la  Société  des  lettres,-  sciences  et  arts  des  Alpes* 
Maritimes,  tome  XIX,  1904. 

4.  Extrait  des  Annales  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes- 
Maritimes,  tome  XIX. 

5.  Extrait  des  comptes  rendus  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences,  congrès  de  Grenoble,  1904. 

6.  Extrait  de  la  Revue  des  sciences  photographiques,  Î904-1905. 

7.  Extrait  des  comptes  rendus  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences,  congrès  de  Cherbourg,  1905. 

.8.  Extrait  du  compte  rendu  du  premier  Congrès  préhistorique  de  France,  tenu 
à  Périgueux  en  1905. 
9.  Journal  de  physique  théorique  et  appliquée,  s.  iv,  tome  IV. 

10.  Comptes  rendus  de  L'Académie  des  sciences,  tome  CXLI,  p.  559,  2  octobre  1905. 

11.  Extrait  des  comptes  rendus  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences,  congrès  de  Cherbourg,  1905. 


—  247  — 

Par  M.  Collot,  trois  brochures  dont  il  est  l'auteur, 
Détroit  de  Langres,  feuille  de  Dijon  au  320,000*  *.  —  Le  Genre 
Trogontherium  dans  le  bassin  de  la  Saône2.  —  Le  Musée 
d'histoire  naturelle  de  Dijon.  3 

Par  M.  A.  Thieullen,  le  récent  ouvrage  qu'il  vient  de 
faire  paraître  sous  le  titre  de  les  Préjugés  et  les  Faits  en 
industrie  préhistorique.* 

Par  M.  Henri  Fischer,  chef  de  travaux  pratiques  à  la 
faculté  des  sciences  de  Paris,  trois  brochures  d'Edouard 
Piette  :  le  Chevêtre  et  la  Semi»  Domestication  des  animaux 
aux  temps  pléistocènesb.  —  Fibules  pléistocènes*.  —  Déplace* 
ment  des  glaces  polaires  et  grandes  extensions  des  glaciers1  ; 
ainsi  que  la  biographie  qu'il  vient  de  publier  de  son  beau* 
père,  M.  Edouard  Piette,  l'un  de  nos  savants  membres 
correspondants. 

M.  le  Dr  Gillot  remercie  tous  les  donateurs  et  en  parti- 
culier M.  Lucien  Millot,  puis  il  entretient  la  Société,  dans 
les  termes  suivants,  des  récompenses  ou  des  titres  accordés 
à  quelques-uns  de  ses  membres  : 

Nous  sommes  toujours  heureux  d'enregistrer  les  succès 
obtenus  par  quelques-uns  de  nos  membres,  pour  leurs  tra- 
vaux, plus  appréciés  peut-être  ailleurs  que  chez  nous, 
succès  qui  sont  la  meilleure  preuve  de  l'utilité  de  notre 
œuvre,  et  qui  doivent  nous  consoler  de  bien  des  déboires. 

L'Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon, 
dans  sa  séance  du  13  juin  1906,  a  décerné  une  médaille 
de  vermeil  à  notre  dévoué  vice-président  M.  de  Chaignon, 


1.  Extrait  du  Bulletin  delà  carte  géologique  de  France,  n*  110,  tome  XVI  (mai 
1906). 

2.  Revue  bourguignonne,  publiée  par  l'université  de  Dijon,  tome  XVI,  n*  3, 1906. 

3.  Conférence  faite  sous  le  patronage  de  la  Société  des  amis  de  l'université  de 
Dijon. 

4.  Paris,  imprimerie  Larousse,  1906,  un  vol.  ln-4%  avec  planches. 

5.  Extrait  de  V Anthropologie,  tome  XVII  (janvier-avril  1906). 

6.  Extrait  de  la  Revue  prèhië torique,  1"  année  1906,  n*  1. 

7.  Imprimerie  Ch.  Poette,  à  Saint-Quentin)  1906. 


—  248  — 

à  la  suite  d'un  rapport  dont  on  nous  saura  gré  de  reproduire 
les  considérants  : 

«  M.  le  V*  Maurice-Henri  de  Chai  gnon,  ancien  officier, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  a  consacré  des  notes 
nombreuses  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  natu- 
relle d'Autun  à  des  minéraux  et  a  des  roches  peu  répandus 
de  l'Autunois.  Il  a  fait  connaître  leurs  gisements,  leurs 
gangues,  leur  manière  d'être  dans  le  sol.  Il  n'est  pas  jus- 
qu'aux indications  précises  qu'il  donne  sur  le  lieu  de  la 
trouvaille  qui  n'aient  leur  utilité,  pour  permettre  à  ceux 
qui  voudraient  les  étudier  de  les  retrouver.  D'autres  notices 
sont  des  relevés  géologiques  des  lignes  de  chemin  de  fer  de 
Montceau-les-Mines  à  la  Ouiche,  de  Toulon-sur-Arroux  à 
Bourbon-Lancy. 

«  M.  de  Chaignon  a  publié  des  notes  de  voyage  sur  la 
Tunisie  ;  à  l'inverse  de  ce  qu'on  trouve  souvent  dans  de 
semblables  relations,  les  incidents  de  route  sont  réduits  au 
minimum  et  la  place  est  réservée  aux  observations  person- 
nelles sur  l'histoire  naturelle  et  à  des  notes  critiques  sur 
les  animaux  et  les  plantes  rencontrés,  sur  la  production  de 
la  gomme  dans  la  forêt  d'Acacias  du  Bled-Thalah.  Pendant 
son  voyage,  M.  de  Chaignon  n'a  pas  fermé  les  yeux  à  ce 
qui  n'était  pas  histoire  naturelle  ;  il  a  visité  les  catacombes 
de  Sousse  et  la  basilique  d'Upenna,  près  de  l'Enfida,  et  il 
leur  a  consacré  quelques  pages  i  part. 

»  Une  note  publiée  jadis  par  lui  sur  l'Erpétologie  du 
Jura  semble  avoir  préparé  M.  de  Chaignon  à  s'occuper  des 
nombreux  reptiles  de  Tunisie  ;  il  ne  néglige  pas  pour  cela 
les  mammifères,  les  oiseaux.  Lorsqu'il  n'a  pas  pu  étudier 
par  lui-même  les  échantillons  qu'il  recueillait,  il  les  adres- 
sait à  des  spécialistes.  C'est  ce  qui  lui  est  arrivé  pour  les 
poissons  parmi  lesquels  il  s'est  trouvé  une  nouvelle  espèce 
d'eau  douce.  Il  a  parlé  personnellement  de  certaines 
plantes  qui  présentaient  un  intérêt  particulier,  par  les 
produits  qu'elles  fournissent  à  l'homme,  ou  parce  qu'elles 


—  249  — 

donnent  le  caractère  au  pays  traversé;  mais  il  a  simple- 
ment transmis  les  autres,  pour  en  faire  la  liste,  aux  bota- 
nistes de  profession. 

»  D'ailleurs  ses  récoltes  de  toute  catégorie  sont  nom- 
breuses, et  il  en  a  généreusement  enrichi  la  Société  d'his- 
toire naturelle  d'Autun.  Il  a  aussi  donné  à  cette  Société 
son  temps,  en  travaillant  avec  assiduité  au  classement  des 
collections  de  roches  et  de  minéraux.  C'est  grâce  à  la 
science,  à  l'activité,  au  dévouement  de  membres  tels  que 
M.  de  Chaignon  que  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun 
a  atteint  le  degré  de  prospérité  qui  en  fait  un  des  foyers 
de  décentralisation  scientifique  et  de  vulgarisation  des  plus 
remarquables  de  la  province. 

»  Nous  pensons  qu'une  médaille  de  vermeil  décernée 
aux  travaux  si  désintéressés  de  M.  de  Chaignon  serait  une 
distinction  bien  méritée.  »  1 

Ces  conclusions  ont  été,  comme  bien  on  pense,  adoptées 
par  l'Académie,  et  notre  distingué  collègue  nous  permettra 
d'y  joindre  nos  sincères  félicitations,  pour  une  récompense 
qui  honore  notre  Société  tout  entière. 

La  Société  mycologique  de  France  ayant  pris  l'initiative 
d'envoyer  les  publications  françaises  (livres  et  dessins),  les 
plus  récentes,  relatives  à  l'étude  des  Champignons,  à  l'ex- 
position internationale  de  Milan,  M.  E.  Perrot,  professeur 
à  l'École  supérieure  de  pharmacie  de  Paris,  délégué  officiel 
du  gouvernement  français,  a  bien  voulu  y  faire  admettre  les 
Tableaux  des  Champignons  comestibles,  mortels  et  dangereux, 
édités,  sous  les  auspices  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun,  par  nos  collègues  MM.  Mazimann  et  Plassard,  ainsi 
que  les  ouvrages,  actuellement  classiques,  de  M.  R.  Bigeard  : 
Flore  des  Champignons  supérieurs  du  département  de  Saône-* 
et-Loire,  1898;    Petite   Flore  mycologique  des  Champignons 


1 .  Académie  des  sciences,  arts  et  belles* lettres  de  Dijon.  RêpporU  but  lë§  prix 
de  1905,  présentés  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  13  juin  1906,  par  MM.  Collot, 
Jobert  et  Mathey.  Dijon,  1905,  p.  11. 


—  250  — 

tes  plus  vulgaires  et  principalement  des  espèces  comestibles  et 
vénéneuses  à  V usage  des  débutants  en  mycologie,  avec  deux 
suppléments,  1903-1906.  M.  E.  Perrot  nous  a  fait  savoir  que 
ces  utiles  travaux  de  propagande  scientifique  et  d'applica- 
tions pratiques  avaient  été  récompensés,  les  planches  de 
MM.  Mazimann  et  Plassard  d'une  médaille  d'or,  les  livres 
de  M.  Bigeard  d'une  médaille  d'argent.  Encore  une  fois 
toutes  nos  félicitations  à  nos  laborieux  collègues! 

Enfin,  notre  jeune  collègue,  M.  le  Dr  Victor  Oillot,  chef 
de  clinique  médicale  à  Alger,  a  été  nommé,  par  le  bey  de 
Tunis,  chevalier  de  première  classe  de  l'ordre  du  Nicham- 
Iftikhar,  comme  rapporteur  au  Congrès  colonial  de  1905. 

Correspondance. 

M.  H.  Marlot,  M.  le  comte  de  Prunelé  et  M.  Maurice  Pic 
témoignent  leurs  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réu- 
nion. Ce  dernier  envoie  le  résultat  de  ses  chasses  ento- 
mologiques  en  Saône-et-Loire  pendant  le  cours  de  l'année 
1906. 

Coléoptères  recueillis  dans  le  département 

en  1906. 

Dans  le  courant  de  l'année  1906  mes  récoltes  ont  été 
peu  importantes,  bien  que  je  sois  resté  dans  notre  région 
pendant  la  saison  la  plus  favorable  pour  la  chasse  aux 
insectes.  Ce  manque  de  résultat  fructueux  tient  à  plusieurs 
causes  :  à  la  longue,  le  filon  des  découvertes  s'épuise  et 
Ton  devient,  trouvant  moins  de  choses  intéressantes,  plus 
paresseux  pour  excursionner  ;  ma  santé  a  été  aussi  une 
cause  importante  d'entrave,  en  m'interdisant  toute  sortie 
pendant  plus  de  deux  mois.  En  somme,  mes  promenades 
entomologiques  de  cette  année,  peu  nombreuses  pour  com- 
mencer, ont  dû  cesser  brusquement  pour  cause  de  santé, 


—  251  — 

le  15  juillet  dernier.  Bien  qu'ayant  eette  année-ci  peu 
chassé,  par  paresse  ou  par  manque  de  santé,  j'ai  la  satis- 
faction cependant  de  pouvoir  ajouter  au  catalogue  Viturat 
six  espèces  qui  sont  :  Xylodromus  deplanatus  Gylh.,  7W- 
toma  (Mycetophagus)  b-guttata  Mtill. ,  Lemophlœus  duplicatas 
Walt.,  Dorytomus  occalescens  Gylh.,  Elleschus  infirmus 
Herbst.,  Baiophila  [Glyptica)  œrata  Marsh. 

Gomme  précédemment,  je  mettrai  un  astérisque  devant 
les  noms  déjà  catalogués. 

En  complément  de  cet  article,  on  peut  consulter  diverses 
notes  de  chasses  publiées  dans  V Échange  (n0$  257,  258,  259, 
260);  dans  ces  notes  plusieurs  des  espèces  mentionnées  ici 
ont  déjà  été  signalées,  ainsi  que  quelques  autres  non  citées 
dans  cet  article. 

*Epaphius  secalis  Payk.  La  Boulaye,  sous  une  pierre  au 
bord  de  l'Arroux,  le  2  juillet. 

'Stenelmis  canaliculatus  Gylh.  La  Boulaye,  sur  bois 
immergé  dans  l'Arroux,  le  2  juillet. 

*Macronichus4-tuberculatus  Mtill.  La  Boulaye,  sur  bois 
immergé  dans  l'Arroux,  le  2  juillet. 

*Potamophilus  acuminatus  F.  La  Boulaye,  sous  une 
pierre  au  bord  de  l'Arroux,  le  2  juillet. 

'Tachinus  bipustulatus  F.  Les  Guerreaux,  en  juin. 
Xylodromus  deplanatus  Gylh.  Les  Guerreaux,  en  mai, 
sur  le  tronc  d'un  vieux  châtaignier. 

*Megarthrus   sinuatocollis  Beck.  Les  Guerreaux,  fin 
avril,  sous  l'écorce  d'un  chêne  abattu. 

Tritoma  (Mycetophagus)  4-guttata  Mtill.  Les  Guer- 
reaux, en  juin,  cavité  d'un  vieux  chêne. 

*Dermestes  bicolor  F.  Les  Guerreaux,  en  juin,  au  vol  à 
la  tombée  de  la  nuit. 

*  Abraus  globosus  Hoff.  Les  Guerreaux,  en  juin,  cavité 
d'un  vieux  chêne. 

Lœmophlœus  duplicatas  Walt.  Les  Guerreaux,  sous 
écorce  de  chêne  abattu,  fin  avril. 


—  252  — 

'Lœmophlœus  olematidis  Er.  Perrigny,  sur  Clématite 
sèche,  en  mai. 

*Rhagonycha  translucida  Kryn.  Perrigny,  en  battant 
un  Abiès,  au  mois  de  juin. 

*Clerus  rufipes  Brahm.  Toulon-sur-Arroux,  courant  de 
mai,  en  battant  des  branches  sèches  ou  dans  des  fagots  de 
pins.  C'est  la  deuxième  localité  de  capture  de  cette  inté- 
ressante espèce  dans  le  département. 

'Tarsostenus  univittatus  Rossi.  Digoin,  au  vol,  au  com- 
mencement de  juillet. 

*Ptinu8  Aubei  Boield.  Perrigny,  en  battant  des  chênes, 
au  mois  de  mai. 

*Ernobiu8  pini  Sturm.  Sarry,  sur  Abiès. 

'Lyctus  pubescens  Panz.  Les  Guerre  aux,  en  juin,  sur 
bûches  de  charme,  dans  un  bûcher. 

'Mordellistena  abdominalis  P.  Sarry,  le  2  juin. 

* Ochthenomus  punctatus  Laf.,  var.  Digoin,  en  avril,  au 
pied  de  Lepidium  graminifolium  L. 

'Ceutorrhynchus  lœtus  Ros.  Id.,  id. 

*  Apion  oerdo  Oerst.  Digoin,  milieu  d'avril,  sur  les  osiers 
(Salix  purpurascms),  aux  bords  de  la  Loire. 
Dorytomus  occalescens  Oylh.  Id.,  id. 
Elleschus  infirmas  Herbst.  Id.,  id. 

'Magdalis  duplicata  Qerm.  Saint- Yan,  en  mai,  en  filo- 
chant,  sous  un  bois  de  pins. 

'Rhynchites  olivaceus  Gylh.  Toulon-sur-Arroux,  en 
battant  des  chênes,  au  mois  de  mai. 

'Rhagitun  inquisitor  L.  (indagator  P.).  Toulon-sur- 
Arroux,  en  mai.  Un  exemplaire  dans  une  branche  morte  de 
pin.  Espèce  peu  commune  dans  le  département. 

'Cœnoptera  minor  L.  Toulon-sur-Arrroux,  en  mai,  sur 
aubépine  en  fleurs. 

'Pogonochœrus  decoratus  Fairm.  Toulon-sur-Arroux, 
en  battant  une  branche  sèche  de  pin. 

'Chrysomela  rufoanea  SufT.  Les  Guerreaux,  le  4  mai. 


—  253  — 

'Adimonia  (Galeruca)  interrupta  01.  Digoin,  en  juin, 
sur  Lepidium  virginicum  L. 

*Psylliodes  dulcamar»  Koch.  Toulon-sur- Arroux ,  en 

filochant. 

Batophila  (Glyptina)  œrata  Marsh.  Sarry,  le  2  juin, 

en  filochant. 

Maurice  PIC. 

M.  le  Dr  Gillot  informe  la  Société  que  la  ville  d'Autun 
a  été  choisie  pour  être  le  siège  du  troisième  Congrès  de  la 
Société  préhistorique  de  France.  Il  est  donné  lecture  à  ce 
propos  de  la  note  publiée  par  M.  Adrien  de  Mortillet  dans 
le  journal  l'Homme  préhistorique,  n°  12,  1"  décembre  1906, 
p.  374. 

«  C'est  à  Autun  (Saône-et-Loire),  que  se  tiendra,  au 
mois  d'août  1907,  le  troisième  Congrès  préhistorique  de 
France.  Cette  session  promet  d'être  aussi  brillante  que  les 
deux  précédentes. 

»  Le  choix  fait  par  la  Société  préhistorique  de  France 
est  des  plus  heureux.  Autun  possède,  en  effet,  outre  des 
monuments  romains  assez  curieux,  de  très  beaux  musées 
et  deux  actives  sociétés  scientifiques,  la  Société  Éduenne 
et  la  Société  d'histoire  naturelle,  qui  apporteront  au  con- 
grès leur  dévoué  et  savant  concours. 

»  Après  avoir  étudié,  à  Péri  gueux,  les  gisements  paléoli- 
thiques des  bords  de  la  Vézère  et,  à  Vannes,  les  monuments 
mégalithiques  des  environs  de  Carnac,  les  préhistoriens  se 
trouveront,  à  Autun,  dans  d'excellentes  conditions  pour 
examiner  d'une  façon  toute  particulière  la  question  des 
Camps  qui  est  actuellement,  plus  que  jamais,  à  Tordre  du 
jour. 

»  Us  pourront  voir  au  Musée  de  la  Société  Éduenne, 
disposées  dans  des  salles  spéciales,  deux  très  importantes 
collections  comprenant  le  produit  de  l'exploration  de  deux 
camps  d'âge  très  différent.  L'un  d'eux,  le  camp  de  Chassey 


—  254  — 

(Saône-et-Loire),  qui  a  surtout  été  occupé  i  l'époque  dé  la 
pierre,  a  fourni  à  M.  le  Dr  Loydreau  une  industrie  néoli- 
thique tout  à  fait  remarquable.  C'est  incontestablement 
la  station  robenhausienne  la  plus  riche,  la  plus  intéressante 
qui  ait  été  signalée  en  France.  L'autre,  le  mont  Beuvray, 
place  forte  importante  de  l'époque  gauloise,  située  sur  les 
confins  des  départements  de  la  Nièvre  et  de  Saône-et-Loire, 
a  été  l'objet  de  longues  et  fructueuses  fouilles,  très  habi- 
lement dirigées  par  M.  Bulliot. 

»  Des  excursions  les  conduiront  ensuite  sur  le  terrain; 
ils  visiteront  successivement  :  le  mont  Beuvray,  l'antique 
Bibracte,  où  M.  J.  Déchelette  leur  montrera  une  habitation 
gauloise  et  une  portion  du  mur  de  défense,  dégagés  spé- 
cialement pour  le  congrès  ;  le  mont  Auxois,  à  Alise-Sainte- 
Reine,  VAlesia  de  César,  dont  l'exploration,  à  peine  com- 
mencée, a  déjà  donné  d'encourageants  résultats  et  amené 
la  découverte  d'objets  curieux,  qu'ils  verront  en  passant  au 
Musée  de  Semur  (Côte-d'Or)  ;  enfin  la  station  classique  de 
Solutré  (Saône-et-Loire),  avec  son  pittoresque  rocher,  au 
sommet  duquel  se  trouve  également  un  camp. 

»  Le  comité  d'organisation  du  congrès  d'An  tu  n,  consti- 
tué le  16  novembre  dernier,  est  ainsi  composé  : 

»  Président  :  M.  le  Dr  A.  Guébhard. 

»  Vice-présidents  :  MM.  le  Dr  Ballet  et  E.  Fourdrignier. 

»  Secrétaire  général  :  M.  le  Dr  Marcel  Baudouin. 

»  Secrétaire  général  adjoint  :  M.  le  Dr  Henri  Martin. 

»  Secrétaires  :  MM.  Charles  Schleicher  et  Edmond  Hue. 

9  Trésorier  :  M.  Louis  Oiraux. 

»  Membres  d'honneur  :  MM.  les  sénateurs,  les  députés, 
le  président  du  conseil  général,  le  préfet  du  département 
de  Saône-et-Loire,  le  maire  d'Autun,  le  président  de  la 
Société  d'anthropologie  de  Paris,  le  président  de  la  sous- 
commission  des  monuments  mégalithiques,  Emile  Rivière, 
Adrien  de  Mortillet,  le  Dr  Baudon,  le  baron  J.  de  Baye,  le 
prince   Roland   Bonaparte,   E.   Chantre,   Albert   Gaudry, 


—  255  — 

Gabriel  Hanotatix,  Gaston  Vasseur,  Liard,  Stanislas  Meu- 
nier, le  Dr  Peyrot,  et  Salomon  Reinach. 

»  Membres  du  comité  :  MM.  le  comte  J.  Beaupré,  Cazalis 
de  Fondouce,  P.  du  Chatellier,  G.  Chauvet,  le  Dr  A.  Cher- 
vin,  Oeorges  Oourty ,  Léon  Coutil  *  François  Dàleau, 
J.  Déchelette,  A.  Doigneau,  Espérandieu,  le  Dr  P.  Girod, 
6.  Lacouloumère,  A.  Létienne,  J.  Pranishnikofï,  Ramon- 
Gontaud,  J.  de  Saint-Venant,  O.  Schmidt,  Tabariès  de 
Grandsaignes,  E.  Taté  et  Armand  Viré.  * 

C'est  en  attendant  qu'il  fasse  plus  ample  connaissance 
avec  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  que  M.  le 
Dr  Guébhard  a  fait  hommage  à  notre  bibliothèque,  en  guise 
de  carte  de  visite  et  de  présentation,  des  ouvrages  qui  vien- 
nent d'être  énumérés  dans  la  liste  des  dons.  Il  est  égale- 
ment donné  lecture  de  la  note  suivante  présentée  à  l'Aca- 
démie des  sciences  *,  par  un  de  nos  savants  membres  d'hon- 
neur, M.  Grand'Eury,  à  la  suite  de  l'étude  qu'il  vient  de 
faire  à  Autun  même  de  notre  flore  permienne  : 

Sur  les  graines  et  inflorescences  des  Callipteris  Br. 

«  La  présence  fréquente,  avec  les  Callipteris  des  environs 
d'Autun,  des  graines  inventoriées,  il  y  a  trente  ans,  sous 
le  nom  de  Car  poli  thés  variabilis  Gr.  *,  jointe  au  mélange 
intime  des  mêmes  graines  avec  le  Call.  conferta  St.  dans 
du  charbon  de  Bert  (Allier),  formé  exclusivement  de  ce 
fossile,  m'ont  fait  supposer3  qu'elles  se  rapportent  aux 
mêmes  plantes.  L'étude,  sur  le  terrain,  de  la  flore  de  l'ho- 
rizon du  boghead  d'Autun  confirme  ce  rapprochement. 

»  Cette  flore,  aux  mines  de  Margenne  et  des  Telots,  est 
des  plus  simples,  composée  qu'elle  est  presque  entière- 
ment de  Callipteris  et  de  Carp.  variabilis,  ne  comprenant 

1 .  Séances  du  5  novembre  1 906,  p.  664  des  comptes  rendus. 

2.  Flore  carbonifère,  p.  515. 

3.  Comptes  rendue,  t.  CXLII,  1906,  p.  27. 


—  256  — 

en  outre  que  de  très  rares  Walchia  et  quelques  types  et 
espèces  en  voie  d'extinction  des  couches  supérieures  de 
Saint-Étienne. 

»  Ces  Carpolithes  prodigieusement  nombreux  *  sont  dis- 
perses  partout,  au  toit,  au  mur  de  la  couche  de  boghead, 
à  100  mètres  au  dessous  et  dans  l'intervalle;  au  toit  de 
cette  couche,  en  particulier,  ils  sont  associés  aux  Callip- 
teris  dans  la  proportion  de  100  pour  une  feuille;  et  comme 
avec  les  fossiles  dissidents,  y  compris  les  Walchia2,  se 
trouvent  leurs  fructifications  et  graines,  les  Carp.  variabilis 
s'imposent  comme  graines  des  Callipteris  conferta  et  dérivés. 

»  Cependant  des  nombreuses  graines  trouvées  en  con- 
tact avec  les  feuilles,  aucune  ne  leur  est  attachée.  Au  toit 
du  boghead,  ces  graines  sont  souvent  agglomérées  en  plus 
ou  moins  grand  nombre  et,  dans  les  groupes  les  plus 
isolés,  elles  sont  en  partie  orientées  et  disposées  comme 
si  elles  étaient  en  connexion  avec  des  axes  grêles  ramifiés 
dont  il  reste  encore  quelques  vestiges  ou  traces  en  dépit  de 
la  mauvaise  conservation  des  empreintes  végétales  dans 
les  schistes  bitumineux  :  ces  groupements  représentent 
sans  doute  des  inflorescences  égrenées  sur  place.  D'autre 
part,  sur  des  schistes  à  pâte  fine  de  Toulon-sur- Arroux, 
se  voient  des  jeunes  graines  nues  attachées  à  de  fins 
rameaux.  De  plus,  un  bouquet  de  ces  graines  a  été  trouvé 
fixé  à  un  rachis  rappelant  ceux  des  Callipteris,  ce  qui  a 
achevé  de  me  convaincre  que  les  très  nombreuses  graines 
de  ces  fossiles  ont  formé  des  régimes3  séparés  indépen- 
dants des  feuilles  ordinaires. 

1.  Ces  graines  n'ont  pas  retenu  l'attention  ;  les  plu»  approchantes  qui  soient 
publiées  sont  celles  des  figures  18  à  21,  planche  XVIII,  Flor*  d.  jûng.  Stk.  u. 
Roth.  im  S&*r-Rhein-Gebiele. 

2.  Leurs  graines,  plus  petites  que  celles  des  CàllipUrU,  en  diffèrent  en  outre 
par  la  forme  et  la  consistance;  et  avec  les  Piniteë  permiemi»  Ren.,  qui  sont  com- 
muns à  Margenne,  gisent  des  strobiles  sphériques  ne  comportant  aussi  que  de 
très  petites  graines. 

3.  Je  n'ai  découvert  aucun  reste  de  Cycadospadtx  Mlllêryentiê  Ren.t  me  per- 
mettant de  penser  que  cette  inflorescence  puisse  se  rapporter  aux  Callipteriê  du 
type  conferl*. 


—  257  — 

»  Les  graines  nues  des  Callipteris  sont  sessiles  et  sou- 
vent obliques  comme  celles  attachées  directement  et  laté- 
ralement à  un  axe.  Aplaties  à  l'état  fossile,  leurs  empreintes, 
larges  de  5mm  à  10mm,  sont  elliptiques,  ovoides  ou  rondes. 
Le  testa  en  est  mince  et  uni,  ou  plutôt  très  légèrement 
strié  par  des  linéaments  fibreux  divergeant  de  la  base  et 
convergeant  vers  le  sommet  ;  il  ne  présente  aucune  ligne 
de  déhiscence,  ni  arête  organique  et  tout  indique  que,  à 
l'état  de  nature,  les  graines  de  Callipteris  ressemblaient  à 
des  baies;  ce  sont,  de  forme,  les  plus  simples  des  graines 
de  Ptéridospermées. 

»  Les  graines  se  rapportant  aux  Call.  conforta  St., 
prœlongata  W.,  obliqua  Gôp.,  etc.,  au  lieu  d'offrir,  comme 
celles  des  Nevropterit  stéphaniens,  autant  de  types  que  les 
feuilles,  varient  dans  de  si  étroites  limites  qu'elles  ne  se 
prêtent  pas  à  des  distinctions  spécifiques. 

»  Sans  être  en  mesure  de  les  rattacher  à  ces  Callipteris, 
je  signalerai  néanmoins,  parmi  ces  fossiles,  d'assez  nom- 
breux organes  mâles  fort  singuliers,  longs  de  2  à  3  centi- 
mètres, ressemblant  à  d'énormes  Crossotheca  Z.,  et  se  lais- 
sant comparer,  quoique  plus  gros,  aux  fossiles  des  mines 
de  Decize  (Nièvre),  représentés  par  M.  Zeiller  dans  la 
Flore  fossile  de  Commentry  (pi.  XXXI,  fig.  2,  3  et  4).  A  l'état 
adulte,  les  capsules  marginales  sont  pendantes  ;  au  jeune 
âge,  repliées  et  dissimulées  au-dessous  de  ces  organes 
très  charnus.  Lesdites  fleurs,  étrangères  au  bassin  de  la 
Loire,  sont  généralement  isolées.  J'en  ai  cependant  décou- 
vert une  rangée  de  sept  accolées  et,  sur  un  autre  échan- 
tillon, on  voit  les  mêmes  fleurs  attachées  aux  deux  côtés 
d'une  large  côte  moyenne,  formant  ainsi  une  inflorescence 
en  épi  large  de  5  centimètres. 

»  En  mettant  à  découvert  un  grand  nombre  de  feuilles 
de  Callipteris,  j'ai  constaté  qu'elles  sont  petites  et  courtes 
comparativement  aux  Névroptéridées  et  portées  par  des 
rachis  recourbés  vers  une  base  tronquée  et  renflée,  tels 

S.H.N.  1906.  17 


—  258  - 

que  des  pétioles  de  feuilles  caduques  détachées  d'une 
tige. 

»  D'après  tout  cela,  les  Callipteris  s'éloignent  des  Névrop- 
téridées  par  leurs  organes  de  végétation  aussi  bien  que 
par  ceux  de  reproduction. 

»  Ces  plantes  permiennes  débutent  d'ailleurs,  à  la  base 
du  bassin  de  Bert,  par  quelques  rares  Call.  conferta  St., 
qu'aucun  lien  aujourd'hui  connu  ne  rattache  aux  «  Fougères 
à  graines  »  du  Stéphanien. 

9  A  l'extrémité  libre  de  toutes  les  feuilles  de  Callipteris, 
on  s'aperçoit  que  leur  forme  si  caractéristique  résulte  de 
dichotomies  répétées  à  très  courts  intervalles.  » 

M.  le  président  explique  que  M.  Parant,  retenu  à  la 
chambre  par  une  indisposition,  ne  pourra  pas  faire  aujour- 
d'hui la  communication  annoncée  à  Tordre  du  jour,  puis  il 
fait  part  des  observations  suivantes  : 

Mœurs  de  la  Bécasse. 

La  note  que  nous  avons  publiée  plus  haut  (séance  du 
15  juillet  1906,  p.  117),  sur  la  nidification  de  la  Bécasse, 
nous  a  valu  de  notre  collègue,  M.  Michel  Dejussieu,  la  très 
intéressante  communication  que  voici  : 

«  Le  garde  de  M.  Emile  Merle  avait  découvert  une  nichée 
de  Bécasses  dans  les  bois  de  Chantai.  Un  jour  que  je  me 
trouvais  chez  lui,  mon  ami  me  dit  :  «  Nous  avons  un  nid 
de  Bécasses.  Les  œufs  doivent  être  éclos  depuis  plusieurs 
jours.  Allons  le  voir.  » 

»  Le  garde  nous  guidait.  Il  était  accompagné  d'un  vieux 
chien  d'arrêt  très  prudent  et  très  docile.  Lorsque  nous  arri- 
vâmes à  l'endroit  où  était  établie  la  nichée,  le  couple  de 
vieilles  Bécasses  s'envola,  et  le  chien  se  mit  à  l'arrêt  sur 
deux  Bécasseaux,  au  quart  ou  au  tiers  de  leur  taille,  mais 
qui  couraient  déjà  comme  déjeunes  poussins  de  gallinacés. 


—  259  — 

A  l'aide  du  chien,  nous  les  prîmes  et  les  tînmes  entre  nos 
mains. 

•  Nous  remarquâmes  ce  détail  :  le  corps  des  Bécasseaux, 
couvert  de  duvet,  portait  déjà  quelques  plumes  naissantes, 
mais  la  tête  était  pour  ainsi  dire  nue.  Le  bec  était  très 
mou,  et  incapable,  dans  sa  mollesse,  de  pouvoir  saisir  à 
terre  de  la  nourriture. 

»  Nous  conclûmes  de  cet  examen  que  l'oisillon  était 
nourri  par  ses  parents  à  l'instar  des  pigeonneaux,  qui  pren- 
nent leur  nourriture  dans  l'estomac  de  leurs  parents. 

»  Pendant  que  nous  examinions  ces  jeunes  oiseaux, 
nous  avions  vu  un  des  vieux  se  rapprocher  de  nous  en 
volant. 

»  Nous  nous  retirâmes  d'une  dizaine  de  pas  en  rendant 
la  liberté  à  nos  oisillons.  Aussitôt,  le  parent  que  nous 
avions  vu  se  rapprocher  de  nous  se  précipita  sur  un  des 
jeunes  et  l'emporta.  Nous  n'avons  pu  voir  comment  il  le 
saisit.  Alors  nous  nous  retirâmes  tout  à  fait. 

»  Quelques  jours  après,  M.  Merle  voulut  voir  ce  qu'était 
devenue  cette  intéressante  famille Tout  avait  disparu. 

»  J'avais  entendu  dire  à  mon  père  et  à  M.  Dufraigne,  son 
beau-frère,  qu'ils  avaient  été  témoins  de  Bécasse  emportant 
ses  petits.  D'autres  personnes  m'ont  assuré  que  les  Bécasses 
emportent  même  leurs  œufs  lorsqu'elles  s'aperçoivent  que 
leur  nichée  est  découverte. 

»  Tout  cela  confirme  que  la  Bécasse  niche  dans  nos  con- 
trées lorsqu'elle  se  trouve  pressée  par  la  ponte.  » 

L'observation  si  précise  de  M.  Dejussieu  corrobore  celles 
qui  ont  déjà  été  faites  antérieurement  par  des  chasseurs 
et  des  naturalistes  dignes  de  foi  (Brehm,  les  Merveilles  de 
la  Nature,  IV,  Oiseaux,  p.  581).  Il  semble  toutefois  que  ce 
n'est  ni  avec  son  bec  trop  peu  résistant,  ni  avec  ses  pattes 
peu  préhensiles,  que  la  Bécasse  emporte  ses  poussins  en 
cas  de  danger,  mais  en  les  serrant  entre  la  poitrine  et  le 
bec  et  le  cou  replié. 


—  260  — 

Quant  à  l'enlèvement  des  œufs  d'un  nid  découvert  et 
menacé,  le  fait  est  aussi  d'autant  plus  admissible  qu'il  a 
été  constaté  également  chez  la  Perdrix  grise,  comme 
M.  Xavier  Raspail  en  a  rapporté  récemment  des  exemples 
authentiques  (X.  Raspail,  Une  Station  ornithologique  dans 
l'Oise,  dans  Mém.  de  la  Soc.  zool.  de  France,  XVIII  (1905), 
p.  180).  C'est  en  les  serrant  sous  leurs  ailes,  que  les  per- 
drix arrivent  à  transporter  leurs  œufs  de  toute  leur  couvée 
à  une  distance  assez  grande  du  nid  primitif. 

Notes  de  Tératologie  végétale. 

Les  faits  d'anomalies  végétales  décrits  dans  le  présent 
Bulletin  ont  suscité  quelques  observations  complémentaires, 
qu'il  est  utile  de  reproduire  : 

1°  Partitions  anormales  de  la  Fougère  Doradille  (voir  plus 
haut,  p.  104).  M.  Gh.  Marchai  nous  écrit,  à  la  date  du  7  no- 
vembre 1906  :  «  De  temps  en  temps  je  fais  une  visite  à  la 
Capillaire  multipartite  (Asplenium  Trichomanes  var.  ramo- 
sum  L.),  du  champ  de  foire  de  Couches-les-Mines.  Actuelle* 
ment,  elle  est  très  rabougrie  et  pulvérulente,  par  l'effet  de 
l'extrême  sécheresse;  mais  ses  caractères  semblent  se 
dessiner  sur  un  pied  très  voisin,  distant  d'un  mètre. 

«  De  plus,  à  Saint-Maurice-lès-Couches,  je  viens  de 
trouver,  sur  un  même  mur,  long  de  quarante  mètres,  huit 
pieds  de  cette  Fougère  à  fronde  bi  et  tri-furquée,  tous  très 
vigoureux. 

d  Dans  les  deux  localités,  ce  cas  de  tératologie  ne  se 
montre  que  sur  les  murs  ayant  un  enduit  dans  les  joints 
des  pierres  et  à  l'exposition  nord-ouest.  » 

M.  Ch.  Marchai  a  joint  quelques  échantillons  probatoires 
à  l'appui  de  cette  note. 

2°  Raisins  bigarrés  (voir  plus  haut,  p.  108).  Le  savant 
président  de  la  Société  botanique  suisse,  le  monographe 
le  plus  autorisé  de  la  classe  des  Fougères,  M.  le  prof. 


—  261  — 

Dr  H.  Christ,  nous  écrit  de  Bâle,  le  12  novembre  1906  : 
«  Vos  très  intéressantes  communications  me  rappellent  un 
fait  de  raisin  bigarré.  Il  y  a  des  années,  j'ai  trouvé  dans 
ma  vigne  à  Liestal  (Jura  bftlois),  sur  un  cep  blanc,  un 
raisin  à  baies  bicolores,  en  raies  ou  quartiers  noirs  et  blancs, 
dans  le  sens  de  la  longueur.  J'ai  communiqué  les  échan- 
tillons frais  au  professeur  Vœchting,  actuellement  à  Tttbin- 
gen  (Wurtemberg),  qui  encore  peut  témoigner  de  l'exac- 
titude de  l'observation.  C'était  donc  un  cas  de  mélange 
imparfait  et  de  juxtaposition  des  caractères  des  deux 
variétés  qui  se  cultivaient  un  peu  pêle-mêle  dans  ladite 
vigne.  Je  me  suis  expliqué  jadis  ce  phénomène  par  une 
hybridité  ou  un  greffage  accidentel  qui  me  rappelait  de 
loin  le  cas  de  Cytisus  Adami  ou  de  Rosa  dichroa  Lersch.  » 

3*  Endotrophisme  des  pommes  de  teire  (voir  plus  haut, 
p.  87).  A  rapprocher  des  cas  cités,  celui  que  nous  avons 
retrouvé,  au  cours  de  recherches  bibliographiques,  perdu 
dans  un  alinéa  des  Annales  de  la  Société  de  botanique  de 
Lyon,  23e  année,  compte  rendu  des  séances,  p.  24  (séance 
du  7  juin,  1898),  et  qui  a  le  droit  de  priorité  :  «  M.  L.  Blanc 
présente  une  Pomme  de  terre,  à  l'intérieur  de  laquelle  s'est 
développé  un  bourgeon  qui  a  produit  deux  tubercules.  La 
tigelle  a  traversé  la  pomme  de  terre  pour  sortir  de  l'autre 

côté.  » 

Dr  X.  GILLOT. 

Le  secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  envoyée 
par  M.  Marchai  : 


Menus  faits  de  la  vie  des  oiseaux  (2*  note). 1 

1° Le  Rossignol  de  muraille  (Sylvia  phœnicurus  L.). — A  cause 
de  sa  livrée  et  peut-être  aussi  parce  qu'il  aime  percher  au 
sommet   des  cheminées,  les    campagnards    du    pays   de 

1.  Voir  le  compte  rendu  de  la  séance  du  12  juillet  1903,  p.  124. 


—  262  — 

Couches-les-Mines  lui  ont  donné  le  nom  de  ramounia  (le 
Ramoneur).  Il  arrive  dans  la  première  quinzaine  d'avril  et 
repart  au  commencement  d'août  :  ces  dates  coïncident  avec 
celles  données  par  M.  Précigou,  dans  l'Ornithologie  de  la 
Haute-Vienne.  Il  niche  généralement  dans  les  creux  des 
arbres  et  dans  les  trous  des  murs  ;  mais  parfois  le  choix  du 
berceau  de  sa  jeune  famille  dénote  des  goûts  très  capri- 
cieux, ainsi  qu'en  témoignent  les  observations  suivantes. 

Le  19  juin  1904,  j'ai  constaté  qu'un  couple  avait  élu 
domicile  dans  un  ancien  nid  d'hirondelles  de  cheminée 
{Hirundo  rustica  L.),  sous  un  hangar,  à  Saint-Maurice-lès- 
Couches,  et  qu'à  cette  date  la  femelle  couvait. 

En  mai  1905,  à  l'intérieur  d'un  mausolée  du  cimetière 
Saint-Laurent,  au  Creusot,  un  couple  construisit  son  nid 
dans  une  couronne  mortuaire  suspendue  au-dessus  d'un 
petit  autel;  les  matériaux  du  nid  étaient  des  brins  de 
mousse  enlevés  aux  vases  funéraires  du  sombre  lieu. 
L'entrée  et  la  sortie  du  mâle  et  de  la  femelle  s'opéraient 
indifféremment,  soit  par  une  ouverture  cruciforme  prati- 
quée dans  la  porte  métallique  du  monument,  soit  par  un 
trou  en  losange,  de  4  à  5  centimètres  de  côté,  percé  au-dessus 
de  l'autel. 

Cette  année  même,  un  journal  (Lyon  républicain,  du 
6  juillet  1906),  signale  que  M.  Qeay,  receveur  de  l'octroi 
des  Gaisses,  a  constaté  que  le  Rossignol  de  muraille  a 
niché  dans  la  serrure  de  la  grille.  «  M.  Oeay  pouvait 
néanmoins  fermer  le  pêne  sans  dommage  pour  le  nid. 
Pendant  toute  la  durée  de  la  couvée,  le  petit  rossignol  fut 
emprisonné  toutes  les  nuits,  et,  chaque  matin,  M.  Qeay  lui 
donnait  la  liberté.  Les  petits  se  sont  envolés  le  4  juillet.  » 

Enfin,  M.  H.  de  Parville  (Mœurs  d'oiseaux  :  Annales  pol. 
et  litt.,  n°  1,204,  22  juillet  1906,  p.  57.),  cite  :  !•  un  couple 
qui  s'est  installé  en  plein  jardin,  dans  une  grande  boite  en 
bois  juchée  sur  quatre  pieds  et  renfermant  des  instruments 
météorologiques. 


—  263  — 

2°  Un  autre  qui  a  choisi  une  boîte  aux  lettres. 

3°  Un  autre,  la  niche  en  osier  d'un  petit  chien. 

4°  Enfin,  un  dernier,  qui  a  poussé  le  comble  de  la  fan- 
taisie en  élisant  domicile  dans  le  pantalon  d'un  jardinier, 
lequel  vêtement  était  pendu  à  un  clou  sous  un  appentis. 

On  a  trouvé,  dans  les  nids,  des  œufs,  de  mai  à  la  fin  de 
juillet,  ce  qui  est  une  indication  sérieuse  de  plusieurs  pontes 
annuelles. 

Comme  son  homonyme  [Sylvia  luscinia  L.),  c'est  un  musi- 
cien des  nuits  :  à  partir  du  15  ou  du  20  avril,  il  chante  dès 
les  trois  heures  du  matin;  juché  sur  le  faite  des  toits  et 
surtout  des  cheminées,  il  lance  dans  l'espace  silencieux 
les  notes  sonores  de  son  chant  monotone,  composé  inva- 
riablement de  quatre  notes  suivies  de  plusieurs  trilles. 

Cet  oiseau  n'est  pas  rare  ;  cependant  on  n'en  voit  que 
quelques  couples  isolés;  et,  depuis  dix  ans,  j'en  observe 
un  seul,  chaque  année,  cherchant  sa  provende  dans  les 
plates-bandes  de  mon  jardin,  particulièrement  sous  les 
choux. 

2°  Moineaux  mycophages  et  herbivores.  —  On  a  beaucoup 
écrit  sur  les  mœurs  du  moineau  et  la  dime  qu'il  prélève 
sur  nos  récoltes;  tantôt  granivore  et  tantôt  insectivore  ou 
frugivore,  il  est  utile  ou  nuisible  suivant  les  saisons.  La 
matière  est  inépuisable  et  les  quelques  détails  suivants  me 
semblent  inédits. 

Presque  chaque  jour,  à  partir  de  novembre  (observa- 
tions faites  au  Creusot  en  1902,  1903  et  1904),  jusqu'aux 
neiges  et  aussi  durant  l'hiver  aux  périodes  de  dégel,  des 
bandes  de  huit  à  douze  moineaux  viennent  picorer  les 
touffe  s  de  mousse  qui  croissent  sur  les  toits  dans  ma  cour. 
Us  en  font  sauter  des  pelotes  grosses  comme  une  noix  en 
becquetant  dedans.  Un  examen  attentif  ne  m'a  fait  décou- 
vrir, dans  cette  mousse,  ni  graines  ni  insectes.  Cela  a  lieu 
à  certaines  heures  de  la  journée,  surtout  de  midi  à  deux 
heures. 


—  264  — 

Durant  l'hiver  de  1903-1904,  ces  moineaux  ont  dévoré, 
jusqu'à  la  racine,  plus  de  deux  cents  jeunes  plants  de 
myosotis;  en  avril  suivant,  ils  ont  mangé  toutes  les  folioles 
d'une  planche  de  jeunes  pois  nains. 

La  nécessité  d'un  changement  de  nourriture  semble, 
plus  que  la  faim,  être  le  mobile  de  ces  apparentes  aberra- 
tions dans  leur  régime  alimentaire. 

3°  Chardonneret  fabricant  de  duvet  —  Nous  avons  vu 
(séance  du  12  juillet  1903,  p.  126),  le  chardonneret  récolter 
des  lambeaux  de  toiles  d'araignées. 

Les  deux  petites  observations  suivantes  indiquent  que 
cet  oiseau  sait  plier  son  instinct  à  la  diversité  des  circons- 
tances. 

Un  morceau  de  vieille  toile  fixait  un  enduit  sur  la  plaie 
d'un  prunier.  Pendant  plusieurs  jours,  durant  la  saison  des 
nids,  un  chardonneret  vint  s'escrimer  du  bec  à  en  détacher 
les  fibres. 

Même  fait  s'est  produit  à  l'égard  d'un  chiffon  protégeant 
une  greffe  en  couronne. 

Dans  les  deux  cas,  l'oiseau  formait  du  duvet  pour  la  gar- 
niture de  son  nid. 

G.  MARCHAL. 


L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée. 


-i 


COMPTES  RENDUS 


DES   EXCURSIONS 


DE  1906 


EXCURSION  A  DIGOIN  (19  juin  1906). 

Depuis  longtemps  déjà  il  était  question  d'une  excursion 
à  Digoin,  ayant  pour  principal  objectif  la  visite  de  la 
faïencerie  dite  de  Sarreguemines,  établie  à  Digoin  en  187%. 
Retardée  par  des  formalités  administratives,  qu'il  y  avait 
lieu  de  respecter,  l'autorisation  de  visiter  la  fabrique,  en 
nombre  indéterminé,  nous  fut  enfin  gracieusement  accordée, 
grâce,  en  grande  partie,  à  la  bienveillance  de  M.  de  Jubé- 
court,  directeur  de  l'établissement.  L'attrait  du  programme, 
secondé  par  la  perspective  d'une  belle  journée  d'été,  avait 
réuni  de  nombreux  excursionnistes  à  la  gare  d'Autun,  le 
19  juin,  au  départ  du  train  de  6  h.  22 *.  Nous  avons  revu 
avec  plaisir  les  sites  des  bords  de  l'Arroux,  que  la  voie 
ferrée,  celle  du  P.-L.-M.  d'abord,  puis  celle  du  chemin  de 
fer  départemental  d'Étang  à  Digoin,  suit  sans  interruption. 
La  rivière,  tantôt  accélère  son  cours  pour  se  briser  contre 

1.  MM*"  des  Abbayes;  Goupy;  Pasteur;  Paul  Sauzay;  Thibault  et  Tupinier. 
MM.  des  Abbayes;  V.  Bertbier ;  Bouvet;  le  V*  H.  de  Chaignon ;  Croizier  Bernard; 
Croizier  Henri;  Croizier  Louis;  leDr  GUlot;  Gueuneau,  de  Dezize;  Jarlot  James; 
Jarlot  Jean;  Pasteur  et  son  fils  Jean;  Renaud  aîné;  Jean  et  Pierre  Reyssier; 
Rigollot  François;  Paul  Sauzay;  Thibault;  Tupinier  père  et  Ûls,  auxquels  se  Joi- 
gnirent en  cours  de  route  MM.  Douhéret  Gaston,  de  Montcenis;  Lerier,  de  Mont- 
ohanin;  Marlot,  de  Martigny;  Chassignol,  instituteur  à  la  Boulaye,  et  l'abbé 
Flageolet,  curé  de  Rigny. 


—  266  — 

tes  rochers  de  Chazeux  ou  de  la  Boulaye,  tantôt  le  ralentit 
pour  s'étaler  en  eau  profonde  au  dormant  du  «  Gourman- 
dou  »  ou  au  barrage  de  Toulon-sur-Arroux,  ailleurs  s'infiltre 
capricieusement  dans  les  sables,  de  telle  sorte  qu'il  a  fallu, 
de  Oueugnon  à  Digoin,  lui  adjoindre  un  petit  canal,  dit 
«  Rigole  de  Gueugnon  »,  pour  assurer  l'écoulement  des 
produits  métallurgiques  de  cette  petite  ville  industrielle. 
Nous  remarquons  au  passage,  sur  le  talus  de  la  route  qui 
longe  le  canal,  une  borne  marquant  sur  le  territoire  de 
Neuzy,  la  place  où  furent  trouvés  les  fameux  a  Silex  de 
Volgu  »,  dont  une  partie  a  été  déposée  au  musée  de  Chalon- 
sur-Saône.  * 

A  l'arrivée  du  train,  à  9  h.  32,  nous  sommes  accueillis 
sur  le  quai  de  la  gare,  par  quelques-uns  de  nos  collègues 
ou  amis,  M.  Ormezzano,  de  Marcigny;  MM.  Maurice  Pic, 
des  Guerreaux,  Dr  Tuloup,  Nigaud  et  Petitjean,  de  Digoin, 
qui  s'empressent  de  nous  offrir  leurs  bons  offices.  La  pro- 
menade commence  immédiatement  le  long  du  bras  du 
canal  du  Centre  qui  va  se  jeter  dans  la  Loire,  en  herbo- 
risant d'abord  sur  les  rives  du  canal  et  sur  les  quais; 
puis  nous  descendons  au  bord  du  fleuve  pour  examiner 
les  travaux  du  pont  que  l'on  construit  sur  la  Loire,  en 
remplacement  du  pont  suspendu,  octogénaire,  très  fatigué 
et  trop  étroit,  qui  sert  de  passage  à  la  route  de  Moulins. 

Le  nouveau  pont,  tout  en  pierres,  dont  le  conducteur  des 
travaux,  M.  Edmond  Debachy,  nous  explique  les  détails  de 
construction  avec  une  extrême  obligeance,  sera  supporté  par 
neuf  piles,  dont  six  en  plein  lit  du  fleuve.  Ces  piles  auront 
leurs  fondations  assises  sur  le  sol  solide  et  imperméable,  et 
pour  l'atteindre  on  emploie  des  caissons  en  tôle  progressi- 
vement enfoncés  dans  les  couches  sablonneuses  et  argi- 


1.  La  cachette  de  Volga  a  été  découverte  le  21  février  1874  par  les  ouvrier* 
terrassiers  employés  au  creusement  de  la  rigole  de  l'Arroux.  Voir  le  rapport  com- 
muniqué la  même  année,  à  ce  sujet,  à  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de 
Chalon-sur-Saône,  par  F.  Chabas. 


—  267  — 

leuses  superficielles  grâce  à  l'air  comprimé  qui,  par  le 
moyen  de  sasses  à  clapets,  refoule  latéralement  l'eau  et  les 
matières  meubles.  Une  machine  de  quarante-cinq  ohevaux 
sert  à  comprimer  l'air  et  à  le  distribuer  aux  chantiers,  qui 
occupent  soixante-dix  ouvriers.  Les  travaux  sont  estimés 
à  500,000  francs  et  on  espérait  les  achever  dans  le  délai 
de  deux  années.  Mais  l'entreprise  a  joué  de  malheur.  La 
mort  d'un  premier  entrepreneur,  puis,  postérieurement  à 
notre  visite,  des  difficultés  administratives  et  financières 
ont  obligé  de  suspendre  les  travaux  et  ont  privé  l'entre- 
prise du  bénéfice  d'un  été  exceptionnellement  sec  et  pro- 
longé, qui  en  eût  singulièrement  facilité  l'exécution  et 
l'accélération. 

Notre  collègue,  M.  H.  de  Chaignon,  examine  les  coupes 
géologiques  et  les  roches  ou  sables  extraits  du  lit  de  la 
Loire,  cependant  qu'après  avoir  traversé  le  pont,  et  être 
passés  sur  la  rive  gauche,  nous  la  remontons  jusqu'au  pont 
aqueduc,  explorant,  au  point  de  vue  botanique,  les  sables, 
les  pâturages  malheureusement  grillés  par  le  soleil,  les 
oseraies  et  les  mares  ou  c  ganches  »  à  demi-desséchées  ; 
et,  malgré  la  sécheresse,  nous  récoltons  encore  bon  nombre 
de  plantes  spéciales,  dont  M.  Chassignol  a  soigneusement 
dressé  la  liste  qu'on  trouvera  plus  bas. 

La  petite  ville  de  Digoin,  qui  borde  la  rive  droite  de  la 
Loire,  est  réellement  jolie,  ainsi  vue  d'en  face,  avec  ses 
maisons  blanches,  ses  terrasses  et  ses  jardins.  Peuplée 
aujourd'hui  de  plus  de  sept  mille  habitants,  Digoin  est  un 
centre  agricole  assez  actif,  et  doit  surtout  son  importance 
commerciale  aux  canaux  qui  s'y  réunissent,  à  ses  chantiers 
de  construction  de  bateaux,  et  depuis  quelques  années  à 
l'industrie  céramique  dont  nous  parlerons  plus  loin.  Nous 
rentrons  en  ville  par  le  beau  pont  aqueduc  de  onze  arches, 
long  de  217  mètres,  sur  lequel  passe  le  canal  latéral  à  la 
Loire,  construit  de  1832  à  1835,  sous  la  direction  de  M.  Ad. 
Jullien,  ingénieur  ordinaire  des  ponts  et  chaussées.  Du 


—  268  — 

milieu  du  pont,  on  a  une  belle  vue  sur  la  ville,  sur  le  fleuve, 
et  au  loin  sur  les  campagnes  qu'il  arrose,  les  plaines  du 
Bourbonnais  d'un  côté,  de  l'autre,  les  collines  de  la  rive 
droite,  au  premier  plan  celle  de  la  Motte-Saint-Jean,  qui 
domine  a  bec  d'Arroux,  »  au  confluent  de  l'Arroux  et  de 
la  Loire,  et  que  couronne  encore  la  terrasse  de  l'ancien 
château  des  ducs  de  Cossé-Brissac.  C'est  vraiment  un 
agréable  paysage. 

A  1 1  heures  et  demie,  nous  sommes  attablés  à  l'hôtel  du 
Commerce,  où  l'accueil  est  gracieux  et  la  cuisine  bonne. 
Nous  y  faisons  honneur,  et  à  2  heures,  après  avoir  tra- 
versé la  rue  principale  et  visité  l'église  de  Digoin,  toute 
moderne,  encore  dépourvue  de  clocher,  tandis  que  MM.  de 
Chaignon  et  V.  Berthier  jettent  un  coup  d'œil  à  la  col- 
lection minéralogique  et  préhistorique  de  M.  Jost,  nous 
nous  rendons  àla  faïencerie  de  Sarreguemines,  que  MM.  Utz- 
chneider  et  C"  ont  transportée  à  Digoin,  à  la  suite  de 
l'annexion  de  l'Alsace  -  Lorraine  à  l'Allemagne.  Nous  y 
sommes  reçus  par  M.  de  Jubécourt  qui  avait  eu  l'ama- 
bilité de  s'adjoindre  MM.  Brettnacher,  Thiriet  et  Walter, 
empressés  à  nous  servir  de  guides  et  i  nous  donner  toutes  les 
explications  techniques  désirables,  et  cela  pendant  deux 
grandes  heures  qui  nous  ont  paru  courtes,  étant  donné  l'in- 
térêt de  la  visite,  mais  quelque  peu  fatigantes  en  raison  de 
la  grande  chaleur,  du  bruit  assourdissant  des  ateliers  et 
de  l'attention  soutenue.  C'est  merveille  de  voir  dans  oette 
ruche  industrielle,  qui  occupe  mille  cinq  cents  ouvriers, 
tant  hommes  que  femmes,  l'évolution  de  la  matière  plas- 
tique, depuis  le  galet  primitif  calciné  au  four,  broyé  et 
réduit  en  pâte,  jusqu'au  vase  artistique,  décoré,  enluminé 
et  mordoré,  qui  sort  triomphant  de  la  fournaise!  Nous 
admirons  successivement  l'adresse  du  tourneur  et  du 
modeleur,  dont  la  main  habile  transforme  en  quelques 
instants  une  motte  de  glaise  en  un  plat,  une  tasse  ou  une 
élégante  aiguière  ;  la  dextérité  et  la  rapidité  avec  laquelle 


—  269  — 

de  toutes  jeunes  filles  enduisent  les  objets  façonnés  d'en* 
gobe  ou  d'émail,  ou  les  recouvrent  de  décalques  et  d'im- 
pressions variées  ;  la  sûreté  de  main  que  d'autres  apportent 
dans  le  dessin  et  l'enluminure  des  décors  aux  sujets  sim* 
pies  ou  compliqués;  quelques  lestes  coups  de  pinceau  sur 
la  surface  blanche  et  c'est  un  bouquet  de  fleurs  qui  s'épa- 
nouit, un  coq  au  superbe  panache,  ou  un  motif  de  paysage,  etc. 
Après  nous  être  grillés  à  la  gueule  des  fours  chauffés  à 
1500*,  éclaboussés  auprès  des  cuves,  empoussiérés  autour 
des  souffleries,  nous  finissons  par  les  ateliers  de  nettoyage, 
de  triage,  les  magasins  de  vente  et  d'emballage,  et  enfin 
la  grande  salle  du  musée  dans  laquelle  sont  exposés  les 
produits  de  la  fabrique  de  Digoin,  i  oôté  de  ceux  de  Sarre* 
guemines  même.  Nous  sortons  émerveillés,  remerciant  aveo 
effusion  nos  aimables  et  savants  cicérones,  et  nous  pou- 
vons les  assurer  que  nous  n'avons  surpris  ni  emporté 
aucun  des  secrets  de  leur  fabrication! 

Il  nous  restait  encore  une  heure  et  demie  avant  le  départ 
du  train  d'Autun,  i  5  h.  45.  Les  plus  intrépides  parcourent 
l'esplanade  qui  s'étend  en  face  de  la  faïencerie,  de  l'autre 
oôté  de  la  route  d'Autun,  et  où  le  terrain  rapporté  et  sablon- 
neux se  couvre  rapidement  d'une  végétation  de  plantes, 
pour  la  plupart  ubiquistes  et  de  peu  d'intérêt.  D'autres 
rentrent  en  ville  pour  y  faire  quelques  commissions.  La 
plupart  se  réunissent  au  eafé  voisin  de  la  gare,  où  peu  i 
peu  toute  la  compagnie  se  rassemble  pour  prendre  congé 
des  aimables  collègues  digoin  nais  qui  ont  tenu  i  nous 
accompagner  jusqu'au  bout,  et  que  nous  ne  saurions  trop 
remercier  de  l'instructive  et  excellente  journée  qu'ils  nous 
ont  fait  passer. 


—  270  — 

Notes  botaniques, 

Par  M.  Fr.  Chassignol,  instituteur  à  la  Boulaye. 

Gomme  d'habitude,  M.  le  Dr  Gillot  s'est  mis  avec  beau- 
coup d'empressement  à  la  disposition  des  rares  botanistes 
qui  ont  pris  part  à  l'excursion,  pour  leur  faire  explorer 
très  rapidement,  sur  quelques  centaines  de  mètres,  les 
bords  de  la  Loire,  ainsi  que  les  abords  de  la  faïencerie, 
dont  la  visite  a  absorbé  une  grande  partie  du  temps  dont 
nous  disposions. 

Parmi  les  plantes  remarquées,  nous  citerons  les  sui- 
vantes : 

!•  Sur  les  bords  de  la  Loire. 


Papaver  Argemone  L. 

—  Rhœas  L. 
Nasturtium  amphibium  Brown. 
Lepidium  graminifolium  L. 

—  oampeatre  Brown. 

—  virginicum  L.,  en  exem- 
plaires nombreux  mais  de 
petite  taille. 

X  Capsella  gracilis  Gren. 
Alyssum  calycinum  L. 
Dianthus  prolifer  L. 
Saponaria  offîcinalis  L. 
Melilotus  alba  Desv. 

—  oflicinalis  Auct. 
Trifolium  repens  L. 

—  prostratum  Biasol. 
Astragalus  Qlycyphyllos  L. 
Potentilla  reptans  L. 

—  argentea  Jord. 
Rosa  micrantha  Sm. 

—  tomentosa  Smith. 
Epilobium  lanceolatum  Seb. 
Hemiaria  glabra  L. 
Corrigiola  littoralis  L. 
Tordylium  maximum  L. 
Torilis  Anthriacus  Gmel. 


Torilis  nodosa  Gaert. 
Anthriacus  vulgaris  Pera. 
Chserophyllum  temulum  L. 
Sambucu8  Ebulus  L. 
A8perula  Cynanchioa  L. 
Achtllea  millefolium  L.  (var.  à  fl. 

roses.) 
Gnaphalium  uliginosum  L. 
Gentaurea  Galcitrapa  L. 
Onopordum  Acanthium  L. 
Hypochseris  glabra  L. 
Chondrilla  juncea  L. 
Crépis  fœtida  L. 
Hieraoium  Pilosella  L. 
Ja8ione  montana  L. 
Campanula  patula  L. 
Myosotis  atricta  Link. 
Verbasoum  Thapaus  L. 

—     flocooaum  Waldat. 
Scrofularia  canina  L. 
Ballota  fœtida  Lam. 
Marrubium  vulgare  L. 
Teucrium  Botrys  L. 
Armeria  plantaginea  Willd. 
Plantago  arenaria  Waldst. 
Rumex  nemorosua  Schr. 


—  271  — 


Rumex  puloher  L. 

Polygonum  amphibium  L.,  por- 
tant sur  les  feuilles  une  cécidie 
molle,  rouge  :  Perrisia  Persi- 
cariœ  L.  (Diptère). 4 

Ficus  carica  L.,  sur  les  murs  des 
terrasses  du  quai. 

Alisma  Plantago  L. 

Eleocharis  palustris  R.  Br. 

Sctrpus  acioularis  L. 

Oarex  muricata  L. 
—      hirta  L. 

Cynodon  dactylon  Pers. 


Alopecurus  agrestis  L. 
Corynephorus  canesoens  P.  6. 
Bromus  tectorum  L. 
Vulpia  pseudomyuros  S.  W. 

—  sciuroides  Gmel. 
Nardurus  Lachenalii  Spen. 
Glyceria  spectabilis  M.  et  Kooh. 
Agropyrum  glauoum  R.  et  S. 
Hordeum  murinum  L. 

—  seoalinum  Sohr. 
Bqui8etum  variegatum  Sch. 
Marsilia  quadrifolia  L. 


2*  Aux  abords  de  la  faïencerie. 


Sisymbrium  Sophia  L. 

Bra8sica  Cheiranthus  Will. 

Berteroa  incana  DO.,  plante  ad- 
ventice, de  la  flore  d'Alsace, 
apportée  sans  doute  avec  des 
matériaux  destinés  à  la  faïen- 
cerie autour  de  laquelle  elle 
vit,  ça  et  là,  en  colonies  hétè- 
rocasniques  (Oillot). 


Lepidium  ruderale  L. 
Astrocarpus  purpurascens 

Walp. 
Malva  moschata  L. 
Medicago  minima  Lam. 
Lactuoa  Scariola  L. 
Anarrhinum  bellidifolium  Desf. 
Verbena  ofïîcinalis  L. 


Nous  avons  également  remarqué,  dans  plusieurs  jardins, 
de  beaux  pieds  de  Lavande  (Lavandula  spica  L.),  dont  les 
fleurs  sont  mises,  par  petits  paquets,  dans  les  armoires 
pour  en  parfumer  le  linge. 


Notes  géologiques, 

Par  M.  H.  de  Chaignon. 

Au  point  de  vue  géologique  les  travaux  du  nouveau  pont 
en  construction  sur  la  Loire  reposent,  d'une  manière  géné- 
rale et  superficielle,  sur  les  alluvions  modernes  qui  bordent 
le  lit  du  fleuve  dans  une  certaine  étendue,  développées  prin- 

1.  Voir  Bull.  Soc.  hist.  nat.  Autun,  XVIII  (1905),  Catalogue  dea  Zoocèdiea  de 
Saône-et-Loire,  par  Marchai  et  Château,  p.  279.  —  Darboux  et  Houard,  Catalogue 
aystématique  dea  Zoocèdiea  de  l'Europe  et  du  baeain  méditerranéen,  1901,  n*  2103. 


—  272  — 

cipalement  sur  la  rive  gauche.  Digoin  et  ses  alentours,  à 
une  altitude  un  peu  supérieure,  se  trouvent  sur  les  allu- 
vions  anciennes. 

Plus  au  Sud  et  à  l'Est,  s'étendent  les  sables  et  cailloutis 
des  plateaux  rapportés  au  Pliocène  et  se  présentant  avec 
des  épaisseurs  et  des  niveaux  très  variables. 

Toujours  en  remontant  la  Loire,  ces  sables  et  cailloutis 
sont  bordés  par  les  calcaires  à  Phryganes  (oligocène  supé- 
rieur aquitanien),  qui  s'étendent  au  S.-E.  en  une  longue 
bande,  vers  Varennes,  Saint-  Yan,  etc.,  et  séparés  du  lit  du 
fleuve  par  de  nouvelles  alluvions  modernes  et  anciennes. 
D'après  la  Carte  géologique  (feuille  de  Charolles),  ces  cal- 
caires disparaîtraient  au  Nord  vers  les  Car  rages,  non  loin 
des  faubourgs  de  Digoin,  et  à  1  kilomètre  ou  2  au  plus  du 
pont  en  construction.  Les  travaux  pour  l'établissement  des 
culées  et  des  piles,  à  l'aide  de  caissons  i  air  comprimé,  se 
poursuivent  jusqu'à  la  rencontre  du  sous-sol  en  place  ou 
tout  au  moins  d'un  terrain  résistant  et  ne  pouvant  subir 
aucun  affaissement.  Ce  résultat  a  été  obtenu,  si  l'on  en 
juge  par  les  matériaux  extraits  des  fouilles  en  dernier  lieu. 

Sur  le  lit  marne  du  fleuve  ce  sont  des  alluvions  meubles  : 
sables,  limons,  marnes,  galets,  etc.,  d'épaisseur  variable 
et  se  déplaçant  suivant  les  crues. 

En  dessous  et  sur  une  épaisseur  variable  également,  on 
a  rencontré  un  banc  de  grès  discontinu,  c'est-à-dire  que 
les  travaux  d'une  pile  ont  pu  le  traverser  et  qu'à  côté  il 
faisait  entièrement  défaut. 

Ce  grès,  assez  uniforme  dans  la  composition,  est  très 
variable  comme  grosseur  de  grain,  depuis  le  grès  très  fin 
jusqu'au  grès  grossier,  passant  même  au  poudingue.  Je 
n'ai  pu  me  renseigner  exactement,  mais  il  est  probable 
que  les  parties  fines  sont  superposées  aux  plus  grossières. 
Quand  il  est  mouillé  ou  encore  humide,  il  offre  une  cer- 
taine résistance  au  choc,  mais  en  séchant  il  perd  toute 
cohésion  et  devient  très  friable. 


—  273  — 

Les  cailloux  sont  peu  roulés,  quelques-uns  ont  simple- 
ment leurs  parties  saillantes  émoussées.  Ils  ne  peuvent 
venir  de  loin,  ou  bien  ils  ont  été  cimentés  de  bonne  heure, 
peu  après  leur  dépôt  en  ces  points.  Le  quartz  hyalin,  les 
quartzites  blancs  et  blonds,  le  feldspath,  des  fragments  de 
calcaire  même  entrent  dans  sa  composition,  et  le  tout  est 
relié  par  un  ciment  calcaire. 

Cette  formation  gréseuse  ne  doit  pas  s'étendre  en  dehors 
du  lit  de  la  Loire  ;  elle  est  d'âge  relativement  récent  et  peut  se 
continuer  de  nos  jours,  au  milieu  des  alternatives  de  crues  et 
d'eaux  très  basses  qui  permettent  au  calcaire  de  se  concré- 
tionner  et  de  relier  tous  ses  éléments,  comme  cela  se  passe 
actuellement  le  long  de  certaines  sources  ou  cours  d'eau. 

En  dessous  de  ce  dépôt  gréseux  très  réduit,  les  travaux 
ont  rencontré  des  couches  calcaires  qui,  sans  être  d'une 
épaisseur  partout  égale,  offriraient  bien  plus  de  régularité 
et  de  continuité  que  les  grès  et  seraient  constituées  par  de 
véritables  bancs  dont  l'épaisseur  n'a  pas  été  déterminée, 
que  je  sache;  mais  c'est  sur  cette  base  solide  et  bien  en 
place  que  doivent  reposer  les  piles  du  pont. 

Ce  calcaire  est  blanchâtre  avec  veines  jaunâtres;  entière- 
ment amorphe,  d'aspect  un  peu  crayeux,  mais  à  grain  plus 
fin  et  plus  compact  que  la  craie;  il  est  argilo-siliceux  en 
assez  forte  proportion  et  rappellerait  le  calcaire  lacustre  de 
Saint-Gérand-le-Puy  (Allier),  par  exemple,  dans  lequel, 
cependant,  la  silice  est  moins  abondante,  mais  ce  peut  être 
une  différence  toute  locale  et  qui  n'influe  en  rien  sur  le 
rapprochement. 

Dans  ces  conditions,  ne  pourrait-on  pas  voir  là  la  prolon- 
gation en  profondeur  de  la  bande  des  calcaires  à  Phryganes 
qui  vient,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  affleurer  à 
hauteur  des  Carrages,  et  qui  n'aurait  pas  à  s'étendre  bien 
loin  pour  être  rencontrée  par  les  travaux  de  forage. 

La  présence  des  induses  ou  autres  traces  fossilifères 
ôterait  toute  indécision  à  ce  sujet.  Quoi  qu'il  en  soit,  la 

S.H.N.  1906.  18 


—  274  — 

nature  du  calcaire,  son  voisinage  avec  celui  des  Carrages 
qui,  dans  bien  des  points,  est,  lui  aussi,  des  moins  fossili- 
fères, peut,  à  la  rigueur,  permettre  ce  rapprochement. 

Cette  visite  au  pont  en  construction  et  surtout  celle  bien 
plus  longue  à  la  faïencerie,  ne  nous  permirent  pas  de  nous 
éloigner  de  Digoin.  Cependant  une  petite  excursion  dans 
la  direction  de  la  Motte-Saint-Jean  eût  été  intéressante 
pour  y  étudier  les  grès  rouges  permiens,  qui  se  développent 
là  en  un  long  ruban  encadré,  au  Sud,  par  les  alluvions 
anciennes  et  modernes,  et  au  Nord  par  les  cailloutis  ou 
sables  pliocène  s.  M.  le  docteur  Tuloup,  de  Digoin,  à  qui 
j'en  fis  la  remarque,  eut  l'obligeance  de  me  remettre  pour 
nos  collections  un  exemplaire  de  cette  roche  ;  il  s'agit  bien 
d'un  grès,  mais  il  n'est  pas  rouge.  Il  eût  fallu  aller  sur  les 
lieux  pour  se  rendre  compte  de  l'ensemble  de  la  formation, 
car  tout  en  appartenant  à  ce  niveau,  il  peut  bien  se  faire 
que  la  coloration  rouge  ne  soit  pas  aussi  accusée  que  dans 
d'autres  dépôts  analogues  et  n'affecte  pas  tout  le  massif. 
En  bien  des  points,  d'ailleurs,  cet  ensemble  gréseux  est 
loin  d'être  absolument  homogène.  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
grès  est  essentiellement  siliceux;  aux  acides  il  ne  donne 
aucune  effervescence. 

M.  le  docteur  Tuloup  nous  remit  également  un  échan- 
tillon de  quartzite  renfermant  des  ossements  paraissant 
appartenir  à  des  mammifères.  Je  n'ai  pu  savoir  au  juste  dans 
quelles  conditions  il  a  été  rencontré;  il  s'agit  probable- 
ment d'une  brèche  siliceuse  à  ossements,  d'âge  plus  récent 
que  le  terrain  encaissant,  et  pincée  dans  quelque  fente. 

Depuis  la  visite  de  la  Société  à  Digoin,  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  passer  deux  jours  à  Rigny-sur-Arroux.  Oràce  à 
l'obligeant  concours  de  M.  l'abbé  Flageolet,  curé  de  Rigny, 
j'ai  pu  suivre  plusieurs  affleurements  de  grès  rouge  dans 
les  environs.  Je  laisserai  de  côté  la  bande  de  grès  rouge 
qui  existe  également  plus  à  l'Ouest,  vers  Orandchamp,  les 
Bernard,  etc.  ;  elle  doit  être  la  prolongation  en  profondeur 


—  275  — 

de  la  première.  Celle-ci  seule  nous  intéresse  à  cause  de 
son  développement  plus  au  Sud-Ouest,  dans  la  direction  de 
la  Motte-Saint-Jean,  où  des  doutes  subsistaient  sur  l'attri- 
bution à  donner  à  certains  échantillons  gréseux. 

À  la  sortie  de  Rigny  par  la  route  du  Breuil,  le  premier 
chemin  qu'on  trouve  en  quittant  l'Arroux  montre,  dans  les 
talus,  des  grès  rouges  stratifiés  avec  pendage  à  l'Ouest  ;  ils 
sont  surmontés  par  les  cailloutis  (pliocènes)  à  silex  roulés. 
En  ce  point,  le  grès  rouge  est  trop  altéré  et  ne  permet 
aucun  rapprochement.  En  continuant  ce  chemin  jusqu'au 
domaine  de  Grandchamp,  sur  l'autre  versant  de  la  colline, 
les  bancs  de  grès  reparaissent  et  une  carrière  a  été  ouverte 
au  bord  d'un  pré,  presque  dans  le  fond  du  vallon.  De  nom- 
breux moellons  sont  déjà  extraits  de  la  carrière.  Le  grès 
est  peu  homogène  ou  plutôt  très  variable  de  faciès  et  pré- 
sente tous  les  passages,  depuis  le  grès  grossier,  presque 
un  poudingue,  jusqu'au  grès  à  grain  fin  et  moyen.  Il  en 
est  de  même  pour  la  coloration  qui  est  distribuée  sans 
ordre;  des  parties  absolument  blanches  sont  accolées  à 
des  parties  rouge  vif  ou  rouge  clair. 

En  revenant  sur  Rigny  par  le  même  chemin,  puis  en 
suivant  la  route  qui  longe  l'Arroux,  dans  la  direction  de 
Roche,  on  peut  voir  dans  le  lit  de  la  rivière  un  troisième 
affleurement  des  grès  rouges,  disposés  en  bancs  bien  réglés, 
peu  épais,  et  se  délitant  en  plaquettes  de  quelques  centi- 
mètres d'épaisseur,  alternativement  blanches  et  rouges; 
dans  Tune  comme  dans  l'autre,  le  grain  est  fin  et  très 
homogène,  et  la  coloration  bien  régulière. 

En  présence  des  dissemblances  de  faciès  qui  affectent 
le  grès  rouge  de  Rigny,  il  est  vraisemblable  qu'il  doit  en 
être  de  même  à  la  Motte-Saint-Jean  ;  aussi  les  échantillons 
donnés  à  la  Société  comme  venant  de  cette  localité,  et 
qui  laissaient  subsister  quelques  doutes  sur  leur  prove- 
nance, ne  peuvent  être  attribués  qu'au  grès  rouge. 


—  276  — 


EXCURSION 

à  FACHIN  et  CHATEAU-CHINON 

(16  septembre  1906). 

Le  Morvan  est  riche  en  sites  pittoresques  et  peu  con- 
nus, et  c'est  l'un  d'eux  que  notre  collègue,  M.  le  Dr  Le- 
moine,  de  Château-Chinon,  nous  conviait  depuis  longtemps 
à  visiter.  L'excursion  fixée  au  16  septembre  faillit  être 
gâtée  par  le  temps.  Après  deux  mois  de  chaleurs  excessives, 
de  beau  temps  exceptionnel,  un  orage  survenu  le  14  sep- 
tembre avait  enfin  amené  la  pluie  bienfaisante  pour  la  cam- 
pagne, mais  désagréable  pour  une  promenade.  Et  ce  n'est 
pas  sans  appréhensions  que  le  dimanche  matin  la  petite 
troupe  d'Autunois,  réduite  par  la  crainte  du  mauvais  temps, 
prenait  le  chemin  de  fer  départemental  d'Autun  à  Château- 
Chinon,  qui  les  déposait  à  8  h.  39  à  la  gare  de  Châtelet- 
Fachin1.  Leur  confiance  fut,  du  reste,  récompensée,  car  à 
part  une  ondée  matinale  et  un  orage  sur  la  fin  de  la 
journée,  la  température,  l'éclaircie,  le  soleil  même,  leur 
procuraient  une  agréable  et  intéressante  journée. 

Inutile  de  revenir  sur  le  charme  des  paysages  morvan- 
deaux et  des  forêts  ombreuses  que  traverse  la  voie  ferrée 
et  que  nous  avons  déjà  parcourues  dans  plusieurs  excur- 
sions antérieures.  Disons  seulement  que  cette  année  la  fraî- 
cheur des  vallons  et  la  verdure  des  prairies  contrastaient 
agréablement  avec  les  tons  roussis  et  l'aspect  grillé  par  la 
sécheresse  des  pâturages  et  des  boqueteaux  de  la  plaine 
autunoise. 

A  la  gare  du  Châtelet,  nous  trouvons  M.  le  Dr  Lemoine 
qui  s'est  constitué  notre  guide  avec  la  plus  obligeante  ama- 


i.  MM.  le  marquis  d'Audiffret,  de  Cluny;  V.  Berthier;  Croizier  Henri  ;  Croizier 
Charles  ;  Croizier  Louis;  le  Dr  Gillot  ;  Louis  Gillot  ;  Jarlot  James  ;  Léon  Lacomme, 
de  Mesvres;  Porte;  Adrien  Seguin  et  Georges  Valat. 


—  277  — 

bilité  et  une  compétence  que  sa  parfaite  connaissance  du 
pays  rendait  d'autant  plus  précieuse.  Des  voitures,  rete- 
nues par  ses  soins  et  venues  de  Château-Chinon,  nous 
montent  par  la  route  de  Saint-Honoré,  entre  le  bourg  de 
Fachin  et  le  hameau  de  la  Comme  situés  à  Torée  des 
grands  bois,  jusqu'au  lieu  dit  «  la  Louère  »,  où  nous  croi- 
sons la  route  de  Luzy  à  Château-Chinon,  et  qui  fait  partie 
de  l'extrémité  septentrionale  de  la  grande  «  forêt  de  la 
Gravelle  ».  Nous  mettons  pied  à  terre  et  suivons  M.  le 
D'  Lemoine  qui,  à  grandes  enjambées,  à  travers  les  ronces 
et  les  houx  d'une  jeune  coupe,  nous  fait  grimper  jusqu'au 
sommet  de  la  montagne,  où  surgit  un  massif  de  roches, 
appelé  Roche  Cartance,  à  l'altitude  de  674  mètres. 

De  ce  point  élevé  la  vue  s'étend  sur  les  vastes  plaines  du 
Bazois  et  du  Nivernais,  arrosées  par  l'Aron  et  la  Loire,  avec 
leur  damier  de  champs  cultivés  et  de  bocages,  avec  leur 
semis  de  villages  et  de  châteaux,  dont  M.  le  Dr  Lemoine 
nous  détaille  les  noms  et  l'historique,  jusqu'aux  collines 
de  Saint-Saulge,  de  Prémery  et  de  Pougues,  qui,  du  côté 
et  au  delà  de  Nevers,  ferment  l'horizon  vers  l'ouest.  Il  est 
fâcheux  qu'un  rideau  d'arbres  masque  la  vue  du  côté  de 
l'Est;  il  suffirait  d'en  couper  une  bien  petite  superficie  au 
sommet  de  la  montagne  pour  découvrir  le  grand  massif  du 
Morvan  avec  ses  sombres  forêts  et  ses  vallées  sauvages, 
et  Ton  aurait  alors  un  des  points  de  vue  les  plus  contras- 
tants, les  plus  étendus  et  les  plus  pittoresques  du  Morvan. 
En  ce  faisant,  Mma  la  comtesse  de  Laboulaye,  propriétaire 
du  bois,  serait  bien  venue  des  touristes  et  des  amateurs  de 
belle  nature. 

Taillé  à  pans  droits,  et  facilement  accessible  par  sa 
partie  supérieure,  le  rocher  affecte  une  apparence  grossière- 
ment cubique,  et  c'est  peut-être  à  cette  circonstance  qu'il 
doit  son  nom  de  Roche  Cartance,  roche  carrée,  rupes  qua- 
drata.  Il  est  tout  entier  constitué  par  de  l'Orthophyre  à  mica 
noir,  à  arêtes  aiguës  et  irrégulières,  et  dont  la  pâte  com- 


—  278  — 

pacte  et  dure  défie  le  marteau  des  minéralogistes.  Néan- 
moins la  surface  de  la  roche  est  creusée  de  quelques 
cuvettes  peu  profondes  ;  sur  le  bord  sud  deux  dépressions 
superposées  figurent  vaguement  un  siège  dans  lequel  un 
homme  peut  s'asseoir  commodément;  les  gens  du  pays 
l'appellent  le  Beurrier  ou  berceau.  À  l'autre  extrémité  de 
la  roche,  sur  un  replat,  une  autre  dépression  superficielle, 
semi-elliptique,  dite  le  Fer  à  cheval,  représente  assez  bien 
comme  forme  et  dimension  l'empreinte  d'un  pas  de  cheval. 
Ces  explications  nous  sont  fournies  par  Jean  Roy,  auber- 
giste aux  Curées,  non  loin  de  là,  brave  homme  que  sa  con- 
naissance du  pays  recommande  aux  excursionnistes,  à  la 
demande  desquels  il  est  tout  disposé  à  satisfaire. 

C'est  ainsi  qu'un  peu  plus  loin,  au  milieu  d'un  éboulis 
de  rochers,  et  caché  par  les  houx,  il  nous  montre  un  petit 
creux  d'eau  appelé  la  Fontaine  à  Charly,  qui  ne  tarit 
jamais  et  à  laquelle  les  bûcherons  viennent  se  désaltérer. 
C'est  une  cuvette  conique  dont  la  cavité  naturelle  creusée 
dans  TOrthophyre  semble  avoir  été  un  peu  agrandie  et 
arrondie  intentionnellement  sur  les  bords.  Son  petit  bassin 
mesure  environ  50  centimètres  de  diamètre,  et  30  centi- 
mètres de  profondeur;  l'eau  y  arrive  par  infiltration,  et  nous 
avons  pu  constater,  en  effet,  que,  malgré  l'extrême  séche- 
resse, elle  ne  faisait  pas  défaut. 

Après  avoir  dévalé  la  pente  opposée  de  la  montagne  et 
de  la  forêt,  nous  débouchons  dans  les  prés  et  les  terres  du 
petit  hameau  des  Prêles,  dépendant  de  Saint-Léger-de- 
Fougeret,  où  nous  rejoignons  la  route  et  nos  voitures.  C'est 
là  que  M.  le  Dr  Lemoine  nous  fait  constater  la  grande 
quantité  de  blocs  rocheux  et  de  pierres  aux  angles  arrondis 
qui  couvrent  le  flanc  du  coteau,  et  qu'on  a  cru  pouvoir 
comparer  à  une  moraine  glaciaire.  Nous  n'y  voyons  qu  un 
éboulis  fort  ancien  de  la  montagne  voisine,  étalé  en  cône 
d'éboulement  sur  les  pentes  d'un  ravin  ;  les  eaux  ont,  avec 
le  temps,  corrodé  les  arêtes  des  pierres,  poli  et  même,  sur 


—  279  — 

les  plus  gros  blocs,  légèrement  excavé  la  surface.  Les  pro- 
priétaires voisins  les  ont  utilisées  pour  clore  leurs  champs 
en  en  faisant  des  murs  à  sec  à  matériaux  de  dimensions 
colossales. 

Pendant  que  les  géologues  discutent  sur  l'origine  et  la 
nature  de  ces  roches,  notre  ami  Porte  fouille  les  prés  maré- 
cageux avoisinants,  et,  malgré  la  saison  avancée,  nous 
apporte  un  petit  bouquet  de  plantes  morvandelles  qui  ne 
manque  pas  d'intérêt  :  le  Rossolis  ou  Attrape-Mouches, 
Drosera  rotundifolia;  la  fleur  du  Parnasse,  Parnassia  palus- 
tris  \  la  mignonne  Campanule,  Wahlenbergia  hederacea,  puis 
Lotus  uliginosus,  Scutellaria  minor,  Juncus  supinus,  J.  squar- 
rosus,  etc.  Mais  il  est  déjà  11  heures  et  demie,  et  nous 
avons  encore  quatre  à  cinq  kilomètres  à  faire  pour  atteindre 
Saint-Léger-de-Fougeret,  par  une  route  superbe  qui  con- 
tourne l'opulent  château  de  «  Qlaziou  » ,  entouré  d'un  beau 
parc,  édifié  récemment  par  M.  Humbert,  le  liquidateur 
bien  connu  des  affaires  de  Panama. 

Saint-Léger-de-Fougeret  est  un  coquet  petit  village, 
abrité  dans  un  repli  de  colline,  avec  une  échappée  superbe 
sur  la  plaine  nivernaise.  L'auberge  de  Mm*  veuve  Aubossu 
mérite  la  réputation,  par  laquelle  on  nous  avait  alléchés, 
tant  par  la  propreté  et  la  qualité  de  sa  cuisine  que  par 
l'excellent  service  et  les  bonnes  grâces  de  l'hôtesse  et  de 
ses  accortes  filles.  A  2  heures,  nous  activons  la  digestion 
par  une  petite  promenade  à  la  «  Pointe  de  la  Garde  », 
promontoire  rocheux,  surmonté  d'une  statue  de  la  Vierge, 
qui  se  dresse  à  un  kilomètre  en  avant  du  village,  et  d'où 
Ton  jouit  encore,  mais  sous  un  autre  aspect,  du  beau  pano- 
rama des  montagnes  du  Morvan  et  du  pays  nivernais.  Ici 
encore,  M.  Porte  nous  fait  remarquer  dans  les  fissures  du 
rocher,  de  jolies  touffes  de  Fougères,  Asplenium  septen- 
trionale; tout  à  côté  l'élégante  Bruyère  cendrée,  Erica 
cinerea7  encore  en  fleurs;  puis  les  débris  de  quelques 
plantes  silicicoles   :    Teesdalea  nudicaulis,   Silène  nu  tans, 


—  280  — 

Filago  mimimay   Teucrium  Scorodonia,  Aira  pr&cox>  Nar- 
durus  Lachenalii,  etc. 

Saint-Léger-de-Fougeret  est  à  huit  kilomètres  de  Château- 
Chinon,  et  la  route  accidentée  traverse  la  vallée  et  la 
«  rivière  des  Oarats  »,  puis  remonte  en  longeant  les  rochers 
escarpés  de  «  Montseaunin  »,  jusqu'à  un  plateau  qui  se 
trouve  à  la  même  hauteur,  et  même  un  peu  plus  élevé  que 
la  ville.  C'est  la  seule  route  par  laquelle  on  aborde  Château- 
Chinon  par  une  descente.  A  3  heures  et  demie,  nos  voitures 
nous  déposent  devant  l'hôtel  du  Lion  d'Or,  et  nous  utili- 
sons le  temps  qui  nous  reste  à  grimper  sur  la  plate-forme 
du  vieux  château  et  à  admirer  encore  une  fois  le  panorama 
que  nous  dominons  de  cette  hauteur  de  609  mètres,  et  qui 
est  à  peu  près,  plus  étendu  même,  celui  que  nous  contem- 
plons depuis  le  matin.  Pendant  que  nous  ravivons  les 
souvenirs  d'une  excursion  antérieure  (Bull.  Soc.  hist.  nat. 
d'Autun,  XVI,  1903,  Excursion  à  Château- Chinon,  p.  254), 
et  que  nous  les  complétons  à  l'aide  des  explications  que 
notre  aimable  guide,  M.  le  Dr  Lemoine,  continue  à  nous 
donner  avec  une  complaisance  infatigable,  un  orage  se 
forme  à  l'horizon,  dont  nous  voyons  rapidement  approcher 
les  nuées  venant  de  l'ouest.  Nous  nous  hâtons  de  redescendre, 
mais  pas  assez  vite  pour  éviter  la  bourrasque  de  vent,  de 
tonnerre,  de  pluie  et  de  grêle  qui  nous  force  à  nous 
réfugier  sous  divers  abris,  pendant  qu'en  un  clin  d'œil  les 
rues  sont  transformées  en  torrents.  Au  bout  d'une  demi- 
heure  l'accalmie  se  produit  et  nous  permet  de  regagner  la 
gare,  pour  prendre  le  train  de  5  heures  29,  non  sans  avoir 
remercié  encore  notre  nouveau  collègue,  M.  le  Dr  Lemoine, 
de  l'intéressante  journée  qu'il  nous  a  fait  passer,  et  pris 
acte  de  son  invitation  à  renouveler  Tannée  prochaine,  et 
dans  une  autre  direction,  une  promenade  en  Morvan,  et 
de  sa  promesse  de  l'y  retrouver  à  la  tête  d'un  nouveau 
groupe  d'excursionnistes  ! 


—  281  — 


EXCURSION  au  CBEUSOT  et  à  6RISY 

(14  Octobre  1906). 

Visite  du   «  Musée  Schneider  »  suivie  d'une  course  aux  Sources 

thermales  de  Grisy  et  aux  exploitations  d'Uranite  des  Riaux  \ 

commune  de  Saint-Symphorien-de-Marmagne. 

L'excursion  du  14  octobre  avait  pour  but  principal  la 
visite  du  «  Musée  Schneider  »  en  voie  d'organisation2. 
Toutefois,  cette  visite  ne  devant  absorber  que  la  matinée, 
il  avait  été  convenu  de  la  compléter  par  une  promenade 
aux  Sources  thermales  de  la  Crôte  (hameau  de  Grisy), 
dégagées  récemment  de  leur  marécage  par  les  soins  du  pro- 
priétaire, M.  L.  Debourdeau,  et  aux  nouvelles  exploita- 
tions d'Uranite  des  Riaux,  dirigées  par  M.  H.  Marlot. 

Arrivés  par  le  train  de  8  heures  du  matin,  les  sociétaires 


1.  La  carte  à  l'échelle  de  1/100,000,  du  ministère  de  l'Intérieur,  désigne  le 
hameau  sous  le  nom  de  Ruauds,  mais  je  lui  conserverai  l'appellation  de  Riaux 
qui  lui  est  donnée  dans  la  localité  et  qui  a  été  reproduite  dans  toutes  les  notices 
ayant  trait  aux  recherches  d'Uranite. 

2.  Assistaient  à  la  visite  du  musée  : 

MM.  Rais,  directeur  aux  établissements  de  MM.  Schneider  et  Compagnie; 
Defosse,  archiviste,  délégués  par  M.  Schneider  pour  recevoir  la  Société  d'histoire 
naturelle  ;  Gillot,  docteur  à  Autun,  président;  vicomte  H.  de  Chaignon,  officier  en 
retraite  à  Autun,  vice-président  ;  Berthier,  quincaillier  à  Autun,  secrétaire  ; 
des  Abbayes,  sous- directeur  des  Contributions  indirectes  à  Autun  ;  André  Georges, 
vétérinaire  à  Autun;  Graillot  Léon,  négociant  à  Autun;  Charbonnier- Lebre ton, 
greffier  du  tribunal  civil,  à  Autun  ;  Mauchien  fils,  négociant  à  Autun  ;  Seguin  Adrien, 
négociant  à  Autun  ;  Sirdey  père,  rentier  à  Autun  ;  Sirdey  fils,  lieutenant  d'artil- 
lerie; le  marquis  d'AudifTret,  officier  de  cavalerie  en  retraite,  à  Cluny  ;  Armandin, 
pharmacien  &  Quarré-les- Tombes  (Tonne)  ;  Chassignol,  instituteur  à  la  Boulaye  ; 
Cottin,  maire,  à  Broyé;  Desvignes,  entrepreneur  à  Saint-Symphorien-de-Mar- 
magne;  Drizard,  docteur  à  Montcenis;  Marlot,  géologue- prospecteur  à  Saint- 
Symphorien-de-Marmagne  ;  Saclier,  maire,  à  Charbonnat. 

De  la  section  du  Creusot  :  MM.  Raymond,  ingénieur  civil  des  mines  en  retraite, 
vice-président  ;  Camusat,  ingénieur,  secrétaire  adjoint  ;  Berthier  Ernest,  agronome  ; 
Chanlon,  contremaître,  et  M11*  Chanlon  ;  Diard,  docteur,  et  M"**  Diard  ;  Dolle, 
ingénieur  des  arts  et  manufactures,  Jondot,  dessinateur;  Jouvel,  ingénieur- 
géomètre  aux  mines  du  Creusot  ;  Montmartin,  chimiste  ;  Montagne,  agent  général 
d'assurances  ;  Nidiaut,  ingénieur  ;  Petit,  dessinateur  ;  Thomas,  pharmacien. 


—  282  — 

sont  reçus  à  la  gare  par  la  section  du  Creusot  et,  sous  la 
direction  de  M.  Raymond,  ancien  ingénieur  en  chef  des 
mines  de  MM.  Schneider  et  Compagnie,  vice-président  de 
la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  l'on  se  rend  immé- 
diatement au  musée. 

La  Société  est  reçue  au  seuil  du  musée  par  M.  Rais, 
directeur  aux  établissements  de  MM.  Schneider  et  Compa- 
gnie, accompagné  de  M.  Défasse,  archiviste. 

M.  Rais  souhaite  la  bienvenue  aux  sociétaires,  leur  expri- 
mant les  regrets  de  M.  Schneider  de  n'avoir  pu  les  rece- 
voir lui-même,  puis  la  visite  commence  immédiatement 
par  les  collections  d'histoire  naturelle,  dont  M.  Raymond 
explique,  avec  beaucoup  de  détails  très  intéressants,  l'im- 
portance, l'origine  et  la  raison  d'être  de  chacune  d'elles. 

Passant  ensuite  à  la  salle  des  collections  industrielles, 
c'est  à  M.  Rais,  tout  désigné  en  cette  circonstance,  qu'in- 
combe le  rôle  de  nous  faire  connaître  toute  la  valeur  de 
l'œuvre  entreprise  par  M.  Schneider  en  créant  ce  musée. 
Les  explications  qu'il  veut  bien  nous  donner  sur  chacune 
des  nombreuses  pièces  déjà  classées  dans  cette  salle  sont 
du  plus  haut  intérêt,  et  c'est  avec  le  plus  grand  regret  que 
nous  voyons  s'achever  cette  très  instructive  visite. 

Pour  conserver  un  souvenir  de  cette  visite,  une  photo* 
graphie  de  la  Société  est  prise  à  la  sortie  du  musée,  puis 
un  lunch  est  offert  aux  visiteurs  dans  les  salons  du  Cercle 
de  MM.  Schneider  et  Compagnie. 

M.  Rais,  se  levant,  adresse  à  la  Société  quelques  paroles 
de  bienvenue  : 

MONSIEUR  LB  PRÉSIDENT,  MESSIEURS, 

En  vous  renouvelant  les  très  vifs  regrets  de  M.  Schneider,  retenu 
par  ses  obligations  hors  du  Creusot,  de  n'avoir  pu  vous  recevoir  et 
vous  faire  lui-même  les  honneurs  de  son  musée,  comme  il  l'aurait 
désiré,  je  tiens  à  vous  dire  que  rien  ne  pouvait  lui  être  plus  agréable, 
pour  une  première  visite  officielle  de  ce  musée,  que  d'en  ouvrir  les 
portes  à  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun. 


—  283  — 

Oe  musée  est  la  réalisation  d'un  projet  depuis  longtemps  caressé 
par  M.  Schneider.  Il  désirait  d'abord  sauver  de  l'oubli  cette  magni- 
fique collection  de  minéraux,  de  bois  silicifiés  et  d'échantillons  de 
la  flore  fossile  de  notre  région  qui  vous  a  si  vivement  intéressés.  La 
remise  en  ordre  et  la  classification  de  ces  échantillons  sont  dues  à 
M.  Raymond  et  font  le  plus  grand  honneur  à  l'érudition  de  votre 
sympathique  collègue.  Je  suis  particulièrement  heureux  de  l'occa- 
sion qui  m'est  offerte  de  lui  en  rendre  publiquement  hommage. 

M.  Schneider  voulait  aussi  grouper  les  souvenirs,  modèles,  docu- 
ments et  produits  fabriqués  à  diverses  époques  de  la  vie  indus- 
trielle du  Creusot  et  de  ses  établissements.  Mais,  comme  vous 
l'aurez  remarqué,  ce  musée  est  en  voie  d'organisation  et  bien  des 
objets  lui  manquent,  qui  sont  dispersés  de  côté  et  d'autre  et  qui 
prendraient  toute  leur  valeur  à  figurer  au  milieu  de  nos  collections 
existantes.  Aussi,  permettez-moi  de  vous  faire  un  appel  quelque  peu 
intéressé,  à  vous  qui  vous  passionnez  pour  les  choses  anciennes,  en 
vous  disant  que  nous  serons  toujours  très  reconnaissants  aux  per- 
sonnes qui  pourraient  nous  remettre  quelque  objet  se  rattachant  à 
l'histoire  du  Creusot  ou  de  la  région.  C'est  ainsi  que  vous  aurez  pu 
voir  déjà  dans  nos  collections  des  objets  offerts  par  de  généreux 
donateurs,  dont  nous  avons  fait  figurer  les  noms  sur  des  étiquettes 
spéciales. 

Messieurs,  je  suis  heureux  de  reconnaître  et  de  saluer  parmi  vous 
de  très  gracieux  spécimens  d'une  flore  toute  moderne  en  la  personne 
des  dames  présentes.  Je  les  prie  d'agréer  mes  respectueux  hommages 
et  en  levant  mon  verre  en  leur  honneur,  je  bois  à  leur  santé,  à  la 
vôtre,  Messieurs,  et  à  la  prospérité  de  la  Société  d'histoire  naturelle 
d'Autun. 

Répondant  à  M.  Rais,  M.  le  Dr  Gillot,  président  de  la 
Société,  s'exprime  en  ces  termes  : 

Mesdames,  Messieurs, 

Je  remercie  M.  Rais  des  paroles  de  bienvenue  qu'il  vient  de  nous 
adresser  au  nom  de  M.  Schneider.  Je  le  prie  de  vouloir  bien  être 
auprès  de  lui  l'interprète  de  nos  sentiments  de  respectueuse  gra- 
titude pour  la  bienveillance  avec  laquelle  il  a  bien  voulu  nous 
ouvrir  les  portes  de  son  musée  en  cours  d'organisation,  et  pour 
avoir  délégué,  pour  nous  recevoir,  MM.  Rais  et  Defosse  qui,  avec 
M.  Raymond,  nous  ont  fait  les  honneurs  de  ces  collections  avec 
autant  de  bonnes  grâces  que  de  compétence. 


—  284  — 

La  visite  que  nous  venons  de  faire  du  «  Musée  Schneider  »  nous 
a  doublement  intéressés. 

D'une  part,  nous  avons  vu  réunis  un  nombre  déjà  important  d'objets 
industriels  divers  :  pièces  historiques,  cristaux,  modèles  anciens, 
maquettes,  réductions  de  travaux  d'arts,  projectiles  divers,  etc., 
qui  retracent  l'histoire  du  Creusot  depuis  ses  modestes  débuts, 
d'il  y  a  plus  d'un  siècle,  jusqu'à  cette  merveilleuse  apogée  de  l'in- 
dustrie moderne,  à  laquelle  elle  est  parvenue  sous  la  haute  direc- 
tion de  la  famille  Schneider,  qui  est  devenue,  du  reste,  l'âme  et 
l'honneur  de  la  grande  cité  industrielle. 

D'autre  part,  les  collections  paléontologiques  et  minéralogiques, 
si  intéressantes  et  si  utiles  à  l'industrie  minérale,  créées,  il  y  a  déjà 
quelques  années,  sur  la  demande  de  M.  Henri  Schneider,  par  la 
science  de  M.  Raymond,  à  laquelle  l'intelligente  initiative  de 
M.  Eugène  Schneider  vient  de  faire  appel  à  nouveau,  en  lui  en 
confiant  le  classement  définitif  propre  à  leur  introduction  dans  un 
musée. 

Vous  me  permettrez  de  rappeler  ici  l'intérêt  que  M.  Eugène 
Schneider,  continuant  les  traditions  de  son  père,  a  toujours  témoi- 
gné aux  études  scientifiques,  notamment  à  celles  de  la  Société  d'his- 
toire naturelle  d'Autun  et  de  la  section  du  Creusot.  Il  a  bien  voulu, 
même,  accepter  d'être  l'un  de  nos  vioe-présidents,  et  je  suis  heureux 
d'avoir  encore  à  l'en  remercier  aujourd'hui. 

En  examinant  vos  belles  séries  de  bois  silicifiés  et  d'empreintes 
végétales,  le  souvenir  m'est  tout  naturellement  revenu  de  notre 
ancien  et  regretté  président  Bernard  Renault,  qui  a  contribué,  il  y 
a  quelques  années,  à  les  étudier  et  à  les  déterminer.  La  pensée 
m'est  venue  que  le  grand  industriel  avait  lieu  d'avoir  quelque 
reconnaissance  au  modeste  savant  qui  a  tout  simplement  gravé  le 
nom  des  Schneider  sur  un  morceau  de  houille,  en  caractères  plus 
durables  que  les  lettres  d'or  d'un  monument. 

Si  les  palais  de  fer  du  Creusot  peuvent  contribuer,  dans  la  suite 
des  siècles,  à  perpétuer  les  noms  de  leurs  créateurs  au  Livre  d'Or 
de  la  Métallurgie,  la  science,  qui  est  immortelle,  y  joindra  aussi  son 
puissant  appui,  car  le  géologue,  en  retrouvant  dans  les  entrailles 
du  sol  le  Nœggerathia  IL  Schneideri,  signé  de  Bernard  Renault, 
ainsi  que  le  Walchia  E.  Schneideri,  signé  de  Zeiller,  remettra  en 
lumière,  lui  aussi,  le  glorieux  nom  des  Schneider. 

Au  nom  de  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun,  je  lève  mon 
verre  en  l'honneur  de  M.  Schneider,  de  ses  distingués  collabora- 
teurs, nos  oollègues,  et  à  la  prospérité  du  «  Musée  Sohneider  ». 


—  285  — 

Les  sociétaires  prennent  ensuite  congé  de  MM.  Rais  et 
Defosse,  enchantés  de  cette  très  aimable  réception  dont 
ils  garderont  l'agréable  souvenir. 

Faisant  maintenant  un  retour  en  arrière,  il  me  semble 
qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt,  à  titre  d'aide-mémoire  à 
l'usage  de  ceux  qui  ont  eu  la  bonne  fortune  d'en  faire  la 
visite,  de  rappeler,  au  moins  dans  leurs  grandes  lignes, 
les  choses  très  intéressantes  qu'il  nous  a  été  permis  de 
voir  au  «  Musée  Schneider  ». 

1*  Collections  d'Histoire  natureUe. 

Nous  retrouvons  ici  de  vieilles  connaissances,  car  c'est 
la  troisième  fois  que  la  Société  d'histoire  naturelle  d'Autun 
a  l'avantage  et  le  plaisir  de  visiter  ces  belles  collections. 

Les  collections  paléontologiques  furent  commencées 
par  M.  Raymond  en  1883,  sur  l'initiative  de  M.  H.  Schnei- 
der. Installées  d'abord  sommairement  dans  un  local  du 
château  de  la  Verrerie,  elles  furent  visitées  par  la  Société 
le  17  avril  1887. 

Transportées  en  1892  dans  un  local  d'archives  des  usines 
du  Creusot,  situé  place  de  l'ancienne  pharmacie,  au  point 
culminant  de  la  ville,  elles  furent  complétées  par  une  riche 
collection  minéralogique  provenant  principalement  de  la 
mine  de  fer  carbonate  spathique  d'AUevard  (Isère),  qui 
était  alors  exploitée  par  MM.  Schneider  et  Compagnie  pour 
l'alimentation  partielle  des  hauts  fourneaux  du  Creusot,  et 
de  la  mine  de  Saint-Georges-des-Hurthières  (Savoie),  mine 
encore  exploitée  actuellement,  dans  ses  gisements  cuivreux, 
par  les  soins  de  MM.  Schneider  et  Compagnie. 

C'est  dans  ce  local  que  la  Société  les  visita  pour  la 
seconde  fois,  le  15  octobre  1896. 

Mises  de  côté  momentanément,  par  la  nécessité  d'utiliser 
leur  emplacement  pour  l'agrandissement  des  salles  d'ar- 
chives, ce  n'est  qu'au  commencement  de  cette  année  1906 


—  286  — 

que  M.  Schneider  les  fit  reprendre  pour  les  faire  figurer 
dans  le  musée  industriel  dont  il  a  commencé  la  réalisation, 
après  avoir  confié  à  M.  Raymond  le  soin  d'un  classement 
définitif  propre  à  leur  introduction  dans  ce  musée  actuelle- 
ment installé  place  Schneider,  dans  les  anciens  locaux  des 
écoles  spéciales  des  usines  du  Creusot. 

Cette  fois  du  moins,  ces  collections  ont  reçu  une  place 
digne  de  leur  grande  valeur  scientifique. 

Installées  avec  soin,  à  l'abri  de  la  poussière  dans  de 
splendides  vitrines,  elles  ont  vraiment  bon  aspect  et  rap- 
pellent mieux  l'importance  que  les  sciences  ont  toujours  eue 
dans  le  développement  des  industries  du  Creusot.  Il  n'est 
pas  jusqu'aux  vitrines  qui  les  recèlent  qui  n'aient  leur 
valeur  historique,  ayant  figuré  dans  les  nombreuses  expo- 
sitions, françaises  ou  étrangères,  où  MM.  Schneider  ont 
porté  si  haut  le  renom  de  leurs  établissements  métallur- 
giques. 

Rappelons  sommairement  les  grandes  lignes  de  ces 
collections. 

Pour  en  établir  la  nomenclature,  je  procéderai  dans  le 
même  ordre  que  l'a  fait  M.  Raymond  dans  les  explications 
qu'il  nous  en  a  données  le  14  octobre. 

Mine  de  fer  de  Mazenay  (Saone-et-Loirb).  —  La  mine 
de  fer  de  Mazenay,  située  à  35  kilomètres  du  Creusot,  est 
reliée  directement  aux  usines  par  une  ligne  de  chemin  de 
fer  appartenant  en  partie  à  MM.  Schneider  et  Compagnie 
et  empruntant,  pour  le  reste,  le  réseau  P.-L.-M.  (ligne  de 
Nevers  à  Chagny),  de  Montchanin  à  Saint- Léger-su r- 
Dheune. 

Cette  mine  comprend  deux  concessions  :  celle  de  Maze- 
nay, acquise  par  MM.  Schneider  et  Compagnie  le  5  jan- 
vier 1853,  et  celle  contiguë  de  Change,  acquise  le  5  août 
1855.  L'exploitation  de  ces  deux  concessions  est  presque 
exclusivement  concentrée  sous  le  mont  de  Rome-Château 


—  287 


pour  la  première,  et  sous  le  mont  de  Rème,  voisin  du  pre- 
mier, pour  la  seconde. 

Le  minerai,  à  texture  oolithique,  et  dont  la  teneur  en  fer 
oscille  entre  25  et  32  pour  100,  appartient  à  la  zone  à 
Schlotheimia  angulata  (Schl.).  zone  à  Ammonites  angulatus 
de  l'Hettangien,  ou  Infra-Lias  de  Leymerie. 

Le  minerai  proprement  dit,  qui  est  très  uniforme  dans 
tout  le  gisement,  ne  se  prête  pas  à  l'extension  d'une  col- 
lection variée,  aussi  la  mine  de  Mazenay  est-elle  surtout 
représentée  dans  ses  caractères  géologiques  par  les  fossiles 
de  son  étage,  ainsi  que  par  ceux  des  étages  de  super- 
structure qui,  aux  monts  de  Rome-Château  et  de  Rème, 
s'élèvent  jusqu'à  l'oolithe  inférieure  qui  couronne  les  som- 
mets de  son  calcaire  à  entroques. 

Les  principaux  fossiles  sont,  en  descendant  la  série 
géologique  : 


Lias  supérieur  (Toarcien). 

Ammonites  (Harpoceras)  bifrons 

Brug. 
Ammonites  (Harpoceras)  serpen- 

tinus  Rein. 
Belemnites  irregularis  Schl. 
Turbo  subduplicatus. 

Lias  moyen  (Liasien). 

Ammonites  (  ASgoceras  )  plani- 

costa  Sow. 
Belemnites  clavatus  Schl. 
Gryphœa  Gymbium  Des  h. 
Spirifer  p inguis. 

Lias  inférieur  (Sinémurien). 

Ammonites  oxynotus. 

—         raricostatus. 
Belemnites  acutus  Mill. 


Pholadomya  ventricosa  Agas. 
Gardinia  crassiuscula  Sow. 
Lima  gigantea  Sow. 
Terebratula  cor.  Lmk. 
Rhynchonella  variabilis. 
Spirifer  Walcottii  Sow. 
Pentaorinus  tuberculatus  Mill. 
Gryphœa  arcuata  Lmk. 

Hettangien  (Infra-Lias). 

Ammonites  (ASgooeras)  laqueus 
Quenst. 

Ammonites  (Sohlotheimia)  angu- 
latus Schl. 

Ghemnitzia  vesta  d'Orb. 

Pleurotomaria  rotellœformis 
Dunk. 

Plioatula  hettangiensis  Terq. 

Peoten  valoniensis  Defr. 

Pentaorinus  angulatus  Opp. 


Flore  permienne.  —  La  flore  permienne  est  représentée 
par  des  empreintes  provenant  du  bassin  d'Autun  et  du 


—  288  — 

bassin  de  Charmoy,  les  schistes,  argileux  jaunâtres,  de  ce 
dernier  représentant,  très  vraisemblablement,  la  partie 
supérieure  du  système  des  schistes  autunois,  et  par  une 
magnifique  collection  de  bois  silicifiés,  sciés  et  polis  aux 
usines  du  Creusot. 

Les  fougères,  abondantes  à  l'époque  permienne,  appar- 
tiennent surtout  aux  genres  Odontopteris,  Callipteris  et 
Nevropteris;  les  Pecopteris,  restes  de  la  flore  carbonifère, 
étant  devenus  rares  à  cette  époque  géologique. 

Les  schistes  de  Charmoy  ont  également  fourni  de  nom- 
breux exemplaires  de  conifères,  appartenant  au  genre  Wal- 
chia  :  W.  piniformis,  W.  hypnoïdes,  dont  plusieurs  possèdent 
leurs  épis  fructifères,  enfin  une  espèce  nouvelle,  trouvée 
à  la  digue  de  l'étang  de  Martenet  par  notre  secrétaire 
M.  V.  Berthier,  espèce  filiforme  étudiée  par  M.  Zeiller, 
inspecteur  général  des  mines,  membre  de  l'Institut,  et 
dédiée  à  M.  E.  Schneider  sous  le  nom  de  Walchia Schneider i. 1 

Je  n'omettrai  pas  de  signaler  aussi  quelques  empreintes 
de  Baiera,  genre  allié  au  Ginkgo.  Cette  plante  a  été  rencon- 
trée pour  la  première  fois  dans  le  terrain  permien  lors  de 
l'excursion  faite  à  Charmoy,  le  26  août  1886,  par  la  Société 
d'histoire  naturelle,  sous  la  direction  de  MM.  Bernard 
Renault  et  Raymond.  Avant  cette  découverte,  le  Bâtera 
n'était  pas  connu  plus  bas  que  dans  les  couches  supérieures 
du  Trias. 

La  collection  de  bois  silicifiés,  qui  compte  mille  trois 
cents  échantillons,  est  aussi  curieuse  pour  le  profane,  par 
son  bel  aspect,  que  pour  le  connaisseur,  par  la  conserva- 
tion de  ses  échantillons  et  la  richesse  de  ses  variétés.  Elle 
appartient  surtout  au  bassin  autunois,  le  bassin  de  Char- 
moy n'y  étant  représenté  que  par  des  échantillons  de  Cor- 


1.  Ce  Wàlchiâ,  à  longues  feuilles,  est  décrit  dans  ses  autres  caractères,  par 
M.  Zeiller,  dans  le  deuxième  fascicule  des  Gttoi  minéraux  de  U  France  ;  paléon- 
tologie des  bassins  houiller  et  permien  de  Blanzy  et  du  Creusot,  en  court  d'im- 
pression à  l'Imprimerie  nationale. 


—  289  — 

daïtes,  de  belle  taille,  mais  laissant  généralement  à  dési- 
rer sous  le  rapport  de  la  conservation,  trouvés  dans  les 
champs  avoisinant  les  Bizots. 

Tous  les  échantillons  de  cette  collection,  qu'il  serait  trop 
long  d'énumérer  ici,  appartiennent  généralement  aux 
genres  :  Cor  daïtes,  Sig  Maria,  Arthropitus,  Poroxylon,  Astro- 
myelon,  Myelopteris,  Psaronius,  etc.,  etc. 

Je  ne  rappellerai  plus  particulièrement  qu'un  exemplaire 
d'une  espèce  nouvelle,  venant  du  bassin  d'Autun,  racine 
d'Araucariée  qui,  sous  le  nom  & Araucarioxylon  Raymondi, 
fut  dédiée  à  M.  Raymond,  en  souvenir  des  nombreux  ser- 
vices rendus  par  lui  à  la  science  paléontologique,  et  en 
particulier  à  Bernard  Renault,  qui  fut  tout  heureux  de 
trouver  cette  occasion  de  lui  prouver  sa  reconnaissance. 

A  signaler  ici,  à  côté  de  la  flore  permienne,  quelques 
exemplaires  de  poissons  ganoïdes,  des  genres  Palœoniscus 
et  Amblypterus,  des  schistes  d'Autun. 

Flore  carbonifère.  —  La  flore  carbonifère  comprend  plus 
de  deux  mille  échantillons.  Elle  est  représentée  par  la  flore 
à  peu  près  complète  du  houiller  supérieur,  surtout  dans  sa 
partie  voisine  du  Permien. 

Toutes  les  empreintes  de  cette  collection,  choisies  parmi 
les  mieux  conservées,  proviennent  des  bassins  houillers  du 
Creusot,  de  Montchanin,  de  Decize  (Nièvre),  appartenant  à 
MM.  Schneider  et  Compagnie,  de  Blanzy,  de  Saint-Berain- 
sur-Dheune,  de  Perrecy,  d'Épinac,  de  Brassac,  de  la  Loire 
et  de  Gommentry. 

Il  est  impossible  de  refaire,  dans  les  limites  de  ce 
compte  rendu,  une  nomenclature  un  peu  détaillée  de  tous 
les  échantillons,  et  je  dois  me  contenter  de  rappeler  som- 
mairement les  principaux  genres  représentés  : 

Calamodendrées.  —  Nombreuses  tiges  articulées  de  Cala- 
modendrons,  dont  beaucoup  possèdent  encore  leur  écorce 
houillifiée  ; 

S.H.N.  1906.  19 


—  290  — 

Cordaïtées.  —  Tiges  et  moelles  (Artisia)  ;  belles  plaques 
de  feuilles  de  Cordaites  et  de  Poacordaites,  montrant  sou- 
vent leurs  insertions  raméales  ; 

Équisétacées.  —  Tiges  de  Calamités  et  d'Equis etum , 
rameaux  d'Ânnularia,  Asterophyllites,  etc.,  etc. 

Lycopodiacées.  —  Écorces  de  Lépidodendrons  et  de  Sigil- 
laires,  avec  leurs  curieuses  cicatrices  foliaires;  Stigma- 
ria,  etc.  A  rappeler  ici  que  le  genre  Stigmaria,  qui  a  été 
pendant  longtemps  considéré  comme  un  genre  à  part, 
semble,  d'après  les  savantes  études  de  Bernard  Renault, 
devoir  être  considéré  comme  l'appareil  radiculaire  des 
Sigillaires. 

Rhizocarpées. — Nombreux  exemplaires  de  Sphenophyllum; 

Fougères.  —  Les  Fougères  sont  les  plus  nombreuses 
parmi  les  espèces  de  la  flore  houillère.  Elles  appartiennent 
principalement  aux  genres  :  Sphenopteris,  Dictyopteris,  Odon- 
topteris,  Alethopteris,  Pecopteris,  etc. 

Cycadées.  —  Les  Cycadées,  dont  les  empreintes  sont 
relativement  rares  dans  le  terrain  houiller,  sont  représen- 
tées tout  particulièrement  ici  par  une  espèce  nouvelle,  le 
Nœggerathia  Schneideri,  trouvée  dans  les  grès  houillers  de 
Longpendu,  bassin  houiller  de  Montchanin.  Cette  oycadée, 
dont  on  ne  possède  qu'un  seul  exemplaire,  est  assez  remar- 
quable par  sa  bonne  conservation;  elle  a  été  dédiée  à 
M.  Henri  Schneider  par  Bernard  Renault  qui  en  a  donné 
la  description  dans  une  communication  faite,  en  collabora- 
tion avec  M.  Zeiller,  à  l'Académie  des  sciences,  le  8  février 
1886  : 

Fronde  de  Nœggerathia,  longue  de  0»062,  portant  45  pinnules, 
trouvée  dans  les  grès  houillère  de  Longpendu  et  que  nous  dési- 
gnerons sous  le  nom  de  Nœggerathia  Schneideri. 

Le  rachis  est  grêle,  quelque  peu  flexueux,  garni  de  pinnules 
persistantes,  alternes,  s'écartant  de  leur  support  commun  sous  un 
angle  ouvert  ;  le  plan  des  pinnules  coupe  obliquement  le  raohis,  ce 
qui  résulte  de  leur  mode  d'insertion. 


—  291  — 

Les  pinnules  sont  égales,  sessiles,  entières,  oblongues,  le  bord 
supérieur  un  peu  plus  convexe  que  le  bord  inférieur,  arrondies  au 
sommet,  échancrées  à  la  base,  s'insérant  obliquement  d'arrière  en 
avant  sur  les  côtés  et  sur  la  face  supérieure  du  rachis  qu'elles 
entourent  ainsi  sur  une  certaine  étendue. 

Les  pinnules  mesurent  0»021  en  longueur  et  0m009  en  largeur, 
leur  distance  moyenne  est  de  0m008  ;  elles  se  recouvrent  légèrement 
sur  leurs  bords  quand,  par  une  pression  extérieure,  elles  ont  été 
amenées  dans  le  même  plan  que  le  rachis. 

Les  nervures  sont  nettes,  égales,  équidistantes,  parallèles,  se 
divisant  quelquefois  par  dichotomie,  terminées  sans  inflexions  au 
contour  de  la  feuille,  plus  serrées  vers  la  base,  d'où  elles  partent 
sur  tout  le  contour  d'insertion.  Sur  une  largeur  de  0m0i,  on  compte 
25  nervures  ;  le  N.  foliosa  en  offre  30  sur  la  même  étendue. 

Houille  organisée.  —  Je  n'omettrai  pas  de  signaler  une 
belle  collection  d'échantillons  de  houille  organisée,  c'est-à- 
dire  d'échantillons  de  houille  conservant,  malgré  la  com- 
pression qu'ils  ont  subie,  toutes  les  traces  de  l'organisa- 
tion des  végétaux  dont  ils  sont  formés.  Les  études  de  Ber- 
nard Renault  sur  les  houilles  organisées  ont  fait  faire  un 
grand  pas  à  la  théorie  végétale  de  la  formation  des  cou- 
ches houillères. 

La  collection  de  la  flore  carbonifère  du  «  Musée  Schnei- 
der »  ne  constitue  pas,  dans  son  ensemble,  un  amas  plus 
ou  moins  banal  d'échantillons  divers,  réunis  dans  le  seul 
but  de  créer  une  collection  de  curiosités  naturelles. 

Dès  l'origine  de  sa  création,  M.  Raymond  s'est  préoccupé, 
non  seulement  d'en  faire  un  classement  méthodique,  mais 
encore  et  surtout  de  l'organiser  d'une  façon  tout  à  fait  judi- 
cieuse et  spéciale,  permettant  d'en  tirer  les  renseigne- 
ments les  plus  précieux  au  point  de  vue  de  l'exploitation. 
Toutes  les  espèces  y  étaient  représentées  par  des  nombres 
proportionnels,  en  rapport  avec  leur  abondance  dans  les 
gisements  d'où  elles  avaient  été  tirées,  ce  qui  pouvait  faci- 
liter, dans  les  exploitations  futures,  l'assimilation  du  niveau 
relatif  des  couches  rencontrées. 


—  292  — 

La  réunion  d'un  certain  nombre  d'échantillons  de  chaque 
espèce  facilite  en  outre  leur  détermination  spécifique.  Les 
différentes  parties  d'une  même  fronde  :  base,  milieu,  som- 
met, devenues  voisines,  permettent,  en  effet,  de  rectifier 
les  erreurs  d'un  premier  classement,  et  je  citerai  comme 
exemple,  à  ce  sujet,  de  très  beaux  échantillons  de  pinnules 
basilaires  d'Odontopteris  genuina  qui,  prises  isolément, 
ressemblent,  à  s'y  méprendre,  à  un  Cyclopteris. 

Il  en  est  de  même  pour  les  empreintes  d'Odontopteris  Rei- 
chiana,  fougère  dissymétrique,  dont  bien  souvent  une 
portion  de  la  fronde  est  tripinnée  du  côté  inférieur  et  seu- 
lement bipinnée  du  côté  supérieur,  caractères  qui  ne  sont 
accusés  que  sur  de  beaux  échantillons  de  la  base. 

En  un  mot,  cette  collection,  telle  qu'elle  est  organisée, 
constitue  l'une  des  connaissances  principales  de  l'art  du 
mineur. 

Mines  de  fer  d'Allevard  (Isère).  —  Les  mines  de  fer 
d'AUevard,  situées  dans  les  Alpes  dauphinoises,  apparte- 
naient, il  y  a  quelques  années  seulement,  à  MM.  Schnei- 
der et  Compagnie  qui  y  avaient  installé  une  puissante 
exploitation  mécanique,  et  qu'ils  pnt  été  amenés,  par  des 
circonstances  particulières,  à  céder  à  MM.  Ch.  Pinat  et 
Compagnie,  maîtres  de  forges  à  Allevard,  auxquels  ils 
livraient  déjà  du  minerai  de  ces  mines  avant  la  cession. 

Les  filons  de  fer  carbonate  spathique  (sidérose),  avaient 
une  puissance  de  6  à  8  mètres.  Ils  sont  enclavés  tantôt 
dans  des  couches  de  grès  et  dolomies  semblant  se  rapporter 
à  la  base  du  Trias,  et  peut-être  au  Permien,  tantôt  dans  des 
schistes  cristallins,  chloriteux  ou  sériciteux,  attribués  au 
Précambrien . 

Les  filons  des  schistes  cristallins,  dits  filons-rives { y  ont 


1.  Le  minerai  de  ces  filons  était  d'un  traitement  plus  facile  par  les  anciens 
procédés  et,  par  suite,  recherché  particulièrement  pour  la  fabrication  de  l'acier  dit 
de  Rives  (Isère),  d'où  lui  est  venu  son  nom. 


—  293  — 

une  texture  à  petites  facettes,  tandis  que  les  filons  des  grès 
et  dolomies,  filons-maillat,  sont  à  grandes  lamelles. 

La  teneur  en  fer  du  minerai  cru  n'était  que  de  32  pour  100, 
aussi  ces  minerais  étaient-ils  grillés  sur  place  pour  leur 
enrichissement  par  disparition  de  l'acide  carbonique,  ce 
qui  portait  leur  teneur  en  fer  à  42  pour  100. 

A  la  mine  de  Saint-Georges,  les  filons  de  fer,  qui  appar- 
tiennent à  la  variété  «  rives  »,  n'ont  pas  donné  lieu  à  une 
exploitation  de  quelque  importance.  On  s'est  surtout  atta- 
ché à  l'exploitation  de  la  Ghalcopyrite  qui  se  rencontre  assez 
abondante  aux  abords  des  failles,  ou  sous  forme  de  len- 
tilles dans  les  filons  de  fer  carbonate. 

La  collection  du  «  Musée  Schneider  »  comprend,  outre 
de  forts  beaux  échantillons,  de  dimensions  souvent  très 
considérables,  de  sidérose  à  grands  cristaux  rhomboé- 
driques,  ou  parfois  lenticulaires,  toutes  les  gangues  et  les 
minéraux  accessoires  qui  se  rencontrent  fréquemment,  soit 
aux  abords  des  filons,  soit  à  l'état  intrusif  :  quartz  hyalin, 
en  beaux  cristaux,  ou  en  aiguilles  très  déliées,  tapissant 
par  milliers  quelques  échantillons,  Calcite  en  très  petits 
prismes  pyramides,  semés  à  profusion  sur  les  rhomboèdres 
de  Sidérose,  Dolomie  en  beaux  cristaux,  ou  quelquefois  en 
nodules  dans  le  fer  carbonate  auquel  elle  donne  un  aspect 
orbiculaire,  Chalcopyrite,  Malachite,  Panabase  (cuivre  gris), 
Galène,  Epidote,  Tourmaline  rose,  etc. ,  etc. 

Gette  collection  a  été  très  heureusement  complétée  par 
un  grand  nombre  d'autres  échantillons  d'origines  diverses. 

2*  Collections  industrielles. 

La  reconstitution  de  l'histoire  du  Creusot  par  un  musée 
est  loin  d'être  chose  facile.  Ses  origines  sont  déjà  anciennes, 
et  il  s'agit  de  réunir  un  grand  nombre  d'objets  qui,  oubliés 
momentanément  à  travers  les  développements  rapides 
des  usines,  sous  la  haute  direction  des  Schneider,  ont  pu 
s'éparpiller  facilement  de  côté  et  d'autre.  L'œuvre  entre- 


—  294  — 

prise  par  M.  Schneider  est  donc  une  œuvre  de  grande  per- 
sévérance. 

Les  collections  que  nous  avons  pu  visiter  le  14  octobre 
se  complètent  de  jour  en  jour,  se  classent,  se  cataloguent 
méthodiquement,  et  tout  fait  espérer  que  bientôt  elles  pour- 
ront nous  raconter,  sans  trop  de  lacunes,  l'histoire  indus- 
trielle des  jours  passés. 

Dans  cet  état  actuel  des  choses  :  un  grand  nombre  d'ob- 
jets, non  organisés  dans  d'autres  salles,  n'ayant  pu  nous  être 
montrés,  le  lecteur  voudra  bien  me  pardonner  la  brièveté 
de  ce  compte  rendu,  que  je  m'efforcerai,  toutefois,  de  lui 
rendre  aussi  attrayant  que  possible  par  la  relation  de  faits 
historiques  ou  de  particularités  techniques  se  rattachant  à 
quelques-uns  des  objets  de  ces  collections. 

Marteaux-pilons.  —  Le  premier  objet  qui  frappe  nos 
regards,  en  entrant  dans  la  salle  des  collections  industrielles, 
est  un  petit  marteau-pilon,  de  70  centimètres  de  hauteur, 
portant  tout  son  mécanisme  de  manœuvre,  et  accompagné, 
sur  le  même  socle,  d'une  petite  chaudière  à  vapeur  en 
forme  de  poire,  ayant  environ  50  centimètres  de  diamètre, 
60  centimètres  de  hauteur,  et  munie  de  tous  ses  acces- 
soires. 

Ce  petit  marteau  à  vapeur  servit  aux  études  de  M  M .  Schnei- 
der et  Compagnie,  avant  la  construction  définitive  du  pre- 
mier marteau-pilon  qui  a  tant  révolutionné  l'art  du  forge- 
ron et  illustré  son  auteur,  François  Bourdon,  directeur  des 
constructions  aux  usines  du  Creusot. 

On  se  rappelle  que,  en  même  temps  que  Bourdon, 
Nasmyth,  en  Angleterre,  inventait  également  le  marteau- 
pilon,  le  marteau  i  vapeur,  comme  il  l'appelait,  et  comme 
on  l'appelle  encore  en  Angleterre  (Steam  hammer).' 

Plusieurs  revendications  de  priorité,  émanant  de  Nasmyth 
lui-même  ou  de  ses  compatriotes,  ayant  été  formulées  à 
diverses  époques,  il  ne  sera  pas  sans  intérêt,  l'histoire  du 


—  295  — 

marteau-pilon  appartenant,  en  somme,  à  l'histoire  du 
Creusot,  de  rétablir  ici,  en  quelques  lignes,  les  faits  histo- 
riques de  cette  invention. 

La  recherche  de  la  vérité  m'est  d'autant  plus  facile  qu'elle 
a  déjà  fait,  en  1884,  l'objet  d'une  notice  publiée  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  des  ingénieurs  civils  par  M.  Gabriel 
Boutmy,  élève  de  Bourdon,  qui,  dans  ses  débuts  comme 
dessinateur  aux  usines  du  Creusot,  a  eu  à  s'occuper  spé- 
cialement des  études  du  marteau-pilon  et  a  pu  connaître 
toutes  les  péripéties  qui  ont  marqué  la  mise  en  pratique 
de  cette  invention. 

Del;  1839,  Bourdon  se  préoccupait  de  l'insuffisance  des 
plus  gros  marteaux  de  forge  en  usage  pour  souder  et  forger 
les  arbres  et  les  manivelles  qui  devenaient  nécessaires 
pour  les  nouveaux  appareils  à  vapeur  projetés  pour  la 
marine.  Il  songea  alors  «  à  faire  soulever  par  la  vapeur 
une  masse  formant  marteau,  suspendue  directement  à  la 
tige  d'un  piston  se  mouvant  dans  un  cylindre  vertical,  et 
à  la  laisser  retomber  librement  sur  la  pièce  à  forger  placée 
convenablement  sur  son  enclume.  » 

Il  établit  aussitôt  un  «  projet  détaillé  »  de  cet  appareil, 
projet  que  M.  Boutmy  affirme  lui  avoir  vu  dessiner,  et  qui 
fut  alors  «  montré  à  tous  les  ingénieurs  qui  venaient  jour- 
nellement au  Creusot,  notamment  à  MM.  Mimerel,  Ber- 
trand et  Paulin,  ingénieurs  de  la  marine  chargés  du  con- 
trôle de  la  construction  des  machines  marines  exécutées 
pour  l'État.  » 

C'est  également  en  1839  que  James  Nasmyth,  sous  l'em- 
pire des  mêmes  besoins  industriels,  eut  l'idée  d'un  marteau- 
direct  à  vapeur.  Il  consigna  son  idée  sur  son  livre  de  projets 
par  un  «  simple  croquis  »,  daté  du  24  novembre  1839,  qu'il 
soumit,  paraît-il,  à  l'approbation  des  autorités  compétentes 
de  la  marine  anglaise.  La  construction  de  la  machine  en  vue 
de  laquelle  Nasmyth  avait  fixé  son  idée  sur  le  papier  ne  fut 
pas  exécutée  et  l'invention  resta  à  «  l'état  de  croquis  ». 


—  296  — 

A  cette  époque,  l'idée  de  Bourdon  sembla  tellement 
hardie,  que  MM.  Schneider  hésitèrent  à  l'exécuter . 

Au  mois  de  juillet  1840,  M.  Eugène  Schneider  et  M.  Bour- 
don allèrent  en  Angleterre  pour  se  renseigner  sur  les 
meilleurs  marteaux  de  forge  en  usage.  Ils  firent  une  visite 
aux  ateliers  de  Nasmyth,  absent  en  ce  moment,  et  son 
associé,  M.  Oaskel,  leur  montra  le  croquis  de  marteau  à 
vapeur  de  Nasmyth.  Les  dispositions,  «  encore  incomplètes,  » 
de  ce  croquis  ne  répondant  pas  aux  idées  de  Bourdon,  il  fit 
des  objections  à  M.  Gaskel,  lui  parla  du  marteau  qu'il  avait 
dessiné  au  Creusot,  et  lui  Ht  même  un  tracé  au  crayon  de 
la  manière  dont  il  avait  entendu  l'appareil. 

Le  fait  de  voir  deux  hommes,  aussi  éminents  que  Nas- 
myth et  Bourdon,  avoir  la  même  idée  en  même  temps 
frappa  beaucoup  M.  Schneider,  aussi,  dès  sa  sortie  de  chez 
Nasmyth,  écrivit-il  à  son  frère  une  lettre  que  M.  Boutmy 
a  pu  lire  au  Creusot  :  «  Dès  notre  rentrée,  disait-il,  il  fau- 
dra mettre  le  marteau  de  Bourdon  en  exécution.  » 

C'est  probablement  à  cette  époque,  peut-être  même  dès 
1839,  que  fut  construit  le  petit  marteau  qui  figure  au 
«  Musée  Schneider  ». 

Le  pilon  définitif  fut  construit,  sur  la  fin  de  1840,  d'après 
le  projet  de  1839;  toutefois  le  brevet,  d'une  durée  de  cinq 
années,  ne  fut  demandé  que  le  29  octobre  1841. 

La  mise  en  service  de  ce  pilon  fut  loin  de  se  faire  sans 
difficultés.  Sous  l'action  des  chocs,  d'une  intensité  inconnue 
jusqu'alors,  l'ensemble  se  trouva  composé  de  pièces  trop 
faibles  ou  insuffisamment  assemblées;  les  avaries  étaient 
fréquentes,  et  découragèrent  à  un  tel  point  qu'il  fut  ques- 
tion à  un  moment  d'abandonner  l'appareil. 

Bourdon,  dit  M.  Boutmy,  fit  de  tels  prodiges  de  génie  et 
d'activité  pour  renforcer  son  pilon  tout  en  le  réparant, 
qu'il  arriva  à  triompher  des  difficultés. 

Le  marteau-pilon  était  enfin  au  point  lorsque,  en  1842, 
Nasmyth  passa  au  Creusot  pour  y  offrir  ses  machines-outils. 


—  297  — 

M.  Boutmy  assista  à  l'entrevue  de  Nasmyth  et  de  Bour- 
don. 

Dans  le  cours  de  la  conversation,  Bourdon  demanda  à 
Nasmyth  s'il  avait  donné  suite  à  son  idée  de  marteau  à 
vapeur.  Nasmyth  répondit,  évasivement,  «  que  l'appareil 
était  à  l'étude,  et  qu'il  comptait  l'exécuter  prochainement.  » 
Bourdon  lui  montra  alors  son  dessin  de  pilon,  lui  deman- 
dant ce  qu'il  pensait  de  ce  dispositif.  Après  l'avoir  examiné 
longuement,  Nasmyth  ne  fit  qu'une  seule  objection,  rela- 
tive à  l'assemblage  rigide  à  clavette  de  la  tige  sur  le  mar- 
teau, disant  qu'il  préférerait  un  assemblage  élastique  pour 
amortir  le  choc. 

Bourdon  lui  répondit  qu'effectivement,  le  clavetage,  tel 
qu'il  était  indiqué  au  dessin,  n'avait  pas  résisté,  mais  que, 
préférant  l'assemblage  rigide  à  tout  autre,  il  l'avait  rem- 
placé par  un  système  qui  semblait  devoir  donner  satisfac- 
tion. Il  raconta  alors  toutes  les  difficultés  qu'il  avait  ren- 
contrées au  début  de  la  marche,  puis,  suivi  de  M.  Boutmy, 
il  emmena  Nasmyth  à  l'atelier  de  forgeage  pour  lui  faire 
voir  le  fonctionnement  du  pilon. 

A  la  vue  de  ce  pilon,  Nasmyth  resta  un  instant  immobile, 
puis,  s'approchant  de  Bourdon,  il  lui  dit  «  qu'il  était 
enchanté  de  voir  devant  ses  yeux  ce  qu'il  avait  depuis  si 
longtemps  dans  la  tête.  » 

Nasmyth  ne  protesta  donc  pas  à  cette  époque  contre 
l'invention  de  Bourdon.  Ce  n'est  qu'en  1844,  à  propos  de 
l'exposition  française  à  laquelle  le  Greusot  avait  envoyé 
un  marteau-pilon,  qu'il  publia  une  revendication  dans  le 
Moniteur  industriel  pour  la  priorité  exclusive  de  l'invention. 

Une  longue  polémique  s'engagea  alors  dans  le  Moniteur*, 
polémique  qui  aboutit  à  la  consécration  de  l'œuvre  de 
Bourdon. 

Plus  tard,  d'autres  revendications  furent  encore  formu- 

1.  Moniteur  industriel,  des  9,  12,  30  mai,  2  et  6  juin  1844. 


—  298  — 

lées,  notamment  en  1883,  dans  la  publication  d'un  mémoire 
autobiographique,  écrit  par  Samuel  Smiles,  d'après  les 
notes  de  Nasmyth. 

C'est  à  la  suite  de  ce  mémoire  que  M.  Boutmy  se  décida 
à  publier  sa  notice  sur  François  Bourdon,  afin  de  réhabi- 
liter définitivement  la  mémoire  de  son  regretté  maître. 

«  Le  croquis  montré  par  M.  Oaskel  à  MM.  Schneider  et 
Bourdon,  n'a  rien  changé,  affirme-t-il,  au  projet  étudié  par 
Bourdon,  avant  son  voyage  en  Angleterre,  tandis  que  l'on 
peut,  au  contraire,  admettre  que  la  vue  du  pilon  fonction- 
nant au  Greusot,  et  les  confidences  de  Bourdon  sur  les  diffi- 
cultés de  détails  de  la  mise  au  point  de  l'appareil,  ont  bien 
dû  fixer,  chez  Nasmyth,  l'idée  qu'il  avait  depuis  longtemps 
dans  la  tête.  » 

«  Il  est  juste  de  dire  cependant,  ajoute-t-il,  que  si  le 
croquis  de  Nasmyth  n'a  rien  changé  à  la  conception  de 
Bourdon,  il  a  été  la  cause  déterminante  de  l'exécution  du 
projet,  en  faisant  cesser  les  hésitations  de  MM.  Schnei- 
der. » 

Dans  une  lettre  publiée  par  le  Moniteur  industriel  du 
2  juin  1844,  M.  Schneider  avait  protesté  contre  les  asser- 
tions de  Nasmyth,  affirmant  «  que  Bourdon  n'avait  pas 
laissé  ignorer  à  M.  Qaskel  l'étude  qu'il  avait  faite  d'un 
marteau-pilon,  lui  ayant  même  tracé  un  croquis  au  crayon 
de  son  appareil.  » 

Il  est  donc  juste  de  dire,  insiste  M.  Boutmy,  que  «  la 
conduite  de  M.  Schneider,  ainsi  que  celle  de  Bourdon,  a 
été  très  correcte,  et  que,  si  le  pilon  Bourdon  a  préoédé  de 
plus  de  deux  ans  celui  de  Nasmyth,  nous  devons  cet  hon- 
neur à  MM.  Schneider,  dont  la  haute  sagacité  a  su  prévoir 
l'avenir  de  cet  admirable  instrument  et  prendre  l'avance 
sur  le  constructeur  anglais.  » 

Si  deux  inventeurs  ont,  sans  se  oonnaître,  édifié  une 
conception  sur  une  idée  oommune,  la  plus  grande  part  de 
mérite  reviendra  incontestablement  à  celui  qui  aura  donné 


—  299  — 

à  son  invention  une  sanction  pratique,  alors  que  le  premier 
en  sera  encore  à  douter  de  la  possibilité  de  l'exécution. 

C'est  du  reste  pour  cette  raison  que  les  regrets  furent 
si  vifs  en  Angleterre  au  sujet  de  l'avance  prise  par  Bour- 
don sur  Nasmyth.  Dans  ce  pays,  depuis  les  statuts  anciens 
de  Jacques  Ier  relatifs  aux  patentes,  «  le  véritable  inventeur 
était  moins  celui  qui  inventait  que  celui  qui  créait,  ou  seule- 
ment apportait  dans  le  Royaume  une  idée  nouvelle.  » 

Si,  dans  la  recherche  de  la  priorité  pour  une  invention,  la 
considération  d'une  simple  idée  traduite  par  un  croquis 
plus  ou  moins  complet  suffit,  Nasmyth  n'avait  pas  lui-même 
le  droit  de  revendication,  car  il  est  facile  de  retrouver  des 
antériorités  relatives  à  l'idée  du  marteau  direct  à  vapeur. 

Le  mérite  de  l'invention  reviendrait  alors  à  Watt  qui, 
dès  le  28  avril  1774,  demandait  une  patente  dans  laquelle  il 
décrivait  «  les  gros  marteaux  ou  pilons,  pour  forger  ou 
estamper  le  fer,  le  cuivre  ou  autres  métaux,  sans  l'inter- 
vention de  mécanismes  rotatifs  ou  roues,  en  fixant  lesdits 
marteaux  ou  pilons,  soit  directement  au  piston,  soit  à  la 
tige  du  piston  de  la  machine.  » 

Un  autre  inventeur  anglais,  W.  Deverell,  demanda  égale- 
ment  une  patente  ayant  même  objet,  le  6  juin  1806.  «  Cette 
invention,  disait-il,  consiste  en  un  moyen  de  donner  le 
mouvement  aux  marteaux  et  autres  appareils  pour  estam- 
per, en  envoyant  la  vapeur  d'une  chaudière  dans  un  cylindre 
dont  la  tige  du  piston  est  armée  à  son  extrémité  d'un  mar- 
teau fixé  par  soudure  ou  partout  autre  moyen ;  suivent 

des  explications  sur  le  fonctionnement.  » 

On  ne  saurait  dire  cependant  que  ces  deux  patentes  ont 
force  de  priorité,  puisque  l'invention  qu'elles  comportent 
n'a  jamais  été  mise  à  exécution.  Il  semble  bien  qu'il  doive 
en  être  de  même  pour  le  croquis  de  Nasmyth  qui  n'avait 
même  pas  été  sanctionné  par  une  patente  lorsque  Bourdon 
construisit  son  pilon. 

Les  sous-entendus  malveillants  qui  auraient  pu  résulter 


—  300  — 

de  la  polémique  engagée  par  Nasmyth,  et  plus  tard  par 
ses  continuateurs,  étant  dissipés  par  cette  relation  exacte 
des  faits,  la  gloire  de  l'invention  du  marteau-pilon  revient 
donc  entièrement  à  Bourdon,  d'autant  plus  que  tout  porte 
à  croire  que  si  MM.  Schneider  n'avaient  pas  mis  à  exécu- 
tion son  projet,  l'avènement  du  pilon  eût  été  retardé  de 
plusieurs  années,  au  grand  détriment  de  l'industrie. 

Personnellement,  Nasmyth  ne  semblait  pas,  du  reste, 
avoir  conservé  à  Bourdon  une  rancune  aussi  grande  qu'on 
a  bien  voulu  le  faire  croire  puisque,  en  1844  ou  1845,  il 
engagea  des  pourparlers  avec  le  Creusot  pour  l'exploita- 
tion de  son  brevet,  qui  avait  trait  à  un  pilon  à  commande 
automatique  {self-acting)%  conjointement  avec  le  brevet  de 
MM.  Schneider.  Bourdon  ne  considérait  pas  le  self-acting 
(il  raisonnait  juste,  puisque  Nasmyth  l'abandonna  plus  tard), 
et  les  pourparlers  n'eurent  pas  de  suite. 

Le  premier  pilon  construit  par  MM.  Schneider,  en  1840, 
dont  nous  avons  vu  également  un  petit  modèle  au  musée, 
avait  les  dimensions  suivantes  : 

Poids  de  la  masse  active 2,500  kilos 

Hauteur  de  la  chute 2œ00 

Diamètre  du  cylindre 0m44 

Poids  de  la  chabotte 9,000  kilos 

Hauteur  totale  du  pilon 7m46 

Poids  maximum  du  paquet  à  forger.  1,500  kilos 

Cet  appareil  avait  une  importance  considérable,  eu  égard 
aux  anciens  marteaux  à  cames  usités  précédemment  pour 
le  forgeage.  Quelle  différence,  cependant,  avec  le  marteau- 
pilon  de  100  tonnes  que  les  visiteurs  peuvent  admirer 
actuellement  aux  Usines  du  Creusot  ! 

La  construction  de  ce  gros  pilon,  dont  une  petite 
maquette  représente,  au  musée,  l'installation  complète,  a 
été  commencée  en  1875  et  le  premier  coup  de  marteau  fut 
donné  le  23  septembre  1877. 


—  301  — 

Le  type  primitif,  dont  un  modèle  en  boit,  de  grandeur 
naturelle,  fut  exposé  en  avant  du  palais  du  Creusot  à 
l'exposition  de  1878,  avait  d'abord  été  établi  pour  une 
puissance  de  80  tonnes,  mais  il  fut  modifié,  quelques  années 
après,  dans  ses  œuvres  vives  pour  être  porté  i  100  tonnes. 

Cet  engin,  qui  répondait  à  un  besoin  réel,  fut  pendant 
quelque  temps  le  plus  puissant  du  monde,  mais  il  excita 
bientôt  l'envie  des  autres  usines  métallurgiques. 

8aint*Chamond  l'imita,  et  les  aciéries  de  Terni,  en 
Italie,  en  firent  également  construire  un  de  la  même  puis- 
sance, mais  sur  un  autre  type,  fonctionnant  i  double  effet 
et  i  l'air  comprimé. ! 

Les  aciéries  de  Bethlebem,  aux  États-Unis,  qui  adop- 
tèrent le  procédé  de  fabrication  des  blindages  de  M  M.  Schnei- 
der et  Compagnie,  en  construisirent  un  de  120  tonnes 
sur  le  modèle  de  celui  du  Creusot. 

Les  dimensions  principales  du  Gros  pilon  du  Creusot 
sont  les  suivantes  : 

Poids  de  la  masse  active 100  tonnes 

Hauteur  de  chute  du  marteau 5  *  00 

Diamètre  du  cylindre 1  ■  90 

Poids  de  la  chabotte 750  tonnes 

Poids  du  pilon  proprement  dit 550  tonnes 

Hauteur  totale  du  pilon  au-dessus  du 

sol  de  l'atelier «1  "00 

Profondeur  de  la  fondation  au-dessous 

du  sol  de  l'atelier 8  "  50 

Autour  du  pilon  sont  répartis  quatre  fours  i  chauffer, 
avec   chaudières    multitubulaires    pour   l'utilisation    des 


I .  Les  plions  nécessitant  une  grande  consommation  de  vapeur.  Bourdon  étudia. 
eu  It&O,  à  propos  d'an  projet  ds  forge  pour  l'Espagne,  un  pilou  atatoepnértque 
Devenu  plus  Urd  ingénieur  sa  chef  des  forges  et  chantiers  n  Marseille,  Bourdon 
étudia  étalement  et  Qt  construire,  ro  116?.  on  marteau- presse,  on  pilon  aydrau- 
Uque  de  oeot  vingt  tonnes. 


—  302  — 

flammes  perdues,  et  quatre  grues  en  col  de  cygne,  dont 
trois  d'une  puissance  de  100  tonnes  et  une  de  150  tonnes. 
La  dimension  des  fours  permet  de  chauffer  un  lingot  carré 
de  2  mètres  de  côté. 

Métallurgie.  —  La  métallurgie  est  représentée  : 
1°  Par  des  maquettes  d'installations,   parmi  lesquelles 
je  citerai  notamment  l'installation  d'un  groupe  Bessemer  à 
deux  convertisseurs; 

2°  Par  des  collections  d'échantillons  d'aciers  divers  : 
cassures  montrant  la  texture  et  l'homogénéité  du  métal; 
barreaux  et  pièces  diverses  ayant  subi,  sans  ruptures,  toute 
une  série  d'épreuves  de  poinçonnage,  de  ployage,  de  tor- 
sion, etc.,  propres  à  faire  voir  les  qualités  de  résistance  du 
métal. 

Chaudronnerie.  —  Magnifique  collection  de  vases  étirés 
d'une  seule  pièce,  soit  dans  une  tôle,  soit  dans  une  barre 
d'acier,  ces  derniers  donnant  l'impression  d'un  mélange 
artistique  de  ferronnerie  et  de  chaudronnerie.  Ces  vases  sont 
l'œuvre  d'un  artiste  creusotin,  Balzon,  qui  a  su  admirable- 
ment tirer  parti  des  qualités  du  métal  pour  l'amener  sans 
ruptures  aux  formes  les  plus  variées. 

A  signaler  aussi,  à  titre  de  curiosité  historique,  une 
Tarasque  en  cuivre  chaudronné,  exécutée  aux  usines  du 
Creusot  en  1842,  pour  orner  la  proue  du  remorqueur  de 
Saône,  le  Dragon.  Disons,  en  passant,  que  cette  Tarasqw, 
très  bien  conservée,  n'a  rien  de  l'aspect  terrifiant  que  les 
vieilles  légendes  prêtent  généralement  à  ces  monstres  fan- 
tastiques et  imaginaires. 

Fonderie1.  —  Les  travaux  de  la  fonderie  primitive  du 

1 .  Après  la  crise  révolutionnaire,  qui  fut  peu  favorable  à  l'industrie,  la  Société 
du  Creusot,  dite  Société  de  Saint-James,  dont  la  raison  sociale  était  Perrier,  Bet- 
tingen  et  Compagnie,  essaya,  sans  beaucoup  de  succès,  de  trouver  de  nouveaux 
débouchés  rémunérateurs  pour  la  fonderie  dans  le  moulage  artistique.  Les  quatre 
lions  de  fonte  qui  ornent  rentrée  de  l'Institut,  à  Paris,  datent  de  cette  époque  et 
ont  été  coulés  au  Creusot  en  1809. 


—  303  — 

Creusot  ne  sont  représentés,  momentanément,  que  par 
quelques  plaques  de  foyers  comportant  des  sujets  histo- 
riques, admirablement  moulés,  et  par  un  buste  en  fonte  de 
Pernollet,  directeur  de  la  fonderie  du  Creusot  en  1806. 

Je  signalerai  aussi  deux  vieilles  cloches  en  bronze  :  Tune, 
d'environ  60  centimètres  de  diamètre  au  pavillon,  prove- 
nant de  la  chapelle  de  Mazenay,  et  datant  de  1623;  l'autre, 
ayant  à  peu  près  40  centimètres  de  diamètre,  fondue  en 
1834  à  la  fonderie  du  Creusot.  Cette  dernière  était  installée 
à  l'habitation  de  la  Verrerie  d'où  elle  fut  enlevée,  en  1902, 
lorsque  M.  Schneider  fit  commencer  la  restauration  en 
cours  de  ces  constructions. 

Constructions  métalliques.  —  Un  grand  nombre  de 
modèles  des  ponts  et  des  charpentes  métalliques  diverses, 
construits  par  les  Établissements  de  MM.  Schneider  et 
Compagnie,  pour  la  France  et  pour  l'étranger,  n'ayant  pu 
encore  être  classés  dans  le  musée,  ont  malheureusement 
échappé  à  notre  visite.  Je  n'aurai  à  signaler  ici  qu'un  petit 
modèle  de  l'échafaudage  roulant  en  bois  qui  a  servi,  en  1869, 
à  faire  le  levage  des  charpentes  métalliques  de  l'ancienne 
gare  d'Orléans  à  Paris. 

La  grande  difficulté  de  ce  montage  consistait  dans  l'obli- 
gation de  ne  pas  entraver  la  circulation  des  trains,  ce  qui 
nécessita  la  construction  d'un  échafaudage  très  compliqué 
pour  en  assurer  la  solidité.  Son  poids,  y  compris  les  treuils 
de  halage  et  les  deux  grues  roulantes  de  levage  montées 
au  sommet,  était  de  210,000  kilogrammes,  et  sa  construc- 
tion absorba  350  mètres  cubes  de  bois. 

Quarante  ouvriers  pouvaient  travailler  sur  le  plancher 
supérieur. 

Industries  de  la  guerre.  —  Les  industries  de  la  guerre, 
qui  ont  porté  si  haut  le  renom  des  Établissements  de 
MM.  Schneider  et  Compagnie,  dont  le  dernier  type  de 
canon  de  campagne  est  réputé  comme  le  meilleur  du  monde 


—  304  — 

entier,  sont  représentées  au  musée  par  des  séries  de  pro- 
jectiles de  divers  types. 

Les  canons,  plus  encombrants  et  plus  lourds  que  des 
objets  ordinaires  de  musée,  figurent  à  leur  emplacement 
naturel,  dans  les  polygones  de  la  Villedieu  (Creusot),  du 
Hoc  et  d'Harfleur  (Seine-Inférieure).  Un  certain  nombre 
servent  aux  essais  quotidiens  de  tirs  d'expériences  ou  de 
tirs  exécutés  devant  des  commissions.  Quant  aux  autres, 
M.  Schneider  se  préoccupe  de  les  grouper  aussi  dans  un 
local  spécial,  où  leur  collection  constituera  une  histoire 
vivante  de  la  construction  du  matériel  d'artillerie,  mar- 
quant toutes  les  étapes  franchies  dans  cet  art  avant  d'arriver 
aux  systèmes  perfectionnés  actuels. 

Collection  d'obus  de  rupture  en  acier  chromé,  comprenant 
tous  les  calibres  jusqu'à  celui  de  42  centimètres  (modèle 
1875),  obus  monstrueux  pesant  780  kilogrammes,  qui  sort 
du  canon  avec  une  vitesse  initiale  de  près  de  600  mètres 
par  seconde,  chassé  par  la  déflagration  d'une  charge  de 
poudre  de  plus  de  200  kilogrammes. 

Les  obus  en  acier  chromé,  dont  la  résistance  à  la  rup- 
ture est  considérable,  sont  les  seuls  qui  aient  pu  être  uti- 
lisés avec  succès  dans  l'éternelle  lutte  entre  le  canon  et  la 
cuirasse.  Ils  furent  pendant  longtemps  à  avoir  raison  des 
meilleures  fabrications  de  blindages,  mais,  depuis  l'avène- 
ment des  plaques  tout  acier  de  MM.  Schneider  et  Compa- 
gnie, depuis,  surtout,  le  traitement  de  la  face  d'impact  par 
cémentation,  les  plaques  ont  pu  être  victorieuses  du  pro- 
jectile, ce  qui  a  permis  de  diminuer  très  sensiblement  leur 
épaisseur,  par  conséquent  d'alléger  le  bateau. 

A  côté  de  ces  obus  nous  en  trouvons  d'autres,  du  même 
métal,  qui  ont  été  tirés  contre  des  plaques  Schneider  sur 
lesquelles  ils  se  sont  brisés  ou  complètement  déformés. 

Collection  de  shrapnels.  Cette  collection  d'obus  à  mitraille, 
qui  comprend  tous  les  calibres,  et  dont  plusieurs  sont 
montés  sur  leur  gargousse  métallique,  est  excessivement 


—  305  — 

intéressante.  Dans  chaque  calibre,  l'un  des  obus  est  coupé 
au  quart  sur  toute  la  hauteur  pour  faire  voir  la  disposition 
des  balles  dans  le  corps  d'obus,  et  le  mécanisme  de  la  fusée 
de  tête,  fusée  destinée  à  mettre  le  feu  à  l'intérieur  de 
l'obus  pour  le  faire  exploser,  soit  en  l'air  à  la  distance  prévue, 
soit  par  choc  à  la  rencontre  d'un  obstacle. 

Ces  shrapnels  se  fabriquent  aux  usines  du  Greusot,  où 
MM.  Schneider  et  Compagnie  viennent  de  faire  installer 
un  outillage  spécial  très  important  et  très  perfectionné, 
permettant  une  grande  rapidité  de  production,  condition 
essentielle  pour  faire  face  aux  commandes  affluant  de 
toutes  parts  et  se  chiffrant  chacune  par  plusieurs  centaines 
de  mille. 

Obus  à  grande  capacité.  Ces  obus,  chargés  à  la  mélinite, 
sont  employés  dans  les  canons  de  calibres  moyens;  leurs 
effets  destructeurs  sont  considérables  sur  les  ouvrages  de 
fortifications. 

Économie  sociale.  —  Les  œuvres  de  prévoyance  et  d'éco- 
nomie sociale  ont  toujours  été  Tune  des  grandes  préoccu- 
pations de  la  famille  Schneider,  et  les  institutions  patro- 
nales ne  se  comptent  plus  au  Creusot. 

En  dehors  des  libéralités  directement  afférentes  aux 
usines,  nous  retrouvons  au  musée  de  nombreuses  maquettes 
reproduisant  les  diverses  créations  de  la  famille  Schneider, 
ainsi  que  celles  de  MM.  Schneider  et  Compagnie,  et  dont 
je  signalerai  seulement  les  principales  : 

Cités  ouvrières,  érigées  selon  les  règles  les  plus  modernes 
de  l'hygiène  et  du  confort,  dont  les  maisons,  généralement 
accompagnées  d'un  jardin,  sont  louées  à  des  prix  excessi- 
vement minimes  aux  ouvriers.  Chaque  locataire  peut  même, 
s'il  le  désire,  devenir  propriétaire  de  son  immeuble  dans 
des  conditions  très  avantageuses. 

Constructions  d'écoles.  MM.  Schneider  et  Compagnie  ont 
toujours  attaché  une  importance  considérable  à  l'instruction 

S.H.N.  1906.  20 


—  306  — 

et  à  l'éducation  des  enfants  de  leurs  cités  industrielles,  seul 
moyen  d'assurer  un  niveau  intellectuel  élevé  à  leurs  popu- 
lations. 

Depuis  fort  longtemps,  alors  que  l'instruction  était  encore 
à  peine  répandue,  même  dans  les  cités  de  quelque  impor- 
tance, ils  ont  créé  des  organisations  scolaires  sur  lesquelles 
ils  ont  apporté  toute  leur  attention,  les  modiGant  au  fur 
et  à  mesure  des  développements  de  renseignement,  et 
qui,  on  peut  le  dire,  leur  ont  toujours  donné  toute  satis- 
faction. 

Les  méthodes  d'enseignement,  les  salles  de  classe,  le 
mobilier  scolaire  lui-même,  dont  nous  avons  pu  voir  les 
modèles,  tout  a  été  conçu  et  étudié  pour  assurer  aux 
élèves  le  maximum  de  développement  intellectuel  sans 
nuire  à  leur  développement  physique. 

Hôtel' Dieu.  Vaste  établissement,  l'un  des  mieux  organisés 
et  outillés  de  France,  contenant  cent  vingt-huit  lits  et 
aménagé  pour  en  recevoir  le  double  en  cas  de  nécessité. 

Cet  Hôtel-Dieu,  qui  a  été  inauguré  le  15  septembre  1894, 
a  été  fondé  et  doté  par  MB*  veuve  Eugène  Schneider  et 
M.  et  Mmo  Henri  Schneider.  MM.  Schneider  et  Compagnie 
ont  fourni  l'emplacement  sur  lequel  il  s'élève  et  participé 
à  sa  construction  par  une  subvention  importante.  Il  a  coûté 
1,650,000  francs. 

L'Hôtel-Dieu  assure,  à  domicile,  le  service  médical  et 
pharmaceutique  aux  employés  et  ouvriers  de  MM.  Schnei- 
der et  Compagnie  et  à  leur  famille.  Il  assure,  en  cas  de 
blessure  ou  de  maladie,  le  service  hospitalier  :  en  premier 
lieu,  au  personnel  de  MM.  Schneider  et  Compagnie;  en 
second  lieu,  aux  habitants  de  la  ville  et  du  canton  du 
Creusot;  en  troisième  lieu,  aux  troupes  tenant  garnison 
au  Creusot;  en  quatrième  lieu,  aux  étrangers  en  résidence 
au  Creusot. 

Maison  de  retraite,  hospitalisant  gratuitement  soixante- 
dix  vieillards  des  deux  sexes,  choisis   en  premier  lieu, 


—  307  — 

parmi  les  ouvriers  de  MM.  Schneider  et  Compagnie,  leurs 
femmes  et  leurs  veuves;  en  second  lieu,  parmi  les  indi- 
gents de  la  ville  et  en  troisième  lieu,  parmi  les  indigents 
du  canton. 

La  première  pierre  de  cet  établissement  fut  posée,  le 
22  octobre  1884,  par  Mlle  Constance  Schneider,  aujourd'hui 
marquise  de  Chaponay  ;  le  musée  a  reçu  la  truelle  et  le 
marteau  qui  ont  servi  à  cette  cérémonie. 

L'inauguration  a  eu  lieu  le  4  janvier  1887.  Les  cons- 
tructions, d'une  valeur  de  340,000  francs,  ont  été  faites  par 
MM.  Schneider  et  Compagnie  et  à  leurs  frais;  la  dotation 
de  l'établissement  a  été  faite  par  Mme  veuve  Eugène  Schnei- 
der et  M.  et  MBa  Henri  Schneider. 

Centenaire  de  M.  Eugène  Schneider.  Je  ne  décrirai  pas  ici 
les  fêtes  inoubliables  qui  ont  accompagné  la  célébration 
du  centenaire  de  M.  Eugène  Schneider,  le  11  juin  1905, 
fêtes  où  la  population  du  Creusot  tout  entière  a,  dans  un 
élan  sublime  de  reconnaissant  souvenir,  montré  le  plus 
bel  exemple  d'attachement  qu'une  population  ouvrière 
puisse  avoir  pour  ses  bienfaiteurs. 

Les  couronnes  et  les  gerbes  de  fleurs,  qui  couvraient 
littéralement  la  statue  du  fondateur  du  Creusot  sont  dispa- 
rues depuis  bien  longtemps,  mais  il  reste  heureusement 
quelques  souvenirs  plus  durables  pour  l'enseignement 
des  générations  futures,  et  qui  sont  conservés  pieusement 
dans  une  vitrine  : 

Palme  des  anciens  Élèves  de  l'École  centrale. 

Palme  des  anciens  Élèves  des  Arts  et  Métiers. 

Palme  du  Syndicat  des  Corporations  ouvrières. 

Plaque  en  bronze  du  Commerce  du  Creusot. 

Cristallerie.  —  La  cristallerie  du  Creusot  qui,  érigée 
en  1787  sous  le  patronage  de  la  reine  Marie-Antoinette, 
prit  le  titre  de  Manufacture  des  Cristaux  de  la  Reine,  fut 
une  rivale  redoutée  des  cristalleries  de  Baccarat  (Meurthe) 


—  308  — 

et  de  Saint-Louis  (Moselle),  ce  qui  explique  l'empresse- 
ment de  ces  sociétés  à  en  disperser  le  matériel  lorsque, 
le  19  juin  1833,  elles  l'eurent  racheté  aux  frères  Gbagot. 

On  fabriqua  à  la  cristallerie  du  Creusot  toutes  sortes 
d'objets  de  verrerie  et  de  cristallerie,  on  y  fabriqua  aussi 
des  émaux  et  même  des  porcelaines. 

Les  cristaux  du  Creusot,  dont  nous  avons  pu  voir  de 
beaux  exemplaires  dans  la  collection  exposée  au  musée, 
sont  devenus  rares,  aussi  sont-ils  très  recherchés  des 
amateurs. 

Après  une  matinée  aussi  bien  employée,  ce  fut  avec  la 
plus  vive  satisfaction  que  les  sociétaires  constatèrent  que 
M.  Desvignes,  restaurateur,  membre  de  la  Société  d'his- 
toire naturelle,  n'avait  rien  perdu  de  sa  réputation  de 
maître-coq  distingué  ;  aussi  est-ce  très  dispos,  malgré  Tin- 
clémence  du  temps,  que  nous  partîmes  en  voitures  pour 
parcourir  les  étapes  de  la  seconde  partie  du  programme.  * 

Sources  thermale*  de  Grisy. 

J'ai  déjà  publié,  dans  le  compte  rendu  de  l'excursion  du 
24  avril  1904,  tout  ce  qui  avait  été  dit  sur  ces  sources,  dont 
la  connaissance  remonte  au  dix-huitième  siècle,  et  je 
n'aurais  pas  à  y  revenir  aujourd'hui,  si  les  travaux  de 
recherches  dont  elles  sont  l'objet  en  ce  moment  ne  leur 
donnaient  un  regain  d'actualité. 

Dans  les  anciens  ouvrages,  il  n'est  fait  mention  que  d'une 
source,  la  seule  apparente,  du  reste,  il  y  a  peu  de  temps 


t.  Notre  caravane,  légèrement  augmentée  par  quelques  dames  nouvelles,  com- 
prenait :  MM.  Gillot;  le  V1*  de  Chaignon  ;  Berthier  ;  des  Abbayes;  André  Georges  ; 
G  rai  Ilot  Léon;  Lebreton;  Mauchien  fils;  Seguin  Adrien;  Sirdey  père;  Sirdey  fils, 
d'Autun;  M"  d'Audiffret,  de  Cluny;  Armendin,  de  Quarré-les-Tombes  ;  Chassi- 
gnol,  de  la  Boulaye  ;  Cottin,  de  Broyé  ;  Desvignes  ;  Marlot,  de  Saint-Symphorien* 
de-Marmagne;  Drizard,  de  Montcenis;  Saclier,  de  Charbonnat.  MMm>  Camusat  ; 
Diard;  Nidiaut;  MM11"  Chanlon;  Coutaudier,  du  Creusot.  MM.  Raymond;  Camu- 
sat; Cbanlon;  Diard;  Dolle;  Dupuis;  Jondot;  Marchand;  Nidiaut;  Nidiaut  fils; 
Petit  ;  Thomas,  du  Creusot. 


—  309  — 

encore,  et  qui  était  désignée  sous  le  nom  caractéristique 
de  Source  chaude,  ou  plutôt  de  Bourbière  chaude  de  la 
Crôte. 

Cette  source,  située  au  milieu  d'un  long  marécage  tour- 
beux, à  surface  mouvante,  dont  la  profondeur  est  de  lm50 
à  2  mètres,  était  alimentée  par  le  fond  du  marécage  ;  sa 
température  constante  était  de  21°  à  21*5,  et  l'eau  dégageait 
une  légère  odeur  sulfhydrique  que,  faute  de  renseignements 
plus  précis,  j'avais  cru  devoir  attribuer  à  l'action  des  acides 
organiques  sur  les  sulfures  métalliques  qui  pouvaient  se 
trouver  dans  la  roche  de  fond. 

Les  premiers  travaux  de  recherches,  exécutés  il  y  a  déjà 
quatre  mois,  permettaient  de  croire  qu'il  y  avait,  non  pas 
une  source,  mais  très  probablement  une  ligne  de  sources 
sur  toute  la  longueur  du  marécage,  sources  qui  devaient 
émerger  d'une  longue  fracture  de  substratum  suivant  le 
thalweg. 

Pour  ces  premières  études,  on  s'était  contenté  d'enfoncer 
jusqu'à  la  couche  sableuse  de  fond  deux  caissons  carrés 
en  palplanches,  bien  étanches,  de  lm50  environ  de  côté,  le 
premier  sur  l'emplacement  même  de  la  source  historique, 
le  second  sur  le  bord  du  marécage,  à  20  mètres  environ  à 
Test  du  premier. 

Dès  que  ces  caissons  furent  en  place,  et  la  couche  de 
sable  mise  à  nu,  il  s'établit  un  niveau  d'eau  à  environ  un 
mètre  au-dessus  du  fond  (c'était  le  niveau  de  l'eau  dans  le 
marécage),  et  Ton  remarqua  immédiatement,  dans  chaque 
puits  ainsi  formé,  une  série  de  dégagements  gazeux,  accusés 
par  de  nombreuses  bulles  venant  crever  à  la  surface. 

Les  choses  étaient  encore  en  cet  état  lors  de  l'excursion 
du  14  octobre. 

Je  ne  crois  pas  aller  au  delà  de  ce  qui  est  permis  en 
disant  que  l'on  s'intéresse  tout  particulièrement  à  ces 
sources  en  ce  moment  et  que,  à  la  suite  de  ces  travaux, 
très  sommaires,  il  a  été  décidé  de  dégager  complètement 


—  310  — 

la  ligne  des  sources  en  enlevant  la  partie  marécageuse,  ce 
qui  permettra  de  déterminer  exactement  le  régime  des 
eaux,  ainsi  que  leurs  propriétés  chimiques,  physiques  et 
thérapeutiques. 

Le  matériel  nécessaire  pour  l'épuisement  et  les  terrasse- 
ments vient  d'arriver  tout  récemment  et,  sur  l'avis  de 
M.  Edgar  de  Laire !,  M.  Debourdeau  a  fait  déjà  ouvrir  dans 
le  marécage  une  sape  reliant  les  deux  caissons. 

J'ai  eu  l'occasion  de  visiter  à  plusieurs  reprises  les  tra- 
vaux d'isolement  des  sources  et  il  m'a  été  permis,  aidé 
beaucoup  en  cela  par  les  nombreux  renseignements  que  m'a 
donnés  très  amicalement  M.  Debourdeau,  de  faire  quelques 
remarques  intéressantes  qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de 
signaler  ici,  au  moins  comme  préliminaires  des  décou- 
vertes que  peut  réserver  la  suite  des  travaux. 

Une  pompe,  susceptible  d'un  débit  de  14,000  litres  à 
l'heure,  installée  sur  l'un  des  caissons,  a  permis  de  se  faire 
une  première  idée  du  débit  minimum  possible  des  sources. 
Lorsque  la  pompe  est  en  marche,  il  est  facile  d'épuiser  la 
nappe  d'eau  superficielle,  mais  dès  que  le  niveau  de  l'eau 
atteint  la  couche  sableuse  du  fond,  il  ne  baisse  plus;  le 
débit  de  la  pompe  compense  alors  la  montée  d'eau  dans  la 
tourbière,  le  surplus  du  débit  des  sources  disparaissant, 
aussitôt  après  l'émergence,  sous  la  couche  sableuse  pour 
aller  se  perdre  plus  loin.  C'est  pour  cette  raison  que  la 
première  source  semblait  avoir  un  débit  insignifiant. 

L'enlèvement  de  la  couche  sableuse  du  fond,  qui  n'a  pas 
moins  de  50  centimètres  d'épaisseur  et  atteint  jusqu'à 
un  mètre  par  places,  permet  de  constater  que  la  roohe  gra- 
nulitique  du  substratum  est  brisée  et  disloquée,  présentant 
tout  le  long  de  la  sape  l'aspect  d'un  remblai  en  pierres 
sèches.  L'ensemble  des  roches  de  cette  partie  montagneuse 

1.  M.  Edgar  de  Laire  a  fait,  tout  récemment,  de  nouveaux  travaux  de  prospec- 
tion à  Saint-Symphorlen,  sur  l'emplacement  du  gisement  historique  d*uranite.  Ces 
travaux  n'ont  pas  donné  les  résultats  que  l'on  attendait. 


—  311  — 

appartenant  au  granité,  il  semble  résulter  de  cet  état  de 
choses  qu'une  poussée  granulitique,  arrivant  froide  au 
jour,  après  s'être  brisée  sous  les  efforts  mécaniques  de  la 
pénétration,  a  crevé  le  thalweg,  produisant  une  cassure  par 
laquelle  se  sont  fait  jour  les  eaux  venant  de  la  profondeur. 

Cette  cassure  a  du  reste  pu  être  mise  en  évidence  en 
certains  points  par  quelques  sondages  exécutés  au  moyen 
d'une  petite  perforatrice. 

L'isolement  préalable  des  sources  par  les  caissons  n'avait 
pas  modifié  la  température  de  l'eau,  qui  était  restée  cons- 
tante entre  21*  et  21°  5,  mais,  au-dessous  de  la  couche 
sableuse,  cette  température  augmente  un  peu  et  s'élève  à 
23°  5.  La  température  est  donc  bien  l'indice  d'une  origine 
profonde. 

Deux  petites  sources,  découvertes  par  la  sape,  semblant 
venir  du  versant  de  Grisy,  n'accuseraient  qu'une  tempéra- 
ture de  16°  à  18°. 

L'odeur  sulfureuse,  qui  a  l'air  de  persister  dans  l'eau 
venant  directement  des  sources,  semblerait  émaner  des 
sources  elles-mêmes,  au  lieu  d'être  le  résultat  de  réactions 
superficielles;  toutefois,  on  ne  saurait  se  prononcer  en  toute 
connaissance  de  cause  tant  que  la  ligne  des  sources  ne  sera 
pas  complètement  et  parfaitement  isolée. 

L'eau  des  sources  semble  neutre,  cependant  elle  présen- 
terait quelques  tendances  à  l'acidité,  comme  j'ai  pu  le  cons- 
tater par  l'emploi  du  papier  à  réactions. 

J'ai  pu  ramasser,  dans  la  rigole  de  trop  plein  des  cais- 
sons, des  dépôts  d'un  sel  blanc  qui,  sur  la  langue,  laisse 
uniquement  l'impression  du  chlorure  de  sodium,  le  goût 
amer  caractéristique  de  la  magnésie  ne  s'y  décelant  pas. 

L'analyse  des  eaux  ne  saurait  se  faire  tant  que  l'on  ne 
sera  pas  assuré  d'obtenir  de  l'eau  absolument  pure  des 
sources,  mais  l'analyse  des  gaz  dégagés  a  permis  de  cons- 
tater qu'ils  étaient  à  peu  près  uniquement  constitués  par 
de  l'azote,  et  que  les  gaz  rares   :   argon,  néon,  crypton, 


—  312  — 

notamment  l'hélium,  y  existent  en  proportions  importantes, 
assurant  à  ces  eaux  un  coefficient  de  radioactivité  très 
appréciable. 

Cette  particularité  n'a,  du  reste,  rien  d'extraordinaire, 
les  propriétés  radioactives  ayant  été  généralement  consta- 
tées par  M.  Ch.  Moureu  dans  les  sources  thermales,  prin- 
cipalement dans  celles  qui  sont  faiblement  minéralisées,  ce 
qui  semble  devoir  être  le  cas  des  sources  de  Grisy. 

La  radioactivité  pourrait  bien  n'être  ici  que  le  résultat 
de  la  circulation  des  eaux  dans  des  failles  recelant  des 
filons  uranifères  car,  si  l'on  en  juge  d'après  les  recherches 
effectuées  autour  du  hameau  des  Riaux,  situé  à  2  kilo- 
mètres au  plus  à  l'ouest  de  Grisy,  les  filonnets  d'autunite 
doivent  être  relativement  fréquents  dans  toute  la  série  des 
roches  granulitiques  de  la  contrée. 

Le  marécage  tourbeux  qui  masque  les  sources  de  Grisy 
est,  sans  aucun  doute,  le  résultat  de  la  présence  même  des 
sources.  Les  eaux,  s'échappant  de  leurs  griffons  sous  une 
certaine  pression  hydrostatique,  soulèvent  la  masse  argilo- 
tourbeuse  superficielle  qui,  suspendue  pour  ainsi  dire  sur 
la  nappe  d'eau,  acquiert  une  certaine  mobilité. 

Le  marécage  est  constitué,  dans  son  épaisseur,  par  trois 
couches  superposées  se  fondant  plus  ou  moins  les  unes 
dans  les  autres  :  une  couche  de  fond  sableuse,  une  couche 
moyenne  de  nature  argileuse,  une  couche  supérieure  de  nature 
argilo-tourbeuse,  de  couleur  noire  ou  brunâtre,  sur  laquelle 
se  développent  les  végétations  herbacées  des  prairies. 

Il  est  possible  que  la  couche  de  matières  carbonées,  qui 
imprègne  fortement  la  partie  supérieure,  soit  le  résultat 
d'un  apport  de  principes  organiques  azotés  insolubles  par 
les  sources 1  ;  ces  matières  se  déposeraient  lorsque  les  eaux 

1.  On  connaît  plusieurs  exemples  de  sources  thermales  émergeant  sous  un  maré- 
cage; les  deux  plus  Importantes  sont  celles  de  Saint- Arnaud,  dans  le  département 
du  Nord,  et  de  Franzensbad,  en  Bohême.  Dans  ces  stations  on  fait  non  seulement 
usage  des  eaux  minérales,  mais  encore  des  boues  tourbeuses  des  marécages,  aux- 
quelles on  attribue  des  propriétés  thérapeutiques  importantes. 


—  313  — 

ont  perdu  leur  pression  hydrostatique,  c'est-à-dire  à  la 
partie  supérieure  de  la  nappe  d'imbibition  et,  sous  l'action 
des  agents  oxydants,  se  décomposeraient  pour  former  la 
matière  tourbeuse.  Un  fait  caractéristique,  que  vient  de 
me  signaler  M.  Debourdeau,  viendrait  à  l'appui  de  cette 
hypothèse. 

Les  blocs  de  granulite,  qui  sont  sous  la  couche  sableuse, 
sont  recouverts  d'un  enduit  verdâtre  qui,  exposé  à .  l'air, 
noircit  très  rapidement.  Je  n'ai  pas  encore  eu  l'occasion 
d'étudier  sur  place  cette  particularité  mais,  pour  moi,  il  ne 
fait  aucun  doute  que  cette  matière  verte  n'est  qu'une  végéta- 
tion algologique,  analogue  aux  conferves  que  l'on  trouve  dans 
un  grand  nombre  de  sources  thermales,  où  elles  peuvent 
prendre  naissance  et  se  développer  dans  des  eaux  ayant 
plus  de  50°,  comme  cela  se  produit  à  Néris  (Allier),  à  Bour- 
bon-1'Archambault  (Allier)  et  à  Bourbon- Lancy  (Saône-et- 
Loire),  pour  ne  citer  que  des  exemples  choisis  parmi  les 
stations  les  plus  rapprochées  de  notre  région. 

Les  conferves  de  Néris  et  de  Bourbon-l'Archambault,  que 
j'ai  eu  l'occasion  d'examiner  tout  particulièrement,  se  com- 
portent absolument  de  la  même  manière  que  les  enduits 
verdâtres  de  Grisy;  elles  se  putréfient  très  rapidement 
lorsqu'elles  sont  exposées  à  l'air,  en  devenant  noires,  ou 
plutôt  brunâtres. 

Il  est  probable  qu'à  Grisy  les  végétations  commencent 
seulement  à  se  développer  depuis  l'ouverture  de  la  sape 
et  l'abaissement  du  niveau  de  l'eau,  conditions  qui  permet- 
tent la  pénétration  des  rayons  solaires  sur  le  fond  du  bassin 
des  sources. 

J'espère  que  la  suite  des  travaux,  tout  en  confirmant  ces 
premières  constatations,  permettra  de  faire  de  nouvelles 
remarques,  non  moins  intéressantes,  qui,  avec  l'analyse 
complète  et  très  minutieuse  des  eaux,  pourront  éclaircir 
bien  des  points  encore  obscurs  de  ce  cas  particulier  d'hy- 
drologie thermale. 


—  314  — 

Exploitations  d'Uranlte  des  Rlaax. 

L'uranite  de  Saint-Symphorien -de-Marmagne,  qui  est  un 
phosphate  hydraté  urano-calcique,  se  distingue  quelque 
peu,  par  sa  composition  chimique,  de  l'uranite  que  Ton 
trouve  à  Johanngeorgenstadt  (Saxe),  à  Zinwald  (Bohême), 
et  à  Gunnislake  (Gornouailles),  qui  est  un  phosphate  hydraté 
d'urane  et  de  cuivre.  C'est  pourquoi  on  a  proposé  de  différen- 
cier minéralogiquement  l'uranite  de  Saint-Symphorien  sous 
le  nom  d'Autunite,  qui  doit  prévaloir  aujourd'hui. 

Analyses  comparées  de  l'Autunite  et  de  VUr&nite 

de  Gornouailles. 


ELEMENTS 


Acide  phosphorique. . . 

Peroxyde  d'Urane 

Oxyde  de  cuivre 

Chaux 

Magnésie 

Silice  et  oxyde  de  fer. 

Baryte 

Oxyde  de  zinc 

Oxyde  d'étain 

Eau 


AUTUNITE 
DR  SAINT-SYlMOBflN 


laprès 

Lancier 


14.50 
55.00 


4.60 
3.00 


21.00 


d'aprts 

Berxélins 


14.63 
59.37 


5.66 
0.19 


1.50 
0.06 


14.90 


J'apte 

Rfvot 


15.20 
61.73 


5.88 
0.20 


1.57 


0.06 
15.48 


l'apte 

Pisaii 


14.60 
59.00 


5.80 


21.20 


URANITE 
M  CORNOCAÏLLC 


tf'aprte 

PWllips 


16.00 

60.00 

9.00 


14.50 


fajfte 

BtRÉttis 


15.57 

60.25 

8.44 


15.05 


Je  ne  rappellerai  pas  ici  l'historique  de  la  découverte  de 
l'autunite  à  Saint-Symphorien,  renvoyant  le  lecteur  aux 
notices  publiées  dans  nos  Bulletins  par  M.  le  vicomte 
H.  de  Ghaignon1  et  par  M.  Lacroix.2 

1.  Soc.  d'Hist.  nat.  d'Autuo,  XV*  Bulletin,  séances  du  6  avril  !»0Î  et  du 
17  août  1902. 

2.  Soc.  d'Hist.  nat.  d'Autuo,  XVI*  Bulletin,  séance  du  12  juillet  1905. 


—  315  — 

La  présence  de  l'autunite  au  hameau  des  Riaux  fut 
signalée  pour  la  première  fois  vers  1855,  par  M.  Joussieux, 
qui  rencontra  ce  minéral,  bien  par  hasard,  en  creusant  un 
fossé  d'assainissement  dans  une  de  ses  terres  située  à 
quelques  centaines  de  mètres  au-dessous  du  hameau. 

Depuis,  ce  minéral  fut  également  signalé  en  quelques 
autres  points  autour  des  Riaux,  mais  il  n'y  fut  fait  comme 
travaux  sérieux  de  recherches  que  ceux  que  dirige  actuel- 
lement notre  collègue,  M.  H.  Marlot,  pour  le  compte  de  la 
Société  Armet-de-Lisle,  de  Nogent-sur-Marne,  qui  utilise 
l'autunite  pour  la  fabrication  des  sels  de  radium  ou,  plus 
exactement,  des  sels  de  baryum  radifère  s,  le  baryum 
entrant  toujours  en  proportions  plus  ou  moins  grandes 
dans  la  constitution  de  ces  sels. 

Les  sels  les  plus  couramment  employés  sont  :  le  bro- 
mure de  baryum  radifère,  le  chlorure  de  baryum  radifère 
et  le  sulfate  de  baryum  radifère. 

«  Le  bromure  et  le  chlorure  sont  solubles  et  lumineux, 
le  sulfate  n'est  pas  soluble  dans  l'organisme  et  est  attaqué 
par  les  acides  concentrés. 

»  Le  sel  de  radium  pur  est  celui  dont,  par  une  série  de 
fractionnements  longs  et  minutieux,  on  a  éliminé  le 
baryum.  Les  sels  de  radium  sont  cotés  à  des  prix  variables, 
selon  qu'ils  contiennent  plus  ou  moins  de  baryum  et  que, 
par  conséquent,  leur  activité  est  plus  ou  moins  grande. 

»  Dans  la  gamme  de  l'activité,  l'activité  de  l'uranium 
métallique  est  prise  comme  unité  ;  on  dira,  par  exemple, 
qu'un  sel  de  radium  a  une  activité  de  50,  quand  il  a  une 
activité  cinquante  fois  plus  grande  que  celle  d'un  même 
poids  d'uranium  métallique. 

»  Le  bromure  de  radium  pur  est  considéré  comme  ayant 
une  activité  de  deux  millions. 

*  Le  radium  se  vend  sous  une  forme  pulvérulente  et  ne 
peut  se  manipuler  que  dans  des  appareils  spécialement 
adaptés  à  cet  usage.  » 


—  316  — 

M.  Mario t,  qui  a  eu  l'aimable  obligeance  de  me  donner 
de  nombreux  renseignements  sur  le  résultat  de  ses  recher- 
ches, vint,  en  juin  1905,  sur  des  indications  que  je  lui 
fournis,  faire  des  fouilles  au  domaine  de  la  Troche,  situé 
en  face  de  la  gare  de  Marmagne,  sur  la  rive  gauche  du 
Mesvrin  ;  ces  fouilles  aboutirent  à  la  découverte  de  Tau- 
tunite  S  tantôt  en  filonnets  très  minces,  ou  en  rognons,  dans 
une  granulite  altérée,  présentant  des  traversées  de  gneiss 
décomposé,  tantôt  en  enduits,  de  1  à  7  millimètres  d'épais» 
seur,  dans  les  parties  pegmatoides  de  la  granulite  compacte. 

Presque  en  même  temps  qu'il  commençait  ses  travaux 
à  la  Troche,  fin  juin  1905,  M.  Marlot  vint  faire  également 
quelques  fouilles  au  hameau  des  Riaux  où  une  première 
tranchée,  ouverte  en  dessous  et  un  peu  à  l'est  du  hameau, 
amena  bientôt  la  découverte  de  l'autunite. 

En  octobre  1905,  les  travaux  de  la  Troche  furent  aban- 
donnés, M.  Marlot  ayant  l'intention  de  localiser  ses  recher- 
ches aux  *  Riaux,  où  la  reprise  de  la  première  tranchée 
permit  de  constater  la  présence  d'un  filon,  de  direction  N.-S. , 
qu'il  était  nécessaire  de  suivre  par  un  puits. 

Ce  puits,  commencé  en  janvier  1906,  fut  creusé  jusqu'à 
16  mètres  de  profondeur.  L'allure  très  capricieuse  du  pen- 
dage  nécessita,  à  10  mètres  et  &  16  mètres,  l'avancement 
de  deux  petites  galeries,  de  quelques  mètres  de  longueur, 
pour  suivre  la  veine  uranifère  qui  s'inclinait  à  60  pour  100 
à  l'étage  10  mètres  et  se  couchait  presque  horizontalement 
au  fond  du  puits. 


1 .  L'autunite  fut  découverte  à  la  Troche,  vers  1846,  par  M.  Cl.  Gien,  qui  exploitait 
alors  ce  domaine,  qui  appartenait  à  M.  Landrot,  de  Marmagne.  Un  grand  nombre 
d'échantillons,  de  dimensions  souvent  importantes,  y  furent  trouvés  à  la  profon- 
deur d'un  soc  de  charrue  en  labourant.  Disséminés  de  coté  et  d'autre,  sans 
indication  d'origine,  ces  échantillons  durent  certainement  être  attribués  au  gise- 
ment de  Satnt-Symphorien,  qui  est  du  reste  très  peu  éloigné  de  la  Troche  et  situé 
sur  le  même  versant  granulitique. 

Les  gens  de  la  localité  désignaient  l'autunite  sous  le  nom  caractéristique  d'arbre 
d'or,  ce  qui  semble  prouver  qu'ils  avaient  dû  constater  la  présence  d'un  filon  d'une 
certaine  importance,  sur  lequel  se  ramifiaient  d'autres  petits  filonnets.  —  J.  C. 


—  317  — 

En  même  temps  que  ces  travaux  suivaient  leur  cours, 
M.  Marlot  commençait,  en  septembre  1905,  d'autres  tra- 
vaux de  recherches  au-dessus  du  hameau  des  Riaux.  C'est 
en  oe  point,  visité  par  la  Société  le  14  octobre,  que  sont 
actuellement  concentrées  les  recherches  d'autunite,  le  puits 
n*  1  ayant  été  abandonné  en  octobre  1906,  par  suite  du  peu 
de  rapport  de  l'exploitation. 

Dans  ce  nouveau  chantier,  on  a  d'abord  descendu  un 
puits  de  16  métrés  de  profondeur,  puits  n9  2.  Au  fond,  une 
galerie  de  direction  E.-O.,  a  été  avancée  de  part  et  d'autre 
dans  le  plan  du  Glon,  puis  continuée  par  une  descenderie 
inclinée,  de  1 1  mètres  de  profondeur,  sur  la  branche  ouest, 
et  par  un  bure  de  12  métrés  de  profondeur  sur  l'autre 
branche.  Actuellement  les  recherches  en  profondeur  sont 
arrêtées  pour  prendre  une  galerie  en  travers -bancs,  i 
30  mètres  en  contrebas  de  l'orifice  du  puits,  s  ouvrant  a 
flanc  de  coteau  et  se  dirigeant  sur  le  bure,  situé  i  1 10  mètres 
de  distanoe. 

L'ouverture  de  ce  travers-bancs,  qui  a  déjà  40  mètres  de 
long  et  sera  terminé  en  janvier  prochain,  avantagera  sin- 
gulièrement les  travaux  de  recherches,  en  facilitant  la  sortie 
des  déblais  et  l'écoulement  des  eaux  qui,  sans  être  très 
abondantes,  le  sont  cependant  assez  aux  époques  de  pluies 
persistantes  pour  gêner  l'exploitation. 

Seize  hommes  et  deux  chefs  de  chantier,  divisés  en  deuz 
postes,  sont  occupés  de  jour  et  de  nuit  i  ces  travaux. 

A  la  sortie  du  puits,  les  matières  de  filon  sont  divisées 
au  marteau,  lavées  avec  soin,  puis  les  paillettes  et  les 
enduits  d'autunite  grattés  minutieusement.  Cet  enrichisse- 
ment à  la  main  est  très  difficile  et  ne  manque  pas  d'être 
onéreux,  aussi  M.  Marlot  me  signale-t-il  que  l'on  attend 
impatiemment  les  résultats  des  essais  qui  se  font  en  ce 
moment  en  Allemagne,  avec  un  nouveau  procédé  de  traite- 
ment mécanique. 

Dans  le  puits  de  recherches  n#  1 ,  le  filon  était  constitué 


—  318  — 

par  une  veine  d'argile  blanchâtre,  recoupée  parfois  par  des 
bandes  gneissiques  très  altérées  (roche  pourrie  des  mineurs) 
et  très  tourmentées;  le  filon  est  enclavé  dans  une  roche 
granulitique,  généralement  peu  cohérente  aux  épontes  où 
elle  est  pénétrée  de  fines  paillettes  d'autunite. 

Depuis  la  surface  jusqu'à  la  première  galerie  de  recoupe, 
la  veine  argileuse,  imprégnée  de  paillettes  d'autunite,  s'est 
montrée  assez  constante  dans  son  épaisseur,  mais,  à  partir 
de  ce  point,  elle  est  devenue  très  irrégulière,  l'imprégna- 
tion et  les  enduits  étant  de  moins  en  moine  riches  avec  la 
profondeur. 

La  quantité  de  matière  utilisable  extraite  de  ce  puits  a 
été  tout  à  fait  insignifiante,  l'autunite  n'ayant  été  fournie 
que  par  trois  ou  quatre  veinules  en  chapelet,  dont  l'épais- 
seurne  dépassa  pas  3  ou  4  millimètres. 

Dans  le  puits  n°  2,  le  filon  uranifère  est  enclavé  dans 
une  couche  d'argile  kaolinique  de  0m60  à  lm50  d'épaisseur, 
dont  le  pendage  est  très  irrégulier  sur  toute  la  hauteur 
connue,  soit  sur  28  mètres. 

On  est  incontestablement  en  présence  du  remplissage 
d'une  faille  profonde  et  largement  ouverte,  par  laquelle  se 
sont  fait  jour  les  émissions  uranifères. 

C'est  dans  ce  remplissage,  dont  l'argile  prend  parfois  une 
allure  laminaire,  que  se  rencontre  l'autunite,  soit,  dans  les 
délits  feuilletés,  en  paillettes  disséminées  ou  en  plaques 
de  recouvrement  très  irrégulières,  soit  en  veinules,  le  plus 
souvent  discontinues,  de  4  à  5  millimètres  d'épaisseur  au 
plus. 

Sur  toute  la  hauteur  connue,  le  remplissage  est  traversé 
par  une  enclave,  de  5  à  6  centimètres  d'épaisseur,  d'une 
argile  très  fine,  généralement  blanchâtre,  mais  présentant 
souvent  des  parties  ferrugineuses  de  couleur  rouge  ou 
violacée. 

Le  mur  qui  forme  la  masse  de  la  montagne,  et  près  duquel 
l'autunite  se  trouve  de  préférence,  est  constitué  par  une 


—  319  — 

granulite  franche  très  dura.  Le  toit,  au  contraire»  qui 
représente  la  partie  superficielle  de  la  montagne,  présente 
une  granulite  altérée,  friable,  recoupée  par  des  bandes 
gneissique8  et  par  des  zones  dune  roche  pourrie,  composée 
principalement  de  biotite  et  de  parties  onotueuses  qui  ne 
sont  que  du  feldspath  très  altéré. 

Le  travers-bancs  pénètre  dans  la  granulite  altérée,  très 
fendillée  et  disloquée  du  toit.  A  26  mètres  s'est  montré  un 
passage  de  paillettes  d'autunite,  et  plus  loin  on  a  recoupé 
des  traversées  gneissiques  et  des  roches  amphiboliques. 

Jusqu'alors,  l'exploitation  du  puits  n*  2  n'a  pas  donné 
beaucoup  d'autunite,  mais,  d'après  les  prévisions  de  M.  Mar- 
lot,  on  attendrait  mieux  de  l'avenir,  surtout  de  la  profon- 
deur. 

Toute  la  région  montagneuse  de  Saint-Symphorien  semble 
sillonnée  par  des  Glonnets  d'autunite.  A  part  le  gisement 
historique  du  bourg  de  Saint-Symphorien  et  celui  de  la 
Troche,  on  connaît  encore  des  affleurements  à  Marnay,  à 
Hauterive  et  aux  Riaux,  où  en  dehors  des  deux  puits  pré* 
cités,  on  a  retrouvé  six  autres  affleurements  reconnus 
sans  suite  et  disparaissant  à  1  ou  2  mètres  de  la  surface. 


Creusot.  la  U  décembre  l»<K» 


J.  CAMUSAT 


INDEX  ANALYTIQUE 


OIS 


!%<-. 


PROCES-VERBAUX  ET  DES  EXCURSIONS 


DE    L'ANNEE   1906 


Page». 

Abord  (Gaston) 100 

AHevard  (mines  de  fer) . . .  292 

Andalousite 239 

Anomalies  de  Digitalis  lu* 

lea 224 

Antennaria  dioica 124 

Araucarioxylon  Raymondi  289 
Arlège  (Annuaire  de  1'; . .     98 
Ascidies  foliaires  des  Saxi- 
frages    205 

Audin  (M  ) 73 

bécasse  (mœurs  do  !a\. . .  258 
—  (nidification  en  Saône* 

et-Loire) 117 

Berthier(V.) 89 

Bigeard  (R.) 177,  249 

DrassicaCheiranlliuft(lcra« 

tologle) 78 

Brassica  oleracea  (tératol.;     82 
Brème 121 

Cabri-Cobras 121 

Callipteris  (graines  de)...  255 
Camusat  (J.).   45,70,  131.  281 

Canal  du  Centre 131 

Cartance  (roche] 277 

II.  de  Chaignon  2,  42,  71, 

129,  230,  247,  271 

S.H.N.  It06. 


Champignon  (tératologie).     84 

Changarnier 96 

Chardonneret 264 

Chassignol  (E.) 178.   180 

Chassiffnol  (P.) 123.  270 

Château   E) 121,  224 

Château  •  Chinon    (  excur* 

slon) 276 

Chauvin  (Maurice) 28 

Chenoux  '  Ichlhyosaure  de)     71 
Chou-vert  (tératologie)  ...     82 

Cirsium  spurium 125 

Coléoptères  récollés  en  1906  250 
Concombre  (tératologie)  . .     84 

Congrès  de  Monaco 89 

—       préhistorique. . . .  253 
Coquilles  dans  les  ruines 

ftallo- romaines 188 

Creusot  (excursion) 281 

Crot-Blanc 231 

Cunlsset-Carnot 176 

Dejussieu    Michel   258 

l)evilerdeau    Jules' 69 

Diffitalis  lulea   anomalieii    224 

Digoin   excursion) 265 

Dirand 59,     66 

Douhèret  Antoine-Marcel)     10 

21 


—  322  — 


Pages.  Pages. 

Endotrophisme 87,  261     Ichthyosaure  de  Chenoux.    71 

Euphorbe  Épurge 121      Issy-l'Évéque (minéralogie)  230 


Fachin  (excursion) 276 

Fasciations 76 

Flèche  (Claude) 17 

Floquet  (Paul) 126 

Fluorine 231 

Forficule 70 

Fougère  Doradille  (téra- 
tologie)    104,  260 

Gaillard  (Dr) 5 

Gardon 121 

Gaudry  (Albert) . .  40,  57, 

62,  67,  101 
Gauthey     (  Émiland  -  Ma  - 

rie) 140 

Gény 70 

Gigantolite 237 

Gillot  (Dr  Victor) 250 

Gillot(DrX.)...  3,60,76, 

117,  186,  205,  242,  260,  283 

Graines  de  Oallipteris  ....  255 

Grand'Eury 179,  255 

Grézel 100 

Grille  des  Tilleuls 185 

Grisy  (excursion). ...  281 ,  308 

Grury  (minéralogie) 230 

Guébhard  (D'  A.)  . . .  246,  255 

Gui  de  chêne 180 

Gui  de  noisetier 183 

Helichrysum  annuum  (té- 
ratologie)    85 

Hesperis  matronalis  (téra- 
tologie)    79 

Huet  (Alexandre) 7 

Hygrométrie   de    l'air   au 

Creusot 46 


Jeannet 40 

Jossier  (Lucien) 18 

Jouvrain  (filon  de  plomb  de)    74 

Labidura  riparia 70 

Lilium  candidum  (tératol.)  82 
Loydreau  de  Neuilly  (Dr) .  19 
Luzula  albida 123 

Maheu  (Jules) 205 

Marcailhou-d'Ayméric  (H.)     98 

Marchai  (Ch.) 56,70,  261 

Marlot..  41,  74,  171,  235,  316 
Matricariainodora (tératol.)  86 
Mazellier  (Louis-Nicolas).  17 
Mazenay  (mine  de  fer)  . . .  286 

Mazimann 249 

Mœurs  de  la  Bécasse 258 

Mœurs  des  oiseaux 261 

Moineaux  mycophages. . . .  263 

Monaco  (congrès  de) 89 

Monstruosités  florales. ...  85 
Monument  de  B.  Renault 

57,  103 

Mortillet  (Adrien  de) 253 

Motte-Saint-Jean 274 

Musée  Schneider  ....  281,  285 

Nandou 176 

Naudin  (Charles) 32 

Nicotiana  longiflora  (téra- 
tologie)       82 

Nidification  de  la  Bécasse 

en  Saône-et-Loire 117 

Nigella   damascena  (téra- 
tologie)       81 

NœggeratUia  Schneideri..  290 
Nontronite 235 


323 


f*. 


<UX. 

de  !. 


le:  " 


!tJ 


Pages. 

Oiseaux  (mœurs  des) 261 

Onothera  biennis  (tératol.)     76 
Ormezzano.  71,  117,  119, 

120,  185 

Orlhoptère  nouveau 70 

Oustalet  (Emile) 17 

Paléontologie  (Annales  de)    38 

Parant  (G.) 47 

Partitions  anormales  de  la 

Fougère  Doradille.  104,  260 
Patagonie  (fossiles  de). , . .   101 

Perche  argentée 121 

Perdrix  grise  des  Pyrénées    42 

Périer  (Germain) 66 

Pérot  (Francis) 188 

Pic  (Maurice) 250 

Pinguite 235 

Plantago  major  (tératol.). .     80 

Plantes  nouvelles 123 

Plassard 249 

Poissons 120 

Plomb  (filon  de)  de  Jouvrain    74 
Pomme  de    terre  (térato- 
logie)   87,  261 

Pommes  doubles 83 

Porte  (P.) 124,  279 

Préhistorique  (congrès). . .  253 
Pyromorphite    de    Saint - 
Didier-sur-Arroux 41 

Radio-activité  dans  ï'Au- 

tunois 171 

Rais 282 

Raisins  bigarrés  ....   108,  260 
Rat  fauve  ou  Alexandrin. .   1 19 

Renault  (Bernard) 57 

Rhea  americana 176 


Pages. 

Riaux  (uranite  des) 314 

Roche  (Auguste) 4 

Roche  Cartance 277 

Roches  et  fossiles  du  Sie- 

bengebirge 126 

Roidot-Errard  (Auguste). .  1 1 

Rossignol  des  murailles. .  261 

Rotengle 120 

Salvia  verbenaca 124 

Saint-Innocent  (comte  Ga- 
briel de) 15 

Saint-Léger-de-Fougeret. .  279 
Saxifrages    (  ascidies    fo  - 

liaires) 205 

Sempervirumarboreum  (té- 
ratologie)       79 

Sennen  (Frère) 101 

Siebengebirge   (roches    et 

fossiles  du) 126 

Soudures 81 

Syncarples 83 

Tacnet  (Louis-Antoine). . .     27 
Tératologie  végétale.  •  76, 

104,  205,  260 
Tetragonia  expansa  (téra- 
tologie)       79 

Thevenin  (L.) 64,     70 

Tilleuls  (grille  des) 185 

Trifolium  pannonicum  (té- 
ratologie)       82 

Tuberculose  (essais  d'im- 
munisation contre  la). .     47 

Uranite  des  Riaux 314 

Vallet  (Hubert-François)..       6 
Viturat  (Claude) 5 


S.H.N.  1906. 


21 


TABLE 


DB8 


SÉANCES  DE  L'ANNÉE  1906 


Séance  du  11  février  1906. 

Pages. 

Renouvellement  du  bureau 1 

Allooution  de  M.  de  Chaignon 2 

Rapport  annuel  par  M.  le  Dr  Gillot,  président 3 

Dons  et  envois 32 

Don  de  Mœe  veuve  Ch.  Naudin 32 

Annales  de  Paléontologie,  publiées  sous  la  direction  de  M.  Mar- 

oellin  Boule 38 

Flore  de  poche  de  la  France  ou  Tableau  analytique  de  la  Flore 

française,  par  Mgr  H.  Léveillé 39 

Rapport  de  M.  Jeannet,  trésorier 40 

Lettre  de  M.  Albert  Gaudry 40 

Admission  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  Claudius 

Berger,  Bonnaud,  Chifflot,  Pierre  Cordin 41 

Note  sur  le  filon  de  pyromorphite  de  Saint- Didier-sur-Arroux, 

par  M.  H.  Marlot 41 

Note  sur  la  Perdrix  grise  des  Pyrénées  (Perdue  cinerea  char- 

rela),  par  M.  H.  de  Chaignon 42 

Observations  hygrométriques  faites  au  Creusot  pour  le  mois 

de  décembre  1905,  par  M.  J.  Camusat 45 

Les  essais  d'immunisation  contre  la  tuberculose,  par  M.  G. 

Parant 47 

I.  Immunisation  par  les  toxines 49 

II.  Inoculation  de  sérums  divers 50 

III.  Vaocination 50 

Correspondance 57 

Inauguration  du  monument  de  Bernard  Renault 57 

Discours  de  M.  le  D'  Gillot 60 

—  de  M.  Albert  Gaudry 62 

—  de  M.  Thevenin,  du  Muséum 64 

Lettre  de  M.  G.  Périer,  maire  d'Autun  et  député 66 


—  325  — 

Séance  du  29  avril  1906. 

Pages. 

Admission  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  Paul  Bertrand, 
Henri  Bousquet,  Jules  Deville,  le  comte  Fernand  d'Ësterno, 
Ch. -Joseph  Gensoul,  Lazare  Gentilhomme,  Henri  Massey, 

L.  Petit 67 

Dons  et  envois 68 

Correspondance 69 

Nomination  de  M.  Jules  Devilerdeau  comme  officier  d'Académie  69 

Conférence  de  M.  J.  Thévenin 70 

Note  biographique  sur  M.  Gény,  par  M.  J.  Camusat 70 

Un  Orthoptère  (For  fi  eu  le)  nouveau  pour  Saône-et- Loire,  par 

par  M.  Ch.  Marchai 70 

Sur  l'Ichthyosaure  de  Chenoux,  par  M.  H.  de  Chaignon 71 

Don  de  MM.  Audin  (minéraux) 73 

Note  sur  le  filon  de  plomb  de  Jouvrain,  commune  de  la  Grande- 
Verrière  (Saône-et-Loire),  par  M.  H.  Marlot 74 

Notes  de  tératologie  végétale,  par  M.  le  Dr  X.  Gillot 76 

I.      Fasciations 76 

IL    Soudures 8i 

III.  Monstruosités  florales 85 

IV.  Endotrophisme 87 

Le  Congrès  de  Monaco,  par  M.  V.  Berthier 89 

Observations  de  M.  Albert  Gaudry 96 

Observations  de  M.  Changarnier  (de  Beaune) 96 

Séance  du  15  juillet  1906. 

Admission  de  nouveaux  membres  titulaires  :  MM.  Charbonnier- 
Lebreton,  Bernard  Croizièr,  l'abbé  Maurice  Garnier 97 

Dons  et  envois 97 

Annuaire  de  l'Ariège  pour  4906,  par  M.  H.  Mafcailhou-d'Ay- 
méric 98 

Correspondance 99 

Lettre  de  M.  le  préfet  de  Saône-et-Loire,  relative  à  l'autorisa- 
tion d'un  achat  de  terrain  destiné  à  l'édification  d'un  musée.      99 

Lettre  de  M.  Bayet,  directeur  de  l'Enseignement  supérieur, 
annonçant  l'octroi  d'une  subvention  de  500  francs 99 

Convocations  au  Congrès  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences,  à  Lyon  (2-7  août  1906),  et  au 
Congrès  préhistorique  de  France,  à  Vannes  (21-26  août  1906)    100 


—  330  — 


PLANCHES   ET   FIGURES 


DES  PROCÈS-VERBAUX 


• 


Pages. 

Planche  A.  Monument  de  Bernard  Renault  au  cimetière  d'Autun  57 

—  B.  Bassin  hydrographique  du  canal  du  Centre 131 

—  C.  Port  du  Bois  Bretoux 131 

—  D.  Feuilles  ascidiées  de  Saxifraga  ciliata 205 

Figure     1.  Nigella  damascena  (épicarpie) 81 

—  2.  Champignons  (soudure) 84 

—  3  et  4.  Pomme  de  terre  (endotrophisme) 87 

—  5.  Folioles  anormales  de  Saxifraga  ciliata 210 

—  6.  Coupes  transversales  des  ascidies  de  Saxifrage  ...  213 

—  7.  Schéma  montrant  la  marche  des  faisceaux  libéro- 

ligneux  dans  les  tiges  de  Saxifraga  ciliata 215 

—  8.  Schéma  montrant    la   disposition   des    faisceaux 

libéro-ligneux  et  des  traces  foliaires 216 

—  9.  Formation  des  faisceaux  médullaires  anormaux, 

concentriques 217 

—  10.  Coupe  transversale  de  la  souche  d'un  échantillon 

ascidie 218 


ERRATA 


P.  119,  ligne  32  (en  note),  au  lieu  de  nqv.J888,  lisez  :  mars-avril  1881. 
P.  181,  ligne  18,  au  lieu.de  Grandèves,  lisez  :  Grandeau. 


Autua.  —  Un  p.  Dclutslcu.