BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE
DE LITTÉRATURE WALLONNE
DEUXIÈME SÉRIE. — TOME XVI.
"■'■'EL.
BDI.r.ETIN
DE LA
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SOCIETE LIEGEOISE
DE
LITTÉRATURE WALLONNE
Oa)
DEUXIÈME SÉRIE
XOME 1K.VI
LIEGE
IMPRIMERIE H. VAILLANT-CARMANNE
Rue St-Adalbert, 8.
1891
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SOCIÉTÉ LIÉGEOISE DE LITTÉRATURE WALLONNE,
CONCOURS NATIONAL WALLON
A roccasion du XXV^ anniversaire de l'avènement
au trône de Sa Majesté Léopold II, la Société
liégeoise de littérature wallonne a décidé d'accorder :
A. A la meilleure pièce de poésie wallonne sur le
XXV^ anniversaire.
1" prix, une médaille d'or de la valeur de 100 fr. ;
2^ prix, une médaille de vermeil massive de la
valeur de 50 fr.
Nota. — La forme de l'œuvre (conte, chanson,
scène populaire, etc.) est laissée à l'appréciation
de l'auteur.
B. Au meilleur crâmignon wallon, dont le sujet
est laissé au choix de l'auteur :
d*"" prix, une médaille d'or de la valeur de 100 fr. ;
2^ prix, une médaille de vermeil massive de la
valeur de 50 fr.
Les résultats sont publiés ci-après.
— 6 —
CONCOURS SPÉCIAL.
LETTRE A.
Le concours spécial de 1890, lettre A, avait trait à
la meilleure poésie sur le XX V^ anniversaire de
notre Roi (conte, chanson, scène populaire, etc.).«
Sans faire injure au concours n° B, dont le sujet
était libre, on peut dire que celui-ci était particu-
lièrement difficile. En effet, le sujet était imposé et
bien circonscrit, ce qui pouvait gêner plus ou moins
l'inspiration. Il supposait une connaissance com-
plète de l'histoire de notre période nationale, et des
qualités particulières requises dans un Roi à l'é-
poque contemporaine. Enfin on demandait l'éloge
d'un prince vivant, et l'éloge en vers, encore ! Il
fallait devancer le jugement de l'histoire, il fallait
rester vrai et louer de façon délicate. Un grand
nombre de concurrents n'ont pas su éviter ces
écueils.
Vingt-cinq pièces (en réalité vingt-treus, deux
ayant été reportées au concours B), ont été envoyées
au concours. La plupart renferment des formules
d'admiration générale qui pourraient s'appliquer à
Guillaume II, ou à la reine Pomaré, aussi bien qu'à
Léopold II; des banalités, des exagérations cho-
quantes, d'ennuyeuses déclamations; des pensées et
des réflexions décousues, où, comme dit le bon
— 7 —
Horace : uniis et aller assuitur pannus ; parfois
même des vulgarités (n'' 4), et des platitudes (n^ 5).
Entrons dans quelques détails. D'abord, avant
toute chose, et surtout il fallait parler des 25 années
du règne de Léopold II. Cela ne paraît-il pas naïf
qu'il faille commencer par établir ce point, quand
je relis le n" 21, intitulé : Clér di leune. Voilà sans
doute un titre et un refrain gracieux qui promettait.
Un vieillard se souvient qu'il a hanté au clair de
lune, qu'il a contribué à rendre la Belgique libre,
au clair de lune, que sa belle, qui était hollandaise,
Fa quitté avec ses compatriotes, au clair de lune.
Mais l'auteur n'a pas vu au clair de lune que tout
cela ne se rapporte guère au XXV*' anniversaire du
Roi, comme il a oublié que le refrain, si beau soit-il,
pour avoir du mérite doit toujours être amené natu-
rellement. De même, dans les n°' 1 et 2, il est très
peu question du Roi. Et le n" 18, 6 couplets de 4
vers avec refrain de 6 vers, ne contient que des sen-
timents très vagues à propos du Roi; on n'y apprend
pas un mot de ce que notre souverain a fait.
Voilà pour le contenu, pour le fond. Maintenant,
au point de vue poétique, combien peu répondent
à ce qu'on est en droit d'attendre d'un poète. Les
Defrecheux et les Thiry, pour ne parler que des
morts, ont créé dans notre idiome des types inou-
bliables ; on voit toujours vivants, dans sa mémoire,
N° 4. Li Jubilé d" vimjt-cinq an dû réçpie di nosse Roije.
5. Wallon^ Flamind^ dinans-nos V main.
No* i et 2. Les vingt-cinq an de régne d'à Lèopôld H.
18. Li vingt-cinquême l '
- 8 —
dès qu'on les connaît, le jeune homme et la jeune
fille qui se rencontrent au coin d'un bois, la vieille
femme taudatrix temporis acti. Ce n'est pas la forme
versifiée qui a produit ce phénomène; c'est le souffle
inspirateur qui a personnifié ces types, les a rendus
aussi vivants, plus vivants même que telle ou telle
personne que nous connaissons. Voilà précisément
ce qui manque au plus grand nombre de nos con-
currents : leurs poèmes, ce n'est le plus souvent,
que de la prose rimée, quelquefois même les vers
sont d'un prosaïsme insupportable; le n° 11, entre
autres, n'est qu'un mélimélo de 40 couplets de 4
vers, suivis d'un refrain également de 4 vers, le tout
d'une monotonie intolérable; non seulement les
quarante couplets, mais les vers eux-mêmes défilent
dans un ordre mathématique et toujours le même.
Que devient ici le beau désordre dont parle Boileau ?
Ainsi encore le n° 16 : c'est un panégyrique com-
plet; malheureusement ce n'est que de la prose
rimée, bien rimée, je le reconnais.
Et la versification ? Nous exprimons tant de fois
et avec tant de regret, dans nos comptes rendus les
mêmes réflexions, à ce point de vue là, que de cham-
pions entrent en lice mal armés pour ces concours
de poésie; la métrique est défectueuse (n*^** 1, 2, 3, 7,
9, 11). Gomment ces auteurs ne suivent-ils pas le
N" 11. Vive ti Belgique !
16. i4 Liopôld H, roi des Belge.
3. V Union fait la force.
7. So lès vingt-cinq amiêye de régne d'à Lèopôld II.
9. Monologue.
— 9 —
conseil qu'on leur a donné si souvent; qu'ils sou-
mettent donc leurs essais, avant de les risquer dans
un concours, à un conseiller sévère et prudent à
la fois; ils épargneront ainsi, à eux bien des mé-
comptes, aux membres du jury, une lecture fasti-
dieuse et inutile. D'autres encore parlent un wallon
incorrect {n° 9), une langue moitié wallonne, moitié
française (n*^^ 3 et 20).
Dans ce naufrage presque général, hâtons-nous de
le dire, deux pièces surnagent, et ont attiré dès
l'abord la sérieuse attention du jury ; ce sont le
n" 12 et le n" 23. Ils ont passé tous deux, surtout le
second, avec une rare habileté au milieu des écueils
multiples d'un sujet qui méritait de prendre pour
devise : à vaincre sans péril, on triomphe sans
gloire.
Le n° 12 est intitulé : Chi foyou d'histoire. C'est
un morceau épique, qui tourne parfois à la cantate.
11 y a là un lyrisme de bon aloi; le style est élevé,
poétique, le ton est pompeux, sans enflure. Le vers
est bien frappé, les alexandrins se déroulent avec
une aisance majestueuse. La facture savante, sans
embarras, de la phrase, ne fait nullement penser à
un débutant. L'auteur dit à peu près tout ce qu'il
faut dire. Deux petites critiques Le début est peut-
être un peu idyllique; la transition de ce début à ce
qui suit provoque une certaine surprise. Puis l'au-
teur, à l'exemple de Magnée, recherche un peu trop,
N" 20. Li vingt-cinquéme anniversaire.
— 10 —
à ce qu'il semble, les expressions archaïques, qu'il
pouvait du reste se passer d'expliquer en note.
Le n** 23 est une ode en règle ; elle se compose de
8 vers en patois namurois ; ici encore nous avons
un vrai «poète; il a de la verve, son styJe chaud,
coloré, brillant, élevé, anime tout ce qu'il dit;
l'inspiration, peut-être un peu naïve dans quelques
vers du commencement, se soutient d'un bout à
l'autre. Enfin le panégyrique est complet. L'auteur
est le seul qui ait rappelé, en excellents termes, la
mort de l'héritier présomptif du trône; note pathé-
tique touchée avec un tact parfait et qui provoque
une émotion sympathique au milieu du concert
d'éloges décernés à notre Roi.
Le jury a également remarqué la pièce n° 3, inti-
tulée : Léopold IL L'auteur a choisi le mètre des
ïambes de Barbier, vers de 12 syllabes suivi d'un
vers de huit. La 1'"*' strophe est bien tournée; la fin
exprime heureusement un bon sentiment : soyons
unis. Mais à côté de cela, il y a des strophes pro-
saïques, beaucoup de rimes en êye, des tournures
et des expressions françaises. Nous pouvons aussi
citer du n° 4, le refrain de 6 vers qui est bien tourné,
et signaler dans le n° 24, intitulé Vingt-cinq ans,
quelques éclairs de poésie, noyés au milieu d'un
wallon insignifiant et de sentiments vagues.
N» 4. REFRAIN:
Vivâi ! Li Rèlgique è-st-è liesse!
Tribolez, cloke, tonnez, canon,
-li-
rez r'dondi l'air di joyeux son !
Wallon, tîhon n' polans fer V fièsse,
Pusqu'l vola co vingt-cinq an
Qu'awoureiix èl lîbe nos viquans.
En conséquence, après mûre délibération, le jury
propose de décerner un premier prix à la pièce
ir 23, intitulée Vingt-cinquième anniversaire de sa
Majesté Léopold 11,'roides Belges; 2^ un second prix
à la pièce n° 12, intitulée : On foyou dliistoire;
3-^ une mention honorable à la pièce n** 3, intitulée :
Léopold II, et à la pièce n« 24, qui a pour litre
Vingt-cinq an.
Le jury,
H. Hubert,
N. Lequarré,
Julien Delaite,
J. Matthieu,
I. DoRY, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 décembre 1890,
a donné acte au jury de ses conclusions. L'ouver-
ture des billets cachetés, accompagnant les pièces
couronnées, a fait connaître que M Auguste Viersel
est l'auteur de la pièce, n' 23; M. Godetroid Halleux
celui de la pièce, n" 12; M. Emile Gérard celui de la
pièce, n» 3, et M. Félix Poncelet celui de la pièce,
n'* 24.
Les autres billets cachetés ont été brûlés séance
tenante.
XX V^ anniversaire de Sa Majesté Léopold II,
P.OYE DÈS PeLGE
PÂB
Auguste VIERSET.
Devise :
Dins r quart di siéke qu'il a stî à nosse tièsse,
I n'a songî qu'au bonheur de 1' nation.
prix: Médaille d'or.
Nosse bon Roye v'nait d' moru ; V Gièl gangneuve one archange !
Mais nos pièrdin-n on père bin pus qu'on souverain.
Lès vîx hossin-n li tièsse, dijant: a Faut-i qu' tôt cange! »
L' tristesse mètteuve si doû dins 1' cœur dès braves gins.
Li pays si sinteuve à bout d' corage et d' foice .
SinsLèopôld, qu'alleu ve div'nu nosse liberté?
Et r vîx Lion, di s' queuve, ni battant pu ses coisse,
Gèmicheuve comme on chin, qui s' maisse a du quitter.
Mais, v'ià qu' dins tote lès âme one voix s'a fait ètinde :
a Mes èfant, dijeuve-t-èlle, à quoi bon tant gémi ?
« Rimèrcioz l' bon Diè, et bannichoz tote crainte ;
« Car li û qu'i m'a d'né vaurait cint côp mia qu' mi.
« J' n'a ïeu qui l' timps, vèyoz? di disgrochî 1' besogne,
a D'astanç'nor bin l' botique, di bin planter 1' drapia.
a Lèyîz fer m' remplaçant ; vos voiroz qu' 'l' aurè sogne
a Di fer r'iûre su lortos l' bonheur, comme on solia. »
— 14 —
Comme one fleur, qui de 1' nait, a du r'ployî ses fouye
Mais qui s' ridrèsse, pus belle, aux caresse do matin,
Li confiance a riv'nu, on a r'sèchi ses oûye,
Kt tôt !•' monde a r'waitî d'vant li, 1' cœur pu contint.
Car on aveuve sinti qu'on n'aveuve pont fait d' piète,
Pusqui Lèopôld li aveuve l'àme do grand Roi,
Et r vîx. Lion, crinière au vint, li gueûye douviète,
Su ses patte di géant s'a r'drèssî tôt fin droit!... .
Lès annêye ont passé, pus coûte qui dès samoîne.
— Li timps discré si vite quand c'è l' timps do bonheur! —
L' pays, moinrné à s' goût, n' connichait nin lès poîne.
C'èstait fîèsse dins les boûse et c'èstait fièsse dins 1' cœur.
Mais r paradis su l' terre è-st-one chose impossibe,
I gn'a pont d' rose sins spène, pont d' jôye qu'on n' doit payî :
L' malheur a tindu-st-ârc, pirdant nosse Roi po cibe;
Li jône prince, moirt trop timpe, dins 1' doù nos a lèyî.
G'èsteuve on tèrribe côp, qu'aureuve fait piède li tièsse
Aux pus foirt d'ètur nos ; mais Li n'è nin dès cia
Qui r chagrin fai bambî et qui rot'nû su crèsse,
Lèyant filer leûs barque sins touchî au vièrna.
Comme l'aci bin chauffé qui r'prind pus d' foice è l'aiwe,
Lèopôld s'a r'drèssî, ritrimpé pa 1' malheur.
Li désespoir n'è bon qui po lès sanguènaiwe,
Et Li èsteuve d'one pausse qu'on n' prèsti wêre à c'ste heure.
C'é deur di piède si fi ! Li cœur d'on père è tinre
Et tote lès lame do monde ni saurin-n l'apaugî !
Mais nosse Hiwoi aveuve d'autes èfant à sotinre.
Et c'è-st-à ses sujet do côp, qu'il a songî.
Sins trôner, sins bronchî, li pid ferme et 1' moin sûre,
II a continué à travayî por nos.
Li vrai soudar si ba sins pinser à s' blessure,
Jusqu'au momint où l'moirt li fai chair su lès g'nox.
— 15 —
Dins s'jônèsse il aveuve voyagî en Syrie,
En Egype et en Grèce, aux pays d'avaur-là;
Et il aveuve compris qui por noste industrie
I gn'aveuve dès bias caur à gangnî pa vailà.
I fai tant qui tôt r'prind: culture, mèstî, commerce ;
Ovrî, à vos o'stèye ! Usine et laminoir,
Fioz vosse trayin d'infèr! I fau qui 1' Belgique perce!
Fau qu'elle mostere à 1' fin qui ses èfant sont foirt.
Gomme dins on nid d'copiche ce-st-on vrai r'moue-maînage?
On n'ètind qu' dès chèrette et dès grands côp d' maurtia.
G' n'è qu' vèrr'rîe, è chafor, et tôt l' long dès rivage,
Dès attèlûre di ch'fau qui traîn-nu dès batia.
Lès champ d'orge et d' frumiiit suiv'nu lès champs d' pètrâlc,
Après lès pîce d' houblon vègn'nu li chènne et F lin;
Lès ch'min d' fier, è ronflant, s'èpoit'nu comme dès diâle,
Et r long d' l'aiwe ci n'è pus qu' tos tic-tac di molin.
L' travail, c'è-st-one saquoi, mais i fau qu' ça rapoite.
A wuîdî s' magasin on a sovint do mau.
Mais v'ià qu' l'Exposition tote au lauge douve ses poite,
Mostrant qui l'ovrî belge valait bin 1' cia d'aute pau.
Ça stî po nosse commerce li dêrain côp d' grosse caisse,
Et do joû au lend'moin, n's èstin-n connu partout.
Po bin dès industrie, l'étranger trovait s' maisse
Et pus d'onque, ci joû-là, a r'çû on bel atout.
L'bia succès qu'nos avin-n, è-ce qui c'è F poîne qu'on Fdîge?
C'è-st-au Roye qu'on l'diveuve, mais qu'è-ce qu'on n'iî doi nin?
Li devise di Marnix, po s' prôpe compte i l'a r'prîge:
« On s' ripois'rè pus taurd, quand F bon Diè F vorè bin. »
A fer do bin au peùpe il a mèttu s' consciïnce.
L'instruction languicheuve, c'è li qu' l'a rèwèyî;
Et po fer ressorti F talent d' nos homme di sciince,
Gn'a on bia prix, tos Fs an, po F cia qu' la F mia gangnî.
— 16 —
Tôt ça aureuve suffi po-z-i fer on grand prince,
Mais r cia qui fai 1' bin, trouve qui n'è fai jamais trop.
Et tôt r'waitant V moyin d' rinde pu riche nos province,
Il a tapé ses oùye su 1' vallée do Congo.
Gn'a là dès bois,. dès champs, des aiwe, apuis dès plaine
A fer flauwi d'surprîge tote lès gins d'avaur-ci.
Li Roi n'a rin spaurgnî, fortune, ni timps, ni poine,
Mais i doi ièsse contint, pusqu'il a réussi?
Il a codû r pays, comme l'avait codû s' père,
Avou foice et sagesse, sins trôner d'vant l' dangî.
Li Belgique, grâce à Li, n'a pont connu d'misére,
Li jôye a suivi l' jôye, « todis 1' même po cangî ! »
Di tote nos liberté, '1 a stî 1' gardien fidèle :
Il a todis d' mère foû d' nos lutte di parti.
Et dispeu vingt-cinq an qu'i vole di ses prôpes aile,
C qu'i promètteuve tôt jône, I n' l'a nin disminti.
Bon vîx roi Lèopôld, si 1' bon Diè dissu l' terre,
Vos lai taper on p'tit côp d'oûye di timps in timps,
E vèyant nosse pays heureux, riche è prospère,
Au paradis, là-haut, vos divoz ièsse contint !
L' huche pa-w-où vin 1' bonheur ni pou mau di s' raclore
Car vosse fi bin-aîmé a sogne de l' tinre douvièt.
Il a levé si haut nosse drapia tricolore
Qui r monde ètîre didins tortos se 1' discouvièt !
Flamind, Wallon, fuchans fier d'awoi à nosse tièsse
On Roi qu'on nos èvîe, et qu'ènne è digne ossi.
L' joû di st-anniversaire, è nosse pus bia joû d' fièsse,
Fians li vôye, qu' lès ingrat, ça n' cré nin spai vaici.
Fiestans-l'; et si on joû, dissur nos l'ènn'mi broque,
Rissèrans nos turtos, po 1' dislinde di nosse mia.
Et r vîx Lion-Bèlgique, mostrant ses grandes broque.
Nos prouv'rè cor on côp qui se aurder s' drapia !
ON FOYOU D'HISTOIRE
1830-1865-1890
PAR
Godefroid H ALLEUX.
DeVISK :
A lu totcs nos pinsêye.
prix: MEDAILLE DE VERMEIL,
1830.
Nou vint ni frusihéve. Li terre èstcu mouwalle,
È r nutêye on n' oyéve tant seul'mint qui 1' houpralle,
Ouhaî di mâle aweure, plein d'hayîme et sins r'moird,
Qu'tot rascrâwant lès gins ni houpèlle qui po Tmoirt.
Di chai à 1' bàne de cîr lès foumîre montlt dreûte.
Lès foye dès âbe ossu so leus cohe èstît keute,
L'aiwe même èsteu pâhûle, et 1' solo, di s' choleur,
Dârant ses pus chauds r'jèt, fève clinchi l' tièsse âx fleur.
On sintéve è pays qui gèrméve ine arège,
Qui s'alléve dibâchî pés qu'on toûbion d'orège,
— 18 —
Tôt k'broyant tos ces là, qui n' nos kèyant qu dès ma,
Tôt d'hant : Ji maintliirè, nos (ît passer bastâ,
Po l'amou qu' totes lès pièce èls apidt turtote,
Tôt nos fant sûre à striche dès loi qu' n'ahâyi gotte.
Mais nos père, d'édurer totes ces keure sins moti,
Et di s' vèye k'hustiner, èstît div'nou nâhî.
Zèls qui jamâye po nouque n'avît bahî li scrène,
I n' lès y duhéve pus d'èsse kidû d' mâle goviène.
Ga d'vins train'mint boléve li songue di leus tayon,
D' ces francs cour qui jourmâye, so l's ègré d' leus perron,
A cri d' hâhay, hâhay, Saint Lambièt, po devise,
Si fît touwer sins pawe tôt d'findant leus frankise,
Tôt comme po leus lion, ces corègeux Flamind,
Po li hiner ses chaîne, morît-st-ossu fîr'mint.
D'on plein côp, reude à balle, comme aplonque li tonnîre,
Nos père si révintantdârit foû d' leus mâhire.
Tôt roufïlant so Brussèlles à hèrlêye, ayant p'chî,
Nùhî d'èsse dihiffré, de vèye tôt s'awachî.
Sins laquer, plein d'âmeur, è disdu de l' timpèsse,
Tôt prindant po devise ; C'è l'Union qu' fai V foice.
Et s'agrigeant turtos, s'èhiôdant st-à l'pus reud,
Is fît nosse Liberté, tôt fant-st-aponte nos dreut.
Lès qwate forfants joû d'gloire ont mostré qu' '1 èstît d'taye
De t'ni çou qu' l'ak'dùhît d'so 1' feu, 1' plonque et 1" mitraye.
Mais comme on p'tit coirpai qu' nouque n'aksègne à roter,
Li Belgique è c' trôvin, ni sèpéve qui hèpter,
Po trover 'ne homme d'èhowe et adrème po 1' kidùre,
Sins qu'i n' si marihasse, en eune vôye dreute et sûre.
On fôrma-st-on congrès, qui, de fi fond de cour.
Si dishombra d' nouramer Roye on Prince di Goboûrg,
— 19 —
Et lu, comme on brave père, a k'dû nosse dèstinèye,
Divins 1' paye et l'aweur, trinte cinq belles annêye.
1865.
Décimbe... D'où vint lès cloque hiltèt-elles tote à moirt,
Et tôt avâ r patrèye veut-on 1' rance de d'sèspoir ?
G'è qu' Liopôld pnirnî, coûquî freud comme ine pire,
A r belle aireure de joû, vint de clore ses pâpire.
Ah ! choulez peûpe, choulez, ca v' n'èl riveurez pus
Li père qui vos aîmîz jourmùye de d'viser d' lu.
Divins l'ii fond d'voste âme wârdez s'bonne rimimbrance,
Tôt boutant-st-è vosse cour li nosôye espérance.
Et s' ridhez comme on d'héve, en on timps revoie,
L' Roye è moirt, Vive li Roye, vive si fi 1' Binam !.
1890.
Chantez pitits ouhaî d'vins lès bois, lès buskège,
A nos jolis rèspleu mahîz vosse grusinège,
Ding'tez cloque, et qui 1' vint èpoite vosse volant son
Ax qwate coino de pays; groûlez-st-ossu, canon,
Ca r Belgique busquintèye li vingt cinquème annêye
Di goviéne di nosse Roye et d' nosse Royène aîmôye. ,
Qui so r viaire de peupe li jôye à hope accourt
Et r'iùse, à c' bai diama, tôt nos fant wînner V cour ;
Ca d' SOS Liopùld deux, l'Art, li Science, l'industrôye,
Tôt n'a-t-i nin r'glati d'ine aireure sins parèye.
— 20 —
N'a-t-i nin bouté si âme â nivai di s' grand d'voir,
Tôt d'naiit tos l's ans on wage po z'adaignî V savoir?
N'a-t-i nin dit, gna waire, qui l' drovège de l' pinsêye
Esteu r surdant d' l'âhmioce et l'aousse de l' mèhnêye?
Ga '1 sèpou comprinde divins s' tièsse di tùseu
Çou qu'on aveu mèsâhe po qu'on foûhe aoureux.
Comme l'Ange de I' charité, n'a-t-i nin, d'on côp d'vège,
Fai li s' pâgn'raâ po tos lès mèsbrugî d' l'ovrège?
N'a-t-i nin à brébâde dispùrdou ses millon
Po fer sùrdi l' Congo, qu' sèrè, po nos r'jèton,
Li mèhnêye di l'Av'nir, li gloire di nosse Belgique,
Qu'ârè s' drapeau hâgné jusqu'è fin fond d' l'Afrique?
Ossu so lès foyou d' l'histoire, veurrè-t-on scri,
E lètte d'or, li bai no d' Liopôld li Sûti,
Qu'ârè, po r bin de peupe, po 1' grandeur de I' Patrèye,
Jusqu'à s' diôraîne hiquètte, kihiyi tote si vèye;
Qui c'èsteu l'Ange de 1' Paye, de 1' Civilisation ;
Qui c'èsteu-st-on grand Roye, divins 'ne pitite nation;
Qu'il a todis sèpou d'vins lès parti t'ni s' pièce
Tôt z'y r'bouttant l'accoird.
C'è poquoi qu'à c' belle fièsse,
Hoûye, Flamind et Wallon, âtou d' lu rapoulé
So lès ègré de Trône, jurèt Fidélité,
Liopôld deux, grand Roye, à vos totes nos pinsêye,
Qui v' viquésse po vosse peupe èco 'ne belle hiède d'annêye,
Po qui vos apâliésse et lès appépurgnî
Lès Oûve qui vosse hèyance lairè-st-à nosse pays,
Tôt fant vèye qui 1' bonheur ni vint qui d' choque à choque,
Qu' po fer "ne saquoi d' forfant fâ sèpi t'ni bon stok.
Et po l'zi d'ner 1' fion li belle Postérité
Vis k'dûre-st-è rajoûr di l'Immortalité.
Lèopôld II
PAR
Emile GÉRARD.
Devise :
L'union fait la force.
MEDAILLE DE BRONZE.
Li Belgique rik'nohante wâdrè todis 1' sov'nance
De prumî roi qu'elle a pièrdou ;
Sov'nez-v* qui bin dès lame, âx joû qu'on sonna s' transe,
Bin dès lame di r'grèt ont corou.
I mina trinte-cinq an li vièrna de 1' Patrèye,
Et d' l'Europe ètîre respecté,
Pus d'ine tièsse coronnêye lî d'manda dès consèye,
Et ses consèye èstît houté.
Arrivéve-t-i qu'inte peûpe s'èlèvéve ine nulêye ?
On r fève sovint juge dès parti,
Et c'è lu pus d'ine fèye qu'èspècha dès trulêye.
Lu r grand roi d'on pays si p'tit !
Si fi, Lèopôld II, rote so lès trace di s' père ;
I nos prouve qu'il a-st-hèrité '
Di ses nobès idèye et de même caractère,
Po mîx dire di ses qualité.
Belgique, sèyîz hureuse d'èsse inte dès main parèye !
Dispôye on qwârt di siéke déjà,
Li roi qui nos aimans, nos l'avans polou vèye
Ovrer po l' bonheur di l'État.
I n'è nin d' ces grand-là qui viquèt d'vint F naw'rèye,
Avou lès soueûr de 1' nation,
— 22 —
Qui fèt gala tôt fére, jetant l'ôr à pougnèye
Divins fièsse, bal et réception.
I comprind mîx ses dVoir li ci qu'è-st-à nosse tièsse ;
Honneur à lu, Lèopôld deux !
II a t'nbu jusqu'à c'ste heure èco pus qu' ses promesse .
Comptez totes lès oûve qu'on lî deu !
Sitàrer. nosse commerce, fer fïlori l'industrèye,
Lî doviér dès poite lâge et Ion,
Inte turtos, fer r'glati li no di nosse Patrèye,
Vola s' haute et belle ambition !
S'il a jeté ses oûye so 1' Congo, è l'Afrique,
Ci n'è nin po f gloire, qu'on 1' sèpe bin ;
Nenni, mais tôt dabôrd lavantège de 1' Belgique,
G'è çou qu'il a vèyou la-d'vins.
Lès prumîs pas sont fait ; di cial à pau d'annêye,
Nos trouv'rans sûr noste intérêt
È Congo, riche pays, po qui l'heure è sonnêye
Dé roter d'vin 1' vôye dé progrès.
Awè, c'è r bin dé peûpe qu'avant tôt li roi qwire;
Li caisse di s'cours âx vîx ovrîs,
Li ci qu' vint dé 1' fonder, n'a-t-i mèsâhe dé 1' dire?
Léopôld y songea 1' prumî.
Si no sèrè béni divin bin dès manège,
Et pus tard pus d'on vîx dire
Qui s'i n'è nin résoùde àmagnî s' pan tôt sèche,
Si crosse souwêye, c'è grâce à roi !
Li Belgique, dizos s règne, on règne qu'a fait mèrvêye
Et qu' promette co d' durer longtimps,
Li Belgique a vèyou li richesse di ses vèye
S'acrèhe sins cesse, comme è nou timps.
Louquîz Bruxelles, Anvers, onque dès bais port dé monde,
Et qu' nos voisin nos invièt,
Gand, l' grande vèye flaminde, Lîge, totes sont là po responde.
Qui n's avans dé l' sciïnce et d' l'agrè.
— 23 —
Divins lès noûf province, de 1' mér jusqu'âx Ardènne,
L'ovrège tint l' lâge pièce tos costé ;
Fabrique et hauts-fornai, houyîre tôt comme ouhène,
Ji v' dèfèye bin di lès compter.
Et todis l'industrêye n'a fait qui di s' sitinde,
Coula vingt-cinq annêye durant ;
Sèyans fîr d'on té règne ; louquans l'av'nir sins 1' crainde,
Ca r Belgique rote â prumî rang !
A c'ste heure, Flamind, Wallon, fans 'ne creux so nos quarèlle;
Qwèrans l'èlinte et d'nans-nos 1' main ;
Dihez, dès fré d'vèt-is si dispiter inte zèls
Et s' kihagnî ? Nenni, sûr'mint !
Songeans qu' li roi nos louque ; eune di ses pône, jl wage,
G'è d' nos ètinde nos husquiner ;
Èfant de l'même patrêye, si n's avans deux lingage,
Nos n'avans qu'on cour po l'aîmer !
Sins l'union, 1' bon accoird, nos corans risse de piède
On vrêye trésor : nosse liberté ;
Gomme l'an trinte.sèchans donc tos essônne à 1' même coide,
Et n' sèrans foirt et respecté !
"Vingt-cinq an!
PAR
Félix PONGELET.
Devise :
Jôye et Bonheur.
MÉDAILLE DE BRONZE,
I gn'a justumint vingt-cinq an
Qui nosse bon Roye monta so l' trône ;
A c' timps là, mi, j'èsteu foirt jône ; . . .
Ji m'èsovin co bin, portant!
Ji m' rappelle même qui m' mère mi d'ha:
« Mi èfant, nosse prumî Roye è moirt ;
Agènîz-v', dihans nos pâter. ».. ..
Et ji fa comme lèye... ji pria!
Popaul prumî lèya dès r'grèt,
Mains ci cial fa di telle manîre
Qui bin vite on ètinda dire :
G'è r fi di s' père,... is s' ravisèt !
On qwârt di siéke deure bin paû d' timps !
Hoûye, vola déjà qu'on fièstêye
Divins nosse belle pitite patrèye,
Li vingt-cinquême di si avèn'mint.
— 25 —
Li vingt-cinquème! awè, mon Diu!
Tôt r même, comme coula cour èvôye !
Mains qwand lès jôu sont tèhou d' sôye,
Oh ! li solo va si vite jus ! !
Ga dispoye li révolution,
Nos viquans d'vins l' jôye et 1' douce paye
Onque comme l'aûte, ni rouvians jamàye
Qui r bonheur è d'vins l'union!
Li vrèye bonheur ni s' raconte nin
Et, sûr, j'âreu bin mâlâhèye
Di v' dire vo-cial totes mes pinsêye ;
Mi cour diboide, il è trop plein !
Qui nosse Roye sèpe qu'on 1' veu vol'tî,
Qui passe ine hureuse viquârêye
Et qui nos 1' wardanse dès annêye
A r tièsse di nosse pitit pays.
G'ê lès sohait qu'tote li nation
Fai po l' joû d'hoûye, po s' bonne aweure,
Et i se qu'on 1' fièstèye à c'ste heure
D'vins lès Flamind, d'vins lès Wallon !
Fièstans V ossi nos aute, Lîgeois,
Pusqui nos l'aimans d' tôt nosse cour,
Et po lî prover noste amour :
Tos èssonle, brèyans, vive li Roi !!!
CONCOURS SPÉCIAL.
LETTRE B.
La Société, dans le concours spécial organisé à
l'occasion du 25*^ anniversaire de l'avènement au
trône de S. M. Léopold II, avait demandé un cràmi-
gnon dont le sujet était laissé au choix de l'auteur.
Cette latitude, permettant de traiter toute espèce de
sujet, nous taisait espérer un brillant résultat, mais
à notre grand regret, cet espoir ne s'est guère
réalisé.
Nous avons reçu beaucoup de pièces passables,
quelques-unes à moitié bonnes, mais aucune n'a été
jugée digne d'obtenir le premier prix (une médaille
d'or de cent francs).
Quelques auteurs nous donnent des imitations
très pâles des crâmignons de Nicolas Defrecheux ou
des chansons de Félix Ghaumont ; d'autres, n'ayant
pas réfléchi qu'un crâmignon est une œuvre qui doit
devenir populaire, destinée à être comprise et chan-
tée par le peuple, ou même par des grands enfants,
nous ont adressé des pièces impossibles. Deux
d'entre elles ont dû être écartées à cause des détails
qui, quoique bien gazés, ne pouvaient cependant
être admis. Le jury ne peut récompenser que des
pièces irréprochables sous le rapport moral.
— 28 -
La tache du jury était assez ingrate, nous croyons
cependant avoir rempli consciencieusement notre
mission et nous vous rendons compte de nos im-
pressions.
N^ 1 . E-ce qui ça n'vos chonne nin bon ?
Devise : Tôt mouchon s'plai dins sWamage.
Un amoureux se plaint à sa maîtresse de ce qu'elle
dédaigne ses caresses. Sujet peu mouvementé, wallon
pur, se chante bien sur l'air Cè-st st^à Vchaijèlle
diseu Visé. Le refrain est bon. Cette pièce est écrite
en dialecte de Namur.
N'' 2. Rin d'mèyeii qu'dès vitolèt.
Même devise, même auteur, même dialecte, même
air.
Un moine, disant son chapelet, passe près d'une
jeune fdle endormie ; il succombe à la tentation, la
jeune fille, réveillée, entr'ouvrant un œil, lui demande
si sa chanson n'a qu'un couplet, etc. Le jury a dû
écarter cette pièce. Le refrain est joyeux. Voici le
1"^' couplet :
C'èsteuve dissus l'route di Coqu'lèt,
Rin d'mèyeu qu'dès vitolèt
On moine passeuve dijant s'chap'lèt,
Li fiér qu'è chaud, fau l'batte
Rin d'mèyeu qu'dès vitolèt
ÂYOu dès coine di gatte.
Le vitolèt est une boulette de viande rôtie très
plate.
N" 3 On dimèfpie d'oslé.
Devise : Les vieux vivent de souvenir.
Récit d'un songe.
- 29 —
1®' COUPLET.
(Air : En revenant de Lorraine.)
Ji m'èdoirma 6 l'prairèye
On dimègne d'oslé
Et ji songea l'neure Marèye,
(Respleu.) Ah ! mâye li cour ni rouvèye
Li prumire feumme qui l'a fait tocter.
Il la voit, il l'admire, il ramasse une rose qu'elle
a laissé tomber, il n'entend qu'elle; puis elle s'en va,
la rose se flétrit, il rêve qu'il n'en dort plus, enfin
il s'éveille.
C'est trop délayé, beaucoup d'inutilités.
Le dernier vers du refrain s'adapte mal à l'air.
jN° 4. Dizos l'mèlêye.
Devise : Ji m'è r'sovin.
Promenade d'un couple amoureux dans une prai-
rie, au clair de la lune. La femme étant fatiguée, ils
s'asseyent sous un pommier, puis le rossignol chante,
alors ils se promettent de venir l'écouter chaque
année quand ils seront mariés.
Très banal, mauvais wallon.
L'aUêyg pour l'allée, Vcampagne diseulêije pour la
campagne déserte ; dès chiffe bin rôsêye pour des
joues roses Ces mots sont choisis pour la rime,
mais ne sont pas excusables pour la cause.
N" o. Ine porminâde è l' campagne.
Devise : Ji vou, ji rCpou.
Cette devise est bien vraie, car l'auteur, malgré sa
bonne volonté, n'a pas réussi à faire une œuvre
convenable.
— 30 —
Un jeune homme, une jeune fille, un agneau, un
rendez-vous demandé et accordé, puis un mariage,
forment tout le sujet de ce cràmignon, développé
en quarante vers sur l'air : VAvez-v vèyou passer ?
c'est beaucoup trop long, quand il n'y a rien de
saillant dans les tableaux représentés ; cela traîne.
Assez bon wallon, à part le mot fièsté, il faudrait
fièsti, mais la rime n'y serait plus.
Une inversion malheureuse dans un des derniers
vers :
Tôt annoyeux j'riv'na di n'pus rvêye à m'costé.
Dans le refrain : Ah ! ah ! ah! â champs quH fai
bon è Uostê, le mot â sonne mal après l'interjec-
tion ; l'auteur aurait dû éviter cet hiatus.
N*^ 7. Ine fièsse à Lige.
Devise : StISicolèye.
Des jeunes filles se promènent et regarde un car-
rousel, des jeunes gens arrivent et leur parlent
d'amour. Bon wallon. Sujet complètement nul. Une
cheville déplorable au troisième couplet.
N^ 9. Chantez p'tits ouhai.
Devise : E pasai de l'vèye, i gn'a pus di s' pêne qui
d'rôse.
C'est un songe irréalisable parce qu'il est trop
beau. On n'y voit que paix, liberté, fraternité, hu-
manité, honnêteté; puis l'amour, la joie, la gloire,
la richesse et le progrès, entourant le char de
l'honneur, viennent faire la guerre à la pauvreté, à
- 31 —
la misère, à l'envie et à la méchanceté. En tout
trente couplets.
Tout cela est très bien, très louable, et on peut
lire ou dire les vers quoi qu'ils soient un peu em-
phatiques; mais on ne peut ni chanter ni danser
les beaux sentiments renfermés dans cette œuvre; ce
n'est pas un sujet de cràmignon, en voici un extrait:
L'amour èl l'jôye, so l'vôye vinit di s'accoister,
On pau d'vant zèl li gloire rottéve avou fine,
El l'amitié suvéve, comme ine belle fleur d'oslé.
Li richesse et l'progrès rottil-sl-à ses costé
Pus Ion l'châr di l'honneur arrivéve tôt floch'té.
N" 10. A case di l'orège.
Devise : / n'a nou timpèsse qui n'vinse à pont.
Un jeune homme profite de l'orage pour séduire
une jeune fille qu'il épouse plus tard. Quoique rendu
en bon wallon et assez convenablement gazé, le jury
ne peut admettre ce cràmignon au concours.
N° li. Ah! riv'nex bèUès jotirnêye.
Devise : Sintumint.
Doléance d'un cœur abandonné par Nanette.
Dix-sept couplets. Bon wallon. Dans cette pièce,
chaque vers, sauf l'avant dernier, a sa signification;
il n'y a donc pas d'enjambement ; le cràmignon se
chante mieux et est plus naturel.
A changer le vers :
Po des autès caresse, on jou v'na'avez qwilté.
— 32 —
Le mot caresse n'est pas convenable, il peut être
mal interprété, il doit être remplacé.
No 12. Ji m'pormône avou Donnêye.
Devise : Ou peut-on être mieux.
Contentement de l'ouvrier qui a un intérieur
agréable ; plaisirs d'un ménage heureux. C'est très
moral, mais mal exprimé.
A timps ji m'a st-arresté,
On vèyéve qui m'narène
N'aveû nin pièrdou s'bailé
A magni dès rècene.
L'ouvrier revient de l'usine, il fait un bon souper
apprêté par sa gentille femme :
Puis quand c'è qu'ja bin gaslé,
I gn'a d'I'aiwe è l'tènne,
Après qui j' m'a rispâmé
Nos allans vès Fètènne.
Les forgerons font souvent des ouvrages salissant,
celui-ci devrait plutôt se laver avant de se mettre à
table. Et le mot lispâmé ne s'emploie que dans le
sens de rincer le linge. D'autres expressions n'ont
été choisies que pour la rime, l'auteur s'étant as-
treint à n'employer que deux rimes, en é et en ènne.
N" 13. Ax vîx d'I'an trinte.
Devise : Mi cour à vos, patrèye.
C'est une histoire de Belgique depuis César jusqu'à
1890. Sujet impossible à traiter en cràmignon.
L'auteur n'indique pas l'air qu'il a choisi, c'est plutôt
- 33 —
une chanson avec un refrain, mais quelle chanson !
en voici un couplet :
Deux sièke â long n'fourîs à l'Austrasèye,
Et s'nos vèyîs-n' lodis pus bouhî jus,
Cinquante sèpl ans, disos l'Lotharingèye,
Ci fou l'même diale, fai l'vîx marchand d'bon Diu.
Respleu.
Ax vîx d'I'an trinle,
Sins pawe, ni crainte
Dinans 'ne pinsêye di r'minbrance et d'firlé,
Po soixante an di paye èl d'Iibèrté.
Nous ferons observer qu'on ne peut éprouver ni
peur, ni crainte de fêter les héros de 1830; au con-
traire, l'auteur devait dire, avec joie, avec bonheur.
Il y a aussi quelques expressions que nous ne com-
prenons pas :
Esse grand d'vins Vfoumire de dingi.
Esse èrainé à Vabattache d'honneur.
Roter on trèvin.
Il y en a encore d'autres, mais passons.
N"" 14. L'ovri contint.
Devise : L'ovrège tôt seu rind l'homme hureux.
Le titre désigne tout le sujet. C'est un ouvrier con-
tent de son sort, qui aime le travail et son usine.
Qui lai fer l'grève âx ènocint
Qui s'pinsèt portant foirt malin,
qui ne craint pas les accidents et qui remercie le
roi d'avoir institué les caisses de secours.
5
— 34 —
Cette pièce est très morale ; elle est écrite en bon
wallon, très coulant, se chantant bien, mais sans
aucun détail, sans mouvement, rien de saillant. Le
refrain dit tout :
Awèt, j'aîme l'ovrège,
Mi ji so l'ovrî contint,
J'a bon brèsse, bon corège,
N" 15. Lès héritir de Roi.
Devise : Quelle jôye.
L'idée est originale. Voici le refrain.
Nos héritans de Congo,
Turtos
N'sèrans propriétaire.
Les vingt-deux couplets expriment ce que ces
héritiers auront à faire; quelques-uns sont faibles,
d'autres plus heureux, comme celui-ci :
Ax homme, nos poitrans dès mouss'mint,
Ax feumrae nos dôraiis dès ventrain,
C'è co l'pus nécessaire,
Nos héritans de Congo, etc.
L'air ne s'adapte pas bien aux paroles, à moins
d'y faire des variantes, ce qui se présente souvent
dans nos chants populaires.
N° 16. F lamind- Wallon.
Devise : Vive li Roi.
L'auteur y montre beaucoup de patriotisme, mais
c'est bien sérieux pour être chanté et dansé par le
peuple. C'est l'éloge du Roi, de la Belgique, de ses
institutions, de l'armée, de l'exposition, de l'indus-
trie, etc.
— 35 —
Voici quelques vers pour vous donner une idée,
un spécimen de cette œuvre :
Sciince, art, industrèye, nos ont fait k'nohe à fond,
A nosse piliie Bèk'ique po fer de bai, de bon,
Li prouve, c'è qui l'ovrège aplou di lâge et d'Ion.
Comme chanson patriotique cela peut passer, le
refrain est bon :
Vive nosse bon Léopold po sut'ni nosse guidon.
Ce crâmignon est écrit sur l'air : Vive li nation^
musique de H. Magis; nous ne connaissons pas cet
air.
Ces deux dernières pièces avaient d'abord été
rangées dans le concours A (une pièce de poésie
wallonne sur le XXV*' anniversaire du Roi); à la
demande des auteurs, elles ont été reportées au
concours B (crâmignons).
CONCLUSIONS.
Il n'y a pas lieu de décerner un premier prix.
Les pièces n'" 2 et 10 sont écartées du concours,
à cause de certains détails peu convenables.
Les pièces n»* 9, 13 et 16 sont également écartées;
ce ne sont pas de vrais crâmignons, elles ne pour-
raient devenir populaires.
Les pièces n'' 3, 4, 5, 7 et 12 sont très faibles;
elles ne méritent aucune distinction.
— 36 —
Nous proposons d'accorder deux seconds prix
aux pièces n" \\{Ah! rivne%, belles jourtiêye) et n" 15
[Lès héritir de Roi). Ce sont celles qui, malgré
quelques défauts, réunissent le plus de qualités.
Nous proposons encore d'accorder comme encou-
ragement des mentions honorables (médailles de
bronze), aux pièces n° 1 (E-c qui ça n'vos chonne pus
bon,) et n° 14 (L'ovrî contint).
Les membres du jury,
AUG. HOCK.
EUG. DUCHESNE.
JuL. Martiny,
et Jos. Dejardin, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 novembre 1890,
a donné acte au jury de ses conclusions. L'ouver-
ture des billets cachetés, accompagnant les pièces
couronnées, a fait connaître que l'auteur de la pièce
n** 11 est M. Charles Goossens ; celui de la pièce n° 1,
M. Auguste Vierset, et celui de la pièce n" 14,
M. Emile Gérard. L'auteur de la pièce n" 15 ne s'est
pas fait connaître.
Les autres billets cachetés ont été brûlés séance
tenante.
Ah! riv'aez, belles journèye!
Air : En revenant du bois
Je me suis fatigué.
PAR
Charles GOOSSENS.
Devise : Sinlumint.
PRIX : MEDAILLE DE VERMEIL
Vis sov'nez-v' bin, Nanètte, dès cousse avâ lès pré,
Quand nos alis-t-èssône li dimègne porminer !
Ah! riv'nez belles journèye di nos vingt an passé.
Quand nos alis-t-èssône li dimègne porminer
Divins lès p'tits pazai, j'aveû bon di v' miner
Ah! riv'nez belles journèye di nos vingt an passé.
Divins lès p'tit pazai j'aveû bon di v' miner;
Bin Ion di tos lès brut nos alîs nos aîmer.
Ah! riv'nez belles journèye di nos vingt an passé.
Bin Ion di tos lès brut nos alîs nos aîmer
Di tote lés fleur di champs sovint ji v's a paré
Ah! riv'nez belles journèye di nos vingt an passé.
— 38 -
Di tote lès fleur dès champs sovins ji v's a paré.
Lès oûhaî so lès cohe por vos vinît chanter
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
Les Quhaî so lès cohe por vos vinît chanter
Assiou so r vert wazon j'aveû bon di v' hoûter
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé
Assiou so r vert wazon j'aveû bon di v' hoûter
Là, nos nos fis 1' sèrmint di todis nos aîmer.
Ah ! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
Là, nos nos fis l' sèrmint di todis nos aimer
Nos riv'nis-st-a l'vèsprèye, tôt rotant sin d'viser
Ah ! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
Nos riv'nis st-à l'vèsprèye tôt rotant sins d'viser
Houmant 1' dièraîne sinteûr di ces bai joû d'osté
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé
Houmant 1' dièraîne sinteur di ces bai joû d'osté
Mains, parèye qui lès fleur, qui l'hiviér a d'fouyté
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé
Mains parèye qui lès fleur qui l'hiviér a d'fouyté,
Tôt ces bais joû d'amour si sont vite revoie.
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé .
Tôt ces bais joû d'amour si sont vite revoie
Et d' tos ces doux sèrmint, qu'ènne a-t-i donc d'moré?
Ah ! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
Et d' tôt ces doux sèrmint qu'ènn a-t-i donc d'moré?
Po dès autès caresse on joû v' m'avez qwitté
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
— 39 —
Po dès autès caresse on joû v' m'avez qwitti!
Dispôye adonc so 1' terre ji m'a sintou d' seule
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
Dispôye adonc so 1' terre ji m'a sintou d' seule
Di tos ces bais prétimps divins m' cour j'a wârdé
Ah! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
Di tos ces bais prétimps divins m' cour j'a wârdé
Ine plâye todis droviète qui 1' sov'nance fait sôner.
Ah ! riv'nez belles journêye di nos vingt an passé.
Ine plâye todis droviète qui 1' sov'nance fait sôner
Vi sovnez-v' bin Nanètte dès couse avâ lès pré.
Ah ! riv'nez belles journaie di nos vingt an passé.
Lès hèritîr de Roi
CRÂMIGNON.
Air : Mo)t père m*a fait bâtir maison.
PAR
* * »
Devise :
Qaélle jôye !
PRIX : MEDAILLE DE VERMEIL.
Ghantans, mostrant nosse contint'mint,
Li Roi vint de fer s' tèstamint. (bis).
Il è fait sins biaire :
N s héritrans de Congo
Tourtos
N' sèrans propriétaire.
Li Roi vin de fer s' tèstamint,
I nos lai 'ne part di tos ses bin. (bis).
Binamêye ! quelle affaire ! !
N's héritrans
J nos lait n' part di tôt ses bin
Et portant nos n'iî d'mandîs rin. {bii>).
Qui c'è bin dé contraire !
N's héritrans
— 41 —
Et portant nos n' lî d'mandîs rin,
Nos aute dès pauvès p'titès gins. (bis).
N's allans-t-èsse dès gros hère !
N's héritrans
Nos aute dès pauvès p'titès gins,
So l'Afrique allans dèze dimain. (bis).
Po vèye nos locataire
N's héritrans
So l'Afrique allans déze dimain
Ax Congolais nos stindrans 1' main. (bis).
Nos n' qwirrans qu'à 1' zi plaire.
N's héritrans
Ax Congolais nos stindrans 1' main,
Nos nos frans-st-à zêl tôt bèl'mint. (bis).
Mâgré leus neurs viaire.
N's héritrans
Nos nos frans-st-à zèl tôt bèl'mint
Mais s'is n' jâsèt qui 1' Gongolain... [bis).
Nos n' lès comprindrans wère.
N's héritrans
Mais s'is n' jâsèt qui 1' Congolain,
Apprindans-r zi l' wallon, l'flamind. {bis).
Deux jargon qui fèt 1' paire.
N's héritrans
Apprindans r zi l' wallon, V flaraind,
Fans-l' zi par sègne dès complumint. (bis).
On pou lès fer et s' taire.
N's héritrans
- 42 —
Fans-l' zi par sègne dès complumint,
Ni rouvians nin lès p'tits présint. (bis).
Qu'on n' seûye nouque réfractai re
N's héritrans
Ni rouvians nin lès p'tits présint
Ax homme nos poirtrans dès mouss'mint (bis).
Di jôye, nos lès frans braire.
N's héritrans
Ax homme nos poirtrans des mouss'mint
Ax feumme nos daurans dès ventrain. {bis).
G'è co r pus nécessaire.
N's héritrans
Ax feumme nos daurans des ventrain,
Dès accoird si front so l' trèvin (bis).
N'è-ce nin là l'ordinaire ?
N's héritrans
Dès accoird si front so l' trèvin
Avou saqwant jônes africain, (bis).
Vèf ou célibataire,
N's héritrans
Avou saqwant jônes africain
Lès sposège iront on maisse train, (bis).
Qu'on âye ses baptistère
N's héritrans
Lès sposège iront on maisse train
Tos èssônne on s'ètindrè bin. {bis).
Sins juge, ni commissa»ire.
N's héritrans
— 43 —
Tos èssônne on s etindrè bin,
Nos chusih'rans dès amus'rnint. (bis).
Wisse qui màye li jeu n' flaire.
N's héritrans
Nos chusih'rans dès amus'raint,
Nos ouvèrrans corègeus"mint. (bis).
Vive l'ovrège po s" distraire !
N's héritrans
Nos ouvèrrans corègeus'mint,
Ûssu V dihans-gn' tôt foù dès dint. {bis).
Spiyans nosse dièrain verre.
N's héritrans
Ossu 1" dihans-gn' tôt fou dès dint,
So r pèquèt n" frans "ne creux hardèy'mint ! [bis).
Et nos 1" frans d'vant notaire 1
N's héritrans
So 1" pèquèt n' frans 'ne creux hardèy'mint
Chantans, raostran'? nosse contint'mint. {bis).
A Roi r pus populaire 1
N's héritrans de Congo.
Tourtos
N' sèrans propriétaire.
E-ce qui ça n' vos chonne pus bon ?
Air : Cè-st-à V chapelle diseus Visé.
PAR
Auguste VI ERS ET.
Devise :
Tos mouchon s' plai dins s' ramage.
MEDAILLE DE BRONZE.
1.
Dijoz m'èl vite, oï ou non,
È-ce qui ça n' vos chonne pus bon ?
V waitîz après one aute, di-st-on.
Li trop bin v'cochèsse !
È-ce qui ça n' vos chonne pus bon,
A c'ste heure, quand j' vos rabrèsse?
2.
V waitîz après one aute, di-st-on.
È-ce qui ça n' vos chonne pus bon?
Portant, j' fiais c' qui vos v'iîz nèdonc?
Li trop bin v'cochèsse !
È-ce qui
3.
Portant, j' fiais c' qui vos v'iîz, nèdonc?
È-ce qui ça n* vos chonne pus bon?
•T'èsteuve todis su vos talon.
Li trop bin v' cochèsse !
È-ce qui
4.
J'èsteuve todis su vos talon.
È-ce qui ça n' vos chonne pus bon?
— 45 —
V's èstîz m' bèdée, v's èstîz m' mouchon.
Li trop bin v' cochèsse !
È-c€ qui
5.
V's èstîz m' bèdée, v's èstîz ra' mouchon.
È-ce qui ça n" vos chonne pus bon?
Por vos j'aureuve donné tôt m" song.
Li trop bin v' cochèsse!
È-ce qui
6.
Por vos j'aureuve donné tôt m' song.
È-ce qui ça n' vos chonne pus bon?
Poquoi v'ioz m' quitter sins raison?
Li trop bin v' cochèsse!
È-ce qui
7.
Poquoi v'ioz m' quitter sins raison?
È-ce qui ça n' vos chonne pas bon?
Bon Diè ! m' vîe va ièsse one prijonl
Li trop bin v' cohèsse !
È-ce qui
8.
Bon Diè, m' vîe va ièsse one prîjon!
È-ce qui ça n'vos chonne pus bon?
Si vos n' v'ioz pu ièsse mi Mayon,
Li trop bin v" cochèsse !
È-ce qui
9.
Si vo n' v'ioz pu ièsse mi Mayon,
È-ce qui ça n' vos chonne pus bon?
Dijoz m'èl vite, oi ou non,
Li trop bin v' cochèsse !
È-ce qui ça n' vos chonne pus bon,
A c'ste heure, qwand j' vos rabrèsse !
L'OVRI CONTINT
(CRAMIGNON.)
Air : Léopold est un bon roi,
Il mérite la couronne.
PAR
Emile GÉRARD.
Devise :
L'ovrège tôt seu
Rind l'homme hureux.
MÉDAILLE DE BRONZE.
Di mi p'tit sort, ji n' mi plain nin ;
Mi, ji so i'ovrî contint,
Quand j' va vos m'i ouhène â matin.
Awè, j'aîme l'ovrège !
Mi, ji so I'ovrî contint,
J'a bons brèsse, bon corège !
Quand j' va vès m'i ouhène â matin,
Ji m' di qu' c'è 1' plaisir qui m' rattind.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Ji m' di qu' c'è 1' plaisir qui m' rattind.
Qui r mârtai m' sône lègîr è m' main !
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
— 47 -
Qui 1' mârtai m' sône lègîr è m' main,
Lu qu' rèsdondihe à tôt moumint !
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Lu qu' rèsdondihe à tôt moumint !
Li disdus d' i'ouhènne mi plaî bin.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Li disdus d' l'ouhène mi plaî bin.
G'è comme ine musique qui j'ètind.
Awè, j'aîme Povrège ! etc.
G'è comme ine musique qui j'ètind.
Allez, d'vant l'èglome, ji n' brogne nin !
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Allez, d'vant l'èglome, ji n' brogne nin !
Et ji m' vante di n' mâye piède nou timps.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Et ji m' vante di n mâye piède nou timps.
Li londi, co mâye ji n'èl prind.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Li londi, co mâye ji n'èl prind.
Ji lai fer 1' grève âx ènocint.
Awè, j'aîme l'ovrège 1 etc.
Ji lai fer l' grève âx ènocint,
Qui s' pinsèt portant foirt malin !
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Qui s' pinsèt portant foirt malin !
Mais ci n'è qu' dès sot, j'èl prétind.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Mais ci n'è qu' dès sot, j'èl prétind,
Qu' houtèt lès consèye di vârin.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Qu' houtèt lès consèye di vârin.
Si j'attrape on joû quéque mèhin,
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Si j'attrape on joû quéque mèhin,
Ji n'a co wâde de mori d' faim.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Ji n'a co wâde de mori d' faim ;
Li roi nos mette hoûye foû tourmint.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Li roi nos mette hoûye foû tourmint,
Ga r caisse di s'cours è là po d'main.
Awè, j'aime l'ovrège ! etc.
Ga r caisse di s'cours è là po d'main ;
A Lèopôld, nos r'mèrcimint.
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
A Lèopold, nos r'mèrcimint ;
Qu'on roi di s' trimpe si veu râr'mint !
Awè, j'aîme l'ovrège ! etc.
Qu'on roi di s' trimpe si veu râr'mint !
Mi, ji so l'ovrî contint ;
Di mi p'tit sort, ji n' mi plain nin :
Awè, j'aîme l'ovrège !
Mi, ji so l'ovrî contint,
J'a bons brèsse, bon corège !
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE DE LITTÉRATURE WALLONNE.
CONCOURS DE 1890
RAPPORT DU JURY SUR LES i^""= ET IG"-* CONCOURS.
(SCÈNES DIALOGUÉES, CONTES ET SATIRES.)
Messieurs,
Vous avez bien voulu confier au même jury le soin
de vous faire rapport sur les concours n"' 15 et 16.
Ceux-ci ont du reste une analogie telle que nous nous
sommes vus autorisés à apporter une modification
dans la répartition, qu'avait faite notre secrétaire,
des pièces qui lui ont été adressées pour ces deux
concours, liâtons-nous d'ajouter qu'il n'avait fait en
cela que suivre les indications des auteurs eux-
mêmes.
Nous avons donc inscrit dans le 15^ concours la
pièce n° 13 du 16^ intitulée : Deux liesse di hoye, que
l'auteur appelle une satire, mais qui est bien réelle-
ment une scène populaire dialoguée. Comme elle a
4
— 50 —
du mérite et que, pour l'avoir ainsi déclassée, nous
ne l'en avons pas jugée digne d'une moindre récom-
pense, nous comptons sur ["approbation de l'auteur
et de'la Société.
Au surplus, après avoir enrichi le lo^ concours qui
n'avait attire cette année que deux écrivains, sommes-
nous obligés de l'appauvrir immédiatement en
écartant la pièce n" -2 intitulée : Ennocint et coupâbe !
Le titre seul. Messieurs, vous a fait penser à un sombre
drame se déroulant dans un nombre considérable
d'actes, divisé en un nombre plus considérable de
tableaux encore, comme tout drame qui se respecte.
Vos pressentiments ne vous ont pas trompés. Il y a,
dans cette scène populaire, 4 actes et six tableaux,
comprenant, en réalité, 3(3 scènes dialoguées et
écrites sur le recto des pages. C'est tout ce qu'elles
ont de commun avec les conditions du concours et
cela ne suffit évidemment pas pour l'y faire admettre.
Nous avions d'abord eu l'intention de transmettre ce
drame a nos collègues du jury des comédies. Mais,
bien que la pièce soit partiellement écrite en vers
(on y voit même l'innocent condamné à mort qui
attend son exécution dans le cabinet du président
et qui y cbante : li cir si peur, si majestueux, qui
fai creure en Diû !}, elle ne le serait pas suffisam-
ment pour eux et la Société peut leur épargner la
lecture de ce lugubre factum où il n'y a pas moins
d'un assassinat, de deux morts violentes et d'une
condamnation à la peine capitale, le tout en français
incomplètement traduit en wallon.
— 51 —
Les deux autres pièces sont, heureusement, écrites
en wallon et en vers. L'auteur du n° 1 : Nos bon vîx,
nous présente deux Î7îcurâbe,un vieux et une vieille,
qui se rencontrent et comme M. et M""^ Denis, se
rappellent leur jeunesse. Cela aurait pu faire une
scène charmante, mais, telle que l'auteur l'a écrite,
elle n'est ni bien vraie, ni même, au fond, bien inté-
ressante. Le vieillard a été autrefois l'amoureux plus
ou moins honteux de la vieille qui ne parait pas
avoir été précisément une prude. Il lui remémore
les quelques faveurs qu'elle lui a accordées, y com-
pris un soufflet, et elle lui répond en lui reprochant
d'avoir été trop réservé, puisqu'elle a fini par en
épouser un autre. L'action traîne et contient des
invraisemblances comme celle qui consiste à faire
chanter et crâmignonner les deux vieux en pleine
rue. Mais, à côté de ces longueurs, d'incorrections
et de chevilles nombreuses, il y a de pittoresques
expressions, il y a surtout l'accent et le ton franche-
ment liégeois et enfin de vieilles chansons dans le
tour naïf d'il y a cent ans et que les vieilles gens du
peuple connaissent seuls encore. Tout cela mérite
mieux que les oubliettes de notre bibliothèque et
nous proposons à la Société d'accorder à l'auteur
une médaille de bronze.
Quant à la pièce n° 13 du 16^ concours, que nous
avons transposée dans le 15% elle met en scène deux
bouilleurs, l'un qui a ouvert une oreille docile aux
idées des réformateurs socialistes, l'autre qui y a
résisté. L'auteur approuve ce dernier qui finit par
— 52 —
convaincre son camarade et le dissuader d'aller au
meeting où il se rendait. Nous ne savons si, dans la
réalité, la discussion eût abouti à ce résultat; mais,
sans vouloir prendre ici parti pour l'une ou l'autre
des deux opinions que l'auteur met aux prises, nous
devons reconnaître qu'elles sont bien présentées avec
le caractère que peuvent leur donner deux hommes
au jugement simple, au cerveau peu meublé, et
habitués à procéder plutôt par sentences que par
des déductions logiques.
En outre, la langue est bien wallonne et le dia-
logue vivant, quoique les tirades soient parfois un
peu longues Nous n'avons guère à reprocher à cette
œuvre que quelques faiblesses comme : « fer roter
V char de progrès... bouter V sciince qui drouve li
cèrvai... et quelques négligences dans les rimes
comme k'mandèt et ?m. » Nous proposons à la Société
de lui accorder une médaille d'argent.
Le 16* concours comprend encore 19 pièces dont
les deux dernières portant les n°' 19 et 20 ne nous
ont guère arrêtés : elles sont absolument incom-
préhensibles. Peut-être l'auteur appartient-il à l'école
symbolique et s'est-il trompé d'adresse en faisant
parvenir son travail à la Société liégeoise de littéra-
ture wallonne.
Des dix-sept autres, nous avons, après discussion,
écarté les suivantes :
N" l : Mâdit Pèquèt, un conte qui est un long mé-
moire en vers alexandrins contre l'alcoolisme et où
l'auteur ne fait pas mourir moins de trois personnes
— 53 —
en quelques instants. C'est tout un drame qui force
trop la note et ne rachète pas ce défaut de conception
par le style.
N°' 4, 5 et 6 : Trois contes du même auteur. Le
n" 5 seul : Antône et Michî, a quelque mérite, sans
que cependant l'invraisemblance de l'historiette,
traitée uniquement en vue d'amener un mot drôle
à la fin, nous permette de vous demander de le
récompenser.
N"' 8 et 9 : JSos ftitès costire et On gênant voisi-
nège, sont deux satires de mœurs liégeoises dues
également à une même plume, exercée, on s'en
aperçoit, mais négligente et n'ayant pas tiré ce qu'elle
pouvait de deux sujets dont le premier seul se prêtait
du reste à une monographie intéressante.
N" 11 : Lès deux mohon ont plus de mérite et
l'idée ingénieuse qui en fait le fond peut donner une
fable charmante. Sans pouvoir proposer de lui
accorder une récompense, le jury espère que l'au-
teur loin de se décourager, prendra part au prochain
concours en y apportant la légèreté de touche qui
manque à cette œuvre et que lui donnera l'étude des
maîtres du genre.
N" 12 : Li lion et U tahon est une traduction de la
fable de La Fontaine : Le lion et le moucheron.
L'auteur dont ce serait, d'après la devise, le coup
d'essai, ne paraît pas s'être douté qu'il s'attaquait à
un genre des plus difficiles : traduire La Fontaine,
mais c'est faire passer dans le wallon, non pas le
sujet de la fable, mais le naturel, l'habile simplicité
— 54 —
de la mise en scène, la variété et la pittoresque
justesse des expressions de ce maître écrivain qui a
peut-être personnifié le plus complètement le génie
français. Il faudrait, pour y réussir, en même temps
qu'une connaissance profonde des ressources de
notre idiome, une plume alerte et exercée, et une
science du style qui manquent à notre débutant.
N"* 15 et 17 : Kimint fâ-t-i qu'on seûye po mori et
avoii rin qui freû-t-on bin? ne sont que des plaisan-
teries sans grand intérêt.
N°' 16 et 18 : Li vîx rh'vâ d'atètlège et li ch'vâ
d' maisse et Li Crition et V lumçon, sont deux fables
dont les auteurs ont mis en scène sans relief ni
vigueur, et pour la première, avec peu de vraisem-
blance, l'aventure traitée tant de fois et avec talent
par d'autres, d'un vaniteux que la réalité se charge
de punir et de remettre à sa place.
Après l'élimination que nous venons de faire, il
nous est resté quatre pièces portant les N»' 2, 3, 10
et 14.
Les deux premières : Li crâs pèquèt et Li tailleur
et rEvêque, sont deux contes traités par le même
auteur avec toute l'habileté que ce genre réclame,
dans une langue leste et bien wallonne ; mais
auxquels on doit reprocher de manquer d'invention.
La dernière n'est, en effet, que la mise en œuvre,
sans plus, d'un mot joyeux mais bien connu ; l'autre
où l'on a cherché un effet dans une répétition un
peu forcée, laisse au lecteur le regret de n'avoir pas
trouvé l'excellent j)ortrait de buveur que l'auteur
— 55 —
pouvait faire et que le début promettait. Malgré ces
reproches, le jury estime que ces deux pièces
méritent d'être distinguées et vous propose de leur
accorder une médaille de bronze avec insertion.
La même récompense lui paraît devoir être
octroyée à l'auteur du Marchî dès vix-warèsse (N° 10),
qui est un tableau assez réussi du marché de la
place Delcour. Avec un peu plus de soin, l'auteur
aurait pu en faire une excellente peinture
La pièce N° 14 (Lès brocale), joint aux qualités
signalées dans les N"' 2 et 3, le mérite de l'invention
et, ce qui ne gâte rien, celui de contenir une fine
leçon. Nous avons cependant quelques observations
à présenter à l'auteur. Le premier vers : / g?i'a d'jà
d' çoulà... est bien dur. En second lieu, on ne frottait
pas les broccde pour les allumer. Enfin Tape est peut-
être plus wallon que jette. Nous espérons qu'il fera
disparaître ces incorrections et rendra ainsi sa pièce
digne de la médaille d'argent que nous proposons de
lui décerner.
Comme vous le voyez. Messieurs, le jury des 15^
et lô*' concours s'est montré quelque peu sévère,
mais il a pensé qu'au moment où la littérature wal-
lonne prend un si remarquable essor, notre Société
lui doit et se doit à elle-même d'exiger beaucoup
des auteurs qu'elle distingue. Nous ne doutons pas
que les autres, après les 24 heures qui leur sont
laissées pour maudire leurs juges, sauront gré à ceux-
ci de cette sévérité même qui aura pour résultat de
les engager à châtier davantage leurs œuvres et de
— 56 —
donner plus de relief à celles qu'ils auront la satis-
faction de voir accueillir dans nos publications.
Le jury :
MM. E. Nagelmackers,
A. Rassenfosse,
et H. Hubert, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 février 1891, a
donné acte au jury de ses conclusions.
L'ouverture des billets cachetés, accompagnant les
pièces couronnées, a fait connaître que M. Gode-
froid Halleux est l'auteur de la pièce intitulée: Deux
liesse di hoije ; M. Jean Bury, celui de Nos bons vîx;
M. Félix Poncelet, celui de Lès brocale; M. Emile
Gérard, celui de Li marchî dès vîx-warèsse; M. Henri
Witmeur celui de Li crâs pèquèt et de Li tailleur et
rèvêque. Les autres billets cachetés ont été brûlés
séance tenante.
Deux tièsse di hoye
SATIRE.
PAR
Godefroid HÂLLEUX.
Devise :
Suvans l'bonne vôye.
PRIX : MÉDAILLE D'ARGENT.
COUNASSE.
Ah! J'han-Jôseph!
J 'h AN- JOSEPH.
Èsse-là, Goûnasse ?
COUSASSE.
Vinsse avou mi, di ?
J'han-Jôsèph.
Bin wisse vasse?
COUNASSE.
A mètingue, hèye, qwèri nos dreût,
Ga nosse sort è trop mâlliureux;
D'èsse todis sprâchi d'sos l'ovrège,
Tôt n'houmant qu'on mâvas airège.
Et hoûye, veusse, i vin-st-on pârlî
Po d'finde li case dès pauves ovrî.
Ga n'fâ-t-i nin qu'on s'dihombeure
De d'mander qu'on n'faisse pusqu'hûte heure
58
Tôt w;ignant-st-èco pus d'aidant,
Kt so rtimps, hêye, qui n's y sèrans,
Nos d'mandrans-st-ossu qu' tôt l' monde vote
.Et qu'on faisse dès loi po nos aute.
J'han-Jôsèph.
A m' sonlancc, hein, j' l'ô d'ja, t' pùrlî,
Hoûte vola comme i va gueuyî :
a Awè, k'pagnon, li progrès rote
» Tôt boutant-st-â drî F vèyc marotte,
B Et tôt loumant I' prospérité
» I nos k'dù vè l'égalité.
» Comme on toûbion d'orège qui houle,
» Oyez-v' à c'ste heure comme li peupe groûle;
D S'on tâge co d' li d'ner tos ses dreut,
» I lès prindrè sins fer nou pieu,
» Tôt sprùchant riche, borgeu, prièsse,
» Et tôt r zi prindant leus richesse,?
» Ca r peûpe ni vou qu' l'égalité
» Aspouyèye so 1' belle liberté.
COUNASSE.
Nom di hu, valet, comme ti jâse !
Bin va ti d'fmdreu bin nosse case;
Ga, saint Mathy, c'è çou qu' va dire.
T'è sûti !
J'han-Jôsèph.
Clô t' j'aive, ti m' fai rire.
C'è comme si ti chantahe todis
Li même rèspleu, j' vou-st-assotti.
Et ji n' creu pus leus sots mèssège,
Ca g' n'è qu' dès boude, qui 1' diâle m'arège.
COUNASSE.
Bin ti m'èware, ie! saint Houbèrt !
De prinde dès s'fait po des bâbèrt !
59
Creu-lès, valet, ces homme tôt oute,
Tin avou zèls, va, qu'asse qui foute,
Pusqu'is èployèt tôt leus timps
Po d'finde 11 case dès pauvres gins.
Mi, veusse, ji glètte, qui l' diâle m'affliche,
Qwand j' lès ô hoûler so lès riche,
So cès-là qu' sucèt nosse souweûr
Et qu' nos hapèt pés qu' dès voleur.
J'han-Jôsèph.
Ti va trop Ion avou tes d'vise
Qwand t' jâse di zêls.
COUNASSE.
Mi, trop long, disse !
Louque, ji n' mi taire, j' t'èl di co
Qui qwand n' sèrans s'prâchî turtos,
Adonc r fôrteune sèrê d'à nosse.
J'han-Jôsèph.
Awè, n' magn'rans de souk à l' lossc !
CoUNASSE.
Ti rèye, mais qui viqu'rè vièrè
C'joû-là.
J'han-Jôsèph.
Mais qwand ! Louque, i s' pass'rè,
Comme t'y va, traze an d' peure dimègne
Avant qu'i n' vinsse. Ah ! ti fai 1' hègne !
CoUNASSE.
Ji fai comme toi, ji rèye.
J'han-Jôsèph.
Aha !
Ji prindéve po 'ne hègne ci ria.
Louque Coûnasse, ti n'a qui l' laîwe bonne,
T' n'è nin seul'mint maisse è t' mohonne
— 60 —
Et t' vôreu s'prâchî d'sos t' talon
Tôt r monde, toi qui n'è qu'on couyon;
Va, d'vant qu' ti n' raye âx riche leus pleume
Ti f reu mîx d' sayî d' maistri t' feumme.
COUNASSE.
Ti se bin s' ji n' l'a nin maistri
C'è po...
J'han-Jôsèph.
Di r vrêye, c'è qu' t'è trop p'tit.
COUNASSE.
Ji se qu'avou t' mâle jaive d'atote,
On n' sàreu fou d' toi l's avu tote.
J'han-Jôsèph.
Oh ! ti m' ravissse à çou qui j' veu.
COUNASSE.
Nos aute, nos n' dimandans qu' nos dreut,
L'ovrî n'è rin, qu' fâ-t-i qui seûye ?
Tôt, saint Houbèrt !
J'han-Jôsèph.
Ès-ce a côp d' gueûye
Qui t'èls ârè, va-z-è babô,
L'ovrî deu-t-èsse tôt, di m'on pau :
Li maisse, l'ingénieur, li chimisse,
Li méd'cin n'è-ce qui dès chinisse,
Tos cès-là qu' todis s'èployèt
Po ter roter 1' char de progrès
Brâh'mint pu vite qu'ine caracole;
I n'è rin, hêye, li maisse di scole?
Cilà qui boute à tes coirpai
Li sciince qu'èls i droûve li cèrvai ?
Tin, qwand j'ù spèli mes deux fèye
J' hoûte pus de 1' boque qui dès orèye.
61 -
COUNASSE.
A quoi chève-t-i de tant studî
Qwand on n' deu-t-èsse qu'on p'tit ovfï ?
J'han-Jôsèph.
On p'tit ovrî qu' pou div'ni maisse
S'i mette ses coron à pont, taisse.
Va, tos lès cîx qui nos k'mandèt
Ni sont nin sur de 1* tire di roi,
Et s* ti r'montéve jusqu'à leus tâye
Ti trouv'reu qu' n'èstît nin si gâye,
Et qu' pés qu' nos aute is d'vit-st-ovrer
Po wangnî-st-à hippe po viquer.
Mais zèls de mon tote li samaîne
Is hèrchî, sins laquer, leus chaîne,
Et sins tûser d' mâye fer lahèt (*).
Mais is s' houwît dès cabaret,
Adonc r feumme droviéve ine botique
Tôt vindant ûx èfant dès chique;
Dèsmèltant qu' l'homme ovréve ossu,
Leus boûse s'accrèhéve èco pus.
Et douc'mint, pichotte à migotte,
Enne a dès cîx qu'ont fait leus p'iote
Tôt n' mèskèyant nin quéques aidant
Po ter dès homme di leus èfant ;
Et ces chai divins l'industrèye
S' sont chôquî tôt wangnant dès mèye.
Çou qu' j'a mi-même, l'a-ju happé ?
N'è-ce nin mes brèsse qui l'ont grètté ?
J' n'a qui c' mâhire po tote forteune.
Elle n'è nin grande, mais c'è da meune.
(*) Fer lahet : ne plus travailler.
— 62 —
COUNASSE.
Tin, louque ji vôreû qu' saint Linû,
Malade chin, t' fasse tourner l'âvâ.
Eye, on veu qu' ti d'vin déjà riche.
J'han-Jôsèph.
Oh î valet, j' lai cori li striche
So li sti, veusse, et ji n' louque nin
Çou qui cû-st-è 1' paile di m' voisin.
Qwand j'a fini m' payèle è heure,
Adlé r feumme et l's èfant j' rinteure,
Ga mi ji n' pou todis sûr ma
D'allouwer 'ne aidant a mâle va,
Et j' vique aoureux sins ma d' tièsse.
COUNASSE.
Mi, j' vôreû qui n's avahi 1' foice
De sprâchî tos lès r'présintant,
Lès minisse et tôt 1' bataclan,
Et qu'on vanasse à l'oulie li roye
Qui tin so cou 'ne sifaite kinoye.
J'han-Jôsèph.
Et qu'à pou-ti, 1' roye ! va, t' vièrè
Divins 'ne choque, qwand tôt 1' monde vôt'rè,
Qu'ènne are dès cintaîne di mèye
Qu'è r wâdrons-t-à l' tiesse de 1' patrèye.
Ca n'a-t-i nin kdû nosse pays
Deux creux et d'mèye sins l' fer stanchi.
En eune vôye sûre, et jusqu'à este heure,
Sins rascrawège ni mâle ak'seure,
N'a-t-i nin stàré tôt â long
Po r Congo, co pus d' vingt million,
Et portant n' lès rare jamâye.
CoUNASSE.
Eye, w'asse appris çoulà, bai mâye !
— 63 —
J'han-Jôsèph.
A habiter lès bravés gins,
Qwand on lès hoûte, on n'y piède nin.
Toi, qui d'vîse tant so nosse bon roye.
Sésse bin çou qu' l'a l'ai, tièsse di hoye,
G'na waire ?
GOUNASSE.
Nènni.
J'HAN-JÔSÈPH.
Hoûte comme i fâ,
Il a fai-st-on hiltant spûgn'mâ
Pc lès pauves mèsbrugî d' l'ovrège.
COUNASSE.
Il a fai 'ne telle keure, diâle m'arège.
J'han-Jôseph.
Wèye.
COUNASSE.
D'où vint alors, nom di Hu,
Gn'a ti dès ci qui d'visèt d'sus.
J'han-Jôsèph.
G'è qu' ti n' hoûte mâye qui ces apôte
Qui préchèt l'hayime onque conte l'aute,
Et r ci qu' n'ô qu'ine cloque n'ô qu'on son.
Counasse,
Tin, louque, t'ùreû co bin raison,
A t'ôr on r'toùn'reû bin casaque;
Ti rèye ? et portant c' n'è nolle craque.
J'han-Jôsèph.
Ji di comme toi qu' n'a dès mèstî
Qu'on d'vreu, saint Houbèrt, mîx payî,
Mais r monde a todis stu parèye,
I n' cang'rè mâye va quoiqu'on dèye,
— 64 —
Et c' n*è nin ces feu d' mèssège là,
Veusse, qui t' sèch'rons foû d'imbarras.
COUNASSE.
Et tos nos dreut ?
J'han-Jôseph.
Va, prind patiince.
Coula vêrè pu vite qu'on n' pinse,
Mais fâ qu'on s'aspôye tôt de long
So r dreut, so l' justice et l' raison,
Et po z'av'ni, hein, qu' tôt 1' monds vote,
Onque prind po 'ne vôye, onque prind po l'aute,
Onque va reu, Faute pus pâhûl'mint,
Mais on y vôrè finârmint.
COUNASSE.
Wèye, valet, mais k'mint l'ârè-t-on ?
J'han-Jôseph.
Tôt doucèt'mint, par l'instruction,
Hoùte-mu, Goûnasse, vique et z'oûveure
Et qwand t'a fai t' payèlle, rinteure,
How^e-tu todis dès cabaret,
N'aduse mâye pus 'ne gotte di pèquèt,
Fai 'ne creux so lès coq et lès bèye,
Lai là lès cwârjeu, 1' colèbrèye.
COIINASSE.
Ti m'è d'mande trope !
J'han-Jôseph.
Sâye-lu todis
Et t' n'ârè nin à t' ripinti,
Fai 'ne foice sor toi-même, âye dé l' trimpe,
Çoulà s' pou fer, j'è so 'ne èximpe.
— 65 —
COUNASSE.
Ti n' divis'rè nin à mal va,
Si j'a minti, qui j' tome râvà,
Ga ji m'va 'nnè râler d'ié m' feumme.
Louque, à t' hoûter j' comprin-st-appreume
Qui t'a raison. Tin, vola 1' main,
Ga j' m'ènnè r'va sins piède nou timps
Tût sayant de sûre tes consèye.
J'han-Jôsèph.
Hère tu todis bin è l'idèye,
Qui ci n'è mâye, tos lès consieu,
Qwand t' fai lahèt, qu' sont lès payeu.
CoUNASSE.
J' n'èl roûvèy'rè nin, camarade,
Allans, ârvèye.
J'han-Jôseph.
Awè, Diè wâde.
Nos Bons Vîx
SCÈNE DIALOGUÊYE EN VERS,
PAR
Jean BURY.
Devise :
Aîmans-les.
MÉDAILLE DE BRONZE.
PÈRSONNÉGE :
J'HAN-PIÉRRE, vîx homme cVâx incurâbe.
M AR- AGNÈS, ville feume „ „
Li scène riprésinte ine pièce publique.
Lès deux pèrsonnège arrivèt onque d'on coslé. Faute di l'aute.
Mar-Agnès (joviale).
Kye ! donc tin ! quî vola !
J'han-Piérre (rajustant ses bèrique).
N esse nin l' vîle Mar-Agnès ?
Mar-Agnès.
Li vîle ! aih ! leup waroux, ji v' poch'treu co so 1' tièsse,
V'y poch'treu-j' co, vormint.
J'han-Piérre (riant).
Ah ! ha ! ha ! vî spronjoû !
Si v' lâchez co 'ne sifaite vos frez sûr pawe à joû.
Mar-Agnès.
I n'a ni s'faite, ni s'faite, ji wag'reu deux cârluss
De fer ine avant deux comme vos, vos 'nnè friz puss.
— 67 —
Jhan-Piérre.
Bin, qu' ji s'péche ! j'èl vou creure ! kidû-t', va m' vîx rabu,
G'è bin fini po 1' guète, va, lès boton sont jus.
Mar-Agnès {riani).
Areu-t-on di coula, v'ià 'ne cinquantaine d'ânnêye !
J'han-Piérue.
Oh! qu' nènni, tonne di bîre ! mains houye !...
Mar-Agnès.
Jans, prind 'ne pènêye.
J'han-Piérre.
On n' va pus 'ne vèsse di chin, Mar-Agnès !
Mar-Agnès.
Avîs-gn' bon
Qwand nos valsîs-st-èssonle â bal èmon Ghâmont !
Vis sov'nez-v', vîx stoquaî ?
Jhan-Piérre.
Si ji m' sovin ! mèye gotte !
Pa, m'-sonle èco qu' ji v' veusse avou vosse coûte roge cotte,
Vosse vantrin, vosse cournètte et vos p'tits hâtes soler.
Mar-Agnès.
Esteu-ju frisse, ossu !
J'han-Piérre.
Gomme li fleur di nos pré.
Mains vos èstîz canaye comme... on n'èl sâreu dire.
Mar-Agnès.
Taisse-tu, vîx fafouyeu. '
J'han-Piérre.
Vos n'ois'riz nin m' disdire.
{Si rapprèpant.)
Vi rapp'lez-v' bin de joû....
Mar-Agnès.
Qui v' m'avez rabrcssî ?
Comme si c'èsteû co d'hoûye ! Ah ! ji v' l'a-st-adièrcî !
J'han-FMérre.
Mi chifle ènnè houle co.
Mar-Agnès.
Min ossu, j'èl rigrèttc,
Conv'nez qui v's avez stu jourmâye foirt mâladrète.
J'han-Piérré.
Mâladrète ?
Mar-Agnès.
Awè, ciète.
J'han-Piérre.
Enne avcu-t-i baicùp
Qu'allît pus rat'mint qu' mi?
Mar-Agnès.
Oh ! c' n'è nin d'on plein côp
Qu'on tèmlêye li gougètte. Fà qu'on l'amadoùlêye,
Qu'on chûsihe lès moumint, mains n' fà nin qu'on holôye.
D'abîme, ènne a dès ci qui v's ont fait 1' bâbe, èdonc ?
J'han-Piérre.
A mi, qui m'ont fait 1' bâbe !
Mar-Agnès.
Et Qoulà sins savon.
J'han-Piérre.
Mar-Agnès, vos bourdez !
Mar-Agnès.
Awè, j' bourdêye, sins fâte.
J'han-Piérre {raVmint).
Vos savez mîx qu' nolu qui ji n'èsteu nin d' plate.
— m —
Mar-Agnès.
Nènni v' n'èstîz nin d' plate, mains v's âriz bin s'iu d' bois.
J'han-Piérre.
Taihîz-v', ni d'hez pu noie, ca j' direù bin 'ne saquoi.
Mar-A(;nès.
Qui dirîz-v' donc, mon Dièw ?
J'han-Piérre.
I n'a mutoi d' tote sôre
Qui n' vis frît nin plaisir.
Mar-Agnès.
Eye ! ji m' rafèye di v's ôr.
G'è sûr on scrèt mawèt qui nolu n' deu sèpi
Et qui nolu n' sàrè.
J'iIAN-PlÉKKE.
Vos r savez tôt comme mi,
Ca v' n'avez nin roûvi qwand n's allîs-sl-è cachette...
Mar-Agnics.
\Yisse donc, wisse donc, signeûr ?
J'han-Pierre.
Danser è fond Pirèlte.
Mar-Agnés.
Eye ! li squélle friche !
J'han-Piérre.
I n'a ni friche, ni frache, mafoi.
Ji v's a k'dût pus d'ine fèye tôt là, sèyiz d' bonne foi.
Mar-Agnès.
Ciètmint, vos n' dihez nin qu' ji m' fève rik'dûre d'inc ante î
J'han-Piérre.
Téne fèye.
Mar-Agnès.
Ine fèye chaque côp.
— 70 -
J'han-Piérre.
Vos n'ôstîz nin m' crapaute !
Mar-Agnès.
Pasqui.ji n' voléve nin !
J'han-Piérre.
Pasqui j' n'a nin volou ?
Mar-Agnès.
le ! i fù-st-aroubi d' dire ine sifaite, zoulou !
Vos savez bin qu'ine fèye vos avez v'nou d'Ié m' père
Dimander po m' hanter, vos v's è sov'nez, j' l'èspére ?
J'han-Piérre.
Awè, ji m'è sovin.
^ . Mar-Agnès.
Et qu'a-t-i rèspondou ?
J'han-Piérre.
Oui vos èstîz trop jône.
Mar-Agnès.
Et i v's a tourné 1' oou ?
J'han-Piérre.
Uh ! nin tût justumint.
Mar-Agnès.
Tôt s'tichant 'ne mène d'ine aune.
Vos 'nnc allîz bêche è bourre ?
J'han-Piérre.
On m'a r'côpé l'avône !
Mar-Agnès.
Oh ! ciète, awè coula ! Dismèttant qu' vos m' sûhîz
Tôt fant dès hègne âx steulc et sins oiseur mohî,
Lès autc avît-st-ûhèye di v' soffler l' lamponnètte !
— 71 —
J'han-Piérre.
Ji se bin qu' vos m'avez compter saqwantès blette.
Mar-Agnès.
Pus sovint qu'a vosse tour vos avez s'tu r'ieuchî.
J'han-Piérke.
Chili ! ni d'visez nin tant, li laiwe vis va forchî
Min r' nov'lez-m' on p'tit pau qwand n' passîs lès malène
Ine annêye â Noyé, sov'nez-v', jans, vîle platène.
M AR- Agnès.
Qwand n' passîs lès matène? Ji n' lès a mâye passé
Qui v's èstîz d'ii k'pagnèye.
J'han-Piérre.
Ji v' frè bin rapinser,
Ga j' voreu bin wagi qui v' roûvîz d' bonne sov'nance.
Qui è-ce donc qui chantéve, tôt s' hossant comme ine bance:
{Chantant.)
Maman ne veut point queur je vasse au bois ('). (pU.)
Aller au bois tonte seuletle
C'est dangereux quand on est gentillette....
On s'en vat-à-deux Ton revient à trois
Maman ne veut point queur je vasse au bois !
Maman ne vous en souvenez-vous pas? {his.)
{In' si rappelé pus. )
Mar- Agnès {Chantant).
Quand vous alliez sous la fauchelte
Av(h; Colas cueillir la violette?
Vous aviez si l)on de vous parler bas !
Maman, ne vous en souvenez-vous pas?
(') Pr. wè, comme en vieux français.
— 7-2 —
3.
Maman, laissez moi bien me divertir, {bis.)
Qwand je serai fille à votre âge,
Je quitterai ce ciiarmant badinage.
Je le quitterai avec plaisir
Maman, laissez moi bien me divertir.
J'han-piérre (parlant).
Vèyez-v' li vîle savôye ! elle croh'reu co s' couplet!
Mar-Agnès.
Poquoi n'èl croh'reu-j' nin? I n'a nou si vîx chèt
Qui n' crohe voltî 1' soris.
J'han-Piérre.
Mafrique, coula c'è vrêye.
Adai, vos vèyez bin comme vos estez r'bârêye?
Il avise à v's ètinde qui v' n'avez mâye rin fait.
Mar-Agnès.
.l'a roûvî comme mi moirt....
J'han-pièrre.
Oh! v' l'oûvîz tot-a-fait,
J'èl di co, d' bonne sov'nance.
Mar-Agnês.
Adonc, noumez-m' ine gotte
Inc aute qu'ènne èsteû co?
J'han-Piérre (ralVmint).
Li grand Colas Gagotte.
D'abîme qui chanta, lu....
Mar-Agnès.
kvfë qui chanta-t-i ?
J'han-Piérre.
Vormint, j' l'a foû mémoire... kh ! ha ! ça k'mince ainsi :
— 73 —
[Chantant),
Voici le premier jour de l'an,
Que donn'rai-je à ma raie ?
Je lui donn'rai des rubans blancs,
Tra la la dèra la la la !
Je lui donn'rai des rubans blancs
Pour donner à son amant.
(Parlant).
Eh ! bin, qu'ènnè direz-v' ?
Mar- Agnès {triste}.
Jans, c'è bon, prind 'ne pènêye.
Pauve Colas !...
J'han- Pierre.
Oh ! tôt r monde appoite si dèstinêye !
Et nolu n'èl kimande. Oh ! taisse ! lèyans-nos fer,
Mar-Agnès.
Taisse-tu donc, fré J'han-Piérre, c'èsteû on si bon m' vé !
Il èsteû si d'gogî, si s'pitant, si r'coquèsse !
Qwand 1' grand Colas mâquéve, li jôye mâquéve à ITièsse.
Avou ses fâvuron, ses pasquèye, ses bagou,
Arîz-v' même situ d'marme, i v' fève rire tôt bossou.
J'han-Piérre.
Eye ! n'èl sé-ju nin bin ? D'abîme qui 1' rouwé m' cowe
A tant fait rire Liyètte qu'i l'a fait rire bossowe !
Mar -Agnès,
Chitt ! n'allez nin si reud. I n' fà d' hîfrer nolu
Sins sèpi qui 1' pouna. I n'a dès aute qui lu.
On a bai dire dai, m'vé, quand c'è V friquètte qui r'qwire
Li jônai, si s'treu qu' seûye, i fù qu'i s' laisse à dire.
J'han-Piérre.
Tôt r monde ni s' ravise nin.
— 74 -
Mar-âgnès.
Oh ! nènni, ciète, coula,
On se qui v' n'avez mâye ravisé I' grand Colas,
Qui t»in de Ion s'è fà.
J'han-Pièrre.
Vqs direz, tot-à-c'ste t'heûre
Qui j'èsteû-st-on fahai !
M AR- Agnès.
Bin mîx, j'èl rèiteure.
Ga si v's avahîz s'tu 'ne miyètte pus dispièrté
Qui vos n' l'èstîz....
J'han-Piérre.
Eh ! bin ?
Mar- Agnès.
y m'âreû lèyî hanter!
J'han-Pièrre.
Taisse-tu donc, Mar- Agnès, taisse-tu, t'è-st-ine vîle pêne!
Jans, sov'nez-v' co de jou qui n' passîs lès matène !
Mar-Agnès.
Va-z-è matène, matène! matène wisse qui j' se bin!
J'han-Pièrre.
Vos v's è sov'nez, dihez-m'?
Mar-Agnès.
Awè, ji m'è sovin.
J'han-Pièrre.
Et ossu d' qwand n's allîs qwèri 1' pot d' bire è l'câve?
Et qu' nos d' raanîs deux heure, case qui v' s'èstîz hayâve.
Et qu' n' nos r'montîs sins bîre èco 1' pu bai de jeu !
Mar-Agnès.
Taisse-tu va, ti dâvièye !
— 75 —
J'han-Pièrre.
On jowéve âx cwârjeu.
On nos r'Iouqua d'ine air! qui v' fourîz tote honteuse.
Mar -Agnès.
Taisse-tu, va, ti baboye !
J'han-Pièrre.
Pa, m' sonle èco qu'ji v' veûsse!
Mar-Agnès {raCrnint).
Et toi qu'ésteusse, parait, qu'èsteusse? jans, di 1' on pau?
T'èsteû d' manou d'vins 'ne coine avou tï-air di jâgau,
Dismèttant qu' j'èsteu là plantêye avou m' po d' pirre,
Qu'on d'héve qui j'apprèpahe et qu'ji n' saveû qoi dire !
J'han-Pièrre.
Bon, vola qu'elle ad'vowe.
Mar-Agnès.
Is s' ravisèt turtos.
D'abîme qu'i n'arrive rin, les hommes! rèspondèt d' tôt.
J'han-Pièrre.
Ji veû co vosse vîle mère qui r'tournéve li bouquètte
A moumint qu' nos rintrîs, elle vis r'tappa 'ne louquètte!
Allez! ji n' vis di qu' ça.
Mar-Agnès.
Lès mère ont l'ouye si fin!
J'han-Pièrre.
Nos ârîs trop hayètte, dai, s'èlles ni l'avît nin.
Mar-Agnès.
Et dire qui màgré tôt j'a s' posé 1' gros Jannèsse,
Et v's avez s'tu borbou.
J'han-Pièrre.
l*a, j' n'a mâye tant fait l' liesse'
- 76 -
Mar-Agnès.
Awo, vos l'ôrcz dire.
J'han-Piérre.
A banquet ji chanta...
Ji n' sàrcù pus dire quoi, mains tôt l'monde répéta.
Mar-Agnès.
Ce toi va qui pèta!
J'han-Piérre {si rappelant).
Qui t'è drôle donc, m' vîle cotte !
Pa, c'è-st-on crâmignon qui j' chanta!
Mar-Agnès.
D'hez-l' ine gotte?
J'han-Piérre.
D'accoird, tinez m' bordon.
{Chantant et tourniquanl avâ V scène.)
Marèye jowa drî lès lampion
A r rèspounèlte.
Mar-Agnès {répétant).
Marèye jowa drî lès lam|)ion
A r rèspounètle.
J'han-Piérre.
Jihan qwèra-st-après si-âbion...
Trova l' cachette... Ah! ha!...
Prindez vosse bordon Simon
Et-s-minez bin T crâmignon.
Mar-Agnès {répétant).
Prindez, etc.
J'han-Piérre {parlant).
Eye! ji n' mi rappelé pus.
Ah! poch'tans so l'dièrain, nos n'èstans nin là d'sus!
- 77 —
(Cliatitani.)
Li mèyeu d'tot nos marèy'rans ) ,
J . Ins.
Nosle aitrapeye i
Pièrdowe ine heure avou s'galaiil
Emon Eolzêye... Ah ! ha !..
Prindez vosse boidon Simon )
Lt-s-minez bin I cramignon. i
War-Agnès (pûiianl).
Eye ! èye ! awè j' m'y r'veû ! Avîs-gn' bon donc, qu'j'arawe?
J'han-Piéure.
Vis sov'nez-v' qu'à café ji v'fa happer 'ne crâne pawe,
Tôt d'nouqant vosse loyin?
Mar-Agnès.
Awè dai, laid pindârd !
J'iIAN-PlÉRRE.
J'èl sitâra so l' lave et tôt 1' monde ava s' part,
Avans-gn' ri, Saint Linâd! On n' rèye pus houye parcyc.
Mar-Agnès.
Vos v's y mèttîz trop tard : j 'aveux monté I' mai rèye.
J'han-Piérre.
Oh ! çoulà n'vou rin dire !
Mar-Agnès.
Coula vou dire bram'mint !
Ji n'ûreû nin Lrompo Jannèsse po....
J'han'Piérre (riant).
Treûs skèHn !
Mar-Agnês (inâle).
Taihîz-v', laid mùhonteù !
J'han-Piérre.
Jans, rik'minçans-gn' co 1' danse ?
Nos èstans mons di sqwôrre qui nos n' l'èstîs d'avance.
— 78 —
Mar-Agnès
Item, ji m'ènnè r'va, ma sœur va co r'brognl,
La qu'ji sèrè tâdrowe.
J'han-Piérre.
Et r meune vo co r'grognî.
Eye.! qui n' s'ôstans roùvisse ! Diè-wâde, mi binamêye,
Ji va sûr hoûye rintrer à turèlure ôt d'mêye.
{Tôt 'nne allant.)
De coraplumint à Bâre, Nanèsse et Tourniquet.
Mar-Agnès.
Ji n' mâqu'rè nin. Tin, prind co 'ne pènêye...
J'han-Piérre {viv'mint).
Jans, parait.
(Chantant.)
Air : Les anguilles el les jeunes filles.
Après toi fâ prinde ine pènêye.
A quoi bon s' chagriner, ma foi !
Nos n'viqu'rans pus tant dès annèye
Ca toi vin d' Diè toi rloune à Diè.
Viquans Tresse di nos joû d'vins s'wâde.
Toi bènihanl l'oûve de covint.
L'ci qu' fai bin se çou qu'èl rawâde :
Viquans èl inorant pâiiûrmint.
ESSONLE :
L'ci qu' fai bin sé çou qu'èl rawAde :
Viquans et moraiU pâhûl'minl !
FIN.
Lès Broeale
LEÇON.
PAR
Félix PONGELET.
Devise :
Lès leçon profilèt quéque fèye.
PRIX: MEDAILLE D'AEGENT.
Ine fèye,
I gn'a, ma frique, ine bonne happèye,
Ine sièrvante alla s' présinter
A mon dès gins intéressé.
Intéressé n'è nin V vrêye mot,
Portant,
Is k'nohît r valeur dès aidant
Vola tôt.
Si visège riv'néve à l'idèye
A r dame de 1' mohonne qui d'ha : a M' fèye,
» Vos m'avez l'air d'ôsse foirt gintèye,
a Po v' dire li vrêye,
D Et j'a lès pinse di v's ègagî.
» Ji v' va miner vèye li manège
» Dispôyeli cave disqu'ù gurnî;
» Mains divant d'aller à l'astège,
» Nos irans d'zos, fer de V loumîre. »
— 80 —
I fâ v' dire
Qui di c' timps là, parait, mes gins,
On s' sièrvéve di brocale
Pu longue qui m' main,
Qu'èstît d'vins dès potale,
A costé de gîvâ.
Po n'nin l's allouer à mâle-vâ,
On lès copéve è deux,
E treus,
E qwate même bin sovint
Po lès fer durer pus longtimps.
Li sièrvante apice ii loum'rotte,
Prind 'ne grande brocale, et l'allome tote,
Esprind 1' chandèye,
Puis, sins façon,
Tape li restant, qui d'véve, po 1' mons,
Sièrvi deux fèye.
Li dame ènnè saveu-st-assez,
Elle dèri-st-à 1' bâcèlle vèt'mint :
« Ji veu qui vos n' mi conv' nez nin,
» M' fèye, vos pollez bin 'nnè raller ! »
Po div'ni 'ne bonne feumme di manège,
Houtez,
Ci n'è nin l' tôt d'aîmer l'ovrège,
Fâ co savu compter.
Li marehî dès vix-warèsse
(satire de mœurs liégeoises)
PAR
Emile GÉRARD
Devise :
Vive tièsse, mais bon cour.
MEDAILLE DE BRONZE.
G'è so l'plèoe Dèlcour, â matin
Jusqu'à dîner, qui 1' marehî s' tin.
È l'bèlle saison, so l'eôp d' sîhe heure,
On veu v'ni, sortant foû d' Roteûre,
De l'Poite-âx-Awe, de l'ccur Plantin,
Kt d' traze au te costé qu' ji n' di nin,
A procession, lès vix-warèsse,
Avou leus botique, leus ahèsse,
Divins dès banse, et, foirt sovint,
So dès p'titès chèrôtle à l'main.
Ossi, quelle arège! quelle affaire :
Vos pins'rîz vèye tos locataire
Qui s* sàvèt, craindant desse vèyou,
Po n' nin payî lès meus hoyou:
Lès botique sont co vite è pièce,
Ca so pâ, so foche, on lès dresse.
Après, louquîz 1' curieux tâvlai
Qu'èssônne fèt tos lès vîx hèrvai !
- 8-2 —
Lès pus èwarantès hâgn'neûre,
A chaque pas, on lès rèsconteûre.
Totes lès sôre di carnage sont \h.
Wisse a-t-on rapèhî çoulà?
Sitârêye à l'térre ou pindowe,
Vocial dès vèyès hâre hoyowe,
Di tos modèle, tote qualité,
A l'chuse de ci qui vou-t-ach'ter.
Dès casawé, dès robe, dès taye,
Passé d' mode, prindèt l'air so l'baye,
A costé dès vîx pantalon
Et d' gilet qu' pindèt tôt de long.
Bon Diu' quelles drôle di mousseûre
Sont là d' zos vos oûye ! G'è-st-à creure,
Quand vos lès louquîz, qui vor-cial
Avant pau F joyeux carnaval?
S'èlles polît conter leus histoire,
Ces hâre-là qu'on jette hoûye h l'térre.
On 'nne apprindreu dès belle, allez!
Pus d'on pauve habit tôt pelé,
Plein d' lai-m'è paye, souwant l' misère,
A k' noliou bin sûr dès joû d' gloiro.
Qwandd'vins lès bal, lès société,
Tôt battant noû, on l'a poirté.
On y vind d'tot, mantai, capote,
Et vix costume magnî dès mote ;
Dès ombrelle et dès paraplu
De dièrain siéke, comme ènne a pus.
Ci sèreu,mafoi, mâlùhèye
De noumer tôles ces bardah'rèye.
Avâ r marchi, c'è-st-à hopai
Qu'on trouve ossi dès vîx chapai.
Po ['valeur d'ine qwinzêne di censé,
On 'nnè chusihe onque à s' conv'nance,
— 83 -
Et lès vîx-warèsse vis diront
Qu'elles fournihèl tos lés chôrron.
Vûcial on tùvlai qui r'présinte,
Li fameux Junibe di bois d' l'an trinte;
Ine aute mosteûre Napoléon,
So Tehanip d' bataye, inte lès canon.
Vola, si tote fèye c'è vosse gosse,
Dès cuî, dès posteûre et dès losse,
Dès coqu'màr, dès trape-àx-soris,
Qu'odètbin foirt li chamossi.
A c'ste heure, n'at-i mèsâhe di v' dire
Qu'i n'a nin 'ne seule vèye pèce étire?
A chaqueune, i màque ine saquoi:
L'orèye, li narènne, qui sé-j' quoi?
Gè surtout lès châsseûre, l'àrtique
Principâ di totes lès botique.
Enne a-t-i donc dès vîx soler!
Louquîz lès trottoir sont hoslé,
Di bolquène, di pantoufe et d' botte,
Qui r vix-warèsse, assiowe, rifrotte.
Et tôt çoulà, minâbe, usé,
K' hiyî, pauvriteu, fai tuser
Qu'à costé dès hureux dé Ttérre,
I n'a bin dès pône, dès misère!
Gel' dimègne qui, so l'plèce Delcour,
I n'a 1' pus d' gins, qui 1' floulic accour.
Po s' fer vùye, i s' fàreu bin k'balte:
C'è tôt li r'mowe-manège de l'Batte,
Et v's oyez dire à tôt moumint:
Dihez, nosse maisse, ni v' lii-t-i rin?
Lès paysan sont cial ù bande;
Cicial ach'tèye, cilà marchande.
Ine aute, pus Ion, sâye dès solcr,
Mais après avu toi holer,
— 84 -
Mcltûu, tour-;"i-tour, totes lès paire,
I n'a nin co Irover si affaire!
N'a nin dès tôt p'tit pîd qui vou,
Et r paysan va tourner l'cou,
Qwand, tote mâle, vola 1' vîx-warèsse
Qu'ènne y di pés qu'pinde et de rèsse,
Ga 'lie n'aîme nin qu'on 1' vinsse dèringî
A l'vûde, et lî fer tôt bogî.
Awè, elle a 1' linwebin pindowe,
Et comme telle, elle è rin'nohowe.
So l'plèce, toi buvant leus café,
Eune conte l'aute, quéque fèye s'èscluiffèt.
Puis s'èmanche ine clapante dispite;
Gomme on feu d'artifice qui spite;
Lès côp d' gueûye, côp so côp, s' suvèt,
Jusqu'à tant qu'on s' prinsse po les ch'vè.
S'i n'aveut pus nolle harùj rèsse.
On r ritrouv'rou d'vins 1' vîx-warèsse!
T_ji eràs pèquèt
Henri W^ITMEUR.
Devise :
Satire ou conte ?
Comme vos vôrez.
MÉDAILLE DE BRONZE,
Vo l'avez bin k'nohou :
G'è-steu-st-oii long stindou.
Dreût comme on pà, so ses deux hèsse,
Ossi souwé qu'ine inglitin,
Ine boque gârnôye di hàrdés dint.
D'wisse qu'i rèchîve à hite d'aguèsse,
Gomme lès pèqii'teux;
X dii^e H vrêye, c'è qu'il èsteu
Go sovint prête po lever l' coude :
J'èl di-st-ainsi, pacequi j' n'aîme nin.
De dire de boude.
On r louméve Colas Hârotin.
— On dimègne, èstans-t-aller vcye
Lès bièsse, à l'Université,
Il aveu stu foirt èwaré
De cisse qu'on tin d'vins dès botêye.
L'agent Nélissc,
Qu'èsteu d' sièrvice,
— 86 —
Lî aveu-t-èspliqué comme quoi
On lès wâde ainsi, d'vins 1' pèquèt.
Noste homme esteu-st-asscz malin :
a Ça, — tûse-t-i, — çou qu'è bon po 'ne bièsse,
» Ni pou mâye fer dès toirt âx gins ! »
Et dispôye ci dimègne-lù, è 1' pièce
De prinde de drougue d'apothicâre,
Qwand i s' sintéve on pau d'ringî,
D' lu-même, i s' rimèttéve so pîd,
Tôt levant 1' coude... comme Matrognârd.
Vo-l'-la-st-ainsi passé méd'cin :
Méd'cin â pèquèt !... Poquoi nin ?
Enne a bin dès ci à 1' pihott.' !
A résse, i raisonnéve foirt bin s' marotte.
« Di i'â-matin, qwand vo v' levez »
— Éspliquéve-t-i — a Si vo v' sintez
B On pau flâwisse,
j> Ou 1' cour aiwisse,
» Po r pus sûr ! çou qui v' rimèttrè ,
» G'è-st-ine bonne gotte di crâs pèquèt ! —
» Divant 1' dîner,
» Si vos sintez
ï So li stoumake ine pèsanteûre,
» Qu'elle rissérre ou qu'elle disaweûre,
» Grèyez-m' ! Çou qui v' elle ridroûv'rè :
» G'è-st-ine bonne gotte di crâs pèquèt ! —
» Et qwand v's avez fini joûrnêye,
» Si vos v'èsoqu"tez-t-è l' coulêye,
D Sav' bin çou qui v' ravigottrè?
» G'è-st-ine bonne gotte di crâs pèquèt ».
Mais n'a rin d' si bon qui n' finihe,
Ni méd'cène qu'èspèche qu'on n' pèrihe !
Noste homme, on joû, d'va s'appontî
A 'nnè rallcz po l' laid Wàthy.
- 87 —
Owand V prête li eàrî d'né ses dreut :
a Ni roûvlz nin d' payî Mossieu »,
— Di-sti à s' feumme— « Fà qu' tôt V monWe vique,
» Por mi, ji m' va serrer botique.
» Mais d"vant de cligni l'oùye po V bon,
» I m' ta co beure on p'tit hùlion. 0
Si feumme lî vùda 'ne dièraîne lame,
Et, tôt douc'mint, i rinda l'âme.
Ainsi, Hàrotin ta 1' plonquèt,
Tôt buvant 'ne gotte di cràs pèquèt.
Li tailleur et Tèvêque
PAR
Henri ^^^ITMBUR.
Devise -.
Satire ou conte !
Comme vos vôrez.
MÉDAILLE DE BRONZE.
I n'aveû 'ne fèye on p'tit tailleur,
Q'aveu-st -assez bin prospéré,
Çou qui fai qu'i s'aveu hère
E r tièsse dès idèye di grandeur.
Mâgré qu'i n' savasse qui 1' patois
Comme i l'aveu -st-appris di s' mère,
Qu'èsteu-st-ine brave feumme di Sèrè,
Qwand s' trovéve ad'lé on gros hère,
I n' jâséve mâyo qui 1' haut français.
Di quéle manire ?
On s'èdote bin:
Pus vite à l'avîre
Qu'autrumint.
I l'aveu-st-attrapé 1' pratique
Di l'èvêché;
Vo pinsez s'il esteu flatté
De r'moussi l's ecclésiastique !
On joû, i s' rind-st-â séminaire,
Po z'aller sayî on cou d' châsse
A successeur di Saint-Lambert.
L'èvêque èl châsse,
— 89 —
Et d' mande : E-ce qu'i sèrè d'adreùt ?
Nostc-homme lîdi. « Bic, Mâseigneur,
» Sauf respect, j' crois qui s'ra trop strcût,
» Pour lè derrière de Vote Grâdeur. »
L'èvèque li rèspond,
So r même ton :
« Alorsse, i faudra biê 1' refaire
» A la grâdeur de ma derrière, b
I
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE DE LITTÉRATURE WALLONNE.
CONCOURS DE 1890
RAPPORT DU JURY SUR LE 4"'« CONCOURS.
rWOTS OMIS.)
Messieurs,
La Société a reçu, sous le titre de petit dictionnaire
wallon, une liste de 104 mots, avec traduction fran-
çaise, pour répondre au ¥ concours, « rechercher les
mots wallons qui ne sont renseignés dans aucun dic-
tionnaire, vocabulaire ou glossaire. »
L'examen de ce mémoire nous a donné le résultat
suivant : Nous y avons trouvé 19 mots renseignés par
Forir (Dict.), il y en a peut-être davantage, mais
l'orthographe phonétique et par trop fantaisiste de
celui-ci a pu nous empêcher d'en découvrir d'autres.
Il y a en outre des interjections, des mots tirés de
l'argot et quelques phrases souvent employées par
les enfants dans leurs jeux.
En somme, on trouverait une cinquantaine de mots
qui pourraient enrichir notre dictionnaire futur,
mais nous ne connaissons ni la provenance, ni la
nationalité de ces mots, et on ne peut les accepter
sans savoir où, commentetparqui ils sont employés.
Ces renseignements nous sont nécessaires.
— 92 —
Pour ces divers motifs, ce petit dictionnaire wallon
ne peut obtenir aucune distinction ; cependant
comme il n'est pas dans les intentions de la Société
de refuser une contribution au dictionnaire, fût-elle
minime, à la condition qu'elle soit utile, nous prions
l'auteur de nous donner ces renseignements, afin
que nous puissions faire usage de ce travail; nous le
remercions de son envoi et nous l'engageons à con-
tinuer, mais d'une manière plus explicite, la ques-
tion restant au concours.
Le Jury,
Jos. Ern. Demarteau,
Julien Delaite,
Jos Dejardin, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 janvier 1891,
a donné acte au Jury de ses conclusions.
En conséquence, le billet cacheté, accompagnant
la pièce non couronnée, à été brûlé séante tenante.
I
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE CE LITTÉRàTURE WALLONKE.
CONCOURS DR 1890
RAPPORT DU JURY SUR LE I4nie CONCOURS.
(SATIRE SUR UiN MUSÉE)
Messieurs,
Pour la première fois depuis que la Société
wallonne a demandé une chanson, ou un tableau
satirique sur un ou plusieurs musées de la ville
de Liège, elle a obtenu en réponse : Nosse musée
communal.
Dans cette pièce — rondeau, d'après l'auteur,
mais rondeau d'espèce nouvelle, en cinquante qua-
trains— nous trouvons en vers la liste alphabétique,
par noms d'auteurs, de tous les objets appartenant
au musée communal de peinture. Gomme ce n'est
qu'une sèche énumération, et que l'auteur n'a pas vu
qu'on lui demandait une satire, votre jury, à l'una-
nimité, a décidé de ne lui accorder aucune récom-
— 94 —
pense, regrettant vivement qu'un si rude labeur ne
lui ait pas valu quelque succès.
Le jury,
Ch. Defrecheux,
Jos. Ern. Demarteau.
et Victor Chauvin, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 janvier 1891, a
donné acte au jury de ses conclusions. Le billet
cacheté, accompagnant la pièce non couronnée, a
été brûlé séance tenante.
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE DE LITTÉRATURE WALLONNE.
CONCOURS DE 1890
rapport du jury sur le s"» concours,
(vocabulaires technologiques.)
Messieurs,
Le numéro 2 de notre programme des concours
de 1890 a été très fructueux ; nous n'avions pas
encore reçu un aussi grand nombre de mémoires.
Il est vrai qu'ils ne sont pas tous bons, que quel-
ques-uns n'embrassent qu'une partie spéciale d'une
profession; à ce point de vue, ils pourraient n'être
considérés que comme des fragments de vocabu-
laire, ayant cependant un certain mérite et que
nous devons accepter. En somme, nous devons
nous féliciter de voir autant de personnes s'occu-
per du wallon, et enrichir notre collection de voca-
bulaires en apportant des matériaux au Dictionnaire
que la Société pourra un jour éditer.
Nous avons donc eu à examiner :
iN° 1. Glossaire technologique relatif à létal mili-
taire.
N° 2. Glossaire technologique du métier des gra-
veurs sur armes.
N" 3. Vocabulaire du pêcheur.
- 06 —
No 4. Vocabulaire des mouleurs, noyauteurs et
fondeurs en fer.
N" '5. Vocabulaire technologique relatif à l'ensei-
gnement.
N° 6. Vocabulaire technologique relatif au métier
des tailleurs de pierre.
N" 7. Vocabulaire de l'apothicâr pharmacien.
N" 8. Glossaire technologique du chapelier en
paille.
Le ir 1 , Glossaire relatif à l'état militaire, devise :
Un glossaire sans exemples est un squelette, et le
n" 5, Vocabulaire relatif à renseignement , devise :
Dans un dictionnaire l'exemple est ce que la lumière
est dans une lanterne magique, sont évidemment du
même auteur ; même écriture, même devise quoique
donnée sous une autre rédaction, même système
suivi par l'auteur et nous regrettons de devoir
l'avouer, même nullité aussi complète ; nous ajoute-
terons une grande ignorance du wallon.
Nous ne relèverons pas toutes les inutilités, les
fautes, les erreurs, les fausses interprétations que
l'on rencontre dans ces deux mémoires, cela nous
conduirait trop loin, disséquons seulement la pre-
mière lettre du premier vocabulaire.
La lettre A renferme 73 mots. Il y a d'abord 37
mots qui sont français, tels que abriter, adjudant,
afiut, air national, amazone, ambulance, arsenal,
etc. On doit les supprimer. On trouve ensuite 15
mots qui sont d'un usage habituel dans la conversa-
tion de lout le monde, tels que : abahi, s'abaisser;
— 97 —
affilier, envelopper, agèni, agenouiller ; aiiuey eau ;
ârgint, argent, etc. D'autres n'ont pas d'explications
suffisantes : âbe, arbre, terme du langage stratégique;
abri, abri, terme du langage stratégique et d'autres
encore. Nous ferons remarquer que l'auteur donne
au mot abri une signification contraire, et (jue ce
mot ne peut pas être traduit par abri. En français
être à l'abri, c'est être garanti, et en wallon èsse à
Vabri, c'est être exposé. Les mots agrisseu, agres-
seur et agrissi, agresser ne sont pas wallons et le
verbe agresser ne se trouve pas dans les diction-
naires français. On ne dit pas en wallon aumogné,
c'est âmoni (Forir). Il ne suffit pas de changer l'or-
thographe d'un mot français pour en faire un mot
wallon, et d'écrire par exemple aqueduc avec un k
et enceinte avec un a. Le mot amonution qui est
pourtant bien militaire ne s'y trouve pas ; il n'est
pas renseigné au mot fisik, ni au mot pan.
Comme fantaisie, nous trouvons : M lî va cVner si
ahèsse : je vais le battre, et alièssî, battre. 1 foûrît
st-ahèssi, ils furent battus. Cette expression n'est pas
relative à l'état militaire, elle s'emploie à Liège à
propos d'une rixe, d'une bataille dans la rue. Arrègî,
enrager ; On a bin bon de fer arrègî lès bleu (recrues);
aiuège, aiguille : awèije â jt, awèye à l' laine, rien du
hia'û il mg\ù[\e; aweure, augure, etc. Que viennent
faire dans ce travail les aiguilles et les augures ?
Nous avons constaté que cette analyse faite sur la
lettre A aurait les mêmes résultats sur les autres
lettres de l'alphabet. Ce serait fastidieux, aussi après
7
— 98 —
toutes les éliniinalions des mots français, des inu-
tilités, des interprétations tantaisistes, il ne restera
presque rien, et ce n'est pas assez; nous avons la
mission d'exiger davantage.
Le mémoire n*^ 5. Vocabulaire sur l'enseignement
est identiquement conçu et formulé comme celui
dont nous venons de donner la description. Nous ne
répéterons pas nos observations, car elles lui sont
toutes applicables ; il a tous les défauts du premier
et n'a pas plus de valeur.
Il faut reconnaître que l'auteur a manqué de tact
dans le choix des professions qu'il veut faire con-
naître ; l'officier avec ses soldats, l'instituteur avec
ses élèves ne parlent jamais wallon. Les soldats
peuvent le parler entre eux; les enfants, surtout dans
les campagnes, le parlent au sortir de l'école; mais
ce n'est pas dans ces deux genres de causerie qu'on
])eut trouver les éléments d'un vocabulaire de l'état
militaire et de l'enseignement.
Nous avons été un peu long dans nos explications,
nous devions rnoliver notre appréciation.
Le n" 2. Vocabulaire des graveurs sur armes est
bien fait, mais il est très court. Nous reconnaissons
que cette profession est très limitée ; la gravure
sur armes est une branche spéciale d'une profession
beaucoup phis importante: la fabrication des armes.
Les ternies qui sont cités seraient bien plus à leur
place dans un vocabulaire qui embrasserait tout
l'ensemble de la profession du fabricant d'armes;
mais nous acceptons toujours celui-ci tel qu'il est
- 90 —
présenté, et nous nous rallions à l'opinion d'un
homme de métier, M. Alpli.Tilkin, consulté par nous,
qui nous écrit : « Notre élat comprend très jjcu
« d'accessoires; l'auteur du vocabulaire a fait preuve
« de bonne volonté en écrivant quantité de pa^^es,
« car il aurait pu être plus bref, s'il s'était borné à la
« seule nomenclature de nos outils. J'ai dressé une
« petite table des mots omis (18). »
En conséquence, nous proposons d'accorder à
l'auteur une médaille de bronze, comme encourage-
ment, avec impression dans notre BiUleti?!, en y
comprenant les mots omis, mais en supprimant
l'avant-propos que nous considérons comme superflu .
Le Vocabulaire des pêcheurs, n" 3, est très étendu ;
nous pouvons même dire trop étendu; il y aura
beaucoup à retrancher. Le vocabulaire d'un métier,
d'une profession, comme nous le comprenons, doit
seulement contenir les noms des outils ou ustensiles
employés, avec une courte explication, les noms
des matières dont on fait usage et les noms des
objets qui se rattachent spécialement à cette pro-
fession.
Dans ce mémoire, outre les noms des poissons, il
y a souvent des notices donnant la description
minulit'i'se de ranimai, les mœurs, les époques du
frai, le bon moment pour le manger et daiitres
explications qui sortent complelemenl du cadre
d'un vocabulaire du pécheur, et il y a d'autant plus
de raison de supprimer ces dissertalions, qu'elles
sont copiées mot à mot dans le remarquable travail
— 100 —
de M. Joseph DetVecheiix : la Faune ivallotie, publiée
en 1889 dans le XII'' vol., 2™ série de nos Bulletins,
ou extraites de divers ouvrages sur la pèche. Nous
comprenons parfaitement que l'auteur de ce mé-
moire n'a pu rien inventer (il cite tous les auteurs
qu il a consultés), mais ses dissertations sont trop
longues. M. Defrecheux, dans sa Faune wallone, nous
dit qu avec les écailles de Fable on fabrique les perles
fausses, cela est suffisant; mais notre auteur entre
dans tous les détails de la fabrication des perles,
cela est complètement inutile. Ces observations se
rapportent à beaucoup d'autres mots.
Il faut que l'auteur remanie son œuvre et qu'il se
borne à mentionner les noms des poissons avec la
traduction française seule. Les noms en allemand,
en anglais, en espagnol, en latin, sont inutiles ; il
conservera tous les termes de pêche, les noms des
lilets, des lignes, des amorces, etc., et cette nomen-
clature formera le vrai vocabulaire du pêcheur.
Nous éviterons ainsi les redites d'ouvrages déjà
publiés par la Société. 11 y a aussi quelques défini-
tions erronées que l'auteur devra modifier.
Dans ces conditions, nous proposons de décerner
à l'auteur un second prix, soit une médaille en
argent avec impression dans nos Bulletins, lorsqu'il
aura fait disparaître de son œuvre tout ce que nous
considérons comme des superfétations. A cet effet,
il devra s'entendre avec l'un de nous.
N° 4. Vocabulaire des mouleurs, noyauteurs et
fondeurs en fer. Comme pour le n° 2, nous avons
— 101 —
consulté un spécialiste, M. Réquilé, i)our être
renseigné sur la valeur de ce travail; nous vous
rapportons sou appréciation.
Le vocabulaire est bon et complet, le nombre de
mots est considérable, les explications sont suffi-
samment explicites et très claires; les mots cités
sont souvent des mots connus, mais employés dans
une acception toute spéciale.
En présence d'une opinion aussi nettement expri-
mée, le jury ayant pleine confiance dans les con-
naissances delà personne consultée, et considérant,
d'autre part, que ce travail constitue une ample
moisson de matériaux pouvant devenir utiles à la
Société, propose d'accorder une distinction à l'au-
teur, un second prix, soit une médaille d'ar^jent,
avec insertion au Bulletin.
N° 6. encore une petite spécialité. Le Vocabulaire
relatif au métier des tailleurs de pierre est bon, les
explications sont justes et très compréhensibles;
seulement il est regrettable (jue l'auteur se soit
borné à l'exploitation dune carrière de ])ierres
bleues et à la taille de cette pierre. II ne cite pas
Vpîre à châse, l'pîre d.'avône, fpîre di grès. 11 ne
mentionne pas les différents échantillons de pavés;
il omet des noms d'outils, tels que chapai d'prièsse
et autres. Le cadre trop restreint dans lequel s'est
rentérmé l'auteur du vocabulaire rend son travail
très inconjplet ; c'est aussi l'opinion d'un maître de
carrière auquel nous avions soumis ce mémoire :
« il y manque certainement assez bien de mois et
— 102 —
« d'expressions employés dans l'industrie des
« pierres bleues, cependant mon humble avis est
« que ce travail est fort bien fait et que l'auteur
« mérite une récompense. »
Nous déférons à l'appréciation et au vœu de ce
spécialiste, et nous proposons de décerner à l'auteur
une mention honorable avec insertion au Bulletin;
seulement avant de publier ce vocabulaire, nous
prierons l'auteur de combler autant que possible
les desiderata. Il lui suffira, pour se renseigner, de
faire une promenade entre Esneux et Comblain-la-
Tour.
Le n° 7, Vocabulaire de l'Apothicaire pharmacien,
est un travail très considérable et très important. On
y trouve les noms de toutes les plantes, de tous les
minéraux, de tous les produits chimiques qui sont
employés dans la pharmacopée liégeoise, (^e mé-
moire est intéressant à divers titres; il indique entre
autres les maladies qui sont traitées sans le secours
des médecins, il donne ce qu'on appelle des remèdes
de vieilles femmes, qui sont encore employés par le
pen))le. Il y aura à faire des éliminations dans ce mé-
moire; il faudrait simplement donner pour les
plantes le nom wallon, la traduction française, le
terme latin, et, s'il y a lieu, le nom de la plante dans
d'autres localités de la Wallonie belge ou de la
France, lorsque pour cette dernière, le nom vulgaire
présente un rapport intime avec celui de notre pays;
enfin ces noms seraient suivis d'une courte explica-
tion et de l'emploi connue remède populaire Les
103
longues explications botaniques, ainsi que l'histoire
résumée des drogues étrangères se trouvent dans tous
les manuels spéciaux et n'ont, certes, pas leur place
dans un vocabulaire wallon; il en est de même de
certains articles qui ne sont qu'une traduction
exacte de leurs corres))ondants français. C'est ainsi
qu'à l'article aiwe, il y aura à supprimer : aiwe
hUinque, aiwe canfrèjie, aiiue di Cologne, aiive do-
range, aiwe régale. Les articles aloes, amande, sont
beaucoup trop étendus. L'auteur devra mettre à
leur place dans le vocabulaire, les corruptions très
curieuses que le peuple wallon applique à certains
termes scientifiques, tels que mitrayed'argiiit, pour
nitrate d'argent; aiiue di houle dogue, pour opodel-
docli, hôle di raisin, pour huile de ricin, etc.
Ce mémoire nous {)araît très complet et il est cer-
tainement le meilleur de tous ceux que nous avons
reçus; aussi proposons-nous de lui décerner le pre-
mier prix, soit la médaille d'or; il ne sera imprimé
([u'après les diverses modifications que nous dési-
gnons plus haut.
Le n" 8, Glossaire des chapeliers en paille est a^sez
complet, il traite spécialement de la manière de
faire les tresses ; c'est l'industrie lapins répandue
à Glons et dans les communes environnantes; les
mots employés pour la fabrication des chapeaux
sont réunis dans ce travail. Les explications sont
courtes et bonnes; un certain nombre de termes
sont aussi employés dans d'autres professions: mais
dans ce vocabulaire, la plupart de ces termes ont
— 104 -
leur signification particulière ayant rapport au sujet
du mémoire. Il y en aura cependant quelques-uns à
retrancher.
Ce mémoire est précédé d'un avant-propos écrit
en wallon contenant une légende très fantaisiste sur
l'origine de la fabrication des tresses de paille dans
la vallée du Geer; il est suivi de deux pièces de vers
sur les chapeaux de paille et sur les ouvriers et
ouvrières de Boirs. Nous supprimons cette légende
connue ainsi que les deux poésies qui sont sans inté-
rêt, assez banales et écrites dans un wallon peu
correct.
Nous proposons de décerner à l'auteur un second
prix, soit une médaille en vermeil, avec l'impres-
sion du vocabulaire seul.
Les meinbres du Jury :
Jos. Ern. Demârteau,
Julien Delâite,
et Jos. DejardiN; rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 février 1891,
a donné acte au Jury de ses conclusions. L'ouver-
ture des billets cachetés, accompagnant les pièces
couronnées, a fait connaître que iM. Charles Semer-
tier est l'auteur de la pièce n" 7; MM. Gustave
Marchai et Jules Vertcour ceux du n^' 8; M. Acliille
Jacquemin celui des n'^'* 8 et 4; M. Jean Ihiry, celui
du n*' 2; et M. François Shise, celui du n"6.
Les autres billets cachetés ont été brûlés séance
tenante.
VOCABULAIRE
DE
L'APOTHICAIRE-PHARMACIEN
PAR
Charles SEMERTIER.
Devise :
Quod vidi, scribo.
PRIX : MÉDAILLE D'OR.
A, par plaisanterie: Pietri d^ Gascogne. — Ail. — Allinm-
aalivuni L. Liliacées. Les paysans le mangent au printemps
comme préservant dos maladies pendant toute l'année. Le suc
d'ail, exprimé sur de la ouate, est un remède populaire de la
surdité, de même que son décocté, dans du lait, détruit les petits
vers (ascarides veriniculaires), soit qu'on le prenne par la
bouche, soit en lavement, llîfe (Va, gou.sse d'ail.
Abèsse. — Cerises noires douces. — Utilisées au siècle
dernier par la pharmacopée liégeoise; on en laisail une eau
distillée.
Absinthe, foi,-, blanc foir (Orp-le-Grand). — Absinthe
commune, grande absinthe, herbe aux vers, herbe sainte. —
Arteini.-yii ab^inthium L. Composées. On l'emploie en lavement
— 106 —
contre les vers et en macération dans du genièvre contre les
maux d'estomac.
Jadis, on faisait grand cas du vin d'absinthe :
Prêt à vous embarquer, buvez du vin d'absinthe ;
(Contre les maux de (wur, c'est un préservatif,
•Du nitre de la mer, de son air purgatif,
Vous n'aurez tout au plus qu'une légère atteinte.
(KCOI.E DE SaLERNE.)
Acide, vitriol. — Sous ces simples noms, les armuriers
désignent l'huile de vitriol, acide sulfurique.
Acide di prîseûr. — Acide chlorhydrique.
Acide bourique. — Corruption pour acide borique. —
Substance blanche, le plus souvent pulvérisée, qui, en solution
dans l'eau, sert comme antiseptique.
Acolette, sabot (Spa). — Ancolie. — Aquil-'.rjia vulgaris L.
Renonculacées. Wan di N.-D. (Gothier). Souliers du bon Dieu
(Haute-Marne). Gants, cinq doigts. Les semences, qui sont
noires et brillantes, servent à l'aire revenir les pigeons au
colombier; on en fait également titi thé diurétique : Sù^auci^
d\icolette.
Affliche, adièye. — Voyez plaque Madiima, ponte è cou.
Aigrimône. — Aigremoine, eupatoire des Grecs, herbe
dV'Upatoire. — Agrimonia eupalorid [.. Rosacées, L'herbe, qui
est légèrement astringente, se prend en infusion.
Aîmant. — Aimant, pierre d'aimant. Il s'agit surtout de
Taimant artificiel que le peuple considère comme spécifique des
douleurs névralgiques. On fait de même des plaques élec-
triques : acier et cuivre, des colliers électriques : velours et soie,
des bagues, etc.
Aisse. — Lierre terrestre, rondote, herbe de Saint-.Tean
— Glachoma hederacea Z^. Labiées. Le tlié d^ainse jouit d'une
grande réputation comme pectoral.
— 107 —
Aîvre. — Eau. Euw (Braine-l'AUeud). — lau (Boriii et
Rouchi).
Aîvre di châsse. — Eau de chaux. On dit encore châssin.
Aî"we di clâ. Aîwe fèrrêye. — Eau de clous, eau ferrée.
S'obtient en faisant plonger dans une bouteille d'eau des clous
rouilles, jusqu'à ce que le liquide ait acquis une saveur ferru-
gineuse. (Remède populaire.)
Aî"we fîèrreuse. — Eau ferrugineuse (Spa).
Aîwe di daguè — Eau de goudron. Résulte de l'action de
l'eau sur le goudron tapissant les parois internes d'un pot en
grès. C'est un remède populaire contre les bronchites.
Aîwe di cane. - Eau de mélisse des Carmes. Remède
connu depuis longtemps, fort en vogue pour les cas de coliques,
crise de nerfs, etc.
Aîwe di mar'hâ. — Eau dans laquelle le maréchal-ferrant
plonge son fer incandescent. Ce liquide, couleur de rouille,
à odeur fétide et à saveur ferrée répugnante, possède, dans le
licuple, une grande renommée comme anti-syphilitique.
Aîvre di mène. — Eau minérale.
Aîwe sénatif. — Aîwe siccatif, corruption de aiwe sr.da-
livr. — Eau sédative, qui dissipe les maux de tèle.
Aîwe po sôder. — Eau de soudure, .\cidc clilorhydriiinc
additionné de quelques rognures de zinc, que les plombiers
emploient pour souder.
Aîwî, bolo)i d'à)'. — Renoncule des champs, bouton d'or. —
RanunrA(his arvnsis A. Renonculacées. Les propriétés de son
suc, qui est rubéiiant et irritant comme celui des autres renon-
culacées, sont parfois mises à profit dans nos campagnes.
Alcali — Sous-carbonate ammonique, dont on se sert, en
pûtis.serie, pour feuilleter largement les pâtes, par exemple les
gaufres et les pâtés; désigne aussi l'ammoniaque.
108
A l'honneur di Diu et d'ia Vierge. — Quand on
l'implore avec cette formule, le négociant ou le pharmacien doit
livrer gratuitement l'objet demandé qui, sans cela, n'opérerait
pas. On demande ainsi de /arc/ (pour le mal de gorge); de V lame,
de dégoût (pour sevrer les enfants à la mamelle); de camphe,
de lèvin (pour la fièvre lente), etc.
Al'mène. — Alumine.
Aloes. — Ancien purgatif énergique et bon marché qui est
encore fort en vogue aujourd'hui.
Alon, alim, pîr d'alun, glace d'alun (Orp-le-Grand). —
Alun, sulfate d'alumine et de potasse ou sulfate d'alumine et
d'anniioniaque. Placé dans le creux d'une dent, c'est un remède
populaire contre la carie douloureuse.
Amande. — Amande. Noyau et graine de VAmygdalus
cornniunis L. Rosacées-amygdalées. La pâte d'amandes amères
est employée au lieu de savon par les personnes qui ont la
peau tendre ou attaquée par une dartre.
Ambe. — Ambre jaune. Résine fossile dont on fait des
colliers, destinés, croit-on, à prévenir les crises dues h. la
première dentition.
Amer di bouf. — Fiel de bœuf, amer de bœuf, bile de bœuf.
i>i'[nid(' verdàtrc, visqueux, à odeur particulière, que l'on
emploie pour dégraisser. On Tutilise parfois encore en
pharmacie.
Amidon, blanc amidon. — Poudre d'amidon, amidon blanc.
Substance qui s'extrait surtout du froment et du riz. Voyez
Galêye et PousaHètie.
Ammoniaque, arnionfor^nfi.— Ammoniaque liquide, alcali
volatil. La forme armouiac se retrouve dans les anciens auteurs
français qui traitent de la matière. Lemery 1607 et Bellefon-
taine 1712 disent indllféremment l'ammoniac ou l'armoniac,
réservant le terme ammoniaque à la gomme de ce nom. De
— 109 —
même, lu pharmacopée liégeoise 1741 dit : Purificatio salis
arnioniaci, Spiritus armoniaci.
Amôni {neur) (Liège), amande (N.) lîonche (Luxemb.),
Roinche ([{ouch\). — Ronce sauvage. Rubvs cœsius L. Rosacées.
Le fruit petit, arrondi est formé de petites baies noirâtres, et
est nommé mûre de haie, mûre sauvage ou de renard {âmône;
meurte (Rouchi), meure (Borin). Ce fruit sert à faire un sirop
de mûres assez analogue au sirop de mûres du mûrier, Morus
nigra. La partie la plus usitée de la ronce est la feuille {foye di
ronhe) dont la renommée populaire contre les maux de gorge
est parfaitement justifiée.
Amôni {roge). Ampounier (Luxemb.) /lambèze (Hainaut),
flambesse (Rouchi). — Framboisier. Rubus IdœusL. Rosacées.
Son fruit rouge sert à faire le sirop de framboises, usité contre
les maux de gorge et comme sirop d'agrément.
Angélique, rècène di Saint-Esprit (Spa). — Angélique,
herbe du Saint-Esprit. yl/i(/(.'/tca arc]ia)igelica L. Ombellifères.
Anise (vètès). — Anis vert.
Anise {blanquès et rogès). — La dénomination d'anis vert a
pour but de distinguer cette espèce des anis rouges et blancs
recouverts de sucre qui se vendent sous le nom d'anis couvert,
anis de Verdun ou de Flavigny.
Anise po lès viér. — Semerc conlr^i dragéifié en blanc
et en rose.
Antipéril, poude d''lnl}uènza, ponde po l' ma ci' tièsse. —
Antipyrine.
An"wèye. — Anguille. Voici un remède populaire et absolu-
ment certain, dit-on, contre l'ivrognerie : Prenez une anguille
vivante et plongez-la dans une bouteille de genièvre jusqu'à ce
qu'elle y périsse. Donnez ce genièvre à un ivrogne et il sera
à tout jamais dégoûté des boissons alcooliques. Il est regrettable
que la réalité ne réponde pas à ce dit-on.
- 110 —
Apothicâre. — Apothicaire. Ancien nom du pharmacien.
Arâse, aurause, aripe, lâripe. — Arroche liastée. — Atri-
plcx hastatum L. Salsolacées.
Ardispène, hbiuke sipène, pèchalî, âbe di s'pène. Aubé-
pèite (^Rouchi). — Aubépine. — Cralœqus. Rosacées. Les fruits
rouges peu charnus (sonnelles) sont recherchés des gamins
sous le nom wallon de bouchète (Montignies-sur-Roc), pèchée
(Malmedy), peclialle (L), pèche (N). Quant aux jeunes feuilles,
les marmots en font une réserve pour la nourrriture de leurs
hannetons, d'où le nom de pa7i d'âbalowe.
Lezaack (Spa) rapporte ârdèspène à l'épine vinette, Berberis
vulgaris.
Argint. — Argent. Les boucles d'oreille en forme d'anneau
faites avec ce métal préservent de la névralgie, au dire des gens
du peuple. En feuilles, il sert à argenter les pilules.
Argintène (Verviers), ârgintène, rèbe â froyo)i{L), ^èbe du
froyoii (Spa). — Potentille anscrine, argentine, herbe aux oies,
bec d'oie. — Vol-'nlilla anserlna L. Rosacées. Plante à feuilles
argentées en dessous, à tige couchée, à fleurs jaunes solitaires.
Les feuilles, dont les oies font, paraît-il, leurs délices, sont
astringentes, d'où leur emploi contre l'échau liaison.
Arnica, oùya di boûf. — Tabac ou bétoinc des Savoyards,
tabac des montagnes. — Arnica monlana L. Composées. Le
mot (iniica, par corruption armonica, est surtout réservé à la
teinture provenant de la macération des fleurs d'arnica dans
l'alcool. Sa principale vertu est de guérir plaies et bosses, aussi
son emploi était-il au moyen âge bien plus fréquent que de
nos jouis.
Arsinic. — Ansonic, acide arsénieux, mort aux mouches,
mort aux rats. Le peuple a étendu le sens de ce mot et s'en sert
pour désignei' tout produit à saveur acre, corrosive.
Arzèye, aurzèye (L,), arsic (Braine), dièle (L), dèbe (N), dirf
111
(Borin), — Argile. Sert h faire des pansements en pharmacie-
vétérinaire.
Aspére. — Asperge. — Asparagu'^ officinalis L. Asparagi-
nées. Les bourgeons allongés (tarions) qui constituent les fu-
tures tiges et qui sont si recherchés comme comestibles jusque
vers la Saint-Jean, calment, dit-on, de même que les racines, les
palpitations du cœur. Chacun sait que l'urine, sous l'influence
des asperges, contracte une odeur fétide qu'un peu d'essence
de térébenthine transforme en odeur de violette.
Avône, aveine (Borin), hèclie du inohon (Spa). — Avoine.
Avena saliva L. Graminées. Grossièrement moulue, l'avoine
porte à Malmedy le nom ^Qpastore.
B
Bâbe du gatte. Voyez reine di pré.
Bâbe di mône. — Barbe de moine. Cheveux du diable. —
discuta europea L. Convolvulacées. Plante parasite, capillaire,
blanche, considérée comme diurétique.
Bagne. — Bain. Immersion et séjour plus ou moins prolongé
du corps ou d'une partie du corps dans l'eau ou dans
quelqu'autre substance.
Bal solo. — Lysimachia nummularia L. Primulacées. tlle
passe pour arrêter les hémorrhagies, c'est pourquoi les phti-
siques en font des infusions.
Bar, brok, noir bols (Luxemb.), bre^i d'cacai, bo d'nolre
femme, /jurcau/'iRouchi). — Bourdaine ou bourgene. Wiumiius
frangula L. — C'est le faux nerprun.
Bar {neûr), bois fi' leup. — Bourguépine, épine de cerf.
Nerprun purgatif. — Rhamnus calhurlicus L. Rhamnées. —
On fait avec les baies noirâtres, un sirop usité surtout en
médecine-vétérinaire.
— 112 -
Bar {bl(X)ic), registrom (Spa). — Troëne. Ligustruni vul-
gare L. Jasminées. Petit arbrisseau venant dans nos haies
{bar) à feuilles un peu astringentes, à fleurs blanches en
grappes. Ses fruits portent le nom de rehin d' cfiin.
Baron {bleu), pierset, percette (Hainaut), perchèle, perselle
(Rouchi), pcrse.lle (vieux franc. : pers, bleu), pnnchulet,
(Avesnes). — Bluet ou barbeau. Centaurea cyanus L. Com-
posées. Les fleurs sont un remède populaire de l'ophtahnie ;
elles colorent le sucre en bleu.
Bastade chèae, jène ourtêye. — Ortie jaune, chanvre
bâtard. Galeopsis ochloreuca L. Labiées. Plante à feuilles
d'ortie et à fleurs jaunes. C'est un remède populaire contre la
phtisie, importé probablement d'Allemagne, où il jouit d'une
grande vogue sous le nom de thé de Blankenheim. Elle est
commune dans nos bois et fleurit en avril-juin.
Bâta ou Spata. — Pilon d'un mortier. Voyez cloque.
Baume di Pirou par corruption baume di spirou. —
Baume de Pérou. Résine brun rougeâtre, semi-fluide, extraite
du Myrospermum -pubescens de San-Salvador. Le peuple l'em-
ploie en frictions contre les rhumatismes.
Bêche di grO"W8, robert, rainette, roge rèsponce. — Bec
de grue, géranium de Robert, Geranimn robertianutn L. Géra-
niacées. Petite plante commune à fleurs rouges et à feuilles très
divisées. Le fruit aff"ecte la forme d'un bec de grue. C'est un
astringent jadis réputé en France contre la stérilité.
Bèlle-dame, oûye di dlale (Ardennes). Belladone, belle
dame. — Alrupa bclladona L. Solanées. Plante d'environ
70 centimètres de hauteur, à fleurs d'un rouge terne (juin-
août, bois de Ninane). Le fruit est une baie de la grosseur
d'une cerise, très pulpeuse, d'abord verte, puis rouge,
puis noire. C'est un poison violent et maint enfant a péri
pour avoir mangé de ses baies. Ses feuilles, fumées
- 113 —
en place de tabac, sont un remède en quelque sorte populaire
contre l'asthme.
Bèljamène, beljamhip{Rouchï)y belsamme {Meiz). — Bal-
samine des bois. — Impatiens noli tangeve L. Balsaminées.
Petite plante à fleurs grandes, à éperon courbé, d'un jaune d'or.
A petites doses, elle fait vomir ; une forte quantité pourrait
produire un empoisonnement.
Bèlle-Jihènne. — Dame-Jeanne. — Grosses bouteilles de
verre ou de grès contenant de 25 à 100 litres.
Bétone, o/'èî/e du 6oit(Spa). — Bétoine. — Betonicaofficina
lisL. Labiées. — Petite plante à tige carrée et à fleurs pur-
purines (juin-août) en épi court, très compact au sommet. Elle
est un peu excitante et sa poudre fait éternuer.
Bigone, hièbe di Saint- Benoit, hièbe di poirfi ; liièbe du feu
(Verviers). — Benoîte officinale, herbe de Saint-Benoît, herbe
bénite. -- Geum urbanum L. Rosacées. La racine, violette
intérieurement, à odeur de giroflée et à saveur amère est usitée
comme astringente et fébrifuge.
Bilok! d'pourçaî. — Prunier sauvage. — Prunus insititia-
L. Amygdalées. Fleurs blanches, fruit globuleux, noir, penché.
On fait avec les fruits écrasés une boisson aigrelette rafraîchis-
sante, voyez hottali.
Biole, boule Luxemb., boule Rouchi et Hainaut. — Son
écorce porte le nom de déve (Malmedy), biole, beyole, biale
(Verviers), bouleau, biole. — Betula alba L. Amentacées.
Arbre qui se trouve fréquemment dans nos bois, caractérisé
par son épiderme lisse, d'un blanc d'argent.
Bîre. — Bière, cerevisia, zyphus. C'est une boisson fermen-
tée faite avec le houblon et les graines des céréales, surtout
avec l'orge.
Biscûte, buscùte, biscûte di souke po prugi, po les viér. —
Biscuits de sucre purgatifs ou vermifuges.
114
Biscûte di mér. — Biscuit de mer, os de sèche, ossa
sepiiim.
Bismuth, poilde po les vai qui ont H (i'yôj/e'minf(cam-
pagne). — Il s'agit du nitrate de bismuth, corps blanc sem-
blable à de la craie pulvérisée, qui est plus connu du peuple
urbain par son action siccative externe que par ses propriétés
internes contre la diarrhée.
Bisse, cauwe di cJi'vâ. — Prêle, queue de cheval ou de
renard. — Equîsetum arvense L. Equisetacées. L'équisetum
hiemale : candèle d' file (fiUe), cat queue Rouchi. La similitude
de caractères a créé confusion complète dans la détermination
wallonne des prêles. Le terme cauwe di ch'vâ surtout est vrai-
ment un terme générique.
Blanc d'Espagne, voyez cràye.
Baleîne, blanc d' baleine. — Blanc de baleine. 11 entre dans
la composition de divers onguents et les blanchisseuses à neuf
s'en servent pour donner au linge un aspect brillant et glacé.
Blanc bouyon, molène — Bouillon blanc, cou de loup
(Fusch, 1541). — Verbascum thapsus L.(verbascum-barbascum
par allusion aux filets barbus de la plante), Verbascées.
Blanc d'zinc. — Blanc de zinc.
Blanc d'où, voyez où.
Blanc moussé (lichen Garragheen) voyez mossai.
Blanc "wazon. — Alchimille, pied de lion. — Alchemilla
vulgaris L. Rosacées. On emploie comme vulnéraire astringent
l'herbe fleurie et la racine qui est noire, grosse, à odeur
désagréable.
Blanque hârpik (latin auraa pix). — Poix blanche, poix
de Bourgogne. — Pix abietinn, masse sèche, jaunâtre, se mou-
lant sur la forme du récipient, à odeur de térébenthine. C'est
du galipot (térébenthine évaporée spontanément sur le tronc
du pin maritime) filtré à travers un sac de toile pour le purifier.
— 115 —
Blanque inâvUètte; wilmnute Ath. — Guimauve. —
AWiea officinalis L. Malvacées.
Bleu. — Se dit absolument de l'amidon bleu parfois em-
ployé comme remède populaire des dartres.
Blèssî. — Pulvériser, piler, concasser. L'opération n'est
pas poussée aussi loin qu'avec broyî.
Bleûfe rnâv^lètte, fromegeon{^OY'\x\), /Vom'geon (Rouchi),
sign. graine de mauve, fnim'jon (Spaj, frumegon (L.), froujon
(N.), frmnejon (Morlanwelz). — Sous ce nom on comprend:
i'wihtiaute (Rouchi), la grande mauve, herbe à fromage, ^falva
sylvestris L. Les semences de la mauve ont la forme d'un
disque aplati d'où le nom de fromagère, etc. 2° la mauve à
feuilles rondes, fromagère, froumage di gatte, Malva rotundi-
folia L. Malvacées. Elles jouissent des mêmes propriétés
émollientes que la guimauve, mais contiennent moins de
mucilage. Comme usage populaire, on récolte et on utilise toute
la plante ; en pharmacie, on n'emploie que les fleurs qui, rouges
à l'état frais, deviennent d'un bleu magnifique par la
dessiccation.
Bois d"" Bruzi L, bo d' berzi (Rouchi). — Bois de Brésil,
brésillet, fourni entr'autres par le Cœsalpinia tinctoria.
Papilionacées. Le commerce le fournit, pour les besoins de la
teinture, en morceaux effilés, inodores et d'un beau rouge.
Bois d' bleu, bois d' Campêche. — Bois de Campéche,
bois de sang fourni par ïllœmatoxilon campechianum. —
Papilionacées. Le bois de Brésil. C'est la base d'un grand
nombre de teintures, par exemple : la coloration des œufs de
Pâques en rouge et l'encre noire lustrée.
Bois d'garou. — Daphné, bois gentil.— /^a/)/iHr mi'zp.r,'.nm
L. Thymeleacées.
Bois d'ieup, voyez bâr {neût .)
Bois d' musc. — Bois de musc, écorce éleuthéricnne,
— 116 —
cascarille (espagn. petite écorce). — Croton eleutheria Benn.
Euphorbiacées. Ecorce semblable à celle du quinquina gris,
mais qui en diffère en ce que, chauffée, elle dégage une odeur
musquée 'intense qui la fait rechercher par certains fumeurs
pour mélanger au tabac : cigare musqué de nos foires.
Bois d' quinq[uinâ. — Écorces de quinquina fournies par
différentes espèces de la tribu des Ginchonées. Rubiacées.
Bois d' rôcoulisse, bo cLWegulus ou r^culus (Morlanwelz),
jusêye di bois; regulis, regalis, busculis (Rouchi), bo d'erculis
(Mons). — Bois de réglisse, racines de réglisse : Glycyï-rhiza
glabra L. Papilionacées. Racines grisâtres extérieurement,
jaunes intérieurement, à saveur sucrée douceâtre, qui s'étalent
en petites bottes aux vitrines des épiciers. En pharmacie, ne se
vendent guère que découpées en fragments d'environ 1 à 2
centimètres. C'est l'accompagnement sucré de presque toutes
les tisanes, il a sur le sucre l'avantage de désaltérer.
Bocal. — Bocal.
Boleu. — Amadou. Préparé, il est hémostatique. Agarie du
chêne, amadouvier. Poly parus igniarius Fries, champignons
hyménomycètes.
Bôlus L. — Bol, médicament roulé en forme déboule, de
grosse pilule.
Bolusse. Borin. — Terre colorée en rouge, par exemple le
bol d'Arménie.
Boquet. — Bol empoisonné qu'on jette aux animaux, noix
vomique.
Bordon d' guimauve. — Bâton de guimauve. On désigne
sous ce nom : 1° la racine de guimauve, hochet campagnard des
enfants; 2" la pâte de guimauve façonnée en bâtonnet.
Bordon d' ]us, bâton de jus, jus de réglisse. — Bâton d'en-
viron 10-12 centimètres de longueur et de la grosseur du pouce
ou d'un crayon, préparé surtout en Italie (Calabre). Toutes les
— 117 —
boissons populaires connues sous le nom de coco sont des
solutions de jus de réglisse aromatisées soit par la menthe, par
l'anis, par le citron ou par la coriandre. C'est un remède
populaire très en vogue contre le rhume. C'est également la
base du célèbre sirop de Calabre que Daudet dans Tarlarin de
Tarascon transforme plaisamment en sirop de cadavre.
Bordon d'orge, bordon di souque d'orge, voyez
souque d'orge.
Bordon d' rôcoulisse. — Bâton de réglisse, réglisse non
coupée, longue d'environ 25 centimètres, masticatoire chéri
des marmots des écoles.
Botèye, bouteille.
Boton d'ârgint. — Bouton d'argent. Variété cultivée de la
Ranunculus aconitifolius à fleurs blanches devenues doubles.
A Spa, ce terme désigne l'achillée ptarmiquc ou sternutatoire
Achillea ptarmica L, composées, à feuilles linéaires, à fleurs
blanches.
Bouchon. — Taupette, bouchon, liège.
Bouyon. — Bouillon.
Boûquètte; hoquette (Lille), sarrazin. Fagopj/rum escu-
lentum Mônch . Polygonées.
Boûquètte sâvage, fève sauvage (Hainaut). — Renouée,
liseron. Polygonum convolvulus L, polygonées.
Bourre; bùr (Rouchi), 6wr (Hainaut). — Beurre, butyrum.
Corps gras que l'on retire par des moyens mécaniques du lait
de difTérents mammifères, surtout de la vache dans nos contrées.
Boûre di cako, par corruption boûre di calcôve, voyez
cake.
Bourrasse, bourasse en pire^ hourasse en gros. — Borax.
Bourasse en fin. — Borax pulvérisé. Poudre blanche que
les repasseuses mélangent à l'amidon pour donner plus de
- 118 -
raideur aux tissus. Ajouté au lait, il l'empêche plusieurs jours
de s'aigrir; en omulsion avec l'huile d'olives, il sert à falsifier
le lait en narguant le lactodensiniôtre; on dit aussi qu'il chasse
complètement les cafards (blatte orientale).
Bourrasse. — Bourrache. - liorrago officijialis L. Borra-
ginées. La plante, qui contient beaucoup de salpêtre, est utili-
sée tout entière ; elle trouve son application populaire dans les
inflammations de poitrine et de la vessie.
Bra, orge préparé, malt.
Breûsse, hovHette; bronche (Borin). — Brosse, brosse à
dents, etc.
Brésilicum. — Onguent basilicum, c'est-à-dire onguent
royal ainsi nommé à cause de ses grandes vertus. Onguent d'un
brun foncé fort employé comme suppuratif.
Brouîre, hrèire (Malmedy). — Bruyère commune, Erica.
Brôy'rèsse. — Spatule.
Bubéron, tûtélète. — Biberon. — Avant la découverte des
applications du caoutchouc, le biberon {penne) consistait en
une fiole ordinaire munie d'une éponge ou d'un bouchon percé
de trous pour que le lait ne pût s'écouler trop rapidement. On
les perfectionna en perçant un trou dans le milieu de la hauteur
de la fiole pour donner accès à l'air, ouverture pouvant être
obturée à volonté avec le pouce, et en munissant le goulot d'un
pis de vache préparé. C'est encore, à part le pis remplacé par
une tétine en caoutchouc, le système en vigueur sous le nom de
biberon Vanleer. On rencontre encore dans les campagnes de
ces fioles à éponge ou à bouchons de liège répandant une odeur
infecte de lait aigri. Ceux actuellement en usage, à bouchons
en celluloïde, en verre ou en porcelaine, à tuyau en caoutchouc
et verre, ne pré.sentent aucun inconvénient lorsqu'ils sont
journellement lavés à grande eau.
Buke. — Bugle rampante. — Ajuga repiann L. Labiées.
— 119 —
Petite plante des bois, légèrement astringente, qui jouissait
jadis d'une si grande réputation qu'on disait :
Avec le bugle el la sanique (sanicle)
On fait aux médecins la nique.
€Z
Cache. — Fruit tapé. Cuit au four puis séctié, se dit surtout
des poires et des pommes.
Cachou. — Cachou, terre du Japon.
Café (Spa, Lezaack). — Lupin. — Lupinvs albiis L. Papi-
lionacées. On a voulu s'en servir en guise de café lors du blocus
continental. Les fèves dont jadis on obtenait par mouture une
farine résolutive servaient aux Romains de monnaie fictive au
théâtre.
Café. — Café. — Coffua nrahïcn L. Rubiacées. Pour les
bonnes femmes, le café est une panacée universelle : froid,
chaud, mal de tête, migraine, mal d'estomac, rhume, tout
disparaît comme par enchantement sitôt la tasse de café absorbée.
Cahotte. — Rouleau, étui, cornet. Feuille de papier roulée
en cornet ou en cylindre et contenant des pastilles, de la mé-
lasse, de la monnaie, etc.
Gako, par corruption calcove. — Cacao. Le beurre qu'on
retire des fèves de cacao est fort usité par les gens du peuple
contre les gerçures et les crevasses du sein. Privé de sa pelli-
cule, mais non de son beurre, le cacao torréfié et pulvérisé sert
à faire le chocolat et le racahout.
Calmène, pire, di calamène, pire di caramel. — Calamine,
pierre calaminaire, carbonate de zinc natif. Ordinairement d'un
gris jaunâtre. Pulvérisé, il sert, soit seul, soit en pommade,
comme siccatif, surtout pour les inflammations des paupières.
Le même cérat est populaire à Londres: ceraie of calriminc.
— 120 —
L'expression pire di caramel est à rapprocher du carameele
steoi, qui en bas-allemand, désigne le sulfate de zinc en tant que
médicament pour les yeux.
Gamamëlle, camamine (Hainaut), caménène (Rouchi). —
Nom générique des différentes camomilles. On distingue :
1" dobe cnmamelle, camomille double, camomille noble, camo-
mille odorante. — A7itliemii> nobilis L. Synanthérées. L'infusion
de capitules à saveur amère, camphrée est un remède populaire
contre les coliques, de même que l'huile de camomille est
réputée en frictions contre les maux de ventre des enfants.
Avant la découverte du quinquina, on l'estimait comme un de
nos fébrifuges les plus précieux; 2" flairante camame^/e, camo-
mille puante, maroute, Anthémis cotula L. Son odeur écarte
les punaises et les bêtes noires, voyez Hiebe di procession;
3" Savage cam,ameHe ; ameralle (N), petite camamelle. Sous ce
nom on désigne : 1" la camomille commune ou d'Allemagne,
Matricaria camomilla à fleurs jaunes au centre, blanches au
bord, à odeur agréable à laquelle on substitue souvent : 2° la
camomille des champs. Anthémis arvensis L. Composées. Elles
ont toutes les mêmes propriétés que la camomille noble.
Camphe, câfe, camfe en pire (Orp-le-Grand), rabat-joie
(Nam.). Mis dans des sachets ou petites bourses de toile sur
la poitrine, il préserve de la fièvre lente (Rem. popul.). Le
camphre a encore aujourd'hui la réputation d'être noueur
d'aiguillettes, anti-vénérien, même par l'odeur ainsi que le
vers suivant l'affirme :
Camphora per nares castrat odore mares. (E. de S.).
Camphe gealé, gealèye di camphe. — Baume opodeldoch
solide.
Canada. — Topinambour, poire do terre. Helianthus tube-
ro.suî L. Composées. Plante tout à fait analogue au soleil ou
— 121 —
Helianthus amiuus, à tige de plus d'un mètre, à grandes fleurs
jaunes, à tubercules en forme de pommes de terre allongées et
à goût d'artichaut. Les bestiaux sont très friands de toute la
plante. Sa culture se fait dans le Limbourg sur une grande
échelle et les distillateurs retirent un bon alcool de ses
tubercules.
Canârèye. — Canarie, alpiste. — Phalaris canariensis L.
Graminées. Plante à épi ovoïde dont les graines jaunâtres bril-
lantes servent à nourrir les serins.
Cannelle. Cannelle. Son infusion dans du lait est un remède
populaire contre la diarrhée et son usage fréquent serait,
dit-on, aphrodisiaque.
Caoutchouc, gôme élastique, élastique. — Caoutchouc, suc
coagulé à l'air de nombreux végétaux, en tr'autres du Slpiioyda
élastica, communément cultivé dans nos appartements comme
plante d'agrément.
Cape di saou. — Têtes de sureau, capitules de fleurs de
sureau. Voyez Saou.
Cape di sène. — Voyez Foye d'auricule.
Capahou. — Copahu, baume de Copahu. Le remède popu-
laire le fait prendre en nature, avec du café infuse, contre les
maladies vénériennes. Sa connaissance a été surtout propagée
par les fameuses capsules Mothes.
Cape. — Câprier. Capparis sativa L. Capparidées. Les bou-
tons floraux confits dans le vinaigre constituent les câpres.
Capulaire, par corruption scnpulaire. Nom donné à plu-
sieurs fougères. On fait avec le capillaire du Canada un sirop
(par corruption sirôpe di. scapulaire), très estimé et très
agréable.
Carbonade, poudre la bière (Orp-le-Grand). — Corrup-
tion pour bicarbonate de soude.
— 122 —
Cascognî, Cascognî, Castange {Fuchs 1541), katag)ie, Bo-
rinage. — Châtaignier. — Fagus castanea L. Cupulifères. C'est
également le nom du bigarreautier : cascognî ou mieux gas-
cogni. .
Casse lunette. Brisse leunette, Rouchi, — Casse lunette
(en partage avec le bluet). Euphrasie officinale. — Euphrasia
officinalis L, Scrophulariées. A joui longtemps d'une grande
vogue comme collyre.
Cassis. Voyez Gruaall dCviandion.
Cataplame, pape. — Cataplasme. — Mélange d'une sub-
stance solide : farine de lin, mie de pain, pain d'épices
noir, fécule, suie, etc., avec un liquide : eau, lait, vin,
huile, jaune d'œuf, savon; ou produit pâteux : pulpe de
citrouille, décocté de poireaux ou de mauve, bouse de vaches,
etc., que l'on applique sur une partie douloureuse du corps
pour en faire disparaître le mal.
Gaue. Kaûie, gennf. baron, fleur d^avrî,fleûi du Rombouhy
(Spa). — Narcisse faux-Narcisse. — Narcisaus pseudo narcissus
A^.Narcissées.— C'est une plante dangereuse, qui fut employée
à l'époque du blocus continental pour remplacer l'ipéca. (Thèse
du d' Lejeune de Verviers.)
Cécorèye (savdge), florin d'or. Laitison, Borinage. Flur
de Saint Jean. Luxemb. — Pissenlit, dent de lion, dens leonis.
Leontodon taraxacum L. Composées. Plante à suc laiteux, à
fleurs jaunes que remplacent des semences à aigrettes {ange
à Liège). Le peuple utilise les feuilles et les racines en salade
comme fesant « uriner et renouvelant le sang. » Chose curieuse,
les Anglais ont conservé l'une des deux formes françaises :
Dandelion et traduit l'autre : pissabed.
Cécorèye {bleufe). — Chicorée sauvage, Intybe. — Cicho-
rium Intybus L. Composées. Plante à rameaux herbacés épars,
à fleurs bleues, dont la racine torréfiée et moulue donne
la chicorée café. Par la culture, la chicorée se transforme en
salades : chicorée, barbe de capucin, scariole, etc.
— 123 —
Céleri. —Céleri ou scéleri. (Ce mot est d'importation ita-
lienne, son nom français primitif était âche). — Apium gra-
veoUms L. Ombellifères. Ce légume, dont la culture a consi-
dérablement arrondi et grossi la racine, passe pour être
aphrodisiaque.
Cèlîhî, cè/TM(Spa), ceWsie (Fraraeries). — Griottier, cerisier
commun. — C&rasus viilgaris L. Amygdalées. Avec lespédicelles
de ses fruits {cowe di cèlîhe), on fait une infusion souveraine,
selon la tradition populaire, comme diurétique. Avec les fruits,
on fait un sirop et une conserve h l'eau-de-vie.
Gère, cire. Substance jaune formant les cellules hexagonales
dans lesquelles les abeilles déposent le miel. On la fond en
forme de gros gâteaux. Purifiée à l'eau et au soleil, elle constitue
la cire vierge, cire blanche {blanque cère) en petits disques.
Celle-ci est inodore, la cire jaune possède une odeur agréable
sui generis. Additionnée de suif, elle sert à faire les cierges
d'église, additionnée de potasse ou d'essence de térébenthine,
c'est Vencaustique ou politure pour planchers et pour meubles.
Avec les huiles, elle sert de base à une multitude d'oniiuents.
UôCniina di cère vierga el d^ôle d'olive fondou divin ine noitve
pailelte di lêrre est fort employé à Liège comme pansement.
Céruse, cérusse. — Céruse, carbonate de plomb.— Cerussa.
Rhasis, célèbre médecin arabe est le créateur de l'onguent de
ce nom fort employé depuis longtemps; déjà les pots de faïence
de Delft portaient au XVP siècle le titre a Album Rha^ia b sous-
entendu ungentum que le peuple en France au XVIII" siècle
avait traduit par blanc raisin (Lemery. Pharmacopée, p. 10.)
Geroine, céroène. Emplâtre à base de cire.
Ghamène. Voyez bèljamène.
Ghapaî d'aî^we, ièbr, di ligneux (Spa), Hicrbe de. iegneux
(Rouchi). — Chapeau d'eau, herbe aux teigneux. — Petasites
ol'fîcinalis Monch Composées. Plante à très grandes feuilles
— 124 —
(jusqu'à 1 mètre de diamètre), venant dans les endroits maré-
cageux et dont on a longtemps utilisé la racine.
Chapaî d'curé. Meringues à la santonine. Bonbons vermi-
fuges, en forme de bonnet, destinés aux enfants.
Chapaî d'macralle L. Aubeson N. Nom générique des
Agaricinées, entr'autres donné à la fausse oronge Agaricus
viuscarius rouge écarlate avec des taches blanches (son infusé
dans du lait tue les mouches) et à l'agaric meurtrier, Agaricus
necator Bul. d'un brun roux, très communs tous deux dans
nos bois.
Chapaî d'priesse, Caperon cf prête (Rouchi) à cause de
la forme du fruit. — Fusain d'Europe. — Evonymus Europea L,
Célastrinées. Arbrisseau dont la tige charbonnée donne le
meilleur fusain à dessiner.
Chaudron d'ôr, bassin d'aîwe. Pichalit Luxembourg
wallon (Dasnoy),Codro7z Valenciennes, Pissaulit Meuse (Labou-
rasse), Pihotte de ch'vau (Vosges). — Populage des marais,
souci d'eau. — Caltha palustris L, Renonculacées. Feuilles en
forme de cœur. Les fleurs ont servi à colorer le beurre. Le suc
est acre et rubéfiant.
Gheîne, cheine (Verviers). — Chêne. — Quercus robur L.
Cupulifères. L'écorce des jeunes arbres et des jeunes branches
grossièrement concassées constitue le tan. Les sages-femmes
en ont fait un remède populaire contre les pertes blanches et
les descentes de matrice. Lors du blocus continental, on fit avec
le gland torréfié et pulvérisé un café très peu estimé que l'on
donne encore aujourd'hui au lieu de café aux personnes trop
nerveuses.
Chènne, dicn (Fusch 1541). Came Borin. Came, Keme
Rouchi. — Chanvre commun ou textile. — Cany^abis sativa L.
Cannabinées. Plante à pieds mâles et à pieds femelles, ceux-ci
donnant des semences: chéneviSjC/ienne L,ca7inebuisse Rouchi,
— 125 —
cameduise, caneduise Bor., cheneveuse Luxemb., servant à
l'alimentation des oiseaux et donnant une huile. Ces semences,
cuites dans du lait, sont un remède populaire contre la jaunisse.
La plante fournit une filasse dont on fabrique les meilleures
cordes, le bois de la tige desséché sert à la préparation des
chénevottes : brocalle L, anaie Lux., bnotte Borin, date Rouchi.
Des plants de chanvre distants d'un pied l'un de l'autre et semés
en même temps que les choux éloigneront les papillons blancs,
ce qui empêchera ces légumes d'être dévorés par les chenilles.
{Bulletin de la Société horticole de Huy 1850.)
Chèrbon, carhon Hainaut. Charbon de bois en poudre
employé à l'intérieur contre les maladies de l'estomac. Le
poussier de charbon de bois [hrusï) est employé en bains de pied,
dans les pensionnats de jeunes filles, pour provoquer la
menstruation. L'indication première de cette pratique se trouve
dans : Palman. Recherches sur les propriétés médicales du
charbon de bois. Paris, Gabon, i829.
Ghèrcî, chiersî. — Merisier, flam. Kerseboom. — Cerasus
avium L. Mônch Amygdalées. Les fruits servent à faire le
kirsch dans la Forêt-Noire,
Chèrdon, stierdon (Verviers), choudron (Fusch 1541),
cardon (Hainaut et Rouchi). — Chardon. — Carduus. On donne
ce nom à des plantes de familles difi"érentes, mais munies de
piquants {cardo). Citons entr'autres: 1" Le chardon bénit.
Centaurea bencdicta L. Composées à fleurs jaunes, à odeur
désagréable, à amertume persistante, jadis si réputé qu'on
l'avait surnommé bénit et qu'on l'employait dans toutes les
maladies. 2" Le bleu cherdon, panicaut, chardon Rolandou
roulant. Eryngium campestre L. Ombellifères. 3° Le cherdon
Sainte Marêye, chardon Sainte Marie flam. Mariadistel.
Carduus Marianus. Composées. 4° Le ro(je cherdo)i, chardon
étoile, chausse trappe, Centaurea calcitrappa L. Composées.
Ses racines sont à Liège un remède populaire contre la calvitie.
— 126 -
On commence par se laver la tête à l'eau salée, puis on l'enduit
d'un mélange semi-fluide de décoction des racines, de savon de
Marseille et d'eau-de-vie. 5° Le peigne, peigne, chardon à
boniiotrer ou ;\ foulon; flam. Kaardedistel. Dipsaciis fuUonumL.
Uipsacées.
Gherfou, cierfou (Spa), cerfeuil (Fusch 1541), cherfue
Borinage. — Cerfeuil. — Scandix cerefolium L.Ombellifères. —
Plante culinaire cultivée partout à cause de son arôme. Le
peuple le considère comme fondant et l'emploie surtout en cata-
plasmes aux aisselles pour détruire les engorgements du sein.
Chivet. — Suivant les bonnes femmes, les cheveux brûlés,
appliqués sur la a rose » après l'avoir fait a signer » font
disparaître toute trace de la maladie.
Chocolat. — Chocolat, — On y incorpore certains médica-
ments dont il masque très bien la saveur désagréable et dont il
rend ainsi l'absorption facile : chocolat po les vier, chocolat
po pnigi.
Chlorure di forme. — Corruption servant à désigner non
le chloroforme, mais l'iodoforme.
Gin. nok, traînasse, traîne, traîne de pourciau Borin, Hierbe
d' ponrcliau Rouchi, parce que, dit Hécart, les porcelets s'y
réfugient. — Centinode, trame, tramasse, herbe à cent nœuds.
— Polygonuni aviculare L. Polygonées. — Petite plante ram-
pante, venant entre les pavés dans les endroits peu fréquentés.
Son astringence l'a fait souvent utiliser.
Cira, blanc cirage corruption pour cérat. Gérât blanc.
Mélange de cire vierge et d'huile d'amandes douces. Fréquem-
ment employé pour panser les plaies. Le terme déformé blanc
cirrtgi; n'est pas si ridicule qu'il le paraît de prime abord. Très
longtemps les bottes ont été cirées soit en blanc avec du blanc
cirage composé de blanc d'œuf et de céruse (aujourd'hui encore
les militaires blanchissent leurs buffletteries avec du blanc de
— 127 —
neige (oxyde de zinc) et de la gélatine) soit en jaune avec du
jaune (cirage): ocre jaune et bière, soit en noir: cirage noir,
warcel.
Citron, lémon. — Citron, limon. — Fruit comestible du
Citrus limommi Risso Auranliées. Coupé en tranches et jeté
dans l'eau sucrée, il donne une limonade agréable et rafraîchis-
sante.
Gétronelle par corrupt. : sélronlêye. {Chitronelle Rouchi,
désignerait suivant Hécartle serpolet à odeur de citron : Thymus
serpyllum citri odore ital. : cetranella.) — Vieux français:
cédronelle. -- Mélisse citronelle.— Melissa officinalis, Labiées.
— Plante cultivée dans les jardins. Les feuilles qui répandent
une odeur très agréable, servent en infusion dans les cas de
vertige, de syncope, de mal d'estomac, etc.
Cla"WSon, espèce de clan Mons, clou de génofle Rouchi. —
Clou de girofle. — Fleur en bouton du Caryophyllus aroma-
ticKs, Myrtacées. C'est aussi le nom du lilas.
Clé d' paradis (Mal med y). Plante. (Villers. Li spére do
C cinsp.)
Cléjet, plumvair, oûye di chet, fleur di coucou, brâye di
chet Forir. Clé des camps Rouchi. Braille de cat Maubeuge.
Catabraie Quesnoy. — Primevère, herbe à la paralysie, oreille
d'ours, fleur de coucou ou de printemps. — Primula offcl-
nalis L. Primulacées. — Jolie plante à fleurs jaunes en bouquet
au bout d'une hampe. On utilisait jadis ses racines et ses fleurs.
Il ne faut pas confondre cette espèce avec la malenne, primevère
élevée. Primula elatior L.
Cloque. — Mortier. — On les faisait surtout en cuivre, en
fer et en marbre. Toutes les familles aisées en possédaient jadis
un jeu servant à piler les épices. Ceux en bronze étaient souvent
ornés de dessins, de millésimes : MDCXL, de devises ou de
noms : Arnor oninia viiicit, Laus deo semper i655, Petrus Van
— 128 —
den Ghein me fecit MCCCCCLXVIII. Remarquons en passant
que jadis les enseignes étant presque toujours parlantes, le
mortier «enseignait» la plupart des épiciers et des apothicaires.
Les plus* usuels sont actuellement en porcelaine, en biscuit ou
en verre.
Gochl^aria. — Velar, herbe de Sainte-Barbe — Erysimum
barbarea L, Crucifères. Plante commune ayant les propriétés
antiscorbutiques des cressons. La plante entière pilée est un
remède populaire contre les contusions.
Cognac. — Eau-de-vie de Cognac, cognac. L'une des bases
assidues des remèdes populaires contre la toux et contre le
rhumatisme.
Cognoule. Punine, Susaine. (Rouchi.) — Corne ou cor-
nouille. Fruit astringent du cornouillier mâle. Cornus mas
L. Hédéracées. Les fleurs jaunes viennent avant les feuilles,
le fruit rouge est ovoïde. Diale blate su mère (Spa) est une
espèce voisine : Cornouiller sanguin ou savignon, Cornus san-
guinea L, dont les fleurs sont blanches, les rameaux rouges et
dont les fruits petits, noirs, globuleux contiennent un noyau
renfermant beaucoup d'huile utilisable.
Goide di violon. — Corde de violon. Elles ont acquis,
depuis longtemps, la réputation de guérir les névralgies et les
rhumatismes. (Remède populaire.)
Coin. — Coignassier, coignier. —Pyrus cydoniaL. Rosacées.
— Le fruit : coin, poire de coing est très astringent, on en fait
un sirop et une marmelade fort employés contre la diarrhée.
Coine dicér. — Corne de cerf. On s'en est longtemps servi
en râpures pour faciliter la dentition des petits enfants et pour
arrêter la diarrhée consécutive de la dentition.
Cokai. Coai, coquerai, jeune m,oroti, crouin. (Fuschl541.)
Boulon d'or. Borinage en partage avec les renoncules. Senecio
vulgaris L. Composées. — Plante à fleurs jaunes, fort commune
— 129 —
qui passe pour calmer les convulsions. On en donne aussi aux
oiseaux.
Cokaîkouk, Bourdon Borin. — Orchis maculé, Satyrion,
scrotum de chien. — Orchis maculata L, Orchidées. Plante ayant
le port de la jacinthe, à fleurs, (/^/-irîùseVerviers. Priesse est une
abréviation par euphémisme pour C... (iu /^ri^isse, testiculus
sacerdotis) rouges maculées de noir, en forme de casque, fleu-
rissant en juin, commune dans le bois de Kinkempois, sur la
route de Verviers à la Gileppe par Stembert et Goé, etc., et
dont les tubercules contiennent une fécule très nourrissante :
le salep. La forme testiculaire de ces tubercules a, par signature,
fait réputer cette plante comme aphrodisiaque.
Colicoin. — Coloquinte. — On désigne sous ce nom l'ex-
trait de coloquinte, très amer, qui appliqué sur le mamelon du
sein a dégoûte les enfants ». Quant au fruit qui se vend
décortiqué, blanc, montrant de nombreuses semences, et du
volume d'une orange, il porte le nom de pomme di colicoin,
pomme de coloquinte du Cucumiscolocynlhis, L, Cucurbitacées.
Les ouvriers s'en servent, infusé dans du genièvre, pour
arrêter les blennorrhagies, mais c'est un remède incertain et
dangereux. J'ai maintes fois entendu demander par une plai-
sante déformation du mot : bie pomme di calotin po Vchaude
pihe.
Golifon (Morlanwelz). Voyez Speculaire.
Colle aribic (Morlanwelz). Voyez Gôme arabique.
Colon, Coulon. Borin. Pigeon. — L'ouvrage de Van don
Bossch, chapelain près de Tongrcs, donne difîérents remèdes
tirés de cet oiseau. Ces remèdes sont mentionnés dans son
savant homonyme du XVII- siècle; ainsi, par exemple: 1"
Columbam dissectam, ad spinam melancholicorum autalïcctuni
caput insipientis, applicari utiliter, volunt aliqui : inter quos
Amatus Lusitanus et 2" iM-equens esus columbarum pruritum
venereum excitare creditur, etc.
— 130 —
Colo-we, Couhièfe. Mons. Couleuvre, — Aujourd'hui encore,
il n'est pas rare de voir des entants du peuple venir exposer
en ventç des couleuvres, des salamandres, des têtards de
grenouille, des lézards, des cigales etc., toutes choses jadis
employées dans la matière médicale et reléguées aujourd'hui
dans les remèdes de tradition des bonnes femmes et des cha-
pelains avec le foie de loup, les poumons et la langue de renard,
larrière-faix, les crapauds, les vers de terre, le sang de bouc
ou bouquain, l'ongle d'élan, les vipères, la corne de cerf, les
hirondelles, l'ivoire, l'os de la jambe du bœuf, l'usnée du crâne
humain, les cataplasmes de crottes de chien de Bateus etc., etc.
Compagnon, roge compagnon L et Borin. — Lychnide
des bois. — Lychnis sylvestris L. Garyophyllées. Les fleurs
rouges, durant tout l'été, passent dans le peuple pour être
vénéneuses.
Gôpresse, compresse. Compresse, — Toile imbibée d'un
liquide : eau, huile, vinaigre, etc., que l'on applique sur le
siège d'un mal.
Coq levant, Cequelevain. (Luxemb.). — Coque du Levant.
Menispermumcocculus L, Menispermacées. — Le fruit, sem-
blable à une orangette, est un violent poison, possédant une
amertume extrême qui l'a fait criminellement employer, en
Angleterre, pour donner du montant à la bière, mais son
principal usage est, mélangé à de la mie de pain et de la terre,
de former des boulettes, usitées par nos braconniers d'eau
douce pour la pêche du poisson. L'eau délite la boulette, s'im-
prègne de poison, en sature le poisson qui vient tournoyer et
mourir à la surface de l'eau. Tué de la sorte, le poisson est un
aliment dangereux, si on ne le vide dès sa sortie de l'eau.
Ce procédé, comme celui de la chaux jetée dans les eaux cou-
rantes, est d'ailleurs interdit par les lois.
CoqueliCO, tonnir {L.), tonoire (N.), pavo {N.),j>itit pavoir
(Verviers). — Coquelicot, ponceau. - Papayer rhœas L.
— 131 —
Papavéracées. — Plante fort commune dans les moissons, à
fleurs rouges (juin-juillet) dont on emploie les pétales et parfois
la capsule contre les rhumes. Les enfants s'amusent à replier
un pétale de coquelicot de façon à y enfermer de l'air et le font
éclater avec bruit sur le front. En Angleterre, les enfants
croient que l'action de cueillir le coquelicot provoque les éclats
de tonnerre : thunderbowt.
Cor, ueûhî, cône, Malmedy. Caurier Rouchi. Nougié,
neusié Borin. — Noisetier. — Corylus nvellana L. Corylées.
Voyez neûhe.
Cor por diale, Namur. — Corruption du mot français
poudre cordiale.
Corintène. — Raisins de Corinthe. — Employés comme
pectoraux.
Coûtai, tulipa. — Iris des jardins, iris germanique. —
Iris germanica L. Iridées. — Les paysans emploient les feuilles
privées de leur épiderme en guise d'emplâtre sur les cors et les
plaies.
Cô'we di cèlîhe. Queue de cerise. Voyez cèlihi.
Cô'we (L) ^'aïoe (Verviers) di chvâ. Voyez Biss.
Cô-we du leu. (Ver. et Spa). Voyez Pîd d'ieu.
Côwe du rat (Ver.) Voyez Plantraine.
Gras lard. — Porcelle enracinée. — Hipochœris radicata L.
Composées. — Celte herbe, commune partout en juillet-
septembre, a été vantée contre la phtisie.
Crâhe, crache Mons. — Graisse. — Corps gras d'origine
animale, végétale ou minérale. Elles difl'èrent selon leur origine,
l'on emploie couramment: Il cràhe di pourcai sin .s(% graisse
de porc, axonge. 2" Il crâhe di boûf, praisse de bœuf. 3° H crâhe
di mouto7i, sèwe, suif, grais.se de mouton. 4" li crâhe di r/u/i,
graisse de chien (vieux remède encore fort en vogue contre les
maladies de poitrine). 5° li cràhe di chet, di /nâ et di «dsson,
— 132 —
graisses de chat, de renard et de blaireau fort recherchées pour
guérir les rhumatismes. I-es premières servent de bases
à presque tous les emplâtres et onguents.
Craquette d'oringe. — Orangettes. — Petites oranges
avortées et tombées, servant en distillerie.
Grasse rècenne L, orèye d'âgne (Spa). Herbe des coupures
Borin. — Langue de vache, oreilles d'ânes, herbe à la coupure,
grande consoude, — Symphytum officinale L. Borraginées. —
Plante à longues feuilles poilues, à racine de 3 décimètres
grosse comme le doigt, noire en dehors, blanche en dedans,
à saveur doucâtre et gluante. Cette dernière partie a eu grande
réputation : elle passait pour cicatriser, consolider (d'où con-
soude) les blessures sans appareil. Cette croyance et son action
sur la diarrhée et les hémorrhagies ne [sont pas sans quelque
fondement.
Créosofe, philosophe par corruption pour créosote. —
Créosote. — Liquide incolore ayant à peu près l'odeur et les
propriétés de l'acide phénique. Remède énergique contre la
carie dentaire.
Cresson, cresson d'aîwe. — Cresson de Fontaine. —
Sisymbriuyn nasturtiuni L. Crucifères.
Crinîre, crinière. — Crinière. — Les boucheries de viande
de cheval vendent depuis quelque temps sous ce nom une
graisse semi-fluide fort réputée dans le peuple pour ses vertus
capillaires.
Cristal, pire di soude. — Sel de soude cristallisé, carbonate
de soude en cristaux.
Cristal minéral, sel di pemelle, sel di purnnlle, par
corruption sel di prudel. — Nitrate de potasse fondu, employé
depuis longtemps par le peuple dans la strangurie.
Crompîre, patate, pctote, Hainaut et Rouchi. — Pomme
de terre, parmentière. — Solamim tuberosum L. Solanées.
- 133 —
Importée dans notre pays par Charles de Lécluse (Clusius),
botaniste flamand, bien avant son introduction en France par
Parmentier. Le fruit de la pomme de terre est une baie que
les enfants s'amusent à lancer au moyen d'un bâton pointu,
d'oii son nom de bizèlai)\
La pomme de terre râpée est souvent usitée comme réfri-
gérante dans les cas de brûlures et de maux de tète.
Crouin, voyez Cokaî. — Signifie aussi mauvaises herbes
comme le raontois : cruaii, curiau, cruyau.
Crôye, — Craie blanche, carbonate de chaux. — On s'en
sert sous forme de craie en bâtons pour écrire et sous forme de
masses: blanc d'Espagne, de Paris ou de Meudon, il sert
à nettoyer les glaces, les vases en métal, etc. Le terme wallon
plomb (VEspag^ie désigne le graphite, mine de plomb qui sert
à « faire les poêles d. Pulvérisée, la craie est un remède
populaire contre le suris^ fiér chaud ou chaud fer (acidité de
l'estomac).
D
Dannotte (corruption de Ballotte, plante voisine?) Spa. —
Flairante ourlèye L, et Verviers. — Epiaire des bois, orlie
puante. — Stachys syloalica L. Labiées. — Les femmes du
peuple la prétendent favorable au flux menstruel. Le docteur
Lejeune de Verviers donnait le nom CCOurteïe ti'ayau (Verviers)
danot {kTàQr\x\Qs),donetle (Luxembourg), au Galeopsis grandi-
flora DC employé contre les maladies des voies respiratoires.
La ballotte noire Uallota fœtida Lamk à fleurs purpurines
porte aussi et mérite mieux encore que l'épiaire le nom de
flairante ourtôye. Quant au terme lioge oiirtêye donné à
l'épiaire des bois par Beaufays, m'est avis qu'il convient beau-
coup mieux au Stnchij-i palusiris L, épiaire des marais, ortie
rouge, à fleurs purpurines en épi terminal, dont les racines
tuberculeuses sont alimentaires.
— 134 —
Dé, cloque, cloquette, carillon di Hollande. Noms géné-
riques des campanules parmi lesquelles il s'en trouve plusieurs
alimoalaires; ex. : raiponce (salade).
Deûket (L.), ducquet (Verv.), /leur à dé (Ard.), doigtier
(Luxemb.) — Doigtier, Gant Notre-Dame, Gantelée Digitale
pourprée. Digitalis purpurea L. Scrophulariées.
Les campagnards la signalent comme étant un grand poison,
mais ne semblent point connaître ses propriétés médicales.
Dint d'chin L., plane (Spa), dint d' chi (Morlanwelz),
poèae (Luxemb.) — Petit chiendent, chiendent commun,
Triticwn repens L. Graminées. Plante redoutée des cultivateurs
à l'égal des plus mauvaises herbes, dont le rhizome débarrassé
du chevelu, est employé sous le nom de racines de chiendent,
chiendent C'est pour le peuple le diurétique par excellence,
l'accompagnement obligé de toutes les tisanes, mais cette bonne
réputation est bien usurpée. On l'appelle chiendent parce que
les chiens et les chats mangent les jeunes feuilles pour se
purger.
Dint d'moirt. Le peuple croit que la dent, arrachée à la
tète d'un squelette, peut en touchant la dent douloureuse d'une
personne vivante la guérir en soutirant le mal.
Doirmant, Daumalle (N). — Ivraie enivrante. — Lolium
temulentum L Graminées. Assez rare dans nos moissons, elle
passe pour avoir occasionné parfois des accidents.
Douce amére. — Morelle grimpante, douce amère. — So-
lanutn diilcamara L. Solanées. — Plante à tige grimpante
fesa7il bois à la base, à fleurs violettes en cymes auxquelles
succèdent des baies écarlates ovoïde-H. Les jeunes tiges (partie
employée) ont une saveur d'abord amère, puis douce. Elles
passent pour être sudorifiques et dépuratives et comme telles
sont vulgairement employées contre le rhumatisme et la syphi-
lis Plusieurs auteurs wallons ont confondu cette plante qui n'est
— 135 —
pas vénéneuse avec VAho)i — More\\e noire - Solanum nigrum
L, espèce voisine qui en diffère par sa tige enlièreuient herba-
cée, ses baies rouges, jaunes ou noires globuleuses : moreltc,
peu d'macralle, et ses feuilles ovales d'un vert sombre. Elle
est commune dans notre province. La douce amère au con-
traire y est assez rare. Cette plante présente avec d'autres,
comme la ciguë, etc., cette particularité que, vénéneuse dans
les pays chauds, elle se modifie au point d'être comestible
dans les pays du Nord.
Doucette, orèye di lîve. — Mâche, doucette, oreille de
lièvre. — Valerianella olitoria Poil Valérianées. Plante crois-
sant dans les moissons, dont les feuilles entières sont mangées
en salade au printemps. C'est la première venue, elle est
rafraîchissante et apéritive.
Dragonne. /Iragone, Rouchi, aragone, dragnne, Hain. —
Eblragon. — Artemisia dracunculus L. Composées. Plante
cultivée à feuilles allongées, étroites, à nombreuses tiges, que
son arôme fait employer comme condiment pour aromatiser
les oignons, cornichons, etc.
Dréve. Drache, Borin. - Drèche. Résidu du grain ayant
servi à fabriquer la bière, qui sert de nourriture aux bestiaux,
et s'emploie frais ou sec à l'extérieur contre les éruptions des
enfants.
Drougue Drogue. Nom générique des médicaments exis-
tant tout préparés dans une pharmacie. Au sens figuré, signifie
comme en français un produit de mauvaise qualité.
Ecinsse, encens. — On distingue deux sortes d'encens,
1" l'oiiban ou encens véritable, résine en petites perles jau-
nâtres se ramolissant sous la dent, qui exsude d'une plante
d'Abyssinie, le Hoawnllia /loribunda Royie Térébintliacées. Le
— 136 —
peuple prend ces grains et les place dans le creux des dents
cariées pour faire disparaître la douleur, 2" l'encens noir ou
encens d'cglise à formule variable.
Eincorner, Borin. — Faire boire de force. Au moyen d'une
corne, on faisait avaler des médicaments aux bestiaux.
Eglety, ingleii. — Voyez bois dC garou.
Elexir. — Elixir, teinture alcoolique.
Epiasse, emplâtre. — A proprement parler, c'est le
mélange d'huile, résine, etc,en consistance de mastic de vitrier,
que l'on étend sur la toile, mais en général on désigne sous ce
nom la toile, recouverte de l'emplâtre, dont le nom vrai est
sparadrap.
Epiasse crassa Dei. — Emplastrum gralia Dei. Vieille
formule liégeoise du siècle dernier qui est encore en vogue
dans les campagnes.
Eplâse di Bavîre. — Emplâtre de Bavière, sparadrap
de l'hôpital de Bavière à Liège. Sparadrap brun foncé, popu-
laire dans tout le pays wallon pour cicatriser les plaies, faire
percer les clous, etc.
Eplélsse di Bavîre (blanque), toile de mai (Virton).
— Sparadrap diachylon gommé tout aussi communément
employé dans le pays flamand que l'emplâtre de Bavière chez
nous.
Epiasse di pauvre homme, epldsse di vi homme. —
Emplâtre jaune brun sur papier, d'origine anglaise: Poor
mmi'a plaster, que Ton applique sur la poitrine en cas de
rhume, etc.
Epiasse di peu d' Bourgogne. — sparadrap de poix de
Bourgogne. Sparadrap jaune que l'on emploie communément
contre la toux, surtout pour les enfants. Remarquons cette
singulière anomalie de traduction: poix de Bourgogne, blinque
hùrpik; emplâtre de poix de Bourgogue, èpldsse di peu
d' Bourgogne.
— 137 -
Epiasse di savon doube, di dobe savon. — Sparadrap de
savon double. Emplâtre noir brillant employé en application
au côté ou dans le dos contre les tours de rein et les plaies
contuses, les cors aux pieds, etc.
Epiasse di sè"we etdigingibe; èplâsse di sèwe et di
peùve, èplâsse di chandelle et di néinoscâde. — Emplâtres
populaires contre les affections catarrhales. On l'obtient au
moyen d'une feuille de papier gris ou bleu fort (souvent la
deuxième enveloppe des pains de sucre) sur laquelle on étend
la graisse que l'on saupoudre de gingembre, de poivre ou de
noix muscade râpée. La tranche de lard, parsemée de rue ou de
gingembre et appliquée autour delà gorge, constitue un remède
analogue. Souvent ces remèdes populaires déterminent un effet
salutaire en provoquant une éruption.
Esprit. Voyez esprit d'vin.
Esprit d' savon.— Esprit de savon, lessive des savonniers.
Solution de soude caustique. Plus concentrée, on la vend
sous le nom impropre de kaligè)ie (kali = potasse). Tous deux
servent à dérocher, c'est-à-dire à enlever les vernis ou les
couleurs des boiseries. On donne également ce nom au baume
opodeldoch qui est une dissolution de savon dans l'alcool
camphré aromatisé.
Esprit d' se.— Esprit de sel. — Voyez acide di phseur.
Esprit d' vin. — //e/" (Malmedy). — Alcool, esprit de vin.
— Dilué, c'est la base des teintures. On se sert alors de l'alcool
dit bon goût, sinon on demande di Vesprit po brouler ou di
Vespril di viernis, alcool dit mauvais goût, bon pour alimenter
les lampes à alcool et pour dissoudre certains vernis.
Esprit d'vin gonflé, di^be aiwe campJirèye, corruption
pour esprit d'vin camphré. — Solution concentrée de camphre
dans l'alcool fort. Ce liquide jouissait déjà d'une grande vogue
au siècle dernier, en 1712 (Bellefontaine, p. 100, tome II).
-^ 138 -
Esprit d' vinaigue. — Acide acétique concentré, coloré
au caramel, et aromatisé ù l'essence de pommes, d'estragon, de
fenouil, etc. Additionné d'eau, il sert à préparer un vinaigre
bon pour les conserves.
Ether. Ether, ether sulfurique. — Liquide incolore, à odeur
spéciale, très volatile, très inflammable, employé sur un
morceau " de sucre ou dans un peu d'eau pour calmer les
crampes d'estomac, les suffocations et sur de l'ouate pour
calmer les maux de dents et d'oreille.
Extrait. — Extrait. — Employé absolument, se dit de l'ex-
trait de viande Liebig.
Extrait di sature. — Extrait dl sept heure, di c'mt heure,
train di sept heure, corruptions pour extrait de Saturyie. —
Extrait de saturne, sous-acétade de plomb liquide. — Solution
incolore, à saveur sucrée, puis métallique, qui, versée dans
l'eau commune, donne t^aiwe blanque.
F
Farène d'avône. — Voyez Avône.
Farène di crompire {\arine de Canada, Orp-le-Qrand).—
Fécule, farine de pommes de terre. — Sert à faire des soupes
aux enfants en bas-âge. Voyez Crompire.
Farène dilin; farène di linuze (Morlanwelz). — Farine de lin,
poudre de graine de lin. — Poudre jaunâtre, à odeur huileuse,
tâchant le sac en papier qui la contient, sert à faire des cata-
plasmes. On n'utilise plus guère aujourd'hui la farine de tour-
teaux qui est la farine de lin privée de son huile.
Farène di mostâ.de ; farène de mouslarde (Morlanwelz).
— Farine de moutarde. — Sert à faire la moutarde de table.
Pour lui donner toute sa force, il faut l'additionner d'eau ou de
bière et non de vinaigre, comme on le fait communément.
- 139 —
Farène di neure mostâde; farène di grosse mostâde,
farène di mostâde po [er les bagne di pi. — Elle est d'un jaune
noirâtre, plus grossièrement pulvérisée que la précédente,
provient du Sinapis nigra L. Crucifères. On en fait des sina-
pismes et des bains de pieds dans les cas de maux de tête,
aménorrhée, points de côté, maux de dents, etc.
Farène di riz ; crème di riz. — Riz très finement pulvé-
risé servant à faire des bouillies aux jeunes enfants.
Fsiwe ; Hése (Malmédy), fan, feiau. Ronchi, liasse Lux.,
faufayau. Hainaut. — Hêtre. — Fagus sylvatica. L. Cupulifères.
— L'un des plus beaux arbres de nos forêts, à tronc élevé, à
écorce lisse et à fruit à 3 côtes. Ce fruit qui porte le nom de
fayeime (faîne) bahot, Lux., fouine, Hainaut, est comestible el
donne une huile alimentaire.
Fèchîre ; fechi Verviers, flétière Rouchi, fliquière Hoin.,
féchère (Namur). — Fougère ptéride, aigle impérial. — l^leris
Aquilina L. Fougères. — Grandes feuilles de 1 mètre à 1,50, com-
mune dans nos bois. Elle est plus ou moins vermifuge, mais les
habitants de nos villages les recueillent surtout pour flamber
les cochons. Avec les cendres, on détruit les chenilles et les
lombrics. D'après les admirables secrets du petit Albert, celle
cueillie la veille de la Saint-Jean avait toutes sortes de pro-
priétés miraculeuses. Ses feuilles ou frondes, de même que
celles du Polystichum filix mas Roth, fougère mâle, constituent
une excellente litière pour coussins et matelas.
Feu d' lis; fleur de lis (Spa), fleur Saint Joseph, Borin. Cornu
chapeau Lux. — Lis blanc. — Lilium candidum L Liliacées.
— Plante bulbeuse, à fleurs blanches en entonnoir, à odeur
suave. Ses fleurs, macérées dans l'huile d'olives, constituent
voie di feu </' lis, célèbre remède populaire contre les bnlhircs.
Fève à r sinouf. — Fève TonUa du l'.ouniaronud oilorala
Aub. Légumineuses. Arbre de Guyenne. — La semence ^\m est
nuire et ridée à l'extérieur est un peu plus grosse et plus allon-
— 140 —
gée qu'une fève de marais. Les amateurs de tabac à priser en
mettent dans leur tabatière pour parfumer la poudre.
Ficaria ranunculoïdes. — Monch, Mentula episcopi,
licaire* renoncule, herbe aux hcmorrhoïdes. Renonculacées. —
Petite plante des lieux humides et ombragés, à racines de deux
sortes : grêles et en massue, Fusch (1541) a traduit son nom
wallon par testiculus sacerdotis. La racine pilée sert encore
aujourd'hui de remède populaire anti-hémorrhoïdal.
Fier en liquide. — Solution aqueuse ou alcoolique de
divers sels de fer.
Figue. — Figue. — Réceptacle contenant les fruits du figuier
de Carie. — Ficus carica L. — Morées. On l'emploie en décoction,
soit seule, soit additionnée de sucre noir et de cognac contre
les rhumes ; cuite et coupée en deux, on s'en sert en guise de
cataplasme pour faire percer les abcès des gencives.
Flairant bois. — Putiet, merisier ou cerisier à grappes.
— Prunus padus L. Amygdalées.
Flamiette, fleurs du Jalhay (Verv.). — Chrysanthème des
moissons. — Chrysantliemum segetum L. Composées.
Flamin, flamine, flaminette. — Souci jaune. — Calendula
officinalis L. Composées. — Plante fort anciennement cultivée
et connue au pays de Liège, ainsi qu'en témoignent l'ouvrage
de Fusch (1541) et les titres de deux célèbres brassines (Gobert.
Les rues de Liège, verbo Flaminette).
Fleur, Fleur di né moscâle. — Fleurs de noix de muscade,
Macis. — Arille ou enveloppe de la noix de muscade, condi-
ment fort employé par les charcutiers. Elle est d'apparence
déchiquetée, coriace, d'un jaune brun et h odeur spéciale.
Fleur di qwate sOr. Mélange variable de quatre es-
pèces de fleurs, le plus souvent composé de mauve, guimauve,
bouillon blanc et pied de chat. Il est alors pectoral.
— 141 —
Fleur di Saint- Antône. Jepp du cassin Spa. Langue de
bœuf Luxemb. — Renouée bistorte. — Polygonum bistorta L. Po-
lygonées. — La racine (rhizome) souterraine, brune extérieure-
ment, rose à l'intérieur, est un de nos meilleurs astringents.
Flime. Plukm. Hainaut. — Charpie.— On se sert beaucoup
de linge effiloché pour panser les plaies.
Florin d'aur. — Voyez Cécoreie.
Fno. Fenu, Lux. — Fenouil. — Fruit de VAiielhum fœniculum
L. Ombellifères. Plante à fleurs jaunes en ombelles, à feuilles
très divisées (d'où son nom de fœniculum, petit foin). Quant
aux usages médicinaux, l'emploi, chez nous, de cette semence,
dans les inflammations de l'enfance paraît provenir de l'Alle-
magne où cette plante jouit d'une immense réputation (fœnikel
thé, finkel thé). Dans nos campagnes, on donne la poudre aux
vaches pour augmenter la sécrétion du lait. Naguère encore, on
vendait sous le nom de fno, biseu, des petits fromages, carrés
et plats, d'origine hervienne, parsemés de fenouil entier ou
moulu. Cette habitude de persifler le fromage date de long-
temps : Ainsi Charlemagne arrivant un vendredi inopinément
chez un évoque, celui-ci ne put lui ofl'rir que de la graisse
(alors aliment maigre) et du fromage persillé.
Foye L V. Spa {fuèle Rouchi), feuye, fueye, fwaye, Borin. —
Feuille.
Foye d'auricule, par double corruption foye ou fouye di
lidiculc ; tité d' casse i^samur), Scoche (cosse) de séné (Orp-le-
Grand), Cap, cape di séné (Marche). — Follicule de séné. —
Fruits de diverses Gassies (Légumineuses), cultivées en Egypte,
en Nubie et dans l'Inde. Ces gousses, aplaties en forme de
croissant et marquant les graines, de couleur brun noirâtre,
ressemblent assez à des feuilles et les Wallons les ont considé-
rées comme provenant d'une des gloires de l'horticulture lié-
geoise : les auricule, primula auricula.
— 142 —
Foye di colowe.— Sceau de Salomon, herbe au panaris. —
Convallaria polygonalum L. Asparaginée. La racine cuite et
mélangée à de la graisse est bonne contre le panaris. L'espèce
muHiflorum est beaucoup plus connmune chez nous.
Foye di sène, par corruption foye d'à sène, foye d'à selle.
— Feuilles de séné, petites, coriaces, en pointe, d'un vert pâle,
de diverses Gassies. Légumineuses. C'est un des purgatifs les
plus employés par le peuple.
Foir. — Voyez absinthe.
Foumâde, paifoumâde, foumire, tvapeur. — Fumigations.—
Dégagement de vapeurs obtenu par projection ou décoction :
vinaigre, baies de genévrier, sureau, foin, etc. Voyez Bagne.
Four. Foin. — Sa poussière isimince di four, florin d' four;
floiée. Lux.) jetée dans l'eau bouillante, sert à faire des fumi-
gations utérines pour les jeunes filles dont la menstruation
n'est pas encore établie.
Frane. Frame. — Frêne élevé. — Fraxinus excelsior L.
Jasminées — Arbre de 20 à 30 mètres, à écorce unie et gri-
sâtre, à fleurs verdâtres et à feuilles composées de 9 à 15
folioles. On fait avec ces folioles (foye di frâne mâies) une tisane
contre les rhumatismes. Les semences portaient à Liège au
siècle derner le nom de liawe d'ouhai.
France — Par abréviation pour cau-de-vie de France, eau-
de-vie. cf Brandvln, eau-de-vie.
France camphré. — Synonyme de aiwe camphréye.
Fravy ; frévy (Vervicrs). — Fraisier.— Fra^aria vesca L. Rosa
cées. - On a toujours attribué une excellente action à la fraise
contre les douleurs des reins et de la vessie; quant aux racines,
on les utilise encore souvent à cause de leur astringence
contre la diarrhée, les hômorrhagies et comme diurétiques.
Elles colorent l'urine en rose et les excréments en rouge. Les
fraises déterminent parfois comme une roséole du cou et du
- 143 -
visage, mais sans danger. Dans les campagnes, on fait encore
du thé avec les feuilles. Citons une curieuse corruption popu-
laire française : la fraise, vendue communément à Paris sous le
nom de ricard, est l'abréviation de fraise vicomtesse Héricard
de Thury.
Fréve di Gascogne. — Arbouse.
Frombahy. Airelle. On désigne sous ce nom : 1" frambau-
gier, Lux., la Myrtille, airelle, myrtille, raisin de bois. Vacci-
nium myriillus, L. Vacciniées. Petite plante de nos bois, à
feuilles arrondies, à fleurs solitaires (mai), à fruits noirs, à
saveur agréable (frombâh, bluets, maurets ou morets, myrtilles)
que les Ardennais viennent vendre dans nos rues et dont on
fait aussi un sirop ; 2" frombâliy d'coq, Irombdhy (V dame,
tchinlcliin, Spa. — Airelle ponctuée ou du mont Ida,Ganneberge
ponctuée. — Vacciiiium vilis Idœœ, à feuilles persistantes et à
fruits rouges ; 3° frombahy rf' leu. — Airelle des marais. —
Vaccinium uliginosum dont les fruits sont également man-
geables.
Frut, frûte. — Fruit.
Frumih. Fourmi. — Formica rufa (Insectes hyménoptères).
— On voit encore dans les campagnes les paysans se servir de
pâte de fourmis écrasées en guise de cataplasme contre l'inertie
d'un membre. L'action rubéfiante que la pâte exerce est due à
l'acide formique.
Frumint, luurmint, Hainaut. — Froment. — Triticum viil-
gare, L. Graminées. — Les gamins mâchent les grains de fro-
ment afin de a faire de la gomme » (gluten) qu'ils préconisent
comme emplâtre guérit tout.
Frumtère. — Fumeterre, pisse-sang (fumeterre est une
herbe que l'on appelle ainsi fumus terre pour ce qu'elle se
engendre d'une grosse fumosité qui se esliève de terre et aussi
qu'elle yst de terre en grande quantité ainsi comme fumée, XV""
- 144 —
S. Camus. L'opéra saleniitana, p. 60). — Fumaria officinaliSy L.
Fumariacées. — Petite plante très commune, venant dans les
champs et sous les haies. Prise en infusion, la plante entière
fleurie 'passe pour être digestive et pour « manger le sang
corrompu », Une espèce voisine : le Corydallis ou Fumaria
bulbosa,.Fumeterre bulbeuse, est recherchée en avril-mai dans
le bois de Kinkempois, comme ayant les mêmes vertus. On
cultive le Dielytra spectabilis (Diclytra par erreur) dont les
fleurs en forme de cœur on fait donner à la plante le nom de
Cœur de Marie et de Saint-Esprit. AUem : Marienherz.
O.
Gâde. — Réséda sauvage, gaude. - Béséda luteola, L. Résé-
dacôes. — Les fleurs verdâtres sont en long épi. Cette plante
fournit une belle couleur jaune employée par les teinturiers.
G-ayet, gatte, grelte èi' linwe, grette kou. Gallait, caille lait
blanc, gaillet. — Galium Mollugo, L. Rubiacées. — 11 est légère-
ment astringent de même que le caille lait jaune, qui de plus
est tinctorial. Une espèce voisine, le Galium aparme, L. —
Grateron, rèbe. — Rampioule Verviers, Rull Spa, Gratte eu,
Borin, Grale-cul, Rouchi, Plaque Madame L. a des fleurs ver-
dâtres et est munie de nombreux crochets qui la font tenir aux
vêtements qu'elle accroche.
Gai. Voyez peta.
Galanga. Les charlatans qui parcourent les marchés et
les campagnes viennent demander celte racine sous ce nom,
mais leurs acheteurs ne la connaissent que sous le nom de
Rècène di peuve, breune rèccme, rècène di ma d'dint. Cette
racine souvent bifurquée, à cicatrices, d'un jaune brun, à
odeur et à saveur aromatiques, provient de l'Alpinia galanga
(Amomées) de l'Inde.
Galatte (Ligne : Hainaut).- Euphorbe peplus. — Euphorbia
— 145 —
peplus L. — Euphorbiacôes tl. woltsmclk. A fleurs vordàtres.
Son sucre ûcre éloigne les taupes (Kupflerschiager : Moyens
de détruire les animaux nuisibles).
Galgouzëg^e. — Gargarisme. — Liqueur destinée à guérir
les maladies de la gorge.
Garance, Varens (Fusch 1541), — Garance.— fiu/'m lincto-
rum L. Rubiacées. — On emploie la racine qui est rouge en
dedans et en dehors. Jadis fort employé pour la teinture.
Gèyî. Gai (N), Non(ji (Morlanwelz). Cailler, Gauquié, noyer
à grosses noix : gauque, Borin ; Jaiei\ Luxemb. — Noyer —
Juglans (Jovisglans) reyia L. Juglandées. — L'un de nos plus
beaux arbres indigènes. Son bois est un des meilleurs de l'ébé-
nisterie, ses feuilles et ses fruits {gèye; écaïet, Luxemb, gale,
Bavay, gaughe, Rouchi, gaille, Borin. Le 1/4 d'une amande de
noix porte en Rouchi le nom de gambon ; jambon L;) soit à
l'état de cerneaux, soit mûrs, contiennent des principes tan-
niques qui en font un excellent fortifiant. Le brou de noix
pelotte di gèye; hiefe du gèye, coque verte de noix, Malmedy.
Hufion, hufèye, brouf, L, scafion, Borinage, scafîelte, Luxemb.
sert également pour teindre en noir. Le zeste de la noix zess L.
tnfiote, Rouchi, mis avec du genièvre, sert aussi de base à
une liqueur digestive, qui constitue un remède populaire
contre les maux de ventre. On retire des noix écalées, pres-
sées entre les extrémités rougies d'une paire de pincettes,
une huile employée contre la surdité et les névralgies. Les
noix fraîches sont bonnes; vieilles, elles sont très indigestes et
passent pour donner la fièvre.
a Dieu a renfermé un grand secret dans les noix, car si on
« les fait brûler, qu'on les pile et mêle avec du vin et de
« l'huile, elles entretiennent les cheveux et les empêchent de
« tomber. »
a La noix entière, braiée avec la coquille et appliquée sur le
lu
— 146 —
(f nombril, apaise chez les femmes les douleurs de matrice. »
Albert-le-Grand, p. 199.
Gelatène, gealeye d'ohai. — Gélatine. — Sert pour le col-
lage des liquides alcooliques, pour les gelées alimentaires, les
chromographes, etc. L'application d'une solution de gélatine à
2 "/o ou d'un léger empois d'amidon sur une carte, un dessin,
permet, après dessiccation, le vernissage du papier.
Gèrbêye. Plante utile par opposition à sâdin, mauvaise
herbe. En général, les propriétés médicales des plantes sont
chez le peuple des propriétés de tradition. Consignées
d'abord dans des ouvrages scientifiques, elles se vulgarisent
ensuite. Ainsi l'usage populaire actuel d'une foule de pro-
duits médicaux correspond aux indications savantes de Galien,
Hippocrate, Dioscoride, Pline, Avicenne, etc., après eux,
des livres très répandus d'Ambroise Paré ; J. Scultetus :
Armamenlarium chyrurgicum ; Boerhave : Disputationes mé-
dical ; Lomery, etc., etc.
Gingibe L. Gingin, Hainaut. — Gingembre. — Zingiber offi-
cinalis L. Zinzibéracées. — La racine confite passe pour être
aphrodisiaque, la poudre de racine sert à faire des emplâtres
populaires, voyez Sewe et Epiasse.
Glissant, Talc. — Voyez Pousselette.
Glycérine, glycine. — Ces deux termes bien différents
sont souvent employés l'un pour l'autre. La glycérine est un
liquide clair, sirupeux, inodore, à saveur sucrée que l'on em-
ploie pour éviter et faire disparaître les gerçures. La glycine
Wistaria sinensis (Papilionacées) est une plante d'ornement
fort répandue, à fleurs violettes, en grappes odorantes, que l'on
fait grimper à volonté.
Glucose, sirôpe di soufe. — Glucose , sucre interverti. —
Liquide épais, dont on fait actuellement grand usage. Ce pro-
duit n'est pas nuisible.
— 147 —
Gnieur. (Genévrier selon Lezaak, if selon Lobet.) Sabine.
Juniperus Sabina L. Conifères (G.G.G.G. et Gothier). —Plante
h feuilles vertes imbriquées, à rameaux étalés possédant des
propriétés médicales énergiques.
Goland. Voyez Hieb di Saint Roch.
Golé. — Collier, On en fait en ambre, corail, ivoire, os, soie
et velours (électrique), grains de pivoine (voyez pione) afin, dit
le peuple, d'éviter aux enfants les douleurs et les convulsions
de la dentition.
Gomme. Gomme.
Gomme arabique, colle aiibic. (Morlanwelz.) — Gomme
arabique.
Gomme di chèrcî, di pruni L. Bren iCagache, Rouchi.
Brain d'agasse, Bonn. — Gomme de cerisier, de prunier, etc.
— Gummi nostras.
Gottire. — Eau de gouttière, eau de pluie, eau de citerne.
L'expérience a montré à nos ménagères que cette eau est beau-
coup plus pure que les autres; elles y ont recours pour la cuis-
son des aliments, pour la lessive et aussi pour dissoudre
certains produits servant de collyre populaire, tels que le sul-
fate de zinc et la pierre divine. L'analogie entre collyre et
gottire explique le quiproquo des paysans allant à a l'ophtal-
mie ï, au quartier S*«- Marguerite : « fa s'iu à Pliopitabnique,
li docteur m'a d'île ine aiwe di gottire. »
Graînette, graine di lin, L. Lenuisse Rouchi, Linnisse,
Hainaut — Graines de lin, semences de lin. — Le lin cultivé,
Linum usitatissimiim L. Linées, porte (en juillet-août) de jolies
fleurs d'un bleu tendre auxquelles succèdent des fruits en
capsule globuleuse, contenant plusieurs graines. C'est la
semence la plus employée en pharmacie; la grande quantité
de mucilage qu'elle contient la fait considérer comme « étei-
gnant le feu que Ton a dans le corps » aussi la {tharniacie
— 148 —
humaine et la pharmacie vétérinaire en font-elles une consom-
mation considérable.
Grain époisonné, poison po les suris. — Grains de froment
empoisonnés par un toxique quelconque, tel que la strychnine
et colorés par des anilines alin d'éviter toute erreur. Il arrive
fréquemment que par abréviation, on demande dé graiji pales
sari, plaisamment/;» les canari à qwate patte.
Grain jène, jenywlle. — Grains d'Avignon, graines du
Rhamnus int'ectorius, L. Sert dans la teinture en jaune.
Granat (Fusch 1541). — Grenade, fruit du grenadier. Ma/MS
punica.
Grands père (Spa), pulmonaire, herbe â poulmon (Fusch
1541). — Pulmonaire. — Pulmonaria vulgaris L. Scrophula-
riées. La plante est un remède populaire contre la toux.
Gripette, aripe, terre (Defrecheux : Saive) Leurre (Verv.),
Rampioul (Spa). — Lierre grimpant. — Hedera hélix L. Hédé-
racées. Ses baies noirâtres sont, dit-on, purgatives. Les feuilles,
mises en macération dans du fort vinaigre, passent dans le
peuple pour le meilleur destructeur des cors aux pieds. Effec-
tivement, mais c'est le vinaigre qui agit.
Gruzalli (roge) di Mamselle, L. Grouzié Borin, Grousier,
yruselier. liouche yrusiele Rouchi. — Groseiller à grappes
rouges. — Ribes rubra L. Ribésiées. Les fruits ou castilles
servent à faire le sirop de groseilles et la confiture du môme
nom. Le yruzaltî kmère, blanque grusieie, Rouchi, est le gro-
seiller à grappes blanches, Ribes alba. Les feuilles de gro-
seiller, employées par le peuple, proviennent du cassis ou
groseiller noir, Ribes nigra, dont les fruits : gruzalle di wandion,
servent à faire le cassis ou rouge liqueur. Les fruits du gruzali,
grouzalli (Morlanwelz). Ribes grossularia L, groseiller à maque-
reau, bièle gruzalle L, et du sâvage gruzali, blèle grusieie, Lille,
groseiller des haies, groseiller épineux, Ribes uva crispa L,
sont recherchés des enfants.
— 149 —
H
Hâgne. Ecale, silique ou silicule.
Ham'lètte. Amulette (de amovere, éloigner s-ent. les mau-
vais sorts). Substance que l'on porte sur soi pour éloigner les
maladies et les maléfices. La meilleure, au dire populaire^, est
la hamlètte ou coifTe des nouveau-nés. Un fil rouge prévient les
hémorrhagies et les crampes, une corde de violon préserve des
névralgies, la cire à cacheter guérit la dyssenterie, le corail
favorise la pousse des dents des enfants, une ceinture de
marrons d'Inde, ou même un de ces marrons en poche, éloigne
les rhumatismes et les hémorrhoïdes , un crapaud séché
garantit du choléra, de même celui qui saigne du nez portera
une clef dans le dos, etc.
Hamustaî, àbe al verjalte, henistrai (L), haustaine (Ard)
Hauledame, anse di pot, canistia, insitia (N), (flam. Vogellijn,
mistel ; angl. âcmistel, allem. mistel) — Gui, Gillon — Viscum
album L. Loranthacées. Plante parasite formant corbeille ou
buisson, à feuilles toujours vertes, plates, allongées et charnues,
à branches d'un vert clair en fourches (dichotoraes). Les baies
blanches servent de nourriture aux oiseaux. C'est de ces baies
et de l'écorce qu'on retire la glu ou verjalle. On trouve fré-
quemment le gui sur les pommiers, poiriers, peupliers, etc. où
il affecte de loin la forme d'un nid. Le gui guérissait jadis
l'épilepsie. Les essais médicaux modernes ont fait justice de
cette réputation usurpée. On connaît le rôle important du gui
chez les Grecs et chez les peuples du Nord : sa rareté sur le
roi des forêts boréales, consacré à Jupiter, l'éternelle venlure
de ses feuilles, symbole d'immortalité, la division dichotumi(iuc
de ses tiges, la séparation des sexes et son action contre les
maladies convulsives, tout en faisait un objet de vénération.
Chose étrange, aujourd'hui encore dans diverses campagnes
de France, les enfants crient au nouvel an : A gui l'an neuf, \c
150
giitheyl (nom germanique du gui) en est le quivalent dans la
haute Allemagne et en Angleterre, le mistle toe joue un rôle
symbolique aux fêtes de Noël.
Havurna (Spa), liaverna (V.), Iiâvumak, havernou (L.) bo
d'caurete. Rouchi. Corette N. Sauvage cure Borin. Pet rai Lux.
ïia'wurgnon (Malmedy). — Sorbier des oiseleurs, cochène, frêne
sauvage. — Sorbus aucuparia L. Pomacées. Arbre à fleurs
blanciies, réunies en bouquet, auxquelles succèdent des fruits
globuleux (sorbes, peu (Vhaverna, corette, Borin), petits, d'un
rouge écarlate à saveur acide, dont les grives sont fort avides.
Elles renferment beaucoup d'acide malique.
On trouve de même dans le Luxembourg l'alisier blanc ou
alouchier saue péteuse. Cratœgus aria L. Sorbus aria Grantz à
feuilles dureteuses blanchâtres, en dessous à baies oranges,
plus allongées que les sorbes et à bois très dur fort recherché
des tourneurs. Les feuilles de cet arbre constituent un excel-
lent baromètre.
Une espèce voisine, le sorbus torminalis Grantz {Cratœgus
torminalis 1^.) Alisier, rare dans notre pays, a été traduite :
petcliali par certains auteurs, le fruit permet de distinguer
aisément cette plante de l'aubépine. La pechalle de l'aubépine
est rouge, le fruit de l'alisier est brun.
Herbe à poulmon (Fusch 1541). Voyez Grands père.
Herbe à savoin (Fusch 1541). Voyez Hlèbe di foulon.
Hidromel. Hydromel. Liqueur à base d'eau et de miel,
fort en vogue au moyen âge, encore en vogue contre les maux
de gorge. Armonaque borain 1889, page 24 : EUion, el leu eié
l'Ernae. Voyez Stami.
Hièbe. Jepp, LV. Hierpe, Rouchi. Gerpe (Nivelle). Herbe.
Hièbe â piou. Voyez Simince di capucin.
Hièbe â vier. Hierpe à puches, Rouchi. Teinheie, temhaye,
ternie haie. — Tanaisie commune, berbe aux vers. — Tanace-
- 151 —
tum vulgare L. Composées. Plante très odorante, à feuilles
très divisées, commune partout et donnant en juillet-septembre
de nombreuses fleurs jaunes sans rayons en corymbe compact.
Les paysans recueillent la plante entière et en font des
bottes qu'ils suspendent aux poudres du grenier. Ils la donnent
aux animaux domestiques pour les débarrasser des vers intes-
tinaux. Ils en mettent aussi dans les litières pour chasser
puces, poux, punaises, cafards, etc.
Hièrpe à z-au, Hainaut. Aïet, L. Pied d'asne, franc. L.
Fusch. Histoire des plantes 1558. AUiaire Erysimum alliaria L.
Crucifères. Plante élevée, à feuilles inférieures très larges,
échancrées en cœur, à fleurs blanches (mai-juin) en grappes,
à saveur d'ail. Cette plante est commune dans notre région.
Hièbe d'aise. Voyez Aisse.
Hièbe du bon, Vér&ne. — Véronique officinale, Véronique
mâle, thé d'Europe, hierbe aux ladres, fl. Eereprys. — Vero-
nica officinalis L. Scrofulariées.
Hièbe di bribeu, rang, bois iCloubac, hiebe di gueu, ram-
pioule. Torlile, Valenciennes; Vis, Meuse; Bois de Fume,
Avesne. Trait de chien, Vosges. Rampille, Normandie. Cléma-
tite des haies, berceau de la Vierge, vigne blanche, vigne de
Salomon, aube vigne, vierne, flam. Bedelaarskruid. — Clématis
vilaiba L. Renonculacées, Son nom populaire fr. et w. d'herbe
aux yeux, herbe aux mendiants provient de ce que les men-
diants s'en secyaient pour faire venir à la peau des ulcérations
superficielles, mais d'aspect pitoyable.
Hièbe di chanteu, moslàde di liâye. Roquette, Borinage.
(En français, la roquette est un genre voisin : Eruca.) Ilieppc di
chantre, Vosges (Haillant ■ . — Velar, tortelle, herbe aux chantres,
flamand steenraket. — Erysimum ou Sysimbirum officinale L.
Crucifères. Plante commune à petites fleurs jaunes. D ai)rùs la
lettre de son parrain Racine (lettre de Racine à Boileau, p. 5Ul ,
152
Œuvres de Racine, édit. Firmin Didot), elle devrait s'appeler
herbe du chantre.
Hièbe dichepti, hiebe di sîtclie; hiebe (VegrouèleiFonv).—
Scrotulaixe aquatique, herbe du siège, herbe aux écrouelles.—
S-h-opImlnria aquatica, L. Scrophulariées. Plante à tige angu-
laire, à feuilles crénelées, à fleurs irrégulières jaune rou-
geâtre (juin-août). Lors du fameux siège de la Rochelle par
le cardinal do Richelieu, les vulnéraires venant à manquer, on
se servit et l'on se trouva fort bien des scrofulaires croissant
en grande quantité dans les fossés de la ville, d'où le nom
d'herbe du siège; mais, dans la suite, perdant cette origine de
vue, on fît siège synonyme de séant, et la scrophulaire eut
grande et vulgaire réputation comme antihémorrhoïdal. La
dénomination flieb di chepti s'applique aussi à l'achillée mille
feuilles.
Hièbe di chèt, bargamolte L. hierpe d' cat, Rouchi. — Herbe
aux chats, menthe de chats, cataire, chataire. — Nepeta cataria
L., Labiées. Plante à tige élevée et à fleurs blanches, ponc-
tuées de rouge, en épis compacts terminaux. Rare à l'état
spontané, cette plante est cultivée dans les jardins et sert
comme stomachique.
Hièbe di feu, iebe di (et (Orp-le-Grand). Herbe du feu, Lux. ;
(Dans le borinage, Vherbe de feu désigne la Bryone.) Ellébore
noire, herbe de feu, rose de Noël, rose d'hiver. — Elleborusniger
L., Renonculacées. Plante vivace, à tige non feuillée, à fleurs
d'un blanc rosé. L'ellébore noire, dite aussi d'hiver, est souvent
cultivée pour la beauté de ses fleurs. Sa racine fait éternuer.
Hièbe di foulon, herbe à savom (Fusch 1541). — Saponaire
officinale, savonnière, herbe à foulon. - Saponaria o^cinalis L.
Dianthées. Belle plante, à fleurs, d'un blanc rosé, en bouquets
et à longue racine. La plante f lit mousser l'eau et dégraisse.
Un recueille les feuilles et les racines qu'on emploie contre les
maladies du foie et de la vessie.
— 153 —
Hièbe di maqu'raî, stramone, pomme épineuse (Haccourt).
— Stramoinc, pomme épineuse, pommette épineuse, herbe du
diable, herbe aux sorciers, herbe des magiciens, endormie, —
Datura stramonium L., Solanées. Plante à grandes fleurs
blanches ou violettes, remplacées par un fruit ovoïde, hérissé
de piquants (assez semblable aux marrons de nos boulevards)
et renfermant de nombreuses graines noires. La stramoine agit
énergiquement sur le système nerveux, les sorciers s'en
servaient au moyen âge pour produire les hallucinations faisant
assiterau sabbat, etc. Toute la plante est très vénéneuse.
Hièbe di matrice. — Matricaire otficinale. — Pyrelhriim
parthenium. Sm. Composées. Plante à fleurs blanches à disque
jaune, à feuilles divisées. Le nom dit ses propriétés. A Liège,
on emploie de même et sous le même nom, la scolopendre
ou langue de cerf, voyez linwe di cier.
Hièbe di meur. — Pariétaire, perce muraille, aumure,
herbe aux murailles. - Parietaria ofjicinalis, L. Urticées. Elle
n'existe que rarement dans notre pays à l'état spontané ; on en
faisait jadis un grand usage comme diurétique.
Hièbe di pièle. Hierbe a pèles, Rouchi.— Herbe aux perles,
grémil, milium solis. — Lithospermum officinale L, Borragi-
nées. Petite plante vivace assez rare chez nous, à semences
blanches, lisses et luisantes, semblables à des perles. Elle a
joui d'une grande réputation comme dissolvant, par sympa-
thie, les pierres de la vessie.
Hièbe di pauvre homme, hièbe du franc dialle (Spa). —
Gratiole, herbe à pauvre homme, séné des prés, petite digitale,
gratia Dei. — Graliola officinalis L, Scrophulariécs. Petite
plante assez rare dans la partie wallonne du pays (Battice). Elle
possède des propriétés purgatives énergiques et assez dange-
reuses.
Hièbe di porcèssion. Herbes de procession, jonchée. Amas
— 154 —
d'herbes des champs dont on jonche les rues au passage des
processions de paroisse. Lorsque Je Saint-Sacrement est passé,
les herbes sont considérées comme bénites, aussi le peuple les
réco!te-t-\l pour éloigner des demeures les sortilèges et les
animaux nuisibles : souris, punaises, cafards, etc. L'odeur forte
de plusieurs des plantes composantes suffit pour expliquer cette
action. On y trouve, en effet, de la tanaisie, de la flouve, de la
camonille, etc.
Hièbe di Saint Jacques, Hierbe Saint-Jacques, Rouchi.
— Séneçon Jacobée, Herbe de Saint-Jacques. — Seuecio Jacobea
L, Composées. Plante à fleurs jaunes commune dans les champs
et les bois. On l'emploie en infusion.
Hièbe di Saint J'han {Hierpe del Saint-Jean Rouchi),
tanasi (Fusch 1541). — Herbe, ceinture ou couronne de Saint-
Jean, armoise. — Artemisia vulgaris L., Composées. Plante
d'environ 1 mètre de hauteur, à feuilles divisées, à fleurs
petites, d'un jaune roux. L'armoise possède, mais à un degré
moindre, les propriétés de sa parente : l'absinthe.
Hièbe di Saint Josè'ph,padône. —Tussilage vulgaire, pas
d'âne, herbe de Saint-Quirin, Ungula caballina. — Tussilago
farfara L., Composées. Plante dont les feuilles naissent après
les fleurs (d'où le surnom de filius ante patrem). On les a com-
parées à l'empreinte du pas de l'âne. Le pas d'âne est très
commun sur les berges de nos cours d'eau (canal Liége-
Maestricht, par exemple), elle constitue un bon et agréable
pectoral (d'où son nom Tussis, toux, agere chasser). Le terme
chapai cCâgne du dictionnaire de Gothier est probablement à
rapporter à chapai d'aiwe, tussilago petasites.
Hièbe di Saint Roch, L. — Herbe de Saint-Roch, aunée
anti-dyssentérique. — Inula dyssenterica L., Composées. Goniza
média des anciens formulaires. Elle a des feuilles embrassant
la tige par deux larges oreillettes, donne vers la Saint-Roch des
fleurs jaunes et passe pour resserrer les flux de ventre.
— 155 —
L'autre : aulnée, année commune ou officinale, Inule, œil de
cheval Goland. — Inula helenium L. Composées, Enula helenium
des anciens formulaires, croît dans les endroits plantés d'aulnes
et a en petit le même aspect que la fleur du soleil. Les anciens
la faisaient naître des larmes d'Hélène. Ses racines ont jadis
joui d'une yrande réputation comme excitantes et forti liantes,
le peuple l'emploie encore aujourd'hui contre les maladies
de cœur et l'hydropysie.
Hièbe di songue. — Patience sangdragon, oseille rouge. —
llumex sanyuineus L., Polygonées. La racine est astringente.
Hièbe di teneu (Forir). — Redoul, Sumac des corroyeurs,
roure, corroyère. — Coriaria myrtifoha L., Coriariées. Cette
plante remplace le tan dans le midi de la France pour les peaux
destinées à la maroquinerie.
Hièbe di tindeu. — Genêt des teinturiers. — Genista
tinctoria L., Papilionacées. Sous-arbrisseau non épineux, dont
les fleurs jaunes jouissent d'une réputation méritée comme
diurétiques.
Hiflon, Malmedy. liufion, Liège. Cosse. Brou de noix.
Ghâton de noisette, cupule du gland Cf. Scafion, scafiette.
Higne d'apoticair. Malmedy, Greneden, Rouchi. Ilègne,
hem ou lien d'apoticàr, L. Mine refrognée.
L'origine de cette expression figurée serait due suivant
GGGG aux figures grotesques, servant jadis d'enseigne aux
officines (Uim, signifiant figure grotesque à Malmedy).
Hitroule. Foirole, caquenlit. — Mercurialis annua L.,
Euphorbiacées. Mauvaise herbe répandue dans tous les jardins
et dans les campagnes, douée de propriétés purgatives. Li jolie
di cliin, Cynocrambe, mercuriale vivace ou mercuriale de chien
Mercurialis perennis , commune dans les bois, est plus énergique,
mais n'est pas usitée.
Hitte d'aguèsse, laite iCouhai. — Cardamine, cre^ssoii
156
des prés. — Cardamine pratensis L., Crucifères. Petite plante à
fleurs lilas, et à saveur de cresson, que l'on trouve dans les prés
humides. On donne également le nom de lutte d'Aguesse à un
minéral, la pholérite, qui est un silicate d'Alumine hydraté.
Hoisse, Tan. Sert à faire des injections contre les pertes
blanches.
Hottalli, purnalii. — Prunier épineux, prunellier.— Prunus
spinosa, L. Amygdalées. Arbrisseau épineux, à fleurs blanches,
à fruit noir, purnalle, L. fourdera'me Rouchi, petit et dressé.
Houblon. — Houblon. — //«mw/us Lupulus L., Gannabinées.
(Ce nom de petit loup lui a été donné par Pline, parce que,
dit-il, il étrangle parfois ses tuteurs.) Les fleurs en forme de
cônes consistent en écailles verdâtres imbriquées, de la
grosseur d'une noix, à saveur amère, on recueille ces trochets,
plokâ, plokelte, on fait sécher. Le produit peut alors être livré
au commerce.
Houyot. Namur, Bardane. Les campagnards utilisent sa
racine mélangée à celle de la Suralle di Q'vau contre les maux
d'estomac. Voyez plaq Madame.
Hu. L. Heuz. Malmedy et Namur; lieuzi. Malmedy. — Houx.
— Ilex aquifolium, L. Ilicinées. Arbre à feuilles armées de
piquants, toujours vertes, à baies rouges et dont l'écorce sert
à préparer la glu. Les baies ou cénelles peu d'hou passent pour
être vomitives.
Huile d'alun. Armonaque borain 1889, p. 18.
D' jai su jeun' de mes dix artoiles,
In nid d'agass' liméroiun,
Dju l'intorteye avu dell' toile,
Trimpie in dell' bonne huile d'alun.
Huile vendue par un empirique des environs de Frameries
et considôrf'>e comme un spécifique souverain contre les cors.
Huile de baleine (Orp-le-Grand). Huile de fo*e de morue,
voyez Ole di pehon.
— 157 —
Huile decinq(Virton). S. ent. sortes. }Aé\angc d'essence de
térébenthine, d'essence d'aspic, d'huile de pétrole rouge,
d'huile de lin et de racines d'orcanette.
Huile de pierre (Virton). Huile de pétrole.
Huile de raisin (Orp). Voyez ôle di raisin .
Huta, Spa. Cône de galle, pachenaude, Lux. — Berce branc
ursine. — Heracleum sphondylium L., Ombellifères. Fleurs
blanches. Dans le Nord français, les gamins vident la tige et en
font une busèle pour souffler des baies de sureau vertes, d'où le
nom de crachou donné à la plante.
lau, s. f. Eau. Borin.
Idiote. Voyez leinlure d'iode.
Inc. — Corruption fréquente pour zinc surface d'inc, vitriol
blanc, sulfate de zinc. C'est sous cette forme corrompue
que le peuple le demande comme anti-blennorrhagique et anti-
ophtalmique.
Indigo. Indigo. Couleur bleue, dont on fait un grand usage
en teinturerie. Il provient de diverses espèces d'Indigofera des
Indes orientales et occidentales.
Jaqueline. Malmedy. Pinte, bouteille, verreet pot. Suivant
la tradition, Jacqueline de Bavière, étant dans sa prison,
s'amusait à façonner de grossiers pots en grès, qu'elle jetait
dans le fleuve et que les habitants recueillaient, d'où le nom
de Jacobakrug, Jacoba's canetjcs, Jacqueline^, donné à ces
vases.
Jalofrène. — Œillet, fl, Girolïcl. — 7J/a/t^/ui6' /.., Caryo-
— 158 —
phyllées. Les pétales des œillets donnent un sirop réputé
comme pectoral,
Jamène, voyez Belèjamène.
Jène cou d' châsse d'Allemand. — Aconit tue-loup. —
Aconitum lycoctonum, L. Renonculacées. — Plante à fleurs
jaunes en- capuchon (juin-juillet), à feuilles divisées. Cette plante
assez rare dans nos bois est un poison violent.
Jène d'où, mdiou. Voyez ou.
Jennette, hièbe di Noire-Dame, L. Jennete, hierpe de mitrau
Rouchi. — Millepertius. — Hypericum perforatum, L. Hypéri-
cinées. Plante à feuilles marquées de points résinifères trans-
parents, d'où son nom de mille pertuis (trous) et à fleurs jaunes.
On emploie les fleurs fraîches, mises en macération dans l'huile
d'olives, contre les brûlures, les contusions et contre les poux :
huile de mitrau (Mille trous), Rouchi.
Jèbe, v. Hièbe.
Jébe du cassin (Spa). Voyez Fleur di Saini-Antône.
Jèbe du froyon (id.). Voyez Argintenne.
Jèbe du poirfl (id.). Voyez Digoime.
Jèbe du ponte (id.). Voyez Méd'cenne du bégenne.
Jèbe du tigneu (id.). Voyez Chapai d'aiwe.
Jet, bourgeon.
Jet d' sapin. Bourgeons, turions, strobiles ou gemmes de
sapin. Bourj^eons du pin sauvage, piniis sylvestris. Conifères.
Remède fréquemment employé et devenu populaire, contre les
maladies génito-urinaires.
Jom.ha.de, jobâde {N. Defrccheux, Saive), jonbar, Rouchi,
Savage arlicho, coronne di sin-Jhan, L. — Joubarbe des toits,
artichaut sauvage. — Sempervivum tedorum L,, Crassulacées.
Plante venant sur les vieux murs et les toits en chaume, donnant
de nombreux rejetons et dont les feuilles épaisses et charnues,
- 159 —
privées de Tépiderme, servent de remède populaire contre les
cors et contre les hémorrhoïdes.
Jotte. Chou. Les choux vert et rouge furent apportés
d'Egypte par les Romains, les blancs nous viennent des pays
Scandinaves; mais ce n'est qu'après Gharlemagne qu'on apprit
à les faire pommer. La croyance aux propriétés médicales des
choux est résumée en ces vers :
Les choux sont astringents, leur jus est laxatif.
Un bon potage aux choux est un doux purgatif. (E. de S.)
Jotte di chin. Voyez Hitroule.
Jujube. Fruit du jujubier, à saveur de datte, cultivé dans
le sud de la France, fort employé jadis comme pectoral dans la
médecine du pays de Liège. lia donné son nom à la pâte de
jujube qui actuellement n'en contient plus et se compose de
gomme arabique, sucre et eau de fleurs d'oranger. En y ajou-
tant du jus de réglisse, on obtient li mure jujube^ jujube noire,
pâte de réglisse. Ces deux pâtes sont d'un goût agréable et fort
adoucissantes.
Junièsse, Verv. Gniesse. Jiniesse L., Ginette, Borin.— Genêt
à balai. — Getiista scoparia. Papilionacées.
Jus. Jus, suc de fruit.
Jusêye. Jus de réglisse, extrait de réglisse en bâtons.
Jusêye di bois. Voyez bois rf' focoutiss.
Klavai (Gothier). Carbonate de fer.
L.
Laissai, L, Lâcha, lachau, Hain. lasia (N), lait. A été juste-
ment appelé chair liquide. C'est le meilleur aliment de l'enfance
— 160 — ,
ot des personnes affaiblies. Il sert à masquer la saveur de
différents médicaments. I^e peuple dit: 11 crou laisai fait prugi,
li eût resserre.
Laissai du Notru-Dame. Voyez Sucette.
Lai"we du bouf (Verv.). Bolet hépatique, sans stipe,
fixé sur. les vieilles souches et au pied des chênes. Il est rouge
brunâtre, apparaît de septembre en octobre et est comestible.
Lame, miel. Base d'une foule de remèdes, surtout contre les
rhumes de poitrine et les maux de gorge. Del lame, on jène
d'où et de cognac, vi fet qwite de méchant freu. — Qwant on-
s-a on ma d' gorge, i fât s' gargouï aveu dèl lame è dèvinaigue.
Lapis ou lapoiis, L. lapure,U&ma.iit. Brouet d'eau et de son,
d'eau et de graine de lin, etc., que l'on donne à boire aux
chevaux.
Lapson, L. (Fusch 1541), blanc laitison, Hainaut. —
Laiteron maraîcher, flam. Melkdistel. — Sonchus oleraceus,
Composées.
Lavande, lavinde. — Lavande commune ou officinale. —
Lavandiila vera L., Borraginées, Plante de jardin à tige grêle,
à feuilles linéaires blanchâtres, à fleurs bleues petites en
épis. Son odeur est forte et agréable, aussi l'emploie-t-on en
fumigations, comme aromate pour le linge, en teinture dans le
genièvre comme parfum pour le mouchoir et en compresses
comme remède contre les coups.
Lavasse L., herbe de lappe, Luxembourg. — Livèche, ache
des muiilagnes ; lavaskruid flam. — Levisticum oIJicinale,
Ombellifères. Ses propriétés stimulantes ne sont guère mises
à profit.
Lav'mint, lavement. Les plus employés par le peuple sont
ceux à l'eau et au savon du Marseille, à l'huile d'olive, à l'huile
de ricin, à la graine de lin, à l'amidon, tous à l'eau tiède et à
l'eau froide : celui au sel de cuisine ou au sel anglais.
- 161 —
L,SL^}vri. - Laurier franc, laurier noble, laurier d'Apollon. —
Laitnis nobilis L., Laurées. Arbre élépant à feuilles toujours
vertes, à fleurs jaunes auxquelles succèdent des baies bleues,
grosses comme des prunelles. De ces baies, on retire une huile
verte, épaisse, dont on se sert souvent pour frictionner le
bétail et les chevaux aux muscles affaiblis. Elle possède la
propriété d'éloigner les mouches par son odeur.
Levai {levin, Fusch 1541). Le levain entre dans la composi-
tion des remèdes contre la fièvre lente et se demande « à l'hon-
neur di Diu ». Il agit comme rubéfiant. Le mélange se compose
de camphre, farine de seigle, Heur de bouillon blanc, jaune
d'œuf, levure, semences de pavots et semences d'orties.
Levronne. — Aurone, aurone des jardins, aurone mâle,
ivrogne. — Artemisia abrotanum L., Composées. Plante à odeur
forte et agréable, souvent cultivée en pot.
Lichen, par corruption nickel. Voyez mossai d'mer.
Limonade, lemonâde. Eau sucrée dans laquelle on a découpé
des tranches de citron ; liquide apaisant bieu la soif.
Limonade di Rogé, par corruption Limonade Rogier.
Limonade puryalive préparée d'abord par le pharmacien Rogé.
Lin. — Lin. — Linum usitatissimwn L., Linées. Voyez
grainette.
Linwe di bouk. — Langue de bouc, vipérine. — Ecliium
vulgare L., Borraginées. Feuille en forme de langue, fleurs
bleues en épis. Son infusé est pectoral.
Linwe di chin. — Langue de chien, cynoglosse, flamand :
hondstong. — Cynoglossum oIJicinale L, Borraginées. Feuilles
longues, grisâtres, fleurs rouges en épis. Pectoral.
Lin^we di cliin.— Petit plantain. — Planlago lanccolata L.,
Plantaginécs. Employé en infusion dans la diarrhée, conlri' les
sueurs nocturnes et pour laver les plaies.
11
- 162 —
L.iii"we di cier, Inèbe di matrice. — Langue de cerf, langue
de bœuf, scolopendre. — Scolopendrium officinale, Sm. Fougères.
On voit en juin-septembre ses longues feuilles vertes dont le
dos est iTiuni de deux rangées de fructifications brunâtres.
Remède populaire féminin.
Lise di vin. Lie de vin, fœces vini. Liquide épais, visqueux
et coloré constitué par le dépôt qui se forme au fond des bar-
riques de vin. On fait prendre des bains de lie aux personnes
affaiblies et surtout aux enfants faibles sur jambes. Dans le sud
de la France, on emploie de même l'amurca, marc déposé de
l'huile d'olives nouvelle et cuit dans un vaisseau de cuivre.
Live. Livre. Les ouvrages de médecine consultés parle
peuple sont, en français : Le solide trésor du petit Albert ;
les secrets d'Albert-le-Grand ; les remèdes du chapelain Van
den Bossche, etc ; dans un ordre plus scientifique : les ma-
nuels Raspail, Dehaut, Dubois, etc. Quant aux ouvriers d'origine
flamande, ils ont surtout recours à De nieuwe troost der
armen door G. Simons.
Lumçon, L. Lemechon, Rouchi. Limace. C'est avec ce
mollusque dépourvu de coquille que le peuple fait le sirop de
limaçons. Magistralement, il se prépare avec l'escargot, cara-
cole. Helix pomatia, qui est muni d'une coquille. Au pays de
Liège, le sirop fait avec ce gastéropode jouit d'une grande
réputation comme souverain remède des bronchites et de la
coqueluche.
Lysibe. — Hysope. — Hyssopus officinalis L., Labiées. Plante
à feuilles entières, épaisses, d'un vert sombre, à fleurs d'un
beau bleu (juillet-septembre) en épis, à odeur agréable, souvent
employées en infusion comme pectorales.
Lutertum. Ce mot généralement employé à Liège et dans
les environs est une corruption du terme nutritum sous-entendu
unguentum, nom donné à l'onguent de litharge, « parce qu'il se
— 163 —
fait en nourrissant rhiiile, le vinaigrcet lalitliargo peu :\ peu en-
semble et leur donnant un corps qu'ils n'avaient point étant
séparés. » Pharm. liég. 1740. Actuellement, on donne abusive-
ment ce nom à la pommade à l'oxyde de zinc, qui possède des
propriétés à peu près semblables.
M
Mahi. Mêler, mélanger; couper, frelater en parlant des
liqueurs.
Mai-trank. — Aspérule odorante, hépatique, petit muguet,
reine des bois. — Asperula odorata L., Rubiacées. Plante
à feuilles vertici liées, à petites fleurs blanches, à odeur agréable,
souvent cultivée comme bordure. Infusée dans du vin blanc, elle
sert de boisson rafraîchissante et digestive : vin de mai.
Malètte ou palette dï bitryi, bonis do btrgis (Fusch 1541).
Amourèlte, Borin. — Bourse à pasteur, tabouret, molette. —
Thlaspi biirsapastoris L., Crucifères. Petite plante très répandue,
à fleurs blanches (mai-novembre), à fruit (silicule) en forme
d'aumonière. C'est un remède populaire contre les crachements
et la faiblesse de sang.
Margarite, reine marguerite L., Manchette, Caïe, queue de
chat, Luxembourg. — Reine marguerite, grande marguerite. —
l'yrethrum lencanlliemum L., Composées.
Mariolaine(Remacle Fusch). — Marjolaine. Sampsucus. —
Origanum major ana L., Labiées. Est maintenant plus fréquem-
ment employée dans les cuisines que dans les officines.
Maroupe. — Marrube vulgaire. — Mariubium vulgnreL.,
Labiées. La lige et les feuilles sont laineuses.
Massoque, Luxembourg; Huurdon, Borin. — Jacée. —
Ceniaiirea jaceaL. , Composées. Plante très conunune.lleuris.sant
en juin-septembre.
Mastouche, bra&a délie, capucennc. — Cresson des Indes ou
— 164 —
du Mexique, capucine. — Tropeolum majus L., Tropœolées. On
semble ignorer dans nos provinces, où cependant cette plante
est en grande vogue, ses analogies avec le cresson et le charmant
effet décoratif qu'obtiennent les Français en garnissant leurs
salades des fleurs et des feuilles de ce légume. Cependant on
fait confire les semences à l'instar des cornichons.
Matrone. — Julienne, Giroflée ; violette des dames ou de
Damas: Dodonœus 1608; violette des matrones, matrones.
Damas. Valenciennes (Hécart, dictionnaire, Rouchi) flamand :
Damasbloemen. — llesperis malronaUs L., Crucifères. Il y a
deux variétés : l'une à fleurs blanches, l'autre à fleurs lilas.
Mâvlette, voyez hlanque mâvlelte.
Medcène di beguène, medcène di priesse L., lebe du
ponte, Spa. - Centaurée ; petite centaurée, herbe au centaure
Chiron. — Gentiana centaurium L., Gentianées. Toute la plante,
qui possède une amertume prononcée, était jadis employée
comme fébrifuge avant la découverte du quinquina. Aujourd'hui,
on n'utilise plus que les sommités fleuries.
Medcène Leroi, ^-fedcène de roi (corruption presque
générale). Médecine ou purgatif Leroy. Purgatif liquide que des
petites brochures avaient rapidement vulgarisé il y a un
demi-siècle. Au siècle dernier, on trouvait également partout
dans le pays de Liège des plaquettes vantant le mérite de la
poudre purgative d'Irroé dont la vogue vient à peine de cesser.
Mekin, racine et poudre d'œuf (Virton) ; jène rècène. —
Curcuma. Racine de Curcuma des Indes, fort employée pour la
teinture en jaune : cordonnier, etc.
Mélasse, sirûpe di souk. Mélasse, résidu du raffinage du
sucre, fort employé dans la médecine vétérinaire pour édul-
corer les poudres et les breuvages destinés aux animaux domes-
tiques.
Mène di plonk, pion d'Espagne. Mine de plomb, crayon,
— 165 —
graphite. Chimiquement c'est du carbone et non, comme son
aspect le fait croire au peuple, un composé de plomb.
Mercure, vifârgint. Hydrargyre, vif argent, mercure. Le
plus terrible, mais aussi le meilleur des spécifiques des maladies
vénériennes. Les colporteurs vendent sous le nom de teinture
di nickel, extrait d" nickel, des petites fioles cachetées contenant
un liquide clair servant à nickeler instantanément, suivant
eux, tous vos objets en cuivre. Ce produit dangereux est une
solution de nitrate acide de mercure.
Mèseure, musôre (Malmedy). Jadis les poids et les mesures
devaient être scellés par la justice locale. Les mesures pour les
liquides étaient : l'aime d'une l/'2 tonne,la tonne de 80 pots, le pot
de deux pintes, la pinte de deux chopines, la chopine de quatre
mesurettes. Pour les huiles, la jusse de 14 pots. Une ancienne
mesure française usitée en pharmacie était le poiçon (posson)
valant quatre onces. Dictionnaire des Arts et Métiers verbo
Apothicaire.
Mespli, L. Népié, Borin. — Néflier, flam. Mispelboom. —
Mespilus (jermanica L., Pomacées. Les fruits : nèfles, messg et les
feuilles sont employées comme astringentes, c'est, avec le
décocté de plantain, un remède populaire contre la diarrhée.
Mi-fouye, /i/èfte rf/sodâH.— Millefeuille, herbe aux coupures,
aux charpentiers, aux voituriers, aux militaires; sourcil de
Vénus. — Achillea millefulium L., Composées. Petite plante à
feuilles très diviséeSjSetenant près du sol et à fleurs blanches ou
rosées, formant bouquet au haut d'une tige. Fraîche et hachée
ou mâchée, elle cicatrise les blessures léî];ôres; son infusion, dit
le peuple, arrête les pertes de sang de toute espèce.
Minthe, pastille. — Menthe poivrée, fl. peppermunt. —
Mentha piperita L., Labiées. La plante et la pastille faite avec
son essence sont fort employées contre les dérangements
d'estomac.
— 166 —
Miole, Mœlle. La mœlle de bœuf sert à faire des pommades
fort réputées comme fortifiant la chevelure.
Mistére. Mystère. Nom donné à toute substance dont le
possessear fait un secret, se dit surtout en parlant d'appâts
pour la pèche : essence d'amandes amères, d'anis, d'aspic,
avoine bouillie, coque du levant, etc.
Mohe. — Mouche d'Espagne, mouche cantharide. — l/doé"
vesicalorius L., Coléoptères.
Moksa (Forir), moxa. Mèche faite avec des duvets de
plantes.
Mordant. Mordant. Substance destinée à faire adhérer,
mordre une matière sur une autre.
Morelle. —Morille. — MorcheUn esculcnta. Champignons.
Comestible.
Moron. Diverses plantes servant à la nourriture des petits
oiseaux portent ce nom : 1" li blanc Moron, Mouron blanc,
mouron des oiseaux, morgeline, morsus gallina, Ahine média
L.,Caryophyllées à fleurs blanches et à feuilles cordées ovales ;
2° // roge moron, loquin, Hainaut, mouron rouge, li bleu moron,
mouron des champs. Anagallis arvensis L., Primulacées à fleurs,
ayant la corolle rose, rouge ou bleue, venant à l'aisselle des
feuilles opposées.
Mort aux vers (Virton). Semen contra.
Mossai d'châgne, pulmonaire L., Mossirai, Luxemb. —
Lichen pulmonaire, pulmonaire en arbre, pulmonaire du chêne,
herbe aux poumons. — Lichen pulmonanus L. Expansions en
croûtes rugueuses, à réseau marqué, d'un blanc gris sale par-
semé de tâches vertes, dont on se sert dans les maladies du
poumon, concurremment avec les deux suivantes :
Mossai, Lichen. — Mousse ou lichen d'Islande. — Pliyscia
islandica D. C. Lichénées. Expansion foliacée, rameuse, d'un
brun fauve ou grisâtre, coriace, mucilagineuse.
— 167 —
Mossai blanc, mossai (Vmer, blanc moussé (Morlanwelz). —
Lichen carragheen, mousse d'Irlande, mousse perlée marine. —
Fucus crispus, L. Algues. Cryptogame à divisions dichotomiques,
corné, élastique, d'un blanc jaunâtre, insipide, formant avec
l'eau 5 à 6 fois son poids d'une gelée très consistante et insipide.
Cette gelée sert aux falsificateurs pour faire les sirops dits de
fruits, des confitures, etc.
Mossai d' vier, mossai d'mer po les vier. — Mousse de mer.
Mousse de Corse (par corruption : mousse d'écorce). — Sphœro-
coccus helmintochorton, Agardh. Algues. Plante dure, de
couleur gris rougeâtre, à filaments enchevêtrés, dichotome.
Longtemps on l'a utilisée comme vermifuge.
Mostâde, L. moustarde (Morlanwelz). — Moutarde noire,
moutarde grise. — Sinapis niifra L., Crucifères. Plante à fleurs
jaunes en longues grappes. Son fruit (silique) contient de très
petites graines (wall. grainette) rondes, rougeâtres, à odeur
faible. En pulvérisant cette graine, on obtient la farine de
moutarde; voyez f arène di mostâde. Privée d'huile grasse, elle
constitue la base des Sinapismes de Rigollot : blanque èplâsse di
mostâde, sinapis, rigollot.
Mostâde (blanque). — Moutarde blanche, moutarde
anglaise. — Sinapis alba L., Crucifères. Les graines sont plus
grosses et d'un jaune clair. Elles constituent un remède
populaire : 1 cuillerée à café le matin à jeun, contre la gastrite
et la constipation. Elle sert à préparer la moutarde alimentaire.
Mostâde di champ L., Senel. Luxemb. — Moutarde des
champs; Sénevé. — Sinapis arvensis, L. Crucifères. Sa graine,
avec laquelle souvent on falsilie la moutarde noire, ne possède
aucune énergie.
Mostâde di capucin ; Mostâde du d'jvau (Spa). — Moutarde
des moines, des capucins ou des Allemands, radis de cheval,
raifort sauvage. — Annoracia, raptianum rusticum, (Àichleana
armoracta L., Crucifères. Crande plante, à feuilles de la base
— 468 —
amples, obloiiiJîucs et dentées, à lleurs blanches (mai-juillet), à
souche renflée, charnue, très développée. Celte racine est
antiscorbutique, stomachique et pectorale, le peuple l'emploie
ou râpée", avec du sucre noir fondu, ou confite en tranches
minces dans du vinaigre.
Savage mostâde, mostâde di hâije. Nom donné à diverses
plantes à saveur piquante, exemple : le velar, voyez hièbe di
chanteu, etc.
Mouche. Nom donné au sparadrap vésicatoire à base de
mouche cantharidê.
Muralli, Muret, L. Meiiret, meuret, Mons Muraillez, meuret,
jalofrenue a pursui, violette du kioaremm' (Spa), Ginofrée, picard
et lorrain. Génojrée, Valenciennos. Cambresis. Luxembourg
wallon : Dasnoy. Muret, Valenciennes. — Violier jaune, giro-
flée jaune, flam. geel violieren. Dodonœus ; muurblom, grofl"e-
Her — CheiraiUlms (arabe, cheiri ; grec, avBoç), cheiri, L. Cru-
cifères.
Murguet, muguet. — Muguet de mai, lys des vallées. —
Convallaria majalis, L. Asparaginées. Plante printanière for-
mée de quehjues feuilles oblongues et de fleurs blanches odo-
rantes en grappe. Employée scientifiquement comme remède
des maladies du cœur.
Musse. — Musc, — Mimulus moschatus, L. Scrophulariées.
Petite plante à fleurs jaunes, dont l'odeur musquée écarte les
mouches.
Musse. Moskion. Musc. Parfum pénétrant provenant de
l'animal du même nom.
IV
Navai, L. Naviau, navia, Borin. — Navet. — Brassica napus
L. (Crucifères. Un des assaisonnements du pot au feu. Râpé cru,
le peuple l'emploie en cataplasme contre les maux de gorge.
— 169 —
Navette, L. GoJza, Borin (Colza - Brassica campestris, L.
Crucii'ùres (la véritable navette est une espèce très voisine).
Elle donne des semences noires servant à la nourriture des
oiseaux et contenant la moitié de leur poids d'huile : ûbi di
navette, voyez ce mot.
Nawai, namvai L. Navia^ Mons. Amande du noyau. L'in-
térieur des noyaux {pirette) de certains fruits : cerise, prune,
abricot, pèche, recherché et mangé par les enfants. Une trop
grande quantité absorbée pourrait déterminer des accidents,
à cause du contenu en acide cyanhydrique. Les gamins
s'amusent souvent à user sur 2 faces des noyaux de prune ou
d'abricot de façon à provoquer deux trous qui correspondent,
alors seulement, ils en extraient Tamande et le noyau vide leur
sert d'appeau.
Némoscâde, L. Lémoscâde (Hock). Mémouscdde (Lux. wal.
Dasnoy, dictionnaire 1858) Amou-<cate, Rouchi. Aînouscade,
amouscaye. sf. Borin. Mémoscade Verv. — Noix de muscade. —
Myrislka moschala. Thunb. Myristicées. Outre sonusage comme
condiment et comme aromate, il sert en médecine populaire de
révulsif bénin pour les rhumes des enfants : épiasse di papi et
d' chandelle avou del némoseade.
Neuhe, neuhette,L. xAt'u, Malmedy. — Noisette. Voyez C(îr.
Maintes fois, on vient demander au pharmacien de remplir une
noisette de mercure, sans vouloir en indiquer l'usage. L'ouvrage
intitulé : La médecine, la chirurgie et la pharmacie des pauvres.
Paris 1839, par a un professeur?» renseigne le remède suivant
comme souverain pour conjurer l'aura epileptica: Une noisette,
remplie de vif-argent, enveloppée d'écarlate et pendue au cou
d'un cpileptique.
Neuhe di galle. — Noix de galle (du Quercus infcctoria),
flam. galnoten. La poudre grossière sert dans la teinture en
noir et dans le pseudo-damassage des canons de fusils. Voyez
— 170 —
Neur, noir.
Neur bâr, voyez bdr.
Neur Cou L. 1° llaring, iurin, erin à cause de l'odeur.
Bonn. — La carie des blés, — Ttlletia caries. Ustilaginées.
Champignon dont on préserve le blé par le chaulage ; 2° Tar-
treïe (Malmed.) Baron. Rouchi et Borin, — Nielle des blés. —
Lyclmis ghitago , Lamk. Garyophyllées. Elle porte aussi le nom
de niguion, nid'wii qui désigne à proprement parler la semence
qui est noire (nigrum). Cette plante, abondante dans les mois-
sons, donne en juin-juillet, des fleurs purpurines.
Neur vrassin, neur clâ, dm dieu. — Seigle ergoté. —
Sclerotium clavus. D C. Nectriacées. Champignon qui, surtout
sur le seigle, se substitue au grain en afiectant la forme d'un
ergot, noir à l'extérieur, blanc bleuâtre à l'intérieur. Sa poudre
{ponde di sège dame) est journellement employée par les accou-
cheuses.
Nûle (cf. allem. nudel, pâte) et Nieulle Rouchi, pain à
cacheter, bas latin nebula, oublie). Hostie, pain à chanter, pain
azyme, oublie. Pâte de froment, s'amoUissant par l'eau, servant
à envelopper les médicaments solides à saveur désagréable
et à les introduire dans les voies digestives, sans que le goût
en soit alfecté.
O
Odeur, f^ssence, parfum.
Œil de grue (Morlanwelz) flam. Kragen ooge. — Noix
vomique. Fruit en disque aplati du Strychnos nux vornica, L.
Strychnées. La poudre de noix vomique mélangée à de la
viande (boket, L.) empoisonne les animaux qui l'absorbent :
corbeaux, renards, etc. Son emploi comme tel est général
dans les campagnes belges.
Ognon. Oignon, bulbe en général.
— 171 —
Ognon. — Oignon. —AUium cepa, L. Liliacées. Aliment bien
connu. Iléduite en pulpe par la cuisson, puis additionnée d'am-
moniaque, elle forme un cataplasme fort employé par le peuple
contre les maux de gorge ; c'est un remède dangereux. On sait
que la a pelure * teint les œufs en brun. Le suc d'oignon
constitue une encre sympathique.
Ognon d'mér. — Oignon de mer, squille, scille mari-
time. — Scilla maritima, L. Liliacées. Le peuple l'emploie
contre riiydropisie, après avoir, au préalable, fait macérer le
bulbe dans du vin blanc. Ce même bulbe pilé avec du fromage
détruit les rats et les mulots.
Ole (latin, oleum). Absolument se dit comme en français de
l'huile d'olives, Ole d'olive, base d'une foule de préparations
culinaires et pharmaceutiques. A l'intérieur, on emploie comme
fortiliant Thuile battue avec du vin (formule du Baume Sama-
ritain) ou avec du cognac et un jaune d'œuf; ce dernier
mélange surtout est en grande réputation auprès du peuple
liégeois.
Ole d'amande. Huile d'amandes douces. Remède devenu
populaire des maladies de l'appareil auditif.
Ole antique. Parfumerie. Huile de ben ou d'arachides
aromatisée à l'essence de bergamotte. S'emploie au lieu de
pommade pour lustrer la chevelure.
Ole d'aspic. Essence d'aspic de la LavanduLa spica. Labiées.
Sert comme appât pour la pèche, entre dans plusieurs remèdes
populaires anti-rhumatismau.x et préserve les vêtements des
teignes.
Ole di croton, par corruption aie di creton ; huile de croton
par corruption huile de croûtons. Son emploi externe, provo-
quant sur la peau une éruption de boutons est populaire ; quant
à son action purgative interne, elle n'est pour ainsi dire
cjnnue que scientiliqucment. Les journaux ont relaté naguère
— 172 —
raccident mortel provoque par l'ingestion de cette huile
mélangée à du genièvre en guise de farce, à Battice.
Ole di camamelle. Huile de camomille. Huile d'olives
dans la'quelle on fait infuser des fleurs : 1" de camomille
romaine, ôle di dobe camamelle, 2" de camomille vulgaire, ôle
di Savage camamelle.
Ole camphrèye. Huile d'olives dans laquelle on a dissout
du camphre, souvent employée pour résoudre des engorge-
ments.
Ole di feu d'ii. Huile d'olives ou huile de colza épurée dans
laquelle on a fait macérer des fleurs de lys blanc. {Lilium Can-
didum, L.). C'est le remède populaire le plus en vogue contre
les brûlures. Son analogie d'action et d'apparence ont fait
donner ce nom au Uniment oléo-calcaire.
Ole di frumihe, Fourmis mises à macérer dans l'huile
d'olives, remède populaire contre le rhumatisme.
Ole di fa"we, voyez Fawe.
Ole di gèï, voyez Gèï.
Ole di Harlem. Huile de Harlem, Célèbre remède d'ori-
gine hollandaise, constituant encore pour beaucoup de per-
sonnes, surtout dans les campagnes, la panacée des gens et des
bêtes.
Oledi lawri. Voyez lawri.
Ole di lin. Huile de lin. Sert à confectionner différents
onguents et sert de base à la peinture. L'addition d'essence de
térébenthine, de bioxyde de manganèse ou de litharge, la rend
siccative : ôle siccative.
Ole di navette, rabette. Huile de navette, ne diffère pour
ainsi dire pas de l'huile de colza avec laquelle on la confond
souvent. Cette huile jouit d'une grande vogue contre les brû-
lures et cuite, contre les engorgements, les fluxions, etc. C'est
— 173 —
l'agent culinaire indispensable des bouquettes et des crostil-
lons.
Ole di neuhe. Huile de noisettes. Dans les Ardennes, quand
les noisettes sont surabondantes, on en exprime une huile
comestible, à saveur douce et agréable, mais rancissant vite.
Ole d'olive, oie di Provence. L'huile par excellence. Outre
ses usages alimentaires, elle joue un grand rôle dans la confec-
tion des huiles composées, des onguents, des cérats et des
emplâtres.
Ole di pétrole, huile de pierre (Virton) par corruption ôle
di petrâde. Au début des arrivages américains, comme on ne
pouvait se faire à l'origine minérale du produit, nombre de
personnes, abusées par la similitude de noms, croyaient cette
huile extraite de la betterave (petr die, petrâde), comme les huiles
de navette, de lin, chènevis, etc., le sont des graines du môme
nom. C'est un remède populaire contre la gale et le rhumatisme,
tant des animaux que des humains. L'espèce colorée en rouge
est celle que l'on préfère comme médicament.
Ole di papi. Huile de papier, pyrothonide. En faisant
brûler sur une surface froide (marbre) un cornet de papier, on
obtient une huile pyrogénée, brune, remède populaire des
douleurs d'oreille et des dents.
Ole di dobe psivoir, ôliei te (ancien français olivette, petite
huile). Huile d'œillette. Huile douce, comestible, extraite des
semences du pavot (papaver somniferum).
Oledipèhon, ôle di trâne L. (Thran signilie morue dans
tous les idiomes du nord), Imile de peclwn Morlanwelz, huile de
baleitie, Orp-le-Grand. Huile de foie de morue. Naguère on uti-
lisait les huiles des cétacés : baleine, phoque, etc. C'est un
remède dont les effets toniques sont universellement connus.
Le terme wallon rarement employé : oie di molowc, dérive du
vieux français huile de molue.
— 174 —
Ole di saint Lorint. Huile que l'on va chercher à !a cha-
pelle de saint Laurent pour guérir les boutons du visage et du
cuir chevelu chez les jeunes enfants (ma d' saint Lorint).
Ole di pid d' bouf, Ole di machitie. Huile de pieds de bœuf.
Epurée, elle sert à huiler les machines à coudre.
Ole di q"wate sôre,L(Cf. huile de cinq). Mélange d'huile de
laurier, de térébenthine, d'huile de camomille et d'huile cam-
phrée ou de produits analogues, constituant un remède popu-
laire contre le rhumatisme.
Ole di raisin, corruption presque générale, huile de
ricin. Les Français disent de même huile d'Henri cinq. En-
fants, nous avons tous connu cette huile purgative que la
sollicitude maternelle nous obligeait à avaler en dépit de nos
grimaces. Le plus étrange en ceci, c'est l'existence d'une huile
de raisin, douce et laxative, extraite des pépins du raisin.
Olmint (latin oleamentum). Il en existe une quantité consi-
dérable, les formules variant à l'infini. Citons à Liège ceux
de Kips et de Lepiemme.
Olmint di tô les ma, guérit tout. Guérit tout, onguent
diachylon gommé.
Olmint d' clâ, tâblète di clâ. Onguent brun, onguent
de la mère Thècle, fort employé pour mûrir les clous, furoncles,
abcès, etc.
Olmint di dobe savon, emplâtre, bâton de savon double.
iNoir, à odeur forte, souvent usité en applications sur les cors.
Olmint vert d'hémorrhoïde. Onguent populeum de
couleur vert foncé, à base de bourgeons de peuplier.
Olmint di saint Fiacre. Onguent de saint Fiacre. Terme
de jardinage. Mélange de bouse de vache et d'argile dont on se
sert pour panser les arbes écorcés.
Opodeldoch, par corruption : on po del drog, ôle di boule
— 175 —
dogue. Baume opodeldoch liquide, esprit de savon et de
camphre. Son nom d'ùle di boule dogue est peut-être une rémi-
niscence de l'huile de jeunes chiens (oleum catellorum) jadis
réputé dans les cas de sciatique et que l'on obtenait en faisant
cuire, dans l'huile, de jeunes chiens vivants avec du roma-
rin, etc. L'opodeldoch sert également comme anti-rhumatismal.
Or. Or. Une croyance populaire veut que des chaussettes
dorées attirent à elles tout le mercure absorbé par les syphili-
tiques et empêchent son action néfaste sur l'organisme.
Orcanette. — Orcanette, alkanna. Racines de VAnchusa
timtoria, L. Borraginées. Nos armuriers « faiseurs à bois »
utilisent sa décoction dans l'huile de navette, qui se colore en
rouge pourpre, pour imbiber les crosses de fusil et de révolve*'.
Orèye d'âgne, voyez Crasse rècenne.
Orèye di Juda. — Tremella auricnla. — Oreille de Judas.
Champignon venant sur les vieux sureaux.
Orèye ôilive, doucette, fntite salade, salade di grain. —
Oreille de lièvre, doucette, mâche, valérianelle. — Valeria-
nella olitoria. Poil. Valérianées. Les fleurs sont blanc bleuâtre,
en bouquet, les feuilles entières. Ces dernières constituent la
première salade printanière.
Orèye di sori, orèye di ra^ Noms donnés à l'épervière, hie-
racium murorum et à Vhieraciinn auricnla. Les noms d'oreille de
lièvre et d'oreille de souris sont donnés en France âlabuplèvrc
et au sedum album.
Orange.. Orange. Souvent donnée aux malades pour les
rafraîchir. L'expression parfois employée : itie pomme d'oranche
est à rapprocher du flam. appelsien.
Osmondi. Orge mondé.
Où, cocà. Œuf. Le jaune, jèiie d'où, moïou est souvent em-
ployé pour émulsionner des huiles : olives : mayonnaise culi-
naire, ricin, morue et pour faire le « lait de poule ». Le peuple
— 176 —
s'imagine que le jaune est la partie la plus fortifiante de l'œuf
et que le blanc ne possède aucune force. Le blanc ou partie
albumineuse est au contraire fort nutritive, mais de digestion
difficile*, voilà pourquoi le médecin ordonne le jaune, faci-
lement assimilable, aux personnes affaiblies. Po fé Iratver o«
blan lieu, chouqui-le divin in ou crou ou mollet et leyz-l'y jusqu'à
tant qu'i trawe Remède populaire liégeois.
Ouye d'ange. L. et V. U d'ange (Malmédy). — Myosotis, ne
m'oubliez pas. — Myosotis palustris L. Borraginées, Plante
venant au bord des eaux, à fleurs bleues en bouquet.
Ouye du bou (Spa). Voyez Arnica.
Ouye du chet (Spa). Voyez Cledjet.
Ourtèye, L. Quecharde, Lux. Ortile, Hainaut. Les piquants
portent le nom de hodion à Malmédy. — Ortie grièche. —
Urtica iirens L. Urticées. Elle a été employée comme remède
(en flagellations) dans les rhumatismes, le peuple s'en sert
encore aujourd'hui pour cet usage. Les simince d'ourteye font
partie des 7 sôr po f jïve laine.
Ourtèye blanque, L. et V. Molinail, Spa. — Ortie blanche,
ortie morte. — Lamium album L. Labiées. Plante à port d'ortie et
à Heurs blanches irrégulières. Ces fleurs blanches sont, sans
doute par analogie, employées en infusion contre les flueurs
blanches et son usage s'est étendu à toutes les affections de
l'appareil génito-urinaire féminin.
Patience, padronne. Poralle; peau de roniie, Lux., Parièle,
Piouchi. — Patience, rhubarbe sauvage, parelle. — Piumex acu-
lus, L. Polygonées. La racine épaisse, brune en dehors, jaune en
dedans, considérée comme purifiant le sang, est assez fréquem-
ment employée par le peuple.
177
Pagnagna, Horin. — Aya pana. — Eupatorium aya pana.
Composées. Plante de l'Ile de France dont les feuilles aro-
matiques sont' aujourd'hui tombées dans l'oubli.
Pai. — ■ Peau de chevreau; basane; peau de chien, sur la-
quelle on étend les emplâtres.
Pai d'an"wèye. — Peau d'anguille. Le peuple prétend
qu'une peau d'anguille, placée en guise de jarretière autour
de la jambe, prévient les crampes de ce membre.
Pai d'autruche. — Nom corrompu, toujours employé pour
désigner la baudruche. On désignait d'abord sous ce nom la
seconde membrane de l'intestin du porc, actuellement se dit
aussi de la gulta-percha laminée, qui par son peu de conduc-
tibilité et son imperméabilité, conserve l'humidité et, le cas
échéant, la chaleur des cataplasmes et des pansements.
Paike, lidrpike. .1 //jo/o:, Maubeuge. — Poix.
Pailètte di terre. — Les onguents populaires doivent
pour être efficaces, se faire dans un poêlon en terre neuf.
Paillette di fier, vulgairement : poudre di fier en paillelte.
— Tarlrate ferrico-potassique.
Palette. — Spatule, couteau spatule.
Palette di bièrgi, voyez Malelte.
Payinne (bolèye du), Verviers. — Potion réconfortante,
pour accouchée, à base de teinture de cannelle.
Panâhe ou panade. L., Paleneie, Malmedy. J'atenée,
Ardenne, Pnslenalc, iiorin. — Panais, — Pastinaca saliva L.Om-
bellifères. La racine blanche, à saveur douceâtre, s'emploie cuite
avec du sucre et du vinaigre contre l'asthme. (Rem. popul.)
Pan d'COUCOU. — Coucou. Pain de coucou. — Cvuliis accto-
sella L. Oxalidées. Plante sans tige, à feuilles semblables à celles
des trèfles, à fleurs blanches ou rosées (avril-mai;. ïa- jeune
pan d'cuucou, oxalide droite, Oialis slricla L. donne ses fleurs
12
— 178 -
jaunes de juin à octobre, i.es feuilles de ces deux espèces ont
un goût aii^relet (acide oxalique) agréable, bien connu des
enfants qui fréquentent les bois.
Pan d' pourçaî. — Pain de pourceau, Umbilicus Veneris
(Fusch 1541). — ( yclamen europeeum L. Primulacées. Plante
cultivée actuellement comme plante d'agrément, dont on faisait
jadis un onguent très recherché : onguent d'arthanite.
Pape (du flam. même signif.). Moilrou, Malmedy. — Papin,
cataplasme, voyez ce mot.
Papi d' mohe. — Papier tue-mouches.
Blanc papi d'têche. Moirt papî, papî (nombâr. — Papier à
filtrer, papier Joseph.
Papillon vert. — On désigne et on délivre sous ce nom h
Namur l'onguent de laurier, cependant le terme tronqué me
semble directement dérivé de populeum qui est aussi un on-
guent vert. Ce qui confirme ma supposition, c'est ce que je
trouve dans le dictionnaire rouchi de Hécart, vert pouplion,
onguent populeum. Va-t-en querre du vert pouplion pour
encrassier tes hémourouUea.
Pâquî L. Paquette. Lux. — Buis. — Buxus sempervirens L.
Euphorbiacées. Le peuple désigne sous ce nom une feuille res-
semblant assez bien à celle du buis : c'est la feuille del'Uva ursi
ou raisind'Ours, ArctoslaphyUosuva ursi, L. Ericinées, employée
comme diurétique.
Pâquî d'pucèlle, pervinche. — Pucelages, pervenches. —
Vi}iea major et vuicn minor L. Apocynées. Plante à feuilles per-
sistant en hiver, assez semblables à celles du buis, à fleurs
bleues (avril-mai) en forme d'entonnoir. En France, le peuple
s'en sert pour faire partir le lait des nourrices.
Parasol. - A,naric élevé.
Pas d'âgne. V^yez Uièbe di saint Joseph.
— 179 —
Passe. PAte. Passe di ionjou se dit par corruption pour ;ȉ.s'sg
di jujube.
Passe fleur, piltalle è Ici (Spa). — Anémone des bois, sylvie,
renoncule des bois. — Aneuioue iiemorosa L, Runonculacées.
Plante i;rêle, à fleurs d'un blanc rosé solitaires et terminales
(avril-mai), très commune dans nos bois. Son suc acre est assez
dangereux.
Passe v'iour. Couchât Vosges. Couchiri, coucher ieu Meuse
et Luxembourg wallon. — Anémone pulsatille, coquelourde,
fleur de Pâques, pas.se-velours. fleur des Dames ou du
vent. — Anémone pulsatdla L. Très rare à l'état naturel dans
notre pays : sud de la province de Namur, elle est très cultivée
h cause de la beauté de sa fleur (avril-juin), d'une belle couleur
violette.
Pastille, pastille.
Patte di chèt. — l'ied de chat. — (Inaphalium dioïcum L.
Composées. Petite plante cotonneuse à fleurs blanches et
roses. Fait partie des quatre fleurs pectorales.
Pavoir {jiHit). Voyez cokliko.
Pavoir (pavoir, ancien français), pavaur, pawè, GGGG.
Olivette ancien français: olicUe Picardie, ouyette Mons, Mor-
lanwelz, olivulte, chanolte : Meuse. — Pavot. - Papaver som-
niferum L. Papavéracées. Cultivée chez nous comme plante
d'ornement. La lète de pavot (latin codion), liesse di pavoir L.
liesse d'ouyelle, Hainaut est trop souvent employée là où les
femmes travaillent au dehors (Nord de la France, Hainaut,
Liège, Flandres), pour provoquer chez les enfants à la mamelle
un sommeil factice pendant l'absence de la mère. Cette cou-
tume est on ne peut plus malsaine et dangereuse. On leur
donne parfois aussi le sirop fait ave.: 1\ xlrait de cette capsule :
sirop diacode qui est tout aussi néfaste quant à l'action sur
l'organisme : sirope di pavoir, doinnaiil.
— 180 —
Pèchalî, voyez Ardespene.
Pègne. — Chardon à foulon. — Dipsacus fnUonum. L.
Composiies.
Pèhon. — Poisson.— Uivorses espèces de poissons onl été
employées en médecine et le peuple s'en sert encore : tanche,
anguille, fiel de carpe, etc. Sous l'influence de certains milieux
ou de certaines circonstances, plusieurs peuvent devenir
vénéneux (') et déterminer des accidents assez graves.
Pèhon d"'avrî. l'oisson d'avril. — Sont légendaires en
pharmacie Il's ùle di bresse (oleum brachii), li pihotte di canari,
H simince di bàbe, l'ôle di rose (dont coût 2 francs le gramme)
po 5 cens dans une immense bouteille de 5 ou 10 litres et
// roge se qu'on sème so V cowe des mohon po l's attraper.
Pèlotte L, pèlatte Hainaut. — Ecorce. — Pèlotte di citron,
d'orange, di curaçao, di sa, di saou. Ecorces de citron, d'orange,
de curaçao, de saule, de sureau.
Pènêye,smOM/"(flam. Snuif: cfSchnouff=tabac. Dictionnaire
d'argot de l'an VIII par Leclair). — Tabac à priser, tabaciis
ptarmicus. Peneie viendrait-il de panacée, jadis plus fréquem-
ment employé que le mot tabac: G. Everaerts : De herba
panacea, quam alii tabacum, aliipetun aut nieotianam vocant.
Antwerpiœ 1587. Le tabac était alors en telle vogue qu'on le
considérait comme panacée universelle ainsi que le prouve le
Traité du tabac par Jean Néander de Leyde traduit par Jacques
Veyras, a avec son usage pour la plupart des indispositions du
corps humain, livre très utile à ceux qui voyageants (sic) n'ont
moyen de porter quantité de médicaments b Lyon Barth.
Vincent 1020. On connaît l'anecdote sur Fagon, premier médecin
(') Hectifioiis an passant h donnée généralement admise que venimeux se dit des
animaux et vénéneux des plantes. Venimeux se dit des êtres animés se servant
consciemment des poisons qu'ils possèdent tels certains serpents, certaines plantes
carnivores ; vénéneux se dit des êtres empoisonnant inconsciemment : moules,
belladone, cantharide etc.
— 181 -
de Louis XIV, (|ui, il;uis une contorenco fulminait contre le
pctun et, à chaque période, puisait dans .sa tabatière une
copieuse pincée de l'herbe sur laquelle il lançait l'anathôme.
Blanque pènêye. Prise blanche. — Poudre sternuta-
loire composi'e d'asaret, de bùtoine, d'ellébore, d'iris, etc., qui
guérit les maux de tète et les rhumes de cerveau a en déga-
geant celui-ci ».
Pèn'ter. — Priser, — Absorption de substances liquides
ou solides par la muqueuse nasale se dit souvent du tabac,
aussi du camphre, du tannin, de l'eau sédative, etc.
Pépin d' coin, L. Pipian d' coin, Luxemb. — Semence de
coing. — Pyrus cydonia, !.. Pomacées. Elles contiennent un
mucilage abondant que les femmes du peuple utilisent, en
mélange avec du cognac, contre les crevasses du sein ou pour
fixer les cheveux.
Pépin d' Saint Jean. Caroube, fruit du Caroubier. —
Ceratonia siliqua, L, Césalpinées. Recherché par les enfants.
Péquet. ~ Getiévrier. — Jiniiperus commwiis L. Gupres-
sinées. Joli arbrisseau de nos bois, rameux dès la base, à feuilles
linéaires verticillées par 3 portant vers mai des cônes en forme
de baies assez semblables à de grosses myrtilles : peu d' péquet
L. et V. Pois de péqiié (Morlanwelz), qmin d' péquet COrp-le-
Grand) Le peu|ile les utilise comme diurétiques après
macération préalable dans du genièvre. L'art culinaire en fait
aussi grantl usage comme assaisonnement des grives, etc.
Pérvinche, voyez Pâqui d' pucelle.
Péta. — Se dit en général de tout légume venteux : hari-
cot, si;orsonère, etc , etc., et plus spécialement de la poudre
de noix de galle qui, infusée dans le café et ingérée oblige le
buveur à dt-rouler une gamine el'explosions aussi formidables
qu'involontaires.
— 182 -
'Pètvêide, pét râle, pctmtte (S^a), voyez oie di pétrole. —
Le blocus continental a fait découvrir la valeur saccharifère
de cette plante. Le. jus de betterave cuite, additionne de
vinaigre-de vin passe dans le peuple pour guérir sûrement les
bronchites.
Pétrai, Luxemb., voyez Sorbier.
Pèturon, Botèye, cahoute (Fleurus). Potiron, courge.
Feus. — Globules homéopathiques.
Feus d' maqu'ralle. — Baies de la morelle, voyez Aboti au
mol Douce amère.
Pois d' cautère. — Pois à cautère destiné à entretenir la
suppuration d'une plaie.
Feus d' ratte, L. Purge. Luxemb. Graine de t' tiou. Rou-
chi. — Euphorbe épurge. — Euphorbia lathyris, L. Euphor-
biacée à tleurs vertes, juin-août. Les euphorbes possèdent un
suc (latex) blanc fortement purgatif d'où le nom de lait de
loup qui leur est donné dans le Luxembourg et de wolfsmelk
dans les Flandres.
Feu d' Saint G-érâ, v. Pèyone.
Feus turc, peus d' troue. — Maïs, blé de Turquie. — Zea
mais, L., Graminées. On en fait une farine alimentaire, farine
de mais, maizena. Les stigmates de maïs forment un enchevê-
trement de longs poils roux dorés, d'où leur nom de tignasse
dipeus d' troue; ils servent comme diurétiques.
Peure. — Poire.
Feuve. — Poivre. — Fruit du piper nigrum, L. Pipéritées.
Le poivre blanc est du poivre noir privé de son écorce. Tous
les poivres passent pai tout pour être aphrodisiaques.
Peuve d'aivre, L. — Poivre d'eau — Polygonum hydro-
piper, L. Polygonées. Sa saveur est acre et brûlante. Une
espèce voisine, la persicaire Polygo7iu,m persicaiia esl dési-
gnée dans le Hainaut sous le nom de Gibouré.
- 183 -
Peuve d'Espagne, peuve di Cayenne, rogc peuve. —
Poivre de Guinée, d'Inde, de Cayenne ou d'Espagne, corail des
jardins, piment des jardins, piment rouge, piment enragé,
capsique Capsicum annnum, L. et Capsicum frutcsccns,
L Solunées. Fruit rouge allongé usité journellement aux
Indes et chez nous pour relever le goût des sauces (Karri
indien, potage oxtail, tête de veau en tortue, etc.), et des
conserves : oignons, cornichons, etc. l.e plus souvent le
poivre d'Espagne se rapporte au capsicuni (nniuum et le poivre
de Cayenne au Capsicnnt frutcsccns. Le vrai piment, toute
épice, piment de la Jamaïque spéce di manèche, L., espèce de
cuiséne, poure clou (poudre de clous) Rouchi Myrtus pimenta,
L. Myrtacées dont le fruit ressemble en plus gros au poivre
ordinaire et dont Tusage s'est perdu chez nous possède une
odeur et une saveur tenant beaucoup du clou de girufle.
On donnait également le nom iVcspècc, épice au piment royal
Myrica cjale, L. Amentacées à saveur prononcée de poivre.
Pèyone, pione (dans presque tous les dialectes wallons) —
Perlipan (Dour), Rose du djau (Spa) (cf. rosa asinina, Bauhin
1591).— Pivoine, herbe Sainte Rose (cf. Sancta Rosa, Bauhin),
id. Rosa Sancti Georgli), flam. l'ioen. Pœnia officinalis L,
Renonculacées. Les fleurs, grandes et rouges, portent le nom de
roses Notre-Dame, roses bénites ou saintes. La variété qui
donne les semences noires, luisantes est dénommée P. femelle,
celle à semences rouges, P. mâle. Dans le pays de Liège, le
peuple fait avec les semences (peu di Sin Géra), des colliers de
dentition destinés à prévenir les convulsions et à faciliter la
pousse des dents. Voici comment on procède : on prend
3"2 graines, on les fait tremper 24 heures dans de l'eau bénite
puis on les enfde sur de la soie rouge, au moyen d'une aiguille
n'ayant jamais servi. — Cette croyance existe déjà dans Pline
et est reproduite dans les auteurs arabes. Sa graine ou sa
racine, cueillii; au di^aut de lune, pctuiue au col et applitjuée
sur les poiiiuels ou seule avec guy de chesne, est |)ivserv.ilir
— 184 —
singulier contre le mal de Saint-Jean. —XVI*" siècle La Maison
l'ustiqiir, 4* édit.
Phosphate. — Phosphate de chaux servant à faire des
engrais chimiques. Ce mot est devenu rapidement célèbre
depuis que la découverte de ce sel dans des terrains à Rocour,
Bicrset, Aubel, etc., a déculpé la valeur du sol et y a conduit
une armée de mineurs phosphatiers.
Picèye. — Pincée, pugillum. —Mesure approximative pour
les herbes : Mettez ine bonne picèye di thé d' Saint Germain
po 'ne dimêye jatte di hollante aiwe.
Pichalit, Rouchi, Hainaut — Nom commun à beaucoup de
renonculacées à fleurs jaunes.
Pichoulit, pissioti au Ut. Rouchi voyez Savage cécorèye.
Pîd d'â"we L, V. Patte deglenne Borin. — Herbe aux gout-
teux, œugopode podagraire JEgopodiwm podagraria L, Ombel-
lifères. Fleurs blanches (juin-juillet), jadis la plante a été
réputée comme antigoutteuse.
Pîd d' leu, eawe di leu, catve di nm.— Pied, griffe ou patte
de loup, soufre végétal, iycopode à massue, flam. Wolfsklauw
Lycopodium clavatum L, Lycopodiacées. Plante des Ardennes
dont les pèlerins entourent leurs cannes au retour de Saint-
Roch. Les sporules ou semences qu'elle contient servent de
pouss'lette (voyez ce mot) et les artificiers les utilisent pour
produire des éclairs au théâtre.
Pîd d'orèye. V. Agaric des bois.
Pièrsin L, Persin Hainaut peraiv, piersin. Rouchi.— Persil,
Apiinn petroselimum L, Ombellifères. — Ses semences pilées
sont depuis longtemps employées pour guérir les maux de
(lents et d'oreille, voyez Johanni Seulteti armamentarium chi-
rurgicum, p. 233. On dit fîgurément d'une personne sale :
a qu'on sèm'reu bin de pièrsin divin ses orèye. » Le persil,
considéré comme alimentaire, a souvent donné lieu à de funestes
erreurs parsuite de sa ressemblance avec le
- 185 -
Pièrsin sâvage L. Prrsin sauvage Mons, Pièrsin mâhait
Malniedy, 6-0///'Namur, .Sf///" Orp-lc-Grand — Petite ciguë, faux
persil, ciguë des ']d.v&'\nQ.—Acthusa cynapium L, Ombelliteres.
On donne le nom de sofflette, persil sauvage au chœrophijllum
sylvestre L. Ombellifères à fleurs blanches.
Pièrsin d' Macidône. — Achc ou persil de Macédoine.
Bubon Maceilonicum L, Ombellifère dont les fruits servaient
contre l'épilepsie.
Pihotte. — Urine. Le peuple en fait la base d'une foule de
remèdes, contre les maladies de la vessie surtout. A jadis joué
un grand rôle médical.
Pihotte è lét L. Pihette è lét Verviers, Burre, fleur au
beurrerions, Beurrin \vcsnes, bassi7iot Vosges Godinot Meuse,
(Labourasse) Pied de poule à cause de la forme de la feuille d'où
pourpie Meuse, Popi L. GGGG, Poupeie Verviers. — Jaunet,
bouton d'or, pot au beurre, bassin d'or, patte de crapaud.
Noms donnés aux Bammeulas aeris L, B. repens L, Ban.
bulbosus également confondu sous le générique : bouton
d'or à fleurs jaunes d'or (mai juillet). Le peuple emploie la
racine pilée comme rubéfiant et pour produire des ulcères
factices.
Pil L, Pilure Borinage SL Pilule. PU po n'aller, pil po
prugi : pilules purgatives. Pilules â vif ârgin : Pilules mercu-
rielles de Sédillot importées en Belgique par les voyageurs de
commerce français; pil Dehaut, pil d'enhau, pilules purga-
tives du D' Dehaut, etc.
Pilon. l'art'ois à Liège, presque toujours à Mons, signilie
le mortier et son piluii.
Pimpurnelle L et V. Piperiirlle Rouchi. - Pimprenclle,
Sangiiisorbe PimpinelUi, Poterium sanguisorba L, Sangui-
sorbées. Cette plante était jadis en grande vogue médicale.
— 186 -
Pinçaî, sm. — Pinceau En pharmacie on utilise surtout
ceux à poils de blaireau : pour les yeux ; ceux en poils de
chèvre, pour appliquer la teinture d'iode et pour la gorge (ils
sont a'or:? montés sur bâtonnet de cèdre ou sur fil d'argent).
Pinsêye (sâvagc). — Pensée sauvage, violette tricolore. —
Violii tricolor L V'iolariéos Plante souvent annuelle à fleurs tri-
colores Le peuple l'eslime antiscrophuleuse et antiherpétique.
On la faire cuire et avec la décoction on lave les enfants qui ont
la croûte de lait. Sous son influence interne, l'urine acquiert
l'odeur fétide de celle du chat.
Pintaî, pinte. — La pinte contenait 64 centilitres et le
pintai 32 ou '25.
Pire divine, pierre de rien (Virton). — Pierre divine.
Lapisdivinus seu ophtalmicus. Pharmacopée liégeoise, 1741.
Mélange verdâtre de sulfate de cuivre, alun et camphre que
le peuple fait fondre dans l'eau en guise de collyre.
Pirre di se. — Pierre de sel, sel brut. Bloc de cristaux brun
foncé qu'on place dans les pigeonniers et dans les étables. Les
animaux qui en sont fort friands, les lèchent et sont alors
incités à boire.
Pirre à sôder. — Pierre à souder, chlorhydrate ammo-
nique en masse qu'on emploie pour souder le zinc, etc.
Pirre di souf, di camphe, etc. -Soufre en canons, camphre
en morceaux, etc. Pirre se dit de toute substance pharmaceu-
tique entière et dure à pulvériser.
Pirre di vin. — C'est le tartre brut en gros cristaux rou-
geâtres tels qu'on les retire du vin.
Pirre infernale. — Pierre infernale, nitrate d'argent. En
français, on entend fréquemment demander de la mitraille
d'argent ou du mithridate d'argent.
Pirre ponce, par corruption /?/;r d'éponche.—Vierre ponce,
- 187 -
pumex. On l'emploie entière pour lisser la peau; en poudre
pour poncer les bois et comme dentifrice.
Pirre di touche. — Pierre de touche. Pierre à Tusa^je des
essayeurs d'or et d'argent.
Pirre s. f. — Doradille cétérach. Asplcnium ceterach L.
Fougères. On la trouve assez rarement, mais en grandes
quantités dans ses habilalions. Pectorale.
P'tite pirre. — Rue des Murailles — Asplenium rutamu-
raria L Fougères. Elle croît en petites touffes d'un vert glauque
dans les fentes des vieux murs, p. ex. rue Maillart à peu près
en face de la rue St-Mathieu.
Pirrette, pierettc (Hainaut). Noyau de fruit.
Plante di moirt, poison âx paye; sinagré (Mons). —
Jusquiame noire, jusquiame commune, mort aux poules. —
Hyosci/anius nigcr L Solanées. Plante d'un vert sombre, livide,
velue, à fleurs jaunâtres lignées de brun ou de noir. Cette
plante est très vénéneuse, k petites doses, elle possède des
propriétés sédatives.
Plantraîne. — Plantain commun, plantain à larges feuilles,
— Plantago major L Plantaginées. Ou en fait une tisane contre
les hémorrhagies de toute nature et contre la diarrhée. Son
eau distillée a longtemps servi d'eau capillaire, on donne l'épi
contenant ses semences ainsi que celui du Plantago média
comme nourriture aux oiseaux en cage afin de favoriser leur
mue.
Plantraîne d'aiwe. — Fluteau plantain, plantain d'eau.
— Alis ma plantago, L. Alismacées.
Plâsse ou pldtc. Plâtre. Sert à fabriquer des bandes plâ-
trées pour pansements.
Plataî, rabat-jôye. — Blanc d'eau (guidon des apothicaires
1Û78). Nénuphar, populaire français Unifa, nénufar blanc. —
- 188 —
Nympliœa alba, L. Nymphœacôes. Plante aquatique vivace à
feuilles à long pétiole et à limbe ovale entier aplati sur l'eau, à
grandes fleurs blanches llottantes et solitaires. Elle passe pour
antiaplw'odisiaque d'où rabat-jôye de même que \e janct,jenne
platai, jaune d'eau 1578. Jaunet d'eau, nénufar jaune, nufar
mascula. Nufar ou nymphœlutea L., à fleurs jaunes qui est
beaucoup plus commun dans la province de Liège, alors que le
blanc prédomine dans les Flandres. On prétend qu'on entremê-
lait de graines de nénufar les mets des personnes vouées à un
célibat forcé ou volontaire. Aujourd'hui les rabat-jôye sont
chimiques et s'appellent bromures, camphre, valérianates et
morphine.
Plope, poupli Morlanwelz, poupier Mons. — Peuplier noir
ou franc. — Popuiiis nUjra, L., Salicinées. Les bourgeons
(mars) servent à faire Tonguent populeum.
Pos, — grain, graine Malmedy cf. Pos, pois Rouchi.
Poison, petion.— Poison. Prudence est mère de la sûreté se
dit le peuple en voyant une plante ou une drogue inconnue,
dans le doute abstenons-nous d'y toucher. Les substances de
couleur foncée : pourpre, vert ou noir passent surtout pour avoir
des propriétés vénéneuses. Déjà chez les Romains, on disait :
Eic niffcr, hinc tu Romane caveto,
Poleur (désignait en 1541 (Fusch) la. mentha pulegium, L ,
pouillot encore aujourd'hui en llam. polei). Sauvage pilé N.
Pouli, Luxemb. — Serpolet - Thymus serpyllum, L , Labiées.
C'est un bon remède populaire contre les rhumes.
Poli L., Thym, Thymus V. L. Spa. Pilé N. Poï Malmedy
Polué, pouyé Mons — Thym vulgaire, tin, pote. — Thymus
vulfjaris L., Labiées. Arbuste nain cultivé. Usité comme
infusion pectorale et surtout dans l'art culinaire. On en extrait
une essence contenant de l'acide thymique, thymol, désinfectant
à odeur agréable.
Politure. — Politure,en caustique. Solution de cire jaune et
— 189 —
d'orcanette dans l'essence de térébenthine. Elit- sert à lustrer
les meubles en acajou.
Ponte-è-cou, pochette, pice-cou, plaque Madame L., V. Spa.
Pûuya(Spa.) Achèye Ilesb. A ffî iclie id. Cawè Malmedy Caiwi,
houio Nam. Wiot Luiemb. Wio Houchi. lo, io campion Mons io,
uio Borinage — vieux français Fusch 1541 : Glouteron tire-
lardon ; glouteron, herbe aux teigneux {hierpe d'tegueux
Rouchi en partage avec le cliapaid'aiwe. Dogue. — bardane
— Arctium happa L. Composées. Plante très commune, à
feuilles très grandes (d'où bardane italien barda, couverture
de cheval), à fleurs purpurines en grappe lâche terminale.
L'involucre qui entoure la véritable fleur a ses folioles externes
à pointes recourbées en hameçon, c'est ce que les gamins
jettent sur les habits des passants d'où les noms wallons et
flamand. On utilise toutes les parties de la plante comme
sudorifiques, les feuilles cuites calment les démangeaisons
dartreuses et la racine est comestible comme celle du salsifis.
Poraî sm. — Poireau ou porreau — Alliuyn porrum, L.
Liliacées. Il jouit d'une grande réputation populaire comme
diurétique : on le fait cuire, on boit l'eau surnageante et avec la
partie semi-liquide on fait un cataplasme sur la vessie.
Poralle, voyez Patience.
Porsulaine. — Pourpier, pourcelane. — Vortidaca olera-
cea, L. Portulacées. Plante potagère, purgative à forte quantité
et qui, dans l'esprit du peuple, passe pour « éteindre le feu
du corps ».
Portion, Borinage. — Potion. Médicament destiné à être
bu (potus).
Posson. « Mesures en usage en pharmacie : le poiçon
conlienl i onces, le '/i poiçon deux onces. » Dictionnaire des
Arts et .Métiers, Paris, Lacombe, 17G7, t. I, et Larousse.
Potasse. — 1" Carbonate de potasse brut, fondu avec de l'eau
— 190 —
otde la cire jaune elle tonne le cirage pour parquet. '2« Carbonate
de potasse épuré, sel de tartre, entre dans la composition de
certains pains d'origine thioise : brezel ou bredzel. Quant à la
potasse dénommée lehive, lessive, c'est la lessive de potasse
rarement employée ; on utilise en son lieu et place Vesprit de
savon.
Potègî. Malmedy. — Droguer; fer ine pharmac'rèye di
seoir, dvouktiner, L.
Potiquet (tlam. diminutif poteke). Pot, petit pot avec
légère idée de dénigrement.
Poude. Poudre, paquet ou prise.
Poude à l'anis po prugî, poude di rocoulis. — Poudre
de réglisse composée, purgative.
Poude à trimper, prussiate.— Poudre à tremper, prus-
siate de fer et do potasse, ferrocyanure de potasse gros cristaux
jaunes dont la poudre paraît blanche. Les ouvriers s'en servent
pour donner une trempe supérieure à leurs outils d'acier.
Poude di botte, poude di savon.— Talc de Venise, sert
de glissant pour faciliter l'introduction des pieds et des mains
dans les bottes et les gants, de pousselette pour les enfants, etc.
Poude des capuchins(Morlan\velz) ponte di capucin L.
— Poudre de staphysaigre. Parasiticide.
Poude di châtrou, kermès. — Poudre des Chartreux,
kermès. Poudre brune pectorale.
Poude di coti. — Poudre brune purgative à base de jalap.
Poude di démangeaison. — Poudre de démangeaison,
pois à gratter (par corruption et souvent : poil à gratter), pois
velus. Doliclios seu Mucuna pruriens Légumineuses. Ce sont des
poils fauves qui enveloppent les pois noirs dans la cosse et qui,
placés sur la peau, occasionnent un prurit insupportable.
Poude di roi. — Voyez Medcenne de roi.
Poude di riz.— Poudre de riz employée comme cosmétique
- 491 -
pour calmer le feu du visage produit par le rasoir et comme
aliment.
Poude di fier. -Poudre de fer, oxyde rouge de fer Remède
devenu pui)ulaire contre l'anémie.
Poude di vier, poudre pour les vièches (Virlon).— Poudre
vermifuge à base de Santonine.
Poude di violette. — Poudre d'iris à odeur prononcée de
violette, sert à parfumer.
Poude di voyageur, poudre de voyageurs. Les voyageurs,
dans leurs parcours sont souvent exposés ù des afTections de
l'appareil génito-urinaire, ils se soignent alors commodément
au moyen de cette poudre formée de nitre, de réglisse et d'anis
en poudre.
Poude po châsler 1' grain. —Poudre à chauler. — On se
servait primitivement de chaux, d'où le nom; actuellement on
se sert de sulfate de cuivre qui persiste et préserve le grain de
reproduction des larves d'insecte et des caries.
Pougnèye. — Poignée. Manipulus. Mesure approximative.
Ine poufjuèi/e di gros sépo fer on bagne dipîd.
Pougnet. Epicarpes. Po l'five laine, etc. Enveloppe de
toile blanche que les guérisseurs de lièvre lente placent aux
poignets en même temps que le frontal de toile bleue à la tête.
On y met le plus souvent un mélange de semences d'orties, ail,
levure, jaune d'œuf, camphre, cloportes écrasés vivants et
fleurs de bouillon blanc : les sept sore.
Poummâde. —Pommade.— Mélange de graisse et d'autres
substances actives.
Poummâde camphrêye. — Pommade camphrée.— Sou-
vent employée et dans les cas indiqués par Raspail.
Poummâde di Condé. — Pommade ;\ l'oxyde rouge de mer-
cure souvent prescrite par notre célèbre uculisle liégeois de
Condé et rapidement vulgarisée.
— 192 — ^ -
Poummâde po les ch'vèt. — Graisse aromatisée d'es-
sence et colorée, pommade pour les cheveux,
Poummâde di rose.— Gérât labial, pommade de roses. Se
débite en tablettes pour guérir les crevasses des lèvres.
Poummi, sm. Peumier, Rouchi. Pommier. Pomme ;Peiim,
Rouchi ; Pun, Borin. ; Peugn, Mons. — Pomme. — Le trognon
porte le nom de Chaquiran Luxemb.
Les valves cornées qui entourent les pépins portent en
Rouchi le nom à'arèque, fafiote.
Poupâ lôlô, pâpà lolo,boukai. —Son nom vulgaire de 1541
a été traduit dans Fusch par Sacerdotis virile. — Pied de veau,
Gouet. Arum maculatum L Aroïdées. Plante vivace à souche
traçante, à spathe blanche roulée en cornet au milieu duquel
se dresse le spadice violet. On utilisait jadis le tubercule gros
comme un marron.
Poupèye, sâvage poupi. — Pied de poule, voyez pihotte è
lé. C'est aussi le nom du lamier rouge.
Pourazine (Mons). — Poix résine.
Pourçai d' cave, pourchau; couchet sinfjlct N, Pourciau
single (Mons). — Porcellion, porcelet de Saini- Xnioine, onisciis
ascellus, armadillo. Petit crustacé terrestre jadis fort vanté
comme diurétique. La médecine populaire les emploie encore
pour la fabrication des pougnet.
Pourète (Mons). Petit paquet de poudres médicamenteuses.
Pousslette. — Poudre à poudrer, substance en poudre très
fine dont on se sert pour poudrer les parties excoriées de
l'épiderme. Dans la province de Liège, on distingue 1° li
b langue pouss'lette, amidon pulvérisé ou talc (poute di botte);
2" li jeune pouss'lette, poussive di pi d' leu (Salme : // Houlo)
lycopode dont l'emploi est préférable en ce sens que le lycopode
est imperméable aux liquides aqueux ; 3" poute di vi bois,
pourète, aubin. Rouchi, provenant des bois vermoulus et 4" la
' - 193 —
poudre de liège ou de bouchons improprement appelée
subérine. Dans le Hainaut, on se sert aussi de céruse et le
nouet de mousseline qui contient la poudre porte le nom de
pop i nette; pope Liège.
Pratte. — Agarics des champs et des bruyères.
Précipité, par corruption persiperte,poumâde di précipité.
— Précipité, pommade au précipité. A Liège, on entend surtout
par là la pommade mercurielle ou onguent gris ; à Virton on se
sert dans le même but anti-parasiticide et sous le même nom de
la pommade au précipité rouge.
Preune, prone Bodn, prune Malmedy. — Fruit séché du
Prunus domesticus L, Amygdalées. Le pruneau fournit une
marmelade souvent donnée aux convalescents.
Prizeure, maire Malmedy. — Présure, mulette dans la-
quelle on met du sel et dont on se sert pour coaguler le lait.
Voyez acide di pnzeure.
Prugi. — Purger. — Dans les villages à houillères où l'élé-
ment ilamand est pour ainsi dire prédominant, on dit bofji,
pochi au lieu de prugi. Le flamand a le terme populaire spring
dans le sens de notre a la vavite ». Ex. : Springkruid, euphorbe
épurge, plante purgeant violemment.
Purgatif Leroy. Voyez Méd'cenne Leroi/.
Quassi, bois amerÇVicion). Bois de quassia dont la décoc-
tion imbibant un papier sucré tue les mouches. Employé
aussi comme apéritif, surtout en gobelet.
Quatelet, capelet Mons, stroupia Fleurus, troclet Luxcmb.
— Trochet de noisettes, etc.
Queue de chat. (Arlon). - Prêle. — Equisetum. Equisé-
tacées. Voyez Bise.
194
Quinine (ponde, pill lU). — Sulfate de quinine connu comme
remède énergique des fièvres et des névralgies.
Q"wate. — Quatre. — Jadis ce chiffre, comme celui de 7,
passait pour provoquer d'heureuses combinaisons (restes de
Sabéisme} : il y avait les 4 fleurs, les 4 racines, les 4 farines,
etc., etc.
Qwate fleur. Thé di qwate fleur. — Fleurs ou espèces
pectorales : guimauve, mauve, bouillon blanc et pied de chat.
Formule variable.
Rabat-jôye. Voyez platai.
Rabrouhe, revlouhe,ravronheh.Raveleuque Rouchi. (Ra-
vehisses en Montois signifie mauvaises herbes). — Ravenelle
des moissons. — Raphanns raphanistrum L, Crucifère à fleurs
jaunâtres, veinées de violet. Le terme verzou, versous con-
vient mieux au Sinapis arveyisis L., qui est une espèce voisine.
Racahout. — Racahout. Mélange alimentaire de cacao,
sucre vanillé et farines qu'on fait prendre aux petits enfants et
aux convalescents.
Raffiner. Corruption presque générale pour afiner. — Ré-
duire un liquide par évaporation, concentrer. Mettez inepou-
f/nèj/e di lichen so 'ne pinte d'aiwe, fez-V boure, et leyiz-V
raffiner jusqn'à ine dimèye pinte.
Rainette. Voyez bêche di gimve et sirôpe di rainette.
Ramonasse (L,V,N); 7'emola Houchi; raimolasse, rémou-
lasse. Mons. — Radis noir. Raphanus sativus L. Crucifères.
Le remède populaire contre la coqueluche consiste à creuser
le cœur du radis, emplir la cavité de sucre candi qu'on y laisse
24 heures, puis, au bout de ce temps, recueillir et boire le
liquide sirupeux formé.
Ranombe, raimonk. — Renoncule en général et le plus
— 495 —
souvent renoncule mnltiflore. — RaniDiciihia poli/tintlinnus L.
Renonculaciées, Fleurs jaunes (mai-août). Plante des bois dont
la forme à feuilles peu découpées, en larges lobes : Ranuncu-
lus nemorosus D C est la plus fréquente.
Ranonke, ranompe, renonke, ralongue GGGG Renôpe
Verv. Rcnomjue, ernongiic Valenciennes. — Renoncule des
jardins. — Ranuncidns asiaticus L.
Nota : La similitude que les fleurs des renoncules terrestres,
d'une part, et des renoncules aquatiques, d'autre part, ont
entre elles, les tendances que ces fleurs ont à double^, les
modifications que subissent les feuilles en font des plantes de
détermination difficile pour le peuple, d'où la confusion entre
les espèces.
Ranombe 6.'aivwe,bliuic ranombe, ranombe di sanquiss L.
— Renoncule aquatique. Herbe aux écre visses. Herbe aux cra-
bosses (écrevisses) Meuse. — Ranunculus aquatilis L. Renon-
culacées. Mêmes propriétés que les autres renoncules. Elle
est remarquable par ses fleurs d'un blanc d'argent et ses feuilles
polymorphes selon qu'elles sont immergées ou émergées. Au
déversoir de l'île aux Osiers, je l'ai entendli nommer hièbe di
comuye.
Rampioule, crampioule, rampe L. V. Spa; Rampruelle
Rouchi ; rampoele Maubeuge ; rampruelle Mons, rampieule
Thuin; rampe Luxembourg cf. rampille Haute Normandie.
Noms donnés à toute plante qui grimpe en rampant : lierre,
clématite, vigne vierge, etc.
Rasure de Granat (Fusch 1541). — Écorces du Punica
Granatum, Malicorium, souvent encore demandées il y a quel-
ques années contre la diarrhée. Elles sont astringentes.
Rliébâre. — Rheupontic <Rha-ponticum) Fusch 1541. Rhu-
barbe. Depuis très longtemps connu comme purgatif et digestif.
On le prend sous forme de poudre, de pilules, de racines cou-
— 196 —
pées (mâchées) et sous forme d'élixir avec du vin ou du ge-
nièvre. Le peuple affectionne particulièrement cette dernière
préparation et les bonnes femmes en prennent une petite goutte
le soir avant d'aller dormir. C'est du reste un excellent mé-
dicament,
E m'rhebar comme à l'ordinaire.
ThéAte ligeois : Les hypocondes, 3" acte. Scène I.
Rècène L. V. Sp.; rachène Rouchi. — Racine. Absolument
se dit dans la province de Liège de lu carotte. Baucus carotta
L., Ombellifères. Sa couleur jaune fait que le peuple, par sym-
pathie, l'emploie cuite contre la jaunisse,
Rècène. Galanga. — Les charlatans qui parcourent les
marchés et les campagnes viennent demander cette racine sous
ce nom, mais les acheteurs ne la connaissent que sous le nom
de Rècène di peuve, breime rècène, rècène di ma d'dint.
Cette racine souvent bifurquée, à cicatrice, d'un jaune brun, à
odeur et à saveur aromatiques, provient de VApinia galanga
(Amomées) de l'Inde. Le peuple l'emploie aussi râpée comme
céphalique.
Rècène di diale, Hagneure di dial (Gothier) ; Morsure du
diale, Verviers. — Tormentille potentille, blodrot. — Tormen-
tillaerecta L. Rosacées. Racine de la grosseur du doigt, brune
en dehors, rougeâtre en dedans. Klle est très astringente, d'où
son emploi en médecine. Les campagnards du Luxembourg,
qui la désignent sous le nom d'herbe de feu, l'emploient contre
les maux d'yeux.
Rècène di fravi, voyez Fravi.
Rècène di Go-wland, voyez Hièbe di Saint Roch, année.
Rècène di Gow^land mâie, L. ; herbe de feu, Borin. —
Racines de Bryone. Couleuvrée. Vigne blanche, navet du diable,
navet galant. - Bryonia dioïca, L. Cucurbitacées. Plante grim-
pante. La racine très épaisse, en forme de navet et grosse
— 197 —
comme une tète d'enfant, est un purgatif violent jadis fort usité
en médecine. C'est un remède populaire énergique et souvent
employé contre l'hydropysie, contre les affections vésicales et
rhumatismales. Ce remède est bon, mais doit être exactement
dosé, car un excédent de la drogue serait dangereux.
Rècène di Saint-Esprit, voyez Angélique.
Rècène di souke. — Girole, ctiervi. — Siiwi sisarnm, L.
Ombellifères, n'est renseignée dans aucune flore belge sauf
dans hezaack. Serait donc cultivée à Spa ?
Forir donne le nom de recette di souke au Salsifis blanc ou
commun.
Rècène di violette, rècène di Guimauve. — Racines
d'Iris de Florence, racines de violette. Rhizùine do VIris Flo-
rentina, L. Iridées répandant une odeur agréable de violettes.
On utilise la racine décortiquée en guise de hochet masticatoire
pour les enfants qui « font leurs dents ». On emploie aussi des
hochets en os, en caoutchouc, en verre ou en cristal taillé et
ondulé : dintelo (dent de loup), Kouchi ; baibelle di vculc, Lize-
Seraing.
Registrom, voyez Blanc bâr.
Reine di pré, bâbe di (jatte. Reine des prés, flam. Geite-
baard Spirea idmaria, L. Rosacées. Plante herbacée venant
dans les endroits humides, à fleurs blanches odorantes. Remède
scientilique et vulgaire fort vanté et, non sans raison, comme
diurétique et antirhumatismal.
Remonke. Borinage, Remonk, Ermow^/?*^, Rouchi. Renon-
cule, voyez Ramombe.
Rhum, Rhum. Liqueur fortement alcoolique considérée à
tort dans le peuple comme le meilleur remède contre le choléra
asiati(jue. On l'emploie encore en grogs contre le rhume et, ;\
l'extérieur, en frictions contre le rhumatisme.
Rinhin L. ; Hehin, Verviers ; Rosin (Fusch 1541, L.);
— 198
Rosm Malmedy ; Ro„jh,, Bonn. Raisin, fruit de lu vigne
Excelle,u aliment pour les convalescents. Les établissements
de Hoeylaert en produisent des quantités, luttant honorable-
ment comme qualité et viotorieu..ement comme pri.x avec les
rajsins français.
Riz, Riz. - Orizit saliva. ~ L. Graminées. L'eau de riz seule
ou aveccamielle.estun bon remède populaire contre ladiarrhée
^.gart raconte qu'un jour dans une ép.démie de dyssenterie;
2StT^'"l' ""'"'"' ''''^'■'" '' "^ à un Framerizou
oelu c, m chercher de l'eau du rie et guérit. Dès lors. Pian du
ne tut en grand renom et l'épidémie s'arrêta.
Rocou, - cirage pour planchers (Virton), Rocou, matière
0 crante rouge, soluble dans les corps gras, sert à . ind e !
cire a parquet et le beurre (en mélange avec le curcuma).
se t°rf!„ ~ '^'"'^'' *^'™'" °" '^'"'^ ■^" ^°'^ "^^ '^'•ésil dont on
se sert pour se maquiller.
Roge âmônl. Framboisier voyez Amôni.
Roge gruzalll, voyez Gruzalli.
Roge rèsponce, voyez Bètche M growe.
nal^ L, Labiées. Plante cultivée à feuilles raides à fleurs
violettes petites, utilisées comme pectorales et dans l'art cul !
mf^Tl *■ ÎT^^' "'""<" '■»"■ L V et Spa; Heupmi L,
Rosse d .56.«.fe Rouchi, rosse, d'capnie B,.v,.i. __ Rosier sau
vage, églantier. -«,,„,«,„■„„ L, Rosacées. Ses fleurs'roses
roses .de chien ou de haie (jum) sont suivies de fruits rouges ■
cynorri.odon, gratte cul, cynobaste heupon L V et Spa ■ capron
Mons pun rf' capron Rouchi, astringents avec lesquei; oT fl'
sa,tjad,s «ne célèbre conserve médicinale. L'espèce de pomme
mousseuse qui se remarque souvent sur les égLtiers et qu
— 199 —
porte le nom de bédégar, éponge d'églantier, fungus cynobasti
bâbe du bon Din Spa est duc à la piquùre d'un cynips. La
racine a longtemps passé pour guérir de la rage, d'où le nom
de rose de chien.
Roquette, Mons voyez Hièbe di chanteu.
Rose du d'jvau voyez Pmie.
'Rosed'lngipe, résida, rose d'Egipe. - Réséda cultivé. La
Gaude, réséda sauvage réséda luteola L, Késédacées porte le
nom de rézette. Elle donne ses fleurs en épi de juillet en août.
Le réséda passait pour calmer (resedare).
Rose du mer. — Rose d'outremer, rose trémièrc. — Althea
ou alcea rosea L, Malvacées. Possède les propriétés émollientes
des Malvacées. Son pollen a servi à colorer le sirop et la con-
fiture (gelée) artificielles do groseilles.
Rosi. —Rosier. Les pétales ou feuilles de rose, foye di rose
de la rose de Provins rose rouge rosa rubra, servent à faire le
sirop du même nom : sirôpe di rainette.
Rowe, L V Spa; Rœnlx Rouchi.— Rue ou r.'iue des jardins,
rue fétide. — Ruta graveolens L, Rutacées. C'est le remède
populaire le plus employé contre les maux de govge: Ji li a
mèttou de lard avou de i rowe è hatrai. Les femmes du peuple
le considèrent comme un violent abortif et croient qu'il est
défendu de tenir cette plante chez soi. Aussi la cache-t-on
précieusement et le propriétaire se montre-t-il avare de sa
dispensalion. — Prenez une figue et une viése gaughe (noix) et
un peu de rœulx, tout mangez ensemble est singulier remède
contre la peste. Remède de S. Leboucq dans Hécart.
Sa, Sau, sauche Rouchi. - Saule. Sali.T — Amontacées.
Sa bossenne, sa bressenne. —Saule blanc. —SaJi.valhaJ,.
Un en utilise parfois encore l'écorce.
— 200 —
Sa minon, Minon sn, L. V. Sp. San salinque. Hainaut
SaUcudcs. Rouchi. Saule marceau. - Salix caprea.
Safran, sofran. — Safran. — Style et stigmate du Crocus
sativns,'L. Iridées. On l'emploie pour colorer les liqueurs,
pour teindre les rideaux en crème et les femmes du peuple s'en
servent, en infusé, pour provoquer la menstruation.
Sayen, L. V. Sayain Hainaut. — Saindoux (latin sagina,
graisse). — Axonge, graisse de porc. C'est la base d'une foule
de pommades et d'onguents.
Sâklin. — Mauvaise herbe : Quel arège po tes treus
sâklin. F. Ghaumont, Les deux wesin. Ceux qui naguère ont
participé aux excursions botaniques de Monsieur Durand
doivent avoir gardé le souvenir des fameux Saclinus communis,
elatior, etc., c'est-à-dire qu'au débutant botaniste en hésitation
devant une plante indéterminée, on indiquait un nom fantai-
siste, entre autres le macaronique latin formé avec le wallon
sâklin.
Salade. — Salade. — Se dit surtout de la laitue, Lactuca-
sativa, L. Comnosées. Celle-ci possède des propriétés sédatives
d'autant plus énergiques qu'elle monte davantage. Il y a en
Europe environ 18 plantes servant de salade : Laitue, chicorée,
endive, barbe de capucin, escarole, cressons, capucine, mâche,
pourpier, céleri, raiponce, broqucs, Rouchi, raiponse, L. V.
Spa, pissenlit, chou, etc.
Sansaie, ]>. V. Spa. sayette. Mons, — Petite douve, flam-
mette Ranunculus flammula, L. Renonculacées. Petites fleurs
jaunes (juin-octobre).
SansoAve, s. m. L. Scmgsure, Hainaut. — Sangsue, Anné-
lidc dont la mode, après avoir joui d'une vogue prodigieuse,
tend maintenant à disparaître complètement. Elle a été l'inter-
médiaire entre la lancette et la ventouse.
Sapin, L. V. Spa, romarin, Rouchi. — Sapin. — Pinus
- 201 —
Sylvestris L. Abiétinées. Les bourgeons des Abiotinées servent
comme diurétiques, aussi s'en fait-il une telle récolte en ma-
raude et ce, au grand détriment de l'arbre, que l'an dernier le
gouverneur de la province de Limbourg a dû prendre un arrêté
spécial pour sauvegarder les plantations. On promène dans les
bois de Sdpin et, dans ce sens sapin signifie abiétinées en
général, les enfants atteints de coqueluche. Les émanations
balsamiques de ces arbres sont, en effet, excellentes dans ce cas.
Savage pâquî, voyez Pâqui cl' pucelle.
Savage romarin. Gothier. — Muflier linaire. — Linaria
vulgaris, L. Scrophulariées. Plante commune, à grandes
fleurs jaunes à éperon (juin-octobre). Elle est diurétique.
Savage céleri. ~ Céleri ou persil des marais, Achc. —
Apium graveolens, L. Ombellifères. Plante très aromatique.
Savon. — Savon. — Le savon vert placé derrière l'oreille,
après une contusion de l'œil, empêche les yeux pochés (remède
populaire). Placé aux pieds avec de la suie {mette des botte),
c'est le révulsif populaire pour a dégager la tête et empêcher
les convulsions ». On l'emploie également contre Térysipèle et
les brûlures. — Le savon de Marseille, taillé en cônes très
minces et introduit dans l'anus provoque les selles des enfants
nouveau-nés. Il sert aussi en lavement.
Savon, voyez poute di savon.
Sawou, L. V. Spa, seusse, ine (N.), saou (Orp-le-Grand),
seignon (V^irlon), sefin, sêf/ii, sai/n, saliu. Borinagc, seliu
Morlanweiz. Vieux fr. seii. — Sureau, sulion, suin, haut bois,
sureau noir. - Skinihuciis vigra L, Capri foliacées. Arbre à
rameaux ayant une moelle blanche, i\ fleurs (juin) blanches
très odorantes, en corynibe [dan, à baies noires. Les fleurs
cap di saou., fleur di sawou servent de remède sudorilique
populaire contre les rhumes de poitrine; on emploie également
dans ce but le suc des fruits évaporés : rob de sureau, sirôpr di
— 20^2 —
sawou. On s'est aussi servi de l'écorce: pèlotte di sawoii L,
pèluttc Boriii Les rameaux vidés servent aux enfants à faire
des bouhalle L, biiqro Rouchi, canonnières. Les tronçons de
moelle lestés d'un côté d'un culot de plomb amusent les enfants
par leurs culbutes; macmlle L, sorcière Mons autrement dit
ramponncau ou prussien.
SavT'OU à roges peus, Spa.— Sureau à grappes, — Srtm/'i*-
CHH racemosa L,caprifoIiacées.— Il difTère du sureau noir en ce
qu'il a la moelle des rameaux brunâtre, les fleurs en grappes
ovoïdes et les baies rouges. Il fleurit en avril-mai.
P'tit sa'WOU,srt?mGGGG, savâge saoïi L. — Sureau yèble.
— Sambucus ebulus L, Gaprifoliacées. — Plante herbacée à
fleurs blanches en corymbe (juillet-août). Le peuple recherche
les racines contre l'hydropisie,
Sariétte L, saliiette Luxemh., saliette Rouchi. — Sarriette.
— Satureja Jiortensis L, Labiées.
Sarsepareille. — Salsepareille, sarsepareille. Radix Sarsœ.
— Smilax offieinalis L, Asparaginées. — Plante sarmenteuse
américaine qui a joui comme dépurative d'une vogue extra-
ordinaire, déjà fort amoindrie aujourd'hui.
Sâvion L, sauv'lon Bor \n.,savelon Rouchi. Sable.— Le sable
des mouleurs, ayant déjà servi, est souvent employé, mis en
coussin et chaufl'é, en applications contre les maux de dents et
les rhumatismes (remède populaire).
Savrri. Voyez p'tit sawou.
Scafiette Lux. Gosse, écale, silique, scafîon Hainaut,
hujion L. — Brou de noix.
ScÊLpulaire. Gorruption presque générale pour capulaire.
Se L, sai Hainaut. — Sel, sel de cuisine, chlorure de sodium.
Il sert en gargarisme, en compresses et en bains.
Se d'Angleterre. Sel anglais, sulfate de magnésie. Purgatif
le plus répandu.
— 203 —
Se d'oseille. -Sel d'oseille. Oxalate de potasse. Ce violent
poison, en cristaux blancs, servant à a tirer les taches de fer
hors du linge » a souvent donné lieu à de funestes méprises par
suite de sa ressemblance avec le sel d'Angleterre.
Se d' souke, se po fiiirer les ceuve. — Sel de sucre, acide
oxalique, sel pour eau de cuivre. Il porte le nom de sel de sucre
parce qu'on le prépare au moyen du sucre et de l'acide
nitrique. On s'en sert pour faire reluire les cuivres, après les
avoir écurés au sable, on les repasse à l'eau de cuivre et h la
cendrée fine ou au tripoli. Produit très vénéneux.
Sèchaî. — Sachet, sac, cornet de papier dans lequel on
place les herbes, etc.
Sèche L. V, setclie Spa, satche ]<lam. , sarge Luxemb. —
Sauge officinale. — Salvia officinnlis L, Labiées. Plante aroma-
tique que les Romains et l'école de Salerne avaient vantée outre
mesure comme remède universel, et qui est trop abandonnée
maintenant. Les Chinois la préfèrent à leur thé et font l'échange
à poids égal. Fumée, son arôme est de beaucoup supérieur au
tabac. L'art culinaire en use encore fort souvent. On trouve
dans les bois, la grande sauge, sauge ovale, orvale. Salvia
sclarea L, Labiées qui fleurit comme la précédente en juin-
juillet, mais n'est guère employée qu'à défaut de la première.
Sène, séné. Voyez foye di sène.
Senet Lux. — Sénevé. Voyez mostâde di champs.
Sèwe L.,sieu Rouchi. Suif. Le suif sert à faire différentes
pommades. Lu peuple fait avec de la chandelle (h base de suif)
un emplâtre, sur papier gris, qu'il saupoudre de gingembre ou
de noix de muscade et qu'il vante dans les cas de rhume; avec
la sauge et la chandelle, il fait un onguent contre le panaris.
Sèwe, Riseire, L. Soien. (lîouchi.) — Deuxième son plus
lin que le lalon. i))i [ai peter de l'sewe po lès nià d'dini, alors
ou l'mète divin onp'tit cossin et on l'tin so s'rliifc.
— 204 —
Siccatif. — Siccatif. Térébenthine, oxyde de plomb ou de
manganèse, sulfate de zinc ajouté h riuiile de lin pour la faire
sécher plus rapidement.
Siinince d'âcolette. — Voyez Aeolette.
Simince di capucin. — L. Ponde de eapnchin. Hainaut,
simince di pion, simince di sporon (Orp-le-Grand). Poudre de
cévadille. {Veratrum sabadilla. Golchicacées) ou de staphi-
saigre, herbe au mort, purgechief {Belphinium staphisarfria,
L. Renonculacées). Toutes deux sont confondues sous le nom
de poudre des capucins, poudre de propreté. Les gens du
peuple la font macérer dans du genièvre ou du vinaigre, puis
ils se servent du liquide obtenu pour détruire les poux et
leurs lentes. Déjà dans ce but, on employait au XVIIP siècle sa
macération dans l'urine. N. Lcmery. Pharmacopée universelle,
p. 74.
Simince di peturon. — Semences de courge. Epistées, on
en fait un looch contre le ver solitaire. Le remède populaire
contre le ténia les fait manger fraîches et telles quelles.
Simince di transcotte, simmc^ di Hans Cott?— Semences
de nigelle. Petites semences noires connues sous le nom de
poivrette, toute épice. La nigelle des champs et la nigelle de
Damas sont confondues sous les noms de AiYi(j7ie{Spa.) Araignée
Valenciennes Eu d'chet, Noiëlle Meuse et Vosges, pett de filère
(patte d'araignée). Vosges. Cheveux de Vénus, Nigelle de
Damas). Nielle des blés, Git, fleur de Sainte-Catherine, faux
cumin, en flamand .Tuff"ertje in't groen et dans beaucoup de
dialectes germaniques. — Nigella arvensis L. et Nigella da-
mascena L. Renonculacées. La nigelle cultivée. Nielle des jar-
dins, cumin noir, graine noire, poyvrade Nigella saliva. L,
donne des semences servant d'épice aux Egyptiens.
Simince di vier. Mort aux viers. Virton. — Semences
contre les vers. Semen contra. Fleurs d'une absinthe de Barba-
— 205 —
rie. On les enrobe souvent de sucre blanc ou rose à la façon
des anis : anisepo les vier.
Sipriche, silimjue, siringue. L, Spitruelle (Hainaut). —
Seringue. Le 2* de ces termes est probablement un compromis
entre seringue et cylindre. Naguère encore dans les campagnes,
on la remplaçait par une vessie embouchée d'un tuyau de
sureau dont la poire en caoutchouc si employée de nos jours
n'est qu'une reproduction perfectionnée.
Sinagrêye, L, Chinagrée, N. Sinagraine (Virton). — Fenu-
grec, senegrain. — Trigonella fœnumgrœcum L, Papilionacées.
Semence à odeur forte qu'on donne aux bestiaux pour exciter
le rut, ôlniint d' fleurette Liège. Onguent de funugrce, onguent
d'althea. La forme corrompue fleurette a par similitude fait
employer cet onguent contre // florette di l'oiu/e.
Siro. Verviers. — Savon double.
Sirôpe L. V. Cliirot (Rouchi). — Liquide épais formé de
sucre et d'eau.
Sirôpe d'anis. — Sirop d'anis souvent donné aux petits
enfants pour calmer leurs coliques.
Sirôpe di capulaire, par corruption Sirôpe di seapuliiire.
Sirop de capillaire. Sirop employé contre le rliume et comme
sirop d'agrément : bavaroise, etc.
Sirôpe di citron. — Mélange titré de sucre et de jus de
citron.
Sirôpe di coing. — Mélange de sucre et de jus de coing.
Sirôpe di fier. — Sirop d'iodure de fer, dépuratif et
fortifiant.
Sirôpe di gruzalle, L. Sirôpe de grouzelles (Mor\an\vc\z).
Mélange de sucre et de jus de groseilles rouges.
Sirôpe di pavoir. L, Doirniati Rouehi, Dormo (Bavai).
Sirop de pavots blancs doué de propriétés somnifères. Voyez
tiesse d'ouyette.
— 206 -
Sirôpe dMpeca, Sirôpr diPica. — Sirop d'ipéca. Antica-
tarrhal. Vomitif à haute dose.
Sirôpe di lumçon. — Sirop d'escargots employé contre la
toux et la coqueluche.
Sirôpe (Il rainette. — Sirop de roses rouges employé contre
les rainette ou muguet des nouveau-nés.
Sirôpe di rhebâre. — Sirop de rhubarbe. Sirop purgatit
souvent employé pour les petits enfants.
Sirôpe di Vanier, par corruption Sirôpe di Vanille. —
Sirop fortifiant.
Sitope. — Etoupe. Elle remplace la ouate et la charpie dans
les pansements vétérinaires. Dans le Luxembourg, on donne le
nom de seran à la filasse.
Sizette, Towe chin, fie di rîi'a L. Y. Spa. — Colchique
d'automne, tue-chien, tue- loup, mort chien, safran des prés —
Colchieum autumnale, 1>. Colchicacées. Fleurs grandes,. d'un
lilas tendre, venant en automne ; feuilles longues et dressées et
fruit se développant au printemps. Bulbe solide. La plante, qui
se trouve abondamment dans ses habitations : pâturages frais,
est un poison violent.
Skette, Borinage. — Copeaux de bois.
Solo. — Soleil, grand soleil. — Helianthus annuus, L. Com-
posées. Grande plante à feuilles entières, rudes, à grandes fleurs
brunes portant des rayons d'or, à semences noires, intérieure-
ment blanches que les gamins mangent pour avoir belle voix et
bonne vue.
Sologne, L. Solayne, GGGG. Sirlogne, Malmedy. — Ghéli-
doine [vieux fr. célidone (celedonia latin du XI" siècle), fr. du
XV" siècle, felongne Pinœus, 1561]. Grande éclaire, sainte
Claire, herbe à l'hirondelle, felouque.- Chelidonium m(VJus,L.
Papavéracées. Plante très commune, à fleurs jaunes (mai-
— 207 —
août), contenant partout un suc jaune, corrosif, propre à
détruire les verrues. Le peuple emploie aussi toute la plante
pilée pour guérir des ulcères de mauvaise nature.
Song. — Sang. Nos abattoirs voient tous les jours des bu-
veurs de sang frais ; jadis de terribles bruits ont couru au sujet
des bains de sang humain ; et le mélange de vin de Bordeaux
et de sang de lièvre est encore dans nos campagnes un remède
populaire interne contre les hémorrhagies.
Soufe, L. Sife, Verviers; Seuve, Malmedy; Souin, Hainaut.
— Suie, voyez Savon.
Soufe, soufe di brocale, L., ponte di brocalle, N. ; soufre
de /;?'oa//,Orp-le-Grand. — Fleur de soufre. Poudre servant à de
nombreux usages : contre les maladies des chiensetdes porcs,
comme dépuratif du sang chez l'homme. Son emploi par cuil-
lerées à café dans les cas d'angine est devenu populaire, .'i la
suite des indications du journal La Meuse, à Liège, en 1888.
Soufe lavé, blanc soufe. Soufre précipité. Employé
par les chapeliers.
Souke. — Sucre. Li neur souk andi (sucre candi noir) est
bin meïeu qui 1' blanc po les freu.
Souke d'orge. — Sucre d'orge.
Souke di pot. — Sucre de pot, cassonade.
Spaite, spiate. — Épeautre, ancien wallon spelte, Triti-
cumspelta, L. Graminées.
Spèce di manège. Voyez roge peuve.
Spéculaire, colifon L, Spigulair, colofon Bor. Selon Sigart
spigulair serait le terme employé dans les métiers et colofon
dans les arts pour désigner la colophane ou arcanson. C'est la
base do la cire ou goudaon à bouteilles (lugifc); les musiciens
en frottent les cordes de leurs violons.
Spéne. Voyez ardespène.
— ^208 —
Spinâ, L V et Spa, Spiuassr Hainaut Epénaehc. Rouchi. —
Epinarii : Spinacca olemcca L, Chénopodiacécs. Alimentaire.
Son suc est employé pour colorer les liqueurs en vert.
Savage spînâ, L V Spa.— Epinard sauvage, chénopodeBon
Henri, Blite, ansévïnti Clieiwpodiuin Bonus Ilenricus L, Gheno-
podiacéeà (ou Salsolacées). Plante vivace, à fleurs en grappes
très compactes.
Spingel, thé (Il spinijcl L. — Spigélie, branlière, brinvillière
Spifjelia anthelminUca L, Gentianées. Vermifuge jadis popu-
laire à Liège, aujourd'hui fort délaissé.
Sporon. — Eperon. Nom générique des dauphinelles, cor-
nette, pied d'alouette {pie d'oloueUe Vosges, pi d'alouette L).
Stache bou, L V Spa, 7'atede bœuf Lux. — Arrête-bœuf,
bugranne, resta bovis Ouonis splnosa L, Papilionacées. Petit
arbrisseau dressé, souvent épineux à fleurs roses inodores.
Les racines passent pour agir favorablement sur la vessie.
Stami, Malmedy. Hydromel double,
Stramône, L. Voyez Hieb di makrai.
Stron d' colon, /jo/^/mc?. — Excrément de pigeon , colombine.
Conseillé plaisamment aux jeunes gens comme faisant pousser
la moustache et la barbe. Ghose curieuse, ce conseil a été
donné sérieusement par Hippocrate et Marcellus et suivi pen-
dant des siècles. On l'emploie en cataplasme comme maturatif.
Gomme tel son usage ne date pas d'hier, il se trouve déjà ren-
seigné dans Galien, Dioscoride et Pline soit seul, soit avec du
vinaigre et de la farine d'orge, également dans Bellefontaine
1712: Stercoris columbini in spiritu vini macerati et in forma
pultis redacti...
Stron d' diale, kaj'ouma L V, Salfœtida Luxemb. M... de
diable (Virton), flam. Duivelsdreck, — Asa fetida. De gustibus
non est disputandum; cette drogue dont l'odeur forte et alliacée
— 209 -
nous répugne, passait pour le plus précieux des condinimls
chez les Romains et passe encore pour tel chez les Chinois.
Son emploi comme appât pour la pêche est très répandu.
Sublimé. — Sublimé corrosif, bichlorure de mercure.
Poison extrêmement violent, depuis longtemps employé à Liège
pour le damassage des fusils et depuis quelque temps très
répandu partout comme antiseptique (injection et pommade
pour accouchement).
Sucette, L V. Spa, Bîbron (Forir L,) Suclio, auchau llouchi
Queue d' pipe Luxerab. Lésai cli Notre Demie S[)aL, — Chèvre-
feuille. — Lonicera periclyjnenum L, Caprifoliacécs. Très
abondant dans le bois de Kinkempois, dans les haies du pays
de Hervé, etc. Les enfants sucent le tube floral et lui trouvent
un goût sucré. Une espèce voisine avec laquelle on la cuiit'oiul
est souvent cultivée; c'est le lonicera caprifolium L. On .sYti
est servi en gargarisme.
Sucette. — Luxembourg, Namur et Hainaut (environs de
Charleroi) Masticatoire. Nouet contenant du sucre, du pain
trempé au lait, etc., qu'on donne à sucer aux enfants. II existe
pour la médecine vétérinaire des nouets contenant des sub-
stances médicamenteuses appelés mastigadours, biou.
Soufflure de carbeau, Hainaut. — Sulfure de carbone.
(Essais de liltéralure boraine. Dufrane, Frameries 188G.)
Liquide volatil, inflammable, incolore.
Support. — l" Bandage herniaire. 2" pessaire. Uindî'de
ou Bindlège, désigne également le bandage herniaire ou le
suspensoir.
Suralle, Suriclle, Rouchi; Oijclcttc, Luxemb. — Uscillc,
surelle. Rnmex acctosa, L. Polygonées. C'est de celte plante
qu'on retirait primilivenient le sel d'oseille. N'est plus guère
usitée aujourd'hui que dans l'art culinaire.
Suralle di bèrbi surète, l'.ouchi. — Petite oscille, flam.
14
— 210 —
Schaapzuring — Rumcx acetosella, L. Polygonées. Feuilles en
flèche, racines envoyant dos jets (stolons) au loin. Plante très
répandue, fleurissant en mai-juin.
Suralle di bèguènne, Suralle di mamzelle, L. ; Suralle
du d(nnx.-iilc (Spa).— Oseille ronde, rume s. a écusson. — Rumcx
scntatns,- L. Polygonées. Plante à feuilles aussi larges que
longues, très glauque, fleurissant en mai-août.
Suralle di chin. — Rumex aquatique. — Rumex aquati-
cus, L., fleurissant juillet-août.
Suralle di vache. — Rumex à feuilles aiguës, voyez
Pddfonnc.
Sure, Hainaut; scur, L. — Petit lait. — Bu pour obtenir de
l'embonpoint.
Surface di zinc. — Corruption populaire presque géné-
rale pour sulfate de zinc. Voyez lue.
Suzat, Rouchi. — Vinaigre surard, aromatisé avec des
fleurs de sureau.
X
Tablette, Borin. f^ouchi. — Extrait de réglisse desséché.
Se dit aussi dans le Borinage des cartes contenant de la mélasse
cuite = tache, Gondé. Chirot, Valenciennes.
Tablette di clâ. — Onguent de la mère, en plaques.
Tablette di Saint-Ernelle, par corruption di Samt
Eternelle. — Onguent citrin, pommade citrine, onguent contre
la gale. Plaque jaune citron, solide, employée contre la croûte
de lait et la gale.
Taffetas, par corruption : taff-taff. — Tafl'etas. — Soie
enduite d'une couche de colle de poisson. Déjà connu au siècle
dernier à Liège : « On trouve chez le sieur Hamal, chirurgien
uré, rue Saint-Adalbert, à Liège, le vrai tafl'etas propre pour
— -211 —
coupure, brûlure et cûntusion au prix de -20 sols la pièce. »
1771. Brochure sur rirroé.
Tamison, Borinage. — Tamis.
Tarte en crème. — Corruption assez fréquente de crcmc
(U tarte.
Tartrie, Luxemb. — Coquerette, crête de coq.
Teinture, teinteure. — Teinture. — Toute substance qui
sert à colorer les bois, les étoffes, le fer, etc. Ex : anilines;
pyrolignite fer, teinture d'acier, prussiate de potasse, sulfate
fer, arsenic, sulfate de cuivre en solution, noix de galle en
solution, etc. donnent, par réaction chimique, diverses teintes
ou nuances.
Teinture di jote, teinture dobe, teinture d'idiote,
de riodote, de l'idiote (L et Ni, peinture d'Hyon.
Armonak borain, p. 24; dé Viernis, L. Corruptions pour
teinture d'iode. Naguère encore lu teinture de chou rouge,
assez semblable à la teinture d"iode comme aspect, était sou-
vent employée en chimie pour distinguer les acides et les bases.
La teinture d'iode est un remède énergique des rhumes,
angines, rhumatismes, etc. etc., aussi s'est-il rapidement
vulgarisé.
Tènnhèye. Voyez hieb à viér.
Tènnhèye magritte. — Matricaire en corymbe. ~ Pfirc-
thvuni coruNiIjotiuni, VVille Composée.
Terque. Hainautet Rouchi. — Goudron. Voyez. Diujuvt.
Tette di vache. L. V. Spa. — Orpin, joubarbe des vignes.
— Seduni telephium. L, Crassulacées Plante yrasse à feuilles
opposées, à fleurs rougeùtres. Elle est vivace l'été et émet de
nombreux jets stériles. Ses feuilles écrasées servent au panse-
ment des hémorrlioides et des cors On donne le nom de trttf di
sorts à l'orpin rélléchi. Scdinn rcftcxum et celui île trijipc
Madame (Spa; à l'urpin bbnc Seduni alluiut.
— 21'2 —
Thé. — Désigne non pas simplement le thé de Chine, mais
toute espèce d'herbe employée en infusion, par exemple : Thé
d'aise. Voyez Aisse; thé d'minthe ou thé d' pastille. Voyez
miiithc.
Thé de Chine. — Thé noir, thé vert. Outre son infusion
rapide, 5 minutes au maximum, dont l'emploi comme boisson
tend à se généraliser chez nous chaque jour davantage, le thé,
surtout le vert, sert en infusion prolongée (15 minutes);! guérir
les ophtalmies légères.
Thé di Saint Germain. — Espèces purgatives de Saint-
Germain. Purgatif dans le genre des thés Chambard, Saint-
Thomas, etc., etc., presque tous à base de séné découpé et qui
tous sont a(;tuellement en grande vogue.
Teule d'arègne, aricret ou arincret L, ami toile (Rouchi).
— Toile d'araignée. Elle est excellente pour arrêter les hémor-
rhagies peu intenses provenant de légères coupures ou piqûres.
Dioscoride la conseillait déjà.
Teule phéniquèye. — Gaze phéniquée pour le pansement
des blessures dans les ateliers, etc.
Thymus, tin. -- Voyez Poli.
Tièsse di chet. L. V. (Spa). — Fleur du tonnir (Spa). —
Scabieuse des champs ou des prés, knautie — Scabiosa
arveitsis. L. Dipsacées. Plante à feuilles opposées et à fleurs
violettes. Toute la plante est utilisée comme remède populaire
des maladies de la peau (scabies, gale). Une espèce voisine,
la fleur de veuve, Scaljiosa atropurpurea, L, porte le nom de
fleur du vève (Spa) et une autre la Mors du diable Scalnosa
succisa, Moirt dé diale (Spa). Tradutore, traditore : je ne
m'explique point Mors (du latin Moi'sus, morsure) traduit? par
Moirt, mort.
Tièsse di moirt.— Muflier, tête de mort, muflier rubicond
Antirrhinum orontium. L, Scrophulariées. Feuilles linéaires,
— t>l3 —
fleurs purpurines parfois blanches. Cette plante est assez dnn-
gereuse. Une espèce voisine : Gueuyc di lion, (iiieiii/r dl Icup,
croît sur les vieux murs. C'est le muflier à grandes fleurs,
mufle de veau, gueule de loup ou de lion Antirrhinum majua L.
Le nom de tiesse du moirt, Spa a été également donné au
grand orobanche. Orobanche major, L, Orobanchi''es. Plante
rougeùtre, parasite, vivant sur les racines d'autres plantes.
Tièsse d'oulliette(Morlanwelz), ticssc di pavoir L. — Tètes
de pavot, capsules de pavot. Possède des propriétés narcotiques.
Voyez Pavoir.
Tinche. — Tanche Voici ce qu'en dit Van den Bossche dans
son Historia medica leodiensis (on verra que son usage pour
guérir la fièvre et la jaunisse ne date pas d'hier) : « Tincœ
a habent tamen suos in medicina usus : quidam enim (ut ferunt
a Jovius et Rondeletius) tincas scissas per dorsi longitudincm
« pedum plantis et manium carpis applicatas, ardentis l\bris
a fervoribus plurimuin advcrsari putarunl exsecta Judieorum,
« qui quamquàm sordide et rideiitibus aliis talia experirentur,
a aliquando tamen remédie non spernendo, profuilexperientia..,
a. Alii ictericorum jecori aut umbilico, donec immoriatur.
a postridie aliam, et repetunt tertio. Tinca immorlua intus ac
a foris veluti croco tincta redditur, et plerique hoc remédie
a rostituuntnr. Author est Kentimanus. »
Tiou L. V. Spa, ///tMorlanwelz, ///^ Borinage. — Tilleul.—
Tilia europœa L, Tiliacées. La fleur donne une infusion cal-
mante d'un arôme agréable et bien connu.
Tisane L. Tisène r»ouchi. — Tisane.
Tonoire N., fleur di tonîre L., voyez coqlico.
Toubac. — Tabac, petun, herbe à tous les maux, panacée.—
Nicotia)ia tabacum L, Solanées Elle donne en juillet septembre
de belles fleurs roses et constitue encore la base de nombreux
remèdes. La nicotiane rusti(|ue a ses feuilles rondes et es fleurs
— 214 —
d'un jaune verdàtre. CcIIc-ci nous vient du Mexique, la
première de l'Amérique du Sud. YojGzshiOuf.
Tourbenthène,tourbenthine,turbinthène. — Essence
de térébenthine, huile volatile de térébenthine. Ce liquide
volatil possède de nombreuses applications : Employée dans les
ménages, o-n la mélange au tripoli ou à la mine de plomb pour
polir les métaux et à la cire pour faire les encaustiques, enfin on
ruti'.ise seule pour dégraisser. C'est un remède populaire
énergique contre le rhumatisme des gens et des animaux, en
frictions; à l'intérieur, il agit bien contre les maladies de la
vessie. Il communique alors à l'urine une odeur de violettes.
Crasse tourbenthène L, fine térébenthine (Orp-le-Grand),
tourbenthène di Vé)iise par corruption tourbenthène di Vénus.
— Térébenthine de Venise. Produit semi-fluide, épais et gluant
dont le peuple se sert pour faire des onguents. En français, la
fine térébenthine désigne la térébenthine de Briançon.
Touvrai d' pleume. — Tuyau de plume d'oie rempli de
morceaux de camphi"e ; constituant les fameuses cigarettes
camphrées anti-épidémiques de Raspail.
Traiteu. — Entonnoir. .Jadis souvent en étain, ils sont
actuellement en pharmacie en verre presque toujours, en porce-
laine, caoutchouc vulcanisé, ou en fer émaillé.
Traîne, traînasse, voyez ci7it nok.
Trimblène L, traiblaine{Wevy.), trimblenne Spa., trianelle,
trimbline, ealauve, elâve Nam., tranelle Hesbaye, tranelle,
trianelle Hainaut. tranelle, tranUnne Rouchi (Molinet), —
Trèfle. — Trifolium. Plante fourragère. En maints endroits
encore, on recherche le trèfle à quatre feuilles.
Trimblène di ch'vâ. iVh'îliiot. — Melilotus officinalis L,
Papilionacécs. IMatilc à petites feuilles trifoliées, à fleurs jaunes
en épi, développant par dessiccation une agréable odeur de fève
Tonka.
— 215 —
Trimblène di marasse L. Triforimn Spa. - Trèfle d'eau,
de marais ou de castor. — Trifollum fibrinum, rnenyantlics
tî'ifoliata L Gentianées. Plante de marais, à rhizome court, ù
feuilles grandes, trifoliées, à fleurs rosées. Son infusé est un
bon amer pour l'estomac.
Tripette. — l'icd de coq, clavaire corial. Champignon.
Tripoli. — Tripoli. Il sert à polir.
Tûle. — Sanguine. On s'en sert pour marquer en rouge les
bestiaux, par exemple.
Tulipa. — Flambe. Iris germanique. — his germania L.
Iridées. Elle passe pour être purgative. Voyez Contai.
Tutène Rouchi. — Nouet ou bouteille avec tuyau qu'on
donne h sucer aux enfants. Cf. le liégeois tuteler, boire au
biberon, à la bouteille.
V
Vache N. — Laiche. — Carex panicea L. Cyperacées.
Vanille. — Vanille. — Epidcndrnm vanilla. Orchidées.
Gousse ou fruit, dont le délicieux arôme est bien connu, pro-
venant d'une plante parasite cultivée maintenant partout dans
les pays chauds. La meilleure est celle dite givrée, c'esi-à-dire
recouverte de petits cristaux.
Varens. Fusch 1541. — Garance. — Rnhid tinctonnn.
Rubiacées. Plante tinctoriale.
Vège d'or. — Verge d'or, herbe des Juik.— Sol idaffo virga
aurea L. Composées. Plante à grandes fleurs jaunes. Elle ust
diurétique et passait pour souder (.solidare) les bords des
plaies. Il y a quelque trente ans, un charlatan vendait à pro-
fusion de cette plante en Hesbaye sous le nom d'iierbe mer-
veilleuse.
Vègne vainc Rouchi. — Vigne. — Viiis viinjcra L. Am-
pelidées. Lu sève montante de la vigne, aiwc di vè/jnr, [)lcurs
— 216 -
de la vigne se recueille, lors de la taille d'avril, en des fioles à
étroite ouverture, qu'on bouche hernnétiquenaent et qu'on con-
serve pour l'usage. L'eau de vigne est préconisée par le peuple
dans les Cas d'ophtalmie.
Vert di gris. — Verdet. Vert de gris.
Vèrgeale. - - Glu. La vergeale s'obtient soit au moyen du
gui soit du houx (écorce) soit en évaporant l'huile de lin seule
ou mélangée de colophane jusqu'à consistance convenable.
Verlaine. — Verveine commune, herbe à tous les maux. —
Verbciia officiiinlis L, Verbénacées.Tige raide, carrée, petites
fleurs d'un hlas pâle en épis grêles. Le peuple le considère
comme un remède des maladies cutanées parce que « i magne
li mâva song ».
Vermillon. — Vermillon, cinabre, sulfure rouge de mercure.
Couleur précieuse.
Vèsce. — Vesce cultivée. — Vicia sativa L, Papilionacées.
LUe sert à la nourriture des pigeons. Jadis, par mouture, on en
obtenait une farine.
Vèsse di leup — Vesse de loup. — Lycoperdon gemmatum.
Champignon comestible mais insipide qui, en se rompant,
à maturité, crève avec bruit et projette de petits nuages de
poussières (spores).
Vètte mâv'létte — Feuilles de mauve et surtout de
guimauve.
Vin. — Les vins les plus usités en pharmacie, sont: 1" les
vins simples ou naturels : viii di Baynols, vin blanc, vin
d' Bordeaux, vin d' Malaga et vin d' Porto. '2° les vins composés :
vin aî'oniatifjnr, vin di Qninqainâ, vin di Quinquina avou dé
ftrr (\'\n de Quinquina ferrugineux) et f vin d'rliebâr.
Vinaigue. - Vinaigre (acide acétique dilué). Le peuple
l'emploie à l'intérieur contre les crachements de sang et le
hoquet. Les jeunes filles, ayant des tendances à l'obésité, en
— 217 ~
abusent, au détriment de leur santé, pour rester svcltes.
A l'extérieur, on s'en sert comme bain de pied, comme cata-
plasme rubéfiant, et en lotion (chaude ou froide) contre les
rhumatismes et les démangeaisons (liopc) de la peau.
Vinâlve, voyez Pir.
Vincre, voyez Pâqui d' pucelle.
Violette, L. V. Spa; Viyiette, Bovin; Fi7è^<?,riouchi.— Vio-
lette de Mars, violette cultivée. — Viola odorata, L. Violariées.
Les petites fleurs bleues si connues constituent, en inlusion,
un remède populaire contre les rhumes. Sa racine est vomi-
tive, c'est le meilleur succédané indigène de l'ipéca. La violette
sèche est souvent dans le commerce dénaturée par la
Violette di cliin. — Violette de chien. — Viola canina,
L., à grandes tleurs bleues (mai-juin) très commune dans le
bois de Kinkempois.
Violette du champs (Spa), voyez Penseye sâvage.
Vit de velours, Borinage. — Amatoufla, Rouchi. Masse
d'aiwc, L. - Massette — Typha latifolia, L. Typhacées. Plante
herbacée, croissant dans les marais ou dans l'eau.
\IV
Wandion. {Ponde di), ponde di neure hiesse, ponde di
pyrèthre par corruption ponte di pirette. Poudre insecticide de
pyrèthre, mise d'abord en vogue par Vicat : Insecticide Vicat,
mis en lance-poudres : on sofflet di ponde di wandion.
Wassin, L, Soil, N et llain. Refjon (Ardennes). — Seigle.
— Seeale céréale L, Graminées. La farine de seigle s'emploie en
cataplasme mélangée soit à du vinaigre pour obtenir un elTel
rubéfiant, soit à des décoctions de plantes mucilagineuses pour
obtenir un effet émollient. Elle fait aussi partie des 7 sortes
pour la fièvre lente. Le pain de seigle convient bien mieux que
- 218 -
le pain de froment aux entants dont le système osseux n'est
pas assez développé,
Wèsir. — Osier — Salix vùninalis, L, Salicinées. Le saule
des vanniers fleurit en mars-avril. Le peuple considère son
écorce et ses feuilles comme diurétiques.
"Woi^e, L. Watcke (Spa). — Orge. Eordeum vulgare. L,
Graminées, On fait avec l'orge perlé de l'eau d'orge ou de la
soupe pour les petits enfants. Voyez Osmondi.
Willmaute (wilde maluwe). — Voyez Manque et bleufe
mâvleUe.
OUVRAGES CONSULTES.
Fori?', Remade, Gothier, Grandga/fiiage. D\ctio\ma.\veswd\\ous.
Dasnoij. Dictionnaire du Luxembourg wallon. — Sujart.
Dictionnaire du Borinage. — Hécart. Dictionnaire Rouchi.
Exposition de l'art ancien au pays de Liège, 1881.
Id. id. à l'exposition de Bruxelles.
Almanach du Département de l'Ourthe.
Œuvres complètes de Louvrex, tome 111 : Edits sur les apothi-
caires.
L'irroé. Purgatif rafraîchissant, 1771.
CoUin (le Phrncy. Dictionnaire infernal, 4 volumes.
Ed. Morren. Vie et œuvres de Remacle Fusch,
Grand fjagnage. Vocabulaire des noms wallons d'animaux, de
plantes, etc. L., 1857.
Lezaack. Dictionnaire des noms wallons des plantes de Spa et
environs. — Id. Body.
Beaufays. Flore verviétoise, 1" édition.
Lejeune et Courtois. Flore verviétoise. — Lejeune. Thèse
de doctorat (en latin) : De quarumdam indigenarum planta-
rium.
Théàte ligeois. Voyège di Ghaudfontaine, les Hypocondes, etc.
Pharmacopée liégeoise, 1741. Kints édit.
G. Van den Bossche{de Liège). Historia medica.... cum iconibus
Bruxelles, Mommart, 1639. Curieux ouvrage écrit en latin,
donné à Liège comme livre de prix, et dans lequel se trouvent
renseignés judicieusement tous les remèdes tirés des difïé-
rentes parties des animaux d'après les auteurs grecs, latins,
arabes, hébreux, allemands, français, italiens, etc. Tels il.s
sont renseignés, tels ils sont encore employés actuellement
comme remèdes populaires. J'en ai cité un ou deux seule-
ment : verbe Tinche, stron d'colon et passim.
— 220 —
Chartes et privilèges des métiers de la bonne ville de Liège.
De Vigne. Corporations et métiers flamands et brabançons.
Magasin pittoresque : Années 1877-78 79-80 verbo apothi-
caire.*
(Petit dictionnaire des arts et métiers avant 1789.)
Dictionnaire portatif des arts et métiers, 2 volumes. Paris,
Lacombe 1767 : Apothicaire.
Laboulaye. Dictionnaire des arts et métiers, 2" édit.
/ D6S extraits (Jg CGS
Lemery N. Chymie.— Id. Cours de pharmacie. ) q„atre ouvrages se
Yalmont de Bomare. —Mérat et de Lens. Dict. ) leirouvent chns ;
\ Dorvauli -A Omcmc.
Verdot. Historiographie de la table.
Scultetus. Armamentarium chirurgicum. —Bcerhave. Epistolse
medicœ.
Palman. Recherches sur les propriétés médicales du charbon
de bois. Paris, Gabon, 1829.
B'^ Munaret. Causeries médicales, 1 volume. Lyon, 1869.
B' Witkowsky. Anecdotes médicales 5 volumes. Marpon et
Flammarion. Paris.
Crépin. Flore belge,
G. Simon. De nieuwe troost der armen.
Le soUde trésor du petit Albert.
Les secrets d'Albert le Grand.
Variétés bibliographiques de la librairie /îoZ/awf/ Paris, 1889,
contenant la première partie d'une très curieuse et très
savante Flore populaire relatant les noms vulgaires des
plantes dans une foule de dialectes et de langues.
Bulletins de la Société de la littérature wallonne, de la Société
horticole de Huy et du Canton de Héron, etc.
/)' Meyer. Origine des apothicaires de Bruges et commentaire
par Pasqnier.
GLOSSAIRE TECHNOLOGIQUE
DU
CHAPELIER EN PAILLE
PAR
G. MARGHAL et J. VERTCOUR
INSTITUTEUR. INDUSTRIEL.
PRIX : MEDAILLE DE VERMEIL.
Aidant, s. m. Liard : ancienne monnaie de cuivre, valant
le quart d'un patàrd. Les marchands de tresses comptent en-
core aujourd'hui par patcird, skellin et blâmûse.
Ai"wan, s. m. Mesure de longueur équivalant à un mètre
deux centimètres et employée uniquement pour le mesurage des
tresses.
Amoniaque, s. m. Alcali volatil; liquide servant à enlever
les taches des chn peaux de couleur.
Apaïller, v. Assortir les tresses.
Apprestège, s. m. Apprètage ; action d'apprestcr.
Apprester, v. Apprêter, v. èssâclrr.
Appresteu, s. m. Apprèteur ; ouvrier qui s'occupe de i'ap-
prùtage des chapeaux.
Apprêt, s. m. Colle de poisson délayée servant ;i liuiiiicr
de la consistance au chapeau.
— 222 -
Apprindisse, s. Apprenti, ie.
Arrondissoir, s. m. Arrondissoir ; outil servant à établir
la mesure à donner aux bords des chapeaux non cousus, tels
que mïiillés, manille, etc.
Assorti, V. Assortir les tresses.
Astiche, s. f. Epissure ou remaillure ; action de retresser
deux bouts de tresses l'un à Tautre dans la confection du cha-
peau.
Astichî, V. Renouveler le brin de paille (stou) dans le tres-
sage.
Astohèye, s. f. Litt. enjambée; kause à l'astohèye : coudre
vite et à longs points ou faire un mauvais ouvrage.
Attache, s, f. Epingle courte, servant à fixer le chapeau sur
la forme.
At'ni, V. Etirer la tresse pour rétrécir le chapeau.
At'nou, adj. Etat du chapeau lorsqu'on lui a fait l'aclion
d' at'ni : on chapai trop at'nou ; un chapeau n'ayant pas assez
d'ampleur.
Avaloir, s. m. Avaloir ; outil servant à faire descendre le
lien du chapeau.
A"wèye, s. f. Aiguille.
A"wlêyedifi, s f. Aiguillée de fil; étendue de fil qu'on
passe dans l'aiguille.
B
Bacbe, s. m. Mouilloir , baquet en zinc ou en bois, servant
à conserver la paille humide pendant le tressage.
Balaîne, s. f. Balaine, lige plate et mince, servant de
montant dans la confection des tresses dites de fantaisie.
Ballot, s. m. Ballot ; on ballot d'trèye, un ballot de tresses.
il
— 223 —
Bande, s. f. Lame ; nombre indéterminé de ronds du
tresse.
Banse, s. f. Petite manne d'osier excortiqué, employée par
les couseurs à la main et destinée à contenir tout ce qui est
nécessaire à leur travail.
Baradat, s. m. V. Bavolet.
Barétte, s. m. Leton recouvert de papier, suppléant à la
forme pour les carcasses dites de Linon.
Batte, V. Battre ; batte cape, battre le chapeau nommé cape
pour en adoucir la paille.
Batteu, s. m. Marteau à large tète pour battre la cape.
Bavolet ou baradat, s. m. Bavolet; bord de derrière d'une
capote.
Bêche, s. m. Dent de scie ; tresse dont le bord se compose
d'une dent et demie répétée, ce qui lui donne la forme d'une
scie.
Bèchètte, s. f. Sommité ; partie de la tige d'épeautrc com-
prise entre l'épi et le premier nœud : dès trêye à bèchètte,
tresses confectionnées avec des bèchètte.
Blâmûse, s. f. Ancienne monnaie valant 30 centimes.
Blanc, s. m. Bain destiné à blanchir la tresse.
Blanqui, v. Blanchir ; opération qui consiste à passer la
tresse dans un l)ain d'ammoniaque ou autre substance pour lui
donner plus de blancheur.
Blanquihège, s. m. Blanchissage.
Blanquiheu. s. m. Blanchisseur; celui qui blanchit la
tresse.
Blé, s. L Epeaulre. C'est le chaume tie celte plantL' (ju'uii
emploie de préférence comme matière première pour la con-
fection de la tresse.
— 224 —
Bloquai, s m. Bloc de bois sur lequel on bat la cape.
Boirai, s. m. Petite botte : ow boiraî di stou ; on boiraî
di sopette.
Bolrder, v. Border.
Boirdeure, s. f. Bordure.
Bôler ou broudî, v. travailler grossièrement.
Bôleuou brôdieu, s. m. Ouvrier qui travaille grossière-
ment.
Bonnet, s. m. Bonnet de coton que Ton tire sur la forme
pour lui donner plus de volume.
Bosse, s. f. Wà dont les épis ne sont point encore coupés.
Boubènne, s. f. Bobinne de fil.
Bouhtaî s. m. Etui où le censeur met ses aiguilles.
Bouler v. Bouler : boule?' s'trèye^ rouler sa tresse.
Boulet, s. m. Rouleau de tresse.
Bouter, v. litt. stimuler, s'animer l'un sur l'autre au tres-
ser : bouter à l'heunne ; boutera l'banse ; bouter à l'heure.
Bouter jus, v. Action de plier la tresse pour passer du cou-
sage du fond à celui de la tète du chapeau.
Bouteure-jus, s. f. Carre ; endroit où l'on a bouté-jus.
Brésilien, s. m. Brésilien ; chapeau à larges bords prove-
nant du Brésil.
Bride, s. f. V. Croie.
Brodale, s. f. Tresse de mauvaise qualité.
Broque, s. f. Pointe en bois à laquelle on met pendre le
chapeau pour le faire sécher,
Broûler, v. Brûler ; repasser avec un fer trop chaud.
Bûsaî, s. m. Fétu de paille trop gros pour entrer dans le
tressage.
2t>5
Caisse d'ârtike, s. f. Caisse en bois servant h l'expédilion
des chapeaux.
Calotte, s. f. Casquette, ine calotte di trèye, une casquette
de paille.
Campagnard, s. m. Ouvrier qui va faire (7/w;Mf/»<'.
Campagne, s. f. Campagne se dit de la saison qu'un ou-
vrier va faire chez un patron ■.aller fer camparpie; fer'neloncjur
campagne.
Cangî, V. Changer; caïujî on vf.v chapai, chanj^er un vieux
chapeau de forme.
Canon, s. m. Poêle servant à chauffer les fers à repasser.
Cape, s. f. Chapeau de femme de forme surannée que l'on
porte encore dans certaines régions du pays : Dès cape d'An-
vers ; dès cape di Gand.
Capote, s. f. Capote; espèce de chapeau de femme.
Capteu, s. m. Couseur de cape et qwaré^-cou.
Carcasse, s. f. Carcasse. Modèle d'après lequel le formier
travaille.
Cârlus, s. m. Carlin. Monnaie ancienne, valant deux skel-
lins.
Carton, s. m. Carton que Ton met dans le fond des cha-
peaux dits qwàrés cou.
Castor, s. f. Genre de tresse.
Cèke, s. m. Litt. Cercle. Bride servant au repassage de la
toque.
Cèle, s. f. Faucille ; instrument pour couper répi-aulre,
consistant en une lame d'acier dentée et courbée en demi
cercle.
15
— '■l'IO —
Centimète, s. m. Centimètre. Nom que les chapeliers
donnent au mètre.
Gère, s. f. Cire, servant à lustrer les chapeaux manilles.
Gbambe, s. f. Litt. Chambre; atelier: // chambe dès co-
sc'u; li e/utmbc dès fpusscu.
Chambrèye, s. f. Chambrée; personnel d'un atelier.
Chapai, s. m. Chapeau. Chapai d'trèye, chapeau de paille.
Chapai d' jardin, chapai d' bagne.
Chape, s. f. Toit en paille dont on couvre la moyette
d'épeautre.
Chèyîre, s. f. Chaise en bois. La chaise employée par les
couseurs en paille a une forme rustique spéciale.
Ghèmnî ou Cherbon, s. m. Charbon de bois servant
anciennement au chauffage du fer à repasser.
Chivèye, s. f. Cheville; fer attaché à la table sur lequel le
repasseur fait tourner sa forme.
Cisètte, s. f. Ciseaux.
Clé, s. f. Clef; vis servant à rapprocher les deux rouleaux
du cylindre.
Coiffe, s. f. Coiffe; garniture intérieure du chapeau.
Coide, s, f. Corde, servant au repasseur pour relever le
bord des chapeau Jean Bart.
Colle, s. f. Colle de poisson servant à préparer l'apprêt.
Collette, s. f. Gélatine.
Confôrmateur, s. m. Conformateur ; instrument avec
lequel on i)rcnd la forme mathématique du chapeau.
Côpe-loyin, s. m. Coupe-lien. Échancrure en demi-lune,
pratiquée dans l'établi et servant à rendre un coup de fer à
l'envers du bord des chapeaux marins.
Côper, V. Couper; côpcr stou, couper l'épeautre.
— '■Hl —
Copette, s. f. Syn. de pindaie; v. ce mot.
Côpeu, côprèsse, s. Celui, celle qui coupe l'épeautre.
Copurnale, s. t. Dizain ; réunion de gerbes d'ôpeautre
appuyées verticalement l'une contre l'autre. Le dizain, comnie
le dit son étymologie, se compose ordinairement de dix gerbes;
mais ce nombre peut varier.
Corant, s. m. Longueur indéterminée de tresse; on comnl
irtrèi/c.
Côrdêye, s. f. Cordée ; tresse dont un des bords a la l'orme
d'une corde.
Goreu, s. m. Litt. Coureur. Celui qui confectionne des cha-
peaux et les va vendre ensuite lui-même dans le pays.
Cornaî, s. m. Fond du chapeau.
Coronne, s. f. Couronne; ancienne monnaie valant six
francs.
Cosêyeou Cosège, s. f. Cousage.
Goseu, keusre'sse, s. Celui, celle qui coud la pailK'.
Costeure, s. f. Couture par laquelle on commence le fond
des capotes en fer à cheval.
Gotte, s. f. Gaine des céréales.
Gou, s. m. Partie de la tige d'épeautre comprise entre deux
nœuds.
Goûtai, s. m. Couteau servant à éplucher les courtes sticfirs.
Coûte, s. f. Rond filé ; morceau de tresse de peu de longueur
qui forme soit l'échancrure, soit la saillie de certains chapeaux.
Gowa, s. m. Bout ; on cowa il'trèifc, un bout de ires.^e.
Cowa a aussi la même signification que corant; v. ce moi.
Gowe di vache, s. f. Litt. Queue de vache; se dit .l'une
tresse dont la largeur est irrégulière.
Gowètte, s. f. Demi-pièce. La cQU'èttc est do 28 aiivan.
— 2-28 —
Crameu, s. m. Terrine; vase de terre servant à contenir
l'apprêt.
Crankhion, s. m. Retors qui se l'orme dans la tresse en la
maniant.
Croie, s. f. 1. Bride; bord relevé du chapeau d'homme.
2. Forme en bois servant au repassage des bords relevés,
Cûr, s. m. Cuir; ruban en cuir que l'on coud à l'intérieur
des chapeaux d'hommes.
Curer, v. Blanchir par l'action de l'air,
Gwâré-cou, s. m. Chapeau de femme de forme très
ancienne, que l'on confectionne encore de nos jours pour le
nord de la Hollande.
AU
Dé, s. m. Dé; petit cylindre de métal creux, que l'on met
au bout du doigt pour coudre. Le dé du couseur en paille n'a
pas de fond,
Diamète, s. m. Diamètre.
Dihâssî, V. Litt. déchausser, dégainer; action par laquelle
on débarrasse la paille de sa gaine.
Diheuse, v. Découdre.
Dimêye sîse, s. f. Litt. demi-soirée ; sortie que les tres-
seuses font au milieu de la soirée : fe7' d'mêye sîse.
Dimêye dint, s. m. Demi-dent; dessin de tresse que l'on
obtient en tordant un brin de paille.
Dint, s. m. Dent; dessin do tresse que l'on obtient en tor-
dant un brin do paille sur un autre,
Disfôrmer, v. Enlever le chapeau de la forme.
Disfôrmoir, s. m. Déformoir; lame en bois ou en acier
servant à détacher le chapeau de la forme.
— ^2^29 —
D'hâsson, s. m. Déchet provenant du dégainage.
Dobe, s. f. Double. Dobe trèi/e, tresse confectionnée avec
des stou mis en double.
Dobe penne, s. f. Bord double. — Doublure.
Dobe vôye, s. f. Doublure; dernier rond du chaix-au Ir^iuel
est en double.
Drèssî, V. Dresser; mettre un chapeau sur la forme.
Drî-pont, s. m. Piqûre que l'on obtient en faisant un point
en avant puis un point en arrière.
D'vant-pont, s. m. Opposé de drî-pont.
Èballer, v. Emballer; èballer dès trèye, emballer des
tresses.
Èchangré, adj. Échancré.
Èchangrège, s. m. Échancrure.
Èchangrer, v. Échancrer; action de coudre les ronds-
filés.
Èfller, V. Enfiler : èfiler ine aiuèye, enfiler une aiguille.
Élastique, s. m. Élastique.
Èler, V. Trier. Opération qui consiste à écarter les gros
Stou des fins : èler stou.
Éléhège, s. m. Triage.
Éponge, s. t. Éponge servant à décatir le chapeau.
Essâclège ou apprestèffc, s. m. Apprôta;:e.
Essâcler ou apprestcv, v. .\p|.réter : ..pération qm .-onsisle
à passer le chapeau dans l'apprél pour lui donner de- la in-
sistance.
Étiquette, s. f. Étiquette
— 230 --
F
Fabrique, s. f. Fabrique; établissement où l'on s'occupe
de la confection des chapeaux.
Faîne, s. f. Produit de l'action de fainner.
Fainège, s. m. Action de fendre la paille.
Fainner, V. Fendre; diviser le fétu de paille à l'aide de
Vustri/c.
Fantaisêye, s. f. Fantaisie; tresse dont la texture ofïre des
dessins.
Fer sîse, v. Terminer la soirée : A ii heure, il è timps de
fer she.
Fer stou, v. Action de prendre une à une les tiges d'é-
peautre hors des gerbes, d'en faire des poignées, de les pei-
gner, d'en couper les épis et de les lier enwâ.
Fi, s. m. Fil.
Fi d'arka, s. m. Fil de fer que l'on coud dans- le bord des
chapeaux dits qwârés-cou.
Fier à glacer, s. m. Fer à repasser.
Fier di chvâ, s. m. Fer à cheval ; fond de capote com-
mencé en porte.
Fier di pâquf, s. m. Lissoir en bois.
Fin-furlet, s. m. Fétu de paille trop fin pour entrer dans
le tressage.
Flîme, s. f. Echarde de paille.
Floche, s. f. Nœud ; dès trèyes à floche, tresses dont le
bord est composé de dessins figurant des nœuds.
Flouhe, s. f. Moment, où la chapellerie en paille est dans la
[)lus grande activité: Li flouhe kimlnce vès Pâques.
Forme, s. f. Forme en bois sur laquelle on dresse le
chapeau.
— 231 —
Fôrmeu, s. m. 1. Fermier, celui qui fait cl vend des formes.
— 2. Formeur, celui qui dresse les chapeaux.
Foûrâte, s. f. Travail que l'ouvrier fait en plus de sa
journée : Ovrcr foûrâte.
Frômion, s. m. Forme mince et sans bord servant à main-
tenir ouverte l'entrée du cliapeau pendant le repassage du
bord.
Frumint, s. f. Froment. La paille du froment ainsi que
celle de lëpeautre donne la matière première de la tresse.
O
Garni, v. Garnir ; opération qui consiste à coudre la
coille, le cuir, le ruban et la bordure sur le chapeau.
Gârnihrèsse, s. f. Garnisseuse; femme ([ui garnit les
chapeaux.
Gîse, s. f. Trait; ripasser à longues (fîse, repasser à lonrrs
traits.
Glacer ou r'passer. Repasser. Le mot glacer est surtout
employé par les vieux chapeliers.
Glaceu ou r'passeu, s. m. Re passeur.
Grain d' se ; grain davônne ; grain d'riz: tresses de
iantaisie.
Grêye, adj. Ecru ; état delà tresse qui n'a subi aucune
opération soit de blanchissage, soit de teinture.
Il
Hâlachet, s. f. Tresse à trois bouts.
Hârd. s m. Kspace de tresse entre deux suites de slirhr.
Hâr et hotte, s. f. Tres.se qui Ibrme .les /.ig/.ags.
Hâsplêye, s. f. Fcheveau; inr hàspHw ili I'. "u ."clieveau
de iil.
— -232 -
Hau, s. m. Dizain dont les gerbes sont couchées.
Haver, v. Eplucher les. courtes stiche des tresses simples
avec le couteau.
Heilne, s. f Espace de tresse où est entré un brin de paille
de toute sa longueur.
Héve, s. f. Rainure dans un des rouleaux du cylindre et qui
évite l'écrasement des dents de certaines tresses.
Ho, s. m. Ecaille entourant le grain d'épeautre.
Hovlètte, s. f. Brosse servant au lavage des chapeaux.
Huflet, s. m. Litt. Sifflet; fer on liuflet : action de rejoindre
deux tresses en n'entrelaçant que les premiers stou.
Intrêye, s. f. Entrée. Contour de l'intérieur du chapeau au
lien.
Intriprèneur, s. f. Entrepreneur. Celui qui va chercher de
l'ouvrage chez un fabricant pour le confectionner chez soi.
Jâbe ou Geâbe, s. f. Gerbe.
Javaî, s. m. Javelle.
Jeter court : tresser serré; jeter Ion; contraire de jeter
court.
Jonc, s. m. Jonc.
Joû {irètje a). Tresse Joiiiville ; tresse dont la structure
otïre des interstices.
Keuse, v. Coudre; keuse ûx pièce, coudre à la pièce;
keme a rjoûrnêi/e, coudre à la journée; keuse à l'heure, coudre
à l'heure.
— 233 —
Kimincî, v. Litt. commencer; tourner le bouton de tresse
pour commencer le chapeau.
Kranskènne, s. f. Tresse faite avec deux bouts.
Kwassî, V. Pousser avec force sur le for à repasser : On
c/iapai trop pan kwassî.
Kwèslaine, s. f. Tresse à 3 bouts ; début des enfants dans
le tressage.
I.
Lampe â soufe, s. f. Creuset que l'on met dans lu soufroir
et dans lequel s'opère la fusion du soufre.
Lâse, s. f. Carton servant à l'expédition des chapeaux : Ine
lâse âx chapai.
Lavège, s. m. Lavage.
Laver, v. Laver; opération qui consiste à nettoyer les
chapeaux avant de les apprêter.
Laveu, s. m. Laveur, ouvrier qui lave les chapeaux.
Lèton, s. m. Leton, fil de fer mince recouvert de colon ou
de soie, que l'on coud au bord des chapeaux de dame.
Lètonnège, s. m. Letonnage.
Lètonner, v. Letonner; mettre des letons.
Lètonneu, s. m. Letonneur ; ouvrier qui s'occupe du
letonnage.
Levai, s. m. Ampleur.
Lever, v. Donner de l'ampleur.
Lèyèg-e jus, v. Filer le demi-rond; action de limr le
chapeau.
Ligueu, s. m. Pièce de bols convexe suppli'^ant .'i la forme
pour le repassage de la tète et du boni du chapeau.
Lipraî, s. m. Bord d'une capote relevé par derrière.
— 234 —
Lèsse, s. f. Liséré. Treie à lisse : tresse dont un des bords
est luisant.
Lochètte, s. f. Lochette di stou, petite quantité apprêtée
pour le tressage.
Loyî, V. Liev. Loi/îstou —, lier les gerbes d'épeautre à la
campagne. — Loyî trèye; lier la tresse par pièce.
Loya, s. m. Lien consistant en un brin de paille et dont
on se sert pour les poignées d'épeautre ou pour les pièces de
tresses.
Loyin, s. m. 1. Lien de paille dont on entoure les gerbes à la
campagne. 2. Corde servant à faire adhérer la tête du chapeau
à la forme. 3. Arête du chapeau entre la tête et le bord.
Longou, adj. Ovale : on cornai trop longou.
Longuèsse, s. f. Bordure ; morceau de tresse que l'on coud
sur les parties rognées.
Lurçon, s. m. Hérisson ; chapeau confectionné avec de la
tresse non épluchée.
AI
Machine, s. f. Machine à coudre le chapeau,
Machineu. s. m. Ouvrier qui coud à la machine.
Maillé, s. m. Maillé ; chapeau de paille d'Italie.
Mailler, v. Mailler, se dit de certain procédé par lequel les
Italiens confectionnent le chapeau en rendant le fil impercep-
tible.
Maiset, s. m. Litt. petit maître ; apprôteur-chapelier qui ne
s'occupe que du lavage et de l'apprêtage des vieux chapeaux.
Maiste-ovrî, s. m. Contre-maître, chef d'atelier.
Manille, s. m. Manille. Chapeau provenant de l'île de ce
nom.
Marchand d'trèye, s. m. Marchand de tresses.
— 235 —
Margalé, margalêye, adj. Bariolé, ée ; on c/iapai mav-
galé, un chapeau bariolé ; des trèife margalêye, des tresses
bariolées.
Margaler, v. Barioler ; faire entrer des pailles de diverses
couleurs dans la tresse et des tresses de dilTérentes couleurs
dans un chapeau.
Marin, s. m. Marin, chapeau dont le bord est plat.
Marlacha, s. m. Ouvrier qui s'occupe spécialement du
lavage et de l'apprêtage des chapeaux.
Mârtaî, s. m. Petit marteau servant à assujutir le chapeau
sur la forme.
Masse, s. f. Masse difi, gros écheveau de fil.
Mécanique, s. m. Guimbarde ; cylindre en fer auquel on
attachait primitivement le fer pour repasser les chapeaux.
Mèseure, s. f. Mesure.
Mèseure à pôce, s. f. Litt. mèseure à pouces ; ancienne
mesure en bois dont se servent encore les vieux chapeliers.
Mès'rer, v. Mesurer.
Mette âsoûfe. Soufrer ; opération qui consiste à blanchir
la paille par l'acide sulfureux.
Molin, s. m. Cylindre ; petit laminoir en bois ou en fer ser-
vant à adoucir la paille.
Montant, s. m. !■ étu de paille utilisé dans le tressage du
liséré.
Moû, V. Litt. moudre ; moû trè!/<',moûsinn\ action de pa.-^sor
la paille dans le cylindre pour l'adoucir. Les habitants de la
vallée du Geer disent tnoû, expression qui corres[)ond à moûre
dans le wallon de Liège.
~ 236 —
rv
Nâle, s. f. Ruban.
Néttî, V. Litt. nettoyer, trier ; nettî stous, opération qui
consiste à écarter les mauvais stoii des bons,
Neur so on blanc, s. f. Tresse chinée ; nom donné à la
tresse à sept bouts obtenue par le tressage d'un stou noir collé
sur un blanc.
Noue, s. m. 1. Nœud que présente la tige des céréales.
2. On noue di stou, partie propre au tressage, comprise entre
deux nœuds.
O
Oute et oute, loc. adv. Litt. d'outre en outre ; un des modes
de cousage : Keuse oute et oute.
Ouye, s. m. Litt. œil. Bouton; partie située au milieu du
fond du chapeau et par laquelle on le commence.
Ovrer, v. Travailler.
Ovrî, ouveurreuse. Ouvrier, ière.
Payasson, s, m. Paillasson; tresse faite avec des fétus de
paille non divisés.
Panama, s. m. Panama; chapeau provenant du pays de ce
nom.
Papî d' veule, s. m. Papier de verre.
Paquet, s. m. Pièce; mesure employée pour les tresses de
fantaisie. Le paquet est de six mètres.
Parisien (Keuse à la), loc. adv. Un des genres de cousage.
Parisien, s. m. Parisien. On désigne par ce nom les
ouvriers qui vont faire leur campagne à Paris.
■
— '2:w —
Pasai, s. 111. Lill. sentier; trèyc a yv^f.sv//, tresse à neul' bouts
dont le milieu est uni et figure un sentier.
Passe-flnétte, s. f. La plus fine des tresses dites trèye à
cou.
Passer â se, Litt. passer au sel ; se dit de l'opération par
laquelle on passe les vieu.x; chapeaux dans un bain de sel
d'oseille pour en enlever les taches.
Patârd, s. m. Ancienne monnaie valant environ 6 centimes.
Patron, s. m. Patron.
Paute, s. f. Epi.
Pèce, s. f. Bande de calicot employée dans le repassage.
Pédale, s. f. Pédale, tresse d'Italie.
Pêne, s. m. Peigne; instrument agricole servant à nettoyer
les poignées d'épeautre.
Pénî, V. Peigner.
Penne, s. f. Bord du chapeau.
Picètte, s. f. Pincette servant à arracher les épingles fixant
le chapeau sur la forme.
Pièce fower âx). Travaillera la pièce; travail rémunéré
d'après la quantité.
Piéc'teu, s. m. Ouvrier travaillant à la pièce.
Pindêye, s. f. Brassée ; longueur comprise entre les deux
extrémités des bras étendus horizontalement; mesure de tresse
équivalant à un aiwan et demi.
Piquette, s. f. Piquette ; espèce de poinçon servant à régler
les ronds de tresse dans la tête du chapeau.
Plaquêye, s. f. 1. De V plaqiiùiie, tresse double. 2. lue
plaquêye, nom donné à 2 5^0?* collés l'un à l'autre et servant .'i
confectionner la tresse double.
Plâstrer, v. Enduire le chapeau de riz de blanc de neige.
— û'^^ —
Pleutî, V. Plisser.
Ploumer, v. Litt. Plumer. Eplucher, action qui consiste à
couper les nœuds et bouts de 111 qui restent dans le chapeau
après le cousage.
Ploumètte, s. f. Restant des aiguillées de fil.
Plot, s. m. Forme sur laquelle on repasse les bords des
chapeaux.
Poirtêye, s. f. 1. Travail que la tresseuse porte chez le
marchand de tresses. 2. Quantité de paille que l'on passe en
une fois dans le cylindre : ine poirtêye di stou.
Poirter, v. Porter ; poirier ses trèye, porter ses tresses.
Pont, s. m. Point, poîit d'fi., point de fil.
Potte, s. f. Creux entre deux bords saillants des rouleaux
du cylindre.
Pouf (èn7ie aller so), loc. adv. Partir au hasard; se dit des
chapeliers qui partent pour l'étranger sans engagement.
Pougnèye, s. f. Poignée ; iîie pougnèye di stou , ine
pougnèye di sopette. — '■2. Pougnèye d'on fier, manche d'un
fer à repasser.
Pouricou, s. m. Fétu de paille altéré.
Prangîre, s. m. Sieste ou méridienne.
Presse, s. f. Presse; machine à repasser les chapeaux.
Q"wâde, s. f. Quart de Vaiuxm, v. ce mot.
Q"wârt, s. m. Quart ; quatrième partie d'une pièce, valant
14 mètres.
Q"witte, s. f. Tâche imposée : Avez-v' fait vosse qwitte ?
I
— 'i:v.) —
R
Rai-wège, s. m. Retoisage.
Rai"wer, v. Retoiser la tresse après l'épluchage.
Rapprèster, v. Réapprêter.
Rassèchî, v. Syn. d'atni ; v. ce mot.
Rastichî, v. Episser ou remailler.
Réglé, êye, adj. Réglé, ée : trèye réglêijc, tresse réglée.
Régler, v. Régler.
Rèliaussi, v. Rehausser ; mettre de la large tresse à l'en-
droit que doit recouvrir le ruban.
Ribouter, v. Lever ; donner de l'ampleur.
Rid'heuse, v. Découdre une seconde fois.
Rijet (fer leu) s. Action par laquelle l'épeautre se purifie ù
la campagne : dès stou qui fèt leu r'jèt.
Rijettêye, adj. trèye rijèttêye, tresse altérée par l'humidité.
Rijetter, v. S'altérer : Li crouiviu fait r' jeter les trèye.
Rijonde, v. Rejoindre deux bouts de tresse.
Rikeuse, v. Recoudre.
Rimagni, v. Contracter ; faire rentrer l'ampleur d'un
chapeau.
Rimètte, v. Remettre ; rimette à tiesse, rimette à penne ;
se dit de Faction d'amener soit la tête, soit le bord du chapeau
sous le fer à repasser, dans le travail ù la guimbarde.
Rimoû, V. Wexnonàvii \ rimoû treie.
Ripasserou glacer. Repasser, action de passer un fer
chaud sur le chapeau.
Ripassège ou Ripassêye, s. m. Repa.ssagc.
Ripasseu uu glaceu, s. m. Kepasseur.
— 240 -
Ritonde, v. Litt. retondre. Eplucher, couper les stiche à
l'aide des ciseaux.
Ritondège, s. m. Epluchage,
Ritondeu, ritondrèsse, s. Celui, celle qui s'occupe de
l'épluchage.
Ritoûrner, v. Litt. retourner. Retaper; découdre un vieux
chapeau et en recoudre la tresse à l'envers.
R'nou-strin, s. m. pi. Déchets provenant du peignage de
l'épeautre.
Roge-fl, s. m. Fil rouge servant à marquer les vieux
chapeaux destinés au lavage.
Rôlai, s. m. Rouleau; partie du cylindre; v. molin.
Rôle, s. f. Anneau en paille large, de 10 à 12 centimètres et
de diamètre de même dimension, sur lequel les tresseuses
roulent leur ouvrage.
Rôler, V. Rouler; rôler s'trèye, rouler sa tresse.
Rondelle, s. f. Rondelle en carton que l'on mettait sur le
trépied pour le repassage du fond du chapeau.
Rongeure, s. f. Rognure.
Rongî, V. Rogner.
Sâce, s. f. Les vieux chapeliers sous ce nom désignent
V apprêt.
Samaîne, s. f. Semaine. Dans la chapellerie en paille l'en-
gagement des ouvriers se fait ordinairement à la semaine :
wcmgnî'ne limite samaîne; fer 'ne campagne di 20 sam,aîne.
Savon, s. m. Savon mou, servant au lavage des chapeaux.
Savon d' Marsèye, s. m. Savon servant à rendre plus
glissant le fer à repasser.
— ^241 —
Se, s. m. Sel d'oseille; v. passer à se.
Séchai, s. m. Sac en papier servant à l'emballage des
chapeaux.
Sî, V. Seoir; s'asseoir sur la tresse toisée, pour lui faire
conserver la forme acquise par le toisage.
Simpe, adj. Simple Des simpès trhfe, des tresses simples,
tresses faites en n'employant qu'un seul stou h la t'ois, en appo-
sition avec les tresses doubles.
Sitiche, s. f. Epluchure. Bouts de paille (lépas>ant la tresse
à l'endroit et à l'envers.
Sitroufler, v. Princer des poignées de fétus de paille.
Sîze, s. f. Litt. Soirée. 1. Aller à l'sîze, aller h la soirée,
expressiun employée par les tresseusesqui se rendent en collec-
tivité dans une même maison pour s'adonner à leur travail. —
2. Ine sîze : ensemble des tresseuses fréquentant la même
maison : ine joyeuse sîze.
Sîzleu, sîzleuse ou sîzèlrèsse, s. Personne qui fait
partie d'une soirée.
Skèllin, s. m. Schelling; ancienne monnaie, valant «iO
centimes.
Proverbe : Li ci qui s'iîve timpe a dès skèlliu ; U ci tjin .s'Itvr
tard n'a qu'des patârd.
Skévèneigne, s. m. Schevcningue; chapeau de femme
fabriqué pour le port de mer de ce nom.
Sofflet, s. m. Petit soufflet servante activer la combustion
du charbon que l'on mettait dans l'ancien iVr à repasser.
Songe, s. f. Neuvième partie iVine bosse di stou ; v. ce mut.
Sopètte ou bèchètte, s. f. V. ce mut.
Soûfe, s. m. Soufre; sert à produire l'acide suHiir.ux des-
tiné à blanchir la paille.
16
— 242 —
Soufrer, v. Soufrer. Enduire les chapeaux de paille d'Italie
de soufre pulvérisé.
Stamper, v. Action de lever la poignée de paille et de la
laisser retomber pour donner à sa base une surface plane.
Stinde, v. Etirer ; stinde litrèye : étirer la tresse.
Stindo:we, adj. Etirée ; trèye trop stindowey tresse trop
étirée.
Stou, s. m. 1. Epeautre sur pied : ine terre di bais stou.
2. ïige dont on a coupé l'épi : on ivâ di stou. 3. Fétu de paille
débarrassé de sa gaine : 07i boirai di stou. 4. Nom donné à
chacune des parties du fétu divisé à l'aide de l'usteie, syn. de
fainne, v, ce mot : in lochette di stous.
Strî, s m. Tire-pied ; bande de calicot dont les deux bouts
sont attachés à une corde et qui, par une tension exercée par le
pied,assujetit le chapeau sur la forme.
Stricheu, s. m. Os dont les bords présentaient des échan-
cruros dans lesquelles on faisait anciennement passer la tresse
pour l'adoucir. Cet instrument a disparu de l'industrie depuis
l'invention du cylindre.
Strichî, V. Action d'adoucir la tresse à l'aide du stricheu.
Tape-foû, s. m. Rebut ; fétu de paille impropre au tressage.
Tâve, s. m. Etabli muni de chevilles et auquel travaille le
repasseur.
Tènne, adv. l.itt. mince. Keuse tènne, coudre de façon à ce
que les deux ronds de tresses avancent peu l'un sur l'autre.
Keuse hatteèt tènne et à longs pont : coudre vite et mal.
Tessai, s. f. Moyette ; petite meule provisoire que l'on l'ait
dans les champs pour garantir l'épeautre de la pluie.
Tîclètte,s. f.Sac de cotonnetteà carreaux que les tresseuses
et couseurs emploient pour porter leur travail.
— 243 —
Tidôr, s. m. Béret, toque ronde et plate.
Tièsse, s. f. Tête; tièsse di cliapai, partie du chapeau entre
le fond et le bord.
Tièsse di leup, s. f. Litt. Tète de loup. Forme en bois dont
on agrandit à volonté la circonférence à l'aide d'une vis et em-
ployée pour élargir les cliapeaux.
Tièstîs. f. Calotte; tête de chapeau à laquelle manque le
bord.
Tinde, v. Teindre.
Tindeu, s. m. Teinturier ; celui qui s'occupe de teindre la
paille.
Tindrèye, s. f. Soufroir; colfre où Ion brûle du soufre pour
blanchir la paille.
Tinteure, s. f. Teinture.
Toirchêye, s. f. V. côrdêye.
Toirchi, v. Tordre : toirchi li stou.
Toque, s. f. Toque ; chapeau de femme.
Toser, V. Toiser.
Toseu, s. m. Instrument en bois en forme de I sur lo(iui'l on
toise la tresse.
Trèye, s. f. 1. Tresse ; tissu plat de fétus de paille entrelacés.
Trèije à sept: tresse à sept bouts simples. — Trhjc à joù :
Joinville ou Irou-irou. — Trèj/e à 2 roye : tresse ù 1 1 bouts —
Trèye côrdêye : tresse cordée. — Trèye à bêche : dent de scie.—
Trèye à lisse : liséré. — Ti'èye à Ion ; Irèye à cou ; trèye à
bèchette ou à sopette; trèye à pasui ; Irèye à dinl ; trèye à ori
d'banse; trèye à pique ; trèye à onnai ; trèye à di.vèyès il ml,
etc., elc. - 2. Pièce : 5 trèye à joù, 5 pièces Joinville.
Triège, s. m. Tressage.
— 244 —
Trèyî, v. Tresser.
Trieu, trèifrèsse, s. Celui, celle qui tresse la |)aille.
Treug-pîd, s. m. Lilt. Trépied; ancien instrument à trois
pieds sur lequel l'ouvrier mettait sa forme pour repasser le l'ond
du chapeau.
Trissî, V. Tresser; se dit d'un certain mode de tressage.
U
Ustèye, s. f. Litt. outil ; petit cylindre en fer servant à
fendre les fétus de paille.
Vantrin, s. m. Tablier. Les chapeliers emploient le tablier
blanc.
Vièrni, v. Vernir.
Vièrnis, s. m. Vernis servant à donner le lustre aux cha-
peaux teints.
Vôye, s. f. Rond ; se dit de chaque rond de tresse entrant
dans la confection du chapeau.
\IV
Wâ di stou, s. m. Botte de tiges d'épeautre ou de fro-
ment dépourvues de leurs épis.
VOCABULÀIIIE WALLON-FRANÇAIS
DU
PÊCH EUR
Achille JACQaEMIN.
Si, comme on di, Tpatience c l'pus grande des verlu,
Dièw", divins chaque pèheii, trouv'ré-l-on p'iit saint d'pus.
« Les péheux à ivége. »
C. DELAHGt.
PRIX : MÉDAILLE D'ARGENT.
i%
Abalov^e, s. f. Hanneton. Il sert d'appât.
Abalowe di four, s. f. Hanneton solsticial ou dVl". Il sert
d'appdt. Il se nomme aussi « bièssedifour ».
Abbie, s. f. An. wal. Alose.
Abèchi, V. Amorcer. Embecquer ou embi(iuer. C.arnir
d'amorces une ligne. Attacher l'appât à la pointe d'un kaim,
d'un hameçon. Se dit aussi amoirci.
Abèye. s. f. Alose. On l'appelle aussi « alôijc » ; à Namur:
a aubie ». L'alose remonte dans les eaux de la .Meuse au prin-
temps; c'est surtout en mai qu'on pêche l'alose au grand
épervier, dit alosière, entre Vi.s.'' et Maestricht; avant les bar-
rages, on péchait l'alosf en abondance aux environs de la
chapelle du Paradis, a Trinchr d'àln'uc »: darne d'alo.su.
— 246 —
Abeille, s f. An. wal. Alose
Abèlle, s f. Gharleroi. Abeille. Sert d'appât.
Ablette, s f Able ou ablette. Pâmer comme inn ablette:
Pâmer comme une ablette.
Ablette coreuse et ablette corante, s. f. Ablette spirlan.
Aboird, s. m. Abord, accès.
Aboirdâbe. Abordable.
Aboirdâve . Accessible .
Aboirder, v. Aborder.
Aborder, v. Aborder.
Acrâ'we, s. f. Saumon qui a atteint toute sa croissance.
Acrâwe, s. f. Femelle du saumon. Bécard ou béccard :
femelle du saumon, a Où d'acrawe » œufs de saumon.
Acrok'ter, V. Graffer, accrocher avec une gafïe. Acrok'ter
on bâtai : GafTer un bateau.
Affouymint, s. m, Afïouillement, excavation dans le fond
d'une rivière, le long des murs, etc. (Voc. des maçons.)
Ailon, s. m. Saumoneau, jeune saumon qui n'a pas deux ans
d'âge. Nom du jeune saumon, jusqu'à ce qu'il ait atteint la
longueur de 12 à 18 centimètres.
D'après Forir: Petit poisson qui n'a pas encore atteint la
longueur de trente centimètres. On prononce encore ce nom
ayon ou awion et on le donne aussi à la jeune truite.
Ain'wie, s f. (Namur.) Anguille.
Air de Jou. s. Aube, point du jour. Lès air de jou, le
point ou la pointe du jour, le crépuscule du matin, l'aurore.
Aisse, s. Bord d'un goufTre, où l'eau est calme et où se
rassemblent les objets qu'il a entraînés.
— 247 —
Aivre, s. f. Eau. Corante aiiue, eau courante. — Aiwc
keute, eau dormante, eau stagnante. —Côp d'aiwe, coup (.l'eau;
courant d'eau; chenal. Ane. wal. eaïue.
Alose, s. f. Remacle, alose.
Aloye, s. t. Alose. •
Ambion. s. m. Papillon, synonyme de Pâvion, tuais d'un
emploi plus rare.
Amblève. Amblève. A sa source au villat;e de d'Heppen-
bach, en Prusse, forme au village de Coo, une cascade connue
dans le pays sous le nom de « trinche-à-Goo », qu'on pourrait
traduire par tranchée de Coo, et se jette dans l'Ourthe l\ Com-
blain-au-Pont.
Amoircège, s. m. Action d'amorcer ; appât. I^h pNwn
kinohèt l'amoircège qu'i fâ. Les pêcheurs connaissent l'espèce
d'appât qui convient,
Amoirci. V. Amorcer, garnir d'amorces.
Amoice, s. f. Amorce, appât, leurre. Ce qu'on attache à
l'hameçon pour attirer et prendre les poissons. Les noms des
principaux appâts se trouvent à leur place dans ce vocabulaire.
Amont (en'). Prép. En amont, côté d'où vient la rivière,
opposé d'aval.
Amprôye, s. f. Lamproie Elle remonte souvent la Meuse
et l'Ourthe dans les mois d'avril et de mai pour frayer. Dans le
Luxembourg on l'appelle lamprojion ou sartouillc.
Ancrer. V. Ancrer, jeter l'ancre.
Anvrèye, s. f Au(jHir, (Mons et Braîno r.Vlleud) Aiiirir,
(Namur); Awèi/e. Anguille. Les pécheurs donnent le nom de
COWette aux anguilles de petite dimension. Se trouve dans la
Meuse, l'Ourthe et la Méhaigne.
Anzin (Namur), s. m. Haincçon.
Appât, s. m. Appât, pâtin-e pourallirer les poi.ssons. U vUV
et lès mo/ie, c'è de bon-z-appiU po lèa pùlinu : les vers et les
mouches sont de bons appâts pour les poissons (Fonn.
248
Arène, s. m. Arène, menu sable, gravier au bord des
rivières (Forir).
Armeur, s. f. Cordelette d'un fdet à pêcher. Vanneur d'on
hcvna d' pèheu: les cordelettes d'un filet de pêcheur.
Arroi, s. m. (Luxembourg.) Senne ou seine, grand filet
ayant à peu près la forme dû tramail, mais qui est simple, et
dans lequel le poisson ne s'emmaille par conséquent pas. On
traîne la senne dans la rivière en formant un cercle par la
réunion des deux cordes qui sont attachées aux deux extré-
mités. (Dasnoy.)
Astale, s. f. Nom donné à Namur à une certaine façon de
pêcher. l)n tend le filet d'une rive à l'autre du cours d'eau,
deux hommes tenant une corde munie de planchettes, balayent
le fond de l'eau en amont, chassant devant eux le poisson qui
va se faire prendre dans le filet.
Attelé (esse), V. Littéral. Etre attaché; expression du
pêcheur pour signifier que l'hameçon est retenu au fond de
l'eau et qu'il ne peut le détacher.
Aubie, s. f. (Namur.) Alose.
Aublètte, s. f. (Verviers, Namur et Charieroi.) Ablette.
A vallêye, prép. En aval, côté vers lequel descend la
rivière.
Aveine, s. i'. (Luxembourg.) Avoine, sert d'appât.
Avion, s, m. Saumoneau.
Aviron, s. m. Aviron, rame. Longue pièce de bois, dont on
se sert pour faire mouvoir les bateaux, chaloupes, etc.
Avône et avônne, s. f. Avoine, sert d'appât. Luxembourg:
aveine.
A-TAraye, Adv. A quO. Endroit où Ion peut passer une
rivière sans nager et sans s'embourber
— 240 -
Awhai, s. m. Frelin, menuise; petits poissons qui ml-
peuvent servir que d'amorces.
A'Whai,s. m Alevin, jeunes poissons qui servent à peupler
un étang, un cours d'eau. Taper d' l'aw'luii d'vins on l'ui'f, jeter
de l'alevin dans un étanii; aleviner un étang.
Ayon, s. m. Saumoneau.
D
Balowe, s. f. Balmve, (Verviers.) Brt/oî/W?r, (Luxembourg,
Namur.) Hanneton.
Balowe, s. m. Nase Ce nom lui est donné jusqu'à lïige de
deux ans ; après ce temps on le nomme hôtichc
Anke, s. f. Ancre Instrument de fer à branches aiguës et
recourb-^es pour arrêter les bateaux.
Banète, s. f. Nacelle de pêcheur dans laquelle se trouve
un hanneton.
Bankai, s. m. Siège à l'arrière du bateau.
Banni, s. m. (Mons.) Poisson qui n'est pas frais.
Banstai, s. m. Panier aux poussons.
Barbaî ou Barbeau, s. m. Barbeau commun.
Barbai, s. m. Mouche bleue, nommée aussi mohc a /' char.
Elle sert d'appât.
Barbiyon, s. m. Barbillon, petit barbeau qui n'a pas encore
atteint le poids de cinq centigrammes. Les pècheui.s U-
nomment fréquemment pourpiârd.
Barbion, s. m. Barbillon, moustaches du barbeau.
Bârrège, s. m. Barrage.
Barbotte, s. f. Nom que l'on donne par confu.sioi. à la loche
« mostèye » et à la lotte a boulot Ir d.
Basse, s. f. Bas-fonds.
Batte, V. Bracher. Agiter l'eau pour avoir du poisiion.
— 250 —
Fouiller, troubler l'eau pour faire entrer le poisson dans les
filets (Remacle).
Batte, s. f. Digue faite de pieux ou de maçonneries en
rivière Rour maintenir les eaux à hauteur. Ax grossès-batte,
litt. Aux grosses battes, endroit situé sur l'Ourthe, près de
Liège, entre Angleur et Grivegnée.
Bécârd, s. m. Bécard, vieux saumon mâle, selon les uns,
saumon femelle, selon les autres. Ce nom de bécard serait
donné au saumon à cause de son museau en forme de bac.
Bêche, s. m. Bec. Ce qui sert aux poissons à prendre leur
nourriture.
Bèchèye, s. f. Amorce, appât, pâture pour prendre le
poisson.
Bèchèt, s. m. Brochet, brocheton, petit brochet.
Bèchi. V. Mordre à l'hameçon, à l'appât.
Bèch'tâ, s. m. Petit brochet qui n'a pas encore atteint le
poids d'un demi-kilog.
Bèch'ter. V. Manger par petites bouchées, comme les
poissons.
Bî, s. m. Biez ou Bief. Ane. wal. By dans le recueil des
ordonnances de la principauté de Liège : canal qui conduit les
eaux sur les roues du moulin.
Bî (fax), s. m. Biez inférieur, biez de décharge.
Bièsse âbalowe,s. f. Hanneton. Littéral.: bête aux nases.
Peut-être faut-il écrire hièsse-âx-balowe dit Grandgagnage.
Ce nom viendrait de ce que l'on se sert parfois de hannetons
en guise d'amorces pour prendre le poisson appelé nase, en
wallon balowc ou hôtiche.
Bièsse di four, s. f. Hanneton de la st-Jean.
Bîhe, s. f. Bise Lorsque le vent du nord souflle, le poisson
se tient d'ordinaire au fond de l'eau.
— '251 -
Blanc vièr, s. m. Ver blanc; larve du hanneton qui vit sous
terre et cause de grands ravages en dévorant les racines des
plantes. Il est très recherché des pécheurs pour servir d'ai)pàt.
On le nomme fréquemment warbeau.
Blanketrûte, s f. Ombre
Blètti-songue. Sang en caillot, sert d'appât.
Boyai, s. m. Boyau. Les boyaux servent à faire des ligues
solides pour pêcher le barbeau et autres gros poissons.
Après rplaive, H bon limps freu sûr roter l'barbai.
Il fâ 'ne bonne foite lignoûie, di bon loirdou boyai.
DelargE. — Lèi pèheu a l ic/t.
Boite à z-inche, s. f. Boîte aux hameçons.
Bondiffe, s. m. Banneton. grand coffre percé de trous .ser-
vant à conserver le poisson vivant dans Teau, et le bateau lui ■
même portant ce réservoir, ^n. wal. bon difTe dans Louvrex.
Lès pèheu ont dès néçalle à bondiffe : les pêcheurs ont des
nacelles à banneton.
Bouchon, s. m. Bouchon, flotte.
Boulotte, s. m. Lotte commune ou de rivière. Les pêcheurs
la considèrent comme la souche des anguilles. On la conto.id
souvent avec la loche et alors ces deux poissons s'appellent
barbotte ou popioûle.
Boul'ter, v. Bouiller, troubler Teau, remuer la vase avec
une bouille. / [cl bouVter l'ahvepo pèlii âx govion : .1 faut l...u.I-
1er Peau pour la pêche aux goujons.
Boul'tège, s. m. Bouilleinent
Boul'teu. s. m. Bouille, longue perche dont les pêcheurs
se servent pour remuer la vase et troubler Peau, on lu. donne
^2.rMs\cnomderamond' pèheu. lUt. balai de pêcheur; .serait-
ce parce que certains pêcheurs emploient un vieux hala. a cei
usage?
Bourbaye, s. f. Bourbe.
- 252 —
Bourdon. (Charleroi ) Frelon, sert d'appât.
Bourdon au miel, s. m. (Mons.) Mouche à miel, sert
d'appât.
Brâdeur, s. f. Lignette, (icelle de médiocre grosseur pour
faire des filets.
Brâmette, s. f. Petite brème. Diminutif de brame.
Brame, s. f. Bramnie, (Charleroi.) Braime, (Namur.)
Brème, s. f. (Remacle). Brème. II y deux espèces de brème
dans nos rivières. Li grande brame, la brème ordinaire. Li
p'tite brame, la hrême bordel ière.
Brochet, s. m. Brochet. Les pêcheurs wallons appellent
les petits hvochQis,bèehét, bèch'tâ, pougnard; tièsse di brochet,
hure de brochet.
Brouf, s. m. Brou, écorse verte de la noix; sert à teindre
les filets. Voy. hâgne.
Brouhagne, s. f. Bréhaigne, carpe qui n'a ni laite, ni œufs.
Bruant, s. m. (Mons.) Hanneton.
Busai, s m. Chalumeau. Tuyau entier de grosse plume dont
on bouche les extrémités avec une boule de liège percée et
noircie.
Busètte, s. f. Petit tuyau en métal qui sert à relier les diffé-
rentes parties de la gaule à pécher.
Busleûre, s. f. Môme signification que le mot précédent.
C
Cabasse, s. f. Panier. Il sert au pécheur pour mettre ses
provisions et ses amorces, ainsi que le poisson pris à la pêche.
Voy. pèheur.
Cabawin, s. m. (Gondroz.) Escarbot commun. Bousier; il
sert d'appât.
— 253 —
Cabot, s. m. (Mons.) Têtard de grenouille.
Gaerpe, s. f. (Mons.) Carpe.
Caj-waî, s. m. Pareaux. Gros cailloux qui LMitraînciit la
senne au fond de l'eau, tandis que le haut de ce filet flotte à la
surface.
Galîbe, s. m Calibre. Instrument qui sert à mesurer les
dimensions des mailles des filets.
Calibrer, v. Calibrer. Mesurer avec le calibre.
Canal, s. m. Canal.
Canot, s. m. Canot, petit bateau.
Cape ou carpe, s. f. Carpe.
Cârpai, s. m. Carpeau, carpillon, petite carpe. Diminutif
de cape.
Carpette, s. f. Voy. cârpai.
Cazée, s. m. Caset, charrées, porte-faix, animalcule
aquatique. C'est la larve d'une espèce de phryganc. Il sert
d'appât. S. Sigart; gloss. montois.
Cèlihe, Cèrège (Namurl, Cèrélie, s. f. Cerise, fruit qui sert
d'appât.
Cèrvai, s m. Cervelle de veau, sert d'appât.
Chabot, s. m. Chabot commun, chabot têtard ou > habot de
rivière. Petit poisson en général.
Chak'ter, v. Choquer l'eau avec un fikt, /V/// à chak'trr,
Pêcher au choc.
Ghak'tège, s. m. Pêche au choc. Li chnk'Wnc si [ai A
boird (li l'iiiwe: La pêche au choc a lieu au bord iK-s rivièr»'s.
Chak'teu, s. m. Pêcheur au choc. Lès chuh'lni n' hapd
k' de p'tits pèhon: Les pêcheurs au chof ne preniifiit qii. du
petit poisson. (Forir.)
Chak'tresse, s. f. Filet pour pêcher an cho.-.
— 254 —
Ghâlon, s, m. Asticot, larve, sert d'appât; Luxembourg;
clialan, Namur châlon.
Ghâlon, s. m. Chalon, grand filet que Ton traîne dans les
rivière^ par le moyen de deux bateaux au bout desquels les
côtés du filet sont attachés.
Chaloupe, s. f. Chaloupe, canot.
Chantrai, s. (Luxembourg.) Grillon, sert d'appât. Voyez
crichon.
Char, s. f. Viande, sert d'appât,
Chazette, s. f. Larve de la demoiselle ou libellule, sert
d'appât.
Chêye halènne, s. m. Papillon en général, mais se dit
surtout des phalènes.
Chêna âx pèhon, s. m. Panier aux poissons. Voyez
pèheur.
Chénie, s. f. (Mons.) Chenille. Voy. halenne.
Chuchenne, s. f. Autre forme du mot précédent.
Chute, s. f. Petit bateau de pêcheur.
Ch'vènne, s. m. Meunier chevanne ou chevenne. On le
nomme aussi chevesne, barbotteau, juerne, garbotia, garbot-
teau, chaboisseau.
Les pêcheurs le nomment souvent mounî et pourçai d'aiwe;
ce dernier nom en raison de sa grande voracité.
Ch'vinai, s. m. Petit chevanne, il se nomme aussi coi'eû.
iAsette, s. f. Sauterelle, sert d'appât.
Cisin, s. m. Glaçon.
Clajot, s. m. Jonc de marais, plante aquatique, roseau,
glaïeul ; sert à radouber les bateaux.
Clajoter, V. Remplir les ientes, les entailles avec du jonc,
des rosQdiUix: clajoter on balai; radouber un bateau avec du
jonc.
— 255 —
Cleûse, s. f. Ecrille, clôture de clayonnage pour arrêter le
poisson à la décharge d'un étang. (Forir.)
Cleûsège, s. m. Clayonnage, ouhlev (Von kleuzège : écaille,
clôture d'un clayonnage ù un étang.
Cod'lî, s. m. Gordier, marchand de cordes, artisan qui lait
des cordes.
Goide, s. f. Corde, terme générique; à Namur; coucatte;
Bruime, corde qui borde la tête ou l'extrémité d'un filet.
Coirdalle, s. f. Cordelette.
Gôpé, s. m. Petite caque, tonneau scié en deux pour mettre
des carpes, etc. ; à Verviers : coupé.
Coq d'aousse, s. m. Sauterelle; sert d'appât. Voyez pochtâ.
Coq d'Ile, s. m. Libellule ou demoiselle: mieux connu sous
le nom de mârtai d' diale, sert d appât.
Coq du four, s. m. (Ardenne.) Sauterelle. Voyez Pochtâ.
Coque lèvint, s. m. (Luxembourg). Coque du Levant. Fruit
d'un arbre des Indes, d'un brun noirâtre et de la grosseur d'un
pois, qui a la propriété d'enivrer les poissons, de manière
qu'on peut les péchera la main. Dasnoy. Dictionnaire do la
province de Luxembourg.
Côr, s. m. Coudrier. Bois qui sert à faire les gaules;
h\ervieTS,chaiirnale; à Malmedy, côre; Picard, caurd; Boq
caurd; du latin coryllus.
Corant, anca, adj. Courant, r/<} l'corante aiwe .-de l'eau
courante, eau vive qui coule toujours. Li korantd' l'alwc: le
courant, le fil de l'eau.
Corant-lèsse, s. m. Nœud coulant.
Corante, s. f. Abletle-spirlin. Voyez ablette.
Coreû, s. m. Chevenne de petite taille. Synonyme de
ch'vinai.
Coreû, coreûse, s. I. Ablette-spirlin. Xoycz àhlrtte.
— t256 —
Coriant, ante, adj. Souple, flexible, qui plie aisément, gn'a
lin d' pus coriant qui V oisîr : il n'y a rien de plus souple que
l'osier.
Corège, s. W Lentille d'eau, plante fluviatile, traînasse,
herbe de St-Jean.
Cotraî, s. m. Epervier (*). Espèce de grand filet affectant
la forme d'un cône très évasé.
Cou d' nèçale, s. m. Poupe, partie de derrière d'une
nacelle.
Cou d' vège, s. m. Pied de la gaule, la partie la plus forte.
Voyez vège.
Court bouyon, s. m. Court bouillon, manière d'apprêter
les poissons, mugnî 'ne carpe â coure bouyon : manger une
carpe au court bouillon.
Coursîre, s. f. Coursier d'usine.
Coûtai, s. m. Libellule. Yoyezmârtai d' diale.
Coûtai, s. m. Couteau, contai po mette lès stope: Etanchoir,
couteau pour enfoncer les étoupes.
Coutru-mây'ler, v. Contre-mailler, doubler par des
contre-mailles, les mailles primitives d'un filet.
Couvai, s. f. Petit gouffre d'eau.
Govet, s. m. Pharillon. Petit réchaud où l'on fait un feu de
flammes pour atlirer le poisson pendant la nuit.
Covin, co visse, s. Oeufs fécondés, frai. Luxembourg,
couvisse.
Crètion, Cîichon, crition, Crèkion, s. m. Grillon, sert d'ap-
pât. Luxembourg, chantrai, crèquion; Namur, crèkion, cri-cri;
Mons, crikion, crikelion; Charleroi, crèkion.
(') V. De Herrypon. La boutique delà marchande de poissons. Paris, Hachette,
4867.
— 257 —
Crin-marin, s. m. Crin, partie qui termine la ligne et à
laquelle on attache l'hameçon.
Croc, s. m. Gaffe. Perche munie d'un croc de fer ù deux
branches, dont l'une est courbe et l'autre droite; Luxembourg,
« furet » .
Crocdipèheu, s. m. Harpon, lichoir de pêcheur. Espadut,
espèce de croc pour atteindre les poissons au fond des écluses.
(Remacle.)
Croc di rapèheu, s. m. Crochet à plusieurs branches ser-
vant à retirer de l'eau les objets perdus.
Crochet, s. m. Crochet.
D
Dagler, V. Goudronner, enduire de goudron, de brai ;
spalmer et espalmer, daylcr 'ne uùvale : spalmcr une nacelle.
Daglège, s. Goudronnage, action et manière de goudron-
ner.
Dagleû, s. Celui qui goudronne, goudronneur.
Daguer, v. Goudronner, on dit aussi smcri.
Daguèt, s. Goudron, brai. An. \ya\.,(l(i(ilcl, (l(i(ief, (hi/jlnirt.
Dagueu, s. Goudronneur.
D'aval, s. Côté vers lequel la rivière descend.
Dihay'ter, v. Ecailler, ùtcr, enlever réciiille, dihini'trr
on pèJion: écailler un poisson.
Dihiège, s. f. Déversoir.
Digue, s. f. Digue.
Dilongue (à V), prép. Le long, tout du long, au long de,
tout le long. — Roter tôt ù l'ilUonnne di l'aiwe, marcher tout
le long de l'eau ; longer, côtoyer la rivière.
17
— 258 —
Dimayler, v. Démailler, défaire les mailles d'un lilct,
Dimonter ou clismonter, v. Démonter. Expression du
pêcheur pour signifier qu'ayant eu alTairc à un gros poisson,
celui-ci a cassé la ligue en se démenant, ou bien que la ligne
ayant été accrochée au fond de l'eau, elle s'est brisée par suite
des efforts qu'il a faits pour la retirer.
Discrèlie, v. Décroître, diminuer, raiiue discrèhe, l'eau, la
rivière décroît.
Discrèhège, s. m. Décroissement.
Dismoussî 'ne anwèye, v. Ecorcher une anguille.
Distoumer, v. Baisser, décroître en parlant d'une rivière.
Dragoii; s. m. (Mons.) Libellule ou demoiselle, sert d'appât.
Ecaye, s. f. Ecaille.
Ecluse, s. f. Ecluse.
EYhe, s. Remous, sillage, tournoiement de l'eau.
Ele di pèîion, s. f. Nageoire.
En amont, prép. En amont sur la hauteur, côté d'où vient
la rivière.
Epèh'ner, v. Empoissonner, peupler de poissons, èpc'h'ncr
on viivî. Empoissonner un étang,
Epèh'nège, s. m. Empoissonnement, action d'empoisson-
ner.
Epèh'neû, eûse, s. Celui qui empoissonne.
EpiDoke. (Mons.) Autre forme de cspimke. Voyez spinâ.
Escavège, s. m. Nom que prend le poisson d'eau douce
quand il est préparé à la daube. Il se dit encore scavcge; h Mons
et àCharleroi, on dit dans le même sens «iWZ/OW à rcscavccheo
on à rcscavesse.
- 259 —
Espinoke. (Mons.) Epinoche.
Esturgeon, s. m. Esturgeon, se dit mieux siun/ioii et
slriKjcou.
Etang, s. m. Etang.
F
Fer-ai"we, V. Faire eau. On dit d'un bateau qu'il fait eau,
lorsque l'eau y entre au travers du bois, ou par les lentes et les
jointures.
Ferré, s. m. Perche de batelier, de passeur d'eau.
Fermette, s. f. Fermette. Voyez bàn-cijc.
Férome, s. f. Virole, petit cercle de métal autour d'un
manche, d'une gaule à pêcher, etc.
Firone, s. f. Virole.
Fèrrèt, s. m. Luxembourg. Voyez croc.
Fève, s. f. Fève cuite, sert d'appât.
Fier à qwate dint, s. m. Fouane. Fer à quatre ou cinq
piquants au bout d'un bâton, pour piquer le poisson. (C;un-
bresier.)
Fier à treus dint, s. m. Fichure. Espèce de trident avec
lequel on darde le poisson dans l'eau. (Cambresier.)
Filope et filome,s. f. Filasse, assemblage de filaments lires
de l'écorce du chanvre, de celle du lin: a stopper 'ne cirvcior
avou de r filope » boucher une lente avec de la filasse.
Fleuve, s. m. Fleuve.
Flot, s. m. Mare, eau stagnante.
Flottâfe, adj. Flottable, se dit d'une rivière ou ruisseau sur
lequel le bois peut llotler.
Flotte, s. f. Flotte. La llutle est deslin(?c h supporter le corps
de la ligne et à lui permettre de suivre le courant .sans s'accro-
cher au fond.
— '260 —
Foche, s. f. Littéral. Fourclie-Fouane. Instrument propre à
percer les poissons pour les prendre. Il y en a de bien des
formes: les unes sont une broche terminée par un dard,
d'autres une lance barbelée, d'autres sont Cormées de deux ou
trois dents, c'est alors une véritable fourche. Cet instrument
étant ajusté au bout d'une perche, on en perce les poissons
qu'on aperçoit au fond de l'eau.
Forboleux, adj. Marécageux. Voyez marrasseux.
Forbou, s. m. Marécage. Voyez maras.
Fouonnet, s. m. (Luxembourg.) Voyez malton.
Fouseresse, s. f. Carpe œuvée, carpe forcière que l'on
garde à vue pour la reproduction.
Frème, s. f. Grosse filasse pour calfater. Voyez filope.
Fricassêye di péhon, s. f. Friture, poissons frits.
Froyî, V. Frayez. Multiplier, en parlant des poissons.
Froyâhe s. f. Frai, époque du frai.
Frôye, s. f. Frai, se dit des œufs de poisson avec ce qui les
féconde.
Froyège, v. Action de frayer.
Frouhène, s. f. Endroit où fraient les poissons. Frayôre,
se dit surtout des saumons.
Frouhiner, v. Frayer. Se dit des saumons quand ils s'ap-
prochent, qu'ils se gîtent et se terrent pour frayer, (ilemacle.)
Froumage, s. m. Fromage, sert d'appât.
G}
Gard d'aiwe, s. Garde des eaux, garde de pèche.
Golfe, s. f. Gouffre. Endroit où une rivière est profonde et
où l'eau tournoie.
Goge, s. f. Ablette spirlin. Voyez ablette.
- 261 —
Govion, s. m. Goujon, (jouvion dans le Ilainaut, fjouviuii et
(iHCUvion à Namur.
Grande brame, s. f. Brème ordinaire. Voyez brame.
Gravi, s. m. Gravier.
Gravier, s, m. (Luxembourg.) Véron. Voyez Grèvî.
Grèvèsse, s. f. Ecrevissc fluviatile; à Namur: gravasse; à
Charleroi : gravîche.
Grévî, grèvî, s. m. Vairon ou véron lisse; à Namur:
fjravi, jotte di procureur.
Grèvî, s. m. Fretin, menu poisson. Alevins, pelils poissons
avec lesquels on peuple les étangs. (Remacle.)
II
Hadrène, s. f. Gué, endroit d'une rivière où l'on passe à
pied, haut fond. Passer l'aiwe so 'ne liadrènne : passer l'eau à
gué.
Hâgne, s. f. Ecaille des poissons. Voyez haye.
Hâgne, s. f. Bruu de noix, l'enveloppe verte de la noix; sert
à teindre les filets, se dit aussi Itufét/e, hufion, bronfe.
Haye, s. f. Ecaille, lame mince et plate qui couvre la peau
de beaucoup de poissons.
Hay'ter, v. Ecailler, ôter, enlever les écailles d'un poisson.
Hâle âx pèhon, s. f. Echelle ou passe Ix poissons. Espèce
d'escalier ou ouverture que l'on a pratiquée dans les murs des
déversoirs près des barrages, pour permettre aux poissons de
remonter les rivières.
Halène, lièlène, holcne (Ardenne) houlètie, s. f. Clienillo,
sert d'appât.
Haper, v. Prendre, attraper des pois.sons.
Hapète, s. f. Sorte de pelle pour vider IVau d'une nacelle.
— 2G2 —
Harnicotai, s. m. ([Aixombourg.) Hanneton, échiquier.
Kavroûlô, s. f. Ablcrot, carro, carrelet, avrule. C'est le filet
le plus généralement employé.
Hé, s. f. Cane. Croc de batelier, longue perche au bout de
laquelle l^ y a une pointe avec un crochet.
Hèrna, s. m. Rets. Ouvrage de ficelle, de corde, pour
prendre des poissons. (Uemacle.) Ghalon, grand filet de pêcheur
(Forir.) '
Hérô. Voyez Jùrô.
Heure, s. f. Hure, tète de saumon, de brochet, principale-
ment, (juand elle est coupée. (Forir.)
Hiède, s. f. Troupe, terme de pêcheur pour désigner un
grand nombre de poissons. Voyez tnVn/e.
Hirô, s. m. Glaçon: / r/7////r/ r/ès hirô so Moûse, la Meuse
charrie des glaçons.
Hôderdèspèhon, v. Limoner des poissons, les passer à
Tcau bouillante pour en ùter le limon. (Remacle.)
ïlohou, s. m. Compartiment séparé dans un réservoir à
poi.^sons. Voyez houchc.
Home, s. f. Graisin, écume sur l'eau, quand les poissons
Iraient. (Remacle.)
Hôtiche, hôtin, hôtu, houtin,s. m. Lenase. Pendant les
deu.v premières années de son existence, le wallon l'appelle
halowe. Les pêcheurs donnent le nom de payasse au nase de
lorte taille. Enfin on le nomme encore pouvçai d'aiwe; ajoutons
que celte dénomination appartient aussi au chevanne et qu'elle
lui convient mieux du reste. Luxembourg: Iiotla; Namur//o///,
u'Jiolu. 2" nréîiir. (Luxembourg.)
Horlogî, s. m. Perche goujonnière. Voyez ooî.
Houche, s. L Réservoir à poissons qui se trouve dans une
« ùanc'tf )) ou un <r bondife », barques de pêcheur. Les grandes
« hoache,, celles qui se trouvent dans les hoadifr, sont d'ordi-
— 203 —
naiiv divisées en trois compartiments qui se nomineul liolidii
ou Jiouhou. Nahai se dit d'un réservoir isolé.
Houhou, s. m. Compartiment isolé dans un réservoir à
poissons. Voyez houchc.
Hourêye, s. f. Berge.
Hover, v. BouilIer.Bouiller l'eau pour pécher aux goujons.
Hufôye, s. f. Brou de hoix. Voyez hiujnc.
Hufion, s. m. Brou de noix. Voyez hCujnc.
liai, s. m. Ilot, se dit aussi niai.
Inche, s. f. Ilamegon, liaim. Petit crochet de fer servant à
prendre le poisson, à Namur an:An.
On appelle dardillon, la petite languette pi.iuante de Thame-
çon; elle est faite en forme de dard pour accrocher le poisson ;
le hameçon plombé qui est disposé de manière à rester au fond
de Teau, se nomme pavfond.
Intrilècèhe, s. Epissure, jonction, entrelacement de plu-
sieurs torons.
Intrilèceû, s. Epissoir, instrument en forme de poinron,
pour épisser.
Intrilècî, v. Episser, réunir deux bouts de corde en enlre-
lassant leur torons.
Jètd'neuhi, s. m. Litt. Jet do noisetier, .sert à faire les
scions et les secondes. Voyez véfje.
Jotte di procureur. (Namur.)Nomdu véron lisse, lorsqu'il
est frit. Litt. Chuu do procureur, sans doute, dit (Irandga-
gnage, parce qu'il est plein d'arêtes.
— 264 -
Lamproyou, s. m. (Luxembourg). Lamproie de Planer ou
petite lamproie; v. amprôi/e.
Lèçai, s. m. Lailc ou laitance, substance qui ressemble au
lait caillé et qui contient la semence des poissons mâles.
Lèche,, s. f. Etang, noue où l'on met du poisson.
Lègne, s. t'. Ligne. (Ilemacle.) Voyez lignoûlc.
Liignètte, s. f. Lignette, ficelle de médiocre grosseur pour
faire des filets : Vosse lignette è trop fène po fer on hèrna
d' pèlieu : votre lignette est trop fine pour en faire un filet de
pêcheur.
Lignoûle, s. f. Ligne. Corde faite de crin ou de soie tordu,
avec un ou plusieurs hameçons au bout, pour prendre du
poisson.
Loche, s. f. Loche. Voyez mostùye.
Lotte, s. m. Lotte commune. Voyez boulotte; il è crâs
comme on lotte, il est gras comme une lotte.
Lotte, s. f. Loutre.
Lovaye, s. m. Louvain, vi7it d' Lovaye: vent de Louvain,
vent d ouest par rapport à Liège. Vent qui amène ordinaire-
ment de la pluie. Ex. ; si c'èsten vint d' Lovaye, i vaireii
'neplovinèttc comme brouwène dimaye.
Delahge, Lis pèhcH à V vège.
M
Maclote, s. f. Têtard, se dit encore popionle; Mons : cabot;
Luxembourg: Maquette. I"" Chabot têtard.
Malton, s. m. Bourdon, frelon, guêpe, sert d'appât. Dans
le Luxembourg : fouonnet.
— 205 -
Malton'rèye, s. f. Nid de bourdons,
Mani"*sèlle. (Luxembourg et Namur.) Voyez mùrUii
iV (lialr.
Manche, s. m. Manche de la rame, de l'aviron.
Maquette, (Luxembourg.) Têtard. Voyez maclottc.
Maqu'rai, s. m. Demoiselle ou libellule. Voyez mariai
iV (lia le.
Marasseu, euse,adj. Marécageux. Cistr auwn/c là a-t-on
p'tit gosse marasseu : cette anguille a un petit goût maréca-
geux. On dit aussi porboleu, forboleu.
Marasse, s. m. Marécage, se dit aussi forbou, porbou.
Mar'hâ,, s. m. Escarbot, bousier.
Marihâ, s. m. Blatte des cuisines, sert d'appât. Voyez
neûrès bièsse.
Mariner, v. Mariner, faire cuire du poisson, et l'assaisonner
de manière qu'il puisse se conserver longtemps.
Marînège, s. m. Marinade.
Mârtai d' diale, s. m. Libellule, sert d'appât.
Maurtia d'arme, s. m. (Namur.) Libellule.
Mâ,ye, s. f. Maille, petit anneau de fd dont plusieurs font un
tissu: Lès mâije d'ine havroûle; les mailles d'un carrelet.
Mayètte,s.f. Petite maille : rinawi 'ne mai/ètte: reprendre,
relever une petite maille qui est tombée, qui est échappée.
Meunier, s. m. (Mons.) Sert d'appût.
Miyoledi cèrvai, s. f. Cervelle, sert d'appât.
Misse, s. f. Rate, sert d'appât.
Mister, s. f. Coque du Levant. Voyez Coque levinl.
Mohe. Moclie (Namur), Mûuke (llainaut), s. f. Mouche en
général. Dans le quartier d'Outre-Meuse à Liège, on prononce
moke.
- 266 —
Mofic à Vawiou, mohe hV pètion, mohe à pépin, moheà
r pction, wolie di pètion, chcsscKte à pction. Sous ces diiïo-
rentes dénominations, le wallon comprend Tabcille, la guèpcje
bourdon, le frelon, c'est-à-dire toute mouche qui porte un dard,
un aiguillon. Toutes ces mouches servent d'appât.
Mohe à F char, s. f. Mouche bleue, elle a le thorax noir,
l'abdomen d'un bleu luisant, avec des raies noires et le front
fauve. Le wallon la nomme encore barbai ; sa larve s'appelle
ivarbau d' char. Asticot.
Mohe à r chôteur.raohe à. chèttéûr. J Abeille.
Mohe di chèteur, mohe di chètteu, ) Mouche à miel.
Mohe d'api, mohe à 1' lame. ] Sert d'appât.
Mohe artificielle, s. f. Mouche artificielle. La mouche
artificielle sert à la pêche des truites et des poissons blancs.
Mohe d'or, s, f. Mouche dorée. Elle a le corps vert doré,
avec les pattes noires. On amorce avec sa larve, que l'on trouve
dans les charognes.
Moh'tor, V. On dit qu'on voit // pèhon mohter, quand il
saute après les mouches qui volent à la surface de l'eau.
Molai, s. m. Petite moule ; petite mesure en bois pour les
mailles d'un filet.
Molduse, moldûse, s. f. Poisson de rivière que les
pêcheurs disent provenir d'une carpe commune « Cyprinus
carpis » et du carassier ou carpe à la lune « Carassius vulga-
ris ».
Molin, s. m. Moulinet, petit moulin qui s'ajuste au bas des
cannes à hauteur de la main et qui sert à donner ou retirer de
la ligne. Voyez racoyeu.
Molinaî, s. m. Demoiselle ou libellule, sert d'appât.
Molon, s. m. (Namur.) Larve du hanneton, sert d'appât.
Monsieur, s. m. (Luxembourg.) Libellule, sert d'appât.
— 207 —
Monté (esse bin). Lilt. Etre bien monté, expression
signifiant (la'Lui pùclieur a tous ses attirails en bon état et de
bonne qualité.
Mostèye, s. f. Loche. Les loches sont souvent confondues
avec les lottes, boulotte. Les dénominations wallonnes de
barbotte et depâpioùle ou popioûlc sont communes h ces deu.x
poissons.
Moulon, s. m. Le mot monlon employé seul, s'appli(|ue
parliculièrement à la larve de la mouche à viande, la grosse
mouche bleue. On distingue le blanc moulon, la larve du han-
neton ; le moulon à queue, la larve de la mouche scatophage,
celle des lieux d'aisance; le ??/o?^/o// d' bo, la larve du capri-
corne, à odeur de rose,
J. SlGAUT. (Mloxsiiirc montoix.
Mounî, s. m. Meunier, chevanneou chevenne.
Mount, s. m. Perche. Voyez pîc/ie.
Mounî, s. m. Meunier. Variété blanche du hanneton com-
mun.
Moûse, s. f. Meuse; prend sa source dans le déparlcnicnt
de la Haute-Marne, près du village de Meuse, et se jette dans
la mer du Nord.
IV
Nachale, s. f. An. wal. dans les Ch. et Privil. Voyez
nacelle.
Nahai, s. m. Banneton. Coiïre percé de truus; sf dit d'un
réservoir isolé, destiné à conserver le poisson vivant. Voyez.
bouche.
Nahe, s. f. Nacelle de grande dimension et munie d"uii
gouvernail.
Nahon, s. m. Dannetun. Voyez naliai.
- 268 —
Naque, s. f. Gravier amoncelé, ^"alcz niii so V naque avou
vosse nèçallc: ne passez pas au-dessus du las de gravier avec
votre nacelle.
Naquai, s. m. Diminutif de naquc.
Naviron, s. m. Aviron, sorte de rame. Li poufjnèye, li
manche, et l' platai d'on naviron: la poignée, le manche, la
palme d'un aviron.
Navuron, s. m. Nageoire.
Nèyî, V. Noyer. Faire mourir dans l'eau.
Nèsse, s. f. Nasse. Espèce de panier d'osier, de jonc, de fil
de fer pour la pêche dans les rivières; l'ouverture est ronde et
garnie de brins d'osier en forme d'entonnoir. La nasse est sou-
tenue par plusieurs cerceaux, qui vont en diminuant de dia-
mètre depuis l'ouverture,
Nèçalle, Nècèlle, s. f. Nacelle.
Neûre bièsse, s. f. Blatte domestique. Sert d'appât.
Namur: Noire biète. 2» Ténébrion des boulangers, sa larve
cylindrique est d'un jaune d'ocre, vit dans le son et la farine ;
elle porte le nom de viêr di f arène; sert d'appât.
Nouque, s. m. Oudre. Nœud de la maille d'un filet.
O
Ogî, s. m. Grémille, baveux, perche goujonniêre. L'Ofjî se
nomme encore horlogî.
Oisir, s. f. Osier. Nom que l'on a donné aux branches
flexibles de presque toutes les espèces de saules, et dont les
vanniers se servent pour confectionner différents articles de
pêche, tels que les nasses, les paniers, etc.
Ole di trâne, s. f. Huile de poisson.
Ombe, s. f. Ombre de rivière. Voyez blanke truie.
Opielle. (Mons) Espèce de rosse, poisson blanc.
— 200 —
Orèye di pèlion, s. f. Ouïes, branchies. Ci harhui la <• tôt
(risse, il a lès orèye totè roge: ce barbeau est luul frais, il a les
ouïes toutes vermeilles. (Forir ) D'après Remacle jx'iaitr di
pèhon.
Où, s. m. Œuf. Les œufs du brocliet, du barbeau et de la
lotte sont assez dangereux à manger,
Ouye, s. m. Œil.
Ounélle, ouène. (Mons.) Chenille. Voyez halenne.
Oûthe, s. f. Ourthe. Rivière très poissonneuse; elle a deux
sources : la première se trouve entre le village d'ûurlho et le
hameau de Deïfeld ; la seconde prend naissance près de
Remagne, au sud-est de St-Hubert. L'Ourthe se jette dans la
Meuse à Liège.
Passâhe, s. f. Passage. Changement de lieu des poissons
dans certaines saisons. /./ passâhc des àbèye : le passage dt-s
aloses.
Passêye, s. f. Traversée à un passage d'eau; loiiles les
personnes qui passent à la fois. Nos èsth de l' primù passcije:
nous étions de la première traversée.
Passade, s. f. Voyez passâlie.
PasSGÛ, s. m. Passeur, batelier qui conduit un bar, un
batelet pour passer l'eau, liould V passeù : appeler, hèler le
passeur d'eau.
Payasse, s m. Nom que les pêcheurs donnent au lu'itiche
de forte taille.
Palon, s. m. Ecope, pelle de bois longue, à chasse relevée
par le bout et à rebords, qui sert ù prendre et à lancer l'eau
des bateaux. Voyez sèsse.
— '■210 —
Pâpioule, s. m. Sous ce nom, le wallon comprend les
hoches et les loties. Voyez boulotte et mostèi/c.
Pasge, s. f. Voyez passâlie.
Passe, s. f. Pâte, sert d'appât.
Fâvion, s. m. Papillon. On dit encore pâvion et ambion.
Luxembourg : paupian ; Namur : pèwioti, sert d'appât.
Pèhe, s. f. Pêche, art, exercice, action de pêcher.
Péhâhe, s. f. Epoque de la pêche.
Pèheu, s. m. Pêcheur, celui qui se livre à la pêche pour
son plaisir ou pour {gagner sa vie ; ramon d' pèheu : bouille.
Pèheur, s. f. (Luxembourg.) Panier aux poissons. C'est un
panier en forme de bissac rebondi, qui sert à mettre le poisson
pris à la pêche; il se porte en bandouillère; se dit aussi chèna
âx pèhon et banstai.
Pèhî, V. Pêcher. Pèltî à bouchon. Pêcher au bouchon, à la
ligne ilolianie. Pèhî à V havroûle. Pêcher au carrelet, à l'ableret.
Pèhî IL r chik-chak. Pêcher avec la ligne à fouetter, Pèhî à
r vège. Pêcher à la ligne. Pèhî à l' volîre. Pêcher à la volée,
avec la mouche artificielle. Pèhî so fond. Pêcher avec la ligne
de fond ou dormante.
Pèh'neux, eûse, adj. Poissonneux, qui abonde en pois-
sons. Li Moûse et l'aiwe d'Ofithe sont pèh'neûse : La Meuse et
rOurthe sont poissonneuses.
Pèhon, s. m. Poisson. La faune belge compte environ
quarante espèces principales de poissons d'eau douce. Ele di
pèhon: nageoire; orèye di pèhon: ouïes; vèssèye di pèhon:
vessie natatoire; haper de pèhon : prendre, pêcher du poisson.
Pèh'réye, s. f. Pêcherie, terme générique.
Pîh'résse, s. f. Poissarde, marchande de poissons.
Peigne di pèhon, s. m. Branchies. (Remacle.)
Pépinoke (Charlcroi). Epinoche.
t>71
Perchette. (Luxembourg.) Pelilc perche.
Percot, s. m. Petite perche, dimiiiulif de ;;/(?//r. Cepciitlant
le terme percot peut se dire aussi sans idée diiiiiiiulivo,
synonyme : piercot.
Peus, s. m. Pois; les pois cuits servent d'appât.
Pîcètte di grèvèsse, s. f. Pinces d'écrevisses.
Pîche, s. f. Perche de rivière. Ses petits se nomment por-
cûts en français, et en wallon percot, piercot Qlpicluile. Lu
perche elle-même s'appelle encore mounî et stèclie; à Namur ;
pièlie; à Braine l'Allcud: percot.
Piclion. (Mons.) Poisson.
Pierre Saume (Luxembourg), s. m. Tramail, grand filet
triple, dont la nappe du milieu a les mailles serrées, tandis que
les extérieures les ont très grandes. La partie inférieure
du filet est garnie de plombs et la partie supérieure de flottes.
Voyez trama. (Dasnoy.)
Piou, s. m. Pou, pion (V pèhon, pou de poisson, pive.
Pitite brame, s. f. Brome bordelièrc. Voye.c hrùmr.
Platai, s. m. Palme. La palme de la rame ct^t la partie
plaie qui plonge dans l'eau.
Plate messe, plate mousse. Bouvière amère.
Poch'tâ, s. m. Sauterelle et criquet, sert d'appât. Ils
abondent dans les prairies vers la lin de l'été; de là, leur.s
uoms ûe cofj (!i four c\ coq d'aoûsse; comme ils avancent en
sautant, on les appelle yjoc//^/, poclicUeclpocli'lâ; ,\rdennes :
coqdu four;Ua\medy : sotcroûlc ; l^amuv: sunlnillf, sautu-
ria; Mons; sautiau, sautriau, cod'aoute.
Popioûle, s. f. Têtard, grenouille à son premier point de
développement. Voyez maclolte.
Pougnârd, s. m. Barbillon, petit barbeau âgé de trois à
quatre ans. On dit aussi rcùil poutjuàrd. Ces expressions
— '272 —
s'emploient encore pour désigner le jeune brochet, plus connu
sous le nom de bèchtû.
Pougnèye, s. f. Poignée de la rame, la partie de la rame
que l'on saisit avec les mains ; se dit aussi manche.
Poûheu, s. m. Epuisette. Petit filet monté sur un cerceau
de fer, ajusté an bout d'un long manche de bois, pour recevoir
le poisson pris à la ligne. Se dit aussi trùlaî.
Pourçai d'aiwe, s. m. Meunier chevenne.
Précheu, Princheu. (Mons.) Hanneton.
Prique, s. f. Lamproie de rivière.
Princheux. (Mons.) Hanneton.
Porbou, s. m. Marécage.
Porboleux, euse, adj. Marécageux, euse.
Pris-songue. Sang en caillot, sert d'appât.
Q
Quowe d'a^vèye, s. f. (Luxembourg.) Épinoche h queue
lisse. V. Spinâ.
Quowètte, s. f. Petite anguille. V. anwèye.
Rave, s. m. Rame, longue pièce de bois dont on se sert
pour faire avancer un bateau.
Raignon, s. m. Meunier argenté. Il est plus petit que le
chevenne, et se fait remarquer par la teinte argentée de ses
écailles. Ce nom, qui s'écrit encore, rayon, rayon, et règnon
s'applique aussi à différents poissons, tels que le gardon,
la vaudoise, etc.
Rain, s. m. Grande rame qui se place à l'arrière d'un canot
et fait cl la fois l'office de rame et de gouvernail.
- '273 —
Raîne, s. f. Grenouille. Les œufs do givnouillL' porlonl lus
noms de covisse di rmnc, et les têtards s appelleiit mnclattc et
popioûle. Namuret Gharleroi: (juènwui/c; Mons: mine.
Racoyeu, s. m. Moulin. Petit cylindre en métal qui se place
au bas de la gaule et qui sert à recueillir la ligne. Voy. mûliti.
Rame, s. f. Rame, aviron.
Râmer, v. Ramer.
Râmeu, s. m. Rameur.
Ramon d' pèheu, s. m. Bouille. Voy. bouUcu.
Rapèhî, V. Repêcher.
Rave di baflî, s. m. Rame en forme de spatule.
Rèpèh'ner, v. Rempoissonner, repeupler de poissons un
vivier, un étang.
Rèpèh'nè3^e,s. m. Rempoissonnement, action de rempois-
sonner, résultat de cette action.
Reûd pougnârd, s. m. Barbillon. V. poiujnàvil.
Reûsse, s. f. Filet que le pêcheur emploie pour mettre le
poisson qu'il a pris à la pèche.— Réseau, d'après Forir — ju'hi
à l' refisse: pêcher au réseau, à l'épervier.
Riboulter,v.Bouiller,agiterde nouveau la xasc — I n' hîr lie
pus, i fà rboulter. Le poisson ne mord plus, il faut bouiller
de nouveau.
Rièsse, s. L Arête de poisson.
Rifroyî, v. Frayer de nouveau.
Rijondège, s. m. Epissure, fonction do doux morceaux de
corde entrelacés. Se dit aussi ripiceiire et riprin(h\ic.
Rîhaî, s. m. Nappe. Certain filet de pêcheur, d'après Forir.
Rihay'ter. V. Écailler de nouveau. Uihan'lrr ou inVwn :
écailler une seconde fois un poisson.
Ripèhî, V. Autre forme de rapchî.
18
— 274 —
Ripiceuse, s. m. Épissoir, outil pour cpisser.
Ripiceure, s. f. Épissure, fonction de deux bouts de corde.
Ripicî, V. Épisscr, Voy. intrilèci.
Ripriùdège, s, m. Épissoir, instrument en forme de
poinron, pour épisser.
Roche. (Mons.) Rosse, poisson.
Rochètte. (Mons.) Diminutif de roche.
Roge vièr, s. m. Ver rouge, sert d'appût.
Rosse, Rosse di fond, Rossette. Sous ces dénominations
l'on comprend les deux espèces de gardons qui vivent dans les
eaux belges, savoir : 1" Le gardon ordinaire, que l'on nomme
encore able gardon, roche et meunier rosse; 2° Le gardon rouge
ou meunier rotengle. Les gardons sont appelés vulgairement
poissons blancs, en wallon blanc pèhon ; Mons : roche, rochètte.
Roûdion, s. m. Gros frelon, bourdon; sert d'appât.
R'prinde, v, Épisser. Entrelacer deux cordes en mêlant
ensemble leurs filets sans faire aucun nœud. V. ripicî, intrilèci.
S
Sâhon, s. f. Saison. Temps de la pêche.
Sâycler, v. Étalonner, plomber, imprimer une marque sur
un filet, pour certifier que les mailles ont la dimension exigée
par la loi.
Sayètte, s. f. Sauterelle. Voy. poch'tâ, s'écrit aussi sayette.
Sayîme, s. m. Dideau ou diedeau, filet qui est de la largeur
d'une rivière, pour arrêter les poissons.
Saiwe, s. Chantepleure. Ouverture pratiquée verticalement
au pied d'un mur de clôture, avoisinant une rivière, pour que
pendant et après les débordements, les eaux puissent entrer et
sortir librement et se rendre dans un étang.
275
Sâme, s. 1'. Salm, petite rivière très poissonneuse.
Sâmon, s. m. Saumon,
Sâmoné, êye, adj. Saumonée, se dit du poisson i chair
rouge comme celle du saumon . — lue tvûtc sâmonêyc : une truite
saumonée.
Sâmonet, s. m. Saumonneau, petit saumon.
Sam'rèsse, s. f. Sauterelle.
Sangroûle, SangsOAAre, s. f. Sangsue, sert d'appât ;
à Verviers: sangsâwc; Malmedy : saugsomue; Mons: sangsure;
Clermont, Thimister : chawe-chawe.
Sankisse, s, m. Limon, boue, vase qui est au fond des
fleuves, des étangs.
Sartouille. (Luxembourg). Lamproie de Planer.
Saume, s. m. (Luxembourg). Truble ou trouble. Filet en
forme de sac pointu, monté sur deux bâtons ou par un demi-
cercle attaché à un seul bâton. (Dasnoy.) Voy. troûlc.
Sâvioneux, adj. Sablonncux,qui contient beaucoup de sable.
Scarbotte, s. f. (Ardenne.) Bousier, escarbot; sert d'appât.
Scavège, s. m. Autre forme de escavège. Poisson à la
daube.
Scaver, v. Dauber. Préparer le poisson à la daube.
Sèchi, v. Tirer, enlever la ligne de l'eau pour retirer
le poisson pris à l'hameçon.
Sègne, s. m. Signe.
Seimme, s. f. Ane. wal. dans le recueil des ordonnances.
Espèce de balardeau ; alosière, filet pour pêcher l'alose,
Sèsse, s. f. Écope, sasse, pelle creuse à rebords pour jelcr
l'eau des nacelles : vudî 'ne iu\'alle à cap d'sêssc, évacuer l'eau
d'une nacelle à coups de sasse.
Siètte, s. f. Sauterelle.
— 276 —
Sitope, s. f. Éloiipe, filasse, chanvre, lin, etc.
Sizin, s. m. Petit glaeon de rivière. /' d'hind dès sizin so
Moûsc: La Meuse commence à charrier de petits glaçons.
Smérii V. Goudronner.
Songue, s. m. Sang. Blètti-songiie; pris-songue, sang en
caillot, sert d'appât.
Sôye, s. f. Soie.
Spièrlin, s. m. Fretin, menuaille, petit poisson dont on
fait peu de cas. (Remacle.)
Spinâ, Spinètte, Spinoke. Kpinochc. Mons: Épinoke;
Charleroi : Pcpinokc; Luxembourg; Quowe d' awèyc.V c^'mochQ
est un des plus petits poissons que Ton connaisse. C'est le seul
qui construise un nid et s'occupe de sa progéniture. On trouve
dans les rivières l'épinoche qui fraie d'avril à juin, et l'épi-
nochelte qui fraie en mai et juin. C'est cette dernière espèce
qui porte plus particulièrement le nom de spinètte. Elle se
rencontre surtout dans le Geer.
Spitraî, s. m. Saumonneau, jeune saumon.
Stok'hâme, s, m. 1" Épervier. Voy. eotrat. 2" Sorte de filet
triangulaire, monté sur deux bâtons en croix. On le promène
presqu'à la surface de l'eau pendant les quelques nuits du mois
d'août, lors du vol des éphémères, pour prendre les anguilles
qui sont très friandes de ces insectes qu'elles viennent gober
lorsqu'ils tombent sur l'eau (engin prohibé).
Strugeon, sturgeon, s. m. Esturgeon.
Tahe, s. f. Cadenas de nacelle.
Tinche, Tielie, s. f. Tanche; à Mons : tinke.
Trama, s. f. Tramai!, c'est un appareil composé de trois
filets qui s'installe en travers de la rivière.
— 277 —
Trawe-Pîre ou trâwe-pîd. Petite lamproie, lampriUon.
Trèye, s. f. Égrilloir, treillis ou grille qu'on met à un étang
pour empêcher les poissons d'en sortir.
Trèsérin, s. m. Débâcle.
Trèyin,s.m.Trident. Fouane, instrument à dents barbiliées,
ayant un très long manche, propre à percer les poissons, surtout
les brochets, et à pêcher à la torche ou brandon.
Tripisse, s. m. Bourbe.
Tresse, s. f. Trousse. Le pêcheur ne se met jamais en
campagne sans être muni de plomb, de liège, de plume, d'une
bu deux pelotes de soie torse et d'une pelotte de ficelle de lin,
un fort couteau et une boîte en fer blanc, pour renfermer son
appât, un anneau pour décrocher les lignes, etc., etc.
Troûle, s. m. Truble; petit filet de pêcheur, à pointe ronde,
dont l'ouverture est attachée à un cerceau qui a à peu près la
forme d'un capuclion.
Douteux. Grand truble dont la monture est tranchée
carrément.
Lanet. Petit truble à manche fort court, monté dans la forme
d'une raquette.
Troûlêye,s. f. Bande de poissons réunis en masse, grande
quantité de poissons.
Quelle troûlêije di hôtiche, quelle hièdc di fjovimi.
G. Delarge — Les pèheu à l'vège.
Trûlai, s. m, Havencau. Bourse, petit filet adapté ;'i un
cerceau pour prendre les poissons dans les réservoirs. D'après
Forir, il signifie trouble ou truble, filet monté sur un cerceau
ou monté de perches pour le poisson plat. — /V7// // Iruluî:
pêcher au truble.
Trûte, Treute, s. f. Truite commune.
— 278 -
U
Ulaî, s m. Ilot, petite île.
V
Vège, s. f. Gaule. La gaule qui a de 4 à7 mètres de longueur,
est composée de trois pièces ; le pied « kou d' vège » branche
de coudrier; la seconde ou branlette de môme longueur, mais
plus mince et d'une grosseur qui va en décroissant vers le bout;
enfin, le scion (^vcrgcon), peiiic branche bien filée et plus mince
encore.
Vènne, s. f. Pertuis, passage étroit pratiqué en rivière pour
retenir l'eau.
Vergeon, s. m. 1" Scion, petite branche mince, bien filée et
flexible, qui termine la gaule et à laquelle on attache la ligne.
'2" Gaule d'une seule pièce très mince.
Vèrgeu, s, m. Voy. vergeon.
Vérgî, v. Ployer, être pliant, élastique, flexible.
Vèroûle, s. f. Virole, petit cercle ou anneau de métal, qui se
place au gros bout de la gaule ou canne à pêche, pour
la renforcer et l'empêcher de se fendre. Les viroles qui servent
à réunir les différentes parties de la gaule se nomment
buzètte ou buselure.
Vésse, s. f. Vesdre. Cette rivière prend sa source près
d'Eupen, dans le royaume de Prusse, et se jette dans TOurtlie
à Chênée.
Ses eaux, toujours imprégnées de matières colorantes qui ont
servi aux teintureries de Verviers, ne permettent plus aux
poissons d'y vivre.
Vèssêye di pèhon, s, f. Vessie natatoire.
Vièr, s. m. Ver. Sert d'appât.
- 279 —
Vièr à quowe. Synonyme de ivarbau à quowe.
Vièr di farène, s. m. Larve du U'Miébrion de la farine.
Elle est cylindrique et d'un jaune d ocre ; elle vit dans le son et
la farine. Sert d'appât.
Viér di terre, s. m. Ver de terre. Sert d'appât. On donne
le nom de roge vièr, au petit ver rouge, qui sert spécialement
d'appât.
Vièrna, s. m. Gouvernail, timon mobile pour gouverner une
nacelle, un bateau.
Vièrner, v. Gouverner un bateau.
Vièrnége, s. m. Direction du gouvernail, action de conduire
un bateau.
Vièrneû, s. m. Timonier, celui qui gouverne le timon, le
gouvernail, barreur.
Vièrtai, s. m. Vermisseau, petit ver, sert d'appât.
Vindoise. (Namur.) Vaudoise.
Vinta, s. m. Vanne. Porte dont on se sert pour arrêter l'eau
d'un canal, et qu'on lève lorsqu'on veut faire marcher la roue.
Vivî.s. m. Vivier. Grand bassin d'eau courante ou dormante,
dans lequel on nourrit, ou conserve du poisson pour peupler les
étangs ou pour l'usage journalier.
Vivreu, 'Vivrou, s. m. Verveux. Sorte de filet fait en
entonnoir. C'est une espèce de nasse soutenue par des cerceaux.
Ces cerceaux sont des branches de saules pliées en rond et se
nomment archelet. Le quinque-porte est une autre espèce de
verveux; il est de forme cubique et a cinq entrées correspon-
dantes à cinq des faces du cube.
Vurou, s. m. Verveux. Voy. vivrou.
W
Wayî, v. Marcher à gué, passer à gué, guécr.
— 280 —
"Warbau, s. m. Achée, asticot. Se dit surtout de la larve
du hanneton, appelée aussi blanc vicr, sert d'appât.
Luxembourg: wcrhà, chalau ; Namur: waribau, molou,
chàJou ; ïlainaut: violon, moulon.
"Warbau à quowe, s. m. Larve de la mouche scalophage,
celle des lieux d'aisances. A Mons : moulon à queue. Sert
d'appât.
"Warbau d' chélr, s. m. Larve de la mouche bleue: moJie
à i char, et de la mouche dorée moJie d'ôr.
"Warbia. (Namur.) Lamprillon, petite lamproie.
"Warmaye. Éphémère.
"Wasse, s. L Guêpe, sert d'appât. Se dit encore luèspe, xvèsse
ou woissc; h Malmedy: wehsc; Mons: wcsse, wèche; Luxem-
bourg et Namur: waspc.
"Waswâder, v. Boucaner, saurer, fumer les viandes, faire
sécher à la fumée; waswâder dès pèlion: boucaner, fumer des
poissons.
"Was'vsT'âdège, s. m. Action de boucaner, de fumer.
"Waswâdeu, eûse ou dresse, s. Celui ou celle qui
boucane, qui saure, qui fume la viande et les poissons,
"Was'wâde, s. L Boucan, lieu pour fumer, pour boucaner
les viandes.
"Waterzote, s. L Matelotte. Poissons cuits dans l'eau avec
du persil. Li waterzote è-st-ine sope di jlamind: La matelotte
est un potage flamand.
Wé, s. L Gué.
"Wène,s. f. Meunier ide. Ce poisson est assez rare dans la
Meuse et TOurthe. On ne le trouve qu'au printemps et en clé.
On écrit encore ouène.
"Whôtu, s. m. (Namur.) Nase.
VOGABULAIRb: WALLON-FllANÇAIS
DES
MOULEURS, NOYAUTEURS ET FONDEURS EN FER
l'Ait
Achille JACQUEMIN.
L'arme ilu Iravaillcur, c'csl l'outil.
PRIX : MÉDAILLE D'ARGENT.
AbOj s. m. Arbre de trousse. Il se compose d'un plateau en
fonte, avec moyeu fileté, pour recevoir l'arbre proprement dit.
Abe à na"wai, s m. Lanterne ou arbre en fer étiré ou en
fonte. Il sert à fabriquer les noyaux, pour les tuyaux qui se
coulent soit debout, soit couches.
Ablo, s. m. Blochet. Pièce de bois sur laquelle oa place les
chapes ou châssis après démoulairi' [xiur les réparer, et les
pièces coulées pour les ébarber et les nettoyer ; on dit aussi
blokai. il sert également d'échafaudage.
Adouci, s. m. Lissoir. Outil en zinc qui sert à réparer les
congés ; il y en a des ronds et des carrés.
Airége, s. m. Event, auvent ou trouée. Se dit des petits
trous faits dans les parois du moule, au moyen d'un fil de for,
pour laisser sortir les gazes que contiennent les noyaux, ou
donner issue à l'air contenu dans les creux, que le nitHal fondu
vient remplir au moment de la coulée.
— '2S2 —
Aiwe di châsse, s. f. Enu de chaux, eau qui tient de la
chaux en dissolution. Voyez au mot mastic.
Aliseu, s. m. Alcsoir. Sert aux burincurs pour aléser et
nettoyer les trous.
Areudi, v. Durcir. Rendre le mortier plus dur.
Arzèye, s. f. Argile. Elle sert à faire les ébauches des
noyaux et pièces moulées en terre, sur les armatures ou
ferrailles, puis on met une bonne épaisseur de sable en mortier.
Asfîgî, V. Asphyxie (déterminer 1'). Elle peut se produire
près des cubilots ou dans les séchoirs.
B
Bâche, s. m. Bac, augette. Chaque mouleur a un petit bac
à côté de lui dans lequel il a du sable préparé, c'est-à-dire
mélangé à une partie de houille fine, le tout tamisé très fin; il
en met une couche de deux doigts contre les parois de son
modèle.
Baguette d'air, s. f. Baguette en acier, pour percer des
trous autour du moule, alin de réserver des sorties à l'air. Les
unes sont droites, d'autres sont courbées et pliées de fagon à
aller sous le modèle.
Balancî, s. m. Balancier. Outil accessoire de la grue pour
lever les châssis quand il faut les tourner pour les emballer,
ou réparer la partie moulée.
Balancî à creux ou creuhlâde, s. m. Balancier. Il sert
à enlever les moules qui doivent être attachés par quatre en-
droits, ou les petits châssis à la main qui doivent être élevés à
une hauteur dépassant celle de l'homme. Sert particulière-
ment aux mouleurs en terre.
Banse, s. f. Manne. Panier en osier.
Bassin, s. m. Bassin. Espèce de bac rond ou carré; il est
— 283 —
employé pour le coulage des pièces dépassant cinq ou six mille
kilogr.
Bassin (pitit) ou sabot, s. m. Cuillère en fer manœuvrée
par un homme, elle sert à verser la fonte dans les moules d'une
petite capacité.
Batte ine pièce di levai. Rendre une place dure, prête à
recevoir le moule.
Batteu d' terre, s. m. Ouvrier qui fait le mortier d'argile
et de sable, pour le moulage en terre et noyautage.
Baveûre, s f. Bavure. Petite aile produite par la pression
du coulage entre les parties du moule, ou à la jonction des
châssis.
Bîler. Voir crevasser.
Bèrwètte, s. f. Brouwctte. Sert h transporter les briques,
le sable et les petites pièces coulées.
Bîleure, s. f. Gerçure ou crevasse qui se produit dans le
sable en séchant. On dit aussi erèvasse en wallon.
Blaireau.s. m. Blaireau. Pinceau formé du poil de l'animal
de ce nom. On s'en sert dans les fins ouvrages pour enduire le
moule d'une couche de noir, ce q;!i rend la pièce beaucoup
plus belle.
Blanc, s. m. C'est le nom du sable calciné que l'on gratte en
bas des pièces coulées, et que l'on sème entre les parties du
moule pour les empêcher d'adhérer Tuno à l'autre.
Blanke fonte, s. f. Fonte blanche. La fonte blanche est
impropre à la coulée des pièces mécaniques.
Berâdi, s. m. Plancher qui se trouve à la partie supé-
rieure du cubilot, sur lequel se tient le chargeur. Se dit aussi
plane In et seanfàr.
Blokai, s. m. Blochet. Voyez ablo.
Bloc di grue, s. m. Mouflle, assemblage de i)Oulies.
— 284 —
Bodet à coke, s. m. Grande manne qui sert de mesure
pour le coke, à l'ouvrier qui charge le cubilot.
Boite à nawai, s. f. Boite destinée à la confection des
noyau,x.
Botte, s. f. Sorte de poêle fait d'un morceau de tuyau de
tôle, dans lequel on l'ait du feu pour sécher les moules dont le
transport au séchoir est impossible.
Bouchon, s. m. Qucnouillette. Verge de fer dont un bout
est arrondi et qui sert à boucher l'ouverture des godets qui
contiennent le métal en fusion lorsqu'on le fait couler dans les
moules.
Bouchon, s. m. Scrrière. Tige de fer qui sert à boucher
l'ouverture du fourneau pratiquée par \c piqueu, nu moyen
d'une poignée d'argile durcie que l'on place dessus.
Boulon, s. m. Boulon. Les boulons servent à assembler les
châssis.
Boulonner, v. Boulonner.
Boulonner, v. Pomper dans les pièces. C'est introduire
dans l'évent, sitôt que la pièce est coulée, une baguette de fer
rond chauffée préalablement, et refouler la fonte dans le moule.
Boulonnège, s. m. Pompage. Action de pomper dans les
pièces.
Boulonneu, s. m. Fer à pomper. Baguette de fer que l'on
introduit dans le moule après la coulée, pour resserrer la fonte.
Bouter, v. Pression de la fonte dans le moule trop tendre,
laquelle produit le défaut ci-dessous.
Boutège, s. m. Bosses qui se produisent aux pièces coulées.
Ce défaut provient de ce que le sable n'a pas été suffisamment
emballé (foulé) autour du modèle.
Boutneûre, s. f. Gaz qui se dégage des noyaux.
Brique di terre, s. f. Briques employées dans la confection
des moules faits en terre.
— 285 —
Brique di sâvion, s. f. Même usage que ci-dessus.
Brochi, v. Ecraser; se dit lorsqu'une partie du moule est
écrasée, alVaissée, parce qu'elle a louché trop fort.
Eroke, s. f. Bûche en broche. Ebauchago des petits noyaux,
qui sont terminés au moyen du rapage et du limage.
Broke di fonte, s. f. Cheville de fer pour maintenir ou
airermir les petites parties du moule.
Broulêye fonte, adj. Fonte brûlée.
Broûler, v. Brûler.
Brouleûre, s. f. Brûlure.
Burin, s. m. Burin. Outil d'acier.
Bûse à branclie, s. m. Tuyau à tubulure pour embran-
chements.
Bûse à manchon, s. f. Tuyaux se rcmboilant l'un dans
l'autre.
Bûse à golé, s. f. Tuyau h collet se boulonnant l'un à
l'autre.
Bûsètte di terre, s. f. Jet moulé en terre, que le mouleur
eu sable place contre son modèle à tel endroit qu'il juge conve-
nable pour couler la pièce.
C
Calège, s. m. Calage, action de caler.
Calîbe di na'wai, s. m. Calibre. Divers instruments dcsti-
né.s à servir de mesure ou de patron.
Calibrer, v. Calibrer, donner, mesurer avec le calibre.
Cann'ler, v. Ganneler, orner de cannelures.
Cann''leûre, s. f. Cannelure.
Cassège, s. m. Cassage. Se dit des pièces telles que poulies,
volants ou engrenages, que l'on coule d'une pièce, de manière
— t286 —
à pouvoir les casser en deux ou trois endroits et les rassembler
en ajustant en place.
Casser, s. f. V. Casser.
Casseure, s. f. Cassure. Voy. Pètteur.
Gère, s. f. Cire jaune. La cire sert h enduire les modèles de
fer pour empêcher le sable de s'y coller, et les préserver de la
rouille. Elle est employée aussi dans la confection du mastic
de fonte. Voyez mastic.
Cèque,s. m. Cercle. Il est en bois ou en fonte ; le mouleur le
place sur le sable pour faire la division d'un engrenage, et
placer les dents après cette division.
Châffer, v. Chauffer. Donner, produire de la chaleur.
Chaîne, s. f. Chaîne simple servant pour le transport des
petites pièces ou charges ne dépassant pas 200 ou 300 kil.
Chaîne à deux branche, s. f. Chaîne à deux branches.
Elle sert avec la grue à lever les grosses pièces et les châssis
lourds. On l'appelle aussi en ^Yallon serra.
Chaîne di cramaére, s. f. Ciiaîne, accessoire de la grue
faisant fonctiunner le crémaillère.
Champion rond, i s. m. Lissoir. Outil pour tuyaux et
» longou, I moules de formes cylindriques.
Chappe, s. f. Chappe. Partie supérieure du châssis.
Châsse, s. f. Chaux. Elle est employée dans la confection du
mastic de fonte. Voyez mastic, vive châ, chaux vive ; aîwe di
châsse, eau de chaux, qui tient de la chaux en dissolution.
Chège, s. f. Charge de métal que l'on met au cubilot, entre
deux charges de coke, pour fondre.
Chège, s. f. Poids que Von place sur les châssis non clavettes
pour les empêcher d'être soulevés par la pression du coulage.
Chènâ, s. m. Pkigole. Chemin tracé dans le sable de la
fonderie et allant depuis le creuset jusqu'au moule, pour
— t287 -
conduire ie métal liiiuide, lorsqu'il s'agit de couler une pièce de
grande dimension. On donne à ces rigoles une pente rapide,
alin que la fonte s'écoule promptcment et ne soit pas exposée
à se liger en route.
Chèrgî r coup'lot, v. Charger le cubilot, y mettre la fonte
et le coke.
Chèrgî lès chèssi, v. Charger les châssis, y mettre des
poids pour les empêcher d'être soulevés. Voyez chcQ.
Chèssi, s. m. Châssis. Caisse en fonte dont les dimensions
sont calculées d'après les pièces qu'on veut couler. Il y en a de
une, deux, trois pièces et môme davantage, et de toutes formes.
Le châssis le plus simple est celui qui se compose de deux
caisses, l'une pour la partie inférieure du moule, l'autre pour la
partie supérieure; elles doivent s'ajuster parfaitement l'une à
l'autre, au moyen de liteaux, de goujons, de crochets ou de
boulons.
Chèssi à V main, s. m. Châssis que Ton remue ;i la main.
Chèssi à Tgrue, s. m. Châssis que l'on remue avec la grue.
Chèssi d' bûse, s. m. Châssis spécial pour tuyaux.
Chèssî jus, V. Imprimer le modèle sur une place préparée.
Se fait pour les grosses pièces pour lesquelles on n'a pas de
châssis assez grand ou dont les frais seraient trop élevés.
Voyez à r'châssL
Chèssi qui passe, s. m. Signifie une fuite de la fonte par
un joint mal raccordé. Litt. : Châssis qui perce.
Chièrgeû, s. m. Chargeur, ouvrier qui charge le cubilot.
Cimint, s. m. Ciment, composition pour coller.
Cintrer, v. Centrer. Marquer le point de centre.
Cintrège, s. m. Centrage des portées.
Cisai, s. m. Yoycz licrpai, ciseau.
Clâ, di spèheûr, s. m. Clou d'épaisseur, pour soutenir les
noyaux en place.
Clapet de V grue ou de T paile, s. m, Hi lient. Cric.
— 288 -
Clavette, s. f. Clavelle. Espèce de coin pour serrer les
chiissis.
Clavter lès clièssi, v. Clavetter; poser les clavettes aux
châssis\
Clé à boulon, s. f. Clef à boulon. Outil pour serrer et ouvrir
les boulons.
Cleusse, s. f. Crible, tamis. Instrument percé de petits
trous pour tamiser.
Gocbe, s. f. Entaille faite aux tresse, afin de maintenir les
arbres pour tourner les noyaux.
Coke-deur, cok, s. m. Coke; combustible employé pour le
cubilot.
Contrumcule, s. m. Contre-moule, moule de rechange,
moule en creux.
Coquiye, s. f. Coquille. Les deux parties égales d'un moule;
moule en fonte, qui est, dans la fonderie, ce qu'est la matrice
dans l'estampage du fer battu. Pièce de métal placée dans un
moule et destinée à produire un effet de trempe partielle. Voy.
couler è coquiye.
Costeure, s. f. Couture. Ligne saillante que les joints du
creux laissent ordinairement sur une pièce moulée.
Coude, s. m. Coude, tuyau coudé.
Cougnèt, s. m. Coin pour caler.
Couler, V. Couler, action de couler la fonte dans un moule.
Couler â sabot ou p'tit bassin, v. Couler à la poche; c'est
couler au moyen d'une cuillerée en fer
Couler àr cliènâ, v. Couler au moyen de rigoles; c'est
lorsqu'on laisse descendre la fonte du fourneau par le trou de
coulée, et qu'on la conduit ainsi dans les moules.
Couler è coquiye, v. Couler en coquille.
— 289 —
Coulège, s. m. Endroit par lequel la fonte entre dans un
moule.
Coulège, s. m. Terme générique, coulage.
Coulêye, s. t. Coulée. Se dit de l'ensemble des pièces que
l'on coule par la même fusion.
Couleu, s. m. Ouvrier qui coule, qui verse le métal fondu
dans un moule.
Coup'lot, s. m. Cubilot. On prononce aussi coup'lout.
Gourson, s. m. Courcon. Bande pour serrer les moules d'un
canon.
Couve, s. f. Cuve en tôle dans laquelle se coule les pièce en
terre. Quant on craint l'arrivée de l'eau dans le sous-sol de la
fonderie, on fait descendre une cuve en tôle parfaitement
étanche ; c'est dans cette cuve que l'on coule. La cuve sert
aussi pour maintenir les parois du sol.
Cowe di oui, s. f. Crochet ayant la forme demi-ronde pour
séparer les moules.
Cramayère, s. f. Crémaillère. Les crémaillères placées sur
la grue servent à faire avancer ou reculer les charges suivant
les besoins.
Cramer, v. Ecrémer la poche qui contient la fonte avant de
la verser; c'est enlever les scories et les crasses qui surnagent.
Cramège, s. m. Ecrémage. Opération qui consiste à retenir
et retirer les crasses qui surnagent sur la fonte liquide quand
on coule, et de les empêcher d'entrer dans le moule.
Crameu, s. m. Ecumoire. Outil que l'on tient à la surface
du fer fondu, pour empêcher les crasses d'entrer dans le
moule,
Cram'résse, s. f. Ecumoire ; cuillèru, dont se sert le fondeur
pour écarter la crasse de la surface de la fonte liquide avant
de la verser dans les moules.
VJ
— 290 -
Crasse, s. f. Grasses ou scories qui surnagent sur la fonte
liquide.
Grèsse, s. f. Crète.
Creulilâde, s. f. Voyez halancî à creux.
Crevasse, s. f. Gerçure qui se produit dans le sable en
séchant. Voyez bUcure.
Crèveure.s. f. Grevasse, fente qui est visible à l'endroit où
les différentes pièces du moule se rapportent.
Croc, s. m. Grochet. Les crochets servent à éviter que le
sable foulé ne tombe en démoulant; ils sont placés de distances
en distances ; ils se font en fonte ou en fer battu ; ils varient de
formes et de grandeurs suivant les pièces à mouler. 2" Grochet.
Outil pour réparer les moules variant de un pouce à 1/8 de
pouce de largeur.
Croc dimèye rond, s. m. Grochet de forme demi-ronde pour
réparer les moules. .
Croc â, chaînon, s. m. Il sert pour transporter les pièces à
deux hommes (comme les brasseurs).
Croc à ponte, s. m. Grochet à pointe, sert à retirer le
modèle du sable.
Croc plate, s. f. Grochet ayant un côté plat, et de la môme
forme que le précédent.
Cuber, v. Guber; évaluer le poids d'une pièce.
Cubège, s. tn. Gubage ; évaluation du poids des pièces.
D
Dèchèt, s. m. Déchet. Perte de métal produite par la
fusion.
Dépouye, s. f. Dépouille (être de) se dit^d'un modèle qui
srot facilement du sable dans lequel il est serre.
— 291 —
Deur coke, s. m. Combustible employé pour le cubilot.
Diamète, s. m. Diamètre. Ligne droite qui va d'un point
à un autre de la circonférence en passant par le centre.
Dichapper, v. Laisser aller le mouvement de la grue à
volonté.
Diclav'ter, v. Oler les clavettes du châssis.
Dihâgn'ter, v. Dépouiller un creux, ôter les pièces lorsque
la ligure coulée est prise.
Diklimpège, s. m. Dégauchage.
Dinaanchi, v. Démancher, ùter le manche à un outil,
Dimouler, v. Démouler la partie supérieure du châssis dit
chape.
Dimouler r.quârti,v. Démancher en tiroir; se dit lorsque
le châssis se décompose en plusieurs parties afin d'ùter le
modèle. C'est le système employé dans les poteries et les pro-
jectiles.
Dimoulège, s. m. Démoulage, action de démouler.
Dintèlle ou dinteûre, s. L Denture.
Dispouyi, v. Dépouiller.
Dispouyège, s. m. Dépouille; se dit d'une pièce coulée
sortant facilement et très nette, du sable dans lequel elle a été
fondue.
Ditèchi ine côte, v. Détacher une pièce du modèle pour
le mouler.
Dreut sq-wérre, s. m. Lissoir.
Ebâchî V. Faire les apprêts pour un moule en terre, ou
noyau ; ébaucher un ouvrage.
Eballer, v. Emballer. Fouler le sable autour du modèle.
090
Eballège, s. m. Emballage. Action d'emballer des moules
faits en terre ou des modèles h mouler. Voyez èbaUcr.
Echapper on boketjV. Signifie, faire une partie du moule
en terre que l'on ajoute un modèle.
Ecrâheu, s. m. Petit godet de la forme d'une tasse, sur-
montée d'un pinceau que l'on enduit d'huile pour graisser les
lissoirs.
Efoumi, V. Flamber les pièces d'ornement.
Epingue, s. f. Epingle.
Epingler, v. Epingler les parois d'un moule; c'est conso-
lider la croûte de sable au moyen d'épingles en fil de fer ou en
fonte.
IF
Fâx-croc, s. Crochet double. Accessoir de la grue. Il sert
quand on veut passer une charge d'une grue à une autre, sans
rien dételler. On place un des crochets supérieurs dans celui
de la grue et on le reprend à l'autre crochet avec l'autre grue.
On transporte ainsi d'un bout à l'autre de la fonderie toutes
espèces de charges: noyaux, châssis, moules en terre, pièces
coulées, etc.
Fâx-sq'wérre. s. m. Sauterelle, fausse équerre. Elle est
mobile et composée de deux règles assemblées par une char-
nière pour prendre et placer toutes sortes d'angiles.
Fasse- manotte, s. f. Poignée en fer battu pour remplacer
celle brisée dans un châssis à la main.
Fâsse-pèce, s. f. Fausses pièces, celles qui composent la
clapette.
Fâsse-volèye, s. f. Fausse volée. Partie de fonte qui
dépasse les véritables dimensions à donner aux pièces qui se
coulent debout, et qui doivent être tournées, dressées et alézées.
— 293 —
Masseloltc, métal superflu qui reste aux moules après la fonte
des canons. Pourriture, surépaisseur laissée à la partie supé-
rieure des pièces, ou excès de fonte, destiné à être enlevé par le
travail.
Ferrâye, s. f. Armatures. Réunion de tringles de fer ou de
fonte, contournées suivant les formes de l'ouvrage, pour faire
des chapes, ou porter le noyau et le moule d'un ouvrage.
Feu d' na"wai, s. m. Noyautcur.
Feu d' sâvion, s. m. Ouvrier qui prépare et arrange le
sable avec de la houille pour les mouleurs.
Foreu (fin), s. m. Sert à piquer des trous d'air dans les
endroits de la pièce qui sont sujets à avoir des dartcs.
Foreu (gros), s. m. Sorte Je vrille pour forer des trous d'air
dans les noyaux, lorsqu'ils sont secs.
Foreu (p'tit), s. m. Morceau de fil de fer ou d'acier, un peu
aplati au bout, pour forer les sorties d'air dans les petits noyaux.
Fleur, s. f. Fleurs. Défectuosités qui se produisent souvent
quand le nettoyage des poussières n'est pas suffisant, ou (juand
la fonte est coulée trop froide ou trop lentement. On dit au.ssi
sôdai.
Foirt-sâvion, s. m. Voyez sâvion.
Fondège, s. m. Fusion. Partie du travail de la fonderie qui
comprend le travail des fourneaux employés à la refonte.
Fondeû, s. m. Fondeur. Ouvrier qui fond les métaux et
qui soiync le cubilot.
Fondrèye, s. f. Fonderie. Etablissement dans le(iuel on
coule le métal liquide dans des moules, où il acquiei't des
formes variées et propres à divers usages.
Fonte, s. f. Fonte.
Fonde, v. Fondre, mettre en fusion.
Fonte treutèye, s. f. Funie iruilée.
— 294 —
Fonte (blanke), s. f. Fonte blanche.
Fonte (deure), s. f. Fonte dure.
Fonte (doûsse), s. f. Fonle douce.
Fonte (grise), s f. Fonte grise.
Four, s. m. Foin. On s'en sert, dans certains cas, pour
mélanger à !a terre.
Frètte, s. f. Frelte; cercle en fer forgé, que Ton place parfois
sur les côtés des moyeux des gros engrenages, poulies ou
volants, pour les consolider.
G
Gariot, s. m. Chariot ou wagon placé sur rails, sur lequel
on place les gros noyaux et les moules en terre, pour les faire
sécher dans l'étuve ou séchoir.
Gouche, s. f. Espèce de burins ou bédane dont se servent les
burineurs pour enlever les jets de fonte.
Govion, s. m. Goujon. Petites broches placées aux pattes
des châssis de plusieurs pièces, et servent à les replacer bien
l'une sur l'autre. Se dit aussi (joujou en wallon.
Grètter, v. Riper, se servir de la ripe.
Grètteu ou haveu, s. m. Grattoir. Espèce de ciseau en
acier avec manche ; il sert au burincurpour gratter le sable
adhérent aux pièces coulées.
Grue, s. f. Grue. Machine destinée à lever tout ce qui
dépasse les forces de l'homme.
Gueuye di d'seûr de coup'lout, s. f. Gueulard. Ouverture
supérieure du cubilot pour cljarger les gueuses et le combustible.
Gueuye di dri de coup'lout, s. f. Gueulard de vidange.
Ouverture du cubilot pratiquée derrière, pour retirer le com-
bustible.
— 295 —
Gueuye di d'vant, s. f. Ouverlure du cubilot par laqi-.clle
s'opère la sortie du fer fondu.
Gueuse, s. f. Gueuse. Masse de fonte prismatique qu'on a
coulée dans le sable au sortir du haut-forneau.
Guide, s. m. Guides, ils sont placés aux angles du châssis,
afin de renmouler juste en place. Les guides se font en bois ou
en fer.
Guide à nawai, s. m. Guide de noyau. Morceau de
planche, scié d'après le contour du modèle dans le moule duquel
on veut placer un noyau, par exemple dans les tuyaux courbes.
H
Hacheu, s. m. Burineur; ouvrier qui ébarbe les pièces
coulées.
Hachî, V. Buriner, ébarber, enlever les arêtes et les
inégalités qui se trouvent sur les pièces coulées, au moyen du
ciseau et de la lime.
Hachî, V. Enlever du sable dans une partie où il y en a trop.
Hagneûre, s. f. Darte. C'est un défaut qui provient du
sable qui s'est détaché des parois du moule et se mélange avec
la fonte.
Haye, s. f. Ardoise. L'ardoise piiée et tamisée sert au
mélange à faire du mastic de fonte. Voye-i mastic.
Halcoteu, s. m. Hamainte qui sert à l)allotter le modèle
avant de le retirer du sable. Il y en a de différentes grosseurs.
Hâle, s. f. Echelle, sert aux mouleurs en terre.
Hamainte, s. f. Hamainte, barre de fer, pointue h une de .«es
extrémités; sert à ébranler les modèles avant de les retirer du
sable. H y en a de toutes largeurs cl grosseurs.
Haute poirtêye,s. f. Lin haute portée; se dit des noyaux
— 296 —
qui sont soutenus d'en haut en entrant dans les chapes.
Voyez poirtci/e.
Haveu, s. m. Grattoir; voyez grètteii.
Hé, s. m. Râteau; il sert à retirer le combustible qui reste
dans le cubilot après la fusion.
Hèyî les crasses, v. Ecarter les crasses qui se produisent
dans la poche après avoir écrémé.
Hèrpai, s. m. Ciseau; outil de mouleur en terre qui tranche
par un de ses bouts,
Hoisse, s. f. Tan. On l'emploie au lieu de crottin de cheval
parce que celui-ci est plus coûteux.
Home, s. m. Ghiasse, écume des métaux.
Houpe, s. f. Escoupe.
Hourmint, s. m. Echafaudage.
Hov'lète, s. f. Brosse.
Hov'lètte d'acîr, s. f. Brosse en fil d'acier. Les brosses
servent à enlever le sable brûlé qui adhère à la pièce coulée.
Hurer à spèheur, v. Terme de moulage en terre et de
noyautage.
Jène keûve, s. m. Laiton. Cuivre rendu jaune par le
mélange du zinc.
Jet, s. m. Evcnt ou jet. Terme générique.
Jet d' coulège, s. m. Éventde coulée; ouverture par où la
fonte liquide pénètre dans le moule.
Jet di r'monte, s. m, l^'vent ou jet de remonte, de trop
plein.
Jèteu d' keûve, s. m. Fondeur en cuivre.
— 297 —
Jeter, V. Jeter, mouler, faire couler du métal fondu dans un
moule, alin d'en tirer une figure.
Jonteure, s. f. Joint.
Kihinège ou K'tapègo, s. m. Gaucliissagc. C'est un défaut
qui se produit parfois dans les pièces planes, et dont certaines
parties .sont plus fortes que d'autres, tels que les bancs de tours,
dont la longueur est parfois de dix à douze mètres.
Kique, s. m. Support. On place des a /.vV/z/r » sous les
noyaux posés horizontalement pour les porter, et dessus pour
les empêcher de plier par la pression du coulage.
Kibiner ou Kitaper, v. Se déjeter ou se gauchir.
Laitin, s. m. Laitier ou scorie. Sorte d'écume qui surnage
sur les métaux en fusion, et qui se vitrifie en se refroidissant.
Se dit aussi crasse.
Lâssètte, s. f. Petit châssis qui sert pour rehausser les
éventes, afin de donner plus de pression à la pièce.
Levai, s. m. Niveau de magon ordinaire. Il sert surtout
pour le moulage des pièces à couler à découvert.
Levai d'aîwe, s. m. Niveau à bulle d'air.
Lunette à nawaî, s. f. Lunette à trousser; morceau de
planche sciée d'après le profil d'un noyau ou partie d'un moule,
pour lui donner la forme voulue.
IH
Magasin à coke, s, m. Magasin au coke; endroit où est
remisé le combustible.
— 298 -
Mahote, s. f. Casse; gueuses.
Mah'rer, v. Noicir le moule.
Mah'ré, s. m. Noir d'étuve. Il se compose de charbon de
bois réduit en poussière très fine, et d'un peu de terre plas-
tique (terre de pipe) réduite par la cuisson. Le tout est délayé
avec de l'eau dans laquelle a séjourné du crottin de cheval. Ce
mélange doit passer par un tamis très fin avant d'être employé.
Il sert à décaper la pièce et à donner une belle couleur bku-
violel ù la fonte.
Mah'rége, s. m. Noircissage. Action de placer le noir
d'étuve.
Mayèt, s. m. Maillet. Marteau à deux têtes de bois dur; il
sert à battre les pièces de rapport.
Maigue sâvion. Voyez sàvion.
Maisse fondeu, s. m. Chef de fonderie.
Maiste-ovri, s. m. Contremaître.
Maneuve, s. m. Manœuvre, homme de peine, se dit aussi :
manovri.
Xdanotte di chèssi, s. f. Poignée de châssis à main.
Mârtai, s. m. Marteau.
Masse, s. f. Fouloir ou batte. Il y en a de plusieurs formes
et grosseurs. Servent à damer le sable dans les châssis.
Masse (grosse), s. f. Pilon, gros fouloir.
Masse (c"wârêye), s. f. Pilon dont la forme est carrée.
Mastic, s. m. Mastic de fonte.
Modèle, s m. Modèle, Corps solide, à l'aide duquel on fait
le vide dans le sable, et qui a exactement les formes et les
dimensions de l'objet moulé qu'il s'agit d'obtenir, sauf une
légère augmentation destinée à compenser le retrait (diminu-
tion de volume) que subit la pièce par le refroidissement. Les
— 299 -
modules sont faits en bois, en métal, en plâtre, en cire, en
pierre ou en argile.
Mod'ler, v. Modeler, confectionner un modèle.
Mod'lège, s. m. Modelage.
Mod'leû, s. m. Modeleur. Ouvrier qui fait les modèles.
Moyou, s. m. Moyeu des volants et poulies.
Molin, s. m. Broyeur, Il est employé pour réduire le sable
fort, séché, afin de pouvoir le préparer comme il doit l'être
pour le moulage.
Moule, s. m. Moule. On donne le nom de moule, à un vide
pratiqué dans le sable ou autre matière quelconque, lequel
doit être exactement rempli par le métal en fusion.
Mouler, v. Mouler, f ormer un moule.
(V. C. Delon. Lefei-, la fonce cl l'acier.)
Moulera r'châssi, v. Se fait lorsqu'on n'a pas de châssis
pour le faire à retourner. On dit aussi à chèssîju. Voyez ce
mol.
Moulège, s. m. Moulage.
Moulège en terre, s m. Moulage en terre. II consiste à
fabriquer des moules au moyen de brifjues, mortier, etc.
Moulège è sâvion, s m. Moulage en sable.
Mouleû, s. m. Mouleur, ouvrier qui moule.
Mouton, s. m Mouton ou casse-fonle.
IV
Na'wai, s. m. Noyau. On donne le nom de noyau :'i une
partie creuse dans le modèle et massive dans le moule, qui fait
que l'objet coulé conserve les m "mes cavités que le modèle.
L'ouvrier chargé spécialement de la confection des noyau.x se
nomme (eu d' uawai, noyauleur.
- 300 —
Nawai à clef rond, s. m. Noyau à clef. Il se place dans le
moyeu d'un volant, d'une poulie ou d'un engrenage, pour caler
la pièce sur l'arbre.
Na'wai à rinflimint,s. m. Noyau à renflement. Ce noyau
est plus gros au milieu qu'aux extrémités.
Nawai di ch'mihe, s. m. Noyau de chemise. Sorte de
noyau employé dans le moulage de certaines pièces, telles que
cylindre à vapeur, qui consiste à faire un vide n'ayant d'autre
ouverture, que ce qui est strictement nécessaire pour pouvoir
vider le sable, et laisser échapper, pendant le coulage, le gaz
qu'il contient.
Navrai di d'iiiège, s. m. Noyau de décharge. Se dit des
noyaux réservés pour laisser sortir la vapeur dans un cylindre
de machine à vapeur.
Na'wai d' passage, s. m. Noyau de passage. Se dit des
noyaux réservés pour laisser entrer la vapeur dans un cylindre
de machine à vapeur.
Na'wai cwâré, s. m. Noyau carré.
Na'wai (dimèye), s. m. Demi- noyau.
Noû sâvion, s. m. Sable frais qui n'a pas encore servi.
Voyez sâvion.
O
Onai, s. m. Anneau. Les anneaux servent au mouleur en
terre, pour monter l'extérieur d'une pièce de forme cylin-
drique.
Us .servent aussi au mouleur en sable, pour faire, au trous-
sage, des poulies, etc. On en fait de toutes formes, suivant la
pièce à confectionner.
Orillètte, s. f. Outil accessoire du balancier et de la grue. Il
se compose d'une espèce de cadre en fer forgé, de forme rec-
— 301 —
tangulairc, dont le dessus est carré et s'aceroclic au balancier;
la partie inférieure est façonnée de manière h supporter le
tourrillon des châssis.
Ovrer à pèce, v. Lilt. Travailler aux pièces ou ù la tâche.
C'est être payé d'après le nombre de pièces exécutées.
Ovreu, s. m. Boutique ou atelier de moulage en terre et de
noyautage.
Ouyèt, s. m. Attache ou œillet. Boucle en fer forgé que
l'on met dans le moule et qui se trouve englobé dans la fonte,
comme dans les contre-poids.
Paile, s. f. Poche. Espèce de grande cuillère en fer, au
moyen de laquelle on puise dans le creuset, la fonte nécessaire
pour couler les petits objets.
Palle à foche, s. f. Poche à fourche. Elle est employée pour
les objets d'un certain poids, et maniée par deux où plusieurs
ouvriers, suivant la masse à transporter.
Paile à 1' grue, s. f. Grande poche isolée, suspendue à la
grue. Elle est employée dans les cas où la masse à transporter
est considérable.
Paile avis, s. f. Grande poche montée h vis par sécurité,
pour couler les très grosses pièces.
Palette, s. f. Palette. Outil principal du mouleur. La pa-
lette sert à polir le sable et à reparer les moules.
Palette ronde di mouleu, s. f. Truelle ronde ou palette.
Palle, s. f. Fermeture du bassin, que Ton élève à volonté
pour laisser sortir la fonte.
Pailètte, s. f. Pièce de fer ou de fonte, munie d'un
évidement qui est le centre des arbres pour les mouleurs
en terre.
Planchi, s. m. Litt, plancher. \'oy. hcfàdi.
— 302 -
Passètte,s. f. Support pour noyau. Ce support est en deux
parties, celle d'en bas s'enterre dans le sable, l'autre se place
dessus et porte le noyau.
Patte di chèssi, s. f. Patte d'attache.
Patte d'onai, s. f. Patte d'attache.
Pègnon, s. m. Pignon, petit engrenage qui commande un
grand.
Pèce coulêye, s. f. Pièce coulée; tout ouvrage jeté en
moule et fondu.
Pètteure, s. f. Cassure. Endroit où une pièce se casse d'elle-
même en refroidissant ; cela peut se produire soit par un vice
de construction, soit par l'emploi de mauvaise fonte.
Pique, s. m. Pioche.
Piqueu, s. m. Tige de fer ronde et très pointue. Elle sert à
percer un trou dans l'ouverture du cubilot pour en faire sortir
la fonte liquide, que l'on reçoit dans une poche, pour être versée
dans le moule.
Pinçai, s. m. Pinceau. Il sert à noircir les moules.
Pire toun'rèsse, s. f. Meule à repasser.
Planclie à na'wai, s f. Planche à noyau. Planche ayant le
profil du noyau à faire, et nécessaire au noyauteur pour le
tourner.
Planche à trousser, s. f, Planche à trousser; elle a le pro-
fil de la pièce à mouler.
Platénne, s. f. Tôle en fer.
Platènne di côpège, s. f. Galette en terre. Elle sert h
couper la jante ou le moyeu d'un volant, afin de permettre aux
bras de se retirer lors du refroidissement de la pièce, et d'évi-
ter ainsi le cassage au retrait.
Platènne di terre, s. f. Galette en mortier de sable, d'un
fréquent usage dans le moulage en terre, et dans le noyautage.
- 303 —
Pièce di levai, s. f. Nivelage du sable au moyen de trois
règles, nécessaires pour le coulage dit : ù découvert.
Plomb, s. m. Fil à plomb. Sert aux mouleurs en terre.
Poirtêye di nawai, s.f. Portée de noyau Partie excédante
d'un moule pour porter le noyau.
Poirtêye di r'bouché, s. f. Portée d'un noyau se trouvant
plus bas que la ligne de couture.
Poirtêye (haute), s. f. Portée des noyaux qui sont sou-
tenus d'en haut, en entrant dans les chapes.
Poirter â lèvi, v. Porter une charge ù l'épaule au moyen
d'un levier; on porte à deux et à quatre hommes.
Poussîre, s. f. Poussier de charbon très fin, de bois dur,
pour saupoudrer l'intérieur du moule.
Q
Qwârtî, s. m. Litt. Quartier ou quart ; partie d'un moule,
que l'on doit prendre séparément, afin de pouvoir retirer le
modèle du sable, ou pour la facilité de réparer le moule.
Ft
Rabuvrer lès jet, v. Litt. Abreuver les évents, c'est-à-dire
alimenter la pièce coulée, y ajouter de la tonte par les évents.
Racommôder, v. Raccommoder.
Racommôdège, s. m. Raccommodage; c'ett le dernier coup
que l'ouvrier donne quand il a retiré son modèle du muule.
Raccoird, s. m. Raccord.
Rallongue, s. f. Allonge. Lorsqu'un châssis est trop court,
on y ajoute une allonge.
Ramolli, v. Rendre le sable plus mou, y ajouter de l'eau.
— 304 —
Ramouler, v. Rcnmouler; replacer lo châssis supérieur,
ou chappe, après avoir retiré le modèle du moule.
Ramoul^ge, s. m. Renmoulage, action de rcnmouler.
Ranchi, v. Expression du mouleur qui exprime par ce mol
qu'il ne doit pas y avoir de fausse place sous le châssis
retourné.
Râpe, s. f. Râpe. Espèce de lime pour confectionner les
noyaux et moules en terre.
Rapairi, v. Repérer. Marquer des points de repère à un
moule dans le moulage en terre, et sur les épures, à l'aide
desquelles les modeleurs construisent des modèles en bois.
Raser ine pièce di levai. Expression qui signifie qu'en
un certain endroit de la fonderie, on a préparé une surface de
niveau, et qu'on y a laissé le sable tendre pour y mouler des
petites pièces.
Raspèhi r mah'ré, v. Epaissir le noir, rendre la couche
plus épaisse.
Rassèchl, V. Retirer. Pièce qui a fait sa retraite.
Ratèclii ine côte, v. Replacer une partie du modèle qui
avait été enlevée pour le mouler.
Rave, s. m. Râteau. Outil pour retirer le combustible du
cubilot après la fusion.
Rave di coup'lotjS. m. Rave ou râteau de cubilot; il sert à
nettoyer le sol du cubilot.
Rèhaussi le jet, v. Hausser les évents.
Rèye di chèssi, s. f. Armature pour former un châssis ; de
même que les deux mots suivants.
Rèye di chappe, s. f.
Rèyedi fon, s f.
Régue, s. f. Règle. On se sert d'une règle pour racler le
sable, afin d'en faire une surface unie. Se dit aussi rfde.
— 305 —
Repaire, s. m. Repère. Point de jonction; ce sont des
marques arbitraires, faites à différentes pièces, pour les recon-
naître et les rejoindre plus facilement.
Ribrok'ter, v. Replacer des chevilles.
Rifonde, v. Refondre.
Riclawer dès broque, v. Reclouer des chevilles.
Ricûre, v. Calciner les noyaux avant de les placer dans le
moule.
Rimah'rer, y. Noircir de nouveau à un endroit d'une pièce
où l'on a dû réparer.
Riparège, s. m. Mortier fait de poussière de sable neuf,
tamisé très fin, et employé par les mouleurs en terre pour en
enduire l'intérieur des moules d'une fine couche avant de les
noircir; celte opération rend les moules plus polis, plus lisses,
et bouche les crevasses.
Riparège â coke, s, m. Mortier fait de poussière fine de
coke employée pour les grosses pièces, telles que cylindre de
laminoir.
Ripareu, s. m. Fer à réparer, outil de mouleur en terre. Il
est en fer et sert à égaliser.
Rissôder, v. Souder, réunir deux parties, les rejoindre;
terme de moulage en terre.
Ristreinde, v. Raffermir une partie du moule qui menace
de s'écrouler.
Ritralt, s. m. C'est un défaut qui se produit lorsqu'on
néglige de pomper dans les pièces après la coulée; il se forme
un trou dans la fonte pendant le refroidissement.
Ritraite, s. f. Retrait du métal produit par le refroidisse-
ment de la pièce. Il est d'environ 8 millimètres par mètre de
longueur, et varie du reste avec la masse de fonte et la forme
de la pièce.
20
— 306 —
Rôlai, s. m. Rouleau, Il sert à enlever les pièces du mouleur
en terre, lorsqu'on ne peut disposer de la grue.
Romaine, s. f. Balance dite romaine, en usage pour peser
les grosses pièces.
Ro'we so l'angle, s. f. Engrenage construit sur angle
droit; on en fait à dents de fer et à dents de bois.
Rûle, s. m. Règle; voyez règne.
Rûle di poche, s. m. Mèlre pliant.
Sabot ou p'tit bassin, s. m. Poche; cuillère en fer pour
les moules d'une petite capacité.
Sâvion, s. m. Sable.
Sâvion d' mouleu en terre, s. m. Sable en mortier pour
le moulage en terre et la confection des noyaux. On ajoute au
sable pour lui donner du corps, de la paille hachée, du crin,
du crottin de cheval, du tan, etc. Ces matières empêchent le
sable, de se crevasser et le rendent plus tendre et plus propre à
faire les noyaux.
Sâvion (foirt), s. m. Sable fort. C'est le sable gras naturel-
lement. Il empêche la sortie de l'air qui est chassé hors du
moule par la fonte, et provoque des dartes et des soufflures.
On le calcine avant de l'employer et on le passe au tamis.
Sâvion (maigue), s. m. Sable maigre. G'est'celui qui est
répandu sur le sol de la fonderie, c'est le plus pur et le plus
sec, mais il a peu de cohésion et ne peut constituer un bon
moule. Il faut le rendre humide pour lui donner plus de con-
sistance. D'un autre côté, il sèche plus facilement et retient
moins l'humidité.
Scanfâr, s. m. Plancher. Voy. bèrûdi.
Sèyai, s. m. Seau.
I
— 307 —
Séchai à r poussire, s. m. Poncis, sac plein de charbon
pilé dont on se sert pour saupoudrer.
Sèchi à spèheur, v. Tirer à épaiseur. Terme de moulage
en terre et de moulage au trousseau.
Serra (gros), s. m. Chaîne munie d'un grand anneau à
l'un de ses bouts, et dans lequel on passe la chaîne pour serrer
la pièce, et l'enlever du sable au moyen de la grue. Voyez
chaîne à deux branche.
Sikrâwe, s. f. Ecrou.
Sitoufe, s. f. Etuve ou séchoir ; chambre close dans laquelle
l'air est entretenu à une température plus ou moins élevée,
pour le séchage des noyaux et des moules faits en terre.
SqvT'érre, s. m. Equerre; instrument pour tracer un angle
droit.
Sôdai, s. m. Voyez fleur.
Sôder, V, Souder. Réunir deux parties, les rejoindre. Terme
de moulage en terre.
Sofèl'rèye, s. f. Soufilerie.
Sofler, V. Souffler. Une pièce souffle quand la fonte s'intro-
duit dans le dégagement réservé pour la sortie des gaz du
noyau.
Soflet, s. m. Souflet. Il sert à enlever les poussières tom-
bées dans le moule.
Soffleûre.s. f. Soufllures. Cavités qui se produisent dans la
matière; défaut qui provient, ordinairement, de l'emploi de
noyaux trop durs ou imparfaitement séchés.
Sôye, s. f. Scie. Elle sert dans la fabrication des noyaux et
des moules en terre.
Souwer, v. Sécher.
Souège, s. m. Séchage des moules. Il scïait au séchoir, ou
— 308 -
au moyen d'un feu que Ton fait sur une tôle et que l'on place
au-dessus du moule.
Spèheur, s. f. Epaisseur. Couche de terre; terme de mou-
lage en terre.
Spèheur di flér, s. f. Epaisseur de fer laissée dans le
moule par les noyaux.
Sponjrou, s. m. Gros pinceau pour mettre le noir sur des
grandes surfaces.
Stri, s. m. Serre, étrier, outil de fer pour presser les deux
parties d'un moule.
Support, s. m. Voyez kique.
Taque, s. f. Taque, dalle.
Taque di na"wai, s. f. Taquet placé pour porter un noyau.
Taokène, s. f. Poulie pour monte-charges et le monte-
charges lui-même. Petite grue ou cabestan placé près du cubi-
lot pour enlever et remuer les gros morceaux de fonte, prove-
nant de vieilles pièces que Ton veut refondre.
Tam'hège, s. m. Tamisage.
Tam'hi, v. Tamiser.
Tamis, s. m. Tamis. Il y en a de toutes dimensions et de
tous calibres.
Tapon, s. m. Godet, sorte d'entonnoir par lequel le mêla
fondu, qui est dans le chenal, passe dans les évents.
Tièsse di chèssi, s. f. Côté de châssis à la grue, où les
rillons se trouvent, et qui doit être plus solide que les autres
côtés. Voyez costé di chèssi.
Toune vis, s. m. Tourne-vis.
Toune-toiche, s. m. Tourne-torches; outil pour faire les
torches de paille.
«
— 309 —
Touwire, s. f. Tuyère, ouverture d'un fourneau où l'on
place les becs des soufflets ou des ventilateurs.
Tracé, s. m. Plan, dessin qui représente la pièce à exécuter.
Tranche, s. f. Tranche. Espèce de gros burin muni d'un
manche en bois. Sur ce burin on frappe avec un marteau dit :
à frapper devant; il sert à dégrossir les jets, les dartes volumi-
neuses, etc,
Tranche, couteau dont on se sert, pour réparer et tailler les
moules que l'on construit.
Tresse, s. f. Support sur lequel on place les lanternes pour
tourner toute espèce de noyaux cylindriques pour tuyaux,
colonnes, etc.
Trikoisse, s. f. Tenailles, tricoises.
Trimper T fonte, v. Tremper la fonte. Voyez coqiiic.
Trô âx crasse, s. m. Ouverture d'environ six centimètres
de diamètre, qui se trouve derrière le cubilot ou sur une des
faces de côté, un peu au-dessus des tuyères. Il sert à donner
passage au laitier quand on veut laisser monter une plus
grande quantité de fonte par le cubilot.
Trô d' halkotège, s. m. Trou d'ébranlage. Ces trous sont
réservés pour la facilité de l'enlèvement du modèle hors du
sable.
Troussège, s. m. Troussage, moulage sans modèle.
Trousseau s. m. Trousseau.
Toiche di strin,s. f. Torches, cordes de paille que font les
mouleurs en terre pour entortiller les arbres à noyaux, avant
d'ébaucher ceux-ci à l'argile.
U
Ustèye, s. f. Oulil.
Ustéye à cann'leure, s. f. Crochet pour former les canne-
— 310 —
lures; il a ordinairement les bouts de deux dimensions diffé-
rentes.
Veroule, s. f. Virole, petit cercle de métal qui entoure et
tient en état le manche d'un outil,
Vintilateur, s. m. Ventilateur, appareil servant à donner
le vent au cubilot.
Vis, s, m. Arbre. Il se place verticalement; la partie supé-
rieure est fixée dans un support, le bas repose sur un pivot;
c'est le principal outil du mouleur en terre, pour construire la
plupart des moules.
Vîve-châsse, s. f. Chaux vive.
Volant, s. m. Volant.
Wagon, s. m. Wagon. Chariot placé sur rails; voyez
gariot.
Wènne, s. f. Cric; on s'en sert pour déplacer les grosses
pièces.
GLOSSAIRE TECHNOLOGIQUE
WALLON-FRANÇAIS
DU MÉTIER DES GRAVEURS SUR ARMES
PAR
Jean BURY
Devise :
A chaque murihi s'clft.
MEDAILLE DE BRONZE.
Américain, s. m. Américain; fusil très commun pour
l'Amérique.
Arme, s. f. Arme ; instrument de chasse ; œuvre d'armurerie.
Armurèye, s. f. Armurerie ; fabrique ou magasin d'armes ;
corps de métier.
Armurî, s. m. Armurier ; fabricant d'armes ; ouvrier
travaillant dans les armes.
O
Bâbe, s. f. Bave, bavure que laisse le burin. On dit :
ïlahattr lès bâbe a papî sàbrc.
Bague, s. f. Bague; filet gravé ou incrusté au canon d'une
arme à feu.
312
Banc, s. m. Etabli , sorte de table haute et longue, attachée
à la muraille et à laquelle est fixé l'étau.
Batta, s, m. Levier; barre do fer à l'aide de laquelle on fait
fonctionner Fétau.
Bascule, s. f. Bascule; pièce principale du fusil. (C'est la
plus grosse,mais non la principale qui est la platine. A. T.) (').
Blanki, v. tr. Blanchir ; tailler au burin plat. (On dit aussi :
huchî. A. T.)
Bloc, s. m. Bloc; cube de bois sur lequel le graveur colle
préalablement la pièce qu'il doit graver.
Blocai, s. m. Blocus : morceau de bois sur lequel est appuyé
l'étau.
Bon, s. m. Bon ; sorte de reçu qui est remis à l'ouvrier, qui
lui donne accès à la caisse du fabricant.
Boule, s. f. Boule ; terminaison d'ornement.
Bouquet, s. m. Bouquet ; assemblage de fleurs et de feuilles
gravées. Les bouquets, dans la gravure genre anglais, sont
aujourd'hui d'un usage commun.
Broke, s. f. Broche; cheville de fer qui retient la longuesse
à la bascule et sur laquelle on grave une sorte de rosace ou de
palmette double.
Burin, s. m. Burin; instrument d'acier pour graver sur
métaux.
Burin â r main, s. m. Echoppe; outil pour graver à la
force du poignet, en taille douce.
Buriner, V. tr. Buriner; graver légèrement au burin; se
dit principalement pour ombrer les sujets : Burinez 'ne fjotte
li panse de chin il ârè l'ai?' poyou.
Burin à deux ponte, s. m. Burin à double taille; outil
ligné, pour faire deux traits à la fois.
(') Les notes sigées A. T. sont de M. Alphonse Tilkin (Voir le rapport p. 08).
— 313 —
Boite, s. f. Magasin ; sorte de boîte introduite dans la crosse
du fusil et renfermant les cartouches. (On dit aussi : culotte.
A T.)
Burniheu, s. m. Brunissoir, outil pour brunir. Bon nombre
de graveurs s'en servent pour brunir l'incrustation en relief.
A. T.
Bûzette, s. f. Capucine, pièce de cuir qui reçoit la baguette
du fusil.
Cadroye, s. f. Paccotille; fusil, marchandise de peu de
valeur, mauvais ouvrage. (J'ai toujours entendu dire gadroye
ou carmadroye. A. T.
Cam'lotte, s. f. Camelotte; id. — Quelle cam'lotte (Vo
'ne fèi/e !
Canon, s. m. Canon; pièce de fusil; tube servant à lancer
des projectiles.
Chin, s. m. Chien; pièce de fusil adaptée sur la platine.
Clé, s. f. Clef; pièce adaptée à la bascule et servant à retonir
le canon.
Clicotte, s. f. Loque; lambeau sur lequel on essuie le
burin.
Cohe, s. f. Branche; introduction d'ornement.
Coirps, s. m. Corps; partie de revolver ou pistolet.
Compas, s. m. Compas; instrument pour mesurer.
Côp d' foice, s. m. Coup de force; coup de burin fort pro-
nonce.
Côpe, s. f. Coupe; la taille du burin. — Quelle belle cape.
Côper les fond, loc. pré. Tailler les fonds; enlever Ik la
fourchette l'espace qui doit être maté. (On dit plus souvent:
hachi. A. T.)
- 314 —
Côte, s. f. Cùte; nervure des feuilles. — Ombrer les côte.
Cowe di bascule, s. f. Queue de bascule; bout de fer
partant des oreilles de la bascule.
Cowe di manette, s. f. Queue de sous-garde; pièce de fusil
termina*nt la sous-garde.
Crayon, s. m. Crayon; substance terreuse ou minérale qui
sert à. dessiner. Le graveur se sert le plus souvent, pour des-
siner, d'une pointe en acier ou en bois d'ébène.
Crète, s. f. Crète; quadrillé gravé sur chaque pièce fonc-
tionnante du fusil, afin que le doigt s'y maintienne.
Cokrai, s. m. Chien; gros chien d'ancien fusil à pierre et
qui avait la forme d'un coq.
Coulasse, s. f. Culasse. Pièce vissée à la gueule du canon,
s'applique surtout aux fusils à un coup. A. T.
Crique, s. L Mette dès crique: incruster du fil de fer dans
les canons afin d'en faire disparaître les défauts. A. T.
Cur, s. m. Manique; espèce de gant dont se servent certains
ouvriers, surtout les graveurs travaillant le fond creux. A. T.
D
Dessiner, v. tr. Dessiner; tracer, à l'aide du crayon ou de
la pomte, le dessin qui doit être gravé.
Dintèlle, s. f. Dentelle; embellissement autour de la gra-
vure.
Doguer, v. tr. Travailler ferme; travailler avec célérité.
Drogage, s. f. Gamelotte ; voir ce mot et cndroye.
Drogue, s. f. id. ; / fà hachî d'vins 'ne si faite drogue !
Dope trait, s. m. Double filet dont un taillé plus légère-
ment que l'autre. Voir au mot trait.
Dorer, v.tr. Dorer; couvrir d'or. Aujourd'hui les graveurs
dorent eux-mêmes à l'aide d'un liquide qui se vend en bouteille.
— 315 —
Doreure, s. f. Dorure ; or très mince appliqué sur la gra-
vure.
Durion, s. m. Durillon; petit calus ou induration locale de
la peau par la pression du burin.
Dimêye leune, s. f. Demi-lune ; outil ayant la forme d'une
demi lune.
Dope peus, s. m. Double pointe; outil ayant la forme d'un
double point. (Cette définition n'est pas tout à fait exacte: /^
dope peus est composé d'un cercle et d'une pointe au milieu de
ce cercle. Voici le dessin: ©. On devrait dire double perle.
(A. T.)
Espronte, s. f. Empreinte; impression de la gravure.
Esprontî, v. tr. Empreindre; imprimer en appliquant un
papier sur la gravure et en frappant dessus à légers coups de
marteau ou en imbibant préalablement le métal d'encre
d'imprimeur.
Fâx-vèrin, s. m. Pièce en fer se boulonnant au canon ;
s'emploie seulement pour les fusils à 1 coup. A. T.
Fier, s. m. Fer de sous-garde ; pièce de fer placée en dessous
de la sous-garde ; voir fotjège.
Filet, s. m. Filet; trait gravé ou incrusté.
Filet grec, s. m. Filet grec; filet se terminant par
une ornementation en forme grecque.
Finde, v. tr. Fendre; fendre la feuille pour lui donner
la forme.
Findège, s. m. Fonderie; action de fendre.
Fisique, s. m. Fusil; arme à feu; les pièces qui la
composent.
— 310 -
Foye di vègne, s. m. Feuille de vigne ; imitation de la dite
feuille.
Foye à deux, s. f. Feuille à deux branches; fendue
deux fois.
Foyê à treû, s. f. Feuille à trois branches; fendue en
trois fois.
Foye à qwate, s. f. Feuille à quatre branches; fendue en
quatre fois.
Foye à cinque, s. f. Feuille à cinq branches; ou demi-
feuille de vigne.
Foyège, s. m. Feuillage ; partie de queue de sous-garde.
Fond, s. m. Fond ; le fond de l'ornement, s'entend du
fond-creux.
Fristonfrache, s. f. Falbalas; encombrement de garni-
tures inutiles.
Forchètte, s. m. ou Peingne, s. m. Fourchette; sorte
de burin plat rayé.
G
Gârniteûre, s. f. Garnitures ; toutes les pièces en fer
composant le fusil.
Gâillotège, s. m. Complication, falbalas, bel entourage.
Gâilloter, V. tr. Perfectionner; rendre parfaitement beau.
Genre anglais, s. m. Genre anglais; gravure ainsi
nommée, composée de rouleaux.
Genre alFmand, s. m. Genre allemand; gravure ainsi
nommée, composée de feuilles de vignes.
Genre bouquet, s. m. Genre bouquets; gravure ainsi
nommée, composée de bouquets.
Genre-en-finte, s. m. Genre en fentes ; gravure ainsi
nommée, composée de feuilles simples.
- 317 —
Genre chêne, s. m. Genre chêne ; gravure ainsi nommée,
composée de branches et de feuilles de chêne.
Genre chimère, s. m. Genre chimères; gravure ainsi
nommée, composée de formes chimériques.
Genre damier. Genre ressemblant au jeu de dames. \. T.
Genre fond-creux, s. m. Genre fond creux; gravure ainsi
nommée, dont les fonds sont creusés et matés.
Genre foye. Genre léger, feuilles de vigne. A. T.
Genre hâgne, s. m. Genre coquilles ; gravure ainsi nommée,
imitation du style Louis XV.
Genre pingni, s. m. Genre panniers ; gravure ainsi
nommée, composée de petits rubans se croisant.
Genre pointillé, s, m. Genre pointillé; gravure ainsi
nommée, frappée à la pointe; voir ce mot.
Genre quadrillé, s. m. Genre quadrillé; gravure ainsi
nommée, composée de carrés.
Genre rocaye. Genre rocaille. A. T.
Genre rosace, s. m. Genre rosace ; gravure ainsi nommée,
forme de rosaces autour des vis.
Genre rose, s. m. Genre roses; gravure ainsi nommée,
imitation de roses et de feuillage.
Genre sujet, s. m. Genre sujets; gravure ainsi nommée,
composée de sujets de chasse.
Genre trait, s. m. Genre filet; gravure ainsi nommée,
composée de lilcts simples cùloyanl les bords de la pièce.
Gôme, s. f. Gomme; substance visqueuse pour nettoyer la
gravure.
Gravège, s. m. Gravure, œuvre du graveur.
Graveu, s. m. Graveur; ouvrier gravant à l'aide du burin.
Guimpe, s. f. Guimpe ; ornement étroit autour des pièces.
— 318 ~
Guiyocher, v. tr. Guillocher; faire du guillochis. Maintenant
on fait guillocher les bandes des canons, ce que faisait aupara-
vant, le graveur au burin.
H
HachI, V. tr. Hacher; tailler profondément au burin.
Hâr, s. m. Éclat; morceau brisé. Mi forchètte a-st-on hâr
qiiiji n' pou nin rsinmî.
Hârder, v. tr. Éclater; briser par accident.
Haveu, s. m. Râcleur; mauvais graveur.
Hipeure, s. f. Égratignure, gratte que l'on fait involontaire-
ment avec le burin. A. T.
Intrèlace, s. f. Entrelacements ; états d'ornements entrelacés.
Intrèlacer, v. tr. Entrelacer; enlacer des ornements.
Inche d'imprîmeûr, s. f. Encre d'imprimeur; substance
noire d'imprimerie. Le graveur s'en sert pour empreindre.
Incrustation, s. f. Incrustation ; ornements de filets
incrustés.
Incruster, v. tr. Incruster ; introduire des filets dans le
métal.
IncrusteUjS. m. Incrusteur, ouvrier qui incruste.
Inte-les-deux ou Émètrin, s. m. Entre les deux; ni beau
ni laid, ni fin ni gros.
Lâse, s. f. Ponté ; (Pontet) sous-garde ; voir manette.
LéchI, V. tr. Lécher; travailler sans goût. Si v' lèchîz tant
là (l'sus, nos n'ârans mâye fini.
— 310 —
LèmYi, s. m. Émeri ; papier pour polir et nettoyer le fer.
Leume, s. m. Lime; outil pour polir.
Lumer, v. tr. Limer; polir avec la lime.
Longin, s. m. Lent, peu favorable à la routine. C'è di^s
longius ovrège à fer !
LiODginer ou Lum'siner, v. tr. Aller lentement; travailltr
avec peu de célérité.
Losse, s. f. Louche dans laquelle les graveurs fondent le
plomb : Fonde de plonke po fer des picètte. A. T.
Longuèsse, s. f. Longuesse; pièce qui surmonte la bascule
et s'adapte au canon.
Loupe, s. f. Loupe; verre convexe agrandissant )a vue.
M
Machine à graver, s. f. Machine à graver; invention
exécutée vers l'an 1884 et occupée chez M. Pieper pour un
terme de 3 ans, mais qui n'a guère servi qu'à graver les bandes
et les bagues aux canons des fusils.
Manette, s. f. Sous-garde ; demi cercle en fer sous la
détente.
Mârtai, s. m. Marteau; outil pour battre. Le marteau de
graveur a deux formes : la première, large, plate et ronde, la
seconde en petite boule qui sert à incruster.
Mate, s. f. Matoir ; outil quadrillé pour mater.
Mater, v. tr. Mater; rendre mat : Mater les fond.
Mahège, s. m. Mélange ; gravure embrouillée.
Marque, s. m. Marque, poinçons; outil à maniuer, à
frapper les marques.
Moule, s. m. Moule ; appareil servant à la confection des
plombs : Li moule po fer dès picètte. A. T.
- 320 -
IV
Neurci, v. tr. Noircir ; mettre du noir dans les sujets
gravés,.
Neur, s. m. Noir; crasse de la pierre à aiguiser.
Neuristé, s. f. Noirceur; qualité qui fait que la gravure
paraît noire.
O
Ombe, s. f. Ombre ; nervure ou mouvement donné aux
feuilles par le burin ou la fourchette.
Omburer, v. tr. Ombrer, azurer, mettre des ombres dans
la gravure.
Orèye, s. f. Oreille; partie de la bascule; culasse.
Ornumint, s. m. Ornement; gravure servant à orner.
Ornuminter, v. tr. Ornementer; faire de l'ornement.
Ornumintège, s. f. Ornementation ; action de poser des
ornements.
I»
Paye, s. f. Paille, défaut dans le métal; éclat.
Payètte, s. f. Paillette; parcelle de fer; éclat de la gravure.
Paique, s. f. Asphalte; ciment composé de poix, brique
rouge en poudre, colophane et huile : sorte de bitume employé
dans le ciment à coller.
Panne, s. f. Panne ; terminaison de la panne du canon sur
la bascule. On dit aussi : creux.
Papî sabré, s. m. Papier sablé ; papier dit « Anglais » dont
on se sert pour enlever les baves de la gravure.
Penne, s. f. Visière; pièce de carton ou de cuir pour garantir
le front et la vue.
— 321 —
Peus, s. m. Pointe ; outil ayant la forme d'un point. (Je pro-
fèreici encore la traduction perle h celle de pointe, car // peus
est un cercle. A. T.)
Picètte, s. f. Pincette; pièce de plomb, de zinc ou de
bouchon que Ton met dans l'étau afin de garantir la pièce à
graver.
Pici, V. tr. Pincer, presser, fixer une pièce dans fétau.
Pinçaî.s. m. Pinceau, sert à mettre de l'huile sur les pièces.
Est préféré à la plume. A. T.
Peingni, v. tr. Peigner; travaillera la fourchette,
Pirre à sinmi, s. f. Pierre à aiguiser; pierre de Levant
ou de grès.
Pirre-ponce, s. f. Pierre-ponce; pierre poreuse : on s'en
sert pour polir l'incrustation.
Plaque, s. f. Plaque; pièce de fusil. On dit aussi cou en
wallon.
Plaquî, V. tr. Coller; fixer la pièce dans le ciment.
Plat-burin, s. m. Burin plat; outil pour ouvrir et relever
le trait qui doit revoir le filet à incruster.
Platène, s. f. Platine; pièce de fusil, sur laquelle est appli-
qué le chien.
Plat-trait, s. m. Trait plat; filet tracé au burin aiguisé
plat.
Plate-ustèye, s. f. Outil plat; sorte de poinçon plat pour
incruster. On dit plus souvent: chasse.
Plome, s. f. Plume de volaille, pour mettre fhuile sur la
pierre,
Plonk, s. m. Plomb ; on dit aussi : picètte, voir ce mot.
Ponte, s. f. Poinçon ; pointe d'acier ou de bois d'ébène pour
marquer.
■21
— 322 -
Potiquet.s. m. Petit pot; sorte de gobelet, contenant l'huile.
Pougnet, s. m. Manchette en cuir, en toile cirée; bon
nombre de graveurs en l'ont usage. A. T.
Piqùeu, s. m. Poinçon ; forte pointe, servant à enfoncer la
goupille.
Plate sére, s. f. Platine; sorte de platine à encastrer dans
la bascule de fusil Lefauchcux. (On dit aussi plate sére T^our les
fusils à baguette non Lefaucheux. A. T.)
Riflnde, v. tr. Refendre; fendre de nouveau, voir au mot
fnidr.
Riflndège, s. m. Refendage; état de la feuille refendue.
Rissinmî, V. tr. Aiguiser; aiguiser de nouveau.
Roge di brique, s. m. Couleur rouge; matière entrant dans
la confection du ciment.
Rôlai, s. m. Rouleau; contour, sorte de volute, dessin com-
posant la gravure genre anglais.
Rôlette, s. f. Roulette; outil servant à retoucher les sujets.
Rosace, s. f. Rosace, ornement en forme de rose. (On dit
mieux rosette, A. T.
Rose, s. f. Rose; gravure imitant la rose.
Ruban, s. m. Ruban; espace gravé et réservé à un nom.
Rilèveu, s. m. Releveur burin à relever; voir aux mots plat
burin.
Simpe foye, s. m. Feuille simple; feuille non compliquée.
Sinmel, s. f. Aiguisage; action d'aiguiser.
Sinmî, ▼. tr. Aiguiser; rendre le burin aigu et tranchant.
— 323 —
Siteule, s. f. Etoile ; outil en forme d'étoile.
Spitteure, s. f. Dentelle ou mouche, garniture; voir le mot
lUntellc.
Sujet, s. m. Sujet; dessin, animaux de chasse gravés.
Séwe di chandelle, s. f. Suif de chandelle entrant dans
la composition du ciment.
Spéculaire, s. m. Colophane; espèce de résine entrant
dans la composition du ciment.
Stseu, s. m. Veilleuse ; quinquet de travail avec abat-jour
en fer blanc.
X
Tambour, s. m. Tambour; pièce de revolver ayant la forme
d'un tambour. On dit plus souvent tonnerre.
Terminaison, s. f. Terminaison; bout d'ornement terminant
un filet.
Terrain, s. m. Terrain ; simulacre de terrain gravé envi-
ronnant les sujets.
Toûnevis, s. m. Tournevis; instrument pour tourner les vis.
Trait, s. m. Trait; filet gravé ou incrusté sur les bords des
pièces.
Tracer, v. tr. Tracer ; faire des traits, faire le tracé,
commencer un ornement.
Traceu, s. m. Tire-ligne ; sorte de compas pour tirer
les lignes.
U
Ustèye, s. f. Outil; instrument de travail.
Vis, s. m. Vis ; pièce cannelée en spirale.
— 324 —
Visse, s. m. Élau ; instrument pour serrer. — L'étau de
graveur est mobile.
Vérin, s. m. Boulon; pièce de fer se boulonnant dans la
culasse d'.un fusil à un coup.
AïîERÇU DE QUELQUES FUSILS D'EXPORTATION.
Maquignon, s. m. Maquillon; gros fusil— à un coup. (Le
maquillon est un petit fusil au contraire. A. T.)
Cadet, s. m. Cadet; fusil plus léger, plus coquet— à un coup.
Fâ vérin, s. m. Faux boulon ; fusil dont la culasse est d'une
pièce — à un coup.
Béclie-di-canne, s. m. Bec de canard; fusil ainsi nommé
à cause de sa forme — à un coup.
Eôr, s. m. Boor; gros fusil, plus commun encore que
le maquillon ; on grave des traits et on frappe une marque sur
la platine — à un coup.
Kètt'lente, s. f. Kettelenle ; gros fusil, plus commun encore
que le maquillon; on grave des traits au double burin.
Romaine, s. f. Lazarinos; gros fusil, plus commun encore
que le maquillon; gravure payée d'abord un patard et puis
cinq centimes : dont 15 marques (19 marques A. T.) sur le
canon — à un coup.
Vocatiilalrc tecliiioloii^iie wallon-français
RELATIF AU MKTrFR DES
TAILLEURS DE PIERRE
F. SLUSE.
Devise :
« Francs et joyeux. »
MÉDAILLE DE BRONZE.
Accroche. L'accroche sert à réunir deux morceaux de
pierre. V. Ira.
Allé. Cri poussé par les ouvriers qui portent ensemble à la
civière, pour soulever en même temps ; allî' /loiip, cri du
bardeur pour faire avancer les chevaux qui tournent à la luiclic.
Assise. Partie d'une pierre qui doit servir de base à
une autre.
Attache. Partie d'un bloc qui doit disparaître pour que la
face soit unie. V. Ira.
Atteler. Commencer la journée. On sonne pour ^///r/rr.
Avanci. Manière de tenir son ciseau penché en avant
et obliquement quand on r'IuniL
— 326 —
Banc. Divigion du rocher. Le rocher se présente en bancs
plats, en bancs inclinés ou en bancs dressants (droits). Gros
banc, banc qui joint le gris-bèche; tènne banc, banc qui se
rapproche de la pierre noire .
Barder. Conduire les pierres du trou sur le chantier.
BArdeu. Bardeur, ouvrier qui barde, qui bûrdèyc.
Batte. Encadrement tracé autour d'une face avec un ciseau.
Batte mène. Faire un trou rond et long dans le rocher,
y introduire de la poudre et faire sauter la pierre.
Batteux d' mène. Ouvrier chargé de battre mine, de
préparer la mine.
Bêche di mohon. Bec de moineau : Pointe courte à un
poinçon.
Bèrwètte. Brouette. Espèce de tombereau à une roue et
deux brancards, pour transporter les déblais.
Biètte. Partie droite d'une moulure. C'est la partie de la face
qui reste quand on trace la moulure.
Binde. Manière de travailler pour extraire la pierre.
V. travayî.
Bloc. Masse considérable et pesante de pierre : Nos avans
rayî on bai bloc.
Boquet. Morceau. Pierre dont la façon se paie 2 francs 50
à 5 francs.
Bossai. Partie convexe d'une moulure.
Bosse. f::iévation qu'on doit enlever pour rendre une face
unie. Synonyme de poqne et de maquc.
Bouchâde. Boucharde, marteau en fer qui se termine, do
chaque côté, par des dents.
— 327 —
Bouchârder. Boucharder, travailler avec une boucharJo,
frapper sur la pierre afin d'enlever les petites bosses.
Bouchardège. Action de bouchârder. Ouvrage fait avec la
boucharde.
Bouf. Gros marteau pesant jusque 40 kilog. (Outil du
rocheteur.)
Boulet. Boule de fer de dimensions diverses, qu'on glisse
entre le rocher et la pierre détachée, afm d'empôcher celle-ci
de retomber.
Boulon. Morceau de fer plat qu'on emploie avant le boulet
et pour le même usage.
C
Cabestâne. Treuil avec roue dentée employé pour tirer les
pierres d'un volume moindre et pour tirer les chaînes.
Au commencement de l'exploitation des carrières, l'ouvrier
bardeur devait traîner les chaînes, maintenant il emploie le
cabcstânr, qu'il appelle encore chèt.
Cache. Trou fait par l'ouvrier dans une pierre.
Cay^ter. Relier, caipe)' les chaîne, relier deux chaînes avec
deux morceaux de fer recourbés et deux goclie. Caifter les
pierre mettre des morceaux de bois entre deux pierres chargées
sur la charrette, afin de les préserver contre le cahotement.
Cay'tège. Xcl\on de cai/' ter. Ouvrage hitcn eau' tant.
cale. Morceau de fer employé pour faire tenir la /o///-dans
son trou.
Caler. Mettre des cale.
Calège. Ouvrage calé.
Gantier. Chantier, lieu où l'un laiUc ki pierre.
Carîre. \. pièrîre.
328 —
Gazon. Nom ironique donné au cultivateur par le tailleur
de pierre.
Cèque. Cercle en fer mis autour du maillet pour le renforcer.
Cècler. Mettre des cercles.
Chaîne. Lien composé d'anneaux en fer passés les uns dans
les autres. Les chaînes de carrière sont très grosses, très
longues, très lourdes.
Chanfrein. Surface formée en rabattant l'arête d'une pierre.
Chaos. Pierre dont la façon est payée 5 francs et au-dessus.
Braire à chaos, appeler les ouvriers à tour de rôle pour voir
qui veut faire tel ou tel chaos.
Chapaî d' priesse. Poinçon pour forer de larges trous
dans une pierre, afin d'y passer un boulon.
Châte. Veine noire qui se trouve dans la pierre.
Chèrètte. Charrette. Véhicule pour transporter les pierres.
Les charrettes des carrières ont la forme des binards.
Chèrgeu. Chargeur, ouvrier qui charge la charrette.
Endroit où l'on charge,
Chèrgî. Charger, mettre les pierres sur la charrette.
Chèrgège. Action de charger.
Chèt. V. cabestâne.
Chin. Somme d'argent ramassée entre plusieurs ouvriers
pour acheter du genièvre. Fer on chin, mettre de l'argent.
Civire. Brancard pour transporter des pierres.
Cisai. Instrument de fer tranchant par un bout et terminé
de l'autre par une tête arrondie. 67^^// à bois, ciseau pour
recouper le maillet.
Cis'lège. Action de cis'ler. Ouvrage fait avec le ciseau.
Cis'ler. Travailler avec un ciseau.
Cis'lure. Tout travail fait avec un ciseau. Terme plus précis
que cis'lège.
— 329 —
Clâ,. Clou, partie dure qui se trouve dans la pierre, et contre
lequel l'acier se brise.
Cogne. Grande barre en fer dont se sert le rocheteur.
Coirbâ. Cliquet du cric. Petit levier en forme de virgule
qui empêche la roue dentée du cric de tourner dans un sens
contraire à celui du mouvement donné.
Compas. Instrument à deux branches mobiles servant
à transporter des longueurs.
Côpe. Action de couper la pierre. Fer 'ne côpe, couper un
bloc dans le rocher au moyen d'outils.
Coquille. Coquillage pétrifié qui se trouve dans les blocs.
Cougnet. Coin. V. spigo.
Crama. Partie fourchue du cric.
Crâwe. Poinçon recourbé qu'on emploie quand on ne peut
frapper droit.
Creux. Partie concave d'une moulure.
Croc. Instrument en fer, rond et recourbé avec lequel les
bardeurs traînent Ibs chaînes et enlèvent les râlai à broi/i.
D
Déblai. Terres enlevées.
Déblèyer. Enlever la terre pour arriver à la pierre et la
transporter.
Déblèyège. Action de déblayer. Ouvrage fait.
D'hovrège. Action de découvrir.
D'hovreu. Ouvrier qui découvre.
D'hovri. Découvrir, déblayer, enlever la terre cl la mauvaise
pierre pour arriver aux bancs de bonne pierre.
— 330 —
Diale. Gros vis pour faire tomber les pierres détachées.
Digrette. Petite ciselure.
Dint d' soris. Tache blanche affectant la forme de dents de
souris, qui se trouve dans la pierre.
Dissèrre. Isolement d'une partie du rocher (bonne pierre)
fait au moyen de pétards et d'outils. Fer 'ne dissèrre, isoler la
bonne pierre afin d'avoir plus de facilité pour l'extraire.
Diqwât'ler. Partager les blocs en plusieurs parties.
Ditèler. Finir journée, quitter le travail.
e;
Ëcass*mint. Entaille, coupure dans la pierre.
Èpann'ler. Ébaucher. Èpann'ler 'ne moulure, faire res-
sortir les parties les plus saillantes d'une moulure pour des
traits droits, afin qu'on puisse saisir ce que sera l'ouvrage.
Epann'lège. Ouvrage ébauché. Action d'ébaucher.
Èplonker. Couler du plomb dans des trous pour suspendre
les portes, les fenêtres, les barrières, etc.
Èplonk<=ige. Action de plomber.
Estale. Platine. Morceau de fer qu'on introduit dans des
irons de spirjo, au fur et à mesure que le spifjo s'enfonce.
V. travailler à la binde. Syn. : platènne.
Face. Partie d'une pierre qui doit être vue.
Faliga. Morceau de cuir pour envelopper le pouce, alin de le
préserver contre le contact du fer.
Fier. Fer. Outil en fer des carriers. Fier di mène, longue
— 331 -
barre en fer pour battre mine. Fier liorncmint, petits ciseaux
et petits poinçons.
Flemme. Paresse. Synonyme: troije.
Foche. Fourche. Pieu terminé par deux dents pour soutenir
la latte.
Forviser. Viser en laissant le coté où Ton se trouve plus
bas que l'autre. Contraire : lèyî s' climpe.
G
Gare à, la mine, Gare au pétard. Cri lancé avant de
mettre le feu à la mine, au pétard.
Gatte. Tréteau. Assemblage en bois pour soutenir les bras
de la charrette pendant qu'on charge.
Goche. Grands anneaux plats et allongés pour eay'ter
les chaînes.
Gottîre. Gouttière. Partie d'une moulure qui empêche les
eaux de suivre le mur et d'y pénétrer.
Govion. Forme des trous servant à plomber. V. èplonker.
Gradine. Ciseau terminé par des dents ; remplace la
boucharde ou s'emploie après.
Gradinège, Ouvrage fait avec la gradine. Action de gradiner.
Gradiner. Travailler avec la gradine. Tracer des rangées
régulières de points.
Grès. Morceau de grès pour aiguiser les outils. Grî^s
à poinçon, pour faire les pointes; gr^s à plats fier, grès pour
repasser les ciseaux. V. feôper, r'pieoter l (jrês.
Gris-bèche. Pierre(Masse de), qui, dans le rociier, su trouve
le plus au nord. Elle est très dure et difficile à travailler.
Gros-banc. V. bane.
— 332 —
II
Hame. Banc. Petit siège composé d'une planche circula're
et d'un seul pied,
Haminte. Levier. Barre en fer pour soulever les fardeaux,
pour détacher les blocs.
Hârt. Morceau de pierre enlevé d'une arête, place formée
par l'enlèvement de ce morceau.
Hawai. Houe. Instrument en fer, plat et recourbé^ avec un
manclie, pour remuer la terre.
Hèplège. Action de hèpler, travail provisoire.
Hèpler. Ciseler à grands coups irréguliers avec un hèrpai.
Hèrpai. Large ciseau ; peut avoir jusque sept centimètres
de largeur.
Heure les limé, Heure les châte. Enlever au marteau
les parties défectueuses d'un bloc.
Honni. Gâter une pierre en enlevant une partie nécessaire :
On honnihesovlntà case des limés.
Horon. Pièce de bois sur laquelle on fait avancer les pierres.
Hossi (l'haminte). Introduire le levier dans les fissures du
rocher et la faire aller de droite à gauche (en tous sens), pour
faire tomber les blocs.
Hossège. Action de liossî.
Houpe. Pelle. Instrument en fer, plat et large, muni d'un
long manche pour enlever la terre remuée.
Houp'lège. Action de houpler.
Houp'lèye. Ce qu'on peut enlever en une fois avec
une houpe.
Houp'ler. Enlever, avec une houpe, les terres remuées.
— 333 —
I
Indai. Levier court, ii bout aplati, employé pour charger les
pierres sur la charrette. V. prinde à choque.
Jao. Cavité pleine d'eau qui se trouve dans les pierres.
Jonteûre. Joint, Frr 'ne jonteûre, marquer les joints pour
mettre la pierre à longueur (en indiquer les dimensions justes).
Journèye. Travail d'un jour. Salaire d'une journée de
travail.
Laque. Cri du bardeur afin de faire reculer les chevaux
qui sont à la vache, pour que les chaînes ne se raidissent pas
trop ou qu'elles le fassent à point.
Latte. Assemblage en bois, recouvert de paille, pourpré-
server le tailleur de la pluie, de la neige, du vent, etc.
Lèyî drî. Laisser en arrière. Manière de tenir son fer
penché en arrière et obliquement quand on r'tond. Contraire
de avancî, avancer.
Limé. Raie blanche qui se trouve dans la pierre, défaut de
la pierre.
Lossette. Outil ayant la forme d'une cuiller, pour enlever
les poussières des trous faits avec les poinçons.
Loûf. Pièce en fur composée d'un anneau tenant à un
parallélipipède en fer. V. trô d' loûf.
Ma. Gros marteau en fer.
Mayet. Maillet. Marteau en bois à surface courbe et ù deux
— 334 —
têtes. Mai/ct r'côpé à pîd il' vache, maillet dont les deux bouts
sont coupés droit au moyen du ciseau à bois.
Maîste-ovrî(maisse-ovrî). Maître-ouvrier, appareilleur.
Celui qyi est chargé de la surveillance des travaux ; le maître-
ouvrier trace la coupe des pierres.
Malètte. Cri du maître-ouvrier pour faire cesser le travail.
Manœuve ou Manovrî. Ouvrier à la journée.
Manovrer. Travailler à la journée.
Maque. V. bosse.
Massètte. Marteau en fer.
Mastic. Composition d'huile et de cire pour coller les
morceaux honni.
Mastiquège. Partie de la pierre collée avec du mastic.
Mastiquer. Coller avec du mastic.
Mène. Mine. Trou fait dans le rocher avec le fer de mine,
rempli de poudre, pour faire sauter le rocher. Tirer 'ne mène,
mettre le feu à la mine. (N'était pas employée anciennement,
l'extraction se faisait à l'aide d'outils.)
Mète de face. Mesurage d'une face. Être payé par mètre
de face.
Moellon. Petits blocs employés pour bâtir.
Moule. Profil en zinc d'une moulure.
Moulure. Partie plus ou moins saillante d'une pierre devant
servir d'ornement.
Moite pîre. Pierre presque argileuse, pas encore formée.
Neûre. Masse de pierre, de couleur noire, qui, dans le rocher,
se trouve le plus au midi; elle est tendre et s'emploie pour la
construction des ponts, aqueducs, etc.
— 335 —
O
Ovrî d' pièrîre. Ouvrier qui travaille à la carrière.
I*
Paillasse. Tas de paille sur lequel on renverse la pierre;
tas de pierrailles qu'on met sous la pierre, aû-n de la soulever
d'un côté.
Palette. Encadrement, ciselure autour de la partie bou-
chardée ; taper 'ne palette, faire une palette.
Pétard. Petite mine d'un pied de longueur environ pour
faire ouverture. V. gare.
Pic. Outil du d'hovreu (découvreur). Instrument de fer
courbé et pointu pour remuer la terre.
Pièrire. Carrière. Lieu où Ton extrait et où l'on travaille la
pierre.
Piqu'tège. Pointillage, action de pointiller. Ouvrage
pointillé.
Piqu'ter. Pointiller, faire des points dans une face avec
un poinçon.
Pîrre. Pierre. Corps dur et solide, de la nature des roches,
qu'on emploie, entre autres, pour bâtir. (Littré.) Bloc que
l'ouvrier travaille. Pîrre ili tèije, pierre dure, propre à être
taillée; pîrre bleu ou bleûve pîrre, pierre bleue. Pîrre lèijèije
(liso r martaî, pierre achevée avec le marteau. Pîrre qui torelle,
pierre dont la façon doit être achevée par un ouvrier autre que
celui qui Ta commencée.
Pîrhètte. Petit morceau de pierre.
Planche di weine. Planche de cric. Planche employée
lorsque la crémaillère du cric est trop petite ; on l'applique entre
le crama et le bloc à soulever.
Platènne. V. ùstale.
— 33G —
Poli. Polir, rendre une face unie avec du sable et un
morceau de grès par le frottement.
Polihège. Action de polir.
Ponçon. Poinçon. Outil de fer aigu, servant h percer et
à enlever les bosses. Sa longueur varie entre 15 et 60 centimètres.
Poque. V. bosse.
Potte. Grande cache.
Poussîre. Pierre réduite en poudre.
Prinde à choque. Introduire Vindai sous la pierre pour h
soulever et la faire avancer sur la charrette.
P'tit. V. chin.
Quitèyège. Action de quUèyî.
Quitèyî. Partager, on dit aussi d'qiuât'ler.
Qwârer. Retenir un quart du salaire de la journée à un
ouvrier arrivant trop tard.
Qwînzaine. Deux semaines. Somme d'argent gagnée
pendant quinze jours de travail.
R
Rabat. V. chanfrein.
Rabatte. Renverser la pierre sur la paillasse.
Rampe. Plan incliné qui descend dans le trou (carrière).
Ravarmint. Pente donnée à une partie de la pierre. Fer on
ravaimini, enlever plus de pierre d'un côté que de l'autre. Au
seuil de la fenêtre il y a un ravalement.
Ra"whi. Refaire la pointe au pointon.
Râyî. Arracher : JSos avans râyî on bat bloc.
R'ciselège. Action de reciseler. Ouvrage reciselé.
— 337 —
R'ciseler. Donner de fins coups de ciseau, bien droits et
bien réguliers.
R'côpège. Action de recouper.
R'côper r grés, enlever les parties du grès qui sont en
élévation par suite de l'aiguisement des outils pour le
rendre uni.
Réglège. Réglage, action de régler.
Régler. Vérifier les dimensions, V. rifèrî.
Rènèss'lège. Action de rènèss'ler. Ouvrage rènèss'lé.
RéRèss'ler. Remettre de l'acier sur le fer.
RTreinège. Action de f freiner. Oiivvagei'' freiné.
R'freiner. Faire un fin ciselage (les coups de ciseau se
suivant de près) sans lever la main et en avançant.
R'hèplège. Action de r'hèpler. Ouvrage r'hèplé.
R'hèlper. Helper de nouveau afin de rendre la face plus
unie.
Riféri. Passer (travailler) la pierre au marteau afin de lui
donner à peu près les dimensions voulues.
Risplinquer. Payer un verre à celui qui vous en a offert un.
R'néttî V travaux. Enlever les pierrailles du chantier.
Roche. Masse de pierre ; on dit aussi rocher.
Roch'tège. Rochetage, action de rocheter.
Roch'ter. Rocheter, travailler à la roche.
Roch'teu. Rocheteur, ouvrier qui travaille à la roche.
Rôlai. Rouleau. Pièce de bois cylindrique sur laquelle le
bardeur fait avancer la pierre. Rôla à broyî, rouleau percé de
trous dans lesquels on introduit un levier pour les faire tourner.
Rond'lége. Action de rond'ler. Ouvrage rond'lé.
Rond'ler. Faire un rabat rond.
i2
— 338 —
Rowe di horre. Système de poulies pour tirer les pierres
hors du trou de la carrière.
Royî. Tracer un trait avec le rule et un ciseau, sans se servir
du maillet. V. tracer.
R'picotège. Action de f picoter. Ouvrage r'picoté.
R'picoter l' grès. Donner des coups de poinçon sur le grès.
R'tondège. Action de f tonde. Ouvrage r'tondu.
R'tonde, Ciseler pour la dernière fois.
R'trinchège. Action de r'trincJiî.
R'trinchi. Retranclier, préserver les arêtes en les faisant
rentrer quelque peu.
Rule. Planche étroite et longue dont le tailleur se sert pour
juger de l'horizontalité d'une face ; rule di poche, mètre pliant.
Sâvion. Le sâvion se fait souvent le soir, le chin peut se
faire pendant la journée. V. chin.
S'batte ine ciselure. Faire une batte. S'batte H face,
rendre une face plus ou moins unie avec un s'batteû.
S'batteû. Léger poinçon.
S'clat. Éclat, morceau de pierre enlevé par les outils.
S'climpe. Manière de viser. V. viser.
S'cottège. Action de s'cotter. Ouvrage accompli en s'cottant.
S'cotter. Mettre des s'clat sous la pierre qu'on soulève avec
le cric.
Sèmî. Aiguiser. Sèmî à bêche di mohon, faire une pointe
courte au poinçon.
Spigo. Coin ; instrument en fer pour fendre le rocher, les
pierres.
- 339 —
Spinci. Épincer, découper les blocs, les équarrir, les
dégrossir, les mettre à môme d'être taillés.
Spinciége. Épinçage, action à'épincer. Ouvrage épincé.
Spincieu. Ouvrier qui cpince.
Spiter. Recevoir de la poussière dans l'œil.
Sq'wére. Équerre. Instrument pour tracer des angles droits,
des perpendiculaires; fax sqwére, équerre qu'on peut replier.
Taille. Manière d'obtenir, d'un bloc brut, la pierre demandée.
Talon rèvièrsé. Talon (renversé). Moulure concave par le
bas et convexe par le haut.
Tape. Partie du maillet avec laquelle on tape, on frappe sur
le ciseau ou le poinçon.
Taper à bosse. Enlever les bosses.
Tèche, Marque qui se trouve dans la pierre. Blanquès tèche,
tache blanche. Ces taches affectent souvent la forme de clâ
iV soie, clous de soulier ou de dint d' soris. V. ces mots.
Tèyeux (d' pîrre). Ouvrier qui taille, qui façonne la pierre.
Tèyî. Tailler la pierre, la façonner, lui donner la forme
demandée.
Tèyège. Action de tailler. Manière de tailler.
Tièsse di chin. Petit rouleau.
Tièsse di moule. Partie intérieure d'un montant.
Tour di rein. Morceau de pierre dont la façon revient
à moins de 2 francs 50.
Tour dé r vache. Lieu où se trouve la vache; cercle décrit
par la vache et les chevaux qui la font tourner.
Tracer V trait. Marquer davantage le trait royî en se
servant du maillet.
— 3-iO —
Trait. Ligne tracée avec le ciseau seul ou avec le ciseau et
le maillet. V. mii et tracé.
Tranchée. Ouverture plus ou moins longue et large, faite
dans le sol. pour arriver à la bonne pierre.
Travayî. Travailler; travaijî à pèce, travailler à pièce,
savoir ce qu'on gagnera en faisant telle ou telle pierre.
Travayî à 1' binde. Enfoncer le spigo dans un trou fait
dans le rocher en se servant des èsUile pour détacher de plus en
plus la pierre.
Travaux. Lieu où l'on travaille.
Trawet. Petit poinçon.
Trigu. Amas de terre et de pierres enlevées du troti et mise
en tas.
Trô. Trou, ouverture, excavation où l'on arrache la pierre.
Trô à l'accroche, trou fait pour accrocher; Trô à l'attcche, trous
faits pour enlever VaUèche en deux ou trois coups.
Trô d' govion. Trous ^onv èplonker .
Trô di spigo. Ligne de trous faits au poinçon et dans
lesquels on introduit le spigo pour faire fendre la pierre.
Troye. V. pèmme.
Vache. Cabestan. Tourniquet à un seul bras pour tirer les
blocs hors du trou à l'aide de chevaux. Est remplacé aujour-
d'hui dans les grandes carrières par l'élévateur.
Vis. Pièce ronde en fer avec des cannelures en spirale. On
rinlroduit entre le bloc détaché et le rocher, afin de faire
l'ouverture de plus en plus grande et de faire tomber le bloc.
Selon sa forme, on l'appelle vis à botèye (vis h. bouteiI!e)ou vis à
colonne (vis à colonne). V. diale.
— 341 —
Viser. Voir au moyen de deux rnh', si les quatre coins de
la pierre sont sur le même plan. Lèyî s' climpc,y\scr en laissant
le côté où Ion se trouve plus haut que l'autre. V. forviser.
Vône. V. cliâte.
\^
Wagon. Véhicule, voiture pour transporter les blocs d'un
endroit à un autre.
Wague. Tas de pierre et de terre qui se détache du rocher
subitement ou par suite d'un rochetage.
Waguer. Se détacher, tomber.
"Weine. Cric. Machine à crémaillère et à manivelle pour
soulever les blocs. K'tourncr les ivcinc, employer les wcincs,
indique le degré de force d'un ouvrier carrier : / k'ioûne ine
weine, sins s'oêner, il se sert du cric (le porte) sans se gêner.
"Windai. Vilebrequin, outil pour percer la pierre.
Ype. Latte ayant la forme d'une herse. Herse, en wallon, se
disant ypc.
RAPPOMT
sur le 13" concours (pièces de théâtre).
Messieurs,
Notre concours de comédies a, cette année encore,
trouvé chez nos auteurs le meilleur accueil.
Est-ce à dire qu'ils y aient envoyé des chefs-
d'œuvre, tant s'en faut.
Nous devons même dire que la valeur moyenne
des pièces présentées est inférieure, et d'assez bien,
à celle de nos concours antérieurs.
Des quatorze comédies reçues, nous en écartons
sept.
Elles sont toutes du même auteur; nous nous
refusons à les juger pour les motifs suivants :
1° L'une d'elles est une copie littérale du Lot (Va
Gègô, d'Alexis Peclers. C'est le n" 2. On bonheur ni
vin nin sins Vante.
2" Une seconde (Qwârtt à loue)') nous est présen-
tée une fois en prose (n° I), une autre fois en vers
(n°13^î5), une autre fois encore en vers sous le titre
de : On vîx galant (n'^G); elle n'est autre (pi'un vau-
deville en un acte de Victor Cornet : Ine chambe à
louer, imprimée en 1888.
3" Une troisième est écrite en vers sous le titre :
— 344 —
Les fièsse dès maçon, et est remise en prose sous le
litre Li crama.
4" Enfin cet auteur s'est f\ut connaître en signant
la pièce n" 2 et en inscrivant son adresse sur la pièce
n"3. Lé n« 13 (Uamour è-st-aveûlé) lui appartient
aussi.
Mais passons aux pièces sérieuses :
Le n" o est intitulé : Piote de l classe, comédie en
trois actes. La pièce est écrite en dialecte de la vallée
du Geer; c'est là d'ailleurs que l'auteur a placé ses
diflerentes scènes.
On y voit trois soldats libérés du service militaire,
qui reviennent dans leurs foyers où l'un d'eux'
Joseph, doit retrouver sa bonne amie, Garile.Toute
la pièce roule sur ces amours, contrariées par le
père de Garite, qui souhaiterait pour sa fdie un
autre amoureux moins buveur et moins paresseux,
le brave Léon, par exemple.
Le second acte se passe pres({ue entièrement en
narrations de farces de caserne, que les trois soldats
font à ce Léon appelé nouvellement sous les armes
par le sort.
Le dialogue est extraordinairemcnt faible. Des
longueurs, des redites, des chevilles, des monologues
impossibles. Certaines scènes, très plates, frisent
l'immoralité. Le dénoûment est brusque et mal-
heureux.
C'était cependant une œuvre de lon^ïue haleine,
près de trois mille vers. La scène III du 2-^ acte a
127 vers, et la scène IV, où l'on trouve un per-
— 345 —
sonnage en plus, n'a que la bagatelle de 2o"2 vers.
On y voit un monologue de 4i vers. Il est vrai que
Victor Hugo en compte d'énormes. Mais nous ne
croyons pas la raison suffisante pour faire accorder
une récompense à l'auteur.
Nous retrouvons encore ces faiblesses, mais à un
moindre degré, dans le n" 8, Li Troquètte et V Gèr-
malle.
C'est un imbroglio basé sur la ressemblance de
trois frères jumeaux, dont deux sont épris de deux
sœurs jumelles. Le style est bon et le vers assez bien
frappé. Mais on cherche en vain les traits piquants
promis par un titre de cette espèce. L'auteur nous
paraît connaître son wallon et la scène; mais il a
été malheureux dans la façon de traiter son sujet.
Nous remarquons dans cette œuvre un oncle qui
n'est pas d'Amérique, mais de Bois-de-Breux, en
remplissant tout aussi merveilleusement les fonctions
de deus ex-machina. Nous signalerons aussi deux
sauvetages qui aident au dénoùment. C'est vieux
jeu.
Par contre, nous devons ajouter qu'en général ces
personnages sont assez bien campés, et leurs carac-
tères relativement bien observés.
Néanmoins nous ne croyons pas devoir accorder
de récompense à l'auteur.
11 est à désirer (pie nos écrivains repoussent ces
deus ex-machina, ces ficelles théâtrales usées à se
rompre, ces sauvetages émouvants consacrés \)av
l'hymen ou la réconciliation, en un mot, tous ces
— 346 —
clichés d'an autre âge dont n'a que faire notre
théâtre moderne, aux allures plus franches, à l'amour
plus vibrant du vrai. Guerre à ces exploits de
coulisses, à ces faits capitaux de derrière les décors,
gros de conséquences scéniques, mais qui n'ont leur
raison d'être que dans la pauvreté d'imagination
d'un écrivain court de dénoûment.
Ce reproche, nous devons aussi le faire au n'^ 9,
A malin. Là, nous voyons un garçon meunier
épris de la lille de son maître. Un berger, qu'on
s'étonne un peu de voir constamment îui moulin,
convoite la place de groumet tenue par son camarade
et, pour se la faire échoir, dénonce au meunier les
amours en jeu. Le meunier en colère chasse
son groumet. Heureusement, ou malheureusement,
comme on voudra, la petite fdle du père courroucé
tombe à l'eau ; heureusement encore, le groumet est
là qui la sauve. D'où mariage.
Outre la banalité, on ne comprend pas pourquoi
le groumet chassé veut encore quitter le moulin
après l'acte méritoire qu'il a posé; il doit s'attendre
au pardon de son maître.
Le wallon est en général de bon aloi, mais le style
est loin d'être soutenu. Les périodes sont longues,
et de nombreuses chevilles s'observent en leur cours.
Citons au hasard :
Co biii (ju'is v's ont-st-avu, awè, cièLe, on 1' pou dire,
Is d'vct èsso bin binâhe, et ci n'è nin po rire,
Ga vos risquîz vosse vèye
— 3i7 -
Puis :
J'a por vos les même sintumint,
Grèyez-l', awè, c' n'è nin po rire
Plus loin :
V's allez baguer fou d'cial, bin vile, à pus habèye.
L'œuvre, qui appartient au genre vaudeville, est
entrecoupée de chants ; mais ces chants sont d'une
grande banalité. L'auteur a sans doute pris pour
devise, comme l'a remarqué l'un de nous, que ce qui
ne se dit pas se chante. A ce propos, une remarque
générale. Nos écrivains wallons adorent le vaudeville;
s'ils ne l'ont pas inventé, ils lui vouent en tous cas
un culte particulier; par malheur, cédant en cela à
de nombreux exemples d'auteurs français, ils inter-
calent leurs vaudevilles (in sens propre) un peu à tort
et à travers.
A notre avis, les rimes chantées, en comédie,
doivent ne servir qu'à souligner ou bien à élever un
sentiment. Elles doivent, quant au sens, faire partie
intégrante de l'œuvre, et l'auteur doit joindre à la
délicatesse de leur choix tout le piquant de l'à-
propos, toute la verve grande d'une brillante pensée.
Sinon, elles ne sont que hors d'œuvre ; elles sont
donc à rejeter.
Combien ne remarque-t-on pas l'absurdité de ce
personnage exhalant sa colère en quelques strophes,
sur un air connu, dont le refrain est souvent repris
en chœur par les autres. Combien encore étonnants
ces amoureux (jui, après une tendre tirade, s'ap-
— 348 —
prochent de la rampe, altendent les primes me-
sures battues par le geste emphatique du chef d'or-
chestre, puis répètent, dans une musique sucrée, les
mêmes serments qu'ils viennent d'échanger.
Plus de naturel, plus de goût dans le choix des
chants intercalés, voilà ce que nous demandons à nos
auteurs.
Mais, fermons cette parenthèse pour en revenir à
notre comédie A molin.
Cette œuvre, nous l'avons dit, a de graves défauts;
mais elle est écrite en bon wallon, elle est assez
solidement charpentée et elle ne manque pas de
cohésion. En outre, l'auteur fait preuve de connais-
sances scéniques.
C'est pourquoi nous sommes d'avis de lui accorder
une mention honorable, soit une médaille de bronze
avec impression, les chants exceptés. Nous lui con-
seillons en outre de tenir compte des critiques faites
plus haut. Nous terminerons en tous cas l'impression
de son œuvre à la scène où le groumet vient de
sauver l'enfant.
Dans le no 7, Plaisir di vîx, nous constatons un
fait assez étrange.
Le premier acte est bourré de chevilles, de lon-
gueurs; il fourmille de sous-entendus nombreux et
incom])réhensibles. L'auteur a voulu sans doute
éviter les monologues, mais il est tombé dans l'excès
contraire ; sa phrase est hachée, horripilante. Sur
la scène, tout le monde rit; mais dans la salle per-
sonne ne comprendra pourquoi. Un exemple. Scène
— 349 —
III. Les vieillards sont en train de se rappeler le bon
vieux temps.
Mayanne, à Gillc.
Mains di quoi d'hez-v', donc vos?
Louis, à Mayanne.
Gîlle di, parait Mayanne, qu'a vingt an j'a stu sot !
Mayanxe, aspoyant so ses parole.
Fû-t-i v'dire? A m' sonlant, Gîlle n'a mùye dit si vrèye!
{Louis J'ai 'ne mowe. Gillc et Mayanne rièl.)
GiLLE.
Èye, on 'nn apprind dès belle ! le Mayanne, binamôye,
Çou qu' vos v'nez de dire là !
(.1 part.)
Louis qu' s'avcu vanté.
{Gllle rèye lot louquant Louis.)
Louis, à Mayanne on pan freûd.
Jans, n'riez nin ainsi!
{A Gille.)
Fré Gille, vos comprindez,
Mayanne...
Gille, riant.
Awè dai fré !
Louis, bas a s' fré.
Inte nos deux, s'falléve dire...
Gille, riant.
Awè.
Louis, riant.
Vos comprindez?
Gille, eoayonnant.
Nènni vos, c'è po rire!
Louis, couyonnant.
Moyanne, parait...
Gille.
Oui, oui !
Louis, riant.
Ji v' contre tôt çoula
Pus lard... inlc di nos deux...
— 350 —
GiLLE, riant.
A la bonne heure, c'ô ça !
{De vèye li maiwje d'à Louis li vètje Mayanne è s\fautcinje rhje di si bon coiir
qu'elle hictèije.)
Mayanne, riant à Louis.
Qui racontez- v' à Gîlle donc la, Louis?
Louis, à part.
Mayanne, à Louis.
Ayc, aye !
Qui d'hez-v'?
Louis, gêné.
Mi? Rin!
L'action ne commence en réalité qu'à la scène IV
du 2° acte. Des défauts analogues à ceux que nous
venons de signaler se retrouvent encore dans les
deux derniers actes, mais en moins grand nombre.
L'auteur nous montre deux vieux et une vieille qui
parachèvent le mariage de deux jeunes voisines
Mérence et Julie ; la première doit épouser un
employé, la seconde courtise Armand, fils d'un riche
industriel. La mère de Julie, Bertine, trouve un
jour Armand aux pieds de sa fille et s'oppose à son
mariage. Malheureusement pareille opposition est
peu naturelle, d'autant plus qu'elle dure trop long-
temps. Il n'est, en outre, pas croyable qu'Armand,
chassé de la maison, soit choisi comme témoin lors
du mariage de Mérence. Nous ajouterons que le
premier téte-à-téte d'Armand et de Julie a un motif
trop artificiel : un parapluie oublié.
Outre ces défauts, nous devons signaler la lenteur
du développement de l'action.
— 351 —
Remarquons encore deux clianls placés mal à
propos après deux scènes d'amour.
Par contre, le wallon est correct, et le vers assez
bien frappé. Il y a de bonnes scènes au second et au
troisième acte.
Le n" 10 est intitulé : Li Keûre d'à Soussour, ou
lès Rdbrouhe cVà Lorint.
L'auteur aurait mieux fait de partager son œuvre
et son titre en deux parties. A côté l'une de l'autre,
se coudoyant sans se pénétrer, se trouvent en effet là
deux actions, l'une mauvaise et burlesque, l'autre
bonne et touchante.
La bonne nous montre une jeune ouvrière qui a
élevé son frère puiné. D'autre part, nous voyons
Gilles, un cœur d'or, qui a recueilli et élevé le fils
naturel de sa sœur. Ces deux honnêtetés s'attirent.
Mais Soussour, pour mettre à l'épreuve l'amour de
Gilles, lui dit qu'elle aussi possède un enfant illégi-
time. Malgré cela, Gilles persiste dans son amour et
Soussour, dévoilant son stratagème, lui présente,
comme leur désormais, l'enfant naturel recueilli
par Gilles.
Ajoutez à cet épisode les amours gaies du frère de
Soussour et d'une jeune voisine. Entre eux ce ne sont
que saillies, que réparlies spirituelles; ce genre a
déjà réussi à Joseph Demoulin dans Paul Lambert.
L'autre action, la mauvaise, consiste en les amours
burlesques d'un vieux et d'une vieille, Dadile
et Lorint.
Elle est invraisemblable et vulgaire. C'est ainsi que
— 352 -
le premier acte linit sur une scène de pugilat entre
ces deux débris. Dadite aplatit d'un coup de poing
le chapeau de Lorint, et casse même une assiette sur
la tète du vieillard. Les deux personnages trébuchent
ensuite et s'étalent de leur long.
Ces farces grossières inciteront peut-être au rire,
mais il ne nous peut convenir d'encourager cette
gailé de tréteaux.
Un défaut encore : Dadite possède une fdle, Mélie,
qui lui parle sur un ton revèche par trop accentué.
Nous acceptons que souvent les enfants wallons
parlent durement à leurs parents, mais pas à ce
point :
Ce Vci di s'sour, boubène, avez-v' oyou, vèye sotte,
et ce, sans nécessité.
Parlons des qualités de l'œuvre, à présent ; l'action
Soussour nous l'avons dit, est très convenable.
Ajoutons que les caractères sont assez bien soutenus,
que l'esprit pétille en maints endroits, que le wallon
et la versification laissent peu à désirer.
C'est pourquoi nous vous demandons pour l'auteur
une médaille de bronze avec impression de la pre-
mière action.
Le n" 4, Li Pipe cVà Stochèt, nous présente une
petite pièce sans prétention aucune, très mouve-
mentée et assez gaie.
Trois amoureux grotesques, Stochèt, Mazouquèt
et Lînà, viennent compter fleurette à la fille de
Wèwèye,Bûre,une gentille blanchisseuse, qui a donné
son cœur à Paul, jeune et vaillant ouvrier. Tout ce
— 353 -
petit monde est mis en mouvement par la malen-
contreuse et monumentale pipe de Stochèt, que ce
vieux, mais vert galant laisse par mégarde dans la
chambre de Bàre. L'action roule tout entière sur les
pérégrinations de cette pipe qui passe d'un pro-
priétaire à l'autre avec une lacilité déplorable.
Ce mode d'action est celui de Hennequin. L'œuvre
est gentiment troussée, le vers corsé et d'un ^vallon
sans tare.
Le dialogue pèche parfois par une certaine lenteur,
attribuable en grande partie à la ténuité extrême de
l'action. L'auteur a tiré l'intrigue en longueur pour
arriver à la faire se poursuivre durant tout l'acte.
Nous vous proposons d'accorder à cette pièce une
médaille de bronze avec impression intégrale.
Nous arrivons. Messieurs, à une œuvre très cu-
rieuse, intitulée : Les boiiteu foit (Les Portefaix), n°
11. Disons tout d'abord que ce titre est mal choisi ;
car il n'est pas spécialement question de portefaix
dans la pièce.
La trame se noue dans le bas peuple, auquel
tous les personnages appartiennent. L'auteur a eu
soin d'ailleurs de nous en prévenir en sous-intitu-
lant son œuvre : Tavlaî naturalisme, è treus ake, et
en lui donnant pour devise : È fond de pettpe.
C'est la plus belle collection de types que l'on
puisse imaginer. Qu'on en juge par ce résumé de la
distribution, qui ne comprend pas moins de 18
personnages, sans compter les utilités et rôles
muets :
23
— 354 —
Jacques, boîiteu fou ; Bouyotte, id. ; Noquette, rôleû
(Vrivage; Chamon, touwcu iVabatache; Delghif, canâlî;
Menzis, maisse di cabaret; Hendècligue, hovâte; Moètroux,
ovrid' fabrique; Kilèsse, cocher d' vigilante; Lamanda, mar-
chande d'^oubli, etc.
Le premier acte nous transporte sur une petite
place delà paroisse Saint-Pholien, et nous fait vivre
un certain temps de la vie des amateurs de pigeons.
On attend les voyageurs ailés mis à un concours
lointain. Coureurs, ficelles partant du pigeonnier,
panier, local de la Société, etc. etc.. rien n'y manque.
Un semblant d'action se noue au milieu du va et vient
que provoque ce sport cher aux wallons.
Au ^^ acte, nous voici dans un café où différents
personnages se disposent à tirer l'oie. Nous écoutons
l'argot spécial et intéressant de cesMessieurs. L'action
se poursuit très tenue.
Le 3' acte nous lance en pleine fête de paroisse.
Màt d'cocagne, lampion, guirlandes, drapeaux, bal
populaire, crâmignon, etc., etc.
L'action se dénoue par deux mariages, dont l'un
surprend un peu.
C'est là une œuvre vécue ; en lisant le dernier
acte, OQ a les sensations de ces fêtes de paroisse
bien connues, avec leur bruissement spécial, leurs
odeurs rances de fritures, leur épouvantable et caco-
phonique orchestration, la fraîcheur aigre d'un air
de crâmignon perçant le brouhaha de la foule, et
baignant le tout, les effluves d'une chaude journée
— 355 —
d'été, qui met de la sueur au front de cette populace
grouillante. Tous ces souvenirs m'ont assailli, et
je me suis mis à regretter que notre scène moderne
ne soit pas constituée pour reproduire ces tableaux
populaires, intéressants au possible.
C'est en effet le défaut capital de l'œuvre que nous
examinons, de ne pas être taillée pour le théâtre.
11 serait difficile, à moins d'une organisation spé-
ciale, de transporter sur nos scènes actuelles une
fête de paroisse dans son ensemble. Henri Simon a
tenté, dans Cour d'ognon, de représenter une simple
rue en fête. Et combien ne nous parait pas vide, au
point de vue scénique, le second acte de ce petit
chef-d'œuvre.
Quoique les Bow^ew/ow soient écrits en bon wallon,
distribué en vers assez corrects, ils possèdent néan-
moins des défauts importants.
L'œuvre, comme l'a dit l'un de nous, est constituée
par trois fois le même acte, durant lequel on ne
fait que boire.
Il est, en outre, des monologues d'une quarantaine
de vers et des dialogues franchement ennuyeux.
Maintes scènes sont d'une monotonie rare. De ci,
de là, des imperfections de style comme :
Par malheur è c'tavlai desqué ji v'jâse à c'sle
heure.
Puis, il y a un amoureux qui jure quatre amours
à son aimée dans le courant de l'œuvre, et toujours
sur le même ton, en longues phrases énervantes.
Si nous avions un conseil à donner à l'auteur,
— 35G —
nous lui dirions de reprendre son œuvre, de la
remettre au moule et de la remanier en forme de
roman. Peut-être alors, par les détails originaux
qu'elle contient, aurait-elle quelque chance de
réussir. *
Actuellement, nous ne pouvons que vous proposer
de lui accorder une mention honorable avec impres-
sion de quelques extraits curieux.
Le résultat, Messieurs, n'est guère si brillant que
celui de l'an dernier, qui comportait, en effet, une
médaille d'or, une de vermeil, une d'argent et une
de bronze.
Celte année nous accordons :
Mention et impression au n" 4. Li pipe d'à Stochet.
» » (sauf les chants) au n'^ 9. A molin.
)> » de moitié au n" 10. Li heure d'à
Soussour.
» » d'extraits au n° 11. Lesbouteu fou.
» » » au n° 7. Plaisir di vîx.
Ce n'est pas pour les auteurs une raison de se
décourager. Ils doivent se bien pénétrer de l'idée
que l'on ne produit pas des chefs-d'œuvres à
tous coups. Ils doivent surtout se défier de leur
facilité de composition, et ne nous envoyer que des
œuvres mûrement pensées, irréprochables et de
style et de langage. Nous nous ferons alors
un véritable plaisir de leur accorder les premières
distinctions.
— 357 —
Les décisions ci-dessus ont été prises à l'unanimité.
Le Jury,
J. Delboeuf.
I. DORY.
A. Falloise et
Julien Delaite, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 mars 1891, a
donné acte au jury de ses conclusions. L'ouverture
des billets cachetés, accompagnant les pièces cou-
ronnées, a fait connaître que M. Jean Bury est
l'auteur de Li pipe da Stochet ; M. Félix Poncelet,
celui de A molin; M. Godfroid Halleux, celui de
Li heure d'à Soussour; MM. Auguste et Clément
Déom, ceux de Les bouteii fou; et M. Théophile Bovy,
celui de Plaisir di vlx. Les autres billets cachetés
ont été brûlés séance tenante.
Ll PIPE DjV 8TOOHET
COMÊDÈYE EN INE AKE, MAHEYE DI CHANT
Jean BURY.
Devise :
Li ci qu n'a màyc risqué.
N'a màye situ pindou.
Pièce courouDée par la Société Liégeoise de Lillcralure wallonne.
MÉDAILLE DE BRONZE.
/t m' MON-ONKE JOSSAINT ^URY,
PEHSONNÉGE :
WÈWÈYE, pcrc d'à Bâre 50 an DD. BURY.
STOCHÈT, voisin 40 „ L. VONCKEN,
MAZOUQUET, ici. 40 „ F. Delvoye.
LINA, id 30 „ J. Delcheffe.
PAUL, mon-cœiir dW Bâre 25 „ J. Cox.
BARE, ?-is^i?uîrès.se 20 „ M^e SluSE.
Li scène si passe Ju-d'là-Moûse, à Lige, li dimègne i ddcimbe 1888.
LI PIPE D'A STOCHET
Li scène riprésinte ine chambe prôp'minl mcublêye. Tûvc à dreule. qut^quès
chèytre, ârmà è fond à l'hinche, poite è fond, eune à dreute 2e plan, deux à
l'hinche, l" el i« plan, finiosse è fond vès 1' dreute.
Scène I.
WÈWÈYE, PAUL et BARE.
(Wèwètje lé 'ne lèlte, lot dreut A l'hinche ; Paul, à dreute, assiou dri r tihe, lé
V journal, di mâle houmeùr ; liâre rhtind so V tdvc saqwantè.t pcce.)
WÈWÈYE {après a vu ïéhou).
G'è tôt r même bin ainsi
Paul {hinajil V journal so T tdve).
N'aveu-ju nin raison,
De n' miette sindiquer tôt raie?
WÈWKYE.
Sia
Bare {aveu houmeûr, tôt ristindant).
G'è bon !
Paul.
Nos n' hantans pus po rire, on parole di mariège,
On fai d'jà dès corwèye, on tûse même û manège.
Li vihène ènnè foù. Mais vola qu'on m' sicrî,
Qui, dismèttant qu^ouveurc, Bûre ni s' fai nin hairî
Po s' lèyî rappoirter ses sèyaî par ine autc !
Bare.
Vo!a-t-i 'ne fameuse friche !
— 3G2 —
Paul {raCmint).
Ce q\ï vos estez s* crapaute !
Bare.
Areu-t-i fallou dire qui j'aiméve mî drèner,
Et refuser l'côp d' main qu'on voléve bin m' diner?
Paul.
Ji lî rindreu s' côp d' main, s' j el kinohéve, so s' geaive.
WÈwÈYE {ria7it).
Vola deux bais colon prête à mette è l'même chêve.
Si c'è po v'sarringî comme coula, mes èfant,
Riployîz-v\
Bare.
11 è clér qu'on n' freu nin ma tôt 1' fant.
C'è todis r môme trîdaîne, on vique....
WÈWÈYE (à part).
Gomme li jônèsse.
Paul.
Vos avez trop bon cour...,
Bare {so V môme ton).
Vos avez 'ne trop bonne tièsse.
WÈWÈYE.
Jans, qu'on s' kidûse on pau, coula k'mince à m'gatî.
Avou vos galguizoute, fez 'ne bonètte à Mathy.
Paul (à Ddre).
Haye
Bare.
Haye avou, n's èstans qwitle !
Paul.
J'ènnô va, fans 1' paye...
— 363 —
Bare.
Elle è tote faite!
Paul (uo?an< chhi'ler).
Jan, Bûre, il è m' timps qu' j'ènnè vâye,
Lèyiz-m' prinde on p'tit bêche po r'mètte lès cache è fôr.
Bare {èl riboutant).
Awè dai, bon j ou vos!
Paul,
Aih! qwèreuse di dizôr!
Ji n'rouvèy'rè jamâye qui vos m' lèyîz co'ne fèye
Enne aller sins buscute.
WÈWÈYE {qui rinteure à V hinchc).
Lai lî si houmeur !
Paul {volaiit sorti).
A r'vèye
Bare.
G'è bon, i n' lin qu'à vos d'ènne aller comme coula.
Paul (/'iy'/ian< et V rabrèssanl).
0 r mâlignante èfant ! ji v' rik'nohe si bin là !
Bare.
Qwand r'vinrez-v*?
Paul.
Oh ! totrate, divins treus bon qwârt d'heure.
Bare.
Ni tûrgîz nin.
Paul.
Nènni, n'a nou risse qui ji d'meure.
Mains vos, ni m' trompez nin...?...?...?
(Jeu d' scène).
— 364 —
Scène II.
BARE,/)ui6ST0CHET.
Bare.
El tromper? Oh ! nênni !
Mains s'on s'trouve so mes vùye, qu'è-c' qui j'è pou, donc mi?
J'a bai d'viscr, préchî, c'è-st-ottant va qu'ji tosse.
Lès treus mâ-tournés chin sont jourmâye à mes trosse.
C'è Stochet, Mazouquet et Linâ, nos voisin.
Oh ! mains, dès laids cabai qui n'ont nin leus cinq sins!
Is m' fèt rire à chaude lame ù. pus sovint so 1' poite.
Et s' vou-t-on qu' j'èls èvôye â diale qui lès èpoile.
Mains c'è pus foirt qui mi; puis, ça n' prind nin mi honneur!
Stochet (ine gravide pipe è Vmain)
Mamzèlle Bâre
Bare.
Là! qui v's a d'né 1' dreut d'amonter d'zeur?
Stochet {mettant s' pipe so V tâvepo nahî es' poche).
Ne-ce nin vos qu'a pièrdou ?
{[ mosleiire on papl.)
Bare {raVmitit, èl prinda7it).
Wisse èsteu-ce?
Stochet.
So r montôye.
Bare.
Qu'y v'nîz-v' fer?
Stochet {bahouyant).
Ji... jiv'néve... bin c'è vos qui m' tèmtêye;
Ji waitîve après vos vès 1' soû dispôye longtimps.
Mains j'âreu planté là disqu'à d' main â matin
Oui j' n'àreu nin vèyou l'âbion d' vosse bai vis^e.
— 365 —
Ou n' louqueurc di vos ouye, qui d'hèt co cint mèssège
Qui vos lèpe ni d'hèt nin. Awè, m' nozé poyon,
Ji v's aîme comme Saint-Mùcrawe aîme d'avu dès lampion.
Comme li poye aîme li viér, comme li coq aîme li poye,
Comme l'aronge aîme ses éle, et comme l'âbe aîme ses foye.
BaRE (riant).
Li pauve pitit Stochet!!
Stochet.
Riez, vos 'nne avez 1' dreut.
Ji se bin qu' ji so loigne, qui ji n' di rin d'adreut.
Ossu j' se qu' vos hantez, qui vos 'nne aîmez-st-ine aute...
Trailîz-m' si vos volez di boubièt d' drôle d'apôte.
Di di tôt çou qui v' plai, coula n'y cang'rè rin...
L'amour fai danser l'àgne
Bare {sayani dresse sérieuse.)
Oh ! r cour ni s' kimande nin.
C'è-st-ossu poqr.oi qu'mi... ji n'pou... Mains j'ètind m' pcre.
Habèye! savez -v'rat'mint.
Stochet.
D'hez-m' on mot po qu* j'ôspére...
Bare {èl hèrrant).
Rissaiwez-v' !
Stochet.
On doux mot..?
Bare {cUtpant V poite).
Dèr lame!! {ricChindant).
S'i vcu mûye qui j'a ri
Ji sèrè racusêyc, bizant d'vant de péri !
{Elle pritid .s'Jiér ù risiiude et rinteme à dreute.)
— 366 —
Scène III.
WÈWÈYE.
WÈWÈYE (qwèiranl).
Bàre? wisse è m'cûrai, donc? Wisse è-st-èlle ossu, lèye?
Ji vorcu bin m' raser, min j'ârè mâlûhèye
Si ns coula
{Vèyant V pipe qui Stocket a lèiji so V tdve.)
Qu'è-ce qui c'è! di wisse vin c' vîx hèrvai?
J'a st-oyou d'hinde lès gré tôt rate d'on maisse levai...
Si n'c màye qui Linâ ! Ji mèttreu m' tièsse so V bloc.
Estant qu'on lî disfind, 1' mazclte ! vrèye qu'elle s'c moque.
Mains si Paul saveu raâye qu'elle vin co d' lî d'viser,
Ci sèreu co 'ne trîmâre..! à quoi pou-t-elle tûser?
Bin ji m' va, saint Mathy ! r'hîner 1' pipe à c' laid pache,
Et s'i sofTèle on mot, ji v' lî soflele è s' bâche
On clapant « souviens-tu ! »
{I sorte.)
Scène IV.
BARE puis MAZOUQUET.
Bare {vina)it tôt douc^mint).
{Elle moye si deugt et Tpasseso s'Jiér qu'elle mette so l'idve.)
11 è-st-èvôye, pinse-ju...
J'a tél'mint ri d' bon cour, qui ji n' mi pou ravu.
C'è po m' baité, d'hèt-is, qu'is m'aîmèt, lès pauves homme !
Bonjou vos! C'è qu' savèt qui m' pcre à 'ne pilite pomme.
Oh! j'èlzè k'nohe si bin. Po m' baité? dihez donc?
Mi qu' ravise on spawta chàssî so deux bordon !
CHANT I (musique di l'auteur).
On di lodis qu'iiie homme di slrain
Va 'ne feumnie d'ârgiiit, mains lèyans dire.
Iloiiye on n' kinohe vormint pus rin
Qui l'ârgint, c'è çou (lui fai rire?
— 3G7 —
Mains c' n'è nin mi qui po quéques cinl
A wâde (lè sposcr 'ne grosse bouhale.
Paur qu'on di qu' n'a nou si laid saint
Qui n' trouve lodis s' polale !
Mazouquet (paourens'miiit).
Mande èscuse, mamzolle Bùrc...
Bare (à part).
Ah! ha ! v' chai co' ne aute sôye.
Mazouquet.
Ji voreu bin sèpi si Slochet è rèvoye ?
Bare.
Stochet n'a nin v' nou chai.
MazolQUET (è^bdre).
Pa! c'è po rire surmint?
Mi qu'èl rawâde à 1' ouhe et qu'pinse à tôt moumint
Qui va moussi fou d'chal! I fù-t-èsse moqueu d' bièsse !
Bare {moqueun'mint).
Ci n'è rin, Mazouquet, ni v'fez nin dès mû d' liesse.
Mazouquet.
Oh! comme vos estez bonne, mamzèlle : h pus d'tallc
Si rate qu'il è d'ié vos, si sin tôt rikfoirté ;
Lisquél homme aoureux 1' ci qu' sèrè vosse bounhamme,
Vos csprindez l'amour,...
Bare (à part).
Eco 'ne (ôye onquc qui blamme!
Mazouquet.
Qwand.... Qu'aveu-j' co tusé!
(rt part.)
{IldUl.)
Qwand vos bais ouye pionquèt,
Divins l'âme d'ine saquî comme... on s' faî qu' Mazouquet
— 368 -
Is y jèttèt 'ne blawètte qui d' pichottc à mijolte
Divin-st-on grand fouwû !..
{A part.)
Ji sowe ù co mèyc golte !
. Bare ()'iant foirt).
le! damné Mazouquet! vo frlz bin rire on moirt !
Mazouquet.
Vo riez d' mi, mamzèlle... Ji m'è va.,., v'savez toirt.,..
Bare (naïv^mint).
Kimint! 'nne allez-v'?
Mazouquet.
Awè....
Bare {riant).
Qu'à vos po lès chèrôtte !
Mazouquet.
On k'tape râr'mint 'ne saquoi, qui pus tard on n' rigrètte.
Bare.
Si j'èsteu 'ne catte, i s' pou bin qu' ji v' grèttreu ! Ma foi,
I a di cisse sôre-là qui v' convinreu mutoi,
Sayiz-v'!
Mazouquet.
Vos èstez-st-on p'tit diale à n' nin comprinde,
Mains j' sohaite d'ôsse damné, si c'è vos qui m' deu prinde
El'inter...
Bare.
Allez, m' fi, Diu v' kidûse comme coula.
C'è vo qui d' vinrè 1' diale, vos poitrez Tèssègne là...
Mariez-v' !
Mazouquet.
Vos v' moquez d'mi.... mains c' n'è rin, mamzèlle Bâre,
On joû vos rik'nohrcz qui m' cour va mî qu' mes hàre.
— 369 —
Bare.
Ji creu qu vos v' marihez ; jans, j' va r'prinde mi sérieux.
Mazouquet {rtvou jôyé).
Kimint ! pinsriz-v' aute choi qu'çou qu' voste air ni direu?
M'aimm'riz-v' on tôt p'tit pau qu'vos n' m'èl voriz nin dire ?
0 bonheur ! o liesse ! Po qui m' jôye seuye étire,
Diiiez qu' j'a tûsé jusse, qui j'a mèttou m' deugt d'sus...
Bare {nant).
Pauve pitit Mazouquet ! C'è 1' neur bièsse de bon Diu !
Mazouquet.
Adiè... ji m'ènnè va .. vos n' mi r'vièrez jamâye...
Bare.
Ji n' vis rouvèy'rè nin.
Mazouquet {volant sorti).
Viquez tôt fér è paye...
{Rad'hindant.)
Mains j'ô monter lès gré ! !
Bare [èwarèye).
Ji wage qui c'è m' papa !
Oh ! si v' s'attrape mâye chai, i v' frè fer dès grands pas !
Mazouquet ijoû iVlu).
Wisse volez-v' qui ji mousse ! wisse volez-v' qui ji m'hére?
BxïiE {l'intrant à l'hindie, 2" pL).
Sâvez-v' ou fez vosse mîx.
Mazouquet {moussant à dreute).
Oh! pitié d'on pauve hère !
— 370 —
Scène V.
WÈWÈYE.
WÈWÈYE.
J'a volou m'aller fer rasera mon Dèfèl,
Nibèrg ! i n'aveu st-on flairant monde, et on fèl !
Ji voii creure qu'il è scri qui n* fà nin qu' ji m' rase houye.
J'a sur avou m'cûrai vingt fèye divant les ouye
Et s" ra'àrè-t-i fait boigne. Ji m' va co n' gotte waili.
(/ rintcure à l'hinche i" pi.)
Scène VI.
LINA, pai.s BARE.
LiNAD {intrant po Vfond).
Mamzèlle Bâre... wisse è-st-clle ? Il è-st-à sohaiti.
Qu'elle ni târgèye nin Pdiale.
Bare (oinaat po l'hinche 2° pi.).
La ! li squé vint v' s'achèsse ?
LiNA {il a Vpîpe a'à Stochet).
Oh ! on bin drôle di vint. Vosse père m'a po 1' finièsse
Ahèrré c'caywai là, tôt m'dihant foirt deur'mint :
« Tin, v'ia l' pîpe ! » et 'nn'alla, min ji n' se nin, vormint
Li tise di çou qu' vou dire.
Bare.
Bin v'ià paur ine belle jowe !
G'è sur d'à Mazouquet.
Lina.
Elle ni m'è nin k'nohovve.
— 371 —
Bare.
Save bin wisse qu'è s' mohonne ?
Lin A.
D'à quî ?
Bars.
D'à Mazouquet.
LiNA.
Ine ascohôye di chai !
Bare.
Vos qu'è-st-on brave valet,
Vos m'rindriz bin binùhe, si v'ii r'poirtiz à l'happe.
LiNA (binâhe).
Awè dai, mamzèlle Bâre! qui n'freu-je nin fo... Ji happe
Mes deux jambe à pîd s'palle ! mains c'n'è qu'por vos, savez !
Por vos, ji freu, pinse-ju, tôt çou qu' n'âreu-st-à fer.
J'ascohreu st-on fouù, ji pochtreu
Bare (U côimnl C parole).
Gorez vite.
Lina (spilant).
Awè, ji vole, ji vole !,... mains d'hez-m', mi chère pitile...
rii'iiaiit.
Bare.
Linâ, corez èvôye....
Lina (i dure disqu'à Vouhe).
Ji bise ! ji n'mi sin pus !
Mains c'c po vo bais ouye !
{l il ivôijc ou volant bdliège,)
Bare ((Î i uhlic).
Ji crcu qu' pièdc li cabu !
— 372 —
Scène VII.
BARE et MAZOUQUET.
Bare {vèymxt Mazouquet vini d'dreute).
lè ! mon DiUj v's èstiz-là ?
Mazouquet {di mâle houmeur).
Wisse sèreu-je d'aute?
Bare (à imrt).
A Gheel !
(Haut.)
Allez, vos pollez dire qui v'nos avez fait n'bèlle.
Li pauve pitit Linâ s'cour les jambe foû de coirps
Pc v'rèpoirter vosse pîpe.
Mazouquet.
Jj n'vis comprind nin foirt.
Qwand ji fome on cigare j'a déjà 1' cour malade,
Ainsi po prinde ine pîpe. . nènni, nènni, j' n'a wâde.
Bare.
Sia surmint, èdon, c'a s' tu vos qu' l'a rouvî ?
Mazouquet.
Pusqui c' n'è nin d'à meune !
Bare.
Mains m' sonle qui vos l'avîz ?
Mazouquet.
Vola surmint n' maweure !
Bare {ahranlêye).
Mon Diu, d'à qui sèreu-ce ?
— 373 —
Mazouquet (èwaré).
Et v' l'èvoyiz d'ine chaude è m' mohonne, mâlhureuse !
Mi sour èlà tote seule ! ! Ji m' v'a Lraire â voleur,
Si ji l'y trouve jamâye ! (/ ddi-e èvôye.)
Scène VIII.
BARE, puis STOGHET.
Bare.
A-ju donc de malheur !
Si c'èsteu mâye d'à m' père, ou d'à Paul ! 0 ji n'wèsse
Mi mûginer tôt çou qu' j'ènne ûreu-st-aprèsTtiesse.
Qwand l' diale ni les magne nin, les màheûlé cabai '
Is m' mèttèt, je F pou dire, divins tôt saquoi d' bai.
Vos vèyez l' tâv'iai d'chal ; qui m' père arrive et d'mande
Si j' n'a nin vèyou s' pipe ! ou bin qu' Paul m'èl rid'mande !
{Oyant inouler.)
Mon Dièw ! ji tronle è m' cotte ! ji creu qu' c'è lu qui r'vin.
{Elle fai V cisse qui rislind.)
ST0GHET((0f (ÏSOflc).
Escusez, mamzèlle Bâre, quiji racour....
Bk'RE.{rihappant halène).
Enfin !
Stochet.
N'a-ju nin rouvî m' pîpe ?
Bare {ralCmint).
Kimint ! c'èsteut d'à vosse ?
Stochet {raWmlnt).
L'avez- ve ?
Bare.
Oh! r laidjubet!
Stochet (('i/iortanf s' front).
J'a corou d'on raaisse gosse !
- 374 —
Bare.
Eh ! bin vos courrez co, c'è Marzouquet qui l'a.
Stochet {(ourmctté).
E-st-i possipe, à c'ste heure ! Et poquoi s'trouve-t-elle là !
Bare.
Face qui j'aveu pinsé qu' c'èstcu du sonk, polince ! '
Stochet (faut di;s èclameur).
Oh ! j'ôl rare spïèye !
Bare.
Ji dire qu'i v'ratinse
Si r'vin d'vant vos, corez, mutoi qu'vos l'rattrapprez.
Stochet {covant èvôye).
Jésus, Mariù ! m'pauve pipe ! on cadeau di m'bai-fré !
Scène IX.
BARE puis LINA.
Bare.
Vola surmint, vou-je dire, ine kimèlêye hâsplêye !
On pièdreu vonnint l'iièsse. Ristindans nosse bouwêye,
Ga ji veu rcôp qu'totrate ji n'ârè nin co fait.
Po qwand Paul rivinrè, on rouvèye lot à-fait,
[Elle va à Vulve, et ristind.)
LiNA (à Vcoirneiie di Vlionhe).
Pou-je bin amoussî, Mamzèlle Bâre ?
Qwand nf laircz-v' donc pàhûle?
Bare.
Mains, mordièno!
— 375 —
LiNA {inti^ant).
I fa qu' ji r'happe halcne!
Ca j'a tél'mint corou qui j' s'èfoque....
Bare (à par().
Pauve pilil!
Lin A.
Sintez pa, mi cour batte comme li ci d'on mâvi...
Bare {ralCniint).
Avez-v' rèpoiilé T pipe?
Lin A.
G'è sCrr, à n' vîle jùnno fèyc.
Oh! elle ravise mîx 1* diale qu'on peus d' souk, oint mèye fèyc.
. Bare".
Et lu, n l'av' nin vèyou !
LlNA.
Quî, lu?
Bare.
Ta, Mazouquet !
Lin A.
Nèni; li laid hèrvai louqu'rc st-ù bai boquet.
Bare.
Li
squé
boquet?
Li
pipe.
G'è
Lin A.
Bare.
d'à Slûc
LlNA.
:het.
Po
rire?
— 376 —
Ainsi j'a fai 'no convoyé qui n'vou rin de monde dire !
(liimontaut.)
Ji va l'aller r' coiri !
Bare (à part).
Sâvez-v' et n' riv' nez pus.
LiNA (si ravisant).
Mains dVant de prinde mi coûsse, ji voreu bin avu
On tôt p'tit mot d'à vosse.... rin qu'on tôt p'tit... on sène
Ineblawèlte d'èspèrince... ji v' s'aîme tant dai, woisène!."!.
Bare [à pdrl).
Vola sûr on rèspleu qui va so bin des airs !
Lina(s?' recrcstant).
Louquiz. ji so bel homme, ji n'a nin l'air boubèrt
Gomme li laid Mazouquet ou Stochet, par eximpe.
Ji so dreu comme ine I, mi cogne n'è nin si simpe'.
J'a fleur di deux bons bresse, bons ouye et bon stoumak.
Jamâye nolu n' m'a di qui j' va n' chique di toûbak.
Ji pou st-acèrtiner qui j' frè I' bonheur de 1' feumme
Qui m' hantrè.... qui m' prindrè
Bare (riant, à part).
Vola Pbouquet apreume !
LiNA.
Ji n' so ni galavale, ni labaye, ni trop laid...
Dihez-m' si ji v's ahâye, ou bin si ji v' displai.
Bare [tinant s' sérieux).
Moncheu Linâ Pèpèye, ji v' trouve on foirt bel homme
V's avez F tiesse d'ine amour, ine geaive rose comme ine pomme;
In boque qui rèye âx ange, deux ouye vigreux, calin
Ine a.re comme ènne apau, d' l'esprit comme ènne a nin
Ji sereu st-aoureuse di v'vèyi, j'ùl pou dire,
Si v' s'êstiz là qu' ji pinse....
377
LiNA {qu'è devins lès asse).
Wisse donc, belle ?
Bare.
A r volire ! !
LiNA (à part).
Ji creu qu'elle mi couyonne !
Bare (riant).
Oh ! r pauve pitit Linâ !
LiNA (à part).
C'è pasqui j' n'a nin fai m' commuchon comme i fâ.
J'y r'cour ! qwand j i m'freu même i ne geaive comme ine crissante.
Et n' vièrans qui V ci qu'a ri 1' proumî frè rire l'aute !
Bare [ayant monter).
Hoûte ! vochal ine saquî ! G'è m' galant, j'èl wag'reu !
LiNA [èwaré).
Vosse galant, d' hez-ve ?
Bare.
Awè, savez v' donc, mâlhureux!
LiNA {tôt bahlou).
Ji m' va cachî !
Bare.
Nonna !
LinA (moussant à dreuté).
Sia!
Scène X.
BARE, STOGHET, puis LINA.
Stoghet (tôt fou d'halène)
D'hez donc, mamzèlle...
— 378 —
Bare (qui ristind; md continue).
Oh! ho! ce vos!
Stociiet.
Songiz qui c' n'c nin 'ne bagadèlle,
Savez, mi belle neuve pipe, ji v' dire qu' m'èl rifà.
Bare.
Vola surmint 'ne hayètte !
Stociiet.
Ji traftêye comme on ch'và !
On n' veu qu' mi et lès chin qui passèt chai è 1' rowe.
Bare.
Qui volez-v' qui jV faisse? qui j' sèche li diale po 1' cowe?
Stoghet.
Rindez-m' mi pîpe, de mons!
Bare.
Vos n'ôl ravez nin co?
Stociiet.
Mazouquet n'ô nin là, 1' mâ-crawé mûrtico !
Bare.
Et r pipe?
Stociiet.
Qu'è s6-ju, donc!
Bare.
Mains, c'è lu qu' l'a-st-è s' chambe.
Ca Linâ l'a poirté.
Stochet.
Linâ?j' li spèy'rè 'ne jambe!
LiXA (qui vint de rintrer so scène).
Eye? avou lisquélle main?
- 379 —
StOCHET {raCmint).
Ah! ha! wisse l'av' mèttou.
Vos m'ai lez rinde mi pîpe ou vos serez battou !
LiNA.
Eh! bin, vola 'ne saquoi qui j' pây'reu gros po vèye.
^TOCUET (brèyant).
Mi pîpe ! rindez-m' mi pîpe ou v*s allez piède li vèye !
Bare (à pdrl).
I n' mâquéve pus qu' coula. Hai h\ ! fez donc tôt doux.
(haut.)
Si v' brèyez comme dès vai, lès wèsin vont v* ni foù.
Stoghet.
Wisse avez-v' mèttou m' pîpe ?
LiNA.
Qwirc lu, vasse ti fer pinde !
Bare.
Ni fer nin tant d' cafu, mon Dièw, on va v's ètinde.
Houle ! vochal ine saquî ! sàvez-v', sâvez-v', signeur !
(Rimontant.)
Vos v's aller fer dismour !
StoCHET {corant à dreute cl Liud à Vlimche^" pi.).
Ji m' cache !
Bare {tournant so 'ne chèyire).
A la bonheur !
Scène XI.
BARK, MAZOUQUET {Linà et Stochet cachï).
Mazouquet {mirant).
G'è mi qu' va rire à m'tour !
— 380 -
Bare (qui n'oise èl louqui et tinanl V coine di s' vantrin).
Ji n' Oise doviè l' pâpire....
I m' sonle qui j' veu s' visège deur et freud comme ine pîrre...
Mazouquet {à 2^drt).
C'è drôle qu'elle ni m' louque nin !
Bare {id. todis assiowe],
II apprèpihe ine gotte !
Mazouquet {haut).
Mamzôlle Bûre....
Bare {èwarêyé).
Kimint donc !... qwand v'n estez nin so flotte !
C'è vos qu'è là, laid pache ! quelle pawe qui v' m'avez fai !
Stoghet {arrivant).
Ah ! ha ! qu'av' fait di m' pîpe ?
LiNA {id. di l'aute costé).
Wisse av' mèttou s'hèrvai ?
Bare (à part).
Bon ! Vos r' la co l' trikbal.
(haut).
A ça, Mècheu, ji v' prèye
Di v' s'aswâgi 'ne miette et di n' pus braire parèye.
Stoghet (à Bdre).
Qwand c'è qu' ji rare m' pîpe, j'ènne irè pahûl'mint.
LiNA {id.).
Nou diale ni nos frè taire, si nos n' l'avans-st-è 1' main.
Stoghet (à Mazouquet).
Vos allez m'èl rimètte ou v' dans'rezd'ine belle danse !
LiNA {id.).
Haye ! vos allez nos F rinde ou v' polkrez chai sins censé !
— 381 —
Stochet {èl rassèchèt à zèls à chaque à tour).
Hope ! aboutez-m' mi pîpe !
Mazouquet.
Ji n' l'a nin, nom di non !
Stochet {brèyant).
T'ènne a boke et minton !
LiNA {hrêyant).
T'ènne a narène et front !
Scène XII.
LES MÊME ET WÉWÈYE,
WÈWÈYE.
Que sâm'rou fai-t-on chai ?
Bare {tournant so n' chèyit'e).
Mon Dièw ! vos m'ia pièrdowe !
WÈWÈYE {fant 'ne grosse voix).
Ji wag'reu po 'ne bouquètte qu'on s' rapoulèye èl rowe.
Qu'è-ce qui coula vous dire !... Ê-ce qu'on m'rèspondrôbin?
Stochet.
Ce qui... moncheu Wèwèye... j'èl va dire hayèt'mint.
On m'a t'èscofré m' pîpe ! et ji n' sûreu dire wisse
Et ji n' sâreu dire qui. Vola poquoi lès d'vise.
WÈWÈYE.
Pinsez-v' qui c'a s'tu chai?
Stochet (bonass'mint).
Nènni, mon Dièw, nènni.
Mains j'pinse qui c'a s'tu zèls qui m'ont fait 'ne blaque.
— 382 —
Mazouquet.
Mi?
LlNA.
Mi?
WÈWÈYE.
Voss pîpe ? à c'ste heure on pau, n*avez-v' nin v'nou lot rate ?
Stochet (gêné).
Sia...
WÈWÈYE.
'Ile èsteu so l' tâve, ji pinséve vèye ine jatte !
Stochet.
Eye ! mon Diew ! wisse è-st-èlle ?
"WÈWÈYE.
G'è Linâ qu' l'a-st-avou.
Stochet.
Oh ! ho ! Linâd, jans, haye, rindez-m'èl, av' oyou ?
LiNAD.
G'é Mazouquet qui l'a.
Stochet.
Mazouquet, rindez m'èl.
Mazouquet.
Mafrique, ci n'è pus mi, ce 1' galant d'à mamzèlle.
Bare [èivarêye).
Qui d'hcz-vMà!
WÈWÈYE.
Qu'èsse qui c'è ?
Stochet {macasse).
Vos 'nnô la surmint onque !
Mazouquet.
Ji m' bouttcvc ù l'idèye qui c* poreu-t-èsse d'à songue
Et ji lî rèpoirta, comptant bin fer 'ne belle keure.
I m' dèri même merci, çou qu' m'èl fa co mîx creurc.
— 383 —
Stochet {dilouhi).
Eco m' pîpe so s'magot ! !
LiNA [d Mazouquet).
T'è-st-on crâne filoguèt !
WÈwÈYE {à public).
Vola surmint dès mate !
Stochet (d public).
Mi pauve pitit noquet !
Bare (à part, paoureuse).
Qui va t i co s'passer ?
WÈWÈYE (passant à Rare).
C'è case di vos, mazètte.
Vos polez bin à c'ste heure tronler d'vins vos liozètle.
Bare.
Papa, j'ènnè pou rin, c'è qui v'nèt mâgré mi.
Dinez 1' s'i leu manèye, is n'ois'ront pus riv'ni.
WÈWÈYE [ax autes).
A d' faite, elle a raison. Jiv' disfind, camèrûde,
De co mette on pid chai, ètindez-v' ?
LiNA {d'ine air vipahou).
On n'a wùde ?
Mazouquet {id.).
Nènni qu' j'arrawo !
Stochet (Jc/.).
Mi pîpe ! qu'on m'èl rinse et c'è tôt.
Bare.
Allez, i n'a nou ma, dinez-v' li dougt turtos,
Et coifTez saint Jôsèf !
- 384 —
LiNA (é fond).
On fai crîner 1' montôye...
WÈWÈYE.
C'è lu ! moussiz tos là, ca vos gâtriz l' potêye.
{A Bdre.)
Dihez çou qu' vos volez, tôt a fait sèrô bon.
(// inieure à ihiuche 2ep/. et les autes â l"pi.)
Scène XIII.
BARE, PAUL et les autes cachî.
Bare.
Vos èstez-st-apreume là? vos m'avez fait l'timps long...
Paul (d'îne voix âbaumêye et pèsayite).
Et vos, v' l'avez fait bai !
Bare (èwarêye).
La ! li squé freud visège !
Paul {sVcreuh'lant lès bi'èsse).
Et vos avez co l'front d'taper des s'faits messège ?
Vos avez cisse hardiesse, ciste air di pûhûlté
Adeuxdeugtdi m'narène! È-ce on diale qui v's estez!
Bare (piquèye).
Jâsez 'ne gotte pus clér'mint, ca ji n' vis comprind waire.
Paul (avanciha^it).
Vos oisez dire coula?
Bare.
D'hez paur qui ji d'vreu m'taire
Et houmer çou quVos d'hcz comme de bon crû bouyon,
Sins môme oiseur pâpî!
Paul {d'ine air di mépris).
Bin, vos avez de front!
- 385 -
Bare.
J'ènne âreu mutoi mons si ji poirtéve pèrrique !
Paul {moslrant l' pipe qui cachîve â (Toins di s' paltot
et brèyant).
Di wisse vin-t-elle, cisse pîpe?
Bare (pâhurniint).
J'ènnè se rin, mafriquc.
Paul.
Vos n' savez d' wisse qu'elle vin?
Bare.
Nin l'mon de monde.
Paul.
Ainsi
Vos n' savez nin d'à qui qu'elle è?... bin Diu merci!
Ji n' se qui m' ritind co qui j' n'èl sipèye conte terre!
Stochet, qiiawaite à V crèveure di V ouJie.
Oh! mon Dièw! mi pauve pipe!
Paul.
Si j' houtéve mi colère!
Bare.
Maistrihez-l', c'è 1' mèyeu, ca vos n'estez nin sûr
Si v' friz 'ne belle keure ou nin.
Paul.
J'èl battreu comme on cûr
Si ji t' néve jamàye chai li ci qu' m'a tait 'ne parùye !
Stochet {id.).
I n' nos va nin trop reud!
Bare.
Vos frîz mutoi 'ne sottrèye.
25
— 386 -
Paul (deur^miiit).
C'è bon, c'è bon, mamzèlle, on k'nohe vosse numéro !
Bare (plorant).
Ah ! mon Dièw, comme c'è deur ! touez-m' paur tôt d'on côp.
Si vos m'tî'ailîs-st-ainsi....
Paul (èwaré, cangeant dHon).
Jans, c'è tôt, ji m'rimètte...
È-ce qu'on pleure po 'ne chtchêye ! ji nVou nin qu'on s'tourmètte.
Haye, rihorbez vos ouye.... C'è tôt, ji m'ènnô vou !
Et c'è c' mâdit matTiér qu'ènne è co l'câse avou !
(/ melle li pipe so rtâve.)
CHANT 2 {musique de fauteur).
Lès lame fèt 'ne trisse rosêye
Qwand on è si nozêye....
Ji vorea d'zos vos pîd
Semer des fleur, des rose,
Ji voreu qu'tol fouhe rose,
Qui toi fouhe sins bourbî.
Ji n'sintreu pus sins v'vèye
Tôt les bali'minl di m'cour.
Vosse douce louqueur c'è l'vèye,
Vosse ria c'è l'amour.
C'è l'vèye, c'è l'vèye,
C'è l'amour.
Bare {rapdftéye).
Vos m'avez fait de 1' pône tôt dotant di m' parole...
Paul.
Ji v's ènnè d'mande pardon ; mains c'è qu' ji louquîve drôle,
Qui vos n' savahiz nin kimint... jans, c'è rouvî.
Ji m' va spiyî c'hèrvai, qu'è sûr d'à quéque laid vîx.
Qui rèye crân'mint d'nos autes.
{I prind l'pîpe.)
— 387 —
Stochet {arrouflant, sûvou di Linâ et Mazouquet).
Oh ! bin, qui V diale mi strône !
Po-z-adièrcî 'ne sifaite, vos v' rindrez co de 1' pêne.
Sipiyî m' pîpe ! oh ! ho ! j'èl voreu bin vèyî.
{âx au!e,)
Ji v'prind tos à tèmon, Ossu s'èl vou s'piyî
Vos m' donrez-st-on côp d' main.
Paul {tôt macasse).
Qu'è-ce qui c'è qu'cisse roufîàde ?
Bare.
Paul...?
Paul {èl riboutant).
Rissèchiz-v', s'i v' plai.
"VVÈWÈYE {vinant de Vhinche 2« pi. lot ria7it).
Vola 'ne fèll« couyonâde !
I s' fai chai on micmac à rire, à s' crèvinter.
Paul.
Awè, moncheu Wèwèye, et ji so bin hâsté
D'apprinde que rôle qui j' jowe divins tote cisse dondaîne.
WÈWEYE.
Ji v' va conter coula sins waire fer de l' trîdaîne.
Stochet cour, piède si pîpe ; Linâ Tramasse, adonc
El poîte à Mazouquet, V comptant d'à sonquo ; èdonc ?
LiNA.
Awè.
WÈWÈYE.
Mazouquet v' s'èl rèpoite et....
Paul (passant Vpipe à Wèwèye).
Que calmoussège !
WÈWÈYE (passant Vpipe à Stochet).
Et vos v' dihâmon'riz po des s'faits boignes mèssègc ?
— 388 -
MaZOUQUET (à part).
Nos èslans co pus boigne !
Paul.
Bare ? è-ce qui v' rouviz tôt ?
Bare.
Awè, ji so d'accoird, mains v' s'èstez-sl-on grand sot.
Paul.
Que pou-ju ; j'èsteu p'tit, qwand c'è qui j'èsteu jône;
A c'ste heure ji so crèhou !
Stoghet (jdsaiit dis''i)ipe).
J'èl ra, mains nin sins pône.
"WÈWÈYE (d jniblic).
J'a s* tu peter m' prangîre tôt tûsant-st-à m' raser
Et j'y lûse co todis !
Mazouquet {volant 'nne aller).
Et mi j'ènne a-st-assez.
Dièwùde, dièwâde tôt 1' monde.
WÈWÈYE (èl rihouquant).
A c'ste heure ! nos beurans 1' gotte,
Nos l'avans bin wâgnî !
Bare (à Paul).
Aih ! grand sot !
Paul (à Bare).
Aih ! grande sotte !
Bare (à public),
CHANT 3 [Musique di Vauteur).
Po distriyî tôt 1' monde
L'auteur fai çou qu'i pou.
On n' s'âreu nin s' fer r'fonde,
N'a nin dM'èspril qui vou.
— 389 —
Dinez-nos vosie idèye,
Bon public, qui hoûlez;
Vis a-t-èlle bin goslé
Nosse pitite comcdèye?
Li belle pîpe d'à Slochèt (Bis)
Fa 'ne laide jowe è 1' mohonnc.
Vo-l'-la tôt comme elle è {Bis)
Vis sonle-l-i qu'elle è bonne,
Li belle pîpe d'à Slochèt?
ESSONLE.
Vo-l'-la tôt comme elle è {Bis)
Vis sonle-t-i qu'elle è bonne
Li belle pîpe d'à Slochèt?
FIN
^ MOLIN
COMÈDÊYE EN INE AKE
PAR
Félix PONGELET.
Devise: lue belle heure vin-sl-à pont.
MEDAILLE DE BRONZE.
PERSONNÉGE.
MATHI, mouni 60 AN
JOSEPH, groumèt 25 »
LAMBERT, hèrdî 20 »
BAEE, fèye d'à Matliî 20 »
CHANCHÈSSE. cancîe (?'à MrtfM 70 »
N. B, L'auteur a tenu compte des observations du jury, et a remanié son
œuvre en conséquence.
A MOLIN
COMEDEYE EN INE AKE.
Inc pièce dé molin sièrvant d' magasin à V farène. A fond, ine poite dinant so
r cour, cisse poite è copèye so 1' niilant di s' hauteur comme èl sont todi lès
poite di s'ià. A dreule, ine poite dinant è molin. A 1' hlinche main ine auto poite
dinant è 1' chambe d'à Joseph. E fond quéque sèche di farène drcssi ; à gauche on
hopaî d' sèche vud lot k' jeté ; avà 1' pièce, d'on costé ou d' l'aute, ine houche, inc
balance, on tav'laî neur avou dès marquège à 1' crôye, etc., etc.
Scène I.
LAMBÈKT, JOSEPH.
{Qwand Vteule si live, Lambert è-st-assiou so lès sèche
qui sont drèssi è fond. I magne ine grosse pomme.)
iosÈpn (intrant) .
Vos estez là, Lambert?
Lambert {(ol magnant).
Aye.
Joseph.
On qwîrc après vos.
Lambert.
Joseph
Qui?
Li maisse.
Lambert
Oho! Bin qu'i qwirc, va nom di Dio!
Qu'i s' vàye fer assoti.
Joseph
Vos attrap'rez 'ne manôye.
Lambert
Ji se bin poquoi qu'c'è. C'è po piyî 1' chôrnôyc ;
Bin qui 1' siôrvante cl fasse, mi, ji so trop nâhi.
— 304 —
Mathî (4 d' foû)
Joseph!
Joseph {so V poi(e)
Plai-st-i?
Mathî (todi â d' foû)
N'è-st-i nin là, Lambert?
{Lambert fai sègne à Joseph qu'i dèye nènni)
Joseph
Nènni.
Lambert
{Pochant d' jôtje et d' moquant de ci qu'è-st-à d'foû.)
Vivâ!
Joseph (/ rèije)
Houte on p'tit pau. Fà qu'ji vâye è viyège.
Dimeur'rez-v' cial?
Lambert
Oh! âye.
Joseph {disfant sipartol èl s' calotte).
Ji deu fer on mèssège
Et ji r'vinrè lot dreut.
Lambert
Oho!
Joseph
Si l'hilètte va,
Vo n'ârez qu'à r'chèrgi 1' molin, li sèche è là,
Lambert
Tôt près?
Joseph {rimoussanl ine aute partotpindon là).
Tôt près, so r sîge, raspoyî so 1' potince,
Lambert
Ce bon.
— 395 —
JoaÊra [wièttÊm:
Pom'fer dTaTance. ::. ri.: lii .. :.
Volez-T* heûr et r'ployî ces &è
(/ wtattemre U fcraœ -'
LxmaÈKT
Aye, fa frè.
Vos polez bin 'nne aiiér. Ma: r. ■ " : - " " : ;':i: " ~:z'
Fà qui j'âye l'air di rèsse: j: rifir ... .
Et co Tosse camisole^ vc!: i:
Mettez ;c- qi. vc; v:;^:, 5f .:;:„:_; :._ :..:.::;..:.
Qui r pirre ni touce :. • .. .:; '
Disqu'à tôt -rate.
Joseph:... s. . :.. rr: .::. :.;. .:.:
Dihez qui j* va rivEi.
là au:e.)
Scène II.
LAMBERT.
Oh! qui ji séré gâye, mouss! ..c^oiii!
Il ont bin bon, dai, zèlie! C. _... .: zjèstîî
— 396 —
CHANT.
Air : au clair de la lune.
Mi, j' so hèrdî d' vache,
C'èt-st-on laid passe-timps;
Oii live dès p'tits gâche,
C'ènnè casi rin,
Ji so, diaie mi s' triche
Ossi pauve qu'on rat.
Ji n' mi frè mâye riche
Aveu c' mèstî là !
{Tôt finihant s' copié t, i va si'aijcui lot près de hopai d' sèche, di manire à
tourner /' cou de costé dé V poile de fond, l k'mincc à >•' ploiji.)
Scène III.
LAMBERT, DARE.
Bare {inlrant viv'mint po /' fond, sins foin bin louqï).
Joseph !
Lambert (sin.9 s' rilourner, mitant V voix d'à Joseph),
Hèye !
Bare.
Mi papa va tot-rate ènne aller,
So r timps qu'sèrè-st ôvôye, ji vinrè cial, savez.
Lambert {d'inc air bièsse, tôt «' ritournant so fiâre).
S'iv'plaiV
Bare {foirt èwarêye).
Oh ! Lambert !
Lambert {tôt travayant todï).
Aye, Lambert, nosse mam'zèlle.
Ji remplace li groumèt, vola, vùye, que novèlle.
Si v's avez 'ne commichon, c'è-st-à mi qu'fù jâser.
— 307 —
Bare.
Wisse è-st-i, lu, Joseph?
Lambèkt.
Oh! çoula, ji n'èl se.
(rt partj
G' n'è nin mi qui fâreu, mains 'lie g bin attrapêye!
Bare,
Poquoi mèttez-v' ses hâre, donc, vos?
Lambert.
Mi?... pas... ine idèye,
Ji n' l'a nin todi fait po qu' vos m' prindésse por lu,
Mains, vo jasez trop vite.
Bare {viv'mint).
Mi? j' n'a rin dit, mon Diu!
Lambert (comme si c'èsleu vrêye).
Oh! ji n'a rin compris.
{l fui 'ne clifjtiètie so icosté)
Bare [coniainé).
A r bonne?
Lambert.
Oh! nônni, ciète!
(À part)
Lèyans li creure cisse-là 1'.
(On étind l' sonnette de molin.)
Aye! Aye! on ô 1' hilètte!
(/ mousse fou po V dreute).
Scène IV.
B.\RE, MATHL
Baue.
J'a màquc 'ne belle tôt rate, et, s'i n'a rin compris,
Ci n'c co qu'on d' mèyc ma, mains fù-t-èsse pau sûti.
(Elle rèije. Matin inteurc po l' l'ond ; il u iair uiàras).
— 398 —
Mathi (/f fanl dès laids ouye).
Vos estez cial!
Bare igènêye).
Awè.
Mathî.
D'où vin?
Bare.
Pa,... ji v'néve vèye...
Mathî.
Après Joseph?
Bare {lodis pusgènêyc).
Nènni.
Mathî.
Vola d'jà treus qwate fèye.
Qui j' m'aparçu qu' vos v'nez cial on pau trop vol'tî.
Et ci n'è nin vosse pièce. Ovrez, vos frez bin raîx!
Bare {mâle).
Dihez pôr qui j' so nawe.
MATiit {pus mâvas).
Awè, v' Testez, ma frique !
Bare.
On n'è fai mâye assez.
Mathî {mostrant /' poile de fond).
Jans, jans, jans, pas d' réplique.
Rotez.
Bare {(ot n'allant).
Ji m'ènnè va.
MathI {lot seû).
Elle qwire sûr ine saquoi,
Vola déjà quôque joû quiji waitèye après.
(Lambert rinleure po l^dreute.)
— 399 -
Scène V.
MATHI, LAMBERT.
Lambert {sins vêtjc H vinisse).
Çoula rote à Tidèye !
{AporçHvaut Maiht.)
le, nom di Doura ! li maisse !
Matiiî.
Qui fez-v' cial, vos, hein ?
Lambert.
Pa...
MathI.
Pa.... quoi ?
Lambert.
Pa.... j'ouveure, laisse.
Matiiî {mostrant l' fond).
Vosle ovrège ô là.
Lambert.
"Wisse ?
MatiiI.
Wissc qui ji v's aveu dit.
Lambert.
Ji Ta rouvî,
Mathî.
Oho ? Ji creu qui vos v' moquez d'mi !
Qwand c'ô qu* ji v'dirô co do fer cure li chôrnôye
Et qu'vosn'mi houl'rcz nin, v' frez vosse dièraîne journêye.
Comprindez-v', à c'sle heure?
Lambert.
Aye.
Matiiî.
Bdbinème qui v's estez !
— 400 —
Lambert {mâvas).
Bâbinème !... Ji n' so nin si bièsse qui vos l' pinsez.
Mathî.
Nènni, nènni, ma foi ! On l' veu bin, Diale mi s' pèye !
Qu'è-ce qui c'è, ces hâre là ?
Lambert {vèCmint.)
C'è d'à meune.
Mathî.
N'è nin vrêye.
Wisse è Joseph ?
Lambert.
Joseph ? '1 è-st-èvôye on moumint.
Mathî.
Evôye wisse ?
Lambert.
E viyège.
Mathî.
Poquoi fer?
Lambert.
J' n'è se rin.
Mathî.
Sia, vos 1' savez bin, mains, n' vis plai nin d'èl dire.
Lambert {si radoucihanl).
Bin nônna.
Mathî.
Sia, v'di-j'.
Lambert.
Pinscz-I' à vossc manîre,
Mains ji v' jeure èdonc, Maisse, qui ji n' se rin d'pus quVos.
I m'a dit : j' va riv'ni,... d'morez cial,... puis c'è tôt.
J'a mèltou ses mouss'mint pusqui j'èl remplacévo,
Et j'a r'ployî lès sèche qui sont là,.... lès vèyez-v' ?
{Louquant toi costé.)
— 401 —
Oho ! Bâre è-st-èvôye !
Mathî.
Ah ! vos l'avez vèyou ?
Lambert.
Aye.
Mathî.
Qui qwèréve-t-èlle ?
Lambert {malènn'mint.)
Oh!
Mathî.
Joseph mutoit ?
Lambert (po dire qu'awè).
I s' pou !
Mathî (à part).
Coula m'gottéve ô cour. Ah ! c'ô-st-ainsi, mam'zèlle !
Lambert (riatil).
J'a-st-avu si bon, daî !
Mathî (à part).
Bin vola 'ne crâne novôlle!
(à Lambert).
Vos av6z-st-avu bon?
Lambert (/ deu rire pus foirl tôt V timps).
Tôt rate pa... Ha! Ha! Ha!
Qwand j'y tuse, fâ qui j' rèye.
Mathî.
Poquoi donc?
Lambert,
Po coula,
.li tournéve justumint li drî di c'costécial,
Qwand vola qu'elle inteure è molin reude-à-bal,
26
— 402 —
Mains comme j'avcu niellou tolc lès hâre d'à groumèt,
Elle ni m'anin rik'nohou, bin sûr, et... Hè! Hè! Hè!
Mathî,
Di quoi donc!
Lambert.
V'Iàqu'èUedi... Hi!Hi! Hi!
Matiiî.
Qui di-st-èlle?
Lambert.
Hè! Hè! Hè! Ha! Ha! Ha!
Matiiî {mâvas).
Jans donc, vârin, d'hez-m'èl.
Lambert.
Ho! Ho! Ho! Mi papa va tot-rate ènne aller.
Qwand i sèrè-st-èvôye, ji vinrô cial, savez.
Matiiî {foir mâvas).
Elle a di çoulà?
Lambert.
Aye.
Matiiî.
Quatre-vingt tonne di bîre!
Puis c'è tôt?
Lambert.
Ho! Ho! Ho! Aye.
Mathî.
Ci n'è nin po rire!
Ji lèsjârè toi rate, pusqui ça va-st-ainsi.
Lambert.
I n' fâ nin raconter qui c'è mi qui v' l'a di,
Pace qu'is sèrît mâvas, j'attrap'rcu co V houwêye.
403
Mathî (à part).
Ah! lès bâcèlle, mon Diu! quelle fayèye marchandèye!
I fa bin assoli!
Lambert.
J'èl saveu gn'a longtimps,
Mi, nosse maisse, qu'is hantît.
MathI.
Poquoi n'èl dihîz-v' nin?
Lambert.
J' pinsève qui vos 1' savîz.
Mathî.
Qui j'èl saveu ? V'ià 'ne bonne !
Lambert.
Pa, tôt l' monde ènnè jàse, cial, ùtou de 1' mohonne.
Mathî.
Ci n'è nin vrêye, sûr'minf?
Lambert.
V navez qu'à 1' dimander,
Vos vièrez qu'on v' dire qu'on 1' se gn'a bin passé.
Mathî.
Wisse hantèt-is?
Lambert.
Vo-cial.
Mathî.
Et qwand donc?
Lambert.
A r vèsprèye,
Qwand vos estez èvôye. Is n' mûquèt mùye nolle fèye,
Mathî (foir mâvas).
Nom di Hu ! po c' cùp là, ji n' se s' ji m' ratinrè
De l's y d'ner 'ne bonne pingnùye, qwand ji lès atlrap'rè.
404
Lambert.
C'è-st-ine saquoi il' foirt laid, savez, nosse niaisso, di s' batte.
Matiiî.
Que halcolî, tôt l' même ! et lôye donc, quelle savalte!
Lu, j'èl A'a mèlte à l'oubc. — Houlez, vos n' direz rin
Di çou qu' s'a passé cial.
Lambert.
Ji n' pou mù, mi, sûr'mint!
Mains j' va d'mander 'ne saquoi. Si Joseph ènne alléve,
Ji sèreu bin gioumèt, mi,... dihe/,... mi prindrez-v'?
AIathi {èiDic allant vas r fond).
Nos viérans,
I Lambert.
Houtez bin, promèltez-m' di m' sayî
Divant d'è^-agî 'ne aute, et j'ouveur'rè di m' mis..
Mathî {tôt moussant foû).
Awè, ji so contint.
Lambert {coranl so V poitc).
Oh ! nosse maisse, qu'elle belle keure !
Ji sèrè si ginti !
(/ rairiditd r scène toi pochmil d' jôtje.)
Scène VI
LAMBERT.
Lambert.
Non di Doum, que bonheur!
Bin, bin, v'ia 'ne crâne novèlle! Joseph, qui dirè-t-i,
Qwand va sèpi l'afTaire?... J'ènne a todi d' keûre, mi,
Et ji n' veû qu'ine saquoi : G'è qui, si vite èvùye,
Lambert inteûre vocial. — Qu'elle aweur! daî! quelle jôye.
(/ poche di jôye et s' mette à danser tôt cluiutmit tia la la.)
{Joseph et Chanchèsse cl loitqitét tôt riant d'estant so Vpoite de fond.)
— 405 -
Scène VII.
LAMntUT, JOSEPH, CIIANCIIÈSSE.
Joseph {inlraiU).
V'ià SLlrmint on joyeux ! J'a lès pinse qu'i d'viii sot.
Chanchèsse {riant).
I danséve, dai, mon Diu !
Lambèut {ma vas).
V n'èl sàrîz pus fer, vos.
Chanchèsse {riani lodi).
Oh ! nènni, hèye, valet. Oh ! nènni, Boye Minette !
Les vèyès feumme n'ont pus rin por z'ôlle qui V clapètle.
Hein, Joseph ?
Joseph {riant).
Qwand 'lie va co !
Chanchèsse.
Oh ! tant qu elle va, c' n'c rin,
Mains 'ne fèye qu'on n' i'ctind pus, parait, i n' va nin bin !
Joseph.
Oh ! nènni.
Ch\nchèsse.
Et m' paquet ? E-st-i prête ?
Joseph.
I deu l'èsse.
Lambert, è-st-èlle finèye li mounèye d'à Chanchèsse?
Lambert {di mâle houmeur).
.l'ènnc a l'idèye todi. N'a qu'à-z-aller louquî.
J'a tôt rate lûté 1' sèche.
Chanchèsse.
Oh ! c'è lu qu"è mounî !
- 406 —
Joseph {allant vês r drcute)
Awô, qwand j' so-st-èvôye.
(/ mousse foû po /' drcute.)
Scène VIII.
LAMBERT, CHANCHÈSSE.
Lambert (à inïrt).
I n'ôl sèrè pus wère,
Lu, qu'i rawâde.
Chanchèsse.
Qui d'hez-v' ?
Lambert.
Rin.
Chanchèsse.
le, daij quelle affaire !
Vos estez bin ma vas !
Lambert.
Nônna.
Chanchèsse.
Pa, sia, m' vé !
On dîrcu-st-on claw'tî qui n'a pus rin à fer.
Scène IX.
LAMBERT, CHANCHÈSSE, JOSEPH.
Joseph {rinlrani po VdreuU, tnàvas).
Qu'asse co fait, donc, bâbau ?
Lambert.
Di quoi donc ?
- 407 -
Joseph.
Quelle bièstrèye !
Pa, ti moud de laton ! Ti t'a mari d' sèchèye.
Vola qu'i m' fà r'bolî tôt à fait, mi, boubiô !
Lambert {mâvas).
J'a pris l'cisse qu'i t'a dit.
Joseph.
J'en ne a l'idèye, ma foi,
T e-st-on fameux solai ; ti n'a nin pu d'malice
Parait, grand ènocint, qu'ine grosse vilaine bîbisse.
Lambert.
Comme toi, hein!
Chanchèsse {à part.)
Ji nVou nin m'mèler d'zôlle, savez, mi.
Lambert.
Toi, ti n'a jamàye bon s'ti n'mi fai-st-assoti,
Mains ji n'a d'keure di toi. Tin, v'ià t'mâssèye calotte,
Ya-z-â diale, nom di hu ! ramasse ti vèye capotle.
{l s'iHiiiousse habèycmiut, tappe toi à V terre, ramasse
ses hàre et cour èvôije po l'fond.)
Scène X.
CHANCHÈSSE, JOSEPH.
Chanchèsse.
le, Boye Minette ! Joseph, qu'il è mâvas, mon Diu !
JOSITII.
I n' fà nin qu'on l'accomple, c'è-st-on d'mèye sot, dai, lu!
Tôt rate i r'vinrè cial, âtou d'mi, fer l'robètte,
Sins fer l'ci di s' sov'ni qui n's avans avu 'ne brètte.
Chanchèsse.
On drolc di potiquùt !
— 408 —
Joseph.
Pa, c'è-st-in ènnocint,
On nnc rèssère co traze qui sont bin pus malin !
Chanchèsse.
Que màtourné potince! Il è d'arège cagnèsse !
Joseph.
Farè bin qu'vos riv'nôsse on pau pus tard, Chanchèsse,
Po vosse mounôye, èdonc ?
Chanchèsse.
Oho! awè, dai, m'fi.
Qwand sèrô-t-èlle finèye donc, dihez, qui v'sonle-t-i ?
Joseph.
Divins on bon qwârt d'heure.
Chanchèsse.
Si vite ? le, Boye Minette !
Ji tàg'rcu bin. — Nônna, ji m'va beure ine copctte.
Ji vin tôt à c'moumint d'môtte li café so l'feu.
Joseph.
Vos polez l'aller beure.
Chanchèsse.
Puis ji r'vinrè tôt dreut.
Joseph.
Comme vos volez.
Chanchèsse {èiine allant).
C'è ça.
Joseph.
Disqu'à tôt rate.
Chanchèsse (moMssrtn/ foupo V fond).
A r'vèye.
Joseph {ridldndant V scène)
Pagnouf di Lambert, dai, i n' fai qu' totès parcye !
— 409 -
Scène XI.
JOSEPH.
Joseph {rimoussantsès hâre di groumèl).
Wisse ireu-t-i bin 1' maisse? Ji vin d'èl véye d'à Ion;
I montéve li roualle qu'i ji riv'néve so 1' pont.
Co bin qu' n'a nin v' nou cial, po vèyî l'astrapûde
Di c' laid halbôssâ là. J'âreu st-avu 'ne ombàde
Divins lès condichon. Surtout qu'il è div'nou
Foir mâlàhèye, à c' ste heure. Ji pou fer çou qu' ji vou,
Ji n'adièsse co jamàye. Si dot'reu-t-i quéque fèye
Qui, dispôye on p'tit timps, ji fai l'amour à s' fèye?
Scène XII.
JOSEPH, BAUE.
Bare {accorant po /' fond).
Joseph!
Joseph {binàhe).
Mi chère crapaute !
Baue.
Vo m' cial.
Joseph.
Mi p'tit poyon !
Ji v' veu, dai, m' binamôye.
Bare.
Qui n's allans avu bon!
M' papa vin d'ènnc aller.
Joseph.
Ennc a-l-i po 'no hapcye?
— ilO -
Bare.
I m'a di qu'i n' sèreu nin riv'nou d'vant 1* vèsprêye.
Joseph.
Oh! v'Ià 'ne bonne aflaire!
Bare.
Edonc!
JOSÉI'H.
Gn'a si longlimps
Qui ji m' rafèye di v' dire comme i fà, qu' ji v's aime bin.
Bare.
Vos n' m'aîmez nin si foirt qui vos 'nnè fez lès qwance,
Allez.
Joseph.
Taihiz-v' donc, Bâre. Mains, ji n'a noile avance !
Di v's ôl dire. J'èl veu bin, pus vis èl rôpète-ju
Mens 1' crèyez-v'.
Bare.
Mi? Nônna, qui v's estez drôle, mon Diu!
G'è po qu' vos T rid'hésse co qui j' fai 1' ci di n' nin l' creure.
J'asi bon di v's ètinde! Coula fai tôt m' bonheur!
Vis plaindrez -v' co?
Joseph.
Nènni, vos m' rindez awoureux.
C'ôqu'ji v's aîme tant!
Bare.
Awè, Joseph, ji v' creu.
Mains, ji v'jcure qui mi amour è-st-ossi grand qui F vosse.
Joseph.
Oh! Bâre.
Bare.
Et ji v's aîm'rc loto mi vèye,.... cosse qui cosse.
— 411 —
Joseph {div'nant pus sérieux).
Awè, vos m' fez r' tuser qui ji n' so qu'on groumè ;
Et bin sûr, vosse papa, qwand c'è qu'il apprindrô
Qui nos hantans nos deux, à foice va nos rdisfinde.
Et qui m' mèttrè-st-à l'ouhe, sins voleur rin comprinde.
Bare.
Jin'è se rin, Joseph, c'è d' vèyî, dai, coula.
Enfin, n's arîs 1' patiyince, et divins tos les cas,
Ji v's aîme, et ji v' promette qui j' n'ârè mâye nol aute;
Jurez-m' qui mâgré tôt, ji d'meur'rè vosse crapaute.
JosÈPU (/t d'nant V main).
Ji v's cl jeûre,
{Joseph et Bàre s'abrèssèl.)
Scène XIII.
JOSEPH, liARE, MÂTIU.
MÂTHÎ {intranl viv'minl po V fond, foirt mâvas).
C'è donc vrêye,
Bare (foirt èwarêye).
Oh? mon Diu! dai, m' papa.
Joseph [si séchant sol /' drcutc, cwaré).
Ayc! Aye!
Mathî.
Awè, c'è mi ! Vos n' mi pinsîz nin là!
Ji saveu di v' picî, awè, n'aveu nou risse,
A rùtourner tôt dreut... Vos estez deux chinisse !
(ù Dâre.)
Ainsi donc tos lès joû, dispûyc vola longtimps,
Qwand c'è qu' j'èsteu-st-èvôye, vos v' niz cial è molin!
— 412 —
Lambert mi l'aveu dit, mains, ji n'èl poléve creùre
Si ji n' l'aveu vèyou. — E-st-i possibe h c'stc heure?
Kimint n' rogihez-v' nin?
(('/ Joaèph.)
Et vos donc, calfurtî,
Vos n'estez qu'on vàrin et qu'on vrèye halcotî.
Ji n' vis paye nin, savez, po v'ni disbûchi m' fèye.
V's allez baguer fou d' cial, à c'ste heure, â pus habèye.
Bare.
Pardon, papa, ji l'aîme!
Matfii.
Et bin mi, ji n' l'aîme nin,
JOSKPH.
Houtez, nosse maisse, houtez, j'a màqué, j'èl se bin.
Ji rik'nohe qui c' ne nin ainsi qu'on deu s'y prinde;
Mains vos nos pardon'rez.
Matiiî
Oh! ji n' vou rin ètinde.
J'a dit qui vos 'nne irîz, vos 'nne irez, puis c'è tôt.
Ji n' vou nin wàrder, cial, on canàrî comme vos.
Joseph.
Portant, nosse maisse,...
Mathî.
Allons, nin tant des ârmanaque,
Ramassez-m' â pus vite tote vos clique et vos claque.
Scène XIV
JOSEPH, BARE, MATHI, LAMBERT.
Lambert {accorant po V fond, toi bréyant).
Habèye! Habèye! Habèye!
— 413 -
Mathî {viv'mint).
Hein! Qu'è-ce,
LAMBERT {nllaul i' mette inle Mathî et Dure).
Habèyc, mounî,
G n'a vosse pitite Bèrtine qu'è toumêye ô vèvî!
Bare (jetant on cri).
Oh!
{Elle tomejlowe, Lambert cl rattiitd d' vind ses brésse.)
MATHÎ (èstoumaké).
le, Saint- Houbèrt!
(Joseph cour èvôije po V fond sitvou d' Matki.)
Scène XV.
BARE, LAMBERT.
Lambert {èwaré lot l'iouquanl Bâre).
Eyc, mon Diu! Qu'avez-v', mam'zèlle?
(Todi pus èwaré.)
Elle ni rèspond nin, dai! Saint nom di IIu, qu'a-t-elle?
Bin, Lin, bin, vo-m'là gâye, vo-m' là gâye, èdonc mi !
Scène XVI.
BARE, LAMBERT, ClIANCHÈSSE.
Chanchèsse {accoraut po /' fond).
Qui s' passc-t-i cial, Signeur? Qu'a-t-èlle donc Bâre, mi fi?
Lambert (lot pièrdou).
Elle a .... ji n'è se rin.
(Cha)ichèsse H prind Ddre fou dès jnaiii.)
Chanchèsse.
Allez, corez bin vite
Qwèri d' l'aiwe.
- 414 —
Lambert.
Avou quoi?
Chanchèsse.
C'è tôt r même.
(Lambert cour èvôye po l' ilrctile.)
Scène XVII.
BARE, CHANCHÈSSE.
Chanchèsse {riloukant Bârc).
Pauve pitite !
Bare {riv'nant à lêye).
Wisseso-j'?
Chanchèsse.
Tôt près d' mi, m'fèye.
Bare.
Et m' sour?
Chanchèsse.
Quelle sour?
Bare ilodi foû (V lêye).
Mon Diu !
Chanchèsse.
Qu'a-t-elledonc?
Bare.
Oh! Sainte-Vierge, elle ni vique mutoi pus!
Chanchèsse {tôle pièrdowe).
Ji n' se rin dai, mi ôfant.
Bare.
Oh ! Porveu qu'èl sâvèsse!
- 415 —
ClIANCHESSK.
Qui n'a-t-i d'arrivé, donc?
Bare.
Rèminez-m', Chanchèsse.
{Chatichèsse El suiin, elle èmiè voriCpo V fond. Lambert rinteure po l' dreule
avon 'ne liiélle ou l'aute.)
Scène XVIII.
LAMBERT.
Lambert {brêyant).
Hai la! n' lâ-t-i nin d' l'aiwe?
Chanchèsse (<îrf' /o?}).
Nènni.
Lambert {comme po s' moquer).
Louque on p'tit pau,
Tôt rate, à moirt à hâre, ènnè falléve so 1' côp!
Elle s'a bin vite ravu!...
{Mèltanl s' hièlle di coslé.)
{Riant.)
Les feumme sont tôt 1' même drôle !
Po r pus p' tite dès chîchôye, elle flàwihèt à l' vole.
(Rititsant.)
Tin vor'mint, mains, j'y r'tuse, qwand c'è qu j'a-st-accorou,
Is èslît cial leu treus, li maisse èsteu st-avou !
Po r pus sûr qu'il àrè tourné so leu cabosse.
Aye, aye, aye, quelle aweure: Ji va ramasser 1' posse;
Ca Joseph ènne irè. Nom di doum! Nom di nom!
C'è mi qui m' plaire bin! Ce mi qu' va-st-avu bon!
Scène XIX.
LÂMBKKT. JOSEPH.
Lambkkt.
Que novclle? Kt li p"tile?
— 416 —
Joseph (rfi mâle houmeur).
Elle è là.
Lambert {volant 'une aller).
Ji m' va r vèye.
Joseph {H faut dès rends oûye).
Rawàrdez! Poquoi d'hez-v' à maisse qui j' hante si fèye,
Vos, vîx panârî ?
Lambert {lol pètté).
Mi?
Joseph.
Awè vos.
Lambert.
J' n'a rin di.
Joseph.
Sia.
Lambert {si mâv'lant).
Nônna, nônna.
Joseph.
Sia, v' di-j'.
Lambert.
T'a minti.
Joseph (fapiçant po Vorèye).
Ni m' dimintihez pus ou v's ârez 'ne sitronlêye,
Halcolî qu' vos estez. Fù qu' ji v' frotte lès orèye!
Lambert.
Waye, ti m' fai mû, laid boye!
Joseph.
Vos 'nne avez bin trop pau!
Lambert.
Vousse mi lâcher?
Joseph.
Tôt rate, ji v' maque li cou-z-â haut.
— 417 —
Lamuèrt.
Lai-m' aller,
Joseph {i H donne dès volêye).
Nônnadai, vix s'trouk.
Lambert.
Waye ! Waye ! laide bièssc.
Ti m' fai ma.
Joseph {èl kihoyant).
Ci n'è rin, fù qu' ji v' kiheûye vosse tièsse,
Po v'sapprinde ine aute fèyc à n' pus hèrer vosse nez
D'vins çou qui n' vis r'garde nin, pagnouf qui vos estez !
Lambert (choulant).
J'él dirè-st-â maisse, va.
JosÈPU {èl lâchant).
G'è case di vos, potince,
Qu'on m' rèvôye.
Lamp.èrt {chaulant todi).
Dai nônna.
Joseph {èlman'cianl).
N' vin nin fer tes dolince!
J'a co r patiînce di toi pace qui t'è-st-on gamin ,
Ga s' t'èsteu mâye ine homme, ti pass'reu po mes main.
Gnàgnù di m' vé.
(Lambert si sèche è l' coiue, à dicute.)
Scène XX.
JOSEPH, LAMBERT, MATIII, BARE.
Mathî {inlrani po V fond aveu Bâre).
Joseph, kimint v' payî de T keure
Qui vos v'nez de fer, m' fi? Grâce à vos, li malheur
Nos a s'pftgnî turtos.
«7
— ils —
.lOSÈIMI.
Oh! Ji n' mi risquévc nin
Et. loi savant li pitilo, j"a fuit mi d'voir seurmint.
Mathî.
Vos d' mcur'rez todis cial, et v' serez de l'mohonnG.
Pusqui vos aîmez Bàre, di bon cour ji v's cl donne.
Lajibéiit {lot pelé, à pari).
le, ci ni mèye nom di Hu !
Joseph (// criHuil t' main).
Qui v's estez bon, mounî.
[Allani d'iez Uàrc, avoii si>iCiimi)tt.)
Merci, Bùrc!
Mathî {de même).
Oh ! Joseph !
Lambert {anoycus'mini).
Vo-m'ri-ià co lièrdî!
CHANT.
Bake.
Si n's avans-sl-avu dès lourmint,
A c'ste heure, i l'a qu'on lès rouvèye,
Cisse joiirnêye cial linihe foirt bin,
iVfigré qu'elle èsteu ma k'mliicèye.
E/iSonlc.
A molin,
Joyeus'mint,
Nos allans fer l' fièsse
Timpèsse !
A molin,
Joyeus'mint,
Nos frans 1' liesse disqu'â malin !
LI KEURE D'A SOUSSOUR
COMEDEYE E DEUX AKE.
PAR Godefroid HALLEUX.
Devise : Tôt r Inn.
MEDAILLE DE BRONZE.
PERSONNÉGE.
J'HAN-JACQUES, ovrî 23 an
GILLES, camarade d\l Jlian-Jâcques \ 35 an
^OJJ^^OTJ'R. costire et sour d'à JThan- Jacques 30 an
DADITE, bowh-èsse, voiscne 50 au
MÉLIE, si fèye, crapaude d'à Jhmi-Jâcques 18 an
Li rôle (Ji Dadite deu-t-èsse jouwé par inc homme.
N. B. L'auteur a remanié sa pièce d'après les observations du jury.
JLi keùre d'à Soussour.
Li scène riprc^sinte ine chambc bin prùpe, on y vcu quéquès chèyire et 'ne tàve.
So r dreut costé de 1' scène, on veu 'ne ouhe qui va-st-è 1' chambc d'à Soussour; à
costd, gn'à 'ne siloufe à plate bûse, wisse qu'on y vcu 'ne coqu'màr. So 1' clinchc
costé, c'è-st-ine finièsse; è fond, c'è-st- ine pareusse avou "ne ouhe à mitant. D'on
costé, on veu 'ne ârnià et ine horloge marquant càsi dihe heure. Di Taute costé, i
gn'a ine machine à keuse et quéques nous camache pindou ; enfin lès bardah'rèye
qui fà à 'ne costire.
PRUMIRE AKE.
Scène I.
Soussour {ine brave bàcèlle, bin sérieuse).
{Tôt cosanc à /' machine, elle chante so l'air de respleu de l'chaiison : Coquin
d' prinlemps).
Vive li belle chanson qui ramône,
Di limps in linips,
Li Jôye, tôt fanl rouvî lès pône
Ax pauvres gins :
Comme c bois l'ouliai qu' grusinêye
Ses chant d'amour,
Nos autes, fans d'gotler nos pinsêye,
Drovians nosse cour.
(Ax qwate dièrains vers, J'han-JAcques intcurc tôt chantant avou Soussour.)
Scène II.
SOUSSOUR, JI1.\N-JACQUES.
J'han-Jacques {qui tin s' scravafe c s' main).
Jans, vinez Ter m' floquùt, mi p'iitc Soussour di souke,
Ca mi, j' n'a mùye polou fer qu'on k'toirchi plat nouke.
— i'il —
SoL>souii {'Uslùchaiit si ovrciic di ,s' machine).
Quel hûiunie, qui ii' pua co molle si crawatte comme i fà,
Et qu'è bon à marier.
.J'han-Jacuiies.
Mi, m' marier, ji n' pou ma.
Ji t^o trop bin d' !é vos.
SoussouR {disfâfilant si ovrège).
Louquîz donc, comme i glèlte
Po b' bouler r coide è co.
.riIAN-.lACgliES.
Gii'a nou risse, pa, d' m'èl mette.
SOUSSOLU.
Si .Mèlie vis oyéve !
.J'ilAN-jACgUES.
Oli! j' ii di bin sovint.
SoissouR {loi s' rassiant et lot z'apontanl siovvége).
Awè!!! et qui di st-èlle?
J'han-Jacques.
Elle rôyc de gros de dint.
(l clianlc .su l'air dé l'clianaon di : Violette embaumi'e )
J'dîmc }ui crapdudc.
le CoIIl'I.KT.
Qwaiid m' biMle crapaiulc mi di: hofiîez, J'iian-Jâcques,
Qui v's è sonloll, ni (i'vris-gn' iiin nos marier ?
.11 Ii rèspond: lioiitez, nos V frans-sl-à Pâqnrs,
A l'Ascinsion ou bin h V Trinité;
rs's èslans si jùne po nos mette è manège,
iSawàrdans'no goile, mon Diu, çoulà n' broùle nin,
lit toi m' brognant, b'èlle vous 1er d('s mèssège,
Ji Ii rèspond; Bùlic plume, çoulà m' dû bin.
— 4^23 —
RÈSPLEU.
Bis.
Portant j'aime mi crapaude,
Magré çou qui j' li di,
Ji n'àrè mâye nollc niitc,
Ca ji l'aîm'rè todis.
;2e COUPLICT,
Mais qwand ji veu qu'elle è so 1' cane di veuie,
Ji r'fai toi doux po r'mètte lès cache è foi",
Et ji li di: c't'' vos qii'jaînie lote li seule,
Jaiis, p'til hacha, n's irans-st amoii Lapùrt.
Tôt fant d' ses air èl d' ses |)'iilès manire,
Elle mi tèspond : va-r-z-en, va, beau gibifr;
Mais j'èl bâhe tant, qu'elle ni luge waire do rire,
El joyeus'minl n' corans-si-à-coûse danser.
Rèspi.eu.
Awè, j'HÎmc mi crapaute (etc)
3e Couplet.
Ji m' mar'èyrè porlani, mais d'vins 'ne hapcye ;
Po m' bouter 1' coide c vu, j'.i co bin 1' timps,
Ca 'lie è si jûne, dai, m' belle pitite crolèye,
Qu' fer 'ne sifaite koure, pa, j' sèreu-sl-on câlin.
Mais s'j't'sleu case jamàye d'ine hasticole,
Et qui fâreu qui j'èl fahe sins lârgi,
J'èl freu-st-à couse et sins rawàrder '110 golle.
On a d' l'honneur, ([uoiqu'on n'seùye qu'ine ovri :
PiKSPI.EU:
Awè, j'aime mi crapaude, etc.
{Soussour qwiltc si machine à keiise loi cosanl à 'ne ovrcge).
Mi, v' qwitter, ji n'a wàdc ; ca n' rn'av' nia chèrvou d' mère,
Dihez, dispùyo doze an, qu' nos parint sont-sl-è terre?
Toi fant qu' corègeus'niint nule et joù vo.s ovri/:,
Ni m'avcz-v' nin d'ner l'àhe d'apprinde on bon mèsti?
424
SOUSSOUR.
Lèyans coula po bouffe.
J'iun-Jacques.
Nona, ca c'è-st-apreume
A c'ste heure, qui j'sccomprindc qui v's estez inemâyefeumme,
Qwandj' tûse àx deurs liiquèt qui v' avez-st-èduré
E c' timps-lù, ji m' diinande kimint av' polou fer
Po mette tos vos coron à pont.
SoussouR.
G'è bin âhèye,
J'a-st-avou de corège, j'a fait roter l'awèye.
J'han-Jacques.
Ou v' l'avez fait cori, Soussour.
SOUSSOUR.
Ji n' mi r'pint nin
Di çou qu' j'a fait por vos, ca vos v' kidûhez bin.
J'han-Jacques.
Brave Soussour, va, qui j' t'aîme; louquîz, fu co qu'ji v' bûhe.
Soussour.
Et comme nos n' divans rin à nouque, ji so binâhe ;
Ca n's èstans pauve, c'è vrêye, mais pus pauve, pus d'aweur;
Ji m'âreu passé d' tôt o c' trôvin, po n' rin d'veur,
Ca r contint'mint d'iu-même, vèyez-v', fré, passe richesse.
J'han-Jacques.
Oh ! j'èl se bin, Soussour, v's èstez-st-ine feumme di tièsse.
Qu'a case di mi v' n'avez jamâye volou v' marier,
Mâgré lès occasion.
Soussour.
Qui j'a todis r'bouté. *
J'han-Jacques.
I n'è nin co trop tard.
— 425 —
SOUSSOUR.
Taihiz-v', allez, glawène,
Ji so trop vèye à c'ste heure, pa, ji coiffe Sainte-Gath'rène.
J'han-Jacques.
Et portant j'c k'nohe onquo qui, j' wage, glèttc après vos,
Màgré qu' n'ô motihe nin.
SoussouR.
Qui donc?
J'han-Jacques.
Gilles.
Soussoiu.
Bin, grand sot,
V'tViz bràh'mint mîx di v' taire.
J'han-Jacql'es.
C'è st-on bon camarade,
Qui n' freu nin pùne à 'ne molie.
SOUSSOUR.
Nènni, j' pinse qui n'a wâde.
J'iiân-Jacques.
Si c'ùsteu vos idèye, ji v' sohaitrcu-st-on sTait,
Ca c'è l'àgne de bon Diu; j' se qu' n"è nin dès pus bai,
Mais ci n'è nin 1' baité qu' lai 1' bonheur.
Soussouu.
C'è bin vrôye.
J'han-Jacques.
Pauve Gilles, c'è-st-onquc qui k'hège ine pèneusc viquùrcye,
Tôt poirtant 1' creux di s' sonr, qui s'a lèyi hèrrer
Dès pouce è l'orèye d'onquc, qu'après l'a-st-aband'né,
Qwand il euri fait 1" nià, tût 1' lèyant d'vins lès pône.
SOISSOUR.
Pauve bùcèlle, elle è moite!
— 42G -
J'han-Jacqles.
Tut lèyanl-st-on p'iit jône
So r lérre, et tôt d'manJant à s' fré cint fèye pardon
Di çou qu'elle aveu fait. Gilles, lu, qu'a l' cour si bon,
Li pardonna.
SOUSSOUR.
Pauve Gilles, c'è çoulà qu'i n' rèye màye!
J'nAN -Jacques.
Awè. Qwand s'sour fou moite, i s'chèrgea de p'tit mâye,
Et avou c'ste ôrphilin, il abaga tôt dreut
Wissoqui Cabrasse dimeure, vola 'ne sihaîne di meus.
SoussouR.
Déjà six meus !
Awè.
.Viian-Jacques.
SOUSSOL'R.
le dai, comme li timps passe !
L'èfant sèreu co mix qu'adlé Majène Cabrasse,
Ca 'lie n'a nin 1' cour d'ine mère.
J'han-Jacques.
I n'è ni bin, ni ma,
Portant j' se qui 1' brave Gilles paye por lu. comme i fâ.
SoussouR.
Mais d'wisse vinéve t-i donc?
.J'han-Jacques.
D'à coron de 1' châssôye.
Pauvc Gilles, i vin dès cop, mùgré mi qu' fà qui j' rèye,
Surtout qwand 'ne feumme èl louque, ca '1 è tôt èmaîné,
Et s'cUc l'arègne jamâye, i n' se k'miut li d'viser.
SOUSSOUK,
Oh! j' m'cnne a-st-appargù.
— 427 —
J'uan-Jacqles.
S'oiséve avu l'adièssc,
El s' '1 avou riiassc di cour di v' dire on mot, mais n'oise,
Ca c'è qwand '1 è d'ié vos, qu'il è-st-appreume honteux ;
Sur, qu i n'a mâye hanté.
SOUSSOUR.
Qui sèpez-v'?
J'han-Jacql'es.
J'èl wag'reu.
SoussouR.
Eco n' se t-on, J'han-Jôcqucs, Gilles è tôt comme ine autc.
Qui sav' s'i n' l'a nin fait.
J'iian-Jacques.
Lu, r' louquîz les crapaute!
Scène III.
LES MÊMES, MÊME.
Même {on pUil hacha, tnteure rend à balle avou on paqitél d' bouiréin' ris-
lindtnvc, elle chaule so rttir de /('■•<///(■« de la : PaiiH ère dés Ualignolles).
El zic (Ion daine, él zic don don,
Ji SOS Mélie li bow'rèsse,
El zic don daine, et zic don don,
Kinoliowe di iâge et d' long.
{à Soussour).
Ah ! Soussour.
SOI.SSOLT».
Ah ! Mélie.
Mèlie (à J'han-Jâcques).
Ah ! bai cabai.
— 4^28 —
J'iiAN- Jacques.
Mam'zèlle.
MÉLiE (à Soussour).
Et m taye.
Soussour (liaksèijnnnl'ne ((hjc qui pind).
Vo-l-là,
MÉLlE.
Pau vèye.
Soussour {discrochnnl /' taye).
Tinez.
MÉLIE.
le, qu'elle è belle,
Elle m'irè comme on want.
J'iian-Jacques (à Mélie toi couyonnant).
V screz-st-on bai hacha.
Mélie {lot r'pindant F taye).
Ji II' vis jâse nin, laid page, allez, feu d'imbarras.
(« So>ts.\our).
Et m' mame, donc lèye, qui m' va-st-ach'ter dès rogès châsse,
Et dès jènès botkène ; ie ! po m' moussi qu' j'a basse!
{Elle citatite .to l' même air qui pus haut).
Et zic don daine, cl zic don don,
Ji sèrè li p'iit trésor.
Et zic don daine, èl zic don don,
Iloûye à bal di mon Lapôrt.
Qui j' va-t-èsse gâye, donc, mi.
Soussour {cosanl lodis à 'ne ovrège).
V's èstez-st-ine pitite sotte,
Vos n' tûsez qu'à danser.
- 420 —
Mélie {à J'han-Jàqiics, (ol-z-aksègnant Soussour).
Vo-l-là co qu'elle baibotte.
(à Soussour.)
V's estez de 1' bonne annêye, vos, si v' hèyez d' danser,
Mi, ji Taîme bin, parait, ca ce m' plaisir de I' fer,
D'ailleurs J'han-Jacques vou bin,
(ù J'han-Jacqucs.)
Edonc?
J'han-Jacques.
Mi! c'è st-àdire.
Mélie {même jeu qui J'han-Jacques).
G'è-st-à dire... à dire quoi?
J'han-Jacques.
Qu'aveu totes vos manire,
Ji n' sâreu nin v' disfinde çou qu' ji n' pou t'èspêchî.
MëLIE.
Louquîz donc, et c'è lu, qu' m'ahège danser V prumî.
J'han-Jacques {couyonnanl).
Taihiz-v', allez, belle plume, pa v's èfriz maladèye,
Si v' n'allîz nin poch'ter ; ossu tôt 1' monde ô rèye,
Mi- même onque dès prumî.
Mélie.
Et mi, ji m' moque di vos,
J'han-Jacques {si moquanl).
A r bonne!!! sins rire!!!
MÉLIE {qui bisquéye).
A r bonne ! allez-è, bai jojo.
J'han-Jacques.
Vos m' fez bin louquî làge.
- 430 —
MÉLIE.
Quel air qu'il a, l' laid page,
Allez, v' n'estez niii 1" diùle, po v'ni fer 1' crâne.
J'uAN- Jacques.
Mi, j' wage
Di v' mette hoûye pus d' dix côp so 1' canne di veule.
MÉLIE.
Awè!
J'iian-Jacques.
I fâ qu' ji v' fasse zùner.
Wélie.
I n'a nin mèche, parait.
SOUSSOUR.
E-ce cûsi tôt, vos deux, avou totes vos chicane?
RIÉLIE {lolc mâle à Soussour).
G'è todis lu qui k' mince,
J'han- Jacques (à Mélie tôt s' moquant).
En avant deux, so l' canne.
Eye, èye, comme elle bisquêye.
MÉLIE {tôle mâle).
Aliez-è, grand napai,
Vos n'estez qu'on harlaque, a-v' oyou, bai cabai.
Soussour (« J'han- Jacques).
D'où vin tant 1' chicaner.
J'iian-Jacques.
D'où vin? pace qui ji l'aîme.
Mélie (&i«ri/a';.
Hein ! grand spitâ.
{à Sousioitr)
Soussour, j'a 'ne idèye, mi.
— 431 -
J'iiAN -Jacques {d'inc air di couyonnâde).
Tôt r même !
Mélie {iini zûne).
Tôt r môme, louquîz donc lu.
J 'h an-Jacques (tôt a^Hoquant).
Raffe so 1' cane sans wapeur,
En avant la musique.
MÉLIE.
Allez-è, grand blagueur,
Vos n'avez qui ï geaivc bonne.
J'iun-Jacques.
Ji prind-st-astème à l' vosse.
Et comme on rèwe jèw jèw, ji v' t'ai riv'ni so 1' crosse.
Soussoun (à Mélie).
le ! ie ! dishombrans-nos, ca lus gins rawardèt,
N' sèrans sûr barbotèye, sont-is prête vos paquet?
MÉLIE.
Vo-lès-là-st-apontî.
SOUSSOUR.
J'a fini mes cosège.
V'ncz-v mi d'ner on cùp d' main po r'ployi mes ovrège.
Mélie {lol-z-aidanl Soussoui).
I n'a nou ma, jans, jans, dishombrans-nos, Soussour.
SoussouR.
Vûlà qu* c'è càbiî tôt.
Mélie.
I fâ tûdi qu'on cour
Avou vos.
J 'il AN- Jacques {à Mi'lic).
Bin, rotez.
— 43^2 —
Mèlie.
Ji n' vis jàso nin, laid page,
Bailleurs fà qu'on rèpoite ûx gins tos leus camache.
[On bardoutiôtjc itd'foâ.)
La, v' clial mi marne à c'ste heure, mon Diu qwand 'nne irèt-on?
{Dtuliie inleure.)
Scène IV.
LÈS MÊME, DADITE.
Dadite {avou 'ne assiètle è /' main).
Estez- v' là, hêye, Soussour?
Mélie {qui rèspond è l pièce d'à Saussour).
Awô, qui volez-v* donc ?
Dadite (à Mélie).
Mèlez-v' di vos affaire, a-v' oyou, l'affrontêye?
Mélie.
Jî n'a nin I' timps, parait, fâ rèpoirter l' bouwèye.
Dadite (à Soussour, toi pilant).
Soussour, vos qu'è si bonne, ni m' vorrîz-v' nin pruster
'Ne pitile noquètte di bourre avou 'ne picèye di se !
Soussour {priiidanl Vassiètte).
Sia.
Dadite.
Dihcz?
Soussour.
S'i v' plai?
Dadite.
N'a-v' nin 'ne pitite copètte
A beure?
— 433 —
SoussoL'R {tôt priiidiint H impUhaut 'ne copèttc),
Sia, savez.
Dauiie.
Oh! m'pauve cour si va r'mèltc!
Mettez on boquèt d' souke.
MÉi.iE {à Daditc).
1 v' mâque todis 'ne saquoi !
Dadite {A Mélie).
Qu'è ce qui çoulà v' fai vos, pusqui ji li rindrè.
J'han-Jacques [à Dadite).
Qwand v's ûrez 1' cour malade.
Dadite (à J'han-Jacques).
Qui chaf'tez-v' là, laidmûye?
S:iz-v' binqu' j'a-st-on bon cour?
J'han-Jacques.
Awè, i n' rind jamâye.
Dadite.
Il è mèyeu qui 1' vosse.
Mèlie { à Dadite).
Bin, .l'han-Jâcques a raison,
Ca vos n'estez mâye pus qu'à l'èpronte tôt de long.
Dadite.
Taihîz-v', vos, p'tilc blablame.
SoussouR (à Dadite toi mettant VassièUe so /' lùve.)
Via çou qu'i v' fà, Daditc,
Ni m'èl rappoirtez nin,
Dadite.
Poquoi donc ?
:28
— 434 —
SOUSSOUR.
Ji v's èl qwilte.
{Si rappiusmit.)
Oho, j' ralléve rouvî, ji v's invite â café.
Dadite.
Magn'rè-t-on de l' dorêye ?
Mèlie (à Dadite).
Ein ! pansâte !
SoussouR {à Dadite).
Oh ! awè,
Y'iès irez même chûsi.
Dadite.
J' lès prindrè tôle novèlle,
Et k' bin m'è pây'rez-v' ?
SOUSSOUR.
Qwate.
Dadite.
V's èstez-st-ine brave bâcèlle !
Poquoi ni v' mariez-v* nin ?
SoussouR.
Ji so-st-heureuse ainsi.
Dadite.
Pa v' coiffez Sainte Cath'rêne !
SoussouR.
Gn'a 00 dès autes qui mi.
J'han- Jacques (à Dadite).
Poquoi n'èl riféve nin; donc, vos, qu'è co si belle?
Mélie.
le! lisquélle !
— 435 —
Dadite {si rengorgeant).
Si j' voléve, oh ! j' freu co bin l'handèlle.
J'han- Jacques {fanl les qwanse de k'nohe ine saqui).
Oh ! j'ènnè k'nohe sur onque, savez, mi, quVôreu bin.
Dadite {à part).
I vou sûr jàser d' Gilles.
((î J'han-Jâcquei.)
Fez-li mes complumint.
Mélie {à J'han-Jacquet).
Kiminl l' lomme-t-on, ci-là ?
J'han-Jacql'es.
V's estez bin trop curieuse.
Dadite (à Mélic).
Çoulà ni v' rigarde nin, a-v' oyou, tourciveuse.
MÉLIE {à Dadite).
Qui madame è-st-aimdve !
J'han-Jacques {à Mélie.)
Divins l'hantrèye surtout.
(rt Dddite.)
Avou VOS p'titès airs, pa, v's èschantrîz 1' coucou.
Dadite (à J'han-Jacques).
Oh ! gn'a qu'amour qui plaise, çoulà j'èl pou bin dire.
J'han-Jacques.
G'è vrèye, pusqu'i fai bin danser lès âgne sins rire.
MÉLIE (à J'han-Jacques).
G'ô mutoi po çoulà qui vos dansez si bin.
J'han-Jacqles (à Mélie).
G'è d'après vos leçon.
— 436 —
WÉLIE.
Louquîz donc, l'ènocint,
Qui m' vou mès'rer-st-à si aune !
J'iian-Jacques.
Ji n' so nin assez riche
Pa, portant v's è mès'rez.
Méi.ie.
Quel air di hène di cliché !
Dadite {à Soussonr, toi prindanl si assiette).
Merci, savez, Soussour, po vosse bourre et vosse se.
{a Mèlie.)
Quand vos r'vêrez, là, vos, n' rouvîz nin d' rappoirter
V savez bin quoi, surtout on bon qvvàrti d' dorèye,
N' rouvîz nin 1' principâ.
MÉLIE.
Di quoi ?
Dadite.
Pa 'ne bonne drôssèye
Di mon Hàlin sor Meuse.
Mélie.
Si ji live des aidant...
Dadite.
N'iès pièrdez nin todis, ca v' touch'rcz pus d' doze franc.
Mki.ie.
Et qwand n's ûrans dîner, dihez, n's irans-st-èssonne
Ach'ter saqwants camache ?
Dadite.
Awè, sôyîz sins pône.
J'a faim don p'tit boquèt, dihombrez-v' loles lès deux.
Soussour.
Awô, Dadite.
— 437 —
MÉLIE.
Awè.
Dadite {lot 'une allant.)
A c'ste heure, ji va fer m' feu.
{Tôt 'une allant, elle si trèbouhe so Gilles qiCinteure; elle lifai bai visèye )
Scène V.
J'IIAN-JACQUES, SOUSSOUn, MÉLIK, GILLES (on bon valet, on pan
cnalné).
J'iian-Jacques.
Ah ! vochal Gilles !
Mélie.
Ah! Gilles!
Gilles {dihanl boujoû.)
J'han- Jacques! Mèlie!
(à Soussour.)
Mam'sèlle !
SOUSSOUR.
(à Gilles.)
Mossieu Gilles!
(à Mèlie.)
Mèlie, vûdiz 1' golte.
Mélie.
Awè.
(Elle }))i)Hl è rdnnd ine bolcijc et dès verre.)
J'han-Jacquf.s (ri Gilles.)
Et que novèlle ?
Gilles.
Ji so v'nou dire bonjoù.
J'han-Jacques.
T'abin fait, hêye, vix frc.
— 438 —
Gilles (à Soussovr).
I n'a nou dérang'mint ?
SOUSSOUR.
Nônni, nènni, savez.
J'han-Jacques.
Si t' pinse gêner Soussour, te sûr de 1' bonne annêye.
(Mélie présiiilc deux verre âx homme.)
GÎLLES (à Soussour, io( levant s' verre).
A r vosse, mam'sèlle Soussour.
J'han-Jacques (à Mélie).
A vos amour, mamôye.
Mélie (à Gilles, tôt riant).
Si nos buviz-st-àx vosse, donc, Gilles 1
Gilles {tôt gêné).
Mi, ji n'hante nin.
Mélie.
Enne estez-v' sûr, de mons ?
Gilles.
Avou qui r freu-ju bin?
MÉLIE {(èn'mint).
Avou Soussour, mutoi.
SoDSSOUR {tote gènéye, à Mélie).
Mais, Mèlie....
GÎLLES {à part, tôt pièrdou).
Qui di-st-èlle ?
J'han-Jacql'ES (à part).
Aye, aye.
Soussour (à Mélie loie seule).
Taihîz-v'.
— 439 —
MÉLIE.
Allez, n'fez nin li streute, mam'sèlle,
Ji louque tôt, parait mi.
SoussouR {(ote gôncye, à Mélie, tôt prindant ses paquet).
Estans-gn' prête, jans?
Mélie {prindant ses paquet).
J'y va.
J'han-Jacques.
Wisse allez-v', donc?
MÉLIE.
Ax viér.
J'han-Jacques.
Quelle belle divise.
MÉLIE {si rengorgeant).
Vola.
SOUSSOUR.
Allons, jans ô, Mélie.
MÉLIE.
N' sèrans co vite riv'nowe.
J'fian- Jacques (à Mélie).
Vos, p'tit hacha, qui n' vis pièrdcz-v' avâ lès rowc.
MÉLIE.
V dirîz vite ine priyire à Saint-Antône, cabai,
Po m' ritrover.
J'han-Jacques.
Nôna! J'êl direu-st-à s' pourçai !
SoussouR (à ilélie).
Allons, hoppc.
(à Gilles.)
Mossieur Gilles.
— 4i0 -
Gilles.
Mam'sèlle Soussour.
J'han-Jacques (rt Mclie, tôt /' volant hàhi).
Jans, hâye,
Ji v'deus-t-on p'tit bàhège.
Mélie [lot V richôquant).
Vos v' frîz de ma.
{Jluiu-JAcquea vous Pabrèssi, elle li donne deux p'iils pétard).
J'han-.]acques.
Wâye, wâye!
Bin pusqui ji v's èl deu.
Mèlie.
Fez 'ne creux d' sus.
J'han-Jacques.
Ji n' vou nin,
J'aîme de payi mes dette.
{cl bdlie.)
MÉLIE (tût s' séchant èvôyc).
Allons, allons, c'è bien.
Scène VI.
J'HAN-JACQUES. GILLES.
J'han-Jacques {toi flouquant Gilles).
T'a 'ne drôle d'air à m' sonlancc, di-m' li vrôyc, jans, vi.K stoke,
Ti m' vou dire inc saquoi.
GÎLLES.
C'è vrèye.
J'fian-Jacques.
Bin, drouve ti bokc,
— 441 —
Et di-m' à que rapport.
GÎLI.ES.
G'è rapport à Soussour.
J'han-Jacques.
Ti l'aîme ?
Gilles.
Comme mes deux oûye.
J'iian-Jacques.
Eh bin, dilahe-mu t' cour.
CÎLLES.
Awè, ji l'aîme, Soussour, et j' n'a mâye aîmé qu loye;
Mais d'vant d'ènne i d' viser, ji t' vou d' mander consôye.
Ji t'a d' jà raconté 1' màcûle di m' sour Tonton,
Qu'après avu liante 'ne hiède d'annèye tôt de long,
A stu trompêye par onque qu' li jâséve di mariège,
Et qu' cachîve si fàss'té tôt li fant bai visège.
.I'han-Jacques.
Et t'sour mora d' chagrin...
Gilles.
Totlèyant-st-ine étant.
Qui j'acclive.
.rilAN-jACQUES.
Bah! va mî 'ne èfant qu'ine éléphant.
GÎLLES.
Portant j' paye bin por lu, mais tôt i;ou qui m'anùyc,
C'è qu' j'a sogne, tôt crèhant, qui n' susse li contrûve vôye.
,riIAN-.lACQUES.
Etti vùreu?
GÎLLES.
Qu' Soussour, tôt m' mariant, adop'treu
Ci.sle èfant comme ci c:" fouhc d'à lève.
- 442 —
J'han-Jacques.
Iloûte, vix kaikeu,
C e-st-ine aute paire di manche, màgré qu' l'è m' camarade,
Ji lairè fer Soussour ; po l' consî ji n'a wâde.
J' li dire çou qu'ènnè; louque, po t' dire li vrèye, hein,
A m' sonlance, ja m' idêye qui Soussour ni t'hé nin;
Et ji vôreu, hein, vîx, qui l' case réussihasse,
Et qui sins s' fer sèchi l'orèye, èl t'acceptasse.
Brave et bon camarade, ti n' rèyc màye di bon cour
A case di tes rasbrouhe; mais s' ti mariéve Soussour,
Tes pône sèrit fmèye, ca ti veureu-st-appreume
Rilure li vrêye bonheur; ca t'àreu-st-ine brave feumme;
Et qwand 'lie sèrc riv'nowe tôt rate, ji li dire
Tôt çou qu' ti vin di m' dire.
GÎLLES.
Di lî bin çou qu'ènne è.
Qwand sûrè-ju s' rèsponse ?
J'han-Jacques.
Ti l'ârè mâle ou bonne
Vès deux heure, compte sor mi.
GÎLLES.
Vin m'ôl dire è m* mohonne,
Ni mùque nin,
J'iiAN-jACQUES (tôt /' rikdûhatit).
Ji t'ôl jeure.
GÎLLES.
Oh merci, j' m'ènnè va.
J'iian-Jacques.
A deux heures â pus tard, ti veurrè, j' sèrè là.
{Gilles ènnè va.)
Li teille tome.
FIN DÉ PRUMIR AKE.
DEUXEME AKE.
Li nièinc chambc qu'à prumire ake; l'hûrloge marquéye cùsi treus heure.
Scène I.
J'HAN-JACQUES, SOUSSOUU.
J'han-Jacques.
Et qu' fà-t-i dire à Gilles, Soussour?
SOUSSOUR.
D'hez li qu'i vinse.
J'han-Jacques.
So r côp?
Soussour.
D'vins 'ne dimêye heure, nin pus tard.
J'han-Jacques,
Pauve polince,
Il è comme so dès spène, ji wage de 1' pawe qu'il a
Qui vos n'èl riboutéssc, c'è-st-onque qui v's aîme, ci-là.
Soussour.
Et s' ji m' mariévc jamâye, è-ce qui v' sùrîz mi èximpe?
J'han-Jacques.
Çoulà j' tus'reu co 'ne choque, por mi c'è-st-on pau timpe.
Soussour.
C'è qu' j'a d' l'âge.
J'han-Jacques.
Vos, d* l'âge, on n' vis donreu qu' vingt an.
Soussour.
Sins compter lès rawèlte.
444
J'man-Jacques.
Bill, r pauve Gilles, qui v's aîme tant,
Kst cinq an pus vîx qu' vos. Tôt l' môme, v' sèdz 'ne belle copc,
Pa v' croh'rez d'sos 1' bonheur, j' wage qui vos 'nne ûrez trope.
Soussoun.
Et bin, ji v's è r' vindrô.
J'iian-Jacques.
V m'èl donrez bin po rin.
Comme ji v' kinohe. Hoûtez, si vos n' vis mariez nin,
Bin j' n'èl frè mâye non plus,
SOUSSOUR.
Et qu frez-v' di vosse crapaute ?
J'iian-Jacques.
Fàrè bin qui j' li dcye, pa, qu'elle hante avou 'ne aute.
Soussouu.
Quelle boude fai Jacques à s' mère! jans, grand sot, allez-è.
J'iian-Jacques.
Et qu* li direz-v'?
SoussouR.
Qui sé-j'?
J'han-Jacques.
le, ie, que s'crèt mawôt,
Jans, ji m'ô va, Soussour, ca j' so sur qu'i trèfèlle,
Et qu'i tronle lès balzin di sogne d' ine mâle novèlle.
(Enni va lot chantant so rair de- La dent de sagesse.)
Mi soussour a-st-on s'crèt
Qui lot r monde kinohrè
Tra la dèra la.
— 445 —
Scène II.
SOUSSOUU.
SOUSSOUR.
Gilles di qu'i m'aîme ; awèt, mais i fâ qui m'èl prouve,
Ossu po r bin sèpi, V va-ju mette à l'èsprouve;
Et s'après 'ne sifaite keure i m' vou todis marier,
G'è qu' m'aîm'rè sûr; adonc j' n'ùrè pus sogne d'ôl fer.
Et puis ji sin por lu, là, 'ne saquoi qui toctèye,
Ca j' l'aîme ossu ; mais d'vant do loyï m' dèstinùye
A r seune, i là qui j' veusse si c' n'è nin po l'étant
Di s' sour qui m' vou marier. Ji n"èl pinse nin portant.
Po 1' sèpi, j'a voyî Mèlie amon Cabrasse
Qwèri ciste èfant là.
{Elle louque V heure.)
Mon Diu comme 11 timps passe.
Elle div'reu t'èsse riv'nowe, et Gilles lu qui va v'ni.
Ah! v'chal Mélie;
(Elle veit qu' Mélie a Vèfaut )
Elle l'a.
Scène III.
SOUSSOLK, MÉLIE.
Mélie {quipoite ine èfanl).
Ghute, chulte, i doime, li p'iit.
SoussouR
Pauve èfant, louquîz donc, Mélie, i rèye âx ange.
Ali! s' l'èslcu-st-adlé mi, comme i f'reu 'ne belle discangc,
11 àreu de mons 'ne mère.
{Elle prind Vèfani so ses brèsse èi lijdse.)
Nànez, mamé poyon,
Ah ! qui n' dimorez-v' chai.
— 446 —
MÉLIE.
I n' tin qu'à vos, èdonc,
V n'avez qu'à marier GîUes.
SOUSSOUR.
Çou qu' c'è qui 1' viquârêye.
Mèlie.
Mariez-r, allez, Soussour, c'sèrè 'ne affaire bâclèye.
SoussouR.
Awè, mais fâ qui j' sèpe avant, s' m'aîme comme èl di.
MÉLIE.
Et qu'allez-v' fer?
Soussour.
Hoûtez, j' rawûde Gilles qui va v'ni.
Vos v' bout' rez-st-è Taute chambe, v's y d'meurrez tanlqu'ji
[v' houque.
Ca çou qu' nos d' vans nos dire, ni peu t'èsse sépou d' nouque.
V prindrez l'èfant avou.
MÉLIE.
Bon.
Soussour.
Av' compris?
MÉLIE {tôt fprindanl Vèfant).
Awè.
Et qui frez-v' avou lu, so c' timps là?
Soussour.
Ji m'èxpliqu'rè,
Vos n' houlrez nin, savez.
MÉLIE.
Ji n'a wâde.
{h part.)
V lairè 'ne crèveure
A l'ouhe, po sôpi lot,
{On bardoùhe û iVfoû.)
Bon, v' chai mi mame, à c' ste heure.
— 447 —
SoussouR {lot séchant Mélie è l'aule cliumbe).
Awè, j' l'ô bardouhî, abèye, Mélie, vinez.
Ca 'Ile donreu co s' côp d' lawe.
MÉLIE {tote mâle).
Elle vin todis gêner,
Scène IV.
Dadite (tote flochlêye avou 'ne roge cotte èl on bai casawé).
Estez-v' là, bèye Soussour? là, wisse ès-st-èlle donc lèye.
Elle è seurmint-st-èvôye fer 'ne commission è 1' vèye.
C'è dammage, ca j'àrcu volou li dire on mot,
Rapport à Gilles, qui m aime comme ine èrlique, li sot.
Mais i n'a qu'on mèhin, c'è qui n'oisse nin m'èl dire,
Ossi fùrè-t-i bin qui c' seùye mi qu'ôlriqwire,
El qu' li fasse des avance, po qu'i s' pùye déclarer.
A vèye mes belles air, èl f'ro sins chipoter.
Quelle èwarâchon, dai, qwand on veurrè qu' Dadite
A Irové onque à s' dcugt ! J' se qu' j'àrè de 1' ridite,
Pace qui s' sour, l'ènocaîne, a-st-attrapé 'ne èfant;
Mais 'ne feumme attrape çoulà pus vite qui cint mèye franc;
Adonc puis, Gilles mi va; portant ji so co glotte,
Ji n' vou nin fer l'amour, pa, pichotte à migotte...
le! vo-r-chal!
Scène V.
DADITE. GILLES.
GÎLLES {lot cmainé).
Ah! Dadite!
Dadite (faut l'airnâve)
Ah ! Gilles ! fai bon, èdonc?
— 448 -
Gilles.
Awè.
(/ touque âtou d' lu.)
Mam'zèlle Soussour w' è-st-èlle?
Dadite.
Oh! qu' sé-ju donc?
Gilles (à par ).
C'è drôle, J'han-Jûque m'avôye...
Dadite {funt dès p'iitès air).
D'hez, vos, qu'a tant de gosse,
Ni so-ju nin co belle, po plaire n'a-ju nin 1' bosse?
Gilles.
Sia.
Dadite.
N' so-ju nin brave?
Gîlles.
Ji pinse qui sia.
Dadite.
C'è qu' mi
Ji so-st-ine feumme, parait, et j'èl sôrè todis,
Et bin wârdêye.
Gilles.
Awè,
Dadite
N'a-ju nin co *nc belle tièsse?
Gîlles.
Sia.
Dadite.
Dès belles main ?
Gilles.
Tôt r môme.
Dadite.
Et dès bais brosse ?
- 449 —
GÎIJ.KS.
On r vcu.
Dadite.
On bai stoumaque, dès belles hanche.
Gilles.
Awè.
Dadite.
Ine belle jambe.
Gilles {lot gêné).
Oh ! Dadite ?
Dadite
Adonc puis dès mollet....
le, j'a m'ioyin qui tome, fà portant qu' j'èl rimètte.
Gilles {à part lot s' rissêchant et faut dds oûye comme St-Glllcs l'èwaré).
Qui m'va-t-èlle aksègnî tôt rate, cisse vèye hèrvètle.
Dadite {qu'a r'ioyt s' loijin).
A propos, dai, d'hez donc, vos qu'a 1' foice don terra,
Poquoi ni v' mariez- v' nin ?
Gîlles.
J'y tûse, Dadite.
Dadite.
Aha!
Ni prindez nin 'ne trop jône.
Gilles.
Oh ! nènnî, 1' cisse qui j'aîme
Est-ine femme inte deux âge.
Dadite.
Oho!
(à part.)
C'ô por mi-même.
29
— 450 —
{A Cille.s.)
V's estez liôntcnx iVlî dire qui vos l'aîmcz ?
(lîl.I.l-S.
On pau,
C'ù vrcyc.
Daditk {li faut gawe-gawe).
N'àyîz nin sogne, dimandez-l', grand bâbô.
• Gilles (qui pinsc qu'elle vou jaser d' Sonssour).
N'sèrè-jii nin r'boul^, ?
Dadite (à pàrl).
Te, comme mi gros cour hoûse !
{A Gilles.)
Vos estez- st-accèpté.
Gilles.
Pinséz-v' ?
Dadite.
Awè, à couse.
Gilles.
Enne ôstez-v' sur, de mons ?
Dadite (.si choquant toi près d' Gilles).
Çou qu'i d'mande, l'ènocint.
D'hc/., fà-t-i qu'ji v'èl prouve et so 1' cùp ?
Gilles.
Ji vou bin.
{Dadite vou linlii Cilles qui rèscoulc tôt èwarc; so c' /rt'i'/>i Soussour intcure sin.i
fer les qwatise di lès véije.)
Scène VI
LÈS MÊMES, SOUSSOUR.
Dadite {â Gilles).
Chul! chut! on s'èspliqu'rù loi rate, ni d"hez rin, Gilles.
— 451 —
Gilles.
On s'ùspliqu'rè di quoi ?
Dadite.
Chul! chut!
GÎLLES (À part).
Bin qu'è-cc qu'elle pîle?
Dadite (à Soussonr).
Soussour, ni m'prustèy'rîz-v' nin, d'hez, on boraî d'bois?
SoussouR (prindant ^2 borai d' bois è l'aisse).
Tinez, vos 'ne là deux,
Dadite.
Pus tard ji v' lès rindrè.
Soussour {à pâ>t).
Kimint I' frè-ju 'nne aller ?
{Si rapinsant.)
Oho!
(A Dadite.)
Mais lès dorêye,
N'èls allez-v' nin qwèrri, Dadite ?
Dadite.
Oh ! sia, hêye,
Ji m'y va tôt fi dreut, j' n'a wâde di lès rouvî.
Soussour.
Vola cûsî treus heure.
Dadite.
Oho, d'hez, l's av' payî ?
Soussour.
Awè
Dadite.
Bon, bon, d'hombrez-v' alors do fer bourc l'aiwc.
— 45-2 —
SOISSOLR.
Elle è déjà so ITeu,
Dadite {toi pansant adlé Cilles).
Chut! chut!
. {A Soussour.)
Ji m' saiwe.
Scène VII.
GILLES, SOUSSOUU.
(Soussour arrimje li tAve tôt >' louquant (/' limpt in timps ({'sot air Gilles qui vou
todii jdser, mais qui noise.)
Gilles {qui n' pou v'ni à s' parole).
Mam'.. selle... Sous...sour...
Soussour.
S'i v' plai !
Gilles.
I fai chaud hoûye.
Soussour.
Edonc.
Gilles (à part).
Ji sowe à gotte.
{A Soussour.)
Mam'sèlle.
Soussour.
S'i v' plai ?
Gîllls.
C'è vrêye.... fai... bon.
Soussour (à part).
Comme il è-st-èmaîné.
{A Gilles.)
Bill, vos v'nez ce d'èl dire.
— 453 —
Gilles (t'o pus Qi^né).
Escusez.
SoussouR (à Gilles).
Oh! c' n'è rin.
(A part.)
Pauve GîIIes, comme i m' fai rire.
{A Gilles.)
Quelle bonne novèlle di v' vèye?
Gilles [lot piérdju).
G'è rapport... à... à... à...
SoussouR ifant /' bnbinème).
Rapport à quoi, donc, Gilles?
Gilles {à part).
Ah! k'mint lî dire çoulà!
(A SoHSsoiti\ tôt fatic 'lie foice.)
J'a Irinte cinq an, mam'sèlle.
SOUSSOUR.
L'âge dès homme raisonnâbe,
Et j* creu bin qu' vos Testez.
Gilles.
Vos estez bin aimâbe,
G'è l'âge qu'on wangne dès censé qwand on è bon ovri.
SoussouR.
J'han-Jùcques m'a d'visé d' vos, j' se bin qu' vos 'nnè wangnîz.
GILLES.
Tihe et tahe, ji wangne tos lès jeu âhèy'niiiit m' pècc.
Et portant j'a passé, savez, 'ne pèneuse jùnèsse.
A-ju mâye situ jonc? Ga j' n'aveu qu'dix-hùt an
Qwand mes pariiit morîl, tôt loyant qwate étant,
Treus valèt et 'ne bùcèlle. C'a stu por mi 'ne deure chège,
E c' trèvin, ce qu' n'èstcu nin timps d' broguî l'ovrège,
-— 45i -
Ca gn'avcu qu' mi qu wangnîve po r' pahe lès p'tits càrpaî.
Ji d'va l'si chèrvi d' père, mi qu' n'èsteu qu'on jônai.
Ah! vos m' polez bin creure, j' passa po tos lès nouke,
Avou çou qui j' wangnîve, nos n' magnîs nin de souke.
Mais j'aveu de corègc, j'ovra sins mûye tàrgî.
Et à mes deux autes fré, j' fa-st-apprinde on mèstî.
Ah! Tci qu'a-st-on s' fait d' voir, i n' fù jamâye qu'i màque!
Soussouu.
C'è vrêye, c'è comme j'a fait po-z-acclèvcr J'han-Jâcques.
GIli.es.
Awè, v's avez passé comme mi dès deurs hiquèt,
Y's avez d'jà vèyou clér è vosse hièle.
SOUSSOUR
Oh ! awè !
Nos avans stu logî, vèyez-v\ à l' môme èssègne,
Ca fâ qu'on aîme l'ovrège.
Gilles.
Sins jamâye lî fer Thègne;
Et dire qu'ènnc aveu co dès cix qui riyît d' mi !
Tôt m' traitant d' bûbinème!
Soussouu.
Oh ! gn'a qui fai, qui di.
Gilles.
C'è vrèye, çoulà.
Soussouu.
Kibin gn'a-t-i d' ces bais apôte
Qu'ont l'air di s' moquer d' tôt et qui rièt d' nos aute,
S'is d'vît fer 'ne sifaite keure, qu' n'ârît nin 1' basse di cour.
GÎLLES.
Comme vos avez raison. Jâsans-st-on pau di m' sour,
Qu'èsteu r pus jonc di tôle et qu' fève, pauve pitite mère,
Li manège comme ine feumme. A c'ste heure, elle o-st-è terre
— '4oo —
A case (l'on sins honneur qu' l'a lait mori d' chagrin.
Elle m'a lèyî 'ne èfant qu' jacclîve.
Soussoun {loi r' soiiwant 'ne làmr).
Pauve orphulin !
(iti.l.ES.
Sèpez-v' bin wisse qu'il è?
SorssoL:i\.
J'Iian- Jacques mi Ta dit, Gilles.
Et j' creu qu' n'è nin bin ki.
GÎI.I.KS.
Ce CDU qui m' fai T pus d' bîle,
Ca j'a sogne, lot crôhant, qu'i n' prinsse on mâvas pleus,
G'è poquoi ji vôreu, vèyez-v'...
SOL'SSOUU.
Eh bin?
Gilles {to! [aul 'ne foice pojûscr).
y vôreu
Trover 'ne ange qu'èl prindahe comme ine mère dilé lèye,
Tôt l'aksègnant 1' bonne vôye avou ses bons consèyc.
Volez-v' èsse ciste angc-lîi, volez-v' loyî, Soussour,
Vosse dèstinèye à 1' meune, vos qu'a-st-on si bon cour.
{i chante .10 rairdi: Miittrc Patelin.)
{' Cori'LKT.
Ji v's aime comme on ; iinc li roscyc,
A l'airoin'o dès bais joii d' prélimps,
Ou comme i'oiihai qui grusinèye'
Divins les l)iiskt'p;c si refrain,
Ji v's aime, ji v's aime, cl po qn' vossc louquciirc, iinùye,
Sor mi s'asl.lgc comme inc airdir (ianifiiu',
Toi lanl r'j^Iali les deux itièle di vos oûye,
Ali ! bonne anj^e, ji v' donreu loi m' cour.
— 456
Ji v"s .'lime comme ou nime li naleure
Qwaiid apoiile lès bais jou d'oslé,
Ou comme, qwaïui 1' niilèye si mosteure.
Aime de vc)i r'iure li baité.
Ji v's aîme, ji v's aime, et po qu' vosse boke nosêye
Si drouve tôt comme on joli boton d' tleur
Et qu'on bai rire so mes oûye s'arrèslêye,
Ji don'reu mi âme avou bonheur.
Ji v's aîme comme so l' terre fâ qu'on aîme
Ine belle ange ravolèye d'à cir.
Jourmâye ji wâdrè d'vins mi-même,
Comme on wâdedi Diu l' bai sov'nir,
Ji v's aîme, ji v's aîme, H po qu' vos lùppe rôscye
So lès deux meune, s'apouyèsse pleinle d'amour.
Ah ! j' donreu m' vèye, à vos qu' lin m' dèstinêyc
Ca vos avez d^jà mi âme èl m' cour.
SoussouR.
Estez-v* sûr qui v' m'aîmez !
Gilles.
Oh! Soussour, si ji v's aîme,
E polcz-v' è doter.
Soussouu.
E-ce bin sûr por mi-môme,
N'è-ce nin po l'orphulin ?
Gilles.
Nènni, ca d'pôye six meus
Qui ji v' kinohc, ji v's aîme ; èl fer pus ji n' sâreu.
Soussour {fnnl les qwajisc dresse géncyc).
I gn'a 'ne saquoi, pa, Gilles, qui j' so honteuse di v' dire,
C'è... c'è...c'è...
— 457 —
Gilles.
C'è!! jûsez!
Soussoru.
Vos allez mutoi rire,
Gilles.
Mi, rire di vos, Soussour, oh ! vos n mi k'nohez nin!
SOUSSODR.
Ni v's a-t-on... jamâye dit qu' j'aveu... 'ne èfant?
Gilles (tôt /' rilouquant tôt cwnré).
Kimint!
Vos avez 'ne èfant ! Vos î
SoussouR {lot cachant s" rkège).
Awè.
Gilles {A part).
Ji creu qu'elle rèye.
Soussoi:r.
On vin d' m'ùl rappoirter, ca 'lèsteu fou de I' vèye.
Gilles [à \iàrt).
Elle a 'ne èfanl tôt comme mi sour !
SoussouR (/"/ /' riloiiqnani).
y veu qui v' tùsez,
Portant; j'so 'ne brave bûcèlle.
GILLES.
Oh ! j' so-st-èstoumaqué !
Ji n' tùsc nin seuTmint 'ne goltc. J'a même li cour ù l'àhe.
SoussouR (èwarêyc).
Tin, pace qui j'a 'ne èfant !
GÎLLES.
Oh ! awè, j' so binàhe.
~ 458 —
SOUSSOIR.
Et vos m' volez co bin ?
Gilles {simplumint).
Ji v's aîme, ùdonc, Soussour,
J'adopUrè vos te èfant.
Soussour.
Et mi, r ci d'vosse pauve sour,
Ainsi nos appoitrans 'ne part di bonheur chaskeune.
Olîo ! rawàrdez 'ne gotte, qui ji v' faisse bâhî 1' meune.
[Elle ètinè vn-sl-è Vante chambc.)
Scène VIII.
GILLES.
Gilles.
Elle a 'ne èfant, Soussour, l'àreu-ju mâye crèyou,
Mi qui v'néve tot-fcr chai èl qui n' l'a mâye sèpou.
Scène IX.
GILLES, SOUSSOUK.
Soussour {avou l'cfant).
Louquîz, Gilles, qu'il è bai, jans, prindez l'so vos brèsse.
(Elle li mette Vèfaut so ses brèsse.)
Tôt doux, tôt doux, savez. Là ! pa, v' fai d'jà dès caresse.
Gilles {lot bièsse, avou rèftinl so ses brèsse).
Mais !... mais... mais !
Soussour.
Qu'avez-v' donc ?
(iÎLLES.
liisle èt'anl là, Soussour !
— 4Ô9 —
SOUSSOUR.
Et bin!
CÎI.I.ES.
D'iiez 1' vrèye, n'è-ce nin rùfant di m' sour !
SOUSSOUR.
Gomme vos estez pèloye.
GÎI.LKS.
Dihez r vrôye ?
SOUSSOL'R.
Ce lu-même.
{Toi r' priiidani Vèfant.)
Rinde/. m'èl.
Gilles.
Oh ! Soussour !
SOUSSOLR.
Vos voyez d' jà qui j'I'aîme.
GÎLLES.
Mais r vosse ?
Soussour.
C'è lu.
Gilles.
Portant vos m'avez dit... ?
Soussour.
Dit, quoi }
Gilles.
Toi à c'ste heure, qui v's avîz 'ne èfant.
Soussour.
Et bin, awc,
J'a r ci d' vos.se sour, cdonc, mi j'n'a mùye avou nouque !
Gîllls.
Oh ! j' comprind.
— 4G0 —
SOUSSOL'K.
G n'a nou mû.
(.1 part.)
Fâ qui j' rèyc, qwand j'ôl louquc.
Gilles.
D*où vin av' fait cisse keure !
SOUSSOUR.
C'a stu po v's èsprover.
Tinez, Gilles, vola m' main, ca j' so sûr qui v' m'aîmez.
GILLES.
Et vos ?
SOUSSOUR.
On tôt p'tit pau.
Gilles.
Tôt r môme, qui v's estez bonne,
Ah ! qwand n' serons marié, v' serez l'ange de 1' mohonne.
SoussouR.
Bâhîz voste èfant. — Là. Tôt doux, tôt doux, Mossieu,
Lèyîz-m' mi part ossu, pace qui c'ô d'à nos deux.
[!s chantée V duo sitvant so l'air d' : Urbain, pas de bruit, maman dort.)
Gilles.
Ciste èfanl è to seu so l' terre.
Soussoun.
Nona, Gilles, ca c'è d'à nos deux.
Gilles.
Ah ! v' vôriz bin lî clièrvi d'mére ?
SoussouR.
Avvt'', cièto, ca j'vou qu'senye heureux.
Gilles.
Ah ! bonne ange, si foirt qui ji v's aime,
Po c'bèlle keure, j'èl frè-sl-èco pus.
- 461 -
SOUSSOUR.
El mi, Gilles, ji v'sè rind (](' même.
Essoule.
Nos sèrans père et mère por lu (bis).
(/« bdhèt l'èfant, adonc, i s'bd/ièi.)
Scène X.
LES MÊME, MÈLIE à 'ne oulw, J'IIÂN-JACQUES à l'nule.
MÈLIE.
Eie ! altrapêye maquette.
J'han-Jacques.
Bin v'ià-st-aute choi qu'dè l'jottc.
Tôt doux, sésse là, frc Gilles, ca t'èl va magnî lote.
J'araNve, ti n'croupilie nin, camarade, so tes où.
MÈLIE.
Et Soussour, donc, l'keute aiwe, louque on pau comme ôlleboû.
V'poliz bin dire, souwêye, qu'vos n'vis marèy'rîz mâye.
Soussour {à Mèlic).
Bin, j"èl va fer, Mèlie, pusqui l'brave Gilles m'ahâye.
J'han-Jacques (à Gilles).
Et k'mint asse fait po fer ti d'mande'?
Mèlie (à J'han- Jacques).
Oh! il a fait
Gomme vos l'divrîz fer, vos, av' oyou, bai cabai?
J'han-Jacques {couyonnanl).
Gn'a t-i 'ne saquoi qui presse?
Mèlie.
AUez-ô, grand rahisse,
Sur qui c'n'è nin d'vosse fdlc, èdonc, s'i gn'a nou risse.
— 462 —
J'han-Jacques.
Oh ! non risse! on se bin qu'ji m'marèy'rè-st-avou.
Mèlie.
Mais qwand?
J'han-Jacqijes.
Ax treus vîx homme.
MÈLIE.
Louquîz donc, l'iaid chaipiou.
J'han-Jacques.
{Chante so l'air de la petite Margot.)
lièspleu.
L' ci qui s' marèye
Sèciie à l' lol'rèye
On numéro qu' wangne lès tracas d' l'infer.
Ca c'è-sl-appreume,
Qwand 'i a pris 'ne feumme,
Qu'i veu seul'minl ses manire et ses air.
1" COUPLET.
Qwand vos hantez, c'è totès sainte Nitouche.
N'èi'si donrîz-v' nin l' bon Diu sins ii'fèssion ?
Ca 'lies fèl li streute,leus air aimâve vis touche,
El po v' complaire, elles fèt cint mèye façon.
lièspleu.
Mais 'ne fèye mariêye.
Ces binamêye
N'ont pus mèsâhe de cachî leus mèhin.
Ca leus bajawe,
Leus mâles lawe,
Vis aksègnèt même çou qu' vos n'sèpcz nin.
i« COUPLET.
Enne a qui d'hèt qu' c'è totès ange so l' terre,
Qu'on a sins zèlles nolle jOye et nou plaisir.
— i63 -
Qu'elles sont iîmt'ye, grâce à It-u caractère,
Qwainl elles mori'i qu'elles vont fi drcu-sl-à cir.
C'è dès canôye,
Qui r diâle rinùye,
Ca po lès k'dùre, 1 donne si part Ax chin,
Et r vix saint Pîrre,
Qui n'oise rin dire,
Lès lai-st-intrerpo fer damner lès saint.
{Si rnoqitatii.)
Et volà, pa, belle plume.
Mélie {on pou mâle).
Allez, qwèrreu d'chicane.
J'han-Jacqles.
Donc, de raanire, ainai, vos v'Ià cû 'ne foye so l'canne.
MÉLiE {mâle).
Din, ji n'hante pus.
J'han-Jacql'es.
Sèreu-c' h l'bonne, todis, mon Diu !
MÉLIE.
Awè, \h !
J'han-Jacques.
Hein! mon Diu que bonheur!
MÉLIE {tolc mâle).
Jamûye pus.
J man-Jacques.
Oh! la belle enfant, da, c'è trop sérieux po rire.
Soussouu {à rhan- Jacques).
J'Iian-Jûcques, vos m'fex. dû rpùne avou lolcs vos maniro.
— 464 —
J'n AN -Jacques.
Ji n"èl frè pus, Soussour.
SoussouR (à J'han-Jacques et à Mélie).
R'mèltez lès cache è fôr.
MÉLiE {qui brogne).
Mi, ji n'vou nin lès r'mètte.
J'han-Jacques (à Soussour).
V'vèyez bin !
MÈLIE.
Qu' sèreu-c' pôr
Pus tard?
GÎLLES (fl Mélie).
Jans, jans, Mèlie, c'è qui J'han-Jâcques vis aîaie,
C'è-st-on si bon valet!
J'han-Jacques (à Gilles, toi s' moquant).
Mi, ji so comme de l'crême.
(A Mélie.)
Jans, mon p'iit cœur de beurre, ni brognant nin.
Mélie.
Sia.
J'han-Jacques.
V's irez deux pône po eune, poquoi l'fer?
Mélie.
Po çoulà.
J'han-Jacques.
Çoulà c'n'ù nin grand choi; jans, jans, mi p'tite poyètte,
Ni brognan nin,
Mélie.
Sia.
- 405 -
J'han-Jacql'es.
Bin louquîz, ji v'promètte
De v'miner hoûyc à bal amon Lapôrt.
SoL'ssoua (à Mélie).
Allons
Mèlie, nin dVos manire.
J'hân-Jacques.
Nos ûrans tot-rate si bon
Qwand nïrans nos entrichat, jans, ji v's aclitèy'rè 'ne bague.
{Mèlie poche di jôije).
SoussouR (à Méiie).
A c'ste heure vos v'ià d'accoird, nos d'visrans di v'marier
Qwand v'sorez pus sérieuse, qui v'ii'ircz pus danser.
îilÉLlË.
J' n'irè mùye pus, Soussour !
J'han-Jacques (à Mélie.)
V's àrîz bin trope di pône,
Pa v's è frîz 'ne maladèye !
Soussour (à Mélie),
Et puis v's estez trop jône !
Mélie.
Louquîz donc, lèye, trop jône, mi qu'va so dix-hût an,
El J'iian-Jàcques so vingt-treus.
Soussour.
V's estez co trop ùfant.
Mèue.
J'so-st-ossi feumme qui vos.
J'han-Jacques (à Mélii).
Awè, çoulà j'èl wage,
Eco pus qu'ièye.
30
/iC6
Méue.
Pus qu'lèye ! cloyîz vossc gcaivc, laid pngo.
{Sou!!sniir dorme refaut à Gilles.)
Scène XI.
Lès même, DADITF;.
Dadite [qui rappoite lès dorcyc).
Aha, vo m'-richal, dai !
SoussouR {à Dadite).
Mettez lès chai, tinez.
Dadite {faut odcr les dorèije à Soussour).
Quelle bonne odeur!
SoussouR
Edonc?
Dadite {lot mettant lès dGrèyc so /' lave).
EtTcafè?
SoussouR.
J'èl va fer.
Mélie {à Dadite).
Marne, sèpez-v' bin rnovèlle?
Dadite.
Quoi donc!
Mélie.
Gilles si marèyc
Dadite (ri part).
I l'ârô seurmint dit.
{<i Melie.)
J'èl se mî qu'vos, dai, mTôye,
{FAle vcu Gilles qui tin Vèjanl.)
Tin, qu'poite-t-i d'vins ses brèsse!
- /iG7 -
MÊME.
C'è l'èfant d'ù Soussour.
Dadite {lole mâle).
Si v'riez co d'mi, vosji v'va jower 'ne aule tour
Qui dogu'rè vossc maquette.
J'han-Jacques (à Dadite).
Portant c'è l'vrêye, Dadite.
Dadite (à Soussour).
Vos avez 'ne èfant, voo !
Soussour {qui 7'/*rn/rf l'èfant à (Hllex).
Awè,
Dadite.
Bin, l'dialc mi .s'pite.
On n'iès fai nin portant à Twapeiir.
J'iiAN-jACQUEs(à Gtltes).
Nom di hu,
Gomme ji rèye, ie fré Gilles!
MÉLiE (à Dadile, lot-z-aksègnant Gilles),
C'è st-ine èfant d'à lu.
Dadite.
D'à Gilles ?
Même.
Awè, èdonc.
Dadite.
Oh ! j'ni comprind pus gotte.
MÉLIE.
Bin, c'è l'èfant di s'sour, avez-v' oyou, vèye sotte;
Gomme il è-st-orphulin, Soussour va l'adopter
Toi s'mariant avou Gilles, c'è 'r.e belle keure qu'elle va fer.
- 468 -
Dadiïe (èwarêye).
Avou quî ?
Mélie.
Avou Gilles.
Dadite {tôle mâle à Gilles).
Kimint donc, feu d'mèssège,
Ni ni'av' nin promèltou, d'iiez, lut-rate li mariège.
J'iian-Jacques et MÉLIE (à Dadile).
A vos ?
Gilles (à Dadiie).
Jamùye, jamâye, ji nVis l'a promèttou.
Dadite.
Diiiez pôr lot d'on côp, qu'vos n'm'avez nin r'qwôrou.
J'iian-Jacques (â Dadite).
Lu, v'riqwèrri, Dadite!
{Sousxour il Mèlie arrhirjèl deux cossin so deux chèyire et conquit Vèfant (Tsus^
elles vinèt vèye soviiit s'i doime.)
Gilles.
Po çoulà ji n'a wâde.
Dadite.
Bourdcu, vos mèritrîz qu'ji v'jouv/asse inc aubade.
J'han-Jacques {lot riant).
So lair di boulie dissus.
Dadite {tôt choûlant).
Tromper 'ne brave feumme comme mi
Qui n'fai mûye dès môssège.
SoLSSOUP. (à Dadile).
Vos àrcz ma compris.
— 469 -
MÈLiE (« Dadile).
Allez, fcûssedi rùchà, v'qwirrîz Saint Pirre à Rome.
Fez 'ne creux là-d'sus, louquîz, d' voleur co r'prinde ine homme.
J'iian-Jacques (à Mi'lic).
C'è qu'elle si r'sin.
{à Dadite.)
Jans, jans, Dadite, ni choùlez nin ;
Si v'volez, ji v'qwir'rè-st-onque qui v'convairè bin,
Et qui v's aîm'rè de mons.
Dadite {qui n' choâle pus).
Pinsez-v'l
Même {A Dadile).
Louquîz donc, comme elle glètle.
Dadite (à Mélie).
Taîhîz-v', vos, tourciveuse, ou j'raballe vosse clappèlte.
SOLSSOUR.
Jans, Dadite, ji v'di co qui c'è-st-on mal ètindou,
Ca m'mariège, avou Gilles, èsteu déjà conv'nou.
Dadite.
Allez, si vos v'mariez, c'è po fer l'tant à faire.
Même («r autc).
Vola co Tchin qui hagne.
Dadite (à Soussonr).
Vos n'vis arring'rez wérc.
Soussoup. {à Ddditc).
Allons, n'sèyîz pus mâle, louquîz, j'va fer l'cafè.
Dadite.
N'èl fâ nin fer por mi, j'ii'èl beurè nin.
Scussoun.
Poquoi ?
- 470 -
Mélie('Î Soussonr).
Lèye qui n el beurè nin !
(À Dadite).
Av' rouvî lès dorêye ?
J'han-Jacques (à Dadite, loi H faut oder les dorcije).
Odez-lès, jans, Dadite.
SoussouK (à Dadite).
Jans, sèyîz binamôye!
J'han-Jacques (à Dadite).
Ine fèye à fer.
Dadite (à J'han-Jacques).
Tot-rate, vos, vosse geaive va peter.
J'han-Jacques.
V'n'èslez nin co m'bèlle mère, savez, Dadite, po l'fer.
Gilles (à Dadile).
D'hez qu'awè, jans, Dadite.
J'han-Jacques {à Gilles).
Elle èl va fer, vîx stoke.
Dadite (à Gilles, toi /' man'çanl).
J'èl frè, mais j'a sor vos on dint.
J'han-Jacquf.s {à Dadile).
On dint ou 'ne broque ?
SOUSSOUR.
Jans, Dadite, rifez l'pâye et ji v'pây'rô sovint
On bon qwârti d'doréye.
{Dadile si hii-st-à dire.)
Gilles {à Dadite).
Awè jans, d'nezm' li main.
{Is s' dinèt l'main.)
— 471 —
Dadite {tot-z-aksègnani Glllci).
Louquî/C donc, n'dirizv' nin onque qui vin iïer manchette.
(à Gilles.)
Mais pus tard, rawàrdez, v'Iès compl'rez vos bèrwètte.
J'han-Jacqles.
Lu, jamâyc i n'pièdrè, pa frè noûf tos les cùp,
Sins fer bèrwèlte à l'planche.
Mélie.
Louquîz, donc, l'grand bâbô !
SOUSSOLR (qu'a fait /' cnfè).
Jans, vola l'cafô fait, buvans, l'tâve è mèltowe.
Gilles.
Po l'keure qui v's allez fer, Soussour mi cour rimowe.
{ilèlie è-xt-adlé Vcfaiii, Dadite côpe é cachette on boqtiùt d'don'ye).
SOUSSOLK.
Ni m'nounnnL'z pus Soussour.
MÉLIE.
Nenni dai, 'Ile a 'ne èfant.
J'iian-Jacqles.
Bin, nos l'noumm'rans mémére.
GÎLLES {à Sonssour).
Awè, vosse cour è grand !
J'h an-Jacques.
Ainsi, c'ôbin conv'nou, m'bravc Soussour si marèye
Avou toi, camarade, et li p'iite Mèlie, lèye,
Rawàrdrè co 'ne miette, J'han-Jâcques a co bin l'timps.
Soussour.
Et s' dihans comme li s[)Ot, lot è bin qu'linihe bin,
Ca l'ci qui su l'bonne voye a todis Tcour à rùhe.
— 472 —
J'han-Jacques.
Et po fini, chantans, po qu'tot rmonJc seûye binâhe.
(/« chantét so Vair de rcsplcil de l'cluinson di : Malvina.)
Chanlans, rians, fans l'sot, (bis)
, Si n'jowans l'comèdèyo,
C'è po qu'on s'plaise qu'on rèye;
Chantans, rians, fans l'iot,
Abèye amusans-nos,
Tûl-for nioqiians-nos d'tol ;
Chantans, rians, fans l'sot.
Li teûle tome.
Lès bouteû-foû
Jây'lai naturaliste è treux ake.
PAR
Auguste et Clément DEOM
Devise :
È fond de peûpe.
MEDAILLE DE BRONZE.
PERSONNÈGE :
3\CQ\]E^,boH[eû-foû 26 an.
BOUYOTTE, boulcû-foû 50 »
NOQUETTË, rauh'û d' rivage 29 »
HINRI. imprimcû 22 »
C\\\^\0'S,toueûd'aballa{ic 32 »
MENZIS, mnisse di cabaret 5-4 »
HENDECLICIIE, /ioiïî/c 50 »
MOP.Tl{0{}\, ovri d' fabrique 40 »
COIjXS, présidinl de bnl jwpulairc 50 »
KU.ESSE, cochei d' vigilante 36 »
DELCMIF, canâli 57 »
L'AMÂNDA, marchand d'oubli,
.^'archand d' (]rènâde.
GÈGFj, mère d'à Jàciiues cl d'à Tonnelle 01 »
TONNÈTTE, fèye d'à Gègè cl crapaude d\ï RouijoHe .... 28 »
].0[}lSK, fèije d'à Menzis et crapau'Ie d'à Hinri 21 »
GAIilTE, feumme d'à Colas 47 n
Ine pilUe bâcelle 8 »
Corcû, dnnscû, danseuse cl figurant.
N B. Les lieux ake si passât è 1' poroche S.iint-Phoyin, M samaîne
de rfièsse;li prumî, li dimègnc; li deiiz;iîme,li londi;li treuzaîme, lijûdi.
Lès bouteù-foù
JAy'lai naturaliste è treux ake.
PRUMI AKE
LES COLÈBEU.
L\ scène riprdsinte ine warihai de 1' porochc Saint Phoyin. A prumi plan, à dreule,
li mohonne d'à Gègô; diso lès finiessc, so on skanfàr, sont hàn;ni dus logiime, ine
cleuse di eûtes peure avou on bai blanc drap qu'ennè rafulc li mittant ; adonc des
chique, frûlège, borai d'bois, so on p'tit botiquot à l'mùde dé qwùrli A pruml plan
gauche, li cabaret d'à Houbert Menzis, ayant comme èsègne : A rajour des boutcû-foû.
A dreute dé 1' mohonne ine palissade, à 1' dilongue de V quelle si trouve on banc
d'bois, on coirdai qui sicve po léyî d'hinde l(>s banslai, vin d'à pégnon gauche de
r mohonne d'à Cégè, et 6 loyî à l' liesse de dicrain pà dé 1' palissade. Li mohonne
d'à Menzis deu-t-avu ine finiesse dinant so 1' pavôye, et so les cwârai deux rondai
d'keùve. Qwand li teille lîve, sont assiou so 1' banc, disconte les pàfi, Hendècliche et
on coreu. Noquette, drèssî, vude li gotle à Hendècliche. Jacques, li liesse è i'air,
louque après lès colon ; è mitant de 1' scène, à treuzainie plan, treus coreû accropiou,
fèl on rond et jowèt à I' polte.
Scène I.
J.VCQUfô, NÛQUi-yriE, [lENDECLICIll-:, QUATK COFŒU.
1" Coreu.
De maque.
^^ COIŒU.
Ji copc.
— 47G —
5* COREU.
D'à meunc.
Jacques {loi louquanl è ruir).
C'ô-st-ine bîhe à rîdèye.
5* CoREU {à paii).
Qwinze censé qui j'wangneùc'ste heure, ettot ratedîheàrdèye.
Ce r feùte.
Hkndecuche {àNoquetle, qui H vûde U goKe).
Qoi-st-èlle foute, doh, ti rrimplihc qu'à l' mitant.
Noquette.
l fâ bin fer 1' faurié, j'èiine ûrè wère ottant.
Louque, mi, ji n' di co rin.
IIendecliche.
Oh ! mi, zè 1' vou mes compte.
Li rôsse zè 1' m'èna foute.
2" Coreu {â trcuzémé).
T'è dVins.
5* Coreu (« dciizémc).
Awè vîx, compte
Tes point.
ï' Coreu.
Sîhe, noûf, quatoise. Eh ! bin, èsse ècrahî,
Valet?
Noquette (c Jacques, nvou s' main d'zeu ses oûye).
Vos 'nnè cial onque qui n'a nin l'air nâhî.
Saint Mathy, comme i flahe.
Jacques (à Noquctle, après avu louquî è l'air).
Cila qu' plaque âx nûlêye?
Pa, m' cowe, c'è-st-ine airchîche, on 1' veu bin à s' volêye.
Noquette (piqué).
On r veu
- 477 —
Jacques {lot /' covyoïnu nt).
T'a l'oûye pèrèye, Noquette; houle çou qu'ji l'di,
C'è-st-ine ange qui va prinde si pièce è paradis.
Hendecliche {avou ridcye dès d^ner 4' côp à yoquclte).
Ou le-ce nin li Saint S'prif
Noquette [tôt r'monlanl l' scène, po fer fini /' conversation).
Awè, bonne nute, dès preune.
Jacques {sur di lu même).
Li prumî qui vinrè, wage tu qui c' sèrè ï meune.
Louquc bin d'zeu li c'tadèlle, et t'èl veurè serrer.
Hendecliche (à Jacques).
Tè V deu k'nolie ton colon, ce d'à tonque.
Jacques.
Assuré,
Qu' c'è d'à meune.
[Tôt mittam s' main so li s' paie d'à Soqiiette.)
Hoùte bin, sésse; i va prinde si tournt}ye
Dizeu r tour Saint Phoyin ; ci n'è nin d' ciste anncye
Qui 'ne saquî colèbèye; ji wage...
Noquette.
Awè... s'i r'vin.
Jacques.
I n'sa màye trèbouhî, qui faisse bîhe, qui fuisse vint,
C'è todis r iî môme bièsse.
Hendecliche {toi .s' levant, à Jacques).
Di donc, ti t'embalêye,
Sésse, l'ami.
{Les coieu «' di.tpittct iule zclles.)
2' CoREu [â prumi).
T'a bourde, louque lu, c'è-st-inc pèlêye.
Pa, c'ù li qu' vin d' m'ùl rinde.
— 478 —
Jacque- {â.i corcii).
Hai la, liai la, douc'mint.
2" CouEU (luclia à prumî).
Ce d'à mcune.
1" CouEU {n deuzaime).
T'a blanqui.
Jacques (àx cor eu).
Ti tairèssc on moûmint,
Tes aute, ca s' ti brai co, ji t' kipille jisqu'è Bêche.
2'^ COREU (fl Jacques).
Bin, i m' plai d'avu m' vîr.
Hendecliche {àx coreu)
Volez- v' vite clore tè bêche.
Ou zî va laper m' chique.
2« Coreu {mûvas).
Qui raconte-tu, flamind?
Hendecliche.
Zè r raconte que zè 1' di qui ci tè l' ti tais nin,
Zè Tva fer vèyî t' père po l'aute costé de 1' boke.
2*^ Coreu.
Et poleur, c'ènne è deux. Ci n'è nin 1' pus grosse cloke
Qui mûne li pus d'arège, dai, vîx.
Jacques (à Hendecliche).
Ni l'accomple nin,
Sot m' vc, taisse-tu, lai-T la po çou qu'il è, hein.
ilENDECLttlIE.
Mains.
- 479 —
Jacqies.
Jo, po Tamour di Diu, lai F po de pan toi sèche,
2" CoREU {à Hendecliche).
Ti n'a niâye magni nouque.
1" CoREU (a diuzcmi).
Saint nom di hu, clô l' bêche.
(rt NoqueCte qui s' voii mêler (V Vaffuire.)
Et li, ça n' ti r'garde nin.
2* CouKu (ri prumi, toi levant i' main po bouhi).
Oh ! ni t' kihènne nin tant
Ou ji l' va fer passer 1' gosse de pan,
NoQUEiTE {â deuzémc cor eu).
Mains portant.
I"^ CoREU {lot levant s' main).
Non di hu !
2« CoREU {si rccrcstanl).
De bouhî, si ti fai màye astème,
Ji va d'on maisse côp d' pogne ti disfoncer l' baptême,
(Is s'acoyùl. hoquette vielle inlc deux.)
1° CouEU {à Nuquctlc quel tin).
l.ache mu.
NcouETiE {à prumi corcu).
Ti ferre sor mi.
2" CoREU {à prumi).
Ti m' foute dès côp d' la!on.
I fâ qui t' corvai lomo è cou di t' iianlalon,
Poùi ri !
— 480 -
1" ConEu {lot houhaiit so r deuzcme).
Rin n' va !
NoQUETTE {si sintanl strindou).
Jacques ! Jacques!
* Jacques {tôt saijant di lès dislèllcr).
Non di hu, quelle chawâde.
Ji v' va lot-rate hiner vos hozètte à 1' hapâde,
Gamin!
NOQUETTE.
Jacques ! On m' sitronle.
Jacques.
Volez-v' vis distèler,
(On ètind on foin côp d' huflet è /' coulisse.)
Ouji v'dihâsse turlos.
{Les corcu et NoqtietCe tottmèt à /' terre).
Hendecliche.
Jacques, on 1' vin de hufler.
Jacques {bouhanl d'avl d'avû).
{A Hendecliche.)
Saint Houbert, que bazar ! Raye lu po 1' pai di s' vinte.
{A pritmî coreii.)
Ji n' se nin qui m' ralin, vùrin, qu' ji n' ti crèvinte
D'on côp d' pîd ; cour â diale, vasse so tappe, laid hilraî,
Et qui ji n' ti veûsse pus.
{Lès coreû qui s' rilcvèt corèt so tappe, Noquétte dimeure couqui à V terre.)
Hendecliche.
Zè r tinéve po 1' hatraî
Qu'èl pouléve pus bod'gî.
Jacques.
Falléve lî mette li pôce,
Ou bin distèler t' cingue, et lî fer quéquès dusse.
- 481 —
NoQUÈTTE {loi s' rilèvant).
Viqqe-ju co, n' vique-ju pus, ji r vin co 'ne fèyc di Ion.
Qui vou-ju dire, donc, Jacques, è-ce d'à vosse, li colon.
Jacques.
Nènni... louque lu serrer, c'è 1' hàmé d'à Bouyotle.
Scène VII.
GÈGÈ et LI P'TITE BACELLE.
Li P'tite {inleurc po /' fond dreûte).
Gègè!
GÈGÈ.
Qui v' fâ-t-i donc, mi èfant?
Li P'tite (kihachanl /' français).
Des cuites poire,
Pour sept cennes et d' mi, mains n'è mettez pas des noire.
Gègè.
C'est les premières, da, m' fèye.
Li P'tite {porçâvanl).
Car ma mère n'en veut plus.
Gègè.
Comme vous êtes bien flochtêye donc, binamé Jésus.
Pourquoi n'avez vous pas été porter "ne cabasse,
Donc, à la porsèclion.
Li P'tite.
Mon père dit que j' m'en passe,
Parce que 1' curé n'a pas voulu donner les fleurs.
Faut qu'on l's achète, parait.
51
— 482
C.ÈGÈ.
Oh! Sainte vierge, que malheur!
Vous qu' est si bcllo ainsi ; je n' ses pas quoi qu lî stichc.
Car vous êtes atiféc tout comme une fille de riche.
{A public.)
I n' louqu'reû nin d' si pro s' c'èsteù po ses colon.
Li P'tite.
Moi, donc, qu'avais slrumé mon tout neuf pantalon,
{Elle tivssc si robe èc lai vcije à Cèijè h dintèlle di î' pantalon.)
Gardez, parait, Gègè.
Gègè.
Mains, saprichou mes botte.
(.1 public.)
Ji se qu' po r gâilloter si mère è-st- assez glotte,
Elle freû mîx di m' payî.
Li P'tite (toi disfanl /' papî po d'ner lès censé à Gègè).
Maint'nant trois boraux d' bois.
{Toi d'nant lès censé.)
Ma mère à dit c'est l' compte avec cesse qu'elle vous doit.
Gègè {toi rafaçant so /' volèl).
Je vais rabatte la rôye,
{Dinant lès borai d" bols.)
Tenez.
Li P'tite.
Et ma rawette ?
Gègè.
Un morceau d' récoulisse, tenez... a r'voir poyètte.
I.i P'tite (lot sorlanl).
A r'voir.
— 483 —
Scène VIII.
Gègè (à H p'iite qu'ènnè va).
Mercij nosse chèt.
(A public.)
Bin aclèvéye èdonc.
Ossi c'è çou qu' ji nomme pratique à l'amidon,
On l'sî vind pos treus censé, fâ l'sî d'ner pos 'ne dimêye,
Et n' wèsreu-t-on rin dire, ca 1' mère è si mamêye,
Qui so mons d'on clègne d'oûye, elle âreu rèvinté
So leus ouhe totes lès gins de 1' rouwalle Vigoter.
Avou dès s' faites cande, ci séreu vite bernique,
Ji tape li clé d' zo l'ouhc, et j' fai 'ne creux so 1' botique.
DEUZÊME AKE.
LI JÊTT'RÈYE A L'AWE.
Quéquès explication so l' jètt'rèye à l'ûwe.
Toi ossi bin è l'Hèsbaye qui so 1' pays d' Lîge, li jeu si nomme
jètl'rèye; on di portant quéques feye laper à l'àwe, mains tôt çou qu'è
di \îx joueu à'ijètter, c'è çou qui m' fai prindeci cial.
Ll JÊTT'RÈYE.
Li tièssc de i' Jètir'ctje si fai comme çoucial. Dès grands piquet
chèssî è terre, fèt comme ine espèce di d'mèye gloriètte èl sont r'Ioyî
èssonle, avou dès colie d abe ou dès faliène qui passét lot ascohanl
d'on pâ à l'aule, û fisse de sloper li pus possipe, po si quéquc fèye
ine celle vinéve à passer ouïe de l'grive ; à on mêle ou on mète è d'mèye
en avant, deux gros pâ sont chèssî è lérre; is ont ciiasconque \r\e grive
(qu'on nomme ossi hèrpai) qui fai li d'mèye cèque, et qu'è ou chèssêye
ou boulonnêye è pâ. Vola çou qu'on nomme li liesse d'ine jèttr'èye.
Divin r limps, on s' sièrvcve ossi di rowe, mains comme coula n'è pus
d'raôde, ji n'è parol'rè nin.
DE L' TAPE.
Li tape è sovint à dix mète ; elle è marquèye avou 'ne i ôye faiie è
terre, ou bin avou 'ne planche mèltowe so crèsse disconte li quelle li
joueu mette sovinl s' |)id à sloc pos avii pus âhùye po-z-èslonder s' celle.
Li joueû pou sorlon s'idèye, â fisse de qwèrri s'clapège, èl ralongui,
mains nin l' raccourci.
DÉ L'GÉLLE
Li longueur d'ine celle è di vingt-cinq pôce di Lîge, elle ni pou nin
èsse èvûdèye.
— 485 —
DE JEU.
Divins l' timps, on pindéve tol-fér à r grive ine Awe, « on jVir comme
dihèl lès joueu ». On 11 méltéve li tièsse è l' gueûye de Vgrivc, on lî
ravive on vanai qu'on fève passer divins deux tro, qui sonl fait so li
d'vant, âlisse qu'elle ni pùye nin v'ni foû, d'oUant pus qu'on pindéve
adonc l'âwe viquanle.
JETTER INE PATTE DI POURÇAI.
On pindéve on pourçai ou on d'mèye, seùye-t-i po 1' palte di diî, et on
jèltéve dissus jusqu'f» tant qu'elle fourihe côpêye.
Ac'ste heure, on jette ossi po des censé, dès jambon, dès robètle, etc.,
50 on bloquai à' bois ferré, qui pind à 1' grive avou 'ne coide espèce di
grosse filasse, qu'on nomme bidanr.
DE L' MANIRE DÉ JÈTTER.
Avu clajiègi'. On a clapège, qwand c'è qui, après avu fait s'tour et
d'mèye, ou deux tour sorlon l' brèsse de joueu, li celle vin s' mèltebin
dreûle di manire à barrer 1' grive. Qvsand li celle sèche ou stiche,
c'è qui r tape et trop longue. lA celle hcrchante, li mèyeu d' tote, è
jèttêye di d' zeur, fai on d' mèye cèke è l'air, et vin raser disconte li
grive, tôt rlinchant ine miette, çou qui fai qui li riêsse s;.'îme li bidaur
èvôye, ou bin 1' fai stinde, estant d'né, qui tote li foice si fai è bas.
Jèller d flèvé, c'è jètter s'célle di d'zos, çou qui fai qu'elle vin piède
tote si foice so 1' grive tolfanl fer on hion â bloquai.
Jel'er di stoc, celle qu'ènnè va lot sûvant 'ne ligne horizonlàle.
Jèller trop foirl de plat, askure li bidaur avou 1' plat de 1' celle.
Prinde trop di f\ér ou d'grive, askure trop foirt li grive, çou qui fai
qui bin sovint li celle rispite sins avu adusé 1' bidaur.
Qwand à l' régue de jeu j'él donne tôt 5 long èl'ake sûvant.
— 486 —
LIJETT'RÈYE AL'AWE.
Li scèno riprésinto li cibarèt lii mon Houbert Menzis. A prumî plan dreûte, ino
finièsse, ot à deuzème plan dreûte li poite d'infrôye de cabaret. A prumt plan gauche,
li poite de r chambe et à deuzême plan gauche li poite de l'câve. Li poite de
fond c'è r cis,se de 1' jèlt'rèye. A prumî plan dreûte et gauche ine tâve avou
treûs chèyire, ine treuzt^mo tàve à deuzème plan gauche. E fond à dreûte, li
canlièlte avou qudquès boltèyo divins, on krètin et dès verre so on d'goteu. A
r pareusse so on soùfiit sont hàgnôye dès botéyc à liqueur, dès verre, dès pipe di
terre neure èl blanke divins on vèrro à btre, dès souke divin on bocal, des p'tits
oui à costi?, et tôles lès p'titès ahèsse qui fà po on cabaret à 1' mode de quàrtî;
on drap pind à on clà so 1' costé de soûfnî. L' canliètte, ine tènn'lètte so
•ne chèyire po r'iaver lès verre, so 1' pareuse de fond gauche li loi so l'ivresse,
dès programme di colon, dès affiche d'assaut d' chant, dès fièsse de quàrli, bal
populaire, etc.
Scène III.
LES AUTE, pus JACQUES.
Jacques {rinteurc avou s'célle po i'2*p/aw dreûte).
Vo-m'-cial, savez, vo-m*-cial, ji n'a sur nin wâisté,
Hein, Bouyotte?
BOUYOTTE.
Diale dammage, on l'aveu-t-aprusté
So lès montêye de 1' cave.
Chamon (prindani V celle à Jacques).
Saint Mathy, c'è-st-ine geûse
Coula; louque, donc, Menzis, sin 'ne mièlte çou qu'elle peûse,
C'è tote li chège d'ine homme ottant 'ne dame di paveû.
Menzis {qu'a pris VcélU-).
Ji rèspond qu' c'è 1' prumîre si posante qui ji veû.
Jacques.
Kimintjôtt'rans-gn' libelle?
— 487 —
BOUYOTTE.
Comme todis, po 'ne tournoyé.
Li ci qu'èl lai là, piède.
Jacques {à Louise, quisiève li louméye qui s' pérc a k'mandd).
Merci dai, m' binamêye,
E-ce so l'dreûte ou so l' iiinche, Bouyotte, qu'on va jèttcr ?
BOUYOTTE.
So totes lès deux, surmint.
Chamon.
On moumint, arrèstez.
Jacques è par qui trop foirt, i fà qu'i faisse troquotte.
Ou bin i sèrè d'vins.
Jacques.
Ji m' va fer dès cloquètte.
Mains ma frique, j'ènne a d'keûre.
Bouyotte.
Set m'vé, nos l's è traw'rans
Avou 'ne awèye â châsse, tes cloquètte, et n'iairans
On coron d' laine divins.
Scène IV.
LES AUTE, pua NOQUETTE.
Noquette {inteurc pol' poêle de /' jcti'rène, il è k'pagiité et ù l'air
èdoirmou).
Rinamêye Sainte Bablène,
Comme j'èsteù-st-èdoirmou.
Bouyotte.
Di wisse vinsse, donc, halcnc?
— 488 -
NOQUETTE.
Ji vin d' wisse qui j'èsteù ; j'a stu siner m' papî
A bureau wisse qui 1' royc va bin lu môme à pîd.
BOUYOTTE.
Quelle ibquince, toi, valet.
Jacques {à Bouyolte mostrant Noquetle).
Kimint, déjà macasse ?
Menzis (à Louise, voyant qui Moquette vas'assir).
Bogîz lès verre, Louise, qui tot-rate i n' lès casse.
Noqcette (tôt s'asaiatit à V tave di dreiîte).
Payîz-v' li gotte, vos, Jacques, ca ji n' se pus rèchî,
I m' sonle qui m'Alouètte va tot-rate si d' tèchî.
Jacques.
Ci c' n'è qu' çoulà qui t' fâ. Vûdîz lî 'ne grande, Louise.
Bouyotte (à Jacques).
Wisse èl va-t-i mette, donc ?
Jacques.
Ji n'sé nin mi même wisse,
Ga j' creû qu' lî flotte è 1' boque.
Noquette (à Louise qui U apoite si golte).
Wisse èstez-v' donc, m' poyon?
Louise.
Vo-m'-cial, prindez vosse verre.
NoQi'ETTE {lot s^drèssatil, à Louise).
Vèye geaive, va, cour d'ognon.
Vos frîs plorcr mes ouye si ji v' louquîve co 'ne gotte.
Louise.
Assiez-v', qui vos n' toumésse.
489 —
NOQUETTE.
Et ji dispâdreû m' gotte,
(A Jacques.)
Edonc, pinsêye di m' cour, vinez. A vosse santé.
C'est drole, donc, qui l' pèquct ji n' èl se pus goster.
Merci cint leye,sésse, Jacques, ji t' riknohe, t'ô-st-ine homme;
Por mi, r gotte c'è m' bouyon.
BOLYOTTE.
Et t'èl beû sins qu'on l'home.
NOQUETTE.
Dominé, patte di poye.
BOYOTTE.
Qui vou-j' dire, lès ami,
Volans-gn' so 1' côp k'mincî ?
NOQUETTE.
Kimincî, nin sins mi.
Jacques {avou ine air di moqurèye).
Nènni, hein, Saint Houbert; pa, n's ârîs belle à mette
Foice et corège en ouve qui nos fris co bèrwètle.
Nos passer d' toi? Jamùye! i n'âreù rin d" bin fait,
{Fdss'mint )
Ti nos vinrè à pont... ti va fer li stokai,
Et nos frans roum dou doum so tes rein.
NoQUETTE (.si Hue et sap'i'picy di Jacques).
(Se l'aHaire.
D'abord po rinde sièrvice....
Jacques (à Noquclte, è miltant de /' seine).
Mains d'abord ti t' va taire.
Boute ti liesse inte mes jambe.
(Moquette mette si liesse inte lès jambe d'à Jacques.)
— 490 —
(Jacques dx oute.)
I dire r numéro,
Adonc mi ji comptrè.
Chamon.
Mains s'i brai mâye zéro.
Jacques.
Et bin n' comptrans tôt l'même, mains c'sérè lès bièstrèye.
NoQUETTE {qu'a r tièsse inte lès jambe d'à Jacques).
Qu'on s'dihombe, ji sèfToque.èt j'creû qu'c'è d'mi qu'on rèye.
Jacques {à turtos).
Ji comptrè tôt k'minçant po l' ci qu' ji mosteûr'rè.
Et c"è comme li molin â café qui j' toun'rè.
Estans-gn' turtos contint.
Turtos
D'accoird.
(/* fét li d' méye rond et Jacques è-st-è miiani.)
Jacques.
Allé, Noquètte,
Brai de pus reûd qu'ti pou... si ti n'a nin 1' hiquètte.
NoQUETTE {d'ine voit iote sitronléye).
Treûs.
Jacques.
Noquètte onque, Menzis deux, c'è Bouyotte qu'à l' treûs.
{À Bouyotte.)
C'è toi qu'attaque, vèssèye, sâye de flahî d'adreût,
(A turtos.)
Ji pinse bin, lès ami, qu'on riknohrè ses pièce.
Po m' part ji su Châmon, et Châmon su Kilèsse.
{A Bouyotte.)
A 'ste heure, allé, soroche, louque d'èl bin attraper.
— 491 —
BocYOTTE {tôt f montant.)
Ji sày'rè d'èlsitinde... caj' n'ôl sâreù côper.
(/« innée turtos è l' jètt'rèye.)
Scène XI.
LOUISE et GÈGÈ.
Louise (à Gègè qu'inteure po T dcuzéme plan).
Bonjoù, Gègè.
Gègè.
Bonjoû, m' fèye.
(Elle mène fi bottètje xo V canlièlte.)
Louise {qui k'nohe H pratique).
Po doze censé et d' môye.
Gègè.
Awè, mains mès'rez-m' bin, savez là, m' binamêye.
Louise.
1 n'a vosse û qu'è cial.
Gègé.
Coula ji m'è dote bin.
Ja«ques {è r jètt'rèye).
T'a cojètté di stoc, là, Bouyotte.
Gègè {à Louise).
On l'ètind,
Cachîz todis m' botèye qu'is n' vinèsso tos èssonlc.
Louise.
Is n' polèt ma, Gègè, j'è so sûr.
Gègè {comme si elle doléve).
I v's èl sonle.
Ce quiji knohe mi li. S'i m' vèyévccial, èdonc,
— 492 —
Ce sClr po cou po tièssc qu'i m'apiss'rcù. Adonc
Sûr qu'i m' freù beùre li gotte.
Louise.
Vos v's èwarez bin vite.
Qu'è-ce qui c'è donc de beûre çou qui s' nomme ine pitite.
Gègè.
Bin ji n'y tin nin foirt... J'èl beû portant vol'tî
Qwand arrive lès sihe heure, ça siève à m' rinètlî
Li stoumac; c'è vrèye, dai, ji sin 'ne saquoi qui m' mâque,
Adonc ji beû 'ne dimêye.
Louise.
C'è r fî même qui vosse Jacques.
Gègè.
G'è-st-on pleû di m' pauve liomme qui l'bon Diul'àye so s' haut.
Dispoye qu'i m'a qwilt4, pos aller d' vès la haut,
I falléve tos lès joû, qwand arrivéve li cîsse,
Fer raison avou lu... L'habitude è bin prise,
Ca d'pôye qu'il è-st-èvôye ji n'a jamâye rouvî
De vûdî lès deux gotte, eune por mi, l'aute po 1' vîx.
Mains, comme ji so tote seule ji beû lès deux mèseûre.
Louise.
C'è r prouve qui v' l'aîmiz bin.
Gègè.
Po coula ji v's èl jeûre,
Et jamâye si portrait ni m' qwitteon seul moumint.
G'èsteû-t-on si brave homme, il aveu l' cour so s' main.
Tôt r fî même qui s' fi Jacques. Vocial co 'ne fèye lès lame.
(Rissouwant sèsomje.)
Qwand j'î tûse èdonc, m' fèye, coula m' va jusqu'à l'âme.
Ni l'avez-v' nin knohou ?
Louise.
Pa ji creû bin qu' sia,
I n'èsteû màye foû d' cial.
I
- 493 —
Gegè.
Awè dai, m' pauve Colas.
(Elle paye et prind s' botèye.)
Dinez m'èl cial, dinez, ji m'èl va mette è m' poche.
{Tôt louquntits' botitje.)
Hôye ! qui j' so bin mès'rêye.
Louise.
N'è-ce nin 1' fièsse de V poroche ?
Gègè.
{Elle va jusqu'à l'ouhe, adonc s'iitoune.)
Oho! jusqu'à tot-rate. Dihez donc, vosse galant,
G'è-st-on rare tourniqueù.
Louise {èsbârêye).
Hinri.
Gègè.
C'è-st-ine étant,
Coula... Si ji tin bin, ji l'a vèyou deux fèye.
Vini vèye ùx cwùrai qui qu'èsteu d'vins. Mi fèye,
{Comme po plainde Louise.)
Vos avez ma chûsi.
Louise.
Poquoi n'inteûre-t-i nin*^
Gègè.
Il è bin trop napai, ji n' se nin m' dire kimint
Vos aîmez c' crichon la, wisse av' tapé vos oûye
Po prinde on mousse-è-foùr ainsi.
Louise.
L'amour è-st-hoùye
Aveûle, Gégé, dabùrd jamûye on n' la k'mandé.
Gègè.
Allez, po prinde on s' fait, valéve mîx d' rawùrder.
— 494 —
Pa, v' serez malhureuse po tôt 1' restant d' vosse vèye,
Dihez-m'? qu'a-t-i d'vins lu, qui v's areû d'né l'évèye
D'è r hanter? Gè-st-ine planche, on tôt p'tit mimbe di Diu,
Ses jambe vèrgèt d'zor lu, s'i n'è nin tourné jus.
Pa de r vèye di s' pauve coirps ji n' donreû nin n' dimôye.
Cè-st-ine homme di monCap Taihîz-v', donc, m' binamêye,
Et s'iouquîz li d'fèrince avou l' câreure di m' fi.
Foû d'ine homme comme mi Jacques on freû bin treûsHinri.
Ine voix {â d'foû),
A botique !
Gègè {drouve Vouhe èl brai).
On y va.
{À Louise.)
Ji m' va riv'ni tôt -rate,
Ci n'è qu' Marôye Boleû, mains jèl sièvrô à rate.
Rapinsez-v' todis 'ne gotte â sujet d' vosse galant.
(Elle sorte.)
TREUZÊME AKE.
LI BAL POPULAIRE.
Li scène riprësinte ine warihai, â prum! plan dreûte si trouve li mat d' cocagne,
a Ireuzônie plan dreûte, on veû li cou d'on galiot, aveu dès pèrpite di musichin
dissus; à mutant de 1' scùne on ballon di papi d' sôye coleur de l'nàtion et ine
lampe vénitienne à cou. A prumî plan gauche, li cabaret di mon Garite avou ine
tâve so r pavt-ye, on banc dizos l' finièsse et dès chèyire àtoû de 1" tâve. Tôles les
mohonne de 1' pièce sont garnèye di ramaye, di drapeau, di veulc di coleur,
di lampe vénitienne, et di guirlande di pàque. Disconte li teùle di fond d'air
treus pice blanquèye k 1' châsse sont plantèye è terre, elle sont r'ioyftye eune
à l'aute par dès guirlande di pâques, dès veûle di coleur èl dès lampe vénitienne.
Ine àbaronne à l'copètte di chaque plce et dès blason wisse qui lès guirlande si
ratrapét.
Qwand li teùle Hve, sont assiou à l' tâve Jacques, Bouyotte, Chûmon et Hende-
cliche. Garite è so 1' soû di s' mohonne et quéquès gins louquèt li gamin qu'è-st-à
r copette de mat d' cocagne Deux homme et l' prèsidint chipotèt âtoû de ballon;
ine aute èsprind lès veûle di coleur et lès lampe vénitienne, lès musichin montèt
so r galiot. A bal populaire, lès danseur tournèl li mutant so V scène et 1' rèsse
è r coulisse.
Scène I.
JACQUES, BOUYOTTE, CHAMON, HENDECLICHE, GARITE
{èl r figuration).
Bouyotte {àx aute).
I va col)in qu'è V cave JAcques ni la nin k'dansé.
Noquètte âreû stu gûyc, ji n'y oise nin pinser.
{A Garile.)
Jo, rimplihez lès verre.
496
Garite {lot d'hindnnl ju de sou).
Qui buvez- v'?
Jacques.
Totès golte.
Chamon.
Dinez-m' on pinlai, feunime, ji n' veû cûsî pus gotte.
Hendbcliche (à Chamon).
Kimint por treus-zè-goutte.
BouYOTTE (à Garitte).
Ni vûdîz qu' tôt pèquet.
{Ax aille.)
I fà r jùdî de r fièssc qu'on seûye so 1' houpdiguèt,
Qu'on braisse, qu'on danse, adonc mette si geaive è caroche.
N'èstans-gn' nin cîal lès roye, lès vrôyes basse de 1' poroche ?
Qu'on s' rimowe, Saint Mathy, buvans, buvans co pus.
Nos r vorans co bin fer qui nos n'èl porans pus.
Dimain c' sèrè trop tard, nos ârans 1' bâbe broulèye.
I fàrè fer 'ne creux d' sus, 1' fièsse sèrè rèvolôye.
Jacques {à gamin qu'à so l mal cocagne).
Tin bon, valet, corège !
Hendeci.îche (rt gamin).
Tè r n'avéve qu'a rdyî.
BouYOTTE {à gamin).
Ti n'a nin sur li chùze, c'è çou qu'on t'a lèyî.
(Li gamin ride jus dé mat d'cocngue avoii on paquet è s'tnainqu'à Vair di raviser on
sâro di coiinàde.)
TURTOS.
Bravo, bravo !
Jacques {à gamin, qu'à V panai qui pind foû di s' maronne),
Sâvc-tu, valet, n'a t' norè d' poche
Qui pind foû di t' cou d' châsse.
(Li gamin i' sâve tôt joyei'i.)
— 497 —
BOUYOTTE.
C'è r drapeau, hein, soroche?
Scène II.
LES MÊME, pus NOQUÈTTE {so V llmpdUjuèl).
NoQL'ETTE {inleurc po l' gauche et dliind à drcûtc tôt chantant).
Les cœurs palpitaient d'espérance,
El l'enfant disait au soldat:
Senlinelle ne lirez pas, (Bis)
C'est un-z-oiseau qui vient de France.
Jacques (« Noquèlte).
La, qu'j'arawe, qui vola! di wisse rivinsse, donc, toi'?
NoQUETTE [tot-z-allanl vès îès autc).
Di mon Madame Sapin,
Chamon (à Noquètle).
Ça fai qu' vo-t'-Ià Ligeois?
BOUÏOTTE.
Dispôye li timps dèjù, c'è même inc bonne pratique.
(.1 Jacques.)
Noquètte inteure là d'vins comme ti mame è s'botique.
Jacques.
Ji wage qui so 'ne agent t'ârè stu raccoister.
NOQUETTE.
Ji n'sé nin çou qu' ja fait, mains qwand j' m'a dispièrté,
J'èsteù sur qui j'arawe bin Ion èrrî de 1' fiôsse,
Et-z-assotihéve-ju di seû, d' faim, et d' ma d' liesse.
Enlin ji n'a vèyou wisse qui j'èsteu logî
Qui qwand on m' dovia l'ouhc. Ossi, sins pus târgî,
32
— 498 —
Ji cora beùre doux grande è cabaret d'à V coine.
Qui nv tît tôt r bin de monde, dai, Saint Mathy d'Ardènne.
Adouc puis, hinquc ùt pliuque ji riv'ncve pâhùrmint,
Qwand diié I' grand bazar j'èsta sèchî po 1' main,
Par trçûs qvvate forsôlé qui dansît à 1' ronde danse,
Et n'montîs d'vès Sainte Creux, beûre dès nife (*) à treûs censé.
Jacques.
È poisse! Nos pâye-tu 1' golte à este heure?
NOQUETTE.
J'ôl voreû bin,
Mains ji n'a pus nin 'ne deûlsche.
Jacques.
T'a bourJé, hein, surmint.
Qu'àreûsse fait d' tes cinq pèce?
NOQUETTE.
Mes pèce, elles sont fondowe.
Elles bizèt fou di m' poche parèye qui dès colowe ;
{Ritouniant ses poche.)
Louque bin, Jacques, grande misère ; cial c'è l'costeûre qu'on veû.
{Vèyant rilure iiie saqitoi.)
É l'aute poche n'a-ju rin? Sainte Bablène on chawteû;
(^Tot priiidmtt/oû di s' poche.)
Nènni dai, c'è cinq broque, adonc puis 'ne vôye mèdayc,
Ji n' sârcû payî 1' gotle qu'avou dès rondai d' haye.
(Tapant SCS cinq censé so V dive, à Jacques.)
Di? vousse mette li restant,
Jacques,
Nènni, t' lès pou wârder,
Assîte ad'lé nos aute, va, frac, ji va k'mander
On verre di bîre por toi.
^') Nife = gotte ; ùrgol wallon.
— 499 -
NoQUKTTE [habit)' mini).
Nom di nom, nènni, Jacques ;
J'aîme mix de beûre ine gotte, ji sin Lin qu' coula m'mâque.
BouYOTTE {à PrédJint.)
Quelle novèlle, Présidint, gonfèlle-li, nosse ballon?
Ll PRÉSIDINT.
Awô qu'il assotiche, ji rèspond qu'irè Ion.
BOLYOTTE.
Tant mtx va.
Jacques (à l'ouhe de cabaret d'à Garite).
Qui vou-j' dire, wisse è-st-èlle, donc, l'tournêye?
(Ax auie.)
Garite, jo, dispôchlz-v\ Dièw! çou qu'elle tourniquêye!
On âreû fait 'ne èfant, 1* baptiser, l' confirmer,
Lî fer fini ses scole, et l' fer passer curé,
So r timps qu'elle nos siève, quoi !
Garite {appoirtant V tournêye).
Vo-m'-cial, dai, rapûh'lez-v'.
IIendecliche (à Garite).
È-ce qui tô 1' fais vos mène, le pèquèt?
Garite.
Kimint d'hez-v'?
Hendecliche.
Zè r di qui lè V di nin deux fèye pou l' même l'ârzint,
Pitite ou bin grande messe.
Garite {à Hendecliche).
Vos d'visez comme ine gins.
BoUYOTTE.
Dihez comme on prièsse.
Jacques (à Douyotte).
Taisse-tu, va, loi, sofïîètte!
— 500 —
Gakite {à Bouyolte).
On r pou bin dire ainsi, louquîz donc, quelle gorlètte.
I v' va bin, savez, vos.
BoLVOTTE {à Cari'.e, què-tit-uu' feumme comme on lorai).
Vos avez de toupet.
Jacques.
I d'vin crûs comme on mône dispôye qui magne li spais (*).
Ci n'è nin comme Noquètte, todis parèye, Marèye,
{A iS'oquetlc.)
Ji wage qui bâh'reû 'ne gatte inte lès coine. Hein, vèssèye?
NOQUETTE. ,
I n'è nin crûs qui vou.
Jacques (vâijant qui n'a deux verre trop pau so l' càbarèl).
Garite, vos n'fez nin bin.
I fâ 'ne gotte po Noquètte, adonc po l' Présidint.
Personne n'è foû de pan, d'abord c'è rai qui paye.
Et ji vou qu' tôt V monde beùsse, qu'èssonle on faisse li paye.
Chaqu'tant tant qui n' polans, i fâ hoûye qui 1' pèquèt,
■Comme on di, m' flotte è V boque, qu'on âye turtos s' ploumèt.
Sèyans dé mons joyeù comme sèrît dès liasse
Qui vinrît de r'planter leûs belle mère.
Chamon.
Quelle belle case
Qui ti plaitêye là, Jacques !
Jacques.
Oh! bin vo-l'-là, valet!
On aîme mâye tant s' belle mère qui qwand 'lie fai ses paquet.
(Garite apoice lès deux verre.)
Noquètte {après avu bu, à Garite).
II è bon vosse pèquèt, seul'mint ji trouve qui 1* verre
È-st-on tôt p'tit pau p'tit.
(') Qwand lés pourrai kimincèt à s'ècrâhi, on di qu'is magnèt li spais.
- 501 —
CiiAjiiON (à Bouyollc).
A
Osse, Faute? i n' si gène wère.
BOLYOTTE.
Mi, ji n' hé nin l' pèquèt, li grand verre ni m' gônc nin.
Mains j'aîme mîx 'ne pitite bonne qu'ine grande qui n'vàreù rin.
Si lès moirt d'à Chàtroû tinît todis 'ne parèye,
On lès veûreû lurtos rid'hinde à pus habèye.
Jacques (« Présidint).
Ohoî di donc, l'ami? Tôt wisse qui ti t' pièdrè,
Ji t'jeùre qu'i n'frè nin clér. Hoùte on p'tit pau, parait,
Ti nos a fait dès fièsse?
Phèsidint.
Ehbin?
• Jacques.
Coula c'è-st-eune.
Ti t'a fait présidint, ci n'è nin po dès preunc;
Ca t'è-st-on fin inarlou, rif raf, sin piède nou timps,
T'a-st-aringî l'affaire comme l'àrchitèke Plantin
Qui dèssinéve avou s' narène divins lès cinde,
Po s'pârgnî de papî.
BOUYOTTE.
Li mèrcridi dès Cinde.
Jacques.
Et toi, po r joù di t' fièsse, àfisse de fer 1' hazàr,
T'a fait t' plan di manire à haper tôt V bazar
A d' divant di t' mohonne.
Pkésidint.
Iloùtc bin, Jacques, è monde d'hoûye,
Ci qui n' se calculer, a V misère jusqu'àx hoûye.
A résse, i t'ù todis sèchî l'aîwe so s' molin,
Qwand on vou qui 1' rùle toûne.
— 502 -
Jacques.
Awè, t'ô-st-on malin.
NoQUETTE (à r lave, à milanl èdoirmon, chante). (*)
Traze Irôye èl Iraze vèrâ,
Traze vache è même silâ.
On barbaî n'a nin dès piou,
Mi j'ènne a dès mèye,
Dès mèye
Quéque fèye.
BOUVOTTE.
Quoi? Kiraint? qu'è-ce qui c'è, asse ine saquoi qu' ti pleure?
NOQUETTE.
Mi! ji chante.
BOUYOTTE.
Comme Tonnètte, qwand 'lie braî dès cutès peûre.
On gamin (â Présidint).
Présidint !
Présidint.
Qui n'a-t-i.
Ll GAMIN.
Li ballon qu'è gonflé.
Présidint.
Hai la ! lès musuchin, attintion de trât'ler.
Fez-v' infler dès sofflètte comme li drî d'ine botrèsse,
Vos ârez I' golte après.
BoUYOTTE.
J'èl paye, mains qu'is sofïïèsse
A pont de fer hiyi turtos leûs instrumint.
Présidint,
Et r bal sèreû so flotte.
(•) Fragmint (l'on vix boquèt qui chantdve todis m' grand pdre; ji n'a mâye
polou ènnc savu pus long, Ct ji pinsc avu bin fait de i' riprodui.
— C03 -
ROUYOTTE.
Pa, nos r rattaqu'rîs d'main.
Jacques (à laquelle, qui doîme so l' lave).
liai ! payasse !
NoQUETTE(.fi (lispièrtant rcûd à balle).
Qui toûne-t-i.
Jacques.
Çou qui toûne? Pa, c'è t' liesse.
Donne-mu l'brèsse, dispiède-tu.
NOQUETTE.
Vûlans-gn' aller so V ijôsse?
Jacques.
Awè, n"s îrans tot-rate.
Présidint (âx musuchin)
liai la ! lès canùrî,
Kslans-gn' bin turtos prête, nos allans l'ènairi.
Ine clapante brabançonne comme li joû dès ombâde,
Ji v' fré sène avou m' brèssc.
Jacques.
Nos aute, lès camarûde,
Nos allans fer 'ne ronde danse tôt ûtoù de ballon,
Et mi ji va chanter T brabançonne dès Wallon.
Présidint {âx cix qui sont àtoil dé ballon).
Li ballon ô-sl-i clér?
Ll GAMIN.
Awè.
Présidint.
Tinoz-l' 6 gognc.
A c'ste heure louquans on pau, nosse placard a-t-i 'ne cogne?
DouYOTTE [louqunnt V placard qu'è d'zo /' ballon).
Kimint? C'è 1' feùte di galle « Paroisse de Saint Pholien »,
— 504 —
(A Piisidiiit.)
Li ci qu'èl ritroûv'rc sûre bin d' wisse qu'i vin.
Présidint {â ci qui tin V ballon).
Altintion, tinez bon, ji frè sône avou m' canne,
Qwand èl fArè lâcher.
{Lès aille Jet OH rond dtou de ballon, li Présidint fai sène avou .?' brèsse âx musu
chiny vèijatit qu'is n'iiltaquèt nin, i bral â maitse de V jowe.)
Musique, donc, toi, grande canne !
Li musique attaque li brabançonne èl Jacques chante.
CHANT I.
Li vrêye Lîgeois, li joyeux camarade,
Ni d'inande qu'ine sort c'è de bin s'amuser ;
Tôt avâ r monde sins mâye poirier cocAde,
On l' rik'noh'rè rin qui d' l'oyî d'viser ;
Il aime de rire, il aime ossi s'patrèye,
Ca r liesse di hove lape û lâge comme â long,
Ce r joyeux hère, c'è l'homme qui tol-fér rèye.
Et c'è r bon cour qu'on veù d'vins lès Wallon.
(Li pré.iidini live si canne tl l' ballon s'ènaircye, on aperçu dizo V placard ine lampe
vénitienne èsprisse; les quéqu^s gins qui sont là fèt halcotter Icûs norè et fèt dès
cclamcûr. Vorchèssc attaque grand mère., etc. et is d'hindèt turtos à Vrampe et
chanièt.
CHANT II.
Grand mère savez vosse gatte. Bis.
Ca vocial lès sôdârl ;
(Tôt bouhant V main so V vinlc di leils voisin di dreâtc.)
Eune, deux, trciis, qwate.
Grand mère savez vosse galle.
{Tôt bouhant so V vinte di Icûs voisin di gauche.)
Eune, deux, treûs, qwalle,
Grand mère savez vosse gatte.
Is ont happé 1' cou d' chAsse di m' péro,
Is l'ont chàssî so l' liesse di m' mère.
Oh! lès méchants sôdArl. (Kis)
Bis
— 505 —
Jacques {et l's autc riront à l' tAvc).
Tapez nos l' gotte, Garitc, ca ji n' sin pus m' gozî.
Garite.
Tûdis parèye.
Jacques.
Awè.
NOQUETTE.
Mi, ji n' se pus rèchî.
BouYOTTE (fl Noquètte).
Dammage, po 'ne bonne raison.
NOQUETTE.
Ti m' va co fer 'ne sav'neûre.
BOLYOTTE.
Qwand c"è qu'on t'a spané, c'è-st-avou de 1' sâmeûre
Di haring, va, scîiye sur, adonc ça s' di tôt seû,
Si t'na nin l' cour aiwisse, i fà todis qu' t'âye seû.
IIendecliche.
El avéve ine stoumac qu'èstéve comnnc ine éponge.
NoQUETTE {à Ilèiidècliche).
Qui raconle-tu, Flamind, qui ji n' beû qui d' l'èpongo.
Ine boisson qu'avâ 1' boque plaque comme di l'amidon.
Tos mes boyal s' coH'rît ; pa, j' sèreû gâye adonc.
Hkndecliciie (à NoqnèHi').
Te r beù bin t'halvèskeùte, va.
Chamon.
Divins tos nos aule,
Si Noquètte ô 1' bon Diu, nos èstans lès apùte;
Ga, po çou qu'è d' boisson, jusqu'à 1' coude àhèy'mint,
Sins nos gêner 'ne miette, nos nos donrîs bin 1' main.
Li MAissE DE l' jowe {houquaul).
Présidint !
- 50G —
Présidint {A mni^se dd rjowc).
{Iloiiijudiit.)
Ji se bin çou qui t' fà. G^rite !
Garite {vinânl so /' soil).
Plaisse-t-i.
Prèsidim.
Ûincz on pau, seùl'inint qu' coula vûye vite!
Ine jusse di bîre, on verre et 'ne botèye di pèquct
{A maisse de V jowe.)
Ax musuchin. Eh! bin, c'èçoula, hein?
Ll MAISSE DÉ L' jowe.
Awè.
Jacques [à Y tûvc, âx mile qui volet choqu-:r).
Ni s'piyans nin lès verre, buvans onque avâ l'aute.
Chamon {après avu bu).
A Thonneùr di que saint èstcz-v' hoûye sins crapaute,
Donc, vos aute, sèrîz-v' vèf?
BOUYOTTE.
Qui n' pousse èl dire po l' bon.
Mains d'vant on pHit qwârt d'heure ti va vèyî, Ghâmon,
Qu'elles abid'lèy'ront cial, hein, Jacques?
Jacques (à B<mjoHe).
Li tonque! mains l'meune?
Ji n' veû nin pus ô s' cour, qui d'vins on brouèt d' preune ;
Adonc j'a paur Hinri qui lî plaque à ses rein,
Comme ine mohe à l' vèrgeale. Coula n' sèreû co rin,
Mains, de 1' zaffe di londi, di-m' on tôt p'tit pau 1' vrêye...
BOUYOTTE.
Oh ! coula, c'ô di t' fâte, fù-t-avu l'oûye Pèrêye,
Hein, scûrmint, po vèyî qui d'vès 1' câvc va llinri,
Adonc qu'c'èstcû Noquètte.
Ciiamûn.
Qu'a câsî stu k'moudri.
— 507 —
Jacques.
Enfin, à 1' wade di Diu, ji d'viséve avou lèye,
Histoire de touer l' timps; li crapaude è jolèye;
Tant qu'à l'honneur, valèt, ji voreû bin jurer,
Comme elle a fait ses pâque, elle rîrè d'vant 1' curé;
Adonc puis, qwand j'î tûze, mi marier, prinde ine feummc,
Mi qui m* plain po l'joù d'hoùye, bin qu'j'arawe c'è-st-apreume.
Li joû qui j' frè 'ne telle keùre qu'on m' mône vite â lolâ.
Ji sèrè-t-ossi sot qui 1' ci qu'à fait 1' palàs.
A résse, mi père, tot-fér tôt m' jasant dès feumm'rèye,
M'a dit traze et traze fèye : Hoûte, mi fis, s'ti t' marèye,
N'èl fai qui tôt â pus deux heure divant d' mori :
Elles t'ènnè front co vèye assez po t' fer maigri.
Chamon.
Ci qu'è bin rèsconlré, li mariage, valèt Jacques,
C'è r pus bai d' tos lès sôr.
Jacques,
Awè mains, çou qui mâque,
C'è qu'on fè foirt ràr'raint, rèscontré. Ji wag'reù
Qui d'vins tos lès marié, s'is d'vîs r'jouer leûs jeu,
Li mitant sur po 1' mons èvôy'rît l'attèlêye
A diale qu'elle vinsse qwèri.
BOUYOTTE.
Boge-tu, va, ti brùk'lèye.
NOQUETTE.
1 fàreû
BouYOTTE (fi yoquèttc).
Po t' marier, et po n' nin t' fer hairî.
On p'tit tonnai d' pèquèt comme li lour Saint Andrî.
Et ti marèy'reû 1' crâne.
HENDECi,icHE(à Noqvèltc).
A
Osse peler sur vosse geaîve?
- 508 -
NOQUETTE.
Awè, VOS l'aurez dire, qwand i ploii c'è de l' plaive.
{On cilnd on crâmignon.)
Jacques.
Hoûte on pau çou qu' vocial,
BOUYOTTE.
On crûmignon d' crapaude,
Po l'oû, fans atlintion d'ènnc nin gâter nossc vaute.
Gègè {chantant r crâmignon.)
Scène IX. '
JACQUES, BOUYOTTE, MENZIS. CHAMON, HENDECLICHE,
NOQUETTE, GÉGÈ, TOiNETTE.
{Rinlrèt lot .^èchant Moilroux et chantant.)
Nos allans mori v'Ia qu'i [loû dès steûle. l
Nos n' mourrans nin co, v'Ià qui lû r solo, i
N B. Jtkques a itie jlute à Vognoji, Châmon on rahia, Gègè ine boule trompette,
Boityottc ine boule avou ine éla.^tique, Menzis ine trompette d'inc censé; is ont
tunox dis pUits drapeau à leûs calotte ou chapa'i.
BoUYOTTE.
Èye ! i fâ-t-assoti, ji n'a jamâye tant ri,
Et pôr qwand j'a vèyou mâma qu' volez-v' mori...
Gègë.
Ji m'aveû-st-ècrouquî case ti toi, gros potince.
T'a pochî d'vins 'ne barquette, adonc vola qu' ti k'mince
A fer dès chimagrawo, chanter tôt comme on sot.
J'a bin pinsé di nos vèye turtos cou d' zeur cou d'zo.
BoUYOTTE.
Vos avez todis sogne.
— 509 —
(JÈCÈ.
Kimint? pa, nosse barquette,
Vos l'avez bin vèyou, sèchîve so lès crahiètte,
Et paur qui nos èstis turtos de même costé.
Enfin j'a stu binàhe qwand j'a polou qwitler.
Jacques.
C'è-st-adonc qui j' fa rawse.
Ceiamon.
Et ritaliènne, donc, lèye,
Avou s' laid roge visège sofflé comme ine bolèye,
Qui voléve si sàvcr qwand Noquètte l'apiça
Po l'bùhî.
NOQUETTE.
Fer les qwanse.
Jacques.
Et Bouyotte lî happa,
Pus vite qu'on n'èl pou dire, ine boule.
HouYOTTE (funt l" gesse de haper).
A r vole, agrawe !
Jacques (porçuvunt).
Et même lî lèyî vèye.
Bouyotte.
Ji bouhîve après s' gawe.
(Toi fan t aller î' boule divès Gègc )
Èdonc parait, mâma?
Gégè {cachant s' vitègc po n' nïn allroper lès côp d boule).
Dimeûre on p'tit pau keu,
Va, toi, grand forsôlé.
Mekzis {accègnant Hùndèliche).
Lu, donc, r laid boigne caiqueû,
Qu'il d'viséve à 1' hinche main.
— 510 -
Hendecliche.
Mi, zè r se mes affaire,
Valet.
Jacques (houquant).
Garite.
Garite {so s' soû).
Plaisse-ti.
Jacques.
Tapez nos 'ne gotte on verre,
i:t d'hombrez-v' savez, là, pace qui mîx qu'on pinson,
Qwand j'àrù houmé m' gotte, ji v' gruzin'rè 'ne chanson.
Gègè {à Menzis).
I chante si bin, dai, Jacques, c'ô çoû qu'on nomme ine basse.
Qwand c'è qu'èl fai è s'chambe n'a l' panne di veûle qui casse.
Garitte {appoirtanl /' touniêyé).
Lès roge, c'è po lès feumme.
Noquette {qu'è-st-èdoinnou, raspoyî so V ma (T cocagne).
Si tu savais, Trinn'chèt, depuis que j' t'ai r'mouchté (*).
Je suis cou d'zeur, cour d'zo, car rien que ta beauté...
Jacques.
Qui faisse, donc là, Noquette, ti t' va spiyî 1' narène.
Noquette {ai dispièrtant).
Oho! mi, ji comptéve...
Jacques.
Lai comptez lès bèguène,
Elles ont 'no gotte mîx l' timps qu' toi.
Noquette.
Hôye ! ji doirméve drôsst !
(') [\'mouchl{^, regarddc (argot wallon).
- 511 —
Jacques.
Comme lès ch'vù. Rote tôt cial; seûrmiiit, n' vin nin hossî.
NOQUETTE.
Ji n' so nin sô, séssc, mi.
Jacques.
J'èl veû.
On marchand d' grenade {è l' coulisse).
Via des crevette !
Voilà r marchand, celui qu'en veut, qui n'en achète.
Ah ! crevette.
BOUYOTTE.
Puisqu'on a l' jôye è l' tièsse,
Fâreû on crâmignon.
HiNRI.
Ji v' va dire on tôt noù,
Qui j'aveù composé po V fièsse... Lès bouteù-foû.
Jacques (à Hinri).
J'èl mène.
(\s formel l' crdmigtiou.)
Marchand d' guènade (intranl).
V là dès crevette, jans, donc, lès camarade,
Ni m' fez-v' rin vindc, dihez?
(0/1 ])' Lit (jamin vin ucli'tcr.)
IIiNRi {c liant (tnl).
Lès bouleû foû v'nèl d' for 'ne noùvaîne, {Dis èssonle).
Po n'pûirtez nou séclie cisse samaîne, (Bis èssoule).
lue samaîne n'a qii' sept joû, (Dis èssonle).
Po tos lès bouleû foii, {Bis èssonle).
L'annf've n'è qui d' doze meus, {Bis èssonle).
Leùs censé ni fét nou pieu, {His èssonle).
On va vèyî r'monler l'grain, , „. ,
..,,>, } Bis èssonle.
Cisse sainaine is n lui roiil nin.
— 51:> —
II.
Po n' poirter nou sèche cisse samaîne, (Bis èssonle).
Afisse de fer leùs pèrtontalne, {Bis èssonle).
Ine samaîne n'a qu'sèpt joû, (Bis èssonle).
Po los lès bouteû-foû, {Bis èssonle).
(Li mazurka kimincc.)
L'annèye n'è qui d' doze meus, {Bis èssonle).
Leus censé ni fèl nou pleû, {Bis èssonle).
On va vè^î r'monter l' grain, )
' . ] Bis èssonle.
Cisse samainc is n lui ront nin. )
{Li marclumt (f grenade kimincc à roter ; à c' mouniint là, li crâwiguon fai on telle
cèijue tôt sdt'lant qui lés diérain sont-st-obligl de cort ènèrl po l poleûr sûr.
Noquéttc qu'é V dicrain si trèbouhe so l' rôle de V bèrwètte de marchand
et tome li cou c V bame; li marchand, vèijant coula, lâche lès brèsse de l' bèrwètte
tôt (/' hant.)
Marchand d' grenade.
Nom di hu ! mes grenade !
Li teûle tome.
FIN.
Plaisir di Vîx,
COMÈDÈYE È TP.EUS AKE, EN VERS ET AVOU CHANT.
PAR
Théophile BOVY.
MÉDAILLE DE BRONZE.
{Ouverture pm- Vorchestre di l\iir connu de : fA vèije mère qui bulle lés boûquèlte
Et V vix pire qu'a V cou tourné... etc )
AKE II
Li scène si passe èmon Gilles él Louis, les voizin, li mite dès matène. A lever de
rideau, Louis è lot seû. I r'mùlte on \y.m V niohonne. Poile ù fond, à gauche. I pind
à gauche dé l" poile on pùrt-manteau, quelques meûbe à l' chûse. (11 è cinq heure.)
Scène I.
Louis {piind les pousitre nvou 'ne c'.icolle).
Là, là, tôt bai doûc'mint ùt pichètle à miette,
I frè chai tôt r' mèttou !
(/ rcgnèlle lés clicyirc, mène li Idée è a' pièce, etc., etc.)
Li mohonne avisse nette!
{Louquanl dtou d' lu.)
Awè nette ! Et à c'ste heure, tote mes gins polèt v'ni !
(S' boultani sa V front.)
Aye! çou qu' j'alléve roûvî, donc ! çou qu'j'alléve roùvî'
33
— 514 —
(Hoiiqucnt.)
Gilles? Gilles! vdsse è-st-i?
Gilles (d'istant è raulc pièce).
Di quoi? Raltindez 'ne gotte!
, Louis {brryanl).
Abisez chai Lin vite!
Scène II.
LOUIS, GILLES (arrivant po V gauche).
Gilles.
N'avez-v' pus dèsclicotte!
Louis.
Gi n'è nin lès clicotte qui mâquèt, c'è dô vin !
Gilles {èivaré).
De vin! Estez-v' bin sûr, fré Louis, qu'cnnc a nin?
Loui-;.
Pus du tout, j'è so sûr!
Gîlles.
Pus nin môme dix botèye?
Louis.
Nin 'ne seule, c'ù co bin niîx !
GÎLLES.
Ji m' va vèye!
Louis :
Quelle idèye,
Qwand jiv' di.
Gilles.
Quelle idèye ! Bin mi, ji m' va vèyî !
{l sorte po V gauche.)
— 515 —
Scèno ïll.
Louis.
Ji m' dimande co quéquès fèye si Gilles è foirt sûti !
{Gesse. )
Ji sé qu"i n'a pus nolle!
{On ètUui bouhi à V poite de fond.)
Ji pi lise qu'on bouhe à V poite.
Si c'è mâye on gêneux, j' sohaite qui 1' diâle l'èpoito!
{Louis va droviér V oiihe.)
Scène IV.
LOUIS, :>iÈl\tNCE.
Mèp.ence {intc haut c bas, ([''Manl bo V soû).
E-co qui v's estez tôt seû?
Louks {niêmejeu).
Gilles è-st-ùvôyc c 1' cave.
Mèkeincil {inlrant).
Aha, c'è bon, j inteùre, qwand i rVnonlrè, ji m' sâve.
Louis.
Qa'i n'a-t i? vont-is v'ni, les aute?
iMÈRENCE.
Awè, mains d'hez,
Avez-v' vèyou Léon?
Louis (/w tourmètlcr Mirence).
Que Lcon ?
^iÈRE^•CE {nvou iC pilite mowc).
Vos savez
Bin, Léon !
— 51C —
Loiis {comme si sov^nanl d'on côp).
Vosse galant !
{Tôt riant, Mèrence J'ai sègue qn^aivè, Louis louque li jôrie fèije in'e deux
oûye po V gêner on pan.)
Mèrence {cafougnant V cUcotlc d\i Louis).
Bill jans, donc, jâsez 'ne gotte!
Louis {riant).
Hai, hai! qui fez-v' donc la, vos cafougnîz m' clicotte !
Mèrence {tape li clicotte à V terre, Louis V ramasse).
Jans donc, Louis!
Louis.
Oho... bin ..
Mèrence {curieuse et tôle binâhe).
Quoi?
Louis [comme po-z-annoncer 'ne mâle novelle).
Léon...
{Joyeûs'mint.)
Vinrè !
MÈRENCE {abrèssanl Louis).
Aha! tant mieux! merci!... Vis a-t-i dit qwand c'è
Qui vinreù, adonc puis !
Louis.
Bin nènni, c'è po rire!
MÈRENCE.
Et... vès quelle heure, Louis?
Louis {blaguant).
Tot-rate, ji v's èl va dire!
MÈRENCE {annoyeuse).
Bin jans, d'morcz tranquille! Dihcz-m'?
— 517 -
Louis.
Léon m'a dit
Qu'i vinreù li pus vite qu'i porreù !
Mèrence.
Ah! merci !
Etv'sa-t-i dit...
Louis.
Rin d'au te.
Mèrence.
Oho ! jisqu'à tôt- rate !
(Elle vou sorti.)
Louis.
Ah ! mains, v'nez on pau chai donc, sacri nom deux patte !
Mèrence {so /' seû).
Di quoi, donc? jVa riv'ni.
Louis.
Ci n'ô nin tôt coula,
C'è qui, vos allez v'ni, vos aute... Et vosse grand plat?
Mèrenxe.
Mon Diu, ji l'a roûvî !
Louis.
Nos battrans lès bouquètte
E crameu wisse qu'on s' lave!
Mèrence.
Rattindez ine miette.
Ji v's èl va-st-appoirter?
Louts.
Gè bon, n'èl rouvîz pus,
Et-z-appoîrtez m' ossi sîhe assiette?
- 518 -
^!ÈRE^■CE.
Comptez d'siis!
{Mùrcnce sorte po l' fond. G'.Uea inienre po V (jauche, il a des botèije dizos
chaque brcxse.)
Scène V
LOriS, GILLES.
Gii.i-ES [mostrauf sî's lôlèije).
Fia! ji l'avoû biii dit qu'onne aveu dès botèye !
Alla? Quoi? Vos là co 'ne fameuse capotèye,
Nonc, sûrmint!
Loris.
Et wJsseè-ce qui tote cèsse-lal èstU?
GÎLi,Es {rinnl).
Ah! ah! ha! c'ô dès cissc, parèt, qu' j'aveû cachî !
Louis.
Potincc! Dès vèye?
GÎLI-E'.
Dès vèye! Bin vos l'polez bin dire!
LOLIS.
Tant mîx vu! Tant mîx-và!
/ louqiie lès botèye.)
Et coviètte di poussîre!
GÎI-LES.
Ni lès v'nez nin d'pouss'ter, savez, vos, malhûreux!
Ce coula qu'èls' donne de 1' valeur!
Louis.
Wè, ji v' crcû,
- 519 -
GÎLI-ES.
Ce st-ainsi, c'è-st-ainsi. G'è dès s' faites botèye,
Qui d'vins lès grands dîner on-zappoîte bin coûquèye,
Divins dès p'tils banstai, Louis? Vos savez bin?...
Loiis (rianl).
Nènni, c'è po rire! Et vos? v' n'è savez rin!
(/s ricc.)
Gilles.
Ji m' lès va mette èvôye.
Loris.
Awè, dMé I' gré de 1' cour.
Gilles,
Nènni! s'èlle allîz mâye pôrminerso l'Vinâve,...
I fàrcû si pau d' choi ; chai è 1' coine di rârmà,
A m' sonlance, ônonc, fré, 'lies ni polèt nin pus ma!
Louis.
Cè-st-inc bonne précaution !
Gilles.
Ji v's èl' di, parèt, mi !
Louis.
A c'stc heure qui d'on moumint à l'aute is polèt v'ni,
Ji m' va-st-on pau r'nèttî...
Gilles.
Mèttez-v' ine prôpe chimîhe
Louis.
Nènni vos, c'ô po rire!
Gilles.
Ce qu'i fai bin 'ne mâle bîhe,
Savez, è nosse grande chambe, wisse qu'i n'a nin de feu!
— 5-20 —
Lo.is.
Ji m lavrè-st-à grande aîwe !
GÎLLES.
Awô, c'è co r mèyeu !
{Louis sorte po V gauche.)
Scène XII.
LES MÊME, MONS GILLES ET BERThNE.
Léon (quijàsc todis bas à Mèrence).
Oh! por vos, vrêye, qu'i n' so-j'
Riche à million, Mèrence!
Mèren'CE [rianl à Léon).
Vos gangnîz qwinze cinl franc?
Po-z-av"ni jisqui-la, n' vis-è fûrô pus tant!
Léon (à Mèrence tôt riant).
Quel hurcux caractère!
(Mayanne et Louis qui s' chûffit â feu, lès rein tourné vè lès joue, lés louquèt
sius fer les qwunse.)
Louis {bas à Mayanne).
Si nos nos r'sèchîs 'ne gotte,
Ces deux jonôs gins-la sèrît contint!
Maïanne.
J' m'è dote !
Louis.
Qwand nos avis leûs âge, i v's è rappellez-v' bin...
(/.« .?' drèfset et Louis èmône Mmjmme qui li' se s'elle deut 'une n^iller.)
Jans, nos tapVans sor zèl ine oûye di timps in timps!
Léon {à Mèrence bas).
Qui v's c sonlc-ti, Mèrence?
- 521 -
MÈREKCE.
Oh ! v' savez mes îdèye!
(Louis èlMatjnune sortct po /' gauche, tôt rincoidatit.)
Scène XIII.
LÉON, MÈRENCE.
LÉON.
Ji k'nohe bin vos idèye!
MÈRENCE.
Qui voléz-v' qui ji v' dèye !
Léon {louquant âlou d' lu).
(Joyeus^miut.)
Tins, nos èstans tôt seû!
(/ vont abrcssi Mèretice.)
MÈRENCE {si r'scchant).
Tôt douc'mint, tôt douc'mint !
Léon.
Puisqui n's èslans tôt seû?
Mèrknce (ca! en'' mini).
Vos savez qu' ji n'aîme nin...
Qu'on m' rabrèsse . tôt côp bon...
Léon.
Qu'on v' rabrèsse! qu'on v' rabrèsse !
Mains, mi?
MÈRENCE,
Chut! inc saquî!
(Julie rintcure po r fond.)
Scène XIV.
Mérence (à Julie que sl-èwarêyc di ?i' vèiji personne).
Tôt r monde è-st-è l'aute pièce!
(Julie sorte po /' gauclie.)
- 522 —
Scène XV.
LÉON, MÈRP.NCE.
I ÉON [voii abrcssi Mèrencc qui fni dès manlre).
Mèrence!
Mèhence (mostrant /' poile po wisse qui Julie è-st-èvôye).
Nènni, Léon, nènni; vos vèyez bin...
[.ÉON {qui ])onû Mèrence).
On lot p'tit, on tôt p'iit, personne n'ô sûre rin!
(/ rabrèsse; à c monmwt-là Maijnnne ce Louis aboulèl V tiè.ise è V crèveurc di
Vouhe di gauche. Is les vètjet, Hlnycnuie vou iticrer, Louis V ritin.)
Mèrence.
Jans, Léon, d'monez keû. . ce tôt...
I.ÉON.
Mèrence, ji v's aîme!
Ji v's aîme à div'ni sot!
[I vou co V abressi.)
iMèrence (si d'gacjcanl.)
Awô, c'è bon tôt 1' même...
Léon {hurenx).
Ainsi vos volez bin qui ji v' (limande è mariège!
Mèuence.
Puisqui v' m'acèrlinez qui n' sèrans-t-è manège,
lîureux comme dès p'tits roye...
Léon.
Ilureux comme dès bon Diu !
Mèrence, j'ènnè so sûr!
iMèrence.
Mi, j'ènnè d'mande nin pus!
— 5-23 —
LÉON.
Mèrence? Eh! bin, franch'mint, là, volez-v'qui ji v'dùye?
Eh! bin mi, s' vos volez, j'a lo bonii'mint l'idôye
De d'mander l' mariègc...
Mèrenxe {joyeus'mint),
Hoûye?
LÉON.
Hoûyc, awô! Poquoi nin?
Mèrence.
Hoûye...
f.F.ON.
Hoûye?... Eh! biii? qu'a-t-i?
Mèrence (aoûreiise).
Léon, ji n'è se rin...
Ji n' se s'c'è l'jôye... ou l'sognc...
Léon (hvrctix di vàyc consinti Mèrence).
{Li priiidatit V main.)
Ah! Mèrence! Ah! Mèrence,
Qui ji so donc contint ! ji saveû bin d'avance
Qui vos m'aîmîz, c'è vrèye, mnins ji so-st-aourcux,
A o'ste heure, pusqu' ji n' pou dire!
Mèrence {si'ircnil C m'àn).
Et v' n'estez nin tôt scû,
Ji so-sthureûse ossu, tôt ottant qu'on 1' pou èsse!
Léon.
Oh ! Mèrence! oh! Mèrence, i fâ co qu' ji v's abrèsse !
{Is s'dbrcxaèt \à c' mouminila Louis èi Maijmnie nboutét leu-i liesse à V crèveiirc de
r poite di gauche: ilaijauuc vou imrc-, Louis Vîntic espèchc, li mostiant qui
c'è seuCmiiit /' deuzdine féije.)
CH.\NT. (air: sur les toits.)
{.irringipo duo.)
— 524 —
I.ÉON.
Ji veû dès lânie divins vos oïlye...
Mèrence.
Léon, ji so-st aoureuse oûye,
Léon.
Mi comme vos.
Mérence.
Li bonheur nos drouve ses deux brèsse!
Léon.
Li bon Diu rèye qwand ji v's abrèsse
{I Vabrèsse)
Mèrence (si (Vgageanl )
Jans, c'è lot...
Léon.
I m' sonle qui ji veû d'jà, Mèrence,
Li hiède di nos èfanl qui danse
So mes g'no !
Mèrence (è même timps).
So vos g'no !
Mèrence.
Sil' bon Diu bênîhe nosse mariège,
Ji sèrc-st-heureuse è manège,
ESSONLE.
Toi comme vos !
{Léon vou-sl-abrèssi iUrcnce^ elle si (V'jri'je d'où cap.)
Mèrence.
Chut! vochal ine saquî!
{Durant V chant, Louis èl Mayanne houtèt à l' crcveiire di l'ouhe.)
— 525 —
Scène XVIII.
LES MÊME, BEPxTINE {inteure po l' (jauche aiou V caflià'c).
Bektine {moslranl /' caflién).
Ji fai sûr tos vos d' sir !
Gilles.
Vos n'èl fez nin exprès!
Beutine.
Oyez donc, r malhonnête!
Gilles (vianl à Dc/iiue).
Nènni jans, ce po rire,
A'inez chai ad'lé mi !
Dertine.
La ! ce çou qui j' vou dire !
{Julie vilde divins lés tasse.)
Léon (à Màrence).
Dinez-m' vosse tasse, Mèrence!
Gilles.
Vèyez-v', qu'il è galant!
Bertkne (à Gilles).
Di vosse vèye vos 'nne avez jamûye sur fait otlant !
Gilles.
C'è-st-à-dire! c'è-st-à-dire!
Louis (« Maïanne).
Mi fré Gilles û mariègo,
N"a mâye songî non plus ! Et Léon...
Beutine.
Et Léon !
Louis.
E manège
Vou moussî reûde-à-ballc!
— 526 —
Beutine.
Qui racûiitez-v'? di quoi?
Louis.
A c'ste heure ou bin tot-rate, i v's èl fâ dire, ma foi ;
Berline, èstans I' mononke d'à Léon, ji v'dimande
iMèrence chai è mariège, por lu.
Léon {bas à Mayaitnc).
Allons, matante
Màquêyc, ine bonne parole!
Maïanne (à Léon).
Ine bonne parole? mi fi,
Ji sohaile qui v's èstésse hureux!
Gilles {riant).
Vola, c'è dit!
A qwand l' banquet, Bèrtine?
IJertine.
Ji sos-st-èstoumaquêye!
Ji m'onne attindôvc bin on pau.
{Abi-èssittit s'fèije).
Pauvc pitite fèye !
{Elle lioube ine oitije.)
Gilles (à Berline).
Jans, si vos n' magnis nin, ji va magnî vosse part !
Léon (à Berline comme consoînlion).
Si marier, c'è 'ne saquoi qu' fà qu'on faisse timpe ou lard!
Maïanne.
C'è sûr, ce sûr!
C;:uTiNE (rhignêtje).
k\wè !
— 527 —
GÎLI.ES.
Bin nènni, c'è po rire!
Louis {à Maynnne).
{A Léon.)
Ji raveû todis dit! Nôvcu, vos polez dire
A c'st heure qui v'ia vosse feumme!
{Slosirmil Mèrcnce.)
Léon.
A tôt 1' monde chai, merci!
(/ donne des powjnèye di main, et il abrèsse Jlèience).
Bertine (à Léon).
Léon, ji sobinàhedi v' poleûr noummer m' fi !
Sèyîz hureux tos deux, vola çou qu' ji v' sohaite...
Gilles {qiii tùiune 7iin qu'on a'allindrisse).
Jans, jans... Tote les bouquètte savez, ni sont nin faite,
Bèrtine? Haye, à vosse posse!
Bertine.
Gilles j'a T cour tôt mouwé.
[Elle va è r couliène avoii Julie.)
Gilles (à Berline).
Allez, coula s' pièdrè qwand vos v's ûrez r mouwé !
Scène XIX.
LK6 MÊME, vions BERTINK ET JULIE.
^ÎAYA^■^E (rt Mèrcnce).
Àli fèye,ji n' pinsévenin qui cisèreûsi timpe!
Louis.
Is èslît foirt pressé, Mayanne!
Gilles {riuhi).
Is sont d'inc trimpe!
— 528 —
Léon {riant, onpau gêné).
Qui volez-v' dire, allons.
Mayannk (rianl).
Awè... n'savans vèyou !
Léon {iiilrujué).
Di quoi?
Gilles {riant).
Louis cssi.
Louis {mostranl Mayanne).
Jisqu'ù r vèye mamc aveu!
Léon {riani et todis pus intrigué).
Bin quoi donc, Saint Malhy ! Pa, vos n' savez quoi dire!
Gilles {riant èl fant allusion â bêche di lot-rate.)
Louis ?
Louis {même jeu).
Mayanne?
Maïanne {riant ossi).
Awè!
Cilles {riant ossu).
Nènni vos, c'è po rire!
CHANT {air connu arrangé pour la circonstance).
Cilles.
So r timps qu' n' nos battis lès bouquèlte
Louis.
Et qu' Bèrtine aveu 1' cou tourné,
Gilles.
Léon chai, jouwéve k l' rispounètle.
Avou Mèrence, 11 jou de Noyé.
Es.sonle.
Avou Mèrence 11 jou de Noyé !
{Is riùt tôt vndaiit Iciis tasse di cnfè.)
SOCIÉTÉ LlÉeEOISE DE LITTERATURE WALLONNE.
CONCOURS DE 1890
RAPPORT DU JURY SUR LE G*^ CONCOURS :
Vocabulaire ou Exposé explicatif wallon et français des monnaies, poids
et mesures de tous genres qui ont été ou sont encote en usage dans le
Pays de Liège.
Messieurs,
Les deux mémoires envoyés en réponse à la
question n'ont nullement satisfait les membres du
Jury chargé de les apprécier. Ils sont très superfi-
ciels et très incomplets.
L'auteur du n° 1 (Devise : Qui cherche trouvé)
semble ne pas avoir beaucoup cherché, car il ne
donne que des renseignements traînant dans tous
les vieux livres de commerce et dans des traités
élémentaires d'arithmétique ad hoc. Comme il le
reconnaît lui-môme, son travail est un simple
exposé, fort maigre, agrémenté d'un amas de chiffres
et de réductions à n'accepter que sous bénéfice
d'inventaire.
34
— 530 -
Le mémoire n" 2 porte pour devise : Le sifslème
métrique est uniforme, simple et régulier, etc. Pour
être plus sobre de cliifl'res et plus méllioditpie —
l'auleur i\iyant distribué sous forme de vocabulaire
— il n'est pas moins incom})let que le n*^ précédent.
C'est l'œuvre d'un homme d'école qui a voulu nous
distraire par une leçon sur le système métrique.
Juuez "s'il a dû réussir ! L'auteur s'est borné au
reste à feuilleter le dictionnaire de Hubert et deux
arithmétiques modernes. Quant aux vieilles per-
sonnes prétenduement consultées, elles doivent être
peu expertes, car les renseignements contenus dans
ce travail sont des plus légers et des plus vulgaires.
L'avis unanime du Jury est donc que ces deux
mémoires ne méritent aucune distinction.
Le résultat du Concours eût sans doute été diffé-
rent si les auteurs s'étaient mieux convaincus de
l'importance et de la beauté de la question. En effet,
par les monnaies, les poids et les mesures, on
pénètre dans la vie privée et pratique d'une nation,
dans ces mille [)otits détails intimes qui échappent
d'ordinaire à l'historien. Aussi comptions-nous trou-
ver dans les mémoires examinés des révélations
intéressantes sur les us et coutumes de nos pères.
Disons-le bien haut, notre déception a été entière.
Parn]i les sources et documents que les concur-
rents auraient pu mettre à profit, et dont ils semblent
n'avoir pas même soupçonné l'existence, signalons :
les anciens livres de mathématiques publiés dans le
pays de Liège depuis le XVi'' siècle; les ouvrages de
— 531 -
P. Simonon sur les monnaies el ceux de Thomassin,
l'auteur du mémoire statistique du département de
rOurthe; les livres de numismatique; les divers
dictionnaires wallons, particulièrement celui de
Forir; les vieux comptes et papiers d'affaires qui
renferment foule de curieux détails à relever; enfin
et surtout, les recueils des Edits et Ordonnances de
la Principauté, etc.
Les membres du jury,
N. Lequauré.
D. Van de Casteele.
Jules Matthieu, rapporteur.
La Société, dans sa séance du Ib mars 1891, a
donné acte au Jury de ses conclusions. En consé-
quence, les billets cachetés, accompagnant les
pièces non couronnées, ont été brûlés séance
tenante.
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE DE IITTÉRATDRE WALLONNE.
. CONCOURS DE 1890
RAPPORT DU JURY SUR LE 12e CONCOURS (CONTKS EN PROSE).
Messieurs,
Le jury du \^2'' concours n'a eu à examiner qu'une
seule pièce, intilulée : les Soltaî et portant la devise :
Connais-loi loi-même.
C'est bien un conle en prose, et qui a, au point de
vue de la langue, le mérite d'être écrit en wallon de
la vallée du Geer : les B'dletins de la Société con-
tiennent, en effet, peu d'échantillons (s'ils en contien-
nenl) de cette variété de notre vieil idiome. Le conte
débute par une introduction qui nous apprend que
l'auteur va nous raconter l'histoire des sottaî, bien
vieille histoire, souvenir d'une prime jeunesse.
Cette introduction a paru au jury être un hors-
d'œuvre, et devrait être supprimée : elle a fort peu
d'intérêt.
Débute alors, à proprement parler, le conte : la
trame en est assez mince, et l'intérêt ne se soutient,
— 533 -
sur un semblant d'action, que par la vivacité
du lan<:çage et la grande variété des ex})pessions
employées.
Un malheureux cordonnier, si pauvre (et cepen-
dant ce n'est pas de sa faute) qu'il n'a plus que le
cuir nécessaire pour une ])aire de souliers déjà
commandée, se met, le soir, courageusement à la
besogne; et bien tard, va se coucher la conscience
tranquille. Le lendemain, tout au matin, quel n'est
pas son étonnement lorsqu'il voit sur sa table d'ou-
vrier, une paire de souliers terminée ! Il l'examine,
la retourne sous toutes ses faces, et est forcé de
s'avouer que rien n'y manque.
Ici, l'auteur a rendu avec un réel talent les impres-
sions de son héros: la ecène qu'il décrit est bien
réellement vécue, et l'ahurissement du cordonnier
bien dépeint.
L'acheteur se présente, trouve les souliers à point,
les paie, et donne même un supplément de prix ;
si bien que notre « côrdonni » trouve le moyen
d'acheter les matériaux nécessaires à la confection
de deux paires de souliers.
Il coupe les souliers ce jour-là, et se couche, se
réjouissant de finir l'ouvrage le lendemain, rempli
de courage qu'il est par son bonheur du matin.
Le reste se devine : la progression continue les
jours suivants; tous les matins les souliers, coupés
la veille, se trouvent terminés sur l'établi. Et la
chance d'autre part conlinui , les acheteurs foison-
nent, le cordonnier se fait riche.
- 534 —
Si bien qu'un jour, il veut percer le mystère, se
cache la nuit avec sa femme, et surprend sur le coup
de minuit, de petits hom.mes, lessottaî qui viennent
se mettre à la besogne. Détail particulier et impor-
tant, ces petits hommes sont « tôt non, jans, non
comme on deûcjt ». L'aube arrive, les sottai dispa-
raissent; et les époux reconnaissants trouvent qu'ils
doivent î)rouver cette reconnaissance à leurs bons
j:çénies. Que faire, sinon les habiller de pied en cap ?
Et surtout, n'oublions pas, dit la femme, une belle
paire de bons petits souliers pour chacun, car c'est
l'hiver, et la neige tombe.
Ainsi dit, ainsi fait, et le jour où tout est prêt, le
cordonnier et sa femme, au lieu de préparer le cuir,
mettent bien en évidence les vêtements des sottciî.
Ceux-ci arrivent, sont tout étonnés, et finissent par
s'habiller en chantant :
« Nos estans bai, sâreu-t-on trover niîx ?
Poquoi sèris gn' donc pus lonlimps coiphî ? »
Depuis, oncques ne les revit; mais le cordonnier
était sorti de la misère; et désormais, tout lui
réussit.
Il y a, dans le but poursuivi par l'auteur, une bien
grande incertitude : à quoi tend le conte qu'il a
écrit; serait-ce peut-être à l'intention de démontrer
la vérité du 'proverbe : « Un bienfait n'est jamais
perdu ? » 11 y a là, dans l'œuvre, une grave lacune;
aussi malgré les (jualités de style, fort appréciables,
et (pii font (pie la lecture du conte offre un intérêt
— 535 -
assez soiUenii, le jury a-(-ii Ihonneui' tie vous [)ro-
poser d'accorder à l'auteur de les Sottaî, une
meiilion honorable, iivec impression.
Les Membres du Jarij :
MM. J. Dkfreciikux,
Eue. DuCIiESiNE,
L. Delsaux, rapporleur.
La Société, dans sa séance du 15 mars 1891, a
donné acte au jury de ses conclusions. L'ouverture
du billet caclieté, ncconiprignant la pièce couronnée,
a fait connaître ([uc M. Gustave Marchai, inslilulour
communal, à Liège, est l'auteur du conte : lès SoUaî.
Lès Sottaî (').
PAR
Gustave MARCHAL
INSTITUTEUR COMMUNAL.
MÉDAILLE DE BRONZE.
Devise :
Connais-loi toi-même.
Ji v' vou raconter l'histoire dès Sottai telle qui m' père mi l'a
raconté quand j'èsteu-st-èco bin p'tit, histoire qui ji m' plaihîve
à ètinde répéter divins ces longues sîsse d'hivièr, qui les vîlès
gins passè-st-à guèrry so Napoléon, Bazaine, Bismark, Mac-
Mahon, so l' rèvoluchon di dihe hut cint trinte et lès exploit d'à
r jambe di bois. Inte deux, on racontéve eune histoire di ma-
cralle, di lauwarrou,di sottai; c'è comme çolà qui j'a-st-appris
li cisse qui ji va sayî dô rappoirter telle qu'on m' l'a conté.
Aveû-st eune fèye on côrdonnî qu'èsteu dim'nou si pauve,
si pauve; mains ci n'èsteû nin di s'fâte, savez, pacequ'i louquîve
foirt bègne à lu, et qui saveû foirt bin régler s' manège. Ji
d'héve donc qu'csteû si pauve, si pauve qui n' lî d'moréve
pus dé cûr qui po 'ne paire di solo, sins oyeu l'moyégne d'ènnè
(•) Le wallon employiî clans ce conte est celui parli? dans le vallon du Geer.
— 537 -
pus poleu rèch'ter. I discôpe donc si cùr de Tsissc po F paire
di sole qu'ôsteû k'mandcye, et aveu 1' consciincedi s'pauvrité,
mains di s' brav'silé, ca i savcû bin qui ci n'èstcû nin di s' fâtc
qu'i s'vèyéve tourné ô F misère, avou Tconsciince d'eune hon-
nête homme, i s'alla mette pûhûlmint è lût et s'èdoirma tôt
rik'mandant si âme â bon Diu.
Li lèddimain â malègne, i s'Iîvo, di st-eune pàter, tôt pinsant
qui va st-aller ovrer si dièrain boquet d'cûr et puis i s' voust-
aller mette à l'ovrège. Mains qui n' fou-ti nin surpris, quand
i vèya lès deux soie to fait so l' tâve! Esteû tôt èstoumaqué, ca
i n' comprindéve nin vrây'mint kimint qui s fève qui tôt
lèyant l' jou d'vant à 1' nuto li cûr seuTmint discôpé et presse
à mette en oûve, i m' néve trover eu ne paire di sole qui
n' dimandîve qu'à èsse châssî. a Qu'è-ce qui çolà vou dî?...
Portant ji n'a mèttou nou pan âtou hîr, » ni féve-t-i d' répéter.
0 C'è-st-on mirâke, ma foi, ou ji n'y comprind pus règne. Por-
tant, ji n'èsteû nin pus so hîr qu' hoûye po-z-oyou fait 'ne
paire di sole sins n'oyou som'nance » Disqu'anonc avu d'morou
planté d'vant les sole to fant des èclameure. « Louquonsles
on pau, » d'ha-t-i.
I prind donc les sole, lès louqua et r'iouqua, lès r'tourna di
co tra/.e façon, sins lèyî de louquî nolle pièce, nou trawai,
nolle piqueure. Lès sole èstivot si proprumint ovré qui n'aveû
nègne eune fasse piqueure, nègne eune màkeule, si p'iite
qu'il fouhe, on-z-âreû vrây'mint dit qu'on-z-eûye volou fer on
chô-d'oùve.
L'acli'teu ni târgea wêre de m' ni vèyî après s' paire di sole,
et comme is lî tournis pusse qui bôj:ne ô Toûye, èl paya-st-on
pau fou de prix. Avou l'ârgint qu'aveu po s' paire di sole, li
côrdonnî trova moyègne d'èch'ter de cûr po deux paire.
De r sîsse, i discôpe si pèce di cûr po ses deux paire et i
s' rafiéve li lèddimain di s' rimètte à l'ovrège avou on novai
corège; mains ènneavcû nolle golle mèsâhe ; ca quand ci fouhe
qui s'ièva, èstivèt-st-ôco déjà fait et les ach'tcu ni s' f'rît wêre
538
rawarder. Is lî oiTrit tant d"ài'giiit ([ui 1" côrdonnî [lula st-acirter
de cûr po qwatc paire di solo avou V prix qu'ènnù f çûva.
Li lèddimain, i trova-sl-èco les qwaie paire di solo qui
n'rawârdît co qui les ach'tcu" L'après d' main èco 1' môme jeu :
à matègne, i trovéve oussu lès iiut paire di soie faite.
Kt coula continua todis ainsi los lesjous savant: tôt çou qu'i
discôpéve à 1' nute, èl trovéve ovré à matègne; si bogne qu'i
s' racclèva so V cô quéque aidan; i fou r'noummc lont-z-ct làge
comme li mèyeu coipî qu'on k'nohahe. A 1' fègne, esteû Ion
d'oyî r misère, ca ci n'esteû pus par patâr, aidant, ni blâmuse,
ni même plaquette qui comptéve si fôrteune; c'csteCd lès belles
coronne, d'ôr ico, qui hiltivèt quand i d'Ioyéve lès cowètte di
s' vîle boûse qu'i t'néve di s' tàye.
Coula duréve déjà di^pô bin lontirap, si Lin qu'on jou, de
l'sîsse, on pau d"vant 1' Noé, quand l'homme cû discôpé s' cûr,
qu'alléve comme tos lès joû mette so l' tâve po 1' ritrover
r lèddimain tourné à belles chàsseure, i tourna pinsif ; i
s' tourna vès s' feumme et lî d'ha: a Mains feumme, qu'arri-
vreù-t-i, nonc, si nos d'monîs so pîd cisse nute po vèyî si nos
dihoûveurons nègne qui qui nos vin d'ncr tos lès jou on s'fait
côp d' main. » Li feumme touma d'on cô d'accoird et esprit de
rioumirc; après quoi is]s' cachît tos les deux divin les coine
de r chamme, podrî des mouss'mint qui pindivôt-st-à des
broque et is frît st-attinchon à çou qui s'alléve passer. Quand
i touma vis 1' cô d' mèye nute, arriva deux p'tits, tos p'tits
homme, nin pus grand qu'dès lapon de Nord et tôt nou.jans,
nôu comme on deûgt.
Comme dès habitué de 1' molionnc, sins fer nolle façon ni dî
nou seul mot, is s'assiyît-st-à l' tâve de coiphî, assèchît vers
zèlle tôt r cûr qu'èsleû discôpé et s' mètlîfc d'on côp à l'ovrège
sins piède eune munute.
C'èsteu curieux de vèyî aller leus p'iil deugt, tél'minl abôy'-
miiit et vile qui trotivèt. Is pi(iuîvèt, klawîvèt, cosîvèt sins
tourner 1' liesse, térmiiil (pii 1' homme èstcû tôt foû d' lu di
— 530 -
lès vèyî ovrcr vile et bègnc. Is n' si distourijît co màyc, si
n' diliît-is nin 'ne parole tant qu'is n'eurit nin fini Tovrège
qu'on l's y aveu mèttou.
Anonc, is mèttît lès soie so 1' tâve, rabouliL tote lès ustèye
è leu pièce et spitît fou de 1' chamme comme ine aloumeure
Li coiphî et s' feumme fîvèt dès hoûye comme ine poye qu'a
hap6 on r'nâ de vèyî quès'tivèt-st-à-c'ste heure û corant de
mystère qui s' passéve dispù bin lontimp sins qu'is polihe y
rin comprinde.
Li ièddemain, quand is s' lèvît, â matègne, li feumme dilui-
st-a si homme : a Thoumas, ces p'tits lapon là nos ont rindou
riche. Nos d'vrîs, m' sonle-t-i, èlsî y ènne èsse rik'nohant. Is
corèt, tôt comme qui nos l'avons veyeu, nou comme on deugt,
sins né 'ne seule cKcolle po wârder leus coirps de l'frudeûr;
is vont-st-égcalcr, ca vola qui n's estons û Noé, lès ploumion
d' nîvaye kimincèl-st-à ra^'ovri 1' terre d'on blanc mantai ; di
chai à treûs jou ârè gealé disqu'â crama; nouque di nos doux
p'iils lapon ni r'vièrô I' fourèhon... Sésse bin quoi' j'èlsî ach'trè
dès p'titès ch'mîhe, dès cou d'châse, dès camisole et dèsjasse...
et ossi à chaskeune ine paire di chaudes châsse di laine ; et
toi, hein, Thoumas, l'èlsî frè h chnskeune ine paire di bons
p'tits sole à trawai po qui leus p'tit p'îd ni seuyèhe pus è 1' ni-
vaye. I m' sonle qui c'è 1' mons qui nos d'vrîs fer por zels. »
« D'accoird, diha si homme; nos l's allons r'moussî et r'chAsî
dès pîd à r tiôsse ; si n' rouvions nègne non pus d'èlsî ach'ter
deux chaudes calotte h poyège, po warder leus cèrvai. »
Comme c'èsteû dit, ci fou fait, et quand tos les mouss'mint
fouri presse, on jou de l' sîse, è 1' pièce de mette di l'ovrègc
èlsî y mèllîl tôt V hopai so l' tàve d'ovi'ège ; anonc is s'cachît po
vèyi kimint qu' l'afTairc alléve prinde. A mèye nute, mes d(>ux
sottai aspitît tôt poi-h"tanl et volît comme d'habitude si r'mèlte
à l'ovrège; mains comme is n' trovivèt nin de cûr discùpcs. is
wailît çou qui s' trovéve so 1' lâvo. Tôt d'abord, is toumît tôt
èslouniaké divaiit 1' hupai (ju'èslcù d'vant i^cls; anon iss' inètlîl
— 540 —
st-ii liahler lolmint qu'is n' si polivèt pus t'ni.Avou leus p'titès
mains, isk'louniît lès mou^s'miiil Ji co traze façon. Puis comme
s'on Ts y mèttahe li feu à rein, is moussît d' vins ieus belles
clicùlte tôt chantant:
Nos èstans bai ; sârtO-t-on irover mîx?
Poquol srris-gn' donc pus lontimps ooip'liî?
Anonc, qwand is fourit-st-agad'lé à mittont, is k'minçît-st-à
pochter, si bin qui d' jôye is dansîvèt so lès chèyîre et lès banc
qu'èstîvèt-st-âtou d'zels. A 1' fègnc, is s' dansî-st-à l'oû et dispô
anonc, on n' lès a mâye pus r'vèyou.
Li coip'hî aveu ramasse 'ne bonne peûre pos ses vîx joù et
tant qu'i viqua, divins tôt çou qu'intripri, i réussiha todis.
Notes linguistiques pour faciliter la compréhension
du texte.
Jammc ^^ jambe en liégeois ; jambe.
Moyègnc = moijin en liégeois ; moyen.
Polcu -^ poîou en liégeois; pouvoir.
Presse ^^pi'ète en liégeois ; prêt.
D'tnoreu = dimonou en liégeois; demeuré.
Yoleu = volou ; voulu.
Chamme = chamhe en liégeois ; chambre.
Dî = dire en liégeois ; dire.
Alloutnewe = alloumîre en liégeois; éclair.
Matègne = matin,
Ploumion ou pètion = flocons de neige.
Foûrèhon ^=prétimps en liégeois; printemps.
Seuyèhe = sèyesse en liégeois ; soient.
Mittont = mittant, moitèye; moitié, milieu.
PCvèyeu — fveyoïi; revu.
Ivèt = ît liégeois. 3" pers plur. imparf. de l'ind.
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE DE LITTÉRATURE WALLONNE
RAPPORT SUR LE 17» CONCOURS DE 4891. (CRÂMIGNON,
CHANSON, ETC.)
Le jury d reçu, pour ce concours, 31 pièces, dont
voici les titres :
i. Comme one soris (dialecte de Verviers); ^. Mi
petite fèye; 3 Trisse tâvlaî; 4. Lorège; 5. Li Provi-
(lince; Q. Li margnrite; 1. Èfant, doirmez; S. Mon
onke Colas; 9. L'èfant et rpâvion; 10. Mes nous
sabot; 11. Li vîx joueû d' violon; 12. El savoyard ;
13. /l monclieu l borgnimaisse ; 14. Rilèvans nosse
perron; 15. Li poète; lij.Six petits poème [dmlcclo de
Verviers); 17. Cinq poésie (sonnets); \S. Poète, vos
estez sot; 11). Ji so r'mèttou; 20. Li groumèt ;
21. Soîige du gloire; 22. Vinez-v è bois; 23. Li vraye
ligeoise ; 24. Todis contint ; 25. Pauve pitite ; 26 . Deux
baisjoû; 27. Poquoi plorer? 28. A viège; 29. Mi vîx
chapai; 30. È bois ! 3L Fez V charité.
De toutes ces pièces, il n'en est que six (jui
méritent d'être couronnées. Non point que les autres
soient absolument sans qualités; mais leurs auteurs
n'ont pas su éviter les défauts habituels que tant de
rapports ont déjà mis en lumière et que nous
croyons inutile de signaler une (bis de i)lns. Bornons-
— 54-2 —
nous donc à dire un mot des poésies qui ont obtenu
les suffrages du jury.
Le n° 4 nous donne une description assez
lieureuse de l'orage; mais si la pièce semble facile-
ment, écrite, le vers choisi, celui de sept syllabes,
est pénible à la lecture, parce que l'auteur ne paraît
pas avoir eu souci de trouver une coupe satis-
faisante. Telle qu'elle est, elle mérite cependant une
médaille en bronze, comme la pièce n" '22, Vinez-v'
è bois, qui est gracieuse, mais dont toutes les
expressions ne sont j)as également poétiques.
Les n'" 20, Li groumèt, et 24, Todis contint, nous
ont paru dignes d'une médaille d'argent. Facilement
faites, elles se lisent facilement et agréablement
et respirent, l'une et l'autre, une bonne humeur qui
fait plaisir. Li groumèt nous paraît même valoir un
peu mieux que l'autre : elle est plus courte — évitant
ainsi les longueurs dont nos poètes ne savent pas
toujours assez se défendre — et plus spirituelle.
Très s})iriluelle aussi, tout en contenant une bonne
leçon de morale pratique, est la poésie n" 10,
Mes noû sabot ; elle mérite au moins une récompense
égale à celle de la pièce précédente.
Mais il faut placer plus haut encore le n" 12, parce
qu'une pensée d'une plus grande portée l'inspire.
Cette poésie, écrite avec art en dialecte de Nivelles
et intitulée : El savoyard (le ramoneur), nous parle
d'un humble ouvrier, qui, si infime que soit sa
position et si repoussant son aspect, a ce])cndant
aussi au cœur une étincelle d'idéal : son amour pour
- 543 -
une modeste fleur (jiril soigne avec passion le relève
el inspire à l'anleiir une réflexion morale à la(juelle
tout le monde applaudira:
\Véions-n' les pou nos frèie èyé nî pou nos difau,
È r tir-sse dé CCS gins-là, ç-t-in chami) qui court à roye,
Yc qui lindra 'ne saqué... si l' chèi rue passe l'avau.
Aussi le jury a-t-il unaniment décerné à lauleur
de celle pièce une médaille de vermeil.
Les membres du jury :
Paul d'xVndiumOxNt,
Jos. Defreciœux,
et Victor CukiJM:^, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 mars 1891,
a donné acte au jury de ses conclusions. Louver'.ure
des billets cachetés, accompagnant les pièces cou-
ronnées,a fait connaître que M.Georges Willarne est
l'auteur du n" 12 (médaille de vermeil); M. Poncclet,
celui des n'* ^20 et 24 (médailles d argent); M. E.
Gérard, celui du n" 10 (médaille d'argent) el du n" 4
(médaille de bronze); et M. ïiikin, celui du n" ±2
(médaiile de bronze).
Les autres billets cachetés ont été brûlés séance
tenante.
El Savoyard
(Dialecte nivellois.)
PAR
Georges "WILLAME.
Devise :
On a chaque leu plaiji.
MEDAILLE DE VERMEIL.
Je rînconle tous lès jou, dinis 'ne pèlite rue d' Nivelles,
Ervènanl d'ès besogne, in grand noir savoyard;
G'è 'ne vréye prone; i pue 1' souie; es sach rimpli Truelle
Eyè d'ùs courps de diûle i soùrte comme in brouyard.
In l'viyant, bî souvint, je m'ai dit: ft C n'è qu'ène bièsse;
a C'è st-in clifau qui Iravaye pou gangnî s' picotin;
« Ça n' sin nî, ça n' songe nî, ça n'a rî dèdins s' tièsse;
a Ça s' couche, au nul, moulu, i)ou ronliî 'squ'au matin.
« Gommint vourî qu'in lionime toudi noir, toudi sale,
a Song'rou jamais d'ès vive au solèye, à lès champs?
a A-t-i jamais *ne saquî, scûrmint, qui li de pâle,
a Poùvc brute qui vife tout seCi comme in pourchadins s'rang?
— 04o —
(( Quù les mouchûii chanlonse, i n' pu rnau d'èls inlinde?
a I n' va nî s'pourmeiiner dins lès pré ravèrdi ;
a I n' va nî vîr, (.lins V bos, lès filé Lfavièrge pinde,
a Gomme dès fines dintèlle, h les couche dès noigi... »
Je m'abûsoû, pourtant (c'è putoût mi ciu'è 1' bièsse) :
In passant dlé s'maù^o j'ai vu, l'auLe jou, ra'gayard
Qui sûugnou 'ne petite fleur mîche su 1' bourd de l' fèrnièsse
Yè qui pourmènou d'su ses gros doigt d'savoyard.
Oh! pou l'fleur, ça n'astou nî là 'ne saqué d' l'ourt râle :
In blanc bouquet tout fait dins-n-in pot d' rî du tout;
Mais d'èl vir, lu, d'ainsi, sougnéye pa-n-in noirdiâle,
Ça m'achènné fin drôle... ôyô fin boù n'ètou.
J'astoù binaiche de vîr in ouvrî, s' journéye faite,
In rintrant dinss'maiso, réduit foùrce d'ièsse èskeu,
Songl, sans prin !e èl temps de s' rassaurer "ne miyèlte,
A 'ne poûve petite blanche fieur qui pousse pou li tout scu.
È-ce qu'il a faim d'auto chouse que d'ès pupe yè d'ès chique ?
È-ce qu'i drouve bî ses î pou vir çu qu'il a d'bia?...
Wélî, d'su lès fèrnièsse dès mansarde, dès boutique,
Lès blanc gèrarium yè lès rouges fluxia...
Après tout, pouquè nî? Va-t-o dire, pace qu'in homme
Doi gangnî 1* pain d'ès viye in travayant d' ses main,
Qu'i s'ravale au rang d"biôsse?I m'chènnequèc'è-st-auprome
A cause de ça qu'es cœur toque Court èyé souvint.
Je comprind qu'o s' raumige, in juu d' Ion, comme in sclave
(I fau tant s'èscrandi pou gangnî saquants liard!);
Mais r pus p'iit mannoquou, s'il è s'n homme, s'il è brave,
Songe, in tout s'raumiihant, tout parèye qu'in richard;
55
— 540 —
lia, comme li, ses joie t'aussi bî qu* ses misère;
Ce 'ne parole qu'è bî dite : a 0-n-a chaque leu plaiji » ;
Si l'aule vu dès voiture, dès tûbleau, dès coummère,
11 li fau 'ne petite fleur pou raguèyî ses î
Astons-n^pu malin qu li? T'abourd, moustrons-n' li 1' voye;
Wétons-n' lès pou nos frère, èyè nî pou no chfau;
È l' tièsse .de ces gins-là, ç'-t-in champs qui court à roye
Yè qui rindra 'ne saqué... si 1' chèrrue passe t'avau.
Mes nous Sabot.
Air : Les noisettes.
PAR
Emile GÉRARD.
Devise :
J"ai trop donnd j'our mon sifflet. (Franklin.
MÉDAILLE D ARGENT.
j'aveû mutoi 'ne dihaîne d'ânnêye,
Qwand on joû m' mérc mi rappoirla
Dès nous sabot, qui V même journêye
Po 'nne aller, lot fir, ji slruma.
J'alla tant cori d'vins lès hâye,
Baligander, rôler d'vins tôt,
Qu'à r nute, tôt rintrant j'èsleû gâye :
J'aveû pièrdou mes nous sabot !
Wi bonne mère ni barboUa wêre,
Ca 'ne mère ni se qui Hèstî,
Mais por mi, c'èsteù-sl-ine affaire
Qui jamâye ji n' divéve rou\î.
Mes sabot m'ont sièrvou d' consèye;
A c'ste beùre, à mi-même, ji m' di co,
Qwand j'a slu près de fer 'ne bièstrèye
T'a mùquè de piède tes sabot!
- 548 —
J'aîme de vèyc s'amuser l' jônèsse,
Qwand ùlle a bin èployî s' timps ;
Avou lèyc, ji m'ritrouve à l'ijèsse;
Et j' veû r'crèhe lès rose di m' prétimps.
A l'ènocint qui n' pinse qu'à rire,
Qui k'hèye ses joû comme on vraiyc sot,
Ji n' ini sàreù ral'ni do dire :
Jône homme, ti pièdrc lès sabot!
Ji louque à 'ne censé, sins èsse pice-crosse;
Tôt jône, ji sava raspâi'gnî;
Hoûye, si ji se çou qu' l'àrgint cosse,
C'è qui d' mes brèsse ji l'a gangnî.
Veû-j' ine aute à mâlvâ qu'allowe
Çou qu'il a? Ji r'songe à mi spot;
A cilà, ji brai sins rit'nowe:
Malhèreux, ti piède tes sabot !
Lès ânnèye ont v'nou blanqui m' tièsse,
Mais j'n'a nou r'grèt, j'a bin viqué;
Divin 'ne douce et pâhûie viyèsse,
Ji r' songe âx timps qui sont passé.
Si ji v's a conté mi avinteûre,
Qu'elle vis sicve d'èximpe à turlos ;
Rit'nez bin mes consèye d'à c'ste heure,
Et vos n' piôrdrez mûye vos sabot!
LI GROUMET.
AiR: La bonne aventure. Oh! gué.
PAR
Félix PONGELET.
Devise:
Si dote-l-i d'iiie saquoi?
MEDAILLE D ARGENT.
1.
Ji so groumct di m' mèslî.
Et tote li journêye,
Ji chante comme on canâiî,
J'èl frc tote mi vèye.
Ji m'amuse comme on bossou,
Ji rèye todi tant qu' ji pou,
Tût faut mes mounèye.
Tic! Tac!
Tôt faut mes mounêye.
2.
Mi maisse, c'è-sl-on gros mounî
Qu'a 'ne foirt belle jône fèye.
Ji creû qu'elle mi veû vortî ;
N'è-ce nin 'ne bonne idèye?
Qwand c'è qu'elle vin-st-è molin,
C'è-st-apreume qui ji m' plai bin.
Tôt fant mes mounèye
Tic! Tac!
Toi fant mes mounève.
~ 550 —
3.
Tos lès juû, s'pérc cnnè va
lue heure à 1' vèsprèyc;
Os^i vite qu'i n'ô pus là,
Elle accour habèye.
Que bais :"noumint qui n' passans!
Oh! que plaisir qui n's avans,
Tôt faut mes mounêye
Tic! Tac!
Tut fant mes mounêye
Nos nos dhans lès pus doux mot
Divins nos hant'rèye.
Ji lî d' : ji n'aîme qui vos,
BAre, mi binamêye!
Nos rians, nos nos fièstans,
Quéque fèye nos nos rabrèssans,
Tôt fant mes mounêye
Tic! Tac'
Tut fant mes mounêye.
Ilîr, si père Ta barboté,
Et, po v' dire li vraiye,
Elle ôsteù po 'nnè raller
Tote èfarinêye!
Inte di nos aute seûye-t-i dit;
Hir, nos avis brâv'mint ri.
Tôt fant mes mounêye
Tic! Tac!
Tôt fant mes mounêye.
— 551 —
Si Tvîx si dote d'inc saquoi,
Nos ùrans 'ne manôye,
Et bin sûr i lî d'iindrè
De 00 m' vini vèye.
Ci sèreû bin mâlhûreux,
Ca n's avans si bon nos deux,
Tôt fant mes mounêye
Tic ! Tac !
Tôt fant mes mounêye.
TODI CONTINT!
Ain : De rautrc côté.
PAU
Félix PONCKLET.
Devise : Ji rèyc todi.
MÉDAILLE u'aHCENT,
Divins nosse pilito vikârûyc,
On trouve dès ci qui s'plaihùt Lin;
Mains on rèsconteure co trazo fèye
Dos cis qui d'Iiôt : ji n'm'amusc nin.
Mi, ji dansG comme li mcstré sonne,
.H n'mi fai dès ma d'tièsse po rin,
Qu'i nîve, qu'i ploùso ou bin qu'i tonne,
Ji so contint !
2
Vola déjà quéquès ânnêye
Qui ji rôle mi bosse po viquer ;
J'a passé dès mâles ânnêye,
Mains ji n'm'a jamâye tourmètc;
I m'sonle qui c'è-st-ine grande bièstrèye,
So c'mondc cial, di sïer dès chagrin;
Mi, ji m'ô moque, ji chante, ji rèye
Et j'so contint !
— 553 —
3.
Qwand j'a-st-avu trové 'ne jône fèye,
Qu'a bin volou m' vèyî vol'tî,
J'a-st-intré d' vins I' grande confrôrèye
Et çoula sins baicôp bèmbî.
Enne a qui sont pps qii' dûs mû d' vintc,
Qui d'hèt: Li mariège ni va rin.
G'è dès sot! mi, ji n' fai noile plainte :
Ji so contint!
^•
Ji n'a mâye rigrètté m'jônùsse;
Portant boulez, j'aveû foirt bon !
Hoûye, ci n'è pus tos lès joû fièsse,
Mains ji n' vou nin tùs?r si Ion.
Mi crapaute èstcù binamèye,
A c'ste heure, elle a quéque laids mèhin;
Màgré çoula, po v' dire li vraiye,
Ji so contint!
5.
Ji m' rappelle qui d'vins nos hantrèye,
Ji lî cachîve mes laids costé;
Aveu-t-èlle toirt de fer parèye?
Nènni, n'è-ce nin I' peùrc vérité?
S'il arrive quéque fèye qu elle barbette
Ou qu'elle dèye : qui nVa-j' mi jùne timps !
Ji M rèspond: va-z-è, grande sotte,
Mi. j'so contint!
6.
Mi grand bonheur, fd qu' ji v's ùl drye,
C'è d'vèye qui l's èfant s'acclèvèt,
Et dispôye li samaîne passèye,
Ji so r père d'on qwatrèmc valet ;
— 554 —
Elle âroù biii voiou 'ne bâcèlle!
Qwand 'lie vèya qu' c'èsteû-st-on grimin,
« G'è bin dammage! hein, Pierre » di-st-ôlle.
Mi, j* so contint!
7.
Mes gins, boutez on bon consèye,
Prindez todi l' timps comme i vin.
Le ma d' tièsse raccourcihèt 1' vèye,
Vo n' sârîz qwand même cangî rin.
Ni va t-i nin mîx de rire
Et dès banni los lès tourmint?
On a si bon, qwand on pou dire :
Ji so contint!
VINEZ-V E BOIS?
Alphonse TILKIN.
Devise : Vive nosse wallon
MEDAILLE DE BRONZE.
Vinez-v' è bois, i fai 'ne si belle journêj'e !
Li prétimps r'vin, i lu lès qwate solo;
Li fleur si drouvc, li fàbile grusinêye,
Po m'rinde hureux, Nanèlte, i n'mâque qui vos !
Vinez-v' è bois, wisse qui tôt nos sourèye?
Ji v'sutinrè po monter lès pasai ;
Et, tôt rotant, ji v\lirè-st-à l'orèye
Dès chant pus doux qui lès ci dès ouhai.
Vinez-v' è bois, vos m'ridirez co n' fèye
Lès doux sèrmint qui loyèt nos deux cour,
Vos m'ridirez qui ji so tote vosse vèye,
Ji v'ridirè qui v's avez tôt mi amour.
— 550 —
Vinez-v' è bois, sèyiz pâhûle, Nanôttc,
Ni craindez riu qui pôye vis tourmoter ;
Vos serez m'feumme bin vite, ji v's èl promoLte,
Poreù-j' fer d'aute qui todi v' respecter?
Vivez-v' ô bois, rèspondcz, m'binamêye,
Li prétimps rvin, i lu lès qwale solo;
A Kikèpois allaus passer rjournèye,
Po m'rindc hureux, Nauèlle, i n' màque qui vos!
L'OREGE
PAR
Émne GÉRARD.
Quels beaux spectacles nous offre la nature!
MKDAILLE DE URONZE.
Li choleûr è sofTocantc,
Et l'solo d'julùllc broiîlant;
Divins lès jardin, lès plante
Sont sins foice, totès morantc :
L'oLihaî même n'a pus nou chant.
Li terre dimeûre abattowe,
Pâmêye, dizos l'cir blâmant;
Nou doux vint d'vins Pàbe ni jowe,
Et nin 'ne lègire hièbe qui r'mowe
È pré, comme avâ lès champs.
Mais Tcir si couve di nulêye,
1-^t l'solo vin di s'cachî.
I fai spais comme à rvèsprêye;
Dizos l'grandvint, d'vins l'allêye,
On veù lès |)lopo si clincliî.
— 558 —
L'èsblawihanlc alloumire
Jette, côp so cùp, s'vîve clarté,
Zigi^aguant di tote manîre;
Puis d'èwarants côp d'tonnîre
Risdondihèt tos costé.
L'air è-st-fcu ; il allome;
L'orège è tôt dischaîné ;
So l'térre, à l'avasse, l'aiwe tome,
Ravageant lès champ qu'à l'homme,
Promèttît, d'main, de tant d'ner.
Li rèwe poche foû di s'colîre,
Et d'hindant de haut talus,
Gomme on sot, cour âx mahîre,
Éhèrchant dès fleur, dès pirre,
Avou tapage; è-ce bin lu ?
L'orège, divins s'grande colère,
A râyî l'chène que si vîx ;
Lu, qu'on t-st-aimé nos grand'pére,
Il è là, stàré so Ttérre,
Stûré po n'pus si r'drèssî !
Mais l'timps racclérci si r'mèlte;
È cir, vocial ine airdiè;
Hoyant ses éle so 'ne cohètte,
On ô grusiner 'ne favètte :
L'orège nos a dit adiè!
MÉLANGES.
CONCOURS DE 1878.
Matante Gètrou
PAU
Emile GÉRARD.
AIR : Les cheveux blancs.
PRIX : MÉDAILLE DE VERMEIL.
G'èsteû-t-ine grande vèye feumme tote sèche ;
Après tant d'annôye, j'èl veu co ;
Qwantes fèye n'a-j' nin môttou s' manège,
Si pauve manège, cou d'zeur, cou d'zos !
Matante Gètrou riéve di m' vèye
Fer mes tour et mes coupèrou,
A bai mitan di s' lét quéque fèye....
Pùreù-j' rouvî matante Gètrou ?
Ji n'èsteû mâye foù di s' mohonne,
Gorant, nahant di tos costé ;
Li pauve vèye feumme m'èsteu si bonne
Qui ji n' l'oya mùye barboter.
Bin sovint, ji loyîve po l' quowe
Si cbèt, qwant ji jouwéve avou;
Mùgré tôt, j'èsteû l'ange de 1' rowe :
Pùrcû-j' rouvî matante Gètrou ?
56
— 562 —
Qwand ji scriéve, i falléve vèye
Qués oûye qu'elle doviéve po m' louquî ;
A l'élinde, j'èsteû-st-ine mèrvèyc,
Mi qui n' fève rin d' bon so m' papî !
Ji d'vaircû sûr on sujet rare,
Comme on 'nne aveu mâye pus vèyou,
Po l'mons de monde apothicâre...
Pôreû-j' rouvî matante Gètrou ?
M'arrivéve-t-i de fer barètte,
Et qu'è scole ji n'oisahe rintrer ?
C'è lèye qu'èsteû co 1' prumire prèle
Li lèddimain à m'y r'miner.
Elle mi fève passer po malade,
Qwand '11 saveù qui j' m'aveû battou,
Et qu' mes hàre èslît à brébàde :
Pôreû-j' rouvî matante Gètrou ?
A I' sîze, ji houtéve ses histoire
Di chin de T ronde et d' pàcolèt,
Di p'tit sottai qui v'nèt foû d' terre
Et d' vèyès feumme qu'èmacralèt.
Elle mi conléve même qu'è s' jùnèsse,
Bin dès galant l'avît r' qwèrou,
Qui nolle n'esteû pus belle à V fiôsse...
Pôreû-j' rouvî matante Gètrou ?
Matante Gètrou ploréve quéque fèye ;
Elle pârléve di si homme ces joû-là,
Di si homme qui mora po 1' Patrèye,
Qu'onque dès prumi i disfmda.
Elle ploréve, mais qu'elle esteû fire !
Mi, ji n' l'oya mâye disqu'û bout
Sins qu'ine lame ni v' nahe à m' pâpire :
Pôreû-j' rouvî matante Gètrou ?
— 563 —
\À dimègne, c'èsteû tote si jôye
Di m' prinde avou lève po 'nne aller;
Côp so côp, j' Tarrèstéve è 1' vôye,
Lî mostrant çou qu'èsteû hàgn'né.
Nos intrîs d'vin co traze botique,
Et mes deux poche, qwand ji v' névc fou,
Estît bourèye d'orange et d' chique :
Pôreù-j' rouvî matante Gètrou ?
Hoûye, li bonne feumme n'è pus so l' terre;
Elle ènne alla tôt m'abrèssant ;
Por mi, ç'aveù stu 'ne deuzême mère :
Matante Gètrou, ti m'aîméve tant !
Nin Ion d'cial, i n'a 'ne pitite pièce,
Wisse qu'on vert wazon crôhe âtoû ;
G'è là qu' ji m' rappelle mi jônèsse,
Mi jônèsse et matante Gètrou !
Jàsez-m'ènnè et ni m'è jâsez nin
PAR
Emile GÉRARD.
PRIX : MÉDAILLE D'ARGENT.
Jâsez-m' d'ine matinêye di maye,
Qwand, so l' inargarile de corti,
Florèye ossi blanque qui nivaye,
On veû r f risse rosêye riglati.
Mais d'ine hagnante sîze di décimbe,
Qwand plorèt lès anoycux vint,
Et qu'on frusihc di tos ses mimbc,
Qu'on n' m'è jâse nin !
Jâsez-m' d'ine brave mérc di manège,
Prôpe et riante, qu'ouveure todi,
Qui n' caqu'têye mâye à voisinègc,
Et fai di s' chambe on paradis.
Mais d'ine cànôye, d'ine sins-èhowe,
D'ine èplâse, qui n'a gosse à rin,
Qui passe si vèye à fer les mowe,
Qu'on n'mè jâse nin !
Jâsez-m' d'on bon père qui s'amuse
È s' mohonne, adlez ses èfant,
Et qui jourmûye à leu sort tuse,
Qwand pus tard, i lès veurè grand.
Mais d'ine franque canaye, d'ine sôlêye,
Qui lai ses èfant plorer d' faim,
Tôt d'hà, tôt nou, so lès pavêye,
Qu'on n' m'è jâse nin !
- 565 —
Jûscz-m' d'iiie invention qu'appoite
Ine novèllo richesse âx pays,
A qui l'oubène douve totes ses poite,
Et qui donne pus d'àhe à l'ovrî.
Mais d'ine méchante machine di guér e,
Comme on'nnè d'hoûve hoûye trop sovint,
Qni n' respâde qui 1' songue avà 1' terre,
Qu'on n' mè jùse nin.
Jùsez-m' d'ine homme à qui s'riclièssc
Siève à s'couri lès mâlhèreux,
Et qui va lu-mème, qwand 1' bîhe chèsse,
Trover l' pauve ô s' grignî d'zos l' teùt.
Mais d'on crohe-patâr, d'on sins-àmc,
Qui rèye d'ine vève et d' ses tuurmint,
Qu'avou si ôr risouwreû tant d' lânie,
Qu'on n' m'è jàse nin !
Jâsez-m' d'ine belle pitite jùne fèye,
Appétihante, sins falbala,
Qui, comme ine pope, n'è màye fahèye,
Et n'è plaî nin mons po çoulà.
Mais d'ine mamzèlle àx chille pondowe,
Poirtant fax cou, fax ch'vet, fax dint,
Qu'avou s' longue traîne heûve totes lès rowe,
Qu'on n' m'è jâse nin !
Jâsez-m' d'on fi qu'aîme si vîx père,
Qu'à dès caresses po ses ch'vè blanc,
Et qui po V sèchi de 1' misère.
Si laireù même avu faim d' pan.
Mais d'on sot grandiveu qui r'nùye.
Qui n' riknohe pus ses vix pariiit,
Pacequ'is n' sont nin covièrt di sùye,
Qu'on n' mè jàse sin !
— 5GG -
Jàsez-m' di tôt rou qui pou plaire,
D'ine pâquèttc, (l'on bouquet d' clawson,
D'on pré, wisse qu'on a po s' distraire
Li fâbitte âx douces chanson.
Mais d'çou qu'annôye : lès maladèye,
Lès freuds visège et lés chirs timps,
Po fini fâ-t-i co qu' j'èl dôye ?
Qu'on n' m'è jâse nin !
LES LONGUES AMOURS
Air : L'avez-v' veyou passer
PAR
François DEHIW.
MÉDAILLE DE BRONZE.
RESPLEU.
Vola qwinze an qu'ji hante avou l' frèsé Martin,
Ji pièdreû bin corège, ji n' se nin qui m' conlin.
Lès longues amours ni tourné jamâye bin.
Mi qu'èsteû si r qwèrowe qwand j'ésteu è m' prélimps.
On m dihéve li pus belle de l'poroche Saint Sèv'rin ;
Ji fa tourner fin sot pus d'onque di mes voisin,
Onque vantéve mes coleûr, Taute admireve mes dint;
Mes ch'vès neûr comme gayette, mi paî comme on satin,
G'è-st-à qui m' poléve fer lès pus doux complumint;
Ji m'amuséve quéque fèye à bouter leus sèrmint;
Mains 'ne voix m' dihéve à cour : Aili, ni v' hàstez nin,
Rawârdez, patiintez qu'ine bouse vi tome è 1' main.
Ji tourna socicial, qu'è tôt cosou d'ârgint,
Mains dispôye ci joû-là, j'ènne a sèpou po k'bin.
I n' m'a co jourmâyc fait li monde pitit présint;
Ji n'âreû nin treûs fleur tant senTmint l'joû di m' saint.
Si ji d'vise di mariège, j'ènne a fait bon longlimps ;
I m' brogn'rè six samaîne qui ça n' m'avance à rin,
Et tôt crèhant d' colère fà co fer tôt douc'mint :
S'il alléve vèye dès aute, j'ènne âreu de tourmint.
C'è-st-adonc qu'on dircu : vola çou qui v'rivin.
CONCOURS DE 1879.
LÈS ÈFANT D'FABRIQUE
PAR
Edouard REMOUGHAMPS.
1°' PRIX. — MÉDAILLE DE VERMEIL.
AIR ; T'en souviens-tu, ou mon carnaval.
Vos lès cinq heure, qwand ji m' dispiède quéque fèye,
Qu'i ploûsse, qu'i nîve, divins tote les saison,
J'ù vos cfant claper l'iiouhe de 1' hayèye,
Po s' rinde èssône à 1' fabrique â coton.
A v' dire li vraiye, mi cour sône di lès vèye,
Blanc-moirt, houpieux, ènne aller tôt trônnant;
D'vant de voleur qu'is vonsse wangnî leû vèye,
Acclèvez donc vos pauves pitits èfant.
Qui wangnèt-is, po s'dinner tant dès pône,
Po fer, par joù, traze heure à leû mèstî?
G'è bin pau d' choi, c' n*ê câsi qu'ine âmône,
Mains c'è dès censé qu'on prind à 'ne usurî:
Lès intérêt, ci sèrè l'maladèye,
Qu'is n' tâjront nin d' s' aqwèrri tot-z-ovrant ;
D'vanl do voleur qu'is vonsse wangnî leû vèye,
Sognîz r santé d' vos pauves pitits èfant.
— 509 -
L'èfant d' fabrique è-st-ine jône plante qu'on sùye
De fer frugî divins 1' coine d'on jùrdin,
Wisse qui l'solo ni l'air peur ni vont màye,
Et qu'on veurè diquoili tôt douc'mint.
Rin qui 1' dimègne, li solo n' rèshandêye
Ces deux pauves coirps qu'ènnè vont d'jà morant
D'vant de voleur qu'is vonsse wangnî leu vèye,
Leyîz donccrèhe vos pauves pitits èfant.
Por zèls, quéque fèye, li fabrique è 'ne sicole
Wisse qu'is polèt apprinde pus d' ma qui dbin;
Wisse qui rârmint il oyèt 'ne bonne parole,
Qui fasse, â cour, gèrmi Fbon sintumint.
Jones âbe sins s'iipe â mitant d'ine prairèyc,
Qui tos lès vint font ployî tôt crèhanl !
D'vant de voleur qu'is vonsse wangnî leû vèye,
Drèssîz de mons vos pauves pitits èfant.
Po v' passer d'zèl, trîmez di tote manîre;
Lèvez-v pus timpe; sîsez tant pu fàrè;
Po qu' l'apprindèsse tos deux à 1ère, à s' cnre,
Pus qui leû wagne, vosse pônc vis rappoirlrè ;
Li bin qu'on r'çà, jamûye on n'èl rouvèye,
D'vins vosse vîUosse i v'sèro.it rikno'.iaiit.
D'vant d j voleur qu'is vonsse wangnî leû vèye,
Mettez è s'cole vos pauves pitits étant.
.ovo;'^-
Ji n'oise
PAR
Emile GÉRARD.
AIR : Le Réséda.
MÉDAILLE D'ARGENT.
Qwand ji douve mi poite â matin,
Ji veû chaque joù mi p'tite voisène,
A front d' nivaye, à I' pai d' satin,
Qui s' mosteûre inte ses jalofrène.
Ji voreû bin lî dire qu'elle è
Pus belle qui lès fleur di s' fmièsse,
Qui 'ne violette même flouwihe tôt près.
J'èl vôreû si bin... mais, ji n'oise !
Ji so-st-â cir qwand j' l'ô chanter:
G'è-st-ine musique po mes orèye ;
Ji lai là mi ovrège po l' hoûter,
Et tour à tour, ji pleure et j' rèye.
Ji vôreû bin lî dire qui s' voix
E-st-on chant plein d* douces caresse,
Qui m' fai rouvî l' fabite dès bois,
J'èl vôreû si bin... mais ji n'oise !
— 571 -
A r vèsprêye vin-t-èlle à sorti?
Co pus vite ji so podrî lèye;
Ji n' veû pus rin qu' ses pîd si p'tit,
Si ptit qui j'a pône à lès vèye.
Puis j' m'apprèstêye à lî parler,
Mais fâte d'on tôt p'tit pau d'hardiesse,
Sinsrin dire, j'èl lai co'nne aller,
J'èl vôreù si bin . . . mais ji n'oise !
On joû qu'elle si fève è s' jardin,
On bouquet d' rose à pône doviètle.
Elle ria, mostrant ses blancs dint,
Et j' creû même qu'elle mi fa 'ne clignètte.
G'èsteù r côp de rèsponde à m' tour,
Mais j'aveû pièrdou tél'mint l' tièsse,
Qui d'vant lèye ji d'mora tôt court...
Ca vos r savez bin... mi, ji n'oise!
A bal, tôt wisse qu'elle va, j'y so;
Si vos savîz comme elle è belle !
Là, j'èl louque et j'èl rilouque co,
Ji frusihe et m' tiesse si troubèlle.
Ji donreû m' part di paradis,
Po 'ne danse d'à sonque qwand c'è n'osse fièsse;
Si j'èsteû portant pus hardi,
Ji lî d'mandreû bin... mais, ji n'oise!
Hoûye à 1' nute, ji m' va-st-ahardi
A lî dire tôt çou qui m' cour pinse,
Et po fer tôt comme ji v's èl' di,
So s'poite, ji rattindrè qu'elle vinse.
Hoûye à 1' nute... c'è bin vite déjà...
Personne ni vou-t-i dire ô m' pièce
A m' voisène toi l'amour qui j'a..,
Ji lî dîreù bin... mais, ji n'oise !
L[ P'TITE LUCEYE
PAR
MÉDAILLE DE BRONZE.
Air: En revenant de Bâle en Suisse.
Qwand 'lie èsteû jône, li p'tite Luccye
Esteû hureûse on n'pou riin pus;
Si père et s'mére èstît sot d'Ièye,
G'èsteû 80 l'térre leû p'iit bon-Diu :
Mains adonc Lucôye,
Houtéve todi bin,
Tos lès bons consèye
Di ses vLx parint.
J'èl rveû-st-èco, frisse et jolêye,
Avou s'pai blanke comme on malon,
Ses chiffe ros'lante, s'boke di moqu'rèyc,
Et si p'tite fossale â minton.
Mains adonc Lucèye,
Houtéve todi bin
Tos lès bons consèye.
Di ses vîx parint.
— 573 -
Elle aveu dès cli'vè comme gaillètte,
Qu'elle rèspoLinéve assez sovinl,
Dizos lès pleù d'ine blanke côrnètte,
Qui lès loyeûre floUît à vint.
Mains adonc Lucèye
Houtéve todi bin
Tos lès bons consèye
Di ses vîx parint.
Pitite à p'tite elle si fa gâye ;
Ses oûye kimincît à blawter,
Si cour n'èl lèya pus è paye,
Ca Tamour èl févc tourmètcr.
Mains adonc Lucèye
Pus mâlahèy'mint.
Houta lès consèye,
Di ses vîx porint.
Todi riante et bin tloch'têye,
G'èsteû on plaisir de Tvèyî ;
Ossu lès jônes homme, à rtourncye,
Sayi di s'è fer veye voltî.
Mains adonc Lucèye,
Pus màlahèy'mint,
Houta lès consèye,
Di ses vîx parint.
Li ci qu'aveu Tpus bai visège,
Aveu ossu l'pus laid irèhin :
'L'aîtnéve de beûrc, hèyive l'ovrège,
Mains lu lot seû lî plaihive bin.
Mains adonc Lucèye,
Prinda po dès rin,
Tos lès bons consèye,
Di ses vîx parint.
— 574 —
Elle fa si bin di si p'tite tièsse,
Qui lès vîx, comme riméde â ma,
Pnsqui leû fèye aveu fait l'bièsse,
Lî lèyi s'poser li rin n'vù.
Mains adonc Lucèye,
Çoulà si comprind,
S'passa dès conseye,
Di ses vîx parint.
Mariêye, elle ava de l'misére,
L'homme n'ovréve wère, buvéve baicôp,
Et daupinéve tant l'jône kimmére,
Qui s'coirps esteû tôt neûr di côp.
Adonc l'pauve Lucèye,
D'ha : Poquoi n'a-j'nin,
Sùvou lès consèye
Di mes vîx parint .
C'è po longtimps, qwand on s'marèye,
I va lès pône de bin louquî ;
C'è l'bonheur qu'on mette à l'iolrèye,
Jône fèye, si vos IVolez wangnî,
Fez aut'mint qu'Lucèye,
Houtez todi bin
Tos lès bons consèye
Di vos vîx parint.
RAPPORT
DE
M. J. DEJARDIN
Président de la Société, lu en assemblée générale, à la salle d'Emulation
le 30 mai 1891, à Voccasion de la remise solennelle des médailles
aux lauréats des concours de 1890.
Mesdames, Messieurs,
Lorsquen 1836, la Belgique célébrait le ^S'"^
anniversaire du règne de S. M. Léopold I, la Société
philanthropique des vrais liégeois eut l'heureuse idée
d'organiser des concours de poésie wallonne pour
s'associer aux fêtes qui avaient lieu à Liège ; le pre-
mier pour une pièce de vers en l'honneur de Léopold
I, et le second pour un cràmignon dont le sujet
n'était pas imposé. Des médailles d'or de cent francs
et de vermeil de cinquante francs étaient attribuées
à chacun de ces concours. De nombreuses pièces
furent adressées à la Société, et les deux grandes
distinctions furent décernées, l'une à M. Adolphe
Stappers, pour son poème intitulé : Li vingt onk
julette I806, et la seconde à M. Nicolas Defrecheux
pour son charmant cràmignon : Uavez-v' veyou
- 576 —
passer, devenu si populaire. D'autres distinctions de
moindre importance furent encore attribuées à plu-
sieurs concurrents, MM. Lamaye, Toussaint Delchef
et Dehin.
Le jury était composé de MM. Forir, président,
Lesoinne, Wasseige, Duvivier, Collette, Bailleux, et
Masset. secrétaire. Ces Messieurs tinrent plusieurs
réunions, et tout en examinant les pièces soumises
à leur appréciation, ils entrevirent la possibilité
d'instituer, dans l'intérêt de l'idiome liégeois, des
concours permanents el annuels. Ils s'adjoignirent
donc les lauréats qu'ils venaient de distinguer,
firent appel à quelques personnes qui déjà s'occu-
paient du wallon et le 27 décembre 1856, la Société
liégeoise de littérature wallonne était constituée et
les statuts approuvés.
Depuis lors, il s'est passé bien des événements et
l'impitoyable mort a aussi exercé ses ravages dans
nos rangs ; des trente membres titulaires fondateurs
que nous étions alors, je n'en vois plus que trois
avec moi, MM. Ilock, Le Roy et Henrotte.
En 1865, le roi Léopold lï monta sur le trône,
succédant au fondateur de la dynastie nationale,
et l'an passé on célébrait le 25^ anniversaire de son
règne. Notre société pour être essentiellement lié-
geoise n'en est pas moins bebje pour cela, et elle a
voulu, comme tout le monde, apporter sa partici-
pation aux fêtes nationales. Elle a pensé que ce
qu'elle avait de mieux à faire, c'était de suivre :|.la
même marche qu'en 1856, et elle a repris le pro-
— 577 —
gramme d'un concours de poésie wallonne dans les
mêmes termes et avec les mêmes distinctions que le
premier tournoi qui lui a donné naissance.
Les lauréats que nous avons couronnés vont
recevoir tantôt les prix qui leur ont été décernés.
Nous n'avons pu accorder qu'une seule médaille d'or
et c'est M. Auguste Vierset, professeur à St-llubert,
qui l'a méritée pour son ode patriotique.
Voici en quels termes noire honorable collègue
M. Dory, rapporteur du jury, apprécie cette œuvre
sur laquelle nous avons tous parlagé son avis.
« Le n° 2iî est une ode en règle, elle se compose
« de huit vers en patois namurois. Ici nous avons un
« vrai poète ; il a de la verve, son style chaud,
« coloré, brillant, élevé anime tout ce qu'il dit ;
« l'inspiration, peut-être un peu naïve dans quelques
f vers du commencement, se soutient d'un bout à
« l'autre; enfin le panégyrique est complet. L'auteur
« est le seul qui ait rappelé, en excellents termes, la
« mort de l'héritier présomptif du trône, note
« pathétique touchée avec un tact parfait, et qui
« provoque une émotion sympathique au milieu du
« concert d'éloges décernés à notre Roi. »
Nous aurions désiré vous faire donner lecture de
cette ode, mais elle est un peu longue (14 strophes
de huit vers), et elle est écrite en wallon de Namur ;
or, nous n'avons pas parmi nous de namurois pour
vous rendre exactement ce langage avec son accent
de terroir.
Le concours de crùmignons, par contre, n'a pas
57
578
été aussi brillant. Parmi les seize crâmignons que
nous avons reçus, deux seulement ont paru dignes
de la médaille de vermeil.
Bien que moins heureux qu'en 1850, nous devons
cependant remercier nos poètes de leur participation
et les louer de leurs efforts.
Ce concours spécial n'a nullement nui à nos con-
cours ordinaires, qui continuent toujours à être
suivis par de nombreux auteurs. En réponse à onze
des dix-sept questions portées à notre programme,
nous avons reçu quatre-vingt-deux pièces diverses,
qui, ajoutées aux trente-sept pièces du concours
spécial, nous donnent un total de cent dix-neuf
œuvres. Ces chiffres sont éloquents; le résultat ne
l'est pas moins puisque nous avons pu décerner deux
médailles d'or; l'une à M. Semertier, pour le Voca-
bulaire des pharmaciens et l'autre à M. Dout repont
pour un travail sur la Conjugaison dans le wallon
liégeois; et nous constatons que parmi les concours
qui ont le plus produit, il faut mettre en première
ligne ceux qui concernent la linguistique.
L'année dernière a également été féconde ailleurs
que chez nous; on a publié plus de trois cents pièces
de théâtre, chansons, poésies, contes en vers ou en
prose dans lés annuaires de nos vaillantes sociétés
locales, le Caveau liégeois, les raskignoii du caveau,
l'Association dramatique ; dans les journaux, notam-
ment dans le Spirou, ou encore en plaquettes. Le
mouvement wallon ne fait que s'accentuer de plus en
plus, et, à notre exemple, les concours se sont
— 579 —
encore multipliés partout, mais jusqu'à présent
nous sommes restés seuls à susciter des travaux
linguistiques dont le pays et l'étranger ont bien
voulu reconnaître l'importance.
Pour ces travaux, il nous faut une bibliothèque
qui comprenne non seulement les œuvres wallonnes,
mais aussi tous les ouvrages qui traitent de la langue
wallonne, ou même des langues romanes qui s'y
rattachent. Grâce aux subsides de l'Etat, de la Pro-
vince et de la Commune, nous avons pu faire quelques
acquisitions indispensables, moins cependant que
nous n'aurions voulu, car nos Annales étant, et au
delà, absorbées par des publications de plus en plus
nombreuses, telles que les deux volumes que nous
distribuerons en 1892, et les deux que nous donnerons
en 1893, ce qui nous reste nous suffit à peine pour
les dépenses que nous occasionnent nos locaux, nos
concours, notre bibliothèque, notre administration,
etc.
Pour terminer ce rapport, peut-être déjà trop
long, il me reste à remplir la tâche très agréable de
remercier les autorités qui, par leur présence,
rehaussent l'éclat de cette cérémonie, et celles qui,
retenues par de fâcheuses circonstances, sont cepen-
dant avec nous de cœur et ne nous ont jamais mar-
chandé leur puissant appui.
Quant aux dames qui, comme toujours, ont tenu
à assister en grand nombre à notre fêle, nous leur
présentons rhommage de toute notre gratitude ; car
aussi longtemps que notre cause restera en faveur
— 580 —
dans toutes les classes de la Société, aussi longtemps
que les succès de nos concours et de nos publications
justifieront l'importance qu'on veut bien leur
accorder, nous resterons sur la brèche pour tenir
bien haut le drapeau de la Littérature wallonne.
CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Dans sa séance du 15 février 1889, l'assemblée décide de
s'associer à la manifestation en l'honneur de M. Henri Simon,
à l'occasion de la 100« représentation de Li bleu hîhe.
Elle délègue quelques-uns de ses membres pour assister à la
représentation et remettre, au nom de la Société, une couronne
à l'heureux auteur et estimé confrère.
En juin de la même année, elle envoie, à Chênée, des
délégués à la 100» représentation du f^ovel an, l'excellente
comédie de M. Joseph Willem. Elle forme également une
délégation pour représenter la Société à l'inauguration du
monument érigé au regretté poète Toussaint Brahy, dans le
cimetière communal.
Le 10 mai 1890, la Société a procédé à la distribution des
médailles aux lauréats des concours de 1888 et 1889. Dans
son rapport, le président a constaté l'incessant progrès de la
littérature wallonne dans toute la Wallonie belge.
Celte séance a eu lieu au Pavillon de Flore; M. le gouverneur
— 582 —
de la province, M. le boun^imestre de Liège et d'autres autorit'^s
marquantes y assistaient.
On y a représenté avec succès la comédie : Fiasse et Bèlle-
mére de M. DD. Salme, pièce qui avait obtenu la médaille
d'or ail concours de 1880, ainsi qu'une scène du Nèveû d'à
Filogurt, opérette par Jean Bury (médaille d'argent).
Dans sn séance du 15 Juin 1800, la Société décide qu'elle
publiera une seconde édition du Dictionnaire des spots ou
proverbes wallons de MM. Dejardin, Nicolas Defrecheux et
Delarge. Cette édition, qui sera beaucoup plus considérable
que la première, aura deux volumes qui seront les n''^XVII et
XVIII, 2^ série, de nos bulletins. Le tome XVII sera distribué
fin 1801 avec le tome XVI, et le tome XVIII sera distribué fin
1802 avec le tome XIX.
Le 5 juillet 1800, la Société décidequ'elle ouvrira, à l'occasion
de la 25" année de l'avènement au trône de S. M. Léopold II,
un concours national wallon pour célébrer cet anniversaire.
Le programme du concours organisé en 1856 par la Société
philanthropique des vrais liégeois, lors du 25" anniversaire du
règne de S. M. Léopold 1", sera pris pour modèle et suivi
exactement.
La pièce de M. Auguste Vierset, professeur à Saint-Hubert,
intitulée : XXV^ anniversaire de S. M. Léopold II, Roye des
Belges^ a obtenu une médaille d'or.
Dans sa livraison du 15 novembre 1800, la Revue de Belgique
— 583 —
a publié une longue étude sur La Société liégeoise de
littérature wallonne et son œuvre.
Cette notice, due à la plume de M. Eug. Duchesne, secrétaire
de la Société, a été reproduite in extenso par le journal
La Meuse, et Li Spirou en a donné des extraits.
Lors du VI" Congrès de la Fédération archéologique et
historique de Belgique, tenu à Liège les 3, 4, 5 et G août 1890,
M. Julien Delaiîe, secrétaire-adjoint do la Société, lit un travail
en réponse à la 2l« question du programme de ce Congrès,
question ainsi conçue :
a Le grand nombre d'expressions et de tournures néerlan-
daises, qu'on rencontre dans le wallon, suffit-il pour faire
admettre que la population de la cité de Liège ait jamais parlé
un dialecte thiois? »
Il y prouve qu'il n'existe que4à5''/o de radicaux germaniques
en wallon et au grand maximum '1 "/„ d'emprunts au néerlan-
dais, d'où l'on ne peut conclure que la ville de Liège ait
jamais parlé un dialecte thiois, surtout si l'on tient compte que
ces racines germaniques se retrouvent dans tous les dialectes
d'origine romane.
Toutefois, il admet que le wallon, par suite d'une question
d'identité de frontières avec les langues germaniques, ainsi
que d'une origine germanique tout à fait primitive (éburonne) a,
plus que tout autre dialecte roman, reçu la teinte germanique.
D'ailleurs et c'est là un argument sans réplique, il n'y a pas
que la ville de Liège qui parle wallon. Or les diiïérents
dialectes wallons renferment ces racines germaniques et
— 58i —
néerlandaises; d'où Ton no peut évidemment conclure pour
Liège seule que l'on y ait parlé un dialecte thiois.
D'ailleurs, l'histoire de la cité elle-même permet seulement
de conclure que la principauté, et non la ville, était bilingue.
Elle prouve que si, à la vérité, il y a toujours eu un certain
nombre de Flamands dans la cité, ce nombre n'a jamais été
assez considérable pour que l'on puisse en tirer des conclusions
affirmatives pour la question du Congrès. La linguistique, la
toponymie, Thisloire, répondent non h cette question.
Liège fut, est et restera la ville wallonne par excellence.
Ce mémoire est imprimé dans le tome VI, 2' fasc, p. 214,
de la Fédération, el a paru sous forme de tiré à part et sous
le titre de Liège la wallonne, étude philologique et historique
sur la prédominance constante du dialecte wallon dans la
cité de Liège.
Liège, imprimerie H. Vaillant-Carmanne, 1891.
Dans la séance du 29 janvier 1891, M. Joseph Defrecheux,
bibliothécaire-archiviste, a lu le rapport ci-après sur l'état
de notre bibliothèque.
Messieurs,
Déférant au désir qui m'a été exprimé par Monsieur le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport sur les dépôts
dont la garde est confiée à mes soins.
Il n'y a guère, nos livres étaient relégués dans les combles de
l'Université; il vous souvient encore de votre visite à ce local
— 585 —
étrange et peu accessible ! Depuis un an environ, notre biblio-
thèque proprement dite peut être facilement utilisée. Elle est
enfin établie dans une chambre bien aménagée et d'un abord
facile, faisant partie de l'immeuble où la Société iVEmulation
a son siège. D'autre part, les différentes livraisons que nous
avons à vendre sont restées à l'Université.
Pendant le cours de l'année qui vient de s'écouler, nos col-
lections ont pris un développement considérable; en effet, dans
cet espace de temps relativement restreint, sans compter de
nombreuses plaquettes ou feuilles volantes, il est entré dans
notre bibliothèque plus de quatre cents volumes ou brochures.
La Société continue à recevoir les publications des Cercles
littéraires ou scientifiques auxquels elle adresse ses Bulle-
tins.
En procédant ù un recollement attentif, nous avons constaté
de nombreuses lacunes dans nos collections. Un instant nous
avons espéré qu'une partie des livres manquants se trouvaient
en souffrance chez les héritiers de feu Monsieur Grandgagnage,
et Monsieur Dejardin a écrit à ce sujet au fils de notre ancien
et regretté président. Malheureusement, une réponse négative
est venue nous enlever toute illusion. Il y aura lieu de continuer
nos recherches dans une autre direction.
Au cours de l'an dernier, de bonnes et amicales relations ont
été nouées avec le Caveau verviétois et VOeuvre des Soirées
populaires, de Verviers; nous sommes parvenus à recueillir
tout ce qui a été publié par la première de ces sociétés et à peu
près tout ce que la seconde a fait paraître. Dans cette tâche,
nous avons été puissamment secondés par une personne obli-
— 586 —
géante entre toutes et entièrement dévouée à notre cercle :
nous voulons parler de M. Jean Wilkin, trésorier du Caveau
verviétois et archiviste de VOeuvre des Soirées populaires.
M. Wilkin nous a fait également parvenir diverses œuvres
éditées par la Société des Fous. Sans doute, vous trouverez,
Messieurs, qu'il y a lieu de remercier M. Wilkin en lui accor-
dant le titre de membre correspondant. D'un commun accord
avec M. le Président et M. le Secrétaire, nous vous propo-
sons de faire porter sa nomination en cette qualité à l'ordre
du jour de notre prochaine séance.
La bibliothèque possède ou reçoit quelques journaux qui
s'occupent spécialement ou régulièrement de wallon, savoir :
VAclot, Caprice-Revue, VEcho de Liège, la Gazette wallonne,
le Journal Franklin, la Gazette du Borinage, la Marmite, le
Spirou, le Lampion et Tambour battant. Ces journaux, la
Société les doit en grande partie à la générosité de quelques-
uns de ses membres les plus dévoués. Comme revues, nous
recevons la Revue des patois gallo-romans, la Tradition,
la Revue belge et 0ns Volksleven.
La bibliothèque de l'Université de Toronto, au Canada,
possédait en entier les publications de la Société wallonne ; out
a péri, vous le savez, dans un vaste incendie. A la suite d'une
demande adressée h notre Secrétaire, de nouveaux envois ont
été faits à Toronto. L'accusé de réception vient de nous
parvenir avec les remerciements de l'Université.
Sans compter ce qui 's'est débité à Liège, nous avons vendu
bon nombre de nos livraisons {Bulletins, Annuaires et tirés
à part), à Bruxelles, à Anvers, à Cologne, à Lille, à Paris, etc.
— 587 —
Le produit de ces ventes et surtout les subsides généreusement
octroyés à la Société par la Ville, par la Province et par l'Etat,
nous ont permis de faire relier une partie des livres de la
bibliothèque et de procéder à d'importantes acquisitions, soit
dans des ventes publiques, soit chez les libraires. C'est ainsi
que nous nous sommes procuré différentes collections
d'almanachs, savoir : V Aunnonaque diNameiir, XAurmonaque
de V Marmite, VArmonaque de Mons, V Vraie erviie de Mous,
les Ètrennes tournaisiennes , VAlmanach du Tournaisien,
VArmonaque borain, VArmonak do V Saméne, etc. ; que nous
avons acheté les Annuaires du Caveau liégeois, aujourd'hui si
rares et si recherchés ; que nous avons acquis presque toutes
les pièces composant le répertoire dramatique wallon, si fécond
et si original; que nous avons recueilli, enfin, tout ce qui touche
de près, tout ce qui se rattache à noire chère langue. Sans cesse,
nous nous efforçons de combler les lacunes qui existent encore
et nous nous procurons livres et brochures au fur et à mesure
de leur apparition.
De nombreuses personnes ont montré le plus vif intérêt
pour notre bibliothèque. Elles se sont empressées de lui faire
hommage de leurs œuvres ou Font enrichie de dons non
moins précieux. Ces généreux donateurs sont MM. Boinem,
Henri Bury, Cambron-Fayn, de Salziimes-Namiir, Victor
Chauvin, Jules Declève, de Mo7is, Charles Defrecheux, Joseph
Dejardin, Julien Delaite, Joseph-Krnest Demarteau, Louis Del-
saux, Emmanuel Despret,de Nivelles, Alexandre Desrousseaux,
de Lille, Hyacinthe Dor, de Flémalle , Georges Doutrepont,
Eugène Duchesne, Joseph Dufrane, de Marchienne-au-Pont,
— 588 —
Kd. Etienne, de Jodoignc, Henri Gaidoz, de Prtm, Auguste
Gittée, Charles Gothier, Toussaint Hallin, le chanoine Henrotte,
Auguste Hock, Joseph Kinable, Paul Marchot, Jules Martiny,
Jules Matthieu, de Verviers, Edouard Parmentier de Nivelles,
Léon Petit de Nivelles, Félix Poncelet, d'Esneux, Henri
Raxhon, de Verviers, Remacle, de Binant, Edouard Reraou-
champs, J'abbé Renard, de Bruxelles, Dieudonné Salme, Henri
Simon, Henri Schuermans, Jean Stecher, Gustave Thiriart,
Alphonse Tilkin, Gilles Vanast, de Battice, H. Vaillant-
Carmanne, Charles Vaillant, Jean Wilkin, de Verviers, Georges
Willame, de Nivelles et votre serviteur.
Nous nous flattons de l'espoir que ces amis des lettres
wallonnes voudront bien persévérer dans leurs généreuses
dispositions. Des remerciements empressés leur ont été trans-
mis en temps utile de la part de la Société, mais il nous
est doux de leur exprimer de nouveau et publiquement notre
vive reconnaissance. C'est la partie la plus agréable de notre
tâche.
Liège, 29 janvier 1891.
Le Bibliothécaire-archiviste,
Joseph Defrecheux.
La distribution des médailles aux lauréats des concours avait
lieu habituellement tous les deux ans ; mais comme il y avait
eu deux concours en 1890, le concours ordinaire et celui
en l'honneur du 25*= anniversaire de S. M. Léopold II, la Société
a procédé à une remise des récompenses.
— 589 -
Le 30 mai 1891, la cérémonie s'est donnée à la salle
de la Société d'Emulation; le cercle dramatique l'Avenir a
interprété Li pîpe d'à Stoehet, de M. Jean Bury, et le Théâtre
wallon a représenté Brique et Moirti, comédie de noire col-
lègue Henri Simon.
M. le Président du Conseil provincial assistait à cette séance;
M. le Gouverneur s'était excusé; les membres de la Société et
leur famille remplissaient entièrement la salle, et ont fait
le meilleur accueil aux lauréats.
M. le Président a lu à cette séance le discours-rapport qui
est inséré au Bulletin, p. 575.
Le 21 juin 1891, la Société a reçu, de Tournai, avis de
la création du Cercle tournaisien de littérature wallonne.
Dans une lettre, signée du Président M. Lefebvre, avocat et
échevin, de M. Leroy, contrôleur des postes, vice-président et
de M. Wattier, fabricant, secrétaire, nous relevons les phrases
suivantes :
a Nous avons cru de notre devoir de vous faire celte notiti-
cation, et de profiter de celte circonstance pour vous remercier
des précieux renseignements que vous avez bien voulu nous
fournir par l'intermédiaire de votre honorable président.
« Nous n'ignorons pas que le mouvement littéraire wallon,
qui s'étend de plus en plus, est parti de Liège et que l'honneur
en revient surtout à votre société. L'intérêt que vous portez à
toute la Wallonie, nous fait espérer que vous voudrez bien
nous aider de vos conseils et qu'il existera désormais entre les
deux cercles, de bonnes et durables relations, b
— 590 -
La Société, comme don de bienvenue, décida à l'unanimité
d'adresser au cercle quelques-unes de ses publications.
Le bureau, réuni exlraordinairement le 24 juillet 189 1 , décide
que la Société sera représentée officiellement aux funérailles
de M. Julien d'Andrimont, sénateur et bourgmestre de Liège,
membre d'honneur.
Le lendemain, le président de la Société a prononcé à l'hôtel
de ville le discours suivant :
« A ce moment suprême, où tous les regrets, où tous les
éloges ont le droit de se faire entendre, il sera permis à la
Société liégeoise de littérature wallonne, interprète de tous
ceux qui aiment notre ancien langage, de rappeler ce qu'elle
doit à Julien d'Andrimont. Le premier, il a hautement défendu
au Sénat les droits des Wallons, et depuis, dans le meeting
qu'il a présidé à Liège, dans les réunions plénières de notre
Société, auxquelles il assistait toujours, il n'a jamais cessé de
protéger énergiquement notre dialecte populaire. Ce sont là
des actes qui, avec tant d'autres d'ailleurs, maintiendront à
jamais son souvenir vivant dans tous les cœurs liégeois.
Aussi, c'est avec une émotion profonde que nous venons
adresser un dernier adieu à celui qui a été notre collègue pen-
dant plus de 30 ans, entouré qu'il était des sympathies de toute
notre Société : adieu, cher collègue, adieu! »
Lors du VU" Congrès de la Fédération archéologique et
historique de Belgique, tenu à Bruxelles les 2, 3, 4 et 5 août
— 591 —
1891, M. Julien Delaite lit une note tendant à prouver qu'il
est impossible d'admettre que la croyance aux nains (nutons,
sottaî, massolaî, etc ), remonte aux périodes préhistoriques et
à l'homme primitif.
Cette note sera imprimée dans les comptes rendus des tra-
vaux de ce Congrès.
Ont été nommés membres titulaires pendant la période qui
vient de s'écouler:
1. MM. Jules Martiny, négociant (mars 1889),
'2. » Armand Rassenfosse, artiste peintre (mars 1889),
3. » Ernest Nagelmackers, banquier et président de la
Société libre d'Emulation (décembre 1889).
4. B Louis Delsaux, avocat (janvier 1890).
5. » Emile Jamme, membre de la chambre des représen-
tants (janvier 1890).
Monsieur Mathieu Crandjean, membre titulaire et ancien
bibliothécaire de la Société, a été nommé membre honoraire
(15 janvier 1891).
Ont été nommés membres correspondants:
1. MM. Edmond Etienne, à Jodoigne.
2. » Jules Declève, à Mons.
3. » Jean Wilkin, à Verviers,
4. » Auguste Leroy, à Tournai.
TABLEAU
DES
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU 31 DÉCEMBRE 1891.
Bureau.
Dejardin, Joseph, Président.
Falloise, Alphonse, Vice-Présidetit.
DUCHESNE, Eugène, Secrétaire.
Delaite, Julien, Secrétaire-adjoint.
LequareÉ, Nicolas, Trésorier.
Chauvin, Victor, Trésorier-adjoint.
DefreCHEUX^ Joseph, Bibliothécaire-archiviste.
Membres titulaires.
DejARDIN, Joseph, ancien notaire, à Cheratte, (décembre 1856,
fondateur).
HOCK, Auguste, rentier, quai Mativa, 21, (décembre 185G, fondateur),
vice-président honoraire.
Desoee, Auguste, propriétaire an Journal de Lîé^e, place St-Lambert,9,
(février 1860).
Delbœuf, Joseph, professeur h l'Université, boulevard Frère-
Orban, 32, (août 1862).
De Thier, Charles, conseiller à la Cour d'appel, boulevard Frèrc-
Orban, 30, (août 1862).
BbaCONIER-DE MaCAR, Charles, industriel, boulevard d'Avroy, 73,
(mai 1869).
— IV —
Membres adjoints.
AbrAS, Cliarles, ingénionr-consti-ucteuv, à Sclossin.
Aerts, Auguste, notaire, rue Ilors-Ohâteau, 29.
AxGENOT, Rémi, candidat notaire, rue du Chéra, 5.
Ansiaux, Gustave, assureur, rue du Pont-d"Ile, 49.
Antoine, Edouard, rue Trappe, 17.
Arnold, Léon, sous-lieutenant d'ai-tillerie, à Termonde.
Attodt, Elnile, fils, rue Hors-Château.
AttoUT, Louis, rue Jonruelle, 43.
AUVRAY, Michel, appariteur à l'Université, rue des Houblonnières, 34.
Balat, Alphonse, architecte, à Bruxelles.
Banneux, Phil., ingénieur et chargé de cours, rue Vivegnis, 24.
Baron, Henri, auteur wallon, rue de l'Ouest, 14.
BartholOMÉ, négociant, rue Neuvice, 49.
Bastin, Paul, professeur à l'Athénée, rue des Clarisses.
Baudrihaye, Alfred, brasseur, quai St-Léonard, 64.
Baugniet, André, vérifie, de l'enregistrement, rue de la Régence, 32.
Bayard, Victor, employé au chemin de fer du Nord, rue Moulan,8.
BeauJËAN, Emile, ingénieur, rue Basse-Wez, 269.
Beer, Sylvain, ingénieur-constructeur, à Tilleur.
BÉNARD, Auguste, éditeur, rue Lambcrt-le-Bègue, 13.
Benoit, capitaine, quai des Pêcheurs, 43.
Bernard, Lambert, industriel, quai Coronmeuso, 36.
Bernard, Guillaume, industriel, quai de Coronmeuse.
Bertrand, Omer, fils, rue Royale, 4.
Bertrand, Oscar, notaire, place de la Cathédrale, 11.
Beuret, Auguste, rentier, boulevard d'Avroy, 85.
BlA, Joseph, rue Trappe, 24.
BlAR, Nicolas, notaire^ place de la Cathédrale, 20.
BiDAUT, Georges, au château de Curange, par Hasselt.
BiDEZ, J., Dr Phil., chez M. de Sélys, boulevard de la Sauvenière, 34.
BiDLOT, Ferd,, chef de clinique, quai de l'Université, 10.
Blanpain, Jules, conseiller communal, rue des Guillemins.
BlandOT, docteur en médecine, à Tilff.
BOCKSRUTH, Vincent, avocat, rue Vivegnis.
BodSON, Jos., architecte, rue Bonne-Femme, 18.
_ V —
BOINEM, Jules, prof, à l'Ath., Chaussée de Willeineau, 31, à Tournai.
BORGUET, Louis, avocat, à Doyon, par Havelange.
BORGUET, Louis, docteur en médecine, rue Cliausséo-des-Prés, 22.
BOSCHERON, Léon, brasseur, rue du Coq, 1.
BOUHON, rue Sainte-Marguerite, 297.
B0ULB0ULLE,L., professeur à rAthénée,rue Conscience, ?)2. à Malines.
Bourgeois, Nestor, ingénieur des mines, rue Paradis, 101.
Bourgeois, Paul, ingénieur, rue des Augustins, 43.
Bourguignon, Henri, notaire, à Marche.
B0USSART,"L<i, chef de bur. au Bur. de bienf., 31, r. Haut c-Sauvenière.
BOUVY, Alexandre, tanneur, quai de l'Abattoir, 37.
Bozet, Lucien, notaire et conseiller provincial, à Seraing.
Brachet, Albert, étudiant, quai de Longdoz, 57.
Braconier, Frédéric, sénateur, boulevard d'Avroy, 9.
BracOXIER, Léon, rentier, quai de l'Lidustrie, 16.
Braconier, Maurice, boulevard d'Avroy, 71.
Braconier, Raymond, rue Hazinelle, 4.
Brasseur, Jean, industriel, rue de la Casquette, 30.
BreuER, Gustave, rentier, quai de Maestricht, 15.
BricoULT, Edouard, quai de Flandre, 4, à Charleroi.
Brixko, Noël, instituteur communal, à Micheroux.
Bronckart, Henri, place du Sud, 26, à Charleroi.
BRONCKART, Arnold, directeur d'école, rue Wazon, 53.
BroNNE, Gustave, fabricant d'armes, Mont-St-Martin, 50.
BrONNE, Loui.»-, ingénieur, rue d'Archis, 40.
BROUHON, marchand de bois, à Seraing.
BuiSSONNET, Armand, architecte, avenue Rogier, 3.
Bultot, Alfred, négociant, rue de Seraing, 3.
CALlFlCE,Paschaî, rue Dartois, 18.
Canter, Ch., docteur en médecine, boulevard de la Sauvenière, 172.
Cap, Joseph, industriel, rue Jonruelle, 64.
CartUYVELS, Eug., rue Travcrsièi*e, 98, à Bruxelles.
Chandelon, Th., docteur en médecine, rue Louvrex, 47.
ChantraTNE, Ad., secrétaire de l'admin. de l'Univ. à Herstal.
Charles, Nie, docteur en médecine, rue Hors-Château. 34.
Charlier, Gust., directeur du Horloz, à Tilleur.
— VI -
ChaRLIER, Jules, ingénieur au Horloz, à Tilleur.
Charlier, Jules, négociant, rue de Fragnée, 82.
Ch^ rlier, Gustave, architecte, rue de l'Université, 66.
Chaumont, Léop., Dr en philosophie, rue Hayi neux, 102, à Herstal.
ChaUMONT, Louis, rue des Guillemins, 48.
CheheT-AXiLARD, L.-J., négociant en grains, 20, rue Dartois.
ChEMANNE, L., vue Spintay. 15, <à Verviers.
Gheneux, Louis, directeur des Hauts-Fourneaux, à Ougréo.
Chot, Edm-., professeur à l'Athénée, rue de Jérusalem, 44, à Bruges.
Claes, Théophile, ingénieur, rue Bassenge, 34.
Claude, Joseph, géomètre, rue Coupée.
Clerfayt, Adolphe, ingénieur, à Esneux.
Clochereux, Henri, avocat, rue de la Casquette, 38.
Clochereux, Henri, fils, rue de la Casquette, 38.
Close, François, architecte, rue des Anglais, 20.
CLOSON, Jules, horticulteur, rue de Joie, 71.
COIRBAY, J., secrétaire de la Ville de Liège, quai de la Boverie, 9.
Collette, Bertrand, quai de Fragnée, 12.
Collette, docteur en médecine, à Hei'stal.
COLLIGNON, Emile, propriétaire, avenue Blonden, 9.
•• COLSON, Oscar, instituteur communal, rue de Campine, 181.
COMELEN, Armand, ingénieur, boulevard Frèrc-Orban, 31.
CONDÉ, Oscar, chef de bureau à l'Adm. com.,quai de la Boverie, 75.
Constant, Ernest, rue de la Paix, 26.
Constant, Isidore, agent commerc, place de la Liberté, à Bruxelles.
CORAIN, professeur de musique, rue Saint-Léonard, 291.
CORNÉLIS, Gustave, négociant, rue St-Lconard, 393.
CORNIL, chef de station, à Namur.
Coste, .J., industriel, à Tilleur.
COULET, V., étudiant, rue Vinâve-d'Ile, 21.
CraHAY, B., libraire, rue de l'Université, 32.
CRALLE, Edmond, place du Théâtre, 25.
CriLLEN. Ed., commis à l'Administration com., place Verte, 7.
CkiSMER, pharmacien, rue du Pont-d'Ile, 46.
CROUQHS,Ch., contr. d'armes pcns., rueSt-Hubert,9 (fond de la cour).
- VII —
DABIN, Henri, rue de l'Université, 43.
DABIN, Jules, quai St-Léonard, 6.
Dalimier, C, propriétaire de l'hôtel de Suède, rue de l'Harmonie, 7.
Damry, Paul, comptable à l'Université, avenue d'Avroj', 75.
DANDOY, courtier en grains, rue de la Cathédrale, 43.
D'ANDRIMONT, Gustave, avocat, rue Louhienne, 1.
D'AndbIMONT, Maurice, ingénieur, boul. de la Sauvenièrs, 88.
D'ANDRIMONT, Léon, représentant, rue Forgeur, 32.
Danly, Fernand, ingénieur aux Forges, à Aiseau.
D'ARCHAMBEAU, J., instituteur, rue de Bruxelles, à Ans.
DARDENNE, Jos., propriétaire, à Visé (Devant-le-Pont).
David, Edouard, comptable, à Vei'viers,
David, Léon, boulevard de la Sauvenière, 75.
DAWAXS-CloSSET, Adrien, conseiller provincial, rue St-Remy, 1.
DAWANS-Orban, Jules, fabricant, Rendeux-Haut par Melreux.
DAXHELET, Auguste, ingénieur à la Société Cockerill, à Seraing.
De BOECK, G-., fils, pharmacien, rue Ste-Marie, 7.
DebrUS, Guillaume, banquier, rue Lamarck.
De BuGGENOMS, renti r, rue de la Paix, 6.
DechAINEUX, boulevard de la Constitution, 124.
DeCHANGE, Jules, docteiir en médecine, quai de Maestricht, 3.
Decharneux, Emile, quai de l'Université, 13.
DecharneuX, Auguste, négociant, rue des Carmes, 13.
DeCHESNK, Lambert, architecte, boulevard Frère-Orban, 13.
De Closset, François, avocat, rue Ste-Croix, 10.
DeCORTIS, Victor, instituteur, à Blegny-Trembleur.
DeCROON, Léopold, avoué, boulevard Frère-Orban, 14.
Defeld, g., docteur en médecine, boulevard de la Constitution, 39,
Defeld, Rodolphe, lieutenant, boulevard de la Constitution, 39.
Defize, Jos., ingénieur et conseiller communal, quai de Longdoz, 53.
DefreCHEUX, Albert, garde général des eaux et forêts, à Hasselt.
DefreCHEUX, Emile, comptable, rue Hayeneux, à Herstal.
DefrecKEUX, Paul, agent commercial, à Statte-Hu}'.
Degand, E., notaire, à Mons.
DeGIVE, ingénieur, à Grâce-Berleur (Ans).
DegivE, Léon, conseiller provincial, à Ramet.
Degive, Adolphe, à Ivoz (Val-St-Lambert),
— VIII —
DeGRAUX, Auguste, ingéiiieuv au chemin do fer de l'État, à Matines.
Déguise, Edouard, avo:'at, boulevard Piercot, 7.
Dehax-MeRCIER, négociant en vins, boulevard d'Avroj', 22.
DehasQUE, Raymond, me Méan, 11.
De Hasse, Fernand, rue de l'Association, G7, k Bi-uxellcs.
De Hasse, Lucien, rue d'Archis, 17.
Dehin, fils, fabricant d'orfèvreries, rue Agimont, 34.
Dejaer, Jules, ingénieur en chef, à Môns,
DejardiN, Adolphe, capitaine pensionné, ruo Dartois, 22.
Dejardix, P.-H.-L., brasseui-, rue Pont-d'Ile, d4.
DejARDIX-Debatty, Félix, ingénieur, rue de l'Ouest, 56.
Dejardix, Emile, à Cheratte.
De KoxixCK, L., professeur à l'Université, quai de l'Université, 1.
Delaet, Gustave, fils, rue des Meuniers, 12.
Delaitte, Pierre, sous-chef de bureau à l'Adm. com.. r. St-Gilles, 288.
Delaitte, Pr., sous-chef de bur. à l'Adm. com., i-ue Charles Morren,34:.
Delaveu, Théodore, à Herstal.
Delbouille, Louis, à Ostende.
Delbovier, docteur en médecine, place St-Paul, 1.
Delchef, André, avocat, rue Mathieu-Laensbergh.
Deleixhe, changeur, rue Vinâve-d'Ile, 44.
Delexhy, M.-B.-J., docteur en médecine, à Grâce-Borleur.
Delhaise, Alex., avocat, à Angleur.
Delhasse, Félix, homme de lettres, à Bruxelles.
DelhAYE, Henri, rue André Dumont, 32.
Delheid, Jules, docteur en médecine, place de l'Acclimatation, 4.
De LhOXEUX, Hyacinthe, Marché aux bêtes, à Huy.
DeliÉQE, Alfred, notaire, à Chênée.
De LiMBOURG, Pli., propriétaire, àTheux.
Deltze-Lasseau, ;Y Grivegnée.
DelleUR. Léopold, négociant, rue Pont d'Avroy, 45.
Delloye, Emile, banquier, à Charleroi.
DelrÉE, a., industriel, quai Marcellis, 42.
DelveAUX, Alfred, rue St-Jean-Baptiste, 1.
De MaCAR, Charles, député permanent, rue Mont-St-Martin, 45.
De Macar (baron) .Ferdinand, représentant, à Presseux ou à Bruxelles.
De Macar, Ghislain, rue Mont-St-Martin, 45.
— IX —
Demany, Laurent, architecte, boulevard d'Avroy, 79.
Demany, directeur du Horloz, par St-Nicolas.
Demarteau, Lucien, conseiller à la Cour, rue Bassenge, 48.
Demarteau, g., substitut du procureur du roi, rue Louvrex, 90.
Demarteau, Jules, commissaire d'ari-ondissement, rue de Chestret, 1.
Demeuse, Henri, rue Monulphe, 7.
De MOLL,Théopliile5emplo3'éà laVieille-MontagDe,rue vivegnis,279
Demonceau, Marcel, rentier, rue Beckman, 39.
DexeFFE, Jules, industriel, quai Orban, 115.
Depas, Alexandre, rue Hocheporte, 64.
Dépouille, industriel, place Delcour, 3.
Deprez-DoCTEUR, rue de la Cathédrale, 9.
DepreZ, William, avocat, boulevard Beauduin, 19, à Bruxelles.
De RasqUINET, Léon, docteur en médecine, rue des Augustins, 29.
DerbeaUDRINGHIEN, Joseph, commissaire de police, à Herstal.
Derefx, Léon, avocat, place Rouveroy, 6.
De RossiUS, Charles, rentier, rue du St-Esprit, 91.
Dery, Jules, ingénieur, rue du Marteau, 38, à Bruxelles.
DÉSAMORÉ, Hubert, rue des Frauchimontois, 25.
Desart, directeur de houillère, à Herstal.
Deschamps, François, avocat, rue St-Séverin, 143.
Desefawe, Joseph, meunier, à Nandrin.
De SÉLYS-Longchamps (baron), sénateur, boul. delà Sauvenière, Si.
De SÉLYS-Fanson (baron"», Ferdinand, rentier, quai Marcellis, 11.
Desoer, Charles, place Saint-Christophe. 8.
Desoer, Florent, avocat, k Cheratte.
Desoer, Oscar, rentier, place Saint-Michel, 18.
Desoie, Jules, agent commercial, rue Entre-deux-Ponts, 5.
DesTEXHE, Oscar, avocat, place Saint-Pierre, 18.
Destinez, P., conservateur à l'Université, rue Sainte- Julienne, 9.
DiiSTRÉE, cond. pr. des ponts et ch.. Th. de la Chartreuse, à Bressoax.
De Theux, Xavier, rentier, à Aywaille.
De Thier, Léon, homme de lettres, boulevard do la Sauvenière, 12.
De Thier, Maurice, boulevard de la Sauvenièi-e, 12.
Detrooz, Auguste, président honoraire, rue Fabry, 5.
De Vaux, Adolphe, ingénieur, rue des Anges, 16.
De Vaux, Emile, ingénieur, rue du Parnasse, 15, à Bruxelles.
— X
DeveoYE, Jos., doct. en méd. et échevin, à Braino l'AUoud.
De Waha (Mme la baronne), rue Saint-Gilles, 147.
Dewandbe, Jules, industriel, rue Douffet, 37.
D'Heur, Emile, artiste peintre, prof, à l'Acad.,rue Ste-Marguerite,83.
D'HOFFSCHMIDT, L., cons. à la Cour d'appel, rue de l'Université, 17.
DiGN'EFji'E, Emile, avocat, rue Fusch, 26.
DiGNEFFE, Léonce, rentier, rue Louvrex, 85.
Discailles, Ernest, professeur à l'Université de Gand.
DOCHEN, Gh., avocat, rue Neuve, à Huy.
Docteur, Eugène, ingénieur en chef, rue Scarron, 31, Bruxelles.
DOMMARTIN, Léon, homme de lettres, à Bruxelles.
Donckier-Jamme, Ch., rue de Joie, 29.
DONCKIER, Ferdinand, rue Hemricourt, 29.
DOR, chef de bureau au charb. de Marihaye, à Flémalle-Grande.
Douffet, avocat, quai Orban, 7.
DOUHARD, Ch., chef du service topographique, rue Grétry, 15.
DOUTREPONT, professeur, Mont-St-Martin, 12.
Dreye, Alexis, boulevard de la Sauvenière, 17.
Dubois, notaire, boulevard d'Avroy, 60.
DUCULOT, docteur en médecine, rue Agiraont, 33.
DUMONT, H., fabricant de tabac, rue Saint-Thomas, 26.
Dumoulin, Aug., fabricant d'armes, boulevard de la Sauvenière, 86.
Dumoulin, François, fabricant d'armes, rue Saint-Laurent, 99.
Dumoulin, Victor, négociant, rue Vinâve-d'Ile, 17.
DUP ARQUE, Alfred, rue du Pont-d'Ile, 57.
Dupont, Armand, avocat, rue d'Archis, 32.
Dupont, Emile, avocat et sénateur, rue Rouveroy, 8.
Dupont, E., professeur à l'Athénée de Charleroi.
Dupont, Henri, sous-lieutenant d'artillerie, rue St-Laurent.
Dupont, Jules, ingénieur, rue Jonruelle, 71.
DUPUIS, Sylvain, professeur au Conservatoire, rue Jonfosse, 6 bis.
DURIEU, Félix, directeur de Patience et Beaujonc, rue en Bois, 10.
DURIEUX, Charles, négociant en vins, à Marche.
Dury, Odon,juge au tribunal de Marche.
DUVIVIER, Henri, industriel, à Verviers.
Du VIVIER, Pierre, rue do l'Université.
— XI —
Etienne, Etienne, rentier, à Bellaire.
Falisse, Clément, docteur en droit, quai de l'Industrie, 1.
Faucon, A., ingénieur, quai d'Amercœur, 38.
Fayn, Joseph, directeur de la Soc. du Gaz, rue Lambert-le-Bègue, 36.
Fellens, Léon, employé, rue Souveraint-Pont, 13.
Fellee, Jules, pi-of. à l'Athénée, rue de Franchimont, 3, à Verviers.
Feron, instituteur communal, rue de la Paix, 48.
Fetu-Defize, J.-F.-A., industriel, quai de Longdoz, 49.
FetU, Joseph, industriel, rue du Chimiste, 39, à Cureghem.
FiLOT, Jules, négociant, rue du Ruisseau, 49.
FiNCŒUR, Ed , curé de St-Lambert, à Herstal.
FiRKET, Ad., ingénieur et professeur, rue Dartois, 28.
FiRKET, Ch., professeur à l'Université, rue Louvrex, 125.
FiVÉ, constructeur-ingénieur, à Seraing.
Flechet, Ferdinand, repi-ésentant, à Warsage.
Flechet, L., industriel, rue Lairesse, 31.
Flechet, Th., notaire, rue St-Adalbert, 3.
Fleury, Jules, professeur honoraire à l'Athénée, rue Chéri, 32.
FOCCROULLE, Georges, avocat, rue André-Dumont, 35.
FOCCROULLE, Henri, docteur en médecine, rue des Venues, 133.
FOETTINGER, docteur en médecine, rue des Augustins, 26.
Foidart, professeur à l'Athénée, Tlùer de la Fontaine.
FORGEUR, Paul, avocat, rue d'Archis, 30.
FORIR, H., répétiteur à l'Ecole des mines, rue Nysten, 25.
FOUQUET, GuilL, dir. émérite de l'École agric. deGembloux, à Tilff.
FraiGNEUX, Eugène, quai de Longdoz, 27.
FraiGNEUX, Hubert, industriel, quai de Longdoz, 27.
Fraigneux, Jean, ingénieur, quai de Longdoz, 27.
FraiGNEUX, Louis, industriel, rue Lairesse, 44.
Fraigneux, Louis, avocat, rue Grétry, 5.
Fraipont, Julien, professeur à l'Université, Mont St-Martin, 17.
Fraipont, F., docteur en médecine, rue d'Archis, 26.
FranckeN, Edm., ingt'nieur, quai de Fragnée.
François, ingénieur, iV Seraing.
FranCOTAY, Ch., industriel, rue St-Léonard, 338.
FranCOTTE, Ernest, fabricant d'armes, rue Mont St-Martin, GG.
Francotte, X., docteur eu médecine, quai do l'Industrie, 15.
— XII —
FrankigNOULLE, Léaudro, directeur de charbonnages, à Montegnce.
FnANiaGNOULLE, Alph., docteur en médecine, rue Maghin, 68.
Feankignoulle, C, ingénieur civil, à Gilly.
FraNKIGNOULLE, greffier, rue du Midi, 8.
FrederiCQ, Paul, prof, à l'Université, rue des Boutiques, 9, à Gand.
Fbenay, instituteur communal, rue de Bex, 7.
Fbère-OrjîAN, Walthère, représentant, à Bruxelles.
Frère, Georges, conseiller à la Cour, boulevard Frère-Orban, 20.
Frère,- Walthère, fils, administrât^ de la Banque nationale, àEnsival'
FrÉSART, Edouard, à Jupille.
FrÈSART, Jules, rue Sœurs-de-Hasque, 11.
FrÉSON, Arm., avocat, rue des Augustins, 32.
Fryns, Alphonse, industriel, boulevard d'Avroy.
FUSS, Gustave, avocat et échevin, à Schaerbeek.
Gadisseur, Clément, industriel, rue St-Laurent, 288,
GAEDESAIiLE, François, rue Huiles, 75.
Garray, rue Sur-Meuse, 1 5.
Gathoye, député permanent, rue des Ecoles, à Verviers.
GENET, Walthère, Place St-Pierre, 8.
GÉRARD, F., rue St-Pétersbourg, à Ostende.
GÉRARD, Fernand, quai Sur-Meuse, 13.
GÉRARD, Léo, ingénieur et bourgmestre, rue Louvrex, 76.
Gernay, notaire, à Spa.
Gevaert, Paul, rue des Dominicains. 20.
GhAYE, Alexis, géomètre, rue de la Sèche.
GlLKINET, Alf., professeur à l'Université, rue Renkin, 13.
GiLLON, A., professeur à l'Université, avenue Rogier, 29.
GiTTÉE, professeur à l'Athénée royal de Liège, rue Fond Pirette, 134.
GOETHALS, Albert, rue des Douze Apôtres, 28, à Bruxelles.
GOLLE, Frédéric, fils, rue Monulphe, 45.
GOMRÉE. Ernest, industriel, quai de l'Ourtlie, 43.
GORDINNE, Henri, papetier, quai de l'Industrie, 18.
GORDINNE-BURY, Ch., quai Marcellis, 8.
Goret, Léon, ingénieur, rue Ste-Marie, 2L
GORISSEN, rue Raikem, 19.
GORRISSEN, Zénobc, appariteur à l'Univ., rue Pied du Thier-à-Liége.
— XIII —
GORRISSEN (Mlle), régente à l'Ecole normale, rue de Scles?in, 9.
GOTHIER, Charles, imprimeur, rue St-Léonard, 203.
Grandfils, Alph. directeur de l'exploitation des phosphates, rue
Vieille Voie de Tongres, 71,
GrandfilS, Charles, comptable, à Beauquesne (France).
Graindorge, J., professeur à l'Université, rue Paradis, 92.
Grégoire, Alph., employé, rue St-Gilles, 81.
Grégoire, Camille, greffier au Trib. de com.,boul. de la Sauvenière , 61:.
Grégoire, Gaston, candidat notaire, quai des Pêcheurs.
Grégoire, Henri, professeur à l'Athénée, rue des Augustins, 25.
GrOULARD, Victor, secrétaire communal, rue du Palais, 118, Verviers.
Grumsel, industriel, boulevard de la Constitution.
GUGENHEIMER, J., rue des Dominicains, 1.
Guidé, Guillaume, prof, au Conserv., rue de la Presse, 16, à Bruxelles.
GuiLLOT, Camille, rentier, boulevard de la Sauvenière, 156.
GuiLLOT, Lucien, avocat, rue de l'Académie, 10.
Haas, place du Théâtre, 25.
Habets, Alfred, professeur à l'Université, rue PaulDevaux, 4.
Habets, Paul, ingénieur des mines, rue Fusch, 10.
Halkin, Emile, commandant de place, rue Louvrex, 68.
Hallet, bourgmestre et conseiller provincial, à Hannut.
Halleux, Nicolas, rue Latour, 7.
Hannay, Charles, cordier, à Montegnée.
Hanon de Louvet, échevin, à Nivelles,
JlAXSEN, Jos., avocat. Mont St-Martin, 18.
llANSET, Gustave, négociant en vins, rue du Nord, 3.
Hanson, g., avocat, rue Paradis, 100.
Hanssens, L., avocat et représentant, rue Sle-Marie, 10.
Hardy, G., docteur en médecine, rue sur la Fontaine, 80.
H ARZÉ, Emile, directeur des mines, place de l'Industrie,25,à Bruxelles,
Haudry, industriel, rue des Béguines, à Sei-aing.
Haulet, contrôleur au chemin de fer, rue Varin, 83,
HauzeUR, Adolphe, industriel, au Val-Benoît,
Hauzeur, Oscar, industriel, au Val-Benoît,
HÉNOUL, L, avocat-général, rue Dartois, 36,
Henrard, Max, rue de l'Arbre Béni, 39, Bruxelles,
HenrijEAN, docteur en médecine, rue d'Archis, 50,
— XIV —
HenbION, ^François, rue Jonruelle, G9.
Henrion, Emile, rue de la Madeleine.
Henroz, Emile, rue Louvrex, 51.
Henry, Eugèue, à Vottem.
IlERLA, Gustave, rue St-Michel, 2.
Hermai^N, docteur en médecine, à Herstal.
HermanS, Joseph, professeur à l'Athénée, rue Fabry, 72.
Heyne, Jean, commis à l'Adm. com. , montagne de Bueren, IG.
HiCGUEÏ, Maurice, négociant, rue Davtois, 41.
HOCK, Gér.-Aug., fils, quai Mativa, 21.
HODEIGE, Arthur, ingénieur au chemin de fer de l'Etat, à Etterbeek.
HONLET, Robert, à Huy.
HOUTAIN, avocat, rue Delfosse, 23.
HOVEQNÉE, Ar., professeur, place St-Pierre, 2.
HOVEN, Théodore, sous-chef de bureau àFAdm. com., rue du Pérj', 1.
HUBAR, ingénieur au Corps des mines, à Mous.
Hubert, Alph., docteur en médecine, rue Ste-Walburge, 318.
HUBIN, S^'lvaiûj étudiant en droit, à Bende (Ampsiii-Amay).
HULLET, Jean, comptable, à Bressoux.
Humblet, Jean, à Comblain-au-Pont.
HUiJBLET, Léon, avocat, rue de l'Académie, 41.
ISAYE, Eug., prof, au Cons. de Bruxelles, 435, Chaussée de Waterloo,
ISERENTANT, professeur à l'Athénée royal, à Malines.
ISTA, Alfred, papetier, rue Féi'onstrée, 81.
Jacob, avocat, rue Bertholet, 2.
Jacob, H., commissionnaire-expéditeur, rue de la Syrène, 13.
Jacquemin, Achille, rue de la Syrène, 17.
JaCQUEMIN, Sylvain, ingénieur à la Société Cockerill, à Seraing.
Jacquet, L., rue du St-Esprit, 22.
Jadot, Emm., étudiant, à Marche.
Jamar, Emile, rentier, rue des Clarisses, 4.
Jamar. Gustave, rentier, rue Fabry, 19.
Jamar, Armand, ingénieur, place de Bronckart, 16,
Jamme, secrétaire de La Wallonne, rue St-Maur, 170, à Paris,
Jamme, Henri, directeur de la Vieille-Montagne, à Moresnet,
— XV —
Jamme, Jules, avocat, rue du Pot-d'Or, 30.
Jamolet, Servais, tanneur, conseiller com., rue des Tanneurs, GO.
JamOTTE, Jules, notaire, à Dalliem.
Jamotte, Victor, avocat, à Huy.
Janson, Eug., capitaine commandant, quai des Pêcheurs, 49.
Janssen, J., fabricant d'armes, rue Lambert-le-Bègue,4.
Jaspae, Industriel, rue Jonfosse, 20.
Jaspar, André, ingénieur, rue Grandgagnage, 3.
Jaspab, Emile, décorateur, rue du Pot-d'Or, 37.
Jaspar, Paul, arcliitecte, boulevard de la Sauvenière, 135.
Jeaxxe, Emile, avocat et représentant, rue du Midi, IG.
Jenicot, Philippe, pharmacien, à Jemeppe.
Jenoï, Alfred, chef de bureau à l'Adm. com., quai Mativa, 51.
Jexot, Armand, commis à l'Adm. com., rue Eugène Simonis, 10.
JOASSART, Nicolas, négociant, rue St-Adalbert, 7.
JONXIAUX, Ad., rentier, rue des Anges, 7.
JORisSEN, A., agrégé à l'Université, rue Sur-la-Fontaine, 106.
JOTTRAND, Félix, directeur de la manufacture de glaces Ste-Marie
d'Oignies, rue Defacq, 4, à Bruxelles.
Journez, Alfred, avocat, place St-Jacques, 1.
JOWA, Léon, ingénieur, rue Grétry, 149.
JULIN, Charles, chargé de cours à l'Université, rue Bassenge, 46.
JUPSIX, Jacques, industriel, à Dison.
KePPENNE, Jules, notaire, place St-Jean,27.
Kerkhofs, J.-G., rentier, rue des Clarisses, 6.
KiMPS, Charles, à Charleroi.
Kinet, receveur de la SOc. liég. des Maisons ouvr., r.Ste- Julienne, 67.
Kirsch, Antoine, ai-murier, rue Chapeauville, 9,
KmsCH, Charles, rue St-Séverin, 8.
Kleyer, Gustave, avocat et échcvin, rue Fabrj'^, 21.
KOISTER, Emile, rue St-Mathieu, 6.
KrÉMER, Hubert, professeur à l'Athénée, rue Wazon, 110.
LabeYE, Frédéric, avoué à la Cour, avenue d'Avroy, 114.
LabroUX, secrétaire-trésorier do l'Athénée, rue du Vert-Bois 84.
LaFONTATNE, directeur de la Société la liniôre, quai St-Léonard 36.
— xvr —
Laqasse, Philippe, propriétaire, quai de Maastricht, 7.
Lahaye; Joseph, directeur de charbonnage, à Thimister.
Laloux, Adolphe, propriétaire, avenue Rogier.
Lamarche, Emile, au château de Fanson (Comblain-la-Tour).
Lambert, chef du service commercial du Hasard, au Trooz.
Lambert, Gustave, ingénieur, rue Lebeau, 2.
Lambin, fabricant d'armes, rue Trappe.
Lambinon, Eugène, négociant, rue St-Séverin, 27.
Lambremont, Jos., artiste-wallon, rue Jean-d'Outromeuse, 79.
Lance, B., tailleur, rue du Pont-d'Ile, 15.
Laoureux, Léon, rue Bertholet, 7.
Laol'REUX, Henri, négociant, boulevard de la Constitution, 3V.
Laport, Guillaume, fabricant d'armes, quai St-Léonard, 17.
Laport, Henri, fabricant d'armes, rue Laport, 1.
Laporte, Léopold, directeur du charbonnage aux Produits (Hainaut).
LATOUR-Depas (Mme), changeur, place Verte, 1.
Laumont, Gustave, rue de l'Université, 16.
LECHAT, Em., ingénieur, place St-Jean, 18.
Lecrenier, Joseph, avocat, à Huy.
Ledent, Jean, professeur à l'Athénée, à Verviers.
LedenT, Joseph, chef-comptable à Géard-Cloes, rue St-Léonard, 436.
Leenaers, Lucien, industriel, quai des Pécheurs, 80.
Lehane, directeur de charb., rue Derrière Coroumeuse, cà Herstal.
Le jeune. H., négociant, rue Ste-Marie, 5.
Lejeune- Vincent, industriel, à Dison.
Lejeune, Ferdinand, étudiant, rue Sur-Meuse, 10.
LelOTTE, banquier, rue de la Tranchée, à Verviers.
Lemoine, Edg., docteur en Médecine, rue de l'Official, 1.
Lenger, docteur en médecine, rue St-Denis, 10.
Lens, J., rentier, rue Mozart, 26, à Anvers.
Lens, Adolphe, agent commercial, avenue Isabelle, 60, à Anvers.
LÉONARD, Constant, malteur, rue du Vicux-Mayeur, 26.
LepeRSONNE, Henri, directeur du Val-St-Lambert, au Val.
Leplat, docteur, rue des Augustins, 26.
LequarrÉ, Alph., professeur à l'Athénée, rue Jardon, 3C, à Verviers.
Leroux, Charles, président au tribunal, rue du Vert-Bois, 76.
Lesuisse, Joseph, profes., chez Mme V^ Lacroix, rue des Anglais, 26.
XVll
Lhoest, Paul, fabricant de papiers peints, rue Robertson, 33.
L'HOEST, Isidore, cil. de service aucli. de fer du Nord, place du Parc, 7.
LiBEN, Charles, contrôleur des contr. pensionné, rue Cathédrale, 3G.
LiBERT, industriel, rue Grétry, 40.
LiBOTTE, ingénieur des mines, à Namur.
LiBOTTE, professeur à l' Athénée, à Charleroi.
LiNCHET, fils, boulevard de la Sauvenière, 42.
LlVROX, Albert, ingénieur, rueSt-Léonârd, 72.
LlXHON, Camille, appariteur à l'Université etbourgmestre,à Cherattc.
LOHEST, Max., ingénieur, à Rivage (Comblain-au-Pont).
LoiSEAU, Jean, négociant, rue Trappe 13.
L'Olivier, Henri, ingénieur, rue des Quatre-Vents, 25, à Bruxelles.
LONGTAIN, instituteur communal, à Verviers.
LOUETTE, H.-J., directeur de Bonne Fortune, rue Burenville, 70.
Louis, Mathieu, négociant, rue de la Liberté.
LOVENS, Ignace, rue Saint-Thomas, 9 et 13.
LoviNFOSSE, Michel, secret, du Bur. de Bienf., rue St-Gangulphe, 7.
MAC0RP3, Alf , médecin-vétérinaire du Goav., rue Saint-Adalbert, 5.
Magis, Jules, place de la Cathédrale, 7.
Magnée, Gustave, vérifi^oateur des douanes, à Hervé.
Magnery, Em., meunier, à Seraing.
Magnette, Charles, avocat, rue Grétrj'-, 4.
Mairlot, docteur en médecine, à Theux.
Malaise, directeur de charbonnage, à Wandre.
Malevez, René, étudiant, boulevard Saucy, 1.
Malherbe, président de La Wallonne, rue de Rambuteau, 64, à Paris.
Malmendier, Pierre, rentier, rue Raikem, 1.
MALVOZ, Ernest, docteur en médecine, rue de Bruxelles.
Manne, Jacques, ingénieur, rue da Bronze, 8, à Anderlecht.
Maquet, ingénieur au corps des mines, à Mons.
MarChllis, François, fabricant, place Rouveroy, 3.
MarCOTTY, Georges, avocat, à Jemeppe.
Marcotty, Joseph, fils, moulin des Aguesses, à Angleur.
Marcotty, industriel. Chaussée de Dusseldorf, à Duisburg (Alle-
magne).
Maréchal, R., ingénieur des mines place St-Michel, IG.
Maréchal, Léon, industriel, rue des Vingt-Deux, 33.
— XVIII —
Maréchal, Mme^ rue Cornet de Grez, à Bruxelles.
Marquet, Ad., ingénieur, à Dombasle (Meurthe et Moselle).
MarqUET, Charles, négociant, à Ougrée.
Masquelin, Emile, avocat, rue Neuve, 8,
Massange, Ad., ingénieur en chef, rue Malibran, 83, à Bruxelles.
Massart, Emile, comptable, rue Sœurs-de-Hasque, 17.
MassaiÎT, Henri, propriétaire, échevin, à Jupille.
Massin, Oscar (Paris), avenue d'Avroy, 64, àlLiège.
MaSSON, Ch., avocat, boulevard de la Sauvenière, G2.
Masson, Emile, ingénieur, rue de Chavannes, 31, à Charlcroi.
MÉDARD, docteur en médecine, à Tilleur.
MerSCH, François, notaire à Marche.
Merscii, Joseph, fils, avocat, à Marche.
Mestreit, Joseph, avocat, rue Paul Devaux, 6.
Meunier, J.-B., typographe, rue Haute-Sauvenière,
Meurt-GOURMONT, Nouveau Marché aux Grains, 7, à Bruxelles.
Meyer, Nathan, matériel d'imprimerie, rue Dartois, 37.
MiCHA, Alfred, avocat et conseiller communal, rue Louvrex, 73.
Michel, Ch., professeur à l'Université de Gand.
Mignon, commissaire en chef de la ville de Liège.
MiNSIER, Camille, ingénieur au corps des mines, à Charleroi.
Monseur, prof, à rUniv. de Bruxelles, avenue d'Avroy, 20, à Liègo.
MOREAU, Ernest, notaire, boulevard de la Sauvenière, 128.
MOREAU, Joseph, ingénieur des ponts et chaussées, à Louvain.
MOREAU, Henri, industriel, à Vaux-sous-Chèvremont,
MORISSEAUX, Ch., fabricant d'armes, rue des Bénédictines, 5.
MOSSOUX, négociant, rue des Mineurs, 12.
MOTTAR, Eugène, avocat, rue Courtois, 10.
MOTTARD, Albert, ingénieur civil, à Herstal.
MOTTARD, Georges, avocat, boulevard d'Avroy, 85.
MOTTARD; Julien, quai de Maestricht, 9.
MOUCHET, Louis, instituteur communal, rue Mosselmann, 33.
MOUTON-TIMMERHANS, brasseur, rue Fabry, 34.
MOXHON, Emile avoué et conseiller provincial, place St-Pierre, 20.
Muraille, négociant, rue Féronstrée, 82.
— XIX —
Nagant, Théophile, restaurateur, place du Sud, A. Charleroi.
Nagelmackers, Arm., consul d'Espagne, vue du Pot-d'Or, 55.
Nagelmackers, Edm., banquier, boulevard de la Sauvcnièrc, 125.
Namur, François, artiste-peintre, place Verte, 5.
Nandrin, François, négociant, boulevard Frère-Orban, 29.
Neef, Jules, bourgmestre de Tilff, avenue Rogier, 4.
NeeF, Léonce, avocat, avenue Rogier, 9.
Neef-ChAINAYE, Alfred, industriel, à Verviers.
Neef, Georges, industriel, à Verviers.
NÉLIS, François, industriel, à Grivegnée.
Neujean, Xavier, avocat et représentant, boulevard Frère-Orban, 7.
Neuray, mécanicien, rue Ste-Julienne, 19.
NiCOLAï, Léon, industriel, à Verviers.
NlHOUL, meunier, à Lize-Seraing.
NiZET, Henri, rosiériste, Coronmeuse, à Herstal.
NOÉ, frères, fabricants, rue d'Archis, 8.
NOIRF ALISE, Jules, négociant, quai de l'Université, 5.
NOXDONFAZ, Alph., rue Sur-Meuse, 34.
NOTAERT, professeur à l'AthénéO;ruoLairesse, 66.
Nyst, Pierre, rue Méan, 23.
Odekerken, Henri, commis à l'Adm. com., rue du St-Esprit, 63.
OffermaN, Guido, ingénieur, rueSte-Gudule, 5, à Bruxelles.
Olivier, Henri, négociant, à Verviers.
OrbAN, Jules, industriel, rue du Jardin-Botanique, 35.
Orban, Léon, industriel, rue de Marnix, à Bruxelles.
Orth, Albert, avocat, rue N5'sten, 2G.
Orth, Ad., lieutenant, chaussée d'Ixelles, 294, à Ixelles.
Pâques, Érasme, quai d'Amercœur, 20.
PaquOT, directeur-gérant de la Société du Bleyberg.
PaquoT, Joseph, banquier, rue de la Casquette, 19.
Parent, Henri, fabricant d'armes, rue St-Gilles, 46.
PARMENTIER, Edouard, avocat, rue do Soignies, 21, à Nivelles.
Parmentier, L., prof., à l'Univ., boulevard du Château, 20, à Gand.
PasqUES-Bekkers, chemisier, boulevard Anspach, 14, h Bruxelles.
PavARD, Camille, rue de l'Université, 17.
— XX —
Pavard, Lucien, capitaine coinmandant d'artillerie, à Tirlemont.
PeCQ, Léonard, ingénieur, rue Hors-Château, 118.
Pecqueue, Oscar, pi-ofesscur à l'Atliénée, rue des Anglais, 22.
PÉlîALTA (marquis de), ministre plénipotentiaire, avenue Rogicr, 29.
PÉRARD, Georges, rentier, rue Lou\Tex, 117.
PÉRÉE, ï^rançois, fabricant, rue Bois-l'Evêque, 26.
PÉTERS, Gustave, fabricant, rue de Joie, 56.
Petit, Léon, ingénieur, à Nivelles.
Petitbois, Gustave, ingénieur et conseiller communal, rue Louvrex, 97.
Pety de ThozéE, gouverneur de la province, au Palais provincial.
PlETTE, Charles, préparateur à l'Université, rue Fond-Pirette, 62.
Pirenne, Henri, professeur à l'Université de Gand.
PHlLlPPl,Ch.,chef de bureau à l'Administr. com.,ruede Waremme, 2.
Philips-Orban, Charles, rentier, rue Forgeur, 12.
PhOLIENjC, subs. du Proc. gén., boul. de Waterloo, 86, à Bruxelles.
Picard, docteur en médecine, quai de la Boverie, 8.
Picard, Edgai-, directei^r à Valentin-Coq, à Hollogue-aux-Pierres.
PiRARD, Arthur, sous-chef de bur. à l'Adm. com., rue Fond-Piretto, 37.
PiRLOT, Eug., rentier, boulevard de la Sauvenière, 120.
Pirotte, Alex., chef de bm-eau h l'Adm. com., rue Jonruelle, 32.
Plesseria, God., secrétaire du Crédit général, quai de Longdoz, 63.
Plomdeur, Jean, négociant, rue de la Madeleine, 14.
PluCKER, Th., professeur à l'Université, rue des Anges, 3.
Plumier, ingénieur des Mines, place delà Licour, à Herstal.
POISMAN, boulevard de la Sauvenière, 123.
POLAIX, E. avocat, rue de l'Université.
Pommerenke, Henri, pharmacien, place St-Pierre, 4 bis.
PONCELET, Félix, dessinateur, à Esneux.
PONCm, Olivier, négociant, rue Ste-Margnerite, 29.
Postula, Henri, directeur d'institut, rue Chevaufosse, 11.
POSWICK, Eugène, à Engihoul par Engis.
Poulet, Georges, rue de l'Harmonie, 5.
PreUDHOMME-PreuDHOMME, industriel, à Huy.
PfiOST, Henri, rue de la Casquette, 39.
Peotin, Mme veuve, rue Féronstrée, 24.
PqtzEYS, Félix, professeur à l'Université, boulevard d'Avroy, 71.
— XX! —
Bahier, p., rue Jonruelle, 22,
Raskin, Victor, directeur du Théâtre wallon, rue des Guillemins, 7.
RassextOSSE, Armand, boulevard Frère-Orban, 33.
Raxhon, Henri, industriel, rue des Carrières, 31, à Yerviers.
RAZE de GrOTJLABD, Alph., industriel, à Esneux.
Raze, Aug., ingénieur à Ougrée.
ReblÉ, Louis, directeur de la fabrique d'armes, rue du Vert-Bois, 52.
RemaclE; secrétaire communal, à Dinant.
RÉMONT, Joseph, architecte, quai de l'Industrie, 19.
RÉMONT, Lucien, dir. des laminoirs, rue du Collège, 33, à Châtelet.
RemOUCHAMPS, Em., architecte provincial, rue d'Archis, 1.
Remouchamps, Joseph, négociant, rue du Palais, 46.
RÉMION, Charles, à Verviers.
Remy, Alfred, à Chokier.
RemY; notaire, rue André-Dumont, 18.
Renard, conseiller communal, rue des Venues, 2Go.
Renard, Maurice, avocat, rue Fusch, 12.
Renkin, François, fabricant d'armes, rue de Joie, 43.
ReNKIN, conseiller communal, avenue Rogier, 24.
Rex^^KIN, Henri, banquier, à Marche.
Renkin, François, à Ramioul (Val-St-Lambert).
Rennotte, Nicolas, rentier, boulevard de la Constitution, 24.
RenSON, Antoine, conseiller à la Cour, rue du Parc, 13.
RÉSER, Arthur, directeur du pensionnat de l'Athénée, à Tournai.
ReuLEAUX, Fernand, avocat et échevin, i-ue Basse-Wez, 48.
ReULEADX, Jules, consul général de Belgique dans la Russie méri-
dionale, à Odessa (rue Hemricourt, 33).
Richard, conseiller à la Cour d'appel, place de Bronckart, 7.
Riga, artiste-musicien, rue Royale, 162, à Bruxelles.
Riga, commissaire-voyer, à Chokier.
RlQO, Jos., chef de bureau à l'Adm. com.. rue Nj'steu, 16.
RiGO, Pierre, chef de bureau k l'Adm. com., Fond Saint-Servais, 4.
Robert, Georges, avoué à la Cour, rue d'Arcliis, 44.
Robert, Victor, avocat et conseiller provincial, rue Louvrex, 64.
ROBERTI, D., rentier, rue Naimette, 9.
ROBERTI-LintermANS, ingénieur principal des Mines, rue des
Drapiers, 63, à Ixelles.
- XXII —
ROCOUR, G., ingénieur, avenue Rogicr, 13.
ROLA.XD, Jules, négociant, rue Velbruck, 7.
Roland, Léon, rue Bonne-Nouvelle, 77.
RomedextîE-Fraipont, J.-F., banquier, place du Théâtre.
ROMIÉE, H., docteur en médecine, rue Bertliolet, 1.
ROXKAR, E., cliargé de cours à l'Uuiversité, rue St-Gillcs, 263.
Rose, Jolin, fils, industriel, à Seraing.
Rosier, Joseph, artiste-peintre, rue du Pot-d'Or, 7.
ROUFFART, place Saint-Lambert, 28.
ROUMÀ, Antoine, rue Libotte, 11.
ROUMA, Olivier, directeur d'Institut, Fond-St-Servais.
Roussel, Charles, échevin, à Atb.
RUFER, Philippe, artiste-musicien, Gentiner Strasse, 37, à Berlin.
RUïTEN, Toussaint, commissionnaire-expéd., rue Bonne-Nouvelle, 59.
RUTTEN, échevin, rue Dartois, 2G.
Sauvenière, Jules, pi'ofesseur à l'Athénée, rue Bassenge, 17.
SCHAEFFERS, Nestor, rue Guinard, à Gaud.
SCHIFFERS, docteur en médecine, boulevard Piorcot, 18.
Schoemans, Désiré, commis à l'Adm. com., rue Saint-Esprit, 28.
SCHOLBERG, A., fabricant d'armes, rue Forgeur, 22.
SCHREDER, bourgmestre d'Esneux.
SCHUIND, Nie, commis des postes de l^o classe, rue Naimette.. 10.
Semertier, Ch., pharmacien, rue Ste-Marguerite, 78.
Servais, photographe, rue Nagelmackers, 6.
SlMONlS, J., instituteur, àTrasenster (Fraipont).
SlOR, Em., rentier, rue Marexlie, à Herstal.
Smeets, docteur en médecine, place St-Barthélemy, 4.
Snyers, docteur en médecine, rue de l'Evêché, 18.
Soubre, Joseph, avocat, à Verviers.
SOUGNEZ, A., étudiant endroit, place de Bronckart, 11.
Souris, Laurent, commis à l'Adm. communale, rue Bertliolet, 8.
SpRING, AV., professeur à l'Université, rue Beockmann, 32.
Stasse, a., chef comptable à la station, rue Rogier, 24, à Verviers.
Stes, Gustave, rue Féronstrée, 37.
StÉVART, a., ingénieur et échevin, rue Paradis, 75.
SWAEN, A., professeur à l'Université, rue de Pitteurs.
— XXIII —
Taillard, pharmacien, rueCliaussée desPrcs, 59.
Taet,0.-J., banquier, me Pont-d'Ile, 12.
Taskin, Léopold, industriel, à Jemeppe.
Terfve, Oscar, professeur à l'Athénée, à Namur.
ThieiAR, g., rue Léopold, 19.
TiiiRiART, Gustave, imprimeur, quai de la Batte, 5.
TmRIAR, Léon, place Verte, 7.
Thiriart, Léon, ingénieur, rue Simon Dister, à Ans.
Thiry, Fernand, professeur à l'Université, rue Fabry, 1.
Thonnard, Jules, propriétaire, boulevard d'Avroy, 47.
Thonnard-Apel, g., boulevard de la Sauvenière, 135.
Thuillier, Philippe, quai Orban, 3.
Thys, Albert, capitaine d'état-major, admin. de l'Etat indépendant
du Congo, rue Thérésienne, 16, à Bruxelles.
Thy3, Joseph, ingénieur agricole, rue des Croisiers, 4.
TlHON, docteur en médecine, à Burdinne.
TlLKIN',Alph.,réd.euchef du journ. Li Spirou,rne Lambert-le-Bègue,7,
TiLMAN, Gustave, rentier, à Bernalmont.
Toussaint, Joseph, ingénieur, rue Ortélius 30, à Bruxelles.
Toussaint, Aug.-Joseph, avocat, rue St-Séverin, 84.
Trasenster, Paul, ingénieur, boulevard d'Avro}^, 53.
Truffaut, Constant, pharmacien militaire, à Ostende.
Vaillant-Carmanne, il, imprimeur-éditeur, rue St-Adalbcrt, 8.
Vaillant, Charles, étudiant en droit, rue St-Adalbert, 8.
VALENTIN, Louis, agent d'assurance, rue des Eburons, 2 T.
Van Aubel, Charles, rue Louvrex, 107.
Van Beceleare, avocat, rue du Marteau, 15, à Bruxelles.
Vandenbergh, Paul, notaire, à Jupille.
Vandenbergh, Edouard, rentier, rue Forgeur, 8.
Van Goidsnoven, docteur en médecine, rue de la Casquette, 45.
Van Hagendoren, avocat, rue do Pitteurs, 35.
Van Hoegarden, P., boulevard d'Avroy, 7.
Van Marcke, Ch., avocat, rue des Clarisses, 30.
Van Ormelingen. avocat, rue d'Amercœur, GO.
Van SCHERPENZEEL-THIM.direcl.-général des mines, rue Nysten, 31.
Van SCHERPENZEEL-TiiiM, Louis, consul général de Belgique à
Moscou (rue Nysten, 34).
— XXIV —
Vax StrydonCK-Larmoyeux, quai des Tanneurs, 4.
Vax WEEE.T, architecte, rue Louvrex, 8.
Van Zuylen, Ernest, place St-Barthélemy, 6.
Van Zuylen, Joseph, négociant, rue d'Archis, 2G.
Van Zuylen, Léon, ingénieur, boulevard Frère-Orban, 51.
VapaeTj Léopold, boulevard Piercot, 24.
Verdin, Louis, rue Hocheporte, 71.
Vincent, bandagiste, rue Sur-Meuse, 1.
ViOT, Léon, rentier, boulevard de la Sauvenière, 7.
ViVARIO, Nie, rentier, rue Lonhienne, 2
Voué, Joseph, propriétaire, à Laroche.
Waleffe, Pierre, directeur d'école, rue de Sluso, 15.
Warnant, Julien, avocat et rcpi'ésentant, avenue Rogier, IG.
WASSEIGE, Joseph, industriel, rue Lebeau, 6.
Wathelet, Alf., docteur eu droit, chez M. Hiles, 113, Ladbroke,
groave Road Notting Hill, London W.
Wathelet, Emile, négociant, rue Grétry, 25.
Wauters, Edouard, rentier, boulevard Piercot, 10.
Weber, Armand, ingénieur-opticien, à Verviers.
Werson, Antoine, quai Henvard, à Bressoux.
WiLLAME, Georges, rue de Charleroi, 77, à Nivelles.
Willeaume, négociant, place Verte, 5,
Willem, Joseph, président du Caveau liégeois, à Chênée.
WiLMET, rentier, rue des Guillemins, 28.
WiLMOTTE, propriétaire, à Anvers.
WiLMOTTE, Maurice, professeur. Mont St- Martin, 35,
WiNCQZ, Félicien, à Beloeil.
WlTMEUR, Alphonse, rue Jonruelle, 26.
WlTMEUR, Henri, ingénieur et professeur à l'Université, rue d'Ecosse,
12, à Bruxelles.
WOOS, notaire à Eocour.
Zanardelli, Tito, professeur, ruo du Pépin, 19, à Bruxelles.
Zeyen, Hubert, photographe, boulevard de la Sauvenièr^?, 187.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages .
Rapport du juiy sur le concours national wallon. (Poésies
diverses) 5
XXVe anniversaire de Sa Majesté. Léopold II, par Auguste
Vierset IB
On foyou d'histoire, par Godefroid Halleux 17
Lèopôld II, par Emile Gérard 21
Vingt cinq an, par Félix Poncelet 24
Rapport du jury sur le concours national Avallon (crâmignons) 2;'
Ali ! riv'nez, belles journêye ! par Charles Goossens 37
Lès héritîr de Roi, pai *** 4C
E-ce qui ça n' vos chonne pus bon ? par Auguste Vierset. . . 44
Ij'ovrî contint, par Emile Gérard 46
Rapport du jury sur les 15e et IGe concours de 1890 (scènes
dialoguées, contes, satires) 49
Deux tièsse di hoye, par Godefroid Halleux 57
Nos bons vîx, par Jean Bury 66
Lès brocale, par Félix Poncelet 79
Li marchî dès vîx-warèsse, par Emile Gérard 81
Li crâs pèquèt, par Henri Witmeur 85
Li tailleiir et l'èvèque, par Henri Witmeur 88
Rapport du jury sur le 4o concours de 1890 (mots omis) ... 91
Rapport du jury sur le 14o concours de 1890 (satire sur un
musée) 93
Rapport du jury sur le 2© concours de 1890 (vocabulaires
technologiques) 95
Vocabulaire de l'apothicaire-pharmacien, par Charles Semertier 105
Vocabulaire du chapelier en paille, par G. Marchai et J. Vertcour 221
Vocabulaire du pécheur, par Achille Jacquemin 245
Vocabulaire des mouleurs, noyauteurs et fondeurs en fer,
par xVchille Jacquemin 281
— XXVI —
rages.
Yocabnlaii'e des graveurs sur ai-mes, par Jean Buvy .... 311
Vocabulaire des tailleurs de pierre 325
Rapport du jurj»- sur le 13© concours do 1890 (pièces de théâtre) 344
Li pîpe d'à gtochèt, comèdèye en ine ake, par Jean Bury . . 359
A molin, comèdèye en ine alce, par Félix Poncelet 391
Li keùre d'à Soussour, comèdèye è deux ake, par Godefroid
Halleux , 419
Fragments de la comédie : Lès bouteù-foù, par Auguste et
Clément Déom 473
Fragments de la comédie : Plaisîr di vîx, par Théopliile Bovy. 613
Rapport du jury sur le 6o concours de 1890 (vocabulaire des
monnaies) 529
Rapport du jury sur le 12e concours de 1890 (conte en prose) . 532
Les sottaî, par Gustave Marchai 536
Rapport du jury sur le 17« concours de 1890 (crâmignon,
chanson, etc.) 541
El savoyard, par Georges Willame 544
Mes nous sabot, par Emile Gérard 547
Li groumèt, par Félix Poncelet 549
Todi contint, par Félix Poncelet 552
Vinez-v' è bois, par Alphonse Tilkin 555
L'orège, par Emile Gérard 557
Mélanges 559
Matante Gètrou, par Emile Gérard 561
Jâsez m'ènnè et ni m'è jâsez nin, par Emile Gérard 564
Lès longues amour, par François Dehin 567
Lès èfant d' fabrique, par Edouard Remouchamps 568
Ji n'oise, par Emile Gérard 570
Li p'tite Lucèye, par Edouard Remouchamps 572
Rapport du Président (30 mai 1891) 575
Chronique de la Société 581
Rapport du bibliothécaire 584
Liste des membres au 31 décembre 1891 I
BULI-KTIN
DE I.A
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE
DE LITTÉRAÏURI': WALLONNE
DEUXIÈME SÉIUE. — TOME XVll.
ÎVELLES
BULLETIN
f r
SOCIETE LIEGEOISE
DE
L I T T !<: K A TU 11 \\ WA \AX) iN N E
DEUXIÈME SÉIUE
xoME x.via
LIEGE
IJ^PRIM.ERIE H. VAILLANT-CARMANNE
Rue Sl-Adalberl, 8.
1891
DICTIONNAIRE
D
r\
m
u
PR"
VERBES WALLONS
Joseph DEJARDIN
jpRÉSIDENT DE LA ^OClÉTÉ LIÉGEOISE DE J-ITTERATURE ^A/ALLONNE
pnÉcÉDÉ d'une
ÉTUDE SUR LES PROVERBES
l'AK -B. 6à X f: C îi li 14
MEMbUE nONORAIUE
i""^ cdilioii coordoiiiiôc el coiisidêrublcmciil uiiiçiiieiilio ;ivec la collaLoi'uiion lie
JOSEPH DEFRECHEUX
r.lliLlUTIlÉOAIRE-AnCHlVlSTE HK I.A MTE SOCIÉTÉ
TOME PREMIER
A — J
AVANT-PROPOS
Le dictionnaire des Spots, dont je présente la
seconde édition sous les auspices de la Société lié-
geoise de littérature wallonne, a été publié en 18G1,
à la suite d'un concours. Le titre de la première édi-
tion donne le nom de tous les concurrents et fait
connaître dans quelle mesure ils ont contribué à ce
recueil.
Je reproduis tout l'ouvrage primitif; mais il est
considérablen;ient augmenté, parce que j'ai pu faire
librement mes recherches, n'étant plus tenu au
secret, comme à l'époque où je devais présenter mon
travail à la Société. Aussi ai-je pu m'adresser à beau-
coup de personnes qui m'ont gracieusement prêté
leur aide et que je tiens à remercier ici publique-
ment de leur précieuse collaboration.
Presque tous les proverbes de Tournai m'ont été
fournis par M. Aug. Leroy, contrôleur des postes,
VIII —
({iii, pendant plusieurs années (1884 à 1888), a
donné dans les Etrenncs touniaisiennes un recueil
intéressant de proverbes et dictons et qui, quand il
en a cessé la publication, a eu l'obligeance de m'en
communiquer encore une liste inédite.
Les proverbes de Jodoigne m'ont été transmis par
M. Edmond Etienne, négociant, auteur de plusieurs
pièces de théâtre. Il m'en a adressé une liste d'en-
viron 400. Il a eu aussi l'extrême complaisance de
me traduire presque tous nos proverbes en dialecte
de sa ville.
VAclot, journal qui a paru à Nivelles de 1888 à
1890, a publié une série d'articles dus à la plume de
M. Georges Willame (sous le pseudonyme de Stoisy),
dans lesquels j'ai pu faire une ample moisson.
Pour Frameries (Borinage), j'ai compulsé le jour-
nal Tambour battant (1885-1888) qui contenait,
chaque semaine, un article wallon signé Bosquetia
(lire Joseph Dufrane).
La Marmite, gazette qui se publie à Namur depuis
1884, a fait paraître dans ses divers numéros une
grande collection de proverbes que j'ai utilisée en la
complétant par ceux que j'ai recueillis dans les
aiirmonaque di Nameur^ dus à Charles Wérotte et à
ses continuateurs.
La Société luallonne a publié un travail de M.
Alexandre intitulé : li piit corti aux proverbes ival-
lons, en dialecte de la Famène (Marche). L'ordre des
proverbes dans ce poème, ainsi que dans un supplé-
ment manuscrit déposé à notre bibliothèque, étant
— IX —
uniquement déterminé par la rime, j'ai dû remettre
les citations que j'en ai faites aux places convenables.
En outre, j'ai pu puiser beaucoup d'exemples
nouveaux dans les publications de notre Société,
dans les annuaires du Caveau liégeois et du Caveau
verviétois et dans les a3uvres des nombreux auteurs
qui ont surgi depuis 1800 et dont les noms sont
soigneusement annotés.
Enfin, en 1861, M. Ilotïmaan, de Hambourg, avait
adressé à la Société une coUeclion de proverbes de
la basse Allemagne ayant quelque rapport avec nos
Spots. Elle a paru au tome V de la première série de
nos bulletins. J'ai cru devoir mentionner cette œuvre;
je fais remarquer toutefois que presque tous ces
proverbes ne sont pas propres à la basse Allemagne,
mais qu'ils se retrouvent également dans d'autres
parties de l'empire. Je me suis dispensé de citer
chaque fois le nom de M. Holï'maan, l'avertissement
que je donne ici devant suffire au lecteur.
J'ai agi de même pour les proverbes de Tournai,
de Jodoigne, de Nivelles, de Frameries, de Namur et
de Marche. Presque tous sont dus aux littérateurs
que j'ai cités i)lus haut et je saisis cette occasion
pour leur adresser de nouveau mes plus sincères
remercîments et leur témoigner toute ma grati-
tude.
M. Jean Stecher, dans son rapport sur le concours,
déposé en mai 1801, avait donné une très remar-
quable étude sur les proverbes. Celle-ci devait natu-
rellement être reproduite. Le savant professeur a
bien voulu revoir son œuvre et je la réédite comme
préambule.
Quant à l'orthographe, il ne m'a pas été possible
de suivre en tout point celle que la Société liégeoise
a préconisée pour obtenir dans ses publications une
manière d'écrire à peu près uniforme. C'est que,
d'une part, mon travail est la réédition d'une œuvre
déyd connue et souvent citée ; d'autre part, les nom-
breux exemples que j'ai recueillis dans tous les dia-
lectes de la Wallonie belge, ne pouvaient se ramener
complôlement à celte orthographe unique ; force
m'a donc été de prendre quelques libertés (i).
Joseph DEJARDIN.
(') Il ne sera peul-ètre' pas sans inliWt de rappeler raccueil qu'a reçu la pre-
mière t'dilion (lu Diciiouuaire des spots. Parmi les articles qu'on lui a consacras, je
citerai surtout :
Le compte rendu qu'en a donné M. Félix Liebreclit iians les Ikidelberycr Jaln-
hïtcher der IJteratur, iHC)'-2, p. 819-8jG. Ce travail a paru ensuite en français dans
la llelgique contemporaine, 18U2, p. 2o7-2G6.
Voir aussi H. L. HolTmaan: Staats und gclelirte Zeitiing des Ilumbio tjischcn utipm-
iheiischen Correspoudentcti du 23 octobre -1802 et Journal de lAùgc du 3 novembre
48G2.
The examiner (London), iO january 18G3, p. 2 t.
La Semaine, de Malmédy, 7 juin -1802. A. N. (Arsène de Noue).
L'ami de l'ordre de Namur, 8 décembre 1802 (Jules Borgnet).
La Meuse du H novembre 1802.
Annales de la société archéologique de Namur^ 1863, t. 8, p. 97.
Mélusine, t. IV, p. 56G et Bulletin de la société, t. XV, 2« série, p. 23G-257 (II.
Caidoz).
ETUDE SUR LES SPOTS
J. STEGHER.
Lorsque saint Eloi, au septième siècle, veut convertir les
Flamands, il leur reproche leurs sorciers, leurs augures par
l'étemuement ou par le cliant des oiseaux, leurs mascarades,
leui's joui'S fastes et néfastes, leurs ripailles aux cimetières,
leurs danses solsticiales, leurs scapulaires païens, leurs prières
intéressées, leurs ex-voto auprès des pierres, des sources et des
arbres consacrés, leurs sabbats nocturnes dans les carrefours.
Cent ans plus tard, pour la conversion des Wallons, le concile
de Leptines en Hainaut, énumère les vieilles pratiques dans
les trente articles d'une nomenclature connue sous le nom de :
Indkulus superstitionum et imcjaniorum (^). 11 insiste sur les
sacrifices des bûchers funéraires, sur les farandoles qu'on
s'obstine à faire entrer dans les églises {^), sur les talismans.
(*) A. SCHAYES. La Belgique et les Paijx-na.t avaru et poidant la dowiyiniion
romaine, t. II, pp. 1i3-15i.
(*) En ^283, Jcaa de Flandre, prince-dvùque de Lii'gc, est encore obligé de
renouveler celle défense pour les admi'juons menés par des femmes.
— XII —
les formules cV incantation et les vers magiques. Il dit anatlième
à toutes les cro3'ances baroques que le bon Des Roches retrou-
vait dans la Philosophie de la Quenouille. Le concile ne veut
plus que les sorciers fassent la pluie et le beau temps. Il proscrit
sans pitié les courses symboliques à l'entrée de chaque saison (^).
Il défend d'attacher aux images des saints des ex-voto en forme
de pieds ou de mains taillés en bois, en cire, etc. Les poupées
que les jeunes fiancées consacraient à la déesse Freya {^) et les
adages qu'on débitait sur les influences de la lune n'étaient pas
un moindre sujet de réprobation chrétienne.
Aujourd'hui, tous ces documents de propagande des premiers
chrétiens sont fouillés et déchiffrés, mais par des esprits plutôt
curieux et chercheurs. Un terme anglo-américain, folk-lore (en
flamand, volk-leer) est devenu leur cri de ralliement. Croyances
et coutumes, traditions et superstitions, formules et devises,
devinettes et calembours, anecdotes et visions, chansonnettes,
brocards, sobriquets et proverbes, voilà leur gibier, comme dirait
Montaigne.
Or, paiTûi ces épaves du passé, quoi de plus attractif et de
plus suggestif que les proverbes ? N'est-ce pas la littérature la
plus ancienne, la plus spontanée et la plus abondante ? Consul-
tez seulement la Bihliographie parémiolofjiqiie de Duplessis, ou
(') Celles qui se sont conservées ont dû se christianiser, par exemple la fêle de
Sainl-Evermére, à Russon près de Tongres, ou se sont transformées en simples
kermesses ou ducasses, par exemple le Doitdou à Mons, le Uecrcndaus et les chasses
à l'homme sauvage en Flandre ou tel autre rite de mai.
(') Dicile, pontifices, in sacro quid facit aurum ?
^'empe hoc quod Vencri donatœ a virgine puppœ. (Perse, !2c satire.)
— XIII
voyez, pour l'Italie seule, ou même pour la Sicile exclusivement,
la moisson signalée par le folkloriste Giuseppe Pitre {ProvcrU
siciliani, Palerme, 1880, 4 vol. in-12). Il est du pays où les
proverbes (mutti) sont proclamés infaillibles paroles d'Evangile :
Li muta su' Vancelii di missa (/).
Un autre folkloriste célèbre, Félix Liebrecht, rendant compte
de la première édition du Dictionnaire des spots {% montre les
rapports qui partout existent entre les proverbes et l'évolution
instinctive des peuples. Aussi regrette-t-il la rareté des spots
qui diffèrent radicalement des dictons français par quelque
détail bien éburon. Il pense avec Herder, le poétique auteur
des Voix des peuples, que ces formes naïves ou goguenardes
reflètent à merveille le tour d'esprit des nations. Avec Ferdi-
nand Denis il dirait volontiers : •' Le proverbe est tout simple-
ment la voix vivante de l'humanité qui parle, pleure ou rit
toujours et qui ne se taira jamais. „ Pour Lamartine, ce sont de
vénérables médailles d'autrefois.
Fidèle à l'esprit de ses fondateurs (3), la Société liégeoise de
littérature wallonne devait s'intéresser à ces fouilles qui arri-
vent aux couches les plus profondes de l'esprit national. Au
prix même de la rudesse, on devait rechercher les vieilles
pensées aux tournures primesautières. Qu'importait la naïveté
(') Miuii, en dialecte sicilien, c'est proprement mot^ dicton (en flaniand a/xccA-
woord). , . ,
(») Ddins Heidelboger Jahibùcher der Litcratiiy (180^2, n" ..4). Cet article assez
dlendu a 6i6 traduit dans une revue mensuelle de Lièjïe. la Bclfjiqitc contemporaine,
t. 4 (décembre iSGi).
(») Dés l8o8, la Société publiait sous le nom de Mclançia^, du véritable folklore.
— XIV —
de l'ironie, l'extravagance de l'hyperbole ? Enigmes, allégories,
allusions , antithèses, métaphores, méton3'mies, " ce sont titres,
couune dit Montaigne, qui touchent le babil de vostre cham-
brière ! „ Tl y a même des onomatopées qui ne servent qu'à
mieux incruster la vérité la plus banale. Mons et Namur ont :
" C qui vient de rif, s'en va d'ra/. „ Liège dira ; " Il n'a ni
rim ni ram. „ Le français aimait à répéter : '' Ce qui est venu
de pille, pille, prest s'en va de tire tire. ,. Et en Sicile, aujour-
d'hui encore, (Pitre, CYIL) le contadin s'amuse à patoiser :
Quel die vien di ruffa et raffa, se ne va di hiiffa in ha/fa.
Voilà ce que le spirituel Sénèque, dans sa causerie avec
Lucilius (ep. XCIV), ne voulait pas reconnaître, s'attachant
trop à dénoncer la superfluité de ces truismes, de ces vérités
trop vraies.
Souvent, c'est le livre, le savant même (par exemple la
Saluberrima schola de Salerne), qui crée le mot, le motteggio,
comme disent les Italiens. Mais le peuple refait, défait, déforme
tout à sa manière, comme il travestit les termes ou dénomina-
tions de l'étranger qu'il affuble fatalement de sa défroque.
Aussi quelle bigarrure, mais quelles piquantes surprises !
" Chez les Italiens, dit le Bibliophile Jacob, le proverbe est
spùituel et fin. Chez les Espagnols, il est fier et hardi : il
emploie de préférence, des expressions élevées, et il sied aux
nobles. Chez les Français, il est surtout incisif et moqueur ; il
est né dans la basse classe, il ne craint pas de s'attaquer aux
grands et aux riches, il affecte une liberté de langage qui va
— XV —
souvent jusqu'à la licence. En Angleterre, en Allemagne, chez
les peuples du Nord, il est sévère, froid, parfois plein d'hic
mour. „
Est-ce entre le Xord et le Midi que nous placerons la Bel-
gique ? Pour cela, il faudrait peut-être consulter le recueil
germano-romain d'Ida et Otto de Reinsberg-Duringsfeld, et
sans craindi'e un peu de cosmopolitisme, parcourir les interna-
zional titulaturen (Leipzig 1872 — 1875) (^). D'autre part, n'y
aurait-il rien à tirer des brocards lancés de quartier à quartier,
de ville à ville, de province à province, de pays à pays,
comme le développe si curieusement M. Pitre (p. clxxxix à
cxcv) ? Les rivalités de voisins semblent bien plus fécondes en
satii'es, en sobriquets, en siwts, que les oppositions de races,
bien que, malgré des siècles d'Evangile, le peuple en soit encore
à prendre, comme un romain, pour ennemi tout ce qui est
étranger. Cicéron, pourtant, le païen, semblait déjà se scanda-
liser de la maxime des Douze Tables : •' Adverstis hostem œterna
audoritas, — Contre l'étranger le droit est éternel. ,,
Cette antipathie si peu évangélique n'empêche pas les
emprunts. A Liège, beaucoup considèrent comme autochthone et
original : Fer et disfer, c'est todi ovrer; tandis qu'à Paris, de
tout temps on a gouaille : •' faire et défaire, c'est toujours tra-
(•) Cf. Das Sprichwort dcr neueren Sprachen, F.rfurt, 1877,
Parômiologische Sludien (11'^ et li'- Jahresbcrichl iiber die Rcalschule, Zwickau,
1880).
Ida von Dùringsfeld. Das Sprichwoori als Kosmopolit. Leipzig, -ISfiG.
D' A. OUo. Die Sprichwurler ùud SprichwOrliclien Iledensarlen der Uomor.
Leipzig, Teubner, IS'JO.
— XVI —
vailler „ et qu'en Italie on ne dit guère autrement (^). Si dans
la patrie des sjyots, ou a : Les pHitès corotte fet les grandes
rivîr, les Anglais ripostent par Little streams malce large
rivers.
S'agit-il bien d'emprunt ? That is the question. Le folkloriste
palermitain avoue lui-même qu'il est difficile de résister à ce
qu'on pourrait appeler la tentation historique. Chatouilleux
mystère, après tout, que ces origines de mots saillants ! Deux
S3'stèmes sont, à chaque instant, en présence : y a-t-il eu
partout création spontanée ? ou bien faut-il admettre une
infiltration, une imitation, un emprunt ?
Le plus sage à coup sûr serait de s'en tenir au doute, dès
que les indications vraiment historiques font défaut. Aussi bien,
n'est7ce pas déjà un gain de science, si Ton constate des faits,
si l'on parvient à authentiquer un mot curieux, tiré de sa
gangue cosmopolite et rayonnant enfin de toute son originalité
native ?
En tout cas, la Société liégeoise de littérature wallonne,
friande, par définition, de vocables indigènes, devait croire que
la rubrique du spot donnerait une large cueillette de trouvailles
cuUarhistoriques, comme dit l'allemand. Incontestablement il
lui appartenait, il lui incombait d'attirer les travailleurs sur
cette piste. Elle espérait, à bon droit, que son appel, tôt ou
tard, serait suggestif.
(') Faie et disfure l'è lute un lavorare, à PoIdsine-di-Uovigo, d'aprcs /Irc/f/cio par
lo studio dellc iradizinni popolare (Palerme, i890). — Nadnlc al balcon, Pasqua al
tizon correspond au liégeois : Blanc Noie, vètès Pâques, mais à contrario.
— XVII —
Pour le troisième concours de 1860, on avait donc demandé
" la collection la plus complète possible des proverbes, adages,
etc., (spots), usités en wallon. „ On recommandait, comme de
raison, qu'on recueillît surtout les dictons particuliers à cet
idiome, eu les traduisant et en indiquant, s'il y avait lieu, leur
origine historique.
Il résultait de ce programme que les concurrents pouvaient
et même devaient parcourir tous les champs de la Wallonie.
On désirait seulement que les dictons qu'on parviendrait à
réunir, eussent une physionomie vraiment wallonne, quelque
chose qui dénonçât franchement leur provenance (^). Cette
extension des recherches parémiographiques était d'autant plus
natiu'elle que l'article l^r des Statuts propose l'étude compara-
tive des dialectes wallons, et que la Société les a d'ailleurs tous
compris dans les travaux à faire sur la géographie linguistique
de nos provinces. Sans doute, on pouvait s'attendre à une
prédominance de matériaux liégeois, mais il était permis
d'espérer des mémoires où l'on aurait cherché à grouper les
pensées et les locutions les plus populaires de la Belgique
romane en général. Un travail de cette nature s'est déjà fait
(') Comme pour le type indien : « Le juste doit imiter le bois du sandal qui par-
fume la hache dont on le frappe. » — « Le paria des parias c'est Thommc qui
méprise son semblable. » — Pour le type arabe : « La vengeance ne répare pas un
tort, mais elle en prévient cent autres. » — Pour le type chinois : « Avec le temps
et la patience la feuille de mûrier devient satin. » — « Quand il y a du riz qui se
moisit à la cuisine, il y a un pauvre qui meurt de faim à la porte. » — Comme type
russe : " En été prépare le traîneau. » — « Patience, cosaque, et tu deviendras
hcliiian. — Avec un morceau de pain on trouve le paradis sous un sapin, » etc , etc.
Quant au type individuel^ en voici un de Bossuet qui porto sa griflc de lion : • La
sagesse humaine est toujours courte par quelque endroit. »
— XVIII —
plus d'une fois pour la Belgique thioise; qui ne voit que le
moment approche où il sera possible d'entreprendre, au moyen
de ces recueils de proverbes, la curieuse histoire des échanges
intellectuels qui ont dû s'opérer entre Flamands et Wallons
pendant mille ans de coexistence? Les ligues politiques bOingues
que la Flandre, le Brabant et le pays de Liège ont si souvent
vu persister à travers tant d'obstacles, permettent de retrouver,
dans nos traditions et dans nos annales, de précieuses données
sur la façon dont les peuples se stimulent, s'imitent et se modi-
fient réciproquement sans effacer leurs traits distinctifs.
Mais n'est-ce pas attribuer à des cuiiosités d'érudit une
portée trop haute, trop philosophique ?
" Les proverbes, dit M. Francis Wey {Bemarqiies sur la
langue française, II, 2i8), sont en général le produit de la
raison froide et en quelque sorte l'algèbre des idées matérielles.
Cette soi-disant sagesse des nations, produit du gros bon sens,
c'est-à-dire de l'intérêt matériel étroitement calculé, résume
d'ordinaire l'égoïsme, la couardise prévoyante, la honteuse
habileté qui constituent le savoir-vivre des gens dénués de cœur
et de sensibilité (}). „
Mais d'abord on ne songe pas à faire de l'histoire des pro-
verbes toute l'histoire intellectuelle et morale des nations ; ils
ne sont qu'un des aspects du passé. Ensuite, s'ils ont presque
toujours le terre-à-terre qu'on aime à leur reprocher aujourd'hui.
(•) l'ilrd trouve celte assertion exagérée (p. LXXXVI), mais l'aJoptc en partie
(p. CCXXVIII).
i
— XIX —
s'ils répondent à des appétits plus souvent qu'à des principes,
il leur arrive aussi de répéter de grandes vérités et de répondre
à des sentiments délicats (^).
n ne faut pas confondi-e le proverbe avec V apophthegme^
pensée brillante, mais parfois pédantesque et emphatique, ni
avec VapJiormne, auquel on peut demander la précision d'une
définition rigoureuse, ni surtout avec Vaxmyie, indémontrable
point de départ d'une démonstration. C'est affaii-e aux temps
naïfs d'y voir une haute et mystérieuse sagesse, la sublimation
des travaux philosophiques et le nec plus ultra des efforts
de l'humanité se résignant à dire avec une fahilla espagnole
du 13e siècle :
" Nous ne pouvons être meilleurs que nos prédécesseurs (-). „
Au moins Publilius Syrus y mettait-il un correctif : " Opti-
mum est sequi majores, rede si prœcesserint. „ Rien de mieux
que de suivre les ancêtres, pourvu qu'ils aient marché droit.
Le proverbe n'est pas même toujours une maxime, car il
aime à descendre dans les bas-fonds de la société et la forme
(') Quelquefois ce ne sont que des lioléances communes à tous les siècles. Par
exemple, ce distique du moyen àf^e :
Les gens du jour d'Iiuy ne font plus
Que deviser de leurs cscuz.
(*) Les lalineurs des vieux temps disaient souvent : .Yoh inuovctiir eiiam in miliits.
— Une prudence un peu myope dicta au peuple cet axiome : « Ne quittez pas le bien
pour faire le mieux. » — Aujourd'hui on n'a pas torl de répéter « bien est bien,
mais mieux est meilleur. » Si l'on s'en tenait strictement aux proverbes, l'humanité
n'avancerait guère. J'aime mieux le ccsseui solita, ditm mcliora de l'imprimeur
gantois Joos Lambrccht que la devise rbétoricale de son compatriote le peintre-poùtc
Lucas d'Ueere, Touisic i'.v hct besie (le plus vieux, c'est le mieux).
— XX —
sentencieuse qu'il y alFecte est bien souvent sans grâce et sans
délicatesse.
Ce qui constitue essentiellement le proverbe, c'est sa vogue
populaire. Tout ce qui devient proverbe ne mérite pas toujours
de le devenii-. " Il faut, remarque Voltaire, distinguer dans les
vers de Boileau, ce qui est devenu p-ove^'&e d'avec ce qui mérite
de devenir maxime. Les maximes sont nobles, sages et utiles,
elles sont faites poui- les hommes d'esprit et de goût, pour la
bonne compagnie. Les xiroverhes ne sont que pour le vulgaire,
et l'on sait que le \iilgaire est de tous les états. „ C'est ce qui
faisait dire au père Bouliours, d'une façon plus aristocratique
pour la forme que pour le fond, que les sentences étaient les
proverbes des honnêtes gens comme les proverbes étaient les
sentences du peuple.
On conçoit qu'il faille beaucoup d'art pour assaisonner
aujourd'hui ces quolibets et ces pensées souvent triviales. Selon
le journal de Trévoux, les proverbes qui faisaient autrefois une
partie des richesses de la langue, n'entrent plus en un discours
sérieux et dans des compositions relevées.
Pour l'abbé Roubaud ce sont des mots ou dits sentencieux,
familiers et populaires. Aussi bien, le nom lui-même le fait voir.
ProverUum a signifié primitivement et littéralement une locu-
tion, une phrase quelconque, toujours sous la main, toujours sur
la langue. Il va de soi que le peuple ne répète et par conséquent
ne retient que ce qui l'a frappé. Or, dans les temps reculés, ce
n'est pas dans les masses qu'il faut chercher l'élévation, la
— XXI —
générosité des sentiments ou la délicatesse des nuances. Quelle
peut donc être la fortune des proverbes? C'est d'exprimer
d'ime façon vive et forte une préoccupation, bonne ou mauvaise,
haute ou basse, de telle ou telle époque, de telle ou telle nation.
Le grammairien Donat a raison de dire : accomodatum rébus
tem.'porïbusque. Le mot, pour réussir, à dû être au niveau de
l'époque qui Ta vu naître.
C'est en se mettant au pas des temps et des choses que cette
parole, toujours prête à passer de bouche en bouche, devient
ce qu'on appelle proprement un adage. Le philologue Festus
donne pour interprétation étymologique : ad agmdum apia,
c'est-à-dire, ce qui peut servir pour la conduite de la vie. Ne
vaut-il pas mieux conjecturer avec Littré que le mot signifie
ce qui pousse, {agit) stimule, conseille, vers {ad}?
Autrefois on était convaincu que ces règles pratiques étaient
non seulement infaillibles, mais très morales. Aujourd'hui si
l'horizon est parfois plus brumeux, il est incontestablement plus
profond et plus large. Nous demandons qu'on examine, qu'on
discute, qu'on vérifie; nous n'acceptons plus les adages que
sous bénéfice d'inventaire, et, à vrai dii-e, ils ne répondent plus
à ces mille et une nuances inévitables à mesure qu'on s'éloigne
de l'antique et grossière simplicité. Erasme a beau nous rap-
peler dans la préface de son vaste recueil qu'il n'y a rien do
plus probable que ce que tout le monde a dit; nous sommes,
nous à notre tour, trop de notre temps pour ne pas tout mettre
en discussion et pour ne pas faire valoir et même prévaloir les
— XXII —
droits de la raison individuelle Q). Sur la pente où sont actuelle-
ment les choses humaines, nous croyons tous, sinon au progrès,
du moins au changement et nous regardons phis souvent en
avant qu'en arrière.
Il est donc inutile de s'arrêter longtemps avec Charles Nodier,
Alphonse Karr et d'autres humoristes à constater les contra-
dictions et les antagonismes des proverbes. Cela ressort de leur
nature même : ils sont, quelquefois, la sagesse, mais toujours
l'opinion, la pensée des nations, vaille que vaille. Ils ont, pour
employer la distinction favorite des philosophes allemands, une
valeur plus souvent subjective qu'objective. Ce sont des façons
de voir, des points de vue. Nous dirons avec Martial : Sunt hona,
sunt quœdam mediocria, sunt mala plit^ra. Au demeurant, il en
est des proverbes comme des mots en général. Ils se produisent
suivant des lois de notre nature, mais ils n'atteignent pas tous
au même degré de perfection. Les linguistes admirent encore
la logique des vieux vocables comme on admire toujours la
logique des enfants naïfs ; mais ils se gardent bien d'y chercher
comme autrefois les arcanes d'une sagesse qui dispenserait de
toute investigation radicale et vraiment philosophique.
Dans notre siècle, qui possède avant tout l'art et même la
passion de se transporter dans l'esprit du passé pour le juger de
haut, on a fini par étudier les proverbes comme les mots au
(') Aujourd'hui que l'on recherche lant les « trouvailles de vocahies rares,
inattendus », il faut s'c'lonner qu'on n'ait pas encore hasard*^ le terme : ipsissimisie
pour caractériser cette passion du siècle, être soi-inèine au superlatif ipsissimits,
comme disait si plaisamment l'iautc, plus de deux cents ans avant l'ère chrc'lienne.
■
— XXIII —
point (le vue iJiirement liistorique. On laisse de côté, au moins
provisoii-ement, la question de savoir si tel peuple a eu plus de
sagesse que tel autre, si les prédilections de telle période valent
mieux que celles de telle autre. On tient à savoir d'abord ce que
savaient et ce que voulaient, par eux-mêmes et pour eux-mêmes,
tous les peuples dans tous les temps. Ce sens éminemment histo-
rique peut avoir ses défauts et ses dangers : on peut craindre
qu'il ne s'aôaisse dans l'éclectisme et ne nous fasse oublier
d'agir pour notre propre compte ; mais il a aussi son iiTécusable
grandeur. N'est-il pas visible que pour oser ainsi se plonger
dans les préjugés et les passions du passé, il faut être bien sûr
de n'en plus avoir à craindre le retour?
Si, par exemple, nous réunissions tous les brocards, tous les
blasons, tous les lazzis, tous les proverbes anecdotiques et sati-
riques, toutes les injures sentencieuses inventées par nos villes
belges, le plus souvent contre leurs plus proches voisins et leurs
plus fidèles alliés (^), qu' aurions-nous à redouter aujourd'hui:'
Tout le monde en vient insensiblement à comprendre que ces
décisions n'ont presque jamais rien décidé et que ces jugements
en l'air, à la volée, se réduisent, en fin de compte, à mi sophis-
tique ah uno disce omnes. Ecoutez, encore aujourd'hui, l'iiomme
du peuple, disons mieux, l'homme de l'instinct, l'homme d'autre-
(') Un travail de ce genre a él(î compost' pour la Normandie par M. P. Canel :
lilasou populaire delà Normmulie. llouen, ISGO, 2 vol. in-8.
L'n journal folkloriste, le Volliskim(le,ii(i Gand, a commenet^ celle élude, mais ne
l'a pas poursuivie.
Cf. Dlasoti populaire de la France, par H. Gaidoz el Paul S(?billot. Paris. L. Cerf.
1884.
H
— XXIV —
fois : que le hasard le mette en contact avec un menteur, il
(liia que le pays d'ofi vient ce menteur n'a jamais produit que
des gens de cette espèce. On ne fait plus que rire de ces hyper-
boles ^qui devenaient jadis rapidement des axiomes consacrés
auxquels on ne touchait que pour les lancer dans la foule
comme brandons de discorde. La civilisation, quoi qu'on en
dise, rend les hommes moins étroits, moins exclusifs, et les
accoutume à ne plus faire, des vertus et des vices, des mono-
poles, des privilèges ou des stigmates de race ou de localité.
De plus en plus sûrs de notre victoire sur le passé, nous en
venons à être justes et môme généreux envers lui. Nous ne
sommes plus ces esclaves à demi affranchis et qui sentaient
encore un tronçon de chaîne : ^jars longa catenœ, comme dit le
stoïcien satirique. Tout ce qu'on peut nous reprocher, peut-être,
c'est de surfaire ce passé dont nous nous flattons de n'avoir plus
rien à craindre et que nous respectons davantage à mesure qu'il
s'éloigne ou semble s'éloigner de nous. Major e longinqiio
reverentia. Voir les dithyrambes de nos moyenâgeux, de nos
médiévomanes.
Aussi, aimons-nous les proverbes comme des médailles, préci-
sément parce que nous les avons presque partout démonétisés.
Ce sont des morts, on ne leur doit plus que la vérité, mais on
se plaît à la leur dire d'une façon respectueuse. Nous faisons
de ces reliques du hon vieux temps comme on fait à Liège du
vieux palais de nos princes-évêques : on restaure avec amour,
mais avec la feime conviction que ce qui est mort ne reviendra
plus.
— XXV —
Il y a bien d'ailleurs quelque charme à exhumer cette poésie
fruste. Nous trouvons lt\, dans quelques phrases abruptes et
pittoresques, ce qui a le plus fait rire et pleurer nos pères. Tel
mot qui ne se prononce plus qu'à la dérobée dans les régions
polies et cultivées de la société, faisait, il y a quelque cent ans,
peut-être, le pivot des meilleures conversations, l'âme des plus
avenantes productions littéraires.
Les Grecs avaient trouvé un mot très heureux pour cela, la
imroimia, d'où nous avons tiré le titre de parémiographe illustré
par Erasme. Paroimia, c'est ce qu'on trouve toujours sur sa
route (^), c'est ce qui attire par son allure vive et toutefois
accommodante, c'est ce qui se recommande à votre souvenir
par l'originalité de la forme. Il est vrai que cette originalité de
quelqu'un de\aent souvent le plagiat de tous, et que ce qui était,
en naissant, une nouveauté, une hardiesse, sert, en vieillissant,
à retarder, à décourager ceux qui, à leur tour, à leur heure,
veulent et osent innover. Mais c'est là un abus qui n'intéresse
que médiocrement l'iiistorien et le philologue : il leur suffit que
le mot soit, comme définit spirituellement Erasme, celehrc
dictmn, scita giiairiam novitate insigne. Il leur suffit (]u'en son
temps la locution ait paru, par le bonheur de la forme, tout à la
fois très vieille et très neuve. Comment cela, dira-t-on? Le
grammairien Diomèdes nous l'explique : c'est, dit -il, ([ue ce
dicton, devenu banal parce qu'il s'ajustait aux temps et aux
(') Les anciens flamands disaient -. in de wamkUnii^ à la renconlre.
— XXV [ —
choses, est demeuré toujours piquant en ce qu'il donne à
entendre autre chose iiue ce qu'il exprime. La vérité a l'air de
s'y cacher, comme fait la Galathéede Virgile, pour se mieux
faire apercevoir. Plus le dicton semble d'abord obscur, plus il
rend l'idée éclatante. Ce sont là, en général, les énigmes, les
choses occultes dont parlent les livres sapientiaux de la bible :
Occulta proverMorum exquiret saj^fews. (Eccl. XXXIX, 3.)
Ce voile transparent, jeté sur une idée, est conforme à la
naïveté des anciens âges. Il ne serait pas même difficile d'en
retrouver quelque trace chez ceux de nos contemporains qui
n'ont pas encore pu ou voulu se ranger du côté de l'esprit mo-
derne. C'est tout à fait par instinct naturel, ou, si l'on veut,
traditionnel que la pensée se formule de la sorte. La science
européenne a, depuis longtemps, fait voir que cette pénombre
mystérieuse provient moins d'un intérêt de domination et de
fourberie que d'une invincible tendance au symbolisme qui
caractérise les temps les plus lointains et les peuples les plus
arriérés. Le langage lui-même, ce produit des époques où n'at-
teint pas l'histoire, qu'est-ce autre chose qu'un grand symbo-
lisme ? Parler, ou en langue d'oïl, imroler vient bien logique-
ment, bien légitimement de parahola, mot grec qui nous a
fourni aussi parabole (^), et qui a pour sens premier, initial,
matériel en quelque sorte : rapprochement, juxtaposition, com-
paraison. Quoi qu'on ait dit dès le treizième siècle (s'il faut en
(') VA paliihrc doiU il csl si souvent question chez nos congolistcs.
— XXVII —
croire un manuscrit de la bibliothèque impériale cité par
Leroux de Lincy) que comparaison n'est ims raison, il n'en
est pas moins vrai que c'était là l'ordinaire équation des
peuples qui n'avaient pas l'habitude de scruter au delà des
premières informations des yeux ou des oreilles.
kSi la parole s'est développée par la comparaison ou par la
métaphore, qui n'est qu'une comparaison écourtée, comment
s'étonner de la formation des proverbes qui ne sont que la
quintessence de la parole (^) ?
" Le langage proverbial, dit M. Quitard (Etudes histo-
riques, p. 124), est extrêmement varié et diffère, chez les divers
peuples, en raison du génie particulier de chacun d'eux. Mais
les différences qu'il présente, quelque saillantes qu'elles soient,
n'excluent point des ressemblances ni même des identités bien
marquées. S'il a des traits à part, qui n'appartiennent qu'à un
seul paj^s par leur originalité native, il y a des traits généraux
qui sont communs à tous. Les formes qu'il revêt habituellement
l)artout, soit qu'elles gardent un caractère purement local, soit
qu'elles prennent un caractère qu'on pourrait appeler cosmo-
polite, sont presque toujours empruntées à la comparaison, à
la métaphore et à l'allégorie. ,.
Or, comme les rhéteurs l'ont souvent remarqué, ce sont là
(•; Pour ceux qui s'élonneraicnl de voir le mot xpot (raillerie) {l('sij;ner le proverbe
en gt^ndral, on peut renvoyer à l'italien uwtin, mottcgio^ qui indique bien le mot pour
rire afin de mieux s'enfoncer l'adage dans l'esprit. L'allemand spricliwori, spiïiclnco)!
et le flamand spreckwoord sont plus près du mono que l'anglais Injwoni qui ferait
plutôt songer à sobriquet {bijnaam, npotiiamn.)
— XWIII
trois figures qui ne diffèrent que par les proportions. L'allégorie
elle-même, par exemple celle qui place un papillon sur une
tombe, n'est qu'un rapprochement développé. Et ces enjolive-
ments de la pensée sont si naturels à l'homme, que la science,
loin de les créer, n'a fait qu'en diminuer le prestige. Plus un
peuple est près encore de l'état instinctif et sensitif, plus il
fait de la- poésie sans le savoir': « Métaphore, allégorie, méto-
nymie, ce sont, dit Montaigne, titres qui touchent le babil de
votre chambrière. »
Ce qui est tout aussi naturel à ces temps naïfs et aux pro-
verbes qui les reflètent, c'est l'ironie. Aussi haut qu'on remonte
dans l'histoire parémiologique, on rencontre ce côté gausseur.
Le trentième chapitre des proverbes de Salomon n'a pas dé-
daigné ce moyen de varier la prédication morale. C'est même
de là, dit-on, que le moyen âge, si étourdiment moqueur, a tiré la
bouffonnerie proverbiale du dit de Salomon et deMarcol. Marcol,
qu'on le dérive d'une invention thalmoudiste ou bien de la cor-
ruption du nom de Marcus Porcins Cato le sentencieux, est
une espèce de Sancho Pança, ou, pis encore, un clown sans
vergogne. Les Italiens, qui en ont fait leur Bertoldo, puis leur
Cacasenno, l'ont stéréotypé comme le modèle du bon sens gros-
sier, égoïste, ricaneur et cynique. En France, on a longtemps
vu paraître, sur les tréteaux des places publiques, cette bizarre
antinomie dialoguée. Voici comment, dès le douzième siècle, on
avait traduit quelques-unes des excentricités de la Contradidio
Salomonis. On pense bien que nous avons dû laisser là les plus
accentuées :
— XXIX —
" L'iiomme sage évitera de trop parler, dit Salomon.
" Celui qui ne dira mot ne fera pas grand bruit, répond
Marcol.
— Insensé est l'homme qui porte avec lui tout ce qu'il a, dit
Salomon.
— L'homme qui ne porte rien est sûr de ne rien perdre,
répond Marcol.
— En hiver, portez une pelisse, et n'en portez point en été,
dit Salomon.
— Si vous avez un mauvais voisin, en hiver comme en été,
portez toujours un bâton, répond Marcol.
— Je n'aime ni chien qui aboie, ni femme qui pleure, dit
Salomon.
— Je n'aime ni mauvais parents, ni eau dans mon vin,
répond Marcol.
Cette parodie (^) du gros bélître, laid et narquois comme un
Thersite, répétée sur tous les tons, ressassée sous toutes les
formes, ne tarda pas à engendrer une incroj^able quantité de
proverbes ironiques ou gàberies. On voit poindre cette transfor-
mation jusque dans la vieille rédaction attribuée au comte de
Bretagne :
Bien boivre et bien mangier
Fait bomme assoagier, (soulager)
(*) Rabelais s'en amusait encore : « Qui ne s'avonlurp, n'a clun;il, ni nuilc, co dit
Salomon. — Qui trop s'aventure perd clioval et mule, Marcoul lui re'pond » — Ce
sont là les antinomies de la sagesse des carrefours. Le n" 9 des Bibliophiles flamands,
dans Dijaloijim vf twi^prakc^ nous montre Marcolphus devenu paifui.s un véritable
Uylenspicgcl.
— XXX —
Ce dit Salomon,
Et ventre engroissier
Fait ceinture alascher,
Marcol li respond.
Il est à remarquer que cette façon de recommander des
règles pi'atiques par la plaisanterie, n'était pas inconnue des
Romains des premiers temps. Ce vrai rire romain, surtout avant
les modes grecques, n'a rien de ce qui rappelle la grâce attique.
C'était quelque chose d'acerbe, de hargneux, toujours à l'em-
porte-pièce et à l'écorché (i). Leur dicacitas rencontrait diffici-
lement l'urbanité, et leurs facéties, comme on voit par le vieux
Caton, étaient généralement accommodées au gros sel. Cette
brutalité du rire qui ne fut guère combattue que par Horace, se
retrouve à travers l'empire, à travers le moyen âge, même à
travers la renaissance, et forme souvent, avec la grandeur des
institutions, l'élévation des doctrines et la majesté des événe-
ments, le plus saisissant contraste.
La grosse raillerie s'acharna aussi à travestir le grave
recueil des distiques du grammairien Dionysius Caton, où
Pétrarque aimait à retrouver l'écho affaibli des sentences de
Caton le censeur. On peut dire que toutes les littératures de
l'Europe chrétienne ont produit des parodies de ce manuel de
morale amphibie, étrange compromis entre le christianisme, le
stoïcisme et les plus vieilles recettes de l'égoïsme romain.
De là, sans doute, les divers recueils intitulés ; Proverbes
(') Siiffiisi fellc sales. Ovide.
— XXXI —
vulgaux et ruraux. Quant à ce qu'on nomme les Proverbes au
Yillain, nous inclinons à y voir l'influence combinée de l'esprit
de jacquerie, des distiques de Dionysius Caton et du dit de
Salomon et de Marcol. En voici un couplet, tiré de la rédaction
la plus ancienne, et qu'on attribue au XIII^ siècle :
Li cl ers qu'est non poissanz
Est moult humiliaus
Et quiert en cliarité.
Et quand sa force est graut,
Serpent, gui-^re volant,
N'est de sa cruelté.
Qui paist gaignon de pain
Tost est mors en la main,
Ce dist li vilains.
Le clerc qui n*a aucun pouvoir est très humble et demande
la charité. Mais quand sa force est grande, serpents, monstres
volants ne sont pas plus cruels que lui. Qui donne à un mâtin
du pain est bientôt mordu à la main, ce dit le vilain (^).
On voit que le vilain, c'est-à-dire le préciu'seur du bourgeois,
du citoyen moderne, faisait arme et satire de tout. Il se disait,
comme les gueux chantés par Bérangcr :
Il faut qu'enfin l'esprit venge
L'honnête homme qui n'a rien.
Pour savoir jusqu'à quel point ces colères étaient provoquées,
c'est l'histoire politique et sociale qu'il faut consulter. Mais il
(') Leroux de Lincy, Le livre des proverbes français^ 2'-' t'dit. I, p. xxx.
V, les injures conlre les vilains, dans la chanson des Kcrels. (J. Slechcr, Ilist.
do la iiU. nderi. en Belgique, p. 80.)
— XXM[ —
est certain que rien ne fut plus répandu que cette satire à coups
de proverbes, débutant par cet exorde significatif :
" Voici maint proverbe certain du vilain : Que nul ne
méprise son respit (son dicton). Il l'entend tout autrement que
le fou. Sage homme prend mouton au lieu de venaison, dit le
vilain. „
La redoutable causticité qui étincelle dans ce poème senten-
cieux qui attaque grands et petits, paraît venir de quelque
écrivain universitaire (^). On passait beaucoup de temps, dans les
universités, à réciter et à commenter plus ou moins subtilement
les proverbes de la Bible et les dictons des poètes et des i)ro-
sateurs du monde gréco-romain. On avait même une sorte de
syncrétisme assez naïf : on amalgamait toutes ces prescriptions
de morale sans y voir autrement de malice.
Telle fut la vogue àesProverhes du Villain, qu'encore aujour-
d'hui, il y a des villages et même des villes où l'on aime à
conclure un adage, non par : le maUre Va dit des pythagori-
ciens de l'Italie, mais par : le paysan le dit, cet autre Va dit.
C'est l'autorité goguenarde faisant la contre-partie des sages
et des philosophes.
Au moyen âge, le vilain semble avoir à tout le moins le
droit d'insolence (^). On a toléré son franc parler aussi longtemps
qu'on ne l'a pas cru redoutable.
{') V. The latin pœms commonly allributcd lu Waltcr Mapes, coUeclcd by Thomcs
Wright. (London, 18 il.)
(*j Au moins en Flandre et en Brabant.
— XXXIII —
Ce tient li vilains à savoir.
(Le ronia7i du Brut, Xlle siècle.)
Li vilains dit en son respit.
{Eotnan d'Erec et Enide, XII© s.)
Et li vilains le dit en reprovier.
{Li moniage Guillaume^ XIIo s.)
Ou trouve encore d'autres façons d'amener, d'introduire un
adage, par exemple : Le vilain dit sans glose. Le vilain dit
par repruvier. Le vilain le dit piécha (depuis longtemps).
Il ne faut pas croire que le nom de ])roverhe soit d'un usage
très ancien. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'on le trouve
dans le roman de Baudouin de Sebourg, complété par le Bastars
de Bouillon. Il ne se rencontre guère dans le parler populaire
que vers le quinzième siècle, c'est-à-dire vers cette époque de
la renaissance où l'on s'engouait des vocables grecs et latins.
Aussi bien, on a souvent remarqué que les mots français qui
ont retenu presque entièrement la forme latine ne sont que de
formation secondaire. Il y a, dans les langues aussi, une strati-
fication qui permet d'en faire l'histoire.
Dans la traduction des quatre Livres des Rois en français
du XIB siècle (^), on trouve ce passage, liv. 1, cliap. 19, vers
24 : De ço levad una parole que l'um soit dire 2mr respit : est
Saul entre les prophètes ? TJnde et exivit proverhium : num est
Saul inter prophetas ?
Que peut signifier ce mot respit qui paraît être la plus
ancienne traduction vulgaire du latin adagium, yroverhium ?
Il ne faut pas dédaigner l'étymologie tant qu'elle reste sur son
(') Lerou.\ Je Lincy, Le livre da yroverbcs^ préface.
— XXXIV —
terrain : elle fournit pins d'nn docnment à l'histoire des
bigarrures humaines.
Tout comme les mots modernes rêint {}), respect, le terme
roman n'est autre chose, dans le principe, que le mot latin
respedus. Il en résulte qu'il signifiait primitivement, comme
pour respedum hahere, avoir le regard, porter l'attention sur
quelque chose, avoir égard à quelque chose, après y avoir
réiiéchi. De là, en changeant bien des fois de route, comme le
dit l'épigramme (^), le mot i-esjnt a fini par devenir synonyme
de sentence et de proverbe. On a rencontré aussi la forme
resprit, mais, au lieu de songer ici au verbe reprendre, on peut
se borner à supposer une variété de prononciation ou d'ortho-
graphe. Il ne s'y agit que d'un r intercalaire, inséré par la suite
des temps. Quoi de plus liquide, de plus coulant dans le parler
populaire ?
{') Se mettre en ses répits^ se disait, dans la coutuino de Touraine, pour : se mcltre
en son devoir (respect). On a connu aussi le vcrl)c respiier. Philippe de Tiiaon, en
son coinpat^ dddié à la reine Aiîlis de Louvain, écrit :
Suviegnet vus que dit,
Li vilains par respit :
« Al busuin est trovez,
L'amis et espruvez. »
Qu'il vous souvienne de ce que dit le vilain {de bncr, en flamand) en son proverbe :
« C'est dans le besoin qu'on trouve cl qu'on éprouve un ami. » La lé^'cnde
Saint-Brandcn parle debials esmnple et bons rcspiiz.
M. \Vilmotle(/>/(/Zen» de folklore, ji. -10 (181)1) rapproche respit du wallon resplcu
(refrain).
(*) Ce sont surtout les ignorants en linguistique qui répètent l'épigramme de
D'aceiUy -.
Alfana vient d'tv/»(î(s, sans doute,
Mais il faut avouer aussi,
Qu'en venant de là jusqu'ici
Il a bien changé sur la roule.
Sans doute, qui se remue, mue et l'on change selon temps et lieux ; mais, quoi ! si
rétymologistc sait « tous les chemins par où ca doit passer »?
— XXXV —
Vers la fin du treizième siècle, c'est le mot reprouvier qui
prend faveur et s'accrédite. Un manuscrit du dix-septième
siècle, cité par Leroux de Lincy dans sa bibliographie,
rappelle que les Gascons désignaient encore l'allure senten-
cieuse par rep'overUo. Pour peu que l'on connaisse la marche,
la généalogie des formes et des mots littéraires dans l'ancienne
France, on sera tenté d'expliquer reprouvier (quelquefois
repi'ovier) par un de ces nombreux emprunts que la langue
d'o'il a faits à la langue d'oc. Il est vrai que le Provençal dit
aussi bien reprochier que reprovier (^). Faudrait-il donc
remonter jusqu'au bas-latin reproduire, repropiare, en conjec-
turant que le proverbe était très anciennement considéré comme
un reproche, ou, si l'on veut, un rapprochement injurieux, une
improbation ?
Ducange préfère assimiler entre eux les mots rcprohare,
exprohrare, réprouver, reprocher. Il constate que même avant
Villehardouin, on construisait le verbe réprouver ou reprover,
tout comme on fait aujourd'hui du verbe reprocher. De là,
reprovier dans le sens d'opprobre. De là aussi toute l'histoire
étymologique du mot réprouvé. Notre trouvère tournaisien,
Philippe Mouskès, dira :
Li vilains en reprouver dist :
Tant gratte chèvre que mal gist.
(') J'ai oit dire en reprochier (proverbe). Clianson des Croisades, v. 370 (P. Mcyer).
Dans tlùjès, peul-ètre fait h Bruges ou à Winendale par Creslien de Troyes, on lit
(V. «73):
Car li vilains dit en sa t'crce ; (verbe? provoriic?)
« Qui a prodomes se comande
Mauvcts est, s'antor lui n'amende. »
— XXXVI —
Il n'est pas étonnant que l'on ait inventé de nombreuses
dénominations pour la forme proverbiale^ puisque ce fut si
longtemps Tuniverselle fiiçon de juger, de conclure, d'exhorter
ou de rîiiller. On ressemblait alors à ces penseurs romains dont
parle M^^ de Staël et qui avaient plus de préceptes que d'ob-
servatious. Plus on s'obstinait dans ce style énigmatique et
pour ainsi dire lapidaire, plus il fallait, en l'appliquant à des
choses diverses, en diversifier les noms. Il ne s'agit, après tout,
que d'épithètes nouvelles, destinées à marquer de nouvelles
applications de la même chose. Que de centaines de synonymes,
en arabe, pour indiquer les choses (peu nombreuses, il est vrai)
dont les Arabes proprement dits, ceux du désert, se préoccupent
le plus !
A une époque où l'on vivait beaucoup d'autorité aveuglément
acceptée et où l'on ne se piquait pas de graduer les idées, de
nuancer les sentiments, on faisait grand état de toute sentence.
Le pavillon, comme on dit, couvrait souvent la marchandise,
et dès qu'un auteur avait mis : " un parler est assez commun ;
— maintefois a été dit en esplanse; — on retrait et dit
souvent „ — on s'inclinait, on se taisait (^). C'était chose
irrévocablement jugée. Esplanse était un adage en manière de
glose ou Wexplanatio et dans le genre des explanationes ou
commentaires sur les prophéties de Merlin qu'entreprit un
(*) « On (lict à la voll(?e. » Villon. Dans VAclot, journal hebdomadaire de Nivelles,
(Brabant-wailon) r' t'as/ signifie proverbe, dicton humoriste, riîbus, etc. Le mot paraît
ddriver de la locution : »c-iy(.?-//, chose, parole à laquelle on aime à revenir. Mn
lournaisicn du X1V« siècle, Gilles li Muisit, se contentait d'(;crire :
S'esloit uns dis communs : Tost est bielle levée.
— XXXVII —
prieur de Cantorbéry, Alain de Lille. Quant au mot retraire,
emprunté^ comme le précédent et bien d'autres encore à la
langue d'oc, il sio-niliait l'action de rapporter, de répéter comme
on fiiisait en alléguant un proverbe.
On voit encore par les Espagnols qui ont également tant
pris aux Provençaux, héritiers de la lyre romaine, combien les
littératiu-es romanes avaient de mots pour désigner toujours la
même chose. Les retrayres s'employaient non seulement dans
le sens de retrahere verha, faire revivre d'anciens dires, mais
plus spécialement dans le sens de reproche ironique, comme le
reprouvier de la langue d'oïl. Les refranes (î), soit qu'on les
dérive du latin referre, qui nous a donné refrain et tout
dernièrement encore référe7ice, soit qu'on les rapporte au pro-
vençal refranh et au vieux français refraindre (rebondir,
répercuter) désignent le proverbe en tant que répété aussi
complaisamment que ce que Régnier appelait le refrain de la
ballade. Le peuple était un peu comme Sancho Pança : il lui
revenait constamment un cent de proverbes. Le vieux Castillan,
si naturellement sentencieux, avait encore les mots ailagio,
verho, palabra (parole, parler), cxcmplo, fahlilla, j^roloqiiio
(maxime banale) et enfin proverhio.
Mais on a beau chercher dans la longue liste des termes qui,
dans les pays romans, ont servi à désigner la philosophie popu-
laire et le blason des rues, on ne trouve rien qui ressemble à la
dénomination liégeoise.
(') Litlrd indique l'ancien verbe refréner^ rc^pc'lcr. La vieille forme ir/,c^ dtVive
de rcfraciHS.
— XXXVIII —
En dialecte liégeois, on rencontre, de très bonne heure, le
mot spot pour désigner soit le dicton piquant et^ gausseur,
soit le proverbe en général. Le Hainaut connaît également
ce terme et l'emploie presque aussi fréquemment. Par le
dictionnaire rouclii de Hécart on voit qu'à Yalenciennes on
le prend dans l'acception de sobriquet. Peut-être même a-t-il
eu autrefois cette acception à Liège aussi. A propos du siège
de Calais par Pliilippe-le-Bon, le chroniqueur Jean de Stavelot
dit :
«... Et sesoy départirent les flanians de Calais, ensi
qu'ilh poirent, a grand domaige et a grand blasme. Et de
che fist-ons une spou (spot?) ou une gabrie {') que les com-
pangnons disoient commonement l'un ou l'autre, en court de
Romme et en aultre pays, en disant par jeu ou par coroche :
je tay donné la malédiction que donnât {sic) par les Englès
aux flanians devant Calais {^). „
Faut-il prendre la leçon spou comme la meilleure et la
rattacher à spouse, participe d'un vieux verbe espondre {expo-
neré) qui signifie aussi bien exposer que promettre? Dans
(.) Gabcie, c'est clans tous les textes du moyeu âge, la bourde loldrde. Se gober
(se iq er) é ait encore dans la 4- édit.on du Diction, de l'Acaddm.e. Quant à .,0
sranl S heler (Dictionnaire Grandgagnage, p. 389) y vo.t. comme noi^, un no
germani ue i^cLussurc, brocard. A CbaHeroi, il ^'^--'«-^ll^-'irr "la f^i
rViUerie comme à Yalenciennes. De môme fiuo le mot /;roanrfd signifie à la fois
axiôm dicton et raillerie. Au XIIP siècle, Cilles li Muisit, abbé de Sa>nt-Marl.n. a
^::;^^.M^. Kervyn) parle de,... ^-r''^Z:!t^^^7^:S
Plus loin II. loi) on trouve: uo.nnaus espos. Huu ouu. d ConJ , 1. Se .de,, p. ..0,
a empoteras uuue.trens (lutter d'esprit, de brocards avec les ménestrels).
(i) Edition d'Ad. Borgnet (Com.nission d'histoire). On trouve encore e.,o. dans
Ducange.
— XXXIX —
cette hypothèse le spot aurait signifié primitivement un exposé,
une réponse, une explication (^).
Si Ton maintient, comme il est assez plausible, que la forme
spou n'est qu'une erreur, une négligence de copiste ou, tout au
plus, un reflet de mauvaise prononciation, on s'explique sans
peine l'addition explicative de galerie. Le mot spot sera un
emprunt fait au thiois voisin. Dans toutes les langues germa-
niques spot est un radical dont le sens primitif est : raillerie,
chose qu'on fait jaillir et qui éclabousse {spit, spot), enfin tout
reproche ou brocard qu'on lance à la tête de quelqu'un (-).
Nous retrouvons ici les principales acceptions du vieux mot :
rep>rouvier.
On objectera peut-être qu'il est bizarre de voir confondre
sous un seul et même terme les maximes et les railleries. Mais
n'avons-nous pas déjà vu combien le moyen âge a l'humeur à
la fois satirique et sentencieuse ? N'ayant pas l'esprit d'ana-
lyse très développé, il aimait, jusqu'en ses plaisanteries, la forme
concise et axiomatique. Il ne serait pas difficile de retrouver
encore ces allures au fond de quelques villages éloignés des
grands centres ou des grandes lignes de communication. Qui
(') Quinlilicn, eu son cinquième livre, nous dil qu'il y a un genre de proverbe qui
est comme une fable en raccourci. D'un autre cùté, tous les pays olVrenl des
adages qui ne sont que des nffubulatioiis de légendes ou d'anecdotes. M. l'ilrd
(IV, 330) montre comment des proverbes naissent des anecdotes, des contes, etc.
La réciproque est plus fréquente.
{*) En anglais, to spit — lo tlirotv ont spiiilc (crachat).
En rouchi, spicer, apiicr — éclabousser. En liégeois spiutiu = guilleret, pétillant,
jaillissant.
En flamand, bcspattcn, bcapiit, bcspotcn — éclabousser, faire jaillir.
m
— xr, —
sait même s'il faudrait (initier la ville pour rencontrer des
exemples de cet alus du langage proverbial, si spirituellement
combattu par Cervantes ?
La gaberie dans les paj-s romans se mêla à tout, et cela ne
finit pas complètement avec le seizième siècle. Dans le diction-
naire de Ducange, éd. Didot, m, 4G6, on lit cette étrange
anecdote : "Quant Hylaires {le saint évêque de Poitiers) fu
entrez ou concile, li pape li dist : ïu est Hylaires li Gauz ; et
Hjdaires li respondi : Je ne suis pas Galz, c'est-à-dire pous (^),
mais je suis de France, et ne suis mie né de galine. „ N'est-ce
pas là, tout à fait dans le goût grossier du moyen âge, un
calembour ou gaberie? Et la plaisanterie eût-elle perdu de
sa vivacité, si l'évoque s'était avisé d'aborder directement le
proverbe auquel il faisait allusion? En répondant au pape
par le vieux dicton fort connu à Liège : " Qui nait poule
aime à gratter,,, il eût également fait penser aux penchants
que l'on tient de son origine.
Dans la chanson de geste intitulée : le voyage de CJiarle-
magne à Jérusalem et à Constanti7io2)le, il y a toute une
histoire de gaberie concernant l'empereur et ses vaillants
compagnons.
" S'est tel custame eu France, à Paris et à Cartrcs,
Quant Franceis snnt culchietz. que se givent et gabent
K si client ambure e saver et folage (-).„
Cj l'ulhis galliiiaccus.
(-) J:ilirbticti f. romanisclic Llllcralur, I, 20;j, ^Tellc osl la coulume en Franco, à
— XLI —
Quoi qu'il en soit, tous ceux qui ont quelques saines notions
d'étymologie admettront facilement que le mot germanique
spot, entendu d'abord dans le sens de sobriquet, de blason, de
brocard, soit insensiblement devenu synonyme de dict, dicton (^),
et ait enfin perdu le souvenir de son origine au point de signi-
fier proverbe et maxime. Faut-il tant s'étonner de l'origine
gouailleuse du spot ? Est-ce que le baron de Walef, l'ami de
Boileau, ne disait pas du liégeois " un idiome fait exprès pour
la satire „. (Dédicace du triomphe des médecins, 1731.)
Un mot, on l'a souvent remarqué, est une pièce de monnaie,
nummus cul piiUica forma. Mais en même temps que le relief
s'en eûace par un long et fréquent usage, on en voit aussi se
modifier la valeur dans les échanges, comme si ce n'était qu'une
marchandise dont le tarif varierait avec la marche des temps
et des choses. A tout prendre, le langage est essentiellement
humain ; il doit se plier aux raisons ou même aux caprices des
Paris et à Chartres. Quand les Français sont coucIr's, ils jouent et plaisantent, et
Ton débite ainsi tout aussi bien des choses sérieuses que des extravagances.)
Ce vieux penchant à nuMer la sagesse et la folie a fait naître un dicton aussi
célèbre chez les flamands que chez les wallons. « C'est tôt riant qu'llarliquin dl
l'vraie, » dil-on à Liège. — « Tout en riant le fou dit sa malice «(proverbe flamand).
— Uabelais dit aussi, III, 37 : « J'ay souvent ouy en proverbe vulgaire qu'ung fol
enseigne bien ung sage.» Au moyen âge, on disait : un fat, fatiitis.
{^)Dicion ayant une désinence qui, en français (contrairement au latin et à l'italien),
est le plus souvent diminutive, on peut croire qu'il indiquait d'abord une formule
très courte et d'autant plus caustique qu'elle tombait plus brusque et plus abrupte.
Spot dans le sens de surnom ironique, se trouve dans une comédie de Peclers
{L'ovicije (la Cltaiicltcl) I87tj, se. iS :
— N'est-ce nin Lùrgoss, voss nom'.'
— C'est on s'po qu'on m'mettév, ji so François Ilanon.
N'est-ce pas le spot-uaam =^ sobriquet, en flamand'.'...
— XIII —
liommes. Parcourez les ilictiounaires d'Estienne, de Forcellini,
de Freytag, de Gesenius, de l'Académie française, de la
Crusca, etc., partout vous serez frappé de Tinlinie variété des
acceptions attribuées à un même vocable. Il est vrai qu'au
fond, le sens primitif et propre reluit presque toujours à travers
toutes .les accommodations, appropriations, déductions, dériva-
tions et même déformations. Et il faut bien qu'il en soit ainsi,
puisqu'il y a si peu de mots et tant d'idées, tant de choses à
exprimer. Il y faut des expédients.
Au surplus, que le dicton railleur ne reçoive pas toujours la
même application et glisse de nuance en nuance, c'est ce dont
les preuves surabondent. Au pays de Liège, et sans doute
encore dans le reste de la Wallonie, le peuple a coutume, la
veille du le^' mai, au rite de mai, comme dit Shakespeare, de
placer une branche de cerisier à la porte de la jeune fille volage,
légère ou trop compromise. Qu'est-ce à dire ? Ou vous citera
à ce propos le spot du cerisier des imuvres, et il sera facile de
constater que la plaisanterie a été souvent très gravement
détournée sur tel ou tel personnage dont on voulait dire
" ami de tous, ami de personne,,.
Qui n'a lu et admiré, au moins dans les traités de littérature,
ce passage du Socrate CJirétien où Balzac devance la philo-
sophie de l'histoire qu'on trouvera dans Bossuet? — "Dieu
est le poète, s'écrie le créateur du style académique, et les
hommes ne sont que les acteurs : ces grandes pièces qui se
jouent sur la terre ont été composées dans le ciel, et c'est
— XLIII —
souvent un faquin qui doit être l'Atrée ou l' Agamemnon. Quand
la Providence a quelque dessein, il ne lui importe guère de
quels instruments et de quels moyens elle se serve. Entre ses
mains, tout est foudre, tout est tempête, tout est déluge, tout
est Alexandre, tout est César. Elle peut faire par un enfant, par
un nain, par un eunuque, ce qu'elle a fait par les géants et
les héros, par les hommes extraordinaires.,, Eh bien! toute
cette éloquence grave et pompeuse ne fait que développer un
proverbe qui court depuis longtemps les rues pour aider à juger
des mutations de ce monde à la façon humoristique de Shake-
speare : " Dieu exécute ses grands desseins sur le monde avec
la main d'un manchot. „ C'est que l'ironie la plus grotesque a
souvent la portée la plus philosophique. Fer séria, per jocos, dit
Tacite : le monde mêle le rire et les larmes (i).
Il reste toutefois encore à expliquer comment les wallons
ont pu être amenés à prendre une dénomination flamande pour
marquer un genre d'esprit qui leur était si familier. On dit bien,
dans les adages traditionnels : Li gentil de Liège (les hommes
aimables et polis de Liège, cf. Leroux de Lincy, I, 292) ; mais
on disait aussi les tiesse di Jioye, la gent enragée (roman de
Godefroi de Bouillon, 8993), les gausseurs, les frondeiu-s, etc.
Dans les proverbes de Bovilli, on prétend que " le premier
assaut des Wallons excède nature „ et le baron de Walef
(•) A Verviors, le provcrlic se nomme rappoUroùle. En tenant complc de la ilcsi-
ncnce oAle, .liminutive (= olm en ghidiolus), on arrive a la signification de :
petit rapport, ou rapprochement, ou coiniiaraison, à moins qu'il no s'agisse do ce
qu'on rapporte, cite ou répète d'après une tradition.
— XLIV —
affirme, en connaisseur, que le dialecte liégeois est narquois au
possible. Les wallonnades, en prose comme en vers, qu'on a
vues se multiplier de nos jours dans toutes nos provinces
romanes, n'ont-elles pas plus souvent envie de faire rire que de
faire rêver ?
H faut donc (^u'il y ait eu dans quelqu'une de ces villes
flamandes dont la politique fut de si bonne heure engagée dans
des intérêts wallons, on ne sait quel recueil de mots plaisants,
de salse dicta dont le titre sjjot ait fait le tour de la Belgique.
Peut-être qu'en ce pays de Looz, si fidèle à l'étendard de
St-Lambert, il s'est rencontré jadis quelque trouvère tliiois,
qui, au lieu de chanter messire Eneas comme Veldeke tradui-
sant Benoît de St-More, a préféré chanter ce qui se racontait
aux banquets des joyeuses corporations. Ces bourgeois-soldats,
d'une bonhomie un peu champenoise, c'est-à-dire goguenarde,
aimaient les contes et joyeux devis, et ne regardaient pas à
quelque mot trop salé. Leurs sproltcn (^) avaient souvent toute
la malice des fabliaux, et il est très probable que plus d'un spot
n'a été d'abord que la conclusion et en quelque sorte la morale
d'une anecdote faisant fortune au point de passer des flamands
aux wallons ou des wallons aux flamands. Il y a eu de tout temps
(') n se peut (luc ce ternie d'ancien (lamaad xprohe fasse croire à quelques-uns
que le spot wallon ddrive d'un radical qui signifie y^nj-Zee, couler. Mais ce serait de
rdlymologie sans philologie. — Au reste, en traitant de la littérature gnoniique, au
chap. VH de mon Iliatoire de la liitérature néerlandainc en DcUjiqiie, j'ai montré la
haute antiquité du mot spot. D'autre part, il est à remarquer que dans toute la
famille germanique on ne connaît que l'anglais qui ail supprimé Vr pour avoir spokc.
Encore faut-il ajouter que l'anglais primitif (l'anglo-saxon) a xpraecan et spccati.
— XLV —
en notre pcn's un entrecroisement, un enchevêtrement d'intérêts
et de destinées entre toutes nos provinces. Est-ce donc surfaire
les choses si Ton admet un échange de mots et d'idées ? (^)
11 est vrai qu'en fin de compte, on peut encore soutenir que
le mot spot n'est pas un emprunt et que c'est une de ces nom-
breuses racines communes au celti(iue; au hitin et au germa-
nique, trois langues ou familles de langues issues du tronc
japhétique, arj'as ou indo-européen. En effet, bien des particu-
larités de la langue d'oïl et des patois wallons présentent une
physionomie germanique et toutes ne sont pas empruntées.
Celles qui le sont l'ont été de bonne heure, à cause du grand
mélange de races qui s'est fait en Belgique depuis la première
invasion des Teutons jusqu'à l'empire de Charlemagne. Plus on
remonte vers le Nord, plus on rencontre d'éléments germaniques
dans les dialectes romans. Sur la frontière linguistique qui va
à peu près de Dunkerque à Visé, il va sans dire (pie le mélange
ressemble quelquefois à une saturation. 11 ne faut pas oublier,
à ce propos, que la Belgique formait jadis trois groupes wallons-
flamands : Liège, Brabant et Flandre (^).
(') l\ n'est pcul-élre pas inutile de reniar(|ucr que les Uicronymilcs, qu'on voil à
Liège comme à Oaml, très occupes d'enseignement, allachaienl grande imporlance
aux proverbes. Us les faisaient recueillir par leurs (;lévcs, surtout en n(?erlandais et
en bas-allemand. UolTmann von Fallcrsleben (Tu/iiiicin.i, p. 4), ajoute que la célèbre
dcole de Devcntcr publia, vers la fin du XV siècle, jusqu'à cinq éditions des
Provcrbin communia. Plus d'un dicton est venu dos farces {Jdinhtcn) cl des préam-
bules d'épigrammos (prinmclcii).
{■) \\ n'fàt màye dire datick s'on n'ia. (Mém. n" fi, p. 21-. 1
l'vidommcnt le mot dancU est flamand cl signifie merci. Croirail-on que hari-lnHic
se rrlrouvc dans le grand poète Yondil, auquel Hollandais et iJeigos réuHis ont élevé
un monument : « hy loopt hcr en Itni.n J'ai réuni tous les faits concernant la fédé-
ration flamando-wallonne dans mes Flamand/^ ci Wallons. (Liège, J. Renard, 18o9.)
— XLVI —
Quelle que puisse être, au surplus, l'origine du spot wallon ou
du nom qu'il porte, il ne faut plus s'attendre à trouver dans le
parler populaire un grand nombre de proverbes entièrement
originaux. Les six mémoires envoyés au concours des spots
wallons ont été confrontés avec des recueils parémiologiques
de différents pays, et l'on a constaté de nombreuses similitudes
et d'incroyables identités. Le plus souvent, après avoir reconnu
la concordance des formules (point capital en cette matière), il
a été impossible de décider où elles avaient été réellement
inventées. Cela est vrai surtout des proverbes wallons qui
reproduisent des dictons flamands ou des adages accrédités en
France. Il en est des proverbes comme des idées littéraires :
l'échange se fait de bonne heure et ne cesse jamais. En outre,
il peut arriver qu'un peuple, après avoir donné, reprenne, et
plus d'une fois les imitateurs passent pour des inventeurs,
jusqu'à plus ample information. Cela seul fait voir qu'au
moyen âge, les nationalités furent moins isolées qu'on ne l'a dit.
Il suffisait d'ailleurs de la communauté de l'Evangile pour
établir ces va-et-vient, ces flux et reflux, ces courants et ces
contre-courants d'influences et d'idées (^). A côté des rensei-
(•1 En citant ce passage (reproduit du Dulletin, IV, 29), M. l'itrd, Proverbi
Sicilinni, I, CLXXIII, le complète savamment. Dans les proverbes de son pays, il
trouve déjà plus de 272 passages bibliques. En première ligne, l'Ecclésiastique, puis
les proverbes de Salomon, puis les Evangiles, puis l'Ecclésiaste, et enfin le livre de
la Sagesse. Curieuses suggestions de l'auteur à propos des Pères de TEglise, des
légendes de Saints, des représentations de mystères, etc. Saint Jean est le plus fêté
dans les proverbes siciliens. Les anecdotes plaisantes et autres sur le Diavulu ont
aussi laissé de nombreuses traces dans celte littérature. Plus d'un adage sicilien
n'est autre chose qu'une satire contre les moines, (P. CLXXXI) les procureurs, les
médecins, etc.
— xLvir —
gnements de l'Eglise, qui ne variaient que dans quelques
formes accessoires et qui touchant à tout, au temporel comme
au spirituel, s'adressaient à tout le monde, il convient de placer
aussi la puissante action des universités. De très bonne heure,
on voit les sentences de la Bible, les pensées des Pères de
l'Eglise, les apophthegmes de la philosophie gréco-latine, les
vers des poètes, les axiomes de Caton, de Publilius Syrus, de
Sénèque, d'Hippocrate et d'autres dont les noms se sont perdus,
se transformer en dictons malicieux ou en rapprochements
naïfs à l'usage du vulgaire. Dans la réaction qui s'est faite
récemment en faveur du moyen âge, on a trop oublié la grande
part de l'antiquité païenne (^). On a trop oublié aussi que ces
proverbes qu'on s'imagine nés dans les foules et dans les
gausseries anonymes et collectives, ne sont, le plus souvent, que
des vers ou des versets travestis. Rien ne vient de rien, disait
la plus ancienne école philosophique de la Grèce ; c'est un
axiome qu'il faudrait de temps en temps appliquer à l'histoire
des axiomes. N'est-il pas étrange qu'à notre époque d'indivi-
dualisme, on méconnaisse les droits de l'individualité dans la
formation des choses intellectuelles ? On veut que V Iliade soit
née au hasard et que la paternité des contes, des légendes, des
dictons et des sentences, ne puisse jamais être revendiquée. On
ne voit pas que ce qu'on attribue aux masses indistinctement,
(') J'ai rappelé dans ma UijenJe de VirfjUc eu Bcl/jique, comme bien souvent ce
qu'on croit primordiaiement sorti de l'esprit plus ou moins primitif du peuple, n'est
qu'un écho livresque, comme eût dit Montaigne. Cf. la critique de ma dissertation
dans Archivio pcr lo ntudio délie trndiziovc populare (l'alerme, décembre 1890).
— XLVIII —
doit eepentlaiit revenir en dernier ressort à des individus
auteurs ou initiateurs. On ne voit pas qu'à ce compte, les meil-
leures créations de T humanité appartiendraient précisément à
ceux qu'elle ne distingue pas. Sans doute, il ne faut pas
méconnaître l'action latente et générale des foules sur les
hommes d'élite ; mais ne sont-ce pas ceux-ci qui, en définitive,
mènent, ou du moins agitent le monde ?
A entendre certains panégyristes des temps carolingiens, il
semble qu'on doive trouver plus de spontanéité, plus d'indé-
pendance d'esprit à mesure qu'on remonte dans le passé. On
dii'ait que les contemporains de la scolastique ont pratiqué
toutes les libertés, à commencer par la plus délicate de toutes,
celle de la pensée. Qui ne voit pourtant que l'autorité d(S
proverbes, si générale en ces temps-là, suffit à nous prouver
une très grande passivité intellectuelle, une confiance illimitée
dans ce qui a été dit et imposé ? S'il était possible de nier
l'origine individuelle des formules et des manifestations de la
pensée, ce ne serait, certes, pas à propos des incessantes formu-
lations du dix-neuvième siècle. Il ne croit plus guère aux pro-
verbes précisément parce qu'aujourd'hui tout le monde en fait,
dans ses discours, ou dans ses écrits. Il y a, sans doute, beau-
coup de vérités qui ne s'inventent plus ; mais on peut toujours
inventer dans les nuances, dans les encadrements, dans les
reliefs, et, en général, dans tout ce qui concerne l'expression,
le style. Tout est dit, répète La Bruyère après Térence et
Virgile, mais le rafliné styliste a bien soin d'ajjouter : " Je l'ai
— IL —
dit comme mien. Ne puis-je pas penser, après les anciens, ime
chose vraie, et qne d'autres encore penseront après moi?...„
Au reste, que le proverbe soit sorti originellement de la
foule ou bien de l'individu, il est certain que, pour s'établir, il
a dû répondre à quelque vive et générale préoccupation de son
temps. S'il s'est ensuite maintenu dans la circulation, c'est que
la préoccupation se maintenait aussi,' ou bien qu'il était protégé
par la force de l'habitude et le respect de la tradition. Mais on
pense bien que des révolutions de toute espèce ont depuis des
siècles défiguré ou anéanti des milliers de formules tradition-
nelles. Puis, à force d'échanges, d'emprunts et d'imitations,
l'originalité a dû s'effacer, s'émousser. On finit par se rencon-
trer et comcider non seulement sur les pensées, mais sur leurs
formes et leui's allures.
Il est donc à regretter qu'on n'ait pas de tout temps songé à
recueillir et à noter les façons de dire indigènes ou nationa-
lisées. Plus on tarde, plus on perd ; mais aujourd'hui surtout
que les inventions et les transformations tiennent du miracle, il
y a péril en la demeure : il faut se hâter de photographier les
habitudes qui s'en vont pour ne plus reparaître, c'est ce que la
Société de littérature wallonne a vivement compris ; c'est ce
qui l'a en grande partie décidée à instituer le concours dont
nous parlons plus haut (^).
(•) M. Gaslon Paris (Journal des Savants, septembre 1890) si;:nale d'après Ernest
\o\gl (E'jbeit vom Li'itiicli, Halle 1889) un poème latin composé vers dO'20 par
Ejîberl, écolàlre de Liéjje. Ce chanoine de l'empire allemand, disciple de Nol^er,
n'aime pas les mali Fiauciijciiœ, mais, s'inspiranl îles deux langues otlicicUes de la
principauté épiscopale, il enrcj^islre de curieux proverbes qu'il appelle .Enigmaia
rusticmia. Lc spot est, en cfl'el, assez souvent, une devinette « vilain. V. c\ -.
— L —
La France possède des recueils de proverbes qui sont d'une
rédaction très ancienne ; mais on n'a pas encore pu bien vérifier
jusqu'à quel point tous ces adages avaient obtenu di'oit de
bourgeoisie. On ne peut pas, sans autre information, attribuer
la pleine* notoriété proverbiale aux locutions accumulées dès le
XTTTe siècle dans les Dids des philoso2)hes, les Mots dorés de
Catho7i, etc., etc. Guiot de Provins, dans sa Bible satirique
composée avant 1250, se félicite d'avoir entendu dans les
écoles d'Arles expliquer la sagesse des philosophes " qui furent
ainz (avant) les chrétiens,, et qui avaient nom : Platon,
Sénèque, Aristote, Virgile, Socrate, Diogènes, Ovide, Tullius
et Oraces (^).
Dans im in-folio de Tan 1265 et qui porte pour titre : Li
livres estrais de inhïlosopliie et de moralité, le trouvère Jehan
refondant l'œuvre du trouvère Alars de Cambrai (qui lui-même
copia André de Huy), énumère de la façon la plus naïve les
principaux auteurs des maximes qu'on aimait à commenter à
cette époque avec une sorte de piété superstitieuse. A côté de
Salomon, Sénèque, Diogènes, Isidore, Aristote, Caton, Platon
et Macrobe, il place Térence, Lucain, Perse, Horace, Juvénal,
Salinm novixti xed aves collcgcrat aller. Jean Lemairc de Belges (l'd. Stocher, IV, 402)
le traduit dans une lettre à Marguerite d'Autriche : « Doncques ma fortune est telle
que je bas lousiours les buissons, et ung aullre prenl les oisillons. »
(') « Grâce, qui tant ot de sens et de grùce, » dit Jehan de Meung (lloman de la
Rose). « De la morale gén(5rale à la satire gdndrale, dit M. Gaston Paris (Manuel
d'ancien français, n" dOiJ) il n'y a qu'un pas. » Le savant philologue signale aussi
les satires personnelles (enirabois, esiribois) sorties de ces généralités. Crandgagnage
donne estrahni et Forir stribot, brocard et chanson .satirique. FiC provençal con-
naissait eisiribotz. (Raimbaut d'Orange, au XII<= siècle). V. aussi dans Rutebœuf
la difputoison de Chariot cl du Barbier.
— LI —
Ovide, Salluste, Virgile, et n'oublie sui'tout pas le grand orateur
dont il a soin de faire deux personnages : un Tulles et un
Cicero.
Voilà donc ce qu'on enseignait aux étudiants, à ceux qui
voulaient acquérir' la science appelée clergie. Mais pour consta-
ter l'action de toutes ces sentences sm- la foule grossière et
un peu sauvage, il faut recourir aux chroniques et aux autres
documents de la vie sociale.
Ce n'est qu'en Espagne qu'on a réellement commencé de
bonne heure la parémiographie. Dès le XIII® siècle, le roi
Sancho-le-Brave, dans son lihro de los castigos (^), signalait un
grand nombre à.' anciens proverbes, et dans le siècle suivant
les moralistes espagTiols invoquaient à tout propos des palabras
antiguas. Or, tous les proverbes qu'ils citent sont des vers ou
des hémistiches assez réguliers. N'est-il donc pas probable qu'ils
proviennent d'écrits modelés sur d'anciennes littératures ? On
sait que les écrivains latins de l'antique Ibérie aimaient déjà le
ton sentencieux : qui ne se rappelle ici Sénèque, le philosophe
dont Caligula disait •' arenam esse sine cake „ et que Diderot
appelait plus nettement le type du style haché ?
Même en ne tenant pas compte du génie sombre et concentré
des Ibères aborigènes, il suffit de citer encore l'influence sémi-
tique introduite par les djTiasties musulmanes et les écoles
hébraïques. Déjà au neuvième siècle, l'arabe espagnol Honein
(') A celte (époque, en France, on nommait Castoicmciu ce que le lalin du moyen
ige appelait disciplina [cleriatlis).
— LU —
ben Isaak composait ses Apoplitliegmes des philosophes, et
vers 1048, le rabbin Ben Jehnda de Malaga écrivait, à Sarra-
gosse, ses recneils de maximes empruntées aux Grecs et aux
Arabes.^ On sait (pie du onzième au quinzième siècle les juifs
d'Espagne eurent un développement littéraire des plus remar-
quables (\).
Comme M. Renan le remarque en son histoire des langues
sémitiques, les Sémites, visant constamment à l'unité, il la
S3'nthèse, devaient créer le proverbe et la parabole. Ils ne
veulent ni de la dialectique des Grecs, ni des analyses, des
nuances des modernes : ils prennent les choses de plus haut,
et aifectent, en toute matière, un ton plus ou moins dogma-
tique.
Leur littérature ne connait pas cette rotondité,cette ampleur,
ce développement de la phrase, que les Romains ont emprunté
aux Grecs et que les nations modernes ont, à leur tour, em-
prunté aux Romains. Les peuples sémitiques s'obstinent à
condenser leur pensée dans des versets, des jeux de mot, des
énigmes, des paraboles, des adages, des assonnances, des anti-
thèses et des parallélismes.Aussi, ces peuples, malgré toute la
finesse de leur esprit, sont d'un entêtement indéracinable et qui
(') M. Pilri^, en cilarit ce passoge emprunte; à noire première éliule (I, CXII),
l'appuie par un extrait do Im lùiciclopcdia de Sévillc (epoca II, anno 4", n" lu,
■1880) où M. Cercia Dianco éiuimore tout ce que le proverbe espagnol doit aux
Sdmites de Cordoue, de ToléJe, de Tarragonc et de Grenade. « On a remanjud avec
raison, dit M. Hcnan, que la domination arabe a exactement le même caractère
dans les pays les plus éloigncîs où elle a été portée, en Afrique, en Sicile, en
Espagne. »
— LUI —
résiste à toutes les nécessités, à toutes les merveilles de la
civilisation (^).
On conçoit Jonc fiuelle riclic moisson de proverbes, à formes
antiques et authentiques, le roi Alphonse, son neveu Don Juan
Manuel, Mcer Francisco Impérial, Fernan Ferez de Guzman
et surtout le marquis de Santillane durent faire aux XIII<^,
XIV« et XVe siècles (2).
Il est à croire qu'en Belgique aussi, aux temps de notre
grande initiative politique et industrielle, on aurait pu composer
de copieux catalogues de dictons énergiques, originaux, ou tout
au moins, curieux pour l'histoire des mœurs et des préjugés.
Les Flamands dans le monde germanique et les Y/allons dans
le monde néo-latin ont laissé des traces lumineuses; Gand et
Bruges, Mons et Liège, Arras et Tournai sont des noms
célèbres dans les premières périodes de ces littératures.
D'un autre coté, le proverbe se mêle à tout aussi longtemps
que l'éducation libérale n'a pas pris la place qui lui appartient.
Voir, sous ce rapport, la différence qu'il y a entre le flamand
(') Un (les giMiros les plus chers aux peuj)lcs séiniliqiies, à toules les époques,
a ('t(î celui des McsaUm, provcrhes, rnaximcs ex|)rim(!os d'une façon piquante, pclils
morceaux li'une tournure énignialiquc et recherchée. C'est un usage constant des
iitîc'ralures de col ordre qu'un personnage réel ou fictif, célèbre à tort ou à raison
par sa sagesse, endosse toutes les sentences ano:iymcs et centralise les maximes des
siècles les plus divers. Chez les iicbreux. dès l'époque d'Ezéchias, c'était Salomon
qui jouait ce rôle d'auteur parémiographique et gnomique par excellence.
Les hommes d'Ezéchias compilèrent un recueil de proverbes qu'on mettait déjà
sur le compte du fils de David, et réunirent à la suite quelques aulrcs polils recueils
d'une saiiessc fort ancienne, attribuée à des personnages énigmaliques : Lemuol
Agour, Ilbicl, (I.. lîKNAN, le ycijvx (iEzcchitis.)
(■-) Cf. J. A De Iiis Hios, dans le journal ^YEbcri pour les lillératurcs romanes
(!'■<' année).
— LIV —
Conimj'nes ÇKY^ siècle) et le wallon J. Lemaire de Belges
(Xyi^). Quand Jacques d'Hemricourt, comme un autre Tliéognis,
veut se plaindre de l'avènement de la démocratie, il aime à
dire : " Al poisant demeure li werre ; — al fin revient tout
eawes en leurs clienals, etc. (^). „
Un autre veut-il tirer un principe politique du : ne transgre-
diaris terminas antiqiws quos posuerunt patres tui (Proverb.
XXII, 28), il conclura avec un laconisme un peu impérieux
qu'il faut laisser la pierre où Cliarlemagne l'a mise. Si c'est
ainsi qu'on parle à Liège, à Gand on dira qu'il faut toujours
attacher la grille aux anciens montants. Dans les brochures
politiques sur la neutralité liégeoise (par exemple, les Senti-
timents d\m vrai Liégeois, 1674), vous lisez encore : " cheval
de Pacolet ; monnaie de singe ; loup d'Esope ; enclume et mar-
teau ; courir après l'ombre, etc. „ C'est à coups de proverbes
que Marnix attaque ses adversaires. C'est en répétant, dans
toutes les occasions décisives, le vénérable adage : Pauvre
homme en sa maison est roi (^), que les Liégeois maintiennent
leur liberté contre tant d'ennemis divers. Veut-on faire du
gallicanisme, on exhume le vieux lardon : " Jamais cheval ni
homme n'amanda pour aller à Rome. „ Veut-on faii:e du chau-
vinisme, on dira des français : " belle intrêye, laide sortie Q). „
(') Cf. Li patron dclle temporalilcit^ ap. Polain. Histoire de Liège.
Cj On trouve, dans les vieux recueils français : « Chacun est roy en sa maison».
L'anglais dit : « iny housc is my casUe. »
('; On dit encore enliégeois : « àc'stelieûre nos eslans/)««fais (pour dire : affran-
chis, d(/livr(^-s, par exemple, d'un travail dont on vient à hout). C'est probablement
une sorte de jeu de mots très fréquent au moyen âge sur franc cl français. Bien du
franchiman (plutôt satirique) des Provençaux.
— LV —
Amyot dit au roi Henri II qui le trouve trop âpre à la curée
des bénéfices : " Sire, l'appétit vient en mangeant ,,. — L'anec-
dotier L'Estoile, pour moraliser siu" le poète Jodelle, mort dans
la débauche, trouve le proverbe : telle vie, telle fin. Le docte
Henri Estienne, dans sa Précellence du, langage françoys,
s'attache surtout aux proverbes pour démontrer la supériorité
du français sur Titalieu (^). Dans THeptaméron, à l'appui d'une
morale plus ou moins édifiante, on invoque les sentences popu-
laires. — Louis XI, le roi roturier, aimait à gaber et à dauber à
grand renfort d'axiomes traditionnels. — Le duc de Parme lui-
même, le sévère général catholique, disait de Henri IV : " il
use plus de bottes que de souliers. »
Quand, en 1590,1a Gascogne demande l'appui de Philippe II
elle lui écrit que, selon l'antique adage, aux grandes portes
frappent les grands vents. — Le brave La Noue demande aux
Gueux de Poperinghe, si c'est avec les ongles qu'il faut prendre
les places. — Le vertueux chancelier Mchel de l'Hospital a
coutume de dire le vieux proverbe : La bonne vie persuade
plus que l'oraison. En 1584, à une époque des plus critiques,
un des bourgmestres d'Anvers dit : " qui se confesse au loup,
doit recevoir absolution de loup. „
(') Henri Eslienne, qui est venu plus d'une fois en Belgique, dit p. 182 : * Il es
certain que le parler des Picards, en comprenant aussi les wallons, serait un dialecte
qui pourrait beaucoup enrichir notre langage françoys. » De son cot(?, Ronsard, pré-
face de la Franciade, disait : « Je l'advcrtis de ne faire conscience de remettre en
usage les antiques vocables, et principalement ceux du langage wallon et picard,
'equel nous reste par tant de siècles l'exemple naïf de la langue françoyse, et choisir
es mots les plus prégnanls et significatifs, non seulement du dit langage, mais de
outcs les provinces de France. »
IV
— LVI —
Mais c'est, en général, l'esprit bourgeois qui se montre le plus
favorable à l'extension des proverbes. Quand cette influence
pénètre jusque dans les romans de chevalerie, on voit, dit
M. D'Héricault {Etude sur les chansons de Gestes), les rois et
les empereurs parler et penser comme les bourgeois des petits
métiers, avec une rare abondance de proverbes, de maximes
triviales et de considérations vulgaires.
Aussi, voit-on les proverbes perdre leur prépondérance et
leur prééminence à mesure que les littératures se débrouillent,
se polissent et tendent à une sorte d'aristocratie de bon aloi.
Quelques écrivains — et souvent les meilleurs — veulent
réagii' au nom de la vieille bonhomie et de la spontanéité popu-
laire. Villon fait sa ballade des proverbes, Régnier (^) multiplie
les dictons dans ses vigoureuses satires, Adrien de Montluc
imagine sa Comédie des proverbes et Benserade, lui-même, com-
posait un Ballet des proverbes et le faisait danser à la cour par
les plus grands seigneurs. Mais tout cela n'était qu'un reste,
de plus en plus affaibli, de cet engouement pour le dicton qui
avait autrefois porté Charles d'Orléans, à son retour de la
captivité de "Windsor, à proposer des proverbes pour thèmes de
poésie. Qui sait si son académie hlaisoise, en instituant ces
exercices, faisait autre chose que reprendre une tradition des
plus anciennes académies provençales ?
La grande réforme sociale et littéraire qui s'opéra en France,
(') D'une trivialité souvent heureuse, Régnier prend au peuple des proverbes
pour en faire de la poésie. (Ste-Bcuve.)
— LVII —
SOUS Henri IV et Louis XIII, fut singulièrement mortelle à
l'esprit proverbial. Montaigne, Pasquier et Mi^^ de Gournay
avaient été les derniers à revendiquer pour les proverbes, la
première place dans le langage des livres ; Malherbe etVaugelas
combattirent à outrance ces traditions gauloises, qui rappelaient
ce grave vincs dont se moquait Horace quand il poussait les
Romains à se dépouiller de leur rusticité sentencieuse. L'hôtel
de Rambouillet, dont le rôle fut si important dans la guerre aux
rudes façons du seizième siècle, ne toléra plus que le proverbe
muet, en pantomime et en charades (^). Dès lors, l'adage tomba
de plus en plus dans la vulgarité, et ce ne fut que rarement
qu'il servit encore aux grandes obsessions de la pensée
humaine (-).
Il faut bien se convaincre de l'universalité de ce discrédit
poiu- ne pas se montrer injuste à l'égard des six mémoires qui
ont été envoj'és, eu 1860; au concours des spots. Quand on tient
compte des grandes transformations qui se sont accomplies
dans les paj^s romans depuis une centaine d'années, si l'on
s'étonne de quelque chose, c'est de trouver encore un bon
nombre d'adages d'un cachet essentiellement wallon. A voir le
zèle et l'érudition des concurrents, en général, il y avait lieu de
(') On sail que Cannonlelle s'dlait rendu cdèbre, à la fin du siècle dernier, par des
canevas de proverbes dramatiques pour la petite comc'dic de sociiîlé. On sait aussi qu'il
n'a rien de la finesse de Théodore Leclercq, d'Alfred de Musset cl d'Octave Feuillet.
(*) Pourtant, d'après la remarque de V;ill)erl [licvne des deux luotides, •!" juillet
■i8i)0), le roi Carlo Alberto, pour faire l'éducation de Victor Emmanuel, consigna,
dans un immense album, des proverbes, des maximes qu'il ramassa de toutes mains
cl compila avec fureur.
— LVIII —
se féliciter d'avoir proposé ces recherches. Toute la moisson
n'est sans doute pas rentrée dès maintenant, mais le plus gros
de la besogne est certainement abattu. Dorénavant, il faudra
compter, avec les résultats de ce concours : c'aura été un des
plus utiles, non seulement aux lettres wallonnes, mais à l'his-
toire vraiment philosophique de notre pays.
Un des concurrents parémiographes avait pris spirituellement
pour devise :
" Méfiez-vous des xwoverhes, dit-il, il en est de très dangereux.,,
Nous pensons que la Société wallonne ne tient pas à ce qu'on
surfasse la valeur des spots, ni pour leur portée pratique et
morale, ni même pour leur agencement littéraire. Chacun de
nous a présent à la mémoire un passage fort souvent cité du
Don Quichotte (2^ partie, chap. 43) : " Tu feras bien, Sancho,
de te débarrasser de cette multitude de proverbes que tu mêles
à tout ce que tu dis. Les proverbes, il est vrai, sont de courtes
sentences, mais, la plupart du temps, les tiens sont tellement
tirés par les cheveux, qu'ils ont moins l'air de sentences que de
balourdises. „ Il est évident que, même dans la poésie badine,
il ne faut user des proverbes qu'avec une certaine sobriété. Il
peut bien arriver à Chaulieu de se souvenir que le proverbe :
" Très sagement dit que trop gratter cuit,
" Que trop parler et trop écrire nuit. „
Mais ce n'est qu'en passant et il n'y revient que de loin en
loin.
Il faut éviter de s'en tenir trop étroitement à la nature
— LIX —
axiomatiqiie des proverbes. Quand les paysans disent si souvent
spojidi ou bien S2)odit {dit li spot), croit-on qu'ils lancent tou-
jours des maximes ? Ne sont- ce pas quelquefois de violents
sobriquets ou des comparaisons à l' emporte-pièce ? Pourquoi ne
pas suivre, jusqu'à un certain point, l'exemple de M. Leroux
de Lincy, qui place, dans son Livre des proverbes, deux séries
concernant les sobriquets des villes, qui ne sont, après tout,
que des gaberies tronquées ? Toujours est-il que ces épithètes,
qui ne varient guère, en dépit de tout ce qui peut changer, sont
assez nombreuses en notre pays et peuvent intéresser vivement
notre histoire.
Dans les Délices des Pays-Bas (Liège, Bassomp., 1769,
t. rv, p. 3, note), on trouve le fameux proverbe traditionnel :
" Liège est l'enfer des femmes, le purgatoire des hommes et le
paradis des prêtres. „
Et que dit le flamand Bertius ? — " Hune lapidem vulgo
vocant carbonem leodiensem, charhm de Liège: is ubi semel
ignem concipit, paulatim accenditur, oleo restinguitur, aqua
vires concipit. Calor ei vehementissimns ; quo fit ut Leodienses
tria sibi prae aliis gentibus arrogent, panem pane meliorcm ;
ferrum, ferro darius ; ignem igné calidiorem. (P. Bertii Tabul.
geogr. contract. libri VII Amstelod. J. Hondius, 1618, in-4o,
oblong, p. 334.) Tout cela est déjà dans Guichardin au XVI°
siècle.
N'y a-t-il rien sur ces quartiers de Liège qui, encore aujour-
d'hui, ont une physionomie si tranchée qu'on ne parvient pas à
— LX —
créer une fête unitaire et communale? — Pourquoi dit-on
hayâ ? Le nom de cet ancien liôpital de Liège viendrait-il tout
simplement de Bayard, le fameux clieval colossal et magique
de couleur baie (hadius)? En rouclii, un léart est une civière à
quatre pieds (comparaison avec un cheval) ; — en français, un
baiart est une auge pour porter du ciment. A Lille, au 15°
siècle, il y avait un hôpital contenant deux grands lits appelés
bayards " pour coukier les povres trespassans „. Monteil. Hist
des Français.
Pourquoi a-t-on dit Namur la gloutte (la friande), de même
qu'en France on disait : tête et fête de Picard ou Dôle la joyeuse
ou Bologne la docte et la grasse ? Quand on voulait stigmatiser
le manque d'éducation, ou plutôt la gaucherie provinciale,
pourquoi disait-on : " c'est-st-on jus d'ià (un de par-delà) ? —
Qu'est-ce qu'un " liîte es Moûse „ ? Est-ce peut-être un
reproche de poltronnerie aussi mérité que celui-ci :
Istî Picardi non sunt a prœlio tardi :
Primo sunt hardi, sed sunt in fine couardi ?
Sans aucun doute, la pensée était aussi macaronique que la
forme. — Pourquoi dit-on proverbialement des moutons de
Thilkin qu'ils se ressemblent tous ? Comment se fait-il qu'à
Liège on dit : " I n'iî rappoite nin d'iaîwe „ comme on dit à
Aix-la-Chapelle : " Er bringt ihm das Wasser nicht „ et à
Paris : " il n'est pas digne de délier les cordons de ses sou-
liers ? (^) „ A quelle anecdote rapporter cette locution ?
(') Celle locution, dérivée de TEvangile de St-Malhicu, se retrouve dans le
Médecin malgré lui (déchausser les souliers).
— LXI —
D'où vient qu'à Charleroi, à Linchent (Hannut), etc., les
jeunes gens se nomment des hmgards ? Serait-ce tout simple-
ment parce qu'au XV« siècle hragard signifiait : élégant, petit-
maître, recherché dans sa parure, hrave dans ses habits, puis,
par la suite, vantard {blagard, blagueur). — N'y a-t-il rien à
prendre dans certaines formules d'injures populaires ? (^) —
Comment s'expliquer ce mot flamand danck, merci, dans ce
proverbe : " I n'fât mâye dire danck s'on n'ia ? „ — Il faut
aussi prendre garde de tenir pour exclusivement liégeois ce qui
se rencontre ailleurs, par exemple : " Les paroles sont frumelles
et les scrîts sont mâles. „ — Gabriel Meurier, pédagogue
hennuyer établi à Anvers où il enseignait l'anglais, le français
et l'espagnol, dit, en son recueil de 1568 : " Paroles sont
femelles et les faits mâles. „ D'où l'a-t-il tiré ? {^) — Le spot
liégeois : " selon les gens l'encens „ existe en France. — On
dit aussi bien en Hollande qu'en Wallonie : " Ceux qui con-
seillent ne payent pas. „ Et même à Paris, on dit, en propres
termes : " les conseilleurs ne sont pas les payeurs. „ A G and
aussi bien qu'à Liège, on entend parfois dire : " Les Français
ont une belle entrée et une laide sortie. „
Le proverbe wallon sur les noix qu'on attrappe quand on n'a
f) Le glossaire étymologique du patois l'icord par l'abbé Corblet, montre le profit
que l'on peut tirer de ces investigations et de ces éludes. Nos revues folkloristes,
en Flandre et en Wallonie, devraient dresser le catalogue de tous les .rpois ou sobri-
quets des villes. Presque toujours il y a, au fond, une cause liislori(iuc.
(-) Au point de vue des anciennes relations entre Flamands et Wallons, il y aurait
peut-ôtre une élude à faire sur ce Gabriel Meurier, ainsi que sur Kleury de Bellingheii
qui a publié des proverbes français à La Haye.
— LXIl —
plus de dents, n'a qu'une légère variante en espagnol : il s'y
agit d'amandes. Pour retrouver les correspondances, il suffit
quelquefois de tenir compte d'une faute de prononciation ou
de transcription. Par exemple, qui s'aviserait, à première vue,
de retrouver ars metrica dans aris meca chez un meistersœnger
du XY" siècle ?
Plus d'un spot n'est qu'une traduction, plusieurs fois reprise,
d'un verset des livres sapientiaux, ainsi : quid communicahit
cacahiis ad ollam (^) ; — volatilia ad sihi similia conveniunt
(Ecclesiastic. 13 et 27.) " Qui se ressemble, s'assemble.,, Platon
démontrait l'inverse : à force d'être ensemble on se copie
mutuellement.
Il y aurait encore lieu d'examiner si Liège, longtemps
enclavé dans la Germanie, ne doit aucun proverbe à ce pays
où, dès le Xlle siècle, un minnesœnger, maître Spervogel,
composait un recueil gnomique. 11 doit y avoir aussi des spots
pour ou contre Liège dans les pays qui faisaient jadis partie
de la principauté épiscopale. Pourquoi, en Famène, dit-on :
" travailler pour le prince de Liège, „ tandis qu'à Liège même
on dit : " travailler pour le roi de Prusse ? „
Mais tous ces desiderata concernent la science du folklore
qui attire aujourd'hui tant de travailleurs. Ils aiment surtout
à retrouver la trace d'événements ou de situations historiques
jusque dans les boutades les plus excentriques.
(') Voir aussi les fables d'Esope el les Ic^gendes de l'Inde.
— LXIH —
" Ce sont presque toujours, dit Quitard (^), les usages, les
habitudes, les mœurs publiques et les façons de sentir et de
penser d'un peuple qui impriment à ses proverbes le caractère
spécial (pii les différencie des proverbes des autres peuples.
" H est donc essentiel de reconnaître ce caractère, surtout
dans les nôtres, que les compilateurs ont recueilli sans en indi-
({uer ni Torigine ni la date, ou bien, en les indiquant d'une
manière très inexacte. ]Mallieureusement, il ne saurait être
constaté d'une manière incontestable dans la plupart de ceux
que nous avons, car ils nous sont communs avec les Italiens,
les Espagnols, les Anglais, les Allemands, etc., qui peuvent
les avoir inventés aussi bien que nous. „
Un amateur de dictons liégeois a pris pour devise : " Toute
dégradation individuelle ou nationale est sur le champ annoncée
par une dégradation rigoureusement proportionnelle dans le
langage.,, Cet aphorisme à la Bonnald semble indiciuer qu'il
regarde le décri ou le rabais des proverbes comme une déca-
dence sociale. Ovide, en son temps, avait déjà répondu aux
louangeurs du passé :
Pritjca juvent alios; at iiuno me denique uatum
Gratulov, luec^œtas moribtis apta mois.
D'ailleurs, qu'on s'en féliciti» ou qu'on s'en désespère, on
n'arrêtera pas le cours des choses. Nous avons dit plus haut
pourquoi le langage proverbial, relégué dans les rangs infé-
(') p. M. QllTARlt. Etudes hisioruiueit, littéraires et morales sur les proverbes
français, p. 2!n (Pari?, dSîJO). C'est cet auteur (lui composa, en iS'28, la morale en
aciinii, livre cher à notre enfance.
V
— LXIV —
rieurs de la société, au lieu (rètre la sagesse des nations, n'en
pouvait plus être que la furtive gausserie. Mais quelle que
puisse être notre opinion à ce sujet, nous devons reconnaître
que les proverbes, dûment constatés et suffisamment expliqués,
sont des documents précieux pour la philosopliie de l'histoire.
Parfois, le spot semble un dernier éclio d'une aventure
oubliée, par exemple : " On n'sét wisse qu'ine vache happe on
lîve. ,, N'est-il pas curieux d'avoir à constater que la chose se
dit littéralement de même en Flandre ? Plus d'un collecteur de
proverbes, pourtant, ne semble pas se douter de la possibilité
d'une concordance ou d'une transmission de proverbes. Or, ce
sont quelquefois les plus populaires qui sont les plus complè-
tement empruntés. Qui croirait que "faire et défaire, c'est
toujours travailler,, vient de Paris? Qui croirait que la locu-
tion des qwatte xnd blanc se retrouve dans '' le cheval aux
quatre pieds blancs „ proverbe français que Quitard dérive des
écuyers qui dédaignent les chevaux bais qui ont des balzanes
aux quatre pieds?
Il ne faut donc pas reculer devant les comparaisons : plus
d'une fois elles vous mènent à de curieuses découvertes. Le
spot : " On chante bin grand'messe divins 'ne pitite église „
s'explique par un autre : " C'est d'vins les p'titès lâses qu'on
mette les l)ons ôlmint. „ — Dans les petites boîtes les bons
onguents, dit le français ; de fines épices, dit le flamand. Or,
dans le Marchand de Venise, de Shakespeare, dans les Oesta
Romanorum, recueil d'anecdotes très goûté au moyen âge, et
dans Barlaam et Josaphat, le plus ancien des contes dévots, on
— LXV —
trouve une légende dont notre spot n'est évidemment qu'une
affabulation plus ou moins correcte. Ou peut même remonter
jusqu'à la grande légende de Bouddha, qui réforma le mona-
cliisme indieu, six siècles avant notre ère (^).
Horace, ayant un jour à se défendre de l'amitié trop
exigeante de Mécène, lui écrit : " Tu m'as fait riche, Mécène,
mais non pas comme le Calabrais qui offre des fruits à son
hôte : Mangez-en, je vous en prie. — Non, c'est assez. —
Emportez-en du moins autant que vous voudrez. — Vous êtes
bien bon. — Vos enfants seront charmés de ce petit présent.
— Il m'oblige autant que si j'en emportais ma charge. — Vous
êtes le maître, mais nos pourceairs profiteront aujourd'hui de
ce que vous laissez.,,
A ce trait final, comment ne pas reconnaître l'histoire du
curé et de la fermière qui se racontent partout, avec les variantes
et les fioritures iné^dtables en une matière dont on dit : " si ce
n'est pas bien vrai, c'est bien trouvé. ,. Et quand c'est trouvé,
on se contente de la reprendre.
Le plaisir de faire revivre ces vieilles façons de parler où
l'on lyeint et où l'on pince, comme disait Montaigne, a produit
une littérature spéciale. Dans des contes, des romans, des
comédies, on a voulu, à tout prix, enfiler, enchâsser des locutions
proverbiales. Nous connaissons surtout l'exemple d'Adrien de
Montluc, comte de Cramail, 11 n'a pris qu'une intrigue des
plus simples : on voit l)ien que sa comédie n'est qu'un prétexte.
(') Revue trimestrielle, l xxviii. (J. SlEf.liER. Orujiiic bouddhique du plus ancien
des contes <lcrots.)
— LXVI —
un cadre à ilictons. Mais on voit aussi avec quel art il ajuste
ses mots traditionnels au caractère et aux discours de ses per-
sonnages. Il sait amener des rencontres qui amusent et des
reparties qui sont toujours en situation. En d'autres tentatives
de ce genre, on a, non pas assaisonné, mais sursaturé ; les per-
sonnages ne- sont occupés que de souligner leurs façons de dire.
Que ces auteurs étudient Montluc ou i>hitOt Molière, et qu'ils
se résolvent à éviter lïnfortune de Sancho. — " Oh ! pour cela,
disait l'écuyer goguenard, Dieu seul 3' peut remédier ; je sais
plus de proverbes qu'un livre, et, quand je parle, il m'en vient
à la bouche une telle quantité à la fois (qu'ils se disputent à qui
sortira. Alors ma langue lâche les premiers (pii se présentent,
qu'ils viennent à propos ou non... ,,
On a vu, par les exemples cités plus haut, combien, en dépit
de tout, on a peine à rester indifférent devant cette sagesse
parfois étrangère et bariolée et carnavalesque. Puisse la nouvelle
édition du Dictionnaire des spots être un stimulant nouveau
pour ces recherches ! A tout prendre, elles sont agréables ; si l'on
ne trouve pas toujours ce que l'on cherche, on trouve du moins
des compensations, quand ce ne serait que la satisfaction de
travailler à la connaissance plus intime de notre passé national.
En attendant, à chaque jour suffit sa peine. Il en coûte, je le
sais, d'attendre ; mais on ne songera pas à dire : li cosse fait
piède li gosse; — Den cost verdryft den ïost ; le coût fait perdre
le goût. J. Stecher.
Liège, juillet 1891.
DlCTIONMAIRl-:
DES
SPOTS OU PROVEUBES WALLONS
A, B.
1. iNi savu ni à ni b.
T TTT Ne savoir ni a ni b.
ft re'très iRnoranl, ne pas savoir lire, et fig. ne pas eon-
naîlre les p^emlrs 'çàÀçes de la ehose dont on parle.
(l.ITTRli.)
Habaja.
Cisle Hippocrale est ili mi ovrége,
C'est-st-on boubiet comme vos l' voyez,
Oui n sél seùrmiiU ni à ni b. _
(De Harlez. Les hypoconie. III, se. /. Hob.)
C-esl màihurcux, paret, qui ji n sds ni ;\ ni b.
(WiLi.EM. Uiùth'mél soddr. Chansonnellc ïHoo.)
Jihan Gilles est-st-on boubiet qui n sét ni à ni b.
{YORIR. Diclioiinatre. 1801. )
GÉRA.
ga m'freut mutoi véye cidre.
Mais ji n' ses îi ni b. .^. • . i •> ta-i" \
(UemouCHAMFS. Len nwour da Gcra. i, se. .i. laio.)
M ENCREUR.
Mais c-est po rire, surmint, mi trépassèvc qui n savent ni à ni b,
ni l'àreul nin fait. ^^^^^,^^^^ ^ ^^,^. ^, ^-j^^ g^ y. ,,88o.)
Vkuvifrs Honte à qui n" sét l'a ni b,
Honneur à ci qu'i est r'coirdiî. ,
(Renier. Spots nmcs. 1671.)
Vf.l'i oou uu' c'est (lu n' saveur ni à ni b.
NKRV.EHS. ^,.,l^\',ZZn du ... les Tn.s. Ch. Mes amuseltes. 188i.)
MoNS. Jean GoJeau n'savoi ni i. ni b, ça rimbeloi, mais il é.oi trop vieux pour
ai.prinde ses letle. (LtTEixiER. Armomquc de Mom. 18(;3.)
i
2. Ri mette à l'a b c.
LiTT. Remettre à l'a b c.
lleinettfo quelqu'un aux prcmierri élémcnls, aux premiers
principes d'un art, d'une science; le traiter d'ignorant.
Prov. tV. — Renvoyer quelqn'ini h Va b c, le remettre ù l'a b c.
. On l'a r'inettoii h l'a b c.
(FuRili. Dict. 1861.)
Les feuiiiine, diret l'jôaaî qui n'est loili ([ l'à l'a b c, les feumme, c'est l'perfec-
tio.in'mint appoirld à l'invention d' l'homme.
(Salmc. Quelle tromp'rcye. Chansonnette. 1877.)
N.vMi'it. Qu'est-c'qui tôt ça d'verait pus taunl, li bon Diét l'sét,
Et nos n'estans qu'à l'a b c.
(Wérottk. Seif/unns nos. Chanson. 1867.)
MoNS. Ceux-là, nous, comme les auto, i faut l'us ajiprindc l'a b c.
(Lkteluer. Arinonaque dé Mom. I8'f8.)
Prov. contraire. Met/. Werliayc sait les loix tôt corne son a b c.
(BfiONrjE.X. Chan Heurlin. Poème. 1787.)
ABATTRE.
8. L'priimî qui l'abat, la.
LiTT. Le premier qui l'abat, l'a.
Les premiers entrés sont les mieux placés. — Le premier au
moulin engrène. — Res nullius cedit occu[)anti. (Inst. lib. II,
tit. 1, § 2.) — Quod nullius est id ratione natui^ali occupanti
conceditur. (L. 3. D. Lib. 41, titre 17.)
La dame au nez pointu répondit que la terre
Était au premier occupant.
(Lafontaine.)
Orig. Le pi^overbe wallon ("ait peut-être allusion au jeu
p()[tulaire : Taper à l'àwe.
LlSFîETH.
Panlieniic ji voireu vi'ye cisse la.
GÉTUOU.
Bin t'èl vièret.
LiSBETH.
Qui l'abat l'a.
GÈTROU.
Bin li l'àrot.
(De ViVARio. Li /it:<sc (li Iliiûte-s'i-ploiU. \cl. II, se. K. 17,')7.)
Basse-Allemag-Nl: - Wer ani ersten kommt, malt am
ersten.
- 3 —
ABOYER.
4. Ilawer après ï baîté.
LiTT. Aboyer à la lune.
Se dit en parlant d'un homme qui crie inutilement contre un
plus puissant que lui. (Agad.)
Pr. fr. — C'eot aboyer à la lune.
Allez, sipàrgnîz vos côp d' iawe,
Ca vos fez comme li chia qui hawe
Après r b;iité qui lût.
(Bailleux. Li colowe et i Icme. Fàve. i8">6 )
Ce sont des chiens qui abboycnt à la lune.
{Dici. des pr.fr. 17 08.)
Abbayer contre la lune. (Travailler en vain.)
(OCDIN. Curiosicezjrançoises. 1640.)
JODOiGNE. C'esl-st-lia\ver après l'ieune.
Basse-Alle.magne. — Den Mond anbellen (vom Ilunde).
0. Quand on n'pout nin hagnî, i n'fant nin hawer.
(Namuk.)
LiTT. Quand on ne peut mordre, il ne faut pas aboyer.
Il ne faut pas attaquer quand on ne peut se défendre. 11 ne
faut pas s'exposer à une défaite ci,M"taine.
ACCROC.
6. I lail des croc los costé.
LiTT. Il laisse des accrocs de tous côtés.
Il contracte des dettes partout; il a des dettes criardes; il
ne paie personne.
7. Mette li croc.
LiTT. Mettre raccroc.
Donner un accroc ; retarder ou empocher la conclusion d'une
affaire. (Littré.) — Faire éprouver une perle.
Ca, ji n'vous nin por vos, il esl bon <li v'prdv'ni,
McUe li croc ù.\ botique, qui m'mcUel à crWit.
(nEMOLXiiAMrs. Li .^rtc'ti. I, se 2. 1858.)
ACHETh:K.
8. On ach'têye les bons cli'và so s(à.
LiTT. On achète les bons clievaux à l'écurie.
Une jeune fille qui a du mérite n'a pas besoin de courir les
bals pour trouver un épouseur.
Le mf'rite se cache, il faut rullor trouver.
(Floiuan.)
9. Acater c'qu'on n'a gnié danger
C'est Tmoyé d' d'aller tout a rié. (Mons.)
LiTT. Acheter ce dont on n'a pas besoin
C'est le moyen d'aller de tout à rien.
Les dépenses inutiles sont ruineuses.
Vkrviers. Ech'ter Irope, oulrc de rmaulauhe,
Fait vendre çu qu"on-z-a môsauhe.
(Kenieu. Spots rimes. 1871.)
10. Ji l'a ach'té tilie-et-lahe.
Lrn . Je l'ai acheté ainsi et ainsi (allitération).
Je l'ai acheté à l'œil, sans vérification.
l'r. fr.— Acheter l'un portant l'autre. (Le bon et le mauvais.)
(OUDIN. Cuviosiiez fraiiçoi.ies. IGiO.)
Ji va fer rikparer in'mohonne tihe el Uhe. (A forfait, à perte ou à gain.)
(FoRiR. Dict.)
Des Tawe aveut co, âtou d'ia, saqwanls porchet d'tdrre, qui, metlou essonle,
mes'rîl lihe et tahe, po l'mon vingt cinq bouni.
(Magnée. Li houloue. ■1871.)
Mai.iiedy. Adter Stockstehn.
Basse-Allemagne. — Etwas auf gut Gluck kaufen.
ACHETEUll.
11. 1 gn'a pus d' sots ach'leu qui d'sots vindeu.
LiTT.. Il y a plus de sots acheteurs que de sots vendeurs.
Nos lois prévoient la Ibllc enchère, mais elles admettent
aussi la rescission du contrat au prolit du vendeur, du chef de
lésion.
RoL'Ciii. I n'y a nus sols vcndeux, i n'y a qu' des sots acatoux.
(Hécart. Di'i.)
Il y a plus de fols acheteurs que de fols vendeurs.
(LoYSEL. histit. l. IH, tit. 4, § '2. N" 403, éd. Laboulaye.)
Or n'esl-il si fort entendeur
Qui ne trouve plus fort vendeur.
{Farce de Pacheliti.)
Cf. LoiSEAU. Traité du déguerpisscment. L. 111, ch. I, n" 19.
ADIEU.
1^. Adieu Luc,
T'as pris du brin pour du cliiic. (Tgup.nai.)
LiTT. Adieu Luc,
Tu as pris du bran pour du sucre.
5 -
Dicton en vogue à Toaniai pour reproclier à quelqu'un il'a-
voir mal vu. — Se dit également d'une chose sur huiuelle on
ne doit pas compter.
Var. Charleroi. Argan.
I faut co iesse raisonnabe eiet ii'né schorchi vos malade, Irenle sous on lav'niirit ;
bonjour Luc.
(Bernus. Umaliide Sl-Tliibuu. I, se. 1. 1878.)
Naml'R. Par on bia joû ji ui'trebuque
En dansant aveu Lisa,
Gomment va-l-i? bonsoir Luque
Ji m'sovairet de i'polita.
(J. CoLSON. l faut bin pasxei- par là. Ch. ISG'i )
AFFAIRE.
13. Quelle atVa ire à Lii^e !
LiTT. Quelle allaire à Liège !
Cette expression s'emploie toujours en bonne pari; c'est une
espèce de e ri de joie. — Après une énumération, c'est le bou-
quet du feu d'artifice.
Cf. De plus fort en plus fort, comme chez Nicole! .
Todi pus gros ! (Cri des vendeurs de poisson à la minque )
Servas.
Awel dai, on dobe marii'^ge et on bouquet, quelle afll^iire à Lige.
(Brahy. Li bouquet. II, se. 2:2. 1878.)
Bièth'mé.
Ji compte même si bin fer d'mes pid et d'mes main qui nos 'nae àrans plusieurs
(di ?iervante) quelle affaire à Lige; qu'on àrct bon cial.
(WiLi.EM et Bauwens. Péchl rach'té. Se. o. 1882.)
AFFUBLER.
1 i. Fàrot vèye coîiimc Mayon s'aflurr/l.
LiTT. Il faudra voir comme Marianne s'affublera.
Se dit ([uand on ne veut pas |)rendre tout de suite une diUer-
mination, (pian I on veut atten Ire les événements.
Mayon signifie souvent maîtresse. Colin et Mayon désignent
un couple assorti.
D'après rconsèye di Crahiiy, Aimon s'rd.soùda à s'tini bin kmi po vèyo kimint
qu'Mayon s'alTùlV u ; i leva don aller toi à l'wàde di Diu.
(Magnkk. I.i Imiiloiic. 1871 )
Jaluaî. Bièth'mé.
Adon vos l'vièroz ruv'ni so l'happa. A resse nos vièrans comme Mayon s'aflùlret.
(Xhoffer. Les deux sorochc. I, se. 4. 1861.)
— 6 —
AGE.
15. On fait des sottrèye à tôt âge.
LiTT. On fait des sottises à tout âge.
En avançant en âge on n'est pas exempt de commettre des
fautes, des erreurs, des folies.
Pr. ff. — On fait, des folies à tout âge.
Jacoues.
Kimint, à quarante cinq an vos songîz à v'rimarier, on a raison d'dire qu'on
fait des sottrèye à tôt âge.
(Willem et Dauwens. Les tourciveux. Se. S. 18812.)
Jadis ton maître a fait maintes folies
Pour des minois moins friands que le tien.
(BéranGER. Le célibataire.)
16. On n'te d'mande pont l'âge que t'as. (Tournai.)
LiTT. On ne te demande pas l'âge que tu as.
Dit-on à un individu qui se permet de donner son avis dans
une afîaire qui ne le concerne pas.
AIDER.
17. Aidîz-v' etl'bon Diu v's aidret.
LiTT. Aidez-vous et le bon Dieu vous aidera.
Il faut agir quand on veut venir à bout de quelque chose.
(ÂCAD.)
Pr. fr. — Aide-toi, le ciel t'aidera.
(LVFONTAINE. Le charretier embourbé.)
Qui s'attend à Técuelle d'autrui a souvent mal dîné.
A toile ourdie, Dieu mesure le fil.
Pr. valaque. — Quand tu soignes bien ton travail. Dieu est
avec toi.
Aidîz-v' et l'bon Diu vis aidret.
(Bailleux. Li cher on. Fàve. Liv. IV, i8. 18o6.)
Aide-tu, l'bon Diu t 'aidret.
(FoHiR. Dict. iSGO.)
Varunte. Vos avez fait vosse U'\, vos v'divez c.oûki d'vins.
Aide-tu, li cîr t'aidret; c'est l'pus sur, rit' nez l'bin.
(TiiiRY. l»c cope rii (jraiidivenx. 18")9.)
Marche. Aide-tu, l'bon Diet t'aidret li même.
Mais d'hat-i co, comme il est scrit : aide-tu, et l'cîr t'aidret, i fàt aller trover
Merlipopettc, c'csl-st-ine feumme qu'a slu macrallc.
(Magnée. Li boulotte. 1871.)
Nami;r. Aidîz-vos et l'bon Diét vos aidrùl.
— 7 —
18. Pauc aide et riii n'aide.
LiTT. Peu aide et rien n'aide.
Un petit secours ne laisse pas que d'être quelquefois très
utile. (ACAD.) — Un lé;jer secours vaut mieux qu'un entier
abandon. — On se rattrape à un l'étu.
Pr. t'r. - Un peu d'aide fait grand bien.
Peu aide et rien n'aide.
(CiABit. Melrieu. Trésor des sentences . I068 )
V.\RiANTE. Il n'y a si pau qui n'aide.
Il n'y a si pou qui n'aide.
Et l'on ajoute parfois : dit la souris et elle pisse dans la nier.
MoNs. C n'est nié grand chose, mais i n'a si peu qui n'aide, quand i s'at^it
de nie mouri d'faim.
(liETEi I.IER. Armnnnrqite dé iions I800.)
Cité par Forih HJ^'.
Jai.hay. TinoDùiîE.
Si v's avo7, mellou l'pîd evr.vi one flatte, i fût rsèchi foû : Kii bin, ponke jiide et
rin n'aide, disl-on toudi.
(Xhoffer l'.e.'î denr soroche. II, se. dO. 1802.)
Vab Mons. El proverpe dit qu'i faut s'assister l'un l'aute dins c'monde ci.
(Letellier. Armonaque dé Mons. -18G9.)
19. Qwand deux paiive s'aidet l'honDiii rèye.
LiTT. Quand deux: pauvres s'aident le bon Dieu rit.
Dieu sourit aux efforts de deux pauvres qui s'enlr'aident.
En citant ce proverbe on dit souvent : Li bon Diu ennè.s
rèye, ce qui dénature le sens qui serait alors celui-ci : Dieu rit
des efforts, etc. Forir, Dict.. donne celte dernière version.
Cf. FloriaN. l'ovruglc et le paralytique. Fable.
Nos d'vans quoiri chaque joii de l'vèye
A s^chî d'pùnc on'K ou Taule di nos fré
Qwand c'est qu'deux |tauve s'aide! li bon Diu rèye
C'est l'bonne inunîre di Tadùrer.
K. Defueciieux. Li vèijc llnjciiiie. Chaas. 18()G.)
Variante. Deux pei'ipe s'aidant, li bon Diu rèye
S"i rcye, c'est qui séret conlin.
(HoCK. On bon voisincgc Clians ISGl.)
Variante. Ça fait rire li bon Diu
Qwand on jiauve bomnie secourt
(in pu jtauve oco qu'lu.
(Dailleux. Li colon et ifrumihe. Fàvc. lSo\.)
Veiiviers. Lu main qui danne aisi, de cir deut esse bènèye,
Lu pauve qui danne au pauve, lu bon Diot d'jôye es rèye.
(Poulet. Don Dict Vraidrct. ■187!2 )
Namur. Quand doux pauve s'aidc-nu li boa Die! ril.
Var. Picvrme. Quand on peut rejoinde cl diabe, el bon Diu n'en foet que rire.
(C0RBI.ET. Glossaire. ISSi.)
— 8 —
20. Ni v' fez màye aidî qwand v' polez fer tôt seu.
LiTT. Ne vous faites jamais aider quand vous pouvez faire
tout seul.
Mettez-vous le moins que possible dans la dépendance d'au-
trui.
Ne t'attends qu'à toi seul, c'est un commun proverbe.
. (Lafontaine. U alouette et ses petits. FaUc.)
Cité par Forir. Dict.
Basse-Allemagne. — Sclbstgethan ist wohlgethan.
AIGUILLE.
21. Fer èfiler ine belle awèye.
LiTT. Faire enfiler une belle aiguille.
Se moquer de quelqu'un ; le tromper par de faux semblants.
GÈTROU.
Et bin nos lî frans ine frairèye
Il èfilrel ine belle awèye.
(De ViVARIO. Lifiesse dùloûte-s'i-ploiU. III, se. 3. 17S7.)
So l'araine qui s'feumme lî fat, s'il esteut bin sur qu'Idelette n'aveut nin
volou li fer èfiler quéque belle awèye, i pochât d'mâvasté.
(Magnée. Daitri. Conte. dSGo.)
22. Qwèri quarelle so i'bècbette d'ine awèye.
LiTT. Chercher querelle sur la pointe d'une aiguille.
È\evev une contestation sur un ti^cs it^ger sujet. (Agad.)
Pr. fr.— Disputer, faire un procès sur la pointe d'une aiguille.
Ils font des querelles sur la pointe d'une aiguille.
tOuDlN. Curiositei jrauçoises. I6i0.)
Cité par Forir. Dict.
Jeannette.
.... Ji dis coula, po çou qu'tos les galant,
Qwand on l's y jàse mariège, tapet todi l'mème plan.
A leus pauvès crapautc, qwand i sont nàhi d' zelle,
So rbèchotte d'ine awèye, i monlet ine quarelle.
(I)ELCHEF. Li (jalani de V aièrvante. I, se. 2. 18ij7.)
Basse-Alle.magni::. — Streit wegen einer Slecknadel
ant'angen. (Streit um des Kaisers Jîart.)
23. Qiioiri 'ne awèye d'vins 'ne botte di four.
LiTT. Chercher une aiguille dans une botte de foin.
Chercher au milieu d'une foule d'objets quelque chose que
sa petitesse rend très difficile à trouver. (LiTTRii.)
Prov. fr. — Chei^cher une aiguille dans une botte de fuin.
Cité par Forir. Dict.
- 9 -
Jean.
Divaiit d'Irover 'ne paréye,
Vos frcz co traze inèye tour,
Vos trouv'rez mi 'ne awèyc
Divins cint jibe di foûr.
(Peclers. Les deux Tcmou. 18*^0.)
Bieth'mé.
Ine èfant est pus àhèye à r'irover d'vins 'ne vèye comme Lîge, qu'ine awèyc
divins 'ne boite di foûr, paret.
(WnxEM et Bacwens. PèchirachHé. se. 4. -1882.)
Marche. C'est l'awée enne on botte di four.
Namur. I waite après one awie (one sipenne) dins one botte di foûr.
24. Ch'est eine grande aiwuille à lâcher. (Tourn.\i.)
LiTT. C'est une grande aiguille à lacer.
Se dit pour désigner une personne effilée et sans grâce.
AIL.
25. Saint Pire, plante tes a
Saint Pire, lôye tes a
Saint Pire, raye tes a.
LiTT. Saint Pierre, plante tes aulx
Saint Pierre, lie tes aulx
Saint Pierre, arrache tes aulx.
Traduction littérale d'une allusion aux trois époques de
l'année, où les jardiniers plantent, soignent et arrachent les
ails, et qui sont marquées par les trois letes de saint IMerre de
Milan, martyr (-20 avril) ; de ^aint I^ierre et de saint Paul
(29 juin) ; et de saint Pierre-ès-liens (l""" août.)
(FoRlR. Dici.).
AILE.
26. On 11 a côpélele.
I-ITT. On lui a coupé l'aile.
Retrancher à quelqu'un une partie de son autorité, de son
crédit, de son profit. (Acad.)
Pr. fr. — On lui a rogné les ailes.
Basse-Alliîmag.ne. — Ihmsinddie Flûgel beschnilten.
27. Lèyi pinde lele.
LiTT. Laisser pendre l'aile.
Se dit d'un homme à qui il est survenu quelque altération
grave dans la suite, ou quelque disgrâce. (Acad.)
Pr. fr. — Tirer l'aile.
Cf. lien a dans l'aile. (V. Quitard. Dict., p. 20.)
— 10 —
Traînant l'aile et tirant le pied...
(L.\F0NTAINE. Les deux pigeo)i.i.)
iAlc par FoHiH. ii'tcl.
C'est-st-ine lionne à neùr oùyc qui blaw'tôye,
Dont les caresse fet pinde l'tMe àx galant.
(V. COLi.ETTK, père. /./ coilr.)
... Piiidit liMe comme ine poye qu'a-st-atlrapd 1' pépin.
(Thiry. Ine copenne so V mariège. 1858.)
Yervif.!!.s. Les actionnaire du les houyi
Sont là qui pindet l'dle,
Zel qu'avît si bon d' s'èt'rauhî
Hoùye vola qu'on les pèle.
(M. Pire. Lu novai cherbon. Cli. 1871.)
V.\i;iANTE. -Vvu on vanaî foù d'IYlô.
MoNS. Traîner lé p'na(ou 1' pi'na) (languir).
Basse -Allemagne. — Die Flûgcl hangen las.sen.
28. I n' bat pus qii' d'one aile. (Namiir.)
LiTT. Il ne bat plus que diine aile.
Être déchu de son premier état, ne plus jouir de lu iiièine
considération, ([.ittré.)
Pr. fr, — II ne bat plus que d'une aile.
Ne battre que d'une aile.
tOuDiN. Cnriu.sitez fraiiçoi.'ies. 1G40.)
AIME.
29. Aime di Ilu.
LiTT. Aime de Huy.
Chose à laquelle ou ne tient pas, cfu'on rejette.
Vairrie (tonneau) de Huy était d'une coiitenanco moindre que
celle de Liège et, pour ce motif, était moins demandée.
Ce dicton s'emploie ordinairement sous la forme de calem-
bourget ironiquement.
Li Chesseu.
Belle, belle, belle.
Mayanne {tôt s' moquant).
Belle à c'ste heure.
Li Chesseu.
Belle ji v's aime.
MAYAfiNK.
L'aime di Hu.
(IlANNAY. Les Amour d'à Mayanne. II, se. 15.1886.)
— 11 —
AT MER.
30. On s'aime bin sins s' fer tant d' fiesse.
LiTT. On s'aime bien sans se faire tant de fête.
Les grandes démonstrations d'amitié ne sont pas toujours la
preuve des sentiments qu'on éprouve.
De profestalions, d'oftres et de serments,
Vous chargez la fureur de vos enibrassements,
Et quand je vous demande, après, quel est cet homme,
A peine pouvez-vous dire comme il se nomme.
(Molière. Le Misimtlirope. Acte I, se. i.)
Cf. Pas tant de familiarité pour si peu de connaissance.
31. Qui m'aime, aime mi chin.
LiTT. Qui m'aime, aime mon chien.
Quand on aime .quelqu'un on aime tout ce qui lui appartient.
(LiTTRÉ.)
Pr. fr. — Qui aime Bertrand, aime son chien. (Quitard.)
Qui m'aime, aime mon chien.
(OUDIN. Curiositez fratiçoise.1. 1640.)
32. J'aime mia non qii'oyî. (Namur.)
LiTT. J'aime mieux non que oui.
Je ne désire pas avoir de rapports avec cette personne,
j'espère qu'elle n'acceptera pas mon concours, mes offres.
33. J'aime mia deux gros qu'on p'tit. (^^\.)IUK.)
LiTT. J'aime mieux deux gros qu'un petit.
Quand on a le choix on prend ce qui a le plus de valeur.
31-. Li cinque qui aime n'haït nin. (\amur.)
LiTT. Celui qui aime ne hait pas.
On ne peut éprouver ces deux sentiments ; s'emploie souvent
ironiquement.
AIR.
3o. I n' vike uiii d' l'air (|ui li soffèle â cou.
LiTT. Il ne vit pas de l'air ([ui lui souffle au cul.
Il ne vit pas de l'air du temps. — Il est à son aise, il est
riche. Il ne se contente pas de peu.
Pr. fr. — Il a du foin dans ses botte.s.
Oh ! s'nossc roye fdve li mfme jug'mint
Nos minissc firit bin paou,
Ca j'creus qu'i n's'arichihet nin
Dô vint que l's y solMe à cou.
(Dehin. L'idnjednJûques. Fàvc. 1845.)
— 12 —
L'OVRÎ.
N'a sur iiie traque là d'vins, on n'a jamàyc vèyou
S'écràhî comme li dame ilè vint qu'soUele ù cou.
(Hannay. Li mâije neûr cf à Colas. I, se. lo. 1806.)
Namur. I n' vique nin d' l'air qui li sofîele au cul.
Variante. On n" vike nin d' l'air d6 timps.
LiTT..On ne vit pns de l'ait' du temps.
Tatenne.
l>a, si vos n'ra'avîz nin, il arriv'rcut sovint,
Magré tôt çou qu'vos d'hez, (|ui v'vikriz d'I'air dé timps.
(Remol'Champs. Li Sav'ti. I, se. 5. iSuS.)
AISE.
l-iG. I prind ses aucbe. (N.vmur.)
LiTT. Il prend ses aises.
Il ne se gêne en rien ; il ne fait que ce qui lui plaît ; il prend
son temps.
ALLER.
37. Il a stil à Paris so 'ne galle,
Enne a riv'nou so 'ne savatte.
l.iTT. Il a été à Paris sur une chèvre,
Il en est revenu sur une savate.
C'est un hâbleur. — La fortune ne lui a pas souri dans ses
voyages.
Pr. fr. — A beau mentir qui vient de loin.
38. Où sainl x\rnoiil va, saint Aiibert enne va nié.
(Mon s.)
LiTT. Où saint Arnoul va, saint Aubert ne va pas.
On ne peut pas boire et manger beaucoup ;
Celui qui boit beaucoup, mange peu.
MoN.s. Enne buvez nié comme in pourciau pasque où saint Arnoul va, saint
Aubert enne va n\é, eiet que vos f riez vos fosse avét vos dint.
(MouTiUEt'x. Des uouviaux conte de <niii'. 1830.)
PiOUtHi. Où qu' sainl Arnould va, saint Honoré n'sarot aller.
(HÉCART. Dict.)
Saint Arnoul, patron des brasseurs.
Saint iVubert, patron des bouchers.
Saint Honoré, patron des boulangers.
39. Aller so Héve.
LiTT. .Aller vers Hervé.
La route de Liège à Hervé passe devant le cimetière de
Robermont.
— 13 —
Avoir mauvaise niine; dépérir; et fig. avoir le moral sensi-
blement attaqué.
Pr. fr. — Filer un mauvais coton.
V's estez sur qui qwand 'ne homme saive
Fait 'ne laide jaive,
C'est qu'i va so Hève.
(Alode Pryor. On voijèje à Vervin. i8G3.)
Mais m'pauve liesse va so Hùve,
S'elle si trouve adlez mi,
Comme ji lî pettreu s' jaive
Si j'woiséve Tabressî.
(V. Collette. Marèyemes cmour. Ch. -ISGi.)
40. Qui va rend s'asloqiie. (M.\lmedy.)
I ITT. Qui va vite s'arrête (trébuche).
II ne faut pas vouloir forcer un travail ; s'enrichir trop
rapidement.
Stavelot. Qwand on va trop reud on s' Irébouhe.
41. On t' verra aller avec eine cliavate et in chabot.
(Tournai.)
LiTT. On le verra aller avec une savate et un sabot.
Ce dicton de forme prophétique s'adresse à ceux qui font un
mauvais usage de leurs richesses, et qui ont Tair de s'en en
orgueillir.
J'vous ming'rai jusqu'à vos derniers liard et je n's'rai bien aisse qui quand
j'vous voirrai aller comme des minabe, loque devant, loque derrière, aveieinechavate
et ein chabot. (Leroy. Biùc dijier, traduction du Dieu Ùilie, de Simon. Se. 10. 1888.)
4"2. I va todeu et i n'sé où,
Comme li poyon qu'est soiirteu d'I'oû.
(JODOIGNE.)
LiTT. Il va toujours et il ne sait où, comme le poussin qui
est sorti de l'œuf.
Il marche au hasard, sans but; ce qu'il lait n'a pas de raison
d'être ; il ne raisonne p.is.
Var. Jodoigne. Oc r'vé de r'va. — Il va toujours.
43. Il iret jiistiifà Tliii, comme ma grand'mère.
LiTT. II ira jusqu'à la hn comme ma grand'mère.
Il ne changera pas. Se dit surtout en mauvai.^e part.
44. I n'poul aller j)ire ([iii toi d'iriviel. (Namuu.)
LiTT. Il ne peut aller pire que tout de travers.
Il ne peut avoir une vie, une condition plus pénible que
celle qu'il a.
— 14 —
ALLUMETTE.
4o. l r'sonne les brocale, i flaire po d'seûr et po
d'so.
LiïT. Il ressemble aux allumeLtes, il pue par dessus el par
dessous.
Il n'a«que des désagréments, des défauts ; ou ne sait par où
le prendre.
Allez, mâcile frûye ! vos ravisez les brocale, vos flairîz d'seùr el d'so.
(Dehin. Li hnrèg'rexse di so Vmnrchl. 184a )
4(3. C'est-st-ine brocale siiis soûfe.
LiTT. Gest une allumette sans soufre.
C'est un homme froid, indifférent.
Var. (J'est-st-on J'han pau chaud.
47. On esprindrcut 'ne brocale so s'visège.
LiTT. On allumerait une allumette sur (à) son visage
Avoir le visage enflammé, rouge par e.Kcès de boissons
alcooliques.
La colère produit le même elVet en faisant monter le sang à
la tête.
Le feu de sa colère pourrait allumer une chaîiJelle.
(Le père Jean-Marie. Le divcriissemenl des sages. 1665.)
Tournai. R'waitiez ein p'tit peo s'visache ; on alleuinrcol einealleumette, de forge
qui est inflamniil [lo g'nèfe.
(Leroy, niée di fiei\ Irad. du Bleu Blhe de Simon. Se. i. 1888.)
Var. Niveli.es. Ses hlanchett^s maehel r'iuch'net comme des cabu,
I flam'net qu'o vourait allumer s |)u|)e dessus.
(Renard. Les aventures de Jean d'NivelUs. Lh. dl, î-i^ c-d. 1890.)
ALOUETTE
48. Ralinde qui les àlouetle vis toumesse lotès
roslèye.
LiTT. Attendre que les alouettes vous tombent toutes rôties.
Se dit à un paresseux qui voudnnt avoir les choses sans
peine. (Acad.)
Pr. fr. — Il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties
dans le bec.
Les alouettes lui tomberont toutes rôties dans la bouche.
(OUDIN. Curiositez frunçoises. 1G40.)
I pin.sève avu les àlouelte totcs rostèye. (Forir. Dict.)
Ni v'iiîz màye so l'iimps wisse qui les alouette
Divet, lotès rostèye, tourner so voste assiette.
(M. Thiry. tne cope di (jrandiveux. 1859.)
— 15
Variante. Bare.
Habèye, dihonibrans-nos, ca ci n'est nin tôt creùh'lant les bresse qui les châpaine
vis tounrroni totès rosloye es vosse bol<e.
(Willem el Bauwens. Li galant (ià Fijinc. Se. o. 188'2.)
Marche. T' vorais des aniouelte rosiée.
Verviers. Les alôye ivrause et haîtèye
Nu toumet nin lote roslêye
Duvins r berna d'o taideu.
(XiioFFER. Lu poète wallon. 18G0.)
MoNS. Dins c' monde ci i faut travailler pasqud les alouette enne vos tonibVont
nié toutes roslies dins vos bouche.
(MOUTRIEUX. Des nouviaux conte (lés quié. dSoO.)
St-Quentin. Ouvrez vos bouques, cbés alleu-.tte il y queiront pour seur toutes
rôties.
Pr. provençal. — Espero que las callos i toumbo toutes
rousiidos, coumo as entants d'Israël.
[Revue des langues rouianes. -1881.)
Basse-Alle.magne. — Wailen bis Einem die gebratunen
Taubcn in den Mund fliegen.
49. Quand vos t'nez 1 alouette, vos l' clivez pionnier.
LiTT. Quand vous lenez l'alouetle, vous devez la plumer.
Quand vous étiez à même d'obtenir cet emploi, celte place,
cette laveur, de profiter des bonnes dispositions de cette
personne, vous deviez le faire.
Ne laissez pas échapper l'occasion.
Quand vos t'nez Tàlouette,
Vous devez la plumer ;
Quand vous t'nez la fillette
Vous devez la baiser.
(Crûmignon. Bulletin de la Société. V, 2>' sér., n» XXXIV.)
Variante. Mathy stoffé.
Ti deu? k'nohe li vî spot, et ti deus bin l' bouler
Qwand inc fùye on tint 1' poye i fàl 1' savu ploumer.
(H.-J. Toussaint. Ilinri et Daduie. Il, se. V. 1870.)
Daii'HINé Quan te lenia la cailla
Folié là pkmassi.
(Roland, liecueil de chamom populaires. II, |t. ?,0. iSSfi.)
AME.
oO. T'n'ame n' pass'ra nin por là. (Tournai )
LiTT. Ton âme ne passera pas par là.
Un dit cela à celui qui s'étant fait une légère blessure s'épou-
vante de voir son sang couler.
Var. Nivelles. Vos bouya n' pass'ront né par là.
— 10 —
ol. Avoir l'ame plus noirte que rcœurdel'quemen-
nèe. (Tournai. )
LiTT. Avoir rame plus noire que le cœur (centre) de la
cheminée.
Etre mauvais, vicieux, couvert de crimes
Le cœur de la cheminée, où est ordinairement une plaque.
Il est noir comme le cœur de la cheminée. (Littré.)
AMENDE.
52. C'est les haltou qui payet l'amiiide.
LiTT. Ce sont les battus qui payent l'amende.
Se dit en parlant d'un homme qui est condamné, tandis qu'il
devrait être dédommagé. (Acad.)
Pr, fr. — Les battus payent l'amende.
Il est des hommes de I.orris où le battu paye l'amende.
(EsTiENNE l'ASQUiEiî. Opéra. 1732 )
C'est la coustunie de Lorry, où le battu paye l'amende,
Ceux qui nous doivent nous demandent.
(Le père Jli.VN-JlARlE. Le diverimemcnt dcx saijcs. -IBIJo.)
Le mort a le tort et le battu paye l'amende.
Ce proverbe vient d'une équivoque : la loi s'adressant au
coupable, lui dit : le bats-tu? Paye l'amende. {Uici . porinUf
(h'-i j)rov. français, i'/ 5 1 .) — On pourrait y voir aussi une
allusion à l'Ordalie ou Jugement de Dieu. (Loysel. Inst. 817.)
Cité par Forir. Die'.
M.\RCHE. C'est l'battou qui paye l'aminde.
C'est les battou qu'pâyeront l'aminde.
jjamur. Li moirt à l'Ioirt et l'batlu paye l'aminde.
MoNS. Vos volez la guerre; eb bé ! Vos Parez; et gare à vous ! Vos poudriez hû
in vire dé grise, et faites bé attintion qu' c'esi toudi lés battu qui paient-té l'amende.
(Letei.LIER. Armonaque dé HIuiis. ISJJO.)
AMI.
53. Gu'a si bons ami qui n' si qwilesse.
LiTT. Il n'y a si bons amis qui ne se quittent.
On ajoute en français : disait Dagobert à ses chiens; sans
aucun doute parce qu'il les congédiait un peu bru.squement.
Pr. fr. — Il n'est si bonne compagnie qui ne se sépare.
Var. Namir. I gn'a si belle compagnie
Qui doit fini pa s' quitter,
Di l'accueil on vos r'mercie
(>n 'nne aureuve wasu douter.
(J. COLSON. Les bardes à Charleroi. Cb. 1802.)
— 17 —
MoNs. J' m'amuse fin bi' diiis vos société, mais i n'a d' si belle compagnie qu'i
n' faut qu'on s' quitte, comme dit 1" proverpe.
(Leteixier. Armonaque dé Jlotix. iSGi.)
54. I n'a pas à dire : mon bel ami.
LiTT. Il n'y a pas à dire : mon bel ami.
C'est en vain que vous cherchez à m'amadouer ; vous ave^
beau dii'e ; cela doit être.
Mo^s. I n'a pas à dire, mon bel ami, çà fieu, vos y passerez ; c't' enne chose décidée.
(Leteluer. Armonaque dé Mons. iSoo.)
55. Ami po èpronler, enn'mi po rinde.
LiTT. Ami pour emprunter, ennemi pour rendre.
Quand on demande à quelqu'un l'argent qu'on lui a prêté,
on s'en fait souvent un ennemi. (Agad.)
Pr. fr. — Ami au prêter, ennemi au rendre. (Cf. Loysel.)
Au prêter cousin, à rendre fils de putain.
(Oi;din. Curiosilez françoixes. 1640.)
Ami po pruster, enn'mi po rinde. (Forir. Dici.)
Basse- Allemagne — Leihen machtFreunde,vviederfordern
Feinde.
50. On dit si s'crel à one ami,
Mais c't'ila a one ami ossi. (Namur.)
LiTT. On dit son secret à un ami,
Mais celui-là a un ami aussi.
On ne doit se fier à la discrétion de personne.
57. On connaît les ami quand on a dangi d'zel.
(Naml'r.)
LiTT. On connaît les amis quand on a besoin d'eux.
La véritable amitié se montre dans l'adversité.
C'est d'vins rmàlheùr qu'on k'nohe les camarade,
Dit-st-on vî spot qu'a l'oirt sovint raison.
(Salme. Li voix dé r lik'twliaiice. Ch. 1877.)
Verviehs. Lu Lin crehe four dé mau même
drand duspli acseigne, qui v's aime.
(Ki'NlER. Spots rimes. 1871.)
Var. Namur. Les camarade, c'est comme les vigilante, on n'es trouve pus, on
côp qu'i plout.
AMITIE.
58. L'amitié dtiskeind chon eau pus (ju'elle né
monte. (MoNS.)
LiTT. L'amitié descend (chaque fois, souvent) plus qu'elle ne
monte
2
— 18 —
L'affection des parents pour leurs enfants est plus grande
que celle des enfants pour leurs parents.
50. Les p'tits présint iiilrit'nol l'amitié.
LiTT. Les petits présents entretiennent l'amitié.
Traduction peu usitée du proverbe français, donnée par
Fomn. Dict.
Vahiantes. Les p'tits présint wùrdet l'accoird.
Les drinhelle intrit'net l'bonne paye.
L'échange de bons procédés ravive les sentiments.
Yerviers. Lis a.
On dit qu'les p'tits cadeau intrut'net l'amilid.
Nelle.
(^.u qui r'iive çu qu'on donne est Tmanire d'esse dune.
(Renieiî. Li mohomte à deux face. Se. 0. 1873.)
l.w.LE. On s'fait des prdsint par douzaine
Pour intcrlenir l'amitié.
(Desrousseaux. Chansons lilloises. '18;)7.)
GO. Amitié d'inlantch'esld'l'ieaudinsein querlin.
(Touhnal)
LiTT. Amitié d'enfant c'est de l'eau dans un panier.
L'amitié d'un enfant dure peu.
AMORCE.
Gl. Fer friche so l'amoice.
LiTT. 1^'aire friche sur l'amorce.
Rater, manquer son coup.
Friche, onomatopée,
(lilé par P'oam. Dicl.
Buvans à 1' santé
Di nosse binainé
Sins fer friche so l'amoice.
(B.ULLEiiX. Chanson en V honneur de Soubrc. ISiS )
Sor mi-mùmeji .saveus fer 'ne foice.
Adon ji fcve friclie so l'amoice.
iDehin. Coii.sèije à l' jônes.se. 18o0.)
Ou l'armire est stopôye, ou li r'sort est sins foice,
Et, pus sovint qu'à s' tour, i fait friche so l'amoice.
(Tiiir.Y. [ne copenne \o V niaviètje. -IS'iS.)
()i. Oder l'amoice.
LiTT. Sentir l'amorce.
Pressentir quelque chose; .se douter d'un piège que l'on
Vous fend.
JoDoiGNE. Il a sinlu l'nu/f!, 1' mèche
— 19 —
AMOUR.
63. 1 gn'a qu'amour (|ui plaise, fait-on (jwand on
z-abresse on vaî.
LiTT. Il n'y a qu'amour qui plaise, fait-on (dil-on) quand
on embrasse un veau.
JoDOiGNE. Ce qu' l'amour fuil fer, dil-st-elle le ferame qui rabrcsseuve se via.
()4. L'amour si tape ossi bin so on cherdon qui so
'ne rose.
LiTT. L'amour se jette aussi bien sur un chardon que sur
une rose.
Tous les goûts ne se rapportent pas. Il ne faut point disputer
des goûts. (AcAD.) — L'amour est aveugle.
Aussi bien sont amorettes,
Sous buriaus cum sous brunettes.
{Ane. prov. XlIIe siècle.)
BuRiAU, bureau, drap mélangé, de prix inférieur, dont se
servait le peuple.
Bruneite, étofTe très fine dont s'habillaient surtout les
dames de distinction.
L'amour se glisse aussi bien sous un habit que sous un autre.
(Le Roux de Lincy. Dict.)
65. Il a r moi ri seu les oii\e et ça vont co fer
l'amour. (Jodoigne.)
Lut. Il a la mort dans les yeux et cela veut encore faire
l'amour.
Il veut entreprendre une chose qu'il ne pourra mener ù
bonne fin.
66. L'amour fait danser les àgn ?.
LiTT. L'amour fait danser les ânes.
Les gens les plus grossiers sont civilisés par l'amour.
Cité par Forir. Ihct.
Ane. Pr. fr. — Amour apprend aux àiies à danser.
67. Les bèri(jue et les blanes cli'vet sont des
(jwillance d'amour.
LiïT. Les besicles et les cheveux blancs sont des (luitlances
d'amour.
Ce proverbe, cilé par Leroux {Dirl. co}hi(iuc. 1752), signifie
« qu'on ne doit plus songer à la galanterie en cet état ».
l*r. IV. — Quand on [jr^nd lunettes, adieu fillettes.
(Ol'DIN. Curiositczfmiiçoines. lO'tÛ.)
— 20 —
Bonjour luneltes, adieu fillettes. (Liltrd.)
Ouund l'àgo vient de prendre lunettes,
11 faut renoncer aux amourettes.
Citô par FoRiR. Dict.
V,\RiAKTE. A cinquante an, i (hi bot'ner s'coud'châsse, et dovri s'câve.
G8. L'amour richonne au feu qui s'discouve pa
ri'umère. (Namur.)
LiTT. L'amour ressemble au feu qui se découvre par la
fumée.
Quelque soin que l'on prenne pour cacher une passion vive,
il en paraît toujours quelque chose. (I.ittré.)
L'amour le plus discret
Laisse par quelque marque échapper son secret.
(Racine. Bnjaiet. III, se. 8.)
AMOUREUX.
G9. Li cisse qui n'a qu'on galant n'a nouk.
LiTT. Celle qui n'a qu'un amoureux n'en a pas.
11 faut savoir inspirer un peu de jalousie pour rendre l'amour
plus vif. (Opinion des Célimènes.)
70. Ji SOS si amoureux d'vins mes châsse qui ji n'sés
l)us mi r'trover d'vins mes soler.
LiTT. Je suis si amoureux dans mes bas que je ne puis plus
me retrouver dans mes souliers.
Je ne suis pas amoureux.
71. G'est-st-on galant d'fiesse, qu'ennès r'va avou
les violon.
LiïT. C'est un amoureux de fête, qui s'en retourne avec les
violons.
C'est un homme sur lequel on ne peut compter ; ses paroles
ne tirent pas à conséquence.
7*2. G'est-on Jean bonnes jolie
11 est-st-amoureux d'iortole. (Jodoigne.)
LrrT. C'est un Jean bons choux
Il est amoureux de toutes.
Il fait la cour à toutes les femmes et prodigue des déclara-
lions d'amour auxquelles on ne doit pas croire.
73. Elle cange di galant comme di ch'mîhe.
LriT. Elle change d'amoureux comme de chemise.
C'est une personne légère, volage, changeante.
- 21 -
Fraheries. Mauame.
Seroit-cc parce que Pierrot a passé l'arme à gauche,
Après li, s'ra in autc.
Pierrot (à pan.)
Ein cange-t-ellc con"me de cauche ?
(J. Dl'FRANE. Pierrot vit co. Se. o. — Armonaque borain. 1890.)
Var. Namur. Victor.
Eh bin, po vos 1' dire franch'mint. les commère, çacanged'idéecomme dich'mige.
(Berthalor. Cwanujicttnéd'cin. Sc. S. 1890.)
74. Tos les lianteii ni s'mariet nin.
LiTT. Tous les amoureux n'épousent pas.
Une faut pas disposer d'une chose avant de la posséder. II
ne faut pas se llaller trop tôt d'un succès incertain. (Acad )
Pr. fr. — Tel fiance qui n'épouse pas. — Il ne faut pas
compter sur le lendemain.
Variante. Va, pauve orphulène,
Songe si t'es malène
Qui tos les hanteu
N' sont nin des sposeu.
(Nie. DiFRECHEUX. Li bon coiix^ijc -1870.)
Variante. Baîcûp d'hanteu et pau d'marieu.
(FoRiR. Dict.)
Var. Tournai. Nous l'saveons hé, méiesfrJquinteun' sont pos toudi lesmaricu.
(Lfroy. Biec difiér trad. du Bleu-liihe de SiMON. 1888)
Fille fiancée n'est ni prise ni laissée.
(Loisel. lustitittes coutumiùrex. 1007.)
liK Noter Darne dé Bizincourt
Melte in ainoareuxdins m' n'écourt. (Tournai.)
LiTF. Notre Dame de Bizincourt.
Mettez un amoureu.K dans mon cœur.
Dicton des filles de Mourcourt assez répandu à Tournai
parmi les gens du [)euple.
.\NE.
7(). On n'sàreiil ter beùre ifKîàjïne (jni na nin seu.
LiTT. On ne saurait faire boire un âne qui n'a pas soif.
On ne saurait obliger une personne entêtée à faire ce qu'elle
n'a pas envie de faire. (.Vc.ad.)
Vv tV. — On ne saurait faire boire un âne s'il n'a soif.
Marche. Frise bin maugré li, heure one anc?
Prov. Languedoc. — On a beau sibla, qan l'aze bou pas
baioure.
{licruc des lamjucs romanes. 4881.)
22
77. I s'kilape coiiiine iiie ùgne qu'a on pègne es
trô de cou.
LiTT. Il se démène (se débat) comme un âne qui a une tète
de chardon dans le derrière.
Il ne peut, rester tranquille.
JoDOiGNE.* I s' cotappe comme on bnudel qu'arot l' fet au eue.
78. On piède si savon à laver l' liesse d'ine âgne.
LiTT. On perd son savon à laver la tête d'un âne.
Inutilement on se donne beaucoup de peine pour faire
comprendre à un homme quelque chose qui passe sa portée.
(ACAD.)
Pr. fr. — A. laver la tête d'un âne, d'un more, on perd sa
lessive.
B(5 ! ma tu convinra, gaiçon,
Et ca ce qui me dane
Que Jésu padi son saivon
Ai recurd ses ânes.
(Bernard de la Monnoye. Ancien Noël BuurguUjnon.)
A laver la tête d'un âne on n'y perd que le savon.
(Le père Jean-Marie. Le divertissement des sages. IGOo.)
79. C'est l'âgne d'à saint Nicolèye.
C'est l'âne de saint Nicolas.
Il s'agit du fameux grison porteur des friandises que le bon
saint distribue aux enfants, le 6 décembre.
C'est la bête à Dieu. — C'est un cœur d'or. - C'est la bonté
même. — il fait tout ce qu'on lui fait faire.
Variante. Thérèse.
Elle dit qui vos estez, qwand vos n'avez nin bu.
L'homme li mùyeu de monde, enfin l'àgne d6 bon Diu.
(SaI-me. [ne Jeumme qu'ènnès vdt deux. Se. -14. -1876.)
80. Mette li cossin so l'âgne.
LiTT. Mettre le coussin, le bât sur l'âne.
Faire porter à quelqu'un une chose gênante, embarrassante,
incommode. — Compter sur l'obligeance d'autrui pour se
débarrasser d'un fardeau.
I s'apinsatqui s' fèye, n'avant \)0 lot si appoirtqui s'mantulel. <^t sTi.sai, i fnnit
côp d' maisse dé l'hèrer à Des Tawe, et d' mette ainsi li cossin so rà,L>ne.
(Magnée. Li lioulnttc. Conte. 1871.)
81. Tourner à I)Oiirriqiie.
LiTT. Tûut^ncr en bourrique.
— 23 —
Devenir stupide; faire aveuglément toutes les volontés d'une
personne. (Littriî.)
Marche. Théhése.
L' question n'est nin là, clér'mint mi, ,ji v' l'explique,
C'est qui s'dame, qwand l'vout, l' fet tournetà borique.
(Alexandue. Li péfion d'avril. III, se. 2. i8o9.)
Namur. Dins r crainte di tourner à bourrique
Ni nos mèlans nin d' politique.
(Wéuotte. Jt chante. Chanson. 1807.)
Va». Namlr. Ah ! si 1' gèncve li fait tourner à biesse.
Tapez r droit jus
(Wérotte. Dex .inuhait. Chanson. ISGT.)
Chari.eroi. L'pape inraget qu'il tournet à bourrique
Eiet d'sus li, doit, i braque esse fusique.
(BCRNls. L'pape Pie /A' cict Vpctii Châles du champette. Conte. 1873.)
8:2. Baudet criiatiiro,
Qui n'sait gnié lire es s'n écriture. (Mons.)
LiTT. Baudet de nature qui ne sait pas lire son éeriturc.
Être d'une ignorance crasse.
Pr. fr. — Il est bien âne de nature qui ne sait lire sou ocrilurc.
83. Ou baudet p6rit todi po les patte. (Nâ.muu.)
LiTT. Un baudet périt toujours par les pattes.
C'est Torgane qui fonctionne le plus qui est usé le premier.
84. ï fet l'effet d'un grain d'aveine dins l'^Mieule
d'un baudet. (Tourn.ai )
I.iTT. Il fait reflet d'un grain d'avoine dans la gueule d'un
âne.
Il passe complètement inaperçu.
85. Fer l'baiidet po-z-awet do son. (Namiik.)
liiTT. Faire l'âne pour avoir du son.
Se montrer plu.s simple qu'on n'est réelleincMit [lour oMciiir
quelque chose (Littrii;.)
Pr. fr. — Faire l'âne pour avoir du bran (son).
Il faisait de Fasne [)our avoir du bran.
(Rarei.ais. l'rogn. pantaj^.).
Var. Nami'R. 11 fait l'cliin po-z-awel des ouchat.
ANGE
8(). Anche au cabaret, diale es s'inaiijoiine.
(JODOKJNE.)
LiTT. Ange au cabaret, diable dans sa maison.
— 04 —
Homme aimable et joyeux hors de chez lui, désagréable et
grondeur lorsqu'il est rentré.
87. Les anche ne cuoieyenet au diale que quand
z-ont r'çu on comi) d'cuoine. (Jodoigne.)
LiTT. Les anges ne croient au diable que quand ils ont reçu
un coup de corne.
L'accomplissement d'un fait est nécessaire pour convaincre
certaines personnes naïves.
ANGLAIS.
88. Picherà l'inglesse. (Tournai.)
LiTT. Pisser à l'anglaise.
Sortir sous prétexte d'uriner et ne pas rentrer. - Partir
sans payer, se tirer adroitement d'une affaire sans bourse délier.
Il faut faire remonter cette locution proverbiale à l'époque
où parut, au grand mécontentement des industriels belges,
excités par certains fabricants, la loi sur le libre échange avec
l'Angleterre. On se rappelle encore l'émotion des ouvriers
tournaisiens, leurs promenades bruyantes en ville au cri de
a à l'ieau l'z inglès », ainsi que le cortège satirique dans lequel
John Dull était représenté sur un char, en Gargantua insatiable.
Le peuple alors trouvait plaisir à qualifier d'anglais tout ce qui
était inconvenant ou déloyal : « traiter à l'inglesse », être mal
reçu; « payer à l'inglesse », refuser de payer; « s' moucher
à l'inglesse », se mouch3r sur sa manche, ou se passer de
mouchoir, etc., etc. « Picher à l'inglesse » est la seule expression
restée dans le répertoire populaire.
{FArenne.i tournaisiennes. iSSfi.)
ANGUILLE.
89. Dihâssî l'anwèye po 1' quowe.
I.iTT. Écorcher l'anguille par la queue.
Commencer par l'endroit le plus difficile cl par où il faudrait
finir. (AcAD )
Pr. fr. — Écorcher l'anguille par la queue.
(Ol'DIN. Curiosilez fninçoiscx ICiO.)
Cité par FoRiR. Dlct.
Namliî. Dimoussl l'ainwic j)a 1' queuwe.
ANNÉE.
00. I n' fàt nin s'èwarer d'ine mâle annêye, on
'nne a bin deux.
LiTT. Il ne faut pas s'effrayer d'une mauvaise année, on en a
bien deux.
Il ne faut pas se laisser abattre par un petit revers, quand
un grand malheur peut survenir.
Prov. espagnol. — Il faut caver au pire.
91. Qui vout s'arriclii so ine an, si t'ait pinde à
bout d' six meus.
Ijtt. Celui qui veut s'enrichir sur (en) un an se fait pendre
au bout de six mois.
Cité par Fûrir. Dict.
Pr. fr. — Qui veut s'enrichir en an se fait pendre en six mois.
(Le Roux de Lincy.)
Celui qui emploie des moyens déloyaux dans le but de
s'enrichir très rapidement est exposé à en être puni.
92. Esse de ['bonne annêye.
LiTT. Être de la bonne année.
Être simple, crédule,
Hauaja.
I fallève esse dé ['bonne annêye
Pov's t!S lèyî allourdiner.
(De Harlez. Les hypoconte. III, se. 7. IToS.)
Hatuystoffé.
On poul dire qui v's estez dé l'mèyeu des annèyc
Et v's àriz bin nii fait di d'mani i-s l'coulôye
(Toussaint, llwn et Dndite. II, se. fc. 1870.)
Namuu. Et puis d'mandez poquoi one guerre si acharnée,
Poquoi ? vos diret-on, estoz dé 1' bonne année?
(A. Demanet. Oppidum Atuniicorum. I8i3. — Ativ. de la Soc. arch. de Numur. T. 11.1
93. Cint an bannîre,
Cint an civîre.
LiTT. Cent ans bannière
Cent ans civière.
Changement de fortune dans les familles.
(FoRIR. niri.)
Les grandes maisons finissent par déchoir. On les a comparées
aux pyramides, dont la vaste masse se termine en petite pointe.
(QuiTAUU. Dict. des pror.)
Prov. fr. — Cent ans bannière, cent ans civière; c'est-àdire la
même famille qui portait il y a cent ans la bannière, porte
maintenant la civière et réciproquement. (LiTTiiii.)
Varia.nte. Ainsi va le monde,
Quand l'un descend, l'autre monte.
(OruiN. Cuiiositez fiaiiçoises. ICiO.)
— 26 —
94. Ça s'fret rannêye biseUe,
QwaïKÎ ploûret des berwelle.
LiTT. Cela se fera l'année bissextile
Quand il pleuvra des brouettes.
Gela ne pourra jamais avoir lieu. — Renvoyer ii un temps
qui ne tiendra jamais, à ce qui n'existe pas.
Vv. t'r. — Renvoyer aux calendes grecques.
Iîietii'mé.
Mettez bin vosse main d'sus, Tùti, vos l'iroùv'rez d'sos
V l'ftrez l'annôyc bîsette, qwand ploùret des berwelle.
(Hemouchamps. Tdti l'perriqui. I, SC. 6. ISH.'j.)
Var. Mons. Les monvais payeur promeltenl-ld toudi tout bas d'payer l'arindc
bizette, quand l(;s pouille iront à crochette, et on alteind toudi après c'n'annt^e là.
(Letei.i.ikh. Armonaque dé Mom. -1848.)
Var. Mons. Il a tout tmû pa rfernielte
Ça a kèyu dessus i'tiette
Dessus rtielle d'in marichau; oh !
El j'cois qu' c'est l'annde bisetle
I kée du brin à l'place de l'iau, oh !
Ringuinguelle, oh ! ringuingô.
On désigne par année bisette une année merveilleuse.
(SlGART. Uicl. -1870.)
Cn.\RLERoi. Quand on m'tir'ra co 'ne parèye guette,
Les pouye diront su des crosselte.
(Bernus. L'coirbeau eièt 16 r'nau. Faufe. IS'iJ.)
Var. Naml'R. Marie.
Quand c'tiia m'rivairel bin les pouye auront des dint.
(Bertholor. Cwnmcji et nu'd'ci». Se. S. 1890.)
Var. Tournai. Quand les poule areont des dint.
Var. Nivelles. Si l'carême dure sept an o fra ça à Paque.
95 Ji mes moque comme di l'an quarante.
LiTT. Je m'en moque comme de l'an quarante.
Cela ne m'inquiète nullement. — Je n'y aurai pas le moindre
égard. — Je m'en fiche comme de Pitt et Cobourg.
(QuiTARD. Dici., p. 35.)
Variante. Ji m'es sovins comme di l'an quarante.
(Remacle Dict 1889.)
Lamrert.
Tôt comme di l'an quarante, ji m'flche di z'el lurtos,
Loukiz ci p'tit machin, avou lu j'pou fer toi.
(Toussaint. Lambert li foirsolé. UI, se. -l'*. ^871.)
Marche, Dès qu'one commf^re court à cinquante
Ça fait cinq creux sus tôt galant,
On-z-ès rit comme di l'an quarante.
(Alexandre. Ftit corti. Tome HI. -1800.)
96. A r novel an l'aîwe pèhe volti
LiTT. Au nouvel an Peau pêche volontiers.
C'est en général l'époque des inondations dans nos contrées,
l'eau amène les épaves.
97. Annêye di plocon,
Annêye di lioûbion.
LiTT. Année de pucerons,
Année de houblons.
98. Avri et Saint H'mèye
Pàrtet l'an es moitèye.
LiTT. Avril et Saint-Remy (l"' octobre) partagent l'an en
moitié.
(FoRlR. Dici.)
Variante. Pfkque et R'mêye
Partet l'an es d'mèye.
ANSE.
99. Fer danser l'anse de banslaî.
LiTT. Faire danser Tanse du panier.
Se dit d'une cuisinière qui gagne sur les denrées qu'elle
achète. (Littré.)
Pr. fr. — Faire danser l'anse du panier.
Jeannette.
Enfin d'on possc
I fàt i)rinde gosse
Adon d'ses maisse, esse so les intérêt,
Jamàye qui l'anse
l)è banstaî n'danse
Et s'dire tôt fer, di bon cour j'ouveurrcs.
(Wii.i.EM et Ralwens. Pèclii racli'té. Se. 10. 188^2. )
AOUT.
100. L'aousse apoite
Çoii qii'màsse èpoite.
LiTT. L'août apporte
Ce que mars emporte.
Ce proverbe est cité dans l'Almanach de .Mathieu Laensberg,
1833.
APOTHICAIRE.
101. L'apotilicâre n'ode nin ses drongiie.
LiTT. L'apothicaire ne sent pas ses drogues.
28
On finit par s'accoutumer aux inconvénients de son état. —
L'habitude nous fait trouver certaines choses si naturelles que
nous sonimes surprix ([ue les autres en soient incommodés.
Cité par FoRiR. Dlct.
APPARENCE.
10"^. 1 n' fàl nin s' fiî àx apparince.
LiTT. Il ne faut [)as se fier aux apparences.
Il ne faut pas juger sur l'extérieur, sur ce qui paraît dehors.
(ÂCAD.)
De votre changement la flatteuse apparence
M'avait rendu tantôt quelque faible espérance.
(Racine. Dérhiice. V, se. 7.)
Var. Stavelot. Sovint 1' bai est-st-â d'foù.
APPÉTIT.
t03. Sinti donne appétit.
LiTT. Sentir donne appétit.
L'odorat éveille le goût. Se dit par analogie de tout ce qui
induit en tentation.
Je sens la chair fraîche, disait l'ogre.
{Histoire du Petit Poucet.)
Yaiuante. L'odeur vis adawe d'à Ion,
C'est de vi clapant bourgogne.
(Lamaye. Li vin d' Bourgogne. Décembre 1840.)
Nivelles Droussi j' sins 1' chair humaine
Et m' n'estoumaq qui danse, dins tous les coin waitons
El chair humaine je 1' sins. et toutte suitte nos l' Irouv'rons.
(Renard. Les aventures de Jean d' Nivelles. Poème. Ch. IV. lSo7.)
104. L'appétit est 1' mèyeu d' tote les sâce.
LiTT. L'appétit est la meilleure de toutes les sauces,
(FOKIR. Dict.)
La faim assaisonne tous les mets. — Quand on a faim tout
mets paraît bon. (Agad.)
Pr. fr. — La faim, l'appétit assaisonne tout.
11 n'est chère que d'appétit.
La faim est le meilleur assaisonnement.
Il n'est sausse que d'appétit.
(Le père Jean-Marie. Le divertissement des saga. IGCiJ )
Var. Yerviers. L'appélil qui rind tôt bon
Est portant l'fîls d' privaution.
(Renier. Spotx rimes. 4871.)
MoNS. Enne connai.ssez pas, cinsicre, l'provcrpe qui dit : i vaut mieux bon
appétit qu'bonne sauce ; et tans' qu a l'apjjétit, vos allez vire quées biTlafTe qud j'vas
la saquer. (I.etellier. Armonagne dé ilons. 1861.)
Optimum famés condimentorum est ciborum.
(LejeUNE. Proverbia familiaria. 1741.)
— 29 —
105. L'appétit vint tôt mai^nant.
LiTT. L'appétit vient en mangeant.
(FoRiR. Did. 1801.)
Le désir de s'enrichir ou de s'élever augmente à mesure
qu'on acquiert de la lorlune ou des honneurs. (Acad.)
Pr. fr. — L'appétit vient en mangeant.
Appétit vient en mangeant.
{Piov. comm. XV^ siècle.)
Mais l'appétit vient toujours en mangeant.
(Lafontaine. La confidente sans le savoir.)
Namur. L'appdtit vint tôt mougnant.
MoNS. L'appétit vièt in mingeant.
Nivelles. Je n'dai ni core assez, dit-st-elle au grand gt'ant
Çu qu'c'est, comme l'appaiti, nos arrife en maingeant.
(Renard. Les aventures de Jean d' ?iivellex. Poème. Cha.il IV. 1857.)
Basse-Allem. — Der Appétit kommt wiihrend des Essens.
APPORTER.
106. Bin v'nou qui appoite.
Ljtt. Bien venu (celui) qui apporte.
Cité par Forir. Uict.
11 faut bien accueillir celui qui vous fait un cadeau.
Qui donnera le plus, qu'il soit le bien venu.
(REGNIER. Sat. XII.)
APRÈS.
107. Après les pré, c'est les pâture. (Nivelles.)
LiTT, Après les prés, ce sont les pâtures.
Proverbe calembourique.
Nivelles. Eiè après? — Après les pré, c'est les pâture; — on ajoute souvent :
pour vous l'brin, pour moi Pbure.
(L'Acht. Journal. 1889.)
Namur. Après les prd, c'est les jardin.
AHAIGNÉE.
108. Aranne du soir,
Espoir;
Du malin,
Cliagrin;
Du midi,
Piaisi. (Tolunal)
— 30 —
LiTT. Araignée[du soir,
|.v' Espoir;
Du malin,
Cha|iriii ;
Du midi,
Plaisir.
LiÉiiE. Araignée du matin,
Grand chagrin ;
Araign('e du midi,
Grand plaisi (V ;
Araignée de quatre heures.
Grande erreur ;
Araignée du soir,
Grand espoir.
MoNs. Écraser enne arague au matin,
C'est d' l'argint.
Au soir
C'est d' l'espoir.
(SiGART. Glo.is. iiijm. montois.)
ARBRE.
101). Qwand iiie ùbe tome, tôt rmonde coiii'L Ax
colle.
LiTT. Quand un arbre tombe, tout le monde court aux
branches.
Quand un homme est tombé en disgrâce, chacun s'empresse
de partager ses dépouilles. (Poitevin.) — Cf. La locution :
le coup de pied de l'àne, allusion à la table de Lalbntaine :
le Liou (leotnu oieiix (L. III, § 14). — Le:^ Mlrmldons ou les
funérailles if Adulte, chanson de Béranger.
Marche. Dès qu'on grand auhe est-st-abattou
Vite es hoquet 11 est mettou.
Prov. du Languedoc. Qan-t-un aouba es toumbat, tout lou
mounde couris à las brancas.
{Revue des langues romanes. 1881.)
110. Tant qu'il est gône on plôye oue ;inl)c.
(Marche )
LrrT. Tant qu'il est jeune on plie un arbre.
Il faut s'y prendre tôt pour diriger le caractère des enfants,
pour leur faire prendre de bonnes habitudes, pour leur former
l'esprit.
11 1. On vciil hiii à l'àhe li frùt ({u'i i)oile.
LiTT. On voit bien à l'arbre le fruit qu'il porte.
Quand on connaît quelqu'un, on sait de quoi il est capable.
— Timeo Danaos et dona ferentes. (Virgile. /En. II, 49.) Mot
— 31 —
célèbre ainsi rendu en wallon par un spirituel Liégeois dans
une discussion qu'il avait avec un habitant de Hervé :
J'a sogne des Hèvurliii et d'Ieus flairanls froumage.
Les fromages du pays de Hervé jouissent dune réputation
méritée, mais sont loin d'être inodores.
Variante. Li frût fait l'âbe.
Var. Verviers. L'gosse dîi frùt dit l'nom du s'cohe.
(Remer. Spots riméj. 1871.)
Prov. allemand. — Man kennt den Baum an seiner Frucht.
Basse-Allemagne. — An den Frïicbten crkcnnet man den
Baum.
112. 1 n'fàl nin jiii^î Tube àl' pèlotte.
LiTT. Il ne faut pas juger l'arbre à l'écorce.
Il ne faut pas juger des gens sur l'apparence.
(Lafontaine. Liv. XI, fab. 1. Le paysan du Danube.)
On juge du bois par rdcorce,
Et du dedans par le dehors; •
Considi^rez de près nos corps
El jugez quels nous devons être.
(SCARRON.)
Marche. A rpèlotte on r'conneut one aube.
JoDoiGNE. I n'faut jamais jeger one aube de seu Tpclaquc.
113. I n'faut nin côpe l'aubet es i'sève. (Marche.)
LiTT. 11 ne faut pas couper l'arbre quand la sève monte.
11 ne faut pas détruire une chose qui est en progrès.
114. Quand one aubeaprind receune, faut tonrsi
po rewesser. (Jodoigne.)
LiTT. Quand un arbre a pris racine, il faut tournailler pour
le renverser.
11 est difficile de perdre une mauvaise habitude quand on lui
a laissé prendre racine.
1 lo. L'pus bel aube est Tprunii clioyou. (Mauciie.)
Lnr. Le plus bel arbre est secoué le premier.
On commence généralement une chose par la partie la plus
facile, par le côté le plus agréable.
JODOIGNE. C'est l'peu bel aube qu'est todeu rprcini choyeu.
1 IG. C'est l'ûbe coilte-jùye.
LiTT. C'est l'arbre courte-joie.
C'est une chose dont la jouissance est de courte durée, ou
qui ne procure pas le plaisir que l'on espérait. C'est une
désillusion.
— 32 —
a Allusion à un vieux tilleul situé dans la campagne de
a Rocûur cl que le crime a rendu odieusement célèbre. La
« tradition rapporte que sous cet arbre, un amant y assassina
« sa maîtresse, après en avoir abusé. »
(FoniR. Divt.)
On raconU've qu'ine pauvejône fcye
Qui riv'nève li cour lot, contint
* Après ine an d' service à l'vèye,
Rappoirlant s' gage à ses parint,
A ses pid aveul pierdou V vèye
Kt c'esl-st-à case de rafia
Qu'elle aveut, disl-on, d'esse rèvôye
Qu'on avcut surnommé : coùte-jôye
Ciste àbe wisse qu'on 1' toua.
(Félix Chaumont. Alm. de Math. Lacmbcrg. -1GC2.)
Vàbii coùle-^jôye, planté dans la campagne, entre Alleur, Ans
et Rocour, est ainsi appelé parce que lors de la bataille de
Rocour, gagnée le il octobre 1746 par le maréchal de Saxe, on
crut un moment à la victoire des alliés, massés près de cet
arbre.
Ci fourit portant l'àbe coùte-jôye
Po l'eune di ces commère marôye.
(Hanson. Les Luciade è.i vers ligeois. Ch. VI. 17Sn.)
J'aveu on fameu ralia di m" marier, mais ji sos logî à l'àbe coùtejùye.
(Foitut. Dict.)
117. G'n'est nin l'âbe qui bosse qui tome todi
Tprumî.
LiTT. Ce n'est pas l'arbre qui branle, qui tombe toujours le
premier.
Ce n'est pas toujours une chose qui paraît aisée qui est
accomplie le plus vite.
Qwand on est jône et foirt
On s'creutbin Ion de l'moirt
Et on rèye d'ine vèye gins qui plante ou fait bâti ;
Portant il est-st-àhèye
A toi moumint de veye
Qui c'n'esl nin l'àbe qui hosse qui tome todi rprumi.
(Nie. Defreciieux. A l'jôncssc, 'ISllO )
JobOiGNE. C'n'esl ni todeu l'aube que cheul qui toumme le premi.
l l(S. In àbe lome de coslé qu'i brique. (Marche.)
LiTT. Un arbre tombe du côté qu'il penche.
Nos penchants sont pour quelque chose dans nos malheurs.
l*r. t'r. — On ne tombe jamais que du côté où l'on penche.
iNamcu. I clinse do coslé qu'i vout chair.
Tournai. I eglenne du côté qu'i veulcaire.
Lille. I clennc du coté ([u'i veut querre.
(Vehmesse. Voc. du Patois lillois. 18G1.)
— 33 —
119. Allez compter les âbe so 1' quai.
LiTT. Allez compter les arbres sur le quai (s.-cnt. St-Léon'',).
Cl'est l'occupation des oisifs.
NIVEX.LES. Allez compter les arbe su TDodaine.
(Petit ruisseau qui arrose une promenade à Nivelles.)
ARDOISE.
120. Il est à couvièt d'one sicaye d'èglîche. (Namuh.)
LiTT. Il est couvert d'une ardoise d'église.
Il est protégé par les gens d'église.
Var. Jodoigne. Il a on clan à l'égliche.
ARGENT.
1*21. Gavant àrgiiit sonnant. (Namur.)
LiTT. Cela vaut argent sonnant.
Faire trop de fond sur de simples apparences; croire facile-
ment. (ACAD.)
Pr. fr. — Prendre pour argent comptant.
Namur. Nosse bon vî pdre GaiUol, dins oiik di ses chapite
Qui j'a studi après avoi ieu lî l' jésuite,
Si mêle ossi là d'sus de volu fer 1' savant,
Et prind l'couye di de Marne po d'I'àrginl bin sonnant.
(Demanet. Oppidum Atuaiicorum. 1843.)
Gaillot et De Marne ont écrit chacun une histoire du
comté de Namur.
Il a pris cela pour argent comptant. (Oudin. 1640.)
Basse-Allemagne. Elwa.s fur baares Geld nehmen.
122. ine homme sins àrgint, c'est-st-on leûp sins
dint.
LiTT. Un homme sans argent, c'est un loup sans dents.
On dit aussi : c'est-st-on biergî sins chin.
L'argent est nécessaire pour vivre.
Mais sans argent l'honneur n'est qu'une maladie.
(Racine. Les plaideurs.)
Jodoigne. Une homme sins caur c'est-st-one aveûle sins ch6.
123. L'ârgint d'putain ennès va comme li vint.
LiTT. L'argent de prostituée s'en va comme le vent.
- 34 —
Le bien acquis par des voies peu honniHes se dissipe aussi
aisément qu'il a été amassé. (Acad.)
Vauiantk. l/àr^iiit d' [nitain oniios va coniino i vint.
1*24. Esse cliergî darginl comme on crapaud
d' plome.
LiTT. Etre chargé d'argent comme un crapaud de plumes.
N'avoir point d'argent. (Acad.)
Pr. t'r. — Être chargé d'argent comme un crapaud de plumes.
MoNS. J'ai des romalis.se tous coté : j'comminche à elle garni d'yaerd comme les
craiiaud d' plume,,]' poux pins longtemps jouer k c'jeu là, j' vos l'avertis.
(Letellier. Anuouaque dé Monx. iS^O.)
Saint-Uuf.ntin. En fait d"argent,.j'ein sus cliergé comme ein crapaud d' plcumes.
Il en est chargé comme un crapaud de plumes.
(OiiiilN. Ciiriosiiez fiatuotnes. -ItiiO.)
Prov. provençal. — Cargat d'argent coumo un grapaud de
plumo,
{Revue des langues romanes. -1881.)
125. C'est l'ârgint qui fait rire.
LiTT. C'est l'argent qui fait rire.
Aisance donne assurance.
Cf. Sedaine. Épître à mon habit.
Vos avez vèyou d'vins 1' râv'laî
Qui vint d' passer d'sos vosse narcnne.
Qui 1' vûd bâche fait grognî V pourçaî.
Comme l'ârgint fait rire li Wiguenne.
(I)ELARGE. Les colèbeû. ISGO.)
Var. Namur. L'ârgint rind franc les gins.
Basse-Allemagne. — Baar Geld lacht.
126. Beauquéop d' liard fel l' mauvais garcliéon.
(Tournai.)
LiTT. Beaucoup d'argent font le mauvais garçon.
L'argent, entre les mains des jeunes gens inexpérimentés,
leur fait commettre toutes les folies.
127. Pont d' caur, pont d' suisse. (Namur.)
LiTT. Pas d'argent, pas de suisses.
Sans argent on ne peut rien avoir; locution prise du temps
où les Suisses se louaient comme soldats mercenaires. (Littré.)
Pr. fr. — Point d'argent, point de suisses. (Quitard.)
128. Ses aidan li t'net chaud.
LiTT. Son argent le tient chaud.
C'est un grippe-sou, un avare.
— 35 —
1^29. L'argints'in va, l'biète reste. (Tournai.)
LiTT. L'argent s'en va, la bête reste.
Allusion peu gracieuse envers ceux qui se sont mariés
n'ayant Uaulre but que de posséder la dot.
130. L'ci (m'a ([' rûi'i,nnt
Trouve des parint.
LiTT. (Jelui qui a de l'argent
Trouve des parents.
Les parents ne manquent pas lorsqu'il s'agit d'hériter d'une
personne riche. - On ne néglige pas de se prévaloir de la
parenté de gens fortunés.
131 . I m'pàyeret qwand ses aidan àroiit des jambe.
LiTT. Il me payera quand son argent aura des jambes.
Il ne me payera jamais.
ARMOIRE.
132. Les soreii sourtnet les larme aux oûye tbû de
l'dresse. (Jodofgne )
LiTT. Les suuris sortent les larmes aux yeux hors de
l'armoire.
C'est une maison pauvre, où il n'y a pas souvent de quoi
manger.
Dînant. Rosine.
Ces tindcux là, i sont lorlos parèye, c'est-st-on tas d' fénéanl qu'ont les trois
quart do timps des soris dins leu dresse, qui s' pormoin'nu les larme aux oùye.
(V. COLLARD. Li tindric à l'amourette. I, se. f'^. 1890.)
ASCENSION.
138. A l'Ascinsion, ou iiiai^ne panâhe et mouton.
LiTT. A l'Ascensiun, on mange dus panais et du mouton.
La fête de l'Ascension, tombant habituellement dans le
courant du mois de mai, fait présager le retour du beau temps;
elle fournit l'occasion de manger des primeurs.
Cité par Forir. hicl.
134. C'est comme l'Ascinsion,
Todi l'même pont.
LiTT. C'est comme l'Ascension
Toujours le même point.
La fête de l'Ascension tombe toujours au jeudi, et quarante
jours après Pâques.
Comme l'Ascension (toujours dans le même état).
(OuuiN. Curiosilez françaises. 1640.)
— 36 -
Tatî.
Ah ! j'àret bai bàrbî, fer perrique et signon
Ji d'ineùrret es inèine pont, allez, comme TAscinsion.
(Rkmouchamps. Tdtl i periiqui. I, se. i. 1885.)
MoKS. J'ai passé d'iée 'ne maison qu'est comminchée d'puis assuré deux an, et
elle resse toudi au mi^me point comme TAscinsion.
(Leteluer. Àrmonaquc dé Mous. I80O.)
ASSIETTE.
I3d. Elle bout'ret co sovint s'-l-assielte que l'baudet
II' voiiret ni nioiignî (Jodoigne.)
LiTT. Elle melti'a souvent son assiette, que l'âne ne voudra
pas manger.
Se dit d'une jeune lille qui épouse un vieillard.
Les enfants mettent une assiette avec du foin dessus, à la
Saint-Nicolas.
ATH.
136. Il est d'Ath et nié d'Ath, du faubourg de
Brant'gnies. (Hainaut.)
LiTT. Il est d'Ath et pas d'Ath, du faubourg de Brantegnies.
Le faubourg de Brantegnies est séparé de la ville d'Ath par
les fossés des fortifications. Les habitants de ce faubourg
veulent passer pour Athois; c'est ce qui a donné lieu à ce
proverbe, toujours employé ironiquement.
(Letei.mer. Armonaqiie dé Mons. -1858.)
MoNs. Riche et nié riche pourtant... tout comme qui diroi : d'Ath et nié d'Ath...
du faubourg de Brant'gnies.
{Armonaque dé Mons. 1884.)
ATRE.
137. Vos avez chî es laisse.
LiTT. Vous avez chié dans l'àtre.
Vous avez manqué de tact dans cette visite. — Vous ne serez
pas en bonne odeur dans cette maison.
ATTEINDRE.
138. Wisse qu'on n' pout attinde (v'ni) on-z-y jette.
LiTT. OÙ l'un ne peut atteindre (venir), on y jette.
Quant il n'y a pas prise à la médisance, on a recours à la
calomnie.
— 37 —
ATTENDRE.
139. Qui raltind n'a nin liàse.
LiTT. Celui qui attend n'a point hâte.
Se dit en guise de consolation ironique aux personnes qui
se plaignent d'avoir attendu longtemps, d'avoir croqué le
marmot.
Cité par Forir. Dict.
Moult annoyc à qi attent.
[Proverbei de France. WW siècle.)
Qui attend, il a fort temps.
(Prov. commiaïf:. W'^ siècle.)
Louise.
Nos li frans longinfeu ;
Ji n'voreus nin di ni'fàte portant qui s'annôyereut
Et qui polahe si piainde di çou qu'.ji sôreu 1' case.
Cath'uense.
Oh ! sèyîz donc tranquille, qui raltind n'a nin hase.
(Deixhef. Les deux neveux. I, se. 2. 1859.)
L'OVRÎ.
D'hindez on pau. Colas,
N'a 'ne saqui qui v'rattind.
Colas.
Qui rattind n'a nin hase.
(Hannay. Li mdye neûr d'à Colax. I, se. b. 1866.)
Var. Stavelot. L'ci qui hoùteà rtimps long.
Namur. T'as raison, qui rattind n'a nin hausse, il iret mia pus taurd.
(Vdhu du Bâtisse. La Marmite. Journal 1884.)
JODOIGNK. L'ce que rattind n'a ni hausse.
ATTENTION.
140. Faire attintion, comme Poquette et Larieon.
(Tournai.)
LiTT. Faire attention comme Poquette et Larion.
Allusion ironique sur la manière dont la police était faite à
Tournai, il y a environ 60 ans, par deux garde-ville du nom de
Poquette et Larion. Ces deux braves « duicheile », comme on
les appelait à cette t'poque, veillaient eux seuls à la sécurité des
foyers et étaient loin d'être à la hauteur de leur mission, quoi
qu'en ail dit un jour au Conseil communal, un conseiller clé-
rical, grand admirateur de ces deux acolytes de l'inoubliable
cabello.
[Èlrenncs tournaisiennes. 1886.)
— 38 -
AUBADE.
141. Jower ine aille aiibâde
LiTT. Jouer (donner) une autre aubade.
Parler un autre langage. — Changer de ton — En faire voir
d'autres.
Pr. fr. — Chanter une autre chanson.
Min s'il a co I' m:\lheiir di s' melle so T houp-di-guet,
Vos r piç'rez, min po 1' bon, et mi ji li jouwrè
Eco ine aute aubade.
(Remouciiamps. Li snv'ti. Act. 2, se. 6. 1838)
Pour vous venir donner une fâcheuse aubade.
(Molière. L'Etourdi. III, se. 10.)
AUGE.
142. Les vûds bâche fet grognî les poiirçaî.
LiTT. Les auges vides font grogner les porcs.
La misère rend grondeur ; elle apporte le trouble dans les
familles.
Pr. fr. — Quand il n'y a plus d'avoine dans l'auge, les che-
vaux se battent.
Variante. Les vùds hache fet les pourçai s' batte.
Les vndès poche fet les vùdès tiesse.
LiTT. Les poches vides rendent les têtes vides.
Var. Namur. Les vùdès armoire fayent-nu les rauaiches liesse.
LiTT. Les armoires vides rendent les têtes mauvaises.
Cité par Forir. Dicl.
J'a trop tardé de vèye qui j'esteus so 'ne mâle cohe,
Ji m'a todi fiî qu'i vairit à rik'nohc
Qui fâreut d'ner l'avône àx ci qui l'ont wâgnî,
Mais les bâche vont esse vùd, et les jûne vont grognî.
(Thiry. Ine cope di grandiveux . 1859.)
JOSEPH.
Dihez-v', tôt près d'ine fleur, i pout crèhe ine oûrtèye,
Vocial li maisse des spot, gravez-l'ès vosse cervai,
Qwand n"a pus rin es bâche, on-z-ot grognî Tpcurçaî.
(Hannay. Li mûye neûr d'à Colas. II, se. il. -1866.)
Jacob.
C'est po vosse bin qui j'jàse, louquîz bin à vosse sogne,
Ca l'vûd bâche est sovint li case qui 1' pourçaî grogne.
(Remouchamps. Les amour d'à Gèrà. II, se. 3. 4875.)
AUNE.
143. Mes'rer à si aune.
LiTT. Mesurer à son aune.
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Juger d'autrui par soi-même. On le prend ordinairement en
mauvaise part. (Acad.)
Pr. fr. — Mesurer les autres à son aune.
(Ol'Dm. Ctiriosiiez françaises. dBiO.)
Se mesurer à son aulne.
(Le père Jean-Marie. Le Diveriissement des sages. 1065.'»
Cité par FoRiR, Dict.
Sanche et Gabès, di don Anlone
Tôt sihe sont mes'rd à Tmême aune.
(Hanson. Les luciades es vers ligeois. Ch. V. 1783 )
Detrihe.
Ji mcseûre lodi ine aule à mi aune.
(Salme. Qivitte po qwitle. Sc. 13. 1878.)
Verviers. Mez'rans todi l's aute à noste aune
Tindans l'inain aux pôves affligî.
(Pire. Vorci Vhivier. Ch. 187 i.)
Marche. Thérèse.
.... C'est mesuret les gins à leus aune.
(Alexandre. Li pèchon d'avril. Act. III, se. i'"'. 1859.)
St-Quentin. a m'zurer à l' niennie aune.
144. Riv'ni d'aune à clau. (Verviers.)
Rev^enir (arriver) d'aune à clou.
Faire le compte juste.
Autant de livres de fil à tis.ser doivent fournir autant d'aunes
d'étoffe .
Clau, grosse livre du poids ancien, de trois livres courantes;
n'était en usage que dans les fabriques de draps.
(LOBET. Dictionnaire. 1854.)
145. Tôt de long d' l'aune.
LiTT. Tout du long de l'aune.
Beaucoup, excessivement. (Acad.)
Pr. fr. — Tout du long de l'aune.
On li es d'na lot de long d' l'aune.
(Remacle. Dict. 1839.)
AUTEL.
146. Voilà comme ine âté d' confrêrèye.
LiTT. Le voilà comme un autel de confrérie.
Comme le voilà harnache !
Il a l'air de sortir d'un bocal.
MoNTEGNÉE. Il csteut conimc ine âtd d' confrèrèyc :
(tn-z-àreut dit qu'on Taveut mettou d'sos veûlc,
El qu'on n' l'aveut sèchi foù qui po 1' fer dîner.
Var. Jodoigne. Hie, qui t'es bia (propre), on dirot 1' feu il'on p'teut sinci qu' va
d' d'mander.
-CO-
AUTEUR.
147. Qui dit si âteûr
N'est nin minteûr.
LiTT. Celui qui nomme son auteur
N'est pas menteur.
Je voys dis la chose comme elle m'a été dite ; voilà ma source;
s'il y a un menteur, ce n'est pas moi.
Cité par Forir. Dicl.
Si c'est des boude ji n'es se rin.
Comme on m' l'a d'né, mi ji v's el rind.
(Bailleux. Testament expliqué par Esope. Fâve. iSSl.)
Bobinage. Velia-ci, comme on 1' rasconte : ed' vo i' rinds comme è d'I'ai ohiu,
au prix coûtant. {Anno7iac du Borinaf/c, in patois borain, 4849.)
AVALER.
148. 1 fat pau d' choi po-z-avaler 'ne brique.
LiTT. Il faut peu de chose pour avaler une brique.
Admettre une chose inadmissible. — Se dit souvent en
réponse à celui qui raconte un fait invraisemblable.
Cf On ne .sait pas ce qui peut arriver
Et s'i vèydve rilûre d'àlon
On partisan de 1' république
I braiyéve vive Napoléon
I fàl pau A" choi d'avaler 'ne brique.
(Thiry. On coirbâ franc llgeois. 1866.)
Ce proverbe pourrait paraître étrange et il n'est employé
actuellement que dans le sens donné plus haut. En voici
l'origine.
Dans les écrivains français des XIIP et XIV" siècles, le mot
avaler avait la signification de « descendre ». Em. Cachet dans
son glossaire roman des chroniques rimées de Godefroid de
Bouillon, du chevalier au Cygne et de Gilles de Chin, cite un
vers de Philippe Mouskés, avalant quelqu''un du haut des
remparta, c'est, dit-il, plus que le descendre, c'est le précipiter.
Roquefort, Lacurne de Ste-Palaye, Godfroy, dans leurs
dictionnaires et glossaires, donnent également au mot avaler,
le sens de descendre. Littré donne l'explication suivante :
« Avaler (de aval) veut dire proprement faire descendre,
mettre en bas ; et il n'a eu longtemps que ce sens-là ; puis,
comme faire arriver les aliments dans l'estomac est aussi les
faire descendre, il a pris peu à peu ce sens, et le primitif est
tombé en désuétude, ne restant plus que dans quelques locu-
tions techniques et dans certains patois. »
— 41 —
Dans le pays de Liège les termes « avalerai descendre, appro-
fondir, et « aveteresse » approfondissement, sont employés
communément dans les houillères en parlant de la bure que
l'on approfondit.
Il résulte de ces observations que le sens primitif du pro-
verbe serait : il faut peu de chose pour laisser tomber une
brique, pour commettre une maladresse, une faute.
Le sens de : pour manger une briiiue est maintenant le seul
connu et on est si convaincu qu'il faut le comprendre ainsi que
souvent on ajoute : tôt buvant on sèyaî d'aiwe (en buvant un
seau d'eau). Cette explication est conlirmée par le proverbe
suivant.
149. Li ci qu'avale ine brique enne avalYeut hin
deux.
LiTT. Celui qui avale une brique en avalerait bien deux.
Celui qui commet une faute peut en commettre plusieurs.
AVANCER.
150. Qui n'avance nin, rote enne èri.
LiTT. Qui n'avance pas marche en arrière.
Qui ne progresse recule.
AVARE.
151. I iiu'a qu'les avàrc qwand i s'y meltet.
LiTT. Il n'y a que les avares quand ils .s'y mettent.
Lorsqu'un avare se résout à donner un repas à quelqu'un, il
y met plus de profusion qu'un autre. (Agad.)
J^r. fr. — Il n'est chère que de vilain. — Il n'est festin que
de gens chiches.
JODOiGNE. I n'a qu'les arabe on comp qu'el' s'y bout'net
.AVEUGLE.
lo2. Braire comme ine aveûle (ju'a ])ierdou
s'baston (scliin).
LiTT. Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton (son
chien).
Crier bien fort pour quelque mal léger. (Acad.) — Criera
tue-tête.
Pr. fr. — Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton.
Cité par FoRiR. Dicl.
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Mayon
Qu'avez-v" don ! Vos braiye?, comme iiic aveûlc qu'a pierdou s'chin.
(Demouun. Ji voii ji n'pou. I, se. 2. 1858.)
Jacoue.
Vos air di Don Quichotic ni nos fet nin sogne et ci n'est nin toi braiyant comme
ine aveûle (jifa pierdou s'chin, qui vos v'I'ro/ pardonner l'màle keûre qui v's avez fait.
(WiLi.EM et lUuwENS, Les toArciveux. Se. 11. 4882.)
Dadite.
Vos jàsez comme ine aveûle qu'a pierdou s'chin.
(I$AR0N. Li tapre.'ise di cwdrjen. Se. H. i882.)
Nami'R. " I crie comme one aveùlc.
Var. Malmedy. Crire comme one aveûle cnne on poicc.
MoNS. Les vieux guernadier brayiont lous leurs yeux dehors, aussi fort qu'in
aveugue qu'a perdu s' bâton. (Letellier. Armotiaqucdé Moiix. 1840.)
Prov, provençal. Crida coutiio un abuclo qu'a perdut soun
bastou.
{Revue des langues romanes. -1881.)
1.^3. Qwand iiio aveûle mônne ine aute, i loiimet
los les deux es F fosse.
LiTT. Quand un aveugle conduit un autre, ils tombent tous
deux dans la fosse.
Se dit d'une personne qui ne montre pas plus de prudence
ou d'habileté que celle dont elle est chargée de diriger les
actions, (Acad.) — Se conduire d'après les avis, les conseils
d'un homme sans expérience, c'est vouloir se perdre.
Pr. fr. — C'est un aveugle qui conduit un autre.
Namur. Quand l'aveûle moinrne l'aveùle, i chaie-nu tos les deux dins l' fossé.
Basse-Allemagne. Wenn cin Blinder den andern fuhrt,
fallen beide in Graben.
154. 1 vout fer r' vèyî les aveûle.
LiTT. 11 veut rendre la vue aux aveugles.
Il veut faire l'impossible, il prétend faire tles merveilles, des
miracles ; il se croit un phénix.
155. Qwand on deut esse aveûle, li ma vint po les
oûye.
LiTT. Quand on est destiné à être aveugle, le mal vient par
les yeux.
Nul n'évite sa destinée. — L'amour rend aveugle et l'amour
vient par les yeux.
Variante. Qwand on voutdiv'ni aveùlc, li ma prind po les oùye.
(FORIR. Dict.)
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156. Ine aveiile el sintreùt avou s' bordon.
LiTT. Un aveugle le sentirait (s'en apercevrait en le touchant)
avec son bâton.
C'est une chose facile à saisir, à constater.
157. S'ètinde à 'ne saciiioi comme ine a veille à fer
des coleûr.
LiTT. S'entendre à une chose comme un aveugle à faire des
couleurs.
Juger sans avoir aucune connaissance. (Acad.) — Être
d'une impéritie complète.
Pr. fr. — .luger d'une chose comme un aveugle des couleurs.
Variante. Jugî d'ine saquoi comme ine avcùle juge des coleùr.
(FoRiR. Dicc.)
Garitte.
Vos parlez comme des aveûle qui broyet des coleûr.
(Li vidiH (Tàrhan Wâtinj. 1869.)
Marche. On veut co oint côp des blagueur,
Qui v'causel comme des coleùr
One aveùle, est-ce qui n'pout ponl vèye
I mèritet one ratoirnèye.
(Alexandre. P'iit cmti. 1860.)
St-Ql'entin. D'visier comme ein avule d'cht'S couleurs.
Basse-Alle.magne. — Wie ein Blinder von der Farbe
sprechen.
lo8. Divins li royaume des aveûle, les hoigne sont
roye.
LiTT. Dans le royaume des aveugles les borgnes sont rois.
Parmi des gens ignorants ou inca[)ables, un peu de savoir
ou de capacité suffit pour pro urer la proéminence. — Parmi
les incapables, les gens médiocres ne laissent pas de briller,
(LiTTRÉ.)
Pr. fr. — Au royaume des aveugles les borgnes sont rois.
Un borgne est roy au royaume des aveugles.
(Le père Jean-Maiuk. Le dirertis.ictnent des sai/es. 16(>i).)
Cité par Forir. Die'.
Jean Pierre.
l'o v's ol (lire, ,ji frew comme lu el ji mMireus qui d'vins l'royauine des aveùle,
les boigne sont roi.
(MoNiiYKH. lA k'fn.ssioii (l'on borijiiimaixsc. Dialogue. 18.')8.)
CiiAHi.iîRoi. D'sel qu'c'est in malin sol, Via s'morale in deux mot,
1 vos mousse à terlous, claire et nette sins chandelle,
Qu'on n'est ni prophète dins s'pays
Qu'dins l'royaume des aveùle, les boigne sont roes oussi.
(BERNns. Ij'soi (lui vend de l'xfKjcsxc. F''aufc. 187.3.)
_ 44 —
159. Fer l'boigne et l'aveùle.
LiTT. Faire le borgne et l'aveugle.
Fermer les yeux ; ne voir que ce qu'on veut voir : dissimuler.
.... Doclus speclare lacunar,
Doctiis el ad calicem vigilaiili slertere naso.
(JuvÉNAi,. Sut. l, V. 5G-57.)
Cité par Forir. Dict.
AVIS.
160. Il a pu d'avisse qui d'trô d'cou.
LiTT. Il a plus d'avis que de trou de cul.
Se dit d'une personne qui blâme et conseille beaucoup.
Analogie de terme avec : il a pus d' bêche qui d'cou.
Avisae : Invention, idée, moyen subtil, procédé ingénieux.
(SiGARD. Dict. du wallon de Mous. 4842.)
MoNs. Ec' n'infaiit-là n'a n\6 'n'bonne avisse.
(Letellier. Arm. dé Mons. -1866.)
161. I n'el dit nin di s'faite avisse.
LiTT. Il ne le dit pas dans ce sens pour blesser.
Il n'a pas mauvaise intention.
Basse- Allemagne. — Das war nicht bôse gemeint.
AVOINE.
162. II a l'avône âx pid.
LiTT. Il a l'avoine aux pieds.
Il est fort, parce qu'il est bien nourri.
163. Elle ad' l'aveine à r'vinde. (Jodoigne.).
LiTT. Elle a de l'avoine à revendre.
Se dit d'une femme qui a des charmes plantureux.
164. So r timps qu' l'avône crèhe, li ch'vâ moùrt.
LiTT. Sur le temps que l'avoine croît, le cheval meurt.
L'attente est souvent fatale ; on ne doit pas remettre un
.service à rendre, un plaisir à procurer.
Variante. Dismitant qu' l'avône crèhe, li eh'và crîve.
Il y a péril en la demeure.
Cité par Forir. Dict.
Mais Tpauvre homme, qui l'màle chance a mettou d'vins les five,
.So rtimps qui l'avône crohe, ni songe nin qu'li ch'vA crîve.
(Delarge. Li Tindeu. -1803.)
Servas.
Vosse dierain mot ; mais so l' timps qu' l'avône crèhe, li ch'và crlve, n'est-st-i nin
vraie ?
(Willem et Bauwens. Len toûreiveux. Se. i^". 1882.)
- 45 —
Vermers. So rtimps quTavône crèhe, lu ch'vô crive.
Di tos les grands j(jseu disfiiz-ve
Et d" çou qui dhol po v'sèbaudi.
(Poulet. U pésomii. Poème. 1800.)
JaLHAY. Li M.VRCHANDE.
Awel, mais de timps qu' l'avùne crèhe, ii ch'va moùrt.
(Xhofker. Les deux soroche. II, se. 8. 18C2.)
Namur. Su l'iimps qu' Tawaine cré, li ch'vau va moru.
Var. Namur. Li ch'vau moùre di foaim en altindanl qui l' foiir pousse.
165. I n'fàl ni 11 lèyî l'avône es bâche.
LiTT. Il ne faut pas laisser l'avoine dans le bac.
Cette phrase est employée par un aniphytrion qui engage ses
convives à ne rien laisser dans les bouteilles ou sur les assiettes.
Stavelot. On n'deul nin lèyî l'avône o bâche.
JoDOiGNE. Allez lèyi l'aveine es 1' crêpe.
MoNS. I nfaut gnié lèyer d'aveine au bac.
166. C'n'est nin todi li chWà qui wûgne l'avône
qu el magne.
LiTT. Ce n'est pas toujours le cheval qui gagne l'avoine qui
la mange.
Ce n'est, pas celui qui a le plus de peine qui est le mieux
traité. (LiTTRÉ.) — Celui qui sème n'est pas toujours celui qui
récolte. (Agad.)
Pr. fr. Cheval taisant la peine
Ne mange pas l'aveine.
Ce n'est pas celui à qui la terre appartient qui en mange les
chapons.
Pr. anglais. — Les fous bâtissent pour les sages.
Sic vos non vobis. (Virgile.)
J'a trop tardé dé vèye qui j'esleus so 'ne mâle cohe.
Ji m'a lodi fiî qu'i vairil ii rik'nohc
Qui iïirout d'ner l'avône à.\ ois qui l'ont wàgnî.
(Thiry. lue cope di grandiveux. i8o9.)
On n'diret nin çou qu'on a dit d'cint aute
Qu'on donne l'avône à ch'vù qui ne l'gAgne nin.
(Dei.ARGE. Ilonnnaye à Grandjean. ISTo.)
Stavelot. C'est lu g'vau qui gagne l'avône qui n'ia nin.
Namur. C n'est nin todi l'cinque qui gangne l'awaine qui l'mougne.
JoDOiGNE. C'est ni todeu l'baudel qui gangne l'aveine qu'el mougne.
Var. Mons. L'ccu qui caufe el four n'est gnii' loudi l'ceu qui ranguenne (enfourne).
167. Magnî l'avùne divins 'ne botèye.
LiTT. Manger l'avoine dans une bouteille.
— ^*6 —
S'applique à ceux qui n'ont pas la nourriture nécessaire à
leur entretien. — Être ù la portion congrue. .
lit comme vos Tallez véye,
l'o-z-acréhe si Saint Crespin
Fait rmème aflairc qui li ch'và d'à Kèkcye,
Qui magiiive, nos dit-sl on, si avônc divins 'ne botèye.
(Nie. Defrecheux. Mathi l\ivdre. iSGi.)
JoDOiGNE. Il "s y donne l'a veine dins one botèye.
168. Pus d'pône
Qui d'avône.
LiTT. Plus de peine
Hue d'avoine.
Plus de peine que de profit.
Variante. Sins pùne
Ni vint avône.
Variante. Après l'pône
Vint l'avône.
Variante. Pus d'pône
Pus d'avône.
169. L' mèyeu des corîhe po fer sèchî li ch'vâ,
c'est lavône.
LiTT. Le meilleur fouet pour faire tirer le cheval, c'est l'avoine.
11 faut que le cheval soit bien nourri, si l'on veut qu'il four-
nisse un grand travail ; ce n'est pas le fouet qui le fortifie.
.loDoir.NE. Ce que fait Tbon eh" van c'est l'aveine.
170. Ricôper les avùne.
LiTT. iiecouper les avoines.
Supplanter quelqu'un. — Entrer en concurrence, en rivalité
avec quelqu'un. (Littré.)
Aller sur les marches d'autruy.
(OuDiN. Curiositcz françaises. '1G40.)
Crespin.
Hai là, ni pinsans nin v'ni i-'cûper mes avône
Ca ji v' prévins, Hinri, qui coula m'freul de 1' pône.
(Ukmouchamps. Li Sav'tl. I, se. 15. dSîJS.)
(Juillaume.
Ainsi vos âriz sogne d'aller so les avône d'ine aute.
(Salue. Maisse Pierre. I, se. 5. d879.)
JoDOiGNE. On li a r'compt' i'aveine desos F pid.
Var. Tournai. Aller sur les brisés d'quéqu'in.
171. Trop d'avône et trop pau d'corîlie.
LiTT. Trop d'avoine et trop peu de fouet.
Se dit d'une personne corpulente qui se nourrit trop bien et
ne se donne pas assez d'exercice.
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172. Ascouter les avoine lever. (MoNS.)
LiTT. Écouter sourdre les avoines.
« Écouler pour un faire protit, ; avoir l'ouïe assez délicate pour
« entendre les moindres bruits (comme celui que pourrait
« faire l'avoine en germant).
« Vir les aveine lever (voir sourdre les avoines), signifie
a tout autre chose ; c'est attendre lus événements. »
(SiGART. Dicc. du wallon de Moti.t. 1870.)
Pr. fr. — Kscouter les avoines lever.
(Genin. Récrcalious. T. II.)
Naml'r. I faut tout dire et chouter Tawaine crèche.
MoNS. Au rangu'nache del' porte, chacun s'ahache tout d'suite su s'pilpite et
attind les aveine lever. (Descamps. Er peiouier. 1887.)
Tournai. Acouter les aveine levée.
Nivelles. Bert, li, astout au local qui ratindou les avène lever.
(Oargot. tn pigeonnisse dins s'guerni, in joû. d'concours. Arm. de L'Aclot. 1890.)
AVOIR.
173. C'est d'à vosse et d'à Pènêye, et qwand Pènéye
sèret moirt, c' sèret d'à vosse lot seii.
LiTT. C'est à vous et à Penée, et quand Penée sera mort, ce
sera à vous seul.
Vos prétentions, vos réclamations ne sont pas sérieuses.
Géra.
Est-ce mi qu'a dit coula ï Ji v's a dit çou qu'est vraie
Qui vos hantîz m'crapaude... d'à meune... et d'à Pènêye.
(Remouchamps. Les amour d'à Géra. II, se. lo. 187o.)
Gilles.
Ji n'a nin grandchoi, mais los les meùbe qui sont cial, c'est d'à meune.
Dadite.
Et d'à Pènêye.
(Baron. Li Tciprexse di cwàrjeu. Se. 9. 1882.)
174. Pus M-l-on, pus voul-on avii.
LiTT. IMus a-l on, plus veut-on avoir.
La soif de l'or est insatiable.
Bin sovint on ù dire :
Si j'estahe riche, si j'avahe di l'àrgint,
J'ach'treus ci, ji freus ça et j'm'arring'reus d'manîre:
A passer 'ne vèye sins chagrin.
Et i)us pauve est l'homme
Qui jàsc ainsi,
Pus flàwe est l'somme
Qu'ont l'ù si sohaitî.
Si çouqu'ji dis est vraie, c'est-sl-ine prouve
Qui pus a-t-on, pus voreut-on avu.
(Nie. Dbfrechei'X. Li richesse. i8î57.)
— 48 —
17o. Qwand ny a })iis, liii'a co.
LiTT. Quand il n'y en a plus, il y en a encore.
Se dit des choses qu'on peut toujours se procurer, de ce qui
estolïerten abondance, à discrétion,
A c'ste heure on pau, prindez paliince, rawàde
Ine golte, qwand i n'y a pus, ^'n"a co !
(Thirt. Li rtour à Lige. \Si)S.)
Namur. Quand i n'y a pus, i gn'a co.
JoDOiGNE. A l'sachot Marie Berloque, quand n'a peut, n'a co.
MoNs.-Bùh, Ouiche ! 11 a pou coire que c'dcinrée d'beitise-là, c'est comme el
café d' raloi'Ue : quand i n' d'à pu, i d'à co.
(Letellier. Armonaque dé Mo7is. 18C1.)
176. On n'a màye qui çou qu'on deùt avu.
LiTT. On n'a jamais que ce qu'on doit avoir.
On ajoute à Montegnée : c'est s'cril so l'cou d'on chin.
Marche. Galopin.
Qwand on s'est d'net brav'mint do l'pône
On creul do l'saveûr,
On-z-esl blesse à mougnet d' l'avûne
On n'a jamais qui çu qu'on deut aveùr.
(Alexandre. Li pèclion d'avril. III, se. ■10. 4838.)
177. N'aveûr ni cràs ni maigue.
LiTT. N'avoir ni gras ni maigre.
Être indécis, indifférent entre deux partis. (Littrk.)
Loc. fam. N'être ni chaud ni froid.
Macasse.
Ji n'a ni cr.'is ni maigue là d'vins.
(Demoulin. On pèhon d'avrl. Se. 13. ISOS.)
178. Quand vos Tarez, vos l'hocherez. (Mons.)
LiTT. Quand VOUS l'aurez, vous l'ébranlerez,
« V^ous ne l'aurez pas.
a Même signification comme refus.
« MoNS. Quand vos l'sarcr, vos verrd kier à no n'huche.
a LiTT. Quand vous le saurez, vous viendrez chier à notre
« porte.
« Je vous défie de le savoir. »
(SiGAUT. Dicc. du wallon de Mons. 1870.)
JODOiGNE. Quand il àret, elle oss'ret.
Nivelles. Jean.
Kh bi, vos n'arez ni vos liuitle franc.
Marjoseuf.
Ilazard que nou ! Quand vos l's arez vos l's oss'rez, (^yè s'i n'ienout qu'a mi, vos
n'ariz ni co in gigot d'escaye.
(Emm. Desphet. hi dainer à V exposition. Se. 6. 4889.)
— 49 —
179. Enne avu oLlant qii'cint clièréye.
LiTT. En avoir autant que cent charretées!^
£.tre très fatigué, soit d'un mets, soit d'une chose trop sou-
vent répétt'e.
Cité par Forir. Iiict.
Ji n'a nin faim, dit-st-i, po l' vraie ;
C'est po v' complaire si j' prinds 'ne saquoi.
J'enne àrel ottanl qu' cint chèrôye
Avou 'ne tàte et deux où mollet.
(Bao^leux. Momieu Sansowe. Chanson. 185-3.)
Jalhay. Bièth'mé.
Mais i n' fàt pus qu vo bovohe, sàve, vo 'n' n'avoz oitant qu' rint chèr(?e, (loz
l'èkwance d'esse malade.
(Xhoffer. Lef; deux soroche. I, .se. 4. iSCA.)
180. Il n'y a niii po tos. (Stavelot.)
LiTT. Il n'y en a pas pour tous.
Exprime les regrets qu'on éprouve de ne pouvoir l'aire
participer à une chose, à une largesse. — Consolation adressée
à quelqu'un qui est dochu de ses espérances.
AVRIL.
181. Ès meus d'avri, on s' deut vèye di joû r'covri.
LiTT. Au mois d'avril, on doit se voir couvert le jour.
Il faut aller se coucher avant la nuit.
182. En avri li cùp d'ionnîre
Li laboureii tait rire.
LiTT. En avril le cuu[) de tonnerre fait rire le laboureur.
183. Uwaiid i tonne ès meus d'avri,
Li lahoureu s' deut réjoui.
En Ardenne, on ajoute :
Mais r mohe cl 1' berbis
Ont co ioiigtimps a souflri.
LiTT. Quand il tonne au mois d'avril
Le laboureur doit se réjouir,
Mais la mouche et la brebis
Ont encore longtemps à souflVir.
{Mathieu Laensbei-ij. d833.)
Cité par Forir. Uœl.
4
— 50 —
184 Ci nest màye avri
Si r coucou n' la dit.
LiTT. Ce !)"est jamais avril
Si le eoïK-uu ne l'a dit.
Le chaiii du coucou annonce le retour du bon temps.
FhamÊries. On n'est jamais au mois li'avri
Tant que 1" coucou nel l'a ni dit.
[Armonaque borain. 1890.)
l'So. Ci n'est jainàye avri
Si n'a nivé ])lein on corii.
LiTT. Ce n'est jamais avril
S'il n'a neigé plein un jardin.
{Malhieu Laemberg. 1831.)
18(5. Avri n'est mâye si joli
S'i n'a nivé plein on corti.
LiTT. Avril n'est jamais si beau
S'il n'a neigé plein un jardin.
Avril n'est jamais si beau que quand les prairies ont été
couvertes par les fleurs qui tombent en neige des arbres à fruits.
187. Avri n' va mâye jusqu'à F fin
Sinsvèyî des pote di grain.
LiTT. Avril n'arrive jamais jusqu'à la lin
Sans voir des épis de grain.
MONS. Il y a un vieux proverbe qui dit :
Qu'avrl n' sort nié sans épis.
(LETtLLiER. Arm. dé Mous. 1846.)
MoNS. Si rhiviér est co aussi rude qu'on croit, i pourroi co hé qu'avri sortiroi
sans épis.
(Leteluer. Arm. dé Mons. 1847.)
Prov. Nord de la France :
Nul avri sans épis.
188. Avri ploût po les gins, maye po les bièsse.
LiTT. AvrU pleut pour les gens, mai pour les bètes.
Les pluies d'avril procurent des grains, celles de mai des
fourrages,
(FORIR. Dictionnaire.)
Avril pleut aux hommes, mai pleut aux bestes.
(GÉNIN. Récréatiom, T. Il,)
189. Aller quoiri 1' pruml joû d'avri.
LiTT. Aller chercher le premier jour d'avril.
— 51 —
Faire tomber quelqu'un dans quelque piège ridicule.
(LiTTRi:.)
S'exposer à la risée, comme ceux qui gobent un poisson
d'avril.
Sur le poisson d'avril, V. Quitard. Dicl., p. 90 et suiv.
JoDOicNE. Aller qwairc île 1' semiiice d'avreu.
BAILLEMENT.
190. 1 n'y a rin d' pus Jalot qii'ine baye.
LiTT. Il n'y a rien de plus jaloux qu'un bâillement.
Nous bâillons en voyant bâiller les autres. (Littré.)
Effet de la contagion. Ne commencez pas, tout le monde
le fera.
Cité par Forir. [Jict.
Pr . fr. — Un bon bâilleur en fait bâiller deux.
Un homme qui bauille, fait bauiller un autre.
(Le piiVQ iEMi-M/iRlK. Divertisscnieutdex saqes, iCtCto.)
BAISER.
191. On bàliège est-sl-on r'horbège.
LiTT. Embrasser, c'est essuyer.
Il ne reste rien d'un baiser quand on s'est essuyé le visage.
— Un baiser n'est rien quand le cœur est muet — Cette espèce
de dicton se dit par une lille à celui dont elle repousse ou
méprise le baiser.
(Remacle. Dict.)
Variante. .Ioget.
J'creus bin
Bàhège esl-st-on lèchège, ci n'est qui 1' gosse don chin.
(A. Peclers. lA comèye de l'iiutttuiic. Se. 9. 1877.)
192. Ji 11 a fait bàliî brizelte.
LiTT. Je lui ai fait baiser brizette.
Je me suis moqué de ses avis, de ses réprimandes, de ses
conseils. — Je l'ai envoyé faire lanlaire. — Aux personnes qui
demandent qu'est-ce que brizetle ? On répond : c'est l' cou
d'ine gatte.
Allez vos loigne ! fez l's i bàhî brizetle et v'nez près d'ini.
(Dehin. Li charlatan d' so l fore. 1850.)
Variante. Fer bàhi l'oùhai de prince.
Cité par Forir. Dict,
(^HANCIIÉT.
Si j'aveus des lomon !
— 5^>. —
Nanesse.
Fez-li bàhi brézette
Kilo ni vfit tilii les pûne.
f(". . Dei.AKGF.. Scène populaire 1874.)
1 fait Làhî Ijrizette à ses malés k'nohance.
(M. Tiiiity. On royiye à rotite cour.)
Vaiuantk. MaY(in.
Si j' SOS siorv;inte hoiiyo, i n fût iiiii avii des air avou mi, ca ji v'freii bàhî hazetle.
(J. Demoui.in. Ji voux^iji )i' poux. II, se. "1. 18S8.)
Mais r heulollc fa bàhî brezetle à mèssègi.
(G. Magnée. Li houloiie. 1871.)
Var Jalhay. Li marchand.
Si j'aveus-sl-on s'fait, ji li freu bàhî l'oûhaî de prince.
(J.-F. Xhoffer. Les deux soroche. II, se. o. 1802.)
193. Bàhî l'cou de 1' vèye feumme.
LiTT. Baiser le cul de la vieille femme.
A certains jeux, perdre sans prendre un point, sans gagner
un jeu. (AcAD.)
Pr. fr. — Baiser le cul de la vieille.
Chevaucher la vieille.
(OUDIN. Curiosiiez frntiçoiscs. IG-iO.)
BAISSER.
194. Fâl biii s' bahî wisse qu'on u' si pout dressî.
LiTT. Il faut bien se baisser où l'on ne peut se tenir debout.
Il faut subir les conséquences de sa position ; s'humilier,
quand on ne peut fjùre autrement. (Agad.)
Pr. fr. — Il faut prendre le temps comme il vient.
Cité par Forir. Dici.
Wisse qu'on n' pout s' dressi,
I fàt bin s' bahî.
(A. HoCK. La famille Mathot. 1866.)
Louise.
Crèyez-rn' i l'àt bin qu'on s'abahe, wisse qu'on n' si poul dressî. Les maisse sont
les maisse.
(DD. Salue. Maisse Pierre. II, se. ?>. 1879.)
Jalhay. Garite.
Oie, oie, essioz-v', tailiiz-v', maniée. Qu' l'àt-i fer don ?
I fàt bin s'abahî là qu'on n' su poul dressî.
(J.-l'". Xhoffer. Les deux soroche. l, se. 12. 1861.)
Mahche. I s' faut bachet, qwand on n pout nin
Avou r liesse dreute, mousset d'vin.
(A.-J. Alexandre. Piti corti. 1860.)
— 53 —
BALAI.
195. Les novaî ramon liovet vollî.
LiTT Les nouveaux balais balayent volontiers.
Se dit des domestiques qui servent bien dans les premiers
jours de leur entrée en maison. (Agad.)
Pr. fr. — Faire balai neuf. - Il n'est rien tel que balai neuf
— Il n'est telle dévotion que de jeunes prêtres
Au nouveau tout est beau.
Cité par Forir /'"•/.
Vervieus. On vi spoûleù qui n" fe've nolle gesse
Veyanl su iriiancliî Tassoti
D'hfive à s' plantiucît lot hossant 1' liesse,
Les nous ranioii hovet volti
(i\. Poulet. On feu d' mohc a deux cou. 186-2.)
Marche. Novais ranion chovet voltî,
I n' chovel nin treus cùp 1' cuhenne
Qui n' vaudret li pieu qu'on l's î denne.
(Alexandre. /,/ p'tit roni. 18G0.)
JoDOiGNE. Novia rainon chove voltî.
MoNS. In neu balai balaie volontiers.
MoNS. In neu ramon ramoune voltié.
Tournai. In nouvieau rann^n, y rameone toudi bin.
Lille. Nouviau ramon ramone bien.
St-Quentin. In ramon nu cha ramonne mieux qu' in viu.
Basse-Allemagne — Neue Besen kehren gut.
196 Sins [)onnès raine, on n' sàreûl ïvv des bons
ramon.
LiTT Sans bonnes ramilles, on ne saurait faire ik' bt»ns balais.
Ne lésinez pas sur la matière première quand vous voulez.
faire un bon ouvrage.
Cf. On ne saurait Caire du bon avec du mauvais.
Raine, ramilles dont on fait les balais.
BALAYER
197. U'i'^ clia(;iin lioûvc (lavant s' pavé. (Malmiihy.)
LiTT. Que chacun balaie devant son pavé (sa porte).
Mèlez-vous de vos affaires.
BALLE.
198. Happer 1' halle â bond.
LiTT. Prendre la balle au bond.
— 54 —
Faire une chose au moment opportun; profiter d'une
occasion favorable. (Littri':.)
Pr. fr. — Prendre la balle au bond.
Cainèràde, happez 1' balle à bond,
Et jouwez de coûtai tôt d' bon.
(Hanson. Li tlinriade Iravestéye. Ch. 8. 4780.)
ISami'r, 11 avait réussi et saisichant li ballo au bond, 1 porte ine wageûre
à s' camarade. {Martniie. -1889.)
MoNS. Rascoyer 1' balle au bon blond. (Terme du jeu de balle, au premier bond.)
BAPTÊME.
199. Disfoncer Tbaptéme d'ine saquî.
LiTT. Enfoncer le baptême de quelqu'un.
Enfoncer le crâne, casser la tète.
Ca on joù 'ne pire à batte toumret so vosse cervaî,
Ji v' disfonsrè l' baptême, vos polez v's y attinde.
(Remouchamps. Li savUi. Act. 2, se. 3. 1858.)
Variante. Il a l'planchî d'foncé.
'200. Respectant 1' baptême.
LiTT. Respectant le baptême.
Sauf votre respect. — Se dit aussi lorsque, par manière
d'injure, on compare quelqu'un à une bête.
Respectant l' baptême, vos n'estez qu'on pourçaî.
BAPTISER.
201 . Il a sti baptisé avou d'I'aiwe de floyé.(JoDOiGNE.)
LiTT. Il a été baptisé avec l'eau de la mare.
C'est un mauvais chrétien. On ne peut baptiser qu'avec de
l'eau naturelle.
BAQUET.
202. I bowe à totes les tenne.
LiTT. Il fait la lessive à tous les baquets.
Il est de tous les partis, comme Sosie, ami de tout le monde.
I bowe à detix tenne. — Il caresse les deux partis.
(FoRiR. Die t.)
Var. Malmedy. I tèhe à tos les slà (métiers).
BARABBAS.
203. Esse kinohou comme Barabbas à F passion.
LiTT. Etre connu comme Barabbas à la passion.
— 55 —
Être connu comme un pas grand'chose. — Avoir une mau-
vaise réputation.
Pr. fr. — Décrié comme fausse monnaie.
Cité par Forir. Dict.
Il o#l-st-ossi k'noliou (|ii' Uarabbas à V passion,
1 n'y a nouk qui n kinohe tôle ses belles action.
(Df.lchef. Lex deux neveux. III, se. 5. -ISoH.)
Jalhay. Garite.
Tehoz-v" binainé homme ! On sèreut k'poirté
Tôt avà l'viège, comme liarabbasà F passion.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. 14. 1862.)
Var. Namuu. Esse connu comme on mouai i)atar(l.
LiTT. Être connu comme un mauvais sou.
Var. Marche. Comme mes vers qui v'nel ji n'sés d'où.
Et qu'on r'conneut comme ©n mouai sou.
(Alexandre. Liptitcorti. 18G0 )
Var. Jodoigne. On Tconnet comme on sou d'Lîche.
BARBK
20i. Trover l)àl)e di bois, di four.
LiTT. Trouver bar'b ■ de bois, de foin.
Se dit lorsque, venael chez quelqu'un, on y trouve la porte
fermée ; ou, par extension, pour exprimer qu'on ne trouve
personne, quoique la porte ne soit pas fermée. (.\gad.)
Pr. fr. - Trouver visage de bois.
Cité par Forir Dict.
On dit aussi : Ti^over l'oube di bois.
Di Lige les poite serrôye
Ni laironl nolle intrèye,
Qui tôt payant 1' wichel;
Puis à dihe heure sonnante
Li gare très vigilante
Vis fret veye bàbe di bois.
(SlMOKON. /.(' cuparèijc. l8'J-2.)
Li cabri d' méfiant louko à d'foù po l'crèvcûrc;
« Moslrez-m" blain'. pid, dit-sl-i, ou v's àrcz bàbc di bois.»
(Baii.leux. Li leup,li gatte et i cuhri. Kàve. 18ol.)
CODINAS.
N' direut-on nin on jeu ? Pa, chaque fèye qui ji vins,
Ji n' trouve qui bàbe di four......
(REMorr.HAJips. Lixnv'ii. Se. !>. ISiiS.)
Badinet.
Po r trover v' n'avez nin mésàhe d'aller si Ion,
V's estez sure t!S s'mnhonne di trover bftbe di four.
(Delchef. /,; (inluiit de l' .ticrvuitlc. II, se. 4, 18o7.)
— 56 —
Si 'ne saquî voléve vini, elle divéve lî braire, toi lî mostrant bàbe di four, qu'i
n'y aveut noullu es rmohonne.
(G. Magnée. Baitri. 1865.)
V.VR. Namur. J'a compté les clau d' l'huche.
Namur. Trover visége di bois.
MoNS. Allons, assis-té, si c' madame là arrive, soit que c' veut, elle ne trouvera
nié l'huch^ de bos, né pas?
(I.ETELi.lEK. Armonaque dé Mous. d8o3.)
DoL'Ai. Un m'a raconté qu" chinq jeunes fiettes ([u'alles avottent incor infilé chelle
liote ruelle, pou U' aller consulter, et pis qu'ailes ont trouvé porte d' bos.
(De Christé. Souv'nirx d'un homme d' Douai. 18o7.)
Lille. Accout ch' est malheureux tout d'même.
Mais te vas trouver l' jjorte d'bos.
(De Cottionies. Le flâneur lillois.)
205. Fer F bâbe sins savonnette.
LiTT. Faire la barbe sans savon.
Déjouer les projets de quelqu'un.
Expr. pop. Faire fumer quelqu'un sans cigare.
Cité par Forir. Dicl.
Mais par bonheur li coq qu'esteut
Div'nou 'ne gotte pus adrette
Lî d'ha qu' lî freut 1' bâbe sins rèseù,
Sins aiwe, ni savonnette.
(F. Bailleux. Les frawe d'on coirbâ. Fâve. i843.)
GÉRA.
Areùs-j' mâye adviné
Qu'ine fèye les rein tourné, cisse canaye di Babette
Mi fève, avou inc aute, li bàbe sins savonnette.
(R. Remouchamps. Les amour d'à Gèrâ. I, se. 4. i87S.)
Prov. ail. — Einen barbieren.
206. A vu r bâbe broùléye.
LiTT. Avoir la barbe brûlée.
La fête est passée. — On est au lendemain de la fête.
iV. n. Les fêtes de paroisse, à Liège, commencent le dimanche
matin, par la procession, pour finir le jeudi soir. Le dernier
moment venu, on entend les crâmignons (farandoles, danses
rondes) répéter en chœur :
Nos n' magn'rans pus dé floyon.
Nos avans 1' bàbe broûlèye.
Floyon, flan, tarte à la crème, que les marchandes de beurre
des environs de Liéti:e ont coutume d'offrir à leurs clients de la
ville, la veille des fêtes paroissiales.
L'annoyeu joû po les sùlèye
Qui r mardi cràs à 1' bàbe broiilôye
Li joù qui nâhèye dé pochi
Les jônôs fèye ont ma leu pîd.
(DUMONT. Mathl l'Ohal. Cantate.)
— 57 —
BARBIER.
207. On bârbî rase l'aute.
LiTT. Un barbier rase l'autre.
Les gens de même état se rendent de mutuels services.
(LlTTRK )
Les gens qui ont un inlôrôt conmiun se soutiennent,
s'entraident, se louent réciproquement.
(FORIR. Dict.)
On doit se rendre des services réciproques ; et, dans
un sens particulier, en parlant de deux compères également
suspects qui se blanchissent l'un l'autre des torts qu'on peut
leur imputer, ou qui cherchent à faire ressortir les qualités
l'un de Tautre.
Prov. fr. — Un barbier rase l'autre. — Une main lave
l'autre.
(QUITARI). l>ict. des prov. 1842.)
BARQUE.
208. Li ci qui n'sét miner s' barque ni sàreut
miner l'cisse (Fine aute.
LiTT. Celui qui no sait conduire sa barque ne saurait con-
duire celle d'un autre.
Qui ne sait diriger ses affaires, ne dirigera pas mieux celles
d'autrui
Fiyiz-ve à lu. c'est-st-on pâlot
"L a miné s'barque comme on vl sot.
I n'comprind nin m'systôme.
(Alcide Pryor. Oh dragon qui fait des madame. 18G7.)
Variante. Baiwir (cocher).
A Tcoûse, gàre .'ie.s ohaî !
Avou m'corîhe, j'èl maque,
J'èl traite comme on tournai :
On sét miner s'batal.
(Alcide Pryor. Çou (lu'est-st-és fond de pot. 1864.)
Marche. Dascoi.e.
Mi, ji n'sipaiignrai rin i)0 vosse prùpe intérêt
Mais minez bin vosse barque el n'|)ierilez nin corège.
(Alexandre. Lipèchon d'avril. II, se. I^c. ^858.)
BARRIÈRE.
209. C'est les vèyèsbahe qui crînet l'pus longlimps.
LiTT. Ce sont les vieilles barrières (portes) qui grincent le
plus longtemps.
— 58 —
Ce sont les vieilles femmes qu'il est le plus difficile de
réduire au silence.
BAS.
210. Prinde ses châsse po ses soler.
LiTT. Prendre ses bas pour ses souliers.
Se tr'omper dans ce qu'on fait dans ce qu'on dit; être induit
en erreur.
Pr. IV. — Prendre son cul pour ses chausses.
Kimint, c'est m' mèyeii camarade,
Dit l'aute, qui tôt volant brader,
Prinda ses châsse po ses soler ;
Ou bin qui prinda, po mî dire,
Po l'no d'ine homme li no d'ine pire.
fHAiiXEi'X. I.i mûrtico cl i chin. 1852 )
HlNRl.
Et c'est d' cisse jône fèye là qui vos m' vinez parler ?
Vos avez co 'ne fèye pris vos châsse po vos soler.
(Delohef. Les deux neveux. III, se. 8 1839.)
Var. Mons. Pou li faire vire qu'il avoi pris ses cauche po ses maronne el gouver-
neur èl renvouyai à l'artique diOl du code civil.
(Letellier. Armonaque dé Motis. i8o0.)
Tournai. Printe ses bas pou ses quéauche.
St-Hl'bert. I n' faut nin prinde si cou po ses chausse.
Roucm. I prend ses bas pou ses chauches.
(HÉCART. Dict.)
St-Quentin. Vous preindriez bientôt, asseuré, vo casaque (ou vos queuches) pour
vo maronnes. (GossEV. Lettra picardea. 1840.)
Picardie. Prendre ses bos pour ses keuhes.
(CORBLKT. Glossaire. -1854.)
211. Ji lî a r'fait ses châsse â talon.
LiTT. Je lui ai refait ses bas au talon.
Je lui ai dit son compte.
2:2. Il âret po r'fer ses châsse â talon. (MAr,MEi)Y.)
LiTT. Il aura pour raccommoder ses bas au talon.
Il pourra payer ses dettes avec son héritage.
BATIR.
21 ;i. Po bâti fàt avu deux boûse. (Stavelot.)
LiTT. Pour bâtir il faut avoir deux bourses.
Quand on bâtit, on se laisse souvent entraîner à plus de
dépenses qu'on ne l'avait calculé, et les imprévus peuvent être
très coûteux.
— 59 —
BÂ.TON.
214. 11 est comme les baston d'hité, on n'sét po
wisse el prinde.
LiTT. Il est comme les bâtons breneux, on ne sait par où le
prendre.
Se di! d'un homme revêche et fâcheux. (Acad.) — D'un
homme d'un caractère difficile, avec lequel les relations sont
désagréables ; dont on ne peut rien obtenir.
Pr. fr. — C'est un fagot depines, on ne sait par où le
prendre. — C'est un bâton merdeux. on ne sait par quel bout
le prendre.
Variante. Il est comme on fat di s'penne, (Forih. Dict.)
JODOIGNE. On vrai baston d'bernati.
On n'sét d'qué costé l'apougnî.
215. C'est rbaston que fait clioûter les cliî.
(JODOIGNE.)
LiTT. C'est le bâton qui fait écouter les chiens.
Une punition corporelle est quelquefois nécessaire pour
dompter certains caractères.
216. Mette des baston d'vins les rowe.
LiTT. Mettre des bâtons dans les roues.
Susciter un obstacle, entraver, retarder une affaire. (Acad.)
Pr. fr. — Mettre bâtons en roue.
DlUAKDlN.
Ji n'a qu'ine saquoi à v'dire, c'est qu'vos n'avez sèpou fer tote vosse vèye qui
d'fôrer des baston d'vins les rowe, qwand c'esl-sl-ine aute qui k'dùl l'aUiMêye.
(Salme. Li (jermalle. Se. io. 1883.)
MoN8. L'vieux losse dé Guyaume a bé invinté des truque pou mette dés bâton
dins l'rœux.
(Letellier. Armonaque dé Mous. 1858.)
St-Quentin. Bouter des bâtons dein chès reues.
217. Tourner à bordon d' Canada.
LiTT. Tourner à bâton de peuplier (du Canada).
Devenir vieille fille. — Se dessécher.
Les Anglais disent : To carry a weeping willow branch
(porter la branche du saule pleureur), « soit par allusion à la
romance du saule, où gémit une amante délaissée, soit parce
que cet arbre, étant l'emblème de la mcMancolie, peut très bien
servir d'attribut à ce caractère malheureux que M. de Balzac
appelle la nature élégiaque et désolée de la vieille lille. »
(QuiTAhl). Dict., p. 194.)
- 60 —
Yaiuantk. François.
Vos ilineiirrez jône fève, vos coitTrez Si^'-Cath'renc.
Mavon.
C'n'osl nin çouhi qui m'espéche de doirmi.
(Demoulin. Ji vaux, ji ii'poux. I, se. 8. iSSS.)
Vauiante. (.hanchet.
.... Et hanlran-gne ine miette ?
Tatenne.
J'espère qu'es Paradis, ji ifinon'ret nin l'berwctte.
{.\. Peclers. L'ovrè(je d'à Chanchet. Se. 5. 1872.)
Variante. Kàt-i ([u'ès Paradis, ji vàye miner l'berwette ?
HiiKUiièye S'''-Calh'renne qu'cst-c' qui ji v's a don fait?
(A. Peclers. On ijdlant^ s'i r'plait. Chansonnette. 1877.)
Et qui, si c'n'esteut nin po divni inc dame à fai;on, elle aveut co p'ehî tourner à
bordon d'Canada.
(Magnée. Haitri. -1865.)
Li cope tourna don à bordon d'Canaila.
(Magnée. Li houloite. i8H.)
Vekviers. Lina.
Bravo, c'est todi p(', avou ciste esprit la.
Dai, m'sonie qu'on sût les vôye des bordon d'Canada.
(Renier. Li mohonne à deux face. Se. 4. (873.)
Vekviers. N'allez nin d'mani, j'espdre
A bordon di Canada.
Est-ce qu vos père et vos mdre
Belle, aveut ci défaut là ?
(J. Deru. Ji sin.i d'jà qui hnpaie. Caveau verv. 1883.)
BATTRE.
'218. Ksse balteii pa des coutia d'bois, (Jodoigne.)
f.iTT. Être battu par des couteaux de bois.
Par des cens maladroits ; et, iiguréinent, ne pas être répri-
mandé comme on devrait l'être.
BEAU.
219. N'est nin baî cVjti'est haï ; i n'est baî qu'çou
qu'ahèye.(STAVELOT.)
LiTT. N'est pas beau ce qui est beau ; il n'est beau que ce
qui agrée (convient).
Une chose utile doit être préférée à une belle chose.
220. Baîèsl'banse,
Laid^àJ' danse.
61
LiTT. Beau ilans le berreau, laid fi la danse.
Il devient plus laid à mesure qu'il avance en âge.
Il n"a jamais eu que la beauté du diable.
"-l^li. Tôt coula cesl bel cl bon.
LiTT. Tout cela c'est bel et bon.
Se dit ù une personne dont on ne goûte pas les propositions,
les conseils, i Acad.)
Pr. fr. - Tout cela est bel et bon, mais je n'en ferai rien.
BOLAND.
Tôt coula c'est bel tt bon, mais i gn'a 'ne saquoi qui vos roûvîz.
(Salmk. Les deux bèch'iâ. Se. 11. 1879.)
.Mahche. Jacques.
Tôt ça c'est bel et bon, mais qwand j'pinse à fond d' l'àme
Qu'sins fin considèrèt, on nos d"cherre, on nos blâme.
(ALE.\\SDRE. Li pèchon d'avril. III, se. l'"'". 1858.)
Namur. Tôt ça est bel et bon, ji n'vos dis nin l'contraire ;
Mais faut meseure à lot. . .
(Demanet. Oppidum Aiunticorum. 1843.)
Namur. Obi, po ça, Dolpbine, toi ça c'est bel et bin, mais i m'chone qu'onc
homme va avant toi ça.
{Aurmonaque de Vmarmitc. 1887.)
CuARLEROi. C'n'est né avet d l'euwe claire qu'on acràche les pourchal,
Tout ça est bon et bia.
(Bernl's. Le r'nau èiet les dindon. Faufe. 1873.)
"2^2"2. 11 l'a biaii comme ein kié d' madame. (Mons.)
LiTT. Il l'a beau comme un chien de dame.
Il est bien soigné; il se donne du bon temps. (Souvent
ironique.)
Var. Nivelles. Quée fzeu d'imbarras ! Vos direz in chi d'monsieu.
^!2o Par belle ou bin par laide.
LiTT. l^ar be.le ou bien par laide.
De gré ou de force.
Portant j' vous co 'nne aller, par laide ou bin par belle.
(Remol'CHAMPs. Li sav'ti. Acte I, se. :2. 18o8.)
Joseph.
Ji n' sàreus quoiri pus longlimps, par belle ou par laide, i fAI qu"i m' dèyc li vraie,
comme à k'fesse.
(WiLLEMS et Bauwens. Pécht rach'tc. Se. 13. 188:2.)
Moss. Puisque ces garnement la n'veuillenlté nié plier par biéau, nos l'zes
ferons plier par laid. In moment dpaliince !
(Letellier. Armonaque de Mons. 1864.)
G2
Frameries. Anatole.
Jamin ju n'me tairai ni par laid ni par bia.
Tant qu'vos n'm'arez ni dit : Natole, l"es l'homme qui m'botte.
(J. DuFRANE. Pierrot vil co. Se. 6. i889.)
"2^24. Fàte di baî on prind les mon laid.
LiTT. Faute de beau on pi^end les moins laids.
Il faut savoir se contenter de ce qu'on peut obtenir.
Quand on ne peut avoir la première qualité, on prend ce
qu'il y a de meilleur dans la seconde.
223. C'est baî, mais c'est trisse.
LiTT. C'est beau, mais c'est triste.
Se dit quand une pensée désagréable vient se mêler à une
chose heureuse. — Souvent ironique.
MoNs. On peut bé dire comme el proverpe : c'est bieau, mais c'est trisse.
(Letellier. Armonaqne dé Mons. 1859.)
226. Sovint biaté et folie
Si teigne-nu compagnie. (Namur.)
LiTT. Souvent beauté et folie
Se tiennent compagnie.
Une jolie femme se croit tout permis, et sa légèreté peut
l'entraîner à commettre une imprudence. — L'esprit n'est pas
toujours uni à la beauté.
Cfr. Kiquet à la houppe.
BEC.
227. Avu pus d' bêche qui d'cou.
LiTT. Avoir plus de bec que de cul.
Avoir plus de jactance que de capacité. — Être vantard,
hâbleur, babillard, faire plus de bruit que de besogne. —
Magna ne jactes, sed prœstes. (L^hèdre.)
Cité par FoRiR. Dicl.
On dit souvent :
I ravisse li coucou,
II a pus d' bêche qui d' cou.
L'woisène Nanon
Kihuslinéve Simon;
Simon 'nne alla,
Nàhi dé vèye coula ;
L'woisène Nanon
Corat après Simon ;
Si bin qui nosse cusène Gètrou
Areut co bin pus d' bêche qui d'cou.
(De Vivario. Lijiesse di Hoûle-s'i-plout. II, se. 4. 17S7.)
— 63 —
Vauiantf. Li voisène.
Li meune, voisène, esteut trop foirt
On vraie torrà, toi nitjrdi s'coirps.
Des homme qui n'avît nin corou
Qu'avît mon d'boche, baicop pus d'cou.
(HOCK. Grand'mére à Vvihenne. 1861.)
Makcuk. On m'comparrail bin au coucou
Qu'es fait pus do bùclic qui do cou
(Alexandke. P'tit corii. 1800.)
Var. JoDoiGNE. Il a pe d'gueuie que d'ibice, que d'corache.
MoNS. Il a toudi ieue à Mons enne masse de BielVacrd qui savent-té tout faire,
et qu'ont branmint pus d'bec que d" queue, surtout quand i sont au cabaret, et qu'il
ont deuse lois verre dé bierre dins leu goyer.
(LETELLlElt. Àrmoimqiie dé Vom. 18o0.)
RoL'CHi. I d'abat d"belles, mé ch'est del gueule.
(UÉCAhT. Dicc.)
BÉGUINE.
228. Mette ine bègiiène à 1' mowe.
LiTT. Mettre une béguinotte à la mue (à l'appeau).
Jeu de mots Bèguène, religieuse. Béguinette, petit oiseau.
Se dit des marchands qui, pour attirer la clientèle, ont soin
de choisir de jolies demoiselles de comptoir. - Allusion aux
oiseleurs.
BERGER.
229. N'est nin biergî qui wàde ses mouton.
(Stavelot.)
LiTT. N'est pas berger celui qui garde, conserve ses moutons.
Le berger doit, à un moment propice, vendre ses moutons.
280. C'est l'dièrain biergî qu'âret totes les liolette.
LiTT. G'est le dernier berger qui aura toutes les houlettes.
G'est le dernier qui ramasse tout ; c'est celui qui sort le
dernier d'un cale qui paie les consommations.
Es ci timps là, d'vin les manège, c'csteut l'dièrain biergî qui rascoyive loles les
palette ; et Bailri s'trova, à elle seule, héritîre.
(Magnée. Buicn. iSij'6.)
BESAGE.
2;-}!. Il a commincé avou ré, et il a one besace.
(JODOIGNE.)
LiTT. Il a commencé avec rien et il a une besace.
Il n'a pas gagné grand'chose.
- 64 —
BESIGLE.
23:2. Ci n'est iiin des bèrique di vosse timps.
LiTT. Ce ne sont pas des besicles de votre temps.
Vous êtes trop jeune pour vous mêler de nos affaires ; ce que
nous disons n'est pas à votre portée.
I m'sonle qui j'hantreus bin
Sij'aveu co 'ne maîtresse.
Thérèse.
Quarante an jus di t' liesse;
Des s'faitès caresse
Ni sont des bèrique di nossc timps.
(DliMONT. lue perrique es mariège. OpévSi. Sc. li. 1800.)
Vos jâsez comme on hacba, ci n'est nin des bèrique di vosse timps.
(lÎKMACLE. Dict.)
JOSEPH.
Oh ! por mi, ci n"est nin des bèrique di m' timps, j'a n' saquî d' mèyeu à 1' main.
(Willem et Bauwens. Pèchl rach'té. Sc. 6. 1882.)
BESOIN.
23;î. On n'sét nin d' qui on pout avu mèsâhe.
LiTT. On ne sait pas de qui on peut avoir besoin.
Il ne faut dédaigner personne.
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
(Lafontaine. Fables.)
Anecdote POPur^AiRE. - Une vieille temme récitait tous
les jours son chapelet devant la statue de St-Michel (la tradition
ne dil pas dans quelle église). Comme d'habitude, l'Archange
était représenté terrassant le démon.
Sa prière finie, notre dévote, avant de s'éloigner, allumait
au pied du groupe, deux cierges d'inégales grandeurs.
Son curé lui ayant demandé la raison de cette double offrande,
la bonne vieille répondit très naturellement : « Li grande chan-
<i délie, c'est po Tbinamô St-Michî ; et li p'ti te c'est po l'diale ;
« on n'sét d'qui qu'on pout avu mèsâhe. »
Fàl jàser baî avou ces gins là; on n'sét nin d'qui on pout avu mèsâhe.
(Collette. Ine raJUtoléye. 4868.)
Maiiciie. Waltans do n' jamais chir es l'paile
Ni d'vin les solet d'one saqul.
On n'sét d'qui qu'on-z-auret dangî.
(Alexandre. PUit cor H. 18G0.)
JoDOiGNE. On a quéqu'fie dangi d'en pc p'teu qu'le.
65 —
BÊTE.
^H4. Fer vèye à 'ne sa(jiiî (jiii si eh' va n'est (ja'ine
biesse.
LiTT. Plaire voir à queUfirun que son cheval n'est qu'une
bête.
Montrer qu'on a plus d'esprit que la personne à laquelle on
s'adresse.
Je lui ferai voir qu'il se trompe lourdement. (Acad.)
Pr. ir. — Je lui ferai voir que son cheval n'est qu'une bête.
J A CDU 'm IN.
I fàt lî fer vèye qu'on-z-est 1' maisse.
Qu'on v'iomme Jàcqu'inin et niii Nicaise,
Qui comme lèye vos avez de l' liesse
tt qui s' chivà n'est qu'ine vraie biesse.
(Henaui.T. Li malignant. I, se. 6. ^89.)
I lî a fait veye qui si ch'và n'est qu'ine biesse.
(Remacle. Dict.)
Tôt fant qu'Baîlri balta sûtéyement de l'jaive, elle prova à Lârgosse qui si cirvù
n'esteut qu'ine biesse.
(Magnée. Uaiiri. 18fi.').)
Namuk. Fer vôyeà one saqui qu'on ch'vau n'est qu'one biesse.
Variante. Cath'uenne.
Et qwand i rinturret, s'i veut fer des ràcbà,
Es deux mot, j' lî fret vèye qui si àgne n'est qu'ine biesse.
(Delchef. Les deux Neveux. I, se. "1. ^859.)
Var. Marche. T'ii |)rouv'rai qui s'chin n'est qu'one biesse.
MoNS. I j'ii ferai bé vire qui s' quié n'est foque enne bietto.
(Letellier. Armonaque dé Muns. 18o8.)
Tournai. Faire vire que s'tien n'est foque eine biète. (Ne rien prouver du tout.)
St-Quentin. Mais vous, vous ([ue z'ai bien foùt vir q' leu kien i n'etoit qu'eine biète.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1840.)
235. Nin si biesse.
LiTT. Pas si bête.
Kllipse. Je ne suis pas assez sot pour consentir à faire une
telle chose. (Acad.)
Pr. fr. — Pas si bête.
Basse-Allemagne. — Nicht so dumni.
236. Ine biesse ni s' kilape màye tant (nii ({wand
elle vont crever.
LiTT. Une bête ne se remue jamais autant que (juand elle
veut crever.
5
— 66 —
Se dit d'ua homme qui fail beaucoup d'embarras pour cacher
sa position précaire.
Namur. One biesse ni sYotape tant qui ijuand olle va crever.
Var. Namur. On n'si cotappe jamais tant qui quand c'est po moru.
237.. Evoyîz n'biesse a marcliî, i v'rapoitret des
biesse.
LiTT. lui voyez une bête au marché, il vous rapportera des
bêtes.
Chargez un sot d'un message, il ne fera rien qui vaille. — On
ne saurait faire d'un sol un habile homme. (Agad.)
Remagle donne la variante suivante :
Qwand on-z-èvôye des âgne à marchî, on-z-a des àgne.
Qui fol envoie fol attent (anc. prov. XIIP siècle).
Pr. fr. - On ne saurait faire d'une buse un épervier.
Vas, lais-m'-ôs paye. Et i s' dèrit
Èvoyîz 'ne biesse à marchî
I v' rapoirtret des biesse ;
Li vî spot wallon
A todi raison.
iN. Defrecheux. Haubert et l' lîve. i872.)
Var. Namuk. Èvoyîz on baudet à Paris,
I r'vairet pus mau appris.
238. I fait todeu assoteu F biesse et 1' marchand.
(JODOIGNE.)
LiTT. Il taquine toujours la bête et le marchand.
Se dit, en bonne part, d'un homme qui taquine tout le monde
et, en mauvaise part, pour dépeindre un mauvais sujet.
239. Bonne biesse qui r'toûne à s' maisse.
LiTT. (C'est une) bonne bête qui revient à son maître.
Se dit lorsqu'on retrouve un objet perdu, ou, en guise de
remercîment, à celui qui le rapporte.
Stavelot. On i)on chin r'vint todi à s' maisse.
240. Fer tourner à neiirès biesse.
LiTT. Faire tourner à bêtes noires (blattes).
Ahurir, faire perdre la carte, pousser à bout.
François.
Pauve Mayon, j'el fret tourner à neùrès biesse ; vins-se, Chanchèt?
(Demouun. Ji voux,ji n' poux. I, se. 8. 1858.)
— ()7 -
BAiWÎR.
Qu'est-ce qui j'a d'keûre di tes raison '!
Mi qwarid c'est qu'on in'jàsc d'élection,
Ji toùne à neùrès biesse.
(Alcide Pryor. Qui vaut esse d consèijc? iSl)2.)
Jalhay. Mathi.
I frint bin tout 1' même tourner des amoro à neùrès biesse.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 3. 1861.)
Variante. Namur. Mais vos prétention d' tenues tiesse
Vos font vraimint tourner à biesse.
{Chanson. Aurrnonaque de l^ Marmite. 1887.)
Var. Jodoigne. Fer veùye le laide (T moert) biesse.
"241. 11 a bé des bielle à Tombe quand 1' soleil s'a
couché. (MoiNS.)
LiTT. Il y a beaucoup de bètes à l'ombi'e quand le soleil s'est
couché.
Il y a beaucoup de choses dont ou ne parle plus dès qu'on ne
les voit plus. — Les sols, depuis Adam, sont en majoiMté.
Gfr. Loin des yeux, loin du cœur. — Gor oblida qu'els no ve
(cœur oublie ce qu'il ne voit), pr. du troubadour Peyrols, dans
QuiTARD, Prov. sur les femnies, p. 21'2.
Namur. Gn'a brammint des biesse à Tombe quand li solia s'a couchi.
MoNS. Pau temps qui court, l'esprit n'est nié co là trop commun, que du contraire,
il a bé des biette à Tombe quand T soleil s'a couché, elti T proverbe.
(Letellier. Armonaque dé Mons. ISiiG.)
Tournai. Quand T solel s'est couché, i a bin des biète à l'ombre.
242. N' fet pas 1' biète, l'aveine est trop tière.
(Tournai.)
LiTT. Ne fais pas la bête, l'avoine est trop chère.
Expression énergique pour ramener à la raison celui qui
feint d'être bête et de ne pas comprendre ce qu'on lui explique.
243. Mâle biesse, li cisse qui n' sét r'souwer s' cûr.
LiTT. Mauvaise bête, celle qui ne peut sécher sa peau.
Se dit pour blâmer quelqu'un qui ne fait pas ce qu'il devrait
faire, — qui ne veut ou ne peut agir lui-même.
244. I s' ragrippe, i r'monte sus s' biète. (Tournai.)
LiTT. Il se rattache, il remonte sur sa bête.
Se dit d'un homme qui, après avoir été malade et languissant,
paraît reprendre vigueur.
245. Pus fin qu' lu n'est nin biesse.
LiTT. Plus malin que lui n'est pas bête.
08
C'est un homme très inti'llii.',ent.
Var. Naml'r. Pus biesse n'est nin sot.
•246. Bouhîz (rsus, c'est d'à aieiine li biesse.
LiTT. Frappez dessus, c'est à moi la bète.
Faileg-en tout ce qu'il vous conviendra. — Je m'en soucie
peu ; ce n'est pas moi qui en soufl'rii'ai.
547. Tôles les biesse ni niagnèt nin de four.
LiTT. "'i'oules les bêtes ne mangent pas du foin.
Il y a beaucoup d'êtres appartenant à l'espèce humaine qui
devraient être rangés dans la catégorie des bêtes.
Vaiiiantk. I p.n'a brav'mint des âgne qui n' magnèt nin de four.
Cité par FoRiR. Dict.
248. C'est r (•ri])e de l'jônesse.
Qui fait r bonne biesse.
LiTT C'est la crèche de la jeunesse,
Qui t'ait la botme bête.
C'est la première nourriture, c'est l'éducation première qui
fait l'homme.
BÊTISE.
249. Qui n'fuit nin des biestrèye jone, les fait vî.
LiTT. Celui qui ne fait pas des bêtises jeune, les tait vieux.
Un jette ses gourmes tôt ou tard.
BEUllRb:.
250. Promette j)iis d' boûre qui d' pan.
LiTT. Promettre plus de beurre que de pain.
Pi^omettre plus qu'on ne veut ou qu'on ne peut tenir. ( Acad.)
Pr. fr. — Promettre plus de beurre que de pain. — Donner
de l'eau bénite de cour.
Var. Hehve et Namur. Promette pus d' boûre (bùre) qui d' froumage.
Cf. MouiiiN, cité par U. Caritaine. {Bulletin archéol.
liégeois^ t. II, p. 10.)
Que le ciel te promet
Tant de bien qu'on ne le peut dire,
A les enfants un grand empire
Et plus de beurre que de pain.
(Scarron.)
Cité par Forir. iJici.
69 -
Baiwir.
A r maison d' vcye, on v' dit d" payî d'avance
On deut pronielle àx gins pus d' boùre qui d' pan.
(ArxiDE l'UYOK. Qui vont esse n consèye? 1862.)
Variante. Inu t'eumme 5 si homme :
Ji iii'aveus, hoùtant vosse ramage,
Fait de mariège, on bai tàv'laî,
C'est prometic pus d" boùre qui d' froumage.
— Ji v' donne dé 1" tripe sorlon m' pourçaî.
(Thiry. QuiUrain. 1868.)
Variante. Les feumme sovint oiit des si boignes messége
Et v' promettait pus (F boùre qui di stofft*.
(J. Demoulin. On péhou tVavril. Se. 6. 1886.)
Charleroi. Si iun ou l'autechcu dins 1' pétrin,
Prom'tant pus d' bûre que d' poin, vos ingueuse, vos agasse.
Si vos 1' choutf^t, vos cheyet d' dins.
(lÎF.RNUS. U leu eiel le r'nau. Fauve. 1873.)
MoNs. Déméfiez-vous d'in boinnio qui vos promet pus d'bùrc que de pain : quand
c' ti lii vos barain pois, sera loudi pou avoir eiinc fève.
(Letkllier. Arm. dé Mans. 1846.)
Tournai. Promette pus d' bùre que d' pain,
Be'auquéop d' cbuque et pau beauque'op d' café.
Var. Tournai. 1 n'ara jiont in seul graine-dint pou trouver qu'on a promis jius
d' char que d' pain.
{Eirennes tournaisiennes. Calendrier. 1883.)
Nivelles. I dansou avd n' paysante, i l'intertinou toute el soirée in li promettant
pus d'bùre que d'pain.
(Clipotia. Tout c' que r' lut n'est ni d'our. Conte. 1800.)
Douai. Ch'roi y fait des compliments superbes à tous cbés gins et y leu promet
pus d' bûre que d' pain comme toudis.
(DeoiiristÉ. Souvenirs d'un homme d' Douai. ISJJO )
Lille. Avant de s' marier m' sœur Rosette,
Craignant d'avoir un libertin,
Fait par trois fois tirer s' planette,
Qui li promet pus d' bûre que d' pain.
(Desrousseaux. Mes étrennes ; alm. pv. 1860.)
St-Quentin. I proumoettent pus d' bûre que d' pain.
(GOSSEU. Lettres picardes. '1840.)
"251. Fer à 'ne sa(iiiî 'ne tâte avoii s' hoûrc.
LiTT. Faire à quelqu'un une tartine avec son propre beurre.
Faire présent à quelqu'un d'un objet qui lui a|)partient.
Fez-li 'ne tàte di s' prôpe boùre.
Offrez-lui le fruit de son propre et important travail.
(FORIR. Dict.
— 70 —
2o^2. Si c'est de boûre çouhi, i magn'ret s' pan
lot sèche.
LiTT. Si c'est du beurre, cela, il mangera son pain tout sec.
C'est une chose de nulle valeur.
553.. I ploût de boûre et de froumage.
LiTT. Il pleut du beurre et du fromage.
Cette locution s'emploie principalement dans le pays de
Hervé, lorscju'après une sécheresse assez prolongée, il tombe
de la pluie.
(Mathieu Laensberg. 4830.)
Yak. Tournai. I cait des pièche chonq franc. (Dit-on, lorsqu'après une longue
sécheresse, il pleut et que la pluie qui tombe est bienfaisante pour les champs.)
204. I n'a nié du bure à frire. (Mons.)
LiTT. Il n'y a pas de beurre à frire.
Il ne s'y trouve rien à manger. (Acad.)
Pr. fr. — Il n'y a rien à faire, — Il n'y a pas de quoi frire
dans cette maison.
Mons Quais foire ! foirette? Est-ce que les voleur pinseront jamais qu'il a du
biire à frire à 1' maison d'in chafetier, à c't' heure.
(Letellier. Armonaque dé Mous. 4850.)
255. I n'y a feimme si dure
Qui n'eusse pitié dé s' bi'ire. (Mons.)
LiTT. Il n'y a pas de femme si dure qui n'ait pitié de son
beurre.
Les femmes, même prodigues, deviennent économes quand
il s'agit de beurre.
(Sigart. Dict. du wall. de Mous. 1870.)
206. Si t' vous do bure, il es faut batte. (Marche.)
LiTT. Si tu veux du beurre, il en faut battre.
Pour acquérir, il faut travailler.
Pr. fr. — On récolte ce qu'on a semé.
Travaillez, prenez de la peine,
C'est le fond qui man(itie le moins. (Lafontajne.)
Le travail est un trt'sor. (Id.)
JoiioiGNE. S' vos v'iot dé bûre, il es faut batte.
207. Tiesse di bûre ni vôye nin au for. (Namur.)
LiTT. Une tête de beurre ne doit pas aller au four.
On ne doit pas s'exposer à un danger certain.
— 71 —
258. Fer vèyî ({iii V boùre n'a nin des crosse.
LiTT. Faire voir que le beurre n'a pas de croûtes.
Donner un soufflet.
Jalhay. Majenne.
Qu'i s'enne avise on pau ! Nos li frins voye qu'do boûre n'a nin do l' crosse.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. lo. 1862.)
:259. I n'faul nié tant d' bûre pou in (jiialron (on
ajoute souvent : avé in [)'fit morciau i d'à 'ne lîve.)
(MONS.)
LiTT. Il ne faut pas tant de beurre pour un quarteron (avec
un petit morceau on a une livre)
En voilà assez sur cette matière.
Prov. fr. — Il ne faut pas tant de beurre pour faire un
quarteron. — Il ne faut pas tant de paroles. (Littré.)
Il ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron.
;M0UÈRE. Gcorffts Dandin. Act. II, se. i'''^.)
Il ne faut pas tant de beurre pour faire un quartron.
(OUDIN. Ciivioniiez françoises. 1640.)
M.\RCiiF,. C'est do r'clamel vo.sse bon patron,
N' faut nin tant d' bùre por on quautron.
(Alexandre. P'iit cnrti. 1860.)
JODOiGNE. Faut le waire de biîre pou on quautron.
A quoi bon tant d'embarras ?
(Letellier. Armonuque dé Mous. Proverbes rnontois. 1846.)
Tournai. I n' faut pas tant d' bûre pour un quartereon.
RoucHi. I n' faut point tant d' bûre pour un quartron.
(IIÉCART. Dict.)
St-Quentin. I n' faut i)au tant d' bûre pour focre ein quatron.
Var. Todrcoing. Je m'en vais vous ouvert ineu live
Faut-y tant de bûre pour unne live,
Il n'en faut que quatc quartrons.
{Sermon ndif d'un bon vieux curé de village. XYIII^ siècle.)
260. De boûre et d' l'hôle c'est-st-ine saquoi d' crâs.
LiTT. Du beurre et de l'huile c'est quelque chose de gras.
Ce sont deux choses semblables.
261. Batte li boûre divins 'ne botèye.
LiTT. Battre le beurre dans une bouteille.
Faire une chose dont on ne pourra profiter.
262. I n' fait nin do l)i^ire avou d'I'aîwe. (Namur.)
LiTT. Il ne fait pas du beurre avec de l'eau.
Il emploie tous ses moyens, toutes ses ressources pour
parvenir à son but.
— 72 —
263. On n' poui nin d'net pus d' bure qu'on 'nn'a.
(Mauchk.)
LiTT. On lie peut pas donner plus de beurre qu'on n'en a.
(Alexandre. P'tUcorii. 18U0 )
11 ajoute : Dihéve on pauve vî homme à s'feumme.
On ne.peut donner que ce qu'on a.
264. J'aime autant au bùre qua l'huile. (Mo.ns j
LiTT. J'aime autant au beurre qu'à l'huile.
Comme tu veux, cela m'est éj^al, tout m'est indifïérent. Peu
importe que les choses se passent de telle manière ou de telle
autre.
MoNS. Comme tu veux, mi, c'a n' mé fail rié, j'aime autant au bùre qu'à l'huile.
(Letellier.L'o !()-.'; cié les deux compère. Armonaque dé Mons. 1859.)
Tournai. Oh ! mettez 1' froid qu' vos volez, docteur, mi j'aime autant au bijre
qu'à l'huile.
{Eune lechon d' fisiqne. Alrn. du Toiirnaisien. 4884.)
Douai. Comme tu veux ; mi, tu .sais bin qu' j'ai aussi quer au bùre qu'à l'huile.
(Dechristé. Souv'7iirs d'un homme d' Douai. i8o8.)
265. Flotter es boùre.
LiTT. Flotter dans le beurre.
Vivre très à son aise, avoir plus que le nécessaire.
Cité par Forir. Dict.
Là, nosse kimére flottéve es boùre
Magnant so tos ses dint et vikant so blanc peus
Vol-ri-Ia crasse et grosse et si ronde qu'ine vraie tour.
(Haili.eux. L' marcotte qu'aveut moussî d'vins on grini. Fâve. 185!2.)
Variante. Mais si ji n' flotte nin d'vins l'cràhe,
Ji vike pus pâbule ossi.
(Baii.LEUX. Li rat de V vcije et V rat d'à champ. Fâve. 485!.)
Vau. Jodoicne. C'csl-sl-onk qu'a fait s' bùre.
260. On fait 1' sauce au bure de coq'moir.
(JODOIGNE.)
LiTT. On fait la sauce au beurre de coquemar.
On fait la sauce avec de l'eau ; on n'est pas trop à son aise.
On doit se priver de bien des choses.
BIEN.
267. On n'a qui 1' bin qu'on s' fait.
l.,rrT. On n'a que le bien qu'on se fait.
Morale à l'usage des égoïstes ou des épicuriens.
— 73 —
11 est juste, ou du moins il est naturel, de songer à ses
propres besoins avant de s'occuper de ceux des autres. (Agad.)
Pr. fr. — Charité bien ordonnée commence par soi-même.
— Chacun pour soi.
Thoumas.
Taisse-lu, vèye crompire, on n'a (jui F bin ([u'on s' fait d'vins c' monde cial;
jamàye pus si jône, vas
(Willem et Hauwens. Li (jdlarH d'à Fijitie. Se. o. t88;2.)
JoDoiGNE. I n'a que 1' bé qu'on s' fait.
^iJS. Qui l'a one fie bin n' l'a nin todi mau. (Namur.)
LiTT. Qui Ta une fois bien ne l'a pas toujours mal.
On ne peut se dire constamment malheureux dès qu'on a eu
une seule bonne chance. — Ce proverbe s'emploie à Namur,
surtout dans les repas, lorsqu'on offre à quelqu'un un mets
délicat.
Pr. fr. — Qui a une heure bien n'a pas tout mal.
Qui une fois a bien, n'a mie toujours mal.
Cf. L'adage théologique : Scondalum non cadit in perfectum.
(HuoN DE Villeneuve. XIIlo siècle.)
269. Qui fait biii pinse bin.
LiTT. Qui fait bien pense bien.
Qui bien agit pense bien des autres.
Cité par Forir. Dici.
570. Fez bin, vos ûrez bin.
LiTT. Faites bien, vous aurez bien.
La li!4ne droite est toujours la voie la plus sûre. — On dit
en français : Fais ce que dois, advienne que pourra, pour
exprimer que le bien porte en lui-même sa récompense.
MONS. Chacun pour soi, Dieu pour tertoutte
Je n'connois qu' çà mi ! faites bé et vos trouv'rez bd.
(MouTRiEUX. Des nouveaux cont' dé quiés. ISîîO.)
LÉGENDE WALLONNE. — Touchaut au terme de la vie après
avoir toujours vécu ensemble, deux sœurs, dans
l'horreur profonde
Qu'inspirait à leurs cœurs, l'etfroi d'un autre monde,
échangèrent une promesse tient l'effet était d'obliger celle qui
mourrait la première à venir apprendre à la survivante
quel tableau
S'offre à l'homme ('tonné dans ce monde nouveau.
L'une des deux étant allée ad i)atres, on la vit quelques jours
après apparaître tout à coup dans le coin du foyer où elle s'était
— /i -
assise si souvent durant sa vie, et tirant son rouet à elle, elle
se mit à filer.
Sa sœur, lorsque sa frayeur fut un peu dissipée, l'accabla de
questions, mais le spectre répondit invariablement : Fez bin,
vos àrez bin. Et de là le proverbe.
(N. Defrecheux.)
Variante. Fer bin, bin r'vint.
LiTT. Faire bien, bien revient.
Une bonne action trouve toujours sa récompense.
Stavelot. F'so bin, vos trouv'ro bin.
271. Qwand on est-st-à mitanl. bin, i n'a nolle
avance à cangî.
LiTT. Quand on est à moitié bien, il n'y a point d'avance
à changer.
On peut gâter ce qui est bien en voulant le perfectionner.
(ACAD.)
On n'est pas bien dès qu'on veut être mieux. (Lamotte.)
Pr. fr. — Le mieux est l'ennemi du bien.
Malmedy. Qwand on-z-est à mitanl bin, qu'on-7.-y d'meure.
Najiur. Quand on est-st-à mitant bin, n'y a pont d'avance à cangî.
MoNS. Oh ! c'est suivant, pasqu'il y a in vieux proverbe qui dit : quand on est à
moitié bé, qui n'a nié d'avance à canger.
(Letellier. Armonaqne dé Mous. 1880.)
Var. Mons. Quand on est à moitié bié, i faut y rester.
St-Quentin. Quand qu'ein est à mitan bin, ein doit s'y t'nir.
27"2. Çou qu'est bin fait est fait deux fèye.
LiTT. Ce qui est bien, est fait deux fois.
Il n'y a pas nécessité d'y revenir. — On perd du temps à trop
se hâter.
Le temps n'épargne pas ce qu'on a fait sans lui.
(Lamartine.)
273. Si ça n' fait nin de bin, ça n' fait nin de ma.
LiTT. Si cela ne fait pas de bien, cela ne fait pas de mal.
C'est une chose qu'on peut se dispenser de faire, elle ne sert
à rien.
Var. Malmedy. U est comme lu stockfisse, i n' fait ni bin ni ma.
Vah. Tournai. Ch'est d' l'onguent miton mitaine.
C'est un remède, un secours, un expédient qui ne sert
à rien.
- 75 -
Namur. Victor.
Po vosse p d, mouyiz d" timps in liraps li partie qui souffe, si ça n' fait pont d' bin,
ça n' vos fret todi pont d' niau non pus.
(Berthalor. Cwam'gi et méa'cin. Se. 9. 1890.)
BIENS.
274. Des bin mal acqwèroii n' profitet mâye.
LiTT. De.s biens mal acquis ne profitent jamais.
Les biens acquis par des voies peu honnêtes se dissipent
aisément. (Acad.)
Pr. fr. — Biens mal acquis ne profitent jamais.
Cité par P'orir. Dict.
Maie parla, maie dilabuntur.
Marche. Bin mal acquis n' poitte nin bonheur.
Basse-Allemagne. — Ùnrecht Gut gedeihet nicht.
275. Qui a de bin, a de ma.
LiTT. Qui a du bien, a du mal.
Qui a du bien est sujet h avoir des procès. — Chaque chose
a deux faces, chaque chose a son bon et son mauvais coté.
(ÂCAD.)
Pr. fr. — Qui terre a, guérite a. — Chaque médaille a son
revers. — Il n'y a pas de roses sans épines.
Cité par Forir. hict.
Crespin.
Mais çou qu'a s' bin a s' niâ, ça s"lu ainsi d' tôt timps,
Et wisse est-sl-i don l'homme qui n'àye si p'tit raèhin ?
(Remolchamps. Li sav'ii. I, se. I''*'. 18o8.)
Var. Jodoigxe. Qui a deux maujonne enne a eune de trop.
Basse-Allemagne. — Kein Gluck ohne Ungluck.
BIEiNFAIT.
276. On binfail n'est màye pierdou.
LiTT. Un bienfait n'est jamais perdu.
Une bonne action a sa récompense tôt ou tard. (Acad.)
Pr. fr. — Un bienfait n'est jamais perdu.
(Le pi're Jean-Marie. Divertissement dex sages. 1665.)
Ine fcye, inte les patte d'on lion,
On rat sortant foû d' t(?rre accourt à l'estourdèye ;
De cùp, li roi des biesse, divins ciste occasion,
Mostra çou qu'il esteul tôt lî accoirdanl !' vèye.
Ci binfait là n' fout nin pierdou.
(Jos. Deuin. Li lion cl V rat. Fàve. 18ol.)
— 76 —
Var. Vervikrs.
MONS.
LiTT. Ce
(ie n'est
Pr. fr. -
Verviers.
Marche.
Namur.
jodoigne.
MONS.
Tournai.
Faut esse siervûle quand on 1' pout.
Plaisir fait n'est nin pierdou.
(Henier. Spots rimé.1. 1871.)
Qu'on soit riche et qu'on soit hureux,
I fuit toudi bon d'ette affabe ;
Et d'avoir do 1' patiinco et d'ette scrvissabe
Au p'tit tout comme au grand, 1' service est bon rindu.
In bienfait n'est jamais perdu.
(Letellier. Er lion été V rate. Fàve. Arm. dé Mous. 1852.)
BIÈRE.
n'est niii de l' pitite bîre.
n'est pas de la petite bière,
pas une bagatelle. (Acad.)
- Ce n'est pas de la petite bière.
Qwand s' vôya gardien, ci cùp là,
Ci n'esteul pus p'tite bîre,
I lî v'na d'abord on gourgea
Comme à on trèfoncire.
i.lubilc du père Janvier
L' porcession dé coucou, si vigreûse qu"6 pout dire
A costé d'cisse vo-celle n'est quu du lu p'tite bîre.
(Poulet. Li foijan cterré
Rosti, boli, c' n'est nin p'tite bîre.
C n'est nin de 1' pitite bîre.
Rosteu, bouleu, ce n'est ni peteute bîre.
Ah ! cinquante an, c' n'est né dél petite bière.
Dire que tout F long, il ont sui 1' même quemin.
(J.-B. Descamps. Les noce d'or. Ch. ISS;!.)
Tout cha n'eteot qu' de 1' bagatelle
Do r i)etite bière avant 1' dessert.
{.4l)uan. du Tournaisien. L' karmesse de Tournai. Chanson
1787.)
1859.)
1883.)
BILLES.
:278. Invèyer qnéqu'un jouer à (jii'nèque (ïoiiimAi.)
LiTT. l'invoyer quelqu'un jouer au.x billes.
S'en débarrasser.
Cette explication trouve son origine dans un usage pratiqué
autrefois par des cabaretiers austères, et consistant ù congédier
les garçons trop jeunes pour fréquenter l'estaminet en leur
mettant dans la main quelques quénèiiue, billes communes en
terre cuite, dont une provision était toujours en évidence sur
le comptoir de l'établissement. Ce genre de cabaret a complète-
ment disparu de nos jours.
(Etrenncs tournaisiennes. 1886.)
— 77 -
BISCUIT.
279. Eiine aller sins l)iiscrile.
LiTT. Partir sans biscuit.
Entreprendre un voyage sans être pourvu tle ce qui est
nécessaire, et plus (igurément s'engager dans une entreprise
sans avoir ce qu'il faut pour réussir, ou sans s'être prémuni
contre les obstacles qu'elle pourrait éprouver. (Acad.)
Pr. fr. — S'embarquer sans biscuit.
Cité par Forir Dict.
BISE.
280. Esse cayî (i) de 1' bîhe.
LiTT. Être frappé de la bise.
On dit qu'un homme a été frappé du vent de bise; c'est-à-
dire qu'il est ruiné, quMl lui est arrivé quelque mauvaise
Ibrtune.
(Leroux, bictionn. comique.)
Être découragé, rebuté par une suite de mauvais succès, de
traverses, ou être affaibli par les maladies. (.Vcad.)
Pr. fr. — Être battu de l'oiseau.
Il est frappé d'un mauvais vent.
{Aduges français.^ XVI'' siècle.)
Cité par For.r. rjicl.
On disait autrefois : /iJs.s-j dicayi de V bihe.
Variantes. Avu 1 vint es visège.
Esse dipihî des rat.
Vab. Ferrières. Toi li loùne 11 cou, i est d' pihî dé neùr chet.
BLA.ME.
2S1. Qwaiid oïl n aime nin 'ne saquî, on lî lape vite
ine liaLle.
LiTT. Quand on n'aime pas qutliiu'un, on lui jette vite un
blâme.
On est enclin à jeter la pierre à (eux qu'on n'aime pas.
Cité par Forir. Dict.
On Jannesse vina rappoirter qu'Wayaipont si plaîhive à taper des hatte à prince
et à l'kihagn'ler.
(Magnée. Li creii'quiin de prince abbé di Siaveleû. ■1867.)
282. D'vanI d' blâmer les aule qii'i s' meure.
LiTT. Avant de blâmer les autres qu'il se mire.
(*) Celle expression l'nergique, mais peu décente, dérive du latin coire.
— 78 —
Avant de trouver à redire au prochain, il faut faire un retour
sur soi-même.
Lynx envers nos pareils et taupes envers nous.
(Lafontaine.)
BLANC.
283. Il est blanc comme ine Agnès.
LiTT. Il est blanc comme une Agnès.
Se dit en wallon pour signifier la blancheur.
Agnès. Fille idiote, simple, facile à persuader. {Dict. des
prov. français. 1751.) — Se dit peut-être seulement depuis
Molière.
BLÉ.
284. Adiet les blé, les fromint sont meûr. (Namur.)
LiTT. Adieu les blés, les froments sont mûrs.
(Les froments miirissent en dernier lieu.)
Se dit de toutes les affaires manquées sans ressources, et
quelquefois de celles qui sont entièrement terminées, (Agad.)
Pr. fr. — Adieu paniers, vendanges sont laites.
BLEU.
285. C'esl-st-ine bleûve.
LiTT. C'est une bleue.
Récit fabuleux; discours en Tair ; mensonge. (Agad.)
C'est une baliverne. — Figur. Conte bleu.
Verviers. Su qut^qu'onk vint conter des bleûse,
Nos li respondrans : « friche môncheû »
Nos n'volans qu'losstude et l'bon dreùt
Et les machine à keùse.
(M. Pire. Tombola d'one machine à kcûse. 4884.)
Tournai. Claqueot.
Mé ch' n'est pas à mi qu'on f'ra avaler cette bleùse.
(Leroy. Biec difier. Traduction de Li bleu-bilie d' Henri Simon. Se. 16. ISSC.)
BOEUF.
28G. On n' sàreut prinde on bout" wisse qu'i gn'a
qu'ine vache.
LiTT. On ne saurait prendre un bœuf où il n'y a qu'une
vache.
On doit se contenter de ce que l'on a.
— 79 —
287. Tini l' boûf po les coine.
LiTT. Tenir le bœuf par les cornes.
Etre nanti, avoir déjà des avantages assurés dans une affaire
où l'on cherche encore à en obtenir d'autres. (Acad.)
Pr. fr, — Avoir, tenir le bon bout par devers soi.
Teneo lupum auribus.
Var. Jaliiay. Mathî.
Oï, mais il est capàbe do pochî oute.
Bieth'mé.
Qu'i poche tout qui veut, jo tins Tboûf po l'make.
(Xjioffer. Lex deux soroche. I, se. G. l8Gi2.)
JoDOiGNE. Tini l'toi (taureau) pa les coine.
288. Prinde boûf po vache.
LiTT. Prendre bœuf pour vache.
Se laisser facilement tromper, se laisser mettre le doigt dans
l'œil. — Confondre, comprendre de travers.
Cité par Forir. Dict.
Ax ovrî et âx paysan
Pàrlans leu prùpe lingage
Ottant qu' possibe si nos n'volans
Qui n'priiidesse boùf po vache.
(SiMONON. Li langue nationale. 1840.)
Baîwir.
Pa, ti d'vins sot ; pa ti prinds boùf po vache.
Ji beus mes pinte, ji m'mo([ue di lot coula.
(Alcide Pryor. Qui vont esse â consèije? 4802.)
Var. Spa. Nosse magistrat est bin hureux ;
11 a-t-on poète à gage
Qui fait des vers comme on pondeu
Qui pond on ch'vau po 'ne vache.
{Chanson patriotique., 1787. — Uulletin, 1^ série, t. VII.)
Jaliiay. Garite.
J'a pris on boùf po 'ne vache
Su ra'el fàt-i warder.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. 14. ISfi'i.)
Marche. Et si to vas dnet boù po l'vache
T'taprès bintôt là, hache et mâche.
(Alexandre, Ftit corii. 18G0.)
Namur. Ossi ji mets les point sur les i, di peu qu'on n'prinde boù po vache.
(Marmite. Journal, 4890, n" 10.)
289. Il est de pays qu'on-z-attèle les boû po
rtiesse.
LiTT. Il est du pays où l'on attelé les bœufs par la tête.
80
C'est-à-dire de l'Ardenne. — Les Ardennais ont la réputation
d'être adroits, malins et retords.
Se dit plus souvent en bonne (ju'en mauvaise part.
BOIUE.
"iOG: Délire à lîillarigot.
LiTT. Boire à la tire larigot.
Boire excessivement. (Acad.)
Pr. Ir. — Boire à la tire larigot, comme un trou, comme un
templier, comme une éponge.
Cf. QuiTARU. DicL, p. 492.
Boire à tire larigot (à la rigaut).
(Le père Jean-Marie. Le DivcnUxeinent de.i smien. ICOo.1
Boire à lire larigot.
(OUDIN. Curiosiiez frutiçnises. -1640.)
Cité par Forir. Dlct.
Rians, chanlans, repùtans tos
I nos fàt heure à la tallarigot.
(Dehin. Li iraze di maije. Scène liégeoise. -1846.)
Variante. On dansa a l' tallarigot
Passe pîd, maclotle, biesse à deux dos :
Gèrâ po d'seûr Gotrou po d'sos.
(GÉRA et GÈTROU. Ancienue chanson. B* et D*. Recueil.)
Variante. Nos irans amon Pèrot
Nos magn'rans leu fricassêye
Nos beûrans l'hoûgâre à pot
Avou l'àwe assaisonnêye ;
Di l'àwe à tallarigot
A tallarigot.
(HocK. La famille Mat fiot. 1872.)
Var. Namur. Mais ioadi passé i paret (ju'i n'a nin sli satisfait, et i s'a r'vingî so
s'feumme en s'és d'naiit à tire larigot.
(Journal /.(/ Marmite., n" 4, 188;!.)
Tournai. Si bin ({u'margré tout Tmisèredu ménache, on s'ra loudi sur de boire
de 1 bière k tire lariguéot k St-Nicaise, à l'pocession et à tous ks saint qu'on beol.
{Eirennes lournaisiennes. 1885.)
"291. Po boire, i n' faut pont d' coulia. (Namuel)
LiTT. Pour boire il ne faut pas de couteau.
Il est plus facile de boire que de manger ; c'est l'excuse de
l'ivrogne.
29:2. Li cia qui hoiL sins soit poreîive bin n' uin
mougnî quand iJ aurait loaim. (Namuh )
LiTT. Celui qui boit .sans (avoir) soif pourrait bien ne pas
manger quand il aura faim.
11 faut de la prévoyance et ne pas commettre d'excès.
— 81 —
293. Beûre cèke et tonnaî.
LiTT. Boire cercle et tonneau.
Boire copieusement, immodérément.
On ajoute souvent : Comme Mathî Frcnay.
On dit aussi : beûre cèke et tôt.
Cité par Forir. Dict.
Vo m' cial don so les Hesbignon,
Ci sont là bin des francs k'pagnon
Po avaler cèke cl tonnaî.
Et mette li crâne à leu chapaî.
[Pasquèye .10 les scminarisse. 173o.)
Hé hé, camarade Colinet,
I m' sône ma foi qui t'as bu 1' pèquet ;
Ti poche, ti sàtclle et ti fais
Comme si t'euhe bu cèke et tonnaî.
(Docteur de Donceel. Pasquèye dialoguÉe po l' fiasse dé Père J'han Alexandre ,
ninisse de l' o""' sicole {Rhétorique) dx Jésuite. i7o3.)
Il a todi r gosî sèche, i beiireut cèke et tonnaî.
(Remacle. Dict.)
J'a si assotèyeminl seu qui ,j' beûreus ciekeet tonnai.
(Magnée. Baitri. 4805.)
Variantes. Divant di k'nohe Marèyc, i n' si fève co mâye sô,
Hoùye, pac' qu'elle n'el vout pus, i beût co pé qu'on trô.
(Delarge [lie copenne conte les pèk'teû. 1873.)
Marche. Bin, gn'a des ci qui 1' gueûye à 1' crâne
Vûdrint les ceke et les tonnaî.
(Alexandre. P'tit corti. 18C0.)
Nahur. Bin, j' beus qwand m' fait plaisir,
J' beûreus cèke et tonnaî.
Et ji fais-st-à m' manîre
Et r restant comme i m' plaît.
(Wérotte. L'ivrogne. Chanson. 18C7.)
Var. Namur. Ji r'soueûve foirt bin one cannelle,
Ji bèveùve vraimint comme on Irù.
(Wérotte. Ji sa sav'ti di m'mestl. 48G7,)
JODOIGNE. Je m'amuse comme jamais de m' vie
Nos allans boire cèke et lonia.
(E. Etienne. On rei'mmtd'on banquet. Ch. 1889.)
MONS. Pourtant j'ai bié soit : j'boiroi broque et tounniau.
(Letellier. Armonaque dé Mons. i8G8.)
MONS. Zante.
J'boirois aujord'hui cercle et tonniau.
(J. Declève. L'escapé. Se. 4. 188U.
Tournai. Boire cherque et tonnieau.
6
— 82 —
Cet autre proverbe assez connu dans le Tournaisis : « I
boireot Bapeaume et ses fossé » s'applique dons le même sens.
Liu.E. I bot comme in tro.
294. Qui a bu, beûret.
LiTT. Qui a bu, boira.
Se dit* en parlant d'un défaut dont on ne se corrige jamais.
(ACAD.)
Pr. fr. — Qui a bu boira.
L'ci qu'a bu, beûret ;
Honte ni sogne, rin n'y fret.
(Bailleux. Li sôlêye et s'feumme. Fàve. i852,)
Variante. Baîwîr.
Ji voléve comme ine caracole
Es m'ciiambe mi r'sèchî foù de brut.
Tôt coula ç' n'esteut qu' des parole
On r'beùt todi s'on-z-a 'ne fèye bu.
(Alcide Pryor. On drôle di mariècje. iSôS.)
Stavelot. Pus beùt-on, pus vout-on beùre.
Marche. Qui beiit, beûret.
MoNS. L'ceux qu'a bu, i buvra co.
Basse-Allemagne. — Trinken macht Durst.
293. Çou qu'est bu est viersé.
LiTT. Ce qui est bu est versé.
C'est une affaire consommée, sur laquelle il n'y a pas à
revenir.
296. Comptez d'su et buvez d'I'aîwe.
LiTT. Comptez dessus et buvez de l'eau.
i^r. fr. — Croyez cela et buvez de l'eau.
Se dit d'une chose qui ne mérite pas de croyance. (Littré.)
( iroyez-le et vous n'y gagnerez rien.
Frameries. Quand on dit qu'les Belche sont égaux
Ju dis : Croyez ça, buvez d'I'iau.
(J. Dufrasne. Chanson. Artmmaqae borain. 1890.)
Tournai. Compte là d'sus et beot d' l'ieau,
T'aras des clairs boyeau.
BOIS.
297. 1 iàt qu' tôt bois s' chèrêye.
LiTT. 11 faut que tout bois se charrie.
Il faut que toute chose aboutisse. — En tout i' y a compen-
sation. — Toute peine mérite salaire.
Cité par Forir. Dict.
- 83 —
Si n' loukrel-je nin co à 'n' chîchêye,
Ca i fàt qui toi bois s' chèrèye.
(Jos. Dehin. Licnq d'aousse cl r frianilic. Fàve. iSol.)
Jalhay. C.aiute.
C'est veùr, i fût qu' tôt bois s' chiTèye. Allons, mes ami, rupriadaiis nosse vôye.
(Xhoffer. Lcx deux soroclw. II, se. 16. 1862.)
Comme i fàt qu' lot bois s' chèrèye, après avu toi graffoui, lot gévî, toi plaicetî,
l'ofTiciâl rinda s' sintince.
(Magnée. Li lioulotie. 18" 1.)
Var. Mons. Ca c' n'est qu' jusse que vos allez m' dire : toute peine mérite salaire.
(Leteixiek. Armonaque dé Mous. 18o6.)
298. Savu d' que bois qu'i s' châffe.
LiTT. Savoir de quel bois il se chauffe.
Savoir de quoi l'on est capable; quel homme on est. (Acad.)
Pr. Ir. On verra de quel bois je me chauffe.
Et de quel bois se cliaudfaient leurs femelles.
(Lafontaine. La mandragore.)
On verra de quel bois ils se chauffent.
(Le père Jean-Marie. Divertissement des sarjes, lOfio.)
Je scay de quel bois il se chauffe.
(OuuiN. Citriositcz Jrançoises. 1640.)
WÉRY.
Diet n' nos l'eulie pardonné Jamàye.
Stasquin.
Padiet, qui ma piiise, ma y âye
Saviz-ne bin d" que bois qu'i s' chàfève.
(Lambert Hollongne. Entre jeux des paysatis. 1634. B* et D*. Hecueil.)
Jacqu'min.
Ji v' disfind d'aller danser après l'uîner; ètindez-v' bin? et si v's y aller, vos
savez bin di que bois ji m' chàffe.
(Henaui.T. Li Jnaliijnant. I, se. 2. 1789.)
xVndrî.
Paliînce, nos savans di que bois qui s' chàffel et ine homme prdv'nou 'nnès vàl
deux.
(Salme. Pris d'vins ses léce. I, se. 10. 1880.)
Matiiï.
Jalhay. Ju veus à c'ste heure du que bois qu'i chàfféve.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 12. 1861.)
Di que bois s" chfiffe li ci qui les louke os coirnette et qui .sospère podri zelle ? les
mon sùtèyes bàcelle el comprindcl sins long lùsège.
(Magnée. Dattri. l86o.)
JoDOiGNE. On voit bé de que bois i s' chauffe.
— 84 —
Charleroi. Clkante.
Taper 'ne dévisse avet 1' charmante ('.l'Iiiiiie, vire de que bot c' qud I' chauife dins
nos amourette.
(Bernus. V malade S^-Thibau. II, se. I. 4870.)
MoNS. On sait fé bin à cV heure de quée bos c' que nos nos cauffons, et nos
n' cangerans jamais.
(Letellier. Armonaque dé Mous. iSSO.)
MoNS. Nos virons bé dé quée bos i s' caufTra.
(DescamI'S. Elpetottier. Scène montoise. Œuvres. ISSï.)
Tournai. Halte-là, savez camarate, vos sârez d' queu beos je keauffe.
(Leroy. Iliec difier. Trad. du Bleù-bihe, de H. Simon. Se. IG. 1889.)
StQuentin. Mais les neûre (notre) i né s' cofteut pau de ch'bô là.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1844.)
299. Qui va au bos Fleu)) l'estrane. (MoNS.)
LiTT. Qui va au bois, le loup l'étrangle.
Qui s'expose au péril, périra.
300. Les hacli'rotte valet mî qui V bois.
LiTT. Les copeaux valent mieux que le bois.
Les accessoires valent mieux que le principal. — Le casuel
vaut mieux que le traitement.
On dit aussi : Qui V pèlotle.
îiOl. Avu quéque bois foù di s' faliènne.
LiTT. Avoir quelque bois hors de son fagot.
Se dit d'un homme qui est un peu fou, qui a des visions.
(ACAD.)
Pr. fr. — Il a bien des chambres à louer dans la tête. — Il
lui manque un clou. — Il a un coup de hache, un coup de
marteau.
Variante. Avu on bois foù di s' fahènne et piède li loyen.
Cité par Forir. Dict.
Cuseune loukîz à vos, car on poireut jugî
Qui vos avez pierdou on bois foù d' vosse fahènne.
(Bailleux. Li live et V caracole. Fàve. 'i8l>G.)
Jeannette.
Ji creus so mi âme qu'il a on bois foù di s' fahènne.
(Deixiief. Li (jalaut de V sièrvante. I, se. 3. 18S7.)
Durand.
Ji SOS bin arringî, ji deus fer ine belle mènne,
I fàt quij'àye bin sur on bois foù di m' fahènne.
(Dei.chef. Les deux neveux. III, se. fe. 4859.)
On dit aussi : Il a pierdou V pomme di s' canne.
— 85 —
Jalhay. Garite (à Pierrette).
Vos avoz sûr'mint on bois foii tl' vosse fahènue duvant les gins Thiodôre
pourreut i'avu étindou.
Thiodôre.
Qui vint d' poye gretle.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se 40. iSCil.)
302. Li vî bois prind vite feu.
LiTT. Le vieux bois prend vite feu.
Se dit des vieillards qui s'enflamment vite.
Cf. Plus l'amour vient tard, plus il ard.
Tatenne.
Si li ch'vâ d' bois d'aousse esteut cial, i v' pilreut.
Crespin.
J'a todi oyou dire qui l'vî bois prind vite feu.
(Remouchamps. Li sav'ti. I, se. o. 1858.)
303. (Vest du bos (U rallonge. (Mons.)
LiTT. C'est du bois d'aionge.
C'est un moyen de gagner du temps, c'est un palliatit.
MoNS. Ah ! vous n' voulez pas m' forcer. J' vois l' jour pau tro, c'est encore du bos
d' rallonge que vous voulez m' donner.
(Letellier. Armouaque dé Mons. 1850.)
304. Il est de bois qu'on fait les violon.
LiTT. Il est du bois dont on fait les violons.
Se dit d'un homme <{ui, par complaisance ou par faiblesse,
ne veut ou n'ose contredire personne. (Agad.)
Je suis du bois dont on fait les vielles.
(OUDIN. Curiositez françaises. 1640.)
Cité par Forir. Dict.
Express, fig. Il est du bois dont on fait les flûtes.
St-Quentin. Ali' est dé ch'bô qu'eia foeldes flûtes.
Picardie. Été d'ech' bos dont on foel les flûtes.
(CORBLET. Glossaire. 1851.)
305. 1 n'est nin co fou do bois d' sogne. (Malmedy.)
LiTT. Il n'est pas encore hors du bois de la peur.
Il n'est pas encore au bout de la peine. Il a encore à craindre.
30(3. Qui a paou des foye, ni vasse nin à bois.
LiTT. Qui a peur des feuilles, n'aille pas au bois.
Qui craint le i)éril ne doit point aller où il y en a. (Acad.)
Pp, fr. _ Qui a peur des fouilles n'aille point au bois.
N'aille au bois qui craint les feuilles.
— 86 —
^ Qui a peur des feuilles ne voise point au bois. (Meigret.) —
CF. LiVET. Grmnm. franc, au XVI^ siècle.
Non eat ad silvas qui frondes haeret opacas.
(Lejeune. Proverbia farniliaria. -1741.)
Il n^ faut pas aller au bois qui a peur des feuilles.
(OUDIN. Curiuniiez françoises. ll!40.)
Mauche. N'va nin à bois, s' t'as peu des fouye.
Marche. Baquatho.
. N'faut nin r'menet au bois qwand on-z-a peu des fouye.
(Alexandre. Li pèchoii d'avril. IV, se. 4. 1858.)
Dînant. Maurtin.
Quand on a peu des fouye, on n'va nin au bois.
(CoiJ.ARD. Lï tendrie à Vamourelte. II, 9. 1890.)
807. Les sohait ni vont nin â bois.
LiTT. Les souhaits ne vont pas au bois.
Sous-entendu : à la statue de bois.
« Ce vieux proverbe wallon est un reste évident de la science
cabalistique qui, après certaines initiations, vous conférait le
pouvoir de laire à votre ennemi, tout le mal que vous souhaitiez
a son efljgie. »
(Feri). Hénaux. Le miroir diabolique. Noie. Rev. de Liège, l. C, p. 499. •1840.)
BOITER.
308. On n'deut mâye halter divant on halé.
LiTT. On ne doit jamais boiter devant un boiteux.
11 ne faut rien faire devant les gens, qui semble leur repro-
cher quelque défaut naturel. (Acad.)
Pr. fr. — Il ne faut pas clocher devant les boiteux.
Cf. Il ne faut pas parler de corde dans la maison d'un pendu
11 ne faut pas clocher devant les boiteux.
(OuDiN. Curiositez françaises. 1640.)
BON.
309. Fâte di bon, l'mâva s'alowe.
LiTT. Faute de bon, le mauvais se consomme
On prend ce qu'on trouve à défi ut de mieux
Quand on n'a pas ce que l'on aime,
Il faut aimer ce que l'on a.
310. Taper de bon a])rès de mâva.
LiTT. Juter du bon après du mauvais.
— 87 —
Continuer une fausse spéculation. S'engager plus avant dans
une entreprise notoirement ruineuse. - Plaider contre un
insolvable.
MoNS. Co M hureux quand i n'ii foiiloi nié mette du bon à côte du monvais.
(Letellieh. Arinontique dé Mous. -I80O.)
311. Qui l'ach'têyc bon, 1' buiil bon.
LiTT. Celui qui l'achète bon, le boit bon.
Il faut donner le prix de chaque chose.
Pr. Qui bon l'achète, bon le boit (XV« siècle).
Qui bon l'achepte, bon le boit
(OUDIN. Curiositcz l'iauçoise.s. 1640.)
Cité par Forik. Uicl.
Cf. Rien n'est si cher que le bon marché.
312. C'est soviiil V bon ({ui |)àtihe po I' màva.
LiTT. C'est souvent le bon qui pâtit pour le mauvais.
L'homme méchant, usantd'artifice,faitsouvcnt sujjporter par
un homme débonnaire les suites de ses méfaits.
Les gens de bien pâtissent souvent des mesures que l'on
prend à l'égard des méchants.
Nahur. C'est sovint l'bon qui paye po 1' méchant.
313. Bon d'Yint iiiaiiva s' on ses cbièf man.
(VEHYMiRS.)
LiTT. Bon devient mauvais, si l'on s'en sert mal.
On doit se servir de toutes choses ]^our l'usage auquel elles
sont destinées.
Mes Ireus fàve provet li vi spot :
Bon d'vini mauva s' on s'ès chièf mau.
(POLLET. Ou bambert, li j' vau et x'maisse. 1872.)
314. \À mèyeii n'est niii bon.
LiTT. Le meilleur n'est pas bon.
Se dit de deux ou de plusieurs personnes presque également
vicieuses ou méchantes. (LiTTRii.)
Pr. fr. — Le meilleur ne vaut rien.
CnoEUB.
Les galant d' Ghaudfontaine
Sont sujet à caution.
I jowet tant d' dondaine
Qui r mèyeu n'est nin bon.
(De Harlez, De Cartier, etc. Li voijcfie di Chaudfoutaiue. III, se. I. 1757.)
— 88 -
BONHEUR.
315. Avu pus d' bonheur qii'ine Jîrave gins.
LiTT. Avoir plus de bonheur qu'un honnête homme.
Réussir au delà de ses espérances.
Crespin.
Si j' n'attrape nin r.jènisse, après des chaude parèye,
J'àret, j'el pou bin dire, pus d' bonheur qu'ine brave gins.
(Remouchamps. Li sâvHi. II, se. 3. -1858.)
Variante. Avu pus d' bonheur qui d'adresse.
(FoRiR. Dict.)
Basse- Allemagne. — Mchr Gluck als Verstand haben.
31(3. L' bonheur est fait po les bravés gins, et les
canaye es ])rofitet.
LiTT. Le bonheur est fait pour les braves gens et les
méchantes en profitent.
Comparez avec le précédent.
Stavelot. Li bonheur est fait po les hureux.
JoDoiGNE. Li bonheur est fait po les hureux el 1' besace po les mâlhureux.
pouleïbribeïx ^^ '' '^^^ '^' *^'''*^ '^"'^ '' ''°"^'^"'' ^'' ^^'^ P^*^ ''^ heureux éié 1' malette
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1868.)
317. On bonheur di flamind.
LiTT. Un bonheur de flamand.
Un événement fâcheux qui aurait pu être plus grave- on
ajoute souvent : i vùt mî coula qu'ine jambe cassêye.
Jodoigne. On bonheur di pindeu.
MoNs. Par bonheur, i n' s'a foc féé eine bosse à s' front, eine escorche à s' nez et
la s' genou. Ein bonheur dé flamind là ! . e i^o eue a nez ei
(J.-B. Descamps. Elpeiottier. Scène montoise. OEuvres. 1887.)
318. Gn'a pau d' bonheur sins bonne ètinde.
, ,, (Marche.)
LITT. 11 y a peu de bonheur .sans la bonne entente.
11 faut, dans une famille, se donner des témoignages de bon
vouloir, il faut vivre en bonne intelligence,'' se faire des
conces.sions mutuelles.
319 Li^ bonheur est dins l'air, i chaît ossi bin su
I tiesse don sot qui su l' tièsse d'on malin. (N\mur.)
LiTT. Le bonheur est dans l'air, il tombe aussi bien sur la
t'jte d un .sot que sur la tète d'un malin.
— 89 —
Le bonheur est souvent un effet du hasard, il peut déjouer les
calculs d'un liomme intelligent.
Variante. Li bonheur vole, attrape qui pout.
320. Avu de l)onheiir comme ine habyî d'sôye.
LiTT. Avoir du bonheur comme un vêtu de soie (de soies).
Gomme un gentilhomme ou comme un cochon.
Jeu de mots approximatif; car les soies de porcs s'appellent
en wallon s.ûii'-.
Basse-Allemagne. — Sauglûck haben {En. argot d étu-
diants : Der bat Schwein !)
BONJOUR.
321. Deux honjoû n' si k'battet nin.
LiTT. Deux bonjours ne se combattent (ne se contrecarrent)
pas.
Se dit à celui qui sahi« deux fois de suite la même personne.
— Vous m'avez déjà fait une révérence tout à l'heure : mais je
ne vous en remercie pas moins : quod abundat non vitiat.
BONNET.
322. C'est bonnet blanc et blanc bonnet.
LiTT. C'est bonnet blanc et blanc bonnet.
Il n'y a presque point de différence entre les deux choses
dont il s'aait ; l'une équivaut à Tautre. ( Acad.)
Pp, [y. — C'est bonnet blanc et blanc bonnet. — C'est jus vert
et vert jus.
Cité par Forir. Dicl.
C'est blanc bonnet po 1' cràhe et bonnet blanc po 1' boùre,
So 1' char et so les où, vos trovez bàbe di four.
(Thiry. Moirt di l'octroi. i860.)
So li drî, so li d'vant, vès Vervîs, vès Bruxelle,
C'est lodi blanc bonnet, ci n'est qu'ine bagatelle.
(Thiry. On voyège à coûte cour. 1859.)
Variante. Li sieur Guise a stu on grand homme,
Mayenne enne est li deuxème tome.
Et po n rin dire di mon ni d' pus,
C'est dé jus vert et de vert jus.
(Hanson. Li Henriade travextèye. Ch. III. iTSO.)
Variante. On pout dire c'est pîron parèye,
Comme dit li spot, la lire la la.
(Bailleux. Charmoti. 1863.)
- 90
Var. Jauiay. Garite.
Ju niourrciis s'i m' fallévc dumani les bresse es creux; mais savez-v' bin quoi?
Vos veroz d'iiiani aveu mi, c'est piron parèye.
(Xhoffer. Len deux soroche. I, se. 12. 1861.)
Var. Nivelles. T'abouni que j' vois d'au Ion no vî clokî d' Nivelles,
, Je sus contint, l'aule re.sse, j'aime austant vache qud via.
(G. W1LL4ME. Em Nivelles. Strophes. 1890.)
Var. Cuarleroi. Après in roi c't in aute, pusqué c't ainsi qu'on 1' vout ;
Et s' nô cange et v'ià tout
C'est chou viert et viert chou.
(Bernus. Viuierrcmenl de V lionne. Faufe. 1873.)
Var. Tournai. Ch'esl l' hoch' peol à l'av'nant des carotte.
323. Prinde disos s' bonnet.
LiTT. Prendre sous son bonnet.
C'est une chose qu'il a imaginée et qui n'a aucun fondement,
aucune vraisemblance. (Acad.) - Prendre la responsabilité
d'une chose.
Pr. fr. — Il a pris cela sous son bonnet.
Var. Namur. Il a pris ça d'so one barette.
Var. Jodoigne. Il a trovd ça d'so s' cossu.
324. Mette si bonnet d' trivièt.
LiTT. Mettre son bonnet de travers
Entrer en mauvaise humeur. (Acad.)
« C'est le désordre de l'esprit, représenté par le désordre de
la coiffure. »
(QUITARD. Dict., p. 166.)
Cité par Forir. Dicl.
325. Lèyans coula po fer 'ne bonnette à Mathî.
LiTT. Laissons cela pour taire un bonnet à Mathieu.
Remacle {Dict.) dit : po fer 'ne golette (fressure).
Abandonner une chose qui devient inutile. — Changer de
conversation. — Passer d'une chose que l'on considère comme
futile à une autre plus importante.
Dubois (passant inte deux).
Jans, jans ! vùdans nos verre, lèyans tôt coula po fer 'ne bonnette à Mathî, il est
limps d'enne aller.
(T. Brahy. Li bouquet. Se. 7. 1878.)
Louise.
Jans, ailans s' beiJre ine tasse et lèyans ç,oula po fer 'ne bonnette à Mathî. Lisîse
ni vàt nin l' chandelle.
(Willem et Bauwens. Les lourciveux. Se. 3. 1882.)
— 91 —
Marche. Si ça n' va nin mî qu' ça n'a sti,
Fans-ès on bonnet à Mathi.
(Alexandre. P'tit coni. 1860.)
356. Vol' là, ramasse ti bonnette.
LiTT. Le voilà, ramasse ton bonnet.
Le voilà, fais-en ce que tu veux ; je te l'abandonne, je
le dédaigne.
BORGNE.
327. I n'fâi nin s' fer boigne po rinde ine aute
aveûle.
LiTT. Il ne faut pas se faire borgne pour rendre un autre
aveugle.
Il ne faut pas se nuire pour faire du tort à un autre.
328. Boigne d'ine oûye, aveûle di l'aute.
LiTT. Borgne d'un œil, aveugle de l'autre.
Privé de la vue.
Cité par Forir. DIcJ .
329. Tourner d'on boigne so 'ne aveûle.
LiTT. Tomber d'un borgne sur un aveugle.
Changer, par méprise, une chose défectueuse contre une autre
plus défectueuse encore. (Acad.)
Pr. fr. — Tomber de mal en pis. — Tomber de la poêle dans
la braise. - Tomber de Gharybde en Scylla. — Tomber de fièvre
en chaud mal.
Cité par Forir. Dict.
Mais i'bon Diu l's y déri : sos-,je don vosse domestique?
Vos âriz d'vou d'abord wàrder vosse république ;
Po v' continter ji v's aveus d'né on pà.
I v'faiidve on vrai roi, à c'sle heure broyiz vosse ma.
C n'est nin ces raine là totès seule
Qu'ont toumé d'on boigne .so 'ne aveûle.
(Bailleux. Lesraine qui (Vmandet on roi. Fàve. 1852.)
Mais Ion di v' raviser,
C'est d'on boigne so 'ne aveûle qui vos avez toumé.
(Thiry. Ine copenne so V mariège. 1858 )
Jalhay. Bieth'mé.
Matbî va s'ègagî d'vins les coûtés châsse, po s'iirer foû de 1' gare civique, mais i
poreut bin cangî d'on boigne so 'ne aveûle,
(Xhoefer. Les deux soroche. I, se. \'*^. 1861.)
Mais, mutoi, aveul-i sogne di tourner d'on boigne so ine aveûle. ca i n'drovia nin
s'poite po çoulà.
(Magnée. Li Houlotte. 1871.)
— 02 —
Marche. El d'sus on p'iit d(5faut on gueule
On r'tomme (l'on boigne so one aveùle.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
JoDOiGNE. Tourner d'on boigne seu one avcûle.
Moss. Quand on veut ette trop bié, on tombe d'in borgne in aveugle.
(Letelliek. Armonaque dé Mom. 4865.)
Var.* Mons. I d'à bé qui ont cru mette leu main su in champignon et qui l'ont
mis su 'ne vesse à6 leup.
(MouTRiEUX. Des nouvieaux conte dé quié. iSoO.)
Tournai. Querre d'in borne sur in aveùle.
St-Qlentin. Pourvu qui n'erquiensj' siéin pau leu borne pour ein avule.
(GossEU. Lettres picardes. 18-45.)
330. Cangî on boigne chivâ conte ine aveùle.
LiTT. Changer un cheval borgne contre un aveugle.
Cité par Forir. Dict.
Pr. fr. — Changer son cheval borgne contre un aveugle.
Changer une chose mauvaise contre une autre plus mauvaise
encore, faire un mauvais marché; empirer sa condition.
(LiTTRÉ.)
Borinage. Si bié que l'payse français s'a aperçu qu'il avo candgé s'quevau borgne
conte in aveùle.
{Armonaque du Borinarje in patois borain. 4849.)
331. Vos estez boigne, vos irez wârder les âwe
à Visé.
LiTT. Vous êtes borgne, vous irez garder les oies à Visé.
Manière polie de dire à quelqu'un : Vous êtes un sot.
BOSSU.
33*2. Li ci qui s' gène, i d'vint bossou.
LiTT. Celui qui se gêne, devient bossu.
Excuse peu polie des personnes qui refusent de se donner un
peu de gêne pour faire plaisir à quelqu'un. — La gène fait
souvent prendre au corps une position qui n'est pas naturelle.
Pr. fr. — Où il y a de la gène, il n'y a pas de plaisir.
BOTTE.
333. A propos d'botte
LiTT. A propos de bottes.
Sans motif raisonnable, liors de propos. (A.GAD.)
Prov. A propos de bottes
C n'est nin à propos d' botte çou qui j'ennès d'S la,
Pusqu'il est question d'ine pauve feume qu'avala
Tant d'aiwe es Moùse qu'elle y liniha s'vèye.
(Bailleux. Li feumme nèyèye. Fàve. 4851.)
— 93 -
334. Ecrâhî les l)otte.
LiTT. Graisser les botttîs.
Se préparer à partir pour (|uelque voyage ; se disposer à
mourir. (Acad.)
Administrer les huiles saintes.
Prov. Il faut qu'il graisse ses bottes.
Cité par Forir. DicL
MoNS. Elle aroit hé voulu in elle quitte tout d'suile, puisque l'médcien l'avoit
condamné, et qu'sés botte étiont ingressée, comme elle disoit.
(Letellieu. Armonaque dé Mon.t. 1849.)
Bobinage. Via l'curé tourminté ; i dit qui n' l'interra nié ;
Qu'on n'doit nié s'mette in route pou l'aute monde,
Sans avoi enne pâtée d'huile su ses sole.
{Armonac du Uorinage, in patois borain. 1849.)
Bourgogne. No, quan lai mort
Venré graissé no bote,
Je no feson for
D'alai dans lai Céleste cor.
(Bernard DE la Monnoye. Noël Bourguiynou. 1700.)
335. Vos aroz des botte à Pauques
Et des beloqiie à l'saint Jaucques.
(JODOIGNE.)
LiTT. Vous aurez des bottes à Pâques.
Et des reines-claude à la Saint- Jacques.
Promesses illusoires ; manière d'éviter de taire une pro-
messe.
336. Magiiî les botte di s'maîsse.
LiTT. Manger les bottes de son maître.
Ne pas faire convenablement sa besogne, ne pas accomplir
sa tâche.
Var. Malmedy. Magnî 1' brèyon (gras) des jambe.
Rester à charge à quelqu'un sans travailler.
BOUC.
337 . Pusse que l' bouc pue, pusse que l' gatte qu'elle
16 voit volontiers. (IIalnaut.)
LiTT. Plus le bouc pue, plus la chèvre le voit volontiers.
On ne doit reprocher à personne certains défauts qui n'en
sont pas toujours, certaines actions que Ton commet aussi.
MoNS. Vo-n-horame ne saro nié ette pu puant que vos Testez d'vins c' momint
là, d'ayeiirs 1' proverbe dit : pusse que 1' bouc pue, pusse que l' gatte qu'elle lé voit
volontiers.
{Armonaque du Borinacje. 1849.)
Namur. Pus rijoc pue, pus Tgatte li voit vollî.
— 94 —
838. Plis vî est I' 1)0, pus deûre est s' coine.
LiTT. IMus vieux est le bouc, plus dure est sa corne.
L'âge rend plus coriace, moins agile, et au moral, plus égoïste.
BOUCHE.
339. 11 a 'ne boke qui lia^ne âx qwatte costé.
LiTT. Il a une bouche qui mord des quatre côtés.
11 est mordant, il aime à dénigrer les autres.
340. I fàt fer comme sainte Monique, mette di
i'aîwe es s' boke.
LiTT. Il faut taire comme sainte Monique, mettre de l'eau
dans sa bouche
H laut prendre patience.
Sainte Monique avait un mari excessivement vif; pour éviter
les querelles, elle conservait de l'eau dans la bouche, pendant
tout le temps qu'il lui faisait des reproches. — C'est le sujet
du crâmignon intitulé : V.Miue bènbyc de curé, d'ANTOiNE
Remagle, inséré au Bulletin de la Société liégeoise de litté-
rature wallonne. 1860.
Mencheur.
Ni vàreut-i nin mi d'esse àx incuràbe? de mons là, ji sèreu tranquille, ji n'âreu
nin mèsàhc di m' mette co traze féye di I'aîwe es m' boke.
(BitAHY. A qui r/dte? Se. I. 4882.)
Vab. Tournai. Ertenir s' langue dins s' bouque.
341 . Çou qu'est doux à 1' boke est-st-amér a cour.
LiTT. Ce qui est doux à la bouche est amer au cœur.
Les sucreries sont malsaines; trop de plaisirs gastro-
nomiques sont nuisibles. (Voir le suivant.) Cf. L'Apocalypse^
ch. X, V. 9.
342. Çou qu'est-st-amér à V boke est doux â cour.
LiTT. Ce qui est amer k la bouche est doux au cœur.
Les médicaments amers sont souvent bienfaisants.
Le français n'emploie que ce proverbe :
Ce qui est amer à la bouche est doux au cœur.
(Le père Je.\n-Marie. Divercissement des sages. 1665.)
Cité par Forir. Did.
Marche. L'amér os V boche est douce au cœur.
343. Ni t' siève nin de V boke d'ine aute s' on n' ti
l'a prusté.
LiTT. Ne te sers pas de la bouche d'un autre si on ne
te l'a prêtée.
— 95 —
Ne répète pas les paroles d'autrui sans y être autorisé. — Ne
cite point oonime ton autour celui qui ne t'a rien dit.
Variante. I n' fàt. jamàye jàser avou 1' bokc d'ine aute, so c" limps là on poreut
chir es 1' vosse.
344. De r moain à V boticlie, si piède soviiit l' soupe.
(Namuk.)
LiTT. De la main à la bouche, se perd souvent la soupe.
II ne faut qu'un moment pour faire manquer une aftaire par
quelqu'accident imprévu. (Littré.)
Pr. fr. — Il arrive beaucoup de choses enire la bouche et le
verre. — Il y a loin entre la main et la bouche.
Entre bouche et cuillier
Avient souvent grant encombrier.
{Roman dn 7-enard.)
Multa cadunt inter calicem supremaque labra.
(Lejeune. Proverbia familiurui. •1741.)
De la mano a la boca se pierde la sopa.
[Prov. espagnol.)
Entre bouche et cuillier, il arrive souvent du destourbier.
(Le père Jean-Marie. Divertissement des sages. dCCS.)
Variante. Titinne.
Vos savez qu' bin sovint on r'vinl so ses idèye,
Inle li tasse et 1' gosî, gn'a co Ion pus d'ine fôye.
(Toussaint. Jan'yiesse. III, se. i'c. 1890.)
345. Fer di s' boke si cou.
LiTT. Faire de sa bouche son cul.
Manquer à sa parole.
A-t-on co màye oyou
Jàser ainsi ? dit l' leup, c"esl fer di .s' boke si cou.
(Bailleux. Li leup., F mère et l'èfani. Fàve. 1832.)
Cité par Forir. Dict.
346. N'avu ni boke ni sporon.
LiTT. N'avoir ni bouche ni éperon.
N'écouter aucun conseil, aucun avis.
Être sans frein, sans retenue.
Être stupide et insensible. (Littriï, à propos de cheval.)
347. I sût r mode des homme ; i doime avou
r boke ù luge.
LiTT. Il suit la mode des hommes : il dort avec la bouche
ouverte.
II a toujours soif.
— 96 —
348. C'est V cîr qui v' pihe es 1' boke.
LiTT. C'est le ciel qui vous verse à boire.
Le vin qu'on vous offre est excellent.
Dicton des vieux liégeois, entre la poire et le fromage.
Marche. L' petit Jésus v' piche os 1' boche.
Var. I^amur. Vos vos ralèchî co les moustache on quart d'heure après, vos diriz
vraimiiit qui 11 p"tit Jésus a pichî dins vosse bouche.
{Marmite, journal. 1884, n" 4.)
349. 11 a 'ne boke qu'on-z-y freut intrer on stron
à côp d' coiîhe.
LiTT. Il a une bouche à y faire entrer un étron à coup
de fouet.
Il a la bouche démesurément grande.
Varunte. On l'a spani avou 'ne sesse.
Var. Naml'R. Il a one gueùye d'empeigne.
Namur. Car li fèye do grand Colas, dimeigne ^
N'a pont seu awet d' bon,
Ci n'estait nin s' canton,
Elle a co moinrné si gueùye d'empeigne.
(J. COLSON. One distribution d' soupe. Ch. -1862.)
Var. Nivelles. Il a 'ne bouche comme el benoiti d'Haï.
{L'Aclot. 1889. N" 2.)
Var. Jodoigne. i droveùve one bouche comme on for.
3o0. A côté de t'bouque, clie s'ra t'n orelle.
(Tournai.)
LiTT. A côté de ta bouche ce sera ton oreille. Il n'y aura rien
de changé.
C'est en ces teriTies que répond toujours l'ouvrier de fabrique,
lorsqu'on lui promet, pour un temps prochain, une augmen-
tation de salaire.
351. I fàt régler s' gueùye sorlon s'boûse.
LiTT. 11 faut régler sa bouche selon sa bourse.
Il faut mesurer, régler ses dépenses selon son revenu.
Gouvei'ne la bouche selon ta boui^se.
(OUDIN. Curiosilez françaises. -1640.)
Il ne faut pas faire pour la table et en général pour quoi que
ce soit plus de dépenses que la fortune ne permet. (I.ittré.)
Jodoigne. I faut todeu arringî s'gueûye selon s'boûse.
354. Gueùye affamêye ni qwîre nin 1' sâce.
LiTT. Bouche affamée ne cherche pas la sauce.
- 97 —
La faim assaisonne tous les mets. (Acad.) — La faim nous
rend accommodants sur le choix des aliments.
Pr. fr. — 11 iTest chère que d'appétit,
La faim est le meilleur assaisonnement.
Qui a faim, mange tout pain.
{Proverbes de Bouvelles. io57.)
Les Allemands disent : Der Ilunger ist der beste Koch.
Cité par Forir. Dict.
353. I] a r gueûye pavêye.
LiTT. Il a la bouche pavée.
Se dit d'un homme quand il mange ou boit fort chaud sans
se brûler. {Oict. port, des prou. fr. uni.)
Pr. fr. — Il a le gosier pavé.
Avoir le gosier pavé.
(OuDiN. Curiositez françaises. ièW.)
Cité par Forir. Dict.
GiRA.
I fàt avu Tgueùve pavêye.
Po houmer,
Sins soffler,
Cisse bolante cabolèyc.
(De Harlez, de Cartier, etc. Li Voyège di Chaudfontaine. III, se. 1. 1757.)
354. Laver l' gueûye.
LiTT. Laver la gueule.
Régaler, gorger quelqu'un.
Variante. I s' fait toili laver 1' gueûye.
C'est un pique-assiette, qui ne délie jamais les cordons de
sa bourse.
355. I n' faut pont courir à 1' Mad'leine
Pour vîr eine gueule comme l' tienne.
(Tournal)
LiTT. Il ne faut pas courir à la Madeleine
Pour voir une bouche comme la tienne.
Citation empruntée à une sorte dû langage en vers employé
avec succès par un honorable serrurier de notre ville et que
nous pouvons traduire comme suit :
« Il ne faut pas aller loin pour rencontrer un visage pareil
au vôtre. » {Étrennes loiirnaisicnnes. 1886.)
356. Clos t' gueûye les stron volet.
LiTT. Ferme ta bouche, les étrons volent.
— 98 —
Taisez- vous. Ne dites pas de paroles inutiles.
Variante. I ravisse les raine de meus d'aousse, il a 1' gucûye close.
Il veut parler et ne sait |)liis que dire.
3o7. On n'droùve nin 1' l)oke pus làge po minti
qui po dire li vraie.
LiTT*. On n'ouvre pas la bouche plus large pour mentir que
pour dire la vérité.
11 n'est pas plus difficile de mentir que de dire la vérité.
BOUE.
858. Qwand i nive dissus les brou,
De j' geaiée diva ni trois joû. (Namur.)
LiTT. Quand il neige sur la boue,
Il gèle avant trois jours.
359. Qui s' vont nianni, va d'vins les brô. (Makche.)
LiTT. (Celui) qui veut se salir, va dans les boues.
Il faut éviter le contact de la mauvaise compagnie, sinon on
vous accusera de la rechercher.
JoDOiGNE. Qui vout s'fer mannet va dins les brou.
Var. Namur. 1 voul si r'iaver avou de broiilî.
BOUGER.
360. N' bouge pont d' là, j'te veos d'ichi. (Tournai.)
LiTT. Ne bouge pas de là, je te vois d'ici.
C'est inutile de m'en dire davantage, je vous ai compris.
S'emploie surtout pour mettre fin à une plaisanterie cousue de
fil blanc.
Namur. N' bouge nin d'ia, ji voet di l'ci.
BOUILLIE.
361 . Nàhi comme di trinte-six bolèye li joû.
LiTT. Fatigué comme (s'il avait mangé) trente-six bouillies
par jour.
Très fatigué. — Fatigué d'un mets ou d'une chose trop
souvent répétée.
Prindez astème à mi et vos 'nnès serez r'pahou comme di six bolèye li joû.
(Salme. L'héritage (la Jacqiie Leduc. Chansonnette. dSTS.)
Bieth'mé.
Peler lescrompîre, fer Tcoubenneet r'nettî 1' manège j'ennès so-t-ossi nàhi qui
d'six bolèye li joû.
(WU.LEM et Bauwens. Pèchi rach'ié. Se. 4. -1882.)
— 99 -
362. Magnî 1' bolèye so l' liesse d'ine saquî.
LiTT. Manger la bouillie sur la tète de quelqu'un.
Se mettre au-dessus de quelqu'un, le mépriser.
Cité par Forir. Dict.
BOUILLON.
363. Qwand 1' boiiyon eût, el iat hoiimer.
LiTT. Quand le bouillon bout, il faut l'écumer.
Quand nous trouvons l'occasion favorable, nous devons en
proliter, — 11 ne faut pas négliger ses affaires.
364. Trop laurd ! li bouyon est cheumé. (Jodoigne.)
LiTT. Trop tard ! Le bouillon est écume.
Vous arrivez trop tard ; l'affaire est terminée, les bénéfices
sont partagés.
365. Beûre on bouyon.
LiTT. Boire un bouillon.
Faire une perte considérable par suite d'une fausse
spéculation. (Littré.)
Baîwir.
Blesse ! avou tote leu sope, i m' front beûre on bouyon,
As-se (les censé, vî Crahay ?
(Alcide Pryor. Baiwir so s' panse. -1863.)
Baîwir.
Si t'as pierdou tes censé, fàt avaler 1' bouyon.
(Alcide Pryor. On drôle di muriège. 1868.)
Variante. Servas.
Ml cabaret va beùre on rare côp d'aîwe, ca ci n'est nin les riche qui nos fet vlker,
c'est i'ovrî.
(T. BrAHY. Li bouquet. I, sc. i^e. -1878.)
Tournai. Et comme d'effet, Polyle a bu rboui(;on; ch'est même à cause de cha
et du trô qu' cha aveol fé à s' bourse, qu'il a rev'nu quate jou pus tôt faute de yard.
(Almimach du Tournaisien. L' voyage de Polyle. 18812.)
366. Fer de bouyon po les moirt.
LiTT. Faire du bouillon pour les morts.
Faire une chose sans profit, une dépense inutile. Expliquer
sans convaincre.
Crespin.
Jl creus qu' vos avez toirt
Ces rapàv'tège là, c'est du bouyon po les moirt.
(Remouchamps. LisavUi. I, sc. 5. 18o8.)
Et r ci qui hoùte tôt çou qu' li li raconte,
C'est po t' complaire, ca t'es hoùyesi foû s'qwére
Qu'on sinl qu' li fais de bouyon |io les moirt.
(J.-T. lioucdde d'on vi cli'vd d'atèlège d Pont-d's-Ache. ISÎJS.)
— 100 —
Jalhat. Bièth'mé.
Lèyaiis-Ià tôt coula. C'est do bouyon po les moirt ; c'est-st-à Majenne qu' j' parule-
reiis voulli.
(XiiOFKER. Les deux soroche. I, se. 5. i861.)
I gn'a (ièjà deux an (lu'on fève de bouyon po les moirt toi maherant papî se papî.
(Magnée. Li houlotte. 1871.)
Marche.* L' ci qui n' tint avou les pus foirt,
Ni fait qu' do bouyon po les moirt.
(Alexandre. P'tit corti. 4860.)
MoNS. Quand l'aras fait l'candieau, faudra l'humer, eiet tout c'qué lu poudrois
faire après, c'est comme si tu m'fesois in candiau quand j' serai mort.
(MoiiTitiEUX. Des nouviaux coule dé quii. iSSO.)
367. Dineron bouyon d'onze heure.
LiTT. Donner un bouillon d'onze heures.
Breuvage empoisonné. (Littré.)
368. Oh n'fait nin de bouyon avou des cawiaî.
LiTT. On ne fait pas du bouillon avec des cailloux.
On ne fait rien avec rien. — Il ne faut pas compter sur le
produit d'une terre stérile.
369. Printe 1' bouilleon et laisser Téquemme.
(Tournai.)
LiTT. Prendre le bouillon et laisser là l'écume.
Prendre la plus grosse part du gâteau ; ne laisser que les
bribes; s'avantager au détriment des autres.
370. On n'tape mâye ine pire es l'aiwe, qu'i n' vinse
on bouyon.
LiTT. On ne jette jamais une pierre dans l'eau, qu'il ne
vienne un bouillon.
Il faut prévoir les conséquences. — C'est par leurs résultats
que nos actions secrètes sont connues. — Tout finit par se
découvrir.
BOULANGER.
371. Vât mî d'aller a bolgî qu'à l'apothicâre.
LiTT. Mieux vaut aller au boulanger qu'au pharmacien.
Les dépenses qu'on fait en état de santé, causent moins de
regrets que celles qu'on est forcé de faire pour se guérir d'un
mal.
Cité par Forir. Dict.
JoDoiGNE. Vaut mia aller au bolgî qu'à l'apothicaire.
Picardie. Il vaut mieux aller ach' l'ormère (armoire) qu'à ch' l'apothicaire.
(CoRBLET. Glossaire. 1851.)
- 101 —
BOULEVERSER.
37^2. I fait cial ossi k'tapé qu'amon Lîbrihe.
LiTT. Il fait ici aussi bouleversé que chez Librihe.
C'est le comble du désordre.
Elle ni fait rin s'elle ni gèmîhe,
C'est dix fôye pé qu'amon Lîbriiie.
(FoRiR. Li k'tapé manège. 1836 )
BOURGEOIS.
373. Li borgeu va d'vanl l'haquin.
LiTT. Le bourgeois marche devant le valet.
On doit servir les maîtres avant les domestiques. — Il faut
se servir d'abord et les autres après.
Cf. A tout seigneur tout honneur.
A passage et à rivière,
Laquais devant, maître derrière.
Le mot haquin n'est plus employé que dans ce proverbe ; il
signifie probablement palefrenier (de Haque, v. fr. cheval). —
II convient de signaler l'analogie avec facchino (porte-faix).
Cité par Forir. Dict.
Basse -Allemagne. — Erstder Herr, dann der Knecht.
BOURSE.
374. 1 tint r boùse po l'make.
LiTT. Il tient la bourse par la tète.
Il est certain d'être payé des dettes qu'on a contractées à son
égard. — Il a une garantie.
Pr. fr. — Tenir le bon bout par devers soi.
375. 1 fauret que j'poile me l)ouse à maule.
(JODOIGNE.)
LiTT. Il faudra que je porte ma bourse à mâle.
Je n'ai plus rien dans ma bourse, al faut que je la fasse
remplir.
On dit par plaisanterie :
Variante. Tu botèye est vûde, valet, farel l'rèminer à lorai.
Ta bouteille à genièvre est vide, mon garçon, il faudra la
conduire au taureau, sous entendu pour la rendre pleine.
(A. BODT. Vocab. des agriculteurs.)
BOUT.
376. Ça n'a ni queue ni coron. (MoNS.)
LiTT. Gela n'a ni queue ni bout.
— 102 —
Gela n'a ni commencement ni fin; cela n'a pas le sens
commun.
377. Elle rijond ses coron.
LiTT. Elle joint ses bouts.
Elle est économe, bonne ménagère.
Joindre les deux bouts, avoir tout juste de quoi subsister,
ou joindre les deux bouts de l'an, c'est-à-dire aller, sans
dépasser son revenu, d'un bout de l'an à l'autre. (Littré.)
Variante. Qwand nos estans tourné so bonne joyeuse dondon
Qui vike po nos complaire et r'mette les bout à pont.
(Thiry. Les saisons. Poème.)
Mayanne.
Qwante fèye ave oyou dire, c'est-st-ine homme qu'ennès fond
I pout bin aimer s'feuinme, elle iî r'mette ses coron.
(Hannay. Li mâye nedr d'à Colas. II, se. il. 1866.)
Thérèse.
Vos ârez, tôt sayant di r' loyî vos coron,
Li pus hureux manège di tos les environ.
(Salme. lue feumme qii'ennès vât deux. Se. 44. 1876.)
Var. Jalhay. Garite.
C'est one homme bin agligint, qui tint bin les coron essôle, qui sét fer v'ni l'aîwe
so l'molin.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 12. 1861.)
Stavelot. C'est c' qui tint les coron essonle.
ISamur. Et t'nant bin les coron èchonne,
Li bonheur sèret dins l' maujonne.
(J. GoLSON. Boutez-vous à piesse. Ch. 1862.)
Marche. Chacun a do mau comme i m' sonne
Do mette les deux coron essônne.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
Beauraing. Et qui s' femme qui s' distrut, nuit et joû, dins l' maujon
A bin des ruse à 1' fin di jonde les deux coron.
(Vermer. Les solée. 1862.)
JoDOiGNE. Mette les coron èchonne.
Nivelles. Nous aute, nos travayon t'I au long du joû, et co à screnne èyè c'est
tout r pu s' au bout d' l'année nos savons r'ioyî les deux bout inchenne.
{L'Aclot, n« 22. 1889.)
MoNS. Nos f rons des chinq quart tous les jour de 1' semaine, nos arriv'rons bé
sur à mette les bout insembe à 1' fin d' l'année.
(i. Decléve. Totor el choumaque. Se. 12. 1889.)
878. Lu toi, c'est d'attraper l' bon bêche.
(Stavelot.)
LiTT. Le tout c'est d'attraper le bon bout.
— 103 -
Trouver le moyen de réussir, trouver le joint, le côté par où
il convient de prendre une chose. (Littré.)
A quiconque le sait prendre par le bon bout.
(MOUÈRE. L'Etourdi. III, sc. 2.)
BOUTh:iLLE.
:^79. Esse es 1' bolèye à l'iiiche.
LiTT. Être dans la bouteille à l'encre.
N'être pas blanc
Prov. fr. — C'est la bouteille à l'encre. — C'est une affaire
obscure, embrouillée et en parlant d'une personne, c'est
quelqu'un dans les idées de qui on ne voit pas clair. (Littré.)
Basse-Allemagne. — In die Dinte gerathen {ne s'emploie
pas dans le sens du spot wallon, mais sii;nifie seulement : être
embarrassé, indécis).
380. Avou si, on mette Paris d'vins 'ne botèye.
LiTT. Avec un si, on met Paris dans une bouteille.
Vouloir faire une chose impossible.
lATi.
El s'j'aveus doux cint mèye.
Tonton.
Si ? Avou si on mette Paris d'vins 'ne botèye.
(E. Remouchamps. Tâtî V perriqul. II, sc. 3. I880 )
381. C'est trotet d'vins one botèye. (MArtCHt:.)
LiTT. — C'est peter dans une bouteille.
C'est faire une chose inutile.
Elle donne co des côp bon consèye,
Mais c'est trotet d'vins one botèye.
(Alexandre. Fut coni. 1860.)
BOUTIQUE.
385. Po n'rin wangnî, l'botique est serrêye.
LiTT. l'our ne rien gagner, la boutique est fermée.
Il ne faut pas persister à faire une chose onéreuse. — Sc dit
également au chaland qui marchande outre mesure.
383. P'tite boutique par devant, grand bazar par
derrière. (Tolhn.\i.)
LiTT. Petite boutique par devant, grand bazar par derrière.
Commerce clandestin, se dit surtout à propos de maisons de
rendez-vous, dans lesquelles on a installé un magasin insigni-
fiant, destiné à sauver les apparences.
{Èlreiiues tonryiaisiennes. ISSi.)
— lOi
BOUTON.
384. Keûse deux boton d'on côp d'awèye.
LiTT. Coudre deux boutons d'un coup d'aiguille.
Faire d'une pierre deux coups.
A aussi un sens erotique.
BOYAU.
385. Avoir les boyeau qui groul'tent eddins
s'panche. (Tournai.)
LiTT. Avoir les boyaux qui grouillent dans le ventre.
Avoir le ventre creux.
386. Avoir des boyeau comme des haversa,
comme des manche d'Augustin. (Tournai.)
LiTT. Avoir des boyaux comme des havresacs, comme des
manclies d'Augustin.
Manger beaucoup, être doué d'un grand appétit et manger
gloutonnement d'énormes portions de nourriture.
On dit aussi comme des Franciscains. (Prov. latins.)
Appétit ouvert comme la gibecière d'un avocat.
(OUDIN. Cttriositez françaises. 1640.)
Il a toujours six aunes de boyaux vides.
C'est un homme toujours prêt à manger. (Littré.)
BRAILLARD.
387. Les grands braiyâ n'ont mâye toué personne.
LiTT. Les grands braillards n'ont jamais tué personne.
De la menace à l'exécution, il y a souvent loin.
Les gens que vous tuez se portent assez bien.
(Corneille. Le menteur.)
Variante. Li pus grand braiyâ n'a mâye magni nouk.
Var. Tournai. Grands diseu, p'tits féscu.
Ceux qui parlent le plus,avant le danger, sont les plus timides
pendant l'action.
BRANCHE.
388. Pochî d'ine cohe so l'aute.
LiTT. Sauter d'une branche sur l'autre.
- 405 -
Passer brusquement d'un sujet à un autre, en ne s'arrêtant
à aucun et en les traitant tous superficiellement. (Agad.)
Pr. fr. — Sauter de branche en branche.
Cité par FoRiR. Dict.
J'a chanté so tos les sujet,
Pochî (i'ine cohe so l'aute.
(Dehin. Les bâbe et les perrique. 1844.)
Ji poche d'ine cohe so Tante, comme i tome à l'idèye.
(Bailleux. Li cheptt et Saint-Antône. Fâve. 18SG.)
Qwand c'est qu'il eurit dit tôt çou qu'i poléve dire,
I s' tapa so 'ne aute cohe et rik'minça de scrire.
So Saint-Geoire et Saint-Màrtin.
(J.-J. Dehin. Li poète garanti par les saint. iSM .)
Crespin.
Ji poche so ine aute cohe,
Ji m' sèche todi d'affaire.
(Remouchamps. Li sav'tl. I, se. 5. ISSS.)
Variante. Tatenne.
S« l' pau qu'i d'vise à c'ste heure, i poche so tote les cohe.
(Peclers. Vovrège d'à Chanchèt. Se. 4. 1872.)
Namur. Il vint do r'marquer l' plan, il est fier et contint,
Il vole d'one cohe à l'ôle et s'arrôte à momint.
(Wérotte. Choix de chansons wallonnes. 1860. 3^ éd.)
389. 1 n'est mâye so vette cohe.
LiTT. Il n'est jamais sur verte branche.
Il est toujours atteint de quelques maladies.
Cité par Forir. Dict.
390. Si rat'ni à totes les cohe.
LiTT. S'accrocher à toutes les branches.
Non pas sans doute à la façon de frère Jean des Entommeures.
(Rabelais. Gargmitua, liv. I, ch. 42.)
Se servir de tous les moyens, bons ou mauvais, pour se tirer
d'embarras, de danger. (Agad.)
391. Po av'ni âx cohe, i fât prinde li boche.
LiTT. Pour parvenir aux branches, il faut prendre le tronc.
Pour réussir dans une chose accessoire, il faut d'abord
s'occuper de la chose principale. S'emploie généralement dans
le sens de : Pour se faire bien voir de la fille, il faut commencer
par plaire aux grands parents.
Prov. fr. — Il vaut mieux se tenir au gros de l'arbre qu'aux
branches, c'est-à-dire il vaut mieux s'attacher à celui qui a
l'autorité supérieure qu'à celui qui n'a qu'une autorité
subalterne. (LiTTRbi.)
~ 106 —
392. Si raspouyî so 'ne mâle cohe.
LiTT. S'appuyer sur une mauvaise branche.
Compter sur un secours qui n'arrivera pas. — Espérer un
succès chimérique.
Cité par Forir. Dict.
• J'a trop ikrdâ de vèye qui j'esteus so mâle cohe.
(TniRY. lue cope di grandiveux 1859.)
Divant de v'ni, ji m'a doti^
Qu'on voreut muloi m'fer chanter
Ine saquoi d'bin ou d'mâ tourn(!,
Po m'diner à k'nohe.
Mais ji SOS foirt imbarrassé
Caji m'trouveso 'ne mâle cohe.
(Galand. fne Kifession. Chanson. 1863.)
Var. Verviers. Su rapouyî so pûri bois.
Var. Stavelot. I n'fàt nin s'raspouyî s'on pouri baston.
Var. Jodoigne. I n'faut ni mette ses pîd seu l'mauvaise coche.
Var. Jodoigne. I s'a fyî seu one fausse coite.
393. I s'rattrappe âx cohe.
LiTT. Il se rattrappe aux branches.
Se dit de l'orateur ou du causeur qui a perdu le fil de ses
idées et qui s'appesantit sur un détail accessoire pour gagner
du temps et retrouver son thème.
BRANLER.
394. Çou qui hosse tint lodi.
LiTT. Ce qui branle tient toujours (encore).
Il ne faut pas s'exagérer ses infortunes ; tant qu'il y a vie, il
y a espoir.
Femme qui pette n'est pas morte.
(J.-J. Rousseau. Confessions.)
Prov. fr. — Tout ce qui branle ne tombe pas.
Se dit pour exprimer qu'une chose qui n'est pas solide peut
durer, qu'une personne qui est maladive peut vivre longtemps.
(LiTTRÉ.)
Namur. Toi c' qui pind n' chait nin.
Picardie. Tout ce qui hoche ne ket point.
St-Quentin. Tout chou qui hoche y n' quail pau.
39o. Ci n'est nin F pà qui hosse qui tome todi
l'prumi.
LiTT. (Je n'est pas le pieu qui branle qui tombe toujours le
premier.
- 107 —
Ce ne sont pas les personnes faibles, malingres ou âgées qui
meurent plus tôt que les autres.
Pr. fr. - Aussitôt meurent jeunes que vieux — Autant
meurent veaux que vaches.
Variante. I n' fàt màye rire des flàwe, ni des pauve mesbrugî,
Ci n'est nin I abe qui bosse qu'es va todi 1' prumî.
(Dehin. Li chêne et V clajot. Fàve. 18b 1.)
BRAS.
396. I vât mî piède on bresse qui tôt V coirps.
LiTT. Il vaut mieux perdre un bras que tout le corps.
Il est préférable de faire un petit sacrifice en temps opportun
que de courir la chance d'en faire un plus grand dans l'avenir.
Mieux vaut perdre peu que beaucoup. — Minima de mali!>.
Cité par Forir. Dict.
Vermers. J'aime èco mî d' piète on bresse qu tôt 1' coirps.
(Pire. Peign'rlz-r biu on diiile qui na nin des cli'ret ? Ch. Amuseltes. 1884 )
Verviers. On boveu n'a nin pus d' longuesse
I v' diret, s'i piède aux cwarjeu,
Qu'i vaut mî du s' casser on bresse,
Quu du s' les casser tos les deux.
(Xhoffer. Les burdoije. iSCT.)
Marche. I vaut mî piède on brès qu' tôt 1' coirps.
Jodoigne. Vaut mia piède on brès qu' tôt 1' comrps.
397. Avu so les bresse.
LiTT. Avoir sur les bras.
Pr. fr. — Avoir sur les bras ; en être chargé ou importuné.
(ACAD.)
Au diantre du valet qui vous est sur les bras.
Qui fatigue son maître et ne fait que déplaire,
 force de vouloir trancber du nécessaire.
(Molière. Le fâcheux. I, se. i"^.)
398. Les roi ont des longs bresse.
LiTT. Les rois ont les bras longs.
a Pour dire que leur pouvoir s'étend bien loin, et qu'en
quelque lieu que l'on soit, il est dangereux de les oiîenser. »
(Leroux. Dici. comique, ilo"!.)
Pr. fr. — Les rois ont les mains longues.
Avoir les bras longs. Avoir un crédit, un pouvoir qui s'étend
fort loin. (Acad.)
— 108 —
Variante. Ti ses qui j'a 'ne longue vège,
Fais çou qu' ji t' dis,
Si t'es siiti.
(N. Defrecheux. Li sigueûr di Sterpenich. Conte. 1863.)
Basse- Allemagne. — Kônige haben lange Aerme.
399*. Stinde on bresse et racrampi Faute.
LiTT. Étendre un bras et retirer l'autre.
Céder d'un côté pour se rattraper de l'autre.
Demander l'aumône.
Cité par Forir. Dict.
Var. JoDOiGNE. Donner d'one inoin et le r'teni d' l'onte.
400. Avu bresse et jambe cassêye.
LiTT. Avoir bras et jambes cassés.
Être abasourdi.
Pr. fr. — Couper bras et jambes à quelqu'un.
Frapper d'étonnement, de stupeur. — Oter à quelqu'un le
moyen d'agir, d'arriver à ses fins, de réussir. (Acad.)
Cité par Forir. Dict.
Dupuis.
Vos n' volez nin savu çou qu'j'a-st-àdire.
Beaujean.
Sia, mais ji n' sâreus vèye longlimps vos manîre,
Vos m' cassez bresse et jambe
(A. Delchef. Pus vi pus sot. Se. 1. 1872.)
Elle vis casse bresse et jambe et distrût vosse corège,
Vos v' tapez à 1' dilouhe, fâte di cour à l'ovrège.
(Thiry. fne copenne so V manège. 1858.)
Variante. Vocial vinou ine aute dragon
Qui n'aveut qu'ine tiesse, mais traze quowe,
j'enne ava bresse et jambe pièrdowe.
(Baiixeux. Li dragon à plusieurs liesse et V dragon à plusieurrs quowe. Fâve. 1851 .)
Tournai. D'avoir les bras cassé.
Expression de découragement (quand on n'a pas réussi,
quand on ne peut continuer un travail, etc.).
401. 1 faudreot des bras d' fiér et une gueule de
béos. (Tournai.)
LiTT. Il faudrait des bras de fer et une boucbe de bois.
Il faudrait travailler beaucoup et manger peu. C'est le com-
pliment d'usage des bufesse et autres journalières lorsqu'elles
— 109 —
sont renvoyées des maisons bourgeoises où elles ont élé
occupées.
Tournai. Eh bé ! awi, tille, t'as jamais vu eine baraque insin, on n"in féjainé
assez et on compte les tarteine ; pour rester là y faudreot des bras d' fier et eine
gueule de bées.
{Etrennes tournaisiennes. 1881.)
BRASSER.
402. Comme on 1' bresse on 1' beût.
LiTT. Gomme on la brasse on la boit.
On doit subir les conséquences de ses actions.
Si corn il ai bracho si beyre.
{Proverbes de France. XIII^ siècle.)
Que il est bien droiz et reson
Que qui le brasse si le boive.
{Li dir don Soucretin. XIII« siècle.)
Cité par Forir. Dict.
Durant.
Ossi j'a pris m' parti, vos frez çou qu' vos vorez,
Ji n' dis pus rin, v' beùrez vosse bîre comme vos 1' bress'rez.
(I)ELCHEF. Les deux neveux. I, se. 4™. ISSO.)
Vola r vôye de bonheiir ; vos 1' sûrez si v' volez,
A r'vèye, comme vos 1' bress'rez, voisin, comme vos 1' beùrez.
(Remouchamps. Les deux voisin. 1870.)
Stavelot. Fàt bresser 1' bîre comme on 1' vout beiire.
Marche. Comme to 1' bress'ret, to beûret f bîre.
Tournai. L' ceu qui fet in mauvais brassin i n'a qu'à l' boire.
Basse-Allemagne. — Was man sich einbrocht, muss man
ausessen.
BRASSEUR.
403. Wisse qui 1' bresseû va, l' bolgî n' va nin.
LiTT. Où le brasseur va, le boulanger ne va pas.
Qui boit trop, mange trop peu. (^Se dit en mauvaise part.)
Variantes. Wisse qui V càbartî passe, li bolgî n' passe nin.
Oii Saint-Arnould va,Saint-Aubert enn' va nié.
Cité par Forir. Dict.
I fàt bin r'souwer 1' dinl po bin fini 'ne pàrtèye ;
Et wisse qui 1' brcsseù va, li bolgi n'y va nin,
Est-st-on spot vermouyeux qu'ont lait tourner à rin.
(Thiry. Moirt di Voctroi. 1860.)
Beauraing. Li, qu'astet lot scoret et grèye comme one chandelle
C'est one crache di boisson ; i dit qu' n'a jamais foin
Et us qui r bresseu va, 1' bolegî n'y va nin.
(Vermer. Les solée. 1862.)
— 110 —
Var. Marche. Les vaî qui biivel n' mougnet nin,
Gn'a qu'aimet 1' péquel niî qui 1' poin.
(Alexandre. Ftit corti. dSGO.)
JoDOiGNE. Où c'que 1" bresseù passe, le bolgî n' passe né.
Var. Jodoigne. Les via qui bev'net n' mougnet ni.
404î Sintir 1' mareonne du brasseu. (Tournai.)
LiTT. Sentir les culottes du brasseur.
Expression proverbiale employée pour désigner de la petite
bière, ne renfermant qu'une faible quantité de grain et de
houblon.
BREBIS.
405. L' ci qui s' fait berbis, li leûp 1' magne.
LiTT. Celui qui se fait brebis, le loup le mange.
Ceux qui ont trop de bonté, de douceur, encouragent les
méchants à leur nuire. (.Agad.)
Pr. fr. — Faites-vous brebis, le loup vous mangera.
Qui se fait brebis, le loup le mange.
Il ne faut pas faire la brebis de peur que le loup ne nous
mange.
(Le père Jean-Marie. Divertmement des sages. 1665.)
Quisquis ovem simulât
Hune lupus ore dévorât
(Lejeune. Proverbia familiaria. 'I74-1.)
Cité par Forir. l)icl.
JoDoicNE. L' ce qu' fait 1' berbeu, le lep l' mougne.
Marche. Thérèse.
Qui s' fait berbis l' leùp 1' mogne, et rians d'on cancan
Sins nos liet ablouti po des boquct d' clincan.
(Alexandre. Li péchon d'avril. III, se. I'*. 18S8.)
St-Quentin. Ch'tit qui ch' foet berbis, ch' leup y 1' mainge.
406. I n'est nin si berbis (mouton) qui poite
si laine.
LiTï. Il n'est pas si brebis (mouton) quoiqu'il porte la laine.
11 se fait meilleur qu'il n'est.
407. Li berbis bêle todi de 1' même manîre.
LiTT. La brebis bêle toujours de la même façon.
On ne peut changer les manières qui viennent de la nature.
Pr. fr. — (jhassez le naturel, il revient au galop.
Var. Jodoigne. Quand t'as èleindeu beûrler one vache te les a èleindeu tortote.
— 111 —
408. Tote berbis qui baye, piède ine gueûléye.
LiTT. Toute brebis qui bêle perd une bouchée.
Quand on cause beaucoup à table, on perd le temps de
manger; et plus tigurément, en parlant beaucoup, on perd le
temps d'agir. (Acad.)
Pr, fr. — Brebis qui bêle perd sa goulée.
Namur. Berbis qui bêle piède s' goulée.
Var. Tournai. Vaque qui brait perd eine gueûlée.
Var. Rouchi. Vaque qui bret perd eune gueûlée.
409. C'est-st-ine berbis galeuse.
LiTT. C'est une brebis galeuse.
C'est une personne dont le commerce est dangereux ou
désagréable. (Acad.)
Pr. fr. — Eviter une personne comme une brebis galeuse. —
C'est une brebis galeuse, il faut la séparer du troupeau.
Unica parva pecus totum corrumpit ovile.
(LejELNE. Proverbia familiaria . 1741.)
Vite à consèye on ramentêye
Les principâs ligueux d' l'àrmôye,
Les Lorrain, les Nemour, Brissac
Les Lachalre, Saint-Paul Canillac
Avou l'ex-capucin Joyeuse,
Di tôt r tropai 1' brebis galeuse.
(Uakson. Li henriade travestèye. Ch. VIII. -1780.)
Var. Marche. One mouaisse berbis gâte on tropaî.
Var. Namur. I n' faut qu'one mouaige biesse po gâter tôt on stauve.
Var. Mons. Vos sintez bé que 1' bosse n'a nié sacrifié l' troupeau pou 'ne berbis
galeuse, né pas ?
(Letellikr. Armonaque dé Mons. 1879.)
BRETELLES.
410. l tind à ses bertielle. (Tournai.)
LiTT. Il tend à ses bretelles.
Il a de la difficulté à sorlir d'une entreprise; les charges
commencent à èlre trop lourdes pour lui.
Il en a jusqu'aux bretelles, par dessus les bretelles; il est
engagé dans une affaire dont i 1 ne sait comment se tirer. (Littré.)
BRIQUE.
41 1 . Diner des bri({ue qwand on d'mande de nioirlî.
LiTT. Donner des briques quand on demande du mortier.
Donner une chose pour une autre. — Se tromper à son
désavantage.
Ce proverbe doit dater de la construction de la tour de Babel.
— 112 —
BROCHE.
41 '2. Li fer (li mette) à 1' pus basse des broque.
LiTT. Le faire (le mettre) à la plus basse des broches.
Ravaler une chose autant que possible.
Cité par Forir. Dict.
413. 11 a 'ne broque à s' eu. (Mons.)
LiTT. Il a une broche à son cul.
Il a une attitude raide, orgueilleuse.
414. Ch'est eine tournante à 1' broque. (Tournai.)
LiTT. C'est une tournante à la broche.
Expression du jeu de fer; au figuré cela signifie un mensonge
plaisant, un prétexte mal établi pour se justifier d'avoir manqué
à une réunion.
BROUET.
415. Fer comme do brouet d' chiche. (Namur.)
LiTT. Faire comme du brouet de pommes séchées.
Tourner en eau de boudin. — Ne pas réussir dans une
entreprise. — Aller à vau-l'eau.
Pr. fr. — S'en aller en eau de boudin.
A Liège, on dit cache. ; à Verviers caiche, poires séchées.
Cité par Forir. Dict.
Var. Verviers. Ju wage qu'i v' prouv'rèl
Par quéque mot d' français
Clér comme de brouwet d' chique
Quu po r condamner
Vos n' siîurîz trover
D'vins r grammére noUe artique.
(M. Pire. Chanson. 1875.)
Var. Jaluav. Biéth'mé.
J'a bin sogne qu'avu tos ces toûrnikège là, nosse mariège nu loûne à l' browe.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. l™. 186-1.)
Variante. Tôt passant d' boke à boke, on pinse bin qui 1' racontroûle ni tourna
nin à brouet d' tripe, bin Ion d' là.
(Magnée. Li houlotie. 1871.)
Marche. C'estéve on pousse à deux sèyaî.
A c'ste heure c'est tôt brouwet d' naval.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
JoDOiGNE. Tôt ça c'est clair comme de brouet d' chèche.
416. Geôr et Mârket
Mahet voltî 1' brouet.
LiTT. (S') Georges et (S*) Marc
Mélangent volontiers le brouet.
Il pleut souvent.
— 113 -
BROUETTE.
417. Fer berwette.
LiTT. Faire une brouette.
Ne pas réussir dans son entreprise ; être évincé ; faire de
l'eau claire.
Cité par Forir. Dict.
Rècorègîz-v', vos paHves marchand,
Qui lanwihez conte vos cang'lette :
Li commerce rid'vairèt brillant ;
Vos n' craindrez pus dé fer berwette.
• {Chanson en l'honneur de Velbruck. 1772. Annuaire. -1884.)
Avà Tsamaine de l'fiesse, si ji jowe ine manchette,
Ci sèrel d'vins les jeu qu'on n' disconte nin rberwette.
(Thiry. Ine copenne so Cmariège. l8o8.)
Cbahay.
Voste affaire j'ol kinohe bin
Vos volez co m'mette divins
V's avez bin sonntî Ttrompette
Turlurette
Vos f rez co berwette.
(Alcide Pryor. On dragon qui fait des madame. -1807.)
Joseph.
Et mi qui m'a d'hombré po qu' l'ovrège fourihe prête
A case di vos toratte, à train ji frè berwette.
(Peclers. Li consèye de l'matante. Se. 2. 1877.)
Verviers. S'i estent d'faidou du fer berwette
Ju n'ireus jamauve au concours.
(XnoFFER. 18G0.)
Vermers. Gilles.
Gisse fèye cial mes amour ni vont nin fer berwette.
(Renier. Li mohonne à deux face. I, se. 2. 1873.)
BRUIT.
418. I n' fât nin fer de brut qwand on pèhe.
LiTT. Il ne faut pas faire du bruit quand on pèche.
Il faut, en toute chose, prendre toutes les précautions néces-
saires.
419. Pus d' brut qui d' besogne. (Nâmur.)
LiTT. Plus de bruit que de travail.
Ce ne sont pas les ouvriers les plus bruyants qui font la
meilleure besogne, qui travaillent davantage.
Faire plus de bruit que de besogne; parler plus qu'on n'agit.
(LiTTRÉ.)
8
— 114 —
BRULER.
420. 1 n y a rin qui broûle.
LiTT. Il n'y a rien qui brûle.
Il n'y a rien de pressé, on a le temps d'attendre, on peut
tarder..
Contraire : Li rosti broùle.
Ni craindans nin l'gayoùle,
I n'y a co rin qui ijroûle,
Mais c'est d'main qu'i fàrel iioùter.
(Dehin. V Alouette et ses jône et irnaisse de champ. Fàve. 1852.)
Variante. Maïanne.
Dihombrez-v', jan !
Tatène.
Haye don ! n'a-t-i 'nesaquoi qui broûle?
Qwand ji m'voux-st-agadler, c'est m'môde, jamais ji n'froùle.
(Hannay. Les amour d'à Maijanne. I, se. 3. 4886.)
421. I broûle, i geale.
LiTT. 11 brûle, il gèle.
Au jeu de cache-cache : on crie il brûle, quand celui à qui
incombe l'obligation de chercher, approche de la personne ou
de l'objet qu'il doit atteindre ; il gèle dans le cas contraire.
I broûle, i broûle ! Maroye si troubèle : on l'rassure.
(Thiry. On pèlèriitège. i8o9.)
BUISSON.
422. Les laids boulion ont telles fèye des bais
jeton.
LiTT. Les laids buissons ont quelquefois de beaux rejetons.
On dit aussi : des belles rose.
De laids époux peuvent avoir de beaux enfants.
Variante. Les laids boc fet les bais biket.
Cité par Forir. Dict.
423. Il a battou les bouhon et ine aute a happé
les oùliaî.
LiTT. Il a battu les buissons et un autre a pris les oiseaux.
Il a pris toute la peine et un autre a eu tout le profit.
Les uns battent les buissons, les autres ont les oyseaux.
(Le Père Jean-Marie. Divertissemen' des saijes. 1005.)
Namur. I a battu 1' bouchon
One aute a pris Tmouchon.
— 115 —
GABARETIER.
424. Fer comme les càbar'lî, treus d'mèye foû
d'ine mèseûre.
LiTT. Faire comme les cabaretiers, trois demis (petits verres)
hors d'une (seule) mesure.
Sophistiquer la marchandise, la baptiser.
Des càbar'tî, i gn"a plusieurs
Qui fel treus (rmèye foù d'ine mèseûre ;
Ets'dihet-i qu'i pierdet co.
To wâgnant les treus qwârt so tôt.
{Charison populaire.)
JoDOiGNE. Fer comme les câbar'tî, Iwès bressé foù de Imême togna.
GAGE.
425. Li belle gayoûle ni noûrihe nin roûli.iî.
LiTT. La belle cage ne nourrit pas l'oiseau.
On peut être pauvre avec les apparences de la richesse.
On peut, ayant du luxe, manquer du nécessaire. (Littrk.)
Pr. t"r. — La belle cage ne nourrit pas l'oiseau.
Gf. Habit de velours, ventre de son.
GAILLE.
426. C'est comme li cwaye, qwitte po qwilte.
LiTT. C'est comme la caille, quitte pour quitte.
C'est-à-dire : je t'ai rendu le même service que celui que tu
te vantes de m'avoir rendu. Je t'ai traité comme tu m'as traité,
nous sommes quittes. — La loi du talion : œil pour œil et dent
ponr dent.
Un bienfait reproche- tient toujours lieu d'oflense.
(H/VaNE. Iphigénie.)
Cf. Manche à manche. — A bon chat, bon rat. — Chou pour
chou.
Qwilte po qwitte. Onomatopée. Imitation du cri de la caille.
Courcaillet,
Titre d'une comédie de DD. Salme. 1878.
CAILLLBOÏTE.
427. Gover ses maqiiêye po r'avii des vache.
LiTT. Couver ses caillebottes pour avoir des vaches.
Se dit de ceux qui font beaucoup de petites économies, pour
se procurer un gros capital.
— IIG —
CAILLOU.
4^28. Abache-tu, v'ia i'cayau qu'arrive. (Namur.)
LiTT. Baisse-toi, voilà le caillou qui arrive.
Fais ce que Lu peux pour te préserver d'an désagrément,
d'un danger qui va se présenter.
Pr. fr. — Faire le plongeon. Baisser la tête pour éviter un
coup, s'esquiver lâchement.
(QuiTARD. Dict. des prov. 1842.)
4^29. On n' sait qui kée, les cayau sont dur. (MoNS.)
LiTT. On ne sait ce qui tombe, les cailloux sont durs.
Nous sommes tous sujets à de petits accidents. Ce proverbe
se dit souvent comme consolation.
430. Ruer des caliéau après i'iaigle. (Tournai.)
LiTT. Jeter des cailloux vers l'aigle.
Tenter une chose impossible, ou bien encore afficher des
prétentions exagérées.
GALlCh:.
431. Beûre li calice jusqu'à l' lèveûre.
LiTT. Boire le calice jusqu'à la levure.
SoufTrir une humiliation, une douleur, un malheurdans toute
son étendue. (Littré.)
Pr. fr. — Boire le calice jusqu'à la lie.
D'ine (lolinle voix, i pryîve li signcûr di r'sèchi s' vège d addiseûr di lu, di n'el
nin foirci à beùreli calice jusqu'à T lèveûre.
(G. Magnée. Li crenquini de prince âbbé di Scav'leil. 1867.)
CAMOUFLET.
432. Attraper 'ne fameuse pètêye.
LiTT. Attraper une fameuse claque (un camouflet).
Variante. Ine fameuse jàrr'lîre.
LiTT. Une fameuse jarretière.
Être compromis dans une faillite.
CANAL.
433. C'est comme li canal di Lovain,
Çou qu'y tomme i n'el rind nin.
LiTT. C'est comme le canal de Louvain,
Ce qui y tombe il ne le rend pas.
Se dit des gens qui ont l'habitude de ne point rendre ce
qu'on leur a prêté.
— 117 —
CANARD.
434. 1 r'chonne les cane, quand voit l'aîwe, '1 a soit.
(JODOIGNE.)
LiTT. Il ressemble aux canards, quand il voit l'eau il a soif.
C'est un homme qui aime bien à boire, et qui ne néglige
aucune occasion de le faire.
CAPUCIN.
485. Les capucin n' vont nin tôt seu. (Marche.)
LiTT. Les capucins ne vont (marchent) pas tout seuls.
Se dit pour engager à boire un second verre, une seconde
bouteille.
MoNS, Lé capuchin n' vont jamais tout seu.
CAQUET.
436. Rabatte li caquet.
LiTT. Rabattre le caquet.
Confondre par ses raisons, ou faire taire par autorité une
personne qui parle mal à propos ou insolemment. (Acad.)
Pr. fr. — Rabaisser le caquet.
Rabaisser le caquet.
(OUDIN. Curiositez françaises. 1640.)
Pc nosse nation elle eùrit i'gloire
De rabatte, so mi àme, li caquet
A cisse bande di jônes freluquet.
(J.-J. Hanson. Les lusiade es vei-s ligeois. Ch. VI, 1783.)
Nos v'nî par on côp d'tiesse di d'trôner l'vî tiestou,
Qui nos louméve trop deùr et qu'àreut bin volou
Nos rabatte nosse caquet, toi nos fant payî chire
L'avinteùre qu'ei mettéve à l'ouhe d'ine telle manîre.
(J. Lamaye. Adresse au Roi. Concours de I806.)
CARESSER.
437. Fiestî so l'clreûte sipalle.
LiTT. Caresser sur Tépaule droite.
Amadouer.
Cité par Forir. Dict.
I m' fàreùt âtoù d'iu, comme on dit, fer Tmacralle,
Tot-z-allanI, toi belTuiint, 1' fiestî .so l'dreîite sipalle.
(Uemouchamps. Li sav'tl. Acte I, se. 5. I808.)
A des s'faitès raine, Bâdinet comprinda qu'on volëve el fiestî so l'dreûte sipale.
(G. Magnée. Baitri. Conte. 1865.)
- 118 —
Variante. Randaxhe.
Jàsans li pâhûrmint, flatlans-le so l'dreûte sipale.
(Dl). Salmu. Les deux criminel. Se. 2. 1878.)
Frapper sur l'épaulo (flatter).
(OUDIN. Ciiriositez françaises, 1G40.)
CARILLONNER.
438. On îi'sâreut triboler et esse (aller) à rporces-
sion.
LiTT. On ne saurait carillonner et être (aller) à la procession.
On ne saurait faire deux choses à la fois. — Vous me
demandez deux choses incompatibles. — On ne peut se trouver
partout.
Cité par Forir. Dicl.
Jaluay. Li Chanteû.
Ji n'sos nin on mârlî mi, si j' l'esleu, ji m'digottreu d'ies lame qui ploûrît so
l'curé, loi fanl qu'i m'fàl Iriboler el aller à l'porcession, çou qu'on dit porlanl qu'on
n'sâreul fer.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. 3. 4862.)
Marche. On n' pout sonner et esse à messe.
JoDOiGNE. On n'sarot sonner èchonne, et iesse à l'pourcession.
St-Quentin. Ein n' put mi sonner h messe et pis ète à l'porcession.
(GossEL. Lettres picardes. -1840.)
Var. Namur. On n' pout nin lodi chuffler el jouer des doigt.
Var. Jodoigne. On n' sarot braire et 1ère li lampe, disteu quéqué Jean.
Tournai. Été comme Saint-Druon, au camp et à 1' ville.
439. Tribole, ji dans'rè.
LiTT. Carillonne, je danserai.
Sornettes que tout cela. — Jasez à votre aise ; j'en ferai ce
qu'il me plaira.
GOLZAU.
Jarni, v'ià un beau triolet,
Comme elle font li gueijye di boffet.
Mareie Bada.
Vas-ès, triboUe ji dans'rè.
(De Uarlez, De Cartier, etc. Li voyège di Chaudfoniaine. II, se. 3. 17S7.)
CAROTTE.
440. (iènèreux (jenne et rend) comme ine rècenne.
LiTT. Généreux (jaune et raide) comme une carotte.
Calembour. Se dit dus avarcrf.
Cité par Fouir. Ulcl.
— 119 —
CARPE.
441. Elle liureux comme enne carpe su ein
guernier. (Mons.)
liiTT. Être heureux comme une carpe sur un grenier.
Être mal à l'aise, dans une position fâcheuse, précaire.
Pr. fr. — Être comme le poisson hors de l'eau.
Mons. Si bé qu' Bâtisse étoit hureux comme enne carpe su ein guernier et contint
comme in pourcieau dins in sac.
(Leteluer. Armonaque dé Mons. -I80S.)
Var. Mons. Comme ein cantieau derrière eine malle
Et j' m'amusoi à no méeson.
(J.-B. Descamps. El volontaire coiiyonné. Ch. 18o9.)
Var. Vekvters. On s'annôye chai tote lu joûrnèye
Comme one crosse du pan d'rî l'aurmau.
(H.-J. Raxhon. Chanson. Caveau verviétois. 1888.)
Var. Jodoigne II est-st-haiti comme on péchon seu 1' guernî.
Var. Namlir. Ji sos comme on péchon su one jaube di strain.
Var. Liège. Il est comme on haring divins 'ne foye di jotte. (Forir.)
Id. id. Il est contint comme ine crosse di pan drî inc arma.
Var. Mons. Il est à s'n aisse comme in pourcieau dins in sac.
CARREAU.
442. In carreau d'\ile cassé, in eaute à s'plache.
(Tournai.)
LiTT. Un carreau de vitre cassé, un autre à sa place.
Un établissement tombe, un autre se lève. Un goût succède
à un autre goût; une personne prend la place d'une autre.
Namur. On carreau d' cassé, one aute es s'place.
443. G'esl-st-on cwaraî foù d'one finiesse.
(Mâlmedy.)
LiTT. C'est un carreau hors d'une fenêtre.
Se dit d'une personne qui meurt et qui n'était plus utile ni
nécessaire au monde.
CARROSSE.
444. Caroche ou l)esèce comme Detombay.
LiTT. Carrosse ou besace comme Uetombay.
Je ri.sque tout ou rien.
Il est probable qu'un certain Detombay se servait souvent de
— 120 —
cette expression, ou qu'on veut taire allusion à ses allures. —
S'emploie aussi familièrement quand on joue aux jeux de
hasard.
Cité par Forir. Dicl.
CARTE.
445. Qui n'a nin des cwârjeu, n'ies sâreut jower.
LiTT. Celui qui n'a pas de cartes, ne saurait les jouer.
Personne ne peut donner que ce qu'il a.
Cité par Forir. Dict.
446. Piède lu câte. (Verviers.)
LiTT. Perdre la carte.
Faire quelque chose sans réfléchir, ne savoir ce que l'on va
faire, être embarrassé, irrésolu.
Verviers. Gilles (à part).
Voci n'pierdans nin l'câte
Po lî tirer les dint, i est timps di s'mette es quate.
(J.-S. Renier. U mohonne à deux face. Se. 3. 1873.)
MoNS. Parlonne peu cl parlonne h6. Mi c'est m'n habitude. I s'agit pour mi de
n'nié perte el carte.
(J.-B. Descamps. El petottier. OEuvres. 1887.)
447. Jouer âxcaerle avé s'parrain. (Mons.)
LiTT. Jouer aux cartes avec son parrain.
Faire une chose convenablement, sans blesser personne.
Mons. Allons, i faut ette dé bon compte, c'n'est nié ça jouer âx caerte avé
s'parrain, autremint dit, c' n'est nié bé fait.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1839.)
Charleroi. Toinette.
Je m'va fai chennance de jouer dins les caute dé vo pa eiet d'vo mame.
(Bernus. Le malade St-Thibau. I, se. 10. 1870 )
CASAQUE.
448. Tourner casaque.
LiTT. Tourner casaque.
Tourner le dos, fuir, abandonner. Changer d'opinion.
Cité par Forir. Dict.
HiNRI.
I fàt qui j' vcùsse on pau d" pus Ion d'vant d' m'ègagî, môme so parole, d'vins 'ne
srfaite société.
Paul.
I va tourner casaque si j' n'cplôye li grand moyen.
(DI). Salme. Pris d'vins ses léce. I, se. 8. 1880.)
Tatî (à part).
S'clle aveut rhéritège ! mais sins coula 'ne siervante.
421 —
Marèye (à part).
Ritoûn'reut-i casaque?
(Ed. Remouchamps. Tâtî i perriqui II, sc. 3. 1885.)
CAVALIER.
449. Les belles botte ni faie-nu nin 1' bon cavalier.
(Namuu.)
LiTT. Les belles bottes ne font pas le bon cavalier.
Le costume ne donne ni le talent ni la science.
CAVE.
450. Aller de 1' cave es grinî.
LiTT. Aller de la cave au grenier.
Tenir des propos sans ordre, sans liaison. (Acad.)
Coq-à-l'âne.
Pr. fr. — Aller de la cave au grenier, — Aller du grenier
à la cave.
CERISIER.
451. Esse li chersî des pauve, toi 1' monde grippe
dissus.
LiTT. Être le cerisier des pauvres, tout le monde monte
dessus.
Être chose banale, commune.
Li cJiP.rd des pauve étend ses branches au bord d'un petit
chemin qui traverse une campagne des environs de Herstal.
Les fruits appartiennent au passant.
(I)EFRLCHEUX. bie jâbc di spot. Bulletin. l8o9.)
Il est d'usage, à la campagne, de planter des mais devant la
demeure des jeunes lilles. Chaque essence d'arbre a sa
signification. En voici quelques exemples :
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Maye d
Côr, ji t'adore (coudrier).
Frêne, ou chêne ji t'araine.
Aunni, ji t'dilai (aulne).
Houx,']\ t'digrette li cou.
Fèchir, qui t'es fîr (fougère).
Giniessi', qui t'es biesse (genêt).
Plupe, .salope, ou sa, s;dope (peuplier et saule).
S'/jène, amour qui d'fcne (épine).
Sanu, y va qui vont (sureau).
S'-f/u)/, j'y va jusqu'à l' lin.
( hdfnnlie, c'est-st-ine macralle (charme).
Grusali, on s' cache podrî (groseiller).
rà(yuî, ji t'aime jusqu'à pîd (buis).
Strain, feumme d'àrgint (paille).
— 122 —
Comme allusion au chcrsi des p'iuoe, c'est une injure san-
glante de planter un cerisier devant les fenêtres d'une jeune fille.
Adon l'flouhe si dispârdat avâ les chambe comme s'elle avit slu l'chersî des pauve.
(G. Magnée. Li Houloitc. 1871.)
JoDOiGNE. C'est l'ccrigi des ponvo.
Variante. Elle est comme li chersî dé vyège.
(FoRiu. Dict.)
CHAIR.
452. L'mèyeu char est so les ohai.
LiTT. La meilleure chair est sur les os.
Il faut entrer dans le cœur des questions.
JoDOiGNE. Le pe bel chau est seu les oucha.
4o3. I fait songiie et char di tôt.
LiTT. Il fait sang et chair de tout.
C'est un Roger Bontemps. — Tout lui réussit. — Il fait profit
de tout.
454. Avu de l' poùrèye char diso les bresse.
LiTT. Avoir de la chair pourrie sous les bras.
Être paresseux, fainéant, ne pouvoir se donner aucune peine
pour travailler.
C'est pour ces gens-là qu'il faudrait employer Vhôle di bresse,
qu'on fait demander chez les pharmaciens le premier avril.
Les fleur di gueûye crèhet voltî,
Wissc qui l'hôle di bres.se a r'mouyî.
(Renard. Math. Laembergh. 1837 )
On n' m'a màye riprochf^ de l'poûréye char àx bresse,
Ji ses fer mes cinq qwârt divins les nioumint d' presse.
(Thiry. Inc copenne so Vmariége. 1858.)
Jalhay. Ci qui n'a nin do l'poûrôye char duso les bresse, n'a nin mèsâhe qu'on
les i ôde p'aller à champ.
(XnoFFER. Les deux soroclie. I, se. 6. 1862.)
JoDOiGNE. Il a d'elle moite chau d'so ses brès.
MoNS. Avoi del char pourrite desou ses bras.
Var. Tournai. Avoir des bouca (cailloux arrondis) d'sous les bras.
RouCHl. Il a d'zous les bras del cbàr d'carone.
LnxK. Il a des œiies d'zous ses bras.
455 I n'est ni char ni péhon.
LiTT. 11 n'est ni chair ni poisson.
8e dit d'un homme .sans caractère, et particulièrement d'un
homme qui flotte par faiblesse entre deux partis. (Agad.)
— 123 -
Pr. fr. — On ne sait s'il est chair ou poisson. — Il n'est ni
chair ni poisson.
Namur. l n'est ni chau ni pèchon.
Mi parrain, ni char ni pèhon,
On fat d'ohai et los grusion,
Di s'jône tiinps voléve esse lègîr
Tôt comme li ci qif voléve à cîr.
(Pasquèye faite A jubilé d'dom Bernard Godin, âbbé. 1764.)
Crahay.
Bin pusqii'il est char et pèhon,
Margachâ, c'est-st-on bon patron.
S' on parèye homme si r'mowe,
Eh bien !
Voste affaire est hoyowe.
Vous m'entendez bien.
(Alcide Pryor. Qui vaut esse d consèye'/ -1862.)
Cf. Lafontaine : Je suis oiseau, voyez mes ailes, etc.
Il n'est ny chair ny poisson.
(OUDiN. Curiositez françaises . iGiO.)
Basse-Allemagne. — Weder Fisch noch Fleisch sein.
456. On n' sâreut fer de bon bouyon qwand ]' char
n'est qu'estoûrdèye.
LiTT. On ne saurait faire du bon bouillon quand la viande
n'est qu'étourdie (pas cuite).
Il faut attendre que la poire soit mûre pour la cueillir; il
faut patienter pour arriver à ses fins; il faut attendre qu'un
traître soit démasqué pour le perdre.
(Remacle. Dict.)
Var. Moss. C'est r bonne viande qui féet l' bon bouyon.
(J.B. Descamps. £m' petite fie. Gh. 1860.)
457. C'est de 1' char di mouton,
C n'est nin po vosse grognon.
LiTT. C'est de la chair de mouton,
Ce n'est pas pour votre museau.
Cela est trop cher pour vous, cela est au-dessus de votre
intelligence. (Acad.)
Pr. fr. — Ce n'est pas viande pour vos oiseaux.
Voyez la chanson : J'ai du bon tabac dans ma tabatière, etc.
Baîta.
Louise Bigâd, vî sot, est db V char di mouton,
Mais c'est dammage qui c' n'est nin po vosse laid grognon.
(Tm. Collette, lue viwjince, on misère et honncilr. Il, se. 6. 1878.)
Tournai. Ch'est du mouton,
Me ch" n'est pos pou t' grogncon.
Var. Tournai. Ch' n'osl pos la du bld raie pou l' carnarin.
— 124 —
458. Kihachî comme char di sâcisse.
LiTT. Hacher comme chair de saucisse.
Parler mal de quelqu'un sans l'épargner en aucune manière.
Pr. fr. — Hacher menu comme chair à pûté (mettre en
pièces).
Cf. Perrault. Le chat botté.
Sins s'èwarer, les Portugais,
Baicôp pus ferme qui dos postai,
L'attaquèt, n'es font qu'on hachisse
Ossi fin qui char di sâcisse.
(J.-J. Hanson. Les luxiade è.i vers ligeois. Ch. III. 1788.)
I sont déjà pus Ion qu'Poissy,
Lu et sTidéle Mornai ossi,
Qui, po s'secte, à char di sâcisse
S'euhe fait hachî, comme ine bibisse.
(J.-J. Hanson. Li Henriade travesièije. Ch. I. 1780.)
Paul.
Il a sposd ine grande discohèye de costé d'Màseik, qui mahe li wallon aveu
l'français, po les k'hachî tos les deux comme char di sâcisse.
(DD. Salme. Mon onke Joseph. Se. 7. 1884.)
Marche. Elle ni rovieret nin ti d'visse,
Et t'hach'ret à chaur di saucisse.
(Alexandre. P'iu corti. 1860.)
MoNS. L'promier qui Iroufe fin drôle qu'on m'obéisse,
Je l'découtayo comme d'ei viande de saucisse.
(J.-B. Descamps. Traduction de la 9'' nouvelle du Décameron de Boccace.
OEuvres. 1887.)
Provence. Achat menut coumo car a pastis.
{Comparaisons populaires provençales. Revue des langues romanes. 1881.)
459. Char fait char
LiTT. Chair fait chair,
La viande est le meilleur aliment. - La bonne nourriture
donne de l'embonpoint.
On dit quelquefois : Char fait char, fait l'beguenne ; alors le
proverbe a un sens erotique.
Pr. fr. — La chair nourrit la chair. (Littré.)
Namur. Qui compte tôt seu compte bin sovint sins s'bôse
Car on pirdeuve nostc homme por on lourdau
Li ratatouye, i l'a fait bonne et crausse,
Comme li bèguenne i dit qui chau fait chau.
(J. COLSON. Li côp d'état de 1848. Ch. 18G2.)
460. Ch'est comme l'tien du boucher, i dort sus
l'vianle. (Tournai.)
LiTT. C'est comme le chien du boucher, il dort sur la viande.
— 125
C'est un repu, un homme n'éprouvant plus aucune jouis-
sance, fatigué des plaisirs et ne faisant cas de rien.
461. Div'ni à char di poye.
LiTT. Devenir à chair de poule.
En voyant ou en ressentant une chose qui excite la frayeur,
l'horreur.
Loc. prov. Gela fait venir la chair de poule.
Cité par Forir. Dict.
Li làv'laî qu'vos fôrgî mi fait v'ni l'chùr di poye,
Voste esprit digosté ni brùye pus qui de l'hoye. "
(M. Thiry. lue copenne so Vmariège. i858.)
COLSON (à part).
Tote seule ! j'arrive à pont ! Dupuis est st-èterré ;
J'esteut à char di poye, toi pinsant l'rescontrer.
(A. Delchef. Pus yf, pus sot. Se. 2. 1862.)
Li chènône bèniha l'cité
Mais j'frusihéve tôt comme ine foye,
Di plaisir, j'aveu char di poye,
Et m'cour esteut tôt rècresté.
(A. HOCK. Liège au A7A'« siècle. — Les transformations. iSSo.)
Namur. Et po leu fer v'nu dô l'chau d'pouye,
Cabriolans, mais n'chaiyans nin.
(J. CoLSON. Les Chacheu. Ch. 18G2.)
Malmedy. C'esteut atîreux, terribe, et j'sos à char du poye,
A l'pinsée des malheur di nos bons vis parint.
(H. Scius. Màmdi.1 poésie. Arm. wallon do l'saméne. 1883.)
Nivelles. El bon pastour l'erlint sus l'feniesse i s'aspouye,
Et i pracihe les flamind à vos d'ner l'chair di pouye.
(M. Renard. Les aventures de Jean d'Nivelles. Ch. VIII, dSST.)
MoNS. Monvais farceur ! tu nos a fait v'ni à char de pouille, mi et mes deux vizin.
(Letellieu. Armonaque dé Mans. 1862.)
462. Bonne char di colowe.
LiTT. Bonne chair de couleuvre.
Se dit au sens physique.
Sa blessure ne tardera pas ù se cicatriser. Allusion aux
tronçons des reptiles ou plutôt des vers, qui tendent à se
rejoindre au moment où on vient de les séparer.
463. Char et panùhe.
LiTT. Chair et panais.
Salmigondis. - OUa podrida. — De tout un peu,
M. Dkiiin a intitulé l'un de ses recueils de poésie : Char et
pandhe.
Et portant pus qu'ine aute i profitdve à si àhe
Di lot, po tôt, so lot : à lu char et panâhe.
(TuiRY. Moirt di l'octroi. 1860.)
— 126 —
464. Lèyî Tchâr po l'ohaî.
LiTT. Laisser la viande pour l'os.
Prendre Fombre pour le corps ; laisser une chose solide
pour une chose vaine. (Littré.)
Ji n'voux jurer non pus qu'i n' s'ès trouve es hopaî
. Qui n'iairit, comme les chin, li char po les ohaî.
(DD. Salme. Nom di lui, c'est madame. 1877.)
Cf. Lafontaine, fable.
CHAMP.
46o. Lèyî ses champ à waidî.
LiTT. Laisser ses champs à pâturer.
Négliger ses affaires. — Ne pas faire usage de ses talents.
Malmedy. Leyî ses champ à waite.
CHANGE.
466. Enne once di chance vaut mieux qu'enne live
de savoi tai. (Charlerol)
LiTT. Une once de chance vaut mieux qu'une livre de savoir
faire.
Le hasard peut souvent vous faire réussir mieux qu'une
savante combinaison.
Charleroi. L' hasard èlet l' moiche chance,
L'proverbe met tout d'accord, pus Ion sins l' d'aller quai,
Enne once de chance vaut mieux qu'enne live di savoi fai.
(L. BiiRNUS. L'hazard eiet V moiche chance. Fauve. 1873.)
Var. Mons. Mieur ein once dé bonheur qu'enne live dé scieince.
CHANDELEUR.
467. A r Chand'ieûr
L'hiviér pleure
Ou r'prind vigueur.
LiTT. A la Chandeleur
L'hiver pleure
Ou reprend vigueur.
Variante. A l'Chand'leùr
L'hiviér pleure
Ou esl-st-6s s'fleûr.
Cité par Forir. Dïcl.
Variante. Ine fèye qu'on arrive à 1' Chand'ieûr
I gn'a l'hiviér qui pleure
Ou bin il esl-st-ès s'fleur.
(Dehin. Mathieu Laensbergh. 1851.)
— 127 —
Var. Jodoigne. Aux Chandelle
L'hivier feneu (ou : est ieutte) ou d'vé pus felle.
Var. Nivelles. A l'Chand'leur
L'hivier ess' passe ou r'prind vigueur.
Var. Nivelles. Quand i gèle après l'Chand'lë
On dit qu'on a deux hivier.
Var. Metz. Le voille dés Chandeulles
L'uvere s'en rêva ou r'prend vigueur.
(Jaclot. Le lorrain peint par lui-même. Alm. 4854.)
468. Po qu'on pôye dire qui l'iiiviér pleure,
A l'chand'leûr,
I fat qui l'solo so l'àté
Lusse à grand'messe sins désister.
(Renard. Mathieu Laemberyh. 4840.)
LiTT. Pour qu'on puisse dire que l'hiver pleure
À la Chandeleur,
Il faut que le soleil, sur l'autel
Luise à la grand'messe sans désister.
Variante. Li grand'messe de l'Chand'leur
Promette on bai osté
Qwand so l'timps qu' l'office deûre
L'solo lût so l'àté.
(Renard. Mathieu Laembergh. 4850.)
Var. NrvELLES. A l'Chand'lé
Quand l' solèye lue su l'auté
On a co chix s'maine d'hivier.
Var. Jodoigne. Quand l'sola lut se l'auté
C'est signe qu'on va oyeu l'esté.
Var. Malmedy. Qwand l'ourson veut su ombe à l'Chand'leuse, i r'mousse es s'tro
po six samène.
469. Al'Chandlé
On voit tout d'aller. (Nivelles.)
LiTT. A la Chandeleur,
On voit tout aller (pousser).
Picardie. A l'Candelée
A tout allée.
(Morren et Devos. Mémorial du nuturalisie. 4872.)
470. A r Ghand'leûr,
Les joii sont ralonguis d'ine heure.
LiTT. A la Chandeleur,
Les jours sont allongés d'une heure.
Var. Namlr. Chand'leùse,
Pas d'one voleuse.
— 128 —
Metz. Les jos sont crochus â le Chandelour,
De pus dêne bonne grousse oure.
(Jaclot. Le lorrahi peint par lui-même. Alm, 1854.)
CHANDELLE.
471. On n' veut nin pus Ion qui F chandelle
ni lomme.
LiTT. On ne voit pas plus loin que la chandelle n'éclaire.
Se dit d'une affaire embrouillée, sur laquelle on a peu de
renseignements.
Il sert de réponse au reproche d'imprévoyance.
Ce proverbe a pris naissance dans nos houillères.
M. St. BoRMANS, dans son Vocabulaire des houillews
liégeois (Bulletin de la Société, tome YI, 1862), dit:
« On n' va nin pus Ion qui V chandelle ni lomme. »
On ne peut aller sans danger dans les endroits où le manque
d'air fait éteindre la chandelle.
472. Li cîse ni vât nin les chandelle.
LiTT. La soirée ne vaut pas les chandelles.
La chose dont il s'agit ne mérite pas les soins qu'on en prend,
les peines qu'on se donne, la dépense qu'on fait. (Agad.)
Pr. fr. — Le jeu ne vaut pas la chandelle.
Et le jeu, comme on dit, n'en vaut pas les chandelles.
(Corneille. Le metiteur.)
Jeannette.
Fàt-i qui ji m'màvelle?
Colas.
Nenni, Jeannette, nenni, l'cîse ni vât nin l' chandelle,
(Delchef. Li galant de l' siervante, I, SC, S. i8S7.)
Li r'présenlant qui lél s' siermon,
NI m'atlirret màye à Bruxelles.
L'oyî ram'ter deux heure â long,
Li jeu ni vàt nin les chandelle.
(H. FoRiR. Chanson. 1856.)
Ce dernier vers se représente avec quelques variâmes à la
fin de chaque couplet.
Ti poux, sins nou dangî, vingî t' colère sor zelle,
Ca, por mi, ji t'el dis, l' cîse ni vàt nin 1' chandelle.
(G. Delarge. On tour di bottresse. 1874.)
Namur. Li jeu ni vaut nin 1' chandelle.
Namur. Li ci n' vaut nin les chandelle.
Var. Jodoigne. Le marchî n' vaut ni les chandelle.
Tournai. Si l'jeu n' valeot pon les candclle, i n'areol pon tant d'amateur pour
corner les pain queaud.
Lille. L'ju n'vodrot point les candelles.
(Vermesse. Voc. du patois lillois. 18G1.)
— 129 -
473. Broûler 1' chandelle po les deux costé.
LiTT. Brûler la chandelle par les deux côtés.
Consumer son bien en taisant différentes sortes de dépenses
également ruineuses, ou se livrer à la t'ois à des excès de genres
différents. (Acad.)
Pr. fr. — Brûler la chandelle par les deux bouts.
Cité par Forir. Dict.
Marche. Gn'a brav'mint qu'es s'ront les (îindon,
D'broulet 1' chandaie aux deux coron.
(Alexandre. PUit corti. iSGO.)
Namur. I n' faut niu brûler V chandelle des deux costé.
Tournai. L' ceu qui alleume V candelie par les deux bout, i est bétôt à la mitan.
MoNs. N'allumez jamais 1' candeille pas les deux bout.
(MOUTRIEUX. Des nouvieaux conte dé quié. 1850.)
L'homme a été au cabaret hier, ft au long du jour, et s' foino s'a consolé
in buvant du café éié des goutte avé tois-quatre commère pareille à elle; ça fait qu'il
ont allumé, comme on dit, 1' candeille pas les deux d'bout.
(Letellier. Arinonaque dé Mnns. 1838.)
SoiGNiES. N'allumez jamais l' candeille pa les deux bout.
[Arrn. de Sougtties. 1888.)
Malmedy. Esprinde lu chandelle po les deux bêche.
{Ann. du /' sum. 188o.)
474. Voir pus d' mille candelie. (Tournai.)
LiTT. Voir plus de mille chandelles.
Apercevoir à l'occasion d'un gi^and coup, dun choc violent
ou même d'un éblouissement des lueurs qui n'ont rien de réel.
(LiTTRÉ.)
Faire voir les estoilles de jour.
(OUDIN. Curiosicez fratiçoises. 1640.)
Tournai. Cachoir.
Acoute, l'attrapeos eine girouflée à cheonq fuelle qui fin voirreos pus d" mille
candelie.
(Leroy. Biec dijier, traduction du Bleu-Bilieûa II. Simon. Se. 5. 1888.)
Namur. Ji li flanque one cholTe au visage à li fer vûye co pus d' cinl chandelle.
{Aurmonuque de l' marmice. 1885.)
CHANSON.
475. I cante eine cancheon mes c' couplet là n'est
pas d'dins. (Tournai.)
LiTT. Il chante une chanson, mais ce couplet n'y est pas.
Il raconte bien la chose, mais il ne dit pas tout.
9
130 -
CHANT.
476. Il a vûd) s' chant.
LiTT. Il a vidé son chant.
Il lui a dit ses vérités, fait une forte réprimande. (Agad.)
Pr. ft\ — 11 lui a chanté sa gamme.
CHAPEAU.
477. Avii 'ne belle plome à s'chapaî.
LiTT. Avoir une belle plume à son chapeau.
Se dit du plus grand honneur, de l'avantage le plus consi-
dérable qu'ait une personne. (Agad.)
Pr. fr. — C'est la plus belle rose de son chapeau.
Il a perdu la plus belle rose de son chapeau.
(OUDIN. Cw-iositez françaises. -1640.)
Babette.
Po mette à vosse chapaî, mamzclle, c'est-.st-ine belle pleume.
GÉRA.
Quelle fayèye marchandèye, mon Diu, don, qui les feurnme.
(Ed. Remouciiamps. Les amour d'à Gèrd. II, se. 15. 1875.)
Li bisèche est-st-ine laide plome so 1' chapai d'ine jône fèye.
(FOKIR, Dict.)
JoDOiGNE. I s'a bouté one belle pleume à s' chapia.
Var. Nivelles. L'aclot pinsant çu qu'Marius vî d'dire.
Si nos avons 'ne belle fleur à no chapia.
A qui r devonne '! k Debosse qui sait scrire,
No vî wallon bi mieux qu'in avocat.
(Willame. UAclot. 1889, n» 4.)
Var. Mons. Mi, j' sais bd que j'ai perdu 1' pus belle rose dé m' capieau, rjour
qu'il est mort.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1859.)
Var. Tournai. Perte l' pus belle rose de s' capieau.
Var. LitLE. Finalmint ch'luron nous rapporte
L' pus bieir des roses d' not' capieau.
(Desrousseaux. Chans. lilloises. 1854.)
478. S'i vindéve des chapaî, les èfant vinrit â
monde slns tiesse.
LiTT. S'il vendait des chapeaux, les enfants viendraient au
monde sans tête.
Il ne peut réussir en rien, tout lui tourne mal. Le guignon
l'accable.
— 131 —
CHAPELET.
479. Ji lî a cVfilé m' cliap'let.
LiTT. Je lui ai dcMilé mon chapelet.
Réciter en détail et île suite tout ce qu'on sait sur une
matière ; faire à queli^u'un tous les reproches qu'on peut avoir
à lui faire. (Acad.)
Pr. fr. — Défiler son chapelet.
Cité par Forir. Dicl.
Dupuis.
Elle a déjà vèyou qui j' m'a fait gàye por lèye ;
Personne cial, c'est 1" inouminl ili lî d'filer m' cliap'let.
(A. Delchef. Pus vi^ ptix soi. Se. 5. I8G2.)
Colas.
C'est r maquet des feumme, qwand elle ni trovet nin l'occasion dé d'Iiler Icu
chap'let ; elle brayet so nos aute.
(Baron. Les deux cusenne. I, se. 4. 1883.)
P H 'lippe.
Ji m'Hiàvelle,
Ji vous d'filer ra" chap'let jusqu'à dièrain grain d' pielle.
(Th. Collette. Qui freus-je si mi homme morévc? I, se. 8. 1882.)
Tournai. Nannet.
I voleot faire 1' simpleot, mais j' lî ai fait reciter s' cap'Iet tout d'eine traque.
(Leroy, liiec difier, traduction de Dleu-Dilie de H. Simon. Se. 7. 1888.)
Lille. Prindant deux heure inlincheull' mach" commère
M'a défilé sin cap'Iet grain par grain.
(Desroiisseal'X. Conseils à une jeune fille. 1834.)
CHAR.
480. r/est r cbàr (|iii crigne qui va 1' pus lou.
(St.wklot.)
LiTT. C'est le char qui grince qui va le plus loin.
Ce sont les choses qui ont un cliHaul (lui sont de [)lus longue
durée.
CHARDON.
481. I n vint nin des figue so de clierdoii.
LiTT. Il ne vient pas des figues sur des chardons.
Ne comptez pas sur le bien que peut taire un méchant.
et. II ne saurait sortir du sac que ce qui est dedans.
CnAR(,ER.
482. 1 vât lïjî 1' chergi (jui d' J'iinpli.
LiTT. Il vaut mieux le charger que Icmphr
Se dit de celui qui mange beaucoup.
— 132 —
CORTAI.
Vos n' cang'rez mâye, vèye ragognasse, on aim'reut mî di v' chergt qu' di v's irapli.
(Willem et Bauwens. Pèclii rach'té. Se. 4. 4882.)
Vakl\nte. Il est pé qu' Gargantua, qu'avaUWc li barque di Hu et ses sept chivâ.
RoucHi. • I vaut mieux V kerker que 1' norir.
(HÉGART. Dict.)
Boulogne. I vaut mieux vous kerker qu' vous rondir.
483. Pus vos kierk'rez vo baudet, pus qu'il ira rade.
(MONS.)
LiTT. Plus vous chargerez votre âne, plus il ira vite.
Plus vous imposerez de travail à quelqu'un et plus il se
hâtera de le terminer pour en être déchargé.
CHARITÉ.
484. Fioz r charité à Thomas,
I v' diret que mau qu'il a. (Namur.)
LiTT. Faites la charité à Thomas,
II vous dira quel mal il a.
Est-ce «ne façon de demander une chose de peu d'importance,
ou est-ce une ironie ?
485. Charité bien ordonnée oomminche pa li
même. (Borinage.)
LiTT. Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Il est juste, ou du moins il est naturel, de songer à ses
propres besoins avant de s'occuper de ceux des autres. (Acad.)
Pr. fr. — Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Primo mihi. — Prima sibi charitas.
Il avoi bié promis à trente-six dé les fai loumer, ça ¥é dire d' leus bayer s' voix;
mais charité bin ordonnée eomminche pa li même ; ette va toudi taché dé m' fai
loumer, sti, Fs aute veront pa après.
(Armonac du Borinage. 1849.)
Ne t'attends qu'à toi seul, c'est un commun proverbe.
(Lafontaine. Valouelte et ses petits. Fable.)
Basse- Allemagne. — ^ Jeder ist sich selbst der nâchste.
CHARRETIER.
486. Jône chèron, jône monsieu,
Vî chèron, vi bribeu.
LiTT. Jeune charretier, jeune monsieur.
Vieux charretier, vieux mendiant.
— 133 —
Parce que le charretier (d'habitude) dépense tout ce qu'il
gagne, ne garde pas une poire pour la soif.
On dit à Verviers : Jone tondeù, etc.
487. I n'est si bon chèron qui n' divîesse.
LiTT. Il n'est si bon chari'etier qui ne verse.
Les plus habiles font quelquefois des fautes. (Agad.)
Pr. fr. — Il n'est si bon charretier qui ne verse. — Il n'est si
bon cheval qui ne bronche. — N'est pas marchand qui toujours
gagne.
Cité par Forir. Dict.
JODOIGNE. Mauvais cherron qui touinme dins les warbèye.
488. I n'y a nou si vî chèron qui n' taisse co volti
peter s'corîhe.
LiTT. Il n'y a si vieux charretier qui n'aime à faire claquer
son fouet.
Nous ne sommes jamais indifférents aux choses qui nous ont
longtemps occupés, que nous avons longtemps ruminées.
Cité par Forir. Dict.
Servas.
I gn'a (les gins qui nos d'het : pus vî, pus sot ; mais va, i n'y a nou si vî chèron
qui n'clappe co voltî si côp d' corîhe.
(Willem et Bauwens. Les tourciveux. Se. i'^. igS'â.)
489. Tos les chèron ni s'rescontret nin à F même
bârire.
LiTT. Tous les charretiers ne se rencontrent pas à la même
barrière.
II y a plusieurs chemins pour arriver au même but, plusieurs
manières d'obtenir le même résultat.
CHARRUE.
490. Mette li chèrowe divant les boû.
LiTT. Mettre la charrue devant les bœufs.
Commencer par où l'on devrait finir, faire avant ce qui
devrait être fait après. (^Agad.)
Pr. fr. — Mettre la charrue devant les bœufs.
Cité par Forir. Dict.
Variante. J o bin Tmèssège.
Mais vos rouviz, m'soniet'i.
Les conriition metlowc
Et s'mettcz-v', comme on dit,
Les ch'và podrî l' chèrowe.
(Railleux. Deux fdve di m' graiid'mére. 1849.)
— 13^
IIlMil.
RatlinUez, lèj+/.-v" dire ine saquoi comme i fàt,
Vos, vos chôkîz lodi V chorelte divant les ch'vâ.
(Defxhef. Lendeitx Neveux. I, se. 9. 18S9.)
Marche. N'mels nin l'chèrowe avant tes bou.
Veuviers. N'mettez l'chaur duvant les bou ;
. N'intrez nolle paurt qu'po les sou.
(J.-!?. Renier. Spots rimes. 1871.)
Verviers. Maugré tos les brut qu'on poite,
C'est-st-on daubiet d'tos les jou,
Du todi mette lu cherette
Atelôye duvant les bou.
(M. Pire. St-Pire so V bon Dict. Ch. Mes amusettes. 4884.)
Nami'u. Vos mettoz l'cherrcuwe duvant les ch'fau.
Var. Namuk. Mais ti n'frais nein pus qu'one ôte,
Roter l'chaur divant 11 ch'vau.
(Wérotte. Choix de chansons wallonnes. -1860, 3'= éd.)
Basse- Allemagne. — Das Pferd hinter den Wagen
spannen.
491 . Mette à l'même chèrowe.
LiTT. Atteler h la même charrue.
Se dit des personnes qui ont les mêmes goûts, les mômes
défauts. S'emploie surtout en mauvaise part.
Ils sont attelé/ à un mèsme chariot.
(OUDIN. Curiosilei françaises. i()40.)
.... Ni fez nin 'ne si laide mowe,
Vos estez bon, tos deux, po mette à l' même chèrowe.
(Ed. Remouchamps. Les deux voisin. 1876.)
CHASSE.
49^2. I va à r chesse âx crosse di pan.
LiTT. Il va à la chasse aux croûtes de pain.
Il mendie.
CHASSER.
493. Qui ma cliesse, ma prind.
LiTT. Qui mal chasse, mal prend.
Qui acquiert déloyalement, conserve mal. — Qui entreprend
mal, ne réussit point.
CHAT.
494. Il y est fait comme li cliet ax puce. (Namur.)
LiTT. Il y est habitué comme le chat (l'est) aux puces.
Se dit des personnes qui supportent patiemment la mauvaise
fortune pour avoir été souvent éprouvées.
— 135 —
495. C'est-st-on chet qui jowe de violon.
LiTT. C'est un chat qui joue du violon.
Il a la tête de côté. Se dit d'un homme qui a la tête inclinée
sur une épaule.
496. C n'est nin à on vî chet qu'on-z-apprind
à happer des soris.
LiTT. Ce n'est pas à un vieux chat qu'on apprend à prendre
des souris.
Se dit lorsqu'un ignorant veut donner des leçons à un homme
qui en sait plus que lui.(ACAD ) — .Ve sus Mbiervam —Ne sutor
ultra crepidam. — C'est Grosjean qui en remontre à son curé.
— C'est apprendre à son père à faire des entants.
Pr. valaque — Viens père, que je te montre ma mère.
On ne doidt pas enseigner le chat à soriser.
(Leroux de LuiXY.)
Verviers. L'hamme du lot s'pout corrègi,
L' chet hapret todi 1' sori.
(Renier. Spots rimes. 1871.)
497. I n'fàt nin dispièrler 1' chet qui doime.
LiTT. Il ne faut pas éveillei' le chat qui dort.
Il ne faut pas réveiller une affaire qui était assoupie, chercher
un danger qu'on pouvait éviter. (Acad.)
Pr. fr. — N'éveillez pas le chat qui dort. — N'éveillez pas le
chien qui dort.
{Prov. de France. XlIIe siècle.)
N'as-tu pas tort
De réveiller le chai qui dort ?
(SCARRON. Virgile travesti.)
Cité par Forir. Dict.
Mais lèyans 1' moslî ou c' qu'il est
Et n'allans nin dispièrler l'chet.
(Pasquéye so les séminarisse. <735.)
L" vaillant Byron, dont ii rnommèye
Odéve comme on baume à l'Armôye,
El s' fi qui quéqu's anm'^yc après
Mais chut, ni dispiertans nin 1' chet.
(Hanson. U Hitiriade travestéyc. Ch. VIII. 1780.)
Marche. R mogne co putol Ireus cup ti aùme
(Jui do dispielel l'chet qui douàine.
(Alexandre. P'tii corti. 1860.)
Verviers. Tapans tourtos du l'aiwe so i'feu,
El liiyans doirmi l'chet qui doirt.
(M. Pire. Idnjc d'aurinnuark. r,h. Mes amusettcs. ISSi.)
Namlr. Ni rewèiyi n'ji'chet qui dwat.
— 136
An^TRGNE. Lia (•) se crejeot jonno poulardo,
El lia fageot tout soun effort
Pour reviiler le chat qui dort.
(Fai'CON. La Hemiade de Voltaire, mise en vers burlesques auvergnats. Ch. I. 1798.)
498. I n'fât nin ach'ter on chet d'vins on sèche.
LiTiv II ne faut pas acheter un chat dans un sac.
Conclure un marché sans connaître l'objet dont on traite.
(ACAD.)
Pr. fr. — Acheter chat en poche.
Vendre chat en poche. — Vendre une chose sans l'avoir
montrée. (Agad.)
C'est mal achat de chat en sac.
{Adages François. XVI^ siècle.)
Cf. QUITARD. Dict., p. 210.
Une fille toujours a quelque fer qui loche ;
— Oh, cousin, n'allez pas acheter chat en poche.
(Recnard. Le bal, scène 7.)
Cité par Forir. Dict.
Po pau qu' ça continovve, i n'y âret pus nou s'cret,
Ni nou risse d'esse Ironipd, d'ach'ter es sèche on chet.
(M. TiilRY. Les saisons. Poème. 1860.)
Chafette.
Divant d' dire li fin mot, ji vous sins long messèche,
Vis rappeler qu'on n' prind nin on chet d'vin on sèche.
(HovEN. Li boûquette èmacraléye. Se. 7. 187:2.)
Basse-Allemagne. — Man muss die Katze nicht im Sacke
kaufen.
499. C'est r lourd chet qu'attrappe li soris.
LiTT. C'est le lourd chat qui attrape la souris.
Se dit .souvent des amoureux.
Var. Marche. Li bon chet prind les soris d' race.
500. Tos les chet sont gris de 1' nute.
LiTT. Tous les chats sont gris pendant la nuit.
La nuit, il est aisé de se méprendre, de ne pas reconnaître
ceux à qui l'on parle. Il signifie aussi que dans l'obscurité, il
n'y a nulle dilTérence, pour la vue, entre une personne laide et
une belle personne. (Agad.)
Pr. fr. — La nuit tous les chats sont gris.
Tous chats sont gris de nuit.
(OUDIN. Curiositez françaises. 1640.)
(•) Lia, elle. Catherine de Médicis.
— 137 —
Osiez la lumière et il n'y aura point de différence entre les
femmes.
(Le père Jean-Marie. Le divertissemeuc des sages. 1665.)
On qwatrême masqué.
Li riche, li pHil camarade
Diguisé, fet 1' même parade,
I s' vèyet d'so 1' même habit,
Çou qui fait qui sont parèye
El comme les chet divins l' nutèye
A l'oûye i sont turtos gris.
(Delchef. Les deux neveux. II, se. i^'^. 1839.)
Puis s' dihant es 1' nutèye qui tos les chet sont gris,
El qu'i n' fôl nin qu' faisse ck'r po happer les soris.
(DD. Salme. Nom di hu, c'est madame. 1877.)
Namur. Mais ça n'espèche nin qu'à 1' nail tos les chet sont gris, et qu'adon on
fait sovint des biestrie pa c" qu'on n'est nin r'connu.
{Métologie, Minerve. La Marmite. 1884.)
MoNS. Au nute tous les cal «ont gris.
Basse-Allemagne. — Im Dunkeln sind aile Katzen grau.
501. 1 comprind bé minou sins dire mon cat.
(Moins.)
LiTT. Il comprend bien minou sans dire mon chat.
Peu de paroles suffisent pour se faire comprendre d'un
homme intelligent. (Acad.) — Inteillgenti sat.
Pr. fr. — A bon entendeur peu de paroles,
J'entend bien minou sans dire mon cat.
(OUDIN. Ctiriosilez françaises. 1640.)
Il entend bien chat sans qu'on dise minou.
(Leroux. Dictionu. comique.)
Cité par Forir. Dict.
MoNS. El servante qui comprinnoit h6 minou sins dire mon cat, répond, elle tout
aussi vile : hd bien.
(MOUTRIEUX. Troisième année des conte dés quié. 1850.)
502. C'est r lourd chet qui happe li char fou de pot.
LiTT. C'est le lourd chat qui happe la viande hors du pot.
Il faut se défier des sournois.
Variante. C'est l' lourd chet qu'attrappe li mi les oùhaî.
Var. Sta\'EL0T. C'est 1' boigne chin qui happe lu iîve.
503. Qwand les chet sont-st-èv6ye, les soris sont
maisse.
LiTT. Quand les chats sont partis, les souris sont maîtresses.
Quand les maîtres sont absents, les valets se divertissent.
— 138 —
En Tabsence des chefs, des maîtres, les inférieurs, les écoliers
se divertissent. (Littré.)
Ou chat n'est sorices révèlent.
{Proverbes del vilain. XIV siècle.)
Si fêles absunt, mures adsunt.
(Lejeune. Proverbia familiaria. Leodii. 1741.)
J'a l'bcm posse, ji n'y sos nin tourmètd, mais qwand les chet sont-sl-cvôye, les
soris danset.
[lue sise amou Tlian Pierre. Dialogue. -1858.)
Qwand l'chet esl-st-èvôye les soris fet vol'li l' liesse, tôt dreut qu' Freuthier eùrît
dishàgné, sf feunime si mettat à ramehî avà l' tour.
(G. Magnée. Baitri. Conte. 1865.)
Malmedy. Qwand les chet sont foù de manège, les surus sont maisse.
{Ariii. wall. do l'samène. 1885.)
JoDOiGNE. Quand l'chet est sourteu, i'soreu danse.
Nami'r. Qwand les chet sont foù de 1' mauchonne, les soris danse-nu sus l' tauve,
RoiiCHi. Quand les cals sont au guernier les soris dans'té.
(Hégart. Dici.)
Picardie. Quand chés cos sont au guernier, chés souris dans'tent.
(CORBLET. Glossaire.)
Basse- Allemagne. — Wcnn die Katze nicht zu Hause ist,
tanzen die Mâuse auf dem Tische (auf Tischen und Bânken).
504. Tapez on chet es l'air, i r'toum'rel so ses patte.
LiTT. Jetez un chat en l'air, il retombera sur ses pattes.
On ne peut se défaire de ses habitudes ; on revient toujours
à sa manière d'être.
11 est comme le chat qui retombe toujours sur ses pattes,
se dit d'un homme adroit qui sait toujours se tirer d'affaire.
(Littré.)
Pr. fr. - Faire comme les chats, tomber sur ses pattes.
(OUDIN. Curiosilez françaises. 1640.)
« Les chats, et plusieurs animaux du même genre, comme
les fouines, putois, renards, tigres, etc., quand ils tombent
d'un lieu élevé, tombent ordinairement sur leurs pattes, quoi-
qu'ils les eussent d'abord en enhaut et qu'ils dussent par
conséquent tomber sur la tête. Il est bien sûr qu'ils ne pour-
raient pas par eux-mêmes se renverser ainsi en l'air, où ils
n'ont aucun point fixe pour s'appuyer. Mais la crainte dont ils
sont saisis leur fait courber l'épine du dos, de manière que
leurs entrailles sont poussées en enhaut, ils allongent en
même temps la tête et les jambes vers le lieu d'où ils sont tombés
comme pour le retrouver, ce qui donne à ces parties une plus
grande action de levier.
— 139 —
Ainsi leur centre de gravité vient à être différent du centre
de figure, et placé au-dessus, d'où il s'ensuit par la démons-
tration de M. Parent, que ces animaux doivent faire un demi-
tour en l'air, et retourner leurs pattes en embas, ce qui leur
sauve presque toujours la vie. La plus fine connaissance de la
mécanique ne ferait pas mieux en celte occasion, que ce que
fait un sentiment de peur, confus et aveugle. »
(Histoire de r Académie royale des sciences de Paris.
Année MDCC. Pages 15G et ib7.)
Craiiay.
Ji v's y prind, savattc.
On v'veul comme les chet
R'toumer so vos patte,
Qwaïul vos fez l'plonquet.
(Alcide Pryor. Balivir so s' panse. 1863.)
Jacob.
Voir cial... fans èco 'ne sàye... Ca ,ji wage qui toratte,
Elle va, tôt comme les chet, riloumer so ses patte,
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gèrd. II, se. 3. 187o.)
Verviers. Mais comme ù veut ô chet rutoumer so ses patte,
1 r'prit gosse po l's oûhaî IH'allant r'vèyî les batte.
(Poulet. Li pésonni. 1860.)
Marcue. Tos les chet r'toumet so leu patte.
Namur. I r'chonnc nosse chet, i r'chait todi sus ses pid.
Charleroi. Toinette.
Mossieu, vos arringet tout ça comme des gaye su in baston, mais mi, ji r'chai
toudi sus mes pid, comme les marou.
(L Bernus. Li malade S^-Thtbau. I, se. a. 1876.)
MoNS. Les prumiers jour c'a a été tout seu, mais c'a n'pouvoi nié toudi durer,
i falloi bé qud l'cat ritombe sus ses patte in jour ou Paute.
(Letelliir. Armonaque dé Hlotis. 18oo.)
Var. Mons. R'kèyi su ses argot.
(SiGART. Dict. 1870.)
505. Avu ses àlie comme on chet d'vins on i^riisalî.
LiTT. Avoir ses aises comme un chat dans un groseiller.
Craindre de se remuer, de se blesser. — Être mal à l'aise.
Pr. fr. — Il est à l'aise comme un cheval dans une boutique
de porcelaine.
Variante. Fer des oi'iye comme on chet qu'arège divins on grusali.
RoucHi. I fel des grimaches comme un cal qui i)Ot du vinaiquc.
(HÉCART. Dict.)
Var. Tournai. Y est contint comme in pourcheau dins in sac. — Ête comme
cine mouque dins Ihuilc.
506. Les chet s'a^riftel wisse (fu'i poh't.
LiTT. Les chats s'agriffent où ils peuvent.
— 140 —
Mettre tout en œuvre pour se tirer d'affaire, pour venir à
bout de ce qu'on a entrepris.
Pr. fr. — Faire flèclie de tout bois.
507. On cliet piède biii ses poyège, mais n'heut
nin ses laides manîre.
LiTT. Un chat perd bien ses poils, mais ne secoue pas ses
mauvaises allures.
On ne se corrige jamais entièrement.
Pr. fr. — Chassez le naturel, il revient au galop. — Toujours
souvient à Robin de ses flûtes.
Natiirayn expellas furca, tanien usque redibit.
Lupus piLuni, non ingeniurn mutât.
Le loup alla à Romme et y laissa de son poil et rien de ses
coutumes.
Le loup change de poil et non pas de naturel.
(Le père Jean-Marie. Divertissement des sages. 1665.)
Assueta relinquere durum est.
(Lejeune. Proverbia familiaria. 4741.)
Chat qui a accoustumé à prendre des souris ne s'en peut
tenir.
(OUDIN. Curiositcz françaises. 1640,)
Cité par Forir. Dict.
On-z-a bin raison d'dire qui l'chet piède ses poyège.
Mais ses manîre, ma frick, rin n'ies peut fer passer.
(Is. DoRY. Couplets. 1879.)
Tatenne.
Qu'on a raison de dire
Qu'on chet piède ses poyège, min jamâye ses manîre.
(Remouchamps. Li sav'tl. II, se. 8. 1858.)
Verviers. 0 leup piède ses poyège, mais n' piède nin ses manîre.
(Poulet. Li péion/u. 1860.)
Var. Marche. Dascole.
Les poil do r'naud toumet, 1 n'ni r'vint des novai
I d'meûre todi r'naud, sins pleur cangî jamais.
(Alexandre. Li pèchon d'avril. I, se. 2. 1858.)
V. Lafontaine. La clmtle métamorphosée en femme.
508. Il est ossi chaîpiou qu'on chet d'après l'Saint-
J'han.
LiTT. Il est aussi chétif qu'un chat d'après la Saint-Jean.
C'est-à-dire qu'un chat né après le jour de la Saint-Jean
(24 juin). — Il est de fait que les chats nés après cette époque
de l'année, sont toujours très frêles, très frileux et faibles en
santé.
— 141 —
Friquet.
Vorcial Chanchet.
Mayon.
Li pauve coirps divint ossi chaipiou qu'on chet d'après l'Saint-J'han.
(Demoulin. Ji voux,ji n poux. 11, se. 3. 1838.)
509. 11 èpoite li chet.
LiTT. Il emporte le chat.
Sortir sans dire bonsoir. — Partir à la française, sans
prendre congé.
Cf. L'e.'cpression En catimini.
Pr. fr. - Emporter le chat. Déménager complètement ; le
chat étant de tous les animaux domestiques, le plus fidèle au
logis. (LlTTRÉ.)
Cité par Forir. Dict.
510. C n'est nin po rin qu'nosse chet n'poléve chîr.
LiTT. Ce n'est pas pour rien que notre chat ne pouvait chier.
Se dit lorsqu'on a trouvé une erreur dans ce qu'on fesait,
quand on a surmonté l'obstacle qui entravait un travail, une
affaire.
511. Vieux cal, jône soris. (Tournai.)
LiTT. A vieux chat, jeune souris.
Manière de parler proverbiale pour dire qu'à un homme sur
le retour, il faut une jeune femme ; marque surtout la préfé-
rence qu'ont les vieux pour les jeunes.
Comp. La chanson du sire de Franboisy.
Frameri£S. In vieil proverpe qu'on cite ein no villache,
Et qu'est conneu ein Chine comme à Paris,
Pou consoler les gins d'in certain ache
Dit qu'au vieil cat, i faut des jônes soris.
{A cinquante ans. Chanson. Arm. borain. 1890.)
512. Méchant comme in cat bocheu. (Tournai.)
LiTT. Méchant comme un chat bossu.
Homme colère, hargneux. — On sait que les chats furieux
font le gros dos.
513. Fer voler r chet. (Veryiers.)
LiTT. Faire voler le chat.
Vouloir faire quelque chose d'extraordinaire et n'y pas
réussir.
DU CHAT VOLANT (ORIG.).
a On a beaucoup parlé du chat volant de Verviers, et on a,
dans plusieurs bibliothèques, un poème imprimé à Amsterdam,
rempli de plaisanteries sur ce chapitre.
— 142 —
« llien de plus vrai qu'on y fit la tentative, Tan 1C41, d'en
faire voler un. On s'en est extrêmement moqué, et on a couvert
de ridicule ceux qui la firent ; cependant elle pouvait aussi
bien réussir que les Mongollières ou ballons aérostatiques ; car
on avait employé les mêmes moyens pour faire voyager ce chat
dans le^ airs. On l'avait attaché à quatre vessies qu'on avoit
gonflées avec du gaz ; on n'a rien fait de plus pour élever les
ballons que de les en remplir aussi.
'( Pour rendre l'animal plus léger, on le fit purger, et un
apothicaire, nommé Saroléa, lui administra un clystère. Il fut
ensuite porté en grande cérémonie sur la tour de l'église
paroissiale, d'où il fut lancé, en présence d'une partie de la
magistrature, qui avait pris la peine d'enjamber tous les
escaliers de la tour, pour voir de plus près le chat fendre les
airs ; mais au lieu de s'élever, comme le ballon, il tomba tout
uniment du haut en bas, sans pourtant se faire aucun mal. Les
quatre vessies firent l'effet du parachute.
a Depuis ce temps-là, quand quelqu'un fait une sottise, on
dit qu'il a fait voler le chat ; c'est une expression proverbiale
des Verviétois. »
(Detrooz. Histoire du marquisat de Franchimout. Il» partie. 16S. Liège, i809.)
Cf. Le chat volant de la ville de Verviers ; histoire véritable
arrivée en 1641. Poème publié en 1841, par Angenot.
M. Ulysse Capitaine {Hiogr. liégeoise, p. 75) raconte comme
suit l'histoire du chat volant :
" Saroléa, pharmacien, né à Clieratte, mourut le 14 mai 1682 à
Verviers, où il exerçait depuis longtemps sa profession.
" Saroléa, sur les indications d'un certain Collinet, du village de
Heusy, prétendit, en 1641, avoir trouvé le moyen de faire voler un
chat, à l'aide de vessies remplies de gaz. Voulant que ses compatriotes
fussent témoins de cette importante découverte, il obtint des magis-
trats de Verviers l'autorisation d'annoncer l'expérience à son de
trompe. Au jour fixé, on fit purger le chat pour le rendre plus léger,
on lui attacha à chaque patte une vessie remplie de gaz, puis on le
porta en grande cérémonie sur la tour de l'église paroissiale, d'où il
fut lancé dans l'espace, en présence du bourgmestre et de toute la
population de Verviers. Mais, au lieu de voler, le chat tomba tout
uniment par terre. Saroléa fut traité de charlatan et couvert de
ridicule.
" Faire voler le chat est resté une expression proverbiale à Verviers,
pour dire : promettre plus qu'on nepeut tenir, faire une sottise avec éclat.
" La tentative de Saroléa fournit à l'un de nos poètes, le baron de
Walef, le sujet d'un petit poème burlesque et satirique qu'il publia
en 1730, .sous ce titre :
" Le chat volant de la ville de Vervier, histoire véritable par
— 143 —
Monsieur Willem Crap. — A Amsterdam (Liège), chez Jacque Le Franc,
à l'enseigne du Chat-Botez, in-12 de 21 pp.
" Cette pièce pseudonjTne, devenue aujourd'hui d'une excessive
rareté, n'a pas été reproduite dans les œuvres du baron de Walef. Le
poète Angenot la fit réimprimer eu 1841. {Verviers, Angenot, fils, in-8
de 31 pp ) Il ajouta un correctif qu'il fit suivre d'une chanson anonyme
composée vers la fin du XVIIIe siècle, sous le titre de La queue du
chat volant de la ville de Verviers. „
V. Nautet. Notices historiques , t. I, p. 83.
N. B. L'idée de SarolÉA n'est qu'ime modification de celle de
Cyrano de Bergerac (Histoire comique de la lune).
Vosl'kinohez, il est d'Vervî
D'cisse vèye qu'a fait voler ine biesse,
El qu'a d'hité tote cisse noblesse,
C'esteul on chet, selon l'histoire.
{Pa-iquèye faite à jubilé Dom Bernard Godin. 17C4.)
Verviers. I ohe bin fé creùre à totes les gins
Uuu les chin hawel po les quawe,
Qu'les chet volet comme des balawe.
{Le vol du chai de Vervieis. Chant burlesque. XYU^ siècle.)
Verviers. Lu pus sùti n' promeltret
Qu'i n'fret jamauye voler l'chet.
(Renier. Spots rimis. 1871.)
514. Fer de F boléye po l' chel.
LiTT. Faire de la bouillie pour le chat.
Prendre de la peine pour faire quelque chose qui ne servira
à rien. (Acad.)
Pr. fr, — Faire de la bouillie pour les chats.
St-Qlentis. Cha s'ra du lait bouli pour chés kals.
Spa. I n' vunin nin comme on d'héve
Fer de i'bolèye po les chet
Vive les électeur, o guè !
{A tir des braiyd. Pasquéye, vers. 184o.)
Var. Malmedy. Fer d'I'ovrège du poutrain.
515. 1 n'y a nin d'quoi batte on chet.
LiTT. Il n'y a pas de quoi battre un chat.
L'aflaire, la faute dont il s'agit n'est qu'une bagatelle. (Acad.)
Pr. fr. — Il n'y a pas là de quoi fouetter un chat.
Variante. Quelle niohon, li d'héve-l-on, on n'y st* batte on chin.
(Dehin. Parole d'à Socrâte. Fàve. 48.H2.)
Var. Niveixes. 1 n'a né d' quoi batte on chi.
Lille. J'va le conter m'n afl'aire et j'espère
Qu'i n'y a point d'quoi fouetter un cat.
(Dkshousseaux. Chamom lilloites. 18o3.)
— 144 —
516. Les èfant des chet magnet voltî des soris.
LiTT. Les enfants des chats mangent volontiers des souris.
Ordinairement les enfants tiennent des mœurs et des incli-
nations de leurs pères. (Acad.)
Pr. fr. — Tel père, tel lils. — Bon chien chasse de race. —
Bon sai\g ne peut mentir.
hnproborum itnproba soboles.
Cité par Forir. Dict.
Après Pâque divinrez-v' mèyeu ?
Po v's el bin dire, wère ji n'el creu,
L'èfant dé chet magne les soris
Sins qui s'pére ni lî âyc appris.
(Renard. Mathieu Laensberg, 1844.)
Çouqu' c'est qui l' naturel
à Tprumire occasion
Comme s'on aveu rèchî es Moûse
I roûvèye toi et si r'prind s' couse.
Ossi c'est d'on vî spot, l'eximpe qui ji l'a pris
Todi l'èfant d'on chet magne voltî les soris.
(Baili-EUX. Li cale cangèije àj'eumme. Fàve. ■ISSi.)
Ll prince di Stav'leù... s'apinsant qui les èfant des chet magnet volt! les soris...
i n sonlà, etc.
(G. Magnée. Li creri'quini de prince âbbé di Stav'leù. -1867.)
Namur. Sins trop 1' sorbatte, i faut qu' jonesse si passe,
L'èfant d'on chet mougne voltî des soris.
(Wérotte. Jean Joseph divint vi. Ch. i8G7, ¥ éà.)
Beauraing. I brigaudet partout, i n'ainmet nin li s'cole,
I jurct ja comme vos, d'jet des moaigès parole,
On èfant d' chet dit-st-on mougne volti des soris.
(Vermer. Les solée. -1862.)
Charleroi. Èfant d'chet mougne voltî soris.
Mo.NS. Èfant d'cat miû voltié sorite.
Tournai. Infant d'cat ming'te volontiers soris.
JoDoiGNE. Èfant d'chet mougne voltî des soreu.
Picardie. Qui vient de bon cat, volontiers surque.
(CORBLET. Gloss. iSÏA).
Prov. valaque. Ce qui naît de la chatte attrape des souris.
517. I gn'a non cliol (|ui n'grette.
LiTT. Il n'y a aucun chat qui ne gratte.
Chacun sa nature.
Var. Jodoigne. Èfant d'chet grette voltî.
518. Li chet s' frotte podrî l'orèye.
LiTT. Le chat se frotte par derrière l'oreille.
Il va pleuvoir.
— 145 —
519. 1 vind des boignes chet podrî les Mèneii.
LiTT. Il vend des chats borgnes derrière les Mineurs.
Il a une existence problématique.
N. B. Derrière Téglise Saint-Antoine (autrefois des Mineurs),
à Liège, il y a une rangée d'échoppes. C'est le quartier- général
des fripiers (vi-wan).
I s'dihcve de meslî des bouteu-foù, et s'enne aveut-i wère mind nol aute qui
d'vinde des boignes chet drî les Mèneu. (G. Magnée. Bnîiri. i86o.)
o20. Jower po ses chet. (Pays de Hervé.)
LiTT. Jouer pour ses chats.
Jouer chacun pour son compte, jouer à comptes particuliers.
— Se dit dans tout jeu à partners.
521. Chet chondé a peu d' l'aîwe foide. (Jodoigne.)
LiTT. Chat échaudé a peur de l'eau froide.
Quand on a éprouvé quelque grande peine, quelque désap-
pointement, on en redoute jusqu'à l'apparence. (Littré.)
Pr. fr. — Chat échaudé craint l'eau froide.
Var. Tournai. Quand on a éX6 piqué on r'tire s'deogt.
522. Ch'est comme in cat à l'agonie, i fet acore
sintir ses greaux. (Tournai.)
LiTT. C'est comme un chat à l'agonie, il fait encore sentir
ses griffes.
II fait le mal tant qu'il peut.
528. Quand l'chet grotte es ramon, signe di vint;
podrî l'orèye, signe di plaîve. (Jodoigne.)
LiTT. Quand le chat gratte sur le balai, c'est signe de vent
et derrière l'oreille, c'est signe de pluie.
524. 1 ravisse les chet, c'est rare qwand i s' trèbouhe.
LiTT. Il ressemble aux chats, c'est rare quand il trébuche.
C'est un homme qui a de la chance, qui réussit, qui n'éprouve
pas de revers.
525. Fer s' chet.
LiTT. Faire son chat.
Faire des économies, ramasser un petit pécule, et en mau-
vaise part, détourner ce qui doit revenir à d'autres.
Cité par Forir. Dict.
Thoumas.
Si Marèye a jâsé, c'est qu'i gn'a quéque saquoi,
Di Tonton c'est I' woisonnc, et po 1' moumint, mutoi
Qu'mes cusin fet leu chet.
(Al. Peclers. L'ovrège d'à Chanchet. Sc. 2. 1812.)
iO
146 —
Et raàgré 1' vôye de progrès
Et l'sciince
Les voleur fet mî leu chet
Qu'on n'el pinse.
(G. Dklarge. Mathieu Laemberg. 4886.)
Var. Tournai. Faire s' burrc.
5'26. Li chet a niougnî l' vessie. (Jodoigne.)
LiTT, Le chat a mangé la vessie.
Parfois on ajoute : 1 n'a lèyî qu' les deux orèye.
Vous nous contez une blague, un mensonge, une vanterie.
CHATEAU.
o'27. Fer des chestaî en Espagne.
LiTT. Faire des châteaux en Espagne.
Faire de beaux projets qui ne peuvent pas se réaliser. — Se
repaître de chimères. (Littriî.)
Faire des châteaux en Espagne.
(Le Père Jean-51arie Le divertissement des sages. 1665.)
Cité par Forir. Dict.
Or çou qui gn'a dispùye pau ci' limps
On jône tindron, â doux minlin,
Là, d'vins ine vèye mohon d' campagne
Fève des bais ciieslai en Espagne.
(J.-J. Hanson. Li Hinriâde traveslèye. Ch. IX. -1780.)
Li ci qu'a fait li cîr et les montagne
A d'né de F jôye àx pauve comme âx rintî,
Quoirans 1' bonheur àx chestaî es l'Espagne,
Pc r jôyedi s' ralii.
(A. HoCK. Li jôye di s'rafii. Ch. 1836.)
Namuu. I 'nnès quitte po ses chestia en Espagne
I r'prind s'ioyet comme s'i n'aveul rin sli.
(J. COLSON. L'hérilance du Gaspard. Ch. 186i2.)
CHATOUILLER.
o28. Si calî po s' ter rire.
LiTT. Se ctiatouiller pour se faire rire.
On dit aussi : Il n'fât nin s'catî po s'fer rire.
S'exciter à la gaieté, à la joie pour un faible sujet ; môme
sans sujet. (Agad.)
Pr. fr, — Se chatouiller pour se faire rire.
Cité par Forir. Dicl.
L'aute vi raconte ine pitite quolibette
L'aute po l' fer rire i fàt qu'i s' grette.
{Pasquèyeso les séminarisse. 4735.)
— 147 —
Or çou qu'i gn'a, portant 1' baî sire,
S'catèye comme on dit po s' fer rire,
Et fait à brave Hinri l'affront
l)i lî mostrer si laid trô rond.
(Hanson. Ll Hinriade travestèye. Ch. VIII. dTSO.)
Spa. Parlans on pau d'cesbiesse
Lu r'but des humain,
Du ces bornèyès liesse
D'ces crapuleux vàrin
Qwand n' savut pus quoi dire,
I s'guittièt po s' fer rire.
(Jehln. Pasquèrje, I8i4. Recueil de Body.)
Marche. I vaut mî s' chôpiet po s' fet rire.
Qui d'Iachel li s'cret qu'on n' peut dire.
(Alexandre. P'iiiconi. 1860.)
Var. Nabiur. Quéquî ses pid po fer rire ses ortet.
JODOIGNE. Vaut mia s' quéquî po s' fer rire,
Que dé dire one saquoi qu'on n' pout ni dire.
Charleroi. L' garçon fiel dins l' palais, c' qu'i v'iet pou s' diverti.
Mais su s' vie, i n' p'iel né sorti ;
I jouwet à rtourpine, a l'galine et àx guie
On l'auret chaupii pou qu'i rie.
(L. Bernus. L' huzard eiet V moiche chance. Fauve. •fSTS.)
Auvergne. Poutoun et le brave La Hire
Se chatouillount tos doux par rire.
(Faucon. La Henriade de Voltaire en vers burlesques auvergnats. Ch. VII. 1798.)
CHAUD.
559. 1 n'ya rin d'trop chaud ni d'trop freud por lu.
LiTT. II n'y a rien de trop cliaud ni de trop froid pour lui.
Se dit d'un homme avide, qui veut trop avoir, qui prend de
toutes mains. (Acad.)
Pr. fr. — Il ne trouve rien de trop chaud ni de trop froid.
I n'y a rin d' trop chaud ni d' trop freud por lu, i el prindreut so l' liesse d'on
tigneu. (Reiucle. Dict.)
Mencheur.
II esteut lerminl agîslé es s' mohonne qu'i n'y aveut rin d" trop chaud ni d' trop
freud inte di zell.
(DD. Salme. Pris d'vins ses lèce. II, se. 5. i880.)
CHAUDEAU.
530. Quand l'aras fait l'caudieau, faudra 1' boire.
(MONS.)
LiTT. Quand tu auras fait le chaudeau, il faudra le boire.
Quand l'affaire est engagée, il n'y a plus à reculer. (Acad.)
Pr. fr. — Le vin est tiré, il faut le boire.
— 148 —
MONS. Ouais mé, il avoi l'ail 1' caudieau, i fouloi 1' boire.
(Lktellier. Àrmonaque dé. Mons. 1849.)
Quand t aras fait 1' caudieau, faudra 1' humer.
(MouTRiEL'X. Des nouvicaux conte dé quié. 18b0.)
Variante. Floket.
Ji veus qu' nos estans logî à 'ne belle esseigne, cial.
GlLLIS.
Li bîre est sèchèye, i fât 1' beùre.
(DD. Salme. Les rabroiihe. Se. C. 1882.)
Var. Marche. Quand 1' verre est vûdet, i T faut beùre.
CHAUDRON.
531. On n'attind nin l'velle de 1' procession pour
recurer ses coderlat. (Tournai.)
LiTT. On n'attend pas la veille de la procession pour récurer
ses chaudrons de cuivre.
On n'attend pas le dernier moment pour faire une chose
indispensable.
CHAUFFER.
532. Çou qui n' châffe nin por vos, lèyîz-le cure po
ine aute.
LiTT. Ce qui ne chauffe pas pour vous, laissez le cuire pour
un autre.
On ne doit pas rechercher une demoiselle si on ne veut pas
prétendre à sa main.
Variante. Çou qu'on n' vout nin magnî crou, on l' lait cure po ine aute.
CHAUSSÉ.
533. Ni riez nin d'on ma châssî,
Vos soler polet s' kihyî.
LiTT. Ne riez pas d'un individu mal chaussé,
Vos souliers peuvent se déchirer.
Ne riez point d'un malheureux, l'adversité peut vous
atteindre. — Ne insultes miseris.
Ne vous moquez pas des mal chaussés, vos souliers perceront.
(OUDIN. Curiositez françaises. 1640.)
11 ne se faut jamais moquer des misérables.
(Lafontaine. Le lièvre et la perdrix.)
Marche. Ni v' moquez nin des mau chausset,
On-z-a lortos do 1' pône asset.
(Alexandre. P'tii corci. 1860.)
JoiJOiCNE. L' ce que rit d'on mau chaussi iret quéque fie à pîd tôt t' chau.
— 149 -
CHEMIN.
534. Courir po qiiate kemin. (MoNs.)
LiTT. Courir par quatre chemins.
Ne pas s'expliquer fraot-hement, chercher des détours. (Agad .)
Pr, fr. — 11 ne faul pas aller par quatre chemins.
MoNS. Ainsi, sans cour! po quate kemin, enne faisons nié droguer nos chers
lecteur.
(ftloUTRiEUX. 3"'e année des conte dé quié. 1851.)
Namur. I s' décide à fer v'nu li niéd'cin Garalchite, on vî d'ia vieille, qui n'y
alleuve nin pa quate chemin et qui vos digeuve tôt d' suite si vos d'vîz fer voss^
testaminl.
{La Marmite, gazette. 1889.)
Metz. Les gens veuillent ate sarvis comme de juste et d' rayons,
Faul ete sur quate chemins, allaye dans les bocherayes.
(Georgex. Histoire véritable de Vernier, maître tripier.
Dialofjite patois messin. 1798.)
535. Il est todi so champ, so vôye.
LiTT. II est toujours sur champ, sur voie.
11 est toujours en route, il n'est jamais au logis.
Pr. fr. — Il est toujours par voies et par chemins.
Je n'irai par monts et par vaux
M'exposer aux vents, à la pluie.
(Lafontaine.)
Il est toujours à la voye.
(OUBIN. Ciiriositez Jrançoises. -1640.)
Cité par Forir. Dict.
I li fàreut des robe di sôye,
Des dintelle et des falbala.
Et d'esse todi so champ, so voye.
Cori les bal, fer des grands r'pa.*.
(AUG. HoCK. Li trifogne. Ch. 1835.)
Et so r limps qu' tos les deux, v's estez so champ, so vôye,
Qui loukeà vos èfant? Vosse siervante, cisse cànôye.
(Ed. Remoochamps. Les deux voisin. -1876.)
Lille. Il est toudi par camp et par voe.
(Vekmesse. Voc. du patois lillois. 1801.)
Basse-Allemagne. — Immer auf den Beinen sein.
536. On n' veut qu'lu et les chin avà les vôye.
LiTT. On ne voit que lui et les chiens sur les chemins.
Même sens que le précédent.
Nivelles. On n' voit qu' li et les chî su les rue.
537. J'a fait voye à d rente.
LiTT. J'ai fait route à droite.
— 150 —
Je n'ai ni perdu ni gagné. — Mes gains sont insignifiants.
Variante. J'a fait recht iveg.
Expression du jeu de quilles.
538. L' ci qui sût l'dreûte vôye ni s'toide mâye.
LiTT, Celui qui suit le droit chemin ne se tord (ne se perd)
pas.
Celui qui procède avec sincérité, avec loyauté, sans nul
artilice, ne craint pas de se fourvoyer.
La ligne droite est le plus court chemin d'un point à un
autre. (Legendre.)
Ainsi fînihe cisse longue pasquèye
Qu'on (leut fer k'nohe toi avà l'vèye,
Po mostrer qu' les anti-jureux
Vont très k'toird, pinsant aller dreut.
(Apologèye des priesse qu'on fait l'sermint. 1793. B. et D. Choix de chansons.)
Qwand on va 1' dreûte vôye, nosse dame, on est-st-aoureux.
(A. HocK. La famille Matfiot. iSTi.)
Julien.
Ji veus bin qui rin n' toûne bin à ci qui n' .sût nin l' dreûte vôye.
(DD. Salme. Li germalle. Se. 40. 1883.)
Chârleroi. Toinette.
Quand on moaise vout d'aller comme eune vie chavatte, eune mesquenne qui voit
'ne miette pus Ion qud 1' débout de s' nez doit lî parler à s'barette pou l'ermette dins
r doile vôye.
(L. Bernus. L' muludc St-TInbau. I, se. 5. 4876.)
JoDOiGNE. L' ce que sut l'doite vôye, ne stoide ni l' pid, ne s' piède jamais.
539. Tote vôye mône à Rome.
LiTT. Tout chemin mène à Rome.
On peut, de diverses manières, arriver au même but.
(LiTTRÉ.)
Pr. fr. — Tout chemin mène à Rome.
Il fut un temps où ce dicton était littéralement vrai : alors,
en effet, tout chemin était une voie militaire partant de la Ville
éternelle, et construite par les Romains vainqueurs pour
assurer leurs possessions en pays conquis.
Cité par Forir. Dicl.
Ils .s'y prirent tous trois par des routes diverses.
Tous chemins vont à Rome, ainsi nos concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents.
(Lafontaine. Fable 27. Livre XII.)
MONS. Bon quoi s' que ça fait, Zabelle, tous les qu' min conduittet'à Rome, qu'on dit.
(F.,ETELUER. Armonaque dé Morts. -1879.)
Un touriste en excursion h Malchamps, rencontra un vieux
paysan et lui demanda quel était ce chemin de la Vequée dont
— 151 -
on ne se servait plus. La réponse du vieil Ardennais est
curieuse : « Mon père m\i dit qu^en auloant exactement cette
voie, on arrivait à Rome. » La naïve réponse du paysan est en
somme l'expression exacte de la vérité.
(H. ScHUERMANS. Spa, les hmiics façines. 188G. Note transmise par A. BoDY.)
540. I tape des hamme es l'vôye.
LiTT. Il jette des bancs (des tabourets) dans le chemin.
Il cherche à détourner le fil de la conversation. — Il entrave
les affaires.
Cité par Forir. Dict.
S'i sont vcf, c'est l' malheur, s'i sont joyeux, c'est l' jôye
I s'y prindet d' manîre à mette on hamme es 1' vôye.
(G. Delarge. lue copenne conte les pek' ceux. 1873.)
Verviers. Lu R'nau.
Nos y vairans, coula va comme one sûye,
I n'y a qu' ci castor là, qu'est-sl-on fier hamme es 1' vôye.
(Xhoffer. Les biesse. I, se. lO. 1858.)
Verviers. Baptisse.
Tu paise quu les çaisî et les maisse, c'est des hamme,
Qui sayôt d'vins leu vôye, tofcr du mette des hamme.
(RÉsnoN. Hairiel Baptisse. 1872.)
Jalhay. Majenne.
Avoz-v' co on hamme à mette es 1' vôye ? I v'groûle one saquoi es vête duspôye
bin longtimps. (Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 7. 1861.)
JoDOiGNE. 1 tappe des pire avau les vôye.
o41. 1 gn'a bin cint pîd d' mâle vôye.
LiTT. Il y a bien cent pieds de mauvais chemin.
Il s'en faut de beaucoup ; vous êtes loin de la vérité ; vous
n'avez pas deviné juste.
Pr. fr. — En tout pays, il y a une lieue de méchant chemin,
c'est-à-dire : il n'y a point d'aiïuire où Ton ne trouve des
difficultés. (LiTTRÉ.)
54^. I deut r vôye à St-Linâ.
LiTT. II doit le chemin (le pèlerinage) à St- Léonard.
Il l'a échappé belle, il revient do loin.
St-Léonard, patron des bouilleurs.
Cité par Forir. fywj.
Elle rimercia 1' binam(î bon Diu di 11 avu sèchî cisse sipenne là foii de pîd, et
k'fessa qu'elle divéve ine vôye à St-Linà.
(G. Magnée. liniiri. 1805.)
Var. Jodoigne. l doit l'vôye à MoiHagueu. Il a prometicu 1' vôye.
— 152 —
543. Miner so 'ne vôye qui n'a nolle pire.
LiTT. Conduire dans un chemin qui n'a pas de pierres.
Amener quelqu'un à coder, à subir notre loi ; prévoir toutes
les objections.
Pr. t'r. — Mener quelqu'un par un chemin où il n'y a point
de pierres.
MoNS. Ti mène tout comme
Douzett'minl t' n' homme.
Pa 'n' ein p'iil qu' min qui n'a nié ein cayau.
• (J.-B. Descamps. Ercette pouféereein bieau mainnache. Ch. 1832.)
Atteindez eine minute, qu'ail' dit, nous s'ein allons vous foere passer pareinc
voyette qui g'n'aura pau d'cailleux. (GossEU. Lettres picardes. ISiS.)
544. Ête su l'route de Pic-au-Venl. (Tournai.)
LiTT. Être sur la route de Pic-au-Vent.
Avoir un commencement de folie.
(La route de Pic-au-Vent, chaussée de Douai, conduisait
autrefois à l'établissement des aliénés à Froidmont.)
543. Aller s' petit bonhomme de qu'min.(TouKNAi.)
LiTT. Aller son petit bonhomme de chemin.
Faire ses volontés sans se soucier de ce qui peut en résulter.
Mener ses affaires adroitement et sans éclat. (Littré.)
546. Faire du qu' min d' poutrin. (Tournai.)
LiTT. Faire du chemin de poulin.
Faire des démarches, des courses inutiles.
547. L'ei qui d'mande si vôye, c'est qu'il est
pierdou.
LiTT. Celui qui dirriande son chemin, c'est qu'il est perdu.
Réplique à ceux qui s'imaginent que la question qu'on leur
adresse n'est pas sérieuse.
548. C'est co pu vî qu' les ch'moin. (Charleroi.)
LiTT. C'est encore plus vieux que les chemins.
Fort vieux, très connu. (Littré.)
Pr. fr. — Vieux comme les chemins.
Charleroi. Arrive in vî baudet qui v'net d'Mon seu Marcienne.
Il estet co pu vî qu' les ch'moin.
(L. Bernus. Fable.)
MoNS. C't'enne vérité co pus vieille que les qu'min d'elle moudrée. (On croit que
moudrée signifie meurtre.) (Sigaut. IHct.)
Nivelles. D'in costé cest-st-enne boij^ne, et d' l'aute elle est berlue,
Sale, vie austant qu'les ch'min, padrî, pad'vanl bossue.
(M. Renard. Les aventures de Jean d' Nivelles. Gh. II, S^éd. 1890.)
— 153 —
CHEMINÉE.
549. D'vant qii' les ch'minêye ni sèyesse so les teut.
LiTT. Avant que les cheminées ne soient sur les toits.
Avant le point du jour, de très grand matin. Avant qu'il ne
fasse assez chiir pour distinguer les cheminées sur les toits.
Pr. fr. — Dès que les chats seront chaussés.
(Leroux. Dict. comique.)
I rèvînlît lot l' monde, durant 'ne samaine ou deux,
Uivant qui les ch'minôye ni fourit so les teut.
(Thiry. hte cope di Grandiveux. i859.)
Servais.
Kiniint don, vos v's avez surmint levé qui les ch'minùye n'estît nin co so les
teut, tôt l'càbaret est d'jà r'niettou à pont.
(Bkahy. Li bouquet. II, se. 2. 1878.)
Var. Mons. I s' lève avant que 1' diale n'eusse mis sd maronne.
(J.-B. Descamps. Ch. 4841.)
Var. Mons. Comme d'effet, l'iindemain au matin, Baptisse s'in va appeler Colas
quatte pied d'vant l' jour.
(Leteixier. Uours été les deux compère. Fàve. Arm. dé Mom. 18ÎJ9.)
Var. Tournai. Été en veoe avant que 1' diable a mis ses bottes.
Var. Lille. Et qu' vèyant chir, tous ceschochons
Ont mis tertous leus biell's capottes,
Avant que V diale euch' mis ses bottes.
(Desrousseaux. Chansons lilloises. 18oi.)
Var. Douai. Quand que j' devros dequinde d'min lit avant que 1' diale qu'il ail
mis ses culottes, comme un dit à Douai.
(Dechristé. Souv'nirs d'un homme d' Douai. '18!J6.)
Magré qu'i m'a dit qu'y savot levé avant que ch' soleil qu'il euhe mis ses culottes.
(Dechristé. Souvenirs d'un homme d' Douai. i8o7.)
CHEMISE.
550. C'est-st-ine belle putain, et s' n'a nolle chiniîhe.
LiTT. C'est une belle prostituée, mais elle n'a pas de chemise.
Les apparences sont belles, mais la réalité est à peu
près nulle.
Les apparences sont trompeuses, souvent un grand étalage
cache une profonde misère.
Pr. fr. — Habit de velours, ventre de son.
55t. Pus près tint s' cliimihe qui s' cotte.
LiTT. Plus près tient sa chemise que sa jupe.
Les intérêts personnels sont plus forts que les autres. (Ac.\d.)
Pr. fr. — La peau est plus proche que la chemise.
— 154 —
Variante. Li ch'mihe attint, pus qui F cotte.
Namur. Pus près va s' chimiche qui s' cotte.
MoNS. Pus près va s' quemihe que s' cotte.
Verviers. Près m' cotraî, co pus près panaî.
Malmedy. Près est m' cotraî,
. Eco pus près m' panaî.
JoDOiGNE. Le pia est pé près parint que 1' chemige.
Picardie. S' kemise est pus près qu' sin gartin.
(GORBLET. Gloss.)
La chemise me touche de plus près que le manteau.
Le genouil est plus proche que la jambe.
(Pcre Jean-Marie. Le divertissement des sages. 1665.)
Ma chair est plus près que ma chemise.
(Oddin. Cunositez françoises. ■1640.)
Plus près m'est char que m'est chemise.
{Chron. de Godefroid de Paris. XIII"^ siècle.)
Près est ma coste, plus près est ma chemise.
{Prov. gallic. 4SI 9.)
ïunica proprior pallio est. (Plaute.)
CHERCHER.
552. Cache après, c'est su l'Flénu. (Mons.)
LiTT. Cherche après, c'est dans le Flénu.
Ce proverbe (calembour) se dit habituellement aux personnes
qui ont perdu quelque chose et qui disent : je cache après (je
cherche après).
Cache-après est le nom d'une houillère du Flénu (Hainaut).
MoNS Tant c'qu'a lés autes corrobolarateur dé l'armonaque, j'vos l's abandonne ;
si vos volez savoir leu nom, adressez-vous à Cache-après.
(Letellier. Armonaque dé Mons. i856.)
CHEVAL.
553. On ch'vâ d' mèye cârlusse pout s'trèboiihî.
LiTT. Un cheval de mille llorins peut se trébucher.
Il n'est point d'homme si sage, si habile, qui ne fasse quel-
quefois des fautes, qui ne se trompe quelquefois. (Agad.)
Pr. fr. — Il n'est si bon cheval qui ne bronche.
Il n'est si bon cheval
Qui ne mette son pied mal.
Il n'y a si bon cheval qui ne devienne rosse.
(OuDiN. Curiositez françoises. •1640.)
Non est tam bonus qui non cospitet equus.
(LejEUNE. Proverbia familiaria. 1741.)
— 155 —
Naml'r. I n'y a pont d'si bon ch'fau qui n' bronche.
MoNS. L' mèyeux quévau peut chopper.
MONS. Mais surtout j'vos in prie, n'allez nié faire les maux pus grand qu'i n'sont,
d'ayeurs vos savez bé que Tmeyeur quévau peut chopper, né pas.
(Letellier. Armonaque de Moti.s. 1860.)
554. In bon ronchin pelte ein pichanl. (Mons.)
LiTT. Un bon étalon pette en pissant.
On peut faire deux choses à la fois.
(SiGART. Dict. 1870.)
555. Brider si ch'và po l' quowe.
LiTT. Brider son cheval par la queue.
S'y prendre maladroitement et à contre sens dans une
affaire. (Agad.)
Pr. fr. — Brider son cheval par la queue. - Kcorchor l'an-
guille par la queue.
Cité par Forir. Dict.
Mais pus estourdi qu'des biket
Po l'quowe i bridet leu bidet.
(J.-J. Hanson. Les lusiade èsvers ligeois. Ch. III. 1783.)
Variante. Achovans nos rapsodiurn
Ji sos on maisse l'aliborum;
J'a ciette bridé li ch'và po l'cou,
Ji sos avà les fagne pierdou.
{Pasquèije faite à l'occasion de jubilé (/' dom Bernard GodiH,abbé. 17Gi.)
I vola fer trop l'èlindou
Et i firi ma s' compte,
C'esteul brider .si ch'và po l' cou
Et vola comme on s" trompe.
{Jubilé du père Janvier. 1787.)
CoNDROz. Si l'sogne d'on chin qui hawe
A spawté leu roncin,
I v's el bridet po 1' quawe.
I n' prind pus 1' moirs àx dint.
(Damoiseaux. Li vèye di Craque-xi-foirt. 1871.)
Var. Marche. ('/ n'est nin po 1' drî qu'on bride one àne.
Stavelot. I n' faut nin ébrider lu g'vau po l' cou.
Namur. On bride cor assez sovint l' baudet pa l' queuwe.
Nivelles. Brider 1' chévau pa 1' queue.
JoDOiGNE. Ce n'est ni pa li d'drî qu'on breudc se baudet.
Basse-Allemagne. — Die Kuh beim Schvvanze anfassen.
556. Il a s'tu à cli'và so s' maisse.
LiTT. Il a été à cheval sur son maître.
Se dit d'un mari dont la femme porte les culottes et par
— 156 —
extension de tout individu ijui croit être le maître d'une chose
et qui ne l'est pas.
Var. Tournai. I peut bin écrire à Saint- Georche, i est monté su 1' diable.
5o7. Monter so ses grands ch'và.
LiTT". Monter sur ses grands chevaux.
Prendre les choses avec hauteur, montrer de la fierté, de la
sévérité dans ses paroles; élever sa voix et son geste avec
chaleur et audace. (Agad.)
Pr. fr. — Monter sur ses grands chevaux. — Monter sur
ses ergots.
HiGNAR.
Avon ciste air doûmiesse
I monte so ses grands ch'và,
Hola, vos v' frez de ma !
Vos estez trop hàhiesse.
(De Harlez. Les hypoconte. I, se. 3. 1758.)
L' raayeûr montant sus ses grands ch'và, lî d'manda s'i louquîve H cour po ine
chaive di pivion des Lolà.
(G. Magnée. Li houlotte. 4871.)
Marche. Vo t' là sus tes hauts ch'vau, tu gueule,
Pasqui j' les prind po des aveùle.
(Alexandre. P'tit corii. ISfiO.)
Basse-Allemagne. — Sich auf's hohe Pferd setzen.
558. J'aime mî cori après mi ch'và qui de
r ridressi.
LiTT. J'aime mieux courir après mon cheval que de le relever.
Un excès de vigueur vaut mieux qu'une faiblesse incurable.
Variante. I vàt mî cor! après si ch'và qui d'el rilèvé.
559. Es' n'est gnié devant le g'vau, /^..„<. \
Qu'i faut apprester 1' gouriau U^^^^^-)
LiTT. Ce n'est pas devant le cheval,
Qu'il faut préparer le collier.
Pour réussir il faut de l'adresse, de la dissimulation.
(Sigart. Dict. du wallon de Mons. 1870.)
Var. St-Hubert. I n' faut nin ach'ter 1' brite duvant lu ch'vau.
560. Si li ch'vâ d'bois d'aousse esteut cial, i
v' pitreut.
LiTT. Si le cheval de bois d'août était ici, il vous donnerait
des coups de pied.
Su dit quand quelqu'un avance un mensonge avéré.
— 157 —
Tatenne.
Si 11 ch'và d' bois il'aousse esteut cial i v'pitreut.
Grespin.
J'a todi oyou dire qui 1' vî bois prind vite feu.
(Remol'champs. Li sâv'tî. I, se. u. 1858.)
Var. Huy. Si li ch'và d' bois d" Nameûr vis oyéve, 1 v' mougn'reut.
Var. Jodoigne. Se f vas dire au ch'vau d' boit d' Nameùr, i t' donrot on comp
d' pid.
Var. Ni\t:lles. Allez raconter ça au.x ch'vau d'bo dé 1' rouche broque, vos n'arez
pou d'ruade.
561 . Les ch'và à vert et l' trôye àx gland.
LiTT. Les chevaux au vert et la truie aux glands.
Chacun à sa place.
Jodoigne. Chacun à s'place, le ch'vau es stauve, le trôye es rang.
562. Li père des bons ch'và n'est nin co moirt.
LiTT. Le père des bons chevaux n'est pas encore mort.
Se dit pour déprécier un objet dont on a envie, pour insinuer
qu'on peut trouver encore une chose semblable, même meil-
leure.
563. A ch'fau donné, on n' riwaîte nin les dint.
(Namur.)
LiTT. A cheval donné, on ne regarde pas les dents.
On doit accepter sans examen les cadeaux que l'on vous fait.
— Un don est toujours bien venu. (Littré.)
Jodoigne. On ch'vau qu'on t' donne ne compte ni ses dint.
564. C'est r pus baî ch'và foû d' mi stà.
LiTT. C'est le plus beau cheval (pris) hors de mon écurie.
Se dit ordinairement en jouant aux cartes pour montrer le
regret qu'on éprouve de se défaire d'une belle carte.
565. L'esporon fait li ch'vû.
LiTT. L'éperon fait le cheval.
Un peu de sévérité est utile pourdonnerunebonneéducation.
(Remacle. Dict.)
Il faut de la fermeté dans les affaires difficiles. (Littré.)
Pr. fr. — A méchant cheval bon éperon.
Tout cheval a besoin d'esperon.
(OUDIN. Curiosiiez françoites. 1045.)
Cité par Forir. Uict.
JoDWCNE. C'est ni le sporon qu' fait le ch'vau.
— 158 —
o6(). Miner H ch'vâ à l'aîwe po 1' bride.
LiTT. Conduire le cheval à Peau par la bride.
Faire facilement les affaires. — Venir aisément î'i bout des
personnes ignorantes.
Vaiuakte. Miner à i'aiwe po 1' bêche.
oG7. Esse comme on ch'vâ d' gosson.
LiTT. Être comme un cheval de blatier.
Être maigre, faible, minable.
I va mostrer pa ses action
Qu'i n' rissonle nin à ch'và d' gosson.
(J. Dejardin. Chanson. -1844.)
Ossi hink qui des ch'và d' gosson,
Elle div'nel ronde comme des posson
A Spà.
(G. Delarge. Les alwe di Spà. Crâniignon. i873.)
568. Qui a s'tii bon moraî, est bon grison.
LiTT. Qui a été bon noiraud, est bon grison.
Celui qui n"a pas fait d'excès, doit avoir une verte vieillesse.
Verviers. Bon moraî, bon grisai.
569. Qui s' wâde poutrin, si r'troûve roncin.
LiTT. Celui qui se garde poulain, se retrouve étalon.
Celui qui a combattu avec succès la première effervescence
de sa jeunesse, prolonge sa virilité.
2» MASQUÉ.
On proverbe qui j'ô dire sovinl.
Qui m' ripasse cial es l' liesse.
Dit qui li ch'vi'i qui s' wàde polin,
Si r'troûve divin s' vyesse.
(Delcuef. Les deux neveux. II, se. i""*. 1859.)
Variante. Qui s' wàde polin, si r'troûve chivà.
Verviers. Qui jûne si donne bonne govienne,
Moùrl V), co foirt comme one vienne.
(J.-S. Renier. S/JoM rimes. iSli.)
570. Tempe quevieau, tempe careogne. (Tournai.)
LiTT. Du bonne heure cheval, de bonne heure charogne.
Qui commence la vie de bonne heure a une vieillesse
précoce.
RoucHi. Tempe quévau, tempe caronc. (Celui qui mésuse de sa jeunesse, devient
faible et infirme de bonne heure.)
(IIÉCART. Dict.)
- 159 —
o71. Monter V blanc ch'vaii. (Verviers.)
LiTT. Monter le clicval blanc.
Faire banqueroute.
Monter sur l'asne.
(OUDIN. Curiosicez françaises. -1640.)
Verviers. Les carosseont fait des grands mau
I ont fait trotter lu blanc ch'vau.
{Pasquéye. 1780. Recueil BODY )
SpA. Si r Dâphin a on rond dôs,
S' grand père n'a nin monté 1' blanc ch"vau.
{Chansoti patriotique. 4786. Recueil BoDY.)
Verviers. Lu ci qui a quéquès richesse,
A r vole s'i veut peter haut,
Taper les ouhe po les tinièsse,
Trop vite, i monte lu blanc ch'vau.
(M. Pire. Saint- IHre so V bon Diet. Chanson. 4884.)
572. C'est si grand ch'vau d' bataye. (Namur.)
LiTT. C'est son grand cheval de bataille.
C'est l'argument dont il s'appuie, l'idée à laquelle il est
attaché. (LiTTRÉ.)
Pr. fr. — C'est son grand cheval de bataille.
Namur. J'a rovi one saquoi, i faut qui j' vos es cause,
Car c'est là F grande affaire, 11 vrai trô dins l'èplausse.
Li pus grand ch'vau d' balaye di nos pus grands savant.
(Demanet. Oppidum atuaticorum. 4843. — Annales de la
Société arch. de Namur. Tome II.)
573. Fer comme les mâvas ch'vâ.
LiTT. Faire connme les mauvais chevaux.
Hocher la tête sans parler.
574. C'est le ch'vau qui mène l'altellée qu'attrappe
les comp de scorie. (Jodoigne.)
LiTT. C'est le cheval qui conduit l'attelage qui attrape les
coups de fouet.
C'est la personne qui est placée à la tête d'une afTaire qui est
la plus exposée à en subir les désagréments,
CHEVEU.
575. Il a on cli'vet so l'ieppe.
LiTT. II a un cheveu sur la lèvre.
11 est légèrement ivre. — H a le parler difficile.
Variante. Il a on ch'vet so l' lînwe.
— IGO
Variante. Fikine.
Ci n' sèreut qu'on d'inèye ma dépasser vos cîse errîd'ini, mais 1' pus sovint
qwand vos riv'nez vos avez on gros poyôge so l' lînwe.
(Willem et Bauwens. Li galant da Fifine. Se. i^'e. -1882.)
o76.. Si lèyî sèchî par on ch'vet.
LiTT. Se laisser tirer par un cheveu.
Faire semblant de résister.
Un cheveu de ce qu'on aime,
Tire plus que quatre bœufs.
{Vieille chanson française. XVII* siècle. J
Vis d'bâchî ! ci sèreut, l'diale m'èpoite, mâlàhèye !
Tôt v' séchant po treus ch'vet on contintreut si idèye.
(Thiry. lue cope (li Grandivettx. 185>9.)
Ji les k'nohe : i sont tos parèye :
On les ratinreut par on ch'vet.
(Alcide Pryor. Police et cabaret. 4861.)
577. Li ci qui n'a qii' treus ch'vet les a vitepeignî.
LiTT. Celui qui n'a que trois cheveux les a vite peignés.
Celui qui a peu de choses à faire est vite au bout de sa tâche.
Cité par Forir. Dict.
578. Avu les ch'vet près de l' tiesse.
LiTT. Avoir les cheveux près de la tête.
Se dit d'un homme prompt, colère, qui se fâche aisément.
(ACAD.)
Pr. fr. — Il a la tête près du bonnet.
Variantes. Avu l' tiesse près de bonnet.
Avu r tiesse près des ch'vet.
Cité par Forir. Dict.
Et (le plus que Junon la folle
Dont la tête est près du bonnet. (Scarron.)
Li fcumme di l'avoué, qu'a les ch'vet près de l' tiesse,
Uesponda, sins bàbî, qu'elle ni don'reut nin 'ne vesse.
(Remacle. Conte. -1859.)
Fifine.
Awet mais, n'est-ce nin si risquant l' jeu qui vos volez m' fer jower ? C'est qui mi
homme à l' tiesse près des ch'vet, et l'affaire poreut ma tourner.
(Willem et Bauwens. Li galant da Fifine. Se. 4. i882.)
Marche. Ah ! T'as les ch'veux trop près de l' tiesse.
Var. Givet. Mais d'y consinti ji n' pou mô
Ca j'ai r liesse près dou bonnet.
Et comme ji m'connet.
Nos n'porint nin d'merel longtimps achonne.
(SOHET. Li guernouije qui vu s'fer aussi grosse qu'in bou. Faufe. 185S.)
— 161; —
579. Finde on ch'vei es qwatte.
LiTT. Fendre un cheveu en quatre.
Faire des distinctions, des divisions subtiles. (Agad.) —
Pousser le ménage jusqu'à l'avarice.
(Leroux. Dict. com. 1752.)
Pr. fr. — Fendre un clieveu en quatre.
Est-st-i chin ? i lou\v"reul on piou po 'une avu 1' pai, et i findreut on ch'vet
es qwatle po 1' rallongui.
(Remacle. Dict.)
580. 1 faut prinde in cli'veii à vo bouclie. (Mons.)
LiTT. 11 faut prendre un cheveu dans votre bouche.
Il faut prendre patience. Ne s'adresse qu'aux gens qui ont
faim et qui doivent attendre.
Variante. Sud s' pôce.
Sucer ses pouces.
On dit encore à Mous : I faut chucher eune feuye.
11 faut sucer une feuille.
MoNS. Su c' timps là lés ouvrier d" Mons chucheront 'ne feuye.
(Letellier. Armonaquc dé Mous. 1833.)
I chuciioit 'ne feuye au lieu d' rafourer s' panse.
(J.-B. Descamps. Vire les gitu riche. Ch. 1850.)
Var. Marche. BAguATito.
Et d'vins lot, ménagez 1' dûse,
Pus taurd on-/.-a co .seu,
I gn'a qui sucet leu p'ce.
Qwand ou-z-a compté lot seu.
(Alexandre. Li péchon d'avril. II, se. -IS. i858.)
Var. Namur. C'est core on cop 1' novelle année,
Est-ce qui jamais ca n" finirel,
Tétrans-n' nosse puce tôle li joiirnée.
N'aurans-n' jamai.s riii dins 1' gossel?
(Wérotte. Les allumeux d' lampe. Ch. i8t»7.)
Var. Jodoigne. Frotter ses leppe. — Teters' ponce.
Tournai. Sucher s' pouce.
581. INi t'ni qu'à on cli'vet.
LiTT. Ne tenir qu'à un cheveu.
Il ne s'en faut plus que de très peu. (Littré.)
Fig. Il ne s'en faut pas de l'épaisseur d'un cheveu.
Louise.
Après lî avu d'né l'intrùye dispôye ine an,
Qu'i n' tint pus qu'à on ch'vet, vraiminl qu'on n' si marèye,
I trouve qu'i vàrcut mî ine autequ'avasse quéque mèye.
(Ed. Remouciiamps. Les amour d'à Gèriî. I, sc. 9. 1875.
Jodoigne. Ça n'a l'neu qu'à on ch'fia.
11
— 4*62 —
58^2. A c'ste heure vos polez loyî vos ch'vet et
passer l'aîwe.
LiTT. A présent vous pouvez lier vos cheveux et passer l'eau.
Vous devez considérer cette afïaire comme terminée.
CHEVILLE.
583. On fait les ch'vèye d'après F trô.
LiTT. On t'ait les chevilles selon le trou.
Chaque chose doit être faite convenablement, selon l'usage
qu'on doit en taire.
CHÈVRE.
584. Ni lèyîz nin aller l' gatte à 1' hâye. (Marche.)
LiTT. Ne laissez pas aller la chèvre à la haie.
Il faut empêcher de faire une chose nuisible.
JoDOiGNE. 1 nïaut jamais leyî aller l'gatte à l'hàye.
585. Bàhî r gatte inte les coinne.
LiTT. Baiser la chèvre entre les cornes.
Faire une chose désagréable.
A rfin des fin, noste homme si lèya à dire si bin, qu'i s'résoûda à bâhî Tgatte inte
les coinne.
(G. Magnée. BaUri. 1865.)
Babette.
Que visège, S'«-Bablenne,
Allez, vos bàh'rîz bin ine gatte inte les deux coinne.
(Ed. Remouciiamps. l.ex amour d'à Cérâ. I, se. 17. 1875.)
Marche. Ji sauret binlot rabresset
L'poil di nosse gatte, inte les deux coinne.
(Alexandre. P'tii corti. 18G0.)
580. Siposer l' gatte et 1' biket.
LiTT. Épouser la chèvre et le chevreau.
Se dit d'un homme qui a épousé une fille grosse d'un enfant
dont il n'est pas le père. (Acad.)
Pr. fr. — Il a pris la vache et le veau.
JoDoiCNE. Marier l' vache et l'via.
587. Wisse qui 1' gatte est loyèye, i fât qu'elle
waîdèye.
LiTT. Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute.
On doit .se résoudre à vivre dans l'état où l'on se trouve
engagé, dans le lieu où l'on est établi. (Acad )
Namur. Ouce qui l'gatte est loyèye, i faut qu'elle broslêye.
— 103 —
Pr. fr. — Où la c'ièvre est attachée, il faut qu'elle broute.
Là ou la chèvre est liée, il faut bien qu'elle y broute.
(Molière Le médecin malgré lui. III, se. 3.)
Cité par Forir. Dirl.
JoDOiCNB. Ouce que l'galte est alonhie, faut qu'elle pache.
588. Après vos c'est les galte et après les gatte
c'est co vos. (JonoiGNK.)
LiTT. Après vous ce sont les chèvres et après les chèvres,
c'est encore vous.
Se chante au nez de quelqu'un qui fait de trop beaux projets.
CHIEN.
589. Inte chin et leûp.
LiTT. Entre chien et loup.
Le moment de crépuscule où l'on ne fait qu'entrevoir les
objets sans pouvoir les distinguer. (Acad.)
Cf. QuiTARD. Dict., p. 'l'il.
590. Les chin sont todi chergî d' pouce.
LiTT, Les chiens sont toujours chargés de puces.
Il faut fuir la mauvaise compagnie.
Qui hante chien, puce remporte.
Mais comme des pouce so on chin.
On 'nnés véyéve tôt neûr,
Prête à dire, c'est peûrc vérité,
Moncheu Nicaise, à vosse santé.
(N. 1)EFRECHEUX. iMcuise U foirt. C.onte. 1870.)
Marche. Les chin sont todi chergcl d' pouce.
591. Esse li chin â grand golé.
LiTT. Etre le chien au grand collier.
Se dit d'un homme qui a le principal crédit dans une com-
pagnie,dans une maison. (Acad.)— Le plus apparenté. (Oudin.)
Pr. fr. — C'est un chien au grand collier. — C'est un des
grands colliers de la compagnie.
De ces auteurs au grand collier,
Qui pensent aller à la gloire
Et ne vont que chez l'épicier. (Scarron.)
Tos ces docteur âx grands golé
Et tos l's aute qui l'ont approuvé,
Lî front, ma foi, foirt bin véyî
Qui d'vins tôt çou qui nos a dit
I n' si trouve qui tote minl'rèye.
{Respousc à i jjuaquèye des: Alwe di Tomjres. i7S0.)
Cité par Forir. Dict.
- 164 —
59^. Les neurs cliin corel ossi vite qui les blanc.
LiTT. Les chiens noirs courent aussi vite que les blancs.
L'un vaut Tautre. — Excuse dont se servent les gens
malpropres.
Marche. Va, les neùrs chin, avau les champ,
Corel ossi vile qui les blanc.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
MoNS. Ein noir kic! keurl l't aussi rade qu'ein blanc.
593. S'accommoder comme chin el chel.
LiTT. S'entendre comme chien et chat.
Ne pouvoir s'accorder, ne savoir vivre ensemble. (Acad.)
Pr. fr. - Ils s'accordent, ils vivent comme chien et chat.
Cité par Forir. Dict.
Variante. I s'aimel comme chin et chet.
Namur. I s'aimenl-nu comme chin el chel.
MONS. C'est co pire (\\ié cal et quié.
Et haye, vocial riv'nou so l' côp tos les voisin,
Cicial so on vî compte, cila po 'ne aute chîchêye,
Les Ireus fré s'ôlindît adon comme chet et chin ;
Onk vout qu'on qwîre si dreut, les aute qu'on s'accoirdêye.
(Bailleux. Li vJ /iomme e« 5e« è/anf. Ffive. 4852.)
Stienne.
Mi fèye, qwand elle est d' mâle houmeùr, c'est todi lu qu'ennès pâtihe, di manîre
qui n' s'ètindet nin pus qui chin et chet.
(BRAHy. Fdte de parler. Sc. 2. -1879.)
Marche. Poquoi s' hayî comme chin et chet?
Namur. On vos assome di politique,
On s' blanquit avou des hochet,
I gn'a deux parti dans 1' Belgique
Qui s'cteinde-nu comme chin et chel.
(Wérotte. Choix de chansons wallonnes. 1860. 3^ éd.)
Var. Namur. C'est 1' chel qui s' daure su l' chin.
Nivelles. S'intende comme chi et chat.
MoNS. Quand on raconte dé deux individu qui s'intindenl-té comme cat et quié,
qui sont d'accord comme cat et quié, c' n'est nié bon signe, ça veut dire que les carte
sont souvint brouyée.
(Lktellier. Armounaque dé Mons. 4863.)
Tournai, S'inlinte comme tien et cat.
Basse-Allemagne. — Sich miteinander wie Hund und
Katze vertragen.
594, I n'y a rin d' parèye qu'on laid chin po bin
liawer,
LiTT, Il n'y a rien de toi qu'un laid chien pour bien aboyer.
— 165 —
Les personnes disgraciéee de la nature ont souvent le ton
sarcastique, la réplique mordante. (Cela doit être; c'est le
résultat des railleries injustes dont elles sont souvent l'objet.)
Cité par Forir. Dict.
o95. C'est si bon qu'ein quié n'ein baroi gnié
à s' mère. (MoNs.)
LiTT. Cela est si bon qu'un chien n'en donnerait pas à sa
mère.
C'est excessivement mauvais, c'est une chose dont on ne peut
absolument rien faire. (Sigart. Dict. 1870.)
596. Vos estez de pays wisse qui les chiii hawet po
d'sos r quowe.
LiTT. Vous êtes du pays où les chiens aboient par dessous
la queue.
Se dit à celui qui débite une mauvaise plaisanterie ou qui
raconte une chose incroyable.
Variante. A tos ces là, ji diret 'ne vraie
C'est qu'i n'ont co jamàye vèyou
Li baî pays de I' char pressêye
Wisse qui les chin hawet po l' cou.
(H. Olivier, hie vraie. 1890.)
Verviers. I ohe bin fé creûre à totes les gins,
Qu' les chin hawet po les quavve,
Qu' les chet volet comme des balawe.
(Le vol du chat de Verviers. Chant burlesque. XVII^ siècle.)
597. Esse deux chin so 'ne ohaî.
LiTT. Être deux chiens sur un os.
Se dit de deux personnes qui sont en débat pour emporter
une même chose ; qui poursuivent la même chose. (Agad.)
Pr. fr. — Ce sont deux chiens après un os.
Deux loups après une brebis.
(OUDIN. Curiositez françoi$es. 1640.)
A un os
Deux chiens fallos.
(Prov. de Bouvelles. 1531.)
Cité par Forir. Dict.
I n fet d' l'arège,
Li neûr visège.
Les fax napai.
Qui treus chin so 'ne ohaî.
(Thiry. LiPéron. Chanson. 1859.)
L'ÉTUDIANT.
Eune, ci n'est rin, dit-st-on, et deu'i c'est-st-on hopaî.
Mais treus feummc et 1' police, c'est qwatte chin so "ne ohaî.
(ft. DlîLARGE. On tour di butre.tse. 1874.)
— 166 —
Proven'ce. Dispute coumo dous gousses per un os.
Se disputer comme deux chiens pour un os.
(Comparaisons pop. provençales. Revue des langues romanes. 1881.)
598. Po ré les ché vont à maule. (Jodoigne.)
LiTT. Pour rien les chiens reçoivent le mâle.
Réponse que l'on fait à une personne qui vous demande de
taire quelque chose pour rien. — Je ne fais rien pour rien.
599. On dirent qu'i n' surent d'copler deux chin
LiTT On croirait qu'il ne peut découpler deux chiens.
Se dit d'un homme qui paraît simple et qui ne l'est pas.fAcAD )
Pr. Ir. — On dirait qu'il ne sait pas l'eau troubler.
Varianti:. I n' sâreut d'quower deux chin.
MONSIEU DUJARDIN.
C'est po rire, sùrmint, pa c'est-sl-on jône moncheu à la mode ; l'annêyc passêve
1 n areut nin polou dcopler deux chin, ji n'es r' vins nin. P<*i,seye,
(Brahy. Li bouquet. II, se. 10. 1878.)
Var. Marche. L' sort mette sovint tôt inte les patte,
Di qui n' set discoplet deux gatte.
(Alexandre. P'tu corti. 1860.)
600. Chin qui hawe ni hagne nin.
LiTT. Chien qui aboie ne mord pas.
Les gens qui font le plus de bruit ne sont pas toujours les
plus a craindre. (AcAD.) j uis ils
Pr. fr. — Chien qui aboie ne mord pas.
Chacun chien qui aboyé ne mort pas.
[Anciens prov. XlIIe siècle.)
Canes latranles minus mordent.
(Lejeune. Proverbia familiaria. \1H.)
Variantes. Tos les chin qui hawet ni hagnet nin.
(Remacle. Dict.)
Li pus méchant chin n'est nin 1' ci qui hawe li pus
Grand haweu, p'tit hagneu. '(For.r. Dict.)
Verviers. Lu g'vau.
Po jugî du quéqu' oke, on deut 1' vèye à l'ovrège,
Lu Cl qui hawe lu pus a sovint 1' mons d' corège.'
(Xhoffer. Les blesse. Il, se. 6. 1858.)
*'*"''^'"'- Les chin qui hawet n' hagnet nin.
Marche. On chin qu'est mouaî, i hagne es s' quawe,
N'oyez nin peu do ci qui hawe.
(Alexandre. P'tu corti. 1800 )
BASSE-ALLE.\iAGNii. - Die bellendcu Hande beissen nicht.
— 167 —
601. I braît comme li chin d'vant d'avu l'côp.
LiTT. Il crie comme le chien avant d'avoir reçu le coup.
Il a peur sans sujet ou il se plaint avant de sentir le mal.
(ACAD.)
Pr. fr. — Il ressemble aux anguilles de Melun, il crie avant
qu'on l'écorche. (V. Quitard. Dict., p. 62.)
Vous ressemblez le chien qui crie,
Ainz que la pierre soit cheue.
(Roman du renard. XIII* siècle.)
Louquîz-y donc Bièlh'mé, pus vite trope qui trop pau,
I vâl mî chai de hraîre divant d'avu r'çu V côp.
(Thiry. Ine copenne so V mariège 18S8.)
Bazin.
A r vûde c'est s' fer des ma d' tiesse,
Qwand on rèfléchihe on pau.
Les jalo fet comme les biesse
Qui braiyet d'vant d'avu r côp.
(Demoulin. On pèkon d'avri. Se. 3. 1865.)
Marche. Les chin gueulet todi d'vant 1' côp.
NivELLKS. Il est-st-arrivé comme el chî, i crie d'vant 1' coup.
60"2. Tronler comme on chin qui chêye.
LiTT. Trembler comme un chien qui chie.
Éprouver un tremblement nerveux, soit de erainte, soit
de froid.
Cité par Forir. Dict.
I tronléve comme on chin qui chêye
A seu brut di s' grande rinommèye.
(Hanson. Li Hinriade travestèye. l. 1780.)
Marche. Trônner comme on chin qui chî.
Var. Namur. I trône di frèd, comme on p'tit chîn.
Nivelles. Trianer comme in chî qui chie des loque.
603. Chin fait chin.
LiTT. Chien fait chien.
Il taut avoir des égards, envers ses semblables, ses confrères,
ses collègues.
604. 1 va tout sucter, comme les chî. (Nivelles.)
LiTT. Il va tout flairer, comme les chiens.
Il faut qu'il se môle de tout, il veut tout voir et tout entendre.
MoNS. I fait comme les quié, i naque su tout.
Tournai. I fet comme tes thien, i naque sur tout.
60o. Chin arègî hagne tôt costé.
LiTT. Chien enragé mcmd partoiKt.
— 168 —
Ceux dont les passions sont excitées, ne sont pas difficiles
dans leurs choix. — Tous les moyens sont bons pour réussir
quand on veut opiniâtrement (en mauvaise part).
00(). Batte li chin d'vant l' lion
LiTT*. Battre le chien devant le lion.
F.'iire une réprimande à quelqu'un devant une personne plus
considérable, afin qu'elle se l'applique. (Agad.)
Pr fr; — Battre le chien devant le lion.
Pour douter, bat-on le chien devant le lyon.
(Anc.prov XIII'' siècle )
Battre le chien devant le loup.
(Père Jean-Ma.ue. Le divertissement des sages. 1068.)
Cité par FoRiR. Dict.
BOUHON.
J'a îdèye qui Prosper, voste ancien galant, vis rôle co es l' tiesse.
TiTiNE (à part).
I batte li chin (i'vant 1" lion Que Judas.
(Demouun. On pèhon d'avri. Se. 'I. 18Bo.)
Jaspar.
Ni vèyez-v' nin bin qu'i batte li chin d'vant l' lion.
(DD. Salme. Les rabrouhe. Se. 4. d8S!i.)
Mahche. L' ci qui craint l' trimar ou V bordon
K'mince à batte li chin d'vant l'iion.
,, „ (Alexandre. Ftit corti. -1860.)
Var. Marche. Ti vorais batte li chin d'vant l' leup.
le.^^?' ' ^^^ hoûler avou les ieup et hawer avou
LiTT II faut hurler avec les loups et aboyer avec les chiens
Il tant s accommoder aux manières, aux mœurs, aux opinions
de ceux avecqu. l'on vit. ou avec qui l'on se trouve, quoiqi^on
ne les approuve pas entièrement. (AcAD.)
Pr. fr. — Il faut hurler avec les loups.
On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups.
(Racine. Les plaideurs . I, se. l"".)
Cum lupis ulula, cum quibus e.sse cupis. •
(LE.JEUNE. Proverbiafamiliaria. {1A\ )
El Monsigneùr Hinri Ireusème
A ses costé qui fève co 1' môme.
Qnoiqu'i n' seùyc nin portant hargneux
Mais i hoiilfive avou les leup.
(J.-J. Hanson. Li Hinriade travestèije. Ch. II. 1780.)
Dubois.
Mais, nenni, v's estez bon po jowertos fax jeu
Hawer avou les chin, hoùler avou les leup.
(Delchef. Les deux neveux. III, se. 12. 1859.)
— 169 -
Auvergne. A l'est naturelloment doux,
Faillot hé hurler enibey les loup.
(Faucon. La Henriade de Voltaire mise e7i vers burlesques
auvergnats. Ch. II. 1798.)
Basse- Allemagne. — Mit den Wôlfen muss man heulen.
608. Poche so m' chin, qu'ine aiite n'y vasse.
LiTT. Saute sur mon chien, avant qu'un autre n'y aille.
Il faut profiter du moment, de l'occasion.
Pr. fr. Le temps perdu ne se répare point.
Fuglt irrfparubile tempus.
Cf Phèdre. L. V. fab. 8
Variante. Habèye so m' chin, qu'il âye des jône.
Vite sur mon chien, qu'il ait des jeunes.
609. D'vins les àrmâ des chin, on n' trouve nin
sovint des crosse.
LiTT. Dans les armoires des chiens on ne trouve pas souvent
des croûtes.
Celui qui consomme beaucoup ne peut pas souvent fournir
grand' chose. — Se dit aussi d'un bon chasseur qui fait faire
mauvaise chasse à ses invités.
610. Toi c' que vé au eue sins bouter, toûne sovint
à Chi. (JODOIGNE.)
LiTT. Tout ce qui vient au cul sans pousser, tourne souvent
à chien.
Ce qui vient sans l'avoir gagné par le travail, tourne
souvent mal.
611. Fer on mestî d' chin.
LiTT. Faire un métier de chien.
Faire souvent une chose désagréable, fatigante.
Beaujean.
Ji n' comprinds nin qui vout scrîre â gouvernumint,
S' casser l' liesse et les bresse à fer on mestî d' chin.
(A. Delchef. Pus vi, pus sot. Se. l""". 1862.)
61'2. Qui vout avu des jônes chin qu'i les acclive.
LiTT. Qui veut avoir des jeunes chiens les élève.
Les ingrats qui veulent être servis n'ont qu'ù su servir
eux-mêmes.
Qui qui vouf des chin qu' les acclive,
A c'ste heure tôt d'hant meà culpâ,
Vos n'avez qu'à Icchi vosse ma.
(M. Thiry. V coq dUtousse et V frnmihe. Fàve iSe-i.)
170
MoNS. Les ceux qui veuillent-to avoir des jeunes dé quid, n'ont qu'à inlever
des liche.
(Letellier. Armonaque dé Mons. Prov. montois 1846.)
613. Tourner à cliin.
I.iTT. Tourner à chien.
Devenir mauvais. — Se gâter. — Ne pas réussir.
V'ià r timps
Qui toûne à chin.
(Renard. Math. Lnensbergh. -1830.)
Gèrà, si vosse manège est toi tourné à chin,
Est-ce fàtc à 1" feurame tote seiile ! vos, n'y sèrîz-v' po rin ?
(Thiry. Ine copenue so l'mariége. -1858.)
Crahay.
Qwand v' préciiîz, ça va todi bin,
Quand ialtaire rôle, eile toùne à chin.
(Alcide Prïor. Baiwir so s' panse. iSHiJ.)
J.ALHAY. BIÈTH'MÉ.
J'aveus sogne qui l'atraire nu toûrnaheà chin.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 3. 186^.)
Var. Tournai. Tourner à nieulle.
614. Esse comme on chin d'vins on jeu d' bèye.
LiTT. Être comme un chien dans un jeu de quilles.
Se dit d'un homme qui vient à contre temps dans une
compagnie où il embarrasse. (Agad.)
Variante. Riçûre comme on chin etc.
Recevoir comme un chien etc.
Faire un très mauvais accueil.
Pr. fr. — Il vient là comme un chien dans un jeu de quilles.
Recevoir quelqu'un comme etc.
Noste homme s'assît à pus habèye
Et lu, qu'on aveut r'çu todi
Toi comme on ehin d'vins on jeu d' bèye,
D'ine telle fiesse esleut estourdi.
(Fr. Bailleux. Monsieur Sansowe. Ch. 1843.)
Colas.
C'est qu' vos parole ni sont wère faite po m' mette es liesse,
Surtout comme ji v's el dit qui c' n'est nin 1' prumîre fèye
Qu'on m' riçut cial co pé qu'on chin d'vins on jeu d' bèye.
(Dei.chef. Li galant dé V siervante. I, se. 3. 1857.)
Mamchf,. Si mes vers sintet 1' chicotin.
Mes ami, ni m' rechignez nin
Tôt comme on chin d'vins on jeu d' bée.
(Alexandre. P'tit corti. iSGO.)
— 171 —
Charleroi. Cléante.
I chait nez à nez avct 1' chin r'tournct que l' pa fiet v'ni au milan d' leus amour,
comme in vrai chin dins in jeu d' guie.
(L. Bernus. U malade Saint-Thibau. II, se. 6. 1876.)
MoNs. Elle vos pique (l's ortie) comme pou s'crvinger d'elle erçue lous costé
comme in quié dins in jeu d' guie.
(Letellier. Arrnotiaque dé Mons. iSAG.)
Var. Mons. Elle reçue comme in lavement à l'ieau froide.
C que j'en dis î j' dis qu' nos avons été r'çu comme in lavement à l'ieau froide.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1850.)
Var. Tournai. Été erchu comme un thien à 1' bouch'rie.
Lille. Les canteux d' la Belgique et d' Lille,
Tout aussi bien qu' les parisiens,
Comme des vrais quiens dins des jus d' quilles.
Ont été r'chus par les Troyens.
(Desrousseaux. Chamnm lilloifies. 1854.)
GiVET. Mais j' l'ai r'çu en grignant les dints
Comme on r'çoit in chin
Din in jeu d'guies.
(SoHET. Li guernouye qui vu s' fer aussi grosse qu'in bou. Faufe. 1855.)
Metz. Is ne vienne péchoune lé recieur et loi le monde le rebute
L'o vusse de torlu come in chin dans in ju de gueille.
(Jaclot. Le Lorrain peint par lui-même. Almanach pour 1854.)
6io. Ottant d'esse hagnî d'on chin qu'd'ine chenne.
LiTT. Autant être mordu d'un chien que d'une chienne.
Entre deux choses également nuisibles, il n'y a pas de choix
à faire. (Forir. Dict.)
Entre des risques égaux il n'y a pas de raison. d'être plus
effrayé de l'un que de l'autre. (Littré.)
Pr. fr. — Il vaut autant être mordu d'un cliien que d'une
chienne.
(OuDlN. Curiosilez françaises. 1640.)
Il vaut autant être mordu d'un chien que d'un chai.
(Père Jean-Marie. Le divertissement des sages. 1665.)
616. Si t'as pochî oiite dé chin (chet), poche pôr
oute de l' quowe.
LiTT. Si tu as sauté au-dessus du chien (chat), saute aussi
au-dessus de la queue.
Si tu as commencé l'affaire, surmonte tous les obstacles, ne
t'arrête pas pour une bagatelle. — Il faut subir les conséquences
de ses actions.
Qui a mangé le rosi, mange l'osl.
{Prov. anc.)
Qui a beu le vin, doit boire la lie.
(Pero Jean-Marie. Le biveriisscment des sages. 1665.)
— 172 -
Variante. Pusqui vos avez pochi oiite do leup, pochî pôr outc de 1' quawe. Jans,
louklz à m' dihaler po 1' bon d" ci inoirl là.
(G. Magnée. Battrl. 1868.)
G 17. On n' loue nié les thié avu des saucisse.
(Bobinage.)
LiTT. On ne lie pas les chiens avec des saucisses.
Il ne faut tenter personne. — Se dit aussi des gens adroits
qui savent conduire leur barque à bon port; ou qui sont très
.•^errés dans leurs dépenses.
Bobinage. On sait h\6 qu' les tayeur n' louent-d nié leus thié avec des saucisse.
{Armonaqiie du liorinage in patois borain. 1849.)
CllARLEnOI. TolNETTE.
Vo deuziôme marne enne piette né (V timps et elle ne lôye né ses chin avet
des saucisse.
(L. Bernus. IJ malade Saint-Thibau. I, sc. 10. 1876.)
Tournai. I n'attache pon ses tien avé des saucisse.
Nivelles. On n'alôye ni les chî avé des saucisse.
Douai. I faut vos dire, mes gins, que ch' gayard là qu' che nn'est un qui n' lie
point ses thiens aveuc des saucisses.
(De Christé. Souv'nirs d'un homme d' Douai. 18()1.)
618. C'est comme on chin qui hawe après lot
r monde. (Namijr.)
LiTT. C'est comme un chien qui aboie après tout le monde.
C'est un être désagréable, hargneux.
Var. Nivelles. I n' passe nin on chî avé in chapia qu'i faut qu'i l'attaque.
619. Qwand on chin hawe, i hawet tos.
LiTT. Quand un chien aboie, ils aboient tous.
On est porté à imiter ceux qui font mal.
6"20. Ch'est ein tien dins eine casaque. (ïouuinai.)
LiTT. C'est un chien dans une casaque (habit).
C'est un homme grognard, rebutant, peu charitable.
621. Les chin ont lappé les broûlî.
LiTT. Les chiens ont mangé les boues.
Il gèle, la terre est durcie.
Quand la gelée a séché les rues, on dit que les chiens ont
mangé les crottes.
(Dict. port, des prov.Jr. 1758.)
622. I s'y ètind, comme Pichou levé âx chin.
LiTT. Il s'y entend, comme Pichou aux chiens.
— 173 —
Se dit d'un homme qui veut faire une chose ù laquelle
il n'entend rien.
Pr. Ir. — Tl s'y entend comme à l'aire un colTre, comme
à ramer des choux.
I n' s'ètindéve niii pus à l' tennerèye, qwaiid i v'na foû des ovreu, qui Pichou
n' fève àx chin.
(G. Magnée. Batiri. 4863.)
623. Viker comme on chin.
LiTT. Vivre comme un chien.
Vivre dans la débauche et le libertinage. (Acad.)
Pr. fr. — Mener une vie de chien. — Vivre comme un chien.
Miner 'ne vèye di chin.
(FoRiR. Dict.)
Nivelles. Ça vit comme des chî.
Basse-Allemagne. — Wie ein Hund leben.
624. L'ci qui vont nèyî (toiiwer) s' chin, dit qu'il
est-st-arègî.
LiTT. Celui qui veut noyer (tuer) .son chien, dit qu'il est enragé.
On trouve aisément un prétexte quand on veut quereller ou
perdre quelqu'un. (Agad.)
Pr. fr. — Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il
a la rage.
Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage.
Ki het son chien, la rage li met soure.
{Proverbe del vilain. \l\e siècle.)
Malefacere qui vuU nunquam non causant invenit.
(PUBLIUS SYRUS.)
Cité par Forir. Uict.
Variante. Qwand on vout nèyî s' chin, on dit qu'il a l' hôpe.
Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la gale.
(RemAcle. Dictionnaire.)
Marche. Po touwet on chin sins sujet
On-z-invente qu'il est-st-arrègct.
(Alexandre. P'iit coni. 1860.)
Nivelles. El cien qui vu tuer s' chî, dit qu'il est inragî.
JoDOiGNE. Quand on vout touwer s'ché sins raison on deut qu'l est st-arrageu.
Fhameries. L' ci qui vu twer s' chie,
Dit qu'il est-st-inragie.
{Les biesse impe.uiferée Fauqite. Arm. borain. 1890.)
MONS. C'est bé 1' cas d' dire que quand on veut avoir in quic^ mort, qu'on dit qu'il
est inragé.
(Letelmek. Armonaque dé .)Ions. 1817.)
Var. Mons. Quand on veut nouyer s' quié on dit qu'il a des puche.
— 174 -
Tournai. Quand on in veut à s' tien on dit qu'i est inragé.
Lille. Quand on veut s'défair' d'un caniche
Est-ch' qu"on n'dit point qu'il est galeux?
(Desrousseaux. Chansons lilloises. 18o7.)
Saint-Quentin. Quand qu'ein vux tuer sein kien, ein dit qu'il est arabié.
6^25. On sèche à 1' vûde âtoû (l'on chin qui n'a nin
des poyège.
LiTT/On travaille à vide à saisir un chien qui n'a pas
de poils.
Il est inutile de demander, à des gens insolvables, le
paiement de ce qu'ils doivent. (Agad.)
Pr. fr. — Où il n'y a rien, le roi perd ses droits.
Var. Namur. On n' pout nin plumer on crapaud.
626. El quié vaut bé 1' collet. (Mons.)
LiTT. Le chien vaut bien le collier.
Ne se dit qu'ironiquement.
La chose dont il s'agit ne mérite pas les soins qu'on prend,
la dépense qu'on fait. (Acad.)
Mons. Ouais da, faire enne toilette pou porter in liève à in harpagon pareil! el
quié vaut bin 1' collet, in vérité.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1836.)
Cela n'en vaut pas la peine.
Charleroi. m. Diafoireux.
Fauret, pou leu fai plaigi qu' leu méd'cin les guerrlrinl d'vant qu'i fuche-nu
malade. L'chin n' devaut né l' collé.
(L. Bernus. U malade Sainl-Thibau. II, se. 6. 1876.)
JoDOicNE. Le ché n' vaut ni 1' golé.
627. 1 n'y a nin on chin qui chie des caur. (Namur.)
LiTT. Il n'y a pas de chien qui chie de l'argent.
Il faut travailler pour vivre. L'argent ne se gagne pas sans
travail.
628. Halof en halof, comme les Flamind.
A d'mèye, comme on tond les chin.
LiTT. IJalf en half, comme les Flamands.
A demi, comme on tond les chiens.
Ne faire une chose qu'à moitié, n'en faire que ce qu'il
faut absolument.
629. On n tap'i'eul nin on chin à l'ouhe.
LiTT. On ne jetterait pas un chien à la porte.
Il pleut à verse, il fait un temps affreux. (Agad.)
— 175 —
Pr. fr. — Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors.
Cité par Forir. Dict.
Variante. Li tinips est d'arcche à 1' dilouhe,
I gruzèle, i nive et i ploût ;
Les haye toumet so tos les soû,
On n' chôk'reut nin s' belle mère à l'ouhe.
(M. Thiry. Épigr. dgei.)
Nivelles. I f zou in tirnps qu'on n'arou ni bouré in chî h l'huche.
(L. Despret. Liscrcmie de no marinne. 1890.)
Var. Nivelles. I pieut qu' les chî boirrîne d'estampé.
MoNS. I faut avoir danger d' sorti pou s' mette in route pas du temps pareil, on
n' jetteroi nié in quié à 1' porte.
(Letellier. Armonaqite dé Mons. i846.)
I neigeoit, i f soit in temps qu' tu n'arois nié mis in quié à 1' porte.
(MouTRiEUX. Des nouviaux coniedé quié. -18S0.)
Tl'à l'heure c'étoi l'hiver ; on n'aroi nié jeté in quié à l' porte, et à c'ste heure
là r pus bieau temps du monde.
(Letellier. El soleil éié i vint d'bise. Fauve. 18S7. Arm. dé Mons.)
RoucHi. On n'encacherôt point un tien à pa les rues.
(Hécart. Dict.)
Douai. Et qu'il a fait tout V long du jour un temps qu'un n'arot point mis un
thien à 1' porte.
(De Christé. Souv'nirs d'un homme d' Douai. 4858.)
630. Aussi rare que les bleus thié. (Borinage.)
LiTT. Aussi rare que les chiens bleus.
Se dit d'une chose très rare, très difficile à trouver,
presqu'impossible.
En français: Le merle blanc. — Le chien vert (injure).
Var. Stavelot. C'esl-st-ossi rare qu'one suteiile à quawe.
Nivelles. C'est co pus raie que les bleus chî.
Nivelles. L' sourie des bravés gins d'vit râle,
T'aussi râle que les bleus chî
et coire qu'on l's a descachî !
(E.-D. Co7ite des vièyèsgins. Ch. 1890.)
Borinage. Des pareil sont quasimint aussi rare que les bleus thié.
{Armonac du Borinage. 1849 )
Var. Lille. J' vas vous 1' montrer du dogt, pour ainsi dire.
Et vous r trouv'rez pus curieusse qu'un cat bleu.
(Desrousseau. Mes étrennes. Alm. 1860.)
631. Quarelle di chin, i s' raccommôdet à 1' sope.
LiTT. Querelle de chiens, ils se raccommodent à la soupe.
Querelle de peu d'importance à laquelle on ne prend pas
intérêt. — Expression de mépris.
Var. Tournai. Querelle dé gueu.\ s'raccoinode à l'écuelle.
— 176 —
(33"2. Qwand on vont balle on cliin, on Ironve todi
on baston.
LiTT. Quand on veut battre un chien, on trouve toujours un
bâton.
Les prétextes ne manquent jamais quand on veut accomplir
une mauvaise action. (^Acad.)
Qui veut frapper un chien, facilement trouve un bâton.
(Gaiîr. Meurier. Trésor des sentences. 15U8.)
Cité par Forir. Dict.
Barrir.
Pi(^rre si fait sô pac'qu'il est jône homme et qu'i .s'annôye ; Jacques beiit rgoUe
pac'qu'il e.sl marié et qu'i s'ennès r'piiil ; qwand on voul batte on chin, on trouve
todi on baston.
(Demoulin. Es fond Pirette. Se. 3. dSSS.)
Variante. Qwand on voul balte on chin, on trouve vite ine corîhe.
(Thiry. Moiri di Voctroi. 1860.)
Louise.
On trouve todi ine vège qwand on voul balte on chin,
Il ûreul ci ni raison à m'jetter à 1' narenne.
(A. Delchef. Les deux Neveux. I, se. '2. dSSO.)
Marche. Qui voul ach'lel on chin, l'esproùve,
D' peu do r louwel, s'i n'est nin bon.
Dès qu'il l'a, si 1' voul balte, i trouve
Soye on pelhai, soye on bordon.
(Alexandre. P' Ht cor ci. 1860.)
633. Ça s'a co passé el cinse iusque l'chî bat F bûre
avé s' queue. (Nivelles.)
LiTT. Cela s'est encore passé dans la ferme où le chien bat
le beurre avec sa queue.
C'est une chose invraisemblable ; qui n'est pas exacte. C'est
un conte que vous faites.
634. Ça, c'est fait insprès, comme les chî pou
hagnî les gins. (Nivelles.)
LiTT. Cela, c'est fait exprès, comme les chiens pour mordre
les gens.
C'est comme un fait exprès, se dit d'une chose qui devient
fâcheuse par l'occasion. — 11 semble fait exprès pour cela, se
dit d'un homme qui a beaucoup de disposition pour quelque
chose. (LiTTRÉ.)
G3o. Esse astaflé comme deux cbin d' porçulaine.
(Vehvieus.)
LiTT. Être arrangés (étalés) comme deux chiens de porcelaine.
177
Se regarder fixement et d'un air surpris ou iiébété. (Littré.)
Se regarder en chien de faïence.
Verviers. Lis a.
Que bonheur i 'unes vont, ji va r'happer haleine,
Vies là pôr astafl(5 comme deux chin d' porçulaine.
(J.-S. Renier. Li mohonnc à deux face. I, se. 3. -1873.)
Namur. S' riwaîtî comme des chin d' fayence.
Var. Malmedy. Su loukî po des michelte.
636. Nos chin n' chesset nin essônne.
LiTT. Nos chiens ne chassent pas ensemble.
Nous sommes divisés d'avis, d'opinion ; nous ne sommes pas
en bonne intelligence. (Littré.)
Pr. fr. — Nos chiens ne chassent pas ensemble.
(Le Père Jean-Marie. Le divertissement des sages. i66").)
Je ne me chausse pas à son point.
(OUDIN. Curiositez françaises. 1640.)
Var. Nivelles. I n'a ni sté chî avé mi.
637. C'est l'chin-leup.
LiTT. C'est le chien-loup.
C'est le bouc émissaire ; dans un ménage, c'est l'enfant
dédaigné, la cendrillon, le soufl're-douleur, ou encore, c'est
celui qui résume dans sa personne tous les défauts de la famille.
V. la tradition des Pyrénées, rapportée par Victor Hugo
dans la première partie des Misérables.
638. Esse comme li chin qui strônle.
LiTT. Être comme le chien qui étrangle.
Être dans une position fâcheuse, désespérée.
Nanesse.
Toi comme li chin qui s'trônne
1 fàt Lin qu'on-z-y d'meiire et qu'on soflbque ses pônne.
(G. Delarce. Scène populaire. 1874.)
GÉRA.
Oh ! ji m' tairai, jans, jans ; (à part) c'est qu' fàt bin, j'el poux dire,
C'est comme li chin qui s'irûnle.
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gèrd. I, se. 19. 1875.)
V.vriante. Fàt avu de 1' patiiace, on chin qui strùnne ennc a bin.
Marche. Maugré qu'c'est comme li chin qui slronne,
l'ac' qu'on dit : sins pônne, pont d'avùnne.
(Alexankre. F lit corti. 18G0.)
Var, Nivelles. I nos faura fai comme el chat qui straune, éie prinde paliince.
12
- 178 -
639. Fer 'ne mène comme on chin qui chêye des
blouke.
LiTT. Faire une mine comme un chien qui chie des boucles.
Faire une affreuse grimace.
Var. Nivelles. Quée visage ! Vos dîrî in museau d' chî.
Vak. Tournai. Faire eine mine comme in capuchin à l'agonie.
()40. 11 a pus d'in cbî qui court les rue (ou qui
s'appelle Picard). (Nivelles.)
LiTT. Il y a plus d'un chien qui court les rues (ou qui
s'appelle Picard).
La chose que vous présentez n'est pas aussi rare que vous
le pensez. — Il y a plusieurs personnes qui portent le même
nom que celle dont vous parlez.
Var. Namur. I gn'a pus d'on baudet qui s'appelle Maurtin.
641 . On l'a loumé tos les no de chin a pus qu' fidèle.
LiTT. On l'a appelé de tous les noms de chien, excepté celui
de lidôle.
On a fait mille imprécations contre lui.
(FORIR. Dict.)
Nivelles. I n' mè maltraitra ni d' tous les no des chî.
6i2. Ête aussi lesse (subtile) (pi'in chî d' plomb.
(Nivelles.)
LiTT. Être aussi leste (agile) qu'un chien de plomb.
Comparaison ironique pour désigner une personne pares-
seuse, maladroite.
Var. Namur. Il est vif comme on pu dins l' farenne.
Var. Jodoigne. Esse légère comme on lum'çon es l' farenne.
Var. Tournai. Vif comme ein crapaud dins les chinte.
643. Les mouais chè on les té à F lâche. (Jodoigne.)
LiTT. Les mauvais chiens, on les tient à l'attache.
Il ne faut pas laisser à quelqu'un la facilité de développer
ses mauvais instincts (penchants).
644. Elle sipos'reut on chin avou on chapaî.
Litt. Elle épouserait un chien avec un chapeau.
Elle épouserait le premier venu.
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse
De rencontrer un malotru.
(Lafontaine. La fille.)
La faim le prit : il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
(Id. Le héron.)
- 179 —
Beaujean.
A chin qu'a-st-on chapaî, i iî fàt rincle raison,
A on haut personnage, i fàt fer des façon.
(A. Delchef. Pus vi, pus sot. Se. ir". iSd.)
IJOLAND.
Elle prîndreut toi Tniùme quî, on chin avou on chapaî sùreul l'hin v'nou, mais
halle là.
(DD. Salme. Les deux bèch'tâ. Se. 3. 18"9.)
Charleroi. Pou r roi, i s' pose es s'pia,
Li, 1' moaise, i r'ièehe les pid d'in chin qu'a in chapia.
(L. Bernus. Les deux toria éièi Vguernouije. Faufc. 4873.)
Nivelles. C'commùre la, elle perdrou tout même in chî avé in chapia.
Var. Jodoigne. I marierot one trôye avou on casawek.
G45. On n' su moque nin des chin s'on n'est foù do
viège. (Stavelot.)
LiTT. On ne se moque pas des chiens si l'on n'est iiors du
village.
Il faut se mettre à l'abri du danger avant de s'en moquer.
(LiTTRÉ.)
Variante. On n'su moque nin do leûp d'vanl d'esse foù do bois.
GHIER.
646. Vos irez Ion, mais vos chîrez près.
LiTT. Vous irez loin, mais vous chierez près.
Se dit des gens qui font plus de dépenses que ne leur per-
mettent leurs revenus.
Variante. Vos irez Ion, vos chaîrez près.
LiTT. Vous irez loin, vous tomberez près.
(FoRiK. Dict. v'> Lon.)
647. Wisse irans-n' cliîr, les rivage sont plein ?
LiTT. Où irons-nous chier, les rivages sont pleins ?
Que devons-nous faire, quand nous voyons de telles ma-
nières ? Se dit des personnes qui veulent paraître plus qu'elles
ne sont.
Cité par Forir. Dict.
648. Allez chîr à Malônnes, c'est pays d'Lîge.
(N.\MUR.)
LiTT. Allez chier à Malônnes, c'est pays de Liège.
Allez vous promener, laissez-moi tranquille.
La principauté de Liège possédait, à une demi-lieue de
Namur, la riche abbaye de Malônnes.
— 180 —
A Liège on dit : allez chîr à Nâlôye (pays de Namur).
On dit aussi : allez chîr à maye ; allez chîr â meûr des Gâne.
Namur. Nos n'avar.s nin peu d'personne
Quand nos t'nans li p'tit verquin
. On èvôye chîr à Malùnne
Li cinque qui n'est nin contint.
(J. CoLSON. Péqiiet, pèquet. Ch. 1862.)
Les Namurois
Arrivent à Malonne, endroit très distingué, "
Moins par son abbaye et par maint privilège,
Ou par l'insigne honneur d'être au pays de Liège,
Que par certain dicton, dont les termes de choix
Ont un goût de terroir de l'ancien namurois.
Vous sentez ce que c'est. ......
(Du Vivier. La Cinéide. Ch. 46.)
« Ce dicton rappelle la franchise dont jouissaient les mal-
faiteurs en passant d'une frontière à l'autre. »
{Ibid. note.)
Var. Bouvignes. J'irais chîr à Dinant, au pays d'Lîge.
Var. Chableroi. Purgon.
Je n'voux pus rin avoi à fai avet vous. Ji vos èvÔye chîr à Bouffîoux.
(L. Bernus. Le malade St-Thibau. III, se. 6. 4876.)
Var. Bobinage. Eh, mée, j'ai mau m'panse,
— Va-z-ein chîr ein France ;
Te r'veira pa Landerci,
Et t'mau d'panse s'ra tout r'wèri.
(SiGART. Dict du wallon de Mons. 4870.)
649. Ni v'pressez nin tant de chîr, i n'vis fât nin
de stron po soper.
LiTT. Ne vous pressez pas tant de chier, il ne vous faut pas
a elron pour .souper. ^
Se dit à une personne qui s'empresse de faire une chose qui
sera inutile ou qui ne sera pas terminée à temps.
650. C'est dammage qu'elle chêye, on l' mettreut
dsos glace.
LiTT. C'est dommage qu'elle chie, on la mettrait sous glace.
Repon.se à 1 éloge exagéré que l'on fait d'une personne
On ajoute : po l'hâgner (pour l'étaler).
651. Califice s'amuséve bin à chîr.
LiTT. Califice s'amusait hien à chier.
be dit aux gens qui s'amusent de peu de chose.
uaijice ou cheye pistoie. Nom donné aux petits bonshommes
— 181 —
qui étaient représentés accroupis avec une pièce de monnaie
entre les fesses. C'était aussi le nom d'une petite marionnette
en bois qui servait de mire aux tirs à l'arbalète.
652. I chôye co des anîse.
LiTT. 11 chie encore des anis.
Se dit d'un très jeune homme qui veut se mêler de choses
au-dessus de son âge. (Acad.)
Pr. fr. — Il est si jeune que si on lui tordait le nez, il en
sortirait encore du lait.
Cité par Forir. Dict.
Variantes. Il est co mouyî podrî les orèye.
I chêye co tôt jène.
N'esse nin co r'souwé d'sos les bresse.
Var. Namur. I chitte co su l'bleue pire.
Marche. V's esteus co crou drî les orèye
Et vos r'waîtez les jônès feye.
(.4LEXANDRE. PUit corlL 1860.)
Var. Mâlmedy. On lî veut co les rôye do béguin.
Var. Nivelles. Au comminch'niint, quand l'Aclot chiout co tout jaune, comme on
dit.
Var. Jodoigne. Il a co de l'pouchèrre de berce padrî les oreille, et ça vout fer
l'amour.
Charleroi. Auresse peu û6 c jône la, d'in eu r'vetu de s'tèye
I n'est né co sèche drî s'norèye
Mère seu, i n'a à mitan rin.
(L. Bernus. Ulion. Faufe. 1873.)
Var. Mons. I kl co tôt gône.
Var. Mons. I kieco toutgaune su l'monciau.
Var. Tournai. Avoir autant d'barbe qu'ein bren musi.
6o3. Qui a chî so onk, a hité so l'aute.
LiTT. Celui qui a chié sur l'un, a foiré sur l'autre.
Celui qui a souillé l'un, a sali l'autre. Se dit de deux individus
qui ne valent pas mieux l'un que l'autre, de deux mauvais
sujets.
Variante. On stron so onk, on stron so l'aute, et i sont tos les deux d'hité.
654. I n'pout chîr po l'hite.
LiTT. Il ne peut chier à cause de la foire.
Il n'aime pas de faire une chose dont il redoute les suites.
I fàt qui nosse soûr Marguarite,
Qui bin sovint n' peut chir po l'hite,
Si r'iîve panai d'vant, panai drî,
Po les r'chessî d'vins leu bèdî.
[Pasquèije po V jubilé de V révérende Mère di Bavlre. 1743.)
— 182 —
I nos fet vèyî bin vite
Qui ti n' poux chîr foice d'avu l'hite.
(Prumire respome de caloltin â loUjnc auteur de .tupplèmint. 173.)
Il n'ose éternuer de peur de peler.
(OliDlN. Curiositez françaises. 1640.)
JonoiGSE.* I n'sd chîr po l'croUe.
{)o5. Ni lèyîz nin chîr es vosse poisse.
LiTT. Ne laissez pas chicr dans votre vestibule.
Ne vous- laissez pas insulter, mépriser.
On ajoute quelquefois : Hovez-le à l'oube,
JoDOiGNE. Ni lèyîz nin chîr à voste huche.
656. 1 gn'enne a tant qu'po chîr dissiis.
LiTT. Il y en a tant que pour chier dessus.
Il y en a une grande quantité, une grande abondance ; il y
en a de trop.
Variantes. I gn'enne a po l'pauve et po Triche.
I gn'enne a comme des pèpioûle à Tiff {*).
607. I n'chêye pus fou d'ià.
LiTT. Il ne chie plus hors de là.
Il ne sort pas de là. — II est toujours chez les mêmes per-
sonnes, dans la même maison.
Variante. I n'vont nin chîr onk sins l'aute.
(FoRiR. Dict.)
608. Si l'ni âx hièbe po chîr.
LiTT. Se tenir aux herbes pour chier.
Prendre des précautions telles quelles.
659. Allez chîr, vos avez vessou.
LiTT. Allez chier, vous avez vessé.
Se dit pour renvoyer quelqu'un, pour le faire taire.
660. I m' freiit chîr des pîre di fisique.
LiTT. Il me ferait chier des pierres à fusil.
Il m'exaspère ; il me met hors de mo't ; il me ferait faire des
choses impossibles.
Jai.hay. Majenne.
Vos m'friz bin chir des pîre di fisique.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. 10. (862.)
661. On n'sâreut bin chîr sins foirci.
LiTT. On ne saurait bien chicr sans s'efforcer.
Il faut toujours faire quelques efforts pour réussir dans une
affaire.
(') Pépioùle, hôte noire sur l'eau.
183
662. Il est-st-à chêye et nin à chêye.
LiTT. Il est à chier et pas à chier.
Il ne sait trop ce qu'il doit faire ; il est sur deux idées.
663. r/est-sl-on chêye tôt dreut.
LiTT. C'est un chie debout.
C'est un homme raide et guindé.
CHIFFON.
664. On-z-aîme turtos ses kâye.
LiTT. On aime tous (chacun) ses chiffons (colifichets).
On tient à ce qu'on a. — On est jaloux de la réputation des
siens.
Guenille si l'on veut, ma guenille m'est chère.
(Molière. Les femmes savatitex.)
Cf. Lafontaine. Uaigle et le hibou. Fab. 18. Liv. 5.
Suum cuique pulchriitu.
(Lejeune. Proverbia familiaria. 1741.)
Tôt Tmonde tint à ses kàye
Mi, ji tins à m'pays.
Nosse prince l'aime, ji l'aim'ret todi.
(De Harlez. Cantate préaintétie â prince d'Onltremont li joû di si élection li 20
avri [im.)
Variante. On-z-est turtot jalo d'ses kâye. (Forir. O/c/.)
...... Si vos v'plaindez
Qui c'seûye di vos totc li prumîre
Ou pus vite di cisse sotie manîre
Qu'on-z-a todi d'voleûr boùrder,
Po vanter d'ollant mî ses kàye.
(Fr. Bailleux. L'aîque et Vhoulotte. Fàve. 18SG.)
Var. Borinage. Les jône dé crapaud chenn'té toudi biau à leu mère.
(De Puydt. Maudit métier. 1883.)
Var. Tournai. A tort ou à raison,
Chaquin est seot de s'garcheon.
CHIROUX.
665. S'ètinde comme Chiroux et Grignoux.
LiTT. S'entendre comme Chiroux et Grignoux.
Ne pas s'entendre du tout.
On dit aussi : S'ètinde comme chin et chet,
LiTT. S'entendre comme chien et chat.
Pr. fr. — S'entendre comme chien et chat. — C'est Teau et
le feu. — Être à couteaux tirés.
- 184 —
GÉRA.
Nos avans cial des k'mére
Pd qu' (les vipère ;
Sont des Chiroux,
Sont des Grignoiix,
Qui s' kibaltel à v' fer paou.
(De Harlez, de Gautier, etc. Livoyège di Chaudfontaine. I, se. 3. -1757.)
HisT. Sous le règne du prince-évôque de Liège Ferdinand
de Bavière (1012-1650), « dans la cité, deux partis devinrent
célèbres et rallièrent à eux tous les habitants. Les rentiers, les
banquiers riches et ceux qui vivaient de l'église et du gouver-
nement, composaient le premier ; ils étaient nommés Chiroux.
L'autre comprenait la masse de la population, les marchands,
les industriels ; ils étaient traités de Grigimux. Ceux-là étaient
disposés à obéir et à complaire en tout au prince, à la condition
de partager plus tard le pouvoir avec lui ; ceux-ci, sans porter
atteinte à ses droits légalement reconnus, entendaient qu'il
respectât l'indépendance des bonnes villes et les droits poli-
tiques des citoyens. La patrie fut dès lors livrée aux plus tristes
divisions et se déchira misérablement elle-même. »
(F. Henaux. Hixt. de Liège. Ch. 22, l^e éd.)
CHOISIR.
066. Qui trop queûsi, mal éli. (Tournai.)
LiTT. Qui trop choisi (est) mal loti.
On est plus mal partagé pour avoir voulu trop choisir.
Cette expression peut s'appliquer à des gourmands trompés
par les apparences, en recherchant les meilleurs morceaux
dans les plats que l'on fait circuler à table.
Pr. fr. — Souvent qui choisit prend le pire.
(OUDIN. Curiositez françaises. -1640.)
Mais aussi bien que moi, vous avez ouï dire
Que fille qui choisit bien souvent prend le pire.
(Th. CoRNEa.LE. Don Bertran de Cigaral. IV, se. i'^.)
CHOSE.
667. Wêre de chose nos console pac'qui wêre de
chose nos afflige. (Namur.)
LiTT. Peu de chose nous console parce que peu de chose
nous afflige.
On est vite consolé d'une légère affliction; on ne doit pas se
désespérer pour une bagatelle.
— 185 -
CHOU.
668. Magnî de l'jotle rischàffêye.
LiTT. Manger du chou réchauffé.
Se dit de celui ou de celle qui épouse une personne veuve.
Cité par Forir. Dict.
De la soupe réchauflce (une veuve).
(OlDiN. Curiosicez françoise-t. 4640.)
Verviers. Mais n'allans nin mau jauser
Du jotte reschauffêye
C'n'est nin chai des vîx souwé
Qui s'fet des mamôyc.
(RaxhoN. Ex Vip-andc confrêrèye. 1890.)
669. I n' fât nin doirmi so ses jotte.
LiTT. Il ne faut pas s'endormir sur ses choux.
II ne faut pas négliger ses affaires. — Il faut veiller au grain.
HiNW.
Ji veus avou plaisir qu'vos v's èployîz por mi.
Cathrenne.
Cerlain'mint qu' sos vos jotte ji n' poux ma de doirmi.
(Delchef. Les deux neveux. I, se. 3. 1859.)
670. Li ci qui stâre ses jotte ni les a mâye tote.
LiTT. Celui qui étend (disperse) ses choux, ne les a jamais
tous.
Celui qui n'a pas d'ordre est toujours exposé à perdre
quelque chose.
Cité par Forir. Dirt.
671. C'est-st-aute choi qu' de 1 jotte.
LiTT. C'est autre chose que du chou.
C'est bien au-dessus de l'ordinaire. — C'est très fort, très
beau.
Cf. Le menu du banquet de la Société wallonne. 1860.
Variante. Vola aute choi qu'ine tâte âx fréve.
LiTT. Voilà autre chose qu'une tarte aux fraises.
Pr. fr. — Ce n'est pas de la merde de chien.
Crahay.
Bin, Baiwîr, s'i va ainsi
C'est-st-aute choi qu'dè l' jotte
Ji fret r'mette po mi cori
Des s'melle à mes botte.
(Alcide Pryor. On dragon qui fait des madame. 1867.)
— 18G
Babette.
Mi, ji voldve dire lot, mais monsieu m' siticha
Cinq franc po qu'ji m'iaihasse, et ji li promella.
Jacob.
, Vola aute choi qu'dè l'jotte.
(Ed RemoucIIAMPS. Le? amour d'à Gèrâ. II, se. lîi. 1875.)
Var. Toubkai. Ch'est dTaute toubaque qu'à l'maseon Guillaume.
672. Maguet a mai^^nî s' jotte et enne a co aou trop
pau.
LiTT. Maguet a mangé son chou et en a encore eu trop peu.
Se dit à toute personne dont on veut rembarrer les raison-
nements, rabaisser le caquet.
Moqua magna s'jotte et enne ava pau,
Dit li spot, et c'est l'vraie ;
Qui n'a nin vèyou pus d'on côp
Des moquantes gueiiye esse tote ècèpêye
Po 'ne bonne response faite à pont?
(N. DEFRECHEUX.iWoç«(î. -1868. OEuvres poétiques.)
673. Vos n'estez nin d'vins ses jotte.
LiTT. Vous n'êtes pas dans .ses choux.
Vous n'êtes pas amis ensemble, vous l'avez blessé, il vous
tient rancune.
674. I n'fâl nin mette trope di peûve es s'jotte.
LiTT. Il ne faut pas mettre trop de poivre dans ses choux.
Il faut se modérer sur quelque affaire, sur quelque préten-
tion ; montrer moins de chaleur, d'animosité. (Âcad.)
Pr. fr. — Il faut mettre de l'eau dans son vin.
67o. Il a s'tu d'vins ses jotte.
LiTT. Il a été dans ses choux (dans les choux d'un autre).
Il a blessé l'amour propre, la vanité, l'orgueil de quelqu'un.
Il lui a fait du tort.
Pr. fr. — Il a fait dans son persil.
Cité par Forir. Dict.
Variantes. 11 a chî d'vins mes botte. — Il a folé es m'piersin. — Il a folé so
mi aguece. — lia chî d'vins mes jotte.
Var. Jodoigne. Vos lî avoz caqud es manche.
Il a caqué seu m'manche.
Il a pass(j seu l'quèwe de chet.
RoucHi. Il a tié den m'so jusqu'au cadenat.
(Hécart. Dict.)
— 187 -
676. C'n'est nin l'tot d'awoi de l'jotle, i faut de
l'crauche po l'ciire. (Namur.)
LiTT. Ce n'est pas le tout d'avoir du chou, il faut de la graisse
pour le cuire.
Une chose devient inutile quand on ne peut l'employer ou
qu'on n'a qu'une partie de ce qui est nécessaire pour faire une
certaine chose. (Littré.)
Pr. fr. — Ce n'est pas tout que des choux, il y faut de la
graisse.
(OUDIN. Curioaitcz françaises. 4640.)
Il ne nous faut plus que des choux, si nous avions de la
graisse.
(Le Père Jean-Marie Le divertissement des sages. 1665. )
MoNS. C'n'est nid l'tout dds chou, i faut pinser au laerd.
Lille. Ch'n'est point tout des choux, ch'est dé l'crache
(Vermesse, Voc. du patois lillois. i861.)
677. 1 s'y ètind comme à ramer des chou. (Mons.)
LiTT. Il s'y entend comme à ramer des choux.
Se dit à un homme qui veut faire une chose à laquelle il
n'entend rien. (Agad.)
Pr. fr. — Il entend cela comme à ramer des choux.
(OUDlN. Curiosilez françoises. ■1640.)
Var. Malmedï. I s'y étind comme à fer des cuï.
Mons. Bâtisse n' voyoi goutte dins l'afTaire, aulremint dit, i s'intind à gouverner
s'commune comme à ramer des chou.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 18b0.)
Picardie. S'y einteindre comme à ramer des cabus.
(CoRBLET. Glossaire. dSol.)
678. C'est de l'jotte po vosse gatte.
LiTT. C'est du chou pour votre chèvre.
Je ne crois pas ce que vous dites, vous me faites des contes,
vous voulez me tromper.
Ll CORED.
Nenni, ji n'm'y fèye nin,
C'est de l'jotte po vosse gatte, à c'ste heure i n'est pus timps.
(Ch. HannaY. Li mâyc veûr d'à Colas. I, se. 5. ISôe.)
679. C'est de l'jotte aux ourtie. (Jodoi(;ne.)
LiTT. C'est du chou (préparé) aux orties.
Se dit d'un plat dont on ne connaît pas la composition — de
toute chose inconnue.
— 188 —
CIEL.
680. De r banne de cîr.
LiTT. De la voûte du ciel.
Se dit de celui qui est sans appui sur la terre.
Cité 'par Forir. Dict.
Pus nou parint n'mi louke, ji sos comme ine homme toumé de l' banne de cir.
Gn'y a-t-i, d'sos 1' banne dé cîr, ine homme pus misèrâbe ?
(Bailleux. Libribeu et imoirt. Fàve, 1851.)
Tôt coula aveut fait qu'Olivi s'aveut on baî joij trové comme toumé de l'banne
de cîr.
(G. Magnée. Baltri. 186S.)
Var. Vehviers. N'faut-i nin esse toumé, duhez, d'elle creux de cîr,
Pc v'ni vih'ner es l'bànne dont l'histoire n'a qu'à scrîre
Des triomphe, des soper.
(J.-S. Renier. Banquet de la Société. 1871.)
()81. On n'sàreut aller â cîr sins hâle.
LiTT. On ne saurait aller (monter) au ciel sans échelle.
Chose qui ne peut être, qui ne peut se faire. (Littré.)
Pr. fr, — A l'impossible nul n'est tenu.
Fais çou qu'ji t'dis,
Si t'es sûti.
C'esteut ottant d' lî dîre.
De monter sins hàle â cîr.
(N. Defrecheux. Li Signeûr di Sterpenich. Conte. 1863.)
682. Cîr mout'nèye,
Plaîve parèye.
LiTT. Ciel moutonné,
Pluie semblable.
Changement de temps.
Ciel pommelé et femme fardée
Ne sont pas de longue durée.
{Comédie des prov. III, se. 2. 165S.)
Cf. QuiTARD. Dict., p. 378.
Cîr moutonné et feumme fàrdèye
Ni sont nin d'iongue durèye.
(Forir. Dict.)
683. Si l'cîr touméve, i gn'âreut bin des alouette
prise.
LiTT. Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes prises.
Se dit pour se moquer d'une supposition absurde. (Littré.)
Pr. fr. — Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes
prises.
(Père Jean-Marie. Le divertissement des sages. 1665.)
— -189 —
Tonton.
Cint mèye franc, c'n'est nin l'diale.
Tatî.
Et s'j'aveus deux cint mèye ?
Tonton.
Si ? Aveu si, on mette Paris d'vins 'ne botèye.
Tatî.
Si j'ies aveus, portant ?
Tonton.
Et si l'cir toumtH-e don,
Qui tote les alouette sèrît prise.
(Ed. Remouchamps. Tâti V perriqul. II, se. !'«. 188S.)
Namur. Si l'ciel chaîreûve, i gn'aureûve bràmint des aulouette attrapée.
CLÉ.
684. On d'vret tapet s'clet su s' fosse. (Marche.)
LiTT. On devra jeter sa clé sur sa fosse.
Il va mourir insolvable.
Jeter les clefs sur la fosse. — Renoncer à la succession d'une
personne, parce qu'elle doit trop ; locution qui vient de ce que,
dans l'ancien droit, la personne qui renonçait mettait eftective-
ment les clefs sur la fosse. (Littré.)
Tournai. Ruer l'clef su l'fosse.
CLERC.
685. C'est r clerc de Baudour qu'a passé par là.
(MONS.)
LiTT. C'est le clerc de Baudour qui a passé là.
Se dit des personnes qui, ayant entrepris une chose au-
dessus de leurs forces, sont obligées de s'arrêter faute de
ressources.
I faut qu'i a ieue dins l'timps à Raudour in clerc qui s'appeloi Monsieur Dargent
court; depuis m'sovenance quand quelqu'un comminchoi in batimint, et qui n'savoi
nié l'achever, au rapport qu'il étoi boulcourl dé yaerd, j'ai loudi intindu dire : C'est
co assuré l'clerc dé Baudour qu'a passé par là.
(Letellier. Armouaque dé ilons. 4850.)
686. Il a fait on pas d' clerc. (Namur.)
LiTT. Il a fait un pas de clerc.
Faute commise par ignorance ou par étourdcrie dans une
affaire; démarche inutile, maladroite. (Littré.)
Pr. fr. — Il a fait un pas de clerc.
Ma langue en cet endroit a fait un pas de clerc.
(Molière. Le dépit amoureux. II, se. 4.)
— 190 —
CLOCHE.
687. Li ci qui n'ètind qu'ine cloke, n'ètind qu'on
son.
LiTT. Celui qui n'entend qu'une cloche, n entend qu un son.
r'ouv' prononcer dans une aflaire, il faut entendre les deux
parties. (AcAD.) — Aiidlatur et altéra pars. (Salomon.) —
Cf LoYSEL. Inst., n° 868. — Quistatuit aliquid, parle inau-
ditd allerd, œquiim licel stalueriljiaud œqnus /"wif. (Senec.)
Pi._ fr. _ Qui n'entend qu'une cloche, n'entend qu'un son.
Oui n'entend qu'une partie, n'entend rien.
(OUDIN. Curiosilez françaises. dG-iO.)
Cité par FoRiR. Dfcl.
Po r flamind on est tote orèye,
On n' l'ait qui 1' soùrdaul po 1' wallon.
Eh bin, volez-v' qui ji v's el dcye :
Quî n'ô qu'ine cloke n'ètind qu'on son.
(Jos. KiNABi.E. A'o.Me wallon â Sénat. 1880.)
Variante L'ci qui ètind onk, n'ètind nin l'aule.
(Remacle. Dici.)
CiiAKi-EUOi. Et quand su l'pus p'tit brut, i vos foute-nu 'ne leçon,
C'est qu'qui n'inlind qu'enne cloche n'intind qu'in son.
(L. IJernus. Ulortue éiet les canard. Faufe. 4873.)
688. On-z-a todeu deul : quand l'cloke son neuve,
Li l)0un ovrî destelleùve. (Jodoigne.)
LiTT. On a toujours dit : quand la cloche sonne
Le bon ouvrier quitte son travail.
Il faut de la ponctualité en tout. Le bon ouvrier a besoin de
repos.
CLOCHER.
689. 1 fàt qui l'clokî seûye à mitan de viège.
LiTT. 11 faut que le clocher soit au milieu du village.
11 faut mettre à la portée de chacun une chose dont tout le
monde a besoin, ou doit profiter. (Agad.)
Pr. fr. - Il faut placer le clocher au miheu de la paroisse.
Cité par FoRiR. Dicl.
Naml'R. I faut todi mette li clochî au mitan de l'paroisse.
CLOPIN-CLOPANT.
690. Aller bînek et plînck.
LiTT. Aller de ci de là.
— 191 —
Être aviné, fatigué; marcher en clocliant quelque peu;
clopiner. (Littré.)
Cité par FoRiR. Dict.
!•"■ Convive.
I n'rotte qui hinck et plinck.
ii'^ Convive.
El lu n'pout pus roter.
(ALCiOE Phyor. Sôléyc et paiisd. 1859.)
On s'arresta à l'Waffe et d'vins deûse Ireus bastringue.
On n'Iouka nin à 'ne gèye, on riv'na liîiick et plinck.
(M. TiiiitY. lue cope di grandivenx. 1859.)
Qudque limps après, on lanskinet qu'avcut s'tu à Tilleu s'fer berzingue, rintra à
Lîgc po l'poile (li St-I.orint toi 'une allant hlnck et plinck.
(G. Magnée. Li houlotie. 1871.)
MoNS. Ilinképink, suhs. masc. Boiteux. (Sigart. Dict. 1870.)
Lille. Marcher in chip in chop. (Vermesse. Toc. 18G1.)
CLOU.
69). On clà chesse Faute.
l.iTT. Un clou chasse l'autre.
Une nouvelle passion, un nouveau goût en fait oublier un
autre. (Agad.)
Pr. fr. — Un clou chasse l'autre.
Cité par Forir. Uict.
Marche. Malheur au cî qu'est l' bon apute
Dès qu'on l'porsut, on clau chesse l'aute.
(Alexandre. P'citcorti. 18G0.)
Namiir. Aux sorvinant i nos faut bin fer place,
Aux novia v'nu, fripon ou bravés gins.
On clau chesse l'aute, ainsi di race en race
Et jusqu'à l'fin des fin.
(Wérotte. One diérainc romance po serrer V sache. 1867.)
692. Mette on clà à s'waliaî.
I.iTT. Mettre un clou à son cercueil.
Avancer Theure fatale. Se dit à celui qui boit immodérément,
à chaque verre qu'il ingurgite.
Variante. Ottant di d'inèye, otlant d' clà à s' waiiaî.
Cité par Forir. lMr(.
GODINASSE.
Vos frez bin des pus vis ohaî
Ca chaque hèna, v' savez qui c'est-sl-on clà d'wahaî.
(Ed. Hemouchamps. Li suv'ti. Il, se. G. 18G1.)
Var. Marche. C'est des clau d'vachaî qu'toles nos ponc.
— 19-2 —
Var. JoDOiGNE. Les tricas c'est des clan d'vachat. — L'ce que s'boutte à boisson,
rabotte se vachat.
Var. Mons. C'est tous claù d'iusieau.
Ce sont tous clous de cercueil. — Ce sont tous acheminements
vers la mort.
Enfin tous maladie d' grand père, tous clau d'iusieau, comme on dit à Mons.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1848.)
693. I hagn'reût on clâ es deux.
LiTT. Il mordrait un clou en deux.
Il est affamé.
Cité par Forir. Dic.l.
Marèye Bada.
J'a si faim qui j'hagn'reûs,
So m' foi, on clà es deux.
(De Harlez, De Caktier, De Vivario et Fabry. Li voyège di Chaudfontaine. II, se.
4. 4757.)
Nos lèyans l'fricassêye,
Po l'dimègne; min on clà, nos i'hagn'rîl bin es deux
Qwand ruiner vint; ossu, li magne-t-on a r'ièche deugt,
(Ed. Remouchamps. Les deux voisin. •1876.)
Var. Tournai. Tranner des mâchoire.
694. Il a todi 1' clà po l'iiazi.
LiTT. 11 a toujours le clou pour le river.
On ne peut le prendre au dépourvu. (Acad.)
Pr. fr. — On ne peut le prendre sans vert.
Dihez-lî çou qui c'seùye, il ont l'clâ po l'hazi,
Et s'trovet màlhureux d'aveùr on sort ainsi.
(G. Delarge. lue copeuue conte les pekUeu. 1873.)
Var. Tournai. Avoir tousses dint. [Être prompt à la réplique.)
695. Hazi 1' clà.
LiTT. River le clou,
llépondre fortement, vertement, de manière qu'on n'ait rien
h répliquer. (Agad.)
Pr. fr. — River à quelqu'un son clou.
Cité par Forir. Dict.
Po trover po hazi m'clâ,
Vos r'batlrîz tote li poroche.
(Thiuy. Li bon jowcu âx vis jeux d' Lige. Chanson. 1889.)
Qui fait çou qu'i pout n'fait nin ma
Mais qwand vos m'divrîz hazi m'clâ
Ji SOS capàbe di n'rin fer d'aute.
(Ad. Picard. Toast au banquet wallon. 1874.)
— 193 —
Namur. J'a rovi one saqiioi, i faut qui j' vos es cause.
Car c'est là 1' grande affaire, ii vrai trô dins l'èplause,
Li pus grand cli'vau d' Ijataye di nos pus grands savant,
I faut river leu clau là d'sus comme su T restant.
(A. Demanet. Oppidum Atuaiicorum. d843. — Aun. delà
Soc. (trch. de Namur. T. II.)
Autre signification : Pour achever, pour comble.
(FORIB. Dici.)
Tonton.
Vive li muselle,
Vive li miscàt,
I gn'a co qu'zel
Po r'hazi I' clà.
(De Harlez, De Cartier, Vivario et Fabri. Li voyège di
Chnudfontaine. III, SC, i^^. 1757.)
Buvans on côp po r'hazi 1' clâ.
Qui r joû d'hoûye nos seijye on joû d' fiesse.
(Chanson an l'honneur de Velbruck. 1772.)
(Î96. S' peigner avec in cleaii, (Tournai.)
LiTT. Se peigner avec un clou
Se dit d'une personne qui ne soigne pas sa chevelure.
Variante. Si peignî avou on cwàrjeu et fer s' rôye aveu on clà.
COCHON.
G97. Qwand rpoiirçaî est sô, les r'iaveûre (ou les
navaî) sont seûre.
LiTT. Quand le cochon est rassasié, les lavures d'ocuelles (ou
les navets) sont aigres.
« Quand on a désiré vivement une chose et qu'on la possède,
on la rejette avec mépris pour en désirer une plus belle. »
(Ferd. Hénaux. Éludes sur le wallon. i84i.)
Pr. fr. — A ventre soûl, cerises amères. — Quand les cochons
sont soûls, ils renversent leur auge.
(Leroux. Dicc. comique. 17B2.)
Au dégousté le miel amer est.
(XVIe siècle.)
Cité par Forir. Dict.
Marche. Quand les pourçaî sont sô, les gland sont seùr.
Namur. Qwand les pourcia sont sô, les navia sont seùr.
Charleroi. J'sus cràs comme via
Et i m' faut du nouvia,
Quand les pourcha sont cràs tous les navia sont sûre.
(L. Bernus. Le fnau èiél les dindon. Faufe. 1873.)
MoNS. Quante Id i)Ourciau sont sou, les r'iavure sont sure.
15
— 104 —
MoNS. La qu'on apporte de V tarte, la qu'i mingent, la qu'i boiv'td co toudi, si bé
que quand 9 heure a sonnt^ Tpaysaii Irouvoi qu' lés zerlavure étiont surte.
(LeteluER. Armonaque dé il/ows. 4853.)
JoDOiGNE. truand les pourcia sont sou, les gland sont scr. — Quand les vache
sont sonle, les navia sont ser.
698.. Magnîz-ès, les pourçaî n'es volet pus.
LiTT. Mangez-en, les pourceaux n'en veulent plus.
« Vieux dicton qu'on emploie ironiquement pour répondre à
quelqu'un qui olîre une chose ou les restes d'une chose dont il
est dégoûté. » (Quitard. iJicl., p. 618-619.)
Mangez de nos prunes, nos pourceaux n'en veulent plus.
(OUDIN. Cuiiositez françaises. 1(540.)
699. J'n'ai gnié trop d'sùr pou m'pourciau. (Mons.)
LiTT. Je n'ai pas trop de petit lait pour mon porc.
Je suffis à peine aux besoins de mon intérieur, je ne suis pas
tenté d'aller chercher de la besogne ailleui^s.
(SiGART. Dict. du wallon de Mons. 1870.)
700. Fez de bin à vosse pourçaî, vos l' ritroûvrez â
lard.
LiTT. Faites du bien à votre pourceau, vous le retrouverez
à lard.
Savoir faire un sacrifice dans l'espoir d'un avantage futur.—
Mettre à intérêt.
Il ne perd point son aumosne,
Qui à son cochon la donne.
(Leroux de Lincy.)
Namur. Quand on fait do bin à s' pourcia, on 1' ritroùve dins l' laurd.
Jalhay. Pierrette.
On dit toudi qu' ci qui fet do bin à s' pourçaî cl rutroùve à lard. Èdon Malhî?
Mathî.
Jo l'a ètindou dire bin des fie.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 10. 1861.)
Mons. L' ceu qui fait du bié à s' pourcieau l'ertroûve à s' saloi. Celui qui sait faire
un sacrifice pour réussir une chose, en recueille les fruits tùt ou tard.
(Letei.LIER. Proverbes monlois. Arm. dé Mons. 1848.)
Lille. Qui fait du bien à sin pourchau
Le r'irouve din sin salô.
(Vekmesse. Voc. du patois lillois. 18GI.)
701. I l'chane tout à les pourciau,
Avé r vieux i fait du nouveau. (Mons.)
LiTT. Il ressemble entièrement aux cochons,
Avec le vieux, il fait du nouveau.
— 195 —
Parce que le cochon, en mangeant des ordures, en produit
d'autres.
(SiGART. Dict. du patois de Mons. 1870.)
702. Raviser 1' pourçaî, fer de bin après s' moirt
LiTT. Ressembler au porc, faire du bien après sa mort.
Se dit des avares, qui ne font du bien qu'à leurs héritiers.
C'est tôt comme li grusus, i ?'arichihe à toirt,
Et fait, comme li pourcaî, baicùp d' bin après s' moirt.
(Dehin. L'homme, li pourçai, V gatte et V mouton. Fâve. 48o0.)
Fer de bin après s' moirt, c'est fer comme les pourçaî,
Tote si vèye vosse mononke l'aveut bin assez fait.
(A. HoCK. Mœurs et coutumes liéyeoi.ics. -1872.)
703. Saint Antoine i est malade, ch'est rpourclieau
qui fait V cuisine. (Tournai.)
LiTT. Saint Antoine est malade, cest le cochon qui fait
la cuisine.
Se dit par plaisanterie lorsque la ménagère est remplacée
dans son office de cuisine par son mari ou un autre membre de
la famille peu au courant des clioses du ménage.
704. Po les pourçaî tôt fait liô.
LiTT. Pour les cochons tout fait tas.
Pour certaines gens tout est bon.
705. I fait comme li pourçaî d' Jacquet, i vout t'ni
s' rang.
LiTT. Il fait comme le pourceau de Jacquet, il veut tenir
son rang.
Il a une mauvaise réputation et il fait tout pour la mériter.
706. S'i n'y aveut nin des pourçaî, i n'y àreut nin
de lard.
LiTT. S'il n'y avait pas de porcs, il n'y aurait pas du lard.
Réponse à l'injure : vos estez on pourçai.
Le pauvre que nourrit sa graisse,
Du cochon ne parle point mal ;
Laissons l'orgueil et la paresse
Insulter le pauvre animal.
(Pierre Dupont.)
Var. Jodoigne. Sins vache pont d'via.
707. So i'timps qu'on doime, les pourçaî (les gatte)
magnet les jotte.
LÎtt. Sur le temps (pendant) qu'on dort, les cochons (les
chèvres) mangent les choux.
— 196 —
Où la surveillance manque, le gaspillage s'introduit.
Malmedy. So rtimps qu'tu frolle tu mère, les pourçaî magnet les r'iavôre.
708.1 fàtach'lerrpourçaî crâset rmolionnebatèye.
LiTT. Il faut acheter le porc engraissé et la maison bâtie.
Pour faire un bon marché, il faut profiter des dépenses et des
peines des autres.
On doit acheter pain et maison faite.
(Prov. commun. XV» siècle.)
709. Austant chix pourclia qu'in chî, il a co pus
d' tripe. (Nivelles.)
LiTT. Autant six pourceaux qu'un chien, il y a encore plus
de boudin.
Se dit d'une personne qui n'est pas dégoûtée.
710. Il avisse qu'on ûye situ ^vâ^der les pourçaî
avou lu.
LiTT. Il semble qu'on ait été garder les cochons avec lui.
Se dit pour faire sentir à un inférieur ou à un homme que
l'on connaît peu, qu'il s'oublie et qu'il en use trop familière-
ment. (ACAD.)
Pr. fr. — 11 semble que nous avons gardé les cochons
ensemble.
Cf. Camarades comme cochons.
Manger le cochon ensemble.
(OUDIN. Curiositez françoises. 4640.)
711. On pourçaî aime mî on stron qu'ine lé-
moseàde.
LiTT. Un porc aime mieux un étron qu'une noix muscade.
On préfère, en général, les choses dont on peut retirer plaisir
ou profit.
Pr. fr. — Aux cochons la merde ne pue point.
(Dict. port, des prov. fr. i75'l.)
Truie aime mieux bran que roses.
{France.)
A Liège, dans les classes populaires, la noix muscade est
l'épice la plus recherchée ; c'est elle qu'on met dans le gâteau
des rois.
Trahit aua quemque voluptas.
(Virgile. J/« Eglogne.)
Mais le moindre grain de mil
Ferait bien mieux mon affaire.
(Lafontaine.)
- 197 —
712. Norrir T pourcheau pou les eaute (Tournai.)
LiTT. Nourrir le cochon pour les autres.
Avoir eu la peine et laisser le profit à d'autres.
713. Ossi d'gosté qiion pourçaî qu'a magnî ine
seùre pomme.
LiTT. Aussi dégoûté qu'un porc qui a mangé une pomme
sûre (verte).
Se dit des gens nàreux.
François.
Li fèye mi louke à pône, et l' iiK're fait lodi ine mène comme on pourçaî qu'a
magnî 'ne seùre pomme.
(Demouun. Ji vaux, ji ti' poux. I, se. 8. 1838.)
Jacques.
Elle mi fait, sins qu' ji n' séssc ni poquoi, ni po comme,
Ine loufe comme ou pourçaî (ju'a hagni d'vins 'ne seiire pomme.
(DD. Salme. lue feutmne qiCeimés vAl deux. 8c. 14. 1876.)
714. Ci n'est nin àx pourçaî à poirter des man-
chette.
LiTT. Ce n'est pas aux pourceaux à porter des manchettes.
L'élégance ne sied pas à tout le monde.
715. A pus baî pourçaî li pus laid stron.
LiTT. Au plus beau pourceau le plus laid élron.
On n'est pas toujours récompensé selon son mérite.
716. Cli'est donner du chuque à ein pourcheau.
(Tournai.)
LiTT. C'est donner du sucre à un pourceau.
Vouloir faire éprouver à quelqu'un une jouissance physique
ou morale qu'il n'est pas capable d'apprécier.
Semer les marguerites devant les pourceaux.
(Père Jean-Marie. Le divertisi^ement des sages. 1663.)
Var. Charleroi. Gelique.
Ce s'rel iu osti t't aussi inutile que n' cinquième roue à in char, èiet ce s'rel
donner des pelle à in pourcha.
(L. Bernus. V malade Sainl-Thlbau. H, se. 6. 1876.)
CŒUR.
717. Bon cour et mâle tièsse.
LiTT. Bon cœur et mauvaise tête.
— 198 -
Les gens étourdis et inconsidérés ont souvent de bonnes
intentions, un bon cœur. (Agad.)
Pr. fr. — Mauvaise tête et bon cœur.
Cité par Forir, Dict.
JoDOiGNE. Bon cœur et stornée tiesse.
718. Il*a bon cour, i n' rind nin (mâye).
LiTT. Il a bon cœur, il ne rend pas (jamais).
Se dit des gens qui ont l'habitude de conserver ce qu'on leur
prête.
Pr. fr. — Il a bon cœur, il ne rend rien.
(OUDIN. Curiositez françaises. 1640.)
719. Fer bon cour so mâlès jambe.
LiTT. Faire bon cœur sur mauvaises jambes.
Ne pas se laisser abattre par la contradiction, par les échecs
parles revers. (Acad.) '
Faire contre mauvaise fortune bon cœur. — Faire bonne
mine à mauvais jeu.
El si l'brut d' chaîne qu'il ô, ii fai( on pau frusi,
I fait de mons bon cour so màiès jambe.
(SiMONON. Lispére. 1828.)
So mâlès jambe qu'on fasse bon cour,
Et so nosse compte, s'i vint s'impii,
Tusans ine manîre à nosse tour,
So s'compte ossi di nos d'verti.
(Fr. BAU.LEUX. Monsieu Samowe. Ch. 1843.)
Màlheureus'mint i m'fât fer bon cour so mâlès jambe et r'noncî â plaisir qui cisse
fiesse la m mâkreut nin di m' procurer. t- 4 ^c
(FoKiR. Lette à V confrairèye wallonte. 1861.)
'^AMUR. ji sèret sovint obligi do fer.
Comme on dit, bon cour su des mouaichès jambe.
(J. COLSON. One tournée do président de V République. Ch. 1862.)
Marche. h est bin timps mes pauvès hâme
Do fet bon cour so mouaissès jâme.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
Auvergne. Countre fortune boun cœur.
Provence. Countro marrido fourtouno boun cor.
(Camp. pop. prov. Bévue des langues romanes. 1881.)
720. I ravisse saint Amand, il a 1' cour so 1' main
LiTT. Il ressemble à saint Amand, il a le cœur sur la main
hst-ce un proverbe iconologique ? Ou a t-on tout simplement
ouo sur le nom de saint Amand, comme l'a fait l'auteur de
1 epitaphe suivante, qui se trouvait dans une église de Worms'^
199 -
Prœsul amavit oves proprias, et pavit Amandus ;
Idcirco superis seniper amandus eril.
Ille Deiim docuit ardenter Amandus amandum,
Et nobis igitur semper amandus erit.
Ne pas déguiser sa pensée, ses sentiments. (Littriî;.)
Pr. fr. — Avoir le cœur sur la main.
Cité par Forir. Dict.
Li mène joyeuse et l' même pinsêye es l' tiesse.
Nos estans v'nou po v' dire, li cour so 1' main,
Qui nos v' itèyans voste honneur et vosse pièce.
(G. Delarge. Hommage à M. Math. Grandjean. 1875.)
Ji vas vèyî m'grand'mére Tonton, ine vèye feumme qu'a l'coiir so l'main.
(Al. Pecleks. Mathi Bablame. Chansonnette. 1877.)
Namur. Ji voreûve qu'on fuche camarade,
Ji prinds grosse botèye à témoin,
Sins jamais fer des mascarade,
Vraie amitié, li cœur sus 1' moain.
(Wérotte. Li pèquèt. Chanson. 1867.)
Nivelles. Comme saint Aniand, c'est l'cceur su 1' main.
721 . 1 m' gottéve es cour.
LiTT. Il (cela) me gouttait dans le cœur.
J'en avais le pressentiment.
Être l'objet d'une inquiétude, d'un tourment. (Littré.)
Tenir au cœur.
Cité par Forir. f)ict.
C'est qu' gottéve es cour d' nosse Gamâ,
Qui r gouverneur estent "ne homme fà.
(J.-J. Hanson. Les Luxiade èx vera Ufjeoi.i. Ch. I. n83.)
Cisse mâle awei'ire là estcut bin Ion d' lî gotter es cour; ossi fout-i fel'mint
amaké d'ôre li greffî li ram hi 1' long babouyège di s' condamnation.
(G. Magnée. Li houlotte. 1871.)
Géra.
Coula m' goltévc es cour... enfin, vola... j'y sos.
(Ed. Hemouchamps. Les amour d'à Géra. I, se. 3. i875.)
JoDOiGNE. Ça m' gotteùve es l'àme.
722. Avii r cour comme on pan.
LiTT. Avoir le cœur comme un pain.
Avoir le cœur gros, oppressé.
723. Bon cour ni sâreiit minti.
LiTT. Bon cœur ne pourrait mentir.
— 200 —
Être franc et sincère, parler sans aucun déguisement être
bienveillant, serviable. — Cœur droit hait le mensonge. '
On dit aussi : Bon cour ni pout minti.
Li bon cuer ne puet mentir.
(Chronique de Jean d'Où Crémeuse. Livr. I. Xlle siècle.)
Cité par Forir. Dict.
Abèye tos les Condrosî
Corans lî fer fiesse.
Les Lîgeois po 1' bin fieslî
S'ont mettou foù d'foice.
Si n'esteint nin si poli,
Bon cour ni sàreut minti.
(Couplet dédié d comte di Mean, prince di Lige, pa les Condrosî. 1792.)
Madeleine.
Ainsi, c'est vos, Walter, qu'a sâvé 1' vèye à m' fi.
Walter.
C'est d'à meune comme d'à vosse, bon cour ni pout minti.
(Dehin. Cfidre et panâhe. (Les Chiroux et les Grignoux.) d846.)
On colon quéque fèye a bon cour.
Et bon cour ni sàreut minti.
(Baiuei'X. Li colon et l' frumihe. ISo-l.)
724. Avu r basse di cour.
LiTT. Avoir l'as de cœur.
Jeu de mots.
Être courageux.
Cité par Forir. Dict.
C'est qwand 1' dangî est tôt près
Qu'on veut l'ci qu'a 1' basse di cour.
(Fr. Bailleux. Li lion et V chesseu. Fâve. 4856 )
Nosfe homme n'aveut nin l' basse di cour, ossi n' fout-ce au'avou 1' noce es han»
qu'i s' nnda wisse qui les cren'quinî s' rassonlit. ^ "'
(G. Magnée. Li cren'qnini de prince âbbé diStâv'leû. 1871.)
. Ça cangea fote l'affaire,
La, I Cl qu n'aveut nin pus d' basse di coiir qu'on poyon
:^i tout pus a maistri, c'esteut on vraie lion.
(DD. Salue. Li Une et les raine. Fâve. 1877.)
Tatî.
Si ji n' mi rat'néve nin, ji v' sipatreu 1' buzaî.
Bièth'mé.
V n'avez nin 1' basse di cour, po fer ine keûre parèye.
(Ed. Bemouchamps. Tâti V perriqut. I, se. 7. 1888.)
moltc:-'^^'^'''^'^^"^^^^^^* durqii'eine inglemme de
Utt fv"iV 1 (Tournai.)
LITT. Avoir io cœur aussi dur qu'une enclume de maréchal
— 201 -
Être insensible aux grandes douleurs, avoir le cœur dur, ne
pas compatir au malheur d'autrui.
Tournai. Je l' conneos, malgré ses belles parole, i a l' cœur oussi dur qu'eine
inglemme de marissieau.
(Pierre Brunehault. (Leroy). Ein ménnclie dC francx paiife. Sc. G. 1891.)
Var. Jodoigne. Oyeu ostant d' cœur qu'onc vie savatte.
COGNÉE.
7':26 Hachî à l'cougnèye.
LiTT. Hacher à la cognée.
Se dit d'un ouvrage de main, qui est grossièrement fait ; d'un
ouvrage d'esprit mal fait, mal tourné ; d'un homme mal fait,
mal bâti. (Acad.)
Pr. fr. — Gela est fait à la serpe.
Saint-Quentin. Ch'est mi qu' j'ai composé l'cainchon,
Mi ch'bouquiyon d'chès bos d'Orlon.
A cueups d'serpe all'est faite,
Ein r voit bien.
Mais gn'i-a cœre bien d'z'eutes biêtes :
Vous m'einteindez bien.
(GosSEU. Lettres picardes. 18iS.)
Var. Lille. Faire à la grosse morbleute.
(Yermesse. Vocabulaire du patois lillois. 1861.)
727. I n'fât nin taper l' manche après rcoiignèye.
LiTT. II ne faut pas jeter le manche après la cognée.
Se rebuter, abandonner totalement une affaire, une entre-
prise, par chagrin, par dégoût, par découragement. (Acad.)
Pr. fr. — Jeter le manche api^ès la cognée.
Cité par Forir. Dict.
Marche Ni tappe nin 1' manche après l' cougnèye.
Namur. Taper 1' manche après 1' hachette.
Jodoigne. Taper 1' manche après 1' coûtia, ou 1' cougnie.
Var. Ferrières. l n' fàt nin èvoyî 1' ràvc après 1' houvion.
728. Aller â bois sins cougnèye.
LiTT. Aller au bois sans cognée.
Entreprendre quelque chose sans se munir de ce qui est
nécessaire pour réussir. (Acad.)
Pr. fr. — .Aller au bois sans cognée.
Voir le proverbe suivant.
729. Mette li cougnèye à l'âbe.
LiTT. Mettre la cognée à l'arbre.
Commencer une entreprise. (Acad.)
Pr. fr. — Mettre la cognée à l'arbre.
- 202 -
Jaspà, qwand vos in'hanlîz vos il'viz fer des mohe à deux cou. Si v' n'avez nin s'tu
à bois sins cougnèye, ji poux dire qui v's avez à pône mettou l' couj^néye à Tàbe.
(Remacle. Dict.)
Allons, boutans V cougnèye. Cette expression s'emploie
souvent dans les campagnes avant de commencer un ouvrage
(juelconque. C'est une espèce de bénédicilé comme le: alla-
quivis mes èfanl.
COIFFE.
730. • Totes les gâmelte
Ont leii cowette.
LiTT. Toutes les coiffes
Ont leur cordon.
Toutes les actions ont leurs conséquences ; se dit surtout en
mauvaise part, lorsque les suites n'ont pas été heureuses.
COLLER.
731. 1 plaque comme hârpihe.
LiTT. Il colle comme poix.
C'est un imposteur ; il s'impose ; on ne peut s'en débarrasser.
Chassez-le par la porte, il rentrera par la fenêtre.
Pr. fr. — Cela lient comme poix.
Se dit d'une chose qui tient fortement à une autre.
(Poitevin.)
Ses noùvès hâre so s'coirps èlique
Plaket co pf'- qui dé l'hàrpique.
(Gérard. On halcoti de grand monde. 1890.)
73'2. I va plaqiiî âx coisse.
Lut. Il va coller aux côtes.
Il va faire chaud. — Nous allons avoir une fière alerte.
I va plaquî àx coisse.
(Remouchajips. Li sav'ti. Acte 2, se. 4. 1858.)
733. Ine bonne, cisse-lalle : plaquîz-le â meûr.
LiTT. Une bonne, celle-là : collez-la au mur.
Voilà un trait plaisant, une chose incroyable ; cela mériterait
d'être affiché.
Pr. fr. — En voilà une colle ; parce qu'une attrape est
comparée à une chose qui colle. (Littré.)
TiTINE.
Elle a ITive di lessaî.
BOUHON.
Cisse-lalle, j"el claw'ret à meùr.
(Demoulin. On pèkon d'avri. Se. 1. 1865.)
— 2Uo —
Jacques.
Enne a qu'ont nions soffri qui l'église rilive saint.
TOSSAINT.
Plaquans cicial à meùr.
(DD. Salme. lue feurnme qu'cnuès vât deux. Sc. d4. 4876.)
Namur. C'est loye (C(?rès) qui fait tôt pousser dins les terre et les jardin ; quand
i li plait les année sont bonne ou mouaiche. — Clawez c't elle la su l'incûr dé
grègne.
{^Li mitologie. La Marmite, Gazette. 1884.)
Charleroi. Argan.
Je n' l'èvôyerai né dins in couvint ?
TOINETTE.
Non.
Argan.
Non ? Eh bin c't-elle aile, on poul Tclapper au mur !
(h. Bernus. U malade Saitii-Thibau I, se. 5. 4876.)
JoDOiGNE. One roitte cisse lalle plaquîz-le à l' meraille.
COLOMBOPHILE.
734. Jône colèbeii,
Vi bribeii ;
Yî colèbeu,
Vî gueux.
LiTT. Jeune amateur de pigeons,
Vieux mendiant ;
Viel amateur de pigeons,
Vieux gueux.
N. B. Les amateurs de pigeons (voyageurs), très nombreux
dans le pays de Liège, dépensent beaucoup d'argent en paris,
etc. On en a vu négliger entièrement leurs aflaires pour se
livrer à leur coûteux passe-temps.
On a souvent appliqué la même réflexion morale aux bracon-
niers, etc.; au lieu de colèbeu, on dit parfois : pèheu, tuuieu,
chesaeu, etc.
Stavelot. Jône chesseur, vi bribeur.
Halhedy. Jone musicien, june monsieu.
VI musicien, vi bribeur.
MoKS. Tindeu, cacheu, peskieu,
Tois mestier d'gueux.
(Sigart. Dtct. 1870.)
Picardie. Cacheux, pèkeux, tendeux,
Trois métiers d'gueux.
(C.ORHLET. fj'/o.W. 18o1.)
Metz. Ne sayveuye met l'dictum, jannc chcssou, viel hrihou.
(Flippe Miton.no. Comédie. 1848.)
— 204
COMMENCEMENT.
735. Té k'minc'mint, telle fin.
LiTT. Tel commencement, telle fin.
En général une chose finit comme elle a commencé.
Cf. On récolle ce qu'on a semé.
GiRA.
A pus bai qu'on s'allëve peîgnî,
On-z-a fait l'pâye, tôt est roûvî;
Mais n'avôreùt-i nin bin,
Comme on dit té k'minc'mint, telle fin.
(De Cahtier, Fabry, etc. Li voyége di Clumdfontaine. III, se. l""*!. 1757.)
Pr. contr. : Non eodem cursu respondent uUlma primis.
Kar le comancement
E le finiment
Ne se acordent mie.
(Distiques de Dyonisius Cato. En latin et vers français du XIII* siècle. —
Leroux de Lincy.)
JoDOiGNE. Feneu comme on a k'mincî.
Basse-Allemagne. — Wie der Anfang, so das Ende.
COMPAGNIE.
736. C'est-st-on violon d'vins 'ne kipagnèye.
LiTT. C'est un violon dans une société.
C'est un homme fort amusant, qui plaît en société par ses
saillies, ses chants, ses bons mots.
Cité par Forir. Dict.
C'est-st-on violon d'vins 'ne kipagnèye,
I n'est nin biesse, il a d' l'esprit ;
Qwand i jowe ses p'titès fraîrèye
On n'pout aut'mint qu'di s'rèjoui.
[Paxquéye po l' réception d' M. De Hervé, à l'keûre di N. D. Axfont. -1789.)
Var. Nivelles. Jean passéve pou 1' violon dins tous les cabaret,
A r danse, i dirigève valse, polka, minuet.
(M. Renard. Les aient, de Jean d'Nivelles. Ch. I. 4837. l'e éd.)
737. N'aveûr jamais su k'pagnî plène. (Malmedy.)
LiTT. N'avoir jamais sa compagnie pleine.
N'être jamais content de ce que l'on a.
{Armanaque wallon do VSaméne. 4886.)
738. 1 vât mî d'esse toi seu qu'es mâle kipagnèye.
LiTT. Il vaut mieux être tout seul qu'en mauvaise compagnie.
Il faut éviter la société des méchants.
— 205 —
Pr. fr. — Il vaut mieux être seul qu'en mauvaise compagnie.
Cf. Lafontaine L'ours et l'amateur de jardins.
MoNs. I vaut mieux elle tout seu qu'in mauvaise compagnie
(LetellI£R. L'ourx éié V jardinier. Armonaque dé Mons. iSoS.)
COMPLIMENT.
739. C'esl-st-on compliiminl frisé so'ne savatte.
LiTT. C'est un compliment irisé sur une savate.
Cela ressemble à un compliment, mais c'est une ironie, une
méchanceté. Ce sont des paroles désobligeantes.
740. Des complemint, ça n'est ni coursabe.
(JODOIGNE.)
LiTT. Des compliments, cela n'est pas coursable.
Se dit quand on attend un pourboire en récompense d'un
service, et qu'on ne reçoit qu'un remercîu;ent.
COMPTE.
741. Cliaskeunc si compte, li diale n'àret rin.
LiTT. Chacun son compte, le diable n'aura rien.
Quand une affaire se règle en toute justice, le diable seul n'y
trouve pas son compte.
Il faut que chacun ait ce qui lui revient. (Littré.)
Pr. fr. - Chacun son compte.
Var. Jodoigne. Chacun s' compte c'est ré d' trop, disteut l' ligois.
742 Les bons compte fet les bons ami.
LiTT. Les bons comptes font les bons amis.
On ne peut être ami sans garder la foi et la justice les uns
aux autres. (Littré.)
Pr. fr. — Les bons comptes font les bons amis.
Cité par Forir bict.
Suzanne.
à quoi deûs-je l'honneur di vosse visite ?
MO.NSEUR.
A 1' couse de limps qui fait qui 1' meus 'nnès va foirt vile.
Et â spot : les bons compte fet les bons ami.
(Th. Collette. Ine vinglnce. I, se. ^.^8^8.)
Var. Verviers. Bon payeu plaît, lot l' monde l'aime ;
Qui n' compte nin su trompe lu-même.
(J.-S. Renier. Spots rimes. 1871 )
Var. Stavelot. Erreur ni fait nin compte.
MoNS. J'ai accepté et j' li ai bayé quittance. Ainsi tout est dit; lés bons compte
font lés bons amisse.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1853.)
— ^20G —
743. Coula et rin c'est l'compte.
LiTT. Gela et rien c'est le compte.
Ce que vous avez fait, ce que vous avez dit, est insignifiant.
Variante. Avou çouia et deux censé, vos îrez beùre ine gotte.
Var.'Jodoigne. Avou ça et qwatte censé on a on verre de blanche.
Var. Tournai. Cha et deux liard vous arez eine belle tindue au boulanger.
744. On n' rind nin ses compte à tôt 1' monde.
(Stavelot.)
LiTT. On ne rend pas ses comptes à tout le monde.
La discrétion est louable ; on ne doit pas mettre tout le
monde au courant de ses affaires.
COMPTER.
745. Ni comptans mâye qui sor nos.
LiTT. Ne comptons jamais que sur nous.
Ni comptans jamàye qui sor nos,
Dit on vî spot.
(Dehin. L'âlouetle et ses jône et Pmaîsse de champ. Fâve. -18S2.)
Var. Verviers. Quî vout .sîre pauhule so s'hamme
Fait bon compte et d'meûre bon hamme.
(J.-S. Renier. Spots rimes. i871.)
Basse-Allemagne. — Seibst ist der Mann.
746. Quî compte so les soler d'on moirt, court
risse di roter longtimps tôt d'hâ.
LiTT. Celui qui compte sur les souliers d'un mort, court
risque de marcher longtemps tout déchaussé.
Ne comptons pas sur l'héritage d'autrui.
Variante. L'ci qui vout roter d'vins les soler d'on moirt, court risse de roter
tote si vèye pid d'hà.
Et l'on a le temps d'avoir les dents longues, lorsqu'on attend
pour vivre le trépas de quelqu'un.
(Molière. Le médecin malgré lui. Il, se. 2.)
747. Quî compte tôt seû, pout compter deux fèye.
LiTT. Celui qui compte tout seul, peut compter deux fois.
On se trompe ordinairement quand on compte sans celui qui
a intérêt à l'aflaire, quand on espère ou qu'on promet une chose
qui ne dépend pas ;ibsolument de nous. (Agad.)
Pr. fr. — Qui compte sans son hôte, compte deux fois. — Il
ne faut pas compter sans son hôte.
— 207 —
Thérèse.
C'est-st-on màva calcul, on compte sovint deux fèyc
Dit-sl-onk di nos vîx spol, qwand c'est qu'on l'fail toi seu.
(DD. Salme. Ine feuiimie qu'enuès vdi deux. Se. 4. ^87().)
Variante. Joyeuse qui fdve si bin 1' fignon
Conte mi si ralia di s' batte,
On bresse, ine jambe coniptéve m'abatte,
I compta sins si bote vos l' savez.
(Hanson. /.( lliuriade truvestéije Ch. III. 1780.)
Var. Verviers. L' maîsse d'auberge tùse d'one manire,
El d'one aule, fait l'etringlr.
(J.-S. Renier. Spots rimes. -1871.)
Marcue. Baquatho.
Chaque côp qui j'allans à l' pèche
Ji v'ians ^'obet des saumon.
I n'nos vint qu' des p'tits gueùvion
Qui nos d' rint co liet crèche.
Et pus on r'vint d'iez 1' feu,
Ca r pus sovint on z'est frèche ,
Et pus on r'vint d'Iez l'feu,
Pasqu'on-z-a complet toi seu.
(Alexandre. Li péchon d'avril. Ad. IV, se. 15. 18S8.)
Marche. Mais qui compte lot seu, compte deux côp,
El s' trouve à l' lin in brodiù.
(Alexandre. F tic corti. 1800.)
Namur. Fuchiz manant, baron ou comte,
Qui tôt seu compte, est bin Ion d' compte.
(Wérotte. Li leup et i chin. Fàve. \SCû. 4» éd.)
Var. Namur. Quand on compte, sovint on discomple.
Qui compte lot seu, compte bin sovint sins s' bôse.
Metz. Ma, j' conte peut-ête sans m' note, la trasevariciouse
Eulle n'est ouarte deume tant d'né
(Flippe Mitonno. Comc'dic. 1848.)
Auvergne. Dieu sçot cha, s'en baltrot la fesso,
A l'ost coumpla sens soun hôtesse,
A pourriot payer char l'eiquot.
(Faucon. Im Hcnriade de Voltaire., eu vers burlesques auvergnats. Ch. VIII. 1798.)
748. 1 poul bin compter (jwinze.
LiTT. Il peut bien compter quinze.
Il échouera, qu'il en soit persuadé. (Forir. />/«.)
Var. Namur. Compte là d'sus et boit d'iaîwe.
749. Vos dîrîz qu'i n' savahe compter treus.
L.ITT. Vous croiriez qu'il ne saurait compter (jusqu'à) trois.
A le voir, vous le prendriez pour un niais.
Cité par Forir. Uict.
Vos dîrîz qu'i n' sc'pe compter Ireus,
El c'est pé qu'on vî procureu.
{Paaquèye entre Houbiet et Piron so les trouble de /' magistrature en 1677. 1684.)
— 208 —
Tonton.
A vraie, à s' viaîre on direii
Qu'i n's(H iiin seûlrniiil compter Ireus.
(De Hahi-ET, De ("-artieu, De Yivahio, Fabry. Li votiège di Chaud fontaine.
III, se. !'•«. 1737.)
Variante. Vos avez lodi l'air di n'savu compter qwinze.
(M. Thiry. Inecope di grandiveux. 1859.)
Victor.
Vos dîrlz ine bèguenne qu'à paou de d'viser.
Babette.
Vos diriz on bâbo qui n'sèpe nin treus compter.
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gèrâ. II, sc. 13. ■1875.)
Spa. One hamme quu n'a d'vins V tiesse quu maule et méchante keûre
N'est mauye aimd d'nollu, mais i sét faustiner,
A l'vèye, c'esl-st-on mouton qui n'sdt nin treus compter.
(Poulet, /.'iwurî, satire. 1866.)
Jalhay. Garitte.
El Majenne donc, qu'aveut l'air du n'savu treus compter, nu vàt nin mî qu'Iu.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. 14. 1862.)
750. Compte les caur, après t'cont'ret tes raison.
(JODOIGNE.)
LiTT. Compte ton argent, après tu diras tes raisons,
liaisons d'abord le principal, puis après nous pourrons nous
expliquer.
GONDAiMNER.
751. Il a s'tu condamné plaque qui zake.
LiTT. Il a été condamné immédiatement.
Gela n'a pas fait un pli.
CONFESSION.
752. Fâle dé jàser, on moûrt sins k'fession.
I.iTT. Faute de parler, on meurt sans confession.
Nous ne devons pas espérer qu'on satisfasse à nos désirs si
nous les laissons ignorer.
Cité par Forir. Dict.
Bare.
Fàte de parler, on moûrt sins k'fession, monsieu 1' mouwal.
(Willem et Bauwens. Li ijalnnt d'à Fifiiie. Sc. 5. 1882.)
Paul.
Sins parler, on moûrt sins k'fession ; nona, vos n'nos qwitlrez nin ainsi.
(DD. Salme. Mononke Joseph. Sc. 31. 1884.)
Marche. Qwand on t' rotte su 1' pîd, dit 1' raison,
Piaule do paurler, t'mours sins k'fession.
(Alexandre. P'tit coni, 1860.)
Namur. Faute di parole, on moûrt sins cofession.
— 209 —
753. On 11 donreiil 1' bon Diii si'ns k'fession.
LiTT. On lui donnerait le bon Dieu sans confession.
Se dit des personnes qui, par leurs dehors ou leur réputation,
inspirent une entière confiance. (Littrk.)
Pr. fr. — On lui donnerait le bon Dieu sans confession.
S'emploie presque toujours ironiquement.
TiTINE.
Vos li donrî l'bon Diu, sins qu'il allasse à k'fesse.
(H.-J. Tous&.\iNT. Jcm'nense. I, se. i'«. d890.)
Namur. Les feumme sont d' douce haleine, vos l's y donn'rîz l' bon Dièt
sins cofession.
[Aurmonaque de V Marmite. Prédiction. 1887.)
Charleroi. J'ai vu qu' les gins qui vont tous lesjoû à confesse.
In gros live d'sous leu bras, qui sont toudi à messe,
Dins no proverbe comme nos 1' disons,
A qui c' qu'on donn'ret bin l'bon Diu sins confession.
(L. Bernus. U coq, r chat eiet Vjône de sort. Faufe. 1873.)
CONFIER.
754. Tôt çou qu' vos lî conlyî court à 1' rom'donne.
LiTT. Tout ce que vous lui confiez court (s'en va) à la file.
C'est un indiscret.
CONFRÉRIE.
755. Si mette es l' grande confrêrèye.
LiTT. Se mettre dans la i^rande confrérie.
Se marier
Pr. fr. — S'enrôler dans la grande confrérie.
Ceux que l'hymen fait de la confrérie
(Lafontaine.)
En tout cas, ce qui peut m'ûter ma fâcherie,
C'est que je ne suis pas seul de ma confrérie.
(Molière. Sgauarcllc. Se. i~.)
Qwand j' dis coinne, vos m'èlindez bin,
Ca ji n' ses nin positiv'mint
S'il esteut di; 1' grande confrêrèye
Dont on-z-esl qwand c'est qu'on s'marôye.
(J.-J. Hanson. Li llimiade traveslèye. Ch. III. 1780.)
Ossi j'a i'coùr toi contint, lot joyeux.
Tôt loukanl eial nos deux jônes amoureux
Qu'inlret divins {'grande confrèrîjye.
(Fu. Bailleux. Chanson de noce. 1863.)
14
210
Servas.
Mais, Tonelle, loukîz îi vos, ini fîfant, ca qwand on inteùre es 1' g;rande con-
frêK-yo, c'est po longlimps, et puis comme dit 1' chanson :
J'ennès k'nohe qui n'fet qu'di s'bro^nî,
Qui s'toùrmettet rin qu'po 'ne biestrèye,
* Des par^ye divet s'annoyî
Tôt màdihant l'grande confrêrèye.
(Brahy. Li bouquet. II, se. 2. 4878.)
Namur. Adiet totes mes folie
J'interre dins l'confrêrie.
(BOSRET. Li bouquet de Vmariée. {Li bia bouquet. Ch. dSSS.)
Var. Tournai. Être à l'abbaye d' l'attrape.
CONNAÎTRE.
756. Vos 1' kinoliez, vos l'avez vèyoïi chîr.
LiTT. Vous le connaissez, vous l'avez vu chier.
\ DUS avez vécu dans son inlimité.
CONSEILLEUR.
757. Les consieu n' sont nin les payeu.
LiTT. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Il est plus facile de conseiller que de payer. Celui qui
conseille ne paye point des fautes qu'il peut faire commettre.
Se dit à ceux qui s'ingèrent de donner des conseils, pour
leur fîiire entendre qu'ils ne doivent point en donner, ou qu'ils
ont tort d'en donner. (A.cad.)
Pr. fr. — Ici les conseillers n'ont point de gages.
Conseilleurs ne sont pas payeurs.
(Leroux de Lincy.)
Cité par Forir. Dict.
N'a-t-on mèsâhe qui d'on consieu ?
I gn'a-t-à gin d'vins chaque mohonne.
Mais fàt-i trover on payeu ?
I n'y a tôt d'on côp pus personne.
(Bailleux. Comèye tinou par les rat. Fâve. 4851.)
Vervieî'.s. Et v'ià trêt-six côsèye qui lî plovît so l'tiesse;
Qui v'sorvegne quoi qui c'seùye, vos trovez des côsieu ;
Mais sov'néve de vî spot : i n'sont nin les payeu.
(Poulet. Lifoyan èterré. 1839.)
CiiARLEROi. Si on choûte les gins, souvent les consèyeu.
Comme nos d'sons, c' n'est né les payeu.
(L. Bernus. Li r'nau éiél l'bouc. Faufe. 1873.)
JoDOiCNE. Les consèyeu n'sont ni todeu les payeu.
— '211 —
Picardie. Chés conseyeu
Et chés payeu
Cha fait deux.
(CORBLET. Gloss. 18S1.)
Saint-Quentin. Oliés conseyeux y n' sont pau chés payeux.
Provence. Qui coMnselho page pa.
(CoMP. POP. PROV. Revue des langues romanes. 4881.)
CONTE.
758. Raconter des boignes message.
LiTT. Raconter des contes borgnes.
Contes de bonne femme, de vieille, d'enfunts, de ma mère
VOic: conte de Peau d'une, conte bleu, conte borgne, locutions
diverses qui se disent de fables ridicules et dépourvues de toute
vraisemblance, telles que celles dont les vieilles gens entre-
tiennent et amusent les enfants. (Agad.)
Elle vis annôye ine heure aveu ses boignes messège;
Qu'a-j' ju mèsàhe dé k'nohe ses affaire di manège,
Ses histoire di voleiir, les promesse di s' parrain?
(Delchef. IJ galant de l' sier vante. I, se. 2. -ISoT.)
Crespin.
Ah ! ha ! qu'ont dit les gins po 1' paire di riss'mèlège?
Tatenne.
Ah ! fré, qu'àrit-i dit? Totes sur di boignes messège.
(Hemouciiamps. Li sav'ti. Acte I, se, 2. 1858.)
Coula n" l'espêchlve nin de fer pinde si visège,
A r'tour, et de quoiri so toi, des boignes messège.
(Thiry. Moirt di Voctroi. 1801.)
Il aspita co 'ne féye es botique et arraina l' paîss'lî toi kikètant, i li fa ji n' ses pus
que boignc messège.
(G. Magnée. Baltrî. 1865.)
7o9. Raconte li conte et n'allonge nin trop.
(iNaMUR.)
LiTT. lîaconte ton histoire et n'allonge pas trop.
Ne sois pas prolixe, que ce soit vite lini.
CONTENT.
700. L'cinque qui n'est nin contint, qu'i r'prinde
si argint. (Namuh.)
LiTT. Que celui qui n'est pas content reprenne son argent.
Imitation des boniments débités aux foires.
— 212 —
761. L' cinque qui n'est nin contint sus l' terre n'a
qu'a moussî d' dins. (INâmuh.)
LiTT. Celui qui n'est pas content sur la terre n'a qu'à entrer
dedans.
Expression qu'on adresse à celui qui se plaint de tout
et toujours.
CONTENTEMENT.
76^. Contint'mint passe richesse.
LiTT. Contentement passe richesse.
Mieux vaut être pauvre et content que riche et tourmenté
d'inquiétudes. (Agad )
Pr. ir. — Contentement passe richesse. — Il est riche qui
est content
Cité par Forir. Dict.
On-za lofer dit qui l' richesse
Ni valéve nin li contint'mint,
Eh bin ! ci spot là n'est nin biesse,
Ça j'os vous r prouve à toi moumint.
(DD. Salme. Vhéritège d'à Jacques Leduc. Ch. 1875.)
Ji fais m' possibe po m' mette es l' liesse
Qui r contint'mint passe li richesse,
Mais ji n' poux nin m' passer d' songî
Qui l's aveiîr essônne vâl co mi.
(H. Olivier. Rimai. 4890.)
Var. Namur. Li pus riche, c'est l'cia.
Qu'est contint dé c' qu'il a.
Marche.
Baquatro.
L'amour, qui rit au savant,
Sovint lî préfère one biesse.
Matin ! qud vilain jeu !
Contint'mint passe richesse;
Matin ! que vilain jeu
D'esse plantet là lot seu.
(Alexandre. Li pèckon d'avril. IV, se. 1o. 1858.)
Charleroi. Stichel vous bin lertous dins l'tiesse.
Qui r contint'mint passe el richesse.
(L. Bernus. L'arpagon eiet V sav'ti. Fauve. 1873.)
BoiiiNAGE. Que r liberté, avé s' mère l'égalité, éié s' fie l' fraternité vos baye
toute sorte de joie, de prospérité éié d' contint'mint qui passe richesse.
{Armonac du borinage in patois borain. 1849.)
MoNS. Tachons d' nos conlinter d' no sort,
Les ospépieu ont toudi tort.
(Letellier. Arm. dé Mons. !867.)
— 213 —
LnxE. Nous s'avons donc mis d' promesse,
San' avoir vingt sus vaillant;
Mais l'continl'raint pass' richesse,
Nous somm' gais comm' des ci-devant.
(DesrOUSSEAUX. Chaus. lilloise. 1834.)
Basse-Alle.m. — Zufriedenheit ist besser als Reichsthum.
GOiNTENTER.
763. On n' sâreiit fer plaisir sins cliscomoder.
(Stâvelot.)
LiTT. On ne saurait contenter (quelqu'un) sans déplaire
(à d'autres).
Le plaisir que l'on procure à quelqu'un peut faire envie ou
déplaire à une autre personne.
CONVENIR.
764. On s' vàt bin, qu'on n' si dût iiin.
LiTT. On se vaut bien, qu'on ne se convient pas.
L'égalité dans les fortunes ou les conditions ne fait pas que
les caractères synnpathisenl.
COPEAU.
765. On n' sâreut liachî sins fer des estalle.
LiTT. On ne saurait hacher sans faire des copeaux.
On ne peut faire une affaire sans en subir les conséquences.
— On ne fait pas la guerre sans répandre du sang.
Pr. fr. — On ne saurait faire une omelette sans casser des
œufs.
Jamin.
Pomain quand on fir tôt si poiché
I gn' a des blessî et des moirt
A coula on k'tèye à foirt,
On k" hache li cliàr ainsi qu'es l'halle.
Stasquin.
Ti n'sàreus chepler sins estalle.
(Lambert Hou.gngne. Eutrejeiu dex paysans. IBSi. B* et D' Recueil.)
Cité par Forir. Dlct.
JoDOiGNE. On n'sarot raboter sins fer des scrolle.
COQ.
766. Ksse comme on coq so si ancinî.
LiTT. Être comme un coq sur son fumier.
Se dit d'un homme qui se prévaut de ce qu'il est dans un
lieu où il a de l'avantage. (AcAn.)
Pr. fr. — Hardi comme un coq sur son fumier.
— 214 —
Mi parrain, restant à Vervi
Comme on coq so si ancinî,
Volc^ve tos costd dominer,
Çou qui n' plaîhîve wère à ses fré.
{Paskèye faite à Voccnsinn de jubilé d'cloin Bernard Godin, abbt'. 1764.)
Et, comme li coq so si ancini
* ' Si balte sins rescouler (l'on p'ui,
I s'battrît tant qu'i rindrît l'ùme.
(Fr. Bailleux. Udrinéye à T Tidtion belijc. Ch. 1862.)
Variante. Les coq sont foirt so leu champihège.
Marche. Es s'cuhenne on lait on cug'nî
Comme on coq dissus.s-t-ancinî.
(Alexandre. P'tit corii. 1860.)
Namur. On coq est maîsse su-s't-incennî.
JoDOiGNE. Il est vergogaî comme on coq seu-s't-ancenî.
767. Coq marié pielte ses sporon. (Jodoigne.)
LiTT. Ld coq marié perd ses éperons.
On ne doit se marier qu'une fois.
768. On bon coq n'est mâye cràs.
LiTT. Un bon coq n'est jamais gras.
Les passions trop ardentes empêchent d'engraisser.
Quand je suis près do ma belle,
Ou je n'ay point de repos.
Je l'oy touïjours qui m'appelle
Maigreschine ou Maigredos.
Mais la simple ne sait pas
Qu'un bon coq n'est jamais gras.
(Le nouveau entretien des bonnes compagnies, ou le recueil des plus belles
chansons à danser et à boire. Paris. 1635.)
7G9. 1 n'fàt nin deux coq so ine ancinî.
LiTT. 11 ne faut pas deux coqs sur un (même) fumier.
11 ne faut pas deux maîtres dans une maison. — II ne faut
pas deux individus pour occuper une même fonction. — Dans
toute administration, il ne doit y avoir qu'un chef. Homère a
déjà exprimé très nettement la même pensée : es.; xoipavoç ea^w
e'.ç |jag-',)xeu<;.
Mâye deux coq so ine ancinî,
Ni polel s'sinli ni s'vèyî.
Deux coqs sur le môme fumier,
Sont toujours à se batailler.
(Math. Laensbergh. 1810.)
770. Divant de v'ni à l)èche, les coq si pitet.
LiTT. Avant de venir au bec, les coqs se donnent des coups
de patte.
- -215 —
On commence par des coups d'épingle, et on finit par un
combat en règle.
COQUEMAR.
771. Elle âret l'coqu'mâr de curé.
LiTT. l'^Ile aura le coquemar du curé.
Se dit d'une jeune fille vertueuse.
On raconte qu'un curé de campagne promit un jour de faire
cadeau d'un coquemar à la première jeune fille qui se présen-
terait pour être mariée, sans être enceinte. On dit que le curé
n'a jamais eu occasion de tenir sa promesse.
Les jônès gins, d'vins leu hanlrèye,
Ni pàrlet màye di calinVi-ye,
Et qwand i s' vont marier,
Les vî s'accoplet po les k'dùre
Tôt s'dihant nos èfant vont r'çûre
Li coqu'màr de curé.
(G. Dklarge. Livèye et Vcampagne. 186t).)
Chanchet.
J'a même sogne d'ine saquoi, s'cile si marèye pus lard,
Jamâye elle ni wois'ret aller r'clamer s' coqu'màr.
(Toussaint. Hinriei Dadite. III, se. 7. i87i.)
Marèye.
Qwand j' monta l' maison d'vèye,
A r coqu'màr j'aveus dreut.
Pierre.
Raison d'pus, belle Marèye,
Foii de sti, d'nez-m'on peus.
(Al-. l'ECLERS. Li comèije de Vmatante. Se. 8. 1877.)
Jalhay. Thiodùre.
Duho7.-me on pau, quoiqu'on v' tunahe à gogne,
Su, do curé, vos ave gongnî 1' chaudron.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 9. ISG-l.)
Var. Dînant. Maurtin.
Eh l)in, m' fcye, ti n' risquée rin do poirtet la vierge.
(V. CoLLARD. Li (indrie à Vainouretie. II, se. 9. 1890.)
Naguère encore, dans nos campagnes, les jeunes filles d'une
conduite irréprochable avaient le privilège de porter la statue
de la vierge à la procession.
COR.
77^2. Qwand inc aguèce lia^ne, c'est sègne di plaîve.
LiTT. OuanJ un cur vau.s dtMnani^e, c'est signe de pluie.
Certaines incommodili:'s subissent les infiuences du temps.
— 216 —
CORDE.
77^1 Qwand on-z-est marié, i fàt qu'on sèche los
les deux à l' même coide.
LiTT. Quand on est marié, il faut qu'on tire tous deux à la
môme copde.
11 faut s'entendre, agir de concert dans l'intérêt commun.
(ACAD.)
On dit fig. : Tirer sur la même corde.
Cité par Forir. Di't.
Portant i fàt bin qu'on s'accoide
Les baron, les bolgî.
Les scrieu, les coip'hî
I fàt bin qu'i sèchesse à 1' même coide.
(Alcide Pryor. Li gâr civique. 1860.)
C'esl-st-à respect d'çoula qui l' grand mayeùr et les chènône di St-Màrtin s'mettîl
essônle po sèchi à Tmêine coide.
(G. Magnée. Li houlotte. 1871.)
TONETTE.
Il est vraie qu'i fait chîr viker,.. . mais qwand on s'aime bin, on sèche tos les
deu.x à rmême coide, et l' balai avance todi.
(Brahy. Li bouquet. II, se. 14. 1878 )
Vermebs- Nos tirrans à l'même coite
Tos les deux d'nos pus foirt,
P'assèchi nosse crosselte,
Loyî l'pauyc et l'accoird.
(M. Pire. Lu galant d'à Nanesse. 1884.)
774. Avu de 1' coide di pindou.
LiTT. Avoir de la corde de pendu.
Se dit d'un homme qui gagne beaucoup, qui gagne toujours
au jeu, ou qui se tire heureusement des entreprises les plus
hasardeuses. (Acad.)
Pr. fr. — Il a de la corde de pendu dans sa poche.
Sur cette vieille superstition : V. Quitard. Dicl. des pro-
verbes. Paris 1842, p. 590 et suiv.
Cité par Forir. Dict.
Vos avez l'pàcolet ou de 1' coide di pindou,
Vos v's assîrîz so l'feu sins v' fer 'ne clokette à cou.
(Thiry. Ine copenne ao l' manège. 1858.)
Géra.
Li tapeuse di cwàrjeu m'aveut lot Tmôme prév'nou
Qui j'àreus dé bonheur avou l'coide di pindou.
(Ed. Remoiichamps. Le.s amour d'à Géra. II, se. 15. 1885.)
Verviers. Divins des s'fails manège, si l'bonheùr est-st-assiou.
C'est qu on-z-y waude po sûr, on pîd d' coide di pindou.
(J.-S. IlENiEii. Li ruohonne à deux face. Se. 4. 1873.)
— -217 —
Beauraing, Ji n'vis wère des maçoti qui rolet à caroche,
Et, sins l'coide di pindu qui v's avez es vosse poche,
Vos n'âriz nin bâti.
(Vermer. Le.i solée. 1862.)
775. Ayu pus d'ine coicle à si air.
LiTT. Avoir plus d'une coiMe à son arc.
Avoir plusieurs ressources ; avoir plusieurs moyens de
réussir, d'arriver à ses fins. (Littré.)
Pr. fr. — Avoir plusieurs cordes à son arc.
Jihan (c'est l'iio d'nosse cren'quini) aveut po s'kichèvî pus d'ine coide à si air.
(G. Magnée. Li creu'quini de prince Abbé di Stdv'leû. 18G7.)
Var. Tournai. Que n'a qu'eine corle à s'n arc, n'peul janiés tirer leong.
776. I n' vât nin 1' coide po l' pinde.
LiTT. Il ne vaut pas la corde pour le pendre.
Il est méchant, mauvais, vicieux, il n'est bon à rien.
Mayon.
Vos estez trop foirsôlé, vos.... vos vorîz strônner l'poye sins l'fer braire ; tos ces
plafonneux la n' valet nin 1' coide po les pinde.
'Demoulin. Ji vaux., ji n'poux. I, se. 8. 1838.)
Babette.
Jàsez 'ne miette pus bas, paou qu'on n' vis ètinde.
Géra à part).
Canaye, vos n' valez nin li coide qu'i fàt po v' pinde.
(Ed. RemouCHAMPS. [.ex amour d'à Gèrà. II, se. 9. 187o.)
MoNs. S'il a quèque fois des gueuses de femme qui vos f riont bé fouttc vo liette
au mur, il a co pus souvint des canailles d'homme qui n' vaurriont nié co 1' corde
qu'on les pindroî avec !
(Letellier. Armonaque dé Mom. 1879.)
777. A bon mestré n'iî fàt qu'ine coide.
LiTT. A bon ménétrier, il ne faut qu'une corde.
Il n'est besoin que d'un outil pour qu'uti bon ouvrier exécute
certaines choses.
A c'ste heure, es 1' halle, i n'y a qu' por zcl
Tote li chèrèye divant les grd,
Divant Noùvice (') 1' pus assuré
Ou à Saint Gilles, avou des lette
A bon mestré n' li fàt qu'ine coide.
{Pasquinade entre Houbiet et Piron au sujet des troubles mafjistralles, vers 1677.)
i/auleur avait pressenti Paptanini.
•) Les exécutions capitales avaient lieu à Liégo, sur le marché, près de la rue
Neuvicc et les pendaisons, dans les grands champs de Si-Gilles.
- 218 —
778. S' mette li coide es hatraî.
LiTT. Se mettre la corde au cou.
Faire un mauvais mariage.
S'embarquer dans une mauvaise affaire. — Suicide moral.
Cilé par Forir. lUci.
Oli ! binamé Diew, poquoi m'avez-v' lèyî melte li coide es hatrai !
{G. iVlAGNÉE. Bailri. 1865.)
GÈTROU.
A c'ste heure fâl l'espôrer qui v' serez pus rassiou,
V's avez 1' coide es hatraî.
Lambert.
Awet r coide di pindou.
(Toussaint. Lambert li foirsôlé. III, se. 3. 1871.)
Tatenne.
D'avu l' coide es hatraî, vos avez don bin hase
Qui vos m'avez chùsi so l'côp 'ne sifaîle màrâse?
(Al. Peclers. Uovrège d'à Chanchet. Se. 13. 1872.)
Verviers. Mi, j' SOS bin pus giiitèye,
J'fais foye so l'coide au cô,
Même les joù qu' ji m' roûvèye,
J'côpe li tiesse d'on seul côp.
(J.-S. Renier. A vos. Ch. 1868.)
779. 1 n' fât nin parler d' coide es 1' mohonne d'on
pindou.
LiTT. Il ne faut pas parler de corde dans la maison d'un
pendu.
11 ne faut point parler en une compagnie d'une chose qui
puisse faire à quelqu'un un secret reproche. (Littré.)
Pr. fr. — 11 ne faut point parler de corde dans la maison
d'un pendu.
Cité par Forir. Dict .
BOUHON.
Descoinne ?... N'parlans nin d'coide es l'mohonne d'on pindou.
(J. Demoulin. On pèhon d'avri. Se. 2. 186S.)
Charleroi. Pont d'question ni pont d'blaque sins avoit intindu
Et n'parlet jamais d'coite dins l'mogeonne d'in pindu.
(L. Bernus. L' tortue ciét les canard. Faufe. 1873.)
780. 1 fàt ({ui r coide dèye vraie.
LiTT. Il faut que la corde di.se vrai.
Il faut quu la corde soit solide, qu'on pui.sse s'y lier ; et fig.
Il faut cela puur qu'on puisse croire à un gros mensonge.
— 219 —
CORDON.
781. Tôt deut passer po l' coirdaî du l' boùse.
(Stavelot.)
LiTT. Tout doit passer par le cordon de la bourse.
Tout se résume en de l'argent à dépenser.
Tenir les cordons de la bourse ; avoir le maniement de l'ar-
gent. (LiTTRÉ.)
CORDONNIER.
782. C'est todi 1' coip'hî l'pus ma châssî.
LiTT. C'est toujours le cordonnier (qui est) le plus mal
chaussé.
On néglige ordinairement les avantages qu'on est le plus à
portée de se procurer par son état, par sa position, etc. (Agad.)
Pr. fr. — Les cordonniers sont les plus mal chaussés.
Cité par Forir. Dict.
HiNRI.
C'est todi les sav'tî qu'sonl les pus ma chàssî.
(Remouchamps. [J sav'li. I, se. b. 1838.)
Marche. Rin d' pus ma chausset qu' les coip'hî.
Namur. Personne n'est pus mau chaussi qui l' feumme d'on cwamgi.
CORNE.
783. C'est comme s'on lî plantrot des coin ne.
(Jonc IGNE.)
LiTT. C'est comme si on lui plantait des cornes.
C'est lui parler d'une chose désagréable, lui faire de la peine,
le tourmenter.
Il est aussi étonné que si les cornes lui venaient à la tète.
(LiTTRÉ.)
78 i. Il a r'sèchî ses coinne.
LiTT. Il a retiré ses cornes.
Il s'est désintéressé d'une atVaire, il ne s'en embarrasse plus.
CORNEILLE.
78o. Bâyî âx coirnèye.
LiTT. Bayer aux corneilles.
S'amusera regarder en I air niaisement. (Acad.)
Allons, vous, vous rêvez et bayez au.\ corneilles,
Jour de Dieu, je saurai vous froller les oreilles.
(MouÈHE. Tartuffe. I, se. i'°.)
— 220 —
78G. C'est les p'titès coirnèye qu'ont les pus grands
bêche. (Feruières.)
LiTT. Ce sont les petites corneilles qui ont les plus grands
becs.
Une personne de petite taille est souvent plus méchante,
plus mordante qu'une personne d'une taille ordinaire ou
élevée.
CORPS.
787. Avu Idiale es coirps.
LiTT. Avoir le diable au corps.
Être vif, emporté, vigoureux, passionne. Être d'une audace
extrême. (Littré.)
Fig. Avoir le diable au corps.
Cité par Forir. Dict.
Fax patriote di totecoleûr,
Ti n'as nin pus d'honte qui d'honneur.
Ti t'casse II liesse mal à propos ;
- . Diale es coirps, lais nosse prince à r'pos.
(A. BoDY. Recueil de clumu patriotiques. Pasquèye. 1787.)
Groubiotte.
Elle a i'diale es coirps. Prindez vos clik et vos clak, et ni rivnez pus.
Mayon.
Ji vas fer m' paquet.
(Demouun. Ji vouxji n'poux. I, se. 2. IR.dS.)
Verviers. Nosse prince est-st-on bon gros monsieur
S'on n'el trompéve nin ô l'vièreu,
Tôt l'pays crireut vive l'èvêque !
Et si n'a noiu qui cl respecte,
C'est qu'i s'iait d'calin miner,
Les diale es coirps
Fet cas du s'gloire
Comme d'one pènêye du sare quaur(^ (').
(A. BoDY. Recueil de chantx patriotiques. 1788.)
788. Qwand l' coirps soufte, l'esprit n'est nin à
l'nôce.
LiTT. Quand le corps souffre, l'esprit n'est pas à la noce.
Le moral se ressent toujours des douleurs physiques.
Mens aana in cor pore sano.
a Le bonheur dont on peut jouir dans ce monde, se réduit à
avoir l'esprit bien réglé, et le corps en bonne disposition.
(Locke. De V éducation des enfants.^ trad. de Coste Début.)
(*) Probablement un nom de fabricant de tabac, Ousart-Quarré.
— 221 —
COTE.
789. Fer totès cotte nià tèyèye.
LiTT. Faire toutes cotes mal taillées.
Travailler mal, incomplètement ; commettre des bévues, des
erreurs.
Cote mal taillée, arrêté de compte approximatif. Locution
prise de marquer la cote, ce qui était à payer sur un morceau
de bois auquel on faisait une entaille. (Littré.)
COTON.
790. Taper on màva coton.
LiTT. Jeter un mauvais coton.
Perdre son crédit, sa réputation, être atteint d'une maladie
qui fait dépérir. (Agad.)
Pr. fr. — Jeter, filer un mauvais, un vilain coton.
I tape on laid coton, tote.s les gins m'el dihet.
(Ed. Remouchamps. LisavUi. I, se. 4. 1858.)
Verviers. Filer on laid coton.
(Remacle. Dict.)
Marche. Si to n'sés pus casset l'croston,
C'est qu' to tape on bin mouai coton.
(Alexandre. P'tit corti. 48G0.)
Tournai. I file ein mauvais coton.
COUCHER.
791. Va t'couchî do joù, i n'ti faurait pont d'chan-
delle. (Namur.)
LiTT. Va te coucher quand il fait encore jour, il ne te
faudra pas de chandelle
Ironie adressée par ceux qui blâment les petites économies.
79'2. I s' colique so des plome di six pîd.
LiTT. Il se couche sur des plumes de six pieds.
Il couche sur la paille ; il est dans une profonde misère.
COUCOU.
793. Il est surd'ètinde chanter l'coucou. (Stavklot.)
LiTT. Il est certain d'entendre chanter le coucou.
Il sera rabroué; on n'y fera pas la moindre attention.
Namur. Si vairainne po vos causer su li p'iite
Rèpondoz qu'on èlind chanter l'coucou.
(J. CoLSON. Comèyê àJauque. Ch. -1862.)
— 2^22 —
COULEUVRE.
794. Avaler 'ne colowe, des colowe.
LiTT. Avaler une couleuvre, des couleuvres.
Recevoir des dégoûts, des chagrins, des mortifications qu'on
est obli^ de dissimuler, dont on n'ose se plaindre. (AcAD.)
Pr. fr. — Avaler des couleuvres.
Habaja.
Nosse docteur a houmé l'hacha
Avous pus d"p6nc. avou pus d'niowe,
Qui s'il avaléve des colowe.
(De Harlez. Les liypoconde. III, se. 3. H-iS.)
DUJARDIN.
Enfin i voreul v'fer avaler des colowe pus grosse qui m'bresse ; vos l'oyez es s'Iette.
(Salue. Li gennalle. Se. 7. 1883 )
Namur. Vos n' saurîz m' fer avaler des coloude parèye.
Var. Mons. Mais pourqué c'qu'on dit qu'on li a servi in poisson d'avril ? Est-ce
pasqu'il a fait c'qui s'appelle à Mons : Avaler enne anguie, aulrc'minl dit gober 'ne
belle craque pou 'ne vérité '!
(Letellier. Armonaque dé ilons. iSCO.)
Tournai. Avaler 1' pisseon jusqu'à 1" queue.
COUP.
795. C'est l'dièrain côp à messe, à matène.
LiTT. C'est le dernier coup de la messe, des matines.
C'est le moment favorable, c'est la dernière occasion qui se
présente de faire une chose.
On dit aussi : c'est 1' prumî côp à matène, à messe lorsque
pendant la soirée on voit bâiller une personne. On voit dans le
bâillement le désir qu'elle a d'aller se coucher.
796. Avu on côp d'heppe.
LiTT. Avoir un coup de hache.
Être un peu fou. (Acad.)
Il a un petit coup de hache dans la tète.
(Molière. Le médecin malgré lui. II, se. l""*.)
l'r. fr. — Il a un coup de hache.
(OUDIN. Curiositez françaises. 1640.)
Cité par Forir. Dici.
Mesbruci.
Mais à propos ci franc moqu'raî
Qui fait passer nos maladèye
Po tos côp d'heppe divins l'cervaî,
Si fait à c'ste heure lu même bin laid.
(De Harlez. Les hypoconde. III, se. 8. 1758.)
— 223 —
Variante. Avu on côp d'mârtal.
Et les cisse qu'ont on côp d'mârlaî
Fet co quéque feye on côp d'adresse.
(L. BUCHE. Chansoti. i8G0.)
Beaujean.
Vis marier ! j'ennés veux nin oyi davantage,
V's avez on côp d'màrtai, vos estez div'nou sot.
(A. Delchef. Pus vt, pus sol. Se. i. 1862.)
Var. Verviers. Liza.
Si, es tôt timps, tôt pays, l's amoureux s' ravisel,
Ces cial ont l'air d'aveûr on bai p'tit côp d'mayet.
(J.-S. Renier. Limohonueà deux j ace. Se. 3. 1873.)
Var. Namur. Allons donc, i m'freut croire, tant i m'chonne bon èfant,
Qu'il aveûve on caup d'jusse, ou qu'il estait d'Dinant.
(Demanet. Oppidum attuatucorum. 1843.)
Var. Jodoigne. 11 a one balouche dins l'cervia. — Il a yeu on conip d'chabot
d'St-Médau.
Charleroi. Purgos.
Et que l'racrapotemint d'vo boudenne vos fout l'coup d'grace, ou bin in coup
d'martia po tout l'timps d'vos jou.
(L. Bernus. L'malade St-Thibnu. III, se. G. 1876.)
MoNS. Lés moins sot c'est les ceux qu'ont d' l'esprit assez pour s'apercevoir et
pou dire sans fierté, à l'occasion, qu'il ont in caup d'aile.
(Letei.UER. Armonaque dé Mons. 1847.)
Picardie. Il est passé à Cambrai, il a ieu ein keu d'martieu.
(CORBLET. Glossaire.)
Var. Lille. Il a passé d'.sous l'molin d'Lesquin, il a r'chu l'côp d'aile.
(Vermesse. Voc. du pacois lillois. 1861.)
St-Quentin. J'el' lai r'chu dein inein jone temps, da, mi, ch'lio queup
d'martieux-là.
(Gosseux. Lettres picardes. 1845.)
RoccHi. Il a in cop d'quincale (timbre ou sonnette.)
(HÉCART. Dict.)
797. C'est romme on côp d'aloiimîre.
LiTT. C'est comme un coup d'éclair.
C'est très prompt, très rapide, cela passe vite, ne dure
guère. (AcAD.)
Passer comme un éclair.
Li pesse, pusqu'el fâl dire,
Flahîve so totes les biesse ; comme on côp d'aloumlre,
Elle les r'vierséve turlol.
(J. Lauaye. Li pe.i.ie ditius les biesse. Fâve. 1840.)
Et pus vite qu'on côp d'aloumlre.
I n'y aveut pus qui de 1' foumirc.
(Bailleux. 3"":/di'e di ni' vèije grand'mére. 1854.)
224
Ji fève des couplet so lee trô,
Qwand j'ètinda on côp d" tonnîre.
L'îd^ye d'ennùs fer so les côp,
M'arrive comme on côp d'aloumîre.
(L. Huche. Les côp. Chanson. ■1860.)
Variante. Çoula passe comme ine aloumîre.
(FORIR. [)ict.)
798. Qwand oii-z-a l'côp, il est trop lard de braire.
LiTT. Quand on a le coup, il est trop lard pour crier.
Il est trop tard pour se prémunir contre un événement qui
est arrivé ou qui est inévitable. — Prendre des précautions
quand le mal est arrivé, quand il n'est plus temps de l'éviter.
Pr. fr. — Fermer l'écurie quand les chevaux sont dehors.
HiNRI.
Qwand on-z-a l'côp, monsieu, il est trop tard de braire;
Mais leyans là çoula, jâsans d'ine aute affaire.
(Remouchamps. Li sav'ti. II, se. (î. •1858.)
799. Prumî côp n' vât nin dossô (doze sooz).
LiTT. Premier coup ne vaut pas douze aooz (').
On réussit rarement une première fois.
Variante. L'àbe ni tomme nin dé prumi côp.
Var. Jodoigne. Se te l' desbauche au premi côp te n'iret jamais long.
Basse-Allemagne. — Der Baum fâllt nicht vom ersten
Streick.
800. C'est-st-â treuzême côp qu'on veut les maîsse.
LiTT. C'est au troisième coup qu'on voit les maîtres.
C'est en faisant une chose une troisième fois qu'on la réussit
mieux. — Il ne faut pas se laisser abattre par un ou deux
insuccès. — Omne Irinum perfectum.
Cité par Forir. Dict.
Totes les mâles linwe di d'ià,
D'het qu' so quéque annôye,
Nos l'avans r'monté déjà
Ine treuzène di fèye.
Allez, n'brèyez nin si haut:
On veut r maîsse à treuzême côp,
C'est-st-ine belle tour, mes ami,
N' fât nin qu'on 'nnès rèye.
(Kuss, Le Roy, Picard. Pasqiièye xo V noûve tour di Saint-Phoyin. -1842.)
Qui costret-i di r'sayi ine treuzême fèye^? N'est-ce nin à treuzême côp qu'on veut
les maîsse '!
(G. Magnée. Dattri. 1865.)
(') 11 fallait 24ioozpour un liard. (LiÉGE.)
— 225 —
Ji m'risâret, ra m'mére m'a dit : babô,
Po bouhi l'gèye, rallintls qu'elle seùye hayelte,
On n'veut les niaîsse sovinl qu'à Ireuzùuie côp.
(Brahy. Les tretts crapaiide d'à Hinri Chiercheu. Ch. 18C1.)
Verviers. Vos n'y estez nin, m'binamèye,
Et coula, ji v's el va prover,
Hoùlez co 'ne fauve, à l'treuzéine fèye,
Dit-sl-on todi, l'iriaîssc est trové.
(îs'. PoLU.ET. Ou bambert, li ch'vau ets'inaissc. Faufe. '186'2.)
Pr. provençal. A. très cops son louches (à la troisième fois les
luttes).
(lieviie des latu/ues romanes. 1881.)
801. Deux côp l)()n c'est-st-on cùp biesse. (Naml'r.)
LiTT. Deux coups bons, c'est un coup bête.
Lorsqu'un coup est bon, un second est inutile. — Il n'est
pas nécessaire de faire deux fois la même chose, lorsqu'une
seule fois suffit.
802. I n'y a non iiiâva côj) so 'ne mâle biesse.
LiTT. Il n'y a aucun mauvais coup sur une méchante bête.
Les coups portés à un méchant sont bien appliqués.
(FoRiii. Dict.)
803. Ni taper ni côp ni make.
LiTT. Ne taper ni coup ni frappure.
Être oisif, — chômer — ne pas se remuer,
804. C'est tos côp es l'inême plâye.
LiTT. Ce sont tous coups dans la même plaie.
Raviver, aggraver une douleur par des allusions incessantes.
805. Pâtir pour les niertpie. (Touknai.)
LiTT. Recevoir un coup .sur les doigts.
(Expression du jeu de bilk'S. C'est quand on met sa main
fermée à terre pour recevoir les coups de bille sur les doigts.)
Cette expression s'emploie quelquefois au figuré en parlant
de personnes ayant peu de chance au jeu, ou éprouvant un
certain mécompte dans une entreprise.
806. C'est r côp àx gèye.
LiTT. C'est le coup aux noix.
Le maître coup, celui qui réussira, qui produira le
plus d'eflet.
Cité par Forir. Dicl.
~ 226 —
Vocial apreumc li côp àx gèye,
Elle si sintéve trop pô hardi-ye.
Po fer là on p'Iit conipluminl.
{Pasquèi/e pn C jubilé de V révérende mère di lUivire. 1713.)
Avans-n' saqwaiits galant? qwanil nos marians-nos?
Camarade, c'cst-st-apreume qui c'sèret l'cùp àx gcye.
(Bailleux. Li cinsî et s' maUse . Fàve. 1852.)
HlNRl.
Vocial li côp àx gèye.
Tatunne.
A c'sle heure i sàrel bin surmint poquoi qu'on rèye.
(Remoiichamps. Li sav'tl. Act. II, se. 3. 1858.)
C'est-st-hoûye li côp âx gèye,
Divins tote les chant'rèye
Po l'pus bai cràmignon.
(TiilRiAUT. Les cràmignon d'sos V balte, li joil de Vfiès.ie. Ch. 4875.)
JoDoiGNE. C'est l'dairé côp aux gâye.
COUPEUR.
807. I s'ètindet comme des côpeû d' boùse.
LiTT. Ils s'entendent comme des coupeurs de bourse.
Se dit des gens qui sont d'intelligence pour faire quelque
chose de blâmable. (Acad.)
Pr. Ir. — Ils s'entendent comme larrons en foire. - Hardi
comme un coupeur de bourse.
(OUDIN. Curiositez françaises. 4640.)
Cité par Forir. Dict.
C'est, là qu'i s'accoirdinl sins pône,
Comme deux vrais côpeû d'boûse essône.
{Pasquèye po l' jubilé de V révérende mère di Bavhe. d743.)
Géra.
Ni fez nin l'macralle, vos v's ètindez comme des côpeû d'boûse.
(Baron. Les deux cusenne. II, se. W. -1883.)
Vlrviers. Lîza.
Mais c'est qu'i s'ètindet tôt comme des côpeû d' boùse.
(J.-S. Henier. Li mohonneà deux face. Se. 42. 1873.)
MoNS. Aye, aye ! Vos été dé compère, ficux, et vos vos intindez comme dé voleur
.su r foire.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1856.)
Fraheries. Les apothicaire éièt tous les mt'd'cin
S'intind comme des larron ein foire.
[Croyez-çn, buvez d' Viau. Ch. Artn. borain. 1890.)
Saint-Quentin. Cha s' porroi qu' vous s'accorde chien einsiane comme des côpeû
d' Ijourse a 1' cuin d'ein bo.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1845.)
— 227 —
COUPLE.
808. Volà 'ne belle cope po soper ïoû.
LiTT. Voilà un beau cou|ile pour souper dehors.
Se dit de deux pauvres diables en goguette.
Variante. Il irît bin èssonle po poirier Saint-Roch.
Namur. Volà one belle cope po-z-aller ù soper foù.
MoNS. V'ià 'ne belle coupe pou diner cin ville.
809. Volà 'ne belle cope po l'ètérr'mint (l'on cliin.
LiTT. Voilà un beau couple pour l'enterrement d'un chien.
Se dit des prétentieux ridicules.
Variante. C'est-sl-ine cope d' hùl heure.
LiTT. C'est un couple de huit heures.
C'est un couple ridicule qui ne devrait sortir que le soir.
COURAGE.
810. Folei' so s' corège.
LiTT. Marcher sur son courage.
Ne pas faire par raison une chose que les circonstances et le
courage vous engagent à faire. — Contenir sa répugnance,
sa colère.
Variante. Priiide si corege à deu.\ main. — Se faire violence.
(Forir. Dicc.)
811. I fàt prinde corège avoii 1' bon Diu.
LiTT. II faut prendre courage avec le bon Dieu.
Il faut soulïrir patiemment l'adversité; il ne faut pas se
laisser abattre, et prendre le Christ pour exemple.
COURIR.
815. 1 fàt lèyî cori les [)iis i)ressé.
LiTT. Il faut laisser courir les plus pressés.
Il faut réfléchir avant de faire une chose, et laisser faire les
impatients. — lù'sliyLu tante. (Horace.)
813. Ci n'est nin l' tôt d' couru, i laut arriver
à timps. (N.4MIJR.)
LiTT. Ce n'est pas le tout de courir, il faut arriver à temps.
Il ne suffit pas de se hâter, il faut encore se mettre à l'œuvre
à temps. (LiTTRÉ.)
Rien ne sert de courir, il faut ])artir a temps.
(LaFONTAINE. Le lièvre et la tortue.)
— 228 —
814. I n'y a gnié après in cron pou voiiloi couri.
(MONS.)
I.iTT. 11 n'y a rien de tel qu'un bancroche pour vouloir
courir.
En général les personnes atteintes d'un défaut physique, font
ce qu'elles peuvent pour le dissimuler.
815. l.i ci qui n' séi cori, qu'i rotte.
LiTT. Celui qui ne peut courir, qu'il marche.
Il faut se contenter de faire ce que l'on peut, ne pas s'efforcer.
On ajoute souvent:
Et l'ci qui n' sét vessi, qu'i trotte.
LiTT. Et celui qui ne peut vesser, qu'il chie.
COURT.
816. Savu r court et l' long d'ine saquoi.
LiTT. Savoir le court et le long d'une chose.
Savoir toutes les particularités d'une affaire. (Acad.)
Pr. fr. — Savoir le court et le long d'une afîaire.
Ji se li court et l' long di tôt coula.
(Remacle. Dict.)
Basse-Allemagne. - Das Lange und Breite von einer
Sache wissen, erziihlen.
COURTISER.
817. Hanter es poisse; hanter à char.
LiTT. Faire l'amour dans le vestibule ; faire l'amourà la chair.
Faire l'amour clandestinement; faire l'amour avec l'autori-
sation des parents.
COUSIN.
818. Li roi d' France n'est nin s'cusin. (Namur.)
LiTT. Le roi de France n'est pas son cousin.
Il s'estime plus heureux que le roi. (Acad.)
Pr. fr. — Le roi n'est pas mon (son) cousin.
MoNS. Il aroi foulu l' vîr marcher dinsles rue in s' ringorgeant, avéses épaulette
éié s'bieau casse doré sus s'tiette ; on peut dire qud l'roi d' France n'etoinié s'cousin.
(Letellier. Aitn. dé Mons. 4863.)
819. Pèt-ètte et quasimint, c'est des cousin
germain. (Mons.)
LiTT. Peut-être et presque, ce sont des cousins germains.
— 229 —
Se dit, comme reproche, aux personnes qui n'osent affirmer
une chose, ou faire une promesse formelle.
Dans le discours, peut-être est un correctif qui diminue la
portée des affirmations. (Littré.)
Pr. fr. — Peut-être garde les gens de mentir.
Tournai. Presque et quasi, ch'esl deux cousin germain.
820. 1 v's a-st-avii })0 s'cusin.
LiTT. Il vous a eu pour son cousin.
Il vous a trompé, il s'est moqué de vous.
Malmedy. Aveûr onk po s' cusin (le duper).
COUT.
821. Li cosse fait piède li gosse.
LiTT. Le coût fait perdre le goût.
La trop grande dépense qu'il faudrait faire pour avoir une
chose en ùte l'envie, (âcad.)
Pr. fr. — Le coût fait perdre le goût.
Le coust fait perdre le goust.
(OUDIN. Curiosicez frauçoises. Io40.)
Habaja.
S'i m' falléve sospirer, gémi,
Afin d'avu tôt à m' manire,
L' gosse (') mi freut piède l'appétit.
(De Harlez. Les hypoconde. III, se. 4. 1758.}
Marche. Sins r'wartet pus Ion, mougne ti crosse.
Qui sovint l' cosse fâche passet l' gosse.
(Alexandre. P'cit corti. 1860.)
Var. Namur. C'est 1' prix qui fait l' sauce.
COUTEA.U.
822. Esse à coûtai tiré.
LiTT. Être à couteaux tirés.
Être en grande inimitié, en grand procès, en grande
querelle. (Acad.)
Pr. fr. — Ils en sont à couteaux tirés, aux couteaux tirés, aux
épées et aux couteaux.
823. I fret tant di s' coûtai (jii'i nïirel pus (pi'ine
halmette.
LiTT. Il fera tant de son couteau (pfil naura i)h)s qu'une
mauvaise lame.
(*) Le désir. L'auteur joue sur le double sens du mol çoxxe.
— 230
A force de se servir d'une chose, on la gâte. — Les excès
énervent, détruisent la santé.
On fait (]i s' coûtai tant, ;'i I' fin,
Qu'on-z-a fait ino halnit-lti^ di rin.
{Pasquùye faite d jubilé iV dom Beruard-Godiu^ abbé. 1764.)
A foice d'ès prinde et d'ennôs r'mette,
I vi\t co inî di s'taîre,
. D'on coûtai vos 'nnès frîz 'ne halmette,
Di tos vos caractère.
(Baron. On compoxiteûr typographe qui s" marèye Ch. 1837.)
Variante. On fait tant di s' coûtai,
Qui c' n'est pus qu'on fiemlaî.
Var. VtRViERS. Les bons coûtai div'net bin des almenne.
A r longue dé timps, on-z-allowe su clabot.
(M. Pire. Tox les docteur wtit bon qwand Vatlrapet. Ch. 1884.)
Marche. S' to n' prinds waude à ti qu'one miette,
Di t' contai t' fret one lambinelte.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
Namur. 1 joue tant avou s'coutia qu'i finirait pa 'nnès fer qu'one lainbosette.
824. Mette li coûtai so rbiisaî.
LiTT. Mettre le couteau sur la gorge.
Menacer quelqu'un. Le déterminer, sous l'influence d'une
vive crainte, à faire ce qu'il ne voudrait pas. (Acad.)
Basse-Allemagne. — Das Messer an die Kehle setzen.
825. Mette coûtai so tâve.
LiTT. Mettre couteau sur table.
Donner k manger. (Acad )
Pr. fr. — Mettre couteaux sur table.
Variante. I va mette coûtai so tâve.
LiTT. Il va mettre couteau sur table.
Il va dîner en ville.
Autrefois les convives apportaient leur couteau.
GOUTER.
82(3. Cosse qui cosse.
LiTT. Goûte que coûte.
A quelque prix que ce soit, quoi qu'il puisse arriver. (Acad.)
Mais kimintfer d'vins des doleûr,
Cosse qui cos.sc, i fàt des docteur.
Les ci (V nosse vèye ni volet nin.
{Paaquèye critique et calotenne so les affaire dé V médicenue. 1732.)
On-z-a dé .sàmon, cosse qui cosse,
Mais po l' filet, c'est l' père des doze.
(AixiDE PRYOR. Menu du banquet de 1871.)
— 231 —
Verviers. Ji voux qu'on dèye lot fer, et coula cosse qui cosse,
C'est lèye qui l'a 1' prumire, c'est lèye qu'a 1' mèyeu gosse.
(J.-S. Renier. Limnhonne à deux face. Se. 4. 1873.)
MoNS. L'ordre est v'nu d'ià bas in haut et i s'ra e.\éculé à la letle et coûte
qui coûte.
(Letellier. Armonaque dé Motis. 1856.)
Lille. Un vrai Lillos dot, coûte qui coule.
Courir uch' que l' l'appell' l'honneur.
(Desuousseaux. Chansons lilloises. 18o4.)
Basse-Alle.'Wagne — Es koste, was es kostet.
8*27. Ci n'est nin jans, c'est costant.
LiTT. Ce n'est pas allons, c'est coûtant.
Il ne faut pas dife c'est bien, il faut payer comptant.
Maréye.
Ji veus dé r belle sâcisse.
Awet, nos 1' savans bin; mi j'ennès veus ottant,
Mais ji creus qu' po 1' payi, c' n'est nin jans, c'est costant.
(Hannay. Li mdye neùr d'à Colas. II, se. 1:2. 1866.)
Variante. Ci n'est nin J'han, c'est costant (Constant).
LiTT. Ce n'est pas Jean, c'est coiitant i Constant, nom propre).
Traduction littérale qui si^inilie: ce n'est pas peu de chose,
car c'est cher.
(Remacle. Dictionn.)
GOUTU.ME.
8"28. Ine fèye n'est nin cosleiiine.
LiTT. Une fois n'est pas coutume.
Une chose ne devieni pas une obligation, un engagement
parce qu'on ne l'a pratiquée qu'une fois. (A.gad.)
Il ne faut pas juger des habitudes de queltju'un sur un
seul fait.
Loc. prov. Une fois n'est pas coutume.
Cf. Excej)lio firtnal regidnui.
Cité par Fgrir. Inct.
Basse-Allem. — Kin Mal ist niciit inimer (niclit aile Mal).
COUTURE.
8^29. Rabatte les costeûre.
LiTT. liabattre les coutures.
Se dit avec accompaiinement de gestes et ironiquement h
ceux qui portent un habit qui a l'air trop neuf. — On dit pour
faire entendre qu'un habit vient du tripier qu'il a un roujj de.
fourchu, parce qu'ordinairement les fripiers se servL'Ut d'une
fourche pour dépendre les habits dans leur étalage.
— 232 —
Battre quelqu'un, comme si, en frappant sur lui on rabattait
les coulures, et fig. rabaisser l'orgueil, les prétentions de
((uelqu'un. (I.ittré.)
Rabattre les coulures.
(OUDiN. Curiosiiez fi-nuçoisex. 1G40.)
Cité par Forir. Dirt.
. Et comme on rabatte les costeûre
[Y l'habit qu'on slreume on joù il' jama.
(Fu. Raili.eux. Li crama. Ch. Wi"!.)
COUVENT.
830. Elle est logée au convint Saint-Miché,
Deux tiète sur in oreiller. (Tournai.)
LiTT. Elle est logée au couvent de Saint-Michel,
Deux têtes sur un oreiller.
Pour dire d'une femme qu'elle est mariée.
Var. Tournai. Elle est au couvinl Saint-François,
Ou s' qu'on va deux et qu'on r'vint trois.
Môme sens que le proverbe ci-dessus.
On dit à Liège :
A Notru-Dame de 1' plovinetle,
Wisse qu'on va-t-à cope et qu'on r'vint à troquettc.
CRACHAT.
831. I s'nèyereut d'vins on rèchon.
LiTT. Il se noierait dans un crachat.
On dit aussi :
Qwand on a de guignon, on .s' nèyereut d'vins on rèchon
Se dit d'un liomme malheureux et malhabile. (Agad.)
Pr. fr. — 11 se noierait dans son crachat, dans un crachat.
Elle jowe di malheur, elle si s'pyereut 1' narenne so on qwâtron d'boùre, elle si
nèyereut d'vins on rèchon.
(Remacle. DicUonn.)
Cité par Forir. Uici.
Baîwîr.
Ine saqui qu'a 'ne mâle aweûre
Si nèyereut d'vins on rèchon.
(Alcide Pr\ou. Haîwtr so s' pâme. 1863.)
Ji .SOS d'vins l'niAlheûr, ji m' nèyereus d'vins on rèchon.
(A. HOCK. La famille Mntliot. i8f)6.)
MoNs. Tien.s, n'est pas, fie, quand el guignon s'in mêle,
Ch' qu'a dins s' crachat, on iroit b6 s' nouyer.
(J.-B Descamps. Quand on a du guitjnon. Ch. 1852.)
lM(;*niJiE. S' noyer dans sin rakion.
(CORBLET. Glossaire, 1851.)
233
CRACHER.
83'2. Racliî au mur. (Giiarleroi.)
LiTT. Cracher au inur.
Faire une chose inutile. (Littré.)
Pr. fr. — Cracher en l'air.
Charleroi. Si vos woitet d' cangî des gins trop indurci,
Ça n'fait né pus d'effet qu'si vos rachi au mur,
Pas' que 1' vice est vraiinint stichi dins leu nature.
(L. Bernus. Baptisse Lnguon èiet l' curé. Conte. i873.)
Ça n' Tra n6 pus que d' racliî au muraye.
(L. Bernus. L' malade Saiyii-Thibnu. 1, se. o. 4876.)
CRAIE.
833. Marquer à l' longue crôye.
LiTT. Marquer à la longue craie.
Faire, vendre à crédit.
Longue crôye. Chiffres romains mêlés à des chiffres de
convention que les petits boutiquiers emploient quand ils
vendent à crédit. Ces chiffres sont faits à la craie sur les portes
d'armoires, les volets, etc.
Cité par Forir. Dict.
Et qwand vos régliz l' compte, à l' longue croye, so l' volet,
Elle aveul s'tu foichowe, ou 1' niaisse loukivo luskel.
(Thiry. luecopenne sn V maviège. t8S8.)
El s' on aveut volou lî siervi de pèket,
On marquéve à l' longue crùye jusqu'à d'main, dri 1" volet.
(G. Dei.arge. lue copeiitie coule leu pck'teu. 1873.)
Verviers. J'a co to plein des ôte à mette i's rôye.
Dont ù discours tôt seù vaut o buH'tin :
Su k'nohet-i ossi bin quu l' longue croye,
L'AlTmand, l'Anglais, l'Espagnol et 1' Latin.
(XilOFFER. Le poète wallon. 1801.)
Basse-Allemagne. — Ankreiden.
884. Li crôye est r'boutêye.
LiTT. La craie est remise
Ij'affaire est en suspens. — Suh judice //.s i>si.
Ce proverbe est un terme du jeu tle cartes dit: les cinq
lignes, lorsque les deux [)artis ont tait un nombre égal de points.
CRAVATE.
835. Il a poirlé 1' cravate di lier.
LiTT. 11 a porté la cravate de fer.
Il a été au pilori {io Chuman), il a porté lo carcan.
— 234 —
CRÉDIT.
83(i. Crédit est moirt, inàie paye l'a toiiwé.
LiTT. Crédit est mort, mauvaise paie l'a tué.
On ne veut plus prêter; il faut payer comptant. (Agad.)
l'r. fr. — Crédit est mort.
Cité par Forir. Dict.
Servas.
Si nos volît vinde à l'crôye, H commerce ireut, mais halte ! i fàl dire comme
l'aute : Crédit est moirl, màle paye l'a toiiwé.
(Brahy. Li bouquet. I, se. l''*!. 1878.)
Namur. On II' vos fait nin crédit,
Pasqu' les moiiais payeu l'ont touwé comme on dit.
(Wérottk. Otie sov'nmice dea jeu di nosse jône timpa. 48G7. 4^ éd.)
Var. Marche. Màle paye esl-st-on banstaî sins cou.
Qui n' vis sauri waurdet one ou.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
MoNS. Crédit est mort l'heure d'aujourd'hui, el monvée payeur l'a twé.
(J.-B. Descamps. Ch. 4841.)
887. Crédit k'chesse les pratique.
LiTT. Crédit chasse les pratiques.
Un chaland qui a obtenu crédit chez un marchand, s'adresse
à un autre pour échapper aux réclamations de paiement.
CREDO.
888. L' credeo ch'est beon, mes l' pâte n' vaut rien.
(Tournai.)
LiTT. Le credo, c'est bon, mais la confiance ne vaut rien.
Nous pouvons croire à ce qu'on nous dit, mais ne nous
y fions pas.
CRÉMAILLÈRE.
839. C'est r crama qui lomme li chaudron netir cou.
LiTT. C'est la crémaillère qui appelle le chaudron cul noir.
C'est donner à un autre un ridicule que l'on a soi-même.
Quand une personne se moque d'une autre qui aurait autant de
sujet de se moquer d'elle. (Agad.)
Pr. fr. — La pelle se moque du fourgon.
Le chaudron machure la poelle.
(Leroux. Dict. comique.)
Cf. QuiTARD. Dicl. V" fourgon, p. 410.
Vre libi lu nigrae dlcebat cacabas ollœ.
(Lejeune. Proverbia familiaria. 1741.)
Cité par Forir. Dict.
— 235
Li crama lomme li chaudron neîir cou,
Lu, oint fèye pus laid qu'on hibou.
— Qu'es-tu noir, dira le chaudron.
Au pot, lui plus sale qu'un cochon.
(Maih. Lnensbergh. 1811.)
On trouve co des richà ù deux pîd, mais sins plome,
Qu'avou l'esprit des auto fct voltî les grands homme.
Mais chut, taihans-nos, d'sogne qu'on n' vinsse nos dire avou :
Louke donc, vola l' crama qu' lomme li chaudron neùr cou.
(Bailleux. Li richâ qui s'aveut fait gdye avou les plome de V pawe, Fàve. 1852.)
Ca c'est todi l' crama qu' lomme li chaudron neùr cou.
(Aixii)E Pryor. Sôléije et jmnftd. 1861.)
Verviers. Tôt d'hant qu'ine aute esl-st-on bambou,
Sovint r crama lomme on chaudron neùr cou.
(Xhoffer. Èpiqrammes. 1860.)
Var. Verviers. Tôt moqueu s' lait vèye à nou.
C'est r bou qui lomme l'augne coirnou.
(J.-S. Renier. Spot» rimis. 1871.)
Var. Ferrières. L'rave trouve todi à dire après 1' fourgon.
Var. Namur. Divan d'noiri 1' prochain, riwaitans nos.
(Wérotte. Atirm. di Narneur. 486-1.)
Marche. Thérèse.
On-z-est, au pus sovint, machuret des neùrs pot.
(Alexandre. Lipèclwn d'avril. 111, se. fe. 1858.)
Var. Marche. Est-ce qui l'molin s'deut désolet.
Qui 1' fôr li lomme on cou broulet?
(Alexandre. F tu corti. -1860.)
Charleroi. L'homme dé cœur accuset pa in vaurin, in sot.
Aura doit, quoique l'aute disse, dins 1' proverbe, né d' minlrie :
On n'est jamais noirci qu' pa in noir pot.
(L. Bernus. In lenp qui plat te conte in r'nau. Faute. •1873.)
MoNS. On n'est jamais brousé qu' par un noir pot.
Tournai. On est toudi noirchi par un noir peot.
Var. Tournai. Nannet.
Allez vous êtes sorte à sorte ; ch'cst l'hochepeot à l'av'nant des carotte.
(Leroy. Bicc difier. Traduction du Bleu-hiiclicùe Simon, se. 47. 4888.)
Picardie. Ein n'est jamouais brousé que par un pot noerd.
(Cobblet. Glosxaive.)
<S40. Avu r crama pindoii.
LiTT. Avoir la rTémaillère pendue.
Se dit de celui qui a épousé une personne déjà munie d'un
ameublement cotiiplet.
841. Fier comme pottière. (Mons.)
LiTT. Fier comme une crémaillère.
— 236 -
Poiiièrn, à Namur Potcre, espèce de crémaillère fixée aux
grilles d'un fourneau pour porter un pot; cet instrument
est composé d'une tige soutenant un cercle mobile, sur lequel
on pose le pot. La tige qui se dresse en avant du feu, raide et
immobile, a donné naissance au proverbe.
Être i\ev, raide, gourmé.
MoKS. El pére Brididi part, fier comme pottière, cl il arrive à l'ceinse sans avoir
tant seulement pinsé à avoir froid.
(Letellier. Armonaque dé Mom. 1860.)
Var. Moiis. Fier comme in pou su 'ne rogne.
Pr. fr. — Fier comme un pou sur une gale. — V. Quitard.
Dict., p. 391.
Var. Tournai. Fier comme eine aranne.
GRÉSUS.
842. G'est-st-on vî Grusus.
LiTT. C'est un vieux Grésus.
C'est un vieil avare. — C'est un ladre.
Basse- Allemagne. — Ein Grœsus.
CRIER.
843. Braire comrre ine aîque.
LiTT. Crier comme un aigle.
Crier d'une voix aiguë et perçante. (Agad.)
Pr. fr. — Crier comme un aigle.
L'aîque apreume, po c' côp la, chawa, braiya tdrmint
Qui c'est dispôye adon qu'on dit braire comme ine aîque.
(Bailleux. Uaique et l' qwate pèce. Fâve. 1851.)
Variante. Braire comme on vai.
Crier comme un veau.
Oh qu' c'esleut bai, oh qu' c'esleut bai,
Qui n' poux -je dire tôt çou qu"on-z-a fait !
J'àreu volou braire comme on vai.
Oh ! qu' c'esteut bai, oh ! qu' c'esleut bai !
(F. L. P. Pot pourri xo le.ifies.ie di julette. 1844.)
Vormint, vairet dire on critique,
Vos braiyez ossi pé qu'on vai,
Po saqwant pauves pilits rav'laî.
(Fr. Bailleux. Conte le,i (jins narreti. Fâve. 1851.)
Variante. Gueuyi comme on vai.
(FORIR. Dict.)
Variante. Braire comme ine àgne d'Awans (on coirbà).
— 237 -
Verviers. Inspirez-m' vos turlos, grands saint du l'ôrmonake,
Ji m' va braire comme «i vai, dinez-m' o bon stoumake.
(N. Poulet. Li foyan èterré. 1839.)
Spa. Kupoirtrans li, su vî tonnai,
Po l'fer crier to comme on vaî.
(BoDY Chanson patriotique. Rec. n90.)
Nivelles. I cri pus fourt qu'in via qui beùlrait dins in po.
(Renard. Lex uveni. de Jean (TNivelles. Ch. III. 1837.)
Var. Mons. I crie comme enne marcotte ein couche.
Lille. Braire comme des viau.\.
Metz. Crier comme in vé.
Douai. Y braiïot comme un viau.
Pr. provençal. Bramo coumo un brau ; ~ coumo un âse
(âne) en plen mercat (marché).
{Revue des langues romanes. 1881.)
Basse-Allemagne. — Schreen wie een Botterlicker (pa-
pillon) (prov. exclusivement hambourgeois).
844. Gueule qui hraît n'est pos morte. (Tournai.)
LiTT. Bouche qui crie n'est pas morte.
Se dit à celui qui pleure facilement, sans motif.
CROITRE.
845. Crèhe comme maule annéye. (Verviers.)
LiTT. Croître comme mauvaise année.
Croître très rapidement.
Pr. fr. — Croître comme mauvaise herbe.
On aveul chûsi l'boquet avà les mèyeu wèrihet dé pays, ca l'brouire y crèhéve
comme mâle annèye.
(G. Magnée. Li cren'quini dé prince àbbé di Stav'lciï. 1867.)
Verviers. On vèya crèhe comme maule annèye
One frùye du wespiants grèvi.
(Renier. L crah'H Baptiste.)
846. Ji sins qui j' crèhe di mûvasté.
LiTT. Je sens que je grandis en mauvaise humeur.
Je suis sur le point de m'emporter, d'entrer en colère,
CROIX.
847 Fer 'ne creu.x so l' crama.
LiTT. Faire une croix sur la crémaillère.
Se dit quand on voit arriver une chose à laquelle on ne
— 238 —
s'attendait pas. Quand on voit une personne entrer dans une
maison où il y avait longlemps qu'elle n'était venue. (Agad.)
Pr. fr. — 11 faut faire la croix à la cheminée.
Cf. QuiTARD. Dicl. V" Cheminée, p. 217,
<;ité par Forir. bicl.
Li crama, c'est l' meûbe es V mohonne,
Qu'à Lige on respectôye li pus ;
S'i vint ine aftaire mâle ou bonne,
On dit qu'i fàt fer ine creux d'sus.
(Bailleux. Li crama. Chanson. i842.)
I s'marèye donc, po c' côp là c'est bin vraie,
A r lin de meus,
Dinez-m' de l'crôye, haye, vite es l'ohiminôye
Qui j' fasse ine creux.
(Bailleux. Chanson. -1843.)
JoDOiGNE. Fer 'ne creux seu l' givau.
848. J'a vèyoïi les sept creux.
LiTT. J'ai vu les sept croix.
J'ai beaucoup soull'ert, je compare mes soufl'rances à celles
de la Mère des sept douleurs.
HiNRL
A Tatenne dihans tôt, et ça à pus habèye.
Elle va tréfiler d'jùye, oh ! avvet, je 1' wag'reus,
Ca elle dit qui s' sôlôye li fait vèye les sept creux.
(Remouchamps. Li sav'ti. I, se. 4. i858.)
Dadite.
Ci p'tit crawé Chanchet m' fait vèyî les sept creux,
C'est tôt d'môme bin damage qu'il àye l'air si hoûpieu.
(Toussaint. Hinri et Dadiie. II, se. 2. 1870.)
JOSEPH.
Su respect, j'a 'ne aguesse qui m' fait vèye les sept creux.
(DD. Salme. Mononke Joseph. Se. 15. 1884.)
On fa v'ni l'boye qui bourriarda I' boulotte, et fa vèye les sept creux à c'pauve
laid vi coirps.
(G. Magnée. Li houloue. 1871.)
849. Fer creux so pèye.
LiTT. Faire croix sur pile.
Eflacer le compte, faire remise de la dette.
Cité par Forir. Dict.
850. Fer 'ne creux d'sus.
LiTT. Faire une croix dessus.
Bâtonner les comptes et par suite abandonner une affaire,
perdre une chose, y renoncer. — Passer à profits et pertes.
— 239 —
Li p'tit pèhon fret s'crèhince,
S"i vike, avou l' grâce di Diu ;
Mais s' on F tint, qu'on n'el lâche pus,
S' on n' veut nin qu'on s'ennès r'pinse,
Ca ottant fer ine creux d'sus.
(Baiixeux. Li p'tit pèhon et V pèheû. Fàve. 1856.)
Noile fèye, avà l' samaîne, ji n' veureus l' cabaret.
Et si j'y vas l' dimègne, ji frais 'ne creux so l' pôket.
(M. Thiry. Im copenne so t'mariège. iSBS.)
BaUvir.
So rfoùr di s' bâche,
Ti poux fer 'ne creux,
I t' pàret t' gage.
S'el' wâgne à jeu.
(Alcide Pryor. Çou qu'ent-st-ès fond de pot. 1864.)
Verviers. Ju fais l' creux d'sus, etju dis c'est bernique.
(M. Pire. Petgnriz-v' bin on diale qui n'a nin des ck'vet? Ch. 188 i.)
Namdr. a voste âge, on prind s'chap'let,
Fioz one croix sus l'potel.
(Wérotte. Grnnd'mére. Ch. 1867. 4» éd.)
MoNs. Les minisse dé chinq pays ont r'crit 'ne Jette au roi Guyaume pou 1 dire
qu 1 n'avoi qu'à faire one croix su c' pays-ci.
(Letellier. Armonuque dé Mans. 1846.)
Tournai. I t'feaut faire èine creox d'sus.
Basse-Allemagne. — Einen Strich daruber machen (L'ou-
blier).
801. I fàt poirter s' creux.
LiTT. Il laut porter sa croix.
Il n'y a personne qui n'ait sesafflictions particulières. (Acad.)
Pr. fr. — Chacun porte sa croix en ce monde.
V. QuiTARD. Dict. V° Croix, p. 275.
Cité par Forir. Dict.
HOULPAI.
I fàt qui j'seûye bin màlhureux,
I n' mi màquéve pus qui cise creux.
(De Harlez. Les hypocont». I, se. ï>. 1758.)
Var. Namur. Chacun poite si paquet.
On a beau fé, c'est todi l'cia qu'a l'hotte a s'dos qu'i faut qu'il l'poitc.
Basse-Allemagne — Man muss sein Kreuz tragen.
802. N'avn ni creux ni pèye.
LiTT. N'avoir ni croix ni pile.
N'avoir point d'argent. (Acad.)
Cf. QuiTARD. Dict., p. 276.
Dans le jeu de croix ou pile, on dit habituellement à Liège :
tiesae, au lieu de creux.
Pèye ou liesse.
— '240 —
Pr. fr. — Je n'ai ni croix ni pile. — Il n'a ni envers ni
endroit.
(Oldin. Curiositez françaises. 4640.)
Cité par Forir. Dict.
Ces cial n'âront ni creux ni pèye,
• Ces là front gogoye lole leu véye.
(Hanson. Li Hinriadc travestéije. Ch. VIII. d780.)
Sins hèpe, sins pan, ca, po çou qu'est d'àrgint,
I n' lî d'manéve ni creux ni pèye.
(Bailleux. LicheptietSt-Aniône. Fàve. 18o7.)
Verviers. Lu ci qui n'a ni creux ni pèye,
Et qu'aime a ruspaumer s'gozî
S'i n'a d'car du tôt çou qu'on dèye
I court planter su p'iit rosi.
(M. Pire. Lu p'tile chanson. 4884.)
JoDoiGNE. N'aveu ni tiesse ni lette.
Tournai. Il n'a ni creox ni pile.
RoucHi. I n'a ni croix ni pile. (Hécart. Dici.)
853. On a chaque si creux.
LiTT. On a chacun sa croix.
On n'est jamais parfaitement heureux. Tout individu, n'im-
porte dans quelle condition, est sujet à des contrariétés.
Chacun a ses peines, ses soufl'rances. (Littré.)
Pr. fr. — Chacun a sa croix.
On tape qu(jque fèye à toirt so les pauvès feum'rèye.
Elles ont portant leu creux, mais elles li fet mon vèye.
(M. Thiry. lue copenne so l'mariège. 1858.)
Tôt à fait rota bin, dix-sept à dix-hût meus,
Wesse-t-i l'ci qui poutdirequ'i vikret sins noUe creux?
(Brahy. Mes ireus mariége. -1882.)
Namur. Toi r monde poite si croix. — On a tortos ses croix.
Borinage. On a chacun .s'cro; c'est eune grande vérité; l' richard qu'a toute à
souhait, i s'imbête, i crève d'innui.
(Armonac du Boiinage in patois borain. 4849.)
854. I n'est qu'es 1' creux d' par Diew.
LiTT. Il n'est que dans la croix de par Dieu.
Il n'est qu'au commencement, qu'au début de ses affaires, de
son entreprise.
Pr. fr. — Il n'en est qu'à l'A, B, C.
Les abécédaires commencent toujours par une croix.
A Liège, il n'y a pas bien longtemps, on les nommait
crois(ilte6 (creuhette).
JoDOiCNE. I n'est ce qu'à l' creiijetle.
— 241 —
8oo. Il âret 1' creux qu'on donne âx vîx ch'và.
LiTT. Il aura la croix qu'on donne aux vieux chevaux.
Se dit des fonctionnaires que le gouvernement est disposé
à décorer le jour où ils prendront leur démission.
N. B. 11 est d'usage de marquer d'une croix les chevaux de
réforme, les chevaux hors de service, destinés à être abattus.
Qui donrî-ne bin, po 1' fer taire, à c' rin n' vàt ?
Il est si vî, d'on ciiàr c'est l' cinquôme rowe !
— Dinans-li 1' creux qu'on wàde po les vîx ch'và...
(A. HocK. Poésies inédites.)
8o6. Mette ses creux so F sou.
LiTT. Mettre ses croix sur le seuil.
Mettre ses peines à la porte. — Décharger son cœur.
857. 1 n'dequind pos de 1' creox d' Saint Louis.
(Tournai.)
LiTT. Il ne descend pas de la croix de Saint Louis.
Ne pas avoir une noble origine, la croix de Saint Louis étant
autrefois un ordre de chevalerie: s'applique souvent à l'égard
de gens fiers et arrogants dont la basse extraction n'est
pas oubliée.
Pr. fr. — Il s'imagine être de la côte de Saint Louis.
GROSSE.
858. Il est ossi dreut qu'ine crâwe.
LiTT. Il est aussi droit qu'un bâton recourbé.
Se dit par ironie d'une personne contrefaite.
Cité par Forir. Dict.
Esse dreul comme ine cràwe.
(Remacle. Dict.)
859. S'in d'aller à fut d' croche. (Mons.)
LiTT. S'en aller en bâton de crosse.
Tomber à rien, dépérir, tourner mal.
Fut {f'uslis), bois qui porte le fer de la crosse. — Croche, jeu
de la crosse, de la crdwe à Liège. Il y a au fût, du côté du ter,
un renflement qui diminue ti^ôs sensiblement.
MoNS. Sans parler des aute pays eusse qu'i n' sont nié foutu d" rester tranquie,
el république française a tout l'air dedallcr à fui d' croche.
(Letelliek. Armonaquc de .1/o;i.v. 18u!2.)
Mais comme il avoit marché cron pou l'avoir, il a tourné à fut d" croche.
(Letellier. Armonaque dé Mous. 1859.)
— 242 —
Charleroi. Toinette.
C'est m' doit et iir devoir de vos impt^chî d' fai 'ne saquoi qui pout fai tourner
vo n" honneur à tut d' crauwe (5iol à crotte de chin.
(L. Bernus. L' malade Saint Thibau. I, se. 5.1876.)
Variantes. Tos nos bais plan, nos bais projet
Qui toûrnet todi en foumire.
* Al' fin, àront tos ieus effet.
{Chanxo7i eu l'honneur de Velbruck. 1772.)
Valois ossi lourd qu'ine franque âwe,
Tos les jou pus tournéve à cràwe.
(J.-J. Hanson. Li Hinriade travestêye. Ch. III. 1780.)
JoDoiGNE. Tourner à craue.
CROUTE.
860. Esse à ses crosse.
LiTT. Être à ses croûtes.
Vivre à ses dépens. (Agad.) — Séparer ses intérêts de ceux
de ses proches. — Vivre du fruit de son ti^avail.
Pr. fr. — Être sur ses crociiets.
Cité par Forir. Uict.
Rouciu. Été à ses crupes.
(HÉGART. Dict.)
861. I n' trimpe nin ses crosse es 1' horotte.
LiTT. Il ne trempe p.is ses croûtes dans la rigole.
Il est riche, il peut se donner de l'agrément, des plaisirs,
satisfaire ses goûts dispendieux.
Tati.
Pace que vous comprendez, une fois que c'est l'été.
Les ceuse qui reste en ville, ce sont des halcotier.
PÈNÊYE.
Et vos, vos n' Testez nin.
Gètrou.
Jo l'creus bin, waîtoz 'ne golte
PÈNÉyE.
On veut bin qu'vos n'trimpez nin vosse crosse es l'horotte.
(Ed. Remouchamps. Tdti V perriqui. II, se. 7. 1885.)
CRUCHE.
862. Di foice do pouget, one cruche portant
s' casse. ' (Marche.)
LiTT. A force de puiser, une cruche pourtant se casse.
Quand on retombe souvent dans la même faute, on finit par
.s'en trouver mal, ou quand on s'expose trop souvent à un péril,
- 243 —
on finit par y succomber. Cela se dit. par forme de menace ou de
prédiction. (Acad.)
Pr. fr. — Tant va la cruclie à l'eau qu'à la fin elle se casse
(se brise).
Cf. Le proverbe de Basile.
(Beaumarchais. Mariage de Fiijaro.)
Tant va le pot au puis que il casse.
(XII* siècle.)
Tant va pot à l'ève que brise.
{Roman du renard. XIII'' siècle.)
Tant va li poz au puis qu'il brise.
(Gautier de Coinsi. De monaclio in flumine périclita lo, etc. XIII'-" siècle.)
HiNlil.
Marche. Tant qu'i fait Tchin couchant, et qu'on no l'conneut nin,
Li traite, contint d'U, prospore et va bon train.
Sovint l'ci qu' n'es poul rin, es pleure et s'ès tracasse ;
Di foice do |)ouget, one cruche portant s'casse.
(.\lexandre. Li pcchon d'avril. Ad. V, se. 9. -1858.)
JoDoiGNC. A foice di pougî on casse le creuche.
Variante Et d'on posson tôt rniônie va-t-i,
I n'va nin aut'mint qu'ji n'vis dit ;
On va lant il'fèye à l'aîwe alot.
Qu'on n'a pus qu'des hervai di s'pot.
{Pa.iqiièye po V jubilé boni Bernard Godin. 17(51.)
Var. Verviers. Li leup va tant au potaî
Qu'on bai jou y lairet s'paî.
(J.-S. Renier. SpoK rimes. -1871.)
Var. Beauraing. Tant va l'cass'role au feu, qu'on joù i faut qu'elle pette.
(Vermer. Les soléc. 18G2.)
MoNS. Ouais nié, lieu, tant va l'cruclic a l'ieau, qu'a ITin dé fin, elle se casse,
comme on dit.
(Letei.meh. Arnwnaque dé Mons. i8uG.)
Sai.nt-Quf.ntin. Tant air va i'buirea yau, ([u'air linit par s'i'pautrcr.
CRUCIFIX.
863. C'est-st-on ma^nieu d' crucTix.
LiTT. C'est un mangeur de crucifix.
C'est un rat d'église. On applique ce proverbe aux personnes
qui ne fréquentent souvent les égli.ses que pour cacher leurs
vices ou leurs mauvais penchants. — Un fau.K dévot. (Littrk.)
Pr. iV. - Un mangeur de crucifi.x..
(OUDIN. Citriositez J'rançoises. -lOiO.)
Cité par Forih. hicl.
— 244 —
S6A. Div'ni comme on criic'fix d'gèyî.
LiTT. Devenir comme un crucilix en noyer.
Devenir maigre et jaune; sec comme un morceau de bois;
devenir triste, taciturne.
Cité par FoRiR. Dict.
Louklz-le, il est div'nou comme on crucTix d' gèyî.
(N. Defrecheux. Inejdbe di spot. 1860.)
Si coula poléve vile cangî,
Ji beureû-st-on fameux côp d'jôye,
Ca j' SOS comme on cruc'fix d' gèyî
Et toi prette à cori es vôye.
(Brahy. Chanson. -1880.)
CUFFAT.
86o. Tourner es 1' couffâte.
LiTT. Tomber dans le cuffat.
Se trouver dans un grand embarras. (Agad.)
Pr. fr. — Être, se mettre dans le pétrin.
Cuffat n'est pas français. Ce mot est admis dans la langue
industrielle. Terme de houillère, c'est l'espèce de cuve, bac ou
panier qui sert à descendre dans les puils {bures).
Tôt s' vèyant loumêye es l' couffâte, li pauve feumme div'na tote blanke moite.
(G. Magnée. Batiri. iSGS.)
Marèye.
Po c' côp la, ji trèfèle, mâheùlêye ! Fax Pilate !
Qui n' touméz-v' tos les deux à V vallêye de l' couffâte.
(G. Delarge. Scène populaire. 187i.)
CUILLER.
866. C'est on ciiî d' pus es l' sope.
LiTT. C'est une cuiller de plus dans la soupe.
Quand il y a pour trois, il y a pour quatre.
CUIR.
867. Arèiiî inte ciir et char.
LiTT. Enrager entre cuir et chair.
Être mécontent sans oser le dire. (Acad.)
Pr. Ir. — Pester entre cuir et chair.
Cité par Forir. Dict.
Groubiote.
J'ai in chagrin.
Friquet,
Inte cùr et char.
(Demûulin. Ji vaux, Ji n' poux. Il, se. 5. 18{i8.)
— 245 —
Badinet.
Ca mi, ji v's assure bîn
Qu' ji m'taîreu même avou des prouve tôt plein mes main,
Sins rin dire, ji brûyereu mi ma inle cûr et char.
(Delchef. Li galant dé V siévvanle. II, se. 7. 1857.)
Tournai. Manger s"n j'ime.
868. De car d'autrui, des grands scorrion.
(Marche.)
LiTT. Du cuir d'autrui, de grands cordons.
Être libéral du bien d'autr-ui. (Acad.)
De aliéna corin ludere.
Pr. fr. — Faire du cuir d'autrui. large courroie.
Voyez le suivant.
Ces petits messieurs-ci, qui n'aiment que la joye,
Voudroient du cuir d'autrui faire large courroye.
(Barquebois. Comm. La Ropinière.)
JODOIGNE. Dins l'eu des onte, des grandes lâche.
869. Tayer in plein cuir. (Mons.)
LiTT. Tailler en plein cuir.
Être libéral des biens d'autrui. (Acad.)
Pr. fr. — Faire du cuir d'autrui large courroie.
Mons. Allons, tant mieux, si c'est vo goût, layez in plein cuir.
(Letellier. Armonaque dé Monn 1861.)
870. Li cûr sèret bon marchî ciste annêye.
LiTT. Le cuir sera (à) bon marché cette année.
Se dit des personnes paresseuses, lorsqu'elles s'étendent les
membres.
On ajoute souvent : l.es vaî si a'tindtt; les veaux s'étendent.
Les esguillettes seront à bon marché, les veaux s'étendent.
(OUDIN. Curiosités françaises. 1640.)
Vos d niz, rin qu'à v' loukî, grande èvèye di" bftyl.
Et vos fiz dire qui 1' cûr divfreut bon marchl.
(M. TiiiRY. Inecopc di grandiveux. 1859.)
Namur. li cû sèret bon marchî ciste annde-ci.
Var. Malmedy. Les cûr su s'tindet so r blesse, i raval'ront.
Var. Jodoigne. Le eu va ravaller, i se slein d'seu l'biesse.
87t. Es r pièce dépasser cûr, ti d'meurrès poyou.
LiTT. Au lieu de passer cuir (tanné), tu resteras velu.
Tu ne feras jamais rien. — Tu n'es pas capable de recevoir
de l'éducation.
— -240 —
CUIRE.
87"2. Çoii qui n'eût nin por vos, leyîz-l' broûler.
LiTT. Ce qui ne cuit pas pour vous, laissez-le brûler.
Ne vous mêlez pas des affaires des autres ; il ne faut pas s'in-
gérer mal à propos dans les dififérends d'autrui.
Çou qui n'cnt nin por mi, j'el lais broùler po l's aute.
C'est m'pus p'tit imbarras, qu'leus aiwe seûye basse ou haute.
So leu cou, so leu liesse, ji lais fer mes voisin.
(ÏHIRY. Ine cope di Grandiveux. i8S9.)
LÈVAÎ.
Scrvâs, ni d'hez rin, ca coula m'poreut fer de toirt.
Servas.
Ji n'a wàde, çou qui n'eût nin por mi, j'èl lais hati.
(Hraiiy. Li bouquet. Il, se. 19. 1878.)
C'qui n'eût nin por mi, j'èl lais brûler po les aute.
Ce que n' chauffe ni por vos, lèyîz-l' brûler po l's aute.
Pierrot.
Oh ! pour mi, çou qu'j'ein dis
C'est par eintindu dire, mais c'qui n'cauffe nî por mi,
Ju rièye brûler, ni pus ni moins.
(DuFRASNE. Pierrot vit co. Se. \'^. Arm. borain. 1890.)
Quand F fricot d'ein eute brûle, i faut le laissier brûler.
(CORBLET. Gloss. 1851.)
873. Pus ctit, pus bout.
LiTT. Plus il cuit, plus il bout.
Plus un différend traîne en longueur, plus les parties
adverses s aigrissent. — Plus le mal est grand, plus il est
difficile d'y porter remède.
Cité par Forir. Dict.
Aimon qui, so li k'minc'mint, ni s'sintéve wère di viristé, s'eschâffa à l'dake, ca,
comme dit li spot, pus eût, pus bout.
(G. Magnée. Li houlotte. 1871.)
874. A d'eaule, i sont cuite. (Tournai.)
LiTT. A d'autres, elles sont cuites.
Gela signifie qu'on n'en croit rien.
CUISINE.
875. Pus gn'a-t-i d'couh'nîre divins 'ne couhènne,
pus mâle est l'sope.
LiTT. Plus il y a de cuisinières dans une cuisine, plus mau-
vaise est la .soupe.
Trop de gens, trop d'avis gênent ou nuisent souvent. —
Namur.
Jodoigne.
Framkries.
Picardie.
- 247 —
Plus les commissions administratives et autres sont nom-
breuses, moins elles travaillent. (Voir les Académies.)
Var. Mo.ns. a deux cuis'nière, on foursale el soupe.
Basse-Alle.magne. — Viele Kôche versalzen den Brei (die
Suppe)
876 Pus crasse est 1' couliènne, pus niaîgue est
rtestamint.
LiTT. Plus kl cuisine est gras.se, plus le testament est maigre.
Les trop grandes dépenses amènent souvent la ruine.
Cité par Forir. Dlct.
Var. Namur. Crausse cougènne
A pauvrilé po voisènne.
CUL.
877. Fer totès mohe à deux cou
LiTT. Faire toutes mouches à deux culs.
Faire des miracles, faire l'impossible (ironique).
Cité par Forir. iJict.
Jaspà, qwand vos m'hantîz, vos d'vîz fer des mohe à deux cou ; si v' n'avez nin
s'tu â bois sins cougnèye, ji poux dire qui v's avez à pône metlou Tcougnèye à l'abe.
(Remacle. Dici.)
Et, comme ti l'aveus promettou,
Ti d'véve fer des mohe à deux cou.
Mais ti n'as nin co fait mervèye,
Ca ti n'as co dit qu'des biestrèye.
(Jos. Lamave. Satire contre ë. li. 1861.)
Variante. Fer totès mohe à deux cou et les vinde.
Verviers. On feu d'mohe à deux cou.
(N. Poulet. Titre d'une fable. ISG'i.)
878. Sinli à s' cou k'mint les âwe vesset.
LiTT. Sentir à son cul comment les oies vessent.
Juger d'autrui par soi-même. (.\gad.)
Pr. fr. — Mesurer les autres à son aune.
Cité par Forir. Dict.
Jalhay. Thiodôre.
Houtoz, Garitte, i n'fàt nin roûvî qu'nos avons s'tujône ossi. (^1 part). Onsinlà
s'cou comme les awe vesset.
(Xhoffer. Les deux soroche. 1, se. 9. 1861.)
879. On (lîreut qui l' trô di s' cou est l'intrêye d'ine
belle vèye.
LiTT. On dirait que le trou de .son cul est l'entrée d'une belle
ville.
— 248 —
Ironie adressée aux personnes qui font beaucoup d'embarras,
qui veulent paraître plus qu'elles ne sont.
Dadite.
Vos n'estez qu'ine lànnresse. Accorez, v'nez don l'vèye,
Elle pinse qui Ttrô tli s'cou seûye l'intrôye d'ine grande vèye.
I lî furent nvgalant.
, (Jos. KiNABLE. Ine dispute. 1889.)
.Maroiie. Gn'a do qu'pinset et qu'v'let fet vèye
Qu'leu cou c'est l'intrée d'ine belle vèye.
(Alexandre. P'Ut corti. -1800.)
MoNS. Eie' tout ça parqué i s'a établi à s'compte, à l'place dé fai l'commis voya-
geur; si bin qu'à c'ste heure, i coil que l'trô dé s'en c'est l'intrée d'enne grande
ville.
(Letellier. Armonaque dé Mous. 1878.)
MoNS. I compte pa cint, i compte pa mille,
Pinsanl pou sur, margré s'métier,
Que s'en est l'intrée d'eine grande ville.
(J.-B. Descamps. Pouf et esbrouf. Ch. OEuvres 1887.)
880. Qui broùle si cou s'assît so les cloquette.
LiTT. Celui qui briiie son cul s'assied sur les ampoules.
Il subit les conséquences de sa maladresse, de son impré-
voyance.
Variante. Cortaî.
Fez comme vos volez, si vos v' broûlez les fesse, vos v's assîrez so les cloquette.
(Willem et Bauwens. Pèchl rach'té. Se 3. 1882.)
JoDoiGNE. Qui brûle se d'drit, s'achît seu des cloquette.
881 . On n' lî sâreut sèchî 'ne plome foù de cou sins
chaude aîwe.
LiTT. On ne lui saurait tirer une plume hors du cul sans eau
chaude.
On ne saurait rien obtenir de lui sans efforts.
On n'entrait point chez nous sans graisser le marteau,
Point d'argent, point de suisse....
(Racine. Les plaideurs. I, se. l".)
Jaluay. Mathî.
Elle est pus malenne qu'on n'pinse, on n'a nin 'ne plome sins chaude ahve foû
d'Ièye.
(Xhoffer. Les deux sorocke. I, se. i. 1861.)
88^. Elle a des ou es cou.
LiTT. Elle a des œufs dans le cul.
Elle fait la mijaurée, elle est maniérée, affectée.
Variante. Elle fait li streûte.
Var. Jodoigne. Il Ta l'eue stoit.
— 249 —
883. Si t'as sogne d'esse battou,
Ni lais nin vèyî l'cou.
LiTT. Si tu as peur d'être battu,
Ne laisse pas voir ton cul.
Si tu crains le danger, ne brave personne.
Cf. Je voudrais bien monter, mais la chute est à craindre.
Si tu Grains, reste à terre, et cesse de te plaindre.
(Walier Raleigh et la reine Elisabeth.)
JoDOiGNE. Si t'as peu d'esse batteu, n'va ni à l'guerre.
884. Aller cou d'seûr, cou d'so.
LiTT. Aller cul haut, cul bas.
Aller mal, à rebours, sens dessus dessous. Se dit d'une
chose qui ne réussit pas, d'une afTaire qu'on abandonne par
dégoût ou par apathie.
Cité par Forir. Dict.
Tonton.
Si r barque va affondrer.
Bah ! qu'a van- jîne keûrc di nos ;
Li p(5 qui poireut arriver
Ci sèreut mutoi de rôler,
Sins s' fer de ma, cou d'seûr cou d'so.
(De Harlez, Fabrv, etc. Li voyège di Chaud fontaine. I, se. l'^. 1737. )
T'es-st-on pauve sire, t'es-sl-on vàrin
Qu'a brouille? totes les braves gins ;
Li liesse ti toûne et ti d'vins sot ;
Pinses-tu nos motte cou d'seûr, cou d'so?
(BODY. Chanson patriotique. Recueil. 1787.)
Ossi avans-n' situ miné
Cou d'seûr, cou d'so : n's ostans ruiné.
{^om. Chamon patriotique. Recueil. 1791.)
Baiwîr.
J'a trové d'vins m'cabosse ine fameuse société
Po mette cou d'seûr cou d'so, les boûse dé monde élire.
(AIXIDE PRYOR. On dragon ({ni fait des madame. d8()7.)
CoNDRoz. S'elle kinohe on viége
Tôt peuplé d'bravés gins.
Elle y fait on voyège
Po-z-y mette li venin.
I s'ôs r'sintet lurlos,
Toi va cou d'seûr, cou d'.so.
(Damoiseaux. Li trô d'Lognc. 1871.)
Vf.rviers. Espérans co qu'cLsse féye
I front l'deugt d'crauhe à lurlos.
Tôt fant taper l'hah'lôye
Jusqu'au cou d'seûr cou d'so.
(J.-S. Renier. FMne lauke di deux des pus spitant. Uanquel. 1867.)
— 250
Jalhay. Math'i.
Ah! mais! po Pierrette on s'Iaireùt bourdousser cou d'seùr cou d'so.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. S. 1801.)
Namir. Jcan-Jenne-Marie et Marie-Jenne-Jean ont accouru, i m'ont r'vîngî et
finàrinint tôt a sti eu d'seù, eu d'so.
r.HARLEROI. BeRAN.
* C'est r vesse que nos avons qui fout tout eu d'sus eu d'sous.
(L. Bernus. Umalade St-Thibnn. III, se. 3. 1876.)
MoNs. Cu d'seûr, eu d'sous.
Nivelles. Enfin toute el journée, 1' ville est eu d'seùr, cu d'sous.
JoDOiGNE. Il est tôt eue d'seu eue d'sos.
885. Rôler (Taper) 1' cou-z-â haut.
LiTT. Rouler (jeter) le cul en haut.
Tomber maladroitement ; renverser, détruire, faire une
chose à rebours ou toute de travers.
Cité par Forir. Dicl.
Choeur.
Et qui pau qu'il euhe fait l'biesse,
Elle l'ârit polou fer cann'ter
Li cou-z-â haut d'vins l'aîwe di Vesse.
(De Harlez, De Cartier. Li vuyège di Chaudfontaine. II, se. I. d7S7.)
Des sôdàrt arrivet so l'côp
Mais i sont r'viersé l'cou-z-à haut.
(J.-J. Hanson. Les luciade es vers ligeois. Ch. VI. -1783.)
Tôt r'hoyant vosse marchi, vos avez pus d'mèrite
Qui d'passer 'ne vicàrèye à lanwi tos les deux,
A y' taper l' cou-z-à haut, à fer des mftlhureux.
(N. Thiry. Ine copenue so l'mariège. 1858.)
A .slhe heure à Saint Pau,
Baîwîr tourna l' cou-z-â haut,
Po l'gloire di Lige, i s'a fait sô.
(Alcide Pryor. Lijama des qwatte nation . 1869.)
Thomas.
Po fer tôt r cou-z-à haut, ça vos avez 1' brevet.
(Al. Peclers. Uovrège d'à Chanchei. Se. 12. 1872.)
Verviers. Sai nos sièrvi ni d' chass' pot, ni d'awèyc,
A eôp d'picraî, nos 1' makrint l'cou-z-à haut.
(Xhoffer. Les deux côpeu d' boûse. 1871.)
Jalhay. Garitte.
Lu moujou enne n'a nin houmé fribotte.
Pierrette.
I m'a dougud deux fie l'sèyaî l'cou-z-â haut.
(Xhoffer. [.es deux soroche. I, se. 9. 1861.)
Charleroi. Sins tant vos r'tournel d'icusse, boulet bin libérau,
Fiet vos loi à vo n'auche, foutet les l'eu in haut.
(L. Bernus. Le r'nau èiét les dindon. Faufe. 1873.)
— 251 —
886. Broûlerrcoii.
LiTT. Brûler le cul.
Abandonner le jeu quand on a gagné,
Namur. On vos caresse, a puis on bat en r'traile.
C'est propremintc'qui nos djans brûler Peu.
(CoLSON. On dainiin mol aux AïKjlais. Ch. ISG^i.)
887. Tôt toûne à cou d' poyon.
LiTT. Tout tourne c^cul de poulet.
Rien ne réussit — Pas de chance.
Namur. Raison, assistez nos,
Di (]"là haut dischindoz.
Car li monde va, dit-st-on,
Tourner à cul d'pouyon.
(WÉROTTE. Choix dechamom wallonnes. 1800, 3i-'c<d.)
^AMi-R. Si l'vie racenne à c'sle heure est rachîchie
Ça n'y fait rein ; tos les jùnes rijetton
Ni rialront nin tourner a eu d'pouyon.
(Jos. SUARS, dit MlMI. Ch. Aurm. di IS'ameiir. 1887.)
888. ï n'a nî l'air d'avoi s'ciil dinsl'bûre. (Nivelles.)
LiTT. Il n'a pas l'air d'avoir son cul dans le beurre.
Il n'est pas à son ai.'^e, il paraît très tourmenté.
889. I s'a fait sinti 1' cou.
LiTT. Il s'est fait senlir (pincer) le cul.
Il s'est laissé tromper. Il a trouvé plus malin ou plus adruit
que lui.
On ajoute parfois : Avon 'ne cressu.
890. Il a ein eu d'au, i skitte sans l' seinti. (Mons.)
LiTT. Il a un cul d'oie, il foire sans le sentir.
Il n'a pas conscience de ce qu'il fait, soit en bien, soit en mal.
891. iNi chîr qui d'on cou.
LiTT. Ne chierque par un cul.
iSe dit de deux personnes qui vivent en parfaite intelligence.
Se dit de deux personnes extrêmement unies d'amitié ou d'in-
térêt et (jui sont toujours de la même opinion, du même senti-
ment. (ACAD.)
Pr. fr. — Ce sont deux têtes sous le même bonnet. — Ce
sont les deux doigts de la main. — Ils sont ensemble ù pot et à
rot.
Ce n'est qu'un cul et une chemise.
(OcDiN. Curiositez françnixea. 1640.)
Ce sont deux culs dans une chemise.
(Dictionn. des proverbes français. 17JJ8.)
— 252 —
I léhln essone tos les joû
Et i n' chyînt qui po 1' même cou.
(Pasquèye criiique et calotène xo les affaire de V méd'cenne. 1732.)
Var. Mons. I sont toudi pindantà les cordelle de l'un l'aute.
Var. Tournai. Ch'est cul et qu'mise.
Var. Tournai. Boire au même peot.
89:2. Prope et nette,
Comme el eu Raquette. (Mons.)
LiTT. Propre et net.
Comme le cul de Paquette.
D'une très grande propreté, (Souvent ironique.)
Paquette (■lait une sale femme, qui, vers la fin du siècle dernier, vivait à Mons,
et qu'on voyait chaque jour en état d'ivresse, traînant dans les ruisseaux. Elle
avait 616 fort belle dans sa jeunesse, et la maîtresse d'un grand personnage.
(Sigart. Dict. du wallon de Mons. 1870.)
893. I n' fàt nin r'noyî s' cou po 'ne vesse.
LiTT. Il ne faut pas renier son cul pour une vesse.
Il ne faut pas pour une légère contrariété abandonner une
affaire. — Il faut supporter quelque chose de ses proches.
Variante. Po on pet.
894. I n' chêye qu'avou 1' cou d'à Mathî.
LîTT. Il ne chie qu'avec le cul de Mathieu.
Il ne connaît les choses, n'en juge que par le rapport d'une
telle personne, ne trouve rien de bien ou de mal que suivant
le jugement qu'en fait la personne pour qui on est prévenu.
(ACAD.)
Ne voir que par les yeux d'un autre.
895. I va ploûr, les marcou châffet leu cou.
LiTT. Il va pleuvoir, les matous chauffent leur cul.
Observation faite dans les cuisines.
896. Coula lî pind â cou.
LiTT. Cela lui pend au cul.
Cette chose lui pourrait bien arriver.
Ou :
Oltant lî pind â cou.
LiTT. Autant lui pend au cul.
Il vous en pend autant au derrière.
(OuDiN. Curiositez françaises. 1640.)
Il pourrait bien lui en arriver autant. (AcAn.)
Vr. fr. Autant lui en pend à l'œil, à l'oreille, au nez.
HouiNAGE. Est-ce que coula m6 r'garde, dit-st-i? il n'sé douto nié qui li en pindo
autant k s'cu.) (Armonacdu Borinage. 1849.)
— 253 —
897. Ça va, ça vie, comme el cul d'ein vieux g'vau.
(M ON s.)
LiTT. Cela va, cela vient, comme le cul d'un vieux cheval.
Il a des alternatives de bien et de mal, de froid et de chaud.
(SiGART. Dict. du wallon de Mous. 1870.)
898. I n' fàt nin horbi s' cou d'vant de chîr.
LiTT. Il ne faut pas s'essuyer le cul avant de chier.
En toute chose, il faut procéder régulièrement. — Commen-
cer par le commencement.
I savet bin dissimuler,
Di s'y fiî trop lôgîr'mint,
A mon qu'on n' les it'noha trop bin,
Sèreut horbi s' cou d'vant de chîr.
Ou poirter on pet so 'ne civîre.
{Paxquèye so les sémitiarisse. 1735.)
Namur. I n' faut nin frotter s'cul d'vant d'aller chîr.
Tournai. Torquer s'cul avant d'quier.
899. Ch'est malheureux d'toniuer s'cul avec l'ioque
d'ein aute. (TouriNai.)
LiTT. C'est malheureux de se torcher le cul avec la loque,
le linge d'un autre.
Il est toujours pénible de devoir dépendre de quelqu'un
pour les choses les plus nécessaires à l'existence.
900. 1 l'a todi à cou d'vant qu'ine aute ni l'ûye à
l'tiesse.
LiTT. Il l'a toujours au cul avant qu'un autre ne l'ait à la tête.
Il a déjà digéré sa part des mets qu'il offre aux autres.
901. Montrer s' cul pou deux yard éié user pou
ein sou d'candeille. (Mons.)
LiTT. Montrer son cul pour deux liards et user pour un sou
de chandelle.
Dépenser beaucoup plus qu'on ne gagne.
(Leteixier. Armonaque dé Mons. 184G.)
Brûler une chandelle de trois sous à cherclier une épingle
dont le quarteron ne vaut qu'un sou.
(Leroux. Dictionn. comique.)
Saint-Quentin. User eune candèle d'ein sous et pis montrer sein eu pour deux
yards.
— 254 —
90^2. I jow'roiil l'con es l'aiwe.
LiTT. Il jouerait le cul dans l'eau.
Se dit d'un joueur déterminé. (Acad.)
Pr. fr. — Il jouerait les pieds dans l'eau.
MoNS. J' crois qu't'aroi hé joii(î t'cul dins l'ieau, comme les canaerd, t'etoi
billeleuf dins l'arae.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 4861.)
RoHCHi. Al ju'rot s' cul den l'ieau.
(HÉCART. Dict.)
903. I pièdreut s' cou s'i n'tinéve nin si foirt.
LiTT. Il perdrait son cul s'il ne tenait pas si fort.
Il est fort distrait ; il a peu de soin de ce qu'il a.
Pr. fr. — Il perdrait son cul, s'il ne tenait.
(Dict. port, des prov. fr. -17.^8.)
11 jouerait son cul s'il ne tenait.
(OuDlN. Curiosités françaises. 1640.)
C'est un homme négligent qui perd tout ce qu'il a ; un
joueur qui perd tout son avoir au jeu. (Littré.)
904. Coula nos vint bin à cou sins bouter.
LiTT. Cela nous vient bien au cul sans pousser.
Cela vient tout seul, souvent malgré soi, ou au moins sans
qu'on l'ait cherché.
Se dit en forme de plainte.
905. S'trover 1' cou inte deux selle.
LiTT. Se trouver le cul entre deux selles.
Lorsque de deux choses auxquelles on prétendait, on n'en
obtient aucune. Lorsqu'ayant deux moyens de réussir dans une
affaire, on ne réussit par aucun des deux (Acad.)
Pr. fr. — Se trouver, être, demeurer entre deux selles le cul
à terre.
Variante. Entre deux chaises.
Et le protecteur des rebelles.
Le cul à terre entre deux selles.
(Lafontaine.)
Entre deux arçouns chet cul a terre.
{Proverbe del vilain. XIV^ siècle.)
Vakiante. Esse inte deux chéyîre, li cou à l' terre.
(FORIR. Dict.)
Marche. Hinri.
Ainsi, d'après c'qu'on dit, po l'pus drôle des dire
A c'ste heure, i ni pout nin toumet inte deux chèrire.
(Alexandre. Lipèclion d'avril. UI, se. 6. ISSS.)
— 255 —
DoiAi. Vo vèyez aussi ein homme porté à cu-paielle par deux femmes, d'sus leu
crinoline, et pis v'ia qu'ailes font un ('cart à doite et à gauche et noire homme
inler deux selles l'eu par Ihielle.
(Dechristé. Souvenirs d'un homme d' Douai. 1838.)
906. Peler pus liaul qui l'cou.
LiTT. Peter plus haut que le cul.
Entreprendre des choses au-dessus de ses forces, prendre
des airs au-dessus de son état. (Agad.)
Pr. fr. — Peter plus haut que le cul.
Cf. Lafontaine. La grenouille qui veut se (aire ausai grosse
que le bœuf.
Patentes ne tentes emulari.
(Phèdre.)
Cité par Forir. Dict.
On n' rattind wère li carnaval
Po s' dimostrer çou qu'on n'est nin,
Les visège sont pus fax qu' les gins,
Dépôye les palà jusqu'ès l'halle,
On vout peter pus haut qui l'cou,
C'est -sl-ineèvèye à v'fér paou.
(Renard. Math. Laembergh. 18i3.)
Li monde ridohe di gins qui leu sotte gloire Iroûbelle.
Si bin q'ui fesse, on veut qui c'est ji voux ji n'poux.
Et tôt volant peter pus haut qu'leu cou,
I vèyet vite clér es leu hielle.
(Baillei'X. Li raine qui vout s'fer ossi grosse qui Vtorat. 1831.)
Rinoyîz les sottrèye qui v's ont fait toiîrner l'tiesse.
Peler pus haut qui s' cou, c'est s' fer passer po 'ne biesse.
(Thiry. lue cope di Grandiveux. 1839.)
Lu grandeur est si près dé l'chute,
tju'one astohèye y mène d'on côp ;
Cubî "nne-a-ti qui fet l'culbule
Pac' qu'i volet peler trop haut.
(N. Poulet. Li chèrawe et V locomotive. Faufe. 18G2.)
I n'faut jamais v'iu peter pus haut qui s'cu.
1 gn'a in vi proverbe que nos d'vons toudi coire.
Le v'ci : chaque coup qu'on vout, quand on-z-est asset sot,
Péter pus haut que l'eu, on fait in Irù dins s'dos.
(L. Bernus. Vguernouye éièt l'bou. Faufe. 1873.)
MoNS. Enne pètez jamais pus haut qu' vos avez l'tro, vos en friez un à vos dos.
(MoLTRiEix. Des uouvieaux conte dé quic. 1830.)
Var. Mons. I fait pus d'fumier qu'i n'a dé stragne.
Var. Tournai. Faire catieau belle moule. — Eblouir le monde par de belles
apparences, souvent trompeuses.
SoiGNiES. N'cantez jamais pus haut qu'el Irô.
Verviers.
Nahur.
Charleroi.
25G
JoDOiCNE. Qui vont peter pe haut que s'cue s'fail on trau es dos.
GivET. Faut d'inùret
C qui r bon Diet
Nos a fet.
L' cia qui vôret
Ptitct
* Pus haut
Qu'i n'faut
Poret
Bin s' fet
In trô
Din l'dôs.
(SOUET. Li guernouije qui vu s'fer aussi grosse qu'iu bou. Faufe. -1863.)
Prov. Languedoc. Voou pcta pus naou qe lou ki...
{Revue des langues romanes. 4881.)
907. N'aveûr ni cou ni liesse.
LïTT. N'avoir ni cul ni tête.
Se dit d'un discours décousu, d'une chose mal faite, d'une
affaire mal conduite.
Cf. Le début de l'épître aux Pisons d'Horace.
Cité par Forir. Dic(.
De roi, qwand on-z-a fait les fiesse,
N's avans vèyou
Quéquès pasquèye sins cou ni tiesse
Vini âjoû.
(L. BUCHE. Chanson. 1860.)
Quî hoûte ses conte sins cou ni tiesse
S'i n'est nin sùti, toûne à biesse.
(GÉRARD. Li macrai crèyou. Satire. 4890,)
JALHAY. ThIODÔR.
Quu voloz-v' quuj' chante ? Ju n'sés qu'tos vis ravion, des pasquée qui n'ont ni
cou ni liesse, mais qui fiet quéque lie rire des sot.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 8. 1861.)
Namur. On dit l'chanson bin wère hogniesse.
C'est comme on vout, on 'nn6s convint,
On dit qu'elle n'a ni eu ni tiesse,
Mais po do chose... qu'i 'n nés manque nin.
(WéROTTE. Délie pichatle et do stron. Ch. 1867, ¥ éd.)
MoNS. Si j'n'avois rié à dire ej' vos imberlificotrois avet 'ne ribanbcUe Aé conte
dé quié qui n'ont ni eu ni tiette.
(MOUTRIEUX. Des nouvieaux conte dé quié. 1850.)
Var. Mons. I vos mettent-té la des belles phrase, au cul de l'eune l'aute, qui n'ont
ni seins' ni coron.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1846 )
— ^257 —
Conte.
N'avoir ni cul ni tète esl un dicton connu,
Fort usiti^ soit qu'on ijadiiie,
Soit qu'on l'éde a riunneur chagrine ;
J en ai retrouvé l'origine
Dans un livre assez saugrenu.
Jadis un comte de Tufière,
La tête haute et la démarche fière,
Très occupé de ses ayeux,
Croyant éblouir tous les yeux,
Étalait sa magnificence ;
Puis, comme un parvenu, parlait de ses châteaux
Et du respect qu'à ses vassaux
Inspirait toujours sa présence.
« Nul près de moi, dit-il, n'oserait concevoir
L'insolent projet de s'asseoir,
De se couvrir, tant de la bienséance,
Chacun observe le devoir. »
Maître Lubin, témoin de la harangue,
Sur sa chaise se balançant
Et sous son feutre s'abritant.
S'écria sans tourner sa langue.
Mais d'un ton quelque peu railleur :
« Eh quoi, vraiment, c'est par trop biite ;
» Si je vous comprends, monseigneur,
» Ces gens n'ont donc ni cul ni tète. »
(Le baron De Stassart. Publié en i844'.)
908. Meltez-ii ou sèche à cou, i chéyeret foù.
LiTT. Mettez-lui un sac au derrière, il chiera dehors.
Il n'a jamais su garder le souvenir d'un bienfait.
Li rik'nohance, mi fi, li rik'nohance ! — Mettez-li on sèche â cou, i chèyerel
foù. (L. C.)
JoDOiGNE. On lî boutrol one banse à s'cue que chirol co foù.
909. C'est eu tout nu et manche parèye. (Mons.)
LiTT. C'est un cul tout nu et des manches semblables.
C'est un homme pauviT, misérable qui t'ait piti^^.
MoNS. Si nos aute nos étions riche à s'façon et qu'nous vourions régler nos
compte avec tout un chacun, on poudroit bé dire quand nos passons dins les rue :
argaerd c't-i là... c'est eu tout nu et manche parèye.
(Letei.lier. Arrnonaiiiie de )loii.<i. 1884.)
910. Allez gretter vosse cou et magnî les liaveûre.
LiTT. Allez gratter votre cul et manger les raclures.
Allez vous promener.
911. Avu l'cou i)lein d' dette.
l.iTT. Avoir le cul plein de dettes.
Être criblé de dettes ; être un panier percé.
Variante. C'csl-st-on làge boyaî et on cou plein d' dette.
17
— 258 —
LiTT. C'est un large boyau et un cul plein de dettes.
Il a des goûts dispendieux, tout misérable qu'il est.
Cité par FoRiR. Ihci.
Basse-Allemagne. — VoU Schulden sitzen.
91^2. l s'a levé l' cou d'vant.
LiTT. Il s'est levé le cul devant.
N'être pas de bonne humeur en se levant et durant la
journée. (Liïtré.)
Pr. IV. — Il s'est levé le cul le premier.
Il a vu son cul en se levant.
(OUDIN. Curiositez françaises. -1640.)
Namur. Ah ça! aujourcrhu ji m'sos lové l'cul d'vanl, ossi ji sos quinquicu,
grigiieux. [La Marmite, ^^L-mWa. 1890.J
MoNS. Allier il etoi co d' bonne himeûr, que du contraire, aujord'hui, je n'sé nié
s'i s'a levé l'eu par devant, mé il est d'enne himeùr massacrante.
{Arm. dé Mom. 4880.)
918. 1 vorît hèrer tôt 1' monde es leu cou.
LiTT. Ils voudraient fourrer tout le monde dans leur cul.
Ils voudraient dominer, avoir tout le monde à leur ordre,
voir toujours suivre leurs avis.
914. 1 fât deux cou d' sèche po fer one besace.
(Stayelot.)
LiTT. il l'aul deux culs (fonds) de sac pour faire une besace.
a Spot stavelotin qui vent dire : Il faut deuxmalmédiens pour
« faire un stavelotin. Nous n'avons pu découvrir si ce proverbe
« est de date récente ou ancienne, et il peut donner lieu à
« plusieurs significations selon sa date d'origine. »
(Armonac wallon do V samènc. 1885.)
91 D. Poquoi n' jâs'reut-on nin d' cou,
On va bin à messe avou ?
LiTT, PouiT(uoi ne i)arlerait-on pas de cul.
On va bien à la messe avec?
Expression que l'on emploie pour s'excuser d'avoir conté une
historiette léLièrement scabreuse.
CULOTTE.
916. C'est-st-on crâs coud'châsse.
LiTT. C'est une culotte grasse.
Se dit d'un homme qui ne mène pas grand train relativement
— 259 —
à sa fortune, qui ne renouvelle ni ses vêtements ni son
mobilier.
Tos les cis qu'ont des crûs coud'châsse,
Ni savet k'niint passer leu linips.
(Dehin. Les bo7i.s buveu. 1843.)
917. I n' iàt nin sèclil s' coud'châsse pus haut
qu ses hanche.
LiTT. Il ne faut pas tirer ses culottes plus haut que ses
hanches.
Il ne faut pas faire plus d'embarras que les choses ne le
comportent.
MoNTEGNÉE. On n' (Jivreul màye séchî s' coud'châsse pus haut qu'on a
les honche.
(Demoulin. ./i vouxji n'poiix. Vaudeville. H, se. 2. 18o8.)
Hoijye, àx èfanl, c'esl-sl-ès français qu'on jàse,
Les p'tils borgeus s'ennôs mèlet ossi,
Pus haut qu' les hanche, on vout séchî s' coud'châsse,
Et l'vî wallon s'abaslàrdèye ainsi.
(Demoulin. Nosse vi wallon. Ch. 18C0.)
918. I tap'reuL s' coud'châsse so 1' feu ([u'i n'
broùrreut nin.
LiTT. Il jetterait ses culottes sur le feu qu'elles ne brûleraient
pas.
Il a tous les bonheurs. — Tout lui réussit.
Qui volez-v'? sont d'ces aoureux,
Qwand n'àrin qu'ine clicolte,
Qui lap'rin leu coud'châsse so l'feu.
Et si n' broùl'reut nin "ne gotte.
{Jubilé du père Janvier. <787.)
Vabiante. Vos v' mellrî/. l' cou so 1' feu qui v' n'àriz nin 'ne cloquelle.
(Thiry. Inc cope (li (jntndii'eu.T. 1859.)
919. Il a chi es s' coud'châsse.
LiTT. Il a chié dans ses culottes.
Il a eu une grande peur. (Acad.)
Pr. fr. — Il a fait dans ses chausses.
On dit aussi : Il a hapé 'ne hatte, il a hapé 'ne vctte .sogne.
Cité par Forir. iJict.
Hasse-Alll:magne. — In die Ilosen sclieissen (de frayeur).
— Er bat die Hosen vol!.
920. Poirier l' coud'châsse.
LiTT. Porter les culottes.
260
Se dit d'une femme qui est plus maîtresse dans la maison
que son mari. (Acad.)
Pr. fr. — Cette femme porte les chausses, les culottes.
Cité par Forir. Dict.
CHœuR.
Li pauve GolzA a-t-aou hàsse,
I n'fait nin bon d'avu à fer
A des feumine qui poirtel 1' coud'chàsse.
(De Harlez, De Cartier, etc. Li voyège di Chnudfontaine. II, se. i'"'-'. i757.)
Nenni, merci, màgré qui ji seûye d'ine bonne passe,
I n'mi convairel màye qui m'feumme poile li coud'chàsse.
(Dehin. Vhoiume inte deux âge et ses deux maîtresse. Fâve. 1851.)
Crespin.
Lève, elle va co v'ni braire et fer trôner l' mohonne,
Min ji n'a nin paou, c'est mi qu'poite li maronne.
(Ed. Remouchamps. Li sdv'tt. I, se. l'«. 4838.)
Jalhay. Garite.
Mi pauve Gèrà m" hoùtéve todi, i saveut qu'j'csteus capàbe do poirier 1' cou
d' châsse.
(Xhoffer. Les deux soroclie. II, .se. 15. d8G2.)
NiVELi.ES. Pus d' mille an despus l' sainte, el preumière des patronne,
C'esl-st-enne Dame k Nivelles qu'a pourté les maronne.
(Renard. Les avent. de Jean d' Nivelles. Gh. I, 3" éd. 1890.)
Lii.LE. Infin, tout d'puis ch' timps là, Charlotte,
Din sin menache porte les culotte.
Quand eune fo elle a commandé,
Sin pauvre homme n'ose pas roborer (murmurer).
(Vermesse. La singulière séparation. Gh. 1861.)
GiVET. Mais pou ça fallet-z-avoi des maronne.
Et c' n'est nin li qui les pouartet à nosse maujonne.
(SOHET. Lifaufe di Cendrillon. 1855.)
Basse-Allemagne. — Sie hat Hosen an.
CURE.
9^21. C'est qu'as-se keûre, li cusin d'qu'as-se foute.
LiTT. C'est qu'as-tu à voir là dedans (qu'en as-tu cure), le
cousin de qu'est-ce que cela te fait.
Peu t'importe. — Tu n'as ni chaud ni froid là-dedans. — Ne
te fais pas du mauvais sang pour cela.
CURÉ.
922. Qwand i ploût so F caré, i gotle so 1' mârlî.
LiTT. Quand il pleut sur le curé, il dégoutte sur le clerc
(sacri.-tain, marguilier).
Quand le maître récolte, les valets gagnent. Quand la fortune
— 261 —
sourit à un homme généreux, ceux qui l'entourent s'en
ressentent.
Cité par Forir. Uict.
Les mag;asin s' viidet, li case à k'mande est pleinte ;
C'est clTovrège à pleins bresse, i n' sàreiit aller mi,
Et s'i ploùt so l'curc?, ciette, i ^olle so l'màrlî.
(Thiry. Moin di Voctroi. -1800.)
Crahay.
Variante. Plaîve so 1' curé, gotte so r mârlî,
Dit-st-on vî spot des tiesse di hoye,
J'esteus d'vins {'lavasse et l'broûlî.
Jusse à mouinint qu' vos fiz gogoyc.
VoIà li spot qu' fait 1' coupèrou,
J'a tote i'aîwe et vos avez l' gotte.
Qui r màriî faisse tôt ç.ou qu'i vout
C'est r curé qu'a todi l's atote.
(Alcide Pryor. Li jama des qwatte nation. 18G9.)
Marche. S'ploût so l'curet, tant mieux por li.
Alors i gottret sus Tmaurli.
(Alexandre. P'tit covii. 1860.)
JODOIGNE. Quand i ploùt seu Tcueré, i gotte seu l' clerc.
923.Qwand l'curé fait l'aoïisse, li mârlî mèh'nêye.
LiTT. Quand le cui^é lait la moisson, le mai'guillei^ glane.
Quand une personne gagne beaucoup, ceux qui l'ont aidée
en profitent.
On dit aussi : Li curé fait l'aousse et l'màrlî mèh'nêye.
Lorsque le cure a pris tout ce qui lui vient, il ne reste plus
grand'chose. (Remacle. Dici.)
924. Wârder po l'bèchèye de curé.
LiTT. Garder pour la bouchée du curé.
Réserver pour la fin quelque chose de très bon, d'agréable.
(ACAD.)
Loc. prov. Garder pour la bonne bouche.
Cité par Forir. Dici .
92o. L' curé a 'ne hamaîte (li a cassé 1' bresse).
LiTT. Le curé a une barre de fer (lui a cassé le bras).
Se dit d'une femme à qui le mariage a ôté son énergie, son
activité.
92(î. Qwand i s' fret curé, ji :;èret èvèque. (Namur.)
LiTT. Quand il se fera curé, je serai évéque.
Se dit d'une personne dont les principes religieux sont fort
larges, de peu de foi.
— 262 —
9:27. Fer rciiré el V màrli.
LiTT. Faire le curé et le clerc.
Faire les demandes et les réponses.
928. Vàt mî esse curé qu'vicaîre.
LiTT. Il vaut mieux être curé que vicaire.
Il est préférable d'être supérieur à une autre, il vaut mieux
occuper une position plus élevée quand on a le choix.
Baiwir.
J'aveus (lil bonne nute âx affaire,
J'aveus jurd di m' fini keu,
Mais vâl ml d'esse curé qu' vicaire.
Vàt mi d'esse on riche qu'on pauve gueux.
(Alcide PryoR. On dragon qui fait des madame. 18G7.)
DAM i\ AELE.
929. Tôt çou qu'est damnâbe,
N'est nin pindâbe.
LiTT. Tout ce qui est damnable,
N'est pas pendable
Tel (jui mérite un blâme ne mérite pas une peine.
Pr. tV. — Tous cas ne sont pas pendables.
DANGER.
9»^0. Passé dangî,
Saint roûvî.
LiTT. Le danger passé,
Le saint est oublié.
Pr. fr. — Danger passé, saint moqué. — Péril passé,
promesses oubliées.
a Ces proverbes t'ont allusion aux vœux qu'on fait sur mer,
pondant la tempête, et qu'on oublie d'ordinaire aussitôt qu'on
est arrivé au port. » (Qiutaru. Oici. desprov. \Wi.)
Cité par Forir. Dict.
Oh ! combien le pdril enrichirait les Dieux,
Si nous nous souvenions des vœux qu'il nous faif faire ;
Mais le péril passé, l'on ne se souvient guère
De ce qu'on a promis aux cieux.
(Lafoktaink. Fable 12. Liv. IX.)
Variante. I*o 'ne pône ou 'ne maladèye, on fait des dette d'honneur,
On i)roniettc à s' curé, et co pus à s' docteur.
Si Diew, ou bin les saint, avoyîl leu houssî,
Les trcus qwàrt, jusqu'à 1' paî, i fàreut les d'hàssî.
(Aug. HoCK. Promesse, di naiveu. Conte. 1859.)
Italie. Scampato il pericolo, gabbalo il santo.
— 263 -
DANSE.
931. Avu 'ne danse.
LiTT. Avoir une danse.
S'attirer une méchante affaire.
Tatknnk.
Ji v' dis qu' vos n'àrez rin.
Crespin.
Eh biii ! vos àrez 'ne danse.
(Remouchamps. Lisav'tl. 4ct. I, se. 5. ■ISoS.)
93^. I n'y a pont d' pus belle danse,
Qui quand tôt l' monde danse. (Namuh.)
LiTT. Il n'y a point de plus belle danse
Que quand tout le monde danse.
Le goû! de tous pour un même plaisir en montre le charme.
DÉCOUVRIR.
933. P'tit-z-à p'tit tout s'dèniuche. (Tournai.)
LiTT. Petit à petit tout se découvre.
Se dit d'une chose qu'on finit toujours par découvrir. Les
soins que l'on prend pour cacher une chose, sont souvent
inutiles.
Lariguette.
Ch'est pou r mcquaine Dupuehe,
Vous savez, p'iit-z-à p'tit, comme on dit tout s'dèmuche.
(Pierre Brunehaiilt (Leroy). A V tapaffrie des collet rouchc. Se. S. 1891.)
DÉDIRE.
934. 1 vaut inia s' disdire qui s' distrûre. (Namur.)
LiTT. Il vaut mieux se dédire que se détruire.
Il ne faut pas vouloir laire opiniâtrement une chose dont on
sait qu'on ne recueillera que du dommage; l'entêtement a
presque toujours des suites fâcheuses.
DEMANDE.
935. Telle di mande, telle response
LiTT. Telle demande, telle réponse.
Celui qui fait une demande sotte, ridicule, impertinente,
s'attire ordinairement une raillerie, une réponse peu agréable.
(ACAD.)
Pr. fr. -- Telle demande, telle réponse. — A sotte demande,
sotte réponse. — A folle demande, point de réponse.
Cité par Foam. Dict .
264
Nami'r. a sotte (lemamic, pont d'responsc.
Saint-Quentin. A d' soties d'mannesy gn'i ia pau d' réponse.
(GOSSEU. Lettres picardes, -1840.)
Basse-Allemagne. — Wie die Frage, so die Antwort. —
Wie man in den AVald hinein ruft, ruft es wieder heraus.
DEMANDER.
936. Ni d'mande nin ci qu'i l' rifus'reûve. (Namur.)
Lut. Ne demande pas ce qu'on te refusera.
Ne t'expose pas à un refus, à un afî'ront.
DÉMANGEAISON.
987. Chompe de eue, signe de caur. (Jodo[Gne.)
LiTT. Démangeaison de cul, signe d'argent.
Consolation qu'on adresse à la personne qui se plaint de
démangeaisons au derrière.
DÉMANGER.
938. Wisse qui hagne, on grette.
LiTT. Où il démange, on gratte.
Il faut appliquer le remède au mal.
Pr.fr. — Gratter quelqu'un où il lui démange; le prendre
par son faible, entrer dans son sentiment, ses vues. (Littré )
JoDOiGNE. Faut s'gretter ou c'que cliampeu.
GiVET. Vo m' diro co,
Qu'chaquin sint s'mo
Et s' grette ou c'qui ça l'chopî.
(SOHET. Lifaufc di Ceudrillou. 185S.)
DENT.
939. Il a les dintlong.
LiTT. Il a les dents longues (agacées).
Être affamé après avoir été longtemps sans manger. (Acad.)
Pr. fr. — Avoir les dents bien longues.
9i0. Qwand on lî d'naande ine saquoi, on lî raye
on dint.
LiTT. Quand on lui demande une chose, on lui arrache une
dent.
Se dit d'une personne qui ne donne qu'avec peine. (Acad.)
Pr. fr. — Quand on lui demande quelque chose, il semble
qu'on lui arrache une dent.
Cité par Forir, Dici.
— 265
9il. L'prumier dintqiiï li queira sera s' mâchoire.
(MONS.)
LiTT. La première dent qui lui tombera sera sa mâchoire.
Il touche à sa fin.
MoNS. Non, non, Lalie, c" n'est nie n' fluxion, c'est co pus pire; j'erois, si c'a
continue, que l'prumier dent qui m' queira sera m' mâchoire.
(Letellier. Arm. dé Mous. I808.)
Pr. fr. — Avoir la mort entre les dents.
Picardie, tl première deint qui l'y kero, cha sero s' raakoire. — L' première
mouke qui vous piquero, cha sero on taon.
(CoRBLET. Glossaire. 1851.)
Basse- Allemagne. — Der Tod sitzt ihm auf den Lippen.
942. Alagnî sos tos ses dint.
ijTT. Manger sur toutes ses dents.
Manger excessivement. (Agad.)
Pr. fr. — Manger comme quatre. — Manger comme un
chancre.
Là, nosse kimére flottéve es boùre,
Magnant so tos ses dint et vikant so blanc peus,
Vol-ri-là crasse et grosse et si ronde qu'ine vraie tour.
(Fr. Bailleux. IA marcotte qu'avent moussi dhnns on grini. Fàve. 1852.)
Namur. One èfant qu'est todi sache,
Pus taurd, qwand i pidret d' l'ache,
1 mougn"ret d'sus tos ses dint.
(Wérotte. Choix de chansons wallomies. 1860, 3'' éd.)
943. Jône dint, jône parint.
LiTT. Jeune dent, jeune parent.
Quand les premières dents poussent à un enfant, il ne tarde
guère à avoir frère ou sœur.
Cité par Forir. fUct.
944. Rire de gros des dinl.
LiTT. Rire du gros des dents.
S'efforcer de rire quoiqu'on n'en ait nulle envie. (Agad.)
Pr. fr. - Rire du bout des dents. — Rire du bout des lèvres.
— Rire jaune.
Var. Verviers. Rire de l'bèchette des dint.
Cité par Forir. hict.
Ll SORGENT.
(Remacle. Diciionn.)
Tos les grands capitaine
Ont passé po ses main (di l'amor) ;
Qwand i jowe ses dondaine,
On rèye dé gros des dint.
(Henault. Li malignant. II, se. 9. 1789.)
— 266 —
ClÉMEN'CE.
h\'/\7., es mi môme, si j'deus rire?
COLSON (à part.)
Torate, torate, ji va v'fer rire dô gros des dint.
(A. DmxnEF. Pus vt^pus sot. Se. 9. 1862.)
Thérèse.
• Puis, c'est mi qu'on battreut comme on chin à matin,
Et qui j'riereut à 1' nute? Sia, des gros des dint.
(DD. Salme. Inefeummc qu'etiiiès vdt deux. Se. 14. 1876.)
Makciie. Pas'qui môme aux diverlich'mint,
Gn'a qui riet do gros des dint.
(Alexandre. P'tU corti. 1860.)
Tournai. Rire à gros dint.
945. Blanc comme on dint cl' tien. (Tournai.)
LiTT. Blanc comme une dent de chien.
D'une extrême blancheur.
a Se dit surtout en parlant du linge, c'est un propos de
01 buresse » vantant sa lessive.
Tournai. (Prov. contr.) Blanc comme l'as de pique.
946. Parler tôt foù des dint.
LiTT. Parler tout hors des dents.
Dire tout ce qu'on a sur le cœur.
Pr. fr. — Parler des fçrosses dents à quelqu'un.
Réprimander quelqu'un, lui parler avec menaces. (A.CAD.)
Cité par Forir. Dici.
PiRON.
Explique-lu, parole foù des dint,
Ji n' veus nolle pâle qu' tos bravés gins.
{Pasquèije inle Houbietet Piroii so les trouble de l' magistrature en 1677. 1684.)
et illusse cafu ni l'espèche nin
Dé l's y parler loi foû des dînl.
(J.-J. Hanson. Ixs lusiades es vers lUjeois. Ch. IV. 1783.)
Jacob.
D'abord, vos, qu'av' à dire, jàsez lot foù des dint.
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gèrd. II, se. 15. 1875.)
Namur. On poul d'viser toi foû des dint
Des affaire dé l'palrie.
{Chanson patriotique nnniuroise tote novelle. 1790.)
Var. Tournai. Avoir tous ses dint.
DERNIER.
947. C'est l'dièrain
Qu'a 1' mèyeu haring.
LiTT. C'est le dernier qui a le meilleur liareng.
— 2G7 —
C'est au fond du plat que se trouve la portion la mieux
trempée dans la sauce.
Ce qui reste après le choix des autres est souvent le meil-
leur. (LiTTRÉ.)
Pr. fr. — Au dernier les bons.
Ferrières. C'est r prumî
Qu'a les côp d' pîd.
C'est rdièrain
Qu'a les bons grain.
948. Li dièrain n' chûsihe nin s' coi.
LiTT. Le dernier ne choisit pas son poste.
Proverbe de houillerie. Les mineurs tirent leur poste au
sort.
(St. Bûrmans. Voc. des houilleurs liérjeoix. 1862.)
DESCENDRE.
949. Dihinde so Berdoye.
LiTT. Descendre vers Berdoye.
Se dit des noyés (aruot des bateliers de la Meuse).
Berdoye {Bee(ideu /) Village situé sur le bord de la Meuse, non loin de
Ruremonde, et par consfjfiuent en aval de Liège.
DÉSIR.
950. D'sîr dé nounette,
Rancune dé priette,
Jalous'rie d'méd'cin,
Sal'té d'capiichin. (MoNS.)
LiTT. Désir de nonnette,
Rancune de prêtre,
Jalousie de médecin,
Saleté de capucin,
Sont toutes choses qu'on ne peut corriger, elles sont
inhérentes à la profession.
DESSUS.
9ol. Çou qu'est d'so, n'est nin d'seûr.
LiTT. Ce qui est dessous, n'est pas dessus.
Cette chose est ainsi, et ne peut être autrement. — Cette
chose est là, et ne peut être ailleurs.
952. Raviser Chariot : es 1' plècr de \'cv (\cs
àddiseiir, ter des âdd iso.
LiTT. Ressembler à Chariot: au lieu de rester au-dessus, se
mettre au-dessous (de ses affaires).
- 268 —
Marcher à sa ruine en absorbant son capital au lieu de
l'augmenter. — Faire du délicit au lieu de boni. — Faire une
soustraction où il faudrait faire une addition.
Les gins à qui il aveul vindou n'cl payît nin, min turlos H promeUît pus d'boûre
qui d'pan, si bin qu'i ravisa vite Chariot; es 1* pièce de fer des addiseûr, i fa
des addiso.
(Nie. Defrecheux. Ine jdbe di spot. d8o9.)
DETTE.
953. G' n'est nî avou des dette qu'on fait boùre
lé coq'moir. (Jodoigne.)
LiTT. Ce n'est pas avec des dettes qu'on fait bouillir
le coquemar.
Avertissement donné aux personnes qui ne payent pas leurs
fournisseurs.
954. Qui paye ses dette s'arichihe.
LiTT. Qui paie ses dettes s'enrichit.
Il ne faut pas laisser s'accumuler trop d'obligations
pécuniaires.
Pr. fr. — Qui s'acquitte s'enrichit.
Qui se acquitte ne se encumbre.
(Proverbe del vilain. XIV^ siècle.)
Cité par Forir. I)lct.
DEUIL.
955. Poirier l'doû di s'bouwresse.
LiTT. Porter le deuil de sa blanchisseuse.
Se dit quand on porte du linge sale.
Pr. fr. — Il porte le deuil de sa blanchisseuse.
(Leroux. Dict. comique. -1752.)
Cité par Forir. Dict.
Ses bague estlt à pus sovintà brimbàde et s' poirtévc-t-i jour et jamâye li doiî di
s' bouwresse.
(G. Magnée. Baltrt. 1865.)
DEUX.
956. C'est comme deux et deux font qwatte.
LiTT. C'est comme deux et deux font quatre.
Gela est évident. (Littré.)
Pr. fr. — Cela est clair comme deux et deux font quatre.
Nos estans d'flande, rnainè papa,
Et ossi sur (jui v's estez là,
Ou bin qui deux et deux font qwatte
Si vos n'nos aidî à pus ratte.
(J.-J. Hanson. Les Lusiade es vers ligeois. Ch. III. 1783.)
- 269 —
Ci sèret todi vraie, comnio deux et deux font qwalte
Qu'ine èfani d'meûre liaîpieu si v' l'accièvez d'vins l'watle.
(Gérard. Ou fameux med'ciu. Ch. 1890.)
957. Wisse qui gn'a po deux, i gn'a po treus.
LiTT. Où il y a pour deux, il y a pour trois.
Manière de parler proverbiale, qui se dit quand on invite
quelqu'un à Timproviste.
Basse-Alle.magne. - Wo fiir zwei gedeckt ist, kann auch
der dritte mitessen.
DEVOIR.
958. Ni d'veûr quax Wallon et âx Tîhon.
LiTT. Ne devoir qu'aux Wallons et aux Flamands.
Devoir à tout le monde, indilTéremment et sans choix. (Acad.)
Être noyé de dettes, devoir au tiers et au quart.
Pr. fr. — Devoir à Dieu et au monde.
Ne devoir qu'à deux, à Dieu et au monde.
(OUDlN. Curioxiiez françaises. 1610.)
Vo.s âriz bin volou vis meUe pus foû de l'vôye,
Ci fout assez por mi, ji in'deril gn'a d'I'ognon,
Yolà qu'on k'mince à d'veûr àx Wallon, ùx Tihon.
(Thiry. Ine cope di grandiveux. d8o9.)
Vos-ès là onk qui deut màdi l'joù qu'on i'èhala avou c' laid chàwî, qui deut âx
flamind, àx wallon, qu'est nawe comme on sol doirmant et jalolte.
(DD. Salme. Quelle iromp'rèije. Ch. 1877.)
Variante. Èpronter des aidan à Tîbî à Gàtî (à droite et à gauche, de toutes
mains). (Forir. IHci.)
Var. Malmedy. I deut à bon Diu et à ses saint.
959. Si elle m'el divéve, ji ii' iî qwittreut nin.
LiTT. Si elle me le devait, je ne Ten acquitterais pas.
Je m'empresserai de me Taire donner ce qu'elle m'a promis
(souvent sens erotique).
960. Si on li doit, on F fret; si on ne 11 doit nin, on
ne F fret nin. (Namuu.)
LiTT. Si on le lui doit, on le fera ; si on ne le lui doit pas, on
ne le fera pas.
Se dit pour exprimer le doute qu'une chose se fasse, (ju'une
promesse s'accomplisse (surtout en fait de mariage).
Variante. Baîwir.
Ji m' moque di tes cup d'ilnwe, çou qui doit esse, sèrel.
(ÂLCIDE l'RYOR. On dragon qui fail des mudmne. 1867.)
270
DIABLE.
961. I n'est nin si diale (jn'il est neûr.
LiTT. Il n'est pas aussi diable qu'il est noir.
Cet homme n'est pas si méchant qu'il le paraît. (Acad.)
Pr. fr. — Il n'est pas si diable qu'il est noir. — Il ne faut pas
se fier aux apparences.
Cité par Forir. Dict.
Variante. I n'est nin si tlialc qu'enn' a l'air.
Var. Marche. L'ci qu'est l'pus neûr, on l'creut l'piis mouais.
On r vôyereut wàrdet les pourçaî.
(Alexandre. PUit corti. 1860.)
962. Il a r diale es 1' poche.
LiTT. Il a le diable dans la poche.
Il n'a pas le sou. (_Acad.)
Pr. fr. — Loger le diable dans sa bourse.
Il n'a pas une pièce de monnaie ayant une croix pour chasser
le diable.
Un homme n'ayant plus ni crédit, ni ressource,
Et logeant le diable en sa bourse.
(Lafontaine. Le trésor et les deux hommes.)
Cf. St. Gelais.
On alléve àx fiesse di poroche.
Rire et danser jusqu'à matin,
On riv'néve avou l' diale es s' poche.
Coula n' poldve durer longtimps.
(F. Chaumont. Li jonc manège. iSGC.)
Et les treus qwàrl des homme qu'avît l' boùse hin fornèye,
El qwittet r diale os 1' poche, sins pus ni creux ni pèye.
(G. Delarge. Ine copenne conte les pèk'teux. 1873.)
Variante. Baiwir.
De r richesse à 1' bribrèye, j'el veus, gn'a qu'ine aspagne,
J'a r diale es fond di m' boûse et des compte àpayî.
(Alcide Pryor. On dragon qui fait des madame. -18(57.)
Variante. Mathîstoffé.
Pc r'mette les cache es fur, i fàrei lî ach'ter
On p'tit machin d'.so 1' Batte, on p'tit michot d' Sor-Moûse.
HiNRI.
AUez-s' vis porminer, i gn'a l' diale qu'est-st-îis m' boûse.
(Toussaint. Uiriri et Daditie. III, se. 4. -187:2.)
Verviers. Ça, qu'on m' dèye lodi çou qu'on voul, lu ci qui s' trouve là, avou
r diale es s' séchai, i veut cl(5r es ses hielie.
(M. Pire. Lu sodaurt du so les tris. Ch. -1884.)
- 271 —
Marche. Henhiette.
l*irson est bin, Colas a filiale divins ses poche,
l*i(irais-je T sandronette, ou les bonnet à floche.
(Alexandre. Li pèchon iVavril. \, se. ^r*. 1858.)
Malmedy. Il al'diale es s' séchai.
Namlr. Logî r diale dins s' boûse.
Nivelles. Avoir el diale dins s' bourse.
963. Li diale chèye todi so 1' pus gros hopaî.
LiTT. Le diable chie toujours sur le plus gros tas.
Le bien vient à ceux qui en ont déjà. (Acad.) — La fortune
favorise toujours les personnes opulentes.
Pr. fr. — Qui chapon mange, chapon lui vient. — Le bien
cherche le bien.
Quand une fortune vient, ne vient seule.
(Prov. communs. XV^ siècle.)
Gité par Forir. Dict.
Ji m'a batou comme on bon patriote,
J'a s'tu blessî, j"a ma tos mes ohai,
Ji n'dimande rin et n' poux-je ni l'haye ni Ttrolle,
Ca r diale todi chùye so 1' pus gros hopaî.
(Du VniER. Li pantalon irawé. -1841,)
Tatenne.
Comme po l'richcsse, si s'trèbouhe so l'misére,
Li diale todi s'accroppe so l'gros hopaî.
(Willem et Bauweks. Les toûrciveux. Se. îî. 1882.)
MoNS. El diape kie toudi su les gros monciau.\.
Yak. Tournai. Ch'est toudi les grosses tiète qui ont l'pus gros léot.
Var. Ferrieres. C'est todi à pauve li bèsèce.
964. On n'sé wisse qui l' diale fîre ses côp.
LiTT. On ne sait où le diable porte ses coups.
On ne sait pas ce qui peut arriver. Les hasards sont grands ;
il faut, ou il ne faut pas risquer.
Cité par Forir. Ùici.
Jaspar (qu' a propos(5 à Tonton di r' mette si loyin).
Avéz-v' sogne qui ji n'vasse trop haut?
Tonton.
On n'sé wisse qui 1" diale fir ses côp.
(Dehin. Li traie di maye 18iG. Oùve complète.)
HiNRi.
Di quoi, min, fré Crespin, pinsez-v' qui ji seûye sô ?
Crespin.
Oh nenni, min on n'sé wisse ijui l' diale fîr ses côp.
(Remocciiamps. Li sav'it. I, se. \j. 1858.)
272 —
Ji sé qu'fàreut tlè bonheur,
Eniiès furent môme baîcop
Pusqu'i g:n'a trinte mèye numéro,
Mais nouk ni st', wisse qui l'cliale fîre ses côp.
(N. Defrecheux. On billet (Vloi'rèye. dSCG.)
FiFINE.
On rî'sd wisse qui l'cliale fîre ses côp ; d'abord ji so co belle et frisse assez po
plaire à.\ jônes homme.
(Willem et Bauwens. /./ <jalam d'à Fifine. Se. ii'e. i882.)
Jalhay. Bieth'mé.
A c'ste heure qui v's avoz vosse papî, i n'fàt nin tourniquer, on n'set la quu
l'diale fire ses côp.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 4. 186d.)
965. Li diale niarèye si fèye.
LiTT. Le diable marie sa fille.
Seditquandil pleut et qu'il fait soleil en même temps. (Acad.)
Prov. Le diable bat sa femme.
C'est le diable qui bat sa femme et qui marie .sa fille.
(OUDIN. Curiositez françaises. 4040.)
CL QuiTARD. Dict., p. 304.
Cité par Forir. Dict.
Jalhay. D'on côp l'poyette on l'araalic^e,
Duso r grise banse avou l' coquaî,
Et r diale es miton d'one nulée
Marier s' fée enne on clos banstaî.
(Xhoffek. Les deux soroche. ], se. 3. 4801.)
MoNS. El diape va marier s' fiie.
PicARDiB. Cb'esl le diabe qui bot s' femme.
(CoRBLET. Glossaire. 1851.)
9()6. lue fèye qu'on-z-a magnî on diale, on 'nnès
ma'içn'reut bin deux.
LiTT. Une fois qu'on a mangé un diable, on en mangerait
bien deux
Quand on commet une première faute, on en commet d'autres
plu.s aisément. (Acad.)
Cité par Forir. Dict.
Ine fèye qu'on a magnî on diale, n'es pout-on nin ossl bin magnî deux ?
(G. Magnée. Bnttri. 1805.)
Malmedy. Quî a magnî on diale ennès magn'reut mèye.
967. Si d'miner comme li diale ènne on bèneulî
LiTT. Se démener comme le diable dans un bénitier.
S'aLîiter beaucoup. (Agad.)
Pr. fr. — Se démener comme le diable au fond du bénitier.
Var. Vekviers. Rôler les oîiye comme li diale es l'bèneûle aîwe.
(Remacle. Dictionnaire.)
I
— -27 3 —
Namur. Arriv(< là, il a gihoUf^ comme on (iiale diris on bènitî et il a rispité
es l'aiwe.
{Clironuiue. Marmite. '188'i.)
Namur. Et, comme on diabe dins l' bénite aiwe,
Nosse pitite niche si dismoinr'net.
(Berthalor. Strophes. Marmite. 1889.)
Nivelles. Es' ddmèner comme in diale dins V ieau bénite
Var. Nivelles. I s' dèsmène comme in chî-à l' lâche.
Charllroi. Argan.
Je n' su né bon èfant, je su mouais comme in diale dins l'euwe bénite, quand
j' voux.
(L. Bernus. L malade Snint-Thibau. I, se. 5. 1870.)
MoNS. Vos avez biau vos débatte comme in diabe dins l' bénitier, Torde est v'nu
d'ia bas in haut.
(Letellier. Armouaque dé Mans. 1856.)
Frameries. Lalie.
C'est bon, c'est bon, allez visenne, lèyans continuer Gugusse qui fertèye là d'sus
s' quèyerre comme in diape in l'iau b'nile.
(BosQUETlA. Tambour Imitant. Gazette. •1886, n« 4.)
Tournai. Magloire, i s'dem'neol dins s'boite comme ein diabe dins l'ieau bénite,
in criant et in buquanl.
(El coffe. Almanacli du Tournalsien. 1881.)
Douai. Via la bas qui dérive in s' débattant comme un diabe din l'iau bénite.
(Dechristé. Souvenirs d'un homme d' Douai. 1856.)
Lille. Acoutons les infants d' Paris,
Comm'des diables dins l'ieau bénite,
I se r'mutt'nt pour gagner l'grand prix.
(Desrousseaux. Chansons lilloises. 1854.)
St-Quentin. I s' démonte comme ein diabe dein ein siau d'iau b'nite.
(Gosseu. Lettres picardes. 1840.)
Provence. Grida coumo un diable salsa dins un benitié.
(Comparaisons populaires provençales, lievue des langues romanes. 1881.)
968. C'est 1' diale à k' fesser.
LiTT. C'est le diable à confesser.
Se dit d'un aveu ditïiciie à obtenir, et en général d'une cliose
difficile à faire. (Agad.)
Pr. fr. — C'est le diable à confesser.
Divins quel embarras ji m' trouve,
Po fer six couplet d'on cop d' main,
1 fàreut ine jùne liesse tôle noûve,
Et l'meune qui compte septante prélimps.
Mi Pégase div'nou 'ne vèye harottc
Est tos les joû pus ékoisté,
Parblu, kimint volez-v' qui trotte,
Ji lomnie coula l' diale à k' fesser.
(H. FORIU. Li diale à k'fesscr. Chanson. 1857.)
— 274 —
Charleroi. Ci-éante.
Niu el joù i woile à l'orvire, mais c'estet l'diale h confesser,
(L. Bernus. L' malade St-Thibaii. II, se. 6. i876.)
Metz. Sat l' diale à confesset, que d' prépèret tant d'cha.
(Brondex. Chan. Heurlin. Poème. 4785.)
969. Ayu treus tour pusse qui l'diale.
LiTT. Avoir trois tours de plus que le diable.
Être très fin, très rusé.
Femme scet un art avant le diable.
(XV« siècle.
Ossi malin qu'on neiir chet, il a qwalte tour pus qui l'diale.
(Remacle. Dictionn.)
Variante. J'enne a baîcôp k'nohou qui savU fer Tmacralle.
Ni sés-se nin co qu'les feumme ont sept tour après l'diale?
(Brahy. Mes treus manège. -1882.)
Var. Malmedy. Aveûr tos les loiîr qui l'diale n'a nin.
970. L' ci qu'a magnî l'diale, qu'i magne pôr les
coinne.
LiTT. Que celui qui a mangé le diable, mange aussi les cornes.
Quand on profite des bénéfice.s d'une chose, il faut aussi en
supporter les charges.
11 faut se résoudre à essuyer les incommodités d'une chose
qui d'ailleurs est avantageuse. (Agad.)
Pr. fr. — 11 faut prendre le bénéfice avec les charges.
Nivelles. El cieu qu'a mingl 1' diale, n'a qu'à mingt les coune avé.
Tournai. Si t'as mingî l'diale, minge les corne.
RoucHi. Si t'as raie l'diale, min les corne.
(Hégart. Dict.)
971. On n' sâreut peîgnî on diale qui n'a nin
des ch'vet.
LiTT. On ne saurait peigner un diable qui n'a pas de cheveux.
On ne saurait rien tirer de celui qui n'a rien,
hnposaibitium nuUa obligatio. {Institutes.)
Pr. fr. — A l'impossible nul n'est tenu.
Verviers. Ine jône kimére, on pau bourike,
Voiéve qui si homme arringeasse mî s' toupet.
— Ni savez-v' nin, dit-st-i, qu' c'est-st-ine pèrique?
Peîgn'reut-on bin on diale qui n'a nou ch'vet ?
(XUOFFER. Êpigrammes. 1860.)
— 275 —
Verviers. Mais, on l'sé, lu peigne n'ahesse
On diale qu'ottant qu'il u desch'vct.
(J.-S. Renier. Spnis rimes. -1874.)
MoNS. On n' peut nié peigner in diabe qui n'a nié d' ciieveux.
(MouTRllX'X. Den nouvieaux conte dé quié. -iSSO.)
972. Si r diale est pus malin, c'est qu'il est pus vî.
LiTT. Si le diable est plus malin, c'est (parce) qu'il est plus
vieux.
On gagne de l'expérience en avançant en âge.
JODOiGNE. Se r diale est pé malé qu' vos, c'est qu' l'est pé vi.
973. Sèchî r diale po 1' quowe.
LiTT. Tirer le diable par la queue.
Avoir beaucoup de peine à se procurer de quoi vivre. (Agad.)
Vr. fr. — Tirer le diable par la queue.
Cf. QuiTARD. Dict., p. 303.
Dame fortune ossi nos fait l' mowe,
Nos sèchans pus qui l' diale po I' quowe.
(Hanson. Li Hinriade travestèye. Ch. III. 1780.)
Vosse manège est pierdou, vos avez bai fer l' mowe,
C'est bernik , tote vosse vèye, vos sèchiz l' diale po l' quowe.
(Thiry. lue copenne so /' mariège. 1858.)
Verviers. A c'ste heure, on jowe du tote èhawe,
Po fer lu grande chesse aux aidan,
Cusèchi tos les diale po l' quawe,
Po bin 'nnès rimpli les ridan.
(M. Pire. Les boquet sont todi bon. Ch. 1884.)
974. C n'est nin l' diale à choirchî. (Namur.)
LiTT. Ce n'est pas le diable à écorcher.
Ce n'est pas difficile à faire, à dire.
Allons choioz-v' one miette, vinoz voye avou mi,
Gripans 1' tienne do chestia; c' n'est nin l' diale à choirchî.
(Demanet. Opi/idum attintucorum. 18-t5.)
Var. Jodoigne. c n'est nin l' diale à mougnî.
975. I vât mî de touwer i' diale qu'adon qui T diale
nos towe.
LiTT. 11 vaut mieux tuer le diable, que lu diable nous tue.
Dans le cas de défense personnelle, il vaut mieux tuer son
ennemi que de s'en laisser tuer. (Acad.)
Il vaut mieux battre que d'être battu. (Agad.)
Pr. fr. — Il vaut mieux tuer le diable que le diable nous tue.
— '270 —
Nivelles. Cuyaume.
Dinsc'monde ci c'est l'ims iiKiliii (iu"attrape l'aule, ey i vaut meyeu tuer l'dialc
uue l'diale enne vos tue.
(WiLLAME. El rouse de Ste-Einelte. II, se. 5. 4889.)
MoNS. Mi, j'aime mieux twer l' diabe qu'ai diabe emme tue.
(Letellier. Armonaque dé Mons. i8o6.)
Frameries. Mu vaut twer 1' diape que l'diape vos prinse.
(UuFRANE. L'aroute el les p'tils joue. Fauque. Arm. borain. -1890.)
97G. Raviser mî- 1' diale qu'on peus d'souc.
LiTT. Ressembler plus au diable qu'à un pois chiche.
Être beaucoup plus mauvais que bon.
Pelv.
Ji creus qu'elle ni m'riknoh'ret nin, ainsi.
Mencher.
Oh nenni ! Ça vos ravisez mî 1' diale qu'on peus d'souc.
(Brahv. a (lui ffâte ? Se. 15. 188-2.)
977. I magn'reut l'diale et ses coinne.
LiTT. Il mangerait le diable et ses cornes.
Se dit d'un grand mangeur. (Acad.)
Pr. t'r. — Il mangerait le diable et ses cornes.
Mavon.
Il est vraie qui tos ces musicien-la aval'ril l'diale et ses coinne,
(Demoulin. Ji vaux, ji ti'poux. II, se. 2. 18S8 )
Marche. Ni nourris ni colon, ni moine,
I mougn'rint 1' diale el co ses coinne.
(Alexandre. P'tit corti. 18G0.)
Nivelles. I ming'ront l'diale et co ses coune.
Var. Tournai. Gulna.
J'crois qu'si on fzeol boulir l' diable que te buvreos l'bouUieon.
(Pierre Hrunehault îLeroy). Ein ménache d'francs paufe. Se. 12. 1891.)
978. Ax poite, qui hoûte,
Li diale l'aloûde.
LiTT. Aux portes, qui écoute,
Le diable le trompe.
Il y a danger d'écouter aux portes.
Aloi^irder, aloiîrdiner; tromper.
Vr. fr. - Qui se tient aux écoutes, entend souvent son fait.
Variante. Li ci qui houle,
Li diale l'aloûde.
(BoRMANS cl BoDY. Glo.s.sai>e roman liégeois. 1869.)
— 277 —
979. Pus a r diale, pusse vout-i avu.
LiTT. Plus a le diable, plus il veut avoir.
Le désir de s'enrichir ou de s'élever augmente à mesure
qu'on acquiert de la fortune ou des honneurs. (Agad.)
Plus a le diable, plus veut avoir.
(Ane ;;roi'. /rûHf. XIII"^ siècle.)
Cité par Forir. f}i<:t.
Nivelles. Pusse que l' diale a, pusse qu'i vu avoi.
980. Si r diale vos mougne, i n'chît qu' des loque.
(JODOIGNE.)
LiTT. Si le diable vous mangu, il ne l'hie que des loques.
Vous n'avez pas la moindre valeur, vous êtes sans
importance.
981. Fer 1' diale es quatte. (Namur.)
LiTT. Faire le diable ù quatre.
Faire grand bruit, grand tumulte, se donner beaucou[) de
mouvement pour une chose. (Littré.)
Locution tirée de ce que, dans les mystères, il y avait la
grande et la petite diablerie et que pour jouer la grande, il fallait
quatre personnages.
(Fabre. Etudes sur lu basoche.)
MoNS. Quéque fois c'est Jeanne Berdelle èié Colas Grignon, tout insembe qui
faitent-té l'diabe à quatte.
{Arm. dé Mom. 1884.)
982. 1 fàt quéque fèye mette ine chandelle à diale.
LiTT. Il faut quelquefois mettre une chandelle au diable.
Flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quel(}ue
chose. (AcAD.)
Pr. fr. — Brûler une chandelle au diable.
Cité par Forir. Dict.
Ni convinreut-i nin
D' lî fer noa.se compiuminl ?
On poul 'nn' avu inèsàhe,
Fàt mette chandelle ;\ diale.
(Paxquéye po l'installation d' M. Clermont, maire di Vottcm. 1808.)
On mette quéque fèye on bout d' chandelle à diale,
Li politique hère si nez d' tos costé.
(TiiiitY. /-( r'tonr il lAijc. 18S8.)
JùsEPn.
On donne, c' nest nin po riioiume, ccst pu V proccs-verb.'il,
I fàt bin d" limps in timps mette ine chandelle à diale.
(Ch. Hannay. Li mivje ticiir d'à Cnlnr U, se. 8. 18t)(j.)
— 278 —
Verviers. Si po "ne grosale
Ino fcinme aime à rira'ter,
On poul s'pàrgnî di s' kihègn'ler
Tôt plantant ine chandelle à diale.
(XuoFFER. Êpigrammes. 1860.)
Marche. Thérèse.
• Faut sovlnt qu'on-z-allome ènne chandèye au diabe.
(Alexandre. Li pèchon d'avril. III, se. 2. 1858.)
Var. Marche. To deus one chandèye au bon Dieu.
NivELLE§. Brûler 'ne chandelle au diale.
MoNS. Tiet surtout n'alumez, jamais 'ne candeille au diable.
(MouTRiEUX. Des nouvieaiix conte dé quié. 1850.)
983. C'est l'diale qui s' fait ermite.
LiTT. C'est le diable qui se fait ermite.
Se dit en parlant de quelqu'un qui, après avoir fait le libertin,
devient dévot sur ses vieux jours. (Acad.)
Pr. fr. — Quand le diable fut vieux, il se fit ermite.
Cf. QuiTARD. Dict., p. 306.
Cité par Forir. Dict.
Julien.
Çou qui j' se bin c'est qui c'sèret l'dièraîne di mes dondaîne, qwand les cl qui
m'ont k'nohou d'vrît dire qui l'diale si fait ermite.
(DD. Salme. Ligermalle. Se. 10. 1883.)
Ver\iers. Lu r'nau.
Duspôye qu'i a hôdè s'quawe ia tc^lmint sogne de feu,
Quu v'n'avez qu'à r'mouer vosse chaine ou vosse marmite,
Po vèyî ci diale là voleur su fer hermite.
(Xhoffer. Les biesse. I, se. 9. 1858.)
Marche. Qwand t'n'ès poux pus, qui l'pèchî t'quitte,
On dit qu'c'est l'diale qui s'fait ermite.
(Alexandre. Fut corti. 1860.)
Nivelles. Quand l'diale dévi vî, i s'fait 'rmite.
Charleroi. C'est qu 'quand l'diale devint vî, i s'fait ermite,
Capucin, jésuite, récollet,
Rabache-nu leus pàtèr sins rachî dins l'marmlte.
(L. Bernus. L'rat dins in fromache d'Hollande. Faufe. 1873.)
MONS. Madelon.
Boh ! il est possibe qu'i mûrira pus tard : il a ein proverbe qui dit quand l'diabe
diviet vieux, i s' fait ermite.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1847.)
Mons. i'us tard, faite qu'on dise niô d'vous; quand l'diabo est fait vieux, i s'fait
ermite.
(MoiTRiEUX. De.i nouvieaux conte dé quié. 1830.)
Salst-Quentin. Quand l'd'jiabe y vient vieux, y s'fret hermite.
— 270 —
984. Li diale ni moûrt mâye.
LiTT. Le diable no meurt jamais.
Les méchants vivent (quelquefois) plus que les autres.
Cité par Forir. Dict.
JOSEPH (à s' belle-mére).
Rawârdez de nions qui nos fieslanse nosse jubilé d'vingl-cinq ans, po coula ; ca
j'espère bin qui vos vikrez jusqu'àdon. iA pan.) Li diale ni moiirt màye.
(Wiu.EM et Bauwens. Li galant d'à Fifine. Se. 2. 1882.)
985. On diale, tôt diale qu'il est, n'sâreut cacliî
ses coinne.
LiTT. Un diable, si diable qu'il soit, ne saurait cacher ses
cornes.
Si bien que l'on fasse, quelles précautions que l'on prenne
on ne saurait cacher son caractère, ses penchants.
Louise.
On trouve todi ine vôge qwand on vout batte on chin,
Il àreut cint raison à m'jeter à l'narenne.
Cathkene.
On diale, si diale qu'il est, n'sâreut cachî ses coinne.
(Delchef. Les deux Neveux. I, se. 2. 1859.)
Basse-Allemagne. — Der Teufcl kann seine Hôrner nicht
verbergen (verstecken).
986. C'est todi l'même diale, comme li ci qui
vindéve des bons Diu.
LiTT. C'est toujours le même diable, comme celui qui vendait
des images religieuses.
C'est toujours la même histoire.
TatI.
Loukans çou qu'nos estans et nin çou qu'on a s'tu.
Tonton.
Va, c'est todi 1' même diale, comme dit 1' marchand d'bons Diu.
(El). RemoUCHAMPS. Tùti l'perriqui. II, se. i. 1885.)
Frameiues. Vos commission èié des implate su des gambe de bos, c'est tout à
fait r même diable, ça pinse au marchand d'bons Dieu.
IBOSQUETIA. Tambour ballant. Gazelle, 188G, n" 28.)
087. On bon côp, fait l'diale, (jwand i happe on
mèneu.
LiTT. Un bon coup, dit le diable, quand il happe un frère
mineur.
Bonne aubaine.
Vak. Nivelles. On bia cùp, dit-sl-i l'diale à s'ptVe.
— 280 —
988. Prindez-les à £ïins, comme li diale prind les
m une.
LiTï. Prenez-les à votre aise, comme le diable prend les
moines.
On peut ne pas se presser, quand on est certain d'obtenir
une chofee.
N. n. Au sujet des trois proverbes qui précèdent, nous ren-
voyons le lecteur aux Recherches historiques de M. Leroux
DE LiNGY {Livre des proverbes fraiiçais, t. I, p. XIV et XV).
989. Ji v' fret vèyî l' diale po l'trô d'vosse cou.
LiTT. Je voas ferai voi'' le diable par le trou de votre cul.
Je vous ferai subir toute espèce d'avanies.
Je vous ferai faire quelque chose de désagréable.
Variante. Ji v'fret loukî l'diale po on p'tit trô.
990. Si k'fesser â diale.
LiTT. Se confesser au diable.
Découvrir ses sentiments à une personne adroite ou fourbe
qui en peut faire son profit, et qui abuse de notre sincérité
pour nous nuire. (Littrk )
Pr. fr. - Se confesser au renard. (Locution tirée de Tancien
poème du Renart, où le renard se déguise en confesseur et
mange son pénitent.)
Nivelles. C'est s'confesser au diale.
DIEU.
991. Li bon Diii est longeâr,
Mais il est payâr.
LiTT. Le bon Dieu est lent,
Mais il est payant.
Dieu est lent, mais il paie ; la justice divine marche en
boitant, mais elle arrive.
Je crois que le mot lon(jedr n'est plus usité que dans cette
phrase; hors de là, on dit longin. Il en est à peu près de même
du mot p'iydr, que nous n'avons trouvé employé que dans ce
cas et dans l'expression : magneu d'pan payâr.
Les princes ont les mains bien longues.
(OUDIN. Curiositéz françoises. 1640.)
Dii laneos habent pedcs, sed ferreas manus.
(LEJEUNE. Prov. familiariu. 1741.)
Vakiaste. Diu est longeàve et payàva.
— 281 -
99^2. Li ci qui l' bon Diu wàde est bin wàrdé.
LiTT. Celui que le bon Dieu garde (protège) est bien {çardé.
Celui qui est sous la protection de Dieu n'a rien à craindre.
993. Li bon Diu n'est nin co moirt.
LiTT. Le bon Dieu n'est pas encore mort.
On doit toujours espérer en Dieu.
Basse-Allemagne. — Der alte Gott lebt noch,
994. Mette S' Pire so 1' bon Diu.
LiTT. Mette saint Pierre au-dessus du bon Dieu.
Prendre une n:iauvaise chose après une bonne.
Prendre la seconde qualité après la première.
Cf. Lait sur vin,
C'est venin ;
Vin sur lait,
C'est bienfait.
Wein auf Bier
Das rath ich dir ;
Bier auf Wein
Das last du sein. [Prov. pop.)
Cité par Forir. Dict.
Verviers. D'abord, après de bourgogne,
Su n'bovant de foirt pèket,
Po fini ITiesse on s'apogne.
C'est mette S' Pire so Tbon Diet.
(M. PiRF. S' Ptre .10 Vbon Diet. Ch. I88i-.)
Marche. Ni mots nin S' Pire sus l'bon Diet.
JouoiGNE. Ne mettoz n! saint Pîre seu l'bon Dieu.
995. Vàt mî s'adressî à bon Diu qu'à ses saint.
LiTT. Il vaut mieux s'adresser au bon Dieu qu'à ses saints.
Il vaut mieux s'attacher à celui qui a l'autorité supérieure,
qu'à celui qui n'a qu'une autorité subalterne. (Agad.)
Pr. fr. — 11 vaut mieux se tenir, s'attacher au gros de l'arbre,
qu'aux branches.
Il vaut mieux s'adresser au roi qu'à ses ministres. (Agad.)
Pr. fr. — Il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints.
Il vaut mieux Dieu prier que ses saints.
(Prov. gtdlic. DilS.)
Cité par Forir. IUcJ.
Nivelles. Kl Berc;!.
ié d'irou d'embl(^e au cliàleau dn roi ; il vaut moyeu avoi à fer au bon Dieu qu'à
le? saint.
((i. WiLLAME. El rnuae de Sninie-Ermlle. Il, se, S. 1889.)
— 282 —
MoNS. I pinsoi qu'il aroi été mieux avé grand'mére, j'disoi in mi-même : i vaut co
mieux parler au bon Dieu qu'à ses saint.
(Leteluer. Annonaque dé Mons. 1850.)
Lille. 1 vaut mieux s'adresser au maite qu'à ses validire (va lui dire : valet,)
(Vermesse. Voc. du patois lillois. 1861.)
996. ,Qui r bon Diii âye si âme et l' diale ses ohaî,
Po fer des manche di coûtai.
LiTT. Que le bon Dieu ait son âme et le diable ses os, pour
faire des manches de couteaux.
Qu'il s'en aille, qu'il disparaisse, qu'il meure.
997. Bon Diu, qu'a fait tant des ècu et qu'a fait
m' part si p'tite !
LiTT. Bon Dieu, qui as fait tant d'écus et qui as fait ma part
si petite !
Plainte du prolétaire.
998. Bon Diu d' bois, qu' t'as 1' visège deûr !
LiTT. Bon Dieu de bois, que tu as le visage dur!
Je n'ose croire que mes prières seront exaucées.
Cf. Les temps sont durs.
Marche. Ah ! novai bon Diew d' bois, qui t'es deur.
999. I gn'a on bon Diu po les èfant et les sôlêye.
LiTT. Il y a un bon Dieu pour les enfants et les ivrognes.
Les individus qui n'ont pas encore de raison et ceux qui n'en
ont plus sont sous la garde de Dieu, ils agissent sans réflexion
et sous l'impulsion d'un instinct qui ne les trompe pas.
Pr. fr. — Dieu aide à trois sortes de personnes : aux fous,
aux enfants et aux ivrognes.
La fortune aide à trois sortes de personnes : aux fols, aux
ivrognes et aux petits enfants.
(OUDlN. Curiosiiez françaises. 1640.)
I gn'a on bon Diu
Po les cîs qu'ont bu.
(A. HOCK. La famille Mathot. 1872.)
Bièth'mé.
I gn'a on bon Diu po les sôlôye, et ci n'est nin sûr li pus mâva.
(Willem et Bauwens. Pècht rach'té. Se. 17. 1882.)
1000. Novaî Diu, novelle flûte.
LiTT. Nouveau Dieu, nouvelle flûte.
Ceux qui arrivent au pouvoir introduisent volontiers des
réformes dans leur administration. — Ce qui plaît à l'un déplaît
— 283 —
à l'autre. — Peu de gens sont disposés h suivre les errements
de leurs devanciers.
pp. fr. — De nouveau roi, nouvelle loi.
De nouveau seigneur, nouvelle mesnye.
(XV siècle.)
Var. Namur. Novia malsse, novia chufflet.
Var. Tournai. Nouvieau malle, nouvieau chiflleot.
1001. Lèyans I' bon Diet au paradis, c'est s' place.
(Namuh.)
LiTT. Laissons le bon Dieu au paradis, c'est sa place.
Se dit aux gens qui invoquent souvent Dieu, ou qui blas-
phèment.
Var. Verviers. Lu peupe cumince
A jauser sciince.
On lait l'bon Diel tranquille es paradis.
(M. Pire. Tombola d'onc machine à keû.ie. Ch. 1884.)
Tournai. Laisse 1' bon Dieu in paradis, ch'est s'plache.
1002. Li bon Diu a lèyî tourner s'vège.
LiTT. Le bon Dieu a laissé tomber sa verge.
Le Seigneur nous a envoyé un fléau, une infortune que
nous avons mérités. — Expression biblique.
Gilles.
Li bon Diu a lèyî tourner s'vège so vos aule, pasqui vos l'avez bin mérité.
(DD. Salme. Ine cise èmon Jacques Boufiiay. Se. 13. 1879.)
Variante. D'ine dolinte voix i priyîve li Signeùr di r'sèchl s'vège d'addiseùr di lu.
(G. Magnée. U cren'quinl de prince âbbé di Stav'leil. 1867.)
Variante. Suzanne.
N'estez-v' pus l'Diu d'juslice ? Sia, sia, mon Diu !
Si r méchant, es s' vèye cial, n'est nin bouhî d'vosse vège.
(Th. Collette. Ine vingince. I, se. 8. 1878.)
Var. Namur. C'est là qu'on sint moinse li vège
Qui l'bon Diel a fait por nos.
(Wérotte. Po l'poain etpo l'chnu. Ch. 1867, +• éd.)
Nivelles. Vos savez pourtant bin que l'bon Dieu c'est nosse mals.se,
Et qu'il a 'ne verge dins s'main de l'pus pichante espèce.
(M. Renard. I^s arcntnrex de Jean d'yivelles. Ch. l. 1857.)
1003. A r wàde di Diu, c' n'est nin jurer.
LiTT. .'V la garde de Dieu, ce n'est pas jurer.
Se dit comme correctif aux personnes qui bla.sphèinent.
284
iOOi. C'est l'bon Diii ({u'el vont, les saint n'es
polel rin.
LiTT. C'est le bon Dieu qui le veut, les saints n'en
peuvent rien.
Manière de dire en plaisantant: mon naturel est tel, je suis
ainsi t'ait, etc.
C'est le maître suprême qui l'ordonne ; il faut souffrir ce qu'on
ne peut empêcher. — Je ne fais qu'exécuter une consigne.
Quand Dieu le veult,
Le saint ne peut.
(Gaiîr. Meurier. Trésor des sentences. i568.)
Tatenne.
Sôlèye, vos m' frez mori.
Crespin.
Taîhîz-v', ni braiyez nin,
C'est li bon Diew qu'el vout, les saint n'y polet rin.
(Ed. Remouchamps. Li sav'tî. Il, se. 5. 1858.)
lOOo. I gn'aveut Diew et l' diale et 1' bayî d' Hannut.
LiTT. Il y avait Dieu, le diable et le bailli de Hannut.
Il y avait une réunion de gens de toutes conditions.
Variante. I ont portant fait çou qu'on polou,
C n'est nin d'ieu fàte si i ont pierdu.
I ont fait tos les mestî,
I ont fait l'curé rmàrlî.
Si ont-i d'n(^ po heure,
A tourner là,
Promette àx électeur,
Li Diew, et l' diale et l'bayî d' Hannut.
{Pasquéye po les élection di 1842 à Visé.)
iOOG. I fait ein Dieu de s' panctie. (Tournai.)
LiTT. Il fait un Dieu de son ventre.
Il ne pense qu'à manger, il recherche la bonne chère, en
égoïste, pour lui seul.
1007. C'est r pourçaî de bon Diu.
LiTT. C'est le pourceau du bon Dieu.
Pr. fr. — C'est la bête à Dieu.
JoDOiGNE. C'est-st-one biesse dé bon Dieu.
1008. Qui va trop reud, 1' bon Diu l'arrête.
LiTT. Celui qui va trop vite, le bon Dieu l'arrête.
Il ne faut pas vouloir forcer un travail, s'enrichir trop vite.
Ne for(;ons point notre talent.
Nous ne ferions rien avec grâce.
(Lafontaine.)
— '285 —
DIGNÉE.
1009. 1 n'est iiiii di D'née, il est d' Piirnôde,
(Namur.)
LiTT. Il n'est pas de Dignée, il est de IHirnode.
Proverbe calembourique. Il n'est pas de ceux qui donnent
(dîner), il est de ceux qui gardent.
Dignée. Village entre Sanibre et Meuse, arrondissement de
Namur, à deux lieues de Fosses.
PuRNODE. Village, arrondissement de Dinant, ù une lieue et
demie de cette ville.
DIMAiNGHE.
1010. Traze au di peurs dîmègne.
LiTT. Treize ans de purs dimanches.
Treize années de jours de fêle.
Remagle {Dlct.) donne un autre sens à cette expression : Ji
v' pinséve es terre, i gn*a *ne annêyc di peurs dîmèyne qui
]' n'âye vèyou r'iûre vosse quowe.
Variante. Tatî.
Tins! estez-v' raviké? Ji v' pinse moirt, ùlerré,
Ji v's a fait sonner 'ne transe, gn'a treus an d' peurs dîmègne
Qu'on n'vis avasse vèyou.
NONARD (à part).
L' vî pindàrd, qu'il est slrègne.
(Ed. Remouchamps. Tdti Vpeniqui. II, se. S. 488o.)
DINDON.
1011. Esse li dindon
LiTT. Être le dindon.
Être attrapé, être pris pour dupe. — Il sera dupe dans cette
affaire. (Littré.)
Cité par Forir. Dict.
Li morale di cisse fàve, messieu,
C'est qui l' ci qui tome à des gueux
Ni dent màye fer ni eune ni deux,
S'i vout wàgnî 1' pàrlèye.
Ca, es 1' pièce de coq, i sèreut
L' dindon de l'comèdèye.
(Fu. Bailleux. Le.i fraivc d'on coirbâ, Ch. 1843.)
Vos allez 'nnès jugi, li spot a bin raison,
Si ji l'aveu hoûtd, j' n'àreu nin s'tu l' dindon.
(Braiiy. Mes tiens mnriège. 1884.)
Marche. Gn'a brav'mint qu'es s'ronl les dindon,
D' broulet l' chandèye aux deux coron.
(Alexandre. P'tit corti. 4860.)
— 286 —
Nami'R. Do tinips do vî baron,
Elle a ieu des consèye.
Et c'est mi qu'est l' dindon.
(COLSON. Mi soilr Marguerite. Ch. 18G2.)
Namdr. Joseph, qui gangn'rans-n' à nos plainde ?
Todi nos sèrans li dindon.
(Wérotte. Les allumeiix iV lampe. Ch. 18G7. 4» éd.)
NrvELLES. Comme toudi, l'pouve garçon s'ès va tout ses pus rate,
Sins songi qu'il est là l'dindon d'enne couyonnate.
(M. Renard. Les avent. de Jean d'Nivelles. Ch. III. i857.)
Charleroi. Ah, vî leup, t'auret v"lu m'tirer in pid d'cochon,
Tu va iesse el dindon.
(L. Bernus. Vlion, rieup èièt li r'nau. Faufe. 4873.)
MoNs. In atteindant accoutez c't elle-ci ous' qu'on peut dire que l'farceur a été
l'dindon d'ia farce.
(Letellier. Armonaque dé Mons, 1861.)
Var. Mons. Il a sté dona {imbecille, dupe) de l'farce.
(SiGART. Dict. 1870.)
Frameries. Vos stez co jône, mais r'marquez bî
Que malgré qu'nos nin pouvons nî,
Et qu'nos stons ci comme à l'ducasse,
C'est nous qui s'ra l'dindon d'io farce.
(Les deux taur éiè l'raine. Fauque. Arrn. borain, 1890.)
DIRE.
1012. Taper 'ne barbote.
LiTT. Dire une parole (en faveur de quelqu'un).
Recommander quelqu'un.
1013. I gn'a todi qui fait, qui dit.
LiTT. Il y a toujours qui fait, qui dit.
A côté de celui qui agit, il y a celui qui parle. — Il y a tou-
jours quelqu'un pour rapporter nos moindres actions.
Cf. La mouche du coche (Lafontaine).
Cité par Forir. Dict.
Ni pinse-tu nin qui j'rèye
I gn'a todi qui fait, qui dit ;
Les meijr ont des orèye
Et-z-ont des oùye ossi.
(DuMONT. Li bronspolte di Hougâre. Se. 7. Vers 1800.)
Divant d'pèchi,
N'vàt-i nin mî
Di s'ri.ssov'nî
Qu'i gn'a todi
Qui fait, qui dit?
(N. Defrechedx. Pèchi cachl, 1862.)
- 287 —
1014. Dire fait dire.
LiTT. Dire fait dire.
Nos accusations nous suscitent des accusateurs.
Nos assertions nous suscitent des contradicteurs.
Basse-Allemagne. — EinWort gibt das andere.
1015. 11 a s'dit èié s'dèdil. (MoNS.)
LiTT. 11 a son dire et son dédire.
On ne peut se fier à sa parole.
(SiGART. Dicc.)
Il ressemble les Normands, il a son dit et son desdit.
(OUDIN. Curiositei fratiçoisex. ie-iO.)
MoNS. Tu peinse peut-ette que je l'erserabe, qud j'ai m'dit éié m'dèdit, et que
j' n'ai pus l'honneur à cœur.
(Letellier. Armonaque dé Mons. ISol .)
101(5. A J'han, n' fât nin tôt dire.
LiTT. A Jean, il ne faut pas tout dire.
Il est des choses qu'il vaut mieux passer sous silence.
Ne confiez pas vos secrets au premier venu.
Pr. fr. — Quand on a la main pleine de vérités, il n'est pas
toujours bon de l'ouvrir.
En passant, ji poireu co Lin
Dire on mot dé gouvernumint.
Mais chut, à J'han n'fàt nin tôt dire,
Li sérieux jaraàye ni fait rire.
(Hanson. Li Hinriade iraveitèye. I. i780.)
Il y a beaucoup de Jean (de gens)
Qui s'appellent Jacques,
Qui ne savent pas comment
La chose se passe.
Si le saviont.
Ils emmerdriont,
Et de rage ils en creveriont ;
Mais n'èl fàt nin dire.
I n' fàt nin tôt dire à J'han
A J'han n' fàt nin tôt dire.
(Ancienne chanson populaire.)
1017. Dire et fer sont deux.
LiTT. Dire et faire sont deux.
Il est plus facile de parler que d'agir.
Pr. fr. — I.e bien-faire vaut mieux que le bien-dire.
Variante. Bin fer vàt mî qu' bin dire.
(FoRiR. Dici.)
Verviers. So I' vôye intre lu dire et l'fer,
Mèye soler d'vront co s' gauter.
(J.-S. Renier. Spots rimes. 187i.)
— -288 -
Marche. Dire est bin, mais tel c'est-st-aute ctiose.
Basse-Allemagne. — Wort und That sind (ist) zweierlei.
1018. Qui n'dit rin l'accoide.
LiTT. Qui ne dit rien l'accorde.
En certains cas, se taire, c'est consentir. (Acad.)
Pr. fB. — Qui ne dit mot, consent.
Qui lacet,co)isenlii'(', uJdfMa ; et cependant on dit : Lesilence
des peuples est la leçon des rois.
2\xce)it,fiatis laudanl. (Terence. Eunuque III, se. '2.)
Qui se tait, est veu consentir.
(Proverbes de Bouvelles. i5'61.)
Cité par Forir. Dict.
Verviers. Qui n'dit rin, consint.
(Remacle. Dict.)
MoNS. Ebé, gas ! qu'est-ce qud fin dis? tu n' réponds nié, c'est qud 1' marché est
fait : qui n' répond pas, consent, qu'i dit l' proverbe.
(LKTEhUER. Armonaqne dé Motis 1802.)
Lille. Qui ne dit mot, consent.
Basse-Allemagne. — Wer schweigt, bejaht (sagt Ja !).
1019. Si vite dit, si vite fait.
LiTT. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Se dit en parlant des choses ou des personnes sur lesquelles
on prend une prompte décision, qu'on emploie aussitôt qu'elles
se présentent. (Agad.)
Pc fi>. — Aussitôt pris, aussitôt pendu. — Aussitôt dit,
aussitôt fait.
Orig. QuiTARD. Dict., p. 592. — Cf La loi de Lynch (en
Amérique).
Sitôt pris, sitôt pendu.
Elle court ouvrir la porte.
(Desaugiers. Pot-pourri de la Vestale.)
Si vite dit, si vite fait, nos gins troufflit essônne.
(Bailleux. Les yotte et Varaigne. Fàve. -1852.)
Comme ça s'tu dit, ça s'tu vite fait,
Vocial vinou on p'tit banstaî
Himpli d'tos frut comme des oringe.
[Deux comparaison grossîre. Conte. i8S7.)
Treus camarade, joyeux comme lu.
Si d'het qui po rire ine miette
I d'vrît l'moussî à récolette,
Ossi vite dit, ossi vite fait.
(Ep. Martial. Li savUi des révolette. dS.'îQ.)
Var. Naml'R. Sitôt pindu, sitôt stronné.
Basse-Allemagne. — Mitgefangen, mitgehangen,
I
— 289 —
1020. Dire âmen à totes les messe.
LiTT. Dire amen à toutes les messes.
Approuver tout, ne faire aucune objection. (Littrk.)
Répondre par manière d'acquit, sans approfondir.
Variante. Il est todi Ik po dire àmen.
TouHNAi. J'sins bin, va, d'jour in jour, que j'dequinds bouguerniint
Disant awi, amen, quand on nVlraite comme eine brute,
Sins l'corache do riîpeonte au ceu qui in'perséeute.
(Pierre Urunehault (Leroy). A l'tapm/rie des collet rouche. Se. 3. 1891.)
1021. Ennès dire qui po pinde.
LiTT. En dire que pour pendre.
Pr. fr. — En dire pis que pendre.
iJire de quelqu'un toute sorte de mal. (Agad.)
)0'22. Ennès dit oltant di ki' commère qui di
m' compère.
LiTT. Il en dit autant de ma commère que de mon compère.
Il n'épargne personne.
10^23. Li cinque qui n' vout nin altinde, qu'i
n'die^ri^. (Namuu.)
LiTT. Celui qui ne veut pas attendre, qu'il ne dise rien.
Le temps se perd en paroles oiseuses.
1024 Çou qu'on n' dit nin, on 1' hufelle.
LiTT. Ce qu'on ne dit pas on le sil'lîc.
On ne peut pas toujours dire tout ce que l'on voudrait, on le
fait sous-enlendre.
DOCTEUR.
1025. C'est-sl-on docteur àx jennès vesse.
LiTT. C'est un docteur au.\ vesses jaunes.
Médecin peu habile ou qui n'ordonne que des remèdes fort
communs et sans efficacité. (Agad.)
Pr. fr. — Médecin d'eau douce.
Docleùr âx jaunes vease, il paraît que c'est un vague souvenir
des docteurs Ueuevoib qui tentèrent, sans succès, de populariser
à Liège, les doctrines de Calvin. Le peuple altère ainsi,
d'habitude, les mots qu'il ne comprend pas bien.
{L.-V. Mélanges. Dulletut^ I. lll, p. 60.)
Cité par Forir. Uict.
Li d'mokî d'Egmont est-sl-à l' liesse,
Qui fait r docteur àx jennès vesse.
(Hanson. Li Ilinriade trauestéye. VIII. -1780.)
19
290 —
C'est-st-on docteur âx jennès vesse,
Qui d'on plein saut ddcide,
Qui n' prononce qui tôt fant on gesse
Po l's affermi tote d' suite.
{Chanso7i sur l'élection du prince Charles d'Oullremonc. 1763.)
DOIGT.
10^6. Il a les deugt à croc.
LiTT. Il a les doigts crochus.
Être tort enclin à dérober. (Agad.) — C'est un voleur, c'est
un homme avide.
Pr. fr. — Avoir les mains crochues.
Cité par Forir. Dicl.
Wayaîpont si plaihîve à taper des hatle à prince et à l' kihagner, tôt l'accusant
d'avu des deugt à croc.
(G. Magnée. IJ cren''quinldè prince âbbé di Stâv'leû. 1867.)
JoDOiGNE. Il a des grands doigt.
Basse- Allemagne. — Lange Finger machen.
IU'27. Ji n' YÔreus nin chôkî m' deugt es feu.
LiTT. Je ne voudrais pas mettre mon doigt au feu.
Par exagération, j'en mettrais ma main au feu, j'assure que
la chose est ainsi,j'en répondrais à mes risqueset périls. (Agad.)
Cf. QuiTARD. iJict., p. 385.
Pr. fr. — Je n'en voudrais pas mettre le doigt au feu.
(OuDlN. Curiositet françaises. 1640.)
Jalhay. Thiodôr.
Ji n'es voreus nin toudi hèrer m' deugt es feu.
(Alexandre. Les deux soroche. I, se. 13. 1861.)
1028. 1 compte so tos ses deugt.
LiTT. Il compte sur tous ses doigts.
Il a beaucoup de peine à se tirer d'affaire faute d'argent.
1029. Bouter 1' deugt es l'oûye.
LiTT. Mettre le doigt dans l'œil.
Amener quelqu'un, par adresse, à faire une chose qui lui est
désavantageuse, ou qui est contraire à ce qu'il avait résolu.
(Agad.)
Pr.fr. — Prendre quelqu'un au trébuchet.
Cité par Forir. Olct.
Dire li vraie, esse contint de pau qu'on pout avu.
C'est co baicôp l'pus sur; et portant on arège
Di boùrder comme des gueux po ragrandi s'wàgnège;
Pinse-t-on qu'on mettreul Ijin l' deugt es l'oùye à bon Diu ?
(Bailleux. Li chèpti et Saint-Aniône. Fâve. 18S6.)
I
— 291 —
M""»^ Badinet.
A c'ste heure qui j'a vèyou li d'so di vos cwàrjeu,
Po m'chôkî l'deugt es l'oùye v" n'àrez pus si bai jeu.
(Delchef. Li ijalant dèVsiervante. I, se. 8. 1857.)
M"'=J LOMBA.
Mais pinsez-v' don todi mi bouter l'deugt es l'oûye?
Vos m' l'avez bin fait hîr, min vos n'el frez pus hoùye.
(Remouchamps. Li sdv'ti. Act. II, se. 5. iSoS.)
C'est-st-on marchî coviért, et surtout po F joù d'hoûye,
Wisse qui les pus sincieux s' fet chôkî l'deugt es l'oûye.
(Thiry. Itie copenne xo V mariège. -1858.)
Jalhay. Majenne.
S' elles ont bin l' tour du hèrer l' deugt es Foûye
A paysan qui louke leus bais saquoi.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. 13. i862.)
Namur. On s' sitich'reûve on doigt dins l'oûye.
Qui rin n' m'arrètreùve vos l' savoz,
J'o co cinquante cop crié ouye.
Es m' trebuquant à 1' nait por vos.
(WÉROTTE. Choix de clumsons wallonnes. i860.)
Charleroi. Gèlique.
El pou qu' vos vos fourî l' doigt dins l'oûye in pinsant d'arriver ou c'qué vos v'Iet
in v'ni, je pette à gaye comme les ch'fau Bâtisse à Quinquet.
(h. Berkus. L' malade Saint-Tliibau. II, se. 7. 1870.)
Tournai. S' foute l'deogt dins l'weil.
Basse- Allemagne. — Einen Daumen aufs Auge drûcken.
1030. On a cinq deugt à 1' main et noiik égal (ou :
nouk ni s'ravise).
LiTT. On a cinq doigts à la main et aucun semblable (ou :
aucun ne se ressemble).
Les enfants d'une même iamille ont des inclination.s, des
mœurs, des caractères différents. — Il ne faut pas exiger une
exacte ressemblance entre les personnes, entre les caractères,
entre les choses. (Littré.)
Les doigts d'une main ne s'entresemblent pas.
{Prov. gallic. -foiO.)
Les cinq doigts de la main ne se ressemblent pas.
{Dict. port, des prov. fr ilM.)
Cité par Forir. Dict.
1031 . I n'faut jamais mette su s'doigt
Sinon de l'hierbe qu'on counnoît.(MoNS.)
LiTT II ne faut jamais mettre sur son doigt
Que de l'herbe qu'on connaît.
— 292 —
Il ne tant point so mrlor de choses que l'on ne connaît pas.
Ces lieux vers — proverbe — sont, la morale de la fable :
rEi'iin'i-d, el Itup ci(' i" •ixwoau.
(Letellier. Aniiontiiiiic de Mans. 1848.)
MuNs. Va-t-ein, foiilu flayuUe (flamaiiil),
Va-l-eiii vîr à qui veiiilc tes finie ;
* Ml, ,ji n'mels dessus mes doigl
Que de l'hierbe que je counnois.
{Clintisoii citée par SiGART. Dict. du wallon de Mons. iSlO.)
îSamiir. . I n'faut mette dessus s'doigt
Que de l'hiébe qu'on connaît.
Marche S'io cours di nône à quatorze heure,
l'insant d'allet trovet l'honheur,
T'es-st-o!i sot; on dait mette sus s'deugl
Di l'hicppe ou d' l'onguent qu'on conneut.
(Alexandre. l'^iit coni. dSCO.)
RoiiCHi. Mets su t' dôgt, l'yerpe ([ué 16 conôs.
(Hécart. Dict.)
Lii.i.E. I n'faut mette sus sin dogt
Que (l'hierbe qu'on connot.
103^2. 1 n lut iiiii mette si deugt inle l'ouhe el
l' postai.
LiTT. il ne t'aul pas mettre son doigt entre la porte et le
montant.
Il ne faut pas s'inL!,érer mal à propos dans les dilïérends des
personnes naturellement unies, comme frère et sœur, mari et
femme. (Acad.)
Prov. il ne faut pas mettre le doigt entre l'arbre et Fécorce.
Sganareixe.
Apprenez que Cicéron a dit qu'enire l'arbre et le doigt, il ne faut point mettre
l'écorce. (Molière. Le médecin maUjré lui. I, se. 3.)
Marèye.
Ji m'sovaîrai joùrmâye
Qu'il est todi bin vraie qui, po viker es paye.
On deul bin clore si bêche et bouler tot-à-fait
Sinsjamàye chokî s'deugl inle li poite et l'postai.
(G. Delarge. Scène populaire. -1874.)
Varl\nte. I n'fàl nin mette si deugt inle li cliché et l'fèrou.
(FORIR. Dict.)
JouoicNE. Ni bouter s'doigt inle l'aube el l'pelaque.
10IÎ3. S'Irouver avé ses dix doigt à s'l)Ouclie.
(Mons.)
i.iTT. Se trouver avec ses dix doigts à sa bouche.
^293
N'avoir rien à mettre sous la dent 'et par extension être
complètement ruiné).
N'avoir pas de quoi vivre, n'avoir pas de quoi mettre sous
la dent. (Acad.)
MoNS I faut loiuii garder "ne pomme pou 1" soif, pasquc^ pus tard, vos vos trouviel
avec vos dix doigt à vos bouche.
(MouTuiErx. Des noitviau.r coûte de qitié. I80O )
Tournai. S'trouver à l'hiver avec ses dix deogt à s'bouque.
Var. Nrs'ELLES. Mais, avé tout ça, c'n'aniu'e ci i nos faut suci nos doigt.
{UAclot. 1888, n"9.)
Saint-Quentin. lîesler avou leu doigt deins leu houque.
(GosSEi\ Letires picardes. 1840.)
1034. Mettez vosse denat d'siis, vos l'troùv'rez
d'so.
LiTT. .Mettez votre doigt dessus, vous le trouverez dessous.
Locution proverbiale pour dire ironiquement à une personne
qu'elle n"aura pas ce qu'elle désire, ce qu'elle convoite.
Mette si deugt d'sus — Deviner.
GUIAME.
Eh bin ! Ji v'.- ci va dire, c'est pasqui ji n'va màye heure li gotle es s"mohonne.
J'han Pierre.
Pc c'cùp cial, vos avez mettou l'deugl d'sus.
(MONOYER. Li k'fesition d'on borguimuisse. 18;J8.)
Louise.
Ji meltreus bin m'deugt d'sus ; ji v'diret qui c'est, pus lard.
{\)]). i>\Lm:. Lesdeiix béch'iù. Se. ;2(i. 1879.)
1035. S'ès hagnî les deugt.
LiTT. S'en mordre les doigts.
Serepentii" de quelque chose. (Acad.)
Pr. fr. — S'en mordre les doigts ; les pouces.
En leur rivage discourtois.
En ont depuis mordu leurs doigts.
(SCARRON. Virijilc travesti. L. G.)
Variante. Quoi donc, c' visège à ehîr esconte
A m'bàbe woise si moslrer sins honte,
Dit, lot bas, nosse Valois furieux.
Et tôt s'hagnant 1" bèchelte des deugt.
(Hanson. Li Hinriade trnvestèijc. (.Ii. III. 1780.)
I n'passa nin baîcùp d'aiwe diso ri'ont-d's-àihc inà qu'ltaitri ni k'imincahe à
s'hagni les dougl di s'avu ulahi à ciste hoiume-là.
(G. Magnée. Dultrî iStiU.)
294 —
Si rtouboula (lent ciste annôye
Arrichi tos les pauves bribeu,
Por mi, j'voreus qu'elle fouhe damnôye
Ca j'm'ennès hagnc èco les deugt.
(Al. Pfxlers Li tonhouln (VLUje. Ch. i877.)
Basse- Allemagne. — Sicli auf die Zâhne beissen.
1036. Avu(fer) 'ne saqiioi à r'ièche deugt, jusqu'à
coude.
LiTT. Avoir (taire) quelque chose à lèche doigts, jusqu'au
coude.
Être servi à profusion. — Faire une chose avec le phis vif
plaisir.
Cité par Forir. Dict.
Poquoi av' situ fer des pauve avou des riche ?
Ji v'prindreu-t-à r'ièche deugt, sins l'siermint qui m'oblige.
(Bailleux. Inefdve di m'vèye grand' mère. 1844.)
I gn'aveut ine vette sope â spinâ qu'estcut si bonne qu'on 'nn' à magnî chaque
deux assiette à r'ièche deugt.
(Dehin. Les avinteûre d'on mariège. Ch. 1857.)
Magnîz vosse cabolèye à r'ièche deugt, comme i v'plait.
(AIXIDE Pryok. Poe pourri. i872.)
Namor. On leup, on joû, sortait do bois,
On pansart qui todi cowette,
Dijeuve et tôt r'ièchant ses doigt
I n'faut Jamais rin lèyî piette.
(Wérotte. Li ch'/au et Vleup. Fauve, 1867, ¥ dd.)
1087. Sins deu'^t, on n'sâreut gretter s'cou.
LiTT. Sans doigts on ne saurait se gratter le cul.
II faut avoir les outils de sa profession.
1038. Coula lî plaque âx deugt.
LiTT. Gela lui colle aux doigts.
Se dit généralement des personnes qui, maniant beaucoup
d'argent, en conservent une partie pour elles, par des moyens
détournés ou peu honnêtes.
Il a de la poix aux doigts.
(OUDIN. Curionitez Jrnnçoises. IG-iO.)
Cité par Forir. Jiict.
Baîwîr.
Ti, ti sèrôs m'chin d'chesse,
L'àrgint t'plaqu'ret âx deugt, porveu qu'les aute payesse.
(AlXIDE Pryor. On dragon qtti fait dea madame. 1867.)
JoDOiGNE. Il a d' l'aurpoi
Au bout d'ses doigt.
— 295 —
DOMMAGE.
10M9 C'est rdammaiie qui fait l' chîr timps. (On
ajoute parfois : Et tôt Tmonde s'ennès r'sint.)
LiTT. C'est le dommage qui rend le temps cher (et tout le
monde s'en ressent).
Les sinistres renchérissent les denrées
Ce proverbe se dit en plaisantant à celui qui a toujours les
mots « c'e.si damrnage » à la bouche.
JoDOiCNE. Dammache a fait l'cher timps.
DONNER.
1040. In donner léong comme eine queue d'bruant.
(Tournai.)
LiTT. En donner long comme une queue de hanneton.
Donner peu de chose.
1041. Qui rate donne, deux fèye donne.
LiTT. Qui tôt donne, deux fois donne.
On perd la grâce et le mérite d'un don, quand on ne l'accorde
pas le plus tôt qu'on peut. — Un don qui se tait trop attendre
est gâté quand il arrive.
Pr. fr. - Qui tôt donne, deux fois donne.
Bis dat qui cito dat. (Senèque.)
Vermers. Cadeau vout s'manîre di s'fer,
N'tourniquez quand v'volez d'ner.
(J.-S. Kenier. Spots rirnés. 1871.)
DORMIR.
1042. Doirmi comme ine pire.
LiTT. Dormir comme une pierre.
Dormir profondément.
Cf. Dormir comme une souche, comme un loir.
Tatenne.
Lu, il est todi là qui doime lot comme ine pire.
(Ed. Remol'Champs. U sdv'tt. Acte â, se. I. i858.)
Namor. I dwa comme on chabot.
Basse- Alleîwagne. — Wie eine Ralzc. schlafen.
1043. I n'dame nî seu ses javia. (Jodoigne.)
LiTT. Il ne dort pas sur ses javelles.
C'est un travailleur, il ne cesse de s'occuper de ses aftaires,
il a toujours l'œil ouvert sur ses intérêts.
— 296 —
lOii. Esse comme le cosireû d'Leûze,
Qivaime mia darmeû qii'dè keûse.
(JODOIGNE.)
LiTT. Etre comme !a couturière de Leu/ie,
Qui aime mieux dorm;r que coudre.
C'est une personne nonchalante, paresseuse.
1045. I vont doirmi avou les poye.
LiTT. Us vont se coucher avec les poules.
Se mettre au lit de très bonne heure. (Littré.)
Pr fr. - Se coucher avec les poules.
Verviers. Coùqu1z-v' avou l'pàye alzante
Mais lovez-v' quand lu coq chante.
(J.-S. Renier. Spots rimes. iSli.)
1046. I doim'reut mars et avri foû. (Malmedy.)
LiTT. 11 dormirait pendant les mois de mars et avril.
C'est un grand dormeur.
{Arm. do l'Samè7ie. dSSo.)
DOS.
1047. Racater s'déos avec eine quennette. (Tournai.)
LiTT. liacheter son dos avec une petite pinte.
Eviter d'être battu. — Offrir des rafraîchissements à quel-
qu'un, afin de se le rendre favorable.
DOUBLURE.
1048. Avoir les doublure de s'maréonne qui
coll'tent insane. (Tournai.)
LiTT. Avoir les doublures de son pantalon qui collent
ensemble.
N'avoir rien en poche; iHre sans argent,
DOUCEMENT.
1049. Qui va doûc'mint, va loncçtimps.
LiTT. Qui va doucement, va longtemps.
Qui veut bien faire, doit y mettre le temps.
Feslina hutte. (HORACE.)
Hfitcz-vous lentement.
(BOILEAU.)
Le temps ne fait rien à l'aflTaire.
(Molière. Misanthrope.)
(Jn va piano, va Hano, e chi va saiio, va lontano.
Cité par Forir. Dict.
— 297 —
Colas.
Qwand c'est qu'nos sèrans-st-ès manège,
Nos rgrellrans mutoi nosse jûne timps,
Hoùtez-m', crcyans-st-on vî messège
Li ci qu'va douc'mint va longtimps.
(Baron. Les deux cuxentie. II, se. 4. 1883.)
Variante. I s'y prindet trop reiul, çoula n'durret wère.
Stavelot. Qui va doux, va Ion.
Namur. Qui va douc'mint va longtimps,
Marmottait grand'mc're ;
Et d'jant c' proverbe là, je Ttins
Di m'pauve vî grand'pére :
Ci n'est nin les chin corant
Qu'attrape-nu bramint des an.
(Wérotte. Choix de chamons wallouuex. Namur. 18G0.)
DOUTE.
1050. I n'a pos d' doute,
Après r café, on beot la goutte. (Tournai.)
LiTT. Il ny a pas de doute,
Après le café, on boit. la goutte.
Cela est juste. — Il n'y a rien à répliquer à cela.
DOUX.
1051. Tout à la douce, comme el marchand
d' cerise. (^Ions.)
LiTT, Tout à la douce, comme le marchand de cerises.
Sans faire d'embarras, sans faire beaucoup de dépenses. —
Ni bien ni mal.
Nivelles. Ça va toudi tout à la douce, comme el marchand d'cerige.
MoNS. Quand tu vouras d'mander quéque chose, né pas, m' petit fieu, palle toudi
honnêtement, tout à la douce, comme el marchand d' cerise.
(Letellier. El soleil cié r virii d' bise. Faufe. Arm. dé Mons. 18o7.)
^1 la douai. Cri des rues de Paris annonçant des cerises
douces à vendre. (Littré.)
DOUZAINE.
1052. I n'y a nin traze à 1' dozaine.
LiTT. Il n'y en a pas treize à la douzaine.
C'est une chose rare, on n'en trouve pas autant .[u'on le
désire.
Pr. fr. — Il n'y en a pas treize à la douzaine.
— 298 —
Ce proverbe est sans doute antérieur à la pratique des
libraires, qui prennent le treizième.
Cité par Forir. D'ici.
Ll MAISSE.
Des s' faits àrlisse, j'enne a traze po 'ne dozaine.
(Al. Peclers. Li pielle di Balfays. 1870.)
GÉRA.
Nin voleur si marier... enne n'a nin comme coula
Bin sur traze à l' dozaine.
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gèrâ. I, se. 2. -1875.)
On pout bin dire qui des s' fait,
Enne n'a nin traze ù 1' dozaine.
Po raconter leus binfait,
On jâs'reut pus d'ine samaine.
(Willem et Bauwens. Traze coplet so les Xlll. 1880.)
Verviers Au dozaine vos nos là,
C'est nombre crâne, par po cis qu' hantint ces ajoune là,
Et qu' tot-z-y amoliant leus esprit, leu bedaine,
Fàt dire qu'i sont des tiesse dont gn'a traze so l' dozaine.
(J. -S. Renier. Banquet de i%l\ .)
Jalhay. Garitte.
~ ■ Vos estoz bin on brave voisin, Thiodôr.
Bièth'mé (à part),
l'nne n'a nin traze sufait d'vins one dozaine.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 13. 1861.)
Marche. V n'es trouv'rez nin traze o 1" dozaine.
MoNS. Des àrtisse à treize à l' douzaine,
A chinq franc au pus par semaine.
(J.-B. Descamps. Au temps jadis ^ au temps d' aujourd'hui. Ch. 1887.)
DRAP.
10o3. C'est du drap pareil à m'saurot. (MoNS.)
LiTT. C'est du drap semblable à mon sarrau.
C'est une chose de peu de valeur, ce sont deux choses qui ne
valent pas mieux l'une que l'autre.
MoNS. Ouais! vous y êtes; el dame éié l'mequenne, c'est du drap pareil à
m'saurot.
(Letellier. Arm.dé Mons. 1850.)
Var. Mons. Ouais, bon ! L'hussier, l'hussière c'est l'mainme verbe ; c'est dé
l'toile parèye à m'saurot.
(J.-B. Descamps. El petottier. Scène montoise. 1887.)
Vau. Chari.eroi L' fieu d'imbarras, Tcurieux el l'babiard in ein mot
Tout ça c'est l'môme toile à m'saurot.
(L. Bernus. U tortue éiét les canard. Faufe. 1873.)
JoDoiGNE. C'est lote môme toile à m' saurot.
209
1054. C'est tos boton d'méme drap.
LiTT. Ce sont tous boutons de mJ'me drap.
Ce sont toutes personnes du même rang, du même bord, du
même acabit — ejusdeiii farinœ.
Variante. Bare.
Nos allans bin essonle, nosse maîsse, c'est l'boton parèye à l'habit.
(Willem et Bacwens. Li (jalant d'à Fifine. Se. 14. 1882.)
Var. Tournai. Ch'est l'drap parel à l'doublure.
1055. Il est d'vins des laids drap.
LiTT. Il est dans de laids draps.
Il est dans une situation embarrassante, on lui suscite des
allai res. (Agad.)
Pr. fr. — Il est dans de beaux draps blancs.
Dansez, chantez, tos mes èfant !
Vos n'chantrez nîn tant d'vins ine an,
Vos n'àrez nin tant d'jôye qu'à c'ste heure,
V'ià qui v' fàret payî l' mouteûre.
Et Ion la la,
Po c'côp la.
Nos estans d'vins des laids drap.
(J.-L. Corbesier. Les impôt. Crdm. 18:2:2. Annuaire. i864.)
Si nos èvèque div'net les maîsse,
Nos n'sèrans nin d'vins des baîs drap.
(J. Lamaye. Qiti vive? Ch. 18o7.)
Crahw.
Est-ce divant les mèneu, l'botique
Wisse qu'on-z-ach'têye des s' faits carrique ?
Et Ion la la,
Po c'côp la.
Vos estez d'vins des laids drap.
(Alcide Pryor. Çou q>i'est-.<!t-è.<! fond de pot. 1864.)
Bertrand.
Qwand ti n'poux nin pochi, laid bastârdd croufieu,
Vos m'ia d'vins des baîs drap si j'n'a nou respondeu.
(Toussaint. Lambert H foir sole. I, se. 3. 1871.)
Marche. Baquatro.
C'est portant malheureux, sez-se bin po Colas.
Li mèyeu d'nos ami s'troùve d'vins des laids drap.
(Alexandre. Lipèclwn d'avril. II, se. \0. 1858.)
Var. Charleroi. Tout seu, s'pépiant in mouais navia,
I d'set : me v'Ia bin dins n'Iaide pia.
(L. Bernus. L'èfant brichaudeu. Fauve. 1873.)
Tournai. Ette dins d'bieaux drap.
- 300 —
I0o6. l n'y a màye qu'on drap d'mohonne po
v' fer mâcy.
LiTT. Il n'y a jamais qu'un drap de maison (grande lavette)
pour vous faire sale.
11 n'est que les méchants pour dénigrer les bons.
Cf. Le Nil a vu sur ses rivages
* Les noirs habitants des déserts, etc.
(Le Franc de Pompignan.)
1057. Racater ses drap de lit (ou) laver ses drap de
lit. (Tournai.)
LiTT. Racheter ses draps de lit (ou) laver ses draps de lit.
C'est-à-dire offrir une fête à ses amis lorsqu'on relève de
couche ou de maladie.
1058. On riknohe todi on drap d'iiielle, si bin
qu'i seûye toirdou.
LiTT. On reconnaît toujours un drap de vaisselle quoiqu'il
soit bien tordu.
On ne peut cacher complètement son origine.
Gliassez le naturel, il revient au galop.
(Destouches. Le glorieux. HI, se. 5.)
DROIT.
1059. Dreut comme li vôye di Hu.
LiTT. Droit comme le chemin de Huy.
Se dit d'une chose tortue. (Littre.)
Pr. fr. — Droit comme la jambe d'un chien.
Marche. To fais la des ovrège, morblu
Qui sont dreut comme li vôye di Hu.
(Alexandre. Ftit corii. 1860.)
Var. Nivelles. Doit comme el jambe d'in chi.
Var. Mons. On dit bé souvint qu'Iés meunier, ça vos a 'ne conscience doilte
comme emme bras quand je m'mouche.
[Armonnque dé Mons. 188C.)
EAU.
1060. Li kcùte aîwe est pé qui l'cisse qui court.
LiTT. L'eau tranquille est pire que celle qui coule.
Les gens sournois et taciturnes sont ceux dont il faut le plus
se défier. (A.cad.) - Il n'y a point de gens dont on doive plus
— 301 —
se défier que des gens mornes, taciturnes, sournois et mélan-
coliques.
Pr. l'r. — Il n'est pire eau que l'eau qui dort.
Ane pr Pire est coie yawe que la rade.
Les gens sans bruit sont dangereux ;
Il n'en est pas ainsi des autres.
(La I'ONTAINK. Le torrent et la rivière. Fable.)
Mais il n'est, comme on dit, pire eau que l'eau qui dori,
Et vous menez sous chape un train que je hais fort.
(Moi.IKRE. Tartuffe, l. i.)
Mais c'est une eau qui dort dont il faut se garder.
(Hegnaud. Le di/ttmit. I. 4.)
C'esleut on pàhûle valet, màye à l'tavienne ni à l'wih'nàhe ; mais l'keùte aîwe
est pe qui l'cisse qui court.
(G. Macnée. Ilaitri. iSCio.)
Variante. Mefiyîz-v' dé l'keùte aîwe.
Verviers. Nu v'Iîvrez nin à l'émeute
Mesfyiz-v' du l'aîwe trop keùte.
(J.-S. Renier. Spots rinu's. 1871.)
Var. St-Hubert. C'est l'aiwe qui douame qui nèye.
Marche. Ni v'fyîz nin à l'aîwe qui keùve.
Var. Staveloï. C'est l'aîwe keùte qui noyé.
Namur. Aîwe qui doal n'ronfelle nin.
Jodoigne. Les kwayos aîwe sont todeu les pe dangereuse.
Ciiarleroi. D'in galant trop timide, m'iie, mèliét vous dins l'monde,
Enne aîwe dormante est sovint l'pus profonde.
(L. BernuS. Li rii viet Vrichot. Faufe. 1873.)
Basse-Allemagne. — Stilie Wasser sind tief.
lUGI. 1 11' Il rapoite nin tl' l'aîwe.
l.iTT. 11 ne lui rajjporte pas de l'eau
Il ne lui est pas comparable; il lui est fort inférieur en
mérite. (Acad.)
Pr. fr. — Il n'est pas digne de délier les cordons de ses sou-
liers.
Cl". l'Evangile de saint Mathieu. III, II.
Pr. ail. Kr bringl ihn das Was.ser nicht.
Basse-.\lle.magne. 1m' ist nichl werth ihin die Scliuh-
riemen zu losen — das Wasser zu reichen.
1062. Pèliî es r mâcîte aîwe.
LiTT. Pêcher dans IVau sale.
Se prévaloir du désordre des aiïaires publiiiues ou parti-
culières pour en tirer son profit, son avantage. (Acad.) — Faire
302
tourner à son profit ce qui nuit aux autres. — Profiter du
mauvais état d'une lamille.
Pr. fr. — Pêcher en eau trouble.
Pocher en eau trouble
Est gain triple ou double.
, (Gabr. Meurikr. Trésor des semenees. -I0G8.)
MoNS. Mais qu' d'aucun broyon (surtout des cul-tout-nu d'étranger) voudrions
bé nos faire estropier pou avoir enne révolution, et pêcher à l'ieau Iroube,
comme on dit.
(Letellier. Artnonaque dé Mons. -1859.)
Basse-Allemagne. — Im truben fischen.
1063 I n'y a nolle aîwe si mahèye qui n'finihe pa
s' racièri.
LiTT. II n'y a pas d'eau si brouillée qui ne finisse par
devenir claire.
Avec le temps on démêle l'écheveau le plus embrouillé. —
Nos ressentiments les plus vifs finissent par se calmer.
Cf. Le temps est un L^rand maître, il règle bien des choses.
(Corneille. Sertorhis. Act. II, se. 4.)
Verviers. Nu désespérez d' nolle brihe,
Tote aîwe troûblêye s'acclérihe.
(J.-S. Renier. Spots rimes. iSli .)
Namur. I n'y a pont d'aîwe si brouyie qui n'finiche pa s' racièri.
1064. I s'a lèyî cori l'aîwe es 1' boke
LiTT. Il s'est laissé courir (couler) l'eau dans la bouche.
Se dit de celui qui laisse échapper l'occasion.
1065. Noyî inle deux aîwe.
LiTT. Nager entre deux eaux.
Se dit d'une personne qui, entre deux factions, entre deux
partis, .se conduit de manière à les ménager l'un et l'autre.
(AcAD.) — Tergiverser, biaiser, parler ou se comporter d'une
manière équivoque.
Cf. Regarder de quel côté le vent vient. — Ménager la
chèvre et le chou. — Se faire passer pour un caméléon.
Pr. fr. — Nager entre deux eaux.
(OUDlN. Curiositez françaises. 4640.)
Cité par Forir. Dicl.
HlNRI.
boutez bin, v'n'avez toirt nouk des deux.
Crespin.
Ah ! v' noyîz inte deux aîwe !
— 303 —
Tatenne.
Po 'nnès dire ine pareye,
Vos avez, je l' wag'reus, pinsé co pus d'ine fèye.
(Remoi'Champs. Li sav'tl. Act. I, se. 3. iSoS.)
Inte deux aiwe, foirt po bin noyî.
Très bai inayeté so V politique,
Tinant bon po Garibaldi,
Ou po l'pape... à serlon l' pratique.
(M. Thiry. On coirbâ franc ligeois. 1866.)
Namur. I bagne inte deux aîwe.
1066. Il a todeu l'aîwe à V bouche, comme on via
qu'a des vier. (Jodoigne.)
LiTT. Il a toujours l'eau à la bouche, comme un veau qui a
des vers.
Se dit d'une personne gourmande, ou qui convoite ce que
les autres mangent ou possèdent en fortune, ou affection.
1067. Li pus clére aîwe si troùbelle on joû.
LiTT. La plus claire eau se trouble un jour.
Il ne faut pas compter sur une prospérité constante.
Variante. I n'y a nolle si clére ahve qui n' si brouye.
Verviers. I n'a nolle si clére onde,
Qui n' paùye todi s' troubler ;
Lu pus bai cîr dé monde.
Piette quéque fèye su claurté.
(H.-J. Raxhon, a m' camarade Chapelier. i888.)
Marche. Gn'asi baî ri qui n'si troiibelle.
JoDOiGNE. N'a se belle aiwe que n' se troùbelle.
Picardie. Gn'i o pas d'ieu si belle,
Qu'au esse troùbelle.
(CORBLET. Glossaire. i8M.)
Saint-Quentin. I n'y a pau d'si belle yau qu'a né s' troubel'se.
(GossEU. Lettres picardes, Ifiil.)
1068. Fer \'ni l'aîwe à 1' boke.
LiTT. Faire venir l'eau à la bouche.
Se dit d'une chose agréable au goût et dont l'idée excite
l'appétit quand on en parle, ou qu'on en enlend parler. Se dit
aussi figurémentde tout ce qui peut exciter les désirs. (Agad.)
Pr. fr. — L'eau vient à la bouche.
Cela fait venir l'eau à la bouche.
L'aiwe 11 coréve es l' boke d'avance.
Tôt songeant qu'i herreut es s' panse
Cisse bonne char
(Fr. Bailleux. Li r'ud et V cigogne. Fâve. 1851.)
804
Kt ini, j'ode ine chèv'nèye
Qui l'ahve ii 1' boke fait v'i\i.
(ThirY. Li retour (I Uge. i8î)8.)
Vos avez là "ne don^ye qu'est l)in,appétihàve.
On àreul l'aiwe à 1" boke rin qu' de l' loukî so l' tàvc.
(Al. l'KC.l.ERS. Li cousèye de l' matante. Se. 9. 1877.)
Marche. Portant vos jurrîz tes p'tits saint,
• U'one bontet à fet v'ni des aîwe à 1' boke.
(Alexandre. P'tii corti. 1800.)
Namuh. L'aîwe vineuve à 1' bouche di noste ardinois a tc^l point qu'i d'mande
à r feuuime one portion di s' fricassée.
{On tjrand nez. Marmite 1884.)
Charleroi. m. Diafoireux.
Eh bin, no mestî, d'iez les liesse à coronne, n'est né à mette l'euwe à l'gueûye
d'enne saquî.
(L. Bernus. /; malade Saint-Thibaii. II, se. 6. 1876.)
MoNS. Rié que d' pincher au gambon, j'ai déjà l'ieau qui viet à m' bouche.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1853.}
Tournai. On verra des gins ddvotieu s'approcher l'ieau à l'bouque d'ia Sainte Table.
{Etrenncs tournaisiennes . Calendrier. 4884.)
Metz. L'awe m'en vient et let boche et v'iet çou qu' j'en era.
(A. Brondex. Chan-Heitrlin., poème patois-messin. 1785.)
10G9. Il ni riièche es l'aîwe.
LiTT. Tenir le bec dans l'eau.
Laisser toujours dans l'attente de quelque chose qu'on fait
espérer; tenir dans l'inceriitude en ne donnant pas de réponse
positive. (AcAD.)
Pr. t'v. — Tenir quelqu'un le bec dans l'eau.
Cité par Forir. Dict.
Namur. Vos m'tinoz l'bèche dins l'aîwe.
Mons. C'est clair ça, mais ça m'imbicte dé rester loudi ainsi l'bec dins l'ieau.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1804.)
St-Quentin. J' vous tiens vo bec dains yau.
107(3. L'aîwe vint todi r'quoiri ses oliaî.
LiTT. L'eau vient toujours rechercher ses os.
Les os de l'eau sont les glaçons. La rivière, déposant ses
glaçons sur les rives, vient, par suite d'une crue d'eau, les
enlever. — Reprendre ce qu'on a prêté ou donné.
Cité par Forir. Dici.
Naml'r. Li Moùsc rivairet quoirescs oucha.
1071. On n'tape màye ine pire es l'aîwe qu'elle ni
r'vinse à joû.
LiTT. On ne jette jamais une pierre dans l'eau qu'elle ne
revienne au jour.
305 —
Ce qu'on croit le plus carho linit par se connaître. — Il n'y
a pas de secret pour le temps.
Di foice qu'on n'tape màye ine pire es l'aîwe qu'elle ni r'vinse à joii, l'atlaire dé
saîweù fout rfond'miiit qui ses enn'mi aslokî leus accusège dissus.
((;. Magnée. Li hnulotte. 1871.)
Talbot.
1 gn'a, gendarme, i gn'a qu'avou li spot j'poux dire :
'< Qu'on n'jctle noUe pire os l'aîwe sins qu'elle ni r'vinse à joù, »
Qui l'moude, si hin qu'on l'cache, timpe ou tard est k'nohou.
(Th. Collette. Ine vimjitice. III, se. 9. 1878.)
Va». JdiioiGNE. Tapez one pire au fond (l'on pusse, vairet todeu on joù qu'on
irel à sloc.
1072. C'est-st-ine goUe (l'aîwe es Moûse.
LiTT. C'est une goutte d'eau dans la Meuse.
Porter des choses en un lieu où il yen a déjà une grande
abondance (Acad.) — Faire une dépense inaperçue.
Pr. Ir. — Porter de l'eau à la mer.
C'est une goutte d'eau dans la mer.
Porter de l'eau dans la rivière.
(OUDIN. Ctiriosilez ftançoisc.1. 1(540.)
Poirter d' l'aîwe es Moùse. — C'est-st-ine golte d'aîwe es l'mer.
(FORIR. Dictionnaire. ISGO.)
Variante. Non ciette, vous n'avez pas tapé d" l'aîwe es Moùse, auquel que
j'espère que vous la f rez dériver.
(F. L. 1*. Pot-pourri .10 le.i Jics.ie di jutetle. 1842.)
Variante. Conseil, eximpe on cùpd'baston,
Otiant d'pierdou; à Tprumire occasion,
Comme s'on aveut rechl us Moûse,
I roûvèye tôt et i r'prind s' couse.
(Bailleux. Li cate cangèyc à feiinime. Fàve. -ISol.)
Variante. Tonton.
N'y a nou méd'cin por lu, il est-st-au bout di s'coùse,
Fer desd(*pense por lu, c'est laper d' l'aîwe es Moùse.
(Th. Collette. Qui freùs-je ni mi homme moréve '.' \\ , se. 1). 188"2.)
Var. Mai.vedy. C'est-st-one rèchotte s'on grand feu.
St-Quentin. Cha s'roi bailler d'yeu à l'rivière.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1G41.)
Basse-Allemagne. — Ein Tropfen im Meere.
1073. Mette di l'aîwe es s'vin.
LiTT. Mettre de Teau dans son vin.
20
— a06 —
Modérer ses transports, laisser tomber sa colère, baisser ses
prétentions.
l'y. IV. — Mettre de IV'au dans son vin.
(OliUIN. Ciirinsitcz frnuçniscs. IGiO.)
Cité par FoRiH. h'icl.
Tôt doux, li dit-st-i, jan, douc'mint,
, Mettez on pau d'aîwe es vosse vin.
Qu'est-ce qui v's a fait on cour si deùr ?
(J.-J. Hanson. U llinriade trnvestèye. Ch. VI. 1780.)
Marche. Mets d' l'aîwe es t'vin, ma foi qui j'jeùre,
Et waiift do n'nos iiin batte si deùrc.
(Ai.KXANDRE. P'tit corii. 1800.)
Frameriks. l'ouqué fei tant d'conle, èiè uietle tant d'discrelion éiè tant d'iau in
vo vin audjerdue ï
(BoseuETlA. Tambour baituui. Gazette, 188j, n" 26.)
St-Ql'entin. 1 a mis d'y eu dein sein vin.
(Gossr.U. Lettres picardes. 1841.)
1U74. D'aîwe vint, d aîwe riva.
LiTT. l'ar eau vient, par eau s'en va.
Klu.x et retlux.
Pr. tV. - Bien mal acquis ne profile jamais.
Ce qui vient de la tlùte s'en retourne au tambour.
(Jité par Fomih. iticl.
Jacouemin.
Mais çou qu'on poul dire di coula,
C'est (ju' c'est d'aiwe ri vint, d'aîwe riva,
lue vindresse à mahi s'Iessaî,
Aveut wàgnî on noû cliapaî ;
On vint sofiè.le, adiet l'prolit,
L'aîwe l'aveu! d'né, l'aîwe el riprit.
(De ViVARio. lA Jiesse di Hoûte-si-plout, II, se. 3. 1737.)
On a des haut, on a des bas,
("/est l'aîwe ([ui r'vint, c'est l'aîwe qui r'va.
(AUG. HocK. Les deux Kivlui. 1861.)
Verviers. Vosse fortune es l'horotte, brave cumi^re, ennès va.
Mais n'fez nin tant des simagrawe,
Çou qui d'I'aîwe vint, es l'aîwe riva.
(N. Poulet. On p'tit mdlheâr. Fauve. 1872.)
Marche et Namiir. C'qui vint d'rif es vas d'raf.
MoNs. D'abord ertencz bé que tout c' qui viet d'rif, s'en va d'raf.
(MouTiiiEUX. Des nouvieaux conte dé quié. 1850 )
lUiL'ciii. ("([ui vient d' rie s'en va d'rac.
(HÉCAHT. Dict.)
— 307 —
1075. N'uin trover d' l'aîwc es Mouse.
LiTT. Ne pas trouver de l'eau dans la Meuse.
Se dit d'un homme qui ne s'avise pas des choses les plus
simples ou d'un homme mal habile qui ne sait pas trouver les
choses les plus communes. (Littré.)
Pr. fr. - Si on l'envoyait à la rivière, il n'y trouverait nuint
d'eau
Il ne saurait trouver d'eau dans la rivière
(Ol'din. Curiositez françaises. -1640.)
Vak. Mai.mkiiy. I n'Irouv'iTut nin nne mouyi pire o l'aiwe.
A
I07(i. A pus grand feu l'aîwe.
LiTT. Au plus grand feu l'eau
Il faut courir au plus pressé, secourir le plus nécessiteux,
se préserver du plus grand domma-e.
Cité par Forir. Inct.
1077. I n' vât nin l'aîwe qu'i beut.
LiTT. Il ne vaut pas l'eau qu'il boit.
Se dit d'un homme qui ne vaut guère, et principalement d'un
valet qui manque d'intelligence et d'activité. (Agad.)
l'r. fr. — Il ne vaut pas l'eau qu'il boit.
Var. Jalhay. Li FEUMSIE.
Ti n'gagne nin l'aîwe qui li beus.
(Xhoffer. Let deux soroche. II, se. 3. ISfi'i.)
Basse- Alle.\iag.\e. — Er i.st das Wasser, welches er trinkt
niclit werth.
1078. On n'a nin lodi l'aîwe confime on l'voreut
beùre.
LiTT. On n'a pas toujours l'eau comme on voudrait la boire.
Les choses ne se présentent pas toujours d'après nos désirs.
1079. Fer comme Gôvi (Gribouille) qui moussîve
es l'aîwe po 1' i)laîve.
LiTT. Faire comme Gôvi (Gribouille) qui entrait dans l'eau
pour éviter la pluie.
Pour éviter un inconvénient, se jeter dans un inconvénient
encore plus grand. (Agad.)
Pr. fr. — Se cacher dans l'eau de peur de la pluie.
Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un jiire.
HolLEAU. Art port.)
Variante. Si sàver es l'aiwe po rpialve.
On dit aussi à Lic'ge : I r'sùnne à Gribouille, qui s'sàvdve es l'aiwo po l'plalve
ou Govî, ou Mon. '
— 308 —
A Namur et à Mons, on ne cite que Gribouille.
Cf. Le charmant conte de George Sand : Histoire de Gribouille.
Des aille hoùtel 1' gazelle.
Toi rAyanl des grands oùye.
1 sonl bons inlerprèle
El malin comme Griboiiye.
, (Jeiiin. Chanson patriotique. •1814. Recueil. BoDY.)
Cisle eximpe porel siervi
A ci qui po rin endève
Pc n'nin fer lot comme Gôvi
Qui moussîve es Taiwe po l'plaîve.
(BAn.LF.ux. Li vèye femme et .ses deux fèye. Fàve. l8uG.)
Bèbette.
Gloyéz vosse jaîve,
V's eslez co pus sol qu'Mon, qu'mous.sîve es l'aiwe po rplaîve.
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gèrâ. II, se. 43. -1875.)
Jaliiay. Mais dosmilin, v'pourriz fer comme Gribouye
Diirer es l'ahve on Joù (]wand i ploùrel.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. -15. 1862.)
Marche. Om sinl lodi bin d"ou qu'vinl l'plaîwe,
Gribouye a sli s'taper es l'aîwe.
(Alexandre. P'tit corti. i8G0.)
Namuh. Bilnoz-bin c'qui j'vos dis, douvioz todi bin l'oùye,
Po lesjônès bauchellequi rie-nu après vos,
Ga, si vos les choùlez, vos r chonu'roz à Gribouye
Qui mousse es l'aîwe po l'pleûve, po l's allraper lortos.
(J. Metten. Àurmonaque de l'Marmite. 1886.)
MoNS. Enne faites nié comme Gribouille qui s'esl j'té a l'ieau peur d'elle cru.
(MouTRiEUX. Des nouvieaux conte dé quié. 1850.)
Mons. On poudroil l'melle remplaçant à Jean l'malin, c'iin gas comme Gribouille
qui s' foui à l'ieau peur d'elle cru.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1850.)
TiiURN.u. S'fouUe à l'ieau peur de l'pleûve.
St-Quentin. Malins comme Griboule, i s' much'tenl dein yeu d'peur del' pleuve.
Picardie. Malin comme Gribouille,
Qui s'muche din l'ieu de peur qui s'mouille.
(CoRBLET. Glossaire. 1851.)
1080. On lî freut batte l'aîwe.
LiTT. On lui ferait battre l'eau.
On lui ferait faire tout ce qu'on voudrait.
Allusion aux corvées des serfs du moyen âge, qui devaient
battre les étangs des châteaux pour faire partir les grenouilles.
Battre l'eau.
(OliDiN. Curiositei françoises. -1640.)
— 309 —
HiNRI.
C'est todi 1' vî Crespin, c'est todi lu, ma foi,
On li freut bin batte l'aîwe po on henn'taî d'pèkel.
(Ed. Remouchamps. Li sav'ii. Se. i. 1858.)
Variante. Pierre.
Lînà Poraî, cila, mi ji lî freut batte Moûse,
Mais les feumme .sont si drole, qui l' ineune n'elpout siati.
(Al. I'ECLERS. !J baptême et Vètérr'miiit. 1877.)
Variante. Mencuel'r.
Qwand ,ji l'intrdve d'avu fait 'ne couse,
Si ji fdiinandéve qudquc saquoi,
Po l'quoiri t'àreut battou Moùse.
Wisse sont les cisse qui t' raviset?
(Brahy. a qui Vfâte? Se. fc. 1882.)
Jalhay. Garitte.
C'est-st-on bc brave homme, qui v' pout d'ner des bons conséye, su lî freut-on
batte l'aîwe.
(Xhoffer. Les deux soroche. Il, se. lo. ISG'i.)
Namuu. Il a battu l'aîwe.
MoNs. Av(? d' l'adresse.
Et n\é trop d' presse,
I finira pou li pa balte es l'ieau.
(J.-B. Descamps. Ercette pou feérc ein bicau mainnache. Ch. ISo^.)
1081. Esse prusli à l' freûde aîwe.
LiTT. Être pétri à l'eau froide.
Se dit d'un homme pusillanime, sans vigueur, sans énergie.
Pr. fr. — Il est pétry d'eau froide.
(OliDIN. Curiositéz françoixes. 1040.)
Cité par Forir. Dict.
Tol-en-avète (cependant) di vèye qui c'esleut 1' pus chàwî, l' pus halcrosse, li pus
prusli à r freude aîwe, qu'avcut fait à lu toi seii, on côp ipi'zel los essonle n'avît
polou fer.
(G. Magnée. Li cren'quini dû prince ûbbé di Stdvlcâ. 18G7.)
1082. N'avii nin pus faim qui l'aîwe u'a seu.
LiTT. N'avoir pas plus faim que l'eau n'a soif.
Être rassasié, complètement repu.
Namur. Marie.
Oh ! mi ji n'a nin pus foaim qui Moùse n'a soif.
(I5ERTHAL0U. Cwangl et méd'cin. Se. 9. 1889.)
1083. Diner des côp d'sàbe es l'aîwe.
LiTT. Donner des coups de sabre dans l'eau.
Se donner beaucoup île peine, sans espoir raisonnable de
succès. (A.CAD.)
310
Pj. fi-. _ Battre l'eau avec un bâton ; — donner un coup
d'épée dans l'eau.
Cité par Forir. Dict .
Cùp d'sàbe es Taiwe, mi direl-on,
Mais màgrd qui j' rik'nolie mi loirt,
Cùp so côp ,ji frel des chanson.
(Louis BucHE. Chanson. 1800.)
* Menchkur.
Pely prélind qu'i réussih'ref, j'el sohaite, mais j'a sogne qui s'diérain cùp
d'sàveni seùye on côp d'sàbe es l'aîwe.
(HuAHY. A qui V fâte? Se. 4i. 188"2.)
Vervieus. Monuis esl-st-ine longue laiwe,
Qui dit r vraie en riant,
Mais c'est tos cAp d'èpèye es l'aîwe.
Kt, eomme on dit, laver l'morian.
(Xhoffkr. Epùjrammex. 1800.)
Namur. Il a t)attu l'aîwe avou on baston.
Pr. provençal. Es coumo se bastiots Taigo am un bastou.
(Revue des lanijnes mmiinea. 1881.)
1084. Fer v'ni l'aîwe so 1' molin.
LiTT. Faire venir l'eau sur le moulin.
Procurer à soi et aux siens des avantages, de l'utilité, de
l'argent, etc., par son industrie, par son adresse. (Agad.)
Pr. fr. — Faire venir l'eau au moulin. — Tirer l'eau à son
moulin.
(OliDlN. Curiositez frnnçoixes. 1640.)
Il rentre dans sa gloire
Quand l'eau vient au moulin.
(Armand GoUFFÉ. Éloge de Veau.)
Cite par Forir. l'ict.
Jacqu'min.
Divins c' monde cial, on m' pout bin creûre,
I gn'a pus d'ine opt'rateùr
Et pus d'on mou ni qui Sf^t bin,
Comme on fait v'ni l'aîwe so l' molin.
(De Vivario. hifiesse di UniUe-a'i-jilnui. II, se. 3. 1757.)
1 spi^culet so lot,
Ju.squ'à frauder les dreut dé 1' veye.
'L ont tos les moyin
Po fer riv'ni l'aîwe so 1' molin.
(Dehin, Li mâle blre. Chanson. 18S6.)
J'cnnùs k'i'.ohe passàv'mint, mais nouk ni s'enncs vante,
Qui louket tôt à pus leu feumme po des siervante ;
Qui sont à leu plaisir, so l' limps^qu'clles sont sins rin,
VA qu' vorlt co qu'elles frît riv'ni l'aîwe so l' molin.
(Tmiry. lue copenne no V mnrièae. 18S8.)
— 311 —
Verviers. Prindez 'ne feumme aîmauve et gintèye
Et l'aiwa vinret so vosse molin.
Jalhay. Gakitte.
C'est-st-one homme bin agiigint, qui tint bin les coron essonle qui sét fer v'ni
l'ahve so l' molin.
(Xhoffeu. Les deux xoroche. I. se. 12. I8(>1.)
Var. Stavelot. On tire todi do feu d'vès s' tortaî.
Nahur. Nos àrans one saîwe,
Li chicane sins fin.
Qui nos amoeine Taiwe
Dissus nosse molin.
(Wérotte. Cnressans l' bot(iie,Jie.i.<!e di Saint Yves. Ch. ISoi.)
MoNS. Mais croiriez hé, sans critiquer les intention de ceu.x qu'arrangent-lé tout
pou faire v'nir l'iau au moulin.
(Leteluer. Armotwque dé Mom 18-^8.)
1085. Les p'iitès coroUe tel les grandes aîwe.
LiTT. I,es petites rigoles font les grandes eau.x.
Plusieurs petites sommes réunies en tout une grande.
(AcAD.; - Il ne faut pas dédaigner les petits profits.
Pr. tr. — Les petits ruisseaux lont les grandes rivières.
Cité par Forir. Dici.
Variante. Les p"tits potaî fet les grandes corotle.
Var. Namur. Donnans, selon noi^sc hoûse,
Des franc ou bin des sou ;
Les p'tits ri faie-nu Moûse.
Qu'on donne tortos c' qu'on pout.
(X.-B. yurneib- p<> lot. Ch. 4890.)
JoDOiGNE. Les p'teus reu faienef les grandes rivière.
Var. Tournai. Avec le? p'tites fleur on fait un hieau-z-et greos bouquet.
1086. 1 s' raviset comme deux i^otte d'aîvve.
LiTT. Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau.
Se ressembler parfaitement. (Agad.)
Pr. fr. — Ils se ressemb'ent comme deux gouttes d'eau.
(Le Père Jean-Marie. Le diverUssement dos xariex. tfi6o.)
Non tam ovum ove simiie.
(LejEUNE. Prov./innil. ITit.)
Mais il me ressemble comme deux gouttes d'eau.
(Molière. Le nmlnde hnagitiaire. Act. III, se. 10.)
Les deux fré s'ravisel comme deux gotte d'alwe.
(Forir. Uict.)
Ci sèrel s' père toi chi,
Deux gotle d'aiwc, dai, vraimint : si (l'Iite narennc bèchowe,
Et ses p'iits ch'vel croie, c'est s'frimousse lole pondowe.
(Thiky. On roye:,-c à conte cour. 1850 )
— 31^2 —
M"" Berthon.
Vos v"raviscz comme deux g;ol(e d'aîwe, vos estez deux oîihai dé l'même coleùr.
(Brahy. a qui Vfâtc '! Se. 2. 1882.)
Variante. I moùrl infin, lait on p'iit fi
Li r'sonnanl comme d<jux coron d'fi.
(Hanson. /-/ Lusiadc è.i uers ligcois. Cli. III. 1783.)
Chaulf-koi. Toinette.
Je né Tconnet n6, mi, seul'mint i m'erchenne comme deux goutte d'euwe.
(L. Bernus. U malade Si-Tinbau. III, se. 8. 1887.)
DoiiAi. Et y z'ont vu lertous ch'portrail qu'il est d'eune ersemblance comme deux
gouttes d'iau.
(De Ghristé. Souv'nirs d'un homme d^ Douai. '18()1.)
Metz. Jy su peint lot deumelong, evieu in freuglion d'foctie,
Jeu r'same comme deu gotles d'aiie, dit-on in moi nou d'oche.
(Flippe Mitonno. Comédie. 1848.)
Basse-Alle.magne. — Sich gleichen wie zwei Tropfen
einander.
1087. Attraper eine rincée sans iéau. (Tournai.)
LiTT. Attraper une rincée (volée de coups) sans eau.
Battre quelqu'un d'importance, lui donner une pile.
Fous l'camp et pus vile que cha, ou bin le vas attraper eine rincée sans iéau.
(Leroy. Biec difier, traduction du Bleu bixhe de Simon. Se. 16. 1888.)
Var. Nivelles. Attraiier 'ne fameuse râpasse.
1088. En seyant d' prinde on pèchon, il a clièyu
es l'aîwe. ^ (N.\muu.)
LiTT. En essayant de prendre un poisson, il est tombé
dans l'eau.
Sa maladresse lui a causé un désagrément qui n'a pas
compensé le plaisir qu'il espérait avoir.
4089. I pass'ret bin d' l'aîwe d'so 1' Pont-d's-Ache.
LiTT. Il passera bien de l'eau sous le Pont-des-Arches
Se dit en parlant d'une chose qu'on croit ne devoir pas
arriver si tôt. (Acad.)
Pr fr. — Il passera bien de l'eau sous les ponts entre ci et là,
ou d'ici à ce temps-là.
Ce proverbe a été localisé à Liège.
Cité par Forir. JHcl.
C'est bon, mais d'vant qu'ji n'seûye comme vos, on lape â lâge.
Il àret bin passé di l'aîwe dis6 1' Ponl-d's-Ache.
(Thirv. lue cape di grandiveux. 1859.)
I n'pa.ssanin baîcôp d'aîwe d'so I' Ponl-d's-Ache ma qu' Baîtri ni kiminçahe à
•<'h3i-'nî les deugt di s'avu èlahî à ciste homme là.
(G. Magnée. Baliri. 1865.)
313 —
TONETTE.
Màrtai m'a dit qu' l'annéyc passôye, il esteul ovri comme lu.
Servas.
Awel, mais dispoye, il a bin passé d' l'alwe d'so 1' Ponl-d's-Ache.
(BliAHY. Li bouquet. II, se. 2. -1878.)
Var. Mons. Donc que Fillne altind loudi s' lièfe de 1' chasse de Jean, et il est fort
probabe qu'il ara co bé d' l'ieau qu'ara passé au moulin avant qu'elle l'eusse.
(Leteu-ier. Armonnque dé Mons. -1879.)
Tournai. Vous m'avez tout l'air d'ein capon,
D'ein d' ceux-là qui nous infile.
Apperdez que j'su-t-ine brave fdle,
Avant qu'un d'ces yeux m'intortille
I pass'ra bin d' l'ieau sous l' pont.
{Clian.wn totirtiaùienue. 1858.)
Lille. N'y a troz an qu' j'ai quitté 1' paroisse,
El d' pis ch' temps-là, je l' dis tout d' bon,
I s'a passé bien d' l'ieau d'zous 1' pont.
(Desrousseaux. Chen.ions IdloUea. 1854.)
Basse-Allemagne — Bis daliin kann noch viel Wasser
ablaufen.
1090. Fer de 1' clére aîwe.
LiTT. Faire de l'eau claire.
S'occuper sans succès de quelque afiaire, y perdre son temps
et sa peine. — Résultat illusoire. (Littriî.)
« Le malin Furetière donnait pour devise à fAcadoinie
française un iris causé par les rayons du soleil qui lui étaient
opposés, avec ce quatrain :
0 Pendant que le soleil m'éclaire,
Je parais de grande valeur ;
Mais ma plus brillante couleur
Ne fait que de l'eau toute claire. »
(QuiTARD. Ihct., p. 329.)
Pr. fr. — Il lie fera que de l'eau toute claire.
(OuuiN. Curiositez fiançoixes. 1640.)
Vos v'kimahîz, vos n'y frez qui d'I'aîwe clére.
ÉCHAUFFER.
1091 N'pont s'ècauffer pus (jii'ein porigirielle de
béos. (TOI'HNAI.)
LiTT. Ne pas s'échauffer plus qu'un polichinelle de bois.
Rester calme, indifférent, mémo en présence d'événements
graves.
Toi'RNAi. Vous savez bin, li dit 1' péysan qui i\ s'ecautTéot pont puque qu'ein
poriginelle de béos, que ch'esl 1' prix convenu.
(ÈtvenuM tourunmcnucu. 1881.)
— ;H4 —
ÉCHELLE.
100-2. 1/ ci (|ni tint l'Iuile fait ottant qui 1' ci
ijiii iiappe.
LiTT. Celui qui tient réchelle fait autant que celui qui dérobe.
Le receleur, le complice, n'est pas moins coupable que le
voleur. (AcAD.)
Pr. fr.* — Autant pèche celui qui tient le sac que celui qui
met dedans. (Axiome converti en loi par notre Code pénal.)
1093. Il a stî tam'gî avoii one chaule. (Namuk.)
LiTT. Il a été tamisé avec une échelle
Examiner légèrement, avec peu de soin. (Agau.)
Cet objet a été fait très grossièrement, n'a pas été épluché.
Pr. fr. — Il a passé au gros sas.
Car il est homme que je pense
A passer la chose au gros sas.
(Lafontaine. Nicaise.)
MoNS. L' camarade Hubert a pas.sd au gros tamis et il a icu s' diplôme dé médecin.
iLetemier. Armonaque dé Mon.i. 1862.)
1094. I fàt sèchî 1' hàle.
LiTT. Il faut tirer l'échelle
Se dit d'un honnne qui a si bien fait en (|aelque chose, que
personne ne peut faire mieux. (Acad )
Pr. fr. — Après lui, il faut tirer l'échelle. — Tirer l'échelle
après soi,
(Ol'din. Curiosilei françoises. 1640.)
Ou poret bin scchî so 1' côp l'haie après vos,
Et n'riiri piède vosse simince jio qu'on 'nnès r'sème èco.
(Thiry. lue copeinie xo r mariège. 1838.)
Variante. Après lu, n'y a pus nouk.
(FORlR. Dici.iSGl.)
Marche. On pout, après ti, tirer l' chaule.
Namur. Après vos, on pout tirer {'chaule.
JODOIGNE. Après le, on leurre les chaule, on ajoute: Les sena sont plein.
Nivelles. Quand 1' bon Phluppe a dit .s' mot, on doit tirer l'esquie,
El l'cin qui caus'rail co, c'est-st-ine spreuwe qui babie.
(M. Renard. Les avent. de Jean rf' Nivelles. Gh. II, 3^ éd. 1890.)
MoNS. Mais, si i fait des bêtise pus forte qud lés auto, quand i s'in mêle; quand
i s' met à faire dés grandes chose, ah ! ça, i faut tirer l'échelle après li, ça.
(Letem.IER. Armonaque dé Mons. 181)0.)
EuAMEKiES Apres c' tell'cile, i m' chêne ([u'on peut tirer l'esquêye.
(BoSQUETiA. Tambour battant. Gazette. 1885, n" 40.)
Tournai. Mé, pour mi, après V coulonnerie on peut tirer l'étielle.
'Leroy. Riec di fier. Traduction du Rleu-Rlhe (ie H. Simon. Se. 13. 1888.)
— al 5 —
Var. Tournai.
Lille.
l'iCARDlE.
Après ti, on peut tirer 1' corte.
Mes amis, ovrez Torelle !
J' vas dir' du nouviau :
On porra tirer requelic.
Après min morciau.
(DesrouSSKMJX. Chansoux lilloixc.x
Il faut tirer l't^chelle après ceti-la.
(Molière Le médecin mnUjré lui. Act. II.
Après c's armanos là, on pu tirer l'ekielle.
{Astrolofjue Picard. i845. Corblet. (Jlouf
ÉGHEVEAU.
. <83i.)
.se. l"-"--.)
18bl.)
1095. r/est-st-ine kimèlêye hàsplèye.
LiTT. C'est un ôcheveau de lil embrouillé.
C'est une alTaire embrouillée.
Une bagarre commence par être kimrlâyc hdsplâiji' et finit
par être une trûlêijc.
Cité par Forir. Dict.
El si r hàsplèye estent k'mèlêye,
Vos les veùriz co les prumi.
(Thiry. Li péron Chanson.
I v' racontet on pot pourri
Qu'c'est-st-ine vraie hàsplèye kimèlêye.
(G. Delarge. Les plai.tir di nostc heûrcije.
C'est-st-on échet bé conièlé.
18o9.)
1869.)
JODOIGNE.
ÉCOLK.
109(3. il a stî à schole quand 1' maîsse esleut au
champ avou s'pourcia. (Jodoigne.)
LiTT. Il a été à l'école quand linsliluteur était au champ avec
son cochon.
Il n'a jamais rien appris.
Var. Naml'r. Is ont volu inostrer qu'is avainne siti es scole quand les maisse
allainne mèch'ner, mais on les a ieu vite rimeitu à Icu place.
[Lit Marmite, gazette 1889, n" 3o.)
ÉCORGHER.
1097. Qwand on d'hàsse ine homme, on n'a (pii
s' pai.
LiTT. Quand on ccori he un hunimc, on n'a (juc sa peau.
La rigueur du créancier peut rendre impossible le paiement
de sa créance.
316
ÉCOUTE.
109^. 1 n'a ni pus dascoute qu'in jône de chî.
(NiVELLKS.)
LiTT. Il n'a pas plus d'écoute qu'un jeune chien.
Il est inattentif à ce qui se dit ; il ne répond pas aux ques-
tions qu]on lui fait.
ÉGOUTKR.
1099. Qui cause sème, qui choûte mèchonne.
(Namuk.)
LiTT. Celui qui cause, sème, celui qui écoute moissonne.
Il y a plus d'avantages, de profits à écouter qu'à parler.
ÉCRIVAIN.
1 100. On scrieu vat â diale tôt dreut.
LiTT. Un écrivain va au diable tout droit.
Le peuple oppose à l'artisan, d'une manière générale,
l'homme de plume, le commis, l'employé de bureau aussi bien
que le lettré. — Le scrieu (l'écrivain) est à la fois l'objet d'un
certain respect et d'une grande défiance. Il semble que son
savoir soit incompatible avec la franchise et la droiture : de là
le proverbe.
I n'fàl nin l' mette à scrieu,
Paç' qu'ireul à iJiale tôt dreut,
Mais i fàt r mette à hayeteû,
Qui wâgne qwinze patàr so l' teut,
Tôt halcotant,
Toi cablançant,
Droume à droume à qui l'pouna,
Droume à droume à qui 1' cova
Ine bande di gueux
C'est les scrieux.
ECU.
{Cliati.ioii populaire.)
{Chanson populaire.)
MOI. Qwand t'as ine coronne, wàde lu.
LiTT. Quand tu as un écu, garde-le.
11 faut éviter les dépenses inutiles.
ÉCUELLE.
1102. Saute la graisse, el feu est au quèwé.
(MONS.)
LiTT. Sauvez la graisse, le feu est à l'ôcuelle.
Employez les grands moyens, le temps presse.
• — 317 —
MoNS. On dit queinque fois : saufe la graisse el feu est au quéw(', mais c'est
pour faire inrager queuqu'un qu'est rond comme in soret ou comme in essuie-main
pindu.
(Letkllier. Armonaqtie dé Mons. 1830.)
1 103. Vèyi clér es s' liielle.
LiTT. Voir clair dans son écuelle.
Avoir ses affaires en mauvais état.
Li monde ridohe di gins i,ui leu sotte gloire troûbelle,
Si bin qu'i fesse, on veut qui c'est ji voux, ji n' poux.
Et tôt volant peter pus haut qu' leu cou.
I vèyet vite clér es leu hielle.
(Bailleux. Li raine qui vont s' fer otsi grosse qui l' tarai. Fàve. iSui .)
Mais vola qu'à bout d'six meus d'timps
Li pauve sol vèya cldr es s' hielle,
II aveut magnî s' Saint Crespin,
Li jeu n' valéve nin les chandelle.
vH. FORIR. Chanson. 185G.)
Durand.
Et, si ji v'veus ma r'çure, ji li fret ine quarelle.
Et i firet qu'elle bague... Elle veuret clér es s' hielle.
Qwand elle ni m'àrct pus.
(Delchef. Les deux neveux. H, se. il. d8o9.)
I n'ont pus mèsàhe di chandelle,
Po vèyi clér divin leu hielle.
{Les feumnie, poème. Vers nîîO. tuiletin de 1860.)
Verviers. Ça qu'on m' dèye todi çou qu'on vont, lu ci qui s' trouve là avou l'diale
es s' séchai, i veut clér es ses hielle.
(Pire. Lu sôdaurt du sos les tris. Ch. 188i.)
Var. Marche. Li chagrin, sus vosse dos, galoppe,
Et vos vèyeus clér es vosse sope.
(Alexandre. P'titcorti. 1800.)
Var. JoDOiGNE. I voiret clair es s' sope.
1104. J'aime mieux m'n écouelle vide qu'ein brin
d'dins (MoNS.)
LiTT. J'aimo mieu.x mon écuelle vide qu' (avec) un étron
dedans.
J'aime mieux être seul qu'en mauvaise compagnie.
(Letei.LIER. Proverbes montais. Armonaque dé Mons. 1816.)
Pr. tV. — J'aime mieux mon écuelle vide que rien dedans ;
c'est-à-dire j'aime mieux n'avoir rien que d'avoir quelque chose
en apparence et rien en réalité. (Littré.)
ÉGLISE.
1105. L'église ni li toum'ret nin so l' liesse.
LiTT. L'église ne lui tombera pas sur la tête.
— 318 —
Se dit des personnes qui fréquentent peu les églises.
Namir. L'ègliche ni peut niau d' li chair so s" dos.
1I0(). Quand on piche conte l'église, i n' vos
manque jamais i ie. (Mons.)
LiTT. Quand on pisse contre l'église, il no vous manque
jamais rjen.
(Jeux qui vivent de l'église ne se trouvent jamais dans
l'embarras.
Mons. Ergardez lés curd : i sont presque terloutle telleminl cras qu'is escleffe...
d'abord vos savez bé 1' proverse qui dit que, quand on piche contre l'église, i n'vos
manque jamais rié.
(MouTRiEUX. 3« année dés conte dés quié. 4851.)
EMBRASSER.
1 107. Qui trop abresse, ma strind.
LiTT. Qui trop embrasse mal étreint.
Qui entreprend trop de choses à la fois ne réussit à rien.
(ACAD )
Ne quid nimis.
Qui trop embrasse peu eslraind.
(Gab. MEURiliR. Trésor des sentences. •I068.)
N'y a nouk comme Napoléon qu'ùye si bin justifii li spot : qui trop abresse, inâ
strind.
(FORIR. Dict.)
Verviebs. Fer traze mesli met au slrain.
Qui abresse trop foirt mau strind.
(J.-S. Renier. Spots rimes. 4871.)
Basse- Allemagne. — Wer zu viel anfangt, beendigl nichts.
EMPIRE.
1 108. I ne l'freût nin po 'ne empire.
LiTT. Il ne le ferait pas pour un empire.
Rien n'est capable de le faire agir. (Agad.)
Il ne le ferait à aucun prix.
Cf. le pr. Il ne céderait pas pour un empire.
Variante. Ji n' doim'reus nin po ne empire
Avou vos dise Tmème teut.
Èri d'mi les gins d'cisse tire
Qui sofllet li chaud et l'freud.
(Baili.elx Li sûvage et V passant. Fàve. dSoG.)
Jalhay. Biethmé.
Su vo.sse mère vouk'vc, Majenne, nos arins si bon et lùye ossi. Si elle nos lèyive
russewe si attelée, elle vikreul .so s'seyin.
— 31U —
Majenne.
Vossavozbin qu'elle ni qwillreut nin ses Liesse po 'ne empire.
(XnoFtKR. Le.v deux SOI oche. I, se. 7. iStJl.)
Marche. T'n'os l'rindrais nin por one empire.
Charleroi. Gélidik.
I n'prindret né in liard a 'ne saqui pou in impire.
(L. Bernus. Vimilade St-Tliibau. I, SC. o. •187G.)
MoNS. Tu n'prennois jamais rié? — Non ça fieu, j'peux bé l'clire,
J'nè r z'aroi nié touché pour ein impire.
(Letellier. L'avare qu'a perdu s bourse. Faufe. Arni. dé Mous. 1830.)
Frameries. Ju n'me tairou ni ce pou ein impire.
(BOSQI'ETIA. Tambour ballant. 1880, n» 27.)
Metz. Y n' rangeons jema rin, ja belle à louzi dire,
J"nen pouvons rin fàre, pas pou in empire.
(Georgen. Hi.iloire véritable de Veruier ; dialogue patois-messiii. d798.)
Lille. Je n'donn'ros point, ,j" vous l'dil d'bon cœur
Ches sequois là pour un impire.
(I)ESROUSSEAUX. Cluniso>i:s lilloises. 18ii4 )
EMPLATRE.
H09. Mette iiie èplàse so 'ne jambe di hois.
l.iTT. Mettre un emplâtre sur une jambe de bois.
Faire une chose dont le résultat sera nul, perdre son temps
à faire une chose inutile.
Pr. fr. — Mettre l'emplâtre près de la playe.
(Gemn. Récréa lions. Tome II.)
Cité par Forir. Dici.
Variante. Mais les drougue fil lot 1" mt"'me effet.
Qu'on cataplame àlou d'ine jambe di bois.
(Gérard. Oh fameux nnd'cin. 1890.)
Namur. Po m' solagt, j'ès cause
A curé d' noste endroit ;
C'qu"! m' dit n'est qu'one èplause
Dissus one jambe di bois.
(CoLSON. Mi soû Marguerite. Ch. 1862.)
MoNS. Bah, oui ! c'est comme si vous m'tiez in implate su 'ne gambe dé bos.
(Letellier. Armonaquc dé Mons. 1878.)
Frameries. Et ein con qu'on vira ses prière sans efl'et,
I n'ara pus d' quoi mette dou bure devin s'quewoit.
Les pus pieu diront no gavant c't ein zéro,
In cautère Ine implàtc qu'on m'ilrou su 'ne gambe de bos.
(BosQLÈTiA. Tambour ballant, ^îize\.i&. 1883.)
ENCENSOIR.
1110. 1 donne di J'escinsoir po rn.iieniie.
LiTT. Il donne de rencensoir parle ne/
— 320 —
Donner en face des louanges outrées, qui font voir qu'on se
moque do celui qu'on loue, ou donner des louanges grossières
qui blessent plus qu'elles ne flattent. (Acad )
Pr. fr. - Donner de l'encensoir par le nez. — Casser le nez
à coups d'encensoir.
Mais un auteur novice à répandre l'encens,
• Souvent à son héros, dans un bizarre ouvrage,
Donne de l'encensoir au travers du visage.
(liOILEAU.)
Deliin, ji veus déjà qu'vos fe/. 'ne seûre mène
Ni croyez nin qui ji qwîre à v' flatter,
Ca po v'casser l'escinsoir so l'narenne
C"esl-st-ine saquoi qui ji n'sàreu mâye fer.
(Brahy. Chanson à Dehin. 18fi6.)
Basse-Allemagne. — Einem Weihrauch streuen.
llll. 1 mette li main so l'escinsoir.
LiTT. 11 met la main sur l'encensoir.
11 s'ingère dans des fonctions ecclésiastiques, quoique laïque.
(Acad.)
ENCLUME.
111^2. 1 fàt esse èglome ou màrtaî.
LiTT. Il faut être enclume ou mai^teau.
Se dit dans des circonstances où il est presqu'inévitable de
soulTrir du mal ou d'en faire. (Acad.)
Pr. fr. — 11 faut être enclume ou marteau.
1113. Si mette inte l'èglome et 1' màrtaî.
LiTT. Se placer entre l'enclume et le marteau.
Se trouver froissé entre deux partis, entre deux personnes
(jui ont des intérêts conti^aires. (Acad.)
Pr. fr. — Être entre l'enclume et le marteau.
Cité par Forir. Dict.
Joseph (à part).
Les feurnme ont tote les piceûre, vo m' là inte l'èglome et I' màrtaî.
(Willem et Bauwens. Li galani d'à Fifine. Se. 2. -1882.)
Variante. I n'fàt nin mette si deugt inte li màrtaî et l'èglome.
Verviers. Intre one ècame et l' maurtaî,
Nu met r deugt, qui a cervaî.
(J.-S. Renier. Spots rimes. \8l\.)
Marche. Ji sus inte l'èglome et 1' maurtaî.
Jodoigne. lessc inte l'equlème et maurlia.
Tournai. Aye ! me v'ia ichi intre l'inglemme et l' martieau.
Basse-Allemagne. — Zwischen Hammer und Ambos.
— 321 -
ENFANT.
1114. L'ci qui n'a qu'ine èfant, il y tint.
LiTT. Celui qui n'a qu'un enfant y tient.
On a toujours un faible pour ses productions (artistiques,
littéraires, scientifiques); on les défend contre toute attaque,
même méritée.
l^ersonnification de Tamour-propre.
Chacun aime le sien.
((îabr. Meurieh. Trésor des sentences. lî)68.)
Que l'on fasse après tout un enfant blond ou brun,
Pulmonique ou bossu, borgne ou paralytique.
C'est déjà très joli quand on en a fait un.
(Alfred de Musset. Nmnouna. Ch. I, st. •i'i.)
1115. I n'y a pus des étant.
LiTT. Il n'y a plus d'enfants
Se dit à propos d'un enfant qui parle de choses qu'il devrait
encore ignorer. (Agad.)
Pr. fr. — Il n'y a plus d'enfants. Le JournnL amu.-^rntl,
de Paris, a publié, sous cette rubrique, une série de dessins
souvent très spirituels.
Cité par Forir. Dlct.
Louise.
Oh ! vos àriz pièrdou çou qu" raccourcihe les heure,
Tou qu' vos m' volez fer piède, paret, père, c'est 1' bonheur.
Jacob (à part).
I n'y a pus des èfant.
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gèrà. II, se. 3. 187Î).)
COKTAI.
Vèyez-v' li blanc bêche ; on a raison d'dire hoiiye, i n'y a pus des èfant.
(Willem et Bauwens. Péclii rach'ié. Se. 'i. i88!2.)
Marche. Les commdre, sins pinselà rin,
A qwinze an, plisset d'jà l' veiitrin ;
Mais gn'a qui d'het, V diale les confonde,
Qu'i n'y a pus pont d'èfant au monde.
(Alexandre. P'tU coni. d860.)
Lille. Elle n'a mie incor dije huit ans,
Mon Dieu, mon Dieu, n'y a pus d'enfants.
(Deshoisseaux. Clunisons lilloises. i8.ïi.)
M. Ed. FouRNiER (/'£'s/j/'t< des autres, 4" éd. t86i) attribue
la paternité de ce proverbe à Molière {Le mahuli; iuuiginaire.
Act. Il, se. 11«).
21
— 322 —
lllG. 1 jàse bin ma po ine étant d' curé.
LiTT. Il parle bien mal pour un entant de cure.
Se dit d'une personne incivile, malapprise.
pp. fp. — Vous êtes malappris pour le fils d'un prêtre.
Vous êtes bien mal appris pour un fds de prêtre.
(Ol'DiN. Curiositez Jraiiçoises. i640.)
JoDOiGNE. Bé causé por one efanl d'cueré.
1117. Il est ossi ènocint qui Fèfant es vinte di
s' mère.
LiTT. Il est aussi innocent que l'enfant dans le ventre de sa
mère.
Se dit pour mieux affirmer Tinnocence de quelqu'un. (Agad.)
Pr. fr. — Il est aussi innocent que l'enfant qui vient de
naître, qui est à naître.
Ce proverbe est donné par Remagle {IHct.).
I s' sintéve divintrain'mint ossi ènocint d' lot mâfait qu'ine èfant es vinte di
s' mère. (G. Magnée. Li houlotte. ISH.)
Basse- Allemagne. — So unschuldig wie ein Kind im
Mutterleibe.
1118. Avoi pus belle qu'ein infant d' bonne maison.
(MONS.)
LiTT. Avoir plus beau qu'un enfant de bonne maison.
Avoir la vie heureuse, agréable, vivre sans souci.
MoNS. Tu l'aras pus belle avé nous qu'ein infant d'bonne maison, et j'garantis bé
qu'i n'ara niéein baudet dins tout l'univers qui l'ara si belle que ti.
(Letellier. Annonaque dé Mons. -18G2.)
Var. Liège. Si j'sos bouhale, ji sos riche et èfant d'bonne mohonne, vos n'es
sârîz dire ottant.
(Remacle. Dictionn.)
JODOiGNE. On dirol one èfant d'bonne maujonne.
1119. Pilits èfant, pitite sogne; grands èfant,
grande soigne.
LiTT. Petits enfants, petit soin ; grands enfants, grand soin,
ou petits enfants, petite peur; grands enfants, grande peur.
A mesure qu'ils avancent en âge, nos enfants réclament plus
de soins et nous occasionnent plus d'inquiétudes.
Namur. P'tits èfant, p'tits tourmint, grands èfant, grands tourmint.
Picardie. Tchiot èfant, tchiot mau, grand èfant, grand mau.
(Corblet. Glossaire. -1881.)
Basse-Allemagne — Kleine Kinder, kleine Sorgen, grosse
Kinder, grosse Sorgen.
— 323 —
1120. Si l'étant n' brait nin,
\A mère n'el comprind nin. (Namur.)
LiTT. Si l'enfant ne crie pas,
La mère ne le comprend pas.
Il n'y a que la mère pour s'apercevoir de tout ce dont l'enfant
a besoin et, plus généralement, faute de parler, on n'obtient
pas ce que l'on désire.
1121. Quand l'infant esl i)aptisé on s' fout du
parrain. (Tournai.)
LiTT, Quand l'enfant est baptisé, on se moque du parrain.
Un service rendu est vite oublié.
Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage,
Et service d'aulrui n'est |)as un héritage.
(Molière. Les femmes savantes. II, se. 5.)
MoNS. Mais à c'ste heure, c'esl mi l' ilindon, rinfant est baptisé, on s' fiche du
parrain, comme dit l'proverlje.
(Leteluer. Aniionaque dé Mons. 1804.)
1122. Les i)rumères galette, c'est po les èfant.
(Namur.)
LiTT. Les premières galettes sont pour les enfants.
On dit également les prumères vote.
Terme du jeu de cartes ; s'adresse à celui qui fait les
premières levées,
JoDoiGNE. Le premeune vote c'est po les èfant.
1123. Les èfant sont vite jus, vite sus.
LiTT. Les enfants sont vite abattus, vite relevés.
Les enfants sont vite malades et vite guéris.
1124. Vât mî ine èfant qu'on val, i n'est nin
si poyou.
LiTT. Il vaut mieux un enfant qu'un veau, il n'est pas si velu.
Se dit aux filles-mères.
1125. I n' nii sâreut fer ine efant d'vins les rein.
LiTT. Il ne saurait me faire un enfant dans les reins.
C'est une personne que je ne crains pas, qui ne saurait me
faire aucun mal, aucun tort.
1 126. C'est l'èfant de serpint,
Qui 1' donne et (pii 1' riprind.
LiTT, C'est l'enfant du serpent,
Qui le donne et le reprend.
— 324 —
Revenir sur ses paroles, sur ses actes. — Reprendre ce que
l'on a donné ou prêté.
ON GARE CIVIQUE.
On poreut dire di vos comme divins nosse jône limps,
C'est l'èfant de serpint qui 1" donne et qui 1' riprind.
(Toussaint. Lambert li foirsôlé. I, se. 2. 1871.)
Var. Picardie. Bailler d'eine main pour ragripper d'eute.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1851.)
1 1^27.. Ein ch'est peu, deux ch'esl beaucoup, trois
ch'est treop. (ToimNAi.)
LiTT. Un c'est peu, deux c'est beaucoup, trois c'est trop.
Dit- on en parlant des enfants dans le mariage.
11^28. Faut conserver l'infant à s'mamère.
(Tournai.)
LiTT. Il faut conserver l'enfant à sa mère.
Pensée empreinte d'égoïsme, il faut avoir soin de soi-même
avant tout.
Namur. Faut que j' conserve l'èfant di m' mère.
i 129. Vaut mia one affront qu'one èfant. (Jodoigne.)
LiTT. Il vaut mieux un affront qu'un enfant.
Consolation donnée à celui qui reçoit un affront. (Paronyme.)
1 130. Les erculéot sont toudi les infant gâté.
(Tournai.)
LiTT. Les derniers nés sont toujours les enfants gâtés.
/.'-;-•cu/éo^ c'est l'oiseau éclos le dernier et, par comparaison,
c'est le plus jeune enfant d'une famille, lequel est généralement
le plus choyé.
1131. L' porter comme ein infant au baptême.
(Tournai.)
LiTT. Le porter comme un enfant pour le faire baptiser.
Porter un objet avec précaution, précieusement.
1132. J' voreu bin si èfant po 1' façon d'ine aute.
LiTT. Je voudrais bien son enfant pour la façon d'un autre.
Expression pour marquer son admiration ; hommage rendu
à la beauté.
1133. Qui veut p'teu èfant n' veut ré. (Jodoigne.)
LiTT. Qui voit petit enfant ne voit rien.
— 325 -
On ne peut pas juger d'un entant en bas âge; on ne peut
prévoir ce qu'il sera plus tard.
ENNEMI.
1134. r/est-st-ottant d' pris so l'enn'mi.
LiTT. C'est autant de pris sur l'ennemi.
C'est toujours avoir obtenu quelque avantage, avoir tiré
quelque parti d'une mauvaise affaire. ( Agad.)
Pr. fr. — C'est autant de pris sur l'ennemi.
Colas (toi rabressant Jeannetle).
Jans! ma foi, c'est todi otlant d' pris so l'enn'mi.
(Delchef. Li galant de V siervante. I, se 3 1857.)
ENSEIGNE.
1135. Esse logî à 1' même esseigne.
LiTT. Être logé à la même enseigne.
Éprouver le même malheur, la môme perte, la même
contrariété. (Acad.)
Pr. l'r. — Nous sommes tous deux logés à la môme enseigne.
Non ignara mail, miseris succufrere dlsco.
(ViBGiLE. jEnéidc. Liv. II.)
Variante. Ni savu à qudlle esseigne on a s'tu logî.
Ne savoir à quelle enseigne on a été logé.
Ignorer à quoi on est exposé.
Variante. On veut bin wisse qu'il est logî.
On voit bien où il est logé.
On voit bien la société qu'il fréquente. Se dit en mauvaise
part.
LomsE.
Mais roùvîz-v' qui v's estîz, qwanti vos v's avez marit',
Logî à r même esseigne? Portant v's avez viké.
(Ed. Remouciiamps. Les amour d'à Gènl. II, se. 3. 1875.)
Variante. TnÈRÉst;.
Ji sos Ion di m' trover, c'est vraie, à c'ste esseigne-là.
(DD. Salme. lue feummc qu'ennès vât deux. Se. 3. 1876.)
Variante. Floquet.
Ji veus bin qu' nos estans logî à 'ne belle esseigne cial.
(DD. Salme. Les rabrouhe. Se. 6. 1882.)
Var. Marche. Jacques.
J'estans vraimint loget à l'pîre des esseigne,
Les sinat sont sihs four, n'y a pus rin d'vins les grègne.
(Alexandrf,. Li pèchoti d'avril. \, se. "2. 1858.)
- 326 —
1 136. Bon vin n'a nin dangî d'enseigne. (Namur.)
LiTT. Bon vin n'a pas besoin d'enseigne.
11 n'est pas nécessaire de taire beaucoup d'efïorts pour
mettre en vogue ce qui est bon. (Littré.)
Pr. fr. - A bon vin, il ne faut pas d'enseigne, et ellyptique-
ment : A bon vin, pas d'enseigne.
Au bon vin, il ne faut point de bouchon.
(OUDIN. Curiositez françaises . 1640.)
ENTENDRIv
1 137! On fait comme on l'ètind.
LiTT. On fait comme on l'entend.
On doit agir à sa fantaisie, comme on le ju;. e à propos.
Loc prov. Chacun fait comme il l'entend.
Vieux pr. fr. Chacun baise sa femme à sa guise.
Chacun a ses plaisirs, qu'il se fait à sa guise.
(Molière. L'école des femmes. I, se. 4.)
1138. (?tila qui n' veut rien intinde, i n'a qu'à
s' taire. (Tournai )
LiTT. Celui qui ne veut rien entendre n'a qu'à se taire.
Commencez d'abord par ne pas vous occuper des autres, et
l'on ne s'occupera pas de vous.
1139. Bin jàser fait bin ètinde.
LiTT. LJien parler fait bien comprendre.
Court et bon.
. ENVIE.
1 140. Vât mî invèye quu pitié. (Malmedy.)
LiTT. Mieux vaut envie que pitié.
L'ambition est une vertu quand elle poursuit un noble but.
JoDOiGNE. Vaut mia fer invie que pèlié.
ÉPARGNE.
1141. Les spâcrne,
C'est des wâgne.
LiTT. Les épargnes sont des gains.
Maxime d'économie domestique.
Cf. Oui paie ses dettes s'enrichit.
Stavei.ot. Lu prumî spârgni,
Ksi r prumi gàgni.
- 3'i7 —
ÉPÉE.
114^. Foute l'èpée diiis les rein. (Mons.)
LiTT. Mettre l'épée dans les reins.
Presser vivement de conclure, d'achever une affaire, de
payer, ou presser dans la dispute par de si lortes raisons qu'on
ne sait que répondre. (Acad.)
Pr. fr. — Poursuivre, presser quelqu'un l'épée dans les reins.
Si ein brave homme vos doit et qui n" peut nié vos payer, enne ii foutez nié l'épée
dins les rein.
(MouTRiEUX. Des nouvieaux conte dé quié. 1850.)
L' vicaire a confessé et communié Bâtisse, et comme Bonnette li metoi l'èpée
dins les rein, i li a baillé les dernier avec, tout in li souhaitant bon courage.
(Letellier. Armonaque dé Mons. i8oo.)
ÉPERON.
1143. Li sporon foit li ch'vâ.
LiTT. L'éperon fait le cheval.
Un bon stimulant n'est pas inutile.
ÉPI.
1144. Remette le paute seu l'festeu. (Jodoigne.)
LiTT. Remettre l'dpi sur le felu.
Ramener l'accord dans une aflaire, la paix dans une famille.
ÉPINE.
1145. Il a tourné l' cou d'vins on bouhon, et
i n'sét quelle sipenne l'a piqué (pondou).
LiTT. Il est tombé le cul dans un buisson, et il ne sait quelle
épine l'a piqué.
Ne savoir à qui nous en prendre des accidents qui nous
arrivent; en accuser le sort.
1146. Après des s'penne i vint des rose.
LiTT. Après des épines il vient des roses.
Ne désespérons pas ; des temps meilleurs viendront.
Pr. fr. — Après la pluie le beau temps.
BOLANI).
Qu'ainsi fïnihesse totes les chose.
Louise.
Et tôt l'monde comme nos aute diret
Apres des s'pônne on-z-a des rose.
Yans.
Por mi les s'penne vinet après.
(DD. Salme. Les deux bèch'tâ. Se. "21. 1879.)
— 328 —
1147. Tirer (sèchî) 'ne sipenne fou de pîd
LiTT. Tirer une épine iiors du pied.
Délivrer d'un grand embarras, d'une situation pénible, d'un
empêchement. (Agad.)
Pr. fr, — Tirer à quelqu'un une épine du pied. — Avoir une
épine hors du pied.
Nous nous ùlons du i)ie(i une fameuse épine.
(Molière. U étourdi.)
Cité par Forir. Dict.
Crespin.
Pa, i m'sônne, fré Hinri, qui coula vàt co mî,
Vola 'ne fameuse sipenne surmint qu'j'a foù de pîd.
(Ed. Remouchamps. Li sâvhi. I, se. 3. 1858.)
Gustave.
J'atodi foù di m'pîd ine èwarèye sipenne,
Julie n'a nin co v'nou.
(Deixhef. Lex deux neveux. I, se. 7. 1859.)
Elle rimercia Tbinamé bon Diu di li avu sèchî. cisse sipenne là foû de pid, et
k'fessa qu'elle divéve ine vôye à St-Lincâ.
(G. Magnée. Battri. -1865.)
Verviers. Ca vos savants côp d'penne
M"ont foû de pîd tiré 'ne clapanle supenne.
(Pire. Lettre à M. Matthieu. Mes amuxette.s. -1884.)
S.\iNT-QuENTiN. Vous m'ai déoqué là eine rude epeine hors de m' patte.
(Gosseu. Lettres picardes. -1844.)
1 148. I gn'a des s'penne so 1' bouhon.
LiTT. 11 y a des épines sur le buisson.
11 faut prendre ses précautions, songer à l'avenir, se défier
des autres ou de soi-même.
Lambert.
Balowe, dis-je, tôt coula, gn'a des s'penne so l'bouhon,
Fez comme ci vî pèheu qui touwa l'jône pèhon.
(Ch. Hannay. Li mâije tiei'ir d'à Colas. II, se. 17. 1866.)
1149. Ji l'a metlou fo les s'penne.
LiTT. Je l'ai mis sur les épines.
Mettre quelq«u'un dans une lausse position, le mettre à la
torture.
lîlPINGLE.
1 150. R'tirer si atèche de jeu.
LiTT. Retirer son épingle du jeu.
Se dégager adroitement d'une mauvaise affaire, d'une partie
— 329 —
périlleuse. Retirer à temps les avances qu'on avait faites dans
une affaire qui devient mauvaise. (Agad.)
Pr. fr. — Tirer son épingle du jeu
Vous tirez sagement votre épingle du jeu.
(Molière. Le dépit amoureux. Se. 4.)
Les petites filles jouent avec et pour des épingles à la purc-
vci ite ou à pair ou non.
Cité par Forir. Dict.
Jampsin.
Ji n'jowe ciette pus, ji r'prinds mi atèche
Démonstraiis qu'nos estans pus sège.
{Complainte des paysans liégeoi.i^ l(i31. B' et D*. Recueil.)
Dirè-se èco qui j'a r'tiré
L'atèche de jeu po n'pus jower ;
Ji creus qu'nenni, ca t'as sintou
Ou bin t'es lade, qu'elle t'a pondou.
{Prumlre response dé calotin à loigne auteur dé .lupplémint. -173..)
MoNS. Eh bé ! sire, r"tirez vo n' épinque du jeu ou bé vos poudriez s'en r'pentir.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 185H.)
Frameries. Tant c'qu'a ça, i n'da nin in pareil à vous pour r'saquie s'nesplinque
hior dou jeu.
(Bosquetia. Tambour battant. Gazette. 188fi.)
RoucHi. I faut qu'i retirche s' n'eplinque arrière du jeu.
(HÉCART. Dict.)
1151. Mette ine atèclie so s' manche.
LiTT. Mettre une épingle sur sa manche.
k l'occasion, je me souviendrai de vos mauvais procédés.
Cité par Forir. Dict.
C'est bon, c'est bon, dit-st-i, c'est-st-ine atèche so m'manche,
Qu'i seûye seul'mint bin sur di n'rin piéde à l'discange.
(F. 15A1LLEUX. Inc vèye fAve d'à m'yrand mère. 484i.)
Merci, c'enne est-st-assez, j'csleu Ion di m' rattinde,
De r part d'on camarade, à ton qui vos v'nez d'prinde ;
C'est-st-ine atèche .so m' manche....
(Thiry. Inecope digrandiveux. 1859.)
DouAï. Mais, laichez faire, j'ai d'zepingues d'sus m'manche.
(DechristÉ. Souv'nir.1 d'un homme d' Douai. 1838.)
St-Quentin. Ch'est veritabe q\\6 j' yeu z'ai attiqué eine liole eplingue edsus leu
meinche.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1840.)
115*2. Trover ine atèclie, joûrnêye di bèguenne.
LiTT. Trouver une cpin^^le, journée de Léguine (religieuse).
Critique des loisirs dont on jouit dans les couvents de femme.
St-Pol (Pas-de-Calais;. Eune épingle ch'esl rjounu'e d'eune feme.
— 330 —
ESPAGNOL.
115)1 Ksse lispagnol.
LiTT. Être Espairnol.
Au jeu de dominos : ne pas faire un seul point, — Allusion
traditionnelle à la i)erte, sous Philippe II, de la grande Armada.
On dit aussi : Monler ao l'ptaiinhe.
ESPÉRANCE.
1154. Espérance fait viker, longue atteinte fait
niori.
LiTT. Espoir fait vivre, longue attente fait mourir.
L'espérance est la consolation des affligez.
(Le Père Jkan-Marie. Le divertissement des sages. 1665.)
Belle l'hilis, on désespère,
Alors qu'on espère toujours.
(Molière. Le misanthrope. I, se. 2.)
Picardie. L'esperanche foel vive l'homme ; el lonke atteinte el foet morir.
(CORBLET.)
ESPRIT.
1155. Ça passe èm'n esprit, marichau. (Mons )
LiTT. Gela passe mon esprit, maréchal.
C'est une chose que je ne puis croire, que je ne puis com-
prendre, qui dépasse mon intelligence.
Souvent ironique.
Em' baudet mayeur! allons, ça passe èm'n esprit, marichau, comme dit l' vieux
proverbe, mais comment ça, non, vous aute.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1862.)
Basse- Allemagne — Das geht ûber meinen Horizont.
1156. L'esprit tiu'on veut awet gâte li cinque
qu'on a. (Namur.)
LiTT. L'esprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a.
Traduction littérale du vers de Gresset. {Le méchant. IW,
se. 7.)
L'esprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a.
Ne forçons point notre talent
Nous ne ferions rien avec grâce.
(Lakontaine. Fables. IV. S.)
1157. 11 a trop d'esprit, i mourret tôt jône.
LiTT. Il a trop d'esprit, il mourra tout jeune.
- 331 —
Dicton provenant de cette croyance que la science trop tôt
acquise i"est au détriment de la constitution et de la santé.
Se dit plus souvent ironiquement d'un enfant qui n'a guère
de dispositions. (I.ittré.)
Pr. Ir. — Cet entant a trop d'esprit, il ne vivra pas.
Les enfan's trop tost sages ne vivent pas longtemps.
(Le Père Jean-Marie. Le divenissemenc des sages. i66b.)
Tournai. Il a trop d'esprit, i n' vivra pas.
11 08. Quand les X** âront d' l'esprit,
Li Moùse pass'rct à Paris.
LiTT. Quand les X** auront de l'esprit,
La Meuse passera à Paris.
Variante. I crèh'ret des hièbe so l'marchù
LiTT. Il croîtra des herbes sur le marché.
Cf. St Mathieu. Eo^nigiU. Chap. V, vers 3.
Jamais un lourdaul, quoi qu'il fasse,
Ne pourra passer pour savant.
(Lakontaine )
Var. Malmedï. ÎS'aveûr nin pus d'esprit qu'one banse sins cou.
ESSARTER.
1159. J'aini'reus mi daller liawer àx sàrt.
LiTT J'aimerais mieux d'aller essarter.
Je préférerais faire toute autre chose.
ESTOC.
ilGO. Aller di stock et d'tèye.
LiTT. .\ller d'estoc et de taille.
De la pointe et du iranchant.
Travailler à tort et à travers, sans ménagement ni pré-
caution.
(St. Bormans. Voc. des houilleur* liégeois 18G2.)
Travailler de quelque manière que ce soit (Littrk.)
Prendre d'estoc et de taille.
(OUDIN. (juriositez françaises. 1640.)
Fèri di stock et d'tèye
iFoRiR. Dict.)
Guise po vîngi li moirt di s'pére
Pus furieux qu'on tigue es cokVe
Ou qu'on lion qu'on-z-a blessî
Courl, boulant comme ine arègi,
Ferant, bâchant di stock et d'tèye
Gâte à baicùp Iphysionomeye.
(J.-J. Hanson. Li Hinriade travestèije. (.'.h. II. i780.
— 332 —
Hàsplant di stock et d'tèye, tant qu'i tome es l'ccrote,
('oninie on hopaî d'trijju, comme ine màcèye clicotte.
(G. Delarge. Ine copemie conte les pékUeu. 1873.)
ESTOMAC.
1161. Il a on s'toiimacdi eûtes pomme.
L1TT..II a un estomac de pommes cuites.
Il a un mauvais estomac ; il ne peut digérer que des aliments
tendres.
Cf. Il a un estomac d'autruche, il digérerait le fer.
Basse-Allemagne. — Er hat einen Magen wie der Vogel
Strauss.
ÉTABLE.
1162. Té stâ, telle blesse.
LiTT. Telle étable, telle bête. •
Voulez-vous avoir de bonnes bêtes ? soignez leur étable. —
La propreté d'une maison fait bien augurer de ses habitants.
Cité par Forir. Dict.
1163. Il est trop tard di serrer li stâ qwand li
ch'vâ est sâvé.
LiTT. Il est trop tard de fermer l'écurie quand le cheval est
sauvé.
Il est inutile de prendre des précautions quand le mal est
arrivé, quand il n'est plus temps de l'éviter.
Pr. fr. — Fermer l'écurie quand les chevaux sont dehors.
Quand le cheval est emblé douncke ferme fols l'astable.
{Prov. del vilain. XW siècle.)
A tard ferme l'om l'estable quant le cheval est perdu.
{Proverbes de France. XIII» siècle.)
Fermer l'étable quand les vaches sont prises.
(OUDiN. Curiositez françaises. 1640.)
Cité par Forir. Dict.
Adon qu'i n'y eurit pus rin à broûler, on vèya arriver les homme di feu : li ch'vâ
esteut sàvé, i v'nit serrer li stâ.
(G. Magnée. Li houlette. 1871.)
Marche. Il est bin trop taurd po qu' l'uche sôye
Clos, dés qui l'pinson vole èvôye.
(Alexandre. P'iit corti. 1860.)
Var. Namur. il est trop taurd di serrer l'gayole quand l'mouchon est-st-èvolé.
Var. Jodoigne. Trop taurd po serrer l'gayole quand 1' péson est sl-èvolé.
— 333 —
ÉTINCELLK.
1164. I n'fât qu'ine blawette po mette li feu.
LiTT. Il ne faut qu'une étincelle pour mettre le feu.
Les petites causes produisent souvent de grands eflets.
Petite étincelle engendre grand feu.
{Piov. commune goth. XV* siècle.)
Variante. Ine pitile blaniahe poul esprinde on grand feu.
(FORIK. IHct.)
Verviers. Studiz l'ioyen qui v's èiahe,
D'one blawette vint grand blamahe.
(J.-S. Renier. Spots rimes. iSli.)
Var. Marche. On grand feu poul v'ni d'one vivretle (étincelle).
ÉTOILE.
Il 60 On s'diféye di lu pé qu'dè l'siteûle à quowe.
,LiTT. On se défie de lui plus que de l'étoile à queue.
Allusion à la superstition populaire qui attribue aux comètes
une influence fâcheuse.
Thérèse.
Comme de l'siteûle à quowe, di vos ji m'dim^fôye,
Mulei m'avez-v' Irompd, mais v' n'el frez pus nolle fèye.
(DD. Salme. luefenmrue qu'ennès vâi deux. Se. "2. 1816.)
ÉTOUPE.
1166. Avu de r sitope so li qu'noye.
LiTT. Avoir de l'étoupe sur la quenouille.
Faire de bonnes affaires. — Avoir sa subsistance assurée. —
Être heureux.
Cf. Avoir du foin dans ses bottes.
Hoûye nos fans des affaire à diale jusqu'à Pérou,
Vos avez raminé de 1' sitope so li qu'noye,
Et nos viquans pâhule et contint comme des roye.
(Lamaye. Adresse au roi. Concours de 1836.)
Beaujean.
Parblu, v' pinsez sùr'mint qui j' n'âye rin à m' quinoye,
Qui ji v' ravisse, qui j' vike ossi hureux qu'on roye.
(Dei.chef. Pus tJj, pus sot. Se. 1. 18C2.)
Elle quoira à s' dislriî ; po y av'ni, ci n'esteut nin cielte li stope qui mùquéve à si
qu'noye.
(G. Magnée. Battri 18G5.)
Marche. T'as dé lin asset à t' quinôye,
Sins trop s' mellet di qui qui c' sôye,
Waîle on pau qu' t'es vègne â coron.
(Alexandre. PUit corti. 1860.)
Avoi bé d'euvre an sai quelogne.
(Prov. Bourguignon.)
- 334 —
ll()7. (Vest tôt c' qne n'a d' pé té (lins les grosses
stoppe. (JODOKiNE.)
LiTT. C'est tout ce qu'il y a de plus fin dans les grosses
étoupes.
C'est une chose de peu de valeur.
ÊTRE.
1168. 1 tat esse tôt l'onk ou tôt i'aute.
LiTï. Il faut être tout l'un ou tout l'autre.
Il faut avoir une conduite, une manière de penser décidée.
(ACAD.)
Pr. fr. — Il faut être tout un ou tout autre.
Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée.
Celui qui n'est pas avec moi est contre moi. (Évangile.)
1169. On n' pout nin esse et avu s'tu.
LiTT. On ne peut pas être et avoir été.
On ne peut pas être toujours jeune. (Acad.)
Pr. fr. — On ne peut être et avoir été.
Variante. On n' sàreut esse deux fèye.
Cité par Forir. Dict.
Marche. Thérèse.
On sél bin qu'on n'est pus ja tôt comme on-z-a sti,
' On n'veut pus qui rmitan d'çu qu'on fait sus Tmcsti.
(Alexandre. lA pèchon d'avril. I, se. III. i858.)
MONS. TOTOR.
Que volez, on n' peut nié ête et avoir été, c'est 1' vie du monde ainsi.
(J. Declève. Totor el choumaque. Se. 4. 4889.)
1170. Il est des ci (ju'i gn'a 1' pus.
LiTT. Il est de ceux dont il y a le plus.
C'est un homme comme on en ti^ouve beaucoup; qui ne
s'élève pas au-dessus du niveau ordinaire.
1171. Ci n'est nin 1' Moùse et les va.
LiTT. Ce n'est pas la Meuse et les vallées (rives).
Ce n'est pas une chose impossible.
Variante. Magni I' Moûse et les va.
LiTT. Manger la Meuse et les vallées.
Vouloir faire une chose impossible.
1172. C'est d'à nosse.
LiTT. C'est Ix nous.
- 335 -
Expression proverbiale, sorte de cri de joie quand une chose
est terminée heureusement S'emploie principalement (juand il
a fallu faire des eflbrls physiques.
La victoire est à nous.
'Eup-fixa. (Archlmkde.)
Le i hùleau de Seraing, ancien domaine des princes-évêques
de Liège, fut vendu par le gouvernement hollandais, en 1817,
aux frères Cockerill, qui en firent le siège des magnifiques
établissements métallurgiques auxquels cette commune est
redevable de sa célébrité et de son accroissement rapide. Lors
des fêtes qui furent célébrées à celte occasion, on put lire sur un
transparent placé devant la grande porte de l'ancien palais
épiscopal : C'est cVà nos^e toi seu.
1 173. Il est po r vi (ou po l' laid) Wàtliî.
LiTT.Il est pour le vieux (ou pour le laid) Waltère (Gautliier).
Il est pour le diable; en décadence, mort.
Les Anglais appellent le diable : Old Nick.
Variante. Esse es vôye po V vî Wàthî.
Si rdaniesaî n'esteut nin moirl, s'i s'alléve ragrawter, Jihan esteul sur po
1' vî Wâlhî.
(G. Magnée. Li creii'quini de prince âbbé di StdvUeû. 18G7 )
Victor.
Si vos jâsîz,
Vos sèrîz, sèpez-l' bin, ine homme po l' laid Wàthî.
(Ed. HemûUCHAMPS. Les amour d'à Gèrâ. I, se. -19. -ISlo.)
Uoùye, ji r'sins mes côp, et, comme li chàgne, i n' fàt on rin po qu'ennès vôve po
l' laid Wàthî.
(Salme. Pris devinsses lèce. I, se. 'i. 1883.)
1174. C'est vos qu'est tôt, Makéye n'est pus rin.
LiTT. C'est vous qui êtes tout, Makêye n'est plus rien.
Votre étoile a Tait pâlir la sienne.
Var. Jodoigne. C'est lée qu'est tôt, sl-homme n'est ré.
Variante. Li grandiveux s'infolle, si k'hcnne,
C'est lu qu'est tôt, et 1" chin
D'à Martin,
N'est pus rin.
(Nie. Defrecheux. Li ijrandiveux. 1870 )
Variante. Kaicôp d' savant, plein d' mystère,
Qui n'èployet ((u'des grands mot,
Volet r'mouwer cîr et It-rrc.
Tôt s'dihant, c'est mi qu'est lot.
(G. Delarge. Li plome d chapai. 1870.)
— 336 —
1173. Des qu'est-ce,
Et des messe.
LiTT. Des qu'est-ce et des mais.
Dos si et des mais, des observations sans fin ; faire de sottes
demandes, des embarras.
Pr. fr. — Voilà bien des si et des mais.
* (OUDIN. Curiositei françaises. 16S-0.)
Cité par FoRiR. Uicl.
Dihez-ra' on pau à c'ste heure est-ce qui v' volez qui j' dèye
Tos les qu'est-ce et les messe di m' pilite riot'rèyeV
(Ed. Remouchamps. Li sav'tl. II, se. 3. 1859.}
Ll CABARTÎ.
Hoûye, po l' police, est-c' qu'i fàt
Studî comme ine avocat?
D'oyî ces qu'est-ce et ces messe,
J'a ma m' liesse.
(Alcide Pryor. Police et cabaret. iSM.)
Verviers. Liza.
Ca déjà hîr j'eurit ine frôye di plèvihant,
Qu'intrint même, onk por ci, d'mandant quéque fausse adresse,
L'aute, por là, v'na ram'ter et des qu'est-ce et des messe.
(J.-S. Renier. Limohonne à deux face. Se. i'^. 1873.)
Verviers. N' fais nin tant d' tes qu'est-ce et d' tes messe,
A Vervî justumint c'est l' fiesse.
(H.-J. Raxhon. Chanson. 1888.)
H76. 1 vàt mî (lu p'Jeûr dire : ju so, quu j'a s'tu.
(Malmedy.)
LiTT. 11 vaut mieux pouvoir dire : je suis, que j'ai été.
Il est préférable de pouvoir dire je suis riche que j'ai été dans
l'opulence.
ÉTRENNE.
1177. Bonne sitreume, avou 1' bon Diu.
LiTT. Bonne élrenne, avec le bon Dieu (avec la grâce de Dieu,
s'il plaît à Dieu).
Se dit quand la journée s'annonce bien.
Jodoigne. lesse setreumé à 1' plaque (à l'ardoise).
ÉTRILLE.
1178. Coula vàt six patàr comme li manche d'ine
sitrèye.
LiTT. Gela vaut six sous comme le manche d'une étrille.
Cela n'est d'aucun prix. (Acau.)
Pr. fr. — Gela ne vaut pas un manche d'étrillé.
— 337 —
et. Avou çoulà et qwate cents, vos irez beûre on verre di
bîre.
Vau. Namur ywand vos auroz appris c'drole di bazar là par cœur, vos sèroz ossi
savant qu'mi, et avou ça et on gros sou vos poroz aller boire one pinte.
{Li métologie. Marmite. 1884.)
ÉÏRON.
1 179. Qwand on stron est (liv'iiou ine lé-moscàde,
i n' si sét pus oder.
LiTT. Quand un éli'on est devenu une noix muscade, il ne
peut plus se sentir.
Les richesses, les honneurs troublent la tète des gens et
et leur font renier leur passé.
1180. Pus rïnowe-L-oii on stron, pus flaîre-t-i.
LiTT. Plus on remue un étron, plus il pue.
Plus on approfondit une mauvaise affaire, plus on désho-
nore ceux qui y ont participé. (àCAD.)
Pr. fr. Plus on remue la merde, plus elle pue.
Il y ;i des circonstances où il faut dire avec Voltaire :
Seigneur, Laïus est mort, lais.sons on pai.x sa cendre
Cité par Forir. Dict.
TouRKAi. Au pus qu'on r'mue l'ordure, au pus qu'i pue.
1181. C'est-st-au stron (ju'on voit (jui a mingé les
neffe (Rochefokt.)
LiTT. C'est à l'étron qu'on voit qui a mangé les nèfles.
Il y a toujours moyen de découvrir la vérité. - On cache
difficilement les méfaits qu'on a commis.
Ce proverbe rappelle Tliistoire dEsope et de l'esclave qui
avait mangé des figues.
118-2. I r'glatihe comoie on stron d'vins 'ne lam-
ponette di cnr.
LiTT. Il reluit comme un étron dans une lanterne de cuir.
Se dit d'une chose, d'un lieu très obscur.
Pr. fr. — Il fait noir lommc dans un four.
V. Molière. Lu siciUe)i, acte I, se. 'i.
l'ÎRON.
Les châsse di sôye r'Iuhet so l'jambe,
Tôt ainsi qu'on stron divins 'ne lampe.
(Pasquéye iiitt Houbietet Pbon so les trouble de l' tnagistrature en Um. l(J8k)
22
— 338 —
Verviers. I r"lùt comme on slron d'vins one lampe <lu eûr.
Var. Namur. I r'iût comme on slron d' diale ilins one lanterne di bois
MoNS. C'est comme ein brain d' vein ii' lanterne.
Rdic.Hi. Ça luit comme un étron dans une lanterne.
Provknck. Brolhaul coumo un estroun dins uno lantcrno.
{Comparaisons poindaires provençales. Revue des lanijites romanes. 1881.)
1183. On stron vât bin on loukège.
LiTT. Un étron vaut bien un regai'd.
On ne doit pas refuser de regarder, même ce que l'on
dédaigne.
Var. Jodoigne. On stron vaut bé on r'gard, one merde es vaut deux.
1 184. C'est comme de stron d' poye, i gna d' totes
sort divins.
LiTT. C'est comme de la fiente de poule, il y a de toutes sortes
(de choses) dedans.
Se dit d'un mélange quelconque de diverses matières, ou
d'une société hétérogène.
Nivelles. Toutes sourte, c'est du brin d' précheux (ou d' pouye).
JoDOTGNE. Totes sôrt, c'est dé stron d' poye.
118e^. I n' lî tât qu'ine liito po tourner d'vins on
stron.
LiTT. Il ne lui faut qu'une diarrhée pour tomber dans
un étron.
11 faut un rien pour le renvei^ser, pour l'abattre. — Sa position
ne tient qu'à un fil.
Jodoigne. I n' li faut qu'one chete mau tournée po l'oyeu èvôye.
1186. Ji lî a tiré V cou fou de stron.
LiTT. Je lui ai tiré le cul hors de Tétron.
Je l'ai tiré d'alTaire.
De atercore er'Kji'.ns pauperem. (MAGNIFICAT.)
Jodoigne. C'est le qu'les a tiré l'eue fou de stron.
1187. On l'a pité à l'ouhe comme on stron foû
d'on poisse.
LiTT. On Ta jeté (à coups de pied) à la porte comme un étron
hors d'un vestibule.
On l'a mis dehors sans lagon, brutalement.
Variante. Kt voIà k'mint, tôt volant intrer d'foice es chestiiî d'Wayalpont,
l'àrmôye di l'àbbé fout pilèye à l'ouhe, comme on crapaud foû d'on poisse.
(G. Magnée. IA cren'quinl dé prince àbbé di Stdv'leii. 4871.
- 339 -
Namur. Les pierrot ont continué à v'nu et 1' pauvc Baptisse a sti foutu à l'uche
comme on slron sur one palette.
{Marmite. 1885.)
Charleroi. Beline.
Choulet bin, Toinette, si vos avet co Tmallieur (\6 fai inmarvoyi et inrajji
m'n homme ainsi, je vos donne vos huite jou, eiet vos volet à l'uclie comme in slron
su 'ne palette.
(L. Bernus. Umulade St-Thibau. I, se. 7. 187G.)
1188. I n'a nin on stron es l'oûye.
LiTT. Il n'a pas un élron dan.s l'œil.
Il s'imagine être clairvoyant, mais il voit ce que tout le
monde voit.
— Ji la vèyou.
— C'est qu' vos n'avîz nin on stron es l'oùye.
1189. Minîminem, coleûr di stron dawe (d'chet).
LiTT. Miniminem, couleur merde d'oie (de chat).
Couleur indécise, plutôt grisâtre.
1190. On n'est màye dihité qu' d'on stron.
LiTT. On n'est jamais embrené que par un étron.
On ne reçoit d'mjui^es que des personnes mal élevées. —
On n'est sali que par des choses sales.
Pr. fr. — Il n'y a que la boue ([ui éclabousse.
On sait que le Téiemaquc de Féiiélon tut violemment atta-
qué par certains critiques. D'anciennes éditions du livre de
l'archevêque de Cambrai contiennent une table intitulée Le
cygni'. et les oisouf^, où l'auteur est vengé par un argument
dont le sens est celui de ce proverbe.
(^ité par Forir. Uict.
Var. FerrièrES. On n'est jamais abimé (jui d' pus mauci qu'lu.
Val. Namur. On n'est jamais spilé qui par l'ordeùre.
Var. Mons. N' vos imbroyez nié dé tout c' (|u'on berdcll'ra sus vos compte
pasqui n'a jamais qu'cin noir pot qui in noircit ein n'autte.
(MoUTRiEUX Dex nouvieaux conte dés quié. ■1850.)
1191. 1 n'y a qu'on stron po bin flaîrî.
LiTT. Il n'y a qu'un étron pour bien puer.
C'en est, il n'y a pas à s'y tromper.
1192. Elle vindreut mi de slron qui mi de T lé-
moscâde
LiTT. Elle vendrait mieu.x de l'ctron, que moi de la noix
muscade.
— 340 —
Elle a le talent ele faire valoir sa marchandise; elle a des
façons engageantes.
1193. (^est-st-on stron ma chî.
LiTT. C'est un ciron mal chié.
C'est un homme d'un caractère mal fait et d'un extérieur
repoussant.
Pr. fr. — C'est un ours mal léché.
ÉTUDE
1194. Il a fait ses étute à Thérèse Grosys, el cul
dans les cinde. (Nivelles.)
LiTT. 11 a fait ses éludes chez Thérèse Grosys, le cul dans
les cendres.
C'est un ignorant, il n'a eu de leçons que celles données par
une vieille femme.
ÉVÊQUE.
119o. Si fer d'èvèque moûnî.
LiTT. Se faire d'èvèque meunier.
Se dit d'un homme qui passe d'une condition avantageuse
à une moindre condition. (Acad )
Pr. fr. — Il s'est fait, il est devenu d'èvèque, meunier.
Cf. Leroux de Lincy, I, p. 27. — Quitard. f)ict., p. 537.
— BuRGER. D'^r Knisfir und der Aht.
Cité par Forir. Dict.
Devenir d'evesque meunier.
(OUDIN. CuriosHez françaises. 1640.)
Ab equis ad asinos.
(Lejeune. Proverbia familiaria. 174^.)
1196. On rhin louke bin ine èvèque (ès l'geûye)
LiTT. Un chien regarde bien un évêque (en bouche, en
face).
Regarder quelqu'un, ce n'est pas l'ofïenser; mais la manière
de le regarder peut être ofl'ensante.
Pr. f. — Un chien regarde bien un évêque; on ne doit pas
s'offenser d'être regardé par un inférieur (V. Quitard. Dïct.^
p. '223, pour L'Hcplicatioii hislorique).
Cité par Forir. Dict.
FiFINE.
Ji .SOS co belle et frisse as-sez po plaire aux jijnes homme, et i enne a pus d'onk
qui m'iouke qwand j'vas so l'rowe.
— 341 —
JOSEPH.
Poquoi nin, don? on chin louke bin 'ne èvêque.
(Wiu.EM et Bauwens. Li galant d'à Fifine. Se. 1". 188!2 )
Variante. On sot avise bin on sûli.
Var. Najiur. On stron r'waite bin one èvèque.
Nivelles. In chî rwaîte bl ine cvèque (in brin).
Tournai. In tien assi su s'cue r'waite bin l'èvèque passer.
EXCUSE.
1197. Les esciise sont fiiite po s'ès siervi
LiTT. Les excuses sont fMiic.^ pour s'en servir.
Par cette phrase, on fait comprendre à celui qui cherche à
atténuer une faute que Ton considère ses excuses comme
imaginées à plaisir.
Cité par Forir. Did.
Colas.
Les escuse sont faite po s'ès siervi.
Paul.
Enfin, c'est-st-ine bonne leçon por lu.
(DD. Salme. Pris dh'ins sex léce. I, se. 8. 1880 )
1198. Ine bonne escuse n'est nin mâle.
LiTT. Une bonne excuse n'est pas mauvaise
Ce proverbe s'emploie ironiquement et se dit aux personnes
qui donnent de mauvais prétextes pour n'avoir pas fait une
chose.
Jacob.
Bonne escuse n'est nin mâle, mais j' vins d'apprinde tôt rate.
Qui sor vos on lijjeois tape des bin malcs batte.
(Ed. Remouchamps. Les amour d'à Gcrd. II, se. lo. 1875.)
EXPÉRIENCE.
1199 Expériince
Passe soi i née. (Namur.)
LiTT. Expérience passe science.
La pratique est plus utile que la théorie.
FABLE.
1200. V'iàrfâvefoû.
LiTT. Voilà la fable dehors (achevée).
L'affaire est terminée, réglée ; rhi.^toire est finie.
On ajoute souvent : Vos àrez l'hâgne et mi l'où.
V, (Lafontaine). L'huitre el [es i)l(nde\(rs.
342
A Liège, le conteur dit en finissant :
Make so 1' soû,
Vlà r fàve foû.
Vos magn'rez l' hàgne et mi l'oîi.
Variante. V'ià 1' fôve foû,
Mi l'jambon et ti li stron.
Cité par Forir. Dict.
Vos frez l'cafè
Et mi j'el beûret.
Tonton.
Eh bin, Golsâ est-st-à m' manîre,
Ji n'sàreus tant tourner âtoù.
Mauèye IîADA.
Aie, make so l' soû, vola l'fàve foû.
(De Hahlez, De Cartier, etc. Li vnyége di Chaud/ontnine. III, se. l'e. n57.)
Adon sins cover so ses où.
Ni dire make so i'soù, v'ia l'fàve foû
Divins les champ d'I'Andalousève,
Il alla
(J.-J. Hanson. Les Insiade es vers Mgeois. Ch. IV. 1783.)
S' 1 avîl lèyî piette
Des homme tôle li hiette
Li diale l'âreul avou trop hayette.
Mais '1 a l' quowe es cou
Et vola l'fàve foû,
V magn'rez 1' hàgne et mi l'oû.
(Fr. Bailleux. Noël. 1842.)
Verviers. Niclasse aveut ine femme
Qui to fér barbotéve ; et qwand 1' fâve esteut foû,
Elle dihéve à s'Willemme :
V's àrez l'hàgne et mi l'oû.
(Xhoffer. Épigrammes. 1860.)
FAGOT.
1201. l ^^n'a fagot et fagot. (N.\mur.)
LiTT. Il y a fagot et fagot.
Il y a de la dilïérence entre des personnes de même état,
entre des choses de même sorte. (Littré.)
Pr. fr. — Il y a fagots et fagots.
« Vous pouvez en trouver autre part à moins ; il y a fagots et fagots, mais pour
» ceux que je fais....
(Molière. Le médecin malgré lui. I, se. 6.)
MoNS. Ouais mé, il y a fagot et fagot, comme on dit qui^que fois.
(Letellier. Arm.dé Mon». 1878.)
— 343 —
1^202 Isint r fagot. (Namur.)
LiTT. Il sent le fagot.
Il a une odeur de brûlé; allusion aux protestanis que Tin-
quisition faisait brûler.
Pr. fr. — Cet homme sent le fagot.
Il sent sa bourrée.
(Ol'DIN. Curioxitt:z françoises. i640.)
II a des sentiments d'hérétique, et court risque d'être brûlé
avec des fagots, ainsi que cela se faisait. Aujourd'hui, sentir le
fagot ne se dit guère qu'en plaisantant pour faire entendre à
quelqu'un qu'on n'a pas grande confiance dans la régularité de
sa vie, dans la sincérité de ses croyances. (Littré.)
FAIM
1203. Li faim a sposé l'seu.
LiTT. La faim a épousé la soit.
Se dit de deux personnes qui n'ont point de biens et qui se
marient l'une avec l'autre. On dit aussi de deux époux sans
biens : C'est la faim et la soif. (Acad.)
Pr. fr. — C'est la faim qui a épousé la soif.
Var. Jodoigne. I s'a marié au déré vacant tos les èfant.
1204. Les soris clTârmà n'ont irûye faim.
LiTT. Les souris de l'armoire n'ont jamais faim.
La satiété engendre le dégoût.
1205. I fât avii fiiim d'sâce po trimper s'pan
d'broûlî.
LiTT. Il faut avoir faim de sauce, pour tremper son pain de
boue.
Se dit le plus souvent pour qualilier et déplorer un mauvais
mariage.
1206. Li faim chesse li leiip fou de bois.
LiTT. La faim cliassc le loup hors du bois.
La nécessité détermine un honnnc à faire, même contre son
inclination, bien des choses pour se procurer de quoi vivre.
(Acad.)
Pr. fr. — La faim chasse le loup hors du bois.
On dit aussi : Li famène ches.se, etc.
La faim enchace le loup du bois.
(Xllle siècle.)
Cité par Forir. iJict.
— du —
1^207. L'cinque qui aime trop les bons hoquet
aurail foaim pus taurd. (Namuk.)
LiTT. Celui qui aime trop les bons morceaux aura faim
plus tard.
La gourmandise peut conduire à la misère.
Le Tuxe dans les repas a précédé la chute des grands empires.
FAIRE.
1208. Sins fer ni eune ni deux.
LiTT. Sans faire ni un ni deux.
Sans hésiter, de propos délibéré, d'un premier jet.
Cité par Forir. Dicf.
Li morale di cisse fâve, Messieu,
C'est qui l'ci qui tome à des gueux,
Ni deut mâyc fer ni eune ni deux,
S'i veut wâgnî rpârtôye,
Ca, es l'plèce de coq, i sèreut
L'dindon de l'comèdèye.
(Fr. BailleL'X. Les fraive d' on coirbâ. Ch. (843.)
Nanette.
Et si Monsieur Groubiotte rivint sô, et qu'i vôye mi d'ner des mâles raison
comme c'est si hàbi'lude, qwand 'la bu, ji n'frel ni eune ni deux, ji li dis s'comple.
(I)EMOULIN. Ji vouxji ri'poux. Il, se. î). 1868.)
Nasiiui. Mais, arrive tôt d'on côp on mayeûr di police,
Qui n'fait ni one ni deux
Apougne nos deux mouais gueux.
[Paint di frère. Aurm. di Nameur. 1883.)
Lille. EU' m'arot dit d'crever mes yeux.
Qui j'n'aros fait ni eun' ni deux.
(Dksrousseaux. Chansons lilloises. 1854.)
1509. Vos 'nn' îroz fer fer à Bouffioulx. (Namur.)
LiTT. Vous irez en faire faire à Bouffioulx.
Se dit aux gens qui ne sont contents de rien, — Pour faire
comprendre que les choses demandées sont ridicules ou
impossibles.
Bouffioulx, village du Hainaut, près de Ghâtelet, ancien-
nement pays de Liège, était très renommé pour sa fabrication
de poterie commune, d'un grand débit à Namur.
On dit aussi à Namur, d'une personne contrefaite : I peut bin
aller s'fcr r' fonde à Bouffioulx.
Nivelles. Aller à Bouffioulx s'fer r' fonde, pou fer des quenique.
RoucHi. Vat'faire faire un habit pou l'hiver.
— 345 —
1210. L'ci qui fait çou qu'i pout, fait çoii qu'i dent.
LiTT. Celui qui fait ce qu'il peut, fait ce qu'il doit.
On ne peut exiger d'une personne qu'un travail en rapport
avec ses moyens.
Qui feist ceo k'il piiel toutes ses leis accomplist.
(Proverbe del viluiu. XIV" siècle.)
Variantes. On fait çou qu'on pout et 1' bon Diu fait l' resse.
Fez çou qu'vos polez, li bon Diu fret Tresse.
(FoRiR. Dici.)
Jasper.
Sembredieuse, qui t'esteus bagou.
Jacqu'mai.
Hoùte, valet, on fait çou i.u'on pout.
(De ViVARlo. LificssediHoiUc-s'i-ploùt. I, se. 1. 1757.)
C'est tôt comme li respleu,
On n'fait nin çou qu'on vont.
Ji creu qu" fait çou qu'i deul,
Li ci qu' fait çou qu'i pout.
(Bakillé. Li camarade dé Vjôye. 18o;2.)
Variante. tjuî fait çou qu'i pout n'fait nin ma,
Mais, qwand vos m' divriz ha/.i m' clâ,
Ji n'sos capàbe di n'rin fer d'aute.
(Ad. Picard. Toast aubauquet wallon. 187 k)
Verviers. Ci qui fait çou i^i'i pout, fait, dit-st-on, çou qu'i deut,
Mais 1 ci qu'est trop purri, nu pout rin fer d'adreut.
^Xhoffer. Lu poète wallon. 18G0.) ,
Marche. Qui fait c' qu'i pout, suivant Tconvnance,
Ni trouv'ret nin l'indiffcîrcnce.
(Alexandre. P'iit corti. d8G0.)
Douai. Mais n'importe, chelle tille aile fait ch'qu'alle peut, du ma assez.
(Dechristé. Sonv'nirs d'un homme d' Douai. iSoS.)
1211. Si ça n'fail nin de bin, ça n'fret nin de ma.
LiTT. Si cela ne fait pas de bien, cela ne fera pas de mal
C'est une chose qui ne tire pas à conséquence, qui est
inoffensive.
Jauiay.
Tiiiodor.
Buvoz on p'tit gourjon, c'est comme l'onlmint d'polape qu'on vind à l'apothi-
caire, si n'fet nin do bin, i n'fet nin do ma.
(XiiOFFER. I.r.^ dru.r sornche. 1, se. i.3. ISC)!».)
MONS. C'est comme l'homme qui rake au eu M' s'kevau,
Ça n'fait t5nié d'bic, ça n'fait gnit^ d'mau.
(Sigart. Uict. 1870.)
- 346 —
I"21"2. I n'est màyc trop tard po bin fer.
LiTT. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Il vaut mieux prendre une bonne résolution tardivement
que de n'en pas prendre du tout.
Pr. fr. — Mieux vaut tard que jamais.
Cité par Forir. Dict.
Crespin.
Allez, j' n'a pus wàde cli m'sôler,
Ossi, j'proûv'ret qui n'est màye trop tfird po bin fer.
(Remouchamps. Li xnv'tt. Il, se. 6. 1858.)
Ine feumme a si homme.
Po rintrer v'n'avez pus nolle heure,
Vos avez l'coirps tôt eschàffc ;
J'a sogne qu'à deugl on n'vi mosteùre.
— I n'est màye trop tard po bin fer.
(Thiry. Êpigrammes. -1860.)
Verviers. I a bon qui sel d'vant d'fmi
Qu'n'est mauye trop taurd po fer mi.
(J.-S. Renier. Spots rimé». 1871.)
Charleroi Bonnefoi.
Ça pouret co bin v'ni, i n'est jamais trop taurd pou bin fai, on p'til côp de
r'vinet-z-y-co, eiet ça y est.
CL. Bernus. V malade Saint-Thibau. I, se. 9. 1876.)
MoNs. Si j'seroi à vo place, j'Ii baroi tout d'même, mi ; i n'est jamais trop tard
dé bé faire, comme on dit.
(Leteu-IER. Armonaque déMons. 1853)
1*213. On nïait rin avou rin.
LiTT. On ne fait rien avec rien.
On ne saurait réussir dans aucune affaire, dans aucune
entreprise si on n'a quelque chose, quelques moyens, quelque
secours pour y parvenir. (Acad.)
Pr. fr. — On ne fait rien de rien.
De rien, rien. {Adaget français. XVI» siècle.)
De nihilo nihil. (Perse. Sat. 3""".)
De nihilo nihil, in nihilu^n nil posse reuertl. (Lucrèce )
On n'a rin avou rin, li ci qu'vout profiter,
Deut calculer ses côp et n'nin meskeûr ses pône.
(Thiry. Moirt di l'octroi. 1860.)
Basse- Allemagne. — Aus Nichts macht man Nichts.
1214. I vont fer : c'est mi !
LiTT. Il veut faire : c'est moi !
Variante. C'est po dire : c'est mi.
LiTT. C'est pour dire : c'est moi.
Il cherche à attirer l'attention. C'est un tente affaire.
— IU7 —
C'ait un tente affaire. On nous propose d'écrire : c'est un
tant à faire (un homme qui se dit sans cesse accablé de
besogne). L'observation pourrait bien être fondée.
l"2lî>. N'y a rin à fet à Bayonvèye. (Marche.)
LiTT. Il n'y a rien à faire à Baillonville.
Il n'y a rien à gagner, c'est perdre son temps et ses peines.
Baillonville, province de Namur, à deux lieues de
Marche.
Marche. Baquatro.
En r'traite ! po l'bon Dieu, si v'n'estiz nin on sot
Vosse mémoire aurait d'vou rappellet on vl spot.
Qui dit qu' po les richau, qui queret, foù do 1' vèye,
L'poye et ses où, gn'y a rin à fet k Bayonvèye.
(Alexandre. Li pcchoti d'avril. Act. V, se. 9. 1858.)
1:21»). C n'est qu'es fiant qu'on fait. (Namur.)
LiTT. Ce n'est qu'en faisant qu'on fait.
Il y a des choses qui demandent un certain temps pour cire
bien faites. (A.CAD.)
Vv. fr. — On ne peut faire qu'en faisant.
L'expérience rend habile. — l'^abricdndo fil faber.
MoNS. On fait in fesant.
(Letellier. Armonaque dé Mons. I8S0.)
1217. Fer ses affaire lu-mênie.
LiTT. Faire ses affaires soi-m<^me.
Il ne faut compter que sur soi. — Il ne faut pas se fier aux
promesses des autres.
B\hviR.
Fyîz-v'à lu, c'est-st-on palol,
'L a m'm6 s'barque comme on vl sot.
I n'comprind nin m' système
I n'fât màye roùvl li spot :
Fez vos affaire vos môme.
(Alcide Pryor. Oh dragon qui fait de* madame. 1867.)
Variante. Nos avans fait "ne biestrèye
Ca i n'y a rin d' pareye,
Qui (i'fer si ovroge lu môme, rit'nez bin coula, m'ti.
(l)f:mv. L'âlouetlc et ses jône et Tmai^e de champ. Fàve. 18î)2.)
Var. Verviers. Po bin fer rovivge qu'on-z-aimc
N'est meilleur moyen qu'lu môme.
(J -S. Kenier. Spotn riméx. 187!.)
Yak. Marche. Si li n'sogne nin tes vaohe ti-mènie,
To n'aurais qu'dè lèçaî sins crftmo.
(Alexandre. P'ui corti. 1860.)
Var. Tournai. Si te veux faire t'n affaire, vas-y.
Si te veux l'manquer invoye-z-y.
— 348 —
1-218. Tôt volant fer mî, on fait pé.
LiTT. En voulant taire mieux, on t'ait plus mal.
On peut gâter une bonne chose en voulant la rendre
meilleure (Agad.)
Pr. fr. — Le mieux est l'ennemi du bien.
1219. Çoii qu'est fait est fait.
LiTT. Ce qui est fait est fait.
Se dit pour engager à ne plus parler d'un malheur, d'une
faute qu'il est impossible de réparer. (Agad )
Pr. fr. — Ce qui est fait est fait.
Se dit aussi pour engager quelqu'un à terminer sa besogne
pour qu'il n'ait plus d'inquiétudes en perspective.
Cité par Forir. Dict.
Tonton.
Qu'estiz-v' des niàlàhèyès gins,
A barboter vos n' wàgnVez rin,
Fret-on por vos novelle couhenne ?
Çou qu'est fait est fait, dit 1' bèguenne.
(De Harlez, De Cartier, etc. Li voyége di Chaud fontaine. III, se. \". 1757.)
S"is n'avîl nin awou Trueune, is àrîl trové ine aute. Enfin, çou qu'est fait est fait.
(DD. Salme. Pria d'vins ses lèce. II, se. o. 1880.)
Picardie. Ce qui est foet n'est mie à foere.
(Corblet. Glossaire. 18ol.)
Basse-Alle.magne. — Geschehene Dinge sind nicht zu
ândern.
1220. Ji fais V niitan à m' manîre et l'auie comme
i m'plait.
LiTT. Je fais la moitié à ma mode, et l'autre comme il me
plaît.
Je ne fais que ce qui me convient, sans me préoccuper des
observations ou des conseils qu'on me donne.
Variante. Ji m'moque di lot çou qu'on pout dire,
Si ji beus, c'esl-st-avou mi àrgint,
Ji fais toi à fait à m'manîre
Et l'restant comme coula m'convint.
(Hect. Pholien. Fleur di sôléye. Ch. 1884.)
Var. Tournai. Fés cha à fmote et l'reste à t'fantaisie.
1221. Si v's avez fait, mettez des cinde d issus.
LiTT. Si vous avez fait, mettez des cendres dessus.
Sale équivoque. Allusion aux habitudes du chat.
Cité par Forir. Uict.
— 349 —
122^2. A rin fer, on a])prin(l à mnu fer. (Xamlil)
LiTT. A ne rien faire, on a|)prend ;"i faire mal.
Quand en n'a pas d'occultation, on est enclin à faire le mal.
Pr. fr. — L'oisiveté est la mère de tous les vices.
1223. I n' fet rien au malin, l'après deiner i s'er-
pose. (Tournai.)
LiTT. Il ne fait rien le matin, l'après-midi il se repose.
C'est un fainéant, qui passe tout son temps dans l'oisiveté.
Tournai. Frekeot.
J'conneos t'n ouvrache : le ii'fés rien au matin, l'après-deiner te t'erpose, et
quand t'panche elle est bien pleine, te n'ie dis pos qu'ch'est avec les liard des eaute
que t' Ta rimplie.
(Pierre Brunehallt (Leroy). Ein ménache d' francs pmtfe. Se. V6. -1891.)
1224. Faire Jésus. (TolKxNAi.)
LiTT. Faire Jésus.
Demander pardon, s'agenouiller devant quelqu'un, se mettre
à plat ventre pour obtenir une faveur.
Tournai. Gulna.
Awi, je l'dis et je l'répète, si je iirlaiss'reos à dire j'n'areos pos b'soin d'faire
Jésus pour avoir ein pain.
(Pierre Brinehault (Leroy). Ein ménache iVfrancx pau/e. Se 18. 1891.)
1225. Vos 'unes tVez vos cràs et vos maigue.
LiTT. Vous en ferez vos gras et vos maigres.
Vous en ferez ce qu'il vous plaira.
(A. BODY. Voc. des agriculteurs. 1880.)
1226. Ci sèreut lî fer 1' paîraî baî (i).
I.iTT Ce serait lui faire beau le fond de la taille.
Ce serait lui tirer les marrons du feu ; lui mâcher le gâteau.
(St-BoRMANS. Voc. des houillcurs liégeois. 18ti:2.)
1227. Qwand i fret ine saquoi d'bon, c'est qu'i
s'àret roùvî.
LiTT. Quand il fera quelque chose de bon, c'est qu'il .se sera
oublié (qu'il n'y aura pas pensé).
C'est une personne dont on ne peut rien attendre de louable,
qui ne fait le bien que par hasard, d'une manière inconsciente.
Var. Tournai. I cache misère à tous les pauvers gins ! Ch'esl acore ein qui
s'ercouchereot, si l'eteot sûr in s'el'vant d'faire eine sequoi d'beon.
(Pierre Bri'NEHAUI.t (Leroy). Ein ménache d'jrancs paufe. Se. 10. 1891.)
(') Palrai (terme de houillcre) pari désignée à chaque ouvrier dans une taille où
il y en a plusieurs.
— 350 —
1"2'28. l n'y a rin qui n'si pôye ter.
LiTT. Il n'y a rien qui ne puisse se faire
Il n'y a rien d'impossible.
1*2'29. Qui fait bin trouve l)iu.
LiTT. Celui (]ui lait bien (s'en) trouve bien.
Il y a.toujours avantage à bien travailler, à être honnête, à
faire le bien selon ses moyens.
Pr. fr. — La vertu est toujours récompensée.
Stienne.
Jùsepli a lodi sùl rdreùle vôye, il est sins forleune, mais ji sos sûr qu'i sàrel
wàrder l'irésor qui j'vins li'lî contii, vos vèyez qui li vî spot est vraie : qui fait bin,
trouve bin.
(DD. Salme. Fdte de parler. Se. 23. i879.)
Nos riscompinse, nos l'avans,
Sûvant l'bonne vùye, nos èfant
Ont tos roté so nos pas,
8ov'nez-v' di çoula,
I s'ont dit comme leus parint
Li ci qui fait bin trouve bin.
(E. GÉRARD. Lijatna de Pvlesse. Ch. <890.)
Verviers. Quand on iabeure, lu grain vint,
Todi qui fait bin, trouve bin.
(J.-S. Renier. Spots rimes. iSli.)
Var. Jodoigne. L'ce que fait l'bé n'a jamais peu.
1230. FerBayî.
LiTT. Faire Bayî.
Faire banco, comme on dit, ou : brusquement gagner,
ramasser tout. — Allusion à un ancien agent de police (de
Liège), nommé Bailly, rigide observateur des règlements qui
prohibent les jeux de liasard sur la voie publique. Bailly ne
manquait jamais de faire main basse sur toutes les mises.
1281. Po ter Ijin, i fàt avu l' timps.
LiTT. Pour faire bien, il faut avoir le timps.
Le temps ne fait rien à l'aftaire.
(MouÈRE. Le misanthrope.)
Feslina Unie. (HORACE.)
Var. Stavelot. Lèyans fer les pus pressé.
1232. Fer ou attraper ine saquoi à côp d'pogne.
LiTT, Faire ou attraper quelque chose à coups de poing.
Faire maladroitement, grossièrement, imparfaitement une
chose.
— 351 —
Ami, r sujet di m' chanson
Hi\yèrihe lot l' inonde de 1' sot^nc.
Ji n' vis d'mandré nii\ pardon.
Si j'attrape l'air à cùp d'pogne.
(J. Lamayk. IA vm (V Doiirgntjiw. ('A\ 184G.)
1^288. I vàt inî de dire : (jiii tVù je? (ini de dire •
qiiitran-gne? (1< Kiuui.:uES.) '
LiTT. 11 vaut mieux dire : que fci-ai-je?que dire que ferons-
nous?
Il vaut mieux suivre ses idées que d'attendre celles des
autres. — Il vaut mieux travailler pour soi seul que de parta-
ger avec d'autres. *
ITM. Quand t'aras fet cha.
T' n'in s'ras pont pus cras. (Tourn\[ )
LiTT. Quand tu auras lait cela,
Tu n'en seras pas plus gras.
\olre position ne sera pas meilleure, vous n'en serez pas
plus avance ; se dit ordinairement à celui qui se nronose de
taire un mauvais coup.
1235. Bill fer et lèyî dire. (IVamuh.)
LiTT. Bien faire et laisser dire.
Quand on se comporte loyalement, on ne doit pas craindre le
qu'en dira-t-on.
Variante. Ani.ré.
Vikans bin honnèl'inint,
D'ine nianîre charitàve et leyans dire les gins.
(Toussaint. Jan'nesse. I, se. l^e. 1890.)
FAMILIER.
1236. Quand on est trop familier,
On finit pas'mépriser. (Na.mur.)
LiTT. Quand on est trop familier,
On finit par se mépriser.
Une trop grande familiarité peut amener des expressions
blessantes, des observations peu courtoises.
FARINE.
1237. Tôt fait farèno à bon niolin.
LiTT. Tout fait farine à bon moulin.
Toute chose vient à point quand on sait l'employer. — Los
— 352 —
aliments les plus communs rassasient, nourrissent, comme les
plus délicats. (ACAD.)
Pr. tV. — Tout fait ventre.
Mais li mèyeù des [làrtèyft,
Wisse qui i'boùde fait l'pus d'àrgint,
C'est l'gaz'lî et l'imprim'rèye
* Tôt fait farenne à molin.
(Aug. HocK. Les boude. Ch. iS6T.)
Verviers. On pauke après on applaudit iiie aute
Qu'aveut éco s'iu pus malin,
I n'aveul nin mettou des où es s'vôte,
Tôt fait farene à bon molin.
(Xhofker. Êpigrammes. 1860.)
MoNs. Tout fait farine au moulin, après tout, éié il a des grâce d'état dins tous
les métier. {Letellirh. Armonaque dé Mons. 1874.)
RoucHi. Tout fet farene au molin.
(Hécart. Dici.)
Picardie. Tout foet fraine au moulin.
(CORBLET. Glossaire. 1831.)
FAUX.
1^38. Çou qu'est fax n'est mâye durâve.
LiTT. Ce qui est faux n'est jamais durable.
On finit toujours par s'apercevoir qu'on a été trompé ou dupé.
1239. 11 est ossi faux qu'on navia pourri. (Namuu.)
LiTT. Il est aussi faux qu'un navet pourri.
On ne peut pas avoir la moindre conliance en ce qu'il fait, en
ce qu'il dit.
FAUX PAS.
1240. Elle a lait liippetle.
LiTT. Elle a fait un faux pas.
Elle s'est laissé abuser. (AcAD.)
Pr. fr. — Elle a laissé aller le chat au fromage.
Marèye Bada.
Ti père louquive po les coirnette,
Ca d'vant di s'poser Cille Golzà,
Ti mère aveul déjà 1' gômà.
Ti grand'mére môme a fait hippette.
Et li vins d'ine race di pocha.
(De Harlez, de Vivaiiio, etc. Li voyéyc di Chaudfontaine. I, se. 3. 1757.)
Ida qu'a fait hippette avou 1' fi de màyeùr. (FoRiR. Dict.)
I li fa s'poser l'feyo de mayeùr de 1' Franchevèye, ine gins d'adreut, qu'esteut
verlihe et agalôye, et qui n'aveut màye fait qu' cinq ou six fèye hippette.
(C. Magnée. Li aeu'quini dé prince âbbé di Stav'leû. 18G7.)
Il
— 353 —
FEMME.
1241. Qui batte si feumme nel vont nin toiiwer.
LiTT. Celui qui bat sa femme ne veut pas la tuer.
Celui qui est sévère n'est pas toujours cruel. — Il ne faut
pas exiger d'une personne plus qu'elle ne peut.
Pr. fr. — Il faut tondre ses brebis et non pas les écorcher.
(Leroi'X. Dict. comique, ilo'i.)
On dit aussi : Qui batte si mère, ou qui batte si chin.
Cf. QuiTARD. Prov. sur lea feinmes, p. 45.
11 est permis de battre sa femme, mais il ne faut pas
l'assommer.
(OUDIN. Cnriositez françoises. 1G40.)
Variante. Qui batte si feumme, wàgne li paradis.
Nivelles. On bat bi s' chi,
Qu'on n"el tue ni.
1242. Qui s' prind à 'ne feumme si prind à
s' maisse.
LiTT. Celui qui se prend à une femme se prend à son maître.
Les femmes veulent ardemment ce qu'elles veulent et elles
viennent ordinairement à bout de l'obtenir. (Agad.)
Ce que femme veut, Dieu le veut.
Ce que veut une femme est écrit dans le ciel. (Lachaussée.)
Cité par Forir. Dict.
GiRA.
D'on sùli elle frit on nicaise,
Qui s' prind àx feumme si prind à s' maisse.
(De Harlez, De Cartier, etc. Li voyége di Chaud fontaine. II, se. i. 1737.)
Vos v' sovairez d'avu bouhî so m" caisse :
Qui s' prind à 'ne feumme est todi pris à s' maisse.
(A. HocK. 18G0.)
Variante. Jacques.
Li spot dit : qwand 'ne feumme vout.
Qui l'homme est sûr fotou.
(Salme. lue feumme qu'enués vdt ûeu.r. Se. 9. 1876.)
1243. C n'est qii'ine feumme qui s' nèye.
LiTT. Ce n'est qu'une femme qui se noie.
C'est une bagatelle, une chose de peu d'importance, à laquelle
il ne faut accorder que peu d'attention.
Ji n" pinse nin comme les ci qui d'het : bah ! ci n'est rin,
Ci n'est qu'ine feumme qui s' noyé.
Mi, ji dis lot 1" contraire, les foumm'réye valet bin
Qui nos y t'nanse on pau, pusqui d'zelle vint nossejôye.
(Bailleux. Li feumme uèyèije. Fâve. iSSâ.)
23
— 354 —
Pp fp _ Ce n'est rien, ce n'est qu'une femme qui se
noyé.
(OllDlN. Cnriositcz françaises. 1640.)
i'244. A chaque avè,
El kié piche et el feimme brait. (Mons.)
LiTT.* A chaque avé,
Le chien pisse et la femme pleure.
(Avé. Temps très court; le temps nécessaire pour réciter un
Ave Maria.)
Ovide prétend que la facilité des larmes chez les femmes est
le résHltat d'une étude particulière.
Pr. fr. -- A toute heure,
Chien pisse et femme pleure.
Femme rit quand elle peut,
Et pleure quand elle veut.
Saint-Quentin. A toute heure,
Kien i pisse et femme aile pleure.
(GosSEU. Lettres picardes. 1841.)
l'24o. Ine feumme qui barbotte,
Est comme on teut qui gotte.
LiTT. Une femme qui gronde est comme un toit qui dégoutte.
C'est une chose qu'on ne peut empêcher.
Chère femme, vous m'ennuyez à force de gronder.
Cité par Forir. Dict.
Salomon compare la femme querelleuse à un toit dont l'eau
dégoutte toujours. — Tecta jugitur perstillantia, litigiosa
mulier. (Prov. 19.)
1216. A les feimme et les viélés-affaire
11 a toudi à rïaire. (Mons.)
LiTT. Aux femmes et aux vieilles affaires,
Il y a toujours à refaire.
Il est aussi difficile de satisfaire les caprices d'une femme que
d'arranger une affaire embrouillée depuis longtemps.
1247. Deux feumme, c'est-st-ine divisse,
Treus feumme, c'est-st-on caquet,
Qwatte feumme, c'est l'diale tôt fait.
LiTT. Deux femmes, c'est une conversation,
Trois femmes, c'est un caquet,
Quatre femmes, c'est le diable tout fait.
I
— 355 —
Cf. Deux femmes font un (ilaid,
Trois, un grand caquet.
Quatre, un plein marciié.
(Gai!R. Meurier. Trésor des sentences. i3G8.)
Trois femmes font un marché.
(OUDIN. Curiositez françaises. Idi-O.)
Cité par Forir. Dict.
Variante. L'étudiant.
Eune, ci n'est rin, dit-st-on, et deux c'est-st-on hopaî,
Mais Ireus feumme et l'police, c'est qwatte chin so 'ne ohaî.
(G. Delarge. On tour di butresse. \8'i.)
Une fontaine publique, dans la commune de D... (non loin
de Couvin), porte l'inscription suivante, composée, paraît-il,
par le curé de l'endroit :
Quando conveniunt Catharina, Suzanna, Sibylla,
Sermones faciunt et ai) hoc, et ab hàc, et ab iilà.
Pour rendre la leçon plus efficace, l'honorable M. (J.-D.,
supposant assez naturellement Catherine, Suzanne et Sibylle
aussi i^unorante en latin que le bonhomme Cérontc, a cru
devoir traduire ce distique en patois du pays. On lira bientôt
sur la fontaine de D. ., ou peut être y lit-on déjà, à l'heure
qu'il est :
Qwand les feumme vinet droci,
Gare à li, gare à li, gare à mi.
1^48. Prinds l'siervante d'à Ion et t' feumme d'à
près.
LiTT. Prends ta servante au loin et ta femme tout près.
Prends une servante d'un lieu éloigné de ta maison, et ta
femme dans ton voisinage. — En agissant ainsi, on a une
femme dont on connaît les antécédents, et une servante qui
n'a point de rapports trop fréquents avec sa famille.
1^219. Les feumme ont treus tour pus qui l'diale.
LiTT. Les feummes ont trois tours de plus (|ue le diable.
On dit aussi : les femmes ont sept (cint) tour pé qui l'diale.
La femme est souvent fine, rusée, adroite, etc.
Pr. fr. — La femme sait un art avant le diable.
(Cf. QUITARU. Prov. surlesfetnme.s, p -20.)
Finesse n'est qu'en femme ne soit.
{.Ancien prov. fr. i5C8.)
GÉRA.
Et quoiqu'àtoû d' nos aute, elle fesse mami', inaiiiour,
Elles ont po nos tromper po d'ià l'diale trintosix tour.
(Ed. KemOUCHAMI'S. Les amour d'à Gèrâ. I, se. IG. 1875.)
— 356 —
Servas.
Les feiimme sont co pc qu" des macralle, elles ont les sept tour après l'diale.
(Brahy. Li bouquet. II, se. 2. 4878.)
Jai.hay. Thiodùr à Garitte.
Ta'rtioz-v", vos avoz turtote treus tour pus quu l'diale.
(Xhoffer. Les deux soroche. II, se. 44. 4862.)
JoDoiGNE. Les femme sont pe malenne que 1' diale.
1250. One femme sins allure lave se pagna
F sem'deu à 1' nait po 1' dimeigne. (Jodoigne.)
LiTT. Une femme sans soin lave sa chemise le samedi soir
pour le ditnanche.
Portrait d'une Icmme du peuple qui n'a pas d'ordre dans
son ménage.
Prov. cont. Tournai. Femme qui tricote a des bas d' pus et des péché d' moins.
12o1. C'est les feumme qui fet les homme.
LiTT. Ce sont les femmes qui font les hommes.
Une femme habile prend aisément de l'empire sur son mari.
— Dans les ménages, l'accord dépend souvent plus de la
femme que du mari. — C'est la femme qui donne le ton dans
la maison.
Cité par Forir. Dicl.
Marche. C'est 1' bonne femme qui fait l'bon homme.
1252. Qui gâte si feumme gâte si vèye.
LiTT. Celui qui gâte sa femme gâte sa vie.
Qui est faible envers sa femme s'en repentira.
1253. 1 fàt s' dihombrer di mette si feumme so
r pîd qu'on 1' vont.
LiTT. Il faut s'empresser de mettre sa femme sur le pied
qu'on veut.
Variante. I fàt s' dihombrer di mette ses èfanl so l'pîd qu'on les vont.
L'homme ne doit pas tarder à exercer son autorité à l'égard
de sa femme, de ses enfants.
Pr. fr. — 11 faut prendre maison faite et femme à faire.
1254. On aime ossi bin ine feumme qu'a 'ne
saquoi, qui 1' cisse qui n'a rin.
LiTT. On aime aussi bien la femme qui a quelque chose, que
celle qui n'a rien.
On s'amourache aussi bien d'une jeune fille riche que d'une
pauvre. L'inverse est également vrai. On remarque que quand
— 357 -
les grands parents citent cette phrase en parlant à leurs fils,
elle prend le sens suivant: n'aimez une femme que pour autant
qu'elle ait du bien.
1255. I n'in voudréot pos quand elle aréot s'cul
d'or et s'iiète d'argint. (Tournai.)
LiTT. Il n'en voudrait pas quand même elle aurait son cul
en or et sa tête en argent.
Se dit ù propos d'une femme que l'on ne voudrait pas
épouser, même avec une forte dot.
Var. Jodoigne. Dire que n'a qu'a mouhy s'doigl po-z-oyeu one femme de caur.
125(3. One Mag'rite, one bèguenne, on zabia,
Frènne danser l'dialedins on boistia.
(Namur.)
LiTT. Une Marguerite, une religieuse, une grande sotte,
Feraient danser le diable dans un bac.
Le diable serait le petit garçon, en présence de femmes
douées des qualités qu'on prête à celles qui sont énumérées
dans ce proverbe.
A Namur, les femmes qui portent le nom de Marguerite,
n'ont ou plutôt n'avaient pas la réputation de douceur. Ce pro-
verbe est très ancien.
Var. Malmedy. One Mag'rite et on zabia
Faie-nu danser l'diale divins on canibostia.
(ViLLERS. Dict. wallon français. 1793.)
Var. Marche. One méchante femme est-st-one lionne.
(Alexandre. Fut corti. 18G0.)
1257. A r bonne feumnie.
LiTT. A la bonne femme.
Inscription d'enseigne devenue proverbiale dans le pays de
Liège (entr'autres). L'enseigne représente une femme sans tête;
de là des plaisanteries, des quolibets. Nous empruntons à
M. Quitard (Etudes sur les proverbes français. Paris, Techener,
1860, in-8, p. -247), les curieux détails qu'on va lire :
LA BONNE FEMME EST CELLE QUI N'a POINT DE TÈTE.
« On voyait autrefois à Paris plusieurs enseignes où était
» peinte une femme sans tête, image de la Kcnomméc, qui
» cache la sienne dans les nuages, comme dit Virgile : cxput
» inter nubihi condii. (.-Eneid. IV, 177). Ces tableaux portaient
1) pour inscription : A lu bonin' [l'hunc, c'est-à-dire, à la bonne
» Renommée, car tel était alors le sens du mot fauu: (f'tinu),
— 358 —
» tombé depuis en désuétude malgré les efforts de Ronsard et
B d'autres, qui se plaisaient à l'employer. Ce mot fut aisément
» conlondu avec son bon homonyme femme (fœinina), qui finit
D par le remplacer sur les enseignes. Mais le changement ne
» se borna pas à l'orthographe ; il s'étendit jusqu'aux peintures,
\ sans égards pour les traditions respectables d'une iconologie
)) longtemps consacrée chez les boutiquiers. Tous les attributs
» auxquels on pouvait encore reconnaître l'immortelle furent
» supprimés, et il ne resta plus qu'une simple mortelle
» décapitée avec l'inscription : A la bonne femme; d'oii le
» public malin tira cette sotte et scandaleuse conclusion :
)■) La bonne femme est celle qui n'a point de tête. — De là
» l'origine de ce dicton, dont le sens figuré, beaucoup moins
» appliqué que le sens littéral, est que la bonne femme est
» celle qui n'agit pas à sa tète, qui n'a de volonté que celle de
» son mari. »
JoDoiGNE. N'a qu'one bonne femme, c'est l'sienne sins liesse, et elle a co cassé
r liesse à one homme.
{Allusion à la chute d'une enseigne.)
1258. Çou qu'feumme vout, l'bon Diu l'vout.
LiTT, Ce que femme veut, le bon Dieu le veut.
Se dit pour exprimer que les femmes par leur persévérance,
finissent toujours par faire ce qu'elles veulent. (I jttré.)
Pr. fr. — Ce que femme veut. Dieu le veut.
Cité par Forir. Dict.
1259. Batte si feumme, c'est batte fasse mannôye.
LiTT. Battre sa femme, c'est battre de la fausse monnaie.
C'est se donner une peine inutile. — C'est s'exposer.
FER.
1260. Avii lodi on fier qui clappe.
LiTT. Avoir toujours un fer qui remue.
Être valétudinaire et avoir souvent quelques petites incom-
modités. (ACAD.)
Pr. fr. — Avoir toujours quelque fer qui loche.
Avoir quelque chose qui empêche une affaire d'aller bien.
(ACAD.)
Pr. fr. — Il y a quelque fer qui loche.
Une fille toujours a quelque fer qui loche
— Oh, cousin, n'allez pas acheter chat en poche.
(Regnari>. Le bal. Se. 7.)
Cité par Forir. Iiic.t.
— 359 —
Gilles.
A m'tour, à c'sle heure, ji ses à pau près wisse qui l'fi(?r clappe.
(DD. Salme. lue ctse amon Jacques Bouhtttij. Se. ■l^. 1879.)
Var. Malmedy. Aveùr todi pelte ou vesse.
1261. On n'est nin d'fiér.
LiTT. On n'est pas de fer.
Il est des fatigues auxquelles le corps humain ne peut
résister, (Agad.)
Pr. fr. — On n'est pas de fer.
Vos m' fez ovrer comme on ch'v.1, ji n'sos nin d'fiér.
(Remacle. Dict. 1839.)
1262. Mette les fiér es feu.
LiTT. Mette les fers au feu.
Commencer à s'occuper sérieusement d'une afîaire. (Acad.)
Pr. fr. — Mettre les ters au feu.
Ci fout seûl'minl qwinze meus après, qui l'offîciàl mella les lier es feu po
accoyî l'procès d'Mèh'tèlc.
(G. Magnée. Li houlottc. 1871.)
JoDOiGNE. Mette les fi(5r es fur.
CHARLEROI. GfiLlOUE.
I n'vos faut né iesse si infrouyî et si presset pou mette les fidr au feu.
(Bernus. L'malâde Sl-Thibau. II, se. 7. 1876.)
Lille. Comm' nous, vous vivre' à lurlure,
Et, comm' dins ch'niond n'y a rien qui dure,
Vos peine' aront vit' disparu
Vous porez r'mett' les fier au fu !
(Desrousseaux. Ch(in.io}i,i Idloi/tes. 1854.)
1263. Esse comme a fier à ièçî.
LiTT. Être comme au fer à lacer.
Être endimanché, pimpant, tout en restant guindé.
Coula est fait à fiér à lècî (solidement.) (Fokir. Dtct.)
Ci joù là il esteut comme on fiér à lècî.
(G. Magnée, lialtii. 1865.)
Var. Jodoigne. Elle est crausse comme onc alcche h fachî.
1264. On n'pout 'nnès fer ni fiér ni clà.
LiTT. On n'en peut faire ni for ni clou.
Cela n'est bon à rien — On n'en peut faire ni chou ni rave.
Vehviers. J'ennès k"nohe one volèye
Qu'ont l'air du n'fér ni fiér ni clau
Mais qu'ont l'voix bin d'ioyèye
Qwand intret au Caveau.
(Pire. Au caveau. Ch. 1884.)
— 360
Aimon des Tawes s'apinça tôt Inukiuit l'hoiiyîre qui c'esteut co on bal pârchet
qu'on 'nnès f(?ve ni Mr ni clà.
(Magnée. Li houlotte. 1874.)
1265. Coula n'vât iiin les qwatte fiér d'on chin.
LiTT. Gela ne vaut pas les quatre fers d'un chien.
Cola ne vaut absolument rien. (Acad.)
Pr. fr — Gela ne vaut pas les quatre fers d'un chien.
Gité p*ar Forir. Dicl.
— Kimint, monsieu, mes catricème,
Dihez-m' on pau, n'valet-i rin?
— Oh ! nenni cielte, binamôye femme,
Nin seul'minl les quatte fier d'en chin.
(SiMONON. Ma lantcSdrâ. ■18'i2.)
Les jône di vosse vî bleu, qu'aveu s'tu si habèye,
Pé qu'ies qwatte fiér d'on chin, n'ont rin valou d'ieu vèye.
(Thiry. Ine copenne ao V mariège. 1858.)
Variante. Qui lèyèsse don là leus chicane,
Qui n' valet nin mi qu'des pet d'cane.
{Apologèye des priesne qu'on fait Vsiermint. 179...
Recueil de chansons. B* et D*.)
Verviers. Mais tûsez qu'i s'ès trouve là d'vins,
N' vaiant nin les qwatte i\6r d'on chin.
(IMre. Aux lecteurs. Mes amuscttes. i884.)
Var. Jodoigne. <^a n'vaut ni des saie (restes) ou des plaune (mauvaise paille).
MoNs. Et leus bouteille dé drogue qui n'vaut-tent nié les quatte fiér d'in quié.
(Letellier. Armonaque dé Mons. 1846.)
Tournai. Cha n'vaut peos les quate fiér d'in tien.
St-Quentin. I n'vaut pau les quate fers dein kein.
(GossEU. Lettres picardes. 1840.)
1466. 1 magn'reut les fiér di St-Lînâ.
LiTT. Il nnangerait les fers de St-Léonard.
Pour dire de tout et abondamment.
Sont-ce les barreaux de fer de la prison de St-Léonard, à
Liège ?
1267. A fiér et à clô. (Mons.)
LiTT. A fer et à clous.
Solidement, de façon à résister. — Avec opiniâtreté. —
fjaborn im[>roho.
Mons. T'as beau crier, braier et t'échiner l'iempcramment, c'est comme si tu
chanteroi ; j'sus boutonné à fiér et à clô et je m' fous bé d'ti, quand tu soufferoi
jusqu'à d'main.
(Letellier. El soleil éié V vent d' bise. Arm. dé Mons. 1857.)
— 361 —
On dit qu'une chose ne tient ni à fer ni à clou, quand elle
peut se détacher, et qu'on peut l'emporter en quittant la maison.
Gela ne tient ni à fer ni à clouts.
(Atic. proverbe.)
Autre pr, fr. A chaux et à ciment.
(Leroux. Dictionnaire comique.)
Était à lui par hymenée
Conjointe à chaux et à ciment.
(SCARRON. Virgile travesti.)
Variante. Fait à chà et à cimint.
(Remaci.e. Dict. 18.39.)
1268. I fât batte li fier tant qu'il est cliaiid.
LiTT. Il faut battre le fer tandi.s qu'il est chaud.
H ne faut point se relâcher de la poursuite d'une affaire,
quand elle est en bon train. (Agad. )
Pr. fr. — Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud.
En dementres que li fer.s e.st chaus le doit l'en battre.
{Ancien proverbe. XIII* .siècle.)
Hola, Jupiter dit, il faut
Battre le fer quand il est chaud.
(ScARRON. Gigant. Ch. 2.J
Cité par FoRiR. Dict.
Loi'ISE (À part).
I vât co mî qui j'baltc li fier tant qu'il est chaud.
Jacob (à part).
Rin d'pus .sur qu'elle rivint po rik"inincî l'assaut.
(Ed. Remouchamps. Le.t amour d'à Gérd. II, se. 3. 1875.)
Mf DUJARDIN.
Qwand l'àrmur'rèye alléve bin, j'a battou l' fic^r tant qu'il esteut chaud, et hoûye,
j'ennès profite.
(T. Brahy. Li bouquet. II, se. 20. 1878.)
Marche. I faut batte li fier qwand i blamme.
Marche. Battans l'fier, il est chaud. Copans l'affaire net.
(Alexandre. Lipèclwn d'avril. II, se. 3. 1858.)
Nahur. Ni d'jos jamais: à toratte,
Battez r fier quand il est chaud.
(Wérotte. Choix dechanxom wallonne.'.. 1860.)
Tournai. I fi-aut batte VMt quand i est k(*aud.
St-Quentin. I faut balle ch'fer tout les tandis qu'il est caud.
(GOSSEI'. Lettres picardes. 1810.)
Bassk- Allemagne. — .M an muss das Eisen schniicden
wàhrend es glûhend ist.
— 362 —
1269. Quèire les quaHe fier in air. (Mons.)
LiTT. Tomber les quatre fers en l'air.
Tombera la renverse, être frappé d'étonnement. (Acad.)
Mons. Jésusse, Maria ! j'sus mort c" fois-ci, t'ti in quoyant les quatte fier in air.
(Letellier. Armonaque dé Mons 1862.)
Var. Liège. Tourner les qwatte fotenne es l'air.
(FoRiR. Dict.)
Var. Jodoigne. Voler V panse à l'agasse.
1270. Taper âx riquette.
LiTT. Jeter aux vieux fers.
Jeter une chose comme mauvaise, dont on ne peut plus
faire usage.
Grâce à nosse grand minisse, l'èfaiil di nosse cité,
Hoûye, c'est so les riquette qui l'gab'lou est r'jèté.
(Aug. HOCK. Moirtdi Voctroi. Ch. 4860.)
Crahwy.
CO, CD,
Volez-v' èco
Volez-v' es mette
Onk di pus âx riquette.
(Alcide Pryor. / s'enne ajallou d'pau. 187i.)
Verviers. Nos père fit baîcôp trop du cas
Du r'méde qu'ont fait leu piette
Pèle Holloway, Revalenta
Sont hoiiye po les riquette.
(AsTÈRE Denis. Les novellés èvention. Ch. 1890.)
Marche. Taper âx vîs fier.
Frameries. J'ai volu printe vo n'avis su çou qui convie d'fei, rapport à l'citoyenne
de Lourdes, qui roule su l'or et su l'argint, pindant qu'nous aute on nos rue à
feraille.
(BoSQUETlA. Tambour battant. 1885.)
FERME.
1271. I fât avu ses cinse es 1' Hesbaye, et 'nnès
magnî les rinte es l'Ardenne.
LiTT. Il faut avoir ses fermes en Hesbaye, et en manger les
revenus en Ardenne.
La vie est à bon marché en Ardenne, mais la terre y est d'un
moindre rapport que dans la grasse Hesbaye. Ajoutons que
l'Ardenne est un pays accidenté et pittoresque, tandis que la
Hesbaye n'est qu'un immense plateau.
Voir les remarquables études de M. Emile De Laveleye, sur
les différentes régions agricoles de la Belgique {Reuue don
deux Moyides, 1861).
363 —
FESSE.
\^1^. Ça n'va (ju'd'one fesse. (Namur.)
LiTT. Cela ne va que d'une fesse.
Agir mollement dans quelqu'alîaire. (Agad.)
Pr. fr. — N'y aller que d'une fesse.
Une affaire qui n'va qu'd'one fesse, finit par tourner à eu
d'pouyon.
Il n'y va que d'une fesse.
(OUDIN. Citriosilez françaises. 1640.)
Marche. On cop qui ça n'va pus qu'd'one fesse,
R'dobelle di coroge et d'adresse.
(Alexandre. Put coni. 1860.)
Var. Jodoigne. Ça n'va qui seu one jambe.
MoNS. Vos promettiez pus d'bùre que d'pain au commincheminl, et pou changer,
c'a n'va qu'd'enne fesse. (Letellier. Armonaque déMom. 1850 )
1273. Tant qu'lés fesse sont découverte, autant
deux claque qu'eune. (\Ions.)
LiTT. Tant que les fesses sont découvertes, autant deux
claques qu'une.
Il y a des choses où il ne faut point s'épargner, quoi qu'il en
puisse arriver. (Acad.). — Pendant (^u'on y est, il faut abattre
le plus de besogne possible.
Pr. fr. — Autant vaut bien battu que mal battu.
Valengiennes. Cul écliaulTé ne crait pas une claque.
MoNS. Saque-z-incor un, confrère, tant qu'lés fesse sont découverte, autant
deux claque qu'eune, comme on dit.
(Leteluer. El singe éié V cat. Fauje. Armonaque dé Mont. 1851.)
Var. Mons. A-n-ein eu scauffé
'Ne claque de pus n'fait rié.
(SIGART. Ihci. 1870.)
Var. Frameries. lun d'pus, iun d'moins, comme on dit, su in cul inscauffé, me
chaffe enne fait ni d'peine. (Bosquetia. Tambour battant. 1886.)
1274. A vu chaud ses fesse.
LiTT. Avoir chaud ses fesses.
Être saisi d'une grande peur. (Acad.)
Pr. fr. — Avoir chaud aux fesses.
Variante. Crians vivàl po tes costé,
Les patriote vont triompher.
Les lîgeois vont fer 1' fiesse.
Ehbin!
Li rossai m' coye (') a 1' vesse.
Vos m'etindez bin.
{Pasquii/e patriotique, 1700. Recueil de Body)
(') Hoensbroeck, prince évoque.
— 364 -
l'275. H est trop tard di rastrinde ses fesse qwand
on-z-a chî es lét.
LiTT. Il est trop tard de resserrer les fesses quand on a chié
dans son lit.
C'est prendre des précautions quand le mal est arrivé, quand
il n'est plus temps de l'éviter. (Agad.)
Pr. fr*. — Fermer l'écurie quand les chevaux sont dehors.
On dit aussi : Qwand on-z-a chî es s' coud'cliâsse.
Cité par Forir. Dict.
FÊTE.
1276. I n a pas d' béonne ducasse,
Si on n' casse. (Tournai.)
LiTT. Il n'y a pas de bonne fête
Si on n'y casse.
C'est une sorte de consolation donnée à la personne qui casse
quelque chose un jour de fête.
1277. Fer 1' fiesse divant 1' dicâsse.
LiTT. Faire la fête avant la fête (ducasse, kermesse).
Il ne faut point se réjouir ou s'affliger d'un événement avant
qu'il soit arrivé. (Agad.)
Pr. fr. — Il ne faut point chômer les fêtes avant qu'elles
soient venues.
Cité par Forir. Dict.
Inle zel déjà i parlagint,
Les riche dispôye qu'i n'avint nin.
Mais vont apprinde les sottes biesse,
Divant 1' dicàsse di n' nin fer 1' fiesse.
(J.-J. Hanson. Les lusiade es vers ligeois. Ch. III. d783.)
Verviers. Ni fans nin l' fiesse divant l'dicause,
Ca voci bin one tote aute cause
Qui va jolimint l'esbôrer.
(Poulet. Li pésonni. 1860.)
Jalhay. Thiodôre.
Tôt doux, Mathî, tôt doux, on pau d'patièce, qwand on court trop reud on
n' dciire nin. Nu fioz nin 1' fiesse duvant l' dicâi^e.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, .se. 13. 1861.)
1278. On danse co, bin qui c' n'est nin fiesse.
LiTT. On danse encore, bien que ce ne soit pas fête.
Les vrais jours de fi'tc sont les jours de gaîté.
1279. L' ducasse sins procinsiéon, ch'est in
cuésache sans eJvain. (Tournai.)
LiTT. La fête sans procession, c'est une cuisson sans levain.
C'est une fête manquée.
— 365 —
1280. Fer Ttranque fiesse.
LiTT. Faire tète franche.
Faire liesse. — Avoir une bonne fortune.
Cité par Forir. Dict.
1281. C'n'est nin los les joii fiesse.
On ajoute quelquefois : Et 1' leddimain dimègne.
LiTT. Ce n'est pas tous les jours fête. — VA le lendemain
dimanche.
On ne se réjouit pas tous les jours ; on ne fait pas tous les
jours bonne chère ; on n'a pas tous les jours le même bonheur,
le même avantage. (A.GAD.)
Pr. fr. — Il n'est pas tous les jours fête.
Il n'est pas toujours feste.
(Gabr. Meurier. Trésor des sentences. ir>G8.)
Après saint Hirard, saint Junard.
{Dicton populaire.)
Cité par Forir. Dlct.
Ine robetle, c'est si bon, allans les marchander,
C n'est nin tos les joù fiesse, jan, fans nos rc^galer.
{Li fraternité. Crâmignon. 1875.)
Namur. Ci n'est nin todi fiesse, i nos pout v'ni des brouye.
On t'appelle chaurdé dint, ou bin caca-laids-ouye.
(WéroTTE. One sov'nance des jeu di nosse jône timps, t8G7, 4* M.)
Basse-Allemagne. — Er ist nicht aile Tage Sonntag
(Feiertag).
FETU.
1282. Nos vèyans on fîstou d'vins l'oûye d'ine aule
et nos n' vèyans nin on soûmî es F nosse.
LiTT. Nous voyons un fétu dans l'œil d'un autre et nous ne
voyons pas une poutre dans le nôtre.
S'apercevoir aisément des défauts d'autrui, quelque légers
qu'ils puissent être, et ne pas voir les siens, quelque grands
qu'ils soient. (Acad.)
Pr. fr. — Voir une paille dans l'œil de son voisin et ne pas
voir une poutre dans le sien. (Êonugile.)
Suus cuique attributus est error, sf!ilno)i videmus niantica,
quod in tergo est.
On remplace souvent le mot fistou, par /latte ou bo\ihr.
Divins l'oûye di s'voisin il àreut vèyou 'ne bouhe,
Et d'vins 1' sonk i n'sinldve nin seùl'inint on soûmî.
Baili.EI'X. Li bèsèce. F:\ve. 1856 )
— 366 —
TiTINE.
Divins l'oùye di s'woisin, on veut bin 'ne pitite lèche,
Divins l'sonk on soûmî n'est qui l'mak d'ine allèche.
(H.-J. Toussaint. Jan'nesse. I, se. d'e. 1890.)
Verviers. 0 veul ô fistou es l'oùye du s'woisin.
(Poulet. Épigraphe du foyan èterré. 1859.)
Dînant. Nonore.
C'est pô vos dire, monsieu Susin, qu'on vel on flslu di slrain dins l'oùye di s' vèzin
et qu'on n' vet nin...
SUSIN.
On soûmî dins 1' seinne, oh ! ji connais ça.
[On drôle dimoinnache. Se. ti. '187!2.)
Var. Dînant. Li blanc.
On vet on grain d' sauvion dins l'oùye di s' vègin et on n' vet nin on bègnon di
déblai dins l' seinne.
(COLLARD. Li lindrie à Vamourelle. I, se. 10. d890.)
Var. Jodoigne. Lu malheur est qu'nouk nu veut ses défaut.
Charleroi. Woit, Joseuphe, dins c'faufe ci, qui n'est qu'enne couyonnàdc,
Gn'a 'ne saquoi qu'est bin vrai et r'tenez-l' toudi bin.
On voit bin in festu dins l'oùye dé s'camaràde,
Qu'on n'voit né in saumî dins l'sin.
(L. Bernus. Li malette âx défaut. Faufe. dSTS.)
MoNS. On voit bé 'ne buque dins l'œil d'in aute qu'on n'voit nié ein soumier dins
l'sien.
Frameries. Pouquè vir ine fenasse in l'niel de s'visin, quand on n'voit nié ein
soùmie d'vins 1' sie.
(BosouÈTlA. Tambour battant. 1880.)
Saint-Quentin. Vos ravisiez bien ein fétu dains l' ziu d' vo voisin, ei vous n' veyez
pau ein Irate qui vous avule.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1844.)
Basse-Allemagne. - Einen Splitter im l'remden A.uge
sehen, einen Balken im eigenen Auge niclit sehen.
1283. Coula n' vât nin on fistou.
LiTT. Cela ne vaut pas un fétu.
Se dit d'une chose dont on ne fait nul cas. (Acad.)
Pr. fr. — Je n'en donnerai pas un fétu. — Cela ne vaut pas
un fétu.
:V« ^aaluca quidem.
Cité par Forir. Dict.
Variante. Por mi, ça m' fait si bin.
Qui d' los vos glols boquet, ji n' dôreu nin co 'ne gèye.
(Bailleux. Li leup et l' chin. Fàvc. 1851.)
Variante. Mais lèyans po de pan lot sèche,
Tos ces ènnocins personnège.
(Bailleux. Math. Laemberrjh qui tome divins on trô. Fàve. 1851.)
Namur. C'a n' vaut nin one gaye, one chiche.
Gela ne vaut pas une noix, une poire séchée.
— 367 —
Namcr. On a fait d' vosse Nameûr, dins l' timps puissante et riche,
One impasse, on cul tl'sac, qui n"vaut d'ja pus one chiche.
(A. Demanet. Oppidum Atuaticorum. 1843. — Ann. de
la Soc. arch. de Namur. T. II.)
Var. JoDoiGNE. Ça ni vaut ni one pipe de toubac, des plaune, on radeu d' couche.
FEU.
1284. Feu di strain n'deûre nin.
LiTT. Feu de paille ne dure pas.
Se dit d'une passion qui commence avec ardeur, avec véhé-
mence et qui est de peu de durée. On le dit aussi des troubles
passagers. (Acad.)
Pr. fr. — C'est un feu de paille. - Ce n'est qu'un feu
de paille.
Mon amour est un feu de paille,
Qui luit et meurt en un instant.
(Sarrazin. Poésies.)
Cité par Forir. Dict.
Les promesse qu'i nos fet, sont-elles comme li foumîre.
Dé feu di strain qu' les broûle et qu' passe comme l'aloumîre.
(Salme. Nom di hu, c'est madame. 1877.)
MONSEUR.
L'honneur, vèye sotte, ci n'est qu'on mot, qu'on feu di strain.
Qui dit-st-i, qwand 1" justice soflele dissus?
(Th. Collette, lue vingince. II, se. 3. 1878.)
Namur. Quoiqu'on n'a nin broqué es 1' hàye,
C'est co quéque fie on feu d' paye.
(Wérotte. Aurm. di Nameùr. 1866.)
Charleroi. In baud'lî, s'n escorie dins s'moain,
Mennet deux baudet su rchcmoin;
L'preumi, kerchî d'esponche, dallet comme in feu d'pàye
L'aute, kerchî d'su, s'feyet sachî l'oràye.
(L. Bernus. Ubatidet kerciti d'esponche èiét Vbaudel kerchî d'sé. Faufe. 1873.)
1285. 1 n'y a nin dé T foumîre sins feu.
LiTT. 11 n'y a pas de fumée sans feu.
En général, il ne court point de bruit qui n'ait quelque
fondement. (Acad.)
Pr. fr. — Il n'y a point de fumée sans feu.
Cité par Forir. Dtct.
Ji creus à nosse vi spot, qu' n'a nollc foumîre sins feu,
Et tôt çou qu'ji y' raconte, on l'tùtlîiye so les teul.
(Thiry. lue cope di Graudiveux. 1859.)
— 308 —
Lambeut.
Nos ti'vans porlaiU bin creùre
Qui d'vins l'chanson, h fond, i gn'a 'ne saquoi d'sérieux.
Et, comme on dit foirt bin, n'a nulle foumire sins feu.
(Toussaint. Li groumancien. I, se. 3. i87'2.)
Mabche. Gn'a do feu, qwand gn'a de l' foumire.
Namur. I n'a pont d'fumère sins feu.
JoDOir.NE. Quand on voit de l'femèrt, i n'a de fet.
Basse-Allemagne. — Wo Rauch ist, ist auch Feuer.
1286. l n'y a iiin d' feu sins foumire.
LiTT. Il n'y a point de feu sans fumée.
Quelque soin que Ton prenne pour cacher une passion vive,
on ne peut s'empêcher de la laisser paraître. (Agad.)
Pr. ir. — Il n'y a point de feu sans fumée.
N'est fu saunz fumé. (Prov. de France, XIIP siècle.)
Cité par Forir. Dict.
MoNS. Si vos volez ette vite erguèri dé l' piqûre d'onne mouvaise langue,
cariez droit ; parqué on n'crie jamais au feu, si i n'a nié d' fumière.
(Letellier. Armonaque dé Mom. 1848.)
Var. Tournai. I a du brulin.
1287. Fer feu des qwatte patte et de l'quowe.
LiTT. Faire feu des quatre pattes et de la queue.
Employer tous ses efforts pour réussir en quelqu'affaire.
(ACAD.)
Pr. fr. — Faire feu des quatre pieds.
Cath'renne.
Li vî poret fer feu des qwatte patte et de l' quowe.
Min nos v's ei allans strinde comme i fàt, s'i s' rimowe.
(Delchef. Les deux Neveux. III, se. 4. 1859.)
C'esteut des posants boquet à k'tourner, ossi ni fout-ce nin sins fer feu des
qwatte patte et de l'quowe, qu'elle adiersa à fer cisse discange.
(G. Magnée. Baitn. 1865.)
Var. Jodoigne. Fer d'ses pid, d'ses pougne.
1288. 1 n'y veut qu'dè feu.
LiTT. Il n'y voit que du feu.
11 ne comprend pas, il ne devine pas une chose.
Cf. Crrœcurn est, non lecjilur. — C'est de l'hébreu pour moi.
Ne rien comprendre dans une affaire. (Littré.)
Cité par Forir. Dict.
I pinséve vormint (pi'l'aute n'àreut
Divins ses frawe vèyou qu'dc feu.
(Bailleux. Les frawe d'on coirbâ. Ch. 1843.)
m.)
liAiwiH.
Ji t' jîoujîiie es r gazette,
Ti m "y r'flanque ine letle,
Nos cachans nosse jeu,
On n'y veut qu'ilè feu.
(AlXliiE IMtYOR. I x'enne u fullou d'imu. 1871.)
Pornii cou quj'ennès creu.
C'est qu'il est d'yins les asse et qu'i n'y veut qu'dè feu,
(M. Thiry. Les xaisnn. Vahmo. -1884.)
Namur. a l'niiit, sins lumière,
Klles ont foirt bia jeu,
Leu pi're et leu inére
N'y vùye-nu qu'do feu.
(Wérotte. Onernnffc des fnrchii, 1807, i'dd.'
CllARLEROI. MaGRITTE.
Woitet. c'rèfe U\, Mathi, c'est toudi 'ne saqiioi d'rak'.
Matiiî.
Mi. l)in j" n'y vois qu'du feu ; dallet-z-ès au cinl diale.
(L. Bernis. Urèfe Magriiie Lorrin. Parodie. 1873.)
MoNS. Oh mi ! j'n'y vois qu'du feu, (3t Grégoire avec, assuré.
Letei.LIER. Armnnaqiie dé Mnns. tSGi.)
I.ii.i.F.. Trinle six leuiiolte cl l'nez d'sus, i n'y vot qu'du fu.
(Veumesse. Voc. du patois lillois. i8tjl.)
St-Quentin. Nous n'y voyons coère qu'du fu.
GossEU. Lettres picardes. 18iî).)
1^289. Taper d' l'hôle so 1' feu.
LiTT. Jeter de l'huile sur le feu.
Exciter une passion déjà très vive, déjà très violente ; aigrir
des esprits qui ne sont déj^ que trop aigris, (àcad.)
Pr. t'r. — Jeter de l'huile dans le feu, sur le feu.
Attiser le feu.
(Jhium oartiino addeve.
.LejeuNE. Piov. familiaria. \li\.)
Cité par Forir. Dict.
Cath'renne.
l)i n' nin y r'mette les pid ci sèreul bin inèyeu,
A v's aller disputer, vos tap'rez d' l'hAle so l' feu.
(Dei.chef. Les deux neveux. I, se. 3. 18a9.)
PlRSON.
Mais les tioniiin' d'allaire, qui tapet volll d' l'hôle so l' feu es 1' pièce de l'dislitide,
avît aminé les khikhagnc inte nos aute.
(Salme. Qwitte po 'jit'itte. Se. ti. 1878.)
Marche. Ni tapez nin d' l'IitMe dissus l'feu.
— 370 —
CiiARLEKOi. Tout ça c'est-st-inulile,
Eiel su rfcu c'est tappc d' l'huile.
Ça fait pus d'mau qut^ d' bin.
(L. Beunus. Ler^nau éiel le.t dindon, t'aufc, ^87;{.)
Basse-Allemagne. — Oel in's Feuer giessen.
h29Q Esse comme li feu et Talwe.
l.iTT. Être comme le feu el l'eau.
Se dit de deux choses tout à l'ait contraires, de deux
personnes qui ont de l'aversion l'une pour l'autre, ou qui sont
d'opinions, de cai^aclèi^es tort opposés. (Acad.)
Vv. fr. — C'est le leu et l'eau.
Cité par Forir. Dlct.
MoNS. Napoléon ^■^
J' vois bé ([u" ringleterre éié mi, sera loudi comme l' feu et l'ieau ; elle veut ettc
dame sus la mer ; dbé mi j' vas m' rinde maite su terre.
(Leteluek. Ann(»icit]ue dé Mous. 1858.)
Marche. (în'a qui poirtroiit todi l'aîwe et l'feu.
(Alexandre, riiccoici. iSCO.)
Basse-Allemagne. — VVie Feuer und Wasser.
1^9!. l n'a ni feu ni leu.
LiTT. Il n'a ni feu ni lieu.
Être vagabond, sans demeure assurée, ou être extrêmement
pauvre. (.Acad.)
Pr. fr. — N'avoir ni feu ni lieu.
Au moral, on dit : n'avoir ni foi ni loi.
(jui méprise Cotin, n'estime pas son roi.
Et n'a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.
(BOILEAU.)
Cité par Forir. !)icL
lue lehe pleinte el so s' dièrain meus.
Ni saveut wissejôn'ler, estant sins feu ni leu.
(Rauxeux. Li lèlie et s' cavuiidde. Fàve. iSol.)
S'i rinleùre es s'mohonne, i n'a ni feu ni leu.
G. Delarge. lue copeune conte les pèk'ica. 187G.)
.Marche, Waîle (|wante qu'i gn'a sins feu ni leu.
<jiARi.ER(»i. J 'plains bram'miiit pi^s on paufe ovrî
Qui léye einne feumme et chix cfani podrî
Sins feu ni lieu, sins sou ni mùye.
L. Bernus. L'étcn'mitii de r lionne. Faufe. 4873.)
Lille. J'ingelle d'froid, sans fu ni lu.
(IJRi'LK MAISON. Clut'i.ions. 17:20.)
- 371 —
r'29'2. L'ci(}iii n'voiit niii hroûler, (\n\ [l'vasseniii
à feu.
LiTT Celui (lui ne vuiil [las l)i-ùlfr ne doit pas aller au l'eu
(approcher du leu;.
11 ne faut point s'exposer quand on a peur d'un danger. Le
malin qui se trouve attrapé n'a qui' ce (ju'il mérite.
MESBRCGÎ.
Ah ! ji n" .sàreus màye vis plainde,
C'est vosse fàle, poquoi n'riin v'dilinde ?
Quî n'vout nin broùler furet Pfeu.
(De Haiu.ez. Les liypotoude. 1, se. 4. 17o8.
Ji veus Tmàlheûr, et j'àret l' foice
Di m'rissèchî, pusqui ji ses
Qu'on spot dit : jaii donc, sins faiblesse,
Sèchiz-v' de feu, d'sogne dé broùler.
(WiNANDS. Clitmsun 1880.)
Jai.hay. Bieth'mé.
On-z-a rahon d'dire qui n'fàl nin aller Irop près de feu, s'on n'voul nin s'honder.
Ruv'noz à vos biesse.
(Xhoffek. Les deit.c soruclie. I, se. o. 18(31.)
Var. JoDoiGNt. -Ni va ni au fel s'ia peu d" l'aîwe.
l'iCAUniE. Ch'li qui ne toucliero pas à ch'fu, i né ch'grillero pas ehés ongues.
(CoRliLET. Glossiiiic. l8ol.)
FiaiLLlv
l'âlKS. Troiiler comme ine love.
LiTT. Trembler connne une feuille.
Avoir grand peur. (Acad.)
Pr. fr. — Trembler comme la feuille.
Cité par Forir. Uict.
HiGNAR.
1 qwire divins nos oùye,
S'on n' pinse nin qu'il est sol ;
1 tronl'ret comme ine fouye
Qwand i vint adlez nos.
(De Harlez. Les htjpocoute. Il, .•<e. 3. I7.'i8.)
Jeannette.
Si voléveenne aller, i m' freul [lortanl [ilaisir
Ca j'a tc'H'niint |>aou qui ji Ironie comme ine foiiye.
(Delchef. Li iialiiiit (lé rsuirnnie. I, se. (i. I8r>7.)
Marèye-Jense.
Vola Tinlin qui r'vinl, ji Iroide toi comme ine foye,
Qui va-l-i s'passcr cial, lu qu'esl-sl-ine liesse di hoye.
(Toussaint. Uimi ci Umlitc. 111, se. 2 1870 )
— 87^2 —
S'i irs'avout nm rat'nou, il i'ireut tronlé co pus foirt qu'ine foye à vint.
(G. Magnée. Ia crenn'qiiini de prince âbhé di Stàv'leû. dSG?.)
V.\niANTE. Kibin gn"eut-i qu' po leus orèye,
Tronint pus qui des poye niouyèye'.'
(Hanson. Li Luciade è.i vers ligeois. Ch. IV. 1783.)
Nami'R. Divins ses oùye s'i calculeuve
Qui nos cœur estainne di nivia.
. Adon, comme one fouye, ji Ironncuve.
(Wérottk. Otie scolietle èrunic et chaurdie. Ch. 4867. 4" éd.)
Ciiari.f.roi. (^i.éante.
Là, i voit lot presse pou 1' noce, c' qui fait triaund comme eune fouye.
(L. BiiRNUS. L' malade Saiiit-Tliibau. II, se. (>. i87G.)
Tournai. I va tranner comme eine fuelle
Douai. Et pis arrivé la, v'ià qu'y Ironne comme eune feule in criant au s'cours.
(I)K Curiste. Sonv^uim d'un homme d' Douai. iSoH.)
Saint-Quentin. Traner coere comme eine feule.
Metz. Je creus que l'at coichet dezos lo lit d'nal mate,
Y tremblient comme let feuille el s'y coichent en hâte.
(Brondex. CItan-Heurlin, poème patois-messin. 1787.)
Basse-Allemagne.— Wie Espenlaub Zittern.
FEVE.
1294. Trover 1' fève de waslaî.
LiTT. Trouver la fève du ^^âteau.
Faire une bonne découverte, une heureuse rencontre, ou
trouver le nœud d'une affaire, d'une question, (Agad )
Pr. fr. — Trouver la fève au gâteau.
Se dit par allusion au gâteau des rois.
Pensant avoir trouvé la fève du gasteau.
(Regnard.)
Trouver la febve au gasleau.
(Contes d'EvTRkPEL. XYI» siècle.)
Cité par Forir. Uict.
1293. 1 tàt qui l'féve veusse enne aller s' maîsse
t'oû (le corti.
LiTT. Il faut que la fève voie sortir son nnaître hors du jardin.
Il no faut pas planter trop profondément les haricots.
FÉVRIER.
I29li. Qvvaiid i t'ait laid l'doze de p'iit meus i fait
laid six samaiiic à long.
LiTT. Quand il fait laid 1e douze du petit mois, il fait laid six
semaines consécutives.
Cité par Forir. Dict.
373 —
Var. Tournai. Fc'verier l'court,
Quand i s'y met, ch'esl l'pus lounl.
I"297. Fèvrir a onze baîs joû.
LiTT. Février a onze beaux jours.
On vî spol dit qui l'nieus d'fèvrir
Nos donne todi onze bais joù ;
Ji creu qu'i dit roula po rire
Ca i n'sàreut fer bai qwand i nive ou qu'i ploùl.
(N. Defreciieux. Muth. Laensbenj II . 18o7.)
1^98. C'est (lins l'mois d'fèvrî que les femme
caus'net l'moins. (Jodoigne.)
LiTT. C'est dans le mois de février que les femmes parient
le moins.
Parce qu'il est le plus court.
Vervieks. Es meus dfevri, les fem'reye
Prindel mons d'eafet,
Et mons i porlel,
Quu d'vins lot aute timps d'I'annèye
Sav' poquoi ? — Nenni
C'est l'mens qu'est l'pus p'tit.
(Alm. des soirées populaires de Verviers. 'calendrier. 1877.)
Nivelles. C'est l'mois qu'les feummc Tsont l'moins l'canlelte.
Fii:R.
l'299. Dreiit comme on paire di make.
LiTT. Droit comme un valet de trèlle.
Fier comme Artoban. — I"](Tronté comme un page de cour.
(OUDIN. Curiositez françaises, 1(340.)
Eherni avou les bague di Wayaiponl, et à cavaye so si ch'và, wisse qu'i si l'ndvc
dreut comme on page di make 1 fa grandiveus'mint si intréye.
(G. Magnée. Li crcn'qulm de prince àbbc di Stàv'lcii. d8l)7.j
Verviers. 1 aiteur dreut camme ù pache du make.
(François D. I.u vile fnmme essér'leie.)
Verviers. Crahay.
Fràchimùliiis, ipiu j'dis, vos estez des malin
Des craune, des pache du make, lot comme les HiSvurlin.
(Al.OlDE PryoK. On druipin qui /dit des madiinie. 18(»7.)
SE FlKil
lî-iOO. 1 n'a nî pus à s' fiyi à ii (iiraii ciil dVin èfanl
d' c'Iiîx semaine (jui a res(piiUe. i.Nivi;i.i.i.s.)
LiTT. Il n'y a pas |)lus ;"i se lier à lui (|u"au cul d'un enfant de
si.x semaines (|ui a la fuire.
— 374 —
C'est une personne qui n'inspire anctine confiance; qui ne
tient pas ses promesses
FIGUE.
1801. C'est des fique après Pauques. (Namuk.)
LiTT. Ce sont des figues après Pâques.
Cela yient trop tard, après le moment désiré.
Tournai. Ch'est des fique après Pàque.
1302; Fer les ligue.
LiTT. Faire les figues.
Mépriser quelqu'un, le braver, le défier, se moquer de lui.
(ACAD.)
Pr. fr. — Faire la figue.
Et la fraude fit lors la fîgiie au premier âge.
(Régnier.)
L'ung d'eulx voyant le pourlraiot papal, lui feil la figue.
(Rabelais. Liv. IV, ch. 44. XVI'' siècle.)
Cf. QuiTARD. Dict., p. 394.
Hoijlez l'histoire de grand Bourbon,
Qui
r.onfonda Mayenne et ses ligue,
El fît àx Espagnol, les figue.
(J.-J. Hanson. Li Hhiriade travesiéye. Ch. I. 1780.)
Namur. Comme one mère vos codugeoz 1' moinnage,
Vos fioz les fique aux commère do village.
(J. CoLSON. On galatit rosii. Ch. ISGS.)
MoNS. A-t-i du mau à Iravayer à deux dins l'mème métier? C n'est nié pou faire
fique à personne que je l'fais, mi.
(Letbli.ier. Armunaque dé Mous. i8i8.)
FIL.
1808. Disfer ses châsse po-z-avii de fi.
LiTT. Défaire .ses bas pour avoir du fil.
Détruire une chose bonne pour en faire une mauvaise. — Se
priver d'une chose utile pour se procurer des babioles.
V.\RiANTE. Disfer s' chimîhe (s' cou-d"-chà.sse), etc.
Cité par Forir. Dict.
Var. JoDOir.NE Vinde le stuve po-z-oyeu d'I'houye.
1804. Di fi en ne awèye.
LiTT. De fil en aiguille
— 375 —
De propos en propos, en passant d'iinc chose à une autre.
(ACAD.)
Pr. fr. — De fil en aij^uille.
De propos en propos et de lil en éguille.
(M. UtGNlEK. S<a Xlli I
Prtc"qu'il a s"tu d' los les mesli.
Ji v' racontret d' ti ènne awéye,
Tôt çou qui j'sé di s'vicùrèye.
(DeRYCKMANN. l'asi/uciie. \1-1G.)
Racontez-m', di fi enne awéye,
Tos les fait d'arme, lote les mervèye,
Qu'à r fameuse bataye di Coutra,
Vos avez fait à côp d' damas.
(J.-J. Hanson. Li Hiuriade tiavesléye. Ch. III. 1780.)
C'cst-sl-ine homme qui donne bon consèye,
A toi qui va po l' consulter,
I v" boute el v' dit d' fi enne awèye :
Louki, vola ç.ou qu"i fùlfer.
(f'asiiiu'ije po V rcception d' M. De Hervc à V keilre di A'. />. (ix /ont. 1789.)
MoNS. Ouais nié, (le fie in aijiuie,el déclaration s'a fait,eié 1' mariache a été décidé.
Letei.uer. Armonaque dé Mons. 187i.)
Luxe. Tous ches artisiens, d"in bon cœur
Ont ri di m' pasquille.
Et d' fil in aiwuille.
A la fin d'chaqu' couplet,,]' pinsos,
Qu'i n'y avol d'vanl nii qu' des billos.
(Desrousseaux. :Wt'.f étreiines. Almanacb pour 18."i9.)
Saint-Quentin. Et pis d'fil ein aijiuille in'v'la arrivé.
(GOSSEU. Lettres picardes. 1810)
1805. Diner de ïi à rloide.
LiTT. Donner du fil à retordre.
Causer de la peine, susciter dos embarras. (Agad.)
Pr. fr. — Donner du fil à retordre à quelqu'un.
Aivoi bé de l'euvre an sai quelognc.
{Proverbe bour<iiii(iiioii.)
A bon compte i fa c' chenne di ligue.
Qui nos a d'né baicop d' fatigue
Et ([ui nos donne co ajourd'bou,
Ta:,t d'fi à r'toide qu'on-z-est bablou.
(HaN-SON. Li Uinrindc travesièije. Cb. UI 1780.)
Jaccu'min.
Lais-le fer, coula nos i)oul siervi,
I fàt qu' Geirou li donne de lî.
(De ViVARIO. IJ Jiexse di Hoùte-s'i-fdoùi. Il, .se. \. I7.')7.)
Namuh. Donner do filé à r'toide.
JODOIGNE. Oveu de féii- à r'toide.
L)76
MoNS. Mais vos savez, bé qu'impossibe n'est nic^ français, né pas? I n'a foque que
r bon Dion pou prouver l' contraire, et ça au rapport que lés français n' sont nié toudi
sache, éié qu'alors l'bon Dieu leu baille du fd à r'torde.
(Leteluer. Armonaque dé Mous. I808.)
Vaiî. Mons. Vos arez des esloupe à détouyer.
(SiGART. Dict. \8i-l.)
Tournai. Avoir d's étoupe à detoulier.
Auvergne. Mas notre balafra pourtant,
Pus respecta qu'un prégidant.
Nos Ijaillaro do flau à tordre.
(Faucon. La Henriade de Voltaire, mise en vers burlesques
auvergnats. Ch. III 1798.)
180G. Ni l'ni (ju'à on fi.
LiTT. Ne tenir qu'à un fil.
Manquer, pouvoir être détruit pour la moindre cause, être
prêt de perdre sa position, son emploi. (Littriî.)
l'r. fr. — Ne tenir qu'à un 111.
Nami'r. Li grand César vantait Trace wallonne,
Pac'qu'i n'a l'nu, dit-st-i, qu'à on coron,
Qu"Affibiorix, en s' battant, n'el ramonne.
i.i monde ètîre aurait porlé wallon.
(Lagrange. Chanson. 1871.)
Var. Jodoigne. Ça n' vé ni à one toiche, à on ch'via d' maçon.
1807. On s' tind tant on coron qu'i casse.
LiTT. On étire tant un bout de fil qu'il rompt.
On ne peut exiger d'une personne plus qu'elle ne peut faire.
Trop tirer rompt la corde.
(('■AHH. Meurier. Trésor des sentences. 1568.)
Le cordeau trop bandé se rompt.
(Père Jean-Marie. Divertissements des sages. IG60.)
Arcus nimium lensus facile rumpitur.
(Lejeune. Prov.fam. 1741.)
Poquoi ainsi fer tant po 'ne race ?
Tandis qu'l'aute on l'traîte à pus ma !
On s'tind tant on coron qu'i casse.
L'Wallon, n'seret-ce màyc qu'on bastà !!
(Jos. KlNABLE. I^osse Wallon A Sénat. 1886.)
Variante. I n'y a nolle coide qui n' casse à foice de l'sitinde.
FILER.
1308. Filer s' coton.
LiTT. Filer son coton.
Déguerpir.
HlNRl.
.li veus qu' vàret co mi qui .ji fêle mi coton,
Ca foû di nouk des deux, ji n'àrè pus rin d' bon.
(Remouchamps. Li savUi. Acte 2, se. 3. I808.)
:{77 —
Namur. Paugeair'iiiiiit liUml nosse coton,
l'us rin po Taliche à rosli.
(Wéhotte. Mes .loiihii il jusqu'à l' fin des sièke. Cil. 18G7. 4*^ éd.)
FILET.
1H09. Vos avez sèclii on bon côp d' lierna.
LiTT. Vous avez tiré un bon coup de lilet.
Vous avez fait une bonne aflairc. — Vous avez obtenu un beau
bénéfice.
FILET.
1310. Il a r lilet bin côpé.
LiTT. Il a le filet bien coupé (délié).
Se dit de quelqu'un qui parle beaucoup. (Acad.)
Avoir l'élocution facile, savoir parler habilement; se dit aussi
par ironie.
Pr. fr. — Il n'a pas le filet.
D'autre part on dit : Couper le filet pour rendre muet, mettre
hors d'état de répondre. (Acad.)
On coupe le filet aux corbeaux et aux perroquets quand on
veut leur apprendre à parler.
Li ci qui l'a côpé 1' filet n'a nin !" l)lanmuse su li .sloumake.
(TiilRY. Li r'tour à Lige. 1858.)
Frameries. Si fsu gauchie, tou n'es ni inouya, toudi, li ! Eiiî; on pu dire que
l'sage feumme qu'a compé f filet n'a nî volé les yard de t' manière.
(BosuiETlA. Tambour battant. 188G.)
FILLE.
1311. Les jônès fèye d'à c'ste lieûre sont bin vile
rèvolêye.
LiTT. Les jeunes filles d'aujourd'hui sont bien vile envulécs.
I^r, espagnol. — Vinas y niiias son niuy nialas a guardar.
Les vignes et les jeunes filles sont fort difficiles à garder.
(Brantôme. Vie.^ des femmes galantes. Di.sc. IV.)
Une fille est un oiseau
Qui semble aimer l'esclavage,
El ne chérir que la cage
Qui lui .servil de berceau ;
Sa gaîté, son badinage.
Ses caresses, son ramage
Font croire que tout l'cngagi'
Dans ce séjour plein d'altrails ;
Mais ouvrez-lui la fenêtre,
Zeste ! on le voit disparaitrc
Pour ne revenir jamais. (Skdaine.)
- 378
131 "2. Jône i'èye qui baye,
Dimande li mâye.
LiTT. Jouno lillc qui baille,
Demande un amant.
Le dosir, l'attente sont la cause de l'ennui.
1313. Les tiye éié les feu,
Veutté toujours qu'on peinse à eux. (Mons.)
LiTT. Les filles et les feux
Veulent toujours qu'on pense à eux.
Le.s jeunes lilles désirent que l'on s'occupe d'elles, et les feux
s'éteignent si on les néglige un moment.
Cette comparaison est devenue proverbiale.
131 i. Bàceile qui prind,
S' vind ;
Crapaude qui donne.
S'abandonne.
LiTT. , Fille qui prend,
Se vend ;
Fille qui donne.
S'abandonne.
Les cadeaux entre personnes de sexe différent ont beau-
coup d'importance; ils peuvent être considérés comme un
engagement.
Be)ii'.ficiurti acoipere llbertatein vendere e.sf.
(PUBUUS Syrus.)
Variante.
Marche
Var. Mons.
Tournai.
Feunime qui prind,
S' vint! ;
Feumme qui prustêye,
S'abannêye.
Mi grand'mére a dit -. qui prind s' vind,
Et qui denne c'est qu'i s'denne li même.
Fiye qui prind
Se vind ;
Fiye qui baye
S'encanaye.
(FoRiR. Dict.)
(Alexandre. P'titcorti. 1860.)
(SiCART. Dict. 1870.)
Quand eine fille deonne,
Elle s'abandeonne.
Quand eine fille prind,
C'est qu'elle se rind.
— ^379 -
Lille. A propos d'cha, in'marrain' si bonne,
M'a (lit ches vieux dictons souvint :
Quand eun' fdle donne, ell' s'abandonne ;
Quand eun' fiU' prind, ch'est qu'ell' so rind.
(Desroussf.aix. Clians. lilloiscx. 18i)7.)
Uauphink. Qui preile,
Se deshereite ;
Qui donne,
S'abandonne.
1315. Les clicolte et les crapaiide sattèlet d'tos
costé.
LiTT. Les chifTon.s et les filles s'attellent (adhèrent) de tous
côtés.
On ne passe pas impunément à côté des uns e! des autres.
Pr. fr. — Belle fille et vieille robe trouvent souvent qui les
accroche.
(Lekoux. Dict. comique. 17îj'2.)
Cité par Forir. iJict.
MoNs. Les belles fiye, les vièyés loque,
Trouve-té loudi des arok (chose qui accroche).
1816. Belle fiye à marier,
Rié à leii bayer (MoNS.)
LiTT. Belles filles à marier,
Rien à leur donner.
La beauté d'une femme ne suffit pas pour engager un homme
à l'épouser.
Yak. Mons. Les fîye qui n'ont rié
Y d'ara co l'année qui vie.
LiTT. Les filles qui n'ont rien,
Il y en aura encore l'année qui vient.
(SlGART. Dict. 1870.)
Ces proverbes feraient supposer qu'il y a, à Mons, beaucoup
de belles filles, mais peu d'épouseurs.
FIN.
1317. Fin conte fin, i n'y a nollc dohleùre.
LiTT. Fin contre fin, il n'y a pas de doublure.
Il ne faut pas entreprendre de tromper aussi rusé que soi,
ou, si on le tente, on n'y réussit pas (Acad )
Pr. fr. — Fin contre fin n'est pas bon à l'aire doublure, ne
vaut rien pour doublure.
Corsaires à corsaires,
L'un l'autre s'altaquant, ne font pas leurs atVaires
(Recnieu. Sal. XH. — Lafontaine. Liv. IV, fab. Xlll )
380 —
HAiw'm.
Jowor tocii lin conte fin,
Viker (if; 1' sollVoye des gins,
A c'ste heure c'est l'usège.
(Aicicie i'RYOR. Çou qu'est-st-è-i fond de pot. dSGi.)
Marche. C'esl-st-aux ^fant r|u'on-/.-ès fait creûre,
Mais fin conte fin, n'faut pont d' dobleûre.
(Alexandre. P'iii corii. 18G0.)
JoDoiGNE. Fé conté fé, n'a pont d' costèye.
Charleroi. C'faufe ci nosmou.^se enne saquoi d'sûre,
Fin contret fin, n'y a né d' doublure.
(L. Bernus. Lir'nau èietVvlcoq. Faufe. -1873.)
MoNS. Èié r vieux col s' fout d' li, éié di s'n 'aventijre.
Fin contre fin i n'faut nié d' doublure.
(Leteli.ier. El Cot (Hé VEmaerd. Faufe. Artn. dé Mom. IS'ie.)
On dit aussi d'une femme très rusée: Elle est fène, contre
fène et point d' doublure.
FLAGORNEUR.
1318 C'est-st-on plaqueii.
LiTT. C'est un colleur (flagorneur).
Obséquieux à l'excès.
C'est-st-à r bot'nîre (ju'on rik'nohe les plaqueu.
(Lamaye. Chanson. 1844.)
Et tôt braiyant : Vive les lireu,
Qwand on fiestèye on esl-st-heureux.
Cial les cour ni sont nin plaqueu
Vive les ètringir.
(HocK. Li manne dé cir. Cràm. 1869.)
On n'diret nin, tôt loukantvosse bot'nîre,
Awet, c'est là qu'on rik'nohe les plaqueu.
(G. Delarge. HommcKje à M. Grandjeini. 187Î).)
FLAMAND.
1319. Doze flamind et on pourçaî fet traze biesse.
LiTT. Douze flamands et un cochon font treize bêtes.
Cette gro.ssière insulte à une race pleine de bonnes qualités,
n'a pas plus de valeur que le dicton français : quatre-vingt-dix-
neuf moulons et un Champenois, font cent biHes. Nous en dirons
autant du proverbe suivant.
13^20. Les flamind c' n'est nin des gins.
LiTT. Les flamands ne sont pas des gens.
— :i8l —
FLÀQUR.
VSil\. Gomme ou trouve les polaî ou les lait.
LiTT. Comme on trouve les flaques on les laisse.
Laisser une affaire dans l'état où on l'a trouvée. — On ne
saurai! faire du bon avec du mauvais
FLÈCHE.
\3^îl Fer fliclie di tôt bois.
LiTT. Faire flèche de tout bois.
Mettre tout en œuvre pour se tirer d'alTaire, pour venir ;\ bout
de ce qu'on a entrepris ( Acad.)
Pr. fr. — Faire flèche de tout bois.
Cité par Forir. fJict.
l (l'véve s'acdiiiner à fer fliche di (ol bois, quoiri à niagni à loles les rislirc.
(G. Magnke. Lihuuloiic. 1871.)
Vervieks. C!w:>nd c'est po 1" bin i sél ma foi,
Mi qu' nol aute fer flèche di tôt bois.
(Remacle-Toumsen. Chanson. 1888.)
1828 N'savu pus d' que bos faire flèche. (Mons.)
LiTT. Ne savoir plus de quel bois faire flèche.
Ne savoir plus à quel moyen recourir, être dans une grande
nécessité, ne savoir plus comment subsister. (Acad.)
Pr. fr. — Ne savoir plus de quel bois faire flèche. — Ne savoir
plus à quel saint se vouer.
MoNS. Conimint ! i savionl hé qu'a|)res 1" bataille de Waterloo, qu'i n'savoi pus
d' quée bos faire floche.
(LeteI-LIER. Armotiiiqiie dé Mous. 18.')9.)
FLEUR.
1824. C'est!' fleur de l' llatte.
LiTT. C'est la (fine) fleur de la bouse.
C'est tout ce qu'il y a de plus mauvais; la canaille par excel-
lence; fioi-e di ctDinglia, comme disent les Italiens.
Cité par Forir. Oict.
Oh ! ji m'es sovairèt lon{;timps,
De joû qui l'peûpe dina s'côp d' patte,
Qwand ,ji dis I' peûpe, ji n' dis nin bin,
Ca ci n'esteut qui l' fleur dé l' flatte.
{Ketdur du prince lla'iisbyirck. eu. l"'.ll. Ki'c. Hnnv.)
C'est r fleur di flatte des neûrès gins,
Li pus spitant di nos curé.
(J.-D. l'iisiiiièyc. 18Vi.)
Variante. Diamant de l'poùsslre.
— 382 -
FLEURIR.
lo:2o. Gn'a des cisse po ilori el des cissc po flouwi.
LiTT. Il y en a pour lleurir et d'autres pour (se) faner.
Il y a des heureux et des malheureux; des yens à ehance et
des gens à guignon.
Tout 'dépend des circonstances, et ce qui cause la ruine des
uns t'ait la fortune des autres. (Acad.)
Pr. fr. — Il n'y a qu'heur et malheur en ce monde.
FLOTTE.
13*2G. Esse so tlolte.
LiTT. Être sur flotte.
Être perdu, anéanti, ruiné. — Être en danger de mort.
Allusion à la Hotte de la ligne du pêcheur. — Aller en dérive.
liEAUJEAN.
El Dupuib qu'est so flotte, pauvre homme, j'el plains d' tôt m' cour.
(Delchek. Pus vi, pux sot. Se. i. 18!;2.)
'fi n' sohaile qui plàye, bouyotte,
Aîwe foû rive, timpesse, toûbion ;
Si r bon Diu hoùte tes ràvion.
Nos sèrans bin vite so flotte.
(Fr. Bailleux. Les deux Hlatlii. Ch. 4803.)
Marèye.
Pusqu'i n' polans viker,
Avou r gros lot, portant.
Tati.
Li gros lot est so flotte.
C'est 'ne farce (H vosse Bièth'mé, mais qu'i rawàde ine gotte.
(Ed. Remouchamps. Tdti i petriqui III, se. '2\. I880.)
Variante. Esse di flandc. (Môme signification.)
Il est d' flande, i n' sâreul pus payî. — C'est-st-ine afl'aire qu'est d'flande.
(FoKiR. Dicc.)
L'aute c^gàl'mint âreut s'tu d' flande,
Areut dansé 1 mùme sarabande ;
Si di s" papa, li gros fessàrt.
Ni li aveul siêrvou d' rempart.
(J.-J. Hanson. I.i tlinriade travestèye. Ch. II. 1780.)
Spa.. One foye ruv'nou so flotte, i n'a pus qu' lu d'vins l' véye,
l'o 1er dé brut.
(N. Poui.ET. Lu bancioti. Satire. iSdd.)
FLUTE.
i;^27. Çou (pii viiil de 1' flûte es r'va à tabeûr.
LiTT. Ce (jui vient de la llùle s'en va au tambour.
— 383 —
Le bien acquis trop facilement ou par des voies peu honnêtes
se dissipe aussi aisément (ju-ii a été amassé. (Acad )
Pr fr. - Ce qui vient de la llùte s'en retourne au "tambour.
lilalf. partit, uialu dilubuitlur.
Bien mal acquis ne prolile jamais. (Naevius.)
Tout ce qui vient de tlot s'en retourne d'Ebe
Ce que le gantelet gagne, le gorgeret le man-^J'''"- '""""""•^
la flûte"' ''"'"^ """ ^''" '^'^ tambour s'en retourne au son de
a'ère Jean-Makie. Le divertissemetii des smjes. lt3G5.J
Ce qui vient de fric, s'en va de frac.
Cité par FoRiR. inci. ^^"''"'- ''-'-""/-"f^"-- ^^W.)
HiNRI.
Mais çou qui vint de l' flûte ennès r'va â labeur
Hoûye I fàt raspùrgnî po rinde çou qu'on-z-a pris.
(G. Dei.arge. Les coqu'll. <8GS.)
JÔGET.
C'est-st-ine mène d'or cesse lal' po l' vîwarrèsse
Si r flàwe saison kichèsse orréye et v'Iours, '
C'est-st-à tôt prix qu'i fôt qu'on les ahèsse.'
C qui vint de l' flûte ennès r"va-st-à tambour.
(Al. Peclehs. Li comèye de r maiimle. 6c. 5 1877 )
Jauiay. Mathî.
Et j'a todi Lnindou dire quu cou (jui vint à mute, ennès r'va à labeur.
Biètu'mé.
Taisse-lu, bambert.
(Xhûkfeh. Les deux xoroche. I, se. ti. 1801. )
Marche. Çu qui vint pa quéque méchant tour,
Ou do r flûte riloùne au tambour.
(Alexandre. l'tu com. isoo.)
Var. .Marche. C'est co bin tourné si v'ies ave,
Ca çu qui vint d' rifle es r'va d' rafTe.
(Alexandre. Ptii antt. \sm.)
Namur. Qui r'vint do tambour es r'va dé l' flûle.
Var. Namur. Ci qui vint d' rilïe es r'va d' rafle.
MoNS. C qui vie d' rif c'in r'va d' raf.
J;^28 Bond et cwàré conHiio iiic llilic.
LiTT. Rond et carré comniu une Hûte.
Se (lit i II plaisantant à une personne qui fait un contre .sens.
Juste et carré comme une fleute.
(OUDIN. Cttriosiicz /ninçnises. f040.)
— 384 -
JoDOiGNE. Ça est carré ccmime oac tlulc UiU' ronde.
Var. JoDOiGNE. (,;a est rond comme le eue il'on baudet.
UoL'CHi. (Ih'cst jusse, carré corne eune flûte.
(Hécart. Dici.)
1829. On n' pont nin flûter et labourer.
LiTT. On ne peut pas jouer de la flûte et battre le tambour.
On ne peut tout faire ù la fois, en même temps.
Variante. On n'pout nin chanter cl huiler.
FOIE.
1330. Avii 1' l)lanc feûte.
LiTT. Avoir le foie blanc.
Avoir une mauvaise constitution. Se dit généralement des
femmes lascives ou de celles qui ont eu plusieurs maris.
FOIN.
1331. G'est-st-on mousse-ès-foûr.
LiTT. C'est un se-fourre-dans-le-foin.
C'est un ours, un misanthrope.
Cité par Forir. hict.
C'est-st-on covisse mousse-ès-foûr, qu'on n'sàreut dire çou qu'il a ôs l' panse.
(Hkmaci.e. Dictinnn. iSSQ.)
Mais Bâdinel d' Freuthier aveut 1' no d'esse on mousse-ès-foûr, on maheûié.
(G. Magnée. Baitri. dgGîi.)
Lambert.
Allons, c'est mi qui piède, v's estez-st-on mousse-ès-foûr,
Ça n' va nin assez vite, jcwans à basse di cour.
(Toussaint. Lambert li foirsolé. I, se. 4. i871.)
Géra.
Allez-ès foû d' mes oûye, ca vos m' fez haussi 1' coûr.
Babette.
Vos polez bin jàser, portant, vos, mousse-ès-foùr.
(Ed. Remouchamps. Les ainnur d'à Gèrâ. I, se. il. 1873.)
Jaliiay. Garittë.
S'aveut-i l'air d'on mou.sse-es-foùr, et iMajenne, don, qu'aveul l'air du n'savu
treus compter, nu \h nin mi (ju' lu.
(Xhofkeh. Les deux soroclie. II, se. H. 1862.)
133'-2. r/est de four so 1' siiia.
LiTT. C'est du foin dans le fenil.
— 385 —
Se dit des choses dont la garde est bonne et peut même être
avantageuse. (Acad.)
Pr. fr. — C'est du blé au grenier. C'est du pain sur la planche.
Variame. C'est de lard à planchi.
LiTT. C'est du lard au plafond.
C'est dé pan es l'arma.
LiTT. C'est du pain dans l'armoire.
Tôt m'fant doser, mi avocat m' dit : c'est dé pan es l'ârmà, vosse case est-
st-impierdàbe — et i pierda.
(Remaclk, Dici.)
Ossi, là, rin n'si fait à l'vùde,
Gn'a todi dé four so l'càvà.
(Bailleux. Li dragon à pluiieitrs liesse et V dragon à plusieurs quoive.Tkwe. iSSl.)
Verviers. Qwand vos sèriz rdièrain des égoisse,
Mais qu'vos auyîhe baicûp d'iaurd au planchî,
Les gins ont Tair du v'voleùr rinde service.
(Pire. Les ces qu'ont Vconsciincc es les rein. Ch. 1884.)
Jalhay. Bieth'mé.
Dos mitan Thiodore poreut bin amilourder Tvile, i sel qu'elle a de lard â planchi.
(XuOFFER. Les deux soroclie. I, se. 1. 18G1.)
Marche. T'aurais co do laurd su l'planchî,
Do poain su rplanche, et d'vins l'sannî
Do set, po passet six samaine.
(Alj;XANDRE. P'tit corti. 1860.)
Namur. Dissus l'planche i gn'aurait do poain
Si l'poaix est dins l'moinnage.
(Wérotte. Mes souhait jusqu'à rjin des sièque. Ch. 18G7, i« M.)
Charleroi. Tois pelels rat d'iez li, venue nu pou fai l'pourcha,
Lî pâle nu bia pou iesse dins s'manche,
Pasqui n'avet do poain su l'planche.
(L. Bernus. L'rat dins in jromache d'Hollande. Faufe. 1873.)
1333. Il a de strain dins ses cliabot. (Jodoigne.)
LiTT. 11 a de la paille dans ses sabots.
Avoir des ressources, de la fortune. (Littré.)
Pr. fr. — Avoir du foin dans ses bottes.
1334. Allez taper de four à chet.
LiTT. Allez jeter du foin au chat.
Allez vous promener, laissez-moi trantiuille.
JÔSEFH.
Allez tapez de four à chet et n'motihez mâye di çou qui s'a passé cial.
(Willem et Bauwens. Li galant d'à Fiftne. Se. 14. 188S.)
25
— 386
FOIRE.
13Ji5. C'est-st-après l'toare qu'on vèret les bons
cirvau. (St-Hubert.)
LiTT. C'est aprùs la foire qu'on verra les bons chevaux.
On ne connaîtra la valeur de Ja bête achetée, qu'après l'avoir
fait travailler quelque temps.
FOIRE.
1336. Coula 'nnès va comme de l'hite es l'corante
aîwe.
LiTT. Cela s'en va comme une diarrhée dans l'eau courante.
Cela s'en va, cela ne peut tenir.
Se dit aux prodigues (en parlant de l'argent).
Les mèye di franc ennès vont comme de « l'chose » es l'corante aîwe.
(Salme. L'héritège d'à Jâcque Ledttque. Ch. 187.^.)
Ph'uppe.
Po qu'es vôye, coula saiwe,
Comme, passez-m' li mol, comme de l'hite es l'corante aîwe.
(Th. Collette. Qui freus-je si rr.i homme morévc ? I, se. 8. •188'2.)
1337. Ine jône fèye qu'a l'hite ni sàreu fer on pet.
LiTT. Une jeune fille qui a la foire ne saurait lâcher un vent.
On ne saurait faire à la fois deux choses incompatibles.
1338. I n'poutvessi po l'hite.
LiTT. Il ne peut vesser, à cause de la foire.
Il n'ose faire un pas, de peur d'aller plus loin qu'il ne voudrait.
FONDS.
1339. Kinohe li fonds et l' tréfonds.
LiTT. Connaître le tonds et le tréfonds.
Connaître une affaire dans ses plus petits détails.
Pr. fr. — Savoir le fonds et le triMonds d'une affaire.
Le fonds qui est sous le sol cl qu'on possède comme le sol
même. (Littré.)
Cité par Forir. îiirt.
Vah. Verviers. Dihans çou qui l'amène, c'est l'affaire d'ô mouminl,
Si ji n'racûlévc nin et lu d'foû et lu d'vins,
Çou qui est scrit sèreut bon à 1ère po fer ô samme.
(Poulet. Lifoyan éterré. 1859.)
Var. Malmedy. Saveur lu foii et lu d'vins d'onc saquoi.
— 387 —
Var. Jodoigne, Vigneron.
I m'faut on bia feu à m'môde a qui ji inosterrai l'fonds el l'coron de mestî
comme ça, li gloire demeurret todeu es l'famille.
(Ed. K: tienne. Le rose de Roitx-3Iirwec. Se. 3. -1891. In(«dil.)
Tournai. Connaite l'féonds et rtrèféonds.
FORGE.
1340. Conte la force i n'a nié d' résistance. (Mons.)
LiTT. Contre la force il n'y a pas de résistance.
II est inutile de se raidir contre un obstacle qu'on n'a pas le
pouvoir de lever.
Cf. Lafontaine. Le loup et l'agneau. Le serpent et la lime.
Fables.
^^<^^^- Conte la force i n'a nié d' résistance.
(MouTRiEUX. Des nouveaux conte dés quié. 1880.)
MoNS. 1 m' fait du mau pou m'fème, mais conte la force n'a pas d' résistance.
(Leteluer. Armonaque dé Mons 1862.)
Charleroi. a pus haut qu'vos r'clamet, n'y a né d'avance.
Conte el fauce, n'y a né d'résistance.
(Bernus. Vberbis, l'geunisse eiét l'gutte avé mènire lion. Faufe. -1873.)
Basse- Allemagne. — Gegen Gewalt ist Nichts zu machen.
1341. L'union fait l'foice.
LiTT. L'union fait la force.
Devise de la Belgique.
Concordia res parvœ crescunt. (Sallust.)
Devise des anciennes Provinces-unies.
Vis U7iita fortior.
Efant, louklz çou qu' c'est qui di s' tini essône,
Dit-st-i, c'est l'union qui fait l'foice divins tôt.
(Bailledx. Li vl homme et ses èfant. Fâve. 1852.)
L'union fait l' foice, vola li spot
Qui tîhon, wallon nos lôye tos ;
Les tiesse di hoye, les niàheulé,
A dangî, div'net comme des fré.
(Curé Du Vivier. Li roi Léopôl à Lige. iSliè.)
Catholique, Libéral, rotans d'so 1' même guidon
C'est l'union qu'fait Tfoice, nos comprindans l' raison.
(Dehin. Cramignon pour le 29'" anniversaire. Octobre 18C0.)
Toute puissance est faible à moins que d'être unie.
(Lafontaine. Le vieillard et .^et enfants.)
Voyez A)ini(air,i de la Société (1887, l'2'' année, p. 153 à
183). Réclamations des Wallons au sujet de la légende flamande
inscrite sur nos monnaies belges.
Basse-Allemagne. — Einigkeit niacht .stark.
— 388 —
lo4"2. On-z-est-st-attaqiié serlon ses foice.
(Malmedy.)
LiTT. On est attaqué selon ses forces.
Plus la position est élevée, plus les revers sont grands.
FORT.
1343. Foirt comme Hermustène.
LiTT. Fort comme Hermanstein, (Ehrenbreitstein, forteresse
près de Coblence.)
Dans la partie orientale du pays wallon, il est proverbial
de dire, foirt comme Uermuslène.
(ViLLERS. Dict. ruallon français 1793. Bulletin, tome VI.)
1344. C n'est nin todi les pus grand les pus foirt.
(St-Hlbeut.)
LiTT. Ce ne sont pas toujours les plus grands (qui sont) les
plus forts.
Il ne faut pas juger de la force ou de la valeur de quelqu'un
d'après son physique, sa taille
FOSSE.
13lo. C'est fer s' fosse avét ses dint. (Mons.)
I>iTT. C'est faire sa fosse avec ses dents.
Boire, manger beaucoup, trop, de manière à détruire sa
santé.
Mons. Ena n'l)uvez nié comme ein pourciau, eiét qu'vos friez vos fosse avct vos
(iinl. (MouTiiiKUX. Des nouvieaitx conie dé qiiié. i8o0.)
Les gourmands font leur fosse avec leurs dents.
{Adages français. XVI" siècle.)
FOSSÉ.
134(3. Au bout du fosset, l'culbute. (Chauleroi.)
LiTT. Au bout du fo.ssé la culbute.
Manière de faire entendre qu'on se résout aux conséquences
fâcheuses que pourrait avoir une résolution hardie et impru-
dente. (LiTTRi:.)
Pr. fr. Au bout du fossé la culbute.
('.iiAiu,i;it(ii. J'jiriiis tout du bon costet, vienne quoi s'vout, j'doirme diî l'niutte,
Et au bout du fosset, l'culbute.
(L. Bernus. Lé r'nau èiet les dindon. Eaufe. 1873.)
Var. Tournai. Au d'bout, au d'bout, l'hôpital est la.
1
38<)
FOU.
1347. On n' sème ni plante les tb, i crèlie-nu tôt
seu. (Namlr.)
LiTT. On ne sème ni on ne plante les fous, ils croissent seuls.
Il y aura toujours des gens toqués,
FOUET.
1348. Fer peter s'corîiie.
LiTT. Faire claquer son fouet.
Faire du bruit, se vanter.
Tout Picard que j'étais, j'étais un bon apôlrc.
Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre.
(Racine. Les plaideurs. Acte I, se. l.)
Cf. La chanson de Désaugiers : M. et M'"" Denis.
Jalhay. Bieth'mé.
I set bin fer peter Tcouritc, todu, su n'a mâyc pin oyou d'vant les main.
(Xhoffer. Les deux soroc fie. l, se. i"!. 1861.)
POULURE.
1349. A cou nolleaffbleûre.
LiTT. Au cul pas de blessure.
Consolation donnée à ceux qui tombent sur le derrière.
Var. Jodoigne. C'est-st-on eue d'plomb, i n'pout mau de sïrochî.
FOUR.
1350. L'ci qua s'tu es Ibr sét bin comme on fail
les cache.
LiTT. Celui qui a été dans le four sait bien coimnent on l'ait
les poires séchées.
On sait comme il faut agir quand on s'est déjà trouvé dans
des circonstances identiques. L'expérience est d'un grand
secours.
Pr. fr. — Si jeunesse savait....
Experto crede Roherlo.
Jalhay. Bieth'mé.
Oye, Oye, nos knohons bin lot coula, ci (|u':i s'Ioii i-s fur sél bin «•nniinr' on fcl
les cache.
(XnoFFEIl. Les deux snrnclir. 1, stt. .'i I8t>l.)
— 390 —
1351. Quand Tfoûr i est quéaud, tous les gins y
veulent-te cuire. (Tournai.)
Quand le four est chaud tout le monde y veut cuire.
Lorsqu'une affaire est bien organisée, bien lancée, et rap-
porte beaucoup, tout le monde veut en être.
1352. Qwand i volet ciire, li for tome.
LiTT. Quand ils veulent cuire, le four tombe.
Ce sont des gens sans précaution, à qui rien ne réussit.
13o3. C n'est nin por vos qui 1' for chûffe.
LiTT. Ce n'est pas pour vous que le four chauffe.
Ce n'est pas pour vous que telle chose est préparée. (Acad.)
Pr. fr. — Ce n'est pas pour vous que le four chauffe.
Cité par Forir. Dict.
Mon bon tabac si bien râpé
N'est pas fait pour ton fichu nez.
{Chatisoti populaire,)
C'n'est nin por vosse nez qui l'fôr châffe ;
On n'est pus hoùye si amistàve.
(Hanson. Li Hinriade trnvestèye. Ch. III. 1780.)
I lî sonla qui c'n'esteut nin por lu qui l'ttr chàlTéve, et i n'vola nin si k'dûre di
mostrer bàbe di four. (Magnée. Li houlotte. 1871.)
MoNS. C'qué j'dis, l'infant, n'est nié eine faufe,
L'foûr d'ein riche ônne caufTe nié pour vous,
Pinser d'y cuire quand on est paufe,
C'est s'apprêter à rôti d'sou.
(J.-B. Descamps. El sermon d'ein brafe ourvier. Ch. 1881.)
Tournai. Cauffer l'four pour in eaute.
Douai. Allez, allez, cuijennière à pennetières, ch'n'est point pour vous que
ch'four qu'i caufTe.
(Dechristé. So(a''w»s rf'KH homme d' Douai . 18S6.)
St-Quentin. Ch' n'est mi pour vous que ch'four y coflfe.
(GossEU. Lettres picardes.)
1354. Vos vinrez à m' for.
LiTT. Vous viendrez à mon four.
Vous aurez quelque jour besoin de moi, et je trouverai l'oc-
casion de me venger. (Acad.)
Pr. fr. — Vous viendrez cuire à mon four.
Vous passerez par chez nous.
(OUDIN. Curiositez françoises. 1G40.)
Var. Mons. Vos repasserez pa no corti.
— 391 —
1355. I fàt cliàffer Tfor po l'gueûye.
LiTT. Il faut chaufler le four par la gueule.
Se dit d'uaivrogne qui a froid.
1356. Rimette les cache es fôr.
LiTT. Remettre les poires séchées au four.
Recommencer. Se dit desaraoureu.x qui renouent d'anciennes
relations.
Cité par Forir. Dict.
Jan, m' fève Marèye, qu'on r'mette les cache es fôr,
I fât fer l'pàye ; à quoi bon tant brognl ?
(Dehin. Anôijcmun et rikjoiil. 18o0.)
Po conjurer les niacrai et les sort,
Po dlv'ni jusse ùx pàrlèf;c d'intorôl
Po s'rapùwter, po r'mette les cache i'S fur
Dihez-m' n'y a-t-i rin d'mèyeu qu'on banquet.
(A. HocK. Les banquet. 18t>l> )
Mathîstoffé.
Po r'mette les cache es fur, i fàrel li ach'ter
lOn p'tit machin d'so 1' Batte, on p'tit michot d'Sor-Moùse.
HiNRI.
Allez vis porminer i ^'n'a Idiale qu'est-st'ès m'boûse.
(Toussaint. Hmri et Datlite. 111, se. i. 1870.)
Var. Verviers. Rùhenner les cayet os feu.
JODOIGNE. Is ont à r'chauffer l'fùr.
1357. Qui d'rneûre foû de fôr n'est nin eût.
LiTT. Celui qui reste hors du four n'est pas cuit.
Celui qui ne veut supporter aucune charge n'a droit à aucun
bénéfice.
Se dit à la campagne aux personnes qui écoutent la messe
sur la place, devant l'église. Celui qui n'entre pas à l'église
ne sera pas sauvé.
FOURCHE.
1358. Faire des fourque. (Tourn.m.)
LiTT. Faire des fourches.
Agacer quelqu'un par des manières inconvenantes.
Dans le sens propre, agacer un chien en criant a /v'.s.st', A-t>s,s*; »
et en lui montrant les doigts ouverts en forme de fourche.
Alors a i s't'rix'lli: et i r/roûle ».
FRAIS I-:.
1359. C'esl-sl-une IVéve enne on sàrt. \.Mai.mi i»\.)
LiTT. C'est une fraise dans un bois.
392
Porter des choses dans un lieu où il y en a déjà une grande
abondance.
FRANÇAIS.
13G0. Nos estans français.
•LiTT. Nous sommes français.
Nous sommes sauvés, nous sommes affranchis, francs.
Cf. QuiTARD. Dict., p. 410. Parler français.
A tote, de cour. Nos estans français.
(HocK. La famille Mathot. 1866.)
Nin pus Ion qu'hir à l'nute, ji m'dihéve co français.
(Fr. Dehin. lue inventeur. 4889.)
1361. Les Français sont d'belle intrêye et d' laide
sôrtèye.
LiTT, Les Français sont de belle entrée et de laide sortie.
Remacle (Dict.) dit simplement : Esse di belle intrêye et
d'Iaide sôrtèye.
Les Français commencent par charmer et finissent par se
faire détester.
Les proverbes qui concernent toute une nation ne signifient
absolument rien. Ils naissent le plus souvent sous l'impression
d'événements politiques, aussi consacrent-ils souvent le pour
et le contre.
FoRiR (Dict.) dit seulement : Belle intrêye, laide sortisse.
Namdr. Belle intrde, laide sortie.
FRAPPER.
1362. Qui bouhe li prumî, bouhe deux côp.
LiTT. Qui frappe le premier, frappe deux fois.
L'offensive est souvent un avantage.
FRÉQUENTER.
'' 1363. A fréquenter les soldat et l's houzard,
1 n'a péos d'hazard. (Tournal)
LiTT. A fréquenter les soldats et les hussards,
Il n'y a point de hasard.
Sentence populaire souvent répétée aux jeunes couturières
qui manifestent un goût trop prononcé pour les militaires.
FRIGASSEUR.
1364. C'est-st-on fricasseu d' fève.
LiTT. C'est un fricasseur de fèves.
— 303 —
C'est un faiseur d'embarras, c'est un ardélion ; c'est la mouche
du coche.
Var. C'est-st-on hosse-quowe.
LiTT. C'est un hoche-queue.
Baiwr.
A l'maison d'vèye, si v'fez l'fricasseu d'fdve
Tos les gaz'tî v'touraet so l'casaquin.
Alcide Pryok. Qui vont esxe d contèye ? 1862.)
GÉRA.
C'est-st-on fricasseu d'féve, qui po 'ne oii n'gùte nin l' vote,
Là, i hante avou vos, et cial c'est-sl-avou 'ne aiite.
(Ed. Remouchamps. Les amour cfà Gèrd. II, se. G. 187{>.)
Beline.
Var. Charleroi. C'est qu'i gn'a p'tette on p'til péteu d'pois ou l'aule qui 11
aura tappet dins l'oûye.
(Bernus. L'malâde St-Thibau. II, se. 7. iSW.)
FROID.
1365. I fait freud comme divins 'ne Grofilande.
LiTT. Il fait froid comme dans le Groenland.
Il fait très froid. Cette expression est fort ancienne. Quand
on demande à Liège ce que c'est que la groiihinde, on ré[»ond :
C'est wisse qu'on pèhe les stockfesse.
Basse- Allemagne. — So kalt wie in Groenland.
1366. J'enne n'a ni freud ni chaud.
LiTT. Je n'en ai ni froid ni chaud.
Rester indifférent à une affaire. (Acad.)
Pr. fr. — Je m'en bats l'œil.
Cité par Forir. Dict.
Ddpdis.
Mais, d'hez-ra', aveul-i dit à Clémence qu'il avout...
Beaujean.
Ma foi, ji n'es ses rin, j'n'aveus ni chaud ni freud
Làd'vins. (DelcheF. Pus if pux .toi. Se. !"•. I8«;2.)
FROMAGK.
1367. Li i)on froumache est d'coûte durée.
(Mauciik )
LiTT. Le bon fromage est de courte durée.
On choisit de préférence les choses les meilleures.
— 394 —
FUMIER.
l.S6(S. On n'sàreut fer l'ancinî qui là qui i'coûr est.
LiTT. On ne saurait établir la fosse à fumier que là où est la
cour.
Chaque chose a sa place.
Ce proverbe sert souvent de réponse à la question : poquoi
ayez-u' fait coula là 9
Namur. On n'saureûve fer l'encennî qui dins l'coû.
1369. Tote les mamêye moret so l'ancinî.
LiTT. Toutes les prostituées meurent sur le fumier.
Tôt ou tard la vertu trouve sa récompense et le vice est puni.
1370. Fâte d'ancenne, on châs'nêye.
LiTT. A défaut de fumier, on marne.
On fait ce que l'on peut.
Pr. fr. — Faute de grives on se contente de merles.
GAFFE.
1371. Passer 1' nute d'on côp d' fèré.
LiTT. Passer la nuit d'un coup de gafïe.
Dormir toute la nuit sans s'éveiller.
Variante. Passer l'aiwe d'on côp d'fèré.
Faire une chose d'un seul jet.
Cité par Forir. Dict.
Après on bon travaye, ine nute parette si coûte,
On r passe d'on C(5p d' fèré.
(M. Thiry. lue cope di grandiveux. 4860.)
GAGNER.
1372. L'ci qui n'wâgne nin, piède.
LiTT. Celui qui ne gagne pas, perd.
Il faut vivre, et quand on n'a pas de revenus suffisants, il
faut travailler, si l'on ne veut pas dissiper son patrimoine.
Cf. Qui n'avance pas recule.
GAILLARD.
1373. I gn'a des randahe di tôt costé.
I.iTT. Il y a des gaillards déterminés de tout côté,
a N '. Forir {Dict.) considère ce mot comme adjectif, et le
donne comm synonyme de >iûti. Je n'ai trouvé aucun liégeois
— 395 —
qui comprît le mot de cette façon. La vraie signification d'après
tous les wallons que j'ai consultés est: gaillard déterminé,
casse-cou, un individu dont on doit avoir peur. Il se prend
aussi dans l'acception de fameux, en patois on dirait en parlant
d'un colèbeu : c'est-st-nn randahe, comme on dirait: c'est un
fameux oolèbeu (c'est un amateur acharné).
(I. DoRY. Êtymoloijies. Bull. 2'sér., t. III.)
CAILLETTE.
1374. Neûr comme gayette.
LiTT. Noir comme gaillette.
{Guiilette. Houille de moyenne grosseur, très brillante.)
Noir comme jais.
Cité par Forir. Dict.
HlGNAR.
Deux oùye ossi neùr qui gayetle,
Des croie qui flottet so s' haneUe.
(De Harlez. Les hypocome. l, se. i. i7o8.)
Elle a deux oûye comme deux chandelle,
Crolêye et neûre toi comme gayetle.
(Dehin. Le.i deux maronne. Fàve. 1844.)
Si p'iile boke et ses chiffe comme ine rose à matin.
Ses ch'vel neûr comme gayette, si paî comme de satin.
(M. Thiry. Ine copenne so r marièije. 1858.)
Pus neùr qui gayette,
Mes ch'vet r'glatihet.
(G. Magnée. Lijupsenne. Ch. 1871.)
GAIN.
1375. I magne les wàgne et les chèté.
LiTT. 11 mange les gains et les paniers.
Se dit des commerçants qui mangent capitaux et bénéfices.
Variante. Mais quand j' sèret marié, j'âret mes gangne et mes chètd.
(A. I'eclers. Gèrâ Vaffiché. Ch. 1877.)
1376. Wâgnège n'est nin héritage.
LiTT. Gain n'est pas héritage.
On connaît le prix du premier; tandis que pour l'autre,
comme dit Figaro, on ne s^est doyiuo ([ue la peine de naître.
Pr. fr. — Gagnage n'est pas héritage.
1377. Les p'tits wàgnège fet les i^tos vikège.
LiTT. Les petits gains t'ont les fortes existences.
Les petits gains aniùnent les gros prulils, t'ont vivre dans
labondance.
(FORIK. Dict.)
- 396 —
1378. Gangnî dîje-nouf sou au flore comme
l'apothécaire. (Jodoigne.)
LiTï. Gagner dix-neuf sous au florin comme l'apothicaire.
Faire des gains considérables, extraordinaires, sans exposer
beaucoup d'argent.
GALE.
1379. lia l'galeâxdint.
LiTT. II a la gale aux dents.
Il a faim.
Pr. fr. — Il n'a pas la gale aux dents : se dit d'un grand
mangeur. (A.gad.)
Pârlans on pau d' nos Franskion ;
On dit qui c' sont des bravés gins,
Mais qu'il ont sovinl l' gale àx dint.
{Pasquèye so les sémintirisse. ilS'ô.)
Qwand qwarème vint,
Maîgue comme ine henné,
Li gale âx dint,
Streinde li bodenne.
(DuMONT. Mathî Vohai, cantate vers. ^820.)
Ine ognaî buvdve à 'no fontaine ;
Li gale àx dint, arrive on leûp
Qu'esteut à cori 1' pertontaîne.
(Bailleux. Li leûp et l'ognat. Fàve. 1854.)
MoNS. Tous les jour c'est ducase et tu dirois qu' Ids gins,
Ont peur d'avoir l' larapa, ou hé la gale aux dint.
{El carion d' Mous. Arm. 4874.)
Metz. Ç'at let sope et m' n'évis que s'ret ma foy tranliaye,
Ca peuchonne de nos n'éret let gale aux dents.
(Brondex. Chan-Heurlin. Poème. 4787.)
1380. Grette-mu wisse qui j'a l'gale.
LiTT. Gratte-moi où j'ai la gale.
Fais-moi plaisir, flatte-moi.
Tu me grattes où il me démange.
(Proverbes de BOUVELLES. 4534.)
Et de sa main noire, souvent
Le grattait derrière et devant.
(SCARRON. Virgile. Vil.)
M. GOLZAII.
Vous d' visez comme une gens d'Ia halle.
Mareie Bada.
Vas-ès, grotte mu wisse qui j'a l'gale.
(De Harlez, De Cartier, etc. Li voyèye di Chaudjontaine. l. 4757.)
— 397 —
GALETTE.
1381. On n'es paye nin mon les galette.
LiTT. On n'en paie pas moins les galettes.
On en sera la dupe, (âcad.) — Il faudra supporter toute la
dépense.
Pr. fr. — Il en sera le dindon.
Ci sèrel vos qui pâyerel les galette.
(FORIR. Die t.)
De joû li bàcelle si toûrraetle
Si d'fène tote à s'anoyi,
Ca 'lie paye bin chir les galette
Qu'es s'jonesse elle a magni.
(G. Delarge. Nanesse. Crâmignon. -1870.)
Baita.
Puis, ji r'viesse ine marchande di boùquetle.
Tote ine hiette di k'mére m'fit payî les galette.
(Th. Collette. Itie vingiuce. I, se. 10. 1878.)
GALON.
138^. Pusse qu'il est gouré, pusse qu'i s'baille du
galon. (^loNS.)
LiTT. Plus il est ti^ompé, plus il se donne du galon.
Plus il se fait duper, plus il se croit sage, plus il vante son
adresse et sa pénétration. — Il ne sait pas profiter de l'expé-
rience.
MoNS. I n' faut ni(? croire qu'enne farce pareille li fera faire el bouton dé s' gueule,
savez ; on diroi, pusse qu'il est gouré, pusse qu'i s'baille du galon.
(Letellier. Armonaque dé Hou». 1850.)
1383. Quand on prind dou galon, on n'sarou ni
trop in pi'inte. (Fr.\.mluies.)
LiTT. Quand on prend du ^'alon, on ne saurait trop en
prendre.
Quand on est à mûme, il faut prendre tout ce qui peut être
pris. (LiTTRii.)
Pr. fr. — Quand on prend du galon on n'en .saurait trop
prendre.
Fraheries. Mais quand on prind dou galon on n'sarou ni trop in printe, dis-st-i
Tproverpe.
(BOSQUATIA. Tambour ballant. Gaz. 4887.)
GALOP.
1384. Il a pris Notru-Dame di galope.
LiTT. Il a pris Notre-Dame de galop.
Il s'est enfui.
— 398 —
Li r'côpresse.
On a bin l'timps de vindc, l'aute dimaïuie batcôp trope
Ma foi, j'a bin vite pris Notru-Dame di galope.
(Cu. Hannay. Li mâye neâr d'à Colas. II, se. 8. 1806.)
Joseph.
Volez-v' vi respouner
• Foii d'mes oiiye, et haper Nolru-Dame di galope
Avou vosse banse d'ancenne, ou v's allez pochî 'ne hope.
(A. Peclers. Li consèye de V matante. Se. 15. 1877.)
Verviebs. Prinde madame li galop.
(Remacle. Dict. 1839.)
Var. Nivelles. I d'allont eomme s'il avou l'feu à s'cul. — S'incourru comme in
chl qu'a l'feu à s'eul.
MoNS. Et vos r'clamiez Notre-Dame dés bonnes jambes pou vous sauver habic,
(Letellier. Armonaque dé Mous. 1857.)
Var. Tournai. Avoir les finque a s'cul. — Courir comme si on aveol l'feu à
s'cul.
gamellp:.
1385. Trop taurd à Tgamelle n'aura rin. (Marche.)
LiTT. (Celui qui vient) trop tard à la gamelle (à la soupe)
n'aura rien.
En tout il faut arriver à temps.
Tarde venientibus, ossa.
GANT.
1386. Ji n'mettret nin des want po lî d'ner on
pètârd.
LiTT. Je ne mettrai pas des gants pour lui donner un soufflet.
Je ne l'épargnerai pas ; je n'y mettrai pas de réserve, je le
traiterai sans ménagement.
1387. 1 n'a bouté des gant qu'on comp de s' vie, le
joû de s'baptôme. (Jodoigne.)
LiTT. Il n'a mis des gants qu'une fois en sa vie, le jour de
son baptême.
Il est toujours mal vêtu, peu soigneux de sa personne.
GARÇON.
1388. C'est-st-on p'tit valet,
V's ârez de jjonheûr après.
LiTT. C'est un petit garçon,
Vous aurez du bonheur après.
— 399 -
A Liège, le !•' janvier, de grand matin, les petits garçons
des classes pauvres débitent ce distique aux passants, en môme
temps qu'ils leur oflVent des hosties {mile), pour obtenir une
légère aumône.
1389. De l'canelle
Po les bàceJle,
De stron d'chet
Po les valet.
LiTT. De la caneile
Pour les filles.
De l'étron de chat
Pour les garçons.
Quand les enfants des deux sexes jouent ensemble, ce ne
sont évidemment pas les garçons qui parlent ainsi. On dit
encore :
Un demi-cent (un centime) pour les garçons,
Cent écus pour les filles.
Cité par Forir. Dict.
GARDER.
1390. I fat bin qu'on l'wàde comme on l'a.
LiTT. Il faut bien qu'on le garde comme on Ta.
Il faut de la philosophie, se faire une rai.son, accepter les
faits accomplis.
Mi, ji viquc so l'espérance,
Et ci n'est niu l'pus màva,
Di s'piainde on n'a nolle avance,
Fàt bin qu'on Twâile comme on l'a.
(DÉSAMORÉ. Chanson. 1880.)
Variante
Qui pout-on dire à coula ?
Fàl bin ()rinde cou qu'on-z-a.
(ALaOE Pryor. Vive nosse gârc-civique ! 1800.)
GARDR-ROBE.
1391 . 11 a s' gàrdèrôbe pleinte et cliôkèye,
Qu'on chet l'poitreut es si orèye.
LiTT. Il a sa garde-robe (si) pleine et (.si) bourrée.
Qu'un châtia porterait dans .son oreille.
A peine a-t-il de quoi changer de vêlements.
— 400 —
Variante. Il a toi s'boùre so s'pan.
Enne a tant hoùye qui sont es l'oûrbire di leu fàte, qui i'et lodi po l'joû à viker ;
i-z-ont tofér tôt leu bolîre so leu pan, sins lûser de s'wàrder 'ne pomme po l'seu.
(AuG. DÉOM. Notes. 4888.)
139"2. Il a tote si gârdèrôbe divins ses pîd d'châsse.
Litt: Il a toute sa garde-robe dan.s les pieds de ses bas.
Il porte des habits râpés, il n'en a pas d'autres à mettre, et
cependant il se donne de t^rands airs.
il est, comme Polichinelle, qui fait ses paquets dans un
chausson.
Cf. Omnia mecum porto, du philosophe Bias.
1393 Esse tnettowe es l' gârdèrôbe sainte Anne.
Litt. Être mise dans la garde-robe sainte Anne.
Rester lille.
Pr. fr. — Rester pour coiffer sainte Catherine.
(QuiTARD. Dicc, p. 193.)
Elle est-st-ès l'ârmâ d" Sainte Anne. — Elle va coiiïer Sainte Cath'renne.
(FORIR. Dict.)
Variante. Louise.
Mais di ces là qui fet l' chesse àx aidan,
Feumme, vingeans-nos, rians à leu narenne,
Divant de prinde des ègeaiés galant,
Coiffans pus vite, coiffans tote Sainte Cath'renne.
(DD. Salme. Les deux bècK'tâ, Se. 9. 4879.)
Var. Verviers. Lîza.
Tôt haubilant baicôp des s' faites madronbelle,
.l'ireus di Sainte Cath'renne fer les croUe avou zelle.
(J.-S. Renier. Li mohonne à deux face. Se. 4. 4873.)
Var. Mons. D'morer avé s'froumache.
GAUCHE,
1394. Prinde hâr po hotte.
Litt. Prendre la gauche pour la droite.
Udr et hôte, expressions employées par les charretiers pour
faire marcher les chevaux à droite ou à gauche.
Se méprendre grossièrement. (Acad.)
Cité par Forir. Dict.
On s' disputéve so l' caractère,
Des màlès feumme en général,
C'esteut là l' dispute principale.
On r louméve hotte, on l' loumèvo hâr.
(Les feumme. Poème. Vers 4750.)
— 401
Spa. C'cstoul lies l'tiirou, i\c^ ^l'i^Mniii,
Les vMs verUrin mi''It' avnu.
Qui corîl hàr es 1" pièce di hotte,
Qu'estint comme li, qui iv vèyitil gotte.
(Chans. patriotique. 4 787. Rec. Bor>\.)
LORETTE.
Lu et mi nos eslans capote ;
Si vos n' volez niii nos hoûter
Nos prindans todi hàr po hotte,
Ci n'est nin l' moyin d'avancer.
(HenaI'LT. U maliyiiant. II, se. i'''. il8'J.)
139o. Enne aller hâr et hotte.
LiTT. S'en aller à gauche et à droite.
Aller de tous côtés, au hasard, de ci de là.
Cité par FoRiR. !)icl.
Colas.
Tous vos mangeurs de pain payi'ir.
Francs batteu d'cawiau,
Qui courez hotte et hàr
Et vous hatihez les mustau.
(Fabhy. Li ligeoi.s è(j(iiji. Il, se. 3. -1707.)
Li pèhon k'holté, esbàrré
Ni sét pus d"qué costé dàrer,
I naivèye hàr, i naivèye hotte
Po sayi de r'trovcr s'chaboltc.
(J.-J. Hanson. Li Himiâde iravesihje. Ch. I, 1780.)
Qwand ji m'sovins qu'j'esteu jône homme,
J'enne alldve hàr et hotte
Et qwand ji riv'néve kipagn'té
Mi mévti mi f(*ve li sope.
{L'homme so l\i<jne. Ancienne ch.)
Comme vos pinsez, l'aftaire si conta hàr et hotte.
(Bau.i.eiix. /./ chepH et St-Aritonc. Fàvc. 1886.)
Po ri'in do l'prumi leune, vos avîz déjà hàze
Di taper hache et mâche, à Tèqwance d'ine raison,
Et d'cori hàr et hotte, po v'fer qwitle di si àhion.
(M. Thiry. Ine copeuue so rmarièfic 18S8.)
Les officî braiyît, sairîl, cotît hàr et hotte, tôt faut halkiner leu palace.
(Magnée. Li oeu'quini de prince Abbé rfi StAv'leû. ■1867.)
Verviers. Lu K'nau.
Ok va hàr, l'aute va hotte, c'esl-sl-aissi qu'on s'kussège,
Ju n'duvreu nin m'méler des aflaire du manège.
(XuoFFER. Les biesse. I, se. i"''. 18K8.)
Jai.hay. Louki hàr et hotte.
Var. Tournai, Courir Berdin.
402 —
GEAI.
1396. C'est rrichà qu'est paré des plome de l'pâwe.
LiTT. C'est le geai qui est paré des plumes du paon.
Se dit d'une personne qui se fait honneur de ce qui ne lui
appartient pas. (Acad )
Pr. fr. — C'est le geai paré des plumes du paon.
Cité par Forir. Dict.
Jugîz don bin à ci portrait,
Quoiqu'il y manque èco des trait,
Qui ci richà, qu'esteut paré
Des plome de j'pàwe po mî tromper...
N'est nin on sol, ine àgne, ine bûse.
{Pasquèye critique etcaloienne so les affaire de rmédicenne. 1732.)
Cf. Li richà qui s'aveut fait gàye avou les plome de l' pàwe. {Fâve d'à
Lafontaine, mettowe es ligeois, parBAiLLEUX et Dehin. 18S2.)
JoDOioNE. C'est jurau avou des pleume de paehon.
Basse- Allemagne. — Sich mit fremden Federn schmticken.
(Mit des andern Kalbe pfliigen, c'est-à-dire donner l'œuvre
d'autrui pour la sienne.)
GELÉE.
1397. Il est v'nou â monde es timps d' gealêye, tôt
Il plake âx deiigt.
LiTT. Il est venu au monde en temps de gelée, tout lui colle
aux doigts.
Ne pouvoir travailler par fainéantise, jouer avec son ouvrage,
sa beso-ne. — Avoir des instincts de rapine.
Ses ovrî estît v'nou à monde es timps d'gealêye, tôt l's y plaquive àx deugt.
(N. Defrecheux. Ine jâhe di spot. 1839.)
1398. Blanke gealêye,
Plaîve parèye.
LiTT. Blanche gelée,
Pluie semblable.
Blanche gelée est de pluye messagièrc.
{Prov. de Bovvelles. -15J)7.)
Cité par Forir. Dict., qui ajoute:
Poyowe gealôye
Est d'pau d'durêye.
La gelée blanche dure peu ; elle est suivie d'humidité.
— 403 —
GELER.
1399. Pus iieale, pus strind.
LiTT. Plus (il) gèle, plus (il) etreiiit.
Plus il arrive de mau.x, plus il est difficile de les supporter.
(ACAD.)
Pr. fr. — Plus il gèle, plus il étreint.
De tant plus gelle et plus estrainl.
{Prov. de Jehan Mielot. XV* siècle.)
Cité par FoRiR. Dict.
Pus geale pus strind ; froid très vif, alternative de soleil.
{Mathieu Laenshenjh. 1831.)
Tournai. Pus qu'i gèle, pus qu'i retreint
1400. Qwand i ^eale divins,
l geale qui pire tiud.
LiTT. Quand il gèle à l'intérieur (des maisons)
11 gèle que pierre tend.
Signe d'une très forte gelée.
Pr. fr. — Il gèle à pierre fendre.
(OiJDlN. Curiositez Jiatiçoises. IG-iO.)
Elle s'aveut même fait ramessi qu'i gealéve todi à pire finde, mais elle n'àreul
polou dire si c'esleut d"vant ou après 1' novel an.
(DD. Salme. ColatMoyoït. Ch. 187 i.)
Verviers. Qu'i nive, qu'i geale comme po pire finde,
Prindans todi l' timps comme i vint.
(Pire. Vorci l'hniir. Ch. 187i.)
Nami'r. I geale à pire tind.
ToiRNAi. I gèle à pierre finie.
GENIÈVRE.
liOl. I n' beut nin l'pèket, èl magne.
LiTT. Il ne boit pa.s le genièvre, il le mange.
C'est un ivrogne déterminé.
De crâs pèket il aveut l' five ;
Après lu lot fér i geairive :
Ossi, oydve-t-on dire les gins
Qu'èl magnîve et n'el buvéve nin.
(Ep. Martial. Li xnrUl des récolUtic. 1859.)
Variante. C'est-sl-on peket, i rote hic et hac.
Var. Marche. Gn'a qu'aimet ml I" pèket qui I' poain.
(Alexandre. P'nt corn. I8(iu.)
— 404 —
GENOU.
140:2. 11 a des gros g'no.
LiTT, 11 a des gros genoux.
Il sait se plier. Il a Téchine tlexible.
On dit aussi : Il a des longs pîd et des gros g'no ; i parvairet.
Médiocre et rampant, et l'on parvient à tout.
(Beaumarchais.)
Pr. fr. — Il a les genouils gros, il profitera.
(Ol'din. Curiositez françaises. 1640.)
Tonton.
Vos parvinrez, TâU, vos avez des gros g'no,
A consèye gn'a-1-assez des perriquî sins vos.
(RemoucHAMPS. Tcitl Vperriqui. II, se. 4". 1883.)
GENS.
i403. Ottanl d' gins, ottant d' méd'cin.
LiTT. Autant de gens, autant de médecins.
Autant de personnes, autant d'avis. — Tôt capila, tôt
sensus. — Quoi howÀnes, tôt sentc7itiœ. (TÉRENGE. Plwrmion.
II, se. 4.)
Tant de gens, tant de guises.
(Recueil de Grltber. dG-lO.)
Var. Stavelot. Ottanl d'tiesse, ottant d"sintimint.
Basse-Allemagne. — Viele Kôpfe, viele Sinne.
1404. Telles gins hâbite-t-on, telle gins d'vint-on.
LiTT. Tels gens on fréquente, tel gens on devient.
On juge aisément des mœurs de quelqu'un par les personnes
qu'il fréquente. (Agad.)
Pr. fr. — Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es.
Brillât-Savarin [Aphorismea) propose une variante :
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es.
Cité par Forir. Dict.
Marche. Leus amitié n' sont qu'apparente,
Po saveur qui qu' t'es, dis qui l' hante.
(Alexandre. P'tit corti. 1800.)
Nami'r. Digeoz-m' qui vos hantez, ji vos dirai qui vos estez.
Beauraing. Ji n'irai nin, Hinri, ca tel hante-t-on, d'vint-on;
J'a peu do fer comme vos, do prinde goul à 1' boisson.
(Vermer. Lessôlêye. 18G2.)
JODOIGNE. Deja-me qui vos hantez, j' dirai qui vos esloz. — Qui hanle-t-on,
tel divint-on.
— 405 —
K^. J'^"' '^r "*■ 'Y'^'î''' *-''" ^'*"^''' ^^«^ •^•^^ P'^TOt. quand i canteroi co mieux i finira
bélot pas dire : chinpe, chiripe ! le! hantez, tel devenez. ' ^
(Leteluer. Armonaque dé Mont. iSliO.)
Saint-Qcentin. Dis moin qui qu' l' hante, j' lé dirai qui qu' l'est.
(GOSSEU. Lellrei picardes. )
• ^^ASS'\-/^LLE.MAGNE. - Sa-c mil' mit wem du imigoh.sl mui
ich will dir sagen vver du bist.
1405. Il aime deux sort di oins, (lui (loimc cl nui
n dimande rin. " '
LiTT. Il aime deux sortes de gens, (ceux) qui donnent et
(ceux) qui ne demandent rien.
Il est avare, cupide.
Crespin.
C'est des pisse-crosse, nionsieu; di zei mi ji n'a d'keùre
Tos ces homme là, vèyez-v', n'aimet qu' deux sort di cins
Li Cl qu' donne li patArd, et l' ci qui n' dimande rin.
(Ed. Hemouchamps. Li sâv'il. II, se. 6. 1858.)
1406. Telles gins, telle écinse.
LiTT. Telles gens, tel encens.
Il faut proportionner l'hommage au mérite, à la dignité
(ACAD.) ®
Pr. fr — Selon le saint, l'encens.
A tel seint, tel ofîreid.
(Prov. de France. XIIlc siècle.)
A tel saint, telle offrande.
(OUDIN. Ciirinsicez frnnçoiscs. ItJlO.)
Cité par Forir. fHct.
Var. Tournai. A l'avenant des pourcheau, on donne les bac.
1407. 1 fàt tote sort di gins po fer on monde.
LiTT. Il faut toutes sortes de gens pour faire un monde.
Il faut de la diversité, un peu de tout. - Tous les caractères
sont dans la nature. — Natura diverso qaudr.l.
Cité par Forir. Dici.
Nivelles. Enfin, n'din faut-i ni d' toutes les sourie pou ferc in monde?
"'^^i'- Est-ce qui dins l' monde i pn'a nin
Di toute.s sole di gins
Et même di boutes sote di biessc?
(Sonet. Li guemouyc qui vu .l'fé ausxi grosse qu'ein bon. Fauff. IS.*).".)
Basse-Allemagne. — Es mussallerlei Leute gebcn.
— 406 -
1408. Arrivé comme les gins d' Binche,
Tous les joû comme el diminche. (Nivelles.)
LiTT, Habillé comme les gens de Binche,
Tous les jours comme le dimanche.
Être toujours en toilette.
1409. I gn'a treus gins malin : feumme, màrticot
el diille.
LiTT. Il y a trois personnes malignes : femme, singe et diable.
Défiez-vous.
Cité par Body. Vocubulairt: di's poissard/'^ du pdys wallon.
(Bulletin 1868.)
1410. Avoir des gins à s' corte. (Tournai.)
LiTT. Avoir des gens à sa corde.
Avoir des gens de son parti, à sa disposition.
1411. On n' kinohe màye les gins qui qwand on
'nne a mèsâhe.
LiTT. On ne connaît jamais les gens que lorsque l'on en
a besoin.
C'est dans l'adversité qu'on reconnaît ses vrais amis.
1412. Lèyîz causer les gins et hawer les ché.
(JODOIGNE.)
LiTT. Laissez parler les gens et aboyer les chiens.
Expression de mépris pour dire qu'on se soucie fort peu de
ce que certaines gens peuvent exprimer sur votre compte.
Nivelles Jean.
Faut lèyî dire les gins eyè abayi les chî, c'est leu mestî.
(Ein. Despret. lu dniner à V exposition. Se. 3. 1889.)
1413. I fàt lèyî les gins i)0 çou qu'i sont.
LiTT. Il faut laisser les gens pour ce qu'ils sont.
Il ne faut pas tenir compte de l'importance que certaines
gens se donnent, mais du mérite qu'elles ont réellement.
Lèyans les gins po çou qu'i .sont,
I n'es sèrèt ni pus ni mon ;
Loukiz à diale çou qu'çoula fait
So çou qui troublet leu cervaî.
(Thymus. Pdsqiièye jaite un jubilé Dom Bernard Godin. 1764.)
1414. C'est des bravés gins, mais i fât 1' dire vile.
LiTT. Ce sont de braves gens, mais il faut le dire vite.
On ne peut trop s'y fier.
— 407 —
GERBE.
1415. Vos estez v'nou à monde divins 'ne jâbe di
strain, tos les liston sont vos parint.
LiTT. Vous êtes venu au monde dans une gerbe de paille,
tous les fétus sont vos parents.
Se dit des personnes qui ont une grande parenté, beaucoup
d'amis, de connaissances.
Cf. Ami de tout le monde.
(MOUÉRE. Aniphijtrion.)
Cité par Forir. Dict.
14l(). I n'y a mùye tant d' jàbe qu'es l'aousse.
LiTT. Il n'y a jamais autant de gerbes qu'en août.
Se dit en général pour exprimer une vérité banale, par
exemple : chatiue chose doit se faire en son temps. — Il faut
profiter de l'abondance.
Pr. fr. — Il n'y a jamais plus de gerbes qu'en aoust.
(Le Père Jean-Mahie. Le divertmcmeut des sages. 16Cu.)
Cité par Forir. Dlci.
M. DlUARDIN.
Tîtnt ([u'iios avans l'bonne v6ne, profilans es ; i n'a màye tant d'jàbe qu'es
l'aousse.
(T. Brahy. Li bouquet. Il, se. 22. 1878.)
GIBET.
1417. II a l'jubet d'vins les oûye.
LiTT. 11 a le gibet dans les yeux.
Il a un regard de voleur, de meurtrier. Il a l'air d'un homme
de sac et de corde.
Pr. fr. — Le mot potence est écrit sur son front.
GOGUETTES.
1418. l fàl s' mette so l'honp-di-iruet.
LiTT. Il faut se mettre sur son mieux.
Il faut se mettre en goguettes ; se faire élégant, être joyeux ;
au besoin s'enivrer légèrement. — L'expression est proverbiale.
Dinez-m', dit-st-i, soixante pistolo,
Ji v'tirret d'affaire so m' parole,
Comptez m'es trinte, c'est po k'mincî,
Et les trinte aute, qui sont à drî,
Vos m' les donrez apreume après
Qui vos serez so l'iioup-di-t'uet.
{Pasquéye critique et cnlotenne so les affaire de l'médicennc. 1732.)
— 408 —
Qwand i sont 'ne fèye so 1' houp-di-guet,
Parlez à zel, i n'vis k'nohet.
{Pnxquèye so les némiiiarisse. 173S.)
Et rescontrant on joù à 1' poite
Eune di ces k'mdre qu'on lomme pi'kctle,
Po (,"011 qu'elk' llairivi- li pcket
El qu'elle esleiil so l'houp-di-guel.
(Pasquèije po rjubilc dô l' révérende mère di Buvtrc. 1743.)
Li fiesse nos a mellou so l'iioiip-di-guet.
(For.iH. Dict.)
rATENNE.
Toi li d'nant de pèkel?
N'esl-ce nin, sins fer non pieu, el nielle so 1' houp-di-guet?
(Remouchamhs. Li snv'ti. I, se. 4. -1858.)
("iRAHAY.
Ji m' mette so 1' houp-di-guet,
Ji spéye rai vi spagne-màye,
Qu'on k'mande çou qu'on voret,
J'a r caisse, c'est mi qui paye.
(Alcide l'RYOR. Baiwir so s' pause. -1863.)
Elle tapa ses oùye à d'foû et vèya on tolu qu'aviséve so l' houp-di-guet.
(G. Magnée. Baiiri. d86o.)
GOND
1419. Bouter t'où des gond. (Namuh )
LiTT. Mettre hors des gonds.
Exciter tellement la colère de quelqu'un, qu'il soit comme
hors de lui-même. (Acad. )
Pr. fr. — Faire sortir, mettre quelqu'un hors des gonds.
Ji vos diret lot ute qu'à l'fin ça n'a pu d'noni,
Et qui vos m' frot bouter, si ça dure, foù des gond.
(Demanet. Oppidum Atuatucorum. 1843.)
Marche. To r'prinds lodi sus I' même ton,
Tu m' frais bin moucet foû des gond.
(Alexandre. P'tii corti. dSCO.)
Krameries. Tout saint que d'.su, elle me frou wuidie hiors de mes gond.
(HosQUETlA. Tambour buttant. 1885.)
gorgp:.
14'20. Moinsse qu'enne fiye a de s'iouinac, pusse
qu'elle le muche. (Mons.)
LiTT. Moins une lille a de gorge, plus elle la cache.
On cherche toujours à dissimuler ses défauts ; on fait parade
de ses qualités.
— 409 —
nosiER.
14'2l. I nos fait rùler F gosî es caroche.
LiTT. Il nous fait rouler le gosier en carrosse.
Il nous donne d'excellents vins.
Un jeu de mots populaire, en passant. Un amateur de bon
vin, voulant en acheter à bon marché, dit au marchand : Vosse
vin tomme (votre vin tombe, perd en qualité). — Awet (oui),
répond Tautre, i tomme es gosî (il tombe dans le gosier).
Vakiantk. Mette si vinte so foûnie et s'gueùye es caroche.
LiTT. Mettre son ventre sur forme et sa bouche en voiture.
Faire grande chère.
Variante. Nolle ctjlîhe ni poléve mawVi ;
Si vite qu'on coslé div'nt've roge,
Il adawéve, nosse mal appris,
Qu'alléve mette si bêche es caroche.
(Thiry. On vl mohon. Fùvc. 18»i3.)
Variante. Houbert.
Cisse commission là, j'el fret po rin, ca ji m'rafèye di mette mi jaîve es caroche
po fini joûrn(^ye.
(Willem et Rauwens. Li galant d'à Fifine. Se. 9. 188'2.)
Variante. On-z-y vèyéve ine tauve d'ine longueur 6wart^ye,avou des bais monchcu
tôt àtoû et coviette di tote sort di bons saquoi, qui rin qu'à les louki, on pinsdve
aveùr si jaîve enne on caroche lot doblé d'maro(iuin.
(Renier. Gariite Mnniulet à banquet wallon di 1860. Bâvion. 1861.)
Var. Nivelles. On n' put mau de t'nu s' verre, ou bin s' fourchette es s' poche,
El goyî, l'esloumac vont tout fer à caroche.
(Renard. Lex avent. de Jean d' Mvelles. Ch. VII. .3" 6i\. 1890.)
li"2''2. C'est-st-on houle gosî, mais (|ii'avale drciit.
LiTT. C'est un gosier boiteux (tortu) mais qui avale droit.
C'est un bon buveur,
Namur. Il a r gosî d' truviel.
Mais il avale droit.
GOUJON.
1423. Fer avaler 1' govion.
LiTT. Faire avaler le goujon.
Faire croire une chose ridicule ou impossible, mystifier. —
Faire tomber dans un piège. ( Littrk )
Pr. fr. — Faire avaler le goujon.
(I.F.Horx. [>ict cotnique.)
Cité par Fohir. hid.
Ni criez nin si haul.vos m'avez fait avaler 'ne paille, et ji v's a fait avaler 1' govion.
(Remacle. Dict.)
410 —
Po l'joù wisso qu"i sèireut obli^î de l' fer, il aveut lot l' timps d' ti'iser à l'assàh'nège
'l'on bal liait! govion qu'i coinpléve biu l's y fer avaler avou on lapisse di bagou.
(G. Magnée. Li cren'uuini de prince âbbé d'i Sldv'leû. 1867.)
Makèye-Jenne.
Ji sos-sl-ine ènoccinc, j'a co houmé l' govion,
Et j'el creus bin, j'ùret lote mi vèye dô guignon.
(Toussaint. Hinri et DadUe. I, se. 4. 4870.)
Namur* Por li, lot es gobant tôt gintimint l' govion,
I voit li camp d' nos père di.scu l' tienne d'Hastedon.
(Demanet. Oppidum Atuatucorum. 1843.)
Vak. Namur. Vraimint est-ce qui l' bonhomme s'imagineûve qudquc fiye,
Qu'a nosse toîir, nos eslans des avaleu d'inwîye?
(Demanet. Oppidum Atuatucorum, 1843.)
Vak. Namur. Après ça qa'il avale one ossi belle coloûte,
Ça n'a rin qui m' surprind ; il est-st-one miette cahoûte.
(Demanet. Oppidum Atuatucorum. 1843.)
MoNS. Mais pourqué c' qu'on dit quand quoiqu'un s'a laiyé gourer pau 1' preumier
jour d'avri, qu'on lî a siervi in poisson d'avril ? Est-ce pasqu'il a fait c'qui s'appelle
à Mons : avaler enne anguye, autreminl dit gober n' belle craque pou n' \6ril6 ?
(Letelliek. Armoîiaque dé Mo»s. 1860.)
Douai. Acoutez m'z infant, j' cro bin qu'un nous in fait invaler comme
i faut d'z anguilles.
(Dechristé. Souvenirs d'u)i homme d' Douai. 1854.)
RoucHi. Avaler des gouvions.
(Hécart. Dict.)
Metz. En beillant vas presens, v' evaleus lo govion.
(Brondex. Chan Heurlin. Poème 1787.)
GOURME.
1424. Taper ses brîhe.
LiTT. Jeter sa gourme.
Gourme. Mauvaises humeurs qui viennent aux jeunes
chevaux lorsqu'on fait trop brusquement succéder une nourri-
ture sèche et échaudante à l'herbe dos pâturages. — // jelle sa
gourme. Se dit d'un jeune homme qui vient d'entrer dans
le monde et qui y fait beaucoup de folies et d'extravagances:
a Ce ne suru rien, il (aut que les jeunes gens jettent leur
gourme. » (H. DE Balzac.)
(Poitevin. Dict. français.)
Les brîhe vis mostret tôt so des fasses coleûr.
Elle sont si vite passôye!
(Thiry. lue copenne so V mariège. 1858.)
— 411 —
A^ f'. Le mot brihe (bnxhc)est interprété par M. Cli. (Jrand-
GAGNAGE (Dict. étymoL, p. 77) : époque où les deuxièmes dents
poussent aux chevaux
Cité [)ar Fûrir. Dict.
JoDoiGNE. Taper s' fel.
MoNS. Il a ch'lé ses gourme. — I féet ses gourme.
GOUT.
1425. C'est 1' gosse qui fait 1' sâce.
LiTT. C'est le goût qui fait la sauce.
Le bon appétit est le meilleur des assaisonnements. — Palais
émoussé trouve tout insipide.
Pr. fr. — C'est l'appétit qui fait la sauce.
1426. Chaque si gosse, fait l' trôye qui ui;iL;iiive
on stron.
LiTT. Chacun son goût, fait (dit) la truie qui mang('ait
un étron.
Pr. fr. — Aux cochons la merde ne pue pas.
(Dict. port, desprov. 1751.)
Tous les goûts sont dans la nature ;
Le meilleur est celui qu'on a.
(Pawakd.)
Chacun a ses plaisirs qu'il se fait à sa guise.
(Molière. L'école des femmcn. I, se. U.)
De (justibus non est disputand\t)n.
Variante. Chaque si gosse,
Onk dé stron, l'aule des mosse.
Chakeunesi gosse, chakeune si passe-timps.
Mi, ji fieslôye on bon verre di vin.
Chakeune à s' manire,
Chûsihe si plaisir.
(HoCK. Le.'^ piissc-timps. Ch, 1856.)
Chaque si gosse, s'apin.se l'autejoû ine trùye,
Qui ramassdve ine cache divins "ne vôye.
{Li balaye iti co<i. Conte. I8I»7.)
Variante. On resconteiire tos les gos.se avà l'tc-rre,
C'est po coula (lu'rin n'dinieùre à marchl.
(\\'u.i.EU. Manire de vikcr. Chanson. 1880.)
Verviers. So Tchùse, i n'faut nin r'gretli,
Chaque prind à s" gosse au marchl.
N'duspilez so l' gosse de, Thirc,
Chaque sale su sope a s' manire.
(J.-S. RtSItli. .Spoti rimes. 1871.)
41 1>
Var. Mahciie. Li fou ([u' n'a pont d' maii s'enne attire;
D'viiis t't à fait, chacun à s' manîre.
(Alexandre. P'tit corti. 1860.)
Nami'k. 1 n' faut nia disputer les goul. — En fait d' goût 1 gn'a pont d' dispute.
A Huppaye (près de Jodoigne) on ajoute au proverbe : inte deux mèche (miches).
GOUTTE.
1427. 1 fàt ine an po crèhe ine gotte.
LiTT. Il faut un an pour croître une goutte (un peu ; jeu de
mots). •
Se dit pour engager quelqu'un à vider complètement son
verre.
Le vrai sens de ce pi^overbe serait, nous dit-on : il faut toute
une année pour obtenir une goutte de vin (pour faire miirir un
seul grain de raisin).
Qwand j' beus, j'aîme èco pus V bon Diu,
Qu'a fait les troque pleinle di bon jus.
Ragottans-l'bin, cisse vènôràbe botèye,
Po crèhe ine gntte, i fàt ine an d'nosse vèye.
(A. HoCK.
GOUTTE.
1428. Po l'ci qu'a les gotte,
Docteur ni veut gotte.
LiTT. Pour celui qui a la goutte,
Le docteur ne voit goutte.
(FoRiR. Dicc.)
Aux fièvres et à la goutte,
Les médecins ne voient goutte. (Littré.)
Au mal de goutte
Le mire ne voit goutte.
(OUDIN. Curiositei françaises, 1640.)
Tollere nodosam nescit medicina podagram.
(Ovide.)
GRAIN.
1429. I n'y a nou grain qui n'âye si strain.
LiTT. Il n'y a pas de grain qui n'ait sa paille.
Il n'y a rien de parfait ici-bas. — Point de plaisir sans peine.
Il faut dus ombres dans un tableau.
Pr. fr. — Chaque grain a sa paille.
Marche. Li meyeu grain a todi s'pàye.
— 413 —
JoDOiGNE. N'a se bia grain qui n'auye se paye.
Tournai. I n'y a pas d'graine qui n'eut s'palle.
Picardie. Chaque graind d'bl**, il o s' paille.
(CORBLET. Glofs. 18:)1.)
1430. Ci n'a màye situ ITiesse d'Ampsin,
Qu'on n'àye vèyou de novaî grain.
LiTT. Ce n\a jamais été la lèlu d'Ampsin
Qu'on n'ait vu du nouveau grain.
La fête du village d'Ampsin tumbe toujours le dimanche le
plus rapproché de la fête de St-Pierre (29 juin).
1431. Mougnî s'grain en hièbe. (Mahche.)
LiTT. Manger son grain en herbe.
Dépenser son revenu d'avance. (Littré.)
Pr. fr. — Manger son blé en herbe.
Yak. Mons. I n'faut nié minger ses blé verl.
GRANGE.
1432. Li grègne de bon Dieu est tote au lauge.
(JODOIGNE.)
LiTT. La grange du bon Dieu est toute au large (ouverte).
Réponse que l'on fait aux mendiants et aux gens qui disent
ne pas trouver d'ouvrage en plein mois daoùt, époque où l'on
manque souvent de bras pour faire la moisson.
1433. Li grègne n'est jamais si pleine (ju'on n'y
boute cor one jaube. (Jodoigne.)
LiTT. La grange n'est jamais si pleine qu'on n'y puis.se encore
mettre une gerbe.
Invitation à reprendre d'un plat à un banquet.
GRAS.
1434. Craus comme one cwaye. (Makciie.)
LiTT. Gras comme une caille.
Très gras. — Cette comparai-son est devenue proverbiale,
GRENOUILLE.
1435. C'est nî de s' faute cpii les raîne n'ont jxuil
d' quèwe. (JoitoKjM;.)
LiTT. Ce n'est pas de sa faute si les grenouilles n'ont pas
de queue.
— 414 —
C'est un homme simple, naïf, crédule, incapable de commettre
la moindre méchanceté.
Tournai. Ch' n'est pas li 1' causse que les guernoule i n'ont pos d' queue.
Variantes. Ci n'est nin lu qu'a pris Màestrécht
Ci n'est nin lu qu'a pihî l' Moiîse.
GRIPPE-SOUS.
1436. C'est-st-ine agrige patârd.
LiTT. C'est un grippe-sous.
C'est un homme qui fait de petits gains sordides. (Acad.)
Grippe-sous, fesse-Mathieu, pince-maille, harpagon.
GRIVE.
1437. Qwand on n'a nin des châpaîne, on niagne
des mâvi.
LiTT. Quand on n'a pas de grives, on mange des merles.
Il faut se contenter de ce qu'on a.
Pr. fr. — Faute de grives, on prend des merles.
Cité par Forir. Dlct.
Verviers. Fer 1' gueùye du raine,
J'aureus V timps long;
Faute du champaîne,
L' mauvi sole bon.
(Pire. J'aîme les crôptre. Ch. 4884.)
Marche. Faute di grive on magne des mauvî.
Var. Marche. Li trop grande seu fait beùru os l' basse.
Var. Namur. Faute di poain d'frumint, on mougne do poain di spiette.
Var. JouoiGNE. Faute de bure on ininge de fremage.
Frameries. a d(?i'aul d' grive, vos aval'rez des merle.
(BosûUETiA. Tambour battant. -1885.)
Var. Tournai. Quand on n'a pos pour faire du boulli(^ûn, on fait de 1' berzile
(soupe maigre).
(Pierre Rrunehault (Leroy). Ein méuache d' francs paitje. Se. 20. 4891.)
Saint-Quentin. Qwand qu'ein n'a pau d'ail, y faut dausse d'oignon.
GROIN.
1438. C'est-st-on capitaine di longs grognon.
LiTT. C'est un capitaine de longs groins (museaux).
C'est un gardeur de pourceaux.
— 415 —
GRUMEAU.
1439. Au fond,
Les malon y sont. (ToufiNAi.)
LiTT. Au fond les grumeaux sont.
C'est au tond que vous trouverez le mauvais de votre
entreprise.
GUÉ.
1440. Il a sinti les wé.
LiTT. Il a sondé les gués.
Il veut savoir ce que nous pensons.
Sonder le gué. Faire quelque tentative sous main dans une
alTaire, pressentir les dispositions où peuvent être ceux de qui
elle dépend. (Agad.)
Li hesbignon chergea ine kinohance di sinti les wé.
(Magnée. Li houlotie. 1876.)
GUERRE.
1441. Dipeus les viyès guerre. (Namur.)
LiTT. Depuis les vieilles guerres.
Depuis fort longtemps.
Cette phrase proverbiale à Namur depuis plus d'un siècle,
l'est aussi dans plusieurs villes de France. Il est donc difficile
de pouvoir déterminer à quelles guerres on fait allusion.
Charleroi. Du timps passet, et d'vanl les viyès guerre,
Qu'Ies gins mougnint des gland, des fouye, des hièbe dé pré.
(Berni'S. L'chévau qui s'ervinche m ein cerfe. Faufe. 1873.)
MoNS. Quée plaisi d'avoir ein appétit pareil, qu'i disoit in li môme; il a pou
croire qu'i n'ont nié mingé d'puis les vieilles guerre.
(Leteluer. Armonaque dé Mous. <8C7.)
Tournai. On din'ot que c'coquin la, i n'a pont mingé d'pus les vieilles guerre.
{L'histoire d'un ossicau. 1883.)
Doi'Ai. In intranl dins l'foire, ehel pou riinontrer eune masse d'gins qui mingcnt
du pain n'épice comme s'y n'avottcut point niié d'puis les vieilles guerres.
(DechrystÉ. Soiiv'uirs d'un homme d' Douai. ISîlr.)
1442. 1 n'y a noUe si n)âle guerre qu'ennès r'vinsse
nouk.
LiTT. Il n'y a pas de si mauvaise guerre (de guerre si meur-
trière) qu'il n'en revienne aucun.
Quelque ingrat que soit le sol, labourez et semez; il sortira
toujours quel(|ue chose de terre.
— 410 —
1443. I n'y a màye avu ine si lirande guerre qu'on
ii'àye vinou à 'ne paye.
LiTT. II n'y a jamais eu si grande guerre qu'on n'en soit venu
ù une paix.
Embrassons-nous et que cela finisse.
Ou ne fait la guerre que pour taire enlin la paix. — Il faut
toujours finir par s'accorder. (Littré.)
Et comme i n'y a màye si mâle guerre.
Qu'on n' vègne à paye, ou qu'on n' l'espère,
Li brave Alonze s'accommoda,
Et rintra dins tos ses état.
(J.-J. Hanson. Les lusiitde es vers lîyeois. Ch. III. 1783.)
Ine avoué qu'aveul V mora,
D'héve à ses èfant : n plaitîz màye,
y ses bln çou qu'àx aute ennès costa.
Tote guerre deul fini par li paye,
Sèyîz malin, k'minciz por là.
(N. Defrecheux. Ni pluitlzmûye. dSCS.)
GUÊTRE.
1444. C'est fini po 1' guette, les hoton sont jus.
LiTT. C'est fini pour la guêtre, les boutons sont à bas(tombps).
Se dit de ce dont on ne peut plus tirer parti. — C'est une
affaire finie.
1445. Trossi ses guette.
LiTT. Trousser ses guêtres.
S'en aller, s'enfuir. (Acad.)
I^r. fr. — Tirer ses chausses, ses grègucs.
Le galant aussitôt
Tire ses grègues
(Lafontaine. Le coq et le renard. II, fab. -iS.)
Cité par FoRiR. Dicl.
Coula dit, tresse ses guette,
Et vola qu'i r'vvangne si trô.
(Dehin. Licoqct li r'nâ. Fàve. iStJl.)
Crespin.
Ainsi hoûye, i fait baî, et puis c'est-st-hoùyc londi,
Ji m' vas trossî mes guette et ,j' vas m'aller d'verti.
(Remouchamps. Lisâv'it. I, se. 1"-'. -1858.)
S'elle ni v' dût nin, v' polez trossî vos guette,
Il est co timps, vos polez co v' sàver :
Vàt mî coula qu' di s' fer spyi l' hanette.
A trop vite si marier.
(Mercenier. Chanson. 1801.)
417 —
Louise, sièrvante.
Qwand i sèret v'nou, ji lî dîret qu' s'i n' vont nin d'mander l'intrt^ye so l' cùp, qu'i
pout trossl ses guette cl passer l'aiwe.
(Baron. Les deux cuseime. I, se. 3. 1883.)
Variante. Li liesse avà les qwàre, i trossa ses hosai et gripa vos l'fagne.
(Magnée. Li crofquiul de prince âbbé di Sldv'leii. d867.)
Variante. Louise.
C'est-st-hoùye mi fiesse, et s'i n' vint nin m' busquinler, comme l'ainêye passèye,
i poret bin r'pioyî s'herna.
(Willem et Bauwens. Les lourciveux. Se. 3. 1882.)
Verviers. Ji trosse mes guette et j' cours bin vile.
(Pire. Les pèho d'avri. Ch. 1884.)
Namur. Allons, ofant, lians l'appel et s'trossans nos guette, il est timps.
(WéROTTE. One roujjfe diforcliu. Ch. 1807. 4* 6ii.)
Nivelles. Ainsi, cousin Jean Jean, ritroussons rate nos guette,
Et sus Nivelles filons, sins flûte ni clarinette.
(Renard. Les avent. de Jeun d' Nivelles. Chant \^'. 1857.)
Douai. Si un arot attrapé ch' carbonnier, y pourrot Ole sûr qu'un 1" demolichol,
mais il avot tiré ses guette a temps in veianl comme chat allot aller.
(DechristÉ. Souvenirs d'un lioinnw d' Douai. 18oG.)
Saint-Quentin. Tirez vos guète.
Basse- Allemagne. — Sich auf die Socken machen.
HABIT.
1446. 1 fàt fer l'boton comme on-z-a l'habit.
LiTT. Il faut faire le bouton comme on a l'habit.
Il ne faut pas faire plus qu'on ne peut. Il faut qu'il y ait
convenance, rapport, harmonie dans tout ce qu'on fait.
1447. L'habit n'fait nin l'mône.
LiTT. L'habit ne fait pas le moine.
LoYSEL ajoute : mais la profession. Inst., reg. 346.
On ne doit pas juger les personnes par les apparences, par
les dehoi^s. (Acad.)
Pr. fr. — L'habit ne fait pas le moine. — On ajoute quelque-
fois : mais il le pare.
Il ne faut pas juger des gens sur l'apparence.
(Lafontaine. Le paysan du Danube.)
Non tonsura facit monachimi, non liorrida vestis,
Sed virtus aninii, pei'f)eluusqu<: riqor.
Mens humilis, mundl co)dempluti, vita inidica,
Snnctaque sobrieias, hœc facinyd monachum.
(B. Anselme. De coniempiu mundi. — Al'. Loysei.. Iii-it. L. C.)
Cité par Forir. Dict.
il
418 —
L'habit ni fait nin l'mône,
Dihet les vèyès gins
Qwand leus ftye sont hàtaine ;
Mais ci n'est pus d'nosse timps.
(Demoulin. Es fond Plrctte. Se. G. -1858.)
Variante. Tonton.
Vos polez fer d'vos pîd, d'vosse liesse,
. Vos n'sèrez niâye qu'on perriquî.
On niùrticot est todi 'ne blesse
Quoiqu'il monchcu i sei"iye moussî.
iRemouchamps. Tâtl l'perriqtii. II, sc. I. iSaS.)
Vervikrs. Gins du niaulc foi, y vièrez-v' one leçon?
Nenni, l'habit nu fait nin l'mône
Et l'pus fin des trôpeûr, trouve todi s'punition.
(Poulet. U leu\> iVgiiisé. 18G2.)
Marche. (^u qu'fail l'moine, c'n'est nin l'habit.
Charleroi. Berau.
Esqu(j dins l'nidd'cine, l'habit n'fait nin l'inoinc?
(Bernus. U malade Saint-TInbau. III, sc. 21. 4870.)
MoNS. L'habit n'fait nié l'mône.
Basse- Allemagne. — Kleider machen Leute. (Le contraire
du proverbe wallon.)
HABITUDE.
1448. L'iiabitouance fait raccoutumance. (Mons.)
LiTT. L'habitude fait la coutume.
On finit avec le temps par s'habituer à toute position.
1449. L'habitude est-st-ine deuzême nateùre.
LiTT. L'habitude est une seconde nature.
Se dit pour marquer le pouvoir de l'habitude. (Agad.)
Pr. fr. — L'habitude est une autre nature.
Graoissimuni est imperiuni consucludinis.
(PUBLIUS Syrus.)
Coutume est une autre nature.
{Mimes de Baïf. 1597.)
Cité par Forir. Dict.
Marche. N'y a rin d' pus foirl qui l'habitude.
Basse- Allemagne. Gewohnheit ist die andere Natur.
HACHE.
1450. Èvoyî r heppe après 1' cougnèye.
LiTT. Envoyer la hache après (vers) la cognée.
Renoncer, sans pouvoir y revenir, à une entreprise qui a
— 419 —
occasionne quelques désagréments. — Laisser tomber un édifice
parce qu'il a besoin de réparations.
Pr. fr. — Jeter le manche après la cognée.
Ne jetez pas, mon cher Enée,
Le manche après votre cognée.
(SCARRON. Virgile traresti.)
Cf. Rabelais. Prologue du livre IV.
Saint-Quentin. I gn'i a mi là d'quoi rué l'meinche après l'queignée.
(GossEU. Lettres picardes. 1844.)
HAIE.
1451. Les hàye louciuel,
Les boulion hoûtet.
LiTT. Les haies regardent, les buissons écoutent.
Il faut se défier des plus petites choses. — On ne peut
prendre trop de précautions pour confier un secret à quelqu'un.
Le bois a des oreilles et le champ des yeux.
Buisson a oreilles.
(Prov. gallic. 1519.)
Ces murs mêmes, seigneur, peuvent avoir des yeux.
(Raune.)
Variante. Les meûr pârlet et les hàye hoûtet.
(FORIR. Dictionn. 18GÛ.)
Verviers. Ès consèye du bourg ou d' vèye,
Des meûr ont co des oréye.
(Renier. S/wtx rimé*. 1871.)
l4o'2. I mourret conte ine hàye.
LiTT. Il mourra contre une haie.
Il mourra sur la voie publique ; ce sera un vagabond.
Se dit proverbialement d'un ivrogne.
Por zel div'nou bomel, mâhaili, plein d'nièhin,
I mourront conte ine ii.'iye ou Reickhem les ralind.
(Delarge. lue copeune conte les pèk'ieu. 1873.)
HAÏR.
1453. On n'sâreul hayi çou qu'on-z-a aimé.
LiTT. On ne saurait haïr ce qu'on a aimé.
Il reste toujours un peu de tendresse au fond du cœur. Une
affection sincère ne peut s'éteindre.
Qu'une flanmic mal l'Icinti'
Est facile à rallumer,
El qu'avec peu de contrainte
On recommence a aimer.
{Recueil de pièce* galante*. XV'IIh siècle.)
— 4^20
Et l'on revient toujours
A ses premiers amours. {Joconde. Opdru.)
1 m'a tromp(^ c'est vraie; mais li proverbe nos dit :
Qui çou qu'on-z-a aimé, on n'el sâreut hayi.
(Dehin. Les chiroux et les griguoiix. 4850.)
HANNETON.
1454. Fer d'ine balowe on moye à stron.
LiTT. Faire d'un hanneton un ver bousier.
Rendre plus mauvaise encore une chose déjà mauvaise.
HARDES.
1455. Elle ritail bin ses hâre.
LiTT. Elle rehausse bien ses bardes.
Par sa grâce, elle rend élégants les vêtements qu'elle porte.
Variante. Elle est prôpe avou rin.
Var. Tournai. I est prope avec eine loque.
II lui faut peu de chose pour se vêtir convenablement ; c'est
un dicton à l'adresse des gens de la paroisse St-Piat.
HARDI.
1456. Esse franc comme on tigneux.
LiTT. Etre hardi comme un teigneux.
Rtre hardi jusqu'à l'impudence. (Agad.)
Pr. fr. — Être effronté comme un page. — Fier comme un
pou. (Qditard. Dict. p. 394.)
Et les sôdàr nin mon joyeux,
El suvet francs comme des tigneux.
(HansoN. Li Ilinriade travestèye. I. 4 780.)
Colas.
Eh bin, a-jc bin jàsé '!
Jeannette.
V's avez l'front d'en tigneux.
(Delciief. Li galant de V siervante. II, se. 8. 4 857.)
Jône et halcros.se,
Fidèle à posse.
Francs comme tigneux,
N'euhe-t-i co qu'onk po treus.
(Thiry. Li Pèron. Chanson. 4889.)
N'âyîz nolle pawe, po v'waranti d' tôt cmacrallège,ji v'va d'ner on scapulaire qui
vos poirrez roter awou, franc comme on tigneux.
(Magnée. Battri. 4865.)
- 4^21
Variante. lȈrlansossi don fameux homme,
Aveu les deux k'mére di s'mohonne,
Il esliul los les treus
Pus franc qu'des galeux.
{Pasquèye à rocctixion de V confinnûtion de prince
Châle d'Oultremont. i763.)
Variantes. Hardi comme on page di cour.
(Cambresier. Dici. nS?.)
Franc comme li inàva h'irron. (Remacle. Dict. 1839.)
Variante. On vraie wallon va s'vùye lot dreût,
11 est pus franc qu' l'oùhai so l'cohe.
(A. -P. Les Wallon. 18o9.)
MoNS. Franc comme ein ligneux.
HASARD.
1457. Hazàrd hazette.
LiTT. Au hasard.
Il en arrivera ce qui pourra. — Vaille que vaille.
Cité par Forir. Dtct.
Hazârd, hazette, ,ji fret forteune ouj'iret liriber.
(Remaoi.e. iHct. 1839.)
Mathias.
I fàt esse raisonnàbe, on n'pout tôt fdr gangni,
Hazârd, hazette
On gùgne, on piettc.
(Delakge. LcsCoqii'lt. 186o.)
Géra.
Ma foi, hazàrd, hazette... pusqui ji l'a roùvî
I fàl bin qu'j'el rid'niande, i n'mi sàreut magni.
(Ed. lîEMOUCHAMPS. Les (imotir d'à Gèid. 1, se. 11. 1875.)
Namur. Faut-i aller quoire St-Pîre à Rome ou prinde s'corache ii deux moain et
risquer l'paquet ? Hazàrd, hazette.
{La Marmite. Gazette. 1891.)
JoDoiGNE. A l'vau justau ! Hazàrd, hazette.
1458. C'est-st-â lard
Qu'on fait les hazârd.
LiTT. C'est au tard
Qu'on fait los hasards.
Il ne faut pas se presser. — Parfois sons équivoque.
IIKRBE.
linO. Côper riiiùbe diso l'pîd.
LiTT. Couper Thorbe sous le piod.
Supplanter quelqu'un dans quel(|ue aiïairo. ( .\gad.)
— 422 ~
Couper l'herbe sous le pied.
(OUDIN. Curiontez françaises. 4640.)
Cité par Forir. Dict.
Tandis que le fils de Vénus,
Sous le pied, le va coupant l'herbe. (Scarron.)
, Mayon.
Et Chanchet n" veut nin qu" l'aute vint cial po H côper les hièbe diso 1' pîd.
(Demoulin. .// vaux, ji n' poux. II, se. 3. -1858.)
Variante. Guillaume.
Comme ine estourdi, ji lî consèye di côper li wazon d'so V pîd, j'el rècorègèye.
(Salme. Malsse Pierre. I, se. 6. dSTG.)
Jalhay. Bièth'mé.
I nos fàt portant cômper 1' wèzon d'so i' pîd à Thiodôre. Hoùtoz, su vos n' voloz nin
sèchî à m'coide, jo 1' fret tôt seu.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 4. 18(H,)
1460. 11 a roté so 'ne mâle hièbe.
LiTT. Il a marché sur une mauvaise herbe.
II lui est arrivé quelque chose qui le met de mauvaise
humeur. On dit aussi d'un homme qui est de mauvaise humeur
sans qu'on sache pourquoi: sur quelle herbe a-t-il marché
aujourd'hui? (Agad.)
Pr. fr. — Il a marché sur quelque mauvaise herbe. — Il a
broyé du noir.
Cf. Le commencement de la 3'"« satire de Boileau.
Quelle mouche le pique?
(Molière. Le dépit amoureux.)
Thérèse.
Ah ça, so quelle mâle hièbe avez-v' roté ?
(Demoulin. Ji voux,ji n' poux. II, se. 7. -1858.)
BOUHON.
Ji se bin, qu'jàret todi toirt.... Dispôye hir à 1' nute, vos avez sûr folé so 'ne
mâle hièbe.
(Demoulin. On pèhon d'avri. Se. !2.)
1461. Les mâles hièbe crèhet voltî.
LiTT. Les mauvaises herbes croissent volontiers.
Se dit par plaisanterie des enfants qui croissent beaucoup.
(Agad.)
Maie herbe meus crest.
{Prov. de France. XIII« siècle.)
Maie herbe croît plus tôt que bonne.
(Xllle siècle.)
— 423 —
Mais mauvaise herbe croît toujours.
(Molière. L'Avare Act. 111, se. 10 )
Mauvaise graine est tôt venue.
(Lafontaine. U hirondelle et tes petits oiseaux.)
Cité par Forir. IUci .
L"aron(ie dèrit po l'ilièraine fèye
Les inàlès hièbe crèhet voliî.
(Baillkux. Varonde et les p'tiis oùhai. Fàvc. 1851.)
Marchb. Les mouaissès hieppe v'net dike et dake
Etn'valet nin l'pipe di toùbac.
(Alexandre. P'iit coni. 4860.)
St-Hubert. Mwaiche hiappe crèche voltî.
Namur. L'mouaiche hièbe crd voltî.
JODOiGNE. Les mauvaises hiebe crèchnet voltî.
Charleroi. Nos voiyons s erproduire el race des espoiteux
Comme politique ou bin r'iigieux.
Biesse asset, nos payons, nos fcHons leu-n-engeance.
Les moichès hièbe creche-nu loudi in abondance.
(BernuS. Les guernouye èietl'soliu. Faufe. 1873.)
Charleroi. I fauret co pus d'mille mouchon.
Pou daller cruauder l'chenne dé nos inviron,
L'moiche grenne crèche toudi rade.
(Bernus. Varonde éiet les joue de mouchon. Faufe. 1875.)
Basse-Allemagne. — Unkraut vergeht iiicht.
146^2. Si l'iii àx hièbe.
LiTT. Se tenir aux herbes.
Être prudent, ne pas se nionlrer dans des cas où l'on
pourrait se compromettre.
Mayanne.
Il a ploû d'sus, Bapfisse, i m'fàt vèye di pus ion.
Es mutant t'nez-ve àx hièbe, ou plantez vosse bordon.
(Hannay. Les amour d'à Mayanne. I, se. 2. iSSti.)
Tournai. Nanette.
T'ndons nous à l'hierpe.
(Leroy. Biec dijier. Trad. de Li lileu-blxhe, de H. Simon. Se. 11. 1889.)
1463. Si giî'a 'ne mâle hièlx' î\ champ, c'est Indi
i' bonne biesse qu'y tome.
LiTT. S'il y a une niativaise herbe dans le champ, c'est
toujours la bonne bête qui y tombe (qui la trouve).
Le juste est souvent éprouva' dan.s ce monde.
J'ioodas liiud'ihir ft alytl.
(Juvenal. Sal. l. V. 1\.}
Aux bons souvent inescliet.
{Prnv. communs. XV'' siècle.)
— 4-24 —
1464. On n' sâreut distrûre li mâle hièbe.
LiTT. On ne saurait détruire la mauvaise herbe.
Il y aura toujours des méchants.
Cf. Numems stultorum est infinilus.
Les sots, depuis Adam, sont en majorité.
(Casimir Dei.avigne.)
HEURE.
146o. Qiioir méyneit à quatorze heure. (Namuh.)
LiTT. "Chercher minuit à quatorze heures.
Chercher des difficultés où il n'y en a point. Allonger inutile-
ment ce qu'on peut faire ou dire d'une manière plus courte.
Vouloir expliquer d'une manière détournée quelque chose de
fort clair. (Acad.)
Pr. fr. — Chercher midi à quatorze heures.
Vous qui venez dans ces demeures.
Vous êtes bien, tenez-vous y.
Et n'allez pas chercher midi
A quatorze heures.
(Voltaire.)
Marche. S' to cours di nône à quatorze heiire,
Pinsant d'aller trovct l' bonheur,
T'es-st-on sol. On doit mette sus s' deugt,
De l'hièbe ou d' l'onguent qu'on conneut.
(Alexandre. P'tit corii. ISfiO.)
Namur. Et portant maugri; ça, i n'est nin assez sot.
Do moins po-z-aller quoir mèyneit à quatorze heure.
(Demanet. Oppidum Atiiaticorum. 4843.)
MoNS. Elle n'a nié été pus malenne que l'aute, elle m'a été caché midi à quatorze
heure, comme si ç'aroi été bié des grandes affaire.
(Letellier. Armonaque dé Motis. -1852.)
Frameries. Cei in drôle de malate, niinteu comme in arracheu d' dint el cachant
toudi midi à quatorze heure pou responte à les docteur.
(BOSUUETIA. Tambour buttant. 1883.)
Douai. Si bin qu' sans cacher midi à quatorze heure, no v'ia à plachc.
(DechristÉ. Souvenirs d'«n homme d' Douai. 1858.)
Saint-Quentin. Cachei- midi à quatorze heures.
1466. Li mâva qwârt d'heure.
LiTT. Le mauvais quart d'heure.
Le moment où il faut payer son écot, et, par extension, tout
moment fâcheux, désagréable. (Acad.)
Pr. fr. — Le quart d'heure de Rabelais.
Cité par Forir. Dict.
I nos fàt payî nosse sicol, vola 1' màva qwàrt d'heure.
(Remaq.e. Dict. 1839.)
425 —
Lahbekt.
D'esse on vî camarade, vos avez dé bonheur,
Ca si v's estîz toi aute v' pass'rîz on laid qwàrl dheùre.
(Toussaint. Lambert li foirsôlé. II, se. o. 1871.)
Vervieiis. Lu Baudet.
I a l'air du maule humeur.
Robin.
Ju creus quu nos pass'rans lot l'raêrae 6 laid qwàrl d'heure.
(Xhoffer. Let biesse. II, se. 27. 1858.)
Var. Jodoigne. Nos y estans à l' taille aux frèche (fraise).
1467. So pau d'heure,
Dièwe labeûre
LiTT. En peu d'heures, Dieu laboure.
Dieu n'éprouve jamais d'ohslacle pour faire une chose, pour
lui le temps n'est rien.
En peu d'eure, Dex labeure
(Prov. auc. Xlll» siècle.)
Et si l'gealêye ou l'bîhe fait niàye de loir à l'grain,
Sinspiède corège, dit comme les vèyès gins :
So pau d'heure
Dièwe labeûre.
(Nic. Defrecheux. Corège. 1870.)
MoNS. On a bé raison d" dire qud sur peu d'heure Dieu labeure, l'a l'heure c'dtoi
l'hiver et à c'ste heure, là 1' pus biau temps du monde.
(Letellier. El soleil été V vint (T bise. Faufe. Arm. dé iJons. ISiJT.)
1468. Qwand il est doze heure, lot T iiioink'
magne voltî.
LiTT. Quand il est midi, tout le monde mange volontiers.
Chaque chose a son temps.
Ut. Le soleil luit pour tout le monde.
Variante. Qwand il est doze heure, i fàl qu'tot l' monde magne.
Verviers. Tindans l'main aux pauv's afflipî ;
Es cachette, dunans l's y l'aumùne
A nône on magne tourtos vollî.
(Pire. Vorci l'hivier. Ch. 187i.)
1469. Les gins n' sont nin fait po les heure, mains
les heure po les gins. (Jodoigm:.)
LiTT. Les gens ne sont pas faits pour les heures, mais les
heures pour les gens.
Se répond d'ordinaire à une personne <jui vuul nous (piilter
en disant : Voii't Clieùm.
— 426 —
HEUREUX.
1470. On n'est-sl-aoureux qui qwand on a six pîd
d'iérre so les oûye.
I.iTT. On n'est heureux que quand on a six pieds de terre
au-dessus des yeux.
Il n'y a que les morts qui ne se plaignent pas.
Cf. Hérodote ; liv. 1, ch. 32 (So/on et Crénus).
HIVER.
1471. A St-Luc, l'hiver esta no-n-huche. (Mons.)
LiTT. A St-Luc, l'hiver est à notre porte.
St-Luc tombe le 18 octobre.
Mons. Il a ein vieux proverbe qui dit : à St-Luc l'hiver est à no-n-huche, et c'est
surtout à l'hiver qui viet qu'on peut l'appliquer pasqu'il a l'air hougrémint pressé.
(Leteluer. Armotiaqiie dé Mons. 1855.)
Basse- Allemagne. — Der Winter ist vor der Thûr.
1472. FôreàBrû,
L'hivier so 1' pâ.
LiTT. Foire à Bra, l'hiver sur le pieu.
La foire de Bra (commune du canton de Stavelot) a lieu le
lundi après le 18 octobre, et généralement l'hiver s'annonce
déjà à cette époque dans cette partie du pays.
1473. A l'ducasse de Bourniveau
L'hivier est au trau. (Nivelles.)
LiTT. A la fête de Bornival, l'hiver est au trou. 11 s'annonce.
1474. Qwand l'frène boute
L'hivier est oute.
LiTT. Quand le frêne bourgeonne
L'hiver est passé.
Le frêne ne commence à bourgeonner qu'au mois de mai.
HOMME.
1475. On n'fait nin ine homme so on joû.
LiTT. On ne tait pas un homme en un jour.
Se dit pour exprimer qu'il y a des choses qu'on ne peut faire
qu'avec beaucoup de temps. (Agad.)
Pr. fr. — Paris ne s'est pas fait en un jour. — Rome n'a pas
— 427 -
été bâtie en un jour. — Chi va piano, on aanOy e clii ou S((no,
va lontano.
Cité par Forir. Did.
Basse-Allemagne. — llom ist nicht in Einem Tagc
erbauet.
On n'fait nin, dit 1" proverbe, ine homme se on seul joû,
Et nosse pays s'trovévc comme l'oûhai qu'vint foù (ri'où.
(LamAYE. Adresse au lioi. Couconrs de 1856, ouvert fjar la Société
des Vrais Liégeois.)
On n'a co màye vèyou fer ine homme so on joù ;
Kt po fer des bais cùp, i fàt aller toi doux.
(Thiry. Moirt di l'octroi. 4860.)
TOSSAINT.
Sèyans doux.
Li spot dit qu'on n'sàreut fer ine homme so on joû.
(Salme. Ine fettmme qu'eunès vdi deux. Se. 2. 1870.)
Vais. Namuk. Rome n'a nin sti bâtie su on joù.
1471). Qwand on d'vint trop laid po fer l' jonc
homme, i s' fàt marier.
LiTT. Quand on devient trop laid pour faire le jeune homme,
il faut se marier.
Cf. Quand le diable devient vieux, il se fait ermite.
1477. Pauvre homme est roye es s'mohonne.
LiTT. Pauvre homme est roi en sa maison.
Le domicile est inviolable. — Pauvre homme en .sa maison
roy est {coutumes liégeoises).
Cf. Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre.
(Ai.f. DE Musset.)
Talmay.
Il vaut mieux mille fois îitre maître chez soi.
Philiiierte.
Comme le charbonnier.
(Emile Arr.iER. PhtUbene.)
Nos vièrans riv'ni les Vingt-deux ;
Nos sèrans sur es nos mohonne.
On n'iret pus prinde les borgeu
Es leu lét, sins châsse, sins maronne.
On poirel co tlire qui l'iigeois
Divins s'barraque esl-st-on p'iil roi.
Chanson patriotique 17!tl. H* l'I 0". Hecucil.)
L'histoire cl dit : nos làyc avil
Tos les bin qui l'Iibertc' donne.
Et d'seu leus nuhe is avils'crit
On pauvre homme est roye es srnohonne.
(Nie. Defhecmeiix. Li chant des li'jeois. 48îi7.)
— 428 —
Pauvre homme, dit-sl-on, est-st-oii roye es s'coulèye.
(BoRMANS. Ax ètriiigirs. Chanson. 1869.)
Mahciie. L'cherhonnî est maîsse es s'baraque.
Var. St-Hi'beht. Lu ci qu'est maisse est maisse, lu grandeur n'y fait rin.
Namur. Cherbonnî est maîsse dins s'cahiutte.
Namur, Dins s'chambe est maîsse li cherbonnî
C'est-st-on proverbe qu'est foirt bin s'crit.
(WéROTTE. Vive fiasse Belgique. Chanson. -1867.)
1478. Tout homme qui boit, Diû pourvoit et
femme qui boit bin n'auret jamais rin, (Namur.)
LiTT. (A) tout homme qui boit, Dieu pourvoit et femme qui
boit bien n'aura jamais rien.
On peut admettre que l'homme boive pour se soutenir dans
les rudes labeurs que lui imposent certaines professions ; la
femme, destinée h des travaux plus délicats, n'a pas besoin
d'un pareil stimulant. — En tous cas, est modus in rébus.
1479. C'est tos homme, dispeu ci jusqu'à Rome.
(Namuk.)
LiTT. Ce sont tous hommes d'ici à Rome.
Se dit en parlant d'une personne dont on vient de faire un
éloge outré. — Nous sommes tous égaux.
1480. L'homme propose et l'bon Diu dispose.
LiTT. L'homme propose et le bon Dieu dispose.
Les desseins de l'homme ne réu.ssissent qu'autant qu'il plaît
à Dieu. (AcAD.)
Pr, fr. — L'homme propose et Dieu dispose.
Cité par Forir. Dict.
On pout bin dire qui l'homme propose,
Et qui l'bon Dièwe ennès dispose.
(DeRyckmann. Pasquèye. 1726.)
Marche. L'homme propose et Dieu dispose.
St-Quentin. Ch' l'homme i propose et pis l'bon Diu i dispose.
,Gos.SEii. Lettres picardes. 1841.)
Basse-Allemagne. — Der Mensch denkt's, Gott lenkt's.
1481. Ine honnête homme n'a qui s'parole.
LiTT. Un honnête homme n'a que sa parole.
On peut, on doit se fier h la parole d'un honnête homme.
Gomp. prov. contraire : l-es parole c'est des frumelle et les
s'crit c'est des mâye.
St-Quentin. Ein honnête i n'a que s'parole.
(GOSSEU. Lettres picardes. \8M.)
— 420 —
lAS'i. Ine homme prév'nou 'nnès vàt deux.
LiTT. Un homme prévenu en vaut deux.
Lorsqu'on a été prévenu de ce qu'on doit craindre ou de ce
qu'on doit faire, on est, pour ainsi dire, doublement en état tle
prendre ses précautions ou ses mesures. Se dit aussi par forme
de menace, (Agad.)
Pr. fr. — Un bon averti en vaut deux.
Cité par Forir. Dict.
l'usqu'ine gins prév'nou cnnès vàl deux,
Mi, ji m'propose d'ennes valeur Ircus.
(DechampS. Pitit wascal dé Vfiense des roye. ISTfi.)
ANDRÉ.
Patiince, nos savans di que bois qu'i s'chàfle et ine homme prév'nou 'nnès vâl
deu.\.
(Salme. Prisd'vim xes lèce. I, se. 10. 1880.)
Largosse.
Vî fré, j'a fait mi d'voir. L'homme prév'nou 'nnès vàt deu.\.
(Remouchamps. Tâtl Vperriqul. I, se. \. 1885.)
Marche. Si l'es prév'nou, l'es vaurais deux.
Charleroi. C'est qu'ein homme prévenu in vaut deux.
(Beunus. Vlion au ptd du mur. Faufc. 1873.)
MoNS. Oh! c'a fieu, tu peux faire à fmode : in homme averti in vaut deux.
(LeteI-LIER. Armonaque dé Mons. Wô\.)
1483. G't eiii homme d'estok,
Il a s'cu d'deux hok. (Mons.)
LiTT. C'est un homme de souche, il a son cul de deux mor-
ceaux.
C'est un homme d'importance, se dit en plai-santant.
Eslok signifiant souche, homme dCeslok a dû signifier homme
de souche, de race noble. El eu iCdeiix hok signilierait-il des
deux côtés, de pore et de mère ?
(Sigart. Dict. du Wallon de Mons. 1870.)
1484. Ine homme di strain vàt 'uo feunimo
d'àrgint.
LiTT. Un homme de paille vaut une femme d'argent.
Les ressources que l'homme a en lui-même valent les
richesses qu'une femme peut lui donner.
Homme de paille vaut femme d'or.
(Gabr. Meurier. Trénoi dcn sentences. HiCS.)
Cité par Forir. Dicl.
Du côté de la barbe est la toute puissance.
(Molière. L'école des femmes.)
— 430 —
Jacob.
Ine homme qui n'a nin pus qui d'vins l'chansaî di m' main,
Louise.
Ine homme di strain, dit-st-on, vât mi qu'ine feumme d'ârgint.
(Remouchamps. Les (nnour d'à Gèrâ. II, se. 3. -1873.)
Dubois (souwêy'mint.)
Vas-ès,*bambert, mi mére m'a sovinl dit qu'ine homme di strain vât 'ne feumme
d'ârgint.
(T. Brahy. Li bouquet. I, se. 7. 1878.)
Marche, T'as roviet do qu'one homme di strain
Pèsse lot estant qu'one femme d'ârgint.
1485. Ine homme di strain va quoiri 'ne feumme
d argint.
LiTT. Un homme de paille va chercher une femme d'argent.
Un pauvre diable peut épouser une riche héritière.
i486. C'est-sl-ine homme qui s' nôye.
LiTT. C'est un homme qui se noie.
Se dit d'un homme qui se ruine, qui se perd. (Agad.)
Pr. Ir. — C'est un homme qui se noie.
HONTEUX.
1487. C'est r honteux qu'i piède et c'est l' trouand
qui r wâgne.
LiTT. C'est le honteux qui perd et le truand qui le gagne.
Faute de hardiesse et de confiance, on manque de bonnes
occasions. (Agad.)
Pr. fr. — Il n'y a que les honteux qui perdent.
Il n'y a en amour que les honteux qui perdent.
(Molière. Les amants magnifiques. Se. If*^.)
Li hardi l'wàgne et l'honteux l' piède.
(Remacle. Dict.)
Namur. Dins c' monde ci i n'y a qui l'honteux qui piède.
JoDOiGNE. C'est r hontieux qui piète.
HORLOGE.
Ii88. D'allou comme l'hourloche de Braine,
Qui va comme o 1' mène. (Nivelles.)
LiTT. Aller comme l'horloge de Braine,
Qui va comme on la mène.
N'avoir pas d'initiative ; .se laisser conduire; être pusillanime.
431
NivxLLEs. Vos stez r bosse d'Alsemberg, lu dirai-je, et mi, d' Braine,
Yu qu' l'hourloche est si bounne qu'elle va jusse comme o l' mène.
(Renard. Les aventure de Jean d' Nivelles. Ch. V. 3«édit. i890.)
HOTEL.
1 489. Il a logî à grand hôtel.
LiTT. Il a logé au grand hùlel.
En prison.
Pr. Être dans la maison du roi.— Loger à l'hôtel des haricots.
On dit aussi à Liège : Logî à Saint-Linà ; à V grande
bressenne.
A Verviers : aller es trô matroket.
Vos volez fignoler, si n'av' rin es vosse poche;
Vos v'nez de grand hôtel, allez es grand bàbau.
(Dei.arge. Le.i boilresse. i87C.)
Variante. I n'comprindéve nin qu'on T polahe mette logl à l' grande bressenne
po quéquës boignes pèchi qu'il aveu: fait.
(Magnée. Lihouloite. iSTl.)
Var. Jodoigne. Il a sli niingî de l' taule à l' jolie.
HOUE.
1490. Beùre so l' Iiawaî.
LiTT. Boire sur la houe.
Boire sans se débarrasser de ses outils, le faire au plus vite.
Pr. fr. — Boire sur le pouce.
Cité par Forir. bict.
Laugosse.
Après li r'vue, èdon,
Avou los mes tambour, ji va beùre quéque huvion
So l'hawai.
(RemouoHAMPS. Tdll l'perriqiil. I, se. i. 1885.)
Malmedy. I n'prindel wère lu timps du fer halle one miette,
On bèvéve so l'hawai lot âlou de rcadiette.
(Lufiesse ètè vinave. 4883.)
HOUILLE.
1491. Aller à l'blanqiie lioye.
LiTT. Aller à la houille blanche.
Sortir sous un faux prétexte, avec de mauvaises intentions.
(Hemacle. Dict. 1831). )
Min, j'respond à malin boye
Sins èdamer m' Saint-Crespin :
« Wàde tes vùye di blanques hoye
« Po les vinde âx ènnocinl. »
(Nie. Defreciiel'X. U llouytu. 1871.)
Vabiante. raltind ine chèrréye di blanques hoye.
— 432 —
1492. Qwand l'châr a s'tu à l'hoye, on fait iodi des
gros l'eu.
LiTT. Quand la charrette acte à la houille, on fait toujours
de gros feux.
On est disposé à consommer davantage lorsque la provision
est considérable. On est moins parcimonieux.
1493. Broyîdè l'hoye.
LiTT. Broyer de la houille.
S'abandonner à de tristes et sombres pensées. (Littré.)
Fig. et famil. Broyer du noir.
Li làvlaî qu'vos forgî mi fait v'ni rchfir di poye
Voste esprit digosté ni brôye pus qui de l'hoye.
(TiiiRY. lue copenne so r mariège. 1828.)
Variante. Si ni'fàt bahî, si j'deus roter
Ça ni'melle di mâle houmeûr,
Et qwand j'os rire ou bin chanter
Es mi àmc ,ji brôye de neûr.
(HOCK. Nawe et vdrin. Galgnizoule. 4883.)
HOUILLÈRE.
1494. Il a part à 1' fosse.
LiTT. Il a part à la fosse (houillère).
Être au nombre de ceux qu'une dame favorise.
HOULETTE.
1495. Nolle palette, nou biergî.
LiTT. Pas de houlette, pas de berger.
Portez les insignes de votre profession, si vous voulez
exiger les égards qui vous sont dus.
Vous n'avez pas d'outils : comment saurais-je si vous êtes
ouvrier?
Cf. Le pavillon couvre la marchandise.
HOUSEAUX.
1496. Il y a lèyî ses hozette.
LiTT. Il y a laissé ses houseaux.
Il est mort. (Acad.) — Il a perdu sa fortune, sa santé.
Loc. prov. Laisser ses houseaux quelque part.
Laisser les houzeaux.
(Le père Jean-Maric. Diverùssemenl des sarjex.)
Variante. 11 y a lèyî ses ohaî.
— 433 —
Cilé par Forir. Uict.
Mais le pauvret ce coup y laissa ses houseaux.
(Lafontaine. Le renard.)
I veut d'Ion s" fiasse Tèligny,
Inte zel kitràgné, kihierchi.
Et lardé d' ses côp d' bayonnelte,
So s' soû v'ni lèyî ses hozelte.
(Hanson. Li Hinriade travesièije. Ch. II. i780.)
Ci leup là mi fait sov'ni
D'ine aute qui fout payî di co pus luàle manôye,
II y lèya ses hozelle, comme on dit.
(Baillelx. Li leup, r mère et l'èfanl. Fâve. 4852.;
COLSON.
Et m' sônne-t-i co 1' vèye à Batavia.
C'est là qu'on s' siplinkîve, vingt cinq raèye bayonnelte,
Awet vosse pauve père lu, y lèya ses hozette.
(A. Delcuef. Pu.i vî,pu.i sot. Se. II. 18fi2.)
Li rëvèrind signeùr Gégau si formagna si bin qu'il y lèya ses hozette.
(Magnke. llaiiii. 4865.)
Variante. Sovinl l'inventeur
Ni r'çul on pau d'honneur
Qui toi r'ployanl hozette.
(Thiry. lue inreutiou. 4866.)
Beauraing. Li méd'cin qu' l'a vi'you didins ces moumint là,
A dit qu' s'i continue à s'arringi comme ça,
Il est sur d'y lèyî divant wére les hozette.
(Vermer. Les sôlée. 4862.)
Namur. Bramint y lairainne les hozette
Avant d'prinde drapia ou guidon.
(J. CoLSON. Les chacheu. Chanson. 4862.)
HOUSSE.
1497. Ête arringé comme eine vieille hoiiselte.
(Tournai.)
LiTT. Être arrangé comme une vieille housse.
Être malmené, houspillé, parce qu'on bat les housses pour
les nettoyer.
HUILE.
1498. C'est comme dé l'huile d'olive, ^a r'viel
toudi d'seur l'ieau. (Mons.)
LiTT. C'est comme de Thuile d'olive, cela revient toujours
sur l'eau.
i8
— 434 —
Se dit d'une personne qui ne peut se défaire d'une habitude,
d'une passion.
MoNS. lue hiibiluilo, c'est comme ûé l'huile d'olive, ça r'viel touili d'seur l'icau.
(MouTRiEL'X. Des nouvicaux conte dé qnié. 1850.)
1499. Ji v'riwèrihrè avou dThôle di bresse.
LiTT. Je vous guérirai avec de l'huile de bras.
Je vous rosserai d'importance.
On l'a- frotté d'huile de cotret (on lui a donné des coups de
bâton).
HUMIDE.
1500. Wisse qui fait frèhe, i fait vite mouyî.
LiTT. Où il fait humide, il fait vite mouillé.
Celui qui se sent coupable de la faute qu'on blâme peut
s'appliquer ce qu'on en dit. (Acad.)
Pr. fr. — Qui se sent morveux, se mouche.
Cité par Forir. Dict.
HiNRI.
Il a téU'mint paou qu'i n'sét pus qu'babouyî ;
C'est qui wisse qui fait frèhe, i fait si vite mouyî.
(Delchef. Les deux neveux. I, se. 40. 48.')9.)
Wisse qui fait frèhe, i fait vite mouyî, mande escuse ;
V's estez-st-acsu, grettez-v', et s'ièyîz là les gins.
(Alcide Pryor. Sôléye et pamâ. -1860.)
JALHAY. ThIODÔRE.
Ah ! Vos v' mâvroz, Bietli'mé, on dit portant qu'wissc qui fait frèhe, i fait vite
mouyî.
(Xhoffer. Les deux soroche. I, se. 5. 1861.)
HUY.
1501. Otlant à Hu qua Dinant.
LiTT. Autant à Huy qu'à Dinant.
Autant là qu'ailleurs. Peu importe, cela m'est égal.
HYDROPISIE.
150-2. Elle a l'aiw'lenne di noûf meus.
LiTT. Elle a l'hydropisie de neuf mois.
Elle est enceinte.
1
— 435
IDEE.
1503. Il a ottant d' bonne îdèye qu'ine putain d'bin
fer.
LiTT. Il a autant de bonne idée (résolution) qu'une prostituée
de bien faire.
Se dit des gens incorrigibles.
Cf. Serment d'ivrogne.
1504. I gn a pus d'îdèye divins deux tièsse qui
d'vins eune.
LiTT. Il y a plus d'idées dans deux tètes que dans une.
Un conseil, un avis est toujours bon à demander, à donner.
— Deux têtes renferment plus d'idées qu'une seule.
Variante. (in tûse mi à deux qu" tôt seu.
Var. Sta\'Elot. Quatre u vèyet pus clére quu deux.
Var. Marche. Gn'a des ci qu'ont todi l'faiblesse
Do creùre qu'il ont tôle l'adresse,
El toi l'esprit po zais tos seu,
Gn'a mon d'vins one tièsse qui dins deux.
(Alexandre. P"tu corti. 1860,)
MoNS. hé oué ! bé qu'dé l'confiince in vous, j'd'ai eu toudi,
Il a pus dins deux tietle que dins iune, comme on dit.
{El canon d'Mons. Arm. Lex deux méd'cin. Faufe. 18T4.)
Frameries. Ju vos ai convoquie aujerdue, vénérables commère, in vertu du
proverpe qui dit : qu'il a pus d'esprit in deux liesse que d'vins ieune.
(Bosuuetu. Tambour battant, gaz. 1885.)
St-Qcentin. I gn'a pus d'esprit dains deux tièles qu' dains eune.
1505. L'ci qu' n'a nolle îdèye n'est qu'on sot.
LiTT. Celui qui n'a pas d'idée n'est qu'un sot.
Il faut de la présence d'esprit.
Cf. Que les gens d'esprit sont bêtes !
(Bealmarchais. Le mariage de Figaro.)
Gn'a-t-on proverbe qui j'o dire bin des fèye :
Qu" Ihomme sins ideye n'est vraiemint qu'on grand sot,
Por mi, les meune ni sont nin co fmèye,
Fàt espérer qui m'ennès vairet co.
(BariixiÉ. Li camarade de l'jôye. 1852.)
1506. Fer 'ne saquoi à l'idèye.
LiTT. Faire quelque chose à l'idée.
Faire queloue chose en perfection, en quelque sorte réaliser
l'idéal.
Ah ! po coula, ma foi, clic li r'bàrrc a l'ideye.
(Remouchamps. Li sav'ti. Acte I, se. 6.)
— 436 —
IMAGE.
1507. Seuyîz brave, vos ârez 'ne image.
LiTT. Soyez sage, vous aurez une image.
Pr. ff. — Et par plaisanterie : vous avez bien fait, vous aurez
une image. (Acad.)
Hoûtez-m' et seuyîz brave, vos àrez des bons saquoi et 'ne image.
(Remacle. Dict. 1839.)
1508! Avoir eine imache à Pâques et ein quéop
d' pied au Noé. (Tournai.)
LiTT. Avoir une image à Pâques et un coup de pied à la Noël.
Avoir peu de chose d'abord et du désagrément ensuite.
TOUHNAI. CaCHACROUTE.
Awi, tout chi, tout cha, eine masse d'affaire.
GULNA.
On ara comme toudi eine imache à Pâques et ein queop d'pied au Noé. Nous
allons erprinte notte goutte.
(Pierre Brunehault (Leroy). Ein ménache d' francs paufe. Se. 6. -1891.)
IMPOSSIBLE.
1509. On n'sâreut fer l'impossibe.
LiTT. On ne saurait faire l'impossible.
Pr. fr. — A l'impossible nul n'est tenu.
Cité par Forir. Dict.
Var. Namur. a l'impossibe on n'est nin t'nu,
Et ji voux d'sarter totes les muse,
Au l'arnasse, ji sèreùve riçu,
S'on-z-y donreùve intrée aux buse.
(WÉROTTE. Ji n sareus fer one chanson . Ch. 1807, 4"^ éd.)
Var. Namur. I n'pout nin donner c'qu'i n'a nin.
INTENTION.
1510. Bonne inlintion excuse mouaiche action.
(Namur.)
LiTT. Une bonne intention excuse une mauvaise action.
Pr. fr. — L'enter est pavé de bonnes intentions.
Il y a des accommodements avec le ciel.
Tout mauvais cas est niable.
Et de rectifier le mal de l'action :
Avec la pureté de notre intention.
(Molière. Tartufe. IV, se. tJ.)
— 437 —
IVROGNE.
1511. Si j' SOS sô, c'est d'mes aidan.
LiTT. Si je suis ivre, c'est avec (à l'aide de) mes liards (mon
argent).
Je ne fais tort qu'à moi-même. — Mêlez- vous de vos alTaires.
Variante. Friquet.
Vos avez attrape? on fameux côp d'solo.
Groubiotte.
Ça, ce sont mes affaire. Si j'a bu, c'est d'mes censé.
(Demouun. Ji voux, ji n'poiix. II, se. 3. 1858.)
Variante. Ji m'moque di tôt çou qu'on peut dire,
Siji beus, c'est-st-avou mi ùrgint.
Ji fais tôt à fait à m'manire
Et l'reslant comme coula m'convint.
(11. Pholien. Flcûr di sôléye. 1884.)
1512. On sét tôt des èfant et des sôlôye.
LiTT. On sait tout des enfanls et des ivrognes.
Ni l'enfant, ni l'ivrogne, ne savent j;arder un secret : ils
sont sincères et expansifs.
Pr. In vino veritas.
Namur. Pa les soulcîe et les èfant on sét lodi tôt.
MoNS. Les infant ont si téllemint l'habitude de tout raconter, ([u'on a inventé
r proverbe : Pa l's enfant et l's homme saoul on sait tout.
(Letellieu. AnnoiUKjiie dû Mons. 1857.)
Cf. La série des Enfants terribles (dessins de Gavarni).
Basse-Allemagne. — Kinder sagen die Walirlieit.
1513. Les sôléye et les màlès feumme moretd'vins
leu pai.
LiTT. Les ivrognes et les méchantes femmes meurent dans
leur peau.
Rarement un méchant s'amende. (Acad.)
Pr. fr. — Le loup mourra dans sa peau. — Qui a bu boira.
En tel pel comme li lous voit en tel le convient morir.
(Ane. jn-ov. XIII'' siècle.)
1514. Les codolette et les couléon
Ch'esl les premiers volant. ( Toi k.nai.)
LiTT. i^es alcoolisés et les pigeons
Sont les premiers envolés (levés).
— 438 —
Allusion aux habitudes généralement matinales des buveurs
de genièvre.
Nami'r. Les pigeon et les blasé
Sont lodi timpe levé.
JALOUX.
lol5.* Qui aime bin jalose bin.
LiTT. Qui aime bien jalouse bien.
La Roghefougault a dit : il y a dans la jalousie plus
d'amour-propre que d'amour.
La jalousie tient plus à la vanité qu'à l'amour (M'"« de Staël).
S'il m'était permis d'ajouter quelque chose, je dirais : Dieu
nous garde d'inspirer un amour qui se manifesterait par la
jalousie.
Cité par Forir. Dict.
JoDOiGNE. L'ce qu'est jaloux c'est qu'veut voltî.
JAMBE.
1516. Bonnes jambe, sâve ti maisse !
LiTT. Bonnes jambes, sauvez votre maître.
Sauvons-nous; fuyons au plus vite.
Cité par Forir. Dict.
1517. L'ci qui tint l' jambe fait ottant qui Ici qui
hoisse.
LiTT. Celui qui tient lajambefait autant que celui qui écorche.
Le complice d'un crime est aussi coupable que celui qui
en est l'auteur. (Agad.)
Pr. fr. — Autant vaut, autant fait celui qui tient que celui
qui ccorche.
Autant pêche celui qui tient le sac que celui qui met dedans.
Cité par Forir. Dict.
1518. C'est co pé qu'à l'aute jambe.
LiTT. C'est encore pire qu'.^ l'autre jambe.
C'est de mal en pis.
C'est co pé qu'à l'aute jambe, awet c'est cint fèye pé -.
Vosse manège est par iuye, on n'pout pus ma miner.
(Rksiûucmamps. Les deux voisin. 1876.)
Moxs. J'pinsoi qu'il aroi été mieux avé graiid'mère, j'disoi in mi môme : i vaut
co mieux parler au bon Dieu qu'à ses .saint ; mais c'est qu'c'étoi co pus pire qu'à
l'aute gambe.
(Lktki.LIER. Arnionaque dé Mous. 4850.)
Tournai. Ch'est acore pire qu'a m'n éaute gambe.
— 439 —
1519. Vàt iiîî coula qii'iiie jambe cassôye.
LiTT. Il vaut mieux cela qu'une jambe cassée.
Consolation donnée à celui h qui il arrive un léger désa-
grément, à qui il survient un petit accident.
Adèle.
Lèyiz là,mon onke, ci n'est rin po qu^que assiette ; nos 'nne avans co des au te,
et i vàt mî coula qu'ine jambe cassèye.
(DD. Salme. Hotwrike Joseph. Se. "2-2. 1884.)
Marèye.
Nonna, mais j'sèreu barbotëye.
Tatî.
Allez, Jàcqu'ienne, vàt mî coula qu'ine jambe cassèye.
(REMOtJCHAMPS. Tâtt l'perriqttl. I, se. 2. i885.)
1520. A belle jambe, belle chàsseure.
LiTT. A belle jambe, belle chaussure.
Il faut que tout se rapporte. — Il faut de Tharnionie dans
les détails.
Servetur ad imum
Qualis ab incœpto processerit, et sibi constet.
(Horace. Ep. uux l'Lsous.)
Selon la jambe la chaussure.
(Gabh. Mel'RIER. Trésor des sentences. loG8.)
1521. Coula lî fret 'ne belle jambe.
LiTT. Cela lui fera une belle jambe.
Se dit en parlant d'une chose dont quelqu'un tire vanité et
qui ne lui est d'aucun avantage. - Se dit de ce qui n'apporte
aucun avantage à quelqu'un, de ce dont il ne retire que peu ou
point d'utilité. (Acad.)
Pr. fr. — Cela ne lui rend pas la jambe mieux faite. — Cela
lui fait une belle jambe. — Cela me fait la jambe belle.
Cela vous rendrait la jambe bien mieux faite.
(Molière. Le bourgeois gentilhomme. III, se. 3.)
El les pauves ovrî, don, qu'on veut fer ovrcr à mitan po rin, to san^'souwaul leus
coirps et leus àme, po rinde li jambe bin faite à leu mai.'^se.
(Salme. MiiUic Pierre II, se. If. 1870.)
Tatî.
Mais s'il a des îdèye tôt louquani 'ne si faite jatve
Il est co pus sot qu'Mon, qu'moussive os l'aîwe po rplaivo.
Tonton.
I m'rindrcut l'jambe bin faite édon, surminl on s'fail.
RemoUCIIaMI's. Tàti rpcrru/iil. Il, se. 1"'. 1885.)
Variante. Coula n'iî rindret nin Ijambe mî faite.
(FORIH. Ihci.)
— 1-40 —
152'2. I nïât nin d'morer so 'ne jambe.
LiTT. Il ne faut pas demeurer sur une jambe.
Il ne faut pas rester oisif. — Allusion à la pose des grues,
des hérons, etc.
Il ne faut pas être exclusif.
1.^^3. I n'fât nin 'nne aller so 'ne jambe.
LiTT. Il ne faut pas partir sur une jambe.
Il faut boire un second verre avant de nous quitter.
A cabaret (pusqu'i fàl qu'on y vàye), .
On k'mande d'abord ine plal'nêye po turtos.
Comme i n'fât nin qui so 'ne jambe on 'nne ervâye,
Les ci qu'ont bu, divet r'payî li scot.
{Le.1 tournéye. Chanson. 1871.)
Qwand on tome so 'ne si faite liqueur, c'est fer pèchi
Qui d'enne aller so 'ne jambe, qui v's es sonle-t-i ?
(Willem et Bauwens. Li r/alant d'à Fifine. Se. 9. i88!2.)
1524. Allez les jambe â haut, vos n' pièdrez nin vos
châsse.
LiTT. Allez les jambes en haut (l'air), vous ne perdrez pas
vos bas.
Manière de renvoyer quelqu'un honteusement.
Tatî,
Awet, allez, nânôye, vos n'estez qu'ine èplâsse !
Tonton.
Allez les jambe â haut, vos n'pièdrez nin vos châsse.
(Remouchamps. Tâtl l'perriqui. III, se. 22. 188S.)
JoDOiGNE. Que l'bon Dieu v' coduche, les deux jambe au hont po ni piède vos
loyère.
MoNs. I n'a qu'à parti les gambe in haut, i n'perdra nié ses cauche in dallant.
1525. Si cori les jambe foû de cou.
LiTT. Se courir les jambes hors du cul.
Variante. Cori à s'râyî les jambe foû de cou.
LiTT. Courir à s'arracher les jambes hors du cul.
Courir fort vite ; se donner beaucoup de peines pour réussir,
pour parvenir.
Cité par Forir. Dict.
I s'dit : quoirans-st-iiie feumme qui nos sèche dé Tmisére,
Et, so l'coûse d'ine annèye, s'il a fait l'chaud inarcou,
I s'marèye et n'court pus les deux jambe foû de cou.
(HocK. Grnud'mére à Vvihenne. Poème. 4861.)
— 441 —
JALHAY. THIODÔnE.
Fat-i l'aller houkî ?
" Bièth'mé.
I n'areut non ma, mais nu v' hinoz nin les jâbe foû de cou, save, du sogne quu
vos n'vus trèbouhîve.
■ (XnoFFER. Len deux soroche. 1, se. b. 1861.)
Var. Tournai. Courir comme si on aveot i'feu au cul.
1526. Mette ses jampe à s'cou. (Nivelles.)
LiTT. Mette ses jambes à son cou.
Partir sur l'heure, s'enfuir. (Ijttré.)
Pr. fr. — Prendre ses jambes à son cou.
Nivelles. I met ses jambe à s'cou, lé via qui fait des saut ;
A l'course, il est capape de sure les nièyeux ch'fau.
(Renard. Lex aveut. de Jean d' Nivelles. Ch. III. 18o7.)
Var. Charleroi. La d'sus, l'ieup prind ses jambe âx spalle,
I fout l'camp dins les bos et co pus roid que 'ne balle.
(Bernus. L'ieup et l'chin. Faufc. 1873.)
Frameries. El créateur a d'moré ein momint tout ahiuri, mais erbusiant, i print
ses deux gambe à s'goye, éié keure au cul du voleur qui filoue comme ein brûlé
d'grisou.
(LesSpirues. Tambour battant. 1887.)
St-Quentin. Via chés gins dé l'capelle qui preintent leus gaimbes à leux cou.
(Gosseu. Lettres picardes. 18il.)
Auvergne. D'Aumalo âpre quelle nouvello
A manquet perdre la çarvello
A pré sas jambas a soun cost,
Dos castillans vai joindre l'ost.
(Faucon. La Henriade de Voltaire, mise eu vers burlesques auvergnats. Ch. VIII.
1798.)
1527. Loyî à s' jambe.
LiTT. Lier à sa jambe.
Passer au compte des profits et pertes.
Variante. Avu l'jârtîre.
(FORIR. Dict.)
JoDoiGNE. Oyeu ça à s jambe.
Var. Mons. Avoir ça à s'cu. — Perdre au jeu.
Avoir ça à s'guette. — Être attrapé, dupé.
1528. Jower po d'so jambe.
LiTT. Jouer par dessous jambe.
Obtenir sans peine l'avantage sur quelqu'un. (Littrk.)
Pr. fr. — .Touer quelqu'un par dessous la jambe.
Detriue.
On nos a jowé po d'so jambe, mam'zelle ; Pirson si moque di vos.
(Salme. Qwitte p» qwitte. Se. 18. 1878.)
- 442 —
Charleroi. Bonnefoi.
Gn'a bin li's aulès gins qu'ça à daller vire qui ont leu ficelle pou fai passer les
loi à rtach'lette pad'zous leu jambe, pou leu fai boire elle coq.
(Bernus L'malMe Sl-Thibau. I, se. 9. 1876.)
JANVIER.
1520. Mette janvier sur février. (Tournai.)
LiTT. Mettre janvier sur février.
Commencer un nouveau compte avant d'avoir payé l'ancien.
JARDIN.
1530. L'ci qu'a les corti r'clôret les hâye et Toi
qu'a les bin pâyeret les rinte.
LiTT. Celui qui a les jardins doit clôturer les haies et celui
qui a les biens doit payer les rentes.
Les mandements des princes-évêques de Liège, portés au
XVIP siècle (Cf. Louvrex. T If, p. 293-296), stipulent que les
possesseurs et tenanciers de jardins et vignobles sont tenus de
réparer (restouper) chaque année les haies pour empêcher l'en-
trée du bétail. — Au pays de Liège, toutes les rentes étaient
présumées foncières; elles étaient naturellement aux charges
de celui qui recueillait les immeubles.
La seconde partie du proverbe est plus usitée que la pre-
mière.
Stavelot. Ci qu'aret les corti pâyeret les rinte.
1531. 1 lî faudreot l'gardin et les preone. (Touknal)
LiTT. Il lui faudrait le jardin et les prunes.
Il est insatiable, il lui faudrait tout.
Tournai. Rasa.
Allons, j'veos qu'i t'faudreot tout, l'gardin et les preone,
Faire des r'pas à quitter les corroyé d'tes raarreonne.
(Pierre Brunehault (Leroy). A Vtapag'rie des collet rouche. Se. 2. 1891.)
JARRETIÈRE.
1532. Qwand on piède si loyen, c'est qu' l'homme
a fait on hârd es s' sacramint.
LiTT. Quand on perd sa jarretière, c'est que l'homme a fait
une brèche dans son sacrement (de mariage).
Variante. Elle piède si loyen, si galant lî fait fàte.
JoDOiGNE. Commère que piède s'ioyen, se galant lî fait faute.
— 443 —
1533. Elle a folé es s' loyen.
LiTT. Elle est tombée sur son lien.
Elle s'est embarrassée dans sajarretière. elle a t'ait une chute.
Elle s'est laissé abuser. (Agad.)
Pr, fr. — Elle a laissé aller le chat au fromage.
Variante. On lî a frohî s'banstaî.
JARS.
1534. Isétr jars.
LiTT. Il sait le jars.
Il entend le jars, c'est-à-dire qu'il est fin, qu'il est subtil.
(Dict. port, des }wov. français. 1751.)
Il entend le jars, il a mené les oyes.
(OUDIN. Curiositez françaises. I(i40.)
Variante. Po qui sét l'jârs, pour qui a le mot d'ordre.
(FOKIR. Dici.)
Lutèce, Paris, po qui sét l'jârs,
C'est comme qwatte aidan on patàr.
(Hanson. Li Hinriade (ravestèye. Ch. IV. 1780.)
Var. Malmedy. Saveur les loze.
(ViLLERS. Dict. wallon-français. 1793.)
JAUNISSE.
1535. Li cinque qu'à Ijaniiisse voit todi janne.
(iNamur.)
LiTT. Celui qui a la jaunisse voit toujours jaune.
On apprécie tout suivant les dispositions dans lesquelles on
se trouve.
JAVELLE.
1536. Quand les gaviau sont bin louyé,
In muchenant on n'trouve pu rié. (Moins.)
LiTT. Quand les javelles sont bien liées
En glanant on ne trouve plus rien.
Il y a tout profit à faire une chose avec soin, avec ordre.
JETER.
1537. Taper là hache et mâche.
LiTT. Jeter là hache et mnchi'.
Plier bagage; faire ses paquets; renoncera une affaire, à
une profession; abandonner tout.
liaciie et mâche ne peut se traduire littéralement. C'est une
expression adverbiale dans le genre de : tihe et tahe, hiuck et
plinck, [jltque ploqae et autres. L'allemand a : hack und mack,
— 444
qui signifie mélange confus, galimatias. Voyez Grim, Dict. aux
mots : Hack et mack.
Cité par Forir. Dict.
So l'seûle parole de brave Êga,
I lape d'abord là hache et mâche,
Plôye ses tinte, rèchesse ses bagage.
* (J.-J. HansoN. Les lusiade es vers llgeois. Ch. III. 1783.)
I s'fait on grand tapache
Qu'on dobelle par on cri.
On jette là hache et mâche,
On pinse aller péri.
(DUMONT. Complainte des houyeu de l'fosse di Bat-jonc. \M1.)
Po r fin de r prumi leune, vos avîz déjà hâze
Di taper hache et mâche à l'èqwanse d'ine raison,
Et d'cori hàr et hotte po v'fer qwitte di si âbion.
(Thiry. Ine copenne so Vmariège. 1858.)
Tatî.
Mais '1 est timps qu'les Tâtî fesse ine creux so l'botique,
Vola on chéke, po l'mon, qu'i havel leus pratique.
Tonton.
Taprîz-v' là hache et mâche ?
Tatî.
Awet et tôt fi dreut.
(RemouchaMPS. Tàtl Vperriqiit. I, sc. 11. 188S.)
Verviers. Quu n'sos-je comme vos, foû hisse,
Ji r'ploreu hache et mâche et j'finih'reu mes d'visse.
(N. Poulet. Lifoyan èlèré. 1859.)
Et si to vas d'net bou po vache.
T'tappret bintôt là hache et mâche.
(Alexandre. P'Htcorii. 1860.)
J'a r'ployî bagage.
1538. Tapez todi, c'est po Bouxhtay.
LiTT. Jetez toujours, c'est pour Bouxhtay.
Faites toujours, ne vous gênez pas, n'ayez d'égards pour qui
que ce soit, — Gela devait venir; je m'y attendais.
Bouxhtay, nom propre.
C'est ça. Tapez, c'est po Bouxhtay ; on r'tome todi so ses patte.
(Thiry. Li r'tour à Lige. 1858.)
1539. Çou qu'on tape so l'feu, on l'ritroûve clins
les cinde.
Litt. Ge qu'on jette sur le feu, on le retrouve dans les
cendres.
Marche.
Var. Jodoigne.
— 445 —
On ne peut rien détruire complètement. Une mauvaise
action laisse toujours des traces, si minimes qu'elles soient.
J540. Taper a haut sins rat'ni.
LiTT. Jeter en haut sans retenir.
Jeter avec mépris, abandonner une chose, n'en faire aucun
cas.
Je ne me baisserais pas pour le ramasser.
Cf. Ji n'toûn'reus nin m'pîd po l'aller vèye.
LiTT. Je ne tournerais pas mou pied pour l'aller voir.
JEU.
lo41. I fat cori so s'jeu.
LiTT. Il faut courir sur son jeu.
Il faut le contrecarrer.
Cité par Forir. Dict.
1542. Jeu d'main, jeu d' vilain.
LiTT. Jeu de mains, jeu de vilain.
Les jeux de mains ne conviennent qu'à des gens mal élevés.
(AcAD.) — 11 ne faut frapper personne, même en badinant.
Pr. fr. — Jeu de mains, jeu de vilain.
Cité par Forir. Dict.
Sekvas.
Jan, mes amis, nin tant d'biestrèye, vos savez : jeu d'main, jeu d'vilain.
(T. Brahy. Li bouquet. I, se. 14. ^878.)
io43. Màye es jeu ri vint à s'maisse.
LiTT. Bille dans le jeu revient à son maître.
L'erreur que nous avons commise à notre détriment et dont
notre adversaire a voulu profiter, tourne souvent h notre
avantage.
N. B. Ce proverbe est connu de tous les enfants qui ont joué
aux billes.
1544. Tourner à jeu comme Galifice à chin.
LiTT. Tomber à jeu, comme Califice à chien.
Avoir laid jeu ; ne pas réussir au jeu.
Nivelles. Vos chèyî à jeu comme in chi à puce.
JoDOiGNE. Toumer à jeu comme on ché à peuce.
1545. I gn'a 'ne saquoi d'so jeu.
LiTT. Il y a quelque chose sous jeu.
Il y a dans cette affaire quelque chose de caché. (Acad.)
Pr. fr. — Il y a quelque anguille sous roche.
Latet anguis in fierba.
— 446 —
1546. 1 n'y a nou si bai jeu qui n'finihe.
(Stayelot et Malmedy.)
LiTT. II n'y a si beau jeu qui ne Unisse.
Toute chose arrive à sa lin.
1547. Ni nin aller V dreut dé jeu.
LiTT. Ne pas aller (suivre) le droit (la règle) du jeu.
Tricher. — User de supercherie.
Cité par Forir. Dict.
On dit aussi : Aller l'dreut de jeu (être loyal).
Jan'nesse.
On m'y hët trope j'el veus,
Divers mi, co jamâye on n'y va l'dreul de jeu.
(Toussaint. Jan'nesse. III, se. G. 1890.)
MoNS. Qui voy'té volontiers leu père
Par après ti ; c'est l'doit du jeu.
(J.-B. Descamps. Ercette poujiére ein bon mainnache, 18S2.)
1548. Fer belle mène avou laid jeu.
LiTT. Faire belle mine avec laid jeu.
Cacher le mécontentement que l'on éprouve ou le mauvais
état où l'on est.
Cacher de mauvaises affaires par une démonstration de
gaieté et de repos desprit. (Littré.)
Pr. fr. — Faire bonne mine à mauvais jeu.
Crahay.
Vos fez belle mène avou laid jeu,
Mi prindez-v' p'on Nicaisse ?
Ji n"a-st-;i hoûler qu'on borgeu,
Vos siervez trinte six maisse.
(Alcide Pryor. Çou qW est-st-ès fond dépôt. -18G4.)
Variante. Mayenne portant n'piède nin corège
Et à s'iaid jeu fait bon visège.
(Hanson. Li Hinriàde (ravestèye. Ch. VIII. 1780.)
MoNS. El meunier n'vouloi nié d'abord, mais l'curé qui f'soi belle mine à monvais
jeu s'a si bé exécuté, que l'nouvieau v'nu a fini pa dire que ouai.
{Arm. dé Mom. 1886.)
1549. Prinde et r'batte c'est-st-on bia jeu. (Namur.)
LiTT. Prendre et en rejouer, c'est un beau jeu.
Être maître du jeu. Faire et continuer une chose qui pro-
cure de grands avantages.
1550. C'est l'jowe divant St-Rocli.
LiTT. C'est la manière de jouer devant St-Roch.
— 447 —
C'est une manière ridicule de jouer, et, par extension, c'est
qualifier une chose de ridicule ou d'absurde.
Est-ce une allusion aux aubades (souvent discordantes)
données la veille des fêtes de paroisse devant les petites cha-
pelles où se trouvait une statue de St-Roch ?
Mayon.
xVye don, c'est l'jowe divanl St-Roch.
(Demoulin. Ji voux, ji yipoiix. I, se. i. I808.)
Var. Cuarleroi. Bonnefoi, notaire.
Si vos sti dins ein pays ousqué les loi sont scrite, ça pourrait co bin s'fai, mais à
Cheslet, ou c'qu'on n'pàle qui des loi in patois, vo testamint n'vauret né co 'ne vesse
di leup.
Argan.
Bin v'ia co "ne mode d'après l'St-Jean
(Bernus. Umalnde Sl-Thilmu. I, se. 9. i876.)
JEUNE.
1551. I n'sét wisse taper ses jône.
LiTT. Il ne sait où jeter ses jeunes.
Il ne sait où aller, il ne sait que faire, — Flânerie, fainéantise,
nonchalance.
JEUNESSE.
155^2. On l'a bin buffle es s'jônesse.
LiTT. On l'a bien sifflé (seriné) dans sa jeunesse.
Il est grossier dans ses paroles... ironique.
Ce proverbe est cité par Pinsard. Ëlrennes liégeoisp.s. 1846.
1553. Si jônesse savent, si viyesse poléve.
LiTT. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.
Cité par Forir. Dict.
Titre d'un roman d'Eugène Sue.
Pr. fr. — Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, les choses
en iraient mieux, c'est-à-dire si la jeunesse avait de l'expé-
rience et que la vieillesse eût de la force. (Littré.)
MoNs. Jeune et lourd.
On apprind tous les jour.
1554. 1 fàt qn'jônesse si passe.
LiTT. Il faut que jeunesse se passe.
Il faut excuser les fautes que les jeunes gens commettent par
inexpérience ou par vivacité de tempérament. (Littrk.)
Pr. fr. — Il faut que jeunesse se passe.
Cité par Forir. Dict.
— 448 —
Les feum'rèye.
Adiel, voisin Colasse,
Seûye todi corègeux.
I fàt qu'jônesse si passe,
Ti rvinret pus adreut.
(Fabry. Li ligeois ègagi. II, se. 3. -1737.)
* Briqu'teux.
Servâs, todi chai on veûret
L'honneur, l'amitié rotter à cabasse ;
Si n's estans hoûye so l'houp di guet.
Ni fât-i nin qu'jônesse si passe?
(Brahy. Li bouquet. I, se. 44. 4878.)
Namur. Sins trop rsorbatie, i faut qu'jônesse si passe,
L"èfanl d'on chet mougne volli des sori.
(Wérotte. Jean-Joseph divint vl. Chanson. 4867. ¥ édit.)
JOUER.
l555.Invoyerquéqu'ein jeuer à qu'nèque. (Tournai.)
LiTT. Envoyer quelqu'un jouer aux billes.
S'en débarrasser.
Cette explication trouve son origine dans un usage pratiqué
autrefois par des cabaretiers austères, et consistant à congédier
les garçons trop jeunes pour fréquenter l'estaminet, en leur
mettant dans la main quelques quenéqup.y billes communes en
terre cuite dont une provision était toujours en évidence sur
le comptoir de l'établissement.
M. François W... affirme que, même après son tirage au sort,
il a essuyé dans un cabaret l'affront de recevoir des marbre.
Ce genre de cabaret a complètement disparu de nos jours.
(Etremies totirnaisiennes. 4886.)
1556, Jouwez 'ne pire ou 'ne brique.
LiTT. Jouez une pierre ou une brique.
Jouez ce que vous voulez. Expression employée au jeu
de cartes et très usitée dans les estaminets.
Namlr. Jouwez oiie bouche ou bin on fagot.
Jodoigne. Jouwe one caute, on stî.
Calembourg. Caute, le quart d'un setier.
Tournai. Jeuwe eine carte ou bin ein fagueot.
JOUR.
1557. Tos les joû ni s' raviset nin.
LiTT. Tous les jours ne se ressemblent pas.
- 4i0 —
On a de bons et de mauvais jours, des alternatives de peine
et de plaisir, déjeune et de bombance.
Pr. fr. — Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.
Lesjoû s'suvet et n' si raviset nin.
(Foniu. I>ict.j
Namur. Pont d' laid joù n'est sins lend'moain.
Allons èfant, bon corage,
Habie, one pougnie di moaiii,
On n' sèret pus sins ovrage.
(WÉHOTTE. Li Pottiti.t. Ch. 18G7. i'' dd.)
MoNS. Tous les Jour n' sont ni(i égale.
(Letkluer. Anmmaque dé Monx I8.'j8.)
MoNs. VÀé leu pruuiicr oràche a passé ainsi ; èid l'solèye a r'Iui comme dins leus
pus bieaux jour. Malheureusemint les jour se suifent cl n's'ersembenl-té pas,
qu'on dit.
[Armon. de Mtms. 1878.)
I008. Lesjoû créliel à Sainl-Antône,
Ossi long ({iii li r'pas d'on mone.
LiTT. Les jours croissent à Saint-Antoine,
Aussi long que le repas d'un moine.
Saint-Antoine. (Le 17 janvier.) Les jours croissent de
30 minutes.
1559. Les joù crèhet à 1' novel an,
L' pas d'one èfant;
Ax roi,
L' pas d'on polet. (Namur.)
LiTT. Les jours croissent au nouvel an,
Le pas d'un entant ;
Aux rois,
Le pas d'un poulet.
Vaii. Jouoigne. Les joû crèhet à Noyé,
Dé l'pas d'on ché. (Pas d'on vaiié. Nami'h.)
A r novel an,
Dé r pas d'one èfant :
Aux roi,
On s'en aperçoit.
Var. CiiAHLEKoi. Les roi,
Pas d'ein chet.
Var. Mons. A Noée,
L' pas d'ein solée ;
A l'an,
L'agambée d'ein sergent.
A les roi,
On s' in aperçoit.
Au cand'lée,
Toute allée. (Sicart. IUct. IS'O.)
49
— 450 —
Tournai. Les joû f sont aux roi,
L' saut d'un pois.
Var. Lille. A Sainle-Luce,
Saut d'eune puche.
Au Noë,
Saut d'un baudet,
A Saint-Thomas,
Saut d'un qu'va.
(Vermesse. Vocab. lillois.)
loGO. L' pus long joû d' !out l'esté,
C'est r joû Saint-Barnabe. (Nivelles.)
LiTT. Le plus long jour de tout l'été,
C'est le jour de Saint-Barnabe. (11 juin.)
1561. Sainte Lucèye,
Court joû, longue nutèye.
LiTT. Sainte Lucie (13 décembre).
Court jour, longue nuit.
Cité par Forir. Dicl.
lo6''2. 1 gn'a pus d' joû qui d' samaine.
LiTT. Il y a plus de jours que de semaines.
Nous avons le temps, rien ne presse.
I f ra jour demain.
(Désaugiers. Parodie de la Vestale.)
Cité par Forir. Dict.
1563. I vint todi on joû qui n'a pus v'nou.
LiTT. Il vient toujours un jour qui n'est pas (encore) venu.
11 vient toujours un moment où la vérité éclate, où la justice
triomphe, où le mal est puni.
Lèyîz-r fer peter di s' narène,
Vaîrel on joii
Qui n'a pus v'nou.
(N. DefrecHEUX. Li rjrandivcux. ^1870.)
Verviers. J'el saveus bin qui vinrent on jour qui n'aveul pus v'nou.
(Pire. Lu sôdaiirt du .vo les tris. Chanson. Mes umusettes. -1884.)
1564. A chaque joû suffit s' poine. (Namur.)
LiTT. A chaque jour suffît sa peine.
Il ne faut pas se tourmenter inutilement sur l'avenir, se faire
des chagrins d'avance. (Littré.)
Prov. fr. — A chaque jour suffit sa peine ; suffit son mal.
C'est assez des peines du présent: il ne faut point les
augmenter par la douleur de celles du passé, ni par la crainte
— 451 —
de celles de l'avenir; car dans le premier cas, on se tourmente
toujours trop tard et, dans le second, toujours trop tôt.
(Ql'iTARD. Dict. des prov. 1842.)
Sufficitdiei malitia sua.
(Saint Mathieu. Évangile.)
156o. Il arrive so on joû çou qui n'arrive niii
so mèye.
LiTT. Il arrive en un jour ce qui n'arrive pas en mille.
La rareté d'un fait n'en exclut p;is la possibilité.
S'avient en un jour qui n'avient en cent ans.
{Ane. prov. XlUe siècle.)
Ce advient en une heure qui n'advient pas en cent.
(Prov. communs. XV*^ siècle.)
Le vrai peut quelquefois n'clre pas vraisemblable.
(BOILEAL.)
Accidit in puncto quod non speratur in anno.
CLejeune. Prov. ftimil. iïio.)
to66. I n' fàt nin compter so rjoû di d'main.
LiTT. Il ne faut pas compter sur le jour de demain.
Il faut faire ses affaires en temps opportun et ne pas attendre
le dernier moment.
Vos vèyez portant qu'i n' fàt nin compter so r.jotj di iKmain.
(Mach. Laembergh. 182.").)
Namur. Ami, profiton.s d'nosse jône timps,
Il faut joui de l' vie ;
J'el dijeûve co l'aulc fie,
Les joû à v'nu sont incertain.
(Wérotte. Choix de chan.<ioits ivallonne.'^. 1800. S'' C'd.)
Var. Frameries. Domain n'appartie à noulue.
(J. Dufrane. Armoniiqne borain. 1890.)
Basse-Alle.magne. — (Man muss nicht sagen :) Morgen isl
auch ein Tag.
1567. Ni màye rimeite po d'main çou (pi on pout
fer r même joû.
LiTT. Ne jamais remettre au lendemain ce qu'on peut faire
le jour même.
Il ne faut pas renvoyer à un autre temps re qu'on peut faire
de suite.
Dans la rapidité d'une course bornée.
Sommes-nous assez siirs de noire destinée
Pour la remettre au lendemain '!
(J.-b. RoUS.SEAli.)
— 45-2 —
L'avocàl, voyant bin qif c'csleut on paysan,
Prind on cwàrai d' papî, et s'cril lot à milan :
« Ni miiye rimelte po d'main, çou (in'oii ptiiil l'or 1' même joii. »
Nosse malin donne treus franc, prind I' papî et mousse foù.
(IiKMACi.b;. Conte. Ihdlctiu. III. ISoiJ.)
Ni r'mettez màye à d'main çou qu' vos polez fer hoûye.
* (FORIK. Dictionn.)
VAmA>Ti;. Si 'ne feumme vis aime, s'clle li lait vèye,
Diliombrez-v', ca 1' toùne à toi vint;
On rin poul I' fer cangî d'îdèye,
N'el rimeltez nin po riend'main.
(Salme. A7 r'menans rin â lend'main. Ch. -18".)
MAUCHii. Si lo r'mets à d'moin,
Çu qu' lo deus fel, lo no 1' fret nin.
(Alexandre. P'tit coni. 1860.)
Vau. Namuii. Ni djo jamais à d'mouain les affaire; fioz les aujourd'hu. — Ni
boulans nin à d'mouain ci qu' nos polans fer aujourd'hu.
(WÉROTTE. Aurnionaque di Nameur. 1866.)
1568. L'jour de d'main,
Amène s' pain. (Toluînai.)
LiTT. Le jour de demain, amène son pain.
Chaque jour amène une ressource pour celui qui travaille.
1569. 1 n'y a nou si loni» joû qui n' vinse à 1' mite.
LiTT. Il n'y a nul si long jour qui ne vienne à la nuit.
Toute chose arrive à sa fin. — Omma cadunl.
Il n'est si grand jour qui ne vien au vespre.
(Adages françoit. XYI^ siècle.)
Stavelot. I n'y a nou si long joû quie I' vespré n' veigne.
Var. Stavelot. I n'y a rin qui n' prind fin.
1570. N'avu (ju' ses vingt-qwalre heure à dispenser
par joû.
LiTT. N'avoir que ses vingt-quatre heures à dépenser
par jour.
N'avoir absolument rien à faire. Ne pouvoir l'aire plus
qu'on ne fait (réponse au reproi^he de paresse).
Taïenne.
Mins n' n'avans qu' vingt-qwalre heure à dispenser par joù.
(Kemouchamps. Li saveti. I, se. "1. 1838.)
1571. Fer (juatwaze heure so qwinze joû.
LiTT. Faire quatorze lieues on 15 jours.
Faire très peu de chose. — Ne rien faire.
Pi", fr. — Faire quatorze heures en quinze jours.
Cité par Forir. Uict.
— 453 —
MoNS. Si ça continue ainsi, t' ti Jean, nos n'arrivrons jamais h no posse aujord'hui,
parqué du train qu' nos allons, nos ferions M quatorze lieue su quinze Joù : hue don,
foutu bourrique.
(Letixmer. Armunaque dé Mans. 1869.)
lo7'2. Nos n'estans nin co à l' vesprêye di tos
les joû.
LiTT. Nous ne sommes pas encore au soir de tous les jours.
Il se passera bien des choses d'ici à la lin du monde. — Nous
avons encore du temps devant nous. — En toute chose, il faut
considérer la fin. — Rira bien qui rira le dernier.
Pr. ail. — F]s ist noch nicht aller Tage Abend.
1573. Arracher les jour avec les dint. (Touhnai.)
LiTT. Arracher les jours avec les dents.
Peiner, se dépêcher à travailler, et avoir à peine le temps
nécessaire pour taire sa besogne.
1574. Il a v'non â monde li joû de bon verdi.
LiTT. Il est venu au monde le jour du Vendredi-Saint.
Croyance populaire qui attribue à ce jour le bonheur (jui
arrive à quelqu'un.
Deuzême voisin.
T'as sûr'mint v'nou à monde li joû dé bon verdi.
(Remouchamps. Tdti V perriqni. I, se. U. 1885.)
JoDOiCNE. Il a v'neu au monde le joû de 1' bon verdeu.
JOUHNÉE.
1575. I n' fat nin s' vanter d'ine l)elle joilrnéye
avant qu'elle ni seùye oute.
LiTT. Il ne faut pas se vanter d'une belle journée avant qu'elle
soit terminée.
Il ne faut pas se vanter trop tôt d"un succès incertain. (Acad.)
Cf. Entre la coupe et les lèvres, il y a place pour un malheur.
Namuk. C'est bin fait c'est bin èployi,
D'one belle journée, est fô qui s" vante.
Do fer d' ['esprit, j'a-t-assayî.
Ji SOS co pus biesse qui m' matante.
(Wérotte. Choix de chansons wallonnes. Namur. 1860.)
Na.ml'r. On proverbe dit qu'on n'dnit jamai.s .s" vanter
D'one belle journi'e, lanl qu'elle n'est nin co hiutle.
C'est par malheur one bin jurande vérité.
(J. COLSON. Les inondé. Ch. 1862.)
ÛIoNS. I n" faut jamais s' vanter demie belle journée dvanl qu'elle soit passée ;
autremint dit, qu'il n' faut jamais vinde el pieau d' l'ours d'vanl l'avoir escolllé.
(Leteixier. .hni. dé Mons. iS'ôi). L'onis tu les deux amiinie. Faufe.)
— 454 —
Var. Verviers. Neixe.
Sovint on r'grette à l' nute li lawe dé 1' matinôye.
(Renier. Li mohonne à deux face. Se. 4. 1873.)
Basse-Allemagne. — Man muss dcn Tag nicht vor dem
Abciid loben.
4576. S'i étiot sur in s'el'vant d' faire eine saquoi
d' bon dins l' journée, i s'ercouche. (Tournai.)
LiTT. S'il était certain on se levant de faire quelque chose de
bon dans la journée, il se recouche.
Se dit d'un homme d'un caractère désagréable et peu disposé
à faire le bien.
Il fait une maladie toutes les fois qu'il rend un service.
(LiTTRÉ.)
JUDAS.
1577. On trouve co pus d'on judas. (Namur.)
LiTT. On trouve encore plus d'un judas.
On rencontre souvent des personnes d'un caractère faux, qui
vous nuisent, qui vous trahissent.
JUPE.
1578. Taper 1' cotte so 1' hâye.
LiTT. Jeter la jupe sur la haie.
Se dit de toute personne qui, par inconstance, renonce
à quelque profession que ce soit. ( Acad.)
Pr. fr — Jeter le froc aux orties.
Renoncer à la profession monacale et, par extension,
renoncer à l'état ecclésiastique. (Acad.)
Cité par Forir. Dict.
Namur. Po l' bigote, s'i faut chanter,
J'enne n'a wère i'èvie ;
Avou zeile faut barboter
Todi l' litanie.
Et s'il leu vint on galant,
Habie cotte su l' hàye, pan !
Quelle drôle di botique,
Joseph,
Quelle drôle di botique !
(Ph. Lagrange. Quelle drôle di Ixnique. Chanson 1807.)
JoDOiGNE. Taper s' cotte aux ourtie.
1579. Klle vole fou d' ses cotte.
LiTT. Elle vole hors de ses jupes.
— 455 —
Se dit d'une femme ardente, recherchant la compagnie et le
commerce des hommes.
JUSTE.
I08O. Jusse comme ine jusso.
LiTT. Juste comme une cruche.
Jeu de mots. — Très juste, très exact.
ERRATA.
1 Citation, Verviers, Sudaurt, lisez: Sôdaurt.
22 Qwèri, lisez: Quoiri.
48 Citation, MONS, Rosties, lisez: Rostie.
lliil'u'faut nin côpe l'aubet, lisez: I n'faut nin côpet l'aube.
118 In abe, lisez: One aube.
152 Citation, Ji vou ji n'pou, Usez: Ji voux, ji n' poux.
158 Citation, Charleroi, Roès, lisez: Roi.
240 Citation, JODOIGNE, Moert, lisez: Moirt.
380 Citation, D' vins 'ne botèye, lisez: Divins 'ne botèye.
403 Citation, MARCHE, Pèquet, lisez: Pèket.
416 Ajoutez : 23 et 25 avril.
461 Citation, NIVELLES, Et i pracihe, lisez: Et i praiche.
527 Citation, Namur, I 'nnès quitte, lisez: I 'nne est quitte.
535 Citation, Voye, lisez: Vôye.
540 Citation, DelaRGE, Pek'teux, lisez: Pèk'teu.
549 Citation, TOURNAI, Été en veoë, lisez: Ête en veoi.
560 Citation, JODOIGNE, Boit, lisez: Bois.
683 Citation, D'vins 'ne botèye, lisez: Divins 'ne botèye.
720 Citation, NAMUR, Pèquèt, lisez : Pèket.
749 Citation, De Harlet, lisez : De Harlez.
766 Citation, MARCHE, Dissuss-t-ancinî, lisez: Dissus-st-ancinî.
962 Citation, Pèk'teux, ôtez Vx.
971 Citation, VERVIERS, Bourike, lisez: Bourrique.
— 456 —
1072 Variante, Bailleux, 1er vers. On, lisez: Ou.
1118 Citation, MONS, Niéein, séparez en deux mots: Nié ein.
1198 Citation, Tôt rate, lisez: Toratte.
1404 Citation, Beauraing, Sôlêye, lisez :Sô\ée.
1456 Citations, HANSON et Thiby, Francs, ôtez Vs.
1461 Citation, Saint-Hubert, mwaiche, lisez: mouaiche.
1467 Citation, DepreOHEUX, Toir, lisez: Toirt.
1473 Ajoutez la date: 6 septembre.
1491 Variante, Rattind, Usez: I rattind.
Les tables seront publiées à la fin du second volume.
tSII^UI^'
JUM161970
PC
30^1
t. 29-30
Société de langue et de
littérature wallonnes
Bulletin
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