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BULLETIN 

DE  LA 

SOCIÉTÉ     LIÉGEOISE 

DE    LITTÉRATURE    WALLONNE 

DEUXIÈME    SÉRIE.   —  TOME    XVI. 


"■'■'EL. 


BDI.r.ETIN 


DE    LA 


r  r 


SOCIETE  LIEGEOISE 


DE 

LITTÉRATURE  WALLONNE 

Oa) 

DEUXIÈME    SÉRIE 
XOME     1K.VI 


LIEGE 

IMPRIMERIE    H.    VAILLANT-CARMANNE 

Rue  St-Adalbert,  8. 

1891 


■v    ^ 


^-,    f^  f 


SOCIÉTÉ  LIÉGEOISE  DE  LITTÉRATURE  WALLONNE, 


CONCOURS   NATIONAL  WALLON 


A  roccasion  du  XXV^  anniversaire  de  l'avènement 
au  trône  de  Sa  Majesté  Léopold  II,  la  Société 
liégeoise  de  littérature  wallonne  a  décidé  d'accorder  : 

A.  A  la  meilleure  pièce  de  poésie  wallonne  sur  le 
XXV^  anniversaire. 

1"  prix,  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  100  fr.  ; 

2^  prix,  une  médaille  de  vermeil  massive  de  la 
valeur  de  50  fr. 

Nota.  —  La  forme  de  l'œuvre  (conte,  chanson, 
scène  populaire,  etc.)  est  laissée  à  l'appréciation 
de  l'auteur. 

B.  Au  meilleur  crâmignon  wallon,  dont  le  sujet 
est  laissé  au  choix  de  l'auteur  : 

d*""  prix,  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  100  fr.  ; 
2^  prix,  une  médaille  de  vermeil  massive  de  la 
valeur  de  50  fr. 
Les  résultats  sont  publiés  ci-après. 


—  6  — 

CONCOURS  SPÉCIAL. 
LETTRE  A. 

Le  concours  spécial  de  1890,  lettre  A,  avait  trait  à 
la  meilleure  poésie  sur  le  XX  V^  anniversaire  de 
notre  Roi  (conte,  chanson,  scène  populaire,  etc.).« 
Sans  faire  injure  au  concours  n°  B,  dont  le  sujet 
était  libre,  on  peut  dire  que  celui-ci  était  particu- 
lièrement difficile.  En  effet,  le  sujet  était  imposé  et 
bien  circonscrit,  ce  qui  pouvait  gêner  plus  ou  moins 
l'inspiration.  Il  supposait  une  connaissance  com- 
plète de  l'histoire  de  notre  période  nationale,  et  des 
qualités  particulières  requises  dans  un  Roi  à  l'é- 
poque contemporaine.  Enfin  on  demandait  l'éloge 
d'un  prince  vivant,  et  l'éloge  en  vers,  encore  !  Il 
fallait  devancer  le  jugement  de  l'histoire,  il  fallait 
rester  vrai  et  louer  de  façon  délicate.  Un  grand 
nombre  de  concurrents  n'ont  pas  su  éviter  ces 
écueils. 

Vingt-cinq  pièces  (en  réalité  vingt-treus,  deux 
ayant  été  reportées  au  concours  B),  ont  été  envoyées 
au  concours.  La  plupart  renferment  des  formules 
d'admiration  générale  qui  pourraient  s'appliquer  à 
Guillaume  II,  ou  à  la  reine  Pomaré,  aussi  bien  qu'à 
Léopold  II;  des  banalités,  des  exagérations  cho- 
quantes, d'ennuyeuses  déclamations;  des  pensées  et 
des  réflexions  décousues,   où,  comme  dit  le  bon 


—  7  — 

Horace  :  uniis  et  aller  assuitur  pannus  ;  parfois 
même  des  vulgarités  (n''  4),  et  des  platitudes  (n^  5). 

Entrons  dans  quelques  détails.  D'abord,  avant 
toute  chose,  et  surtout  il  fallait  parler  des  25  années 
du  règne  de  Léopold  II.  Cela  ne  paraît-il  pas  naïf 
qu'il  faille  commencer  par  établir  ce  point,  quand 
je  relis  le  n"  21,  intitulé  :  Clér  di  leune.  Voilà  sans 
doute  un  titre  et  un  refrain  gracieux  qui  promettait. 
Un  vieillard  se  souvient  qu'il  a  hanté  au  clair  de 
lune,  qu'il  a  contribué  à  rendre  la  Belgique  libre, 
au  clair  de  lune,  que  sa  belle,  qui  était  hollandaise, 
Fa  quitté  avec  ses  compatriotes,  au  clair  de  lune. 
Mais  l'auteur  n'a  pas  vu  au  clair  de  lune  que  tout 
cela  ne  se  rapporte  guère  au  XXV*'  anniversaire  du 
Roi,  comme  il  a  oublié  que  le  refrain,  si  beau  soit-il, 
pour  avoir  du  mérite  doit  toujours  être  amené  natu- 
rellement. De  même,  dans  les  n°'  1  et  2,  il  est  très 
peu  question  du  Roi.  Et  le  n"  18,  6  couplets  de  4 
vers  avec  refrain  de  6  vers,  ne  contient  que  des  sen- 
timents très  vagues  à  propos  du  Roi;  on  n'y  apprend 
pas  un  mot  de  ce  que  notre  souverain  a  fait. 

Voilà  pour  le  contenu,  pour  le  fond.  Maintenant, 
au  point  de  vue  poétique,  combien  peu  répondent 
à  ce  qu'on  est  en  droit  d'attendre  d'un  poète.  Les 
Defrecheux  et  les  Thiry,  pour  ne  parler  que  des 
morts,  ont  créé  dans  notre  idiome  des  types  inou- 
bliables ;  on  voit  toujours  vivants,  dans  sa  mémoire, 

N°  4.  Li  Jubilé  d"  vimjt-cinq  an  dû  réçpie  di  nosse  Roije. 

5.    Wallon^  Flamind^  dinans-nos  V  main. 
No*  i  et  2.  Les  vingt-cinq  an  de  régne  d'à  Lèopôld  H. 

18.  Li  vingt-cinquême  l  ' 


-  8  — 

dès  qu'on  les  connaît,  le  jeune  homme  et  la  jeune 
fille  qui  se  rencontrent  au  coin  d'un  bois,  la  vieille 
femme  taudatrix  temporis  acti.  Ce  n'est  pas  la  forme 
versifiée  qui  a  produit  ce  phénomène;  c'est  le  souffle 
inspirateur  qui  a  personnifié  ces  types,  les  a  rendus 
aussi  vivants,  plus  vivants  même  que  telle  ou  telle 
personne  que  nous  connaissons.  Voilà  précisément 
ce  qui  manque  au  plus  grand  nombre  de  nos  con- 
currents :  leurs  poèmes,  ce  n'est  le  plus  souvent, 
que  de  la  prose  rimée,  quelquefois  même  les  vers 
sont  d'un  prosaïsme  insupportable;  le  n°  11,  entre 
autres,  n'est  qu'un  mélimélo  de  40  couplets  de  4 
vers,  suivis  d'un  refrain  également  de  4  vers,  le  tout 
d'une  monotonie  intolérable;  non  seulement  les 
quarante  couplets,  mais  les  vers  eux-mêmes  défilent 
dans  un  ordre  mathématique  et  toujours  le  même. 
Que  devient  ici  le  beau  désordre  dont  parle  Boileau  ? 
Ainsi  encore  le  n°  16  :  c'est  un  panégyrique  com- 
plet; malheureusement  ce  n'est  que  de  la  prose 
rimée,  bien  rimée,  je  le  reconnais. 

Et  la  versification  ?  Nous  exprimons  tant  de  fois 
et  avec  tant  de  regret,  dans  nos  comptes  rendus  les 
mêmes  réflexions,  à  ce  point  de  vue  là,  que  de  cham- 
pions entrent  en  lice  mal  armés  pour  ces  concours 
de  poésie;  la  métrique  est  défectueuse (n*^**  1,  2,  3,  7, 
9,  11).  Gomment   ces   auteurs  ne  suivent-ils  pas  le 

N"  11.    Vive  ti  Belgique  ! 

16.  i4  Liopôld  H,  roi  des  Belge. 
3.  V  Union  fait  la  force. 

7.  So  lès  vingt-cinq  amiêye  de  régne  d'à  Lèopôld  II. 
9.  Monologue. 


—  9  — 

conseil  qu'on  leur  a  donné  si  souvent;  qu'ils  sou- 
mettent donc  leurs  essais,  avant  de  les  risquer  dans 
un  concours,  à  un  conseiller  sévère  et  prudent  à 
la  fois;  ils  épargneront  ainsi,  à  eux  bien  des  mé- 
comptes, aux  membres  du  jury,  une  lecture  fasti- 
dieuse et  inutile.  D'autres  encore  parlent  un  wallon 
incorrect  {n°  9),  une  langue  moitié  wallonne,  moitié 
française  (n*^^  3  et  20). 

Dans  ce  naufrage  presque  général,  hâtons-nous  de 
le  dire,  deux  pièces  surnagent,  et  ont  attiré  dès 
l'abord  la  sérieuse  attention  du  jury  ;  ce  sont  le 
n"  12  et  le  n"  23.  Ils  ont  passé  tous  deux,  surtout  le 
second,  avec  une  rare  habileté  au  milieu  des  écueils 
multiples  d'un  sujet  qui  méritait  de  prendre  pour 
devise  :  à  vaincre  sans  péril,  on  triomphe  sans 
gloire. 

Le  n°  12  est  intitulé  :  Chi  foyou  d'histoire.  C'est 
un  morceau  épique,  qui  tourne  parfois  à  la  cantate. 
11  y  a  là  un  lyrisme  de  bon  aloi;  le  style  est  élevé, 
poétique,  le  ton  est  pompeux,  sans  enflure.  Le  vers 
est  bien  frappé,  les  alexandrins  se  déroulent  avec 
une  aisance  majestueuse.  La  facture  savante,  sans 
embarras,  de  la  phrase,  ne  fait  nullement  penser  à 
un  débutant.  L'auteur  dit  à  peu  près  tout  ce  qu'il 
faut  dire.  Deux  petites  critiques  Le  début  est  peut- 
être  un  peu  idyllique;  la  transition  de  ce  début  à  ce 
qui  suit  provoque  une  certaine  surprise.  Puis  l'au- 
teur, à  l'exemple  de  Magnée,  recherche  un  peu  trop, 

N"  20.  Li  vingt-cinquéme  anniversaire. 


—  10  — 

à  ce  qu'il  semble,  les  expressions  archaïques,  qu'il 
pouvait  du  reste  se  passer  d'expliquer  en  note. 

Le  n**  23  est  une  ode  en  règle  ;  elle  se  compose  de 
8  vers  en  patois  namurois  ;  ici  encore  nous  avons 
un  vrai  «poète;  il  a  de  la  verve,  son  styJe  chaud, 
coloré,  brillant,  élevé,  anime  tout  ce  qu'il  dit; 
l'inspiration,  peut-être  un  peu  naïve  dans  quelques 
vers  du  commencement,  se  soutient  d'un  bout  à 
l'autre.  Enfin  le  panégyrique  est  complet.  L'auteur 
est  le  seul  qui  ait  rappelé,  en  excellents  termes,  la 
mort  de  l'héritier  présomptif  du  trône;  note  pathé- 
tique touchée  avec  un  tact  parfait  et  qui  provoque 
une  émotion  sympathique  au  milieu  du  concert 
d'éloges  décernés  à  notre  Roi. 

Le  jury  a  également  remarqué  la  pièce  n°  3,  inti- 
tulée :  Léopold  IL  L'auteur  a  choisi  le  mètre  des 
ïambes  de  Barbier,  vers  de  12  syllabes  suivi  d'un 
vers  de  huit.  La  1'"*'  strophe  est  bien  tournée;  la  fin 
exprime  heureusement  un  bon  sentiment  :  soyons 
unis.  Mais  à  côté  de  cela,  il  y  a  des  strophes  pro- 
saïques, beaucoup  de  rimes  en  êye,  des  tournures 
et  des  expressions  françaises.  Nous  pouvons  aussi 
citer  du  n°  4,  le  refrain  de  6  vers  qui  est  bien  tourné, 
et  signaler  dans  le  n°  24,  intitulé  Vingt-cinq  ans, 
quelques  éclairs  de  poésie,  noyés  au  milieu  d'un 
wallon  insignifiant  et  de  sentiments  vagues. 

N»  4.  REFRAIN: 

Vivâi  !  Li  Rèlgique  è-st-è  liesse! 
Tribolez,  cloke,  tonnez,  canon, 


-li- 
rez r'dondi  l'air  di  joyeux  son  ! 
Wallon,  tîhon  n'  polans  fer  V  fièsse, 
Pusqu'l  vola  co  vingt-cinq  an 
Qu'awoureiix  èl  lîbe  nos  viquans. 

En  conséquence,  après  mûre  délibération,  le  jury 
propose  de  décerner  un  premier  prix  à  la  pièce 
ir  23,  intitulée  Vingt-cinquième  anniversaire  de  sa 
Majesté  Léopold  11,'roides  Belges;  2^  un  second  prix 
à  la  pièce  n°  12,  intitulée  :  On  foyou  dliistoire; 
3-^  une  mention  honorable  à  la  pièce  n**  3,  intitulée  : 
Léopold  II,  et   à  la  pièce  n«  24,   qui  a  pour  litre 

Vingt-cinq  an. 

Le  jury, 

H.  Hubert, 

N.  Lequarré, 

Julien  Delaite, 

J.  Matthieu, 

I.  DoRY,  rapporteur. 

La  Société,  dans  sa  séance  du  15  décembre  1890, 
a  donné  acte  au  jury  de  ses  conclusions.  L'ouver- 
ture des  billets  cachetés,  accompagnant  les  pièces 
couronnées,  a  fait  connaître  que  M  Auguste  Viersel 
est  l'auteur  de  la  pièce,  n'  23;  M.  Godetroid  Halleux 
celui  de  la  pièce,  n"  12;  M.  Emile  Gérard  celui  de  la 
pièce,  n»  3,  et  M.  Félix  Poncelet  celui  de  la  pièce, 

n'*  24. 
Les  autres  billets  cachetés  ont  été  brûlés  séance 

tenante. 


XX V^  anniversaire  de  Sa  Majesté  Léopold  II, 

P.OYE     DÈS     PeLGE 

PÂB 

Auguste   VIERSET. 

Devise  : 

Dins  r  quart  di  siéke  qu'il  a  stî  à  nosse  tièsse, 
I  n'a  songî  qu'au  bonheur  de  1'  nation. 


prix:  Médaille  d'or. 


Nosse  bon  Roye  v'nait  d' moru  ;  V  Gièl  gangneuve  one  archange  ! 

Mais  nos  pièrdin-n  on  père  bin  pus  qu'on  souverain. 

Lès  vîx  hossin-n  li  tièsse,  dijant:  a  Faut-i  qu'  tôt  cange!  » 

L' tristesse  mètteuve  si  doû  dins  1'  cœur  dès  braves  gins. 

Li  pays  si  sinteuve  à  bout  d'  corage  et  d'  foice . 

SinsLèopôld,  qu'alleu ve  div'nu  nosse  liberté? 

Et  r  vîx  Lion,  di  s'  queuve,  ni  battant  pu  ses  coisse, 

Gèmicheuve  comme  on  chin,  qui  s'  maisse  a  du  quitter. 

Mais,  v'ià  qu'  dins  tote  lès  âme  one  voix  s'a  fait  ètinde  : 
a  Mes  èfant,  dijeuve-t-èlle,  à  quoi  bon  tant  gémi  ? 
«  Rimèrcioz  l' bon  Diè,  et  bannichoz  tote  crainte  ; 
«  Car  li  û  qu'i  m'a  d'né  vaurait  cint  côp  mia  qu'  mi. 
«  J'  n'a  ïeu  qui  l' timps,  vèyoz?  di  disgrochî  1'  besogne, 
a  D'astanç'nor  bin  l' botique,  di  bin  planter  1'  drapia. 
a  Lèyîz  fer  m'  remplaçant  ;  vos  voiroz  qu'  'l' aurè  sogne 
a  Di  fer  r'iûre  su  lortos  l' bonheur,  comme  on  solia.  » 


—  14  — 

Comme  one  fleur,  qui  de  1'  nait,  a  du  r'ployî  ses  fouye 
Mais  qui  s'  ridrèsse,  pus  belle,  aux  caresse  do  matin, 
Li  confiance  a  riv'nu,  on  a  r'sèchi  ses  oûye, 
Kt  tôt  !•'  monde  a  r'waitî  d'vant  li,  1'  cœur  pu  contint. 
Car  on  aveuve  sinti  qu'on  n'aveuve  pont  fait  d'  piète, 
Pusqui  Lèopôld  li  aveuve  l'àme  do  grand  Roi, 
Et  r  vîx.  Lion,  crinière  au  vint,  li  gueûye  douviète, 
Su  ses  patte  di  géant  s'a  r'drèssî  tôt  fin  droit!...  . 

Lès  annêye  ont  passé,  pus  coûte  qui  dès  samoîne. 
—  Li  timps  discré  si  vite  quand  c'è  l' timps  do  bonheur!  — 
L'  pays,  moinrné  à  s'  goût,  n'  connichait  nin  lès  poîne. 
C'èstait  fîèsse  dins  les  boûse  et  c'èstait  fièsse  dins  1'  cœur. 
Mais  r  paradis  su  l' terre  è-st-one  chose  impossibe, 

I  gn'a  pont  d'  rose  sins  spène,  pont  d' jôye  qu'on  n'  doit  payî  : 
L'  malheur  a  tindu-st-ârc,  pirdant  nosse  Roi  po  cibe; 

Li  jône  prince,  moirt  trop  timpe,  dins  1'  doù  nos  a  lèyî. 

G'èsteuve  on  tèrribe  côp,  qu'aureuve  fait  piède  li  tièsse 

Aux  pus  foirt  d'ètur  nos  ;  mais  Li  n'è  nin  dès  cia 

Qui  r  chagrin  fai  bambî  et  qui  rot'nû  su  crèsse, 

Lèyant  filer  leûs  barque  sins  touchî  au  vièrna. 

Comme  l'aci  bin  chauffé  qui  r'prind  pus  d' foice  è  l'aiwe, 

Lèopôld  s'a  r'drèssî,  ritrimpé  pa  1'  malheur. 

Li  désespoir  n'è  bon  qui  po  lès  sanguènaiwe, 

Et  Li  èsteuve  d'one  pausse  qu'on  n'  prèsti  wêre  à  c'ste  heure. 

C'é  deur  di  piède  si  fi  !  Li  cœur  d'on  père  è  tinre 
Et  tote  lès  lame  do  monde  ni  saurin-n  l'apaugî  ! 
Mais  nosse  Hiwoi  aveuve  d'autes  èfant  à  sotinre. 
Et  c'è-st-à  ses  sujet  do  côp,  qu'il  a  songî. 
Sins  trôner,  sins  bronchî,  li  pid  ferme  et  1'  moin  sûre, 

II  a  continué  à  travayî  por  nos. 

Li  vrai  soudar  si  ba  sins  pinser  à  s'  blessure, 
Jusqu'au  momint  où  l'moirt  li  fai  chair  su  lès  g'nox. 


—  15  — 

Dins  s'jônèsse  il  aveuve  voyagî  en  Syrie, 

En  Egype  et  en  Grèce,  aux  pays  d'avaur-là; 

Et  il  aveuve  compris  qui  por  noste  industrie 

I  gn'aveuve  dès  bias  caur  à  gangnî  pa  vailà. 

I  fai  tant  qui  tôt  r'prind:  culture,  mèstî,  commerce  ; 

Ovrî,  à  vos  o'stèye  !  Usine  et  laminoir, 

Fioz  vosse  trayin  d'infèr!  I  fau  qui  1'  Belgique  perce! 

Fau  qu'elle  mostere  à  1'  fin  qui  ses  èfant  sont  foirt. 

Gomme  dins  on  nid  d'copiche  ce-st-on  vrai  r'moue-maînage? 
On  n'ètind  qu'  dès  chèrette  et  dès  grands  côp  d'  maurtia. 
G'  n'è  qu'  vèrr'rîe,  è  chafor,  et  tôt  l' long  dès  rivage, 
Dès  attèlûre  di  ch'fau  qui  traîn-nu  dès  batia. 
Lès  champ  d'orge  et  d'  frumiiit  suiv'nu  lès  champs  d'  pètrâlc, 
Après  lès  pîce  d'  houblon  vègn'nu  li  chènne  et  F  lin; 
Lès  ch'min  d'  fier,  è  ronflant,  s'èpoit'nu  comme  dès  diâle, 
Et  r  long  d' l'aiwe  ci  n'è  pus  qu'  tos  tic-tac  di  molin. 

L' travail,  c'è-st-one  saquoi,  mais  i  fau  qu'  ça  rapoite. 
A  wuîdî  s' magasin  on  a  sovint  do  mau. 
Mais  v'ià  qu'  l'Exposition  tote  au  lauge  douve  ses  poite, 
Mostrant  qui  l'ovrî  belge  valait  bin  1'  cia  d'aute  pau. 
Ça  stî  po  nosse  commerce  li  dêrain  côp  d' grosse  caisse, 
Et  do  joû  au  lend'moin,  n's  èstin-n  connu  partout. 
Po  bin  dès  industrie,  l'étranger  trovait  s'  maisse 
Et  pus  d'onque,  ci  joû-là,  a  r'çû  on  bel  atout. 

L'bia  succès  qu'nos  avin-n,  è-ce  qui  c'è  F  poîne  qu'on  Fdîge? 
C'è-st-au  Roye  qu'on  l'diveuve,  mais  qu'è-ce  qu'on  n'iî  doi  nin? 
Li  devise  di  Marnix,  po  s'  prôpe  compte  i  l'a  r'prîge: 
«  On  s'  ripois'rè  pus  taurd,  quand  F  bon  Diè  F  vorè  bin.  » 
A  fer  do  bin  au  peùpe  il  a  mèttu  s'  consciïnce. 
L'instruction  languicheuve,  c'è  li  qu'  l'a  rèwèyî; 
Et  po  fer  ressorti  F  talent  d'  nos  homme  di  sciince, 
Gn'a  on  bia  prix,  tos  Fs  an,  po  F  cia  qu'  la  F  mia  gangnî. 


—  16  — 

Tôt  ça  aureuve  suffi  po-z-i  fer  on  grand  prince, 

Mais  r  cia  qui  fai  1'  bin,  trouve  qui  n'è  fai  jamais  trop. 

Et  tôt  r'waitant  V  moyin  d'  rinde  pu  riche  nos  province, 

Il  a  tapé  ses  oùye  su  1'  vallée  do  Congo. 

Gn'a  là  dès  bois,. dès  champs,  des  aiwe,  apuis  dès  plaine 

A  fer  flauwi  d'surprîge  tote  lès  gins  d'avaur-ci. 

Li  Roi  n'a  rin  spaurgnî,  fortune,  ni  timps,  ni  poine, 

Mais  i  doi  ièsse  contint,  pusqu'il  a  réussi? 

Il  a  codû  r  pays,  comme  l'avait  codû  s'  père, 
Avou  foice  et  sagesse,  sins  trôner  d'vant  l'  dangî. 
Li  Belgique,  grâce  à  Li,  n'a  pont  connu  d'misére, 
Li  jôye  a  suivi  l' jôye,  «  todis  1'  même  po  cangî  !  » 
Di  tote  nos  liberté,  '1  a  stî  1'  gardien  fidèle  : 
Il  a  todis  d' mère  foû  d'  nos  lutte  di  parti. 
Et  dispeu  vingt-cinq  an  qu'i  vole  di  ses  prôpes  aile, 
C  qu'i  promètteuve  tôt  jône,  I  n'  l'a  nin  disminti. 

Bon  vîx  roi  Lèopôld,  si  1'  bon  Diè  dissu  l' terre, 

Vos  lai  taper  on  p'tit  côp  d'oûye  di  timps  in  timps, 

E  vèyant  nosse  pays  heureux,  riche  è  prospère, 

Au  paradis,  là-haut,  vos  divoz  ièsse  contint  ! 

L'  huche  pa-w-où  vin  1'  bonheur  ni  pou  mau  di  s'  raclore 

Car  vosse  fi  bin-aîmé  a  sogne  de  l' tinre  douvièt. 

Il  a  levé  si  haut  nosse  drapia  tricolore 

Qui  r  monde  ètîre  didins  tortos  se  1'  discouvièt  ! 

Flamind,  Wallon,  fuchans  fier  d'awoi  à  nosse  tièsse 
On  Roi  qu'on  nos  èvîe,  et  qu'ènne  è  digne  ossi. 
L' joû  di  st-anniversaire,  è  nosse  pus  bia  joû  d'  fièsse, 
Fians  li  vôye,  qu'  lès  ingrat,  ça  n'  cré  nin  spai  vaici. 
Fiestans-l';  et  si  on  joû,  dissur  nos  l'ènn'mi  broque, 
Rissèrans  nos  turtos,  po  1'  dislinde  di  nosse  mia. 
Et  r  vîx  Lion-Bèlgique,  mostrant  ses  grandes  broque. 
Nos  prouv'rè  cor  on  côp  qui  se  aurder  s'  drapia  ! 


ON   FOYOU    D'HISTOIRE 

1830-1865-1890 

PAR 

Godefroid  H  ALLEUX. 

DeVISK  : 

A  lu  totcs  nos  pinsêye. 


prix:    MEDAILLE   DE   VERMEIL, 


1830. 


Nou  vint  ni  frusihéve.  Li  terre  èstcu  mouwalle, 
È  r  nutêye  on  n'  oyéve  tant  seul'mint  qui  1'  houpralle, 
Ouhaî  di  mâle  aweure,  plein  d'hayîme  et  sins  r'moird, 
Qu'tot  rascrâwant  lès  gins  ni  houpèlle  qui  po  Tmoirt. 
Di  chai  à  1'  bàne  de  cîr  lès  foumîre  montlt  dreûte. 
Lès  foye  dès  âbe  ossu  so  leus  cohe  èstît  keute, 
L'aiwe  même  èsteu  pâhûle,  et  1'  solo,  di  s'  choleur, 
Dârant  ses  pus  chauds  r'jèt,  fève  clinchi  l' tièsse  âx  fleur. 
On  sintéve  è  pays  qui  gèrméve  ine  arège, 
Qui  s'alléve  dibâchî  pés  qu'on  toûbion  d'orège, 


—  18  — 

Tôt  k'broyant  tos  ces  là,  qui  n'  nos  kèyant  qu  dès  ma, 

Tôt  d'hant  :  Ji  maintliirè,  nos  (ît  passer  bastâ, 

Po  l'amou  qu'  totes  lès  pièce  èls  apidt  turtote, 

Tôt  nos  fant  sûre  à  striche  dès  loi  qu'  n'ahâyi  gotte. 

Mais  nos  père,  d'édurer  totes  ces  keure  sins  moti, 

Et  di  s'  vèye  k'hustiner,  èstît  div'nou  nâhî. 

Zèls  qui  jamâye  po  nouque  n'avît  bahî  li  scrène, 

I  n'  lès  y  duhéve  pus  d'èsse  kidû  d'  mâle  goviène. 

Ga  d'vins  train'mint  boléve  li  songue  di  leus  tayon, 

D'  ces  francs  cour  qui  jourmâye,  so  l's  ègré  d' leus  perron, 

A  cri  d'  hâhay,  hâhay,  Saint  Lambièt,  po  devise, 

Si  fît  touwer  sins  pawe  tôt  d'findant  leus  frankise, 

Tôt  comme  po  leus  lion,  ces  corègeux  Flamind, 

Po  li  hiner  ses  chaîne,  morît-st-ossu  fîr'mint. 


D'on  plein  côp,  reude  à  balle,  comme  aplonque  li  tonnîre, 

Nos  père  si  révintantdârit  foû  d'  leus  mâhire. 

Tôt  roufïlant  so  Brussèlles  à  hèrlêye,  ayant  p'chî, 

Nùhî  d'èsse  dihiffré,  de  vèye  tôt  s'awachî. 

Sins  laquer,  plein  d'âmeur,  è  disdu  de  l' timpèsse, 

Tôt  prindant  po  devise  ;  C'è  l'Union  qu'  fai  V  foice. 

Et  s'agrigeant  turtos,  s'èhiôdant  st-à  l'pus  reud, 

Is  fît  nosse  Liberté,  tôt  fant-st-aponte  nos  dreut. 

Lès  qwate  forfants  joû  d'gloire  ont  mostré  qu'  '1  èstît  d'taye 

De  t'ni  çou  qu'  l'ak'dùhît  d'so  1'  feu,  1'  plonque  et  1"  mitraye. 

Mais  comme  on  p'tit  coirpai  qu'  nouque  n'aksègne  à  roter, 

Li  Belgique  è  c'  trôvin,  ni  sèpéve  qui  hèpter, 

Po  trover  'ne  homme  d'èhowe  et  adrème  po  1'  kidùre, 

Sins  qu'i  n'  si  marihasse,  en  eune  vôye  dreute  et  sûre. 

On  fôrma-st-on  congrès,  qui,  de  fi  fond  de  cour. 

Si  dishombra  d'  nouramer  Roye  on  Prince  di  Goboûrg, 


—  19  — 

Et  lu,  comme  on  brave  père,  a  k'dû  nosse  dèstinèye, 
Divins  1'  paye  et  l'aweur,  trinte  cinq  belles  annêye. 

1865. 

Décimbe...  D'où  vint  lès  cloque  hiltèt-elles  tote  à  moirt, 
Et  tôt  avâ  r  patrèye  veut-on  1'  rance  de  d'sèspoir  ? 
G'è  qu'  Liopôld  pnirnî,  coûquî  freud  comme  ine  pire, 
A  r  belle  aireure  de  joû,  vint  de  clore  ses  pâpire. 


Ah  !  choulez  peûpe,  choulez,  ca  v'  n'èl  riveurez  pus 

Li  père  qui  vos  aîmîz  jourmùye  de  d'viser  d' lu. 

Divins  l'ii  fond  d'voste  âme  wârdez  s'bonne  rimimbrance, 

Tôt  boutant-st-è  vosse  cour  li  nosôye  espérance. 

Et  s'  ridhez  comme  on  d'héve,  en  on  timps  revoie, 

L'  Roye  è  moirt,  Vive  li  Roye,  vive  si  fi  1'  Binam  !. 

1890. 

Chantez  pitits  ouhaî  d'vins  lès  bois,  lès  buskège, 

A  nos  jolis  rèspleu  mahîz  vosse  grusinège, 

Ding'tez  cloque,  et  qui  1'  vint  èpoite  vosse  volant  son 

Ax  qwate  coino  de  pays;  groûlez-st-ossu,  canon, 

Ca  r  Belgique  busquintèye  li  vingt  cinquème  annêye 

Di  goviéne  di  nosse  Roye  et  d'  nosse  Royène  aîmôye.    , 

Qui  so  r  viaire  de  peupe  li  jôye  à  hope  accourt 

Et  r'iùse,  à  c'  bai  diama,  tôt  nos  fant  wînner  V  cour  ; 

Ca  d'  SOS  Liopùld  deux,  l'Art,  li  Science,  l'industrôye, 

Tôt  n'a-t-i  nin  r'glati  d'ine  aireure  sins  parèye. 


—  20  — 

N'a-t-i  nin  bouté  si  âme  â  nivai  di  s' grand  d'voir, 

Tôt  d'naiit  tos  l's  ans  on  wage  po  z'adaignî  V  savoir? 

N'a-t-i  nin  dit,  gna  waire,  qui  l' drovège  de  l'  pinsêye 

Esteu  r  surdant  d' l'âhmioce  et  l'aousse  de  l' mèhnêye? 

Ga  '1  sèpou  comprinde  divins  s' tièsse  di  tùseu 

Çou  qu'on  aveu  mèsâhe  po  qu'on  foûhe  aoureux. 

Comme  l'Ange  de  I'  charité,  n'a-t-i  nin,  d'on  côp  d'vège, 

Fai  li  s'  pâgn'raâ  po  tos  lès  mèsbrugî  d'  l'ovrège? 

N'a-t-i  nin  à  brébâde  dispùrdou  ses  millon 

Po  fer  sùrdi  l'  Congo,  qu'  sèrè,  po  nos  r'jèton, 

Li  mèhnêye  di  l'Av'nir,  li  gloire  di  nosse  Belgique, 

Qu'ârè  s'  drapeau  hâgné  jusqu'è  fin  fond  d'  l'Afrique? 

Ossu  so  lès  foyou  d' l'histoire,  veurrè-t-on  scri, 

E  lètte  d'or,  li  bai  no  d'  Liopôld  li  Sûti, 

Qu'ârè,  po  r  bin  de  peupe,  po  1'  grandeur  de  I'  Patrèye, 

Jusqu'à  s'  diôraîne  hiquètte,  kihiyi  tote  si  vèye; 

Qui  c'èsteu  l'Ange  de  1'  Paye,  de  1'  Civilisation  ; 

Qui  c'èsteu-st-on  grand  Roye,  divins  'ne  pitite  nation; 

Qu'il  a  todis  sèpou  d'vins  lès  parti  t'ni  s'  pièce 

Tôt  z'y  r'bouttant  l'accoird. 

C'è  poquoi  qu'à  c'  belle  fièsse, 
Hoûye,  Flamind  et  Wallon,  âtou  d' lu  rapoulé 
So  lès  ègré  de  Trône,  jurèt  Fidélité, 
Liopôld  deux,  grand  Roye,  à  vos  totes  nos  pinsêye, 
Qui  v'  viquésse  po  vosse  peupe  èco  'ne  belle  hiède  d'annêye, 
Po  qui  vos  apâliésse  et  lès  appépurgnî 
Lès  Oûve  qui  vosse  hèyance  lairè-st-à  nosse  pays, 
Tôt  fant  vèye  qui  1'  bonheur  ni  vint  qui  d'  choque  à  choque, 
Qu'  po  fer  "ne  saquoi  d'  forfant  fâ  sèpi  t'ni  bon  stok. 
Et  po  l'zi  d'ner  1'  fion  li  belle  Postérité 
Vis  k'dûre-st-è  rajoûr  di  l'Immortalité. 


Lèopôld  II 

PAR 

Emile  GÉRARD. 


Devise  : 
L'union  fait  la  force. 


MEDAILLE   DE   BRONZE. 


Li  Belgique  rik'nohante  wâdrè  todis  1'  sov'nance 

De  prumî  roi  qu'elle  a  pièrdou  ; 
Sov'nez-v*  qui  bin  dès  lame,  âx  joû  qu'on  sonna  s' transe, 

Bin  dès  lame  di  r'grèt  ont  corou. 
I  mina  trinte-cinq  an  li  vièrna  de  1'  Patrèye, 

Et  d' l'Europe  ètîre  respecté, 
Pus  d'ine  tièsse  coronnêye  lî  d'manda  dès  consèye, 

Et  ses  consèye  èstît  houté. 
Arrivéve-t-i  qu'inte  peûpe  s'èlèvéve  ine  nulêye  ? 

On  r  fève  sovint  juge  dès  parti, 
Et  c'è  lu  pus  d'ine  fèye  qu'èspècha  dès  trulêye. 

Lu  r  grand  roi  d'on  pays  si  p'tit  ! 
Si  fi,  Lèopôld  II,  rote  so  lès  trace  di  s'  père  ; 

I  nos  prouve  qu'il  a-st-hèrité        ' 
Di  ses  nobès  idèye  et  de  même  caractère, 

Po  mîx  dire  di  ses  qualité. 
Belgique,  sèyîz  hureuse  d'èsse  inte  dès  main  parèye  ! 

Dispôye  on  qwârt  di  siéke  déjà, 
Li  roi  qui  nos  aimans,  nos  l'avans  polou  vèye 

Ovrer  po  l' bonheur  di  l'État. 
I  n'è  nin  d'  ces  grand-là  qui  viquèt  d'vint  F  naw'rèye, 

Avou  lès  soueûr  de  1'  nation, 


—  22  — 

Qui  fèt  gala  tôt  fére,  jetant  l'ôr  à  pougnèye 
Divins  fièsse,  bal  et  réception. 

I  comprind  mîx  ses  dVoir  li  ci  qu'è-st-à  nosse  tièsse  ; 

Honneur  à  lu,  Lèopôld  deux  ! 

II  a  t'nbu  jusqu'à  c'ste  heure  èco  pus  qu'  ses  promesse  . 

Comptez  totes  lès  oûve  qu'on  lî  deu  ! 
Sitàrer. nosse  commerce,  fer  fïlori  l'industrèye, 

Lî  doviér  dès  poite  lâge  et  Ion, 
Inte  turtos,  fer  r'glati  li  no  di  nosse  Patrèye, 

Vola  s'  haute  et  belle  ambition  ! 
S'il  a  jeté  ses  oûye  so  1'  Congo,  è  l'Afrique, 

Ci  n'è  nin  po  f  gloire,  qu'on  1'  sèpe  bin  ; 
Nenni,  mais  tôt  dabôrd  lavantège  de  1'  Belgique, 

G'è  çou  qu'il  a  vèyou  la-d'vins. 
Lès  prumîs  pas  sont  fait  ;  di  cial  à  pau  d'annêye, 

Nos  trouv'rans  sûr  noste  intérêt 
È  Congo,  riche  pays,  po  qui  l'heure  è  sonnêye 

Dé  roter  d'vin  1'  vôye  dé  progrès. 
Awè,  c'è  r  bin  dé  peûpe  qu'avant  tôt  li  roi  qwire; 

Li  caisse  di  s'cours  âx  vîx  ovrîs, 
Li  ci  qu'  vint  dé  1'  fonder,  n'a-t-i  mèsâhe  dé  1'  dire? 

Léopôld  y  songea  1'  prumî. 
Si  no  sèrè  béni  divin  bin  dès  manège, 

Et  pus  tard  pus  d'on  vîx  dire 
Qui  s'i  n'è  nin  résoùde  àmagnî  s' pan  tôt  sèche, 

Si  crosse  souwêye,  c'è  grâce  à  roi  ! 
Li  Belgique,  dizos  s  règne,  on  règne  qu'a  fait  mèrvêye 

Et  qu'  promette  co  d'  durer  longtimps, 
Li  Belgique  a  vèyou  li  richesse  di  ses  vèye 

S'acrèhe  sins  cesse,  comme  è  nou  timps. 
Louquîz  Bruxelles,  Anvers,  onque  dès  bais  port  dé  monde, 

Et  qu'  nos  voisin  nos  invièt, 
Gand,  l' grande  vèye  flaminde,  Lîge,  totes  sont  là  po  responde. 

Qui  n's  avans  dé  l'  sciïnce  et  d' l'agrè. 


—  23  — 

Divins  lès  noûf  province,  de  1'  mér  jusqu'âx  Ardènne, 

L'ovrège  tint  l' lâge  pièce  tos  costé  ; 
Fabrique  et  hauts-fornai,  houyîre  tôt  comme  ouhène, 

Ji  v'  dèfèye  bin  di  lès  compter. 
Et  todis  l'industrêye  n'a  fait  qui  di  s'  sitinde, 

Coula  vingt-cinq  annêye  durant  ; 
Sèyans  fîr  d'on  té  règne  ;  louquans  l'av'nir  sins  1'  crainde, 

Ca  r  Belgique  rote  â  prumî  rang  ! 
A  c'ste  heure,  Flamind,  Wallon,  fans 'ne  creux  so  nos  quarèlle; 

Qwèrans  l'èlinte  et  d'nans-nos  1'  main  ; 
Dihez,  dès  fré  d'vèt-is  si  dispiter  inte  zèls 

Et  s'  kihagnî  ?  Nenni,  sûr'mint  ! 
Songeans  qu'  li  roi  nos  louque  ;  eune  di  ses  pône,  jl  wage, 

G'è  d'  nos  ètinde  nos  husquiner  ; 
Èfant  de  l'même  patrêye,  si  n's  avans  deux  lingage, 

Nos  n'avans  qu'on  cour  po  l'aîmer  ! 
Sins  l'union,  1'  bon  accoird,  nos  corans  risse  de  piède 

On  vrêye  trésor  :  nosse  liberté  ; 
Gomme  l'an  trinte.sèchans  donc  tos  essônne  à  1'  même  coide, 

Et  n'  sèrans  foirt  et  respecté  ! 


"Vingt-cinq  an! 


PAR 


Félix  PONGELET. 


Devise  : 
Jôye  et  Bonheur. 


MÉDAILLE     DE    BRONZE, 


I  gn'a  justumint  vingt-cinq  an 
Qui  nosse  bon  Roye  monta  so  l' trône  ; 
A  c'  timps  là,  mi,  j'èsteu  foirt  jône  ; . . . 
Ji  m'èsovin  co  bin,  portant! 

Ji  m'  rappelle  même  qui  m'  mère  mi  d'ha: 
«  Mi  èfant,  nosse  prumî  Roye  è  moirt  ; 
Agènîz-v',  dihans  nos  pâter.  ».. .. 
Et  ji  fa  comme  lèye...  ji  pria! 

Popaul  prumî  lèya  dès  r'grèt, 
Mains  ci  cial  fa  di  telle  manîre 
Qui  bin  vite  on  ètinda  dire  : 
G'è  r  fi  di  s'  père,...  is  s'  ravisèt  ! 

On  qwârt  di  siéke  deure  bin  paû  d' timps  ! 
Hoûye,  vola  déjà  qu'on  fièstêye 
Divins  nosse  belle  pitite  patrèye, 
Li  vingt-cinquême  di  si  avèn'mint. 


—  25  — 

Li  vingt-cinquème!  awè,  mon  Diu! 
Tôt  r  même,  comme  coula  cour  èvôye  ! 
Mains  qwand  lès  jôu  sont  tèhou  d'  sôye, 
Oh  !  li  solo  va  si  vite  jus  !  ! 

Ga  dispoye  li  révolution, 
Nos  viquans  d'vins  l' jôye  et  1'  douce  paye 
Onque  comme  l'aûte,  ni  rouvians  jamàye 
Qui  r  bonheur  è  d'vins  l'union! 

Li  vrèye  bonheur  ni  s'  raconte  nin 
Et,  sûr,  j'âreu  bin  mâlâhèye 
Di  v'  dire  vo-cial  totes  mes  pinsêye  ; 
Mi  cour  diboide,  il  è  trop  plein  ! 

Qui  nosse  Roye  sèpe  qu'on  1'  veu  vol'tî, 
Qui  passe  ine  hureuse  viquârêye 
Et  qui  nos  1'  wardanse  dès  annêye 
A  r  tièsse  di  nosse  pitit  pays. 

G'ê  lès  sohait  qu'tote  li  nation 
Fai  po  l' joû  d'hoûye,  po  s'  bonne  aweure, 
Et  i  se  qu'on  1'  fièstèye  à  c'ste  heure 
D'vins  lès  Flamind,  d'vins  lès  Wallon  ! 

Fièstans  V  ossi  nos  aute,  Lîgeois, 
Pusqui  nos  l'aimans  d' tôt  nosse  cour, 
Et  po  lî  prover  noste  amour  : 
Tos  èssonle,  brèyans,  vive  li  Roi  !!! 


CONCOURS    SPÉCIAL. 
LETTRE     B. 


La  Société,  dans  le  concours  spécial  organisé  à 
l'occasion  du  25*^  anniversaire  de  l'avènement  au 
trône  de  S.  M.  Léopold  II,  avait  demandé  un  cràmi- 
gnon  dont  le  sujet  était  laissé  au  choix  de  l'auteur. 
Cette  latitude,  permettant  de  traiter  toute  espèce  de 
sujet,  nous  taisait  espérer  un  brillant  résultat,  mais 
à  notre  grand  regret,  cet  espoir  ne  s'est  guère 
réalisé. 

Nous  avons  reçu  beaucoup  de  pièces  passables, 
quelques-unes  à  moitié  bonnes,  mais  aucune  n'a  été 
jugée  digne  d'obtenir  le  premier  prix  (une  médaille 
d'or  de  cent  francs). 

Quelques  auteurs  nous  donnent  des  imitations 
très  pâles  des  crâmignons  de  Nicolas  Defrecheux  ou 
des  chansons  de  Félix  Ghaumont  ;  d'autres,  n'ayant 
pas  réfléchi  qu'un  crâmignon  est  une  œuvre  qui  doit 
devenir  populaire,  destinée  à  être  comprise  et  chan- 
tée par  le  peuple,  ou  même  par  des  grands  enfants, 
nous  ont  adressé  des  pièces  impossibles.  Deux 
d'entre  elles  ont  dû  être  écartées  à  cause  des  détails 
qui,  quoique  bien  gazés,  ne  pouvaient  cependant 
être  admis.  Le  jury  ne  peut  récompenser  que  des 
pièces  irréprochables  sous  le  rapport  moral. 


—  28  - 

La  tache  du  jury  était  assez  ingrate,  nous  croyons 
cependant  avoir  rempli  consciencieusement  notre 
mission  et  nous  vous  rendons  compte  de  nos  im- 
pressions. 

N^  1 .  E-ce  qui  ça  n'vos  chonne  nin  bon  ? 

Devise  :  Tôt  mouchon  s'plai  dins  sWamage. 

Un  amoureux  se  plaint  à  sa  maîtresse  de  ce  qu'elle 
dédaigne  ses  caresses.  Sujet  peu  mouvementé,  wallon 
pur,  se  chante  bien  sur  l'air  Cè-st  st^à  Vchaijèlle 
diseu  Visé.  Le  refrain  est  bon.  Cette  pièce  est  écrite 
en  dialecte  de  Namur. 

N''  2.  Rin  d'mèyeii  qu'dès  vitolèt. 

Même  devise,  même  auteur,  même  dialecte,  même 
air. 

Un  moine,  disant  son  chapelet,  passe  près  d'une 
jeune  fdle  endormie  ;  il  succombe  à  la  tentation,  la 
jeune  fille,  réveillée,  entr'ouvrant  un  œil,  lui  demande 
si  sa  chanson  n'a  qu'un  couplet,  etc.  Le  jury  a  dû 
écarter  cette  pièce.  Le  refrain  est  joyeux.  Voici  le 
1"^'  couplet  : 

C'èsteuve  dissus  l'route  di  Coqu'lèt, 

Rin  d'mèyeu  qu'dès  vitolèt 
On  moine  passeuve  dijant  s'chap'lèt, 
Li  fiér  qu'è  chaud,  fau  l'batte 
Rin  d'mèyeu  qu'dès  vitolèt 
ÂYOu  dès  coine  di  gatte. 

Le  vitolèt  est  une  boulette  de  viande  rôtie  très 
plate. 
N"  3    On  dimèfpie  d'oslé. 
Devise  :  Les  vieux  vivent  de  souvenir. 
Récit  d'un  songe. 


-  29  — 

1®'     COUPLET. 

(Air  :  En  revenant  de  Lorraine.) 

Ji  m'èdoirma  6  l'prairèye 

On  dimègne  d'oslé 
Et  ji  songea  l'neure  Marèye, 
(Respleu.)      Ah  !  mâye  li  cour  ni  rouvèye 

Li  prumire  feumme  qui  l'a  fait  tocter. 

Il  la  voit,  il  l'admire,  il  ramasse  une  rose  qu'elle 
a  laissé  tomber,  il  n'entend  qu'elle;  puis  elle  s'en  va, 
la  rose  se  flétrit,  il  rêve  qu'il  n'en  dort  plus,  enfin 
il  s'éveille. 

C'est  trop  délayé,  beaucoup  d'inutilités. 

Le  dernier  vers  du  refrain  s'adapte  mal  à  l'air. 

jN°  4.  Dizos  l'mèlêye. 

Devise  :  Ji  m'è  r'sovin. 

Promenade  d'un  couple  amoureux  dans  une  prai- 
rie, au  clair  de  la  lune.  La  femme  étant  fatiguée,  ils 
s'asseyent  sous  un  pommier,  puis  le  rossignol  chante, 
alors  ils  se  promettent  de  venir  l'écouter  chaque 
année  quand  ils  seront  mariés. 

Très  banal,  mauvais  wallon. 

L'aUêyg  pour  l'allée,  Vcampagne  diseulêije  pour  la 
campagne  déserte  ;  dès  chiffe  bin  rôsêye  pour  des 
joues  roses  Ces  mots  sont  choisis  pour  la  rime, 
mais  ne  sont  pas  excusables  pour  la  cause. 

N"  o.  Ine  porminâde  è  l' campagne. 

Devise  :  Ji  vou,  ji  rCpou. 

Cette  devise  est  bien  vraie,  car  l'auteur,  malgré  sa 
bonne  volonté,  n'a  pas  réussi  à  faire  une  œuvre 
convenable. 


—  30  — 

Un  jeune  homme,  une  jeune  fille,  un  agneau,  un 
rendez-vous  demandé  et  accordé,  puis  un  mariage, 
forment  tout  le  sujet  de  ce  cràmignon,  développé 
en  quarante  vers  sur  l'air  :  VAvez-v  vèyou  passer  ? 
c'est  beaucoup  trop  long,  quand  il  n'y  a  rien  de 
saillant  dans  les  tableaux  représentés  ;  cela  traîne. 

Assez  bon  wallon,  à  part  le  mot  fièsté,  il  faudrait 
fièsti,  mais  la  rime  n'y  serait  plus. 

Une  inversion  malheureuse  dans  un  des  derniers 
vers  : 

Tôt  annoyeux  j'riv'na  di  n'pus  rvêye  à  m'costé. 

Dans  le  refrain  :  Ah  !  ah  !  ah!  â  champs  quH  fai 
bon  è  Uostê,  le  mot  â  sonne  mal  après  l'interjec- 
tion ;  l'auteur  aurait  dû  éviter  cet  hiatus. 

N*^  7.  Ine  fièsse  à  Lige. 

Devise  :  StISicolèye. 

Des  jeunes  filles  se  promènent  et  regarde  un  car- 
rousel, des  jeunes  gens  arrivent  et  leur  parlent 
d'amour.  Bon  wallon.  Sujet  complètement  nul.  Une 
cheville  déplorable  au  troisième  couplet. 

N^  9.  Chantez  p'tits  ouhai. 

Devise  :  E  pasai  de  l'vèye,  i  gn'a  pus  di  s' pêne  qui 
d'rôse. 

C'est  un  songe  irréalisable  parce  qu'il  est  trop 
beau.  On  n'y  voit  que  paix,  liberté,  fraternité,  hu- 
manité, honnêteté;  puis  l'amour,  la  joie,  la  gloire, 
la  richesse  et  le  progrès,  entourant  le  char  de 
l'honneur,  viennent  faire  la  guerre  à  la  pauvreté,  à 


-  31  — 

la  misère,   à  l'envie  et  à  la  méchanceté.  En  tout 
trente  couplets. 

Tout  cela  est  très  bien,  très  louable,  et  on  peut 
lire  ou  dire  les  vers  quoi  qu'ils  soient  un  peu  em- 
phatiques; mais  on  ne  peut  ni  chanter  ni  danser 
les  beaux  sentiments  renfermés  dans  cette  œuvre;  ce 
n'est  pas  un  sujet  de  cràmignon,  en  voici  un  extrait: 


L'amour  èl  l'jôye,  so  l'vôye  vinit  di  s'accoister, 
On  pau  d'vant  zèl  li  gloire  rottéve  avou  fine, 
El  l'amitié  suvéve,  comme  ine  belle  fleur  d'oslé. 
Li  richesse  et  l'progrès  rottil-sl-à  ses  costé 
Pus  Ion  l'châr  di  l'honneur  arrivéve  tôt  floch'té. 


N"  10.  A  case  di  l'orège. 

Devise  :  /  n'a  nou  timpèsse  qui  n'vinse  à  pont. 

Un  jeune  homme  profite  de  l'orage  pour  séduire 
une  jeune  fille  qu'il  épouse  plus  tard.  Quoique  rendu 
en  bon  wallon  et  assez  convenablement  gazé,  le  jury 
ne  peut  admettre  ce  cràmignon  au  concours. 

N°  li.  Ah!  riv'nex  bèUès  jotirnêye. 

Devise  :  Sintumint. 

Doléance  d'un  cœur  abandonné  par  Nanette. 
Dix-sept  couplets.  Bon  wallon.  Dans  cette  pièce, 
chaque  vers,  sauf  l'avant  dernier,  a  sa  signification; 
il  n'y  a  donc  pas  d'enjambement  ;  le  cràmignon  se 
chante  mieux  et  est  plus  naturel. 

A  changer  le  vers  : 

Po  des  autès  caresse,  on  jou  v'na'avez  qwilté. 


—  32  — 

Le  mot  caresse  n'est  pas  convenable,  il  peut  être 
mal  interprété,  il  doit  être  remplacé. 

No  12.  Ji  m'pormône  avou  Donnêye. 

Devise  :  Ou  peut-on  être  mieux. 

Contentement  de  l'ouvrier  qui  a  un  intérieur 
agréable  ;  plaisirs  d'un  ménage  heureux.  C'est  très 
moral,  mais  mal  exprimé. 

A  timps  ji  m'a  st-arresté, 
On  vèyéve  qui  m'narène 
N'aveû  nin  pièrdou  s'bailé 
A  magni  dès  rècene. 

L'ouvrier  revient  de  l'usine,  il  fait  un  bon  souper 
apprêté  par  sa  gentille  femme  : 

Puis  quand  c'è  qu'ja  bin  gaslé, 
I  gn'a  d'I'aiwe  è  l'tènne, 
Après  qui  j'  m'a  rispâmé 
Nos  allans  vès  Fètènne. 

Les  forgerons  font  souvent  des  ouvrages  salissant, 
celui-ci  devrait  plutôt  se  laver  avant  de  se  mettre  à 
table.  Et  le  mot  lispâmé  ne  s'emploie  que  dans  le 
sens  de  rincer  le  linge.  D'autres  expressions  n'ont 
été  choisies  que  pour  la  rime,  l'auteur  s'étant  as- 
treint à  n'employer  que  deux  rimes,  en  é  et  en  ènne. 

N"  13.  Ax  vîx  d'I'an  trinte. 

Devise  :  Mi  cour  à  vos,  patrèye. 

C'est  une  histoire  de  Belgique  depuis  César  jusqu'à 
1890.  Sujet  impossible  à  traiter  en  cràmignon. 
L'auteur  n'indique  pas  l'air  qu'il  a  choisi,  c'est  plutôt 


-  33  — 

une  chanson  avec  un  refrain,  mais  quelle  chanson  ! 
en  voici  un  couplet  : 

Deux  sièke  â  long  n'fourîs  à  l'Austrasèye, 
Et  s'nos  vèyîs-n'  lodis  pus  bouhî  jus, 
Cinquante  sèpl  ans,  disos  l'Lotharingèye, 
Ci  fou  l'même  diale,  fai  l'vîx  marchand  d'bon  Diu. 

Respleu. 

Ax  vîx  d'I'an  trinle, 

Sins  pawe,  ni  crainte 
Dinans  'ne  pinsêye  di  r'minbrance  et  d'firlé, 
Po  soixante  an  di  paye  èl  d'Iibèrté. 

Nous  ferons  observer  qu'on  ne  peut  éprouver  ni 
peur,  ni  crainte  de  fêter  les  héros  de  1830;  au  con- 
traire, l'auteur  devait  dire,  avec  joie,  avec  bonheur. 
Il  y  a  aussi  quelques  expressions  que  nous  ne  com- 
prenons pas  : 

Esse  grand  d'vins  Vfoumire  de  dingi. 
Esse  èrainé  à  Vabattache  d'honneur. 
Roter  on  trèvin. 

Il  y  en  a  encore  d'autres,  mais  passons. 
N""  14.  L'ovri  contint. 

Devise  :  L'ovrège  tôt  seu  rind  l'homme  hureux. 
Le  titre  désigne  tout  le  sujet.  C'est  un  ouvrier  con- 
tent de  son  sort,  qui  aime  le  travail  et  son  usine. 

Qui  lai  fer  l'grève  âx  ènocint 
Qui  s'pinsèt  portant  foirt  malin, 

qui  ne  craint  pas  les  accidents  et  qui  remercie  le 
roi  d'avoir  institué  les  caisses  de  secours. 

5 


—  34  — 

Cette  pièce  est  très  morale  ;  elle  est  écrite  en  bon 
wallon,  très  coulant,  se  chantant  bien,  mais  sans 
aucun  détail,  sans  mouvement,  rien  de  saillant.  Le 
refrain  dit  tout  : 

Awèt,  j'aîme  l'ovrège, 
Mi  ji  so  l'ovrî  contint, 
J'a  bon  brèsse,  bon  corège, 

N"  15.   Lès  héritir  de  Roi. 

Devise  :  Quelle  jôye. 

L'idée  est  originale.  Voici  le  refrain. 

Nos  héritans  de  Congo, 

Turtos 
N'sèrans  propriétaire. 

Les  vingt-deux  couplets  expriment  ce  que  ces 
héritiers  auront  à  faire;  quelques-uns  sont  faibles, 
d'autres  plus  heureux,  comme  celui-ci  : 

Ax  homme,  nos  poitrans  dès  mouss'mint, 
Ax  feumrae  nos  dôraiis  dès  ventrain, 

C'è  co  l'pus  nécessaire, 

Nos  héritans  de  Congo,  etc. 

L'air  ne  s'adapte  pas  bien  aux  paroles,  à  moins 
d'y  faire  des  variantes,  ce  qui  se  présente  souvent 
dans  nos  chants  populaires. 

N°  16.  F lamind- Wallon. 

Devise  :  Vive  li  Roi. 

L'auteur  y  montre  beaucoup  de  patriotisme,  mais 
c'est  bien  sérieux  pour  être  chanté  et  dansé  par  le 
peuple.  C'est  l'éloge  du  Roi,  de  la  Belgique,  de  ses 
institutions,  de  l'armée,  de  l'exposition,  de  l'indus- 
trie, etc. 


—  35  — 

Voici  quelques  vers  pour  vous  donner  une  idée, 
un  spécimen  de  cette  œuvre  : 

Sciince,  art,  industrèye,  nos  ont  fait  k'nohe  à  fond, 
A  nosse  piliie  Bèk'ique  po  fer  de  bai,  de  bon, 
Li  prouve,  c'è  qui  l'ovrège  aplou  di  lâge  et  d'Ion. 

Comme  chanson  patriotique  cela  peut  passer,  le 
refrain  est  bon  : 

Vive  nosse  bon  Léopold  po  sut'ni  nosse  guidon. 

Ce  crâmignon  est  écrit  sur  l'air  :  Vive  li  nation^ 
musique  de  H.  Magis;  nous  ne  connaissons  pas  cet 
air. 

Ces  deux  dernières  pièces  avaient  d'abord  été 
rangées  dans  le  concours  A  (une  pièce  de  poésie 
wallonne  sur  le  XXV*'  anniversaire  du  Roi);  à  la 
demande  des  auteurs,  elles  ont  été  reportées  au 
concours  B  (crâmignons). 

CONCLUSIONS. 

Il  n'y  a  pas  lieu  de  décerner  un  premier  prix. 

Les  pièces  n'"  2  et  10  sont  écartées  du  concours, 
à  cause  de  certains  détails  peu  convenables. 

Les  pièces  n»*  9,  13  et  16  sont  également  écartées; 
ce  ne  sont  pas  de  vrais  crâmignons,  elles  ne  pour- 
raient devenir  populaires. 

Les  pièces  n''  3,  4,  5,  7  et  12  sont  très  faibles; 
elles  ne  méritent  aucune  distinction. 


—  36  — 

Nous  proposons  d'accorder  deux  seconds  prix 
aux  pièces  n"  \\{Ah!  rivne%,  belles  jourtiêye) et  n"  15 
[Lès  héritir  de  Roi).  Ce  sont  celles  qui,  malgré 
quelques  défauts,  réunissent  le  plus  de  qualités. 

Nous  proposons  encore  d'accorder  comme  encou- 
ragement des  mentions  honorables  (médailles  de 
bronze),  aux  pièces  n°  1  (E-c  qui  ça  n'vos  chonne  pus 
bon,)  et  n°  14  (L'ovrî  contint). 

Les  membres  du  jury, 

AUG.    HOCK. 
EUG.    DUCHESNE. 

JuL.  Martiny, 
et  Jos.  Dejardin,   rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  novembre  1890, 
a  donné  acte  au  jury  de  ses  conclusions.  L'ouver- 
ture des  billets  cachetés,  accompagnant  les  pièces 
couronnées,  a  fait  connaître  que  l'auteur  de  la  pièce 
n**  11  est  M.  Charles  Goossens  ;  celui  de  la  pièce  n°  1, 
M.  Auguste  Vierset,  et  celui  de  la  pièce  n"  14, 
M.  Emile  Gérard.  L'auteur  de  la  pièce  n"  15  ne  s'est 
pas  fait  connaître. 

Les  autres  billets  cachetés  ont  été  brûlés  séance 
tenante. 


Ah!  riv'aez,  belles  journèye! 

Air  :   En  revenant  du  bois 
Je  me  suis  fatigué. 

PAR 

Charles    GOOSSENS. 


Devise  :  Sinlumint. 


PRIX  :    MEDAILLE    DE    VERMEIL 


Vis  sov'nez-v'  bin,  Nanètte,  dès  cousse  avâ  lès  pré, 
Quand  nos  alis-t-èssône  li  dimègne  porminer  ! 
Ah!  riv'nez  belles  journèye  di  nos  vingt  an  passé. 

Quand  nos  alis-t-èssône  li  dimègne  porminer 
Divins  lès  p'tits  pazai,  j'aveû  bon  di  v'  miner 
Ah!  riv'nez  belles  journèye  di  nos  vingt  an  passé. 

Divins  lès  p'tit  pazai  j'aveû  bon  di  v'  miner; 

Bin  Ion  di  tos  lès  brut  nos  alîs  nos  aîmer. 

Ah!  riv'nez  belles  journèye  di  nos  vingt  an  passé. 

Bin  Ion  di  tos  lès  brut  nos  alîs  nos  aîmer 

Di  tote  lés  fleur  di  champs  sovint  ji  v's  a  paré 

Ah!  riv'nez  belles  journèye  di  nos  vingt  an  passé. 


—  38  - 

Di  tote  lès  fleur  dès  champs  sovins  ji  v's  a  paré. 

Lès  oûhaî  so  lès  cohe  por  vos  vinît  chanter 

Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 

Les  Quhaî  so  lès  cohe  por  vos  vinît  chanter 
Assiou  so  r  vert  wazon  j'aveû  bon  di  v'  hoûter 
Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé 

Assiou  so  r  vert  wazon  j'aveû  bon  di  v'  hoûter 

Là,  nos  nos  fis  1'  sèrmint  di  todis  nos  aîmer. 

Ah  !  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 

Là,  nos  nos  fis  l'  sèrmint  di  todis  nos  aimer 
Nos  riv'nis-st-a  l'vèsprèye,  tôt  rotant  sin  d'viser 
Ah  !  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 

Nos  riv'nis  st-à  l'vèsprèye  tôt  rotant  sins  d'viser 
Houmant  1'  dièraîne  sinteûr  di  ces  bai  joû  d'osté 
Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé 

Houmant  1'  dièraîne  sinteur  di  ces  bai  joû  d'osté 
Mains,  parèye  qui  lès  fleur,  qui  l'hiviér  a  d'fouyté 
Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé 

Mains  parèye  qui  lès  fleur  qui  l'hiviér  a  d'fouyté, 

Tôt  ces  bais  joû  d'amour  si  sont  vite  revoie. 

Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé  . 

Tôt  ces  bais  joû  d'amour  si  sont  vite  revoie 

Et  d' tos  ces  doux  sèrmint,  qu'ènne  a-t-i  donc  d'moré? 

Ah  !  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 

Et  d'  tôt  ces  doux  sèrmint  qu'ènn  a-t-i  donc  d'moré? 
Po  dès  autès  caresse  on  joû  v'  m'avez  qwitté 
Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 


—  39  — 

Po  dès  autès  caresse  on  joû  v'  m'avez  qwitti! 
Dispôye  adonc  so  1'  terre  ji  m'a  sintou  d'  seule 
Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 

Dispôye  adonc  so  1'  terre  ji  m'a  sintou  d'  seule 
Di  tos  ces  bais  prétimps  divins  m'  cour  j'a  wârdé 
Ah!  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 

Di  tos  ces  bais  prétimps  divins  m'  cour  j'a  wârdé 
Ine  plâye  todis  droviète  qui  1'  sov'nance  fait  sôner. 
Ah  !  riv'nez  belles  journêye  di  nos  vingt  an  passé. 

Ine  plâye  todis  droviète  qui  1'  sov'nance  fait  sôner 
Vi  sovnez-v'  bin  Nanètte  dès  couse  avâ  lès  pré. 
Ah  !  riv'nez  belles  journaie  di  nos  vingt  an  passé. 


Lès   hèritîr  de  Roi 

CRÂMIGNON. 
Air  :  Mo)t  père  m*a  fait  bâtir  maison. 

PAR 

*  *   » 


Devise  : 
Qaélle  jôye  ! 


PRIX  :    MEDAILLE   DE   VERMEIL. 


Ghantans,  mostrant  nosse  contint'mint, 
Li  Roi  vint  de  fer  s' tèstamint.  (bis). 
Il  è  fait  sins  biaire  : 

N  s  héritrans  de  Congo 
Tourtos 

N'  sèrans  propriétaire. 

Li  Roi  vin  de  fer  s' tèstamint, 

I  nos  lai  'ne  part  di  tos  ses  bin.  (bis). 

Binamêye  !  quelle  affaire  !  ! 

N's  héritrans 

J  nos  lait  n'  part  di  tôt  ses  bin 

Et  portant  nos  n'iî  d'mandîs  rin.  {bii>). 

Qui  c'è  bin  dé  contraire  ! 

N's  héritrans 


—  41  — 

Et  portant  nos  n'  lî  d'mandîs  rin, 
Nos  aute  dès  pauvès  p'titès  gins.  (bis). 

N's  allans-t-èsse  dès  gros  hère  ! 

N's  héritrans 

Nos  aute  dès  pauvès  p'titès  gins, 

So  l'Afrique  allans  dèze  dimain.  (bis). 

Po  vèye  nos  locataire 

N's  héritrans 

So  l'Afrique  allans  déze  dimain 

Ax  Congolais  nos  stindrans  1'  main.  (bis). 

Nos  n'  qwirrans  qu'à  1'  zi  plaire. 

N's  héritrans 

Ax  Congolais  nos  stindrans  1'  main, 
Nos  nos  frans-st-à  zêl  tôt  bèl'mint.  (bis). 

Mâgré  leus  neurs  viaire. 

N's  héritrans 

Nos  nos  frans-st-à  zèl  tôt  bèl'mint 
Mais  s'is  n' jâsèt  qui  1'  Gongolain...  [bis). 

Nos  n'  lès  comprindrans  wère. 

N's  héritrans 

Mais  s'is  n' jâsèt  qui  1'  Congolain, 
Apprindans-r  zi  l' wallon,  l'flamind.  {bis). 

Deux  jargon  qui  fèt  1'  paire. 

N's  héritrans 

Apprindans  r  zi  l' wallon,  V  flaraind, 
Fans-l'  zi  par  sègne  dès  complumint.  (bis). 

On  pou  lès  fer  et  s' taire. 

N's  héritrans 


-  42  — 

Fans-l'  zi  par  sègne  dès  complumint, 
Ni  rouvians  nin  lès  p'tits  présint.  (bis). 

Qu'on  n'  seûye  nouque  réfractai re 

N's  héritrans 

Ni  rouvians  nin  lès  p'tits  présint 

Ax  homme  nos  poirtrans  dès  mouss'mint  (bis). 

Di  jôye,  nos  lès  frans  braire. 

N's  héritrans 

Ax  homme  nos  poirtrans  des  mouss'mint 
Ax  feumme  nos  daurans  dès  ventrain.  {bis). 

G'è  co  r  pus  nécessaire. 

N's  héritrans 

Ax  feumme  nos  daurans  des  ventrain, 
Dès  accoird  si  front  so  l' trèvin  (bis). 

N'è-ce  nin  là  l'ordinaire  ? 

N's  héritrans 

Dès  accoird  si  front  so  l' trèvin 
Avou  saqwant  jônes  africain,  (bis). 

Vèf  ou  célibataire, 

N's  héritrans 

Avou  saqwant  jônes  africain 

Lès  sposège  iront  on  maisse  train,  (bis). 

Qu'on  âye  ses  baptistère 

N's  héritrans 

Lès  sposège  iront  on  maisse  train 
Tos  èssônne  on  s'ètindrè  bin.  {bis). 

Sins  juge,  ni  commissa»ire. 

N's  héritrans 


—  43  — 

Tos  èssônne  on  s  etindrè  bin, 

Nos  chusih'rans  dès  amus'rnint.  (bis). 

Wisse  qui  màye  li  jeu  n'  flaire. 

N's  héritrans 

Nos  chusih'rans  dès  amus'raint, 
Nos  ouvèrrans  corègeus"mint.  (bis). 

Vive  l'ovrège  po  s"  distraire  ! 

N's  héritrans 

Nos  ouvèrrans  corègeus'mint, 

Ûssu  V  dihans-gn'  tôt  foù  dès  dint.  {bis). 

Spiyans  nosse  dièrain  verre. 

N's  héritrans 

Ossu  1"  dihans-gn'  tôt  fou  dès  dint, 

So  r  pèquèt  n"  frans  "ne  creux  hardèy'mint  !  [bis). 

Et  nos  1"  frans  d'vant  notaire  1 

N's  héritrans 

So  1"  pèquèt  n'  frans  'ne  creux  hardèy'mint 
Chantans,  raostran'?  nosse  contint'mint.  {bis). 

A  Roi  r  pus  populaire  1 

N's  héritrans  de  Congo. 
Tourtos 

N'  sèrans  propriétaire. 


E-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon  ? 

Air  :  Cè-st-à  V  chapelle  diseus    Visé. 

PAR 

Auguste    VI  ERS  ET. 

Devise  : 
Tos  mouchon  s'  plai  dins  s'  ramage. 


MEDAILLE   DE   BRONZE. 


1. 

Dijoz  m'èl  vite,  oï  ou  non, 

È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon  ? 

V  waitîz  après  one  aute,  di-st-on. 
Li  trop  bin  v'cochèsse  ! 

È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon, 
A  c'ste  heure,  quand  j'  vos  rabrèsse? 
2. 

V  waitîz  après  one  aute,  di-st-on. 
È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon? 
Portant,  j'  fiais  c'  qui  vos  v'iîz  nèdonc? 

Li  trop  bin  v'cochèsse  ! 

È-ce  qui 

3. 
Portant,  j'  fiais  c'  qui  vos  v'iîz,  nèdonc? 
È-ce  qui  ça  n*  vos  chonne  pus  bon? 
•T'èsteuve  todis  su  vos  talon. 

Li  trop  bin  v'  cochèsse  ! 

È-ce  qui 

4. 
J'èsteuve  todis  su  vos  talon. 
È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon? 


—  45  — 

V's  èstîz  m'  bèdée,  v's  èstîz  m'  mouchon. 
Li  trop  bin  v'  cochèsse  ! 

È-c€  qui 

5. 

V's  èstîz  m'  bèdée,  v's  èstîz  ra'  mouchon. 
È-ce  qui  ça  n"  vos  chonne  pus  bon? 
Por  vos  j'aureuve  donné  tôt  m"  song. 

Li  trop  bin  v'  cochèsse! 

È-ce  qui 

6. 
Por  vos  j'aureuve  donné  tôt  m'  song. 
È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon? 
Poquoi  v'ioz  m'  quitter  sins  raison? 

Li  trop  bin  v'  cochèsse! 

È-ce  qui 

7. 

Poquoi  v'ioz  m' quitter  sins  raison? 

È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pas  bon? 

Bon  Diè  !  m'  vîe  va  ièsse  one  prijonl 

Li  trop  bin  v'  cohèsse  ! 

È-ce  qui 

8. 
Bon  Diè,  m'  vîe  va  ièsse  one  prîjon! 
È-ce  qui  ça  n'vos  chonne  pus  bon? 
Si  vos  n'  v'ioz  pu  ièsse  mi  Mayon, 

Li  trop  bin  v"  cochèsse ! 

È-ce  qui 

9. 
Si  vo  n'  v'ioz  pu  ièsse  mi  Mayon, 
È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon? 
Dijoz  m'èl  vite,  oi  ou  non, 

Li  trop  bin  v'  cochèsse  ! 
È-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon, 
A  c'ste  heure,  qwand  j'  vos  rabrèsse  ! 


L'OVRI    CONTINT 

(CRAMIGNON.) 

Air  :  Léopold  est  un  bon  roi, 
Il  mérite  la  couronne. 

PAR 

Emile  GÉRARD. 


Devise  : 

L'ovrège  tôt  seu 
Rind  l'homme  hureux. 


MÉDAILLE    DE    BRONZE. 


Di  mi  p'tit  sort,  ji  n'  mi  plain  nin  ; 

Mi,  ji  so  i'ovrî  contint, 
Quand  j'  va  vos  m'i  ouhène  â  matin. 

Awè,  j'aîme  l'ovrège  ! 

Mi,  ji  so  I'ovrî  contint, 

J'a  bons  brèsse,  bon  corège  ! 

Quand  j'  va  vès  m'i  ouhène  â  matin, 
Ji  m'  di  qu'  c'è  1'  plaisir  qui  m'  rattind. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Ji  m'  di  qu'  c'è  1'  plaisir  qui  m'  rattind. 
Qui  r  mârtai  m'  sône  lègîr  è  m'  main  ! 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 


—  47  - 

Qui  1'  mârtai  m'  sône  lègîr  è  m'  main, 
Lu  qu'  rèsdondihe  à  tôt  moumint  ! 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Lu  qu'  rèsdondihe  à  tôt  moumint  ! 

Li  disdus  d' i'ouhènne  mi  plaî  bin. 

Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Li  disdus  d' l'ouhène  mi  plaî  bin. 
G'è  comme  ine  musique  qui  j'ètind. 
Awè,  j'aîme  Povrège  !  etc. 

G'è  comme  ine  musique  qui  j'ètind. 
Allez,  d'vant  l'èglome,  ji  n'  brogne  nin  ! 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Allez,  d'vant  l'èglome,  ji  n' brogne  nin  ! 
Et  ji  m'  vante  di  n'  mâye  piède  nou  timps. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Et  ji  m'  vante  di  n  mâye  piède  nou  timps. 
Li  londi,  co  mâye  ji  n'èl  prind. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Li  londi,  co  mâye  ji  n'èl  prind. 
Ji  lai  fer  1'  grève  âx  ènocint. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  1  etc. 

Ji  lai  fer  l' grève  âx  ènocint, 
Qui  s'  pinsèt  portant  foirt  malin  ! 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Qui  s'  pinsèt  portant  foirt  malin  ! 
Mais  ci  n'è  qu'  dès  sot,  j'èl  prétind. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 


Mais  ci  n'è  qu'  dès  sot,  j'èl  prétind, 
Qu'  houtèt  lès  consèye  di  vârin. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Qu'  houtèt  lès  consèye  di  vârin. 
Si  j'attrape  on  joû  quéque  mèhin, 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Si  j'attrape  on  joû  quéque  mèhin, 
Ji  n'a  co  wâde  de  mori  d'  faim. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Ji  n'a  co  wâde  de  mori  d' faim  ; 
Li  roi  nos  mette  hoûye  foû  tourmint. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Li  roi  nos  mette  hoûye  foû  tourmint, 
Ga  r  caisse  di  s'cours  è  là  po  d'main. 
Awè,  j'aime  l'ovrège  !  etc. 

Ga  r  caisse  di  s'cours  è  là  po  d'main  ; 
A  Lèopôld,  nos  r'mèrcimint. 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

A  Lèopold,  nos  r'mèrcimint  ; 
Qu'on  roi  di  s' trimpe  si  veu  râr'mint  ! 
Awè,  j'aîme  l'ovrège  !  etc. 

Qu'on  roi  di  s' trimpe  si  veu  râr'mint  ! 

Mi,  ji  so  l'ovrî  contint  ; 
Di  mi  p'tit  sort,  ji  n'  mi  plain  nin  : 

Awè,  j'aîme  l'ovrège  ! 

Mi,  ji  so  l'ovrî  contint, 

J'a  bons  brèsse,  bon  corège  ! 


SOCIÉTÉ  LIÉGEOISE  DE  LITTÉRATURE  WALLONNE. 


CONCOURS  DE  1890 

RAPPORT  DU  JURY  SUR  LES  i^""=  ET  IG"-*  CONCOURS. 
(SCÈNES  DIALOGUÉES,  CONTES  ET  SATIRES.) 


Messieurs, 

Vous  avez  bien  voulu  confier  au  même  jury  le  soin 
de  vous  faire  rapport  sur  les  concours  n"'  15  et  16. 
Ceux-ci  ont  du  reste  une  analogie  telle  que  nous  nous 
sommes  vus  autorisés  à  apporter  une  modification 
dans  la  répartition,  qu'avait  faite  notre  secrétaire, 
des  pièces  qui  lui  ont  été  adressées  pour  ces  deux 
concours,  liâtons-nous  d'ajouter  qu'il  n'avait  fait  en 
cela  que  suivre  les  indications  des  auteurs  eux- 
mêmes. 

Nous  avons  donc  inscrit  dans  le  15^  concours  la 
pièce  n°  13  du  16^  intitulée  :  Deux  liesse  di  hoye,  que 
l'auteur  appelle  une  satire,  mais  qui  est  bien  réelle- 
ment une  scène  populaire  dialoguée.  Comme  elle  a 

4 


—  50  — 


du  mérite  et  que,  pour  l'avoir  ainsi  déclassée,  nous 
ne  l'en  avons  pas  jugée  digne  d'une  moindre  récom- 
pense, nous  comptons  sur  ["approbation  de  l'auteur 
et  de'la  Société. 

Au  surplus,  après  avoir  enrichi  le  lo^  concours  qui 
n'avait  attire  cette  année  que  deux  écrivains,  sommes- 
nous    obligés    de    l'appauvrir    immédiatement   en 
écartant  la  pièce  n"  -2  intitulée  :  Ennocint  et  coupâbe  ! 
Le  titre  seul.  Messieurs,  vous  a  fait  penser  à  un  sombre 
drame  se  déroulant  dans  un  nombre  considérable 
d'actes,  divisé  en  un  nombre  plus  considérable  de 
tableaux  encore,  comme  tout  drame  qui  se  respecte. 
Vos  pressentiments  ne  vous  ont  pas  trompés.  Il  y  a, 
dans  cette  scène  populaire,  4  actes  et  six  tableaux, 
comprenant,   en   réalité,   3(3  scènes   dialoguées  et 
écrites  sur  le  recto  des  pages.  C'est  tout  ce  qu'elles 
ont  de  commun  avec  les  conditions  du  concours  et 
cela  ne  suffit  évidemment  pas  pour  l'y  faire  admettre. 
Nous  avions  d'abord  eu  l'intention  de  transmettre  ce 
drame  a  nos  collègues  du  jury  des  comédies.  Mais, 
bien  que  la  pièce  soit  partiellement  écrite  en  vers 
(on  y  voit  même  l'innocent  condamné  à  mort  qui 
attend  son  exécution  dans  le  cabinet  du  président 
et  qui  y  cbante  :  li  cir  si  peur,  si  majestueux,   qui 
fai  creure  en  Diû  !},  elle   ne  le  serait  pas  suffisam- 
ment pour  eux  et  la  Société  peut  leur  épargner  la 
lecture  de  ce  lugubre  factum  où  il  n'y  a  pas  moins 
d'un  assassinat,  de  deux  morts  violentes  et  d'une 
condamnation  à  la  peine  capitale,  le  tout  en  français 
incomplètement  traduit  en  wallon. 


—  51  — 

Les  deux  autres  pièces  sont,  heureusement,  écrites 
en  wallon  et  en  vers.  L'auteur  du  n°  1  :  Nos  bon  vîx, 
nous  présente  deux  Î7îcurâbe,un  vieux  et  une  vieille, 
qui  se  rencontrent  et  comme  M.  et  M""^  Denis,  se 
rappellent  leur  jeunesse.  Cela  aurait  pu  faire  une 
scène  charmante,  mais,  telle  que  l'auteur  l'a  écrite, 
elle  n'est  ni  bien  vraie,  ni  même,  au  fond,  bien  inté- 
ressante. Le  vieillard  a  été  autrefois  l'amoureux  plus 
ou  moins  honteux  de  la  vieille  qui  ne  parait  pas 
avoir  été  précisément  une  prude.  Il  lui  remémore 
les  quelques  faveurs  qu'elle  lui  a  accordées,  y  com- 
pris un  soufflet,  et  elle  lui  répond  en  lui  reprochant 
d'avoir  été  trop  réservé,  puisqu'elle  a  fini  par  en 
épouser  un  autre.  L'action  traîne  et  contient  des 
invraisemblances  comme  celle  qui  consiste  à  faire 
chanter  et  crâmignonner  les  deux  vieux  en  pleine 
rue.  Mais,  à  côté  de  ces  longueurs,  d'incorrections 
et  de  chevilles  nombreuses,  il  y  a  de  pittoresques 
expressions,  il  y  a  surtout  l'accent  et  le  ton  franche- 
ment liégeois  et  enfin  de  vieilles  chansons  dans  le 
tour  naïf  d'il  y  a  cent  ans  et  que  les  vieilles  gens  du 
peuple  connaissent  seuls  encore.  Tout  cela  mérite 
mieux  que  les  oubliettes  de  notre  bibliothèque  et 
nous  proposons  à  la  Société  d'accorder  à  l'auteur 
une  médaille  de  bronze. 

Quant  à  la  pièce  n°  13  du  16^  concours,  que  nous 
avons  transposée  dans  le  15%  elle  met  en  scène  deux 
bouilleurs,  l'un  qui  a  ouvert  une  oreille  docile  aux 
idées  des  réformateurs  socialistes,  l'autre  qui  y  a 
résisté.  L'auteur  approuve  ce  dernier  qui  finit  par 


—  52  — 

convaincre  son  camarade  et  le  dissuader  d'aller  au 
meeting  où  il  se  rendait.  Nous  ne  savons  si,  dans  la 
réalité,  la  discussion  eût  abouti  à  ce  résultat;  mais, 
sans  vouloir  prendre  ici  parti  pour  l'une  ou  l'autre 
des  deux  opinions  que  l'auteur  met  aux  prises,  nous 
devons  reconnaître  qu'elles  sont  bien  présentées  avec 
le  caractère  que  peuvent  leur  donner  deux  hommes 
au  jugement  simple,  au  cerveau  peu  meublé,  et 
habitués  à  procéder  plutôt  par  sentences  que  par 
des  déductions  logiques. 

En  outre,  la  langue  est  bien  wallonne  et  le  dia- 
logue vivant,  quoique  les  tirades  soient  parfois  un 
peu  longues  Nous  n'avons  guère  à  reprocher  à  cette 
œuvre  que  quelques  faiblesses  comme  :  «  fer  roter 
V  char  de  progrès...  bouter  V  sciince  qui  drouve  li 
cèrvai...  et  quelques  négligences  dans  les  rimes 
comme  k'mandèt  et  ?m.  »  Nous  proposons  à  la  Société 
de  lui  accorder  une  médaille  d'argent. 

Le  16*  concours  comprend  encore  19  pièces  dont 
les  deux  dernières  portant  les  n°'  19  et  20  ne  nous 
ont  guère  arrêtés  :  elles  sont  absolument  incom- 
préhensibles. Peut-être  l'auteur  appartient-il  à  l'école 
symbolique  et  s'est-il  trompé  d'adresse  en  faisant 
parvenir  son  travail  à  la  Société  liégeoise  de  littéra- 
ture wallonne. 

Des  dix-sept  autres,  nous  avons,  après  discussion, 
écarté  les  suivantes  : 

N"  l  :  Mâdit  Pèquèt,  un  conte  qui  est  un  long  mé- 
moire en  vers  alexandrins  contre  l'alcoolisme  et  où 
l'auteur  ne  fait  pas  mourir  moins  de  trois  personnes 


—  53  — 

en  quelques  instants.  C'est  tout  un  drame  qui  force 
trop  la  note  et  ne  rachète  pas  ce  défaut  de  conception 
par  le  style. 

N°'  4,  5  et  6  :  Trois  contes  du  même  auteur.  Le 
n"  5  seul  :  Antône  et  Michî,  a  quelque  mérite,  sans 
que  cependant  l'invraisemblance  de  l'historiette, 
traitée  uniquement  en  vue  d'amener  un  mot  drôle 
à  la  fin,  nous  permette  de  vous  demander  de  le 
récompenser. 

N"'  8  et  9  :  JSos  ftitès  costire  et  On  gênant  voisi- 
nège,  sont  deux  satires  de  mœurs  liégeoises  dues 
également  à  une  même  plume,  exercée,  on  s'en 
aperçoit,  mais  négligente  et  n'ayant  pas  tiré  ce  qu'elle 
pouvait  de  deux  sujets  dont  le  premier  seul  se  prêtait 
du  reste  à  une  monographie  intéressante. 

N"  11  :  Lès  deux  mohon  ont  plus  de  mérite  et 
l'idée  ingénieuse  qui  en  fait  le  fond  peut  donner  une 
fable  charmante.  Sans  pouvoir  proposer  de  lui 
accorder  une  récompense,  le  jury  espère  que  l'au- 
teur loin  de  se  décourager,  prendra  part  au  prochain 
concours  en  y  apportant  la  légèreté  de  touche  qui 
manque  à  cette  œuvre  et  que  lui  donnera  l'étude  des 
maîtres  du  genre. 

N"  12  :  Li  lion  et  U  tahon  est  une  traduction  de  la 
fable  de  La  Fontaine  :  Le  lion  et  le  moucheron. 
L'auteur  dont  ce  serait,  d'après  la  devise,  le  coup 
d'essai,  ne  paraît  pas  s'être  douté  qu'il  s'attaquait  à 
un  genre  des  plus  difficiles  :  traduire  La  Fontaine, 
mais  c'est  faire  passer  dans  le  wallon,  non  pas  le 
sujet  de  la  fable,  mais  le  naturel,  l'habile  simplicité 


—  54  — 

de  la  mise  en  scène,  la  variété  et  la  pittoresque 
justesse  des  expressions  de  ce  maître  écrivain  qui  a 
peut-être  personnifié  le  plus  complètement  le  génie 
français.  Il  faudrait,  pour  y  réussir,  en  même  temps 
qu'une  connaissance  profonde  des  ressources  de 
notre  idiome,  une  plume  alerte  et  exercée,  et  une 
science  du  style  qui  manquent  à  notre  débutant. 

N"*  15  et  17  :  Kimint  fâ-t-i  qu'on  seûye  po  mori  et 
avoii  rin  qui  freû-t-on  bin?  ne  sont  que  des  plaisan- 
teries sans  grand  intérêt. 

N°'  16  et  18  :  Li  vîx  rh'vâ  d'atètlège  et  li  ch'vâ 
d' maisse  et  Li  Crition  et  V  lumçon,  sont  deux  fables 
dont  les  auteurs  ont  mis  en  scène  sans  relief  ni 
vigueur,  et  pour  la  première,  avec  peu  de  vraisem- 
blance, l'aventure  traitée  tant  de  fois  et  avec  talent 
par  d'autres,  d'un  vaniteux  que  la  réalité  se  charge 
de  punir  et  de  remettre  à  sa  place. 

Après  l'élimination  que  nous  venons  de  faire,  il 
nous  est  resté  quatre  pièces  portant  les  N»'  2,  3,  10 
et  14. 

Les  deux  premières  :  Li  crâs  pèquèt  et  Li  tailleur 
et  rEvêque,  sont  deux  contes  traités  par  le  même 
auteur  avec  toute  l'habileté  que  ce  genre  réclame, 
dans  une  langue  leste  et  bien  wallonne  ;  mais 
auxquels  on  doit  reprocher  de  manquer  d'invention. 

La  dernière  n'est,  en  effet,  que  la  mise  en  œuvre, 
sans  plus,  d'un  mot  joyeux  mais  bien  connu  ;  l'autre 
où  l'on  a  cherché  un  effet  dans  une  répétition  un 
peu  forcée,  laisse  au  lecteur  le  regret  de  n'avoir  pas 
trouvé  l'excellent  j)ortrait  de  buveur  que  l'auteur 


—  55  — 

pouvait  faire  et  que  le  début  promettait.  Malgré  ces 
reproches,  le  jury  estime  que  ces  deux  pièces 
méritent  d'être  distinguées  et  vous  propose  de  leur 
accorder  une  médaille  de  bronze  avec  insertion. 

La  même  récompense  lui  paraît  devoir  être 
octroyée  à  l'auteur  du  Marchî  dès  vix-warèsse  (N°  10), 
qui  est  un  tableau  assez  réussi  du  marché  de  la 
place  Delcour.  Avec  un  peu  plus  de  soin,  l'auteur 
aurait  pu  en  faire  une  excellente  peinture 

La  pièce  N°  14  (Lès  brocale),  joint  aux  qualités 
signalées  dans  les  N"'  2  et  3,  le  mérite  de  l'invention 
et,  ce  qui  ne  gâte  rien,  celui  de  contenir  une  fine 
leçon.  Nous  avons  cependant  quelques  observations 
à  présenter  à  l'auteur.  Le  premier  vers  :  /  g?i'a  d'jà 
d'  çoulà...  est  bien  dur.  En  second  lieu,  on  ne  frottait 
pas  les  broccde  pour  les  allumer.  Enfin  Tape  est  peut- 
être  plus  wallon  que  jette.  Nous  espérons  qu'il  fera 
disparaître  ces  incorrections  et  rendra  ainsi  sa  pièce 
digne  de  la  médaille  d'argent  que  nous  proposons  de 
lui  décerner. 

Comme  vous  le  voyez.  Messieurs,  le  jury  des  15^ 
et  lô*'  concours  s'est  montré  quelque  peu  sévère, 
mais  il  a  pensé  qu'au  moment  où  la  littérature  wal- 
lonne prend  un  si  remarquable  essor,  notre  Société 
lui  doit  et  se  doit  à  elle-même  d'exiger  beaucoup 
des  auteurs  qu'elle  distingue.  Nous  ne  doutons  pas 
que  les  autres,  après  les  24  heures  qui  leur  sont 
laissées  pour  maudire  leurs  juges, sauront  gré  à  ceux- 
ci  de  cette  sévérité  même  qui  aura  pour  résultat  de 
les  engager  à  châtier  davantage  leurs  œuvres  et  de 


—  56  — 

donner  plus  de  relief  à  celles  qu'ils  auront  la  satis- 
faction de  voir  accueillir  dans  nos  publications. 

Le  jury  : 

MM.  E.  Nagelmackers, 
A.  Rassenfosse, 
et  H.  Hubert,  rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  février  1891,  a 
donné  acte  au  jury  de  ses  conclusions. 

L'ouverture  des  billets  cachetés,  accompagnant  les 
pièces  couronnées,  a  fait  connaître  que  M.  Gode- 
froid  Halleux  est  l'auteur  de  la  pièce  intitulée:  Deux 
liesse  di  hoije  ;  M.  Jean  Bury,  celui  de  Nos  bons  vîx; 
M.  Félix  Poncelet,  celui  de  Lès  brocale;  M.  Emile 
Gérard,  celui  de  Li  marchî  dès  vîx-warèsse;  M.  Henri 
Witmeur  celui  de  Li  crâs  pèquèt  et  de  Li  tailleur  et 
rèvêque.  Les  autres  billets  cachetés  ont  été  brûlés 
séance  tenante. 


Deux  tièsse  di  hoye 

SATIRE. 


PAR 


Godefroid    HÂLLEUX. 


Devise  : 
Suvans  l'bonne  vôye. 


PRIX  :  MÉDAILLE  D'ARGENT. 


COUNASSE. 

Ah!  J'han-Jôseph! 

J 'h AN- JOSEPH. 

Èsse-là,  Goûnasse  ? 

COUSASSE. 

Vinsse  avou  mi,  di  ? 

J'han-Jôsèph. 

Bin  wisse  vasse? 

COUNASSE. 

A  mètingue,  hèye,  qwèri  nos  dreût, 

Ga  nosse  sort  è  trop  mâlliureux; 

D'èsse  todis  sprâchi  d'sos  l'ovrège, 

Tôt  n'houmant  qu'on  mâvas  airège. 

Et  hoûye,  veusse,  i  vin-st-on  pârlî 

Po  d'finde  li  case  dès  pauves  ovrî. 

Ga  n'fâ-t-i  nin  qu'on  s'dihombeure 

De  d'mander  qu'on  n'faisse  pusqu'hûte  heure 


58 


Tôt  w;ignant-st-èco  pus  d'aidant, 

Kt  so  rtimps,  hêye,  qui  n's  y  sèrans, 

Nos  d'mandrans-st-ossu  qu'  tôt  l'  monde  vote 

.Et  qu'on  faisse  dès  loi  po  nos  aute. 

J'han-Jôsèph. 

A  m'  sonlancc,  hein,  j' l'ô  d'ja,  t'  pùrlî, 

Hoûte  vola  comme  i  va  gueuyî  : 

a  Awè,  k'pagnon,  li  progrès  rote 

»  Tôt  boutant-st-â  drî  F  vèyc  marotte, 

B  Et  tôt  loumant  I'  prospérité 

»  I  nos  k'dù  vè  l'égalité. 

»  Comme  on  toûbion  d'orège  qui  houle, 

»  Oyez-v'  à  c'ste  heure  comme  li  peupe  groûle; 

D  S'on  tâge  co  d' li  d'ner  tos  ses  dreut, 

»  I  lès  prindrè  sins  fer  nou  pieu, 

»  Tôt  sprùchant  riche,  borgeu,  prièsse, 

»  Et  tôt  r  zi  prindant  leus  richesse,? 

»  Ca  r  peûpe  ni  vou  qu'  l'égalité 

»  Aspouyèye  so  1'  belle  liberté. 

COUNASSE. 

Nom  di  hu,  valet,  comme  ti  jâse  ! 
Bin  va  ti  d'fmdreu bin  nosse  case; 
Ga,  saint  Mathy,  c'è  çou  qu'  va  dire. 
T'è  sûti  ! 

J'han-Jôsèph. 
Clô  t' j'aive,  ti  m'  fai  rire. 
C'è  comme  si  ti  chantahe  todis 
Li  même  rèspleu,  j'  vou-st-assotti. 
Et  ji  n'  creu  pus  leus  sots  mèssège, 
Ca  g'  n'è  qu'  dès  boude,  qui  1'  diâle  m'arège. 

COUNASSE. 

Bin  ti  m'èware,  ie!  saint  Houbèrt  ! 
De  prinde  dès  s'fait  po  des  bâbèrt  ! 


59 


Creu-lès,  valet,  ces  homme  tôt  oute, 
Tin  avou  zèls,  va,  qu'asse  qui  foute, 
Pusqu'is  èployèt  tôt  leus  timps 
Po  d'finde  11  case  dès  pauvres  gins. 
Mi,  veusse,  ji  glètte,  qui  l'  diâle  m'affliche, 
Qwand  j'  lès  ô  hoûler  so  lès  riche, 
So  cès-là  qu'  sucèt  nosse  souweûr 
Et  qu'  nos  hapèt  pés  qu'  dès  voleur. 
J'han-Jôsèph. 

Ti  va  trop  Ion  avou  tes  d'vise 
Qwand  t' jâse  di  zêls. 

COUNASSE. 

Mi,  trop  long,  disse  ! 
Louque,  ji  n'  mi  taire,  j' t'èl  di  co 
Qui  qwand  n'  sèrans  s'prâchî  turtos, 
Adonc  r  fôrteune  sèrê  d'à  nosse. 

J'han-Jôsèph. 
Awè,  n'  magn'rans  de  souk  à  l' lossc  ! 

CoUNASSE. 

Ti  rèye,  mais  qui  viqu'rè  vièrè 
C'joû-là. 

J'han-Jôsèph. 

Mais  qwand  !  Louque,  i  s'  pass'rè, 
Comme  t'y  va,  traze  an  d'  peure  dimègne 
Avant  qu'i  n'  vinsse.  Ah  !  ti  fai  1'  hègne  ! 

CoUNASSE. 

Ji  fai  comme  toi,  ji  rèye. 

J'han-Jôsèph. 
Aha  ! 
Ji  prindéve  po  'ne  hègne  ci  ria. 
Louque  Coûnasse,  ti  n'a  qui  l' laîwe  bonne, 
T'  n'è  nin  seul'mint  maisse  è  t'  mohonne 


—  60  — 

Et  t'  vôreu  s'prâchî  d'sos  t' talon 

Tôt  r  monde,  toi  qui  n'è  qu'on  couyon; 

Va,  d'vant  qu'  ti  n'  raye  âx  riche  leus  pleume 

Ti  f  reu  mîx  d'  sayî  d'  maistri  t'  feumme. 

COUNASSE. 

Ti  se  bin  s'  ji  n'  l'a  nin  maistri 
C'è  po... 

J'han-Jôsèph. 

Di  r  vrêye,  c'è  qu'  t'è  trop  p'tit. 

COUNASSE. 

Ji  se  qu'avou  t'  mâle  jaive  d'atote, 
On  n'  sàreu  fou  d' toi  l's  avu  tote. 

J'han-Jôsèph. 
Oh  !  ti  m'  ravissse  à  çou  qui  j'  veu. 

COUNASSE. 

Nos  aute,  nos  n'  dimandans  qu'  nos  dreut, 
L'ovrî  n'è  rin,  qu'  fâ-t-i  qui  seûye  ? 
Tôt,  saint  Houbèrt  ! 

J'han-Jôsèph. 

Ès-ce  a  côp  d'  gueûye 
Qui  t'èls  ârè,  va-z-è  babô, 
L'ovrî  deu-t-èsse  tôt,  di  m'on  pau  : 
Li  maisse,  l'ingénieur,  li  chimisse, 
Li  méd'cin  n'è-ce  qui  dès  chinisse, 
Tos  cès-là  qu'  todis  s'èployèt 
Po  ter  roter  1'  char  de  progrès 
Brâh'mint  pu  vite  qu'ine  caracole; 
I  n'è  rin,  hêye,  li  maisse  di  scole? 
Cilà  qui  boute  à  tes  coirpai 
Li  sciince  qu'èls  i  droûve  li  cèrvai  ? 
Tin,  qwand  j'ù  spèli  mes  deux  fèye 
J'  hoûte  pus  de  1'  boque  qui  dès  orèye. 


61    - 


COUNASSE. 


A  quoi  chève-t-i  de  tant  studî 

Qwand  on  n'  deu-t-èsse  qu'on  p'tit  ovfï  ? 

J'han-Jôsèph. 

On  p'tit  ovrî  qu'  pou  div'ni  maisse 
S'i  mette  ses  coron  à  pont,  taisse. 
Va,  tos  lès  cîx  qui  nos  k'mandèt 
Ni  sont  nin  sur  de  1*  tire  di  roi, 
Et  s*  ti  r'montéve  jusqu'à  leus  tâye 
Ti  trouv'reu  qu'  n'èstît  nin  si  gâye, 
Et  qu'  pés  qu'  nos  aute  is  d'vit-st-ovrer 
Po  wangnî-st-à  hippe  po  viquer. 
Mais  zèls  de  mon  tote  li  samaîne 
Is  hèrchî,  sins  laquer,  leus  chaîne, 
Et  sins  tûser  d'  mâye  fer  lahèt  (*). 
Mais  is  s'  houwît  dès  cabaret, 
Adonc  r  feumme  droviéve  ine  botique 
Tôt  vindant  ûx  èfant  dès  chique; 
Dèsmèltant  qu'  l'homme  ovréve  ossu, 
Leus  boûse  s'accrèhéve  èco  pus. 
Et  douc'mint,  pichotte  à  migotte, 
Enne  a  dès  cîx  qu'ont  fait  leus  p'iote 
Tôt  n'  mèskèyant  nin  quéques  aidant 
Po  ter  dès  homme  di  leus  èfant  ; 
Et  ces  chai  divins  l'industrèye 
S'  sont  chôquî  tôt  wangnant  dès  mèye. 
Çou  qu' j'a  mi-même,  l'a-ju  happé  ? 
N'è-ce  nin  mes  brèsse  qui  l'ont  grètté  ? 
J'  n'a  qui  c'  mâhire  po  tote  forteune. 
Elle  n'è  nin  grande,  mais  c'è  da  meune. 

(*)  Fer  lahet  :  ne  plus  travailler. 


—  62  — 

COUNASSE. 

Tin,  louque  ji  vôreû  qu'  saint  Linû, 
Malade  chin,  t' fasse  tourner  l'âvâ. 
Eye,  on  veu  qu'  ti  d'vin  déjà  riche. 

J'han-Jôsèph. 
Oh  î  valet,  j'  lai  cori  li  striche 
So  li  sti,  veusse,  et  ji  n'  louque  nin 
Çou  qui  cû-st-è  1'  paile  di  m'  voisin. 
Qwand  j'a  fini  m'  payèle  è  heure, 
Adlé  r  feumme  et  l's  èfant  j'  rinteure, 
Ga  mi  ji  n'  pou  todis  sûr  ma 
D'allouwer  'ne  aidant  a  mâle  va, 
Et  j'  vique  aoureux  sins  ma  d' tièsse. 

COUNASSE. 

Mi,  j'  vôreû  qui  n's  avahi  1'  foice 
De  sprâchî  tos  lès  r'présintant, 
Lès  minisse  et  tôt  1'  bataclan, 
Et  qu'on  vanasse  à  l'oulie  li  roye 
Qui  tin  so  cou  'ne  sifaite  kinoye. 

J'han-Jôsèph. 
Et  qu'à  pou-ti,  1'  roye  !  va,  t' vièrè 
Divins  'ne  choque,  qwand  tôt  1'  monde  vôt'rè, 
Qu'ènne  are  dès  cintaîne  di  mèye 
Qu'è  r  wâdrons-t-à  l' tiesse  de  1'  patrèye. 
Ca  n'a-t-i  nin  kdû  nosse  pays 
Deux  creux  et  d'mèye  sins  l' fer  stanchi. 
En  eune  vôye  sûre,  et  jusqu'à  este  heure, 
Sins  rascrawège  ni  mâle  ak'seure, 
N'a-t-i  nin  stàré  tôt  â  long 
Po  r  Congo,  co  pus  d'  vingt  million, 
Et  portant  n'  lès  rare  jamâye. 

CoUNASSE. 

Eye,  w'asse  appris  çoulà,  bai  mâye  ! 


—  63  — 

J'han-Jôsèph. 
A  habiter  lès  bravés  gins, 
Qwand  on  lès  hoûte,  on  n'y  piède  nin. 
Toi,  qui  d'vîse  tant  so  nosse  bon  roye. 
Sésse  bin  çou  qu'  l'a  l'ai,  tièsse  di  hoye, 
G'na  waire  ? 

GOUNASSE. 

Nènni. 

J'HAN-JÔSÈPH. 

Hoûte  comme  i  fâ, 
Il  a  fai-st-on  hiltant  spûgn'mâ 
Pc  lès  pauves  mèsbrugî  d' l'ovrège. 

COUNASSE. 

Il  a  fai  'ne  telle  keure,  diâle  m'arège. 

J'han-Jôseph. 
Wèye. 

COUNASSE. 

D'où  vint  alors,  nom  di  Hu, 
Gn'a  ti  dès  ci  qui  d'visèt  d'sus. 

J'han-Jôsèph. 
G'è  qu'  ti  n'  hoûte  mâye  qui  ces  apôte 
Qui  préchèt  l'hayime  onque  conte  l'aute, 
Et  r  ci  qu'  n'ô  qu'ine  cloque  n'ô  qu'on  son. 
Counasse, 

Tin,  louque,  t'ùreû  co  bin  raison, 
A  t'ôr  on  r'toùn'reû  bin  casaque; 
Ti  rèye  ?  et  portant  c'  n'è  nolle  craque. 

J'han-Jôsèph. 
Ji  di  comme  toi  qu'  n'a  dès  mèstî 
Qu'on  d'vreu,  saint  Houbèrt,  mîx  payî, 
Mais  r  monde  a  todis  stu  parèye, 
I  n'  cang'rè  mâye  va  quoiqu'on  dèye, 


—  64  — 

Et  c'  n*è  nin  ces  feu  d'  mèssège  là, 
Veusse,  qui  t'  sèch'rons  foû  d'imbarras. 

COUNASSE. 

Et  tos  nos  dreut  ? 

J'han-Jôseph. 

Va,  prind  patiince. 
Coula  vêrè  pu  vite  qu'on  n'  pinse, 
Mais  fâ  qu'on  s'aspôye  tôt  de  long 
So  r  dreut,  so  l' justice  et  l' raison, 
Et  po  z'av'ni,  hein,  qu'  tôt  1'  monds  vote, 
Onque  prind  po  'ne  vôye,  onque  prind  po  l'aute, 
Onque  va  reu,  Faute  pus  pâhûl'mint, 
Mais  on  y  vôrè  finârmint. 

COUNASSE. 

Wèye,  valet,  mais  k'mint  l'ârè-t-on  ? 

J'han-Jôseph. 

Tôt  doucèt'mint,  par  l'instruction, 
Hoùte-mu,  Goûnasse,  vique  et  z'oûveure 
Et  qwand  t'a  fai  t'  payèlle,  rinteure, 
How^e-tu  todis  dès  cabaret, 
N'aduse  mâye  pus  'ne  gotte  di  pèquèt, 
Fai  'ne  creux  so  lès  coq  et  lès  bèye, 
Lai  là  lès  cwârjeu,  1'  colèbrèye. 

COIINASSE. 

Ti  m'è  d'mande  trope  ! 

J'han-Jôseph. 

Sâye-lu  todis 
Et  t'  n'ârè  nin  à  t'  ripinti, 
Fai  'ne  foice  sor  toi-même,  âye  dé  l' trimpe, 
Çoulà  s'  pou  fer,  j'è  so  'ne  èximpe. 


—  65  — 

COUNASSE. 

Ti  n'  divis'rè  nin  à  mal  va, 

Si  j'a  minti,  qui  j'  tome  râvà, 

Ga  ji  m'va  'nnè  râler  d'ié  m'  feumme. 

Louque,  à  t'  hoûter  j'  comprin-st-appreume 

Qui  t'a  raison.  Tin,  vola  1'  main, 

Ga  j'  m'ènnè  r'va  sins  piède  nou  timps 

Tût  sayant  de  sûre  tes  consèye. 

J'han-Jôsèph. 
Hère  tu  todis  bin  è  l'idèye, 
Qui  ci  n'è  mâye,  tos  lès  consieu, 
Qwand  t' fai  lahèt,  qu'  sont  lès  payeu. 

CoUNASSE. 

J'  n'èl  roûvèy'rè  nin,  camarade, 
Allans,  ârvèye. 

J'han-Jôseph. 

Awè,  Diè  wâde. 


Nos  Bons  Vîx 

SCÈNE  DIALOGUÊYE  EN  VERS, 

PAR 

Jean  BURY. 


Devise  : 

Aîmans-les. 


MÉDAILLE    DE    BRONZE. 


PÈRSONNÉGE  : 

J'HAN-PIÉRRE,  vîx  homme  cVâx  incurâbe. 
M AR- AGNÈS,  ville  feume      „  „ 


Li  scène  riprésinte  ine  pièce  publique. 

Lès  deux  pèrsonnège  arrivèt  onque  d'on  coslé.  Faute  di  l'aute. 


Mar-Agnès   (joviale). 
Kye  !  donc  tin  !  quî  vola  ! 

J'han-Piérre  (rajustant  ses  bèrique). 

N  esse  nin  l'  vîle  Mar-Agnès  ? 
Mar-Agnès. 
Li  vîle  !  aih  !  leup  waroux,  ji  v'  poch'treu  co  so  1'  tièsse, 
V'y  poch'treu-j'  co,  vormint. 

J'han-Piérre  (riant). 

Ah  !  ha  !  ha  !  vî  spronjoû  ! 
Si  v'  lâchez  co  'ne  sifaite  vos  frez  sûr  pawe  à  joû. 
Mar-Agnès. 

I  n'a  ni  s'faite,  ni  s'faite,  ji  wag'reu  deux  cârluss 
De  fer  ine  avant  deux  comme  vos,  vos  'nnè  friz  puss. 


—  67  — 

Jhan-Piérre. 
Bin,  qu' ji  s'péche  !  j'èl  vou  creure  !  kidû-t',  va  m'  vîx  rabu, 
G'è  bin  fini  po  1'  guète,  va,  lès  boton  sont  jus. 

Mar-Agnès  {riani). 
Areu-t-on  di  coula,  v'ià  'ne  cinquantaine  d'ânnêye  ! 

J'han-Piérue. 
Oh!  qu'  nènni,  tonne  di  bîre  !  mains  houye  !... 
Mar-Agnès. 

Jans,  prind  'ne  pènêye. 
J'han-Piérre. 
On  n'  va  pus  'ne  vèsse  di  chin,  Mar-Agnès  ! 
Mar-Agnès. 

Avîs-gn'  bon 
Qwand  nos  valsîs-st-èssonle  â  bal  èmon  Ghâmont  ! 
Vis  sov'nez-v',  vîx  stoquaî  ? 

Jhan-Piérre. 

Si  ji  m'  sovin  !  mèye  gotte  ! 
Pa,  m'-sonle  èco  qu'  ji  v'  veusse  avou  vosse  coûte  roge  cotte, 
Vosse  vantrin,  vosse  cournètte  et  vos  p'tits  hâtes  soler. 

Mar-Agnès. 
Esteu-ju  frisse,  ossu  ! 

J'han-Piérre. 

Gomme  li  fleur  di  nos  pré. 
Mains  vos  èstîz  canaye  comme...  on  n'èl  sâreu  dire. 

Mar-Agnès. 
Taisse-tu,  vîx  fafouyeu.  ' 

J'han-Piérre. 
Vos  n'ois'riz  nin  m'  disdire. 

{Si  rapprèpant.) 

Vi  rapp'lez-v'  bin  de  joû.... 


Mar-Agnès. 

Qui  v'  m'avez  rabrcssî  ? 
Comme  si  c'èsteû  co  d'hoûye  !  Ah  !  ji  v'  l'a-st-adièrcî  ! 

J'han-FMérre. 
Mi  chifle  ènnè  houle  co. 

Mar-Agnès. 

Min  ossu,  j'èl  rigrèttc, 
Conv'nez  qui  v's  avez  stu  jourmâye  foirt  mâladrète. 

J'han-Piérré. 
Mâladrète  ? 

Mar-Agnès. 
Awè,  ciète. 

J'han-Piérre. 

Enne  avcu-t-i  baicùp 
Qu'allît  pus  rat'mint  qu'  mi? 

Mar-Agnès. 

Oh  !  c'  n'è  nin  d'on  plein  côp 
Qu'on  tèmlêye  li  gougètte.  Fà  qu'on  l'amadoùlêye, 
Qu'on  chûsihe  lès  moumint,  mains  n'  fà  nin  qu'on  holôye. 
D'abîme,  ènne  a  dès  ci  qui  v's  ont  fait  1'  bâbe,  èdonc  ? 

J'han-Piérre. 
A  mi,  qui  m'ont  fait  1'  bâbe  ! 

Mar-Agnès. 

Et  Qoulà  sins  savon. 
J'han-Piérre. 
Mar-Agnès,  vos  bourdez  ! 

Mar-Agnès. 

Awè,  j'  bourdêye,  sins  fâte. 
J'han-Piérre    {raVmint). 
Vos  savez  mîx  qu'  nolu  qui  ji  n'èsteu  nin  d'  plate. 


—  m  — 

Mar-Agnès. 
Nènni  v'  n'èstîz  nin  d'  plate,  mains  v's  âriz  bin  s'iu  d'  bois. 

J'han-Piérre. 
Taihîz-v',  ni  d'hez  pu  noie,  ca  j'  direù  bin  'ne  saquoi. 

Mar-A(;nès. 
Qui  dirîz-v'  donc,  mon  Dièw  ? 

J'han-Piérre. 

I  n'a  mutoi  d'  tote  sôre 
Qui  n'  vis  frît  nin  plaisir. 

Mar-Agnès. 

Eye  !  ji  m'  rafèye  di  v's  ôr. 
G'è  sûr  on  scrèt  mawèt  qui  nolu  n'  deu  sèpi 
Et  qui  nolu  n'  sàrè. 

J'iIAN-PlÉKKE. 

Vos  r  savez  tôt  comme  mi, 
Ca  v'  n'avez  nin  roûvi  qwand  n's  allîs-sl-è  cachette... 

Mar-Agnics. 
\Yisse  donc,  wisse  donc,  signeûr  ? 
J'han-Pierre. 

Danser  è  fond  Pirèlte. 
Mar-Agnés. 
Eye  !  li  squélle  friche  ! 

J'han-Piérre. 

I  n'a  ni  friche,  ni  frache,  mafoi. 
Ji  v's  a  k'dût  pus  d'ine  fèye  tôt  là,  sèyiz  d'  bonne  foi. 

Mar-Agnès. 
Ciètmint,  vos  n'  dihez  nin  qu' ji  m'  fève  rik'dûre  d'inc  ante  î 

J'han-Piérre. 
Téne  fèye. 

Mar-Agnès. 
Ine  fèye  chaque  côp. 


—  70  - 

J'han-Piérre. 

Vos  n'ôstîz  nin  m'  crapaute  ! 
Mar-Agnès. 
Pasqui.ji  n'  voléve  nin  ! 

J'han-Piérre. 

Pasqui  j'  n'a  nin  volou  ? 
Mar-Agnès. 

le  !  i  fù-st-aroubi  d' dire  ine  sifaite,  zoulou  ! 

Vos  savez  bin  qu'ine  fèye  vos  avez  v'nou  d'Ié  m'  père 

Dimander  po  m' hanter,  vos  v's  è  sov'nez,  j' l'èspére  ? 

J'han-Piérre. 

Awè,  ji  m'è  sovin. 

^  .  Mar-Agnès. 

Et  qu'a-t-i  rèspondou  ? 

J'han-Piérre. 

Oui  vos  èstîz  trop  jône. 

Mar-Agnès. 

Et  i  v's  a  tourné  1'  oou  ? 

J'han-Piérre. 

Uh  !  nin  tût  justumint. 

Mar-Agnès. 

Tôt  s'tichant  'ne  mène  d'ine  aune. 
Vos  'nnc  allîz  bêche  è  bourre  ? 

J'han-Piérre. 

On  m'a  r'côpé  l'avône  ! 
Mar-Agnès. 
Oh  !  ciète,  awè  coula  !  Dismèttant  qu'  vos  m'  sûhîz 
Tôt  fant  dès  hègne  âx  steulc  et  sins  oiseur  mohî, 
Lès  autc  avît-st-ûhèye  di  v'  soffler  l' lamponnètte  ! 


—  71  — 

J'han-Piérre. 
Ji  se  bin  qu'  vos  m'avez  compter  saqwantès  blette. 

Mar-Agnès. 
Pus  sovint  qu'a  vosse  tour  vos  avez  s'tu  r'ieuchî. 

J'han-Piérke. 

Chili  !  ni  d'visez  nin  tant,  li  laiwe  vis  va  forchî 

Min  r'  nov'lez-m'  on  p'tit  pau  qwand  n'  passîs  lès  malène 

Ine  annêye  â  Noyé,  sov'nez-v',  jans,  vîle  platène. 

M  AR- Agnès. 
Qwand  n'  passîs  lès  matène?  Ji  n'  lès  a  mâye  passé 
Qui  v's  èstîz  d'ii  k'pagnèye. 

J'han-Piérre. 

Ji  v'  frè  bin  rapinser, 
Ga  j'  voreu  bin  wagi  qui  v'  roûvîz  d'  bonne  sov'nance. 
Qui  è-ce  donc  qui  chantéve,  tôt  s'  hossant  comme  ine  bance: 

{Chantant.) 

Maman  ne  veut  point  queur  je  vasse  au  bois  (').  (pU.) 

Aller  au  bois  tonte  seuletle 

C'est  dangereux  quand  on  est  gentillette.... 

On  s'en  vat-à-deux  Ton  revient  à  trois 

Maman  ne  veut  point  queur  je  vasse  au  bois  ! 

Maman  ne  vous  en  souvenez-vous  pas?  {his.) 

{In'  si  rappelé  pus.  ) 

Mar- Agnès  {Chantant). 

Quand  vous  alliez  sous  la  fauchelte 
Av(h;  Colas  cueillir  la  violette? 
Vous  aviez  si  l)on  de  vous  parler  bas  ! 
Maman,  ne  vous  en  souvenez-vous  pas? 

(')  Pr.  wè,  comme  en  vieux  français. 


—  7-2  — 

3. 

Maman,  laissez  moi  bien  me  divertir,  {bis.) 

Qwand  je  serai  fille  à  votre  âge, 

Je  quitterai  ce  ciiarmant  badinage. 

Je  le  quitterai  avec  plaisir 

Maman,  laissez  moi  bien  me  divertir. 

J'han-piérre  (parlant). 

Vèyez-v'  li  vîle  savôye  !  elle  croh'reu  co  s'  couplet! 

Mar-Agnès. 

Poquoi  n'èl  croh'reu-j'  nin?  I  n'a  nou  si  vîx  chèt 
Qui  n'  crohe  voltî  1'  soris. 

J'han-Piérre. 

Mafrique,  coula  c'è  vrêye. 
Adai,  vos  vèyez  bin  comme  vos  estez  r'bârêye? 
Il  avise  à  v's  ètinde  qui  v'  n'avez  mâye  rin  fait. 

Mar-Agnès. 
.l'a  roûvî  comme  mi  moirt.... 

J'han-pièrre. 

Oh!  v'  l'oûvîz  tot-a-fait, 
J'èl  di  co,  d'  bonne  sov'nance. 

Mar-Agnês. 

Adonc,  noumez-m'  ine  gotte 
Inc  aute  qu'ènne  èsteû  co? 

J'han-Piérre  (ralVmint). 

Li  grand  Colas  Gagotte. 
D'abîme  qui  chanta,  lu.... 

Mar-Agnès. 

kvfë  qui  chanta-t-i  ? 

J'han-Piérre. 

Vormint,  j' l'a  foû  mémoire...  kh  !  ha  !  ça  k'mince  ainsi  : 


—  73  — 

[Chantant), 
Voici  le  premier  jour  de  l'an, 
Que  donn'rai-je  à  ma  raie  ? 
Je  lui  donn'rai  des  rubans  blancs, 
Tra  la  la  dèra  la  la  la  ! 
Je  lui  donn'rai  des  rubans  blancs 
Pour  donner  à  son  amant. 

(Parlant). 

Eh  !  bin,  qu'ènnè  direz-v'  ? 

Mar- Agnès  {triste}. 

Jans,  c'è  bon,  prind  'ne  pènêye. 
Pauve  Colas  !... 

J'han- Pierre. 
Oh  !  tôt  r  monde  appoite  si  dèstinêye  ! 
Et  nolu  n'èl  kimande.  Oh  !  taisse  !  lèyans-nos  fer, 

Mar-Agnès. 
Taisse-tu  donc,  fré  J'han-Piérre,  c'èsteû  on  si  bon  m'  vé  ! 
Il  èsteû  si  d'gogî,  si  s'pitant,  si  r'coquèsse  ! 
Qwand  1'  grand  Colas  mâquéve,  li  jôye  mâquéve  à  ITièsse. 
Avou  ses  fâvuron,  ses  pasquèye,  ses  bagou, 
Arîz-v'  même  situ  d'marme,  i  v'  fève  rire  tôt  bossou. 

J'han-Piérre. 

Eye  !  n'èl  sé-ju  nin  bin  ?  D'abîme  qui  1'  rouwé  m'  cowe 
A  tant  fait  rire  Liyètte  qu'i  l'a  fait  rire  bossowe  ! 

Mar -Agnès, 

Chitt  !  n'allez  nin  si  reud.  I  n'  fà  d'  hîfrer  nolu 

Sins  sèpi  qui  1'  pouna.  I  n'a  dès  aute  qui  lu. 

On  a  bai  dire  dai,  m'vé,  quand  c'è  V  friquètte  qui  r'qwire 

Li  jônai,  si  s'treu  qu'  seûye,  i  fù  qu'i  s' laisse  à  dire. 

J'han-Piérre. 

Tôt  r  monde  ni  s'  ravise  nin. 


—  74  - 

Mar-âgnès. 

Oh  !  nènni,  ciète,  coula, 
On  se  qui  v'  n'avez  mâye  ravisé  I'  grand  Colas, 
Qui  t»in  de  Ion  s'è  fà. 

J'han-Pièrre. 

Vqs  direz,  tot-à-c'ste  t'heûre 
Qui  j'èsteû-st-on  fahai  ! 

M AR- Agnès. 

Bin  mîx,  j'èl  rèiteure. 
Ga  si  v's  avahîz  s'tu  'ne  miyètte  pus  dispièrté 
Qui  vos  n'  l'èstîz.... 

J'han-Piérre. 

Eh  !  bin  ? 

Mar- Agnès. 

y  m'âreû  lèyî  hanter! 
J'han-Pièrre. 
Taisse-tu  donc,  Mar- Agnès,  taisse-tu,  t'è-st-ine  vîle  pêne! 
Jans,  sov'nez-v'  co  de  jou  qui  n'  passîs  lès  matène  ! 

Mar-Agnès. 
Va-z-è  matène,  matène!  matène  wisse  qui  j'  se  bin! 

J'han-Pièrre. 
Vos  v's  è  sov'nez,  dihez-m'? 

Mar-Agnès. 

Awè,  ji  m'è  sovin. 
J'han-Pièrre. 

Et  ossu  d'  qwand  n's  allîs  qwèri  1'  pot  d'  bire  è  l'câve? 

Et  qu'  nos  d'  raanîs  deux  heure,  case  qui  v'  s'èstîz  hayâve. 

Et  qu'  n'  nos  r'montîs  sins  bîre  èco  1'  pu  bai  de  jeu  ! 

Mar-Agnès. 
Taisse-tu  va,  ti  dâvièye  ! 


—  75  — 

J'han-Pièrre. 

On  jowéve  âx  cwârjeu. 
On  nos  r'Iouqua  d'ine  air!  qui  v'  fourîz  tote  honteuse. 

Mar -Agnès. 

Taisse-tu,  va,  ti  baboye  ! 

J'han-Pièrre. 

Pa,  m'  sonle  èco  qu'ji  v'  veûsse! 

Mar-Agnès  {raCrnint). 

Et  toi  qu'ésteusse,  parait,  qu'èsteusse?  jans,  di  1'  on  pau? 
T'èsteû  d'  manou  d'vins  'ne  coine  avou  tï-air  di  jâgau, 
Dismèttant  qu'  j'èsteu  là  plantêye  avou  m'  po  d'  pirre, 
Qu'on  d'héve  qui  j'apprèpahe  et  qu'ji  n'  saveû  qoi  dire  ! 

J'han-Pièrre. 
Bon,  vola  qu'elle  ad'vowe. 

Mar-Agnès. 

Is  s' ravisèt  turtos. 
D'abîme  qu'i  n'arrive  rin,  les  hommes!  rèspondèt  d' tôt. 

J'han-Pièrre. 
Ji  veû  co  vosse  vîle  mère  qui  r'tournéve  li  bouquètte 
A  moumint  qu'  nos  rintrîs,  elle  vis  r'tappa  'ne  louquètte! 
Allez!  ji  n'  vis  di  qu'  ça. 

Mar-Agnès. 

Lès  mère  ont  l'ouye  si  fin! 
J'han-Pièrre. 
Nos  ârîs  trop  hayètte,  dai,  s'èlles  ni  l'avît  nin. 

Mar-Agnès. 
Et  dire  qui  màgré  tôt  j'a  s'  posé  1'  gros  Jannèsse, 
Et  v's  avez  s'tu  borbou. 

J'han-Pièrre. 
l*a,  j'  n'a  mâye  tant  fait  l' liesse' 


-   76  - 

Mar-Agnès. 
Awo,  vos  l'ôrcz  dire. 

J'han-Piérre. 

A  banquet  ji  chanta... 
Ji  n'  sàrcù  pus  dire  quoi,  mains  tôt  l'monde  répéta. 

Mar-Agnès. 

Ce  toi  va  qui  pèta! 

J'han-Piérre  {si  rappelant). 

Qui  t'è  drôle  donc,  m' vîle  cotte  ! 
Pa,  c'è-st-on  crâmignon  qui  j'  chanta! 
Mar-Agnès. 

D'hez-l'  ine  gotte? 
J'han-Piérre. 
D'accoird,  tinez  m'  bordon. 

{Chantant  et  tourniquanl  avâ  V scène.) 

Marèye  jowa  drî  lès  lampion 
A  r  rèspounèlte. 

Mar-Agnès  {répétant). 

Marèye  jowa  drî  lès  lam|)ion 
A  r  rèspounètle. 

J'han-Piérre. 

Jihan  qwèra-st-après  si-âbion... 
Trova  l' cachette...  Ah!  ha!... 

Prindez  vosse  bordon  Simon 
Et-s-minez  bin  T  crâmignon. 

Mar-Agnès  {répétant). 

Prindez,  etc. 

J'han-Piérre   {parlant). 

Eye!  ji  n'  mi  rappelé  pus. 
Ah!  poch'tans  so  l'dièrain,  nos  n'èstans  nin  là  d'sus! 


-     77  — 

(Cliatitani.) 

Li  mèyeu  d'tot  nos  marèy'rans    )  , 
J  .  Ins. 

Nosle  aitrapeye  i 

Pièrdowe  ine  heure  avou  s'galaiil 

Emon  Eolzêye...  Ah  !  ha  !.. 

Prindez  vosse  boidon  Simon       ) 
Lt-s-minez  bin  I  cramignon.       i 

War-Agnès  (pûiianl). 

Eye  !  èye  !  awè  j'  m'y  r'veû  !  Avîs-gn'  bon  donc,  qu'j'arawe? 

J'han-Piéure. 

Vis  sov'nez-v'  qu'à  café  ji  v'fa  happer  'ne  crâne  pawe, 
Tôt  d'nouqant  vosse  loyin? 

Mar-Agnès. 
Awè  dai,  laid  pindârd  ! 

J'iIAN-PlÉRRE. 

J'èl  sitâra  so  l' lave  et  tôt  1'  monde  ava  s'  part, 
Avans-gn'  ri,  Saint  Linâd!  On  n'  rèye  pus  houye  parcyc. 

Mar-Agnès. 
Vos  v's  y  mèttîz  trop  tard  :  j 'aveux  monté  I'  mai  rèye. 

J'han-Piérre. 
Oh  !  çoulà  n'vou  rin  dire  ! 

Mar-Agnès. 

Coula  vou  dire  bram'mint  ! 
Ji  n'ûreû  nin  Lrompo  Jannèsse  po.... 

J'han'Piérre  (riant). 

Treûs  skèHn  ! 
Mar-Agnês  (inâle). 

Taihîz-v',  laid  mùhonteù  ! 

J'han-Piérre. 

Jans,  rik'minçans-gn'  co  1'  danse  ? 
Nos  èstans  mons  di  sqwôrre  qui  nos  n'  l'èstîs  d'avance. 


—  78  — 

Mar-Agnès 

Item,  ji  m'ènnè  r'va,  ma  sœur  va  co  r'brognl, 
La  qu'ji  sèrè  tâdrowe. 

J'han-Piérre. 

Et  r  meune  vo  co  r'grognî. 
Eye.!  qui  n'  s'ôstans  roùvisse  !  Diè-wâde,  mi  binamêye, 
Ji  va  sûr  hoûye  rintrer  à  turèlure  ôt  d'mêye. 

{Tôt  'nne  allant.) 

De  coraplumint  à  Bâre,  Nanèsse  et  Tourniquet. 

Mar-Agnès. 

Ji  n'  mâqu'rè  nin.  Tin,  prind  co  'ne  pènêye... 

J'han-Piérre  {viv'mint). 

Jans,  parait. 

(Chantant.) 

Air  :  Les  anguilles  el  les  jeunes  filles. 

Après  toi  fâ  prinde  ine  pènêye. 
A  quoi  bon  s' chagriner,  ma  foi  ! 
Nos  n'viqu'rans  pus  tant  dès  annèye 
Ca  toi  vin  d'  Diè  toi  rloune  à  Diè. 
Viquans  Tresse  di  nos  joû  d'vins  s'wâde. 
Toi  bènihanl  l'oûve  de  covint. 
L'ci  qu'  fai  bin  se  çou  qu'èl  rawâde  : 
Viquans  èl  inorant  pâiiûrmint. 

ESSONLE  : 

L'ci  qu'  fai  bin  sé  çou  qu'èl  rawAde  : 
Viquans  et  moraiU  pâhûl'minl  ! 


FIN. 


Lès  Broeale 

LEÇON. 

PAR 

Félix  PONGELET. 


Devise  : 
Lès  leçon  profilèt  quéque  fèye. 


PRIX:  MEDAILLE  D'AEGENT. 


Ine  fèye, 
I  gn'a,  ma  frique,  ine  bonne  happèye, 
Ine  sièrvante  alla  s'  présinter 
A  mon  dès  gins  intéressé. 
Intéressé  n'è  nin  V  vrêye  mot, 

Portant, 
Is  k'nohît  r  valeur  dès  aidant 

Vola  tôt. 
Si  visège  riv'néve  à  l'idèye 
A  r  dame  de  1'  mohonne  qui  d'ha  :  a  M'  fèye, 
»  Vos  m'avez  l'air  d'ôsse  foirt  gintèye, 

a  Po  v'  dire  li  vrêye, 
D  Et  j'a  lès  pinse  di  v's  ègagî. 
»  Ji  v'  va  miner  vèye  li  manège 
»  Dispôyeli  cave  disqu'ù  gurnî; 
»  Mains  divant  d'aller  à  l'astège, 
»  Nos  irans  d'zos,  fer  de  V  loumîre.  » 


—  80  — 

I  fâ  v'  dire 
Qui  di  c'  timps  là,  parait,  mes  gins, 
On  s'  sièrvéve  di  brocale 
Pu  longue  qui  m'  main, 
Qu'èstît  d'vins  dès  potale, 

A  costé  de  gîvâ. 
Po  n'nin  l's  allouer  à  mâle-vâ, 
On  lès  copéve  è  deux, 
E  treus, 
E  qwate  même  bin  sovint 
Po  lès  fer  durer  pus  longtimps. 
Li  sièrvante  apice  ii  loum'rotte, 
Prind  'ne  grande  brocale,  et  l'allome  tote, 
Esprind  1'  chandèye, 
Puis,  sins  façon, 
Tape  li  restant,  qui  d'véve,  po  1'  mons, 

Sièrvi  deux  fèye. 
Li  dame  ènnè  saveu-st-assez, 
Elle  dèri-st-à  1'  bâcèlle  vèt'mint  : 
«  Ji  veu  qui  vos  n'  mi  conv'  nez  nin, 
»  M' fèye,  vos  pollez  bin  'nnè  raller  !  » 

Po  div'ni  'ne  bonne  feumme  di  manège, 

Houtez, 
Ci  n'è  nin  l'  tôt  d'aîmer  l'ovrège, 
Fâ  co  savu  compter. 


Li  marehî  dès  vix-warèsse 

(satire  de  mœurs  liégeoises) 


PAR 

Emile    GÉRARD 


Devise  : 
Vive  tièsse,  mais  bon  cour. 


MEDAILLE    DE     BRONZE. 


G'è  so  l'plèoe  Dèlcour,  â  matin 
Jusqu'à  dîner,  qui  1'  marehî  s' tin. 
È  l'bèlle  saison,  so  l'eôp  d'  sîhe  heure, 
On  veu  v'ni,  sortant  foû  d'  Roteûre, 
De  l'Poite-âx-Awe,  de  l'ccur  Plantin, 
Kt  d'  traze  au  te  costé  qu'  ji  n'  di  nin, 
A  procession,  lès  vix-warèsse, 
Avou  leus  botique,  leus  ahèsse, 
Divins  dès  banse,  et,  foirt  sovint, 
So  dès  p'titès  chèrôtle  à  l'main. 
Ossi,  quelle  arège!  quelle  affaire  : 
Vos  pins'rîz  vèye  tos  locataire 
Qui  s*  sàvèt,  craindant  desse  vèyou, 
Po  n'  nin  payî  lès  meus  hoyou: 
Lès  botique  sont  co  vite  è  pièce, 
Ca  so  pâ,  so  foche,  on  lès  dresse. 
Après,  louquîz  1'  curieux  tâvlai 
Qu'èssônne  fèt  tos  lès  vîx  hèrvai  ! 


-  8-2  — 

Lès  pus  èwarantès  hâgn'neûre, 

A  chaque  pas,  on  lès  rèsconteûre. 

Totes  lès  sôre  di  carnage  sont  \h. 

Wisse  a-t-on  rapèhî  çoulà? 

Sitârêye  à  l'térre  ou  pindowe, 

Vocial  dès  vèyès  hâre  hoyowe, 

Di  tos  modèle,  tote  qualité, 

A  l'chuse  de  ci  qui  vou-t-ach'ter. 

Dès  casawé,  dès  robe,  dès  taye, 

Passé  d'  mode,  prindèt  l'air  so  l'baye, 

A  costé  dès  vîx  pantalon 

Et  d'  gilet  qu'  pindèt  tôt  de  long. 

Bon  Diu'  quelles  drôle  di  mousseûre 

Sont  là  d'  zos  vos  oûye  !  G'è-st-à  creure, 

Quand  vos  lès  louquîz,  qui  vor-cial 

Avant  pau  F  joyeux  carnaval? 

S'èlles  polît  conter  leus  histoire, 

Ces  hâre-là  qu'on  jette  hoûye  h  l'térre. 

On  'nne  apprindreu  dès  belle,  allez! 

Pus  d'on  pauve  habit  tôt  pelé, 

Plein  d'  lai-m'è  paye,  souwant  l'  misère, 

A  k'  noliou  bin  sûr  dès  joû  d'  gloiro. 

Qwandd'vins  lès  bal,  lès  société, 

Tôt  battant  noû,  on  l'a  poirté. 

On  y  vind  d'tot,  mantai,  capote, 

Et  vix  costume  magnî  dès  mote  ; 

Dès  ombrelle  et  dès  paraplu 

De  dièrain  siéke,  comme  ènne  a  pus. 

Ci  sèreu,mafoi,  mâlùhèye 

De  noumer  tôles  ces  bardah'rèye. 

Avâ  r  marchi,  c'è-st-à  hopai 

Qu'on  trouve  ossi  dès  vîx  chapai. 

Po  ['valeur  d'ine  qwinzêne  di  censé, 

On  'nnè  chusihe  onque  à  s' conv'nance, 


—  83  - 

Et  lès  vîx-warèsse  vis  diront 
Qu'elles  fournihèl  tos  lés  chôrron. 
Vûcial  on  tùvlai  qui  r'présinte, 
Li  fameux  Junibe  di  bois  d' l'an  trinte; 
Ine  aute  mosteûre  Napoléon, 
So  Tehanip  d'  bataye,  inte  lès  canon. 
Vola,  si  tote  fèye  c'è  vosse  gosse, 
Dès  cuî,  dès  posteûre  et  dès  losse, 
Dès  coqu'màr,  dès  trape-àx-soris, 
Qu'odètbin  foirt  li  chamossi. 
A  c'ste  heure,  n'at-i  mèsâhe  di  v'  dire 
Qu'i  n'a  nin  'ne  seule  vèye  pèce  étire? 
A  chaqueune,  i  màque  ine  saquoi: 
L'orèye,  li  narènne,  qui  sé-j'  quoi? 
Gè  surtout  lès  châsseûre,  l'àrtique 
Principâ  di  totes  lès  botique. 
Enne  a-t-i  donc  dès  vîx  soler! 
Louquîz  lès  trottoir  sont  hoslé, 
Di  bolquène,  di  pantoufe  et  d'  botte, 
Qui  r  vix-warèsse,  assiowe,  rifrotte. 
Et  tôt  çoulà,  minâbe,  usé, 
K'  hiyî,  pauvriteu,  fai  tuser 
Qu'à  costé  dès  hureux  dé  Ttérre, 
I  n'a  bin  dès  pône,  dès  misère! 
Gel'  dimègne  qui,  so  l'plèce  Delcour, 
I  n'a  1'  pus  d'  gins,  qui  1'  floulic  accour. 
Po  s'  fer  vùye,  i  s'  fàreu  bin  k'balte: 
C'è  tôt  li  r'mowe-manège  de  l'Batte, 
Et  v's  oyez  dire  à  tôt  moumint: 
Dihez,  nosse  maisse,  ni  v'  lii-t-i  rin? 
Lès  paysan  sont  cial  ù  bande; 
Cicial  ach'tèye,  cilà  marchande. 
Ine  aute,  pus  Ion,  sâye  dès  solcr, 
Mais  après  avu  toi  holer, 


—  84  - 

Mcltûu,  tour-;"i-tour,  totes  lès  paire, 

I  n'a  nin  co  Irover  si  affaire! 

N'a  nin  dès  tôt  p'tit  pîd  qui  vou, 

Et  r  paysan  va  tourner  l'cou, 

Qwand,  tote  mâle,  vola  1'  vîx-warèsse 

Qu'ènne  y  di  pés  qu'pinde  et  de  rèsse, 

Ga  'lie  n'aîme  nin  qu'on  1'  vinsse  dèringî 

A  l'vûde,  et  lî  fer  tôt  bogî. 

Awè,  elle  a  1'  linwebin  pindowe, 

Et  comme  telle,  elle  è  rin'nohowe. 

So  l'plèce,  toi  buvant  leus  café, 

Eune  conte  l'aute,  quéque  fèye  s'èscluiffèt. 

Puis  s'èmanche  ine  clapante  dispite; 

Gomme  on  feu  d'artifice  qui  spite; 

Lès  côp  d'  gueûye,  côp  so  côp,  s'  suvèt, 

Jusqu'à  tant  qu'on  s'  prinsse  po  les  ch'vè. 

S'i  n'aveut  pus  nolle  harùj rèsse. 

On  r  ritrouv'rou  d'vins  1'  vîx-warèsse! 


T_ji   eràs  pèquèt 


Henri  W^ITMEUR. 


Devise  : 

Satire  ou  conte  ? 
Comme  vos  vôrez. 


MÉDAILLE   DE   BRONZE, 


Vo  l'avez  bin  k'nohou  : 

G'è-steu-st-oii  long  stindou. 
Dreût  comme  on  pà,  so  ses  deux  hèsse, 
Ossi  souwé  qu'ine  inglitin, 
Ine  boque  gârnôye  di  hàrdés  dint. 
D'wisse  qu'i  rèchîve  à  hite  d'aguèsse, 

Gomme  lès  pèqii'teux; 
X  dii^e  H  vrêye,  c'è  qu'il  èsteu 
Go  sovint  prête  po  lever  l'  coude  : 
J'èl  di-st-ainsi,  pacequi  j'  n'aîme  nin. 

De  dire  de  boude. 
On  r  louméve  Colas  Hârotin. 
—  On  dimègne,  èstans-t-aller  vcye 
Lès  bièsse,  à  l'Université, 
Il  aveu  stu  foirt  èwaré 
De  cisse  qu'on  tin  d'vins  dès  botêye. 

L'agent  Nélissc, 

Qu'èsteu  d'  sièrvice, 


—  86  — 

Lî  aveu-t-èspliqué  comme  quoi 

On  lès  wâde  ainsi,  d'vins  1'  pèquèt. 

Noste  homme  esteu-st-asscz  malin  : 

a  Ça,  —  tûse-t-i,  —  çou  qu'è  bon  po  'ne  bièsse, 

»  Ni  pou  mâye  fer  dès  toirt  âx  gins  !  » 

Et  dispôye  ci  dimègne-lù,  è  1'  pièce 

De  prinde  de  drougue  d'apothicâre, 

Qwand  i  s'  sintéve  on  pau  d'ringî, 

D' lu-même,  i  s'  rimèttéve  so  pîd, 

Tôt  levant  1'  coude...  comme  Matrognârd. 

Vo-l'-la-st-ainsi  passé  méd'cin  : 

Méd'cin  â  pèquèt  !...  Poquoi  nin  ? 

Enne  a  bin  dès  ci  à  1'  pihott.'  ! 

A  résse,  i  raisonnéve  foirt  bin  s' marotte. 

«  Di  i'â-matin,  qwand  vo  v'  levez  » 

—  Éspliquéve-t-i  —  a  Si  vo  v'  sintez 

B  On  pau  flâwisse, 

j>  Ou  1'  cour  aiwisse, 
»  Po  r  pus  sûr  !  çou  qui  v'  rimèttrè , 
»  G'è-st-ine  bonne  gotte  di  crâs  pèquèt  !  — 

»  Divant  1'  dîner, 

»  Si  vos  sintez 
ï  So  li  stoumake  ine  pèsanteûre, 
»  Qu'elle  rissérre  ou  qu'elle  disaweûre, 
»  Grèyez-m'  !  Çou  qui  v'  elle  ridroûv'rè  : 
»  G'è-st-ine  bonne  gotte  di  crâs  pèquèt  !  — 
»  Et  qwand  v's  avez  fini  joûrnêye, 
»  Si  vos  v'èsoqu"tez-t-è  l'  coulêye, 
D  Sav'  bin  çou  qui  v'  ravigottrè? 
»  G'è-st-ine  bonne  gotte  di  crâs  pèquèt  ». 
Mais  n'a  rin  d'  si  bon  qui  n'  finihe, 
Ni  méd'cène  qu'èspèche  qu'on  n'  pèrihe  ! 
Noste  homme,  on  joû,  d'va  s'appontî 
A  'nnè  rallcz  po  l' laid  Wàthy. 


-  87  — 

Owand  V  prête  li  eàrî  d'né  ses  dreut  : 

a  Ni  roûvlz  nin  d' payî  Mossieu  », 

—  Di-sti  à  s'  feumme—  «  Fà  qu'  tôt  V  monWe  vique, 

»  Por  mi,  ji  m'  va  serrer  botique. 

»  Mais  d"vant  de  cligni  l'oùye  po  V  bon, 

»  I  m' ta  co  beure  on  p'tit  hùlion.  0 

Si  feumme  lî  vùda  'ne  dièraîne  lame, 

Et,  tôt  douc'mint,  i  rinda  l'âme. 

Ainsi,  Hàrotin  ta  1'  plonquèt, 

Tôt  buvant  'ne  gotte  di  cràs  pèquèt. 


Li  tailleur  et  Tèvêque 


PAR 

Henri  ^^^ITMBUR. 


Devise  -. 
Satire  ou  conte  ! 
Comme  vos  vôrez. 


MÉDAILLE  DE  BRONZE. 


I  n'aveû  'ne  fèye  on  p'tit  tailleur, 
Q'aveu-st -assez  bin  prospéré, 
Çou  qui  fai  qu'i  s'aveu  hère 
E  r  tièsse  dès  idèye  di  grandeur. 
Mâgré  qu'i  n'  savasse  qui  1'  patois 
Comme  i  l'aveu -st-appris  di  s'  mère, 
Qu'èsteu-st-ine  brave  feumme  di  Sèrè, 
Qwand  s' trovéve  ad'lé  on  gros  hère, 
I  n' jâséve  mâyo  qui  1'  haut  français. 

Di  quéle  manire  ? 

On  s'èdote  bin: 

Pus  vite  à  l'avîre 

Qu'autrumint. 
I  l'aveu-st-attrapé  1'  pratique 

Di  l'èvêché; 
Vo  pinsez  s'il  esteu  flatté 
De  r'moussi  l's  ecclésiastique  ! 
On  joû,  i  s'  rind-st-â  séminaire, 
Po  z'aller  sayî  on  cou  d'  châsse 
A  successeur  di  Saint-Lambert. 

L'èvêque  èl  châsse, 


—  89  — 

Et  d'  mande  :  E-ce  qu'i  sèrè  d'adreùt  ? 
Nostc-homme  lîdi.  «  Bic,  Mâseigneur, 
»  Sauf  respect,  j'  crois  qui  s'ra  trop  strcût, 
»  Pour  lè  derrière  de  Vote  Grâdeur.  » 

L'èvèque  li  rèspond, 

So  r  même  ton  : 
«  Alorsse,  i  faudra  biê  1'  refaire 
»  A  la  grâdeur  de  ma  derrière,  b 


I 


SOCIÉTÉ  LIÉGEOISE  DE  LITTÉRATURE  WALLONNE. 


CONCOURS  DE  1890 

RAPPORT  DU  JURY  SUR  LE  4"'«  CONCOURS. 
rWOTS  OMIS.) 


Messieurs, 

La  Société  a  reçu,  sous  le  titre  de  petit  dictionnaire 
wallon,  une  liste  de  104  mots,  avec  traduction  fran- 
çaise, pour  répondre  au  ¥  concours,  «  rechercher  les 
mots  wallons  qui  ne  sont  renseignés  dans  aucun  dic- 
tionnaire, vocabulaire  ou  glossaire.  » 

L'examen  de  ce  mémoire  nous  a  donné  le  résultat 
suivant  :  Nous  y  avons  trouvé  19  mots  renseignés  par 
Forir  (Dict.),  il  y  en  a  peut-être  davantage,  mais 
l'orthographe  phonétique  et  par  trop  fantaisiste  de 
celui-ci  a  pu  nous  empêcher  d'en  découvrir  d'autres. 
Il  y  a  en  outre  des  interjections,  des  mots  tirés  de 
l'argot  et  quelques  phrases  souvent  employées  par 
les  enfants  dans  leurs  jeux. 

En  somme,  on  trouverait  une  cinquantaine  de  mots 
qui  pourraient  enrichir  notre  dictionnaire  futur, 
mais  nous  ne  connaissons  ni  la  provenance,  ni  la 
nationalité  de  ces  mots,  et  on  ne  peut  les  accepter 
sans  savoir  où,  commentetparqui  ils  sont  employés. 
Ces  renseignements  nous  sont  nécessaires. 


—  92  — 

Pour  ces  divers  motifs,  ce  petit  dictionnaire  wallon 
ne  peut  obtenir  aucune  distinction  ;  cependant 
comme  il  n'est  pas  dans  les  intentions  de  la  Société 
de  refuser  une  contribution  au  dictionnaire,  fût-elle 
minime,  à  la  condition  qu'elle  soit  utile,  nous  prions 
l'auteur  de  nous  donner  ces  renseignements,  afin 
que  nous  puissions  faire  usage  de  ce  travail;  nous  le 
remercions  de  son  envoi  et  nous  l'engageons  à  con- 
tinuer, mais  d'une  manière  plus  explicite,  la  ques- 
tion restant  au  concours. 

Le  Jury, 

Jos.  Ern.  Demarteau, 

Julien  Delaite, 

Jos  Dejardin,  rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  janvier  1891, 
a  donné  acte  au  Jury  de  ses  conclusions. 

En  conséquence,  le  billet  cacheté,  accompagnant 
la  pièce  non  couronnée,  à  été  brûlé  séante  tenante. 


I 


SOCIÉTÉ  LIÉGEOISE  CE  LITTÉRàTURE  WALLONKE. 


CONCOURS  DR  1890 

RAPPORT  DU  JURY  SUR  LE  I4nie  CONCOURS. 
(SATIRE  SUR   UiN  MUSÉE) 


Messieurs, 

Pour  la  première  fois  depuis  que  la  Société 
wallonne  a  demandé  une  chanson,  ou  un  tableau 
satirique  sur  un  ou  plusieurs  musées  de  la  ville 
de  Liège,  elle  a  obtenu  en  réponse  :  Nosse  musée 
communal. 

Dans  cette  pièce  —  rondeau,  d'après  l'auteur, 
mais  rondeau  d'espèce  nouvelle,  en  cinquante  qua- 
trains—  nous  trouvons  en  vers  la  liste  alphabétique, 
par  noms  d'auteurs,  de  tous  les  objets  appartenant 
au  musée  communal  de  peinture.  Gomme  ce  n'est 
qu'une  sèche  énumération,  et  que  l'auteur  n'a  pas  vu 
qu'on  lui  demandait  une  satire,  votre  jury,  à  l'una- 
nimité, a  décidé  de  ne  lui  accorder  aucune  récom- 


—  94  — 

pense,  regrettant  vivement  qu'un  si  rude  labeur  ne 
lui  ait  pas  valu  quelque  succès. 

Le  jury, 

Ch.  Defrecheux, 
Jos.  Ern.   Demarteau. 
et  Victor  Chauvin,  rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  janvier  1891,  a 
donné  acte  au  jury  de  ses  conclusions.  Le  billet 
cacheté,  accompagnant  la  pièce  non  couronnée,  a 
été  brûlé  séance  tenante. 


SOCIÉTÉ  LIÉGEOISE  DE  LITTÉRATURE  WALLONNE. 


CONCOURS  DE  1890 

rapport  du  jury  sur  le  s"»  concours, 
(vocabulaires  technologiques.) 

Messieurs, 

Le  numéro  2  de  notre  programme  des  concours 
de  1890  a  été  très  fructueux  ;  nous  n'avions  pas 
encore  reçu  un  aussi  grand  nombre  de  mémoires. 
Il  est  vrai  qu'ils  ne  sont  pas  tous  bons,  que  quel- 
ques-uns n'embrassent  qu'une  partie  spéciale  d'une 
profession;  à  ce  point  de  vue,  ils  pourraient  n'être 
considérés  que  comme  des  fragments  de  vocabu- 
laire, ayant  cependant  un  certain  mérite  et  que 
nous  devons  accepter.  En  somme,  nous  devons 
nous  féliciter  de  voir  autant  de  personnes  s'occu- 
per du  wallon,  et  enrichir  notre  collection  de  voca- 
bulaires en  apportant  des  matériaux  au  Dictionnaire 
que  la  Société  pourra  un  jour  éditer. 

Nous  avons  donc  eu  à  examiner  : 

iN°  1.  Glossaire  technologique  relatif  à  létal  mili- 
taire. 

N°  2.  Glossaire  technologique  du  métier  des  gra- 
veurs sur  armes. 

N"  3.  Vocabulaire  du  pêcheur. 


-    06  — 

No  4.  Vocabulaire  des  mouleurs,  noyauteurs  et 
fondeurs  en  fer. 

N"  '5.  Vocabulaire  technologique  relatif  à  l'ensei- 
gnement. 

N°  6.  Vocabulaire  technologique  relatif  au  métier 
des  tailleurs  de  pierre. 

N"  7.   Vocabulaire  de  l'apothicâr  pharmacien. 

N"  8.  Glossaire  technologique  du  chapelier  en 
paille. 

Le  ir  1 ,  Glossaire  relatif  à  l'état  militaire,  devise  : 
Un  glossaire  sans  exemples  est  un  squelette,  et  le 
n"  5,  Vocabulaire  relatif  à  renseignement ,  devise  : 
Dans  un  dictionnaire  l'exemple  est  ce  que  la  lumière 
est  dans  une  lanterne  magique,  sont  évidemment  du 
même  auteur  ;  même  écriture,  même  devise  quoique 
donnée  sous  une  autre  rédaction,  même  système 
suivi  par  l'auteur  et  nous  regrettons  de  devoir 
l'avouer,  même  nullité  aussi  complète  ;  nous  ajoute- 
terons  une  grande  ignorance  du  wallon. 

Nous  ne  relèverons  pas  toutes  les  inutilités,  les 
fautes,  les  erreurs,  les  fausses  interprétations  que 
l'on  rencontre  dans  ces  deux  mémoires,  cela  nous 
conduirait  trop  loin,  disséquons  seulement  la  pre- 
mière lettre  du  premier  vocabulaire. 

La  lettre  A  renferme  73  mots.  Il  y  a  d'abord  37 
mots  qui  sont  français,  tels  que  abriter,  adjudant, 
afiut,  air  national,  amazone,  ambulance,  arsenal, 
etc.  On  doit  les  supprimer.  On  trouve  ensuite  15 
mots  qui  sont  d'un  usage  habituel  dans  la  conversa- 
tion de  lout  le  monde,  tels  que  :  abahi,  s'abaisser; 


—  97  — 

affilier,  envelopper,  agèni,  agenouiller  ;  aiiuey  eau  ; 
ârgint,  argent,  etc.  D'autres  n'ont  pas  d'explications 
suffisantes  :  âbe,  arbre,  terme  du  langage  stratégique; 
abri,  abri,  terme  du  langage  stratégique  et  d'autres 
encore.  Nous  ferons  remarquer  que  l'auteur  donne 
au  mot  abri  une  signification  contraire,  et  (jue  ce 
mot  ne  peut  pas  être  traduit  par  abri.  En  français 
être  à  l'abri,  c'est  être  garanti,  et  en  wallon  èsse  à 
Vabri,  c'est  être  exposé.  Les  mots  agrisseu,  agres- 
seur et  agrissi,  agresser  ne  sont  pas  wallons  et  le 
verbe  agresser  ne  se  trouve  pas  dans  les  diction- 
naires français.  On  ne  dit  pas  en  wallon  aumogné, 
c'est  âmoni  (Forir).  Il  ne  suffit  pas  de  changer  l'or- 
thographe d'un  mot  français  pour  en  faire  un  mot 
wallon,  et  d'écrire  par  exemple  aqueduc  avec  un  k 
et  enceinte  avec  un  a.  Le  mot  amonution  qui  est 
pourtant  bien  militaire  ne  s'y  trouve  pas  ;  il  n'est 
pas  renseigné  au  mot  fisik,  ni  au  mot  pan. 

Comme  fantaisie,  nous  trouvons  :  M  lî  va  cVner  si 
ahèsse  :  je  vais  le  battre,  et  alièssî,  battre.  1  foûrît 
st-ahèssi,  ils  furent  battus.  Cette  expression  n'est  pas 
relative  à  l'état  militaire,  elle  s'emploie  à  Liège  à 
propos  d'une  rixe,  d'une  bataille  dans  la  rue.  Arrègî, 
enrager  ;  On  a  bin  bon  de  fer  arrègî  lès  bleu  (recrues); 
aiuège,  aiguille  :  awèije  â  jt,  awèye  à  l' laine,  rien  du 
hia'û  il  mg\ù[\e;  aweure,  augure,  etc.  Que  viennent 
faire  dans  ce  travail  les  aiguilles  et  les  augures  ? 

Nous  avons  constaté  que  cette  analyse  faite  sur  la 
lettre  A  aurait  les  mêmes  résultats  sur  les  autres 
lettres  de  l'alphabet.  Ce  serait  fastidieux,  aussi  après 

7 


—  98  — 

toutes  les  éliniinalions  des  mots  français,  des  inu- 
tilités, des  interprétations  tantaisistes,  il  ne  restera 
presque  rien,  et  ce  n'est  pas  assez;  nous  avons  la 
mission  d'exiger  davantage. 

Le  mémoire  n*^  5.  Vocabulaire  sur  l'enseignement 
est  identiquement  conçu  et  formulé  comme  celui 
dont  nous  venons  de  donner  la  description.  Nous  ne 
répéterons  pas  nos  observations,  car  elles  lui  sont 
toutes  applicables  ;  il  a  tous  les  défauts  du  premier 
et  n'a  pas  plus  de  valeur. 

Il  faut  reconnaître  que  l'auteur  a  manqué  de  tact 
dans  le  choix  des  professions  qu'il  veut  faire  con- 
naître ;  l'officier  avec  ses  soldats,  l'instituteur  avec 
ses  élèves  ne  parlent  jamais  wallon.  Les  soldats 
peuvent  le  parler  entre  eux;  les  enfants,  surtout  dans 
les  campagnes,  le  parlent  au  sortir  de  l'école;  mais 
ce  n'est  pas  dans  ces  deux  genres  de  causerie  qu'on 
])eut  trouver  les  éléments  d'un  vocabulaire  de  l'état 
militaire  et  de  l'enseignement. 

Nous  avons  été  un  peu  long  dans  nos  explications, 
nous  devions  rnoliver  notre  appréciation. 

Le  n"  2.  Vocabulaire  des  graveurs  sur  armes  est 
bien  fait,  mais  il  est  très  court.  Nous  reconnaissons 
que  cette  profession  est  très  limitée  ;  la  gravure 
sur  armes  est  une  branche  spéciale  d'une  profession 
beaucoup  phis  importante:  la  fabrication  des  armes. 
Les  ternies  qui  sont  cités  seraient  bien  plus  à  leur 
place  dans  un  vocabulaire  qui  embrasserait  tout 
l'ensemble  de  la  profession  du  fabricant  d'armes; 
mais  nous  acceptons  toujours  celui-ci  tel  qu'il  est 


-  90  — 

présenté,  et  nous  nous  rallions  à  l'opinion  d'un 
homme  de  métier,  M.  Alpli.Tilkin,  consulté  par  nous, 
qui  nous  écrit  :  «  Notre  élat  comprend  très  jjcu 
«  d'accessoires;  l'auteur  du  vocabulaire  a  fait  preuve 
«  de  bonne  volonté  en  écrivant  quantité  de  pa^^es, 
«  car  il  aurait  pu  être  plus  bref,  s'il  s'était  borné  à  la 
«  seule  nomenclature  de  nos  outils.  J'ai  dressé  une 
«  petite  table  des  mots  omis  (18).  » 

En  conséquence,  nous  proposons  d'accorder  à 
l'auteur  une  médaille  de  bronze,  comme  encourage- 
ment, avec  impression  dans  notre  BiUleti?!,  en  y 
comprenant  les  mots  omis,  mais  en  supprimant 
l'avant-propos  que  nous  considérons  comme  superflu . 

Le  Vocabulaire  des  pêcheurs,  n"  3,  est  très  étendu  ; 
nous  pouvons  même  dire  trop  étendu;  il  y  aura 
beaucoup  à  retrancher.  Le  vocabulaire  d'un  métier, 
d'une  profession,  comme  nous  le  comprenons,  doit 
seulement  contenir  les  noms  des  outils  ou  ustensiles 
employés,  avec  une  courte  explication,  les  noms 
des  matières  dont  on  fait  usage  et  les  noms  des 
objets  qui  se  rattachent  spécialement  à  cette  pro- 
fession. 

Dans  ce  mémoire,  outre  les  noms  des  poissons,  il 
y  a  souvent  des  notices  donnant  la  description 
minulit'i'se  de  ranimai,  les  mœurs,  les  époques  du 
frai,  le  bon  moment  pour  le  manger  et  daiitres 
explications  qui  sortent  complelemenl  du  cadre 
d'un  vocabulaire  du  pécheur,  et  il  y  a  d'autant  plus 
de  raison  de  supprimer  ces  dissertalions,  qu'elles 
sont  copiées  mot  à  mot  dans  le  remarquable  travail 


—  100  — 

de  M.  Joseph  DetVecheiix  :  la  Faune  ivallotie,  publiée 
en  1889  dans  le  XII''  vol.,  2™  série  de  nos  Bulletins, 
ou  extraites  de  divers  ouvrages  sur  la  pèche.  Nous 
comprenons  parfaitement  que  l'auteur  de  ce  mé- 
moire n'a  pu  rien  inventer  (il  cite  tous  les  auteurs 
qu  il  a  consultés),  mais  ses  dissertations  sont  trop 
longues.  M.  Defrecheux,  dans  sa  Faune  wallone,  nous 
dit  qu  avec  les  écailles  de  Fable  on  fabrique  les  perles 
fausses,  cela  est  suffisant;  mais  notre  auteur  entre 
dans  tous  les  détails  de  la  fabrication  des  perles, 
cela  est  complètement  inutile.  Ces  observations  se 
rapportent  à  beaucoup  d'autres  mots. 

Il  faut  que  l'auteur  remanie  son  œuvre  et  qu'il  se 
borne  à  mentionner  les  noms  des  poissons  avec  la 
traduction  française  seule.  Les  noms  en  allemand, 
en  anglais,  en  espagnol,  en  latin,  sont  inutiles  ;  il 
conservera  tous  les  termes  de  pêche,  les  noms  des 
lilets,  des  lignes,  des  amorces,  etc.,  et  cette  nomen- 
clature formera  le  vrai  vocabulaire  du  pêcheur. 
Nous  éviterons  ainsi  les  redites  d'ouvrages  déjà 
publiés  par  la  Société.  11  y  a  aussi  quelques  défini- 
tions erronées  que  l'auteur  devra  modifier. 

Dans  ces  conditions,  nous  proposons  de  décerner 
à  l'auteur  un  second  prix,  soit  une  médaille  en 
argent  avec  impression  dans  nos  Bulletins,  lorsqu'il 
aura  fait  disparaître  de  son  œuvre  tout  ce  que  nous 
considérons  comme  des  superfétations.  A  cet  effet, 
il  devra  s'entendre  avec  l'un  de  nous. 

N°  4.  Vocabulaire  des  mouleurs,  noyauteurs  et 
fondeurs  en  fer.  Comme  pour  le  n°  2,  nous  avons 


—  101  — 

consulté  un  spécialiste,  M.  Réquilé,  i)our  être 
renseigné  sur  la  valeur  de  ce  travail;  nous  vous 
rapportons  sou  appréciation. 

Le  vocabulaire  est  bon  et  complet,  le  nombre  de 
mots  est  considérable,  les  explications  sont  suffi- 
samment explicites  et  très  claires;  les  mots  cités 
sont  souvent  des  mots  connus,  mais  employés  dans 
une  acception  toute  spéciale. 

En  présence  d'une  opinion  aussi  nettement  expri- 
mée, le  jury  ayant  pleine  confiance  dans  les  con- 
naissances delà  personne  consultée,  et  considérant, 
d'autre  part,  que  ce  travail  constitue  une  ample 
moisson  de  matériaux  pouvant  devenir  utiles  à  la 
Société,  propose  d'accorder  une  distinction  à  l'au- 
teur, un  second  prix,  soit  une  médaille  d'ar^jent, 
avec  insertion  au  Bulletin. 

N°  6.  encore  une  petite  spécialité.  Le  Vocabulaire 
relatif  au  métier  des  tailleurs  de  pierre  est  bon,  les 
explications  sont  justes  et  très  compréhensibles; 
seulement  il  est  regrettable  (jue  l'auteur  se  soit 
borné  à  l'exploitation  dune  carrière  de  ])ierres 
bleues  et  à  la  taille  de  cette  pierre.  II  ne  cite  pas 
Vpîre  à  châse,  l'pîre  d.'avône,  fpîre  di  grès.  11  ne 
mentionne  pas  les  différents  échantillons  de  pavés; 
il  omet  des  noms  d'outils,  tels  que  chapai  d'prièsse 
et  autres.  Le  cadre  trop  restreint  dans  lequel  s'est 
rentérmé  l'auteur  du  vocabulaire  rend  son  travail 
très  inconjplet  ;  c'est  aussi  l'opinion  d'un  maître  de 
carrière  auquel  nous  avions  soumis  ce  mémoire  : 
«  il  y  manque  certainement  assez  bien  de  mois  et 


—  102  — 

«  d'expressions  employés  dans  l'industrie  des 
«  pierres  bleues,  cependant  mon  humble  avis  est 
«  que  ce  travail  est  fort  bien  fait  et  que  l'auteur 
«  mérite  une  récompense.  » 

Nous  déférons  à  l'appréciation  et  au  vœu  de  ce 
spécialiste,  et  nous  proposons  de  décerner  à  l'auteur 
une  mention  honorable  avec  insertion  au  Bulletin; 
seulement  avant  de  publier  ce  vocabulaire,  nous 
prierons  l'auteur  de  combler  autant  que  possible 
les  desiderata.  Il  lui  suffira,  pour  se  renseigner,  de 
faire  une  promenade  entre  Esneux  et  Comblain-la- 
Tour. 

Le  n°  7,  Vocabulaire  de  l'Apothicaire  pharmacien, 
est  un  travail  très  considérable  et  très  important.  On 
y  trouve  les  noms  de  toutes  les  plantes,  de  tous  les 
minéraux,  de  tous  les  produits  chimiques  qui  sont 
employés  dans  la  pharmacopée  liégeoise,  (^e  mé- 
moire est  intéressant  à  divers  titres;  il  indique  entre 
autres  les  maladies  qui  sont  traitées  sans  le  secours 
des  médecins,  il  donne  ce  qu'on  appelle  des  remèdes 
de  vieilles  femmes,  qui  sont  encore  employés  par  le 
pen))le.  Il  y  aura  à  faire  des  éliminations  dans  ce  mé- 
moire; il  faudrait  simplement  donner  pour  les 
plantes  le  nom  wallon,  la  traduction  française,  le 
terme  latin,  et,  s'il  y  a  lieu,  le  nom  de  la  plante  dans 
d'autres  localités  de  la  Wallonie  belge  ou  de  la 
France,  lorsque  pour  cette  dernière,  le  nom  vulgaire 
présente  un  rapport  intime  avec  celui  de  notre  pays; 
enfin  ces  noms  seraient  suivis  d'une  courte  explica- 
tion et  de  l'emploi  connue  remède  populaire   Les 


103 


longues  explications  botaniques,  ainsi  que  l'histoire 
résumée  des  drogues  étrangères  se  trouvent  dans  tous 
les  manuels  spéciaux  et  n'ont,  certes,  pas  leur  place 
dans  un  vocabulaire  wallon;  il  en  est  de  même  de 
certains  articles  qui  ne  sont  qu'une  traduction 
exacte  de  leurs  corres))ondants  français.  C'est  ainsi 
qu'à  l'article  aiwe,  il  y  aura  à  supprimer  :  aiwe 
hUinque,  aiwe  canfrèjie,  aiiue  di  Cologne,  aiive  do- 
range,  aiwe  régale.  Les  articles  aloes,  amande,  sont 
beaucoup  trop  étendus.  L'auteur  devra  mettre  à 
leur  place  dans  le  vocabulaire,  les  corruptions  très 
curieuses  que  le  peuple  wallon  applique  à  certains 
termes  scientifiques,  tels  que  mitrayed'argiiit,  pour 
nitrate  d'argent;  aiiue  di  houle  dogue,  pour  opodel- 
docli,  hôle  di  raisin,  pour  huile  de  ricin,  etc. 

Ce  mémoire  nous  {)araît  très  complet  et  il  est  cer- 
tainement le  meilleur  de  tous  ceux  que  nous  avons 
reçus;  aussi  proposons-nous  de  lui  décerner  le  pre- 
mier prix,  soit  la  médaille  d'or;  il  ne  sera  imprimé 
([u'après  les  diverses  modifications  que  nous  dési- 
gnons plus  haut. 

Le  n"  8,  Glossaire  des  chapeliers  en  paille  est  a^sez 
complet,  il  traite  spécialement  de  la  manière  de 
faire  les  tresses  ;  c'est  l'industrie  lapins  répandue 
à  Glons  et  dans  les  communes  environnantes;  les 
mots  employés  pour  la  fabrication  des  chapeaux 
sont  réunis  dans  ce  travail.  Les  explications  sont 
courtes  et  bonnes;  un  certain  nombre  de  termes 
sont  aussi  employés  dans  d'autres  professions:  mais 
dans  ce   vocabulaire,  la  plupart  de  ces  termes  ont 


—  104  - 

leur  signification  particulière  ayant  rapport  au  sujet 
du  mémoire.  Il  y  en  aura  cependant  quelques-uns  à 
retrancher. 

Ce  mémoire  est  précédé  d'un  avant-propos  écrit 
en  wallon  contenant  une  légende  très  fantaisiste  sur 
l'origine  de  la  fabrication  des  tresses  de  paille  dans 
la  vallée  du  Geer;  il  est  suivi  de  deux  pièces  de  vers 
sur  les  chapeaux  de  paille  et  sur  les  ouvriers  et 
ouvrières  de  Boirs.  Nous  supprimons  cette  légende 
connue  ainsi  que  les  deux  poésies  qui  sont  sans  inté- 
rêt, assez  banales  et  écrites  dans  un  wallon  peu 
correct. 

Nous  proposons  de  décerner  à  l'auteur  un  second 
prix,  soit  une  médaille  en  vermeil,  avec  l'impres- 
sion du  vocabulaire  seul. 

Les  meinbres  du  Jury  : 
Jos.  Ern.  Demârteau, 
Julien  Delâite, 
et  Jos.  DejardiN;  rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  février  1891, 
a  donné  acte  au  Jury  de  ses  conclusions.  L'ouver- 
ture des  billets  cachetés,  accompagnant  les  pièces 
couronnées,  a  fait  connaître  que  iM.  Charles  Semer- 
tier  est  l'auteur  de  la  pièce  n"  7;  MM.  Gustave 
Marchai  et  Jules  Vertcour  ceux  du  n^'  8;  M.  Acliille 
Jacquemin  celui  des  n'^'*  8  et  4;  M.  Jean  Ihiry,  celui 
du  n*'  2;  et  M.  François  Shise,  celui  du  n"6. 

Les  autres  billets  cachetés  ont  été  brûlés  séance 
tenante. 


VOCABULAIRE 


DE 


L'APOTHICAIRE-PHARMACIEN 


PAR 


Charles  SEMERTIER. 


Devise  : 
Quod  vidi,  scribo. 


PRIX   :   MÉDAILLE   D'OR. 


A,  par  plaisanterie:  Pietri  d^  Gascogne.  —  Ail.  —  Allinm- 
aalivuni  L.  Liliacées.  Les  paysans  le  mangent  au  printemps 
comme  préservant  dos  maladies  pendant  toute  l'année.  Le  suc 
d'ail,  exprimé  sur  de  la  ouate,  est  un  remède  populaire  de  la 
surdité,  de  même  que  son  décocté,  dans  du  lait,  détruit  les  petits 
vers  (ascarides  veriniculaires),  soit  qu'on  le  prenne  par  la 
bouche,  soit  en  lavement,  llîfe  (Va,  gou.sse  d'ail. 

Abèsse.  —  Cerises  noires  douces.  —  Utilisées  au  siècle 
dernier  par  la  pharmacopée  liégeoise;  on  en  laisail  une  eau 
distillée. 

Absinthe,  foi,-,  blanc  foir  (Orp-le-Grand).  —  Absinthe 
commune,  grande  absinthe,  herbe  aux  vers,  herbe  sainte.  — 
Arteini.-yii  ab^inthium  L.  Composées.  On  l'emploie  en  lavement 


—  106  — 

contre  les  vers  et  en  macération  dans  du  genièvre  contre  les 
maux  d'estomac. 
Jadis,  on  faisait  grand  cas  du  vin  d'absinthe  : 

Prêt  à  vous  embarquer,  buvez  du  vin  d'absinthe  ; 
(Contre  les  maux  de  (wur,  c'est  un  préservatif, 
•Du  nitre  de  la  mer,  de  son  air  purgatif, 
Vous  n'aurez  tout  au  plus  qu'une  légère  atteinte. 

(KCOI.E  DE  SaLERNE.) 

Acide,  vitriol.  —  Sous  ces  simples  noms,  les  armuriers 
désignent  l'huile  de  vitriol,  acide  sulfurique. 

Acide  di  prîseûr.  —  Acide  chlorhydrique. 

Acide  bourique.  —  Corruption  pour  acide  borique.  — 
Substance  blanche,  le  plus  souvent  pulvérisée,  qui,  en  solution 
dans  l'eau,  sert  comme  antiseptique. 

Acolette,  sabot  (Spa).  —  Ancolie.  —  Aquil-'.rjia  vulgaris  L. 
Renonculacées.  Wan  di  N.-D.  (Gothier).  Souliers  du  bon  Dieu 
(Haute-Marne).  Gants,  cinq  doigts.  Les  semences,  qui  sont 
noires  et  brillantes,  servent  à  l'aire  revenir  les  pigeons  au 
colombier;  on  en  fait  également  titi  thé  diurétique  :  Sù^auci^ 
d\icolette. 

Affliche,  adièye.  —  Voyez  plaque  Madiima,  ponte  è  cou. 

Aigrimône.  —  Aigremoine,  eupatoire  des  Grecs,  herbe 
dV'Upatoire.  — Agrimonia  eupalorid  [..  Rosacées,  L'herbe,  qui 
est  légèrement  astringente,  se  prend  en  infusion. 

Aîmant.  —  Aimant,  pierre  d'aimant.  Il  s'agit  surtout  de 
Taimant  artificiel  que  le  peuple  considère  comme  spécifique  des 
douleurs  névralgiques.  On  fait  de  même  des  plaques  élec- 
triques :  acier  et  cuivre,  des  colliers  électriques  :  velours  et  soie, 
des  bagues,  etc. 

Aisse.  —  Lierre  terrestre,  rondote,  herbe  de  Saint-.Tean 
—  Glachoma  hederacea  Z^.  Labiées.  Le  tlié  d^ainse  jouit  d'une 
grande  réputation  comme  pectoral. 


—  107  — 

Aîvre.  —  Eau.  Euw  (Braine-l'AUeud).  —  lau  (Boriii  et 
Rouchi). 

Aîvre  di  châsse.  —  Eau  de  chaux.  On  dit  encore  châssin. 

Aî"we  di  clâ.  Aîwe  fèrrêye. —  Eau  de  clous,  eau  ferrée. 
S'obtient  en  faisant  plonger  dans  une  bouteille  d'eau  des  clous 
rouilles,  jusqu'à  ce  que  le  liquide  ait  acquis  une  saveur  ferru- 
gineuse. (Remède  populaire.) 

Aî"we  fîèrreuse.  —  Eau  ferrugineuse  (Spa). 

Aîwe  di  daguè  —  Eau  de  goudron.  Résulte  de  l'action  de 
l'eau  sur  le  goudron  tapissant  les  parois  internes  d'un  pot  en 
grès.  C'est  un  remède  populaire  contre  les  bronchites. 

Aîwe  di  cane.  -  Eau  de  mélisse  des  Carmes.  Remède 
connu  depuis  longtemps,  fort  en  vogue  pour  les  cas  de  coliques, 
crise  de  nerfs,  etc. 

Aîwe  di  mar'hâ.  —  Eau  dans  laquelle  le  maréchal-ferrant 
plonge  son  fer  incandescent.  Ce  liquide,  couleur  de  rouille, 
à  odeur  fétide  et  à  saveur  ferrée  répugnante,  possède,  dans  le 
licuple,  une  grande  renommée  comme  anti-syphilitique. 

Aîvre  di  mène.  —  Eau  minérale. 

Aîwe  sénatif.  —  Aîwe  siccatif,  corruption  de  aiwe  sr.da- 
livr.  —  Eau  sédative,  qui  dissipe  les  maux  de  tèle. 

Aîwe  po  sôder.  —  Eau  de  soudure,  .\cidc  clilorhydriiinc 
additionné  de  quelques  rognures  de  zinc,  que  les  plombiers 
emploient  pour  souder. 

Aîwî,  bolo)i  d'à)'.  —  Renoncule  des  champs,  bouton  d'or.  — 
RanunrA(his  arvnsis  A.  Renonculacées.  Les  propriétés  de  son 
suc,  qui  est  rubéiiant  et  irritant  comme  celui  des  autres  renon- 
culacées, sont  parfois  mises  à  profit  dans  nos  campagnes. 

Alcali  —  Sous-carbonate  ammonique,  dont  on  se  sert,  en 
pûtis.serie,  pour  feuilleter  largement  les  pâtes,  par  exemple  les 
gaufres  et  les  pâtés;  désigne  aussi  l'ammoniaque. 


108 


A  l'honneur  di  Diu  et  d'ia  Vierge.  —  Quand  on 

l'implore  avec  cette  formule,  le  négociant  ou  le  pharmacien  doit 
livrer  gratuitement  l'objet  demandé  qui,  sans  cela,  n'opérerait 
pas.  On  demande  ainsi  de  /arc/ (pour  le  mal  de  gorge);  de  V  lame, 
de  dégoût  (pour  sevrer  les  enfants  à  la  mamelle);  de  camphe, 
de  lèvin  (pour  la  fièvre  lente),  etc. 

Al'mène.  —  Alumine. 

Aloes.  —  Ancien  purgatif  énergique  et  bon  marché  qui  est 
encore  fort  en  vogue  aujourd'hui. 

Alon,  alim,  pîr  d'alun,  glace  d'alun  (Orp-le-Grand).  — 
Alun,  sulfate  d'alumine  et  de  potasse  ou  sulfate  d'alumine  et 
d'anniioniaque.  Placé  dans  le  creux  d'une  dent,  c'est  un  remède 
populaire  contre  la  carie  douloureuse. 

Amande.  —  Amande.  Noyau  et  graine  de  VAmygdalus 
cornniunis  L.  Rosacées-amygdalées.  La  pâte  d'amandes amères 
est  employée  au  lieu  de  savon  par  les  personnes  qui  ont  la 
peau  tendre  ou  attaquée  par  une  dartre. 

Ambe.  —  Ambre  jaune.  Résine  fossile  dont  on  fait  des 
colliers,  destinés,  croit-on,  à  prévenir  les  crises  dues  h.  la 
première  dentition. 

Amer  di  bouf.  —  Fiel  de  bœuf,  amer  de  bœuf,  bile  de  bœuf. 
i>i'[nid('  verdàtrc,  visqueux,  à  odeur  particulière,  que  l'on 
emploie  pour  dégraisser.  On  Tutilise  parfois  encore  en 
pharmacie. 

Amidon,  blanc  amidon.  —  Poudre  d'amidon,  amidon  blanc. 
Substance  qui  s'extrait  surtout  du  froment  et  du  riz.  Voyez 
Galêye  et  PousaHètie. 

Ammoniaque,  arnionfor^nfi.— Ammoniaque  liquide,  alcali 
volatil.  La  forme  armouiac  se  retrouve  dans  les  anciens  auteurs 
français  qui  traitent  de  la  matière.  Lemery  1607  et  Bellefon- 
taine  1712  disent  indllféremment  l'ammoniac  ou  l'armoniac, 
réservant  le   terme  ammoniaque  à  la  gomme  de  ce  nom.  De 


—  109  — 

même,  lu  pharmacopée    liégeoise  1741  dit  :  Purificatio  salis 
arnioniaci,  Spiritus  armoniaci. 

Amôni  {neur)  (Liège),  amande  (N.)  lîonche  (Luxemb.), 
Roinche  ([{ouch\).  —  Ronce  sauvage.  Rubvs  cœsius  L.  Rosacées. 
Le  fruit  petit,  arrondi  est  formé  de  petites  baies  noirâtres,  et 
est  nommé  mûre  de  haie,  mûre  sauvage  ou  de  renard  {âmône; 
meurte  (Rouchi),  meure  (Borin).  Ce  fruit  sert  à  faire  un  sirop 
de  mûres  assez  analogue  au  sirop  de  mûres  du  mûrier,  Morus 
nigra.  La  partie  la  plus  usitée  de  la  ronce  est  la  feuille  {foye  di 
ronhe)  dont  la  renommée  populaire  contre  les  maux  de  gorge 
est  parfaitement  justifiée. 

Amôni  {roge).  Ampounier  (Luxemb.)  /lambèze  (Hainaut), 
flambesse  (Rouchi).  —  Framboisier.  Rubus  IdœusL.  Rosacées. 
Son  fruit  rouge  sert  à  faire  le  sirop  de  framboises,  usité  contre 
les  maux  de  gorge  et  comme  sirop  d'agrément. 

Angélique,  rècène  di  Saint-Esprit  (Spa).  —  Angélique, 
herbe  du  Saint-Esprit.  yl/i(/(.'/tca  arc]ia)igelica  L.  Ombellifères. 

Anise  (vètès).  —  Anis  vert. 

Anise  {blanquès  et  rogès).  —  La  dénomination  d'anis  vert  a 
pour  but  de  distinguer  cette  espèce  des  anis  rouges  et  blancs 
recouverts  de  sucre  qui  se  vendent  sous  le  nom  d'anis  couvert, 
anis  de  Verdun  ou  de  Flavigny. 

Anise  po  lès  viér.  —  Semerc  conlr^i  dragéifié  en  blanc 
et  en  rose. 

Antipéril,  poude  d''lnl}uènza,  ponde  po  l'  ma  ci'  tièsse.  — 
Antipyrine. 

An"wèye.  —  Anguille.  Voici  un  remède  populaire  et  absolu- 
ment certain,  dit-on,  contre  l'ivrognerie  :  Prenez  une  anguille 
vivante  et  plongez-la  dans  une  bouteille  de  genièvre  jusqu'à  ce 
qu'elle  y  périsse.  Donnez  ce  genièvre  à  un  ivrogne  et  il  sera 
à  tout  jamais  dégoûté  des  boissons  alcooliques.  Il  est  regrettable 
que  la  réalité  ne  réponde  pas  à  ce  dit-on. 


-   110  — 

Apothicâre.  —  Apothicaire.  Ancien  nom  du  pharmacien. 

Arâse,  aurause,  aripe,  lâripe.  —  Arroche  liastée.  —  Atri- 
plcx  hastatum  L.  Salsolacées. 

Ardispène,  hbiuke  sipène,  pèchalî,  âbe  di  s'pène.  Aubé- 
pèite  (^Rouchi).  —  Aubépine.  —  Cralœqus.  Rosacées.  Les  fruits 
rouges  peu  charnus  (sonnelles)  sont  recherchés  des  gamins 
sous  le  nom  wallon  de  bouchète  (Montignies-sur-Roc),  pèchée 
(Malmedy),  peclialle  (L),  pèche  (N).  Quant  aux  jeunes  feuilles, 
les  marmots  en  font  une  réserve  pour  la  nourrriture  de  leurs 
hannetons,  d'où  le  nom  de  pa7i  d'âbalowe. 

Lezaack  (Spa)  rapporte  ârdèspène  à  l'épine  vinette,  Berberis 
vulgaris. 

Argint.  —  Argent.  Les  boucles  d'oreille  en  forme  d'anneau 
faites  avec  ce  métal  préservent  de  la  névralgie,  au  dire  des  gens 
du  peuple.  En  feuilles,  il  sert  à  argenter  les  pilules. 

Argintène  (Verviers),  ârgintène,  rèbe  â  froyo)i{L),  ^èbe  du 
froyoii  (Spa).  —  Potentille  anscrine,  argentine,  herbe  aux  oies, 
bec  d'oie. —  Vol-'nlilla  anserlna  L.  Rosacées.  Plante  à  feuilles 
argentées  en  dessous,  à  tige  couchée,  à  fleurs  jaunes  solitaires. 
Les  feuilles,  dont  les  oies  font,  paraît-il,  leurs  délices,  sont 
astringentes,  d'où  leur  emploi  contre  l'échau liaison. 

Arnica,  oùya  di  boûf.  —  Tabac  ou  bétoinc  des  Savoyards, 
tabac  des  montagnes.  —  Arnica  monlana  L.  Composées.  Le 
mot  (iniica,  par  corruption  armonica,  est  surtout  réservé  à  la 
teinture  provenant  de  la  macération  des  fleurs  d'arnica  dans 
l'alcool.  Sa  principale  vertu  est  de  guérir  plaies  et  bosses,  aussi 
son  emploi  était-il  au  moyen  âge  bien  plus  fréquent  que  de 
nos  jouis. 

Arsinic.  —  Ansonic,  acide  arsénieux,  mort  aux  mouches, 
mort  aux  rats.  Le  peuple  a  étendu  le  sens  de  ce  mot  et  s'en  sert 
pour  désignei'  tout  produit  à  saveur  acre,  corrosive. 

Arzèye,  aurzèye  (L,),  arsic  (Braine),  dièle  (L),  dèbe  (N),  dirf 


111 


(Borin),  —  Argile.  Sert  h  faire  des  pansements  en  pharmacie- 
vétérinaire. 

Aspére.  —  Asperge. —  Asparagu'^  officinalis  L.  Asparagi- 
nées.  Les  bourgeons  allongés  (tarions)  qui  constituent  les  fu- 
tures tiges  et  qui  sont  si  recherchés  comme  comestibles  jusque 
vers  la  Saint-Jean, calment, dit-on, de  même  que  les  racines,  les 
palpitations  du  cœur.  Chacun  sait  que  l'urine,  sous  l'influence 
des  asperges,  contracte  une  odeur  fétide  qu'un  peu  d'essence 
de  térébenthine  transforme  en  odeur  de  violette. 

Avône,  aveine  (Borin),  hèclie  du  inohon  (Spa).  —  Avoine. 
Avena  saliva  L.  Graminées.  Grossièrement  moulue,  l'avoine 
porte  à  Malmedy  le  nom  ^Qpastore. 


B 


Bâbe  du  gatte.  Voyez  reine  di  pré. 

Bâbe  di  mône.  — Barbe  de  moine.  Cheveux  du  diable. — 
discuta  europea  L.  Convolvulacées.  Plante  parasite,  capillaire, 
blanche,  considérée  comme  diurétique. 

Bagne.  —  Bain.  Immersion  et  séjour  plus  ou  moins  prolongé 
du  corps  ou  d'une  partie  du  corps  dans  l'eau  ou  dans 
quelqu'autre  substance. 

Bal  solo.  —  Lysimachia  nummularia  L.  Primulacées.  tlle 
passe  pour  arrêter  les  hémorrhagies,  c'est  pourquoi  les  phti- 
siques en  font  des  infusions. 

Bar,  brok,  noir  bols  (Luxemb.),  bre^i  d'cacai,  bo  d'nolre 
femme,  /jurcau/'iRouchi).  —  Bourdaine  ou  bourgene.  Wiumiius 
frangula  L.  —  C'est  le  faux  nerprun. 

Bar  {neûr),  bois  fi'  leup.  —  Bourguépine,  épine  de  cerf. 
Nerprun  purgatif.  —  Rhamnus  calhurlicus  L.  Rhamnées.  — 
On  fait  avec  les  baies  noirâtres,  un  sirop  usité  surtout  en 
médecine-vétérinaire. 


—  112  - 

Bar  {bl(X)ic),  registrom  (Spa).  —  Troëne.  Ligustruni  vul- 
gare  L.  Jasminées.  Petit  arbrisseau  venant  dans  nos  haies 
{bar)  à  feuilles  un  peu  astringentes,  à  fleurs  blanches  en 
grappes.  Ses  fruits  portent  le  nom  de  rehin  d' cfiin. 

Baron  {bleu),  pierset,  percette  (Hainaut),  perchèle,  perselle 
(Rouchi),  pcrse.lle  (vieux  franc.  :  pers,  bleu),  pnnchulet, 
(Avesnes).  —  Bluet  ou  barbeau.  Centaurea  cyanus  L.  Com- 
posées. Les  fleurs  sont  un  remède  populaire  de  l'ophtahnie  ; 
elles  colorent  le  sucre  en  bleu. 

Bastade  chèae,  jène  ourtêye.  —  Ortie  jaune,  chanvre 
bâtard.  Galeopsis  ochloreuca  L.  Labiées.  Plante  à  feuilles 
d'ortie  et  à  fleurs  jaunes.  C'est  un  remède  populaire  contre  la 
phtisie,  importé  probablement  d'Allemagne,  où  il  jouit  d'une 
grande  vogue  sous  le  nom  de  thé  de  Blankenheim.  Elle  est 
commune  dans  nos  bois  et  fleurit  en  avril-juin. 

Bâta  ou  Spata.  —  Pilon  d'un  mortier.  Voyez  cloque. 

Baume  di  Pirou  par  corruption  baume  di  spirou.  — 
Baume  de  Pérou.  Résine  brun  rougeâtre,  semi-fluide,  extraite 
du  Myrospermum  -pubescens  de  San-Salvador.  Le  peuple  l'em- 
ploie en  frictions  contre  les  rhumatismes. 

Bêche  di  grO"W8,  robert,  rainette,  roge  rèsponce.  —  Bec 
de  grue,  géranium  de  Robert,  Geranimn  robertianutn  L.  Géra- 
niacées.  Petite  plante  commune  à  fleurs  rouges  et  à  feuilles  très 
divisées.  Le  fruit  aff"ecte  la  forme  d'un  bec  de  grue.  C'est  un 
astringent  jadis  réputé  en  France  contre  la  stérilité. 

Bèlle-dame,  oûye  di  dlale  (Ardennes).  Belladone,  belle 
dame.  —  Alrupa  bclladona  L.  Solanées.  Plante  d'environ 
70  centimètres  de  hauteur,  à  fleurs  d'un  rouge  terne  (juin- 
août,  bois  de  Ninane).  Le  fruit  est  une  baie  de  la  grosseur 
d'une  cerise,  très  pulpeuse,  d'abord  verte,  puis  rouge, 
puis  noire.  C'est  un  poison  violent  et  maint  enfant  a  péri 
pour    avoir     mangé    de    ses    baies.     Ses    feuilles,    fumées 


-  113  — 

en  place  de  tabac,  sont  un  remède  en  quelque  sorte  populaire 
contre  l'asthme. 

Bèljamène,  beljamhip{Rouchï)y  belsamme  {Meiz). —  Bal- 
samine des  bois.  —  Impatiens  noli  tangeve  L.  Balsaminées. 
Petite  plante  à  fleurs  grandes,  à  éperon  courbé,  d'un  jaune  d'or. 
A  petites  doses,  elle  fait  vomir  ;  une  forte  quantité  pourrait 
produire  un  empoisonnement. 

Bèlle-Jihènne.  —  Dame-Jeanne.  —  Grosses  bouteilles  de 
verre  ou  de  grès  contenant  de  25  à  100  litres. 

Bétone,  o/'èî/e  du  6oit(Spa).  — Bétoine.  — Betonicaofficina 
lisL.  Labiées.  —  Petite  plante  à  tige  carrée  et  à  fleurs  pur- 
purines (juin-août)  en  épi  court,  très  compact  au  sommet.  Elle 
est  un  peu  excitante  et  sa  poudre  fait  éternuer. 

Bigone,  hièbe  di  Saint- Benoit,  hièbe  di  poirfi ;  liièbe  du  feu 
(Verviers).  —  Benoîte  officinale,  herbe  de  Saint-Benoît,  herbe 
bénite.  --  Geum  urbanum  L.  Rosacées.  La  racine,  violette 
intérieurement,  à  odeur  de  giroflée  et  à  saveur  amère  est  usitée 
comme  astringente  et  fébrifuge. 

Bilok!  d'pourçaî.  —  Prunier  sauvage.  —  Prunus  insititia- 
L.  Amygdalées.  Fleurs  blanches,  fruit  globuleux,  noir,  penché. 
On  fait  avec  les  fruits  écrasés  une  boisson  aigrelette  rafraîchis- 
sante, voyez  hottali. 

Biole,  boule  Luxemb.,  boule  Rouchi  et  Hainaut.  —  Son 
écorce  porte  le  nom  de  déve  (Malmedy),  biole,  beyole,  biale 
(Verviers),  bouleau,  biole.  —  Betula  alba  L.  Amentacées. 
Arbre  qui  se  trouve  fréquemment  dans  nos  bois,  caractérisé 
par  son  épiderme  lisse,  d'un  blanc  d'argent. 

Bîre.  — Bière,  cerevisia,  zyphus.  C'est  une  boisson  fermen- 
tée  faite  avec  le  houblon  et  les  graines  des  céréales,  surtout 
avec  l'orge. 

Biscûte,  buscùte,  biscûte  di  souke  po  prugi,  po  les  viér.  — 
Biscuits  de  sucre  purgatifs  ou  vermifuges. 


114 


Biscûte  di  mér.  —  Biscuit  de  mer,  os  de  sèche,  ossa 
sepiiim. 

Bismuth,  poilde  po  les  vai  qui  ont  H  (i'yôj/e'minf(cam- 
pagne).  —  Il  s'agit  du  nitrate  de  bismuth,  corps  blanc  sem- 
blable à  de  la  craie  pulvérisée,  qui  est  plus  connu  du  peuple 
urbain  par  son  action  siccative  externe  que  par  ses  propriétés 
internes  contre  la  diarrhée. 

Bisse,  cauwe  di  cJi'vâ.  —  Prêle,  queue  de  cheval  ou  de 
renard.  —  Equîsetum  arvense  L.  Equisetacées.  L'équisetum 
hiemale  :  candèle  d'  file  (fiUe),  cat  queue  Rouchi.  La  similitude 
de  caractères  a  créé  confusion  complète  dans  la  détermination 
wallonne  des  prêles.  Le  terme  cauwe  di  ch'vâ  surtout  est  vrai- 
ment un  terme  générique. 

Blanc  d'Espagne,  voyez  cràye. 

Baleîne,  blanc  d' baleine.  —  Blanc  de  baleine.  11  entre  dans 
la  composition  de  divers  onguents  et  les  blanchisseuses  à  neuf 
s'en  servent  pour  donner  au  linge  un  aspect  brillant  et  glacé. 

Blanc  bouyon,  molène  —  Bouillon  blanc,  cou  de  loup 
(Fusch,  1541). —  Verbascum  thapsus  L.(verbascum-barbascum 
par  allusion  aux  filets  barbus  de  la  plante),  Verbascées. 

Blanc  d'zinc.  —  Blanc  de  zinc. 

Blanc  d'où,  voyez  où. 

Blanc  moussé  (lichen  Garragheen)  voyez  mossai. 

Blanc  "wazon.  —  Alchimille,  pied  de  lion.  —  Alchemilla 
vulgaris  L.  Rosacées.  On  emploie  comme  vulnéraire  astringent 
l'herbe  fleurie  et  la  racine  qui  est  noire,  grosse,  à  odeur 
désagréable. 

Blanque  hârpik  (latin  auraa  pix).  —  Poix  blanche,  poix 
de  Bourgogne.  —  Pix  abietinn,  masse  sèche,  jaunâtre,  se  mou- 
lant sur  la  forme  du  récipient,  à  odeur  de  térébenthine.  C'est 
du  galipot  (térébenthine  évaporée  spontanément  sur  le  tronc 
du  pin  maritime)  filtré  à  travers  un  sac  de  toile  pour  le  purifier. 


—   115  — 

Blanque   inâvUètte;    wilmnute  Ath.   —  Guimauve.    — 
AWiea  officinalis  L.  Malvacées. 

Bleu.  —  Se  dit  absolument  de  l'amidon  bleu  parfois  em- 
ployé comme  remède  populaire  des  dartres. 

Blèssî.  —  Pulvériser,  piler,  concasser.  L'opération  n'est 
pas  poussée  aussi  loin  qu'avec  broyî. 

Bleûfe  rnâv^lètte,  fromegeon{^OY'\x\),  /Vom'geon (Rouchi), 
sign.  graine  de  mauve,  fnim'jon  (Spaj,  frumegon  (L.),  froujon 
(N.),  frmnejon  (Morlanwelz).  —  Sous  ce  nom  on  comprend: 
i'wihtiaute  (Rouchi),  la  grande  mauve,  herbe  à  fromage,  ^falva 
sylvestris  L.  Les  semences  de  la  mauve  ont  la  forme  d'un 
disque  aplati  d'où  le  nom  de  fromagère,  etc.  2°  la  mauve  à 
feuilles  rondes,  fromagère,  froumage  di  gatte,  Malva  rotundi- 
folia  L.  Malvacées.  Elles  jouissent  des  mêmes  propriétés 
émollientes  que  la  guimauve,  mais  contiennent  moins  de 
mucilage.  Comme  usage  populaire,  on  récolte  et  on  utilise  toute 
la  plante  ;  en  pharmacie,  on  n'emploie  que  les  fleurs  qui,  rouges 
à  l'état  frais,  deviennent  d'un  bleu  magnifique  par  la 
dessiccation. 

Bois  d""  Bruzi  L,  bo  d'  berzi  (Rouchi).  —  Bois  de  Brésil, 
brésillet,  fourni  entr'autres  par  le  Cœsalpinia  tinctoria. 
Papilionacées.  Le  commerce  le  fournit,  pour  les  besoins  de  la 
teinture,  en  morceaux  effilés,  inodores  et  d'un  beau  rouge. 

Bois  d'  bleu,  bois  d'  Campêche.  —  Bois  de  Campéche, 
bois  de  sang  fourni  par  ïllœmatoxilon  campechianum.  — 
Papilionacées.  Le  bois  de  Brésil.  C'est  la  base  d'un  grand 
nombre  de  teintures,  par  exemple  :  la  coloration  des  œufs  de 
Pâques  en  rouge  et  l'encre  noire  lustrée. 

Bois  d'garou.  —  Daphné, bois  gentil.— /^a/)/iHr  mi'zp.r,'.nm 
L.  Thymeleacées. 

Bois  d'ieup,  voyez  bâr  {neût .) 

Bois   d'  musc.   —  Bois  de  musc,    écorce  éleuthéricnne, 


—  116  — 

cascarille  (espagn.  petite  écorce).  —  Croton  eleutheria  Benn. 
Euphorbiacées.  Ecorce  semblable  à  celle  du  quinquina  gris, 
mais  qui  en  diffère  en  ce  que,  chauffée,  elle  dégage  une  odeur 
musquée  'intense  qui  la  fait  rechercher  par  certains  fumeurs 
pour  mélanger  au  tabac  :  cigare  musqué  de  nos  foires. 

Bois  d'  quinq[uinâ.  —  Écorces  de  quinquina  fournies  par 
différentes  espèces  de  la  tribu  des  Ginchonées.  Rubiacées. 

Bois  d'  rôcoulisse,  bo  cLWegulus  ou  r^culus  (Morlanwelz), 
jusêye  di  bois;  regulis,  regalis,  busculis  (Rouchi),  bo  d'erculis 
(Mons).  —  Bois  de  réglisse,  racines  de  réglisse  :  Glycyï-rhiza 
glabra  L.  Papilionacées.  Racines  grisâtres  extérieurement, 
jaunes  intérieurement,  à  saveur  sucrée  douceâtre,  qui  s'étalent 
en  petites  bottes  aux  vitrines  des  épiciers.  En  pharmacie,  ne  se 
vendent  guère  que  découpées  en  fragments  d'environ  1  à  2 
centimètres.  C'est  l'accompagnement  sucré  de  presque  toutes 
les  tisanes,  il  a  sur  le  sucre  l'avantage  de  désaltérer. 

Bocal.  —  Bocal. 

Boleu.  —  Amadou.  Préparé,  il  est  hémostatique.  Agarie  du 
chêne,  amadouvier.  Poly parus  igniarius  Fries,  champignons 
hyménomycètes. 

Bôlus  L.  — Bol,  médicament  roulé  en  forme  déboule,  de 
grosse  pilule. 

Bolusse.  Borin.  —  Terre  colorée  en  rouge,  par  exemple  le 
bol  d'Arménie. 

Boquet.  —  Bol  empoisonné  qu'on  jette  aux  animaux,  noix 
vomique. 

Bordon  d' guimauve.  —  Bâton  de  guimauve.  On  désigne 
sous  ce  nom  :  1°  la  racine  de  guimauve,  hochet  campagnard  des 
enfants;  2"  la  pâte  de  guimauve  façonnée  en  bâtonnet. 

Bordon  d'  ]us, bâton  de  jus,  jus  de  réglisse.  —  Bâton  d'en- 
viron 10-12  centimètres  de  longueur  et  de  la  grosseur  du  pouce 
ou  d'un  crayon,  préparé  surtout  en  Italie  (Calabre).  Toutes  les 


—  117  — 

boissons  populaires  connues  sous  le  nom  de  coco  sont  des 
solutions  de  jus  de  réglisse  aromatisées  soit  par  la  menthe,  par 
l'anis,  par  le  citron  ou  par  la  coriandre.  C'est  un  remède 
populaire  très  en  vogue  contre  le  rhume.  C'est  également  la 
base  du  célèbre  sirop  de  Calabre  que  Daudet  dans  Tarlarin  de 
Tarascon  transforme  plaisamment  en  sirop  de  cadavre. 

Bordon  d'orge,  bordon  di  souque  d'orge,  voyez 
souque  d'orge. 

Bordon  d'  rôcoulisse.  —  Bâton  de  réglisse,  réglisse  non 
coupée,  longue  d'environ  25  centimètres,  masticatoire  chéri 
des  marmots  des  écoles. 

Botèye,  bouteille. 

Boton  d'ârgint.  —  Bouton  d'argent.  Variété  cultivée  de  la 
Ranunculus  aconitifolius  à  fleurs  blanches  devenues  doubles. 
A  Spa,  ce  terme  désigne  l'achillée  ptarmiquc  ou  sternutatoire 
Achillea  ptarmica  L,  composées,  à  feuilles  linéaires,  à  fleurs 
blanches. 

Bouchon.  —  Taupette,  bouchon,  liège. 

Bouyon.  —  Bouillon. 

Boûquètte;  hoquette  (Lille),  sarrazin.  Fagopj/rum  escu- 
lentum  Mônch .  Polygonées. 

Boûquètte  sâvage,  fève  sauvage  (Hainaut).  —  Renouée, 
liseron.  Polygonum  convolvulus  L,  polygonées. 

Bourre;  bùr  (Rouchi),  6wr  (Hainaut).  —  Beurre,  butyrum. 
Corps  gras  que  l'on  retire  par  des  moyens  mécaniques  du  lait 
de  difTérents  mammifères,  surtout  de  la  vache  dans  nos  contrées. 

Boûre  di  cako,  par  corruption  boûre  di  calcôve,  voyez 
cake. 

Bourrasse,  bourasse  en  pire^  hourasse  en  gros.  —  Borax. 

Bourasse  en  fin.  —  Borax  pulvérisé.  Poudre  blanche  que 
les  repasseuses  mélangent  à   l'amidon   pour   donner  plus  de 


-    118  - 

raideur  aux  tissus.  Ajouté  au  lait,  il  l'empêche  plusieurs  jours 
de  s'aigrir;  en  omulsion  avec  l'huile  d'olives,  il  sert  à  falsifier 
le  lait  en  narguant  le  lactodensiniôtre;  on  dit  aussi  qu'il  chasse 
complètement  les  cafards  (blatte  orientale). 

Bourrasse.  —  Bourrache.  -  liorrago  officijialis  L.  Borra- 
ginées.  La  plante,  qui  contient  beaucoup  de  salpêtre, est  utili- 
sée tout  entière  ;  elle  trouve  son  application  populaire  dans  les 
inflammations  de  poitrine  et  de  la  vessie. 

Bra,  orge  préparé,  malt. 

Breûsse,  hovHette;  bronche  (Borin). —  Brosse,  brosse  à 
dents,  etc. 

Brésilicum.  —  Onguent  basilicum,  c'est-à-dire  onguent 
royal  ainsi  nommé  à  cause  de  ses  grandes  vertus.  Onguent  d'un 
brun  foncé  fort  employé  comme  suppuratif. 

Brouîre,  hrèire  (Malmedy).  —  Bruyère  commune,  Erica. 

Brôy'rèsse.  —  Spatule. 

Bubéron,  tûtélète.  —  Biberon.  —  Avant  la  découverte  des 
applications  du  caoutchouc,  le  biberon  {penne)  consistait  en 
une  fiole  ordinaire  munie  d'une  éponge  ou  d'un  bouchon  percé 
de  trous  pour  que  le  lait  ne  pût  s'écouler  trop  rapidement.  On 
les  perfectionna  en  perçant  un  trou  dans  le  milieu  de  la  hauteur 
de  la  fiole  pour  donner  accès  à  l'air,  ouverture  pouvant  être 
obturée  à  volonté  avec  le  pouce,  et  en  munissant  le  goulot  d'un 
pis  de  vache  préparé.  C'est  encore,  à  part  le  pis  remplacé  par 
une  tétine  en  caoutchouc,  le  système  en  vigueur  sous  le  nom  de 
biberon  Vanleer.  On  rencontre  encore  dans  les  campagnes  de 
ces  fioles  à  éponge  ou  à  bouchons  de  liège  répandant  une  odeur 
infecte  de  lait  aigri.  Ceux  actuellement  en  usage,  à  bouchons 
en  celluloïde,  en  verre  ou  en  porcelaine,  à  tuyau  en  caoutchouc 
et  verre,  ne  pré.sentent  aucun  inconvénient  lorsqu'ils  sont 
journellement  lavés  à  grande  eau. 

Buke.  —  Bugle    rampante.  —  Ajuga  repiann    L.  Labiées. 


—  119  — 

Petite   plante  des  bois,  légèrement  astringente,  qui  jouissait 
jadis  d'une  si  grande  réputation  qu'on  disait  : 

Avec  le  bugle  el  la  sanique  (sanicle) 
On  fait  aux  médecins  la  nique. 

€Z 

Cache.  —  Fruit  tapé.  Cuit  au  four  puis  séctié,  se  dit  surtout 
des  poires  et  des  pommes. 

Cachou.  —  Cachou,  terre  du  Japon. 

Café  (Spa,  Lezaack).  —  Lupin.  —  Lupinvs  albiis  L.  Papi- 
lionacées.  On  a  voulu  s'en  servir  en  guise  de  café  lors  du  blocus 
continental.  Les  fèves  dont  jadis  on  obtenait  par  mouture  une 
farine  résolutive  servaient  aux  Romains  de  monnaie  fictive  au 
théâtre. 

Café.  —  Café.  —  Coffua  nrahïcn  L.  Rubiacées.  Pour  les 
bonnes  femmes,  le  café  est  une  panacée  universelle  :  froid, 
chaud,  mal  de  tête,  migraine,  mal  d'estomac,  rhume,  tout 
disparaît  comme  par  enchantement  sitôt  la  tasse  de  café  absorbée. 

Cahotte.  — Rouleau,  étui,  cornet.  Feuille  de  papier  roulée 
en  cornet  ou  en  cylindre  et  contenant  des  pastilles,  de  la  mé- 
lasse, de  la  monnaie,  etc. 

Gako,  par  corruption  calcove.  —  Cacao.  Le  beurre  qu'on 
retire  des  fèves  de  cacao  est  fort  usité  par  les  gens  du  peuple 
contre  les  gerçures  et  les  crevasses  du  sein.  Privé  de  sa  pelli- 
cule, mais  non  de  son  beurre,  le  cacao  torréfié  et  pulvérisé  sert 
à  faire  le  chocolat  et  le  racahout. 

Calmène,  pire,  di  calamène,  pire  di  caramel.  —  Calamine, 
pierre  calaminaire,  carbonate  de  zinc  natif.  Ordinairement  d'un 
gris  jaunâtre.  Pulvérisé,  il  sert,  soit  seul,  soit  en  pommade, 
comme  siccatif,  surtout  pour  les  inflammations  des  paupières. 
Le  même  cérat  est  populaire  à  Londres:  ceraie  of  calriminc. 


—  120  — 

L'expression  pire  di  caramel  est  à  rapprocher  du  carameele 
steoi,  qui  en  bas-allemand,  désigne  le  sulfate  de  zinc  en  tant  que 
médicament  pour  les  yeux. 

Gamamëlle,  camamine  (Hainaut),  caménène  (Rouchi).  — 
Nom  générique  des  différentes  camomilles.  On  distingue  : 
1"  dobe  cnmamelle,  camomille  double,  camomille  noble,  camo- 
mille odorante.  —  A7itliemii>  nobilis  L.  Synanthérées.  L'infusion 
de  capitules  à  saveur  amère,  camphrée  est  un  remède  populaire 
contre  les  coliques,  de  même  que  l'huile  de  camomille  est 
réputée  en  frictions  contre  les  maux  de  ventre  des  enfants. 
Avant  la  découverte  du  quinquina,  on  l'estimait  comme  un  de 
nos  fébrifuges  les  plus  précieux;  2"  flairante  camame^/e,  camo- 
mille puante,  maroute,  Anthémis  cotula  L.  Son  odeur  écarte 
les  punaises  et  les  bêtes  noires,  voyez  Hiebe  di  procession; 
3"  Savage  cam,ameHe ;  ameralle  (N),  petite  camamelle.  Sous  ce 
nom  on  désigne  :  1"  la  camomille  commune  ou  d'Allemagne, 
Matricaria  camomilla  à  fleurs  jaunes  au  centre,  blanches  au 
bord,  à  odeur  agréable  à  laquelle  on  substitue  souvent  :  2°  la 
camomille  des  champs.  Anthémis  arvensis  L.  Composées.  Elles 
ont  toutes  les  mêmes  propriétés  que  la  camomille  noble. 

Camphe,  câfe,  camfe  en  pire  (Orp-le-Grand),  rabat-joie 
(Nam.).  Mis  dans  des  sachets  ou  petites  bourses  de  toile  sur 
la  poitrine,  il  préserve  de  la  fièvre  lente  (Rem.  popul.).  Le 
camphre  a  encore  aujourd'hui  la  réputation  d'être  noueur 
d'aiguillettes,  anti-vénérien,  même  par  l'odeur  ainsi  que  le 
vers  suivant  l'affirme  : 

Camphora  per  nares  castrat  odore  mares.  (E.  de  S.). 

Camphe  gealé,  gealèye  di  camphe.  —  Baume  opodeldoch 
solide. 

Canada.  —  Topinambour,  poire  do  terre.  Helianthus  tube- 
ro.suî  L.  Composées.   Plante   tout  à  fait  analogue  au  soleil  ou 


—  121  — 

Helianthus  amiuus,  à  tige  de  plus  d'un  mètre,  à  grandes  fleurs 
jaunes,  à  tubercules  en  forme  de  pommes  de  terre  allongées  et 
à  goût  d'artichaut.  Les  bestiaux  sont  très  friands  de  toute  la 
plante.  Sa  culture  se  fait  dans  le  Limbourg  sur  une  grande 
échelle  et  les  distillateurs  retirent  un  bon  alcool  de  ses 
tubercules. 

Canârèye.  —  Canarie,  alpiste.  —  Phalaris  canariensis  L. 
Graminées.  Plante  à  épi  ovoïde  dont  les  graines  jaunâtres  bril- 
lantes servent  à  nourrir  les  serins. 

Cannelle.  Cannelle.  Son  infusion  dans  du  lait  est  un  remède 
populaire  contre  la  diarrhée  et  son  usage  fréquent  serait, 
dit-on,  aphrodisiaque. 

Caoutchouc,  gôme  élastique,  élastique. —  Caoutchouc,  suc 
coagulé  à  l'air  de  nombreux  végétaux, en tr'autres  du  Slpiioyda 
élastica,  communément  cultivé  dans  nos  appartements  comme 
plante  d'agrément. 

Cape  di  saou.  —  Têtes  de  sureau,  capitules  de  fleurs  de 
sureau.  Voyez  Saou. 

Cape  di  sène.  —  Voyez  Foye  d'auricule. 

Capahou.  —  Copahu,  baume  de  Copahu.  Le  remède  popu- 
laire le  fait  prendre  en  nature,  avec  du  café  infuse,  contre  les 
maladies  vénériennes.  Sa  connaissance  a  été  surtout  propagée 
par  les  fameuses  capsules  Mothes. 

Cape.  —  Câprier.  Capparis  sativa  L.  Capparidées.  Les  bou- 
tons floraux  confits  dans  le  vinaigre  constituent  les  câpres. 

Capulaire,  par  corruption  scnpulaire.  Nom  donné  à  plu- 
sieurs fougères.  On  fait  avec  le  capillaire  du  Canada  un  sirop 
(par  corruption  sirôpe  di.  scapulaire),  très  estimé  et  très 
agréable. 

Carbonade,  poudre  la  bière  (Orp-le-Grand).  —  Corrup- 
tion pour  bicarbonate  de  soude. 


—  122  — 

Cascognî,  Cascognî,  Castange  {Fuchs  1541),  katag)ie,  Bo- 
rinage.  —  Châtaignier.  — Fagus  castanea  L.  Cupulifères.  C'est 
également  le  nom  du  bigarreautier  :  cascognî  ou  mieux  gas- 
cogni. . 

Casse  lunette.  Brisse  leunette,  Rouchi,  —  Casse  lunette 
(en  partage  avec  le  bluet).  Euphrasie  officinale.  — Euphrasia 
officinalis  L,  Scrophulariées.  A  joui  longtemps  d'une  grande 
vogue  comme  collyre. 

Cassis.  Voyez  Gruaall  dCviandion. 

Cataplame,  pape.  —  Cataplasme.  —  Mélange  d'une  sub- 
stance solide  :  farine  de  lin,  mie  de  pain,  pain  d'épices 
noir,  fécule,  suie,  etc.,  avec  un  liquide  :  eau,  lait,  vin, 
huile,  jaune  d'œuf,  savon;  ou  produit  pâteux  :  pulpe  de 
citrouille,  décocté  de  poireaux  ou  de  mauve,  bouse  de  vaches, 
etc.,  que  l'on  applique  sur  une  partie  douloureuse  du  corps 
pour  en  faire  disparaître  le  mal. 

Gaue.  Kaûie,  gennf.  baron,  fleur  d^avrî,fleûi  du  Rombouhy 
(Spa).  —  Narcisse  faux-Narcisse.  — Narcisaus  pseudo  narcissus 
A^.Narcissées.—  C'est  une  plante  dangereuse,  qui  fut  employée 
à  l'époque  du  blocus  continental  pour  remplacer  l'ipéca.  (Thèse 
du  d'  Lejeune  de  Verviers.) 

Cécorèye  (savdge),  florin  d'or.  Laitison,  Borinage.  Flur 
de  Saint  Jean.  Luxemb.  —  Pissenlit,  dent  de  lion,  dens  leonis. 
Leontodon  taraxacum  L.  Composées.  Plante  à  suc  laiteux,  à 
fleurs  jaunes  que  remplacent  des  semences  à  aigrettes  {ange 
à  Liège).  Le  peuple  utilise  les  feuilles  et  les  racines  en  salade 
comme  fesant  «  uriner  et  renouvelant  le  sang.  »  Chose  curieuse, 
les  Anglais  ont  conservé  l'une  des  deux  formes  françaises  : 
Dandelion  et  traduit  l'autre  :  pissabed. 

Cécorèye  {bleufe).  —  Chicorée  sauvage,  Intybe.  —  Cicho- 
rium  Intybus  L.  Composées.  Plante  à  rameaux  herbacés  épars, 
à  fleurs  bleues,  dont  la  racine  torréfiée  et  moulue  donne 
la  chicorée  café.  Par  la  culture,  la  chicorée  se  transforme  en 
salades  :  chicorée,  barbe  de  capucin,  scariole,  etc. 


—  123  — 

Céleri.  —Céleri  ou  scéleri.  (Ce  mot  est  d'importation  ita- 
lienne, son  nom  français  primitif  était  âche).  —  Apium  gra- 
veoUms  L.  Ombellifères.  Ce  légume,  dont  la  culture  a  consi- 
dérablement arrondi  et  grossi  la  racine,  passe  pour  être 
aphrodisiaque. 

Cèlîhî,  cè/TM(Spa),  ceWsie  (Fraraeries). —  Griottier,  cerisier 
commun.  —  C&rasus  viilgaris  L.  Amygdalées.  Avec  lespédicelles 
de  ses  fruits  {cowe  di  cèlîhe),  on  fait  une  infusion  souveraine, 
selon  la  tradition  populaire,  comme  diurétique.  Avec  les  fruits, 
on  fait  un  sirop  et  une  conserve  h  l'eau-de-vie. 

Gère,  cire.  Substance  jaune  formant  les  cellules  hexagonales 
dans  lesquelles  les  abeilles  déposent  le  miel.  On  la  fond  en 
forme  de  gros  gâteaux.  Purifiée  à  l'eau  et  au  soleil,  elle  constitue 
la  cire  vierge,  cire  blanche  {blanque  cère)  en  petits  disques. 
Celle-ci  est  inodore,  la  cire  jaune  possède  une  odeur  agréable 
sui  generis.  Additionnée  de  suif,  elle  sert  à  faire  les  cierges 
d'église,  additionnée  de  potasse  ou  d'essence  de  térébenthine, 
c'est  Vencaustique  ou  politure  pour  planchers  et  pour  meubles. 
Avec  les  huiles,  elle  sert  de  base  à  une  multitude  d'oniiuents. 
UôCniina  di  cère  vierga  el  d^ôle  d'olive  fondou  divin  ine  noitve 
pailelte  di  lêrre  est  fort  employé  à  Liège  comme  pansement. 

Céruse,  cérusse.  —  Céruse,  carbonate  de  plomb.— Cerussa. 
Rhasis,  célèbre  médecin  arabe  est  le  créateur  de  l'onguent  de 
ce  nom  fort  employé  depuis  longtemps;  déjà  les  pots  de  faïence 
de  Delft  portaient  au  XVP  siècle  le  titre  a  Album  Rha^ia  b  sous- 
entendu  ungentum  que  le  peuple  en  France  au  XVIII"  siècle 
avait  traduit  par  blanc  raisin  (Lemery.  Pharmacopée,  p.  10.) 

Geroine,  céroène.  Emplâtre  à  base  de  cire. 

Ghamène.  Voyez  bèljamène. 

Ghapaî  d'aî^we,  ièbr,  di  ligneux  (Spa),  Hicrbe  de.  iegneux 
(Rouchi).  —  Chapeau  d'eau,  herbe  aux  teigneux.  —  Petasites 
ol'fîcinalis  Monch    Composées.  Plante  à  très  grandes  feuilles 


—  124  — 

(jusqu'à  1  mètre  de  diamètre),  venant  dans  les  endroits  maré- 
cageux et  dont  on  a  longtemps  utilisé  la  racine. 

Chapaî  d'curé.  Meringues  à  la  santonine.  Bonbons  vermi- 
fuges, en  forme  de  bonnet,  destinés  aux  enfants. 

Chapaî  d'macralle  L.  Aubeson  N.  Nom  générique  des 
Agaricinées,  entr'autres  donné  à  la  fausse  oronge  Agaricus 
viuscarius  rouge  écarlate  avec  des  taches  blanches  (son  infusé 
dans  du  lait  tue  les  mouches)  et  à  l'agaric  meurtrier,  Agaricus 
necator  Bul.  d'un  brun  roux,  très  communs  tous  deux  dans 
nos  bois. 

Chapaî  d'priesse,  Caperon  cf  prête  (Rouchi)  à  cause  de 
la  forme  du  fruit.  — Fusain  d'Europe.  — Evonymus  Europea  L, 
Célastrinées.  Arbrisseau  dont  la  tige  charbonnée  donne  le 
meilleur  fusain  à  dessiner. 

Chaudron  d'ôr,  bassin  d'aîwe.  Pichalit  Luxembourg 
wallon  (Dasnoy),Codro7z  Valenciennes,  Pissaulit  Meuse  (Labou- 
rasse), Pihotte  de  ch'vau  (Vosges).  —  Populage  des  marais, 
souci  d'eau.  —  Caltha  palustris  L,  Renonculacées.  Feuilles  en 
forme  de  cœur.  Les  fleurs  ont  servi  à  colorer  le  beurre.  Le  suc 
est  acre  et  rubéfiant. 

Gheîne,  cheine  (Verviers).  —  Chêne.  —  Quercus  robur  L. 
Cupulifères.  L'écorce  des  jeunes  arbres  et  des  jeunes  branches 
grossièrement  concassées  constitue  le  tan.  Les  sages-femmes 
en  ont  fait  un  remède  populaire  contre  les  pertes  blanches  et 
les  descentes  de  matrice.  Lors  du  blocus  continental,  on  fit  avec 
le  gland  torréfié  et  pulvérisé  un  café  très  peu  estimé  que  l'on 
donne  encore  aujourd'hui  au  lieu  de  café  aux  personnes  trop 
nerveuses. 

Chènne,  dicn  (Fusch  1541).  Came  Borin.  Came,  Keme 
Rouchi.  —  Chanvre  commun  ou  textile. —  Cany^abis  sativa  L. 
Cannabinées.  Plante  à  pieds  mâles  et  à  pieds  femelles,  ceux-ci 
donnant  des  semences:  chéneviSjC/ienne  L,ca7inebuisse  Rouchi, 


—  125  — 

cameduise,  caneduise  Bor.,  cheneveuse  Luxemb.,  servant  à 
l'alimentation  des  oiseaux  et  donnant  une  huile.  Ces  semences, 
cuites  dans  du  lait,  sont  un  remède  populaire  contre  la  jaunisse. 
La  plante  fournit  une  filasse  dont  on  fabrique  les  meilleures 
cordes,  le  bois  de  la  tige  desséché  sert  à  la  préparation  des 
chénevottes  :  brocalle  L,  anaie  Lux.,  bnotte  Borin,  date  Rouchi. 
Des  plants  de  chanvre  distants  d'un  pied  l'un  de  l'autre  et  semés 
en  même  temps  que  les  choux  éloigneront  les  papillons  blancs, 
ce  qui  empêchera  ces  légumes  d'être  dévorés  par  les  chenilles. 
{Bulletin  de  la  Société  horticole  de  Huy  1850.) 

Chèrbon,  carhon  Hainaut.  Charbon  de  bois  en  poudre 
employé  à  l'intérieur  contre  les  maladies  de  l'estomac.  Le 
poussier  de  charbon  de  bois  [hrusï)  est  employé  en  bains  de  pied, 
dans  les  pensionnats  de  jeunes  filles,  pour  provoquer  la 
menstruation.  L'indication  première  de  cette  pratique  se  trouve 
dans  :  Palman.  Recherches  sur  les  propriétés  médicales  du 
charbon  de  bois.  Paris,  Gabon,  i829. 

Ghèrcî,  chiersî.  —  Merisier,  flam.  Kerseboom.  —  Cerasus 
avium  L.  Mônch  Amygdalées.  Les  fruits  servent  à  faire  le 
kirsch  dans  la  Forêt-Noire, 

Chèrdon,  stierdon  (Verviers),  choudron  (Fusch  1541), 
cardon  (Hainaut  et  Rouchi). —  Chardon.  —  Carduus.  On  donne 
ce  nom  à  des  plantes  de  familles  difi"érentes,  mais  munies  de 
piquants  {cardo).  Citons  entr'autres:  1"  Le  chardon  bénit. 
Centaurea  bencdicta  L.  Composées  à  fleurs  jaunes,  à  odeur 
désagréable,  à  amertume  persistante,  jadis  si  réputé  qu'on 
l'avait  surnommé  bénit  et  qu'on  l'employait  dans  toutes  les 
maladies.  2"  Le  bleu  cherdon,  panicaut,  chardon  Rolandou 
roulant.  Eryngium  campestre  L.  Ombellifères.  3°  Le  cherdon 
Sainte  Marêye,  chardon  Sainte  Marie  flam.  Mariadistel. 
Carduus  Marianus.  Composées.  4°  Le  ro(je  cherdo)i,  chardon 
étoile,  chausse  trappe,  Centaurea  calcitrappa  L.  Composées. 
Ses  racines  sont  à  Liège  un  remède  populaire  contre  la  calvitie. 


—  126  - 

On  commence  par  se  laver  la  tête  à  l'eau  salée,  puis  on  l'enduit 
d'un  mélange  semi-fluide  de  décoction  des  racines,  de  savon  de 
Marseille  et  d'eau-de-vie.  5°  Le  peigne,  peigne,  chardon  à 
boniiotrer  ou  ;\  foulon;  flam.  Kaardedistel.  Dipsaciis  fuUonumL. 
Uipsacées. 

Gherfou,  cierfou  (Spa),  cerfeuil  (Fusch  1541),  cherfue 
Borinage. —  Cerfeuil.  —  Scandix  cerefolium  L.Ombellifères. — 
Plante  culinaire  cultivée  partout  à  cause  de  son  arôme.  Le 
peuple  le  considère  comme  fondant  et  l'emploie  surtout  en  cata- 
plasmes aux  aisselles  pour  détruire  les  engorgements  du  sein. 

Chivet.  —  Suivant  les  bonnes  femmes,  les  cheveux  brûlés, 
appliqués  sur  la  a  rose  »  après  l'avoir  fait  a  signer  »  font 
disparaître  toute  trace  de  la  maladie. 

Chocolat.  —  Chocolat,  —  On  y  incorpore  certains  médica- 
ments dont  il  masque  très  bien  la  saveur  désagréable  et  dont  il 
rend  ainsi  l'absorption  facile  :  chocolat  po  les  vier,  chocolat 
po  pnigi. 

Chlorure  di  forme.  —  Corruption  servant  à  désigner  non 
le  chloroforme,  mais  l'iodoforme. 

Gin.  nok,  traînasse,  traîne,  traîne  de  pourciau  Borin,  Hierbe 
d' ponrcliau  Rouchi,  parce  que,  dit  Hécart,  les  porcelets  s'y 
réfugient.  —  Centinode,  trame,  tramasse,  herbe  à  cent  nœuds. 
—  Polygonuni  aviculare  L.  Polygonées.  —  Petite  plante  ram- 
pante, venant  entre  les  pavés  dans  les  endroits  peu  fréquentés. 
Son  astringence  l'a  fait  souvent  utiliser. 

Cira,  blanc  cirage  corruption  pour  cérat.  Gérât  blanc. 
Mélange  de  cire  vierge  et  d'huile  d'amandes  douces.  Fréquem- 
ment employé  pour  panser  les  plaies.  Le  terme  déformé  blanc 
cirrtgi;  n'est  pas  si  ridicule  qu'il  le  paraît  de  prime  abord.  Très 
longtemps  les  bottes  ont  été  cirées  soit  en  blanc  avec  du  blanc 
cirage  composé  de  blanc  d'œuf  et  de  céruse  (aujourd'hui  encore 
les  militaires  blanchissent  leurs  buffletteries  avec  du  blanc  de 


—  127  — 

neige  (oxyde  de  zinc)  et  de  la  gélatine)  soit  en  jaune  avec  du 
jaune  (cirage):  ocre  jaune  et  bière,  soit  en  noir:  cirage  noir, 
warcel. 

Citron,  lémon.  —  Citron,  limon.  —  Fruit  comestible  du 
Citrus  limommi  Risso  Auranliées.  Coupé  en  tranches  et  jeté 
dans  l'eau  sucrée,  il  donne  une  limonade  agréable  et  rafraîchis- 
sante. 

Gétronelle  par  corrupt.  :  sélronlêye.  {Chitronelle  Rouchi, 
désignerait  suivant  Hécartle  serpolet  à  odeur  de  citron  :  Thymus 
serpyllum  citri  odore  ital.  :  cetranella.)  —  Vieux  français: 
cédronelle.  --  Mélisse  citronelle.—  Melissa  officinalis,  Labiées. 
—  Plante  cultivée  dans  les  jardins.  Les  feuilles  qui  répandent 
une  odeur  très  agréable,  servent  en  infusion  dans  les  cas  de 
vertige,  de  syncope,  de  mal  d'estomac,  etc. 

Cla"WSon,  espèce  de  clan  Mons,  clou  de  génofle  Rouchi.  — 
Clou  de  girofle.  —  Fleur  en  bouton  du  Caryophyllus  aroma- 
ticKs,  Myrtacées.  C'est  aussi  le  nom  du  lilas. 

Clé  d' paradis  (Mal med y).  Plante.  (Villers.  Li  spére  do 
C  cinsp.) 

Cléjet,  plumvair,  oûye  di  chet,  fleur  di  coucou,  brâye  di 
chet  Forir.  Clé  des  camps  Rouchi.  Braille  de  cat  Maubeuge. 
Catabraie  Quesnoy.  —  Primevère,  herbe  à  la  paralysie,  oreille 
d'ours,  fleur  de  coucou  ou  de  printemps.  —  Primula  offcl- 
nalis  L.  Primulacées.  —  Jolie  plante  à  fleurs  jaunes  en  bouquet 
au  bout  d'une  hampe.  On  utilisait  jadis  ses  racines  et  ses  fleurs. 
Il  ne  faut  pas  confondre  cette  espèce  avec  la  malenne,  primevère 
élevée.  Primula  elatior  L. 

Cloque.  —  Mortier.  —  On  les  faisait  surtout  en  cuivre,  en 
fer  et  en  marbre.  Toutes  les  familles  aisées  en  possédaient  jadis 
un  jeu  servant  à  piler  les  épices.  Ceux  en  bronze  étaient  souvent 
ornés  de  dessins,  de  millésimes  :  MDCXL,  de  devises  ou  de 
noms  :  Arnor  oninia  viiicit,  Laus  deo  semper  i655,  Petrus  Van 


—  128  — 

den  Ghein  me  fecit  MCCCCCLXVIII.  Remarquons  en  passant 
que  jadis  les  enseignes  étant  presque  toujours  parlantes,  le 
mortier  «enseignait»  la  plupart  des  épiciers  et  des  apothicaires. 
Les  plus*  usuels  sont  actuellement  en  porcelaine,  en  biscuit  ou 
en  verre. 

Gochl^aria.  —  Velar,  herbe  de  Sainte-Barbe  —  Erysimum 
barbarea  L,  Crucifères.  Plante  commune  ayant  les  propriétés 
antiscorbutiques  des  cressons.  La  plante  entière  pilée  est  un 
remède  populaire  contre  les  contusions. 

Cognac.  —  Eau-de-vie  de  Cognac,  cognac.  L'une  des  bases 
assidues  des  remèdes  populaires  contre  la  toux  et  contre  le 
rhumatisme. 

Cognoule.  Punine,  Susaine.  (Rouchi.)  —  Corne  ou  cor- 
nouille.  Fruit  astringent  du  cornouillier  mâle.  Cornus  mas 
L.  Hédéracées.  Les  fleurs  jaunes  viennent  avant  les  feuilles, 
le  fruit  rouge  est  ovoïde.  Diale  blate  su  mère  (Spa)  est  une 
espèce  voisine  :  Cornouiller  sanguin  ou  savignon,  Cornus  san- 
guinea  L,  dont  les  fleurs  sont  blanches,  les  rameaux  rouges  et 
dont  les  fruits  petits,  noirs,  globuleux  contiennent  un  noyau 
renfermant  beaucoup  d'huile  utilisable. 

Goide  di  violon.  —  Corde  de  violon.  Elles  ont  acquis, 
depuis  longtemps,  la  réputation  de  guérir  les  névralgies  et  les 
rhumatismes.  (Remède  populaire.) 

Coin.  —  Coignassier, coignier.  —Pyrus  cydoniaL. Rosacées. 
—  Le  fruit  :  coin,  poire  de  coing  est  très  astringent,  on  en  fait 
un  sirop  et  une  marmelade  fort  employés  contre  la  diarrhée. 

Coine  dicér.  —  Corne  de  cerf.  On  s'en  est  longtemps  servi 
en  râpures  pour  faciliter  la  dentition  des  petits  enfants  et  pour 
arrêter  la  diarrhée  consécutive  de  la  dentition. 

Cokai.  Coai,  coquerai,  jeune  m,oroti,  crouin.  (Fuschl541.) 
Boulon  d'or.  Borinage  en  partage  avec  les  renoncules.  Senecio 
vulgaris  L.  Composées.  — Plante  à  fleurs  jaunes,  fort  commune 


—  129  — 

qui  passe  pour  calmer  les  convulsions.  On  en  donne  aussi  aux 
oiseaux. 

Cokaîkouk,  Bourdon  Borin.  —  Orchis  maculé,  Satyrion, 
scrotum  de  chien.  —  Orchis  maculata  L,  Orchidées. Plante  ayant 
le  port  de  la  jacinthe,  à  fleurs, (/^/-irîùseVerviers.  Priesse  est  une 
abréviation  par  euphémisme  pour  C...  (iu /^ri^isse,  testiculus 
sacerdotis)  rouges  maculées  de  noir,  en  forme  de  casque,  fleu- 
rissant en  juin,  commune  dans  le  bois  de  Kinkempois,  sur  la 
route  de  Verviers  à  la  Gileppe  par  Stembert  et  Goé,  etc.,  et 
dont  les  tubercules  contiennent  une  fécule  très  nourrissante  : 
le  salep.  La  forme  testiculaire  de  ces  tubercules  a,  par  signature, 
fait  réputer  cette  plante  comme  aphrodisiaque. 

Colicoin.  —  Coloquinte.  —  On  désigne  sous  ce  nom  l'ex- 
trait de  coloquinte,  très  amer,  qui  appliqué  sur  le  mamelon  du 
sein  a  dégoûte  les  enfants  ».  Quant  au  fruit  qui  se  vend 
décortiqué,  blanc,  montrant  de  nombreuses  semences,  et  du 
volume  d'une  orange,  il  porte  le  nom  de  pomme  di  colicoin, 
pomme  de  coloquinte  du  Cucumiscolocynlhis,  L,  Cucurbitacées. 
Les  ouvriers  s'en  servent,  infusé  dans  du  genièvre,  pour 
arrêter  les  blennorrhagies,  mais  c'est  un  remède  incertain  et 
dangereux.  J'ai  maintes  fois  entendu  demander  par  une  plai- 
sante déformation  du  mot  :  bie  pomme  di  calotin  po  Vchaude 
pihe. 

Golifon  (Morlanwelz).  Voyez  Speculaire. 

Colle  aribic  (Morlanwelz).  Voyez  Gôme  arabique. 

Colon,  Coulon.  Borin.  Pigeon.  —  L'ouvrage  de  Van  don 
Bossch,  chapelain  près  de  Tongrcs,  donne  difîérents  remèdes 
tirés  de  cet  oiseau.  Ces  remèdes  sont  mentionnés  dans  son 
savant  homonyme  du  XVII- siècle;  ainsi,  par  exemple:  1" 
Columbam  dissectam,  ad  spinam  melancholicorum  autalïcctuni 
caput  insipientis,  applicari  utiliter,  volunt  aliqui  :  inter  quos 
Amatus  Lusitanus  et  2"  iM-equens  esus  columbarum  pruritum 
venereum  excitare  creditur,  etc. 


—  130  — 

Colo-we,  Couhièfe.  Mons.  Couleuvre,  —  Aujourd'hui  encore, 
il  n'est  pas  rare  de  voir  des  entants  du  peuple  venir  exposer 
en  ventç  des  couleuvres,  des  salamandres,  des  têtards  de 
grenouille,  des  lézards,  des  cigales  etc.,  toutes  choses  jadis 
employées  dans  la  matière  médicale  et  reléguées  aujourd'hui 
dans  les  remèdes  de  tradition  des  bonnes  femmes  et  des  cha- 
pelains avec  le  foie  de  loup,  les  poumons  et  la  langue  de  renard, 
larrière-faix,  les  crapauds,  les  vers  de  terre,  le  sang  de  bouc 
ou  bouquain,  l'ongle  d'élan,  les  vipères,  la  corne  de  cerf,  les 
hirondelles,  l'ivoire,  l'os  de  la  jambe  du  bœuf,  l'usnée  du  crâne 
humain,  les  cataplasmes  de  crottes  de  chien  de  Bateus  etc.,  etc. 

Compagnon,  roge  compagnon  L  et  Borin.  —  Lychnide 
des  bois.  —  Lychnis  sylvestris  L.  Garyophyllées.  Les  fleurs 
rouges,  durant  tout  l'été,  passent  dans  le  peuple  pour  être 
vénéneuses. 

Gôpresse,  compresse.  Compresse,  —  Toile  imbibée  d'un 
liquide  :  eau,  huile,  vinaigre,  etc.,  que  l'on  applique  sur  le 
siège  d'un  mal. 

Coq  levant,  Cequelevain.  (Luxemb.).  —  Coque  du  Levant. 
Menispermumcocculus  L,  Menispermacées.  —  Le  fruit,  sem- 
blable à  une  orangette,  est  un  violent  poison,  possédant  une 
amertume  extrême  qui  l'a  fait  criminellement  employer,  en 
Angleterre,  pour  donner  du  montant  à  la  bière,  mais  son 
principal  usage  est,  mélangé  à  de  la  mie  de  pain  et  de  la  terre, 
de  former  des  boulettes,  usitées  par  nos  braconniers  d'eau 
douce  pour  la  pêche  du  poisson.  L'eau  délite  la  boulette,  s'im- 
prègne de  poison,  en  sature  le  poisson  qui  vient  tournoyer  et 
mourir  à  la  surface  de  l'eau.  Tué  de  la  sorte,  le  poisson  est  un 
aliment  dangereux,  si  on  ne  le  vide  dès  sa  sortie  de  l'eau. 
Ce  procédé,  comme  celui  de  la  chaux  jetée  dans  les  eaux  cou- 
rantes, est  d'ailleurs  interdit  par  les  lois. 

CoqueliCO,  tonnir  {L.),  tonoire  (N.),  pavo  {N.),j>itit  pavoir 
(Verviers).    —  Coquelicot,    ponceau.    -    Papayer  rhœas   L. 


—  131  — 

Papavéracées.  —  Plante  fort  commune  dans  les  moissons,  à 
fleurs  rouges  (juin-juillet)  dont  on  emploie  les  pétales  et  parfois 
la  capsule  contre  les  rhumes.  Les  enfants  s'amusent  à  replier 
un  pétale  de  coquelicot  de  façon  à  y  enfermer  de  l'air  et  le  font 
éclater  avec  bruit  sur  le  front.  En  Angleterre,  les  enfants 
croient  que  l'action  de  cueillir  le  coquelicot  provoque  les  éclats 
de  tonnerre  :  thunderbowt. 

Cor,  ueûhî,  cône,  Malmedy.  Caurier  Rouchi.  Nougié, 
neusié  Borin.  —  Noisetier.  —  Corylus  nvellana  L.  Corylées. 
Voyez  neûhe. 

Cor  por  diale,  Namur.  —  Corruption  du  mot  français 
poudre  cordiale. 

Corintène.  —  Raisins  de  Corinthe.  —  Employés  comme 
pectoraux. 

Coûtai,  tulipa.  —  Iris  des  jardins,  iris  germanique.  — 
Iris  germanica  L.  Iridées. —  Les  paysans  emploient  les  feuilles 
privées  de  leur  épiderme  en  guise  d'emplâtre  sur  les  cors  et  les 
plaies. 

Cô'we  di  cèlîhe.  Queue  de  cerise.  Voyez  cèlihi. 

Cô'we  (L)  ^'aïoe  (Verviers)  di  chvâ.  Voyez  Biss. 

Cô-we  du  leu.  (Ver.  et  Spa).  Voyez  Pîd  d'ieu. 

Côwe  du  rat  (Ver.)  Voyez  Plantraine. 

Gras  lard.  —  Porcelle  enracinée. —  Hipochœris  radicata  L. 
Composées.  —  Celte  herbe,  commune  partout  en  juillet- 
septembre,  a  été  vantée  contre  la  phtisie. 

Crâhe,  crache  Mons.  —  Graisse.  —  Corps  gras  d'origine 
animale,  végétale  ou  minérale.  Elles  difl'èrent  selon  leur  origine, 
l'on  emploie  couramment:  Il  cràhe  di  pourcai  sin  .s(%  graisse 
de  porc,  axonge.  2"  Il  crâhe  di  boûf,  praisse  de  bœuf.  3°  H  crâhe 
di  mouto7i,  sèwe,  suif,  grais.se  de  mouton.  4"  li  crâhe  di  r/u/i, 
graisse  de  chien  (vieux  remède  encore  fort  en  vogue  contre  les 
maladies  de  poitrine).  5°  li  cràhe  di  chet,  di  /nâ  et  di  «dsson, 


—  132  — 

graisses  de  chat,  de  renard  et  de  blaireau  fort  recherchées  pour 
guérir  les  rhumatismes.  I-es  premières  servent  de  bases 
à  presque  tous  les  emplâtres  et  onguents. 

Craquette  d'oringe.  —  Orangettes.  —  Petites  oranges 
avortées  et  tombées,  servant  en  distillerie. 

Grasse  rècenne  L,  orèye  d'âgne  (Spa).  Herbe  des  coupures 
Borin.  —  Langue  de  vache,  oreilles  d'ânes,  herbe  à  la  coupure, 
grande  consoude,  —  Symphytum  officinale  L.  Borraginées. — 
Plante  à  longues  feuilles  poilues,  à  racine  de  3  décimètres 
grosse  comme  le  doigt,  noire  en  dehors,  blanche  en  dedans, 
à  saveur  doucâtre  et  gluante.  Cette  dernière  partie  a  eu  grande 
réputation  :  elle  passait  pour  cicatriser,  consolider  (d'où  con- 
soude) les  blessures  sans  appareil.  Cette  croyance  et  son  action 
sur  la  diarrhée  et  les  hémorrhagies  ne  [sont  pas  sans  quelque 
fondement. 

Créosofe,  philosophe  par  corruption  pour  créosote.  — 
Créosote.  —  Liquide  incolore  ayant  à  peu  près  l'odeur  et  les 
propriétés  de  l'acide  phénique.  Remède  énergique  contre  la 
carie  dentaire. 

Cresson,  cresson  d'aîwe.  —  Cresson  de  Fontaine.  — 
Sisymbriuyn  nasturtiuni  L.  Crucifères. 

Crinîre,  crinière.  —  Crinière.  —  Les  boucheries  de  viande 
de  cheval  vendent  depuis  quelque  temps  sous  ce  nom  une 
graisse  semi-fluide  fort  réputée  dans  le  peuple  pour  ses  vertus 
capillaires. 

Cristal,  pire  di  soude.  —  Sel  de  soude  cristallisé,  carbonate 
de  soude  en  cristaux. 

Cristal  minéral,  sel  di  pemelle,  sel  di  purnnlle,  par 
corruption  sel  di  prudel.  —  Nitrate  de  potasse  fondu,  employé 
depuis  longtemps  par  le  peuple  dans  la  strangurie. 

Crompîre,  patate,  pctote,  Hainaut  et  Rouchi.  —  Pomme 
de   terre,   parmentière.  —  Solamim  tuberosum  L.  Solanées. 


-  133  — 

Importée  dans  notre  pays  par  Charles  de  Lécluse  (Clusius), 
botaniste  flamand,  bien  avant  son  introduction  en  France  par 
Parmentier.  Le  fruit  de  la  pomme  de  terre  est  une  baie  que 
les  enfants  s'amusent  à  lancer  au  moyen  d'un  bâton  pointu, 
d'oii  son  nom  de  bizèlai)\ 

La  pomme  de  terre  râpée  est  souvent  usitée  comme  réfri- 
gérante dans  les  cas  de  brûlures  et  de  maux  de  tète. 

Crouin,  voyez  Cokaî.  —  Signifie  aussi  mauvaises  herbes 
comme  le  raontois  :  cruaii,  curiau,  cruyau. 

Crôye,  —  Craie  blanche,  carbonate  de  chaux.  —  On  s'en 
sert  sous  forme  de  craie  en  bâtons  pour  écrire  et  sous  forme  de 
masses:  blanc  d'Espagne,  de  Paris  ou  de  Meudon,  il  sert 
à  nettoyer  les  glaces,  les  vases  en  métal,  etc.  Le  terme  wallon 
plomb  (VEspag^ie  désigne  le  graphite,  mine  de  plomb  qui  sert 
à  «  faire  les  poêles  d.  Pulvérisée,  la  craie  est  un  remède 
populaire  contre  le  suris^  fiér  chaud  ou  chaud  fer  (acidité  de 
l'estomac). 

D 

Dannotte  (corruption  de  Ballotte,  plante  voisine?)  Spa.  — 
Flairante  ourlèye  L,  et  Verviers.  —  Epiaire  des  bois,  orlie 
puante.  —  Stachys  syloalica  L.  Labiées.  —  Les  femmes  du 
peuple  la  prétendent  favorable  au  flux  menstruel.  Le  docteur 
Lejeune  de  Verviers  donnait  le  nom  CCOurteïe  ti'ayau (Verviers) 
danot  {kTàQr\x\Qs),donetle  (Luxembourg), au  Galeopsis  grandi- 
flora  DC  employé  contre  les  maladies  des  voies  respiratoires. 
La  ballotte  noire  Uallota  fœtida  Lamk  à  fleurs  purpurines 
porte  aussi  et  mérite  mieux  encore  que  l'épiaire  le  nom  de 
flairante  ourtôye.  Quant  au  terme  lioge  oiirtêye  donné  à 
l'épiaire  des  bois  par  Beaufays,  m'est  avis  qu'il  convient  beau- 
coup mieux  au  Stnchij-i  palusiris  L,  épiaire  des  marais,  ortie 
rouge,  à  fleurs  purpurines  en  épi  terminal,  dont  les  racines 
tuberculeuses  sont  alimentaires. 


—  134  — 

Dé,  cloque,  cloquette,  carillon  di  Hollande.  Noms  géné- 
riques des  campanules  parmi  lesquelles  il  s'en  trouve  plusieurs 
alimoalaires;  ex.  :  raiponce  (salade). 

Deûket  (L.),  ducquet  (Verv.),  /leur  à  dé  (Ard.),  doigtier 
(Luxemb.)  —  Doigtier,  Gant  Notre-Dame,  Gantelée  Digitale 
pourprée.        Digitalis  purpurea  L.  Scrophulariées. 

Les  campagnards  la  signalent  comme  étant  un  grand  poison, 
mais  ne  semblent  point  connaître  ses  propriétés  médicales. 

Dint  d'chin  L.,  plane  (Spa),  dint  d' chi  (Morlanwelz), 
poèae  (Luxemb.)  —  Petit  chiendent,  chiendent  commun, 
Triticwn  repens  L.  Graminées.  Plante  redoutée  des  cultivateurs 
à  l'égal  des  plus  mauvaises  herbes,  dont  le  rhizome  débarrassé 
du  chevelu,  est  employé  sous  le  nom  de  racines  de  chiendent, 
chiendent  C'est  pour  le  peuple  le  diurétique  par  excellence, 
l'accompagnement  obligé  de  toutes  les  tisanes,  mais  cette  bonne 
réputation  est  bien  usurpée.  On  l'appelle  chiendent  parce  que 
les  chiens  et  les  chats  mangent  les  jeunes  feuilles  pour  se 
purger. 

Dint  d'moirt.  Le  peuple  croit  que  la  dent,  arrachée  à  la 
tète  d'un  squelette,  peut  en  touchant  la  dent  douloureuse  d'une 
personne  vivante  la  guérir  en  soutirant  le  mal. 

Doirmant,  Daumalle  (N).  —  Ivraie  enivrante.  —  Lolium 
temulentum  L  Graminées.  Assez  rare  dans  nos  moissons,  elle 
passe  pour  avoir  occasionné  parfois  des  accidents. 

Douce  amére.  —  Morelle  grimpante,  douce  amère.  —  So- 
lanutn  diilcamara  L.  Solanées.  —  Plante  à  tige  grimpante 
fesa7il  bois  à  la  base,  à  fleurs  violettes  en  cymes  auxquelles 
succèdent  des  baies  écarlates  ovoïde-H.  Les  jeunes  tiges  (partie 
employée)  ont  une  saveur  d'abord  amère,  puis  douce.  Elles 
passent  pour  être  sudorifiques  et  dépuratives  et  comme  telles 
sont  vulgairement  employées  contre  le  rhumatisme  et  la  syphi- 
lis Plusieurs  auteurs  wallons  ont  confondu  cette  plante  qui  n'est 


—  135  — 

pas  vénéneuse  avec  VAho)i  —  More\\e  noire  -  Solanum  nigrum 
L,  espèce  voisine  qui  en  diffère  par  sa  tige  enlièreuient  herba- 
cée, ses  baies  rouges,  jaunes  ou  noires  globuleuses  :  moreltc, 
peu  d'macralle,  et  ses  feuilles  ovales  d'un  vert  sombre.  Elle 
est  commune  dans  notre  province.  La  douce  amère  au  con- 
traire y  est  assez  rare.  Cette  plante  présente  avec  d'autres, 
comme  la  ciguë,  etc.,  cette  particularité  que,  vénéneuse  dans 
les  pays  chauds,  elle  se  modifie  au  point  d'être  comestible 
dans  les  pays  du  Nord. 

Doucette,  orèye  di  lîve.  —  Mâche,  doucette,  oreille  de 
lièvre.  —  Valerianella  olitoria  Poil  Valérianées.  Plante  crois- 
sant dans  les  moissons,  dont  les  feuilles  entières  sont  mangées 
en  salade  au  printemps.  C'est  la  première  venue,  elle  est 
rafraîchissante  et  apéritive. 

Dragonne.  /Iragone,  Rouchi,  aragone,  dragnne,  Hain.  — 
Eblragon.  —  Artemisia  dracunculus  L.  Composées.  Plante 
cultivée  à  feuilles  allongées,  étroites,  à  nombreuses  tiges,  que 
son  arôme  fait  employer  comme  condiment  pour  aromatiser 
les  oignons,  cornichons,  etc. 

Dréve.  Drache,  Borin.  -  Drèche.  Résidu  du  grain  ayant 
servi  à  fabriquer  la  bière,  qui  sert  de  nourriture  aux  bestiaux, 
et  s'emploie  frais  ou  sec  à  l'extérieur  contre  les  éruptions  des 
enfants. 

Drougue  Drogue.  Nom  générique  des  médicaments  exis- 
tant tout  préparés  dans  une  pharmacie.  Au  sens  figuré,  signifie 
comme  en  français  un  produit  de  mauvaise  qualité. 

Ecinsse,  encens.  —  On  distingue  deux  sortes  d'encens, 
1"  l'oiiban  ou  encens  véritable,  résine  en  petites  perles  jau- 
nâtres se  ramolissant  sous  la  dent,  qui  exsude  d'une  plante 
d'Abyssinie,  le  Hoawnllia  /loribunda  Royie  Térébintliacées.  Le 


—  136  — 

peuple  prend  ces  grains  et  les  place  dans  le  creux  des  dents 
cariées  pour  faire  disparaître  la  douleur,  2"  l'encens  noir  ou 
encens  d'cglise  à  formule  variable. 

Eincorner,  Borin.  —  Faire  boire  de  force.  Au  moyen  d'une 
corne,  on  faisait  avaler  des  médicaments  aux  bestiaux. 

Eglety,  ingleii.  —  Voyez  bois  dC  garou. 

Elexir.  —  Elixir,  teinture  alcoolique. 

Epiasse,  emplâtre.  —  A  proprement  parler,  c'est  le 
mélange  d'huile,  résine,  etc,en  consistance  de  mastic  de  vitrier, 
que  l'on  étend  sur  la  toile,  mais  en  général  on  désigne  sous  ce 
nom  la  toile,  recouverte  de  l'emplâtre,  dont  le  nom  vrai  est 
sparadrap. 

Epiasse  crassa  Dei.  —  Emplastrum  gralia  Dei.  Vieille 
formule  liégeoise  du  siècle  dernier  qui  est  encore  en  vogue 
dans  les  campagnes. 

Eplâse  di  Bavîre.  —  Emplâtre  de  Bavière,  sparadrap 
de  l'hôpital  de  Bavière  à  Liège.  Sparadrap  brun  foncé,  popu- 
laire dans  tout  le  pays  wallon  pour  cicatriser  les  plaies,  faire 
percer  les  clous,  etc. 

Eplélsse  di  Bavîre  (blanque),  toile  de  mai  (Virton). 
—  Sparadrap  diachylon  gommé  tout  aussi  communément 
employé  dans  le  pays  flamand  que  l'emplâtre  de  Bavière  chez 
nous. 

Epiasse  di  pauvre  homme,  epldsse  di  vi  homme.  — 
Emplâtre  jaune  brun  sur  papier,  d'origine  anglaise:  Poor 
mmi'a  plaster,  que  Ton  applique  sur  la  poitrine  en  cas  de 
rhume,  etc. 

Epiasse  di  peu  d'  Bourgogne.  —  sparadrap  de  poix  de 
Bourgogne.  Sparadrap  jaune  que  l'on  emploie  communément 
contre  la  toux,  surtout  pour  les  enfants.  Remarquons  cette 
singulière  anomalie  de  traduction:  poix  de  Bourgogne,  blinque 
hùrpik;  emplâtre  de  poix  de  Bourgogue,  èpldsse  di  peu 
d'  Bourgogne. 


—  137  - 

Epiasse  di  savon  doube,  di  dobe  savon. —  Sparadrap  de 

savon  double.  Emplâtre  noir  brillant  employé  en  application 
au  côté  ou  dans  le  dos  contre  les  tours  de  rein  et  les  plaies 
contuses,  les  cors  aux  pieds,  etc. 

Epiasse  di  sè"we  etdigingibe;  èplâsse  di  sèwe  et  di 
peùve,  èplâsse  di  chandelle  et  di  néinoscâde.  —  Emplâtres 
populaires  contre  les  affections  catarrhales.  On  l'obtient  au 
moyen  d'une  feuille  de  papier  gris  ou  bleu  fort  (souvent  la 
deuxième  enveloppe  des  pains  de  sucre)  sur  laquelle  on  étend 
la  graisse  que  l'on  saupoudre  de  gingembre,  de  poivre  ou  de 
noix  muscade  râpée.  La  tranche  de  lard,  parsemée  de  rue  ou  de 
gingembre  et  appliquée  autour  delà  gorge,  constitue  un  remède 
analogue.  Souvent  ces  remèdes  populaires  déterminent  un  effet 
salutaire  en  provoquant  une  éruption. 

Esprit.  Voyez  esprit  d'vin. 

Esprit  d' savon.— Esprit  de  savon,  lessive  des  savonniers. 
Solution  de  soude  caustique.  Plus  concentrée,  on  la  vend 
sous  le  nom  impropre  de  kaligè)ie  (kali  =  potasse).  Tous  deux 
servent  à  dérocher,  c'est-à-dire  à  enlever  les  vernis  ou  les 
couleurs  des  boiseries.  On  donne  également  ce  nom  au  baume 
opodeldoch  qui  est  une  dissolution  de  savon  dans  l'alcool 
camphré  aromatisé. 

Esprit  d'  se.—  Esprit  de  sel.  —  Voyez  acide  di  phseur. 

Esprit  d'  vin.  —  //e/"  (Malmedy).  —  Alcool,  esprit  de  vin. 
—  Dilué,  c'est  la  base  des  teintures.  On  se  sert  alors  de  l'alcool 
dit  bon  goût,  sinon  on  demande  di  Vesprit  po  brouler  ou  di 
Vespril  di  viernis,  alcool  dit  mauvais  goût,  bon  pour  alimenter 
les  lampes  à  alcool  et  pour  dissoudre  certains  vernis. 

Esprit  d'vin  gonflé,  di^be  aiwe  campJirèye,  corruption 
pour  esprit  d'vin  camphré.  —  Solution  concentrée  de  camphre 
dans  l'alcool  fort.  Ce  liquide  jouissait  déjà  d'une  grande  vogue 
au  siècle  dernier,  en   1712  (Bellefontaine,  p.  100,  tome  II). 


-^  138  - 

Esprit  d'  vinaigue.  —  Acide  acétique  concentré,  coloré 
au  caramel,  et  aromatisé  ù  l'essence  de  pommes,  d'estragon,  de 
fenouil,  etc.  Additionné  d'eau,  il  sert  à  préparer  un  vinaigre 
bon  pour  les  conserves. 

Ether.  Ether,  ether  sulfurique.  —  Liquide  incolore,  à  odeur 
spéciale,  très  volatile,  très  inflammable,  employé  sur  un 
morceau  "  de  sucre  ou  dans  un  peu  d'eau  pour  calmer  les 
crampes  d'estomac,  les  suffocations  et  sur  de  l'ouate  pour 
calmer  les  maux  de  dents  et  d'oreille. 

Extrait.  —  Extrait.  —  Employé  absolument,  se  dit  de  l'ex- 
trait de  viande  Liebig. 

Extrait  di  sature.  — Extrait  dl  sept  heure,  di  c'mt  heure, 
train  di  sept  heure,  corruptions  pour  extrait  de  Saturyie.  — 
Extrait  de  saturne,  sous-acétade  de  plomb  liquide.  —  Solution 
incolore,  à  saveur  sucrée,  puis  métallique,  qui,  versée  dans 
l'eau  commune,  donne  t^aiwe  blanque. 


F 


Farène  d'avône.  —  Voyez  Avône. 

Farène  di  crompire  {\arine  de  Canada,  Orp-le-Qrand).— 
Fécule,  farine  de  pommes  de  terre.  —  Sert  à  faire  des  soupes 
aux  enfants  en  bas-âge.  Voyez  Crompire. 

Farène  dilin;  farène  di  linuze  (Morlanwelz). — Farine  de  lin, 
poudre  de  graine  de  lin.  —  Poudre  jaunâtre,  à  odeur  huileuse, 
tâchant  le  sac  en  papier  qui  la  contient,  sert  à  faire  des  cata- 
plasmes. On  n'utilise  plus  guère  aujourd'hui  la  farine  de  tour- 
teaux qui  est  la  farine  de  lin  privée  de  son  huile. 

Farène  di  mostâ.de  ;  farène  de  mouslarde  (Morlanwelz). 
—  Farine  de  moutarde.  —  Sert  à  faire  la  moutarde  de  table. 
Pour  lui  donner  toute  sa  force,  il  faut  l'additionner  d'eau  ou  de 
bière  et  non  de  vinaigre,  comme  on  le  fait  communément. 


-    139  — 

Farène  di  neure  mostâde;  farène  di  grosse  mostâde, 
farène  di  mostâde  po  [er  les  bagne  di  pi.  —  Elle  est  d'un  jaune 
noirâtre,  plus  grossièrement  pulvérisée  que  la  précédente, 
provient  du  Sinapis  nigra  L.  Crucifères.  On  en  fait  des  sina- 
pismes  et  des  bains  de  pieds  dans  les  cas  de  maux  de  tête, 
aménorrhée,  points  de  côté,  maux  de  dents,  etc. 

Farène  di  riz  ;  crème  di  riz.  —  Riz  très  finement  pulvé- 
risé servant  à  faire  des  bouillies  aux  jeunes  enfants. 

Fsiwe  ;  Hése  (Malmédy),  fan,  feiau.  Ronchi,  liasse  Lux., 
faufayau.  Hainaut.  — Hêtre. —  Fagus  sylvatica.  L.  Cupulifères. 

—  L'un  des  plus  beaux  arbres  de  nos  forêts,  à  tronc  élevé,  à 
écorce  lisse  et  à  fruit  à  3  côtes.  Ce  fruit  qui  porte  le  nom  de 
fayeime  (faîne)  bahot,  Lux.,  fouine,  Hainaut,  est  comestible  el 
donne  une  huile  alimentaire. 

Fèchîre  ;  fechi  Verviers,  flétière  Rouchi,  fliquière  Hoin., 
féchère  (Namur).  —  Fougère  ptéride,  aigle  impérial.  —  l^leris 
Aquilina  L.  Fougères. — Grandes  feuilles  de  1  mètre  à  1,50,  com- 
mune dans  nos  bois.  Elle  est  plus  ou  moins  vermifuge,  mais  les 
habitants  de  nos  villages  les  recueillent  surtout  pour  flamber 
les  cochons.  Avec  les  cendres,  on  détruit  les  chenilles  et  les 
lombrics.  D'après  les  admirables  secrets  du  petit  Albert,  celle 
cueillie  la  veille  de  la  Saint-Jean  avait  toutes  sortes  de  pro- 
priétés miraculeuses.  Ses  feuilles  ou  frondes,  de  même  que 
celles  du  Polystichum  filix  mas  Roth,  fougère  mâle,  constituent 
une  excellente  litière  pour  coussins  et  matelas. 

Feu  d' lis;  fleur  de  lis  (Spa),  fleur  Saint  Joseph, Borin.  Cornu 
chapeau  Lux.  —   Lis  blanc.  —  Lilium  candidum  L    Liliacées. 

—  Plante  bulbeuse,  à  fleurs  blanches  en  entonnoir,  à  odeur 
suave.  Ses  fleurs,  macérées  dans  l'huile  d'olives,  constituent 
voie  di  feu  </'  lis,  célèbre  remède  populaire  contre  les  bnlhircs. 

Fève  à  r  sinouf. —  Fève  TonUa  du  l'.ouniaronud  oilorala 
Aub. Légumineuses.  Arbre  de  Guyenne.  —  La  semence  ^\m  est 
nuire  et  ridée  à  l'extérieur  est  un  peu  plus  grosse  et  plus  allon- 


—  140  — 

gée  qu'une  fève  de   marais.  Les  amateurs  de  tabac  à  priser  en 
mettent  dans  leur  tabatière  pour  parfumer  la  poudre. 

Ficaria  ranunculoïdes.  —  Monch,  Mentula  episcopi, 
licaire* renoncule,  herbe  aux  hcmorrhoïdes.  Renonculacées.  — 
Petite  plante  des  lieux  humides  et  ombragés,  à  racines  de  deux 
sortes  :  grêles  et  en  massue,  Fusch  (1541)  a  traduit  son  nom 
wallon  par  testiculus  sacerdotis.  La  racine  pilée  sert  encore 
aujourd'hui  de  remède  populaire  anti-hémorrhoïdal. 

Fier  en  liquide.  —  Solution  aqueuse  ou  alcoolique  de 
divers  sels  de  fer. 

Figue.  —  Figue. —  Réceptacle  contenant  les  fruits  du  figuier 
de  Carie. —  Ficus  carica  L.  —  Morées.  On  l'emploie  en  décoction, 
soit  seule,  soit  additionnée  de  sucre  noir  et  de  cognac  contre 
les  rhumes  ;  cuite  et  coupée  en  deux,  on  s'en  sert  en  guise  de 
cataplasme  pour  faire  percer  les  abcès  des  gencives. 

Flairant  bois.  —  Putiet,  merisier  ou  cerisier  à  grappes. 
—  Prunus  padus  L.  Amygdalées. 

Flamiette,  fleurs  du  Jalhay  (Verv.).  —  Chrysanthème  des 
moissons.  —  Chrysantliemum  segetum  L.  Composées. 

Flamin,  flamine,  flaminette.  —  Souci  jaune.  —  Calendula 
officinalis  L.  Composées.  —  Plante  fort  anciennement  cultivée 
et  connue  au  pays  de  Liège,  ainsi  qu'en  témoignent  l'ouvrage 
de  Fusch  (1541)  et  les  titres  de  deux  célèbres  brassines  (Gobert. 
Les  rues  de  Liège,  verbo  Flaminette). 

Fleur,  Fleur  di  né  moscâle.  —  Fleurs  de  noix  de  muscade, 
Macis.  —  Arille  ou  enveloppe  de  la  noix  de  muscade,  condi- 
ment fort  employé  par  les  charcutiers.  Elle  est  d'apparence 
déchiquetée,  coriace,  d'un  jaune  brun  et  h  odeur  spéciale. 

Fleur  di  qwate  sOr.  Mélange  variable  de  quatre  es- 
pèces de  fleurs,  le  plus  souvent  composé  de  mauve,  guimauve, 
bouillon  blanc  et  pied  de  chat.  Il  est  alors  pectoral. 


—  141  — 

Fleur  di  Saint- Antône.  Jepp  du  cassin  Spa.  Langue  de 
bœuf  Luxemb.  —  Renouée  bistorte.  —  Polygonum  bistorta  L.  Po- 
lygonées. — La  racine  (rhizome)  souterraine,  brune  extérieure- 
ment, rose  à  l'intérieur,  est  un   de  nos  meilleurs  astringents. 

Flime.  Plukm.  Hainaut.  —  Charpie.— On  se  sert  beaucoup 
de  linge  effiloché  pour  panser  les  plaies. 

Florin  d'aur.  —  Voyez  Cécoreie. 

Fno.  Fenu,  Lux.  — Fenouil.  —  Fruit  de  VAiielhum  fœniculum 
L.  Ombellifères.  Plante  à  fleurs  jaunes  en  ombelles,  à  feuilles 
très  divisées  (d'où  son  nom  de  fœniculum,  petit  foin).  Quant 
aux  usages  médicinaux,  l'emploi,  chez  nous,  de  cette  semence, 
dans  les  inflammations  de  l'enfance  paraît  provenir  de  l'Alle- 
magne où  cette  plante  jouit  d'une  immense  réputation  (fœnikel 
thé,  finkel  thé).  Dans  nos  campagnes,  on  donne  la  poudre  aux 
vaches  pour  augmenter  la  sécrétion  du  lait.  Naguère  encore,  on 
vendait  sous  le  nom  de  fno,  biseu,  des  petits  fromages,  carrés 
et  plats,  d'origine  hervienne,  parsemés  de  fenouil  entier  ou 
moulu.  Cette  habitude  de  persifler  le  fromage  date  de  long- 
temps :  Ainsi  Charlemagne  arrivant  un  vendredi  inopinément 
chez  un  évoque,  celui-ci  ne  put  lui  ofl'rir  que  de  la  graisse 
(alors  aliment  maigre)  et  du  fromage  persillé. 

Foye  L  V.  Spa  {fuèle  Rouchi),  feuye,  fueye,  fwaye,  Borin.  — 
Feuille. 

Foye  d'auricule,  par  double  corruption  foye  ou  fouye  di 
lidiculc ;  tité  d' casse  i^samur),  Scoche  (cosse)  de  séné  (Orp-le- 
Grand),  Cap,  cape  di  séné  (Marche).  —  Follicule  de  séné.  — 
Fruits  de  diverses  Gassies  (Légumineuses),  cultivées  en  Egypte, 
en  Nubie  et  dans  l'Inde.  Ces  gousses,  aplaties  en  forme  de 
croissant  et  marquant  les  graines,  de  couleur  brun  noirâtre, 
ressemblent  assez  à  des  feuilles  et  les  Wallons  les  ont  considé- 
rées comme  provenant  d'une  des  gloires  de  l'horticulture  lié- 
geoise :  les  auricule,  primula  auricula. 


—  142  — 

Foye  di  colowe.— Sceau  de  Salomon,  herbe  au  panaris. — 
Convallaria  polygonalum  L.  Asparaginée.  La  racine  cuite  et 
mélangée  à  de  la  graisse  est  bonne  contre  le  panaris.  L'espèce 
muHiflorum  est  beaucoup  plus  connmune  chez  nous. 

Foye  di  sène,  par  corruption  foye  d'à  sène,  foye  d'à  selle. 
—  Feuilles  de  séné,  petites,  coriaces,  en  pointe,  d'un  vert  pâle, 
de  diverses  Gassies.  Légumineuses.  C'est  un  des  purgatifs  les 
plus  employés  par  le  peuple. 

Foir.  —  Voyez  absinthe. 

Foumâde,  paifoumâde,  foumire,  tvapeur.  —  Fumigations.— 
Dégagement  de  vapeurs  obtenu  par  projection  ou  décoction  : 
vinaigre,  baies  de  genévrier,  sureau,  foin,  etc.  Voyez  Bagne. 

Four.  Foin.  —  Sa  poussière  isimince  di  four,  florin  d'  four; 
floiée.  Lux.)  jetée  dans  l'eau  bouillante,  sert  à  faire  des  fumi- 
gations utérines  pour  les  jeunes  filles  dont  la  menstruation 
n'est  pas  encore  établie. 

Frane.  Frame.  —  Frêne  élevé.  —  Fraxinus  excelsior  L. 
Jasminées  —  Arbre  de  20  à  30  mètres,  à  écorce  unie  et  gri- 
sâtre, à  fleurs  verdâtres  et  à  feuilles  composées  de  9  à  15 
folioles.  On  fait  avec  ces  folioles  (foye  di  frâne  mâies)  une  tisane 
contre  les  rhumatismes.  Les  semences  portaient  à  Liège  au 
siècle  derner  le  nom  de  liawe  d'ouhai. 

France  —  Par  abréviation  pour  cau-de-vie  de  France,  eau- 
de-vie.  cf  Brandvln,  eau-de-vie. 

France  camphré.  —  Synonyme  de  aiwe  camphréye. 

Fravy  ;  frévy  (Vervicrs).  —  Fraisier.— Fra^aria  vesca  L. Rosa 
cées.  -  On  a  toujours  attribué  une  excellente  action  à  la  fraise 
contre  les  douleurs  des  reins  et  de  la  vessie;  quant  aux  racines, 
on  les  utilise  encore  souvent  à  cause  de  leur  astringence 
contre  la  diarrhée,  les  hômorrhagies  et  comme  diurétiques. 
Elles  colorent  l'urine  en  rose  et  les  excréments  en  rouge.  Les 
fraises   déterminent  parfois  comme  une  roséole  du  cou  et  du 


-   143  - 

visage,  mais  sans  danger.  Dans  les  campagnes,  on  fait  encore 
du  thé  avec  les  feuilles.  Citons  une  curieuse  corruption  popu- 
laire française  :  la  fraise,  vendue  communément  à  Paris  sous  le 
nom  de  ricard,  est  l'abréviation  de  fraise  vicomtesse  Héricard 
de  Thury. 

Fréve  di  Gascogne.  —  Arbouse. 

Frombahy.  Airelle.  On  désigne  sous  ce  nom  :  1"  frambau- 
gier,  Lux.,  la  Myrtille,  airelle,  myrtille,  raisin  de  bois.  Vacci- 
nium  myriillus,  L.  Vacciniées.  Petite  plante  de  nos  bois,  à 
feuilles  arrondies,  à  fleurs  solitaires  (mai),  à  fruits  noirs,  à 
saveur  agréable  (frombâh,  bluets,  maurets  ou  morets, myrtilles) 
que  les  Ardennais  viennent  vendre  dans  nos  rues  et  dont  on 
fait  aussi  un  sirop  ;  2"  frombâliy  d'coq,  Irombdhy  (V  dame, 
tchinlcliin,  Spa.  — Airelle  ponctuée  ou  du  mont  Ida,Ganneberge 
ponctuée.  —  Vacciiiium  vilis  Idœœ,  à  feuilles  persistantes  et  à 
fruits  rouges  ;  3°  frombahy  rf'  leu.  —  Airelle  des  marais.  — 
Vaccinium  uliginosum  dont  les  fruits  sont  également  man- 
geables. 

Frut,  frûte.  —  Fruit. 

Frumih.  Fourmi.  —  Formica  rufa  (Insectes  hyménoptères). 
—  On  voit  encore  dans  les  campagnes  les  paysans  se  servir  de 
pâte  de  fourmis  écrasées  en  guise  de  cataplasme  contre  l'inertie 
d'un  membre.  L'action  rubéfiante  que  la  pâte  exerce  est  due  à 
l'acide  formique. 

Frumint,  luurmint,  Hainaut.  —  Froment.  —  Triticum  viil- 
gare,  L.  Graminées.  —  Les  gamins  mâchent  les  grains  de  fro- 
ment afin  de  a  faire  de  la  gomme  »  (gluten)  qu'ils  préconisent 
comme  emplâtre  guérit  tout. 

Frumtère.  —  Fumeterre,  pisse-sang  (fumeterre  est  une 
herbe  que  l'on  appelle  ainsi  fumus  terre  pour  ce  qu'elle  se 
engendre  d'une  grosse  fumosité  qui  se  esliève  de  terre  et  aussi 
qu'elle  yst  de  terre  en  grande  quantité  ainsi  comme  fumée,  XV"" 


-  144  — 

S.  Camus.  L'opéra  saleniitana,  p.  60).  —  Fumaria  officinaliSy  L. 
Fumariacées.  —  Petite  plante  très  commune,  venant  dans  les 
champs  et  sous  les  haies.  Prise  en  infusion,  la  plante  entière 
fleurie  'passe  pour  être  digestive  et  pour  «  manger  le  sang 
corrompu  »,  Une  espèce  voisine  :  le  Corydallis  ou  Fumaria 
bulbosa,.Fumeterre  bulbeuse,  est  recherchée  en  avril-mai  dans 
le  bois  de  Kinkempois,  comme  ayant  les  mêmes  vertus.  On 
cultive  le  Dielytra  spectabilis  (Diclytra  par  erreur)  dont  les 
fleurs  en  forme  de  cœur  on  fait  donner  à  la  plante  le  nom  de 
Cœur  de  Marie  et  de  Saint-Esprit.  AUem  :  Marienherz. 


O. 


Gâde.  —  Réséda  sauvage,  gaude.  -  Béséda  luteola,  L.  Résé- 
dacôes.  —  Les  fleurs  verdâtres  sont  en  long  épi.  Cette  plante 
fournit  une  belle  couleur  jaune  employée  par  les  teinturiers. 

G-ayet,  gatte,  grelte  èi'  linwe,  grette  kou.  Gallait,  caille  lait 
blanc,  gaillet.  —  Galium  Mollugo,  L.  Rubiacées.  — 11  est  légère- 
ment astringent  de  même  que  le  caille  lait  jaune,  qui  de  plus 
est  tinctorial.  Une  espèce  voisine,  le  Galium  aparme,  L.  — 
Grateron,  rèbe.  —  Rampioule  Verviers,  Rull  Spa,  Gratte  eu, 
Borin,  Grale-cul,  Rouchi,  Plaque  Madame  L.  a  des  fleurs  ver- 
dâtres et  est  munie  de  nombreux  crochets  qui  la  font  tenir  aux 
vêtements  qu'elle  accroche. 

Gai.  Voyez  peta. 

Galanga.  Les  charlatans  qui  parcourent  les  marchés  et 
les  campagnes  viennent  demander  celte  racine  sous  ce  nom, 
mais  leurs  acheteurs  ne  la  connaissent  que  sous  le  nom  de 
Rècène  di  peuve,  breune  rèccme,  rècène  di  ma  d'dint.  Cette 
racine  souvent  bifurquée,  à  cicatrices,  d'un  jaune  brun,  à 
odeur  et  à  saveur  aromatiques,  provient  de  l'Alpinia  galanga 
(Amomées)  de  l'Inde. 

Galatte  (Ligne  :  Hainaut).-  Euphorbe  peplus.  —  Euphorbia 


—  145  — 

peplus  L.  —  Euphorbiacôes  tl.  woltsmclk.  A  fleurs  vordàtres. 
Son  sucre  ûcre  éloigne  les  taupes  (Kupflerschiager  :  Moyens 
de  détruire  les  animaux  nuisibles). 

Galgouzëg^e.  —  Gargarisme.  —  Liqueur  destinée  à  guérir 
les  maladies  de  la  gorge. 

Garance,  Varens  (Fusch  1541),  —  Garance.— fiu/'m  lincto- 
rum  L.  Rubiacées.  —  On  emploie  la  racine  qui  est  rouge  en 
dedans  et  en  dehors.  Jadis  fort  employé  pour  la  teinture. 

Gèyî.  Gai  (N),  Non(ji  (Morlanwelz).  Cailler,  Gauquié,  noyer 
à  grosses  noix  :  gauque,   Borin  ;  Jaiei\  Luxemb.  —  Noyer  — 
Juglans  (Jovisglans)  reyia  L.  Juglandées.  —  L'un  de  nos  plus 
beaux  arbres  indigènes.  Son  bois  est  un  des  meilleurs  de  l'ébé- 
nisterie,  ses  feuilles  et  ses  fruits  {gèye;  écaïet,  Luxemb,  gale, 
Bavay,  gaughe,  Rouchi,  gaille,  Borin.  Le  1/4  d'une  amande  de 
noix  porte  en  Rouchi  le  nom  de  gambon  ;  jambon  L;)  soit  à 
l'état  de  cerneaux,  soit  mûrs,  contiennent  des  principes  tan- 
niques  qui  en  font  un   excellent  fortifiant.    Le  brou   de  noix 
pelotte  di  gèye;  hiefe  du  gèye,  coque  verte  de  noix,  Malmedy. 
Hufion,  hufèye,  brouf,  L,  scafion,  Borinage,  scafîelte,  Luxemb. 
sert  également  pour  teindre  en  noir.  Le  zeste  de  la  noix  zess  L. 
tnfiote,  Rouchi,   mis  avec  du  genièvre,   sert  aussi   de  base  à 
une   liqueur   digestive,  qui   constitue  un    remède    populaire 
contre  les  maux  de  ventre.  On   retire   des  noix  écalées,  pres- 
sées entre  les  extrémités  rougies  d'une  paire  de   pincettes, 
une  huile   employée  contre  la   surdité  et  les  névralgies.  Les 
noix  fraîches  sont  bonnes;  vieilles,  elles  sont  très  indigestes  et 
passent  pour  donner  la  fièvre. 

a  Dieu  a  renfermé  un  grand  secret  dans  les  noix,  car  si  on 
«  les  fait  brûler,  qu'on  les  pile  et  mêle  avec  du  vin  et  de 
«  l'huile,  elles  entretiennent  les  cheveux  et  les  empêchent  de 
«  tomber.  » 

a  La  noix  entière,  braiée  avec  la  coquille  et  appliquée  sur  le 

lu 


—  146  — 

(f  nombril,  apaise  chez  les  femmes  les  douleurs  de  matrice.  » 
Albert-le-Grand,  p.  199. 

Gelatène,  gealeye  d'ohai.  —  Gélatine.  —  Sert  pour  le  col- 
lage des  liquides  alcooliques,  pour  les  gelées  alimentaires,  les 
chromographes,  etc.  L'application  d'une  solution  de  gélatine  à 
2  "/o  ou  d'un  léger  empois  d'amidon  sur  une  carte,  un  dessin, 
permet,  après  dessiccation,  le  vernissage  du  papier. 

Gèrbêye.  Plante  utile  par  opposition  à  sâdin,  mauvaise 
herbe.  En  général,  les  propriétés  médicales  des  plantes  sont 
chez  le  peuple  des  propriétés  de  tradition.  Consignées 
d'abord  dans  des  ouvrages  scientifiques,  elles  se  vulgarisent 
ensuite.  Ainsi  l'usage  populaire  actuel  d'une  foule  de  pro- 
duits médicaux  correspond  aux  indications  savantes  de  Galien, 
Hippocrate,  Dioscoride,  Pline,  Avicenne,  etc.,  après  eux, 
des  livres  très  répandus  d'Ambroise  Paré  ;  J.  Scultetus  : 
Armamenlarium  chyrurgicum  ;  Boerhave  :  Disputationes  mé- 
dical ;  Lomery,  etc.,  etc. 

Gingibe  L.  Gingin,  Hainaut.  —  Gingembre.  —  Zingiber  offi- 
cinalis  L.  Zinzibéracées.  —  La  racine  confite  passe  pour  être 
aphrodisiaque,  la  poudre  de  racine  sert  à  faire  des  emplâtres 
populaires,  voyez  Sewe  et  Epiasse. 

Glissant,  Talc.  —  Voyez  Pousselette. 

Glycérine,  glycine.  —  Ces  deux  termes  bien  différents 
sont  souvent  employés  l'un  pour  l'autre.  La  glycérine  est  un 
liquide  clair,  sirupeux,  inodore,  à  saveur  sucrée  que  l'on  em- 
ploie pour  éviter  et  faire  disparaître  les  gerçures.  La  glycine 
Wistaria  sinensis  (Papilionacées)  est  une  plante  d'ornement 
fort  répandue,  à  fleurs  violettes,  en  grappes  odorantes,  que  l'on 
fait  grimper  à  volonté. 

Glucose,  sirôpe  di  soufe.  —  Glucose ,  sucre  interverti. — 
Liquide  épais,  dont  on  fait  actuellement  grand  usage.  Ce  pro- 
duit n'est  pas  nuisible. 


—  147  — 

Gnieur.  (Genévrier  selon  Lezaak,  if  selon  Lobet.)  Sabine. 
Juniperus  Sabina  L.  Conifères  (G.G.G.G.  et  Gothier).  —Plante 
h  feuilles  vertes  imbriquées,  à  rameaux  étalés  possédant  des 
propriétés  médicales  énergiques. 

Goland.  Voyez  Hieb  di  Saint  Roch. 

Golé.  —  Collier,  On  en  fait  en  ambre,  corail,  ivoire,  os,  soie 
et  velours  (électrique),  grains  de  pivoine  (voyez  pione)  afin,  dit 
le  peuple,  d'éviter  aux  enfants  les  douleurs  et  les  convulsions 
de  la  dentition. 

Gomme.  Gomme. 

Gomme  arabique,  colle  aiibic.  (Morlanwelz.)  —  Gomme 
arabique. 

Gomme  di  chèrcî,  di  pruni  L.  Bren  iCagache,  Rouchi. 
Brain  d'agasse,  Bonn.  —  Gomme  de  cerisier,  de  prunier,  etc. 
—  Gummi  nostras. 

Gottire.  —  Eau  de  gouttière,  eau  de  pluie,  eau  de  citerne. 
L'expérience  a  montré  à  nos  ménagères  que  cette  eau  est  beau- 
coup plus  pure  que  les  autres;  elles  y  ont  recours  pour  la  cuis- 
son des  aliments,  pour  la  lessive  et  aussi  pour  dissoudre 
certains  produits  servant  de  collyre  populaire,  tels  que  le  sul- 
fate de  zinc  et  la  pierre  divine.  L'analogie  entre  collyre  et 
gottire  explique  le  quiproquo  des  paysans  allant  à  a  l'ophtal- 
mie ï,  au  quartier  S*«- Marguerite  :  «  fa  s'iu  à  Pliopitabnique, 
li  docteur  m'a  d'île  ine  aiwe  di  gottire.  » 

Graînette,  graine  di  lin,  L.  Lenuisse  Rouchi,  Linnisse, 
Hainaut  —  Graines  de  lin,  semences  de  lin.  —  Le  lin  cultivé, 
Linum  usitatissimiim  L.  Linées,  porte  (en  juillet-août)  de  jolies 
fleurs  d'un  bleu  tendre  auxquelles  succèdent  des  fruits  en 
capsule  globuleuse,  contenant  plusieurs  graines.  C'est  la 
semence  la  plus  employée  en  pharmacie;  la  grande  quantité 
de  mucilage  qu'elle  contient  la  fait  considérer  comme  «  étei- 
gnant le  feu  que   Ton  a  dans  le  corps  »  aussi   la  {tharniacie 


—  148  — 

humaine  et  la  pharmacie  vétérinaire  en  font-elles  une  consom- 
mation considérable. 

Grain  époisonné,  poison  po  les  suris. —  Grains  de  froment 
empoisonnés  par  un  toxique  quelconque,  tel  que  la  strychnine 
et  colorés  par  des  anilines  alin  d'éviter  toute  erreur.  Il  arrive 
fréquemment  que  par  abréviation,  on  demande  dé  graiji  pales 
sari,  plaisamment/;»  les  canari  à  qwate  patte. 

Grain  jène,  jenywlle.  —  Grains  d'Avignon,  graines  du 
Rhamnus  int'ectorius,  L.  Sert  dans  la  teinture  en  jaune. 

Granat  (Fusch  1541). —  Grenade,  fruit  du  grenadier.  Ma/MS 
punica. 

Grands  père  (Spa),  pulmonaire,  herbe  â  poulmon  (Fusch 
1541).  —  Pulmonaire.  —  Pulmonaria  vulgaris  L.  Scrophula- 
riées.  La  plante  est  un  remède  populaire  contre  la  toux. 

Gripette,  aripe,  terre  (Defrecheux  :  Saive)  Leurre  (Verv.), 
Rampioul  (Spa).  —  Lierre  grimpant.  —  Hedera  hélix  L.  Hédé- 
racées.  Ses  baies  noirâtres  sont,  dit-on,  purgatives.  Les  feuilles, 
mises  en  macération  dans  du  fort  vinaigre,  passent  dans  le 
peuple  pour  le  meilleur  destructeur  des  cors  aux  pieds.  Effec- 
tivement, mais  c'est  le  vinaigre  qui  agit. 

Gruzalli  (roge)  di  Mamselle,  L.  Grouzié  Borin,  Grousier, 
yruselier.  liouche  yrusiele  Rouchi.  —  Groseiller  à  grappes 
rouges.  —  Ribes  rubra  L.  Ribésiées.  Les  fruits  ou  castilles 
servent  à  faire  le  sirop  de  groseilles  et  la  confiture  du  môme 
nom.  Le  yruzaltî  kmère,  blanque  grusieie,  Rouchi,  est  le  gro- 
seiller à  grappes  blanches,  Ribes  alba.  Les  feuilles  de  gro- 
seiller, employées  par  le  peuple,  proviennent  du  cassis  ou 
groseiller  noir,  Ribes  nigra,  dont  les  fruits  :  gruzalle  di  wandion, 
servent  à  faire  le  cassis  ou  rouge  liqueur.  Les  fruits  du  gruzali, 
grouzalli  (Morlanwelz).  Ribes  grossularia  L,  groseiller  à  maque- 
reau, bièle  gruzalle  L,  et  du  sâvage  gruzali,  blèle  grusieie,  Lille, 
groseiller  des  haies,  groseiller  épineux,  Ribes  uva  crispa  L, 
sont  recherchés  des  enfants. 


—  149  — 

H 

Hâgne.  Ecale,  silique  ou  silicule. 

Ham'lètte.  Amulette  (de  amovere,  éloigner  s-ent.  les  mau- 
vais sorts).  Substance  que  l'on  porte  sur  soi  pour  éloigner  les 
maladies  et  les  maléfices.  La  meilleure,  au  dire  populaire^,  est 
la  hamlètte  ou  coifTe  des  nouveau-nés.  Un  fil  rouge  prévient  les 
hémorrhagies  et  les  crampes,  une  corde  de  violon  préserve  des 
névralgies,  la  cire  à  cacheter  guérit  la  dyssenterie,  le  corail 
favorise  la  pousse  des  dents  des  enfants,  une  ceinture  de 
marrons  d'Inde,  ou  même  un  de  ces  marrons  en  poche,  éloigne 
les  rhumatismes  et  les  hémorrhoïdes ,  un  crapaud  séché 
garantit  du  choléra,  de  même  celui  qui  saigne  du  nez  portera 
une  clef  dans  le  dos,  etc. 

Hamustaî,  àbe  al  verjalte,  henistrai  (L),  haustaine  (Ard) 
Hauledame,  anse  di  pot,  canistia,  insitia  (N),  (flam.  Vogellijn, 
mistel  ;  angl.  âcmistel,  allem.  mistel)  —  Gui,  Gillon  —  Viscum 
album  L.  Loranthacées.  Plante  parasite  formant  corbeille  ou 
buisson,  à  feuilles  toujours  vertes,  plates,  allongées  et  charnues, 
à  branches  d'un  vert  clair  en  fourches  (dichotoraes).  Les  baies 
blanches  servent  de  nourriture  aux  oiseaux.  C'est  de  ces  baies 
et  de  l'écorce  qu'on  retire  la  glu  ou  verjalle.  On  trouve  fré- 
quemment le  gui  sur  les  pommiers,  poiriers,  peupliers,  etc.  où 
il  affecte  de  loin  la  forme  d'un  nid.  Le  gui  guérissait  jadis 
l'épilepsie.  Les  essais  médicaux  modernes  ont  fait  justice  de 
cette  réputation  usurpée.  On  connaît  le  rôle  important  du  gui 
chez  les  Grecs  et  chez  les  peuples  du  Nord  :  sa  rareté  sur  le 
roi  des  forêts  boréales,  consacré  à  Jupiter,  l'éternelle  venlure 
de  ses  feuilles,  symbole  d'immortalité,  la  division  dichotumi(iuc 
de  ses  tiges,  la  séparation  des  sexes  et  son  action  contre  les 
maladies  convulsives,  tout  en  faisait  un  objet  de  vénération. 
Chose  étrange,  aujourd'hui  encore  dans  diverses  campagnes 
de  France,  les  enfants  crient  au  nouvel  an  :  A  gui  l'an  neuf,  \c 


150 


giitheyl  (nom  germanique  du  gui)  en  est  le  quivalent  dans  la 
haute  Allemagne  et  en  Angleterre,  le  mistle  toe  joue  un  rôle 
symbolique  aux  fêtes  de  Noël. 

Havurna  (Spa),  liaverna  (V.),  Iiâvumak,  havernou  (L.)  bo 
d'caurete.  Rouchi.  Corette  N.  Sauvage  cure  Borin.  Pet  rai  Lux. 
ïia'wurgnon  (Malmedy). —  Sorbier  des  oiseleurs,  cochène,  frêne 
sauvage.  —  Sorbus  aucuparia  L.  Pomacées.  Arbre  à  fleurs 
blanciies,  réunies  en  bouquet,  auxquelles  succèdent  des  fruits 
globuleux  (sorbes,  peu  (Vhaverna,  corette,  Borin),  petits,  d'un 
rouge  écarlate  à  saveur  acide,  dont  les  grives  sont  fort  avides. 
Elles  renferment  beaucoup  d'acide  malique. 

On  trouve  de  même  dans  le  Luxembourg  l'alisier  blanc  ou 
alouchier  saue  péteuse.  Cratœgus  aria  L.  Sorbus  aria  Grantz  à 
feuilles  dureteuses  blanchâtres,  en  dessous  à  baies  oranges, 
plus  allongées  que  les  sorbes  et  à  bois  très  dur  fort  recherché 
des  tourneurs.  Les  feuilles  de  cet  arbre  constituent  un  excel- 
lent baromètre. 

Une  espèce  voisine,  le  sorbus  torminalis  Grantz  {Cratœgus 
torminalis  1^.)  Alisier,  rare  dans  notre  pays,  a  été  traduite  : 
petcliali  par  certains  auteurs,  le  fruit  permet  de  distinguer 
aisément  cette  plante  de  l'aubépine.  La  pechalle  de  l'aubépine 
est  rouge,  le  fruit  de  l'alisier  est  brun. 

Herbe  à  poulmon  (Fusch  1541).  Voyez  Grands  père. 

Herbe  à  savoin  (Fusch  1541).  Voyez  Hlèbe  di  foulon. 

Hidromel.  Hydromel.  Liqueur  à  base  d'eau  et  de  miel, 
fort  en  vogue  au  moyen  âge,  encore  en  vogue  contre  les  maux 
de  gorge.  Armonaque  borain  1889,  page  24  :  EUion,  el  leu  eié 
l'Ernae.  Voyez  Stami. 

Hièbe.  Jepp,  LV.  Hierpe,  Rouchi.  Gerpe  (Nivelle).  Herbe. 

Hièbe  â  piou.  Voyez  Simince  di  capucin. 

Hièbe  â  vier.  Hierpe  à  puches,  Rouchi.  Teinheie,  temhaye, 
ternie   haie.  —  Tanaisie  commune,  berbe  aux  vers.  —  Tanace- 


-  151  — 

tum  vulgare  L.  Composées.  Plante  très  odorante,  à  feuilles 
très  divisées,  commune  partout  et  donnant  en  juillet-septembre 
de  nombreuses  fleurs  jaunes  sans  rayons  en  corymbe  compact. 
Les  paysans  recueillent  la  plante  entière  et  en  font  des 
bottes  qu'ils  suspendent  aux  poudres  du  grenier.  Ils  la  donnent 
aux  animaux  domestiques  pour  les  débarrasser  des  vers  intes- 
tinaux. Ils  en  mettent  aussi  dans  les  litières  pour  chasser 
puces,  poux,  punaises,  cafards,  etc. 

Hièrpe  à  z-au,  Hainaut.  Aïet,  L.  Pied  d'asne,  franc.  L. 
Fusch.  Histoire  des  plantes  1558.  AUiaire  Erysimum  alliaria  L. 
Crucifères.  Plante  élevée,  à  feuilles  inférieures  très  larges, 
échancrées  en  cœur,  à  fleurs  blanches  (mai-juin)  en  grappes, 
à  saveur  d'ail.  Cette  plante  est  commune  dans  notre  région. 

Hièbe  d'aise.  Voyez  Aisse. 

Hièbe  du  bon,  Vér&ne.  —  Véronique  officinale,  Véronique 
mâle,  thé  d'Europe,  hierbe  aux  ladres,  fl.  Eereprys.  —  Vero- 
nica  officinalis  L.  Scrofulariées. 

Hièbe  di  bribeu,  rang,  bois  iCloubac,  hiebe  di  gueu,  ram- 
pioule.  Torlile,  Valenciennes;  Vis,  Meuse;  Bois  de  Fume, 
Avesne.  Trait  de  chien,  Vosges.  Rampille,  Normandie.  Cléma- 
tite des  haies,  berceau  de  la  Vierge,  vigne  blanche,  vigne  de 
Salomon,  aube  vigne,  vierne,  flam.  Bedelaarskruid.  — Clématis 
vilaiba  L.  Renonculacées,  Son  nom  populaire  fr.  et  w.  d'herbe 
aux  yeux,  herbe  aux  mendiants  provient  de  ce  que  les  men- 
diants s'en  secyaient  pour  faire  venir  à  la  peau  des  ulcérations 
superficielles,  mais  d'aspect  pitoyable. 

Hièbe  di  chanteu,  moslàde  di  liâye.  Roquette,  Borinage. 
(En  français,  la  roquette  est  un  genre  voisin  :  Eruca.)  Ilieppc  di 
chantre,  Vosges  (Haillant  ■ .  —  Velar,  tortelle,  herbe  aux  chantres, 
flamand  steenraket.  —  Erysimum  ou  Sysimbirum  officinale  L. 
Crucifères.  Plante  commune  à  petites  fleurs  jaunes.  D  ai)rùs  la 
lettre  de  son  parrain  Racine  (lettre  de  Racine  à  Boileau,  p.  5Ul , 


152 


Œuvres  de  Racine,  édit.  Firmin  Didot),  elle  devrait  s'appeler 
herbe  du  chantre. 

Hièbe  dichepti,  hiebe  di  sîtclie;  hiebe  (VegrouèleiFonv).— 
Scrotulaixe  aquatique,  herbe  du  siège,  herbe  aux  écrouelles.— 
S-h-opImlnria  aquatica,  L.  Scrophulariées.  Plante  à  tige  angu- 
laire, à  feuilles  crénelées,  à  fleurs  irrégulières  jaune  rou- 
geâtre  (juin-août).  Lors  du  fameux  siège  de  la  Rochelle  par 
le  cardinal  do  Richelieu,  les  vulnéraires  venant  à  manquer,  on 
se  servit  et  l'on  se  trouva  fort  bien  des  scrofulaires  croissant 
en  grande  quantité  dans  les  fossés  de  la  ville,  d'où  le  nom 
d'herbe  du  siège;  mais,  dans  la  suite,  perdant  cette  origine  de 
vue,  on  fît  siège  synonyme  de  séant,  et  la  scrophulaire  eut 
grande  et  vulgaire  réputation  comme  antihémorrhoïdal.  La 
dénomination  flieb  di  chepti  s'applique  aussi  à  l'achillée  mille 
feuilles. 

Hièbe  di  chèt,  bargamolte  L.  hierpe  d' cat,  Rouchi.  —  Herbe 
aux  chats,  menthe  de  chats,  cataire,  chataire.  —  Nepeta  cataria 
L.,  Labiées.  Plante  à  tige  élevée  et  à  fleurs  blanches,  ponc- 
tuées de  rouge,  en  épis  compacts  terminaux.  Rare  à  l'état 
spontané,  cette  plante  est  cultivée  dans  les  jardins  et  sert 
comme  stomachique. 

Hièbe  di  feu,  iebe  di  (et  (Orp-le-Grand).  Herbe  du  feu,  Lux.  ; 
(Dans  le  borinage,  Vherbe  de  feu  désigne  la  Bryone.)  Ellébore 
noire,  herbe  de  feu,  rose  de  Noël,  rose  d'hiver.  —  Elleborusniger 
L.,  Renonculacées.  Plante  vivace,  à  tige  non  feuillée,  à  fleurs 
d'un  blanc  rosé.  L'ellébore  noire,  dite  aussi  d'hiver,  est  souvent 
cultivée  pour  la  beauté  de  ses  fleurs.  Sa  racine  fait  éternuer. 

Hièbe  di  foulon,  herbe  à  savom  (Fusch  1541).  —  Saponaire 
officinale,  savonnière,  herbe  à  foulon.  -  Saponaria  o^cinalis  L. 
Dianthées.  Belle  plante,  à  fleurs,  d'un  blanc  rosé,  en  bouquets 
et  à  longue  racine.  La  plante  f  lit  mousser  l'eau  et  dégraisse. 
Un  recueille  les  feuilles  et  les  racines  qu'on  emploie  contre  les 
maladies  du  foie  et  de  la  vessie. 


—  153  — 

Hièbe  di  maqu'raî,  stramone,  pomme  épineuse  (Haccourt). 
—  Stramoinc,  pomme  épineuse,  pommette  épineuse,  herbe  du 
diable,  herbe  aux  sorciers,  herbe  des  magiciens,  endormie,  — 
Datura  stramonium  L.,  Solanées.  Plante  à  grandes  fleurs 
blanches  ou  violettes,  remplacées  par  un  fruit  ovoïde,  hérissé 
de  piquants  (assez  semblable  aux  marrons  de  nos  boulevards) 
et  renfermant  de  nombreuses  graines  noires.  La  stramoine  agit 
énergiquement  sur  le  système  nerveux,  les  sorciers  s'en 
servaient  au  moyen  âge  pour  produire  les  hallucinations  faisant 
assiterau  sabbat,  etc.  Toute  la  plante  est  très  vénéneuse. 

Hièbe  di  matrice.  —  Matricaire  otficinale.  —  Pyrelhriim 
parthenium.  Sm.  Composées.  Plante  à  fleurs  blanches  à  disque 
jaune,  à  feuilles  divisées.  Le  nom  dit  ses  propriétés.  A  Liège, 
on  emploie  de  même  et  sous  le  même  nom,  la  scolopendre 
ou  langue  de  cerf,  voyez  linwe  di  cier. 

Hièbe  di  meur.  —  Pariétaire,  perce  muraille,  aumure, 
herbe  aux  murailles.  -  Parietaria  ofjicinalis,  L.  Urticées.  Elle 
n'existe  que  rarement  dans  notre  pays  à  l'état  spontané  ;  on  en 
faisait  jadis  un  grand  usage  comme  diurétique. 

Hièbe  di  pièle.  Hierbe  a  pèles,  Rouchi.— Herbe  aux  perles, 
grémil,  milium  solis.  —  Lithospermum  officinale  L,  Borragi- 
nées.  Petite  plante  vivace  assez  rare  chez  nous,  à  semences 
blanches,  lisses  et  luisantes,  semblables  à  des  perles.  Elle  a 
joui  d'une  grande  réputation  comme  dissolvant,  par  sympa- 
thie, les  pierres  de  la  vessie. 

Hièbe  di  pauvre  homme,  hièbe  du  franc  dialle  (Spa).  — 
Gratiole,  herbe  à  pauvre  homme,  séné  des  prés,  petite  digitale, 
gratia  Dei.  —  Graliola  officinalis  L,  Scrophulariécs.  Petite 
plante  assez  rare  dans  la  partie  wallonne  du  pays  (Battice).  Elle 
possède  des  propriétés  purgatives  énergiques  et  assez  dange- 
reuses. 

Hièbe  di  porcèssion.  Herbes  de  procession, jonchée.  Amas 


—  154  — 

d'herbes  des  champs  dont  on  jonche  les  rues  au  passage  des 
processions  de  paroisse.  Lorsque  Je  Saint-Sacrement  est  passé, 
les  herbes  sont  considérées  comme  bénites,  aussi  le  peuple  les 
réco!te-t-\l  pour  éloigner  des  demeures  les  sortilèges  et  les 
animaux  nuisibles  :  souris,  punaises,  cafards,  etc.  L'odeur  forte 
de  plusieurs  des  plantes  composantes  suffit  pour  expliquer  cette 
action.  On  y  trouve,  en  effet,  de  la  tanaisie,  de  la  flouve,  de  la 
camonille,  etc. 

Hièbe  di  Saint  Jacques,  Hierbe  Saint-Jacques,  Rouchi. 
—  Séneçon  Jacobée,  Herbe  de  Saint-Jacques.  —  Seuecio  Jacobea 
L,  Composées.  Plante  à  fleurs  jaunes  commune  dans  les  champs 
et  les  bois.  On  l'emploie  en  infusion. 

Hièbe  di  Saint  J'han  {Hierpe  del  Saint-Jean  Rouchi), 
tanasi  (Fusch  1541).  —  Herbe,  ceinture  ou  couronne  de  Saint- 
Jean,  armoise.  —  Artemisia  vulgaris  L.,  Composées.  Plante 
d'environ  1  mètre  de  hauteur,  à  feuilles  divisées,  à  fleurs 
petites,  d'un  jaune  roux.  L'armoise  possède,  mais  à  un  degré 
moindre,  les  propriétés  de  sa  parente  :  l'absinthe. 

Hièbe  di  Saint  Josè'ph,padône.  —Tussilage  vulgaire, pas 
d'âne,  herbe  de  Saint-Quirin,  Ungula  caballina.  —  Tussilago 
farfara  L.,  Composées.  Plante  dont  les  feuilles  naissent  après 
les  fleurs  (d'où  le  surnom  de  filius  ante  patrem).  On  les  a  com- 
parées à  l'empreinte  du  pas  de  l'âne.  Le  pas  d'âne  est  très 
commun  sur  les  berges  de  nos  cours  d'eau  (canal  Liége- 
Maestricht,  par  exemple),  elle  constitue  un  bon  et  agréable 
pectoral  (d'où  son  nom  Tussis,  toux,  agere  chasser).  Le  terme 
chapai  cCâgne  du  dictionnaire  de  Gothier  est  probablement  à 
rapporter  à  chapai  d'aiwe,  tussilago  petasites. 

Hièbe  di  Saint  Roch,  L.  —  Herbe  de  Saint-Roch,  aunée 
anti-dyssentérique.  —  Inula  dyssenterica  L.,  Composées.  Goniza 
média  des  anciens  formulaires.  Elle  a  des  feuilles  embrassant 
la  tige  par  deux  larges  oreillettes,  donne  vers  la  Saint-Roch  des 
fleurs  jaunes  et  passe  pour  resserrer  les  flux  de  ventre. 


—  155  — 

L'autre  :  aulnée,  année  commune  ou  officinale,  Inule,  œil  de 
cheval  Goland.  —  Inula  helenium  L.  Composées,  Enula  helenium 
des  anciens  formulaires,  croît  dans  les  endroits  plantés  d'aulnes 
et  a  en  petit  le  même  aspect  que  la  fleur  du  soleil.  Les  anciens 
la  faisaient  naître  des  larmes  d'Hélène.  Ses  racines  ont  jadis 
joui  d'une  yrande  réputation  comme  excitantes  et  forti liantes, 
le  peuple  l'emploie  encore  aujourd'hui  contre  les  maladies 
de  cœur  et  l'hydropysie. 

Hièbe  di  songue.  —  Patience  sangdragon, oseille  rouge.  — 
llumex  sanyuineus  L.,  Polygonées.  La  racine  est  astringente. 

Hièbe  di  teneu  (Forir).  —  Redoul,  Sumac  des  corroyeurs, 
roure,  corroyère.  —  Coriaria  myrtifoha  L.,  Coriariées.  Cette 
plante  remplace  le  tan  dans  le  midi  de  la  France  pour  les  peaux 
destinées  à  la  maroquinerie. 

Hièbe  di  tindeu.  —  Genêt  des  teinturiers.  —  Genista 
tinctoria  L.,  Papilionacées.  Sous-arbrisseau  non  épineux,  dont 
les  fleurs  jaunes  jouissent  d'une  réputation  méritée  comme 
diurétiques. 

Hiflon,  Malmedy.  liufion,  Liège.  Cosse.  Brou  de  noix. 
Ghâton  de  noisette,  cupule  du  gland  Cf.  Scafion,  scafiette. 

Higne  d'apoticair.  Malmedy,  Greneden,  Rouchi.  Ilègne, 
hem  ou  lien  d'apoticàr,  L.  Mine  refrognée. 

L'origine  de  cette  expression  figurée  serait  due  suivant 
GGGG  aux  figures  grotesques,  servant  jadis  d'enseigne  aux 
officines  (Uim,  signifiant  figure  grotesque  à  Malmedy). 

Hitroule.  Foirole,  caquenlit.  —  Mercurialis  annua  L., 
Euphorbiacées.  Mauvaise  herbe  répandue  dans  tous  les  jardins 
et  dans  les  campagnes,  douée  de  propriétés  purgatives.  Li  jolie 
di  cliin,  Cynocrambe,  mercuriale  vivace  ou  mercuriale  de  chien 
Mercurialis  perennis , commune  dans  les  bois, est  plus  énergique, 
mais  n'est  pas  usitée. 

Hitte   d'aguèsse,    laite   iCouhai.    —  Cardamine,   cre^ssoii 


156 


des  prés.  —  Cardamine  pratensis  L.,  Crucifères.  Petite  plante  à 
fleurs  lilas,  et  à  saveur  de  cresson,  que  l'on  trouve  dans  les  prés 
humides.  On  donne  également  le  nom  de  lutte  d'Aguesse  à  un 
minéral,  la  pholérite,  qui  est  un  silicate  d'Alumine  hydraté. 

Hoisse,  Tan.  Sert  à  faire  des  injections  contre  les  pertes 
blanches. 

Hottalli,  purnalii.  — Prunier  épineux,  prunellier.—  Prunus 
spinosa,  L.  Amygdalées.  Arbrisseau  épineux,  à  fleurs  blanches, 
à  fruit  noir,  purnalle,  L.  fourdera'me  Rouchi,  petit  et  dressé. 

Houblon.  —  Houblon.  — //«mw/us  Lupulus  L.,  Gannabinées. 
(Ce  nom  de  petit  loup  lui  a  été  donné  par  Pline,  parce  que, 
dit-il,  il  étrangle  parfois  ses  tuteurs.)  Les  fleurs  en  forme  de 
cônes  consistent  en  écailles  verdâtres  imbriquées,  de  la 
grosseur  d'une  noix,  à  saveur  amère,  on  recueille  ces  trochets, 
plokâ,  plokelte,  on  fait  sécher.  Le  produit  peut  alors  être  livré 
au  commerce. 

Houyot.  Namur,  Bardane.  Les  campagnards  utilisent  sa 
racine  mélangée  à  celle  de  la  Suralle  di  Q'vau  contre  les  maux 
d'estomac.  Voyez  plaq  Madame. 

Hu.  L.  Heuz.  Malmedy  et  Namur;  lieuzi.  Malmedy.  —  Houx. 
—  Ilex  aquifolium,  L.  Ilicinées.  Arbre  à  feuilles  armées  de 
piquants,  toujours  vertes,  à  baies  rouges  et  dont  l'écorce  sert 
à  préparer  la  glu.  Les  baies  ou  cénelles  peu  d'hou  passent  pour 
être  vomitives. 

Huile  d'alun.  Armonaque  borain  1889,  p.  18. 

D' jai  su  jeun'  de  mes  dix  artoiles, 
In  nid  d'agass'  liméroiun, 
Dju  l'intorteye  avu  dell'  toile, 
Trimpie  in  dell'  bonne  huile  d'alun. 

Huile  vendue  par  un  empirique  des  environs  de  Frameries 
et  considôrf'>e  comme  un  spécifique  souverain  contre  les  cors. 

Huile  de  baleine  (Orp-le-Grand).  Huile  de  fo*e  de  morue, 
voyez  Ole  di  pehon. 


—  157  — 

Huile  decinq(Virton).  S.  ent.  sortes.  }Aé\angc  d'essence  de 
térébenthine,  d'essence  d'aspic,  d'huile  de  pétrole  rouge, 
d'huile  de  lin  et  de  racines  d'orcanette. 

Huile  de  pierre  (Virton).  Huile  de  pétrole. 

Huile  de  raisin  (Orp).  Voyez  ôle  di  raisin . 

Huta,  Spa.  Cône  de  galle,  pachenaude,  Lux.  —  Berce  branc 
ursine.  —  Heracleum  sphondylium  L.,  Ombellifères.  Fleurs 
blanches.  Dans  le  Nord  français,  les  gamins  vident  la  tige  et  en 
font  une  busèle  pour  souffler  des  baies  de  sureau  vertes,  d'où  le 
nom  de  crachou  donné  à  la  plante. 


lau,  s.  f.  Eau.  Borin. 

Idiote.  Voyez  leinlure  d'iode. 

Inc.  —  Corruption  fréquente  pour  zinc  surface  d'inc,  vitriol 
blanc,  sulfate  de  zinc.  C'est  sous  cette  forme  corrompue 
que  le  peuple  le  demande  comme  anti-blennorrhagique  et  anti- 
ophtalmique. 

Indigo.  Indigo.  Couleur  bleue,  dont  on  fait  un  grand  usage 
en  teinturerie.  Il  provient  de  diverses  espèces  d'Indigofera  des 
Indes  orientales  et  occidentales. 


Jaqueline.  Malmedy.  Pinte,  bouteille,  verreet  pot.  Suivant 
la  tradition,  Jacqueline  de  Bavière,  étant  dans  sa  prison, 
s'amusait  à  façonner  de  grossiers  pots  en  grès,  qu'elle  jetait 
dans  le  fleuve  et  que  les  habitants  recueillaient,  d'où  le  nom 
de  Jacobakrug,  Jacoba's  canetjcs,  Jacqueline^,  donné  à  ces 
vases. 

Jalofrène.   —    Œillet,  fl,  Girolïcl.  —  7J/a/t^/ui6' /..,  Caryo- 


—  158  — 

phyllées.  Les  pétales  des  œillets  donnent  un  sirop  réputé 
comme  pectoral, 

Jamène,  voyez  Belèjamène. 

Jène  cou  d'  châsse  d'Allemand.  —  Aconit  tue-loup.  — 
Aconitum  lycoctonum,  L.  Renonculacées.  —  Plante  à  fleurs 
jaunes  en- capuchon  (juin-juillet), à  feuilles  divisées.  Cette  plante 
assez  rare  dans  nos  bois  est  un  poison  violent. 

Jène  d'où,  mdiou.  Voyez  ou. 

Jennette,  hièbe  di  Noire-Dame,  L.  Jennete,  hierpe  de  mitrau 
Rouchi.  —  Millepertius.  —  Hypericum  perforatum,  L.  Hypéri- 
cinées.  Plante  à  feuilles  marquées  de  points  résinifères  trans- 
parents, d'où  son  nom  de  mille  pertuis  (trous)  et  à  fleurs  jaunes. 
On  emploie  les  fleurs  fraîches,  mises  en  macération  dans  l'huile 
d'olives,  contre  les  brûlures,  les  contusions  et  contre  les  poux  : 
huile  de  mitrau  (Mille  trous),  Rouchi. 

Jèbe,  v.  Hièbe. 

Jébe  du  cassin  (Spa).  Voyez  Fleur  di  Saini-Antône. 

Jèbe  du  froyon  (id.).  Voyez  Argintenne. 

Jèbe  du  poirfl  (id.).  Voyez  Digoime. 

Jèbe  du  ponte  (id.).  Voyez  Méd'cenne  du  bégenne. 

Jèbe  du  tigneu  (id.).  Voyez  Chapai  d'aiwe. 

Jet,  bourgeon. 

Jet  d'  sapin.  Bourgeons,  turions,  strobiles  ou  gemmes  de 
sapin.  Bourj^eons  du  pin  sauvage,  piniis  sylvestris.  Conifères. 
Remède  fréquemment  employé  et  devenu  populaire,  contre  les 
maladies  génito-urinaires. 

Jom.ha.de,  jobâde  {N.  Defrccheux,  Saive),  jonbar,  Rouchi, 
Savage  arlicho,  coronne  di  sin-Jhan,  L.  —  Joubarbe  des  toits, 
artichaut  sauvage.  —  Sempervivum  tedorum  L,,  Crassulacées. 
Plante  venant  sur  les  vieux  murs  et  les  toits  en  chaume,  donnant 
de  nombreux  rejetons  et  dont  les  feuilles  épaisses  et  charnues, 


-  159  — 

privées  de  Tépiderme,  servent  de  remède  populaire  contre  les 
cors  et  contre  les  hémorrhoïdes. 

Jotte.  Chou.  Les  choux  vert  et  rouge  furent  apportés 
d'Egypte  par  les  Romains,  les  blancs  nous  viennent  des  pays 
Scandinaves;  mais  ce  n'est  qu'après  Gharlemagne  qu'on  apprit 
à  les  faire  pommer.  La  croyance  aux  propriétés  médicales  des 
choux  est  résumée  en  ces  vers  : 

Les  choux  sont  astringents,  leur  jus  est  laxatif. 

Un  bon  potage  aux  choux  est  un  doux  purgatif.  (E.  de  S.) 

Jotte  di  chin.  Voyez  Hitroule. 

Jujube.  Fruit  du  jujubier,  à  saveur  de  datte,  cultivé  dans 
le  sud  de  la  France,  fort  employé  jadis  comme  pectoral  dans  la 
médecine  du  pays  de  Liège.  lia  donné  son  nom  à  la  pâte  de 
jujube  qui  actuellement  n'en  contient  plus  et  se  compose  de 
gomme  arabique,  sucre  et  eau  de  fleurs  d'oranger.  En  y  ajou- 
tant du  jus  de  réglisse,  on  obtient  li  mure  jujube^  jujube  noire, 
pâte  de  réglisse.  Ces  deux  pâtes  sont  d'un  goût  agréable  et  fort 
adoucissantes. 

Junièsse,  Verv.  Gniesse.  Jiniesse  L.,  Ginette,  Borin.— Genêt 
à  balai.  —  Getiista  scoparia.  Papilionacées. 

Jus.  Jus,  suc  de  fruit. 

Jusêye.  Jus  de  réglisse,  extrait  de  réglisse  en  bâtons. 

Jusêye  di  bois.  Voyez  bois  rf'  focoutiss. 

Klavai  (Gothier).  Carbonate  de  fer. 

L. 

Laissai,  L,  Lâcha,  lachau,  Hain.  lasia  (N),  lait.  A  été  juste- 
ment appelé  chair  liquide.  C'est  le  meilleur  aliment  de  l'enfance 


—  160  —     , 

ot  des  personnes  affaiblies.  Il  sert  à  masquer  la  saveur  de 
différents  médicaments.  I^e  peuple  dit:  11  crou  laisai  fait  prugi, 
li  eût  resserre. 

Laissai  du  Notru-Dame.  Voyez  Sucette. 

Lai"we  du  bouf  (Verv.).  Bolet  hépatique,  sans  stipe, 
fixé  sur. les  vieilles  souches  et  au  pied  des  chênes.  Il  est  rouge 
brunâtre,  apparaît  de  septembre  en   octobre  et  est  comestible. 

Lame,  miel.  Base  d'une  foule  de  remèdes,  surtout  contre  les 
rhumes  de  poitrine  et  les  maux  de  gorge.  Del  lame,  on  jène 
d'où  et  de  cognac,  vi  fet  qwite  de  méchant  freu.  —  Qwant  on- 
s-a  on  ma  d'  gorge,  i  fât  s'  gargouï  aveu  dèl  lame  è  dèvinaigue. 

Lapis  ou  lapoiis,  L.  lapure,U&ma.iit.  Brouet  d'eau  et  de  son, 
d'eau  et  de  graine  de  lin,  etc.,  que  l'on  donne  à  boire  aux 
chevaux. 

Lapson,  L.  (Fusch  1541),  blanc  laitison,  Hainaut.  — 
Laiteron  maraîcher,  flam.  Melkdistel.  —  Sonchus  oleraceus, 
Composées. 

Lavande,  lavinde.  —  Lavande  commune  ou  officinale.  — 
Lavandiila  vera  L.,  Borraginées,  Plante  de  jardin  à  tige  grêle, 
à  feuilles  linéaires  blanchâtres,  à  fleurs  bleues  petites  en 
épis.  Son  odeur  est  forte  et  agréable,  aussi  l'emploie-t-on  en 
fumigations,  comme  aromate  pour  le  linge,  en  teinture  dans  le 
genièvre  comme  parfum  pour  le  mouchoir  et  en  compresses 
comme  remède  contre  les  coups. 

Lavasse  L.,  herbe  de  lappe,  Luxembourg.  — Livèche,  ache 
des  muiilagnes  ;  lavaskruid  flam.  —  Levisticum  oIJicinale, 
Ombellifères.  Ses  propriétés  stimulantes  ne  sont  guère  mises 
à  profit. 

Lav'mint,  lavement.  Les  plus  employés  par  le  peuple  sont 
ceux  à  l'eau  et  au  savon  du  Marseille,  à  l'huile  d'olive,  à  l'huile 
de  ricin,  à  la  graine  de  lin,  à  l'amidon,  tous  à  l'eau  tiède  et  à 
l'eau  froide  :  celui  au  sel  de  cuisine  ou  au  sel  anglais. 


-  161  — 

L,SL^}vri.  -  Laurier  franc,  laurier  noble,  laurier  d'Apollon.  — 
Laitnis  nobilis  L.,  Laurées.  Arbre  élépant  à  feuilles  toujours 
vertes,  à  fleurs  jaunes  auxquelles  succèdent  des  baies  bleues, 
grosses  comme  des  prunelles.  De  ces  baies,  on  retire  une  huile 
verte,  épaisse,  dont  on  se  sert  souvent  pour  frictionner  le 
bétail  et  les  chevaux  aux  muscles  affaiblis.  Elle  possède  la 
propriété  d'éloigner  les  mouches  par  son  odeur. 

Levai  {levin,  Fusch  1541).  Le  levain  entre  dans  la  composi- 
tion des  remèdes  contre  la  fièvre  lente  et  se  demande  «  à  l'hon- 
neur di  Diu  ».  Il  agit  comme  rubéfiant.  Le  mélange  se  compose 
de  camphre,  farine  de  seigle,  Heur  de  bouillon  blanc,  jaune 
d'œuf,  levure,  semences  de  pavots  et  semences  d'orties. 

Levronne.  —  Aurone,  aurone  des  jardins,  aurone  mâle, 
ivrogne.  —  Artemisia  abrotanum  L.,  Composées.  Plante  à  odeur 
forte  et  agréable,  souvent  cultivée  en  pot. 

Lichen,  par  corruption  nickel.  Voyez  mossai  d'mer. 

Limonade,  lemonâde.  Eau  sucrée  dans  laquelle  on  a  découpé 
des  tranches  de  citron  ;  liquide  apaisant  bieu  la  soif. 

Limonade  di  Rogé,  par  corruption  Limonade  Rogier. 
Limonade  puryalive  préparée  d'abord  par  le  pharmacien  Rogé. 

Lin.  —  Lin.  —  Linum  usitatissimwn  L.,  Linées.  Voyez 
grainette. 

Linwe  di  bouk.  —  Langue  de  bouc,  vipérine.  —  Ecliium 
vulgare  L.,  Borraginées.  Feuille  en  forme  de  langue,  fleurs 
bleues  en  épis.  Son  infusé  est  pectoral. 

Linwe  di  chin.  —  Langue  de  chien,  cynoglosse,  flamand  : 
hondstong.  —  Cynoglossum  oIJicinale  L,  Borraginées.  Feuilles 
longues,  grisâtres,  fleurs  rouges  en  épis.  Pectoral. 

Lin^we  di  cliin.—  Petit  plantain.  —  Planlago  lanccolata  L., 
Plantaginécs.  Employé  en  infusion  dans  la  diarrhée,  conlri'  les 
sueurs  nocturnes  et  pour  laver  les  plaies. 

11 


-  162  — 

L.iii"we  di  cier,  Inèbe  di  matrice.  —  Langue  de  cerf,  langue 
de  bœuf,  scolopendre.  —  Scolopendrium  officinale,  Sm.  Fougères. 
On  voit  en  juin-septembre  ses  longues  feuilles  vertes  dont  le 
dos  est  iTiuni  de  deux  rangées  de  fructifications  brunâtres. 
Remède  populaire  féminin. 

Lise  di  vin.  Lie  de  vin,  fœces  vini.  Liquide  épais,  visqueux 
et  coloré  constitué  par  le  dépôt  qui  se  forme  au  fond  des  bar- 
riques de  vin.  On  fait  prendre  des  bains  de  lie  aux  personnes 
affaiblies  et  surtout  aux  enfants  faibles  sur  jambes.  Dans  le  sud 
de  la  France,  on  emploie  de  même  l'amurca,  marc  déposé  de 
l'huile  d'olives  nouvelle  et  cuit  dans  un  vaisseau  de  cuivre. 

Live.  Livre.  Les  ouvrages  de  médecine  consultés  parle 
peuple  sont,  en  français  :  Le  solide  trésor  du  petit  Albert  ; 
les  secrets  d'Albert-le-Grand  ;  les  remèdes  du  chapelain  Van 
den  Bossche,  etc  ;  dans  un  ordre  plus  scientifique  :  les  ma- 
nuels Raspail,  Dehaut,  Dubois,  etc.  Quant  aux  ouvriers  d'origine 
flamande,  ils  ont  surtout  recours  à  De  nieuwe  troost  der 
armen  door  G.  Simons. 

Lumçon,  L.  Lemechon,  Rouchi.  Limace.  C'est  avec  ce 
mollusque  dépourvu  de  coquille  que  le  peuple  fait  le  sirop  de 
limaçons.  Magistralement,  il  se  prépare  avec  l'escargot,  cara- 
cole. Helix  pomatia,  qui  est  muni  d'une  coquille.  Au  pays  de 
Liège,  le  sirop  fait  avec  ce  gastéropode  jouit  d'une  grande 
réputation  comme  souverain  remède  des  bronchites  et  de  la 
coqueluche. 

Lysibe.  —  Hysope.  —  Hyssopus  officinalis  L.,  Labiées.  Plante 
à  feuilles  entières,  épaisses,  d'un  vert  sombre,  à  fleurs  d'un 
beau  bleu  (juillet-septembre)  en  épis,  à  odeur  agréable,  souvent 
employées  en  infusion  comme  pectorales. 

Lutertum.  Ce  mot  généralement  employé  à  Liège  et  dans 
les  environs  est  une  corruption  du  terme  nutritum  sous-entendu 
unguentum,  nom  donné  à  l'onguent  de  litharge,  «  parce  qu'il  se 


—  163  — 

fait  en  nourrissant  rhiiile,  le  vinaigrcet  lalitliargo  peu  :\  peu  en- 
semble et  leur  donnant  un  corps  qu'ils  n'avaient  point  étant 
séparés.  »  Pharm.  liég.  1740.  Actuellement,  on  donne  abusive- 
ment ce  nom  à  la  pommade  à  l'oxyde  de  zinc,  qui  possède  des 
propriétés  à  peu  près  semblables. 

M 

Mahi.  Mêler,  mélanger;  couper,  frelater  en  parlant  des 
liqueurs. 

Mai-trank.  —  Aspérule  odorante,  hépatique,  petit  muguet, 
reine  des  bois.  —  Asperula  odorata  L.,  Rubiacées.  Plante 
à  feuilles  vertici liées,  à  petites  fleurs  blanches,  à  odeur  agréable, 
souvent  cultivée  comme  bordure.  Infusée  dans  du  vin  blanc,  elle 
sert  de  boisson  rafraîchissante  et  digestive  :  vin  de  mai. 

Malètte  ou  palette  dï  bitryi,  bonis  do  btrgis  (Fusch  1541). 
Amourèlte,  Borin.  —  Bourse  à  pasteur,  tabouret,  molette.  — 
Thlaspi  biirsapastoris  L.,  Crucifères.  Petite  plante  très  répandue, 
à  fleurs  blanches  (mai-novembre),  à  fruit  (silicule)  en  forme 
d'aumonière.  C'est  un  remède  populaire  contre  les  crachements 
et  la  faiblesse  de  sang. 

Margarite,  reine  marguerite  L.,  Manchette,  Caïe,  queue  de 
chat,  Luxembourg.  —  Reine  marguerite,  grande  marguerite.  — 
l'yrethrum  lencanlliemum  L.,  Composées. 

Mariolaine(Remacle  Fusch).  —  Marjolaine.  Sampsucus.  — 
Origanum  major ana  L.,  Labiées.  Est  maintenant  plus  fréquem- 
ment employée  dans  les  cuisines  que  dans  les  officines. 

Maroupe.  —  Marrube  vulgaire.  —  Mariubium  vulgnreL., 
Labiées.  La  lige  et  les  feuilles  sont  laineuses. 

Massoque,  Luxembourg;  Huurdon,  Borin.  —  Jacée.  — 
Ceniaiirea  jaceaL. , Composées.  Plante  très  conunune.lleuris.sant 
en  juin-septembre. 

Mastouche,  bra&a  délie,  capucennc.  —  Cresson  des  Indes  ou 


—  164  — 

du  Mexique,  capucine.  —  Tropeolum  majus  L.,  Tropœolées.  On 
semble  ignorer  dans  nos  provinces,  où  cependant  cette  plante 
est  en  grande  vogue,  ses  analogies  avec  le  cresson  et  le  charmant 
effet  décoratif  qu'obtiennent  les  Français  en  garnissant  leurs 
salades  des  fleurs  et  des  feuilles  de  ce  légume.  Cependant  on 
fait  confire  les  semences  à  l'instar  des  cornichons. 

Matrone.  —  Julienne,  Giroflée  ;  violette  des  dames  ou  de 
Damas:  Dodonœus  1608;  violette  des  matrones,  matrones. 
Damas.  Valenciennes  (Hécart,  dictionnaire,  Rouchi)  flamand  : 
Damasbloemen.  —  llesperis  malronaUs  L.,  Crucifères.  Il  y  a 
deux  variétés  :  l'une  à  fleurs  blanches,  l'autre  à  fleurs  lilas. 

Mâvlette,  voyez  hlanque  mâvlelte. 

Medcène  di  beguène,  medcène  di  priesse  L.,  lebe  du 
ponte,  Spa.  -  Centaurée  ;  petite  centaurée,  herbe  au  centaure 
Chiron.  —  Gentiana  centaurium  L.,  Gentianées.  Toute  la  plante, 
qui  possède  une  amertume  prononcée,  était  jadis  employée 
comme  fébrifuge  avant  la  découverte  du  quinquina.  Aujourd'hui, 
on  n'utilise  plus  que  les  sommités  fleuries. 

Medcène  Leroi,  ^-fedcène  de  roi  (corruption  presque 
générale).  Médecine  ou  purgatif  Leroy.  Purgatif  liquide  que  des 
petites  brochures  avaient  rapidement  vulgarisé  il  y  a  un 
demi-siècle.  Au  siècle  dernier,  on  trouvait  également  partout 
dans  le  pays  de  Liège  des  plaquettes  vantant  le  mérite  de  la 
poudre  purgative  d'Irroé  dont  la  vogue  vient  à  peine  de  cesser. 

Mekin,  racine  et  poudre  d'œuf  (Virton)  ;  jène  rècène.  — 
Curcuma.  Racine  de  Curcuma  des  Indes,  fort  employée  pour  la 
teinture  en  jaune  :  cordonnier,  etc. 

Mélasse,  sirûpe  di  souk.  Mélasse,  résidu  du  raffinage  du 
sucre,  fort  employé  dans  la  médecine  vétérinaire  pour  édul- 
corer  les  poudres  et  les  breuvages  destinés  aux  animaux  domes- 
tiques. 

Mène  di  plonk,  pion  d'Espagne.  Mine  de  plomb,  crayon, 


—  165  — 

graphite.  Chimiquement  c'est  du  carbone  et  non,  comme  son 
aspect  le  fait  croire  au  peuple,  un  composé  de  plomb. 

Mercure,  vifârgint.  Hydrargyre,  vif  argent,  mercure.  Le 
plus  terrible,  mais  aussi  le  meilleur  des  spécifiques  des  maladies 
vénériennes.  Les  colporteurs  vendent  sous  le  nom  de  teinture 
di  nickel,  extrait  d"  nickel,  des  petites  fioles  cachetées  contenant 
un  liquide  clair  servant  à  nickeler  instantanément,  suivant 
eux,  tous  vos  objets  en  cuivre.  Ce  produit  dangereux  est  une 
solution  de  nitrate  acide  de  mercure. 

Mèseure,  musôre  (Malmedy).  Jadis  les  poids  et  les  mesures 
devaient  être  scellés  par  la  justice  locale.  Les  mesures  pour  les 
liquides  étaient  :  l'aime  d'une  l/'2  tonne,la  tonne  de  80  pots,  le  pot 
de  deux  pintes,  la  pinte  de  deux  chopines,  la  chopine  de  quatre 
mesurettes.  Pour  les  huiles,  la  jusse  de  14  pots.  Une  ancienne 
mesure  française  usitée  en  pharmacie  était  le  poiçon  (posson) 
valant  quatre  onces.  Dictionnaire  des  Arts  et  Métiers  verbo 
Apothicaire. 

Mespli,  L.  Népié,  Borin.  —  Néflier,  flam.  Mispelboom.  — 
Mespilus  (jermanica  L.,  Pomacées.  Les  fruits  :  nèfles,  messg  et  les 
feuilles  sont  employées  comme  astringentes,  c'est,  avec  le 
décocté  de  plantain,  un  remède  populaire  contre  la  diarrhée. 

Mi-fouye, /i/èfte  rf/sodâH.—  Millefeuille,  herbe  aux  coupures, 
aux  charpentiers,  aux  voituriers,  aux  militaires;  sourcil  de 
Vénus.  —  Achillea  millefulium  L.,  Composées.  Petite  plante  à 
feuilles  très  diviséeSjSetenant  près  du  sol  et  à  fleurs  blanches  ou 
rosées,  formant  bouquet  au  haut  d'une  tige.  Fraîche  et  hachée 
ou  mâchée,  elle  cicatrise  les  blessures  léî];ôres;  son  infusion,  dit 
le  peuple,  arrête  les  pertes  de  sang  de  toute  espèce. 

Minthe,  pastille.  —  Menthe  poivrée,  fl.  peppermunt.  — 
Mentha  piperita  L.,  Labiées.  La  plante  et  la  pastille  faite  avec 
son  essence  sont  fort  employées  contre  les  dérangements 
d'estomac. 


—  166  — 

Miole,  Mœlle.  La  mœlle  de  bœuf  sert  à  faire  des  pommades 
fort  réputées  comme  fortifiant  la  chevelure. 

Mistére.  Mystère.  Nom  donné  à  toute  substance  dont  le 
possessear  fait  un  secret,  se  dit  surtout  en  parlant  d'appâts 
pour  la  pèche  :  essence  d'amandes  amères,  d'anis,  d'aspic, 
avoine  bouillie,  coque  du  levant,  etc. 

Mohe.  —  Mouche  d'Espagne,  mouche  cantharide.  —  l/doé" 
vesicalorius  L.,  Coléoptères. 

Moksa  (Forir),  moxa.  Mèche  faite  avec  des  duvets  de 
plantes. 

Mordant.  Mordant.  Substance  destinée  à  faire  adhérer, 
mordre  une  matière  sur  une  autre. 

Morelle.  —Morille.  —  MorcheUn  esculcnta.  Champignons. 
Comestible. 

Moron.  Diverses  plantes  servant  à  la  nourriture  des  petits 
oiseaux  portent  ce  nom  :  1"  li  blanc  Moron,  Mouron  blanc, 
mouron  des  oiseaux,  morgeline,  morsus  gallina,  Ahine  média 
L.,Caryophyllées  à  fleurs  blanches  et  à  feuilles  cordées  ovales  ; 
2°  //  roge  moron,  loquin,  Hainaut,  mouron  rouge,  li  bleu  moron, 
mouron  des  champs.  Anagallis  arvensis  L.,  Primulacées  à  fleurs, 
ayant  la  corolle  rose,  rouge  ou  bleue,  venant  à  l'aisselle  des 
feuilles  opposées. 

Mort  aux  vers  (Virton).  Semen  contra. 

Mossai  d'châgne,  pulmonaire  L.,  Mossirai,  Luxemb.  — 
Lichen  pulmonaire,  pulmonaire  en  arbre,  pulmonaire  du  chêne, 
herbe  aux  poumons.  —  Lichen  pulmonanus  L.  Expansions  en 
croûtes  rugueuses,  à  réseau  marqué,  d'un  blanc  gris  sale  par- 
semé de  tâches  vertes,  dont  on  se  sert  dans  les  maladies  du 
poumon,  concurremment  avec  les  deux  suivantes  : 

Mossai,  Lichen.  —  Mousse  ou  lichen  d'Islande.  —  Pliyscia 
islandica  D.  C.  Lichénées.  Expansion  foliacée,  rameuse,  d'un 
brun  fauve  ou  grisâtre,  coriace,  mucilagineuse. 


—  167  — 

Mossai  blanc,  mossai  (Vmer,  blanc  moussé  (Morlanwelz).  — 
Lichen  carragheen,  mousse  d'Irlande, mousse  perlée  marine.  — 
Fucus  crispus,  L.  Algues.  Cryptogame  à  divisions  dichotomiques, 
corné,  élastique,  d'un  blanc  jaunâtre,  insipide,  formant  avec 
l'eau  5  à  6  fois  son  poids  d'une  gelée  très  consistante  et  insipide. 
Cette  gelée  sert  aux  falsificateurs  pour  faire  les  sirops  dits  de 
fruits,  des  confitures,  etc. 

Mossai  d' vier,  mossai  d'mer  po  les  vier.  —  Mousse  de  mer. 
Mousse  de  Corse  (par  corruption  :  mousse  d'écorce).  —  Sphœro- 
coccus  helmintochorton,  Agardh.  Algues.  Plante  dure,  de 
couleur  gris  rougeâtre,  à  filaments  enchevêtrés,  dichotome. 
Longtemps  on  l'a  utilisée  comme  vermifuge. 

Mostâde,  L.  moustarde  (Morlanwelz).  —  Moutarde  noire, 
moutarde  grise.  —  Sinapis  niifra  L.,  Crucifères.  Plante  à  fleurs 
jaunes  en  longues  grappes.  Son  fruit  (silique)  contient  de  très 
petites  graines  (wall.  grainette)  rondes,  rougeâtres,  à  odeur 
faible.  En  pulvérisant  cette  graine,  on  obtient  la  farine  de 
moutarde;  voyez  f arène  di  mostâde.  Privée  d'huile  grasse,  elle 
constitue  la  base  des  Sinapismes  de  Rigollot  :  blanque  èplâsse  di 
mostâde,  sinapis,  rigollot. 

Mostâde  (blanque).  —  Moutarde  blanche,  moutarde 
anglaise.  —  Sinapis  alba  L.,  Crucifères.  Les  graines  sont  plus 
grosses  et  d'un  jaune  clair.  Elles  constituent  un  remède 
populaire  :  1  cuillerée  à  café  le  matin  à  jeun,  contre  la  gastrite 
et  la  constipation.  Elle  sert  à  préparer  la  moutarde  alimentaire. 

Mostâde  di  champ  L.,  Senel.  Luxemb.  —  Moutarde  des 
champs;  Sénevé.  —  Sinapis  arvensis,  L.  Crucifères.  Sa  graine, 
avec  laquelle  souvent  on  falsilie  la  moutarde  noire,  ne  possède 
aucune  énergie. 

Mostâde  di  capucin  ;  Mostâde  du  d'jvau  (Spa).  —  Moutarde 
des  moines,  des  capucins  ou  des  Allemands,  radis  de  cheval, 
raifort  sauvage.  —  Annoracia,  raptianum  rusticum,  (Àichleana 
armoracta  L.,  Crucifères.  Crande  plante,  à  feuilles  de  la  base 


—  468  — 

amples,  obloiiiJîucs  et  dentées,  à  lleurs  blanches  (mai-juillet),  à 
souche  renflée,  charnue,  très  développée.  Celte  racine  est 
antiscorbutique,  stomachique  et  pectorale,  le  peuple  l'emploie 
ou  râpée",  avec  du  sucre  noir  fondu,  ou  confite  en  tranches 
minces  dans  du  vinaigre. 

Savage  mostâde,  mostâde  di  hâije.  Nom  donné  à  diverses 
plantes  à  saveur  piquante,  exemple  :  le  velar,  voyez  hièbe  di 
chanteu,  etc. 

Mouche.  Nom  donné  au  sparadrap  vésicatoire  à  base  de 
mouche  cantharidê. 

Muralli,  Muret,  L.  Meiiret,  meuret,  Mons  Muraillez,  meuret, 
jalofrenue  a  pursui,  violette  du  kioaremm'  (Spa),  Ginofrée,  picard 
et  lorrain.  Génojrée,  Valenciennos.  Cambresis.  Luxembourg 
wallon  :  Dasnoy.  Muret,  Valenciennes.  —  Violier  jaune,  giro- 
flée jaune,  flam.  geel  violieren.  Dodonœus  ;  muurblom,  grofl"e- 
Her —  CheiraiUlms  (arabe,  cheiri  ;  grec,  avBoç),  cheiri,  L.  Cru- 
cifères. 

Murguet,  muguet.  —  Muguet  de  mai,  lys  des  vallées.  — 
Convallaria  majalis,  L.  Asparaginées.  Plante  printanière  for- 
mée de  quehjues  feuilles  oblongues  et  de  fleurs  blanches  odo- 
rantes en  grappe.  Employée  scientifiquement  comme  remède 
des  maladies  du  cœur. 

Musse.  —  Musc,  —  Mimulus  moschatus,  L.  Scrophulariées. 
Petite  plante  à  fleurs  jaunes,  dont  l'odeur  musquée  écarte  les 
mouches. 

Musse.  Moskion.  Musc.  Parfum  pénétrant  provenant  de 
l'animal  du  même  nom. 

IV 

Navai,  L.  Naviau,  navia,  Borin.  —  Navet.  —  Brassica  napus 
L.  (Crucifères.  Un  des  assaisonnements  du  pot  au  feu.  Râpé  cru, 
le  peuple  l'emploie  en  cataplasme  contre  les  maux  de  gorge. 


—  169  — 

Navette,  L.  GoJza,  Borin  (Colza  -  Brassica  campestris,  L. 
Crucii'ùres  (la  véritable  navette  est  une  espèce  très  voisine). 
Elle  donne  des  semences  noires  servant  à  la  nourriture  des 
oiseaux  et  contenant  la  moitié  de  leur  poids  d'huile  :  ûbi  di 
navette,  voyez  ce  mot. 

Nawai,  namvai  L.  Navia^  Mons.  Amande  du  noyau.  L'in- 
térieur des  noyaux  {pirette)  de  certains  fruits  :  cerise,  prune, 
abricot,  pèche,  recherché  et  mangé  par  les  enfants.  Une  trop 
grande  quantité  absorbée  pourrait  déterminer  des  accidents, 
à  cause  du  contenu  en  acide  cyanhydrique.  Les  gamins 
s'amusent  souvent  à  user  sur  2  faces  des  noyaux  de  prune  ou 
d'abricot  de  façon  à  provoquer  deux  trous  qui  correspondent, 
alors  seulement,  ils  en  extraient  Tamande  et  le  noyau  vide  leur 
sert  d'appeau. 

Némoscâde,  L.  Lémoscâde  (Hock).  Mémouscdde  (Lux.  wal. 
Dasnoy,  dictionnaire  1858)  Amou-<cate,  Rouchi.  Aînouscade, 
amouscaye.  sf.  Borin.  Mémoscade  Verv.  —  Noix  de  muscade.  — 
Myrislka  moschala.  Thunb.  Myristicées.  Outre  sonusage  comme 
condiment  et  comme  aromate,  il  sert  en  médecine  populaire  de 
révulsif  bénin  pour  les  rhumes  des  enfants  :  épiasse  di  papi  et 
d' chandelle  avou  del  némoseade. 

Neuhe,  neuhette,L.  xAt'u,  Malmedy.  —  Noisette.  Voyez  C(îr. 
Maintes  fois,  on  vient  demander  au  pharmacien  de  remplir  une 
noisette  de  mercure,  sans  vouloir  en  indiquer  l'usage.  L'ouvrage 
intitulé  :  La  médecine,  la  chirurgie  et  la  pharmacie  des  pauvres. 
Paris  1839,  par  a  un  professeur?»  renseigne  le  remède  suivant 
comme  souverain  pour  conjurer  l'aura  epileptica:  Une  noisette, 
remplie  de  vif-argent,  enveloppée  d'écarlate  et  pendue  au  cou 
d'un  cpileptique. 

Neuhe  di  galle.  —  Noix  de  galle  (du  Quercus  infcctoria), 
flam.  galnoten.  La  poudre  grossière  sert  dans  la  teinture  en 
noir  et  dans  le  pseudo-damassage  des  canons  de  fusils.  Voyez 


—  170  — 

Neur,  noir. 

Neur  bâr,  voyez  bdr. 

Neur  Cou  L.  1°  llaring,  iurin,  erin  à  cause  de  l'odeur. 
Bonn.  —  La  carie  des  blés,  —  Ttlletia  caries.  Ustilaginées. 
Champignon  dont  on  préserve  le  blé  par  le  chaulage  ;  2°  Tar- 
treïe  (Malmed.)  Baron.  Rouchi  et  Borin,  —  Nielle  des  blés.  — 
Lyclmis  ghitago ,  Lamk.  Garyophyllées.  Elle  porte  aussi  le  nom 
de  niguion,  nid'wii  qui  désigne  à  proprement  parler  la  semence 
qui  est  noire  (nigrum).  Cette  plante,  abondante  dans  les  mois- 
sons, donne  en  juin-juillet,  des  fleurs  purpurines. 

Neur  vrassin,  neur  clâ,  dm  dieu.  —  Seigle  ergoté.  — 
Sclerotium  clavus.  D  C.  Nectriacées.  Champignon  qui,  surtout 
sur  le  seigle,  se  substitue  au  grain  en  afiectant  la  forme  d'un 
ergot,  noir  à  l'extérieur,  blanc  bleuâtre  à  l'intérieur.  Sa  poudre 
{ponde  di  sège  dame)  est  journellement  employée  par  les  accou- 
cheuses. 

Nûle  (cf.  allem.  nudel,  pâte)  et  Nieulle  Rouchi,  pain  à 
cacheter,  bas  latin  nebula,  oublie).  Hostie,  pain  à  chanter,  pain 
azyme,  oublie.  Pâte  de  froment,  s'amoUissant  par  l'eau,  servant 
à  envelopper  les  médicaments  solides  à  saveur  désagréable 
et  à  les  introduire  dans  les  voies  digestives,  sans  que  le  goût 
en  soit  alfecté. 

O 

Odeur,  f^ssence,  parfum. 

Œil  de  grue  (Morlanwelz)  flam.  Kragen  ooge.  —  Noix 
vomique.  Fruit  en  disque  aplati  du  Strychnos  nux  vornica,  L. 
Strychnées.  La  poudre  de  noix  vomique  mélangée  à  de  la 
viande  (boket,  L.)  empoisonne  les  animaux  qui  l'absorbent  : 
corbeaux,  renards,  etc.  Son  emploi  comme  tel  est  général 
dans  les  campagnes  belges. 

Ognon.  Oignon,  bulbe  en  général. 


—  171  — 

Ognon.  — Oignon.  —AUium  cepa,  L.  Liliacées.  Aliment  bien 
connu.  Iléduite  en  pulpe  par  la  cuisson,  puis  additionnée  d'am- 
moniaque, elle  forme  un  cataplasme  fort  employé  par  le  peuple 
contre  les  maux  de  gorge  ;  c'est  un  remède  dangereux.  On  sait 
que  la  a  pelure  *  teint  les  œufs  en  brun.  Le  suc  d'oignon 
constitue  une  encre  sympathique. 

Ognon  d'mér.  —  Oignon  de  mer,  squille,  scille  mari- 
time. —  Scilla  maritima,  L.  Liliacées.  Le  peuple  l'emploie 
contre  riiydropisie,  après  avoir,  au  préalable,  fait  macérer  le 
bulbe  dans  du  vin  blanc.  Ce  même  bulbe  pilé  avec  du  fromage 
détruit  les  rats  et  les  mulots. 

Ole  (latin,  oleum).  Absolument  se  dit  comme  en  français  de 
l'huile  d'olives,  Ole  d'olive,  base  d'une  foule  de  préparations 
culinaires  et  pharmaceutiques.  A  l'intérieur,  on  emploie  comme 
fortiliant  Thuile  battue  avec  du  vin  (formule  du  Baume  Sama- 
ritain) ou  avec  du  cognac  et  un  jaune  d'œuf;  ce  dernier 
mélange  surtout  est  en  grande  réputation  auprès  du  peuple 
liégeois. 

Ole  d'amande.  Huile  d'amandes  douces.  Remède  devenu 
populaire  des  maladies  de  l'appareil  auditif. 

Ole  antique.  Parfumerie.  Huile  de  ben  ou  d'arachides 
aromatisée  à  l'essence  de  bergamotte.  S'emploie  au  lieu  de 
pommade  pour  lustrer  la  chevelure. 

Ole  d'aspic.  Essence  d'aspic  de  la  LavanduLa  spica.  Labiées. 
Sert  comme  appât  pour  la  pèche,  entre  dans  plusieurs  remèdes 
populaires  anti-rhumatismau.x  et  préserve  les  vêtements  des 
teignes. 

Ole  di  croton,  par  corruption  aie  di  creton  ;  huile  de  croton 
par  corruption  huile  de  croûtons.  Son  emploi  externe,  provo- 
quant sur  la  peau  une  éruption  de  boutons  est  populaire  ;  quant 
à  son  action  purgative  interne,  elle  n'est  pour  ainsi  dire 
cjnnue  que  scientiliqucment.  Les  journaux  ont  relaté  naguère 


—  172  — 

raccident   mortel    provoque  par    l'ingestion    de    cette  huile 
mélangée  à  du  genièvre  en  guise  de  farce,  à  Battice. 

Ole  di  camamelle.  Huile  de  camomille.  Huile  d'olives 
dans  la'quelle  on  fait  infuser  des  fleurs  :  1"  de  camomille 
romaine,  ôle  di  dobe  camamelle,  2"  de  camomille  vulgaire,  ôle 
di  Savage  camamelle. 

Ole  camphrèye.  Huile  d'olives  dans  laquelle  on  a  dissout 
du  camphre,  souvent  employée  pour  résoudre  des  engorge- 
ments. 

Ole  di  feu  d'ii.  Huile  d'olives  ou  huile  de  colza  épurée  dans 
laquelle  on  a  fait  macérer  des  fleurs  de  lys  blanc.  {Lilium  Can- 
didum,  L.).  C'est  le  remède  populaire  le  plus  en  vogue  contre 
les  brûlures.  Son  analogie  d'action  et  d'apparence  ont  fait 
donner  ce  nom  au  Uniment  oléo-calcaire. 

Ole  di  frumihe,  Fourmis  mises  à  macérer  dans  l'huile 
d'olives,  remède  populaire  contre  le  rhumatisme. 

Ole  di  fa"we,  voyez  Fawe. 

Ole  di  gèï,  voyez  Gèï. 

Ole  di  Harlem.  Huile  de  Harlem,  Célèbre  remède  d'ori- 
gine hollandaise,  constituant  encore  pour  beaucoup  de  per- 
sonnes, surtout  dans  les  campagnes,  la  panacée  des  gens  et  des 
bêtes. 

Oledi  lawri.  Voyez  lawri. 

Ole  di  lin.  Huile  de  lin.  Sert  à  confectionner  différents 
onguents  et  sert  de  base  à  la  peinture.  L'addition  d'essence  de 
térébenthine,  de  bioxyde  de  manganèse  ou  de  litharge,  la  rend 
siccative  :  ôle  siccative. 

Ole  di  navette,  rabette.  Huile  de  navette,  ne  diffère  pour 
ainsi  dire  pas  de  l'huile  de  colza  avec  laquelle  on  la  confond 
souvent.  Cette  huile  jouit  d'une  grande  vogue  contre  les  brû- 
lures et  cuite,  contre  les  engorgements,  les  fluxions,  etc.  C'est 


—  173  — 

l'agent  culinaire   indispensable  des  bouquettes  et  des  crostil- 
lons. 

Ole  di  neuhe.  Huile  de  noisettes.  Dans  les  Ardennes,  quand 
les  noisettes  sont  surabondantes,  on  en  exprime  une  huile 
comestible,  à  saveur  douce  et  agréable,  mais  rancissant  vite. 

Ole  d'olive,  oie  di  Provence.  L'huile  par  excellence.  Outre 
ses  usages  alimentaires,  elle  joue  un  grand  rôle  dans  la  confec- 
tion des  huiles  composées,  des  onguents,  des  cérats  et  des 
emplâtres. 

Ole  di  pétrole,  huile  de  pierre  (Virton)  par  corruption  ôle 
di  petrâde.  Au  début  des  arrivages  américains,  comme  on  ne 
pouvait  se  faire  à  l'origine  minérale  du  produit,  nombre  de 
personnes,  abusées  par  la  similitude  de  noms,  croyaient  cette 
huile  extraite  de  la  betterave  (petr die,  petrâde),  comme  les  huiles 
de  navette,  de  lin,  chènevis,  etc.,  le  sont  des  graines  du  môme 
nom.  C'est  un  remède  populaire  contre  la  gale  et  le  rhumatisme, 
tant  des  animaux  que  des  humains.  L'espèce  colorée  en  rouge 
est  celle  que  l'on  préfère  comme  médicament. 

Ole  di  papi.  Huile  de  papier,  pyrothonide.  En  faisant 
brûler  sur  une  surface  froide  (marbre)  un  cornet  de  papier,  on 
obtient  une  huile  pyrogénée,  brune,  remède  populaire  des 
douleurs  d'oreille  et  des  dents. 

Ole  di  dobe  psivoir, ôliei te  (ancien  français  olivette,  petite 
huile).  Huile  d'œillette.  Huile  douce,  comestible,  extraite  des 
semences  du  pavot  (papaver  somniferum). 

Oledipèhon,  ôle  di  trâne  L.  (Thran  signilie  morue  dans 
tous  les  idiomes  du  nord),  Imile  de  peclwn  Morlanwelz,  huile  de 
baleitie,  Orp-le-Grand.  Huile  de  foie  de  morue.  Naguère  on  uti- 
lisait les  huiles  des  cétacés  :  baleine,  phoque,  etc.  C'est  un 
remède  dont  les  effets  toniques  sont  universellement  connus. 
Le  terme  wallon  rarement  employé  :  oie  di  molowc,  dérive  du 
vieux  français  huile  de  molue. 


—  174  — 

Ole  di  saint  Lorint.  Huile  que  l'on  va  chercher  à  !a  cha- 
pelle de  saint  Laurent  pour  guérir  les  boutons  du  visage  et  du 
cuir  chevelu  chez  les  jeunes  enfants  (ma  d'  saint  Lorint). 

Ole  di  pid  d'  bouf,  Ole  di  machitie.  Huile  de  pieds  de  bœuf. 
Epurée,  elle  sert  à  huiler  les  machines  à  coudre. 

Ole  di  q"wate  sôre,L(Cf.  huile  de  cinq).  Mélange  d'huile  de 
laurier,  de  térébenthine,  d'huile  de  camomille  et  d'huile  cam- 
phrée ou  de  produits  analogues,  constituant  un  remède  popu- 
laire contre  le  rhumatisme. 

Ole  di  raisin,  corruption  presque  générale,  huile  de 
ricin.  Les  Français  disent  de  même  huile  d'Henri  cinq.  En- 
fants, nous  avons  tous  connu  cette  huile  purgative  que  la 
sollicitude  maternelle  nous  obligeait  à  avaler  en  dépit  de  nos 
grimaces.  Le  plus  étrange  en  ceci,  c'est  l'existence  d'une  huile 
de  raisin,   douce  et   laxative,  extraite  des  pépins  du   raisin. 

Olmint  (latin  oleamentum).  Il  en  existe  une  quantité  consi- 
dérable, les  formules  variant  à  l'infini.  Citons  à  Liège  ceux 
de  Kips  et  de  Lepiemme. 

Olmint  di  tô  les  ma,  guérit  tout.  Guérit  tout,  onguent 
diachylon  gommé. 

Olmint  d'  clâ,  tâblète  di  clâ.  Onguent  brun,  onguent 
de  la  mère  Thècle,  fort  employé  pour  mûrir  les  clous,  furoncles, 
abcès,  etc. 

Olmint  di  dobe  savon,  emplâtre,  bâton  de  savon  double. 
iNoir,  à  odeur  forte,  souvent  usité  en  applications  sur  les  cors. 

Olmint  vert  d'hémorrhoïde.  Onguent  populeum  de 
couleur  vert  foncé,  à  base  de  bourgeons  de  peuplier. 

Olmint  di  saint  Fiacre.  Onguent  de  saint  Fiacre.  Terme 
de  jardinage.  Mélange  de  bouse  de  vache  et  d'argile  dont  on  se 
sert  pour  panser  les  arbes  écorcés. 

Opodeldoch,  par  corruption  :  on  po  del  drog,  ôle  di  boule 


—  175  — 

dogue.  Baume  opodeldoch  liquide,  esprit  de  savon  et  de 
camphre.  Son  nom  d'ùle  di  boule  dogue  est  peut-être  une  rémi- 
niscence de  l'huile  de  jeunes  chiens  (oleum  catellorum)  jadis 
réputé  dans  les  cas  de  sciatique  et  que  l'on  obtenait  en  faisant 
cuire,  dans  l'huile,  de  jeunes  chiens  vivants  avec  du  roma- 
rin, etc. L'opodeldoch  sert  également  comme  anti-rhumatismal. 

Or.  Or.  Une  croyance  populaire  veut  que  des  chaussettes 
dorées  attirent  à  elles  tout  le  mercure  absorbé  par  les  syphili- 
tiques et  empêchent  son  action  néfaste  sur  l'organisme. 

Orcanette.  —  Orcanette,  alkanna.  Racines  de  VAnchusa 
timtoria,  L.  Borraginées.  Nos  armuriers  «  faiseurs  à  bois  » 
utilisent  sa  décoction  dans  l'huile  de  navette,  qui  se  colore  en 
rouge  pourpre,  pour  imbiber  les  crosses  de  fusil  et  de  révolve*'. 

Orèye  d'âgne,  voyez  Crasse  rècenne. 

Orèye  di  Juda.  —  Tremella  auricnla.  —  Oreille  de  Judas. 
Champignon  venant  sur  les  vieux  sureaux. 

Orèye  ôilive,  doucette,  fntite  salade,  salade  di  grain.  — 
Oreille  de  lièvre,  doucette,  mâche,  valérianelle.  —  Valeria- 
nella  olitoria.  Poil.  Valérianées.  Les  fleurs  sont  blanc  bleuâtre, 
en  bouquet,  les  feuilles  entières.  Ces  dernières  constituent  la 
première  salade  printanière. 

Orèye  di  sori,  orèye  di  ra^  Noms  donnés  à  l'épervière,  hie- 
racium  murorum  et  à  Vhieraciinn  auricnla.  Les  noms  d'oreille  de 
lièvre  et  d'oreille  de  souris  sont  donnés  en  France  âlabuplèvrc 
et  au  sedum  album. 

Orange..  Orange.  Souvent  donnée  aux  malades  pour  les 
rafraîchir.  L'expression  parfois  employée  :  itie  pomme  d'oranche 
est  à  rapprocher  du  flam.  appelsien. 

Osmondi.  Orge  mondé. 

Où,  cocà.  Œuf.  Le  jaune,  jèiie  d'où,  moïou  est  souvent  em- 
ployé pour  émulsionner  des  huiles  :  olives  :  mayonnaise  culi- 
naire, ricin,  morue  et  pour  faire  le  «  lait  de  poule  ».  Le  peuple 


—  176  — 

s'imagine  que  le  jaune  est  la  partie  la  plus  fortifiante  de  l'œuf 
et  que  le  blanc  ne  possède  aucune  force.  Le  blanc  ou  partie 
albumineuse  est  au  contraire  fort  nutritive,  mais  de  digestion 
difficile*,  voilà  pourquoi  le  médecin  ordonne  le  jaune,  faci- 
lement assimilable,  aux  personnes  affaiblies.  Po  fé  Iratver  o« 
blan  lieu,  chouqui-le  divin  in  ou  crou  ou  mollet  et  leyz-l'y  jusqu'à 
tant  qu'i  trawe  Remède  populaire  liégeois. 

Ouye  d'ange.  L.  et  V.  U  d'ange  (Malmédy).  —  Myosotis,  ne 
m'oubliez  pas.  —  Myosotis  palustris  L.  Borraginées,  Plante 
venant  au  bord  des  eaux,  à  fleurs  bleues  en  bouquet. 

Ouye  du  bou  (Spa).  Voyez  Arnica. 

Ouye  du  chet  (Spa).  Voyez  Cledjet. 

Ourtèye,  L.  Quecharde,  Lux.  Ortile,  Hainaut.  Les  piquants 
portent  le  nom  de  hodion  à  Malmédy.  —  Ortie  grièche.  — 
Urtica  iirens  L.  Urticées.  Elle  a  été  employée  comme  remède 
(en  flagellations)  dans  les  rhumatismes,  le  peuple  s'en  sert 
encore  aujourd'hui  pour  cet  usage.  Les  simince  d'ourteye  font 
partie  des  7  sôr  po  f  jïve  laine. 

Ourtèye  blanque,  L.  et  V.  Molinail,  Spa.  — Ortie  blanche, 
ortie  morte.  —  Lamium  album  L.  Labiées.  Plante  à  port  d'ortie  et 
à  Heurs  blanches  irrégulières.  Ces  fleurs  blanches  sont,  sans 
doute  par  analogie,  employées  en  infusion  contre  les  flueurs 
blanches  et  son  usage  s'est  étendu  à  toutes  les  affections  de 
l'appareil  génito-urinaire  féminin. 


Patience,  padronne.  Poralle;  peau  de  roniie,  Lux.,  Parièle, 
Piouchi.  —  Patience,  rhubarbe  sauvage,  parelle. —  Piumex  acu- 
lus,  L.  Polygonées.  La  racine  épaisse, brune  en  dehors,  jaune  en 
dedans,  considérée  comme  purifiant  le  sang,  est  assez  fréquem- 
ment employée  par  le  peuple. 


177 


Pagnagna,  Horin.  —  Aya  pana.  —  Eupatorium  aya  pana. 
Composées.  Plante  de  l'Ile  de  France  dont  les  feuilles  aro- 
matiques sont' aujourd'hui  tombées  dans  l'oubli. 

Pai.  — ■  Peau  de  chevreau;  basane;  peau  de  chien,  sur  la- 
quelle on  étend  les  emplâtres. 

Pai  d'an"wèye.  —  Peau  d'anguille.  Le  peuple  prétend 
qu'une  peau  d'anguille,  placée  en  guise  de  jarretière  autour 
de  la  jambe,  prévient  les  crampes  de  ce  membre. 

Pai  d'autruche.  —  Nom  corrompu,  toujours  employé  pour 
désigner  la  baudruche.  On  désignait  d'abord  sous  ce  nom  la 
seconde  membrane  de  l'intestin  du  porc,  actuellement  se  dit 
aussi  de  la  gulta-percha  laminée,  qui  par  son  peu  de  conduc- 
tibilité et  son  imperméabilité,  conserve  l'humidité  et,  le  cas 
échéant,  la  chaleur  des  cataplasmes  et  des  pansements. 

Paike,  lidrpike.  .1 //jo/o:,  Maubeuge.  —  Poix. 

Pailètte  di  terre.  —  Les  onguents  populaires  doivent 
pour  être  efficaces,  se  faire  dans  un  poêlon  en  terre  neuf. 

Paillette  di  fier,  vulgairement  :  poudre  di  fier  en  paillelte. 
—  Tarlrate  ferrico-potassique. 

Palette.  —  Spatule,  couteau  spatule. 

Palette  di  bièrgi,  voyez  Malelte. 

Payinne  (bolèye  du),  Verviers.  —  Potion  réconfortante, 
pour  accouchée,  à  base  de  teinture  de  cannelle. 

Panâhe  ou  panade.  L.,  Paleneie,  Malmedy.  J'atenée, 
Ardenne,  Pnslenalc,  iiorin. —  Panais,  —  Pastinaca  saliva  L.Om- 
bellifères.  La  racine  blanche,  à  saveur  douceâtre,  s'emploie  cuite 
avec  du  sucre  et  du  vinaigre  contre  l'asthme.  (Rem.  popul.) 

Pan  d'COUCOU.  — Coucou.  Pain  de  coucou.  — Cvuliis  accto- 
sella  L.  Oxalidées.  Plante  sans  tige,  à  feuilles  semblables  à  celles 
des  trèfles,  à  fleurs  blanches  ou  rosées  (avril-mai;.  ïa- jeune 
pan  d'cuucou,  oxalide  droite,   Oialis  slricla  L.  donne  ses  fleurs 

12 


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jaunes  de  juin  à  octobre,  i.es  feuilles  de  ces  deux  espèces  ont 
un  goût  aii^relet  (acide  oxalique)  agréable,  bien  connu  des 
enfants  qui  fréquentent  les  bois. 

Pan  d' pourçaî.  —  Pain  de  pourceau,  Umbilicus  Veneris 
(Fusch  1541).  —  (  yclamen  europeeum  L.  Primulacées.  Plante 
cultivée  actuellement  comme  plante  d'agrément,  dont  on  faisait 
jadis  un  onguent  très  recherché  :  onguent  d'arthanite. 

Pape  (du  flam.  même  signif.).  Moilrou,  Malmedy.  —  Papin, 
cataplasme,  voyez  ce  mot. 

Papi  d'  mohe.  —  Papier  tue-mouches. 

Blanc  papi  d'têche.  Moirt  papî,  papî  (nombâr.  —  Papier  à 
filtrer,  papier  Joseph. 

Papillon  vert.  —  On  désigne  et  on  délivre  sous  ce  nom  h 
Namur  l'onguent  de  laurier,  cependant  le  terme  tronqué  me 
semble  directement  dérivé  de  populeum  qui  est  aussi  un  on- 
guent vert.  Ce  qui  confirme  ma  supposition,  c'est  ce  que  je 
trouve  dans  le  dictionnaire  rouchi  de  Hécart,  vert  pouplion, 
onguent  populeum.  Va-t-en  querre  du  vert  pouplion  pour 
encrassier  tes  hémourouUea. 

Pâquî  L.  Paquette.  Lux.  —  Buis.  —  Buxus  sempervirens  L. 
Euphorbiacées.  Le  peuple  désigne  sous  ce  nom  une  feuille  res- 
semblant assez  bien  à  celle  du  buis  :  c'est  la  feuille  del'Uva  ursi 
ou  raisind'Ours,  ArctoslaphyUosuva  ursi,  L.  Ericinées,  employée 
comme  diurétique. 

Pâquî  d'pucèlle,  pervinche.  —  Pucelages,  pervenches.  — 
Vi}iea  major  et  vuicn  minor  L.  Apocynées.  Plante  à  feuilles  per- 
sistant en  hiver,  assez  semblables  à  celles  du  buis,  à  fleurs 
bleues  (avril-mai)  en  forme  d'entonnoir.  En  France,  le  peuple 
s'en  sert  pour  faire  partir  le  lait  des  nourrices. 

Parasol.  -   A,naric  élevé. 

Pas  d'âgne.  V^yez  Uièbe  di  saint  Joseph. 


—  179  — 

Passe.  PAte.  Passe  di  ionjou  se  dit  par  corruption  pour  ;ȉ.s'sg 
di  jujube. 

Passe  fleur,  piltalle  è  Ici  (Spa).  —  Anémone  des  bois,  sylvie, 
renoncule  des  bois.  —  Aneuioue  iiemorosa  L,  Runonculacées. 
Plante  i;rêle,  à  fleurs  d'un  blanc  rosé  solitaires  et  terminales 
(avril-mai),  très  commune  dans  nos  bois.  Son  suc  acre  est  assez 
dangereux. 

Passe  v'iour.  Couchât  Vosges.  Couchiri,  coucher ieu  Meuse 
et  Luxembourg  wallon.  —  Anémone  pulsatille,  coquelourde, 
fleur  de  Pâques,  pas.se-velours.  fleur  des  Dames  ou  du 
vent.  —  Anémone  pulsatdla  L.  Très  rare  à  l'état  naturel  dans 
notre  pays  :  sud  de  la  province  de  Namur,  elle  est  très  cultivée 
h  cause  de  la  beauté  de  sa  fleur  (avril-juin),  d'une  belle  couleur 
violette. 

Pastille,  pastille. 

Patte  di  chèt.  —  l'ied  de  chat.  —  (Inaphalium  dioïcum  L. 
Composées.  Petite  plante  cotonneuse  à  fleurs  blanches  et 
roses.   Fait    partie   des  quatre    fleurs  pectorales. 

Pavoir  {jiHit).  Voyez  cokliko. 

Pavoir  (pavoir,  ancien  français),  pavaur,  pawè,  GGGG. 
Olivette  ancien  français:  olicUe  Picardie,  ouyette  Mons,  Mor- 
lanwelz,  olivulte,  chanolte  :  Meuse.  —  Pavot.  -  Papaver  som- 
niferum  L.  Papavéracées.  Cultivée  chez  nous  comme  plante 
d'ornement.  La  lète  de  pavot  (latin  codion),  liesse  di  pavoir  L. 
liesse  d'ouyelle,  Hainaut  est  trop  souvent  employée  là  où  les 
femmes  travaillent  au  dehors  (Nord  de  la  France,  Hainaut, 
Liège,  Flandres),  pour  provoquer  chez  les  enfants  à  la  mamelle 
un  sommeil  factice  pendant  l'absence  de  la  mère.  Cette  cou- 
tume est  on  ne  peut  plus  malsaine  et  dangereuse.  On  leur 
donne  parfois  aussi  le  sirop  fait  ave.:  1\  xlrait  de  cette  capsule  : 
sirop  diacode  qui  est  tout  aussi  néfaste  quant  à  l'action  sur 
l'organisme  :  sirope  di  pavoir,  doinnaiil. 


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Pèchalî,  voyez  Ardespene. 

Pègne.  —  Chardon  à  foulon.  —  Dipsacus  fnUonum.  L. 
Composiies. 

Pèhon.  —  Poisson.—  Uivorses  espèces  de  poissons  onl  été 
employées  en  médecine  et  le  peuple  s'en  sert  encore  :  tanche, 
anguille,  fiel  de  carpe,  etc.  Sous  l'influence  de  certains  milieux 
ou  de  certaines  circonstances,  plusieurs  peuvent  devenir 
vénéneux  (')  et  déterminer  des  accidents  assez  graves. 

Pèhon  d"'avrî.  l'oisson  d'avril.  —  Sont  légendaires  en 
pharmacie  Il's  ùle  di  bresse  (oleum  brachii),  li  pihotte  di  canari, 
H  simince  di  bàbe,  l'ôle  di  rose  (dont  coût  2  francs  le  gramme) 
po  5  cens  dans  une  immense  bouteille  de  5  ou  10  litres  et 
//  roge  se  qu'on  sème  so  V  cowe  des  mohon  po  l's  attraper. 

Pèlotte  L,  pèlatte  Hainaut.  —  Ecorce.  —  Pèlotte  di  citron, 
d'orange,  di  curaçao,  di  sa,  di  saou.  Ecorces  de  citron,  d'orange, 
de  curaçao,  de  saule,  de  sureau. 

Pènêye,smOM/"(flam.  Snuif:  cfSchnouff=tabac. Dictionnaire 
d'argot  de  l'an  VIII  par  Leclair).  —  Tabac  à  priser,  tabaciis 
ptarmicus.  Peneie  viendrait-il  de  panacée,  jadis  plus  fréquem- 
ment employé  que  le  mot  tabac:  G.  Everaerts  :  De  herba 
panacea,  quam  alii  tabacum,  aliipetun  aut  nieotianam  vocant. 
Antwerpiœ  1587.  Le  tabac  était  alors  en  telle  vogue  qu'on  le 
considérait  comme  panacée  universelle  ainsi  que  le  prouve  le 
Traité  du  tabac  par  Jean  Néander  de  Leyde  traduit  par  Jacques 
Veyras,  a  avec  son  usage  pour  la  plupart  des  indispositions  du 
corps  humain,  livre  très  utile  à  ceux  qui  voyageants  (sic)  n'ont 
moyen  de  porter  quantité  de  médicaments  b  Lyon  Barth. 
Vincent  1020.  On  connaît  l'anecdote  sur  Fagon,  premier  médecin 


(')  Hectifioiis  an  passant  h  donnée  généralement  admise  que  venimeux  se  dit  des 
animaux  et  vénéneux  des  plantes.  Venimeux  se  dit  des  êtres  animés  se  servant 
consciemment  des  poisons  qu'ils  possèdent  tels  certains  serpents,  certaines  plantes 
carnivores  ;  vénéneux  se  dit  des  êtres  empoisonnant  inconsciemment  :  moules, 
belladone,  cantharide  etc. 


—  181  - 

de  Louis  XIV,  (|ui,  il;uis  une  contorenco  fulminait  contre  le 
pctun  et,  à  chaque  période,  puisait  dans  .sa  tabatière  une 
copieuse  pincée  de  l'herbe  sur  laquelle  il  lançait  l'anathôme. 

Blanque  pènêye.  Prise  blanche.  —  Poudre  sternuta- 
loire  composi'e  d'asaret,  de  bùtoine,  d'ellébore,  d'iris,  etc.,  qui 
guérit  les  maux  de  tète  et  les  rhumes  de  cerveau  a  en  déga- 
geant celui-ci  ». 

Pèn'ter.  —  Priser,  —  Absorption  de  substances  liquides 
ou  solides  par  la  muqueuse  nasale  se  dit  souvent  du  tabac, 
aussi  du  camphre,  du  tannin,  de  l'eau  sédative,  etc. 

Pépin  d'  coin,  L.  Pipian  d'  coin,  Luxemb.  —  Semence  de 
coing.  —  Pyrus  cydonia,  !..  Pomacées.  Elles  contiennent  un 
mucilage  abondant  que  les  femmes  du  peuple  utilisent,  en 
mélange  avec  du  cognac,  contre  les  crevasses  du  sein  ou  pour 
fixer  les  cheveux. 

Pépin  d'  Saint  Jean.  Caroube,  fruit  du  Caroubier.  — 
Ceratonia  siliqua,  L,  Césalpinées.  Recherché  par  les  enfants. 

Péquet.  ~  Getiévrier.  —  Jiniiperus  commwiis  L.  Gupres- 
sinées.  Joli  arbrisseau  de  nos  bois,  rameux  dès  la  base,  à  feuilles 
linéaires  verticillées  par  3  portant  vers  mai  des  cônes  en  forme 
de  baies  assez  semblables  à  de  grosses  myrtilles  :  peu  d' péquet 
L.  et  V.  Pois  de  péqiié  (Morlanwelz),  qmin  d' péquet  COrp-le- 
Grand)  Le  peu|ile  les  utilise  comme  diurétiques  après 
macération  préalable  dans  du  genièvre.  L'art  culinaire  en  fait 
aussi  grantl  usage  comme  assaisonnement  des  grives,  etc. 

Pérvinche,  voyez  Pâqui  d'  pucelle. 

Péta.  —  Se  dit  en  général  de  tout  légume  venteux  :  hari- 
cot, si;orsonère,  etc  ,  etc.,  et  plus  spécialement  de  la  poudre 
de  noix  de  galle  qui,  infusée  dans  le  café  et  ingérée  oblige  le 
buveur  à  dt-rouler  une  gamine  el'explosions  aussi  formidables 
qu'involontaires. 


—  182    - 

'Pètvêide,  pét râle,  pctmtte  (S^a),  voyez  oie  di  pétrole.  — 
Le  blocus  continental  a  fait  découvrir  la  valeur  saccharifère 
de  cette  plante.  Le.  jus  de  betterave  cuite,  additionne  de 
vinaigre-de  vin  passe  dans  le  peuple  pour  guérir  sûrement  les 
bronchites. 

Pétrai,  Luxemb.,  voyez  Sorbier. 

Pèturon,  Botèye,  cahoute  (Fleurus).       Potiron,  courge. 

Feus.  —  Globules  homéopathiques. 

Feus  d'  maqu'ralle.  —  Baies  de  la  morelle,  voyez  Aboti  au 
mol  Douce  amère. 

Pois  d'  cautère.  —  Pois  à  cautère  destiné  à  entretenir  la 
suppuration  d'une  plaie. 

Feus  d'  ratte,  L.  Purge.  Luxemb.  Graine  de  t'  tiou.  Rou- 
chi.  —  Euphorbe  épurge.  —  Euphorbia  lathyris,  L.  Euphor- 
biacée  à  tleurs  vertes,  juin-août.  Les  euphorbes  possèdent  un 
suc  (latex)  blanc  fortement  purgatif  d'où  le  nom  de  lait  de 
loup  qui  leur  est  donné  dans  le  Luxembourg  et  de  wolfsmelk 
dans  les  Flandres. 

Feu  d'  Saint  G-érâ,  v.  Pèyone. 

Feus  turc,  peus  d'  troue.  —  Maïs,  blé  de  Turquie.  —  Zea 
mais,  L.,  Graminées.  On  en  fait  une  farine  alimentaire,  farine 
de  mais,  maizena.  Les  stigmates  de  maïs  forment  un  enchevê- 
trement de  longs  poils  roux  dorés,  d'où  leur  nom  de  tignasse 
dipeus  d'  troue;  ils  servent  comme  diurétiques. 

Peure.  —  Poire. 

Feuve.  —  Poivre.  —  Fruit  du  piper  nigrum,  L.  Pipéritées. 
Le  poivre  blanc  est  du  poivre  noir  privé  de  son  écorce.  Tous 
les  poivres  passent  pai  tout  pour  être  aphrodisiaques. 

Peuve  d'aivre,  L.  —  Poivre  d'eau  —  Polygonum  hydro- 
piper,  L.  Polygonées.  Sa  saveur  est  acre  et  brûlante.  Une 
espèce  voisine,  la  persicaire  Polygo7iu,m  persicaiia  esl  dési- 
gnée dans  le  Hainaut  sous  le  nom  de  Gibouré. 


-  183  - 

Peuve  d'Espagne,  peuve  di  Cayenne,  rogc  peuve.  — 
Poivre  de  Guinée,  d'Inde,  de  Cayenne  ou  d'Espagne,  corail  des 
jardins,  piment  des  jardins,  piment  rouge,  piment  enragé, 
capsique  Capsicum  annnum,  L.  et  Capsicum  frutcsccns, 
L  Solunées.  Fruit  rouge  allongé  usité  journellement  aux 
Indes  et  chez  nous  pour  relever  le  goût  des  sauces  (Karri 
indien,  potage  oxtail,  tête  de  veau  en  tortue,  etc.),  et  des 
conserves  :  oignons,  cornichons,  etc.  l.e  plus  souvent  le 
poivre  d'Espagne  se  rapporte  au  capsicuni  (nniuum  et  le  poivre 
de  Cayenne  au  Capsicnnt  frutcsccns.  Le  vrai  piment,  toute 
épice,  piment  de  la  Jamaïque  spéce  di  manèche,  L.,  espèce  de 
cuiséne,  poure  clou  (poudre  de  clous)  Rouchi  Myrtus  pimenta, 
L.  Myrtacées  dont  le  fruit  ressemble  en  plus  gros  au  poivre 
ordinaire  et  dont  Tusage  s'est  perdu  chez  nous  possède  une 
odeur  et  une  saveur  tenant  beaucoup  du  clou  de  girufle. 
On  donnait  également  le  nom  iVcspècc,  épice  au  piment  royal 
Myrica  cjale,  L.  Amentacées  à  saveur  prononcée  de  poivre. 

Pèyone,  pione  (dans  presque  tous  les  dialectes  wallons)  — 
Perlipan  (Dour),  Rose  du  djau  (Spa)  (cf.  rosa  asinina,  Bauhin 
1591).— Pivoine,  herbe  Sainte  Rose  (cf.  Sancta  Rosa,  Bauhin), 
id.  Rosa  Sancti  Georgli),  flam.  l'ioen.  Pœnia  officinalis  L, 
Renonculacées.  Les  fleurs,  grandes  et  rouges,  portent  le  nom  de 
roses  Notre-Dame,  roses  bénites  ou  saintes.  La  variété  qui 
donne  les  semences  noires,  luisantes  est  dénommée  P.  femelle, 
celle  à  semences  rouges,  P.  mâle.  Dans  le  pays  de  Liège,  le 
peuple  fait  avec  les  semences  (peu  di  Sin  Géra),  des  colliers  de 
dentition  destinés  à  prévenir  les  convulsions  et  à  faciliter  la 
pousse  des  dents.  Voici  comment  on  procède  :  on  prend 
3"2  graines,  on  les  fait  tremper  24  heures  dans  de  l'eau  bénite 
puis  on  les  enfde  sur  de  la  soie  rouge,  au  moyen  d'une  aiguille 
n'ayant  jamais  servi.  —  Cette  croyance  existe  déjà  dans  Pline 
et  est  reproduite  dans  les  auteurs  arabes.  Sa  graine  ou  sa 
racine,  cueillii;  au  di^aut  de  lune,  pctuiue  au  col  et  applitjuée 
sur  les  poiiiuels  ou  seule  avec  guy  de  chesne,  est   |)ivserv.ilir 


—  184  — 

singulier  contre  le  mal  de  Saint-Jean.  —XVI*"  siècle  La  Maison 
l'ustiqiir,  4*  édit. 

Phosphate.  —  Phosphate  de  chaux  servant  à  faire  des 
engrais  chimiques.  Ce  mot  est  devenu  rapidement  célèbre 
depuis  que  la  découverte  de  ce  sel  dans  des  terrains  à  Rocour, 
Bicrset,  Aubel,  etc.,  a  déculpé  la  valeur  du  sol  et  y  a  conduit 
une  armée  de  mineurs  phosphatiers. 

Picèye.  —  Pincée,  pugillum.  —Mesure  approximative  pour 
les  herbes  :  Mettez  ine  bonne  picèye  di  thé  d'  Saint  Germain 
po  'ne  dimêye  jatte  di  hollante  aiwe. 

Pichalit,  Rouchi,  Hainaut  —  Nom  commun  à  beaucoup  de 
renonculacées  à  fleurs  jaunes. 

Pichoulit,  pissioti  au  Ut.  Rouchi  voyez  Savage  cécorèye. 

Pîd  d'â"we  L,  V.  Patte  deglenne  Borin.  —  Herbe  aux  gout- 
teux, œugopode  podagraire  JEgopodiwm  podagraria  L,  Ombel- 
lifères.  Fleurs  blanches  (juin-juillet),  jadis  la  plante  a  été 
réputée  comme  antigoutteuse. 

Pîd  d'  leu,  eawe  di  leu,  catve  di  nm.— Pied,  griffe  ou  patte 
de  loup,  soufre  végétal,  iycopode  à  massue,  flam.  Wolfsklauw 
Lycopodium  clavatum  L,  Lycopodiacées.  Plante  des  Ardennes 
dont  les  pèlerins  entourent  leurs  cannes  au  retour  de  Saint- 
Roch.  Les  sporules  ou  semences  qu'elle  contient  servent  de 
pouss'lette  (voyez  ce  mot)  et  les  artificiers  les  utilisent  pour 
produire   des  éclairs  au  théâtre. 

Pîd  d'orèye.  V.  Agaric  des  bois. 

Pièrsin  L,  Persin  Hainaut  peraiv,  piersin.  Rouchi.— Persil, 
Apiinn  petroselimum  L,  Ombellifères.  —  Ses  semences  pilées 
sont  depuis  longtemps  employées  pour  guérir  les  maux  de 
(lents  et  d'oreille,  voyez  Johanni  Seulteti  armamentarium  chi- 
rurgicum,  p.  233.  On  dit  fîgurément  d'une  personne  sale  : 
a  qu'on  sèm'reu  bin  de  pièrsin  divin  ses  orèye.  »  Le  persil, 
considéré  comme  alimentaire,  a  souvent  donné  lieu  à  de  funestes 
erreurs  parsuite  de  sa  ressemblance  avec  le 


-  185  - 

Pièrsin  sâvage  L.  Prrsin  sauvage  Mons,  Pièrsin  mâhait 

Malniedy,  6-0///'Namur,  .Sf///"  Orp-lc-Grand  —  Petite  ciguë,  faux 
persil,  ciguë  des  ']d.v&'\nQ.—Acthusa  cynapium  L,  Ombelliteres. 
On  donne  le  nom  de  sofflette,  persil  sauvage  au  chœrophijllum 
sylvestre  L.  Ombellifères  à  fleurs  blanches. 

Pièrsin  d'  Macidône.  —  Achc  ou  persil  de  Macédoine. 
Bubon  Maceilonicum  L,  Ombellifère  dont  les  fruits  servaient 
contre  l'épilepsie. 

Pihotte.  —  Urine.  Le  peuple  en  fait  la  base  d'une  foule  de 
remèdes,  contre  les  maladies  de  la  vessie  surtout.  A  jadis  joué 
un  grand  rôle  médical. 

Pihotte  è  lét  L.  Pihette  è  lét  Verviers,  Burre,  fleur  au 
beurrerions,  Beurrin  \vcsnes, bassi7iot  Vosges  Godinot Meuse, 
(Labourasse)  Pied  de  poule  à  cause  de  la  forme  de  la  feuille  d'où 
pourpie  Meuse,  Popi  L.  GGGG,  Poupeie  Verviers.  —  Jaunet, 
bouton  d'or,  pot  au  beurre,  bassin  d'or,  patte  de  crapaud. 
Noms  donnés  aux  Bammeulas  aeris  L,  B.  repens  L,  Ban. 
bulbosus  également  confondu  sous  le  générique  :  bouton 
d'or  à  fleurs  jaunes  d'or  (mai  juillet).  Le  peuple  emploie  la 
racine  pilée  comme  rubéfiant  et  pour  produire  des  ulcères 
factices. 

Pil  L,  Pilure  Borinage  SL  Pilule.  PU  po  n'aller,  pil  po 
prugi  :  pilules  purgatives.  Pilules  â  vif  ârgin  :  Pilules  mercu- 
rielles  de  Sédillot  importées  en  Belgique  par  les  voyageurs  de 
commerce  français;  pil  Dehaut,  pil  d'enhau,  pilules  purga- 
tives du  D'  Dehaut,  etc. 

Pilon.  l'art'ois  à  Liège,  presque  toujours  à  Mons,  signilie 
le  mortier  et  son  piluii. 

Pimpurnelle  L  et  V.  Piperiirlle  Rouchi.  -  Pimprenclle, 
Sangiiisorbe  PimpinelUi,  Poterium  sanguisorba  L,  Sangui- 
sorbées.  Cette  plante   était  jadis  en  grande  vogue  médicale. 


—  186   - 

Pinçaî,  sm.  —  Pinceau  En  pharmacie  on  utilise  surtout 
ceux  à  poils  de  blaireau  :  pour  les  yeux  ;  ceux  en  poils  de 
chèvre,  pour  appliquer  la  teinture  d'iode  et  pour  la  gorge  (ils 
sont  a'or:?  montés  sur  bâtonnet  de  cèdre  ou  sur  fil  d'argent). 

Pinsêye  (sâvagc).  —  Pensée  sauvage,  violette  tricolore.  — 
Violii  tricolor  L  V'iolariéos  Plante  souvent  annuelle  à  fleurs  tri- 
colores Le  peuple  l'eslime  antiscrophuleuse  et  antiherpétique. 
On  la  faire  cuire  et  avec  la  décoction  on  lave  les  enfants  qui  ont 
la  croûte  de  lait.  Sous  son  influence  interne,  l'urine  acquiert 
l'odeur  fétide  de  celle  du  chat. 

Pintaî,  pinte.  —  La  pinte  contenait  64  centilitres  et  le 
pintai  32  ou  '25. 

Pire  divine,  pierre  de  rien  (Virton).  —  Pierre  divine. 
Lapisdivinus  seu  ophtalmicus.  Pharmacopée  liégeoise,  1741. 
Mélange  verdâtre  de  sulfate  de  cuivre,  alun  et  camphre  que 
le  peuple  fait  fondre  dans  l'eau  en  guise  de  collyre. 

Pirre  di  se.  —  Pierre  de  sel,  sel  brut.  Bloc  de  cristaux  brun 
foncé  qu'on  place  dans  les  pigeonniers  et  dans  les  étables.  Les 
animaux  qui  en  sont  fort  friands,  les  lèchent  et  sont  alors 
incités  à  boire. 

Pirre  à  sôder.  —  Pierre  à  souder,  chlorhydrate  ammo- 
nique  en  masse  qu'on  emploie  pour  souder  le  zinc,  etc. 

Pirre  di  souf,  di  camphe,  etc.  -Soufre  en  canons, camphre 
en  morceaux,  etc.  Pirre  se  dit  de  toute  substance  pharmaceu- 
tique entière  et  dure  à  pulvériser. 

Pirre  di  vin.  —  C'est  le  tartre  brut  en  gros  cristaux  rou- 
geâtres  tels  qu'on  les  retire  du  vin. 

Pirre  infernale.  —  Pierre  infernale,  nitrate  d'argent.  En 
français,  on  entend  fréquemment  demander  de  la  mitraille 
d'argent  ou  du  mithridate  d'argent. 

Pirre  ponce,  par  corruption /?/;r  d'éponche.—Vierre  ponce, 


-  187   - 

pumex.  On  l'emploie  entière  pour  lisser  la  peau;  en  poudre 
pour  poncer  les  bois  et  comme  dentifrice. 

Pirre  di  touche.  — Pierre  de  touche.  Pierre  à  Tusa^je  des 
essayeurs  d'or  et  d'argent. 

Pirre  s.  f.  —  Doradille  cétérach.  Asplcnium  ceterach  L. 
Fougères.  On  la  trouve  assez  rarement,  mais  en  grandes 
quantités  dans  ses  habilalions.  Pectorale. 

P'tite  pirre.  —  Rue  des  Murailles  —  Asplenium  rutamu- 
raria  L  Fougères.  Elle  croît  en  petites  touffes  d'un  vert  glauque 
dans  les  fentes  des  vieux  murs,  p.  ex.  rue  Maillart  à  peu  près 
en  face  de  la  rue  St-Mathieu. 

Pirrette,  pierettc  (Hainaut).  Noyau  de  fruit. 

Plante  di  moirt,  poison  âx  paye;  sinagré  (Mons).  — 
Jusquiame  noire,  jusquiame  commune,  mort  aux  poules.  — 
Hyosci/anius  nigcr  L  Solanées.  Plante  d'un  vert  sombre,  livide, 
velue,  à  fleurs  jaunâtres  lignées  de  brun  ou  de  noir.  Cette 
plante  est  très  vénéneuse,  k  petites  doses,  elle  possède  des 
propriétés  sédatives. 

Plantraîne.  — Plantain  commun,  plantain  à  larges  feuilles, 

—  Plantago  major  L  Plantaginées.  Ou  en  fait  une  tisane  contre 
les  hémorrhagies  de  toute  nature  et  contre  la  diarrhée.  Son 
eau  distillée  a  longtemps  servi  d'eau  capillaire,  on  donne  l'épi 
contenant  ses  semences  ainsi  que  celui  du  Plantago  média 
comme  nourriture  aux  oiseaux  en  cage  afin  de  favoriser  leur 
mue. 

Plantraîne   d'aiwe.  —  Fluteau  plantain,  plantain  d'eau. 

—  Alis ma  plantago,  L.  Alismacées. 

Plâsse  ou  pldtc.  Plâtre.  Sert  à  fabriquer  des  bandes  plâ- 
trées pour  pansements. 

Plataî,  rabat-jôye.  —  Blanc  d'eau  (guidon  des  apothicaires 
1Û78).    Nénuphar,  populaire  français  Unifa,  nénufar  blanc.  — 


-   188  — 

Nympliœa  alba,  L.  Nymphœacôes.  Plante  aquatique  vivace  à 
feuilles  à  long  pétiole  et  à  limbe  ovale  entier  aplati  sur  l'eau,  à 
grandes  fleurs  blanches  llottantes  et  solitaires.  Elle  passe  pour 
antiaplw'odisiaque  d'où  rabat-jôye  de  même  que  \e  janct,jenne 
platai,  jaune  d'eau  1578.  Jaunet  d'eau,  nénufar  jaune,  nufar 
mascula.  Nufar  ou  nymphœlutea  L.,  à  fleurs  jaunes  qui  est 
beaucoup  plus  commun  dans  la  province  de  Liège,  alors  que  le 
blanc  prédomine  dans  les  Flandres.  On  prétend  qu'on  entremê- 
lait de  graines  de  nénufar  les  mets  des  personnes  vouées  à  un 
célibat  forcé  ou  volontaire.  Aujourd'hui  les  rabat-jôye  sont 
chimiques  et  s'appellent  bromures,  camphre,  valérianates  et 
morphine. 

Plope,  poupli  Morlanwelz,  poupier  Mons.  —  Peuplier  noir 
ou  franc.  —  Popuiiis  nUjra,  L.,  Salicinées.  Les  bourgeons 
(mars)  servent  à  faire  Tonguent  populeum. 

Pos,  —  grain,  graine  Malmedy  cf.  Pos,  pois  Rouchi. 

Poison,  petion.—  Poison.  Prudence  est  mère  de  la  sûreté  se 
dit  le  peuple  en  voyant  une  plante  ou  une  drogue  inconnue, 
dans  le  doute  abstenons-nous  d'y  toucher.  Les  substances  de 
couleur  foncée  :  pourpre,  vert  ou  noir  passent  surtout  pour  avoir 
des  propriétés  vénéneuses.  Déjà  chez  les  Romains,  on  disait  : 
Eic  niffcr,  hinc  tu  Romane  caveto, 

Poleur  (désignait  en  1541  (Fusch)  la.  mentha  pulegium,  L  , 
pouillot  encore  aujourd'hui  en  llam.  polei).  Sauvage  pilé  N. 
Pouli,  Luxemb.  — Serpolet  -  Thymus  serpyllum,  L  ,  Labiées. 
C'est  un  bon  remède  populaire  contre  les  rhumes. 

Poli  L.,  Thym,  Thymus  V.  L.  Spa.  Pilé  N.  Poï  Malmedy 
Polué,  pouyé  Mons  —  Thym  vulgaire,  tin,  pote.  —  Thymus 
vulfjaris  L.,  Labiées.  Arbuste  nain  cultivé.  Usité  comme 
infusion  pectorale  et  surtout  dans  l'art  culinaire.  On  en  extrait 
une  essence  contenant  de  l'acide  thymique,  thymol,  désinfectant 
à  odeur  agréable. 

Politure.  —  Politure,en  caustique.  Solution  de  cire  jaune  et 


—  189  — 

d'orcanette  dans  l'essence  de  térébenthine.  Elit-  sert  à  lustrer 
les  meubles  en  acajou. 

Ponte-è-cou,  pochette,  pice-cou, plaque  Madame  L.,  V.  Spa. 
Pûuya(Spa.)  Achèye  Ilesb.  A ffî iclie  id.  Cawè  Malmedy  Caiwi, 
houio  Nam.  Wiot  Luiemb.  Wio  Houchi.  lo,  io  campion  Mons  io, 
uio  Borinage  —  vieux  français  Fusch  1541  :  Glouteron  tire- 
lardon  ;  glouteron,  herbe  aux  teigneux  {hierpe  d'tegueux 
Rouchi  en  partage  avec  le  cliapaid'aiwe.  Dogue.  —  bardane 
—  Arctium  happa  L.  Composées.  Plante  très  commune,  à 
feuilles  très  grandes  (d'où  bardane  italien  barda,  couverture 
de  cheval),  à  fleurs  purpurines  en  grappe  lâche  terminale. 
L'involucre  qui  entoure  la  véritable  fleur  a  ses  folioles  externes 
à  pointes  recourbées  en  hameçon,  c'est  ce  que  les  gamins 
jettent  sur  les  habits  des  passants  d'où  les  noms  wallons  et 
flamand.  On  utilise  toutes  les  parties  de  la  plante  comme 
sudorifiques,  les  feuilles  cuites  calment  les  démangeaisons 
dartreuses  et  la  racine  est  comestible  comme  celle  du  salsifis. 

Poraî  sm.  —  Poireau  ou  porreau  —  Alliuyn  porrum,  L. 
Liliacées.  Il  jouit  d'une  grande  réputation  populaire  comme 
diurétique  :  on  le  fait  cuire,  on  boit  l'eau  surnageante  et  avec  la 
partie  semi-liquide  on  fait  un  cataplasme  sur  la  vessie. 

Poralle,  voyez  Patience. 

Porsulaine.  —  Pourpier,  pourcelane.  —  Vortidaca  olera- 
cea,  L.  Portulacées.  Plante  potagère,  purgative  à  forte  quantité 
et  qui,  dans  l'esprit  du  peuple,  passe  pour  «  éteindre  le  feu 
du  corps  ». 

Portion,  Borinage.  —  Potion.  Médicament  destiné  à  être 
bu  (potus). 

Posson.  «  Mesures  en  usage  en  pharmacie  :  le  poiçon 
conlienl  i  onces,  le  '/i  poiçon  deux  onces.  »  Dictionnaire  des 
Arts  et  .Métiers,  Paris,  Lacombe,  17G7,  t.  I,  et  Larousse. 

Potasse.  —  1"  Carbonate  de  potasse  brut,  fondu  avec  de  l'eau 


—  190  — 

otde  la  cire  jaune  elle  tonne  le  cirage  pour  parquet.  '2«  Carbonate 
de  potasse  épuré,  sel  de  tartre,  entre  dans  la  composition  de 
certains  pains  d'origine  thioise  :  brezel  ou  bredzel.  Quant  à  la 
potasse  dénommée  lehive,  lessive,  c'est  la  lessive  de  potasse 
rarement  employée  ;  on  utilise  en  son  lieu  et  place  Vesprit  de 
savon. 

Potègî.  Malmedy.  —  Droguer;  fer  ine  pharmac'rèye  di 
seoir,  dvouktiner,  L. 

Potiquet  (tlam.  diminutif  poteke).  Pot,  petit  pot  avec 
légère  idée  de  dénigrement. 

Poude.  Poudre,  paquet  ou  prise. 

Poude  à  l'anis  po  prugî,  poude  di  rocoulis.  —  Poudre 

de  réglisse  composée,  purgative. 

Poude  à  trimper,  prussiate.—  Poudre  à  tremper,  prus- 
siate  de  fer  et  do  potasse,  ferrocyanure  de  potasse  gros  cristaux 
jaunes  dont  la  poudre  paraît  blanche.  Les  ouvriers  s'en  servent 
pour  donner  une  trempe  supérieure  à  leurs  outils  d'acier. 

Poude  di  botte,  poude  di  savon.—  Talc  de  Venise,  sert 
de  glissant  pour  faciliter  l'introduction  des  pieds  et  des  mains 
dans  les  bottes  et  les  gants,  de  pousselette  pour  les  enfants,  etc. 

Poude  des  capuchins(Morlan\velz)  ponte  di  capucin  L. 

—  Poudre  de  staphysaigre.  Parasiticide. 

Poude  di  châtrou,  kermès.  —  Poudre  des  Chartreux, 
kermès.  Poudre  brune  pectorale. 

Poude  di  coti.  —  Poudre  brune  purgative  à  base  de  jalap. 

Poude  di  démangeaison.  —  Poudre  de  démangeaison, 
pois  à  gratter  (par  corruption  et  souvent  :  poil  à  gratter),  pois 
velus.  Doliclios  seu  Mucuna  pruriens  Légumineuses.  Ce  sont  des 
poils  fauves  qui  enveloppent  les  pois  noirs  dans  la  cosse  et  qui, 
placés  sur  la  peau,  occasionnent  un  prurit  insupportable. 

Poude  di  roi.  —  Voyez  Medcenne  de  roi. 

Poude  di  riz.— Poudre  de  riz  employée  comme  cosmétique 


-  491  - 

pour  calmer  le  feu  du  visage  produit  par  le  rasoir  et  comme 
aliment. 

Poude  di  fier.  -Poudre  de  fer, oxyde  rouge  de  fer  Remède 

devenu  pui)ulaire  contre  l'anémie. 

Poude  di  vier,  poudre  pour  les  vièches  (Virlon).—  Poudre 
vermifuge  à  base  de  Santonine. 

Poude  di  violette.  —  Poudre  d'iris  à  odeur  prononcée  de 
violette,  sert  à  parfumer. 

Poude  di  voyageur,  poudre  de  voyageurs.  Les  voyageurs, 
dans  leurs  parcours  sont  souvent  exposés  ù  des  afTections  de 
l'appareil  génito-urinaire,  ils  se  soignent  alors  commodément 
au  moyen  de  cette  poudre  formée  de  nitre,  de  réglisse  et  d'anis 
en  poudre. 

Poude  po  châsler  1'  grain.  —Poudre  à  chauler.  — On  se 
servait  primitivement  de  chaux,  d'où  le  nom;  actuellement  on 
se  sert  de  sulfate  de  cuivre  qui  persiste  et  préserve  le  grain  de 
reproduction  des  larves  d'insecte  et  des  caries. 

Pougnèye.  —  Poignée.  Manipulus.  Mesure  approximative. 
Ine  poufjuèi/e  di  gros  sépo  fer  on  bagne  dipîd. 

Pougnet.  Epicarpes.  Po  l'five  laine,  etc.  Enveloppe  de 
toile  blanche  que  les  guérisseurs  de  lièvre  lente  placent  aux 
poignets  en  même  temps  que  le  frontal  de  toile  bleue  à  la  tête. 
On  y  met  le  plus  souvent  un  mélange  de  semences  d'orties,  ail, 
levure,  jaune  d'œuf,  camphre,  cloportes  écrasés  vivants  et 
fleurs  de  bouillon  blanc  :  les  sept  sore. 

Poummâde.  —Pommade.—  Mélange  de  graisse  et  d'autres 
substances  actives. 

Poummâde  camphrêye.  —  Pommade  camphrée.—  Sou- 
vent employée  et  dans  les  cas  indiqués  par  Raspail. 

Poummâde  di  Condé.  — Pommade  ;\  l'oxyde  rouge  de  mer- 
cure souvent  prescrite  par  notre  célèbre  uculisle  liégeois  de 
Condé  et  rapidement  vulgarisée. 


—  192  —  ^       - 

Poummâde  po  les  ch'vèt.  —  Graisse  aromatisée  d'es- 
sence et  colorée,  pommade  pour  les  cheveux, 

Poummâde  di  rose.—  Gérât  labial,  pommade  de  roses.  Se 
débite  en  tablettes  pour  guérir  les  crevasses  des  lèvres. 

Poummi,  sm.  Peumier,  Rouchi.  Pommier.  Pomme ;Peiim, 
Rouchi  ;  Pun,  Borin.  ;  Peugn,  Mons.  —  Pomme.  —  Le  trognon 
porte  le  nom  de  Chaquiran  Luxemb. 

Les  valves  cornées  qui  entourent  les  pépins  portent  en 
Rouchi  le  nom  à'arèque,  fafiote. 

Poupâ  lôlô,  pâpà  lolo,boukai.  —Son  nom  vulgaire  de  1541 
a  été  traduit  dans  Fusch  par  Sacerdotis  virile.  —  Pied  de  veau, 
Gouet.  Arum  maculatum  L  Aroïdées.  Plante  vivace  à  souche 
traçante,  à  spathe  blanche  roulée  en  cornet  au  milieu  duquel 
se  dresse  le  spadice  violet.  On  utilisait  jadis  le  tubercule  gros 
comme  un  marron. 

Poupèye,  sâvage  poupi.  —  Pied  de  poule,  voyez  pihotte  è 
lé.  C'est  aussi  le  nom  du  lamier  rouge. 

Pourazine  (Mons).  —  Poix  résine. 

Pourçai  d'  cave,  pourchau;  couchet  sinfjlct  N,  Pourciau 
single  (Mons).  —  Porcellion,  porcelet  de  Saini- Xnioine,  onisciis 
ascellus,  armadillo.  Petit  crustacé  terrestre  jadis  fort  vanté 
comme  diurétique.  La  médecine  populaire  les  emploie  encore 
pour  la  fabrication  des  pougnet. 

Pourète  (Mons).  Petit  paquet  de  poudres  médicamenteuses. 

Pousslette.  —  Poudre  à  poudrer,  substance  en  poudre  très 
fine  dont  on  se  sert  pour  poudrer  les  parties  excoriées  de 
l'épiderme.  Dans  la  province  de  Liège,  on  distingue  1°  li 
b langue  pouss'lette,  amidon  pulvérisé  ou  talc  (poute  di  botte); 
2"  li  jeune  pouss'lette,  poussive  di  pi  d'  leu  (Salme  :  //  Houlo) 
lycopode  dont  l'emploi  est  préférable  en  ce  sens  que  le  lycopode 
est  imperméable  aux  liquides  aqueux  ;  3"  poute  di  vi  bois, 
pourète,  aubin.  Rouchi,  provenant  des  bois  vermoulus  et  4"  la 


'     -  193  — 

poudre  de  liège  ou  de  bouchons  improprement  appelée 
subérine.  Dans  le  Hainaut,  on  se  sert  aussi  de  céruse  et  le 
nouet  de  mousseline  qui  contient  la  poudre  porte  le  nom  de 
pop i nette;  pope  Liège. 

Pratte.  —  Agarics  des  champs  et  des  bruyères. 

Précipité,  par  corruption  persiperte,poumâde  di  précipité. 
—  Précipité,  pommade  au  précipité.  A  Liège,  on  entend  surtout 
par  là  la  pommade  mercurielle  ou  onguent  gris  ;  à  Virton  on  se 
sert  dans  le  même  but  anti-parasiticide  et  sous  le  même  nom  de 
la  pommade  au  précipité  rouge. 

Preune,  prone  Bodn,  prune  Malmedy.  —  Fruit  séché  du 
Prunus  domesticus  L,  Amygdalées.  Le  pruneau  fournit  une 
marmelade  souvent  donnée  aux  convalescents. 

Prizeure,  maire  Malmedy.  —  Présure,  mulette  dans  la- 
quelle on  met  du  sel  et  dont  on  se  sert  pour  coaguler  le  lait. 
Voyez  acide  di  pnzeure. 

Prugi.  —  Purger. —  Dans  les  villages  à  houillères  où  l'élé- 
ment ilamand  est  pour  ainsi  dire  prédominant,  on  dit  bofji, 
pochi  au  lieu  de  prugi.  Le  flamand  a  le  terme  populaire  spring 
dans  le  sens  de  notre  a  la  vavite  ».  Ex.  :  Springkruid,  euphorbe 
épurge,  plante  purgeant  violemment. 

Purgatif  Leroy.  Voyez  Méd'cenne  Leroi/. 


Quassi,  bois  amerÇVicion).  Bois  de  quassia  dont  la  décoc- 
tion imbibant  un  papier  sucré  tue  les  mouches.  Employé 
aussi  comme  apéritif,  surtout  en  gobelet. 

Quatelet,  capelet  Mons,  stroupia  Fleurus,  troclet  Luxcmb. 
—  Trochet  de  noisettes,  etc. 

Queue  de  chat.  (Arlon).  -  Prêle.  —  Equisetum.  Equisé- 
tacées.  Voyez  Bise. 


194 


Quinine  (ponde,  pill  lU).  —  Sulfate  de  quinine  connu  comme 
remède  énergique  des  fièvres  et  des  névralgies. 

Q"wate.  —  Quatre.  —  Jadis  ce  chiffre,  comme  celui  de  7, 
passait  pour  provoquer  d'heureuses  combinaisons  (restes  de 
Sabéisme}  :  il  y  avait  les  4  fleurs,  les  4  racines,  les  4  farines, 
etc.,  etc. 

Qwate  fleur.  Thé  di  qwate  fleur.  —  Fleurs  ou  espèces 
pectorales  :  guimauve,  mauve,  bouillon  blanc  et  pied  de  chat. 
Formule  variable. 

Rabat-jôye.  Voyez  platai. 

Rabrouhe,  revlouhe,ravronheh.Raveleuque  Rouchi.  (Ra- 
vehisses  en  Montois  signifie  mauvaises  herbes).  —  Ravenelle 
des  moissons.  —  Raphanns  raphanistrum  L,  Crucifère  à  fleurs 
jaunâtres,  veinées  de  violet.  Le  terme  verzou,  versous  con- 
vient mieux  au  Sinapis  arveyisis  L.,  qui  est  une  espèce  voisine. 

Racahout.  —  Racahout.  Mélange  alimentaire  de  cacao, 
sucre  vanillé  et  farines  qu'on  fait  prendre  aux  petits  enfants  et 
aux  convalescents. 

Raffiner.  Corruption  presque  générale  pour  afiner.  — Ré- 
duire un  liquide  par  évaporation,  concentrer.  Mettez  inepou- 
f/nèj/e  di  lichen  so  'ne  pinte  d'aiwe,  fez-V  boure,  et  leyiz-V 
raffiner  jusqn'à  ine  dimèye  pinte. 

Rainette.  Voyez  bêche  di  gimve  et  sirôpe  di  rainette. 

Ramonasse  (L,V,N);  7'emola  Houchi;  raimolasse,  rémou- 
lasse. Mons.  —  Radis  noir.  Raphanus  sativus  L.  Crucifères. 
Le  remède  populaire  contre  la  coqueluche  consiste  à  creuser 
le  cœur  du  radis,  emplir  la  cavité  de  sucre  candi  qu'on  y  laisse 
24  heures,  puis,  au  bout  de  ce  temps,  recueillir  et  boire  le 
liquide  sirupeux  formé. 

Ranombe,  raimonk.  —  Renoncule  en  général  et  le  plus 


—  495  — 

souvent  renoncule  mnltiflore.  —  RaniDiciihia  poli/tintlinnus  L. 
Renonculaciées,  Fleurs  jaunes  (mai-août).  Plante  des  bois  dont 
la  forme  à  feuilles  peu  découpées,  en  larges  lobes  :  Ranuncu- 
lus  nemorosus  D  C  est  la  plus  fréquente. 

Ranonke,  ranompe,  renonke,  ralongue  GGGG  Renôpe 
Verv.  Rcnomjue,  ernongiic  Valenciennes.  —  Renoncule  des 
jardins.  —  Ranuncidns  asiaticus  L. 

Nota  :  La  similitude  que  les  fleurs  des  renoncules  terrestres, 
d'une  part,  et  des  renoncules  aquatiques,  d'autre  part,  ont 
entre  elles,  les  tendances  que  ces  fleurs  ont  à  double^,  les 
modifications  que  subissent  les  feuilles  en  font  des  plantes  de 
détermination  difficile  pour  le  peuple,  d'où  la  confusion  entre 
les  espèces. 

Ranombe  6.'aivwe,bliuic  ranombe,  ranombe  di  sanquiss  L. 
—  Renoncule  aquatique.  Herbe  aux  écre visses.  Herbe  aux  cra- 
bosses  (écrevisses)  Meuse.  —  Ranunculus  aquatilis  L.  Renon- 
culacées.  Mêmes  propriétés  que  les  autres  renoncules.  Elle 
est  remarquable  par  ses  fleurs  d'un  blanc  d'argent  et  ses  feuilles 
polymorphes  selon  qu'elles  sont  immergées  ou  émergées.  Au 
déversoir  de  l'île  aux  Osiers,  je  l'ai  entendli  nommer  hièbe  di 
comuye. 

Rampioule,  crampioule,  rampe  L.  V.  Spa;  Rampruelle 
Rouchi  ;  rampoele  Maubeuge  ;  rampruelle  Mons,  rampieule 
Thuin;  rampe  Luxembourg  cf.  rampille  Haute  Normandie. 
Noms  donnés  à  toute  plante  qui  grimpe  en  rampant  :  lierre, 
clématite,  vigne  vierge,  etc. 

Rasure  de  Granat  (Fusch  1541).  —  Écorces  du  Punica 
Granatum,  Malicorium,  souvent  encore  demandées  il  y  a  quel- 
ques années  contre  la  diarrhée.  Elles  sont  astringentes. 

Rliébâre.  —  Rheupontic  <Rha-ponticum)  Fusch  1541.  Rhu- 
barbe. Depuis  très  longtemps  connu  comme  purgatif  et  digestif. 
On  le  prend  sous  forme  de  poudre,  de  pilules,  de  racines  cou- 


—  196  — 

pées  (mâchées)  et  sous  forme  d'élixir  avec  du  vin  ou  du  ge- 
nièvre. Le  peuple  affectionne  particulièrement  cette  dernière 
préparation  et  les  bonnes  femmes  en  prennent  une  petite  goutte 
le  soir  avant  d'aller  dormir.  C'est  du  reste  un  excellent  mé- 
dicament, 

E  m'rhebar  comme  à  l'ordinaire. 
ThéAte  ligeois  :  Les  hypocondes,  3"  acte.  Scène  I. 

Rècène  L.  V.  Sp.;  rachène  Rouchi.  —  Racine.  Absolument 
se  dit  dans  la  province  de  Liège  de  lu  carotte.  Baucus  carotta 
L.,  Ombellifères.  Sa  couleur  jaune  fait  que  le  peuple,  par  sym- 
pathie, l'emploie  cuite  contre  la  jaunisse, 

Rècène.  Galanga.  —  Les  charlatans  qui  parcourent  les 
marchés  et  les  campagnes  viennent  demander  cette  racine  sous 
ce  nom,  mais  les  acheteurs  ne  la  connaissent  que  sous  le  nom 
de  Rècène  di  peuve,  breime  rècène,  rècène  di  ma  d'dint. 
Cette  racine  souvent  bifurquée,  à  cicatrice,  d'un  jaune  brun,  à 
odeur  et  à  saveur  aromatiques,  provient  de  VApinia  galanga 
(Amomées)  de  l'Inde.  Le  peuple  l'emploie  aussi  râpée  comme 
céphalique. 

Rècène  di  diale,  Hagneure  di  dial  (Gothier)  ;  Morsure  du 
diale,  Verviers.  —  Tormentille  potentille,  blodrot.  —  Tormen- 
tillaerecta  L.  Rosacées.  Racine  de  la  grosseur  du  doigt,  brune 
en  dehors,  rougeâtre  en  dedans.  Klle  est  très  astringente,  d'où 
son  emploi  en  médecine.  Les  campagnards  du  Luxembourg, 
qui  la  désignent  sous  le  nom  d'herbe  de  feu,  l'emploient  contre 
les  maux  d'yeux. 

Rècène  di  fravi,  voyez  Fravi. 

Rècène  di  Go-wland,  voyez  Hièbe  di  Saint  Roch,  année. 

Rècène  di  Gow^land  mâie,  L.  ;  herbe  de  feu,  Borin.  — 
Racines  de  Bryone.  Couleuvrée.  Vigne  blanche,  navet  du  diable, 
navet  galant.  -  Bryonia  dioïca,  L.  Cucurbitacées.  Plante  grim- 
pante.   La  racine  très  épaisse,  en  forme  de  navet  et  grosse 


—  197  — 

comme  une  tète  d'enfant,  est  un  purgatif  violent  jadis  fort  usité 
en  médecine.  C'est  un  remède  populaire  énergique  et  souvent 
employé  contre  l'hydropysie,  contre  les  affections  vésicales  et 
rhumatismales.  Ce  remède  est  bon,  mais  doit  être  exactement 
dosé,  car  un  excédent  de  la  drogue  serait  dangereux. 

Rècène  di  Saint-Esprit,  voyez  Angélique. 

Rècène  di  souke.  —  Girole,  ctiervi.  —  Siiwi  sisarnm,  L. 
Ombellifères,  n'est  renseignée  dans  aucune  flore  belge  sauf 
dans  hezaack.  Serait  donc  cultivée  à  Spa  ? 

Forir  donne  le  nom  de  recette  di  souke  au  Salsifis  blanc  ou 
commun. 

Rècène  di  violette,  rècène  di  Guimauve.  —  Racines 
d'Iris  de  Florence,  racines  de  violette.  Rhizùine  do  VIris  Flo- 
rentina,  L.  Iridées  répandant  une  odeur  agréable  de  violettes. 
On  utilise  la  racine  décortiquée  en  guise  de  hochet  masticatoire 
pour  les  enfants  qui  «  font  leurs  dents  ».  On  emploie  aussi  des 
hochets  en  os,  en  caoutchouc,  en  verre  ou  en  cristal  taillé  et 
ondulé  :  dintelo  (dent  de  loup),  Kouchi  ;  baibelle  di  vculc,  Lize- 
Seraing. 

Registrom,  voyez  Blanc  bâr. 

Reine  di  pré,  bâbe  di  (jatte.  Reine  des  prés,  flam.  Geite- 
baard  Spirea  idmaria,  L.  Rosacées.  Plante  herbacée  venant 
dans  les  endroits  humides,  à  fleurs  blanches  odorantes.  Remède 
scientilique  et  vulgaire  fort  vanté  et,  non  sans  raison,  comme 
diurétique  et  antirhumatismal. 

Remonke.  Borinage,  Remonk,  Ermow^/?*^,  Rouchi.  Renon- 
cule, voyez  Ramombe. 

Rhum,  Rhum.  Liqueur  fortement  alcoolique  considérée  à 
tort  dans  le  peuple  comme  le  meilleur  remède  contre  le  choléra 
asiati(jue.  On  l'emploie  encore  en  grogs  contre  le  rhume  et,  ;\ 
l'extérieur,  en  frictions  contre  le  rhumatisme. 

Rinhin     L.  ;  Hehin,  Verviers  ;  Rosin   (Fusch   1541,   L.); 


—  198 


Rosm    Malmedy  ;    Ro„jh,,  Bonn.  Raisin,  fruit  de  lu  vigne 
Excelle,u  aliment  pour  les  convalescents.  Les  établissements 
de  Hoeylaert  en  produisent  des  quantités,  luttant  honorable- 
ment comme  qualité  et  viotorieu..ement  comme  pri.x  avec  les 
rajsins  français. 

Riz,  Riz.  -  Orizit  saliva.  ~  L.  Graminées.  L'eau  de  riz  seule 
ou  aveccamielle.estun  bon  remède  populaire  contre  ladiarrhée 
^.gart  raconte  qu'un  jour  dans  une  ép.démie  de  dyssenterie; 

2StT^'"l'  ""'"'"'  ''''^'■'"  ''  "^  à  un  Framerizou 
oelu  c,  m  chercher  de  l'eau  du  rie  et  guérit.  Dès  lors.  Pian  du 
ne  tut  en  grand  renom  et  l'épidémie  s'arrêta. 

Rocou,  -  cirage   pour   planchers  (Virton),  Rocou,  matière 
0  crante  rouge,  soluble  dans  les  corps  gras,  sert  à  .  ind  e  ! 
cire  a  parquet  et  le  beurre  (en  mélange  avec  le  curcuma). 

se  t°rf!„  ~  '^'"'^''  *^'™'"  °"  '^'"'^  ■^"  ^°'^  "^^  '^'•ésil  dont  on 
se  sert  pour  se  maquiller. 

Roge  âmônl.  Framboisier  voyez  Amôni. 

Roge  gruzalll,  voyez  Gruzalli. 

Roge  rèsponce,  voyez  Bètche  M  growe. 

nal^  L,  Labiées.  Plante  cultivée  à  feuilles   raides    à  fleurs 
violettes  petites,  utilisées  comme  pectorales  et  dans  l'art  cul  ! 

mf^Tl  *■  ÎT^^'  "'""<"  '■»"■  L  V  et  Spa;  Heupmi  L, 
Rosse  d  .56.«.fe  Rouchi,  rosse,  d'capnie  B,.v,.i.  __  Rosier  sau 

vage,  églantier.  -«,,„,«,„■„„  L,  Rosacées.  Ses  fleurs'roses 
roses  .de  chien  ou  de  haie  (jum)  sont  suivies  de  fruits  rouges  ■ 
cynorri.odon,  gratte  cul,  cynobaste  heupon  L  V  et  Spa  ■  capron 
Mons  pun  rf'  capron  Rouchi,  astringents  avec  lesquei;  oT  fl' 
sa,tjad,s  «ne  célèbre  conserve  médicinale.  L'espèce  de  pomme 
mousseuse  qui  se  remarque  souvent  sur  les  égLtiers  et  qu 


—  199  — 

porte  le  nom  de  bédégar,  éponge  d'églantier,  fungus  cynobasti 
bâbe  du  bon  Din  Spa  est  duc  à  la  piquùre  d'un  cynips.  La 
racine  a  longtemps  passé  pour  guérir  de  la  rage,  d'où  le  nom 
de  rose  de  chien. 

Roquette,  Mons  voyez  Hièbe  di  chanteu. 

Rose  du  d'jvau  voyez  Pmie. 

'Rosed'lngipe,  résida,  rose  d'Egipe.  -  Réséda  cultivé.  La 
Gaude,  réséda  sauvage  réséda  luteola  L,  Késédacées  porte  le 
nom  de  rézette.  Elle  donne  ses  fleurs  en  épi  de  juillet  en  août. 
Le  réséda  passait  pour  calmer  (resedare). 

Rose  du  mer.  —  Rose  d'outremer,  rose  trémièrc.  — Althea 
ou  alcea  rosea  L,  Malvacées.  Possède  les  propriétés  émollientes 
des  Malvacées.  Son  pollen  a  servi  à  colorer  le  sirop  et  la  con- 
fiture (gelée)  artificielles  do  groseilles. 

Rosi.  —Rosier.  Les  pétales  ou  feuilles  de  rose,  foye  di  rose 
de  la  rose  de  Provins  rose  rouge  rosa  rubra,  servent  à  faire  le 
sirop  du  même  nom  :  sirôpe  di  rainette. 

Rowe,  L  V  Spa;  Rœnlx  Rouchi.—  Rue  ou  r.'iue  des  jardins, 
rue  fétide.  —  Ruta  graveolens  L,  Rutacées.  C'est  le  remède 
populaire  le  plus  employé  contre  les  maux  de  govge:  Ji  li  a 
mèttou  de  lard  avou  de  i  rowe  è  hatrai.  Les  femmes  du  peuple 
le  considèrent  comme  un  violent  abortif  et  croient  qu'il  est 
défendu  de  tenir  cette  plante  chez  soi.  Aussi  la  cache-t-on 
précieusement  et  le  propriétaire  se  montre-t-il  avare  de  sa 
dispensalion.  —  Prenez  une  figue  et  une  viése  gaughe  (noix)  et 
un  peu  de  rœulx,  tout  mangez  ensemble  est  singulier  remède 
contre  la  peste.  Remède  de  S.  Leboucq  dans  Hécart. 


Sa,  Sau,  sauche  Rouchi.   -    Saule.        Sali.T  —  Amontacées. 
Sa  bossenne,  sa  bressenne.  —Saule  blanc.  —SaJi.valhaJ,. 
Un  en  utilise  parfois  encore  l'écorce. 


—  200  — 

Sa  minon,  Minon  sn,  L.  V.  Sp.  San  salinque.  Hainaut 
SaUcudcs.       Rouchi.  Saule  marceau.     -  Salix  caprea. 

Safran,  sofran.  —  Safran.  —  Style  et  stigmate  du  Crocus 
sativns,'L.  Iridées.  On  l'emploie  pour  colorer  les  liqueurs, 
pour  teindre  les  rideaux  en  crème  et  les  femmes  du  peuple  s'en 
servent,  en  infusé,  pour  provoquer  la  menstruation. 

Sayen,  L.  V.  Sayain  Hainaut.  —  Saindoux  (latin  sagina, 
graisse).  —  Axonge,  graisse  de  porc.  C'est  la  base  d'une  foule 
de  pommades  et  d'onguents. 

Sâklin.  —  Mauvaise  herbe  :  Quel  arège  po  tes  treus 
sâklin.  F.  Ghaumont,  Les  deux  wesin.  Ceux  qui  naguère  ont 
participé  aux  excursions  botaniques  de  Monsieur  Durand 
doivent  avoir  gardé  le  souvenir  des  fameux  Saclinus  communis, 
elatior,  etc.,  c'est-à-dire  qu'au  débutant  botaniste  en  hésitation 
devant  une  plante  indéterminée,  on  indiquait  un  nom  fantai- 
siste, entre  autres  le  macaronique  latin  formé  avec  le  wallon 
sâklin. 

Salade.  —  Salade.  —  Se  dit  surtout  de  la  laitue,  Lactuca- 
sativa,  L.  Comnosées.  Celle-ci  possède  des  propriétés  sédatives 
d'autant  plus  énergiques  qu'elle  monte  davantage.  Il  y  a  en 
Europe  environ  18  plantes  servant  de  salade  :  Laitue,  chicorée, 
endive,  barbe  de  capucin,  escarole,  cressons,  capucine,  mâche, 
pourpier,  céleri,  raiponce,  broqucs,  Rouchi,  raiponse,  L.  V. 
Spa,  pissenlit,  chou,  etc. 

Sansaie,  ]>.  V.  Spa.  sayette.  Mons,  —  Petite  douve,  flam- 
mette  Ranunculus  flammula,  L.  Renonculacées.  Petites  fleurs 
jaunes  (juin-octobre). 

SansoAve,  s.  m.  L.  Scmgsure,  Hainaut.  —  Sangsue,  Anné- 
lidc  dont  la  mode,  après  avoir  joui  d'une  vogue  prodigieuse, 
tend  maintenant  à  disparaître  complètement.  Elle  a  été  l'inter- 
médiaire entre  la  lancette  et  la  ventouse. 

Sapin,  L.  V.  Spa,  romarin,  Rouchi.  —  Sapin.  —  Pinus 


-  201  — 

Sylvestris  L.  Abiétinées.  Les  bourgeons  des  Abiotinées  servent 
comme  diurétiques,  aussi  s'en  fait-il  une  telle  récolte  en  ma- 
raude et  ce,  au  grand  détriment  de  l'arbre,  que  l'an  dernier  le 
gouverneur  de  la  province  de  Limbourg  a  dû  prendre  un  arrêté 
spécial  pour  sauvegarder  les  plantations.  On  promène  dans  les 
bois  de  Sdpin  et,  dans  ce  sens  sapin  signifie  abiétinées  en 
général,  les  enfants  atteints  de  coqueluche.  Les  émanations 
balsamiques  de  ces  arbres  sont,  en  effet,  excellentes  dans  ce  cas. 

Savage  pâquî,  voyez  Pâqui  cl'  pucelle. 

Savage  romarin.  Gothier.  —  Muflier  linaire.  —  Linaria 
vulgaris,  L.  Scrophulariées.  Plante  commune,  à  grandes 
fleurs  jaunes  à  éperon  (juin-octobre).  Elle  est  diurétique. 

Savage  céleri.  ~  Céleri  ou  persil  des  marais,  Achc.  — 
Apium  graveolens,  L.  Ombellifères.  Plante  très  aromatique. 

Savon.  —  Savon.  —  Le  savon  vert  placé  derrière  l'oreille, 
après  une  contusion  de  l'œil,  empêche  les  yeux  pochés  (remède 
populaire).  Placé  aux  pieds  avec  de  la  suie  {mette  des  botte), 
c'est  le  révulsif  populaire  pour  a  dégager  la  tête  et  empêcher 
les  convulsions  ».  On  l'emploie  également  contre  Térysipèle  et 
les  brûlures.  —  Le  savon  de  Marseille,  taillé  en  cônes  très 
minces  et  introduit  dans  l'anus  provoque  les  selles  des  enfants 
nouveau-nés.  Il  sert  aussi  en  lavement. 

Savon,  voyez  poute  di  savon. 

Sawou,  L.  V.  Spa,  seusse,  ine  (N.),  saou  (Orp-le-Grand), 
seignon  (V^irlon),  sefin,  sêf/ii,  sai/n,  saliu.  Borinagc,  seliu 
Morlanweiz.  Vieux  fr.  seii.  — Sureau,  sulion,  suin,  haut  bois, 
sureau  noir.  -  Skinihuciis  vigra  L,  Capri foliacées.  Arbre  à 
rameaux  ayant  une  moelle  blanche,  i\  fleurs  (juin)  blanches 
très  odorantes,  en  corynibe  [dan,  à  baies  noires.  Les  fleurs 
cap  di  saou.,  fleur  di  sawou  servent  de  remède  sudorilique 
populaire  contre  les  rhumes  de  poitrine;  on  emploie  également 
dans  ce  but  le  suc  des  fruits  évaporés  :  rob  de  sureau,  sirôpr  di 


—  20^2  — 

sawou.  On  s'est  aussi  servi  de  l'écorce:  pèlotte  di  sawoii  L, 
pèluttc  Boriii  Les  rameaux  vidés  servent  aux  enfants  à  faire 
des  bouhalle  L,  biiqro  Rouchi,  canonnières.  Les  tronçons  de 
moelle  lestés  d'un  côté  d'un  culot  de  plomb  amusent  les  enfants 
par  leurs  culbutes;  macmlle  L,  sorcière  Mons  autrement  dit 
ramponncau  ou  prussien. 

SavT'OU  à  roges  peus,  Spa.— Sureau  à  grappes,  — Srtm/'i*- 
CHH  racemosa  L,caprifoIiacées.— Il  difTère  du  sureau  noir  en  ce 
qu'il  a  la  moelle  des  rameaux  brunâtre,  les  fleurs  en  grappes 
ovoïdes  et  les  baies  rouges.  Il  fleurit  en  avril-mai. 

P'tit  sa'WOU,srt?mGGGG,  savâge  saoïi  L.  —  Sureau  yèble. 

—  Sambucus  ebulus  L,  Gaprifoliacées.  —  Plante  herbacée  à 
fleurs  blanches  en  corymbe  (juillet-août).  Le  peuple  recherche 
les  racines  contre  l'hydropisie, 

Sariétte  L,  saliiette  Luxemh., saliette  Rouchi. — Sarriette. 

—  Satureja  Jiortensis  L,  Labiées. 

Sarsepareille. — Salsepareille, sarsepareille.  Radix  Sarsœ. 

—  Smilax  offieinalis  L,  Asparaginées.  —  Plante  sarmenteuse 
américaine  qui  a  joui  comme  dépurative  d'une  vogue  extra- 
ordinaire, déjà  fort  amoindrie  aujourd'hui. 

Sâvion  L,  sauv'lon  Bor \n.,savelon  Rouchi.  Sable.— Le  sable 
des  mouleurs,  ayant  déjà  servi,  est  souvent  employé,  mis  en 
coussin  et  chaufl'é,  en  applications  contre  les  maux  de  dents  et 
les  rhumatismes  (remède  populaire). 

Savrri.  Voyez  p'tit  sawou. 

Scafiette  Lux.  Gosse,  écale,  silique,  scafîon  Hainaut, 
hujion  L.  —  Brou  de  noix. 

ScÊLpulaire.  Gorruption  presque  générale  pour  capulaire. 

Se  L,  sai  Hainaut.  —  Sel,  sel  de  cuisine,  chlorure  de  sodium. 
Il  sert  en  gargarisme,  en  compresses  et  en  bains. 

Se  d'Angleterre.  Sel  anglais,  sulfate  de  magnésie.  Purgatif 
le  plus  répandu. 


—  203  — 

Se  d'oseille.  -Sel  d'oseille.  Oxalate  de  potasse.  Ce  violent 
poison,  en  cristaux  blancs,  servant  à  a  tirer  les  taches  de  fer 
hors  du  linge  »  a  souvent  donné  lieu  à  de  funestes  méprises  par 
suite  de  sa  ressemblance  avec  le  sel  d'Angleterre. 

Se  d'  souke,  se  po  fiiirer  les  ceuve.  —  Sel  de  sucre,  acide 
oxalique,  sel  pour  eau  de  cuivre.  Il  porte  le  nom  de  sel  de  sucre 
parce  qu'on  le  prépare  au  moyen  du  sucre  et  de  l'acide 
nitrique.  On  s'en  sert  pour  faire  reluire  les  cuivres,  après  les 
avoir  écurés  au  sable,  on  les  repasse  à  l'eau  de  cuivre  et  h  la 
cendrée  fine  ou  au  tripoli.  Produit  très  vénéneux. 

Sèchaî.  —  Sachet,  sac,  cornet  de  papier  dans  lequel  on 
place  les  herbes,  etc. 

Sèche  L.  V,  setclie  Spa,  satche  ]<lam. ,  sarge  Luxemb.  — 
Sauge  officinale.  —  Salvia  officinnlis  L,  Labiées.  Plante  aroma- 
tique que  les  Romains  et  l'école  de  Salerne  avaient  vantée  outre 
mesure  comme  remède  universel,  et  qui  est  trop  abandonnée 
maintenant.  Les  Chinois  la  préfèrent  à  leur  thé  et  font  l'échange 
à  poids  égal.  Fumée,  son  arôme  est  de  beaucoup  supérieur  au 
tabac.  L'art  culinaire  en  use  encore  fort  souvent.  On  trouve 
dans  les  bois,  la  grande  sauge,  sauge  ovale,  orvale.  Salvia 
sclarea  L,  Labiées  qui  fleurit  comme  la  précédente  en  juin- 
juillet,  mais  n'est  guère  employée  qu'à  défaut  de  la  première. 

Sène,  séné.  Voyez  foye  di  sène. 

Senet  Lux.  —  Sénevé.  Voyez  mostâde  di  champs. 

Sèwe  L.,sieu  Rouchi.  Suif.  Le  suif  sert  à  faire  différentes 
pommades.  Lu  peuple  fait  avec  de  la  chandelle  (h  base  de  suif) 
un  emplâtre,  sur  papier  gris,  qu'il  saupoudre  de  gingembre  ou 
de  noix  de  muscade  et  qu'il  vante  dans  les  cas  de  rhume;  avec 
la  sauge  et  la  chandelle,  il  fait  un  onguent  contre  le  panaris. 

Sèwe,  Riseire,  L.  Soien.  (lîouchi.)  —  Deuxième  son  plus 
lin  que  le  lalon.  i))i  [ai  peter  de  l'sewe  po  lès  nià  d'dini,  alors 
ou  l'mète  divin  onp'tit  cossin  et  on  l'tin  so  s'rliifc. 


—  204  — 

Siccatif.  —  Siccatif.  Térébenthine,  oxyde  de  plomb  ou  de 
manganèse,  sulfate  de  zinc  ajouté  h  riuiile  de  lin  pour  la  faire 
sécher  plus  rapidement. 

Siinince  d'âcolette.  —  Voyez  Aeolette. 

Simince  di  capucin.  —  L.  Ponde  de  eapnchin.  Hainaut, 
simince  di  pion,  simince  di  sporon  (Orp-le-Grand).  Poudre  de 
cévadille.  {Veratrum  sabadilla.  Golchicacées)  ou  de  staphi- 
saigre,  herbe  au  mort,  purgechief  {Belphinium  staphisarfria, 
L.  Renonculacées).  Toutes  deux  sont  confondues  sous  le  nom 
de  poudre  des  capucins,  poudre  de  propreté.  Les  gens  du 
peuple  la  font  macérer  dans  du  genièvre  ou  du  vinaigre,  puis 
ils  se  servent  du  liquide  obtenu  pour  détruire  les  poux  et 
leurs  lentes.  Déjà  dans  ce  but,  on  employait  au  XVIIP  siècle  sa 
macération  dans  l'urine.  N.  Lcmery.  Pharmacopée  universelle, 
p.  74. 

Simince  di  peturon.  —  Semences  de  courge.  Epistées,  on 
en  fait  un  looch  contre  le  ver  solitaire.  Le  remède  populaire 
contre  le  ténia  les  fait  manger  fraîches  et  telles  quelles. 

Simince  di  transcotte,  simmc^  di  Hans  Cott?— Semences 
de  nigelle.  Petites  semences  noires  connues  sous  le  nom  de 
poivrette,  toute  épice.  La  nigelle  des  champs  et  la  nigelle  de 
Damas  sont  confondues  sous  les  noms  de  AiYi(j7ie{Spa.)  Araignée 
Valenciennes  Eu  d'chet,  Noiëlle  Meuse  et  Vosges,  pett  de  filère 
(patte  d'araignée).  Vosges.  Cheveux  de  Vénus,  Nigelle  de 
Damas).  Nielle  des  blés,  Git,  fleur  de  Sainte-Catherine,  faux 
cumin,  en  flamand  .Tuff"ertje  in't  groen  et  dans  beaucoup  de 
dialectes  germaniques.  —  Nigella  arvensis  L.  et  Nigella  da- 
mascena  L.  Renonculacées.  La  nigelle  cultivée.  Nielle  des  jar- 
dins, cumin  noir,  graine  noire,  poyvrade  Nigella  saliva.  L, 
donne  des  semences  servant  d'épice  aux  Egyptiens. 

Simince  di  vier.  Mort  aux  viers.  Virton.  —  Semences 
contre  les  vers.  Semen  contra.  Fleurs  d'une  absinthe  de  Barba- 


—  205  — 

rie.    On   les  enrobe  souvent  de  sucre  blanc  ou  rose  à  la  façon 
des  anis  :  anisepo  les  vier. 

Sipriche,  silimjue,  siringue.  L,  Spitruelle  (Hainaut).  — 
Seringue.  Le  2*  de  ces  termes  est  probablement  un  compromis 
entre  seringue  et  cylindre.  Naguère  encore  dans  les  campagnes, 
on  la  remplaçait  par  une  vessie  embouchée  d'un  tuyau  de 
sureau  dont  la  poire  en  caoutchouc  si  employée  de  nos  jours 
n'est   qu'une     reproduction    perfectionnée. 

Sinagrêye,  L,  Chinagrée,  N.  Sinagraine  (Virton).  —  Fenu- 
grec,  senegrain.  —  Trigonella  fœnumgrœcum  L,  Papilionacées. 
Semence  à  odeur  forte  qu'on  donne  aux  bestiaux  pour  exciter 
le  rut,  ôlniint  d' fleurette  Liège.  Onguent  de  funugrce,  onguent 
d'althea.  La  forme  corrompue  fleurette  a  par  similitude  fait 
employer  cet  onguent  contre  //  florette  di  l'oiu/e. 

Siro.  Verviers.  —  Savon  double. 

Sirôpe  L.  V.  Cliirot  (Rouchi).  —  Liquide  épais  formé  de 
sucre  et  d'eau. 

Sirôpe  d'anis.  —  Sirop  d'anis  souvent  donné  aux  petits 
enfants  pour  calmer  leurs  coliques. 

Sirôpe  di  capulaire,  par  corruption  Sirôpe  di  seapuliiire. 
Sirop  de  capillaire.  Sirop  employé  contre  le  rliume  et  comme 
sirop  d'agrément  :  bavaroise,  etc. 

Sirôpe  di  citron.  —  Mélange  titré  de  sucre  et  de  jus  de 
citron. 

Sirôpe  di  coing.  —  Mélange  de  sucre  et  de  jus  de  coing. 

Sirôpe  di  fier.  —  Sirop  d'iodure  de  fer,  dépuratif  et 
fortifiant. 

Sirôpe  di  gruzalle,  L.  Sirôpe  de  grouzelles  (Mor\an\vc\z). 
Mélange  de  sucre  et  de  jus  de  groseilles  rouges. 

Sirôpe  di  pavoir.  L,  Doirniati  Rouehi,  Dormo  (Bavai). 
Sirop  de  pavots  blancs  doué  de  propriétés  somnifères.  Voyez 
tiesse  d'ouyette. 


—  206     - 

Sirôpe  dMpeca,  Sirôpr  diPica.  —  Sirop  d'ipéca.  Antica- 
tarrhal.  Vomitif  à  haute  dose. 

Sirôpe  di  lumçon.  —  Sirop  d'escargots  employé  contre  la 
toux  et  la  coqueluche. 

Sirôpe  (Il  rainette.  —  Sirop  de  roses  rouges  employé  contre 
les  rainette  ou  muguet  des  nouveau-nés. 

Sirôpe  di  rhebâre.  —  Sirop  de  rhubarbe.  Sirop  purgatit 
souvent  employé  pour  les  petits  enfants. 

Sirôpe  di  Vanier,  par  corruption  Sirôpe  di  Vanille.  — 
Sirop  fortifiant. 

Sitope.  —  Etoupe.  Elle  remplace  la  ouate  et  la  charpie  dans 
les  pansements  vétérinaires.  Dans  le  Luxembourg,  on  donne  le 
nom  de  seran  à  la  filasse. 

Sizette,  Towe  chin,  fie  di  rîi'a  L.  Y.  Spa.  —  Colchique 
d'automne,  tue-chien,  tue- loup,  mort  chien,  safran  des  prés — 
Colchieum  autumnale,  1>.  Colchicacées.  Fleurs  grandes,. d'un 
lilas  tendre,  venant  en  automne  ;  feuilles  longues  et  dressées  et 
fruit  se  développant  au  printemps.  Bulbe  solide.  La  plante,  qui 
se  trouve  abondamment  dans  ses  habitations  :  pâturages  frais, 
est  un  poison  violent. 

Skette,  Borinage.  —  Copeaux  de  bois. 

Solo.  —  Soleil,  grand  soleil.  —  Helianthus  annuus,  L.  Com- 
posées. Grande  plante  à  feuilles  entières,  rudes,  à  grandes  fleurs 
brunes  portant  des  rayons  d'or,  à  semences  noires,  intérieure- 
ment blanches  que  les  gamins  mangent  pour  avoir  belle  voix  et 
bonne  vue. 

Sologne,  L.  Solayne,  GGGG.  Sirlogne,  Malmedy.  —  Ghéli- 
doine  [vieux  fr.  célidone  (celedonia  latin  du  XI"  siècle),  fr.  du 
XV"  siècle,  felongne  Pinœus,  1561].  Grande  éclaire,  sainte 
Claire,  herbe  à  l'hirondelle,  felouque.-  Chelidonium  m(VJus,L. 
Papavéracées.  Plante  très  commune,  à  fleurs  jaunes  (mai- 


—  207  — 

août),  contenant  partout  un  suc  jaune,  corrosif,  propre  à 
détruire  les  verrues.  Le  peuple  emploie  aussi  toute  la  plante 
pilée  pour  guérir  des  ulcères  de  mauvaise  nature. 

Song.  —  Sang.  Nos  abattoirs  voient  tous  les  jours  des  bu- 
veurs de  sang  frais  ;  jadis  de  terribles  bruits  ont  couru  au  sujet 
des  bains  de  sang  humain  ;  et  le  mélange  de  vin  de  Bordeaux 
et  de  sang  de  lièvre  est  encore  dans  nos  campagnes  un  remède 
populaire  interne  contre  les  hémorrhagies. 

Soufe,  L.  Sife,  Verviers;  Seuve,  Malmedy;  Souin,  Hainaut. 
—  Suie,  voyez  Savon. 

Soufe,  soufe  di  brocale,  L.,  ponte  di  brocalle,  N.  ;  soufre 
de  /;?'oa//,Orp-le-Grand.  —  Fleur  de  soufre.  Poudre  servant  à  de 
nombreux  usages  :  contre  les  maladies  des  chiensetdes  porcs, 
comme  dépuratif  du  sang  chez  l'homme.  Son  emploi  par  cuil- 
lerées à  café  dans  les  cas  d'angine  est  devenu  populaire,  .'i  la 
suite  des  indications  du  journal  La  Meuse,  à  Liège,  en  1888. 

Soufe  lavé,  blanc  soufe.  Soufre  précipité.  Employé 
par  les  chapeliers. 

Souke.  —  Sucre.  Li  neur  souk  andi  (sucre  candi  noir)  est 
bin  meïeu  qui  1'  blanc  po  les  freu. 

Souke  d'orge.  —  Sucre  d'orge. 

Souke  di  pot.  —  Sucre  de  pot,  cassonade. 

Spaite,  spiate.  —  Épeautre,  ancien  wallon  spelte,  Triti- 
cumspelta,  L.  Graminées. 

Spèce  di  manège.  Voyez  roge  peuve. 

Spéculaire,  colifon  L,  Spigulair,  colofon  Bor.  Selon  Sigart 
spigulair  serait  le  terme  employé  dans  les  métiers  et  colofon 
dans  les  arts  pour  désigner  la  colophane  ou  arcanson.  C'est  la 
base  do  la  cire  ou  goudaon  à  bouteilles  (lugifc);  les  musiciens 
en  frottent  les  cordes  de  leurs  violons. 

Spéne.  Voyez  ardespène. 


—  ^208  — 

Spinâ,  L  V  et  Spa,  Spiuassr  Hainaut  Epénaehc.  Rouchi.  — 
Epinarii  :  Spinacca  olemcca  L,  Chénopodiacécs.  Alimentaire. 
Son  suc  est  employé  pour  colorer  les  liqueurs  en  vert. 

Savage  spînâ,  L  V  Spa.—  Epinard  sauvage,  chénopodeBon 
Henri,  Blite,  ansévïnti  Clieiwpodiuin  Bonus  Ilenricus  L,  Gheno- 
podiacéeà  (ou  Salsolacées).  Plante  vivace,  à  fleurs  en  grappes 
très  compactes. 

Spingel,  thé  (Il  spinijcl  L.  —  Spigélie,  branlière,  brinvillière 
Spifjelia  anthelminUca  L,  Gentianées.  Vermifuge  jadis  popu- 
laire à  Liège,  aujourd'hui  fort  délaissé. 

Sporon.  —  Eperon.  Nom  générique  des  dauphinelles,  cor- 
nette, pied  d'alouette  {pie  d'oloueUe  Vosges,  pi  d'alouette  L). 

Stache  bou,  L  V  Spa,  7'atede  bœuf  Lux.  —  Arrête-bœuf, 
bugranne,  resta  bovis  Ouonis  splnosa  L,  Papilionacées.  Petit 
arbrisseau  dressé,  souvent  épineux  à  fleurs  roses  inodores. 
Les  racines  passent  pour  agir  favorablement  sur  la  vessie. 

Stami,  Malmedy.  Hydromel  double, 

Stramône,  L.  Voyez  Hieb  di  makrai. 

Stron  d' colon, /jo/^/mc?.  — Excrément  de  pigeon ,  colombine. 
Conseillé  plaisamment  aux  jeunes  gens  comme  faisant  pousser 
la  moustache  et  la  barbe.  Ghose  curieuse,  ce  conseil  a  été 
donné  sérieusement  par  Hippocrate  et  Marcellus  et  suivi  pen- 
dant des  siècles.  On  l'emploie  en  cataplasme  comme  maturatif. 
Gomme  tel  son  usage  ne  date  pas  d'hier,  il  se  trouve  déjà  ren- 
seigné dans  Galien,  Dioscoride  et  Pline  soit  seul,  soit  avec  du 
vinaigre  et  de  la  farine  d'orge,  également  dans  Bellefontaine 
1712:  Stercoris  columbini  in  spiritu  vini  macerati  et  in  forma 
pultis  redacti... 

Stron  d'  diale,  kaj'ouma  L  V,  Salfœtida  Luxemb.  M...  de 
diable  (Virton),  flam.  Duivelsdreck,  —  Asa  fetida.  De  gustibus 
non  est  disputandum;  cette  drogue  dont  l'odeur  forte  et  alliacée 


—  209  - 

nous  répugne,  passait  pour  le  plus  précieux  des  condinimls 
chez  les  Romains  et  passe  encore  pour  tel  chez  les  Chinois. 
Son  emploi  comme  appât  pour  la  pêche  est  très  répandu. 

Sublimé.  —  Sublimé  corrosif,  bichlorure  de  mercure. 
Poison  extrêmement  violent,  depuis  longtemps  employé  à  Liège 
pour  le  damassage  des  fusils  et  depuis  quelque  temps  très 
répandu  partout  comme  antiseptique  (injection  et  pommade 
pour  accouchement). 

Sucette,  L  V.  Spa,  Bîbron  (Forir  L,)  Suclio,  auchau  llouchi 
Queue  d' pipe  Luxerab.  Lésai  cli  Notre  Demie  S[)aL,  —  Chèvre- 
feuille. —  Lonicera  periclyjnenum  L,  Caprifoliacécs.  Très 
abondant  dans  le  bois  de  Kinkempois,  dans  les  haies  du  pays 
de  Hervé,  etc.  Les  enfants  sucent  le  tube  floral  et  lui  trouvent 
un  goût  sucré.  Une  espèce  voisine  avec  laquelle  on  la  cuiit'oiul 
est  souvent  cultivée;  c'est  le  lonicera  caprifolium  L.  On  .sYti 
est  servi  en  gargarisme. 

Sucette.  —  Luxembourg,  Namur  et  Hainaut  (environs  de 
Charleroi)  Masticatoire.  Nouet  contenant  du  sucre,  du  pain 
trempé  au  lait,  etc.,  qu'on  donne  à  sucer  aux  enfants.  II  existe 
pour  la  médecine  vétérinaire  des  nouets  contenant  des  sub- 
stances médicamenteuses  appelés  mastigadours,  biou. 

Soufflure  de  carbeau,  Hainaut.  —  Sulfure  de  carbone. 
(Essais  de  liltéralure  boraine.  Dufrane,  Frameries  188G.) 
Liquide  volatil,  inflammable,  incolore. 

Support.  —  l"  Bandage  herniaire.  2"  pessaire.  Uindî'de 
ou  Bindlège,  désigne  également  le  bandage  herniaire  ou  le 
suspensoir. 

Suralle,  Suriclle,  Rouchi;  Oijclcttc,  Luxemb.  —  Uscillc, 
surelle.  Rnmex  acctosa,  L.  Polygonées.  C'est  de  celte  plante 
qu'on  retirait  primilivenient  le  sel  d'oseille.  N'est  plus  guère 
usitée  aujourd'hui  que  dans  l'art  culinaire. 

Suralle  di  bèrbi  surète,   l'.ouchi.  —  Petite  oscille,  flam. 

14 


—  210  — 

Schaapzuring  —  Rumcx  acetosella,  L.  Polygonées.  Feuilles  en 
flèche,  racines  envoyant  dos  jets  (stolons)  au  loin.  Plante  très 
répandue,  fleurissant  en  mai-juin. 

Suralle  di  bèguènne,  Suralle  di  mamzelle,  L.  ;  Suralle 
du  d(nnx.-iilc  (Spa).— Oseille  ronde,  rume s.  a  écusson.  —  Rumcx 
scntatns,-  L.  Polygonées.  Plante  à  feuilles  aussi  larges  que 
longues,  très  glauque,  fleurissant  en  mai-août. 

Suralle  di  chin.  —  Rumex  aquatique.  —  Rumex  aquati- 

cus,  L.,  fleurissant  juillet-août. 

Suralle  di  vache.  —  Rumex  à  feuilles  aiguës,  voyez 
Pddfonnc. 

Sure,  Hainaut;  scur,  L.  —  Petit  lait.  —  Bu  pour  obtenir  de 
l'embonpoint. 

Surface  di  zinc.  —  Corruption  populaire  presque  géné- 
rale pour  sulfate  de  zinc.  Voyez  lue. 

Suzat,  Rouchi.  —  Vinaigre  surard,  aromatisé  avec  des 
fleurs  de  sureau. 

X 

Tablette,  Borin.  f^ouchi.  —  Extrait  de  réglisse  desséché. 
Se  dit  aussi  dans  le  Borinage  des  cartes  contenant  de  la  mélasse 
cuite  =  tache,  Gondé.  Chirot,  Valenciennes. 

Tablette  di  clâ.  —  Onguent  de  la  mère,  en  plaques. 

Tablette  di  Saint-Ernelle,  par  corruption  di  Samt 
Eternelle.  —  Onguent  citrin,  pommade  citrine,  onguent  contre 
la  gale.  Plaque  jaune  citron,  solide,  employée  contre  la  croûte 
de  lait  et  la  gale. 

Taffetas,  par  corruption  :  taff-taff.  —  Tafl'etas.  —  Soie 
enduite  d'une  couche  de  colle  de  poisson.  Déjà  connu  au  siècle 
dernier  à  Liège  :  «  On  trouve  chez  le  sieur  Hamal,  chirurgien 
uré,  rue  Saint-Adalbert,  à  Liège,  le  vrai  tafl'etas  propre  pour 


—  -211  — 

coupure,  brûlure  et  cûntusion  au  prix  de   -20  sols  la   pièce.  » 
1771.  Brochure  sur  rirroé. 

Tamison,  Borinage.  —  Tamis. 

Tarte  en  crème.  —  Corruption  assez  fréquente  de  crcmc 
(U  tarte. 
Tartrie,  Luxemb.  —  Coquerette,  crête  de  coq. 

Teinture,  teinteure.  —  Teinture.  —  Toute  substance  qui 
sert  à  colorer  les  bois,  les  étoffes,  le  fer,  etc.  Ex  :  anilines; 
pyrolignite  fer,  teinture  d'acier,  prussiate  de  potasse,  sulfate 
fer,  arsenic,  sulfate  de  cuivre  en  solution,  noix  de  galle  en 
solution,  etc.  donnent,  par  réaction  chimique,  diverses  teintes 
ou  nuances. 

Teinture  di  jote,  teinture  dobe,  teinture  d'idiote, 
de  riodote,  de  l'idiote  (L  et  Ni,  peinture  d'Hyon. 
Armonak  borain,  p.  24;  dé  Viernis,  L.  Corruptions  pour 
teinture  d'iode.  Naguère  encore  lu  teinture  de  chou  rouge, 
assez  semblable  à  la  teinture  d"iode  comme  aspect,  était  sou- 
vent employée  en  chimie  pour  distinguer  les  acides  et  les  bases. 
La  teinture  d'iode  est  un  remède  énergique  des  rhumes, 
angines,  rhumatismes,  etc.  etc.,  aussi  s'est-il  rapidement 
vulgarisé. 

Tènnhèye.  Voyez  hieb  à  viér. 

Tènnhèye  magritte.  —  Matricaire  en  corymbe.  ~  Pfirc- 
thvuni  coruNiIjotiuni,  VVille  Composée. 

Terque.  Hainautet  Rouchi.  —  Goudron.  Voyez.  Diujuvt. 

Tette  di  vache.  L.  V.  Spa.  —  Orpin,  joubarbe  des  vignes. 
—  Seduni  telephium.  L,  Crassulacées  Plante  yrasse  à  feuilles 
opposées,  à  fleurs  rougeùtres.  Elle  est  vivace  l'été  et  émet  de 
nombreux  jets  stériles.  Ses  feuilles  écrasées  servent  au  panse- 
ment des  hémorrlioides  et  des  cors  On  donne  le  nom  de  trttf  di 
sorts  à  l'orpin  rélléchi.  Scdinn  rcftcxum  et  celui  île  trijipc 
Madame  (Spa;  à  l'urpin  bbnc  Seduni  alluiut. 


—  21'2  — 

Thé.  —  Désigne  non  pas  simplement  le  thé  de  Chine,  mais 
toute  espèce  d'herbe  employée  en  infusion,  par  exemple  :  Thé 
d'aise.  Voyez  Aisse;  thé  d'minthe  ou  thé  d' pastille.  Voyez 
miiithc. 

Thé  de  Chine.  —  Thé  noir,  thé  vert.  Outre  son  infusion 
rapide,  5  minutes  au  maximum,  dont  l'emploi  comme  boisson 
tend  à  se  généraliser  chez  nous  chaque  jour  davantage,  le  thé, 
surtout  le  vert, sert  en  infusion  prolongée  (15  minutes);!  guérir 
les  ophtalmies  légères. 

Thé  di  Saint  Germain.  —  Espèces  purgatives  de  Saint- 
Germain.  Purgatif  dans  le  genre  des  thés  Chambard,  Saint- 
Thomas,  etc.,  etc.,  presque  tous  à  base  de  séné  découpé  et  qui 
tous  sont  a(;tuellement  en  grande  vogue. 

Teule  d'arègne,  aricret  ou  arincret  L,  ami  toile  (Rouchi). 
—  Toile  d'araignée.  Elle  est  excellente  pour  arrêter  les  hémor- 
rhagies  peu  intenses  provenant  de  légères  coupures  ou  piqûres. 
Dioscoride  la  conseillait  déjà. 

Teule  phéniquèye.  —  Gaze  phéniquée  pour  le  pansement 
des  blessures  dans  les  ateliers,  etc. 

Thymus,  tin.  --  Voyez  Poli. 

Tièsse  di  chet.  L.  V.  (Spa).  —  Fleur  du  tonnir  (Spa).  — 
Scabieuse  des  champs  ou  des  prés,  knautie  —  Scabiosa 
arveitsis.  L.  Dipsacées.  Plante  à  feuilles  opposées  et  à  fleurs 
violettes.  Toute  la  plante  est  utilisée  comme  remède  populaire 
des  maladies  de  la  peau  (scabies,  gale).  Une  espèce  voisine, 
la  fleur  de  veuve,  Scaljiosa  atropurpurea,  L,  porte  le  nom  de 
fleur  du  vève  (Spa)  et  une  autre  la  Mors  du  diable  Scalnosa 
succisa,  Moirt  dé  diale  (Spa).  Tradutore,  traditore  :  je  ne 
m'explique  point  Mors  (du  latin  Moi'sus,  morsure)  traduit?  par 
Moirt,  mort. 

Tièsse  di  moirt.—  Muflier,  tête  de  mort, muflier  rubicond 
Antirrhinum  orontium.   L,  Scrophulariées.   Feuilles  linéaires, 


—  t>l3  — 

fleurs  purpurines  parfois  blanches.  Cette  plante  est  assez  dnn- 
gereuse.  Une  espèce  voisine  :  Gueuyc  di  lion,  (iiieiii/r  dl  Icup, 
croît  sur  les  vieux  murs.  C'est  le  muflier  à  grandes  fleurs, 
mufle  de  veau,  gueule  de  loup  ou  de  lion  Antirrhinum  majua  L. 
Le  nom  de  tiesse  du  moirt,  Spa  a  été  également  donné  au 
grand  orobanche.  Orobanche  major,  L,  Orobanchi''es.  Plante 
rougeùtre,  parasite,   vivant  sur   les   racines  d'autres  plantes. 

Tièsse  d'oulliette(Morlanwelz),  ticssc  di pavoir  L.  —  Tètes 
de  pavot,  capsules  de  pavot.  Possède  des  propriétés  narcotiques. 
Voyez  Pavoir. 

Tinche.  —  Tanche  Voici  ce  qu'en  dit  Van  den  Bossche  dans 
son  Historia  medica  leodiensis  (on  verra  que  son  usage  pour 
guérir  la  fièvre  et  la  jaunisse  ne  date  pas  d'hier)  :  «  Tincœ 
a  habent  tamen  suos  in  medicina  usus  :  quidam  enim  (ut  ferunt 
a  Jovius  et  Rondeletius)  tincas  scissas  per  dorsi  longitudincm 
«  pedum  plantis  et  manium  carpis  applicatas,  ardentis  l\bris 
a  fervoribus  plurimuin  advcrsari  putarunl  exsecta  Judieorum, 
«  qui  quamquàm  sordide  et  rideiitibus  aliis  talia  experirentur, 
a  aliquando  tamen  remédie  non  spernendo,  profuilexperientia.., 

a.  Alii  ictericorum  jecori  aut  umbilico,  donec  immoriatur. 
a  postridie  aliam,  et  repetunt  tertio.  Tinca  immorlua  intus  ac 
a  foris  veluti  croco  tincta  redditur,  et  plerique  hoc  remédie 
a  rostituuntnr.  Author  est  Kentimanus.  » 

Tiou  L.  V.  Spa, ///tMorlanwelz, ///^  Borinage. — Tilleul.— 
Tilia  europœa  L,  Tiliacées.  La  fleur  donne  une  infusion  cal- 
mante d'un  arôme  agréable  et  bien  connu. 

Tisane  L.  Tisène  r»ouchi.  —  Tisane. 

Tonoire  N.,  fleur  di  tonîre  L.,  voyez  coqlico. 

Toubac.  —  Tabac, petun, herbe  à  tous  les  maux, panacée.— 
Nicotia)ia  tabacum  L,  Solanées  Elle  donne  en  juillet  septembre 
de  belles  fleurs  roses  et  constitue  encore  la  base  de  nombreux 
remèdes.  La  nicotiane  rusti(|ue  a  ses  feuilles  rondes  et  es  fleurs 


—  214  — 

d'un  jaune  verdàtre.  CcIIc-ci  nous  vient  du  Mexique,  la 
première  de  l'Amérique  du  Sud.  YojGzshiOuf. 

Tourbenthène,tourbenthine,turbinthène.  —  Essence 
de  térébenthine,  huile  volatile  de  térébenthine.  Ce  liquide 
volatil  possède  de  nombreuses  applications  :  Employée  dans  les 
ménages,  o-n  la  mélange  au  tripoli  ou  à  la  mine  de  plomb  pour 
polir  les  métaux  et  à  la  cire  pour  faire  les  encaustiques,  enfin  on 
ruti'.ise  seule  pour  dégraisser.  C'est  un  remède  populaire 
énergique  contre  le  rhumatisme  des  gens  et  des  animaux,  en 
frictions;  à  l'intérieur,  il  agit  bien  contre  les  maladies  de  la 
vessie.  Il  communique  alors  à  l'urine  une  odeur  de  violettes. 

Crasse  tourbenthène  L,  fine  térébenthine  (Orp-le-Grand), 
tourbenthène  di  Vé)iise  par  corruption  tourbenthène  di  Vénus. 
—  Térébenthine  de  Venise.  Produit  semi-fluide,  épais  et  gluant 
dont  le  peuple  se  sert  pour  faire  des  onguents.  En  français,  la 
fine  térébenthine  désigne  la  térébenthine  de  Briançon. 

Touvrai  d'  pleume.  —  Tuyau  de  plume  d'oie  rempli  de 
morceaux  de  camphi"e  ;  constituant  les  fameuses  cigarettes 
camphrées  anti-épidémiques  de  Raspail. 

Traiteu.  —  Entonnoir.  .Jadis  souvent  en  étain,  ils  sont 
actuellement  en  pharmacie  en  verre  presque  toujours,  en  porce- 
laine, caoutchouc  vulcanisé,  ou  en  fer  émaillé. 

Traîne,  traînasse,  voyez  ci7it  nok. 

Trimblène  L,  traiblaine{Wevy.),  trimblenne  Spa.,  trianelle, 
trimbline,  ealauve,  elâve  Nam.,  tranelle  Hesbaye,  tranelle, 
trianelle  Hainaut.  tranelle,  tranUnne  Rouchi  (Molinet), — 
Trèfle.  —  Trifolium.  Plante  fourragère.  En  maints  endroits 
encore,  on  recherche  le  trèfle  à  quatre  feuilles. 

Trimblène  di  ch'vâ.       iVh'îliiot.  —  Melilotus  officinalis  L, 

Papilionacécs.  IMatilc  à  petites  feuilles  trifoliées,  à  fleurs  jaunes 
en  épi,  développant  par  dessiccation  une  agréable  odeur  de  fève 
Tonka. 


—  215  — 

Trimblène  di  marasse  L.  Triforimn  Spa.  -  Trèfle  d'eau, 
de  marais  ou  de  castor.  —  Trifollum  fibrinum,  rnenyantlics 
tî'ifoliata  L  Gentianées.  Plante  de  marais,  à  rhizome  court,  ù 
feuilles  grandes,  trifoliées,  à  fleurs  rosées.  Son  infusé  est  un 
bon  amer  pour  l'estomac. 

Tripette.  —  l'icd  de  coq,  clavaire  corial.  Champignon. 

Tripoli.  —  Tripoli.  Il  sert  à  polir. 

Tûle.  —  Sanguine.  On  s'en  sert  pour  marquer  en  rouge  les 
bestiaux,  par  exemple. 

Tulipa.  —  Flambe.  Iris  germanique.  —  his  germania  L. 
Iridées.  Elle  passe  pour  être  purgative.  Voyez  Contai. 

Tutène  Rouchi.  —  Nouet  ou  bouteille  avec  tuyau  qu'on 
donne  h  sucer  aux  enfants.  Cf.  le  liégeois  tuteler,  boire  au 
biberon,  à  la  bouteille. 

V 

Vache  N.  —  Laiche.  —  Carex  panicea  L.  Cyperacées. 

Vanille.  —  Vanille.  —  Epidcndrnm  vanilla.  Orchidées. 
Gousse  ou  fruit,  dont  le  délicieux  arôme  est  bien  connu,  pro- 
venant d'une  plante  parasite  cultivée  maintenant  partout  dans 
les  pays  chauds.  La  meilleure  est  celle  dite  givrée,  c'esi-à-dire 
recouverte  de  petits  cristaux. 

Varens.  Fusch  1541.  —  Garance.  —  Rnhid  tinctonnn. 
Rubiacées.  Plante  tinctoriale. 

Vège  d'or.  — Verge  d'or,  herbe  des  Juik.— Sol idaffo  virga 
aurea  L.  Composées.  Plante  à  grandes  fleurs  jaunes.  Elle  ust 
diurétique  et  passait  pour  souder  (.solidare)  les  bords  des 
plaies.  Il  y  a  quelque  trente  ans,  un  charlatan  vendait  à  pro- 
fusion de  cette  plante  en  Hesbaye  sous  le  nom  d'iierbe  mer- 
veilleuse. 

Vègne  vainc  Rouchi.  —  Vigne.  —  Viiis  viinjcra  L.  Am- 
pelidées.   Lu  sève  montante  de  la  vigne,  aiwc  di  vè/jnr,  [)lcurs 


—  216  - 

de  la  vigne  se  recueille,  lors  de  la  taille  d'avril,  en  des  fioles  à 
étroite  ouverture,  qu'on  bouche  hernnétiquenaent  et  qu'on  con- 
serve pour  l'usage.  L'eau  de  vigne  est  préconisée  par  le  peuple 
dans  les  Cas  d'ophtalmie. 

Vert  di  gris.  —  Verdet.  Vert  de  gris. 

Vèrgeale.  -  -  Glu.  La  vergeale  s'obtient  soit  au  moyen  du 
gui  soit  du  houx  (écorce)  soit  en  évaporant  l'huile  de  lin  seule 
ou  mélangée  de  colophane  jusqu'à  consistance  convenable. 

Verlaine.  — Verveine  commune,  herbe  à  tous  les  maux. — 
Verbciia  officiiinlis  L,  Verbénacées.Tige  raide,  carrée,  petites 
fleurs  d'un  hlas  pâle  en  épis  grêles.  Le  peuple  le  considère 
comme  un  remède  des  maladies  cutanées  parce  que  «  i  magne 
li  mâva  song  ». 

Vermillon.  —  Vermillon,  cinabre,  sulfure  rouge  de  mercure. 
Couleur  précieuse. 

Vèsce.  —  Vesce  cultivée.  —  Vicia  sativa  L,  Papilionacées. 
LUe  sert  à  la  nourriture  des  pigeons.  Jadis,  par  mouture,  on  en 
obtenait  une  farine. 

Vèsse  di  leup  —  Vesse  de  loup.  —  Lycoperdon  gemmatum. 
Champignon  comestible  mais  insipide  qui,  en  se  rompant, 
à  maturité,  crève  avec  bruit  et  projette  de  petits  nuages  de 
poussières  (spores). 

Vètte  mâv'létte  —  Feuilles  de  mauve  et  surtout  de 
guimauve. 

Vin.  —  Les  vins  les  plus  usités  en  pharmacie,  sont:  1"  les 
vins  simples  ou  naturels  :  viii  di  Baynols,  vin  blanc,  vin 
d' Bordeaux,  vin  d' Malaga  et  vin  d' Porto.  '2°  les  vins  composés  : 
vin  aî'oniatifjnr,  vin  di  Qninqainâ,  vin  di  Quinquina  avou  dé 
ftrr  (\'\n  de  Quinquina  ferrugineux)  et  f  vin  d'rliebâr. 

Vinaigue.  -  Vinaigre  (acide  acétique  dilué).  Le  peuple 
l'emploie  à  l'intérieur  contre  les  crachements  de  sang  et  le 
hoquet.  Les  jeunes  filles,  ayant  des  tendances  à  l'obésité,  en 


—  217  ~ 

abusent,  au  détriment  de  leur  santé,  pour  rester  svcltes. 
A  l'extérieur,  on  s'en  sert  comme  bain  de  pied,  comme  cata- 
plasme rubéfiant,  et  en  lotion  (chaude  ou  froide)  contre  les 
rhumatismes  et  les  démangeaisons  (liopc)  de  la  peau. 

Vinâlve,  voyez  Pir. 

Vincre,  voyez  Pâqui  d'  pucelle. 

Violette,  L.  V.  Spa;  Viyiette,  Bovin;  Fi7è^<?,riouchi.— Vio- 
lette de  Mars,  violette  cultivée.  —  Viola  odorata,  L.  Violariées. 
Les  petites  fleurs  bleues  si  connues  constituent,  en  inlusion, 
un  remède  populaire  contre  les  rhumes.  Sa  racine  est  vomi- 
tive, c'est  le  meilleur  succédané  indigène  de  l'ipéca.  La  violette 
sèche  est  souvent  dans  le  commerce  dénaturée  par  la 

Violette  di  cliin.  —  Violette  de  chien.  —  Viola  canina, 
L.,  à  grandes  tleurs  bleues  (mai-juin)  très  commune  dans  le 
bois  de  Kinkempois. 

Violette  du  champs  (Spa),  voyez  Penseye  sâvage. 

Vit  de  velours,  Borinage.  —  Amatoufla,  Rouchi.  Masse 
d'aiwc,  L.  -  Massette  —  Typha  latifolia,  L.  Typhacées.  Plante 
herbacée,  croissant  dans  les  marais  ou  dans  l'eau. 


\IV 


Wandion.  {Ponde  di),  ponde  di  neure  hiesse,  ponde  di 
pyrèthre  par  corruption  ponte  di  pirette.  Poudre  insecticide  de 
pyrèthre,  mise  d'abord  en  vogue  par  Vicat  :  Insecticide  Vicat, 
mis  en  lance-poudres  :  on  sofflet  di  ponde  di  wandion. 

Wassin,  L,  Soil,  N  et  llain.  Refjon  (Ardennes).  —  Seigle. 
—  Seeale  céréale  L,  Graminées.  La  farine  de  seigle  s'emploie  en 
cataplasme  mélangée  soit  à  du  vinaigre  pour  obtenir  un  elTel 
rubéfiant,  soit  à  des  décoctions  de  plantes  mucilagineuses  pour 
obtenir  un  effet  émollient.  Elle  fait  aussi  partie  des  7  sortes 
pour  la  fièvre  lente.  Le  pain  de  seigle  convient  bien  mieux  que 


-  218  - 

le  pain  de  froment  aux  entants  dont  le  système  osseux  n'est 
pas  assez  développé, 

Wèsir.  —  Osier  —  Salix  vùninalis,  L,  Salicinées.  Le  saule 
des  vanniers  fleurit  en  mars-avril.  Le  peuple  considère  son 
écorce  et  ses  feuilles  comme  diurétiques. 

"Woi^e,  L.  Watcke  (Spa).  —  Orge.  Eordeum  vulgare.  L, 
Graminées,  On  fait  avec  l'orge  perlé  de  l'eau  d'orge  ou  de  la 
soupe  pour  les  petits  enfants.  Voyez  Osmondi. 

Willmaute  (wilde  maluwe).  —  Voyez  Manque  et  bleufe 
mâvleUe. 


OUVRAGES  CONSULTES. 

Fori?',  Remade,  Gothier,  Grandga/fiiage. D\ctio\ma.\veswd\\ous. 

Dasnoij.  Dictionnaire  du  Luxembourg  wallon.  —  Sujart. 
Dictionnaire  du  Borinage.  —  Hécart.  Dictionnaire  Rouchi. 

Exposition  de  l'art  ancien  au  pays  de  Liège,  1881. 
Id.  id.  à  l'exposition  de  Bruxelles. 

Almanach  du  Département  de  l'Ourthe. 

Œuvres  complètes  de  Louvrex,  tome  111  :  Edits  sur  les  apothi- 
caires. 

L'irroé.  Purgatif  rafraîchissant,  1771. 

CoUin  (le  Phrncy.  Dictionnaire  infernal,  4  volumes. 

Ed.  Morren.  Vie  et  œuvres  de  Remacle  Fusch, 

Grand fjagnage.  Vocabulaire  des  noms  wallons  d'animaux,  de 
plantes,  etc.  L.,  1857. 

Lezaack.  Dictionnaire  des  noms  wallons  des  plantes  de  Spa  et 
environs.  —  Id.  Body. 

Beaufays.  Flore  verviétoise,  1"  édition. 

Lejeune  et  Courtois.  Flore  verviétoise.  —  Lejeune.  Thèse 
de  doctorat  (en  latin)  :  De  quarumdam  indigenarum  planta- 
rium. 

Théàte  ligeois.  Voyège  di  Ghaudfontaine,  les  Hypocondes,  etc. 

Pharmacopée  liégeoise,  1741.  Kints  édit. 

G.  Van  den  Bossche{de  Liège).  Historia  medica....  cum  iconibus 
Bruxelles,  Mommart,  1639.  Curieux  ouvrage  écrit  en  latin, 
donné  à  Liège  comme  livre  de  prix,  et  dans  lequel  se  trouvent 
renseignés  judicieusement  tous  les  remèdes  tirés  des  difïé- 
rentes  parties  des  animaux  d'après  les  auteurs  grecs,  latins, 
arabes,  hébreux,  allemands,  français,  italiens,  etc.  Tels  il.s 
sont  renseignés,  tels  ils  sont  encore  employés  actuellement 
comme  remèdes  populaires.  J'en  ai  cité  un  ou  deux  seule- 
ment :  verbe  Tinche,  stron  d'colon  et  passim. 


—  220  — 

Chartes  et  privilèges  des  métiers  de  la  bonne  ville  de  Liège. 
De  Vigne.  Corporations  et  métiers  flamands  et  brabançons. 
Magasin    pittoresque  :  Années  1877-78  79-80  verbo  apothi- 
caire.* 

(Petit  dictionnaire  des  arts  et  métiers  avant  1789.) 
Dictionnaire  portatif  des  arts  et  métiers,    2  volumes.   Paris, 

Lacombe  1767  :  Apothicaire. 
Laboulaye.  Dictionnaire  des  arts  et  métiers,  2"  édit. 

/     D6S  extraits  (Jg  CGS 

Lemery  N.  Chymie.—  Id.  Cours  de  pharmacie.  )  q„atre  ouvrages  se 
Yalmont  de  Bomare.  —Mérat  et  de  Lens.  Dict.  )  leirouvent  chns  ; 

\  Dorvauli  -A  Omcmc. 

Verdot.  Historiographie  de  la  table. 

Scultetus.  Armamentarium  chirurgicum.  —Bcerhave.  Epistolse 

medicœ. 
Palman.  Recherches  sur  les  propriétés  médicales  du  charbon 

de  bois.  Paris,  Gabon,  1829. 
B'^  Munaret.  Causeries  médicales,  1  volume.  Lyon,  1869. 
B'  Witkowsky.   Anecdotes   médicales  5  volumes.   Marpon  et 

Flammarion.  Paris. 
Crépin.  Flore  belge, 
G.  Simon.  De  nieuwe  troost  der  armen. 
Le  soUde  trésor  du  petit  Albert. 
Les  secrets  d'Albert  le  Grand. 
Variétés  bibliographiques  de  la  librairie /îoZ/awf/    Paris,   1889, 

contenant  la  première   partie   d'une  très   curieuse   et  très 

savante  Flore    populaire   relatant  les  noms  vulgaires  des 

plantes  dans  une  foule  de  dialectes  et  de  langues. 
Bulletins  de  la  Société  de  la  littérature  wallonne,  de  la  Société 

horticole  de  Huy  et  du  Canton  de  Héron,  etc. 
/)'  Meyer.  Origine  des  apothicaires  de  Bruges  et  commentaire 

par  Pasqnier. 


GLOSSAIRE    TECHNOLOGIQUE 


DU 


CHAPELIER    EN    PAILLE 

PAR 

G.  MARGHAL  et  J.  VERTCOUR 

INSTITUTEUR.  INDUSTRIEL. 


PRIX   :   MEDAILLE   DE  VERMEIL. 


Aidant,  s.  m.  Liard  :  ancienne  monnaie  de  cuivre,  valant 
le  quart  d'un  patàrd.  Les  marchands  de  tresses  comptent  en- 
core aujourd'hui  par  patcird,  skellin  et  blâmûse. 

Ai"wan,  s.  m.  Mesure  de  longueur  équivalant  à  un  mètre 
deux  centimètres  et  employée  uniquement  pour  le  mesurage  des 
tresses. 

Amoniaque,  s.  m.  Alcali  volatil;  liquide  servant  à  enlever 
les  taches  des  chn  peaux  de  couleur. 

Apaïller,  v.  Assortir  les  tresses. 

Apprestège,  s.  m.  Apprètage  ;  action  d'apprestcr. 

Apprester,  v.  Apprêter,  v.  èssâclrr. 

Appresteu,  s.  m.  Apprèteur  ;  ouvrier  qui  s'occupe  de  i'ap- 
prùtage  des  chapeaux. 

Apprêt,  s.  m.  Colle  de  poisson  délayée  servant  ;i  liuiiiicr 
de  la  consistance  au  chapeau. 


—  222    - 

Apprindisse,  s.  Apprenti,  ie. 

Arrondissoir,  s.  m.  Arrondissoir  ;  outil  servant  à  établir 
la  mesure  à  donner  aux  bords  des  chapeaux  non  cousus,  tels 
que  mïiillés,  manille,  etc. 

Assorti,  V.  Assortir  les  tresses. 

Astiche,  s.  f.  Epissure  ou  remaillure  ;  action  de  retresser 
deux  bouts  de  tresses  l'un  à  Tautre  dans  la  confection  du  cha- 
peau. 

Astichî,  V.  Renouveler  le  brin  de  paille  (stou)  dans  le  tres- 
sage. 

Astohèye,  s.  f.  Litt.  enjambée; kause  à  l'astohèye  :  coudre 
vite  et  à  longs  points  ou  faire  un  mauvais  ouvrage. 

Attache,  s,  f.  Epingle  courte,  servant  à  fixer  le  chapeau  sur 
la  forme. 

At'ni,  V.  Etirer  la  tresse  pour  rétrécir  le  chapeau. 

At'nou,  adj.  Etat  du  chapeau  lorsqu'on  lui  a  fait  l'aclion 
d' at'ni  :  on  chapai  trop  at'nou  ;  un  chapeau  n'ayant  pas  assez 
d'ampleur. 

Avaloir,  s.  m.  Avaloir  ;  outil  servant  à  faire  descendre  le 
lien  du  chapeau. 

A"wèye,  s.  f.  Aiguille. 

A"wlêyedifi,  s  f.  Aiguillée  de  fil;  étendue  de  fil  qu'on 
passe  dans  l'aiguille. 

B 

Bacbe,  s.  m.  Mouilloir  ,  baquet  en  zinc  ou  en  bois,  servant 
à  conserver  la  paille  humide  pendant  le  tressage. 

Balaîne,  s.  f.  Balaine,  lige  plate  et  mince,  servant  de 
montant  dans  la  confection  des  tresses  dites  de  fantaisie. 

Ballot,  s.  m.  Ballot  ;  on  ballot  d'trèye,  un  ballot  de  tresses. 


il 


—  223  — 

Bande,  s.  f.  Lame  ;  nombre  indéterminé  de  ronds  du 
tresse. 

Banse,  s.  f.  Petite  manne  d'osier  excortiqué,  employée  par 
les  couseurs  à  la  main  et  destinée  à  contenir  tout  ce  qui  est 
nécessaire  à  leur  travail. 

Baradat,  s.  m.  V.  Bavolet. 

Barétte,  s.  m.  Leton  recouvert  de  papier,  suppléant  à  la 
forme  pour  les  carcasses  dites  de  Linon. 

Batte,  V.  Battre  ;  batte  cape,  battre  le  chapeau  nommé  cape 
pour  en  adoucir  la  paille. 

Batteu,  s.  m.  Marteau  à  large  tète  pour  battre  la  cape. 

Bavolet  ou  baradat,  s.  m.  Bavolet;  bord  de  derrière  d'une 
capote. 

Bêche,  s.  m.  Dent  de  scie  ;  tresse  dont  le  bord  se  compose 
d'une  dent  et  demie  répétée,  ce  qui  lui  donne  la  forme  d'une 
scie. 

Bèchètte,  s.  f.  Sommité  ;  partie  de  la  tige  d'épeautrc  com- 
prise entre  l'épi  et  le  premier  nœud  :  dès  trêye  à  bèchètte, 
tresses  confectionnées  avec  des  bèchètte. 

Blâmûse,  s.  f.  Ancienne  monnaie  valant  30  centimes. 

Blanc,  s.  m.  Bain  destiné  à  blanchir  la  tresse. 

Blanqui,  v.  Blanchir  ;  opération  qui  consiste  à  passer  la 
tresse  dans  un  l)ain  d'ammoniaque  ou  autre  substance  pour  lui 
donner  plus  de  blancheur. 

Blanquihège,  s.  m.  Blanchissage. 

Blanquiheu.  s.  m.  Blanchisseur;  celui  qui  blanchit  la 
tresse. 

Blé,  s.  L  Epeaulre.  C'est  le  chaume  tie  celte  plantL'  (ju'uii 
emploie  de  préférence  comme  matière  première  pour  la  con- 
fection de  la  tresse. 


—  224  — 

Bloquai,  s   m.  Bloc  de  bois  sur  lequel  on  bat  la  cape. 

Boirai,  s.  m.  Petite  botte  :  ow  boiraî  di  stou  ;  on  boiraî 
di  sopette. 

Bolrder,  v.  Border. 

Boirdeure,  s.  f.  Bordure. 

Bôler  ou  broudî,  v.  travailler  grossièrement. 

Bôleuou  brôdieu,  s.  m.  Ouvrier  qui  travaille  grossière- 
ment. 

Bonnet,  s.  m.  Bonnet  de  coton  que  Ton  tire  sur  la  forme 
pour  lui  donner  plus  de  volume. 

Bosse,  s.  f.  Wà  dont  les  épis  ne  sont  point  encore  coupés. 

Boubènne,  s.  f.  Bobinne  de  fil. 

Bouhtaî  s.  m.  Etui  où  le  censeur  met  ses  aiguilles. 

Bouler  v.  Bouler  :  boule?'  s'trèye^  rouler  sa  tresse. 

Boulet,  s.  m.  Rouleau  de  tresse. 

Bouter,  v.  litt.  stimuler,  s'animer  l'un  sur  l'autre  au  tres- 
ser :  bouter  à  l'heunne  ;  boutera  l'banse  ;  bouter  à  l'heure. 

Bouter  jus,  v.  Action  de  plier  la  tresse  pour  passer  du  cou- 
sage  du  fond  à  celui  de  la  tète  du  chapeau. 

Bouteure-jus,  s.  f.  Carre  ;  endroit  où  l'on  a  bouté-jus. 

Brésilien,  s.  m.  Brésilien  ;  chapeau  à  larges  bords  prove- 
nant du  Brésil. 

Bride,  s.  f.  V.  Croie. 

Brodale,  s.  f.  Tresse  de  mauvaise  qualité. 

Broque,  s.  f.  Pointe  en  bois   à  laquelle   on  met  pendre  le 
chapeau  pour  le  faire  sécher, 
Broûler,  v.  Brûler  ;  repasser  avec  un  fer  trop  chaud. 

Bûsaî,  s.  m.  Fétu  de  paille  trop  gros  pour  entrer  dans  le 
tressage. 


2t>5 


Caisse  d'ârtike,  s.  f.  Caisse  en  bois  servant  h  l'expédilion 

des  chapeaux. 

Calotte,  s.  f.  Casquette,  ine  calotte  di  trèye,  une  casquette 
de  paille. 

Campagnard,  s.  m.  Ouvrier  qui  va  faire  (7/w;Mf/»<'. 

Campagne,  s.  f.  Campagne  se  dit  de  la  saison  qu'un  ou- 
vrier va  faire  chez  un  patron  ■.aller  fer  camparpie;  fer'neloncjur 
campagne. 

Cangî,  V.  Changer;  caïujî  on  vf.v  chapai,  chanj^er  un  vieux 
chapeau  de  forme. 

Canon,  s.  m.  Poêle  servant  à  chauffer  les  fers  à  repasser. 

Cape,  s.  f.  Chapeau  de  femme  de  forme  surannée  que  l'on 
porte  encore  dans  certaines  régions  du  pays  :  Dès  cape  d'An- 
vers ;  dès  cape  di  Gand. 

Capote,  s.  f.  Capote;  espèce  de  chapeau  de  femme. 

Capteu,  s.  m.  Couseur  de  cape  et  qwaré^-cou. 

Carcasse,  s.  f.  Carcasse.  Modèle  d'après  lequel  le  formier 
travaille. 

Cârlus,  s.  m.  Carlin.  Monnaie  ancienne,  valant  deux  skel- 
lins. 

Carton,  s.  m.  Carton  que  Ton  met  dans  le  fond  des  cha- 
peaux dits  qwàrés  cou. 

Castor,  s.  f.  Genre  de  tresse. 

Cèke,  s.  m.  Litt.  Cercle.  Bride  servant  au  repassage  de  la 
toque. 

Cèle,  s.  f.  Faucille  ;  instrument  pour  couper  répi-aulre, 
consistant  en  une  lame  d'acier  dentée  et  courbée  en  demi 
cercle. 

15 


—  '■l'IO  — 

Centimète,  s.  m.  Centimètre.  Nom  que  les  chapeliers 
donnent  au  mètre. 

Gère,  s.  f.  Cire,  servant  à  lustrer  les  chapeaux  manilles. 

Gbambe,  s.  f.  Litt.  Chambre;  atelier:  //  chambe  dès  co- 
sc'u;  li  e/utmbc  dès  fpusscu. 

Chambrèye,  s.  f.  Chambrée;  personnel  d'un  atelier. 

Chapai,  s.  m.  Chapeau.  Chapai  d'trèye,  chapeau  de  paille. 
Chapai  d' jardin,  chapai  d' bagne. 

Chape,  s.  f.  Toit  en  paille  dont  on  couvre  la  moyette 
d'épeautre. 

Chèyîre,  s.  f.  Chaise  en  bois.  La  chaise  employée  par  les 
couseurs  en  paille  a  une  forme  rustique  spéciale. 

Ghèmnî  ou  Cherbon,  s.  m.  Charbon  de  bois  servant 
anciennement  au  chauffage  du  fer  à  repasser. 

Chivèye,  s.  f.  Cheville;  fer  attaché  à  la  table  sur  lequel  le 
repasseur  fait  tourner  sa  forme. 

Cisètte,  s.  f.  Ciseaux. 

Clé,  s.  f.  Clef;  vis  servant  à  rapprocher  les  deux  rouleaux 
du  cylindre. 

Coiffe,  s.  f.  Coiffe;  garniture  intérieure  du  chapeau. 

Coide,  s,  f.  Corde,  servant  au  repasseur  pour  relever  le 
bord  des  chapeau  Jean  Bart. 

Colle,  s.  f.  Colle  de  poisson  servant  à  préparer  l'apprêt. 
Collette,  s.  f.  Gélatine. 

Confôrmateur,  s.  m.  Conformateur  ;  instrument  avec 
lequel  on  i)rcnd  la  forme  mathématique  du  chapeau. 

Côpe-loyin,  s.  m.  Coupe-lien.  Échancrure  en  demi-lune, 
pratiquée  dans  l'établi  et  servant  à  rendre  un  coup  de  fer  à 
l'envers  du  bord  des  chapeaux  marins. 

Côper,  V.  Couper;  côpcr stou,  couper  l'épeautre. 


—  '■Hl  — 

Copette,  s.  f.  Syn.  de  pindaie;  v.  ce  mot. 

Côpeu,  côprèsse,  s.  Celui,  celle  qui  coupe  l'épeautre. 

Copurnale,  s.  t.  Dizain  ;  réunion  de  gerbes  d'ôpeautre 
appuyées  verticalement  l'une  contre  l'autre.  Le  dizain,  comnie 
le  dit  son  étymologie,  se  compose  ordinairement  de  dix  gerbes; 
mais  ce  nombre  peut  varier. 

Corant,  s.  m.  Longueur  indéterminée  de  tresse;  on  comnl 
irtrèi/c. 

Côrdêye,  s.  f.  Cordée  ;  tresse  dont  un  des  bords  a  la  l'orme 
d'une  corde. 

Goreu,  s.  m.  Litt.  Coureur.  Celui  qui  confectionne  des  cha- 
peaux et  les  va  vendre  ensuite  lui-même  dans  le  pays. 

Cornaî,  s.  m.  Fond  du  chapeau. 

Coronne,  s.  f.  Couronne;  ancienne  monnaie  valant  six 
francs. 

Cosêyeou  Cosège,  s.  f.  Cousage. 

Goseu,  keusre'sse,  s.  Celui,  celle  qui  coud  la  pailK'. 

Costeure,  s.  f.  Couture  par  laquelle  on  commence  le  fond 
des  capotes  en  fer  à  cheval. 

Gotte,  s.  f.  Gaine  des  céréales. 

Gou,  s.  m.  Partie  de  la  tige  d'épeautre  comprise  entre  deux 
nœuds. 

Goûtai,  s.  m.  Couteau  servant  à  éplucher  les  courtes  sticfirs. 

Coûte,  s.  f.  Rond  filé  ;  morceau  de  tresse  de  peu  de  longueur 
qui  forme  soit  l'échancrure,  soit  la  saillie  de  certains  chapeaux. 

Gowa,  s.  m.  Bout  ;  on  cowa  il'trèifc,  un  bout  de  ires.^e. 
Cowa  a  aussi  la  même  signification  que  corant;  v.  ce  moi. 

Gowe  di  vache,  s.  f.  Litt.  Queue  de  vache;  se  dit  .l'une 
tresse  dont  la  largeur  est  irrégulière. 

Gowètte,  s.  f.  Demi-pièce.  La  cQU'èttc  est  do  28  aiivan. 


—  2-28  — 

Crameu,  s.  m.  Terrine;  vase  de  terre  servant  à  contenir 
l'apprêt. 

Crankhion,  s.  m.  Retors  qui  se  l'orme  dans  la  tresse  en  la 
maniant. 

Croie,  s.  f.  1.  Bride;  bord  relevé  du  chapeau  d'homme. 
2.  Forme  en  bois  servant  au  repassage  des  bords  relevés, 

Cûr,  s.  m.  Cuir;  ruban  en  cuir  que  l'on  coud  à  l'intérieur 
des  chapeaux  d'hommes. 

Curer,  v.  Blanchir  par  l'action  de  l'air, 

Gwâré-cou,  s.  m.  Chapeau  de  femme  de  forme  très 
ancienne,  que  l'on  confectionne  encore  de  nos  jours  pour  le 
nord  de  la  Hollande. 


AU 


Dé,  s.  m.  Dé;  petit  cylindre  de  métal  creux,  que  l'on  met 
au  bout  du  doigt  pour  coudre.  Le  dé  du  couseur  en  paille  n'a 
pas  de  fond, 

Diamète,  s.  m.  Diamètre. 

Dihâssî,  V.  Litt.  déchausser,  dégainer;  action  par  laquelle 
on  débarrasse  la  paille  de  sa  gaine. 

Diheuse,  v.  Découdre. 

Dimêye  sîse,  s.  f.  Litt.  demi-soirée  ;  sortie  que  les  tres- 
seuses  font  au  milieu  de  la  soirée  :  fe7'  d'mêye  sîse. 

Dimêye  dint,  s.  m.  Demi-dent;  dessin  de  tresse  que  l'on 
obtient  en  tordant  un  brin  de  paille. 

Dint,  s.  m.  Dent;  dessin  do  tresse  que  l'on  obtient  en  tor- 
dant un  brin  do  paille  sur  un  autre, 
Disfôrmer,  v.  Enlever  le  chapeau  de  la  forme. 

Disfôrmoir,  s.  m.  Déformoir;  lame  en  bois  ou  en  acier 
servant  à  détacher  le  chapeau  de  la  forme. 


—  ^2^29  — 

D'hâsson,  s.  m.  Déchet  provenant  du  dégainage. 

Dobe,  s.  f.  Double.  Dobe  trèi/e,  tresse  confectionnée  avec 
des  stou  mis  en  double. 

Dobe  penne,  s.  f.  Bord  double.  —  Doublure. 

Dobe  vôye,  s.  f.  Doublure;  dernier  rond  du  chaix-au  Ir^iuel 
est  en  double. 

Drèssî,  V.  Dresser;  mettre  un  chapeau  sur  la  forme. 

Drî-pont,  s.  m.  Piqûre  que  l'on  obtient  en  faisant  un  point 
en  avant  puis  un  point  en  arrière. 

D'vant-pont,  s.  m.  Opposé  de  drî-pont. 

Èballer,  v.  Emballer;  èballer  dès  trèye,  emballer  des 
tresses. 

Èchangré,  adj.  Échancré. 

Èchangrège,  s.  m.  Échancrure. 

Èchangrer,  v.  Échancrer;  action  de  coudre  les  ronds- 
filés. 

Èfller,  V.  Enfiler  :  èfiler  ine  aiuèye,  enfiler  une  aiguille. 

Élastique,  s.  m.  Élastique. 

Èler,  V.  Trier.  Opération  qui  consiste  à  écarter  les  gros 
Stou  des  fins  :  èler  stou. 

Éléhège,  s.  m.  Triage. 

Éponge,  s.  t.  Éponge  servant  à  décatir  le  chapeau. 

Essâclège  ou  apprestèffc,  s.  m.  Apprôta;:e. 

Essâcler  ou  apprestcv,  v.  .\p|.réter  :  ..pération  qm  .-onsisle 
à  passer  le  chapeau  dans  l'apprél  pour  lui  donner  de-  la  in- 
sistance. 

Étiquette,  s.  f.  Étiquette 


—  230   -- 

F 

Fabrique,  s.  f.  Fabrique;  établissement  où  l'on  s'occupe 
de  la  confection  des  chapeaux. 

Faîne,  s.  f.  Produit  de  l'action  de  fainner. 

Fainège,  s.  m.  Action  de  fendre  la  paille. 

Fainner,  V.  Fendre;  diviser  le  fétu  de  paille  à  l'aide  de 
Vustri/c. 

Fantaisêye,  s.  f.  Fantaisie;  tresse  dont  la  texture  ofïre  des 
dessins. 

Fer  sîse,  v.  Terminer  la  soirée  :  A  ii  heure,  il  è  timps  de 
fer  she. 

Fer  stou,  v.  Action  de  prendre  une  à  une  les  tiges  d'é- 
peautre  hors  des  gerbes,  d'en  faire  des  poignées,  de  les  pei- 
gner, d'en  couper  les  épis  et  de  les  lier  enwâ. 

Fi,  s.  m.  Fil. 

Fi  d'arka,  s.  m.  Fil  de  fer  que  l'on  coud  dans- le  bord  des 
chapeaux  dits  qwârés-cou. 

Fier  à  glacer,  s.  m.  Fer  à  repasser. 

Fier  di  chvâ,  s.  m.  Fer  à  cheval  ;  fond  de  capote  com- 
mencé en  porte. 

Fier  di  pâquf,  s.  m.  Lissoir  en  bois. 

Fin-furlet,  s.  m.  Fétu  de  paille  trop  fin  pour  entrer  dans 
le  tressage. 

Flîme,  s.  f.  Echarde  de  paille. 

Floche,  s.  f.  Nœud  ;  dès  trèyes  à  floche,  tresses  dont  le 
bord  est  composé  de  dessins  figurant  des  nœuds. 

Flouhe,  s.  f.  Moment,  où  la  chapellerie  en  paille  est  dans  la 
[)lus  grande  activité:  Li  flouhe  kimlnce  vès  Pâques. 

Forme,  s.  f.  Forme  en  bois  sur  laquelle  on  dresse  le 
chapeau. 


—  231  — 

Fôrmeu,  s.  m.  1. Fermier, celui  qui  fait  cl  vend  des  formes. 
—  2.  Formeur,  celui  qui  dresse  les  chapeaux. 

Foûrâte,  s.  f.  Travail  que  l'ouvrier  fait  en  plus  de  sa 
journée  :  Ovrcr  foûrâte. 

Frômion,  s.  m.  Forme  mince  et  sans  bord  servant  à  main- 
tenir ouverte  l'entrée  du  cliapeau  pendant  le  repassage  du 
bord. 

Frumint,  s.  f.  Froment.  La  paille  du  froment  ainsi  que 
celle  de  lëpeautre  donne  la  matière  première  de  la  tresse. 

O 

Garni,  v.  Garnir  ;  opération  qui  consiste  à  coudre  la 
coille,  le  cuir,  le  ruban  et  la  bordure  sur  le  chapeau. 

Gârnihrèsse,  s.  f.  Garnisseuse;  femme  ([ui  garnit  les 
chapeaux. 

Gîse,  s.  f.  Trait;  ripasser  à  longues  (fîse,  repasser  à  lonrrs 
traits. 

Glacer  ou  r'passer.  Repasser.  Le  mot  glacer  est  surtout 
employé  par  les  vieux  chapeliers. 

Glaceu  ou  r'passeu,  s.  m.  Re passeur. 

Grain  d'  se  ;  grain  davônne  ;  grain  d'riz:  tresses  de 
iantaisie. 

Grêye,  adj.  Ecru  ;  état  delà  tresse  qui  n'a  subi  aucune 
opération  soit  de  blanchissage,  soit  de  teinture. 

Il 

Hâlachet,  s.  f.  Tresse  à  trois  bouts. 

Hârd.  s    m.  Kspace  de  tresse   entre  deux  suites  de  slirhr. 
Hâr  et  hotte,  s.  f.  Tres.se  qui  Ibrme  .les  /.ig/.ags. 
Hâsplêye,  s.  f.  Fcheveau;  inr  hàspHw  ili  I'.  "u  ."clieveau 

de  iil. 


—  -232  - 

Hau,  s.  m.  Dizain  dont  les  gerbes  sont  couchées. 

Haver,  v.  Eplucher  les.  courtes  stiche  des  tresses  simples 
avec  le  couteau. 

Heilne,  s.  f  Espace  de  tresse  où  est  entré  un  brin  de  paille 
de  toute  sa  longueur. 

Héve,  s.  f.  Rainure  dans  un  des  rouleaux  du  cylindre  et  qui 
évite  l'écrasement  des  dents  de  certaines  tresses. 

Ho,  s.  m.  Ecaille  entourant  le  grain  d'épeautre. 

Hovlètte,  s.  f.  Brosse  servant  au  lavage  des  chapeaux. 

Huflet,  s.  m.  Litt.  Sifflet;  fer  on  liuflet  :  action  de  rejoindre 
deux  tresses  en  n'entrelaçant  que  les  premiers  stou. 


Intrêye,  s.  f.  Entrée.  Contour  de  l'intérieur  du  chapeau  au 
lien. 

Intriprèneur,  s.  f.  Entrepreneur.  Celui  qui  va  chercher  de 
l'ouvrage  chez  un  fabricant  pour  le  confectionner  chez  soi. 


Jâbe  ou  Geâbe,  s.  f.  Gerbe. 

Javaî,  s.  m.  Javelle. 

Jeter  court  :  tresser  serré;  jeter  Ion;  contraire  de  jeter 
court. 

Jonc,  s.  m.  Jonc. 

Joû  {irètje  a).  Tresse  Joiiiville  ;  tresse  dont  la  structure 
otïre  des  interstices. 

Keuse,  v.  Coudre;  keuse  ûx  pièce,  coudre  à  la  pièce; 
keme  a  rjoûrnêi/e,  coudre  à  la  journée;  keuse  à  l'heure,  coudre 
à  l'heure. 


—  233  — 

Kimincî,  v.  Litt.  commencer;  tourner  le  bouton  de  tresse 
pour  commencer  le  chapeau. 

Kranskènne,  s.  f.  Tresse  faite  avec  deux  bouts. 

Kwassî,  V.  Pousser  avec  force  sur  le  for  à  repasser  :  On 
c/iapai  trop  pan  kwassî. 

Kwèslaine,  s.  f.  Tresse  à  3  bouts  ;  début  des  enfants  dans 
le  tressage. 

I. 

Lampe  â  soufe,  s.  f.  Creuset  que  l'on  met  dans  lu  soufroir 
et  dans  lequel  s'opère  la  fusion  du  soufre. 

Lâse,  s.  f.  Carton  servant  à  l'expédition  des  chapeaux  :  Ine 
lâse  âx  chapai. 

Lavège,  s.  m.  Lavage. 

Laver,  v.  Laver;    opération  qui   consiste  à   nettoyer  les 
chapeaux  avant  de  les  apprêter. 

Laveu,  s.  m.  Laveur,  ouvrier  qui  lave  les  chapeaux. 
Lèton,  s.  m.  Leton,  fil  de  fer  mince  recouvert  de  colon  ou 
de  soie,  que  l'on  coud  au  bord  des  chapeaux  de  dame. 
Lètonnège,  s.  m.  Letonnage. 
Lètonner,  v.  Letonner;  mettre  des  letons. 

Lètonneu,   s.    m.    Letonneur  ;   ouvrier  qui   s'occupe   du 
letonnage. 

Levai,  s.  m.  Ampleur. 

Lever,  v.  Donner  de  l'ampleur. 

Lèyèg-e  jus,    v.    Filer  le  demi-rond;  action  de   limr   le 
chapeau. 

Ligueu,  s.  m.  Pièce  de  bols  convexe  suppli'^ant  .'i  la  forme 
pour  le  repassage  de  la  tète  et  du  boni  du  chapeau. 

Lipraî,  s.  m.  Bord  d'une  capote  relevé  par  derrière. 


—  234  — 

Lèsse,  s.  f.  Liséré.  Treie  à  lisse  :  tresse  dont  un  des  bords 
est  luisant. 

Lochètte,  s.  f.  Lochette  di  stou,  petite  quantité  apprêtée 
pour  le  tressage. 

Loyî,  V.  Liev.  Loi/îstou  —,  lier  les  gerbes  d'épeautre  à  la 
campagne.  —  Loyî  trèye;  lier  la  tresse  par  pièce. 

Loya,  s.  m.  Lien  consistant  en  un  brin  de  paille  et  dont 
on  se  sert  pour  les  poignées  d'épeautre  ou  pour  les  pièces  de 
tresses. 

Loyin,  s.  m.  1.  Lien  de  paille  dont  on  entoure  les  gerbes  à  la 
campagne.  2.  Corde  servant  à  faire  adhérer  la  tête  du  chapeau 
à  la  forme.  3.  Arête  du  chapeau  entre  la  tête  et  le  bord. 

Longou,  adj.  Ovale  :  on  cornai  trop  longou. 

Longuèsse,  s.  f.  Bordure  ;  morceau  de  tresse  que  l'on  coud 
sur  les  parties  rognées. 

Lurçon,  s.  m.  Hérisson  ;  chapeau  confectionné  avec  de  la 
tresse  non  épluchée. 

AI 

Machine,  s.  f.  Machine  à  coudre  le  chapeau, 

Machineu.  s.  m.  Ouvrier  qui  coud  à  la  machine. 

Maillé,  s.  m.  Maillé  ;  chapeau  de  paille  d'Italie. 

Mailler,  v.  Mailler,  se  dit  de  certain  procédé  par  lequel  les 
Italiens  confectionnent  le  chapeau  en  rendant  le  fil  impercep- 
tible. 

Maiset,  s.  m.  Litt.  petit  maître  ;  apprôteur-chapelier  qui  ne 
s'occupe  que  du  lavage  et  de  l'apprêtage  des  vieux  chapeaux. 

Maiste-ovrî,  s.  m.  Contre-maître,  chef  d'atelier. 

Manille,  s.  m.  Manille.  Chapeau  provenant  de  l'île  de  ce 
nom. 

Marchand  d'trèye,  s.  m.  Marchand  de  tresses. 


—  235  — 

Margalé,  margalêye,  adj.  Bariolé,  ée  ;  on  c/iapai  mav- 
galé,  un  chapeau  bariolé  ;  des  trèife  margalêye,  des  tresses 
bariolées. 

Margaler,  v.  Barioler  ;  faire  entrer  des  pailles  de  diverses 
couleurs  dans  la  tresse  et  des  tresses  de  dilTérentes  couleurs 
dans  un  chapeau. 

Marin,  s.  m.  Marin,  chapeau  dont  le  bord  est  plat. 

Marlacha,  s.  m.  Ouvrier  qui  s'occupe  spécialement  du 
lavage  et  de  l'apprêtage  des  chapeaux. 

Mârtaî,  s.  m.  Petit  marteau  servant  à  assujutir  le  chapeau 
sur  la  forme. 

Masse,  s.  f.  Masse  difi,  gros  écheveau  de  fil. 

Mécanique,  s.  m.  Guimbarde  ;  cylindre  en  fer  auquel  on 
attachait  primitivement  le  fer  pour  repasser  les  chapeaux. 

Mèseure,  s.  f.  Mesure. 

Mèseure  à  pôce,  s.  f.  Litt.  mèseure  à  pouces  ;  ancienne 
mesure  en  bois  dont  se  servent  encore  les  vieux  chapeliers. 

Mès'rer,  v.  Mesurer. 

Mette  âsoûfe.  Soufrer  ;  opération  qui  consiste  à  blanchir 
la  paille  par  l'acide  sulfureux. 

Molin,  s.  m.  Cylindre  ;  petit  laminoir  en  bois  ou  en  fer  ser- 
vant à  adoucir  la  paille. 

Montant,  s.  m.  !■  étu  de  paille  utilisé  dans  le  tressage  du 
liséré. 

Moû,  V.  Litt.  moudre  ;  moû  trè!/<',moûsinn\  action  de  pa.-^sor 
la  paille  dans  le  cylindre  pour  l'adoucir.  Les  habitants  de  la 
vallée  du  Geer  disent  tnoû,  expression  qui  corres[)ond  à  moûre 
dans  le  wallon  de  Liège. 


~  236  — 

rv 

Nâle,  s.  f.  Ruban. 

Néttî,  V.  Litt.  nettoyer,  trier  ;  nettî  stous,  opération  qui 
consiste  à  écarter  les  mauvais  stoii  des  bons, 

Neur  so  on  blanc,  s.  f.  Tresse  chinée  ;  nom  donné  à  la 
tresse  à  sept  bouts  obtenue  par  le  tressage  d'un  stou  noir  collé 
sur  un  blanc. 

Noue,  s.  m.  1.  Nœud  que  présente  la  tige  des  céréales. 
2.  On  noue  di  stou,  partie  propre  au  tressage,  comprise  entre 
deux  nœuds. 

O 

Oute  et  oute,  loc.  adv.  Litt.  d'outre  en  outre  ;  un  des  modes 
de  cousage  :  Keuse  oute  et  oute. 

Ouye,  s.  m.  Litt.  œil.  Bouton;  partie  située  au  milieu  du 
fond  du  chapeau  et  par  laquelle  on  le  commence. 

Ovrer,  v.  Travailler. 

Ovrî,  ouveurreuse.  Ouvrier,  ière. 


Payasson,  s,  m.  Paillasson;  tresse  faite  avec  des  fétus  de 
paille  non  divisés. 

Panama,  s.  m.  Panama;  chapeau  provenant  du  pays  de  ce 
nom. 
Papî  d'  veule,  s.  m.  Papier  de  verre. 

Paquet,  s.  m.  Pièce;  mesure  employée  pour  les  tresses  de 
fantaisie.  Le  paquet  est  de  six  mètres. 

Parisien  (Keuse  à  la),  loc.  adv.  Un  des  genres  de  cousage. 

Parisien,   s.  m.   Parisien.   On  désigne   par  ce  nom   les 
ouvriers  qui  vont  faire  leur  campagne  à  Paris. 


■ 


—  '2:w  — 

Pasai,  s.  111.  Lill.  sentier;  trèyc  a  yv^f.sv//,  tresse  à  neul' bouts 
dont  le  milieu  est  uni  et  figure  un  sentier. 

Passe-flnétte,  s.  f.  La  plus  fine  des  tresses  dites  trèye  à 
cou. 

Passer  â  se,  Litt.  passer  au  sel  ;  se  dit  de  l'opération  par 
laquelle  on  passe  les  vieu.x;  chapeaux  dans  un  bain  de  sel 
d'oseille  pour  en  enlever  les  taches. 

Patârd,  s.  m.  Ancienne  monnaie  valant  environ  6  centimes. 

Patron,  s.  m.  Patron. 

Paute,  s.  f.  Epi. 

Pèce,  s.  f.  Bande  de  calicot  employée  dans  le  repassage. 

Pédale,  s.  f.  Pédale,  tresse  d'Italie. 

Pêne,  s.  m.  Peigne;  instrument  agricole  servant  à  nettoyer 
les  poignées  d'épeautre. 

Pénî,  V.  Peigner. 
Penne,  s.  f.  Bord  du  chapeau. 

Picètte,  s.  f.  Pincette  servant  à  arracher  les  épingles  fixant 
le  chapeau  sur  la  forme. 

Pièce  fower  âx).  Travaillera  la  pièce;  travail  rémunéré 
d'après  la  quantité. 

Piéc'teu,  s.  m.  Ouvrier  travaillant  à  la  pièce. 

Pindêye,  s.  f.  Brassée  ;  longueur  comprise  entre  les  deux 
extrémités  des  bras  étendus  horizontalement;  mesure  de  tresse 
équivalant  à  un  aiwan  et  demi. 

Piquette,  s.  f.  Piquette  ;  espèce  de  poinçon  servant  à  régler 
les  ronds  de  tresse  dans  la  tête  du  chapeau. 

Plaquêye,  s.  f.  1.  De  V  plaqiiùiie,  tresse  double.  2.  lue 
plaquêye,  nom  donné  à  2  5^0?*  collés  l'un  à  l'autre  et  servant  .'i 
confectionner  la  tresse  double. 

Plâstrer,  v.  Enduire  le  chapeau  de  riz  de  blanc  de  neige. 


—  û'^^  — 

Pleutî,  V.  Plisser. 

Ploumer,  v.  Litt.  Plumer.  Eplucher,  action  qui  consiste  à 
couper  les  nœuds  et  bouts  de  111  qui  restent  dans  le  chapeau 
après  le  cousage. 

Ploumètte,  s.  f.  Restant  des  aiguillées  de  fil. 

Plot,  s.  m.  Forme  sur  laquelle  on  repasse  les  bords  des 
chapeaux. 

Poirtêye,  s.  f.  1.  Travail  que  la  tresseuse  porte  chez  le 
marchand  de  tresses.  2.  Quantité  de  paille  que  l'on  passe  en 
une  fois  dans  le  cylindre  :  ine  poirtêye  di  stou. 

Poirter,  v.  Porter  ;  poirier  ses  trèye,  porter  ses  tresses. 

Pont,  s.  m.  Point,  poîit  d'fi.,  point  de  fil. 

Potte,  s.  f.  Creux  entre  deux  bords  saillants  des  rouleaux 
du  cylindre. 

Pouf  (èn7ie  aller  so),  loc.  adv.  Partir  au  hasard;  se  dit  des 
chapeliers  qui  partent  pour  l'étranger  sans  engagement. 

Pougnèye,  s.  f.  Poignée  ;  iîie  pougnèye  di  stou ,  ine 
pougnèye  di  sopette.  — '■2.  Pougnèye  d'on  fier,  manche  d'un 
fer  à  repasser. 

Pouricou,  s.  m.  Fétu  de  paille  altéré. 

Prangîre,  s.  m.  Sieste  ou  méridienne. 

Presse,  s.  f.  Presse;  machine  à  repasser  les  chapeaux. 


Q"wâde,  s.  f.  Quart  de  Vaiuxm,  v.  ce  mot. 

Q"wârt,  s.  m.  Quart  ;  quatrième  partie  d'une  pièce,  valant 
14  mètres. 

Q"witte,  s.  f.  Tâche  imposée  :  Avez-v'  fait  vosse  qwitte  ? 


I 


—  'i:v.)  — 


R 


Rai-wège,  s.  m.  Retoisage. 

Rai"wer,  v.  Retoiser  la  tresse  après  l'épluchage. 

Rapprèster,  v.  Réapprêter. 

Rassèchî,  v.  Syn.  d'atni  ;  v.  ce  mot. 

Rastichî,  v.  Episser  ou  remailler. 

Réglé,  êye,  adj.  Réglé,  ée  :  trèye  réglêijc,  tresse  réglée. 

Régler,  v.  Régler. 

Rèliaussi,  v.  Rehausser  ;  mettre  de  la  large  tresse  à  l'en- 
droit que  doit  recouvrir  le  ruban. 

Ribouter,  v.  Lever  ;  donner  de  l'ampleur. 

Rid'heuse,  v.  Découdre  une  seconde  fois. 

Rijet  (fer  leu)  s.  Action  par  laquelle  l'épeautre  se  purifie  ù 
la  campagne  :  dès  stou  qui  fèt  leu  r'jèt. 

Rijettêye,  adj.  trèye  rijèttêye,  tresse  altérée  par  l'humidité. 
Rijetter,  v.  S'altérer  :  Li  crouiviu  fait  r' jeter  les  trèye. 
Rijonde,  v.  Rejoindre  deux  bouts  de  tresse. 
Rikeuse,  v.  Recoudre. 

Rimagni,  v.  Contracter  ;  faire  rentrer  l'ampleur  d'un 
chapeau. 

Rimètte,  v.  Remettre  ;  rimette  à  tiesse,  rimette  à  penne  ; 
se  dit  de  Faction  d'amener  soit  la  tête,  soit  le  bord  du  chapeau 
sous  le  fer  à  repasser,  dans  le  travail  ù  la  guimbarde. 

Rimoû,  V.  Wexnonàvii  \  rimoû  treie. 

Ripasserou  glacer.  Repasser,  action  de  passer  un  fer 
chaud  sur  le  chapeau. 

Ripassège  ou  Ripassêye,  s.  m.  Repa.ssagc. 

Ripasseu  uu  glaceu,  s.  m.  Kepasseur. 


—  240   - 

Ritonde,  v.  Litt.   retondre.  Eplucher,  couper  les  stiche  à 
l'aide  des  ciseaux. 

Ritondège,  s.  m.  Epluchage, 

Ritondeu,  ritondrèsse,  s.  Celui,  celle  qui  s'occupe  de 

l'épluchage. 

Ritoûrner,  v.  Litt.  retourner.  Retaper;  découdre  un  vieux 
chapeau  et  en  recoudre  la  tresse  à  l'envers. 

R'nou-strin,  s.  m.  pi.  Déchets  provenant  du  peignage  de 
l'épeautre. 

Roge-fl,  s.  m.  Fil  rouge  servant  à  marquer  les  vieux 
chapeaux  destinés  au  lavage. 

Rôlai,  s.  m.  Rouleau;  partie  du  cylindre;  v.  molin. 

Rôle,  s.  f.  Anneau  en  paille  large,  de  10  à  12  centimètres  et 
de  diamètre  de  même  dimension,  sur  lequel  les  tresseuses 
roulent  leur  ouvrage. 

Rôler,  V.  Rouler;  rôler  s'trèye,  rouler  sa  tresse. 

Rondelle,  s.  f.  Rondelle  en  carton  que  l'on  mettait  sur  le 

trépied  pour  le  repassage  du  fond  du  chapeau. 

Rongeure,  s.  f.  Rognure. 

Rongî,  V.  Rogner. 


Sâce,  s.  f.  Les  vieux  chapeliers  sous  ce  nom  désignent 
V  apprêt. 

Samaîne,  s.  f.  Semaine.  Dans  la  chapellerie  en  paille  l'en- 
gagement des  ouvriers  se  fait  ordinairement  à  la  semaine  : 
wcmgnî'ne  limite  samaîne;  fer  'ne  campagne  di  20  sam,aîne. 

Savon,  s.  m.  Savon  mou,  servant  au  lavage  des  chapeaux. 

Savon  d'  Marsèye,  s.  m.  Savon  servant  à  rendre  plus 
glissant  le  fer  à  repasser. 


—  ^241   — 

Se,  s.  m.  Sel  d'oseille;  v.  passer  à  se. 

Séchai,  s.  m.  Sac  en  papier  servant  à  l'emballage  des 
chapeaux. 

Sî,  V.  Seoir;  s'asseoir  sur  la  tresse  toisée,  pour  lui  faire 
conserver  la  forme  acquise  par  le  toisage. 

Simpe,  adj.  Simple  Des  simpès  trhfe,  des  tresses  simples, 
tresses  faites  en  n'employant  qu'un  seul  stou  h  la  t'ois,  en  appo- 
sition avec  les  tresses  doubles. 

Sitiche,  s.  f.  Epluchure.  Bouts  de  paille  (lépas>ant  la  tresse 
à  l'endroit  et  à  l'envers. 

Sitroufler,  v.  Princer  des  poignées  de  fétus  de  paille. 

Sîze,  s.  f.  Litt.  Soirée.  1.  Aller  à  l'sîze,  aller  h  la  soirée, 
expressiun  employée  par  les  tresseusesqui  se  rendent  en  collec- 
tivité dans  une  même  maison  pour  s'adonner  à  leur  travail.  — 
2.  Ine  sîze  :  ensemble  des  tresseuses  fréquentant  la  même 
maison  :  ine  joyeuse  sîze. 

Sîzleu,  sîzleuse  ou  sîzèlrèsse,  s.  Personne  qui  fait 
partie  d'une  soirée. 

Skèllin,  s.  m.  Schelling;  ancienne  monnaie,  valant  «iO 
centimes. 

Proverbe  :  Li  ci  qui  s'iîve  timpe  a  dès  skèlliu  ;  U  ci  tjin  .s'Itvr 
tard  n'a  qu'des  patârd. 

Skévèneigne,  s.  m.  Schevcningue;  chapeau  de  femme 
fabriqué  pour  le  port  de  mer  de  ce  nom. 

Sofflet,  s.  m.  Petit  soufflet  servante  activer  la  combustion 
du  charbon  que  l'on  mettait  dans  l'ancien  iVr  à  repasser. 

Songe,  s.  f.  Neuvième  partie  iVine  bosse  di  stou  ;  v.  ce  mut. 
Sopètte  ou  bèchètte,  s.  f.  V.  ce  mut. 
Soûfe,  s.  m.  Soufre;  sert  à  produire  l'acide  suHiir.ux  des- 
tiné à  blanchir  la  paille. 

16 


—  242  — 

Soufrer,  v.  Soufrer.  Enduire  les  chapeaux  de  paille  d'Italie 
de  soufre  pulvérisé. 

Stamper,  v.  Action  de  lever   la  poignée  de  paille  et  de  la 
laisser  retomber  pour  donner  à  sa  base  une  surface  plane. 
Stinde,  v.  Etirer  ;  stinde  litrèye  :  étirer  la  tresse. 

Stindo:we,  adj.  Etirée  ;  trèye  trop  stindowey  tresse  trop 
étirée. 

Stou,  s.  m.  1.  Epeautre  sur  pied  :  ine  terre  di  bais  stou. 
2.  ïige  dont  on  a  coupé  l'épi  :  on  ivâ  di  stou.  3.  Fétu  de  paille 
débarrassé  de  sa  gaine  :  07i  boirai  di  stou.  4.  Nom  donné  à 
chacune  des  parties  du  fétu  divisé  à  l'aide  de  l'usteie,  syn.  de 
fainne,  v,  ce  mot  :  in  lochette  di  stous. 

Strî,  s  m.  Tire-pied  ;  bande  de  calicot  dont  les  deux  bouts 
sont  attachés  à  une  corde  et  qui, par  une  tension  exercée  par  le 
pied,assujetit  le  chapeau  sur  la  forme. 

Stricheu,  s.  m.  Os  dont  les  bords  présentaient  des  échan- 
cruros  dans  lesquelles  on  faisait  anciennement  passer  la  tresse 
pour  l'adoucir.  Cet  instrument  a  disparu  de  l'industrie  depuis 
l'invention  du  cylindre. 

Strichî,  V.  Action  d'adoucir  la  tresse  à  l'aide  du  stricheu. 


Tape-foû,  s.  m.  Rebut  ;  fétu  de  paille  impropre  au  tressage. 

Tâve,  s.  m.  Etabli  muni  de  chevilles  et  auquel  travaille  le 
repasseur. 

Tènne,  adv.  l.itt.  mince.  Keuse  tènne,  coudre  de  façon  à  ce 
que  les  deux  ronds  de  tresses  avancent  peu  l'un  sur  l'autre. 
Keuse  hatteèt  tènne  et  à  longs  pont  :  coudre  vite  et  mal. 

Tessai,  s.  f.  Moyette  ;  petite  meule  provisoire  que  l'on  l'ait 
dans  les  champs  pour  garantir  l'épeautre  de  la  pluie. 

Tîclètte,s.  f.Sac  de  cotonnetteà  carreaux  que  les  tresseuses 
et  couseurs  emploient  pour  porter  leur  travail. 


—  243  — 

Tidôr,  s.  m.  Béret,  toque  ronde  et  plate. 

Tièsse,  s.  f.  Tête;  tièsse  di  cliapai,  partie  du  chapeau  entre 
le  fond  et  le  bord. 

Tièsse  di  leup,  s.  f.  Litt.  Tète  de  loup.  Forme  en  bois  dont 
on  agrandit  à  volonté  la  circonférence  à  l'aide  d'une  vis  et  em- 
ployée pour  élargir  les  cliapeaux. 

Tièstîs.  f.  Calotte;  tête  de  chapeau  à  laquelle  manque  le 
bord. 

Tinde,  v.  Teindre. 

Tindeu,  s.  m.  Teinturier  ;  celui  qui  s'occupe  de  teindre  la 
paille. 

Tindrèye,  s.  f.  Soufroir;  colfre  où  Ion  brûle  du  soufre  pour 
blanchir  la  paille. 

Tinteure,  s.  f.  Teinture. 

Toirchêye,  s.  f.  V.  côrdêye. 

Toirchi,  v.  Tordre  :  toirchi  li  stou. 

Toque,  s.  f.  Toque  ;  chapeau  de  femme. 

Toser,  V.  Toiser. 

Toseu,  s.  m.  Instrument  en  bois  en  forme  de  I  sur  lo(iui'l  on 
toise  la  tresse. 

Trèye,  s.  f.  1.  Tresse  ;  tissu  plat  de  fétus  de  paille  entrelacés. 
Trèije  à  sept:  tresse  à  sept  bouts  simples.  —  Trhjc  à  joù  : 
Joinville  ou  Irou-irou.  —  Trèj/e  à  2  roye  :  tresse  ù  1 1  bouts  — 
Trèye  côrdêye  :  tresse  cordée.  —  Trèye  à  bêche  :  dent  de  scie.— 
Trèye  à  lisse  :  liséré.  —  Ti'èye  à  Ion  ;  Irèye  à  cou  ;  trèye  à 
bèchette  ou  à  sopette;  trèye  à  pasui  ;  Irèye  à  dinl  ;  trèye  à  ori 
d'banse;  trèye  à  pique  ;  trèye  à  onnai  ;  trèye  à  di.vèyès  il  ml, 
etc.,  elc.  -   2.  Pièce  :  5  trèye  à  joù,  5  pièces  Joinville. 

Triège,  s.  m.  Tressage. 


—  244  — 

Trèyî,  v.  Tresser. 

Trieu,  trèifrèsse,  s.  Celui,  celle  qui  tresse  la  |)aille. 

Treug-pîd,  s.  m.  Lilt.  Trépied;  ancien  instrument  à  trois 
pieds  sur  lequel  l'ouvrier  mettait  sa  forme  pour  repasser  le  l'ond 
du  chapeau. 

Trissî,  V.  Tresser;  se  dit  d'un  certain  mode  de  tressage. 

U 

Ustèye,  s.  f.  Litt.  outil  ;  petit  cylindre  en  fer  servant  à 
fendre  les  fétus  de  paille. 

Vantrin,  s.  m.  Tablier.  Les  chapeliers  emploient  le  tablier 
blanc. 

Vièrni,  v.  Vernir. 

Vièrnis,  s.  m.  Vernis  servant  à  donner  le  lustre  aux  cha- 
peaux teints. 

Vôye,  s.  f.  Rond  ;  se  dit  de  chaque  rond  de  tresse  entrant 
dans  la  confection  du  chapeau. 


\IV 


Wâ  di  stou,   s.  m.    Botte  de  tiges  d'épeautre  ou  de  fro- 
ment dépourvues  de  leurs  épis. 


VOCABULÀIIIE  WALLON-FRANÇAIS 


DU 


PÊCH  EUR 


Achille    JACQaEMIN. 

Si,  comme  on  di,  Tpatience  c  l'pus  grande  des  verlu, 
Dièw",  divins  chaque  pèheii,  trouv'ré-l-on  p'iit  saint  d'pus. 
«   Les  péheux  à  ivége.  » 
C.    DELAHGt. 


PRIX   :  MÉDAILLE  D'ARGENT. 


i% 


Abalov^e,  s.  f.  Hanneton.  Il  sert  d'appât. 

Abalowe  di  four,  s.  f.  Hanneton  solsticial  ou  dVl".  Il  sert 
d'appdt.  Il  se  nomme  aussi  «  bièssedifour  ». 

Abbie,  s.  f.  An.  wal.  Alose. 

Abèchi,  V.  Amorcer.  Embecquer  ou  embi(iuer.  C.arnir 
d'amorces  une  ligne.  Attacher  l'appât  à  la  pointe  d'un  kaim, 
d'un  hameçon.  Se  dit  aussi  amoirci. 

Abèye.  s.  f.  Alose.  On  l'appelle  aussi  «  alôijc  »  ;  à  Namur: 
a  aubie  ».  L'alose  remonte  dans  les  eaux  de  la  .Meuse  au  prin- 
temps; c'est  surtout  en  mai  qu'on  pêche  l'alose  au  grand 
épervier,  dit  alosière,  entre  Vi.s.''  et  Maestricht;  avant  les  bar- 
rages, on  péchait  l'alosf  en  abondance  aux  environs  de  la 
chapelle  du  Paradis,  a  Trinchr  d'àln'uc  »:  darne  d'alo.su. 


—  246  — 

Abeille,  s  f.  An.  wal.  Alose 

Abèlle,  s   f.  Gharleroi.  Abeille.  Sert  d'appât. 

Ablette,  s  f  Able  ou  ablette.  Pâmer  comme  inn  ablette: 
Pâmer  comme  une  ablette. 

Ablette  coreuse  et  ablette  corante,  s.  f.  Ablette  spirlan. 

Aboird,  s.  m.  Abord,  accès. 

Aboirdâbe.  Abordable. 

Aboirdâve .  Accessible . 

Aboirder,  v.  Aborder. 

Aborder,  v.  Aborder. 

Acrâ'we,  s.  f.  Saumon  qui  a  atteint  toute  sa  croissance. 

Acrâwe,  s.  f.  Femelle  du  saumon.  Bécard  ou  béccard  : 
femelle  du  saumon,  a  Où  d'acrawe  »  œufs  de  saumon. 

Acrok'ter,  V.  Graffer,  accrocher  avec  une  gafïe.  Acrok'ter 
on  bâtai  :  GafTer  un  bateau. 

Affouymint,  s.  m,  Afïouillement,  excavation  dans  le  fond 
d'une  rivière,  le  long  des  murs,  etc.  (Voc.  des  maçons.) 

Ailon,  s.  m.  Saumoneau,  jeune  saumon  qui  n'a  pas  deux  ans 
d'âge.  Nom  du  jeune  saumon,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  atteint  la 
longueur  de  12  à  18  centimètres. 

D'après  Forir:  Petit  poisson  qui  n'a  pas  encore  atteint  la 
longueur  de  trente  centimètres.  On  prononce  encore  ce  nom 
ayon  ou  awion  et  on  le  donne  aussi  à  la  jeune  truite. 

Ain'wie,  s  f.  (Namur.)  Anguille. 

Air  de  Jou.  s.  Aube,    point  du  jour.  Lès  air  de  jou,  le 

point  ou  la  pointe  du  jour,  le  crépuscule  du  matin,  l'aurore. 

Aisse,  s.  Bord  d'un  goufTre,  où  l'eau  est  calme  et  où  se 
rassemblent  les  objets  qu'il  a  entraînés. 


—  247  — 

Aivre,  s.  f.  Eau.  Corante  aiiue,  eau  courante.  —  Aiwc 
keute,  eau  dormante,  eau  stagnante.  —Côp  d'aiwe,  coup  (.l'eau; 
courant  d'eau;  chenal.  Ane.  wal.  eaïue. 

Alose,  s.  f.  Remacle,  alose. 

Aloye,  s.  t.  Alose.    • 

Ambion.  s.  m.  Papillon,  synonyme  de  Pâvion,  tuais  d'un 
emploi  plus  rare. 

Amblève.  Amblève.  A  sa  source  au  villat;e  de  d'Heppen- 
bach,  en  Prusse,  forme  au  village  de  Coo,  une  cascade  connue 
dans  le  pays  sous  le  nom  de  «  trinche-à-Goo  »,  qu'on  pourrait 
traduire  par  tranchée  de  Coo,  et  se  jette  dans  l'Ourthe  l\  Com- 
blain-au-Pont. 

Amoircège,  s.  m.  Action  d'amorcer  ;  appât.  I^h  pNwn 
kinohèt  l'amoircège  qu'i  fâ.  Les  pêcheurs  connaissent  l'espèce 
d'appât  qui  convient, 

Amoirci.  V.  Amorcer,  garnir  d'amorces. 

Amoice,  s.  f.  Amorce,  appât,  leurre.  Ce  qu'on  attache  à 
l'hameçon  pour  attirer  et  prendre  les  poissons.  Les  noms  des 
principaux  appâts  se  trouvent  à  leur  place  dans  ce  vocabulaire. 

Amont  (en').  Prép.  En  amont,  côté  d'où  vient  la  rivière, 
opposé  d'aval. 

Amprôye,  s.  f.  Lamproie  Elle  remonte  souvent  la  Meuse 
et  l'Ourthe  dans  les  mois  d'avril  et  de  mai  pour  frayer.  Dans  le 
Luxembourg  on  l'appelle  lamprojion  ou  sartouillc. 

Ancrer.  V.  Ancrer,  jeter  l'ancre. 

Anvrèye,  s.  f  Au(jHir,  (Mons  et  Braîno  r.Vlleud)  Aiiirir, 
(Namur);  Awèi/e.  Anguille.  Les  pécheurs  donnent  le  nom  de 
COWette  aux  anguilles  de  petite  dimension.  Se  trouve  dans  la 
Meuse,  l'Ourthe  et  la  Méhaigne. 

Anzin  (Namur),  s.  m.  Haincçon. 

Appât,  s.  m.  Appât,  pâtin-e  pourallirer  les  poi.ssons.  U  vUV 
et  lès  mo/ie,  c'è  de  bon-z-appiU  po  lèa  pùlinu  :  les  vers  et  les 
mouches  sont  de  bons  appâts  pour  les  poissons  (Fonn. 


248 


Arène,  s.  m.  Arène,  menu  sable,  gravier  au  bord  des 
rivières  (Forir). 

Armeur,  s.  f.  Cordelette  d'un  fdet  à  pêcher.  Vanneur  d'on 
hcvna  d' pèheu:  les  cordelettes  d'un  filet  de  pêcheur. 

Arroi,  s.  m.  (Luxembourg.)  Senne  ou  seine,  grand  filet 
ayant  à  peu  près  la  forme  dû  tramail,  mais  qui  est  simple,  et 
dans  lequel  le  poisson  ne  s'emmaille  par  conséquent  pas.  On 
traîne  la  senne  dans  la  rivière  en  formant  un  cercle  par  la 
réunion  des  deux  cordes  qui  sont  attachées  aux  deux  extré- 
mités. (Dasnoy.) 

Astale,  s.  f.  Nom  donné  à  Namur  à  une  certaine  façon  de 
pêcher.  l)n  tend  le  filet  d'une  rive  à  l'autre  du  cours  d'eau, 
deux  hommes  tenant  une  corde  munie  de  planchettes,  balayent 
le  fond  de  l'eau  en  amont,  chassant  devant  eux  le  poisson  qui 
va  se  faire  prendre  dans  le  filet. 

Attelé  (esse),  V.  Littéral.  Etre  attaché;  expression  du 
pêcheur  pour  signifier  que  l'hameçon  est  retenu  au  fond  de 
l'eau  et  qu'il  ne  peut  le  détacher. 

Aubie,  s.  f.  (Namur.)  Alose. 

Aublètte,  s.  f.  (Verviers,  Namur  et  Charieroi.)  Ablette. 

A  vallêye,  prép.  En  aval,  côté  vers  lequel  descend  la 
rivière. 

Aveine,  s.  i'.  (Luxembourg.)  Avoine,  sert  d'appât. 

Avion,  s,  m.  Saumoneau. 

Aviron,  s.  m.  Aviron,  rame.  Longue  pièce  de  bois,  dont  on 
se  sert  pour  faire  mouvoir  les  bateaux,  chaloupes,  etc. 

Avône  et  avônne,  s.  f.  Avoine,  sert  d'appât.  Luxembourg: 
aveine. 

A-TAraye,  Adv.  A  quO.  Endroit  où  Ion  peut  passer  une 
rivière  sans  nager  et  sans  s'embourber 


—  240   - 

Awhai,  s.  m.  Frelin,  menuise;  petits  poissons  qui  ml- 
peuvent  servir  que  d'amorces. 

A'Whai,s.  m  Alevin,  jeunes  poissons  qui  servent  à  peupler 
un  étang, un  cours  d'eau.  Taper  d' l'aw'luii  d'vins  on  l'ui'f,  jeter 
de  l'alevin  dans  un  étanii;  aleviner  un  étang. 

Ayon,  s.  m.  Saumoneau. 

D 

Balowe,  s.  f.  Balmve,  (Verviers.)  Brt/oî/W?r,  (Luxembourg, 
Namur.)  Hanneton. 

Balowe,  s.  m.  Nase  Ce  nom  lui  est  donné  jusqu'à  lïige  de 
deux  ans  ;  après  ce  temps  on  le  nomme  hôtichc 

Anke,  s.  f.  Ancre  Instrument  de  fer  à  branches  aiguës  et 
recourb-^es  pour  arrêter  les  bateaux. 

Banète,  s.  f.  Nacelle  de  pêcheur  dans  laquelle  se  trouve 
un  hanneton. 

Bankai,  s.  m.  Siège  à  l'arrière  du  bateau. 

Banni,  s.  m.  (Mons.)  Poisson  qui  n'est  pas  frais. 

Banstai,  s.  m.  Panier  aux  poussons. 

Barbaî  ou  Barbeau,  s.  m.  Barbeau  commun. 

Barbai,  s.  m.  Mouche  bleue,  nommée  aussi  mohc  a  /'  char. 
Elle  sert  d'appât. 

Barbiyon,  s.  m.  Barbillon,  petit  barbeau  qui  n'a  pas  encore 
atteint  le  poids  de  cinq  centigrammes.  Les  pècheui.s  U- 
nomment  fréquemment  pourpiârd. 

Barbion,  s.  m.  Barbillon,  moustaches  du  barbeau. 

Bârrège,  s.  m.  Barrage. 

Barbotte,  s.  f.  Nom  que  l'on  donne  par  confu.sioi.  à  la  loche 
«  mostèye  »  et  à  la  lotte  a  boulot Ir  d. 
Basse,  s.  f.  Bas-fonds. 
Batte,    V.    Bracher.   Agiter  l'eau  pour  avoir  du   poisiion. 


—  250  — 

Fouiller,  troubler  l'eau  pour  faire  entrer  le  poisson  dans  les 
filets  (Remacle). 

Batte,  s.  f.  Digue  faite  de  pieux  ou  de  maçonneries  en 
rivière  Rour  maintenir  les  eaux  à  hauteur.  Ax  grossès-batte, 
litt.  Aux  grosses  battes,  endroit  situé  sur  l'Ourthe,  près  de 
Liège,  entre  Angleur  et  Grivegnée. 

Bécârd,  s.  m.  Bécard,  vieux  saumon  mâle,  selon  les  uns, 
saumon  femelle,  selon  les  autres.  Ce  nom  de  bécard  serait 
donné  au  saumon  à  cause  de  son  museau  en  forme  de  bac. 

Bêche,  s.  m.  Bec.  Ce  qui  sert  aux  poissons  à  prendre  leur 
nourriture. 

Bèchèye,  s.  f.  Amorce,  appât,  pâture  pour  prendre  le 
poisson. 

Bèchèt,  s.  m.  Brochet,  brocheton,  petit  brochet. 
Bèchi.  V.  Mordre  à  l'hameçon,  à  l'appât. 

Bèch'tâ,  s.  m.  Petit  brochet  qui  n'a  pas  encore  atteint  le 
poids  d'un  demi-kilog. 

Bèch'ter.  V.  Manger  par  petites  bouchées,  comme  les 
poissons. 

Bî,  s.  m.  Biez  ou  Bief.  Ane.  wal.  By  dans  le  recueil  des 
ordonnances  de  la  principauté  de  Liège  :  canal  qui  conduit  les 
eaux  sur  les  roues  du  moulin. 

Bî  (fax),  s.  m.  Biez  inférieur,  biez  de  décharge. 

Bièsse  âbalowe,s.  f.  Hanneton.  Littéral.:  bête  aux  nases. 
Peut-être  faut-il  écrire  hièsse-âx-balowe  dit  Grandgagnage. 

Ce  nom  viendrait  de  ce  que  l'on  se  sert  parfois  de  hannetons 
en  guise  d'amorces  pour  prendre  le  poisson  appelé  nase,  en 
wallon  balowc  ou  hôtiche. 

Bièsse  di  four,  s.  f.  Hanneton  de  la  st-Jean. 

Bîhe,  s.  f.  Bise  Lorsque  le  vent  du  nord  souflle,  le  poisson 
se  tient  d'ordinaire  au  fond  de  l'eau. 


—  '251  - 


Blanc  vièr,  s.  m.  Ver  blanc;  larve  du  hanneton  qui  vit  sous 
terre  et  cause  de  grands  ravages  en  dévorant  les  racines  des 
plantes.  Il  est  très  recherché  des  pécheurs  pour  servir  d'ai)pàt. 
On  le  nomme  fréquemment  warbeau. 

Blanketrûte,  s   f.  Ombre 

Blètti-songue.  Sang  en  caillot,  sert  d'appât. 

Boyai,  s.  m.  Boyau.  Les  boyaux  servent  à  faire  des  ligues 
solides  pour  pêcher  le  barbeau  et  autres  gros  poissons. 

Après  rplaive,  H  bon  limps  freu  sûr  roter  l'barbai. 
Il  fâ  'ne  bonne  foite  lignoûie,  di  bon  loirdou  boyai. 

DelargE.  —  Lèi  pèheu  a  l   ic/t. 

Boite  à  z-inche,  s.  f.  Boîte  aux  hameçons. 

Bondiffe,  s.  m.  Banneton.  grand  coffre  percé  de  trous  .ser- 
vant à  conserver  le  poisson  vivant  dans  Teau,  et  le  bateau  lui  ■ 
même  portant  ce  réservoir,  ^n.  wal.  bon  difTe  dans  Louvrex. 
Lès  pèheu  ont  dès  néçalle  à  bondiffe  :  les  pêcheurs  ont  des 
nacelles  à  banneton. 

Bouchon,  s.  m.  Bouchon,  flotte. 

Boulotte,  s.  m.  Lotte  commune  ou  de  rivière.  Les  pêcheurs 
la  considèrent  comme  la  souche  des  anguilles.  On  la  conto.id 
souvent  avec  la  loche  et  alors  ces  deux  poissons  s'appellent 
barbotte  ou  popioûle. 

Boul'ter,  v.  Bouiller,  troubler  Teau,  remuer  la  vase  avec 
une  bouille.  /  [cl  bouVter  l'ahvepo  pèlii  âx  govion  :  .1  faut  l...u.I- 
1er  Peau  pour  la  pêche  aux  goujons. 

Boul'tège,  s.  m.  Bouilleinent 

Boul'teu.  s.  m.  Bouille,  longue  perche  dont  les  pêcheurs 
se  servent  pour  remuer  la  vase  et  troubler  Peau,  on  lu.  donne 
^2.rMs\cnomderamond' pèheu.  lUt.  balai  de  pêcheur;  .serait- 
ce  parce  que  certains  pêcheurs  emploient  un  vieux  hala.  a  cei 
usage? 
Bourbaye,  s.  f.  Bourbe. 


-  252  — 

Bourdon.  (Charleroi  )  Frelon,  sert  d'appât. 

Bourdon  au  miel,  s.  m.  (Mons.)  Mouche  à  miel,  sert 
d'appât. 

Brâdeur,  s.  f.  Lignette,  (icelle  de  médiocre  grosseur  pour 
faire  des  filets. 

Brâmette,  s.  f.  Petite  brème.  Diminutif  de  brame. 

Brame,  s.  f.  Bramnie,  (Charleroi.)  Braime,  (Namur.) 
Brème,  s.  f.  (Remacle).  Brème.  II  y  deux  espèces  de  brème 
dans  nos  rivières.  Li  grande  brame,  la  brème  ordinaire.  Li 
p'tite  brame,  la  hrême  bordel ière. 

Brochet,  s.  m.  Brochet.  Les  pêcheurs  wallons  appellent 
les  petits  hvochQis,bèehét,  bèch'tâ,  pougnard;  tièsse  di  brochet, 
hure  de  brochet. 

Brouf,  s.  m.  Brou,  écorse  verte  de  la  noix;  sert  à  teindre 
les  filets.  Voy.  hâgne. 

Brouhagne,  s.  f.  Bréhaigne,  carpe  qui  n'a  ni  laite,  ni  œufs. 

Bruant,  s.  m.  (Mons.)  Hanneton. 

Busai,  s  m.  Chalumeau.  Tuyau  entier  de  grosse  plume  dont 
on  bouche  les  extrémités  avec  une  boule  de  liège  percée  et 
noircie. 

Busètte,  s.  f.  Petit  tuyau  en  métal  qui  sert  à  relier  les  diffé- 
rentes parties  de  la  gaule  à  pécher. 

Busleûre,  s.  f.  Môme  signification  que  le  mot  précédent. 

C 

Cabasse,  s.  f.  Panier.  Il  sert  au  pécheur  pour  mettre  ses 
provisions  et  ses  amorces,  ainsi  que  le  poisson  pris  à  la  pêche. 
Voy.  pèheur. 

Cabawin,  s.  m.  (Gondroz.)  Escarbot  commun.  Bousier;  il 
sert  d'appât. 


—  253  — 

Cabot,  s.  m.  (Mons.)  Têtard  de  grenouille. 
Gaerpe,  s.  f.  (Mons.)  Carpe. 

Caj-waî,  s.  m.  Pareaux.  Gros  cailloux  qui  LMitraînciit  la 
senne  au  fond  de  l'eau,  tandis  que  le  haut  de  ce  filet  flotte  à  la 
surface. 

Galîbe,  s.  m  Calibre.  Instrument  qui  sert  à  mesurer  les 
dimensions  des  mailles  des  filets. 

Calibrer,  v.  Calibrer.  Mesurer  avec  le  calibre. 

Canal,  s.  m.  Canal. 

Canot,  s.  m.  Canot,  petit  bateau. 

Cape  ou  carpe,  s.  f.  Carpe. 

Cârpai,  s.  m.  Carpeau,  carpillon,  petite  carpe.  Diminutif 
de  cape. 

Carpette,  s.  f.  Voy.  cârpai. 

Cazée,  s.  m.  Caset,  charrées,  porte-faix,  animalcule 
aquatique.  C'est  la  larve  d'une  espèce  de  phryganc.  Il  sert 
d'appât.  S.  Sigart;  gloss.  montois. 

Cèlihe,  Cèrège  (Namurl,  Cèrélie,  s.  f.  Cerise,  fruit  qui  sert 
d'appât. 

Cèrvai,  s  m.  Cervelle  de  veau,  sert  d'appât. 

Chabot,  s.  m.  Chabot  commun,  chabot  têtard  ou  >  habot  de 
rivière.  Petit  poisson  en  général. 

Chak'ter,  v.  Choquer  l'eau  avec  un  fikt,  /V///  à  chak'trr, 
Pêcher  au  choc. 

Ghak'tège,  s.  m.  Pêche  au  choc.  Li  chnk'Wnc  si  [ai  A 
boird  (li  l'iiiwe:  La  pêche  au  choc  a  lieu  au  bord  iK-s  rivièr»'s. 

Chak'teu,  s.  m.  Pêcheur  au  choc.  Lès  chuh'lni  n'  hapd 
k'  de  p'tits  pèhon:  Les  pêcheurs  au  chof  ne  preniifiit  qii.  du 
petit  poisson.  (Forir.) 

Chak'tresse,  s.  f.  Filet  pour  pêcher  an  cho.-. 


—  254  — 

Ghâlon,  s,  m.  Asticot,  larve,  sert  d'appât;  Luxembourg; 
clialan,  Namur  châlon. 

Ghâlon,  s.  m.  Chalon,  grand  filet  que  Ton  traîne  dans  les 
rivière^  par  le  moyen  de  deux  bateaux  au  bout  desquels  les 
côtés  du  filet  sont  attachés. 

Chaloupe,  s.  f.  Chaloupe,  canot. 

Chantrai,  s.   (Luxembourg.)  Grillon,  sert  d'appât.   Voyez 
crichon. 
Char,  s.  f.  Viande,  sert  d'appât, 

Chazette,  s.  f.  Larve  de  la  demoiselle  ou  libellule,  sert 
d'appât. 

Chêye  halènne,  s.  m.  Papillon  en  général,  mais  se  dit 
surtout  des  phalènes. 

Chêna  âx  pèhon,  s.  m.  Panier  aux  poissons.  Voyez 
pèheur. 

Chénie,  s.  f.  (Mons.)  Chenille.  Voy.  halenne. 

Chuchenne,  s.  f.  Autre  forme  du  mot  précédent. 

Chute,  s.  f.  Petit  bateau  de  pêcheur. 

Ch'vènne,  s.  m.  Meunier  chevanne  ou  chevenne.  On  le 
nomme  aussi  chevesne,  barbotteau,  juerne,  garbotia,  garbot- 
teau,  chaboisseau. 

Les  pêcheurs  le  nomment  souvent  mounî  et  pourçai  d'aiwe; 
ce  dernier  nom  en  raison  de  sa  grande  voracité. 

Ch'vinai,  s.  m.  Petit  chevanne,  il  se  nomme  aussi  coi'eû. 

iAsette,  s.  f.  Sauterelle,  sert  d'appât. 

Cisin,  s.  m.  Glaçon. 

Clajot,  s.  m.  Jonc  de  marais,  plante  aquatique,  roseau, 
glaïeul  ;  sert  à  radouber  les  bateaux. 

Clajoter,  V.  Remplir  les  ientes,  les  entailles  avec  du  jonc, 
des  rosQdiUix:  clajoter  on  balai;  radouber  un  bateau  avec  du 
jonc. 


—  255  — 

Cleûse,  s.  f.  Ecrille,  clôture  de  clayonnage  pour  arrêter  le 
poisson  à  la  décharge  d'un  étang.  (Forir.) 

Cleûsège,  s.  m.  Clayonnage,  ouhlev  (Von  kleuzège  :  écaille, 
clôture  d'un  clayonnage  ù  un  étang. 

Cod'lî,  s.  m.  Gordier,  marchand  de  cordes,  artisan  qui  lait 
des  cordes. 

Goide,  s.  f.  Corde,  terme  générique;  à  Namur;  coucatte; 
Bruime,  corde  qui  borde  la  tête  ou  l'extrémité  d'un  filet. 

Coirdalle,  s.  f.  Cordelette. 

Gôpé,  s.  m.  Petite  caque,  tonneau  scié  en  deux  pour  mettre 
des  carpes,  etc.  ;  à  Verviers  :  coupé. 

Coq  d'aousse,  s.  m.  Sauterelle;  sert  d'appât.  Voyez  pochtâ. 

Coq  d'Ile,  s.  m.  Libellule  ou  demoiselle:  mieux  connu  sous 
le  nom  de  mârtai  d'  diale,  sert  d  appât. 
Coq  du  four,  s.  m.  (Ardenne.)  Sauterelle.  Voyez  Pochtâ. 

Coque  lèvint,  s.  m.  (Luxembourg).  Coque  du  Levant.  Fruit 
d'un  arbre  des  Indes,  d'un  brun  noirâtre  et  de  la  grosseur  d'un 
pois,  qui  a  la  propriété  d'enivrer  les  poissons,  de  manière 
qu'on  peut  les  péchera  la  main.  Dasnoy.  Dictionnaire  do  la 
province  de  Luxembourg. 

Côr,  s.  m.  Coudrier.  Bois  qui  sert  à  faire  les  gaules; 
h\ervieTS,chaiirnale;  à  Malmedy,  côre;  Picard,  caurd;  Boq 
caurd;  du  latin  coryllus. 

Corant,  anca,  adj.  Courant,  r/<}  l'corante  aiwe  .-de  l'eau 
courante,  eau  vive  qui  coule  toujours.  Li  korantd'  l'alwc:  le 
courant,  le  fil  de  l'eau. 

Corant-lèsse,  s.  m.  Nœud  coulant. 

Corante,  s.  f.  Abletle-spirlin.  Voyez  ablette. 

Coreû,  s.  m.  Chevenne  de  petite  taille.  Synonyme  de 
ch'vinai. 

Coreû,  coreûse,  s.  I.  Ablette-spirlin.  Xoycz  àhlrtte. 


—  t256  — 

Coriant,  ante,  adj.  Souple,  flexible,  qui  plie  aisément,  gn'a 
lin  d' pus  coriant  qui  V  oisîr  :  il  n'y  a  rien  de  plus  souple  que 
l'osier. 

Corège,  s.  W  Lentille  d'eau,  plante  fluviatile,  traînasse, 
herbe  de  St-Jean. 

Cotraî,  s.  m.  Epervier  (*).  Espèce  de  grand  filet  affectant 
la  forme  d'un  cône  très  évasé. 

Cou  d'  nèçale,  s.  m.  Poupe,  partie  de  derrière  d'une 
nacelle. 

Cou  d'  vège,  s.  m.  Pied  de  la  gaule,  la  partie  la  plus  forte. 
Voyez  vège. 

Court  bouyon,  s.  m.  Court  bouillon,  manière  d'apprêter 
les  poissons,  mugnî  'ne  carpe  â  coure  bouyon  :  manger  une 
carpe  au  court  bouillon. 

Coursîre,  s.  f.  Coursier  d'usine. 

Coûtai,  s.  m.  Libellule.  Yoyezmârtai  d'  diale. 

Coûtai,  s.  m.  Couteau,  contai po  mette  lès  stope:  Etanchoir, 
couteau  pour  enfoncer  les  étoupes. 

Coutru-mây'ler,  v.  Contre-mailler,  doubler  par  des 
contre-mailles,  les  mailles  primitives  d'un  filet. 

Couvai,  s.  f.  Petit  gouffre  d'eau. 

Govet,  s.  m.  Pharillon.  Petit  réchaud  où  l'on  fait  un  feu  de 
flammes  pour  atlirer  le  poisson  pendant  la  nuit. 

Covin,  co visse,  s.  Oeufs  fécondés,  frai.  Luxembourg, 
couvisse. 

Crètion,  Cîichon,  crition,  Crèkion,  s.  m.  Grillon,  sert  d'ap- 
pât. Luxembourg,  chantrai,  crèquion;  Namur,  crèkion,  cri-cri; 
Mons,  crikion,  crikelion;  Charleroi,  crèkion. 


(')  V.  De  Herrypon.  La  boutique  delà  marchande  de  poissons.  Paris,  Hachette, 
4867. 


—  257  — 

Crin-marin,  s.  m.  Crin,  partie  qui  termine  la  ligne  et  à 
laquelle  on  attache  l'hameçon. 

Croc,  s.  m.  Gaffe.  Perche  munie  d'un  croc  de  fer  ù  deux 
branches,  dont  l'une  est  courbe  et  l'autre  droite;  Luxembourg, 
«  furet  » . 

Crocdipèheu,  s.  m.  Harpon,  lichoir  de  pêcheur.  Espadut, 
espèce  de  croc  pour  atteindre  les  poissons  au  fond  des  écluses. 
(Remacle.) 

Croc  di  rapèheu,  s.  m.  Crochet  à  plusieurs  branches  ser- 
vant à  retirer  de  l'eau  les  objets  perdus. 

Crochet,  s.  m.  Crochet. 


D 


Dagler,  V.  Goudronner,  enduire  de  goudron,  de  brai  ; 
spalmer  et  espalmer,  daylcr  'ne  uùvale  :  spalmcr  une  nacelle. 

Daglège,  s.  Goudronnage,  action  et  manière  de  goudron- 
ner. 

Dagleû,  s.  Celui  qui  goudronne,  goudronneur. 

Daguer,  v.  Goudronner,  on  dit  aussi  smcri. 

Daguèt,  s.  Goudron, brai.  An.  \ya\.,(l(i(ilcl,  (l(i(ief,  (hi/jlnirt. 

Dagueu,  s.  Goudronneur. 

D'aval,  s.  Côté  vers  lequel  la  rivière  descend. 

Dihay'ter,  v.  Ecailler,  ùtcr,  enlever  réciiille,  dihini'trr 
on  pèJion:  écailler  un  poisson. 

Dihiège,  s.  f.  Déversoir. 

Digue,  s.  f.  Digue. 

Dilongue  (à  V),  prép.  Le  long,  tout  du  long,  au  long  de, 
tout  le  long.  —  Roter  tôt  ù  l'ilUonnne  di  l'aiwe,  marcher  tout 
le  long  de  l'eau  ;  longer,  côtoyer  la  rivière. 

17 


—  258  — 

Dimayler,  v.  Démailler,  défaire  les  mailles  d'un  lilct, 
Dimonter  ou  clismonter,  v.  Démonter.  Expression  du 
pêcheur  pour  signifier  qu'ayant  eu  alTairc  à  un  gros  poisson, 
celui-ci  a  cassé  la  ligue  en  se  démenant,  ou  bien  que  la  ligne 
ayant  été  accrochée  au  fond  de  l'eau,  elle  s'est  brisée  par  suite 
des  efforts  qu'il  a  faits  pour  la  retirer. 

Discrèlie,  v.  Décroître,  diminuer,  raiiue  discrèhe,  l'eau,  la 

rivière  décroît. 

Discrèhège,  s.  m.  Décroissement. 
Dismoussî  'ne  anwèye,  v.  Ecorcher  une  anguille. 
Distoumer,  v.  Baisser,  décroître  en  parlant  d'une  rivière. 
Dragoii;  s.  m.  (Mons.)  Libellule  ou  demoiselle,  sert  d'appât. 

Ecaye,  s.  f.  Ecaille. 

Ecluse,  s.  f.  Ecluse. 

EYhe,  s.  Remous,  sillage,  tournoiement  de  l'eau. 

Ele  di  pèîion,  s.  f.  Nageoire. 

En  amont,  prép.  En  amont  sur  la  hauteur,  côté  d'où  vient 
la  rivière. 

Epèh'ner,  v.  Empoissonner,  peupler  de  poissons,  èpc'h'ncr 
on  viivî.  Empoissonner  un  étang, 

Epèh'nège,  s.  m.  Empoissonnement,  action  d'empoisson- 
ner. 

Epèh'neû,  eûse,  s.  Celui  qui  empoissonne. 

EpiDoke.  (Mons.)  Autre  forme  de  cspimke.  Voyez  spinâ. 

Escavège,  s.  m.  Nom  que  prend  le  poisson  d'eau  douce 
quand  il  est  préparé  à  la  daube.  Il  se  dit  encore  scavcge;  h  Mons 
et  àCharleroi,  on  dit  dans  le  même  sens  «iWZ/OW  à  rcscavccheo 
on  à  rcscavesse. 


-  259  — 

Espinoke.  (Mons.)  Epinoche. 

Esturgeon,  s.  m.  Esturgeon,  se  dit  mieux  siun/ioii  et 
slriKjcou. 

Etang,  s.  m.  Etang. 

F 

Fer-ai"we,  V.  Faire  eau.  On  dit  d'un  bateau  qu'il  fait  eau, 
lorsque  l'eau  y  entre  au  travers  du  bois,  ou  par  les  lentes  et  les 
jointures. 

Ferré,  s.  m.  Perche  de  batelier,  de  passeur  d'eau. 
Fermette,  s.  f.  Fermette.  Voyez  bàn-cijc. 
Férome,  s.  f.   Virole,   petit  cercle  de  métal   autour  d'un 
manche,  d'une  gaule  à  pêcher,  etc. 

Firone,  s.  f.  Virole. 

Fèrrèt,  s.  m.  Luxembourg.  Voyez  croc. 

Fève,  s.  f.  Fève  cuite,  sert  d'appât. 

Fier  à  qwate  dint,  s.  m.  Fouane.  Fer  à  quatre  ou  cinq 
piquants  au  bout  d'un  bâton,  pour  piquer  le  poisson.  (C;un- 
bresier.) 

Fier  à  treus  dint,  s.  m.  Fichure.  Espèce  de  trident  avec 
lequel  on  darde  le  poisson  dans  l'eau.  (Cambresier.) 

Filope  et  filome,s.  f.  Filasse,  assemblage  de  filaments  lires 
de  l'écorce  du  chanvre,  de  celle  du  lin:  a  stopper  'ne  cirvcior 
avou  de  r filope  »  boucher  une  lente  avec  de  la  filasse. 

Fleuve,  s.  m.  Fleuve. 

Flot,  s.  m.  Mare,  eau  stagnante. 

Flottâfe,  adj.  Flottable,  se  dit  d'une  rivière  ou  ruisseau  sur 
lequel  le  bois  peut  llotler. 

Flotte,  s.  f.  Flotte.  La  llutle  est  deslin(?c  h  supporter  le  corps 
de  la  ligne  et  à  lui  permettre  de  suivre  le  courant  .sans  s'accro- 
cher au  fond. 


—  '260  — 

Foche,  s.  f.  Littéral.  Fourclie-Fouane.  Instrument  propre  à 
percer  les  poissons  pour  les  prendre.  Il  y  en  a  de  bien  des 
formes:  les  unes  sont  une  broche  terminée  par  un  dard, 
d'autres  une  lance  barbelée,  d'autres  sont  Cormées  de  deux  ou 
trois  dents,  c'est  alors  une  véritable  fourche.  Cet  instrument 
étant  ajusté  au  bout  d'une  perche,  on  en  perce  les  poissons 
qu'on  aperçoit  au  fond  de  l'eau. 

Forboleux,  adj.  Marécageux.  Voyez  marrasseux. 

Forbou,  s.  m.  Marécage.  Voyez  maras. 

Fouonnet,  s.  m.  (Luxembourg.)  Voyez  malton. 

Fouseresse,  s.  f.  Carpe  œuvée,  carpe  forcière  que  l'on 
garde  à  vue  pour  la  reproduction. 

Frème,  s.  f.  Grosse  filasse  pour  calfater.  Voyez  filope. 

Fricassêye  di  péhon,  s.  f.  Friture,  poissons  frits. 

Froyî,  V.  Frayez.  Multiplier,  en  parlant  des  poissons. 

Froyâhe  s.  f.  Frai,  époque  du  frai. 

Frôye,  s.  f.  Frai,  se  dit  des  œufs  de  poisson  avec  ce  qui  les 
féconde. 

Froyège,  v.  Action  de  frayer. 

Frouhène,  s.  f.  Endroit  où  fraient  les  poissons.  Frayôre, 
se  dit  surtout  des  saumons. 

Frouhiner,  v.  Frayer.  Se  dit  des  saumons  quand  ils  s'ap- 
prochent, qu'ils  se  gîtent  et  se  terrent  pour  frayer,  (ilemacle.) 
Froumage,  s.  m.  Fromage,  sert  d'appât. 

G} 

Gard    d'aiwe,    s.    Garde    des   eaux,  garde     de    pèche. 

Golfe,  s.  f.  Gouffre.  Endroit  où  une  rivière  est  profonde  et 
où  l'eau  tournoie. 

Goge,  s.  f.  Ablette  spirlin.  Voyez  ablette. 


-  261  — 

Govion,  s.  m.  Goujon,  (jouvion  dans  le  Ilainaut,  fjouviuii  et 
(iHCUvion  à  Namur. 

Grande  brame,  s.  f.  Brème  ordinaire.  Voyez  brame. 

Gravi,  s.  m.  Gravier. 

Gravier,  s,  m.  (Luxembourg.)  Véron.  Voyez  Grèvî. 

Grèvèsse,  s.  f.  Ecrevissc  fluviatile;  à  Namur:  gravasse;  à 
Charleroi  :  gravîche. 

Grévî,  grèvî,  s.  m.  Vairon  ou  véron  lisse;  à  Namur: 
fjravi,  jotte  di  procureur. 

Grèvî,  s.  m.  Fretin,  menu  poisson.  Alevins,  pelils  poissons 
avec  lesquels  on  peuple  les  étangs.  (Remacle.) 

II 

Hadrène,  s.  f.  Gué,  endroit  d'une  rivière  où  l'on  passe  à 
pied,  haut  fond.  Passer  l'aiwe  so  'ne  liadrènne  :  passer  l'eau  à 
gué. 

Hâgne,  s.  f.  Ecaille  des  poissons.  Voyez  haye. 

Hâgne,  s.  f. Bruu  de  noix, l'enveloppe  verte  de  la  noix; sert 
à  teindre  les  filets,  se  dit  aussi  Itufét/e,  hufion,  bronfe. 

Haye,  s.  f.  Ecaille,  lame  mince  et  plate  qui  couvre  la  peau 
de  beaucoup  de  poissons. 

Hay'ter,  v.  Ecailler,  ôter,  enlever  les  écailles  d'un  poisson. 

Hâle  âx  pèhon,  s.  f.  Echelle  ou  passe  Ix  poissons.  Espèce 
d'escalier  ou  ouverture  que  l'on  a  pratiquée  dans  les  murs  des 
déversoirs  près  des  barrages,  pour  permettre  aux  poissons  de 
remonter  les  rivières. 

Halène,  lièlène,  holcne  (Ardenne)  houlètie,  s.  f.  Clienillo, 
sert  d'appât. 

Haper,  v.  Prendre,  attraper  des  pois.sons. 

Hapète,  s.  f.  Sorte  de  pelle  pour  vider  IVau  d'une  nacelle. 


—  2G2  — 

Harnicotai,  s.  m.  ([Aixombourg.)  Hanneton,  échiquier. 
Kavroûlô,  s.  f.  Ablcrot,  carro,  carrelet,  avrule.  C'est  le  filet 
le  plus  généralement  employé. 

Hé,  s.  f.  Cane.  Croc  de  batelier,  longue  perche  au  bout  de 
laquelle  l^  y  a  une  pointe  avec  un  crochet. 

Hèrna,   s.   m.  Rets.    Ouvrage  de   ficelle,  de    corde,    pour 
prendre  des  poissons.  (Uemacle.)  Ghalon,  grand  filet  de  pêcheur 
(Forir.)  ' 

Hérô.  Voyez  Jùrô. 

Heure,  s.  f.  Hure,  tète  de  saumon,  de  brochet,  principale- 
ment, (juand  elle  est  coupée.  (Forir.) 

Hiède,  s.  f.  Troupe,  terme  de  pêcheur  pour  désigner  un 
grand  nombre  de  poissons.  Voyez  tnVn/e. 

Hirô,  s.  m.  Glaçon:  /  r/7////r/  r/ès  hirô  so  Moûse,  la  Meuse 
charrie  des  glaçons. 

Hôderdèspèhon,  v.  Limoner  des  poissons,  les  passer  à 
Tcau  bouillante  pour  en  ùter  le  limon.  (Remacle.) 

ïlohou,  s.  m.  Compartiment  séparé  dans  un  réservoir  à 
poi.^sons.  Voyez  houchc. 

Home,  s.  f.  Graisin,  écume  sur  l'eau,  quand  les  poissons 
Iraient.  (Remacle.) 

Hôtiche,  hôtin,  hôtu,  houtin,s.  m.  Lenase.  Pendant  les 
deu.v  premières  années  de  son  existence,  le  wallon  l'appelle 
halowe.  Les  pêcheurs  donnent  le  nom  de  payasse  au  nase  de 
lorte  taille.  Enfin  on  le  nomme  encore  pouvçai  d'aiwe;  ajoutons 
que  celte  dénomination  appartient  aussi  au  chevanne  et  qu'elle 
lui  convient  mieux  du  reste.  Luxembourg:  Iiotla;  Namur//o///, 
u'Jiolu.  2"  nréîiir.  (Luxembourg.) 

Horlogî,  s.  m.  Perche  goujonnière.  Voyez  ooî. 

Houche,  s.  L  Réservoir  à  poissons  qui  se  trouve  dans  une 
«  ùanc'tf  ))  ou  un  <r  bondife  »,  barques  de  pêcheur.  Les  grandes 
«  hoache,,  celles  qui  se  trouvent  dans  les  hoadifr,  sont  d'ordi- 


—  203  — 

naiiv  divisées  en  trois  compartiments  qui  se  nomineul  liolidii 
ou  Jiouhou.  Nahai  se  dit  d'un  réservoir  isolé. 

Houhou,  s.  m.  Compartiment  isolé  dans  un  réservoir  à 
poissons.  Voyez  houchc. 

Hourêye,  s.  f.  Berge. 

Hover,  v.  BouilIer.Bouiller  l'eau  pour  pécher  aux  goujons. 

Hufôye,  s.  f.  Brou  de  hoix.  Voyez  hiujnc. 

Hufion,  s.  m.  Brou  de  noix.  Voyez  hCujnc. 


liai,  s.  m.  Ilot,  se  dit  aussi  niai. 

Inche,  s.  f.  Ilamegon,  liaim.  Petit  crochet  de  fer  servant  à 
prendre  le  poisson,  à  Namur  an:An. 

On  appelle  dardillon,  la  petite  languette  pi.iuante  de  Thame- 
çon;  elle  est  faite  en  forme  de  dard  pour  accrocher  le  poisson  ; 
le  hameçon  plombé  qui  est  disposé  de  manière  à  rester  au  fond 
de  Teau,  se  nomme  pavfond. 

Intrilècèhe,  s.  Epissure,  jonction,  entrelacement  de  plu- 
sieurs torons. 

Intrilèceû,  s.  Epissoir,  instrument  en  forme  de  poinron, 
pour  épisser. 

Intrilècî,  v.  Episser,  réunir  deux  bouts  de  corde  en  enlre- 
lassant  leur  torons. 


Jètd'neuhi,  s.  m.  Litt.  Jet  do  noisetier,  .sert  à  faire  les 
scions  et  les  secondes.  Voyez  véfje. 

Jotte  di procureur.  (Namur.)Nomdu  véron  lisse,  lorsqu'il 
est  frit.  Litt.  Chuu  do  procureur,  sans  doute,  dit  (Irandga- 
gnage,  parce  qu'il  est  plein  d'arêtes. 


—  264  - 

Lamproyou,  s.  m.  (Luxembourg).  Lamproie  de  Planer  ou 
petite  lamproie;  v.  amprôi/e. 

Lèçai,  s.  m.  Lailc  ou  laitance,  substance  qui  ressemble  au 
lait  caillé  et  qui  contient  la  semence  des  poissons  mâles. 

Lèche,,  s.  f.  Etang,  noue  où  l'on  met  du  poisson. 
Lègne,  s.  t'.  Ligne.  (Ilemacle.)  Voyez  lignoûlc. 

Liignètte,  s.  f.  Lignette,  ficelle  de  médiocre  grosseur  pour 

faire  des  filets  :   Vosse  lignette  è  trop  fène  po  fer  on  hèrna 

d' pèlieu  :  votre  lignette  est  trop  fine  pour  en  faire  un  filet  de 
pêcheur. 

Lignoûle,  s.  f.  Ligne.  Corde  faite  de  crin  ou  de  soie  tordu, 
avec  un  ou  plusieurs  hameçons  au  bout,  pour  prendre  du 
poisson. 

Loche,  s.  f.  Loche.  Voyez  mostùye. 

Lotte,  s.  m.  Lotte  commune.  Voyez  boulotte;  il  è  crâs 
comme  on  lotte,  il  est  gras  comme  une  lotte. 

Lotte,  s.  f.   Loutre. 

Lovaye,  s.  m.  Louvain,  vi7it  d'  Lovaye:  vent  de  Louvain, 
vent  d  ouest  par  rapport  à  Liège.  Vent  qui  amène  ordinaire- 
ment de  la  pluie.  Ex.  ;  si  c'èsten  vint  d' Lovaye,  i  vaireii 
'neplovinèttc  comme  brouwène  dimaye. 

Delahge,  Lis  pèhcH  à  V  vège. 

M 

Maclote,  s.  f.  Têtard,  se  dit  encore  popionle;  Mons  :  cabot; 
Luxembourg:  Maquette.  I""  Chabot  têtard. 

Malton,  s.  m.  Bourdon,  frelon,  guêpe,  sert  d'appât.  Dans 
le  Luxembourg  :  fouonnet. 


—  205  - 

Malton'rèye,  s.  f.  Nid  de  bourdons, 

Mani"*sèlle.  (Luxembourg  et  Namur.)  Voyez  mùrUii 
iV  (lialr. 

Manche,  s.  m.  Manche  de  la  rame,  de  l'aviron. 

Maquette,  (Luxembourg.)  Têtard.  Voyez  maclottc. 

Maqu'rai,  s.  m.  Demoiselle  ou  libellule.  Voyez  mariai 
iV  (lia le. 

Marasseu,  euse,adj.  Marécageux.  Cistr  auwn/c  là  a-t-on 
p'tit  gosse  marasseu  :  cette  anguille  a  un  petit  goût  maréca- 
geux. On  dit  aussi  porboleu,  forboleu. 

Marasse,  s.  m.  Marécage,  se  dit  aussi  forbou,  porbou. 

Mar'hâ,,  s.  m.  Escarbot,  bousier. 

Marihâ,  s.  m.  Blatte  des  cuisines,  sert  d'appât.  Voyez 
neûrès  bièsse. 

Mariner,  v.  Mariner,  faire  cuire  du  poisson,  et  l'assaisonner 
de  manière  qu'il  puisse  se  conserver  longtemps. 

Marînège,  s.  m.  Marinade. 

Mârtai  d'  diale,  s.  m.  Libellule,  sert  d'appât. 

Maurtia  d'arme,  s.  m.  (Namur.)  Libellule. 

Mâ,ye,  s.  f.  Maille,  petit  anneau  de  fd  dont  plusieurs  font  un 
tissu:  Lès  mâije  d'ine  havroûle;  les  mailles  d'un  carrelet. 

Mayètte,s.f.  Petite  maille  :  rinawi  'ne  mai/ètte:  reprendre, 
relever  une  petite  maille  qui  est  tombée,  qui  est  échappée. 

Meunier,  s.  m.  (Mons.)  Sert  d'appût. 
Miyoledi  cèrvai,  s.  f.  Cervelle,  sert  d'appât. 
Misse,  s.  f.  Rate,  sert  d'appât. 
Mister,  s.  f.  Coque  du  Levant.  Voyez  Coque  levinl. 

Mohe.  Moclie  (Namur),  Mûuke  (llainaut),  s.  f.  Mouche  en 
général.  Dans  le  quartier  d'Outre-Meuse  à  Liège,  on  prononce 
moke. 


-  266  — 

Mofic  à  Vawiou,  mohe  hV  pètion,  mohe  à  pépin,  moheà 
r  pction,  wolie  di  pètion,  chcsscKte  à  pction.  Sous  ces  diiïo- 
rentes  dénominations,  le  wallon  comprend  Tabcille,  la  guèpcje 
bourdon,  le  frelon,  c'est-à-dire  toute  mouche  qui  porte  un  dard, 
un  aiguillon.  Toutes  ces  mouches  servent  d'appât. 

Mohe  à  F  char,  s.  f.  Mouche  bleue,  elle  a  le  thorax  noir, 
l'abdomen  d'un  bleu  luisant,  avec  des  raies  noires  et  le  front 
fauve.  Le  wallon  la  nomme  encore  barbai  ;  sa  larve  s'appelle 
ivarbau   d'  char.  Asticot. 

Mohe  à  r  chôteur.raohe  à.  chèttéûr.  J  Abeille. 

Mohe  di  chèteur,  mohe  di  chètteu,  )  Mouche  à  miel. 

Mohe  d'api,  mohe  à  1'  lame.  ]  Sert  d'appât. 

Mohe  artificielle,  s.  f.  Mouche  artificielle.  La  mouche 
artificielle  sert  à  la  pêche  des  truites  et  des  poissons  blancs. 

Mohe  d'or,  s,  f.  Mouche  dorée.  Elle  a  le  corps  vert  doré, 
avec  les  pattes  noires.  On  amorce  avec  sa  larve,  que  l'on  trouve 
dans  les  charognes. 

Moh'tor,  V.  On  dit  qu'on  voit  //  pèhon  mohter,  quand  il 
saute  après  les  mouches  qui  volent  à  la  surface  de  l'eau. 

Molai,  s.  m.  Petite  moule  ;  petite  mesure  en  bois  pour  les 
mailles  d'un  filet. 

Molduse,  moldûse,  s.  f.  Poisson  de  rivière  que  les 
pêcheurs  disent  provenir  d'une  carpe  commune  «  Cyprinus 
carpis  »  et  du  carassier  ou  carpe  à  la  lune  «  Carassius  vulga- 
ris  ». 

Molin,  s.  m.  Moulinet,  petit  moulin  qui  s'ajuste  au  bas  des 
cannes  à  hauteur  de  la  main  et  qui  sert  à  donner  ou  retirer  de 
la  ligne.  Voyez  racoyeu. 

Molinaî,  s.  m.  Demoiselle  ou  libellule,  sert  d'appât. 

Molon,  s.  m.  (Namur.)  Larve  du  hanneton,  sert  d'appât. 

Monsieur,  s.  m.  (Luxembourg.)  Libellule,  sert  d'appât. 


—  207  — 

Monté  (esse  bin).  Lilt.  Etre  bien  monté,  expression 
signifiant  (la'Lui  pùclieur  a  tous  ses  attirails  en  bon  état  et  de 
bonne  qualité. 

Mostèye,  s.  f.  Loche.  Les  loches  sont  souvent  confondues 
avec  les  lottes,  boulotte.  Les  dénominations  wallonnes  de 
barbotte  et  depâpioùle  ou  popioûlc  sont  communes  h  ces  deu.x 
poissons. 

Moulon,  s.  m.  Le  mot  monlon  employé  seul,  s'appli(|ue 
parliculièrement  à  la  larve  de  la  mouche  à  viande,  la  grosse 
mouche  bleue.  On  distingue  le  blanc  moulon,  la  larve  du  han- 
neton ;  le  moulon  à  queue,  la  larve  de  la  mouche  scatophage, 
celle  des  lieux  d'aisance;  le  ??/o?^/o//  d' bo,  la  larve  du  capri- 
corne, à  odeur  de  rose, 

J.  SlGAUT.  (Mloxsiiirc  montoix. 

Mounî,  s.  m.  Meunier,  chevanneou  chevenne. 

Mount,  s.  m.  Perche.  Voyez  pîc/ie. 

Mounî,  s.  m.  Meunier.  Variété  blanche  du  hanneton  com- 
mun. 

Moûse,  s.  f.  Meuse;  prend  sa  source  dans  le  déparlcnicnt 
de  la  Haute-Marne,  près  du  village  de  Meuse,  et  se  jette  dans 
la  mer  du  Nord. 

IV 

Nachale,  s.  f.  An.  wal.  dans  les  Ch.  et  Privil.  Voyez 
nacelle. 

Nahai,  s.  m.  Banneton.  Coiïre  percé  de  truus;  sf  dit  d'un 
réservoir  isolé,  destiné  à  conserver  le  poisson  vivant.  Voyez. 
bouche. 

Nahe,  s.  f.  Nacelle  de  grande  dimension  et  munie  d"uii 
gouvernail. 

Nahon,  s.  m.  Dannetun.  Voyez  naliai. 


-  268  — 

Naque,  s.  f.  Gravier  amoncelé,  ^"alcz  niii  so  V  naque  avou 
vosse  nèçallc:  ne  passez  pas  au-dessus  du  las  de  gravier  avec 
votre  nacelle. 

Naquai,  s.  m.  Diminutif  de  naquc. 

Naviron,  s.  m.  Aviron,  sorte  de  rame.  Li  poufjnèye,  li 
manche,  et  l' platai  d'on  naviron:  la  poignée,  le  manche,  la 
palme  d'un  aviron. 

Navuron,  s.  m.  Nageoire. 

Nèyî,  V.  Noyer.  Faire  mourir  dans  l'eau. 

Nèsse,  s.  f.  Nasse.  Espèce  de  panier  d'osier,  de  jonc,  de  fil 
de  fer  pour  la  pêche  dans  les  rivières;  l'ouverture  est  ronde  et 
garnie  de  brins  d'osier  en  forme  d'entonnoir.  La  nasse  est  sou- 
tenue par  plusieurs  cerceaux,  qui  vont  en  diminuant  de  dia- 
mètre depuis  l'ouverture, 

Nèçalle,  Nècèlle,  s.  f.  Nacelle. 

Neûre  bièsse,  s.  f.  Blatte  domestique.  Sert  d'appât. 
Namur:  Noire  biète.  2»  Ténébrion  des  boulangers,  sa  larve 
cylindrique  est  d'un  jaune  d'ocre,  vit  dans  le  son  et  la  farine  ; 
elle  porte  le  nom  de  viêr  di  f  arène;  sert  d'appât. 

Nouque,  s.  m.  Oudre.  Nœud  de  la  maille  d'un  filet. 

O 

Ogî,  s.  m.  Grémille,  baveux,  perche  goujonniêre.  L'Ofjî  se 
nomme  encore  horlogî. 

Oisir,  s.  f.  Osier.  Nom  que  l'on  a  donné  aux  branches 
flexibles  de  presque  toutes  les  espèces  de  saules,  et  dont  les 
vanniers  se  servent  pour  confectionner  différents  articles  de 
pêche,  tels  que  les  nasses,  les  paniers,  etc. 

Ole  di  trâne,  s.  f.  Huile  de  poisson. 

Ombe,  s.  f.  Ombre  de  rivière.  Voyez  blanke  truie. 

Opielle.  (Mons)  Espèce  de  rosse,  poisson  blanc. 


—  200  — 

Orèye  di  pèlion,  s.  f.  Ouïes,  branchies.  Ci  harhui  la  <•  tôt 
(risse,  il  a  lès  orèye  totè  roge:  ce  barbeau  est  luul  frais,  il  a  les 
ouïes  toutes  vermeilles.  (Forir  )  D'après  Remacle  jx'iaitr  di 
pèhon. 

Où,  s.  m.  Œuf.  Les  œufs  du  brocliet,  du  barbeau  et  de  la 
lotte  sont  assez  dangereux  à  manger, 

Ouye,  s.  m.  Œil. 

Ounélle,  ouène.  (Mons.)  Chenille.  Voyez  halenne. 

Oûthe,  s.  f.  Ourthe.  Rivière  très  poissonneuse;  elle  a  deux 
sources  :  la  première  se  trouve  entre  le  village  d'ûurlho  et  le 
hameau  de  Deïfeld  ;  la  seconde  prend  naissance  près  de 
Remagne,  au  sud-est  de  St-Hubert.  L'Ourthe  se  jette  dans  la 
Meuse  à  Liège. 


Passâhe,  s.  f.  Passage.  Changement  de  lieu  des  poissons 
dans  certaines  saisons.  /./  passâhc  des  àbèye  :  le  passage  dt-s 
aloses. 

Passêye,  s.  f.  Traversée  à  un  passage  d'eau;  loiiles  les 
personnes  qui  passent  à  la  fois.  Nos  èsth  de  l' primù  passcije: 
nous  étions  de  la  première  traversée. 

Passade,  s.  f.  Voyez  passâlie. 

PasSGÛ,  s.  m.  Passeur,  batelier  qui  conduit  un  bar,  un 
batelet  pour  passer  l'eau,  liould  V  passeù  :  appeler,  hèler  le 
passeur  d'eau. 

Payasse,  s  m.  Nom  que  les  pêcheurs  donnent  au  lu'itiche 
de  forte  taille. 

Palon,  s.  m.  Ecope,  pelle  de  bois  longue,  à  chasse  relevée 
par  le  bout  et  à  rebords,  qui  sert  ù  prendre  et  à  lancer  l'eau 
des  bateaux.  Voyez  sèsse. 


—  '■210  — 

Pâpioule,  s.  m.  Sous  ce  nom,  le  wallon  comprend  les 
hoches  et  les  loties.  Voyez  boulotte  et  mostèi/c. 

Pasge,  s.  f.  Voyez  passâlie. 

Passe,  s.  f.  Pâte,  sert  d'appât. 

Fâvion,  s.  m.  Papillon.  On  dit  encore  pâvion  et  ambion. 
Luxembourg  :  paupian  ;  Namur  :  pèwioti,  sert  d'appât. 

Pèhe,  s.  f.  Pêche,  art,  exercice,  action  de  pêcher. 

Péhâhe,  s.  f.  Epoque  de  la  pêche. 

Pèheu,  s.  m.  Pêcheur,  celui  qui  se  livre  à  la  pêche  pour 
son  plaisir  ou  pour  {gagner  sa  vie  ;  ramon  d'  pèheu  :  bouille. 

Pèheur,  s.  f.  (Luxembourg.)  Panier  aux  poissons.  C'est  un 
panier  en  forme  de  bissac  rebondi,  qui  sert  à  mettre  le  poisson 
pris  à  la  pêche;  il  se  porte  en  bandouillère;  se  dit  aussi  chèna 
âx  pèhon  et  banstai. 

Pèhî,  V.  Pêcher.  Pèltî  à  bouchon.  Pêcher  au  bouchon,  à  la 
ligne  ilolianie.  Pèhî  à  V  havroûle.  Pêcher  au  carrelet,  à  l'ableret. 
Pèhî  IL  r  chik-chak.  Pêcher  avec  la  ligne  à  fouetter,  Pèhî  à 
r  vège.  Pêcher  à  la  ligne.  Pèhî  à  l'  volîre.  Pêcher  à  la  volée, 
avec  la  mouche  artificielle.  Pèhî  so  fond.  Pêcher  avec  la  ligne 
de  fond  ou  dormante. 

Pèh'neux,  eûse,  adj.  Poissonneux,  qui  abonde  en  pois- 
sons. Li  Moûse  et  l'aiwe  d'Ofithe  sont  pèh'neûse  :  La  Meuse  et 
rOurthe  sont  poissonneuses. 

Pèhon,  s.  m.  Poisson.  La  faune  belge  compte  environ 
quarante  espèces  principales  de  poissons  d'eau  douce.  Ele  di 
pèhon:  nageoire;  orèye  di  pèhon:  ouïes;  vèssèye  di  pèhon: 
vessie  natatoire;  haper  de  pèhon  :  prendre,  pêcher  du  poisson. 

Pèh'réye,  s.  f.  Pêcherie,  terme  générique. 

Pîh'résse,  s.  f.  Poissarde,  marchande  de  poissons. 

Peigne  di  pèhon,  s.  m.  Branchies.  (Remacle.) 

Pépinoke  (Charlcroi).  Epinoche. 


t>71 


Perchette.  (Luxembourg.)  Pelilc  perche. 

Percot,  s.  m.  Petite  perche,  dimiiiulif  de  ;;/(?//r.  Cepciitlant 
le  terme  percot  peut  se  dire  aussi  sans  idée  diiiiiiiulivo, 
synonyme  :  piercot. 

Peus,  s.  m.  Pois;  les  pois  cuits  servent  d'appât. 

Pîcètte  di  grèvèsse,  s.  f.  Pinces  d'écrevisses. 

Pîche,  s.  f.  Perche  de  rivière.  Ses  petits  se  nomment  por- 
cûts  en  français,  et  en  wallon  percot,  piercot  Qlpicluile.  Lu 
perche  elle-même  s'appelle  encore  mounî  et  stèclie;  à  Namur  ; 
pièlie;  à  Braine  l'Allcud:  percot. 

Piclion.  (Mons.)  Poisson. 

Pierre  Saume  (Luxembourg),  s.  m.  Tramail,  grand  filet 
triple,  dont  la  nappe  du  milieu  a  les  mailles  serrées,  tandis  que 
les  extérieures  les  ont  très  grandes.  La  partie  inférieure 
du  filet  est  garnie  de  plombs  et  la  partie  supérieure  de  flottes. 
Voyez  trama.  (Dasnoy.) 

Piou,  s.  m.  Pou,  pion  (V  pèhon,  pou  de  poisson,  pive. 

Pitite  brame,  s.  f.  Brome  bordelièrc.  Voye.c  hrùmr. 

Platai,  s.  m.  Palme.  La  palme  de  la  rame  ct^t  la  partie 
plaie  qui  plonge  dans  l'eau. 

Plate  messe,  plate  mousse.  Bouvière  amère. 

Poch'tâ,  s.  m.  Sauterelle  et  criquet,  sert  d'appât.  Ils 
abondent  dans  les  prairies  vers  la  lin  de  l'été;  de  là,  leur.s 
uoms  ûe  cofj  (!i  four  c\  coq  d'aoûsse;  comme  ils  avancent  en 
sautant,  on  les  appelle  yjoc//^/,  poclicUeclpocli'lâ;  ,\rdennes  : 
coqdu  four;Ua\medy  :  sotcroûlc ;  l^amuv:  sunlnillf,  sautu- 
ria;  Mons;  sautiau,  sautriau,  cod'aoute. 

Popioûle,  s.  f.  Têtard,  grenouille  à  son  premier  point  de 
développement.  Voyez  maclolte. 

Pougnârd,  s.  m.  Barbillon,  petit  barbeau  âgé  de  trois  à 
quatre    ans.   On  dit  aussi    rcùil  poutjuàrd.  Ces    expressions 


—  '272  — 

s'emploient  encore  pour  désigner  le  jeune  brochet,  plus  connu 
sous  le  nom  de  bèchtû. 

Pougnèye,  s.  f.  Poignée  de  la  rame,  la  partie  de  la  rame 
que  l'on  saisit  avec  les  mains  ;  se  dit  aussi  manche. 

Poûheu,  s.  m.  Epuisette.  Petit  filet  monté  sur  un  cerceau 
de  fer,  ajusté  an  bout  d'un  long  manche  de  bois,  pour  recevoir 
le  poisson  pris  à  la  ligne.  Se  dit  aussi  trùlaî. 

Pourçai  d'aiwe,  s.  m.  Meunier  chevenne. 

Précheu,  Princheu.  (Mons.)  Hanneton. 

Prique,  s.  f.  Lamproie  de  rivière. 

Princheux.  (Mons.)  Hanneton. 

Porbou,  s.  m.  Marécage. 

Porboleux,  euse,  adj.  Marécageux,  euse. 

Pris-songue.  Sang  en  caillot,  sert  d'appât. 

Q 

Quowe  d'a^vèye,  s.  f.  (Luxembourg.)  Épinoche  h  queue 
lisse.  V.  Spinâ. 
Quowètte,  s.  f.  Petite  anguille.  V.  anwèye. 

Rave,  s.  m.  Rame,  longue  pièce  de  bois  dont  on  se  sert 
pour  faire  avancer  un  bateau. 

Raignon,  s.  m.  Meunier  argenté.  Il  est  plus  petit  que  le 
chevenne,  et  se  fait  remarquer  par  la  teinte  argentée  de  ses 
écailles.  Ce  nom,  qui  s'écrit  encore,  rayon,  rayon,  et  règnon 
s'applique  aussi  à  différents  poissons,  tels  que  le  gardon, 
la  vaudoise,  etc. 

Rain,  s.  m.  Grande  rame  qui  se  place  à  l'arrière  d'un  canot 
et  fait  cl  la  fois  l'office  de  rame  et  de  gouvernail. 


-  '273  — 

Raîne,  s.  f.  Grenouille.  Les  œufs  do  givnouillL'  porlonl  lus 
noms  de  covisse  di  rmnc,  et  les  têtards  s  appelleiit  mnclattc  et 
popioûle.  Namuret  Gharleroi:  (juènwui/c;  Mons:  mine. 

Racoyeu,  s.  m.  Moulin.  Petit  cylindre  en  métal  qui  se  place 
au  bas  de  la  gaule  et  qui  sert  à  recueillir  la  ligne.  Voy.  mûliti. 

Rame,  s.  f.  Rame,  aviron. 

Râmer,  v.  Ramer. 

Râmeu,  s.  m.  Rameur. 

Ramon  d' pèheu,  s.  m.  Bouille.  Voy.  bouUcu. 

Rapèhî,  V.  Repêcher. 

Rave  di  baflî,  s.  m.  Rame  en  forme  de  spatule. 

Rèpèh'ner,  v.  Rempoissonner,  repeupler  de  poissons  un 
vivier,  un  étang. 

Rèpèh'nè3^e,s.  m.  Rempoissonnement,  action  de  rempois- 
sonner, résultat  de  cette  action. 

Reûd  pougnârd,  s.  m.  Barbillon.  V.  poiujnàvil. 

Reûsse,  s.  f.  Filet  que  le  pêcheur  emploie  pour  mettre  le 
poisson  qu'il  a  pris  à  la  pèche.—  Réseau,  d'après  Forir  —  ju'hi 
à  l' refisse:  pêcher  au  réseau,  à  l'épervier. 

Riboulter,v.Bouiller,agiterde  nouveau  la  xasc  — I  n' hîr lie 
pus,  i  fà  rboulter.  Le  poisson  ne  mord  plus,  il  faut  bouiller 
de  nouveau. 

Rièsse,  s.  L  Arête  de  poisson. 

Rifroyî,  v.  Frayer  de  nouveau. 

Rijondège,  s.  m.  Epissure,  fonction  do  doux  morceaux  de 
corde  entrelacés.  Se  dit  aussi  ripiceiire  et  riprin(h\ic. 

Rîhaî,  s.  m.  Nappe.  Certain  filet  de  pêcheur,  d'après  Forir. 

Rihay'ter.  V.  Écailler  de  nouveau.  Uihan'lrr  ou  inVwn  : 
écailler  une  seconde  fois  un  poisson. 

Ripèhî,  V.  Autre  forme  de  rapchî. 

18 


—  274  — 

Ripiceuse,  s.  m.  Épissoir,  outil  pour  cpisser. 

Ripiceure,  s.  f.  Épissure,  fonction  de  deux  bouts  de  corde. 

Ripicî,  V.  Épisscr,  Voy.  intrilèci. 

Ripriùdège,  s,  m.  Épissoir,  instrument  en  forme  de 
poinron,  pour  épisser. 

Roche.  (Mons.)  Rosse,  poisson. 

Rochètte.  (Mons.)  Diminutif  de  roche. 

Roge  vièr,  s.  m.  Ver  rouge,  sert  d'appût. 

Rosse,  Rosse  di  fond,  Rossette.  Sous  ces  dénominations 
l'on  comprend  les  deux  espèces  de  gardons  qui  vivent  dans  les 
eaux  belges,  savoir  :  1"  Le  gardon  ordinaire,  que  l'on  nomme 
encore  able  gardon,  roche  et  meunier  rosse;  2°  Le  gardon  rouge 
ou  meunier  rotengle.  Les  gardons  sont  appelés  vulgairement 
poissons  blancs,  en  wallon  blanc  pèhon ;  Mons  :  roche,  rochètte. 

Roûdion,  s.  m.  Gros  frelon,  bourdon;  sert  d'appât. 

R'prinde,  v,  Épisser.  Entrelacer  deux  cordes  en  mêlant 
ensemble  leurs  filets  sans  faire  aucun  nœud.  V.  ripicî,  intrilèci. 


S 


Sâhon,  s.  f.  Saison.  Temps  de  la  pêche. 

Sâycler,  v.  Étalonner,  plomber,  imprimer  une  marque  sur 
un  filet,  pour  certifier  que  les  mailles  ont  la  dimension  exigée 
par  la  loi. 

Sayètte,  s.  f.  Sauterelle.  Voy.  poch'tâ,  s'écrit  aussi  sayette. 

Sayîme,  s.  m.  Dideau  ou  diedeau,  filet  qui  est  de  la  largeur 
d'une  rivière,  pour  arrêter  les  poissons. 

Saiwe,  s.  Chantepleure.  Ouverture  pratiquée  verticalement 
au  pied  d'un  mur  de  clôture,  avoisinant  une  rivière,  pour  que 
pendant  et  après  les  débordements,  les  eaux  puissent  entrer  et 
sortir  librement  et  se  rendre  dans  un  étang. 


275 


Sâme,  s.  1'.  Salm,  petite  rivière  très  poissonneuse. 

Sâmon,  s.  m.  Saumon, 

Sâmoné,  êye,  adj.  Saumonée,  se  dit  du  poisson  i  chair 
rouge  comme  celle  du  saumon .  —  lue  tvûtc  sâmonêyc  :  une  truite 
saumonée. 

Sâmonet,  s.  m.  Saumonneau,  petit  saumon. 

Sam'rèsse,  s.  f.  Sauterelle. 

Sangroûle,  SangsOAAre,  s.  f.  Sangsue,  sert  d'appât  ; 
à  Verviers:  sangsâwc;  Malmedy  :  saugsomue;  Mons:  sangsure; 
Clermont,  Thimister  :  chawe-chawe. 

Sankisse,  s,  m.  Limon,  boue,  vase  qui  est  au  fond  des 
fleuves,  des  étangs. 

Sartouille.  (Luxembourg).  Lamproie  de  Planer. 

Saume,  s.  m.  (Luxembourg).  Truble  ou  trouble.  Filet  en 
forme  de  sac  pointu,  monté  sur  deux  bâtons  ou  par  un  demi- 
cercle  attaché  à  un  seul  bâton.  (Dasnoy.)  Voy.  troûlc. 

Sâvioneux,  adj.  Sablonncux,qui  contient  beaucoup  de  sable. 

Scarbotte,  s.  f.  (Ardenne.)  Bousier,  escarbot;  sert  d'appât. 

Scavège,  s.  m.  Autre  forme  de  escavège.  Poisson  à  la 
daube. 

Scaver,  v.  Dauber.  Préparer  le  poisson  à  la  daube. 

Sèchi,  v.  Tirer,  enlever  la  ligne  de  l'eau  pour  retirer 
le  poisson  pris  à  l'hameçon. 

Sègne,  s.  m.  Signe. 

Seimme,  s.  f.  Ane.  wal.  dans  le  recueil  des  ordonnances. 
Espèce  de  balardeau  ;  alosière,  filet  pour  pêcher  l'alose, 

Sèsse,  s.  f.  Écope,  sasse,  pelle  creuse  à  rebords  pour  jelcr 
l'eau  des  nacelles  :  vudî  'ne  iu\'alle  à  cap  d'sêssc,  évacuer  l'eau 
d'une  nacelle  à  coups  de  sasse. 

Siètte,  s.  f.  Sauterelle. 


—  276  — 

Sitope,  s.  f.  Éloiipe,  filasse,  chanvre,  lin,  etc. 

Sizin,  s.  m.  Petit  glaeon  de  rivière.  /'  d'hind  dès  sizin  so 
Moûsc:  La  Meuse  commence  à  charrier  de  petits  glaçons. 

Smérii  V.  Goudronner. 

Songue,  s.  m.  Sang.  Blètti-songiie;  pris-songue,  sang  en 
caillot,  sert  d'appât. 

Sôye,  s.  f.  Soie. 

Spièrlin,  s.  m.  Fretin,  menuaille,  petit  poisson  dont  on 
fait  peu  de  cas.  (Remacle.) 

Spinâ,  Spinètte,  Spinoke.  Kpinochc.  Mons:  Épinoke; 
Charleroi  :  Pcpinokc;  Luxembourg;  Quowe d' awèyc.V c^'mochQ 
est  un  des  plus  petits  poissons  que  Ton  connaisse.  C'est  le  seul 
qui  construise  un  nid  et  s'occupe  de  sa  progéniture.  On  trouve 
dans  les  rivières  l'épinoche  qui  fraie  d'avril  à  juin,  et  l'épi- 
nochelte  qui  fraie  en  mai  et  juin.  C'est  cette  dernière  espèce 
qui  porte  plus  particulièrement  le  nom  de  spinètte.  Elle  se 
rencontre  surtout  dans  le  Geer. 

Spitraî,  s.  m.  Saumonneau,  jeune  saumon. 

Stok'hâme,  s,  m.  1"  Épervier.  Voy.  eotrat.  2"  Sorte  de  filet 
triangulaire,  monté  sur  deux  bâtons  en  croix.  On  le  promène 
presqu'à  la  surface  de  l'eau  pendant  les  quelques  nuits  du  mois 
d'août,  lors  du  vol  des  éphémères,  pour  prendre  les  anguilles 
qui  sont  très  friandes  de  ces  insectes  qu'elles  viennent  gober 
lorsqu'ils  tombent  sur  l'eau  (engin  prohibé). 

Strugeon,  sturgeon,  s.  m.  Esturgeon. 


Tahe,  s.  f.  Cadenas  de  nacelle. 
Tinche,  Tielie,  s.  f.  Tanche;  à  Mons  :  tinke. 
Trama,  s.  f.  Tramai!,  c'est  un  appareil  composé  de  trois 
filets  qui  s'installe  en  travers  de  la  rivière. 


—  277  — 

Trawe-Pîre  ou  trâwe-pîd.  Petite  lamproie,  lampriUon. 

Trèye,  s.  f.  Égrilloir,  treillis  ou  grille  qu'on  met  à  un  étang 
pour  empêcher  les  poissons  d'en  sortir. 

Trèsérin,  s.  m.  Débâcle. 

Trèyin,s.m.Trident.  Fouane,  instrument  à  dents  barbiliées, 
ayant  un  très  long  manche,  propre  à  percer  les  poissons,  surtout 
les  brochets,  et  à  pêcher  à  la  torche  ou  brandon. 

Tripisse,  s.  m.  Bourbe. 

Tresse,  s.  f.  Trousse.  Le  pêcheur  ne  se  met  jamais  en 
campagne  sans  être  muni  de  plomb,  de  liège,  de  plume,  d'une 
bu  deux  pelotes  de  soie  torse  et  d'une  pelotte  de  ficelle  de  lin, 
un  fort  couteau  et  une  boîte  en  fer  blanc,  pour  renfermer  son 
appât,  un  anneau  pour  décrocher  les  lignes,  etc.,  etc. 

Troûle,  s.  m.  Truble;  petit  filet  de  pêcheur, à  pointe  ronde, 
dont  l'ouverture  est  attachée  à  un  cerceau  qui  a  à  peu  près  la 
forme  d'un  capuclion. 

Douteux.  Grand  truble  dont  la  monture  est  tranchée 
carrément. 

Lanet.  Petit  truble  à  manche  fort  court,  monté  dans  la  forme 
d'une  raquette. 

Troûlêye,s.  f.  Bande  de  poissons  réunis  en  masse,  grande 
quantité  de  poissons. 

Quelle  troûlêije  di  hôtiche,  quelle  hièdc  di  fjovimi. 
G.  Delarge  —  Les  pèheu  à  l'vège. 

Trûlai,  s.  m,  Havencau.  Bourse,  petit  filet  adapté  ;'i  un 
cerceau  pour  prendre  les  poissons  dans  les  réservoirs.  D'après 
Forir,  il  signifie  trouble  ou  truble,  filet  monté  sur  un  cerceau 
ou  monté  de  perches  pour  le  poisson  plat.  —  /V7//  //  Iruluî: 
pêcher  au  truble. 

Trûte,  Treute,  s.  f.  Truite  commune. 


—  278  - 

U 
Ulaî,  s  m.  Ilot,  petite  île. 

V 

Vège,  s.  f.  Gaule.  La  gaule  qui  a  de  4  à7  mètres  de  longueur, 
est  composée  de  trois  pièces  ;  le  pied  «  kou  d'  vège  »  branche 
de  coudrier;  la  seconde  ou  branlette  de  môme  longueur,  mais 
plus  mince  et  d'une  grosseur  qui  va  en  décroissant  vers  le  bout; 
enfin,  le  scion  (^vcrgcon), peiiic  branche  bien  filée  et  plus  mince 
encore. 

Vènne,  s.  f.  Pertuis,  passage  étroit  pratiqué  en  rivière  pour 
retenir  l'eau. 

Vergeon,  s.  m.  1"  Scion,  petite  branche  mince,  bien  filée  et 
flexible,  qui  termine  la  gaule  et  à  laquelle  on  attache  la  ligne. 
'2"  Gaule  d'une  seule  pièce  très  mince. 

Vèrgeu,  s,  m.  Voy.  vergeon. 

Vérgî,  v.  Ployer,  être  pliant,  élastique,  flexible. 

Vèroûle,  s.  f.  Virole,  petit  cercle  ou  anneau  de  métal,  qui  se 
place  au  gros  bout  de  la  gaule  ou  canne  à  pêche,  pour 
la  renforcer  et  l'empêcher  de  se  fendre.  Les  viroles  qui  servent 
à  réunir  les  différentes  parties  de  la  gaule  se  nomment 
buzètte  ou  buselure. 

Vésse,  s.  f.  Vesdre.  Cette  rivière  prend  sa  source  près 
d'Eupen,  dans  le  royaume  de  Prusse,  et  se  jette  dans  TOurtlie 
à  Chênée. 

Ses  eaux,  toujours  imprégnées  de  matières  colorantes  qui  ont 
servi  aux  teintureries  de  Verviers,  ne  permettent  plus  aux 
poissons  d'y  vivre. 

Vèssêye  di  pèhon,  s,  f.  Vessie  natatoire. 

Vièr,  s.  m.  Ver.  Sert  d'appât. 


-  279  — 

Vièr  à  quowe.  Synonyme  de  ivarbau  à  quowe. 

Vièr  di  farène,  s.  m.  Larve  du  U'Miébrion  de  la  farine. 
Elle  est  cylindrique  et  d'un  jaune  d  ocre  ;  elle  vit  dans  le  son  et 
la  farine.  Sert  d'appât. 

Viér  di  terre,  s.  m.  Ver  de  terre.  Sert  d'appât.  On  donne 
le  nom  de  roge  vièr,  au  petit  ver  rouge,  qui  sert  spécialement 
d'appât. 

Vièrna,  s.  m.  Gouvernail,  timon  mobile  pour  gouverner  une 
nacelle,  un  bateau. 

Vièrner,  v.  Gouverner  un  bateau. 

Vièrnége,  s.  m.  Direction  du  gouvernail,  action  de  conduire 
un  bateau. 

Vièrneû,  s.  m.  Timonier,  celui  qui  gouverne  le  timon,  le 
gouvernail,  barreur. 

Vièrtai,  s.  m.  Vermisseau,  petit  ver,  sert  d'appât. 

Vindoise.  (Namur.)  Vaudoise. 

Vinta,  s.  m.  Vanne.  Porte  dont  on  se  sert  pour  arrêter  l'eau 
d'un  canal,  et  qu'on  lève  lorsqu'on  veut  faire  marcher  la  roue. 

Vivî.s.  m.  Vivier.  Grand  bassin  d'eau  courante  ou  dormante, 
dans  lequel  on  nourrit, ou  conserve  du  poisson  pour  peupler  les 
étangs  ou  pour  l'usage  journalier. 

Vivreu,  'Vivrou,  s.  m.  Verveux.  Sorte  de  filet  fait  en 
entonnoir.  C'est  une  espèce  de  nasse  soutenue  par  des  cerceaux. 
Ces  cerceaux  sont  des  branches  de  saules  pliées  en  rond  et  se 
nomment  archelet.  Le  quinque-porte  est  une  autre  espèce  de 
verveux;  il  est  de  forme  cubique  et  a  cinq  entrées  correspon- 
dantes à  cinq  des  faces  du  cube. 

Vurou,  s.  m.  Verveux.  Voy.  vivrou. 

W 

Wayî,  v.  Marcher  à  gué,  passer  à  gué,  guécr. 


—  280  — 

"Warbau,  s.  m.  Achée,  asticot.  Se  dit  surtout  de  la  larve 
du  hanneton,  appelée  aussi  blanc  vicr,  sert  d'appât. 

Luxembourg:  wcrhà,  chalau  ;  Namur:  waribau,  molou, 
chàJou  ;  ïlainaut:  violon,  moulon. 

"Warbau  à  quowe,  s.  m.  Larve  de  la  mouche  scalophage, 
celle  des  lieux  d'aisances.  A  Mons  :  moulon  à  queue.  Sert 
d'appât. 

"Warbau  d'  chélr,  s.  m.  Larve  de  la  mouche  bleue:  moJie 
à  i  char,  et  de  la  mouche  dorée  moJie  d'ôr. 

"Warbia.  (Namur.)  Lamprillon,  petite  lamproie. 
"Warmaye.  Éphémère. 

"Wasse,  s.  L  Guêpe,  sert  d'appât.  Se  dit  encore  luèspe,  xvèsse 
ou  woissc;  h  Malmedy:  wehsc;  Mons:  wcsse,  wèche;  Luxem- 
bourg et  Namur:  waspc. 

"Waswâder,  v.  Boucaner,  saurer,  fumer  les  viandes,  faire 
sécher  à  la  fumée;  waswâder  dès  pèlion:  boucaner,  fumer  des 
poissons. 

"Was'vsT'âdège,  s.  m.  Action  de  boucaner,  de  fumer. 

"Waswâdeu,  eûse  ou  dresse,  s.  Celui  ou  celle  qui 
boucane,  qui  saure,  qui  fume  la  viande  et  les  poissons, 

"Was'wâde,  s.  L  Boucan,  lieu  pour  fumer,  pour  boucaner 
les  viandes. 

"Waterzote,  s.  L  Matelotte.  Poissons  cuits  dans  l'eau  avec 
du  persil.  Li  waterzote  è-st-ine  sope  di  jlamind:  La  matelotte 
est  un  potage  flamand. 

Wé,  s.  L  Gué. 

"Wène,s.  f.  Meunier  ide.  Ce  poisson  est  assez  rare  dans  la 
Meuse  et  TOurthe.  On  ne  le  trouve  qu'au  printemps  et  en  clé. 
On  écrit  encore  ouène. 

"Whôtu,  s.  m.  (Namur.)  Nase. 


VOGABULAIRb:   WALLON-FllANÇAIS 

DES 

MOULEURS,  NOYAUTEURS  ET  FONDEURS  EN  FER 

l'Ait 

Achille  JACQUEMIN. 

L'arme  ilu  Iravaillcur,  c'csl  l'outil. 


PRIX  :    MÉDAILLE   D'ARGENT. 


AbOj  s.  m.  Arbre  de  trousse.  Il  se  compose  d'un  plateau  en 
fonte,  avec  moyeu  fileté,  pour  recevoir  l'arbre  proprement  dit. 

Abe  à  na"wai,  s  m.  Lanterne  ou  arbre  en  fer  étiré  ou  en 
fonte.  Il  sert  à  fabriquer  les  noyaux,  pour  les  tuyaux  qui  se 
coulent  soit  debout,  soit  couches. 

Ablo,  s.  m.  Blochet.  Pièce  de  bois  sur  laquelle  oa  place  les 
chapes  ou  châssis  après  démoulairi'  [xiur  les  réparer,  et  les 
pièces  coulées  pour  les  ébarber  et  les  nettoyer  ;  on  dit  aussi 
blokai.  il  sert  également  d'échafaudage. 

Adouci,  s.  m.  Lissoir.  Outil  en  zinc  qui  sert  à  réparer  les 
congés  ;  il  y  en  a  des  ronds  et  des  carrés. 

Airége,  s.  m.  Event,  auvent  ou  trouée.  Se  dit  des  petits 
trous  faits  dans  les  parois  du  moule,  au  moyen  d'un  fil  de  for, 
pour  laisser  sortir  les  gazes  que  contiennent  les  noyaux,  ou 
donner  issue  à  l'air  contenu  dans  les  creux,  que  le  nitHal  fondu 
vient  remplir  au  moment  de  la  coulée. 


—  '2S2  — 

Aiwe  di  châsse,  s.  f.  Enu  de  chaux,  eau  qui  tient  de  la 
chaux  en  dissolution.  Voyez  au  mot  mastic. 

Aliseu,  s.  m.  Alcsoir.  Sert  aux  burincurs  pour  aléser  et 
nettoyer  les  trous. 

Areudi,  v.  Durcir.  Rendre  le  mortier  plus  dur. 

Arzèye,  s.  f.  Argile.  Elle  sert  à  faire  les  ébauches  des 
noyaux  et  pièces  moulées  en  terre,  sur  les  armatures  ou 
ferrailles,  puis  on  met  une  bonne  épaisseur  de  sable  en  mortier. 

Asfîgî,  V.  Asphyxie  (déterminer  1').  Elle  peut  se  produire 
près  des  cubilots  ou  dans  les  séchoirs. 


B 


Bâche,  s.  m.  Bac,  augette.  Chaque  mouleur  a  un  petit  bac 
à  côté  de  lui  dans  lequel  il  a  du  sable  préparé,  c'est-à-dire 
mélangé  à  une  partie  de  houille  fine,  le  tout  tamisé  très  fin;  il 
en  met  une  couche  de  deux  doigts  contre  les  parois  de  son 
modèle. 

Baguette  d'air,  s.  f.  Baguette  en  acier,  pour  percer  des 
trous  autour  du  moule,  alin  de  réserver  des  sorties  à  l'air.  Les 
unes  sont  droites,  d'autres  sont  courbées  et  pliées  de  fagon  à 
aller  sous  le  modèle. 

Balancî,  s.  m.  Balancier.  Outil  accessoire  de  la  grue  pour 
lever  les  châssis  quand  il  faut  les  tourner  pour  les  emballer, 
ou  réparer  la  partie  moulée. 

Balancî  à  creux  ou  creuhlâde,  s.  m.  Balancier.  Il  sert 
à  enlever  les  moules  qui  doivent  être  attachés  par  quatre  en- 
droits, ou  les  petits  châssis  à  la  main  qui  doivent  être  élevés  à 
une  hauteur  dépassant  celle  de  l'homme.  Sert  particulière- 
ment aux  mouleurs  en  terre. 

Banse,  s.  f.  Manne.  Panier  en  osier. 

Bassin,  s.  m.  Bassin.  Espèce  de  bac  rond  ou  carré;  il  est 


—  283  — 

employé  pour  le  coulage  des  pièces  dépassant  cinq  ou  six  mille 
kilogr. 

Bassin  (pitit)  ou  sabot,  s.  m.  Cuillère  en  fer  manœuvrée 
par  un  homme,  elle  sert  à  verser  la  fonte  dans  les  moules  d'une 
petite  capacité. 

Batte  ine  pièce  di  levai.  Rendre  une  place  dure,  prête  à 
recevoir  le  moule. 

Batteu  d' terre,  s.  m.  Ouvrier  qui  fait  le  mortier  d'argile 
et  de  sable,  pour  le  moulage  en  terre  et  noyautage. 

Baveûre,  s  f.  Bavure.  Petite  aile  produite  par  la  pression 
du  coulage  entre  les  parties  du  moule,  ou  à  la  jonction  des 
châssis. 

Bîler.  Voir  crevasser. 

Bèrwètte,  s.  f.  Brouwctte.  Sert  h  transporter  les  briques, 
le  sable  et  les  petites  pièces  coulées. 

Bîleure,  s.  f.  Gerçure  ou  crevasse  qui  se  produit  dans  le 
sable  en  séchant.  On  dit  aussi  erèvasse  en  wallon. 

Blaireau.s.  m.  Blaireau.  Pinceau  formé  du  poil  de  l'animal 
de  ce  nom.  On  s'en  sert  dans  les  fins  ouvrages  pour  enduire  le 
moule  d'une  couche  de  noir,  ce  q;!i  rend  la  pièce  beaucoup 
plus  belle. 

Blanc, s.  m.  C'est  le  nom  du  sable  calciné  que  l'on  gratte  en 
bas  des  pièces  coulées,  et  que  l'on  sème  entre  les  parties  du 
moule  pour  les  empêcher  d'adhérer  Tuno  à  l'autre. 

Blanke  fonte,  s.  f.  Fonte  blanche.  La  fonte  blanche  est 
impropre  à  la  coulée  des  pièces  mécaniques. 

Berâdi,  s.  m.  Plancher  qui  se  trouve  à  la  partie  supé- 
rieure du  cubilot,  sur  lequel  se  tient  le  chargeur.  Se  dit  aussi 
plane  In  et  seanfàr. 

Blokai,  s.  m.  Blochet.  Voyez  ablo. 

Bloc  di  grue,  s.  m.  Mouflle,  assemblage  de  i)Oulies. 


—  284  — 

Bodet  à  coke,  s.  m.  Grande  manne  qui  sert  de  mesure 
pour  le  coke,  à  l'ouvrier  qui  charge  le  cubilot. 

Boite  à  nawai,  s.  f.  Boite  destinée  à  la  confection  des 
noyau,x. 

Botte,  s.  f.  Sorte  de  poêle  fait  d'un  morceau  de  tuyau  de 
tôle,  dans  lequel  on  l'ait  du  feu  pour  sécher  les  moules  dont  le 
transport  au  séchoir  est  impossible. 

Bouchon,  s.  m.  Qucnouillette.  Verge  de  fer  dont  un  bout 
est  arrondi  et  qui  sert  à  boucher  l'ouverture  des  godets  qui 
contiennent  le  métal  en  fusion  lorsqu'on  le  fait  couler  dans  les 
moules. 

Bouchon,  s.  m.  Scrrière.  Tige  de  fer  qui  sert  à  boucher 
l'ouverture  du  fourneau  pratiquée  par  \c  piqueu,  nu  moyen 
d'une  poignée  d'argile  durcie  que  l'on  place  dessus. 

Boulon,  s.  m.  Boulon.  Les  boulons  servent  à  assembler  les 
châssis. 

Boulonner,  v.  Boulonner. 

Boulonner,  v.  Pomper  dans  les  pièces.  C'est  introduire 
dans  l'évent,  sitôt  que  la  pièce  est  coulée,  une  baguette  de  fer 
rond  chauffée  préalablement,  et  refouler  la  fonte  dans  le  moule. 

Boulonnège,  s.  m.  Pompage.  Action  de  pomper  dans  les 
pièces. 

Boulonneu,  s.  m.  Fer  à  pomper.  Baguette  de  fer  que  l'on 
introduit  dans  le  moule  après  la  coulée,  pour  resserrer  la  fonte. 

Bouter,  v.  Pression  de  la  fonte  dans  le  moule  trop  tendre, 
laquelle  produit  le  défaut  ci-dessous. 

Boutège,  s.  m.  Bosses  qui  se  produisent  aux  pièces  coulées. 
Ce  défaut  provient  de  ce  que  le  sable  n'a  pas  été  suffisamment 
emballé  (foulé)  autour  du  modèle. 

Boutneûre,  s.  f.  Gaz  qui  se  dégage  des  noyaux. 

Brique  di  terre,  s.  f.  Briques  employées  dans  la  confection 
des  moules  faits  en  terre. 


—  285  — 

Brique  di  sâvion,  s.  f.  Même  usage  que  ci-dessus. 

Brochi,  v.  Ecraser;  se  dit  lorsqu'une  partie  du  moule  est 
écrasée,  alVaissée,  parce  qu'elle  a  louché  trop  fort. 

Eroke,  s.  f.  Bûche  en  broche.  Ebauchago  des  petits  noyaux, 
qui  sont  terminés  au  moyen  du  rapage  et  du  limage. 

Broke  di  fonte,  s.  f.  Cheville  de  fer  pour  maintenir  ou 
airermir  les  petites  parties  du  moule. 

Broulêye  fonte,  adj.  Fonte  brûlée. 

Broûler,  v.  Brûler. 

Brouleûre,  s.  f.  Brûlure. 

Burin,  s.  m.  Burin.  Outil  d'acier. 

Bûse  à  branclie,  s.  m.  Tuyau  à  tubulure  pour  embran- 
chements. 

Bûse  à  manchon,  s.  f.  Tuyaux  se  rcmboilant  l'un  dans 
l'autre. 

Bûse  à  golé,  s.  f.  Tuyau  h  collet  se  boulonnant  l'un  à 
l'autre. 

Bûsètte  di  terre,  s.  f.  Jet  moulé  en  terre,  que  le  mouleur 
eu  sable  place  contre  son  modèle  à  tel  endroit  qu'il  juge  conve- 
nable pour  couler  la  pièce. 

C 

Calège,  s.  m.  Calage,  action  de  caler. 

Calîbe  di  na'wai,  s.  m.  Calibre.  Divers  instruments  dcsti- 
né.s  à  servir  de  mesure  ou  de  patron. 

Calibrer,  v.  Calibrer,  donner,  mesurer  avec  le  calibre. 

Cann'ler,  v.  Ganneler,  orner  de  cannelures. 

Cann''leûre,  s.  f.  Cannelure. 

Cassège,  s.  m.  Cassage.  Se  dit  des  pièces  telles  que  poulies, 

volants  ou  engrenages,  que  l'on  coule  d'une  pièce,  de  manière 


—  t286  — 

à  pouvoir  les  casser  en  deux  ou  trois  endroits  et  les  rassembler 
en  ajustant  en  place. 

Casser,  s.  f.  V.  Casser. 

Casseure,  s.  f.  Cassure.  Voy.  Pètteur. 

Gère,  s.  f.  Cire  jaune.  La  cire  sert  h  enduire  les  modèles  de 
fer  pour  empêcher  le  sable  de  s'y  coller,  et  les  préserver  de  la 
rouille.  Elle  est  employée  aussi  dans  la  confection  du  mastic 
de  fonte.  Voyez  mastic. 

Cèque,s.  m.  Cercle.  Il  est  en  bois  ou  en  fonte  ;  le  mouleur  le 
place  sur  le  sable  pour  faire  la  division  d'un  engrenage,  et 
placer  les  dents  après  cette  division. 

Châffer,  v.  Chauffer.  Donner,  produire  de  la  chaleur. 

Chaîne,  s.  f.  Chaîne  simple  servant  pour  le  transport  des 
petites  pièces  ou  charges  ne  dépassant  pas  200  ou  300  kil. 

Chaîne  à  deux  branche,  s.  f.  Chaîne  à  deux  branches. 
Elle  sert  avec  la  grue  à  lever  les  grosses  pièces  et  les  châssis 
lourds.  On  l'appelle  aussi  en  ^Yallon  serra. 

Chaîne  di  cramaére,  s.  f.  Ciiaîne,  accessoire  de  la  grue 
faisant  fonctiunner  le  crémaillère. 

Champion  rond,  i  s.  m.  Lissoir.  Outil  pour  tuyaux  et 
»  longou,   I  moules  de  formes  cylindriques. 

Chappe,  s.  f.  Chappe.  Partie  supérieure  du  châssis. 

Châsse,  s.  f.  Chaux.  Elle  est  employée  dans  la  confection  du 
mastic  de  fonte.  Voyez  mastic,  vive  châ,  chaux  vive  ;  aîwe  di 
châsse,  eau  de  chaux,  qui  tient  de  la  chaux  en  dissolution. 

Chège,  s.  f.  Charge  de  métal  que  l'on  met  au  cubilot,  entre 
deux  charges  de  coke,  pour  fondre. 

Chège,  s.  f.  Poids  que  Von  place  sur  les  châssis  non  clavettes 
pour  les  empêcher  d'être  soulevés  par  la  pression  du  coulage. 

Chènâ,  s.  m.  Pkigole.  Chemin  tracé  dans  le  sable  de  la 
fonderie   et   allant   depuis   le   creuset  jusqu'au   moule,   pour 


—  t287  - 

conduire  ie  métal  liiiuide,  lorsqu'il  s'agit  de  couler  une  pièce  de 
grande  dimension.  On  donne  à  ces  rigoles  une  pente  rapide, 
alin  que  la  fonte  s'écoule  promptcment  et  ne  soit  pas  exposée 
à  se  liger  en  route. 

Chèrgî  r  coup'lot,  v.  Charger  le  cubilot,  y  mettre  la  fonte 
et  le  coke. 

Chèrgî  lès  chèssi,  v.  Charger  les  châssis,  y  mettre  des 
poids  pour  les  empêcher  d'être  soulevés.  Voyez  chcQ. 

Chèssi,  s.  m.  Châssis.  Caisse  en  fonte  dont  les  dimensions 
sont  calculées  d'après  les  pièces  qu'on  veut  couler.  Il  y  en  a  de 
une,  deux,  trois  pièces  et  môme  davantage,  et  de  toutes  formes. 

Le  châssis  le  plus  simple  est  celui  qui  se  compose  de  deux 
caisses,  l'une  pour  la  partie  inférieure  du  moule,  l'autre  pour  la 
partie  supérieure;  elles  doivent  s'ajuster  parfaitement  l'une  à 
l'autre,  au  moyen  de  liteaux,  de  goujons,  de  crochets  ou  de 
boulons. 

Chèssi  à  V  main,  s.  m.  Châssis  que  Ton  remue  ;i  la  main. 

Chèssi  à  Tgrue,  s.  m.  Châssis  que  l'on  remue  avec  la  grue. 

Chèssi  d'  bûse,  s.  m.  Châssis  spécial  pour  tuyaux. 

Chèssî  jus,  V.  Imprimer  le  modèle  sur  une  place  préparée. 
Se  fait  pour  les  grosses  pièces  pour  lesquelles  on  n'a  pas  de 
châssis  assez  grand  ou  dont  les  frais  seraient  trop  élevés. 
Voyez  à  r'châssL 

Chèssi  qui  passe,  s.  m.  Signifie  une  fuite  de  la  fonte  par 
un  joint  mal  raccordé.  Litt.  :  Châssis  qui  perce. 

Chièrgeû,  s.  m.   Chargeur,  ouvrier  qui  charge  le  cubilot. 
Cimint,  s.  m.  Ciment,  composition  pour  coller. 
Cintrer,  v.  Centrer.  Marquer  le  point  de  centre. 
Cintrège,  s.  m.  Centrage  des  portées. 
Cisai,  s.  m.  Yoycz  licrpai,  ciseau. 

Clâ,  di  spèheûr,  s.  m.  Clou  d'épaisseur,  pour  soutenir  les 
noyaux  en  place. 
Clapet  de  V  grue  ou  de  T  paile,  s.  m,  Hi lient.  Cric. 


—  288  - 

Clavette,  s.  f.  Clavelle.  Espèce  de  coin  pour  serrer  les 
chiissis. 

Clavter  lès  clièssi,  v.  Clavetter;  poser  les  clavettes  aux 
châssis\ 

Clé  à  boulon,  s.  f.  Clef  à  boulon.  Outil  pour  serrer  et  ouvrir 
les  boulons. 

Cleusse,  s.  f.  Crible,  tamis.  Instrument  percé  de  petits 
trous  pour  tamiser. 

Gocbe,  s.  f.  Entaille  faite  aux  tresse,  afin  de  maintenir  les 
arbres  pour  tourner  les  noyaux. 

Coke-deur,  cok,  s.  m.  Coke;  combustible  employé  pour  le 
cubilot. 

Contrumcule,  s.  m.  Contre-moule,  moule  de  rechange, 
moule  en  creux. 

Coquiye, s.  f.  Coquille.  Les  deux  parties  égales  d'un  moule; 
moule  en  fonte,  qui  est,  dans  la  fonderie,  ce  qu'est  la  matrice 
dans  l'estampage  du  fer  battu.  Pièce  de  métal  placée  dans  un 
moule  et  destinée  à  produire  un  effet  de  trempe  partielle.  Voy. 
couler  è  coquiye. 

Costeure,  s.  f.  Couture.  Ligne  saillante  que  les  joints  du 
creux  laissent  ordinairement  sur  une  pièce  moulée. 

Coude,  s.  m.  Coude,  tuyau  coudé. 

Cougnèt,  s.  m.  Coin  pour  caler. 

Couler,  V.  Couler,  action  de  couler  la  fonte  dans  un  moule. 

Couler  â  sabot  ou  p'tit  bassin,  v.  Couler  à  la  poche;  c'est 
couler  au  moyen  d'une  cuillerée  en  fer 

Couler  àr  cliènâ,  v.  Couler  au  moyen  de  rigoles;  c'est 
lorsqu'on  laisse  descendre  la  fonte  du  fourneau  par  le  trou  de 
coulée,  et  qu'on  la  conduit  ainsi  dans  les  moules. 

Couler  è  coquiye,  v.  Couler  en  coquille. 


—  289  — 

Coulège,  s.  m.  Endroit  par  lequel  la  fonte  entre  dans  un 
moule. 

Coulège,  s.  m.  Terme  générique,  coulage. 

Coulêye,  s.  t.  Coulée.  Se  dit  de  l'ensemble  des  pièces  que 
l'on  coule  par  la  même  fusion. 

Couleu,  s.  m.  Ouvrier  qui  coule,  qui  verse  le  métal  fondu 
dans  un  moule. 

Coup'lot,  s.  m.  Cubilot.  On  prononce  aussi  coup'lout. 

Gourson,  s.  m.  Courcon.  Bande  pour  serrer  les  moules  d'un 
canon. 

Couve,  s.  f.  Cuve  en  tôle  dans  laquelle  se  coule  les  pièce  en 
terre.  Quant  on  craint  l'arrivée  de  l'eau  dans  le  sous-sol  de  la 
fonderie,  on  fait  descendre  une  cuve  en  tôle  parfaitement 
étanche  ;  c'est  dans  cette  cuve  que  l'on  coule.  La  cuve  sert 
aussi  pour  maintenir  les  parois  du  sol. 

Cowe  di  oui,  s.  f.  Crochet  ayant  la  forme  demi-ronde  pour 
séparer  les  moules. 

Cramayère,  s.  f.  Crémaillère.  Les  crémaillères  placées  sur 
la  grue  servent  à  faire  avancer  ou  reculer  les  charges  suivant 
les  besoins. 

Cramer,  v.  Ecrémer  la  poche  qui  contient  la  fonte  avant  de 
la  verser;  c'est  enlever  les  scories  et  les  crasses  qui  surnagent. 

Cramège,  s.  m.  Ecrémage.  Opération  qui  consiste  à  retenir 
et  retirer  les  crasses  qui  surnagent  sur  la  fonte  liquide  quand 
on  coule,  et  de  les  empêcher  d'entrer  dans  le  moule. 

Crameu,  s.  m.  Ecumoire.  Outil  que  l'on  tient  à  la  surface 
du  fer  fondu,  pour  empêcher  les  crasses  d'entrer  dans  le 
moule, 

Cram'résse,  s.  f.  Ecumoire  ;  cuillèru,  dont  se  sert  le  fondeur 
pour  écarter  la  crasse  de  la  surface  de  la  fonte  liquide  avant 
de  la  verser  dans  les  moules. 

VJ 


—  290  - 

Crasse,  s.  f.  Grasses  ou  scories  qui  surnagent  sur  la  fonte 
liquide. 
Grèsse,  s.  f.  Crète. 
Creulilâde,  s.  f.  Voyez  halancî  à  creux. 

Crevasse,  s.  f.  Gerçure  qui  se  produit  dans  le  sable  en 
séchant.  Voyez  bUcure. 

Crèveure.s.  f.  Grevasse,  fente  qui  est  visible  à  l'endroit  où 
les  différentes  pièces  du  moule  se  rapportent. 

Croc,  s.  m.  Grochet.  Les  crochets  servent  à  éviter  que  le 
sable  foulé  ne  tombe  en  démoulant;  ils  sont  placés  de  distances 
en  distances  ;  ils  se  font  en  fonte  ou  en  fer  battu  ;  ils  varient  de 
formes  et  de  grandeurs  suivant  les  pièces  à  mouler.  2"  Grochet. 
Outil  pour  réparer  les  moules  variant  de  un  pouce  à  1/8  de 
pouce  de  largeur. 

Croc  dimèye  rond,  s.  m.  Grochet  de  forme  demi-ronde  pour 
réparer  les  moules. . 

Croc  â,  chaînon,  s.  m.  Il  sert  pour  transporter  les  pièces  à 
deux  hommes  (comme  les  brasseurs). 

Croc  à  ponte,  s.  m.  Grochet  à  pointe,  sert  à  retirer  le 
modèle  du  sable. 

Croc  plate,  s.  f.  Grochet  ayant  un  côté  plat,  et  de  la  môme 
forme  que  le  précédent. 

Cuber,  v.  Guber;  évaluer  le  poids  d'une  pièce. 
Cubège,  s.  tn.  Gubage  ;  évaluation  du  poids  des  pièces. 


D 


Dèchèt,  s.  m.  Déchet.  Perte  de  métal  produite  par  la 
fusion. 

Dépouye,  s.  f.  Dépouille  (être  de)  se  dit^d'un  modèle  qui 
srot  facilement  du  sable  dans  lequel  il  est  serre. 


—  291  — 

Deur  coke,  s.  m.  Combustible  employé  pour  le  cubilot. 

Diamète,  s.  m.  Diamètre.  Ligne  droite  qui  va  d'un  point 
à  un  autre  de  la  circonférence  en  passant  par  le  centre. 

Dichapper,  v.  Laisser  aller  le  mouvement  de  la  grue  à 
volonté. 

Diclav'ter,  v.  Oler  les  clavettes  du  châssis. 

Dihâgn'ter,  v.  Dépouiller  un  creux, ôter  les  pièces  lorsque 
la  ligure  coulée  est  prise. 

Diklimpège,  s.  m.  Dégauchage. 

Dinaanchi,  v.  Démancher,  ùter  le  manche  à  un  outil, 

Dimouler,  v.  Démouler  la  partie  supérieure  du  châssis  dit 
chape. 

Dimouler  r.quârti,v.  Démancher  en  tiroir;  se  dit  lorsque 
le  châssis  se  décompose  en  plusieurs  parties  afin  d'ùter  le 
modèle.  C'est  le  système  employé  dans  les  poteries  et  les  pro- 
jectiles. 

Dimoulège,  s.  m.  Démoulage,  action  de  démouler. 

Dintèlle  ou  dinteûre,  s.  L  Denture. 

Dispouyi,  v.  Dépouiller. 

Dispouyège,  s.  m.  Dépouille;  se  dit  d'une  pièce  coulée 
sortant  facilement  et  très  nette,  du  sable  dans  lequel  elle  a  été 
fondue. 

Ditèchi  ine  côte,  v.  Détacher  une  pièce  du  modèle  pour 
le  mouler. 

Dreut  sq-wérre,  s.  m.  Lissoir. 

Ebâchî  V.  Faire  les  apprêts  pour  un  moule  en  terre,  ou 
noyau  ;  ébaucher  un  ouvrage. 

Eballer,  v.  Emballer.  Fouler  le  sable  autour  du  modèle. 


090  

Eballège,  s.  m.  Emballage.  Action  d'emballer  des  moules 
faits  en  terre  ou  des  modèles  h  mouler.  Voyez  èbaUcr. 

Echapper  on  boketjV.  Signifie,  faire  une  partie  du  moule 
en  terre  que  l'on  ajoute  un  modèle. 

Ecrâheu,  s.  m.  Petit  godet  de  la  forme  d'une  tasse,  sur- 
montée d'un  pinceau  que  l'on  enduit  d'huile  pour  graisser  les 
lissoirs. 

Efoumi,  V.  Flamber  les  pièces  d'ornement. 

Epingue,  s.  f.  Epingle. 

Epingler,  v.  Epingler  les  parois  d'un  moule;  c'est  conso- 
lider la  croûte  de  sable  au  moyen  d'épingles  en  fil  de  fer  ou  en 
fonte. 

IF 

Fâx-croc,  s.  Crochet  double.  Accessoir  de  la  grue.  Il  sert 
quand  on  veut  passer  une  charge  d'une  grue  à  une  autre,  sans 
rien  dételler.  On  place  un  des  crochets  supérieurs  dans  celui 
de  la  grue  et  on  le  reprend  à  l'autre  crochet  avec  l'autre  grue. 
On  transporte  ainsi  d'un  bout  à  l'autre  de  la  fonderie  toutes 
espèces  de  charges:  noyaux,  châssis,  moules  en  terre,  pièces 
coulées,  etc. 

Fâx-sq'wérre.  s.  m.  Sauterelle,  fausse  équerre.  Elle  est 
mobile  et  composée  de  deux  règles  assemblées  par  une  char- 
nière pour  prendre  et  placer  toutes  sortes  d'angiles. 

Fasse- manotte,  s.  f.  Poignée  en  fer  battu  pour  remplacer 
celle  brisée  dans  un  châssis  à  la  main. 

Fâsse-pèce,  s.  f.  Fausses  pièces,  celles  qui  composent  la 
clapette. 

Fâsse-volèye,  s.  f.  Fausse  volée.  Partie  de  fonte  qui 
dépasse  les  véritables  dimensions  à  donner  aux  pièces  qui  se 
coulent  debout, et  qui  doivent  être  tournées,  dressées  et  alézées. 


—  293  — 

Masseloltc,  métal  superflu  qui  reste  aux  moules  après  la  fonte 
des  canons.  Pourriture,  surépaisseur  laissée  à  la  partie  supé- 
rieure des  pièces,  ou  excès  de  fonte,  destiné  à  être  enlevé  par  le 
travail. 

Ferrâye,  s.  f.  Armatures.  Réunion  de  tringles  de  fer  ou  de 
fonte,  contournées  suivant  les  formes  de  l'ouvrage,  pour  faire 
des  chapes,  ou  porter  le  noyau  et  le  moule  d'un  ouvrage. 

Feu  d'  na"wai,  s.  m.  Noyautcur. 

Feu  d'  sâvion,  s.  m.  Ouvrier  qui  prépare  et  arrange  le 
sable  avec  de  la  houille  pour  les  mouleurs. 

Foreu  (fin),  s.  m.  Sert  à  piquer  des  trous  d'air  dans  les 
endroits  de  la  pièce  qui  sont  sujets  à  avoir  des  dartcs. 

Foreu  (gros),  s.  m.  Sorte  Je  vrille  pour  forer  des  trous  d'air 
dans  les  noyaux,  lorsqu'ils  sont  secs. 

Foreu  (p'tit),  s.  m.  Morceau  de  fil  de  fer  ou  d'acier, un  peu 
aplati  au  bout,  pour  forer  les  sorties  d'air  dans  les  petits  noyaux. 

Fleur,  s.  f.  Fleurs.  Défectuosités  qui  se  produisent  souvent 
quand  le  nettoyage  des  poussières  n'est  pas  suffisant,  ou  (juand 
la  fonte  est  coulée  trop  froide  ou  trop  lentement.  On  dit  au.ssi 
sôdai. 

Foirt-sâvion,  s.  m.  Voyez  sâvion. 

Fondège,  s.  m.  Fusion.  Partie  du  travail  de  la  fonderie  qui 
comprend  le  travail  des  fourneaux  employés  à  la  refonte. 

Fondeû,  s.  m.  Fondeur.  Ouvrier  qui  fond  les  métaux  et 
qui  soiync  le  cubilot. 

Fondrèye,  s.  f.  Fonderie.  Etablissement  dans  le(iuel  on 
coule  le  métal  liquide  dans  des  moules,  où  il  acquiei't  des 
formes  variées  et  propres  à  divers  usages. 

Fonte,  s.  f.  Fonte. 

Fonde,  v.  Fondre,  mettre  en  fusion. 

Fonte  treutèye,  s.  f.  Funie  iruilée. 


—  294  — 

Fonte  (blanke),  s.  f.  Fonte  blanche. 

Fonte  (deure),  s.  f.  Fonte  dure. 

Fonte  (doûsse),  s.  f.  Fonle  douce. 

Fonte  (grise),  s  f.  Fonte  grise. 

Four,  s.  m.  Foin.  On  s'en  sert,  dans  certains  cas, pour 
mélanger  à  !a  terre. 

Frètte,  s.  f.  Frelte;  cercle  en  fer  forgé,  que  Ton  place  parfois 
sur  les  côtés  des  moyeux  des  gros  engrenages,  poulies  ou 
volants,  pour  les  consolider. 

G 

Gariot,  s.  m.  Chariot  ou  wagon  placé  sur  rails,  sur  lequel 
on  place  les  gros  noyaux  et  les  moules  en  terre,  pour  les  faire 
sécher  dans  l'étuve  ou  séchoir. 

Gouche,  s. f.  Espèce  de  burins  ou  bédane  dont  se  servent  les 
burineurs  pour  enlever  les  jets  de  fonte. 

Govion,  s.  m.  Goujon.  Petites  broches  placées  aux  pattes 
des  châssis  de  plusieurs  pièces,  et  servent  à  les  replacer  bien 
l'une  sur  l'autre.  Se  dit  aussi  (joujou  en  wallon. 

Grètter,  v.  Riper,  se  servir  de  la  ripe. 

Grètteu  ou  haveu,  s.  m.  Grattoir.  Espèce  de  ciseau  en 
acier  avec  manche  ;  il  sert  au  burincurpour  gratter  le  sable 
adhérent  aux  pièces  coulées. 

Grue,  s.  f.  Grue.  Machine  destinée  à  lever  tout  ce  qui 
dépasse  les  forces  de  l'homme. 

Gueuye  di  d'seûr  de  coup'lout, s.  f.  Gueulard.  Ouverture 

supérieure  du  cubilot  pour  cljarger  les  gueuses  et  le  combustible. 

Gueuye  di  dri  de  coup'lout,  s.  f.  Gueulard  de  vidange. 
Ouverture  du  cubilot  pratiquée  derrière,  pour  retirer  le  com- 
bustible. 


—  295  — 

Gueuye  di  d'vant,  s.  f.  Ouverlure  du  cubilot  par  laqi-.clle 
s'opère  la  sortie  du  fer  fondu. 

Gueuse,  s.  f.  Gueuse.  Masse  de  fonte  prismatique  qu'on  a 
coulée  dans  le  sable  au  sortir  du  haut-forneau. 

Guide,  s.  m.  Guides,  ils  sont  placés  aux  angles  du  châssis, 
afin  de  renmouler  juste  en  place.  Les  guides  se  font  en  bois  ou 
en  fer. 

Guide  à  nawai,  s.  m.  Guide  de  noyau.  Morceau  de 
planche,  scié  d'après  le  contour  du  modèle  dans  le  moule  duquel 
on  veut  placer  un  noyau,  par  exemple  dans  les  tuyaux  courbes. 

H 

Hacheu,  s.  m.  Burineur;  ouvrier  qui  ébarbe  les  pièces 
coulées. 

Hachî,  V.  Buriner,  ébarber,  enlever  les  arêtes  et  les 
inégalités  qui  se  trouvent  sur  les  pièces  coulées,  au  moyen  du 
ciseau  et  de  la  lime. 

Hachî,  V.  Enlever  du  sable  dans  une  partie  où  il  y  en  a  trop. 

Hagneûre,  s.  f.  Darte.  C'est  un  défaut  qui  provient  du 
sable  qui  s'est  détaché  des  parois  du  moule  et  se  mélange  avec 
la  fonte. 

Haye,  s.  f.  Ardoise.  L'ardoise  piiée  et  tamisée  sert  au 
mélange  à  faire  du  mastic  de  fonte.  Voye-i  mastic. 

Halcoteu,  s.  m.  Hamainte  qui  sert  à  l)allotter  le  modèle 
avant  de  le  retirer  du  sable.  Il  y  en  a  de  différentes  grosseurs. 

Hâle,  s.  f.  Echelle,  sert  aux  mouleurs  en  terre. 

Hamainte,  s.  f.  Hamainte,  barre  de  fer,  pointue  h  une  de  .«es 
extrémités;  sert  à  ébranler  les  modèles  avant  de  les  retirer  du 
sable.  H  y  en  a  de  toutes  largeurs  cl  grosseurs. 

Haute  poirtêye,s.  f.  Lin  haute  portée;  se  dit  des  noyaux 


—  296  — 

qui  sont   soutenus  d'en  haut  en  entrant    dans    les    chapes. 
Voyez  poirtci/e. 

Haveu,  s.  m.  Grattoir;  voyez  grètteii. 

Hé,  s.  m.  Râteau;  il  sert  à  retirer  le  combustible  qui  reste 
dans  le  cubilot  après  la  fusion. 

Hèyî  les  crasses,  v.  Ecarter  les  crasses  qui  se  produisent 
dans  la  poche  après  avoir  écrémé. 

Hèrpai,  s.  m.  Ciseau;  outil  de  mouleur  en  terre  qui  tranche 
par  un  de  ses  bouts, 

Hoisse,  s.  f.  Tan.  On  l'emploie  au  lieu  de  crottin  de  cheval 
parce  que  celui-ci  est  plus  coûteux. 

Home,  s.  m.  Ghiasse,  écume  des  métaux. 

Houpe,  s.  f.  Escoupe. 

Hourmint,  s.  m.  Echafaudage. 

Hov'lète,  s.  f.  Brosse. 

Hov'lètte  d'acîr,  s.  f.  Brosse  en  fil  d'acier.  Les  brosses 
servent  à  enlever  le  sable  brûlé  qui  adhère  à  la  pièce  coulée. 

Hurer  à  spèheur,  v.  Terme  de   moulage    en  terre  et  de 
noyautage. 


Jène  keûve,  s.  m.    Laiton.  Cuivre  rendu    jaune  par  le 
mélange  du  zinc. 
Jet,  s.  m.  Evcnt  ou  jet.  Terme  générique. 

Jet  d'  coulège,  s.  m.  Éventde  coulée;  ouverture  par  où  la 
fonte  liquide  pénètre  dans  le  moule. 

Jet  di  r'monte,  s.  m,  l^'vent  ou  jet  de  remonte,  de  trop 
plein. 

Jèteu  d' keûve,  s.  m.  Fondeur  en  cuivre. 


—  297  — 

Jeter,  V.  Jeter,  mouler,  faire  couler  du  métal  fondu  dans  un 
moule,  alin  d'en  tirer  une  figure. 

Jonteure,  s.  f.  Joint. 

Kihinège  ou  K'tapègo,  s.  m.  Gaucliissagc.  C'est  un  défaut 
qui  se  produit  parfois  dans  les  pièces  planes,  et  dont  certaines 
parties  .sont  plus  fortes  que  d'autres,  tels  que  les  bancs  de  tours, 
dont  la  longueur  est  parfois  de  dix  à  douze  mètres. 

Kique,  s.  m.  Support.  On  place  des  a  /.vV/z/r  »  sous  les 
noyaux  posés  horizontalement  pour  les  porter,  et  dessus  pour 
les  empêcher  de  plier  par  la  pression  du  coulage. 

Kibiner  ou  Kitaper,  v.  Se  déjeter  ou  se  gauchir. 


Laitin,  s.  m.  Laitier  ou  scorie.  Sorte  d'écume  qui  surnage 
sur  les  métaux  en  fusion,  et  qui  se  vitrifie  en  se  refroidissant. 
Se  dit  aussi  crasse. 

Lâssètte,  s.  f.  Petit  châssis  qui  sert  pour  rehausser  les 
éventes,  afin  de  donner  plus  de  pression  à  la  pièce. 

Levai,  s.  m.  Niveau  de  magon  ordinaire.  Il  sert  surtout 
pour  le  moulage  des  pièces  à  couler  à  découvert. 

Levai  d'aîwe,  s.  m.  Niveau  à  bulle  d'air. 

Lunette  à  nawaî,  s.  f.  Lunette  à  trousser;  morceau  de 
planche  sciée  d'après  le  profil  d'un  noyau  ou  partie  d'un  moule, 
pour  lui  donner  la  forme  voulue. 


IH 


Magasin  à  coke,  s,  m.  Magasin  au  coke;  endroit  où  est 
remisé  le  combustible. 


—  298  - 

Mahote,  s.  f.  Casse;  gueuses. 

Mah'rer,  v.  Noicir  le  moule. 

Mah'ré,  s.  m.  Noir  d'étuve.  Il  se  compose  de  charbon  de 
bois  réduit  en  poussière  très  fine,  et  d'un  peu  de  terre  plas- 
tique (terre  de  pipe)  réduite  par  la  cuisson.  Le  tout  est  délayé 
avec  de  l'eau  dans  laquelle  a  séjourné  du  crottin  de  cheval.  Ce 
mélange  doit  passer  par  un  tamis  très  fin  avant  d'être  employé. 
Il  sert  à  décaper  la  pièce  et  à  donner  une  belle  couleur  bku- 
violel  ù  la  fonte. 

Mah'rége,  s.  m.  Noircissage.  Action  de  placer  le  noir 
d'étuve. 

Mayèt,  s.  m.  Maillet.  Marteau  à  deux  têtes  de  bois  dur;  il 
sert  à  battre  les  pièces  de  rapport. 

Maigue  sâvion.  Voyez  sàvion. 

Maisse  fondeu,  s.  m.  Chef  de  fonderie. 

Maiste-ovri,  s.  m.  Contremaître. 

Maneuve,  s.  m.  Manœuvre,  homme  de  peine,  se  dit  aussi  : 
manovri. 
Xdanotte  di  chèssi,  s.  f.  Poignée  de  châssis  à  main. 
Mârtai,  s.  m.  Marteau. 

Masse,  s.  f.  Fouloir  ou  batte.  Il  y  en  a  de  plusieurs  formes 
et  grosseurs.  Servent  à  damer  le  sable  dans  les  châssis. 

Masse  (grosse),  s.  f.  Pilon,  gros  fouloir. 

Masse  (c"wârêye),  s.  f.  Pilon  dont  la  forme  est  carrée. 

Mastic,  s.  m.  Mastic  de  fonte. 

Modèle,  s  m.  Modèle,  Corps  solide,  à  l'aide  duquel  on  fait 
le  vide  dans  le  sable,  et  qui  a  exactement  les  formes  et  les 
dimensions  de  l'objet  moulé  qu'il  s'agit  d'obtenir,  sauf  une 
légère  augmentation  destinée  à  compenser  le  retrait  (diminu- 
tion de  volume)  que  subit  la  pièce  par  le  refroidissement.  Les 


—  299   - 

modules  sont  faits  en  bois,  en  métal,  en  plâtre,  en  cire,  en 
pierre  ou  en  argile. 

Mod'ler,  v.  Modeler,  confectionner  un  modèle. 

Mod'lège,  s.  m.  Modelage. 

Mod'leû,  s.  m.  Modeleur.  Ouvrier  qui  fait  les  modèles. 

Moyou,  s.  m.  Moyeu  des  volants  et  poulies. 

Molin,  s.  m.  Broyeur,  Il  est  employé  pour  réduire  le  sable 
fort,  séché,  afin  de  pouvoir  le  préparer  comme  il  doit  l'être 
pour  le  moulage. 

Moule,  s.  m.  Moule.  On  donne  le  nom  de  moule,  à  un  vide 
pratiqué  dans  le  sable  ou  autre  matière  quelconque,  lequel 
doit  être  exactement  rempli  par  le  métal  en  fusion. 

Mouler,  v.  Mouler,  f  ormer  un  moule. 

(V.  C.  Delon.  Lefei-,  la  fonce  cl  l'acier.) 

Moulera  r'châssi,  v.  Se  fait  lorsqu'on  n'a  pas  de  châssis 
pour  le  faire  à  retourner.  On  dit  aussi  à  chèssîju.  Voyez  ce 
mol. 

Moulège,  s.  m.  Moulage. 

Moulège  en  terre,  s  m.  Moulage  en  terre.  II  consiste  à 
fabriquer  des  moules  au  moyen  de  brifjues,  mortier,  etc. 
Moulège  è  sâvion,  s  m.  Moulage  en  sable. 
Mouleû,  s.  m.  Mouleur,  ouvrier  qui  moule. 
Mouton,  s.  m   Mouton  ou  casse-fonle. 


IV 


Na'wai,  s.  m.  Noyau.  On  donne  le  nom  de  noyau  :'i  une 
partie  creuse  dans  le  modèle  et  massive  dans  le  moule,  qui  fait 
que  l'objet  coulé  conserve  les  m  "mes  cavités  que  le  modèle. 

L'ouvrier  chargé  spécialement  de  la  confection  des  noyau.x  se 
nomme  (eu  d'  uawai,  noyauleur. 


-  300  — 

Nawai  à  clef  rond,  s.  m.  Noyau  à  clef.  Il  se  place  dans  le 
moyeu  d'un  volant,  d'une  poulie  ou  d'un  engrenage,  pour  caler 
la  pièce  sur  l'arbre. 

Na'wai  à  rinflimint,s.  m.  Noyau  à  renflement.  Ce  noyau 
est  plus  gros  au  milieu  qu'aux  extrémités. 

Nawai  di  ch'mihe,  s.  m.  Noyau  de  chemise.  Sorte  de 
noyau  employé  dans  le  moulage  de  certaines  pièces,  telles  que 
cylindre  à  vapeur,  qui  consiste  à  faire  un  vide  n'ayant  d'autre 
ouverture,  que  ce  qui  est  strictement  nécessaire  pour  pouvoir 
vider  le  sable,  et  laisser  échapper,  pendant  le  coulage,  le  gaz 
qu'il  contient. 

Navrai  di  d'iiiège,  s.  m.  Noyau  de  décharge.  Se  dit  des 
noyaux  réservés  pour  laisser  sortir  la  vapeur  dans  un  cylindre 
de  machine  à  vapeur. 

Na'wai  d'  passage,  s.  m.  Noyau  de  passage.  Se  dit  des 
noyaux  réservés  pour  laisser  entrer  la  vapeur  dans  un  cylindre 
de  machine  à  vapeur. 

Na'wai  cwâré,  s.  m.  Noyau  carré. 

Na'wai  (dimèye),  s.  m.  Demi- noyau. 

Noû  sâvion,  s.  m.  Sable  frais  qui  n'a  pas  encore  servi. 
Voyez  sâvion. 

O 

Onai,  s.  m.  Anneau.  Les  anneaux  servent  au  mouleur  en 
terre,  pour  monter  l'extérieur  d'une  pièce  de  forme  cylin- 
drique. 

Us  .servent  aussi  au  mouleur  en  sable,  pour  faire,  au  trous- 
sage,  des  poulies,  etc.  On  en  fait  de  toutes  formes,  suivant  la 
pièce  à  confectionner. 

Orillètte,  s.  f.  Outil  accessoire  du  balancier  et  de  la  grue.  Il 
se  compose  d'une  espèce  de  cadre  en  fer  forgé,  de  forme  rec- 


—  301  — 

tangulairc,  dont  le  dessus  est  carré  et  s'aceroclic  au  balancier; 
la  partie  inférieure  est  façonnée  de  manière  h  supporter  le 
tourrillon  des  châssis. 

Ovrer  à  pèce,  v.  Lilt.  Travailler  aux  pièces  ou  ù  la  tâche. 
C'est  être  payé  d'après  le  nombre  de  pièces  exécutées. 

Ovreu,  s.  m.  Boutique  ou  atelier  de  moulage  en  terre  et  de 
noyautage. 

Ouyèt,  s.  m.  Attache  ou  œillet.  Boucle  en  fer  forgé  que 
l'on  met  dans  le  moule  et  qui  se  trouve  englobé  dans  la  fonte, 
comme  dans  les  contre-poids. 


Paile,  s.  f.  Poche.  Espèce  de  grande  cuillère  en  fer,  au 
moyen  de  laquelle  on  puise  dans  le  creuset,  la  fonte  nécessaire 
pour  couler  les  petits  objets. 

Palle  à  foche,  s.  f.  Poche  à  fourche.  Elle  est  employée  pour 
les  objets  d'un  certain  poids,  et  maniée  par  deux  où  plusieurs 
ouvriers,  suivant  la  masse  à  transporter. 

Paile  à  1'  grue,  s.  f.  Grande  poche  isolée,  suspendue  à  la 
grue.  Elle  est  employée  dans  les  cas  où  la  masse  à  transporter 
est  considérable. 

Paile  avis,  s.  f.  Grande  poche  montée  h  vis  par  sécurité, 
pour  couler  les  très  grosses  pièces. 

Palette,  s.  f.  Palette.  Outil  principal  du  mouleur.  La  pa- 
lette sert  à  polir  le  sable  et  à  reparer  les  moules. 

Palette  ronde  di  mouleu,  s.  f.  Truelle  ronde  ou  palette. 

Palle,  s.  f.  Fermeture  du  bassin,  que  Ton  élève  à  volonté 
pour  laisser  sortir  la  fonte. 

Pailètte,  s.  f.  Pièce  de  fer  ou  de  fonte,  munie  d'un 
évidement  qui  est  le  centre  des  arbres  pour  les  mouleurs 
en  terre. 

Planchi,  s.  m.  Litt,  plancher.  \'oy.  hcfàdi. 


—  302   - 

Passètte,s.  f.  Support  pour  noyau.  Ce  support  est  en  deux 
parties,  celle  d'en  bas  s'enterre  dans  le  sable,  l'autre  se  place 
dessus  et  porte  le  noyau. 

Patte  di  chèssi,  s.  f.  Patte  d'attache. 

Patte  d'onai,  s.  f.  Patte  d'attache. 

Pègnon,  s.  m.  Pignon,  petit  engrenage  qui  commande  un 
grand. 

Pèce  coulêye,  s.  f.  Pièce  coulée;  tout  ouvrage  jeté  en 
moule  et  fondu. 

Pètteure,  s.  f.  Cassure.  Endroit  où  une  pièce  se  casse  d'elle- 
même  en  refroidissant  ;  cela  peut  se  produire  soit  par  un  vice 
de  construction,  soit  par  l'emploi  de  mauvaise  fonte. 

Pique,  s.  m.  Pioche. 

Piqueu,  s.  m.  Tige  de  fer  ronde  et  très  pointue.  Elle  sert  à 
percer  un  trou  dans  l'ouverture  du  cubilot  pour  en  faire  sortir 
la  fonte  liquide,  que  l'on  reçoit  dans  une  poche,  pour  être  versée 
dans  le  moule. 

Pinçai,  s.  m.  Pinceau.  Il  sert  à  noircir  les  moules. 

Pire  toun'rèsse,  s.  f.  Meule  à  repasser. 

Planclie  à  na'wai,  s  f.  Planche  à  noyau.  Planche  ayant  le 
profil  du  noyau  à  faire,  et  nécessaire  au  noyauteur  pour  le 
tourner. 

Planche  à  trousser, s.  f,  Planche  à  trousser;  elle  a  le  pro- 
fil de  la  pièce  à  mouler. 

Platénne,  s.  f.  Tôle  en  fer. 

Platènne  di  côpège,  s.  f.  Galette  en  terre.  Elle  sert  h 
couper  la  jante  ou  le  moyeu  d'un  volant,  afin  de  permettre  aux 
bras  de  se  retirer  lors  du  refroidissement  de  la  pièce,  et  d'évi- 
ter ainsi  le  cassage  au  retrait. 

Platènne  di  terre,  s.  f.  Galette  en  mortier  de  sable,  d'un 
fréquent  usage  dans  le  moulage  en  terre,  et  dans  le  noyautage. 


-  303  — 

Pièce  di  levai,  s.  f.  Nivelage  du  sable  au  moyen  de  trois 
règles,  nécessaires  pour  le  coulage  dit  :  ù  découvert. 

Plomb,  s.  m.  Fil  à  plomb.  Sert  aux  mouleurs  en  terre. 

Poirtêye  di  nawai,  s.f.  Portée  de  noyau  Partie  excédante 
d'un  moule  pour  porter  le  noyau. 

Poirtêye  di  r'bouché,  s.  f.  Portée  d'un  noyau  se  trouvant 
plus  bas  que  la  ligne  de  couture. 

Poirtêye  (haute),  s.  f.  Portée  des  noyaux  qui  sont  sou- 
tenus d'en  haut,  en  entrant  dans  les  chapes. 

Poirter  â  lèvi,  v.  Porter  une  charge  ù  l'épaule  au  moyen 
d'un  levier;  on  porte  à  deux  et  à  quatre  hommes. 

Poussîre,  s.  f.   Poussier  de  charbon  très  fin,  de  bois  dur, 
pour  saupoudrer  l'intérieur  du  moule. 


Q 


Qwârtî,  s.  m.  Litt.  Quartier  ou  quart  ;  partie  d'un  moule, 
que  l'on  doit  prendre  séparément,  afin  de  pouvoir  retirer  le 
modèle  du  sable,  ou  pour  la  facilité  de  réparer  le  moule. 


Ft 


Rabuvrer  lès  jet,  v.  Litt.  Abreuver  les  évents,  c'est-à-dire 
alimenter  la  pièce  coulée,  y  ajouter  de  la  tonte  par  les  évents. 

Racommôder,  v.  Raccommoder. 

Racommôdège,  s.  m.  Raccommodage;  c'ett  le  dernier  coup 
que  l'ouvrier  donne  quand  il  a  retiré  son  modèle  du  muule. 

Raccoird,  s.  m.  Raccord. 

Rallongue,  s.  f.  Allonge.  Lorsqu'un  châssis  est  trop  court, 
on  y  ajoute  une  allonge. 

Ramolli,  v.  Rendre  le  sable  plus  mou,  y  ajouter  de  l'eau. 


—  304  — 

Ramouler,  v.  Rcnmouler;  replacer  lo  châssis  supérieur, 
ou  chappe,  après  avoir  retiré  le  modèle  du  moule. 

Ramoul^ge,  s.  m.  Renmoulage,  action  de  rcnmouler. 

Ranchi,  v.  Expression  du  mouleur  qui  exprime  par  ce  mol 
qu'il  ne  doit  pas  y  avoir  de  fausse  place  sous  le  châssis 
retourné. 

Râpe,  s.  f.  Râpe.  Espèce  de  lime  pour  confectionner  les 
noyaux  et  moules  en  terre. 

Rapairi,  v.  Repérer.  Marquer  des  points  de  repère  à  un 
moule  dans  le  moulage  en  terre,  et  sur  les  épures,  à  l'aide 
desquelles  les  modeleurs  construisent  des  modèles  en  bois. 

Raser  ine  pièce  di  levai.  Expression  qui  signifie  qu'en 
un  certain  endroit  de  la  fonderie,  on  a  préparé  une  surface  de 
niveau,  et  qu'on  y  a  laissé  le  sable  tendre  pour  y  mouler  des 
petites  pièces. 

Raspèhi  r  mah'ré,  v.  Epaissir  le  noir,  rendre  la  couche 
plus  épaisse. 

Rassèchl,  V.  Retirer.  Pièce  qui  a  fait  sa  retraite. 

Ratèclii  ine  côte,  v.  Replacer  une  partie  du  modèle  qui 
avait  été  enlevée  pour  le  mouler. 

Rave,  s.  m.  Râteau.  Outil  pour  retirer  le  combustible  du 
cubilot  après  la  fusion. 

Rave  di  coup'lotjS.  m.  Rave  ou  râteau  de  cubilot;  il  sert  à 
nettoyer  le  sol  du  cubilot. 

Rèhaussi  le  jet,  v.  Hausser  les  évents. 

Rèye  di  chèssi,  s.  f.  Armature  pour  former  un  châssis  ;  de 
même  que  les  deux  mots  suivants. 

Rèye  di  chappe,  s.  f. 
Rèyedi  fon,  s  f. 

Régue,  s.  f.  Règle.  On  se  sert  d'une  règle  pour  racler  le 
sable,  afin  d'en  faire  une  surface  unie.  Se  dit  aussi  rfde. 


—  305  — 

Repaire,  s.  m.  Repère.  Point  de  jonction;  ce  sont  des 
marques  arbitraires,  faites  à  différentes  pièces,  pour  les  recon- 
naître et  les  rejoindre  plus  facilement. 

Ribrok'ter,  v.  Replacer  des  chevilles. 

Rifonde,  v.  Refondre. 

Riclawer  dès  broque,  v.  Reclouer  des  chevilles. 

Ricûre,  v.  Calciner  les  noyaux  avant  de  les  placer  dans  le 
moule. 

Rimah'rer,  y.  Noircir  de  nouveau  à  un  endroit  d'une  pièce 
où  l'on  a  dû  réparer. 

Riparège,  s.  m.  Mortier  fait  de  poussière  de  sable  neuf, 
tamisé  très  fin,  et  employé  par  les  mouleurs  en  terre  pour  en 
enduire  l'intérieur  des  moules  d'une  fine  couche  avant  de  les 
noircir;  celte  opération  rend  les  moules  plus  polis,  plus  lisses, 
et  bouche  les  crevasses. 

Riparège  â  coke,  s,  m.  Mortier  fait  de  poussière  fine  de 
coke  employée  pour  les  grosses  pièces,  telles  que  cylindre  de 
laminoir. 

Ripareu,  s.  m.  Fer  à  réparer,  outil  de  mouleur  en  terre.  Il 
est  en  fer  et  sert  à  égaliser. 

Rissôder,  v.  Souder,  réunir  deux  parties,  les  rejoindre; 
terme  de  moulage  en  terre. 

Ristreinde,  v.  Raffermir  une  partie  du  moule  qui  menace 
de  s'écrouler. 

Ritralt,  s.  m.  C'est  un  défaut  qui  se  produit  lorsqu'on 
néglige  de  pomper  dans  les  pièces  après  la  coulée;  il  se  forme 
un  trou  dans  la  fonte  pendant  le  refroidissement. 

Ritraite,  s.  f.  Retrait  du  métal  produit  par  le  refroidisse- 
ment de  la  pièce.  Il  est  d'environ  8  millimètres  par  mètre  de 
longueur,  et  varie  du  reste  avec  la  masse  de  fonte  et  la  forme 
de  la  pièce. 

20 


—  306  — 

Rôlai,  s.  m.  Rouleau,  Il  sert  à  enlever  les  pièces  du  mouleur 
en  terre,  lorsqu'on  ne  peut  disposer  de  la  grue. 

Romaine,  s.  f.  Balance  dite  romaine,  en  usage  pour  peser 
les  grosses  pièces. 

Ro'we  so  l'angle,  s.  f.  Engrenage  construit  sur  angle 
droit;  on  en  fait  à  dents  de  fer  et  à  dents  de  bois. 

Rûle,  s.  m.  Règle;  voyez  règne. 

Rûle  di  poche,  s.  m.  Mèlre  pliant. 

Sabot  ou  p'tit  bassin,  s.  m.  Poche;  cuillère  en  fer  pour 
les  moules  d'une  petite  capacité. 

Sâvion,  s.  m.  Sable. 

Sâvion  d'  mouleu  en  terre,  s.  m.  Sable  en  mortier  pour 
le  moulage  en  terre  et  la  confection  des  noyaux.  On  ajoute  au 
sable  pour  lui  donner  du  corps,  de  la  paille  hachée,  du  crin, 
du  crottin  de  cheval,  du  tan,  etc.  Ces  matières  empêchent  le 
sable,  de  se  crevasser  et  le  rendent  plus  tendre  et  plus  propre  à 
faire  les  noyaux. 

Sâvion  (foirt),  s.  m.  Sable  fort.  C'est  le  sable  gras  naturel- 
lement. Il  empêche  la  sortie  de  l'air  qui  est  chassé  hors  du 
moule  par  la  fonte,  et  provoque  des  dartes  et  des  soufflures. 
On  le  calcine  avant  de  l'employer  et  on  le  passe  au  tamis. 

Sâvion  (maigue),  s.  m.  Sable  maigre.  G'est'celui  qui  est 
répandu  sur  le  sol  de  la  fonderie,  c'est  le  plus  pur  et  le  plus 
sec,  mais  il  a  peu  de  cohésion  et  ne  peut  constituer  un  bon 
moule.  Il  faut  le  rendre  humide  pour  lui  donner  plus  de  con- 
sistance. D'un  autre  côté,  il  sèche  plus  facilement  et  retient 
moins  l'humidité. 

Scanfâr,  s.  m.  Plancher.  Voy.  bèrûdi. 

Sèyai,  s.  m.  Seau. 


I 


—  307  — 

Séchai  à  r  poussire,  s.  m.  Poncis,  sac  plein  de  charbon 
pilé  dont  on  se  sert  pour  saupoudrer. 

Sèchi  à  spèheur,  v.  Tirer  à  épaiseur.  Terme  de  moulage 
en  terre  et  de  moulage  au  trousseau. 

Serra  (gros),  s.  m.  Chaîne  munie  d'un  grand  anneau  à 
l'un  de  ses  bouts,  et  dans  lequel  on  passe  la  chaîne  pour  serrer 
la  pièce,  et  l'enlever  du  sable  au  moyen  de  la  grue.  Voyez 
chaîne  à  deux  branche. 

Sikrâwe,  s.  f.  Ecrou. 

Sitoufe,  s.  f.  Etuve  ou  séchoir  ;  chambre  close  dans  laquelle 
l'air  est  entretenu  à  une  température  plus  ou  moins  élevée, 
pour  le  séchage  des  noyaux  et  des  moules  faits  en  terre. 

SqvT'érre,  s.  m.  Equerre;  instrument  pour  tracer  un  angle 
droit. 

Sôdai,  s.  m.  Voyez  fleur. 

Sôder,  V,  Souder.  Réunir  deux  parties, les  rejoindre.  Terme 
de  moulage  en  terre. 

Sofèl'rèye,  s.  f.  Soufilerie. 

Sofler,  V.  Souffler.  Une  pièce  souffle  quand  la  fonte  s'intro- 
duit dans  le  dégagement  réservé  pour  la  sortie  des  gaz  du 
noyau. 

Soflet,  s.  m.  Souflet.  Il  sert  à  enlever  les  poussières  tom- 
bées dans  le  moule. 

Soffleûre.s.  f.  Soufllures.  Cavités  qui  se  produisent  dans  la 
matière;  défaut  qui  provient,  ordinairement,  de  l'emploi  de 
noyaux  trop  durs  ou  imparfaitement  séchés. 

Sôye,  s.  f.  Scie.  Elle  sert  dans  la  fabrication  des  noyaux  et 
des  moules  en  terre. 
Souwer,  v.  Sécher. 
Souège,  s.  m.  Séchage  des  moules.  Il  scïait  au  séchoir,  ou 


—  308  - 

au  moyen  d'un  feu  que  Ton  fait  sur  une  tôle  et  que  l'on  place 
au-dessus  du  moule. 

Spèheur,  s.  f.  Epaisseur.  Couche  de  terre;  terme  de  mou- 
lage en  terre. 

Spèheur  di  flér,  s.   f.  Epaisseur  de  fer  laissée  dans  le 
moule  par  les  noyaux. 

Sponjrou,  s.  m.  Gros  pinceau  pour  mettre  le  noir  sur  des 
grandes  surfaces. 

Stri,  s.  m.  Serre,  étrier,  outil  de  fer  pour  presser  les  deux 
parties  d'un  moule. 

Support,  s.  m.  Voyez  kique. 


Taque,  s.  f.  Taque,  dalle. 

Taque  di  na"wai,  s.  f.  Taquet  placé  pour  porter  un  noyau. 

Taokène,  s.  f.  Poulie  pour  monte-charges  et  le  monte- 
charges  lui-même.  Petite  grue  ou  cabestan  placé  près  du  cubi- 
lot pour  enlever  et  remuer  les  gros  morceaux  de  fonte,  prove- 
nant de  vieilles  pièces  que  Ton  veut  refondre. 

Tam'hège,  s.  m.  Tamisage. 

Tam'hi,  v.  Tamiser. 

Tamis,  s.  m.  Tamis.  Il  y  en  a  de  toutes  dimensions  et  de 
tous  calibres. 

Tapon,  s.  m.  Godet,  sorte  d'entonnoir  par  lequel  le  mêla 
fondu,  qui  est  dans  le  chenal,  passe  dans  les  évents. 

Tièsse  di  chèssi,  s.  f.  Côté  de  châssis  à  la  grue,  où  les 
rillons  se  trouvent,  et  qui  doit  être  plus  solide  que  les  autres 
côtés.  Voyez  costé  di  chèssi. 

Toune  vis,  s.  m.  Tourne-vis. 

Toune-toiche,  s.  m.  Tourne-torches;  outil  pour  faire  les 
torches  de  paille. 


« 


—  309  — 

Touwire,  s.  f.  Tuyère,  ouverture  d'un  fourneau  où  l'on 
place  les  becs  des  soufflets  ou  des  ventilateurs. 

Tracé,  s.  m.  Plan,  dessin  qui  représente  la  pièce  à  exécuter. 

Tranche,  s.  f.  Tranche.  Espèce  de  gros  burin  muni  d'un 
manche  en  bois.  Sur  ce  burin  on  frappe  avec  un  marteau  dit  : 
à  frapper  devant;  il  sert  à  dégrossir  les  jets,  les  dartes  volumi- 
neuses, etc, 

Tranche,  couteau  dont  on  se  sert,  pour  réparer  et  tailler  les 
moules  que  l'on  construit. 

Tresse,  s.  f.  Support  sur  lequel  on  place  les  lanternes  pour 
tourner  toute  espèce  de  noyaux  cylindriques  pour  tuyaux, 
colonnes,  etc. 

Trikoisse,  s.  f.  Tenailles,  tricoises. 

Trimper  T  fonte,  v.  Tremper  la  fonte.  Voyez  coqiiic. 

Trô  âx  crasse,  s.  m.  Ouverture  d'environ  six  centimètres 
de  diamètre,  qui  se  trouve  derrière  le  cubilot  ou  sur  une  des 
faces  de  côté,  un  peu  au-dessus  des  tuyères.  Il  sert  à  donner 
passage  au  laitier  quand  on  veut  laisser  monter  une  plus 
grande  quantité  de  fonte  par  le  cubilot. 

Trô  d'  halkotège,  s.  m.  Trou  d'ébranlage.  Ces  trous  sont 
réservés  pour  la  facilité  de  l'enlèvement  du  modèle  hors  du 
sable. 

Troussège,  s.  m.  Troussage,  moulage  sans  modèle. 

Trousseau  s.  m.  Trousseau. 

Toiche  di  strin,s.  f.  Torches,  cordes  de  paille  que  font  les 
mouleurs  en  terre  pour  entortiller  les  arbres  à  noyaux,  avant 
d'ébaucher  ceux-ci  à  l'argile. 

U 

Ustèye,  s.  f.  Oulil. 

Ustéye  à  cann'leure,  s.  f.  Crochet  pour  former  les  canne- 


—  310  — 

lures;  il  a  ordinairement  les  bouts  de  deux  dimensions  diffé- 
rentes. 

Veroule,  s.  f.  Virole,  petit  cercle  de  métal  qui  entoure  et 
tient  en  état  le  manche  d'un  outil, 

Vintilateur,  s.  m.  Ventilateur,  appareil  servant  à  donner 

le  vent  au  cubilot. 

Vis,  s,  m.  Arbre.  Il  se  place  verticalement;  la  partie  supé- 
rieure est  fixée  dans  un  support,  le  bas  repose  sur  un  pivot; 
c'est  le  principal  outil  du  mouleur  en  terre,  pour  construire  la 
plupart  des  moules. 

Vîve-châsse,  s.  f.  Chaux  vive. 

Volant,  s.  m.  Volant. 

Wagon,  s.  m.  Wagon.  Chariot  placé  sur  rails;  voyez 
gariot. 

Wènne,  s.  f.  Cric;  on  s'en  sert  pour  déplacer  les  grosses 
pièces. 


GLOSSAIRE  TECHNOLOGIQUE 

WALLON-FRANÇAIS 

DU  MÉTIER  DES  GRAVEURS  SUR  ARMES 

PAR 
Jean     BURY 

Devise  : 
A  chaque  murihi  s'clft. 


MEDAILLE  DE  BRONZE. 


Américain,  s.  m.  Américain;  fusil  très  commun  pour 
l'Amérique. 

Arme,  s.  f.  Arme  ;  instrument  de  chasse  ;  œuvre  d'armurerie. 

Armurèye,  s.  f.  Armurerie  ;  fabrique  ou  magasin  d'armes  ; 
corps  de  métier. 

Armurî,  s.  m.  Armurier  ;  fabricant  d'armes  ;  ouvrier 
travaillant  dans  les  armes. 

O 

Bâbe,  s.  f.  Bave,  bavure  que  laisse  le  burin.  On  dit  : 
ïlahattr  lès  bâbe  a  papî  sàbrc. 

Bague,  s.  f.  Bague;  filet  gravé  ou  incrusté  au  canon  d'une 
arme  à  feu. 


312 


Banc,  s.  m.  Etabli ,  sorte  de  table  haute  et  longue,  attachée 
à  la  muraille  et  à  laquelle  est  fixé  l'étau. 

Batta,  s,  m.  Levier;  barre  do  fer  à  l'aide  de  laquelle  on  fait 
fonctionner  Fétau. 

Bascule,  s.  f.  Bascule;  pièce  principale  du  fusil.  (C'est  la 
plus  grosse,mais  non  la  principale  qui  est  la  platine.  A.  T.)  ('). 

Blanki,  v.  tr.  Blanchir  ;  tailler  au  burin  plat.  (On  dit  aussi  : 
huchî.   A.  T.) 

Bloc,  s.  m.  Bloc;  cube  de  bois  sur  lequel  le  graveur  colle 
préalablement  la  pièce  qu'il  doit  graver. 

Blocai,  s.  m.  Blocus  :  morceau  de  bois  sur  lequel  est  appuyé 
l'étau. 

Bon,  s.  m.  Bon  ;  sorte  de  reçu  qui  est  remis  à  l'ouvrier,  qui 
lui  donne  accès  à  la  caisse  du  fabricant. 

Boule,  s.  f.  Boule  ;  terminaison  d'ornement. 

Bouquet,  s.  m.  Bouquet  ;  assemblage  de  fleurs  et  de  feuilles 
gravées.  Les  bouquets,  dans  la  gravure  genre  anglais,  sont 
aujourd'hui  d'un  usage  commun. 

Broke,  s.  f.  Broche;  cheville  de  fer  qui  retient  la  longuesse 
à  la  bascule  et  sur  laquelle  on  grave  une  sorte  de  rosace  ou  de 
palmette  double. 

Burin,  s.  m.  Burin;  instrument  d'acier  pour  graver  sur 
métaux. 

Burin  â  r  main,  s.  m.  Echoppe;  outil  pour  graver  à  la 
force  du  poignet,  en  taille  douce. 

Buriner,  V.  tr.  Buriner;  graver  légèrement  au  burin;  se 
dit  principalement  pour  ombrer  les  sujets  :  Burinez  'ne  fjotte 
li  panse  de  chin  il  ârè  l'ai?'  poyou. 

Burin  à  deux  ponte,  s.  m.  Burin  à  double  taille;  outil 
ligné,  pour  faire  deux  traits  à  la  fois. 

(')  Les  notes  sigées  A.  T.  sont  de  M.  Alphonse  Tilkin  (Voir  le  rapport  p.  08). 


—  313  — 

Boite,  s.  f.  Magasin  ;  sorte  de  boîte  introduite  dans  la  crosse 
du  fusil  et  renfermant  les  cartouches.  (On  dit  aussi  :  culotte. 
A  T.) 

Burniheu,  s.  m.  Brunissoir,  outil  pour  brunir.  Bon  nombre 
de  graveurs  s'en  servent  pour  brunir  l'incrustation  en  relief. 
A.  T. 

Bûzette,  s.  f.  Capucine,  pièce  de  cuir  qui  reçoit  la  baguette 
du  fusil. 


Cadroye,  s.  f.  Paccotille;  fusil,  marchandise  de  peu  de 
valeur,  mauvais  ouvrage.  (J'ai  toujours  entendu  dire  gadroye 
ou  carmadroye.  A.  T. 

Cam'lotte,  s.  f.  Camelotte;  id.  —  Quelle  cam'lotte  (Vo 
'ne  fèi/e  ! 

Canon,  s.  m.  Canon;  pièce  de  fusil;  tube  servant  à  lancer 

des  projectiles. 

Chin,  s.  m.  Chien;  pièce  de  fusil  adaptée  sur  la  platine. 

Clé,  s.  f.  Clef;  pièce  adaptée  à  la  bascule  et  servant  à  retonir 
le  canon. 

Clicotte,  s.  f.  Loque;  lambeau  sur  lequel  on  essuie  le 
burin. 

Cohe,  s.  f.  Branche;  introduction  d'ornement. 

Coirps,  s.  m.  Corps;  partie  de  revolver  ou  pistolet. 

Compas,  s.  m.  Compas;  instrument  pour  mesurer. 

Côp  d'  foice,  s.  m.  Coup  de  force;  coup  de  burin  fort  pro- 
nonce. 

Côpe,  s.  f.  Coupe;  la  taille  du  burin.  —  Quelle  belle  cape. 

Côper  les  fond,  loc.  pré.  Tailler  les  fonds;  enlever  Ik  la 
fourchette  l'espace  qui  doit  être  maté.  (On  dit  plus  souvent: 
hachi.  A.  T.) 


-  314  — 

Côte,  s.  f.  Cùte;  nervure  des  feuilles.  —  Ombrer  les  côte. 

Cowe  di  bascule,  s.  f.  Queue  de  bascule;  bout  de  fer 
partant  des  oreilles  de  la  bascule. 

Cowe  di  manette, s.  f.  Queue  de  sous-garde;  pièce  de  fusil 

termina*nt  la  sous-garde. 

Crayon,  s.  m.  Crayon;  substance  terreuse  ou  minérale  qui 
sert  à.  dessiner.  Le  graveur  se  sert  le  plus  souvent,  pour  des- 
siner, d'une  pointe  en  acier  ou  en  bois  d'ébène. 

Crète,  s.  f.  Crète;  quadrillé  gravé  sur  chaque  pièce  fonc- 
tionnante du  fusil,  afin  que  le  doigt  s'y  maintienne. 

Cokrai,  s.  m.  Chien;  gros  chien  d'ancien  fusil  à  pierre  et 
qui  avait  la  forme  d'un  coq. 

Coulasse,  s.  f.  Culasse.  Pièce  vissée  à  la  gueule  du  canon, 
s'applique  surtout  aux  fusils  à  un  coup.  A.  T. 

Crique,  s.  L Mette  dès  crique:  incruster  du  fil  de  fer  dans 
les  canons  afin  d'en  faire  disparaître  les  défauts.  A.  T. 

Cur,  s.  m.  Manique;  espèce  de  gant  dont  se  servent  certains 
ouvriers,  surtout  les  graveurs  travaillant  le  fond  creux.  A.  T. 

D 

Dessiner,  v.  tr.  Dessiner;  tracer,  à  l'aide  du  crayon  ou  de 
la  pomte,  le  dessin  qui  doit  être  gravé. 

Dintèlle,  s.  f.  Dentelle;  embellissement  autour  de  la  gra- 
vure. 

Doguer,  v.  tr.  Travailler  ferme;  travailler  avec  célérité. 
Drogage,  s.  f.  Gamelotte  ;  voir  ce  mot  et  cndroye. 
Drogue,  s.  f.  id.  ;  /  fà  hachî  d'vins  'ne  si  faite  drogue  ! 
Dope  trait,  s.  m.  Double  filet  dont  un  taillé  plus  légère- 
ment que  l'autre.  Voir  au  mot  trait. 

Dorer,  v.tr.  Dorer;  couvrir  d'or.  Aujourd'hui  les  graveurs 
dorent  eux-mêmes  à  l'aide  d'un  liquide  qui  se  vend  en  bouteille. 


—  315  — 

Doreure,  s.  f.  Dorure  ;  or  très  mince  appliqué  sur  la  gra- 
vure. 

Durion,  s.  m.  Durillon;  petit  calus  ou  induration  locale  de 
la  peau  par  la  pression  du  burin. 

Dimêye  leune,  s.  f.  Demi-lune  ;  outil  ayant  la  forme  d'une 
demi  lune. 

Dope  peus,  s.  m.  Double  pointe;  outil  ayant  la  forme  d'un 
double  point.  (Cette  définition  n'est  pas  tout  à  fait  exacte: /^ 
dope  peus  est  composé  d'un  cercle  et  d'une  pointe  au  milieu  de 
ce  cercle.  Voici  le  dessin:  ©.  On  devrait  dire  double  perle. 
(A.  T.) 

Espronte,  s.  f.  Empreinte;  impression  de  la  gravure. 

Esprontî,  v.  tr.  Empreindre;  imprimer  en  appliquant  un 
papier  sur  la  gravure  et  en  frappant  dessus  à  légers  coups  de 
marteau  ou  en  imbibant  préalablement  le  métal  d'encre 
d'imprimeur. 

Fâx-vèrin,  s.  m.  Pièce  en  fer  se  boulonnant  au  canon  ; 
s'emploie  seulement  pour  les  fusils  à  1  coup.  A.  T. 

Fier,  s.  m.  Fer  de  sous-garde  ;  pièce  de  fer  placée  en  dessous 
de  la  sous-garde  ;  voir  fotjège. 

Filet,  s.  m.  Filet;  trait  gravé  ou  incrusté. 

Filet  grec,  s.  m.  Filet  grec;  filet  se  terminant  par 
une  ornementation  en  forme  grecque. 

Finde,  v.  tr.  Fendre;  fendre  la  feuille  pour  lui  donner 
la  forme. 

Findège,  s.  m.  Fonderie;  action  de  fendre. 

Fisique,  s.  m.  Fusil;  arme  à  feu;  les  pièces  qui  la 
composent. 


—  310    - 

Foye  di  vègne,  s.  m.  Feuille  de  vigne  ;  imitation  de  la  dite 

feuille. 

Foye  à  deux,  s.  f.  Feuille  à  deux  branches;  fendue 
deux  fois. 

Foyê  à  treû,  s.  f.  Feuille  à  trois  branches;  fendue  en 
trois  fois. 

Foye  à  qwate,  s.  f.  Feuille  à  quatre  branches;  fendue  en 
quatre  fois. 

Foye  à  cinque,  s.  f.  Feuille  à  cinq  branches;  ou  demi- 
feuille  de  vigne. 

Foyège,  s.  m.  Feuillage  ;  partie  de  queue  de  sous-garde. 

Fond,  s.  m.  Fond  ;  le  fond  de  l'ornement,  s'entend  du 
fond-creux. 

Fristonfrache,  s.  f.  Falbalas;  encombrement  de  garni- 
tures inutiles. 

Forchètte,  s.  m.  ou  Peingne,  s.  m.  Fourchette;  sorte 
de  burin  plat  rayé. 

G 

Gârniteûre,  s.  f.  Garnitures  ;  toutes  les  pièces  en  fer 
composant  le  fusil. 

Gâillotège,  s.  m.  Complication,  falbalas,  bel  entourage. 

Gâilloter,  V.  tr.  Perfectionner;  rendre  parfaitement  beau. 

Genre  anglais,  s.  m.  Genre  anglais;  gravure  ainsi 
nommée,  composée  de  rouleaux. 

Genre  alFmand,  s.  m.  Genre  allemand;  gravure  ainsi 
nommée,  composée  de  feuilles  de  vignes. 

Genre  bouquet,  s.  m.  Genre  bouquets;  gravure  ainsi 
nommée,  composée  de  bouquets. 

Genre-en-finte,  s.  m.  Genre  en  fentes  ;  gravure  ainsi 
nommée,  composée  de  feuilles  simples. 


-  317  — 

Genre  chêne,  s.  m.  Genre  chêne  ;  gravure  ainsi  nommée, 
composée  de  branches  et  de  feuilles  de  chêne. 

Genre  chimère,  s.  m.  Genre  chimères;  gravure  ainsi 
nommée,  composée  de  formes  chimériques. 

Genre  damier.  Genre  ressemblant  au  jeu  de  dames.  \.  T. 

Genre  fond-creux,  s.  m.  Genre  fond  creux;  gravure  ainsi 
nommée,  dont  les  fonds  sont  creusés  et  matés. 
Genre  foye.  Genre  léger,  feuilles  de  vigne.  A.  T. 

Genre  hâgne,  s.  m.  Genre  coquilles  ;  gravure  ainsi  nommée, 
imitation  du  style  Louis  XV. 

Genre  pingni,  s.  m.  Genre  panniers  ;  gravure  ainsi 
nommée,  composée  de  petits  rubans  se  croisant. 

Genre  pointillé,  s,  m.  Genre  pointillé;  gravure  ainsi 
nommée,  frappée  à  la  pointe;  voir  ce  mot. 

Genre  quadrillé,  s.  m.  Genre  quadrillé;  gravure  ainsi 
nommée,  composée  de  carrés. 

Genre  rocaye.  Genre  rocaille.  A.  T. 

Genre  rosace,  s.  m.  Genre  rosace  ;  gravure  ainsi  nommée, 
forme  de  rosaces  autour  des  vis. 

Genre  rose,  s.  m.  Genre  roses;  gravure  ainsi  nommée, 
imitation  de  roses  et  de  feuillage. 

Genre  sujet,  s.  m.  Genre  sujets;  gravure  ainsi  nommée, 
composée  de  sujets  de  chasse. 

Genre  trait,  s.  m.  Genre  filet;  gravure  ainsi  nommée, 
composée  de  lilcts  simples  cùloyanl  les  bords  de  la  pièce. 

Gôme,  s.  f.  Gomme;  substance  visqueuse  pour  nettoyer  la 
gravure. 
Gravège,  s.  m.  Gravure,  œuvre  du  graveur. 
Graveu,  s.  m.  Graveur;  ouvrier  gravant  à  l'aide  du  burin. 
Guimpe,  s.  f.  Guimpe  ;  ornement  étroit  autour  des  pièces. 


—  318  ~ 

Guiyocher,  v.  tr.  Guillocher;  faire  du  guillochis.  Maintenant 
on  fait  guillocher  les  bandes  des  canons,  ce  que  faisait  aupara- 
vant, le  graveur  au  burin. 

H 

HachI,  V.  tr.  Hacher;  tailler  profondément  au  burin. 

Hâr,  s.  m.  Éclat;  morceau  brisé.  Mi  forchètte  a-st-on  hâr 
qiiiji  n'  pou  nin  rsinmî. 

Hârder,  v.  tr.  Éclater;  briser  par  accident. 

Haveu,  s.  m.  Râcleur;  mauvais  graveur. 

Hipeure,  s.  f.  Égratignure,  gratte  que  l'on  fait  involontaire- 
ment avec  le  burin.  A.  T. 


Intrèlace,  s.  f.  Entrelacements  ;  états  d'ornements  entrelacés. 

Intrèlacer,  v.  tr.  Entrelacer;  enlacer  des  ornements. 

Inche  d'imprîmeûr,  s.  f.  Encre  d'imprimeur;  substance 
noire  d'imprimerie.  Le  graveur  s'en  sert  pour  empreindre. 

Incrustation,   s.    f.    Incrustation  ;   ornements   de  filets 
incrustés. 

Incruster,  v.  tr.  Incruster  ;  introduire  des  filets  dans  le 
métal. 

IncrusteUjS.  m.  Incrusteur,  ouvrier  qui  incruste. 
Inte-les-deux ou  Émètrin,  s.  m.  Entre  les  deux;  ni  beau 
ni  laid,  ni  fin  ni  gros. 


Lâse,  s.  f.  Ponté  ;  (Pontet)  sous-garde  ;  voir  manette. 

LéchI,  V.  tr.  Lécher;  travailler  sans  goût.  Si  v'  lèchîz  tant 
là  (l'sus,  nos  n'ârans  mâye  fini. 


—  310  — 

LèmYi,  s.  m.  Émeri  ;  papier  pour  polir  et  nettoyer  le  fer. 

Leume,  s.  m.  Lime;  outil  pour  polir. 

Lumer,  v.  tr.  Limer;  polir  avec  la  lime. 

Longin,  s.  m.  Lent,  peu  favorable  à  la  routine.  C'è  di^s 
longius  ovrège  à  fer  ! 

LiODginer  ou  Lum'siner,  v.  tr.  Aller  lentement;  travailltr 
avec  peu  de  célérité. 

Losse,  s.  f.  Louche  dans  laquelle  les  graveurs  fondent  le 
plomb  :  Fonde  de  plonke  po  fer  des  picètte.  A.  T. 

Longuèsse,  s.  f.  Longuesse;  pièce  qui  surmonte  la  bascule 
et  s'adapte  au  canon. 

Loupe,  s.  f.  Loupe;  verre  convexe  agrandissant  )a  vue. 

M 

Machine  à  graver,  s.  f.  Machine  à  graver;  invention 
exécutée  vers  l'an  1884  et  occupée  chez  M.  Pieper  pour  un 
terme  de  3  ans,  mais  qui  n'a  guère  servi  qu'à  graver  les  bandes 
et  les  bagues  aux  canons  des  fusils. 

Manette,  s.  f.  Sous-garde  ;  demi  cercle  en  fer  sous  la 
détente. 

Mârtai,  s.  m.  Marteau;  outil  pour  battre.  Le  marteau  de 
graveur  a  deux  formes  :  la  première,  large,  plate  et  ronde,  la 
seconde  en  petite  boule  qui  sert  à  incruster. 

Mate,  s.  f.  Matoir  ;  outil  quadrillé  pour  mater. 

Mater,  v.  tr.  Mater;  rendre  mat  :  Mater  les  fond. 

Mahège,  s.  m.  Mélange  ;  gravure  embrouillée. 

Marque,  s.  m.  Marque,  poinçons;  outil  à  maniuer,  à 
frapper  les  marques. 

Moule,  s.  m.  Moule  ;  appareil  servant  à  la  confection  des 
plombs  :  Li  moule  po  fer  dès  picètte.  A.  T. 


-  320  - 
IV 

Neurci,  v.  tr.  Noircir  ;  mettre  du  noir  dans  les  sujets 
gravés,. 

Neur,  s.  m.  Noir;  crasse  de  la  pierre  à  aiguiser. 

Neuristé,  s.  f.  Noirceur;  qualité  qui  fait  que  la  gravure 
paraît  noire. 

O 

Ombe,  s.  f.  Ombre  ;  nervure  ou  mouvement  donné  aux 
feuilles  par  le  burin  ou  la  fourchette. 

Omburer,  v.  tr.  Ombrer,  azurer,  mettre  des  ombres  dans 
la  gravure. 

Orèye,  s.  f.  Oreille;  partie  de  la  bascule;  culasse. 

Ornumint,  s.  m.  Ornement;  gravure  servant  à  orner. 

Ornuminter,  v.  tr.  Ornementer;  faire  de  l'ornement. 

Ornumintège,  s.  f.  Ornementation  ;  action  de  poser  des 
ornements. 

I» 

Paye,  s.  f.  Paille,  défaut  dans  le  métal;  éclat. 

Payètte,  s.  f.  Paillette;  parcelle  de  fer;  éclat  de  la  gravure. 

Paique,  s.  f.  Asphalte;  ciment  composé  de  poix,  brique 
rouge  en  poudre,  colophane  et  huile  :  sorte  de  bitume  employé 
dans  le  ciment  à  coller. 

Panne,  s.  f.  Panne  ;  terminaison  de  la  panne  du  canon  sur 
la  bascule.  On  dit  aussi  :  creux. 

Papî  sabré,  s.  m.  Papier  sablé  ;  papier  dit  «  Anglais  »  dont 
on  se  sert  pour  enlever  les  baves  de  la  gravure. 

Penne,  s.  f.  Visière;  pièce  de  carton  ou  de  cuir  pour  garantir 
le  front  et  la  vue. 


—  321  — 

Peus,  s.  m.  Pointe  ;  outil  ayant  la  forme  d'un  point.  (Je  pro- 
fèreici  encore  la  traduction  perle  h  celle  de  pointe,  car  //  peus 
est  un  cercle.  A.  T.) 

Picètte,  s.  f.  Pincette;  pièce  de  plomb,  de  zinc  ou  de 
bouchon  que  Ton  met  dans  l'étau  afin  de  garantir  la  pièce  à 
graver. 

Pici,  V.  tr.  Pincer,  presser,  fixer  une  pièce  dans  fétau. 

Pinçaî.s.  m.  Pinceau,  sert  à  mettre  de  l'huile  sur  les  pièces. 
Est  préféré  à  la  plume.  A.  T. 

Peingni,  v.  tr.  Peigner;  travaillera  la  fourchette, 

Pirre  à  sinmi,  s.  f.  Pierre  à  aiguiser;  pierre  de  Levant 
ou  de  grès. 

Pirre-ponce,  s.  f.  Pierre-ponce;  pierre  poreuse  :  on  s'en 
sert  pour  polir  l'incrustation. 

Plaque,  s.  f.  Plaque;  pièce  de  fusil.  On  dit  aussi  cou  en 
wallon. 

Plaquî,  V.  tr.  Coller;  fixer  la  pièce  dans  le  ciment. 

Plat-burin,  s.  m.  Burin  plat;  outil  pour  ouvrir  et  relever 
le  trait  qui  doit  revoir  le  filet  à  incruster. 

Platène,  s.  f.  Platine;  pièce  de  fusil,  sur  laquelle  est  appli- 
qué le  chien. 

Plat-trait,  s.  m.  Trait  plat;  filet  tracé  au  burin  aiguisé 
plat. 

Plate-ustèye,  s.  f.  Outil  plat;  sorte  de  poinçon  plat  pour 
incruster.  On  dit  plus  souvent:  chasse. 

Plome,  s.  f.  Plume  de  volaille,  pour   mettre  fhuile  sur  la 
pierre, 
Plonk,  s.  m.  Plomb  ;  on  dit  aussi  :  picètte,  voir  ce  mot. 

Ponte,  s.  f.  Poinçon  ;  pointe  d'acier  ou  de  bois  d'ébène  pour 
marquer. 

■21 


—  322  - 

Potiquet.s.  m.  Petit  pot;  sorte  de  gobelet,  contenant  l'huile. 

Pougnet,  s.  m.  Manchette  en  cuir,  en  toile  cirée;  bon 
nombre  de  graveurs  en  l'ont  usage.  A.  T. 

Piqùeu,  s.  m.  Poinçon  ;  forte  pointe,  servant  à  enfoncer  la 
goupille. 

Plate  sére,  s.  f.  Platine;  sorte  de  platine  à  encastrer  dans 
la  bascule  de  fusil  Lefauchcux.  (On  dit  aussi  plate  sére  T^our  les 
fusils  à  baguette  non  Lefaucheux.  A.  T.) 


Riflnde,  v.  tr.  Refendre;  fendre  de  nouveau,  voir  au  mot 
fnidr. 
Riflndège,  s.  m.  Refendage;  état  de  la  feuille  refendue. 
Rissinmî,  V.  tr.  Aiguiser;  aiguiser  de  nouveau. 

Roge  di  brique,  s.  m.  Couleur  rouge;  matière  entrant  dans 
la  confection  du  ciment. 

Rôlai,  s.  m.  Rouleau;  contour,  sorte  de  volute,  dessin  com- 
posant la  gravure  genre  anglais. 

Rôlette,  s.  f.  Roulette;  outil  servant  à  retoucher  les  sujets. 

Rosace,  s.  f.   Rosace,  ornement  en  forme  de  rose.  (On  dit 
mieux  rosette,  A.  T. 

Rose,  s.  f.  Rose;  gravure  imitant  la  rose. 

Ruban,  s.  m.  Ruban;  espace  gravé  et  réservé  à  un  nom. 

Rilèveu,  s.  m.  Releveur  burin  à  relever;  voir  aux  mots  plat 
burin. 

Simpe  foye,  s.  m.  Feuille  simple;  feuille  non  compliquée. 

Sinmel,  s.  f.  Aiguisage;  action  d'aiguiser. 

Sinmî,  ▼.  tr.  Aiguiser;  rendre  le  burin  aigu  et  tranchant. 


—  323  — 

Siteule,  s.  f.  Etoile  ;  outil  en  forme  d'étoile. 

Spitteure,  s.  f.  Dentelle  ou  mouche,  garniture;  voir  le  mot 
lUntellc. 

Sujet,   s.   m.   Sujet;   dessin,   animaux   de  chasse  gravés. 

Séwe  di  chandelle,  s.  f.   Suif  de  chandelle   entrant  dans 
la  composition  du  ciment. 

Spéculaire,  s.  m.   Colophane;  espèce  de  résine  entrant 
dans  la  composition  du  ciment. 

Stseu,  s.  m.  Veilleuse  ;  quinquet  de  travail  avec  abat-jour 
en  fer  blanc. 

X 

Tambour,  s.  m.  Tambour;  pièce  de  revolver  ayant  la  forme 
d'un  tambour.  On  dit  plus  souvent  tonnerre. 

Terminaison,  s.  f.  Terminaison;  bout  d'ornement  terminant 
un  filet. 

Terrain,  s.  m.  Terrain  ;  simulacre  de  terrain  gravé  envi- 
ronnant les  sujets. 

Toûnevis,  s.  m.  Tournevis;  instrument  pour  tourner  les  vis. 

Trait,  s.  m.  Trait;  filet  gravé  ou  incrusté  sur  les  bords  des 
pièces. 

Tracer,  v.  tr.  Tracer  ;   faire  des  traits,   faire  le  tracé, 
commencer  un  ornement. 

Traceu,  s.  m.   Tire-ligne  ;  sorte  de  compas  pour  tirer 
les  lignes. 

U 

Ustèye,  s.  f.  Outil;  instrument  de  travail. 
Vis,  s.  m.  Vis  ;  pièce  cannelée  en  spirale. 


—  324  — 

Visse,  s.  m.  Élau  ;  instrument  pour  serrer.  —  L'étau  de 
graveur  est  mobile. 

Vérin,  s.  m.  Boulon;  pièce  de  fer  se  boulonnant  dans  la 
culasse  d'.un  fusil  à  un  coup. 

AïîERÇU   DE   QUELQUES   FUSILS  D'EXPORTATION. 

Maquignon,  s.  m.  Maquillon;  gros  fusil—  à  un  coup.  (Le 
maquillon  est  un  petit  fusil  au  contraire.  A.  T.) 

Cadet, s. m.  Cadet;  fusil  plus  léger, plus  coquet— à  un  coup. 

Fâ  vérin,  s.  m.  Faux  boulon  ;  fusil  dont  la  culasse  est  d'une 
pièce  —  à  un  coup. 

Béclie-di-canne,  s.  m.  Bec  de  canard;  fusil  ainsi  nommé 
à  cause  de  sa  forme  —  à  un  coup. 

Eôr,  s.  m.  Boor;  gros  fusil,  plus  commun  encore  que 
le  maquillon  ;  on  grave  des  traits  et  on  frappe  une  marque  sur 
la  platine  —  à  un  coup. 

Kètt'lente,  s.  f.  Kettelenle  ;  gros  fusil,  plus  commun  encore 
que  le  maquillon;  on  grave  des  traits  au  double  burin. 

Romaine,  s.  f.  Lazarinos;  gros  fusil,  plus  commun  encore 
que  le  maquillon;  gravure  payée  d'abord  un  patard  et  puis 
cinq  centimes  :  dont  15  marques  (19  marques  A.  T.)  sur  le 
canon  —  à  un  coup. 


Vocatiilalrc  tecliiioloii^iie  wallon-français 


RELATIF    AU    MKTrFR    DES 


TAILLEURS   DE   PIERRE 


F.   SLUSE. 


Devise  : 
«  Francs  et  joyeux.  » 


MÉDAILLE   DE   BRONZE. 


Accroche.  L'accroche  sert  à  réunir  deux  morceaux  de 
pierre.  V.  Ira. 

Allé.  Cri  poussé  par  les  ouvriers  qui  portent  ensemble  à  la 
civière,  pour  soulever  en  même  temps  ;  allî'  /loiip,  cri  du 
bardeur  pour  faire  avancer  les  chevaux  qui  tournent  à  la  luiclic. 

Assise.  Partie  d'une  pierre  qui  doit  servir  de  base  à 
une  autre. 

Attache.  Partie  d'un  bloc  qui  doit  disparaître  pour  que  la 
face  soit  unie.  V.  Ira. 

Atteler.  Commencer  la  journée.  On  sonne  pour  ^///r/rr. 

Avanci.  Manière  de  tenir  son  ciseau  penché  en  avant 
et  obliquement  quand  on  r'IuniL 


—  326  — 


Banc.  Divigion  du  rocher.  Le  rocher  se  présente  en  bancs 
plats,  en  bancs  inclinés  ou  en  bancs  dressants  (droits).  Gros 
banc,  banc  qui  joint  le  gris-bèche;  tènne  banc,  banc  qui  se 
rapproche  de  la  pierre  noire . 

Barder.  Conduire  les  pierres  du  trou  sur  le  chantier. 

BArdeu.  Bardeur,  ouvrier  qui  barde,  qui  bûrdèyc. 

Batte.  Encadrement  tracé  autour  d'une  face  avec  un  ciseau. 

Batte  mène.  Faire  un  trou  rond  et  long  dans  le  rocher, 
y  introduire  de  la  poudre  et  faire  sauter  la  pierre. 

Batteux  d' mène.  Ouvrier  chargé  de  battre  mine,  de 
préparer  la  mine. 

Bêche  di  mohon.  Bec  de  moineau  :  Pointe  courte  à  un 
poinçon. 

Bèrwètte.  Brouette.  Espèce  de  tombereau  à  une  roue  et 
deux  brancards,  pour  transporter  les  déblais. 

Biètte.  Partie  droite  d'une  moulure.  C'est  la  partie  de  la  face 
qui  reste  quand  on  trace  la  moulure. 

Binde.  Manière  de  travailler  pour  extraire  la  pierre. 
V.  travayî. 

Bloc.  Masse  considérable  et  pesante  de  pierre  :  Nos  avans 
rayî  on  bai  bloc. 

Boquet.  Morceau.  Pierre  dont  la  façon  se  paie  2  francs  50 
à  5  francs. 

Bossai.  Partie  convexe  d'une  moulure. 

Bosse.  f::iévation  qu'on  doit  enlever  pour  rendre  une  face 
unie.  Synonyme  de  poqne  et  de  maquc. 

Bouchâde.  Boucharde,  marteau  en  fer  qui  se  termine,  do 
chaque  côté,  par  des  dents. 


—  327  — 

Bouchârder.  Boucharder,  travailler  avec  une  boucharJo, 
frapper  sur  la  pierre  afin  d'enlever  les  petites  bosses. 

Bouchardège.  Action  de  bouchârder.  Ouvrage  fait  avec  la 
boucharde. 

Bouf.  Gros  marteau  pesant  jusque  40  kilog.  (Outil  du 
rocheteur.) 

Boulet.  Boule  de  fer  de  dimensions  diverses,  qu'on  glisse 
entre  le  rocher  et  la  pierre  détachée,  afm  d'empôcher  celle-ci 
de  retomber. 

Boulon.  Morceau  de  fer  plat  qu'on  emploie  avant  le  boulet 
et  pour  le  même  usage. 

C 

Cabestâne.  Treuil  avec  roue  dentée  employé  pour  tirer  les 
pierres  d'un  volume  moindre  et  pour  tirer  les  chaînes. 
Au  commencement  de  l'exploitation  des  carrières,  l'ouvrier 
bardeur  devait  traîner  les  chaînes,  maintenant  il  emploie  le 
cabcstânr,  qu'il  appelle  encore  chèt. 

Cache.  Trou  fait  par  l'ouvrier  dans  une  pierre. 
Cay^ter.  Relier,  caipe)'  les  chaîne,  relier  deux  chaînes  avec 
deux  morceaux  de  fer  recourbés  et  deux  goclie.  Caifter  les 
pierre  mettre  des  morceaux  de  bois  entre  deux  pierres  chargées 
sur  la  charrette,  afin  de  les  préserver  contre  le  cahotement. 

Cay'tège.  Xcl\on  de  cai/' ter.  Ouvrage  hitcn  eau' tant. 

cale.  Morceau  de  fer  employé  pour  faire  tenir  la  /o///-dans 
son  trou. 

Caler.  Mettre  des  cale. 

Calège.  Ouvrage  calé. 

Gantier.  Chantier,  lieu  où  l'un  laiUc  ki  pierre. 

Carîre.  \.  pièrîre. 


328  — 


Gazon.  Nom  ironique  donné  au  cultivateur  par  le  tailleur 
de  pierre. 

Cèque.  Cercle  en  fer  mis  autour  du  maillet  pour  le  renforcer. 

Cècler.  Mettre  des  cercles. 

Chaîne.  Lien  composé  d'anneaux  en  fer  passés  les  uns  dans 
les  autres.  Les  chaînes  de  carrière  sont  très  grosses,  très 
longues,  très  lourdes. 

Chanfrein.  Surface  formée  en  rabattant  l'arête  d'une  pierre. 

Chaos.  Pierre  dont  la  façon  est  payée  5  francs  et  au-dessus. 
Braire  à  chaos,  appeler  les  ouvriers  à  tour  de  rôle  pour  voir 
qui  veut  faire  tel  ou  tel  chaos. 

Chapaî  d'  priesse.  Poinçon  pour  forer  de  larges  trous 
dans  une  pierre,  afin  d'y  passer  un  boulon. 

Châte.  Veine  noire  qui  se  trouve  dans  la  pierre. 

Chèrètte.  Charrette.  Véhicule  pour  transporter  les  pierres. 
Les  charrettes  des  carrières  ont  la  forme  des  binards. 

Chèrgeu.    Chargeur,   ouvrier    qui    charge    la    charrette. 

Endroit  où  l'on  charge, 

Chèrgî.  Charger,  mettre  les  pierres  sur  la  charrette. 
Chèrgège.  Action  de  charger. 
Chèt.  V.  cabestâne. 

Chin.  Somme  d'argent  ramassée  entre  plusieurs  ouvriers 
pour  acheter  du  genièvre.  Fer  on  chin,  mettre  de  l'argent. 

Civire.  Brancard  pour  transporter  des  pierres. 

Cisai.  Instrument  de  fer  tranchant  par  un  bout  et  terminé 
de  l'autre  par  une  tête  arrondie.  67^^//  à  bois,  ciseau  pour 
recouper  le  maillet. 

Cis'lège.  Action  de  cis'ler.  Ouvrage  fait  avec  le  ciseau. 
Cis'ler.  Travailler  avec  un  ciseau. 

Cis'lure.  Tout  travail  fait  avec  un  ciseau.  Terme  plus  précis 
que  cis'lège. 


—  329  — 

Clâ,.  Clou,  partie  dure  qui  se  trouve  dans  la  pierre,  et  contre 
lequel  l'acier  se  brise. 
Cogne.  Grande  barre  en  fer  dont  se  sert  le  rocheteur. 

Coirbâ.  Cliquet  du  cric.  Petit  levier  en  forme  de  virgule 
qui  empêche  la  roue  dentée  du  cric  de  tourner  dans  un  sens 
contraire  à  celui  du  mouvement  donné. 

Compas.  Instrument  à  deux  branches  mobiles  servant 
à  transporter  des  longueurs. 

Côpe.  Action  de  couper  la  pierre.  Fer  'ne  côpe,  couper  un 
bloc  dans  le  rocher  au  moyen  d'outils. 

Coquille.  Coquillage  pétrifié  qui  se  trouve  dans  les  blocs. 
Cougnet.  Coin.  V.  spigo. 
Crama.  Partie  fourchue  du  cric. 

Crâwe.  Poinçon  recourbé  qu'on  emploie  quand  on  ne  peut 
frapper  droit. 
Creux.  Partie  concave  d'une  moulure. 

Croc.  Instrument  en  fer,  rond  et  recourbé  avec  lequel  les 
bardeurs  traînent  Ibs  chaînes  et  enlèvent  les  râlai  à  broi/i. 


D 


Déblai.  Terres  enlevées. 

Déblèyer.  Enlever  la  terre  pour  arriver  à  la  pierre  et  la 
transporter. 

Déblèyège.  Action  de  déblayer.  Ouvrage  fait. 

D'hovrège.  Action  de  découvrir. 

D'hovreu.  Ouvrier  qui  découvre. 

D'hovri.  Découvrir, déblayer, enlever  la  terre  cl  la  mauvaise 
pierre  pour  arriver  aux  bancs  de  bonne  pierre. 


—  330  — 

Diale.  Gros  vis  pour  faire  tomber  les  pierres  détachées. 
Digrette.  Petite  ciselure. 

Dint  d' soris.  Tache  blanche  affectant  la  forme  de  dents  de 
souris,  qui  se  trouve  dans  la  pierre. 

Dissèrre.  Isolement  d'une  partie  du  rocher  (bonne  pierre) 
fait  au  moyen  de  pétards  et  d'outils.  Fer  'ne  dissèrre,  isoler  la 
bonne  pierre  afin  d'avoir  plus  de  facilité  pour  l'extraire. 

Diqwât'ler.  Partager  les  blocs  en  plusieurs  parties. 

Ditèler.  Finir  journée,  quitter  le  travail. 

e; 

Ëcass*mint.  Entaille,  coupure  dans  la  pierre. 

Èpann'ler.  Ébaucher.  Èpann'ler  'ne  moulure,  faire  res- 
sortir les  parties  les  plus  saillantes  d'une  moulure  pour  des 
traits  droits,  afin  qu'on  puisse  saisir  ce  que  sera  l'ouvrage. 

Epann'lège.  Ouvrage  ébauché.  Action  d'ébaucher. 

Èplonker.  Couler  du  plomb  dans  des  trous  pour  suspendre 
les  portes,  les  fenêtres,  les  barrières,  etc. 

Èplonk<=ige.  Action  de  plomber. 

Estale.  Platine.  Morceau  de  fer  qu'on  introduit  dans  des 
irons  de  spirjo,  au  fur  et  à  mesure  que  le  spifjo  s'enfonce. 
V.  travailler  à  la  binde.  Syn.  :  platènne. 

Face.  Partie  d'une  pierre  qui  doit  être  vue. 

Faliga.  Morceau  de  cuir  pour  envelopper  le  pouce,  alin  de  le 
préserver  contre  le  contact  du  fer. 

Fier.  Fer.  Outil  en  fer  des  carriers.  Fier  di  mène,  longue 


—  331  - 

barre  en  fer  pour  battre  mine.  Fier  liorncmint,  petits  ciseaux 
et  petits  poinçons. 

Flemme.  Paresse.  Synonyme:  troije. 

Foche.  Fourche.  Pieu  terminé  par  deux  dents  pour  soutenir 
la  latte. 

Forviser.  Viser  en  laissant  le  coté  où  Ton  se  trouve  plus 
bas  que  l'autre.  Contraire  :  lèyî  s' climpe. 


G 


Gare  à,  la  mine,  Gare  au  pétard.  Cri  lancé  avant  de 
mettre  le  feu  à  la  mine,  au  pétard. 

Gatte.  Tréteau.  Assemblage  en  bois  pour  soutenir  les  bras 
de  la  charrette  pendant  qu'on  charge. 

Goche.  Grands  anneaux  plats  et  allongés  pour  eay'ter 
les  chaînes. 

Gottîre.  Gouttière.  Partie  d'une  moulure  qui  empêche  les 
eaux  de  suivre  le  mur  et  d'y  pénétrer. 

Govion.  Forme  des  trous  servant  à  plomber.  V.  èplonker. 

Gradine.  Ciseau  terminé  par  des  dents  ;  remplace  la 
boucharde  ou  s'emploie  après. 

Gradinège,  Ouvrage  fait  avec  la  gradine.  Action  de  gradiner. 

Gradiner.  Travailler  avec  la  gradine.  Tracer  des  rangées 
régulières  de  points. 

Grès.  Morceau  de  grès  pour  aiguiser  les  outils.  Grî^s 
à  poinçon,  pour  faire  les  pointes;  gr^s  à  plats  fier,  grès  pour 
repasser  les  ciseaux.  V.  feôper,  r'pieoter  l  (jrês. 

Gris-bèche.  Pierre(Masse  de),  qui,  dans  le  rociier,  su  trouve 
le  plus  au  nord.  Elle  est  très  dure  et  difficile  à  travailler. 

Gros-banc.  V.  bane. 


—  332  — 

II 

Hame.  Banc.  Petit  siège  composé  d'une  planche  circula're 
et  d'un  seul  pied, 

Haminte.  Levier.  Barre  en  fer  pour  soulever  les  fardeaux, 
pour  détacher  les  blocs. 

Hârt.  Morceau  de  pierre  enlevé  d'une  arête,  place  formée 
par  l'enlèvement  de  ce  morceau. 

Hawai.  Houe.  Instrument  en  fer,  plat  et  recourbé^  avec  un 
manclie,  pour  remuer  la  terre. 

Hèplège.  Action  de  hèpler,  travail  provisoire. 

Hèpler.  Ciseler  à  grands  coups  irréguliers  avec  un  hèrpai. 

Hèrpai.  Large  ciseau  ;  peut  avoir  jusque  sept  centimètres 
de  largeur. 

Heure  les  limé,  Heure  les  châte.  Enlever  au  marteau 
les  parties  défectueuses  d'un  bloc. 

Honni.  Gâter  une  pierre  en  enlevant  une  partie  nécessaire  : 
On  honnihesovlntà  case  des  limés. 

Horon.  Pièce  de  bois  sur  laquelle  on  fait  avancer  les  pierres. 

Hossi  (l'haminte).  Introduire  le  levier  dans  les  fissures  du 
rocher  et  la  faire  aller  de  droite  à  gauche  (en  tous  sens),  pour 
faire  tomber  les  blocs. 

Hossège.  Action  de  liossî. 

Houpe.  Pelle.  Instrument  en  fer,  plat  et  large,  muni  d'un 
long  manche  pour  enlever  la  terre  remuée. 

Houp'lège.  Action  de  houpler. 

Houp'lèye.  Ce  qu'on  peut  enlever  en  une  fois  avec 
une  houpe. 

Houp'ler.  Enlever,  avec  une  houpe,  les  terres  remuées. 


—  333  — 

I 

Indai.  Levier  court,  ii  bout  aplati,  employé  pour  charger  les 
pierres  sur  la  charrette.  V.  prinde  à  choque. 


Jao.  Cavité  pleine  d'eau  qui  se  trouve  dans  les  pierres. 

Jonteûre.  Joint,  Frr  'ne  jonteûre,  marquer  les  joints  pour 
mettre  la  pierre  à  longueur  (en  indiquer  les  dimensions  justes). 

Journèye.  Travail  d'un  jour.  Salaire  d'une  journée  de 
travail. 

Laque.  Cri  du  bardeur  afin  de  faire  reculer  les  chevaux 
qui  sont  à  la  vache,  pour  que  les  chaînes  ne  se  raidissent  pas 
trop  ou  qu'elles  le  fassent  à  point. 

Latte. Assemblage  en  bois, recouvert  de  paille,  pourpré- 
server  le  tailleur  de  la  pluie,  de  la  neige,  du  vent,  etc. 

Lèyî  drî.  Laisser  en  arrière.  Manière  de  tenir  son  fer 
penché  en  arrière  et  obliquement  quand  on  r'tond.  Contraire 
de  avancî,  avancer. 

Limé.  Raie  blanche  qui  se  trouve  dans  la  pierre,  défaut  de 
la  pierre. 

Lossette.  Outil  ayant  la  forme  d'une  cuiller,  pour  enlever 
les  poussières  des  trous  faits  avec  les  poinçons. 

Loûf.  Pièce  en  fur  composée  d'un  anneau  tenant  à  un 
parallélipipède  en  fer.  V.  trô  d' loûf. 

Ma.  Gros  marteau  en  fer. 

Mayet.  Maillet.  Marteau  en  bois  à  surface  courbe  et  ù  deux 


—  334  — 

têtes.  Mai/ct  r'côpé  à  pîd  il'  vache,  maillet  dont  les  deux  bouts 
sont  coupés  droit  au  moyen  du  ciseau  à  bois. 

Maîste-ovrî(maisse-ovrî).  Maître-ouvrier,  appareilleur. 
Celui  qyi  est  chargé  de  la  surveillance  des  travaux  ;  le  maître- 
ouvrier  trace  la  coupe  des  pierres. 

Malètte.  Cri  du  maître-ouvrier  pour  faire  cesser  le  travail. 

Manœuve  ou  Manovrî.  Ouvrier  à  la  journée. 

Manovrer.  Travailler  à  la  journée. 

Maque.  V.  bosse. 

Massètte.  Marteau  en  fer. 

Mastic.  Composition  d'huile  et  de  cire  pour  coller  les 
morceaux  honni. 

Mastiquège.  Partie  de  la  pierre  collée  avec  du  mastic. 

Mastiquer.  Coller  avec  du  mastic. 

Mène.  Mine.  Trou  fait  dans  le  rocher  avec  le  fer  de  mine, 
rempli  de  poudre,  pour  faire  sauter  le  rocher.  Tirer  'ne  mène, 
mettre  le  feu  à  la  mine.  (N'était  pas  employée  anciennement, 
l'extraction  se  faisait  à  l'aide  d'outils.) 

Mète  de  face.  Mesurage  d'une  face.  Être  payé  par  mètre 
de  face. 
Moellon.  Petits  blocs  employés  pour  bâtir. 
Moule.  Profil  en  zinc  d'une  moulure. 

Moulure.  Partie  plus  ou  moins  saillante  d'une  pierre  devant 

servir  d'ornement. 

Moite  pîre.  Pierre  presque  argileuse,  pas  encore  formée. 

Neûre.  Masse  de  pierre,  de  couleur  noire,  qui,  dans  le  rocher, 
se  trouve  le  plus  au  midi;  elle  est  tendre  et  s'emploie  pour  la 
construction  des  ponts,  aqueducs,  etc. 


—  335  — 

O 

Ovrî  d'  pièrîre.  Ouvrier  qui  travaille  à  la  carrière. 

I* 

Paillasse.  Tas  de  paille  sur  lequel  on  renverse  la  pierre; 
tas  de  pierrailles  qu'on  met  sous  la  pierre,  aû-n  de  la  soulever 
d'un  côté. 

Palette.  Encadrement,  ciselure  autour  de  la  partie  bou- 
chardée  ;  taper  'ne  palette,  faire  une  palette. 

Pétard.  Petite  mine  d'un  pied  de  longueur  environ  pour 
faire  ouverture.  V.  gare. 

Pic.  Outil  du  d'hovreu  (découvreur).  Instrument  de  fer 
courbé  et  pointu  pour  remuer  la  terre. 

Pièrire.  Carrière.  Lieu  où  Ton  extrait  et  où  l'on  travaille  la 
pierre. 

Piqu'tège.  Pointillage,  action  de  pointiller.  Ouvrage 
pointillé. 

Piqu'ter.  Pointiller,  faire  des  points  dans  une  face  avec 
un  poinçon. 

Pîrre.  Pierre.  Corps  dur  et  solide,  de  la  nature  des  roches, 
qu'on  emploie,  entre  autres,  pour  bâtir.  (Littré.)  Bloc  que 
l'ouvrier  travaille.  Pîrre  ili  tèije,  pierre  dure,  propre  à  être 
taillée;  pîrre  bleu  ou  bleûve  pîrre,  pierre  bleue.  Pîrre  lèijèije 
(liso  r  martaî,  pierre  achevée  avec  le  marteau.  Pîrre  qui  torelle, 
pierre  dont  la  façon  doit  être  achevée  par  un  ouvrier  autre  que 
celui  qui  Ta  commencée. 

Pîrhètte.  Petit  morceau  de  pierre. 

Planche  di  weine.  Planche  de  cric.  Planche  employée 
lorsque  la  crémaillère  du  cric  est  trop  petite  ;  on  l'applique  entre 
le  crama  et  le  bloc  à  soulever. 

Platènne.  V.  ùstale. 


—  33G  — 

Poli.   Polir,   rendre  une  face  unie   avec   du  sable  et  un 
morceau  de  grès  par  le  frottement. 

Polihège.  Action  de  polir. 

Ponçon.  Poinçon.   Outil  de  fer  aigu,  servant  h  percer  et 
à  enlever  les  bosses.  Sa  longueur  varie  entre  15  et  60  centimètres. 
Poque.  V.  bosse. 
Potte.  Grande  cache. 
Poussîre.  Pierre  réduite  en  poudre. 

Prinde  à  choque.  Introduire  Vindai  sous  la  pierre  pour  h 
soulever  et  la  faire  avancer  sur  la  charrette. 
P'tit.  V.  chin. 


Quitèyège.  Action  de  quUèyî. 
Quitèyî.  Partager,  on  dit  aussi  d'qiuât'ler. 

Qwârer.  Retenir  un  quart  du  salaire  de  la  journée  à  un 
ouvrier  arrivant  trop  tard. 

Qwînzaine.  Deux  semaines.  Somme  d'argent  gagnée 
pendant  quinze  jours  de  travail. 

R 

Rabat.  V.  chanfrein. 

Rabatte.  Renverser  la  pierre  sur  la  paillasse. 

Rampe.  Plan  incliné  qui  descend  dans  le  trou  (carrière). 

Ravarmint.  Pente  donnée  à  une  partie  de  la  pierre.  Fer  on 
ravaimini,  enlever  plus  de  pierre  d'un  côté  que  de  l'autre.  Au 
seuil  de  la  fenêtre  il  y  a  un  ravalement. 

Ra"whi.  Refaire  la  pointe  au  pointon. 

Râyî.  Arracher  :  JSos  avans  râyî  on  bat  bloc. 

R'ciselège.  Action  de  reciseler.  Ouvrage  reciselé. 


—  337  — 

R'ciseler.  Donner  de  fins  coups  de  ciseau,  bien  droits  et 
bien  réguliers. 

R'côpège.  Action  de  recouper. 

R'côper  r  grés,  enlever  les  parties  du  grès  qui  sont  en 
élévation  par  suite  de  l'aiguisement  des  outils  pour  le 
rendre  uni. 

Réglège.  Réglage,  action  de  régler. 

Régler.  Vérifier  les  dimensions,  V.  rifèrî. 

Rènèss'lège.  Action  de  rènèss'ler.  Ouvrage  rènèss'lé. 

RéRèss'ler.  Remettre  de  l'acier  sur  le  fer. 

RTreinège.  Action  de  f  freiner.  Oiivvagei'' freiné. 

R'freiner.  Faire  un  fin  ciselage  (les  coups  de  ciseau  se 
suivant  de  près)  sans  lever  la  main  et  en  avançant. 

R'hèplège.  Action  de  r'hèpler.  Ouvrage  r'hèplé. 

R'hèlper.  Helper  de  nouveau  afin  de  rendre  la  face  plus 
unie. 

Riféri.  Passer  (travailler)  la  pierre  au  marteau  afin  de  lui 
donner  à  peu  près  les  dimensions  voulues. 

Risplinquer.  Payer  un  verre  à  celui  qui  vous  en  a  offert  un. 

R'néttî  V  travaux.  Enlever  les  pierrailles  du  chantier. 

Roche.  Masse  de  pierre  ;  on  dit  aussi  rocher. 

Roch'tège.  Rochetage,  action  de  rocheter. 

Roch'ter.  Rocheter,  travailler  à  la  roche. 

Roch'teu.  Rocheteur,  ouvrier  qui  travaille  à  la  roche. 

Rôlai.  Rouleau.  Pièce  de  bois  cylindrique  sur  laquelle  le 
bardeur  fait  avancer  la  pierre.  Rôla  à  broyî,  rouleau  percé  de 
trous  dans  lesquels  on  introduit  un  levier  pour  les  faire  tourner. 

Rond'lége.  Action  de  rond'ler.  Ouvrage  rond'lé. 
Rond'ler.  Faire  un  rabat  rond. 

i2 


—  338  — 

Rowe  di  horre.  Système  de  poulies  pour  tirer  les  pierres 
hors  du  trou  de  la  carrière. 

Royî.  Tracer  un  trait  avec  le  rule  et  un  ciseau,  sans  se  servir 
du  maillet.  V.  tracer. 

R'picotège.  Action  de  f picoter.  Ouvrage  r'picoté. 

R'picoter  l' grès.  Donner  des  coups  de  poinçon  sur  le  grès. 

R'tondège.  Action  de  f  tonde.  Ouvrage  r'tondu. 

R'tonde,  Ciseler  pour  la  dernière  fois. 

R'trinchège.  Action  de  r'trincJiî. 

R'trinchi.  Retranclier,  préserver  les  arêtes  en  les  faisant 
rentrer  quelque  peu. 

Rule.  Planche  étroite  et  longue  dont  le  tailleur  se  sert  pour 
juger  de  l'horizontalité  d'une  face  ;  rule  di  poche,  mètre  pliant. 


Sâvion.  Le  sâvion  se  fait  souvent  le  soir,  le  chin  peut  se 
faire  pendant  la  journée.  V.  chin. 

S'batte  ine  ciselure.  Faire  une  batte.  S'batte  H  face, 
rendre  une  face  plus  ou  moins  unie  avec  un  s'batteû. 

S'batteû.  Léger  poinçon. 

S'clat.  Éclat,  morceau  de  pierre  enlevé  par  les  outils. 

S'climpe.  Manière  de  viser.  V.  viser. 

S'cottège.  Action  de  s'cotter.  Ouvrage  accompli  en  s'cottant. 

S'cotter.  Mettre  des  s'clat  sous  la  pierre  qu'on  soulève  avec 
le  cric. 

Sèmî.  Aiguiser.  Sèmî  à  bêche  di  mohon,  faire  une  pointe 
courte  au  poinçon. 

Spigo.  Coin  ;  instrument  en  fer  pour  fendre  le  rocher,  les 
pierres. 


-  339  — 

Spinci.    Épincer,    découper   les   blocs,  les   équarrir,  les 
dégrossir,  les  mettre  à  môme  d'être  taillés. 

Spinciége.  Épinçage,  action  à'épincer.  Ouvrage  épincé. 

Spincieu.  Ouvrier  qui  cpince. 

Spiter.  Recevoir  de  la  poussière  dans  l'œil. 

Sq'wére.  Équerre.  Instrument  pour  tracer  des  angles  droits, 
des  perpendiculaires;  fax  sqwére,  équerre  qu'on  peut  replier. 


Taille.  Manière  d'obtenir,  d'un  bloc  brut,  la  pierre  demandée. 

Talon  rèvièrsé.  Talon  (renversé).  Moulure  concave  par  le 
bas  et  convexe  par  le  haut. 

Tape.  Partie  du  maillet  avec  laquelle  on  tape,  on  frappe  sur 
le  ciseau  ou  le  poinçon. 

Taper  à  bosse.  Enlever  les  bosses. 

Tèche,  Marque  qui  se  trouve  dans  la  pierre.  Blanquès  tèche, 
tache  blanche.  Ces  taches  affectent  souvent  la  forme  de  clâ 
iV  soie,  clous  de  soulier  ou  de  dint  d' soris.  V.  ces  mots. 

Tèyeux  (d'  pîrre).  Ouvrier  qui  taille,  qui  façonne  la  pierre. 

Tèyî.  Tailler  la  pierre,  la  façonner,  lui  donner  la  forme 

demandée. 

Tèyège.  Action  de  tailler.  Manière  de  tailler. 

Tièsse  di  chin.  Petit  rouleau. 

Tièsse  di  moule.  Partie  intérieure  d'un  montant. 

Tour  di  rein.  Morceau  de  pierre  dont  la  façon  revient 
à  moins  de  2  francs  50. 

Tour  dé  r  vache.  Lieu  où  se  trouve  la  vache;  cercle  décrit 
par  la  vache  et  les  chevaux  qui  la  font  tourner. 

Tracer  V  trait.  Marquer  davantage  le  trait  royî  en  se 
servant  du  maillet. 


—  3-iO  — 

Trait.  Ligne  tracée  avec  le  ciseau  seul  ou  avec  le  ciseau  et 
le  maillet.  V.  mii  et  tracé. 

Tranchée.  Ouverture  plus  ou  moins  longue  et  large,  faite 
dans  le  sol. pour  arriver  à  la  bonne  pierre. 

Travayî.  Travailler;  travaijî  à  pèce,  travailler  à  pièce, 
savoir  ce  qu'on  gagnera  en  faisant  telle  ou  telle  pierre. 

Travayî  à  1'  binde.  Enfoncer  le  spigo  dans  un  trou  fait 
dans  le  rocher  en  se  servant  des  èsUile  pour  détacher  de  plus  en 
plus  la  pierre. 

Travaux.  Lieu  où  l'on  travaille. 

Trawet.  Petit  poinçon. 

Trigu.  Amas  de  terre  et  de  pierres  enlevées  du  troti  et  mise 
en  tas. 

Trô.  Trou,  ouverture,  excavation  où  l'on  arrache  la  pierre. 
Trô  à  l'accroche,  trou  fait  pour  accrocher;  Trô  à  l'attcche,  trous 
faits  pour  enlever  VaUèche  en  deux  ou  trois  coups. 

Trô  d'  govion.  Trous  ^onv  èplonker . 

Trô  di  spigo.  Ligne  de  trous  faits  au  poinçon  et  dans 
lesquels  on  introduit  le  spigo  pour  faire  fendre  la  pierre. 

Troye.  V.  pèmme. 

Vache.  Cabestan.  Tourniquet  à  un  seul  bras  pour  tirer  les 
blocs  hors  du  trou  à  l'aide  de  chevaux.  Est  remplacé  aujour- 
d'hui dans  les  grandes  carrières  par  l'élévateur. 

Vis.  Pièce  ronde  en  fer  avec  des  cannelures  en  spirale.  On 
rinlroduit  entre  le  bloc  détaché  et  le  rocher,  afin  de  faire 
l'ouverture  de  plus  en  plus  grande  et  de  faire  tomber  le  bloc. 
Selon  sa  forme,  on  l'appelle  vis  à  botèye  (vis  h.  bouteiI!e)ou  vis  à 
colonne  (vis  à  colonne).  V.  diale. 


—  341  — 

Viser.  Voir  au  moyen  de  deux  rnh',  si  les  quatre  coins  de 
la  pierre  sont  sur  le  même  plan.  Lèyî s'  climpc,y\scr  en  laissant 
le  côté  où  Ion  se  trouve  plus  haut  que  l'autre.  V.  forviser. 

Vône.  V.  cliâte. 

\^ 

Wagon.  Véhicule,  voiture  pour  transporter  les  blocs  d'un 
endroit  à  un  autre. 

Wague.  Tas  de  pierre  et  de  terre  qui  se  détache  du  rocher 
subitement  ou  par  suite  d'un  rochetage. 

Waguer.  Se  détacher,  tomber. 

"Weine.  Cric.  Machine  à  crémaillère  et  à  manivelle  pour 
soulever  les  blocs.  K'tourncr  les  ivcinc,  employer  les  wcincs, 
indique  le  degré  de  force  d'un  ouvrier  carrier  :  /  k'ioûne  ine 
weine,  sins  s'oêner,  il  se  sert  du  cric  (le  porte)  sans  se  gêner. 

"Windai.  Vilebrequin,  outil  pour  percer  la  pierre. 


Ype.  Latte  ayant  la  forme  d'une  herse.  Herse,  en  wallon,  se 
disant  ypc. 


RAPPOMT 

sur  le  13"  concours  (pièces  de  théâtre). 
Messieurs, 

Notre  concours  de  comédies  a,  cette  année  encore, 
trouvé  chez  nos  auteurs  le  meilleur  accueil. 

Est-ce  à  dire  qu'ils  y  aient  envoyé  des  chefs- 
d'œuvre,  tant  s'en  faut. 

Nous  devons  même  dire  que  la  valeur  moyenne 
des  pièces  présentées  est  inférieure,  et  d'assez  bien, 
à  celle  de  nos  concours  antérieurs. 

Des  quatorze  comédies  reçues,  nous  en  écartons 
sept. 

Elles  sont  toutes  du  même  auteur;  nous  nous 
refusons  à  les  juger  pour  les  motifs  suivants  : 

1°  L'une  d'elles  est  une  copie  littérale  du  Lot  (Va 
Gègô,  d'Alexis  Peclers.  C'est  le  n"  2.  On  bonheur  ni 
vin  nin  sins  Vante. 

2"  Une  seconde  (Qwârtt  à  loue)')  nous  est  présen- 
tée une  fois  en  prose  (n°  I),  une  autre  fois  en  vers 
(n°13^î5),  une  autre  fois  encore  en  vers  sous  le  titre 
de  :  On  vîx  galant  (n'^G);  elle  n'est  autre  (pi'un  vau- 
deville en  un  acte  de  Victor  Cornet  :  Ine  chambe  à 
louer,  imprimée  en  1888. 

3"  Une  troisième  est  écrite  en  vers  sous  le  titre  : 


—  344  — 


Les  fièsse  dès  maçon,  et  est  remise  en  prose  sous  le 
litre  Li  crama. 

4"  Enfin  cet  auteur  s'est  f\ut  connaître  en  signant 
la  pièce  n"  2  et  en  inscrivant  son  adresse  sur  la  pièce 
n"3.  Lé  n«  13  (Uamour  è-st-aveûlé)  lui  appartient 
aussi. 

Mais  passons  aux  pièces  sérieuses  : 

Le  n"  o  est  intitulé  :  Piote  de  l classe,  comédie  en 
trois  actes.  La  pièce  est  écrite  en  dialecte  de  la  vallée 
du  Geer;  c'est  là  d'ailleurs  que  l'auteur  a  placé  ses 
diflerentes  scènes. 

On  y  voit  trois  soldats  libérés  du  service  militaire, 
qui  reviennent  dans  leurs  foyers  où  l'un  d'eux' 
Joseph,  doit  retrouver  sa  bonne  amie,  Garile.Toute 
la  pièce  roule  sur  ces  amours,  contrariées  par  le 
père  de  Garite,  qui  souhaiterait  pour  sa  fdie  un 
autre  amoureux  moins  buveur  et  moins  paresseux, 
le  brave  Léon,  par  exemple. 

Le  second  acte  se  passe  pres({ue  entièrement  en 
narrations  de  farces  de  caserne,  que  les  trois  soldats 
font  à  ce  Léon  appelé  nouvellement  sous  les  armes 
par  le  sort. 

Le  dialogue  est  extraordinairemcnt  faible.  Des 
longueurs,  des  redites,  des  chevilles,  des  monologues 
impossibles.  Certaines  scènes,  très  plates,  frisent 
l'immoralité.  Le  dénoûment  est  brusque  et  mal- 
heureux. 

C'était  cependant  une  œuvre  de  lon^ïue  haleine, 
près  de  trois  mille  vers.  La  scène  III  du  2-^  acte  a 
127  vers,  et  la  scène  IV,  où  l'on  trouve   un  per- 


—  345  — 

sonnage  en  plus,  n'a  que  la  bagatelle  de  2o"2  vers. 
On  y  voit  un  monologue  de  4i  vers.  Il  est  vrai  que 
Victor  Hugo  en  compte  d'énormes.  Mais  nous  ne 
croyons  pas  la  raison  suffisante  pour  faire  accorder 
une  récompense  à  l'auteur. 

Nous  retrouvons  encore  ces  faiblesses,  mais  à  un 
moindre  degré,  dans  le  n"  8,  Li  Troquètte  et  V  Gèr- 
malle. 

C'est  un  imbroglio  basé  sur  la  ressemblance  de 
trois  frères  jumeaux,  dont  deux  sont  épris  de  deux 
sœurs  jumelles.  Le  style  est  bon  et  le  vers  assez  bien 
frappé.  Mais  on  cherche  en  vain  les  traits  piquants 
promis  par  un  titre  de  cette  espèce.  L'auteur  nous 
paraît  connaître  son  wallon  et  la  scène;  mais  il  a 
été  malheureux  dans  la  façon  de  traiter  son  sujet. 
Nous  remarquons  dans  cette  œuvre  un  oncle  qui 
n'est  pas  d'Amérique,  mais  de  Bois-de-Breux,  en 
remplissant  tout  aussi  merveilleusement  les  fonctions 
de  deus  ex-machina.  Nous  signalerons  aussi  deux 
sauvetages  qui  aident  au  dénoùment.  C'est  vieux 
jeu. 

Par  contre,  nous  devons  ajouter  qu'en  général  ces 
personnages  sont  assez  bien  campés,  et  leurs  carac- 
tères relativement  bien  observés. 

Néanmoins  nous  ne  croyons  pas  devoir  accorder 
de  récompense  à  l'auteur. 

11  est  à  désirer  (pie  nos  écrivains  repoussent  ces 
deus  ex-machina,  ces  ficelles  théâtrales  usées  à  se 
rompre,  ces  sauvetages  émouvants  consacrés  \)av 
l'hymen  ou  la  réconciliation,  en  un  mot,  tous  ces 


—  346  — 

clichés  d'an  autre  âge  dont  n'a  que  faire  notre 
théâtre  moderne,  aux  allures  plus  franches,  à  l'amour 
plus  vibrant  du  vrai.  Guerre  à  ces  exploits  de 
coulisses,  à  ces  faits  capitaux  de  derrière  les  décors, 
gros  de  conséquences  scéniques,  mais  qui  n'ont  leur 
raison  d'être  que  dans  la  pauvreté  d'imagination 
d'un  écrivain  court  de  dénoûment. 

Ce  reproche,  nous  devons  aussi  le  faire  au  n'^  9, 
A  malin.  Là,  nous  voyons  un  garçon  meunier 
épris  de  la  lille  de  son  maître.  Un  berger,  qu'on 
s'étonne  un  peu  de  voir  constamment  îui  moulin, 
convoite  la  place  de  groumet  tenue  par  son  camarade 
et,  pour  se  la  faire  échoir,  dénonce  au  meunier  les 
amours  en  jeu.  Le  meunier  en  colère  chasse 
son  groumet.  Heureusement,  ou  malheureusement, 
comme  on  voudra,  la  petite  fdle  du  père  courroucé 
tombe  à  l'eau  ;  heureusement  encore,  le  groumet  est 
là  qui  la  sauve.  D'où  mariage. 

Outre  la  banalité,  on  ne  comprend  pas  pourquoi 
le  groumet  chassé  veut  encore  quitter  le  moulin 
après  l'acte  méritoire  qu'il  a  posé;  il  doit  s'attendre 
au  pardon  de  son  maître. 

Le  wallon  est  en  général  de  bon  aloi,  mais  le  style 
est  loin  d'être  soutenu.  Les  périodes  sont  longues, 
et  de  nombreuses  chevilles  s'observent  en  leur  cours. 

Citons  au  hasard  : 

Co  biii  (ju'is  v's  ont-st-avu,  awè,  cièLe,  on  1'  pou  dire, 
Is  d'vct  èsso  bin  binâhe,  et  ci  n'è  nin  po  rire, 
Ga  vos  risquîz  vosse  vèye 


—  3i7  - 

Puis  : 

J'a  por  vos  les  même  sintumint, 
Grèyez-l',  awè,  c'  n'è  nin  po  rire 

Plus  loin  : 

V's  allez  baguer  fou  d'cial,  bin  vile,  à  pus  habèye. 

L'œuvre,  qui  appartient  au  genre  vaudeville,  est 
entrecoupée  de  chants  ;  mais  ces  chants  sont  d'une 
grande  banalité.  L'auteur  a  sans  doute  pris  pour 
devise,  comme  l'a  remarqué  l'un  de  nous,  que  ce  qui 
ne  se  dit  pas  se  chante.  A  ce  propos,  une  remarque 
générale.  Nos  écrivains  wallons  adorent  le  vaudeville; 
s'ils  ne  l'ont  pas  inventé,  ils  lui  vouent  en  tous  cas 
un  culte  particulier;  par  malheur,  cédant  en  cela  à 
de  nombreux  exemples  d'auteurs  français,  ils  inter- 
calent leurs  vaudevilles  (in  sens  propre)  un  peu  à  tort 
et  à  travers. 

A  notre  avis,  les  rimes  chantées,  en  comédie, 
doivent  ne  servir  qu'à  souligner  ou  bien  à  élever  un 
sentiment.  Elles  doivent,  quant  au  sens,  faire  partie 
intégrante  de  l'œuvre,  et  l'auteur  doit  joindre  à  la 
délicatesse  de  leur  choix  tout  le  piquant  de  l'à- 
propos,  toute  la  verve  grande  d'une  brillante  pensée. 
Sinon,  elles  ne  sont  que  hors  d'œuvre  ;  elles  sont 
donc  à  rejeter. 

Combien  ne  remarque-t-on  pas  l'absurdité  de  ce 
personnage  exhalant  sa  colère  en  quelques  strophes, 
sur  un  air  connu,  dont  le  refrain  est  souvent  repris 
en  chœur  par  les  autres.  Combien  encore  étonnants 
ces  amoureux   (jui,  après  une   tendre  tirade,  s'ap- 


—  348  — 

prochent  de  la  rampe,  altendent  les  primes  me- 
sures battues  par  le  geste  emphatique  du  chef  d'or- 
chestre, puis  répètent,  dans  une  musique  sucrée,  les 
mêmes  serments  qu'ils  viennent  d'échanger. 

Plus  de  naturel,  plus  de  goût  dans  le  choix  des 
chants  intercalés,  voilà  ce  que  nous  demandons  à  nos 
auteurs. 

Mais,  fermons  cette  parenthèse  pour  en  revenir  à 
notre  comédie  A  molin. 

Cette  œuvre,  nous  l'avons  dit,  a  de  graves  défauts; 
mais  elle  est  écrite  en  bon  wallon,  elle  est  assez 
solidement  charpentée  et  elle  ne  manque  pas  de 
cohésion.  En  outre,  l'auteur  fait  preuve  de  connais- 
sances scéniques. 

C'est  pourquoi  nous  sommes  d'avis  de  lui  accorder 
une  mention  honorable,  soit  une  médaille  de  bronze 
avec  impression,  les  chants  exceptés.  Nous  lui  con- 
seillons en  outre  de  tenir  compte  des  critiques  faites 
plus  haut.  Nous  terminerons  en  tous  cas  l'impression 
de  son  œuvre  à  la  scène  où  le  groumet  vient  de 
sauver  l'enfant. 

Dans  le  no  7,  Plaisir  di  vîx,  nous  constatons  un 
fait  assez  étrange. 

Le  premier  acte  est  bourré  de  chevilles,  de  lon- 
gueurs; il  fourmille  de  sous-entendus  nombreux  et 
incom])réhensibles.  L'auteur  a  voulu  sans  doute 
éviter  les  monologues,  mais  il  est  tombé  dans  l'excès 
contraire  ;  sa  phrase  est  hachée,  horripilante.  Sur 
la  scène,  tout  le  monde  rit;  mais  dans  la  salle  per- 
sonne ne  comprendra  pourquoi.  Un  exemple.  Scène 


—  349  — 

III.  Les  vieillards  sont  en  train  de  se  rappeler  le  bon 

vieux  temps. 

Mayanne,  à  Gillc. 

Mains  di  quoi  d'hez-v',  donc  vos? 
Louis,  à  Mayanne. 
Gîlle  di,  parait  Mayanne,  qu'a  vingt  an  j'a  stu  sot  ! 

Mayanxe,  aspoyant  so  ses  parole. 
Fû-t-i  v'dire?  A  m'  sonlant,  Gîlle  n'a  mùye  dit  si  vrèye! 

{Louis  J'ai  'ne  mowe.  Gillc  et  Mayanne  rièl.) 
GiLLE. 

Èye,  on  'nn  apprind  dès  belle  !  le  Mayanne,  binamôye, 
Çou  qu'  vos  v'nez  de  dire  là  ! 

(.1  part.) 

Louis  qu'  s'avcu  vanté. 

{Gllle  rèye  lot  louquant  Louis.) 

Louis,  à  Mayanne  on  pan  freûd. 
Jans,  n'riez  nin  ainsi! 

{A  Gille.) 

Fré  Gille,  vos  comprindez, 
Mayanne... 

Gille,  riant. 

Awè  dai  fré  ! 

Louis,  bas  a  s' fré. 

Inte  nos  deux,  s'falléve  dire... 

Gille,  riant. 
Awè. 

Louis,  riant. 
Vos  comprindez? 

Gille,  eoayonnant. 

Nènni  vos,  c'è  po  rire! 

Louis,  couyonnant. 

Moyanne,  parait... 

Gille. 

Oui,  oui  ! 

Louis,  riant. 

Ji  v'  contre  tôt  çoula 

Pus  lard...  inlc  di  nos  deux... 


—  350  — 

GiLLE,  riant. 

A  la  bonne  heure,  c'ô  ça  ! 

{De  vèye  li  maiwje  d'à  Louis  li  vètje  Mayanne  è  s\fautcinje  rhje  di  si  bon  coiir 
qu'elle  hictèije.) 

Mayanne,  riant  à  Louis. 
Qui  racontez- v'  à  Gîlle  donc  la,  Louis? 
Louis,  à  part. 

Mayanne,  à  Louis. 


Ayc,  aye  ! 


Qui  d'hez-v'? 

Louis,  gêné. 

Mi?  Rin! 

L'action  ne  commence  en  réalité  qu'à  la  scène  IV 
du  2°  acte.  Des  défauts  analogues  à  ceux  que  nous 
venons  de  signaler  se  retrouvent  encore  dans  les 
deux  derniers  actes,  mais  en  moins  grand  nombre. 
L'auteur  nous  montre  deux  vieux  et  une  vieille  qui 
parachèvent  le  mariage  de  deux  jeunes  voisines 
Mérence  et  Julie  ;  la  première  doit  épouser  un 
employé,  la  seconde  courtise  Armand,  fils  d'un  riche 
industriel.  La  mère  de  Julie,  Bertine,  trouve  un 
jour  Armand  aux  pieds  de  sa  fille  et  s'oppose  à  son 
mariage.  Malheureusement  pareille  opposition  est 
peu  naturelle,  d'autant  plus  qu'elle  dure  trop  long- 
temps. Il  n'est,  en  outre,  pas  croyable  qu'Armand, 
chassé  de  la  maison,  soit  choisi  comme  témoin  lors 
du  mariage  de  Mérence.  Nous  ajouterons  que  le 
premier  téte-à-téte  d'Armand  et  de  Julie  a  un  motif 
trop  artificiel  :  un   parapluie   oublié. 

Outre  ces  défauts,  nous  devons  signaler  la  lenteur 
du  développement  de  l'action. 


—  351  — 

Remarquons  encore  deux  clianls  placés  mal  à 
propos  après  deux  scènes  d'amour. 

Par  contre,  le  wallon  est  correct,  et  le  vers  assez 
bien  frappé.  Il  y  a  de  bonnes  scènes  au  second  et  au 
troisième  acte. 

Le  n"  10  est  intitulé  :  Li  Keûre  d'à  Soussour,  ou 
lès  Rdbrouhe  cVà  Lorint. 

L'auteur  aurait  mieux  fait  de  partager  son  œuvre 
et  son  titre  en  deux  parties.  A  côté  l'une  de  l'autre, 
se  coudoyant  sans  se  pénétrer,  se  trouvent  en  effet  là 
deux  actions,  l'une  mauvaise  et  burlesque,  l'autre 
bonne  et  touchante. 

La  bonne  nous  montre  une  jeune  ouvrière  qui  a 
élevé  son  frère  puiné.  D'autre  part,  nous  voyons 
Gilles,  un  cœur  d'or,  qui  a  recueilli  et  élevé  le  fils 
naturel  de  sa  sœur.  Ces  deux  honnêtetés  s'attirent. 
Mais  Soussour,  pour  mettre  à  l'épreuve  l'amour  de 
Gilles,  lui  dit  qu'elle  aussi  possède  un  enfant  illégi- 
time. Malgré  cela,  Gilles  persiste  dans  son  amour  et 
Soussour,  dévoilant  son  stratagème,  lui  présente, 
comme  leur  désormais,  l'enfant  naturel  recueilli 
par  Gilles. 

Ajoutez  à  cet  épisode  les  amours  gaies  du  frère  de 
Soussour  et  d'une  jeune  voisine.  Entre  eux  ce  ne  sont 
que  saillies,  que  réparlies  spirituelles;  ce  genre  a 
déjà  réussi  à  Joseph  Demoulin  dans  Paul  Lambert. 

L'autre  action,  la  mauvaise,  consiste  en  les  amours 
burlesques  d'un  vieux  et  d'une  vieille,  Dadile 
et  Lorint. 

Elle  est  invraisemblable  et  vulgaire.  C'est  ainsi  que 


—  352  - 

le  premier  acte  linit  sur  une  scène  de  pugilat  entre 
ces  deux  débris.  Dadite  aplatit  d'un  coup  de  poing 
le  chapeau  de  Lorint,  et  casse  même  une  assiette  sur 
la  tète  du  vieillard.  Les  deux  personnages  trébuchent 
ensuite  et  s'étalent  de  leur  long. 

Ces  farces  grossières  inciteront  peut-être  au  rire, 
mais  il  ne  nous  peut  convenir  d'encourager  cette 
gailé  de  tréteaux. 

Un  défaut  encore  :  Dadite  possède  une  fdle,  Mélie, 
qui  lui  parle  sur  un  ton  revèche  par  trop  accentué. 
Nous  acceptons  que  souvent  les  enfants  wallons 
parlent  durement  à  leurs  parents,  mais  pas  à  ce 
point  : 

Ce  Vci  di  s'sour,  boubène,  avez-v'  oyou,  vèye  sotte, 
et  ce,  sans  nécessité. 

Parlons  des  qualités  de  l'œuvre,  à  présent  ;  l'action 
Soussour  nous  l'avons  dit,  est  très  convenable. 
Ajoutons  que  les  caractères  sont  assez  bien  soutenus, 
que  l'esprit  pétille  en  maints  endroits,  que  le  wallon 
et  la  versification  laissent  peu  à  désirer. 

C'est  pourquoi  nous  vous  demandons  pour  l'auteur 
une  médaille  de  bronze  avec  impression  de  la  pre- 
mière action. 

Le  n"  4,  Li  Pipe  cVà  Stochèt,  nous  présente  une 
petite  pièce  sans  prétention  aucune,  très  mouve- 
mentée et  assez  gaie. 

Trois  amoureux  grotesques,  Stochèt,  Mazouquèt 
et  Lînà,  viennent  compter  fleurette  à  la  fille  de 
Wèwèye,Bûre,une  gentille  blanchisseuse, qui  a  donné 
son  cœur  à  Paul,  jeune  et  vaillant  ouvrier.  Tout  ce 


—  353  - 

petit  monde  est  mis  en  mouvement  par  la  malen- 
contreuse et  monumentale  pipe  de  Stochèt,  que  ce 
vieux,  mais  vert  galant  laisse  par  mégarde  dans  la 
chambre  de  Bàre.  L'action  roule  tout  entière  sur  les 
pérégrinations  de  cette  pipe  qui  passe  d'un  pro- 
priétaire à  l'autre  avec  une  lacilité  déplorable. 

Ce  mode  d'action  est  celui  de  Hennequin.  L'œuvre 
est  gentiment  troussée,  le  vers  corsé  et  d'un  ^vallon 
sans  tare. 

Le  dialogue  pèche  parfois  par  une  certaine  lenteur, 
attribuable  en  grande  partie  à  la  ténuité  extrême  de 
l'action.  L'auteur  a  tiré  l'intrigue  en  longueur  pour 
arriver  à  la  faire  se  poursuivre  durant  tout  l'acte. 

Nous  vous  proposons  d'accorder  à  cette  pièce  une 
médaille  de  bronze  avec  impression  intégrale. 

Nous  arrivons.  Messieurs,  à  une  œuvre  très  cu- 
rieuse, intitulée  :  Les  boiiteu  foit  (Les  Portefaix),  n° 
11.  Disons  tout  d'abord  que  ce  titre  est  mal  choisi  ; 
car  il  n'est  pas  spécialement  question  de  portefaix 
dans  la  pièce. 

La  trame  se  noue  dans  le  bas  peuple,  auquel 
tous  les  personnages  appartiennent.  L'auteur  a  eu 
soin  d'ailleurs  de  nous  en  prévenir  en  sous-intitu- 
lant  son  œuvre  :  Tavlaî  naturalisme,  è  treus  ake,  et 
en  lui  donnant  pour  devise  :  È  fond  de  pettpe. 

C'est  la  plus  belle  collection  de  types  que  l'on 
puisse  imaginer.  Qu'on  en  juge  par  ce  résumé  de  la 
distribution,  qui  ne  comprend  pas  moins  de  18 
personnages,  sans  compter  les  utilités  et  rôles 
muets  : 

23 


—  354  — 

Jacques,  boîiteu  fou  ;  Bouyotte,  id.  ;  Noquette,  rôleû 
(Vrivage;  Chamon,  touwcu  iVabatache;  Delghif,  canâlî; 
Menzis,  maisse  di  cabaret;  Hendècligue,  hovâte;  Moètroux, 
ovrid' fabrique;  Kilèsse,  cocher  d' vigilante;  Lamanda,  mar- 
chande d'^oubli,  etc. 

Le  premier  acte  nous  transporte  sur  une  petite 
place  delà  paroisse  Saint-Pholien,  et  nous  fait  vivre 
un  certain  temps  de  la  vie  des  amateurs  de  pigeons. 
On  attend  les  voyageurs  ailés  mis  à  un  concours 
lointain.  Coureurs,  ficelles  partant  du  pigeonnier, 
panier,  local  de  la  Société,  etc.  etc..  rien  n'y  manque. 
Un  semblant  d'action  se  noue  au  milieu  du  va  et  vient 
que  provoque  ce  sport  cher  aux  wallons. 

Au  ^^  acte,  nous  voici  dans  un  café  où  différents 
personnages  se  disposent  à  tirer  l'oie.  Nous  écoutons 
l'argot  spécial  et  intéressant  de  cesMessieurs.  L'action 
se  poursuit  très  tenue. 

Le  3'  acte  nous  lance  en  pleine  fête  de  paroisse. 
Màt  d'cocagne,  lampion,  guirlandes,  drapeaux,  bal 
populaire,  crâmignon,  etc.,  etc. 

L'action  se  dénoue  par  deux  mariages,  dont  l'un 
surprend  un  peu. 

C'est  là  une  œuvre  vécue  ;  en  lisant  le  dernier 
acte,  OQ  a  les  sensations  de  ces  fêtes  de  paroisse 
bien  connues,  avec  leur  bruissement  spécial,  leurs 
odeurs  rances  de  fritures,  leur  épouvantable  et  caco- 
phonique orchestration,  la  fraîcheur  aigre  d'un  air 
de  crâmignon  perçant  le  brouhaha  de  la  foule,  et 
baignant  le  tout,  les  effluves  d'une  chaude  journée 


—  355  — 

d'été,  qui  met  de  la  sueur  au  front  de  cette  populace 
grouillante.  Tous  ces  souvenirs  m'ont  assailli,  et 
je  me  suis  mis  à  regretter  que  notre  scène  moderne 
ne  soit  pas  constituée  pour  reproduire  ces  tableaux 
populaires,  intéressants  au  possible. 

C'est  en  effet  le  défaut  capital  de  l'œuvre  que  nous 
examinons,  de  ne  pas  être  taillée  pour  le  théâtre. 

11  serait  difficile,  à  moins  d'une  organisation  spé- 
ciale, de  transporter  sur  nos  scènes  actuelles  une 
fête  de  paroisse  dans  son  ensemble.  Henri  Simon  a 
tenté,  dans  Cour  d'ognon,  de  représenter  une  simple 
rue  en  fête.  Et  combien  ne  nous  parait  pas  vide,  au 
point  de  vue  scénique,  le  second  acte  de  ce  petit 
chef-d'œuvre. 

Quoique  les  Bow^ew/ow  soient  écrits  en  bon  wallon, 
distribué  en  vers  assez  corrects,  ils  possèdent  néan- 
moins des  défauts  importants. 

L'œuvre,  comme  l'a  dit  l'un  de  nous,  est  constituée 
par  trois  fois  le  même  acte,  durant  lequel  on  ne 
fait  que  boire. 

Il  est,  en  outre,  des  monologues  d'une  quarantaine 
de  vers  et  des  dialogues  franchement  ennuyeux. 
Maintes  scènes  sont  d'une  monotonie  rare.  De  ci, 
de  là,  des  imperfections  de  style  comme  : 

Par  malheur  è  c'tavlai  desqué  ji  v'jâse  à  c'sle 
heure. 

Puis,  il  y  a  un  amoureux  qui  jure  quatre  amours 
à  son  aimée  dans  le  courant  de  l'œuvre,  et  toujours 
sur  le  même  ton,  en  longues  phrases  énervantes. 

Si  nous   avions  un  conseil  à  donner  à  l'auteur, 


—  35G  — 

nous  lui  dirions  de  reprendre  son  œuvre,  de  la 
remettre  au  moule  et  de  la  remanier  en  forme  de 
roman.  Peut-être  alors,  par  les  détails  originaux 
qu'elle  contient,  aurait-elle  quelque  chance  de 
réussir.  * 

Actuellement,  nous  ne  pouvons  que  vous  proposer 
de  lui  accorder  une  mention  honorable  avec  impres- 
sion de  quelques  extraits  curieux. 

Le  résultat,  Messieurs,  n'est  guère  si  brillant  que 
celui  de  l'an  dernier,  qui  comportait,  en  effet,  une 
médaille  d'or,  une  de  vermeil,  une  d'argent  et  une 
de  bronze. 

Celte  année  nous  accordons  : 

Mention  et  impression  au  n"  4.  Li  pipe  d'à  Stochet. 
»  »    (sauf  les  chants)  au  n'^  9.  A  molin. 

)>  »     de  moitié  au  n"  10.  Li  heure  d'à 

Soussour. 
»  »     d'extraits  au  n°  11.  Lesbouteu  fou. 

»  »  »    au  n°  7.  Plaisir  di  vîx. 

Ce  n'est  pas  pour  les  auteurs  une  raison  de  se 
décourager.  Ils  doivent  se  bien  pénétrer  de  l'idée 
que  l'on  ne  produit  pas  des  chefs-d'œuvres  à 
tous  coups.  Ils  doivent  surtout  se  défier  de  leur 
facilité  de  composition,  et  ne  nous  envoyer  que  des 
œuvres  mûrement  pensées,  irréprochables  et  de 
style  et  de  langage.  Nous  nous  ferons  alors 
un  véritable  plaisir  de  leur  accorder  les  premières 
distinctions. 


—  357  — 

Les  décisions  ci-dessus  ont  été  prises  à  l'unanimité. 

Le  Jury, 
J.  Delboeuf. 

I.    DORY. 

A.  Falloise  et 

Julien  Delaite,  rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  mars  1891,  a 
donné  acte  au  jury  de  ses  conclusions.  L'ouverture 
des  billets  cachetés,  accompagnant  les  pièces  cou- 
ronnées, a  fait  connaître  que  M.  Jean  Bury  est 
l'auteur  de  Li  pipe  da  Stochet  ;  M.  Félix  Poncelet, 
celui  de  A  molin;  M.  Godfroid  Halleux,  celui  de 
Li  heure  d'à  Soussour;  MM.  Auguste  et  Clément 
Déom,  ceux  de  Les  bouteii  fou;  et  M.  Théophile  Bovy, 
celui  de  Plaisir  di  vlx.  Les  autres  billets  cachetés 
ont  été  brûlés  séance  tenante. 


Ll  PIPE  DjV  8TOOHET 


COMÊDÈYE    EN    INE    AKE,     MAHEYE     DI    CHANT 


Jean  BURY. 


Devise  : 

Li  ci  qu  n'a  màyc  risqué. 
N'a  màye  situ  pindou. 


Pièce  courouDée  par  la  Société  Liégeoise  de  Lillcralure  wallonne. 


MÉDAILLE    DE   BRONZE. 


/t    m'  MON-ONKE    JOSSAINT    ^URY, 


PEHSONNÉGE : 

WÈWÈYE,  pcrc  d'à  Bâre 50  an  DD.  BURY. 

STOCHÈT,  voisin 40  „  L.  VONCKEN, 

MAZOUQUET,  ici. 40  „  F.  Delvoye. 

LINA,  id 30  „  J.  Delcheffe. 

PAUL,  mon-cœiir  dW  Bâre 25  „  J.  Cox. 

BARE,  ?-is^i?uîrès.se 20  „  M^e  SluSE. 


Li  scène  si  passe  Ju-d'là-Moûse,  à  Lige,  li  dimègne  i  ddcimbe  1888. 


LI    PIPE    D'A    STOCHET 


Li  scène  riprésinte  ine  chambe  prôp'minl  mcublêye.  Tûvc  à  dreule.  qut^quès 
chèytre,  ârmà  è  fond  à  l'hinche,  poite  è  fond,  eune  à  dreute  2e  plan,  deux  à 
l'hinche,  l"  el  i«  plan,  finiosse  è  fond  vès  1'  dreute. 

Scène  I. 
WÈWÈYE,  PAUL  et  BARE. 

(Wèwètje  lé  'ne  lèlte,  lot  dreut  A  l'hinche  ;  Paul,  à  dreute,  assiou  dri  r  tihe,  lé 
V journal,  di  mâle  houmeùr  ;  liâre  rhtind  so  V  tdvc  saqwantè.t  pcce.) 

WÈWÈYE  {après  a  vu  ïéhou). 

G'è  tôt  r  même  bin  ainsi 

Paul  {hinajil  V  journal  so  T  tdve). 

N'aveu-ju  nin  raison, 
De  n' miette  sindiquer  tôt  raie? 

WÈWKYE. 

Sia 

Bare  {aveu  houmeûr,  tôt  ristindant). 

G'è  bon  ! 
Paul. 
Nos  n'  hantans  pus  po  rire,  on  parole  di  mariège, 
On  fai  d'jà  dès  corwèye,  on  tûse  même  û  manège. 
Li  vihène  ènnè  foù.  Mais  vola  qu'on  m' sicrî, 
Qui,  dismèttant  qu^ouveurc,  Bûre  ni  s'  fai  nin  hairî 
Po  s' lèyî  rappoirter  ses  sèyaî  par  ine  autc  ! 

Bare. 
Vo!a-t-i  'ne  fameuse  friche  ! 


—  3G2  — 

Paul  {raCmint). 

Ce  q\ï  vos  estez  s*  crapaute  ! 
Bare. 

Areu-t-i  fallou  dire  qui  j'aiméve  mî  drèner, 

Et  refuser  l'côp  d'  main  qu'on  voléve  bin  m'  diner? 

Paul. 

Ji  lî  rindreu  s'  côp  d'  main,  s' j  el  kinohéve,  so  s'  geaive. 

WÈwÈYE  {ria7it). 

Vola  deux  bais  colon  prête  à  mette  è  l'même  chêve. 
Si  c'è  po  v'sarringî  comme  coula,  mes  èfant, 
Riployîz-v\ 

Bare. 

11  è  clér  qu'on  n'  freu  nin  ma  tôt  1'  fant. 
C'è  todis  r  môme  trîdaîne,  on  vique.... 

WÈWÈYE  (à  part). 

Gomme  li  jônèsse. 
Paul. 
Vos  avez  trop  bon  cour..., 

Bare  {so  V  môme  ton). 

Vos  avez  'ne  trop  bonne  tièsse. 

WÈWÈYE. 

Jans,  qu'on  s'  kidûse  on  pau,  coula  k'mince  à  m'gatî. 
Avou  vos  galguizoute,  fez  'ne  bonètte  à  Mathy. 

Paul  (à  Ddre). 

Haye 

Bare. 

Haye  avou,  n's  èstans  qwitle  ! 

Paul. 

J'ènnô  va,  fans  1'  paye... 


—  363  — 

Bare. 

Elle  è  tote  faite! 

Paul  (uo?an<  chhi'ler). 

Jan,  Bûre,  il  è  m' timps  qu'  j'ènnè  vâye, 
Lèyiz-m'  prinde  on  p'tit  bêche  po  r'mètte  lès  cache  è  fôr. 

Bare  {èl  riboutant). 
Awè  dai,  bon j ou  vos! 

Paul, 
Aih!  qwèreuse  di  dizôr! 
Ji  n'rouvèy'rè  jamâye  qui  vos  m'  lèyîz  co'ne  fèye 
Enne  aller  sins  buscute. 

WÈWÈYE  {qui  rinteure  à  V  hinchc). 
Lai  lî  si  houmeur  ! 
Paul  {volaiit  sorti). 

A  r'vèye 

Bare. 
G'è  bon,  i  n'  lin  qu'à  vos  d'ènne  aller  comme  coula. 

Paul  (/'iy'/ian<  et  V  rabrèssanl). 
0  r  mâlignante  èfant  !  ji  v'  rik'nohe  si  bin  là  ! 

Bare. 
Qwand  r'vinrez-v*? 

Paul. 
Oh  !  totrate,  divins  treus  bon  qwârt  d'heure. 
Bare. 
Ni  tûrgîz  nin. 

Paul. 

Nènni,  n'a  nou  risse  qui  ji  d'meure. 
Mains  vos,  ni  m' trompez  nin...?...?...? 

(Jeu  d'  scène). 


—  364  — 

Scène  II. 

BARE,/)ui6ST0CHET. 

Bare. 

El  tromper?  Oh  !  nênni  ! 
Mains  s'on  s'trouve  so  mes  vùye,  qu'è-c'  qui  j'è  pou,  donc  mi? 
J'a  bai  d'viscr,  préchî,  c'è-st-ottant  va  qu'ji  tosse. 
Lès  treus  mâ-tournés  chin  sont  jourmâye  à  mes  trosse. 
C'è  Stochet,  Mazouquet  et  Linâ,  nos  voisin. 
Oh  !  mains,  dès  laids  cabai  qui  n'ont  nin  leus  cinq  sins! 
Is  m'  fèt  rire  à  chaude  lame  ù.  pus  sovint  so  1'  poite. 
Et  s'  vou-t-on  qu' j'èls  èvôye  â  diale  qui  lès  èpoile. 
Mains  c'è  pus  foirt  qui  mi;  puis,  ça  n'  prind  nin  mi  honneur! 
Stochet  (ine  gravide  pipe  è  Vmain) 

Mamzèlle  Bâre 

Bare. 

Là!  qui  v's  a  d'né  1'  dreut  d'amonter  d'zeur? 
Stochet  {mettant  s' pipe  so  V  tâvepo  nahî  es'  poche). 
Ne-ce  nin  vos  qu'a  pièrdou ? 

{[  mosleiire  on  papl.) 

Bare  {raVmitit,  èl  prinda7it). 
Wisse  èsteu-ce? 
Stochet. 

So  r  montôye. 
Bare. 
Qu'y  v'nîz-v'  fer? 

Stochet  {bahouyant). 

Ji...  jiv'néve...  bin  c'è  vos  qui  m'  tèmtêye; 
Ji  waitîve  après  vos  vès  1'  soû  dispôye  longtimps. 
Mains  j'âreu  planté  là  disqu'à  d'  main  â  matin 
Oui  j'  n'àreu  nin  vèyou  l'âbion  d'  vosse  bai  vis^e. 


—  365  — 

Ou  n'  louqueurc  di  vos  ouye,  qui  d'hèt  co  cint  mèssège 

Qui  vos  lèpe  ni  d'hèt  nin.  Awè,  m'  nozé  poyon, 

Ji  v's  aîme  comme  Saint-Mùcrawe  aîme  d'avu  dès  lampion. 

Comme  li  poye  aîme  li  viér,  comme  li  coq  aîme  li  poye, 

Comme  l'aronge  aîme  ses  éle,  et  comme  l'âbe  aîme  ses  foye. 

BaRE  (riant). 

Li  pauve  pitit  Stochet!! 

Stochet. 

Riez,  vos  'nne  avez  1'  dreut. 
Ji  se  bin  qu'  ji  so  loigne,  qui  ji  n'  di  rin  d'adreut. 
Ossu  j'  se  qu'  vos  hantez,  qui  vos  'nne  aîmez-st-ine  aute... 
Trailîz-m'  si  vos  volez  di  boubièt  d'  drôle  d'apôte. 

Di di  tôt  çou  qui  v'  plai,  coula  n'y  cang'rè  rin... 

L'amour  fai  danser  l'àgne 

Bare  {sayani  dresse  sérieuse.) 

Oh  !  r  cour  ni  s'  kimande  nin. 
C'è-st-ossu  poqr.oi  qu'mi...  ji  n'pou...  Mains  j'ètind  m' pcre. 
Habèye!  savez -v'rat'mint. 

Stochet. 

D'hez-m'  on  mot  po  qu*  j'ôspére... 

Bare  {èl  hèrrant). 

Rissaiwez-v'  ! 

Stochet. 

On  doux  mot..? 

Bare  {cUtpant  V  poite). 

Dèr  lame!!  {ricChindant). 

S'i  vcu  mûye  qui  j'a  ri 
Ji  sèrè  racusêyc,  bizant  d'vant  de  péri  ! 

{Elle  pritid  .s'Jiér  ù  risiiude  et  rinteme  à  dreute.) 


—  366  — 

Scène  III. 
WÈWÈYE. 

WÈWÈYE  (qwèiranl). 

Bàre?  wisse  è  m'cûrai,  donc?  Wisse  è-st-èlle  ossu,  lèye? 
Ji  vorcu  bin  m'  raser,  min  j'ârè  mâlûhèye 
Si ns  coula 

{Vèyant  V  pipe  qui  Stocket  a  lèiji  so  V  tdve.) 

Qu'è-ce  qui  c'è!  di  wisse  vin  c'  vîx  hèrvai? 
J'a  st-oyou  d'hinde  lès  gré  tôt  rate  d'on  maisse  levai... 
Si  n'c  màye  qui  Linâ  !  Ji  mèttreu  m' tièsse  so  V  bloc. 
Estant  qu'on  lî  disfind,  1'  mazclte  !  vrèye  qu'elle  s'c  moque. 
Mains  si  Paul  saveu  raâye  qu'elle  vin  co  d' lî  d'viser, 
Ci  sèreu  co  'ne  trîmâre..!  à  quoi  pou-t-elle  tûser? 
Bin  ji  m'  va,  saint  Mathy  !  r'hîner  1'  pipe  à  c'  laid  pache, 
Et  s'i  sofTèle  on  mot,  ji  v'  lî  soflele  è  s'  bâche 
On  clapant  «  souviens-tu  !  » 

{I  sorte.) 

Scène  IV. 

BARE  puis  MAZOUQUET. 

Bare   {vina)it  tôt  douc^mint). 

{Elle  moye  si  deugt  et  Tpasseso  s'Jiér  qu'elle  mette  so  l'idve.) 

11  è-st-èvôye,  pinse-ju... 
J'a  tél'mint  ri  d'  bon  cour,  qui  ji  n'  mi  pou  ravu. 
C'è  po  m'  baité,  d'hèt-is,  qu'is  m'aîmèt,  lès  pauves  homme  ! 
Bonjou  vos!  C'è  qu'  savèt  qui  m'  pcre  à  'ne  pilite  pomme. 
Oh!  j'èlzè  k'nohe  si  bin.  Po  m'  baité?  dihez  donc? 
Mi  qu'  ravise  on  spawta  chàssî  so  deux  bordon  ! 

CHANT  I  (musique  di  l'auteur). 

On  di  lodis  qu'iiie  homme  di  slrain 
Va  'ne  feumnie  d'ârgiiit,  mains  lèyans  dire. 
Iloiiye  on  n'  kinohe  vormint  pus  rin 
Qui  l'ârgint,  c'è  çou  (lui  fai  rire? 


—  3G7  — 

Mains  c'  n'è  nin  mi  qui  po  quéques  cinl 
A  wâde  (lè  sposcr  'ne  grosse  bouhale. 
Paur  qu'on  di  qu'  n'a  nou  si  laid  saint 
Qui  n'  trouve  lodis  s'  polale  ! 

Mazouquet  (paourens'miiit). 

Mande  èscuse,  mamzolle  Bùrc... 

Bare  (à  part). 

Ah!  ha  !  v'  chai  co'  ne  aute  sôye. 

Mazouquet. 

Ji  voreu  bin  sèpi  si  Slochet  è  rèvoye  ? 

Bare. 

Stochet  n'a  nin  v'  nou  chai. 

MazolQUET  (è^bdre). 

Pa!  c'è  po  rire  surmint? 
Mi  qu'èl  rawâde  à  1'  ouhe  et  qu'pinse  à  tôt  moumint 
Qui  va  moussi  fou  d'chal!  I  fù-t-èsse  moqueu  d'  bièsse  ! 

Bare  {moqueun'mint). 

Ci  n'è  rin,  Mazouquet,  ni  v'fez  nin  dès  mû  d' liesse. 

Mazouquet. 

Oh!  comme  vos  estez  bonne,  mamzèlle  :  h  pus  d'tallc 
Si  rate  qu'il  è  d'ié  vos,  si  sin  tôt  rikfoirté  ; 
Lisquél  homme  aoureux  1'  ci  qu'  sèrè  vosse  bounhamme, 
Vos  csprindez  l'amour,... 

Bare  (à  part). 

Eco  'ne  (ôye  onquc  qui  blamme! 

Mazouquet. 

Qwand....  Qu'aveu-j'  co  tusé! 

(rt  part.) 

{IldUl.) 

Qwand  vos  bais  ouye  pionquèt, 
Divins  l'âme  d'ine  saquî  comme...  on  s'  faî  qu'  Mazouquet 


—  368  - 

Is  y  jèttèt  'ne  blawètte  qui  d'  pichottc  à  mijolte 
Divin-st-on  grand  fouwû  !.. 

{A  part.) 

Ji  sowe  ù  co  mèyc  golte  ! 
.  Bare  ()'iant  foirt). 

le!  damné  Mazouquet!  vo  frlz  bin  rire  on  moirt  ! 

Mazouquet. 
Vo  riez  d'  mi,  mamzèlle...  Ji  m'è  va.,.,  v'savez  toirt.,.. 

Bare  (naïv^mint). 
Kimint!  'nne  allez-v'? 

Mazouquet. 
Awè.... 
Bare  {riant). 

Qu'à  vos  po  lès  chèrôtte  ! 
Mazouquet. 
On  k'tape  râr'mint  'ne  saquoi,  qui  pus  tard  on  n'  rigrètte. 

Bare. 

Si  j'èsteu  'ne  catte,  i  s'  pou  bin  qu'  ji  v'  grèttreu  !  Ma  foi, 

I  a  di  cisse  sôre-là  qui  v'  convinreu  mutoi, 

Sayiz-v'! 

Mazouquet. 

Vos  èstez-st-on  p'tit  diale  à  n'  nin  comprinde, 
Mains  j'  sohaite  d'ôsse  damné,  si  c'è  vos  qui  m'  deu  prinde 
El'inter... 

Bare. 

Allez,  m'  fi,  Diu  v'  kidûse  comme  coula. 
C'è  vo  qui  d'  vinrè  1'  diale,  vos  poitrez  Tèssègne  là... 
Mariez-v'  ! 

Mazouquet. 

Vos  v'  moquez  d'mi....  mains  c'  n'è  rin,  mamzèlle  Bâre, 
On  joû  vos  rik'nohrcz  qui  m'  cour  va  mî  qu'  mes  hàre. 


—  369  — 

Bare. 
Ji  creu  qu  vos  v'  marihez  ;  jans,  j'  va  r'prinde  mi  sérieux. 

Mazouquet  {rtvou  jôyé). 

Kimint  !  pinsriz-v'  aute  choi  qu'çou  qu'  voste  air  ni  direu? 
M'aimm'riz-v'  on  tôt  p'tit  pau  qu'vos  n'  m'èl  voriz  nin  dire  ? 
0  bonheur  !  o  liesse  !  Po  qui  m'  jôye  seuye  étire, 
Diiiez  qu' j'a  tûsé  jusse,  qui  j'a  mèttou  m'  deugt  d'sus... 

Bare  {nant). 
Pauve  pitit  Mazouquet  !  C'è  1'  neur  bièsse  de  bon  Diu  ! 

Mazouquet. 
Adiè...  ji  m'ènnè  va  ..  vos  n'  mi  r'vièrez  jamâye... 

Bare. 
Ji  n'  vis  rouvèy'rè  nin. 

Mazouquet  {volant  sorti). 
Viquez  tôt  fér  è  paye... 

{Rad'hindant.) 

Mains  j'ô  monter  lès  gré  !  ! 

Bare  [èwarèye). 

Ji  wage  qui  c'è  m'  papa  ! 
Oh  !  si  v'  s'attrape  mâye  chai,  i  v'  frè  fer  dès  grands  pas  ! 

Mazouquet  ijoû  iVlu). 

Wisse  volez-v'  qui  ji  mousse  !    wisse  volez-v'  qui  ji  m'hére? 

BxïiE  {l'intrant  à  l'hindie,  2"  pL). 

Sâvez-v'  ou  fez  vosse  mîx. 

Mazouquet  {moussant  à  dreute). 

Oh!  pitié  d'on  pauve  hère  ! 


—  370  — 
Scène  V. 
WÈWÈYE. 

WÈWÈYE. 

J'a  volou  m'aller  fer  rasera  mon  Dèfèl, 

Nibèrg  !  i  n'aveu  st-on  flairant  monde,  et  on  fèl  ! 

Ji  voii  creure  qu'il  è  scri  qui  n*  fà  nin  qu' ji  m'  rase  houye. 

J'a  sur  avou  m'cûrai  vingt  fèye  divant  les  ouye 

Et  s"  ra'àrè-t-i  fait  boigne.  Ji  m'  va  co  n'  gotte  waili. 

(/  rintcure  à  l'hinche  i"  pi.) 

Scène  VI. 

LINA,  pai.s  BARE. 

LiNAD  {intrant  po  Vfond). 

Mamzèlle  Bâre...  wisse  è-st-clle  ?  Il  è-st-à  sohaiti. 
Qu'elle  ni  târgèye  nin  Pdiale. 

Bare  (oinaat  po  l'hinche  2°  pi.). 

La  !  li  squé  vint  v'  s'achèsse  ? 

LiNA  {il  a  Vpîpe  a'à  Stochet). 

Oh  !  on  bin  drôle  di  vint.  Vosse  père  m'a  po  1'  finièsse 
Ahèrré  c'caywai  là,  tôt  m'dihant  foirt  deur'mint  : 
«  Tin,  v'ia  l'  pîpe  !  »  et  'nn'alla,  min  ji  n'  se  nin,  vormint 
Li  tise  di  çou  qu'  vou  dire. 

Bare. 

Bin  v'ià  paur  ine  belle  jowe  ! 
G'è  sur  d'à  Mazouquet. 

Lina. 

Elle  ni  m'è  nin  k'nohovve. 


—  371  — 

Bare. 
Save  bin  wisse  qu'è  s'  mohonne  ? 

Lin  A. 


D'à  quî  ? 
Bars. 

D'à  Mazouquet. 

LiNA. 


Ine  ascohôye  di  chai  ! 


Bare. 

Vos  qu'è-st-on  brave  valet, 
Vos  m'rindriz  bin  binùhe,  si  v'ii  r'poirtiz  à  l'happe. 

LiNA  (binâhe). 

Awè  dai,  mamzèlle  Bâre!  qui  n'freu-je  nin  fo...  Ji  happe 
Mes  deux  jambe  à  pîd  s'palle  !  mains  c'n'è  qu'por  vos,  savez  ! 
Por  vos,  ji  freu,  pinse-ju,  tôt  çou  qu'  n'âreu-st-à  fer. 
J'ascohreu  st-on  fouù,  ji  pochtreu 

Bare  (U  côimnl  C parole). 

Gorez  vite. 

Lina   (spilant). 

Awè,  ji  vole,  ji  vole  !,...  mains  d'hez-m',  mi  chère  pitile... 

rii'iiaiit. 

Bare. 

Linâ,  corez  èvôye.... 

Lina  (i  dure  disqu'à  Vouhe). 

Ji  bise  !  ji  n'mi  sin  pus  ! 
Mains  c'c  po  vo  bais  ouye  ! 

{l  il  ivôijc  ou  volant  bdliège,) 

Bare  ((Î  i  uhlic). 

Ji  crcu  qu'  pièdc  li  cabu  ! 


—  372  — 
Scène  VII. 

BARE  et  MAZOUQUET. 

Bare  {vèymxt  Mazouquet  vini  d'dreute). 
lè  !  mon  DiUj  v's  èstiz-là  ? 

Mazouquet  {di  mâle  houmeur). 

Wisse  sèreu-je  d'aute? 
Bare  (à  imrt). 

A  Gheel  ! 

(Haut.) 

Allez,  vos  pollez  dire  qui  v'nos  avez  fait  n'bèlle. 
Li  pauve  pitit  Linâ  s'cour  les  jambe  foû  de  coirps 
Pc  v'rèpoirter  vosse  pîpe. 

Mazouquet. 

Jj  n'vis  comprind  nin  foirt. 
Qwand  ji  fome  on  cigare  j'a  déjà  1'  cour  malade, 
Ainsi  po  prinde  ine  pîpe.  .  nènni,  nènni,  j'  n'a  wâde. 

Bare. 

Sia  surmint,  èdon,  c'a  s' tu  vos  qu'  l'a  rouvî  ? 

Mazouquet. 

Pusqui  c'  n'è  nin  d'à  meune  ! 

Bare. 

Mains  m'  sonle  qui  vos  l'avîz  ? 

Mazouquet. 

Vola  surmint  n'  maweure  ! 

Bare  {ahranlêye). 

Mon  Diu,  d'à  qui  sèreu-ce  ? 


—  373  — 

Mazouquet  (èwaré). 

Et  v'  l'èvoyiz  d'ine  chaude  è  m'  mohonne,  mâlhureuse  ! 
Mi  sour  èlà  tote  seule  !  !  Ji  m'  v'a  Lraire  â  voleur, 
Si  ji  l'y  trouve  jamâye  !  (/  ddi-e  èvôye.) 

Scène    VIII. 

BARE,  puis  STOGHET. 

Bare. 

A-ju  donc  de  malheur  ! 
Si  c'èsteu  mâye  d'à  m'  père,  ou  d'à  Paul  !  0  ji  n'wèsse 
Mi  mûginer  tôt  çou  qu'  j'ènne  ûreu-st-aprèsTtiesse. 
Qwand  l'  diale  ni  les  magne  nin,  les  màheûlé  cabai  ' 
Is  m'  mèttèt,  je  F  pou  dire,  divins  tôt  saquoi  d'  bai. 
Vos  vèyez  l' tâv'iai  d'chal  ;  qui  m'  père  arrive  et  d'mande 
Si  j'  n'a  nin  vèyou  s'  pipe  !  ou  bin  qu'  Paul  m'èl  rid'mande  ! 

{Oyant  inouler.) 

Mon  Dièw  !  ji  tronle  è  m'  cotte  !  ji  creu  qu'  c'è  lu  qui  r'vin. 

{Elle  fai  V  cisse  qui  rislind.) 
ST0GHET((0f  (ÏSOflc). 

Escusez,  mamzèlle  Bâre,  quiji  racour.... 

Bk'RE.{rihappant  halène). 

Enfin  ! 
Stochet. 
N'a-ju  nin  rouvî  m'  pîpe  ? 

Bare  {ralCmint). 

Kimint  !  c'èsteut  d'à  vosse  ? 

Stochet  {raWmlnt). 
L'avez- ve  ? 

Bare. 
Oh!  r  laidjubet! 

Stochet  (('i/iortanf  s'  front). 

J'a  corou  d'on  raaisse  gosse  ! 


-  374  — 

Bare. 
Eh  !  bin  vos  courrez  co,  c'è  Marzouquet  qui  l'a. 

Stochet  {(ourmctté). 
E-st-i  possipe,  à  c'ste  heure  !  Et  poquoi  s'trouve-t-elle  là  ! 

Bare. 
Face  qui  j'aveu  pinsé  qu'  c'èstcu  du  sonk,  polince  !  ' 

Stochet  (faut  di;s  èclameur). 
Oh  !  j'ôl  rare  spïèye  ! 

Bare. 
Ji  dire  qu'i  v'ratinse 
Si  r'vin  d'vant  vos,  corez,  mutoi  qu'vos  l'rattrapprez. 

Stochet  {covant  èvôye). 
Jésus,  Mariù  !  m'pauve  pipe  !  on  cadeau  di  m'bai-fré  ! 

Scène  IX. 

BARE  puis  LINA. 

Bare. 
Vola  surmint,  vou-je  dire,  ine  kimèlêye  hâsplêye  ! 
On  pièdreu  vonnint  l'iièsse.  Ristindans  nosse  bouwêye, 
Ga  ji  veu  rcôp  qu'totrate  ji  n'ârè  nin  co  fait. 
Po  qwand  Paul  rivinrè,  on  rouvèye  lot  à-fait, 

[Elle  va  à  Vulve,  et  ristind.) 

LiNA   (à   Vcoirneiie  di  Vlionhe). 
Pou-je  bin  amoussî,  Mamzèlle  Bâre  ? 


Qwand  nf  laircz-v'  donc  pàhûle? 


Bare. 

Mains,  mordièno! 


—  375  — 

LiNA  {inti^ant). 

I  fa  qu'  ji  r'happe  halcne! 

Ca  j'a  tél'mint  corou  qui  j'  s'èfoque.... 
Bare  (à  par(). 

Pauve  pilil! 

Lin  A. 
Sintez  pa,  mi  cour  batte  comme  li  ci  d'on  mâvi... 
Bare  {ralCniint). 

Avez-v' rèpoiilé  T  pipe? 

Lin  A. 
G'è  sCrr,  à  n'  vîle  jùnno  fèyc. 
Oh!  elle  ravise  mîx  1*  diale  qu'on  peus  d'  souk,  oint  mèye  fèyc. 

.   Bare". 
Et  lu,  n  l'av'  nin  vèyou  ! 

LlNA. 

Quî,  lu? 
Bare. 

Ta,  Mazouquet  ! 

Lin  A. 
Nèni;  li  laid  hèrvai  louqu'rc  st-ù  bai  boquet. 


Bare. 

Li 

squé 

boquet? 

Li 

pipe. 

G'è 

Lin  A. 

Bare. 
d'à  Slûc 

LlNA. 

:het. 

Po 

rire? 

—  376  — 
Ainsi  j'a  fai  'no  convoyé  qui  n'vou  rin  de  monde  dire  ! 

(liimontaut.) 

Ji  va  l'aller  r'  coiri  ! 

Bare  (à  part). 
Sâvez-v'  et  n'  riv'  nez  pus. 
LiNA  (si  ravisant). 
Mains  dVant  de  prinde  mi  coûsse,  ji  voreu  bin  avu 
On  tôt  p'tit  mot  d'à  vosse....  rin  qu'on  tôt  p'tit...  on  sène 
Ineblawèlte  d'èspèrince...  ji  v'  s'aîme  tant  dai,  woisène!."!. 

Bare  [à  pdrl). 
Vola  sûr  on  rèspleu  qui  va  so  bin  des  airs  ! 

Lina(s?'  recrcstant). 
Louquiz.  ji  so  bel  homme,  ji  n'a  nin  l'air  boubèrt 
Gomme  li  laid  Mazouquet  ou  Stochet,  par  eximpe. 
Ji  so  dreu  comme  ine  I,  mi  cogne  n'è  nin  si  simpe'. 
J'a  fleur  di  deux  bons  bresse,  bons  ouye  et  bon  stoumak. 
Jamâye  nolu  n'  m'a  di  qui  j'  va  n'  chique  di  toûbak. 
Ji  pou  st-acèrtiner  qui  j'  frè  I'  bonheur  de  1'  feumme 
Qui  m'  hantrè....  qui  m'  prindrè 

Bare  (riant,  à  part). 

Vola  Pbouquet  apreume  ! 

LiNA. 

Ji  n'  so  ni  galavale,  ni  labaye,  ni  trop  laid... 
Dihez-m'  si  ji  v's  ahâye,  ou  bin  si  ji  v'  displai. 

Bare  [tinant  s'  sérieux). 
Moncheu  Linâ  Pèpèye,  ji  v'  trouve  on  foirt  bel  homme 
V's  avez  F  tiesse  d'ine  amour,  ine  geaive  rose  comme  ine  pomme; 
In  boque  qui  rèye  âx  ange,  deux  ouye  vigreux,  calin 
Ine  a.re  comme  ènne  apau,  d' l'esprit  comme  ènne  a  nin 
Ji  sereu  st-aoureuse  di  v'vèyi,  j'ùl  pou  dire, 
Si  v'  s'êstiz  là  qu' ji  pinse.... 


377 


LiNA  {qu'è  devins  lès  asse). 

Wisse  donc,  belle  ? 

Bare. 

A  r  volire  !  ! 
LiNA  (à  part). 
Ji  creu  qu'elle  mi  couyonne  ! 

Bare  (riant). 

Oh  !  r  pauve  pitit  Linâ  ! 
LiNA  (à  part). 

C'è  pasqui  j'  n'a  nin  fai  m'  commuchon  comme  i  fâ. 

J'y  r'cour  !  qwand  j  i  m'freu  même  i  ne  geaive  comme  ine  crissante. 

Et  n'  vièrans  qui  V  ci  qu'a  ri  1'  proumî  frè  rire  l'aute  ! 

Bare  [ayant  monter). 
Hoûte  !  vochal  ine  saquî  !  G'è  m'  galant,  j'èl  wag'reu  ! 

LiNA  [èwaré). 
Vosse  galant,  d'  hez-ve  ? 

Bare. 
Awè,  savez  v'  donc,  mâlhureux! 
LiNA  {tôt  bahlou). 
Ji  m'  va  cachî  ! 

Bare. 

Nonna ! 

LinA  (moussant  à  dreuté). 
Sia! 

Scène  X. 

BARE,  STOGHET,  puis  LINA. 


Stoghet  (tôt  fou  d'halène) 

D'hez  donc,  mamzèlle... 


—  378  — 

Bare  (qui  ristind;  md  continue). 
Oh!  ho!  ce  vos! 

Stociiet. 

Songiz  qui  c'  n'c  nin  'ne  bagadèlle, 
Savez,  mi  belle  neuve  pipe,  ji  v'  dire  qu'  m'èl  rifà. 

Bare. 
Vola  surmint  'ne  hayètte  ! 

Stociiet. 

Ji  traftêye  comme  on  ch'và  ! 
On  n'  veu  qu'  mi  et  lès  chin  qui  passèt  chai  è  1'  rowe. 

Bare. 

Qui  volez-v'  qui  jV  faisse?  qui  j'  sèche  li  diale  po  1'  cowe? 

Stoghet. 
Rindez-m'  mi  pîpe,  de  mons! 

Bare. 

Vos  n'ôl  ravez  nin  co? 
Stociiet. 
Mazouquet  n'ô  nin  là,  1'  mâ-crawé  mûrtico  ! 

Bare. 

Et  r  pipe? 

Stociiet. 

Qu'è  s6-ju,  donc! 

Bare. 

Mains,  c'è  lu  qu'  l'a-st-è  s' chambe. 
Ca  Linâ  l'a  poirté. 

Stochet. 

Linâ?j'  li  spèy'rè  'ne  jambe! 

LiXA  (qui  vint  de  rintrer  so  scène). 

Eye?  avou  lisquélle  main? 


-  379  — 

StOCHET  {raCmint). 

Ah!  ha!  wisse  l'av'  mèttou. 
Vos  m'ai  lez  rinde  mi  pîpe  ou  vos  serez  battou  ! 

LiNA. 

Eh!  bin,  vola  'ne  saquoi  qui  j'  pây'reu  gros  po  vèye. 

^TOCUET  (brèyant). 
Mi  pîpe  !  rindez-m'  mi  pîpe  ou  v*s  allez  piède  li  vèye  ! 

Bare  (à  pdrl). 
I  n'  mâquéve  pus  qu'  coula.  Hai  h\  !  fez  donc  tôt  doux. 

(haut.) 

Si  v'  brèyez  comme  dès  vai,  lès  wèsin  vont  v*  ni  foù. 

Stoghet. 
Wisse  avez-v'  mèttou  m'  pîpe  ? 

LiNA. 

Qwirc  lu,  vasse  ti  fer  pinde  ! 
Bare. 

Ni  fer  nin  tant  d'  cafu,  mon  Dièw,  on  va  v's  ètinde. 
Houle  !  vochal  ine  saquî  !  sàvez-v',  sâvez-v',  signeur  ! 

(Rimontant.) 

Vos  v's  aller  fer  dismour  ! 

StoCHET  {corant  à  dreute  cl  Liud  à  Vlimche^"  pi.). 
Ji  m' cache  ! 
Bare  {tournant  so  'ne  chèyire). 

A  la  bonheur  ! 

Scène  XI. 

BARK,  MAZOUQUET  {Linà  et  Stochet  cachï). 

Mazouquet  {mirant). 
G'è  mi  qu'  va  rire  à  m'tour  ! 


—  380  - 

Bare  (qui  n'oise  èl  louqui  et  tinanl  V  coine  di  s'  vantrin). 

Ji  n'  Oise  doviè  l' pâpire.... 
I  m'  sonle  qui  j'  veu  s'  visège  deur  et  freud  comme  ine  pîrre... 

Mazouquet  {à  2^drt). 

C'è  drôle  qu'elle  ni  m' louque  nin  ! 

Bare  {id.  todis  assiowe], 

II  apprèpihe  ine  gotte  ! 

Mazouquet  {haut). 
Mamzôlle  Bûre.... 

Bare  {èwarêyé). 

Kimint  donc  !...  qwand  v'n  estez  nin  so  flotte  ! 
C'è  vos  qu'è  là,  laid  pache  !  quelle  pawe  qui  v'  m'avez  fai  ! 

Stoghet  {arrivant). 
Ah  !  ha  !  qu'av'  fait  di  m'  pîpe  ? 

LiNA  {id.  di  l'aute  costé). 

Wisse  av'  mèttou  s'hèrvai  ? 
Bare  (à  part). 
Bon  !  Vos  r'  la  co  l' trikbal. 

(haut). 

A  ça,  Mècheu,  ji  v'  prèye 
Di  v'  s'aswâgi  'ne  miette  et  di  n'  pus  braire  parèye. 

Stoghet  (à  Bdre). 

Qwand  c'è  qu' ji  rare  m'  pîpe,  j'ènne  irè  pahûl'mint. 

LiNA  {id.). 

Nou  diale  ni  nos  frè  taire,  si  nos  n'  l'avans-st-è  1'  main. 

Stoghet  (à  Mazouquet). 

Vos  allez  m'èl  rimètte  ou  v'  dans'rezd'ine  belle  danse  ! 

LiNA  {id.). 

Haye  !  vos  allez  nos  F  rinde  ou  v'  polkrez  chai  sins  censé  ! 


—  381  — 

Stochet  {èl  rassèchèt  à  zèls  à  chaque  à  tour). 
Hope  !  aboutez-m'  mi  pîpe  ! 

Mazouquet. 

Ji  n'  l'a  nin,  nom  di  non  ! 
Stochet  {brèyant). 
T'ènne  a  boke  et  minton  ! 

LiNA  {hrêyant). 

T'ènne  a  narène  et  front  ! 

Scène  XII. 

LES  MÊME  ET  WÉWÈYE, 

WÈWÈYE. 

Que  sâm'rou  fai-t-on  chai  ? 

Bare  {tournant  so  n'  chèyit'e). 

Mon  Dièw  !  vos  m'ia  pièrdowe  ! 

WÈWÈYE  {fant  'ne  grosse  voix). 

Ji  wag'reu  po  'ne  bouquètte  qu'on  s'  rapoulèye  èl  rowe. 
Qu'è-ce  qui  coula  vous  dire  !...  Ê-ce  qu'on  m'rèspondrôbin? 

Stochet. 

Ce  qui...  moncheu  Wèwèye...  j'èl  va  dire  hayèt'mint. 
On  m'a  t'èscofré  m' pîpe  !  et  ji  n'  sûreu  dire  wisse 
Et  ji  n'  sâreu  dire  qui.  Vola  poquoi  lès  d'vise. 

WÈWÈYE. 

Pinsez-v'  qui  c'a  s'tu  chai? 

Stochet  (bonass'mint). 

Nènni,  mon  Dièw,  nènni. 
Mains  j'pinse  qui  c'a  s'tu  zèls  qui  m'ont  fait  'ne  blaque. 


—  382  — 

Mazouquet. 

Mi? 

LlNA. 

Mi? 

WÈWÈYE. 

Voss  pîpe  ?  à  c'ste  heure  on  pau,  n*avez-v'  nin  v'nou  lot  rate  ? 

Stochet  (gêné). 
Sia... 

WÈWÈYE. 

'Ile  èsteu  so  l' tâve,  ji  pinséve  vèye  ine  jatte  ! 
Stochet. 
Eye  !  mon  Diew  !  wisse  è-st-èlle  ? 

"WÈWÈYE. 

G'è  Linâ  qu'  l'a-st-avou. 
Stochet. 
Oh  !  ho  !  Linâd,  jans,  haye,  rindez-m'èl,  av'  oyou  ? 

LiNAD. 

G'é  Mazouquet  qui  l'a. 

Stochet. 

Mazouquet,  rindez  m'èl. 

Mazouquet. 

Mafrique,  ci  n'è  pus  mi,  ce  1'  galant  d'à  mamzèlle. 

Bare  [èivarêye). 
Qui  d'hcz-vMà! 

WÈWÈYE. 

Qu'èsse  qui  c'è  ? 

Stochet  {macasse). 

Vos  'nnô  la  surmint  onque  ! 

Mazouquet. 

Ji  m'  bouttcvc  ù  l'idèye  qui  c*  poreu-t-èsse  d'à  songue 
Et  ji  lî  rèpoirta,  comptant  bin  fer  'ne  belle  keure. 
I  m'  dèri  même  merci,  çou  qu'  m'èl  fa  co  mîx  creurc. 


—  383  — 

Stochet  {dilouhi). 

Eco  m'  pîpe  so  s'magot  !  ! 

LiNA  [d  Mazouquet). 

T'è-st-on  crâne  filoguèt  ! 

WÈwÈYE  {à  public). 

Vola  surmint  dès  mate  ! 

Stochet  (d  public). 

Mi  pauve  pitit  noquet  ! 

Bare  (à  part,  paoureuse). 

Qui  va  t  i  co  s'passer  ? 

WÈWÈYE  (passant  à  Rare). 

C'è  case  di  vos,  mazètte. 
Vos  polez  bin  à  c'ste  heure  tronler  d'vins  vos  liozètle. 

Bare. 

Papa,  j'ènnè  pou  rin,  c'è  qui  v'nèt  mâgré  mi. 
Dinez  1'  s'i  leu  manèye,  is  n'ois'ront  pus  riv'ni. 

WÈWÈYE  [ax  autes). 

A  d'  faite,  elle  a  raison.  Jiv'  disfind,  camèrûde, 
De  co  mette  on  pid  chai,  ètindez-v'  ? 

LiNA  {d'ine  air  vipahou). 

On  n'a  wùde  ? 

Mazouquet  {id.). 

Nènni  qu'  j'arrawo  ! 

Stochet  (Jc/.). 

Mi  pîpe  !  qu'on  m'èl  rinse  et  c'è  tôt. 

Bare. 

Allez,  i  n'a  nou  ma,  dinez-v'  li  dougt  turtos, 
Et  coifTez  saint  Jôsèf  ! 


-    384  — 

LiNA  (é  fond). 
On  fai  crîner  1'  montôye... 

WÈWÈYE. 

C'è  lu  !  moussiz  tos  là,  ca  vos  gâtriz  l' potêye. 

{A  Bdre.) 

Dihez  çou  qu'  vos  volez,  tôt  a  fait  sèrô  bon. 

(//  inieure  à  ihiuche  2ep/.  et  les  autes  â  l"pi.) 

Scène  XIII. 

BARE,  PAUL  et  les  autes  cachî. 

Bare. 
Vos  èstez-st-apreume  là?  vos  m'avez  fait  l'timps  long... 

Paul  (d'îne  voix  âbaumêye  et  pèsayite). 
Et  vos,  v'  l'avez  fait  bai  ! 

Bare  (èwarêye). 
La  !  li  squé  freud  visège  ! 
Paul  {sVcreuh'lant  lès  bi'èsse). 

Et  vos  avez  co  l'front  d'taper  des  s'faits  messège  ? 
Vos  avez  cisse  hardiesse,  ciste  air  di  pûhûlté 
Adeuxdeugtdi  m'narène!  È-ce  on  diale  qui  v's  estez! 

Bare  (piquèye). 
Jâsez  'ne  gotte  pus  clér'mint,  ca  ji  n'  vis  comprind  waire. 

Paul  (avanciha^it). 

Vos  oisez  dire  coula? 

Bare. 

D'hez  paur  qui  ji  d'vreu  m'taire 
Et  houmer  çou  quVos  d'hcz  comme  de  bon  crû  bouyon, 
Sins  môme  oiseur  pâpî! 

Paul  {d'ine  air  di  mépris). 

Bin,  vos  avez  de  front! 


-  385   - 

Bare. 

J'ènne  âreu  mutoi  mons  si  ji  poirtéve  pèrrique  ! 

Paul  {moslrant  l' pipe  qui  cachîve  â  (Toins  di  s'  paltot 
et  brèyant). 

Di  wisse  vin-t-elle,  cisse  pîpe? 

Bare  (pâhurniint). 

J'ènnè  se  rin,  mafriquc. 

Paul. 

Vos  n'  savez  d'  wisse  qu'elle  vin? 

Bare. 

Nin  l'mon  de  monde. 

Paul. 

Ainsi 
Vos  n'  savez  nin  d'à  qui  qu'elle  è?...  bin  Diu  merci! 
Ji  n'  se  qui  m'  ritind  co  qui  j'  n'èl  sipèye  conte  terre! 
Stochet,  qiiawaite  à  V  crèveure  di  V  ouJie. 
Oh!  mon  Dièw!  mi  pauve  pipe! 

Paul. 

Si  j'  houtéve  mi  colère! 
Bare. 

Maistrihez-l',  c'è  1'  mèyeu,  ca  vos  n'estez  nin  sûr 
Si  v'  friz  'ne  belle  keure  ou  nin. 

Paul. 

J'èl  battreu  comme  on  cûr 
Si  ji  t'  néve  jamàye  chai  li  ci  qu'  m'a  tait  'ne  parùye  ! 

Stochet  {id.). 
I  n'  nos  va  nin  trop  reud! 

Bare. 

Vos  frîz  mutoi  'ne  sottrèye. 

25 


—  386  - 

Paul  (deur^miiit). 
C'è  bon,  c'è  bon,  mamzèlle,  on  k'nohe  vosse  numéro  ! 
Bare  (plorant). 

Ah  !   mon  Dièw,  comme  c'è  deur  !  touez-m'  paur  tôt  d'on  côp. 
Si  vos  m'tî'ailîs-st-ainsi.... 

Paul  (èwaré,  cangeant  dHon). 

Jans,  c'è  tôt,  ji  m'rimètte... 
È-ce  qu'on  pleure  po  'ne  chtchêye  !  ji  nVou  nin  qu'on  s'tourmètte. 
Haye,  rihorbez  vos  ouye....  C'è  tôt,  ji  m'ènnô  vou  ! 
Et  c'è  c'  mâdit  matTiér  qu'ènne  è  co  l'câse  avou  ! 

(/  melle  li  pipe  so  rtâve.) 

CHANT  2  {musique  de  fauteur). 

Lès  lame  fèt  'ne  trisse  rosêye 
Qwand  on  è  si  nozêye.... 
Ji  vorea  d'zos  vos  pîd 
Semer  des  fleur,  des  rose, 
Ji  voreu  qu'tol  fouhe  rose, 
Qui  toi  fouhe  sins  bourbî. 
Ji  n'sintreu  pus  sins  v'vèye 
Tôt  les  bali'minl  di  m'cour. 
Vosse  douce  louqueur  c'è  l'vèye, 
Vosse  ria  c'è  l'amour. 
C'è  l'vèye,  c'è  l'vèye, 
C'è  l'amour. 

Bare  {rapdftéye). 

Vos  m'avez  fait  de  1'  pône  tôt  dotant  di  m'  parole... 

Paul. 

Ji  v's  ènnè  d'mande  pardon  ;  mains  c'è  qu' ji  louquîve  drôle, 

Qui  vos  n' savahiz  nin  kimint...  jans,  c'è  rouvî. 

Ji  m'  va  spiyî  c'hèrvai,  qu'è  sûr  d'à  quéque  laid  vîx. 

Qui  rèye  crân'mint  d'nos  autes. 

{I  prind  l'pîpe.) 


—  387  — 

Stochet  {arrouflant,  sûvou  di  Linâ  et  Mazouquet). 

Oh  !  bin,  qui  V  diale  mi  strône  ! 
Po-z-adièrcî  'ne  sifaite,  vos  v'  rindrez  co  de  1'  pêne. 
Sipiyî  m'  pîpe  !  oh  !  ho  !  j'èl  voreu  bin  vèyî. 

{âx  au!e,) 

Ji  v'prind  tos  à  tèmon,  Ossu  s'èl  vou  s'piyî 
Vos  m'  donrez-st-on  côp  d'  main. 

Paul  {tôt  macasse). 

Qu'è-ce  qui  c'è  qu'cisse  roufîàde  ? 

Bare. 
Paul...? 

Paul  {èl  riboutant). 

Rissèchiz-v',  s'i  v'  plai. 

"VVÈWÈYE  {vinant  de  Vhinche  2«  pi.  lot  ria7it). 

Vola  'ne  fèll«  couyonâde  ! 
I  s'  fai  chai  on  micmac  à  rire,  à  s'  crèvinter. 

Paul. 

Awè,  moncheu  Wèwèye,  et  ji  so  bin  hâsté 

D'apprinde  que  rôle  qui  j' jowe  divins  tote  cisse  dondaîne. 

WÈWEYE. 

Ji  v'  va  conter  coula  sins  waire  fer  de  l' trîdaîne. 
Stochet  cour,  piède  si  pîpe  ;  Linâ  Tramasse,  adonc 
El  poîte  à  Mazouquet,  V  comptant  d'à  sonquo  ;  èdonc  ? 

LiNA. 

Awè. 

WÈWÈYE. 

Mazouquet  v'  s'èl  rèpoite  et.... 

Paul  (passant  Vpipe  à  Wèwèye). 

Que  calmoussège  ! 
WÈWÈYE  (passant  Vpipe  à  Stochet). 
Et  vos  v'  dihâmon'riz  po  des  s'faits  boignes  mèssègc  ? 


—  388  - 
MaZOUQUET  (à   part). 

Nos  èslans  co  pus  boigne  ! 

Paul. 
Bare  ?  è-ce  qui  v'  rouviz  tôt  ? 

Bare. 
Awè,  ji  so  d'accoird,  mains  v'  s'èstez-sl-on  grand  sot. 

Paul. 

Que  pou-ju  ;  j'èsteu  p'tit,  qwand  c'è  qui  j'èsteu  jône; 
A  c'ste  heure  ji  so  crèhou  ! 

Stoghet  (jdsaiit  dis''i)ipe). 

J'èl  ra,  mains  nin  sins  pône. 
"WÈWÈYE  (d  jniblic). 

J'a  s*  tu  peter  m'  prangîre  tôt  tûsant-st-à  m'  raser 
Et  j'y  lûse  co  todis  ! 

Mazouquet  {volant  'nne  aller). 
Et  mi  j'ènne  a-st-assez. 
Dièwùde,  dièwâde  tôt  1'  monde. 

WÈWÈYE  (èl  rihouquant). 

A  c'ste  heure  !  nos  beurans  1'  gotte, 
Nos  l'avans  bin  wâgnî  ! 

Bare  (à  Paul). 

Aih  !  grand  sot  ! 
Paul  (à  Bare). 

Aih  !  grande  sotte  ! 
Bare  (à  public), 

CHANT  3  [Musique  di  Vauteur). 

Po  distriyî  tôt  1'  monde 
L'auteur  fai  çou  qu'i  pou. 
On  n'  s'âreu  nin  s' fer  r'fonde, 
N'a  nin  dM'èspril  qui  vou. 


—  389  — 

Dinez-nos  vosie  idèye, 
Bon  public,  qui  hoûlez; 
Vis  a-t-èlle  bin  goslé 
Nosse  pitite  comcdèye? 
Li  belle  pîpe  d'à  Slochèt  (Bis) 
Fa  'ne  laide  jowe  è  1'  mohonnc. 
Vo-l'-la  tôt  comme  elle  è  {Bis) 
Vis  sonle-l-i  qu'elle  è  bonne, 
Li  belle  pîpe  d'à  Slochèt? 

ESSONLE. 

Vo-l'-la  tôt  comme  elle  è  {Bis) 
Vis  sonle-t-i  qu'elle  è  bonne 
Li  belle  pîpe  d'à  Slochèt? 


FIN 


^    MOLIN 

COMÈDÊYE  EN  INE  AKE 
PAR 

Félix    PONGELET. 

Devise:  lue  belle  heure  vin-sl-à  pont. 


MEDAILLE   DE   BRONZE. 


PERSONNÉGE. 

MATHI,  mouni 60  AN 

JOSEPH,  groumèt 25  » 

LAMBERT,  hèrdî 20  » 

BAEE,  fèye  d'à  Matliî 20  » 

CHANCHÈSSE.  cancîe  (?'à  MrtfM 70  » 


N.  B,   L'auteur  a  tenu  compte  des  observations   du  jury,  et  a  remanié  son 
œuvre  en  conséquence. 


A    MOLIN 


COMEDEYE  EN  INE  AKE. 


Inc  pièce  dé  molin  sièrvant  d'  magasin  à  V  farène.  A  fond,  ine  poite  dinant  so 
r  cour,  cisse  poite  è  copèye  so  1'  niilant  di  s'  hauteur  comme  èl  sont  todi  lès 
poite  di  s'ià.  A  dreule,  ine  poite  dinant  è  molin.  A  1'  hlinche  main  ine  auto  poite 
dinant  è  1'  chambe  d'à  Joseph.  E  fond  quéque  sèche  di  farène  drcssi  ;  à  gauche  on 
hopaî  d'  sèche  vud  lot  k'  jeté  ;  avà  1'  pièce,  d'on  costé  ou  d' l'aute,  ine  houche,  inc 
balance,  on  tav'laî  neur  avou  dès  marquège  à  1'  crôye,  etc.,  etc. 

Scène  I. 

LAMBÈKT, JOSEPH. 

{Qwand  Vteule  si  live,  Lambert  è-st-assiou  so  lès  sèche 
qui  sont  drèssi  è  fond.  I  magne  ine  grosse  pomme.) 

iosÈpn  (intrant) . 

Vos  estez  là,  Lambert? 

Lambert  {(ol  magnant). 

Aye. 

Joseph. 

On  qwîrc  après  vos. 
Lambert. 

Joseph 


Qui? 

Li  maisse. 


Lambert 
Oho!  Bin  qu'i  qwirc,  va  nom  di  Dio! 
Qu'i  s'  vàye  fer  assoti. 

Joseph 
Vos  attrap'rez  'ne  manôye. 
Lambert 
Ji  se  bin  poquoi  qu'c'è.  C'è  po  piyî  1'  chôrnôyc  ; 
Bin  qui  1'  siôrvante  cl  fasse,  mi,  ji  so  trop  nâhi. 


—  304  — 

Mathî  (4  d'  foû) 

Joseph! 

Joseph  {so  V  poi(e) 

Plai-st-i? 

Mathî  (todi  â  d'  foû) 
N'è-st-i  nin  là,  Lambert? 

{Lambert  fai  sègne  à  Joseph  qu'i  dèye  nènni) 
Joseph 

Nènni. 
Lambert 
{Pochant  d' jôtje  et  d' moquant  de  ci  qu'è-st-à  d'foû.) 

Vivâ! 

Joseph  (/  rèije) 

Houte  on  p'tit  pau.  Fà  qu'ji  vâye  è  viyège. 
Dimeur'rez-v'  cial? 

Lambert 

Oh!  âye. 

Joseph  {disfant  sipartol  èl  s'  calotte). 

Ji  deu  fer  on  mèssège 
Et  ji  r'vinrè  lot  dreut. 

Lambert 
Oho! 

Joseph 

Si  l'hilètte  va, 
Vo  n'ârez  qu'à  r'chèrgi  1'  molin,  li  sèche  è  là, 

Lambert 
Tôt  près? 

Joseph  {rimoussanl  ine  aute  partotpindon  là). 
Tôt  près,  so  r  sîge,  raspoyî  so  1'  potince, 

Lambert 
Ce  bon. 


—  395  — 

JoaÊra  [wièttÊm: 

Pom'fer  dTaTance.  ::.  ri.:  lii  ..  :. 
Volez-T*  heûr  et  r'ployî  ces  &è 

(/  wtattemre  U  fcraœ  -' 

LxmaÈKT 

Aye,  fa  frè. 

Vos  polez  bin  'nne  aiiér.  Ma: r.  ■  "  :  -  "  "  :  ;':i:  "  ~:z' 
Fà  qui  j'âye  l'air  di  rèsse:  j:  rifir  ...  . 

Et  co  Tosse  camisole^  vc!:      i: 

Mettez  ;c-  qi.  vc;  v:;^:,  5f  .:;:„:_;  :._  :..:.::;..:. 
Qui  r  pirre  ni  touce  :.     •  .. .:;  ' 

Disqu'à  tôt -rate. 

Joseph:...  s.  .   :..     rr:     .::.  :.;.  .:.: 
Dihez  qui  j*  va  rivEi. 

là  au:e.) 

Scène  II. 
LAMBERT. 

Oh!  qui  ji  séré  gâye,  mouss!  ..c^oiii! 

Il  ont  bin  bon,  dai,  zèlie!  C.  _...  .: zjèstîî 


—  396  — 
CHANT. 

Air  :  au  clair  de  la  lune. 

Mi,  j'  so  hèrdî  d'  vache, 
C'èt-st-on  laid  passe-timps; 
Oii  live  dès  p'tits  gâche, 
C'ènnè  casi  rin, 
Ji  so,  diaie  mi  s' triche 
Ossi  pauve  qu'on  rat. 
Ji  n'  mi  frè  mâye  riche 
Aveu  c'  mèstî  là  ! 

{Tôt  finihant  s'  copié t,  i  va  si'aijcui   lot  près  de  hopai  d'  sèche,  di  manire  à 
tourner  /'  cou  de  costé  dé  V  poile  de  fond,  l  k'mincc  à  >•'  ploiji.) 

Scène  III. 

LAMBERT,  DARE. 

Bare  {inlrant  viv'mint  po  /'  fond,  sins  foin  bin  louqï). 
Joseph  ! 

Lambert  (sin.9  s'  rilourner,  mitant  V  voix  d'à  Joseph), 
Hèye  ! 

Bare. 

Mi  papa  va  tot-rate  ènne  aller, 
So  r  timps  qu'sèrè-st  ôvôye,  ji  vinrè  cial,  savez. 

Lambert  {d'inc  air  bièsse,  tôt  «'  ritournant  so  fiâre). 

S'iv'plaiV 

Bare  {foirt  èwarêye). 

Oh  !  Lambert  ! 

Lambert  {tôt  travayant  todï). 

Aye,  Lambert,  nosse  mam'zèlle. 
Ji  remplace  li  groumèt,  vola,  vùye,  que  novèlle. 
Si  v's  avez  'ne  commichon,  c'è-st-à  mi  qu'fù  jâser. 


—  307  — 

Bare. 
Wisse  è-st-i,  lu,  Joseph? 

Lambèkt. 

Oh!  çoula,  ji  n'èl  se. 

(rt  partj 

G'  n'è  nin  mi  qui  fâreu,  mains  'lie  g  bin  attrapêye! 

Bare, 
Poquoi  mèttez-v' ses  hâre,  donc,  vos? 

Lambert. 

Mi?...  pas...  ine  idèye, 
Ji  n'  l'a  nin  todi  fait  po  qu'  vos  m'  prindésse  por  lu, 
Mains,  vo  jasez  trop  vite. 

Bare  {viv'mint). 

Mi?  j'  n'a  rin  dit,  mon  Diu! 
Lambert  (comme  si  c'èsleu  vrêye). 
Oh!  ji  n'a  rin  compris. 

{l  fui  'ne  clifjtiètie  so  icosté) 

Bare  [coniainé). 
A  r  bonne? 
Lambert. 

Oh!  nônni,  ciète! 

(À  part) 

Lèyans  li  creure  cisse-là  1'. 

(On  étind  l'  sonnette  de  molin.) 

Aye!  Aye!  on  ô  1'  hilètte! 

(/  mousse  fou  po  V  dreute). 

Scène  IV. 

B.\RE,  MATHL 

Baue. 
J'a  màquc  'ne  belle  tôt  rate,  et,  s'i  n'a  rin  compris, 
Ci  n'c  co  qu'on  d'  mèyc  ma,  mains  fù-t-èsse  pau  sûti. 

(Elle  rèije.  Matin  inteurc  po  l'  l'ond  ;  il  u  iair  uiàras). 


—  398  — 

Mathi  (/f  fanl  dès  laids  ouye). 
Vos  estez  cial! 

Bare  igènêye). 
Awè. 

Mathî. 

D'où  vin? 

Bare. 

Pa,...  ji  v'néve  vèye... 

Mathî. 
Après  Joseph? 

Bare  {lodis  pusgènêyc). 

Nènni. 

Mathî. 

Vola  d'jà  treus  qwate  fèye. 
Qui  j'  m'aparçu  qu'  vos  v'nez  cial  on  pau  trop  vol'tî. 
Et  ci  n'è  nin  vosse  pièce.  Ovrez,  vos  frez  bin  raîx! 

Bare  {mâle). 
Dihez  pôr  qui  j'  so  nawe. 

MATiit  {pus  mâvas). 
Awè,  v'  Testez,  ma  frique  ! 
Bare. 
On  n'è  fai  mâye  assez. 

Mathî  {mostrant  /'  poile  de  fond). 

Jans,  jans,  jans,  pas  d'  réplique. 
Rotez. 

Bare  {(ot  n'allant). 

Ji  m'ènnè  va. 

MathI  {lot  seû). 

Elle  qwire  sûr  ine  saquoi, 
Vola  déjà  quôque  joû  quiji  waitèye  après. 

(Lambert  rinleure  po  l^dreute.) 


—  399  - 

Scène  V. 

MATHI,  LAMBERT. 

Lambert  {sins  vêtjc  H  vinisse). 
Çoula  rote  à  Tidèye  ! 

{AporçHvaut  Maiht.) 

le,  nom  di  Doura  !  li  maisse  ! 
Matiiî. 
Qui  fez-v'  cial,  vos,  hein  ? 

Lambert. 
Pa... 
MathI. 

Pa....  quoi  ? 
Lambert. 

Pa....  j'ouveure,  laisse. 
Matiiî  {mostrant  l' fond). 
Vosle  ovrège  ô  là. 

Lambert. 
"Wisse  ? 

MatiiI. 

Wissc  qui  ji  v's  aveu  dit. 

Lambert. 
Ji  Ta  rouvî, 

Mathî. 

Oho  ?  Ji  creu  qui  vos  v'  moquez  d'mi  ! 
Qwand  c'ô  qu*  ji  v'dirô  co  do  fer  cure  li  chôrnôye 
Et  qu'vosn'mi  houl'rcz  nin,  v' frez  vosse  dièraîne  journêye. 
Comprindez-v',  à  c'sle  heure? 

Lambert. 

Aye. 

Matiiî. 

Bdbinème  qui  v's  estez  ! 


—  400  — 

Lambert  {mâvas). 
Bâbinème  !...  Ji  n'  so  nin  si  bièsse  qui  vos  l' pinsez. 

Mathî. 
Nènni,  nènni,  ma  foi  !  On  l' veu  bin,  Diale  mi  s'  pèye  ! 
Qu'è-ce  qui  c'è,  ces  hâre  là  ? 

Lambert  {vèCmint.) 
C'è  d'à  meune. 

Mathî. 

N'è  nin  vrêye. 
Wisse  è  Joseph  ? 

Lambert. 

Joseph  ?  '1  è-st-èvôye  on  moumint. 

Mathî. 
Evôye  wisse  ? 

Lambert. 
E  viyège. 

Mathî. 

Poquoi  fer? 

Lambert. 

J'  n'è  se  rin. 
Mathî. 

Sia,  vos  1'  savez  bin,  mains,  n'  vis  plai  nin  d'èl  dire. 

Lambert  {si  radoucihanl). 
Bin  nônna. 

Mathî. 
Sia,  v'di-j'. 

Lambert. 

Pinscz-I'  à  vossc  manîre, 
Mains  ji  v'  jeure  èdonc,  Maisse,  qui  ji  n'  se  rin  d'pus  quVos. 
I  m'a  dit  :  j'  va  riv'ni,...  d'morez  cial,...  puis  c'è  tôt. 
J'a  mèltou  ses  mouss'mint  pusqui  j'èl  remplacévo, 
Et  j'a  r'ployî  lès  sèche  qui  sont  là,....  lès  vèyez-v'  ? 

{Louquant  toi  costé.) 


—  401  — 

Oho  !  Bâre  è-st-èvôye  ! 

Mathî. 
Ah  !  vos  l'avez  vèyou  ? 

Lambert. 
Aye. 

Mathî. 
Qui  qwèréve-t-èlle  ? 

Lambert  {malènn'mint.) 
Oh! 
Mathî. 

Joseph  mutoit  ? 

Lambert  (po  dire  qu'awè). 

I  s'  pou  ! 

Mathî  (à  part). 

Coula  m'gottéve  ô  cour.  Ah  !  c'ô-st-ainsi,  mam'zèlle  ! 

Lambert  (riatil). 
J'a-st-avu  si  bon,  daî  ! 

Mathî  (à  part). 
Bin  vola  'ne  crâne  novôlle! 

(à  Lambert). 

Vos  av6z-st-avu  bon? 

Lambert  (/  deu  rire  pus  foirl  tôt  V  timps). 

Tôt  rate  pa...  Ha!  Ha!  Ha! 
Qwand  j'y  tuse,  fâ  qui  j'  rèye. 

Mathî. 

Poquoi  donc? 
Lambert, 

Po  coula, 
.li  tournéve  justumint  li  drî  di  c'costécial, 
Qwand  vola  qu'elle  inteure  è  molin  reude-à-bal, 

26 


—  402  — 

Mains  comme  j'avcu  niellou  tolc  lès  hâre  d'à  groumèt, 
Elle  ni  m'anin  rik'nohou,  bin  sûr,  et...  Hè!  Hè!  Hè! 

Mathî, 
Di  quoi  donc! 

Lambert. 
V'Iàqu'èUedi...  Hi!Hi!  Hi! 
Matiiî. 

Qui  di-st-èlle? 
Lambert. 
Hè!  Hè!  Hè!  Ha!  Ha!  Ha! 

Matiiî  {mâvas). 

Jans  donc,  vârin,  d'hez-m'èl. 
Lambert. 

Ho!  Ho!  Ho!  Mi  papa  va  tot-rate  ènne  aller. 
Qwand  i  sèrè-st-èvôye,  ji  vinrô  cial,  savez. 

Matiiî  {foir  mâvas). 
Elle  a  di  çoulà? 

Lambert. 
Aye. 

Matiiî. 
Quatre-vingt  tonne  di  bîre! 

Puis  c'è  tôt? 

Lambert. 

Ho!  Ho!  Ho!  Aye. 

Mathî. 

Ci  n'è  nin  po  rire! 
Ji  lèsjârè  toi  rate,  pusqui  ça  va-st-ainsi. 

Lambert. 

I  n'  fâ  nin  raconter  qui  c'è  mi  qui  v'  l'a  di, 

Pace  qu'is  sèrît  mâvas,  j'attrap'rcu  co  V  houwêye. 


403 


Mathî  (à  part). 

Ah!  lès  bâcèlle,  mon  Diu!  quelle  fayèye  marchandèye! 
I  fa  bin  assoli! 

Lambert. 

J'èl  saveu  gn'a  longtimps, 
Mi,  nosse  maisse,  qu'is  hantît. 

MathI. 

Poquoi  n'èl  dihîz-v'  nin? 
Lambert. 
J' pinsève  qui  vos  1'  savîz. 

Mathî. 
Qui  j'èl  saveu  ?  V'ià  'ne  bonne  ! 
Lambert. 
Pa,  tôt  l'  monde  ènnè  jàse,  cial,  ùtou  de  1'  mohonne. 

Mathî. 
Ci  n'è  nin  vrêye,  sûr'minf? 

Lambert. 

V  navez  qu'à  1'  dimander, 
Vos  vièrez  qu'on  v'  dire  qu'on  1'  se  gn'a  bin  passé. 

Mathî. 
Wisse  hantèt-is? 

Lambert. 
Vo-cial. 

Mathî. 

Et  qwand  donc? 
Lambert. 

A  r  vèsprèye, 
Qwand  vos  estez  èvôye.  Is  n'  mûquèt  mùye  nolle  fèye, 

Mathî  (foir  mâvas). 
Nom  di  Hu  !  po  c'  cùp  là,  ji  n'  se  s' ji  m'  ratinrè 
De  l's  y  d'ner  'ne  bonne  pingnùye,  qwand  ji  lès  atlrap'rè. 


404 


Lambert. 

C'è-st-ine  saquoi  il'  foirt  laid,  savez,  nosse  niaisso,  di  s' batte. 

Matiiî. 

Que  halcolî,  tôt  l' même  !  et  lôye  donc,  quelle  savalte! 
Lu,  j'èl  A'a  mèlte  à  l'oubc.  —  Houlez,  vos  n'  direz  rin 
Di  çou  qu'  s'a  passé  cial. 

Lambert. 

Ji  n'  pou  mù,  mi,  sûr'mint! 
Mains  j'  va  d'mander  'ne  saquoi.  Si  Joseph  ènne  alléve, 
Ji  sèreu  bin  gioumèt,  mi,...  dihe/,...  mi  prindrez-v'? 

AIathi  {èiDic  allant  vas  r  fond). 
Nos  viérans, 

I  Lambert. 

Houtez  bin,  promèltez-m'  di  m'  sayî 
Divant  d'è^-agî  'ne  aute,  et  j'ouveur'rè  di  m'  mis.. 

Mathî  {tôt  moussant  foû). 
Awè,  ji  so  contint. 

Lambert  {coranl  so  V  poitc). 

Oh  !  nosse  maisse,  qu'elle  belle  keure  ! 
Ji  sèrè  si  ginti  ! 

(/  rairiditd  r  scène  toi  pochmil  d' jôtje.) 

Scène  VI 
LAMBERT. 

Lambert. 

Non  di  Doum,  que  bonheur! 
Bin,  bin,  v'ia  'ne  crâne  novèlle!  Joseph,  qui  dirè-t-i, 
Qwand  va  sèpi  l'afTaire?...  J'ènne  a  todi  d'  keûre,  mi, 
Et  ji  n'  veû  qu'ine  saquoi  :  G'è  qui,  si  vite  èvùye, 
Lambert  inteûre  vocial.  —  Qu'elle  aweur!  daî!  quelle  jôye. 

(/  poche  di  jôye  et  s' mette  à  danser  tôt  cluiutmit  tia  la  la.) 
{Joseph  et  Chanchèsse  cl  loitqitét  tôt  riant  d'estant  so  Vpoite  de  fond.) 


—  405  - 

Scène  VII. 

LAMntUT,  JOSEPH,  CIIANCIIÈSSE. 

Joseph  {inlraiU). 
V'ià  SLlrmint  on  joyeux  !  J'a  lès  pinse  qu'i  d'viii  sot. 

Chanchèsse  {riant). 
I  danséve,  dai,  mon  Diu  ! 

Lambèut  {ma vas). 
V  n'èl  sàrîz  pus  fer,  vos. 
Chanchèsse  {riani  lodi). 

Oh  !  nènni,  hèye,  valet.  Oh  !  nènni,  Boye  Minette  ! 

Les  vèyès  feumme  n'ont  pus  rin  por  z'ôlle  qui  V  clapètle. 

Hein,  Joseph  ? 

Joseph  {riant). 

Qwand  'lie  va  co  ! 

Chanchèsse. 

Oh  !  tant  qu  elle  va,  c'  n'c  rin, 
Mains  'ne  fèye  qu'on  n'  i'ctind  pus,  parait,  i  n'  va  nin  bin  ! 

Joseph. 
Oh  !  nènni. 

Ch\nchèsse. 

Et  m'  paquet  ?  E-st-i  prête  ? 
Joseph. 

I  deu  l'èsse. 
Lambert,  è-st-èlle  finèye  li  mounèye  d'à  Chanchèsse? 
Lambert  {di  mâle  houmeur). 

.l'ènnc  a  l'idèye  todi.  N'a  qu'à-z-aller  louquî. 
J'a  tôt  rate  lûté  1'  sèche. 

Chanchèsse. 
Oh  !  c'è  lu  qu"è  mounî  ! 


-   406  — 

Joseph  {allant  vês  r  drcute) 
Awô,  qwand  j'  so-st-èvôye. 

(/  mousse  foû  po  /'  drcute.) 

Scène  VIII. 
LAMBERT,  CHANCHÈSSE. 

Lambert  (à  inïrt). 

I  n'ôl  sèrè  pus  wère, 
Lu,  qu'i  rawâde. 

Chanchèsse. 

Qui  d'hez-v'  ? 

Lambert. 
Rin. 

Chanchèsse. 

le,  daij  quelle  affaire  ! 
Vos  estez  bin  ma  vas  ! 

Lambert. 

Nônna. 

Chanchèsse. 

Pa,  sia,  m'  vé  ! 
On  dîrcu-st-on  claw'tî  qui  n'a  pus  rin  à  fer. 

Scène  IX. 

LAMBERT,  CHANCHÈSSE,  JOSEPH. 

Joseph  {rinlrani  po  VdreuU,  tnàvas). 
Qu'asse  co  fait,  donc,  bâbau  ? 

Lambert. 
Di  quoi  donc  ? 


-  407  - 

Joseph. 

Quelle  bièstrèye  ! 
Pa,  ti  moud  de  laton  !  Ti  t'a  mari  d'  sèchèye. 
Vola  qu'i  m'  fà  r'bolî  tôt  à  fait,  mi,  boubiô  ! 

Lambert  {mâvas). 
J'a  pris  l'cisse  qu'i  t'a  dit. 

Joseph. 

J'en  ne  a  l'idèye,  ma  foi, 
T  e-st-on  fameux  solai  ;  ti  n'a  nin  pu  d'malice 
Parait,  grand  ènocint,  qu'ine  grosse  vilaine  bîbisse. 

Lambert. 
Comme  toi,  hein! 

Chanchèsse  {à  part.) 

Ji  nVou  nin  m'mèler  d'zôlle,  savez,  mi. 
Lambert. 

Toi,  ti  n'a  jamàye  bon  s'ti  n'mi  fai-st-assoti, 

Mains  ji  n'a  d'keure  di  toi.  Tin,  v'ià  t'mâssèye  calotte, 

Ya-z-â  diale,  nom  di  hu  !  ramasse  ti  vèye  capotle. 

{l  s'iHiiiousse  habèycmiut,  tappe  toi  à  V terre,  ramasse 
ses  hàre  et  cour  èvôije  po  l'fond.) 

Scène  X. 

CHANCHÈSSE,  JOSEPH. 

Chanchèsse. 
le,  Boye  Minette  !  Joseph,  qu'il  è  mâvas,  mon  Diu  ! 

JOSITII. 

I  n'  fà  nin  qu'on  l'accomple,  c'è-st-on  d'mèye  sot,  dai,  lu! 

Tôt  rate  i  r'vinrè  cial,  âtou  d'mi,  fer  l'robètte, 

Sins  fer  l'ci  di  s'  sov'ni  qui  n's  avans  avu  'ne  brètte. 

Chanchèsse. 
On  drolc  di  potiquùt  ! 


—  408  — 

Joseph. 

Pa,  c'è-st-in  ènnocint, 
On  nnc  rèssère  co  traze  qui  sont  bin  pus  malin  ! 

Chanchèsse. 
Que  màtourné  potince!  Il  è  d'arège  cagnèsse  ! 

Joseph. 

Farè  bin  qu'vos  riv'nôsse  on  pau  pus  tard,  Chanchèsse, 
Po  vosse  mounôye,  èdonc  ? 

Chanchèsse. 

Oho!  awè,  dai,  m'fi. 
Qwand  sèrô-t-èlle  finèye  donc,  dihez,  qui  v'sonle-t-i  ? 

Joseph. 
Divins  on  bon  qwârt  d'heure. 

Chanchèsse. 

Si  vite  ?  le,  Boye  Minette  ! 
Ji  tàg'rcu  bin.  —  Nônna,  ji  m'va  beure  ine  copctte. 
Ji  vin  tôt  à  c'moumint  d'môtte  li  café  so  l'feu. 

Joseph. 
Vos  polez  l'aller  beure. 

Chanchèsse. 
Puis  ji  r'vinrè  tôt  dreut. 

Joseph. 
Comme  vos  volez. 

Chanchèsse  {èiine  allant). 

C'è  ça. 

Joseph. 

Disqu'à  tôt  rate. 

Chanchèsse  (moMssrtn/  foupo  V  fond). 

A  r'vèye. 

Joseph  {ridldndant  V  scène) 

Pagnouf  di  Lambert,  dai,  i  n'  fai  qu'  totès  parcye  ! 


—  409  - 

Scène  XI. 

JOSEPH. 

Joseph  {rimoussantsès  hâre  di  groumèl). 

Wisse  ireu-t-i  bin  1'  maisse?  Ji  vin  d'èl  véye  d'à  Ion; 
I  montéve  li  roualle  qu'i  ji  riv'néve  so  1'  pont. 
Co  bin  qu'  n'a  nin  v'  nou  cial,  po  vèyî  l'astrapûde 
Di  c'  laid  halbôssâ  là.  J'âreu  st-avu  'ne  ombàde 
Divins  lès  condichon.  Surtout  qu'il  è  div'nou 
Foir  mâlàhèye,  à  c'  ste  heure.  Ji  pou  fer  çou  qu'  ji  vou, 
Ji  n'adièsse  co  jamàye.  Si  dot'reu-t-i  quéque  fèye 
Qui,  dispôye  on  p'tit  timps,  ji  fai  l'amour  à  s'  fèye? 

Scène  XII. 

JOSEPH,  BAUE. 

Bare  {accorant  po  /'  fond). 
Joseph! 

Joseph  {binàhe). 

Mi  chère  crapaute  ! 

Baue. 
Vo  m'  cial. 
Joseph. 

Mi  p'tit  poyon  ! 
Ji  v'  veu,  dai,  m'  binamôye. 

Bare. 

Qui  n's  allans  avu  bon! 
M' papa  vin  d'ènnc  aller. 

Joseph. 
Ennc  a-l-i  po  'no  hapcye? 


—   ilO  - 

Bare. 
I  m'a  di  qu'i  n'  sèreu  nin  riv'nou  d'vant  1*  vèsprêye. 

Joseph. 
Oh!  v'Ià  'ne  bonne  aflaire! 

Bare. 
Edonc! 

JOSÉI'H. 

Gn'a  si  longlimps 
Qui  ji  m'  rafèye  di  v'  dire  comme  i  fà,  qu'  ji  v's  aime  bin. 

Bare. 

Vos  n'  m'aîmez  nin  si  foirt  qui  vos  'nnè  fez  lès  qwance, 
Allez. 

Joseph. 

Taihiz-v'  donc,  Bâre.  Mains,  ji  n'a  noile  avance  ! 
Di  v's  ôl  dire.  J'èl  veu  bin,  pus  vis  èl  rôpète-ju 
Mens  1'  crèyez-v'. 

Bare. 

Mi?  Nônna,  qui  v's  estez  drôle,  mon  Diu! 
G'è  po  qu'  vos  T  rid'hésse  co  qui  j'  fai  1'  ci  di  n'  nin  l'  creure. 
J'asi  bon  di  v's  ètinde!  Coula  fai  tôt  m'  bonheur! 
Vis  plaindrez -v'  co? 

Joseph. 

Nènni,  vos  m'  rindez  awoureux. 
C'ôqu'ji  v's  aîme  tant! 

Bare. 
Awè,  Joseph,  ji  v'  creu. 
Mains,  ji  v'jcure  qui   mi  amour  è-st-ossi  grand  qui  F  vosse. 

Joseph. 
Oh!  Bâre. 

Bare. 

Et  ji  v's  aîm'rc  loto  mi  vèye,....  cosse  qui  cosse. 


—  411  — 

Joseph  {div'nant  pus  sérieux). 

Awè,  vos  m' fez  r'  tuser  qui  ji  n'  so  qu'on  groumè  ; 
Et  bin  sûr,  vosse  papa,  qwand  c'è  qu'il  apprindrô 
Qui  nos  hantans  nos  deux,  à  foice  va  nos  rdisfinde. 
Et  qui  m'  mèttrè-st-à  l'ouhe,  sins  voleur  rin  comprinde. 

Bare. 

Jin'è  se  rin,  Joseph,  c'è  d'  vèyî,  dai,  coula. 

Enfin,  n's  arîs  1'  patiyince,  et  divins  tos  les  cas, 

Ji  v's  aîme,  et  ji  v'  promette  qui  j'  n'ârè  mâye  nol  aute; 

Jurez-m'  qui  mâgré  tôt,  ji  d'meur'rè  vosse  crapaute. 

JosÈPU  (/t  d'nant  V  main). 
Ji  v's  cl  jeûre, 

{Joseph  et  Bàre  s'abrèssèl.) 

Scène  XIII. 

JOSEPH,  liARE,  MÂTIU. 

MÂTHÎ  {intranl  viv'minl  po  V  fond,  foirt  mâvas). 
C'è  donc  vrêye, 

Bare  (foirt  èwarêye). 
Oh?  mon  Diu!  dai,  m'  papa. 

Joseph  [si  séchant  sol  /'  drcutc,  cwaré). 
Ayc!  Aye! 

Mathî. 

Awè,  c'è  mi  !  Vos  n'  mi  pinsîz  nin  là! 
Ji  saveu  di  v'  picî,  awè,  n'aveu  nou  risse, 
A  rùtourner  tôt  dreut...  Vos  estez  deux  chinisse  ! 

(ù  Dâre.) 

Ainsi  donc  tos  lès  joû,  dispûyc  vola  longtimps, 
Qwand  c'è  qu' j'èsteu-st-èvôye,  vos  v'  niz  cial  è  molin! 


—  412  — 

Lambert  mi  l'aveu  dit,  mains,  ji  n'èl  poléve  creùre 
Si  ji  n'  l'aveu  vèyou.  —  E-st-i  possibe  h  c'stc  heure? 
Kimint  n' rogihez-v' nin? 

(('/  Joaèph.) 

Et  vos  donc,  calfurtî, 
Vos  n'estez  qu'on  vàrin  et  qu'on  vrèye  halcotî. 
Ji  n'  vis  paye  nin,  savez,  po  v'ni  disbûchi  m'  fèye. 
V's  allez  baguer  fou  d'  cial,  à  c'ste  heure,  â  pus  habèye. 

Bare. 
Pardon,  papa,  ji  l'aîme! 

Matfii. 
Et  bin  mi,  ji  n'  l'aîme  nin, 

JOSKPH. 

Houtez,  nosse  maisse,  houtez,  j'a  màqué,  j'èl  se  bin. 
Ji  rik'nohe  qui  c'  ne  nin  ainsi  qu'on  deu  s'y  prinde; 
Mains  vos  nos  pardon'rez. 

Matiiî 
Oh!  ji  n'  vou  rin  ètinde. 
J'a  dit  qui  vos  'nne  irîz,  vos  'nne  irez,  puis  c'è  tôt. 
Ji  n'  vou  nin  wàrder,  cial,  on  canàrî  comme  vos. 

Joseph. 
Portant,  nosse  maisse,... 

Mathî. 

Allons,  nin  tant  des  ârmanaque, 
Ramassez-m'  â  pus  vite  tote  vos  clique  et  vos  claque. 

Scène  XIV 

JOSEPH,  BARE,  MATHI,  LAMBERT. 

Lambert  {accorant  po  V  fond,  toi  bréyant). 
Habèye!  Habèye!  Habèye! 


—  413  - 

Mathî  {viv'mint). 
Hein!  Qu'è-ce, 
LAMBERT  {nllaul  i'  mette  inle  Mathî  et  Dure). 

Habèyc,  mounî, 
G  n'a  vosse  pitite  Bèrtine  qu'è  toumêye  ô  vèvî! 

Bare  (jetant  on  cri). 
Oh! 

{Elle  tomejlowe,  Lambert  cl  rattiitd  d'  vind  ses  brésse.) 
MATHÎ  (èstoumaké). 
le,  Saint- Houbèrt! 

(Joseph  cour  èvôije  po  V  fond  sitvou  d'  Matki.) 

Scène  XV. 

BARE, LAMBERT. 

Lambert  {èwaré  lot  l'iouquanl  Bâre). 

Eyc,  mon  Diu!  Qu'avez-v',  mam'zèlle? 

(Todi  pus  èwaré.) 

Elle  ni  rèspond  nin,  dai!  Saint  nom  di  IIu,  qu'a-t-elle? 
Bin,  Lin,  bin,  vo-m'là  gâye,  vo-m'  là  gâye,  èdonc  mi  ! 

Scène  XVI. 

BARE,  LAMBERT,  ClIANCHÈSSE. 

Chanchèsse  {accoraut  po  /'  fond). 
Qui  s'  passc-t-i  cial,  Signeur?  Qu'a-t-èlle  donc  Bâre,  mi  fi? 

Lambert  (lot  pièrdou). 
Elle  a  ....  ji  n'è  se  rin. 

(Cha)ichèsse  H  prind  Ddre  fou  dès  jnaiii.) 

Chanchèsse. 
Allez,  corez  bin  vite 
Qwèri  d' l'aiwe. 


-  414  — 

Lambert. 
Avou  quoi? 

Chanchèsse. 
C'è  tôt  r  même. 

(Lambert  cour  èvôye  po  l'  ilrctile.) 

Scène  XVII. 

BARE,  CHANCHÈSSE. 

Chanchèsse  {riloukant  Bârc). 

Pauve  pitite  ! 
Bare  {riv'nant  à  lêye). 
Wisseso-j'? 

Chanchèsse. 

Tôt  près  d'  mi,  m'fèye. 

Bare. 

Et  m'  sour? 

Chanchèsse. 

Quelle  sour? 

Bare  ilodi  foû  (V  lêye). 

Mon  Diu  ! 
Chanchèsse. 
Qu'a-t-elledonc? 

Bare. 

Oh!  Sainte-Vierge,  elle  ni  vique  mutoi  pus! 

Chanchèsse  {tôle  pièrdowe). 

Ji  n'  se  rin  dai,  mi  ôfant. 

Bare. 

Oh  !  Porveu  qu'èl  sâvèsse! 


-  415  — 

ClIANCHESSK. 

Qui  n'a-t-i  d'arrivé,  donc? 

Bare. 
Rèminez-m',  Chanchèsse. 

{Chatichèsse  El  suiin,  elle  èmiè  voriCpo  V  fond.  Lambert  rinteure  po  l'  dreule 
avon  'ne  liiélle  ou  l'aute.) 

Scène  XVIII. 

LAMBERT. 

Lambert  {brêyant). 
Hai  la!  n'  lâ-t-i  nin  d' l'aiwe? 

Chanchèsse  (<îrf' /o?}). 
Nènni. 
Lambert  {comme  po  s'  moquer). 

Louque  on  p'tit  pau, 
Tôt  rate,  à  moirt  à  hâre,  ènnè  falléve  so  1'  côp! 
Elle  s'a  bin  vite  ravu!... 

{Mèltanl  s'  hièlle  di  coslé.) 
{Riant.) 

Les  feumme  sont  tôt  1'  même  drôle  ! 
Po  r  pus  p'  tite  dès  chîchôye,  elle  flàwihèt  à  l'  vole. 

(Rititsant.) 

Tin  vor'mint,  mains,  j'y  r'tuse,  qwand  c'è  qu  j'a-st-accorou, 

Is  èslît  cial  leu  treus,  li  maisse  èsteu  st-avou  ! 

Po  r  pus  sûr  qu'il  àrè  tourné  so  leu  cabosse. 

Aye,  aye,  aye,  quelle  aweure:  Ji  va  ramasser  1'  posse; 

Ca  Joseph  ènne  irè.  Nom  di  doum!  Nom  di  nom! 

C'è  mi  qui  m'  plaire  bin!  Ce  mi  qu'  va-st-avu  bon! 

Scène  XIX. 

LÂMBKKT. JOSEPH. 

Lambkkt. 
Que  novclle?  Kt  li  p"tile? 


—  416  — 

Joseph  (rfi  mâle  houmeur). 

Elle  è  là. 

Lambert  {volant  'une  aller). 

Ji  m'  va  r  vèye. 

Joseph  {H  faut  dès  rends  oûye). 

Rawàrdez!  Poquoi  d'hez-v'  à  maisse  qui  j'  hante  si  fèye, 
Vos,  vîx  panârî  ? 

Lambert  {lol  pètté). 
Mi? 

Joseph. 

Awè  vos. 

Lambert. 

J'  n'a  rin  di. 

Joseph. 
Sia. 

Lambert  {si  mâv'lant). 

Nônna,  nônna. 

Joseph. 

Sia,  v'  di-j'. 

Lambert. 

T'a  minti. 

Joseph  (fapiçant  po  Vorèye). 

Ni  m'  dimintihez  pus  ou  v's  ârez  'ne  sitronlêye, 
Halcolî  qu'  vos  estez.  Fù  qu'  ji  v'  frotte  lès  orèye! 

Lambert. 
Waye,  ti  m'  fai  mû,  laid  boye! 

Joseph. 

Vos  'nne  avez  bin  trop  pau! 
Lambert. 
Vousse  mi  lâcher? 

Joseph. 

Tôt  rate,  ji  v'  maque  li  cou-z-â  haut. 


—  417  — 

Lamuèrt. 
Lai-m'  aller, 

Joseph  {i  H  donne  dès  volêye). 

Nônnadai,  vix  s'trouk. 
Lambert. 

Waye  !  Waye  !  laide  bièssc. 
Ti  m'  fai  ma. 

Joseph  {èl  kihoyant). 

Ci  n'è  rin,  fù  qu'  ji  v'  kiheûye  vosse  tièsse, 
Po  v'sapprinde  ine  aute  fèyc  à  n'  pus  hèrer  vosse  nez 
D'vins  çou  qui  n'  vis  r'garde  nin,  pagnouf  qui  vos  estez  ! 
Lambert  (choulant). 

J'él  dirè-st-â  maisse,  va. 

JosÈPU  {èl  lâchant). 
G'è  case  di  vos,  potince, 
Qu'on  m'  rèvôye. 

Lamp.èrt  {chaulant  todi). 

Dai  nônna. 

Joseph  {èlman'cianl). 

N'  vin  nin  fer  tes  dolince! 
J'a  co  r  patiînce  di  toi  pace  qui  t'è-st-on  gamin  , 
Ga  s' t'èsteu  mâye  ine  homme,  ti  pass'reu  po  mes  main. 
Gnàgnù  di  m'  vé. 

(Lambert  si  sèche  è  l'  coiue,  à  dicute.) 

Scène  XX. 
JOSEPH,  LAMBERT,  MATIII,  BARE. 

Mathî  {inlrani  po  V  fond  aveu  Bâre). 

Joseph,  kimint  v'  payî  de  T  keure 
Qui  vos  v'nez  de  fer,  m'  fi?  Grâce  à  vos,  li  malheur 
Nos  a  s'pftgnî  turtos. 

«7 


—  ils  — 

.lOSÈIMI. 

Oh!  Ji  n'  mi  risquévc  nin 
Et.  loi  savant  li  pitilo,  j"a  fuit  mi  d'voir  seurmint. 

Mathî. 

Vos  d'  mcur'rez  todis  cial,  et  v'  serez  de  l'mohonnG. 
Pusqui  vos  aîmez  Bàre,  di  bon  cour  ji  v's  cl  donne. 

Lajibéiit  {lot  pelé,  à  pari). 
le,  ci  ni  mèye  nom  di  Hu  ! 

Joseph  (//  criHuil  t'  main). 

Qui  v's  estez  bon,  mounî. 

[Allani  d'iez  Uàrc,  avoii  si>iCiimi)tt.) 

Merci,  Bùrc! 

Mathî  {de  même). 

Oh  !  Joseph  ! 

Lambert  {anoycus'mini). 

Vo-m'ri-ià  co  lièrdî! 

CHANT. 

Bake. 

Si  n's  avans-sl-avu  dès  lourmint, 
A  c'ste  heure,  i  l'a  qu'on  lès  rouvèye, 
Cisse  joiirnêye  cial  linihe  foirt  bin, 
iVfigré  qu'elle  èsteu  ma  k'mliicèye. 

E/iSonlc. 

A  molin, 

Joyeus'mint, 

Nos  allans  fer  l' fièsse 

Timpèsse  ! 

A  molin, 

Joyeus'mint, 

Nos  frans  1'  liesse  disqu'â  malin  ! 


LI  KEURE  D'A  SOUSSOUR 


COMEDEYE  E  DEUX  AKE. 


PAR    Godefroid    HALLEUX. 


Devise  :  Tôt  r  Inn. 


MEDAILLE     DE     BRONZE. 


PERSONNÉGE. 

J'HAN-JACQUES,  ovrî 23  an 

GILLES,  camarade  d\l  Jlian-Jâcques      \ 35  an 

^OJJ^^OTJ'R.  costire  et  sour  d'à  JThan- Jacques 30  an 

DADITE,  bowh-èsse,  voiscne 50  au 

MÉLIE,  si  fèye,  crapaude  d'à  Jhmi-Jâcques 18  an 


Li  rôle  (Ji  Dadite  deu-t-èsse  jouwé  par  inc  homme. 


N.  B.  L'auteur  a  remanié  sa  pièce  d'après  les  observations  du  jury. 


JLi  keùre  d'à  Soussour. 


Li  scène  riprc^sinte  ine  chambc  bin  prùpe,  on  y  vcu  quéquès  chèyire  et  'ne  tàve. 
So  r  dreut  costé  de  1'  scène,  on  veu  'ne  ouhe  qui  va-st-è  1'  chambc  d'à  Soussour;  à 
costd,  gn'à  'ne  siloufe  à  plate  bûse,  wisse  qu'on  y  vcu  'ne  coqu'màr.  So  1'  clinchc 
costé,  c'è-st-ine  finièsse;  è  fond,  c'è-st- ine  pareusse  avou  "ne  ouhe  à  mitant.  D'on 
costé,  on  veu  'ne  ârnià  et  ine  horloge  marquant  càsi  dihe  heure.  Di  Taute  costé,  i 
gn'a  ine  machine  à  keuse  et  quéques  nous  camache  pindou  ;  enfin  lès  bardah'rèye 
qui  fà  à  'ne  costire. 

PRUMIRE  AKE. 

Scène  I. 

Soussour  {ine  brave  bàcèlle,  bin  sérieuse). 

{Tôt  cosanc  à  /'  machine,  elle  chante  so  l'air  de  respleu  de  l'chaiison  :  Coquin 
d'  prinlemps). 

Vive  li  belle  chanson  qui  ramône, 

Di  limps  in  linips, 
Li  Jôye,  tôt  fanl  rouvî  lès  pône 

Ax  pauvres  gins  : 
Comme  c  bois  l'ouliai  qu'  grusinêye 

Ses  chant  d'amour, 
Nos  autes,  fans  d'gotler  nos  pinsêye, 

Drovians  nosse  cour. 
(Ax  qwate  dièrains  vers,  J'han-JAcques  intcurc  tôt  chantant  avou  Soussour.) 

Scène  II. 
SOUSSOUR,  JI1.\N-JACQUES. 

J'han-Jacques  {qui  tin  s' scravafe  c  s'  main). 

Jans,  vinez  Ter  m'  floquùt,  mi  p'iitc  Soussour  di  souke, 
Ca  mi,  j'  n'a  mùye  polou  fer  qu'on  k'toirchi  plat  nouke. 


—  i'il  — 

SoL>souii  {'Uslùchaiit  si  ovrciic  di  ,s'  machine). 

Quel  hûiunie,  qui  ii'  pua  co  molle  si  crawatte  comme  i  fà, 
Et  qu'è  bon  à  marier. 

.J'han-Jacuiies. 

Mi,  m'  marier,  ji  n'  pou  ma. 
Ji  t^o  trop  bin  d'  !é  vos. 

SoussouR  {disfâfilant  si  ovrège). 

Louquîz  donc,  comme  i  glèlte 
Po  b'  bouler  r  coide  è  co. 

.riIAN-.lACgliES. 

Gii'a  nou  risse,  pa,  d'  m'èl  mette. 

SOUSSOLU. 

Si  .Mèlie  vis  oyéve  ! 

.J'ilAN-jACgUES. 

Oli!  j' ii  di  bin  sovint. 
SoissouR  {loi  s'  rassiant  et  lot  z'apontanl  siovvége). 
Awè!!!  et  qui  di  st-èlle? 

J'han-Jacques. 

Elle  rôyc  de  gros  de  dint. 

(l  clianlc  .su  l'air  dé  l'clianaon  di  :  Violette  embaumi'e  ) 

J'dîmc  }ui  crapdudc. 

le    CoIIl'I.KT. 

Qwaiid  m'  biMle  crapaiulc  mi  di:  hofiîez,  J'iian-Jâcques, 

Qui  v's  è  sonloll,  ni  (i'vris-gn'  iiin  nos  marier  ? 

.11  Ii  rèspond:  lioiitez,  nos  V  frans-sl-à  Pâqnrs, 

A  l'Ascinsion  ou  bin  h  V  Trinité; 

rs's  èslans  si  jùne  po  nos  mette  è  manège, 

iSawàrdans'no  goile,  mon  Diu,  çoulà  n'  broùle  nin, 

lit  toi  m'  brognant,  b'èlle  vous  1er  d('s  mèssège, 

Ji  Ii  rèspond;  Bùlic  plume,  çoulà  m' dû  bin. 


—  4^23  — 


RÈSPLEU. 


Bis. 


Portant  j'aime  mi  crapaude, 
Magré  çou  qui  j' li  di, 
Ji  n'àrè  mâye  nollc  niitc, 
Ca  ji  l'aîm'rè  todis. 

;2e    COUPLICT, 

Mais  qwand  ji  veu  qu'elle  è  so  1'  cane  di  veuie, 
Ji  r'fai  toi  doux  po  r'mètte  lès  cache  è  foi", 
Et  ji  li  di:  c't''  vos  qii'jaînie  lote  li  seule, 
Jaiis,  p'til  hacha,  n's  irans-st  amoii  Lapùrt. 
Tôt  fant  d'  ses  air  èl  d'  ses  |)'iilès  manire, 
Elle  mi  tèspond  :  va-r-z-en,  va,  beau  gibifr; 
Mais  j'èl  bâhe  tant,  qu'elle  ni  luge  waire  do  rire, 
El  joyeus'minl  n'  corans-si-à-coûse  danser. 

Rèspi.eu. 

Awè,  j'HÎmc  mi  crapaute  (etc) 

3e  Couplet. 

Ji  m'  mar'èyrè  porlani,  mais  d'vins  'ne  hapcye  ; 
Po  m'  bouter  1'  coide  c  vu,  j'.i  co  bin  1'  timps, 
Ca  'lie  è  si  jûne,  dai,  m'  belle  pitite  crolèye, 
Qu'  fer  'ne  sifaite  koure,  pa,  j' sèreu-sl-on  câlin. 
Mais  s'j't'sleu  case  jamàye  d'ine  hasticole, 
Et  qui  fâreu  qui  j'èl  fahe  sins  lârgi, 
J'èl  freu-st-à  couse  et  sins  rawàrder  '110  golle. 
On  a  d' l'honneur,  ([uoiqu'on  n'seùye  qu'ine  ovri  : 

PiKSPI.EU: 

Awè,  j'aime  mi  crapaude,  etc. 
{Soussour  qwiltc  si  machine  à  keiise  loi  cosanl  à  'ne  ovrcge). 

Mi,  v'  qwitter,  ji  n'a  wàdc  ;  ca  n'  rn'av'  nia  chèrvou  d'  mère, 
Dihez,  dispùyo  doze  an,  qu'  nos  parint  sont-sl-è  terre? 
Toi  fant  qu'  corègeus'niint  nule  et  joù  vo.s  ovri/:, 
Ni  m'avcz-v'  nin  d'ner  l'àhe  d'apprinde  on  bon  mèsti? 


424 


SOUSSOUR. 

Lèyans  coula  po  bouffe. 

J'iun-Jacques. 

Nona,  ca  c'è-st-apreume 
A  c'ste  heure,  qui  j'sccomprindc  qui  v's  estez  inemâyefeumme, 
Qwandj'  tûse  àx  deurs  liiquèt  qui  v'  avez-st-èduré 
E  c'  timps-lù,  ji  m'  diinande  kimint  av'  polou  fer 
Po  mette  tos  vos  coron  à  pont. 

SoussouR. 

G'è  bin  âhèye, 
J'a-st-avou  de  corège,  j'a  fait  roter  l'awèye. 

J'han-Jacques. 

Ou  v'  l'avez  fait  cori,  Soussour. 

SOUSSOUR. 

Ji  n'  mi  r'pint  nin 
Di  çou  qu'  j'a  fait  por  vos,  ca  vos  v'  kidûhez  bin. 

J'han-Jacques. 
Brave  Soussour,  va,  qui  j' t'aîme;  louquîz,  fu  co  qu'ji  v'  bûhe. 

Soussour. 
Et  comme  nos  n'  divans  rin  à  nouque,  ji  so  binâhe  ; 
Ca  n's  èstans  pauve,  c'è  vrêye,  mais  pus  pauve,  pus  d'aweur; 
Ji  m'âreu  passé  d' tôt  o  c'  trôvin,  po  n'  rin  d'veur, 
Ca  r  contint'mint  d'iu-même,  vèyez-v',  fré,  passe  richesse. 

J'han-Jacques. 

Oh  !  j'èl  se  bin,  Soussour,  v's  èstez-st-ine  feumme  di  tièsse. 
Qu'a  case  di  mi  v'  n'avez  jamâye  volou  v'  marier, 
Mâgré  lès  occasion. 

Soussour. 
Qui  j'a  todis  r'bouté.  * 

J'han-Jacques. 
I  n'è  nin  co  trop  tard. 


—  425  — 

SOUSSOUR. 

Taihiz-v',  allez,  glawène, 
Ji  so  trop  vèye  à  c'ste  heure,  pa,  ji  coiffe  Sainte-Gath'rène. 

J'han-Jacques. 
Et  portant  j'c  k'nohe  onquo  qui,  j'  wage,  glèttc  après  vos, 
Màgré  qu'  n'ô  motihe  nin. 

SoussouR. 
Qui  donc? 
J'han-Jacques. 

Gilles. 
Soussoiu. 

Bin,  grand  sot, 
V'tViz  bràh'mint  mîx  di  v'  taire. 

J'han-Jacql'es. 

C'è  st-on  bon  camarade, 
Qui  n'  freu  nin  pùne  à  'ne  molie. 

SOUSSOUR. 

Nènni,  j'  pinse  qui  n'a  wâde. 
J'iiân-Jacques. 

Si  c'ùsteu  vos  idèye,  ji  v'  sohaitrcu-st-on  sTait, 

Ca  c'è  l'àgne  de  bon  Diu;  j'  se  qu'  n"è  nin  dès  pus  bai, 

Mais  ci  n'è  nin  1'  baité  qu'  lai  1'  bonheur. 

Soussouu. 

C'è  bin  vrôye. 
J'han-Jacques. 

Pauve  Gilles,  c'è-st-onquc  qui  k'hège  ine  pèneusc  viquùrcye, 
Tôt  poirtant  1'  creux  di  s'  sonr,  qui  s'a  lèyi  hèrrer 
Dès  pouce  è  l'orèye  d'onquc,  qu'après  l'a-st-aband'né, 
Qwand  il  euri  fait  1"  nià,  tût  1'  lèyant  d'vins  lès  pône. 

SOISSOUR. 

Pauve  bùcèlle,  elle  è  moite! 


—  42G  - 

J'han-Jacqles. 

Tut  lèyanl-st-on  p'iit  jône 
So  r  lérre,  et  tôt  d'manJant  à  s'  fré  cint  fèye  pardon 
Di  çou  qu'elle  aveu  fait.  Gilles,  lu,  qu'a  l'  cour  si  bon, 
Li  pardonna. 

SOUSSOUR. 

Pauve  Gilles,  c'è  çoulà  qu'i  n'  rèye  màye! 
J'nAN -Jacques. 

Awè.  Qwand  s'sour  fou  moite,  i  s'chèrgea  de  p'tit  mâye, 

Et  avou  c'ste  ôrphilin,  il  abaga  tôt  dreut 

Wissoqui  Cabrasse  dimeure,  vola  'ne  sihaîne  di  meus. 

SoussouR. 
Déjà  six  meus  ! 

Awè. 


.Viian-Jacques. 


SOUSSOL'R. 

le  dai,  comme  li  timps  passe  ! 
L'èfant  sèreu  co  mix  qu'adlé  Majène  Cabrasse, 
Ca  'lie  n'a  nin  1'  cour  d'ine  mère. 

J'han-Jacques. 

I  n'è  ni  bin,  ni  ma, 
Portant  j'  se  qui  1'  brave  Gilles  paye  por  lu.  comme  i  fâ. 

SoussouR. 
Mais  d'wisse  vinéve  t-i  donc? 

.J'han-Jacques. 

D'à  coron  de  1'  châssôye. 
Pauvc  Gilles,  i  vin  dès  cop,  mùgré  mi  qu'  fà  qui  j'  rèye, 
Surtout  qwand  'ne  feumme  èl  louque,  ca  '1  è  tôt  èmaîné, 
Et  s'cUc  l'arègne  jamâye,  i  n'  se  k'miut  li  d'viser. 

SOUSSOUK, 

Oh!  j'  m'cnne  a-st-appargù. 


—  427  — 

J'uan-Jacqles. 

S'oiséve  avu  l'adièssc, 
El  s'  '1  avou  riiassc  di  cour  di  v'  dire  on  mot,  mais  n'oise, 
Ca  c'è  qwand  '1  è  d'ié  vos,  qu'il  è-st-appreume  honteux  ; 
Sur,  qu  i  n'a  mâye  hanté. 

SOUSSOUR. 

Qui  sèpez-v'? 

J'han-Jacql'es. 

J'èl  wag'reu. 

SoussouR. 

Eco  n'  se  t-on,  J'han-Jôcqucs,  Gilles  è  tôt  comme  ine  autc. 
Qui  sav'  s'i  n'  l'a  nin  fait. 

J'iian-Jacques. 

Lu,  r'  louquîz  les  crapaute! 

Scène  III. 

LES  MÊMES,  MÊME. 

Même  {on  pUil  hacha,  tnteure  rend  à  balle  avou  on  paqitél  d'  bouiréin'  ris- 
lindtnvc,  elle  chaule  so  rttir  de  /('■•<///(■«  de  la  :  PaiiH ère  dés  Ualignolles). 

El  zic  (Ion  daine,  él  zic  don  don, 
Ji  SOS  Mélie  li  bow'rèsse, 
El  zic  don  daine,  et  zic  don  don, 
Kinoliowe  di  iâge  et  d'  long. 

{à  Soussour). 

Ah  !  Soussour. 

SOI.SSOLT». 

Ah  !  Mélie. 

Mèlie  (à  J'han-Jâcques). 
Ah  !  bai  cabai. 


—  4^28  — 

J'iiAN- Jacques. 

Mam'zèlle. 

MÉLiE  (à  Soussour). 

Et  m  taye. 

Soussour  (liaksèijnnnl'ne  ((hjc  qui  pind). 

Vo-l-là, 

MÉLlE. 

Pau  vèye. 

Soussour  {discrochnnl  /'  taye). 
Tinez. 

MÉLIE. 

le,  qu'elle  è  belle, 
Elle  m'irè  comme  on  want. 

J'iian-Jacques  (à  Mélie  toi  couyonnant). 

V  screz-st-on  bai  hacha. 
Mélie  {lot  r'pindant  F  taye). 
Ji  II'  vis  jâse  nin,  laid  page,  allez,  feu  d'imbarras. 

(«  So>ts.\our). 

Et  m'  mame,  donc  lèye,  qui  m'  va-st-ach'ter  dès  rogès  châsse, 
Et  dès  jènès  botkène  ;  ie  !  po  m'  moussi  qu'  j'a  basse! 

{Elle  citatite  .to  l'  même  air  qui  pus  haut). 

Et  zic  don  daine,  cl  zic  don  don, 
Ji  sèrè  li  p'iit  trésor. 
Et  zic  don  daine,  èl  zic  don  don, 
Iloûye  à  bal  di  mon  Lapôrt. 

Qui  j'  va-t-èsse  gâye,  donc,  mi. 

Soussour  {cosanl  lodis  à  'ne  ovrège). 

V's  èstez-st-ine  pitite  sotte, 
Vos  n'  tûsez  qu'à  danser. 


-    420  — 

Mélie  {à  J'han-Jàqiics,  (ol-z-aksègnant  Soussour). 
Vo-l-là  co  qu'elle  baibotte. 

(à  Soussour.) 

V's  estez  de  1'  bonne  annêye,  vos,  si  v'  hèyez  d'  danser, 
Mi,  ji  Taîme  bin,  parait,  ca  ce  m'  plaisir  de  I'  fer, 
D'ailleurs  J'han-Jacques  vou  bin, 

(ù  J'han-Jacqucs.) 

Edonc? 
J'han-Jacques. 

Mi!  c'è  st-àdire. 
Mélie  {même  jeu  qui  J'han-Jacques). 
G'è-st-à  dire...  à  dire  quoi? 

J'han-Jacques. 

Qu'aveu  totes  vos  manire, 
Ji  n'  sâreu  nin  v'  disfinde  çou  qu'  ji  n'  pou  t'èspêchî. 

MëLIE. 

Louquîz  donc,  et  c'è  lu,  qu'  m'ahège  danser  V  prumî. 

J'han-Jacques  {couyonnanl). 

Taihiz-v',  allez,  belle  plume,  pa  v's  èfriz  maladèye, 
Si  v'  n'allîz  nin  poch'ter  ;  ossu  tôt  1'  monde  ô  rèye, 
Mi- même  onque  dès  prumî. 

Mélie. 

Et  mi,  ji  m'  moque  di  vos, 
J'han-Jacques  {si  moquanl). 
A  r  bonne!!!  sins  rire!!! 

MÉLIE  {qui  bisquéye). 
A  r  bonne  !  allez-è,  bai  jojo. 
J'han-Jacques. 
Vos  m'  fez  bin  louquî  làge. 


-    430  — 

MÉLIE. 

Quel  air  qu'il  a,  l' laid  page, 
Allez,  v'  n'estez  niii  1"  diùle,  po  v'ni  fer  1'  crâne. 

J'uAN- Jacques. 

Mi,  j'  wage 
Di  v'  mette  hoûye  pus  d'  dix  côp  so  1'  canne  di  veule. 

MÉLIE. 

Awè! 
J'iian-Jacques. 
I  fâ  qu'  ji  v'  fasse  zùner. 

Wélie. 
I  n'a  nin  mèche,  parait. 

SOUSSOUR. 

E-ce  cûsi  tôt,  vos  deux,  avou  totes  vos  chicane? 

RIÉLIE  {lolc  mâle  à  Soussour). 

G'è  todis  lu  qui  k'  mince, 

J'han- Jacques  (à  Mélie  tôt  s'  moquant). 

En  avant  deux,  so  l' canne. 
Eye,  èye,  comme  elle  bisquêye. 

MÉLIE  {tôle  mâle). 

Aliez-è,  grand  napai, 
Vos  n'estez  qu'on  harlaque,  a-v'  oyou,  bai  cabai. 

Soussour  («  J'han- Jacques). 

D'où  vin  tant  1'  chicaner. 

J'iian-Jacques. 

D'où  vin?  pace  qui  ji  l'aîme. 

Mélie  (&i«ri/a';. 
Hein  !  grand  spitâ. 

{à  Sousioitr) 

Soussour,  j'a  'ne  idèye,  mi. 


—  431   - 

J'iiAN -Jacques  {d'inc  air  di  couyonnâde). 

Tôt  r  même  ! 
Mélie  {iini  zûne). 
Tôt  r  môme,  louquîz  donc  lu. 

J 'h an-Jacques  (tôt  a^Hoquant). 

Raffe  so  1'  cane  sans  wapeur, 
En  avant  la  musique. 

MÉLIE. 

Allez-è,  grand  blagueur, 
Vos  n'avez  qui  ï  geaivc  bonne. 

J'iun-Jacques. 

Ji  prind-st-astème  à  l'  vosse. 
Et  comme  on  rèwe  jèw  jèw,  ji  v'  t'ai  riv'ni  so  1'  crosse. 

Soussoun  (à  Mélie). 

le  !  ie  !  dishombrans-nos,  ca  lus  gins  rawardèt, 
N'  sèrans  sûr  barbotèye,  sont-is  prête  vos  paquet? 

MÉLIE. 

Vo-lès-là-st-apontî. 

SOUSSOUR. 

J'a  fini  mes  cosège. 
V'ncz-v  mi  d'ner  on  cùp  d'  main  po  r'ployi  mes  ovrège. 

Mélie  {lol-z-aidanl  Soussoui). 
I  n'a  nou  ma,  jans,  jans,  dishombrans-nos,  Soussour. 

SoussouR. 
Vûlà  qu*  c'è  càbiî  tôt. 

Mélie. 

I  fâ  tûdi  qu'on  cour 
Avou  vos. 

J 'il AN- Jacques  {à  Mi'lic). 
Bin,  rotez. 


—  43^2  — 

Mèlie. 

Ji  n'  vis  jàso  nin,  laid  page, 
Bailleurs  fà  qu'on  rèpoite  ûx  gins  tos  leus  camache. 

[On  bardoutiôtjc  itd'foâ.) 

La,  v'  clial  mi  marne  à  c'ste  heure,  mon  Diu  qwand  'nne  irèt-on? 

{Dtuliie  inleure.) 

Scène  IV. 
LÈS  MÊME,  DADITE. 

Dadite  {avou  'ne  assiètle  è  /'  main). 
Estez- v'  là,  hêye,  Soussour? 

Mélie  {qui  rèspond  è  l pièce  d'à  Saussour). 

Awô,  qui  volez-v*  donc  ? 
Dadite  (à  Mélie). 
Mèlez-v'  di  vos  affaire,  a-v'  oyou,  l'affrontêye? 

Mélie. 
Jî  n'a  nin  I'  timps,  parait,  fâ  rèpoirter  l' bouwèye. 

Dadite  (à  Soussour,  toi  pilant). 
Soussour,  vos  qu'è  si  bonne,  ni  m'  vorrîz-v'  nin  pruster 
'Ne  pitile  noquètte  di  bourre  avou  'ne  picèye  di  se  ! 

Soussour  {priiidanl  Vassiètte). 
Sia. 

Dadite. 
Dihcz? 

Soussour. 
S'i  v'  plai? 

Dadite. 

N'a-v'  nin  'ne  pitite  copètte 
A  beure? 


—  433  — 

SoussoL'R  {tôt  priiidiint  H  impUhaut  'ne  copèttc), 
Sia,  savez. 

Dauiie. 

Oh!  m'pauve  cour  si  va  r'mèltc! 
Mettez  on  boquèt  d'  souke. 

MÉi.iE   {à  Daditc). 

1  v'  mâque  todis  'ne  saquoi  ! 

Dadite  {A  Mélie). 

Qu'è  ce  qui  çoulà  v'  fai  vos,  pusqui  ji  li  rindrè. 

J'han-Jacques  [à  Dadite). 

Qwand  v's  ûrez  1'  cour  malade. 

Dadite  (à  J'han-Jacques). 

Qui  chaf'tez-v' là,  laidmûye? 
S:iz-v'  binqu'  j'a-st-on  bon  cour? 

J'han-Jacques. 

Awè,  i  n'  rind  jamâye. 
Dadite. 
Il  è  mèyeu  qui  1'  vosse. 

Mèlie  {  à  Dadite). 

Bin,  .l'han-Jâcques  a  raison, 
Ca  vos  n'estez  mâye  pus  qu'à  l'èpronte  tôt  de  long. 

Dadite. 

Taihîz-v',  vos,  p'tilc  blablame. 

SoussouR  (à  Dadite  toi  mettant  VassièUe  so  /'  lùve.) 

Via  çou  qu'i  v'  fà,  Daditc, 
Ni  m'èl  rappoirtez  nin, 

Dadite. 

Poquoi  donc  ? 

:28 


—  434  — 

SOUSSOUR. 

Ji  v's  èl  qwilte. 

{Si  rappiusmit.) 

Oho,  j'  ralléve  rouvî,  ji  v's  invite  â  café. 

Dadite. 
Magn'rè-t-on  de  l'  dorêye  ? 

Mèlie  (à  Dadite). 
Ein  !  pansâte  ! 
SoussouR  {à  Dadite). 

Oh  !  awè, 
Y'iès  irez  même  chûsi. 

Dadite. 

J'  lès  prindrè  tôle  novèlle, 
Et  k'  bin  m'è  pây'rez-v'  ? 

SOUSSOUR. 

Qwate. 
Dadite. 

V's  èstez-st-ine  brave  bâcèlle  ! 
Poquoi  ni  v'  mariez-v*  nin  ? 

SoussouR. 

Ji  so-st-heureuse  ainsi. 
Dadite. 
Pa  v'  coiffez  Sainte  Cath'rêne  ! 

SoussouR. 

Gn'a  00  dès  autes  qui  mi. 
J'han- Jacques  (à  Dadite). 
Poquoi  n'èl  riféve  nin;  donc,  vos,  qu'è  co  si  belle? 

Mélie. 
le!  lisquélle  ! 


—  435  — 

Dadite  {si  rengorgeant). 
Si  j'  voléve,  oh  !  j'  freu  co  bin  l'handèlle. 
J'han- Jacques  {fanl  les  qwanse  de  k'nohe  ine  saqui). 
Oh  !  j'ènnè  k'nohe  sur  onque,  savez,  mi,  quVôreu  bin. 

Dadite  {à  part). 
I  vou  sûr  jàser  d'  Gilles. 

((î  J'han-Jâcquei.) 

Fez-li  mes  complumint. 
Mélie  {à  J'han-Jacquet). 
Kiminl  l' lomme-t-on,  ci-là  ? 

J'han-Jacql'es. 

V's  estez  bin  trop  curieuse. 
Dadite  (à  Mélic). 
Çoulà  ni  v'  rigarde  nin,  a-v'  oyou,  tourciveuse. 

MÉLIE  {à  Dadite). 
Qui  madame  è-st-aimdve  ! 

J'han-Jacques  {à  Mélie.) 

Divins  l'hantrèye  surtout. 

(rt  Dddite.) 

Avou  VOS  p'titès  airs,  pa,  v's  èschantrîz  1'  coucou. 

Dadite  (à  J'han-Jacques). 
Oh  !  gn'a  qu'amour  qui  plaise,  çoulà  j'èl  pou  bin  dire. 

J'han-Jacques. 
G'è  vrèye,  pusqu'i  fai  bin  danser  lès  âgne  sins  rire. 

MÉLIE  (à  J'han-Jacques). 
G'ô  mutoi  po  çoulà  qui  vos  dansez  si  bin. 
J'han-Jacqles  (à  Mélie). 
G'è  d'après  vos  leçon. 


—  436  — 

WÉLIE. 

Louquîz  donc,  l'ènocint, 
Qui  m'  vou  mès'rer-st-à  si  aune  ! 

J'iian-Jacques. 

Ji  n'  so  nin  assez  riche 
Pa,  portant  v's  è  mès'rez. 

Méi.ie. 
Quel  air  di  hène  di  cliché  ! 
Dadite  {à  Soussonr,  toi  prindanl  si  assiette). 
Merci,  savez,  Soussour,  po  vosse  bourre  et  vosse  se. 

{a  Mèlie.) 

Quand  vos  r'vêrez,  là,  vos,  n'  rouvîz  nin  d'  rappoirter 
V  savez  bin  quoi,  surtout  on  bon  qvvàrti  d'  dorèye, 
N'  rouvîz  nin  1'  principâ. 

MÉLIE. 

Di  quoi  ? 
Dadite. 

Pa  'ne  bonne  drôssèye 
Di  mon  Hàlin  sor  Meuse. 

Mélie. 
Si  ji  live  des  aidant... 
Dadite. 
N'iès  pièrdez  nin  todis,  ca  v'  touch'rcz  pus  d'  doze  franc. 

Mki.ie. 
Et  qwand  n's  ûrans  dîner,  dihez,  n's  irans-st-èssonne 
Ach'ter  saqwants  camache  ? 

Dadite. 

Awè,  sôyîz  sins  pône. 
J'a  faim  don  p'tit  boquèt,  dihombrez-v'  loles  lès  deux. 

Soussour. 
Awô,  Dadite. 


—  437   — 

MÉLIE. 

Awè. 

Dadite  {lot  'une  allant.) 
A  c'ste  heure,  ji  va  fer  m' feu. 

{Tôt  'une  allant,  elle  si  trèbouhe  so  Gilles  qiCinteure;  elle  lifai  bai  visèye  ) 

Scène  V. 

J'IIAN-JACQUES,  SOUSSOUn,  MÉLIK,  GILLES  (on  bon  valet,  on  pan 

cnalné). 

J'iian-Jacques. 
Ah  !  vochal  Gilles  ! 

Mélie. 
Ah!  Gilles! 
Gilles  {dihanl  boujoû.) 

J'han- Jacques!  Mèlie! 

(à  Soussour.) 

Mam'sèlle  ! 

SOUSSOUR. 

(à  Gilles.) 

Mossieu  Gilles! 

(à  Mèlie.) 

Mèlie,  vûdiz  1'  golte. 
Mélie. 

Awè. 

(Elle  }))i)Hl  è  rdnnd  ine  bolcijc  et  dès  verre.) 
J'han-Jacquf.s  (ri  Gilles.) 

Et  que  novèlle  ? 
Gilles. 
Ji  so  v'nou  dire  bonjoù. 

J'han-Jacques. 
T'abin  fait,  hêye,  vix  frc. 


—  438  — 

Gilles  (à  Soussovr). 
I  n'a  nou  dérang'mint  ? 

SOUSSOUR. 

Nônni,  nènni,  savez. 
J'han-Jacques. 
Si  t'  pinse  gêner  Soussour,  te  sûr  de  1'  bonne  annêye. 

(Mélie  présiiilc  deux  verre  âx  homme.) 

GÎLLES  (à  Soussour,  io(  levant  s'  verre). 
A  r  vosse,  mam'sèlle  Soussour. 

J'han-Jacques  (à  Mélie). 

A  vos  amour,  mamôye. 
Mélie  (à  Gilles,  tôt  riant). 
Si  nos  buviz-st-àx  vosse,  donc,  Gilles  1 

Gilles  {tôt  gêné). 

Mi,  ji  n'hante  nin. 
Mélie. 
Enne  estez-v'  sûr,  de  mons  ? 

Gilles. 

Avou  qui  r  freu-ju  bin? 
MÉLIE   {(èn'mint). 
Avou  Soussour,  mutoi. 

SoDSSOUR  {tote  gènéye,  à  Mélie). 
Mais,  Mèlie.... 
GÎLLES  {à  part,  tôt  pièrdou). 

Qui  di-st-èlle  ? 
J'han-Jacql'ES  (à  part). 
Aye,  aye. 

Soussour  (à  Mélie  loie  seule). 
Taihîz-v'. 


—  439  — 

MÉLIE. 

Allez,  n'fez  nin  li  streute,  mam'sèlle, 
Ji  louque  tôt,  parait  mi. 

SoussouR  {(ote  gôncye,  à  Mélie,  tôt  prindant  ses  paquet). 
Estans-gn'  prête,  jans? 
Mélie  {prindant  ses  paquet). 

J'y  va. 
J'han-Jacques. 
Wisse  allez-v',  donc? 

MÉLIE. 

Ax  viér. 

J'han-Jacques. 
Quelle  belle  divise. 
MÉLIE  {si  rengorgeant). 

Vola. 

SOUSSOUR. 

Allons,  jans  ô,  Mélie. 

MÉLIE. 

N'  sèrans  co  vite  riv'nowe. 
J'fian- Jacques  (à  Mélie). 
Vos,  p'tit  hacha,  qui  n'  vis  pièrdcz-v'  avâ  lès  rowc. 

MÉLIE. 

V  dirîz  vite  ine  priyire  à  Saint-Antône,  cabai, 
Po  m'  ritrover. 

J'han-Jacques. 

Nôna!  J'êl  direu-st-à  s'  pourçai  ! 

SoussouR  (à  ilélie). 
Allons,  hoppc. 

(à  Gilles.) 

Mossieur  Gilles. 


—  4i0  - 

Gilles. 

Mam'sèlle  Soussour. 

J'han-Jacques  (rt  Mclie,  tôt  /'  volant  hàhi). 

Jans,  hâye, 
Ji  v'deus-t-on  p'tit  bàhège. 

Mélie  [lot  V  richôquant). 

Vos  v'  frîz  de  ma. 

{Jluiu-JAcquea  vous  Pabrèssi,  elle  li  donne  deux  p'iils  pétard). 
J'han-.]acques. 

Wâye,  wâye! 
Bin  pusqui  ji  v's  èl  deu. 

Mèlie. 
Fez  'ne  creux  d'  sus. 
J'han-Jacques. 

Ji  n'  vou  nin, 
J'aîme  de  payi  mes  dette. 

{cl  bdlie.) 
MÉLIE  (tût  s' séchant  èvôyc). 

Allons,  allons,  c'è  bien. 

Scène  VI. 
J'HAN-JACQUES.  GILLES. 

J'han-Jacques  {toi  flouquant  Gilles). 

T'a  'ne  drôle  d'air  à  m'  sonlancc,  di-m'  li  vrôyc,  jans,  vi.K  stoke, 
Ti  m'  vou  dire  inc  saquoi. 

GÎLLES. 

C'è  vrèye. 
J'fian-Jacques. 

Bin,  drouve  ti  bokc, 


—  441  — 

Et  di-m'  à  que  rapport. 

GÎLI.ES. 

G'è  rapport  à  Soussour. 

J'han-Jacques. 
Ti  l'aîme  ? 

Gilles. 

Comme  mes  deux  oûye. 

J'iian-Jacques. 

Eh  bin,  dilahe-mu  t'  cour. 

CÎLLES. 

Awè,  ji  l'aîme,  Soussour,  et  j' n'a  mâye  aîmé  qu  loye; 
Mais  d'vant  d'ènne  i  d'  viser,  ji  t'  vou  d'  mander  consôye. 
Ji  t'a  d' jà  raconté  1'  màcûle  di  m'  sour  Tonton, 
Qu'après  avu  liante  'ne  hiède  d'annèye  tôt  de  long, 
A  stu  trompêye  par  onque  qu'  li  jâséve  di  mariège, 
Et  qu'  cachîve  si  fàss'té  tôt  li  fant  bai  visège. 

.I'han-Jacques. 
Et  t'sour  mora  d' chagrin... 

Gilles. 

Totlèyant-st-ine  étant. 
Qui  j'acclive. 

.rilAN-jACQUES. 

Bah!  va  mî  'ne  èfant  qu'ine  éléphant. 

GÎLLES. 

Portant  j'  paye  bin  por  lu,  mais  tôt  i;ou  qui  m'anùyc, 

C'è  qu'  j'a  sogne,  tôt  crèhant,  qui  n'  susse  li  contrûve  vôye. 

,riIAN-.lACQUES. 

Etti  vùreu? 

GÎLLES. 

Qu'  Soussour,  tôt  m'  mariant,  adop'treu 
Ci.sle  èfant  comme  ci  c:"  fouhc  d'à  lève. 


-  442  — 

J'han-Jacques. 

Iloûte,  vix  kaikeu, 
C  e-st-ine  aute  paire  di  manche,  màgré  qu'  l'è  m'  camarade, 
Ji  lairè  fer  Soussour  ;  po  l'  consî  ji  n'a  wâde. 
J'  li  dire  çou  qu'ènnè;  louque,  po  t'  dire  li  vrèye,  hein, 
A  m'  sonlance,  ja  m'  idêye  qui  Soussour  ni  t'hé  nin; 
Et  ji  vôreu,  hein,  vîx,  qui  l'  case  réussihasse, 
Et  qui  sins  s'  fer  sèchi  l'orèye,  èl  t'acceptasse. 
Brave  et  bon  camarade,  ti  n'  rèyc  màye  di  bon  cour 
A  case  di  tes  rasbrouhe;  mais  s'  ti  mariéve  Soussour, 
Tes  pône  sèrit  fmèye,  ca  ti  veureu-st-appreume 
Rilure  li  vrêye  bonheur;  ca  t'àreu-st-ine  brave  feumme; 
Et  qwand  'lie  sèrc  riv'nowe  tôt  rate,  ji  li  dire 
Tôt  çou  qu'  ti  vin  di  m'  dire. 

GÎLLES. 

Di  lî  bin  çou  qu'ènne  è. 
Qwand  sûrè-ju  s'  rèsponse  ? 

J'han-Jacques. 

Ti  l'ârè  mâle  ou  bonne 
Vès  deux  heure,  compte  sor  mi. 

GÎLLES. 

Vin  m'ôl  dire  è  m*  mohonne, 
Ni  mùque  nin, 

J'iiAN-jACQUES  (tôt  /'  rikdûhatit). 
Ji  t'ôl  jeure. 

GÎLLES. 

Oh  merci,  j'  m'ènnè  va. 
J'iian-Jacques. 
A  deux  heures  â  pus  tard,  ti  veurrè,  j'  sèrè  là. 

{Gilles  ènnè  va.) 

Li  teille  tome. 
FIN  DÉ  PRUMIR  AKE. 


DEUXEME    AKE. 

Li  nièinc  chambc  qu'à  prumire  ake;  l'hûrloge  marquéye  cùsi  treus  heure. 

Scène  I. 

J'HAN-JACQUES,  SOUSSOUU. 

J'han-Jacques. 
Et  qu'  fà-t-i  dire  à  Gilles,  Soussour? 

SOUSSOUR. 

D'hez  li  qu'i  vinse. 
J'han-Jacques. 
So  r  côp? 

Soussour. 

D'vins  'ne  dimêye  heure,  nin  pus  tard. 
J'han-Jacques, 

Pauve  polince, 
Il  è  comme  so  dès  spène,  ji  wage  de  1'  pawe  qu'il  a 
Qui  vos  n'èl  riboutéssc,  c'è-st-onque  qui  v's  aîme,  ci-là. 

Soussour. 
Et  s' ji  m'  mariévc  jamâye,  è-ce  qui  v'  sùrîz  mi  èximpe? 

J'han-Jacques. 
Çoulà  j'  tus'reu  co  'ne  choque,  por  mi  c'è-st-on  pau  timpe. 

Soussour. 
C'è  qu'  j'a  d' l'âge. 

J'han-Jacques. 
Vos,  d*  l'âge,  on  n'  vis  donreu  qu'  vingt  an. 
Soussour. 
Sins  compter  lès  rawèlte. 


444 


J'man-Jacques. 

Bill,  r  pauve  Gilles,  qui  v's  aîme  tant, 
Kst  cinq  an  pus  vîx  qu'  vos.  Tôt  l'  môme,  v'  sèdz  'ne  belle  copc, 
Pa  v'  croh'rez  d'sos  1'  bonheur,  j'  wage  qui  vos  'nne  ûrez  trope. 

Soussoun. 
Et  bin,  ji  v's  è  r' vindrô. 

J'iian-Jacques. 

V  m'èl  donrez  bin  po  rin. 
Comme  ji  v'  kinohe.  Hoûtez,  si  vos  n'  vis  mariez  nin, 
Bin  j'  n'èl  frè  mâye  non  plus, 

SOUSSOUR. 

Et  qu  frez-v'  di  vosse  crapaute  ? 
J'iian-Jacques. 
Fàrè  bin  qui  j' li  dcye,  pa,  qu'elle  hante  avou  'ne  aute. 

Soussouu. 

Quelle  boude  fai  Jacques  à  s'  mère!  jans,  grand  sot,  allez-è. 

J'iian-Jacques. 

Et  qu*  li  direz-v'? 

SoussouR. 

Qui  sé-j'? 

J'han-Jacques. 

le,  ie,  que  s'crèt  mawôt, 
Jans,  ji  m'ô  va,  Soussour,  ca  j'  so  sur  qu'i  trèfèlle, 
Et  qu'i  tronle  lès  balzin  di  sogne  d'  ine  mâle  novèlle. 

(Enni  va  lot  chantant  so  rair  de-  La  dent  de  sagesse.) 

Mi  soussour  a-st-on  s'crèt 
Qui  lot  r  monde  kinohrè 
Tra  la  dèra  la. 


—  445  — 

Scène  II. 
SOUSSOUU. 

SOUSSOUR. 

Gilles  di  qu'i  m'aîme  ;  awèt,  mais  i  fâ  qui  m'èl  prouve, 
Ossu  po  r  bin  sèpi,  V  va-ju  mette  à  l'èsprouve; 
Et  s'après  'ne  sifaite  keure  i  m'  vou  todis  marier, 
G'è  qu'  m'aîm'rè  sûr;  adonc  j'  n'ùrè  pus  sogne  d'ôl  fer. 
Et  puis  ji  sin  por  lu,  là,  'ne  saquoi  qui  toctèye, 
Ca  j' l'aîme  ossu  ;  mais  d'vant  do  loyï  m'  dèstinùye 
A  r  seune,  i  là  qui  j'  veusse  si  c'  n'è  nin  po  l'étant 
Di  s'  sour  qui  m'  vou  marier.  Ji  n"èl  pinse  nin  portant. 
Po  1'  sèpi,  j'a  voyî  Mèlie  amon  Cabrasse 
Qwèri  ciste  èfant  là. 

{Elle  louque  V  heure.) 

Mon  Diu  comme  11  timps  passe. 
Elle  div'reu  t'èsse  riv'nowe,  et  Gilles  lu  qui  va  v'ni. 
Ah!  v'chal  Mélie; 

(Elle  veit  qu' Mélie  a  Vèfaut  ) 

Elle  l'a. 

Scène  III. 

SOUSSOLK,  MÉLIE. 

Mélie  {quipoite  ine  èfanl). 

Ghute,  chulte,  i  doime,  li  p'iit. 
SoussouR 
Pauve  èfant,  louquîz  donc,  Mélie,  i  rèye  âx  ange. 
Ali!  s' l'èslcu-st-adlé  mi,  comme  i  f'reu  'ne  belle  discangc, 
11  àreu  de  mons  'ne  mère. 

{Elle  prind  Vèfani  so  ses  brèsse  èi  lijdse.) 

Nànez,  mamé  poyon, 
Ah  !  qui  n'  dimorez-v'  chai. 


—  446  — 

MÉLIE. 

I  n'  tin  qu'à  vos,  èdonc, 

V  n'avez  qu'à  marier  GîUes. 

SOUSSOUR. 

Çou  qu'  c'è  qui  1'  viquârêye. 
Mèlie. 
Mariez-r,  allez,  Soussour,  c'sèrè  'ne  affaire  bâclèye. 

SoussouR. 
Awè,  mais  fâ  qui  j'  sèpe  avant,  s' m'aîme  comme  èl  di. 

MÉLIE. 

Et  qu'allez-v'  fer? 

Soussour. 

Hoûtez,  j'  rawûde  Gilles  qui  va  v'ni. 
Vos  v' bout' rez-st-è  Taute  chambe,  v's  y  d'meurrez  tanlqu'ji 

[v'  houque. 
Ca  çou  qu'  nos  d'  vans  nos  dire,  ni  peu  t'èsse  sépou  d'  nouque. 

V  prindrez  l'èfant  avou. 

MÉLIE. 

Bon. 

Soussour. 

Av'  compris? 
MÉLIE  {tôt  fprindanl  Vèfant). 

Awè. 
Et  qui  frez-v'  avou  lu,  so  c'  timps  là? 

Soussour. 

Ji  m'èxpliqu'rè, 
Vos  n'  houlrez  nin,  savez. 

MÉLIE. 

Ji  n'a  wâde. 

{h  part.) 

V  lairè  'ne  crèveure 
A  l'ouhe,  po  sôpi  lot, 

{On  bardoùhe  û  iVfoû.) 

Bon,  v'  chai  mi  mame,  à  c'  ste  heure. 


—  447  — 

SoussouR  {lot  séchant  Mélie  è  l'aule  cliumbe). 
Awè,  j' l'ô  bardouhî,  abèye,  Mélie,  vinez. 
Ca  'Ile  donreu  co  s'  côp  d' lawe. 

MÉLIE  {tote  mâle). 

Elle  vin  todis  gêner, 

Scène  IV. 

Dadite  (tote  flochlêye  avou  'ne  roge  cotte  èl  on  bai  casawé). 
Estez-v'  là,  bèye  Soussour?  là,  wisse  ès-st-èlle  donc  lèye. 
Elle  è  seurmint-st-èvôye  fer  'ne  commission  è  1'  vèye. 
C'è  dammage,  ca  j'àrcu  volou  li  dire  on  mot, 
Rapport  à  Gilles,  qui  m  aime  comme  ine  èrlique,  li  sot. 
Mais  i  n'a  qu'on  mèhin,  c'è  qui  n'oisse  nin  m'èl  dire, 
Ossi  fùrè-t-i  bin  qui  c'  seùye  mi  qu'ôlriqwire, 
El  qu'  li  fasse  des  avance,  po  qu'i  s'  pùye  déclarer. 
A  vèye  mes  belles  air,  èl  f'ro  sins  chipoter. 
Quelle  èwarâchon,  dai,  qwand  on  veurrè  qu'  Dadite 
A  Irové  onque  à  s'  dcugt  !  J' se  qu'  j'àrè  de  1'  ridite, 
Pace  qui  s'  sour,  l'ènocaîne,  a-st-attrapé  'ne  èfant; 
Mais  'ne  feumme  attrape  çoulà  pus  vite  qui  cint  mèye  franc; 
Adonc  puis,  Gilles  mi  va;  portant  ji  so  co  glotte, 
Ji  n'  vou  nin  fer  l'amour,  pa,  pichotte  à  migotte... 
le!  vo-r-chal! 

Scène  V. 

DADITE.  GILLES. 

GÎLLES  {lot  cmainé). 
Ah!  Dadite! 

Dadite  (faut  l'airnâve) 

Ah  !  Gilles  !  fai  bon,  èdonc? 


—  448  - 

Gilles. 
Awè. 

(/  touque  âtou  d'  lu.) 

Mam'zèlle  Soussour  w'  è-st-èlle? 
Dadite. 

Oh!  qu'  sé-ju  donc? 
Gilles  (à  par  ). 

C'è  drôle,  J'han-Jûque  m'avôye... 

Dadite  {funt  dès  p'iitès  air). 

D'hez,  vos,  qu'a  tant  de  gosse, 
Ni  so-ju  nin  co  belle,  po  plaire  n'a-ju  nin  1'  bosse? 

Gilles. 
Sia. 

Dadite. 
N'  so-ju  nin  brave? 

Gîlles. 
Ji  pinse  qui  sia. 
Dadite. 

C'è  qu'  mi 
Ji  so-st-ine  feumme,  parait,  et  j'èl  sôrè  todis, 
Et  bin  wârdêye. 

Gilles. 
Awè, 

Dadite 

N'a-ju  nin  co  *nc  belle  tièsse? 

Gîlles. 
Sia. 

Dadite. 
Dès  belles  main  ? 

Gilles. 

Tôt  r  môme. 

Dadite. 

Et  dès  bais  brosse  ? 


-    449  — 

GÎIJ.KS. 

On  r  vcu. 

Dadite. 
On  bai  stoumaque,  dès  belles  hanche. 
Gilles. 

Awè. 
Dadite. 
Ine  belle  jambe. 

Gilles  {lot  gêné). 
Oh  !  Dadite  ? 

Dadite 

Adonc  puis  dès  mollet.... 
le,  j'a  m'ioyin  qui  tome,  fà  portant  qu' j'èl  rimètte. 
Gilles  {à  part  lot  s' rissêchant  et  faut  dds  oûye  comme  St-Glllcs  l'èwaré). 
Qui  m'va-t-èlle  aksègnî  tôt  rate,  cisse  vèye  hèrvètle. 
Dadite  {qu'a  r'ioyt  s'  loijin). 

A  propos,  dai,  d'hez  donc,  vos  qu'a  1'  foice  don  terra, 
Poquoi  ni  v'  mariez- v'  nin  ? 

Gîlles. 

J'y  tûse,  Dadite. 

Dadite. 

Aha! 
Ni  prindez  nin  'ne  trop  jône. 

Gilles. 

Oh  !  nènnî,  1'  cisse  qui  j'aîme 
Est-ine  femme  inte  deux  âge. 

Dadite. 
Oho! 

(à  part.) 

C'ô  por  mi-même. 
29 


—  450  — 

{A  Cille.s.) 

V's  estez  liôntcnx  iVlî  dire  qui  vos  l'aîmcz  ? 

(lîl.I.l-S. 

On  pau, 
C'ù  vrcyc. 

Daditk  {li  faut  gawe-gawe). 
N'àyîz  nin  sogne,  dimandez-l',  grand  bâbô. 
•  Gilles  (qui  pinsc  qu'elle  vou  jaser  d'  Sonssour). 
N'sèrè-jii  nin  r'boul^,  ? 

Dadite  (à  pàrl). 
Te,  comme  mi  gros  cour  hoûse  ! 

{A  Gilles.) 

Vos  estez- st-accèpté. 

Gilles. 

Pinséz-v' ? 

Dadite. 

Awè,  à  couse. 
Gilles. 
Enne  ôstez-v'  sur,  de  mons  ? 

Dadite  (.si  choquant  toi  près  d'  Gilles). 

Çou  qu'i  d'mande,  l'ènocint. 
D'hc/.,  fà-t-i  qu'ji  v'èl  prouve  et  so  1'  cùp  ? 

Gilles. 

Ji  vou  bin. 

{Dadite  vou  linlii  Cilles  qui  rèscoulc  tôt  èwarc;  so  c'  /rt'i'/>i  Soussour  intcure  sin.i 
fer  les  qwatise  di  lès  véije.) 

Scène  VI 
LÈS  MÊMES,  SOUSSOUR. 

Dadite  {â  Gilles). 
Chul!  chut!  on  s'èspliqu'rù  loi  rate,  ni  d"hez  rin,  Gilles. 


—  451  — 

Gilles. 
On  s'ùspliqu'rè  di  quoi  ? 

Dadite. 
Chul!  chut! 
GÎLLES  (À  part). 

Bin  qu'è-cc  qu'elle  pîle? 
Dadite  (à  Soussonr). 
Soussour,  ni  m'prustèy'rîz-v'  nin,  d'hez,  on  boraî  d'bois? 

SoussouR  (prindant  ^2  borai  d'  bois  è  l'aisse). 
Tinez,  vos  'ne  là  deux, 

Dadite. 
Pus  tard  ji  v'  lès  rindrè. 
Soussour  {à  pâ>t). 
Kimint  I'  frè-ju  'nne  aller  ? 

{Si  rapinsant.) 

Oho! 

(A  Dadite.) 

Mais  lès  dorêye, 
N'èls  allez-v'  nin  qwèrri,  Dadite  ? 

Dadite. 

Oh  !  sia,  hêye, 
Ji  m'y  va  tôt  fi  dreut,  j'  n'a  wâde  di  lès  rouvî. 

Soussour. 
Vola  cûsî  treus  heure. 

Dadite. 
Oho,  d'hez,  l's  av'  payî  ? 

Soussour. 
Awè 

Dadite. 
Bon,  bon,  d'hombrez-v'  alors  do  fer  bourc  l'aiwc. 


—  45-2  — 

SOISSOLR. 

Elle  è  déjà  so  ITeu, 

Dadite  {toi  pansant  adlé  Cilles). 
Chut!  chut! 

.  {A  Soussour.) 

Ji  m'  saiwe. 

Scène  VII. 

GILLES,  SOUSSOUU. 

(Soussour  arrimje  li  tAve  tôt  >'  louquant  (/'  limpt  in  timps  ({'sot  air  Gilles  qui  vou 
todii  jdser,  mais  qui  noise.) 

Gilles  {qui  n'  pou  v'ni  à  s' parole). 
Mam'..  selle...  Sous...sour... 

Soussour. 
S'i  v'  plai  ! 
Gilles. 

I  fai  chaud  hoûye. 
Soussour. 

Edonc. 
Gilles  (à  part). 
Ji  sowe  à  gotte. 

{A  Soussour.) 

Mam'sèlle. 

Soussour. 
S'i  v'  plai  ? 
Gîllls. 

C'è  vrêye....  fai...  bon. 
Soussour  (à  part). 
Comme  il  è-st-èmaîné. 

{A  Gilles.) 

Bill,  vos  v'nez  ce  d'èl  dire. 


—  453  — 

Gilles  (t'o  pus  Qi^né). 
Escusez. 

SoussouR  (à  Gilles). 
Oh!  c'  n'è  rin. 

(A  part.) 

Pauve  GîIIes,  comme  i  m'  fai  rire. 

{A  Gilles.) 

Quelle  bonne  novèlle  di  v'  vèye? 

Gilles  [lot  piérdju). 

G'è  rapport...  à...  à...  à... 
SoussouR  ifant  /'  bnbinème). 
Rapport  à  quoi,  donc,  Gilles? 

Gilles  {à  part). 
Ah!  k'mint  lî  dire  çoulà! 

(A  SoHSsoiti\  tôt  fatic  'lie  foice.) 

J'a  Irinte  cinq  an,  mam'sèlle. 

SOUSSOUR. 

L'âge  dès  homme  raisonnâbe, 
Et  j*  creu  bin  qu'  vos  Testez. 

Gilles. 

Vos  estez  bin  aimâbe, 
G'è  l'âge  qu'on  wangne  dès  censé  qwand  on  è  bon  ovri. 

SoussouR. 
J'han-Jùcques  m'a  d'visé  d'  vos,  j'  se  bin  qu'  vos  'nnè  wangnîz. 

GILLES. 

Tihe  et  tahe,  ji  wangne  tos  lès  jeu  âhèy'niiiit  m'  pècc. 
Et  portant  j'a  passé,  savez,  'ne  pèneuse  jùnèsse. 
A-ju  mâye  situ  jonc?  Ga  j'  n'aveu  qu'dix-hùt  an 
Qwand  mes  pariiit  morîl,  tôt  loyant  qwate  étant, 
Treus  valèt  et  'ne  bùcèlle.  C'a  stu  por  mi  'ne  deure  chège, 
E  c'  trèvin,  ce  qu'  n'èstcu  nin  timps  d'  broguî  l'ovrège, 


-—  45i  - 

Ca  gn'avcu  qu'  mi  qu  wangnîve  po  r'  pahe  lès  p'tits  càrpaî. 

Ji  d'va  l'si  chèrvi  d'  père,  mi  qu'  n'èsteu  qu'on  jônai. 

Ah!  vos  m'  polez  bin  creure,  j'  passa  po  tos  lès  nouke, 

Avou  çou  qui  j'  wangnîve,  nos  n'  magnîs  nin  de  souke. 

Mais  j'aveu  de  corègc,  j'ovra  sins  mûye  tàrgî. 

Et  à  mes  deux  autes  fré,  j' fa-st-apprinde  on  mèstî. 

Ah!  Tci  qu'a-st-on  s'  fait  d'  voir,  i  n'  fù  jamâye  qu'i  màque! 

Soussouu. 
C'è  vrêye,  c'è  comme  j'a  fait  po-z-acclèvcr  J'han-Jâcques. 

GIli.es. 

Awè,  v's  avez  passé  comme  mi  dès  deurs  hiquèt, 
Y's  avez  d'jà  vèyou  clér  è  vosse  hièle. 

SOUSSOUR 

Oh  ! awè ! 
Nos  avans  stu  logî,  vèyez-v\  à  l'  môme  èssègne, 
Ca  fâ  qu'on  aîme  l'ovrège. 

Gilles. 

Sins  jamâye  lî  fer  Thègne; 
Et  dire  qu'ènnc  aveu  co  dès  cix  qui  riyît  d'  mi  ! 
Tôt  m' traitant  d'  bûbinème! 

Soussouu. 

Oh  !  gn'a  qui  fai,  qui  di. 
Gilles. 
C'è  vrèye,  çoulà. 

Soussouu. 

Kibin  gn'a-t-i  d'  ces  bais  apôte 
Qu'ont  l'air  di  s'  moquer  d' tôt  et  qui  rièt  d'  nos  aute, 
S'is  d'vît  fer  'ne  sifaite  keure,  qu'  n'ârît  nin  1'  basse  di  cour. 

GÎLLES. 

Comme  vos  avez  raison.  Jâsans-st-on  pau  di  m'  sour, 

Qu'èsteu  r  pus  jonc  di  tôle  et  qu'  fève,  pauve  pitite  mère, 

Li  manège  comme  ine  feumme.  A  c'ste  heure,  elle  o-st-è  terre 


—    '4oo  — 

A  case  (l'on  sins  honneur  qu'  l'a  lait  mori  d'  chagrin. 
Elle  m'a  lèyî  'ne  èfant  qu'  jacclîve. 

Soussoun  {loi  r'  soiiwant  'ne  làmr). 

Pauve  orphulin  ! 

(iti.l.ES. 

Sèpez-v'  bin  wisse  qu'il  è? 

SorssoL:i\. 

J'Iian- Jacques  mi  Ta  dit,  Gilles. 
Et  j'  creu  qu'  n'è  nin  bin  ki. 

GÎI.I.KS. 

Ce  CDU  qui  m'  fai  T  pus  d'  bîle, 
Ca  j'a  sogne,  lot  crôhant,  qu'i  n'  prinsse  on  mâvas  pleus, 
G'è  poquoi  ji  vôreu,  vèyez-v'... 

SOL'SSOUU. 

Eh  bin? 
Gilles  {to!  [aul  'ne  foice  pojûscr). 

y  vôreu 
Trover  'ne  ange  qu'èl  prindahe  comme  ine  mère  dilé  lèye, 
Tôt  l'aksègnant  1'  bonne  vôye  avou  ses  bons  consèyc. 
Volez-v'  èsse  ciste  angc-lîi,  volez-v'  loyî,  Soussour, 
Vosse  dèstinèye  à  1'  meune,  vos  qu'a-st-on  si  bon  cour. 

{i chante  .10  rairdi:  Miittrc  Patelin.) 

{'  Cori'LKT. 

Ji  v's  aime  comme  on  ;  iinc  li  roscyc, 
A  l'airoin'o  dès  bais  joii  d'  prélimps, 
Ou  comme  i'oiihai  qui  grusinèye' 
Divins  les  l)iiskt'p;c  si  refrain, 

Ji  v's  aime,  ji  v's  aime,  cl  po  qn'  vossc  louquciirc,  iinùye, 
Sor  mi  s'asl.lgc  comme  inc  airdir  (ianifiiu', 
Toi  lanl  r'j^Iali  les  deux  itièle  di  vos  oûye, 
Ali  !  bonne  anj^e,  ji  v'  donreu  loi  m'  cour. 


—  456 


Ji  v"s  .'lime  comme  ou  nime  li  naleure 

Qwaiid  apoiile  lès  bais  jou  d'oslé, 

Ou  comme,  qwaïui  1'  niilèye  si  mosteure. 

Aime  de  vc)i  r'iure  li  baité. 

Ji  v's  aîme,  ji  v's  aime,  et  po  qu'  vosse  boke  nosêye 

Si  drouve  tôt  comme  on  joli  boton  d' tleur 

Et  qu'on  bai  rire  so  mes  oûye  s'arrèslêye, 

Ji  don'reu  mi  âme  avou  bonheur. 


Ji  v's  aîme  comme  so  l' terre  fâ  qu'on  aîme 
Ine  belle  ange  ravolèye  d'à  cir. 
Jourmâye  ji  wâdrè  d'vins  mi-même, 
Comme  on  wâdedi  Diu  l'  bai  sov'nir, 
Ji  v's  aîme,  ji  v's  aîme,  H  po  qu'  vos  lùppe  rôscye 
So  lès  deux  meune,  s'apouyèsse  pleinle  d'amour. 
Ah  !  j'  donreu  m'  vèye,  à  vos  qu'  lin  m'  dèstinêyc 
Ca  vos  avez  d^jà  mi  âme  èl  m'  cour. 

SoussouR. 
Estez-v*  sûr  qui  v'  m'aîmez  ! 

Gilles. 

Oh!  Soussour,  si  ji  v's  aîme, 
E  polcz-v'  è  doter. 

Soussouu. 

E-ce  bin  sûr  por  mi-môme, 
N'è-ce  nin  po  l'orphulin  ? 

Gilles. 

Nènni,  ca  d'pôye  six  meus 
Qui  ji  v'  kinohc,  ji  v's  aîme  ;  èl  fer  pus  ji  n'  sâreu. 
Soussour  {fnnl  les  qwajisc  dresse  géncyc). 

I  gn'a  'ne  saquoi,  pa,  Gilles,  qui  j'  so  honteuse  di  v'  dire, 
C'è...  c'è...c'è... 


—  457  — 

Gilles. 

C'è!!  jûsez! 

Soussoru. 

Vos  allez  mutoi  rire, 
Gilles. 
Mi,  rire  di  vos,  Soussour,  oh  !  vos  n  mi  k'nohez  nin! 

SOUSSODR. 

Ni  v's  a-t-on...  jamâye  dit  qu'  j'aveu...  'ne  èfant? 
Gilles  (tôt  /'  rilouquant  tôt  cwnré). 

Kimint! 
Vos  avez  'ne  èfant  !  Vos  î 

SoussouR  {lot  cachant  s"  rkège). 
Awè. 
Gilles  {A  part). 

Ji  creu  qu'elle  rèye. 
Soussoi:r. 
On  vin  d'  m'ùl  rappoirter,  ca  'lèsteu  fou  de  I'  vèye. 

Gilles  [à  \iàrt). 
Elle  a  'ne  èfanl  tôt  comme  mi  sour  ! 

SoussouR  (/"/  /'  riloiiqnani). 

y  veu  qui  v'  tùsez, 
Portant;  j'so  'ne  brave  bûcèlle. 

GILLES. 

Oh  !  j'  so-st-èstoumaqué  ! 
Ji  n'  tùsc  nin  seuTmint  'ne  goltc.  J'a  même  li  cour  ù  l'àhe. 

SoussouR  (èwarêyc). 
Tin,  pace  qui  j'a  'ne  èfant  ! 

GÎLLES. 

Oh  !  awè,  j'  so  binàhe. 


~  458  — 

SOUSSOIR. 

Et  vos  m'  volez  co  bin  ? 

Gilles  {simplumint). 

Ji  v's  aîme,  ùdonc,  Soussour, 
J'adopUrè  vos  te  èfant. 

Soussour. 

Et  mi,  r  ci  d'vosse  pauve  sour, 
Ainsi  nos  appoitrans  'ne  part  di  bonheur  chaskeune. 
Olîo  !  rawàrdez  'ne  gotte,  qui  ji  v'  faisse  bâhî  1'  meune. 

[Elle  ètinè  vn-sl-è  Vante  chambc.) 

Scène  VIII. 

GILLES. 

Gilles. 
Elle  a  'ne  èfant,  Soussour,  l'àreu-ju  mâye  crèyou, 
Mi  qui  v'néve  tot-fcr  chai  èl  qui  n'  l'a  mâye  sèpou. 

Scène  IX. 

GILLES,  SOUSSOUK. 

Soussour  {avou  l'cfant). 
Louquîz,  Gilles,  qu'il  è  bai,  jans,  prindez  l'so  vos  brèsse. 

(Elle  li  mette  Vèfaut  so  ses  brèsse.) 

Tôt  doux,  tôt  doux,  savez.  Là  !  pa,  v'  fai  d'jà  dès  caresse. 
Gilles  {lot  bièsse,  avou  rèftinl  so  ses  brèsse). 

Mais  !...  mais...  mais  ! 

Soussour. 

Qu'avez-v'  donc  ? 

(iÎLLES. 

liisle  èt'anl  là,  Soussour  ! 


—  4Ô9  — 

SOUSSOUR. 

Et  bin! 

CÎI.I.ES. 

D'iiez  1'  vrèye,  n'è-ce  nin  rùfant  di  m'  sour  ! 

SOUSSOUR. 

Gomme  vos  estez  pèloye. 

GÎI.LKS. 

Dihez  r  vrôye  ? 

SOUSSOL'R. 

Ce  lu-même. 

{Toi  r'  priiidani  Vèfant.) 

Rinde/.  m'èl. 

Gilles. 

Oh  !  Soussour  ! 

SOUSSOLR. 

Vos  voyez  d' jà  qui  j'I'aîme. 

GÎLLES. 

Mais  r  vosse  ? 

Soussour. 

C'è  lu. 

Gilles. 

Portant  vos  m'avez  dit...  ? 

Soussour. 

Dit,  quoi  } 
Gilles. 

Toi  à  c'ste  heure,  qui  v's  avîz  'ne  èfant. 

Soussour. 

Et  bin,  awc, 
J'a  r  ci  d'  vos.se  sour,  cdonc,  mi  j'n'a  mùye  avou  nouque  ! 

Gîllls. 
Oh  !  j'  comprind. 


—  4G0  — 

SOUSSOL'K. 

G  n'a  nou  mû. 

(.1  part.) 

Fâ  qui  j'  rèyc,  qwand  j'ôl  louquc. 
Gilles. 
D*où  vin  av'  fait  cisse  keure  ! 

SOUSSOUR. 

C'a  stu  po  v's  èsprover. 
Tinez,  Gilles,  vola  m'  main,  ca  j'  so  sûr  qui  v'  m'aîmez. 

GILLES. 

Et  vos  ? 

SOUSSOUR. 

On  tôt  p'tit  pau. 

Gilles. 

Tôt  r  môme,  qui  v's  estez  bonne, 
Ah  !  qwand  n'  serons  marié,  v'  serez  l'ange  de  1'  mohonne. 

SoussouR. 
Bâhîz  voste  èfant.  —  Là.  Tôt  doux,  tôt  doux,  Mossieu, 
Lèyîz-m'  mi  part  ossu,  pace  qui  c'ô  d'à  nos  deux. 

[!s  chantée  V  duo  sitvant  so  l'air  d'  :  Urbain,  pas  de  bruit,  maman  dort.) 

Gilles. 
Ciste  èfanl  è  to  seu  so  l' terre. 

Soussoun. 
Nona,  Gilles,  ca  c'è  d'à  nos  deux. 

Gilles. 
Ah  !  v'  vôriz  bin  lî  clièrvi  d'mére  ? 

SoussouR. 
Avvt'',  cièto,  ca  j'vou  qu'senye  heureux. 

Gilles. 
Ah  !  bonne  ange,  si  foirt  qui  ji  v's  aime, 
Po  c'bèlle  keure,  j'èl  frè-sl-èco  pus. 


-   461  - 

SOUSSOUR. 

El  mi,  Gilles,  ji  v'sè  rind  (]('  même. 

Essoule. 

Nos  sèrans  père  et  mère  por  lu  (bis). 
(/«  bdhèt  l'èfant,  adonc,  i  s'bd/ièi.) 

Scène    X. 
LES  MÊME,  MÈLIE  à  'ne  oulw,  J'IIÂN-JACQUES  à  l'nule. 

MÈLIE. 

Eie  !  altrapêye  maquette. 

J'han-Jacques. 

Bin  v'ià-st-aute  choi  qu'dè  l'jottc. 
Tôt  doux,  sésse  là,  frc  Gilles,  ca  t'èl  va  magnî  lote. 
J'araNve,  ti  n'croupilie  nin,  camarade,  so  tes  où. 

MÈLIE. 

Et  Soussour,  donc,  l'keute  aiwe,  louque  on  pau  comme  ôlleboû. 
V'poliz  bin  dire,  souwêye,  qu'vos  n'vis  marèy'rîz  mâye. 

Soussour  {à  Mèlic). 
Bin,  j"èl  va  fer,  Mèlie,  pusqui  l'brave  Gilles  m'ahâye. 

J'han-Jacques  (à  Gilles). 
Et  k'mint  asse  fait  po  fer  ti  d'mande'? 

Mèlie   (à   J'han- Jacques). 

Oh!  il  a  fait 
Gomme  vos  l'divrîz  fer,  vos,  av'  oyou,  bai  cabai? 

J'han-Jacques  {couyonnanl). 
Gn'a  t-i  'ne  saquoi  qui  presse? 

Mèlie. 

AUez-ô,  grand  rahisse, 
Sur  qui  c'n'è  nin  d'vosse  fdlc,  èdonc,  s'i  gn'a  nou  risse. 


—  462  — 

J'han-Jacques. 
Oh  !  non  risse!  on  se  bin  qu'ji  m'marèy'rè-st-avou. 

Mèlie. 

Mais  qwand? 

J'han-Jacqijes. 

Ax  treus  vîx  homme. 

MÈLIE. 

Louquîz  donc,  l'iaid  chaipiou. 
J'han-Jacques. 

{Chante  so  l'air  de  la  petite  Margot.) 
lièspleu. 

L'  ci  qui  s'  marèye 

Sèciie  à  l' lol'rèye 
On  numéro  qu'  wangne  lès  tracas  d' l'infer. 

Ca  c'è-sl-appreume, 

Qwand  'i  a  pris  'ne  feumme, 
Qu'i  veu  seul'minl  ses  manire  et  ses  air. 

1"  COUPLET. 

Qwand  vos  hantez,  c'è  totès  sainte  Nitouche. 
N'èi'si  donrîz-v'  nin  l' bon  Diu  sins  ii'fèssion  ? 
Ca  'lies  fèl  li  streute,leus  air  aimâve  vis  touche, 
El  po  v'  complaire,  elles  fèt  cint  mèye  façon. 
lièspleu. 

Mais  'ne  fèye  mariêye. 

Ces  binamêye 
N'ont  pus  mèsâhe  de  cachî  leus  mèhin. 

Ca  leus  bajawe, 

Leus  mâles  lawe, 
Vis  aksègnèt  même  çou  qu'  vos  n'sèpcz  nin. 

i«  COUPLET. 
Enne  a  qui  d'hèt  qu'  c'è  totès  ange  so  l' terre, 
Qu'on  a  sins  zèlles  nolle  jOye  et  nou  plaisir. 


—  i63  - 

Qu'elles  sont  iîmt'ye,  grâce  à  It-u  caractère, 
Qwainl  elles  mori'i  qu'elles  vont  fi  drcu-sl-à  cir. 

C'è  dès  canôye, 
Qui  r  diâle  rinùye, 
Ca  po  lès  k'dùre,  1  donne  si  part  Ax  chin, 
Et  r  vix  saint  Pîrre, 
Qui  n'oise  rin  dire, 
Lès  lai-st-intrerpo  fer  damner  lès  saint. 
{Si  rnoqitatii.) 

Et  volà,  pa,  belle  plume. 

Mélie  {on  pou  mâle). 
Allez,  qwèrreu  d'chicane. 
J'han-Jacqles. 
Donc,  de  raanire,  ainai,  vos  v'Ià  cû  'ne  foye  so  l'canne. 

MÉLiE  {mâle). 
Din,  ji  n'hante  pus. 

J'han-Jacql'es. 
Sèreu-c'  h  l'bonne,  todis,  mon  Diu  ! 

MÉLIE. 

Awè,  \h  ! 

J'han-Jacques. 
Hein!  mon  Diu  que  bonheur! 
MÉLIE  {tolc  mâle). 

Jamûye  pus. 
J  man-Jacques. 
Oh!  la  belle  enfant,  da,  c'è  trop  sérieux  po  rire. 

Soussouu  {à  rhan- Jacques). 
J'Iian-Jûcques,  vos  m'fex.  dû  rpùne  avou  lolcs  vos  maniro. 


—  464  — 

J'n AN -Jacques. 
Ji  n"èl  frè  pus,  Soussour. 

SoussouR  (à  J'han-Jacques  et  à  Mélie). 
R'mèltez  lès  cache  è  fôr. 
MÉLiE  {qui  brogne). 
Mi,  ji  n'vou  nin  lès  r'mètte. 

J'han-Jacques  (à  Soussour). 
V'vèyez  bin  ! 

MÈLIE. 

Qu'  sèreu-c'  pôr 
Pus  tard? 

GÎLLES  (fl  Mélie). 
Jans,  jans,  Mèlie,  c'è  qui  J'han-Jâcques  vis  aîaie, 
C'è-st-on  si  bon  valet! 

J'han-Jacques  (à  Gilles,  toi  s'  moquant). 
Mi,  ji  so  comme  de  l'crême. 

(A  Mélie.) 

Jans,  mon  p'iit  cœur  de  beurre,  ni  brognant  nin. 

Mélie. 

Sia. 

J'han-Jacques. 

V's  irez  deux  pône  po  eune,  poquoi  l'fer? 

Mélie. 

Po  çoulà. 

J'han-Jacques. 

Çoulà  c'n'ù  nin  grand  choi;  jans,  jans,  mi  p'tite  poyètte, 
Ni  brognan  nin, 

Mélie. 

Sia. 


-  405   - 

J'han-Jacql'es. 

Bin  louquîz,  ji  v'promètte 
De  v'miner  hoûyc  à  bal  amon  Lapôrt. 

SoL'ssoua  (à  Mélie). 

Allons 
Mèlie,  nin  dVos  manire. 

J'hân-Jacques. 

Nos  ûrans  tot-rate  si  bon 
Qwand  nïrans  nos  entrichat,  jans,  ji  v's  aclitèy'rè  'ne  bague. 

{Mèlie  poche  di  jôije). 

SoussouR  (à  Méiie). 
A  c'ste  heure  vos  v'ià  d'accoird,  nos  d'visrans  di  v'marier 
Qwand  v'sorez  pus  sérieuse,  qui  v'ii'ircz  pus  danser. 

îilÉLlË. 

J'  n'irè  mùye  pus,  Soussour  ! 

J'han-Jacques  (à  Mélie.) 

V's  àrîz  bin  trope  di  pône, 
Pa  v's  è  frîz  'ne  maladèye  ! 

Soussour  (à  Mélie), 

Et  puis  v's  estez  trop  jône  ! 
Mélie. 

Louquîz  donc,  lèye,  trop  jône,  mi  qu'va  so  dix-hût  an, 
El  J'iian-Jàcques  so  vingt-treus. 

Soussour. 

V's  estez  co  trop  ùfant. 
Mèue. 
J'so-st-ossi  feumme  qui  vos. 

J'han-Jacques  (à  Mélii). 

Awè,  çoulà  j'èl  wage, 
Eco  pus  qu'ièye. 

30 


/iC6 


Méue. 
Pus  qu'lèye  !  cloyîz  vossc  gcaivc,  laid  pngo. 

{Sou!!sniir  dorme  refaut  à  Gilles.) 

Scène  XI. 
Lès  même,  DADITF;. 

Dadite  [qui  rappoite  lès  dorcyc). 

Aha,  vo  m'-richal,  dai  ! 

SoussouR  {à  Dadite). 
Mettez  lès  chai,  tinez. 
Dadite  {faut  odcr  les  dorèije  à  Soussour). 
Quelle  bonne  odeur! 

SoussouR 
Edonc? 
Dadite  {lot  mettant  lès  dGrèyc  so  /'  lave). 
EtTcafè? 
SoussouR. 

J'èl  va  fer. 
Mélie  {à  Dadite). 
Marne,  sèpez-v'  bin  rnovèlle? 

Dadite. 
Quoi  donc! 
Mélie. 

Gilles  si  marèyc 
Dadite  (ri  part). 
I  l'ârô  seurmint  dit. 

{<i  Melie.) 

J'èl  se  mî  qu'vos,  dai,  mTôye, 

{FAle  vcu  Gilles  qui  tin  Vèjanl.) 

Tin,  qu'poite-t-i  d'vins  ses  brèsse! 


-   /iG7   - 

MÊME. 

C'è  l'èfant  d'ù  Soussour. 

Dadite  {lole  mâle). 

Si  v'riez  co  d'mi,  vosji  v'va  jower  'ne  aule  tour 
Qui  dogu'rè  vossc  maquette. 

J'han-Jacques  (à  Dadite). 

Portant  c'è  l'vrêye,  Dadite. 

Dadite  (à  Soussour). 

Vos  avez  'ne  èfant,  voo  ! 

Soussour  {qui  7'/*rn/rf  l'èfant  à  (Hllex). 

Awè, 

Dadite. 

Bin,  l'dialc  mi  .s'pite. 
On  n'iès  fai  nin  portant  à  Twapeiir. 

J'iiAN-jACQUEs(à  Gtltes). 

Nom  di  hu, 
Gomme  ji  rèye,  ie  fré  Gilles! 

MÉLiE  (à  Dadile,  lot-z-aksègnant  Gilles), 
C'è  st-ine  èfant  d'à  lu. 
Dadite. 
D'à  Gilles  ? 

Même. 
Awè,  èdonc. 

Dadite. 
Oh  !  j'ni  comprind  pus  gotte. 

MÉLIE. 

Bin,  c'è  l'èfant  di  s'sour,  avez-v'  oyou,  vèye  sotte; 

Gomme  il  è-st-orphulin,  Soussour  va  l'adopter 

Toi  s'mariant  avou  Gilles,  c'è  'r.e  belle  keure  qu'elle  va  fer. 


-  468  - 

Dadiïe  (èwarêye). 
Avou  quî  ? 

Mélie. 

Avou  Gilles. 

Dadite  {tôle  mâle  à  Gilles). 

Kimint  donc,  feu  d'mèssège, 
Ni  ni'av'  nin  promèltou,  d'iiez,  lut-rate  li  mariège. 

J'iian-Jacques  et  MÉLIE  (à  Dadile). 
A  vos  ? 

Gilles  (à  Dadiie). 
Jamùye,  jamâye,  ji  nVis  l'a  promèttou. 
Dadite. 
Diiiez  pôr  lot  d'on  côp,  qu'vos  n'm'avez  nin  r'qwôrou. 

J'iian-Jacques  (â  Dadite). 
Lu,  v'riqwèrri,  Dadite! 

{Sousxour  il  Mèlie  arrhirjèl  deux  cossin  so  deux  chèyire  et  conquit  Vèfant  (Tsus^ 
elles  vinèt  vèye  soviiit  s'i  doime.) 

Gilles. 

Po  çoulà  ji  n'a  wâde. 

Dadite. 

Bourdcu,  vos  mèritrîz  qu'ji  v'jouv/asse  inc  aubade. 

J'han-Jacques  {lot  riant). 

So  lair  di  boulie  dissus. 

Dadite  {tôt  choûlant). 

Tromper  'ne  brave  feumme  comme  mi 
Qui  n'fai  mûye  dès  môssège. 

SoLSSOUP.  (à  Dadile). 

Vos  àrcz  ma  compris. 


—  469  - 

MÈLiE  («  Dadile). 

Allez,  fcûssedi  rùchà,  v'qwirrîz  Saint  Pirre  à  Rome. 

Fez  'ne  creux  là-d'sus,  louquîz,  d' voleur  co  r'prinde  ine  homme. 

J'iian-Jacques  (à  Mi'lic). 
C'è  qu'elle  si  r'sin. 

{à  Dadite.) 

Jans,  jans,  Dadite,  ni  choùlez  nin  ; 
Si  v'volez,  ji  v'qwir'rè-st-onque  qui  v'convairè  bin, 
Et  qui  v's  aîm'rè  de  mons. 

Dadite  {qui  n'  choâle  pus). 

Pinsez-v'l 

Même  {A  Dadile). 

Louquîz  donc,  comme  elle  glètle. 
Dadite  (à  Mélie). 
Taîhîz-v',  vos,  tourciveuse,  ou  j'raballe  vosse  clappèlte. 

SOLSSOUR. 

Jans,  Dadite,  ji  v'di  co  qui  c'è-st-on  mal  ètindou, 
Ca  m'mariège,  avou  Gilles,  èsteu  déjà  conv'nou. 

Dadite. 

Allez,  si  vos  v'mariez,  c'è  po  fer  l'tant  à  faire. 
Même  («r  autc). 

Vola  co  Tchin  qui  hagne. 

Dadite  (à  Soussonr). 
Vos  n'vis  arring'rez  wérc. 
Soussoup.  {à  Ddditc). 
Allons,  n'sèyîz  pus  mâle,  louquîz,  j'va  fer  l'cafè. 

Dadite. 
N'èl  fâ  nin  fer  por  mi,  j'ii'èl  beurè  nin. 

Scussoun. 

Poquoi  ? 


-  470  - 

Mélie('Î  Soussonr). 
Lèye  qui  n  el  beurè  nin  ! 

(À  Dadite). 

Av'  rouvî  lès  dorêye  ? 

J'han-Jacques  (à  Dadite,  loi  H  faut  oder  les  dorcije). 
Odez-lès,  jans,  Dadite. 

SoussouK  (à  Dadite). 

Jans,  sèyîz  binamôye! 
J'han-Jacques  (à  Dadite). 
Ine  fèye  à  fer. 

Dadite  (à  J'han-Jacques). 
Tot-rate,  vos,  vosse  geaive  va  peter. 
J'han-Jacques. 
V'n'èslez  nin  co  m'bèlle  mère,  savez,  Dadite,  po  l'fer. 

Gilles  (à  Dadile). 
D'hez  qu'awè,  jans,  Dadite. 

J'han-Jacques  {à  Gilles). 

Elle  èl  va  fer,  vîx  stoke. 
Dadite  (à  Gilles,  toi  /'  man'çanl). 
J'èl  frè,  mais  j'a  sor  vos  on  dint. 

J'han-Jacquf.s  {à  Dadile). 

On  dint  ou  'ne  broque  ? 

SOUSSOUR. 

Jans,  Dadite,  rifez  l'pâye  et  ji  v'pây'rô  sovint 
On  bon  qwârti  d'doréye. 

{Dadile  si  hii-st-à  dire.) 

Gilles  {à  Dadite). 
Awè  jans,  d'nezm'  li  main. 

{Is  s' dinèt  l'main.) 


—  471  — 

Dadite  {tot-z-aksègnani  Glllci). 
Louquî/C  donc,  n'dirizv'  nin  onque  qui  vin  iïer  manchette. 

(à  Gilles.) 

Mais  pus  tard,  rawàrdez,  v'Iès  compl'rez  vos  bèrwètte. 

J'han-Jacqles. 

Lu,  jamâyc  i  n'pièdrè,  pa  frè  noûf  tos  les  cùp, 
Sins  fer  bèrwèlte  à  l'planche. 

Mélie. 

Louquîz,  donc,  l'grand  bâbô  ! 
SOUSSOLR  (qu'a  fait  /'  cnfè). 
Jans,  vola  l'cafô  fait,  buvans,  l'tâve  è  mèltowe. 

Gilles. 
Po  l'keure  qui  v's  allez  fer,  Soussour  mi  cour  rimowe. 

{ilèlie  è-xt-adlé  Vcfaiii,  Dadite  côpe  é  cachette  on  boqtiùt  d'don'ye). 

SOUSSOLK. 

Ni  m'nounnnL'z  pus  Soussour. 

MÉLIE. 

Nenni  dai,  'Ile  a  'ne  èfant. 
J'iian-Jacqles. 
Bin,  nos  l'noumm'rans  mémére. 

GÎLLES  {à  Sonssour). 

Awè,  vosse  cour  è  grand  ! 
J'h an-Jacques. 

Ainsi,  c'ôbin  conv'nou,  m'bravc  Soussour  si  marèye 

Avou  toi,  camarade,  et  li  p'iite  Mèlie,  lèye, 

Rawàrdrè  co 'ne  miette,  J'han-Jâcques  a  co  bin  l'timps. 

Soussour. 
Et  s'  dihans  comme  li  s[)Ot,  lot  è  bin  qu'linihe  bin, 
Ca  l'ci  qui  su  l'bonne  voye  a  todis  Tcour  à  rùhe. 


—  472  — 

J'han-Jacques. 

Et  po  fini,  chantans,  po  qu'tot  rmonJc  seûye  binâhe. 

(/«  chantét  so  Vair  de  rcsplcil  de  l'cluinson  di  :  Malvina.) 

Chanlans,  rians,  fans  l'sot,  (bis) 
,  Si  n'jowans  l'comèdèyo, 

C'è  po  qu'on  s'plaise  qu'on  rèye; 
Chantans,  rians,  fans  l'iot, 
Abèye  amusans-nos, 
Tûl-for  nioqiians-nos  d'tol  ; 
Chantans,  rians,  fans  l'sot. 

Li  teûle  tome. 


Lès  bouteû-foû 

Jây'lai   naturaliste    è  treux  ake. 


PAR 


Auguste  et  Clément  DEOM 


Devise  : 
È  fond  de  peûpe. 


MEDAILLE     DE     BRONZE. 


PERSONNÈGE : 

3\CQ\]E^,boH[eû-foû 26  an. 

BOUYOTTE,  boulcû-foû 50  » 

NOQUETTË,  rauh'û  d'  rivage 29  » 

HINRI.  imprimcû 22  » 

C\\\^\0'S,toueûd'aballa{ic 32  » 

MENZIS,  mnisse  di  cabaret 5-4  » 

HENDECLICIIE, /ioiïî/c 50  » 

MOP.Tl{0{}\,  ovri  d' fabrique 40  » 

COIjXS,  présidinl  de  bnl  jwpulairc 50  » 

KU.ESSE,  cochei  d' vigilante 36  » 

DELCMIF,  canâli 57  » 

L'AMÂNDA,  marchand  d'oubli, 
.^'archand  d' (]rènâde. 

GÈGFj,  mère  d'à  Jàciiues  cl  d'à  Tonnelle 01  » 

TONNÈTTE,  fèye  d'à  Gègè  cl  crapaude  d\ï  RouijoHe  ....  28  » 

].0[}lSK,  fèije  d'à  Menzis  et  crapau'Ie  d'à  Hinri 21  » 

GAIilTE,  feumme  d'à  Colas 47  n 

Ine  pilUe  bâcelle 8  » 

Corcû,  dnnscû,  danseuse  cl  figurant. 

N    B.  Les  lieux  ake  si  passât  è  1'  poroche  S.iint-Phoyin,  M  samaîne 
de  rfièsse;li  prumî,  li  dimègnc;  li  deiiz;iîme,li  londi;li  treuzaîme,  lijûdi. 


Lès  bouteù-foù 

JAy'lai  naturaliste  è  treux   ake. 

PRUMI    AKE 

LES    COLÈBEU. 


L\  scène  riprdsinte  ine  warihai  de  1'  porochc  Saint  Phoyin.  A  prumi  plan,  à  dreule, 
li  mohonne  d'à  Gègô;  diso  lès  finiessc,  so  on  skanfàr,  sont  hàn;ni  dus  logiime,  ine 
cleuse  di  eûtes  peure  avou  on  bai  blanc  drap  qu'ennè  rafulc  li  mittant  ;  adonc  des 
chique,  frûlège,  borai  d'bois,  so  on  p'tit  botiquot  à  l'mùde  dé  qwùrli  A  pruml  plan 
gauche,  li  cabaret  d'à  Houbert  Menzis,  ayant  comme  èsègne  :  A  rajour  des  boutcû-foû. 
A  dreute  dé  1'  mohonne  ine  palissade,  à  1'  dilongue  de  V  quelle  si  trouve  on  banc 
d'bois,  on  coirdai  qui  sicve  po  léyî  d'hinde  l(>s  banslai,  vin  d'à  pégnon  gauche  de 
r  mohonne  d'à  Cégè,  et  6  loyî  à  l' liesse  de  dicrain  pà  dé  1'  palissade.  Li  mohonne 
d'à  Menzis  deu-t-avu  ine  finiesse  dinant  so  1'  pavôye,  et  so  les  cwârai  deux  rondai 
d'keùve.  Qwand  li  teille  lîve,  sont  assiou  so  1'  banc,  disconte  les  pàfi,  Hendècliche  et 
on  coreu.  Noquette,  drèssî,  vude  li  gotle  à  Hendècliche.  Jacques,  li  liesse  è  i'air, 
louque  après  lès  colon  ;  è  mitant  de  1'  scène,  à  treuzainie  plan,  treus  coreû  accropiou, 
fèl  on  rond  et  jowèt  à  I'  polte. 


Scène  I. 

J.VCQUfô,  NÛQUi-yriE,  [lENDECLICIll-:,   QUATK  COFŒU. 

1"  Coreu. 
De  maque. 

^^  COIŒU. 

Ji  copc. 


—  47G  — 

5*  COREU. 

D'à  meunc. 
Jacques  {loi  louquanl  è  ruir). 

C'ô-st-ine  bîhe  à  rîdèye. 
5*  CoREU  {à  paii). 

Qwinze  censé  qui  j'wangneùc'ste  heure,  ettot  ratedîheàrdèye. 
Ce  r  feùte. 

Hkndecuche  {àNoquetle,  qui  H  vûde  U  goKe). 
Qoi-st-èlle  foute,  doh,  ti  rrimplihc  qu'à  l' mitant. 
Noquette. 

l  fâ  bin  fer  1'  faurié,  j'èiine  ûrè  wère  ottant. 
Louque,  mi,  ji  n'  di  co  rin. 

IIendecliche. 

Oh  !  mi,  zè  1'  vou  mes  compte. 
Li  rôsse  zè  1'  m'èna  foute. 

2"  Coreu  {â  trcuzémé). 

T'è  dVins. 
5*  Coreu  («  dciizémc). 

Awè  vîx,  compte 
Tes  point. 

ï'  Coreu. 

Sîhe,  noûf,  quatoise.  Eh  !  bin,  èsse  ècrahî, 

Valet? 

Noquette  (c  Jacques,  nvou  s'  main  d'zeu  ses  oûye). 

Vos  'nnè  cial  onque  qui  n'a  nin  l'air  nâhî. 

Saint  Mathy,  comme  i  flahe. 

Jacques  (à  Noquctle,  après  avu  louquî  è  l'air). 

Cila  qu'  plaque  âx  nûlêye? 
Pa,  m'  cowe,  c'è-st-ine  airchîche,  on  1'  veu  bin  à  s'  volêye. 

Noquette  (piqué). 
On  r  veu 


-   477  — 

Jacques  {lot  /'  covyoïnu  nt). 

T'a  l'oûye  pèrèye,  Noquette;  houle  çou  qu'ji  l'di, 
C'è-st-ine  ange  qui  va  prinde  si  pièce  è  paradis. 

Hendecliche  {avou  ridcye  dès  d^ner  4'  côp  à  yoquclte). 
Ou  le-ce  nin  li  Saint  S'prif 

Noquette  [tôt  r'monlanl  l' scène,  po  fer  fini  /'  conversation). 
Awè,  bonne  nute,  dès  preune. 
Jacques  {sur  di  lu  même). 
Li  prumî  qui  vinrè,  wage  tu  qui  c'  sèrè  ï  meune. 
Louquc  bin  d'zeu  li  c'tadèlle,  et  t'èl  veurè  serrer. 

Hendecliche  (à  Jacques). 
Tè  V  deu  k'nolie  ton  colon,  ce  d'à  tonque. 

Jacques. 

Assuré, 
Qu'  c'è  d'à  meune. 

[Tôt  mittam  s'  main  so  li  s'  paie  d'à  Soqiiette.) 

Hoùte  bin,  sésse;  i  va  prinde  si  tournt}ye 
Dizeu  r  tour  Saint  Phoyin  ;  ci  n'è  nin  d'  ciste  anncye 
Qui  'ne  saquî  colèbèye;  ji  wage... 

Noquette. 

Awè...  s'i  r'vin. 
Jacques. 

I  n'sa  màye  trèbouhî,  qui  faisse  bîhe,  qui  fuisse  vint, 
C'è  todis  r  iî  môme  bièsse. 

Hendecliche  {toi  .s' levant,  à  Jacques). 

Di  donc,  ti  t'embalêye, 
Sésse,  l'ami. 

{Les  coieu  «'  di.tpittct  iule  zclles.) 

2'  CoREu  [â  prumi). 

T'a  bourde,  louque  lu,  c'è-st-inc  pèlêye. 
Pa,  c'ù  li  qu'  vin  d'  m'ùl  rinde. 


—  478  — 

Jacque-  {â.i  corcii). 

Hai  la,  liai  la,  douc'mint. 
2"  CouEU  (luclia  à  prumî). 


Ce  d'à  mcune. 


1"  CouEU  {n  deuzaime). 

T'a  blanqui. 

Jacques  (àx  cor  eu). 

Ti  tairèssc  on  moûmint, 
Tes  aute,  ca  s' ti  brai  co,  ji  t'  kipille  jisqu'è  Bêche. 

2'^  COREU  (fl  Jacques). 

Bin,  i  m'  plai  d'avu  m'  vîr. 

Hendecliche  {àx  coreu) 

Volez- v'  vite  clore  tè  bêche. 
Ou  zî  va  laper  m'  chique. 

2«  Coreu  {mûvas). 
Qui  raconte-tu,  flamind? 
Hendecliche. 

Zè  r  raconte  que  zè  1'  di  qui  ci  tè  l' ti  tais  nin, 
Zè  Tva  fer  vèyî  t'  père  po  l'aute  costé  de  1'  boke. 

2*^  Coreu. 

Et  poleur,  c'ènne  è  deux.  Ci  n'è  nin  1'  pus  grosse  cloke 
Qui  mûne  li  pus  d'arège,  dai,  vîx. 

Jacques  (à  Hendecliche). 

Ni  l'accomple  nin, 
Sot  m'  vc,  taisse-tu,  lai-T  la  po  çou  qu'il  è,  hein. 

ilENDECLttlIE. 

Mains. 


-   479  — 

Jacqies. 
Jo,  po  Tamour  di  Diu,  lai  F  po  de  pan  toi  sèche, 

2"  CoREU  {à  Hendecliche). 
Ti  n'a  niâye  magni  nouque. 

1"  CoREU  (a  diuzcmi). 
Saint  nom  di  hu,  clô  l'  bêche. 

(rt  NoqueCte  qui  s'  voii  mêler  (V  Vaffuire.) 

Et  li,  ça  n'  ti  r'garde  nin. 

2*  CouKu  (ri  prumi,  toi  levant  i'  main  po  bouhi). 

Oh  !  ni  t'  kihènne  nin  tant 
Ou  ji  l'  va  fer  passer  1'  gosse  de  pan, 

NoQUEiTE  {â  deuzémc  cor  eu). 

Mains  portant. 

I"^  CoREU  {lot  levant  s'  main). 

Non  di  hu  ! 

2«  CoREU  {si  rccrcstanl). 

De  bouhî,  si  ti  fai  màye  astème, 
Ji  va  d'on  maisse  côp  d'  pogne  ti  disfoncer  l'  baptême, 

(Is  s'acoyùl.  hoquette  vielle  inlc  deux.) 
1°  CouEU  {à  Nuquctlc  quel  tin). 
l.ache  mu. 

NcouETiE  {à  prumi  corcu). 
Ti  ferre  sor  mi. 

2"  CoREU  {à  prumi). 

Ti  m'  foute  dès  côp  d'  la!on. 
I  fâ  qui  t'  corvai  lomo  è  cou  di  t'  iianlalon, 
Poùi  ri  ! 


—  480  - 

1"  ConEu  {lot  houhaiit  so  r  deuzcme). 
Rin  n'  va  ! 

NoQUETTE  {si  sintanl  strindou). 

Jacques  !  Jacques! 

*  Jacques  {tôt  saijant  di  lès  dislèllcr). 

Non  di  hu,  quelle  chawâde. 
Ji  v'  va  lot-rate  hiner  vos  hozètte  à  1'  hapâde, 
Gamin! 

NOQUETTE. 

Jacques  !  On  m'  sitronle. 
Jacques. 

Volez-v'  vis  distèler, 

(On  ètind  on  foin  côp  d'  huflet  è  /'  coulisse.) 

Ouji  v'dihâsse  turlos. 

{Les  corcu  et  NoqtietCe  tottmèt  à  /'  terre). 

Hendecliche. 
Jacques,  on  1'  vin  de  hufler. 
Jacques  {bouhanl  d'avl  d'avû). 

{A  Hendecliche.) 

Saint  Houbert,  que  bazar  !  Raye  lu  po  1'  pai  di  s'  vinte. 

{A  pritmî  coreii.) 

Ji  n'  se  nin  qui  m'  ralin,  vùrin,  qu'  ji  n'  ti  crèvinte 
D'on  côp  d'  pîd  ;  cour  â  diale,  vasse  so  tappe,  laid  hilraî, 
Et  qui  ji  n'  ti  veûsse  pus. 

{Lès  coreû  qui  s'  rilcvèt  corèt  so  tappe,  Noquétte  dimeure  couqui  à  V  terre.) 

Hendecliche. 

Zè  r  tinéve  po  1'  hatraî 
Qu'èl  pouléve  pus  bod'gî. 

Jacques. 

Falléve  lî  mette  li  pôce, 
Ou  bin  distèler  t'  cingue,  et  lî  fer  quéquès  dusse. 


-   481  — 

NoQUÈTTE  {loi  s'  rilèvant). 

Viqqe-ju  co,  n'  vique-ju  pus, ji  r  vin  co  'ne  fèyc  di  Ion. 

Qui  vou-ju  dire,  donc,  Jacques,  è-ce  d'à  vosse,  li  colon. 

Jacques. 
Nènni...  louque  lu  serrer,  c'è  1'  hàmé  d'à  Bouyotle. 


Scène  VII. 
GÈGÈ  et  LI  P'TITE  BACELLE. 

Li  P'tite  {inleurc  po  /'  fond  dreûte). 


Gègè! 


GÈGÈ. 

Qui  v'  fâ-t-i  donc,  mi  èfant? 

Li  P'tite  (kihachanl  /'  français). 
Des  cuites  poire, 
Pour  sept  cennes  et  d'  mi,  mains  n'è  mettez  pas  des  noire. 

Gègè. 
C'est  les  premières,  da,  m'  fèye. 

Li  P'tite  {porçâvanl). 

Car  ma  mère  n'en  veut  plus. 
Gègè. 
Comme  vous  êtes  bien  flochtêye  donc,  binamé  Jésus. 
Pourquoi  n'avez  vous  pas  été  porter  "ne  cabasse, 
Donc,  à  la  porsèclion. 

Li  P'tite. 
Mon  père  dit  que  j'  m'en  passe, 
Parce  que  1'  curé  n'a  pas  voulu  donner  les  fleurs. 
Faut  qu'on  l's  achète,  parait. 

51 


—  482 


C.ÈGÈ. 


Oh!  Sainte  vierge,  que  malheur! 
Vous  qu'  est  si  bcllo  ainsi  ;  je  n'  ses  pas  quoi  qu  lî  stichc. 
Car  vous  êtes  atiféc  tout  comme  une  fille  de  riche. 

{A  public.) 

I  n'  louqu'reû  nin  d'  si  pro  s'  c'èsteù  po  ses  colon. 

Li  P'tite. 
Moi,  donc,  qu'avais  slrumé  mon  tout  neuf  pantalon, 

{Elle  tivssc  si  robe  èc  lai  vcije  à  Cèijè  h  dintèlle  di  î'  pantalon.) 

Gardez,  parait,  Gègè. 

Gègè. 
Mains,  saprichou  mes  botte. 

(.1  public.) 

Ji  se  qu'  po  r  gâilloter  si  mère  è-st- assez  glotte, 
Elle  freû  mîx  di  m'  payî. 

Li  P'tite  (toi  disfanl  /'  papî  po  d'ner  lès  censé  à  Gègè). 

Maint'nant  trois  boraux  d'  bois. 

{Toi  d'nant  lès  censé.) 

Ma  mère  à  dit  c'est  l'  compte  avec  cesse  qu'elle  vous  doit. 

Gègè  {toi  rafaçant  so  /'  volèl). 
Je  vais  rabatte  la  rôye, 

{Dinant  lès  borai  d"  bols.) 

Tenez. 

Li  P'tite. 
Et  ma  rawette  ? 
Gègè. 
Un  morceau  d'  récoulisse,  tenez...  a  r'voir  poyètte. 

I.i  P'tite  (lot  sorlanl). 
A  r'voir. 


—  483  — 

Scène  VIII. 

Gègè  (à  H  p'iite  qu'ènnè  va). 
Mercij  nosse  chèt. 

(A  public.) 

Bin  aclèvéye  èdonc. 
Ossi  c'è  çou  qu'  ji  nomme  pratique  à  l'amidon, 
On  l'sî  vind  pos  treus  censé,  fâ  l'sî  d'ner  pos  'ne  dimêye, 
Et  n'  wèsreu-t-on  rin  dire,  ca  1'  mère  è  si  mamêye, 
Qui  so  mons  d'on  clègne  d'oûye,  elle  âreu  rèvinté 
So  leus  ouhe  totes  lès  gins  de  1'  rouwalle  Vigoter. 
Avou  dès  s'  faites  cande,  ci  séreu  vite  bernique, 
Ji  tape  li  clé  d'  zo  l'ouhc,  et  j'  fai  'ne  creux  so  1'  botique. 


DEUZÊME  AKE. 


LI    JÊTT'RÈYE    A    L'AWE. 

Quéquès  explication  so  l' jètt'rèye  à  l'ûwe. 

Toi  ossi  bin  è  l'Hèsbaye  qui  so  1'  pays  d'  Lîge,  li  jeu  si  nomme 
jètl'rèye;  on  di  portant  quéques  feye  laper  à  l'àwe,  mains  tôt  çou  qu'è 
di  \îx  joueu  à'ijètter,  c'è  çou  qui  m' fai  prindeci  cial. 

Ll  JÊTT'RÈYE. 

Li  tièssc  de  i'  Jètir'ctje  si  fai  comme  çoucial.  Dès  grands  piquet 
chèssî  è  terre,  fèt  comme  ine  espèce  di  d'mèye  gloriètte  èl  sont  r'Ioyî 
èssonle,  avou  dès  colie  d  abe  ou  dès  faliène  qui  passét  lot  ascohanl 
d'on  pâ  à  l'aule,  û  fisse  de  sloper  li  pus  possipe,  po  si  quéquc  fèye 
ine  celle  vinéve  à  passer  ouïe  de  l'grive  ;  à  on  mêle  ou  on  mète  è  d'mèye 
en  avant,  deux  gros  pâ  sont  chèssî  è  lérre;  is  ont  ciiasconque  \r\e  grive 
(qu'on  nomme  ossi  hèrpai)  qui  fai  li  d'mèye  cèque,  et  qu'è  ou  chèssêye 
ou  boulonnêye  è  pâ.  Vola  çou  qu'on  nomme  li  liesse  d'ine  jèttr'èye. 
Divin  r  limps,  on  s'  sièrvcve  ossi  di  rowe,  mains  comme  coula  n'è  pus 
d'raôde,  ji  n'è  parol'rè  nin. 

DE  L'  TAPE. 

Li  tape  è  sovint  à  dix  mète  ;  elle  è  marquèye  avou  'ne  i  ôye  faiie  è 
terre,  ou  bin  avou  'ne  planche  mèltowe  so  crèsse  disconte  li  quelle  li 
joueu  mette  sovinl  s'  |)id  à  sloc  pos  avii  pus  âhùye  po-z-èslonder  s'  celle. 
Li  joueû  pou  sorlon  s'idèye,  â  fisse  de  qwèrri  s'clapège,  èl  ralongui, 
mains  nin  l' raccourci. 

DÉ   L'GÉLLE 

Li  longueur  d'ine  celle  è  di  vingt-cinq  pôce  di  Lîge,  elle  ni  pou  nin 
èsse  èvûdèye. 


—  485  — 

DE  JEU. 

Divins  l' timps,  on  pindéve  tol-fér  à  r  grive  ine  Awe,  «  on  jVir  comme 
dihèl  lès  joueu  ».  On  11  méltéve  li  tièsse  è  l' gueûye  de  Vgrivc,  on  lî 
ravive  on  vanai  qu'on  fève  passer  divins  deux  tro,  qui  sonl  fait  so  li 
d'vant,  âlisse  qu'elle  ni  pùye  nin  v'ni  foû,  d'oUant  pus  qu'on  pindéve 
adonc  l'âwe  viquanle. 

JETTER  INE  PATTE  DI  POURÇAI. 

On  pindéve  on  pourçai  ou  on  d'mèye,  seùye-t-i  po  1'  palte  di  diî,  et  on 
jèltéve  dissus  jusqu'f»  tant  qu'elle  fourihe  côpêye. 

Ac'ste  heure,  on  jette  ossi  po  des  censé,  dès  jambon,  dès  robètle,  etc., 
50  on  bloquai  à'  bois  ferré,  qui  pind  à  1'  grive  avou  'ne  coide  espèce  di 
grosse  filasse,  qu'on  nomme  bidanr. 

DE  L'  MANIRE  DÉ  JÈTTER. 

Avu  clajiègi'.  On  a  clapège,  qwand  c'è  qui,  après  avu  fait  s'tour  et 
d'mèye,  ou  deux  tour  sorlon  l' brèsse  de  joueu,  li  celle  vin  s'  mèltebin 
dreûle  di  manire  à  barrer  1'  grive.  Qvsand  li  celle  sèche  ou  stiche, 
c'è  qui  r  tape  et  trop  longue.  lA  celle  hcrchante,  li  mèyeu  d'  tote,  è 
jèttêye  di  d'  zeur,  fai  on  d'  mèye  cèke  è  l'air,  et  vin  raser  disconte  li 
grive,  tôt  rlinchant  ine  miette,  çou  qui  fai  qui  li  riêsse  s;.'îme  li  bidaur 
èvôye,  ou  bin  1'  fai  stinde,  estant  d'né,  qui  tote  li  foice  si  fai  è  bas. 

Jèller  d  flèvé,  c'è  jètter  s'célle  di  d'zos,  çou  qui  fai  qu'elle  vin  piède 
tote  si  foice  so  1'  grive  tolfanl  fer  on  hion  â  bloquai. 

Jel'er  di  stoc,  celle  qu'ènnè  va  lot  sûvant  'ne  ligne  horizonlàle. 

Jèller  trop  foirl  de  plat,  askure  li  bidaur  avou  1'  plat  de  1'  celle. 

Prinde  trop  di  f\ér  ou  d'grive,  askure  trop  foirt  li  grive,  çou  qui  fai 
qui  bin  sovint  li  celle  rispite  sins  avu  adusé  1'  bidaur. 

Qwand  à  l' régue  de  jeu  j'él  donne  tôt  5  long  èl'ake  sûvant. 


—  486  — 
LIJETT'RÈYE  AL'AWE. 


Li  scèno  riprésinto  li  cibarèt  lii  mon  Houbert  Menzis.  A  prumî  plan  dreûte,  ino 
finièsse,  ot  à  deuzème  plan  dreûte  li  poite  d'infrôye  de  cabaret.  A  prumt  plan  gauche, 
li  poite  de  r  chambe  et  à  deuzême  plan  gauche  li  poite  de  l'câve.  Li  poite  de 
fond  c'è  r  cis,se  de  1'  jèlt'rèye.  A  prumî  plan  dreûte  et  gauche  ine  tâve  avou 
treûs  chèyire,  ine  treuzt^mo  tàve  à  deuzème  plan  gauche.  E  fond  à  dreûte,  li 
canlièlte  avou  qudquès  boltèyo  divins,  on  krètin  et  dès  verre  so  on  d'goteu.  A 
r  pareusse  so  on  soùfiit  sont  hàgnôye  dès  botéyc  à  liqueur,  dès  verre,  dès  pipe  di 
terre  neure  èl  blanke  divins  on  vèrro  à  btre,  dès  souke  divin  on  bocal,  des  p'tits 
oui  à  costi?,  et  tôles  lès  p'titès  ahèsse  qui  fà  po  on  cabaret  à  1'  mode  de  quàrtî; 
on  drap  pind  à  on  clà  so  1'  costé  de  soûfnî.  L'  canliètte,  ine  tènn'lètte  so 
•ne  chèyire  po  r'iaver  lès  verre,  so  1'  pareuse  de  fond  gauche  li  loi  so  l'ivresse, 
dès  programme  di  colon,  dès  affiche  d'assaut  d'  chant,  dès  fièsse  de  quàrli,  bal 
populaire,  etc. 


Scène  III. 
LES  AUTE,  pus  JACQUES. 

Jacques  {rinteurc  avou  s'célle  po  i'2*p/aw  dreûte). 

Vo-m'-cial,  savez,  vo-m*-cial,  ji  n'a  sur  nin  wâisté, 
Hein,  Bouyotte? 

BOUYOTTE. 

Diale  dammage,  on  l'aveu-t-aprusté 
So  lès  montêye  de  1'  cave. 

Chamon  (prindani  V  celle  à  Jacques). 

Saint  Mathy,  c'è-st-ine  geûse 
Coula;  louque,  donc,  Menzis,  sin  'ne  mièlte  çou  qu'elle  peûse, 
C'è  tote  li  chège  d'ine  homme  ottant  'ne  dame  di  paveû. 

Menzis  {qu'a  pris  VcélU-). 
Ji  rèspond  qu'  c'è  1'  prumîre  si  posante  qui  ji  veû. 

Jacques. 
Kimintjôtt'rans-gn'  libelle? 


—  487  — 

BOUYOTTE. 

Comme  todis,  po  'ne  tournoyé. 
Li  ci  qu'èl  lai  là,  piède. 

Jacques  {à  Louise,  quisiève  li  louméye  qui  s' pérc  a  k'mandd). 

Merci  dai,  m'  binamêye, 
E-ce  so  l'dreûte  ou  so  l' iiinche,  Bouyotte,  qu'on  va  jèttcr  ? 

BOUYOTTE. 

So  totes  lès  deux,  surmint. 

Chamon. 

On  moumint,  arrèstez. 
Jacques  è  par  qui  trop  foirt,  i  fà  qu'i  faisse  troquotte. 
Ou  bin  i  sèrè  d'vins. 

Jacques. 

Ji  m'  va  fer  dès  cloquètte. 
Mains  ma  frique,  j'ènne  a  d'keûre. 

Bouyotte. 

Set  m'vé,  nos  l's  è  traw'rans 
Avou  'ne  awèye  â  châsse,  tes  cloquètte,  et  n'iairans 
On  coron  d' laine  divins. 

Scène  IV. 

LES  AUTE,  pua  NOQUETTE. 

Noquette  {inteurc  pol'  poêle  de  /'  jcti'rène,  il  è  k'pagiité  et  ù  l'air 
èdoirmou). 

Rinamêye  Sainte  Bablène, 
Comme  j'èsteù-st-èdoirmou. 

Bouyotte. 

Di  wisse  vinsse,  donc,  halcnc? 


—  488  - 

NOQUETTE. 

Ji  vin  d'  wisse  qui  j'èsteù  ;  j'a  stu  siner  m'  papî 
A  bureau  wisse  qui  1'  royc  va  bin  lu  môme  à  pîd. 

BOUYOTTE. 

Quelle  ibquince,  toi,  valet. 

Jacques  {à  Bouyolte  mostrant  Noquetle). 
Kimint,  déjà  macasse  ? 
Menzis  (à  Louise,  voyant  qui  Moquette  vas'assir). 
Bogîz  lès  verre,  Louise,  qui  tot-rate  i  n'  lès  casse. 
Noqcette  (tôt  s'asaiatit  à  V  tave  di  dreiîte). 
Payîz-v'  li  gotte,  vos,  Jacques,  ca  ji  n'  se  pus  rèchî, 
I  m'  sonle  qui  m'Alouètte  va  tot-rate  si  d'  tèchî. 

Jacques. 
Ci  c'  n'è  qu'  çoulà  qui  t'  fâ.  Vûdîz  lî  'ne  grande,  Louise. 

Bouyotte  (à  Jacques). 
Wisse  èl  va-t-i  mette,  donc  ? 

Jacques. 

Ji  n'sé  nin  mi  même  wisse, 
Ga  j'  creû  qu'  lî  flotte  è  1'  boque. 

Noquette  (à  Louise  qui  U  apoite  si  golte). 

Wisse  èstez-v'  donc,  m'  poyon? 

Louise. 

Vo-m'-cial,  prindez  vosse  verre. 

NoQi'ETTE  {lot  s^drèssatil,  à  Louise). 

Vèye  geaive,  va,  cour  d'ognon. 
Vos  frîs  plorcr  mes  ouye  si  ji  v'  louquîve  co  'ne  gotte. 

Louise. 
Assiez-v',  qui  vos  n'  toumésse. 


489  — 


NOQUETTE. 


Et  ji  dispâdreû  m'  gotte, 

(A  Jacques.) 

Edonc,  pinsêye  di  m'  cour,  vinez.  A  vosse  santé. 

C'est  drole,  donc,  qui  l'  pèquct  ji  n' èl  se  pus  goster. 

Merci  cint  leye,sésse,  Jacques,  ji  t'  riknohe,  t'ô-st-ine  homme; 

Por  mi,  r  gotte  c'è  m'  bouyon. 

BOLYOTTE. 


Et  t'èl  beû  sins  qu'on  l'home. 

NOQUETTE. 


Dominé,  patte  di  poye. 


BOYOTTE. 

Qui  vou-j'  dire,  lès  ami, 
Volans-gn'  so  1'  côp  k'mincî  ? 

NOQUETTE. 

Kimincî,  nin  sins  mi. 
Jacques  {avou  ine  air  di  moqurèye). 

Nènni,  hein,  Saint  Houbert;  pa,  n's  ârîs  belle  à  mette 
Foice  et  corège  en  ouve  qui  nos  fris  co  bèrwètle. 
Nos  passer  d'  toi?  Jamùye!  i  n'âreù  rin  d"  bin  fait, 

{Fdss'mint  ) 

Ti  nos  vinrè  à  pont...  ti  va  fer  li  stokai, 
Et  nos  frans  roum  dou  doum  so  tes  rein. 

NoQUETTE   (.si  Hue  et  sap'i'picy  di  Jacques). 

(Se  l'aHaire. 
D'abord  po  rinde  sièrvice.... 

Jacques  (à  Noquclte,  è  miltant  de  /'  seine). 

Mains  d'abord  ti  t'  va  taire. 
Boute  ti  liesse  inte  mes  jambe. 

(Moquette  mette  si  liesse  inte  lès  jambe  d'à  Jacques.) 


—  490  — 

(Jacques  dx  oute.) 

I  dire  r  numéro, 
Adonc  mi  ji  comptrè. 

Chamon. 
Mains  s'i  brai  mâye  zéro. 
Jacques. 
Et  bin  n'  comptrans  tôt  l'même,  mains  c'sérè  lès  bièstrèye. 

NoQUETTE  {qu'a  r  tièsse  inte  lès  jambe  d'à  Jacques). 
Qu'on  s'dihombe,  ji  sèfToque.èt  j'creû  qu'c'è  d'mi  qu'on  rèye. 
Jacques  {à  turtos). 

Ji  comptrè  tôt  k'minçant  po  l' ci  qu'  ji  mosteûr'rè. 
Et  c"è  comme  li  molin  â  café  qui  j'  toun'rè. 
Estans-gn'  turtos  contint. 

Turtos 

D'accoird. 

(/*  fét  li  d'  méye  rond  et  Jacques  è-st-è  miiani.) 

Jacques. 

Allé,  Noquètte, 
Brai  de  pus  reûd  qu'ti  pou...  si  ti  n'a  nin  1'  hiquètte. 

NoQUETTE  {d'ine  voit  iote  sitronléye). 
Treûs. 

Jacques. 
Noquètte  onque,  Menzis  deux,  c'è  Bouyotte  qu'à  l' treûs. 

{À  Bouyotte.) 

C'è  toi  qu'attaque,  vèssèye,  sâye  de  flahî  d'adreût, 

(A  turtos.) 

Ji  pinse  bin,  lès  ami,  qu'on  riknohrè  ses  pièce. 
Po  m'  part  ji  su  Châmon,  et  Châmon  su  Kilèsse. 

{A  Bouyotte.) 

A  'ste  heure,  allé,  soroche,  louque  d'èl  bin  attraper. 


—  491  — 

BocYOTTE  {tôt  f montant.) 
Ji  sày'rè  d'èlsitinde...  caj'  n'ôl  sâreù  côper. 

(/«  innée  turtos  è  l'  jètt'rèye.) 

Scène  XI. 

LOUISE   et   GÈGÈ. 

Louise  (à  Gègè  qu'inteure  po  T  dcuzéme  plan). 
Bonjoù,  Gègè. 

Gègè. 
Bonjoû,  m'  fèye. 

(Elle  mène  fi  bottètje  xo  V  canlièlte.) 

Louise  {qui  k'nohe  H  pratique). 
Po  doze  censé  et  d'  môye. 
Gègè. 
Awè,  mains  mès'rez-m'  bin,  savez  là,  m'  binamêye. 

Louise. 
1  n'a  vosse  û  qu'è  cial. 

Gègé. 
Coula  ji  m'è  dote  bin. 
Ja«ques  {è  r  jètt'rèye). 
T'a  cojètté  di  stoc,  là,  Bouyotte. 

Gègè  {à  Louise). 

On  l'ètind, 
Cachîz  todis  m'  botèye  qu'is  n'  vinèsso  tos  èssonlc. 

Louise. 
Is  n'  polèt  ma,  Gègè,  j'è  so  sûr. 

Gègè  {comme  si  elle  doléve). 

I  v's  èl  sonle. 
Ce  quiji  knohe  mi  li.  S'i  m' vèyévccial,  èdonc, 


—  492  — 

Ce  sClr  po  cou  po  tièssc  qu'i  m'apiss'rcù.  Adonc 
Sûr  qu'i  m'  freù  beùre  li  gotte. 

Louise. 

Vos  v's  èwarez  bin  vite. 
Qu'è-ce  qui  c'è  donc  de  beûre  çou  qui  s'  nomme  ine  pitite. 

Gègè. 
Bin  ji  n'y  tin  nin  foirt...  J'èl  beû  portant  vol'tî 
Qwand  arrive  lès  sihe  heure,  ça  siève  à  m'  rinètlî 
Li  stoumac;  c'è  vrèye,  dai,  ji  sin  'ne  saquoi  qui  m'  mâque, 
Adonc  ji  beû  'ne  dimêye. 

Louise. 

C'è  r  fî  même  qui  vosse  Jacques. 

Gègè. 
G'è-st-on  pleû  di  m'  pauve  liomme  qui  l'bon  Diul'àye  so  s'  haut. 
Dispoye  qu'i  m'a  qwilt4,  pos  aller  d'  vès  la  haut, 
I  falléve  tos  lès  joû,  qwand  arrivéve  li  cîsse, 
Fer  raison  avou  lu...  L'habitude  è  bin  prise, 
Ca  d'pôye  qu'il  è-st-èvôye  ji  n'a  jamâye  rouvî 
De  vûdî  lès  deux  gotte,  eune  por  mi,  l'aute  po  1'  vîx. 
Mains,  comme  ji  so  tote  seule  ji  beû  lès  deux  mèseûre. 

Louise. 
C'è  r  prouve  qui  v'  l'aîmiz  bin. 

Gègè. 

Po  coula  ji  v's  èl  jeûre, 
Et  jamâye  si  portrait  ni  m'  qwitteon  seul  moumint. 
G'èsteû-t-on  si  brave  homme,  il  aveu  l'  cour  so  s'  main. 
Tôt  r  fî  même  qui  s'  fi  Jacques.  Vocial  co  'ne  fèye  lès  lame. 

(Rissouwant  sèsomje.) 

Qwand  j'î  tûse  èdonc,  m'  fèye,  coula  m' va  jusqu'à  l'âme. 
Ni  l'avez-v'  nin  knohou  ? 

Louise. 

Pa  ji  creû  bin  qu'  sia, 
I  n'èsteû  màye  foû  d'  cial. 


I 


-  493  — 

Gegè. 
Awè  dai,  m'  pauve  Colas. 

(Elle  paye  et  prind  s'  botèye.) 

Dinez  m'èl  cial,  dinez,  ji  m'èl  va  mette  è  m'  poche. 

{Tôt  louquntits'  botitje.) 

Hôye  !  qui  j'  so  bin  mès'rêye. 

Louise. 

N'è-ce  nin  1'  fièsse  de  V  poroche  ? 

Gègè. 

{Elle  va  jusqu'à  l'ouhe,  adonc  s'iitoune.) 

Oho!  jusqu'à  tot-rate.  Dihez  donc,  vosse  galant, 
G'è-st-on  rare  tourniqueù. 

Louise  {èsbârêye). 
Hinri. 
Gègè. 

C'è-st-ine  étant, 
Coula...  Si  ji  tin  bin,  ji  l'a  vèyou  deux  fèye. 
Vini  vèye  ùx  cwùrai  qui  qu'èsteu  d'vins.  Mi  fèye, 

{Comme  po  plainde  Louise.) 

Vos  avez  ma  chûsi. 

Louise. 

Poquoi  n'inteûre-t-i  nin*^ 

Gègè. 

Il  è  bin  trop  napai, ji  n'  se  nin  m'  dire  kimint 

Vos  aîmez  c'  crichon  la,  wisse  av'  tapé  vos  oûye 
Po  prinde  on  mousse-è-foùr  ainsi. 

Louise. 

L'amour  è-st-hoùye 
Aveûle,  Gégé,  dabùrd  jamûye  on  n'  la  k'mandé. 

Gègè. 
Allez,  po  prinde  on  s' fait,  valéve  mîx  d'  rawùrder. 


—  494  — 

Pa,  v'  serez  malhureuse  po  tôt  1'  restant  d'  vosse  vèye, 

Dihez-m'?  qu'a-t-i  d'vins  lu,  qui  v's  areû  d'né  l'évèye 

D'è  r  hanter?  Gè-st-ine  planche,  on  tôt  p'tit  mimbe  di  Diu, 

Ses  jambe  vèrgèt  d'zor  lu,  s'i  n'è  nin  tourné  jus. 

Pa  de  r  vèye  di  s'  pauve  coirps  ji  n'  donreû  nin  n'  dimôye. 

Cè-st-ine  homme  di  monCap Taihîz-v',  donc,  m'  binamêye, 

Et  s'iouquîz  li  d'fèrince  avou  l' câreure  di  m'  fi. 

Foû  d'ine  homme  comme  mi  Jacques  on  freû  bin  treûsHinri. 

Ine  voix  {â  d'foû), 
A  botique  ! 

Gègè  {drouve  Vouhe  èl  brai). 

On  y  va. 

{À  Louise.) 

Ji  m'  va  riv'ni  tôt -rate, 
Ci  n'è  qu'  Marôye  Boleû,  mains  jèl  sièvrô  à  rate. 
Rapinsez-v'  todis  'ne  gotte  â  sujet  d'  vosse  galant. 

(Elle  sorte.) 


TREUZÊME  AKE. 


LI     BAL     POPULAIRE. 


Li  scène  riprësinte  ine  warihai,  â  prum!  plan  dreûte  si  trouve  li  mat  d'  cocagne, 
a  Ireuzônie  plan  dreûte,  on  veû  li  cou  d'on  galiot,  aveu  dès  pèrpite  di  musichin 
dissus;  à  mutant  de  1'  scùne  on  ballon  di  papi  d'  sôye  coleur  de  l'nàtion  et  ine 
lampe  vénitienne  à  cou.  A  prumî  plan  gauche,  li  cabaret  di  mon  Garite  avou  ine 
tâve  so  r  pavt-ye,  on  banc  dizos  l' finièsse  et  dès  chèyire  àtoû  de  1"  tâve.  Tôles  les 
mohonne  de  1'  pièce  sont  garnèye  di  ramaye,  di  drapeau,  di  veulc  di  coleur, 
di  lampe  vénitienne,  et  di  guirlande  di  pàque.  Disconte  li  teùle  di  fond  d'air 
treus  pice  blanquèye  k  1'  châsse  sont  plantèye  è  terre,  elle  sont  r'ioyftye  eune 
à  l'aute  par  dès  guirlande  di  pâques,  dès  veûle  di  coleur  èl  dès  lampe  vénitienne. 
Ine  àbaronne  à  l'copètte  di  chaque  plce  et  dès  blason  wisse  qui  lès  guirlande  si 
ratrapét. 

Qwand  li  teùle  Hve,  sont  assiou  à  l' tâve  Jacques,  Bouyotte,  Chûmon  et  Hende- 
cliche.  Garite  è  so  1'  soû  di  s'  mohonne  et  quéquès  gins  louquèt  li  gamin  qu'è-st-à 
r  copette  de  mat  d'  cocagne  Deux  homme  et  l'  prèsidint  chipotèt  âtoû  de  ballon; 
ine  aute  èsprind  lès  veûle  di  coleur  et  lès  lampe  vénitienne,  lès  musichin  montèt 
so  r  galiot.  A  bal  populaire,  lès  danseur  tournèl  li  mutant  so  V  scène  et  1'  rèsse 
è  r  coulisse. 

Scène  I. 


JACQUES,  BOUYOTTE,  CHAMON,  HENDECLICHE,  GARITE 

{èl  r  figuration). 

Bouyotte  {àx  aute). 
I  va  col)in  qu'è  V  cave  JAcques  ni  la  nin  k'dansé. 
Noquètte  âreû  stu  gûyc,  ji  n'y  oise  nin  pinser. 

{A  Garile.) 

Jo,  rimplihez  lès  verre. 


496 


Garite  {lot  d'hindnnl  ju  de  sou). 
Qui  buvez- v'? 

Jacques. 

Totès  golte. 
Chamon. 
Dinez-m'  on  pinlai,  feunime,  ji  n'  veû  cûsî  pus  gotte. 

Hendbcliche  (à  Chamon). 
Kimint  por  treus-zè-goutte. 

BouYOTTE  (à  Garitte). 

Ni  vûdîz  qu'  tôt  pèquet. 

{Ax  aille.) 

I  fà  r  jùdî  de  r  fièssc  qu'on  seûye  so  1'  houpdiguèt, 
Qu'on  braisse,  qu'on  danse,  adonc  mette  si  geaive  è  caroche. 
N'èstans-gn'  nin   cîal  lès  roye,  lès  vrôyes  basse  de  1'  poroche  ? 
Qu'on  s'  rimowe,  Saint  Mathy,  buvans,  buvans  co  pus. 
Nos  r  vorans  co  bin  fer  qui  nos  n'èl  porans  pus. 
Dimain  c'  sèrè  trop  tard,  nos  ârans  1'  bâbe  broulèye. 
I  fàrè  fer  'ne  creux  d'  sus,  1'  fièsse  sèrè  rèvolôye. 
Jacques  {à  gamin  qu'à  so  l  mal  cocagne). 
Tin  bon,  valet,  corège  ! 

Hendeci.îche  (rt  gamin). 

Tè  r  n'avéve  qu'a  rdyî. 

BouYOTTE  {à  gamin). 
Ti  n'a  nin  sur  li  chùze,  c'è  çou  qu'on  t'a  lèyî. 

(Li  gamin  ride  jus  dé  mat  d'cocngue   avoii  on  paquet  è  s'tnainqu'à  Vair  di  raviser  on 

sâro  di  coiinàde.) 

TURTOS. 

Bravo,  bravo  ! 

Jacques  {à  gamin,  qu'à  V  panai  qui  pind  foû  di  s'  maronne), 

Sâvc-tu,  valet,  n'a  t'  norè  d'  poche 
Qui  pind  foû  di  t'  cou  d'  châsse. 

(Li  gamin  i'  sâve  tôt  joyei'i.) 


—  497  — 

BOUYOTTE. 

C'è  r  drapeau,  hein,  soroche? 
Scène  II. 
LES  MÊME,  pus  NOQUÈTTE  {so  V  llmpdUjuèl). 

NoQL'ETTE  {inleurc  po  l' gauche  et  dliind  à  drcûtc  tôt  chantant). 

Les  cœurs  palpitaient  d'espérance, 
El  l'enfant  disait  au  soldat: 
Senlinelle  ne  lirez  pas,  (Bis) 
C'est  un-z-oiseau  qui  vient  de  France. 

Jacques  («  Noquèlte). 
La,  qu'j'arawe,  qui  vola!  di  wisse  rivinsse,  donc,  toi'? 

NoQUETTE  [tot-z-allanl  vès  îès  autc). 
Di  mon  Madame  Sapin, 

Chamon  (à  Noquètle). 

Ça  fai  qu'  vo-t'-Ià  Ligeois? 

BOUÏOTTE. 

Dispôye  li  timps  dèjù,  c'è  même  inc  bonne  pratique. 

(.1  Jacques.) 

Noquètte  inteure  là  d'vins  comme  ti  mame  è  s'botique. 

Jacques. 
Ji  wage  qui  so  'ne  agent  t'ârè  stu  raccoister. 

NOQUETTE. 

Ji  n'sé  nin  çou  qu' ja  fait,  mains  qwand  j'  m'a  dispièrté, 
J'èsteù  sur  qui  j'arawe  bin  Ion  èrrî  de  1'  fiôsse, 
Et-z-assotihéve-ju  di  seû,  d'  faim,  et  d'  ma  d' liesse. 
Enlin  ji  n'a  vèyou  wisse  qui  j'èsteu  logî 
Qui  qwand  on  m'  dovia  l'ouhc.  Ossi,  sins  pus  târgî, 

32 


—  498  — 

Ji  cora  beùre  doux  grande  è  cabaret  d'à  V  coine. 

Qui  nv  tît  tôt  r  bin  de  monde,  dai,  Saint  Mathy  d'Ardènne. 

Adouc  puis,  hinquc  ùt  pliuque  ji  riv'ncve  pâhùrmint, 

Qwand  diié  I'  grand  bazar  j'èsta  sèchî  po  1'  main, 

Par  trçûs  qvvate  forsôlé  qui  dansît  à  1'  ronde  danse, 

Et  n'montîs  d'vès  Sainte  Creux, beûre  dès  nife  (*)  à  treûs  censé. 

Jacques. 
È  poisse!  Nos  pâye-tu  1'  golte  à  este  heure? 

NOQUETTE. 

J'ôl  voreû  bin, 
Mains  ji  n'a  pus  nin  'ne  deûlsche. 

Jacques. 

T'a  bourJé,  hein,  surmint. 
Qu'àreûsse  fait  d' tes  cinq  pèce? 

NOQUETTE. 

Mes  pèce,  elles  sont  fondowe. 
Elles  bizèt  fou  di  m'  poche  parèye  qui  dès  colowe  ; 

{Ritouniant  ses  poche.) 

Louque  bin,  Jacques,  grande  misère  ;  cial  c'è  l'costeûre  qu'on  veû. 

{Vèyant  rilure  iiie  saqitoi.) 

É  l'aute  poche  n'a-ju  rin?  Sainte  Bablène  on  chawteû; 

(^Tot  priiidmtt/oû  di  s'  poche.) 

Nènni  dai,  c'è  cinq  broque,  adonc  puis  'ne  vôye  mèdayc, 
Ji  n'  sârcû  payî  1'  gotle  qu'avou  dès  rondai  d'  haye. 

(Tapant  SCS  cinq  censé  so  V  dive,  à  Jacques.) 

Di?  vousse  mette  li  restant, 

Jacques, 

Nènni,  t' lès  pou  wârder, 
Assîte  ad'lé  nos  aute,  va,  frac,  ji  va  k'mander 
On  verre  di  bîre  por  toi. 

^')  Nife  =  gotte  ;  ùrgol  wallon. 


—  499  - 

NoQUKTTE  [habit)' mini). 

Nom  di  nom,  nènni,  Jacques  ; 
J'aîme  mix  de  beûre  ine  gotte,  ji  sin  Lin  qu'  coula  m'mâque. 

BouYOTTE  {à  PrédJint.) 
Quelle  novèlle,  Présidint,  gonfèlle-li,  nosse  ballon? 

Ll  PRÉSIDINT. 

Awô  qu'il  assotiche,  ji  rèspond  qu'irè  Ion. 

BOLYOTTE. 

Tant  mtx  va. 

Jacques  (à  l'ouhe  de  cabaret  d'à  Garite). 

Qui  vou-j'  dire,  wisse  è-st-èlle,  donc,  l'tournêye? 

(Ax  auie.) 

Garite,  jo,  dispôchlz-v\  Dièw!  çou  qu'elle  tourniquêye! 
On  âreû  fait  'ne  èfant,  1*  baptiser,  l' confirmer, 
Lî  fer  fini  ses  scole,  et  l'  fer  passer  curé, 
So  r  timps  qu'elle  nos  siève,  quoi  ! 

Garite  {appoirtant  V  tournêye). 

Vo-m'-cial,  dai,  rapûh'lez-v'. 
IIendecliche  (à  Garite). 
È-ce  qui  tô  1'  fais  vos  mène,  le  pèquèt? 

Garite. 

Kimint  d'hez-v'? 
Hendecliche. 

Zè  r  di  qui  lè  V  di  nin  deux  fèye  pou  l' même  l'ârzint, 
Pitite  ou  bin  grande  messe. 

Garite  {à  Hendecliche). 

Vos  d'visez  comme  ine  gins. 

BoUYOTTE. 

Dihez  comme  on  prièsse. 

Jacques  (à  Douyotte). 

Taisse-tu,  va,  loi,  sofïîètte! 


—  500  — 

Gakite  {à  Bouyolte). 
On  r  pou  bin  dire  ainsi,  louquîz  donc,  quelle  gorlètte. 
I  v'  va  bin,  savez,  vos. 

BoLVOTTE  {à  Cari'.e,  què-tit-uu'  feumme  comme  on  lorai). 
Vos  avez  de  toupet. 
Jacques. 
I  d'vin  crûs  comme  on  mône  dispôye  qui  magne  li  spais  (*). 
Ci  n'è  nin  comme  Noquètte,  todis  parèye,  Marèye, 

{A  iS'oquetlc.) 

Ji  wage  qui  bâh'reû  'ne  gatte  inte  lès  coine.  Hein,  vèssèye? 

NOQUETTE.  , 

I  n'è  nin  crûs  qui  vou. 

Jacques  (vâijant  qui  n'a  deux  verre  trop  pau  so  l' càbarèl). 
Garite,  vos  n'fez  nin  bin. 

I  fâ  'ne  gotte  po  Noquètte,  adonc  po  l' Présidint. 
Personne  n'è  foû  de  pan,  d'abord  c'è  rai  qui  paye. 

Et  ji  vou  qu'  tôt  V  monde  beùsse,  qu'èssonle  on  faisse  li  paye. 
Chaqu'tant  tant  qui  n'  polans,  i  fâ  hoûye  qui  1'  pèquèt, 
■Comme  on  di,  m'  flotte  è  V  boque,  qu'on  âye  turtos  s'  ploumèt. 
Sèyans  dé  mons  joyeù  comme  sèrît  dès  liasse 
Qui  vinrît  de  r'planter  leûs  belle  mère. 

Chamon. 

Quelle  belle  case 
Qui  ti  plaitêye  là,  Jacques  ! 

Jacques. 

Oh!  bin  vo-l'-là,  valet! 
On  aîme  mâye  tant  s'  belle  mère  qui  qwand  'lie  fai  ses  paquet. 

(Garite  apoice  lès  deux  verre.) 

Noquètte  {après  avu  bu,  à  Garite). 

II  è  bon  vosse  pèquèt,  seul'mint  ji  trouve  qui  1*  verre 
È-st-on  tôt  p'tit  pau  p'tit. 

(')  Qwand  lés  pourrai  kimincèt  à  s'ècrâhi,  on  di  qu'is  magnèt  li  spais. 


-    501   — 

CiiAjiiON  (à  Bouyollc). 

A 

Osse,  Faute?  i  n'  si  gène  wère. 

BOLYOTTE. 

Mi,  ji  n'  hé  nin  l'  pèquèt,  li  grand  verre  ni  m'  gônc  nin. 
Mains  j'aîme  mîx 'ne  pitite  bonne  qu'ine  grande  qui  n'vàreù  rin. 
Si  lès  moirt  d'à  Chàtroû  tinît  todis  'ne  parèye, 
On  lès  veûreû  lurtos  rid'hinde  à  pus  habèye. 
Jacques  («  Présidint). 

Ohoî  di  donc,  l'ami?  Tôt  wisse  qui  ti  t'  pièdrè, 

Ji  t'jeùre  qu'i  n'frè  nin  clér.  Hoùte  on  p'tit  pau,  parait, 

Ti  nos  a  fait  dès  fièsse? 

Phèsidint. 
Ehbin? 
•  Jacques. 

Coula  c'è-st-eune. 
Ti  t'a  fait  présidint,  ci  n'è  nin  po  dès  preunc; 
Ca  t'è-st-on  fin  inarlou,  rif  raf,  sin  piède  nou  timps, 
T'a-st-aringî  l'affaire  comme  l'àrchitèke  Plantin 
Qui  dèssinéve  avou  s'  narène  divins  lès  cinde, 
Po  s'pârgnî  de  papî. 

BOUYOTTE. 

Li  mèrcridi  dès  Cinde. 
Jacques. 

Et  toi,  po  r  joù  di  t'  fièsse,  àfisse  de  fer  1'  hazàr, 
T'a  fait  t'  plan  di  manire  à  haper  tôt  V  bazar 
A  d'  divant  di  t'  mohonne. 

Pkésidint. 
Iloùtc  bin,  Jacques,  è  monde  d'hoûye, 
Ci  qui  n'  se  calculer,  a  V  misère  jusqu'àx  hoûye. 
A  résse,  i  t'ù  todis  sèchî  l'aîwe  so  s'  molin, 
Qwand  on  vou  qui  1'  rùle  toûne. 


—  502  - 

Jacques. 

Awè,  t'ô-st-on  malin. 
NoQUETTE  (à  r  lave,  à  milanl  èdoirmon,  chante).  (*) 
Traze  Irôye  èl  Iraze  vèrâ, 
Traze  vache  è  même  silâ. 
On  barbaî  n'a  nin  dès  piou, 
Mi  j'ènne  a  dès  mèye, 
Dès  mèye 
Quéque  fèye. 

BOUVOTTE. 

Quoi?  Kiraint?  qu'è-ce  qui  c'è,  asse  ine  saquoi  qu'  ti  pleure? 

NOQUETTE. 

Mi!  ji  chante. 

BOUYOTTE. 

Comme  Tonnètte,  qwand  'lie  braî  dès  cutès  peûre. 

On  gamin  (â  Présidint). 
Présidint  ! 

Présidint. 
Qui  n'a-t-i. 

Ll  GAMIN. 

Li  ballon  qu'è  gonflé. 
Présidint. 
Hai  la  !  lès  musuchin,  attintion  de  trât'ler. 
Fez-v'  infler  dès  sofflètte  comme  li  drî  d'ine  botrèsse, 
Vos  ârez  I'  golte  après. 

BoUYOTTE. 

J'èl  paye,  mains  qu'is  sofïïèsse 
A  pont  de  fer  hiyi  turtos  leûs  instrumint. 

Présidint, 
Et  r  bal  sèreû  so  flotte. 

(•)  Fragmint  (l'on  vix  boquèt  qui  chantdve  todis  m' grand  pdre;  ji    n'a   mâye 
polou  ènnc  savu  pus  long,  Ct  ji  pinsc  avu  bin  fait  de  i'  riprodui. 


—  C03   - 

ROUYOTTE. 

Pa,  nos  r  rattaqu'rîs  d'main. 

Jacques  (à  laquelle,  qui  doîme  so  l' lave). 

liai  !  payasse  ! 

NoQUETTE(.fi  (lispièrtant  rcûd  à  balle). 

Qui  toûne-t-i. 

Jacques. 

Çou  qui  toûne?  Pa,  c'è  t' liesse. 
Donne-mu  l'brèsse,  dispiède-tu. 

NOQUETTE. 

Vûlans-gn'  aller  so  V  ijôsse? 
Jacques. 
Awè,  n"s  îrans  tot-rate. 

Présidint  (âx  musuchin) 
liai  la  !  lès  canùrî, 
Kslans-gn'  bin  turtos  prête,  nos  allans  l'ènairi. 
Ine  clapante  brabançonne  comme  li  joû  dès  ombâde, 
Ji  v'  fré  sène  avou  m'  brèssc. 

Jacques. 

Nos  aute,  lès  camarûde, 
Nos  allans  fer  'ne  ronde  danse  tôt  ûtoù  de  ballon, 
Et  mi  ji  va  chanter  T  brabançonne  dès  Wallon. 

Présidint  {âx  cix  qui  sont  àtoil  dé  ballon). 
Li  ballon  ô-sl-i  clér? 

Ll  GAMIN. 

Awè. 

Présidint. 
Tinoz-l'  6  gognc. 
A  c'ste  heure  louquans  on  pau,  nosse  placard  a-t-i  'ne  cogne? 

DouYOTTE  [louqunnt  V  placard  qu'è  d'zo  /'  ballon). 
Kimint?  C'è  1' feùte  di  galle  «  Paroisse  de  Saint  Pholien  », 


—  504  — 

(A  Piisidiiit.) 

Li  ci  qu'èl  ritroûv'rc  sûre  bin  d'  wisse  qu'i  vin. 

Présidint  {â  ci  qui  tin  V  ballon). 

Altintion,  tinez  bon,  ji  frè  sône  avou  m'  canne, 
Qwand  èl  fArè  lâcher. 

{Lès  aille  Jet  OH  rond  dtou  de  ballon,  li  Présidint  fai  sène  avou  .?'  brèsse  âx  musu 
chiny  vèijatit  qu'is  n'iiltaquèt  nin,  i  bral  â  maitse  de  V  jowe.) 

Musique,  donc,  toi,  grande  canne  ! 

Li  musique  attaque  li  brabançonne  èl  Jacques  chante. 

CHANT  I. 

Li  vrêye  Lîgeois,  li  joyeux  camarade, 
Ni  d'inande  qu'ine  sort  c'è  de  bin  s'amuser  ; 
Tôt  avâ  r  monde  sins  mâye  poirier  cocAde, 
On  l' rik'noh'rè  rin  qui  d' l'oyî  d'viser  ; 
Il  aime  de  rire,  il  aime  ossi  s'patrèye, 
Ca  r  liesse  di  hove  lape  û  lâge  comme  â  long, 
Ce  r  joyeux  hère,  c'è  l'homme  qui  tol-fér  rèye. 
Et  c'è  r  bon  cour  qu'on  veù  d'vins  lès  Wallon. 
(Li  pré.iidini  live  si  canne  tl  l'  ballon  s'ènaircye,  on  aperçu  dizo  V  placard  ine  lampe 
vénitienne  èsprisse;  les  quéqu^s  gins  qui  sont  là  fèt  halcotter  Icûs  norè  et  fèt  dès 
cclamcûr.  Vorchèssc  attaque  grand  mère.,  etc.  et  is  d'hindèt  turtos  à  Vrampe  et 
chanièt. 

CHANT  II. 

Grand  mère  savez  vosse  gatte.  Bis. 
Ca  vocial  lès  sôdârl  ; 

(Tôt  bouhant  V  main  so  V  vinlc  di  leils  voisin  di  dreâtc.) 
Eune,  deux,  trciis,  qwate. 
Grand  mère  savez  vosse  galle. 

{Tôt  bouhant  so  V  vinte  di  Icûs  voisin  di  gauche.) 

Eune,  deux,  treûs,  qwalle, 

Grand  mère  savez  vosse  gatte. 
Is  ont  happé  1'  cou  d'  chAsse  di  m'  péro, 
Is  l'ont  chàssî  so  l' liesse  di  m'  mère. 

Oh!  lès  méchants  sôdArl.  (Kis) 


Bis 


—  505  — 

Jacques  {et  l's  autc  riront  à  l' tAvc). 
Tapez  nos  l' gotte,  Garitc,  ca  ji  n'  sin  pus  m'  gozî. 

Garite. 
Tûdis  parèye. 

Jacques. 
Awè. 

NOQUETTE. 

Mi,  ji  n'  se  pus  rèchî. 
BouYOTTE  (fl  Noquètte). 
Dammage,  po  'ne  bonne  raison. 

NOQUETTE. 

Ti  m'  va  co  fer  'ne  sav'neûre. 

BOLYOTTE. 

Qwand  c"è  qu'on  t'a  spané,  c'è-st-avou  de  1'  sâmeûre 
Di  haring,  va,  scîiye  sur,  adonc  ça  s'  di  tôt  seû, 
Si  t'na  nin  l'  cour  aiwisse,  i  fà  todis  qu'  t'âye  seû. 

IIendecliche. 
El  avéve  ine  stoumac  qu'èstéve  comnnc  ine  éponge. 
NoQUETTE  {à  Ilèiidècliche). 

Qui  raconle-tu,  Flamind,  qui  ji  n'  beû  qui  d' l'èpongo. 
Ine  boisson  qu'avâ  1'  boque  plaque  comme  di  l'amidon. 
Tos  mes  boyal  s'  coH'rît  ;  pa,  j'  sèreû  gâye  adonc. 

Hkndecliciie  (à  NoqnèHi'). 
Te  r  beù  bin  t'halvèskeùte,  va. 

Chamon. 

Divins  tos  nos  aule, 
Si  Noquètte  ô  1'  bon  Diu,  nos  èstans  lès  apùte; 
Ga,  po  çou  qu'è  d'  boisson,  jusqu'à  1'  coude  àhèy'mint, 
Sins  nos  gêner  'ne  miette,  nos  nos  donrîs  bin  1'  main. 

Li  MAissE  DE  l'  jowe  {houquaul). 
Présidint  ! 


-  50G  — 
Présidint  {A  mni^se  dd  rjowc). 

{Iloiiijudiit.) 

Ji  se  bin  çou  qui  t'  fà.  G^rite  ! 

Garite  {vinânl  so  /'  soil). 
Plaisse-t-i. 

Prèsidim. 

Ûincz  on  pau,  seùl'inint  qu'  coula  vûye  vite! 

Ine  jusse  di  bîre,  on  verre  et  'ne  botèye  di  pèquct 

{A  maisse  de  V  jowe.) 

Ax  musuchin.  Eh!  bin,  c'èçoula,  hein? 

Ll  MAISSE  DÉ  L'  jowe. 

Awè. 
Jacques  [à  Y  tûvc,  âx  mile  qui  volet  choqu-:r). 
Ni  s'piyans  nin  lès  verre,  buvans  onque  avâ  l'aute. 

Chamon  {après  avu  bu). 
A  Thonneùr  di  que  saint  èstcz-v'  hoûye  sins  crapaute, 
Donc,  vos  aute,  sèrîz-v'  vèf? 

BOUYOTTE. 

Qui  n'  pousse  èl  dire  po  l' bon. 
Mains  d'vant  on  pHit  qwârt  d'heure  ti  va  vèyî,  Ghâmon, 
Qu'elles  abid'lèy'ront  cial,  hein,  Jacques? 
Jacques  (à  B<mjoHe). 

Li  tonque!  mains  l'meune? 
Ji  n'  veû  nin  pus  ô  s'  cour,  qui  d'vins  on  brouèt  d'  preune  ; 
Adonc  j'a  paur  Hinri  qui  lî  plaque  à  ses  rein, 
Comme  ine  mohe  à  l' vèrgeale.  Coula  n'  sèreû  co  rin, 
Mains,  de  1'  zaffe  di  londi,  di-m'  on  tôt  p'tit  pau  1'  vrêye... 

BOUYOTTE. 

Oh  !  coula,  c'ô  di  t'  fâte,  fù-t-avu  l'oûye  Pèrêye, 
Hein,  scûrmint,  po  vèyî  qui  d'vès  1' câvc  va  llinri, 
Adonc  qu'c'èstcû  Noquètte. 

Ciiamûn. 
Qu'a  câsî  stu  k'moudri. 


—  507  — 

Jacques. 

Enfin,  à  1'  wade  di  Diu,  ji  d'viséve  avou  lèye, 
Histoire  de  touer  l' timps;  li  crapaude  è  jolèye; 
Tant  qu'à  l'honneur,  valèt,  ji  voreû  bin  jurer, 
Comme  elle  a  fait  ses  pâque,  elle  rîrè  d'vant  1'  curé; 
Adonc  puis,  qwand  j'î  tûze,  mi  marier,  prinde  ine  feummc, 
Mi  qui  m*  plain  po  l'joù  d'hoùye,  bin  qu'j'arawe  c'è-st-apreume. 
Li  joû  qui  j'  frè  'ne  telle  keùre  qu'on  m'  mône  vite  â  lolâ. 
Ji  sèrè-t-ossi  sot  qui  1'  ci  qu'à  fait  1'  palàs. 
A  résse,  mi  père,  tot-fér  tôt  m' jasant  dès  feumm'rèye, 
M'a  dit  traze  et  traze  fèye  :  Hoûte,  mi  fis,  s'ti  t'  marèye, 
N'èl  fai  qui  tôt  â  pus  deux  heure  divant  d'  mori  : 
Elles  t'ènnè  front  co  vèye  assez  po  t'  fer  maigri. 

Chamon. 

Ci  qu'è  bin  rèsconlré,  li  mariage,  valèt  Jacques, 
C'è  r  pus  bai  d' tos  lès  sôr. 

Jacques, 

Awè  mains,  çou  qui  mâque, 
C'è  qu'on  fè  foirt  ràr'raint,  rèscontré.  Ji  wag'reù 
Qui  d'vins  tos  lès  marié,  s'is  d'vîs  r'jouer  leûs  jeu, 
Li  mitant  sur  po  1'  mons  èvôy'rît  l'attèlêye 
A  diale  qu'elle  vinsse  qwèri. 

BOUYOTTE. 

Boge-tu,  va,  ti  brùk'lèye. 

NOQUETTE. 

1  fàreû 

BouYOTTE  (fi  yoquèttc). 

Po  t' marier,  et  po  n'  nin  t'  fer  hairî. 
On  p'tit  tonnai  d'  pèquèt  comme  li  lour  Saint  Andrî. 
Et  ti  marèy'reû  1'  crâne. 

HENDECi,icHE(à  Noqvèltc). 

A 

Osse  peler  sur  vosse  geaîve? 


-  508  - 

NOQUETTE. 

Awè,  VOS  l'aurez  dire,  qwand  i  ploii  c'è  de  l'  plaive. 

{On  cilnd  on  crâmignon.) 

Jacques. 
Hoûte  on  pau  çou  qu'  vocial, 

BOUYOTTE. 

On  crûmignon  d'  crapaude, 
Po  l'oû,  fans  atlintion  d'ènnc  nin  gâter  nossc  vaute. 

Gègè  {chantant  r  crâmignon.) 


Scène  IX.  ' 

JACQUES,  BOUYOTTE,  MENZIS.  CHAMON,  HENDECLICHE, 
NOQUETTE,  GÉGÈ,  TOiNETTE. 

{Rinlrèt  lot  .^èchant  Moilroux  et  chantant.) 

Nos  allans  mori  v'Ia  qu'i  [loû  dès  steûle.     l 

Nos  n' mourrans  nin  co,  v'Ià  qui  lû  r  solo,    i 

N  B.  Jtkques  a  itie  jlute  à  Vognoji,  Châmon  on  rahia,  Gègè  ine  boule  trompette, 
Boityottc  ine  boule  avou  ine  éla.^tique,  Menzis  ine  trompette  d'inc  censé;  is  ont 
tunox  dis  pUits  drapeau  à  leûs  calotte  ou  chapa'i. 

BoUYOTTE. 

Èye  !  i  fâ-t-assoti,  ji  n'a  jamâye  tant  ri, 

Et  pôr  qwand  j'a  vèyou  mâma  qu'  volez-v'  mori... 

Gègë. 
Ji  m'aveû-st-ècrouquî  case  ti  toi,  gros  potince. 
T'a  pochî  d'vins  'ne  barquette,  adonc  vola  qu'  ti  k'mince 
A  fer  dès  chimagrawo,  chanter  tôt  comme  on  sot. 
J'a  bin  pinsé  di  nos  vèye  turtos  cou  d'  zeur  cou  d'zo. 

BoUYOTTE. 

Vos  avez  todis  sogne. 


—  509  — 

(JÈCÈ. 

Kimint?  pa,  nosse  barquette, 
Vos  l'avez  bin  vèyou,  sèchîve  so  lès  crahiètte, 
Et  paur  qui  nos  èstis  turtos  de  même  costé. 
Enfin  j'a  stu  binàhe  qwand  j'a  polou  qwitler. 

Jacques. 
C'è-st-adonc  qui  j'  fa  rawse. 

Ceiamon. 

Et  ritaliènne,  donc,  lèye, 
Avou  s' laid  roge  visège  sofflé  comme  ine  bolèye, 
Qui  voléve  si  sàvcr  qwand  Noquètte  l'apiça 
Po  l'bùhî. 

NOQUETTE. 

Fer  les  qwanse. 

Jacques. 

Et  Bouyotte  lî  happa, 
Pus  vite  qu'on  n'èl  pou  dire,  ine  boule. 

HouYOTTE  (funt  l"  gesse  de  haper). 

A  r  vole,  agrawe  ! 
Jacques  (porçuvunt). 
Et  même  lî  lèyî  vèye. 

Bouyotte. 
Ji  bouhîve  après  s'  gawe. 

(Toi  fan t  aller  î'  boule  divès  Gègc  ) 

Èdonc  parait,  mâma? 

Gégè  {cachant  s'  vitègc  po  n'  nïn  allroper  lès  côp  d boule). 

Dimeûre  on  p'tit  pau  keu, 
Va,  toi,  grand  forsôlé. 

Mekzis  {accègnant  Hùndèliche). 

Lu,  donc,  r  laid  boigne  caiqueû, 
Qu'il  d'viséve  à  1'  hinche  main. 


—  510  - 

Hendecliche. 

Mi,  zè  r  se  mes  affaire, 
Valet. 

Jacques  (houquant). 
Garite. 

Garite  {so  s'  soû). 

Plaisse-ti. 

Jacques. 

Tapez  nos  'ne  gotte  on  verre, 
i:t  d'hombrez-v'  savez,  là,  pace  qui  mîx  qu'on  pinson, 
Qwand  j'àrù  houmé  m'  gotte,  ji  v'  gruzin'rè  'ne  chanson. 
Gègè  {à  Menzis). 

I  chante  si  bin,  dai,  Jacques,  c'ô  çoû  qu'on  nomme  ine  basse. 
Qwand  c'è  qu'èl  fai  è  s'chambe  n'a  l' panne  di  veûle  qui  casse. 

Garitte  {appoirtanl  /'  touniêyé). 
Lès  roge,  c'è  po  lès  feumme. 

Noquette  {qu'è-st-èdoinnou,  raspoyî  so  V  ma  (T  cocagne). 

Si  tu  savais,  Trinn'chèt,  depuis  que  j' t'ai  r'mouchté  (*). 
Je  suis  cou  d'zeur,  cour  d'zo,  car  rien  que  ta  beauté... 

Jacques. 
Qui  faisse,  donc  là,  Noquette,  ti  t'  va  spiyî  1'  narène. 

Noquette  {ai  dispièrtant). 
Oho!  mi,  ji  comptéve... 

Jacques. 

Lai  comptez  lès  bèguène, 
Elles  ont  'no  gotte  mîx  l' timps  qu'  toi. 

Noquette. 

Hôye  !  ji  doirméve  drôsst  ! 

(')  [\'mouchl{^,  regarddc  (argot  wallon). 


-  511  — 

Jacques. 
Comme  lès  ch'vù.  Rote  tôt  cial;  seûrmiiit,  n'  vin  nin  hossî. 

NOQUETTE. 

Ji  n'  so  nin  sô,  séssc,  mi. 

Jacques. 
J'èl  veû. 
On  marchand  d'  grenade  {è  l' coulisse). 

Via  des  crevette  ! 
Voilà  r  marchand,  celui  qu'en  veut,  qui  n'en  achète. 
Ah  !  crevette. 

BOUYOTTE. 

Puisqu'on  a  l' jôye  è  l' tièsse, 
Fâreû  on  crâmignon. 

HiNRI. 

Ji  v'  va  dire  on  tôt  noù, 
Qui  j'aveù  composé  po  V  fièsse...  Lès  bouteù-foû. 

Jacques  (à  Hinri). 
J'èl  mène. 

(\s  formel  l'  crdmigtiou.) 

Marchand  d'  guènade  (intranl). 

V  là  dès  crevette,  jans,  donc,  lès  camarade, 
Ni  m'  fez-v'  rin  vindc,  dihez? 

(0/1  ])' Lit  (jamin  vin  ucli'tcr.) 

IIiNRi  {c liant (tnl). 

Lès  bouleû  foû  v'nèl  d' for  'ne  noùvaîne,  {Dis  èssonle). 
Po  n'pûirtez  nou  séclie  cisse  samaîne,  (Bis  èssoule). 

lue  samaîne  n'a  qii'  sept  joû,  (Dis  èssonle). 

Po  tos  lès  bouleû  foii,  {Bis  èssonle). 

L'annf've  n'è  qui  d'  doze  meus,  {Bis  èssonle). 

Leùs  censé  ni  fét  nou  pieu,  {His  èssonle). 

On  va  vèyî  r'monler  l'grain,        ,   „.    , 

..,,>,  }  Bis  èssonle. 

Cisse  sainaine  is  n  lui  roiil  nin. 


—  51:>  — 
II. 

Po  n'  poirter  nou  sèche  cisse  samaîne,  (Bis  èssonle). 
Afisse  de  fer  leùs  pèrtontalne,  {Bis  èssonle). 

Ine  samaîne  n'a  qu'sèpt  joû,  (Bis  èssonle). 

Po  los  lès  bouteû-foû,  {Bis  èssonle). 

(Li  mazurka  kimincc.) 

L'annèye  n'è  qui  d' doze  meus,  {Bis  èssonle). 

Leus  censé  ni  fèl  nou  pleû,  {Bis  èssonle). 

On  va  vè^î  r'monter  l'  grain,      ) 

' .      ]  Bis  èssonle. 

Cisse  samainc  is  n  lui  ront  nin.  ) 

{Li  marclumt  (f  grenade  kimincc  à  roter  ;  à  c'  mouniint  là,  li  crâwiguon  fai  on  telle 
cèijue  tôt  sdt'lant  qui  lés  diérain  sont-st-obligl  de  cort  ènèrl  po  l  poleûr  sûr. 
Noquéttc  qu'é  V  dicrain  si  trèbouhe  so  l'  rôle  de  V  bèrwètte  de  marchand 
et  tome  li  cou  c  V  bame;  li  marchand,  vèijant  coula,  lâche  lès  brèsse  de  l' bèrwètte 
tôt  (/'  hant.) 

Marchand  d'  grenade. 

Nom  di  hu  !  mes  grenade  ! 

Li  teûle  tome. 


FIN. 


Plaisir  di    Vîx, 


COMÈDÈYE    È  TP.EUS  AKE,  EN   VERS  ET  AVOU  CHANT. 


PAR 


Théophile    BOVY. 


MÉDAILLE    DE    BRONZE. 


{Ouverture  pm-  Vorchestre  di  l\iir  connu  de  :  fA  vèije  mère  qui  bulle  lés  boûquèlte 
Et  V  vix  pire  qu'a  V  cou  tourné...  etc  ) 

AKE  II 

Li  scène  si  passe  èmon  Gilles  él  Louis,  les  voizin,  li  mite  dès  matène.  A  lever  de 
rideau,  Louis  è  lot  seû.  I  r'mùlte  on  \y.m  V  niohonne.  Poile  ù  fond,  à  gauche.  I  pind 
à  gauche  dé  l"  poile  on  pùrt-manteau,  quelques  meûbe  à  l'  chûse.  (11  è  cinq  heure.) 


Scène  I. 


Louis  {piind  les pousitre  nvou  'ne  c'.icolle). 

Là,  là,  tôt  bai  doûc'mint  ùt  pichètle  à  miette, 
I  frè  chai  tôt  r'  mèttou  ! 

(/  rcgnèlle  lés  clicyirc,  mène  li  Idée  è  a'  pièce,  etc.,  etc.) 

Li  mohonne  avisse  nette! 

{Louquanl  dtou  d'  lu.) 

Awè  nette  !  Et  à  c'ste  heure,  tote  mes  gins  polèt  v'ni  ! 

(S'  boultani  sa  V  front.) 

Aye!  çou  qu' j'alléve  roûvî,  donc  !  çou  qu'j'alléve  roùvî' 

33 


—  514  — 

(Hoiiqucnt.) 

Gilles?  Gilles!  vdsse  è-st-i? 

Gilles  (d'istant  è  raulc  pièce). 

Di  quoi?  Raltindez  'ne  gotte! 
,  Louis  {brryanl). 

Abisez  chai  Lin  vite! 

Scène  II. 

LOUIS,  GILLES  (arrivant  po  V  gauche). 

Gilles. 

N'avez-v'  pus  dèsclicotte! 

Louis. 

Gi  n'è  nin  lès  clicotte  qui  mâquèt,  c'è  dô  vin  ! 

Gilles  {èivaré). 

De  vin!  Estez-v'  bin  sûr,  fré  Louis,  qu'cnnc  a  nin? 

Loui-;. 
Pus  du  tout,  j'è  so  sûr! 

Gîlles. 

Pus  nin  môme  dix  botèye? 

Louis. 

Nin  'ne  seule,  c'ù  co  bin  niîx  ! 

GÎLLES. 

Ji  m'  va  vèye! 

Louis  : 

Quelle  idèye, 
Qwand  jiv'  di. 

Gilles. 

Quelle  idèye  !  Bin  mi,  ji  m'  va  vèyî  ! 

{l sorte  po  V  gauche.) 


—  515  — 

Scèno  ïll. 

Louis. 
Ji  m'  dimande  co  quéquès  fèye  si  Gilles  è  foirt  sûti  ! 

{Gesse.  ) 

Ji  sé  qu"i  n'a  pus  nolle! 

{On  ètUui  bouhi  à  V  poite  de  fond.) 

Ji  pi  lise  qu'on  bouhe  à  V  poite. 
Si  c'è  mâye  on  gêneux,  j'  sohaite  qui  1'  diâle  l'èpoito! 

{Louis  va  droviér  V  oiihe.) 

Scène  IV. 

LOUIS,  :>iÈl\tNCE. 

Mèp.ence  {intc  haut  c  bas,  ([''Manl  bo  V  soû). 
E-co  qui  v's  estez  tôt  seû? 

Louks  {niêmejeu). 

Gilles  è-st-ùvôyc  c  1'  cave. 
Mèkeincil  {inlrant). 
Aha,  c'è  bon,  j  inteùre,  qwand  i  rVnonlrè,  ji  m'  sâve. 

Louis. 
Qa'i  n'a-t  i?  vont-is  v'ni,  les  aute? 

iMÈRENCE. 

Awè,  mains  d'hez, 
Avez-v'  vèyou  Léon? 

Louis  (/w  tourmètlcr  Mirence). 

Que  Lcon  ? 
^iÈRE^•CE  {nvou  iC  pilite  mowc). 

Vos  savez 
Bin,  Léon  ! 


—  51C  — 

Loiis  {comme  si  sov^nanl  d'on  côp). 
Vosse  galant  ! 

{Tôt  riant,  Mèrence  J'ai  sègue  qn^aivè,  Louis  louque  li  jôrie  fèije  in'e  deux 
oûye  po  V  gêner  on  pan.) 

Mèrence  {cafougnant  V  cUcotlc  d\i  Louis). 

Bill  jans,  donc,  jâsez  'ne  gotte! 
Louis  {riant). 
Hai,  hai!  qui  fez-v'  donc  la,  vos  cafougnîz  m'  clicotte  ! 

Mèrence  {tape  li  clicotte  à  V  terre,  Louis  V  ramasse). 
Jans  donc,  Louis! 

Louis. 
Oho...  bin  .. 

Mèrence  {curieuse  et  tôle  binâhe). 
Quoi? 
Louis  [comme  po-z-annoncer  'ne  mâle  novelle). 
Léon... 
{Joyeûs'mint.) 

Vinrè  ! 
MÈRENCE  {abrèssanl  Louis). 

Aha!  tant  mieux!  merci!...  Vis  a-t-i  dit  qwand  c'è 
Qui  vinreù,  adonc  puis  ! 

Louis. 
Bin  nènni,  c'è  po  rire! 

MÈRENCE. 

Et...  vès  quelle  heure,  Louis? 

Louis  {blaguant). 

Tot-rate,  ji  v's  èl  va  dire! 
MÈRENCE  {annoyeuse). 
Bin  jans,  d'morcz  tranquille!  Dihcz-m'? 


—  517  - 

Louis. 

Léon  m'a  dit 
Qu'i  vinreù  li  pus  vite  qu'i  porreù  ! 

Mèrence. 

Ah!  merci  ! 
Etv'sa-t-i  dit... 

Louis. 

Rin  d'au  te. 

Mèrence. 
Oho  !  jisqu'à  tôt- rate  ! 

(Elle  vou  sorti.) 
Louis. 
Ah  !  mains,  v'nez  on  pau  chai  donc,  sacri  nom  deux  patte  ! 
Mèrence  {so  /'  seû). 

Di  quoi,  donc?  jVa  riv'ni. 

Louis. 

Ci  n'ô  nin  tôt  coula, 
C'è  qui,  vos  allez  v'ni,  vos  aute...  Et  vosse  grand  plat? 

Mèrenxe. 

Mon  Diu,  ji  l'a  roûvî  ! 

Louis. 

Nos  battrans  lès  bouquètte 
E  crameu  wisse  qu'on  s'  lave! 

Mèrence. 

Rattindez  ine  miette. 
Ji  v's  èl  va-st-appoirter? 

Louts. 

Gè  bon,  n'èl  rouvîz  pus, 
Et-z-appoîrtez  m'  ossi  sîhe  assiette? 


-   518   - 

^!ÈRE^■CE. 

Comptez  d'siis! 

{Mùrcnce  sorte  po  l'  fond.  G'.Uea  inienre  po  V  (jauche,  il  a  des  botèije  dizos 
chaque  brcxse.) 

Scène  V 
LOriS,  GILLES. 

Gii.i-ES  [mostrauf  sî's  lôlèije). 

Fia!  ji  l'avoû  biii  dit  qu'onne  aveu  dès  botèye  ! 
Alla?  Quoi?  Vos  là  co  'ne  fameuse  capotèye, 
Nonc,  sûrmint! 

Loris. 

Et  wJsseè-ce  qui  tote  cèsse-lal  èstU? 
GÎLi,Es  {rinnl). 
Ah!  ah!  ha!  c'ô  dès  cissc,  parèt,  qu' j'aveû  cachî  ! 

Louis. 
Potincc!  Dès  vèye? 

GÎLI-E'. 

Dès  vèye!  Bin  vos  l'polez  bin  dire! 

LOLIS. 

Tant  mîx  vu!  Tant  mîx-và! 

/  louqiie  lès  botèye.) 

Et  coviètte  di  poussîre! 

GÎI-LES. 

Ni  lès  v'nez  nin  d'pouss'ter,  savez,  vos,  malhûreux! 
Ce  coula  qu'èls'  donne  de  1'  valeur! 

Louis. 

Wè,  ji  v'  crcû, 


-  519  - 

GÎLI-ES. 

Ce  st-ainsi,  c'è-st-ainsi.  G'è  dès  s'  faites  botèye, 

Qui  d'vins  lès  grands  dîner  on-zappoîte  bin  coûquèye, 

Divins  dès  p'tils  banstai,  Louis?  Vos  savez  bin?... 

Loiis  (rianl). 
Nènni,  c'è  po  rire!  Et  vos?  v'  n'è  savez  rin! 

(/s  ricc.) 

Gilles. 
Ji  m' lès  va  mette  èvôye. 

Loris. 
Awè,  dMé  I'  gré  de  1'  cour. 
Gilles, 

Nènni!  s'èlle  allîz  mâye  pôrminerso  l'Vinâve,... 

I  fàrcû  si  pau  d'  choi  ;  chai  è  1'  coine  di  rârmà, 

A  m'  sonlance,  ônonc,  fré,  'lies  ni  polèt  nin  pus  ma! 

Louis. 
Cè-st-inc  bonne  précaution  ! 

Gilles. 

Ji  v's  èl'  di,  parèt,  mi  ! 
Louis. 

A  c'stc  heure  qui  d'on  moumint  à  l'aute  is  polèt  v'ni, 
Ji  m' va-st-on  pau  r'nèttî... 

Gilles. 

Mèttez-v'  ine  prôpe  chimîhe 

Louis. 

Nènni  vos,  c'ô  po  rire! 

Gilles. 

Ce  qu'i  fai  bin  'ne  mâle  bîhe, 
Savez,  è  nosse  grande  chambe,  wisse  qu'i  n'a  nin  de  feu! 


—  5-20  — 

Lo.is. 
Ji  m  lavrè-st-à  grande  aîwe  ! 

GÎLLES. 

Awô,  c'è  co  r  mèyeu  ! 

{Louis  sorte  po  V  gauche.) 


Scène  XII. 
LES  MÊME,  MONS  GILLES  ET  BERThNE. 

Léon  (quijàsc  todis  bas  à  Mèrence). 

Oh!  por  vos,  vrêye,  qu'i  n'  so-j' 
Riche  à  million,  Mèrence! 

Mèren'CE  [rianl  à  Léon). 

Vos  gangnîz  qwinze  cinl  franc? 
Po-z-av"ni  jisqui-la,  n'  vis-è  fûrô  pus  tant! 
Léon  (à  Mèrence  tôt  riant). 
Quel  hurcux  caractère! 

(Mayanne  et  Louis  qui  s'  chûffit  â  feu,  lès  rein  tourné  vè  lès  joue,  lés  louquèt 
sius  fer  les  qwunse.) 

Louis  {bas  à  Mayanne). 

Si  nos  nos  r'sèchîs  'ne  gotte, 
Ces  deux  jonôs  gins-la  sèrît  contint! 

Maïanne. 

J'  m'è  dote  ! 
Louis. 
Qwand  nos  avis  leûs  âge,  i  v's  è  rappellez-v'  bin... 

(/.«  .?'  drèfset  et  Louis  èmône  Mmjmme  qui  li'  se  s'elle  deut  'une  n^iller.) 

Jans,  nos  tapVans  sor  zèl  ine  oûye  di  timps  in  timps! 

Léon  {à  Mèrence  bas). 
Qui  v's  c  sonlc-ti,  Mèrence? 


-  521   - 

MÈREKCE. 

Oh  !  v'  savez  mes  îdèye! 

(Louis  èlMatjnune  sortct  po  /'  gauche,  tôt  rincoidatit.) 

Scène  XIII. 
LÉON,  MÈRENCE. 

LÉON. 

Ji  k'nohe  bin  vos  idèye! 

MÈRENCE. 

Qui  voléz-v'  qui  ji  v'  dèye  ! 

Léon  {louquant  âlou  d' lu). 
(Joyeus^miut.) 

Tins,  nos  èstans  tôt  seû! 

(/  vont  abrcssi  Mèretice.) 
MÈRENCE  {si  r'scchant). 

Tôt  douc'mint,  tôt  douc'mint  ! 
Léon. 
Puisqui  n's  èslans  tôt  seû? 

Mèrknce  (ca! en'' mini). 

Vos  savez  qu' ji  n'aîme  nin... 
Qu'on  m' rabrèsse    .  tôt  côp  bon... 

Léon. 

Qu'on  v'  rabrèsse!  qu'on  v'  rabrèsse  ! 
Mains,  mi? 

MÈRENCE, 

Chut!  inc  saquî! 

(Julie  rintcure  po  r  fond.) 

Scène  XIV. 

Mérence  (à  Julie  que  sl-èwarêyc  di  ?i'  vèiji  personne). 
Tôt  r  monde  è-st-è  l'aute  pièce! 

(Julie  sorte  po  /'  gauclie.) 


-  522  — 

Scène  XV. 

LÉON,  MÈRP.NCE. 

I  ÉON  [voii  abrcssi  Mèrencc  qui  fni  dès  manlre). 
Mèrence! 

Mèhence  (mostrant  /'  poile  po  wisse  qui  Julie  è-st-èvôye). 
Nènni,  Léon,  nènni;  vos  vèyez  bin... 
[.ÉON  {qui  ])onû  Mèrence). 
On  lot  p'tit,  on  tôt  p'iit,  personne  n'ô  sûre  rin! 

(/  rabrèsse;  à  c  monmwt-là  Maijnnne  ce  Louis  aboulèl  V  tiè.ise  è  V  crèveurc  di 
Vouhe  di  gauche.  Is  les  vètjet,  Hlnycnuie  vou  iticrer,  Louis  V  ritin.) 

Mèrence. 
Jans,  Léon,  d'monez  keû.  .  ce  tôt... 

I.ÉON. 

Mèrence,  ji  v's  aîme! 
Ji  v's  aîme  à  div'ni  sot! 

[I  vou  co  V  abressi.) 

iMèrence  (si  d'gacjcanl.) 

Awô,  c'è  bon  tôt  1'  même... 
Léon  {hurenx). 
Ainsi  vos  volez  bin  qui  ji  v'  (limande  è  mariège! 

Mèuence. 

Puisqui  v'  m'acèrlinez  qui  n'  sèrans-t-è  manège, 
lîureux  comme  dès  p'tits  roye... 

Léon. 

Ilureux  comme  dès  bon  Diu  ! 
Mèrence,  j'ènnè  so  sûr! 

iMèrence. 
Mi,  j'ènnè  d'mande  nin  pus! 


—  5-23  — 

LÉON. 

Mèrence?  Eh!  bin,  franch'mint,  là,  volez-v'qui  ji  v'dùye? 
Eh!  bin  mi,  s'  vos  volez,  j'a  lo  bonii'mint  l'idôye 
De  d'mander  l'  mariègc... 

Mèrenxe  {joyeus'mint), 
Hoûye? 

LÉON. 

Hoûyc,  awô!  Poquoi  nin? 
Mèrence. 
Hoûye... 

f.F.ON. 

Hoûye?...  Eh!  biii?  qu'a-t-i? 

Mèrence  (aoûreiise). 

Léon,  ji  n'è  se  rin... 
Ji  n' se  s'c'è  l'jôye...  ou  l'sognc... 

Léon  (hvrctix  di  vàyc  consinti  Mèrence). 

{Li  priiidatit  V  main.) 

Ah!  Mèrence!  Ah!  Mèrence, 
Qui  ji  so  donc  contint  !  ji  saveû  bin  d'avance 
Qui  vos  m'aîmîz,  c'è  vrèye,  mnins  ji  so-st-aourcux, 
A  o'ste  heure,  pusqu' ji  n'  pou  dire! 

Mèrence  {si'ircnil  C  m'àn). 

Et  v'  n'estez  nin  tôt  scû, 
Ji  so-sthureûse  ossu,  tôt  ottant  qu'on  1'  pou  èsse! 

Léon. 

Oh  !  Mèrence!  oh!  Mèrence,  i  fâ  co  qu'  ji  v's  abrèsse  ! 

{Is  s'dbrcxaèt  \à  c'  mouminila  Louis  èi  Maijmnie  nboutét  leu-i  liesse  à  V  crèveiirc  de 
r  poite  di  gauche:  ilaijauuc  vou  imrc-,  Louis  Vîntic  espèchc,  li  mostiant  qui 
c'è  seuCmiiit  /'  deuzdine  féije.) 

CH.\NT.  (air:  sur  les  toits.) 

{.irringipo  duo.) 


—  524  — 

I.ÉON. 

Ji  veû  dès  lânie  divins  vos  oïlye... 
Mèrence. 
Léon,  ji  so-st  aoureuse  oûye, 
Léon. 
Mi  comme  vos. 
Mérence. 
Li  bonheur  nos  drouve  ses  deux  brèsse! 
Léon. 
Li  bon  Diu  rèye  qwand  ji  v's  abrèsse 

{I  Vabrèsse) 

Mèrence  (si  (Vgageanl  ) 

Jans,  c'è  lot... 

Léon. 

I  m'  sonle  qui  ji  veû  d'jà,  Mèrence, 
Li  hiède  di  nos  èfanl  qui  danse 
So  mes  g'no  ! 

Mèrence  (è  même  timps). 

So  vos  g'no  ! 

Mèrence. 

Sil'  bon  Diu  bênîhe  nosse  mariège, 
Ji  sèrc-st-heureuse  è  manège, 

ESSONLE. 

Toi  comme  vos  ! 

{Léon  vou-sl-abrèssi  iUrcnce^  elle  si  (V'jri'je  d'où  cap.) 

Mèrence. 
Chut!  vochal  ine  saquî! 

{Durant  V  chant,  Louis  èl  Mayanne  houtèt  à  l' crcveiire  di  l'ouhe.) 


—  525  — 

Scène  XVIII. 
LES  MÊME,  BEPxTINE  {inteure  po  l' (jauche  aiou  V  caflià'c). 

Bektine  {moslranl  /'  caflién). 

Ji  fai  sûr  tos  vos  d'  sir  ! 

Gilles. 

Vos  n'èl  fez  nin  exprès! 

Beutine. 

Oyez  donc,  r  malhonnête! 

Gilles  (vianl  à  Dc/iiue). 

Nènni  jans,  ce  po  rire, 

A'inez  chai  ad'lé  mi  ! 

Dertine. 

La  !  ce  çou  qui  j'  vou  dire  ! 

{Julie  vilde  divins  lés  tasse.) 

Léon  (à  Màrence). 
Dinez-m'  vosse  tasse,  Mèrence! 

Gilles. 

Vèyez-v',  qu'il  è  galant! 
Bertkne  (à  Gilles). 
Di  vosse  vèye  vos  'nne  avez  jamûye  sur  fait  otlant  ! 

Gilles. 
C'è-st-à-dire!  c'è-st-à-dire! 

Louis  («  Maïanne). 

Mi  fré  Gilles  û  mariègo, 
N"a  mâye  songî  non  plus  !  Et  Léon... 

Beutine. 

Et  Léon  ! 

Louis. 

E  manège 
Vou  moussî  reûde-à-ballc! 


—  526  — 

Beutine. 

Qui  racûiitez-v'?  di  quoi? 

Louis. 

A  c'ste  heure  ou  bin  tot-rate,  i  v's  èl  fâ  dire,  ma  foi  ; 
Berline,  èstans  I' mononke  d'à  Léon,  ji  v'dimande 
iMèrence  chai  è  mariège,  por  lu. 

Léon  {bas  à  Mayaitnc). 

Allons,  matante 
Màquêyc,  ine  bonne  parole! 

Maïanne  (à  Léon). 

Ine  bonne  parole?  mi  fi, 
Ji  sohaile  qui  v's  èstésse  hureux! 

Gilles  {riant). 

Vola,  c'è  dit! 
A  qwand  l' banquet,  Bèrtine? 

IJertine. 

Ji  sos-st-èstoumaquêye! 
Ji  m'onne  attindôvc  bin  on  pau. 

{Abi-èssittit  s'fèije). 

Pauvc  pitite  fèye  ! 

{Elle  lioube  ine  oitije.) 

Gilles  (à  Berline). 
Jans,  si  vos  n'  magnis  nin,  ji  va  magnî  vosse  part  ! 

Léon  (à  Berline  comme  consoînlion). 
Si  marier,  c'è  'ne  saquoi  qu'  fà  qu'on  faisse  timpe  ou  lard! 

Maïanne. 
C'è  sûr,  ce  sûr! 

C;:uTiNE  (rhignêtje). 
k\wè  ! 


—  527  — 

GÎLI.ES. 

Bin  nènni,  c'è  po  rire! 

Louis  {à  Maynnne). 
{A  Léon.) 

Ji  raveû  todis  dit!  Nôvcu,  vos  polez  dire 
A  c'st  heure  qui  v'ia  vosse  feumme! 

{Slosirmil  Mèrcnce.) 

Léon. 
A  tôt  1'  monde  chai,  merci! 

(/  donne  des  powjnèye  di  main,  et  il  abrèsse  Jlèience). 
Bertine  (à  Léon). 
Léon,  ji  sobinàhedi  v'  poleûr  noummer  m'  fi  ! 
Sèyîz  hureux  tos  deux,  vola  çou  qu' ji  v'  sohaite... 

Gilles  {qiii  tùiune  7iin  qu'on  a'allindrisse). 

Jans,  jans...  Tote  les  bouquètte  savez,  ni  sont  nin  faite, 
Bèrtine?  Haye,  à  vosse  posse! 

Bertine. 

Gilles  j'a  T  cour  tôt  mouwé. 

[Elle  va  è  r  couliène  avoii  Julie.) 
Gilles  (à  Berline). 
Allez,  coula  s'  pièdrè  qwand  vos  v's  ûrez  r  mouwé  ! 

Scène  XIX. 

LK6  MÊME,  vions  BERTINK  ET  JULIE. 

^ÎAYA^■^E  (rt  Mèrcnce). 

Àli  fèye,ji  n'  pinsévenin  qui  cisèreûsi  timpe! 

Louis. 
Is  èslît  foirt  pressé,  Mayanne! 

Gilles  {riuhi). 

Is  sont  d'inc  trimpe! 


—  528  — 

Léon  {riant,  onpau  gêné). 

Qui  volez-v'  dire,  allons. 

Mayannk  (rianl). 

Awè...  n'savans  vèyou  ! 

Léon  {iiilrujué). 
Di  quoi? 

Gilles  {riant). 

Louis  cssi. 

Louis  {mostranl  Mayanne). 
Jisqu'ù  r  vèye  mamc  aveu! 
Léon  {riani  et  todis  pus  intrigué). 
Bin  quoi  donc,  Saint  Malhy  !  Pa,  vos  n'  savez  quoi  dire! 

Gilles  {riant  èl  fant  allusion  â  bêche  di  lot-rate.) 
Louis  ? 

Louis  {même  jeu). 
Mayanne? 

Maïanne  {riant  ossi). 
Awè! 

Cilles  {riant  ossu). 

Nènni  vos,  c'è  po  rire! 
CHANT  {air  connu  arrangé  pour  la  circonstance). 

Cilles. 
So  r  timps  qu'  n'  nos  battis  lès  bouquèlte 

Louis. 
Et  qu'  Bèrtine  aveu  1'  cou  tourné, 

Gilles. 

Léon  chai,  jouwéve  k  l'  rispounètle. 
Avou  Mèrence,  11  jou  de  Noyé. 

Es.sonle. 

Avou  Mèrence  11  jou  de  Noyé  ! 

{Is  riùt  tôt  vndaiit  Iciis  tasse  di  cnfè.) 


SOCIÉTÉ  LlÉeEOISE  DE  LITTERATURE  WALLONNE. 


CONCOURS  DE  1890 

RAPPORT  DU  JURY  SUR  LE  G*^  CONCOURS  : 

Vocabulaire  ou  Exposé  explicatif  wallon  et  français  des  monnaies,  poids 
et  mesures  de  tous  genres  qui  ont  été  ou  sont  encote  en  usage  dans  le 
Pays  de  Liège. 


Messieurs, 

Les  deux  mémoires  envoyés  en  réponse  à  la 
question  n'ont  nullement  satisfait  les  membres  du 
Jury  chargé  de  les  apprécier.  Ils  sont  très  superfi- 
ciels et  très  incomplets. 

L'auteur  du  n°  1  (Devise  :  Qui  cherche  trouvé) 
semble  ne  pas  avoir  beaucoup  cherché,  car  il  ne 
donne  que  des  renseignements  traînant  dans  tous 
les  vieux  livres  de  commerce  et  dans  des  traités 
élémentaires  d'arithmétique  ad  hoc.  Comme  il  le 
reconnaît  lui-môme,  son  travail  est  un  simple 
exposé,  fort  maigre,  agrémenté  d'un  amas  de  chiffres 
et  de  réductions  à  n'accepter  que  sous  bénéfice 
d'inventaire. 

34 


—  530  - 

Le  mémoire  n"  2  porte  pour  devise  :  Le  sifslème 
métrique  est  uniforme,  simple  et  régulier,  etc.  Pour 
être  plus  sobre  de  cliifl'res  et  plus  méllioditpie  — 
l'auleur  i\iyant  distribué  sous  forme  de  vocabulaire 
—  il  n'est  pas  moins  incom})let  que  le  n*^  précédent. 
C'est  l'œuvre  d'un  homme  d'école  qui  a  voulu  nous 
distraire  par  une  leçon  sur  le  système  métrique. 
Juuez  "s'il  a  dû  réussir  !  L'auteur  s'est  borné  au 
reste  à  feuilleter  le  dictionnaire  de  Hubert  et  deux 
arithmétiques  modernes.  Quant  aux  vieilles  per- 
sonnes prétenduement  consultées,  elles  doivent  être 
peu  expertes,  car  les  renseignements  contenus  dans 
ce  travail  sont  des  plus  légers  et  des  plus  vulgaires. 

L'avis  unanime  du  Jury  est  donc  que  ces  deux 
mémoires  ne  méritent  aucune  distinction. 

Le  résultat  du  Concours  eût  sans  doute  été  diffé- 
rent si  les  auteurs  s'étaient  mieux  convaincus  de 
l'importance  et  de  la  beauté  de  la  question.  En  effet, 
par  les  monnaies,  les  poids  et  les  mesures,  on 
pénètre  dans  la  vie  privée  et  pratique  d'une  nation, 
dans  ces  mille  [)otits  détails  intimes  qui  échappent 
d'ordinaire  à  l'historien.  Aussi  comptions-nous  trou- 
ver dans  les  mémoires  examinés  des  révélations 
intéressantes  sur  les  us  et  coutumes  de  nos  pères. 

Disons-le  bien  haut,  notre  déception  a  été  entière. 

Parn]i  les  sources  et  documents  que  les  concur- 
rents auraient  pu  mettre  à  profit, et  dont  ils  semblent 
n'avoir  pas  même  soupçonné  l'existence,  signalons  : 
les  anciens  livres  de  mathématiques  publiés  dans  le 
pays  de  Liège  depuis  le  XVi''  siècle;  les  ouvrages  de 


—  531   - 

P.  Simonon  sur  les  monnaies  el  ceux  de  Thomassin, 
l'auteur  du  mémoire  statistique  du  département  de 
rOurthe;  les  livres  de  numismatique;  les  divers 
dictionnaires  wallons,  particulièrement  celui  de 
Forir;  les  vieux  comptes  et  papiers  d'affaires  qui 
renferment  foule  de  curieux  détails  à  relever;  enfin 
et  surtout,  les  recueils  des  Edits  et  Ordonnances  de 
la  Principauté,  etc. 

Les  membres  du  jury, 

N.  Lequauré. 

D.  Van  de  Casteele. 

Jules  Matthieu,  rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  Ib  mars  1891,  a 
donné  acte  au  Jury  de  ses  conclusions.  En  consé- 
quence, les  billets  cachetés,  accompagnant  les 
pièces  non  couronnées,  ont  été  brûlés  séance 
tenante. 


SOCIÉTÉ  LIÉGEOISE  DE  IITTÉRATDRE  WALLONNE. 


.    CONCOURS  DE  1890 

RAPPORT  DU  JURY  SUR  LE  12e  CONCOURS  (CONTKS  EN  PROSE). 


Messieurs, 

Le  jury  du  \^2''  concours  n'a  eu  à  examiner  qu'une 
seule  pièce,  intilulée  :  les  Soltaî  et  portant  la  devise  : 
Connais-loi  loi-même. 

C'est  bien  un  conle  en  prose,  et  qui  a,  au  point  de 
vue  de  la  langue,  le  mérite  d'être  écrit  en  wallon  de 
la  vallée  du  Geer  :  les  B'dletins  de  la  Société  con- 
tiennent, en  effet,  peu  d'échantillons  (s'ils  en  contien- 
nenl)  de  cette  variété  de  notre  vieil  idiome.  Le  conte 
débute  par  une  introduction  qui  nous  apprend  que 
l'auteur  va  nous  raconter  l'histoire  des  sottaî,  bien 
vieille  histoire,  souvenir  d'une  prime  jeunesse. 

Cette  introduction  a  paru  au  jury  être  un  hors- 
d'œuvre,  et  devrait  être  supprimée  :  elle  a  fort  peu 
d'intérêt. 

Débute  alors,  à  proprement  parler,  le  conte  :  la 
trame  en  est  assez  mince,  et  l'intérêt  ne  se  soutient, 


—  533  - 

sur  un  semblant  d'action,  que  par  la  vivacité 
du  lan<:çage  et  la  grande  variété  des  ex})pessions 
employées. 

Un  malheureux  cordonnier,  si  pauvre  (et  cepen- 
dant ce  n'est  pas  de  sa  faute)  qu'il  n'a  plus  que  le 
cuir  nécessaire  pour  une  ])aire  de  souliers  déjà 
commandée,  se  met,  le  soir,  courageusement  à  la 
besogne;  et  bien  tard,  va  se  coucher  la  conscience 
tranquille.  Le  lendemain,  tout  au  matin,  quel  n'est 
pas  son  étonnement  lorsqu'il  voit  sur  sa  table  d'ou- 
vrier, une  paire  de  souliers  terminée  !  Il  l'examine, 
la  retourne  sous  toutes  ses  faces,  et  est  forcé  de 
s'avouer  que  rien  n'y  manque. 

Ici,  l'auteur  a  rendu  avec  un  réel  talent  les  impres- 
sions de  son  héros:  la  ecène  qu'il  décrit  est  bien 
réellement  vécue,  et  l'ahurissement  du  cordonnier 
bien  dépeint. 

L'acheteur  se  présente,  trouve  les  souliers  à  point, 
les  paie,  et  donne  même  un  supplément  de  prix  ; 
si  bien  que  notre  «  côrdonni  »  trouve  le  moyen 
d'acheter  les  matériaux  nécessaires  à  la  confection 
de  deux  paires  de  souliers. 

Il  coupe  les  souliers  ce  jour-là,  et  se  couche,  se 
réjouissant  de  finir  l'ouvrage  le  lendemain,  rempli 
de  courage  qu'il  est  par  son  bonheur  du  matin. 

Le  reste  se  devine  :  la  progression  continue  les 
jours  suivants;  tous  les  matins  les  souliers,  coupés 
la  veille,  se  trouvent  terminés  sur  l'établi.  Et  la 
chance  d'autre  part  conlinui  ,  les  acheteurs  foison- 
nent, le  cordonnier  se  fait  riche. 


-    534  — 

Si  bien  qu'un  jour,  il  veut  percer  le  mystère,  se 
cache  la  nuit  avec  sa  femme,  et  surprend  sur  le  coup 
de  minuit,  de  petits  hom.mes,  lessottaî  qui  viennent 
se  mettre  à  la  besogne.  Détail  particulier  et  impor- 
tant, ces  petits  hommes  sont  «  tôt  non,  jans,  non 
comme  on  deûcjt  ».  L'aube  arrive,  les  sottai  dispa- 
raissent; et  les  époux  reconnaissants  trouvent  qu'ils 
doivent  î)rouver  cette  reconnaissance  à  leurs  bons 
j:çénies.  Que  faire,  sinon  les  habiller  de  pied  en  cap  ? 
Et  surtout,  n'oublions  pas,  dit  la  femme,  une  belle 
paire  de  bons  petits  souliers  pour  chacun,  car  c'est 
l'hiver,  et  la  neige  tombe. 

Ainsi  dit,  ainsi  fait,  et  le  jour  où  tout  est  prêt,  le 
cordonnier  et  sa  femme,  au  lieu  de  préparer  le  cuir, 
mettent  bien  en  évidence  les  vêtements  des  sottciî. 
Ceux-ci  arrivent,  sont  tout  étonnés,  et  finissent  par 
s'habiller  en  chantant  : 

«  Nos  estans  bai,  sâreu-t-on  trover  niîx  ? 
Poquoi  sèris  gn'  donc  pus  lonlimps  coiphî  ?  » 

Depuis,  oncques  ne  les  revit;  mais  le  cordonnier 
était  sorti  de  la  misère;  et  désormais,  tout  lui 
réussit. 

Il  y  a,  dans  le  but  poursuivi  par  l'auteur,  une  bien 
grande  incertitude  :  à  quoi  tend  le  conte  qu'il  a 
écrit;  serait-ce  peut-être  à  l'intention  de  démontrer 
la  vérité  du  'proverbe  :  «  Un  bienfait  n'est  jamais 
perdu  ?  »  11  y  a  là,  dans  l'œuvre,  une  grave  lacune; 
aussi  malgré  les  (jualités  de  style,  fort  appréciables, 
et  (pii  font  (pie  la  lecture  du  conte  offre  un  intérêt 


—  535    - 

assez  soiUenii,  le  jury  a-(-ii  Ihonneui' tie  vous  [)ro- 
poser  d'accorder  à  l'auteur  de  les  Sottaî,  une 
meiilion  honorable,  iivec  impression. 

Les  Membres  du  Jarij  : 
MM.  J.  Dkfreciikux, 

Eue.    DuCIiESiNE, 

L.  Delsaux,  rapporleur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  mars  1891,  a 
donné  acte  au  jury  de  ses  conclusions.  L'ouverture 
du  billet  caclieté,  ncconiprignant  la  pièce  couronnée, 
a  fait  connaître  ([uc  M.  Gustave  Marchai,  inslilulour 
communal,  à  Liège,  est  l'auteur  du  conte  :  lès  SoUaî. 


Lès   Sottaî  ('). 


PAR 


Gustave  MARCHAL 


INSTITUTEUR    COMMUNAL. 


MÉDAILLE     DE     BRONZE. 


Devise  : 
Connais-loi  toi-même. 


Ji  v'  vou  raconter  l'histoire  dès  Sottai  telle  qui  m'  père  mi  l'a 
raconté  quand  j'èsteu-st-èco  bin  p'tit,  histoire  qui  ji  m'  plaihîve 
à  ètinde  répéter  divins  ces  longues  sîsse  d'hivièr,  qui  les  vîlès 
gins  passè-st-à  guèrry  so  Napoléon,  Bazaine,  Bismark,  Mac- 
Mahon,  so  l' rèvoluchon  di  dihe  hut  cint  trinte  et  lès  exploit  d'à 
r  jambe  di  bois.  Inte  deux,  on  racontéve  eune  histoire  di  ma- 
cralle,  di  lauwarrou,di  sottai;  c'è  comme  çolà  qui  j'a-st-appris 
li  cisse  qui  ji  va  sayî  dô  rappoirter  telle  qu'on  m'  l'a  conté. 

Aveû-st  eune  fèye  on  côrdonnî  qu'èsteu  dim'nou  si  pauve, 
si  pauve;  mains  ci  n'èsteû  nin  di  s'fâte,  savez,  pacequ'i  louquîve 
foirt  bègne  à  lu,  et  qui  saveû  foirt  bin  régler  s' manège.  Ji 
d'héve  donc  qu'csteû  si  pauve,  si  pauve  qui  n'  lî  d'moréve 
pus  dé  cûr  qui  po  'ne  paire  di  solo,  sins  oyeu  l'moyégne  d'ènnè 

(•)  Le  wallon  employiî  clans  ce  conte  est  celui  parli?  dans  le  vallon  du  Geer. 


—  537  - 

pus  poleu  rèch'ter.  I  discôpe  donc  si  cùr  de  Tsissc  po  F  paire 
di  sole  qu'ôsteû  k'mandcye,  et  aveu  1'  consciincedi  s'pauvrité, 
mains  di  s'  brav'silé,  ca  i  savcû  bin  qui  ci  n'èstcû  nin  di  s'  fâtc 
qu'i  s'vèyéve  tourné  ô  F  misère,  avou  Tconsciince  d'eune  hon- 
nête homme,  i  s'alla  mette  pûhûlmint  è  lût  et  s'èdoirma  tôt 
rik'mandant  si  âme  â  bon  Diu. 

Li  lèddimain  â  malègne,  i  s'Iîvo,  di  st-eune  pàter,  tôt  pinsant 
qui  va  st-aller  ovrer  si  dièrain  boquet  d'cûr  et  puis  i  s'  voust- 
aller  mette  à  l'ovrège.  Mains  qui  n' fou-ti  nin  surpris,  quand 
i  vèya  lès  deux  soie  to  fait  so  l' tâve!  Esteû  tôt  èstoumaqué,  ca 
i  n'  comprindéve  nin  vrây'mint  kimint  qui  s  fève  qui  tôt 
lèyant  l' jou  d'vant  à  1'  nuto  li  cûr  seuTmint  discôpé  et  presse 
à  mette  en  oûve,  i  m'  néve  trover  eu  ne  paire  di  sole  qui 
n' dimandîve  qu'à  èsse  châssî.  a  Qu'è-ce  qui  çolà  vou  dî?... 
Portant  ji  n'a  mèttou  nou  pan  âtou  hîr,  »  ni  féve-t-i  d'  répéter. 
0  C'è-st-on  mirâke,  ma  foi,  ou  ji  n'y  comprind  pus  règne.  Por- 
tant, ji  n'èsteû  nin  pus  so  hîr  qu'  hoûye  po-z-oyou  fait  'ne 
paire  di  sole  sins  n'oyou  som'nance  »  Disqu'anonc  avu  d'morou 
planté  d'vant  les  sole  to  fant  des  èclameure.  «  Louquonsles 
on  pau,  »  d'ha-t-i. 

I  prind  donc  les  sole,  lès  louqua  et  r'iouqua,  lès  r'tourna  di 
co  tra/.e  façon,  sins  lèyî  de  louquî  nolle  pièce,  nou  trawai, 
nolle  piqueure.  Lès  sole  èstivot  si  proprumint  ovré  qui  n'aveû 
nègne  eune  fasse  piqueure,  nègne  eune  màkeule,  si  p'iite 
qu'il  fouhe,  on-z-âreû  vrây'mint  dit  qu'on-z-eûye  volou  fer  on 
chô-d'oùve. 

L'acli'teu  ni  târgea  wêre  de  m'  ni  vèyî  après  s' paire  di  sole, 
et  comme  is  lî  tournis  pusse  qui  bôj:ne  ô  Toûye,  èl  paya-st-on 
pau  fou  de  prix.  Avou  l'ârgint  qu'aveu  po  s'  paire  di  sole,  li 
côrdonnî  trova  moyègne  d'èch'ter  de  cûr  po  deux  paire. 

De  r  sîsse,  i  discôpe  si  pèce  di  cûr  po  ses  deux  paire  et  i 
s'  rafiéve  li  lèddimain  di  s'  rimètte  à  l'ovrège  avou  on  novai 
corège;  mains  ènneavcû  nolle  golle  mèsâhe  ;  ca  quand  ci  fouhe 
qui  s'ièva,  èstivèt-st-ôco  déjà  fait  et  les  ach'tcu  ni  s' f'rît  wêre 


538 


rawarder.  Is  lî  oiTrit  tant  d"ài'giiit  ([ui  1"  côrdonnî  [lula  st-acirter 
de  cûr  po  qwatc  paire  di  solo  avou  V  prix  qu'ènnù  f  çûva. 

Li  lèddimain,  i  trova-sl-èco  les  qwaie  paire  di  solo  qui 
n'rawârdît  co  qui  les  ach'tcu"  L'après  d'  main  èco  1'  môme  jeu  : 
à  matègne,  i  trovéve  oussu  lès  iiut  paire  di  soie  faite. 

Kt  coula  continua  todis  ainsi  los  lesjous  savant:  tôt  çou  qu'i 
discôpéve  à  1'  nute,  èl  trovéve  ovré  à  matègne;  si  bogne  qu'i 
s'  racclèva  so  V  cô  quéque  aidan;  i  fou  r'noummc  lont-z-ct  làge 
comme  li  mèyeu  coipî  qu'on  k'nohahe.  A  1'  fègne,  esteû  Ion 
d'oyî  r  misère,  ca  ci  n'esteû  pus  par  patâr,  aidant,  ni  blâmuse, 
ni  même  plaquette  qui  comptéve  si  fôrteune;  c'csteCd  lès  belles 
coronne,  d'ôr  ico,  qui  hiltivèt  quand  i  d'Ioyéve  lès  cowètte  di 
s'  vîle  boûse  qu'i  t'néve  di  s' tàye. 

Coula  duréve  déjà  di^pô  bin  lontirap,  si  Lin  qu'on  jou,  de 
l'sîsse,  on  pau  d"vant  1'  Noé,  quand  l'homme  cû  discôpé  s'  cûr, 
qu'alléve  comme  tos  lès  joû  mette  so  l' tâve  po  1'  ritrover 
r  lèddimain  tourné  à  belles  chàsseure,  i  tourna  pinsif  ;  i 
s' tourna  vès  s' feumme  et  lî  d'ha:  a  Mains  feumme,  qu'arri- 
vreù-t-i,  nonc,  si  nos  d'monîs  so  pîd  cisse  nute  po  vèyî  si  nos 
dihoûveurons  nègne  qui  qui  nos  vin  d'ncr  tos  lès  jou  on  s'fait 
côp  d'  main.  »  Li  feumme  touma  d'on  cô  d'accoird  et  esprit  de 
rioumirc;  après  quoi  is]s'  cachît  tos  les  deux  divin  les  coine 
de  r  chamme,  podrî  des  mouss'mint  qui  pindivôt-st-à  des 
broque  et  is  frît  st-attinchon  à  çou  qui  s'alléve  passer.  Quand 
i  touma  vis  1'  cô  d' mèye  nute,  arriva  deux  p'tits,  tos  p'tits 
homme,  nin  pus  grand  qu'dès  lapon  de  Nord  et  tôt  nou.jans, 
nôu  comme  on  deûgt. 

Comme  dès  habitué  de  1'  molionnc,  sins  fer  nolle  façon  ni  dî 
nou  seul  mot,  is  s'assiyît-st-à  l'  tâve  de  coiphî,  assèchît  vers 
zèlle  tôt  r  cûr  qu'èsleû  discôpé  et  s'  mètlîfc  d'on  côp  à  l'ovrège 
sins  piède  eune  munute. 

C'èsteu  curieux  de  vèyî  aller  leus  p'iil  deugt,  tél'minl  abôy'- 
miiit  et  vile  qui  trotivèt.  Is  pi(iuîvèt,  klawîvèt,  cosîvèt  sins 
tourner  1'  liesse,  térmiiil  (pii  1'  homme   èstcû    tôt  foû  d'  lu   di 


—  530  - 

lès  vèyî  ovrcr  vile  et  bègnc.  Is  n'  si  distourijît  co  màyc,  si 
n'  diliît-is  nin  'ne  parole  tant  qu'is  n'eurit  nin  fini  Tovrège 
qu'on   l's  y  aveu  mèttou. 

Anonc,  is  mèttît  lès  soie  so  1' tâve,  rabouliL  tote  lès  ustèye 
è  leu  pièce  et  spitît  fou  de  1'  chamme  comme  ine  aloumeure 

Li  coiphî  et  s'  feumme  fîvèt  dès  hoûye  comme  ine  poye  qu'a 
hap6  on  r'nâ  de  vèyî  quès'tivèt-st-à-c'ste  heure  û  corant  de 
mystère  qui  s'  passéve  dispù  bin  lontimp  sins  qu'is  polihe  y 
rin  comprinde. 

Li  ièddemain,  quand  is  s'  lèvît,  â  matègne,  li  feumme  dilui- 
st-a  si  homme  :  a  Thoumas,  ces  p'tits  lapon  là  nos  ont  rindou 
riche.  Nos  d'vrîs,  m'  sonle-t-i,  èlsî  y  ènne  èsse  rik'nohant.  Is 
corèt,  tôt  comme  qui  nos  l'avons  veyeu,  nou  comme  on  deugt, 
sins  né 'ne  seule  cKcolle  po  wârder  leus  coirps  de  l'frudeûr; 
is  vont-st-égcalcr,  ca  vola  qui  n's  estons  û  Noé,  lès  ploumion 
d' nîvaye  kimincèl-st-à  ra^'ovri  1' terre  d'on  blanc  mantai  ;  di 
chai  à  treûs  jou  ârè  gealé  disqu'â  crama;  nouque  di  nos  doux 
p'iils  lapon  ni  r'vièrô  I'  fourèhon...  Sésse  bin  quoi' j'èlsî  ach'trè 
dès  p'titès  ch'mîhe,  dès  cou  d'châse,  dès  camisole  et  dèsjasse... 
et  ossi  à  chaskeune  ine  paire  di  chaudes  châsse  di  laine  ;  et 
toi,  hein,  Thoumas,  l'èlsî  frè  h  chnskeune  ine  paire  di  bons 
p'tits  sole  à  trawai  po  qui  leus  p'tit  p'îd  ni  seuyèhe  pus  è  1'  ni- 
vaye.  I  m'  sonle  qui  c'è  1'  mons  qui  nos  d'vrîs  fer  por  zels.  » 

«  D'accoird,  diha  si  homme;  nos  l's  allons  r'moussî  et  r'chAsî 
dès  pîd  à  r  tiôsse  ;  si  n'  rouvions  nègne  non  pus  d'èlsî  ach'ter 
deux  chaudes  calotte  h  poyège,  po  warder  leus  cèrvai.  » 

Comme  c'èsteû  dit,  ci  fou  fait,  et  quand  tos  les  mouss'mint 
fouri  presse,  on  jou  de  l'  sîse,  è  1'  pièce  de  mette  di  l'ovrègc 
èlsî  y  mèllîl  tôt  V  hopai  so  l' tàve  d'ovi'ège  ;  anonc  is  s'cachît  po 
vèyi  kimint  qu'  l'afTairc  alléve  prinde.  A  mèye  nute,  mes  d(>ux 
sottai  aspitît  tôt  poi-h"tanl  et  volît  comme  d'habitude  si  r'mèlte 
à  l'ovrège;  mains  comme  is  n'  trovivèt  nin  de  cûr  discùpcs.  is 
wailît  çou  qui  s'  trovéve  so  1'  lâvo.  Tôt  d'abord,  is  toumît  tôt 
èslouniaké  divaiit  1'  hupai  (ju'èslcù  d'vant  i^cls;  anon  iss'  inètlîl 


—  540  — 

st-ii  liahler  lolmint  qu'is  n' si  polivèt  pus  t'ni.Avou  leus  p'titès 
mains, isk'louniît  lès  mou^s'miiil  Ji  co  traze  façon.  Puis  comme 
s'on  Ts  y  mèttahe  li  feu  à  rein,  is  moussît  d'  vins  ieus  belles 
clicùlte  tôt  chantant: 

Nos  èstans  bai  ;  sârtO-t-on  irover  mîx? 
Poquol  srris-gn'  donc  pus  lontimps  ooip'liî? 

Anonc,  qwand  is  fourit-st-agad'lé  à  mittont,  is  k'minçît-st-à 
pochter,  si  bin  qui  d' jôye  is  dansîvèt  so  lès  chèyîre  et  lès  banc 
qu'èstîvèt-st-âtou  d'zels.  A  1'  fègnc,  is  s'  dansî-st-à  l'oû  et  dispô 
anonc,  on  n'  lès  a  mâye  pus  r'vèyou. 

Li  coip'hî  aveu  ramasse  'ne  bonne  peûre  pos  ses  vîx  joù  et 
tant  qu'i  viqua,  divins  tôt  çou  qu'intripri,  i  réussiha  todis. 


Notes  linguistiques  pour  faciliter  la  compréhension 

du  texte. 

Jammc  ^^  jambe  en  liégeois  ;  jambe. 

Moyègnc  =  moijin  en  liégeois  ;  moyen. 

Polcu  -^  poîou  en  liégeois;  pouvoir. 

Presse  ^^pi'ète  en  liégeois  ;  prêt. 

D'tnoreu  =  dimonou  en  liégeois;  demeuré. 

Yoleu  =  volou  ;  voulu. 

Chamme  =  chamhe  en  liégeois  ;  chambre. 

Dî  =  dire  en  liégeois  ;  dire. 

Alloutnewe  =  alloumîre  en  liégeois;  éclair. 

Matègne  =  matin, 

Ploumion  ou  pètion  =  flocons  de  neige. 

Foûrèhon  ^=prétimps  en  liégeois;  printemps. 

Seuyèhe  =  sèyesse  en  liégeois  ;  soient. 

Mittont  =  mittant,  moitèye;  moitié,  milieu. 

PCvèyeu  —  fveyoïi;  revu. 

Ivèt  =  ît  liégeois.  3"  pers   plur.  imparf.  de  l'ind. 


SOCIÉTÉ  LIÉGEOISE  DE  LITTÉRATURE  WALLONNE 


RAPPORT  SUR  LE  17»  CONCOURS  DE  4891.  (CRÂMIGNON, 
CHANSON,  ETC.) 


Le  jury  d  reçu,  pour  ce  concours,  31  pièces,  dont 
voici  les  titres  : 

i.  Comme  one  soris  (dialecte  de  Verviers);  ^.  Mi 
petite  fèye;  3  Trisse  tâvlaî;  4.  Lorège;  5.  Li  Provi- 
(lince;  Q.  Li  margnrite;  1.  Èfant,  doirmez;  S.  Mon 
onke  Colas;  9.  L'èfant  et  rpâvion;  10.  Mes  nous 
sabot;  11.  Li  vîx  joueû  d' violon;  12.  El  savoyard  ; 
13. /l  monclieu  l  borgnimaisse  ;  14.  Rilèvans  nosse 
perron;  15.  Li  poète;  lij.Six  petits  poème  [dmlcclo  de 
Verviers);  17.  Cinq  poésie  (sonnets);  \S.  Poète,  vos 
estez  sot;  11).  Ji  so  r'mèttou;  20.  Li  groumèt  ; 
21.  Soîige  du  gloire;  22.  Vinez-v  è  bois;  23.  Li  vraye 
ligeoise  ;  24.  Todis  contint  ;  25.  Pauve  pitite  ;  26 .  Deux 
baisjoû;  27.  Poquoi  plorer?  28.  A  viège;  29.  Mi  vîx 
chapai;  30.  È  bois  !  3L  Fez  V  charité. 

De  toutes  ces  pièces,  il  n'en  est  que  six  (jui 
méritent  d'être  couronnées.  Non  point  que  les  autres 
soient  absolument  sans  qualités;  mais  leurs  auteurs 
n'ont  pas  su  éviter  les  défauts  habituels  que  tant  de 
rapports  ont  déjà  mis  en  lumière  et  que  nous 
croyons  inutile  de  signaler  une  (bis  de  i)lns.  Bornons- 


—  54-2  — 

nous  donc  à  dire  un  mot  des  poésies  qui  ont  obtenu 
les  suffrages  du  jury. 

Le  n°  4  nous  donne  une  description  assez 
lieureuse  de  l'orage;  mais  si  la  pièce  semble  facile- 
ment, écrite,  le  vers  choisi,  celui  de  sept  syllabes, 
est  pénible  à  la  lecture,  parce  que  l'auteur  ne  paraît 
pas  avoir  eu  souci  de  trouver  une  coupe  satis- 
faisante. Telle  qu'elle  est,  elle  mérite  cependant  une 
médaille  en  bronze,  comme  la  pièce  n"  '22,  Vinez-v' 
è  bois,  qui  est  gracieuse,  mais  dont  toutes  les 
expressions  ne  sont  j)as  également  poétiques. 

Les  n'"  20,  Li  groumèt,  et  24,  Todis  contint,  nous 
ont  paru  dignes  d'une  médaille  d'argent.  Facilement 
faites,  elles  se  lisent  facilement  et  agréablement 
et  respirent,  l'une  et  l'autre,  une  bonne  humeur  qui 
fait  plaisir.  Li  groumèt  nous  paraît  même  valoir  un 
peu  mieux  que  l'autre  :  elle  est  plus  courte  —  évitant 
ainsi  les  longueurs  dont  nos  poètes  ne  savent  pas 
toujours  assez  se  défendre  —  et  plus  spirituelle. 

Très  s})iriluelle  aussi,  tout  en  contenant  une  bonne 
leçon  de  morale  pratique,  est  la  poésie  n"  10, 
Mes  noû  sabot  ;  elle  mérite  au  moins  une  récompense 
égale  à  celle  de  la  pièce  précédente. 

Mais  il  faut  placer  plus  haut  encore  le  n"  12,  parce 
qu'une  pensée  d'une  plus  grande  portée  l'inspire. 
Cette  poésie,  écrite  avec  art  en  dialecte  de  Nivelles 
et  intitulée  :  El  savoyard  (le  ramoneur),  nous  parle 
d'un  humble  ouvrier,  qui,  si  infime  que  soit  sa 
position  et  si  repoussant  son  aspect,  a  ce])cndant 
aussi  au  cœur  une  étincelle  d'idéal  :  son  amour  pour 


-   543  - 

une  modeste  fleur  (jiril  soigne  avec  passion  le  relève 
el  inspire  à  l'anleiir  une  réflexion  morale  à  la(juelle 
tout  le  monde  applaudira: 

\Véions-n'  les  pou  nos  frèie  èyé  nî  pou  nos  difau, 

È  r  tir-sse  dé  CCS  gins-là,  ç-t-in  chami)  qui  court  à  roye, 

Yc  qui  lindra  'ne  saqué...  si  l' chèi  rue  passe  l'avau. 

Aussi  le  jury  a-t-il  unaniment  décerné  à  lauleur 
de  celle  pièce  une  médaille  de  vermeil. 

Les  membres  du  jury  : 

Paul  d'xVndiumOxNt, 
Jos.  Defreciœux, 
et  Victor  CukiJM:^,  rapporteur. 


La  Société,  dans  sa  séance  du  15  mars  1891, 
a  donné  acte  au  jury  de  ses  conclusions.  Louver'.ure 
des  billets  cachetés,  accompagnant  les  pièces  cou- 
ronnées,a  fait  connaître  que  M.Georges  Willarne  est 
l'auteur  du  n"  12  (médaille  de  vermeil);  M.  Poncclet, 
celui  des  n'*  ^20  et  24  (médailles  d  argent);  M.  E. 
Gérard,  celui  du  n"  10  (médaille  d'argent)  el  du  n"  4 
(médaille  de  bronze);  et  M.  ïiikin,  celui  du  n"  ±2 
(médaiile  de  bronze). 

Les  autres  billets  cachetés  ont  été  brûlés  séance 
tenante. 


El   Savoyard 

(Dialecte  nivellois.) 

PAR 
Georges  "WILLAME. 


Devise  : 
On  a  chaque  leu  plaiji. 


MEDAILLE  DE  VERMEIL. 


Je  rînconle  tous  lès  jou,  dinis  'ne  pèlite  rue  d'  Nivelles, 
Ervènanl  d'ès  besogne,  in  grand  noir  savoyard; 
G'è 'ne  vréye  prone;  i  pue  1'  souie;  es  sach  rimpli  Truelle 
Eyè  d'ùs  courps  de  diûle  i  soùrte  comme  in  brouyard. 

In  l'viyant,  bî  souvint,  je  m'ai  dit:  ft  C  n'è  qu'ène  bièsse; 
a  C'è  st-in  clifau  qui  Iravaye  pou  gangnî  s'  picotin; 
«  Ça  n'  sin  nî,  ça  n'  songe  nî,  ça  n'a  rî  dèdins  s'  tièsse; 
a  Ça  s'  couche,  au  nul,  moulu,  i)ou  ronliî  'squ'au  matin. 

«  Gommint  vourî  qu'in  lionime  toudi  noir,  toudi  sale, 

a  Song'rou  jamais  d'ès  vive  au  solèye,  à  lès  champs? 

a  A-t-i  jamais  *ne  saquî,  scûrmint,  qui  li  de  pâle, 

a  Poùvc  brute  qui  vife  tout  seCi  comme  in  pourchadins  s'rang? 


—    04o    — 

((  Quù  les  mouchûii  chanlonse,  i  n'  pu  rnau  d'èls  inlinde? 
a  I  n'  va  nî  s'pourmeiiner  dins  lès  pré  ravèrdi  ; 
a  I  n'  va  nî  vîr,  (.lins  V  bos,  lès  filé  Lfavièrge  pinde, 
a  Gomme  dès  fines  dintèlle,  h  les  couche  dès  noigi...  » 

Je  m'abûsoû,  pourtant  (c'è  putoût  mi  ciu'è  1'  bièsse)  : 

In  passant  dlé  s'maù^o  j'ai  vu,  l'auLe  jou,  ra'gayard 

Qui  sûugnou  'ne  petite  fleur  mîche  su  1'  bourd  de  l' fèrnièsse 

Yè  qui  pourmènou  d'su  ses  gros  doigt  d'savoyard. 

Oh!  pou  l'fleur,  ça  n'astou  nî  là  'ne  saqué  d'  l'ourt  râle  : 
In  blanc  bouquet  tout  fait  dins-n-in  pot  d'  rî  du  tout; 
Mais  d'èl  vir,  lu,  d'ainsi,  sougnéye  pa-n-in  noirdiâle, 
Ça  m'achènné  fin  drôle...  ôyô  fin  boù  n'ètou. 

J'astoù  binaiche  de  vîr  in  ouvrî,  s' journéye  faite, 
In  rintrant  dinss'maiso,  réduit  foùrce  d'ièsse  èskeu, 
Songl,  sans  prin  !e  èl  temps  de  s'  rassaurer  "ne  miyèlte, 
A  'ne  poûve  petite  blanche  fieur  qui  pousse  pou  li  tout  scu. 

È-ce  qu'il  a  faim  d'auto  chouse  que  d'ès  pupe  yè  d'ès  chique  ? 
È-ce  qu'i  drouve  bî  ses  î  pou  vir  çu  qu'il  a  d'bia?... 
Wélî,  d'su  lès  fèrnièsse  dès  mansarde,  dès  boutique, 
Lès  blanc  gèrarium  yè  lès  rouges  fluxia... 

Après  tout,  pouquè  nî?  Va-t-o  dire,  pace  qu'in  homme 
Doi  gangnî  1*  pain  d'ès  viye  in  travayant  d'  ses  main, 
Qu'i  s'ravale  au  rang  d"biôsse?I  m'chènnequèc'è-st-auprome 
A  cause  de  ça  qu'es  cœur  toque  Court  èyé  souvint. 

Je  comprind  qu'o  s'  raumige,  in  juu  d' Ion,  comme  in  sclave 
(I  fau  tant  s'èscrandi  pou  gangnî  saquants  liard!); 
Mais  r  pus  p'iit  mannoquou,  s'il  è  s'n  homme,  s'il  è  brave, 
Songe,  in  tout  s'raumiihant,  tout  parèye  qu'in  richard; 

55 


—  540  — 

lia,  comme  li,  ses  joie  t'aussi  bî  qu*  ses  misère; 
Ce  'ne  parole  qu'è  bî  dite  :  a  0-n-a  chaque  leu  plaiji  »  ; 
Si  l'aule  vu  dès  voiture,  dès  tûbleau,  dès  coummère, 
11  li  fau  'ne  petite  fleur  pou  raguèyî  ses  î 

Astons-n^pu  malin  qu  li?  T'abourd,  moustrons-n'  li  1'  voye; 
Wétons-n'  lès  pou  nos  frère,  èyè  nî  pou  no  chfau; 
È  l' tièsse  .de  ces  gins-là,  ç'-t-in  champs  qui  court  à  roye 
Yè  qui  rindra  'ne  saqué...  si  1'  chèrrue  passe  t'avau. 


Mes  nous   Sabot. 

Air  :  Les  noisettes. 

PAR 

Emile  GÉRARD. 

Devise  : 
J"ai  trop  donnd  j'our  mon  sifflet.  (Franklin. 


MÉDAILLE    D  ARGENT. 


j'aveû  mutoi  'ne  dihaîne  d'ânnêye, 
Qwand  on  joû  m'  mérc  mi  rappoirla 
Dès  nous  sabot,  qui  V  même  journêye 
Po  'nne  aller,  lot  fir,  ji  slruma. 
J'alla  tant  cori  d'vins  lès  hâye, 
Baligander,  rôler  d'vins  tôt, 
Qu'à  r  nute,  tôt  rintrant  j'èsleû  gâye  : 
J'aveû  pièrdou  mes  nous  sabot  ! 

Wi  bonne  mère  ni  barboUa  wêre, 
Ca  'ne  mère  ni  se  qui  Hèstî, 
Mais  por  mi,  c'èsteù-sl-ine  affaire 
Qui  jamâye  ji  n'  divéve  rou\î. 
Mes  sabot  m'ont  sièrvou  d'  consèye; 
A  c'ste  beùre,  à  mi-même,  ji  m'  di  co, 
Qwand  j'a  slu  près  de  fer  'ne  bièstrèye 
T'a  mùquè  de  piède  tes  sabot! 


-  548  — 

J'aîme  de  vèyc  s'amuser  l' jônèsse, 
Qwand  ùlle  a  bin  èployî  s'  timps  ; 
Avou  lèyc,  ji  m'ritrouve  à  l'ijèsse; 
Et  j'  veû  r'crèhe  lès  rose  di  m'  prétimps. 
A  l'ènocint  qui  n'  pinse  qu'à  rire, 
Qui  k'hèye  ses  joû  comme  on  vraiyc  sot, 
Ji  n'  ini  sàreù  ral'ni  do  dire  : 
Jône  homme,  ti  pièdrc  lès  sabot! 

Ji  louque  à  'ne  censé,  sins  èsse  pice-crosse; 

Tôt  jône,  ji  sava  raspâi'gnî; 

Hoûye,  si  ji  se  çou  qu'  l'àrgint  cosse, 

C'è  qui  d'  mes  brèsse  ji  l'a  gangnî. 

Veû-j'  ine  aute  à  mâlvâ  qu'allowe 

Çou  qu'il  a?  Ji  r'songe  à  mi  spot; 

A  cilà,  ji  brai  sins  rit'nowe: 

Malhèreux,  ti  piède  tes  sabot  ! 

Lès  ânnèye  ont  v'nou  blanqui  m'  tièsse, 
Mais  j'n'a  nou  r'grèt,  j'a  bin  viqué; 
Divin  'ne  douce  et  pâhûie  viyèsse, 
Ji  r'  songe  âx  timps  qui  sont  passé. 
Si  ji  v's  a  conté  mi  avinteûre, 
Qu'elle  vis  sicve  d'èximpe  à  turlos  ; 
Rit'nez  bin  mes  consèye  d'à  c'ste  heure, 
Et  vos  n'  piôrdrez  mûye  vos  sabot! 


LI  GROUMET. 

AiR:  La  bonne  aventure.  Oh!  gué. 

PAR 

Félix  PONGELET. 


Devise: 
Si  dote-l-i  d'iiie  saquoi? 


MEDAILLE    D  ARGENT. 


1. 

Ji  so  groumct  di  m'  mèslî. 

Et  tote  li  journêye, 
Ji  chante  comme  on  canâiî, 

J'èl  frc  tote  mi  vèye. 
Ji  m'amuse  comme  on  bossou, 
Ji  rèye  todi  tant  qu'  ji  pou, 

Tût  faut  mes  mounèye. 
Tic!  Tac! 

Tôt  faut  mes  mounêye. 

2. 

Mi  maisse,  c'è-sl-on  gros  mounî 
Qu'a  'ne  foirt  belle  jône  fèye. 
Ji  creû  qu'elle  mi  veû  vortî  ; 
N'è-ce  nin  'ne  bonne  idèye? 
Qwand  c'è  qu'elle  vin-st-è  molin, 
C'è-st-apreume  qui  ji  m'  plai  bin. 

Tôt  fant  mes  mounèye 
Tic!  Tac! 

Toi  fant  mes  mounève. 


~   550  — 

3. 

Tos  lès  juû,  s'pérc  cnnè  va 

lue  heure  à  1'  vèsprèyc; 
Os^i  vite  qu'i  n'ô  pus  là, 

Elle  accour  habèye. 
Que  bais  :"noumint  qui  n'  passans! 
Oh!  que  plaisir  qui  n's  avans, 

Tôt  faut  mes  mounêye 
Tic!  Tac! 

Tut  fant  mes  mounêye 


Nos  nos  dhans  lès  pus  doux  mot 

Divins  nos  hant'rèye. 
Ji  lî  d'  :  ji  n'aîme  qui  vos, 

BAre,  mi  binamêye! 
Nos  rians,  nos  nos  fièstans, 
Quéque  fèye  nos  nos  rabrèssans, 

Tôt  fant  mes  mounêye 
Tic!  Tac' 

Tut  fant  mes  mounêye. 


Ilîr,  si  père  Ta  barboté, 

Et,  po  v'  dire  li  vraiye, 
Elle  ôsteù  po  'nnè  raller 

Tote  èfarinêye! 
Inte  di  nos  aute  seûye-t-i  dit; 
Hir,  nos  avis  brâv'mint  ri. 

Tôt  fant  mes  mounêye 
Tic!  Tac! 

Tôt  fant  mes  mounêye. 


—  551  — 

Si  Tvîx  si  dote  d'inc  saquoi, 

Nos  ùrans  'ne  manôye, 
Et  bin  sûr  i  lî  d'iindrè 

De  00  m'  vini  vèye. 
Ci  sèreû  bin  mâlhûreux, 
Ca  n's  avans  si  bon  nos  deux, 

Tôt  fant  mes  mounêye 
Tic  !  Tac  ! 

Tôt  fant  mes  mounêye. 


TODI   CONTINT! 

Ain  :  De  rautrc  côté. 

PAU 

Félix    PONCKLET. 

Devise  :  Ji  rèyc  todi. 


MÉDAILLE    u'aHCENT, 


Divins  nosse  pilito  vikârûyc, 
On  trouve  dès  ci  qui  s'plaihùt  Lin; 
Mains  on  rèsconteure  co  trazo  fèye 
Dos  cis  qui  d'Iiôt  :  ji  n'm'amusc  nin. 
Mi,  ji  dansG  comme  li  mcstré  sonne, 
.H  n'mi  fai  dès  ma  d'tièsse  po  rin, 
Qu'i  nîve,  qu'i  ploùso  ou  bin  qu'i  tonne, 
Ji  so  contint  ! 

2 
Vola  déjà  quéquès  ânnêye 
Qui  ji  rôle  mi  bosse  po  viquer  ; 
J'a  passé  dès  mâles  ânnêye, 
Mains  ji  n'm'a  jamâye  tourmètc; 
I  m'sonle  qui  c'è-st-ine  grande  bièstrèye, 
So  c'mondc  cial,  di  sïer  dès  chagrin; 
Mi,  ji  m'ô  moque,  ji  chante,  ji  rèye 
Et  j'so  contint  ! 


—  553  — 

3. 

Qwand  j'a-st-avu  trové  'ne  jône  fèye, 
Qu'a  bin  volou  m'  vèyî  vol'tî, 
J'a-st-intré  d'  vins  I'  grande  confrôrèye 
Et  çoula  sins  baicôp  bèmbî. 
Enne  a  qui  sont  pps  qii'  dûs  mû  d'  vintc, 
Qui  d'hèt:  Li  mariège  ni  va  rin. 
G'è  dès  sot!  mi,  ji  n'  fai  noile  plainte  : 
Ji  so  contint! 

^• 

Ji  n'a  mâye  rigrètté  m'jônùsse; 
Portant  boulez,  j'aveû  foirt  bon  ! 
Hoûye,  ci  n'è  pus  tos  lès  joû  fièsse, 
Mains  ji  n'  vou  nin  tùs?r  si  Ion. 
Mi  crapaute  èstcù  binamèye, 
A  c'ste  heure,  elle  a  quéque  laids  mèhin; 
Màgré  çoula,  po  v'  dire  li  vraiye, 
Ji  so  contint! 

5. 

Ji  m'  rappelle  qui  d'vins  nos  hantrèye, 
Ji  lî  cachîve  mes  laids  costé; 
Aveu-t-èlle  toirt  de  fer  parèye? 
Nènni,  n'è-ce  nin  I'  peùrc  vérité? 
S'il  arrive  quéque  fèye  qu  elle  barbette 
Ou  qu'elle  dèye  :  qui  nVa-j'  mi  jùne  timps  ! 
Ji  M  rèspond:  va-z-è,  grande  sotte, 
Mi.  j'so  contint! 

6. 
Mi  grand  bonheur,  fd  qu' ji  v's  ùl  drye, 
C'è  d'vèye  qui  l's  èfant  s'acclèvèt, 
Et  dispôye  li  samaîne  passèye, 
Ji  so  r  père  d'on  qwatrèmc  valet  ; 


—  554  — 

Elle  âroù  biii  voiou  'ne  bâcèlle! 
Qwand  'lie  vèya  qu'  c'èsteû-st-on  grimin, 
«  G'è  bin  dammage!  hein,  Pierre  »  di-st-ôlle. 
Mi,  j*  so  contint! 

7. 

Mes  gins,  boutez  on  bon  consèye, 
Prindez  todi  l' timps  comme  i  vin. 
Le  ma  d' tièsse  raccourcihèt  1'  vèye, 
Vo  n'  sârîz  qwand  même  cangî  rin. 
Ni  va  t-i  nin  mîx  de  rire 
Et  dès  banni  los  lès  tourmint? 
On  a  si  bon,  qwand  on  pou  dire  : 
Ji  so  contint! 


VINEZ-V    E    BOIS? 


Alphonse   TILKIN. 


Devise  :  Vive  nosse  wallon 


MEDAILLE     DE     BRONZE. 


Vinez-v'  è  bois,  i  fai  'ne  si  belle  journêj'e  ! 

Li  prétimps  r'vin,  i  lu  lès  qwate  solo; 

Li  fleur  si  drouvc,  li  fàbile  grusinêye, 

Po  m'rinde  hureux,  Nanèlte,  i  n'mâque  qui  vos  ! 

Vinez-v'  è  bois,  wisse  qui  tôt  nos  sourèye? 

Ji  v'sutinrè  po  monter  lès  pasai  ; 

Et,  tôt  rotant,  ji  v\lirè-st-à  l'orèye 

Dès  chant  pus  doux  qui  lès  ci  dès  ouhai. 

Vinez-v'  è  bois,  vos  m'ridirez  co  n'  fèye 
Lès  doux  sèrmint  qui  loyèt  nos  deux  cour, 
Vos  m'ridirez  qui  ji  so  tote  vosse  vèye, 
Ji  v'ridirè  qui  v's  avez  tôt  mi  amour. 


—  550  — 

Vinez-v'  è  bois,  sèyiz  pâhûle,  Nanôttc, 

Ni  craindez  riu  qui  pôye  vis  tourmoter  ; 

Vos  serez  m'feumme  bin  vite,  ji  v's  èl  promoLte, 

Poreù-j'  fer  d'aute  qui  todi  v'  respecter? 

Vivez-v'  ô  bois,  rèspondcz,  m'binamêye, 

Li  prétimps  rvin,  i  lu  lès  qwale  solo; 

A  Kikèpois  allaus  passer  rjournèye, 

Po  m'rindc  hureux,  Nauèlle,  i  n'  màque  qui  vos! 


L'OREGE 


PAR 


Émne  GÉRARD. 


Quels  beaux  spectacles  nous  offre  la  nature! 


MKDAILLE    DE    URONZE. 


Li  choleûr  è  sofTocantc, 
Et  l'solo  d'julùllc  broiîlant; 
Divins  lès  jardin,  lès  plante 
Sont  sins  foice,  totès  morantc  : 
L'oLihaî  même  n'a  pus  nou  chant. 

Li  terre  dimeûre  abattowe, 
Pâmêye,  dizos  l'cir  blâmant; 
Nou  doux  vint  d'vins  Pàbe  ni  jowe, 
Et  nin  'ne  lègire  hièbe  qui  r'mowe 
È  pré,  comme  avâ  lès  champs. 

Mais  Tcir  si  couve  di  nulêye, 
1-^t  l'solo  vin  di  s'cachî. 
I  fai  spais  comme  à  rvèsprêye; 
Dizos  l'grandvint,  d'vins  l'allêye, 
On  veù  lès  |)lopo  si  clincliî. 


—  558  — 

L'èsblawihanlc  alloumire 
Jette,  côp  so  cùp,  s'vîve  clarté, 
Zigi^aguant  di  tote  manîre; 
Puis  d'èwarants  côp  d'tonnîre 
Risdondihèt  tos  costé. 

L'air  è-st-fcu  ;  il  allome; 
L'orège  è  tôt  dischaîné  ; 
So  l'térre,  à  l'avasse,  l'aiwe  tome, 
Ravageant  lès  champ  qu'à  l'homme, 
Promèttît,  d'main,  de  tant  d'ner. 

Li   rèwe  poche  foû  di  s'colîre, 
Et  d'hindant  de  haut  talus, 
Gomme  on  sot,  cour  âx  mahîre, 
Éhèrchant  dès  fleur,  dès  pirre, 
Avou  tapage;  è-ce  bin  lu  ? 

L'orège,  divins  s'grande  colère, 

A  râyî  l'chène  que  si  vîx ; 

Lu,  qu'on t-st-aimé  nos  grand'pére, 

Il  è  là,  stàré  so  Ttérre, 

Stûré  po  n'pus  si  r'drèssî  ! 

Mais  l'timps  racclérci  si  r'mèlte; 
È  cir,  vocial  ine  airdiè; 
Hoyant  ses  éle  so  'ne  cohètte, 
On  ô  grusiner  'ne  favètte  : 
L'orège  nos  a  dit  adiè! 


MÉLANGES. 


CONCOURS  DE  1878. 


Matante     Gètrou 

PAU 

Emile  GÉRARD. 

AIR  :  Les  cheveux  blancs. 

PRIX  :    MÉDAILLE    DE    VERMEIL. 


G'èsteû-t-ine  grande  vèye  feumme  tote  sèche  ; 
Après  tant  d'annôye,  j'èl  veu  co  ; 
Qwantes  fèye  n'a-j'  nin  môttou  s'  manège, 
Si  pauve  manège,  cou  d'zeur,  cou  d'zos  ! 
Matante  Gètrou  riéve  di  m'  vèye 
Fer  mes  tour  et  mes  coupèrou, 
A  bai  mitan  di  s' lét  quéque  fèye.... 
Pùreù-j'  rouvî  matante  Gètrou  ? 

Ji  n'èsteû  mâye  foù  di  s'  mohonne, 
Gorant,  nahant  di  tos  costé  ; 
Li  pauve  vèye  feumme  m'èsteu  si  bonne 
Qui  ji  n'  l'oya  mùye  barboter. 
Bin  sovint,  ji  loyîve  po  l'  quowe 
Si  cbèt,  qwant  ji  jouwéve  avou; 
Mùgré  tôt,  j'èsteû  l'ange  de  1'  rowe  : 
Pùrcû-j'  rouvî  matante  Gètrou  ? 


56 


—  562  — 

Qwand  ji  scriéve,  i  falléve  vèye 
Qués  oûye  qu'elle  doviéve  po  m' louquî  ; 
A  l'élinde,  j'èsteû-st-ine  mèrvèyc, 
Mi  qui  n'  fève  rin  d'  bon  so  m'  papî  ! 
Ji  d'vaircû  sûr  on  sujet  rare, 
Comme  on  'nne  aveu  mâye  pus  vèyou, 
Po  l'mons  de  monde  apothicâre... 
Pôreû-j'  rouvî  matante  Gètrou  ? 

M'arrivéve-t-i  de  fer  barètte, 
Et  qu'è  scole  ji  n'oisahe  rintrer  ? 
C'è  lèye  qu'èsteû  co  1'  prumire  prèle 
Li  lèddimain  à  m'y  r'miner. 
Elle  mi  fève  passer  po  malade, 
Qwand  '11  saveù  qui  j'  m'aveû  battou, 
Et  qu'  mes  hàre  èslît  à  brébàde  : 
Pôreû-j'  rouvî  matante  Gètrou  ? 

A  I'  sîze,  ji  houtéve  ses  histoire 
Di  chin  de  T  ronde  et  d'  pàcolèt, 
Di  p'tit  sottai  qui  v'nèt  foû  d' terre 
Et  d'  vèyès  feumme  qu'èmacralèt. 
Elle  mi  conléve  même  qu'è  s' jùnèsse, 
Bin  dès  galant  l'avît  r' qwèrou, 
Qui  nolle  n'esteû  pus  belle  à  V  fiôsse... 
Pôreû-j'  rouvî  matante  Gètrou  ? 

Matante  Gètrou  ploréve  quéque  fèye  ; 
Elle  pârléve  di  si  homme  ces  joû-là, 
Di  si  homme  qui  mora  po  1'  Patrèye, 
Qu'onque  dès  prumi  i  disfmda. 
Elle  ploréve,  mais  qu'elle  esteû  fire  ! 
Mi,  ji  n'  l'oya  mâye  disqu'û  bout 
Sins  qu'ine  lame  ni  v'  nahe  à  m'  pâpire  : 
Pôreû-j'  rouvî  matante  Gètrou  ? 


—  563  — 

\À  dimègne,  c'èsteû  tote  si  jôye 

Di  m'  prinde  avou  lève  po  'nne  aller; 

Côp  so  côp,  j'  Tarrèstéve  è  1'  vôye, 

Lî  mostrant  çou  qu'èsteû  hàgn'né. 

Nos  intrîs  d'vin  co  traze  botique, 

Et  mes  deux  poche,  qwand  ji  v'  névc  fou, 

Estît  bourèye  d'orange  et  d'  chique  : 

Pôreù-j'  rouvî  matante  Gètrou  ? 

Hoûye,  li  bonne  feumme  n'è  pus  so  l' terre; 
Elle  ènne  alla  tôt  m'abrèssant  ; 
Por  mi,  ç'aveù  stu  'ne  deuzême  mère  : 
Matante  Gètrou,  ti  m'aîméve  tant  ! 
Nin  Ion  d'cial,  i  n'a  'ne  pitite  pièce, 
Wisse  qu'on  vert  wazon  crôhe  âtoû  ; 
G'è  là  qu'  ji  m'  rappelle  mi  jônèsse, 
Mi  jônèsse  et  matante  Gètrou  ! 


Jàsez-m'ènnè  et  ni  m'è  jâsez  nin 


PAR 


Emile  GÉRARD. 
PRIX  :   MÉDAILLE   D'ARGENT. 


Jâsez-m'  d'ine  matinêye  di  maye, 
Qwand,  so  l' inargarile  de  corti, 
Florèye  ossi  blanque  qui  nivaye, 
On  veû  r  f risse  rosêye  riglati. 
Mais  d'ine  hagnante  sîze  di  décimbe, 
Qwand  plorèt  lès  anoycux  vint, 
Et  qu'on  frusihc  di  tos  ses  mimbc, 
Qu'on  n'  m'è  jâse  nin  ! 

Jâsez-m'  d'ine  brave  mérc  di  manège, 
Prôpe  et  riante,  qu'ouveure  todi, 
Qui  n'  caqu'têye  mâye  à  voisinègc, 
Et  fai  di  s'  chambe  on  paradis. 
Mais  d'ine  cànôye,  d'ine  sins-èhowe, 
D'ine  èplâse,  qui  n'a  gosse  à  rin, 
Qui  passe  si  vèye  à  fer  les  mowe, 
Qu'on  n'mè  jâse  nin  ! 

Jâsez-m'  d'on  bon  père  qui  s'amuse 
È  s'  mohonne,  adlez  ses  èfant, 
Et  qui  jourmûye  à  leu  sort  tuse, 
Qwand  pus  tard,  i  lès  veurè  grand. 
Mais  d'ine  franque  canaye,  d'ine  sôlêye, 
Qui  lai  ses  èfant  plorer  d'  faim, 
Tôt  d'hà,  tôt  nou,  so  lès  pavêye, 
Qu'on  n'  m'è  jâse  nin  ! 


-  565  — 

Jûscz-m'  d'iiie  invention  qu'appoite 
Ine  novèllo  richesse  âx  pays, 
A  qui  l'oubène  douve  totes  ses  poite, 
Et  qui  donne  pus  d'àhe  à  l'ovrî. 
Mais  d'ine  méchante  machine  di  guér  e, 
Comme  on'nnè  d'hoûve  hoûye  trop  sovint, 
Qni  n'  respâde  qui  1'  songue  avà  1'  terre, 
Qu'on  n'  mè  jùse  nin. 

Jùsez-m'  d'ine  homme  à  qui  s'riclièssc 
Siève  à  s'couri  lès  mâlhèreux, 
Et  qui  va  lu-mème,  qwand  1'  bîhe  chèsse, 
Trover  l'  pauve  ô  s' grignî  d'zos  l' teùt. 
Mais  d'on  crohe-patâr,  d'on  sins-àmc, 
Qui  rèye  d'ine  vève  et  d'  ses  tuurmint, 
Qu'avou  si  ôr  risouwreû  tant  d' lânie, 
Qu'on  n'  m'è  jàse  nin  ! 

Jâsez-m'  d'ine  belle  pitite  jùne  fèye, 
Appétihante,  sins  falbala, 
Qui,  comme  ine  pope,  n'è  màye  fahèye, 
Et  n'è  plaî  nin  mons  po  çoulà. 
Mais  d'ine  mamzèlle  àx  chille  pondowe, 
Poirtant  fax  cou,  fax  ch'vet,  fax  dint, 
Qu'avou  s' longue  traîne  heûve  totes  lès  rowe, 
Qu'on  n'  m'è  jâse  nin  ! 

Jâsez-m'  d'on  fi  qu'aîme  si  vîx  père, 
Qu'à  dès  caresses  po  ses  ch'vè  blanc, 
Et  qui  po  V  sèchi  de  1'  misère. 
Si  laireù  même  avu  faim  d'  pan. 
Mais  d'on  sot  grandiveu  qui  r'nùye. 
Qui  n'  riknohe  pus  ses  vix  pariiit, 
Pacequ'is  n'  sont  nin  covièrt  di  sùye, 
Qu'on  n'  mè  jàse  sin  ! 


—  5GG  - 

Jàsez-m'  di  tôt  rou  qui  pou  plaire, 
D'ine  pâquèttc,  (l'on  bouquet  d'  clawson, 
D'on  pré,  wisse  qu'on  a  po  s'  distraire 
Li  fâbitte  âx  douces  chanson. 
Mais  d'çou  qu'annôye  :  lès  maladèye, 
Lès  freuds  visège  et  lés  chirs  timps, 
Po  fini  fâ-t-i  co  qu'  j'èl  dôye  ? 
Qu'on  n'  m'è  jâse  nin  ! 


LES   LONGUES    AMOURS 

Air  :  L'avez-v'  veyou  passer 

PAR 

François  DEHIW. 
MÉDAILLE    DE    BRONZE. 


RESPLEU. 


Vola  qwinze  an  qu'ji  hante  avou  l'  frèsé  Martin, 
Ji  pièdreû  bin  corège,  ji  n'  se  nin  qui  m'  conlin. 
Lès  longues  amours  ni  tourné  jamâye  bin. 

Mi  qu'èsteû  si  r  qwèrowe  qwand  j'ésteu  è  m'  prélimps. 
On  m  dihéve  li  pus  belle  de  l'poroche  Saint  Sèv'rin  ; 
Ji  fa  tourner  fin  sot  pus  d'onque  di  mes  voisin, 
Onque  vantéve  mes  coleûr,  Taute  admireve  mes  dint; 
Mes  ch'vès  neûr  comme  gayette,  mi  paî  comme  on  satin, 
G'è-st-à  qui  m'  poléve  fer  lès  pus  doux  complumint; 
Ji  m'amuséve  quéque  fèye  à  bouter  leus  sèrmint; 
Mains  'ne  voix  m'  dihéve  à  cour  :  Aili,  ni  v'  hàstez  nin, 
Rawârdez,  patiintez  qu'ine  bouse  vi  tome  è  1'  main. 
Ji  tourna  socicial,  qu'è  tôt  cosou  d'ârgint, 
Mains  dispôye  ci  joû-là,  j'ènne  a  sèpou  po  k'bin. 
I  n'  m'a  co  jourmâyc  fait  li  monde  pitit  présint; 
Ji  n'âreû  nin  treûs  fleur  tant  senTmint  l'joû  di  m'  saint. 
Si  ji  d'vise  di  mariège,  j'ènne  a  fait  bon  longlimps  ; 
I  m'  brogn'rè  six  samaîne  qui  ça  n'  m'avance  à  rin, 
Et  tôt  crèhant  d' colère  fà  co  fer  tôt  douc'mint  : 
S'il  alléve  vèye  dès  aute,  j'ènne  âreu  de  tourmint. 
C'è-st-adonc  qu'on  dircu  :  vola  çou  qui  v'rivin. 


CONCOURS  DE  1879. 


LÈS   ÈFANT    D'FABRIQUE 

PAR 

Edouard    REMOUGHAMPS. 

1°'    PRIX.  —  MÉDAILLE    DE    VERMEIL. 


AIR  ;  T'en  souviens-tu,  ou  mon  carnaval. 

Vos  lès  cinq  heure,  qwand  ji  m'  dispiède  quéque  fèye, 
Qu'i  ploûsse,  qu'i  nîve,  divins  tote  les  saison, 
J'ù  vos  cfant  claper  l'iiouhe  de  1'  hayèye, 
Po  s'  rinde  èssône  à  1'  fabrique  â  coton. 
A  v'  dire  li  vraiye,  mi  cour  sône  di  lès  vèye, 
Blanc-moirt,  houpieux,  ènne  aller  tôt  trônnant; 
D'vant  de  voleur  qu'is  vonsse  wangnî  leû  vèye, 
Acclèvez  donc  vos  pauves  pitits  èfant. 

Qui  wangnèt-is,  po  s'dinner  tant  dès  pône, 
Po  fer,  par  joù,  traze  heure  à  leû  mèstî? 
G'è  bin  pau  d'  choi,  c'  n*ê  câsi  qu'ine  âmône, 
Mains  c'è  dès  censé  qu'on  prind  à  'ne  usurî: 
Lès  intérêt,  ci  sèrè  l'maladèye, 
Qu'is  n'  tâjront  nin  d'  s'  aqwèrri  tot-z-ovrant  ; 
D'vanl  do  voleur  qu'is  vonsse  wangnî  leû  vèye, 
Sognîz  r  santé  d'  vos  pauves  pitits  èfant. 


—  509    - 


L'èfant  d'  fabrique  è-st-ine  jône  plante  qu'on  sùye 

De  fer  frugî  divins  1'  coine  d'on  jùrdin, 

Wisse  qui  l'solo  ni  l'air  peur  ni  vont  màye, 

Et  qu'on  veurè  diquoili  tôt  douc'mint. 

Rin  qui  1'  dimègne,  li  solo  n'  rèshandêye 

Ces  deux  pauves  coirps  qu'ènnè  vont  d'jà  morant 

D'vant  de  voleur  qu'is  vonsse  wangnî  leu  vèye, 

Leyîz  donccrèhe  vos  pauves  pitits  èfant. 

Por  zèls,  quéque  fèye,  li  fabrique  è  'ne  sicole 
Wisse  qu'is  polèt  apprinde  pus  d'  ma  qui  dbin; 
Wisse  qui  rârmint  il  oyèt  'ne  bonne  parole, 
Qui  fasse,  â  cour,  gèrmi  Fbon  sintumint. 
Jones  âbe  sins  s'iipe  â  mitant  d'ine  prairèyc, 
Qui  tos  lès  vint  font  ployî  tôt  crèhanl  ! 
D'vant  de  voleur  qu'is  vonsse  wangnî  leû  vèye, 
Drèssîz  de  mons  vos  pauves  pitits  èfant. 

Po  v'  passer  d'zèl,  trîmez  di  tote  manîre; 
Lèvez-v  pus  timpe;  sîsez  tant  pu  fàrè; 
Po  qu'  l'apprindèsse  tos  deux  à  1ère,  à  s'  cnre, 
Pus  qui  leû  wagne,  vosse  pônc  vis  rappoirlrè  ; 
Li  bin  qu'on  r'çà,  jamûye  on  n'èl  rouvèye, 
D'vins  vosse  vîUosse  i  v'sèro.it  rikno'.iaiit. 
D'vant  d  j  voleur  qu'is  vonsse  wangnî  leû  vèye, 
Mettez  è  s'cole  vos  pauves  pitits  étant. 


.ovo;'^- 


Ji   n'oise 

PAR 
Emile    GÉRARD. 

AIR  :  Le  Réséda. 
MÉDAILLE    D'ARGENT. 


Qwand  ji  douve  mi  poite  â  matin, 
Ji  veû  chaque  joù  mi  p'tite  voisène, 
A  front  d'  nivaye,  à  I'  pai  d'  satin, 
Qui  s'  mosteûre  inte  ses  jalofrène. 
Ji  voreû  bin  lî  dire  qu'elle  è 
Pus  belle  qui  lès  fleur  di  s'  fmièsse, 
Qui  'ne  violette  même  flouwihe  tôt  près. 
J'èl  vôreû  si  bin...  mais,  ji  n'oise  ! 

Ji  so-st-â  cir  qwand  j'  l'ô  chanter: 
G'è-st-ine  musique  po  mes  orèye  ; 
Ji  lai  là  mi  ovrège  po  l'  hoûter, 
Et  tour  à  tour,  ji  pleure  et  j'  rèye. 
Ji  vôreû  bin  lî  dire  qui  s'  voix 
E-st-on  chant  plein  d*  douces  caresse, 
Qui  m'  fai  rouvî  l'  fabite  dès  bois, 
J'èl  vôreû  si  bin...  mais  ji  n'oise  ! 


—  571  - 

A  r  vèsprêye  vin-t-èlle  à  sorti? 
Co  pus  vite  ji  so  podrî  lèye; 
Ji  n'  veû  pus  rin  qu'  ses  pîd  si  p'tit, 
Si  ptit  qui  j'a  pône  à  lès  vèye. 
Puis  j'  m'apprèstêye  à  lî  parler, 
Mais  fâte  d'on  tôt  p'tit  pau  d'hardiesse, 
Sinsrin  dire,  j'èl  lai  co'nne  aller, 
J'èl  vôreù  si  bin . . .  mais  ji  n'oise  ! 

On  joû  qu'elle  si  fève  è  s' jardin, 
On  bouquet  d'  rose  à  pône  doviètle. 
Elle  ria,  mostrant  ses  blancs  dint, 
Et  j'  creû  même  qu'elle  mi  fa  'ne  clignètte. 
G'èsteù  r  côp  de  rèsponde  à  m' tour, 
Mais  j'aveû  pièrdou  tél'mint  l' tièsse, 
Qui  d'vant  lèye  ji  d'mora  tôt  court... 
Ca  vos  r  savez  bin...  mi,  ji  n'oise! 

A  bal,  tôt  wisse  qu'elle  va,  j'y  so; 

Si  vos  savîz  comme  elle  è  belle  ! 

Là,  j'èl  louque  et  j'èl  rilouque  co, 

Ji  frusihe  et  m' tiesse  si  troubèlle. 

Ji  donreû  m'  part  di  paradis, 

Po  'ne  danse  d'à  sonque  qwand  c'è  n'osse  fièsse; 

Si  j'èsteû  portant  pus  hardi, 

Ji  lî  d'mandreû  bin...  mais,  ji  n'oise! 

Hoûye  à  1'  nute,  ji  m'  va-st-ahardi 
A  lî  dire  tôt  çou  qui  m'  cour  pinse, 
Et  po  fer  tôt  comme  ji  v's  èl'  di, 
So  s'poite,  ji  rattindrè  qu'elle  vinse. 
Hoûye  à  1'  nute...  c'è  bin  vite  déjà... 
Personne  ni  vou-t-i  dire  ô  m' pièce 
A  m'  voisène  toi  l'amour  qui  j'a.., 
Ji  lî  dîreù  bin...  mais,  ji  n'oise  ! 


L[   P'TITE    LUCEYE 

PAR 

MÉDAILLE  DE  BRONZE. 


Air:  En  revenant  de  Bâle  en  Suisse. 

Qwand  'lie  èsteû  jône,  li  p'tite  Luccye 
Esteû  hureûse  on  n'pou  riin  pus; 
Si  père  et  s'mére  èstît  sot  d'Ièye, 
G'èsteû  80  l'térre  leû  p'iit  bon-Diu  : 

Mains  adonc  Lucôye, 

Houtéve  todi  bin, 

Tos  lès  bons  consèye 

Di  ses  vLx  parint. 

J'èl  rveû-st-èco,  frisse  et  jolêye, 
Avou  s'pai  blanke  comme  on  malon, 
Ses  chiffe  ros'lante,  s'boke  di  moqu'rèyc, 
Et  si  p'tite  fossale  â  minton. 

Mains  adonc  Lucèye, 

Houtéve  todi  bin 

Tos  lès  bons  consèye. 

Di  ses  vîx  parint. 


—  573  - 

Elle  aveu  dès  cli'vè  comme  gaillètte, 
Qu'elle  rèspoLinéve  assez  sovinl, 
Dizos  lès  pleù  d'ine  blanke  côrnètte, 
Qui  lès  loyeûre  floUît  à  vint. 

Mains  adonc  Lucèye 

Houtéve  todi  bin 

Tos  lès  bons  consèye 

Di  ses  vîx  parint. 

Pitite  à  p'tite  elle  si  fa  gâye  ; 
Ses  oûye  kimincît  à  blawter, 
Si  cour  n'èl  lèya  pus  è  paye, 
Ca  Tamour  èl  févc  tourmètcr. 

Mains  adonc  Lucèye 

Pus  mâlahèy'mint. 

Houta  lès  consèye, 

Di  ses  vîx  porint. 

Todi  riante  et  bin  tloch'têye, 
G'èsteû  on  plaisir  de  Tvèyî  ; 
Ossu  lès  jônes  homme,  à  rtourncye, 
Sayi  di  s'è  fer  veye  voltî. 

Mains  adonc  Lucèye, 

Pus  màlahèy'mint, 

Houta  lès  consèye, 

Di  ses  vîx  parint. 

Li  ci  qu'aveu  Tpus  bai  visège, 
Aveu  ossu  l'pus  laid  irèhin  : 
'L'aîtnéve  de  beûrc,  hèyive  l'ovrège, 
Mains  lu  lot  seû  lî  plaihive  bin. 

Mains  adonc  Lucèye, 

Prinda  po  dès  rin, 

Tos  lès  bons  consèye, 

Di  ses  vîx  parint. 


—  574  — 

Elle  fa  si  bin  di  si  p'tite  tièsse, 
Qui  lès  vîx,  comme  riméde  â  ma, 
Pnsqui  leû  fèye  aveu  fait  l'bièsse, 
Lî  lèyi  s'poser  li  rin  n'vù. 

Mains  adonc  Lucèye, 

Çoulà  si  comprind, 

S'passa  dès  conseye, 

Di  ses  vîx  parint. 

Mariêye,  elle  ava  de  l'misére, 
L'homme  n'ovréve  wère,  buvéve  baicôp, 
Et  daupinéve  tant  l'jône  kimmére, 
Qui  s'coirps  esteû  tôt  neûr  di  côp. 

Adonc  l'pauve  Lucèye, 

D'ha  :  Poquoi  n'a-j'nin, 

Sùvou  lès  consèye 

Di  mes  vîx  parint . 

C'è  po  longtimps,  qwand  on  s'marèye, 
I  va  lès  pône  de  bin  louquî  ; 
C'è  l'bonheur  qu'on  mette  à  l'iolrèye, 
Jône  fèye,  si  vos  IVolez  wangnî, 

Fez  aut'mint  qu'Lucèye, 

Houtez  todi  bin 

Tos  lès  bons  consèye 

Di  vos  vîx  parint. 


RAPPORT 


DE 


M.    J.     DEJARDIN 

Président  de  la  Société,  lu  en  assemblée  générale,  à  la  salle  d'Emulation 
le  30  mai  1891,  à  Voccasion  de  la  remise  solennelle  des  médailles 
aux  lauréats  des  concours  de  1890. 

Mesdames,  Messieurs, 

Lorsquen  1836,  la  Belgique  célébrait  le  ^S'"^ 
anniversaire  du  règne  de  S.  M.  Léopold  I,  la  Société 
philanthropique  des  vrais  liégeois  eut  l'heureuse  idée 
d'organiser  des  concours  de  poésie  wallonne  pour 
s'associer  aux  fêtes  qui  avaient  lieu  à  Liège  ;  le  pre- 
mier pour  une  pièce  de  vers  en  l'honneur  de  Léopold 
I,  et  le  second  pour  un  cràmignon  dont  le  sujet 
n'était  pas  imposé.  Des  médailles  d'or  de  cent  francs 
et  de  vermeil  de  cinquante  francs  étaient  attribuées 
à  chacun  de  ces  concours.  De  nombreuses  pièces 
furent  adressées  à  la  Société,  et  les  deux  grandes 
distinctions  furent  décernées,  l'une  à  M.  Adolphe 
Stappers,  pour  son  poème  intitulé  :  Li  vingt  onk 
julette  I806,  et  la  seconde  à  M.  Nicolas  Defrecheux 
pour  son   charmant    cràmignon  :    Uavez-v'    veyou 


-  576  — 

passer,  devenu  si  populaire.  D'autres  distinctions  de 
moindre  importance  furent  encore  attribuées  à  plu- 
sieurs concurrents,  MM.  Lamaye,  Toussaint  Delchef 
et  Dehin. 

Le  jury  était  composé  de  MM.  Forir,  président, 
Lesoinne,  Wasseige,  Duvivier,  Collette,  Bailleux,  et 
Masset.  secrétaire.  Ces  Messieurs  tinrent  plusieurs 
réunions,  et  tout  en  examinant  les  pièces  soumises 
à  leur  appréciation,  ils  entrevirent  la  possibilité 
d'instituer,  dans  l'intérêt  de  l'idiome  liégeois,  des 
concours  permanents  el  annuels.  Ils  s'adjoignirent 
donc  les  lauréats  qu'ils  venaient  de  distinguer, 
firent  appel  à  quelques  personnes  qui  déjà  s'occu- 
paient du  wallon  et  le  27  décembre  1856,  la  Société 
liégeoise  de  littérature  wallonne  était  constituée  et 
les  statuts  approuvés. 

Depuis  lors,  il  s'est  passé  bien  des  événements  et 
l'impitoyable  mort  a  aussi  exercé  ses  ravages  dans 
nos  rangs  ;  des  trente  membres  titulaires  fondateurs 
que  nous  étions  alors,  je  n'en  vois  plus  que  trois 
avec  moi,  MM.  Ilock,  Le  Roy  et  Henrotte. 

En  1865,  le  roi  Léopold  lï  monta  sur  le  trône, 
succédant  au  fondateur  de  la  dynastie  nationale, 
et  l'an  passé  on  célébrait  le  25^  anniversaire  de  son 
règne.  Notre  société  pour  être  essentiellement  lié- 
geoise n'en  est  pas  moins  bebje  pour  cela,  et  elle  a 
voulu,  comme  tout  le  monde,  apporter  sa  partici- 
pation aux  fêtes  nationales.  Elle  a  pensé  que  ce 
qu'elle  avait  de  mieux  à  faire,  c'était  de  suivre  :|.la 
même  marche  qu'en  1856,  et  elle  a  repris  le  pro- 


—  577  — 

gramme  d'un  concours  de  poésie  wallonne  dans  les 
mêmes  termes  et  avec  les  mêmes  distinctions  que  le 
premier  tournoi  qui  lui  a  donné  naissance. 

Les  lauréats  que  nous  avons  couronnés  vont 
recevoir  tantôt  les  prix  qui  leur  ont  été  décernés. 
Nous  n'avons  pu  accorder  qu'une  seule  médaille  d'or 
et  c'est  M.  Auguste  Vierset,  professeur  à  St-llubert, 
qui  l'a  méritée  pour  son  ode  patriotique. 

Voici  en  quels  termes  noire  honorable  collègue 
M.  Dory,  rapporteur  du  jury,  apprécie  cette  œuvre 
sur  laquelle  nous  avons  tous  parlagé  son  avis. 

«  Le  n°  2iî  est  une  ode  en  règle,  elle  se  compose 
«  de  huit  vers  en  patois  namurois.  Ici  nous  avons  un 
«  vrai  poète  ;  il  a  de  la  verve,  son  style  chaud, 
«  coloré,  brillant,  élevé  anime  tout  ce  qu'il  dit  ; 
«  l'inspiration,  peut-être  un  peu  naïve  dans  quelques 
f  vers  du  commencement,  se  soutient  d'un  bout  à 
«  l'autre;  enfin  le  panégyrique  est  complet.  L'auteur 
«  est  le  seul  qui  ait  rappelé,  en  excellents  termes,  la 
«  mort  de  l'héritier  présomptif  du  trône,  note 
«  pathétique  touchée  avec  un  tact  parfait,  et  qui 
«  provoque  une  émotion  sympathique  au  milieu  du 
«  concert  d'éloges  décernés  à  notre  Roi.  » 

Nous  aurions  désiré  vous  faire  donner  lecture  de 
cette  ode,  mais  elle  est  un  peu  longue  (14  strophes 
de  huit  vers),  et  elle  est  écrite  en  wallon  de  Namur  ; 
or,  nous  n'avons  pas  parmi  nous  de  namurois  pour 
vous  rendre  exactement  ce  langage  avec  son  accent 
de  terroir. 

Le  concours   de  crùmignons,  par  contre,  n'a  pas 

57 


578 


été  aussi  brillant.  Parmi  les  seize  crâmignons  que 
nous  avons  reçus,  deux  seulement  ont  paru  dignes 
de  la  médaille  de  vermeil. 

Bien  que  moins  heureux  qu'en  1850,  nous  devons 
cependant  remercier  nos  poètes  de  leur  participation 
et  les  louer  de  leurs  efforts. 

Ce  concours  spécial  n'a  nullement  nui  à  nos  con- 
cours ordinaires,  qui  continuent  toujours  à  être 
suivis  par  de  nombreux  auteurs.  En  réponse  à  onze 
des  dix-sept  questions  portées  à  notre  programme, 
nous  avons  reçu  quatre-vingt-deux  pièces  diverses, 
qui,  ajoutées  aux  trente-sept  pièces  du  concours 
spécial,  nous  donnent  un  total  de  cent  dix-neuf 
œuvres.  Ces  chiffres  sont  éloquents;  le  résultat  ne 
l'est  pas  moins  puisque  nous  avons  pu  décerner  deux 
médailles  d'or;  l'une  à  M.  Semertier,  pour  le  Voca- 
bulaire des  pharmaciens  et  l'autre  à  M.  Dout repont 
pour  un  travail  sur  la  Conjugaison  dans  le  wallon 
liégeois;  et  nous  constatons  que  parmi  les  concours 
qui  ont  le  plus  produit,  il  faut  mettre  en  première 
ligne  ceux  qui  concernent  la  linguistique. 

L'année  dernière  a  également  été  féconde  ailleurs 
que  chez  nous;  on  a  publié  plus  de  trois  cents  pièces 
de  théâtre,  chansons,  poésies,  contes  en  vers  ou  en 
prose  dans  lés  annuaires  de  nos  vaillantes  sociétés 
locales,  le  Caveau  liégeois,  les  raskignoii  du  caveau, 
l'Association  dramatique  ;  dans  les  journaux,  notam- 
ment dans  le  Spirou,  ou  encore  en  plaquettes.  Le 
mouvement  wallon  ne  fait  que  s'accentuer  de  plus  en 
plus,  et,  à  notre  exemple,  les  concours  se  sont 


—  579  — 

encore  multipliés  partout,  mais  jusqu'à  présent 
nous  sommes  restés  seuls  à  susciter  des  travaux 
linguistiques  dont  le  pays  et  l'étranger  ont  bien 
voulu  reconnaître  l'importance. 

Pour  ces  travaux,  il  nous  faut  une  bibliothèque 
qui  comprenne  non  seulement  les  œuvres  wallonnes, 
mais  aussi  tous  les  ouvrages  qui  traitent  de  la  langue 
wallonne,  ou  même  des  langues  romanes  qui  s'y 
rattachent.  Grâce  aux  subsides  de  l'Etat,  de  la  Pro- 
vince et  de  la  Commune, nous  avons  pu  faire  quelques 
acquisitions  indispensables,  moins  cependant  que 
nous  n'aurions  voulu,  car  nos  Annales  étant,  et  au 
delà,  absorbées  par  des  publications  de  plus  en  plus 
nombreuses,  telles  que  les  deux  volumes  que  nous 
distribuerons  en  1892,  et  les  deux  que  nous  donnerons 
en  1893,  ce  qui  nous  reste  nous  suffit  à  peine  pour 
les  dépenses  que  nous  occasionnent  nos  locaux,  nos 
concours,  notre  bibliothèque,  notre  administration, 
etc. 

Pour  terminer  ce  rapport,  peut-être  déjà  trop 
long,  il  me  reste  à  remplir  la  tâche  très  agréable  de 
remercier  les  autorités  qui,  par  leur  présence, 
rehaussent  l'éclat  de  cette  cérémonie,  et  celles  qui, 
retenues  par  de  fâcheuses  circonstances,  sont  cepen- 
dant avec  nous  de  cœur  et  ne  nous  ont  jamais  mar- 
chandé leur  puissant  appui. 

Quant  aux  dames  qui,  comme  toujours,  ont  tenu 
à  assister  en  grand  nombre  à  notre  fêle,  nous  leur 
présentons  rhommage  de  toute  notre  gratitude  ;  car 
aussi  longtemps  que  notre  cause  restera  en  faveur 


—  580  — 

dans  toutes  les  classes  de  la  Société,  aussi  longtemps 
que  les  succès  de  nos  concours  et  de  nos  publications 
justifieront  l'importance  qu'on  veut  bien  leur 
accorder,  nous  resterons  sur  la  brèche  pour  tenir 
bien  haut  le  drapeau  de  la  Littérature  wallonne. 


CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 


Dans  sa  séance  du  15  février  1889,  l'assemblée  décide  de 
s'associer  à  la  manifestation  en  l'honneur  de  M.  Henri  Simon, 
à  l'occasion  de  la  100«  représentation  de  Li  bleu  hîhe. 
Elle  délègue  quelques-uns  de  ses  membres  pour  assister  à  la 
représentation  et  remettre,  au  nom  de  la  Société,  une  couronne 
à  l'heureux  auteur  et  estimé  confrère. 

En  juin  de  la  même  année,  elle  envoie,  à  Chênée,  des 
délégués  à  la  100»  représentation  du  f^ovel  an,  l'excellente 
comédie  de  M.  Joseph  Willem.  Elle  forme  également  une 
délégation  pour  représenter  la  Société  à  l'inauguration  du 
monument  érigé  au  regretté  poète  Toussaint  Brahy,  dans  le 
cimetière  communal. 

Le  10  mai  1890,  la  Société  a  procédé  à  la  distribution  des 
médailles  aux  lauréats  des  concours  de  1888  et  1889.  Dans 
son  rapport,  le  président  a  constaté  l'incessant  progrès  de  la 
littérature  wallonne  dans  toute  la  Wallonie  belge. 

Celte  séance  a  eu  lieu  au  Pavillon  de  Flore;  M.  le  gouverneur 


—  582  — 

de  la  province,  M.  le  boun^imestre  de  Liège  et  d'autres  autorit'^s 
marquantes  y  assistaient. 

On  y  a  représenté  avec  succès  la  comédie  :  Fiasse  et  Bèlle- 
mére  de  M.  DD.  Salme,  pièce  qui  avait  obtenu  la  médaille 
d'or  ail  concours  de  1880,  ainsi  qu'une  scène  du  Nèveû  d'à 
Filogurt,  opérette  par  Jean  Bury  (médaille  d'argent). 

Dans  sn  séance  du  15  Juin  1800,  la  Société  décide  qu'elle 
publiera  une  seconde  édition  du  Dictionnaire  des  spots  ou 
proverbes  wallons  de  MM.  Dejardin,  Nicolas  Defrecheux  et 
Delarge.  Cette  édition,  qui  sera  beaucoup  plus  considérable 
que  la  première,  aura  deux  volumes  qui  seront  les  n''^XVII  et 
XVIII,  2^  série,  de  nos  bulletins.  Le  tome  XVII  sera  distribué 
fin  1801  avec  le  tome  XVI,  et  le  tome  XVIII  sera  distribué  fin 
1802  avec  le  tome  XIX. 

Le  5  juillet  1800,  la  Société  décidequ'elle  ouvrira,  à  l'occasion 
de  la  25"  année  de  l'avènement  au  trône  de  S.  M.  Léopold  II, 
un  concours  national  wallon  pour  célébrer  cet  anniversaire. 

Le  programme  du  concours  organisé  en  1856  par  la  Société 
philanthropique  des  vrais  liégeois,  lors  du  25"  anniversaire  du 
règne  de  S.  M.  Léopold  1",  sera  pris  pour  modèle  et  suivi 
exactement. 

La  pièce  de  M.  Auguste  Vierset,  professeur  à  Saint-Hubert, 
intitulée  :  XXV^  anniversaire  de  S.  M.  Léopold  II,  Roye  des 
Belges^  a  obtenu  une  médaille  d'or. 

Dans  sa  livraison  du  15  novembre  1800,  la  Revue  de  Belgique 


—  583  — 

a    publié  une  longue  étude    sur    La  Société    liégeoise   de 
littérature  wallonne  et  son  œuvre. 

Cette  notice,  due  à  la  plume  de  M.  Eug.  Duchesne,  secrétaire 
de  la  Société,  a  été  reproduite  in  extenso  par  le  journal 
La  Meuse,  et  Li  Spirou  en  a  donné  des  extraits. 

Lors  du  VI"  Congrès  de  la  Fédération  archéologique  et 
historique  de  Belgique,  tenu  à  Liège  les  3,  4,  5  et  G  août  1890, 
M.  Julien  Delaiîe,  secrétaire-adjoint  do  la  Société,  lit  un  travail 
en  réponse  à  la  2l«  question  du  programme  de  ce  Congrès, 
question  ainsi  conçue  : 

a  Le  grand  nombre  d'expressions  et  de  tournures  néerlan- 
daises, qu'on  rencontre  dans  le  wallon,  suffit-il  pour  faire 
admettre  que  la  population  de  la  cité  de  Liège  ait  jamais  parlé 
un  dialecte  thiois?  » 

Il  y  prouve  qu'il  n'existe  que4à5''/o  de  radicaux  germaniques 
en  wallon  et  au  grand  maximum  '1  "/„  d'emprunts  au  néerlan- 
dais, d'où  l'on  ne  peut  conclure  que  la  ville  de  Liège  ait 
jamais  parlé  un  dialecte  thiois,  surtout  si  l'on  tient  compte  que 
ces  racines  germaniques  se  retrouvent  dans  tous  les  dialectes 
d'origine  romane. 

Toutefois,  il  admet  que  le  wallon,  par  suite  d'une  question 
d'identité  de  frontières  avec  les  langues  germaniques,  ainsi 
que  d'une  origine  germanique  tout  à  fait  primitive  (éburonne)  a, 
plus  que  tout  autre  dialecte  roman,  reçu  la  teinte  germanique. 

D'ailleurs  et  c'est  là  un  argument  sans  réplique,  il  n'y  a  pas 
que  la  ville  de  Liège  qui  parle  wallon.  Or  les  diiïérents 
dialectes    wallons    renferment   ces    racines    germaniques   et 


—  58i  — 

néerlandaises;  d'où  Ton  no  peut  évidemment  conclure  pour 
Liège  seule  que  l'on  y  ait  parlé  un  dialecte  thiois. 

D'ailleurs,  l'histoire  de  la  cité  elle-même  permet  seulement 
de  conclure  que  la  principauté,  et  non  la  ville,  était  bilingue. 

Elle  prouve  que  si,  à  la  vérité,  il  y  a  toujours  eu  un  certain 
nombre  de  Flamands  dans  la  cité,  ce  nombre  n'a  jamais  été 
assez  considérable  pour  que  l'on  puisse  en  tirer  des  conclusions 
affirmatives  pour  la  question  du  Congrès.  La  linguistique,  la 
toponymie,  Thisloire,  répondent  non  h  cette  question. 

Liège  fut,  est  et  restera  la  ville  wallonne  par  excellence. 

Ce  mémoire  est  imprimé  dans  le  tome  VI,  2' fasc,  p.  214, 
de  la  Fédération,  el  a  paru  sous  forme  de  tiré  à  part  et  sous 
le  titre  de  Liège  la  wallonne,  étude  philologique  et  historique 
sur  la  prédominance  constante  du  dialecte  wallon  dans  la 
cité  de  Liège. 

Liège,  imprimerie  H.  Vaillant-Carmanne,  1891. 

Dans  la  séance  du  29  janvier  1891,  M.  Joseph  Defrecheux, 
bibliothécaire-archiviste,  a  lu  le  rapport  ci-après  sur  l'état 
de  notre  bibliothèque. 

Messieurs, 

Déférant  au  désir  qui  m'a  été  exprimé  par  Monsieur  le 
Président,  j'ai  l'honneur  de  vous  faire  rapport  sur  les  dépôts 
dont  la  garde  est  confiée  à  mes  soins. 

Il  n'y  a  guère,  nos  livres  étaient  relégués  dans  les  combles  de 
l'Université;  il  vous   souvient  encore  de  votre  visite  à  ce  local 


—  585  — 

étrange  et  peu  accessible  !  Depuis  un  an  environ,  notre  biblio- 
thèque proprement  dite  peut  être  facilement  utilisée.  Elle  est 
enfin  établie  dans  une  chambre  bien  aménagée  et  d'un  abord 
facile,  faisant  partie  de  l'immeuble  où  la  Société  iVEmulation 
a  son  siège.  D'autre  part,  les  différentes  livraisons  que  nous 
avons  à  vendre  sont  restées  à  l'Université. 

Pendant  le  cours  de  l'année  qui  vient  de  s'écouler,  nos  col- 
lections ont  pris  un  développement  considérable;  en  effet,  dans 
cet  espace  de  temps  relativement  restreint,  sans  compter  de 
nombreuses  plaquettes  ou  feuilles  volantes,  il  est  entré  dans 
notre  bibliothèque  plus  de  quatre  cents  volumes  ou  brochures. 

La  Société  continue  à  recevoir  les  publications  des  Cercles 
littéraires  ou  scientifiques  auxquels  elle  adresse  ses  Bulle- 
tins. 

En  procédant  ù  un  recollement  attentif,  nous  avons  constaté 
de  nombreuses  lacunes  dans  nos  collections.  Un  instant  nous 
avons  espéré  qu'une  partie  des  livres  manquants  se  trouvaient 
en  souffrance  chez  les  héritiers  de  feu  Monsieur  Grandgagnage, 
et  Monsieur  Dejardin  a  écrit  à  ce  sujet  au  fils  de  notre  ancien 
et  regretté  président.  Malheureusement,  une  réponse  négative 
est  venue  nous  enlever  toute  illusion.  Il  y  aura  lieu  de  continuer 
nos  recherches  dans  une  autre  direction. 

Au  cours  de  l'an  dernier,  de  bonnes  et  amicales  relations  ont 
été  nouées  avec  le  Caveau  verviétois  et  VOeuvre  des  Soirées 
populaires,  de  Verviers;  nous  sommes  parvenus  à  recueillir 
tout  ce  qui  a  été  publié  par  la  première  de  ces  sociétés  et  à  peu 
près  tout  ce  que  la  seconde  a  fait  paraître.  Dans  cette  tâche, 
nous  avons  été  puissamment  secondés  par  une  personne  obli- 


—  586  — 

géante  entre  toutes  et  entièrement  dévouée  à  notre  cercle  : 
nous  voulons  parler  de  M.  Jean  Wilkin,  trésorier  du  Caveau 
verviétois  et  archiviste  de  VOeuvre  des  Soirées  populaires. 
M.  Wilkin  nous  a  fait  également  parvenir  diverses  œuvres 
éditées  par  la  Société  des  Fous.  Sans  doute,  vous  trouverez, 
Messieurs,  qu'il  y  a  lieu  de  remercier  M.  Wilkin  en  lui  accor- 
dant le  titre  de  membre  correspondant.  D'un  commun  accord 
avec  M.  le  Président  et  M.  le  Secrétaire,  nous  vous  propo- 
sons de  faire  porter  sa  nomination  en  cette  qualité  à  l'ordre 
du  jour  de  notre  prochaine  séance. 

La  bibliothèque  possède  ou  reçoit  quelques  journaux  qui 
s'occupent  spécialement  ou  régulièrement  de  wallon,  savoir  : 
VAclot,  Caprice-Revue,  VEcho  de  Liège,  la  Gazette  wallonne, 
le  Journal  Franklin,  la  Gazette  du  Borinage,  la  Marmite,  le 
Spirou,  le  Lampion  et  Tambour  battant.  Ces  journaux,  la 
Société  les  doit  en  grande  partie  à  la  générosité  de  quelques- 
uns  de  ses  membres  les  plus  dévoués.  Comme  revues,  nous 
recevons  la  Revue  des  patois  gallo-romans,  la  Tradition, 
la  Revue  belge  et  0ns  Volksleven. 

La  bibliothèque  de  l'Université  de  Toronto,  au  Canada, 
possédait  en  entier  les  publications  de  la  Société  wallonne  ;  out 
a  péri,  vous  le  savez,  dans  un  vaste  incendie.  A  la  suite  d'une 
demande  adressée  h  notre  Secrétaire,  de  nouveaux  envois  ont 
été  faits  à  Toronto.  L'accusé  de  réception  vient  de  nous 
parvenir  avec  les  remerciements  de  l'Université. 

Sans  compter  ce  qui  's'est  débité  à  Liège,  nous  avons  vendu 
bon  nombre  de  nos  livraisons  {Bulletins,  Annuaires  et  tirés 
à  part),  à  Bruxelles,  à  Anvers,  à  Cologne,  à  Lille,  à  Paris,  etc. 


—  587  — 

Le  produit  de  ces  ventes  et  surtout  les  subsides  généreusement 
octroyés  à  la  Société  par  la  Ville,  par  la  Province  et  par  l'Etat, 
nous  ont  permis  de  faire  relier  une  partie  des  livres  de  la 
bibliothèque  et  de  procéder  à  d'importantes  acquisitions,  soit 
dans  des  ventes  publiques,  soit  chez  les  libraires.  C'est  ainsi 
que  nous  nous  sommes  procuré  différentes  collections 
d'almanachs,  savoir  :  V Aunnonaque  diNameiir,  XAurmonaque 
de  V  Marmite,  VArmonaque  de  Mons,  V  Vraie  erviie  de  Mous, 
les  Ètrennes  tournaisiennes ,  VAlmanach  du  Tournaisien, 
VArmonaque  borain,  VArmonak  do  V  Saméne,  etc.  ;  que  nous 
avons  acheté  les  Annuaires  du  Caveau  liégeois,  aujourd'hui  si 
rares  et  si  recherchés  ;  que  nous  avons  acquis  presque  toutes 
les  pièces  composant  le  répertoire  dramatique  wallon,  si  fécond 
et  si  original;  que  nous  avons  recueilli,  enfin,  tout  ce  qui  touche 
de  près,  tout  ce  qui  se  rattache  à  noire  chère  langue.  Sans  cesse, 
nous  nous  efforçons  de  combler  les  lacunes  qui  existent  encore 
et  nous  nous  procurons  livres  et  brochures  au  fur  et  à  mesure 
de  leur  apparition. 

De  nombreuses  personnes  ont  montré  le  plus  vif  intérêt 
pour  notre  bibliothèque.  Elles  se  sont  empressées  de  lui  faire 
hommage  de  leurs  œuvres  ou  Font  enrichie  de  dons  non 
moins  précieux.  Ces  généreux  donateurs  sont  MM.  Boinem, 
Henri  Bury,  Cambron-Fayn,  de  Salziimes-Namiir,  Victor 
Chauvin,  Jules  Declève,  de  Mo7is,  Charles  Defrecheux,  Joseph 
Dejardin,  Julien  Delaite,  Joseph-Krnest  Demarteau,  Louis  Del- 
saux,  Emmanuel  Despret,de  Nivelles,  Alexandre  Desrousseaux, 
de  Lille,  Hyacinthe  Dor,  de  Flémalle ,  Georges  Doutrepont, 
Eugène  Duchesne,  Joseph  Dufrane,   de  Marchienne-au-Pont, 


—  588  — 

Kd.  Etienne,  de  Jodoignc,  Henri  Gaidoz,  de  Prtm,  Auguste 
Gittée,  Charles  Gothier,  Toussaint  Hallin,  le  chanoine  Henrotte, 
Auguste  Hock,  Joseph  Kinable,  Paul  Marchot,  Jules  Martiny, 
Jules  Matthieu,  de  Verviers,  Edouard  Parmentier  de  Nivelles, 
Léon  Petit  de  Nivelles,  Félix  Poncelet,  d'Esneux,  Henri 
Raxhon,  de  Verviers,  Remacle,  de  Binant,  Edouard  Reraou- 
champs,  J'abbé  Renard,  de  Bruxelles,  Dieudonné  Salme,  Henri 
Simon,  Henri  Schuermans,  Jean  Stecher,  Gustave  Thiriart, 
Alphonse  Tilkin,  Gilles  Vanast,  de  Battice,  H.  Vaillant- 
Carmanne,  Charles  Vaillant,  Jean  Wilkin,  de  Verviers,  Georges 
Willame,  de  Nivelles  et  votre  serviteur. 

Nous  nous  flattons  de  l'espoir  que  ces  amis  des  lettres 
wallonnes  voudront  bien  persévérer  dans  leurs  généreuses 
dispositions.  Des  remerciements  empressés  leur  ont  été  trans- 
mis en  temps  utile  de  la  part  de  la  Société,  mais  il  nous 
est  doux  de  leur  exprimer  de  nouveau  et  publiquement  notre 
vive  reconnaissance.  C'est  la  partie  la  plus  agréable  de  notre 
tâche. 

Liège,  29  janvier  1891. 

Le  Bibliothécaire-archiviste, 
Joseph  Defrecheux. 

La  distribution  des  médailles  aux  lauréats  des  concours  avait 
lieu  habituellement  tous  les  deux  ans  ;  mais  comme  il  y  avait 
eu  deux  concours  en  1890,  le  concours  ordinaire  et  celui 
en  l'honneur  du  25*=  anniversaire  de  S.  M.  Léopold  II,  la  Société 
a  procédé  à  une  remise  des  récompenses. 


—  589   - 

Le  30  mai  1891,  la  cérémonie  s'est  donnée  à  la  salle 
de  la  Société  d'Emulation;  le  cercle  dramatique  l'Avenir  a 
interprété  Li  pîpe  d'à  Stoehet,  de  M.  Jean  Bury,  et  le  Théâtre 
wallon  a  représenté  Brique  et  Moirti,  comédie  de  noire  col- 
lègue Henri  Simon. 

M.  le  Président  du  Conseil  provincial  assistait  à  cette  séance; 
M.  le  Gouverneur  s'était  excusé;  les  membres  de  la  Société  et 
leur  famille  remplissaient  entièrement  la  salle,  et  ont  fait 
le  meilleur  accueil  aux  lauréats. 

M.  le  Président  a  lu  à  cette  séance  le  discours-rapport  qui 
est  inséré  au  Bulletin,  p.  575. 

Le  21  juin  1891,  la  Société  a  reçu,  de  Tournai,  avis  de 
la  création  du  Cercle  tournaisien  de  littérature  wallonne. 

Dans  une  lettre,  signée  du  Président  M.  Lefebvre,  avocat  et 
échevin,  de  M.  Leroy,  contrôleur  des  postes,  vice-président  et 
de  M.  Wattier,  fabricant,  secrétaire,  nous  relevons  les  phrases 
suivantes  : 

a  Nous  avons  cru  de  notre  devoir  de  vous  faire  celte  notiti- 
cation,  et  de  profiter  de  celte  circonstance  pour  vous  remercier 
des  précieux  renseignements  que  vous  avez  bien  voulu  nous 
fournir  par  l'intermédiaire  de  votre  honorable  président. 

«  Nous  n'ignorons  pas  que  le  mouvement  littéraire  wallon, 
qui  s'étend  de  plus  en  plus,  est  parti  de  Liège  et  que  l'honneur 
en  revient  surtout  à  votre  société.  L'intérêt  que  vous  portez  à 
toute  la  Wallonie,  nous  fait  espérer  que  vous  voudrez  bien 
nous  aider  de  vos  conseils  et  qu'il  existera  désormais  entre  les 
deux  cercles,  de  bonnes  et  durables  relations,  b 


—  590  - 

La  Société,  comme  don  de  bienvenue,  décida  à  l'unanimité 
d'adresser  au  cercle  quelques-unes  de  ses  publications. 

Le  bureau,  réuni  exlraordinairement  le  24  juillet  189 1 ,  décide 
que  la  Société  sera  représentée  officiellement  aux  funérailles 
de  M.  Julien  d'Andrimont,  sénateur  et  bourgmestre  de  Liège, 
membre  d'honneur. 

Le  lendemain,  le  président  de  la  Société  a  prononcé  à  l'hôtel 
de  ville  le  discours  suivant  : 

«  A  ce  moment  suprême,  où  tous  les  regrets,  où  tous  les 
éloges  ont  le  droit  de  se  faire  entendre,  il  sera  permis  à  la 
Société  liégeoise  de  littérature  wallonne,  interprète  de  tous 
ceux  qui  aiment  notre  ancien  langage,  de  rappeler  ce  qu'elle 
doit  à  Julien  d'Andrimont.  Le  premier,  il  a  hautement  défendu 
au  Sénat  les  droits  des  Wallons,  et  depuis,  dans  le  meeting 
qu'il  a  présidé  à  Liège,  dans  les  réunions  plénières  de  notre 
Société,  auxquelles  il  assistait  toujours,  il  n'a  jamais  cessé  de 
protéger  énergiquement  notre  dialecte  populaire.  Ce  sont  là 
des  actes  qui,  avec  tant  d'autres  d'ailleurs,  maintiendront  à 
jamais  son  souvenir  vivant  dans  tous  les  cœurs  liégeois. 

Aussi,  c'est  avec  une  émotion  profonde  que  nous  venons 
adresser  un  dernier  adieu  à  celui  qui  a  été  notre  collègue  pen- 
dant plus  de  30  ans,  entouré  qu'il  était  des  sympathies  de  toute 
notre  Société  :  adieu,  cher  collègue,  adieu!  » 

Lors  du  VU"  Congrès  de  la  Fédération  archéologique  et 
historique  de  Belgique,  tenu  à  Bruxelles  les  2,  3,  4  et  5  août 


—  591  — 

1891,  M.  Julien  Delaite  lit  une  note  tendant  à  prouver  qu'il 
est  impossible  d'admettre  que  la  croyance  aux  nains  (nutons, 
sottaî,  massolaî,  etc  ),  remonte  aux  périodes  préhistoriques  et 
à  l'homme  primitif. 

Cette  note  sera  imprimée  dans  les  comptes  rendus  des  tra- 
vaux de  ce  Congrès. 

Ont  été  nommés  membres  titulaires  pendant  la  période  qui 
vient  de  s'écouler: 

1.  MM.  Jules  Martiny,  négociant  (mars  1889), 
'2.     »       Armand  Rassenfosse,  artiste  peintre  (mars  1889), 

3.  »       Ernest    Nagelmackers,  banquier   et  président    de   la 

Société  libre  d'Emulation  (décembre  1889). 

4.  B       Louis  Delsaux,  avocat  (janvier  1890). 

5.  »       Emile  Jamme,  membre  de  la  chambre  des  représen- 

tants (janvier  1890). 


Monsieur  Mathieu  Crandjean,  membre  titulaire  et  ancien 
bibliothécaire  de  la  Société,  a  été  nommé  membre  honoraire 
(15  janvier  1891). 


Ont  été  nommés  membres  correspondants: 

1.  MM.  Edmond  Etienne,  à  Jodoigne. 

2.  »      Jules  Declève,  à  Mons. 

3.  »       Jean  Wilkin,  à  Verviers, 

4.  »      Auguste  Leroy,  à  Tournai. 


TABLEAU 

DES 

MEMBRES    DE    LA    SOCIÉTÉ 

AU  31  DÉCEMBRE  1891. 

Bureau. 

Dejardin,  Joseph,  Président. 
Falloise,  Alphonse,  Vice-Présidetit. 
DUCHESNE,  Eugène,  Secrétaire. 
Delaite,  Julien,  Secrétaire-adjoint. 
LequareÉ,  Nicolas,  Trésorier. 
Chauvin,  Victor,  Trésorier-adjoint. 
DefreCHEUX^  Joseph,  Bibliothécaire-archiviste. 

Membres  titulaires. 

DejARDIN,   Joseph,    ancien    notaire,  à    Cheratte,  (décembre    1856, 

fondateur). 
HOCK,  Auguste,  rentier,  quai  Mativa,  21,  (décembre  185G,  fondateur), 

vice-président  honoraire. 
Desoee,  Auguste,  propriétaire  an  Journal  de  Lîé^e, place  St-Lambert,9, 

(février  1860). 
Delbœuf,   Joseph,   professeur    h    l'Université,    boulevard    Frère- 

Orban,  32,  (août  1862). 
De  Thier,  Charles,  conseiller  à  la   Cour  d'appel,  boulevard  Frèrc- 

Orban,  30,  (août  1862). 
BbaCONIER-DE  MaCAR,   Charles,  industriel,  boulevard  d'Avroy,  73, 

(mai  1869). 


—     IV    — 

Membres  adjoints. 

AbrAS,  Cliarles,  ingénionr-consti-ucteuv,  à  Sclossin. 

Aerts,  Auguste,  notaire,  rue  Ilors-Ohâteau,  29. 

AxGENOT,  Rémi,  candidat  notaire,  rue  du  Chéra,  5. 

Ansiaux,  Gustave,  assureur,  rue  du  Pont-d"Ile,  49. 

Antoine,  Edouard,  rue  Trappe,  17. 

Arnold,  Léon,  sous-lieutenant  d'ai-tillerie,  à  Termonde. 

Attodt,  Elnile,  fils,  rue  Hors-Château. 

AttoUT,  Louis,  rue  Jonruelle,  43. 

AUVRAY,  Michel,  appariteur  à  l'Université,  rue  des  Houblonnières,  34. 

Balat,  Alphonse,  architecte,  à  Bruxelles. 

Banneux,  Phil.,  ingénieur  et  chargé  de  cours,  rue  Vivegnis,  24. 

Baron,  Henri,  auteur  wallon,  rue  de  l'Ouest,  14. 

BartholOMÉ,  négociant,  rue  Neuvice,  49. 

Bastin,  Paul,  professeur  à  l'Athénée,  rue  des  Clarisses. 

Baudrihaye,  Alfred,  brasseur,  quai  St-Léonard,  64. 

Baugniet,  André,  vérifie,  de  l'enregistrement,  rue  de  la  Régence,  32. 

Bayard,  Victor, employé  au  chemin  de  fer  du  Nord, rue  Moulan,8. 

BeauJËAN,  Emile,  ingénieur,  rue  Basse-Wez,  269. 

Beer,  Sylvain,  ingénieur-constructeur,  à  Tilleur. 

BÉNARD,  Auguste,  éditeur,  rue  Lambcrt-le-Bègue,  13. 

Benoit,  capitaine,  quai  des  Pêcheurs,  43. 

Bernard,  Lambert,  industriel,  quai  Coronmeuso,  36. 

Bernard,  Guillaume,  industriel,  quai  de  Coronmeuse. 

Bertrand,  Omer,  fils,  rue  Royale,  4. 

Bertrand,  Oscar,  notaire,  place  de  la  Cathédrale,  11. 

Beuret,  Auguste,  rentier,  boulevard  d'Avroy,  85. 

BlA,  Joseph,  rue  Trappe,  24. 

BlAR,  Nicolas,  notaire^  place  de  la  Cathédrale,  20. 

BiDAUT,  Georges,  au  château  de  Curange,  par  Hasselt. 

BiDEZ,  J.,  Dr  Phil.,  chez  M.  de  Sélys,  boulevard  de  la  Sauvenière,  34. 

BiDLOT,  Ferd,,  chef  de  clinique,  quai  de  l'Université,  10. 

Blanpain,  Jules,  conseiller  communal,  rue  des  Guillemins. 

BlandOT,  docteur  en  médecine,  à  Tilff. 

BOCKSRUTH,  Vincent,  avocat,  rue  Vivegnis. 

BodSON,  Jos.,  architecte,  rue  Bonne-Femme,  18. 


_    V    — 

BOINEM,  Jules,  prof,  à  l'Ath.,  Chaussée  de  Willeineau,  31,  à  Tournai. 

BORGUET,  Louis,  avocat,  à  Doyon,  par  Havelange. 

BORGUET, Louis,  docteur  en  médecine,  rue  Cliausséo-des-Prés,  22. 

BOSCHERON,  Léon,  brasseur,  rue  du  Coq,  1. 

BOUHON,  rue  Sainte-Marguerite,  297. 

B0ULB0ULLE,L.,  professeur  à  rAthénée,rue  Conscience,  ?)2. à  Malines. 

Bourgeois,  Nestor,  ingénieur  des  mines,  rue  Paradis,  101. 

Bourgeois,  Paul,  ingénieur,  rue  des  Augustins,  43. 

Bourguignon,  Henri,  notaire,  à  Marche. 

B0USSART,"L<i,  chef  de  bur.  au  Bur.  de  bienf.,  31,  r.  Haut c-Sauvenière. 

BOUVY,  Alexandre,  tanneur,  quai  de  l'Abattoir,  37. 

Bozet,  Lucien, notaire  et  conseiller  provincial,  à  Seraing. 

Brachet,  Albert,  étudiant,  quai  de  Longdoz,  57. 

Braconier,  Frédéric,  sénateur,  boulevard  d'Avroy,  9. 

BracOXIER,  Léon,  rentier,  quai  de  l'Lidustrie,  16. 

Braconier,  Maurice,  boulevard  d'Avroy,  71. 

Braconier,  Raymond,  rue  Hazinelle,  4. 

Brasseur,  Jean,  industriel,  rue  de  la  Casquette,  30. 

BreuER,  Gustave,  rentier,  quai  de  Maestricht,  15. 

BricoULT,  Edouard,  quai  de  Flandre,  4,  à  Charleroi. 

Brixko,  Noël,  instituteur  communal,  à  Micheroux. 

Bronckart,  Henri,  place  du  Sud,  26,  à  Charleroi. 

BRONCKART,  Arnold,  directeur  d'école,  rue  Wazon,  53. 

BroNNE,  Gustave,  fabricant  d'armes,  Mont-St-Martin,  50. 

BrONNE,  Loui.»-,  ingénieur,  rue  d'Archis,  40. 

BROUHON,  marchand  de  bois,  à  Seraing. 

BuiSSONNET,  Armand,  architecte,  avenue  Rogier,  3. 

Bultot,  Alfred,  négociant,  rue  de  Seraing,  3. 

CALlFlCE,Paschaî,  rue  Dartois,  18. 

Canter,  Ch.,  docteur  en  médecine,  boulevard  de  la  Sauvenière,  172. 
Cap,  Joseph,  industriel,  rue  Jonruelle,  64. 
CartUYVELS,  Eug.,  rue  Travcrsièi*e,  98,  à  Bruxelles. 
Chandelon,  Th.,  docteur  en  médecine,  rue  Louvrex,  47. 
ChantraTNE,  Ad.,  secrétaire  de  l'admin.  de  l'Univ.  à  Herstal. 
Charles,  Nie,  docteur  en  médecine,  rue  Hors-Château.  34. 
Charlier,  Gust.,  directeur  du  Horloz,  à  Tilleur. 


—    VI       - 

ChaRLIER,  Jules,  ingénieur  au  Horloz,  à  Tilleur. 
Charlier,  Jules,  négociant,  rue  de  Fragnée,  82. 
Ch^  rlier,  Gustave,  architecte,  rue  de  l'Université,  66. 
Chaumont,  Léop.,  Dr  en  philosophie,  rue  Hayi  neux,  102,  à  Herstal. 
ChaUMONT,  Louis,  rue  des  Guillemins,  48. 
CheheT-AXiLARD,  L.-J.,  négociant  en  grains,  20,  rue  Dartois. 
ChEMANNE,  L.,  vue  Spintay.  15,  <à  Verviers. 
Gheneux,  Louis,  directeur  des  Hauts-Fourneaux,  à  Ougréo. 
Chot,  Edm-.,  professeur  à  l'Athénée,  rue  de  Jérusalem,  44,  à  Bruges. 
Claes,  Théophile,  ingénieur,  rue  Bassenge,  34. 
Claude,  Joseph,  géomètre,  rue  Coupée. 
Clerfayt,  Adolphe,  ingénieur,  à  Esneux. 
Clochereux,  Henri,  avocat,  rue  de  la  Casquette,  38. 
Clochereux,  Henri,  fils,  rue  de  la  Casquette,  38. 
Close,  François,  architecte,  rue  des  Anglais,  20. 
CLOSON,  Jules,  horticulteur,  rue  de  Joie,  71. 

COIRBAY,  J.,  secrétaire  de  la  Ville  de  Liège,  quai  de  la  Boverie,  9. 
Collette,  Bertrand,  quai  de  Fragnée,  12. 
Collette,  docteur  en  médecine,  à  Hei'stal. 
COLLIGNON,  Emile,  propriétaire,  avenue  Blonden,  9. 
••    COLSON,  Oscar,  instituteur  communal,  rue  de  Campine,  181. 
COMELEN,  Armand,  ingénieur,  boulevard  Frèrc-Orban,  31. 
CONDÉ,  Oscar,  chef  de  bureau  à  l'Adm.  com.,quai  de  la  Boverie,  75. 
Constant,  Ernest,  rue  de  la  Paix,  26. 

Constant,  Isidore,  agent  commerc,  place  de  la  Liberté,  à  Bruxelles. 
CORAIN,  professeur  de  musique,  rue  Saint-Léonard,  291. 
CORNÉLIS,  Gustave,  négociant,  rue  St-Lconard,  393. 
CORNIL,  chef  de  station,  à  Namur. 
Coste,  .J.,  industriel,  à  Tilleur. 
COULET,  V.,  étudiant,  rue  Vinâve-d'Ile,  21. 
CraHAY,  B.,  libraire,  rue  de  l'Université,  32. 
CRALLE,  Edmond,  place  du  Théâtre,  25. 

CriLLEN.  Ed.,  commis  à  l'Administration  com.,  place  Verte,  7. 
CkiSMER,  pharmacien,  rue  du  Pont-d'Ile,  46. 
CROUQHS,Ch.,  contr.  d'armes  pcns.,  rueSt-Hubert,9  (fond  de  la  cour). 


-     VII   — 

DABIN,  Henri,  rue  de  l'Université,  43. 

DABIN,  Jules,  quai  St-Léonard,  6. 

Dalimier,  C,  propriétaire  de  l'hôtel  de  Suède,  rue  de  l'Harmonie,  7. 

Damry,  Paul,  comptable  à  l'Université,  avenue  d'Avroj',  75. 

DANDOY,  courtier  en  grains,  rue  de  la  Cathédrale,  43. 

D'ANDRIMONT,  Gustave,  avocat,  rue  Louhienne,  1. 

D'AndbIMONT,  Maurice,  ingénieur,  boul.  de  la  Sauvenièrs,  88. 

D'ANDRIMONT,  Léon,  représentant,  rue  Forgeur,  32. 

Danly,  Fernand,  ingénieur  aux  Forges,  à  Aiseau. 

D'ARCHAMBEAU,  J.,  instituteur,  rue  de  Bruxelles,  à  Ans. 

DARDENNE,  Jos.,  propriétaire,  à  Visé  (Devant-le-Pont). 

David,  Edouard,  comptable,  à  Vei'viers, 

David,  Léon,  boulevard  de  la  Sauvenière,  75. 

DAWAXS-CloSSET,  Adrien,  conseiller  provincial,  rue  St-Remy,  1. 

DAWANS-Orban,  Jules,  fabricant,  Rendeux-Haut  par  Melreux. 

DAXHELET,  Auguste,  ingénieur  à  la  Société  Cockerill,  à  Seraing. 

De  BOECK,  G-.,  fils,  pharmacien,  rue  Ste-Marie,  7. 

DebrUS,  Guillaume,  banquier,  rue  Lamarck. 

De  BuGGENOMS,  renti  r,  rue  de  la  Paix,  6. 

DechAINEUX,  boulevard  de  la  Constitution,  124. 

DeCHANGE,  Jules,  docteiir  en  médecine,  quai  de  Maestricht,  3. 

Decharneux,  Emile,  quai  de  l'Université,  13. 

DecharneuX,  Auguste,  négociant,  rue  des  Carmes,  13. 

DeCHESNK,  Lambert,  architecte,  boulevard  Frère-Orban,  13. 

De  Closset,  François,  avocat,  rue  Ste-Croix,  10. 

DeCORTIS,  Victor,  instituteur,  à  Blegny-Trembleur. 

DeCROON,  Léopold,  avoué,  boulevard  Frère-Orban,  14. 

Defeld,  g.,  docteur  en  médecine,  boulevard  de  la  Constitution,  39, 

Defeld,  Rodolphe,  lieutenant,  boulevard  de  la  Constitution,  39. 

Defize,  Jos.,  ingénieur  et  conseiller  communal,  quai  de  Longdoz,  53. 

DefreCHEUX,  Albert,  garde  général  des  eaux  et  forêts,  à  Hasselt. 

DefreCHEUX,  Emile,  comptable,  rue  Hayeneux,  à  Herstal. 

DefrecKEUX,  Paul,  agent  commercial,  à  Statte-Hu}'. 

Degand,  E.,  notaire,  à  Mons. 

DeGIVE,  ingénieur,  à  Grâce-Berleur  (Ans). 

DegivE,  Léon,  conseiller  provincial,  à  Ramet. 

Degive,  Adolphe,  à  Ivoz  (Val-St-Lambert), 


—    VIII    — 

DeGRAUX,  Auguste,  ingéiiieuv  au  chemin  do  fer  de  l'État,  à  Matines. 

Déguise,  Edouard,  avo:'at,  boulevard  Piercot,  7. 

Dehax-MeRCIER,  négociant  en  vins,  boulevard  d'Avroj',  22. 

DehasQUE,  Raymond,  me  Méan,  11. 

De  Hasse,  Fernand,  rue  de  l'Association,  G7,  k  Bi-uxellcs. 

De  Hasse,  Lucien,  rue  d'Archis,  17. 

Dehin,  fils,  fabricant  d'orfèvreries,  rue  Agimont,  34. 

Dejaer,  Jules,  ingénieur  en  chef,  à  Môns, 

DejardiN,  Adolphe,  capitaine  pensionné,  ruo  Dartois,  22. 

Dejardix,  P.-H.-L.,  brasseui-,  rue  Pont-d'Ile,  d4. 

DejARDIX-Debatty,  Félix,  ingénieur,  rue  de  l'Ouest,  56. 

Dejardix,  Emile,  à  Cheratte. 

De  KoxixCK,  L.,  professeur  à  l'Université,  quai  de  l'Université,  1. 

Delaet,  Gustave,  fils,  rue  des  Meuniers,  12. 

Delaitte,  Pierre,  sous-chef  de  bureau  à  l'Adm.  com..  r.  St-Gilles,  288. 

Delaitte,  Pr.,  sous-chef  de  bur.  à  l'Adm.  com., i-ue  Charles  Morren,34:. 

Delaveu,  Théodore,  à  Herstal. 

Delbouille,  Louis,  à  Ostende. 

Delbovier,  docteur  en  médecine,  place  St-Paul,  1. 

Delchef,  André,  avocat,  rue  Mathieu-Laensbergh. 

Deleixhe,  changeur,  rue  Vinâve-d'Ile,  44. 

Delexhy,  M.-B.-J.,  docteur  en  médecine,  à  Grâce-Borleur. 

Delhaise,   Alex.,  avocat,  à  Angleur. 

Delhasse,  Félix,  homme  de  lettres,  à  Bruxelles. 

DelhAYE,  Henri,  rue  André  Dumont,  32. 

Delheid,  Jules,  docteur  en  médecine,  place  de  l'Acclimatation,  4. 

De  LhOXEUX,  Hyacinthe,  Marché  aux  bêtes,  à  Huy. 

DeliÉQE,  Alfred,  notaire,  à  Chênée. 

De  LiMBOURG,  Pli.,  propriétaire,  àTheux. 

Deltze-Lasseau,  ;Y  Grivegnée. 

DelleUR.  Léopold,  négociant,  rue  Pont  d'Avroy,  45. 

Delloye,  Emile,  banquier,  à  Charleroi. 

DelrÉE,  a.,  industriel,  quai  Marcellis,  42. 

DelveAUX,  Alfred,  rue  St-Jean-Baptiste,  1. 

De  MaCAR,  Charles,  député  permanent,  rue  Mont-St-Martin,  45. 

De  Macar  (baron) .Ferdinand,  représentant,  à  Presseux  ou  à  Bruxelles. 

De  Macar,  Ghislain,  rue  Mont-St-Martin,  45. 


—    IX    — 

Demany,  Laurent,  architecte,  boulevard  d'Avroy,  79. 

Demany,  directeur  du  Horloz,  par  St-Nicolas. 

Demarteau,  Lucien,  conseiller  à  la  Cour,  rue  Bassenge,  48. 

Demarteau,  g.,  substitut  du  procureur  du  roi,  rue  Louvrex,  90. 

Demarteau,  Jules,  commissaire  d'ari-ondissement,  rue  de  Chestret,  1. 

Demeuse,  Henri,  rue  Monulphe,  7. 

De  MOLL,Théopliile5emplo3'éà  laVieille-MontagDe,rue  vivegnis,279 

Demonceau,  Marcel,  rentier,  rue  Beckman,  39. 

DexeFFE,  Jules,  industriel,  quai  Orban,  115. 

Depas,  Alexandre,  rue  Hocheporte,  64. 

Dépouille,  industriel,  place  Delcour,  3. 

Deprez-DoCTEUR,  rue  de  la  Cathédrale,  9. 

DepreZ,  William,  avocat,  boulevard  Beauduin,  19,  à  Bruxelles. 

De  RasqUINET,  Léon,  docteur  en  médecine,  rue  des  Augustins,  29. 

DerbeaUDRINGHIEN,  Joseph,  commissaire  de  police,  à  Herstal. 

Derefx,  Léon,  avocat,  place  Rouveroy,  6. 

De  RossiUS,  Charles,  rentier,  rue  du  St-Esprit,  91. 

Dery,  Jules,  ingénieur,  rue  du  Marteau,  38,  à  Bruxelles. 

DÉSAMORÉ,  Hubert,  rue  des  Frauchimontois,  25. 

Desart,  directeur  de  houillère,  à  Herstal. 

Deschamps,  François,  avocat,  rue  St-Séverin,  143. 

Desefawe,  Joseph,  meunier,  à  Nandrin. 

De  SÉLYS-Longchamps  (baron),  sénateur,  boul.  delà  Sauvenière,  Si. 

De  SÉLYS-Fanson  (baron"»,  Ferdinand,  rentier,  quai  Marcellis,  11. 

Desoer,  Charles,  place  Saint-Christophe.  8. 

Desoer,  Florent,  avocat,  k  Cheratte. 

Desoer,  Oscar,  rentier,  place  Saint-Michel,  18. 

Desoie,  Jules,  agent  commercial,  rue  Entre-deux-Ponts,  5. 

DesTEXHE,  Oscar,  avocat,  place  Saint-Pierre,  18. 

Destinez,  P.,  conservateur  à  l'Université,  rue  Sainte- Julienne,  9. 

DiiSTRÉE,  cond.  pr.  des  ponts  et  ch..  Th.  de  la  Chartreuse,  à  Bressoax. 

De  Theux,  Xavier,  rentier,  à  Aywaille. 

De  Thier,  Léon,  homme  de  lettres,  boulevard  do  la  Sauvenière,  12. 

De  Thier,  Maurice,  boulevard  de  la  Sauvenièi-e,  12. 

Detrooz,  Auguste,  président  honoraire,  rue  Fabry,  5. 

De  Vaux,  Adolphe,  ingénieur,  rue  des  Anges,  16. 

De  Vaux,  Emile,  ingénieur,  rue  du  Parnasse,  15,  à  Bruxelles. 


—    X 


DeveoYE,  Jos.,  doct.  en  méd.  et  échevin,  à  Braino  l'AUoud. 

De  Waha  (Mme  la  baronne),  rue  Saint-Gilles,  147. 

Dewandbe,  Jules,  industriel,  rue  Douffet,  37. 

D'Heur, Emile,  artiste  peintre,  prof,  à  l'Acad.,rue  Ste-Marguerite,83. 

D'HOFFSCHMIDT,  L.,  cons.  à  la  Cour  d'appel,  rue  de  l'Université,  17. 

DiGN'EFji'E,  Emile,  avocat,  rue  Fusch,  26. 

DiGNEFFE,  Léonce,  rentier,  rue  Louvrex,  85. 

Discailles,  Ernest,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

DOCHEN,  Gh.,  avocat,  rue  Neuve,  à  Huy. 

Docteur,  Eugène,  ingénieur  en  chef,  rue  Scarron,  31,  Bruxelles. 

DOMMARTIN,  Léon,  homme  de  lettres,  à  Bruxelles. 

Donckier-Jamme,  Ch.,  rue  de  Joie,  29. 

DONCKIER,  Ferdinand,  rue  Hemricourt,  29. 

DOR,  chef  de  bureau  au  charb.  de  Marihaye,  à  Flémalle-Grande. 

Douffet,  avocat,  quai  Orban,  7. 

DOUHARD,  Ch.,  chef  du  service  topographique,  rue  Grétry,  15. 

DOUTREPONT,  professeur,  Mont-St-Martin,  12. 

Dreye,  Alexis,  boulevard  de  la  Sauvenière,  17. 

Dubois,  notaire,  boulevard  d'Avroy,  60. 

DUCULOT,  docteur  en  médecine,  rue  Agiraont,  33. 

DUMONT,  H.,  fabricant  de  tabac,  rue  Saint-Thomas,  26. 

Dumoulin,  Aug.,  fabricant  d'armes,  boulevard  de  la  Sauvenière,  86. 

Dumoulin,  François,  fabricant  d'armes,  rue  Saint-Laurent,  99. 

Dumoulin,  Victor,  négociant,  rue  Vinâve-d'Ile,  17. 

DUP ARQUE,  Alfred,  rue  du  Pont-d'Ile,  57. 

Dupont,  Armand,  avocat,  rue  d'Archis,  32. 

Dupont,  Emile,  avocat  et  sénateur,  rue  Rouveroy,  8. 

Dupont,  E.,  professeur  à  l'Athénée  de  Charleroi. 

Dupont,  Henri,  sous-lieutenant  d'artillerie,  rue  St-Laurent. 

Dupont,  Jules,  ingénieur,  rue  Jonruelle,  71. 

DUPUIS,  Sylvain,  professeur  au  Conservatoire,  rue  Jonfosse,  6  bis. 

DURIEU,  Félix,  directeur  de  Patience  et  Beaujonc,  rue  en  Bois,  10. 

DURIEUX,  Charles,  négociant  en  vins,  à  Marche. 

Dury,  Odon,juge  au  tribunal  de  Marche. 

DUVIVIER,  Henri,  industriel,  à  Verviers. 

Du  VIVIER,  Pierre,  rue  do  l'Université. 


—    XI    — 

Etienne,  Etienne,  rentier,  à  Bellaire. 

Falisse,  Clément,  docteur  en  droit,  quai  de  l'Industrie,  1. 

Faucon,  A.,  ingénieur,  quai  d'Amercœur,  38. 

Fayn,  Joseph,  directeur  de  la  Soc.  du  Gaz,  rue  Lambert-le-Bègue,  36. 

Fellens,  Léon,  employé,  rue  Souveraint-Pont,  13. 

Fellee,  Jules,  pi-of.  à  l'Athénée,  rue  de  Franchimont,  3,  à  Verviers. 

Feron,  instituteur  communal,  rue  de  la  Paix,  48. 

Fetu-Defize,  J.-F.-A.,  industriel,  quai  de  Longdoz,  49. 

FetU,  Joseph,  industriel,  rue  du  Chimiste,  39,  à  Cureghem. 

FiLOT,  Jules,  négociant,  rue  du  Ruisseau,  49. 

FiNCŒUR,  Ed  ,  curé  de  St-Lambert,  à  Herstal. 

FiRKET,  Ad.,  ingénieur  et  professeur,  rue  Dartois,  28. 

FiRKET,  Ch.,  professeur  à  l'Université, rue  Louvrex,  125. 

FiVÉ,  constructeur-ingénieur,  à  Seraing. 

Flechet,  Ferdinand, repi-ésentant,  à  Warsage. 

Flechet,  L.,  industriel,  rue  Lairesse,  31. 

Flechet,  Th.,  notaire,  rue  St-Adalbert,  3. 

Fleury,  Jules,  professeur  honoraire  à  l'Athénée,  rue  Chéri,  32. 

FOCCROULLE,  Georges,  avocat,  rue  André-Dumont,  35. 

FOCCROULLE,  Henri,  docteur  en  médecine,  rue  des  Venues,  133. 

FOETTINGER,  docteur  en  médecine,  rue  des  Augustins,  26. 

Foidart,  professeur  à  l'Athénée,  Tlùer  de  la  Fontaine. 

FORGEUR,  Paul,  avocat,  rue  d'Archis,  30. 

FORIR,  H.,  répétiteur  à  l'Ecole  des  mines,  rue  Nysten,  25. 

FOUQUET,  GuilL,  dir.  émérite  de  l'École  agric.  deGembloux,  à  Tilff. 

FraiGNEUX,  Eugène,  quai  de  Longdoz,  27. 

FraiGNEUX,  Hubert,  industriel,  quai  de  Longdoz,  27. 

Fraigneux,  Jean,  ingénieur,  quai  de  Longdoz,  27. 

FraiGNEUX,  Louis,  industriel,  rue  Lairesse,  44. 

Fraigneux,  Louis,  avocat,  rue  Grétry,  5. 

Fraipont,  Julien,  professeur  à  l'Université,  Mont  St-Martin,  17. 

Fraipont,  F.,  docteur  en  médecine,  rue  d'Archis,  26. 

FranckeN,  Edm.,  ingt'nieur,  quai  de  Fragnée. 

François,  ingénieur,  iV  Seraing. 

FranCOTAY,  Ch.,  industriel,  rue  St-Léonard,  338. 

FranCOTTE,  Ernest,  fabricant  d'armes,  rue  Mont  St-Martin,  GG. 

Francotte,  X.,  docteur  eu  médecine,  quai  do  l'Industrie,  15. 


—    XII    — 

FrankigNOULLE,  Léaudro,  directeur  de  charbonnages,  à  Montegnce. 

FnANiaGNOULLE,  Alph.,  docteur  en  médecine,  rue  Maghin,  68. 

Feankignoulle,  C,  ingénieur  civil,  à  Gilly. 

FraNKIGNOULLE,  greffier,  rue  du  Midi,  8. 

FrederiCQ,  Paul,  prof,  à  l'Université,  rue  des  Boutiques,  9,  à  Gand. 

Fbenay,  instituteur  communal,  rue  de  Bex,  7. 

Fbère-OrjîAN,  Walthère,  représentant,  à  Bruxelles. 

Frère,  Georges,  conseiller  à  la  Cour,  boulevard  Frère-Orban,  20. 

Frère,- Walthère,  fils,  administrât^  de  la  Banque  nationale,  àEnsival' 

FrÉSART,  Edouard,  à  Jupille. 

FrÈSART,  Jules,  rue  Sœurs-de-Hasque,  11. 

FrÉSON,  Arm.,  avocat,  rue  des  Augustins,  32. 

Fryns,  Alphonse,  industriel,  boulevard  d'Avroy. 

FUSS,  Gustave,  avocat  et  échevin,  à  Schaerbeek. 

Gadisseur,  Clément,  industriel,  rue  St-Laurent,  288, 

GAEDESAIiLE,  François,  rue  Huiles,  75. 

Garray,  rue  Sur-Meuse,  1 5. 

Gathoye,  député  permanent,  rue  des  Ecoles,  à  Verviers. 

GENET,  Walthère,  Place  St-Pierre,  8. 

GÉRARD,  F.,  rue  St-Pétersbourg,  à  Ostende. 

GÉRARD,  Fernand,  quai  Sur-Meuse,  13. 

GÉRARD,  Léo,  ingénieur  et  bourgmestre,  rue  Louvrex,  76. 

Gernay,  notaire,  à  Spa. 

Gevaert,  Paul,  rue  des  Dominicains.  20. 

GhAYE,  Alexis,  géomètre,  rue  de  la  Sèche. 

GlLKINET,  Alf.,  professeur  à  l'Université,  rue  Renkin,  13. 

GiLLON,  A.,  professeur  à  l'Université,  avenue  Rogier,  29. 

GiTTÉE,  professeur  à  l'Athénée  royal  de  Liège,  rue  Fond  Pirette,  134. 

GOETHALS,  Albert,  rue  des  Douze  Apôtres,  28,  à  Bruxelles. 

GOLLE,  Frédéric,  fils,  rue  Monulphe,  45. 

GOMRÉE.  Ernest,  industriel,  quai  de  l'Ourtlie,  43. 

GORDINNE,  Henri,  papetier,  quai  de  l'Industrie,  18. 

GORDINNE-BURY,  Ch.,  quai  Marcellis,  8. 

Goret,  Léon,  ingénieur,  rue  Ste-Marie,  2L 

GORISSEN,  rue  Raikem,  19. 

GORRISSEN,  Zénobc,  appariteur  à  l'Univ.,  rue  Pied  du  Thier-à-Liége. 


—     XIII    — 

GORRISSEN  (Mlle),  régente  à  l'Ecole  normale,  rue  de  Scles?in,  9. 

GOTHIER,  Charles,  imprimeur,  rue  St-Léonard,  203. 

Grandfils,  Alph.  directeur   de   l'exploitation    des  phosphates,  rue 

Vieille  Voie  de  Tongres,  71, 
GrandfilS,  Charles,  comptable,  à  Beauquesne  (France). 
Graindorge,  J.,  professeur  à  l'Université,  rue  Paradis,  92. 
Grégoire,  Alph.,  employé,  rue  St-Gilles,  81. 

Grégoire,  Camille,  greffier  au  Trib.  de  com.,boul.  de  la  Sauvenière ,  61:. 
Grégoire,  Gaston,  candidat  notaire,  quai  des  Pêcheurs. 
Grégoire,  Henri,  professeur  à  l'Athénée,  rue  des  Augustins,  25. 
GrOULARD,  Victor,  secrétaire  communal,  rue  du  Palais,  118,  Verviers. 
Grumsel,  industriel,  boulevard  de  la  Constitution. 
GUGENHEIMER,  J.,  rue  des  Dominicains,  1. 

Guidé,  Guillaume,  prof,  au  Conserv.,  rue  de  la  Presse,  16,  à  Bruxelles. 
GuiLLOT,  Camille,  rentier,  boulevard  de  la  Sauvenière,  156. 
GuiLLOT,  Lucien,  avocat,  rue  de  l'Académie,  10. 

Haas,  place  du  Théâtre,  25. 

Habets,  Alfred,  professeur  à  l'Université,  rue  PaulDevaux,  4. 

Habets,  Paul,  ingénieur  des  mines,  rue  Fusch,  10. 

Halkin,  Emile,  commandant  de  place,  rue  Louvrex,  68. 

Hallet,  bourgmestre  et  conseiller  provincial,  à  Hannut. 

Halleux,  Nicolas,  rue  Latour,  7. 

Hannay,  Charles,  cordier,  à  Montegnée. 

Hanon  de  Louvet,  échevin,  à  Nivelles, 

JlAXSEN,  Jos.,  avocat.  Mont  St-Martin,  18. 

llANSET,  Gustave,  négociant  en  vins,  rue  du  Nord,  3. 

Hanson,  g.,  avocat,  rue  Paradis,  100. 

Hanssens,  L.,  avocat  et  représentant,  rue  Sle-Marie,  10. 

Hardy,  G.,  docteur  en  médecine,  rue  sur  la  Fontaine,  80. 

H ARZÉ,  Emile,  directeur  des  mines,  place  de  l'Industrie,25,à  Bruxelles, 

Haudry,  industriel,  rue  des  Béguines,  à  Sei-aing. 

Haulet,  contrôleur  au  chemin  de  fer,  rue  Varin,  83, 

HauzeUR,  Adolphe,  industriel,  au  Val-Benoît, 

Hauzeur,  Oscar,  industriel,  au  Val-Benoît, 

HÉNOUL,  L,  avocat-général,  rue  Dartois,  36, 

Henrard,  Max,  rue  de  l'Arbre  Béni,  39,  Bruxelles, 

HenrijEAN,  docteur  en  médecine,  rue  d'Archis,  50, 


—   XIV    — 

HenbION,  ^François,  rue  Jonruelle,  G9. 

Henrion,  Emile,  rue  de  la  Madeleine. 

Henroz,  Emile,  rue  Louvrex,  51. 

Henry,  Eugèue,  à  Vottem. 

IlERLA,  Gustave,  rue  St-Michel,  2. 

Hermai^N,  docteur  en  médecine,  à  Herstal. 

HermanS,  Joseph,  professeur  à  l'Athénée,  rue  Fabry,  72. 

Heyne,  Jean,  commis  à  l'Adm.  com. ,  montagne  de  Bueren,  IG. 

HiCGUEÏ,  Maurice,  négociant,  rue  Davtois,  41. 

HOCK,  Gér.-Aug.,  fils,  quai  Mativa,  21. 

HODEIGE,  Arthur,  ingénieur  au  chemin  de  fer  de  l'Etat,  à  Etterbeek. 

HONLET,  Robert,  à  Huy. 

HOUTAIN,  avocat,  rue  Delfosse,  23. 

HOVEQNÉE,  Ar.,  professeur,  place  St-Pierre,  2. 

HOVEN,  Théodore,  sous-chef  de  bureau  àFAdm.  com.,  rue  du  Pérj',  1. 

HUBAR,  ingénieur  au  Corps  des  mines,  à  Mous. 

Hubert,  Alph.,  docteur  en  médecine,  rue  Ste-Walburge,  318. 

HUBIN,  S^'lvaiûj  étudiant  en  droit,  à  Bende  (Ampsiii-Amay). 

HULLET,  Jean,  comptable,  à  Bressoux. 

Humblet,  Jean,  à  Comblain-au-Pont. 

HUiJBLET,  Léon,  avocat,  rue  de  l'Académie,  41. 

ISAYE,  Eug.,  prof,  au  Cons.  de  Bruxelles,  435,  Chaussée  de  Waterloo, 
ISERENTANT,  professeur  à  l'Athénée  royal,  à  Malines. 
ISTA,  Alfred,  papetier,  rue  Féi'onstrée,  81. 

Jacob,  avocat,  rue  Bertholet,  2. 

Jacob,  H.,  commissionnaire-expéditeur,  rue  de  la  Syrène,  13. 

Jacquemin,  Achille,  rue  de  la  Syrène,  17. 

JaCQUEMIN,  Sylvain,  ingénieur  à  la  Société  Cockerill,  à  Seraing. 

Jacquet,  L.,  rue  du  St-Esprit,  22. 

Jadot,  Emm.,  étudiant,  à  Marche. 

Jamar,  Emile,  rentier,  rue  des  Clarisses,  4. 

Jamar.  Gustave,  rentier,  rue  Fabry,  19. 

Jamar,  Armand,  ingénieur,  place  de  Bronckart,  16, 

Jamme,  secrétaire  de  La  Wallonne,  rue  St-Maur,  170,  à  Paris, 

Jamme,  Henri,  directeur  de  la  Vieille-Montagne,  à  Moresnet, 


—    XV    — 

Jamme,  Jules,  avocat,  rue  du  Pot-d'Or,  30. 

Jamolet,  Servais,  tanneur,  conseiller  com.,  rue  des  Tanneurs,  GO. 

JamOTTE,  Jules,  notaire,  à  Dalliem. 

Jamotte,  Victor,  avocat,  à  Huy. 

Janson,  Eug.,  capitaine  commandant,  quai  des  Pêcheurs,  49. 

Janssen,  J.,  fabricant  d'armes,  rue  Lambert-le-Bègue,4. 

Jaspae,  Industriel,  rue  Jonfosse,  20. 

Jaspar,  André,  ingénieur,  rue  Grandgagnage,  3. 

Jaspab,  Emile,  décorateur,  rue  du  Pot-d'Or,  37. 

Jaspar,  Paul,  arcliitecte,  boulevard  de  la  Sauvenière,  135. 

Jeaxxe,  Emile,  avocat  et  représentant,  rue  du  Midi,  IG. 

Jenicot,  Philippe,  pharmacien,  à  Jemeppe. 

Jenoï,  Alfred,  chef  de  bureau  à  l'Adm.  com.,  quai  Mativa,  51. 

Jexot,  Armand,  commis  à  l'Adm.  com.,  rue  Eugène  Simonis,  10. 

JOASSART,  Nicolas,  négociant,  rue  St-Adalbert,  7. 

JONXIAUX,  Ad.,  rentier,  rue  des  Anges,  7. 

JORisSEN,  A.,  agrégé  à  l'Université,  rue  Sur-la-Fontaine,  106. 

JOTTRAND,  Félix,  directeur   de  la  manufacture  de  glaces  Ste-Marie 

d'Oignies,  rue  Defacq,  4,  à  Bruxelles. 
Journez,  Alfred,  avocat,  place  St-Jacques,  1. 
JOWA,  Léon,  ingénieur,  rue  Grétry,  149. 

JULIN,  Charles,  chargé  de  cours  à  l'Université,  rue  Bassenge,  46. 
JUPSIX,  Jacques,  industriel,  à  Dison. 

KePPENNE,  Jules,  notaire,  place  St-Jean,27. 

Kerkhofs,  J.-G.,  rentier,  rue  des  Clarisses,  6. 

KiMPS,  Charles,  à  Charleroi. 

Kinet,  receveur  de  la  SOc.  liég.  des  Maisons  ouvr.,  r.Ste- Julienne,  67. 

Kirsch,  Antoine,  ai-murier,  rue  Chapeauville,  9, 

KmsCH,  Charles,  rue  St-Séverin,  8. 

Kleyer,  Gustave,  avocat  et  échcvin,  rue  Fabrj'^,  21. 

KOISTER,  Emile,  rue  St-Mathieu,  6. 

KrÉMER,  Hubert,  professeur  à  l'Athénée,  rue  Wazon,  110. 

LabeYE,  Frédéric,  avoué  à  la  Cour,  avenue  d'Avroy,  114. 
LabroUX,  secrétaire-trésorier  do  l'Athénée,  rue  du  Vert-Bois  84. 
LaFONTATNE,  directeur  de  la  Société  la  liniôre,  quai  St-Léonard  36. 


—  xvr  — 

Laqasse,  Philippe,  propriétaire,  quai  de  Maastricht,  7. 

Lahaye;  Joseph,  directeur  de  charbonnage,  à  Thimister. 

Laloux,  Adolphe,  propriétaire,  avenue  Rogier. 

Lamarche,  Emile,  au  château  de  Fanson  (Comblain-la-Tour). 

Lambert,  chef  du  service  commercial  du  Hasard,  au  Trooz. 

Lambert,  Gustave,  ingénieur,  rue  Lebeau,  2. 

Lambin,  fabricant  d'armes,  rue  Trappe. 

Lambinon,  Eugène,  négociant,  rue  St-Séverin,  27. 

Lambremont,  Jos.,  artiste-wallon,  rue  Jean-d'Outromeuse,  79. 

Lance,  B.,  tailleur,  rue  du  Pont-d'Ile,  15. 

Laoureux,  Léon,  rue  Bertholet,  7. 

Laol'REUX,  Henri,  négociant,  boulevard  de  la  Constitution,  3V. 

Laport,  Guillaume,  fabricant  d'armes,  quai  St-Léonard,  17. 

Laport,  Henri,  fabricant  d'armes,  rue  Laport,  1. 

Laporte,  Léopold,  directeur  du  charbonnage  aux  Produits  (Hainaut). 

LATOUR-Depas  (Mme),  changeur,  place  Verte,  1. 

Laumont,  Gustave,  rue  de  l'Université,  16. 

LECHAT,  Em.,  ingénieur,  place  St-Jean,  18. 

Lecrenier,  Joseph,  avocat,  à  Huy. 

Ledent,  Jean,  professeur  à  l'Athénée,  à  Verviers. 

LedenT,  Joseph,  chef-comptable  à  Géard-Cloes,  rue  St-Léonard,  436. 

Leenaers,  Lucien,  industriel,  quai  des  Pécheurs,  80. 

Lehane,  directeur  de  charb.,  rue  Derrière  Coroumeuse,  cà  Herstal. 

Le  jeune.  H.,  négociant,  rue  Ste-Marie,  5. 

Lejeune- Vincent,  industriel,  à  Dison. 

Lejeune,  Ferdinand,  étudiant,  rue  Sur-Meuse,  10. 

LelOTTE,  banquier,  rue  de  la  Tranchée,  à  Verviers. 

Lemoine,  Edg.,  docteur  en  Médecine,  rue  de  l'Official,  1. 

Lenger,  docteur  en  médecine,  rue  St-Denis,  10. 

Lens,  J.,  rentier,  rue  Mozart,  26,  à  Anvers. 

Lens,  Adolphe,  agent  commercial,  avenue  Isabelle,  60,  à  Anvers. 

LÉONARD,  Constant,  malteur,  rue  du  Vicux-Mayeur,  26. 

LepeRSONNE,  Henri,  directeur  du  Val-St-Lambert,  au  Val. 

Leplat,  docteur,  rue  des  Augustins,  26. 

LequarrÉ,  Alph.,  professeur  à  l'Athénée,  rue  Jardon,  3C,  à  Verviers. 

Leroux,  Charles,  président  au  tribunal,  rue  du  Vert-Bois,  76. 

Lesuisse,  Joseph,  profes.,  chez  Mme  V^  Lacroix,  rue  des  Anglais,  26. 


XVll 


Lhoest,  Paul,  fabricant  de  papiers  peints,  rue  Robertson,  33. 

L'HOEST,  Isidore,  cil.  de  service  aucli.  de  fer  du  Nord,  place  du  Parc,  7. 

LiBEN,  Charles,  contrôleur  des  contr.  pensionné,  rue  Cathédrale,  3G. 

LiBERT,  industriel,  rue  Grétry,  40. 

LiBOTTE,  ingénieur  des  mines,  à  Namur. 

LiBOTTE,  professeur  à  l' Athénée,  à  Charleroi. 

LiNCHET,  fils,  boulevard  de  la  Sauvenière,  42. 

LlVROX,  Albert,  ingénieur,  rueSt-Léonârd,  72. 

LlXHON,  Camille,  appariteur  à  l'Université  etbourgmestre,à  Cherattc. 

LOHEST,  Max.,  ingénieur,  à  Rivage  (Comblain-au-Pont). 

LoiSEAU,  Jean,  négociant,  rue  Trappe    13. 

L'Olivier,  Henri,  ingénieur,  rue  des  Quatre-Vents,  25,  à   Bruxelles. 

LONGTAIN,  instituteur  communal,  à  Verviers. 

LOUETTE,  H.-J.,  directeur  de  Bonne  Fortune,  rue  Burenville,  70. 

Louis,  Mathieu,  négociant,  rue  de  la  Liberté. 

LOVENS,  Ignace,  rue  Saint-Thomas,  9  et  13. 

LoviNFOSSE,  Michel,  secret,  du  Bur.  de  Bienf.,  rue  St-Gangulphe,  7. 

MAC0RP3,  Alf ,  médecin-vétérinaire  du  Goav.,  rue  Saint-Adalbert,  5. 
Magis,  Jules,  place  de  la  Cathédrale,  7. 
Magnée,  Gustave,  vérifi^oateur  des  douanes,  à  Hervé. 
Magnery,  Em.,  meunier,  à  Seraing. 
Magnette,  Charles,  avocat,  rue  Grétrj'-,  4. 
Mairlot,  docteur  en  médecine,  à  Theux. 
Malaise,  directeur  de  charbonnage,  à  Wandre. 
Malevez,  René,  étudiant,  boulevard  Saucy,  1. 
Malherbe,  président  de  La  Wallonne,  rue  de  Rambuteau,  64,  à  Paris. 
Malmendier,  Pierre,  rentier,  rue  Raikem,  1. 
MALVOZ,  Ernest,  docteur  en  médecine,  rue  de  Bruxelles. 
Manne,  Jacques,  ingénieur,  rue  da  Bronze,  8,  à  Anderlecht. 
Maquet,  ingénieur  au  corps  des  mines,  à  Mons. 
MarChllis,  François,  fabricant,  place  Rouveroy,  3. 
MarCOTTY,  Georges,  avocat,  à  Jemeppe. 
Marcotty,  Joseph,  fils,  moulin  des  Aguesses,  à  Angleur. 
Marcotty,  industriel.  Chaussée  de  Dusseldorf,  à  Duisburg  (Alle- 
magne). 
Maréchal,  R.,  ingénieur  des  mines  place  St-Michel,  IG. 
Maréchal,  Léon,  industriel,  rue  des  Vingt-Deux,  33. 


—    XVIII    — 

Maréchal,  Mme^  rue  Cornet  de  Grez,  à  Bruxelles. 

Marquet,  Ad.,  ingénieur,  à  Dombasle  (Meurthe  et  Moselle). 

MarqUET,  Charles,  négociant,  à  Ougrée. 

Masquelin,  Emile,  avocat,  rue  Neuve,  8, 

Massange,  Ad.,  ingénieur  en  chef,  rue  Malibran,  83,  à  Bruxelles. 

Massart,  Emile,  comptable,  rue  Sœurs-de-Hasque,  17. 

MassaiÎT,  Henri,  propriétaire,  échevin,  à  Jupille. 

Massin,  Oscar  (Paris),  avenue  d'Avroy,  64,  àlLiège. 

MaSSON,  Ch.,  avocat,  boulevard  de  la  Sauvenière,  G2. 

Masson,  Emile,  ingénieur,  rue  de  Chavannes,  31,  à  Charlcroi. 

MÉDARD,  docteur  en  médecine,  à  Tilleur. 

MerSCH,  François,  notaire  à  Marche. 

Merscii,  Joseph,  fils,  avocat,  à  Marche. 

Mestreit,  Joseph,  avocat,  rue  Paul  Devaux,  6. 

Meunier,  J.-B.,  typographe,  rue  Haute-Sauvenière, 

Meurt-GOURMONT,  Nouveau  Marché  aux  Grains,  7,  à  Bruxelles. 

Meyer,  Nathan,  matériel  d'imprimerie,  rue  Dartois,  37. 

MiCHA,  Alfred,  avocat  et  conseiller  communal,  rue  Louvrex,  73. 

Michel,  Ch.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

Mignon,  commissaire  en  chef  de  la  ville  de  Liège. 

MiNSIER,  Camille,  ingénieur  au  corps  des  mines,  à  Charleroi. 

Monseur,  prof,  à  rUniv.  de  Bruxelles,  avenue  d'Avroy,  20,  à  Liègo. 

MOREAU,  Ernest,  notaire,  boulevard  de  la  Sauvenière,  128. 

MOREAU,  Joseph,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  à  Louvain. 

MOREAU,  Henri,  industriel,  à  Vaux-sous-Chèvremont, 

MORISSEAUX,  Ch.,  fabricant  d'armes,  rue  des  Bénédictines,  5. 

MOSSOUX,  négociant,  rue  des  Mineurs,  12. 

MOTTAR,  Eugène,  avocat,  rue  Courtois,  10. 

MOTTARD,  Albert,  ingénieur  civil,  à  Herstal. 

MOTTARD,  Georges,  avocat,  boulevard  d'Avroy,  85. 

MOTTARD;  Julien,  quai  de  Maestricht,  9. 

MOUCHET,  Louis,  instituteur  communal,  rue  Mosselmann,  33. 

MOUTON-TIMMERHANS,  brasseur,  rue  Fabry,  34. 

MOXHON,  Emile  avoué  et  conseiller  provincial,  place  St-Pierre,  20. 

Muraille,  négociant,  rue  Féronstrée,  82. 


—    XIX    — 

Nagant,  Théophile,  restaurateur,  place  du  Sud,  A.  Charleroi. 

Nagelmackers,  Arm.,  consul  d'Espagne,  vue  du  Pot-d'Or,  55. 

Nagelmackers,  Edm.,  banquier,  boulevard  de  la  Sauvcnièrc,  125. 

Namur,  François,  artiste-peintre,  place  Verte,  5. 

Nandrin,  François,  négociant,  boulevard  Frère-Orban,  29. 

Neef,  Jules,  bourgmestre  de  Tilff,  avenue  Rogier,  4. 

NeeF,  Léonce,  avocat,  avenue  Rogier,  9. 

Neef-ChAINAYE,  Alfred,  industriel,  à  Verviers. 

Neef,  Georges,  industriel,  à  Verviers. 

NÉLIS,  François,  industriel,  à  Grivegnée. 

Neujean,  Xavier,  avocat  et  représentant,  boulevard  Frère-Orban,  7. 

Neuray,  mécanicien,  rue  Ste-Julienne,  19. 

NiCOLAï,  Léon,  industriel,  à  Verviers. 

NlHOUL,  meunier,  à  Lize-Seraing. 

NiZET,  Henri,  rosiériste,  Coronmeuse,  à  Herstal. 

NOÉ,  frères,  fabricants,  rue  d'Archis,  8. 

NOIRF ALISE,  Jules,  négociant,  quai  de  l'Université,  5. 

NOXDONFAZ,  Alph.,  rue  Sur-Meuse,  34. 

NOTAERT,  professeur  à  l'AthénéO;ruoLairesse,  66. 

Nyst,  Pierre,  rue  Méan,  23. 

Odekerken,  Henri,  commis  à  l'Adm.  com.,  rue  du  St-Esprit,  63. 

OffermaN,  Guido,  ingénieur,  rueSte-Gudule,  5,  à  Bruxelles. 

Olivier,  Henri,  négociant,  à  Verviers. 

OrbAN,  Jules,  industriel,  rue  du  Jardin-Botanique,  35. 

Orban,  Léon,  industriel,  rue  de  Marnix,  à  Bruxelles. 

Orth,  Albert,  avocat,  rue  N5'sten,  2G. 

Orth,  Ad.,  lieutenant,  chaussée  d'Ixelles,  294, à  Ixelles. 

Pâques,  Érasme,  quai  d'Amercœur,  20. 

PaquOT,  directeur-gérant  de  la  Société  du  Bleyberg. 

PaquoT,  Joseph,  banquier,  rue  de  la  Casquette,  19. 

Parent,  Henri,  fabricant  d'armes,  rue  St-Gilles,  46. 

PARMENTIER,  Edouard,  avocat,  rue  do  Soignies,  21,  à  Nivelles. 

Parmentier,  L.,  prof.,  à  l'Univ.,  boulevard   du  Château,  20,  à  Gand. 

PasqUES-Bekkers,  chemisier,  boulevard  Anspach,  14,  h  Bruxelles. 

PavARD,  Camille,  rue  de  l'Université,  17. 


—     XX    — 

Pavard,  Lucien,  capitaine  coinmandant  d'artillerie,  à  Tirlemont. 

PeCQ,  Léonard,  ingénieur,  rue  Hors-Château,  118. 

Pecqueue,  Oscar,  pi-ofesscur  à  l'Atliénée,  rue  des  Anglais,  22. 

PÉlîALTA  (marquis  de),  ministre  plénipotentiaire,  avenue  Rogicr,  29. 

PÉRARD,  Georges,  rentier,  rue  Lou\Tex,  117. 

PÉRÉE,  ï^rançois,  fabricant,  rue  Bois-l'Evêque,  26. 

PÉTERS,  Gustave,  fabricant,  rue  de  Joie,  56. 

Petit,  Léon,  ingénieur,  à  Nivelles. 

Petitbois,  Gustave, ingénieur  et  conseiller  communal, rue  Louvrex, 97. 

Pety  de  ThozéE,  gouverneur  de  la  province,  au  Palais  provincial. 

PlETTE,  Charles,  préparateur  à  l'Université,  rue  Fond-Pirette,  62. 

Pirenne,  Henri,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

PHlLlPPl,Ch.,chef  de  bureau  à  l'Administr.  com.,ruede  Waremme,  2. 

Philips-Orban,  Charles,  rentier,  rue  Forgeur,  12. 

PhOLIENjC,   subs.  du  Proc.  gén.,  boul.  de  Waterloo,  86,  à  Bruxelles. 

Picard,  docteur  en  médecine,  quai  de  la  Boverie,  8. 

Picard,  Edgai-,  directei^r  à  Valentin-Coq,  à  Hollogue-aux-Pierres. 

PiRARD,  Arthur,  sous-chef  de  bur.  à  l'Adm.  com.,  rue  Fond-Piretto,  37. 

PiRLOT,  Eug.,  rentier,  boulevard  de  la  Sauvenière,  120. 

Pirotte,  Alex.,  chef  de  bm-eau  h  l'Adm.  com.,  rue  Jonruelle,  32. 

Plesseria,  God.,  secrétaire  du  Crédit  général,  quai  de  Longdoz,  63. 

Plomdeur,  Jean,  négociant,  rue  de  la  Madeleine,  14. 

PluCKER,  Th.,  professeur  à  l'Université,  rue  des  Anges,  3. 

Plumier,  ingénieur  des  Mines,  place  delà  Licour,  à  Herstal. 

POISMAN,  boulevard  de  la  Sauvenière,  123. 

POLAIX,  E.  avocat,  rue  de  l'Université. 

Pommerenke,  Henri,  pharmacien,  place  St-Pierre,  4  bis. 

PONCELET,  Félix,  dessinateur,  à  Esneux. 

PONCm,  Olivier,  négociant,  rue  Ste-Margnerite,  29. 

Postula,  Henri,  directeur  d'institut,  rue  Chevaufosse,  11. 

POSWICK,  Eugène,  à  Engihoul  par  Engis. 

Poulet,  Georges,  rue  de  l'Harmonie,  5. 

PreUDHOMME-PreuDHOMME,  industriel,  à  Huy. 

PfiOST,  Henri,  rue  de  la  Casquette,  39. 

Peotin,  Mme  veuve,  rue  Féronstrée,  24. 

PqtzEYS,  Félix,  professeur  à  l'Université,  boulevard  d'Avroy,  71. 


—    XX!    — 

Bahier,  p.,  rue  Jonruelle,  22, 

Raskin,  Victor,  directeur  du  Théâtre  wallon,  rue  des  Guillemins,  7. 

RassextOSSE,  Armand,  boulevard  Frère-Orban,  33. 

Raxhon,  Henri,  industriel,  rue  des  Carrières,  31,  à  Yerviers. 

RAZE  de  GrOTJLABD,  Alph.,  industriel,  à  Esneux. 

Raze,  Aug., ingénieur  à  Ougrée. 

ReblÉ,  Louis,  directeur  de  la  fabrique  d'armes,  rue  du  Vert-Bois,  52. 

RemaclE;  secrétaire  communal,  à  Dinant. 

RÉMONT,  Joseph,  architecte,  quai  de  l'Industrie,  19. 

RÉMONT,  Lucien,  dir.  des  laminoirs,  rue  du  Collège,  33,  à  Châtelet. 

RemOUCHAMPS,  Em.,  architecte  provincial,  rue  d'Archis,  1. 

Remouchamps,  Joseph,  négociant,  rue  du  Palais,  46. 

RÉMION,  Charles,  à  Verviers. 

Remy,  Alfred,  à  Chokier. 

RemY;  notaire,  rue  André-Dumont,  18. 

Renard,  conseiller  communal,  rue  des  Venues,  2Go. 

Renard,  Maurice,  avocat,  rue  Fusch,  12. 

Renkin,  François,  fabricant  d'armes,  rue  de  Joie,  43. 

ReNKIN,  conseiller  communal,  avenue  Rogier,  24. 

Rex^^KIN,  Henri,  banquier,  à  Marche. 

Renkin,  François,  à  Ramioul  (Val-St-Lambert). 

Rennotte,  Nicolas,  rentier,  boulevard  de  la  Constitution,  24. 

RenSON,  Antoine,  conseiller  à  la  Cour,  rue  du  Parc,  13. 

RÉSER,  Arthur,  directeur  du  pensionnat  de  l'Athénée,  à  Tournai. 

ReuLEAUX,  Fernand,  avocat  et  échevin,  i-ue  Basse-Wez,  48. 

ReULEADX,  Jules,  consul  général  de  Belgique  dans  la  Russie  méri- 
dionale, à  Odessa  (rue  Hemricourt,  33). 

Richard,  conseiller  à  la  Cour  d'appel,  place  de  Bronckart,  7. 

Riga,  artiste-musicien,  rue  Royale,  162,  à  Bruxelles. 

Riga,  commissaire-voyer,  à  Chokier. 

RlQO,  Jos.,  chef  de  bureau  à  l'Adm.  com..  rue  Nj'steu,  16. 

RiGO,  Pierre,  chef  de  bureau  k  l'Adm.  com.,  Fond  Saint-Servais,  4. 

Robert,  Georges,  avoué  à  la  Cour,  rue  d'Arcliis,  44. 

Robert,  Victor,  avocat  et  conseiller  provincial,  rue  Louvrex,  64. 

ROBERTI,  D.,  rentier,  rue  Naimette,  9. 

ROBERTI-LintermANS,  ingénieur  principal  des  Mines,  rue  des 
Drapiers,  63,  à  Ixelles. 


-     XXII    — 

ROCOUR,  G.,  ingénieur,  avenue  Rogicr,  13. 

ROLA.XD,  Jules,  négociant,  rue  Velbruck,  7. 

Roland,  Léon,  rue  Bonne-Nouvelle,  77. 

RomedextîE-Fraipont,  J.-F.,  banquier,  place  du  Théâtre. 

ROMIÉE,  H.,  docteur  en  médecine,  rue  Bertliolet,  1. 

ROXKAR,  E.,  cliargé  de  cours  à  l'Uuiversité,  rue  St-Gillcs,  263. 

Rose,  Jolin,  fils,  industriel,  à  Seraing. 

Rosier,  Joseph,  artiste-peintre,  rue  du  Pot-d'Or,  7. 

ROUFFART,  place  Saint-Lambert,  28. 

ROUMÀ,  Antoine,  rue  Libotte,  11. 

ROUMA,  Olivier,  directeur  d'Institut,  Fond-St-Servais. 

Roussel,  Charles,  échevin,  à  Atb. 

RUFER,  Philippe,  artiste-musicien,  Gentiner  Strasse,  37,  à  Berlin. 

RUïTEN,  Toussaint,  commissionnaire-expéd.,  rue  Bonne-Nouvelle,  59. 

RUTTEN,  échevin,  rue  Dartois,  2G. 

Sauvenière,  Jules,  pi'ofesseur  à  l'Athénée,  rue  Bassenge,  17. 

SCHAEFFERS,  Nestor,  rue  Guinard,  à  Gaud. 

SCHIFFERS,  docteur  en  médecine,  boulevard  Piorcot,  18. 

Schoemans,  Désiré,  commis  à  l'Adm.  com.,  rue  Saint-Esprit,  28. 

SCHOLBERG,  A.,  fabricant  d'armes,  rue  Forgeur,  22. 

SCHREDER,  bourgmestre  d'Esneux. 

SCHUIND,  Nie,  commis  des  postes  de  l^o  classe,  rue  Naimette..  10. 

Semertier,  Ch.,  pharmacien,  rue  Ste-Marguerite,  78. 

Servais,  photographe,  rue  Nagelmackers,  6. 

SlMONlS,  J.,  instituteur,  àTrasenster  (Fraipont). 

SlOR,  Em.,  rentier,  rue  Marexlie,  à  Herstal. 

Smeets,  docteur  en  médecine,  place  St-Barthélemy,  4. 

Snyers,  docteur  en  médecine,  rue  de  l'Evêché,  18. 

Soubre,  Joseph,  avocat,  à  Verviers. 

SOUGNEZ,  A.,  étudiant  endroit,  place  de  Bronckart,  11. 

Souris,  Laurent,  commis  à  l'Adm.  communale,  rue  Bertliolet,  8. 

SpRING,  AV.,  professeur  à  l'Université,  rue  Beockmann,  32. 

Stasse,  a.,  chef  comptable  à  la  station,  rue  Rogier,  24,  à  Verviers. 

Stes,  Gustave,  rue  Féronstrée,  37. 

StÉVART,  a.,  ingénieur  et  échevin,  rue  Paradis,  75. 

SWAEN,  A.,  professeur  à  l'Université,  rue  de  Pitteurs. 


—    XXIII    — 

Taillard,  pharmacien,  rueCliaussée  desPrcs,  59. 

Taet,0.-J.,  banquier,  me  Pont-d'Ile,  12. 

Taskin,  Léopold,  industriel,  à  Jemeppe. 

Terfve,  Oscar,  professeur  à  l'Athénée,  à  Namur. 

ThieiAR,  g.,  rue  Léopold,  19. 

TiiiRiART,  Gustave,  imprimeur, quai  de  la  Batte,  5. 

TmRIAR,  Léon,  place  Verte,  7. 

Thiriart,  Léon,  ingénieur,  rue  Simon  Dister,  à  Ans. 

Thiry,  Fernand,  professeur  à  l'Université,  rue  Fabry,  1. 

Thonnard,  Jules,  propriétaire,  boulevard  d'Avroy,  47. 

Thonnard-Apel,  g.,  boulevard  de  la  Sauvenière,  135. 

Thuillier,  Philippe, quai  Orban,  3. 

Thys,  Albert,  capitaine  d'état-major,  admin.  de  l'Etat  indépendant 

du  Congo,  rue  Thérésienne,  16,  à  Bruxelles. 
Thy3,  Joseph,  ingénieur  agricole,  rue  des  Croisiers,  4. 
TlHON,  docteur  en  médecine,  à  Burdinne. 

TlLKIN',Alph.,réd.euchef  du  journ.  Li  Spirou,rne  Lambert-le-Bègue,7, 
TiLMAN,  Gustave,  rentier,  à  Bernalmont. 
Toussaint,  Joseph,  ingénieur,  rue  Ortélius  30,  à  Bruxelles. 
Toussaint,  Aug.-Joseph,  avocat,  rue  St-Séverin,  84. 
Trasenster,  Paul,  ingénieur,  boulevard  d'Avro}^,  53. 
Truffaut,  Constant,  pharmacien  militaire,  à  Ostende. 

Vaillant-Carmanne,  il,  imprimeur-éditeur,  rue  St-Adalbcrt,  8. 
Vaillant,  Charles,  étudiant  en  droit,  rue  St-Adalbert,  8. 
VALENTIN,  Louis,  agent  d'assurance,  rue  des  Eburons,  2  T. 
Van  Aubel,  Charles,  rue  Louvrex,  107. 
Van  Beceleare,  avocat,  rue  du  Marteau,  15,  à  Bruxelles. 
Vandenbergh,  Paul,  notaire,  à  Jupille. 
Vandenbergh,  Edouard,  rentier,  rue  Forgeur,  8. 
Van  Goidsnoven,  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Casquette,  45. 
Van  Hagendoren,  avocat,  rue  do  Pitteurs,  35. 
Van  Hoegarden,  P.,  boulevard  d'Avroy,  7. 
Van  Marcke,  Ch.,  avocat,  rue  des  Clarisses,  30. 
Van  Ormelingen.  avocat,  rue  d'Amercœur,  GO. 

Van  SCHERPENZEEL-THIM.direcl.-général  des  mines,  rue  Nysten,  31. 
Van   SCHERPENZEEL-TiiiM,   Louis,   consul  général    de  Belgique  à 
Moscou  (rue  Nysten,  34). 


—     XXIV    — 

Vax  StrydonCK-Larmoyeux,  quai  des  Tanneurs,  4. 

Vax  WEEE.T,  architecte,  rue  Louvrex,  8. 

Van  Zuylen,  Ernest,  place  St-Barthélemy,  6. 

Van  Zuylen,  Joseph,  négociant,  rue  d'Archis,  2G. 

Van  Zuylen,  Léon,  ingénieur,  boulevard  Frère-Orban,  51. 

VapaeTj  Léopold,  boulevard  Piercot,  24. 

Verdin,  Louis,  rue  Hocheporte,  71. 

Vincent,  bandagiste,  rue  Sur-Meuse,  1. 

ViOT,  Léon,  rentier,  boulevard  de  la  Sauvenière,  7. 

ViVARIO,  Nie,  rentier,  rue  Lonhienne,  2 

Voué,  Joseph,  propriétaire,  à  Laroche. 

Waleffe,  Pierre,  directeur  d'école,  rue  de  Sluso,  15. 

Warnant,  Julien,  avocat  et  rcpi'ésentant,  avenue  Rogier,  IG. 

WASSEIGE,  Joseph,  industriel,  rue  Lebeau,  6. 

Wathelet,  Alf.,   docteur  eu  droit,  chez  M.  Hiles,   113,  Ladbroke, 

groave  Road  Notting  Hill,  London  W. 
Wathelet,  Emile,  négociant,  rue  Grétry,  25. 
Wauters,  Edouard,  rentier,  boulevard  Piercot,  10. 
Weber,  Armand,  ingénieur-opticien,  à  Verviers. 
Werson,  Antoine,  quai  Henvard,  à  Bressoux. 
WiLLAME,  Georges,  rue  de  Charleroi,  77,  à  Nivelles. 
Willeaume,  négociant,  place  Verte,  5, 
Willem,  Joseph,  président  du  Caveau  liégeois,  à  Chênée. 
WiLMET,  rentier,  rue  des  Guillemins,  28. 
WiLMOTTE,  propriétaire,  à  Anvers. 
WiLMOTTE,  Maurice,  professeur.  Mont  St- Martin,  35, 
WiNCQZ,  Félicien,  à  Beloeil. 
WlTMEUR,  Alphonse,  rue  Jonruelle,  26. 
WlTMEUR,  Henri,  ingénieur  et  professeur  à  l'Université,  rue  d'Ecosse, 

12,  à  Bruxelles. 
WOOS,  notaire  à  Eocour. 

Zanardelli,  Tito,  professeur,  ruo  du  Pépin,  19,  à  Bruxelles. 
Zeyen,  Hubert,  photographe,  boulevard  de  la  Sauvenièr^?,  187. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages . 
Rapport   du  juiy  sur   le    concours  national   wallon.   (Poésies 

diverses) 5 

XXVe  anniversaire  de  Sa  Majesté.  Léopold  II,  par  Auguste 

Vierset IB 

On  foyou  d'histoire,  par  Godefroid  Halleux 17 

Lèopôld  II,  par  Emile  Gérard 21 

Vingt  cinq  an,  par  Félix  Poncelet 24 

Rapport  du  jury  sur  le  concours  national  Avallon  (crâmignons)  2;' 

Ali  !  riv'nez,  belles  journêye  !  par  Charles  Goossens 37 

Lès  héritîr  de  Roi,  pai  *** 4C 

E-ce  qui  ça  n'  vos  chonne  pus  bon  ?  par  Auguste  Vierset.     .     .  44 

Ij'ovrî  contint,  par  Emile  Gérard 46 

Rapport  du  jury  sur  les  15e  et  IGe  concours  de  1890  (scènes 

dialoguées,  contes,  satires) 49 

Deux  tièsse  di  hoye,  par  Godefroid  Halleux 57 

Nos  bons  vîx,  par  Jean  Bury 66 

Lès  brocale,  par  Félix  Poncelet 79 

Li  marchî  dès  vîx-warèsse,  par  Emile  Gérard 81 

Li  crâs  pèquèt,  par  Henri  Witmeur 85 

Li  tailleiir  et  l'èvèque,  par  Henri  Witmeur 88 

Rapport  du  jury  sur  le  4o  concours  de  1890  (mots  omis)  ...  91 
Rapport  du  jury  sur  le  14o  concours   de  1890  (satire  sur  un 

musée) 93 

Rapport  du  jury   sur   le  2©   concours  de   1890  (vocabulaires 

technologiques) 95 

Vocabulaire  de  l'apothicaire-pharmacien,  par  Charles  Semertier  105 

Vocabulaire  du  chapelier  en  paille,  par  G.  Marchai  et  J.  Vertcour  221 

Vocabulaire  du  pécheur,  par  Achille  Jacquemin 245 

Vocabulaire   des   mouleurs,    noyauteurs   et   fondeurs   en   fer, 

par  xVchille  Jacquemin 281 


—    XXVI    — 

rages. 

Yocabnlaii'e  des  graveurs  sur  ai-mes,  par  Jean  Buvy     ....  311 

Vocabulaire  des  tailleurs  de  pierre 325 

Rapport  du  jurj»-  sur  le  13©  concours  do  1890  (pièces  de  théâtre)  344 

Li  pîpe  d'à  gtochèt,  comèdèye  en  ine  ake,  par  Jean  Bury    .     .  359 

A  molin,  comèdèye  en  ine  alce,  par  Félix  Poncelet 391 

Li  keùre  d'à  Soussour,  comèdèye  è  deux  ake,  par  Godefroid 

Halleux , 419 

Fragments  de  la   comédie  :  Lès  bouteù-foù,  par   Auguste  et 

Clément  Déom 473 

Fragments  de  la  comédie  :  Plaisîr  di  vîx,  par  Théopliile  Bovy.  613 
Rapport  du  jury  sur  le  6o  concours  de  1890  (vocabulaire  des 

monnaies) 529 

Rapport  du  jury  sur  le  12e  concours  de  1890  (conte  en  prose)   .  532 

Les  sottaî,  par  Gustave  Marchai 536 

Rapport    du  jury  sur  le    17«   concours    de  1890    (crâmignon, 

chanson,  etc.) 541 

El  savoyard,  par  Georges  Willame 544 

Mes  nous  sabot,  par  Emile  Gérard 547 

Li  groumèt,  par  Félix  Poncelet 549 

Todi  contint,  par  Félix  Poncelet 552 

Vinez-v'  è  bois,  par  Alphonse  Tilkin 555 

L'orège,  par  Emile  Gérard 557 

Mélanges 559 

Matante  Gètrou,  par  Emile  Gérard 561 

Jâsez  m'ènnè  et  ni  m'è  jâsez  nin,  par  Emile  Gérard 564 

Lès  longues  amour,  par  François  Dehin 567 

Lès  èfant  d'  fabrique,  par  Edouard  Remouchamps 568 

Ji  n'oise,  par  Emile  Gérard 570 

Li  p'tite  Lucèye,  par  Edouard  Remouchamps 572 

Rapport  du  Président  (30  mai  1891) 575 

Chronique  de  la  Société 581 

Rapport  du  bibliothécaire 584 

Liste  des  membres  au  31  décembre  1891 I 


BULI-KTIN 

DE   I.A 

SOCIÉTÉ     LIÉGEOISE 

DE    LITTÉRAÏURI':   WALLONNE 

DEUXIÈME    SÉIUE.  — TOME    XVll. 


ÎVELLES 


BULLETIN 


f  r 


SOCIETE  LIEGEOISE 


DE 


L I T  T  !<:  K  A  TU  11  \\  WA  \AX)  iN  N  E 


DEUXIÈME    SÉIUE 


xoME    x.via 


LIEGE 

IJ^PRIM.ERIE     H.    VAILLANT-CARMANNE 
Rue  Sl-Adalberl,  8. 

1891 


DICTIONNAIRE 


D 


r\ 


m 


u 


PR" 


VERBES  WALLONS 


Joseph    DEJARDIN 

jpRÉSIDENT   DE   LA   ^OClÉTÉ   LIÉGEOISE   DE  J-ITTERATURE  ^A/ALLONNE 

pnÉcÉDÉ  d'une 

ÉTUDE  SUR  LES  PROVERBES 

l'AK    -B.    6à  X  f:  C  îi  li  14 

MEMbUE     nONORAIUE 

i""^  cdilioii  coordoiiiiôc  el  coiisidêrublcmciil  uiiiçiiieiilio  ;ivec  la  collaLoi'uiion  lie 

JOSEPH     DEFRECHEUX 
r.lliLlUTIlÉOAIRE-AnCHlVlSTE    HK   I.A   MTE  SOCIÉTÉ 


TOME  PREMIER 
A  — J 


AVANT-PROPOS 


Le  dictionnaire  des  Spots,  dont  je  présente  la 
seconde  édition  sous  les  auspices  de  la  Société  lié- 
geoise de  littérature  wallonne,  a  été  publié  en  18G1, 
à  la  suite  d'un  concours.  Le  titre  de  la  première  édi- 
tion donne  le  nom  de  tous  les  concurrents  et  fait 
connaître  dans  quelle  mesure  ils  ont  contribué  à  ce 
recueil. 

Je  reproduis  tout  l'ouvrage  primitif;  mais  il  est 
considérablen;ient  augmenté,  parce  que  j'ai  pu  faire 
librement  mes  recherches,  n'étant  plus  tenu  au 
secret,  comme  à  l'époque  où  je  devais  présenter  mon 
travail  à  la  Société.  Aussi  ai-je  pu  m'adresser  à  beau- 
coup de  personnes  qui  m'ont  gracieusement  prêté 
leur  aide  et  que  je  tiens  à  remercier  ici  publique- 
ment de  leur  précieuse  collaboration. 

Presque  tous  les  proverbes  de  Tournai  m'ont  été 
fournis  par  M.  Aug.  Leroy,  contrôleur  des  postes, 


VIII    — 


({iii,  pendant  plusieurs  années  (1884  à  1888),  a 
donné  dans  les  Etrenncs  touniaisiennes  un  recueil 
intéressant  de  proverbes  et  dictons  et  qui,  quand  il 
en  a  cessé  la  publication,  a  eu  l'obligeance  de  m'en 
communiquer  encore  une  liste  inédite. 

Les  proverbes  de  Jodoigne  m'ont  été  transmis  par 
M.  Edmond  Etienne,  négociant,  auteur  de  plusieurs 
pièces  de  théâtre.  Il  m'en  a  adressé  une  liste  d'en- 
viron 400.  Il  a  eu  aussi  l'extrême  complaisance  de 
me  traduire  presque  tous  nos  proverbes  en  dialecte 
de  sa  ville. 

VAclot,  journal  qui  a  paru  à  Nivelles  de  1888  à 
1890,  a  publié  une  série  d'articles  dus  à  la  plume  de 
M.  Georges  Willame  (sous  le  pseudonyme  de  Stoisy), 
dans  lesquels  j'ai  pu  faire  une  ample  moisson. 

Pour  Frameries  (Borinage),  j'ai  compulsé  le  jour- 
nal Tambour  battant  (1885-1888)  qui  contenait, 
chaque  semaine,  un  article  wallon  signé  Bosquetia 
(lire  Joseph  Dufrane). 

La  Marmite,  gazette  qui  se  publie  à  Namur  depuis 
1884,  a  fait  paraître  dans  ses  divers  numéros  une 
grande  collection  de  proverbes  que  j'ai  utilisée  en  la 
complétant  par  ceux  que  j'ai  recueillis  dans  les 
aiirmonaque  di  Nameur^  dus  à  Charles  Wérotte  et  à 
ses  continuateurs. 

La  Société  luallonne  a  publié  un  travail  de  M. 
Alexandre  intitulé  :  li  piit  corti  aux  proverbes  ival- 
lons,  en  dialecte  de  la  Famène  (Marche).  L'ordre  des 
proverbes  dans  ce  poème,  ainsi  que  dans  un  supplé- 
ment manuscrit  déposé  à   notre  bibliothèque,  étant 


—    IX    — 

uniquement  déterminé  par  la  rime,  j'ai  dû  remettre 
les  citations  que  j'en  ai  faites  aux  places  convenables. 

En  outre,  j'ai  pu  puiser  beaucoup  d'exemples 
nouveaux  dans  les  publications  de  notre  Société, 
dans  les  annuaires  du  Caveau  liégeois  et  du  Caveau 
verviétois  et  dans  les  a3uvres  des  nombreux  auteurs 
qui  ont  surgi  depuis  1800  et  dont  les  noms  sont 
soigneusement  annotés. 

Enfin,  en  1861,  M.  Ilotïmaan,  de  Hambourg,  avait 
adressé  à  la  Société  une  coUeclion  de  proverbes  de 
la  basse  Allemagne  ayant  quelque  rapport  avec  nos 
Spots.  Elle  a  paru  au  tome  V  de  la  première  série  de 
nos  bulletins.  J'ai  cru  devoir  mentionner  cette  œuvre; 
je  fais  remarquer  toutefois  que  presque  tous  ces 
proverbes  ne  sont  pas  propres  à  la  basse  Allemagne, 
mais  qu'ils  se  retrouvent  également  dans  d'autres 
parties  de  l'empire.  Je  me  suis  dispensé  de  citer 
chaque  fois  le  nom  de  M.  Holï'maan,  l'avertissement 
que  je  donne  ici  devant  suffire  au  lecteur. 

J'ai  agi  de  même  pour  les  proverbes  de  Tournai, 
de  Jodoigne,  de  Nivelles,  de  Frameries,  de  Namur  et 
de  Marche.  Presque  tous  sont  dus  aux  littérateurs 
que  j'ai  cités  i)lus  haut  et  je  saisis  cette  occasion 
pour  leur  adresser  de  nouveau  mes  plus  sincères 
remercîments  et  leur  témoigner  toute  ma  grati- 
tude. 

M.  Jean  Stecher,  dans  son  rapport  sur  le  concours, 
déposé  en  mai  1801,  avait  donné  une  très  remar- 
quable étude  sur  les  proverbes.  Celle-ci  devait  natu- 
rellement être  reproduite.  Le  savant  professeur  a 


bien  voulu  revoir  son  œuvre  et  je  la  réédite  comme 
préambule. 

Quant  à  l'orthographe,  il  ne  m'a  pas  été  possible 
de  suivre  en  tout  point  celle  que  la  Société  liégeoise 
a  préconisée  pour  obtenir  dans  ses  publications  une 
manière  d'écrire  à  peu  près  uniforme.  C'est  que, 
d'une  part,  mon  travail  est  la  réédition  d'une  œuvre 
déyd  connue  et  souvent  citée  ;  d'autre  part,  les  nom- 
breux exemples  que  j'ai  recueillis  dans  tous  les  dia- 
lectes de  la  Wallonie  belge,  ne  pouvaient  se  ramener 
complôlement  à  celte  orthographe  unique  ;  force 
m'a  donc  été  de  prendre  quelques  libertés  (i). 

Joseph  DEJARDIN. 


(')  Il  ne  sera  peul-ètre'  pas  sans  inliWt  de  rappeler  raccueil  qu'a  reçu  la  pre- 
mière t'dilion  (lu  Diciiouuaire  des  spots.  Parmi  les  articles  qu'on  lui  a  consacras,  je 
citerai  surtout  : 

Le  compte  rendu  qu'en  a  donné  M.  Félix  Liebreclit  iians  les  Ikidelberycr  Jaln- 
hïtcher  der  IJteratur,  iHC)'-2,  p.  819-8jG.  Ce  travail  a  paru  ensuite  en  français  dans 
la  llelgique  contemporaine,  18U2,  p.  2o7-2G6. 

Voir  aussi  H.  L.  HolTmaan:  Staats  und  gclelirte  Zeitiing  des Ilumbio tjischcn  utipm- 
iheiischen  Correspoudentcti  du  23  octobre  -1802  et  Journal  de  lAùgc  du  3  novembre 
48G2. 

The  examiner  (London),  iO  january  18G3,  p.  2  t. 

La  Semaine,  de  Malmédy,  7  juin  -1802.  A.  N.  (Arsène  de  Noue). 

L'ami  de  l'ordre  de  Namur,  8  décembre  1802  (Jules  Borgnet). 

La  Meuse  du  H  novembre  1802. 

Annales  de  la  société  archéologique  de  Namur^  1863,  t.  8,  p.  97. 

Mélusine,  t.  IV,  p.  56G  et  Bulletin  de  la  société,  t.  XV,  2«  série,  p.  23G-257  (II. 
Caidoz). 


ETUDE   SUR  LES  SPOTS 


J.  STEGHER. 

Lorsque  saint  Eloi,  au  septième  siècle,  veut  convertir  les 
Flamands,  il  leur  reproche  leurs  sorciers,  leurs  augures  par 
l'étemuement  ou  par  le  cliant  des  oiseaux,  leurs  mascarades, 
leui's  joui'S  fastes  et  néfastes,  leurs  ripailles  aux  cimetières, 
leurs  danses  solsticiales,  leurs  scapulaires  païens,  leurs  prières 
intéressées,  leurs  ex-voto  auprès  des  pierres,  des  sources  et  des 
arbres  consacrés,  leurs  sabbats  nocturnes  dans  les  carrefours. 
Cent  ans  plus  tard,  pour  la  conversion  des  Wallons,  le  concile 
de  Leptines  en  Hainaut,  énumère  les  vieilles  pratiques  dans 
les  trente  articles  d'une  nomenclature  connue  sous  le  nom  de  : 
Indkulus  superstitionum  et  imcjaniorum  (^).  11  insiste  sur  les 
sacrifices  des  bûchers  funéraires,  sur  les  farandoles  qu'on 
s'obstine  à  faire  entrer  dans  les  églises  {^),  sur  les  talismans. 


(*)  A.  SCHAYES.  La  Belgique  et  les  Paijx-na.t  avaru  et  poidant  la  dowiyiniion 
romaine,  t.  II,  pp.  1i3-15i. 

(*)  En  ^283,  Jcaa  de  Flandre,  prince-dvùque  de  Lii'gc,  est  encore  obligé  de 
renouveler  celle  défense  pour  les  admi'juons  menés  par  des  femmes. 


—    XII    — 

les  formules  cV incantation  et  les  vers  magiques.  Il  dit  anatlième 
à  toutes  les  cro3'ances  baroques  que  le  bon  Des  Roches  retrou- 
vait dans  la  Philosophie  de  la  Quenouille.  Le  concile  ne  veut 
plus  que  les  sorciers  fassent  la  pluie  et  le  beau  temps.  Il  proscrit 
sans  pitié  les  courses  symboliques  à  l'entrée  de  chaque  saison  (^). 
Il  défend  d'attacher  aux  images  des  saints  des  ex-voto  en  forme 
de  pieds  ou  de  mains  taillés  en  bois,  en  cire,  etc.  Les  poupées 
que  les  jeunes  fiancées  consacraient  à  la  déesse  Freya  {^)  et  les 
adages  qu'on  débitait  sur  les  influences  de  la  lune  n'étaient  pas 
un  moindre  sujet  de  réprobation  chrétienne. 

Aujourd'hui,  tous  ces  documents  de  propagande  des  premiers 
chrétiens  sont  fouillés  et  déchiffrés,  mais  par  des  esprits  plutôt 
curieux  et  chercheurs.  Un  terme  anglo-américain,  folk-lore  (en 
flamand,  volk-leer)  est  devenu  leur  cri  de  ralliement.  Croyances 
et  coutumes,  traditions  et  superstitions,  formules  et  devises, 
devinettes  et  calembours,  anecdotes  et  visions,  chansonnettes, 
brocards,  sobriquets  et  proverbes,  voilà  leur  gibier,  comme  dirait 
Montaigne. 

Or,  paiTûi  ces  épaves  du  passé,  quoi  de  plus  attractif  et  de 
plus  suggestif  que  les  proverbes  ?  N'est-ce  pas  la  littérature  la 
plus  ancienne,  la  plus  spontanée  et  la  plus  abondante  ?  Consul- 
tez seulement  la  Bihliographie  parémiolofjiqiie  de  Duplessis,  ou 

(')  Celles  qui  se  sont  conservées  ont  dû  se  christianiser,  par  exemple  la  fêle  de 
Sainl-Evermére,  à  Russon  près  de  Tongres,  ou  se  sont  transformées  en  simples 
kermesses  ou  ducasses,  par  exemple  le  Doitdou  à  Mons,  le  Uecrcndaus  et  les  chasses 
à  l'homme  sauvage  en  Flandre  ou  tel  autre  rite  de  mai. 

(')  Dicile,  pontifices,  in  sacro  quid  facit  aurum  ? 

^'empe  hoc  quod  Vencri  donatœ  a  virgine  puppœ.  (Perse,  !2c  satire.) 


—  XIII 


voyez,  pour  l'Italie  seule,  ou  même  pour  la  Sicile  exclusivement, 
la  moisson  signalée  par  le  folkloriste  Giuseppe  Pitre  {ProvcrU 
siciliani,  Palerme,  1880,  4  vol.  in-12).  Il  est  du  pays  où  les 
proverbes  (mutti)  sont  proclamés  infaillibles  paroles  d'Evangile  : 
Li  muta  su'  Vancelii  di  missa  (/). 

Un  autre  folkloriste  célèbre,  Félix  Liebrecht,  rendant  compte 
de  la  première  édition  du  Dictionnaire  des  spots  {%  montre  les 
rapports  qui  partout  existent  entre  les  proverbes  et  l'évolution 
instinctive  des  peuples.  Aussi  regrette-t-il  la  rareté  des  spots 
qui  diffèrent  radicalement  des  dictons  français  par  quelque 
détail  bien  éburon.  Il  pense  avec  Herder,  le  poétique  auteur 
des  Voix  des  peuples,  que  ces  formes  naïves  ou  goguenardes 
reflètent  à  merveille  le  tour  d'esprit  des  nations.  Avec  Ferdi- 
nand Denis  il  dirait  volontiers  :  •'  Le  proverbe  est  tout  simple- 
ment la  voix  vivante  de  l'humanité  qui  parle,  pleure  ou  rit 
toujours  et  qui  ne  se  taira  jamais.  „  Pour  Lamartine,  ce  sont  de 
vénérables  médailles  d'autrefois. 

Fidèle  à  l'esprit  de  ses  fondateurs  (3),  la  Société  liégeoise  de 
littérature  wallonne  devait  s'intéresser  à  ces  fouilles  qui  arri- 
vent aux  couches  les  plus  profondes  de  l'esprit  national.  Au 
prix  même  de  la  rudesse,  on  devait  rechercher  les  vieilles 
pensées  aux  tournures  primesautières.  Qu'importait  la  naïveté 

(')  Miuii,  en  dialecte  sicilien,  c'est  proprement  mot^  dicton  (en  flaniand  a/xccA- 

woord).  ,  .  , 

(»)  Ddins  Heidelboger  Jahibùcher  der  Litcratiiy  (180^2,  n"   ..4).   Cet  article  assez 

dlendu  a  6i6  traduit  dans  une  revue  mensuelle  de  Lièjïe.  la  Bclfjiqitc  contemporaine, 

t.  4  (décembre  iSGi). 
(»)  Dés  l8o8,  la  Société  publiait  sous  le  nom  de  Mclançia^,  du  véritable  folklore. 


—   XIV    — 

de  l'ironie,  l'extravagance  de  l'hyperbole  ?  Enigmes,  allégories, 
allusions ,  antithèses,  métaphores,  méton3'mies,  "  ce  sont  titres, 
couune  dit  Montaigne,  qui  touchent  le  babil  de  vostre  cham- 
brière !  „  Tl  y  a  même  des  onomatopées  qui  ne  servent  qu'à 
mieux  incruster  la  vérité  la  plus  banale.  Mons  et  Namur  ont  : 
"  C  qui  vient  de  rif,  s'en  va  d'ra/.  „  Liège  dira  ;  "  Il  n'a  ni 
rim  ni  ram.  „  Le  français  aimait  à  répéter  :  ''  Ce  qui  est  venu 
de  pille,  pille,  prest  s'en  va  de  tire  tire. ,.  Et  en  Sicile,  aujour- 
d'hui encore,  (Pitre,  CYIL)  le  contadin  s'amuse  à  patoiser  : 
Quel  die  vien  di  ruffa  et  raffa,  se  ne  va  di  hiiffa  in  ha/fa. 

Voilà  ce  que  le  spirituel  Sénèque,  dans  sa  causerie  avec 
Lucilius  (ep.  XCIV),  ne  voulait  pas  reconnaître,  s'attachant 
trop  à  dénoncer  la  superfluité  de  ces  truismes,  de  ces  vérités 
trop  vraies. 

Souvent,  c'est  le  livre,  le  savant  même  (par  exemple  la 
Saluberrima  schola  de  Salerne),  qui  crée  le  mot,  le  motteggio, 
comme  disent  les  Italiens.  Mais  le  peuple  refait,  défait,  déforme 
tout  à  sa  manière,  comme  il  travestit  les  termes  ou  dénomina- 
tions de  l'étranger  qu'il  affuble  fatalement  de  sa  défroque. 
Aussi  quelle  bigarrure,  mais  quelles  piquantes  surprises  ! 

"  Chez  les  Italiens,  dit  le  Bibliophile  Jacob,  le  proverbe  est 
spùituel  et  fin.  Chez  les  Espagnols,  il  est  fier  et  hardi  :  il 
emploie  de  préférence,  des  expressions  élevées,  et  il  sied  aux 
nobles.  Chez  les  Français,  il  est  surtout  incisif  et  moqueur  ;  il 
est  né  dans  la  basse  classe,  il  ne  craint  pas  de  s'attaquer  aux 
grands  et  aux  riches,  il  affecte  une  liberté  de  langage  qui  va 


—    XV    — 

souvent  jusqu'à  la  licence.  En  Angleterre,  en  Allemagne,  chez 
les  peuples  du  Nord,  il  est  sévère,  froid,  parfois  plein  d'hic 
mour.  „ 

Est-ce  entre  le  Xord  et  le  Midi  que  nous  placerons  la  Bel- 
gique ?  Pour  cela,  il  faudrait  peut-être  consulter  le  recueil 
germano-romain  d'Ida  et  Otto  de  Reinsberg-Duringsfeld,  et 
sans  craindi'e  un  peu  de  cosmopolitisme,  parcourir  les  interna- 
zional  titulaturen  (Leipzig  1872 —  1875)  (^).  D'autre  part,  n'y 
aurait-il  rien  à  tirer  des  brocards  lancés  de  quartier  à  quartier, 
de  ville  à  ville,  de  province  à  province,  de  pays  à  pays, 
comme  le  développe  si  curieusement  M.  Pitre  (p.  clxxxix  à 
cxcv)  ?  Les  rivalités  de  voisins  semblent  bien  plus  fécondes  en 
satii'es,  en  sobriquets,  en  siwts,  que  les  oppositions  de  races, 
bien  que,  malgré  des  siècles  d'Evangile,  le  peuple  en  soit  encore 
à  prendre,  comme  un  romain,  pour  ennemi  tout  ce  qui  est 
étranger.  Cicéron,  pourtant,  le  païen,  semblait  déjà  se  scanda- 
liser de  la  maxime  des  Douze  Tables  :  •'  Adverstis  hostem  œterna 
audoritas,  —  Contre  l'étranger  le  droit  est  éternel.  ,, 

Cette  antipathie  si  peu  évangélique  n'empêche  pas  les 
emprunts.  A  Liège,  beaucoup  considèrent  comme  autochthone  et 
original  :  Fer  et  disfer,  c'est  todi  ovrer;  tandis  qu'à  Paris,  de 
tout  temps  on  a  gouaille  :  •'  faire  et  défaire,  c'est  toujours  tra- 

(•)  Cf.  Das  Sprichwort  dcr  neueren  Sprachen,  F.rfurt,  1877, 

Parômiologische  Sludien  (11'^  et  li'-  Jahresbcrichl  iiber  die  Rcalschule,  Zwickau, 
1880). 

Ida  von  Dùringsfeld.  Das  Sprichwoori  als  Kosmopolit.  Leipzig,  -ISfiG. 

D'  A.  OUo.  Die  Sprichwurler  ùud  SprichwOrliclien  Iledensarlen  der  Uomor. 
Leipzig,  Teubner,  IS'JO. 


—    XVI    — 

vailler  „  et  qu'en  Italie  on  ne  dit  guère  autrement  (^).  Si  dans 
la  patrie  des  sjyots,  ou  a  :  Les  pHitès  corotte  fet  les  grandes 
rivîr,  les  Anglais  ripostent  par  Little  streams  malce  large 
rivers. 

S'agit-il  bien  d'emprunt  ?  That  is  the  question.  Le  folkloriste 
palermitain  avoue  lui-même  qu'il  est  difficile  de  résister  à  ce 
qu'on  pourrait  appeler  la  tentation  historique.  Chatouilleux 
mystère,  après  tout,  que  ces  origines  de  mots  saillants  !  Deux 
S3'stèmes  sont,  à  chaque  instant,  en  présence  :  y  a-t-il  eu 
partout  création  spontanée  ?  ou  bien  faut-il  admettre  une 
infiltration,  une  imitation,  un  emprunt  ? 

Le  plus  sage  à  coup  sûr  serait  de  s'en  tenir  au  doute,  dès 
que  les  indications  vraiment  historiques  font  défaut.  Aussi  bien, 
n'est7ce  pas  déjà  un  gain  de  science,  si  Ton  constate  des  faits, 
si  l'on  parvient  à  authentiquer  un  mot  curieux,  tiré  de  sa 
gangue  cosmopolite  et  rayonnant  enfin  de  toute  son  originalité 
native  ? 

En  tout  cas,  la  Société  liégeoise  de  littérature  wallonne, 
friande,  par  définition,  de  vocables  indigènes,  devait  croire  que 
la  rubrique  du  spot  donnerait  une  large  cueillette  de  trouvailles 
cuUarhistoriques,  comme  dit  l'allemand.  Incontestablement  il 
lui  appartenait,  il  lui  incombait  d'attirer  les  travailleurs  sur 
cette  piste.  Elle  espérait,  à  bon  droit,  que  son  appel,  tôt  ou 
tard,  serait  suggestif. 

(')  Faie  et  disfure  l'è  lute  un  lavorare,  à  PoIdsine-di-Uovigo,  d'aprcs /Irc/f/cio  par 
lo  studio  dellc  iradizinni  popolare  (Palerme,  i890).  —  Nadnlc  al  balcon,  Pasqua  al 
tizon  correspond  au  liégeois  :  Blanc  Noie,  vètès  Pâques,  mais  à  contrario. 


—    XVII    — 

Pour  le  troisième  concours  de  1860,  on  avait  donc  demandé 
"  la  collection  la  plus  complète  possible  des  proverbes,  adages, 
etc.,  (spots),  usités  en  wallon.  „  On  recommandait,  comme  de 
raison,  qu'on  recueillît  surtout  les  dictons  particuliers  à  cet 
idiome,  eu  les  traduisant  et  en  indiquant,  s'il  y  avait  lieu,  leur 
origine  historique. 

Il  résultait  de  ce  programme  que  les  concurrents  pouvaient 
et  même  devaient  parcourir  tous  les  champs  de  la  Wallonie. 
On  désirait  seulement  que  les  dictons  qu'on  parviendrait  à 
réunir,  eussent  une  physionomie  vraiment  wallonne,  quelque 
chose  qui  dénonçât  franchement  leur  provenance  (^).  Cette 
extension  des  recherches  parémiographiques  était  d'autant  plus 
natiu'elle  que  l'article  l^r  des  Statuts  propose  l'étude  compara- 
tive des  dialectes  wallons,  et  que  la  Société  les  a  d'ailleurs  tous 
compris  dans  les  travaux  à  faire  sur  la  géographie  linguistique 
de  nos  provinces.  Sans  doute,  on  pouvait  s'attendre  à  une 
prédominance  de  matériaux  liégeois,  mais  il  était  permis 
d'espérer  des  mémoires  où  l'on  aurait  cherché  à  grouper  les 
pensées  et  les  locutions  les  plus  populaires  de  la  Belgique 
romane  en  général.  Un  travail  de  cette  nature  s'est  déjà  fait 

(')  Comme  pour  le  type  indien  :  «  Le  juste  doit  imiter  le  bois  du  sandal  qui  par- 
fume la  hache  dont  on  le  frappe.  »  —  «  Le  paria  des  parias  c'est  Thommc  qui 
méprise  son  semblable.  »  —  Pour  le  type  arabe  :  «  La  vengeance  ne  répare  pas  un 
tort,  mais  elle  en  prévient  cent  autres.  »  —  Pour  le  type  chinois  :  «  Avec  le  temps 
et  la  patience  la  feuille  de  mûrier  devient  satin.  »  —  «  Quand  il  y  a  du  riz  qui  se 
moisit  à  la  cuisine,  il  y  a  un  pauvre  qui  meurt  de  faim  à  la  porte.  »  —  Comme  type 
russe  :  "  En  été  prépare  le  traîneau.  »  —  «  Patience,  cosaque,  et  tu  deviendras 
hcliiian. —  Avec  un  morceau  de  pain  on  trouve  le  paradis  sous  un  sapin,  »  etc  ,  etc. 

Quant  au  type  individuel^  en  voici  un  de  Bossuet  qui  porto  sa  griflc  de  lion  :  •  La 
sagesse  humaine  est  toujours  courte  par  quelque  endroit.  » 


—    XVIII    — 

plus  d'une  fois  pour  la  Belgique  thioise;  qui  ne  voit  que  le 
moment  approche  où  il  sera  possible  d'entreprendre,  au  moyen 
de  ces  recueils  de  proverbes,  la  curieuse  histoire  des  échanges 
intellectuels  qui  ont  dû  s'opérer  entre  Flamands  et  Wallons 
pendant  mille  ans  de  coexistence?  Les  ligues  politiques  bOingues 
que  la  Flandre,  le  Brabant  et  le  pays  de  Liège  ont  si  souvent 
vu  persister  à  travers  tant  d'obstacles,  permettent  de  retrouver, 
dans  nos  traditions  et  dans  nos  annales,  de  précieuses  données 
sur  la  façon  dont  les  peuples  se  stimulent,  s'imitent  et  se  modi- 
fient réciproquement  sans  effacer  leurs  traits  distinctifs. 

Mais  n'est-ce  pas  attribuer  à  des  cuiiosités  d'érudit  une 
portée  trop  haute,  trop  philosophique  ? 

"  Les  proverbes,  dit  M.  Francis  Wey  {Bemarqiies  sur  la 
langue  française,  II,  2i8),  sont  en  général  le  produit  de  la 
raison  froide  et  en  quelque  sorte  l'algèbre  des  idées  matérielles. 
Cette  soi-disant  sagesse  des  nations,  produit  du  gros  bon  sens, 
c'est-à-dire  de  l'intérêt  matériel  étroitement  calculé,  résume 
d'ordinaire  l'égoïsme,  la  couardise  prévoyante,  la  honteuse 
habileté  qui  constituent  le  savoir-vivre  des  gens  dénués  de  cœur 
et  de  sensibilité  (}).  „ 

Mais  d'abord  on  ne  songe  pas  à  faire  de  l'histoire  des  pro- 
verbes toute  l'histoire  intellectuelle  et  morale  des  nations  ;  ils 
ne  sont  qu'un  des  aspects  du  passé.  Ensuite,  s'ils  ont  presque 
toujours  le  terre-à-terre  qu'on  aime  à  leur  reprocher  aujourd'hui. 


(•)  l'ilrd  trouve  celte  assertion  exagérée  (p.  LXXXVI),  mais  l'aJoptc  en  partie 
(p.  CCXXVIII). 


i 


—    XIX    — 

s'ils  répondent  à  des  appétits  plus  souvent  qu'à  des  principes, 
il  leur  arrive  aussi  de  répéter  de  grandes  vérités  et  de  répondre 
à  des  sentiments  délicats  (^). 

n  ne  faut  pas  confondi-e  le  proverbe  avec  V apophthegme^ 
pensée  brillante,  mais  parfois  pédantesque  et  emphatique,  ni 
avec  VapJiormne,  auquel  on  peut  demander  la  précision  d'une 
définition  rigoureuse,  ni  surtout  avec  Vaxmyie,  indémontrable 
point  de  départ  d'une  démonstration.  C'est  affaii-e  aux  temps 
naïfs  d'y  voir  une  haute  et  mystérieuse  sagesse,  la  sublimation 
des  travaux  philosophiques  et  le  nec  plus  ultra  des  efforts 
de  l'humanité  se  résignant  à  dire  avec  une  fahilla  espagnole 
du  13e  siècle  : 

"  Nous  ne  pouvons  être  meilleurs  que  nos  prédécesseurs  (-).  „ 

Au  moins  Publilius  Syrus  y  mettait-il  un  correctif  :  "  Opti- 
mum est  sequi  majores,  rede  si  prœcesserint.  „  Rien  de  mieux 
que  de  suivre  les  ancêtres,  pourvu  qu'ils  aient  marché  droit. 

Le  proverbe  n'est  pas  même  toujours  une  maxime,  car  il 
aime  à  descendre  dans  les  bas-fonds  de  la  société  et  la  forme 


(')  Quelquefois  ce  ne  sont  que  des  lioléances  communes  à  tous  les  siècles.  Par 
exemple,  ce  distique  du  moyen  àf^e  : 

Les  gens  du  jour  d'Iiuy  ne  font  plus 
Que  deviser  de  leurs  cscuz. 

(*)  Les  lalineurs  des  vieux  temps  disaient  souvent  :  .Yoh  inuovctiir  eiiam  in  miliits. 
—  Une  prudence  un  peu  myope  dicta  au  peuple  cet  axiome  :  «  Ne  quittez  pas  le  bien 
pour  faire  le  mieux.  »  —  Aujourd'hui  on  n'a  pas  torl  de  répéter  «  bien  est  bien, 
mais  mieux  est  meilleur.  »  Si  l'on  s'en  tenait  strictement  aux  proverbes,  l'humanité 
n'avancerait  guère.  J'aime  mieux  le  ccsseui  solita,  ditm  mcliora  de  l'imprimeur 
gantois  Joos  Lambrccht  que  la  devise  rbétoricale  de  son  compatriote  le  peintre-poùtc 
Lucas  d'Ueere,  Touisic  i'.v  hct  besie  (le  plus  vieux,  c'est  le  mieux). 


—   XX    — 

sentencieuse  qu'il  y  alFecte  est  bien  souvent  sans  grâce  et  sans 
délicatesse. 

Ce  qui  constitue  essentiellement  le  proverbe,  c'est  sa  vogue 
populaire.  Tout  ce  qui  devient  proverbe  ne  mérite  pas  toujours 
de  le  devenii-.  "  Il  faut,  remarque  Voltaire,  distinguer  dans  les 
vers  de  Boileau,  ce  qui  est  devenu  p-ove^'&e  d'avec  ce  qui  mérite 
de  devenir  maxime.  Les  maximes  sont  nobles,  sages  et  utiles, 
elles  sont  faites  poui-  les  hommes  d'esprit  et  de  goût,  pour  la 
bonne  compagnie.  Les  xiroverhes  ne  sont  que  pour  le  vulgaire, 
et  l'on  sait  que  le  \iilgaire  est  de  tous  les  états.  „  C'est  ce  qui 
faisait  dire  au  père  Bouliours,  d'une  façon  plus  aristocratique 
pour  la  forme  que  pour  le  fond,  que  les  sentences  étaient  les 
proverbes  des  honnêtes  gens  comme  les  proverbes  étaient  les 
sentences  du  peuple. 

On  conçoit  qu'il  faille  beaucoup  d'art  pour  assaisonner 
aujourd'hui  ces  quolibets  et  ces  pensées  souvent  triviales.  Selon 
le  journal  de  Trévoux,  les  proverbes  qui  faisaient  autrefois  une 
partie  des  richesses  de  la  langue,  n'entrent  plus  en  un  discours 
sérieux  et  dans  des  compositions  relevées. 

Pour  l'abbé  Roubaud  ce  sont  des  mots  ou  dits  sentencieux, 
familiers  et  populaires.  Aussi  bien,  le  nom  lui-même  le  fait  voir. 
ProverUum  a  signifié  primitivement  et  littéralement  une  locu- 
tion, une  phrase  quelconque,  toujours  sous  la  main,  toujours  sur 
la  langue.  Il  va  de  soi  que  le  peuple  ne  répète  et  par  conséquent 
ne  retient  que  ce  qui  l'a  frappé.  Or,  dans  les  temps  reculés,  ce 
n'est  pas  dans  les  masses  qu'il  faut  chercher  l'élévation,  la 


—   XXI    — 

générosité  des  sentiments  ou  la  délicatesse  des  nuances.  Quelle 
peut  donc  être  la  fortune  des  proverbes?  C'est  d'exprimer 
d'ime  façon  vive  et  forte  une  préoccupation,  bonne  ou  mauvaise, 
haute  ou  basse,  de  telle  ou  telle  époque,  de  telle  ou  telle  nation. 
Le  grammairien  Donat  a  raison  de  dire  :  accomodatum  rébus 
tem.'porïbusque.  Le  mot,  pour  réussir,  à  dû  être  au  niveau  de 
l'époque  qui  Ta  vu  naître. 

C'est  en  se  mettant  au  pas  des  temps  et  des  choses  que  cette 
parole,  toujours  prête  à  passer  de  bouche  en  bouche,  devient 
ce  qu'on  appelle  proprement  un  adage.  Le  philologue  Festus 
donne  pour  interprétation  étymologique  :  ad  agmdum  apia, 
c'est-à-dire,  ce  qui  peut  servir  pour  la  conduite  de  la  vie.  Ne 
vaut-il  pas  mieux  conjecturer  avec  Littré  que  le  mot  signifie 
ce  qui  pousse,  {agit)  stimule,  conseille,  vers  {ad}? 

Autrefois  on  était  convaincu  que  ces  règles  pratiques  étaient 
non  seulement  infaillibles,  mais  très  morales.  Aujourd'hui  si 
l'horizon  est  parfois  plus  brumeux,  il  est  incontestablement  plus 
profond  et  plus  large.  Nous  demandons  qu'on  examine,  qu'on 
discute,  qu'on  vérifie;  nous  n'acceptons  plus  les  adages  que 
sous  bénéfice  d'inventaire,  et,  à  vrai  dii-e,  ils  ne  répondent  plus 
à  ces  mille  et  une  nuances  inévitables  à  mesure  qu'on  s'éloigne 
de  l'antique  et  grossière  simplicité.  Erasme  a  beau  nous  rap- 
peler dans  la  préface  de  son  vaste  recueil  qu'il  n'y  a  rien  do 
plus  probable  que  ce  que  tout  le  monde  a  dit;  nous  sommes, 
nous  à  notre  tour,  trop  de  notre  temps  pour  ne  pas  tout  mettre 
en  discussion  et  pour  ne  pas  faire  valoir  et  même  prévaloir  les 


—  XXII  — 

droits  de  la  raison  individuelle  Q).  Sur  la  pente  où  sont  actuelle- 
ment les  choses  humaines,  nous  croyons  tous,  sinon  au  progrès, 
du  moins  au  changement  et  nous  regardons  phis  souvent  en 
avant  qu'en  arrière. 

Il  est  donc  inutile  de  s'arrêter  longtemps  avec  Charles  Nodier, 
Alphonse  Karr  et  d'autres  humoristes  à  constater  les  contra- 
dictions et  les  antagonismes  des  proverbes.  Cela  ressort  de  leur 
nature  même  :  ils  sont,  quelquefois,  la  sagesse,  mais  toujours 
l'opinion,  la  pensée  des  nations,  vaille  que  vaille.  Ils  ont,  pour 
employer  la  distinction  favorite  des  philosophes  allemands,  une 
valeur  plus  souvent  subjective  qu'objective.  Ce  sont  des  façons 
de  voir,  des  points  de  vue.  Nous  dirons  avec  Martial  :  Sunt  hona, 
sunt  quœdam  mediocria,  sunt  mala  plit^ra.  Au  demeurant,  il  en 
est  des  proverbes  comme  des  mots  en  général.  Ils  se  produisent 
suivant  des  lois  de  notre  nature,  mais  ils  n'atteignent  pas  tous 
au  même  degré  de  perfection.  Les  linguistes  admirent  encore 
la  logique  des  vieux  vocables  comme  on  admire  toujours  la 
logique  des  enfants  naïfs  ;  mais  ils  se  gardent  bien  d'y  chercher 
comme  autrefois  les  arcanes  d'une  sagesse  qui  dispenserait  de 
toute  investigation  radicale  et  vraiment  philosophique. 

Dans  notre  siècle,  qui  possède  avant  tout  l'art  et  même  la 
passion  de  se  transporter  dans  l'esprit  du  passé  pour  le  juger  de 
haut,  on  a  fini  par  étudier  les  proverbes  comme  les  mots  au 


(')  Aujourd'hui  que  l'on  recherche  lant  les  «  trouvailles  de  vocahies  rares, 
inattendus  »,  il  faut  s'c'lonner  qu'on  n'ait  pas  encore  hasard*^  le  terme  :  ipsissimisie 
pour  caractériser  cette  passion  du  siècle,  être  soi-inèine  au  superlatif  ipsissimits, 
comme  disait  si  plaisamment  l'iautc,  plus  de  deux  cents  ans  avant  l'ère  chrc'lienne. 


■ 


—   XXIII    — 

point  (le  vue  iJiirement  liistorique.  On  laisse  de  côté,  au  moins 
provisoii-ement,  la  question  de  savoir  si  tel  peuple  a  eu  plus  de 
sagesse  que  tel  autre,  si  les  prédilections  de  telle  période  valent 
mieux  que  celles  de  telle  autre.  On  tient  à  savoir  d'abord  ce  que 
savaient  et  ce  que  voulaient,  par  eux-mêmes  et  pour  eux-mêmes, 
tous  les  peuples  dans  tous  les  temps.  Ce  sens  éminemment  histo- 
rique peut  avoir  ses  défauts  et  ses  dangers  :  on  peut  craindre 
qu'il  ne  s'aôaisse  dans  l'éclectisme  et  ne  nous  fasse  oublier 
d'agir  pour  notre  propre  compte  ;  mais  il  a  aussi  son  iiTécusable 
grandeur.  N'est-il  pas  visible  que  pour  oser  ainsi  se  plonger 
dans  les  préjugés  et  les  passions  du  passé,  il  faut  être  bien  sûr 
de  n'en  plus  avoir  à  craindre  le  retour? 

Si,  par  exemple,  nous  réunissions  tous  les  brocards,  tous  les 
blasons,  tous  les  lazzis,  tous  les  proverbes  anecdotiques  et  sati- 
riques, toutes  les  injures  sentencieuses  inventées  par  nos  villes 
belges,  le  plus  souvent  contre  leurs  plus  proches  voisins  et  leurs 
plus  fidèles  alliés  (^),  qu' aurions-nous  à  redouter  aujourd'hui:' 
Tout  le  monde  en  vient  insensiblement  à  comprendre  que  ces 
décisions  n'ont  presque  jamais  rien  décidé  et  que  ces  jugements 
en  l'air,  à  la  volée,  se  réduisent,  en  fin  de  compte,  à  mi  sophis- 
tique ah  uno  disce  omnes.  Ecoutez,  encore  aujourd'hui,  l'iiomme 
du  peuple,  disons  mieux,  l'homme  de  l'instinct,  l'homme  d'autre- 

(')  Un  travail  de  ce  genre  a  él(î  compost'  pour  la  Normandie  par  M.  P.  Canel  : 
lilasou  populaire  delà  Normmulie.  llouen,  ISGO,  2  vol.  in-8. 

L'n  journal  folkloriste,  le  Volliskim(le,ii(i  Gand,  a  commenet^  celle  élude,  mais  ne 
l'a  pas  poursuivie. 

Cf.  Dlasoti  populaire  de  la  France,  par  H.  Gaidoz  el  Paul  S(?billot.  Paris.  L.  Cerf. 
1884. 

H 


—    XXIV    — 

fois  :  que  le  hasard  le  mette  en  contact  avec  un  menteur,  il 
(liia  que  le  pays  d'ofi  vient  ce  menteur  n'a  jamais  produit  que 
des  gens  de  cette  espèce.  On  ne  fait  plus  que  rire  de  ces  hyper- 
boles ^qui  devenaient  jadis  rapidement  des  axiomes  consacrés 
auxquels  on  ne  touchait  que  pour  les  lancer  dans  la  foule 
comme  brandons  de  discorde.  La  civilisation,  quoi  qu'on  en 
dise,  rend  les  hommes  moins  étroits,  moins  exclusifs,  et  les 
accoutume  à  ne  plus  faire,  des  vertus  et  des  vices,  des  mono- 
poles, des  privilèges  ou  des  stigmates  de  race  ou  de  localité. 

De  plus  en  plus  sûrs  de  notre  victoire  sur  le  passé,  nous  en 
venons  à  être  justes  et  môme  généreux  envers  lui.  Nous  ne 
sommes  plus  ces  esclaves  à  demi  affranchis  et  qui  sentaient 
encore  un  tronçon  de  chaîne  :  ^jars  longa  catenœ,  comme  dit  le 
stoïcien  satirique.  Tout  ce  qu'on  peut  nous  reprocher,  peut-être, 
c'est  de  surfaire  ce  passé  dont  nous  nous  flattons  de  n'avoir  plus 
rien  à  craindre  et  que  nous  respectons  davantage  à  mesure  qu'il 
s'éloigne  ou  semble  s'éloigner  de  nous.  Major  e  longinqiio 
reverentia.  Voir  les  dithyrambes  de  nos  moyenâgeux,  de  nos 
médiévomanes. 

Aussi,  aimons-nous  les  proverbes  comme  des  médailles,  préci- 
sément parce  que  nous  les  avons  presque  partout  démonétisés. 
Ce  sont  des  morts,  on  ne  leur  doit  plus  que  la  vérité,  mais  on 
se  plaît  à  la  leur  dire  d'une  façon  respectueuse.  Nous  faisons 
de  ces  reliques  du  hon  vieux  temps  comme  on  fait  à  Liège  du 
vieux  palais  de  nos  princes-évêques  :  on  restaure  avec  amour, 
mais  avec  la  feime  conviction  que  ce  qui  est  mort  ne  reviendra 
plus. 


—    XXV    — 

Il  y  a  bien  d'ailleurs  quelque  charme  à  exhumer  cette  poésie 
fruste.  Nous  trouvons  lt\,  dans  quelques  phrases  abruptes  et 
pittoresques,  ce  qui  a  le  plus  fait  rire  et  pleurer  nos  pères.  Tel 
mot  qui  ne  se  prononce  plus  qu'à  la  dérobée  dans  les  régions 
polies  et  cultivées  de  la  société,  faisait,  il  y  a  quelque  cent  ans, 
peut-être,  le  pivot  des  meilleures  conversations,  l'âme  des  plus 
avenantes  productions  littéraires. 

Les  Grecs  avaient  trouvé  un  mot  très  heureux  pour  cela,  la 
imroimia,  d'où  nous  avons  tiré  le  titre  de  parémiographe  illustré 
par  Erasme.  Paroimia,  c'est  ce  qu'on  trouve  toujours  sur  sa 
route  (^),  c'est  ce  qui  attire  par  son  allure  vive  et  toutefois 
accommodante,  c'est  ce  qui  se  recommande  à  votre  souvenir 
par  l'originalité  de  la  forme.  Il  est  vrai  que  cette  originalité  de 
quelqu'un  de\aent  souvent  le  plagiat  de  tous,  et  que  ce  qui  était, 
en  naissant,  une  nouveauté,  une  hardiesse,  sert,  en  vieillissant, 
à  retarder,  à  décourager  ceux  qui,  à  leur  tour,  à  leur  heure, 
veulent  et  osent  innover.  Mais  c'est  là  un  abus  qui  n'intéresse 
que  médiocrement  l'iiistorien  et  le  philologue  :  il  leur  suffit  que 
le  mot  soit,  comme  définit  spirituellement  Erasme,  celehrc 
dictmn,  scita  giiairiam  novitate  insigne.  Il  leur  suffit  (]u'en  son 
temps  la  locution  ait  paru,  par  le  bonheur  de  la  forme,  tout  à  la 
fois  très  vieille  et  très  neuve.  Comment  cela,  dira-t-on?  Le 
grammairien  Diomèdes  nous  l'explique  :  c'est,  dit -il,  ([ue  ce 
dicton,  devenu  banal  parce  qu'il  s'ajustait  aux  temps  et  aux 

(')  Les  anciens  flamands  disaient  -.  in  de  wamkUnii^  à  la  renconlre. 


—   XXV [    — 

choses,  est  demeuré  toujours  piquant  en  ce  qu'il  donne  à 
entendre  autre  chose  iiue  ce  qu'il  exprime.  La  vérité  a  l'air  de 
s'y  cacher,  comme  fait  la  Galathéede  Virgile,  pour  se  mieux 
faire  apercevoir.  Plus  le  dicton  semble  d'abord  obscur,  plus  il 
rend  l'idée  éclatante.  Ce  sont  là,  en  général,  les  énigmes,  les 
choses  occultes  dont  parlent  les  livres  sapientiaux  de  la  bible  : 
Occulta  proverMorum  exquiret  saj^fews.  (Eccl.  XXXIX,  3.) 

Ce  voile  transparent,  jeté  sur  une  idée,  est  conforme  à  la 
naïveté  des  anciens  âges.  Il  ne  serait  pas  même  difficile  d'en 
retrouver  quelque  trace  chez  ceux  de  nos  contemporains  qui 
n'ont  pas  encore  pu  ou  voulu  se  ranger  du  côté  de  l'esprit  mo- 
derne. C'est  tout  à  fait  par  instinct  naturel,  ou,  si  l'on  veut, 
traditionnel  que  la  pensée  se  formule  de  la  sorte.  La  science 
européenne  a,  depuis  longtemps,  fait  voir  que  cette  pénombre 
mystérieuse  provient  moins  d'un  intérêt  de  domination  et  de 
fourberie  que  d'une  invincible  tendance  au  symbolisme  qui 
caractérise  les  temps  les  plus  lointains  et  les  peuples  les  plus 
arriérés.  Le  langage  lui-même,  ce  produit  des  époques  où  n'at- 
teint pas  l'histoire,  qu'est-ce  autre  chose  qu'un  grand  symbo- 
lisme ?  Parler,  ou  en  langue  d'oïl,  imroler  vient  bien  logique- 
ment, bien  légitimement  de  parahola,  mot  grec  qui  nous  a 
fourni  aussi  parabole  (^),  et  qui  a  pour  sens  premier,  initial, 
matériel  en  quelque  sorte  :  rapprochement,  juxtaposition,  com- 
paraison. Quoi  qu'on  ait  dit  dès  le  treizième  siècle  (s'il  faut  en 

(')  VA  paliihrc  doiU  il  csl  si  souvent  question  chez  nos  congolistcs. 


—    XXVII    — 

croire  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  impériale  cité  par 
Leroux  de  Lincy)  que  comparaison  n'est  ims  raison,  il  n'en 
est  pas  moins  vrai  que  c'était  là  l'ordinaire  équation  des 
peuples  qui  n'avaient  pas  l'habitude  de  scruter  au  delà  des 
premières  informations  des  yeux  ou  des  oreilles. 

kSi  la  parole  s'est  développée  par  la  comparaison  ou  par  la 
métaphore,  qui  n'est  qu'une  comparaison  écourtée,  comment 
s'étonner  de  la  formation  des  proverbes  qui  ne  sont  que  la 
quintessence  de  la  parole  (^)  ? 

"  Le  langage  proverbial,  dit  M.  Quitard  (Etudes  histo- 
riques, p.  124),  est  extrêmement  varié  et  diffère,  chez  les  divers 
peuples,  en  raison  du  génie  particulier  de  chacun  d'eux.  Mais 
les  différences  qu'il  présente,  quelque  saillantes  qu'elles  soient, 
n'excluent  point  des  ressemblances  ni  même  des  identités  bien 
marquées.  S'il  a  des  traits  à  part,  qui  n'appartiennent  qu'à  un 
seul  paj^s  par  leur  originalité  native,  il  y  a  des  traits  généraux 
qui  sont  communs  à  tous.  Les  formes  qu'il  revêt  habituellement 
l)artout,  soit  qu'elles  gardent  un  caractère  purement  local,  soit 
qu'elles  prennent  un  caractère  qu'on  pourrait  appeler  cosmo- 
polite, sont  presque  toujours  empruntées  à  la  comparaison,  à 
la  métaphore  et  à  l'allégorie.  ,. 

Or,  comme  les  rhéteurs  l'ont  souvent  remarqué,  ce  sont  là 


(•;  Pour  ceux  qui  s'élonneraicnl  de  voir  le  mot  xpot  (raillerie)  {l('sij;ner  le  proverbe 
en  gt^ndral,  on  peut  renvoyer  à  l'italien  uwtin,  mottcgio^  qui  indique  bien  le  mot  pour 
rire  afin  de  mieux  s'enfoncer  l'adage  dans  l'esprit.  L'allemand  spricliwori,  spiïiclnco)! 
et  le  flamand  spreckwoord  sont  plus  près  du  mono  que  l'anglais  Injwoni  qui  ferait 
plutôt  songer  à  sobriquet  {bijnaam,  npotiiamn.) 


—   XWIII 


trois  figures  qui  ne  diffèrent  que  par  les  proportions.  L'allégorie 
elle-même,  par  exemple  celle  qui  place  un  papillon  sur  une 
tombe,  n'est  qu'un  rapprochement  développé.  Et  ces  enjolive- 
ments de  la  pensée  sont  si  naturels  à  l'homme,  que  la  science, 
loin  de  les  créer,  n'a  fait  qu'en  diminuer  le  prestige.  Plus  un 
peuple  est  près  encore  de  l'état  instinctif  et  sensitif,  plus  il 
fait  de  la- poésie  sans  le  savoir':  «  Métaphore, allégorie,  méto- 
nymie, ce  sont,  dit  Montaigne,  titres  qui  touchent  le  babil  de 
votre  chambrière.  » 

Ce  qui  est  tout  aussi  naturel  à  ces  temps  naïfs  et  aux  pro- 
verbes qui  les  reflètent,  c'est  l'ironie.  Aussi  haut  qu'on  remonte 
dans  l'histoire  parémiologique,  on  rencontre  ce  côté  gausseur. 
Le  trentième  chapitre  des  proverbes  de  Salomon  n'a  pas  dé- 
daigné ce  moyen  de  varier  la  prédication  morale.  C'est  même 
de  là,  dit-on,  que  le  moyen  âge,  si  étourdiment  moqueur,  a  tiré  la 
bouffonnerie  proverbiale  du  dit  de  Salomon  et  deMarcol.  Marcol, 
qu'on  le  dérive  d'une  invention  thalmoudiste  ou  bien  de  la  cor- 
ruption du  nom  de  Marcus  Porcins  Cato  le  sentencieux,  est 
une  espèce  de  Sancho  Pança,  ou,  pis  encore,  un  clown  sans 
vergogne.  Les  Italiens,  qui  en  ont  fait  leur  Bertoldo,  puis  leur 
Cacasenno,  l'ont  stéréotypé  comme  le  modèle  du  bon  sens  gros- 
sier, égoïste,  ricaneur  et  cynique.  En  France,  on  a  longtemps 
vu  paraître,  sur  les  tréteaux  des  places  publiques,  cette  bizarre 
antinomie  dialoguée.  Voici  comment,  dès  le  douzième  siècle,  on 
avait  traduit  quelques-unes  des  excentricités  de  la  Contradidio 
Salomonis.  On  pense  bien  que  nous  avons  dû  laisser  là  les  plus 
accentuées  : 


—    XXIX    — 

"  L'iiomme  sage  évitera  de  trop  parler,  dit  Salomon. 
"  Celui  qui  ne  dira  mot  ne  fera  pas  grand  bruit,  répond 
Marcol. 

—  Insensé  est  l'homme  qui  porte  avec  lui  tout  ce  qu'il  a,  dit 
Salomon. 

—  L'homme  qui  ne  porte  rien  est  sûr  de  ne  rien  perdre, 
répond  Marcol. 

—  En  hiver,  portez  une  pelisse,  et  n'en  portez  point  en  été, 
dit  Salomon. 

—  Si  vous  avez  un  mauvais  voisin,  en  hiver  comme  en  été, 
portez  toujours  un  bâton,  répond  Marcol. 

—  Je  n'aime  ni  chien  qui  aboie,  ni  femme  qui  pleure,  dit 
Salomon. 

—  Je  n'aime  ni  mauvais  parents,  ni  eau  dans  mon  vin, 
répond  Marcol. 

Cette  parodie  (^)  du  gros  bélître,  laid  et  narquois  comme  un 
Thersite,  répétée  sur  tous  les  tons,  ressassée  sous  toutes  les 
formes,  ne  tarda  pas  à  engendrer  une  incroj^able  quantité  de 
proverbes  ironiques  ou  gàberies.  On  voit  poindre  cette  transfor- 
mation jusque  dans  la  vieille  rédaction  attribuée  au  comte  de 
Bretagne  : 

Bien  boivre  et  bien  mangier 
Fait  bomme  assoagier,  (soulager) 

(*)  Rabelais  s'en  amusait  encore  :  «  Qui  ne  s'avonlurp,  n'a  clun;il,  ni  nuilc,  co  dit 
Salomon.  —  Qui  trop  s'aventure  perd  clioval  et  mule,  Marcoul  lui  re'pond  »  —  Ce 
sont  là  les  antinomies  de  la  sagesse  des  carrefours.  Le  n"  9  des  Bibliophiles  flamands, 
dans  Dijaloijim  vf  twi^prakc^  nous  montre  Marcolphus  devenu  paifui.s  un  véritable 
Uylenspicgcl. 


—    XXX    — 


Ce  dit  Salomon, 
Et  ventre  engroissier 
Fait  ceinture  alascher, 
Marcol  li  respond. 

Il  est  à  remarquer  que  cette  façon  de  recommander  des 
règles  pi'atiques  par  la  plaisanterie,  n'était  pas  inconnue  des 
Romains  des  premiers  temps.  Ce  vrai  rire  romain,  surtout  avant 
les  modes  grecques,  n'a  rien  de  ce  qui  rappelle  la  grâce  attique. 
C'était  quelque  chose  d'acerbe,  de  hargneux,  toujours  à  l'em- 
porte-pièce  et  à  l'écorché  (i).  Leur  dicacitas  rencontrait  diffici- 
lement l'urbanité,  et  leurs  facéties,  comme  on  voit  par  le  vieux 
Caton,  étaient  généralement  accommodées  au  gros  sel.  Cette 
brutalité  du  rire  qui  ne  fut  guère  combattue  que  par  Horace,  se 
retrouve  à  travers  l'empire,  à  travers  le  moyen  âge,  même  à 
travers  la  renaissance,  et  forme  souvent,  avec  la  grandeur  des 
institutions,  l'élévation  des  doctrines  et  la  majesté  des  événe- 
ments, le  plus  saisissant  contraste. 

La  grosse  raillerie  s'acharna  aussi  à  travestir  le  grave 
recueil  des  distiques  du  grammairien  Dionysius  Caton,  où 
Pétrarque  aimait  à  retrouver  l'écho  affaibli  des  sentences  de 
Caton  le  censeur.  On  peut  dire  que  toutes  les  littératures  de 
l'Europe  chrétienne  ont  produit  des  parodies  de  ce  manuel  de 
morale  amphibie,  étrange  compromis  entre  le  christianisme,  le 
stoïcisme  et  les  plus  vieilles  recettes  de  l'égoïsme  romain. 

De  là,  sans  doute,  les  divers  recueils  intitulés  ;  Proverbes 

(')  Siiffiisi  fellc  sales.  Ovide. 


—    XXXI    — 

vulgaux  et  ruraux.  Quant  à  ce  qu'on  nomme  les  Proverbes  au 
Yillain,  nous  inclinons  à  y  voir  l'influence  combinée  de  l'esprit 
de  jacquerie,  des  distiques  de  Dionysius  Caton  et  du  dit  de 
Salomon  et  de  Marcol.  En  voici  un  couplet,  tiré  de  la  rédaction 
la  plus  ancienne,  et  qu'on  attribue  au  XIII^  siècle  : 

Li  cl  ers  qu'est  non  poissanz 
Est  moult  humiliaus 
Et  quiert  en  cliarité. 
Et  quand  sa  force  est  graut, 
Serpent,  gui-^re  volant, 
N'est  de  sa  cruelté. 
Qui  paist  gaignon  de  pain 
Tost  est  mors  en  la  main, 
Ce  dist  li  vilains. 

Le  clerc  qui  n*a  aucun  pouvoir  est  très  humble  et  demande 
la  charité.  Mais  quand  sa  force  est  grande,  serpents,  monstres 
volants  ne  sont  pas  plus  cruels  que  lui.  Qui  donne  à  un  mâtin 
du  pain  est  bientôt  mordu  à  la  main,  ce  dit  le  vilain  (^). 

On  voit  que  le  vilain,  c'est-à-dire  le  préciu'seur  du  bourgeois, 
du  citoyen  moderne,  faisait  arme  et  satire  de  tout.  Il  se  disait, 
comme  les  gueux  chantés  par  Bérangcr  : 

Il  faut  qu'enfin  l'esprit  venge 
L'honnête  homme  qui  n'a  rien. 

Pour  savoir  jusqu'à  quel  point  ces  colères  étaient  provoquées, 
c'est  l'histoire  politique  et  sociale  qu'il  faut  consulter.  Mais  il 

(')  Leroux  de  Lincy,  Le  livre  des  proverbes  français^  2'-'  t'dit.  I,  p.  xxx. 
V,  les  injures  conlre  les  vilains,  dans  la  chanson  des  Kcrels.  (J.  Slechcr,  Ilist. 
do  la  iiU.  nderi.  en  Belgique,  p.  80.) 


—    XXM[    — 

est  certain  que  rien  ne  fut  plus  répandu  que  cette  satire  à  coups 
de  proverbes,  débutant  par  cet  exorde  significatif  : 

"  Voici  maint  proverbe  certain  du  vilain  :  Que  nul  ne 
méprise  son  respit  (son  dicton).  Il  l'entend  tout  autrement  que 
le  fou.  Sage  homme  prend  mouton  au  lieu  de  venaison,  dit  le 
vilain.  „ 

La  redoutable  causticité  qui  étincelle  dans  ce  poème  senten- 
cieux qui  attaque  grands  et  petits,  paraît  venir  de  quelque 
écrivain  universitaire  (^).  On  passait  beaucoup  de  temps,  dans  les 
universités,  à  réciter  et  à  commenter  plus  ou  moins  subtilement 
les  proverbes  de  la  Bible  et  les  dictons  des  poètes  et  des  i)ro- 
sateurs  du  monde  gréco-romain.  On  avait  même  une  sorte  de 
syncrétisme  assez  naïf  :  on  amalgamait  toutes  ces  prescriptions 
de  morale  sans  y  voir  autrement  de  malice. 

Telle  fut  la  vogue  àesProverhes  du  Villain,  qu'encore  aujour- 
d'hui, il  y  a  des  villages  et  même  des  villes  où  l'on  aime  à 
conclure  un  adage,  non  par  :  le  maUre  Va  dit  des  pythagori- 
ciens de  l'Italie,  mais  par  :  le  paysan  le  dit,  cet  autre  Va  dit. 
C'est  l'autorité  goguenarde  faisant  la  contre-partie  des  sages 
et  des  philosophes. 

Au  moyen  âge,  le  vilain  semble  avoir  à  tout  le  moins  le 
droit  d'insolence  (^).  On  a  toléré  son  franc  parler  aussi  longtemps 
qu'on  ne  l'a  pas  cru  redoutable. 


{')  V.  The  latin  pœms  commonly  allributcd  lu  Waltcr  Mapes,  coUeclcd  by  Thomcs 
Wright.  (London,  18 il.) 

(*j  Au  moins  en  Flandre  et  en  Brabant. 


—  XXXIII  — 

Ce  tient  li  vilains  à  savoir. 

(Le  ronia7i  du  Brut,  Xlle  siècle.) 
Li  vilains  dit  en  son  respit. 

{Eotnan  d'Erec  et  Enide,  XII©  s.) 
Et  li  vilains  le  dit  en  reprovier. 

{Li  moniage  Guillaume^  XIIo  s.) 

Ou  trouve  encore  d'autres  façons  d'amener,  d'introduire  un 
adage,  par  exemple  :  Le  vilain  dit  sans  glose.  Le  vilain  dit 
par  repruvier.  Le  vilain  le  dit  piécha  (depuis  longtemps). 

Il  ne  faut  pas  croire  que  le  nom  de  ])roverhe  soit  d'un  usage 
très  ancien.  Ce  n'est  qu'exceptionnellement  qu'on  le  trouve 
dans  le  roman  de  Baudouin  de  Sebourg,  complété  par  le  Bastars 
de  Bouillon.  Il  ne  se  rencontre  guère  dans  le  parler  populaire 
que  vers  le  quinzième  siècle,  c'est-à-dire  vers  cette  époque  de 
la  renaissance  où  l'on  s'engouait  des  vocables  grecs  et  latins. 
Aussi  bien,  on  a  souvent  remarqué  que  les  mots  français  qui 
ont  retenu  presque  entièrement  la  forme  latine  ne  sont  que  de 
formation  secondaire.  Il  y  a,  dans  les  langues  aussi,  une  strati- 
fication qui  permet  d'en  faire  l'histoire. 

Dans  la  traduction  des  quatre  Livres  des  Rois  en  français 
du  XIB  siècle  (^),  on  trouve  ce  passage,  liv.  1,  cliap.  19,  vers 
24  :  De  ço  levad  una  parole  que  l'um  soit  dire  2mr  respit  :  est 
Saul  entre  les  prophètes  ?  TJnde  et  exivit  proverhium  :  num  est 
Saul  inter  prophetas  ? 

Que  peut  signifier  ce  mot  respit  qui  paraît  être  la  plus 
ancienne  traduction  vulgaire  du  latin  adagium,  yroverhium  ? 
Il  ne  faut  pas  dédaigner  l'étymologie  tant  qu'elle  reste  sur  son 

(')  Lerou.\  Je  Lincy,  Le  livre  da  yroverbcs^  préface. 


—   XXXIV    — 

terrain  :   elle  fournit  pins   d'nn  docnment    à    l'histoire  des 
bigarrures  humaines. 

Tout  comme  les  mots  modernes  rêint  {}),  respect,  le  terme 
roman  n'est  autre  chose,  dans  le  principe,  que  le  mot  latin 
respedus.  Il  en  résulte  qu'il  signifiait  primitivement,  comme 
pour  respedum  hahere,  avoir  le  regard,  porter  l'attention  sur 
quelque  chose,  avoir  égard  à  quelque  chose,  après  y  avoir 
réiiéchi.  De  là,  en  changeant  bien  des  fois  de  route,  comme  le 
dit  l'épigramme  (^),  le  mot  i-esjnt  a  fini  par  devenir  synonyme 
de  sentence  et  de  proverbe.  On  a  rencontré  aussi  la  forme 
resprit,  mais,  au  lieu  de  songer  ici  au  verbe  reprendre,  on  peut 
se  borner  à  supposer  une  variété  de  prononciation  ou  d'ortho- 
graphe. Il  ne  s'y  agit  que  d'un  r  intercalaire,  inséré  par  la  suite 
des  temps.  Quoi  de  plus  liquide,  de  plus  coulant  dans  le  parler 
populaire  ? 

{')  Se  mettre  en  ses  répits^  se  disait,  dans  la  coutuino  de  Touraine,  pour  :  se  mcltre 
en  son  devoir  (respect).  On  a  connu  aussi  le  vcrl)c  respiier.  Philippe  de  Tiiaon,  en 
son  coinpat^  dddié  à  la  reine  Aiîlis  de  Louvain,  écrit  : 

Suviegnet  vus  que  dit, 
Li  vilains  par  respit  : 
«  Al  busuin  est  trovez, 
L'amis  et  espruvez.  » 
Qu'il  vous  souvienne  de  ce  que  dit  le  vilain  {de  bncr,  en  flamand)  en  son  proverbe  : 
«  C'est   dans  le    besoin  qu'on   trouve  cl   qu'on   éprouve  un  ami.    »    La  lé^'cnde 
Saint-Brandcn  parle  debials  esmnple  et  bons  rcspiiz. 

M.  \Vilmotle(/>/(/Zen»  de  folklore,  ji.  -10  (181)1)  rapproche  respit  du  wallon  resplcu 
(refrain). 

(*)  Ce  sont  surtout  les  ignorants  en  linguistique  qui  répètent  l'épigramme  de 
D'aceiUy  -. 

Alfana  vient  d'tv/»(î(s,  sans  doute, 
Mais  il  faut  avouer  aussi, 
Qu'en  venant  de  là  jusqu'ici 
Il  a  bien  changé  sur  la  roule. 
Sans  doute,  qui  se  remue,  mue  et  l'on  change  selon  temps  et  lieux  ;  mais,  quoi  !  si 
rétymologistc  sait  «  tous  les  chemins  par  où  ca  doit  passer  »? 


—   XXXV   — 

Vers  la  fin  du  treizième  siècle,  c'est  le  mot  reprouvier  qui 
prend  faveur  et  s'accrédite.  Un  manuscrit  du  dix-septième 
siècle,  cité  par  Leroux  de  Lincy  dans  sa  bibliographie, 
rappelle  que  les  Gascons  désignaient  encore  l'allure  senten- 
cieuse par  rep'overUo.  Pour  peu  que  l'on  connaisse  la  marche, 
la  généalogie  des  formes  et  des  mots  littéraires  dans  l'ancienne 
France,  on  sera  tenté  d'expliquer  reprouvier  (quelquefois 
repi'ovier)  par  un  de  ces  nombreux  emprunts  que  la  langue 
d'o'il  a  faits  à  la  langue  d'oc.  Il  est  vrai  que  le  Provençal  dit 
aussi  bien  reprochier  que  reprovier  (^).  Faudrait-il  donc 
remonter  jusqu'au  bas-latin  reproduire,  repropiare,  en  conjec- 
turant que  le  proverbe  était  très  anciennement  considéré  comme 
un  reproche,  ou,  si  l'on  veut,  un  rapprochement  injurieux,  une 
improbation  ? 

Ducange  préfère  assimiler  entre  eux  les  mots  rcprohare, 
exprohrare,  réprouver,  reprocher.  Il  constate  que  même  avant 
Villehardouin,  on  construisait  le  verbe  réprouver  ou  reprover, 
tout  comme  on  fait  aujourd'hui  du  verbe  reprocher.  De  là, 
reprovier  dans  le  sens  d'opprobre.  De  là  aussi  toute  l'histoire 
étymologique  du  mot  réprouvé.  Notre  trouvère  tournaisien, 
Philippe  Mouskès,  dira  : 

Li  vilains  en  reprouver  dist  : 
Tant  gratte  chèvre  que  mal  gist. 

(')  J'ai  oit  dire  en  reprochier  (proverbe).  Clianson  des  Croisades,  v.  370  (P.  Mcyer). 
Dans  tlùjès,  peul-ètre  fait  h  Bruges  ou  à  Winendale  par  Creslien  de  Troyes,  on  lit 
(V.  «73): 

Car  li  vilains  dit  en  sa  t'crce  ;  (verbe?  provoriic?) 

«  Qui  a  prodomes  se  comande 

Mauvcts  est,  s'antor  lui  n'amende.  » 


—    XXXVI    — 

Il  n'est  pas  étonnant  que  l'on  ait  inventé  de  nombreuses 
dénominations  pour  la  forme  proverbiale^  puisque  ce  fut  si 
longtemps  Tuniverselle  fiiçon  de  juger,  de  conclure,  d'exhorter 
ou  de  rîiiller.  On  ressemblait  alors  à  ces  penseurs  romains  dont 
parle  M^^  de  Staël  et  qui  avaient  plus  de  préceptes  que  d'ob- 
servatious.  Plus  on  s'obstinait  dans  ce  style  énigmatique  et 
pour  ainsi  dire  lapidaire,  plus  il  fallait,  en  l'appliquant  à  des 
choses  diverses,  en  diversifier  les  noms.  Il  ne  s'agit,  après  tout, 
que  d'épithètes  nouvelles,  destinées  à  marquer  de  nouvelles 
applications  de  la  même  chose.  Que  de  centaines  de  synonymes, 
en  arabe,  pour  indiquer  les  choses  (peu  nombreuses,  il  est  vrai) 
dont  les  Arabes  proprement  dits,  ceux  du  désert,  se  préoccupent 
le  plus  ! 

A  une  époque  où  l'on  vivait  beaucoup  d'autorité  aveuglément 
acceptée  et  où  l'on  ne  se  piquait  pas  de  graduer  les  idées,  de 
nuancer  les  sentiments,  on  faisait  grand  état  de  toute  sentence. 
Le  pavillon,  comme  on  dit,  couvrait  souvent  la  marchandise, 
et  dès  qu'un  auteur  avait  mis  :  "  un  parler  est  assez  commun  ; 
—  maintefois  a  été  dit  en  esplanse;  —  on  retrait  et  dit 
souvent  „  —  on  s'inclinait,  on  se  taisait  (^).  C'était  chose 
irrévocablement  jugée.  Esplanse  était  un  adage  en  manière  de 
glose  ou  Wexplanatio  et  dans  le  genre  des  explanationes  ou 
commentaires  sur  les  prophéties  de  Merlin   qu'entreprit  un 

(*)  «  On  (lict  à  la  voll(?e.  »  Villon.  Dans  VAclot,  journal  hebdomadaire  de  Nivelles, 
(Brabant-wailon)  r' t'as/ signifie  proverbe,  dicton  humoriste,  riîbus,  etc.  Le  mot  paraît 
ddriver  de  la  locution  :  »c-iy(.?-//,  chose,   parole  à  laquelle  on  aime  à  revenir.   Mn 
lournaisicn  du  X1V«  siècle,  Gilles  li  Muisit,  se  contentait  d'(;crire  : 
S'esloit  uns  dis  communs  :  Tost  est  bielle  levée. 


—   XXXVII   — 


prieur  de  Cantorbéry,  Alain  de  Lille.  Quant  au  mot  retraire, 
emprunté^  comme  le  précédent  et  bien  d'autres  encore  à  la 
langue  d'oc,  il  sio-niliait  l'action  de  rapporter,  de  répéter  comme 
on  fiiisait  en  alléguant  un  proverbe. 

On  voit  encore  par  les  Espagnols  qui  ont  également  tant 
pris  aux  Provençaux,  héritiers  de  la  lyre  romaine,  combien  les 
littératiu-es  romanes  avaient  de  mots  pour  désigner  toujours  la 
même  chose.  Les  retrayres  s'employaient  non  seulement  dans 
le  sens  de  retrahere  verha,  faire  revivre  d'anciens  dires,  mais 
plus  spécialement  dans  le  sens  de  reproche  ironique,  comme  le 
reprouvier  de  la  langue  d'oïl.  Les  refranes  (î),  soit  qu'on  les 
dérive  du  latin  referre,  qui  nous  a  donné  refrain   et   tout 
dernièrement  encore  référe7ice,  soit  qu'on  les  rapporte  au  pro- 
vençal refranh  et   au  vieux  français  refraindre  (rebondir, 
répercuter)   désignent  le  proverbe  en  tant  que  répété  aussi 
complaisamment  que  ce  que  Régnier  appelait  le  refrain  de  la 
ballade.  Le  peuple  était  un  peu  comme  Sancho  Pança  :  il  lui 
revenait  constamment  un  cent  de  proverbes.  Le  vieux  Castillan, 
si  naturellement  sentencieux,  avait  encore  les  mots  ailagio, 
verho,  palabra   (parole,    parler),    cxcmplo,  fahlilla,  j^roloqiiio 
(maxime  banale)  et  enfin  proverhio. 

Mais  on  a  beau  chercher  dans  la  longue  liste  des  termes  qui, 
dans  les  pays  romans,  ont  servi  à  désigner  la  philosophie  popu- 
laire et  le  blason  des  rues,  on  ne  trouve  rien  qui  ressemble  à  la 
dénomination  liégeoise. 

(')  Litlrd  indique  l'ancien  verbe  refréner^  rc^pc'lcr.  La  vieille  forme  ir/,c^  dtVive 
de  rcfraciHS. 


—  XXXVIII   — 


En  dialecte  liégeois,  on  rencontre,  de  très  bonne  heure,  le 
mot  spot  pour  désigner  soit  le  dicton  piquant  et^  gausseur, 
soit  le  proverbe  en  général.  Le  Hainaut  connaît  également 
ce  terme  et  l'emploie  presque  aussi  fréquemment.  Par  le 
dictionnaire  rouclii  de  Hécart  on  voit  qu'à  Yalenciennes  on 
le  prend  dans  l'acception  de  sobriquet.  Peut-être  même  a-t-il 
eu  autrefois  cette  acception  à  Liège  aussi.  A  propos  du  siège 
de  Calais  par  Pliilippe-le-Bon,  le  chroniqueur  Jean  de  Stavelot 

dit  : 

«...  Et  sesoy  départirent  les  flanians  de  Calais,  ensi 
qu'ilh  poirent,  a  grand  domaige  et  a  grand  blasme.  Et  de 
che  fist-ons  une  spou  (spot?)  ou  une  gabrie  {')  que  les  com- 
pangnons  disoient  commonement  l'un  ou  l'autre,  en  court  de 
Romme  et  en  aultre  pays,  en  disant  par  jeu  ou  par  coroche  : 
je  tay  donné  la  malédiction  que  donnât  {sic)  par  les  Englès 
aux  flanians  devant  Calais  {^).  „ 

Faut-il  prendre  la  leçon  spou  comme  la  meilleure  et  la 
rattacher  à  spouse,  participe  d'un  vieux  verbe  espondre  {expo- 
neré)  qui  signifie  aussi  bien  exposer  que  promettre?  Dans 

(.)  Gabcie,  c'est  clans  tous  les  textes  du  moyeu  âge,  la  bourde  loldrde.  Se  gober 
(se  iq  er)  é  ait  encore  dans  la  4-  édit.on  du  Diction,  de  l'Acaddm.e.  Quant  à  .,0 
sranl  S  heler  (Dictionnaire  Grandgagnage,  p.  389)  y  vo.t.  comme  noi^,  un  no 

germani  ue  i^cLussurc,  brocard.  A  CbaHeroi,  il  ^'^--'«-^ll^-'irr  "la  f^i 
rViUerie    comme  à  Yalenciennes.  De  môme  fiuo  le  mot /;roanrfd  signifie  à  la  fois 
axiôm     dicton  et  raillerie.  Au  XIIP  siècle,  Cilles  li  Muisit,  abbé  de  Sa>nt-Marl.n.  a 

^::;^^.M^.  Kervyn)  parle  de,...  ^-r''^Z:!t^^^7^:S 
Plus  loin  II.  loi)  on  trouve:  uo.nnaus  espos.  Huu  ouu.  d  ConJ  ,  1.  Se  .de,,  p.  ..0, 
a  empoteras  uuue.trens  (lutter  d'esprit,  de  brocards  avec  les  ménestrels). 

(i)  Edition  d'Ad.  Borgnet  (Com.nission  d'histoire).  On  trouve  encore  e.,o.  dans 
Ducange. 


—   XXXIX   — 

cette  hypothèse  le  spot  aurait  signifié  primitivement  un  exposé, 
une  réponse,  une  explication  (^). 

Si  Ton  maintient,  comme  il  est  assez  plausible,  que  la  forme 
spou  n'est  qu'une  erreur,  une  négligence  de  copiste  ou,  tout  au 
plus,  un  reflet  de  mauvaise  prononciation,  on  s'explique  sans 
peine  l'addition  explicative  de  galerie.  Le  mot  spot  sera  un 
emprunt  fait  au  thiois  voisin.  Dans  toutes  les  langues  germa- 
niques spot  est  un  radical  dont  le  sens  primitif  est  :  raillerie, 
chose  qu'on  fait  jaillir  et  qui  éclabousse  {spit,  spot),  enfin  tout 
reproche  ou  brocard  qu'on  lance  à  la  tête  de  quelqu'un  (-). 
Nous  retrouvons  ici  les  principales  acceptions  du  vieux  mot  : 
rep>rouvier. 

On  objectera  peut-être  qu'il  est  bizarre  de  voir  confondre 
sous  un  seul  et  même  terme  les  maximes  et  les  railleries.  Mais 
n'avons-nous  pas  déjà  vu  combien  le  moyen  âge  a  l'humeur  à 
la  fois  satirique  et  sentencieuse  ?  N'ayant  pas  l'esprit  d'ana- 
lyse très  développé,  il  aimait,  jusqu'en  ses  plaisanteries,  la  forme 
concise  et  axiomatique.  Il  ne  serait  pas  difficile  de  retrouver 
encore  ces  allures  au  fond  de  quelques  villages  éloignés  des 
grands  centres  ou  des  grandes  lignes  de  communication.  Qui 


(')  Quinlilicn,  eu  son  cinquième  livre,  nous  dil  qu'il  y  a  un  genre  de  proverbe  qui 
est  comme  une  fable  en  raccourci.  D'un  autre  cùté,  tous  les  pays  olVrenl  des 
adages  qui  ne  sont  que  des  nffubulatioiis  de  légendes  ou  d'anecdotes.  M.  l'ilrd 
(IV,  330)  montre  comment  des  proverbes  naissent  des  anecdotes,  des  contes,  etc. 
La  réciproque  est  plus  fréquente. 

{*)  En  anglais,  to  spit  —  lo  tlirotv  ont  spiiilc  (crachat). 

En  rouchi,  spicer,  apiicr  —  éclabousser.  En  liégeois  spiutiu  =  guilleret,  pétillant, 
jaillissant. 

En  flamand,  bcspattcn,  bcapiit,  bcspotcn  —  éclabousser,  faire  jaillir. 

m 


—  xr,  — 

sait  même  s'il  faudrait  (initier  la  ville  pour  rencontrer  des 
exemples  de  cet  alus  du  langage  proverbial,  si  spirituellement 
combattu  par  Cervantes  ? 

La  gaberie  dans  les  paj-s  romans  se  mêla  à  tout,  et  cela  ne 
finit  pas  complètement  avec  le  seizième  siècle.  Dans  le  diction- 
naire de  Ducange,  éd.  Didot,  m,  4G6,  on  lit  cette  étrange 
anecdote  :  "Quant  Hylaires  {le  saint  évêque  de  Poitiers)  fu 
entrez  ou  concile,  li  pape  li  dist  :  ïu  est  Hylaires  li  Gauz  ;  et 
Hjdaires  li  respondi  :  Je  ne  suis  pas  Galz,  c'est-à-dire  pous  (^), 
mais  je  suis  de  France,  et  ne  suis  mie  né  de  galine.  „  N'est-ce 
pas  là,  tout  à  fait  dans  le  goût  grossier  du  moyen  âge,  un 
calembour  ou  gaberie?  Et  la  plaisanterie  eût-elle  perdu  de 
sa  vivacité,  si  l'évoque  s'était  avisé  d'aborder  directement  le 
proverbe  auquel  il  faisait  allusion?  En  répondant  au  pape 
par  le  vieux  dicton  fort  connu  à  Liège  :  "  Qui  nait  poule 
aime  à  gratter,,,  il  eût  également  fait  penser  aux  penchants 
que  l'on  tient  de  son  origine. 

Dans  la  chanson  de  geste  intitulée  :  le  voyage  de  CJiarle- 
magne  à  Jérusalem  et  à  Constanti7io2)le,  il  y  a  toute  une 
histoire  de  gaberie  concernant  l'empereur  et  ses  vaillants 
compagnons. 

"  S'est  tel  custame  eu  France,  à  Paris  et  à  Cartrcs, 
Quant  Franceis  snnt  culchietz.  que  se  givent  et  gabent 
K  si  client  ambure  e  saver  et  folage  (-).„ 


Cj  l'ulhis  galliiiaccus. 

(-)  J:ilirbticti  f.  romanisclic  Llllcralur,  I,  20;j,  ^Tellc  osl  la  coulume  en  Franco,  à 


—     XLI    — 

Quoi  qu'il  en  soit,  tous  ceux  qui  ont  quelques  saines  notions 
d'étymologie  admettront  facilement  que  le  mot  germanique 
spot,  entendu  d'abord  dans  le  sens  de  sobriquet,  de  blason,  de 
brocard,  soit  insensiblement  devenu  synonyme  de  dict,  dicton  (^), 
et  ait  enfin  perdu  le  souvenir  de  son  origine  au  point  de  signi- 
fier proverbe  et  maxime.  Faut-il  tant  s'étonner  de  l'origine 
gouailleuse  du  spot  ?  Est-ce  que  le  baron  de  Walef,  l'ami  de 
Boileau,  ne  disait  pas  du  liégeois  "  un  idiome  fait  exprès  pour 
la  satire  „.  (Dédicace  du  triomphe  des  médecins,  1731.) 

Un  mot,  on  l'a  souvent  remarqué,  est  une  pièce  de  monnaie, 
nummus  cul  piiUica  forma.  Mais  en  même  temps  que  le  relief 
s'en  eûace  par  un  long  et  fréquent  usage,  on  en  voit  aussi  se 
modifier  la  valeur  dans  les  échanges,  comme  si  ce  n'était  qu'une 
marchandise  dont  le  tarif  varierait  avec  la  marche  des  temps 
et  des  choses.  A  tout  prendre,  le  langage  est  essentiellement 
humain  ;  il  doit  se  plier  aux  raisons  ou  même  aux  caprices  des 

Paris  et  à  Chartres.  Quand  les  Français  sont  coucIr's,  ils  jouent  et  plaisantent,  et 
Ton  débite  ainsi  tout  aussi  bien  des  choses  sérieuses  que  des  extravagances.) 

Ce  vieux  penchant  à  nuMer  la  sagesse  et  la  folie  a  fait  naître  un  dicton  aussi 
célèbre  chez  les  flamands  que  chez  les  wallons.  «  C'est  tôt  riant  qu'llarliquin  dl 
l'vraie,  »  dil-on  à  Liège.  —  «  Tout  en  riant  le  fou  dit  sa  malice  «(proverbe  flamand). 
—  Uabelais  dit  aussi,  III,  37  :  «  J'ay  souvent  ouy  en  proverbe  vulgaire  qu'ung  fol 
enseigne  bien  ung  sage.»  Au  moyen  âge,  on  disait  :  un  fat,  fatiitis. 

{^)Dicion  ayant  une  désinence  qui,  en  français  (contrairement  au  latin  et  à  l'italien), 
est  le  plus  souvent  diminutive,  on  peut  croire  qu'il  indiquait  d'abord  une  formule 
très  courte  et  d'autant  plus  caustique  qu'elle  tombait  plus  brusque  et  plus  abrupte. 

Spot  dans  le  sens  de  surnom  ironique,  se  trouve  dans  une  comédie  de  Peclers 
{L'ovicije  (la  Cltaiicltcl)  I87tj,  se.  iS  : 

—  N'est-ce  nin  Lùrgoss,  voss  nom'.' 

—  C'est  on  s'po  qu'on  m'mettév,  ji  so  François  Ilanon. 

N'est-ce  pas  le  spot-uaam  =^  sobriquet,  en  flamand'.'... 


—    XIII    — 

liommes.  Parcourez  les  ilictiounaires  d'Estienne,  de  Forcellini, 
de  Freytag,  de  Gesenius,  de  l'Académie  française,  de  la 
Crusca,  etc.,  partout  vous  serez  frappé  de  Tinlinie  variété  des 
acceptions  attribuées  à  un  même  vocable.  Il  est  vrai  qu'au 
fond,  le  sens  primitif  et  propre  reluit  presque  toujours  à  travers 
toutes  .les  accommodations,  appropriations,  déductions,  dériva- 
tions et  même  déformations.  Et  il  faut  bien  qu'il  en  soit  ainsi, 
puisqu'il  y  a  si  peu  de  mots  et  tant  d'idées,  tant  de  choses  à 
exprimer.  Il  y  faut  des  expédients. 

Au  surplus,  que  le  dicton  railleur  ne  reçoive  pas  toujours  la 
même  application  et  glisse  de  nuance  en  nuance,  c'est  ce  dont 
les  preuves  surabondent.  Au  pays  de  Liège,  et  sans  doute 
encore  dans  le  reste  de  la  Wallonie,  le  peuple  a  coutume,  la 
veille  du  le^'  mai,  au  rite  de  mai,  comme  dit  Shakespeare,  de 
placer  une  branche  de  cerisier  à  la  porte  de  la  jeune  fille  volage, 
légère  ou  trop  compromise.  Qu'est-ce  à  dire  ?  Ou  vous  citera 
à  ce  propos  le  spot  du  cerisier  des  imuvres,  et  il  sera  facile  de 
constater  que  la  plaisanterie  a  été  souvent  très  gravement 
détournée  sur  tel  ou  tel  personnage  dont  on  voulait  dire 
"  ami  de  tous,  ami  de  personne,,. 

Qui  n'a  lu  et  admiré,  au  moins  dans  les  traités  de  littérature, 
ce  passage  du  Socrate  CJirétien  où  Balzac  devance  la  philo- 
sophie de  l'histoire  qu'on  trouvera  dans  Bossuet?  —  "Dieu 
est  le  poète,  s'écrie  le  créateur  du  style  académique,  et  les 
hommes  ne  sont  que  les  acteurs  :  ces  grandes  pièces  qui  se 
jouent  sur  la  terre  ont  été  composées  dans  le  ciel,  et  c'est 


—    XLIII    — 


souvent  un  faquin  qui  doit  être  l'Atrée  ou  l' Agamemnon.  Quand 
la  Providence  a  quelque  dessein,  il  ne  lui  importe  guère  de 
quels  instruments  et  de  quels  moyens  elle  se  serve.  Entre  ses 
mains,  tout  est  foudre,  tout  est  tempête,  tout  est  déluge,  tout 
est  Alexandre,  tout  est  César.  Elle  peut  faire  par  un  enfant,  par 
un  nain,  par  un  eunuque,  ce  qu'elle  a  fait  par  les  géants  et 
les  héros,  par  les  hommes  extraordinaires.,,  Eh  bien!  toute 
cette  éloquence  grave  et  pompeuse  ne  fait  que  développer  un 
proverbe  qui  court  depuis  longtemps  les  rues  pour  aider  à  juger 
des  mutations  de  ce  monde  à  la  façon  humoristique  de  Shake- 
speare :  "  Dieu  exécute  ses  grands  desseins  sur  le  monde  avec 
la  main  d'un  manchot.  „  C'est  que  l'ironie  la  plus  grotesque  a 
souvent  la  portée  la  plus  philosophique.  Fer  séria,  per  jocos,  dit 
Tacite  :  le  monde  mêle  le  rire  et  les  larmes  (i). 

Il  reste  toutefois  encore  à  expliquer  comment  les  wallons 
ont  pu  être  amenés  à  prendre  une  dénomination  flamande  pour 
marquer  un  genre  d'esprit  qui  leur  était  si  familier.  On  dit  bien, 
dans  les  adages  traditionnels  :  Li  gentil  de  Liège  (les  hommes 
aimables  et  polis  de  Liège,  cf.  Leroux  de  Lincy,  I,  292)  ;  mais 
on  disait  aussi  les  tiesse  di  Jioye,  la  gent  enragée  (roman  de 
Godefroi  de  Bouillon,  8993),  les  gausseurs,  les  frondeiu-s,  etc. 
Dans  les  proverbes  de  Bovilli,  on  prétend  que  "  le  premier 
assaut  des  Wallons  excède  nature  „  et  le  baron  de  Walef 

(•)  A  Verviors,  le  provcrlic  se  nomme  rappoUroùle.  En  tenant  complc  de  la  ilcsi- 
ncnce  oAle,  .liminutive  (=  olm  en  ghidiolus),  on  arrive  a  la  signification  de  : 
petit  rapport,  ou  rapprochement,  ou  coiniiaraison,  à  moins  qu'il  no  s'agisse  do  ce 
qu'on  rapporte,  cite  ou  répète  d'après  une  tradition. 


—   XLIV    — 

affirme,  en  connaisseur,  que  le  dialecte  liégeois  est  narquois  au 
possible.  Les  wallonnades,  en  prose  comme  en  vers,  qu'on  a 
vues  se  multiplier  de  nos  jours  dans  toutes  nos  provinces 
romanes,  n'ont-elles  pas  plus  souvent  envie  de  faire  rire  que  de 
faire  rêver  ? 

H  faut  donc  (^u'il  y  ait  eu  dans  quelqu'une  de  ces  villes 
flamandes  dont  la  politique  fut  de  si  bonne  heure  engagée  dans 
des  intérêts  wallons,  on  ne  sait  quel  recueil  de  mots  plaisants, 
de  salse  dicta  dont  le  titre  sjjot  ait  fait  le  tour  de  la  Belgique. 
Peut-être  qu'en  ce  pays  de  Looz,  si  fidèle  à  l'étendard  de 
St-Lambert,  il  s'est  rencontré  jadis  quelque  trouvère  tliiois, 
qui,  au  lieu  de  chanter  messire  Eneas  comme  Veldeke  tradui- 
sant Benoît  de  St-More,  a  préféré  chanter  ce  qui  se  racontait 
aux  banquets  des  joyeuses  corporations.  Ces  bourgeois-soldats, 
d'une  bonhomie  un  peu  champenoise,  c'est-à-dire  goguenarde, 
aimaient  les  contes  et  joyeux  devis,  et  ne  regardaient  pas  à 
quelque  mot  trop  salé.  Leurs  sproltcn  (^)  avaient  souvent  toute 
la  malice  des  fabliaux,  et  il  est  très  probable  que  plus  d'un  spot 
n'a  été  d'abord  que  la  conclusion  et  en  quelque  sorte  la  morale 
d'une  anecdote  faisant  fortune  au  point  de  passer  des  flamands 
aux  wallons  ou  des  wallons  aux  flamands.  Il  y  a  eu  de  tout  temps 


(')  n  se  peut  (luc  ce  ternie  d'ancien  (lamaad  xprohe  fasse  croire  à  quelques-uns 
que  le  spot  wallon  ddrive  d'un  radical  qui  signifie  y^nj-Zee,  couler.  Mais  ce  serait  de 
rdlymologie  sans  philologie.  —  Au  reste,  en  traitant  de  la  littérature  gnoniique,  au 
chap.  VH  de  mon  Iliatoire  de  la  liitérature  néerlandainc  en  DcUjiqiie,  j'ai  montré  la 
haute  antiquité  du  mot  spot.  D'autre  part,  il  est  à  remarquer  que  dans  toute  la 
famille  germanique  on  ne  connaît  que  l'anglais  qui  ail  supprimé  Vr  pour  avoir  spokc. 
Encore  faut-il  ajouter  que  l'anglais  primitif  (l'anglo-saxon)  a  xpraecan  et  spccati. 


—    XLV     — 

en  notre  pcn's  un  entrecroisement,  un  enchevêtrement  d'intérêts 
et  de  destinées  entre  toutes  nos  provinces.  Est-ce  donc  surfaire 
les  choses  si  Ton  admet  un  échange  de  mots  et  d'idées  ?  (^) 

11  est  vrai  qu'en  fin  de  compte,  on  peut  encore  soutenir  que 
le  mot  spot  n'est  pas  un  emprunt  et  que  c'est  une  de  ces  nom- 
breuses racines  communes  au  celti(iue;  au  hitin  et  au  germa- 
nique, trois  langues  ou  familles  de  langues  issues  du  tronc 
japhétique,  arj'as  ou  indo-européen.  En  effet,  bien  des  particu- 
larités de  la  langue  d'oïl  et  des  patois  wallons  présentent  une 
physionomie  germanique  et  toutes  ne  sont  pas  empruntées. 
Celles  qui  le  sont  l'ont  été  de  bonne  heure,  à  cause  du  grand 
mélange  de  races  qui  s'est  fait  en  Belgique  depuis  la  première 
invasion  des  Teutons  jusqu'à  l'empire  de  Charlemagne.  Plus  on 
remonte  vers  le  Nord,  plus  on  rencontre  d'éléments  germaniques 
dans  les  dialectes  romans.  Sur  la  frontière  linguistique  qui  va 
à  peu  près  de  Dunkerque  à  Visé,  il  va  sans  dire  (pie  le  mélange 
ressemble  quelquefois  à  une  saturation.  11  ne  faut  pas  oublier, 
à  ce  propos,  que  la  Belgique  formait  jadis  trois  groupes  wallons- 
flamands  :  Liège,  Brabant  et  Flandre  (^). 

(')  l\  n'est  pcul-élre  pas  inutile  de  reniar(|ucr  que  les  Uicronymilcs,  qu'on  voil  à 
Liège  comme  à  Oaml,  très  occupes  d'enseignement,  allachaienl  grande  imporlance 
aux  proverbes.  Us  les  faisaient  recueillir  par  leurs  (;lévcs,  surtout  en  n(?erlandais  et 
en  bas-allemand.  UolTmann  von  Fallcrsleben  (Tu/iiiicin.i,  p.  4),  ajoute  que  la  célèbre 
dcole  de  Devcntcr  publia,  vers  la  fin  du  XV  siècle,  jusqu'à  cinq  éditions  des 
Provcrbin  communia.  Plus  d'un  dicton  est  venu  dos  farces  {Jdinhtcn)  cl  des  préam- 
bules d'épigrammos  (prinmclcii). 

{■)  \\  n'fàt  màye  dire  datick  s'on  n'ia.  (Mém.  n"  fi,  p.  21-. 1 

l'vidommcnt  le  mot  dancU  est  flamand  cl  signifie  merci.  Croirail-on  que  hari-lnHic 
se  rrlrouvc  dans  le  grand  poète  Yondil,  auquel  Hollandais  et  iJeigos  réuHis  ont  élevé 
un  monument  :  «  hy  loopt  hcr  en  Itni.n  J'ai  réuni  tous  les  faits  concernant  la  fédé- 
ration flamando-wallonne  dans  mes  Flamand/^  ci  Wallons.  (Liège,  J.  Renard,  18o9.) 


—   XLVI    — 

Quelle  que  puisse  être,  au  surplus,  l'origine  du  spot  wallon  ou 
du  nom  qu'il  porte,  il  ne  faut  plus  s'attendre  à  trouver  dans  le 
parler  populaire  un  grand  nombre  de  proverbes  entièrement 
originaux.  Les  six  mémoires  envoyés  au  concours  des  spots 
wallons  ont  été  confrontés  avec  des  recueils  parémiologiques 
de  différents  pays,  et  l'on  a  constaté  de  nombreuses  similitudes 
et  d'incroyables  identités.  Le  plus  souvent,  après  avoir  reconnu 
la  concordance  des  formules  (point  capital  en  cette  matière),  il 
a  été  impossible  de  décider  où  elles  avaient  été  réellement 
inventées.  Cela  est  vrai  surtout  des  proverbes  wallons  qui 
reproduisent  des  dictons  flamands  ou  des  adages  accrédités  en 
France.  Il  en  est  des  proverbes  comme  des  idées  littéraires  : 
l'échange  se  fait  de  bonne  heure  et  ne  cesse  jamais.  En  outre, 
il  peut  arriver  qu'un  peuple,  après  avoir  donné,  reprenne,  et 
plus  d'une  fois  les  imitateurs  passent  pour  des  inventeurs, 
jusqu'à  plus  ample  information.  Cela  seul  fait  voir  qu'au 
moyen  âge,  les  nationalités  furent  moins  isolées  qu'on  ne  l'a  dit. 
Il  suffisait  d'ailleurs  de  la  communauté  de  l'Evangile  pour 
établir  ces  va-et-vient,  ces  flux  et  reflux,  ces  courants  et  ces 
contre-courants  d'influences  et  d'idées  (^).  A  côté  des  rensei- 

(•1  En  citant  ce  passage  (reproduit  du  Dulletin,  IV,  29),  M.  l'itrd,  Proverbi 
Sicilinni,  I,  CLXXIII,  le  complète  savamment.  Dans  les  proverbes  de  son  pays,  il 
trouve  déjà  plus  de  272  passages  bibliques.  En  première  ligne,  l'Ecclésiastique,  puis 
les  proverbes  de  Salomon,  puis  les  Evangiles,  puis  l'Ecclésiaste,  et  enfin  le  livre  de 
la  Sagesse.  Curieuses  suggestions  de  l'auteur  à  propos  des  Pères  de  TEglise,  des 
légendes  de  Saints,  des  représentations  de  mystères,  etc.  Saint  Jean  est  le  plus  fêté 
dans  les  proverbes  siciliens.  Les  anecdotes  plaisantes  et  autres  sur  le  Diavulu  ont 
aussi  laissé  de  nombreuses  traces  dans  celte  littérature.  Plus  d'un  adage  sicilien 
n'est  autre  chose  qu'une  satire  contre  les  moines,  (P.  CLXXXI)  les  procureurs,  les 
médecins,  etc. 


—  xLvir  — 

gnements  de  l'Eglise,  qui  ne  variaient  que  dans  quelques 
formes  accessoires  et  qui  touchant  à  tout,  au  temporel  comme 
au  spirituel,  s'adressaient  à  tout  le  monde,  il  convient  de  placer 
aussi  la  puissante  action  des  universités.  De  très  bonne  heure, 
on  voit  les  sentences  de  la  Bible,  les  pensées  des  Pères  de 
l'Eglise,  les  apophthegmes  de  la  philosophie  gréco-latine,  les 
vers  des  poètes,  les  axiomes  de  Caton,  de  Publilius  Syrus,  de 
Sénèque,  d'Hippocrate  et  d'autres  dont  les  noms  se  sont  perdus, 
se  transformer  en  dictons  malicieux  ou  en  rapprochements 
naïfs  à  l'usage  du  vulgaire.  Dans  la  réaction  qui  s'est  faite 
récemment  en  faveur  du  moyen  âge,  on  a  trop  oublié  la  grande 
part  de  l'antiquité  païenne  (^).  On  a  trop  oublié  aussi  que  ces 
proverbes  qu'on  s'imagine  nés  dans  les  foules  et  dans  les 
gausseries  anonymes  et  collectives,  ne  sont,  le  plus  souvent,  que 
des  vers  ou  des  versets  travestis.  Rien  ne  vient  de  rien,  disait 
la  plus  ancienne  école  philosophique  de  la  Grèce  ;  c'est  un 
axiome  qu'il  faudrait  de  temps  en  temps  appliquer  à  l'histoire 
des  axiomes.  N'est-il  pas  étrange  qu'à  notre  époque  d'indivi- 
dualisme, on  méconnaisse  les  droits  de  l'individualité  dans  la 
formation  des  choses  intellectuelles  ?  On  veut  que  V Iliade  soit 
née  au  hasard  et  que  la  paternité  des  contes,  des  légendes,  des 
dictons  et  des  sentences,  ne  puisse  jamais  être  revendiquée.  On 
ne  voit  pas  que  ce  qu'on  attribue  aux  masses  indistinctement, 


(')  J'ai  rappelé  dans  ma  UijenJe  de  VirfjUc  eu  Bcl/jique,  comme  bien  souvent  ce 
qu'on  croit  primordiaiement  sorti  de  l'esprit  plus  ou  moins  primitif  du  peuple,  n'est 
qu'un  écho  livresque,  comme  eût  dit  Montaigne.  Cf.  la  critique  de  ma  dissertation 
dans  Archivio  pcr  lo  ntudio  délie  trndiziovc  populare  (l'alerme,  décembre  1890). 


—   XLVIII    — 

doit  eepentlaiit  revenir  en  dernier  ressort  à  des  individus 
auteurs  ou  initiateurs.  On  ne  voit  pas  qu'à  ce  compte,  les  meil- 
leures créations  de  T humanité  appartiendraient  précisément  à 
ceux  qu'elle  ne  distingue  pas.  Sans  doute,  il  ne  faut  pas 
méconnaître  l'action  latente  et  générale  des  foules  sur  les 
hommes  d'élite  ;  mais  ne  sont-ce  pas  ceux-ci  qui,  en  définitive, 
mènent,  ou  du  moins  agitent  le  monde  ? 

A  entendre  certains  panégyristes  des  temps  carolingiens,  il 
semble  qu'on  doive  trouver  plus  de  spontanéité,  plus  d'indé- 
pendance d'esprit  à  mesure  qu'on  remonte  dans  le  passé.  On 
dii'ait  que  les  contemporains  de  la  scolastique  ont  pratiqué 
toutes  les  libertés,  à  commencer  par  la  plus  délicate  de  toutes, 
celle  de  la  pensée.  Qui  ne  voit  pourtant  que  l'autorité  d(S 
proverbes,  si  générale  en  ces  temps-là,  suffit  à  nous  prouver 
une  très  grande  passivité  intellectuelle,  une  confiance  illimitée 
dans  ce  qui  a  été  dit  et  imposé  ?  S'il  était  possible  de  nier 
l'origine  individuelle  des  formules  et  des  manifestations  de  la 
pensée,  ce  ne  serait,  certes,  pas  à  propos  des  incessantes  formu- 
lations du  dix-neuvième  siècle.  Il  ne  croit  plus  guère  aux  pro- 
verbes précisément  parce  qu'aujourd'hui  tout  le  monde  en  fait, 
dans  ses  discours,  ou  dans  ses  écrits.  Il  y  a,  sans  doute,  beau- 
coup de  vérités  qui  ne  s'inventent  plus  ;  mais  on  peut  toujours 
inventer  dans  les  nuances,  dans  les  encadrements,  dans  les 
reliefs,  et,  en  général,  dans  tout  ce  qui  concerne  l'expression, 
le  style.  Tout  est  dit,  répète  La  Bruyère  après  Térence  et 
Virgile,  mais  le  rafliné  styliste  a  bien  soin  d'ajjouter  :  "  Je  l'ai 


—    IL    — 

dit  comme  mien.  Ne  puis-je  pas  penser,  après  les  anciens,  ime 
chose  vraie,  et  qne  d'autres  encore  penseront  après  moi?...„ 

Au  reste,  que  le  proverbe  soit  sorti  originellement  de  la 
foule  ou  bien  de  l'individu,  il  est  certain  que,  pour  s'établir,  il 
a  dû  répondre  à  quelque  vive  et  générale  préoccupation  de  son 
temps.  S'il  s'est  ensuite  maintenu  dans  la  circulation,  c'est  que 
la  préoccupation  se  maintenait  aussi,'  ou  bien  qu'il  était  protégé 
par  la  force  de  l'habitude  et  le  respect  de  la  tradition.  Mais  on 
pense  bien  que  des  révolutions  de  toute  espèce  ont  depuis  des 
siècles  défiguré  ou  anéanti  des  milliers  de  formules  tradition- 
nelles. Puis,  à  force  d'échanges,  d'emprunts  et  d'imitations, 
l'originalité  a  dû  s'effacer,  s'émousser.  On  finit  par  se  rencon- 
trer et  comcider  non  seulement  sur  les  pensées,  mais  sur  leurs 
formes  et  leui's  allures. 

Il  est  donc  à  regretter  qu'on  n'ait  pas  de  tout  temps  songé  à 
recueillir  et  à  noter  les  façons  de  dire  indigènes  ou  nationa- 
lisées. Plus  on  tarde,  plus  on  perd  ;  mais  aujourd'hui  surtout 
que  les  inventions  et  les  transformations  tiennent  du  miracle,  il 
y  a  péril  en  la  demeure  :  il  faut  se  hâter  de  photographier  les 
habitudes  qui  s'en  vont  pour  ne  plus  reparaître,  c'est  ce  que  la 
Société  de  littérature  wallonne  a  vivement  compris  ;  c'est  ce 
qui  l'a  en  grande  partie  décidée  à  instituer  le  concours  dont 
nous  parlons  plus  haut  (^). 

(•)  M.  Gaslon  Paris  (Journal  des  Savants,  septembre  1890)  si;:nale  d'après  Ernest 
\o\gl  (E'jbeit  vom  Li'itiicli,  Halle  1889)  un  poème  latin  composé  vers  dO'20  par 
Ejîberl,  écolàlre  de  Liéjje.  Ce  chanoine  de  l'empire  allemand,  disciple  de  Nol^er, 
n'aime  pas  les  mali  Fiauciijciiœ,  mais,  s'inspiranl  îles  deux  langues  otlicicUes  de  la 
principauté  épiscopale,  il  enrcj^islre  de  curieux  proverbes  qu'il  appelle  .Enigmaia 
rusticmia.   Lc  spot  est,  en  cfl'el,  assez  souvent,  une  devinette  «  vilain.  V.  c\  -. 


—    L    — 

La  France  possède  des  recueils  de  proverbes  qui  sont  d'une 
rédaction  très  ancienne  ;  mais  on  n'a  pas  encore  pu  bien  vérifier 
jusqu'à  quel  point  tous  ces  adages  avaient  obtenu  di'oit  de 
bourgeoisie.  On  ne  peut  pas,  sans  autre  information,  attribuer 
la  pleine*  notoriété  proverbiale  aux  locutions  accumulées  dès  le 
XTTTe  siècle  dans  les  Dids  des  philoso2)hes,  les  Mots  dorés  de 
Catho7i,  etc.,  etc.  Guiot  de  Provins,  dans  sa  Bible  satirique 
composée  avant  1250,  se  félicite  d'avoir  entendu  dans  les 
écoles  d'Arles  expliquer  la  sagesse  des  philosophes  "  qui  furent 
ainz  (avant)  les  chrétiens,,  et  qui  avaient  nom  :  Platon, 
Sénèque,  Aristote,  Virgile,  Socrate,  Diogènes,  Ovide,  Tullius 
et  Oraces  (^). 

Dans  im  in-folio  de  Tan  1265  et  qui  porte  pour  titre  :  Li 
livres  estrais  de  inhïlosopliie  et  de  moralité,  le  trouvère  Jehan 
refondant  l'œuvre  du  trouvère  Alars  de  Cambrai  (qui  lui-même 
copia  André  de  Huy),  énumère  de  la  façon  la  plus  naïve  les 
principaux  auteurs  des  maximes  qu'on  aimait  à  commenter  à 
cette  époque  avec  une  sorte  de  piété  superstitieuse.  A  côté  de 
Salomon,  Sénèque,  Diogènes,  Isidore,  Aristote,  Caton,  Platon 
et  Macrobe,  il  place  Térence,  Lucain,  Perse,  Horace,  Juvénal, 

Salinm  novixti  xed  aves  collcgcrat  aller.  Jean  Lemairc  de  Belges  (l'd.  Stocher,  IV,  402) 
le  traduit  dans  une  lettre  à  Marguerite  d'Autriche  :  «  Doncques  ma  fortune  est  telle 
que  je  bas  lousiours  les  buissons,  et  ung  aullre  prenl  les  oisillons.  » 

(')  «  Grâce,  qui  tant  ot  de  sens  et  de  grùce,  »  dit  Jehan  de  Meung  (lloman  de  la 
Rose).  «  De  la  morale  gén(5rale  à  la  satire  gdndrale,  dit  M.  Gaston  Paris  (Manuel 
d'ancien  français,  n"  dOiJ)  il  n'y  a  qu'un  pas.  »  Le  savant  philologue  signale  aussi 
les  satires  personnelles  (enirabois,  esiribois)  sorties  de  ces  généralités.  Crandgagnage 
donne  estrahni  et  Forir  stribot,  brocard  et  chanson  .satirique.  FiC  provençal  con- 
naissait eisiribotz.  (Raimbaut  d'Orange,  au  XII<=  siècle).  V.  aussi  dans  Rutebœuf 
la  difputoison  de  Chariot  cl  du  Barbier. 


—    LI   — 

Ovide,  Salluste,  Virgile,  et  n'oublie  sui'tout  pas  le  grand  orateur 
dont  il  a  soin  de  faire  deux  personnages  :  un  Tulles  et  un 
Cicero. 

Voilà  donc  ce  qu'on  enseignait  aux  étudiants,  à  ceux  qui 
voulaient  acquérir'  la  science  appelée  clergie.  Mais  pour  consta- 
ter l'action  de  toutes  ces  sentences  sm-  la  foule  grossière  et 
un  peu  sauvage,  il  faut  recourir  aux  chroniques  et  aux  autres 
documents  de  la  vie  sociale. 

Ce  n'est  qu'en  Espagne  qu'on  a  réellement  commencé  de 
bonne  heure  la  parémiographie.  Dès  le  XIII®  siècle,  le  roi 
Sancho-le-Brave,  dans  son  lihro  de  los  castigos  (^),  signalait  un 
grand  nombre  à.' anciens  proverbes,  et  dans  le  siècle  suivant 
les  moralistes  espagTiols  invoquaient  à  tout  propos  des  palabras 
antiguas.  Or,  tous  les  proverbes  qu'ils  citent  sont  des  vers  ou 
des  hémistiches  assez  réguliers.  N'est-il  donc  pas  probable  qu'ils 
proviennent  d'écrits  modelés  sur  d'anciennes  littératures  ?  On 
sait  que  les  écrivains  latins  de  l'antique  Ibérie  aimaient  déjà  le 
ton  sentencieux  :  qui  ne  se  rappelle  ici  Sénèque,  le  philosophe 
dont  Caligula  disait  •'  arenam  esse  sine  cake  „  et  que  Diderot 
appelait  plus  nettement  le  type  du  style  haché  ? 

Même  en  ne  tenant  pas  compte  du  génie  sombre  et  concentré 
des  Ibères  aborigènes,  il  suffit  de  citer  encore  l'influence  sémi- 
tique introduite  par  les  djTiasties  musulmanes  et  les  écoles 
hébraïques.  Déjà  au  neuvième  siècle,  l'arabe  espagnol  Honein 


(')  A  celte  (époque,  en  France,  on  nommait  Castoicmciu  ce  que  le  lalin  du  moyen 
ige  appelait  disciplina  [cleriatlis). 


—  LU  — 


ben  Isaak  composait  ses  Apoplitliegmes  des  philosophes,  et 
vers  1048,  le  rabbin  Ben  Jehnda  de  Malaga  écrivait,  à  Sarra- 
gosse,  ses  recneils  de  maximes  empruntées  aux  Grecs  et  aux 
Arabes.^  On  sait  (pie  du  onzième  au  quinzième  siècle  les  juifs 
d'Espagne  eurent  un  développement  littéraire  des  plus  remar- 
quables (\). 

Comme  M.  Renan  le  remarque  en  son  histoire  des  langues 
sémitiques,  les  Sémites,  visant  constamment  à  l'unité,  il  la 
S3'nthèse,  devaient  créer  le  proverbe  et  la  parabole.  Ils  ne 
veulent  ni  de  la  dialectique  des  Grecs,  ni  des  analyses,  des 
nuances  des  modernes  :  ils  prennent  les  choses  de  plus  haut, 
et  aifectent,  en  toute  matière,  un  ton  plus  ou  moins  dogma- 
tique. 

Leur  littérature  ne  connait  pas  cette  rotondité,cette  ampleur, 
ce  développement  de  la  phrase,  que  les  Romains  ont  emprunté 
aux  Grecs  et  que  les  nations  modernes  ont,  à  leur  tour,  em- 
prunté aux  Romains.  Les  peuples  sémitiques  s'obstinent  à 
condenser  leur  pensée  dans  des  versets,  des  jeux  de  mot,  des 
énigmes,  des  paraboles,  des  adages,  des  assonnances,  des  anti- 
thèses et  des  parallélismes.Aussi,  ces  peuples,  malgré  toute  la 
finesse  de  leur  esprit,  sont  d'un  entêtement  indéracinable  et  qui 


(')  M.  Pilri^,  en  cilarit  ce  passoge  emprunte;  à  noire  première  éliule  (I,  CXII), 
l'appuie  par  un  extrait  do  Im  lùiciclopcdia  de  Sévillc  (epoca  II,  anno  4",  n"  lu, 
■1880)  où  M.  Cercia  Dianco  éiuimore  tout  ce  que  le  proverbe  espagnol  doit  aux 
Sdmites  de  Cordoue,  de  ToléJe,  de  Tarragonc  et  de  Grenade.  «  On  a  remanjud  avec 
raison,  dit  M.  Hcnan,  que  la  domination  arabe  a  exactement  le  même  caractère 
dans  les  pays  les  plus  éloigncîs  où  elle  a  été  portée,  en  Afrique,  en  Sicile,  en 
Espagne.  » 


—  LUI  — 

résiste  à  toutes  les  nécessités,  à  toutes  les  merveilles  de  la 
civilisation  (^). 

On  conçoit  Jonc  fiuelle  riclic  moisson  de  proverbes,  à  formes 
antiques  et  authentiques,  le  roi  Alphonse,  son  neveu  Don  Juan 
Manuel,  Mcer  Francisco  Impérial,  Fernan  Ferez  de  Guzman 
et  surtout  le  marquis  de  Santillane  durent  faire  aux  XIII<^, 
XIV«  et  XVe  siècles  (2). 

Il  est  à  croire  qu'en  Belgique  aussi,  aux  temps  de  notre 
grande  initiative  politique  et  industrielle,  on  aurait  pu  composer 
de  copieux  catalogues  de  dictons  énergiques,  originaux,  ou  tout 
au  moins,  curieux  pour  l'histoire  des  mœurs  et  des  préjugés. 
Les  Flamands  dans  le  monde  germanique  et  les  Y/allons  dans 
le  monde  néo-latin  ont  laissé  des  traces  lumineuses;  Gand  et 
Bruges,  Mons  et  Liège,  Arras  et  Tournai  sont  des  noms 
célèbres  dans  les  premières  périodes  de  ces  littératures. 

D'un  autre  coté,  le  proverbe  se  mêle  à  tout  aussi  longtemps 
que  l'éducation  libérale  n'a  pas  pris  la  place  qui  lui  appartient. 
Voir,  sous  ce  rapport,  la  différence  qu'il  y  a  entre  le  flamand 


(')  Un  (les  giMiros  les  plus  chers  aux  peuj)lcs  séiniliqiies,  à  toules  les  époques, 
a  ('t(î  celui  des  McsaUm,  provcrhes,  rnaximcs  ex|)rim(!os  d'une  façon  piquante,  pclils 
morceaux  li'une  tournure  énignialiquc  et  recherchée.  C'est  un  usage  constant  des 
iitîc'ralures  de  col  ordre  qu'un  personnage  réel  ou  fictif,  célèbre  à  tort  ou  à  raison 
par  sa  sagesse,  endosse  toutes  les  sentences  ano:iymcs  et  centralise  les  maximes  des 
siècles  les  plus  divers.  Chez  les  iicbreux.  dès  l'époque  d'Ezéchias,  c'était  Salomon 
qui  jouait  ce  rôle  d'auteur  parémiographique  et  gnomique   par  excellence. 

Les  hommes  d'Ezéchias  compilèrent  un  recueil  de   proverbes    qu'on  mettait  déjà 
sur  le  compte  du  fils  de  David,  et  réunirent  à  la  suite  quelques  aulrcs  polils  recueils 
d'une   saiiessc  fort  ancienne,  attribuée  à   des  personnages  énigmaliques  :  Lemuol 
Agour,  Ilbicl,  (I..   lîKNAN,  le  ycijvx  (iEzcchitis.) 

(■-)  Cf.  J.  A  De  Iiis  Hios,  dans  le  journal  ^YEbcri  pour  les  lillératurcs  romanes 
(!'■<'  année). 


—    LIV    — 

Conimj'nes  ÇKY^  siècle)  et  le  wallon  J.  Lemaire  de  Belges 
(Xyi^).  Quand  Jacques  d'Hemricourt,  comme  un  autre  Tliéognis, 
veut  se  plaindre  de  l'avènement  de  la  démocratie,  il  aime  à 
dire  :  "  Al  poisant  demeure  li  werre  ;  —  al  fin  revient  tout 
eawes  en  leurs  clienals,  etc.  (^).  „ 

Un  autre  veut-il  tirer  un  principe  politique  du  :  ne  transgre- 
diaris  terminas  antiqiws  quos  posuerunt  patres  tui  (Proverb. 
XXII,  28),  il  conclura  avec  un  laconisme  un  peu  impérieux 
qu'il  faut  laisser  la  pierre  où  Cliarlemagne  l'a  mise.  Si  c'est 
ainsi  qu'on  parle  à  Liège,  à  Gand  on  dira  qu'il  faut  toujours 
attacher  la  grille  aux  anciens  montants.  Dans  les  brochures 
politiques  sur  la  neutralité  liégeoise  (par  exemple,  les  Senti- 
timents  d\m  vrai  Liégeois,  1674),  vous  lisez  encore  :  "  cheval 
de  Pacolet  ;  monnaie  de  singe  ;  loup  d'Esope  ;  enclume  et  mar- 
teau ;  courir  après  l'ombre,  etc.  „  C'est  à  coups  de  proverbes 
que  Marnix  attaque  ses  adversaires.  C'est  en  répétant,  dans 
toutes  les  occasions  décisives,  le  vénérable  adage  :  Pauvre 
homme  en  sa  maison  est  roi  (^),  que  les  Liégeois  maintiennent 
leur  liberté  contre  tant  d'ennemis  divers.  Veut-on  faire  du 
gallicanisme,  on  exhume  le  vieux  lardon  :  "  Jamais  cheval  ni 
homme  n'amanda  pour  aller  à  Rome.  „  Veut-on  faii:e  du  chau- 
vinisme, on  dira  des  français  :  "  belle  intrêye,  laide  sortie  Q).  „ 


(')  Cf.  Li  patron  dclle  temporalilcit^  ap.  Polain.  Histoire  de  Liège. 

Cj  On  trouve,  dans  les  vieux  recueils  français  :  «  Chacun  est  roy  en  sa  maison». 
L'anglais  dit  :  «  iny  housc  is  my  casUe.  » 

(';  On  dit  encore  enliégeois  :  «  àc'stelieûre  nos  eslans/)««fais (pour dire  :  affran- 
chis, d(/livr(^-s,  par  exemple,  d'un  travail  dont  on  vient  à  hout).  C'est  probablement 
une  sorte  de  jeu  de  mots  très  fréquent  au  moyen  âge  sur  franc  cl  français.  Bien  du 
franchiman  (plutôt  satirique)  des  Provençaux. 


—    LV    — 

Amyot  dit  au  roi  Henri  II  qui  le  trouve  trop  âpre  à  la  curée 
des  bénéfices  :  "  Sire,  l'appétit  vient  en  mangeant ,,. —  L'anec- 
dotier  L'Estoile,  pour  moraliser  siu"  le  poète  Jodelle,  mort  dans 
la  débauche,  trouve  le  proverbe  :  telle  vie,  telle  fin.  Le  docte 
Henri  Estienne,  dans  sa  Précellence  du,  langage  françoys, 
s'attache  surtout  aux  proverbes  pour  démontrer  la  supériorité 
du  français  sur  Titalieu  (^).  Dans  THeptaméron,  à  l'appui  d'une 
morale  plus  ou  moins  édifiante,  on  invoque  les  sentences  popu- 
laires. —  Louis  XI,  le  roi  roturier,  aimait  à  gaber  et  à  dauber  à 
grand  renfort  d'axiomes  traditionnels.  —  Le  duc  de  Parme  lui- 
même,  le  sévère  général  catholique,  disait  de  Henri  IV  :  "  il 
use  plus  de  bottes  que  de  souliers.  » 

Quand,  en  1590,1a  Gascogne  demande  l'appui  de  Philippe  II 
elle  lui  écrit  que,  selon  l'antique  adage,  aux  grandes  portes 
frappent  les  grands  vents.  —  Le  brave  La  Noue  demande  aux 
Gueux  de  Poperinghe,  si  c'est  avec  les  ongles  qu'il  faut  prendre 
les  places.  —  Le  vertueux  chancelier  Mchel  de  l'Hospital  a 
coutume  de  dire  le  vieux  proverbe  :  La  bonne  vie  persuade 
plus  que  l'oraison.  En  1584,  à  une  époque  des  plus  critiques, 
un  des  bourgmestres  d'Anvers  dit  :  "  qui  se  confesse  au  loup, 
doit  recevoir  absolution  de  loup.  „ 

(')  Henri  Eslienne,  qui  est  venu  plus  d'une  fois  en  Belgique,  dit  p.  182  :  *  Il  es 
certain  que  le  parler  des  Picards,  en  comprenant  aussi  les  wallons,  serait  un  dialecte 
qui  pourrait  beaucoup  enrichir  notre  langage  françoys.  »  De  son  cot(?,  Ronsard,  pré- 
face de  la  Franciade,  disait  :  «  Je  l'advcrtis  de  ne  faire  conscience  de  remettre  en 
usage  les  antiques  vocables,  et  principalement  ceux  du  langage  wallon  et  picard, 
'equel  nous  reste  par  tant  de  siècles  l'exemple  naïf  de  la  langue  françoyse,  et  choisir 

es  mots  les  plus  prégnanls  et  significatifs,   non  seulement  du  dit  langage,  mais  de 

outcs  les  provinces  de  France.  » 

IV 


—    LVI    — 


Mais  c'est,  en  général, l'esprit  bourgeois  qui  se  montre  le  plus 
favorable  à  l'extension  des  proverbes.  Quand  cette  influence 
pénètre  jusque  dans  les  romans  de  chevalerie,  on  voit,  dit 
M.  D'Héricault  {Etude  sur  les  chansons  de  Gestes),  les  rois  et 
les  empereurs  parler  et  penser  comme  les  bourgeois  des  petits 
métiers,  avec  une  rare  abondance  de  proverbes,  de  maximes 
triviales  et  de  considérations  vulgaires. 

Aussi,  voit-on  les  proverbes  perdre  leur  prépondérance  et 
leur  prééminence  à  mesure  que  les  littératures  se  débrouillent, 
se  polissent  et  tendent  à  une  sorte  d'aristocratie  de  bon  aloi. 
Quelques  écrivains  —  et  souvent  les  meilleurs  —  veulent 
réagii'  au  nom  de  la  vieille  bonhomie  et  de  la  spontanéité  popu- 
laire. Villon  fait  sa  ballade  des  proverbes,  Régnier  (^)  multiplie 
les  dictons  dans  ses  vigoureuses  satires,  Adrien  de  Montluc 
imagine  sa  Comédie  des  proverbes  et  Benserade,  lui-même,  com- 
posait un  Ballet  des  proverbes  et  le  faisait  danser  à  la  cour  par 
les  plus  grands  seigneurs.  Mais  tout  cela  n'était  qu'un  reste, 
de  plus  en  plus  affaibli,  de  cet  engouement  pour  le  dicton  qui 
avait  autrefois  porté  Charles  d'Orléans,  à  son  retour  de  la 
captivité  de  "Windsor,  à  proposer  des  proverbes  pour  thèmes  de 
poésie.  Qui  sait  si  son  académie  hlaisoise,  en  instituant  ces 
exercices,  faisait  autre  chose  que  reprendre  une  tradition  des 
plus  anciennes  académies  provençales  ? 

La  grande  réforme  sociale  et  littéraire  qui  s'opéra  en  France, 


(')  D'une  trivialité  souvent  heureuse,  Régnier  prend  au  peuple  des   proverbes 
pour  en  faire  de  la  poésie.  (Ste-Bcuve.) 


—    LVII    — 

SOUS  Henri  IV  et  Louis  XIII,  fut  singulièrement  mortelle  à 
l'esprit  proverbial.  Montaigne,  Pasquier  et  Mi^^  de  Gournay 
avaient  été  les  derniers  à  revendiquer  pour  les  proverbes,  la 
première  place  dans  le  langage  des  livres  ;  Malherbe  etVaugelas 
combattirent  à  outrance  ces  traditions  gauloises,  qui  rappelaient 
ce  grave  vincs  dont  se  moquait  Horace  quand  il  poussait  les 
Romains  à  se  dépouiller  de  leur  rusticité  sentencieuse.  L'hôtel 
de  Rambouillet,  dont  le  rôle  fut  si  important  dans  la  guerre  aux 
rudes  façons  du  seizième  siècle,  ne  toléra  plus  que  le  proverbe 
muet,  en  pantomime  et  en  charades  (^).  Dès  lors,  l'adage  tomba 
de  plus  en  plus  dans  la  vulgarité,  et  ce  ne  fut  que  rarement 
qu'il  servit  encore  aux  grandes  obsessions  de  la  pensée 
humaine  (-). 

Il  faut  bien  se  convaincre  de  l'universalité  de  ce  discrédit 
poiu-  ne  pas  se  montrer  injuste  à  l'égard  des  six  mémoires  qui 
ont  été  envoj'és,  eu  1860;  au  concours  des  spots.  Quand  on  tient 
compte  des  grandes  transformations  qui  se  sont  accomplies 
dans  les  paj^s  romans  depuis  une  centaine  d'années,  si  l'on 
s'étonne  de  quelque  chose,  c'est  de  trouver  encore  un  bon 
nombre  d'adages  d'un  cachet  essentiellement  wallon.  A  voir  le 
zèle  et  l'érudition  des  concurrents,  en  général,  il  y  avait  lieu  de 


(')  On  sail  que  Cannonlelle  s'dlait  rendu  cdèbre,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  par  des 
canevas  de  proverbes  dramatiques  pour  la  petite  comc'dic  de  sociiîlé.  On  sait  aussi  qu'il 
n'a  rien  de  la  finesse  de  Théodore  Leclercq,  d'Alfred  de  Musset  cl  d'Octave  Feuillet. 

(*)  Pourtant,  d'après  la  remarque  de  V;ill)erl  [licvne  des  deux  luotides,  •!"  juillet 
■i8i)0),  le  roi  Carlo  Alberto,  pour  faire  l'éducation  de  Victor  Emmanuel,  consigna, 
dans  un  immense  album,  des  proverbes,  des  maximes  qu'il  ramassa  de  toutes  mains 
cl  compila  avec  fureur. 


—    LVIII    — 

se  féliciter  d'avoir  proposé  ces  recherches.  Toute  la  moisson 
n'est  sans  doute  pas  rentrée  dès  maintenant,  mais  le  plus  gros 
de  la  besogne  est  certainement  abattu.  Dorénavant,  il  faudra 
compter,  avec  les  résultats  de  ce  concours  :  c'aura  été  un  des 
plus  utiles,  non  seulement  aux  lettres  wallonnes,  mais  à  l'his- 
toire vraiment  philosophique  de  notre  pays. 

Un  des  concurrents  parémiographes  avait  pris  spirituellement 
pour  devise  : 

"  Méfiez-vous  des xwoverhes,  dit-il,  il  en  est  de  très  dangereux.,, 
Nous  pensons  que  la  Société  wallonne  ne  tient  pas  à  ce  qu'on 
surfasse  la  valeur  des  spots,  ni  pour  leur  portée  pratique  et 
morale,  ni  même  pour  leur  agencement  littéraire.  Chacun  de 
nous  a  présent  à  la  mémoire  un  passage  fort  souvent  cité  du 
Don  Quichotte  (2^  partie,  chap.  43)  :  "  Tu  feras  bien,  Sancho, 
de  te  débarrasser  de  cette  multitude  de  proverbes  que  tu  mêles 
à  tout  ce  que  tu  dis.  Les  proverbes,  il  est  vrai,  sont  de  courtes 
sentences,  mais,  la  plupart  du  temps,  les  tiens  sont  tellement 
tirés  par  les  cheveux,  qu'ils  ont  moins  l'air  de  sentences  que  de 
balourdises.  „  Il  est  évident  que,  même  dans  la  poésie  badine, 
il  ne  faut  user  des  proverbes  qu'avec  une  certaine  sobriété.  Il 
peut  bien  arriver  à  Chaulieu  de  se  souvenir  que  le  proverbe  : 

"  Très  sagement  dit  que  trop  gratter  cuit, 
"  Que  trop  parler  et  trop  écrire  nuit.  „ 

Mais  ce  n'est  qu'en  passant  et  il  n'y  revient  que  de  loin  en 
loin. 
Il  faut  éviter  de  s'en  tenir  trop  étroitement  à  la  nature 


—    LIX    — 

axiomatiqiie  des  proverbes.  Quand  les  paysans  disent  si  souvent 
spojidi  ou  bien  S2)odit  {dit  li  spot),  croit-on  qu'ils  lancent  tou- 
jours des  maximes  ?  Ne  sont- ce  pas  quelquefois  de  violents 
sobriquets  ou  des  comparaisons  à  l' emporte-pièce  ?  Pourquoi  ne 
pas  suivre,  jusqu'à  un  certain  point,  l'exemple  de  M.  Leroux 
de  Lincy,  qui  place,  dans  son  Livre  des  proverbes,  deux  séries 
concernant  les  sobriquets  des  villes,  qui  ne  sont,  après  tout, 
que  des  gaberies  tronquées  ?  Toujours  est-il  que  ces  épithètes, 
qui  ne  varient  guère,  en  dépit  de  tout  ce  qui  peut  changer,  sont 
assez  nombreuses  en  notre  pays  et  peuvent  intéresser  vivement 
notre  histoire. 

Dans  les  Délices  des  Pays-Bas  (Liège,  Bassomp.,  1769, 
t.  rv,  p.  3,  note),  on  trouve  le  fameux  proverbe  traditionnel  : 
"  Liège  est  l'enfer  des  femmes,  le  purgatoire  des  hommes  et  le 
paradis  des  prêtres.  „ 

Et  que  dit  le  flamand  Bertius  ?  —  "  Hune  lapidem  vulgo 
vocant  carbonem  leodiensem,  charhm  de  Liège:  is  ubi  semel 
ignem  concipit,  paulatim  accenditur,  oleo  restinguitur,  aqua 
vires  concipit.  Calor  ei  vehementissimns  ;  quo  fit  ut  Leodienses 
tria  sibi  prae  aliis  gentibus  arrogent,  panem  pane  meliorcm  ; 
ferrum,  ferro  darius ;  ignem  igné  calidiorem.  (P.  Bertii  Tabul. 
geogr.  contract.  libri  VII  Amstelod.  J.  Hondius,  1618,  in-4o, 
oblong,  p.  334.)  Tout  cela  est  déjà  dans  Guichardin  au  XVI° 
siècle. 

N'y  a-t-il  rien  sur  ces  quartiers  de  Liège  qui,  encore  aujour- 
d'hui, ont  une  physionomie  si  tranchée  qu'on  ne  parvient  pas  à 


—    LX    — 

créer  une  fête  unitaire  et  communale?  —  Pourquoi  dit-on 
hayâ  ?  Le  nom  de  cet  ancien  liôpital  de  Liège  viendrait-il  tout 
simplement  de  Bayard,  le  fameux  clieval  colossal  et  magique 
de  couleur  baie  (hadius)?  En  rouclii,  un  léart  est  une  civière  à 
quatre  pieds  (comparaison  avec  un  cheval)  ;  —  en  français,  un 
baiart  est  une  auge  pour  porter  du  ciment.  A  Lille,  au  15° 
siècle,  il  y  avait  un  hôpital  contenant  deux  grands  lits  appelés 
bayards  "  pour  coukier  les  povres  trespassans  „.  Monteil.  Hist 
des  Français. 

Pourquoi  a-t-on  dit  Namur  la  gloutte  (la  friande),  de  même 
qu'en  France  on  disait  :  tête  et  fête  de  Picard  ou  Dôle  la  joyeuse 
ou  Bologne  la  docte  et  la  grasse  ?  Quand  on  voulait  stigmatiser 
le  manque  d'éducation,  ou  plutôt  la  gaucherie  provinciale, 
pourquoi  disait-on  :  "  c'est-st-on  jus  d'ià  (un  de  par-delà)  ?  — 
Qu'est-ce  qu'un  "  liîte  es  Moûse  „  ?  Est-ce  peut-être  un 
reproche  de  poltronnerie  aussi  mérité  que  celui-ci  : 

Istî  Picardi  non  sunt  a  prœlio  tardi  : 
Primo  sunt  hardi,  sed  sunt  in  fine  couardi  ? 

Sans  aucun  doute,  la  pensée  était  aussi  macaronique  que  la 
forme.  —  Pourquoi  dit-on  proverbialement  des  moutons  de 
Thilkin  qu'ils  se  ressemblent  tous  ?  Comment  se  fait-il  qu'à 
Liège  on  dit  :  "  I  n'iî  rappoite  nin  d'iaîwe  „  comme  on  dit  à 
Aix-la-Chapelle  :  "  Er  bringt  ihm  das  Wasser  nicht  „  et  à 
Paris  :  "  il  n'est  pas  digne  de  délier  les  cordons  de  ses  sou- 
liers ?  (^)  „  A  quelle  anecdote  rapporter  cette  locution  ? 

(')  Celle  locution,  dérivée  de  TEvangile  de    St-Malhicu,  se  retrouve  dans    le 
Médecin  malgré  lui  (déchausser  les  souliers). 


—    LXI    — 


D'où  vient  qu'à  Charleroi,  à  Linchent  (Hannut),  etc.,  les 
jeunes  gens  se  nomment  des  hmgards  ?  Serait-ce  tout  simple- 
ment parce  qu'au  XV«  siècle  hragard  signifiait  :  élégant,  petit- 
maître,  recherché  dans  sa  parure,  hrave  dans  ses  habits,  puis, 
par  la  suite,  vantard  {blagard,  blagueur).  —  N'y  a-t-il  rien  à 
prendre  dans  certaines  formules  d'injures  populaires  ?  (^)  — 
Comment  s'expliquer  ce  mot  flamand  danck,  merci,  dans  ce 
proverbe  :  "  I  n'fât  mâye  dire  danck  s'on  n'ia  ?  „  —  Il  faut 
aussi  prendre  garde  de  tenir  pour  exclusivement  liégeois  ce  qui 
se  rencontre  ailleurs,  par  exemple  :  "  Les  paroles  sont  frumelles 
et  les  scrîts  sont  mâles.  „  —  Gabriel  Meurier,  pédagogue 
hennuyer  établi  à  Anvers  où  il  enseignait  l'anglais,  le  français 
et  l'espagnol,  dit,  en  son  recueil  de  1568  :  "  Paroles  sont 
femelles  et  les  faits  mâles.  „  D'où  l'a-t-il  tiré  ?  {^)  —  Le  spot 
liégeois  :  "  selon  les  gens  l'encens  „  existe  en  France.  —  On 
dit  aussi  bien  en  Hollande  qu'en  Wallonie  :  "  Ceux  qui  con- 
seillent ne  payent  pas.  „  Et  même  à  Paris,  on  dit,  en  propres 
termes  :  "  les  conseilleurs  ne  sont  pas  les  payeurs.  „  A  G  and 
aussi  bien  qu'à  Liège,  on  entend  parfois  dire  :  "  Les  Français 
ont  une  belle  entrée  et  une  laide  sortie.  „ 
Le  proverbe  wallon  sur  les  noix  qu'on  attrappe  quand  on  n'a 


f)  Le  glossaire  étymologique  du  patois  l'icord  par  l'abbé  Corblet,  montre  le  profit 
que  l'on  peut  tirer  de  ces  investigations  et  de  ces  éludes.  Nos  revues  folkloristes, 
en  Flandre  et  en  Wallonie,  devraient  dresser  le  catalogue  de  tous  les  .rpois  ou  sobri- 
quets des  villes.  Presque  toujours  il  y  a,  au  fond,  une  cause  liislori(iuc. 

(-)  Au  point  de  vue  des  anciennes  relations  entre  Flamands  et  Wallons,  il  y  aurait 
peut-ôtre  une  élude  à  faire  sur  ce  Gabriel  Meurier,  ainsi  que  sur  Kleury  de  Bellingheii 
qui  a  publié  des  proverbes  français  à  La  Haye. 


—    LXIl    — 

plus  de  dents,  n'a  qu'une  légère  variante  en  espagnol  :  il  s'y 
agit  d'amandes.  Pour  retrouver  les  correspondances,  il  suffit 
quelquefois  de  tenir  compte  d'une  faute  de  prononciation  ou 
de  transcription.  Par  exemple,  qui  s'aviserait,  à  première  vue, 
de  retrouver  ars  metrica  dans  aris  meca  chez  un  meistersœnger 
du  XY"  siècle  ? 

Plus  d'un  spot  n'est  qu'une  traduction,  plusieurs  fois  reprise, 
d'un  verset  des  livres  sapientiaux,  ainsi  :  quid  communicahit 
cacahiis  ad  ollam  (^)  ;  —  volatilia  ad  sihi  similia  conveniunt 
(Ecclesiastic.  13  et  27.)  "  Qui  se  ressemble,  s'assemble.,,  Platon 
démontrait  l'inverse  :  à  force  d'être  ensemble  on  se  copie 
mutuellement. 

Il  y  aurait  encore  lieu  d'examiner  si  Liège,  longtemps 
enclavé  dans  la  Germanie,  ne  doit  aucun  proverbe  à  ce  pays 
où,  dès  le  Xlle  siècle,  un  minnesœnger,  maître  Spervogel, 
composait  un  recueil  gnomique.  11  doit  y  avoir  aussi  des  spots 
pour  ou  contre  Liège  dans  les  pays  qui  faisaient  jadis  partie 
de  la  principauté  épiscopale.  Pourquoi,  en  Famène,  dit-on  : 
"  travailler  pour  le  prince  de  Liège,  „  tandis  qu'à  Liège  même 
on  dit  :  "  travailler  pour  le  roi  de  Prusse  ?  „ 

Mais  tous  ces  desiderata  concernent  la  science  du  folklore 
qui  attire  aujourd'hui  tant  de  travailleurs.  Ils  aiment  surtout 
à  retrouver  la  trace  d'événements  ou  de  situations  historiques 
jusque  dans  les  boutades  les  plus  excentriques. 

(')  Voir  aussi  les  fables  d'Esope  el  les  Ic^gendes  de  l'Inde. 


—    LXIH    — 

"  Ce  sont  presque  toujours,  dit  Quitard  (^),  les  usages,  les 
habitudes,  les  mœurs  publiques  et  les  façons  de  sentir  et  de 
penser  d'un  peuple  qui  impriment  à  ses  proverbes  le  caractère 
spécial  (pii  les  différencie  des  proverbes  des  autres  peuples. 

"  H  est  donc  essentiel  de  reconnaître  ce  caractère,  surtout 
dans  les  nôtres,  que  les  compilateurs  ont  recueilli  sans  en  indi- 
({uer  ni  Torigine  ni  la  date,  ou  bien,  en  les  indiquant  d'une 
manière  très  inexacte.  ]Mallieureusement,  il  ne  saurait  être 
constaté  d'une  manière  incontestable  dans  la  plupart  de  ceux 
que  nous  avons,  car  ils  nous  sont  communs  avec  les  Italiens, 
les  Espagnols,  les  Anglais,  les  Allemands,  etc.,  qui  peuvent 
les  avoir  inventés  aussi  bien  que  nous.  „ 

Un  amateur  de  dictons  liégeois  a  pris  pour  devise  :  "  Toute 
dégradation  individuelle  ou  nationale  est  sur  le  champ  annoncée 
par  une  dégradation  rigoureusement  proportionnelle  dans  le 
langage.,,  Cet  aphorisme  à  la  Bonnald  semble  indiciuer  qu'il 
regarde  le  décri  ou  le  rabais  des  proverbes  comme  une  déca- 
dence sociale.  Ovide,  en  son  temps,  avait  déjà  répondu  aux 
louangeurs  du  passé  : 

Pritjca  juvent  alios;  at  iiuno  me  denique  uatum 
Gratulov,  luec^œtas  moribtis  apta  mois. 

D'ailleurs,  qu'on  s'en  féliciti»  ou  qu'on  s'en  désespère,  on 
n'arrêtera  pas  le  cours  des  choses.  Nous  avons  dit  plus  haut 
pourquoi  le  langage  proverbial,  relégué  dans  les  rangs  infé- 

(')  p.  M.  QllTARlt.  Etudes  hisioruiueit,  littéraires  et  morales  sur  les  proverbes 
français,  p.  2!n  (Pari?,  dSîJO).  C'est  cet  auteur  (lui  composa,  en  iS'28,  la  morale  en 
aciinii,  livre  cher  à  notre  enfance. 

V 


—    LXIV    — 

rieurs  de  la  société,  au  lieu  (rètre  la  sagesse  des  nations,  n'en 
pouvait  plus  être  que  la  furtive  gausserie.  Mais  quelle  que 
puisse  être  notre  opinion  à  ce  sujet,  nous  devons  reconnaître 
que  les  proverbes,  dûment  constatés  et  suffisamment  expliqués, 
sont  des  documents  précieux  pour  la  philosopliie  de  l'histoire. 

Parfois,  le  spot  semble  un  dernier  éclio  d'une  aventure 
oubliée,  par  exemple  :  "  On  n'sét  wisse  qu'ine  vache  happe  on 
lîve. ,,  N'est-il  pas  curieux  d'avoir  à  constater  que  la  chose  se 
dit  littéralement  de  même  en  Flandre  ?  Plus  d'un  collecteur  de 
proverbes,  pourtant,  ne  semble  pas  se  douter  de  la  possibilité 
d'une  concordance  ou  d'une  transmission  de  proverbes.  Or,  ce 
sont  quelquefois  les  plus  populaires  qui  sont  les  plus  complè- 
tement empruntés.  Qui  croirait  que  "faire  et  défaire,  c'est 
toujours  travailler,,  vient  de  Paris?  Qui  croirait  que  la  locu- 
tion des  qwatte  xnd  blanc  se  retrouve  dans  ''  le  cheval  aux 
quatre  pieds  blancs  „  proverbe  français  que  Quitard  dérive  des 
écuyers  qui  dédaignent  les  chevaux  bais  qui  ont  des  balzanes 
aux  quatre  pieds? 

Il  ne  faut  donc  pas  reculer  devant  les  comparaisons  :  plus 
d'une  fois  elles  vous  mènent  à  de  curieuses  découvertes.  Le 
spot  :  "  On  chante  bin  grand'messe  divins  'ne  pitite  église  „ 
s'explique  par  un  autre  :  "  C'est  d'vins  les  p'titès  lâses  qu'on 
mette  les  l)ons  ôlmint.  „  —  Dans  les  petites  boîtes  les  bons 
onguents,  dit  le  français  ;  de  fines  épices,  dit  le  flamand.  Or, 
dans  le  Marchand  de  Venise,  de  Shakespeare,  dans  les  Oesta 
Romanorum,  recueil  d'anecdotes  très  goûté  au  moyen  âge,  et 
dans  Barlaam  et  Josaphat,  le  plus  ancien  des  contes  dévots,  on 


—   LXV    — 

trouve  une  légende  dont  notre  spot  n'est  évidemment  qu'une 
affabulation  plus  ou  moins  correcte.  Ou  peut  même  remonter 
jusqu'à  la  grande  légende  de  Bouddha,  qui  réforma  le  mona- 
cliisme  indieu,  six  siècles  avant  notre  ère  (^). 

Horace,  ayant  un  jour  à  se  défendre  de  l'amitié  trop 
exigeante  de  Mécène,  lui  écrit  :  "  Tu  m'as  fait  riche,  Mécène, 
mais  non  pas  comme  le  Calabrais  qui  offre  des  fruits  à  son 
hôte  :  Mangez-en,  je  vous  en  prie.  —  Non,  c'est  assez.  — 
Emportez-en  du  moins  autant  que  vous  voudrez.  —  Vous  êtes 
bien  bon.  —  Vos  enfants  seront  charmés  de  ce  petit  présent. 
—  Il  m'oblige  autant  que  si  j'en  emportais  ma  charge.  —  Vous 
êtes  le  maître,  mais  nos  pourceairs  profiteront  aujourd'hui  de 
ce  que  vous  laissez.,, 

A  ce  trait  final,  comment  ne  pas  reconnaître  l'histoire  du 
curé  et  de  la  fermière  qui  se  racontent  partout,  avec  les  variantes 
et  les  fioritures  iné^dtables  en  une  matière  dont  on  dit  :  "  si  ce 
n'est  pas  bien  vrai,  c'est  bien  trouvé.  ,.  Et  quand  c'est  trouvé, 
on  se  contente  de  la  reprendre. 

Le  plaisir  de  faire  revivre  ces  vieilles  façons  de  parler  où 
l'on  lyeint  et  où  l'on  pince,  comme  disait  Montaigne,  a  produit 
une  littérature  spéciale.  Dans  des  contes,  des  romans,  des 
comédies,  on  a  voulu,  à  tout  prix,  enfiler,  enchâsser  des  locutions 
proverbiales.  Nous  connaissons  surtout  l'exemple  d'Adrien  de 
Montluc,  comte  de  Cramail,  11  n'a  pris  qu'une  intrigue  des 
plus  simples  :  on  voit  l)ien  que  sa  comédie  n'est  qu'un  prétexte. 


(')  Revue  trimestrielle,  l    xxviii.  (J.  SlEf.liER.  Orujiiic  bouddhique  du  plus  ancien 
des  contes  <lcrots.) 


—    LXVI    — 

un  cadre  à  ilictons.  Mais  on  voit  aussi  avec  quel  art  il  ajuste 
ses  mots  traditionnels  au  caractère  et  aux  discours  de  ses  per- 
sonnages. Il  sait  amener  des  rencontres  qui  amusent  et  des 
reparties  qui  sont  toujours  en  situation.  En  d'autres  tentatives 
de  ce  genre,  on  a,  non  pas  assaisonné,  mais  sursaturé  ;  les  per- 
sonnages ne-  sont  occupés  que  de  souligner  leurs  façons  de  dire. 
Que  ces  auteurs  étudient  Montluc  ou  i>hitOt  Molière,  et  qu'ils 
se  résolvent  à  éviter  lïnfortune  de  Sancho.  —  "  Oh  !  pour  cela, 
disait  l'écuyer  goguenard,  Dieu  seul  3'  peut  remédier  ;  je  sais 
plus  de  proverbes  qu'un  livre,  et,  quand  je  parle,  il  m'en  vient 
à  la  bouche  une  telle  quantité  à  la  fois  (qu'ils  se  disputent  à  qui 
sortira.  Alors  ma  langue  lâche  les  premiers  (pii  se  présentent, 
qu'ils  viennent  à  propos  ou  non...  ,, 

On  a  vu,  par  les  exemples  cités  plus  haut,  combien,  en  dépit 
de  tout,  on  a  peine  à  rester  indifférent  devant  cette  sagesse 
parfois  étrangère  et  bariolée  et  carnavalesque.  Puisse  la  nouvelle 
édition  du  Dictionnaire  des  spots  être  un  stimulant  nouveau 
pour  ces  recherches  !  A  tout  prendre,  elles  sont  agréables  ;  si  l'on 
ne  trouve  pas  toujours  ce  que  l'on  cherche,  on  trouve  du  moins 
des  compensations,  quand  ce  ne  serait  que  la  satisfaction  de 
travailler  à  la  connaissance  plus  intime  de  notre  passé  national. 
En  attendant,  à  chaque  jour  suffit  sa  peine.  Il  en  coûte,  je  le 
sais,  d'attendre  ;  mais  on  ne  songera  pas  à  dire  :  li  cosse  fait 
piède  li  gosse;  —  Den  cost  verdryft  den  ïost  ;  le  coût  fait  perdre 
le  goût.  J.  Stecher. 

Liège,  juillet  1891. 


DlCTIONMAIRl-: 


DES 


SPOTS  OU  PROVEUBES  WALLONS 


A,  B. 

1.  iNi  savu  ni  à  ni  b. 

T  TTT  Ne  savoir  ni  a  ni  b. 

ft  re'très  iRnoranl,  ne  pas  savoir  lire,  et  fig.  ne  pas  eon- 
naîlre  les  p^emlrs  'çàÀçes  de   la  ehose  dont    on    parle. 

(l.ITTRli.) 

Habaja. 

Cisle  Hippocrale  est  ili  mi  ovrége, 

C'est-st-on  boubiet  comme  vos  l' voyez, 

Oui  n  sél  seùrmiiU  ni  à  ni  b.  _ 

(De  Harlez.  Les  hypoconie.  III,  se.  /.  Hob.) 

C-esl  màihurcux,  paret,  qui  ji  n  sds  ni  ;\  ni  b. 

(WiLi.EM.  Uiùth'mél  soddr.  Chansonnellc  ïHoo.) 

Jihan  Gilles  est-st-on  boubiet  qui  n  sét  ni  à  ni  b. 

{YORIR.  Diclioiinatre.  1801. ) 

GÉRA. 

ga  m'freut  mutoi  véye  cidre. 

Mais  ji  n' ses  îi  ni  b.  .^.  •   .    i         •>    ta-i"  \ 

(UemouCHAMFS.  Len  nwour  da  Gcra.  i,  se.  .i.  laio.) 

M  ENCREUR. 

Mais  c-est  po  rire,   surmint,  mi  trépassèvc  qui  n  savent  ni  à  ni  b, 
ni  l'àreul  nin  fait.  ^^^^^,^^^^     ^  ^^,^.  ^,  ^-j^^  g^   y.  ,,88o.) 

Vkuvifrs  Honte  à  qui  n"  sét  l'a  ni  b, 

Honneur  à  ci  qu'i  est  r'coirdiî.  , 

(Renier.  Spots  nmcs.  1671.) 

Vf.l'i  oou  uu'  c'est  (lu  n'  saveur  ni  à  ni  b. 
NKRV.EHS.  ^,.,l^\',ZZn  du  ...  les  Tn.s.  Ch.  Mes  amuseltes.  188i.) 

MoNS.  Jean  GoJeau  n'savoi  ni  i.  ni  b,  ça  rimbeloi,  mais  il  é.oi  trop  vieux  pour 

ai.prinde  ses  letle.  (LtTEixiER.  Armomquc  de  Mom.  18(;3.) 

i 


2.  Ri  mette  à  l'a  b  c. 

LiTT.  Remettre  à  l'a  b  c. 

lleinettfo  quelqu'un  aux  prcmierri  élémcnls,  aux  premiers 
principes  d'un  art,  d'une  science;  le  traiter  d'ignorant. 

Prov.  tV.  —  Renvoyer  quelqn'ini  h  Va  b  c,  le  remettre  ù  l'a  b  c. 

.  On  l'a  r'inettoii  h  l'a  b  c. 

(FuRili.  Dict.  1861.) 

Les  feuiiiine,  diret  l'jôaaî  qui  n'est  loili  ([  l'à  l'a  b  c,  les  feumme,  c'est  l'perfec- 
tio.in'mint  appoirld  à  l'invention  d' l'homme. 

(Salmc.  Quelle  tromp'rcye.  Chansonnette.  1877.) 

N.vMi'it.         Qu'est-c'qui  tôt  ça  d'verait  pus  taunl,  li  bon  Diét  l'sét, 
Et  nos  n'estans  qu'à  l'a  b  c. 

(Wérottk.  Seif/unns  nos.  Chanson.  1867.) 

MoNS.        Ceux-là,  nous,  comme  les  auto,  i  faut  l'us  ajiprindc  l'a  b  c. 

(Lkteluer.  Arinonaque  dé  Mom.  I8'f8.) 

Prov.  contraire.  Met/.     Werliayc  sait  les  loix  tôt  corne  son  a  b  c. 

(BfiONrjE.X.  Chan  Heurlin.  Poème.  1787.) 

ABATTRE. 

8.  L'priimî  qui  l'abat,  la. 

LiTT.  Le  premier  qui   l'abat,   l'a. 

Les  premiers  entrés  sont  les  mieux  placés. —  Le  premier  au 
moulin  engrène.  —  Res  nullius  cedit  occu[)anti.  (Inst.  lib.  II, 
tit.  1,  §  2.)  —  Quod  nullius  est  id  ratione  natui^ali  occupanti 
conceditur.  (L.  3.  D.  Lib.  41,  titre  17.) 

La  dame  au  nez  pointu  répondit  que  la  terre 
Était  au  premier  occupant. 

(Lafontaine.) 

Orig.  Le  pi^overbe  wallon  ("ait  peut-être  allusion  au  jeu 
p()[tulaire  :  Taper  à  l'àwe. 

LlSFîETH. 

Panlieniic  ji  voireu  vi'ye  cisse  la. 

GÉTUOU. 

Bin  t'èl  vièret. 

LiSBETH. 

Qui  l'abat  l'a. 

GÈTROU. 

Bin  li  l'àrot. 
(De  ViVARio.   Li  /it:<sc  (li  Iliiûte-s'i-ploiU. \cl.  II,  se.  K.  17,')7.) 

Basse-Allemag-Nl:  -  Wer  ani  ersten  kommt,  malt  am 
ersten. 


-  3  — 

ABOYER. 

4.  Ilawer  après  ï  baîté. 
LiTT.  Aboyer  à  la  lune. 

Se  dit  en  parlant  d'un  homme  qui  crie  inutilement  contre  un 
plus  puissant  que  lui.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  C'eot  aboyer  à  la  lune. 

Allez,  sipàrgnîz  vos  côp  d' iawe, 
Ca  vos  fez  comme  li  chia  qui  hawe 
Après  r  b;iité  qui  lût. 

(Bailleux.  Li  colowe  et  i  Icme.  Fàve.  i8">6  ) 

Ce  sont  des  chiens  qui  abboycnt  à  la  lune. 

{Dici.  des  pr.fr.  17 08.) 
Abbayer  contre  la  lune.  (Travailler  en  vain.) 

(OCDIN.  Curiosicezjrançoises.  1640.) 

JODOiGNE.  C'esl-st-lia\ver  après  l'ieune. 

Basse-Alle.magne.  —  Den  Mond  anbellen  (vom  Ilunde). 

0.  Quand  on  n'pout  nin  hagnî,  i  n'fant  nin  hawer. 

(Namuk.) 

LiTT.  Quand  on  ne  peut  mordre,  il  ne  faut  pas  aboyer. 
Il  ne  faut  pas  attaquer  quand  on  ne  peut  se  défendre.  11  ne 
faut  pas  s'exposer  à  une  défaite  ci,M"taine. 

ACCROC. 

6.  I  lail  des  croc  los  costé. 

LiTT.  Il  laisse  des  accrocs  de  tous  côtés. 
Il  contracte  des  dettes  partout;  il  a  des  dettes  criardes;  il 
ne  paie  personne. 

7.  Mette  li  croc. 
LiTT.  Mettre  raccroc. 

Donner  un  accroc  ;  retarder  ou  empocher  la  conclusion  d'une 
affaire.  (Littré.)  —  Faire  éprouver  une  perle. 

Ca,  ji  n'vous  nin  por  vos,  il  esl  bon  <li  v'prdv'ni, 
McUe  li  croc  ù.\  botique,  qui  m'mcUel  à  crWit. 

(nEMOLXiiAMrs.  Li  .^rtc'ti.  I,  se    2.  1858.) 

ACHETh:K. 

8.  On  ach'têye  les  bons  cli'và  so  s(à. 

LiTT.  On  achète  les  bons  clievaux  à  l'écurie. 
Une  jeune  fille  qui  a  du  mérite  n'a  pas  besoin  de  courir  les 
bals  pour  trouver  un  épouseur. 

Le  mf'rite  se  cache,  il  faut  rullor  trouver. 

(Floiuan.) 


9.  Acater  c'qu'on  n'a  gnié  danger 

C'est  Tmoyé  d'  d'aller  tout  a  rié.  (Mons.) 
LiTT.   Acheter  ce  dont  on  n'a  pas  besoin 

C'est  le  moyen  d'aller  de  tout  à  rien. 
Les  dépenses  inutiles  sont  ruineuses. 

Vkrviers.  Ech'ter  Irope,  oulrc  de  rmaulauhe, 

Fait  vendre  çu  qu"on-z-a  môsauhe. 

(Kenieu.  Spots  rimes.  1871.) 

10.  Ji  l'a  ach'té  tilie-et-lahe. 

Lrn  .  Je  l'ai  acheté  ainsi  et  ainsi  (allitération). 

Je  l'ai  acheté  à  l'œil,  sans  vérification. 

l'r.  fr.—  Acheter  l'un  portant  l'autre.  (Le  bon  et  le  mauvais.) 

(OUDIN.  Cuviosiiez fraiiçoi.ies.   IGiO.) 

Ji  va  fer  rikparer  in'mohonne  tihe  el  Uhe.  (A  forfait,  à  perte  ou  à  gain.) 

(FoRiR.  Dict.) 

Des  Tawe  aveut  co,  âtou  d'ia,  saqwanls  porchet  d'tdrre,  qui,  metlou  essonle, 
mes'rîl  lihe  et  tahe,  po  l'mon  vingt  cinq  bouni. 

(Magnée.  Li  houloue.  ■1871.) 

Mai.iiedy.  Adter  Stockstehn. 

Basse-Allemagne.  —  Etwas  auf  gut  Gluck  kaufen. 
ACHETEUll. 

11.  1  gn'a  pus  d'  sots  ach'leu  qui  d'sots  vindeu. 

LiTT..  Il  y  a  plus  de  sots  acheteurs  que  de  sots  vendeurs. 

Nos  lois  prévoient  la  Ibllc  enchère,  mais  elles  admettent 
aussi  la  rescission  du  contrat  au  prolit  du  vendeur,  du  chef  de 
lésion. 

RoL'Ciii.  I  n'y  a  nus  sols  vcndeux,  i  n'y  a  qu'  des  sots  acatoux. 

(Hécart.  Di'i.) 

Il  y  a  plus  de  fols  acheteurs  que  de  fols  vendeurs. 

(LoYSEL.  histit.  l.  IH,  tit.  4,  §  '2.  N"  403,  éd.  Laboulaye.) 

Or  n'esl-il  si  fort  entendeur 

Qui  ne  trouve  plus  fort  vendeur. 

{Farce  de  Pacheliti.) 

Cf.  LoiSEAU.  Traité  du  déguerpisscment.  L.  111,  ch.  I,  n"  19. 
ADIEU. 

1^.  Adieu  Luc, 

T'as  pris  du  brin  pour  du  cliiic.  (Tgup.nai.) 
LiTT.  Adieu  Luc, 

Tu  as  pris  du  bran  pour  du  sucre. 


5  - 


Dicton  en  vogue  à  Toaniai  pour  reproclier  à  quelqu'un  il'a- 
voir  mal  vu.  —  Se  dit  également  d'une  chose  sur  huiuelle  on 
ne  doit  pas  compter. 

Var.  Charleroi.  Argan. 

I  faut  co  iesse  raisonnabe  eiet  ii'né  schorchi  vos  malade,  Irenle  sous  on  lav'niirit  ; 
bonjour  Luc. 

(Bernus.   Umaliide  Sl-Tliibuu.  I,  se.  1.  1878.) 

Naml'R.  Par  on  bia  joû  ji  ui'trebuque 

En  dansant  aveu  Lisa, 
Gomment  va-l-i?  bonsoir  Luque 
Ji  m'sovairet  de  i'polita. 

(J.  CoLSON.  l  faut  bin  pasxei-  par  là.  Ch.  ISG'i  ) 

AFFAIRE. 

13.  Quelle  atVa ire  à  Lii^e  ! 

LiTT.  Quelle  allaire  à  Liège  ! 

Cette  expression  s'emploie  toujours  en  bonne  pari;  c'est  une 
espèce  de  e  ri  de  joie.  —  Après  une  énumération,  c'est  le  bou- 
quet du  feu  d'artifice. 

Cf.  De  plus  fort  en  plus  fort,  comme  chez  Nicole! . 

Todi  pus  gros  !  (Cri  des  vendeurs  de  poisson  à  la  minque  ) 

Servas. 

Awel  dai,  on  dobe  marii'^ge  et  on  bouquet,  quelle  afll^iire  à  Lige. 

(Brahy.  Li  bouquet.  II,  se.  2:2.  1878.) 

Bièth'mé. 

Ji  compte  même  si  bin  fer  d'mes  pid  et  d'mes  main  qui  nos  'nae  àrans  plusieurs 
(di  ?iervante)  quelle  affaire  à  Lige;  qu'on  àrct  bon  cial. 

(WiLi.EM  et  Bauwens.  Péchl  rach'té.  Se.  o.  1882.) 

AFFUBLER. 

1  i.  Fàrot  vèye  coîiimc  Mayon  s'aflurr/l. 

LiTT.  Il  faudra  voir  comme  Marianne  s'affublera. 

Se  dit  ([uand  on  ne  veut  pas  |)rendre  tout  de  suite  une  diUer- 
mination,  (pian  I  on  veut  atten  Ire  les  événements. 

Mayon  signifie  souvent  maîtresse.  Colin  et  Mayon  désignent 
un  couple  assorti. 

D'après  rconsèye  di  Crahiiy,  Aimon  s'rd.soùda  à  s'tini  bin  kmi  po  vèyo  kimint 
qu'Mayon  s'alTùlV  u  ;  i  leva  don  aller  toi  à  l'wàde  di  Diu. 

(Magnkk.  I.i  Imiiloiic.  1871  ) 

Jaluaî.  Bièth'mé. 

Adon  vos  l'vièroz  ruv'ni  so  l'happa.  A  resse  nos  vièrans  comme  Mayon  s'aflùlret. 
(Xhoffer.  Les  deux  sorochc.  I,  se.  4.  1861.) 


—  6  — 


AGE. 

15.  On  fait  des  sottrèye  à  tôt  âge. 

LiTT.  On  fait  des  sottises  à  tout  âge. 

En  avançant  en  âge  on  n'est  pas  exempt  de  commettre  des 
fautes,  des  erreurs,  des  folies. 

Pr.  ff.  —  On  fait,  des  folies  à  tout  âge. 

Jacoues. 

Kimint,  à  quarante  cinq  an  vos  songîz  à   v'rimarier,   on  a  raison  d'dire  qu'on 
fait  des  sottrèye  à  tôt  âge. 

(Willem  et  Dauwens.  Les  tourciveux.  Se.  S.  18812.) 

Jadis  ton  maître  a  fait  maintes  folies 
Pour  des  minois  moins  friands  que  le  tien. 

(BéranGER.  Le  célibataire.) 

16.  On  n'te  d'mande  pont  l'âge  que  t'as.  (Tournai.) 

LiTT.  On  ne  te  demande  pas  l'âge  que  tu  as. 
Dit-on  à  un  individu  qui  se  permet  de  donner  son  avis  dans 
une  afîaire  qui  ne  le  concerne  pas. 

AIDER. 

17.  Aidîz-v'  etl'bon  Diu  v's  aidret. 

LiTT.  Aidez-vous  et  le  bon  Dieu  vous  aidera. 

Il  faut  agir  quand  on  veut  venir  à  bout  de  quelque  chose. 

(ÂCAD.) 

Pr.  fr.  —  Aide-toi,  le  ciel  t'aidera. 

(LVFONTAINE.  Le  charretier  embourbé.) 

Qui  s'attend  à  Técuelle  d'autrui  a  souvent  mal  dîné. 

A  toile  ourdie,  Dieu  mesure  le  fil. 

Pr.  valaque.  —  Quand  tu  soignes  bien  ton  travail.  Dieu  est 

avec  toi. 

Aidîz-v'  et  l'bon  Diu  vis  aidret. 

(Bailleux.  Li  cher  on.  Fàve.  Liv.  IV,  i8.  18o6.) 

Aide-tu,  l'bon  Diu  t 'aidret. 

(FoHiR.  Dict.  iSGO.) 

Varunte.        Vos  avez  fait  vosse  U'\,  vos  v'divez  c.oûki  d'vins. 

Aide-tu,  li  cîr  t'aidret;  c'est  l'pus  sur,  rit'  nez  l'bin. 

(TiiiRY.  l»c  cope  rii  (jraiidivenx.  18")9.) 

Marche.  Aide-tu,  l'bon  Diet  t'aidret  li  même. 

Mais  d'hat-i  co,  comme  il  est  scrit  :  aide-tu,  et  l'cîr  t'aidret,  i  fàt  aller  trover 
Merlipopettc,  c'csl-st-ine  feumme  qu'a  slu  macrallc. 

(Magnée.  Li  boulotte.  1871.) 

Nami;r.  Aidîz-vos  et  l'bon  Diét  vos  aidrùl. 


—  7  — 

18.  Pauc  aide  et  riii  n'aide. 

LiTT.  Peu  aide  et  rien  n'aide. 

Un  petit  secours  ne  laisse  pas  que  d'être  quelquefois  très 
utile.  (ACAD.)  —  Un  lé;jer  secours  vaut  mieux  qu'un  entier 
abandon.  —  On  se  rattrape  à  un  l'étu. 

Pr.  t'r.  -  Un  peu  d'aide  fait  grand  bien. 
Peu  aide  et  rien  n'aide. 

(CiABit.  Melrieu.  Trésor  des  sentences .  I068  ) 

V.\RiANTE.  Il  n'y  a  si  pau  qui  n'aide. 

Il  n'y  a  si  pou  qui  n'aide. 

Et  l'on  ajoute  parfois  :  dit  la  souris  et  elle  pisse  dans  la  nier. 

MoNs.  C  n'est  nié  grand  chose,  mais  i  n'a  si  peu  qui  n'aide,  quand  i  s'at^it 
de  nie  mouri  d'faim. 

(liETEi  I.IER.  Armnnnrqite  dé  iions    I800.) 

Cité  par  Forih    HJ^'. 

Jai.hay.  TinoDùiîE. 

Si  v's  avo7,  mellou  l'pîd  evr.vi  one  flatte,  i  fût  rsèchi  foû  :  Kii  bin,  ponke  jiide  et 
rin  n'aide,  disl-on  toudi. 

(Xhoffer    l'.e.'î  denr  soroche.  II,  se.  dO.  1802.) 

Vab   Mons.      El  proverpe  dit  qu'i  faut  s'assister  l'un  l'aute  dins  c'monde  ci. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  -18G9.) 

19.  Qwand  deux  paiive  s'aidet  l'honDiii  rèye. 

LiTT.  Quand  deux:  pauvres  s'aident  le  bon  Dieu  rit. 
Dieu  sourit  aux  efforts  de  deux  pauvres  qui  s'enlr'aident. 
En  citant  ce   proverbe  on  dit  souvent  :  Li  bon   Diu  ennè.s 
rèye,  ce  qui  dénature  le  sens  qui  serait  alors  celui-ci  :  Dieu  rit 
des  efforts,  etc.  Forir,  Dict..  donne  celte  dernière  version. 
Cf.  FloriaN.  l'ovruglc  et  le  paralytique.  Fable. 
Nos  d'vans  quoiri  chaque  joii  de  l'vèye 
A  s^chî  d'pùnc  on'K  ou  Taule  di  nos  fré 
Qwand  c'est  qu'deux  |tauve  s'aide!  li  bon  Diu  rèye 
C'est  l'bonne  inunîre  di  Tadùrer. 

K.  Defueciieux.  Li  vèijc  llnjciiiie.  Chaas.  18()G.) 

Variante.  Deux  pei'ipe  s'aidant,  li  bon  Diu  rèye 

S"i  rcye,  c'est  qui  séret  conlin. 

(HoCK.  On  bon  voisincgc   Clians    ISGl.) 

Variante.  Ça  fait  rire  li  bon  Diu 

Qwand  on  jiauve  bomnie  secourt 
(in  pu  jtauve  oco  qu'lu. 

(Dailleux.  Li  colon  et  ifrumihe.  Fàvc.  lSo\.) 

Veiiviers.  Lu  main  qui  danne  aisi,  de  cir  deut  esse  bènèye, 

Lu  pauve  qui  danne  au  pauve,  lu  bon  Diot  d'jôye  es  rèye. 

(Poulet.  Don  Dict  Vraidrct.  ■187!2  ) 

Namur.  Quand  doux  pauve  s'aidc-nu  li  boa  Die!  ril. 

Var.  Picvrme.    Quand  on  peut  rejoinde  cl  diabe,  el  bon  Diu  n'en  foet  que  rire. 

(C0RBI.ET.  Glossaire.  ISSi.) 


—  8  — 

20.  Ni  v'  fez  màye  aidî  qwand  v'  polez  fer  tôt  seu. 

LiTT.  Ne  vous  faites  jamais  aider  quand  vous  pouvez  faire 
tout  seul. 

Mettez-vous  le  moins  que  possible  dans  la  dépendance  d'au- 
trui. 

Ne  t'attends  qu'à  toi  seul,  c'est  un  commun  proverbe. 
.  (Lafontaine.   U alouette  et  ses  petits.  FaUc.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Basse-Allemagne.  —  Sclbstgethan  ist  wohlgethan. 

AIGUILLE. 

21.  Fer  èfiler  ine  belle  awèye. 

LiTT.  Faire  enfiler  une  belle  aiguille. 

Se  moquer  de  quelqu'un  ;  le  tromper  par  de  faux  semblants. 

GÈTROU. 

Et  bin  nos  lî  frans  ine  frairèye 
Il  èfilrel  ine  belle  awèye. 
(De  ViVARIO.  Lifiesse  dùloûte-s'i-ploiU.  III,  se.  3.  17S7.) 

So  l'araine  qui  s'feumme  lî  fat,  s'il  esteut  bin  sur  qu'Idelette  n'aveut  nin 
volou  li  fer  èfiler  quéque  belle  awèye,  i  pochât  d'mâvasté. 

(Magnée.  Daitri.  Conte.  dSGo.) 

22.  Qwèri  quarelle  so  i'bècbette  d'ine  awèye. 

LiTT.  Chercher  querelle  sur  la  pointe  d'une  aiguille. 
È\evev  une  contestation  sur  un  ti^cs  it^ger  sujet.  (Agad.) 
Pr.  fr.—  Disputer,  faire  un  procès  sur  la  pointe  d'une  aiguille. 
Ils  font  des  querelles  sur  la  pointe  d'une  aiguille. 

tOuDlN.  Curiositei  jrauçoises.  I6i0.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Jeannette. 

....  Ji  dis  coula,  po  çou  qu'tos  les  galant, 
Qwand  on  l's  y  jàse  mariège,  tapet  todi  l'mème  plan. 
A  leus  pauvès  crapautc,  qwand  i  sont  nàhi  d'  zelle, 
So  rbèchotte  d'ine  awèye,  i  monlet  ine  quarelle. 

(I)ELCHEF.  Li  (jalani  de  V aièrvante.  I,  se.  2.  18ij7.) 

Basse-Alle.magni::.  —  Streit  wegen  einer  Slecknadel 
ant'angen.  (Streit  um  des  Kaisers  Jîart.) 

23.  Qiioiri  'ne  awèye  d'vins  'ne  botte  di  four. 
LiTT.  Chercher  une  aiguille  dans  une  botte  de  foin. 
Chercher  au  milieu  d'une  foule  d'objets  quelque  chose  que 

sa  petitesse  rend  très  difficile  à  trouver.  (LiTTRii.) 

Prov.  fr.  —  Chei^cher  une  aiguille  dans  une  botte  de  fuin. 
Cité  par  Forir.  Dict. 


-  9  - 

Jean. 

Divaiit  d'Irover  'ne  paréye, 
Vos  frcz  co  traze  inèye  tour, 
Vos  trouv'rez  mi  'ne  awèyc 
Divins  cint  jibe  di  foûr. 

(Peclers.  Les  deux  Tcmou.  18*^0.) 

Bieth'mé. 

Ine  èfant  est  pus  àhèye  à  r'irover  d'vins  'ne  vèye  comme  Lîge,  qu'ine  awèyc 
divins  'ne  boite  di  foûr,  paret. 

(WnxEM  et  Bacwens.  PèchirachHé.  se.  4.  -1882.) 

Marche.  C'est  l'awée  enne  on  botte  di  four. 

Namur.  I  waite  après  one  awie  (one  sipenne)  dins  one  botte  di  foûr. 

24.  Ch'est  eine  grande  aiwuille  à  lâcher.  (Tourn.\i.) 

LiTT.  C'est  une  grande  aiguille  à  lacer. 

Se  dit  pour  désigner  une  personne  effilée  et  sans  grâce. 

AIL. 

25.  Saint  Pire,  plante  tes  a 
Saint  Pire,  lôye  tes  a 
Saint  Pire,  raye  tes  a. 

LiTT.    Saint  Pierre,  plante  tes  aulx 
Saint  Pierre,  lie  tes  aulx 
Saint  Pierre,  arrache  tes  aulx. 
Traduction  littérale  d'une   allusion    aux   trois  époques  de 
l'année,  où  les  jardiniers  plantent,  soignent  et  arrachent  les 
ails,  et  qui  sont  marquées  par  les  trois  letes  de  saint  IMerre  de 
Milan,   martyr  (-20  avril)  ;    de  ^aint  I^ierre   et  de  saint  Paul 
(29  juin)  ;  et  de  saint  Pierre-ès-liens  (l"""  août.) 

(FoRlR.  Dici.). 

AILE. 

26.  On  11  a  côpélele. 

I-ITT.  On  lui  a  coupé  l'aile. 

Retrancher  à  quelqu'un  une  partie  de  son  autorité,  de  son 
crédit,  de  son  profit.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  On  lui  a  rogné  les  ailes. 

Basse-Alliîmag.ne.  —  Ihmsinddie  Flûgel  beschnilten. 

27.  Lèyi  pinde  lele. 

LiTT.  Laisser  pendre  l'aile. 

Se  dit  d'un  homme  à  qui  il  est  survenu  quelque  altération 
grave  dans  la  suite,  ou  quelque  disgrâce.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Tirer  l'aile. 
Cf.  lien  a  dans  l'aile.  (V.  Quitard.  Dict.,  p.  20.) 


—  10  — 

Traînant  l'aile  et  tirant  le  pied... 

(L.\F0NTAINE.  Les  deux  pigeo)i.i.) 

iAlc  par  FoHiH.  ii'tcl. 

C'est-st-ine  lionne  à  neùr  oùyc  qui  blaw'tôye, 
Dont  les  caresse  fet  pinde  l'tMe  àx  galant. 

(V.  COLi.ETTK,  père.  /./  coilr.) 

...  Piiidit  liMe  comme  ine  poye  qu'a-st-atlrapd  1'  pépin. 

(Thiry.  Ine  copenne  so  V  mariège.  1858.) 

Yervif.!!.s.  Les  actionnaire  du  les  houyi 

Sont  là  qui  pindet  l'dle, 
Zel  qu'avît  si  bon  d'  s'èt'rauhî 
Hoùye  vola  qu'on  les  pèle. 

(M.  Pire.  Lu  novai  cherbon.  Cli.  1871.) 

V.\i;iANTE.  -Vvu  on  vanaî  foù  d'IYlô. 

MoNS.  Traîner  lé  p'na(ou  1'  pi'na)  (languir). 

Basse -Allemagne.  —  Die  Flûgcl  hangen  las.sen. 

28.  I  n'  bat  pus  qii'  d'one  aile.  (Namiir.) 

LiTT.  Il  ne  bat  plus  que  diine  aile. 

Être  déchu  de  son  premier  état,  ne  plus  jouir  de  lu  iiièine 
considération,  ([.ittré.) 

Pr.  fr,  —  II  ne  bat  plus  que  d'une  aile. 
Ne  battre  que  d'une  aile. 

tOuDiN.  Cnriu.sitez  fraiiçoi.'ies.  1G40.) 
AIME. 

29.  Aime  di  Ilu. 

LiTT.  Aime  de  Huy. 

Chose  à  laquelle  ou  ne  tient  pas,  cfu'on  rejette. 

Vairrie  (tonneau)  de  Huy  était  d'une  coiitenanco  moindre  que 
celle  de  Liège  et,  pour  ce  motif,  était  moins  demandée. 

Ce  dicton  s'emploie  ordinairement  sous  la  forme  de  calem- 
bourget  ironiquement. 

Li  Chesseu. 


Belle,  belle,  belle. 


Mayanne  {tôt  s'  moquant). 
Belle  à  c'ste  heure. 
Li  Chesseu. 

Belle  ji  v's  aime. 

MAYAfiNK. 

L'aime  di  Hu. 
(IlANNAY.  Les  Amour  d'à  Mayanne.  II,  se.  15.1886.) 


—  11  — 

AT  MER. 

30.  On  s'aime  bin  sins  s'  fer  tant  d'  fiesse. 

LiTT.  On  s'aime  bien  sans  se  faire  tant  de  fête. 
Les  grandes  démonstrations  d'amitié  ne  sont  pas  toujours  la 
preuve  des  sentiments  qu'on  éprouve. 

De  profestalions,  d'oftres  et  de  serments, 

Vous  chargez  la  fureur  de  vos  enibrassements, 

Et  quand  je  vous  demande,  après,  quel  est  cet  homme, 

A  peine  pouvez-vous  dire  comme  il  se  nomme. 

(Molière.  Le  Misimtlirope.  Acte  I,  se.  i.) 

Cf.  Pas  tant  de  familiarité  pour  si  peu  de  connaissance. 

31.  Qui  m'aime,  aime  mi  chin. 
LiTT.  Qui  m'aime,  aime  mon  chien. 

Quand  on  aime  .quelqu'un  on  aime  tout  ce  qui  lui  appartient. 

(LiTTRÉ.) 

Pr.  fr.  —  Qui  aime  Bertrand,  aime  son  chien.  (Quitard.) 
Qui  m'aime,  aime  mon  chien. 

(OUDIN.  Curiositez  fratiçoise.1.  1640.) 

32.  J'aime  mia  non  qii'oyî.  (Namur.) 

LiTT.  J'aime  mieux  non  que  oui. 

Je  ne  désire  pas  avoir  de   rapports   avec  cette  personne, 
j'espère  qu'elle  n'acceptera  pas  mon  concours,  mes  offres. 

33.  J'aime  mia  deux  gros  qu'on  p'tit.  (^^\.)IUK.) 
LiTT.  J'aime  mieux  deux  gros  qu'un  petit. 

Quand  on  a  le  choix  on  prend  ce  qui  a  le  plus  de  valeur. 

31-.  Li  cinque  qui  aime  n'haït  nin.  (\amur.) 

LiTT.  Celui  qui  aime  ne  hait  pas. 

On  ne  peut  éprouver  ces  deux  sentiments  ;  s'emploie  souvent 
ironiquement. 

AIR. 

3o.  I  n'  vike  uiii  d' l'air  (|ui  li  soffèle  â  cou. 
LiTT.  Il  ne  vit  pas  de  l'air  ([ui  lui  souffle  au  cul. 
Il  ne  vit  pas  de  l'air  du  temps.  —  Il  est  à  son  aise,  il  est 
riche.       Il  ne  se  contente  pas  de  peu. 
Pr.  fr.  —  Il  a  du  foin  dans  ses  botte.s. 

Oh  !  s'nossc  roye  fdve  li  mfme  jug'mint 

Nos  minissc  firit  bin  paou, 

Ca  j'creus  qu'i  n's'arichihet  nin 

Dô  vint  que  l's  y  solMe  à  cou. 

(Dehin.  L'idnjednJûques.  Fàvc.  1845.) 


—  12  — 

L'OVRÎ. 

N'a  sur  iiie  traque  là  d'vins,  on  n'a  jamàyc  vèyou 
S'écràhî  comme  li  dame  ilè  vint  qu'soUele  ù  cou. 

(Hannay.  Li  mâije  neûr  cf à  Colas.  I,  se.  lo.  1806.) 

Namur.  I  n'  vique  nin  d' l'air  qui  li  sofîele  au  cul. 

Variante.  On  n"  vike  nin  d' l'air  d6  timps. 

LiTT..On  ne  vit  pns  de  l'ait'  du  temps. 

Tatenne. 

l>a,  si  vos  n'ra'avîz  nin,  il  arriv'rcut  sovint, 

Magré  tôt  çou  qu'vos  d'hez,  (|ui  v'vikriz  d'I'air  dé  timps. 

(Remol'Champs.  Li  Sav'ti.  I,  se.  5.  iSuS.) 

AISE. 

l-iG.  I  prind  ses  aucbe.  (N.vmur.) 

LiTT.  Il  prend  ses  aises. 

Il  ne  se  gêne  en  rien  ;  il  ne  fait  que  ce  qui  lui  plaît  ;  il  prend 
son  temps. 

ALLER. 

37.  Il  a  stil  à  Paris  so  'ne  galle, 
Enne  a  riv'nou  so  'ne  savatte. 

l.iTT.  Il  a  été  à  Paris  sur  une  chèvre, 
Il  en  est  revenu  sur  une  savate. 
C'est  un  hâbleur.  —  La  fortune  ne  lui  a  pas  souri  dans  ses 
voyages. 

Pr.  fr.  —  A  beau  mentir  qui  vient  de  loin. 

38.  Où  sainl  x\rnoiil  va,  saint  Aiibert  enne  va  nié. 

(Mon  s.) 

LiTT.  Où  saint  Arnoul  va,  saint  Aubert  ne  va  pas. 
On  ne  peut  pas  boire  et  manger  beaucoup  ; 
Celui  qui  boit  beaucoup,  mange  peu. 

MoN.s.  Enne  buvez  nié  comme  in  pourciau  pasque  où  saint   Arnoul    va,  saint 
Aubert  enne  va  n\é,  eiet  que  vos  f  riez  vos  fosse  avét  vos  dint. 

(MouTiUEt'x.  Des  uouviaux  conte  de  <niii'.  1830.) 

PiOUtHi.  Où  qu'  sainl  Arnould  va,  saint  Honoré  n'sarot  aller. 

(HÉCART.  Dict.) 

Saint  Arnoul,  patron  des  brasseurs. 
Saint  iVubert,  patron  des  bouchers. 
Saint  Honoré,  patron  des  boulangers. 

39.  Aller  so  Héve. 

LiTT.  .Aller  vers  Hervé. 

La  route  de  Liège  à  Hervé  passe  devant  le  cimetière  de 
Robermont. 


—  13  — 

Avoir  mauvaise  niine;  dépérir;  et  fig.  avoir  le  moral  sensi- 
blement attaqué. 

Pr.  fr.  —  Filer  un  mauvais  coton. 

V's  estez  sur  qui  qwand  'ne  homme  saive 
Fait  'ne  laide  jaive, 
C'est  qu'i  va  so  Hève. 

(Alode  Pryor.  On  voijèje  à  Vervin.  i8G3.) 

Mais  m'pauve  liesse  va  so  Hùve, 
S'elle  si  trouve  adlez  mi, 
Comme  ji  lî  pettreu  s' jaive 
Si  j'woiséve  Tabressî. 

(V.  Collette.  Marèyemes  cmour.  Ch.  -ISGi.) 

40.  Qui  va  rend  s'asloqiie.  (M.\lmedy.) 

I  ITT.  Qui  va  vite  s'arrête  (trébuche). 

II  ne  faut  pas  vouloir  forcer  un  travail  ;  s'enrichir  trop 
rapidement. 

Stavelot.  Qwand  on  va  trop  reud  on  s' Irébouhe. 

41.  On  t'  verra  aller  avec  eine  cliavate  et  in  chabot. 
(Tournai.) 

LiTT.  On  le  verra  aller  avec  une  savate  et  un  sabot. 

Ce  dicton  de  forme  prophétique  s'adresse  à  ceux  qui  font  un 
mauvais  usage  de  leurs  richesses,  et  qui  ont  Tair  de  s'en  en 
orgueillir. 

J'vous  ming'rai  jusqu'à  vos  derniers  liard  et  je  n's'rai  bien  aisse  qui  quand 
j'vous  voirrai  aller  comme  des  minabe,  loque  devant,  loque  derrière,  aveieinechavate 
et  ein  chabot.  (Leroy.  Biùc  dijier,  traduction  du  Dieu  Ùilie,  de  Simon.  Se.  10.  1888.) 

4"2.  I  va  todeu  et  i  n'sé  où, 

Comme  li  poyon  qu'est  soiirteu  d'I'oû. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Il  va  toujours  et  il  ne  sait  où,  comme  le  poussin  qui 

est  sorti  de  l'œuf. 

Il  marche  au  hasard,  sans  but;  ce  qu'il  lait  n'a  pas  de  raison 

d'être  ;  il  ne  raisonne  p.is. 

Var.  Jodoigne.  Oc  r'vé  de  r'va.  —  Il  va  toujours. 

43.  Il  iret  jiistiifà  Tliii,  comme  ma  grand'mère. 

LiTT.  II   ira  jusqu'à  la  hn  comme   ma  grand'mère. 
Il  ne  changera  pas.  Se  dit  surtout  en  mauvai.^e  part. 

44.  I  n'poul  aller  j)ire  ([iii  toi  d'iriviel.  (Namuu.) 
LiTT.  Il  ne  peut  aller  pire  que  tout  de  travers. 

Il  ne  peut  avoir  une  vie,  une  condition  plus  pénible  que 
celle  qu'il  a. 


—  14  — 
ALLUMETTE. 

4o.  l  r'sonne  les  brocale,  i  flaire  po  d'seûr  et  po 
d'so. 

LiïT.  Il  ressemble  aux  allumeLtes,  il  pue  par  dessus  el  par 
dessous. 

Il  n'a«que  des  désagréments,  des  défauts  ;  ou  ne  sait  par  où 
le  prendre. 

Allez,  mâcile  frûye  !  vos  ravisez  les  brocale,  vos  flairîz  d'seùr  el  d'so. 

(Dehin.  Li  hnrèg'rexse  di  so  Vmnrchl.  184a  ) 

4(3.  C'est-st-ine  brocale  siiis  soûfe. 
LiTT.  Gest  une  allumette  sans  soufre. 
C'est  un  homme  froid,  indifférent. 
Var.  (J'est-st-on  J'han  pau  chaud. 

47.  On  esprindrcut  'ne  brocale  so  s'visège. 

LiTT.  On  allumerait  une  allumette  sur  (à)  son  visage 

Avoir  le  visage  enflammé,  rouge  par  e.Kcès  de  boissons 
alcooliques. 

La  colère  produit  le  même  elVet  en  faisant  monter  le  sang  à 
la  tête. 

Le  feu  de  sa  colère  pourrait  allumer  une  chaîiJelle. 

(Le  père  Jean-Marie.  Le  divcriissemenl  des  sages.  1665.) 

Tournai.  R'waitiez  ein  p'tit  peo  s'visache  ;  on  alleuinrcol  einealleumette,  de  forge 
qui  est  inflamniil  [lo  g'nèfe. 

(Leroy,   niée  di  fiei\   Irad.   du  Bleu  Blhe  de  Simon.  Se.  i.  1888.) 

Var.  Niveli.es.         Ses  hlanchett^s  maehel  r'iuch'net  comme  des  cabu, 
I  flam'net  qu'o  vourait  allumer  s  |)u|)e  dessus. 
(Renard.  Les  aventures  de  Jean  d'NivelUs.  Lh.  dl,  î-i^  c-d.  1890.) 

ALOUETTE 

48.  Ralinde  qui  les  àlouetle  vis  toumesse  lotès 
roslèye. 

LiTT.  Attendre  que  les  alouettes  vous  tombent  toutes  rôties. 

Se  dit  à  un  paresseux  qui  voudnnt  avoir  les  choses  sans 
peine.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  attend  que  les  alouettes  lui  tombent  toutes  rôties 
dans  le  bec. 

Les  alouettes  lui  tomberont  toutes  rôties  dans  la  bouche. 

(OUDIN.  Curiositez  frunçoises.  1G40.) 

I  pin.sève  avu  les  àlouelte  totcs  rostèye.  (Forir.  Dict.) 

Ni  v'iiîz  màye  so  l'iimps  wisse  qui  les  alouette 
Divet,  lotès  rostèye,  tourner  so  voste  assiette. 

(M.  Thiry.  tne  cope  di  (jrandiveux.  1859.) 


—  15 


Variante.  Bare. 

Habèye,  dihonibrans-nos,  ca  ci  n'est  nin  tôt  creùh'lant  les  bresse  qui  les  châpaine 
vis  tounrroni  totès  rosloye  es  vosse  bol<e. 

(Willem  el  Bauwens.  Li  galant  (ià  Fijinc.  Se.  o.  188'2.) 

Marche.  T'  vorais  des  aniouelte  rosiée. 

Verviers.  Les  alôye  ivrause  et  haîtèye 

Nu  toumet  nin  lote  roslêye 
Duvins  r  berna  d'o  taideu. 

(XiioFFER.  Lu  poète  wallon.  18G0.) 

MoNS.  Dins  c'  monde  ci  i  faut  travailler  pasqud  les  alouette  enne  vos  tonibVont 
nié  toutes  roslies  dins  vos  bouche. 

(MOUTRIEUX.  Des  nouviaux  conte  (lés  quié.  dSoO.) 

St-Quentin.  Ouvrez  vos  bouques,  cbés  alleu-.tte  il  y  queiront  pour  seur  toutes 
rôties. 

Pr.  provençal.  —  Espero  que  las  callos  i  toumbo  toutes 
rousiidos,  coumo  as  entants  d'Israël. 

[Revue  des  langues  rouianes.  -1881.) 

Basse-Alle.magne.  —  Wailen  bis  Einem  die  gebratunen 
Taubcn  in  den  Mund  fliegen. 

49. Quand  vos  t'nez  1  alouette,  vos  l' clivez  pionnier. 

LiTT.  Quand  vous  lenez  l'alouetle,  vous  devez  la  plumer. 

Quand  vous  étiez  à  même  d'obtenir  cet  emploi,  celte  place, 
cette  laveur,  de  profiter  des  bonnes  dispositions  de  cette 
personne,  vous  deviez  le  faire. 

Ne  laissez  pas  échapper  l'occasion. 

Quand  vos  t'nez  Tàlouette, 
Vous  devez  la  plumer  ; 
Quand  vous  t'nez  la  fillette 
Vous  devez  la  baiser. 
(Crûmignon.  Bulletin  de  la  Société.  V,  2>'  sér.,  n»  XXXIV.) 

Variante.  Mathy  stoffé. 

Ti  deu?  k'nohe  li  vî  spot,  et  ti  deus  bin  l' bouler 
Qwand  inc  fùye  on  tint  1'  poye  i  fàl  1'  savu  ploumer. 

(H.-J.  Toussaint.  Ilinri  et  Daduie.  Il,  se.  V.  1870.) 

Daii'HINé  Quan  te  lenia  la  cailla 

Folié  là  pkmassi. 
(Roland,  liecueil  de  chamom  populaires.  II,  |t.  ?,0.  iSSfi.) 

AME. 

oO.  T'n'ame  n'  pass'ra  nin  por  là.  (Tournai  ) 

LiTT.  Ton  âme  ne  passera  pas  par  là. 

Un  dit  cela  à  celui  qui  s'étant  fait  une  légère  blessure  s'épou- 
vante de  voir  son  sang  couler. 

Var.  Nivelles.  Vos  bouya  n'  pass'ront  né  par  là. 


—  10  — 

ol.  Avoir  l'ame  plus  noirte  que  rcœurdel'quemen- 
nèe.  (Tournai. ) 

LiTT.  Avoir  rame  plus  noire  que  le  cœur  (centre)  de  la 
cheminée. 

Etre  mauvais,  vicieux,  couvert  de  crimes 

Le  cœur  de  la  cheminée,  où  est  ordinairement  une  plaque. 
Il  est  noir  comme  le  cœur  de  la  cheminée.  (Littré.) 

AMENDE. 

52.  C'est  les  haltou  qui  payet  l'amiiide. 

LiTT.  Ce  sont  les  battus  qui  payent  l'amende. 
Se  dit  en  parlant  d'un  homme  qui  est  condamné,  tandis  qu'il 
devrait  être  dédommagé.  (Acad.) 

Pr,  fr.  —  Les  battus  payent  l'amende. 

Il  est  des  hommes  de  I.orris  où  le  battu  paye  l'amende. 

(EsTiENNE  l'ASQUiEiî.  Opéra.   1732  ) 

C'est  la  coustunie  de  Lorry,  où  le  battu  paye  l'amende, 
Ceux  qui  nous  doivent  nous  demandent. 

(Le  père  Jli.VN-JlARlE.  Le  diverimemcnt  dcx  saijcs.  -IBIJo.) 

Le  mort  a  le  tort  et  le  battu  paye  l'amende. 

Ce  proverbe  vient  d'une  équivoque  :  la  loi  s'adressant  au 
coupable,  lui  dit  :  le  bats-tu?  Paye  l'amende.  {Uici .  porinUf 
(h'-i  j)rov.  français,  i'/ 5 1 .)  —  On  pourrait  y  voir  aussi  une 
allusion  à  l'Ordalie  ou  Jugement  de  Dieu.  (Loysel.  Inst.  817.) 

Cité  par  Forir.  Die'. 

M.\RCHE.  C'est  l'battou  qui  paye  l'aminde. 

C'est  les  battou  qu'pâyeront  l'aminde. 

jjamur.  Li  moirt  à  l'Ioirt  et  l'batlu  paye  l'aminde. 

MoNS.  Vos  volez  la  guerre;  eb  bé  !  Vos  Parez;  et  gare  à  vous  !  Vos  poudriez  hû 
in  vire  dé  grise,  et  faites  bé  attintion  qu'  c'esi  toudi  lés  battu  qui  paient-té  l'amende. 

(Letei.LIER.   Armonaque  dé  HIuiis.    ISJJO.) 

AMI. 

53.  Gu'a  si  bons  ami  qui  n'  si  qwilesse. 
LiTT.  Il  n'y  a  si  bons  amis  qui  ne  se  quittent. 

On  ajoute  en  français  :  disait  Dagobert  à  ses  chiens;  sans 
aucun  doute  parce  qu'il  les  congédiait  un  peu  bru.squement. 
Pr.  fr.  —  Il  n'est  si  bonne  compagnie  qui  ne  se  sépare. 

Var.  Namir.  I  gn'a  si  belle  compagnie 

Qui  doit  fini  pa  s'  quitter, 
Di  l'accueil  on  vos  r'mercie 
(>n  'nne  aureuve  wasu  douter. 

(J.  COLSON.  Les  bardes  à  Charleroi.  Cb.    1802.) 


—  17  — 

MoNs.  J'  m'amuse  fin  bi'  diiis  vos  société,  mais  i  n'a  d'  si  belle  compagnie  qu'i 
n'  faut  qu'on  s'  quitte,  comme  dit  1"  proverpe. 

(Leteixier.  Armonaque  dé  Jlotix.  iSGi.) 

54.  I  n'a  pas  à  dire  :  mon  bel  ami. 
LiTT.  Il  n'y  a  pas  à  dire  :  mon  bel  ami. 

C'est  en  vain  que  vous  cherchez  à  m'amadouer  ;  vous  ave^ 
beau  dii'e  ;  cela  doit  être. 

Mo^s.  I  n'a  pas  à  dire,  mon  bel  ami,  çà  fieu,  vos  y  passerez  ;  c't'  enne  chose  décidée. 

(Leteluer.  Armonaque  dé  Mons.  iSoo.) 

55.  Ami  po  èpronler,  enn'mi  po  rinde. 

LiTT.  Ami  pour  emprunter,  ennemi  pour  rendre. 
Quand  on  demande  à  quelqu'un  l'argent  qu'on   lui  a   prêté, 
on  s'en  fait  souvent  un  ennemi.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Ami  au  prêter,  ennemi  au  rendre.  (Cf.  Loysel.) 
Au  prêter  cousin,  à  rendre  fils  de  putain. 

(Oi;din.  Curiosilez  françoixes.  1640.) 
Ami  po  pruster,  enn'mi  po  rinde.  (Forir.  Dici.) 

Basse- Allemagne  —  Leihen  machtFreunde,vviederfordern 
Feinde. 

50.     On  dit  si  s'crel  à  one  ami, 

Mais  c't'ila  a  one  ami  ossi.  (Namur.) 

LiTT.  On  dit  son  secret  à  un  ami, 

Mais  celui-là  a  un  ami  aussi. 
On  ne  doit  se  fier  à  la  discrétion  de  personne. 

57.  On  connaît  les  ami  quand  on  a  dangi  d'zel. 
(Naml'r.) 

LiTT.  On  connaît  les  amis  quand  on  a  besoin  d'eux. 
La  véritable  amitié  se  montre  dans  l'adversité. 

C'est  d'vins  rmàlheùr  qu'on  k'nohe  les  camarade, 
Dit-st-on  vî  spot  qu'a  l'oirt  sovint  raison. 

(Salme.  Li  voix  dé  r  lik'twliaiice.  Ch.  1877.) 
Verviehs.  Lu  Lin  crehe  four  dé  mau  même 

drand  duspli  acseigne,  qui  v's  aime. 

(Ki'NlER.  Spots  rimes.  1871.) 

Var.  Namur.  Les  camarade,  c'est  comme  les  vigilante,  on  n'es  trouve  pus,  on 
côp  qu'i  plout. 

AMITIE. 

58.  L'amitié  dtiskeind    chon  eau  pus  (ju'elle   né 
monte.  (MoNS.) 

LiTT.  L'amitié  descend  (chaque  fois,  souvent)  plus  qu'elle  ne 
monte 

2 


—  18  — 

L'affection  des  parents  pour  leurs  enfants  est  plus  grande 
que  celle  des  enfants  pour  leurs  parents. 

50.  Les  p'tits  présint  iiilrit'nol  l'amitié. 
LiTT.  Les  petits  présents  entretiennent  l'amitié. 
Traduction  peu   usitée   du  proverbe  français,   donnée    par 
Fomn.  Dict. 

Vahiantes.  Les  p'tits  présint  wùrdet  l'accoird. 

Les  drinhelle  intrit'net  l'bonne  paye. 

L'échange  de  bons  procédés  ravive  les  sentiments. 
Yerviers.  Lis  a. 

On  dit  qu'les  p'tits  cadeau  intrut'net  l'amilid. 
Nelle. 

(^.u  qui  r'iive  çu  qu'on  donne  est  Tmanire  d'esse  dune. 

(Renieiî.  Li  mohomte  à  deux  face.  Se.  0.  1873.) 

l.w.LE.  On  s'fait  des  prdsint  par  douzaine 

Pour  intcrlenir  l'amitié. 

(Desrousseaux.  Chansons  lilloises.  '18;)7.) 

GO.  Amitié  d'inlantch'esld'l'ieaudinsein  querlin. 
(Touhnal) 

LiTT.  Amitié  d'enfant  c'est  de  l'eau  dans  un  panier. 
L'amitié  d'un  enfant  dure  peu. 

AMORCE. 
Gl.  Fer  friche  so  l'amoice. 

LiTT.  1^'aire  friche  sur  l'amorce. 
Rater,  manquer  son  coup. 
Friche,  onomatopée, 
(lilé  par  P'oam.  Dicl. 

Buvans  à  1'  santé 
Di  nosse  binainé 
Sins  fer  friche  so  l'amoice. 

(B.ULLEiiX.    Chanson  en  V honneur  de  Soubrc.  ISiS  ) 
Sor  mi-mùmeji  .saveus  fer  'ne  foice. 
Adon  ji  fcve  friclie  so  l'amoice. 

iDehin.   Coii.sèije  à  l' jônes.se.  18o0.) 
Ou  l'armire  est  stopôye,  ou  li  r'sort  est  sins  foice, 
Et,  pus  sovint  qu'à  s' tour,  i  fait  friche  so  l'amoice. 

(Tiiir.Y.   [ne  copenne  \o  V  niaviètje.  -IS'iS.) 

()i.  Oder  l'amoice. 

LiTT.  Sentir  l'amorce. 

Pressentir  quelque   chose;  .se  douter  d'un    piège  que  l'on 
Vous  fend. 

JoDoiGNE.  Il  a  sinlu  l'nu/f!,  1'  mèche 


—  19  — 

AMOUR. 

63.  1  gn'a  qu'amour  (|ui  plaise,  fait-on  (jwand  on 
z-abresse  on  vaî. 

LiTT.  Il  n'y  a  qu'amour  qui  plaise,  fait-on  (dil-on)  quand 
on  embrasse  un  veau. 

JoDOiGNE.  Ce  qu'  l'amour  fuil  fer,  dil-st-elle  le  ferame  qui  rabrcsseuve  se  via. 

()4.  L'amour  si  tape  ossi  bin  so  on  cherdon  qui  so 
'ne  rose. 

LiTT.  L'amour  se  jette  aussi  bien  sur  un  chardon  que  sur 
une  rose. 

Tous  les  goûts  ne  se  rapportent  pas.  Il  ne  faut  point  disputer 
des  goûts.  (AcAD.)  —  L'amour  est  aveugle. 

Aussi  bien  sont  amorettes, 

Sous  buriaus  cum  sous  brunettes. 

{Ane.  prov.  XlIIe  siècle.) 

BuRiAU,  bureau,  drap  mélangé,  de  prix  inférieur,  dont  se 
servait  le  peuple. 

Bruneite,  étofTe  très  fine  dont  s'habillaient  surtout  les 
dames  de  distinction. 

L'amour  se  glisse  aussi  bien  sous  un  habit  que  sous  un  autre. 

(Le  Roux  de  Lincy.  Dict.) 

65.  Il  a  r  moi  ri  seu  les  oii\e  et  ça  vont  co  fer 
l'amour.  (Jodoigne.) 

Lut.  Il  a  la  mort  dans  les  yeux  et  cela  veut  encore  faire 
l'amour. 

Il  veut  entreprendre  une  chose  qu'il  ne  pourra  mener  ù 
bonne  fin. 

66.  L'amour  fait  danser  les  àgn  ?. 

LiTT.  L'amour  fait  danser  les  ânes. 

Les  gens  les  plus  grossiers  sont  civilisés  par  l'amour. 

Cité  par  Forir.  Ihct. 

Ane.  Pr.  fr.  —  Amour  apprend  aux  àiies  à  danser. 

67.  Les  bèri(jue  et  les  blanes  cli'vet  sont  des 
(jwillance  d'amour. 

LiïT.  Les  besicles  et  les  cheveux  blancs  sont  des  (luitlances 
d'amour. 

Ce  proverbe,  cilé  par  Leroux  {Dirl.  co}hi(iuc.  1752),  signifie 
«  qu'on  ne  doit  plus  songer  à  la  galanterie  en  cet  état  ». 

l*r.  IV.  —  Quand  on  [jr^nd  lunettes,  adieu  fillettes. 

(Ol'DIN.  Curiositczfmiiçoines.  lO'tÛ.) 


—  20  — 

Bonjour  luneltes,  adieu  fillettes.  (Liltrd.) 
Ouund  l'àgo  vient  de  prendre  lunettes, 
11  faut  renoncer  aux  amourettes. 

Citô  par  FoRiR.  Dict. 

V,\RiAKTE.       A  cinquante  an,  i  (hi  bot'ner  s'coud'châsse,  et  dovri  s'câve. 

G8.  L'amour  richonne  au  feu  qui  s'discouve  pa 
ri'umère.  (Namur.) 

LiTT.  L'amour  ressemble  au  feu  qui  se  découvre  par  la 
fumée. 

Quelque  soin  que  l'on  prenne  pour  cacher  une  passion  vive, 
il  en  paraît  toujours  quelque  chose.  (I.ittré.) 

L'amour  le  plus  discret 

Laisse  par  quelque  marque  échapper  son  secret. 

(Racine.  Bnjaiet.  III,  se.  8.) 

AMOUREUX. 
G9.  Li  cisse  qui  n'a  qu'on  galant  n'a  nouk. 

LiTT.  Celle  qui  n'a  qu'un  amoureux  n'en  a  pas. 
11  faut  savoir  inspirer  un  peu  de  jalousie  pour  rendre  l'amour 
plus  vif.  (Opinion  des  Célimènes.) 

70.  Ji  SOS  si  amoureux  d'vins  mes  châsse  qui  ji  n'sés 
l)us  mi  r'trover  d'vins  mes  soler. 

LiTT.  Je  suis  si  amoureux  dans  mes  bas  que  je  ne  puis  plus 
me  retrouver  dans  mes  souliers. 
Je  ne  suis  pas  amoureux. 

71.  G'est-st-on  galant  d'fiesse,  qu'ennès  r'va  avou 
les  violon. 

LiïT.  C'est  un  amoureux  de  fête,  qui  s'en  retourne  avec  les 
violons. 

C'est  un  homme  sur  lequel  on  ne  peut  compter  ;  ses  paroles 
ne  tirent  pas  à  conséquence. 

7*2.  G'est-on  Jean  bonnes  jolie 

11  est-st-amoureux  d'iortole.  (Jodoigne.) 

LrrT.  C'est  un  Jean  bons  choux 
Il  est  amoureux  de  toutes. 
Il  fait  la  cour  à  toutes  les  femmes  et  prodigue  des  déclara- 
lions  d'amour  auxquelles  on  ne  doit  pas  croire. 

73.  Elle  cange  di  galant  comme  di  ch'mîhe. 

LriT.  Elle  change  d'amoureux  comme  de  chemise. 
C'est  une  personne  légère,  volage,  changeante. 


-  21    - 

Fraheries.  Mauame. 

Seroit-cc  parce  que  Pierrot  a  passé  l'arme  à  gauche, 
Après  li,  s'ra  in  autc. 

Pierrot  (à  pan.) 

Ein  cange-t-ellc  con"me  de  cauche  ? 
(J.  Dl'FRANE.  Pierrot  vit  co.  Se.  o.  —  Armonaque  borain.  1890.) 

Var.  Namur.  Victor. 

Eh  bin,  po  vos  1' dire  franch'mint.  les  commère,  çacanged'idéecomme  dich'mige. 
(Berthalor.  Cwanujicttnéd'cin.  Sc.  S.  1890.) 

74.  Tos  les  lianteii  ni  s'mariet  nin. 

LiTT.  Tous  les  amoureux  n'épousent  pas. 

Une  faut  pas  disposer  d'une  chose  avant  de  la  posséder.  II 
ne  faut  pas  se  llaller  trop  tôt  d'un  succès  incertain.  (Acad  ) 

Pr.  fr.  —  Tel  fiance  qui  n'épouse  pas.  —  Il  ne  faut  pas 
compter  sur  le  lendemain. 

Variante.  Va,  pauve  orphulène, 

Songe  si  t'es  malène 
Qui  tos  les  hanteu 
N'  sont  nin  des  sposeu. 

(Nie.  DiFRECHEUX.  Li  bon  coiix^ijc   -1870.) 

Variante.  Baîcûp  d'hanteu  et  pau  d'marieu. 

(FoRiR.   Dict.) 
Var.  Tournai.  Nous  l'saveons  hé,  méiesfrJquinteun'  sont  pos  toudi  lesmaricu. 
(Lfroy.  Biec  difiér  trad.  du  Bleu-liihe  de  SiMON.  1888) 

Fille  fiancée  n'est  ni  prise  ni  laissée. 

(Loisel.   lustitittes  coutumiùrex.   1007.) 

liK  Noter  Darne  dé  Bizincourt 

Melte  in  ainoareuxdins  m'  n'écourt.  (Tournai.) 

LiTF.  Notre  Dame  de  Bizincourt. 
Mettez  un  amoureu.K  dans  mon  cœur. 

Dicton  des  filles  de  Mourcourt  assez  répandu  à  Tournai 
parmi  les  gens  du  [)euple. 

.\NE. 

7().  On  n'sàreiil  ter  beùre  ifKîàjïne  (jni  na  nin  seu. 
LiTT.  On  ne  saurait  faire  boire  un  âne  qui  n'a  pas  soif. 
On   ne  saurait  obliger  une  personne  entêtée  à  faire  ce  qu'elle 
n'a  pas  envie  de  faire.  (.Vc.ad.) 

Vv   tV.  —  On  ne  saurait  faire  boire  un  âne  s'il  n'a  soif. 
Marche.  Frise  bin  maugré  li,  heure  one  anc? 

Prov.  Languedoc.  —  On  a  beau  sibla,  qan  l'aze  bou  pas 
baioure. 

{licruc  des  lamjucs  romanes.  4881.) 


22 


77.  I  s'kilape  coiiiine  iiie  ùgne  qu'a  on  pègne  es 
trô  de  cou. 

LiTT.  Il  se  démène  (se  débat)  comme  un  âne  qui  a  une  tète 
de  chardon  dans  le  derrière. 
Il  ne  peut,  rester  tranquille. 

JoDOiGNE.*       I  s'  cotappe  comme  on  bnudel  qu'arot  l' fet  au  eue. 

78.  On  piède  si  savon  à  laver  l' liesse  d'ine  âgne. 

LiTT.  On  perd  son  savon  à  laver  la  tête  d'un  âne. 
Inutilement   on    se   donne    beaucoup  de   peine  pour  faire 
comprendre  à  un  homme  quelque  chose  qui  passe  sa  portée. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  A.  laver  la  tête  d'un  âne,  d'un  more,  on  perd  sa 
lessive. 

B(5  !  ma  tu  convinra,  gaiçon, 
Et  ca  ce  qui  me  dane 
Que  Jésu  padi  son  saivon 
Ai  recurd  ses  ânes. 
(Bernard  de  la  Monnoye.  Ancien  Noël  BuurguUjnon.) 

A  laver  la  tête  d'un  âne  on  n'y  perd  que  le  savon. 

(Le  père  Jean-Marie.  Le  divertissement  des  sages.  IGOo.) 

79.  C'est  l'âgne  d'à  saint  Nicolèye. 

C'est  l'âne  de  saint  Nicolas. 

Il  s'agit  du  fameux  grison  porteur  des  friandises  que  le  bon 
saint  distribue  aux  enfants,  le  6  décembre. 

C'est  la  bête  à  Dieu.  —  C'est  un  cœur  d'or.  -  C'est  la  bonté 
même.  —  il  fait  tout  ce  qu'on  lui  fait  faire. 

Variante.  Thérèse. 

Elle  dit  qui  vos  estez,  qwand  vos  n'avez  nin  bu. 
L'homme  li  mùyeu  de  monde,  enfin  l'àgne  d6  bon  Diu. 

(SaI-me.  [ne  Jeumme  qu'ènnès  vdt  deux.  Se.  -14.  -1876.) 

80.  Mette  li  cossin  so  l'âgne. 

LiTT.  Mettre  le  coussin,  le  bât  sur  l'âne. 

Faire  porter  à  quelqu'un  une  chose  gênante,  embarrassante, 
incommode.  —  Compter  sur  l'obligeance  d'autrui  pour  se 
débarrasser  d'un  fardeau. 

I  s'apinsatqui  s' fèye,  n'avant  \)0  lot  si  appoirtqui  s'mantulel.  <^t  sTi.sai,  i  fnnit 
côp  d'  maisse  dé  l'hèrer  à  Des  Tawe,  et  d'  mette  ainsi  li  cossin  so  rà,L>ne. 

(Magnée.  Li  lioulnttc.  Conte.  1871.) 


81.  Tourner  à  I)Oiirriqiie. 
LiTT.  Tûut^ncr  en  bourrique. 


—  23  — 

Devenir  stupide;  faire  aveuglément  toutes  les  volontés  d'une 
personne.  (Littriî.) 

Marche.  Théhése. 

L'  question  n'est  nin  là,  clér'mint  mi,  ,ji  v'  l'explique, 
C'est  qui  s'dame,  qwand  l'vout,  l' fet  tournetà  borique. 

(Alexandue.  Li  péfion  d'avril.  III,  se.  2.  i8o9.) 

Namur.  Dins  r  crainte  di  tourner  à  bourrique 

Ni  nos  mèlans  nin  d'  politique. 

(Wéuotte.  Jt  chante.  Chanson.  1807.) 

Va».  Namlr.  Ah  !  si  1' gèncve  li  fait  tourner  à  biesse. 

Tapez  r  droit  jus 

(Wérotte.  Dex  .inuhait.  Chanson.  ISGT.) 

Chari.eroi.  L'pape  inraget  qu'il  tournet  à  bourrique 

Eiet  d'sus  li,  doit,  i  braque  esse  fusique. 
(BCRNls.  L'pape  Pie  /A'  cict  Vpctii  Châles  du  champette.  Conte.  1873.) 

8:2.  Baudet  criiatiiro, 

Qui  n'sait  gnié  lire  es  s'n  écriture.  (Mons.) 

LiTT.  Baudet  de  nature  qui  ne  sait  pas  lire  son  éeriturc. 

Être  d'une  ignorance  crasse. 

Pr.  fr.  — Il  est  bien  âne  de  nature  qui  ne  sait  lire  sou  ocrilurc. 

83.  Ou  baudet  p6rit  todi  po  les  patte.  (Nâ.muu.) 

LiTT.  Un  baudet  périt  toujours  par  les  pattes. 

C'est  Torgane  qui  fonctionne  le  plus  qui  est  usé  le  premier. 

84.  ï  fet  l'effet  d'un   grain    d'aveine  dins  l'^Mieule 
d'un  baudet.  (Tourn.ai  ) 

I.iTT.   Il   fait  reflet  d'un  grain  d'avoine  dans  la  gueule  d'un 
âne. 

Il  passe  complètement  inaperçu. 

85.  Fer  l'baiidet  po-z-awet  do  son.  (Namiik.) 

liiTT.  Faire  l'âne  pour  avoir  du  son. 

Se  montrer  plu.s  simple  qu'on  n'est  réelleincMit  [lour  oMciiir 
quelque  chose   (Littrii;.) 

Pr.  fr.  —  Faire  l'âne  pour  avoir  du  bran  (son). 
Il  faisait  de  Fasne  [)our  avoir  du  bran. 

(Rarei.ais.  l'rogn.  pantaj^.). 
Var.  Nami'R.  11  fait  l'cliin  po-z-awel  des  ouchat. 

ANGE 

8().  Anche  au  cabaret,  diale  es  s'inaiijoiine. 

(JODOKJNE.) 
LiTT.  Ange  au  cabaret,  diable  dans  sa  maison. 


—  04  — 

Homme  aimable  et  joyeux  hors  de  chez  lui,  désagréable  et 
grondeur  lorsqu'il  est  rentré. 

87.  Les  anche  ne  cuoieyenet  au  diale  que  quand 
z-ont  r'çu  on  comi)  d'cuoine.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Les  anges  ne  croient  au  diable  que  quand  ils  ont  reçu 
un  coup  de  corne. 

L'accomplissement  d'un  fait  est  nécessaire  pour  convaincre 
certaines  personnes  naïves. 

ANGLAIS. 

88.  Picherà  l'inglesse.  (Tournai.) 

LiTT.  Pisser  à  l'anglaise. 

Sortir  sous  prétexte  d'uriner  et  ne  pas  rentrer.  -  Partir 
sans  payer,  se  tirer  adroitement  d'une  affaire  sans  bourse  délier. 

Il  faut  faire  remonter  cette  locution  proverbiale  à  l'époque 
où  parut,  au  grand  mécontentement  des  industriels  belges, 
excités  par  certains  fabricants,  la  loi  sur  le  libre  échange  avec 
l'Angleterre.  On  se  rappelle  encore  l'émotion  des  ouvriers 
tournaisiens,  leurs  promenades  bruyantes  en  ville  au  cri  de 
a  à  l'ieau  l'z  inglès  »,  ainsi  que  le  cortège  satirique  dans  lequel 
John  Dull  était  représenté  sur  un  char,  en  Gargantua  insatiable. 
Le  peuple  alors  trouvait  plaisir  à  qualifier  d'anglais  tout  ce  qui 
était  inconvenant  ou  déloyal  :  «  traiter  à  l'inglesse  »,  être  mal 
reçu;  «  payer  à  l'inglesse  »,  refuser  de  payer;  «  s' moucher 
à  l'inglesse  »,  se  mouch3r  sur  sa  manche,  ou  se  passer  de 
mouchoir, etc., etc.  «  Picher  à  l'inglesse  »  est  la  seule  expression 
restée  dans  le  répertoire  populaire. 

{FArenne.i  tournaisiennes.  iSSfi.) 

ANGUILLE. 

89.  Dihâssî  l'anwèye  po  1'  quowe. 

I.iTT.  Écorcher  l'anguille  par  la  queue. 
Commencer  par  l'endroit  le  plus  difficile  cl  par  où  il  faudrait 
finir.  (AcAD  ) 

Pr.  fr.  — Écorcher  l'anguille  par  la  queue. 

(Ol'DIN.  Curiosilez  fninçoiscx    ICiO.) 

Cité  par  FoRiR.  Dlct. 

Namliî.  Dimoussl  l'ainwic  j)a  1'  queuwe. 

ANNÉE. 

00.  I  n'  fàt  nin  s'èwarer  d'ine  mâle  annêye,  on 
'nne  a  bin  deux. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  s'effrayer  d'une  mauvaise  année,  on  en  a 
bien  deux. 


Il  ne  faut  pas  se  laisser  abattre  par  un  petit  revers,  quand 
un  grand  malheur  peut  survenir. 

Prov.  espagnol.  —  Il  faut  caver  au  pire. 

91.  Qui  vout  s'arriclii  so  ine  an,  si  t'ait  pinde  à 
bout  d'  six  meus. 

Ijtt.  Celui  qui  veut  s'enrichir  sur  (en)  un  an  se  fait  pendre 
au  bout  de  six  mois. 
Cité  par  Fûrir.  Dict. 

Pr.  fr.  — Qui  veut  s'enrichir  en  an  se  fait  pendre  en  six  mois. 

(Le  Roux  de  Lincy.) 

Celui  qui  emploie  des  moyens  déloyaux  dans  le  but  de 
s'enrichir  très  rapidement  est  exposé  à  en  être  puni. 

92.  Esse  de  ['bonne  annêye. 
LiTT.  Être  de  la  bonne  année. 
Être  simple,  crédule, 

Hauaja. 

I  fallève  esse  dé  ['bonne  annêye 
Pov's  t!S  lèyî  allourdiner. 

(De  Harlez.  Les  hypoconte.  III,  se.  7.  IToS.) 

Hatuystoffé. 

On  poul  dire  qui  v's  estez  dé  l'mèyeu  des  annèyc 
Et  v's  àriz  bin  nii  fait  di  d'mani  i-s  l'coulôye 

(Toussaint,  llwn  et  Dndite.  II,  se.  fc.  1870.) 

Namuu.  Et  puis  d'mandez  poquoi  one  guerre  si  acharnée, 

Poquoi  ?  vos  diret-on,  estoz  dé  1'  bonne  année? 

(A.  Demanet.  Oppidum  Atuniicorum.  I8i3. — Ativ.  de  la  Soc.  arch.  de  Numur.  T.  11.1 

93.  Cint  an  bannîre, 
Cint  an  civîre. 

LiTT.  Cent  ans  bannière 

Cent  ans  civière. 
Changement  de  fortune  dans  les  familles. 

(FoRIR.    niri.) 

Les  grandes  maisons  finissent  par  déchoir.  On  les  a  comparées 
aux  pyramides,  dont  la  vaste  masse  se  termine  en  petite  pointe. 

(QuiTAUU.   Dict.  des  pror.) 

Prov.  fr.  —  Cent  ans  bannière,  cent  ans  civière;  c'est-àdire  la 
même  famille  qui  portait  il  y  a  cent  ans  la  bannière,  porte 
maintenant  la  civière  et  réciproquement.  (LiTTiiii.) 

Varia.nte.  Ainsi  va  le  monde, 

Quand  l'un  descend,  l'autre  monte. 

(OruiN.  Cuiiositez fiaiiçoises.    ICiO.) 


—  26  — 

94.         Ça  s'fret  rannêye  biseUe, 

QwaïKÎ  ploûret  des  berwelle. 

LiTT.        Cela  se  fera  l'année  bissextile 

Quand  il  pleuvra  des  brouettes. 
Gela  ne  pourra  jamais  avoir  lieu.  —  Renvoyer  ii  un  temps 
qui  ne  tiendra  jamais,  à  ce  qui  n'existe  pas. 
Vv.  t'r.  —  Renvoyer  aux  calendes  grecques. 

Iîietii'mé. 

Mettez  bin  vosse  main  d'sus,  Tùti,  vos  l'iroùv'rez  d'sos 
V  l'ftrez  l'annôyc  bîsette,  qwand  ploùret  des  berwelle. 

(Hemouchamps.  Tdti  l'perriqui.  I,   SC.  6.  ISH.'j.) 

Var.    Mons.  Les  monvais  payeur    promeltenl-ld  toudi  tout  bas  d'payer  l'arindc 
bizette,   quand  l(;s  pouille  iront  à  crochette,  et  on  alteind  toudi  après  c'n'annt^e  là. 

(Letei.i.ikh.   Armonaque  dé  Mom.  -1848.) 

Var.  Mons.  Il  a  tout   tmû  pa  rfernielte 

Ça  a  kèyu  dessus  i'tiette 
Dessus   rtielle  d'in  marichau;  oh  ! 
El  j'cois  qu'  c'est  l'annde  bisetle 
I  kée  du  brin  à  l'place  de  l'iau,  oh  ! 
Ringuinguelle,  oh  !  ringuingô. 

On  désigne  par  année  bisette  une  année  merveilleuse. 

(SlGART.  Uicl.  -1870.) 

Cn.\RLERoi.  Quand  on  m'tir'ra  co  'ne  parèye  guette, 

Les  pouye  diront  su  des  crosselte. 

(Bernus.  L'coirbeau  eièt  16  r'nau.  Faufe.  IS'iJ.) 

Var.  Naml'R.  Marie. 

Quand  c'tiia  m'rivairel  bin  les  pouye  auront  des  dint. 

(Bertholor.  Cwnmcji  et  nu'd'ci».  Se.  S.  1890.) 

Var.  Tournai.  Quand  les  poule  areont  des  dint. 

Var.  Nivelles.  Si  l'carême  dure  sept  an  o  fra  ça  à  Paque. 

95    Ji  mes  moque  comme  di  l'an  quarante. 
LiTT.  Je  m'en  moque  comme  de  l'an  quarante. 
Cela  ne  m'inquiète  nullement.  —  Je  n'y  aurai  pas  le  moindre 
égard.  —  Je  m'en  fiche  comme  de  Pitt  et  Cobourg. 

(QuiTARD.  Dici.,  p.  35.) 

Variante.  Ji  m'es  sovins  comme  di  l'an  quarante. 

(Remacle   Dict    1889.) 

Lamrert. 

Tôt  comme  di  l'an  quarante,  ji  m'flche  di  z'el  lurtos, 
Loukiz  ci  p'tit  machin,  avou  lu  j'pou  fer  toi. 

(Toussaint.  Lambert  li  foirsolé.  UI,  se.  -l'*.  ^871.) 

Marche,  Dès  qu'one  commf^re  court  à  cinquante 

Ça  fait  cinq  creux  sus  tôt  galant, 
On-z-ès  rit  comme  di  l'an  quarante. 

(Alexandre.  Ftit  corti.  Tome  HI.  -1800.) 


96.  A  r  novel  an  l'aîwe  pèhe  volti 

LiTT.  Au  nouvel  an  Peau  pêche  volontiers. 
C'est  en  général  l'époque  des  inondations  dans  nos  contrées, 
l'eau  amène  les  épaves. 

97.  Annêye  di  plocon, 
Annêye  di  lioûbion. 

LiTT.  Année  de  pucerons, 
Année  de  houblons. 

98.  Avri  et  Saint  H'mèye 
Pàrtet  l'an  es  moitèye. 

LiTT.  Avril  et  Saint-Remy  (l"'  octobre)  partagent  l'an  en 
moitié. 

(FoRlR.  Dici.) 

Variante.  Pfkque  et  R'mêye 

Partet  l'an  es  d'mèye. 

ANSE. 

99.  Fer  danser  l'anse  de  banslaî. 

LiTT.  Faire  danser  Tanse  du  panier. 

Se  dit  d'une  cuisinière  qui  gagne  sur   les  denrées  qu'elle 
achète.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Faire  danser  l'anse  du  panier. 
Jeannette. 

Enfin  d'on  possc 

I  fàt  i)rinde  gosse 
Adon  d'ses  maisse,  esse  so  les  intérêt, 

Jamàye  qui  l'anse 

l)è  banstaî  n'danse 
Et  s'dire  tôt  fer,  di  bon  cour  j'ouveurrcs. 

(Wii.i.EM  et  Ralwens.  Pèclii  racli'té.  Se.  10.  188^2. ) 

AOUT. 

100.  L'aousse  apoite 

Çoii  qii'màsse  èpoite. 

LiTT.  L'août  apporte 

Ce  que  mars  emporte. 
Ce  proverbe  est  cité  dans  l'Almanach  de  .Mathieu  Laensberg, 
1833. 

APOTHICAIRE. 

101.  L'apotilicâre  n'ode  nin  ses  drongiie. 
LiTT.  L'apothicaire  ne  sent  pas  ses  drogues. 


28 


On  finit  par  s'accoutumer  aux  inconvénients  de  son  état.  — 
L'habitude  nous  fait  trouver  certaines  choses  si  naturelles  que 
nous  sonimes  surprix  ([ue  les  autres  en  soient  incommodés. 

Cité  par  FoRiR.  Dlct. 

APPARENCE. 

10"^.  1  n'  fàl  nin  s'  fiî  àx  apparince. 

LiTT.  Il  ne  faut  [)as  se  fier  aux  apparences. 

Il  ne  faut  pas  juger  sur  l'extérieur,  sur  ce  qui  paraît  dehors. 

(ÂCAD.) 

De  votre  changement  la  flatteuse  apparence 
M'avait  rendu  tantôt  quelque  faible  espérance. 

(Racine.  Dérhiice.  V,  se.  7.) 
Var.  Stavelot.  Sovint  1'  bai  est-st-â  d'foù. 

APPÉTIT. 

t03.  Sinti  donne  appétit. 

LiTT.  Sentir  donne  appétit. 

L'odorat  éveille  le  goût.  Se  dit  par  analogie  de  tout  ce  qui 
induit  en  tentation. 

Je  sens  la  chair  fraîche,  disait  l'ogre. 

{Histoire  du  Petit  Poucet.) 
Yaiuante.  L'odeur  vis  adawe  d'à  Ion, 

C'est  de  vi  clapant  bourgogne. 

(Lamaye.  Li  vin  d'  Bourgogne.  Décembre  1840.) 

Nivelles Droussi  j' sins  1' chair  humaine 

Et  m'  n'estoumaq  qui  danse,  dins  tous  les  coin  waitons 
El  chair  humaine  je  1'  sins.  et  toutte  suitte  nos  l' Irouv'rons. 
(Renard.  Les  aventures  de  Jean  d' Nivelles.  Poème.  Ch.  IV.  lSo7.) 

104.  L'appétit  est  1'  mèyeu  d' tote  les  sâce. 

LiTT.  L'appétit  est  la  meilleure  de  toutes  les  sauces, 

(FOKIR.  Dict.) 

La  faim  assaisonne  tous  les  mets.  —  Quand  on  a  faim  tout 
mets  paraît  bon.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  La  faim,  l'appétit  assaisonne  tout. 
11  n'est  chère  que  d'appétit. 
La  faim  est  le  meilleur  assaisonnement. 
Il  n'est  sausse  que  d'appétit. 

(Le  père  Jean-Marie.  Le  divertissement  des  saga.  IGCiJ  ) 

Var.  Yerviers.  L'appélil  qui  rind  tôt  bon 

Est  portant  l'fîls  d'  privaution. 

(Renier.  Spotx  rimes.  4871.) 

MoNS.  Enne  connai.ssez  pas,  cinsicre,  l'provcrpe  qui  dit  :  i  vaut  mieux  bon 
appétit  qu'bonne  sauce  ;  et  tans'  qu  a  l'apjjétit,  vos  allez  vire  quées  biTlafTe  qud  j'vas 
la  saquer.  (I.etellier.  Armonagne  dé  ilons.  1861.) 

Optimum  famés  condimentorum  est  ciborum. 

(LejeUNE.   Proverbia  familiaria.  1741.) 


—  29  — 

105.  L'appétit  vint  tôt  mai^nant. 

LiTT.  L'appétit  vient  en  mangeant. 

(FoRiR.  Did.   1801.) 

Le  désir  de  s'enrichir  ou   de  s'élever  augmente  à  mesure 
qu'on  acquiert  de  la  lorlune  ou  des  honneurs.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  L'appétit  vient  en  mangeant. 
Appétit  vient  en  mangeant. 

{Piov.  comm.  XV^  siècle.) 

Mais  l'appétit  vient  toujours  en  mangeant. 

(Lafontaine.  La  confidente  sans  le  savoir.) 

Namur.  L'appdtit  vint  tôt  mougnant. 

MoNS.  L'appétit  vièt  in  mingeant. 

Nivelles.  Je  n'dai  ni  core  assez,  dit-st-elle  au  grand  gt'ant 

Çu  qu'c'est,  comme  l'appaiti,  nos  arrife  en  maingeant. 
(Renard.  Les  aventures  de  Jean  d'  ?iivellex.  Poème.  Cha.il  IV.  1857.) 

Basse-Allem.  —  Der  Appétit  kommt  wiihrend  des  Essens. 
APPORTER. 

106.  Bin  v'nou  qui  appoite. 
Ljtt.  Bien  venu  (celui)  qui  apporte. 
Cité  par  Forir.  Uict. 

11  faut  bien  accueillir  celui  qui  vous  fait  un  cadeau. 
Qui  donnera  le  plus,  qu'il  soit  le  bien  venu. 

(REGNIER.  Sat.  XII.) 

APRÈS. 

107.  Après  les  pré,  c'est  les  pâture.  (Nivelles.) 

LiTT,  Après  les  prés,  ce  sont  les  pâtures. 
Proverbe  calembourique. 

Nivelles.  Eiè  après?  —  Après  les  pré,  c'est  les  pâture;  —  on  ajoute  souvent  : 
pour  vous  l'brin,  pour  moi  Pbure. 

(L'Acht.  Journal.  1889.) 

Namur.  Après  les  prd,  c'est  les  jardin. 

AHAIGNÉE. 

108.  Aranne  du  soir, 

Espoir; 
Du  malin, 

Cliagrin; 
Du  midi, 

Piaisi.  (Tolunal) 


—  30  — 

LiTT.  Araignée[du  soir, 
|.v'    Espoir; 
Du  malin, 

Cha|iriii  ; 
Du  midi, 
Plaisir. 
LiÉiiE.  Araignée  du  matin, 

Grand  chagrin  ; 
Araign('e  du   midi, 
Grand  plaisi  (V  ; 
Araignée  de  quatre  heures. 

Grande  erreur  ; 
Araignée  du  soir, 
Grand  espoir. 

MoNs.  Écraser  enne  arague  au  matin, 

C'est  d' l'argint. 

Au  soir 
C'est  d' l'espoir. 

(SiGART.  Glo.is.  iiijm.  montois.) 

ARBRE. 

101).  Qwand  iiie  ùbe  tome,  tôt  rmonde  coiii'L  Ax 
colle. 

LiTT.  Quand  un  arbre  tombe,  tout  le  monde  court  aux 
branches. 

Quand  un  homme  est  tombé  en  disgrâce,  chacun  s'empresse 
de  partager  ses  dépouilles.  (Poitevin.)  —  Cf.  La  locution  : 
le  coup  de  pied  de  l'àne,  allusion  à  la  table  de  Lalbntaine  : 
le  Liou  (leotnu  oieiix  (L.  III,  §  14).  —  Le:^  Mlrmldons  ou  les 
funérailles  if  Adulte,  chanson  de  Béranger. 

Marche.  Dès  qu'on  grand  auhe  est-st-abattou 

Vite  es  hoquet  11  est  mettou. 

Prov.  du  Languedoc.  Qan-t-un  aouba  es  toumbat,  tout  lou 
mounde  couris  à  las  brancas. 

{Revue  des  langues  romanes.  1881.) 

110.  Tant  qu'il  est  gône  on  plôye  oue  ;inl)c. 
(Marche  ) 

LrrT.  Tant  qu'il  est  jeune  on  plie  un  arbre. 

Il  faut  s'y  prendre  tôt  pour  diriger  le  caractère  des  enfants, 
pour  leur  faire  prendre  de  bonnes  habitudes,  pour  leur  former 
l'esprit. 

11 1.  On  vciil  hiii  à  l'àhe  li  frùt  ({u'i  i)oile. 
LiTT.  On  voit  bien  à  l'arbre  le  fruit  qu'il  porte. 

Quand  on  connaît  quelqu'un,  on  sait  de  quoi  il  est  capable. 
—  Timeo  Danaos  et  dona  ferentes.  (Virgile. /En.  II,  49.)  Mot 


—  31  — 

célèbre  ainsi  rendu  en  wallon  par  un  spirituel  Liégeois  dans 
une  discussion  qu'il  avait  avec  un  habitant  de  Hervé  : 
J'a  sogne  des  Hèvurliii  et  d'Ieus  flairanls  froumage. 

Les  fromages  du  pays  de  Hervé  jouissent  dune  réputation 
méritée,  mais  sont  loin  d'être  inodores. 
Variante.  Li  frût  fait  l'âbe. 

Var.  Verviers.  L'gosse  dîi  frùt  dit  l'nom  du  s'cohe. 

(Remer.  Spots  riméj.  1871.) 

Prov.  allemand.  —  Man  kennt  den  Baum  an  seiner  Frucht. 
Basse-Allemagne.  —  An  den  Frïicbten  crkcnnet  man  den 
Baum. 

112.  1  n'fàl  nin  jiii^î  Tube  àl'  pèlotte. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  juger  l'arbre  à  l'écorce. 
Il  ne  faut  pas  juger  des  gens  sur  l'apparence. 

(Lafontaine.  Liv.  XI,  fab.  1.  Le  paysan  du  Danube.) 

On  juge  du  bois  par  rdcorce, 

Et  du  dedans  par  le  dehors;  • 

Considi^rez  de  près  nos  corps 

El  jugez  quels  nous  devons  être. 

(SCARRON.) 

Marche.  A  rpèlotte  on  r'conneut  one  aube. 

JoDoiGNE.  I  n'faut  jamais  jeger  one  aube  de  seu  Tpclaquc. 

113.  I  n'faut  nin  côpe  l'aubet  es  i'sève.  (Marche.) 

LiTT.  11  ne  faut  pas  couper  l'arbre  quand  la  sève  monte. 
11  ne  faut  pas  détruire  une  chose  qui  est  en  progrès. 

114.  Quand  one  aubeaprind  receune,  faut  tonrsi 
po  rewesser.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Quand  un  arbre  a  pris  racine,  il  faut  tournailler  pour 
le  renverser. 

11  est  difficile  de  perdre  une  mauvaise  habitude  quand  on  lui 
a  laissé  prendre  racine. 

1  lo.  L'pus  bel  aube  est  Tprunii  clioyou.  (Mauciie.) 
Lnr.  Le  plus  bel  arbre  est  secoué  le  premier. 
On  commence  généralement  une  chose  par  la  partie  la  plus 
facile,  par  le  côté  le  plus  agréable. 

JODOIGNE.  C'est  l'peu  bel  aube  qu'est  todeu  rprcini  choyeu. 

1 IG.  C'est  l'ûbe  coilte-jùye. 

LiTT.  C'est  l'arbre  courte-joie. 

C'est  une  chose  dont  la  jouissance  est  de  courte  durée,  ou 
qui  ne  procure  pas  le  plaisir  que  l'on  espérait.  C'est  une 
désillusion. 


—  32  — 

a  Allusion  à  un  vieux  tilleul  situé  dans  la  campagne  de 
a  Rocûur  cl  que  le  crime  a  rendu  odieusement  célèbre.  La 
«  tradition  rapporte  que  sous  cet  arbre,  un  amant  y  assassina 
«  sa  maîtresse,  après  en  avoir  abusé.  » 

(FoniR.   Divt.) 
On  raconU've  qu'ine  pauvejône  fcye 
Qui  riv'nève  li  cour  lot,  contint 
*  Après  ine  an  d'  service  à  l'vèye, 

Rappoirlant  s'  gage  à  ses  parint, 
A  ses  pid  aveul  pierdou  V  vèye 
Kt  c'esl-st-à  case  de  rafia 
Qu'elle  aveut,  disl-on,  d'esse  rèvôye 
Qu'on  avcut  surnommé  :  coùte-jôye 
Ciste  àbe  wisse  qu'on  1'  toua. 

(Félix  Chaumont.  Alm.  de  Math.  Lacmbcrg.  -1GC2.) 

Vàbii  coùle-^jôye,  planté  dans  la  campagne,  entre  Alleur,  Ans 
et  Rocour,  est  ainsi  appelé  parce  que  lors  de  la  bataille  de 
Rocour,  gagnée  le  il  octobre  1746  par  le  maréchal  de  Saxe,  on 
crut  un  moment  à  la  victoire  des  alliés,  massés  près  de  cet 

arbre. 

Ci  fourit  portant  l'àbe  coùte-jôye 
Po  l'eune  di  ces  commère  marôye. 

(Hanson.  Les  Luciade  è.i  vers  ligeois.  Ch.  VI.  17Sn.) 

J'aveu  on  fameu  ralia  di  m"  marier,  mais  ji  sos  logî  à  l'àbe  coùtejùye. 

(Foitut.  Dict.) 

117.  G'n'est  nin  l'âbe  qui  bosse  qui  tome  todi 
Tprumî. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  l'arbre  qui  branle,  qui  tombe  toujours  le 
premier. 

Ce  n'est  pas  toujours  une  chose  qui  paraît  aisée  qui  est 
accomplie  le  plus  vite. 

Qwand  on  est  jône  et  foirt 

On  s'creutbin  Ion  de  l'moirt 
Et  on  rèye  d'ine  vèye  gins  qui  plante  ou  fait  bâti  ; 

Portant  il  est-st-àhèye 

A  toi  moumint  de  veye 
Qui  c'n'esl  nin  l'àbe  qui  hosse  qui  tome  todi  rprumi. 

(Nie.  Defreciieux.  A  l'jôncssc,  'ISllO  ) 

JobOiGNE.  C'n'esl  ni  todeu  l'aube  que  cheul  qui  toumme  le  premi. 

l  l(S.  In  àbe  lome  de  coslé  qu'i  brique.  (Marche.) 

LiTT.  Un  arbre  tombe  du  côté  qu'il  penche. 

Nos  penchants  sont  pour  quelque  chose  dans  nos  malheurs. 

l*r.  t'r.  —  On  ne  tombe  jamais  que  du  côté  où  l'on  penche. 

iNamcu.  I  clinse  do  coslé  qu'i  vout  chair. 

Tournai.  I  eglenne  du  côté  qu'i  veulcaire. 

Lille.  I  clennc  du  coté  ([u'i  veut  querre. 

(Vehmesse.   Voc.  du  Patois  lillois.  18G1.) 


—  33  — 

119.  Allez  compter  les  âbe  so  1'  quai. 

LiTT.  Allez  compter  les  arbres  sur  le  quai  (s.-cnt.  St-Léon'',). 
Cl'est  l'occupation  des  oisifs. 

NIVEX.LES.  Allez  compter  les  arbe  su  TDodaine. 

(Petit  ruisseau  qui  arrose  une  promenade  à  Nivelles.) 

ARDOISE. 

120.  Il  est  à  couvièt  d'one  sicaye  d'èglîche.  (Namuh.) 
LiTT.  Il  est  couvert  d'une  ardoise  d'église. 

Il  est  protégé  par  les  gens  d'église. 

Var.  Jodoigne.  Il  a  on  clan  à  l'égliche. 

ARGENT. 

1*21.  Gavant  àrgiiit  sonnant.  (Namur.) 

LiTT.  Cela  vaut  argent  sonnant. 

Faire  trop  de  fond  sur  de  simples  apparences;  croire  facile- 
ment. (ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Prendre  pour  argent  comptant. 

Namur.  Nosse  bon  vî  pdre  GaiUol,  dins  oiik  di  ses  chapite 

Qui  j'a  studi  après  avoi  ieu  lî  l' jésuite, 
Si  mêle  ossi  là  d'sus  de  volu  fer  1'  savant, 
Et  prind  l'couye  di  de  Marne  po  d'I'àrginl  bin  sonnant. 

(Demanet.  Oppidum  Atuaiicorum.  1843.) 

Gaillot  et  De   Marne  ont    écrit  chacun  une  histoire  du 
comté  de  Namur. 

Il  a  pris  cela  pour  argent  comptant.  (Oudin.  1640.) 
Basse-Allemagne.       Elwa.s  fur  baares  Geld  nehmen. 

122.  ine  homme  sins  àrgint,  c'est-st-on  leûp  sins 
dint. 

LiTT.  Un  homme  sans  argent,  c'est  un  loup  sans  dents. 
On  dit  aussi  :  c'est-st-on  biergî  sins  chin. 
L'argent  est  nécessaire  pour  vivre. 

Mais  sans  argent  l'honneur  n'est  qu'une  maladie. 

(Racine.  Les  plaideurs.) 

Jodoigne.  Une  homme  sins  caur  c'est-st-one  aveûle  sins  ch6. 

123.  L'ârgint  d'putain  ennès  va  comme  li  vint. 

LiTT.  L'argent  de  prostituée  s'en  va  comme  le  vent. 


-  34  — 

Le  bien  acquis  par  des  voies  peu  honniHes  se  dissipe  aussi 
aisément  qu'il  a  été  amassé.  (Acad.) 

Vauiantk.  l/àr^iiit  d'  [nitain  oniios  va  coniino  i  vint. 

1*24.    Esse   cliergî   darginl  comme    on   crapaud 
d'  plome. 

LiTT.  Etre  chargé  d'argent  comme  un  crapaud  de  plumes. 

N'avoir  point  d'argent.  (Acad.) 

Pr.  t'r. —  Être  chargé  d'argent  comme  un  crapaud  de  plumes. 

MoNS.  J'ai  des  romalis.se  tous  coté  :  j'comminche  à  elle  garni  d'yaerd  comme  les 
craiiaud  d'  plume,,]'  poux  pins  longtemps  jouer  k  c'jeu  là,  j'  vos  l'avertis. 

(Letellier.  Anuouaque  dé  Monx.  iS^O.) 

Saint-Uuf.ntin.  En  fait  d"argent,.j'ein  sus  cliergé  comme  ein  crapaud  d'  plcumes. 
Il  en  est  chargé  comme  un  crapaud  de  plumes. 

(OiiiilN.  Ciiriosiiez  fiatuotnes.  -ItiiO.) 

Prov.  provençal.  —  Cargat  d'argent  coumo  un  grapaud  de 
plumo, 

{Revue  des  langues  romanes.  -1881.) 

125.  C'est  l'ârgint  qui  fait  rire. 

LiTT.  C'est  l'argent  qui  fait  rire. 

Aisance  donne  assurance. 

Cf.  Sedaine.  Épître  à  mon  habit. 

Vos  avez  vèyou  d'vins  1'  râv'laî 
Qui  vint  d'  passer  d'sos  vosse  narcnne. 
Qui  1'  vûd  bâche  fait  grognî  V  pourçaî. 
Comme  l'ârgint  fait  rire  li  Wiguenne. 

(I)ELARGE.  Les  colèbeû.  ISGO.) 

Var.  Namur.  L'ârgint  rind  franc  les  gins. 

Basse-Allemagne.  —  Baar  Geld  lacht. 

126.  Beauquéop  d' liard  fel  l'  mauvais  garcliéon. 
(Tournai.) 

LiTT.  Beaucoup  d'argent  font  le  mauvais  garçon. 
L'argent,  entre  les  mains  des  jeunes  gens  inexpérimentés, 
leur  fait  commettre  toutes  les  folies. 

127.  Pont  d'  caur,  pont  d' suisse.  (Namur.) 

LiTT.  Pas  d'argent,  pas  de  suisses. 

Sans  argent  on  ne  peut  rien  avoir;  locution  prise  du  temps 
où  les  Suisses  se  louaient  comme  soldats  mercenaires.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Point  d'argent,  point  de  suisses.  (Quitard.) 

128.  Ses  aidan  li  t'net  chaud. 
LiTT.   Son  argent  le  tient  chaud. 
C'est  un  grippe-sou,  un  avare. 


—  35  — 

1^29.  L'argints'in  va,  l'biète  reste.  (Tournai.) 

LiTT.  L'argent  s'en  va,  la  bête  reste. 

Allusion  peu  gracieuse  envers  ceux  qui  se  sont  mariés 
n'ayant  Uaulre  but  que  de  posséder  la  dot. 

130.  L'ci  (m'a  (['  rûi'i,nnt 
Trouve  des  parint. 

LiTT.  (Jelui  qui  a  de  l'argent 
Trouve  des  parents. 

Les  parents  ne  manquent  pas  lorsqu'il  s'agit  d'hériter  d'une 
personne  riche.  -  On  ne  néglige  pas  de  se  prévaloir  de  la 
parenté  de  gens  fortunés. 

131 .  I  m'pàyeret  qwand  ses  aidan  àroiit  des  jambe. 

LiTT.  Il  me  payera  quand  son  argent  aura  des  jambes. 
Il  ne  me  payera  jamais. 

ARMOIRE. 

132.  Les  soreii  sourtnet  les  larme  aux  oûye  tbû  de 
l'dresse.  (Jodofgne  ) 

LiTT.  Les  suuris  sortent  les  larmes  aux  yeux  hors  de 
l'armoire. 

C'est  une  maison  pauvre,  où  il  n'y  a  pas  souvent  de  quoi 
manger. 

Dînant.  Rosine. 

Ces  tindcux  là,  i  sont  lorlos  parèye,  c'est-st-on  tas  d' fénéanl  qu'ont  les  trois 
quart  do  timps  des  soris  dins  leu  dresse,  qui  s'  pormoin'nu  les  larme  aux  oùye. 

(V.  COLLARD.  Li  tindric  à  l'amourette.  I,  se.  f'^.  1890.) 

ASCENSION. 
138.  A  l'Ascinsion,  ou  iiiai^ne  panâhe  et  mouton. 

LiTT.  A  l'Ascensiun,  on  mange  dus  panais  et  du  mouton. 

La  fête  de  l'Ascension,  tombant  habituellement  dans  le 
courant  du  mois  de  mai,  fait  présager  le  retour  du  beau  temps; 
elle  fournit  l'occasion  de  manger  des  primeurs. 

Cité  par  Forir.  hicl. 

134.  C'est  comme  l'Ascinsion, 
Todi  l'même  pont. 

LiTT.  C'est  comme  l'Ascension 
Toujours  le  même  point. 
La  fête  de  l'Ascension  tombe  toujours  au  jeudi,  et  quarante 
jours  après  Pâques. 

Comme  l'Ascension  (toujours  dans  le  même  état). 

(OuuiN.  Curiosilez françaises.  1640.) 


—  36  - 


Tatî. 

Ah  !  j'àret  bai  bàrbî,  fer  perrique  et  signon 

Ji  d'ineùrret  es  inèine  pont,  allez,  comme  TAscinsion. 

(Rkmouchamps.  Tdtl  i  periiqui.  I,  se.  i.  1885.) 

MoKS.  J'ai  passé  d'iée  'ne  maison  qu'est  comminchée  d'puis  assuré  deux  an,  et 
elle  resse  toudi  au  mi^me  point  comme  TAscinsion. 

(Leteluer.  Àrmonaquc  dé  Mous.  I80O.) 

ASSIETTE. 

I3d.  Elle  bout'ret  co  sovint  s'-l-assielte  que  l'baudet 

II'  voiiret  ni  nioiignî   (Jodoigne.) 

LiTT.  Elle  melti'a  souvent  son  assiette,  que  l'âne  ne  voudra 
pas  manger. 

Se  dit  d'une  jeune  lille  qui  épouse  un  vieillard. 

Les  enfants  mettent  une  assiette  avec  du  foin  dessus,  à  la 
Saint-Nicolas. 

ATH. 

136.  Il  est  d'Ath  et  nié  d'Ath,  du  faubourg  de 
Brant'gnies.  (Hainaut.) 

LiTT.  Il  est  d'Ath  et  pas  d'Ath,  du  faubourg  de  Brantegnies. 

Le  faubourg  de  Brantegnies  est  séparé  de  la  ville  d'Ath  par 
les  fossés  des  fortifications.  Les  habitants  de  ce  faubourg 
veulent  passer  pour  Athois;  c'est  ce  qui  a  donné  lieu  à  ce 
proverbe,  toujours  employé  ironiquement. 

(Letei.mer.  Armonaqiie  dé  Mons.  -1858.) 

MoNs.  Riche  et  nié  riche  pourtant...  tout  comme  qui  diroi  :  d'Ath  et  nié  d'Ath... 
du  faubourg  de  Brant'gnies. 

{Armonaque  dé  Mons.  1884.) 

ATRE. 

137.  Vos  avez  chî  es  laisse. 

LiTT.  Vous  avez  chié  dans  l'àtre. 

Vous  avez  manqué  de  tact  dans  cette  visite.  —  Vous  ne  serez 
pas  en  bonne  odeur  dans  cette  maison. 

ATTEINDRE. 

138.  Wisse  qu'on  n'  pout  attinde  (v'ni)  on-z-y  jette. 

LiTT.  OÙ  l'un  ne  peut  atteindre  (venir),  on  y  jette. 
Quant  il  n'y  a  pas  prise  à  la  médisance,  on  a  recours  à  la 
calomnie. 


—  37  — 

ATTENDRE. 

139.  Qui  raltind  n'a  nin  liàse. 

LiTT.  Celui  qui  attend  n'a  point  hâte. 

Se  dit  en  guise  de  consolation  ironique  aux  personnes  qui 
se  plaignent  d'avoir  attendu  longtemps,  d'avoir  croqué  le 
marmot. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Moult  annoyc  à  qi  attent. 

[Proverbei  de  France.  WW  siècle.) 

Qui  attend,  il  a  fort  temps. 

(Prov.  commiaïf:.  W'^  siècle.) 

Louise. 

Nos  li  frans  longinfeu  ; 
Ji  n'voreus  nin  di  ni'fàte  portant  qui  s'annôyereut 
Et  qui  polahe  si  piainde  di  çou  qu'.ji  sôreu  1'  case. 

Cath'uense. 
Oh  !  sèyîz  donc  tranquille,  qui  raltind  n'a  nin  hase. 

(Deixhef.  Les  deux  neveux.  I,  se.  2.  1859.) 

L'OVRÎ. 

D'hindez  on  pau.  Colas, 
N'a  'ne  saqui  qui  v'rattind. 

Colas. 
Qui  rattind  n'a  nin  hase. 

(Hannay.  Li  mdye  neûr  d'à  Colax.  I,  se.  b.  1866.) 

Var.   Stavelot.  L'ci  qui  hoùteà  rtimps  long. 

Namur.  T'as  raison,  qui  rattind  n'a  nin  hausse,  il  iret  mia  pus  taurd. 

(Vdhu  du  Bâtisse.  La  Marmite.  Journal    1884.) 

JODOIGNK.  L'ce  que  rattind  n'a  ni  hausse. 

ATTENTION. 

140.  Faire  attintion,  comme  Poquette  et  Larieon. 
(Tournai.) 

LiTT.  Faire  attention  comme  Poquette  et  Larion. 

Allusion  ironique  sur  la  manière  dont  la  police  était  faite  à 
Tournai,  il  y  a  environ  60  ans,  par  deux  garde-ville  du  nom  de 
Poquette  et  Larion.  Ces  deux  braves  «  duicheile  »,  comme  on 
les  appelait  à  cette  t'poque,  veillaient  eux  seuls  à  la  sécurité  des 
foyers  et  étaient  loin  d'être  à  la  hauteur  de  leur  mission,  quoi 
qu'en  ail  dit  un  jour  au  Conseil  communal,  un  conseiller  clé- 
rical, grand  admirateur  de  ces  deux  acolytes  de  l'inoubliable 
cabello. 

[Èlrenncs  tournaisiennes.  1886.) 


—  38  - 
AUBADE. 

141.  Jower  ine  aille  aiibâde 

LiTT.  Jouer  (donner)  une  autre  aubade. 
Parler  un  autre  langage.  —  Changer  de  ton   —  En  faire  voir 
d'autres. 

Pr.  fr.  —  Chanter  une  autre  chanson. 

Min  s'il  a  co  I'  m:\lheiir  di  s'  melle  so  T  houp-di-guet, 
Vos  r  piç'rez,  min  po  1'  bon,  et  mi  ji  li  jouwrè 
Eco  ine  aute  aubade. 

(Remouciiamps.  Li  snv'ti.  Act.  2,  se.  6.  1838) 

Pour  vous  venir  donner  une  fâcheuse  aubade. 

(Molière.  L'Etourdi.  III,  se.  10.) 

AUGE. 

142.  Les  vûds  bâche  fet  grognî  les  poiirçaî. 

LiTT.  Les  auges  vides  font  grogner  les  porcs. 

La  misère  rend  grondeur  ;  elle  apporte  le  trouble  dans  les 
familles. 

Pr.  fr.  —  Quand  il  n'y  a  plus  d'avoine  dans  l'auge,  les  che- 
vaux se  battent. 

Variante.  Les  vùds  hache  fet  les  pourçai  s' batte. 

Les  vndès  poche  fet  les  vùdès  tiesse. 

LiTT.  Les  poches  vides  rendent  les  têtes  vides. 
Var.  Namur.  Les  vùdès  armoire  fayent-nu  les  rauaiches  liesse. 

LiTT.  Les  armoires  vides  rendent  les  têtes  mauvaises. 
Cité  par  Forir.  Dicl. 

J'a  trop  tardé  de  vèye  qui  j'esteus  so  'ne  mâle  cohe, 

Ji  m'a  todi  fiî  qu'i  vairit  à  rik'nohc 

Qui  fâreut  d'ner  l'avône  àx  ci  qui  l'ont  wâgnî, 

Mais  les  bâche  vont  esse  vùd,  et  les  jûne  vont  grognî. 

(Thiry.  Ine  cope  di  grandiveux .  1859.) 

JOSEPH. 

Dihez-v',  tôt  près  d'ine  fleur,  i  pout  crèhe  ine  oûrtèye, 
Vocial  li  maisse  des  spot,  gravez-l'ès  vosse  cervai, 
Qwand  n"a  pus  rin  es  bâche,  on-z-ot  grognî  Tpcurçaî. 

(Hannay.  Li  mûye  neûr  d'à  Colas.  II,  se.  il.  -1866.) 

Jacob. 

C'est  po  vosse  bin  qui  j'jàse,  louquîz  bin  à  vosse  sogne, 
Ca  l'vûd  bâche  est  sovint  li  case  qui  1'  pourçaî  grogne. 

(Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrà.  II,  se.  3.  4875.) 

AUNE. 

143.  Mes'rer  à  si  aune. 

LiTT.  Mesurer  à  son  aune. 


-  39  - 

Juger  d'autrui  par  soi-même.  On  le  prend  ordinairement  en 
mauvaise  part.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Mesurer  les  autres  à  son  aune. 

(Ol'Dm.  Ctiriosiiez  françaises.   dBiO.) 

Se  mesurer  à  son  aulne. 

(Le  père  Jean-Marie.  Le  Diveriissement  des  sages.  1065.'» 

Cité  par  FoRiR,  Dict. 

Sanche  et  Gabès,  di  don  Anlone 
Tôt  sihe  sont  mes'rd  à  Tmême  aune. 

(Hanson.  Les  luciades  es  vers  ligeois.  Ch.  V.  1783  ) 

Detrihe. 

Ji  mcseûre  lodi  ine  aule  à  mi  aune. 

(Salme.  Qivitte  po  qwitle.  Sc.  13.  1878.) 

Verviers.  Mez'rans  todi  l's  aute  à  noste  aune 

Tindans  l'inain  aux  pôves  affligî. 

(Pire.  Vorci  Vhivier.  Ch.  187  i.) 

Marche.  Thérèse. 

....  C'est  mesuret  les  gins  à  leus  aune. 

(Alexandre.  Li  pèchon  d'avril.  Act.  III,  se.  i'"'.  1859.) 

St-Quentin.  a  m'zurer  à  l' niennie  aune. 

144.  Riv'ni  d'aune  à  clau.  (Verviers.) 

Rev^enir  (arriver)  d'aune  à  clou. 

Faire  le  compte  juste. 

Autant  de  livres  de  fil  à  tis.ser  doivent  fournir  autant  d'aunes 
d'étoffe . 

Clau,  grosse  livre  du  poids  ancien,  de  trois  livres  courantes; 
n'était  en  usage  que  dans  les  fabriques  de  draps. 

(LOBET.  Dictionnaire.  1854.) 

145.  Tôt  de  long  d' l'aune. 

LiTT.  Tout  du  long  de  l'aune. 
Beaucoup,  excessivement.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Tout  du  long  de  l'aune. 

On  li  es  d'na  lot  de  long  d' l'aune. 

(Remacle.  Dict.  1839.) 

AUTEL. 

146.  Voilà  comme  ine  âté  d'  confrêrèye. 

LiTT.  Le  voilà  comme  un  autel  de  confrérie. 
Comme  le  voilà  harnache  ! 
Il  a  l'air  de  sortir  d'un  bocal. 

MoNTEGNÉE.        Il  csteut  conimc  ine  âtd  d'  confrèrèyc  : 

(tn-z-àreut  dit  qu'on  Taveut  mettou  d'sos  veûlc, 
El  qu'on  n'  l'aveut  sèchi  foù  qui  po  1'  fer  dîner. 

Var.  Jodoigne.  Hie,  qui  t'es  bia  (propre),  on  dirot  1' feu  il'on  p'teut  sinci  qu'  va 
d'  d'mander. 


-CO- 
AUTEUR. 

147.  Qui  dit  si  âteûr 

N'est  nin  minteûr. 
LiTT.  Celui  qui  nomme  son  auteur 

N'est  pas  menteur. 
Je  voys  dis  la  chose  comme  elle  m'a  été  dite  ;  voilà  ma  source; 
s'il  y  a  un  menteur,  ce  n'est  pas  moi. 
Cité  par  Forir.  Dicl. 

Si  c'est  des  boude  ji  n'es  se  rin. 
Comme  on  m' l'a  d'né,  mi  ji  v's  el  rind. 

(Bailleux.  Testament  expliqué  par  Esope.  Fâve.  iSSl.) 

Bobinage.  Velia-ci,  comme  on  1' rasconte  :  ed'  vo  i' rinds  comme  è  d'I'ai  ohiu, 
au  prix  coûtant.  {Anno7iac  du  Borinaf/c,  in  patois  borain,  4849.) 

AVALER. 

148. 1  fat  pau  d'  choi  po-z-avaler  'ne  brique. 

LiTT.  Il  faut  peu  de  chose  pour  avaler  une  brique. 
Admettre  une  chose  inadmissible.  —   Se  dit  souvent   en 
réponse  à  celui  qui  raconte  un  fait  invraisemblable. 
Cf  On  ne  .sait  pas  ce  qui  peut  arriver 

Et  s'i  vèydve  rilûre  d'àlon 

On  partisan  de  1'  république 

I  braiyéve  vive  Napoléon 

I  fàl  pau  A"  choi  d'avaler 'ne  brique. 

(Thiry.  On  coirbâ  franc  llgeois.  1866.) 

Ce  proverbe  pourrait  paraître  étrange  et  il  n'est  employé 
actuellement  que  dans  le  sens  donné  plus  haut.  En  voici 
l'origine. 

Dans  les  écrivains  français  des  XIIP  et  XIV"  siècles,  le  mot 
avaler  avait  la  signification  de  «  descendre  ».  Em.  Cachet  dans 
son  glossaire  roman  des  chroniques  rimées  de  Godefroid  de 
Bouillon,  du  chevalier  au  Cygne  et  de  Gilles  de  Chin,  cite  un 
vers  de  Philippe  Mouskés,  avalant  quelqu''un  du  haut  des 
remparta,  c'est,  dit-il,  plus  que  le  descendre,  c'est  le  précipiter. 

Roquefort,  Lacurne  de  Ste-Palaye,  Godfroy,  dans  leurs 
dictionnaires  et  glossaires,  donnent  également  au  mot  avaler, 
le  sens  de  descendre.  Littré  donne  l'explication  suivante  : 

«  Avaler  (de  aval)  veut  dire  proprement  faire  descendre, 
mettre  en  bas  ;  et  il  n'a  eu  longtemps  que  ce  sens-là  ;  puis, 
comme  faire  arriver  les  aliments  dans  l'estomac  est  aussi  les 
faire  descendre,  il  a  pris  peu  à  peu  ce  sens,  et  le  primitif  est 
tombé  en  désuétude,  ne  restant  plus  que  dans  quelques  locu- 
tions techniques  et  dans  certains  patois.  » 


—  41  — 

Dans  le  pays  de  Liège  les  termes  «  avalerai  descendre,  appro- 
fondir, et  «  aveteresse  »  approfondissement,  sont  employés 
communément  dans  les  houillères  en  parlant  de  la  bure  que 
l'on  approfondit. 

Il  résulte  de  ces  observations  que  le  sens  primitif  du  pro- 
verbe serait  :  il  faut  peu  de  chose  pour  laisser  tomber  une 
brique,  pour  commettre  une  maladresse,  une  faute. 

Le  sens  de  :  pour  manger  une  briiiue  est  maintenant  le  seul 
connu  et  on  est  si  convaincu  qu'il  faut  le  comprendre  ainsi  que 
souvent  on  ajoute  :  tôt  buvant  on  sèyaî  d'aiwe  (en  buvant  un 
seau  d'eau).  Cette  explication  est  conlirmée  par  le  proverbe 
suivant. 

149.  Li  ci  qu'avale  ine  brique  enne  avalYeut  hin 
deux. 

LiTT.  Celui  qui  avale  une  brique  en  avalerait  bien  deux. 
Celui  qui  commet  une  faute  peut  en  commettre  plusieurs. 

AVANCER. 

150.  Qui  n'avance  nin,  rote  enne  èri. 

LiTT.  Qui  n'avance  pas  marche  en  arrière. 
Qui  ne  progresse  recule. 

AVARE. 

151.  I  iiu'a  qu'les  avàrc  qwand  i  s'y  meltet. 

LiTT.  Il  n'y  a  que  les  avares  quand  ils  .s'y  mettent. 

Lorsqu'un  avare  se  résout  à  donner  un  repas  à  quelqu'un,  il 
y  met  plus  de  profusion  qu'un  autre.  (Agad.) 

J^r.  fr.  —  Il  n'est  chère  que  de  vilain.  —  Il  n'est  festin  que 
de  gens  chiches. 

JODOiGNE.  I  n'a  qu'les  arabe  on  comp  qu'el'  s'y  bout'net 

.AVEUGLE. 

lo2.  Braire  comme  ine  aveûle  (ju'a  ])ierdou 
s'baston  (scliin). 

LiTT.  Crier  comme  un  aveugle  qui  a  perdu  son  bâton  (son 
chien). 

Crier  bien  fort  pour  quelque  mal  léger.  (Acad.)  — Criera 
tue-tête. 

Pr.  fr.  —  Crier  comme  un  aveugle  qui  a  perdu  son  bâton. 

Cité  par  FoRiR.  Dicl. 


—  42  — 

Mayon 
Qu'avez-v"  don  !  Vos  braiye?,  comme  iiic  aveûlc  qu'a  pierdou  s'chin. 

(Demouun.  Ji  voii  ji  n'pou.  I,  se.  2.    1858.) 

Jacoue. 

Vos  air  di  Don  Quichotic  ni  nos  fet  nin  sogne  et  ci  n'est  nin  toi  braiyant  comme 
ine  aveûle  (jifa  pierdou  s'chin,  qui  vos  v'I'ro/  pardonner  l'màle  keûre  qui  v's  avez  fait. 
(WiLi.EM  et  lUuwENS,  Les  toArciveux.  Se.  11.  4882.) 

Dadite. 

Vos  jàsez  comme  ine  aveûle  qu'a  pierdou  s'chin. 

(I$AR0N.  Li  tapre.'ise  di  cwdrjen.  Se.  H.  i882.) 

Nami'R.  "  I  crie  comme  one  aveùlc. 

Var.  Malmedy.  Crire  comme  one  aveûle  cnne  on  poicc. 

MoNS.  Les  vieux  guernadier  brayiont  lous  leurs  yeux  dehors,  aussi  fort  qu'in 
aveugue  qu'a  perdu  s' bâton.  (Letellier.  Armotiaqucdé  Moiix.  1840.) 

Prov,  provençal.  Crida  coutiio  un  abuclo  qu'a  perdut  soun 
bastou. 

{Revue  des  langues  romanes.  -1881.) 

1.^3.  Qwand  iiio  aveûle  mônne  ine  aute,  i  loiimet 
los  les  deux  es  F  fosse. 

LiTT.  Quand  un  aveugle  conduit  un  autre,  ils  tombent  tous 
deux  dans  la  fosse. 

Se  dit  d'une  personne  qui  ne  montre  pas  plus  de  prudence 
ou  d'habileté  que  celle  dont  elle  est  chargée  de  diriger  les 
actions,  (Acad.)  —  Se  conduire  d'après  les  avis,  les  conseils 
d'un  homme  sans  expérience,  c'est  vouloir  se  perdre. 

Pr.  fr.  —  C'est  un  aveugle  qui  conduit  un  autre. 

Namur.  Quand  l'aveûle  moinrne  l'aveùle,  i  chaie-nu  tos  les  deux  dins  l' fossé. 

Basse-Allemagne.  Wenn  cin  Blinder  den  andern  fuhrt, 
fallen  beide  in  Graben. 

154.  1  vout  fer  r'  vèyî  les  aveûle. 

LiTT.  11  veut  rendre  la  vue  aux  aveugles. 
Il  veut  faire  l'impossible,  il  prétend  faire  tles  merveilles,  des 
miracles  ;  il  se  croit  un  phénix. 

155.  Qwand  on  deut  esse  aveûle,  li  ma  vint  po  les 
oûye. 

LiTT.  Quand  on  est  destiné  à  être  aveugle,  le  mal  vient  par 
les  yeux. 

Nul  n'évite  sa  destinée.  —  L'amour  rend  aveugle  et  l'amour 
vient  par  les  yeux. 

Variante.      Qwand  on  voutdiv'ni  aveùlc,  li  ma  prind  po  les  oùye. 

(FORIR.  Dict.) 


—  43  - 

156.  Ine  aveiile  el  sintreùt  avou  s'  bordon. 

LiTT.  Un  aveugle  le  sentirait  (s'en  apercevrait  en  le  touchant) 
avec  son  bâton. 

C'est  une  chose  facile  à  saisir,  à  constater. 

157.  S'ètinde  à  'ne  saciiioi  comme  ine  a  veille  à  fer 
des  coleûr. 

LiTT.  S'entendre  à  une  chose  comme  un  aveugle  à  faire  des 
couleurs. 

Juger  sans  avoir  aucune  connaissance.  (Acad.)  —  Être 
d'une  impéritie  complète. 

Pr.  fr.  —  .luger  d'une  chose  comme  un  aveugle  des  couleurs. 
Variante.      Jugî  d'ine  saquoi  comme  ine  avcùle  juge  des  coleùr. 

(FoRiR.  Dicc.) 
Garitte. 

Vos  parlez  comme  des  aveûle  qui  broyet  des  coleûr. 

(Li  vidiH  (Tàrhan  Wâtinj.  1869.) 
Marche.  On  veut  co  oint  côp  des  blagueur, 

Qui  v'causel  comme  des  coleùr 
One  aveùle,  est-ce  qui  n'pout  ponl  vèye 
I  mèritet  one  ratoirnèye. 

(Alexandre.  P'iit  cmti.  1860.) 

St-Ql'entin.  D'visier  comme  ein  avule  d'cht'S  couleurs. 

Basse-Alle.magne.  —  Wie  ein  Blinder  von  der  Farbe 
sprechen. 

lo8.  Divins  li  royaume  des  aveûle,  les  hoigne  sont 
roye. 

LiTT.  Dans  le  royaume  des  aveugles  les  borgnes  sont  rois. 

Parmi  des  gens  ignorants  ou  inca[)ables,  un  peu  de  savoir 
ou  de  capacité  suffit  pour  pro  urer  la  proéminence.  —  Parmi 
les  incapables,  les  gens  médiocres  ne  laissent  pas  de  briller, 

(LiTTRÉ.) 

Pr.  fr.  —  Au  royaume  des  aveugles  les  borgnes  sont  rois. 
Un  borgne  est  roy  au  royaume  des  aveugles. 

(Le  père  Jean-Maiuk.   Le  dirertis.ictnent  des  sai/es.  16(>i).) 

Cité  par  Forir.  Die'. 

Jean  Pierre. 

l'o  v's  ol  (lire,  ,ji  frew  comme  lu  el  ji  mMireus  qui  d'vins  l'royauine  des  aveùle, 
les  boigne  sont  roi. 

(MoNiiYKH.   lA  k'fn.ssioii   (l'on  borijiiimaixsc.  Dialogue.  18.')8.) 

CiiAHi.iîRoi.      D'sel  qu'c'est  in  malin  sol,  Via  s'morale  in  deux  mot, 
1  vos  mousse  à  terlous,  claire  et  nette  sins  chandelle, 

Qu'on  n'est  ni  prophète  dins  s'pays 
Qu'dins  l'royaume  des  aveùle,  les  boigne  sont  roes  oussi. 

(BERNns.  Ij'soi  (lui  vend  de  l'xfKjcsxc.  F''aufc.  187.3.) 


_  44  — 

159.  Fer  l'boigne  et  l'aveùle. 

LiTT.  Faire  le  borgne  et  l'aveugle. 

Fermer  les  yeux  ;  ne  voir  que  ce  qu'on  veut  voir  :  dissimuler. 

....  Doclus  speclare  lacunar, 
Doctiis  el  ad  calicem  vigilaiili  slertere  naso. 

(JuvÉNAi,.  Sut.  l,  V.  5G-57.) 
Cité  par  Forir.  Dict. 

AVIS. 

160.  Il  a  pu  d'avisse  qui  d'trô  d'cou. 

LiTT.  Il  a  plus  d'avis  que  de  trou  de  cul. 
Se  dit  d'une  personne  qui  blâme  et  conseille  beaucoup. 
Analogie  de  terme  avec  :  il  a  pus  d'  bêche  qui  d'cou. 
Avisae  :  Invention,  idée,  moyen  subtil,  procédé  ingénieux. 

(SiGARD.  Dict.  du  wallon  de  Mous.  4842.) 

MoNs.  Ec'  n'infaiit-là  n'a  n\6  'n'bonne  avisse. 

(Letellier.  Arm.  dé  Mons.  -1866.) 

161.  I  n'el  dit  nin  di  s'faite  avisse. 
LiTT.  Il  ne  le  dit  pas  dans  ce  sens  pour  blesser. 
Il  n'a  pas  mauvaise  intention. 

Basse- Allemagne.  —  Das  war  nicht  bôse  gemeint. 

AVOINE. 

162.  II  a  l'avône  âx  pid. 

LiTT.  Il  a  l'avoine  aux  pieds. 

Il  est  fort,  parce  qu'il  est  bien  nourri. 

163.  Elle  ad'  l'aveine  à  r'vinde.  (Jodoigne.). 

LiTT.  Elle  a  de  l'avoine  à  revendre. 

Se  dit  d'une  femme  qui  a  des  charmes  plantureux. 

164.  So  r  timps  qu'  l'avône  crèhe,  li  ch'vâ  moùrt. 
LiTT.  Sur  le  temps  que  l'avoine  croît,  le  cheval  meurt. 
L'attente  est  souvent  fatale  ;  on   ne  doit  pas  remettre  un 

.service  à  rendre,  un  plaisir  à  procurer. 

Variante.  Dismitant  qu'  l'avône  crèhe,  li  eh'và  crîve. 

Il  y  a  péril  en  la  demeure. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Mais  Tpauvre  homme,  qui  l'màle  chance  a  mettou  d'vins  les  five, 
.So  rtimps  qui  l'avône  crohe,  ni  songe  nin  qu'li  ch'vA  crîve. 

(Delarge.  Li   Tindeu.  -1803.) 
Servas. 

Vosse  dierain  mot  ;  mais  so  l' timps  qu'  l'avône  crèhe,  li  ch'và  crlve,  n'est-st-i  nin 
vraie  ? 

(Willem  et  Bauwens.  Len  toûreiveux.  Se.  i^".  1882.) 


-  45  — 

Vermers.  So  rtimps  quTavône  crèhe,  lu  ch'vô  crive. 

Di  tos  les  grands  j(jseu  disfiiz-ve 
Et  d"  çou  qui  dhol  po  v'sèbaudi. 

(Poulet.  U  pésomii.  Poème.  1800.) 

JaLHAY.  Li  M.VRCHANDE. 

Awel,  mais  de  timps  qu'  l'avùne  crèhe,  ii  ch'va  moùrt. 

(Xhofker.  Les  deux  soroche.  II,  se.  8.  18C2.) 

Namur.  Su  l'iimps  qu' Tawaine  cré,  li  ch'vau  va  moru. 

Var.  Namur.      Li  ch'vau  moùre  di  foaim  en  altindanl  qui  l' foiir  pousse. 

165.  I  n'fàl  ni  11  lèyî  l'avône  es  bâche. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  laisser  l'avoine  dans  le  bac. 
Cette  phrase  est  employée  par  un  aniphytrion  qui  engage  ses 
convives  à  ne  rien  laisser  dans  les  bouteilles  ou  sur  les  assiettes. 

Stavelot.  On  n'deul  nin  lèyî  l'avône  o  bâche. 

JoDOiGNE.  Allez  lèyi  l'aveine  es  1'  crêpe. 

MoNS.  I  nfaut  gnié  lèyer  d'aveine  au  bac. 

166.  C'n'est  nin  todi  li  chWà  qui  wûgne  l'avône 
qu  el  magne. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  toujours  le  cheval  qui  gagne  l'avoine  qui 
la  mange. 

Ce  n'est,  pas  celui  qui  a  le  plus  de  peine  qui  est  le  mieux 
traité.  (LiTTRÉ.)  —  Celui  qui  sème  n'est  pas  toujours  celui  qui 
récolte.  (Agad.) 

Pr.  fr.  Cheval  taisant  la  peine 

Ne  mange  pas  l'aveine. 

Ce  n'est  pas  celui  à  qui  la  terre  appartient  qui  en  mange  les 
chapons. 

Pr.  anglais.  —  Les  fous  bâtissent  pour  les  sages. 

Sic  vos  non  vobis.  (Virgile.) 

J'a  trop  tardé  dé  vèye  qui  j'esleus  so  'ne  mâle  cohe. 

Ji  m'a  lodi  fiî  qu'i  vairil  ii  rik'nohc 

Qui  iïirout  d'ner  l'avône  à.\  ois  qui  l'ont  wàgnî. 

(Thiry.  lue  cope  di  grandiveux.  i8o9.) 

On  n'diret  nin  çou  qu'on  a  dit  d'cint  aute 
Qu'on  donne  l'avône  à  ch'vù  qui  ne  l'gAgne  nin. 

(Dei.ARGE.  Ilonnnaye  à  Grandjean.  ISTo.) 

Stavelot.  C'est  lu  g'vau  qui  gagne  l'avône  qui  n'ia  nin. 

Namur.      C  n'est  nin  todi  l'cinque  qui  gangne  l'awaine  qui  l'mougne. 

JoDOiGNE.      C'est  ni  todeu  l'baudel  qui  gangne  l'aveine  qu'el  mougne. 

Var.  Mons.  L'ccu  qui  caufe  el  four  n'est  gnii'  loudi  l'ceu  qui  ranguenne  (enfourne). 

167.  Magnî  l'avùne  divins  'ne  botèye. 
LiTT.  Manger  l'avoine  dans  une  bouteille. 


—  ^*6 — 

S'applique  à  ceux  qui  n'ont  pas  la  nourriture  nécessaire  à 
leur  entretien.  —  Être  ù  la  portion  congrue.     . 

lit  comme  vos  Tallez  véye, 
l'o-z-acréhe  si  Saint  Crespin 
Fait  rmème  aflairc  qui  li  ch'và  d'à  Kèkcye, 
Qui  magiiive,  nos  dit-sl  on,  si  avônc  divins  'ne  botèye. 

(Nie.  Defrecheux.  Mathi  l\ivdre.  iSGi.) 
JoDOiGNE.  Il  "s  y  donne  l'a  veine  dins  one  botèye. 

168.  Pus  d'pône 
Qui  d'avône. 

LiTT.  Plus  de  peine 

Hue  d'avoine. 
Plus  de  peine  que  de  profit. 

Variante.  Sins  pùne 

Ni  vint  avône. 
Variante.  Après  l'pône 

Vint  l'avône. 

Variante.  Pus  d'pône 

Pus  d'avône. 

169.  L'  mèyeu  des  corîhe  po  fer  sèchî  li  ch'vâ, 
c'est  lavône. 

LiTT.  Le  meilleur  fouet  pour  faire  tirer  le  cheval,  c'est  l'avoine. 
11  faut  que  le  cheval  soit  bien  nourri,  si  l'on  veut  qu'il  four- 
nisse un  grand  travail  ;  ce  n'est  pas  le  fouet  qui  le  fortifie. 

.loDoir.NE.  Ce  que  fait  Tbon  eh" van  c'est  l'aveine. 

170.  Ricôper  les avùne. 
LiTT.  iiecouper  les  avoines. 

Supplanter  quelqu'un.  —  Entrer  en  concurrence,  en  rivalité 
avec  quelqu'un.  (Littré.) 

Aller  sur  les  marches  d'autruy. 

(OuDiN.  Curiositcz  françaises.  '1G40.) 
Crespin. 

Hai  là,  ni  pinsans  nin  v'ni  i-'cûper  mes  avône 

Ca  ji  v'  prévins,  Hinri,  qui  coula  m'freul  de  1'  pône. 

(Ukmouchamps.  Li  Sav'tl.  I,  se.  15.  dSîJS.) 

(Juillaume. 

Ainsi  vos  âriz  sogne  d'aller  so  les  avône  d'ine  aute. 

(Salue.  Maisse  Pierre.  I,  se.  5.  d879.) 

JoDOiGNE.  On  li  a  r'compt'  i'aveine  desos  F  pid. 

Var.  Tournai.  Aller  sur  les  brisés  d'quéqu'in. 

171.  Trop  d'avône  et  trop  pau  d'corîlie. 

LiTT.  Trop  d'avoine  et  trop  peu  de  fouet. 
Se  dit  d'une  personne  corpulente  qui  se  nourrit  trop  bien  et 
ne  se  donne  pas  assez  d'exercice. 


-  47  - 

172.  Ascouter  les  avoine  lever.  (MoNS.) 

LiTT.  Écouter  sourdre  les  avoines. 

«  Écouler  pour  un  faire  protit,  ;  avoir  l'ouïe  assez  délicate  pour 
«  entendre  les  moindres  bruits  (comme  celui  que  pourrait 
«  faire  l'avoine  en  germant). 

«  Vir  les  aveine  lever  (voir  sourdre  les  avoines),  signifie 
a  tout  autre  chose  ;  c'est  attendre  lus  événements.  » 

(SiGART.  Dicc.  du  wallon  de  Moti.t.  1870.) 

Pr.  fr.  —  Kscouter  les  avoines  lever. 

(Genin.  Récrcalious.  T.  II.) 
Naml'r.  I  faut  tout  dire  et  chouter  Tawaine  crèche. 

MoNS.  Au  rangu'nache  del'  porte,  chacun  s'ahache  tout  d'suite  su  s'pilpite  et 
attind  les  aveine  lever.  (Descamps.  Er  peiouier.  1887.) 

Tournai.  Acouter  les  aveine  levée. 

Nivelles.  Bert,  li,  astout  au  local  qui  ratindou  les  avène  lever. 

(Oargot.  tn  pigeonnisse  dins  s'guerni,  in  joû.  d'concours.  Arm.  de  L'Aclot.  1890.) 

AVOIR. 

173.  C'est  d'à  vosse  et  d'à  Pènêye,  et  qwand  Pènéye 
sèret  moirt,  c'  sèret  d'à  vosse  lot  seii. 

LiTT.  C'est  à  vous  et  à  Penée,  et  quand  Penée  sera  mort,  ce 
sera  à  vous  seul. 

Vos  prétentions,  vos  réclamations  ne  sont  pas  sérieuses. 

Géra. 

Est-ce  mi  qu'a  dit  coula  ï  Ji  v's  a  dit  çou  qu'est  vraie 
Qui  vos  hantîz  m'crapaude...  d'à  meune...  et  d'à  Pènêye. 

(Remouchamps.  Les  amour  d'à  Géra.  II,  se.  lo.   187o.) 

Gilles. 

Ji  n'a  nin  grandchoi,  mais  los  les  meùbe  qui  sont  cial,  c'est  d'à  meune. 

Dadite. 

Et  d'à  Pènêye. 

(Baron.  Li  Tciprexse  di  cwàrjeu.  Se.  9.  1882.) 

174.  Pus  M-l-on,  pus  voul-on  avii. 
LiTT.  IMus  a-l  on,  plus  veut-on  avoir. 
La  soif  de  l'or  est  insatiable. 

Bin  sovint  on  ù  dire  : 
Si  j'estahe  riche,  si  j'avahe  di  l'àrgint, 
J'ach'treus  ci,  ji  freus  ça  et  j'm'arring'reus  d'manîre: 
A  passer  'ne  vèye  sins  chagrin. 
Et  i)us  pauve  est  l'homme 
Qui  jàsc  ainsi, 
Pus  flàwe  est  l'somme 
Qu'ont  l'ù  si  sohaitî. 
Si  çouqu'ji  dis  est  vraie,  c'est-sl-ine  prouve 
Qui  pus  a-t-on,  pus  voreut-on  avu. 

(Nie.  Dbfrechei'X.  Li  richesse.  i8î57.) 


—  48  — 

17o.  Qwand  ny  a  })iis,  liii'a  co. 
LiTT.  Quand  il  n'y  en  a  plus,  il  y  en  a  encore. 
Se  dit  des  choses  qu'on  peut  toujours  se  procurer,  de  ce  qui 
estolïerten  abondance,  à  discrétion, 

A  c'ste  heure  on  pau,  prindez  paliince,  rawàde 
Ine  golte,  qwand  i  n'y  a  pus,  ^'n"a  co  ! 

(Thirt.  Li  rtour  à  Lige.  \Si)S.) 

Namur.  Quand  i  n'y  a  pus,  i  gn'a  co. 

JoDOiGNE.  A  l'sachot  Marie  Berloque,  quand  n'a  peut,  n'a  co. 
MoNs.-Bùh,  Ouiche  !  11  a  pou  coire  que  c'dcinrée  d'beitise-là,  c'est  comme  el 
café  d'  raloi'Ue  :  quand  i  n'  d'à  pu,  i  d'à  co. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mo7is.  18C1.) 

176.  On  n'a  màye  qui  çou  qu'on  deùt  avu. 

LiTT.  On  n'a  jamais  que  ce  qu'on  doit  avoir. 

On  ajoute  à  Montegnée  :  c'est  s'cril  so  l'cou  d'on  chin. 

Marche.  Galopin. 

Qwand  on  s'est  d'net  brav'mint  do  l'pône 

On  creul  do  l'saveûr, 
On-z-esl  blesse  à  mougnet  d' l'avûne 
On  n'a  jamais  qui  çu  qu'on  deut  aveùr. 

(Alexandre.  Li  pèclion  d'avril.  III,  se.  ■10.  4838.) 

177.  N'aveûr  ni  cràs  ni  maigue. 
LiTT.  N'avoir  ni  gras  ni  maigre. 

Être  indécis,  indifférent  entre  deux  partis.  (Littrk.) 

Loc.  fam.  N'être  ni  chaud  ni  froid. 

Macasse. 

Ji  n'a  ni  cr.'is  ni  maigue  là  d'vins. 

(Demoulin.  On  pèhon  d'avrl.   Se.  13.  ISOS.) 

178.  Quand  vos  Tarez,  vos  l'hocherez.  (Mons.) 
LiTT.  Quand  VOUS  l'aurez,  vous  l'ébranlerez, 

«  V^ous  ne  l'aurez  pas. 

a  Même  signification  comme  refus. 

«  MoNS.  Quand  vos  l'sarcr,  vos  verrd  kier  à  no  n'huche. 

a  LiTT.  Quand  vous  le  saurez,  vous  viendrez  chier  à  notre 
«  porte. 

«  Je  vous  défie  de  le  savoir.  » 

(SiGAUT.  Dicc.  du  wallon  de  Mons.  1870.) 
JODOiGNE.  Quand  il  àret,  elle  oss'ret. 
Nivelles.  Jean. 

Kh  bi,  vos  n'arez  ni  vos  liuitle  franc. 
Marjoseuf. 
Ilazard  que  nou  !  Quand  vos  l's  arez  vos  l's  oss'rez,  (^yè  s'i  n'ienout  qu'a  mi,  vos 
n'ariz  ni  co  in  gigot  d'escaye. 

(Emm.  Desphet.  hi  dainer  à  V exposition.  Se.  6.  4889.) 


—  49  — 

179.  Enne  avu  oLlant  qii'cint  clièréye. 

LiTT.  En  avoir  autant  que  cent  charretées!^ 
£.tre  très  fatigué,  soit  d'un  mets,  soit  d'une  chose  trop  sou- 
vent répétt'e. 

Cité  par  Forir.  Iiict. 

Ji  n'a  nin  faim,  dit-st-i,  po  l' vraie  ; 
C'est  po  v'  complaire  si  j'  prinds  'ne  saquoi. 
J'enne  àrel  ottanl  qu'  cint  chèrôye 
Avou  'ne  tàte  et  deux  où  mollet. 

(Bao^leux.  Momieu  Sansowe.  Chanson.  185-3.) 

Jalhay.  Bièth'mé. 

Mais  i  n'  fàt  pus  qu  vo  bovohe,  sàve,  vo  'n'  n'avoz  oitant  qu'  rint  chèr(?e,  (loz 
l'èkwance  d'esse  malade. 

(Xhoffer.  Lef;  deux  soroche.  I,  .se.  4.  iSCA.) 

180.  Il  n'y  a  niii  po  tos.  (Stavelot.) 

LiTT.  Il  n'y  en  a  pas  pour  tous. 

Exprime  les  regrets  qu'on  éprouve  de  ne  pouvoir  l'aire 
participer  à  une  chose,  à  une  largesse.  —  Consolation  adressée 
à  quelqu'un  qui  est  dochu  de  ses  espérances. 

AVRIL. 

181.  Ès  meus  d'avri,  on  s'  deut  vèye  di  joû  r'covri. 

LiTT.  Au  mois  d'avril,  on  doit  se  voir  couvert  le  jour. 
Il  faut  aller  se  coucher  avant  la  nuit. 

182.  En  avri  li  cùp  d'ionnîre 
Li  laboureii  tait  rire. 

LiTT.  En  avril  le  cuu[)  de  tonnerre  fait  rire  le  laboureur. 

183.  Uwaiid  i  tonne  ès  meus  d'avri, 
Li  lahoureu  s' deut  réjoui. 

En  Ardenne,  on  ajoute  : 

Mais  r  mohe  cl  1'  berbis 
Ont  co  ioiigtimps  a  souflri. 

LiTT.  Quand  il  tonne  au  mois  d'avril 

Le  laboureur  doit  se  réjouir, 
Mais  la  mouche  et  la  brebis 
Ont  encore  longtemps  à  souflVir. 

{Mathieu  Laensbei-ij.  d833.) 

Cité  par  Forir.  Uœl. 

4 


—  50  — 

184  Ci  nest  màye  avri 

Si  r  coucou  n'  la  dit. 
LiTT.  Ce  !)"est  jamais  avril 

Si  le  eoïK-uu  ne  l'a  dit. 
Le  chaiii  du  coucou  annonce  le  retour  du  bon  temps. 

FhamÊries.  On  n'est  jamais  au  mois  li'avri 

Tant  que  1"  coucou  nel  l'a  ni  dit. 

[Armonaque  borain.  1890.) 

l'So.         Ci  n'est  jainàye  avri 

Si  n'a  nivé  ])lein  on  corii. 
LiTT.  Ce  n'est  jamais  avril 

S'il  n'a  neigé  plein  un  jardin. 

{Malhieu  Laemberg.  1831.) 

18(5.  Avri  n'est  mâye  si  joli 

S'i  n'a  nivé  plein  on  corti. 

LiTT.  Avril  n'est  jamais  si  beau 

S'il  n'a  neigé  plein  un  jardin. 
Avril  n'est  jamais  si  beau  que  quand  les  prairies  ont  été 
couvertes  par  les  fleurs  qui  tombent  en  neige  des  arbres  à  fruits. 

187.  Avri  n'  va  mâye  jusqu'à  F  fin 
Sinsvèyî  des  pote  di  grain. 

LiTT.  Avril  n'arrive  jamais  jusqu'à  la  lin 

Sans  voir  des  épis  de  grain. 

MONS.  Il  y  a  un  vieux  proverbe  qui  dit  : 

Qu'avrl  n'  sort  nié  sans  épis. 

(LETtLLiER.  Arm.  dé  Mous.  1846.) 

MoNS.  Si  rhiviér  est  co  aussi  rude  qu'on  croit,  i  pourroi  co  hé  qu'avri  sortiroi 
sans  épis. 

(Leteluer.  Arm.  dé  Mons.  1847.) 

Prov.  Nord  de  la  France  : 

Nul  avri  sans  épis. 

188.  Avri  ploût  po  les  gins,  maye  po  les  bièsse. 

LiTT.  AvrU  pleut  pour  les  gens,  mai  pour  les  bètes. 
Les  pluies  d'avril  procurent  des  grains,  celles  de  mai  des 
fourrages, 

(FORIR.  Dictionnaire.) 

Avril  pleut  aux  hommes,  mai  pleut  aux  bestes. 

(GÉNIN.  Récréatiom,  T.  Il,) 

189.  Aller  quoiri  1'  pruml  joû  d'avri. 
LiTT.  Aller  chercher  le  premier  jour  d'avril. 


—  51  — 

Faire    tomber     quelqu'un    dans    quelque    piège    ridicule. 

(LiTTRi:.) 

S'exposer  à  la  risée,  comme  ceux  qui  gobent  un  poisson 
d'avril. 

Sur  le  poisson  d'avril,  V.  Quitard.  Dicl.,  p.  90  et  suiv. 
JoDOicNE.  Aller  qwairc  île  1'  semiiice  d'avreu. 

BAILLEMENT. 

190. 1  n'y  a  rin  d'  pus  Jalot  qii'ine  baye. 

LiTT.  Il  n'y  a  rien  de  plus  jaloux  qu'un  bâillement. 
Nous  bâillons  en  voyant  bâiller  les  autres.  (Littré.) 
Effet   de  la  contagion.  Ne  commencez  pas,  tout  le  monde 
le  fera. 

Cité  par  Forir.  [Jict. 

Pr .  fr.  —  Un  bon  bâilleur  en  fait  bâiller  deux. 

Un  homme  qui  bauille,  fait  bauiller  un  autre. 

(Le   piiVQ  iEMi-M/iRlK.  Divertisscnieutdex  saqes,  iCtCto.) 

BAISER. 

191.  On  bàliège  est-sl-on  r'horbège. 

LiTT.  Embrasser,  c'est  essuyer. 

Il  ne  reste  rien  d'un  baiser  quand  on  s'est  essuyé  le  visage. 
—  Un  baiser  n'est  rien  quand  le  cœur  est  muet  —  Cette  espèce 
de  dicton  se  dit  par  une  lille  à  celui  dont  elle  repousse  ou 
méprise  le  baiser. 

(Remacle.  Dict.) 
Variante.  .Ioget. 

J'creus  bin 

Bàhège  esl-st-on  lèchège,  ci  n'est  qui  1'  gosse  don  chin. 

(A.  Peclers.  lA  comèye  de  l'iiutttuiic.  Se.  9.  1877.) 

192.  Ji  11  a  fait  bàliî  brizelte. 

LiTT.  Je  lui  ai  fait  baiser  brizette. 

Je  me  suis  moqué  de  ses  avis,  de  ses  réprimandes,  de  ses 
conseils.  —  Je  l'ai  envoyé  faire  lanlaire.  —  Aux  personnes  qui 
demandent  qu'est-ce  que  brizetle  ?  On  répond  :  c'est  l' cou 
d'ine  gatte. 

Allez  vos  loigne  !  fez  l's  i  bàhî  brizetle  et  v'nez  près  d'ini. 

(Dehin.  Li  charlatan  d'  so  l  fore.  1850.) 

Variante.  Fer  bàhi  l'oùhai  de  prince. 

Cité  par  Forir.  Dict, 

(^HANCIIÉT. 

Si  j'aveus  des  lomon  ! 


—  5^>.  — 


Nanesse. 

Fez-li  bàhi  brézette 
Kilo  ni  vfit  tilii  les  pûne. 

f(". .  Dei.AKGF..  Scène  populaire    1874.) 

1  fait  Làhî  Ijrizette  à  ses  malés  k'nohance. 

(M.  Tiiiity.  On  royiye  à  rotite  cour.) 

Vaiuantk.  MaY(in. 

Si  j'  SOS  siorv;inte  hoiiyo,  i  n  fût  iiiii  avii  des  air  avou  mi,  ca  ji  v'freii  bàhî  hazetle. 
(J.  Demoui.in.  Ji  voux^iji  )i' poux.  II,  se.  "1.  18S8.) 

Mais  r  heulollc  fa  bàhî  brezetle  à  mèssègi. 

(G.  Magnée.  Li  houloiie.  1871.) 

Var  Jalhay.  Li  marchand. 

Si  j'aveus-sl-on  s'fait,  ji  li  freu  bàhî  l'oûhaî  de  prince. 

(J.-F.  Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  o.  1802.) 

193.  Bàhî  l'cou  de  1' vèye  feumme. 
LiTT.  Baiser  le  cul  de  la  vieille  femme. 

A  certains  jeux,  perdre  sans  prendre  un  point,  sans  gagner 
un  jeu.  (AcAD.) 

Pr.  fr.  —  Baiser  le  cul  de  la  vieille. 
Chevaucher  la  vieille. 

(OUDIN.  Curiosiiez  frntiçoiscs.  IG-iO.) 

BAISSER. 

194.  Fâl  biii  s'  bahî  wisse  qu'on  u'  si  pout  dressî. 
LiTT.  Il  faut  bien  se  baisser  où  l'on  ne  peut  se  tenir  debout. 
Il  faut  subir  les  conséquences  de  sa  position  ;  s'humilier, 

quand  on  ne  peut  fjùre  autrement.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  faut  prendre  le  temps  comme  il  vient. 
Cité  par  Forir.  Dici. 

Wisse  qu'on  n'  pout  s'  dressi, 
I  fàt  bin  s'  bahî. 

(A.  HoCK.  La  famille  Mathot.  1866.) 

Louise. 

Crèyez-rn'  i  l'àt  bin  qu'on  s'abahe,  wisse  qu'on  n'  si  poul  dressî.  Les  maisse  sont 
les  maisse. 

(DD.  Salue.  Maisse  Pierre.  II,  se.  ?>.  1879.) 

Jalhay.  Garite. 

Oie,  oie,  essioz-v',  tailiiz-v',  maniée.  Qu'  l'àt-i  fer  don  ? 
I  fàt  bin  s'abahî  là  qu'on  n'  su  poul  dressî. 

(J.-l'".  Xhoffer.  Les  deux  soroche.  l,  se.  12.  1861.) 

Mahche.  I  s'  faut  bachet,  qwand  on  n  pout  nin 

Avou  r  liesse  dreute,  mousset  d'vin. 

(A.-J.  Alexandre.  Piti  corti.  1860.) 


—  53  — 
BALAI. 

195.  Les  novaî  ramon  liovet  vollî. 

LiTT   Les  nouveaux  balais  balayent  volontiers. 

Se  dit  des  domestiques  qui  servent  bien  dans  les  premiers 
jours  de  leur  entrée  en  maison.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Faire  balai  neuf.    -   Il  n'est  rien  tel  que  balai  neuf 
—  Il  n'est  telle  dévotion  que  de  jeunes  prêtres 
Au  nouveau  tout  est  beau. 

Cité  par  Forir    /'"•/. 

Vervieus.  On  vi  spoûleù  qui  n"  fe've  nolle  gesse 

Veyanl  su  iriiancliî  Tassoti 
D'hfive  à  s'  plantiucît  lot  hossant  1'  liesse, 
Les  nous  ranioii  hovet  volti 

(i\.  Poulet.  On  feu  d'  mohc  a  deux  cou.  186-2.) 

Marche.  Novais  ranion  chovet  voltî, 

I  n'  chovel  nin  treus  cùp  1'  cuhenne 
Qui  n'  vaudret  li  pieu  qu'on  l's  î  denne. 

(Alexandre.  /,/  p'tit  roni.  18G0.) 

JoDOiGNE.  Novia  rainon  chove  voltî. 

MoNS.  In  neu  balai  balaie  volontiers. 

MoNS.  In  neu  ramon  ramoune  voltié. 

Tournai.  In  nouvieau  rann^n,  y  rameone  toudi  bin. 

Lille.  Nouviau  ramon  ramone  bien. 

St-Quentin.  In  ramon  nu  cha  ramonne  mieux  qu'  in  viu. 

Basse-Allemagne  —  Neue  Besen  kehren  gut. 

196   Sins  [)onnès  raine,  on  n' sàreûl  ïvv  des  bons 
ramon. 

LiTT  Sans  bonnes  ramilles, on  ne  saurait  faire  ik'  bt»ns  balais. 
Ne  lésinez  pas  sur  la  matière  première  quand  vous  voulez. 
faire  un  bon  ouvrage. 

Cf.  On  ne  saurait  Caire  du  bon  avec  du  mauvais. 
Raine,  ramilles  dont  on  fait  les  balais. 

BALAYER 

197.  U'i'^  clia(;iin  lioûvc  (lavant  s'  pavé.  (Malmiihy.) 
LiTT.  Que  chacun  balaie  devant  son  pavé  (sa  porte). 
Mèlez-vous  de  vos  affaires. 

BALLE. 

198.  Happer  1'  halle  â  bond. 
LiTT.  Prendre  la  balle  au  bond. 


—  54  — 

Faire  une    chose    au   moment    opportun;    profiter   d'une 
occasion  favorable.  (Littri':.) 

Pr.  fr.  —  Prendre  la  balle  au  bond. 

Cainèràde,  happez  1'  balle  à  bond, 
Et  jouwez  de  coûtai  tôt  d'  bon. 

(Hanson.  Li  tlinriade  Iravestéye.  Ch.  8.  4780.) 

ISami'r,  11  avait  réussi   et  saisichant   li  ballo  au   bond,  1  porte   ine  wageûre 
à  s' camarade.  {Martniie.  -1889.) 

MoNS.  Rascoyer  1'  balle  au  bon  blond.  (Terme  du  jeu  de  balle,  au  premier  bond.) 
BAPTÊME. 

199.  Disfoncer  Tbaptéme  d'ine  saquî. 

LiTT.  Enfoncer  le  baptême  de  quelqu'un. 
Enfoncer  le  crâne,  casser  la  tète. 

Ca  on  joù  'ne  pire  à  batte  toumret  so  vosse  cervaî, 
Ji  v' disfonsrè  l' baptême,  vos  polez  v's  y  attinde. 

(Remouchamps.  Li  savUi.  Act.  2,  se.  3. 1858.) 

Variante.  Il  a  l'planchî  d'foncé. 

'200.  Respectant  1'  baptême. 

LiTT.  Respectant  le  baptême. 

Sauf  votre  respect.  —  Se  dit   aussi   lorsque,  par  manière 
d'injure,  on  compare  quelqu'un  à  une  bête. 

Respectant  l' baptême,  vos  n'estez  qu'on  pourçaî. 

BAPTISER. 

201 .  Il  a  sti  baptisé  avou  d'I'aiwe  de  floyé.(JoDOiGNE.) 

LiTT.  Il  a  été  baptisé  avec  l'eau  de  la  mare. 
C'est  un  mauvais  chrétien.  On  ne  peut  baptiser  qu'avec  de 
l'eau  naturelle. 

BAQUET. 

202.  I  bowe  à  totes  les  tenne. 

LiTT.  Il  fait  la  lessive  à  tous  les  baquets. 

Il  est  de  tous  les  partis,  comme  Sosie,  ami  de  tout  le  monde. 

I  bowe  à  detix  tenne.  —  Il  caresse  les  deux  partis. 

(FoRiR.  Die  t.) 
Var.  Malmedy.  I  tèhe  à  tos  les  slà  (métiers). 

BARABBAS. 

203.  Esse  kinohou  comme  Barabbas  à  F  passion. 
LiTT.  Etre  connu  comme  Barabbas  à  la  passion. 


—  55  — 

Être  connu  comme  un  pas  grand'chose.  —  Avoir  une  mau- 
vaise réputation. 

Pr.  fr.  —  Décrié  comme  fausse  monnaie. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Il  o#l-st-ossi  k'noliou  (|ii'  Uarabbas  à  V  passion, 
1  n'y  a  nouk  qui  n  kinohe  tôle  ses  belles  action. 

(Df.lchef.  Lex  deux  neveux.  III,  se.  5.  -ISoH.) 

Jalhay.  Garite. 

Tehoz-v"  binainé  homme  !  On  sèreut  k'poirté 
Tôt  avà  l'viège,  comme  liarabbasà  F  passion. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  14.  1862.) 

Var.  Namuu.       Esse  connu  comme  on  mouai  i)atar(l. 

LiTT.  Être  connu  comme  un  mauvais  sou. 

Var.  Marche.  Comme  mes  vers  qui  v'nel  ji  n'sés  d'où. 

Et  qu'on  r'conneut  comme  ©n  mouai  sou. 

(Alexandre.  Liptitcorti.  18G0  ) 

Var.  Jodoigne.  On  Tconnet  comme  on  sou  d'Lîche. 
BARBK 

20i.  Trover  l)àl)e  di  bois,  di  four. 

LiTT.  Trouver  bar'b  ■  de  bois,    de  foin. 

Se  dit  lorsque,  venael  chez  quelqu'un,  on  y  trouve  la  porte 
fermée  ;  ou,  par  extension,  pour  exprimer  qu'on  ne  trouve 
personne,  quoique  la  porte  ne  soit  pas  fermée.  (.\gad.) 

Pr.  fr.  -   Trouver  visage  de  bois. 

Cité  par  Forir    Dict. 

On  dit  aussi  :  Ti^over  l'oube  di  bois. 

Di  Lige  les  poite  serrôye 
Ni  laironl  nolle  intrèye, 
Qui  tôt  payant  1'  wichel; 
Puis  à  dihe  heure  sonnante 
Li  gare  très  vigilante 
Vis  fret  veye  bàbe  di  bois. 

(SlMOKON.  /.('  cuparèijc.   l8'J-2.) 

Li  cabri  d' méfiant  louko  à  d'foù  po  l'crèvcûrc; 

«  Moslrez-m"  blain'.  pid,  dit-sl-i,  ou  v's  àrcz  bàbc  di  bois.» 

(Baii.leux.  Li  leup,li  gatte  et  i  cuhri.  Kàve.  18ol.) 

CODINAS. 

N'  direut-on  nin  on  jeu  ?  Pa,  chaque  fèye  qui  ji  vins, 
Ji  n'  trouve  qui  bàbe  di  four...... 

(REMorr.HAJips.  Lixnv'ii.  Se.  !>.  ISiiS.) 

Badinet. 

Po  r  trover  v' n'avez  nin  mésàhe  d'aller  si  Ion, 
V's  estez  sure  t!S  s'mnhonne  di  trover  bftbe  di  four. 

(Delchef.  /,;  (inluiit  de  l'  .ticrvuitlc.  II,  se.  4,  18o7.) 


—  56  — 

Si  'ne  saquî  voléve  vini,  elle  divéve  lî  braire,  toi  lî  mostrant  bàbe  di  four,  qu'i 
n'y  aveut  noullu  es  rmohonne. 

(G.  Magnée.  Baitri.  1865.) 

V.VR.  Namur.  J'a  compté  les  clau  d' l'huche. 

Namur.  Trover  visége  di  bois. 

MoNS.  Allons,  assis-té,  si  c'  madame  là  arrive,  soit  que  c' veut,  elle  ne  trouvera 
nié  l'huch^  de  bos,  né  pas? 

(I.ETELi.lEK.  Armonaque  dé  Mous.  d8o3.) 

DoL'Ai.  Un  m'a  raconté  qu"  chinq  jeunes  fiettes  ([u'alles  avottent  incor  infilé  chelle 
liote  ruelle,  pou  U'  aller  consulter,  et  pis  qu'ailes  ont  trouvé  porte  d'  bos. 

(De  Christé.  Souv'nirx  d'un  homme  d' Douai.  18o7.) 

Lille.  Accout  ch'  est  malheureux  tout  d'même. 

Mais  te  vas  trouver  l' jjorte  d'bos. 

(De  Cottionies.  Le  flâneur  lillois.) 

205.  Fer  F  bâbe  sins  savonnette. 

LiTT.  Faire  la  barbe  sans  savon. 

Déjouer  les  projets  de  quelqu'un. 

Expr.  pop.  Faire  fumer  quelqu'un  sans  cigare. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

Mais  par  bonheur  li  coq  qu'esteut 
Div'nou  'ne  gotte  pus  adrette 
Lî  d'ha  qu'  lî  freut  1'  bâbe  sins  rèseù, 
Sins  aiwe,  ni  savonnette. 

(F.  Bailleux.  Les  frawe  d'on  coirbâ.  Fâve.  i843.) 

GÉRA. 

Areùs-j'  mâye  adviné 

Qu'ine  fèye  les  rein  tourné,  cisse  canaye  di  Babette 
Mi  fève,  avou  inc  aute,  li  bàbe  sins  savonnette. 

(R.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrâ.  I,  se.  4.  i87S.) 

Prov.  ail.  —  Einen  barbieren. 

206.  A  vu  r  bâbe  broùléye. 

LiTT.  Avoir  la  barbe  brûlée. 

La  fête  est  passée.  —  On  est  au  lendemain  de  la  fête. 

iV.  n.  Les  fêtes  de  paroisse, à  Liège,  commencent  le  dimanche 
matin,  par  la  procession,  pour  finir  le  jeudi  soir.  Le  dernier 
moment  venu,  on  entend  les  crâmignons  (farandoles,  danses 
rondes)  répéter  en  chœur  : 

Nos  n'  magn'rans  pus  dé  floyon. 
Nos  avans  1'  bàbe  broûlèye. 

Floyon,  flan,  tarte  à  la  crème,  que  les  marchandes  de  beurre 
des  environs  de  Liéti:e  ont  coutume  d'offrir  à  leurs  clients  de  la 
ville,  la  veille  des  fêtes  paroissiales. 
L'annoyeu  joû  po  les  sùlèye 
Qui  r  mardi  cràs  à  1'  bàbe  broiilôye 
Li  joù  qui  nâhèye  dé  pochi 
Les  jônôs  fèye  ont  ma  leu  pîd. 

(DUMONT.  Mathl  l'Ohal.  Cantate.) 


—  57  — 
BARBIER. 

207.  On  bârbî  rase  l'aute. 

LiTT.  Un  barbier  rase  l'autre. 

Les  gens  de  même  état  se  rendent  de  mutuels  services. 

(LlTTRK  ) 

Les  gens  qui  ont  un  inlôrôt  conmiun  se  soutiennent, 
s'entraident,  se  louent  réciproquement. 

(FORIR.  Dict.) 

On  doit  se  rendre  des  services  réciproques  ;  et,  dans 
un  sens  particulier,  en  parlant  de  deux  compères  également 
suspects  qui  se  blanchissent  l'un  l'autre  des  torts  qu'on  peut 
leur  imputer,  ou  qui  cherchent  à  faire  ressortir  les  qualités 
l'un  de  Tautre. 

Prov.  fr.  —  Un  barbier  rase  l'autre.  —  Une  main  lave 
l'autre. 

(QUITARI).  l>ict.  des  prov.  1842.) 

BARQUE. 

208.  Li  ci  qui  n'sét  miner  s' barque  ni  sàreut 
miner  l'cisse  (Fine  aute. 

LiTT.  Celui  qui  no  sait  conduire  sa  barque  ne  saurait  con- 
duire celle  d'un  autre. 

Qui  ne  sait  diriger  ses  affaires,  ne  dirigera  pas  mieux  celles 
d'autrui 

Fiyiz-ve  à  lu.   c'est-st-on  pâlot 
"L  a  miné  s'barque  comme  on  vl  sot. 
I  n'comprind  nin  m'systôme. 

(Alcide  Pryor.  Oh  dragon  qui  fait  des  madame.  18G7.) 

Variante.  Baiwir  (cocher). 

A  Tcoûse,  gàre  .'ie.s  ohaî  ! 
Avou  m'corîhe,  j'èl  maque, 
J'èl  traite  comme  on  tournai  : 
On  sét  miner  s'batal. 

(Alcide  Pryor.  Çou  (lu'est-st-és  fond  de  pot.  1864.) 

Marche.  Dascoi.e. 

Mi,  ji  n'sipaiignrai  rin  i)0  vosse  prùpe  intérêt 

Mais  minez  bin  vosse  barque  el  n'|)ierilez  nin  corège. 

(Alexandre.  Lipèchon  d'avril.  II,  se.  I^c.  ^858.) 

BARRIÈRE. 

209.  C'est  les  vèyèsbahe  qui  crînet  l'pus  longlimps. 

LiTT.  Ce  sont  les  vieilles  barrières  (portes)  qui  grincent  le 
plus  longtemps. 


—  58  — 

Ce  sont  les  vieilles  femmes  qu'il  est  le  plus  difficile  de 
réduire  au  silence. 

BAS. 

210.  Prinde  ses  châsse  po  ses  soler. 

LiTT.  Prendre  ses  bas  pour  ses  souliers. 
Se  tr'omper  dans  ce  qu'on  fait  dans  ce  qu'on  dit;  être  induit 
en  erreur. 

Pr.  IV.  —  Prendre  son  cul  pour  ses  chausses. 

Kimint,  c'est  m'  mèyeii  camarade, 
Dit  l'aute,  qui  tôt  volant  brader, 
Prinda  ses  châsse  po  ses  soler  ; 
Ou  bin  qui  prinda,  po  mî  dire, 
Po  l'no  d'ine  homme  li  no  d'ine  pire. 

fHAiiXEi'X.  I.i  mûrtico  cl  i  chin.  1852  ) 

HlNRl. 

Et  c'est  d'  cisse  jône  fèye  là  qui  vos  m'  vinez  parler  ? 
Vos  avez  co  'ne  fèye  pris  vos  châsse  po  vos  soler. 

(Delohef.  Les  deux  neveux.  III,  se.  8    1839.) 

Var.  Mons.  Pou  li  faire  vire  qu'il  avoi  pris  ses  cauche  po  ses  maronne  el  gouver- 
neur èl  renvouyai  à  l'artique  diOl  du  code  civil. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Motis.  i8o0.) 

Tournai.  Printe  ses  bas  pou  ses  quéauche. 

St-Hl'bert.  I  n'  faut  nin  prinde  si  cou  po  ses  chausse. 

Roucm.  I  prend  ses  bas  pou  ses  chauches. 

(HÉCART.  Dict.) 

St-Quentin.  Vous  preindriez  bientôt,  asseuré,  vo  casaque  (ou  vos  queuches)  pour 
vo  maronnes.  (GossEV.  Lettra  picardea.  1840.) 

Picardie.  Prendre  ses  bos  pour  ses  keuhes. 

(CORBLKT.  Glossaire.  -1854.) 

211.  Ji  lî  a  r'fait  ses  châsse  â  talon. 

LiTT.  Je  lui  ai  refait  ses  bas  au  talon. 
Je  lui  ai  dit  son  compte. 

2:2.  Il  âret  po  r'fer  ses  châsse  â  talon.  (MAr,MEi)Y.) 

LiTT.  Il  aura  pour  raccommoder  ses  bas  au  talon. 
Il  pourra  payer  ses  dettes  avec  son  héritage. 

BATIR. 

21  ;i.   Po  bâti  fàt  avu  deux  boûse.  (Stavelot.) 

LiTT.  Pour  bâtir  il  faut  avoir  deux  bourses. 

Quand  on  bâtit,  on  se  laisse  souvent  entraîner  à  plus  de 
dépenses  qu'on  ne  l'avait  calculé,  et  les  imprévus  peuvent  être 
très  coûteux. 


—  59  — 
BÂ.TON. 

214.  11  est  comme  les  baston  d'hité,  on  n'sét  po 
wisse  el  prinde. 

LiTT.  Il  est  comme  les  bâtons  breneux,  on  ne  sait  par  où  le 
prendre. 

Se  di!  d'un  homme  revêche  et  fâcheux.  (Acad.)  —  D'un 
homme  d'un  caractère  difficile,  avec  lequel  les  relations  sont 
désagréables  ;  dont  on  ne  peut  rien  obtenir. 

Pr.  fr.  —  C'est  un  fagot  depines,  on  ne  sait  par  où  le 
prendre.  —  C'est  un  bâton  merdeux.  on  ne  sait  par  quel  bout 
le  prendre. 

Variante.  Il  est  comme  on  fat  di  s'penne,  (Forih.  Dict.) 

JODOIGNE.  On  vrai  baston  d'bernati. 

On  n'sét  d'qué  costé  l'apougnî. 

215.  C'est    rbaston    que    fait    clioûter    les    cliî. 

(JODOIGNE.) 

LiTT.  C'est  le  bâton  qui  fait  écouter  les  chiens. 

Une  punition  corporelle  est  quelquefois  nécessaire  pour 
dompter  certains  caractères. 

216.  Mette  des  baston  d'vins  les  rowe. 

LiTT.  Mettre  des  bâtons  dans  les  roues. 

Susciter  un  obstacle,  entraver,  retarder  une  affaire.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Mettre  bâtons  en  roue. 

DlUAKDlN. 

Ji  n'a  qu'ine  saquoi  à  v'dire,  c'est  qu'vos  n'avez  sèpou  fer  tote  vosse  vèye  qui 
d'fôrer  des  baston  d'vins  les  rowe,  qwand  c'esl-sl-ine  aute  qui  k'dùl  l'aUiMêye. 

(Salme.  Li  (jermalle.  Se.  io.  1883.) 

MoN8.  L'vieux  losse  dé  Guyaume  a  bé  invinté  des  truque  pou  mette  dés  bâton 
dins  l'rœux. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mous.  1858.) 

St-Quentin.     Bouter  des  bâtons  dein  chès  reues. 

217.  Tourner  à  bordon  d'  Canada. 

LiTT.  Tourner  à  bâton  de  peuplier  (du  Canada). 

Devenir  vieille  fille.  —  Se  dessécher. 

Les  Anglais  disent  :  To  carry  a  weeping  willow  branch 
(porter  la  branche  du  saule  pleureur),  «  soit  par  allusion  à  la 
romance  du  saule,  où  gémit  une  amante  délaissée,  soit  parce 
que  cet  arbre,  étant  l'emblème  de  la  mcMancolie,  peut  très  bien 
servir  d'attribut  à  ce  caractère  malheureux  que  M.  de  Balzac 
appelle  la  nature  élégiaque  et  désolée  de  la  vieille  lille.  » 

(QuiTAhl).  Dict.,  p.  194.) 


-  60  — 

Yaiuantk.  François. 

Vos  ilineiirrez  jône  fève,  vos  coitTrez  Si^'-Cath'renc. 

Mavon. 
C'n'osl  nin  çouhi  qui  m'espéche  de  doirmi. 

(Demoulin.  Ji  vaux,  ji  ii'poux.  I,  se.  8.  iSSS.) 
Vauiante.  (.hanchet. 

....  Et  hanlran-gne  ine  miette  ? 
Tatenne. 
J'espère  qu'es  Paradis,  ji  ifinon'ret  nin  l'berwctte. 

{.\.  Peclers.  L'ovrè(je  d'à  Chanchet.  Se.  5.   1872.) 
Variante.     Kàt-i  ([u'ès  Paradis,  ji  vàye  miner  l'berwette  ? 

HiiKUiièye   S'''-Calh'renne  qu'cst-c'  qui  ji  v's  a  don  fait? 

(A.  Peclers.  On  ijdlant^  s'i  r'plait.  Chansonnette.  1877.) 
Et  qui,  si  c'n'esteut  nin  po  divni  inc  dame  à  fai;on,  elle  aveut  co  p'ehî  tourner  à 
bordon  d'Canada. 

(Magnée.  Haitri.  -1865.) 

Li  cope  tourna  don  à  bordon  d'Canaila. 

(Magnée.  Li  houloite.  i8H.) 
Vekviers.  Lina. 

Bravo,  c'est  todi  p(',  avou  ciste  esprit  la. 

Dai,  m'sonie  qu'on  sût  les  vôye  des  bordon  d'Canada. 

(Renier.  Li  mohonne  à  deux  face.  Se.  4.   (873.) 

Vekviers.  N'allez  nin  d'mani,  j'espdre 

A  bordon  di  Canada. 
Est-ce  qu  vos  père  et  vos  mdre 
Belle,  aveut  ci  défaut  là  ? 

(J.  Deru.  Ji  sin.i  d'jà  qui  hnpaie.  Caveau  verv.  1883.) 

BATTRE. 

'218.  Ksse  balteii  pa  des  coutia  d'bois,  (Jodoigne.) 

f.iTT.  Être  battu  par  des  couteaux  de  bois. 
Par  des  cens  maladroits  ;  et,  iiguréinent,  ne  pas  être  répri- 
mandé comme  on  devrait  l'être. 

BEAU. 

219.  N'est  nin  baî  cVjti'est  haï  ;  i  n'est  baî  qu'çou 
qu'ahèye.(STAVELOT.) 

LiTT.  N'est  pas  beau  ce  qui  est  beau  ;  il  n'est  beau  que  ce 
qui  agrée  (convient). 

Une  chose  utile  doit  être  préférée  à  une  belle  chose. 

220.  Baîèsl'banse, 
Laid^àJ' danse. 


61 


LiTT.  Beau  ilans  le  berreau,  laid  fi  la  danse. 

Il  devient  plus  laid  à  mesure  qu'il  avance  en  âge. 

Il  n"a  jamais  eu  que  la  beauté  du  diable. 

"-l^li.  Tôt  coula  cesl  bel  cl  bon. 
LiTT.  Tout  cela  c'est  bel  et  bon. 

Se  dit  ù  une  personne  dont  on  ne  goûte  pas  les  propositions, 
les  conseils,  i  Acad.) 
Pr.  fr.   -  Tout  cela  est  bel  et  bon,  mais  je  n'en  ferai  rien. 

BOLAND. 

Tôt  coula  c'est  bel  tt  bon,  mais  i  gn'a  'ne  saquoi  qui  vos  roûvîz. 

(Salmk.  Les  deux  bèch'iâ.  Se.  11.  1879.) 

.Mahche.  Jacques. 

Tôt  ça  c'est  bel  et  bon,  mais  qwand  j'pinse  à  fond  d' l'àme 
Qu'sins  fin  considèrèt,  on  nos  d"cherre,  on  nos  blâme. 

(ALE.\\SDRE.  Li  pèchon  d'avril.  III,  se.  l'"'".  1858.) 

Namur.  Tôt  ça  est  bel  et  bon,  ji  n'vos  dis  nin  l'contraire  ; 

Mais  faut  meseure  à  lot. . . 

(Demanet.   Oppidum  Aiunticorum.  1843.) 

Namur.     Obi,  po  ça,  Dolpbine,  toi  ça  c'est  bel  et  bin,   mais  i   m'chone  qu'onc 
homme  va  avant  toi  ça. 

{Aurmonaque  de  Vmarmitc.  1887.) 

CuARLEROi.     C'n'est  né  avet  d  l'euwe  claire  qu'on  acràche  les  pourchal, 
Tout  ça  est  bon  et  bia. 

(Bernl's.  Le  r'nau  èiet  les  dindon.  Faufe.  1873.) 

"2^2"2.  11  l'a  biaii  comme  ein  kié  d'  madame.  (Mons.) 

LiTT.  Il  l'a  beau  comme  un  chien  de  dame. 
Il  est  bien  soigné;   il  se  donne   du  bon   temps.    (Souvent 
ironique.) 

Var.  Nivelles.     Quée  fzeu  d'imbarras  !  Vos  direz  in  chi  d'monsieu. 

^!2o    Par  belle  ou  bin  par  laide. 

LiTT.  l^ar  be.le  ou  bien  par  laide. 
De  gré  ou  de  force. 

Portant  j'  vous  co  'nne  aller,  par  laide  ou  bin  par  belle. 

(Remol'CHAMPs.  Li  sav'ti.  Acte  I,  se.  :2.  18o8.) 

Joseph. 

Ji  n'  sàreus  quoiri  pus  longlimps,  par  belle  ou  par  laide,  i  fAI  qu"i  m'  dèyc  li  vraie, 
comme  à  k'fesse. 

(WiLLEMS  et  Bauwens.  Pécht  rach'tc.  Se.  13.  188:2.) 

Moss.     Puisque  ces  garnement  la  n'veuillenlté  nié  plier   par  biéau,  nos  l'zes 
ferons  plier  par  laid.  In  moment  dpaliince  ! 

(Letellier.  Armonaque  de  Mons.  1864.) 


G2 


Frameries.  Anatole. 

Jamin  ju  n'me  tairai  ni  par  laid  ni  par  bia. 

Tant  qu'vos  n'm'arez  ni  dit  :  Natole,  l"es  l'homme  qui  m'botte. 

(J.  DuFRANE.  Pierrot  vil  co.  Se.  6.  i889.) 

"2^24.  Fàte  di  baî  on  prind  les  mon  laid. 

LiTT.  Faute  de  beau  on  pi^end  les  moins  laids. 
Il  faut  savoir  se  contenter  de  ce  qu'on  peut  obtenir. 
Quand  on  ne  peut  avoir  la  première  qualité,  on  prend  ce 
qu'il  y  a  de  meilleur  dans  la  seconde. 

223.  C'est  baî,  mais  c'est  trisse. 
LiTT.  C'est  beau,  mais  c'est  triste. 

Se  dit  quand  une  pensée  désagréable  vient  se  mêler  à  une 
chose  heureuse.  —  Souvent  ironique. 

MoNs.     On  peut  bé  dire  comme  el  proverpe  :  c'est  bieau,  mais  c'est  trisse. 

(Letellier.  Armonaqne  dé  Mons.  1859.) 

226.  Sovint  biaté  et  folie 

Si  teigne-nu  compagnie.  (Namur.) 

LiTT.  Souvent  beauté  et  folie 
Se  tiennent  compagnie. 

Une  jolie  femme  se  croit  tout  permis,  et  sa  légèreté  peut 
l'entraîner  à  commettre  une  imprudence.  —  L'esprit  n'est  pas 
toujours  uni  à  la  beauté. 

Cfr.  Kiquet  à  la  houppe. 

BEC. 

227.  Avu  pus  d'  bêche  qui  d'cou. 
LiTT.  Avoir  plus  de  bec  que  de  cul. 

Avoir  plus  de  jactance  que  de  capacité.  —  Être  vantard, 
hâbleur,  babillard,  faire  plus  de  bruit  que  de  besogne.  — 
Magna  ne  jactes,  sed  prœstes.  (L^hèdre.) 

Cité  par  FoRiR.  Dicl. 

On  dit  souvent  : 

I  ravisse  li  coucou, 

II  a  pus  d'  bêche  qui  d'  cou. 

L'woisène  Nanon 
Kihuslinéve  Simon; 

Simon  'nne  alla, 
Nàhi  dé  vèye  coula  ; 
L'woisène  Nanon 
Corat  après  Simon  ; 
Si  bin  qui  nosse  cusène  Gètrou 
Areut  co  bin  pus  d'  bêche  qui  d'cou. 
(De  Vivario.    Lijiesse  di  Hoûle-s'i-plout.  II,  se.  4.  17S7.) 


—  63  — 


Vauiantf.  Li  voisène. 

Li  meune,  voisène,  esteut  trop  foirt 
On  vraie  torrà,  toi  nitjrdi  s'coirps. 
Des  homme  qui  n'avît  nin  corou 
Qu'avît  mon  d'boche,  baicop  pus  d'cou. 

(HOCK.  Grand'mére  à  Vvihenne.  1861.) 
Makcuk.  On  m'comparrail  bin  au  coucou 

Qu'es  fait  pus  do  bùclic  qui  do  cou 

(Alexandke.  P'tit  corii.  1800.) 
Var.  JoDoiGNE.     Il  a  pe  d'gueuie  que  d'ibice,  que  d'corache. 

MoNS.  Il  a  toudi  ieue  à  Mons  enne  masse  de  BielVacrd  qui  savent-té  tout  faire, 
et  qu'ont  branmint  pus  d'bec  que  d"  queue,  surtout  quand  i  sont  au  cabaret,  et  qu'il 
ont  deuse  lois  verre  dé  bierre  dins  leu  goyer. 

(LETELLlElt.  Àrmoimqiie  dé  Vom.  18o0.) 
RoL'CHi.     I  d'abat  d"belles,  mé  ch'est  del  gueule. 

(UÉCAhT.  Dicc.) 


BÉGUINE. 

228.  Mette  ine  bègiiène  à  1'  mowe. 

LiTT.  Mettre  une  béguinotte  à  la  mue  (à  l'appeau). 

Jeu  de  mots  Bèguène,  religieuse.  Béguinette,  petit  oiseau. 

Se  dit  des  marchands  qui,  pour  attirer  la  clientèle,  ont  soin 
de  choisir  de  jolies  demoiselles  de  comptoir.  -  Allusion  aux 
oiseleurs. 

BERGER. 

229.  N'est  nin  biergî  qui  wàde  ses  mouton. 

(Stavelot.) 

LiTT.  N'est  pas  berger  celui  qui  garde,  conserve  ses  moutons. 
Le  berger  doit,  à  un  moment  propice,  vendre  ses  moutons. 

280.  C'est  l'dièrain  biergî  qu'âret  totes  les  liolette. 

LiTT.  G'est  le  dernier  berger   qui  aura  toutes  les  houlettes. 
G'est  le  dernier  qui   ramasse  tout  ;  c'est  celui  qui   sort  le 
dernier  d'un  cale  qui  paie  les  consommations. 

Es  ci  timps  là,  d'vin  les  manège,  c'csteut  l'dièrain  biergî  qui  rascoyive  loles  les 
palette  ;  et  Bailri  s'trova,  à  elle  seule,  héritîre. 

(Magnée.  Buicn.  iSij'6.) 

BESAGE. 

2;-}!.  Il  a  commincé  avou  ré,  et  il  a  one  besace. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Il  a  commencé  avec  rien  et  il  a  une  besace. 
Il  n'a  pas  gagné  grand'chose. 


-  64  — 

BESIGLE. 

23:2.  Ci  n'est  iiin  des  bèrique  di  vosse  timps. 
LiTT.  Ce  ne  sont  pas  des  besicles  de  votre  temps. 
Vous  êtes  trop  jeune  pour  vous  mêler  de  nos  affaires  ;  ce  que 
nous  disons  n'est  pas  à  votre  portée. 

I  m'sonle  qui  j'hantreus  bin 
Sij'aveu  co  'ne  maîtresse. 

Thérèse. 

Quarante  an  jus  di  t' liesse; 

Des  s'faitès  caresse 
Ni  sont  des  bèrique  di  nossc  timps. 
(DliMONT.  lue  perrique  es  mariège.  OpévSi.  Sc.  li.  1800.) 

Vos  jâsez  comme  on  hacba,  ci  n'est  nin  des  bèrique  di  vosse  timps. 

(lÎKMACLE.  Dict.) 
JOSEPH. 

Oh  !  por  mi,  ci  n"est  nin  des  bèrique  di  m'  timps,  j'a  n'  saquî  d'  mèyeu  à  1'  main. 
(Willem  et  Bauwens.  Pèchl  rach'té.  Sc.  6.  1882.) 

BESOIN. 

23;î.  On  n'sét  nin  d' qui  on  pout  avu  mèsâhe. 

LiTT.  On  ne  sait  pas  de  qui  on  peut  avoir  besoin. 
Il  ne  faut  dédaigner  personne. 

On  a  souvent  besoin  d'un  plus  petit  que  soi. 

(Lafontaine.  Fables.) 

Anecdote  POPur^AiRE.  -  Une  vieille  temme  récitait  tous 
les  jours  son  chapelet  devant  la  statue  de  St-Michel  (la  tradition 
ne  dil  pas  dans  quelle  église).  Comme  d'habitude,  l'Archange 
était  représenté  terrassant  le  démon. 

Sa  prière  finie,  notre  dévote,  avant  de  s'éloigner,  allumait 
au  pied  du  groupe,  deux  cierges  d'inégales  grandeurs. 

Son  curé  lui  ayant  demandé  la  raison  de  cette  double  offrande, 
la  bonne  vieille  répondit  très  naturellement  :  «  Li  grande  chan- 
<i  délie,  c'est  po  Tbinamô  St-Michî  ;  et  li  p'ti te  c'est  po  l'diale  ; 
«  on  n'sét  d'qui  qu'on  pout  avu  mèsâhe.  » 

Fàl  jàser  baî  avou  ces  gins  là;  on  n'sét  nin  d'qui  on  pout  avu  mèsâhe. 

(Collette.  Ine  raJUtoléye.  4868.) 

Maiiciie.  Waltans  do  n' jamais  chir  es  l'paile 

Ni  d'vin  les  solet  d'one  saqul. 
On  n'sét  d'qui  qu'on-z-auret  dangî. 

(Alexandre.  PUit  cor  H.  18G0.) 

JoDOiGNE.  On  a  quéqu'fie  dangi  d'en  pc  p'teu  qu'le. 


65  — 


BÊTE. 

^H4.  Fer  vèye  à  'ne  sa(jiiî  (jiii  si  eh' va  n'est  (ja'ine 
biesse. 

LiTT.  Plaire  voir  à  queUfirun  que  son  cheval  n'est  qu'une 
bête. 

Montrer  qu'on  a  plus  d'esprit  que  la  personne  à  laquelle  on 
s'adresse. 

Je  lui  ferai  voir  qu'il  se  trompe  lourdement.  (Acad.) 

Pr.  ir.  —  Je  lui  ferai  voir  que  son  cheval  n'est  qu'une  bête. 

J  A  CDU 'm  IN. 

I  fàt  lî  fer  vèye  qu'on-z-est  1'  maisse. 
Qu'on  v'iomme  Jàcqu'inin  et  niii  Nicaise, 
Qui  comme  lèye  vos  avez  de  l' liesse 
tt  qui  s'  chivà  n'est  qu'ine  vraie  biesse. 

(Henaui.T.  Li  malignant.  I,  se.  6.  ^89.) 
I  lî  a  fait  veye  qui  si  ch'và  n'est  qu'ine  biesse. 

(Remacle.  Dict.) 

Tôt  fant  qu'Baîlri  balta  sûtéyement  de  l'jaive,  elle  prova  à  Lârgosse  qui  si  cirvù 
n'esteut  qu'ine  biesse. 

(Magnée.  Uaiiri.  18fi.').) 

Namuk.     Fer  vôyeà  one  saqui  qu'on  ch'vau  n'est  qu'one  biesse. 

Variante.  Cath'uenne. 

Et  qwand  i  rinturret,  s'i  veut  fer  des  ràcbà, 

Es  deux  mot,  j' lî  fret  vèye  qui  si  àgne  n'est  qu'ine  biesse. 

(Delchef.  Les  deux  Neveux.  I,  se.  "1.  ^859.) 
Var.  Marche.  T'ii  |)rouv'rai  qui  s'chin  n'est  qu'one  biesse. 
MoNS.  I  j'ii  ferai  bé  vire  qui  s'  quié  n'est  foque  enne  bietto. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Muns.  18o8.) 
Tournai.  Faire  vire  que  s'tien  n'est  foque  eine  biète.  (Ne  rien  prouver  du  tout.) 
St-Quentin.  Mais  vous,  vous  ([ue  z'ai  bien  foùt  vir  q'  leu  kien  i  n'etoit  qu'eine  biète. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  1840.) 

235.  Nin  si  biesse. 
LiTT.  Pas  si  bête. 

Kllipse.  Je  ne  suis  pas  assez  sot  pour  consentir  à  faire  une 
telle  chose.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Pas  si  bête. 
Basse-Allemagne.  —  Nicht  so  dumni. 

236.  Ine  biesse  ni  s' kilape  màye  tant  (nii  ({wand 
elle  vont  crever. 

LiTT.  Une  bête  ne  se  remue  jamais  autant  que  (juand  elle 
veut  crever. 

5 


—  66  — 

Se  dit  d'ua  homme  qui  fail  beaucoup  d'embarras  pour  cacher 
sa  position  précaire. 

Namur.  One  biesse  ni  sYotape  tant  qui  ijuand  olle  va  crever. 

Var.  Namur.         On  n'si  cotappe  jamais  tant  qui  quand  c'est  po  moru. 

237..  Evoyîz  n'biesse  a  marcliî,  i  v'rapoitret  des 
biesse. 

LiTT.  lui  voyez  une  bête  au  marché,  il  vous  rapportera  des 
bêtes. 

Chargez  un  sot  d'un  message,  il  ne  fera  rien  qui  vaille.  —  On 
ne  saurait  faire  d'un  sol  un  habile  homme.  (Agad.) 

Remagle  donne  la  variante  suivante  : 

Qwand  on-z-èvôye  des  âgne  à  marchî,  on-z-a  des  àgne. 

Qui  fol  envoie  fol  attent  (anc.  prov.  XIIP  siècle). 
Pr.  fr.    -  On  ne  saurait  faire  d'une  buse  un  épervier. 

Vas,  lais-m'-ôs  paye.  Et  i  s' dèrit 
Èvoyîz  'ne  biesse  à  marchî 
I  v'  rapoirtret  des  biesse  ; 

Li  vî  spot  wallon 

A  todi  raison. 

iN.  Defrecheux.  Haubert  et  l' lîve.  i872.) 

Var.  Namuk.  Èvoyîz  on  baudet  à  Paris, 

I  r'vairet  pus  mau  appris. 

238.  I  fait  todeu  assoteu  F  biesse  et  1'  marchand. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Il  taquine  toujours  la  bête  et  le  marchand. 
Se  dit,  en  bonne  part,  d'un  homme  qui  taquine  tout  le  monde 
et,  en  mauvaise  part,  pour  dépeindre  un  mauvais  sujet. 

239.  Bonne  biesse  qui  r'toûne  à  s'  maisse. 

LiTT.  (C'est  une)  bonne  bête  qui  revient  à  son  maître. 
Se  dit  lorsqu'on  retrouve  un  objet  perdu,  ou,  en  guise  de 
remercîment,  à  celui  qui  le  rapporte. 

Stavelot.  On  i)on  chin  r'vint  todi  à  s'  maisse. 

240.  Fer  tourner  à  neiirès  biesse. 

LiTT.  Faire  tourner  à  bêtes  noires  (blattes). 
Ahurir,  faire  perdre  la  carte,  pousser  à  bout. 

François. 
Pauve  Mayon,  j'el  fret  tourner  à  neùrès  biesse  ;  vins-se,  Chanchèt? 

(Demouun.  Ji  voux,ji  n' poux.  I,  se.  8. 1858.) 


—  ()7   - 

BAiWÎR. 

Qu'est-ce  qui  j'a  d'keûre  di  tes  raison  '! 

Mi  qwarid  c'est  qu'on  in'jàsc  d'élection, 

Ji  toùne  à  neùrès  biesse. 

(Alcide  Pryor.  Qui  vaut  esse  d  consèijc?  iSl)2.) 

Jalhay.  Mathi. 

I  frint  bin  tout  1'  même  tourner  des  amoro  à  neùrès  biesse. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  3.  1861.) 
Variante.  Namur.     Mais  vos  prétention  d' tenues  tiesse 
Vos  font  vraimint  tourner  à  biesse. 

{Chanson.  Aurrnonaque  de  l^  Marmite.  1887.) 
Var.  Jodoigne.  Fer  veùye  le  laide  (T  moert)  biesse. 

"241.  11  a  bé  des  bielle  à  Tombe  quand  1' soleil  s'a 
couché.  (MoiNS.) 

LiTT.  Il  y  a  beaucoup  de  bètes  à  l'ombi'e  quand  le  soleil  s'est 
couché. 

Il  y  a  beaucoup  de  choses  dont  ou  ne  parle  plus  dès  qu'on  ne 
les  voit  plus.  —  Les  sols,  depuis  Adam,  sont  en  majoiMté. 

Gfr.  Loin  des  yeux,  loin  du  cœur.  —  Gor  oblida  qu'els  no  ve 
(cœur  oublie  ce  qu'il  ne  voit),  pr.  du  troubadour  Peyrols,  dans 
QuiTARD,  Prov.  sur  les  femnies,  p.  21'2. 

Namur.     Gn'a  brammint  des  biesse  à  Tombe  quand  li  solia  s'a  couchi. 

MoNS.  Pau  temps  qui  court,  l'esprit  n'est  nié  co  là  trop  commun,  que  du  contraire, 
il  a  bé  des  biette  à  Tombe  quand  T  soleil  s'a  couché,  elti  T  proverbe. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  ISiiG.) 

Tournai.      Quand  T  solel  s'est  couché,  i  a  bin  des  biète  à  l'ombre. 

242.  N'  fet  pas  1'  biète,  l'aveine   est    trop   tière. 

(Tournai.) 

LiTT.  Ne  fais  pas  la  bête,  l'avoine  est  trop  chère. 
Expression  énergique  pour  ramener  à  la  raison  celui  qui 
feint  d'être  bête  et  de  ne  pas  comprendre  ce  qu'on  lui  explique. 

243.  Mâle  biesse,  li  cisse  qui  n'  sét  r'souwer  s' cûr. 
LiTT.  Mauvaise  bête,  celle  qui  ne  peut  sécher  sa  peau. 

Se  dit  pour  blâmer  quelqu'un  qui  ne  fait  pas  ce  qu'il  devrait 
faire,  —  qui  ne  veut  ou  ne  peut  agir  lui-même. 

244.  I  s'  ragrippe,  i  r'monte  sus  s'  biète.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  se  rattache,  il  remonte  sur  sa  bête. 
Se  dit  d'un  homme  qui,  après  avoir  été  malade  et  languissant, 
paraît  reprendre  vigueur. 

245.  Pus  fin  qu'  lu  n'est  nin  biesse. 

LiTT.  Plus  malin  que  lui  n'est  pas  bête. 


08 


C'est  un  homme  très  inti'llii.',ent. 
Var.  Naml'r.  Pus  biesse  n'est  nin  sot. 

•246.  Bouhîz  (rsus,  c'est  d'à  aieiine  li  biesse. 

LiTT.  Frappez  dessus,  c'est  à  moi  la  bète. 
Faileg-en  tout  ce  qu'il  vous  conviendra.  —  Je  m'en  soucie 
peu  ;  ce  n'est  pas  moi  qui  en  soufl'rii'ai. 

547.  Tôles  les  biesse  ni  niagnèt  nin  de  four. 

LiTT.  "'i'oules  les  bêtes  ne  mangent  pas  du  foin. 
Il  y  a  beaucoup  d'êtres  appartenant  à  l'espèce  humaine  qui 
devraient  être  rangés  dans  la  catégorie  des  bêtes. 

Vaiiiantk.      I  p.n'a  brav'mint  des  âgne  qui  n'  magnèt  nin  de  four. 
Cité  par  FoRiR.  Dict. 

248.  C'est  r  (•ri])e  de  l'jônesse. 
Qui  fait  r  bonne  biesse. 

LiTT  C'est  la  crèche  de  la  jeunesse, 

Qui  t'ait  la  botme  bête. 
C'est  la  première  nourriture,  c'est  l'éducation  première  qui 
fait  l'homme. 

BÊTISE. 

249.  Qui  n'fuit  nin  des  biestrèye  jone,  les  fait  vî. 

LiTT.  Celui  qui  ne  fait  pas  des  bêtises  jeune,  les  tait  vieux. 
Un  jette  ses  gourmes  tôt  ou  tard. 

BEUllRb:. 

250.  Promette  j)iis  d'  boûre  qui  d'  pan. 

LiTT.  Promettre  plus  de  beurre  que  de  pain. 
Pi^omettre  plus  qu'on  ne  veut  ou  qu'on  ne  peut  tenir.  (  Acad.) 
Pr.  fr.  —  Promettre  plus  de  beurre  que  de  pain.  —  Donner 
de  l'eau  bénite  de  cour. 

Var.  Hehve  et  Namur.  Promette  pus  d'  boûre  (bùre)  qui  d'  froumage. 

Cf.    MouiiiN,   cité   par    U.    Caritaine.    {Bulletin   archéol. 
liégeois^  t.  II,  p.  10.) 

Que  le  ciel  te  promet 

Tant  de  bien  qu'on  ne  le  peut  dire, 
A  les  enfants  un  grand  empire 
Et  plus  de  beurre  que  de  pain. 

(Scarron.) 
Cité  par  Forir.  iJici. 


69  - 


Baiwir. 

A  r  maison  d'  vcye,  on  v'  dit  d"  payî  d'avance 
On  deut  pronielle  àx  gins  pus  d'  boùre  qui  d'  pan. 

(ArxiDE  l'UYOK.  Qui  vont  esse  n  consèye?  1862.) 

Variante.  Inu  t'eumme  5  si  homme  : 

Ji  iii'aveus,  hoùtant  vosse  ramage, 

Fait  de  mariège,  on  bai  tàv'laî, 

C'est  prometic  pus  d"  boùre  qui  d'  froumage. 

—  Ji  v'  donne  dé  1"  tripe  sorlon  m'  pourçaî. 

(Thiry.  QuiUrain.  1868.) 

Variante.       Les  feumme  sovint  oiit  des  si  boignes  messége 
Et  v'  promettait  pus  (F  boùre  qui  di  stofft*. 

(J.  Demoulin.  On  péhou  tVavril.  Se.  6.  1886.) 

Charleroi.  Si  iun  ou  l'autechcu  dins  1'  pétrin, 

Prom'tant  pus  d'  bûre  que  d'  poin,  vos  ingueuse,  vos  agasse. 
Si  vos  1'  choutf^t,  vos  cheyet  d'  dins. 

(lÎF.RNUS.  U  leu  eiel  le  r'nau.  Fauve.  1873.) 

MoNs.  Déméfiez-vous  d'in  boinnio  qui  vos  promet  pus  d'bùrc  que  de  pain  :  quand 
c' ti  lii  vos  barain  pois,  sera  loudi  pou  avoir  eiinc  fève. 

(Letkllier.  Arm.  dé  Mans.  1846.) 

Tournai.  Promette  pus  d'  bùre  que  d'  pain, 

Be'auquéop  d'  cbuque  et  pau  beauque'op  d'  café. 

Var.  Tournai.  1  n'ara  jiont  in  seul  graine-dint  pou  trouver  qu'on  a  promis  jius 
d'  char  que  d'  pain. 

{Eirennes  tournaisiennes.  Calendrier.  1883.) 

Nivelles.  I  dansou  avd  n'  paysante,  i  l'intertinou  toute  el  soirée  in  li  promettant 
pus  d'bùre  que  d'pain. 

(Clipotia.  Tout  c'  que  r' lut  n'est  ni  d'our.  Conte.   1800.) 

Douai.  Ch'roi  y  fait  des  compliments  superbes  à  tous  cbés  gins  et  y  leu  promet 
pus  d' bûre  que  d'  pain  comme  toudis. 

(DeoiiristÉ.  Souvenirs  d'un  homme  d'  Douai.  ISJJO  ) 

Lille.  Avant  de  s'  marier  m'  sœur  Rosette, 

Craignant  d'avoir  un  libertin, 
Fait  par  trois  fois  tirer  s'  planette, 
Qui  li  promet  pus  d'  bûre  que  d'  pain. 

(Desrousseaux.  Mes  étrennes  ;  alm.  pv.  1860.) 

St-Quentin.  I  proumoettent  pus  d'  bûre  que  d'  pain. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  '1840.) 

"251.  Fer  à  'ne  sa(iiiî  'ne  tâte  avoii  s'  hoûrc. 

LiTT.  Faire  à  quelqu'un  une  tartine  avec  son  propre  beurre. 
Faire  présent  à  quelqu'un  d'un  objet  qui  lui  a|)partient. 
Fez-li  'ne  tàte  di  s'  prôpe  boùre. 

Offrez-lui  le  fruit  de  son  propre  et  important  travail. 

(FORIR.  Dict. 


—  70  — 

2o^2.  Si  c'est  de  boûre  çouhi,  i  magn'ret  s'  pan 
lot  sèche. 

LiTT.  Si  c'est  du  beurre,  cela,  il  mangera  son  pain  tout  sec. 
C'est  une  chose  de  nulle  valeur. 

553.. I  ploût  de  boûre  et  de  froumage. 

LiTT.  Il  pleut  du  beurre  et  du  fromage. 

Cette  locution  s'emploie  principalement  dans  le  pays  de 
Hervé,  lorscju'après  une  sécheresse  assez  prolongée,  il  tombe 
de  la  pluie. 

(Mathieu  Laensberg.  4830.) 

Yak.  Tournai.  I  cait  des  pièche  chonq  franc.  (Dit-on,  lorsqu'après  une  longue 
sécheresse,  il  pleut  et  que  la  pluie  qui  tombe  est  bienfaisante  pour  les  champs.) 

204.  I  n'a  nié  du  bure  à  frire.  (Mons.) 

LiTT.  Il  n'y  a  pas  de  beurre  à  frire. 
Il  ne  s'y  trouve  rien  à  manger.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  rien  à  faire,  —  Il  n'y  a  pas  de  quoi  frire 
dans  cette  maison. 

Mons  Quais  foire  !  foirette?  Est-ce  que  les  voleur  pinseront  jamais  qu'il  a  du 
biire  à  frire  à  1'  maison  d'in  chafetier,  à  c't'  heure. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mous.  4850.) 

255.     I  n'y  a  feimme  si  dure 

Qui  n'eusse  pitié  dé  s'  bi'ire.  (Mons.) 

LiTT.  Il  n'y  a  pas  de  femme  si  dure  qui  n'ait  pitié  de  son 
beurre. 

Les  femmes,  même  prodigues,  deviennent  économes  quand 
il  s'agit  de  beurre. 

(Sigart.  Dict.  du  wall.  de  Mous.  1870.) 

206.  Si  t'  vous  do  bure,  il  es  faut  batte.  (Marche.) 

LiTT.  Si  tu  veux  du  beurre,  il  en  faut  battre. 

Pour  acquérir,  il  faut  travailler. 

Pr.  fr.  —  On  récolte  ce  qu'on  a  semé. 

Travaillez,  prenez  de  la  peine, 

C'est  le  fond  qui  man(itie  le  moins.  (Lafontajne.) 

Le  travail  est  un  trt'sor.  (Id.) 

JoiioiGNE.  S'  vos  v'iot  dé  bûre,  il  es  faut  batte. 

207.  Tiesse  di  bûre  ni  vôye  nin  au  for.  (Namur.) 

LiTT.  Une  tête  de  beurre  ne  doit  pas  aller  au  four. 
On  ne  doit  pas  s'exposer  à  un  danger  certain. 


—  71  — 

258.  Fer  vèyî  ({iii  V  boùre  n'a  nin  des  crosse. 

LiTT.  Faire  voir  que  le  beurre  n'a  pas  de  croûtes. 

Donner  un  soufflet. 

Jalhay.  Majenne. 

Qu'i  s'enne  avise  on  pau  !  Nos  li  frins  voye  qu'do  boûre  n'a  nin  do  l' crosse. 
(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  lo.  1862.) 

:259.  I  n'faul  nié  tant  d'  bûre  pou  in  (jiialron  (on 
ajoute  souvent  :  avé  in  [)'fit  morciau  i  d'à  'ne  lîve.) 

(MONS.) 
LiTT.  Il  ne  faut  pas  tant  de  beurre  pour  un  quarteron  (avec 

un  petit  morceau  on  a  une  livre) 
En  voilà  assez  sur  cette  matière. 
Prov.  fr.   —  Il  ne  faut  pas  tant  de  beurre  pour  faire   un 

quarteron.  —  Il  ne  faut  pas  tant  de  paroles.  (Littré.) 

Il  ne  faut  pas  tant  de  beurre  pour  faire  un  quarteron. 

;M0UÈRE.  Gcorffts  Dandin.  Act.  II,  se.  i'''^.) 

Il  ne  faut  pas  tant  de  beurre  pour  faire  un  quartron. 

(OUDIN.   Ciivioniiez françoises.    1640.) 

M.\RCiiF,.  C'est  do  r'clamel  vo.sse  bon  patron, 

N'  faut  nin  tant  d'  bùre  por  on  quautron. 

(Alexandre.  P'iit  cnrti.  1860.) 

JODOiGNE.  Faut  le  waire  de  biîre  pou  on  quautron. 

A  quoi  bon  tant  d'embarras  ? 
(Letellier.  Armonuque  dé  Mous.  Proverbes  rnontois.  1846.) 

Tournai.  I  n'  faut  pas  tant  d'  bûre  pour  un  quartereon. 

RoucHi.  I  n'  faut  point  tant  d'  bûre  pour  un  quartron. 

(IIÉCART.  Dict.) 

St-Quentin.        I  n'  faut  i)au  tant  d'  bûre  pour  focre  ein  quatron. 

Var.  Todrcoing.      Je  m'en  vais  vous  ouvert  ineu  live 
Faut-y  tant  de  bûre  pour  unne  live, 
Il  n'en  faut  que  quatc  quartrons. 
{Sermon  ndif  d'un  bon  vieux  curé  de  village.  XYIII^  siècle.) 

260.  De  boûre  et  d' l'hôle  c'est-st-ine  saquoi  d' crâs. 
LiTT.  Du  beurre  et  de  l'huile  c'est  quelque  chose  de  gras. 
Ce  sont  deux  choses  semblables. 

261.  Batte  li  boûre  divins  'ne  botèye. 
LiTT.  Battre  le  beurre  dans  une  bouteille. 
Faire  une  chose  dont  on  ne  pourra  profiter. 

262.  I  n' fait  nin  do  l)i^ire  avou  d'I'aîwe.  (Namur.) 
LiTT.  Il  ne  fait  pas  du  beurre  avec  de  l'eau. 

Il  emploie  tous  ses  moyens,   toutes  ses  ressources   pour 
parvenir  à  son  but. 


—  72  — 

263.  On  n' poui  nin  d'net  pus  d'  bure  qu'on  'nn'a. 

(Mauchk.) 

LiTT.  On  lie  peut  pas  donner  plus  de  beurre  qu'on  n'en  a. 

(Alexandre.  P'tUcorii.  18U0  ) 

11  ajoute  :  Dihéve  on  pauve  vî  homme  à  s'feumme. 
On  ne.peut  donner  que  ce  qu'on  a. 

264.  J'aime  autant  au  bùre  qua  l'huile.  (Mo.ns  j 

LiTT.  J'aime  autant  au  beurre  qu'à  l'huile. 

Comme  tu  veux,  cela  m'est  éj^al,  tout  m'est  indifïérent.  Peu 
importe  que  les  choses  se  passent  de  telle  manière  ou  de  telle 
autre. 

MoNS.  Comme  tu  veux,  mi,  c'a  n'  mé  fail  rié,  j'aime  autant  au  bùre  qu'à  l'huile. 
(Letellier.L'o !()-.';  cié  les  deux  compère.  Armonaque  dé  Mons.  1859.) 

Tournai.  Oh  !  mettez  1'  froid  qu'  vos  volez,  docteur,  mi  j'aime  autant  au  bijre 
qu'à  l'huile. 

{Eune  lechon  d'  fisiqne.  Alrn.  du  Toiirnaisien.  4884.) 

Douai.  Comme  tu  veux  ;  mi,  tu  .sais  bin  qu'  j'ai  aussi  quer  au  bùre  qu'à  l'huile. 
(Dechristé.  Souv'7iirs  d'un  homme  d'  Douai.  i8o8.) 

265.  Flotter  es  boùre. 
LiTT.  Flotter  dans  le  beurre. 

Vivre  très  à  son  aise,  avoir  plus  que  le  nécessaire. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Là,  nosse  kimére  flottéve  es  boùre 
Magnant  so  tos  ses  dint  et  vikant  so  blanc  peus 
Vol-ri-Ia  crasse  et  grosse  et  si  ronde  qu'ine  vraie  tour. 
(Haili.eux.  L'  marcotte  qu'aveut  moussî  d'vins  on  grini.  Fâve.  185!2.) 

Variante.  Mais  si  ji  n' flotte  nin  d'vins  l'cràhe, 

Ji  vike  pus  pâbule  ossi. 
(Baii.LEUX.  Li  rat  de  V  vcije  et  V  rat  d'à  champ.  Fâve.  485!.) 

Vau.  Jodoicne.  C'csl-sl-onk  qu'a  fait  s'  bùre. 

260.  On  fait  1'  sauce  au  bure  de  coq'moir. 

(JODOIGNE.) 

LiTT.  On  fait  la  sauce  au  beurre  de  coquemar. 
On  fait  la  sauce  avec  de  l'eau  ;  on  n'est  pas  trop  à  son  aise. 
On  doit  se  priver  de  bien  des  choses. 

BIEN. 

267.  On  n'a  qui  1'  bin  qu'on  s' fait. 

l.,rrT.  On  n'a  que  le  bien  qu'on  se  fait. 

Morale  à  l'usage  des  égoïstes  ou  des  épicuriens. 


—  73  — 

11  est  juste,  ou  du  moins  il  est  naturel,  de  songer  à  ses 
propres  besoins  avant  de  s'occuper  de  ceux  des  autres.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Charité  bien  ordonnée  commence  par  soi-même. 
—  Chacun  pour  soi. 

Thoumas. 

Taisse-lu,  vèye  crompire,  on  n'a  (jui  F  bin  ([u'on  s' fait  d'vins  c' monde  cial; 
jamàye  pus  si  jône,  vas 

(Willem  et  Hauwens.  Li  (jdlarH  d'à  Fijitie.  Se.  o.  t88;2.) 

JoDoiGNE.  I  n'a  que  1'  bé  qu'on  s'  fait. 

^iJS.  Qui  l'a  one  fie  bin  n'  l'a  nin  todi  mau.  (Namur.) 

LiTT.  Qui  Ta  une  fois  bien  ne  l'a  pas  toujours  mal. 

On  ne  peut  se  dire  constamment  malheureux  dès  qu'on  a  eu 
une  seule  bonne  chance.  —  Ce  proverbe  s'emploie  à  Namur, 
surtout  dans  les  repas,  lorsqu'on  offre  à  quelqu'un  un  mets 
délicat. 

Pr.  fr.  —  Qui  a  une  heure  bien  n'a  pas  tout  mal. 

Qui  une  fois  a  bien,  n'a  mie  toujours  mal. 

Cf.  L'adage  théologique  :  Scondalum  non  cadit  in  perfectum. 

(HuoN  DE  Villeneuve.  XIIlo  siècle.) 

269.  Qui  fait  biii  pinse  bin. 

LiTT.  Qui  fait  bien  pense  bien. 
Qui  bien  agit  pense  bien  des  autres. 
Cité  par  Forir.  Dici. 

570.  Fez  bin,  vos  ûrez  bin. 

LiTT.  Faites  bien,  vous  aurez  bien. 

La  li!4ne  droite  est  toujours  la  voie  la  plus  sûre.  —  On  dit 
en  français  :  Fais  ce  que  dois,  advienne  que  pourra,  pour 
exprimer  que  le  bien  porte  en  lui-même  sa  récompense. 

MONS.  Chacun  pour  soi,  Dieu  pour  tertoutte 

Je  n'connois  qu'  çà  mi  !  faites  bé  et  vos  trouv'rez  bd. 

(MouTRiEUX.  Des  nouveaux  cont'  dé  quiés.  ISîîO.) 

LÉGENDE  WALLONNE.  —  Touchaut  au  terme  de  la  vie  après 
avoir  toujours  vécu  ensemble,  deux  sœurs,  dans 

l'horreur  profonde 

Qu'inspirait  à  leurs  cœurs,  l'etfroi  d'un  autre  monde, 

échangèrent  une  promesse  tient  l'effet  était  d'obliger  celle  qui 
mourrait  la  première  à  venir  apprendre  à  la  survivante 

quel  tableau 

S'offre  à  l'homme  ('tonné  dans  ce  monde  nouveau. 

L'une  des  deux  étant  allée  ad  i)atres,  on  la  vit  quelques  jours 
après  apparaître  tout  à  coup  dans  le  coin  du  foyer  où  elle  s'était 


—    /i    - 

assise  si  souvent  durant  sa  vie,  et  tirant  son  rouet  à  elle,  elle 
se  mit  à  filer. 

Sa  sœur,  lorsque  sa  frayeur  fut  un  peu  dissipée,  l'accabla  de 
questions,  mais  le  spectre  répondit  invariablement  :  Fez  bin, 
vos  àrez  bin.  Et  de  là  le  proverbe. 

(N.  Defrecheux.) 

Variante.  Fer  bin,  bin  r'vint. 

LiTT.  Faire  bien,  bien  revient. 

Une  bonne  action  trouve  toujours  sa  récompense. 

Stavelot.  F'so  bin,  vos  trouv'ro  bin. 

271.  Qwand  on  est-st-à  mitanl.  bin,  i  n'a  nolle 
avance  à  cangî. 

LiTT.  Quand  on  est  à  moitié  bien,  il  n'y  a  point  d'avance 
à  changer. 

On  peut  gâter  ce  qui  est  bien  en  voulant  le  perfectionner. 

(ACAD.) 

On  n'est  pas  bien  dès  qu'on  veut  être  mieux.  (Lamotte.) 
Pr.  fr.  —  Le  mieux  est  l'ennemi  du  bien. 

Malmedy.  Qwand  on-z-est  à  mitanl  bin,  qu'on-7.-y  d'meure. 

Najiur.       Quand  on  est-st-à  mitant  bin,  n'y  a  pont  d'avance  à  cangî. 

MoNS.  Oh  !  c'est  suivant,  pasqu'il  y  a  in  vieux  proverbe  qui  dit  :  quand  on  est  à 
moitié  bé,  qui  n'a  nié  d'avance  à  canger. 

(Letellier.  Armonaqne  dé  Mous.  1880.) 

Var.  Mons.  Quand  on  est  à  moitié  bié,  i  faut  y  rester. 

St-Quentin.         Quand  qu'ein  est  à  mitan  bin,  ein  doit  s'y  t'nir. 

27"2.  Çou  qu'est  bin  fait  est  fait  deux  fèye. 
LiTT.  Ce  qui  est  bien,  est  fait  deux  fois. 
Il  n'y  a  pas  nécessité  d'y  revenir.  —  On  perd  du  temps  à  trop 
se  hâter. 

Le  temps  n'épargne  pas  ce  qu'on  a  fait  sans  lui. 

(Lamartine.) 

273.  Si  ça  n'  fait  nin  de  bin,  ça  n'  fait  nin  de  ma. 

LiTT.  Si  cela  ne  fait  pas  de  bien,  cela  ne  fait  pas  de  mal. 
C'est  une  chose  qu'on  peut  se  dispenser  de  faire,  elle  ne  sert 
à  rien. 

Var.  Malmedy.      U  est  comme  lu  stockfisse,  i  n'  fait  ni  bin  ni  ma. 

Vah.  Tournai.  Ch'est  d' l'onguent  miton  mitaine. 

C'est  un  remède,  un  secours,  un  expédient  qui  ne  sert 
à  rien. 


-  75  - 


Namur.  Victor. 


Po  vosse  p  d,  mouyiz  d"  timps  in  liraps  li  partie  qui  souffe,  si  ça  n'  fait  pont  d'  bin, 
ça  n'  vos  fret  todi  pont  d'  niau  non  pus. 

(Berthalor.  Cwam'gi  et  méa'cin.  Se.  9.  1890.) 

BIENS. 

274.  Des  bin  mal  acqwèroii  n'  profitet  mâye. 

LiTT.  De.s  biens  mal  acquis  ne  profitent  jamais. 
Les  biens  acquis  par  des  voies  peu  honnêtes  se  dissipent 
aisément.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Biens  mal  acquis  ne  profitent  jamais. 

Cité  par  P'orir.  Dict. 

Maie  parla,  maie  dilabuntur. 

Marche.  Bin  mal  acquis  n'  poitte  nin  bonheur. 

Basse-Allemagne.  —  Ùnrecht  Gut  gedeihet  nicht. 

275.  Qui  a  de  bin,  a  de  ma. 
LiTT.  Qui  a  du  bien,  a  du  mal. 

Qui  a  du  bien  est  sujet  h  avoir  des  procès.  —  Chaque  chose 
a  deux  faces,  chaque  chose  a  son  bon  et  son  mauvais  coté. 

(ÂCAD.) 

Pr.  fr.  —  Qui  terre  a,  guérite  a.  —  Chaque  médaille  a  son 
revers.  —  Il  n'y  a  pas  de  roses  sans  épines. 
Cité  par  Forir.  hict. 

Crespin. 

Mais  çou  qu'a  s'  bin  a  s'  niâ,  ça  s"lu  ainsi  d' tôt  timps, 
Et  wisse  est-sl-i  don  l'homme  qui  n'àye  si  p'tit  raèhin  ? 

(Remolchamps.  Li  sav'ii.  I,  se.  I''*'.  18o8.) 
Var.  Jodoigxe.     Qui  a  deux  maujonne  enne  a  eune  de  trop. 

Basse-Allemagne.  —  Kein  Gluck  ohne  Ungluck. 
BIEiNFAIT. 

276.  On  binfail  n'est  màye  pierdou. 
LiTT.  Un  bienfait  n'est  jamais  perdu. 

Une  bonne  action  a  sa  récompense  tôt  ou  tard.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Un  bienfait  n'est  jamais  perdu. 

(Le  pi're  Jean-Marie.   Divertissement  dex  sages.  1665.) 

Ine  fcye,  inte  les  patte  d'on  lion, 
On  rat  sortant  foû  d'  t(?rre  accourt  à  l'estourdèye  ; 
De  cùp,  li  roi  des  biesse,  divins  ciste  occasion, 
Mostra  çou  qu'il  esteul  tôt  lî  accoirdanl  !'  vèye. 

Ci  binfait  là  n'  fout  nin  pierdou. 

(Jos.  Deuin.  Li  lion  cl  V  rat.  Fàve.  18ol.) 


—  76  — 


Var.  Vervikrs. 


MONS. 


LiTT.  Ce 
(ie  n'est 
Pr.  fr.  - 


Verviers. 

Marche. 

Namur. 
jodoigne. 

MONS. 

Tournai. 


Faut  esse  siervûle  quand  on  1'  pout. 
Plaisir  fait  n'est  nin  pierdou. 

(Henier.  Spots  rimé.1.  1871.) 

Qu'on  soit  riche  et  qu'on  soit  hureux, 

I  fuit  toudi  bon  d'ette  affabe  ; 
Et  d'avoir  do  1'  patiinco  et  d'ette  scrvissabe 
Au  p'tit  tout  comme  au  grand,  1'  service  est  bon  rindu. 

In  bienfait  n'est  jamais  perdu. 

(Letellier.  Er  lion  été  V  rate.  Fàve.  Arm.  dé  Mous.  1852.) 

BIÈRE. 

n'est  niii  de  l'  pitite  bîre. 

n'est  pas  de  la  petite  bière, 
pas  une  bagatelle.  (Acad.) 
-  Ce  n'est  pas  de  la  petite  bière. 

Qwand  s'  vôya  gardien,  ci  cùp  là, 

Ci  n'esteul  pus  p'tite  bîre, 
I  lî  v'na  d'abord  on  gourgea 

Comme  à  on  trèfoncire. 

i.lubilc  du  père  Janvier 

L'  porcession  dé  coucou,  si  vigreûse  qu"6  pout  dire 
A  costé  d'cisse  vo-celle  n'est  quu  du  lu  p'tite  bîre. 

(Poulet.  Li  foijan  cterré 

Rosti,  boli,  c' n'est  nin  p'tite  bîre. 

C  n'est  nin  de  1'  pitite  bîre. 

Rosteu,  bouleu,  ce  n'est  ni  peteute  bîre. 

Ah  !  cinquante  an,  c'  n'est  né  dél  petite  bière. 
Dire  que  tout  F  long,  il  ont  sui  1'  même  quemin. 

(J.-B.  Descamps.  Les  noce  d'or.  Ch.  ISS;!.) 

Tout  cha  n'eteot  qu'  de  1'  bagatelle 
Do  r  i)etite  bière  avant  1'  dessert. 
{.4l)uan.  du  Tournaisien.  L' karmesse  de  Tournai.  Chanson 


1787.) 
1859.) 


1883.) 


BILLES. 


:278.  Invèyer  qnéqu'un  jouer  à  (jii'nèque  (ïoiiimAi.) 

LiTT.  l'invoyer  quelqu'un  jouer  au.x  billes. 

S'en  débarrasser. 

Cette  explication  trouve  son  origine  dans  un  usage  pratiqué 
autrefois  par  des  cabaretiers  austères,  et  consistant  ù  congédier 
les  garçons  trop  jeunes  pour  fréquenter  l'estaminet  en  leur 
mettant  dans  la  main  quelques  quénèiiue,  billes  communes  en 
terre  cuite,  dont  une  provision  était  toujours  en  évidence  sur 
le  comptoir  de  l'établissement.  Ce  genre  de  cabaret  a  complète- 
ment disparu  de  nos  jours. 

(Etrenncs  tournaisiennes.  1886.) 


—  77  - 

BISCUIT. 

279.  Eiine  aller  sins  l)iiscrile. 
LiTT.  Partir  sans  biscuit. 

Entreprendre  un  voyage  sans  être  pourvu  tle  ce  qui  est 
nécessaire,  et  plus  (igurément  s'engager  dans  une  entreprise 
sans  avoir  ce  qu'il  faut  pour  réussir,  ou  sans  s'être  prémuni 
contre  les  obstacles  qu'elle  pourrait  éprouver.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  S'embarquer  sans  biscuit. 

Cité  par  Forir   Dict. 

BISE. 

280.  Esse  cayî  (i)  de  1'  bîhe. 

LiTT.  Être  frappé  de  la  bise. 

On  dit  qu'un  homme  a  été  frappé  du  vent  de  bise;  c'est-à- 
dire  qu'il  est  ruiné,  quMl  lui  est  arrivé  quelque  mauvaise 
Ibrtune. 

(Leroux,  bictionn.  comique.) 

Être  découragé,  rebuté  par  une  suite  de  mauvais  succès,  de 
traverses,  ou  être  affaibli  par  les  maladies.  (.Vcad.) 
Pr.  fr.  —  Être  battu  de  l'oiseau. 
Il  est  frappé  d'un  mauvais  vent. 

{Aduges  français.^  XVI''  siècle.) 

Cité  par  For.r.  rjicl. 

On  disait  autrefois  :  /iJs.s-j  dicayi  de  V  bihe. 

Variantes.  Avu  1  vint  es  visège. 

Esse  dipihî  des  rat. 

Vab.  Ferrières.  Toi  li  loùne  11  cou,  i  est  d'  pihî  dé  neùr  chet. 
BLA.ME. 

2S1.  Qwaiid  oïl  n  aime  nin  'ne  saquî,  on  lî  lape  vite 
ine  liaLle. 

LiTT.  Quand  on  n'aime  pas  qutliiu'un,  on  lui  jette  vite  un 
blâme. 

On  est  enclin  à  jeter  la  pierre  à  (eux  qu'on  n'aime  pas. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

On  Jannesse  vina  rappoirter  qu'Wayaipont  si  plaîhive  à  taper  des  hatte  à  prince 
et  à  l'kihagn'ler. 

(Magnée.  Li  creii'quiin  de  prince  abbé  di  Siaveleû.  ■1867.) 

282.  D'vanI  d'  blâmer  les  aule  qii'i  s'  meure. 

LiTT.  Avant  de  blâmer  les  autres  qu'il  se  mire. 

(*)  Celle  expression  l'nergique,  mais  peu  décente,  dérive  du  latin  coire. 


—  78  — 

Avant  de  trouver  à  redire  au  prochain,  il  faut  faire  un  retour 
sur  soi-même. 

Lynx  envers  nos  pareils  et  taupes  envers  nous. 

(Lafontaine.) 

BLANC. 

283.  Il  est  blanc  comme  ine  Agnès. 

LiTT.  Il  est  blanc  comme  une  Agnès. 

Se  dit  en  wallon  pour  signifier  la  blancheur. 

Agnès.  Fille  idiote,  simple,  facile  à  persuader.  {Dict.  des 
prov.  français.  1751.)  —  Se  dit  peut-être  seulement  depuis 
Molière. 

BLÉ. 

284.  Adiet  les  blé,  les  fromint  sont  meûr.  (Namur.) 

LiTT.  Adieu  les  blés,  les  froments  sont  mûrs. 
(Les  froments  miirissent  en  dernier  lieu.) 
Se  dit  de  toutes  les  affaires  manquées  sans  ressources,  et 
quelquefois  de  celles  qui  sont  entièrement  terminées,  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Adieu  paniers,  vendanges  sont  laites. 

BLEU. 

285.  C'esl-st-ine  bleûve. 

LiTT.  C'est  une  bleue. 

Récit  fabuleux;  discours  en  Tair  ;  mensonge.  (Agad.) 

C'est  une  baliverne.  —  Figur.  Conte  bleu. 

Verviers.  Su  qut^qu'onk  vint  conter  des  bleûse, 

Nos  li  respondrans  :  «  friche  môncheû  » 
Nos  n'volans  qu'losstude  et  l'bon  dreùt 
Et  les  machine  à  keùse. 

(M.  Pire.  Tombola  d'one  machine  à  kcûse.  4884.) 

Tournai.  Claqueot. 

Mé  ch' n'est  pas  à  mi  qu'on  f'ra  avaler  cette  bleùse. 
(Leroy.  Biec  difier.  Traduction  de  Li  bleu-bilie  d'  Henri  Simon.  Se.  16.  ISSC.) 

BOEUF. 

28G.  On  n'  sàreut  prinde  on  bout"  wisse  qu'i  gn'a 
qu'ine  vache. 

LiTT.  On  ne  saurait  prendre  un  bœuf  où  il  n'y  a  qu'une 
vache. 

On  doit  se  contenter  de  ce  que  l'on  a. 


—  79  — 

287.  Tini  l' boûf  po  les  coine. 

LiTT.  Tenir  le  bœuf  par  les  cornes. 

Etre  nanti,  avoir  déjà  des  avantages  assurés  dans  une  affaire 
où  l'on  cherche  encore  à  en  obtenir  d'autres.  (Acad.) 
Pr.  fr,  —  Avoir,  tenir  le  bon  bout  par  devers  soi. 
Teneo  lupum  auribus. 
Var.  Jaliiay.  Mathî. 

Oï,  mais  il  est  capàbe  do  pochî  oute. 
Bieth'mé. 

Qu'i  poche  tout  qui  veut,  jo  tins  Tboûf  po  l'make. 

(Xjioffer.  Lex  deux  soroche.  I,  se.  G.  l8Gi2.) 

JoDOiGNE.  Tini  l'toi  (taureau)  pa  les  coine. 

288.  Prinde  boûf  po  vache. 

LiTT.  Prendre  bœuf  pour  vache. 

Se  laisser  facilement  tromper,  se  laisser  mettre  le  doigt  dans 
l'œil.  —  Confondre,  comprendre  de  travers. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Ax  ovrî  et  âx  paysan 
Pàrlans  leu  prùpe  lingage 
Ottant  qu'  possibe  si  nos  n'volans 
Qui  n'priiidesse  boùf  po  vache. 

(SiMONON.  Li  langue  nationale.  1840.) 

Baîwir. 

Pa,  ti  d'vins  sot  ;  pa  ti  prinds  boùf  po  vache. 
Ji  beus  mes  pinte,  ji  m'mo([ue  di  lot  coula. 

(Alcide  Pryor.  Qui  vont  esse  â  consèije?  4802.) 

Var.  Spa.  Nosse  magistrat  est  bin  hureux  ; 

11  a-t-on  poète  à  gage 
Qui  fait  des  vers  comme  on  pondeu 
Qui  pond  on  ch'vau  po  'ne  vache. 
{Chanson  patriotique.,  1787.  —  Uulletin,  1^  série,  t.  VII.) 

Jaliiay.  Garite. 

J'a  pris  on  boùf  po  'ne  vache 
Su  ra'el  fàt-i  warder. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  14.  ISfi'i.) 

Marche.  Et  si  to  vas  dnet  boù  po  l'vache 

T'taprès  bintôt  là,  hache  et  mâche. 

(Alexandre,  Ftit  corii.  18G0.) 
Namur.     Ossi  ji  mets  les  point  sur  les  i,  di  peu  qu'on  n'prinde  boù  po  vache. 

(Marmite.  Journal,  4890,  n"  10.) 

289.  Il   est   de   pays   qu'on-z-attèle   les   boû   po 
rtiesse. 

LiTT.  Il  est  du  pays  où  l'on  attelé  les  bœufs  par  la  tête. 


80 


C'est-à-dire  de  l'Ardenne.  —  Les  Ardennais  ont  la  réputation 
d'être  adroits,  malins  et  retords. 

Se  dit  plus  souvent  en  bonne  (ju'en  mauvaise  part. 

BOIUE. 

"iOG:  Délire  à  lîillarigot. 
LiTT.  Boire  à  la  tire  larigot. 
Boire  excessivement.  (Acad.) 

Pr.  Ir.  —  Boire  à  la  tire  larigot,  comme  un  trou,  comme  un 
templier,  comme  une  éponge. 
Cf.  QuiTARU.  DicL,  p.  492. 
Boire  à  tire  larigot  (à  la  rigaut). 

(Le  père  Jean-Marie.   Le  DivcnUxeinent  de.i  smien.  ICOo.1 

Boire  à  lire  larigot. 

(OUDIN.   Curiosiiez  frutiçnises.    -1640.) 

Cité  par  Forir.  Dlct. 

Rians,  chanlans,  repùtans  tos 
I  nos  fàt  heure  à  la  tallarigot. 

(Dehin.  Li  iraze  di  maije.  Scène  liégeoise.  -1846.) 

Variante.  On  dansa  a  l' tallarigot 

Passe  pîd,  maclotle,  biesse  à  deux  dos  : 
Gèrâ  po  d'seûr  Gotrou  po  d'sos. 
(GÉRA  et  GÈTROU.  Ancienue  chanson.  B*  et  D*.  Recueil.) 

Variante.  Nos  irans  amon  Pèrot 

Nos  magn'rans  leu  fricassêye 
Nos  beûrans  l'hoûgâre  à  pot 
Avou  l'àwe  assaisonnêye  ; 
Di  l'àwe  à  tallarigot 
A  tallarigot. 

(HocK.  La  famille  Mat fiot.  1872.) 

Var.  Namur.  Mais  ioadi  passé  i  paret  (ju'i  n'a  nin  sli  satisfait,  et  i  s'a  r'vingî  so 
s'feumme  en  s'és  d'naiit  à  tire  larigot. 

(Journal  /.(/  Marmite.,  n"  4,  188;!.) 

Tournai.  Si  bin  ({u'margré  tout  Tmisèredu  ménache,  on  s'ra  loudi  sur  de  boire 
de  1  bière  k  tire  lariguéot  k  St-Nicaise,  à  l'pocession  et  à  tous  ks  saint  qu'on  beol. 

{Eirennes  lournaisiennes.  1885.) 

"291.  Po  boire,  i  n'  faut  pont  d'  coulia.  (Namuel) 
LiTT.  Pour  boire  il  ne  faut  pas  de  couteau. 
Il  est  plus  facile  de  boire  que  de  manger  ;  c'est  l'excuse  de 
l'ivrogne. 

29:2.  Li  cia  qui  hoiL  sins  soit  poreîive  bin  n' uin 
mougnî  quand  iJ  aurait  loaim.  (Namuh  ) 

LiTT.  Celui  qui  boit  .sans  (avoir)  soif  pourrait  bien  ne  pas 
manger  quand  il  aura  faim. 

11  faut  de  la  prévoyance  et  ne  pas  commettre  d'excès. 


—  81  — 


293.  Beûre  cèke  et  tonnaî. 

LiTT.  Boire  cercle  et  tonneau. 

Boire  copieusement,  immodérément. 

On  ajoute  souvent  :  Comme  Mathî  Frcnay. 

On  dit  aussi  :  beûre  cèke  et  tôt. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Vo  m'  cial  don  so  les  Hesbignon, 
Ci  sont  là  bin  des  francs  k'pagnon 
Po  avaler  cèke  cl  tonnaî. 
Et  mette  li  crâne  à  leu  chapaî. 

[Pasquèye  .10  les  scminarisse.  173o.) 

Hé  hé,  camarade  Colinet, 
I  m' sône  ma  foi  qui  t'as  bu  1'  pèquet  ; 
Ti  poche,  ti  sàtclle  et  ti  fais 
Comme  si  t'euhe  bu  cèke  et  tonnaî. 
(Docteur  de  Donceel.   Pasquèye  dialoguÉe  po  l' fiasse  dé  Père  J'han  Alexandre , 
ninisse  de  l'  o""'  sicole  {Rhétorique)  dx  Jésuite.  i7o3.) 

Il  a  todi  r  gosî  sèche,  i  beiireut  cèke  et  tonnaî. 

(Remacle.  Dict.) 

J'a  si  assotèyeminl  seu  qui  ,j'  beûreus  ciekeet  tonnai. 

(Magnée.  Baitri.  4805.) 

Variantes.     Divant  di  k'nohe  Marèyc,  i  n'  si  fève  co  mâye  sô, 

Hoùye,  pac'  qu'elle  n'el  vout  pus,  i  beût  co  pé  qu'on  trô. 

(Delarge    [lie  copenne  conte  les  pèk'teû.  1873.) 

Marche.  Bin,  gn'a  des  ci  qui  1'  gueûye  à  1'  crâne 

Vûdrint  les  ceke  et  les  tonnaî. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  18C0.) 

Nahur.  Bin,  j'  beus  qwand  m'  fait  plaisir, 

J' beûreus  cèke  et  tonnaî. 
Et  ji  fais-st-à  m'  manîre 
Et  r  restant  comme  i  m'  plaît. 

(Wérotte.  L'ivrogne.  Chanson.  18C7.) 

Var.  Namur.  Ji  r'soueûve  foirt  bin  one  cannelle, 

Ji  bèveùve  vraimint  comme  on  Irù. 

(Wérotte.  Ji  sa  sav'ti  di  m'mestl.  48G7,) 

JODOIGNE.  Je  m'amuse  comme  jamais  de  m'  vie 

Nos  allans  boire  cèke  et  lonia. 

(E.  Etienne.  On  rei'mmtd'on  banquet.  Ch.  1889.) 

MONS.  Pourtant  j'ai  bié  soit  :  j'boiroi  broque  et  tounniau. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  i8G8.) 

MONS.  Zante. 

J'boirois  aujord'hui  cercle  et  tonniau. 

(J.  Declève.  L'escapé.  Se.  4.  188U. 

Tournai.  Boire  cherque  et  tonnieau. 

6 


—  82  — 

Cet  autre  proverbe  assez  connu  dans   le  Tournaisis  :   «  I 
boireot  Bapeaume  et  ses  fossé  »  s'applique  dons  le  même  sens. 
Liu.E.  I  bot  comme  in  tro. 

294.  Qui  a  bu,  beûret. 

LiTT.  Qui  a  bu,  boira. 

Se  dit*  en  parlant  d'un  défaut  dont  on  ne  se  corrige  jamais. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Qui  a  bu  boira. 

L'ci  qu'a  bu,  beûret  ; 

Honte  ni  sogne,  rin  n'y  fret. 

(Bailleux.  Li  sôlêye  et  s'feumme.  Fàve.  i852,) 

Variante.  Baîwîr. 

Ji  voléve  comme  ine  caracole 

Es  m'ciiambe  mi  r'sèchî  foù  de  brut. 

Tôt  coula  ç'  n'esteut  qu'  des  parole 

On  r'beùt  todi  s'on-z-a  'ne  fèye  bu. 

(Alcide  Pryor.  On  drôle  di  mariècje.  iSôS.) 
Stavelot.  Pus  beùt-on,  pus  vout-on  beùre. 

Marche.  Qui  beiit,  beûret. 

MoNS.  L'ceux  qu'a  bu,  i  buvra  co. 

Basse-Allemagne.  —  Trinken  macht  Durst. 

293.  Çou  qu'est  bu  est  viersé. 
LiTT.  Ce  qui  est  bu  est  versé. 

C'est  une  affaire  consommée,  sur  laquelle  il   n'y  a  pas  à 
revenir. 

296.  Comptez  d'su  et  buvez  d'I'aîwe. 

LiTT.  Comptez  dessus  et  buvez  de  l'eau. 

i^r.  fr.  —  Croyez  cela  et  buvez  de  l'eau. 

Se  dit  d'une  chose  qui  ne  mérite  pas  de  croyance.  (Littré.) 

( iroyez-le  et  vous  n'y  gagnerez  rien. 

Frameries.  Quand  on  dit  qu'les  Belche  sont  égaux 

Ju  dis  :  Croyez  ça,  buvez  d'I'iau. 

(J.  Dufrasne.  Chanson.  Artmmaqae  borain.  1890.) 

Tournai.  Compte  là  d'sus  et  beot  d' l'ieau, 

T'aras  des  clairs  boyeau. 

BOIS. 

297.  1  iàt  qu'  tôt  bois  s'  chèrêye. 
LiTT.  11  faut  que  tout  bois  se  charrie. 

Il  faut  que  toute  chose  aboutisse.  —  En  tout  i'  y  a  compen- 
sation. —  Toute  peine  mérite  salaire. 
Cité  par  Forir.  Dict. 


-  83  — 

Si  n'  loukrel-je  nin  co  à  'n'  chîchêye, 
Ca  i  fàt  qui  toi  bois  s'  chèrèye. 

(Jos.  Dehin.  Licnq  d'aousse  cl  r  frianilic.  Fàve.  iSol.) 

Jalhay.  C.aiute. 

C'est  veùr,  i  fût  qu'  tôt  bois  s'  chiTèye.  Allons,  mes  ami,  rupriadaiis  nosse  vôye. 
(Xhoffer.  Lcx  deux  soroclw.  II,  se.  16.  1862.) 

Comme  i  fàt  qu'  lot  bois  s'  chèrèye,  après  avu  toi  graffoui,  lot  gévî,  toi  plaicetî, 
l'ofTiciâl  rinda  s'  sintince. 

(Magnée.  Li  lioulotie.  18"  1.) 

Var.  Mons.  Ca  c'  n'est  qu' jusse  que  vos  allez  m'  dire  :  toute  peine  mérite  salaire. 

(Leteixiek.  Armonaque  dé  Mous.  18o6.) 

298.  Savu  d'  que  bois  qu'i  s'  châffe. 

LiTT.  Savoir  de  quel  bois  il  se  chauffe. 

Savoir  de  quoi  l'on  est  capable;  quel  homme  on  est.  (Acad.) 

Pr.  Ir.       On  verra  de  quel  bois  je  me  chauffe. 

Et  de  quel  bois  se  cliaudfaient  leurs  femelles. 

(Lafontaine.  La  mandragore.) 
On  verra  de  quel  bois  ils  se  chauffent. 

(Le  père  Jean-Marie.  Divertissement  des  sarjes,  lOfio.) 

Je  scay  de  quel  bois  il  se  chauffe. 

(OuuiN.  Citriositcz  Jrançoises.  1640.) 

WÉRY. 

Diet  n'  nos  l'eulie  pardonné  Jamàye. 

Stasquin. 

Padiet,  qui  ma  piiise,  ma  y  âye 
Saviz-ne  bin  d"  que  bois  qu'i  s'  chàfève. 
(Lambert  Hollongne.  Entre  jeux  des  paysatis.  1634.  B*  et  D*.  Hecueil.) 

Jacqu'min. 

Ji  v' disfind  d'aller  danser  après  l'uîner;  ètindez-v'  bin?  et  si  v's  y  aller,  vos 
savez  bin  di  que  bois  ji  m'  chàffe. 

(Henaui.T.  Li  Jnaliijnant.  I,  se.  2.  1789.) 

xVndrî. 

Paliînce,  nos  savans  di  que  bois  qui  s' chàffel  et  ine  homme  prdv'nou  'nnès  vàl 
deux. 

(Salme.  Pris  d'vins  ses  léce.  I,  se.  10.  1880.) 

Matiiï. 

Jalhay.  Ju  veus  à  c'ste  heure  du  que  bois  qu'i  chàfféve. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  12.  1861.) 

Di  que  bois  s"  chfiffe  li  ci  qui  les  louke  os  coirnette  et  qui  .sospère  podri  zelle  ?  les 
mon  sùtèyes  bàcelle  el  comprindcl  sins  long  lùsège. 

(Magnée.  Dattri.  l86o.) 

JoDOiGNE.  On  voit  bé  de  que  bois  i  s' chauffe. 


—  84  — 

Charleroi.  Clkante. 

Taper  'ne  dévisse  avet  1'  charmante  ('.l'Iiiiiie,  vire  de  que  bot  c'  qud  I'  chauife  dins 
nos  amourette. 

(Bernus.  V  malade  S^-Thibau.  II,  se.  I.  4870.) 

MoNS.  On  sait  fé  bin  à  cV  heure  de  quée  bos  c'  que  nos  nos  cauffons,  et  nos 
n'  cangerans  jamais. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mous.  iSSO.) 

MoNS.  Nos  virons  bé  dé  quée  bos  i  s'  caufTra. 

(DescamI'S.  Elpetottier.  Scène  montoise.  Œuvres.  ISSï.) 
Tournai.  Halte-là,  savez  camarate,  vos  sârez  d'  queu  beos  je  keauffe. 

(Leroy.  Iliec  difier.  Trad.  du  Bleù-bihe,  de  H.  Simon.  Se.  IG.  1889.) 

StQuentin.  Mais  les  neûre  (notre)  i  né  s'  cofteut  pau  de  ch'bô  là. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  1844.) 

299.  Qui  va  au  bos  Fleu))  l'estrane.  (MoNS.) 

LiTT.  Qui  va  au  bois,  le  loup  l'étrangle. 
Qui  s'expose  au  péril,  périra. 

300.  Les  hacli'rotte  valet  mî  qui  V  bois. 

LiTT.  Les  copeaux  valent  mieux  que  le  bois. 
Les  accessoires  valent  mieux  que  le  principal.  —  Le  casuel 
vaut  mieux  que  le  traitement. 
On  dit  aussi  :  Qui  V  pèlotle. 

îiOl.  Avu  quéque  bois  foù  di  s'  faliènne. 

LiTT.  Avoir  quelque  bois  hors  de  son  fagot. 

Se  dit  d'un  homme  qui  est  un  peu  fou,  qui  a  des  visions. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Il  a  bien  des  chambres  à  louer  dans  la  tête.  —  Il 
lui  manque  un  clou.  —  Il  a  un  coup  de  hache,  un  coup  de 
marteau. 

Variante.  Avu  on  bois  foù  di  s'  fahènne  et  piède  li  loyen. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Cuseune  loukîz  à  vos,  car  on  poireut  jugî 

Qui  vos  avez  pierdou  on  bois  foù  d'  vosse  fahènne. 

(Bailleux.  Li  live  et  V  caracole.  Fàve.  'i8l>G.) 
Jeannette. 
Ji  creus  so  mi  âme  qu'il  a  on  bois  foù  di  s' fahènne. 

(Deixiief.  Li  (jalaut  de  V  sièrvante.  I,  se.  3.  18S7.) 
Durand. 

Ji  SOS  bin  arringî,  ji  deus  fer  ine  belle  mènne, 
I  fàt  quij'àye  bin  sur  on  bois  foù  di  m'  fahènne. 

(Dei.chef.  Les  deux  neveux.  III,  se.  fe.  4859.) 

On  dit  aussi  :  Il  a  pierdou  V  pomme  di  s'  canne. 


—  85  — 

Jalhay.  Garite  (à  Pierrette). 

Vos  avoz  sûr'mint  on  bois  foii  tl' vosse  fahènue duvant  les  gins Thiodôre 

pourreut  i'avu  étindou. 

Thiodôre. 

Qui  vint  d'  poye  gretle. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se   40.  iSCil.) 

302.  Li  vî  bois  prind  vite  feu. 

LiTT.  Le  vieux  bois  prend  vite  feu. 

Se  dit  des  vieillards  qui  s'enflamment  vite. 

Cf.  Plus  l'amour  vient  tard,  plus  il  ard. 

Tatenne. 

Si  li  ch'vâ  d'  bois  d'aousse  esteut  cial,   i  v'  pilreut. 

Crespin. 

J'a  todi  oyou  dire  qui  l'vî  bois  prind  vite  feu. 

(Remouchamps.  Li  sav'ti.  I,  se.  o.  1858.) 

303.  (Vest  du  bos  (U  rallonge.  (Mons.) 
LiTT.  C'est  du  bois  d'aionge. 

C'est  un  moyen  de  gagner  du  temps,  c'est  un  palliatit. 
MoNS.  Ah  !  vous  n'  voulez  pas  m'  forcer.  J' vois  l' jour  pau  tro,  c'est  encore  du  bos 
d' rallonge  que  vous  voulez  m' donner. 

(Letellier.  Armouaque  dé  Mons.  1850.) 

304.  Il  est  de  bois  qu'on  fait  les  violon. 

LiTT.  Il  est  du  bois  dont  on  fait  les  violons. 
Se  dit  d'un  homme  <{ui,  par  complaisance  ou  par  faiblesse, 
ne  veut  ou  n'ose  contredire  personne.  (Agad.) 
Je  suis  du  bois  dont  on  fait  les  vielles. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  1640.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Express,  fig.  Il  est  du  bois  dont  on  fait  les  flûtes. 

St-Quentin.  Ali'  est  dé  ch'bô  qu'eia  foeldes  flûtes. 

Picardie.  Été  d'ech'  bos  dont  on  foel  les  flûtes. 

(CORBLET.  Glossaire.  1851.) 

305. 1  n'est  nin  co  fou  do  bois  d'  sogne.  (Malmedy.) 

LiTT.  Il  n'est  pas  encore  hors  du  bois  de  la  peur. 

Il  n'est  pas  encore  au  bout  de  la  peine.  Il  a  encore  à  craindre. 

30(3.  Qui  a  paou  des  foye,  ni  vasse  nin  à  bois. 

LiTT.  Qui  a  peur  des  feuilles,  n'aille  pas  au  bois. 
Qui  craint  le  i)éril  ne  doit  point  aller  où  il  y  en  a.  (Acad.) 
Pp,  fr.  _  Qui  a  peur  des  fouilles  n'aille  point  au  bois. 
N'aille  au  bois  qui  craint  les  feuilles. 


—  86  — 

^  Qui  a  peur  des  feuilles  ne  voise  point  au  bois.  (Meigret.)  — 
CF.  LiVET.  Grmnm.  franc,  au  XVI^  siècle. 
Non  eat  ad  silvas  qui  frondes  haeret  opacas. 

(Lejeune.  Proverbia  farniliaria.  -1741.) 

Il  n^  faut  pas  aller  au  bois  qui  a  peur  des  feuilles. 

(OUDIN.  Curiuniiez  françoises.  ll!40.) 
Mauche.  N'va  nin  à  bois,  s' t'as  peu  des  fouye. 

Marche.  Baquatho. 

.    N'faut  nin  r'menet  au  bois  qwand  on-z-a  peu  des  fouye. 

(Alexandre.  Li  pèchoii  d'avril.  IV,  se.  4.  1858.) 
Dînant.  Maurtin. 

Quand  on  a  peu  des  fouye,  on  n'va  nin  au  bois. 

(CoiJ.ARD.  Lï  tendrie  à  Vamourelte.  II,  9.  1890.) 

807.  Les  sohait  ni  vont  nin  â  bois. 

LiTT.  Les  souhaits  ne  vont  pas  au  bois. 

Sous-entendu  :  à  la  statue  de  bois. 

«  Ce  vieux  proverbe  wallon  est  un  reste  évident  de  la  science 
cabalistique  qui,  après  certaines  initiations,  vous  conférait  le 
pouvoir  de  laire  à  votre  ennemi,  tout  le  mal  que  vous  souhaitiez 
a  son  efljgie.  » 

(Feri).  Hénaux.  Le  miroir  diabolique.  Noie.  Rev.  de  Liège,  l.  C,  p.  499.  •1840.) 

BOITER. 

308.  On  n'deut  mâye  halter  divant  on  halé. 

LiTT.  On  ne  doit  jamais  boiter  devant  un  boiteux. 
11  ne  faut  rien  faire  devant  les  gens,  qui  semble  leur  repro- 
cher quelque  défaut  naturel.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  ne  faut  pas  clocher  devant  les  boiteux. 

Cf.  Il  ne  faut  pas  parler  de  corde  dans  la  maison  d'un  pendu 

11  ne  faut  pas  clocher  devant  les  boiteux. 

(OuDiN.   Curiositez françaises.   1640.) 

BON. 

309.  Fâte  di  bon,  l'mâva  s'alowe. 

LiTT.  Faute  de  bon,  le  mauvais  se  consomme 
On  prend  ce  qu'on  trouve  à  défi  ut  de  mieux 
Quand  on  n'a  pas  ce  que  l'on  aime, 
Il  faut  aimer  ce  que  l'on  a. 

310.  Taper  de  bon  a])rès  de  mâva. 

LiTT.  Juter  du  bon  après  du  mauvais. 


—  87  — 

Continuer  une  fausse  spéculation.  S'engager  plus  avant  dans 
une  entreprise  notoirement  ruineuse.  -  Plaider  contre  un 
insolvable. 

MoNS.  Co  M  hureux  quand  i  n'ii  foiiloi  nié  mette  du  bon  à  côte  du  monvais. 

(Letellieh.  Arinontique  dé  Mous.  -I80O.) 

311.  Qui  l'ach'têyc  bon,  1'  buiil  bon. 
LiTT.  Celui  qui  l'achète  bon,  le  boit  bon. 

Il  faut  donner  le  prix  de  chaque  chose. 

Pr.  Qui  bon  l'achète,  bon  le  boit  (XV«  siècle). 

Qui  bon  l'achepte,  bon  le  boit 

(OUDIN.  Curiositcz  l'iauçoise.s.  1640.) 

Cité  par  Forik.  Uicl. 

Cf.  Rien  n'est  si  cher  que  le  bon  marché. 

312.  C'est  soviiil  V  bon  ({ui  |)àtihe  po  I'  màva. 

LiTT.  C'est  souvent  le  bon  qui  pâtit  pour  le  mauvais. 

L'homme  méchant,  usantd'artifice,faitsouvcnt  sujjporter  par 
un  homme  débonnaire  les  suites  de  ses  méfaits. 

Les  gens  de  bien  pâtissent  souvent  des  mesures  que  l'on 
prend  à  l'égard  des  méchants. 

Nahur.  C'est  sovint  l'bon  qui  paye  po  1' méchant. 

313.  Bon  d'Yint  iiiaiiva  s' on  ses  cbièf  man. 

(VEHYMiRS.) 

LiTT.  Bon  devient  mauvais,  si  l'on  s'en  sert  mal. 
On  doit  se  servir  de  toutes  choses  ]^our  l'usage  auquel  elles 
sont  destinées. 

Mes  Ireus  fàve  provet  li  vi  spot  : 

Bon  d'vini  mauva  s'  on  s'ès  chièf  mau. 

(POLLET.  Ou  bambert,  li  j' vau  et  x'maisse.  1872.) 

314.  \À  mèyeii  n'est  niii  bon. 

LiTT.  Le  meilleur  n'est  pas  bon. 

Se  dit  de  deux  ou  de  plusieurs  personnes  presque  également 
vicieuses  ou  méchantes.  (LiTTRii.) 
Pr.  fr.  —  Le  meilleur  ne  vaut  rien. 

CnoEUB. 

Les  galant  d'  Ghaudfontaine 
Sont  sujet  à  caution. 
I  jowet  tant  d'  dondaine 
Qui  r  mèyeu  n'est  nin  bon. 
(De  Harlez,  De  Cartier,  etc.  Li  voijcfie  di  Chaudfoutaiue.  III,  se.  I.  1757.) 


—  88  - 


BONHEUR. 


315.  Avu  pus  d' bonheur  qii'ine  Jîrave  gins. 
LiTT.  Avoir  plus  de  bonheur  qu'un  honnête  homme. 
Réussir  au  delà  de  ses  espérances. 

Crespin. 
Si  j'  n'attrape  nin  r.jènisse,  après  des  chaude  parèye, 
J'àret,  j'el  pou  bin  dire,  pus  d'  bonheur  qu'ine  brave  gins. 

(Remouchamps.  Li  sâvHi.  II,  se.  3.  -1858.) 
Variante.  Avu  pus  d'  bonheur  qui  d'adresse. 

(FoRiR.  Dict.) 

Basse- Allemagne.  —  Mchr  Gluck  als  Verstand  haben. 

31(3.  L'  bonheur  est  fait  po  les  bravés  gins,  et  les 
canaye  es  ])rofitet. 

LiTT.  Le  bonheur  est  fait  pour  les  braves  gens  et  les 
méchantes  en  profitent. 

Comparez  avec  le  précédent. 

Stavelot.  Li  bonheur  est  fait  po  les  hureux. 

JoDoiGNE.  Li  bonheur  est  fait  po  les  hureux  el  1'  besace  po  les  mâlhureux. 
pouleïbribeïx  ^^  ''  '^^^  '^'  *^'''*^  '^"'^  ''  ''°"^'^"''  ^''  ^^'^  P^*^  ''^  heureux  éié  1'  malette 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1868.) 

317.  On  bonheur  di  flamind. 

LiTT.  Un  bonheur  de  flamand. 

Un  événement  fâcheux  qui  aurait  pu  être  plus  grave-  on 
ajoute  souvent  :  i  vùt  mî  coula  qu'ine  jambe  cassêye. 

Jodoigne.  On  bonheur  di  pindeu. 

MoNs.  Par  bonheur,  i  n'  s'a  foc  féé  eine  bosse  à  s'  front,  eine  escorche  à  s'  nez  et 
la  s'  genou.  Ein  bonheur  dé  flamind  là  !  .  e  i^o  eue  a     nez  ei 

(J.-B.  Descamps.  Elpeiottier.  Scène  montoise.  OEuvres.  1887.) 

318.  Gn'a  pau  d'  bonheur  sins  bonne  ètinde. 

,       ,,  (Marche.) 

LITT.  11  y  a  peu  de  bonheur  .sans  la  bonne  entente. 

11  faut,  dans  une  famille,  se  donner  des  témoignages  de  bon 
vouloir,  il  faut  vivre  en  bonne  intelligence,'' se  faire  des 
conces.sions  mutuelles. 

319  Li^  bonheur  est  dins  l'air,  i  chaît  ossi  bin  su 
I  tiesse  don  sot  qui  su  l' tièsse  d'on  malin.  (N\mur.) 

LiTT.  Le  bonheur  est  dans  l'air,  il  tombe  aussi  bien  sur  la 
t'jte  d  un  .sot  que  sur  la  tète  d'un  malin. 


—  89  — 

Le  bonheur  est  souvent  un  effet  du  hasard,  il  peut  déjouer  les 
calculs  d'un  liomme  intelligent. 

Variante.  Li  bonheur  vole,  attrape  qui  pout. 

320.  Avu  de  l)onheiir  comme  ine  habyî  d'sôye. 
LiTT.  Avoir  du  bonheur  comme  un  vêtu  de  soie  (de  soies). 
Gomme  un  gentilhomme  ou  comme  un  cochon. 

Jeu  de  mots  approximatif;  car  les  soies  de  porcs  s'appellent 
en  wallon  s.ûii'-. 

Basse-Allemagne.  —  Sauglûck  haben  {En.  argot  d  étu- 
diants :  Der  bat  Schwein  !) 

BONJOUR. 

321.  Deux  honjoû  n' si  k'battet  nin. 

LiTT.  Deux  bonjours  ne  se  combattent  (ne  se  contrecarrent) 

pas. 

Se  dit  à  celui  qui  sahi«  deux  fois  de  suite  la  même  personne. 
—  Vous  m'avez  déjà  fait  une  révérence  tout  à  l'heure  :  mais  je 
ne  vous  en  remercie  pas  moins  :  quod  abundat  non  vitiat. 

BONNET. 

322.  C'est  bonnet  blanc  et  blanc  bonnet. 

LiTT.  C'est  bonnet  blanc  et  blanc  bonnet. 

Il  n'y  a  presque  point  de  différence  entre  les  deux  choses 
dont  il  s'aait  ;  l'une  équivaut  à  Tautre.  (  Acad.) 

Pp,  [y.  —  C'est  bonnet  blanc  et  blanc  bonnet.  —  C'est  jus  vert 
et  vert  jus. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

C'est  blanc  bonnet  po  1'  cràhe  et  bonnet  blanc  po  1'  boùre, 
So  1'  char  et  so  les  où,  vos  trovez  bàbe  di  four. 

(Thiry.  Moirt  di  l'octroi.  i860.) 

So  li  drî,  so  li  d'vant,  vès  Vervîs,  vès  Bruxelle, 
C'est  lodi  blanc  bonnet,  ci  n'est  qu'ine  bagatelle. 

(Thiry.  On  voyège  à  coûte  cour.  1859.) 

Variante.  Li  sieur  Guise  a  stu  on  grand  homme, 

Mayenne  enne  est  li  deuxème  tome. 
Et  po  n  rin  dire  di  mon  ni  d'  pus, 
C'est  dé  jus  vert  et  de  vert  jus. 

(Hanson.  Li  Henriade  travextèye.  Ch.  III.  iTSO.) 

Variante.  On  pout  dire  c'est  pîron  parèye, 

Comme  dit  li  spot,  la  lire  la  la. 

(Bailleux.  Charmoti.  1863.) 


-  90 


Var.  Jauiay.  Garite. 

Ju  niourrciis  s'i  m' fallévc  dumani  les  bresse  es  creux;  mais  savez-v'  bin  quoi? 
Vos  veroz  d'iiiani  aveu  mi,  c'est  piron  parèye. 

(Xhoffer.  Len  deux  soroche.  I,  se.  12.  1861.) 
Var.  Nivelles.    T'abouni  que  j'  vois  d'au  Ion  no  vî  clokî  d' Nivelles, 

,  Je  sus  contint,  l'aule  re.sse,  j'aime  austant  vache  qud  via. 

(G.  W1LL4ME.  Em  Nivelles.  Strophes.  1890.) 

Var.  Cuarleroi.    Après  in  roi  c't  in  aute,  pusqué  c't  ainsi  qu'on  1'  vout  ; 

Et  s'  nô  cange  et  v'ià  tout 

C'est  chou  viert  et  viert  chou. 

(Bernus.  Viuierrcmenl  de  V  lionne.  Faufe.  1873.) 
Var.  Tournai.        Ch'esl  l' hoch'  peol  à  l'av'nant  des  carotte. 

323.  Prinde  disos  s'  bonnet. 

LiTT.  Prendre  sous  son  bonnet. 

C'est  une  chose  qu'il  a  imaginée  et  qui  n'a  aucun  fondement, 
aucune  vraisemblance.  (Acad.)  -  Prendre  la  responsabilité 
d'une  chose. 

Pr.  fr.  —  Il  a  pris  cela  sous  son  bonnet. 

Var.  Namur.  Il  a  pris  ça  d'so  one  barette. 

Var.  Jodoigne.  Il  a  trovd  ça  d'so  s'  cossu. 

324.  Mette  si  bonnet  d' trivièt. 

LiTT.  Mettre  son  bonnet  de  travers 
Entrer  en  mauvaise  humeur.  (Acad.) 

«  C'est  le  désordre  de  l'esprit,  représenté  par  le  désordre  de 
la  coiffure.  » 

(QUITARD.  Dict.,  p.  166.) 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

325.  Lèyans  coula  po  fer  'ne  bonnette  à  Mathî. 

LiTT.  Laissons  cela  pour  taire  un  bonnet  à  Mathieu. 

Remacle  {Dict.)  dit  :  po  fer  'ne  golette  (fressure). 

Abandonner  une  chose  qui  devient  inutile.  —  Changer  de 
conversation.  —  Passer  d'une  chose  que  l'on  considère  comme 
futile  à  une  autre  plus  importante. 

Dubois  (passant  inte  deux). 

Jans,  jans  !  vùdans  nos  verre,  lèyans  tôt  coula  po  fer  'ne  bonnette  à  Mathî,  il  est 
limps  d'enne  aller. 

(T.  Brahy.  Li  bouquet.  Se.  7.  1878.) 

Louise. 

Jans,  ailans  s'  beiJre  ine  tasse  et  lèyans  ç,oula  po  fer  'ne  bonnette  à  Mathî.  Lisîse 
ni  vàt  nin  l' chandelle. 

(Willem  et  Bauwens.  Les  lourciveux.  Se.  3.  1882.) 


—  91  — 

Marche.  Si  ça  n'  va  nin  mî  qu'  ça  n'a  sti, 

Fans-ès  on  bonnet  à  Mathi. 

(Alexandre.  P'tit  coni.  1860.) 

356.  Vol'  là,  ramasse  ti  bonnette. 

LiTT.  Le  voilà,  ramasse  ton  bonnet. 

Le  voilà,  fais-en  ce   que  tu   veux  ;   je  te  l'abandonne,  je 


le  dédaigne. 


BORGNE. 


327.  I  n'fâi  nin  s' fer  boigne  po  rinde  ine  aute 
aveûle. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  se  faire  borgne  pour  rendre  un  autre 
aveugle. 

Il  ne  faut  pas  se  nuire  pour  faire  du  tort  à  un  autre. 

328.  Boigne  d'ine  oûye,  aveûle  di  l'aute. 

LiTT.  Borgne  d'un  œil,  aveugle  de  l'autre. 
Privé  de  la  vue. 
Cité  par  Forir.  DIcJ . 

329.  Tourner  d'on  boigne  so  'ne  aveûle. 

LiTT.  Tomber  d'un  borgne  sur  un  aveugle. 

Changer,  par  méprise,  une  chose  défectueuse  contre  une  autre 
plus  défectueuse  encore.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Tomber  de  mal  en  pis.  —  Tomber  de  la  poêle  dans 
la  braise.  -  Tomber  de  Gharybde  en  Scylla.  —  Tomber  de  fièvre 
en  chaud  mal. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Mais  i'bon  Diu  l's  y  déri  :  sos-,je  don  vosse  domestique? 
Vos  âriz  d'vou  d'abord  wàrder  vosse  république  ; 

Po  v'  continter  ji  v's  aveus  d'né  on  pà. 
I  v'faiidve  on  vrai  roi,  à  c'sle  heure  broyiz  vosse  ma. 

C  n'est  nin  ces  raine  là  totès  seule 

Qu'ont  toumé  d'on  boigne  .so  'ne  aveûle. 

(Bailleux.  Lesraine  qui  (Vmandet  on  roi.  Fàve.  1852.) 

Mais  Ion  di  v' raviser, 

C'est  d'on  boigne  so  'ne  aveûle  qui  vos  avez  toumé. 

(Thiry.  Ine  copenne  so  V  mariège.  1858  ) 

Jalhay.  Bieth'mé. 

Matbî  va  s'ègagî  d'vins  les  coûtés  châsse,  po  s'iirer  foû  de  1'  gare  civique,  mais  i 
poreut  bin  cangî  d'on  boigne  so  'ne  aveûle, 

(Xhoefer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  \'*^.  1861.) 

Mais,  mutoi,  aveul-i  sogne  di  tourner  d'on  boigne  so  ine  aveûle.  ca  i  n'drovia  nin 
s'poite  po  çoulà. 

(Magnée.  Li  Houlotte.  1871.) 


—  02  — 

Marche.  El  d'sus  on  p'iit  d(5faut  on  gueule 

On  r'tomme  (l'on  boigne  so  one  aveùle. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 

JoDOiGNE.  Tourner  d'on  boigne  seu  one  avcûle. 

Moss.     Quand  on  veut  ette  trop  bié,  on  tombe  d'in  borgne  in  aveugle. 

(Letelliek.  Armonaque  dé  Mom.  4865.) 

Var.*  Mons.  I  d'à  bé  qui  ont  cru  mette  leu  main  su  in  champignon  et  qui  l'ont 
mis  su  'ne  vesse  à6  leup. 

(MouTRiEUX.  Des  nouvieaux  conte  dé  quié.  iSoO.) 

Tournai.  Querre  d'in  borne  sur  in  aveùle. 

St-Qlentin.     Pourvu  qui  n'erquiensj'  siéin  pau  leu  borne  pour  ein  avule. 

(GossEU.  Lettres  picardes.  18-45.) 

330.  Cangî  on  boigne  chivâ  conte  ine  aveùle. 
LiTT.  Changer  un  cheval  borgne  contre  un  aveugle. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Pr.  fr.  —  Changer  son  cheval  borgne  contre  un  aveugle. 
Changer  une  chose  mauvaise  contre  une  autre  plus  mauvaise 
encore,    faire   un    mauvais    marché;    empirer    sa    condition. 

(LiTTRÉ.) 

Borinage.  Si  bié  que  l'payse  français  s'a  aperçu  qu'il  avo  candgé  s'quevau  borgne 
conte  in  aveùle. 

{Armonaque  du  Borinarje  in  patois  borain.  4849.) 

331.  Vos  estez  boigne,  vos  irez  wârder  les  âwe 
à  Visé. 

LiTT.  Vous  êtes  borgne,  vous  irez  garder  les  oies  à  Visé. 
Manière  polie  de  dire  à  quelqu'un  :  Vous  êtes  un  sot. 

BOSSU. 

33*2.  Li  ci  qui  s'  gène,  i  d'vint  bossou. 

LiTT.  Celui  qui  se  gêne,  devient  bossu. 

Excuse  peu  polie  des  personnes  qui  refusent  de  se  donner  un 
peu  de  gêne  pour  faire  plaisir  à  quelqu'un.  —  La  gène  fait 
souvent  prendre  au  corps  une  position  qui  n'est  pas  naturelle. 

Pr.  fr.  —  Où  il  y  a  de  la  gène,  il  n'y  a  pas  de  plaisir. 

BOTTE. 

333.  A  propos  d'botte 

LiTT.  A  propos  de  bottes. 

Sans  motif  raisonnable,  liors  de  propos.  (A.GAD.) 

Prov.  A  propos  de  bottes 

C  n'est  nin  à  propos  d'  botte  çou  qui  j'ennès  d'S  la, 
Pusqu'il  est  question  d'ine  pauve  feume  qu'avala 
Tant  d'aiwe  es  Moùse  qu'elle  y  liniha  s'vèye. 

(Bailleux.  Li  feumme  nèyèye.  Fàve.  4851.) 


—  93    - 

334.  Ecrâhî  les  l)otte. 

LiTT.  Graisser  les  botttîs. 

Se  préparer  à  partir  pour  (|uelque  voyage  ;  se  disposer  à 
mourir.  (Acad.) 

Administrer  les  huiles  saintes. 
Prov.  Il  faut  qu'il  graisse  ses  bottes. 
Cité  par  Forir.  DicL 

MoNS.  Elle  aroit  hé  voulu  in  elle  quitte  tout  d'suile,  puisque  l'médcien  l'avoit 
condamné,  et  qu'sés  botte  étiont  ingressée,  comme  elle  disoit. 

(Letellieu.  Armonaque  dé  Mon.t.  1849.) 

Bobinage.         Via  l'curé  tourminté  ;  i  dit  qui  n'  l'interra  nié  ; 

Qu'on  n'doit  nié  s'mette  in  route  pou  l'aute  monde, 
Sans  avoi  enne  pâtée  d'huile  su  ses  sole. 

{Armonac  du  Uorinage,  in  patois  borain.  1849.) 
Bourgogne.  No,  quan  lai  mort 

Venré  graissé  no  bote, 

Je  no  feson  for 
D'alai  dans  lai  Céleste  cor. 
(Bernard  DE  la  Monnoye.  Noël  Bourguiynou.  1700.) 

335.  Vos  aroz  des  botte  à  Pauques 

Et  des  beloqiie  à  l'saint  Jaucques. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Vous  aurez  des  bottes  à  Pâques. 

Et  des  reines-claude  à  la  Saint- Jacques. 
Promesses  illusoires  ;  manière  d'éviter  de  taire  une  pro- 
messe. 

336.  Magiiî  les  botte  di  s'maîsse. 

LiTT.  Manger  les  bottes  de  son  maître. 
Ne  pas  faire  convenablement  sa  besogne,  ne  pas  accomplir 
sa  tâche. 

Var.  Malmedy.  Magnî  1'  brèyon  (gras)  des  jambe. 

Rester  à  charge  à  quelqu'un  sans  travailler. 

BOUC. 

337 .  Pusse  que  l' bouc  pue,  pusse  que  l' gatte  qu'elle 
16  voit  volontiers.  (IIalnaut.) 

LiTT.  Plus  le  bouc  pue,  plus  la  chèvre  le  voit  volontiers. 
On  ne  doit  reprocher  à  personne  certains  défauts  qui  n'en 
sont  pas  toujours,  certaines  actions  que  Ton  commet  aussi. 

MoNS.  Vo-n-horame  ne  saro  nié  ette  pu  puant  que  vos  Testez  d'vins  c'  momint 
là,  d'ayeiirs  1'  proverbe  dit  :  pusse  que  1'  bouc  pue,  pusse  que  l' gatte  qu'elle  lé  voit 
volontiers. 

{Armonaque  du  Borinacje.  1849.) 

Namur.  Pus  rijoc  pue,  pus  Tgatte  li  voit  vollî. 


—  94  — 

838.  Plis  vî  est  I'  1)0,  pus  deûre  est  s'  coine. 

LiTT.  IMus  vieux  est  le  bouc,  plus  dure  est  sa  corne. 

L'âge  rend  plus  coriace,  moins  agile, et  au  moral, plus  égoïste. 

BOUCHE. 

339.  11  a  'ne  boke  qui  lia^ne  âx  qwatte  costé. 

LiTT.  Il  a  une  bouche  qui  mord  des  quatre  côtés. 
11  est  mordant,  il  aime  à  dénigrer  les  autres. 

340.  I  fàt  fer  comme  sainte  Monique,  mette  di 
i'aîwe  es  s'  boke. 

LiTT.  Il  faut  taire  comme  sainte  Monique,  mettre  de  l'eau 
dans  sa  bouche 

H  laut  prendre  patience. 

Sainte  Monique  avait  un  mari  excessivement  vif;  pour  éviter 
les  querelles,  elle  conservait  de  l'eau  dans  la  bouche,  pendant 
tout  le  temps  qu'il  lui  faisait  des  reproches.  —  C'est  le  sujet 
du  crâmignon  intitulé  :  V.Miue  bènbyc  de  curé,  d'ANTOiNE 
Remagle,  inséré  au  Bulletin  de  la  Société  liégeoise  de  litté- 
rature wallonne.  1860. 

Mencheur. 

Ni  vàreut-i  nin  mi  d'esse  àx  incuràbe?  de  mons  là,  ji  sèreu  tranquille,  ji  n'âreu 
nin  mèsàhc  di  m'  mette  co  traze  féye  di  I'aîwe  es  m' boke. 

(BitAHY.  A  qui  r/dte?  Se.  I.  4882.) 

Vab.  Tournai.  Ertenir  s' langue  dins  s'  bouque. 

341 .  Çou  qu'est  doux  à  1'  boke  est-st-amér  a  cour. 
LiTT.  Ce  qui  est  doux  à  la  bouche  est  amer  au  cœur. 

Les  sucreries  sont  malsaines;  trop  de  plaisirs  gastro- 
nomiques sont  nuisibles.  (Voir  le  suivant.)  Cf.  L'Apocalypse^ 
ch.  X,  V.  9. 

342.  Çou  qu'est-st-amér  à  V  boke  est  doux  â  cour. 

LiTT.  Ce  qui  est  amer  k  la  bouche  est  doux  au  cœur. 
Les  médicaments  amers  sont  souvent  bienfaisants. 
Le  français  n'emploie  que  ce  proverbe  : 
Ce  qui  est  amer  à  la  bouche  est  doux  au  cœur. 

(Le  père  Je.\n-Marie.  Divercissement  des  sages.  1665.) 

Cité  par  Forir.  Did. 

Marche.  L'amér  os  V  boche  est  douce  au  cœur. 

343.  Ni  t'  siève  nin  de  V  boke  d'ine  aute  s'  on  n'  ti 
l'a  prusté. 

LiTT.  Ne  te  sers  pas  de  la  bouche  d'un  autre  si  on  ne 
te  l'a  prêtée. 


—  95  — 

Ne  répète  pas  les  paroles  d'autrui  sans  y  être  autorisé.  —  Ne 
cite  point  oonime  ton  autour  celui  qui  ne  t'a  rien  dit. 

Variante.  I  n'  fàt.  jamàye  jàser  avou  1'  bokc  d'ine  aute,  so  c"  limps  là  on  poreut 
chir  es  1'  vosse. 

344.  De  r  moain  à  V  boticlie,  si  piède  soviiit  l' soupe. 

(Namuk.) 

LiTT.  De  la  main  à  la  bouche,  se  perd  souvent  la  soupe. 

II  ne  faut  qu'un  moment  pour  faire  manquer  une  aftaire  par 
quelqu'accident  imprévu.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Il  arrive  beaucoup  de  choses  enire  la  bouche  et  le 
verre.  —  Il  y  a  loin  entre  la  main  et  la  bouche. 

Entre  bouche  et  cuillier 
Avient  souvent  grant  encombrier. 

{Roman  dn  7-enard.) 

Multa  cadunt  inter  calicem  supremaque  labra. 

(Lejeune.  Proverbia  familiurui.  •1741.) 

De  la  mano  a  la  boca  se  pierde  la  sopa. 

[Prov.  espagnol.) 

Entre  bouche  et  cuillier,  il  arrive  souvent  du  destourbier. 
(Le  père  Jean-Marie.  Divertissement  des  sages.  dCCS.) 

Variante.  Titinne. 

Vos  savez  qu'  bin  sovint  on  r'vinl  so  ses  idèye, 
Inle  li  tasse  et  1'  gosî,  gn'a  co  Ion  pus  d'ine  fôye. 

(Toussaint.  Jan'yiesse.  III,  se.  i'c.  1890.) 

345.  Fer  di  s'  boke  si  cou. 
LiTT.  Faire  de  sa  bouche  son  cul. 
Manquer  à  sa  parole. 

A-t-on  co  màye  oyou 

Jàser  ainsi  ?  dit  l' leup,  c"esl  fer  di  .s'  boke  si  cou. 

(Bailleux.  Li  leup.,  F  mère  et  l'èfani.  Fàve.  1832.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

346.  N'avu  ni  boke  ni  sporon. 

LiTT.  N'avoir  ni  bouche  ni  éperon. 

N'écouter  aucun  conseil,  aucun  avis. 

Être  sans  frein,  sans  retenue. 

Être  stupide  et  insensible.  (Littriï,  à  propos  de  cheval.) 

347.  I  sût  r  mode  des  homme  ;  i  doime  avou 
r  boke  ù  luge. 

LiTT.  Il  suit  la  mode  des  hommes  :  il  dort  avec  la  bouche 
ouverte. 

II  a  toujours  soif. 


—  96  — 

348.  C'est  V  cîr  qui  v'  pihe  es  1'  boke. 

LiTT.  C'est  le  ciel  qui  vous  verse  à  boire. 

Le  vin  qu'on  vous  offre  est  excellent. 

Dicton  des  vieux  liégeois,  entre  la  poire  et  le  fromage. 

Marche.  L'  petit  Jésus  v'  piche  os  1'  boche. 

Var.  I^amur.  Vos  vos  ralèchî  co  les  moustache  on  quart  d'heure  après,  vos  diriz 
vraimiiit  qui  11  p"tit  Jésus  a  pichî  dins  vosse  bouche. 

{Marmite,  journal.  1884,  n"  4.) 

349.  11  a  'ne  boke  qu'on-z-y  freut  intrer  on  stron 
à  côp  d'  coiîhe. 

LiTT.  Il  a  une  bouche  à  y  faire  entrer  un  étron  à  coup 
de  fouet. 

Il  a  la  bouche  démesurément  grande. 
Varunte.  On  l'a  spani  avou  'ne  sesse. 

Var.  Naml'R.  Il  a  one  gueùye  d'empeigne. 

Namur.  Car  li  fèye  do  grand  Colas,  dimeigne  ^ 

N'a  pont  seu  awet  d'  bon, 
Ci  n'estait  nin  s'  canton, 
Elle  a  co  moinrné  si  gueùye  d'empeigne. 

(J.  COLSON.  One  distribution  d' soupe.  Ch.  -1862.) 

Var.  Nivelles.         Il  a  'ne  bouche  comme  el  benoiti  d'Haï. 

{L'Aclot.  1889.  N"  2.) 

Var.  Jodoigne.         i  droveùve  one  bouche  comme  on  for. 

3o0.  A  côté  de  t'bouque,  clie  s'ra  t'n  orelle. 

(Tournai.) 

LiTT.  A  côté  de  ta  bouche  ce  sera  ton  oreille.  Il  n'y  aura  rien 
de  changé. 

C'est  en  ces  teriTies  que  répond  toujours  l'ouvrier  de  fabrique, 
lorsqu'on  lui  promet,  pour  un  temps  prochain,  une  augmen- 
tation de  salaire. 

351.  I  fàt  régler  s'  gueùye  sorlon  s'boûse. 
LiTT.  11  faut  régler  sa  bouche  selon  sa  bourse. 
Il  faut  mesurer,  régler  ses  dépenses  selon  son  revenu. 
Gouvei'ne  la  bouche  selon  ta  boui^se. 

(OUDIN.  Curiosilez  françaises.   -1640.) 

Il  ne  faut  pas  faire  pour  la  table  et  en  général  pour  quoi  que 
ce  soit  plus  de  dépenses  que  la  fortune  ne  permet.  (I.ittré.) 

Jodoigne.  I  faut  todeu  arringî  s'gueûye  selon  s'boûse. 

354.  Gueùye  affamêye  ni  qwîre  nin  1'  sâce. 

LiTT.  Bouche  affamée  ne  cherche  pas  la  sauce. 


-  97  — 

La  faim  assaisonne  tous  les  mets.  (Acad.)  —  La  faim  nous 
rend  accommodants  sur  le  choix  des  aliments. 
Pr.  fr.  —  11  iTest  chère  que  d'appétit, 
La  faim  est  le  meilleur  assaisonnement. 
Qui  a  faim,  mange  tout  pain. 

{Proverbes  de  Bouvelles.  io57.) 

Les  Allemands  disent  :  Der  Ilunger  ist  der  beste  Koch. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

353.  I]  a  r  gueûye  pavêye. 

LiTT.  Il  a  la  bouche  pavée. 

Se  dit  d'un  homme  quand  il  mange  ou  boit  fort  chaud  sans 
se  brûler.  {Oict.  port,  des  prou.  fr.  uni.) 

Pr.  fr.  —  Il  a  le  gosier  pavé. 

Avoir  le  gosier  pavé. 

(OuDiN.  Curiositez  françaises.  ièW.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

GiRA. 

I  fàt  avu  Tgueùve  pavêye. 
Po  houmer, 
Sins  soffler, 
Cisse  bolante  cabolèyc. 
(De  Harlez,  de  Cartier,  etc.  Li  Voyège  di  Chaudfontaine.  III,  se.  1. 1757.) 

354.  Laver  l' gueûye. 

LiTT.  Laver  la  gueule. 
Régaler,  gorger  quelqu'un. 
Variante.  I  s' fait  toili  laver  1'  gueûye. 

C'est  un  pique-assiette,  qui  ne  délie  jamais  les  cordons  de 
sa  bourse. 

355.  I  n'  faut  pont  courir  à  1'  Mad'leine 
Pour  vîr  eine  gueule  comme  l' tienne. 

(Tournal) 

LiTT.       Il  ne  faut  pas  courir  à  la  Madeleine 

Pour  voir  une  bouche  comme  la  tienne. 

Citation  empruntée  à  une  sorte  dû  langage  en  vers  employé 
avec  succès  par  un  honorable  serrurier  de  notre  ville  et  que 
nous  pouvons  traduire  comme  suit  : 

«  Il  ne  faut  pas  aller  loin  pour  rencontrer  un  visage  pareil 

au  vôtre.  »  {Étrennes  loiirnaisicnnes.   1886.) 

356.  Clos  t'  gueûye  les  stron  volet. 

LiTT.  Ferme  ta  bouche,  les  étrons  volent. 


—  98  — 

Taisez- vous.  Ne  dites  pas  de  paroles  inutiles. 

Variante.  I  ravisse  les  raine  de  meus  d'aousse,  il  a  1'  gucûye  close. 
Il  veut  parler  et  ne  sait  |)liis  que  dire. 

3o7.  On  n'droùve  nin  1' l)oke  pus  làge  po  minti 
qui  po  dire  li  vraie. 

LiTT*.  On  n'ouvre  pas  la  bouche  plus  large  pour  mentir  que 
pour  dire  la  vérité. 

11  n'est  pas  plus  difficile  de  mentir  que  de  dire  la  vérité. 

BOUE. 

858.     Qwand  i  nive  dissus  les  brou, 

De  j'  geaiée  diva  ni  trois  joû.  (Namur.) 

LiTT.      Quand  il  neige  sur  la  boue, 
Il  gèle  avant  trois  jours. 

359.  Qui  s'  vont  nianni,  va  d'vins  les  brô.  (Makche.) 

LiTT.  (Celui)  qui  veut  se  salir,  va  dans  les  boues. 
Il  faut  éviter  le  contact  de  la  mauvaise  compagnie,  sinon  on 
vous  accusera  de  la  rechercher. 

JoDOiGNE.  Qui  vout  s'fer  mannet  va  dins  les  brou. 

Var.  Namur.  1  voul  si  r'iaver  avou  de  broiilî. 

BOUGER. 

360.  N' bouge  pont  d' là,  j'te  veos  d'ichi.  (Tournai.) 

LiTT.  Ne  bouge  pas  de  là,  je  te  vois  d'ici. 

C'est  inutile  de  m'en  dire  davantage,  je  vous  ai  compris. 
S'emploie  surtout  pour  mettre  fin  à  une  plaisanterie  cousue  de 
fil  blanc. 

Namur.  N'  bouge  nin  d'ia,  ji  voet  di  l'ci. 

BOUILLIE. 

361 .  Nàhi  comme  di  trinte-six  bolèye  li  joû. 

LiTT.  Fatigué  comme  (s'il  avait  mangé)  trente-six  bouillies 
par  jour. 

Très  fatigué.  —  Fatigué  d'un  mets  ou  d'une   chose   trop 

souvent  répétée. 

Prindez  astème  à  mi  et  vos  'nnès  serez  r'pahou  comme  di  six  bolèye  li  joû. 
(Salme.  L'héritage  (la  Jacqiie  Leduc.  Chansonnette.  dSTS.) 

Bieth'mé. 

Peler  lescrompîre,  fer  Tcoubenneet  r'nettî  1' manège  j'ennès  so-t-ossi  nàhi  qui 
d'six  bolèye  li  joû. 

(WU.LEM  et  Bauwens.  Pèchi  rach'ié.  Se.  4.  -1882.) 


—  99  - 

362.  Magnî  1'  bolèye  so  l' liesse  d'ine  saquî. 

LiTT.  Manger  la  bouillie  sur  la  tète  de  quelqu'un. 
Se  mettre  au-dessus  de  quelqu'un,  le  mépriser. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

BOUILLON. 

363.  Qwand  1'  boiiyon  eût,  el  iat  hoiimer. 

LiTT.  Quand  le  bouillon  bout,  il  faut  l'écumer. 
Quand  nous  trouvons  l'occasion  favorable,  nous  devons  en 
proliter,  —  11  ne  faut  pas  négliger  ses  affaires. 

364.  Trop  laurd  !  li  bouyon  est  cheumé.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Trop  tard  !  Le  bouillon  est  écume. 
Vous  arrivez  trop  tard  ;  l'affaire  est  terminée,  les  bénéfices 
sont  partagés. 

365.  Beûre  on  bouyon. 
LiTT.  Boire  un  bouillon. 

Faire    une    perte    considérable     par    suite    d'une    fausse 
spéculation.  (Littré.) 

Baîwir. 

Blesse  !  avou  tote  leu  sope,  i  m' front  beûre  on  bouyon, 
As-se  (les  censé,  vî  Crahay  ? 

(Alcide  Pryor.  Baiwir  so  s' panse.  -1863.) 

Baîwir. 

Si  t'as  pierdou  tes  censé,  fàt  avaler  1'  bouyon. 

(Alcide  Pryor.  On  drôle  di  muriège.  1868.) 
Variante.  Servas. 

Ml  cabaret  va  beùre  on  rare  côp  d'aîwe,  ca  ci  n'est  nin  les  riche  qui  nos  fet  vlker, 
c'est  i'ovrî. 

(T.  BrAHY.  Li  bouquet.  I,  sc.  i^e.  -1878.) 
Tournai.  Et  comme  d'effet,  Polyle  a  bu  rboui(;on;  ch'est  même  à  cause  de  cha 
et  du  trô  qu'  cha  aveol  fé  à  s'  bourse,  qu'il  a  rev'nu  quate  jou  pus  tôt  faute  de  yard. 
(Almimach  du  Tournaisien.  L' voyage  de  Polyle.  18812.) 

366.  Fer  de  bouyon  po  les  moirt. 

LiTT.  Faire  du  bouillon  pour  les  morts. 
Faire  une  chose  sans  profit,  une  dépense  inutile.  Expliquer 
sans  convaincre. 

Crespin. 

Jl  creus  qu'  vos  avez  toirt 

Ces  rapàv'tège  là,  c'est  du  bouyon  po  les  moirt. 

(Remouchamps.  LisavUi.  I,  sc.  5.  18o8.) 
Et  r  ci  qui  hoùte  tôt  çou  qu'  li  li  raconte, 
C'est  po  t' complaire,  ca  t'es  hoùyesi  foû  s'qwére 
Qu'on  sinl  qu'  li  fais  de  bouyon  |io  les  moirt. 

(J.-T.  lioucdde  d'on  vi  cli'vd  d'atèlège  d  Pont-d's-Ache.  ISÎJS.) 


—  100  — 

Jalhat.  Bièth'mé. 

Lèyaiis-Ià  tôt  coula.  C'est  do  bouyon  po  les  moirt  ;  c'est-st-à  Majenne  qu'  j' parule- 
reiis  voulli. 

(XiiOFKER.  Les  deux  soroche.  I,  se.  5.  i861.) 

I  gn'a  (ièjà  deux  an  (lu'on  fève  de  bouyon  po  les  moirt  toi  maherant  papî  se  papî. 

(Magnée.  Li  houlotte.  1871.) 

Marche.*  L'  ci  qui  n'  tint  avou  les  pus  foirt, 

Ni  fait  qu'  do  bouyon  po  les  moirt. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  4860.) 

MoNS.  Quand  l'aras  fait  l'candieau,  faudra  l'humer,  eiet  tout  c'qué  lu  poudrois 
faire  après,  c'est  comme  si  tu  m'fesois  in  candiau  quand  j' serai  mort. 

(MoiiTitiEUX.  Des  nouviaux  coule  dé  quii.  iSSO.) 

367.  Dineron  bouyon  d'onze  heure. 
LiTT.  Donner  un  bouillon  d'onze  heures. 
Breuvage  empoisonné.  (Littré.) 

368.  Oh  n'fait  nin  de  bouyon  avou  des  cawiaî. 
LiTT.  On  ne  fait  pas  du  bouillon  avec  des  cailloux. 

On  ne  fait  rien  avec  rien.  —  Il  ne  faut  pas  compter  sur  le 
produit  d'une  terre  stérile. 

369.  Printe  1'  bouilleon  et  laisser  Téquemme. 

(Tournai.) 

LiTT.  Prendre  le  bouillon  et  laisser  là  l'écume. 
Prendre  la  plus  grosse  part  du  gâteau  ;  ne  laisser  que  les 
bribes;  s'avantager  au  détriment  des  autres. 

370.  On  n'tape  mâye  ine  pire  es  l'aiwe,  qu'i  n' vinse 
on  bouyon. 

LiTT.  On  ne  jette  jamais  une  pierre  dans  l'eau,  qu'il  ne 
vienne  un  bouillon. 

Il  faut  prévoir  les  conséquences.  —  C'est  par  leurs  résultats 
que  nos  actions  secrètes  sont  connues.  —  Tout  finit  par  se 
découvrir. 

BOULANGER. 

371.  Vât  mî  d'aller  a  bolgî  qu'à  l'apothicâre. 

LiTT.  Mieux  vaut  aller  au  boulanger  qu'au  pharmacien. 

Les  dépenses  qu'on  fait  en  état  de  santé,  causent  moins  de 
regrets  que  celles  qu'on  est  forcé  de  faire  pour  se  guérir  d'un 
mal. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

JoDoiGNE.  Vaut  mia  aller  au  bolgî  qu'à  l'apothicaire. 

Picardie.     Il  vaut  mieux  aller  ach'  l'ormère  (armoire)  qu'à  ch'  l'apothicaire. 

(CoRBLET.  Glossaire.  1851.) 


-  101  — 


BOULEVERSER. 

37^2.  I  fait  cial  ossi  k'tapé  qu'amon  Lîbrihe. 

LiTT.  Il  fait  ici  aussi  bouleversé  que  chez  Librihe. 
C'est  le  comble  du  désordre. 

Elle  ni  fait  rin  s'elle  ni  gèmîhe, 
C'est  dix  fôye  pé  qu'amon  Lîbriiie. 

(FoRiR.  Li  k'tapé  manège.  1836  ) 

BOURGEOIS. 

373.  Li  borgeu  va  d'vanl  l'haquin. 

LiTT.  Le  bourgeois  marche  devant  le  valet. 
On  doit  servir  les  maîtres  avant  les  domestiques.  —  Il  faut 
se  servir  d'abord  et  les  autres  après. 
Cf.  A  tout  seigneur  tout  honneur. 

A  passage  et  à  rivière, 
Laquais  devant,  maître  derrière. 

Le  mot  haquin  n'est  plus  employé  que  dans  ce  proverbe  ;  il 
signifie  probablement  palefrenier  (de  Haque,  v.  fr.  cheval).  — 
II  convient  de  signaler  l'analogie  avec  facchino  (porte-faix). 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Basse -Allemagne.  —  Erstder  Herr,  dann  der  Knecht. 

BOURSE. 

374. 1  tint  r  boùse  po  l'make. 

LiTT.  Il  tient  la  bourse  par  la  tète. 

Il  est  certain  d'être  payé  des  dettes  qu'on  a  contractées  à  son 
égard.  —  Il  a  une  garantie. 

Pr.  fr.  —  Tenir  le  bon  bout  par  devers  soi. 

375.  1  fauret  que  j'poile  me  l)ouse  à  maule. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Il  faudra  que  je  porte  ma  bourse  à  mâle. 
Je  n'ai  plus  rien  dans  ma  bourse,  al  faut  que  je  la  fasse 
remplir. 

On  dit  par  plaisanterie  : 

Variante.  Tu  botèye  est  vûde,  valet,  farel  l'rèminer  à  lorai. 

Ta  bouteille  à  genièvre  est  vide,  mon  garçon,  il  faudra  la 
conduire  au  taureau,  sous  entendu  pour  la  rendre  pleine. 

(A.  BODT.  Vocab.  des  agriculteurs.) 

BOUT. 

376.  Ça  n'a  ni  queue  ni  coron.  (MoNS.) 
LiTT.  Gela  n'a  ni  queue  ni  bout. 


—  102  — 

Gela  n'a  ni  commencement  ni  fin;  cela  n'a  pas  le  sens 
commun. 

377.  Elle  rijond  ses  coron. 

LiTT.  Elle  joint  ses  bouts. 

Elle  est  économe,  bonne  ménagère. 

Joindre  les  deux  bouts,  avoir  tout  juste  de  quoi  subsister, 
ou  joindre  les  deux  bouts  de  l'an,  c'est-à-dire  aller,  sans 
dépasser  son  revenu,  d'un  bout  de  l'an  à  l'autre.  (Littré.) 

Variante.        Qwand  nos  estans  tourné  so  bonne  joyeuse  dondon 
Qui  vike  po  nos  complaire  et  r'mette  les  bout  à  pont. 

(Thiry.  Les  saisons.  Poème.) 

Mayanne. 

Qwante  fèye  ave  oyou  dire,  c'est-st-ine  homme  qu'ennès  fond 
I  pout  bin  aimer  s'feuinme,  elle  iî  r'mette  ses  coron. 

(Hannay.  Li  mâye  nedr  d'à  Colas.  II,  se.  il.  1866.) 

Thérèse. 

Vos  ârez,  tôt  sayant  di  r'  loyî  vos  coron, 
Li  pus  hureux  manège  di  tos  les  environ. 

(Salme.  lue  feumme  qii'ennès  vât  deux.  Se.  44.  1876.) 

Var.  Jalhay.  Garite. 

C'est  one  homme  bin  agligint,  qui  tint  bin  les  coron  essôle,  qui  sét  fer  v'ni  l'aîwe 
so  l'molin. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  12. 1861.) 

Stavelot.  C'est  c'  qui  tint  les  coron  essonle. 

ISamur.  Et  t'nant  bin  les  coron  èchonne, 

Li  bonheur  sèret  dins  l' maujonne. 

(J.  GoLSON.  Boutez-vous  à  piesse.  Ch.  1862.) 

Marche.  Chacun  a  do  mau  comme  i  m'  sonne 

Do  mette  les  deux  coron  essônne. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 

Beauraing.  Et  qui  s'  femme  qui  s'  distrut,  nuit  et  joû,  dins  l' maujon 

A  bin  des  ruse  à  1'  fin  di  jonde  les  deux  coron. 

(Vermer.  Les  solée.  1862.) 

JoDOiGNE.  Mette  les  coron  èchonne. 

Nivelles.  Nous  aute,  nos  travayon  t'I  au  long  du  joû,  et  co  à  screnne  èyè  c'est 
tout  r  pu  s' au  bout  d' l'année  nos  savons  r'ioyî  les  deux  bout  inchenne. 

{L'Aclot,  n«  22.  1889.) 

MoNS.  Nos  f  rons  des  chinq  quart  tous  les  jour  de  1'  semaine,  nos  arriv'rons  bé 
sur  à  mette  les  bout  insembe  à  1'  fin  d' l'année. 

(i.  Decléve.  Totor  el  choumaque.  Se.  12.  1889.) 

878.  Lu  toi,  c'est  d'attraper  l'  bon  bêche. 

(Stavelot.) 

LiTT.  Le  tout  c'est  d'attraper  le  bon  bout. 


—  103  - 

Trouver  le  moyen  de  réussir,  trouver  le  joint,  le  côté  par  où 
il  convient  de  prendre  une  chose.  (Littré.) 

A  quiconque  le  sait  prendre  par  le  bon  bout. 

(MOUÈRE.  L'Etourdi.  III,  sc.  2.) 

BOUTh:iLLE. 

:^79.  Esse  es  1'  bolèye  à  l'iiiche. 

LiTT.  Être  dans  la  bouteille  à  l'encre. 

N'être  pas  blanc 

Prov.  fr.  —  C'est  la  bouteille  à  l'encre.  —  C'est  une  affaire 
obscure,  embrouillée  et  en  parlant  d'une  personne,  c'est 
quelqu'un  dans  les  idées  de  qui  on  ne  voit  pas  clair.  (Littré.) 

Basse-Allemagne.  —  In  die  Dinte  gerathen  {ne  s'emploie 
pas  dans  le  sens  du  spot  wallon,  mais  sii;nifie  seulement  :  être 
embarrassé,  indécis). 

380.  Avou  si,  on  mette  Paris  d'vins  'ne  botèye. 

LiTT.  Avec  un  si,  on  met  Paris  dans  une  bouteille. 
Vouloir  faire  une  chose  impossible. 

lATi. 

El  s'j'aveus  doux  cint  mèye. 

Tonton. 

Si  ?  Avou  si  on  mette  Paris  d'vins  'ne  botèye. 

(E.  Remouchamps.  Tâtî  V perriqul.  II,  sc.  3.  I880  ) 

381.  C'est  trotet  d'vins  one  botèye.  (MArtCHt:.) 

LiTT.  —  C'est  peter  dans  une  bouteille. 
C'est  faire  une  chose  inutile. 

Elle  donne  co  des  côp  bon  consèye, 
Mais  c'est  trotet  d'vins  one  botèye. 

(Alexandre.  Fut  coni.  1860.) 

BOUTIQUE. 
385.  Po  n'rin  wangnî,  l'botique  est  serrêye. 

LiTT.  l'our  ne  rien  gagner,  la  boutique  est  fermée. 
Il  ne  faut  pas  persister  à  faire  une  chose  onéreuse.  —  Sc  dit 
également  au  chaland  qui  marchande  outre  mesure. 

383.  P'tite  boutique  par  devant,  grand  bazar  par 
derrière.  (Tolhn.\i.) 

LiTT.  Petite  boutique  par  devant,  grand  bazar  par  derrière. 

Commerce  clandestin,  se  dit  surtout  à  propos  de  maisons  de 
rendez-vous,  dans  lesquelles  on  a  installé  un  magasin  insigni- 
fiant, destiné  à  sauver  les  apparences. 

{Èlreiiues  tonryiaisiennes.  ISSi.) 


—  lOi 


BOUTON. 


384.  Keûse  deux  boton  d'on  côp  d'awèye. 

LiTT.  Coudre  deux  boutons  d'un  coup  d'aiguille. 
Faire  d'une  pierre  deux  coups. 
A  aussi  un  sens  erotique. 

BOYAU. 

385.  Avoir  les  boyeau  qui  groul'tent  eddins 
s'panche.  (Tournai.) 

LiTT.  Avoir  les  boyaux  qui  grouillent  dans  le  ventre. 
Avoir  le  ventre  creux. 

386.  Avoir  des  boyeau  comme  des  haversa, 
comme  des  manche  d'Augustin.  (Tournai.) 

LiTT.  Avoir  des  boyaux  comme  des  havresacs,  comme  des 
manclies  d'Augustin. 

Manger  beaucoup,  être  doué  d'un  grand  appétit  et  manger 
gloutonnement  d'énormes  portions  de  nourriture. 

On  dit  aussi  comme  des  Franciscains.  (Prov.  latins.) 

Appétit  ouvert  comme  la  gibecière  d'un  avocat. 

(OUDIN.  Cttriositez  françaises.  1640.) 

Il  a  toujours  six  aunes  de  boyaux  vides. 

C'est  un  homme  toujours  prêt  à  manger.  (Littré.) 

BRAILLARD. 

387.  Les  grands  braiyâ  n'ont  mâye  toué  personne. 

LiTT.  Les  grands  braillards  n'ont  jamais  tué  personne. 
De  la  menace  à  l'exécution,  il  y  a  souvent  loin. 

Les  gens  que  vous  tuez  se  portent  assez  bien. 

(Corneille.  Le  menteur.) 

Variante.  Li  pus  grand  braiyâ  n'a  mâye  magni  nouk. 

Var.  Tournai.  Grands  diseu,  p'tits  féscu. 

Ceux  qui  parlent  le  plus,avant  le  danger,  sont  les  plus  timides 
pendant  l'action. 

BRANCHE. 

388.  Pochî  d'ine  cohe  so  l'aute. 

LiTT.  Sauter  d'une  branche  sur  l'autre. 


-   405  - 

Passer  brusquement  d'un  sujet  à  un  autre,  en  ne  s'arrêtant 
à  aucun  et  en  les  traitant  tous  superficiellement.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Sauter  de  branche  en  branche. 
Cité  par  FoRiR.  Dict. 

J'a  chanté  so  tos  les  sujet, 
Pochî  (i'ine  cohe  so  l'aute. 

(Dehin.  Les  bâbe  et  les  perrique.  1844.) 

Ji  poche  d'ine  cohe  so  Tante,  comme  i  tome  à  l'idèye. 

(Bailleux.  Li  cheptt  et  Saint-Antône.  Fâve.  18SG.) 

Qwand  c'est  qu'il  eurit  dit  tôt  çou  qu'i  poléve  dire, 
I  s' tapa  so  'ne  aute  cohe  et  rik'minça  de  scrire. 
So  Saint-Geoire  et  Saint-Màrtin. 

(J.-J.  Dehin.  Li  poète  garanti  par  les  saint.  iSM  .) 

Crespin. 

Ji  poche  so  ine  aute  cohe, 
Ji  m'  sèche  todi  d'affaire. 

(Remouchamps.  Li  sav'tl.  I,  se.  5.  ISSS.) 

Variante.  Tatenne. 

S«  l' pau  qu'i  d'vise  à  c'ste  heure,  i  poche  so  tote  les  cohe. 

(Peclers.  Vovrège  d'à  Chanchèt.  Se.  4.  1872.) 

Namur.  Il  vint  do  r'marquer  l' plan,  il  est  fier  et  contint, 

Il  vole  d'one  cohe  à  l'ôle  et  s'arrôte  à  momint. 

(Wérotte.  Choix  de  chansons  wallonnes.  1860.  3^  éd.) 

389. 1  n'est  mâye  so  vette  cohe. 
LiTT.  Il  n'est  jamais  sur  verte  branche. 
Il  est  toujours  atteint  de  quelques  maladies. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

390.  Si  rat'ni  à  totes  les  cohe. 

LiTT.  S'accrocher  à  toutes  les  branches. 
Non  pas  sans  doute  à  la  façon  de  frère  Jean  des  Entommeures. 
(Rabelais.  Gargmitua,  liv.  I,  ch.  42.) 
Se  servir  de  tous  les  moyens,  bons  ou  mauvais,  pour  se  tirer 
d'embarras,  de  danger.  (Agad.) 

391.  Po  av'ni  âx  cohe,  i  fât  prinde  li  boche. 

LiTT.  Pour  parvenir  aux  branches,  il  faut  prendre  le  tronc. 

Pour  réussir  dans  une  chose  accessoire,  il  faut  d'abord 
s'occuper  de  la  chose  principale.  S'emploie  généralement  dans 
le  sens  de  :  Pour  se  faire  bien  voir  de  la  fille,  il  faut  commencer 
par  plaire  aux  grands  parents. 

Prov.  fr.  —  Il  vaut  mieux  se  tenir  au  gros  de  l'arbre  qu'aux 
branches,  c'est-à-dire  il  vaut  mieux  s'attacher  à  celui  qui  a 
l'autorité  supérieure  qu'à  celui  qui  n'a  qu'une  autorité 
subalterne.  (LiTTRbi.) 


~  106  — 

392.  Si  raspouyî  so  'ne  mâle  cohe. 

LiTT.  S'appuyer  sur  une  mauvaise  branche. 
Compter  sur  un  secours  qui  n'arrivera  pas.  —  Espérer  un 
succès  chimérique. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

•  J'a  trop  ikrdâ  de  vèye  qui  j'esteus  so  mâle  cohe. 

(TniRY.  lue  cope  di  grandiveux   1859.) 

Divant  de  v'ni,  ji  m'a  doti^ 
Qu'on  voreut  muloi  m'fer  chanter 
Ine  saquoi  d'bin  ou  d'mâ  tourn(!, 

Po  m'diner  à  k'nohe. 
Mais  ji  SOS  foirt  imbarrassé 
Caji  m'trouveso  'ne  mâle  cohe. 

(Galand.  fne  Kifession.  Chanson.  1863.) 
Var.  Verviers.  Su  rapouyî  so  pûri  bois. 

Var.  Stavelot.  I  n'fàt  nin  s'raspouyî  s'on  pouri  baston. 

Var.  Jodoigne.  I  n'faut  ni  mette  ses  pîd  seu  l'mauvaise  coche. 

Var.  Jodoigne.  I  s'a  fyî  seu  one  fausse  coite. 

393.  I  s'rattrappe  âx  cohe. 

LiTT.  Il  se  rattrappe  aux  branches. 

Se  dit  de  l'orateur  ou  du  causeur  qui  a  perdu  le  fil  de  ses 
idées  et  qui  s'appesantit  sur  un  détail  accessoire  pour  gagner 
du  temps  et  retrouver  son  thème. 

BRANLER. 

394.  Çou  qui  hosse  tint  lodi. 

LiTT.  Ce  qui  branle  tient  toujours  (encore). 
Il  ne  faut  pas  s'exagérer  ses  infortunes  ;  tant  qu'il  y  a  vie,  il 
y  a  espoir. 

Femme  qui  pette  n'est  pas  morte. 

(J.-J.  Rousseau.  Confessions.) 

Prov.  fr.  —  Tout  ce  qui  branle  ne  tombe  pas. 
Se  dit  pour  exprimer  qu'une  chose  qui  n'est  pas  solide  peut 
durer,  qu'une  personne  qui  est  maladive  peut  vivre  longtemps. 

(LiTTRÉ.) 

Namur.  Toi  c'  qui  pind  n'  chait  nin. 

Picardie.  Tout  ce  qui  hoche  ne  ket  point. 

St-Quentin.  Tout  chou  qui  hoche  y  n'  quail  pau. 

39o.  Ci  n'est  nin  F  pà  qui  hosse  qui  tome  todi 
l'prumi. 

LiTT.  (Je  n'est  pas  le  pieu  qui  branle  qui  tombe  toujours  le 
premier. 


-   107  — 

Ce  ne  sont  pas  les  personnes  faibles,  malingres  ou  âgées  qui 
meurent  plus  tôt  que  les  autres. 

Pr.  fr.  -  Aussitôt  meurent  jeunes  que  vieux  —  Autant 
meurent  veaux  que  vaches. 

Variante.  I  n'  fàt  màye  rire  des  flàwe,  ni  des  pauve  mesbrugî, 
Ci  n'est  nin  I  abe  qui  bosse  qu'es  va  todi  1'  prumî. 

(Dehin.  Li  chêne  et  V  clajot.  Fàve.  18b  1.) 

BRAS. 

396.  I  vât  mî  piède  on  bresse  qui  tôt  V  coirps. 

LiTT.  Il  vaut  mieux  perdre  un  bras  que  tout  le  corps. 
Il  est  préférable  de  faire  un  petit  sacrifice  en  temps  opportun 
que  de  courir  la  chance  d'en  faire  un  plus  grand  dans  l'avenir. 
Mieux  vaut  perdre  peu  que  beaucoup.  —  Minima  de  mali!>. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Vermers.        J'aime  èco  mî  d'  piète  on  bresse  qu  tôt  1'  coirps. 
(Pire.  Peign'rlz-r  biu  on  diiile  qui  na  nin  des  cli'ret  ?  Ch.  Amuseltes.  1884  ) 

Verviers.  On  boveu  n'a  nin  pus  d' longuesse 

I  v'  diret,  s'i  piède  aux  cwarjeu, 
Qu'i  vaut  mî  du  s'  casser  on  bresse, 
Quu  du  s' les  casser  tos  les  deux. 

(Xhoffer.  Les  burdoije.  iSCT.) 

Marche.  I  vaut  mî  piède  on  brès  qu'  tôt  1'  coirps. 

Jodoigne.  Vaut  mia  piède  on  brès  qu'  tôt  1'  comrps. 

397.  Avu  so  les  bresse. 

LiTT.  Avoir  sur  les  bras. 

Pr.  fr.  —  Avoir  sur  les  bras  ;  en  être  chargé  ou  importuné. 

(ACAD.) 

Au  diantre  du  valet  qui  vous  est  sur  les  bras. 
Qui  fatigue  son  maître  et  ne  fait  que  déplaire, 
  force  de  vouloir  trancber  du  nécessaire. 

(Molière.  Le  fâcheux.  I,  se.  i"^.) 

398.  Les  roi  ont  des  longs  bresse. 

LiTT.  Les  rois  ont  les  bras  longs. 

a  Pour  dire  que  leur  pouvoir  s'étend  bien  loin,  et  qu'en 
quelque  lieu  que  l'on  soit,  il  est  dangereux  de  les  oiîenser.  » 

(Leroux.  Dici.  comique,  ilo"!.) 

Pr.  fr.  —  Les  rois  ont  les  mains  longues. 
Avoir  les  bras  longs.  Avoir  un  crédit,  un  pouvoir  qui  s'étend 
fort  loin.  (Acad.) 


—  108  — 

Variante.  Ti  ses  qui  j'a  'ne  longue  vège, 

Fais  çou  qu' ji  t'  dis, 
Si  t'es  siiti. 

(N.  Defrecheux.  Li  sigueûr  di  Sterpenich.  Conte.  1863.) 

Basse- Allemagne.  —  Kônige  haben  lange  Aerme. 
399*.  Stinde  on  bresse  et  racrampi  Faute. 

LiTT.  Étendre  un  bras  et  retirer  l'autre. 
Céder  d'un  côté  pour  se  rattraper  de  l'autre. 
Demander  l'aumône. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Var.  JoDOiGNE.  Donner  d'one  inoin  et  le  r'teni  d' l'onte. 

400.  Avu  bresse  et  jambe  cassêye. 

LiTT.  Avoir  bras  et  jambes  cassés. 
Être  abasourdi. 

Pr.  fr.  —  Couper  bras  et  jambes  à  quelqu'un. 
Frapper  d'étonnement,  de  stupeur.  —  Oter  à  quelqu'un  le 
moyen  d'agir,  d'arriver  à  ses  fins,  de  réussir.  (Acad.) 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Dupuis. 


Vos  n' volez  nin  savu  çou  qu'j'a-st-àdire. 

Beaujean. 

Sia,  mais  ji  n'  sâreus  vèye  longlimps  vos  manîre, 

Vos  m'  cassez  bresse  et  jambe 

(A.  Delchef.  Pus  vi  pus  sot.  Se.  1. 1872.) 

Elle  vis  casse  bresse  et  jambe  et  distrût  vosse  corège, 
Vos  v' tapez  à  1'  dilouhe,  fâte  di  cour  à  l'ovrège. 

(Thiry.  fne  copenne  so  V  manège.  1858.) 

Variante.  Vocial  vinou  ine  aute  dragon 

Qui  n'aveut  qu'ine  tiesse,  mais  traze  quowe, 
j'enne  ava  bresse  et  jambe  pièrdowe. 
(Baiixeux.  Li  dragon  à  plusieurs  liesse  et  V  dragon  à  plusieurrs  quowe.  Fâve.  1851 .) 

Tournai.  D'avoir  les  bras  cassé. 

Expression   de  découragement  (quand  on   n'a  pas  réussi, 
quand  on  ne  peut  continuer  un  travail,  etc.). 

401.  1  faudreot  des  bras  d' fiér  et  une  gueule  de 
béos.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  faudrait  des  bras  de  fer  et  une  boucbe  de  bois. 
Il  faudrait  travailler  beaucoup  et  manger  peu.  C'est  le  com- 
pliment d'usage  des  bufesse  et  autres  journalières  lorsqu'elles 


—  109  — 

sont   renvoyées  des   maisons   bourgeoises    où   elles    ont   élé 
occupées. 

Tournai.  Eh  bé  !  awi,  tille,  t'as  jamais  vu  eine  baraque  insin,  on  n"in  féjainé 
assez  et  on  compte  les  tarteine  ;  pour  rester  là  y  faudreot  des  bras  d'  fier  et  eine 
gueule  de  bées. 

{Etrennes  tournaisiennes.  1881.) 

BRASSER. 

402.  Comme  on  1'  bresse  on  1'  beût. 

LiTT.  Gomme  on  la  brasse  on  la  boit. 

On  doit  subir  les  conséquences  de  ses  actions. 

Si  corn  il  ai  bracho  si  beyre. 

{Proverbes  de  France.  XIII^  siècle.) 

Que  il  est  bien  droiz  et  reson 
Que  qui  le  brasse  si  le  boive. 

{Li  dir  don  Soucretin.  XIII«  siècle.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Durant. 

Ossi  j'a  pris  m'  parti,  vos  frez  çou  qu'  vos  vorez, 

Ji  n'  dis  pus  rin,  v'  beùrez  vosse  bîre  comme  vos  1'  bress'rez. 

(I)ELCHEF.  Les  deux  neveux.  I,  se.  4™.  ISSO.) 

Vola  r  vôye  de  bonheiir  ;  vos  1'  sûrez  si  v'  volez, 

A  r'vèye,  comme  vos  1'  bress'rez,  voisin,  comme  vos  1'  beùrez. 

(Remouchamps.  Les  deux  voisin.  1870.) 

Stavelot.  Fàt  bresser  1'  bîre  comme  on  1'  vout  beiire. 

Marche.  Comme  to  1'  bress'ret,  to  beûret  f  bîre. 

Tournai.        L'  ceu  qui  fet  in  mauvais  brassin  i  n'a  qu'à  l' boire. 

Basse-Allemagne.  —  Was  man  sich  einbrocht,  muss  man 
ausessen. 

BRASSEUR. 

403.  Wisse  qui  1'  bresseû  va,  l'  bolgî  n'  va  nin. 

LiTT.  Où  le  brasseur  va,  le  boulanger  ne  va  pas. 

Qui  boit  trop,  mange  trop  peu.  (^Se  dit  en  mauvaise  part.) 

Variantes.  Wisse  qui  V  càbartî  passe,  li  bolgî  n'  passe  nin. 

Oii  Saint-Arnould  va,Saint-Aubert  enn'  va  nié. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

I  fàt  bin  r'souwer  1'  dinl  po  bin  fini  'ne  pàrtèye  ; 
Et  wisse  qui  1'  brcsseù  va,  li  bolgi  n'y  va  nin, 
Est-st-on  spot  vermouyeux  qu'ont  lait  tourner  à  rin. 

(Thiry.  Moirt  di  Voctroi.  1860.) 

Beauraing.     Li,  qu'astet  lot  scoret  et  grèye  comme  one  chandelle 
C'est  one  crache  di  boisson  ;  i  dit  qu'  n'a  jamais  foin 
Et  us  qui  r  bresseu  va,  1'  bolegî  n'y  va  nin. 

(Vermer.  Les  solée.  1862.) 


—  110  — 

Var.  Marche.  Les  vaî  qui  biivel  n'  mougnet  nin, 

Gn'a  qu'aimet  1'  péquel  niî  qui  1'  poin. 

(Alexandre.  Ftit  corti.  dSGO.) 

JoDOiGNE.  Où  c'que  1"  bresseù  passe,  le  bolgî  n'  passe  né. 

Var.  Jodoigne.  Les  via  qui  bev'net  n'  mougnet  ni. 

404î  Sintir  1'  mareonne  du  brasseu.  (Tournai.) 

LiTT.  Sentir  les  culottes  du  brasseur. 

Expression  proverbiale  employée  pour  désigner  de  la  petite 
bière,  ne  renfermant  qu'une  faible  quantité  de  grain  et  de 
houblon. 

BREBIS. 

405.  L'  ci  qui  s'  fait  berbis,  li  leûp  1'  magne. 

LiTT.  Celui  qui  se  fait  brebis,  le  loup  le  mange. 

Ceux  qui  ont  trop  de  bonté,  de  douceur,  encouragent  les 
méchants  à  leur  nuire.  (.Agad.) 

Pr.  fr.  —  Faites-vous  brebis,  le  loup  vous  mangera. 

Qui  se  fait  brebis,  le  loup  le  mange. 

Il  ne  faut  pas  faire  la  brebis  de  peur  que  le  loup  ne  nous 
mange. 

(Le  père  Jean-Marie.  Divertmement  des  sages.  1665.) 

Quisquis  ovem  simulât 
Hune  lupus  ore  dévorât 

(Lejeune.  Proverbia  familiaria.  'I74-1.) 

Cité  par  Forir.  l)icl. 

JoDoicNE.  L'  ce  qu'  fait  1'  berbeu,  le  lep  l' mougne. 

Marche.  Thérèse. 

Qui  s'  fait  berbis  l' leùp  1'  mogne,  et  rians  d'on  cancan 
Sins  nos  liet  ablouti  po  des  boquct  d'  clincan. 

(Alexandre.  Li  péchon  d'avril.  III,  se.  I'*.  18S8.) 

St-Quentin.  Ch'tit  qui  ch'  foet  berbis,  ch'  leup  y  1'  mainge. 

406.  I  n'est  nin  si  berbis  (mouton)  qui  poite 
si  laine. 

LiTï.  Il  n'est  pas  si  brebis  (mouton)  quoiqu'il  porte  la  laine. 
11  se  fait  meilleur  qu'il  n'est. 

407.  Li  berbis  bêle  todi  de  1'  même  manîre. 

LiTT.  La  brebis  bêle  toujours  de  la  même  façon. 

On  ne  peut  changer  les  manières  qui  viennent  de  la  nature. 

Pr.  fr.  —  (jhassez  le  naturel,  il  revient  au  galop. 

Var.  Jodoigne.  Quand  t'as  èleindeu  beûrler  one  vache  te  les  a  èleindeu  tortote. 


—  111  — 

408.  Tote  berbis  qui  baye,  piède  ine  gueûléye. 

LiTT.  Toute  brebis  qui  bêle  perd  une  bouchée. 

Quand  on  cause  beaucoup  à  table,  on  perd  le  temps  de 
manger;  et  plus  tigurément,  en  parlant  beaucoup,  on  perd  le 
temps  d'agir.  (Acad.) 

Pr,  fr.  —  Brebis  qui  bêle  perd  sa  goulée. 

Namur.  Berbis  qui  bêle  piède  s' goulée. 

Var.  Tournai.        Vaque  qui  brait  perd  eine  gueûlée. 

Var.  Rouchi.  Vaque  qui  bret  perd  eune  gueûlée. 

409.  C'est-st-ine  berbis  galeuse. 

LiTT.  C'est  une  brebis  galeuse. 

C'est  une  personne  dont  le  commerce  est  dangereux  ou 
désagréable.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Eviter  une  personne  comme  une  brebis  galeuse.  — 
C'est  une  brebis  galeuse,  il  faut  la  séparer  du  troupeau. 
Unica  parva  pecus  totum  corrumpit  ovile. 

(LejELNE.  Proverbia  familiaria .  1741.) 

Vite  à  consèye  on  ramentêye 
Les  principâs  ligueux  d' l'àrmôye, 
Les  Lorrain,  les  Nemour,  Brissac 
Les  Lachalre,  Saint-Paul  Canillac 
Avou  l'ex-capucin  Joyeuse, 
Di  tôt  r  tropai  1'  brebis  galeuse. 

(Uakson.  Li  henriade  travestèye.  Ch.  VIII.  -1780.) 

Var.  Marche.  One  mouaisse  berbis  gâte  on  tropaî. 

Var.  Namur.      I  n'  faut  qu'one  mouaige  biesse  po  gâter  tôt  on  stauve. 

Var.  Mons.  Vos  sintez  bé  que  1'  bosse  n'a  nié  sacrifié  l' troupeau  pou  'ne  berbis 
galeuse,  né  pas  ? 

(Letellikr.  Armonaque  dé  Mons.  1879.) 

BRETELLES. 

410.  l  tind  à  ses  bertielle.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  tend  à  ses  bretelles. 

Il  a  de  la  difficulté  à  sorlir  d'une  entreprise;  les  charges 
commencent  à  èlre  trop  lourdes  pour  lui. 

Il  en  a  jusqu'aux  bretelles,  par  dessus  les  bretelles;  il  est 
engagé  dans  une  affaire  dont  i  1  ne  sait  comment  se  tirer.  (Littré.) 

BRIQUE. 

41 1 .  Diner  des  bri({ue  qwand  on  d'mande  de  nioirlî. 

LiTT.  Donner  des  briques  quand  on  demande  du  mortier. 
Donner  une  chose  pour  une  autre.  —  Se  tromper  à  son 
désavantage. 

Ce  proverbe  doit  dater  de  la  construction  de  la  tour  de  Babel. 


—  112  — 
BROCHE. 

41 '2.  Li  fer  (li  mette)  à  1'  pus  basse  des  broque. 

LiTT.  Le  faire  (le  mettre)  à  la  plus  basse  des  broches. 
Ravaler  une  chose  autant  que  possible. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

413. 11  a  'ne  broque  à  s' eu.  (Mons.) 

LiTT.  Il  a  une  broche  à  son  cul. 
Il  a  une  attitude  raide,  orgueilleuse. 

414.  Ch'est  eine  tournante  à  1'  broque.  (Tournai.) 

LiTT.  C'est  une  tournante  à  la  broche. 

Expression  du  jeu  de  fer;  au  figuré  cela  signifie  un  mensonge 
plaisant,  un  prétexte  mal  établi  pour  se  justifier  d'avoir  manqué 
à  une  réunion. 

BROUET. 

415.  Fer  comme  do  brouet  d'  chiche.  (Namur.) 

LiTT.  Faire  comme  du  brouet  de  pommes  séchées. 
Tourner  en  eau  de  boudin.  —   Ne  pas  réussir  dans  une 
entreprise.  —  Aller  à  vau-l'eau. 

Pr.  fr.  —  S'en  aller  en  eau  de  boudin. 

A  Liège,  on  dit  cache.  ;  à  Verviers  caiche,  poires  séchées. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Var.  Verviers.      Ju  wage  qu'i  v'  prouv'rèl 

Par  quéque  mot  d'  français 

Clér  comme  de  brouwet  d' chique 

Quu  po  r  condamner 

Vos  n'  siîurîz  trover 

D'vins  r  grammére  noUe  artique. 

(M.  Pire.  Chanson.  1875.) 
Var.  Jaluav.  Biéth'mé. 

J'a  bin  sogne  qu'avu  tos  ces  toûrnikège  là,  nosse  mariège  nu  loûne  à  l' browe. 
(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  l™.  186-1.) 

Variante.  Tôt  passant  d'  boke  à  boke,  on  pinse  bin  qui  1'  racontroûle  ni  tourna 
nin  à  brouet  d' tripe,  bin  Ion  d' là. 

(Magnée.  Li  houlotie.  1871.) 
Marche.  C'estéve  on  pousse  à  deux  sèyaî. 

A  c'ste  heure  c'est  tôt  brouwet  d' naval. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 

JoDOiGNE.  Tôt  ça  c'est  clair  comme  de  brouet  d' chèche. 

416.  Geôr  et  Mârket 
Mahet  voltî  1'  brouet. 

LiTT.  (S')  Georges  et  (S*)  Marc 

Mélangent  volontiers  le  brouet. 
Il  pleut  souvent. 


—  113  - 

BROUETTE. 

417.  Fer  berwette. 

LiTT.  Faire  une  brouette. 

Ne  pas  réussir  dans  son  entreprise  ;  être  évincé  ;  faire  de 
l'eau  claire. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Rècorègîz-v',  vos  paHves  marchand, 
Qui  lanwihez  conte  vos  cang'lette  : 
Li  commerce  rid'vairèt  brillant  ; 
Vos  n'  craindrez  pus  dé  fer  berwette. 
•  {Chanson  en  l'honneur  de  Velbruck.  1772.  Annuaire.  -1884.) 

Avà  Tsamaine  de  l'fiesse,  si  ji  jowe  ine  manchette, 

Ci  sèrel  d'vins  les  jeu  qu'on  n'  disconte  nin  rberwette. 

(Thiry.  Ine  copenne  so  Cmariège.  l8o8.) 
Cbahay. 

Voste  affaire  j'ol  kinohe  bin 
Vos  volez  co  m'mette  divins 
V's  avez  bin  sonntî  Ttrompette 

Turlurette 
Vos  f  rez  co  berwette. 
(Alcide  Pryor.  On  dragon  qui  fait  des  madame.  -1807.) 
Joseph. 

Et  mi  qui  m'a  d'hombré  po  qu'  l'ovrège  fourihe  prête 
A  case  di  vos  toratte,  à  train  ji  frè  berwette. 

(Peclers.  Li  consèye  de  l'matante.  Se.  2.  1877.) 

Verviers.  S'i  estent  d'faidou  du  fer  berwette 

Ju  n'ireus  jamauve  au  concours. 

(XnoFFER.  18G0.) 
Vermers.  Gilles. 

Gisse  fèye  cial  mes  amour  ni  vont  nin  fer  berwette. 

(Renier.  Li  mohonne  à  deux  face.  I,  se.  2.  1873.) 

BRUIT. 

418.  I  n'  fât  nin  fer  de  brut  qwand  on  pèhe. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  faire  du  bruit  quand  on  pèche. 
Il  faut,  en  toute  chose,  prendre  toutes  les  précautions  néces- 
saires. 

419.  Pus  d'  brut  qui  d'  besogne.  (Nâmur.) 
LiTT.  Plus  de  bruit  que  de  travail. 

Ce  ne  sont  pas  les  ouvriers  les  plus  bruyants  qui   font  la 
meilleure  besogne,  qui  travaillent  davantage. 

Faire  plus  de  bruit  que  de  besogne;  parler  plus  qu'on  n'agit. 

(LiTTRÉ.) 

8 


—  114  — 


BRULER. 

420.  1  n  y  a  rin  qui  broûle. 

LiTT.  Il  n'y  a  rien  qui  brûle. 

Il  n'y  a  rien  de  pressé,  on  a  le  temps  d'attendre,  on  peut 
tarder.. 

Contraire  :  Li  rosti  broùle. 

Ni  craindans  nin  l'gayoùle, 
I  n'y  a  co  rin  qui  ijroûle, 
Mais  c'est  d'main  qu'i  fàrel  iioùter. 
(Dehin.  V Alouette  et  ses  jône  et  irnaisse  de  champ.  Fàve.  1852.) 

Variante.  Maïanne. 

Dihombrez-v',  jan  ! 

Tatène. 

Haye  don  !  n'a-t-i  'nesaquoi  qui  broûle? 
Qwand  ji  m'voux-st-agadler,  c'est  m'môde,  jamais  ji  n'froùle. 

(Hannay.  Les  amour  d'à  Maijanne.  I,  se.  3.  4886.) 

421.  I  broûle,  i  geale. 

LiTT.  11  brûle,  il  gèle. 

Au  jeu  de  cache-cache  :  on  crie  il  brûle,  quand  celui  à  qui 
incombe  l'obligation  de  chercher,  approche  de  la  personne  ou 
de  l'objet  qu'il  doit  atteindre  ;  il  gèle  dans  le  cas  contraire. 

I  broûle,  i  broûle  !  Maroye  si  troubèle  :  on  l'rassure. 

(Thiry.  On  pèlèriitège.  i8o9.) 

BUISSON. 

422.  Les  laids  boulion  ont  telles  fèye  des  bais 
jeton. 

LiTT.  Les  laids  buissons  ont  quelquefois  de  beaux  rejetons. 

On  dit  aussi  :  des  belles  rose. 

De  laids  époux  peuvent  avoir  de  beaux  enfants. 

Variante.  Les  laids  boc  fet  les  bais  biket. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

423.  Il  a  battou  les  bouhon  et  ine  aute  a  happé 
les  oùliaî. 

LiTT.  Il  a  battu  les  buissons  et  un  autre  a  pris  les  oiseaux. 
Il  a  pris  toute  la  peine  et  un  autre  a  eu  tout  le  profit. 
Les  uns  battent  les  buissons,  les  autres  ont  les  oyseaux. 

(Le  Père  Jean-Marie.  Divertissemen'  des  saijes.  1005.) 
Namur.  I  a  battu  1'  bouchon 

One  aute  a  pris  Tmouchon. 


—  115  — 


GABARETIER. 

424.  Fer  comme  les  càbar'lî,  treus  d'mèye  foû 
d'ine  mèseûre. 

LiTT.  Faire  comme  les  cabaretiers,  trois  demis  (petits  verres) 
hors  d'une  (seule)  mesure. 

Sophistiquer  la  marchandise,  la  baptiser. 

Des  càbar'tî,  i  gn"a  plusieurs 

Qui  fel  treus  (rmèye  foù  d'ine  mèseûre  ; 

Ets'dihet-i  qu'i  pierdet  co. 

To  wâgnant  les  treus  qwârt  so  tôt. 

{Charison  populaire.) 
JoDOiGNE.     Fer  comme  les  câbar'tî,  Iwès  bressé  foù  de  Imême  togna. 

GAGE. 

425.  Li  belle  gayoûle  ni  noûrihe  nin  roûli.iî. 

LiTT.  La  belle  cage  ne  nourrit  pas  l'oiseau. 

On  peut  être  pauvre  avec  les  apparences  de  la  richesse. 

On  peut,  ayant  du  luxe,  manquer  du  nécessaire.  (Littrk.) 

Pr.  t"r.  —  La  belle  cage  ne  nourrit  pas  l'oiseau. 

Gf.  Habit  de  velours,  ventre  de  son. 

GAILLE. 

426.  C'est  comme  li  cwaye,  qwitte  po  qwilte. 

LiTT.  C'est  comme  la  caille,  quitte  pour  quitte. 
C'est-à-dire  :  je  t'ai  rendu  le  même  service  que  celui  que  tu 
te  vantes  de  m'avoir  rendu.  Je  t'ai  traité  comme  tu  m'as  traité, 
nous  sommes  quittes.  —  La  loi  du  talion  :  œil  pour  œil  et  dent 
ponr  dent. 

Un  bienfait  reproche-  tient  toujours  lieu  d'oflense. 

(H/VaNE.  Iphigénie.) 

Cf.  Manche  à  manche.  —  A  bon  chat,  bon  rat.  —  Chou  pour 
chou. 

Qwilte  po  qwitte.  Onomatopée.  Imitation  du  cri  de  la  caille. 
Courcaillet, 

Titre  d'une  comédie  de  DD.  Salme.  1878. 

CAILLLBOÏTE. 

427.  Gover  ses  maqiiêye  po  r'avii  des  vache. 
LiTT.  Couver  ses  caillebottes  pour  avoir  des  vaches. 

Se  dit  de  ceux  qui  font  beaucoup  de  petites  économies,  pour 
se  procurer  un  gros  capital. 


—  IIG  — 

CAILLOU. 
4^28.  Abache-tu,  v'ia  i'cayau  qu'arrive.  (Namur.) 

LiTT.  Baisse-toi,  voilà  le  caillou  qui  arrive. 

Fais  ce  que  Lu  peux  pour  te  préserver  d'an  désagrément, 
d'un  danger  qui  va  se  présenter. 

Pr.  fr.  —  Faire  le  plongeon.  Baisser  la  tête  pour  éviter  un 
coup,  s'esquiver  lâchement. 

(QuiTARD.  Dict.  des  prov.  1842.) 

4^29.  On  n'  sait  qui  kée,  les  cayau  sont  dur.  (MoNS.) 
LiTT.  On  ne  sait  ce  qui  tombe,  les  cailloux  sont  durs. 
Nous  sommes  tous  sujets  à  de  petits  accidents.  Ce  proverbe 
se  dit  souvent  comme  consolation. 

430.  Ruer  des  caliéau  après  i'iaigle.  (Tournai.) 

LiTT.  Jeter  des  cailloux  vers  l'aigle. 

Tenter  une  chose  impossible,  ou  bien  encore  afficher  des 
prétentions  exagérées. 

GALlCh:. 

431.  Beûre  li  calice  jusqu'à  l' lèveûre. 

LiTT.  Boire  le  calice  jusqu'à  la  levure. 
SoufTrir  une  humiliation,  une  douleur,  un  malheurdans  toute 
son  étendue.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Boire  le  calice  jusqu'à  la  lie. 

D'ine  (lolinle  voix,  i  pryîve  li  signcûr  di  r'sèchi  s'  vège  d  addiseûr  di  lu,  di  n'el 
nin  foirci  à  beùreli  calice  jusqu'à  T  lèveûre. 

(G.  Magnée.  Li  crenquini  de  prince  âbbé  di  Scav'leil.  1867.) 

CAMOUFLET. 

432.  Attraper  'ne  fameuse  pètêye. 

LiTT.  Attraper  une  fameuse  claque  (un  camouflet). 
Variante.  Ine  fameuse  jàrr'lîre. 

LiTT.  Une  fameuse  jarretière. 
Être  compromis  dans  une  faillite. 

CANAL. 

433.  C'est  comme  li  canal  di  Lovain, 
Çou  qu'y  tomme  i  n'el  rind  nin. 

LiTT.      C'est  comme  le  canal  de  Louvain, 
Ce  qui  y  tombe  il  ne  le  rend  pas. 
Se  dit  des  gens  qui  ont  l'habitude  de  ne  point  rendre  ce 
qu'on  leur  a  prêté. 


—  117  — 
CANARD. 

434. 1  r'chonne  les  cane,  quand  voit  l'aîwe,  '1  a  soit. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Il  ressemble  aux  canards,  quand  il  voit  l'eau  il  a  soif. 
C'est  un  homme  qui  aime  bien  à  boire,  et  qui  ne  néglige 
aucune  occasion  de  le  faire. 

CAPUCIN. 

485.  Les  capucin  n'  vont  nin  tôt  seu.  (Marche.) 

LiTT.  Les  capucins  ne  vont  (marchent)  pas  tout  seuls. 
Se  dit  pour  engager  à  boire  un  second  verre,  une  seconde 
bouteille. 

MoNS,  Lé  capuchin  n'  vont  jamais  tout  seu. 

CAQUET. 

436.  Rabatte  li  caquet. 
LiTT.  Rabattre  le  caquet. 

Confondre  par  ses  raisons,  ou  faire  taire  par  autorité  une 
personne  qui  parle  mal  à  propos  ou  insolemment.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Rabaisser  le  caquet. 
Rabaisser  le  caquet. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.   1640.) 

Pc  nosse  nation  elle  eùrit  i'gloire 
De  rabatte,  so  mi  àme,  li  caquet 
A  cisse  bande  di  jônes  freluquet. 
(J.-J.  Hanson.  Les  lusiade  es  vei-s  ligeois.  Ch.  VI,  1783.) 

Nos  v'nî  par  on  côp  d'tiesse  di  d'trôner  l'vî  tiestou, 
Qui  nos  louméve  trop  deùr  et  qu'àreut  bin  volou 
Nos  rabatte  nosse  caquet,  toi  nos  fant  payî  chire 
L'avinteùre  qu'ei  mettéve  à  l'ouhe  d'ine  telle  manîre. 

(J.  Lamaye.  Adresse  au  Roi.  Concours  de  I806.) 

CARESSER. 

437.  Fiestî  so  l'clreûte  sipalle. 

LiTT.  Caresser  sur  Tépaule  droite. 

Amadouer. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

I  m' fàreùt  âtoù  d'iu,  comme  on  dit,  fer  Tmacralle, 
Tot-z-allanI,  toi  belTuiint,  1' fiestî  .so  l'dreîite  sipalle. 

(Uemouchamps.  Li  sav'tl.  Acte  I,  se.  5.  I808.) 

A  des  s'faitès  raine,  Bâdinet  comprinda  qu'on  volëve  el  fiestî  so  l'dreûte  sipale. 

(G.  Magnée.  Baitri.  Conte.  1865.) 


-  118  — 

Variante.  Randaxhe. 

Jàsans  li  pâhûrmint,  flatlans-le  so  l'dreûte  sipale. 

(Dl).  Salmu.  Les  deux  criminel.  Se.  2.  1878.) 

Frapper  sur  l'épaulo  (flatter). 

(OUDIN.  Ciiriositez  françaises,  1G40.) 

CARILLONNER. 

438.  On  îi'sâreut  triboler  et  esse  (aller)  à  rporces- 
sion. 

LiTT.  On  ne  saurait  carillonner  et  être  (aller)  à  la  procession. 

On  ne  saurait  faire  deux  choses  à  la  fois.  —  Vous  me 
demandez  deux  choses  incompatibles.  —  On  ne  peut  se  trouver 
partout. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

Jaluay.  Li  Chanteû. 

Ji  n'sos  nin  on  mârlî  mi,  si  j' l'esleu,  ji  m'digottreu  d'ies  lame  qui  ploûrît  so 
l'curé,  loi  fanl  qu'i  m'fàl  Iriboler  el  aller  à  l'porcession,  çou  qu'on  dit  porlanl  qu'on 
n'sâreul  fer. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  3.  4862.) 

Marche.  On  n'  pout  sonner  et  esse  à  messe. 

JoDOiGNE.  On  n'sarot  sonner  èchonne,  et  iesse  à  l'pourcession. 

St-Quentin.     Ein  n'  put  mi  sonner  h  messe  et  pis  ète  à  l'porcession. 

(GossEL.  Lettres  picardes.  -1840.) 

Var.  Namur.         On  n'  pout  nin  lodi  chuffler  el  jouer  des  doigt. 

Var.  Jodoigne.  On  n'  sarot  braire  et  1ère  li  lampe,  disteu  quéqué  Jean. 

Tournai.  Été  comme  Saint-Druon,  au  camp  et  à  1'  ville. 

439.  Tribole,  ji  dans'rè. 
LiTT.  Carillonne,  je  danserai. 

Sornettes  que  tout  cela.  —  Jasez  à  votre  aise  ;  j'en  ferai  ce 
qu'il  me  plaira. 

GOLZAU. 

Jarni,  v'ià  un  beau  triolet, 
Comme  elle  font  li  gueijye  di  boffet. 

Mareie  Bada. 

Vas-ès,  triboUe  ji  dans'rè. 
(De  Uarlez,  De  Cartier,  etc.  Li  voyège  di  Chaudfoniaine.  II,  se.  3.  17S7.) 

CAROTTE. 

440.  (iènèreux  (jenne  et  rend)  comme  ine  rècenne. 

LiTT.  Généreux  (jaune  et  raide)  comme  une  carotte. 
Calembour.  Se  dit  dus  avarcrf. 
Cité  par  Fouir.  Ulcl. 


—  119  — 
CARPE. 

441.  Elle    liureux    comme    enne    carpe  su  ein 
guernier.  (Mons.) 

liiTT.  Être  heureux  comme  une  carpe  sur  un  grenier. 
Être  mal  à  l'aise,  dans  une  position  fâcheuse,  précaire. 
Pr.  fr.  —  Être  comme  le  poisson  hors  de  l'eau. 

Mons.  Si  bé  qu'  Bâtisse  étoit  hureux  comme  enne  carpe  su  ein  guernier  et  contint 
comme  in  pourcieau  dins  in  sac. 

(Leteluer.  Armonaque  dé  Mons.  -I80S.) 

Var.  Mons.  Comme  ein  cantieau  derrière  eine  malle 

Et  j'  m'amusoi  à  no  méeson. 

(J.-B.  Descamps.  El  volontaire  coiiyonné.  Ch.  18o9.) 

Var.  Vekvters.      On  s'annôye  chai  tote  lu  joûrnèye 

Comme  one  crosse  du  pan  d'rî  l'aurmau. 

(H.-J.  Raxhon.  Chanson.  Caveau  verviétois.  1888.) 

Var.  Jodoigne      II  est-st-haiti  comme  on  péchon  seu  1'  guernî. 

Var.  Namlir.       Ji  sos  comme  on  péchon  su  one  jaube  di  strain. 

Var.  Liège.     Il  est  comme  on  haring  divins  'ne  foye  di  jotte.  (Forir.) 

Id.      id.        Il  est  contint  comme  ine  crosse  di  pan  drî  inc  arma. 

Var.  Mons.     Il  est  à  s'n  aisse  comme  in  pourcieau  dins  in  sac. 

CARREAU. 

442.  In  carreau  d'\ile  cassé,  in  eaute  à  s'plache. 

(Tournai.) 

LiTT.  Un  carreau  de  vitre  cassé,  un  autre  à  sa  place. 
Un  établissement  tombe,  un  autre  se  lève.  Un  goût  succède 
à  un  autre  goût;  une  personne  prend  la  place  d'une  autre. 

Namur.  On  carreau  d' cassé,  one  aute  es  s'place. 

443.  G'esl-st-on  cwaraî  foù  d'one  finiesse. 

(Mâlmedy.) 

LiTT.  C'est  un  carreau  hors  d'une  fenêtre. 
Se  dit  d'une  personne  qui  meurt  et  qui  n'était  plus  utile  ni 
nécessaire  au  monde. 

CARROSSE. 

444.  Caroche  ou  l)esèce  comme  Detombay. 

LiTT.  Carrosse  ou  besace  comme  Uetombay. 

Je  ri.sque  tout  ou  rien. 

Il  est  probable  qu'un  certain  Detombay  se  servait  souvent  de 


—  120  — 

cette  expression,  ou  qu'on  veut  taire  allusion  à  ses  allures.  — 
S'emploie  aussi  familièrement  quand  on  joue  aux  jeux  de 
hasard. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

CARTE. 

445.  Qui  n'a  nin  des  cwârjeu,  n'ies  sâreut  jower. 

LiTT.  Celui  qui  n'a  pas  de  cartes,  ne  saurait  les  jouer. 
Personne  ne  peut  donner  que  ce  qu'il  a. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

446.  Piède  lu  câte.  (Verviers.) 

LiTT.  Perdre  la  carte. 

Faire  quelque  chose  sans  réfléchir,  ne  savoir  ce  que  l'on  va 
faire,  être  embarrassé,  irrésolu. 

Verviers.  Gilles  (à  part). 

Voci  n'pierdans  nin  l'câte 

Po  lî  tirer  les  dint,  i  est  timps  di  s'mette  es  quate. 

(J.-S.  Renier.  U  mohonne  à  deux  face.  Se.  3.  1873.) 

MoNS.  Parlonne  peu  cl  parlonne  h6.  Mi  c'est  m'n  habitude.  I  s'agit  pour  mi  de 
n'nié  perte  el  carte. 

(J.-B.  Descamps.  El  petottier.  OEuvres.  1887.) 

447.  Jouer  âxcaerle  avé  s'parrain.  (Mons.) 
LiTT.  Jouer  aux  cartes  avec  son  parrain. 

Faire  une  chose  convenablement,  sans  blesser  personne. 

Mons.  Allons,  i  faut  ette  dé  bon  compte,  c'n'est  nié  ça  jouer  âx  caerte  avé 
s'parrain,  autremint  dit,  c'  n'est  nié  bé  fait. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1839.) 

Charleroi.  Toinette. 

Je  m'va  fai  chennance  de  jouer  dins  les  caute  dé  vo  pa  eiet  d'vo  mame. 

(Bernus.  Le  malade  St-Thibau.  I,  se.  10.  1870  ) 

CASAQUE. 

448.  Tourner  casaque. 

LiTT.  Tourner  casaque. 

Tourner  le  dos,  fuir,  abandonner.  Changer  d'opinion. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

HiNRI. 

I  fàt  qui  j'  vcùsse  on  pau  d"  pus  Ion  d'vant  d'  m'ègagî,  môme  so  parole,  d'vins  'ne 
srfaite  société. 

Paul. 

I  va  tourner  casaque  si  j'  n'cplôye  li  grand  moyen. 

(DI).  Salme.  Pris  d'vins  ses  léce.  I,  se.  8.  1880.) 

Tatî  (à  part). 

S'clle  aveut  rhéritège  !  mais  sins  coula 'ne  siervante. 


421  — 


Marèye  (à  part). 
Ritoûn'reut-i  casaque? 

(Ed.  Remouchamps.  Tâtî  i perriqui   II,  sc.  3.  1885.) 

CAVALIER. 

449.  Les  belles  botte  ni  faie-nu  nin  1'  bon  cavalier. 

(Namuu.) 
LiTT.  Les  belles  bottes  ne  font  pas  le  bon  cavalier. 
Le  costume  ne  donne  ni  le  talent  ni  la  science. 

CAVE. 

450.  Aller  de  1'  cave  es  grinî. 

LiTT.  Aller  de  la  cave  au  grenier. 
Tenir  des  propos  sans  ordre,  sans  liaison.  (Acad.) 
Coq-à-l'âne. 

Pr.  fr.  —  Aller  de  la  cave  au  grenier,  —  Aller  du  grenier 
à  la  cave. 

CERISIER. 

451.  Esse  li  chersî  des  pauve,  toi  1'  monde  grippe 
dissus. 

LiTT.  Être  le  cerisier  des  pauvres,  tout  le  monde  monte 
dessus. 

Être  chose  banale,  commune. 

Li  cJiP.rd  des  pauve  étend  ses  branches  au  bord  d'un  petit 
chemin  qui  traverse  une  campagne  des  environs  de  Herstal. 
Les  fruits  appartiennent  au  passant. 

(I)EFRLCHEUX.  bie  jâbc  di  spot.  Bulletin.  l8o9.) 

Il  est  d'usage,  à  la  campagne,  de  planter  des  mais  devant  la 
demeure  des  jeunes  lilles.  Chaque  essence  d'arbre  a  sa 
signification.  En  voici  quelques  exemples  : 


Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 
Maye  d 


Côr,  ji  t'adore  (coudrier). 

Frêne,  ou  chêne  ji  t'araine. 

Aunni,  ji  t'dilai  (aulne). 

Houx,']\  t'digrette  li  cou. 

Fèchir,  qui  t'es  fîr  (fougère). 

Giniessi',  qui  t'es  biesse  (genêt). 

Plupe,  .salope,  ou  sa,  s;dope  (peuplier  et  saule). 

S'/jène,  amour  qui  d'fcne  (épine). 

Sanu,  y  va  qui  vont  (sureau). 

S'-f/u)/,  j'y  va  jusqu'à  l' lin. 

(  hdfnnlie,  c'est-st-ine  macralle  (charme). 

Grusali,  on  s' cache  podrî  (groseiller). 

rà(yuî,  ji  t'aime  jusqu'à  pîd  (buis). 

Strain,  feumme  d'àrgint  (paille). 


—  122  — 

Comme   allusion  au  chcrsi  des  p'iuoe,  c'est  une  injure  san- 
glante de  planter  un  cerisier  devant  les  fenêtres  d'une  jeune  fille. 
Adon  l'flouhe  si  dispârdat  avâ  les  chambe  comme  s'elle  avit  slu  l'chersî  des  pauve. 

(G.  Magnée.  Li  Houloitc.  1871.) 
JoDOiGNE.  C'est  l'ccrigi  des  ponvo. 

Variante.  Elle  est  comme  li  chersî  dé  vyège. 

(FoRiu.  Dict.) 

CHAIR. 

452.  L'mèyeu  char  est  so  les  ohai. 

LiTT.  La  meilleure  chair  est  sur  les  os. 
Il  faut  entrer  dans  le  cœur  des  questions. 

JoDOiGNE.       Le  pe  bel  chau  est  seu  les  oucha. 

4o3.  I  fait  songiie  et  char  di  tôt. 

LiTT.  Il  fait  sang  et  chair  de  tout. 

C'est  un  Roger  Bontemps.  —  Tout  lui  réussit.  —  Il  fait  profit 
de  tout. 

454.  Avu  de  l' poùrèye  char  diso  les  bresse. 

LiTT.  Avoir  de  la  chair  pourrie  sous  les  bras. 

Être  paresseux,  fainéant,  ne  pouvoir  se  donner  aucune  peine 
pour  travailler. 

C'est  pour  ces  gens-là  qu'il  faudrait  employer  Vhôle  di  bresse, 
qu'on  fait  demander  chez  les  pharmaciens  le  premier  avril. 

Les  fleur  di  gueûye  crèhet  voltî, 
Wissc  qui  l'hôle  di  bres.se  a  r'mouyî. 

(Renard.  Math.  Laembergh.  1837  ) 

On  n'  m'a  màye  riprochf^  de  l'poûréye  char  àx  bresse, 
Ji  ses  fer  mes  cinq  qwârt  divins  les  nioumint  d'  presse. 

(Thiry.  Inc  copenne  so  Vmariége.  1858.) 

Jalhay.  Ci  qui  n'a  nin  do  l'poûrôye  char  duso  les  bresse,  n'a  nin  mèsâhe  qu'on 
les  i  ôde  p'aller  à  champ. 

(XnoFFER.  Les  deux  soroclie.  I,  se.  6.  1862.) 

JoDOiGNE.  Il  a  d'elle  moite  chau  d'so  ses  brès. 

MoNS.  Avoi  del  char  pourrite  desou  ses  bras. 

Var.  Tournai.  Avoir  des  bouca  (cailloux  arrondis)  d'sous  les  bras. 

RouCHl.  Il  a  d'zous  les  bras  del  cbàr  d'carone. 

LnxK.  Il  a  des  œiies  d'zous  ses  bras. 

455    I  n'est  ni  char  ni  péhon. 
LiTT.  11  n'est  ni  chair  ni  poisson. 

8e  dit  d'un  homme  .sans  caractère,  et  particulièrement  d'un 
homme  qui  flotte  par  faiblesse  entre  deux  partis.  (Agad.) 


—  123  - 


Pr.  fr.  —  On  ne  sait  s'il  est  chair  ou  poisson.  —  Il  n'est  ni 
chair  ni  poisson. 

Namur.  l  n'est  ni  chau  ni  pèchon. 

Mi  parrain,  ni  char  ni  pèhon, 
On  fat  d'ohai  et  los  grusion, 
Di  s'jône  tiinps  voléve  esse  lègîr 
Tôt  comme  li  ci  qif  voléve  à  cîr. 
(Pasquèye  faite  A  jubilé  d'dom  Bernard  Godin,  âbbé.  1764.) 

Crahay. 

Bin  pusqii'il  est  char  et  pèhon, 
Margachâ,  c'est-st-on  bon  patron. 
S'  on  parèye  homme  si  r'mowe, 

Eh  bien  ! 
Voste  affaire  est  hoyowe. 
Vous  m'entendez  bien. 

(Alcide  Pryor.  Qui  vaut  esse  d  consèye'/  -1862.) 

Cf.  Lafontaine  :  Je  suis  oiseau,  voyez  mes  ailes,  etc. 

Il  n'est  ny  chair  ny  poisson. 

(OUDiN.   Curiositez françaises .  iGiO.) 

Basse-Allemagne.  —  Weder  Fisch  noch  Fleisch  sein. 

456.  On  n'  sâreut  fer  de  bon  bouyon  qwand  ]'  char 
n'est  qu'estoûrdèye. 

LiTT.  On  ne  saurait  faire  du  bon  bouillon  quand  la  viande 
n'est  qu'étourdie  (pas  cuite). 

Il  faut  attendre  que  la  poire  soit  mûre  pour  la  cueillir;  il 
faut  patienter  pour  arriver  à  ses  fins;  il  faut  attendre  qu'un 
traître  soit  démasqué  pour  le  perdre. 

(Remacle.  Dict.) 

Var.  Moss.        C'est  r  bonne  viande  qui  féet  l' bon  bouyon. 

(J.B.  Descamps.  £m'  petite  fie.  Gh.  1860.) 

457.  C'est  de  1'  char  di  mouton, 

C  n'est  nin  po  vosse  grognon. 

LiTT.  C'est  de  la  chair  de  mouton, 

Ce  n'est  pas  pour  votre  museau. 
Cela  est  trop  cher  pour  vous,  cela  est  au-dessus  de  votre 
intelligence.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Ce  n'est  pas  viande  pour  vos  oiseaux. 
Voyez  la  chanson  :  J'ai  du  bon  tabac  dans  ma  tabatière,  etc. 

Baîta. 

Louise  Bigâd,  vî  sot,  est  db  V  char  di  mouton, 
Mais  c'est  dammage  qui  c' n'est  nin  po  vosse  laid  grognon. 
(Tm.  Collette,  lue  viwjince,  on  misère  et  honncilr.  Il,  se.  6.  1878.) 

Tournai.  Ch'est  du  mouton, 

Me  ch"  n'est  pos  pou  t'  grogncon. 

Var.  Tournai.     Ch'  n'osl  pos  la  du  bld  raie  pou  l'  carnarin. 


—  124  — 

458.  Kihachî  comme  char  di  sâcisse. 

LiTT.  Hacher  comme  chair  de  saucisse. 
Parler  mal  de  quelqu'un  sans  l'épargner  en  aucune  manière. 
Pr.  fr.   —  Hacher  menu  comme  chair  à  pûté  (mettre  en 
pièces). 

Cf.  Perrault.  Le  chat  botté. 

Sins  s'èwarer,  les  Portugais, 
Baicôp  pus  ferme  qui  dos  postai, 
L'attaquèt,  n'es  font  qu'on  hachisse 
Ossi  fin  qui  char  di  sâcisse. 
(J.-J.  Hanson.  Les  luxiade  è.i  vers  ligeois.  Ch.  III.  1788.) 

I  sont  déjà  pus  Ion  qu'Poissy, 
Lu  et  sTidéle  Mornai  ossi, 
Qui,  po  s'secte,  à  char  di  sâcisse 
S'euhe  fait  hachî,  comme  ine  bibisse. 
(J.-J.  Hanson.  Li  Henriade  travesièije.  Ch.  I.  1780.) 
Paul. 

Il  a  sposd  ine  grande  discohèye  de  costé  d'Màseik,  qui  mahe  li  wallon  aveu 
l'français,  po  les  k'hachî  tos  les  deux  comme  char  di  sâcisse. 

(DD.  Salme.  Mon  onke  Joseph.  Se.  7.  1884.) 

Marche.  Elle  ni  rovieret  nin  ti  d'visse, 

Et  t'hach'ret  à  chaur  di  saucisse. 

(Alexandre.  P'iu  corti.  1860.) 

MoNS.  L'promier  qui  Iroufe  fin  drôle  qu'on  m'obéisse, 

Je  l'découtayo  comme  d'ei  viande  de  saucisse. 
(J.-B.  Descamps.  Traduction  de  la  9''  nouvelle  du  Décameron  de  Boccace. 
OEuvres.  1887.) 

Provence.  Achat  menut  coumo  car  a  pastis. 

{Comparaisons  populaires  provençales.   Revue  des  langues  romanes.  1881.) 

459.  Char  fait  char 

LiTT.  Chair  fait  chair, 

La  viande  est  le  meilleur  aliment.  -  La  bonne  nourriture 
donne  de  l'embonpoint. 

On  dit  quelquefois  :  Char  fait  char,  fait  l'beguenne  ;  alors  le 
proverbe  a  un  sens  erotique. 

Pr.  fr.  —  La  chair  nourrit  la  chair.  (Littré.) 

Namur.  Qui  compte  tôt  seu  compte  bin  sovint  sins  s'bôse 

Car  on  pirdeuve  nostc  homme  por  on  lourdau 
Li  ratatouye,  i  l'a  fait  bonne  et  crausse, 
Comme  li  bèguenne  i  dit  qui  chau  fait  chau. 

(J.  COLSON.  Li  côp  d'état  de  1848.  Ch.  18G2.) 

460.  Ch'est  comme  l'tien  du  boucher,  i  dort  sus 
l'vianle.  (Tournai.) 

LiTT.  C'est  comme  le  chien  du  boucher,  il  dort  sur  la  viande. 


—  125 


C'est  un  repu,  un  homme  n'éprouvant  plus  aucune  jouis- 
sance, fatigué  des  plaisirs  et  ne  faisant  cas  de  rien. 

461.  Div'ni  à  char  di  poye. 
LiTT.  Devenir  à  chair  de  poule. 

En  voyant  ou  en  ressentant  une  chose  qui  excite  la  frayeur, 
l'horreur. 

Loc.  prov.  Gela  fait  venir  la  chair  de  poule. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Li  làv'laî  qu'vos  fôrgî  mi  fait  v'ni  l'chùr  di  poye, 
Voste  esprit  digosté  ni  brùye  pus  qui  de  l'hoye.  " 

(M.  Thiry.  lue  copenne  so  Vmariège.  i858.) 

COLSON  (à  part). 

Tote  seule  !  j'arrive  à  pont  !  Dupuis  est  st-èterré  ; 
J'esteut  à  char  di  poye,  toi  pinsant  l'rescontrer. 

(A.  Delchef.  Pus  yf,  pus  sot.  Se.  2.  1862.) 
Li  chènône  bèniha  l'cité 
Mais  j'frusihéve  tôt  comme  ine  foye, 
Di  plaisir,  j'aveu  char  di  poye, 
Et  m'cour  esteut  tôt  rècresté. 
(A.  HOCK.  Liège  au  A7A'«  siècle.  —  Les  transformations.  iSSo.) 
Namur.  Et  po  leu  fer  v'nu  dô  l'chau  d'pouye, 

Cabriolans,  mais  n'chaiyans  nin. 

(J.  CoLSON.  Les  Chacheu.  Ch.  18G2.) 
Malmedy.        C'esteut  atîreux,  terribe,  et  j'sos  à  char  du  poye, 
A  l'pinsée  des  malheur  di  nos  bons  vis  parint. 

(H.  Scius.  Màmdi.1  poésie.  Arm.  wallon  do  l'saméne.  1883.) 
Nivelles.  El  bon  pastour  l'erlint  sus  l'feniesse  i  s'aspouye, 

Et  i  pracihe  les  flamind  à  vos  d'ner  l'chair  di  pouye. 
(M.  Renard.  Les  aventures  de  Jean  d'Nivelles.  Ch.  VIII,  dSST.) 
MoNS.  Monvais  farceur  !  tu  nos  a  fait  v'ni  à  char  de  pouille,  mi  et  mes  deux  vizin. 

(Letellieu.  Armonaque  dé  Mans.  1862.) 

462.  Bonne  char  di  colowe. 

LiTT.  Bonne  chair  de  couleuvre. 

Se  dit  au  sens  physique. 

Sa  blessure  ne  tardera  pas  ù  se  cicatriser.  Allusion  aux 
tronçons  des  reptiles  ou  plutôt  des  vers,  qui  tendent  à  se 
rejoindre  au  moment  où  on  vient  de  les  séparer. 

463.  Char  et  panùhe. 

LiTT.  Chair  et  panais. 

Salmigondis.  -   OUa  podrida.  —  De  tout  un  peu, 
M.  Dkiiin  a  intitulé  l'un  de  ses  recueils  de  poésie  :  Char  et 
pandhe. 

Et  portant  pus  qu'ine  aute  i  profitdve  à  si  àhe 
Di  lot,  po  tôt,  so  lot  :  à  lu  char  et  panâhe. 

(TuiRY.  Moirt  di  l'octroi.  1860.) 


—  126  — 
464.  Lèyî  Tchâr  po  l'ohaî. 

LiTT.  Laisser  la  viande  pour  l'os. 

Prendre  Fombre  pour  le  corps  ;  laisser  une  chose  solide 
pour  une  chose  vaine.  (Littré.) 

Ji  n'voux  jurer  non  pus  qu'i  n'  s'ès  trouve  es  hopaî 
.  Qui  n'iairit,  comme  les  chin,  li  char  po  les  ohaî. 

(DD.  Salme.  Nom  di  lui,  c'est  madame.  1877.) 

Cf.  Lafontaine,  fable. 

CHAMP. 
46o.  Lèyî  ses  champ  à  waidî. 

LiTT.  Laisser  ses  champs  à  pâturer. 

Négliger  ses  affaires.  —  Ne  pas  faire  usage  de  ses  talents. 

Malmedy.  Leyî  ses  champ  à  waite. 

CHANGE. 

466.  Enne  once  di  chance  vaut  mieux  qu'enne  live 
de  savoi  tai.  (Charlerol) 

LiTT.  Une  once  de  chance  vaut  mieux  qu'une  livre  de  savoir 
faire. 

Le  hasard  peut  souvent  vous  faire  réussir  mieux  qu'une 
savante  combinaison. 

Charleroi.  L' hasard  èlet  l' moiche  chance, 

L'proverbe  met  tout  d'accord,  pus  Ion  sins  l' d'aller  quai, 
Enne  once  de  chance  vaut  mieux  qu'enne  live  di  savoi  fai. 

(L.  BiiRNUS.  L'hazard  eiet  V moiche  chance.  Fauve.  1873.) 

Var.  Mons.     Mieur  ein  once  dé  bonheur  qu'enne  live  dé  scieince. 
CHANDELEUR. 

467.  A  r  Chand'ieûr 
L'hiviér  pleure 

Ou  r'prind  vigueur. 
LiTT.  A  la  Chandeleur 

L'hiver  pleure 
Ou  reprend  vigueur. 

Variante.  A  l'Chand'leùr 

L'hiviér  pleure 

Ou  esl-st-6s  s'fleûr. 
Cité  par  Forir.  Dïcl. 

Variante.  Ine  fèye  qu'on  arrive  à  1'  Chand'ieûr 

I  gn'a  l'hiviér  qui  pleure 
Ou  bin  il  esl-st-ès  s'fleur. 

(Dehin.  Mathieu  Laensbergh.  1851.) 


—  127  — 


Var.  Jodoigne.  Aux  Chandelle 

L'hivier  feneu  (ou  :  est  ieutte)  ou  d'vé  pus  felle. 

Var.  Nivelles.  A  l'Chand'leur 

L'hivier  ess'  passe  ou  r'prind  vigueur. 

Var.  Nivelles.  Quand  i  gèle  après  l'Chand'lë 

On  dit  qu'on  a  deux  hivier. 

Var.  Metz.  Le  voille  dés  Chandeulles 

L'uvere  s'en  rêva  ou  r'prend  vigueur. 

(Jaclot.  Le  lorrain  peint  par  lui-même.  Alm.  4854.) 

468.  Po  qu'on  pôye  dire  qui  l'iiiviér  pleure, 

A  l'chand'leûr, 
I  fat  qui  l'solo  so  l'àté 
Lusse  à  grand'messe  sins  désister. 

(Renard.  Mathieu  Laemberyh.  4840.) 

LiTT.        Pour  qu'on  puisse  dire  que  l'hiver  pleure 
À  la  Chandeleur, 
Il  faut  que  le  soleil,  sur  l'autel 
Luise  à  la  grand'messe  sans  désister. 

Variante.  Li  grand'messe  de  l'Chand'leur 

Promette  on  bai  osté 
Qwand  so  l'timps  qu'  l'office  deûre 
L'solo  lût  so  l'àté. 

(Renard.  Mathieu  Laembergh.  4850.) 

Var.  NrvELLES.  A  l'Chand'lé 

Quand  l' solèye  lue  su  l'auté 
On  a  co  chix  s'maine  d'hivier. 

Var.  Jodoigne.  Quand  l'sola  lut  se  l'auté 

C'est  signe  qu'on  va  oyeu  l'esté. 

Var.  Malmedy.  Qwand  l'ourson  veut  su  ombe  à  l'Chand'leuse,  i  r'mousse  es  s'tro 
po  six  samène. 

469.  Al'Chandlé 

On  voit  tout  d'aller.  (Nivelles.) 

LiTT.  A  la  Chandeleur, 

On  voit  tout  aller  (pousser). 

Picardie.  A  l'Candelée 

A  tout  allée. 
(Morren  et  Devos.  Mémorial  du  nuturalisie.  4872.) 

470.  A  r  Ghand'leûr, 

Les  joii  sont  ralonguis  d'ine  heure. 

LiTT.  A  la  Chandeleur, 

Les  jours  sont  allongés  d'une  heure. 

Var.  Namlr.  Chand'leùse, 

Pas  d'one  voleuse. 


—  128  — 

Metz.  Les  jos  sont  crochus  â  le  Chandelour, 

De  pus  dêne  bonne  grousse  oure. 

(Jaclot.  Le  lorrahi  peint  par  lui-même.  Alm,  1854.) 

CHANDELLE. 

471.  On  n' veut  nin  pus  Ion  qui  F  chandelle 
ni  lomme. 

LiTT.  On  ne  voit  pas  plus  loin  que  la  chandelle  n'éclaire. 

Se  dit  d'une  affaire  embrouillée,  sur  laquelle  on  a  peu  de 
renseignements. 

Il  sert  de  réponse  au  reproche  d'imprévoyance. 

Ce  proverbe  a  pris  naissance  dans  nos  houillères. 

M.  St.  BoRMANS,  dans  son  Vocabulaire  des  houillews 
liégeois  (Bulletin  de  la  Société,  tome  YI,  1862),  dit: 

«  On  n'  va  nin  pus  Ion  qui  V  chandelle  ni  lomme.  » 

On  ne  peut  aller  sans  danger  dans  les  endroits  où  le  manque 
d'air  fait  éteindre  la  chandelle. 

472.  Li  cîse  ni  vât  nin  les  chandelle. 

LiTT.  La  soirée  ne  vaut  pas  les  chandelles. 
La  chose  dont  il  s'agit  ne  mérite  pas  les  soins  qu'on  en  prend, 
les  peines  qu'on  se  donne,  la  dépense  qu'on  fait.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Le  jeu  ne  vaut  pas  la  chandelle. 

Et  le  jeu,  comme  on  dit,  n'en  vaut  pas  les  chandelles. 

(Corneille.  Le  metiteur.) 
Jeannette. 

Fàt-i  qui  ji  m'màvelle? 

Colas. 
Nenni,  Jeannette,  nenni,  l'cîse  ni  vât  nin  l' chandelle, 

(Delchef.  Li  galant  de  l'  siervante,  I,  SC,  S.  i8S7.) 

Li  r'présenlant  qui  lél  s'  siermon, 
NI  m'atlirret  màye  à  Bruxelles. 
L'oyî  ram'ter  deux  heure  â  long, 
Li  jeu  ni  vàt  nin  les  chandelle. 

(H.  FoRiR.  Chanson.  1856.) 

Ce  dernier  vers  se  représente  avec  quelques  variâmes  à  la 
fin  de  chaque  couplet. 

Ti  poux,  sins  nou  dangî,  vingî  t' colère  sor  zelle, 
Ca,  por  mi,  ji  t'el  dis,  l' cîse  ni  vàt  nin  1'  chandelle. 

(G.  Delarge.  On  tour  di  bottresse.  1874.) 

Namur.  Li  jeu  ni  vaut  nin  1'  chandelle. 

Namur.  Li  ci  n'  vaut  nin  les  chandelle. 

Var.  Jodoigne.         Le  marchî  n'  vaut  ni  les  chandelle. 

Tournai.  Si  l'jeu  n' valeot  pon  les  candclle,  i  n'areol  pon  tant  d'amateur  pour 
corner  les  pain  queaud. 

Lille.  L'ju  n'vodrot  point  les  candelles. 

(Vermesse.  Voc.  du  patois  lillois.  18G1.) 


—  129  - 

473.  Broûler  1'  chandelle  po  les  deux  costé. 

LiTT.  Brûler  la  chandelle  par  les  deux  côtés. 

Consumer  son  bien  en  taisant  différentes  sortes  de  dépenses 
également  ruineuses,  ou  se  livrer  à  la  t'ois  à  des  excès  de  genres 
différents.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Brûler  la  chandelle  par  les  deux  bouts. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Marche.  Gn'a  brav'mint  qu'es  s'ront  les  (îindon, 

D'broulet  1'  chandaie  aux  deux  coron. 

(Alexandre.  PUit  corti.  iSGO.) 

Namur.  I  n'  faut  niu  brûler  V  chandelle  des  deux  costé. 

Tournai.  L'  ceu  qui  alleume  V  candelie  par  les  deux  bout,  i  est  bétôt  à  la  mitan. 

MoNs.  N'allumez  jamais  1'  candeille  pas  les  deux  bout. 

(MOUTRIEUX.  Des  nouvieaux  conte  dé  quié.  1850.) 

L'homme  a  été  au  cabaret  hier,  ft  au  long  du  jour,  et  s'  foino  s'a  consolé 
in  buvant  du  café  éié  des  goutte  avé  tois-quatre  commère  pareille  à  elle;  ça  fait  qu'il 
ont  allumé,  comme  on  dit,  1'  candeille  pas  les  deux  d'bout. 

(Letellier.  Arinonaque  dé  Mnns.  1838.) 
SoiGNiES.        N'allumez  jamais  l' candeille  pa  les  deux  bout. 

[Arrn.  de  Sougtties.  1888.) 

Malmedy.  Esprinde  lu  chandelle  po  les  deux  bêche. 

{Ann.  du  /'  sum.  188o.) 

474.  Voir  pus  d'  mille  candelie.  (Tournai.) 

LiTT.  Voir  plus  de  mille  chandelles. 

Apercevoir  à  l'occasion  d'un  gi^and  coup,  dun  choc  violent 
ou  même  d'un  éblouissement  des  lueurs  qui  n'ont  rien  de  réel. 

(LiTTRÉ.) 

Faire  voir  les  estoilles  de  jour. 

(OUDIN.  Curiosicez  fratiçoises.  1640.) 

Tournai.  Cachoir. 

Acoute,  l'attrapeos  eine  girouflée  à  cheonq  fuelle  qui  fin  voirreos  pus  d"  mille 
candelie. 

(Leroy.  Biec  dijier,  traduction  du  Bleu-Bilieûa  II.  Simon.  Se.  5.  1888.) 

Namur.  Ji  li  flanque  one  cholTe  au  visage  à  li  fer  vûye  co  pus  d' cinl  chandelle. 

{Aurmonuque  de  l'  marmice.  1885.) 

CHANSON. 

475.  I  cante  eine  cancheon  mes  c' couplet  là  n'est 
pas  d'dins.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  chante  une  chanson,  mais  ce  couplet  n'y  est  pas. 
Il  raconte  bien  la  chose,  mais  il  ne  dit  pas  tout. 

9 


130  - 


CHANT. 

476.  Il  a  vûd)  s' chant. 

LiTT.  Il  a  vidé  son  chant. 

Il  lui  a  dit  ses  vérités,  fait  une  forte  réprimande.  (Agad.) 

Pr.  ft\  —  11  lui  a  chanté  sa  gamme. 

CHAPEAU. 

477.  Avii  'ne  belle  plome  à  s'chapaî. 

LiTT.  Avoir  une  belle  plume  à  son  chapeau. 
Se  dit  du  plus  grand  honneur,  de  l'avantage  le  plus  consi- 
dérable qu'ait  une  personne.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  C'est  la  plus  belle  rose  de  son  chapeau. 
Il  a  perdu  la  plus  belle  rose  de  son  chapeau. 

(OUDIN.  Cw-iositez  françaises.  -1640.) 
Babette. 
Po  mette  à  vosse  chapaî,  mamzclle,  c'est-.st-ine  belle  pleume. 

GÉRA. 

Quelle  fayèye  marchandèye,  mon  Diu,  don,  qui  les  feurnme. 

(Ed.  Remouciiamps.  Les  amour  d'à  Gèrd.  II,  se.  15.  1875.) 

Li  bisèche  est-st-ine  laide  plome  so  1'  chapai  d'ine  jône  fèye. 

(FOKIR,  Dict.) 
JoDOiGNE.  I  s'a  bouté  one  belle  pleume  à  s' chapia. 

Var.  Nivelles.       L'aclot  pinsant  çu  qu'Marius  vî  d'dire. 
Si  nos  avons  'ne  belle  fleur  à  no  chapia. 
A  qui  r  devonne  '!  k  Debosse  qui  sait  scrire, 
No  vî  wallon  bi  mieux  qu'in  avocat. 

(Willame.  UAclot.  1889,  n»  4.) 

Var.  Mons.  Mi,  j' sais  bd  que  j'ai  perdu  1' pus  belle  rose  dé  m' capieau,  rjour 
qu'il  est  mort. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1859.) 

Var.  Tournai.  Perte  l'  pus  belle  rose  de  s'  capieau. 

Var.  LitLE.  Finalmint  ch'luron  nous  rapporte 

L' pus  bieir  des  roses  d'  not'  capieau. 

(Desrousseaux.  Chans.  lilloises.  1854.) 

478.  S'i  vindéve  des  chapaî,  les  èfant  vinrit  â 
monde  slns  tiesse. 

LiTT.  S'il  vendait  des  chapeaux,  les  enfants  viendraient  au 
monde  sans  tête. 

Il  ne  peut  réussir  en  rien,  tout  lui  tourne  mal.  Le  guignon 
l'accable. 


—  131  — 


CHAPELET. 

479.  Ji  lî  a  cVfilé  m' cliap'let. 

LiTT.  Je  lui  ai  dcMilé  mon  chapelet. 

Réciter  en  détail  et  île  suite  tout  ce  qu'on  sait  sur  une 
matière  ;  faire  à  queli^u'un  tous  les  reproches  qu'on  peut  avoir 
à  lui  faire.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Défiler  son  chapelet. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

Dupuis. 

Elle  a  déjà  vèyou  qui  j'  m'a  fait  gàye  por  lèye  ; 
Personne  cial,  c'est  1"  inouminl  ili  lî  d'filer  m'  cliap'let. 

(A.  Delchef.  Pus  vi^  ptix  soi.  Se.  5.  I8G2.) 

Colas. 

C'est  r  maquet  des  feumme,  qwand  elle  ni  trovet  nin  l'occasion  dé  d'Iiler  Icu 
chap'let  ;  elle  brayet  so  nos  aute. 

(Baron.  Les  deux  cusenne.  I,  se.  4.  1883.) 
P  H 'lippe. 

Ji  m'Hiàvelle, 

Ji  vous  d'filer  ra"  chap'let  jusqu'à  dièrain  grain  d' pielle. 

(Th.  Collette.  Qui  freus-je  si  mi  homme  morévc?  I,  se.  8.  1882.) 

Tournai.  Nannet. 

I  voleot  faire  1'  simpleot,  mais  j' lî  ai  fait  reciter  s'  cap'Iet  tout  d'eine  traque. 
(Leroy,  liiec  difier,  traduction  de  Dleu-Dilie  de  H.  Simon.  Se.  7.  1888.) 
Lille.  Prindant  deux  heure  inlincheull'  mach"  commère 

M'a  défilé  sin  cap'Iet  grain  par  grain. 

(Desroiisseal'X.  Conseils  à  une  jeune  fille.  1834.) 

CHAR. 

480.  r/est  r  cbàr  (|iii  crigne  qui  va  1'  pus  lou. 

(St.wklot.) 

LiTT.  C'est  le  char  qui  grince  qui  va  le  plus  loin. 
Ce  sont  les  choses  qui  ont  un  cliHaul  (lui  sont  de  [)lus  longue 
durée. 

CHARDON. 

481.  I  n  vint  nin  des  figue  so  de  clierdoii. 

LiTT.  Il  ne  vient  pas  des  figues  sur  des  chardons. 

Ne  comptez  pas  sur  le  bien  que  peut  taire  un  méchant. 

et.  II  ne  saurait  sortir  du  sac  que  ce  qui  est  dedans. 

CnAR(,ER. 


482.  1  vât  lïjî  1'  chergi  (jui  d' J'iinpli. 
LiTT.  Il  vaut  mieux  le  charger  que  Icmphr 
Se  dit  de  celui  qui  mange  beaucoup. 


—  132  — 

CORTAI. 

Vos  n'  cang'rez  mâye,  vèye  ragognasse,  on  aim'reut  mî  di  v'  chergt  qu'  di  v's  irapli. 
(Willem  et  Bauwens.  Pèclii  rach'té.  Se.  4.  4882.) 

Vakl\nte.  Il  est  pé  qu'  Gargantua,  qu'avaUWc  li  barque  di  Hu  et  ses  sept  chivâ. 

RoucHi.  •  I  vaut  mieux  V  kerker  que  1'  norir. 

(HÉGART.  Dict.) 

Boulogne.  I  vaut  mieux  vous  kerker  qu'  vous  rondir. 

483.  Pus  vos  kierk'rez  vo  baudet,  pus  qu'il  ira  rade. 

(MONS.) 
LiTT.  Plus  vous  chargerez  votre  âne,  plus  il  ira  vite. 
Plus  vous  imposerez  de  travail  à  quelqu'un  et  plus  il  se 
hâtera  de  le  terminer  pour  en  être  déchargé. 

CHARITÉ. 

484.  Fioz  r  charité  à  Thomas, 

I  v'  diret  que  mau  qu'il  a.  (Namur.) 

LiTT.  Faites  la  charité  à  Thomas, 

II  vous  dira  quel  mal  il  a. 

Est-ce  «ne  façon  de  demander  une  chose  de  peu  d'importance, 
ou  est-ce  une  ironie  ? 

485.  Charité  bien  ordonnée  oomminche  pa  li 
même.  (Borinage.) 

LiTT.  Charité  bien  ordonnée  commence  par  soi-même. 
Il  est  juste,  ou  du  moins  il  est  naturel,  de  songer  à  ses 
propres  besoins  avant  de  s'occuper  de  ceux  des  autres.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Charité  bien  ordonnée  commence  par  soi-même. 
Primo  mihi.  —  Prima  sibi  charitas. 

Il  avoi  bié  promis  à  trente-six  dé  les  fai  loumer,  ça  ¥é  dire  d' leus  bayer  s'  voix; 
mais  charité  bin  ordonnée  eomminche  pa  li  même  ;  ette  va  toudi  taché  dé  m'  fai 
loumer,  sti,  Fs  aute  veront  pa  après. 

(Armonac  du  Borinage.  1849.) 

Ne  t'attends  qu'à  toi  seul,  c'est  un  commun  proverbe. 

(Lafontaine.  Valouelte  et  ses  petits.  Fable.) 

Basse- Allemagne.  — ^  Jeder  ist  sich  selbst  der  nâchste. 
CHARRETIER. 

486.  Jône  chèron,  jône  monsieu, 
Vî  chèron,  vi  bribeu. 

LiTT.  Jeune  charretier,  jeune  monsieur. 

Vieux  charretier,  vieux  mendiant. 


—  133  — 

Parce  que  le  charretier  (d'habitude)  dépense  tout  ce  qu'il 
gagne,  ne  garde  pas  une  poire  pour  la  soif. 
On  dit  à  Verviers  :  Jone  tondeù,  etc. 

487.  I  n'est  si  bon  chèron  qui  n'  divîesse. 

LiTT.  Il  n'est  si  bon  chari'etier  qui  ne  verse. 

Les  plus  habiles  font  quelquefois  des  fautes.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  n'est  si  bon  charretier  qui  ne  verse.  —  Il  n'est  si 
bon  cheval  qui  ne  bronche.  —  N'est  pas  marchand  qui  toujours 
gagne. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

JODOIGNE.        Mauvais  cherron  qui  touinme  dins  les  warbèye. 

488.  I  n'y  a  nou  si  vî  chèron  qui  n'  taisse  co  volti 
peter  s'corîhe. 

LiTT.  Il  n'y  a  si  vieux  charretier  qui  n'aime  à  faire  claquer 
son  fouet. 

Nous  ne  sommes  jamais  indifférents  aux  choses  qui  nous  ont 
longtemps  occupés,  que  nous  avons  longtemps  ruminées. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Servas. 

I  gn'a  (les  gins  qui  nos  d'het  :  pus  vî,  pus  sot  ;  mais  va,  i  n'y  a  nou  si  vî  chèron 
qui  n'clappe  co  voltî  si  côp  d'  corîhe. 

(Willem  et  Bauwens.  Les  tourciveux.  Se.  i'^.  igS'â.) 

489.  Tos  les  chèron  ni  s'rescontret  nin  à  F  même 
bârire. 

LiTT.  Tous  les  charretiers  ne  se  rencontrent  pas  à  la  même 
barrière. 

II  y  a  plusieurs  chemins  pour  arriver  au  même  but,  plusieurs 
manières  d'obtenir  le  même  résultat. 

CHARRUE. 

490.  Mette  li  chèrowe  divant  les  boû. 

LiTT.  Mettre  la  charrue  devant  les  bœufs. 
Commencer  par  où  l'on  devrait  finir,  faire  avant  ce  qui 
devrait  être  fait  après.  (^Agad.) 

Pr.  fr.  —  Mettre  la  charrue  devant  les  bœufs. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Variante.  J  o  bin  Tmèssège. 

Mais  vos  rouviz,  m'soniet'i. 
Les  conriition  metlowc 
Et  s'mettcz-v',  comme  on  dit, 
Les  ch'và  podrî  l' chèrowe. 

(Railleux.  Deux  fdve  di  m'  graiid'mére.  1849.) 


—   13^ 


IIlMil. 

RatlinUez,  lèj+/.-v"  dire  ine  saquoi  comme  i  fàt, 
Vos,  vos  chôkîz  lodi  V  chorelte  divant  les  ch'vâ. 

(Defxhef.  Lendeitx  Neveux.  I,  se.  9.  18S9.) 

Marche.  N'mels  nin  l'chèrowe  avant  tes  bou. 

Veuviers.  N'mettez  l'chaur  duvant  les  bou  ; 

.  N'intrez  nolle  paurt  qu'po  les  sou. 

(J.-!?.  Renier.  Spots  rimes.  1871.) 

Verviers.  Maugré  tos  les  brut  qu'on  poite, 

C'est-st-on  daubiet  d'tos  les  jou, 
Du  todi  mette  lu  cherette 
Atelôye  duvant  les  bou. 
(M.  Pire.  St-Pire  so  V  bon  Dict.  Ch.  Mes  amusettes.  4884.) 

Nami'u.  Vos  mettoz  l'cherrcuwe  duvant  les  ch'fau. 

Var.  Namuk.  Mais  ti  n'frais  nein  pus  qu'one  ôte, 

Roter  l'chaur  divant  11  ch'vau. 

(Wérotte.  Choix  de  chansons  wallonnes.  -1860,  3'=  éd.) 

Basse- Allemagne.     —    Das    Pferd    hinter    den    Wagen 
spannen. 

491 .  Mette  à  l'même  chèrowe. 

LiTT.  Atteler  h  la  même  charrue. 

Se  dit  des  personnes  qui  ont  les  mêmes  goûts,  les  mômes 
défauts.  S'emploie  surtout  en  mauvaise  part. 
Ils  sont  attelé/  à  un  mèsme  chariot. 

(OUDIN.  Curiosilei  françaises.  i()40.) 

....  Ni  fez  nin  'ne  si  laide  mowe, 
Vos  estez  bon,  tos  deux,  po  mette  à  l' même  chèrowe. 

(Ed.  Remouchamps.  Les  deux  voisin.  1876.) 

CHASSE. 

49^2.  I  va  à  r  chesse  âx  crosse  di  pan. 
LiTT.  Il  va  à  la  chasse  aux  croûtes  de  pain. 
Il  mendie. 

CHASSER. 

493.  Qui  ma  cliesse,  ma  prind. 

LiTT.  Qui  mal  chasse,  mal  prend. 

Qui  acquiert  déloyalement,  conserve  mal.  —  Qui  entreprend 
mal,  ne  réussit  point. 

CHAT. 

494.  Il  y  est  fait  comme  li  cliet  ax  puce.  (Namur.) 
LiTT.  Il  y  est  habitué  comme  le  chat  (l'est)  aux  puces. 

Se  dit  des  personnes  qui  supportent  patiemment  la  mauvaise 
fortune  pour  avoir  été  souvent  éprouvées. 


—  135  — 

495.  C'est-st-on  chet  qui  jowe  de  violon. 

LiTT.  C'est  un  chat  qui  joue  du  violon. 
Il  a  la  tête  de  côté.  Se  dit  d'un  homme  qui  a  la  tête  inclinée 
sur  une  épaule. 

496.  C  n'est  nin  à  on  vî  chet  qu'on-z-apprind 
à  happer  des  soris. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  à  un  vieux  chat  qu'on  apprend  à  prendre 
des  souris. 

Se  dit  lorsqu'un  ignorant  veut  donner  des  leçons  à  un  homme 
qui  en  sait  plus  que  lui.(ACAD  )  —  .Ve  sus  Mbiervam  —Ne  sutor 
ultra  crepidam.  —  C'est  Grosjean  qui  en  remontre  à  son  curé. 
—  C'est  apprendre  à  son  père  à  faire  des  entants. 

Pr.  valaque    —  Viens  père,  que  je  te  montre  ma  mère. 

On  ne  doidt  pas  enseigner  le  chat  à  soriser. 

(Leroux  de  LuiXY.) 

Verviers.  L'hamme  du  lot  s'pout  corrègi, 

L' chet  hapret  todi  1'  sori. 

(Renier.  Spots  rimes.  1871.) 

497.  I  n'fàt  nin  dispièrler  1'  chet  qui  doime. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  éveillei'  le  chat  qui  dort. 

Il  ne  faut  pas  réveiller  une  affaire  qui  était  assoupie,  chercher 
un  danger  qu'on  pouvait  éviter.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  N'éveillez  pas  le  chat  qui  dort.  —  N'éveillez  pas  le 
chien  qui  dort. 

{Prov.  de  France.  XlIIe  siècle.) 

N'as-tu  pas  tort 

De  réveiller  le  chai  qui  dort  ? 

(SCARRON.  Virgile  travesti.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Mais  lèyans  1'  moslî  ou  c'  qu'il  est 
Et  n'allans  nin  dispièrler  l'chet. 

(Pasquéye  so  les  séminarisse.  <735.) 

L"  vaillant  Byron,  dont  ii  rnommèye 
Odéve  comme  on  baume  à  l'Armôye, 

El  s'  fi  qui  quéqu's  anm'^yc  après 

Mais  chut,  ni  dispiertans  nin  1'  chet. 

(Hanson.  U  Hitiriade  travestéyc.  Ch.  VIII.  1780.) 

Marche.  R  mogne  co  putol  Ireus  cup  ti  aùme 

(Jui  do  dispielel  l'chet  qui  douàine. 

(Alexandre.  P'tii  corti.  1860.) 

Verviers.  Tapans  tourtos  du  l'aiwe  so  i'feu, 

El  liiyans  doirmi  l'chet  qui  doirt. 
(M.  Pire.  Idnjc  d'aurinnuark.  r,h.  Mes  amusettcs.  ISSi.) 

Namlr.  Ni  rewèiyi  n'ji'chet  qui  dwat. 


—  136 


An^TRGNE.  Lia  (•)  se  crejeot  jonno  poulardo, 

El  lia  fageot  tout  soun  effort 
Pour  reviiler  le  chat  qui  dort. 
(Fai'CON.  La  Hemiade  de  Voltaire,  mise  en  vers  burlesques  auvergnats.  Ch.  I.  1798.) 

498.  I  n'fât  nin  ach'ter  on  chet  d'vins  on  sèche. 

LiTiv  II  ne  faut  pas  acheter  un  chat  dans  un  sac. 
Conclure  un  marché  sans  connaître  l'objet  dont  on  traite. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Acheter  chat  en  poche. 

Vendre  chat  en  poche.  —  Vendre  une  chose  sans  l'avoir 
montrée.  (Agad.) 

C'est  mal  achat  de  chat  en  sac. 

{Adages  François.  XVI^  siècle.) 
Cf.  QUITARD.  Dict.,  p.  210. 

Une  fille  toujours  a  quelque  fer  qui  loche  ; 

—  Oh,  cousin,  n'allez  pas  acheter  chat  en  poche. 

(Recnard.  Le  bal,  scène  7.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Po  pau  qu'  ça  continovve,  i  n'y  âret  pus  nou  s'cret, 
Ni  nou  risse  d'esse  Ironipd,  d'ach'ter  es  sèche  on  chet. 

(M.  TiilRY.  Les  saisons.  Poème.  1860.) 

Chafette. 

Divant  d'  dire  li  fin  mot,  ji  vous  sins  long  messèche, 
Vis  rappeler  qu'on  n'  prind  nin  on  chet  d'vin  on  sèche. 

(HovEN.  Li  boûquette  èmacraléye.  Se.  7.  187:2.) 

Basse-Allemagne.  —  Man  muss  die  Katze  nicht  im  Sacke 
kaufen. 

499.  C'est  r  lourd  chet  qu'attrappe  li  soris. 

LiTT.  C'est  le  lourd  chat  qui  attrape  la  souris. 
Se  dit  .souvent  des  amoureux. 

Var.  Marche.  Li  bon  chet  prind  les  soris  d' race. 

500.  Tos  les  chet  sont  gris  de  1'  nute. 

LiTT.  Tous  les  chats  sont  gris  pendant  la  nuit. 

La  nuit,  il  est  aisé  de  se  méprendre,  de  ne  pas  reconnaître 
ceux  à  qui  l'on  parle.  Il  signifie  aussi  que  dans  l'obscurité,  il 
n'y  a  nulle  dilTérence,  pour  la  vue,  entre  une  personne  laide  et 
une  belle  personne.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  La  nuit  tous  les  chats  sont  gris. 

Tous  chats  sont  gris  de  nuit. 

(OUDIN.  Curiositez françaises.  1640.) 
(•)  Lia,  elle.  Catherine  de  Médicis. 


—  137  — 

Osiez  la  lumière  et  il  n'y  aura  point  de  différence  entre  les 
femmes. 

(Le  père  Jean-Marie.  Le  divertissemeuc  des  sages.  1665.) 
On  qwatrême  masqué. 

Li  riche,  li  pHil  camarade 
Diguisé,  fet  1'  même  parade, 
I  s'  vèyet  d'so  1'  même  habit, 
Çou  qui  fait  qui  sont  parèye 
El  comme  les  chet  divins  l'  nutèye 
A  l'oûye  i  sont  turtos  gris. 

(Delchef.  Les  deux  neveux.  II,  se.  i^'^.  1839.) 

Puis  s'  dihant  es  1'  nutèye  qui  tos  les  chet  sont  gris, 
El  qu'i  n'  fôl  nin  qu'  faisse  ck'r  po  happer  les  soris. 

(DD.  Salme.  Nom  di  hu,  c'est  madame.  1877.) 

Namur.  Mais  ça  n'espèche  nin  qu'à  1'  nail  tos  les  chet  sont  gris,  et  qu'adon  on 
fait  sovint  des  biestrie  pa  c"  qu'on  n'est  nin  r'connu. 

{Métologie,  Minerve.  La  Marmite.  1884.) 
MoNS.  Au  nute  tous  les  cal  «ont  gris. 

Basse-Allemagne.  —  Im  Dunkeln  sind  aile  Katzen  grau. 

501.  1  comprind  bé  minou  sins  dire  mon  cat. 

(Moins.) 

LiTT.  Il  comprend  bien  minou  sans  dire  mon  chat. 
Peu   de  paroles   suffisent   pour  se  faire  comprendre  d'un 
homme  intelligent.  (Acad.)  —  Inteillgenti  sat. 
Pr.  fr.  —  A  bon  entendeur  peu  de  paroles, 
J'entend  bien  minou  sans  dire  mon  cat. 

(OUDIN.  Ctiriosilez  françaises.  1640.) 
Il  entend  bien  chat  sans  qu'on  dise  minou. 

(Leroux.  Dictionu.  comique.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

MoNS.  El  servante  qui  comprinnoit  h6  minou  sins  dire  mon  cat,  répond,  elle  tout 
aussi  vile  :  hd  bien. 

(MOUTRIEUX.  Troisième  année  des  conte  dés  quié.  1850.) 

502.  C'est  r  lourd  chet  qui  happe  li  char  fou  de  pot. 

LiTT.  C'est  le  lourd  chat  qui  happe  la  viande  hors  du  pot. 

Il  faut  se  défier  des  sournois. 

Variante.  C'est  l' lourd  chet  qu'attrappe  li  mi  les  oùhaî. 

Var.  Sta\'EL0T.         C'est  1'  boigne  chin  qui  happe  lu  iîve. 

503.  Qwand  les  chet  sont-st-èv6ye,  les  soris  sont 
maisse. 

LiTT.  Quand  les  chats  sont  partis,  les  souris  sont  maîtresses. 
Quand  les  maîtres  sont  absents,  les  valets  se  divertissent. 


—  138  — 

En  Tabsence  des  chefs,  des  maîtres,  les  inférieurs,  les  écoliers 
se  divertissent.  (Littré.) 

Ou  chat  n'est  sorices  révèlent. 

{Proverbes  del  vilain.  XIV  siècle.) 
Si  fêles  absunt,  mures  adsunt. 

(Lejeune.  Proverbia  familiaria.  Leodii.  1741.) 

J'a  l'bcm  posse,  ji  n'y  sos  nin  tourmètd,  mais  qwand  les  chet  sont-sl-cvôye,  les 
soris  danset. 

[lue  sise  amou  Tlian  Pierre.  Dialogue.  -1858.) 

Qwand  l'chet  esl-st-èvôye  les  soris  fet  vol'li  l' liesse,  tôt  dreut  qu'  Freuthier  eùrît 
dishàgné,  sf  feunime  si  mettat  à  ramehî  avà  l' tour. 

(G.  Magnée.  Baitri.  Conte.  1865.) 
Malmedy.  Qwand  les  chet  sont  foù  de  manège,  les  surus  sont  maisse. 

{Ariii.  wall.  do  l'samène.  1885.) 

JoDOiGNE.  Quand  l'chet  est  sourteu,  i'soreu  danse. 

Nami'r.  Qwand  les  chet  sont  foù  de  1'  mauchonne,  les  soris  danse-nu  sus  l' tauve, 

RoiiCHi.  Quand  les  cals  sont  au  guernier  les  soris  dans'té. 

(Hégart.  Dici.) 
Picardie.     Quand  chés  cos  sont  au  guernier,  chés  souris  dans'tent. 

(CORBLET.  Glossaire.) 

Basse- Allemagne.  —  Wcnn  die  Katze  nicht  zu  Hause  ist, 
tanzen  die  Mâuse  auf  dem  Tische  (auf  Tischen  und  Bânken). 

504.  Tapez  on  chet  es  l'air,  i  r'toum'rel  so  ses  patte. 

LiTT.  Jetez  un  chat  en  l'air,  il  retombera  sur  ses  pattes. 

On  ne  peut  se  défaire  de  ses  habitudes  ;  on  revient  toujours 
à  sa  manière  d'être. 

11  est  comme  le  chat  qui  retombe  toujours  sur  ses  pattes, 
se  dit  d'un  homme  adroit  qui  sait  toujours  se  tirer  d'affaire. 
(Littré.) 

Pr.  fr.  -  Faire  comme  les  chats,  tomber  sur  ses  pattes. 

(OUDIN.  Curiosilez  françaises.  1640.) 

«  Les  chats,  et  plusieurs  animaux  du  même  genre,  comme 
les  fouines,  putois,  renards,  tigres,  etc.,  quand  ils  tombent 
d'un  lieu  élevé,  tombent  ordinairement  sur  leurs  pattes,  quoi- 
qu'ils les  eussent  d'abord  en  enhaut  et  qu'ils  dussent  par 
conséquent  tomber  sur  la  tête.  Il  est  bien  sûr  qu'ils  ne  pour- 
raient pas  par  eux-mêmes  se  renverser  ainsi  en  l'air,  où  ils 
n'ont  aucun  point  fixe  pour  s'appuyer.  Mais  la  crainte  dont  ils 
sont  saisis  leur  fait  courber  l'épine  du  dos,  de  manière  que 
leurs  entrailles  sont  poussées  en  enhaut,  ils  allongent  en 
même  temps  la  tête  et  les  jambes  vers  le  lieu  d'où  ils  sont  tombés 
comme  pour  le  retrouver,  ce  qui  donne  à  ces  parties  une  plus 
grande  action  de  levier. 


—  139  — 

Ainsi  leur  centre  de  gravité  vient  à  être  différent  du  centre 
de  figure,  et  placé  au-dessus,  d'où  il  s'ensuit  par  la  démons- 
tration de  M.  Parent,  que  ces  animaux  doivent  faire  un  demi- 
tour  en  l'air,  et  retourner  leurs  pattes  en  embas,  ce  qui  leur 
sauve  presque  toujours  la  vie.  La  plus  fine  connaissance  de  la 
mécanique  ne  ferait  pas  mieux  en  celte  occasion,  que  ce  que 
fait  un  sentiment  de  peur,  confus  et  aveugle.  » 

(Histoire  de  r Académie  royale  des  sciences  de  Paris. 
Année  MDCC.  Pages  15G  et  ib7.) 

Craiiay. 

Ji  v's  y  prind,  savattc. 
On  v'veul  comme  les  chet 
R'toumer  so  vos  patte, 
Qwaïul  vos  fez  l'plonquet. 

(Alcide  Pryor.  Balivir  so  s'  panse.  1863.) 

Jacob. 

Voir  cial...  fans  èco  'ne  sàye...  Ca  ,ji  wage  qui  toratte, 
Elle  va,  tôt  comme  les  chet,  riloumer  so  ses  patte, 

(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrd.  II,  se.  3.  187o.) 

Verviers.       Mais  comme  ù  veut  ô  chet  rutoumer  so  ses  patte, 
1  r'prit  gosse  po  l's  oûhaî  IH'allant  r'vèyî  les  batte. 

(Poulet.  Li  pésonni.  1860.) 

Marcue.  Tos  les  chet  r'toumet  so  leu  patte. 

Namur.  I  r'chonnc  nosse  chet,  i  r'chait  todi  sus  ses  pid. 

Charleroi.  Toinette. 

Mossieu,  vos  arringet  tout  ça  comme  des  gaye  su  in  baston,  mais  mi,  ji  r'chai 
toudi  sus  mes  pid,  comme  les  marou. 

(L    Bernus.  Li  malade  S^-Thtbau.  I,  se.  a.  1876.) 

MoNS.  Les  prumiers  jour  c'a  a  été  tout  seu,  mais  c'a  n'pouvoi  nié  toudi  durer, 
i  falloi  bé  qud  l'cat  ritombe  sus  ses  patte  in  jour  ou  Paute. 

(Letelliir.  Armonaque  dé  Hlotis.  18oo.) 

Var.  Mons.  R'kèyi  su  ses  argot. 

(SiGART.  Dict.   1870.) 

505.  Avu  ses  àlie  comme  on  chet  d'vins  on  i^riisalî. 

LiTT.  Avoir  ses  aises  comme  un  chat  dans  un  groseiller. 
Craindre  de  se  remuer,  de  se  blesser.  —  Être  mal  à  l'aise. 
Pr.  fr.  —  Il  est  à  l'aise  comme  un  cheval  dans  une  boutique 
de  porcelaine. 

Variante.  Fer  des  oi'iye  comme  on  chet  qu'arège  divins  on  grusali. 

RoucHi.  I  fel  des  grimaches  comme  un  cal  qui  i)Ot  du  vinaiquc. 

(HÉCART.  Dict.) 

Var.  Tournai.  Y  est  contint  comme  in  pourcheau  dins  in  sac.  —  Ête  comme 
cine  mouque  dins  Ihuilc. 

506.  Les  chet  s'a^riftel  wisse  (fu'i  poh't. 
LiTT.  Les  chats  s'agriffent  où  ils  peuvent. 


—  140  — 

Mettre  tout  en  œuvre  pour  se  tirer  d'affaire,  pour  venir  à 
bout  de  ce  qu'on  a  entrepris. 

Pr.  fr.  —  Faire  flèclie  de  tout  bois. 

507.  On  cliet  piède  biii  ses  poyège,  mais  n'heut 
nin  ses  laides  manîre. 

LiTT.  Un  chat  perd  bien  ses  poils,  mais  ne  secoue  pas  ses 
mauvaises  allures. 

On  ne  se  corrige  jamais  entièrement. 

Pr.  fr.  —  Chassez  le  naturel,  il  revient  au  galop.  —  Toujours 
souvient  à  Robin  de  ses  flûtes. 

Natiirayn  expellas  furca,  tanien  usque  redibit. 

Lupus  piLuni,  non  ingeniurn  mutât. 

Le  loup  alla  à  Romme  et  y  laissa  de  son  poil  et  rien  de  ses 
coutumes. 

Le  loup  change  de  poil  et  non  pas  de  naturel. 

(Le  père  Jean-Marie.  Divertissement  des  sages.  1665.) 

Assueta  relinquere  durum  est. 

(Lejeune.  Proverbia  familiaria.  4741.) 

Chat  qui  a  accoustumé  à  prendre  des  souris  ne  s'en  peut 
tenir. 

(OUDIN.  Curiositcz  françaises.  1640,) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

On-z-a  bin  raison  d'dire  qui  l'chet  piède  ses  poyège. 
Mais  ses  manîre,  ma  frick,  rin  n'ies  peut  fer  passer. 

(Is.  DoRY.  Couplets.  1879.) 
Tatenne. 

Qu'on  a  raison  de  dire 
Qu'on  chet  piède  ses  poyège,  min  jamâye  ses  manîre. 

(Remouchamps.  Li  sav'tl.  II,  se.  8.  1858.) 

Verviers.      0  leup  piède  ses  poyège,  mais  n'  piède  nin  ses  manîre. 

(Poulet.  Li  péion/u.  1860.) 
Var.  Marche.  Dascole. 

Les  poil  do  r'naud  toumet,  1  n'ni  r'vint  des  novai 
I  d'meûre  todi  r'naud,  sins  pleur  cangî  jamais. 

(Alexandre.  Li  pèchon  d'avril.  I,  se.  2.  1858.) 

V.  Lafontaine.  La  clmtle  métamorphosée  en  femme. 

508.  Il  est  ossi  chaîpiou  qu'on  chet  d'après  l'Saint- 
J'han. 

LiTT.  Il  est  aussi  chétif  qu'un  chat  d'après  la  Saint-Jean. 

C'est-à-dire  qu'un  chat  né  après  le  jour  de  la  Saint-Jean 
(24  juin).  —  Il  est  de  fait  que  les  chats  nés  après  cette  époque 
de  l'année,  sont  toujours  très  frêles,  très  frileux  et  faibles  en 
santé. 


—  141  — 

Friquet. 
Vorcial  Chanchet. 

Mayon. 
Li  pauve  coirps  divint  ossi  chaipiou  qu'on  chet  d'après  l'Saint-J'han. 

(Demoulin.  Ji  voux,ji  n  poux.  11,  se.  3.  1838.) 

509.  11  èpoite  li  chet. 
LiTT.  Il  emporte  le  chat. 

Sortir  sans  dire  bonsoir.  —  Partir  à  la  française,  sans 
prendre  congé. 

Cf.  L'e.'cpression  En  catimini. 

Pr.  fr.  -  Emporter  le  chat.  Déménager  complètement  ;  le 
chat  étant  de  tous  les  animaux  domestiques,  le  plus  fidèle  au 

logis.    (LlTTRÉ.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

510.  C  n'est  nin  po  rin  qu'nosse  chet  n'poléve  chîr. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  pour  rien  que  notre  chat  ne  pouvait  chier. 

Se  dit  lorsqu'on  a  trouvé  une  erreur  dans  ce  qu'on  fesait, 
quand  on  a  surmonté  l'obstacle  qui  entravait  un  travail,  une 
affaire. 

511.  Vieux  cal,  jône  soris.  (Tournai.) 

LiTT.  A  vieux  chat,  jeune  souris. 

Manière  de  parler  proverbiale  pour  dire  qu'à  un  homme  sur 
le  retour,  il  faut  une  jeune  femme  ;  marque  surtout  la  préfé- 
rence qu'ont  les  vieux  pour  les  jeunes. 

Comp.  La  chanson  du  sire  de  Franboisy. 

Frameri£S.        In  vieil  proverpe  qu'on  cite  ein  no  villache, 
Et  qu'est  conneu  ein  Chine  comme  à  Paris, 
Pou  consoler  les  gins  d'in  certain  ache 
Dit  qu'au  vieil  cat,  i  faut  des  jônes  soris. 

{A  cinquante  ans.  Chanson.  Arm.  borain.  1890.) 

512.  Méchant  comme  in  cat  bocheu.  (Tournai.) 

LiTT.  Méchant  comme  un  chat  bossu. 

Homme  colère,  hargneux.  —  On  sait  que  les  chats  furieux 
font  le  gros  dos. 

513.  Fer  voler  r  chet.  (Veryiers.) 

LiTT.  Faire  voler  le  chat. 

Vouloir  faire  quelque  chose  d'extraordinaire  et  n'y  pas 
réussir. 

DU   CHAT   VOLANT   (ORIG.). 

a  On  a  beaucoup  parlé  du  chat  volant  de  Verviers,  et  on  a, 
dans  plusieurs  bibliothèques,  un  poème  imprimé  à  Amsterdam, 
rempli  de  plaisanteries  sur  ce  chapitre. 


—  142  — 

«  llien  de  plus  vrai  qu'on  y  fit  la  tentative,  Tan  1C41,  d'en 
faire  voler  un.  On  s'en  est  extrêmement  moqué,  et  on  a  couvert 
de  ridicule  ceux  qui  la  firent  ;  cependant  elle  pouvait  aussi 
bien  réussir  que  les  Mongollières  ou  ballons  aérostatiques  ;  car 
on  avait  employé  les  mêmes  moyens  pour  faire  voyager  ce  chat 
dans  le^  airs.  On  l'avait  attaché  à  quatre  vessies  qu'on  avoit 
gonflées  avec  du  gaz  ;  on  n'a  rien  fait  de  plus  pour  élever  les 
ballons  que  de  les  en  remplir  aussi. 

'(  Pour  rendre  l'animal  plus  léger,  on  le  fit  purger,  et  un 
apothicaire,  nommé  Saroléa,  lui  administra  un  clystère.  Il  fut 
ensuite  porté  en  grande  cérémonie  sur  la  tour  de  l'église 
paroissiale,  d'où  il  fut  lancé,  en  présence  d'une  partie  de  la 
magistrature,  qui  avait  pris  la  peine  d'enjamber  tous  les 
escaliers  de  la  tour,  pour  voir  de  plus  près  le  chat  fendre  les 
airs  ;  mais  au  lieu  de  s'élever,  comme  le  ballon,  il  tomba  tout 
uniment  du  haut  en  bas,  sans  pourtant  se  faire  aucun  mal.  Les 
quatre  vessies  firent  l'effet  du  parachute. 

a  Depuis  ce  temps-là,  quand  quelqu'un  fait  une  sottise,  on 
dit  qu'il  a  fait  voler  le  chat  ;  c'est  une  expression  proverbiale 
des  Verviétois.  » 

(Detrooz.  Histoire  du  marquisat  de  Franchimout.  Il»  partie.  16S.  Liège,   i809.) 

Cf.  Le  chat  volant  de  la  ville  de  Verviers  ;  histoire  véritable 
arrivée  en  1641.  Poème  publié  en  1841,  par  Angenot. 

M.  Ulysse  Capitaine  {Hiogr.  liégeoise,  p.  75)  raconte  comme 
suit  l'histoire  du  chat  volant  : 

"  Saroléa,  pharmacien,  né  à  Clieratte,  mourut  le  14  mai  1682  à 
Verviers,  où  il  exerçait  depuis  longtemps  sa  profession. 

"  Saroléa,  sur  les  indications  d'un  certain  Collinet,  du  village  de 
Heusy,  prétendit,  en  1641,  avoir  trouvé  le  moyen  de  faire  voler  un 
chat,  à  l'aide  de  vessies  remplies  de  gaz.  Voulant  que  ses  compatriotes 
fussent  témoins  de  cette  importante  découverte,  il  obtint  des  magis- 
trats de  Verviers  l'autorisation  d'annoncer  l'expérience  à  son  de 
trompe.  Au  jour  fixé,  on  fit  purger  le  chat  pour  le  rendre  plus  léger, 
on  lui  attacha  à  chaque  patte  une  vessie  remplie  de  gaz,  puis  on  le 
porta  en  grande  cérémonie  sur  la  tour  de  l'église  paroissiale,  d'où  il 
fut  lancé  dans  l'espace,  en  présence  du  bourgmestre  et  de  toute  la 
population  de  Verviers.  Mais,  au  lieu  de  voler,  le  chat  tomba  tout 
uniment  par  terre.  Saroléa  fut  traité  de  charlatan  et  couvert  de 
ridicule. 

"  Faire  voler  le  chat  est  resté  une  expression  proverbiale  à  Verviers, 
pour  dire  :  promettre  plus  qu'on  nepeut  tenir,  faire  une  sottise  avec  éclat. 

"  La  tentative  de  Saroléa  fournit  à  l'un  de  nos  poètes,  le  baron  de 
Walef,  le  sujet  d'un  petit  poème  burlesque  et  satirique  qu'il  publia 
en  1730,  .sous  ce  titre  : 

"  Le   chat  volant  de  la  ville   de    Vervier,  histoire  véritable  par 


—  143  — 


Monsieur  Willem  Crap.  —  A  Amsterdam  (Liège),  chez  Jacque  Le  Franc, 
à  l'enseigne  du  Chat-Botez,  in-12  de  21  pp. 

"  Cette  pièce  pseudonjTne,  devenue  aujourd'hui  d'une  excessive 
rareté,  n'a  pas  été  reproduite  dans  les  œuvres  du  baron  de  Walef.  Le 
poète  Angenot  la  fit  réimprimer  eu  1841.  {Verviers,  Angenot,  fils,  in-8 
de  31  pp  )  Il  ajouta  un  correctif  qu'il  fit  suivre  d'une  chanson  anonyme 
composée  vers  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  sous  le  titre  de  La  queue  du 
chat  volant  de  la  ville  de  Verviers.  „ 

V.  Nautet.  Notices  historiques ,  t.  I,  p.  83. 

N.  B.  L'idée  de  SarolÉA  n'est  qu'ime  modification  de  celle  de 
Cyrano  de  Bergerac  (Histoire  comique  de  la  lune). 

Vosl'kinohez,  il  est  d'Vervî 
D'cisse  vèye  qu'a  fait  voler  ine  biesse, 
El  qu'a  d'hité  tote  cisse  noblesse, 
C'esteul  on  chet,  selon  l'histoire. 

{Pa-iquèye  faite  à  jubilé  Dom  Bernard  Godin.  17C4.) 

Verviers.  I  ohe  bin  fé  creùre  à  totes  les  gins 

Uuu  les  chin  hawel  po  les  quawe, 
Qu'les  chet  volet  comme  des  balawe. 
{Le  vol  du  chai  de  Vervieis.  Chant  burlesque.  XYU^  siècle.) 

Verviers.  Lu  pus  sùti  n'  promeltret 

Qu'i  n'fret  jamauye  voler  l'chet. 

(Renier.  Spots  rimis.  1871.) 

514.  Fer  de  F  boléye  po  l' chel. 
LiTT.  Faire  de  la  bouillie  pour  le  chat. 

Prendre  de  la  peine  pour  faire  quelque  chose  qui  ne  servira 
à  rien.  (Acad.) 

Pr.  fr,  —  Faire  de  la  bouillie  pour  les  chats. 

St-Qlentis.  Cha  s'ra  du  lait  bouli  pour  chés  kals. 

Spa.  I  n'  vunin  nin  comme  on  d'héve 

Fer  de  i'bolèye  po  les  chet 

Vive  les  électeur,  o  guè  ! 

{A  tir  des  braiyd.  Pasquéye,  vers.  184o.) 
Var.  Malmedy.  Fer  d'I'ovrège  du  poutrain. 

515.  1  n'y  a  nin  d'quoi  batte  on  chet. 
LiTT.  Il  n'y  a  pas  de  quoi  battre  un  chat. 

L'aflaire,  la  faute  dont  il  s'agit  n'est  qu'une  bagatelle.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  pas  là  de  quoi  fouetter  un  chat. 

Variante.       Quelle  niohon,  li  d'héve-l-on,  on  n'y  st*  batte  on  chin. 

(Dehin.  Parole  d'à  Socrâte.  Fàve.  48.H2.) 
Var.  Niveixes.  1  n'a  né  d'  quoi  batte  on  chi. 

Lille.  J'va  le  conter  m'n  afl'aire  et  j'espère 

Qu'i  n'y  a  point  d'quoi  fouetter  un  cat. 

(Dkshousseaux.  Chamom  lilloites.  18o3.) 


—  144  — 

516.  Les  èfant  des  chet  magnet  voltî  des  soris. 

LiTT.  Les  enfants  des  chats  mangent  volontiers  des  souris. 

Ordinairement  les  enfants  tiennent  des  mœurs  et  des  incli- 
nations de  leurs  pères.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Tel  père,  tel  lils.  —  Bon  chien  chasse  de  race.  — 
Bon  sai\g  ne  peut  mentir. 

hnproborum  itnproba  soboles. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Après  Pâque  divinrez-v'  mèyeu  ? 
Po  v's  el  bin  dire,  wère  ji  n'el  creu, 
L'èfant  dé  chet  magne  les  soris 
Sins  qui  s'pére  ni  lî  âyc  appris. 

(Renard.  Mathieu  Laensberg,  1844.) 
Çouqu' c'est  qui  l' naturel 


à  Tprumire  occasion 

Comme  s'on  aveu  rèchî  es  Moûse 

I  roûvèye  toi  et  si  r'prind  s'  couse. 
Ossi  c'est  d'on  vî  spot,  l'eximpe  qui  ji  l'a  pris 
Todi  l'èfant  d'on  chet  magne  voltî  les  soris. 

(Baili-EUX.  Li  cale  cangèije  àj'eumme.  Fàve.  ■ISSi.) 

Ll  prince  di  Stav'leù...  s'apinsant  qui  les  èfant  des  chet  magnet  volt!  les  soris... 
i  n  sonlà,  etc. 

(G.  Magnée.  Li  creri'quini  de  prince  âbbé  di  Stav'leù.  -1867.) 

Namur.  Sins  trop  1'  sorbatte,  i  faut  qu' jonesse  si  passe, 

L'èfant  d'on  chet  mougne  voltî  des  soris. 

(Wérotte.  Jean  Joseph  divint  vi.  Ch.  i8G7,  ¥  éà.) 

Beauraing.         I  brigaudet  partout,  i  n'ainmet  nin  li  s'cole, 

I  jurct  ja  comme  vos,  d'jet  des  moaigès  parole, 
On  èfant  d' chet  dit-st-on  mougne  volti  des  soris. 

(Vermer.  Les  solée.  -1862.) 

Charleroi.  Èfant  d'chet  mougne  voltî  soris. 

Mo.NS.  Èfant  d'cat  miû  voltié  sorite. 

Tournai.  Infant  d'cat  ming'te  volontiers  soris. 

JoDoiGNE.  Èfant  d'chet  mougne  voltî  des  soreu. 

Picardie.  Qui  vient  de  bon  cat,  volontiers  surque. 

(CORBLET.  Gloss.  iSÏA). 

Prov.  valaque.  Ce  qui  naît  de  la  chatte  attrape  des  souris. 

517.  I  gn'a  non  cliol  (|ui  n'grette. 
LiTT.  Il  n'y  a  aucun  chat  qui  ne  gratte. 
Chacun  sa  nature. 

Var.  Jodoigne.  Èfant  d'chet  grette  voltî. 

518.  Li  chet  s' frotte  podrî  l'orèye. 
LiTT.  Le  chat  se  frotte  par  derrière  l'oreille. 
Il  va  pleuvoir. 


—  145  — 

519.  1  vind  des  boignes  chet  podrî  les  Mèneii. 

LiTT.  Il  vend  des  chats  borgnes  derrière  les  Mineurs. 

Il  a  une  existence  problématique. 

N.  B.  Derrière  Téglise  Saint-Antoine  (autrefois  des  Mineurs), 
à  Liège,  il  y  a  une  rangée  d'échoppes.  C'est  le  quartier- général 
des  fripiers  (vi-wan). 

I  s'dihcve  de  meslî  des  bouteu-foù,  et  s'enne  aveut-i  wère  mind  nol  aute  qui 
d'vinde  des  boignes  chet  drî  les  Mèneu.  (G.  Magnée.  Bnîiri.  i86o.) 

o20.  Jower  po  ses  chet.  (Pays  de  Hervé.) 

LiTT.  Jouer  pour  ses  chats. 

Jouer  chacun  pour  son  compte,  jouer  à  comptes  particuliers. 
—  Se  dit  dans  tout  jeu  à  partners. 

521.  Chet  chondé  a  peu  d' l'aîwe  foide.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Chat  échaudé  a  peur  de  l'eau  froide. 
Quand  on  a  éprouvé  quelque  grande  peine,  quelque  désap- 
pointement, on  en  redoute  jusqu'à  l'apparence.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Chat  échaudé  craint  l'eau  froide. 

Var.  Tournai.  Quand  on  a  éX6  piqué  on  r'tire  s'deogt. 

522.  Ch'est  comme  in  cat  à  l'agonie,  i  fet  acore 
sintir  ses  greaux.  (Tournai.) 

LiTT.  C'est  comme  un  chat  à  l'agonie,  il  fait  encore  sentir 
ses  griffes. 

II  fait  le  mal  tant  qu'il  peut. 

528.  Quand  l'chet  grotte  es  ramon,  signe  di  vint; 
podrî  l'orèye,  signe  di  plaîve.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Quand  le  chat  gratte  sur  le  balai,  c'est  signe  de  vent 
et  derrière  l'oreille,  c'est  signe  de  pluie. 

524. 1  ravisse  les  chet,  c'est  rare  qwand  i  s' trèbouhe. 

LiTT.  Il  ressemble  aux  chats,  c'est  rare  quand  il  trébuche. 
C'est  un  homme  qui  a  de  la  chance,  qui  réussit,  qui  n'éprouve 
pas  de  revers. 

525.  Fer  s' chet. 

LiTT.  Faire  son  chat. 

Faire  des  économies,  ramasser  un  petit  pécule,  et  en  mau- 
vaise part,  détourner  ce  qui  doit  revenir  à  d'autres. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Thoumas. 
Si  Marèye  a  jâsé,  c'est  qu'i  gn'a  quéque  saquoi, 
Di  Tonton  c'est  I'  woisonnc,  et  po  1'  moumint,  mutoi 
Qu'mes  cusin  fet  leu  chet. 

(Al.  Peclers.  L'ovrège  d'à  Chanchet.  Sc.  2.  1812.) 

iO 


146  — 


Et  raàgré  1'  vôye  de  progrès 

Et  l'sciince 
Les  voleur  fet  mî  leu  chet 

Qu'on  n'el  pinse. 

(G.  Dklarge.  Mathieu  Laemberg.  4886.) 
Var.  Tournai.  Faire  s'  burrc. 

5'26.  Li  chet  a  niougnî  l' vessie.  (Jodoigne.) 

LiTT,  Le  chat  a  mangé  la  vessie. 

Parfois  on  ajoute  :  1  n'a  lèyî  qu'  les  deux  orèye. 

Vous  nous  contez  une  blague,  un  mensonge,  une  vanterie. 

CHATEAU. 

o'27.  Fer  des  chestaî  en  Espagne. 

LiTT.  Faire  des  châteaux  en  Espagne. 

Faire  de  beaux  projets  qui  ne  peuvent  pas  se  réaliser.  —  Se 
repaître  de  chimères.  (Littriî.) 
Faire  des  châteaux  en  Espagne. 

(Le  Père  Jean-51arie   Le  divertissement  des  sages.  1665.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Or  çou  qui  gn'a  dispùye  pau  ci'  limps 
On  jône  tindron,  â  doux  minlin, 
Là,  d'vins  ine  vèye  mohon  d'  campagne 
Fève  des  bais  ciieslai  en  Espagne. 

(J.-J.  Hanson.  Li  Hinriâde  traveslèye.  Ch.  IX.   -1780.) 

Li  ci  qu'a  fait  li  cîr  et  les  montagne 
A  d'né  de  F  jôye  àx  pauve  comme  âx  rintî, 
Quoirans  1'  bonheur  àx  chestaî  es  l'Espagne, 
Pc  r  jôyedi  s'  ralii. 

(A.  HoCK.  Li  jôye  di  s'rafii.  Ch.  1836.) 

Namuu.  I  'nnès  quitte  po  ses  chestia  en  Espagne 

I  r'prind  s'ioyet  comme  s'i  n'aveul  rin  sli. 

(J.  COLSON.  L'hérilance  du  Gaspard.  Ch.  186i2.) 

CHATOUILLER. 

o28.  Si  calî  po  s' ter  rire. 
LiTT.  Se  ctiatouiller  pour  se  faire  rire. 
On  dit  aussi  :  Il  n'fât  nin  s'catî  po  s'fer  rire. 
S'exciter  à  la  gaieté,  à  la  joie  pour  un  faible  sujet  ;  môme 
sans  sujet.  (Agad.) 

Pr.  fr,  —  Se  chatouiller  pour  se  faire  rire. 
Cité  par  Forir.  Dicl. 

L'aute  vi  raconte  ine  pitite  quolibette 
L'aute  po  l' fer  rire  i  fàt  qu'i  s'  grette. 

{Pasquèyeso  les  séminarisse.  4735.) 


—  147  — 


Or  çou  qu'i  gn'a,  portant  1'  baî  sire, 
S'catèye  comme  on  dit  po  s' fer  rire, 
Et  fait  à  brave  Hinri  l'affront 
l)i  lî  mostrer  si  laid  trô  rond. 

(Hanson.  Ll  Hinriade  travestèye.  Ch.  VIII.  dTSO.) 

Spa.  Parlans  on  pau  d'cesbiesse 

Lu  r'but  des  humain, 
Du  ces  bornèyès  liesse 
D'ces  crapuleux  vàrin 
Qwand  n'  savut  pus  quoi  dire, 
I  s'guittièt  po  s' fer  rire. 

(Jehln.  Pasquèrje,  I8i4.  Recueil  de  Body.) 
Marche.  I  vaut  mî  s' chôpiet  po  s' fet  rire. 

Qui  d'Iachel  li  s'cret  qu'on  n'  peut  dire. 

(Alexandre.  P'iiiconi.  1860.) 
Var.  Nabiur.  Quéquî  ses  pid  po  fer  rire  ses  ortet. 

JODOIGNE.  Vaut  mia  s'  quéquî  po  s'  fer  rire, 

Que  dé  dire  one  saquoi  qu'on  n'  pout  ni  dire. 

Charleroi.     L'  garçon  fiel  dins  l' palais,  c'  qu'i  v'iet  pou  s' diverti. 
Mais  su  s' vie,  i  n'  p'iel  né  sorti  ; 
I  jouwet  à  rtourpine,  a  l'galine  et  àx  guie 
On  l'auret  chaupii  pou  qu'i  rie. 
(L.  Bernus.  L' huzard  eiet  V  moiche  chance.  Fauve.  •fSTS.) 
Auvergne.  Poutoun  et  le  brave  La  Hire 

Se  chatouillount  tos  doux  par  rire. 
(Faucon.  La  Henriade  de  Voltaire  en  vers  burlesques  auvergnats.  Ch.  VII.  1798.) 

CHAUD. 

559. 1  n'ya  rin  d'trop  chaud  ni  d'trop  freud  por  lu. 

LiTT.  II  n'y  a  rien  de  trop  cliaud  ni  de  trop  froid  pour  lui. 
Se  dit  d'un  homme  avide,  qui  veut  trop  avoir,  qui  prend  de 
toutes  mains.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  ne  trouve  rien  de  trop  chaud  ni  de  trop  froid. 

I  n'y  a  rin  d' trop  chaud  ni  d' trop  freud  por  lu,  i  el  prindreut  so  l' liesse  d'on 
tigneu.  (Reiucle.  Dict.) 

Mencheur. 

II  esteut  lerminl  agîslé  es  s'  mohonne  qu'i  n'y  aveut  rin  d"  trop  chaud  ni  d' trop 
freud  inte  di  zell. 

(DD.  Salme.  Pris  d'vins  ses  lèce.  II,  se.  5.  i880.) 

CHAUDEAU. 

530.  Quand  l'aras  fait  l'caudieau,  faudra  1' boire. 

(MONS.) 
LiTT.  Quand  tu  auras  fait  le  chaudeau,  il  faudra  le  boire. 
Quand  l'affaire  est  engagée,  il  n'y  a  plus  à  reculer.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Le  vin  est  tiré,  il  faut  le  boire. 


—  148  — 

MONS.  Ouais  mé,  il  avoi  l'ail  1'  caudieau,  i  fouloi  1'  boire. 

(Lktellier.  Àrmonaque  dé.  Mons.  1849.) 

Quand  t  aras  fait  1'  caudieau,  faudra  1'  humer. 

(MouTRiEL'X.  Des  nouvicaux  conte  dé  quié.  18b0.) 

Variante.  Floket. 

Ji  veus  qu'  nos  estans  logî  à  'ne  belle  esseigne,  cial. 

GlLLIS. 

Li  bîre  est  sèchèye,  i  fât  1'  beùre. 

(DD.  Salme.  Les  rabroiihe.  Se.  C.  1882.) 

Var.  Marche.  Quand  1'  verre  est  vûdet,  i  T  faut  beùre. 

CHAUDRON. 

531.  On  n'attind  nin  l'velle  de  1' procession  pour 
recurer  ses  coderlat.  (Tournai.) 

LiTT.  On  n'attend  pas  la  veille  de  la  procession  pour  récurer 
ses  chaudrons  de  cuivre. 

On  n'attend  pas  le  dernier  moment  pour  faire  une  chose 
indispensable. 

CHAUFFER. 

532.  Çou  qui  n'  châffe  nin  por  vos,  lèyîz-le  cure  po 
ine  aute. 

LiTT.  Ce  qui  ne  chauffe  pas  pour  vous,  laissez  le  cuire  pour 
un  autre. 

On  ne  doit  pas  rechercher  une  demoiselle  si  on  ne  veut  pas 
prétendre  à  sa  main. 

Variante.     Çou  qu'on  n'  vout  nin  magnî  crou,  on  l' lait  cure  po  ine  aute. 

CHAUSSÉ. 

533.  Ni  riez  nin  d'on  ma  châssî, 
Vos  soler  polet  s'  kihyî. 

LiTT.  Ne  riez  pas  d'un  individu  mal  chaussé, 

Vos  souliers  peuvent  se  déchirer. 
Ne    riez    point    d'un    malheureux,    l'adversité    peut    vous 
atteindre.  —  Ne  insultes  miseris. 

Ne  vous  moquez  pas  des  mal  chaussés,  vos  souliers  perceront. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  1640.) 

11  ne  se  faut  jamais  moquer  des  misérables. 

(Lafontaine.  Le  lièvre  et  la  perdrix.) 

Marche.  Ni  v'  moquez  nin  des  mau  chausset, 

On-z-a  lortos  do  1'  pône  asset. 

(Alexandre.  P'tii  corci.  1860.) 

JoiJOiCNE.  L'  ce  que  rit  d'on  mau  chaussi  iret  quéque  fie  à  pîd  tôt  t'  chau. 


—  149  - 


CHEMIN. 

534.  Courir  po  qiiate  kemin.  (MoNs.) 
LiTT.  Courir  par  quatre  chemins. 

Ne  pas  s'expliquer  fraot-hement,  chercher  des  détours.  (Agad  .) 
Pr,  fr.  —  11  ne  faul  pas  aller  par  quatre  chemins. 

MoNS.  Ainsi,  sans  cour!  po  quate  kemin,  enne  faisons  nié  droguer  nos  chers 
lecteur. 

(ftloUTRiEUX.  3"'e  année  des  conte  dé  quié.  1851.) 

Namur.  I  s' décide  à  fer  v'nu  li  niéd'cin  Garalchite,  on  vî  d'ia  vieille,  qui  n'y 
alleuve  nin  pa  quate  chemin  et  qui  vos  digeuve  tôt  d'  suite  si  vos  d'vîz  fer  voss^ 
testaminl. 

{La  Marmite,  gazette.  1889.) 

Metz.         Les  gens  veuillent  ate  sarvis  comme  de  juste  et  d'  rayons, 
Faul  ete  sur  quate  chemins,  allaye  dans  les  bocherayes. 

(Georgex.  Histoire  véritable  de  Vernier,  maître  tripier. 
Dialofjite  patois  messin.  1798.) 

535.  Il  est  todi  so  champ,  so  vôye. 

LiTT.  II  est  toujours  sur  champ,  sur  voie. 

11  est  toujours  en  route,  il  n'est  jamais  au  logis. 

Pr.  fr.  —  Il  est  toujours  par  voies  et  par  chemins. 

Je  n'irai  par  monts  et  par  vaux 
M'exposer  aux  vents,  à  la  pluie. 

(Lafontaine.) 
Il  est  toujours  à  la  voye. 

(OUBIN.  Ciiriositez  Jrançoises.  -1640.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

I  li  fàreut  des  robe  di  sôye, 
Des  dintelle  et  des  falbala. 
Et  d'esse  todi  so  champ,  so  voye. 
Cori  les  bal,  fer  des  grands  r'pa.*. 

(AUG.  HoCK.  Li  trifogne.  Ch.  1835.) 

Et  so  r  limps  qu'  tos  les  deux,  v's  estez  so  champ,  so  vôye, 
Qui  loukeà  vos  èfant?  Vosse  siervante,  cisse  cànôye. 

(Ed.  Remoochamps.  Les  deux  voisin.  -1876.) 

Lille.  Il  est  toudi  par  camp  et  par  voe. 

(Vekmesse.  Voc.  du  patois  lillois.  1801.) 

Basse-Allemagne.  —  Immer  auf  den  Beinen  sein. 

536.  On  n'  veut  qu'lu  et  les  chin  avà  les  vôye. 

LiTT.  On  ne  voit  que  lui  et  les  chiens  sur  les  chemins. 

Même  sens  que  le  précédent. 

Nivelles.  On  n'  voit  qu'  li  et  les  chî  su  les  rue. 

537.  J'a  fait  voye  à  d  rente. 
LiTT.  J'ai  fait  route  à  droite. 


—  150  — 

Je  n'ai  ni  perdu  ni  gagné.  —  Mes  gains  sont  insignifiants. 
Variante.  J'a  fait  recht  iveg. 
Expression  du  jeu  de  quilles. 

538.  L'  ci  qui  sût  l'dreûte  vôye  ni  s'toide  mâye. 

LiTT,  Celui  qui  suit  le  droit  chemin  ne  se  tord  (ne  se  perd) 
pas. 

Celui  qui  procède  avec  sincérité,  avec  loyauté,  sans  nul 
artilice,  ne  craint  pas  de  se  fourvoyer. 

La  ligne  droite  est  le  plus  court  chemin  d'un  point  à  un 
autre.  (Legendre.) 

Ainsi  fînihe  cisse  longue  pasquèye 
Qu'on  (leut  fer  k'nohe  toi  avà  l'vèye, 
Po  mostrer  qu'  les  anti-jureux 
Vont  très  k'toird,  pinsant  aller  dreut. 
(Apologèye  des  priesse  qu'on  fait  l'sermint.  1793.  B.  et  D.  Choix  de  chansons.) 

Qwand  on  va  1'  dreûte  vôye,  nosse  dame,  on  est-st-aoureux. 

(A.  HocK.  La  famille  Matfiot.  iSTi.) 

Julien. 

Ji  veus  bin  qui  rin  n'  toûne  bin  à  ci  qui  n'  .sût  nin  l' dreûte  vôye. 

(DD.  Salme.  Li  germalle.  Se.  40.  1883.) 

Chârleroi.  Toinette. 

Quand  on  moaise  vout  d'aller  comme  eune  vie  chavatte,  eune  mesquenne  qui  voit 
'ne  miette  pus  Ion  qud  1'  débout  de  s'  nez  doit  lî  parler  à  s'barette  pou  l'ermette  dins 
r  doile  vôye. 

(L.  Bernus.  L'  muludc  St-TInbau.  I,  se.  5.  4876.) 

JoDOiGNE.  L'  ce  que  sut  l'doite  vôye,  ne  stoide  ni  l' pid,  ne  s' piède  jamais. 

539.  Tote  vôye  mône  à  Rome. 

LiTT.  Tout  chemin  mène  à  Rome. 

On  peut,    de    diverses   manières,  arriver   au    même    but. 

(LiTTRÉ.) 

Pr.  fr.  —  Tout  chemin  mène  à  Rome. 

Il  fut  un  temps  où  ce  dicton  était  littéralement  vrai  :  alors, 
en  effet,  tout  chemin  était  une  voie  militaire  partant  de  la  Ville 
éternelle,  et  construite  par  les  Romains  vainqueurs  pour 
assurer  leurs  possessions  en  pays  conquis. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

Ils  .s'y  prirent  tous  trois  par  des  routes  diverses. 
Tous  chemins  vont  à  Rome,  ainsi  nos  concurrents 
Crurent  pouvoir  choisir  des  sentiers  différents. 

(Lafontaine.  Fable  27.  Livre  XII.) 

MONS.  Bon  quoi  s' que  ça  fait,  Zabelle,  tous  les  qu' min  conduittet'à  Rome,  qu'on  dit. 

(F.,ETELUER.  Armonaque  dé  Morts.  -1879.) 

Un  touriste  en  excursion  h  Malchamps,  rencontra  un  vieux 
paysan  et  lui  demanda  quel  était  ce  chemin  de  la  Vequée  dont 


—  151   - 

on  ne  se  servait  plus.  La  réponse  du  vieil  Ardennais  est 
curieuse  :  «  Mon  père  m\i  dit  qu^en  auloant  exactement  cette 
voie,  on  arrivait  à  Rome.  »  La  naïve  réponse  du  paysan  est  en 
somme  l'expression  exacte  de  la  vérité. 

(H.  ScHUERMANS.  Spa,  les  hmiics  façines.  188G.  Note  transmise  par  A.  BoDY.) 

540.  I  tape  des  hamme  es  l'vôye. 

LiTT.  Il  jette  des  bancs  (des  tabourets)  dans  le  chemin. 
Il  cherche  à  détourner  le  fil  de  la  conversation.  —  Il  entrave 
les  affaires. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

S'i  sont  vcf,  c'est  l' malheur,  s'i  sont  joyeux,  c'est  l' jôye 
I  s'y  prindet  d'  manîre  à  mette  on  hamme  es  1'  vôye. 

(G.  Delarge.  lue  copenne  conte  les  pek' ceux.  1873.) 

Verviers.  Lu  R'nau. 

Nos  y  vairans,  coula  va  comme  one  sûye, 

I  n'y  a  qu'  ci  castor  là,  qu'est-sl-on  fier  hamme  es  1'  vôye. 

(Xhoffer.  Les  biesse.  I,  se.  lO.  1858.) 

Verviers.  Baptisse. 

Tu  paise  quu  les  çaisî  et  les  maisse,  c'est  des  hamme, 
Qui  sayôt  d'vins  leu  vôye,  tofcr  du  mette  des  hamme. 

(RÉsnoN.  Hairiel  Baptisse.  1872.) 
Jalhay.  Majenne. 

Avoz-v'  co  on  hamme  à  mette  es  1'  vôye  ?  I  v'groûle  one  saquoi  es  vête  duspôye 
bin  longtimps.  (Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  7.  1861.) 

JoDOiGNE.  1  tappe  des  pire  avau  les  vôye. 

o41. 1  gn'a  bin  cint  pîd  d' mâle  vôye. 

LiTT.  Il  y  a  bien  cent  pieds  de  mauvais  chemin. 

Il  s'en  faut  de  beaucoup  ;  vous  êtes  loin  de  la  vérité  ;  vous 
n'avez  pas  deviné  juste. 

Pr.  fr.  —  En  tout  pays,  il  y  a  une  lieue  de  méchant  chemin, 
c'est-à-dire  :  il  n'y  a  point  d'aiïuire  où  Ton  ne  trouve  des 
difficultés.  (LiTTRÉ.) 

54^.  I  deut  r  vôye  à  St-Linâ. 

LiTT.  II  doit  le  chemin  (le  pèlerinage)  à  St- Léonard. 
Il  l'a  échappé  belle,  il  revient  do  loin. 
St-Léonard,  patron  des  bouilleurs. 
Cité  par  Forir.  fywj. 

Elle  rimercia  1'  binam(î  bon  Diu  di  11  avu  sèchî  cisse  sipenne  là  foii  de  pîd,  et 
k'fessa  qu'elle  divéve  ine  vôye  à  St-Linà. 

(G.  Magnée.  liniiri.  1805.) 

Var.  Jodoigne.         l  doit  l'vôye  à  MoiHagueu.       Il  a  prometicu  1'  vôye. 


—  152  — 

543.  Miner  so  'ne  vôye  qui  n'a  nolle  pire. 

LiTT.  Conduire  dans  un  chemin  qui  n'a  pas  de  pierres. 

Amener  quelqu'un  à  coder,  à  subir  notre  loi  ;  prévoir  toutes 
les  objections. 

Pr.  t'r.  —  Mener  quelqu'un  par  un  chemin  où  il  n'y  a  point 
de  pierres. 

MoNS.  Ti  mène  tout  comme 

Douzett'minl  t' n'  homme. 
Pa  'n'  ein  p'iil  qu'  min  qui  n'a  nié  ein  cayau. 
•   (J.-B.  Descamps.  Ercette  pouféereein  bieau  mainnache.  Ch.  1832.) 

Atteindez  eine  minute,  qu'ail' dit,  nous  s'ein  allons  vous  foere  passer  pareinc 
voyette  qui  g'n'aura  pau  d'cailleux.  (GossEU.  Lettres  picardes.  ISiS.) 

544.  Ête  su  l'route  de  Pic-au-Venl.  (Tournai.) 

LiTT.  Être  sur  la  route  de  Pic-au-Vent. 
Avoir  un  commencement  de  folie. 

(La  route  de  Pic-au-Vent,  chaussée  de  Douai,  conduisait 
autrefois  à  l'établissement  des  aliénés  à  Froidmont.) 

543.  Aller  s' petit  bonhomme  de  qu'min.(TouKNAi.) 

LiTT.  Aller  son  petit  bonhomme  de  chemin. 

Faire  ses  volontés  sans  se  soucier  de  ce  qui  peut  en  résulter. 

Mener  ses  affaires  adroitement  et  sans  éclat.  (Littré.) 

546.  Faire  du  qu'  min  d'  poutrin.  (Tournai.) 

LiTT.  Faire  du  chemin  de  poulin. 

Faire  des  démarches,  des  courses  inutiles. 

547.  L'ei  qui  d'mande  si  vôye,  c'est  qu'il  est 
pierdou. 

LiTT.    Celui  qui  dirriande  son  chemin,  c'est  qu'il  est  perdu. 
Réplique  à  ceux  qui  s'imaginent  que  la  question  qu'on  leur 
adresse  n'est  pas  sérieuse. 

548.  C'est  co  pu  vî  qu'  les  ch'moin.  (Charleroi.) 

LiTT.  C'est  encore  plus  vieux  que  les  chemins. 
Fort  vieux,  très  connu.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Vieux  comme  les  chemins. 

Charleroi.     Arrive  in  vî  baudet  qui  v'net  d'Mon  seu  Marcienne. 
Il  estet  co  pu  vî  qu'  les  ch'moin. 

(L.  Bernus.  Fable.) 
MoNS.  C't'enne  vérité  co  pus  vieille  que  les  qu'min  d'elle  moudrée.  (On  croit  que 
moudrée  signifie  meurtre.)  (Sigaut.  IHct.) 

Nivelles.         D'in  costé  cest-st-enne  boij^ne,  et  d' l'aute  elle  est  berlue, 
Sale,  vie  austant  qu'les  ch'min,  padrî,  pad'vanl  bossue. 
(M.  Renard.  Les  aventures  de  Jean  d'  Nivelles.  Gh.  II,  S^éd.  1890.) 


—  153  — 

CHEMINÉE. 

549.  D'vant  qii'  les  ch'minêye  ni  sèyesse  so  les  teut. 
LiTT.  Avant  que  les  cheminées  ne  soient  sur  les  toits. 
Avant  le  point  du  jour,  de  très  grand  matin.  Avant  qu'il  ne 

fasse  assez  chiir  pour  distinguer  les  cheminées  sur  les  toits. 
Pr.  fr.  —  Dès  que  les  chats  seront  chaussés. 

(Leroux.  Dict.  comique.) 

I  rèvînlît  lot  l' monde,  durant  'ne  samaine  ou  deux, 
Uivant  qui  les  ch'minôye  ni  fourit  so  les  teut. 

(Thiry.  hte  cope  di  Grandiveux.  i859.) 

Servais. 

Kiniint  don,  vos  v's  avez  surmint  levé  qui  les  ch'minùye  n'estît  nin  co  so  les 
teut,  tôt  l'càbaret  est  d'jà  r'niettou  à  pont. 

(Bkahy.   Li  bouquet.  II,  se.  2.  1878.) 
Var.  Mons.     I  s'  lève  avant  que  1'  diale  n'eusse  mis  sd  maronne. 

(J.-B.  Descamps.  Ch.  4841.) 

Var.  Mons.  Comme  d'effet,  l'iindemain  au  matin,  Baptisse  s'in  va  appeler  Colas 
quatte  pied  d'vant  l' jour. 

(Leteixier.  Uours  été  les  deux  compère.  Fàve.  Arm.  dé  Mom.  18ÎJ9.) 
Var.  Tournai.     Été  en  veoe  avant  que  1'  diable  a  mis  ses  bottes. 

Var.  Lille.  Et  qu'  vèyant  chir,  tous  ceschochons 

Ont  mis  tertous  leus  biell's  capottes, 
Avant  que  V  diale  euch'  mis  ses  bottes. 

(Desrousseaux.  Chansons  lilloises.  18oi.) 

Var.  Douai.  Quand  que  j'  devros  dequinde  d'min  lit  avant  que  1'  diale  qu'il  ail 
mis  ses  culottes,  comme  un  dit  à  Douai. 

(Dechristé.  Souv'nirs  d'un  homme  d'  Douai.  '18!J6.) 

Magré  qu'i  m'a  dit  qu'y  savot  levé  avant  que  ch'  soleil  qu'il  euhe  mis  ses  culottes. 
(Dechristé.  Souvenirs  d'un  homme  d'  Douai.  i8o7.) 

CHEMISE. 

550.  C'est-st-ine  belle  putain,  et  s' n'a  nolle  chiniîhe. 

LiTT.  C'est  une  belle  prostituée,  mais  elle  n'a  pas  de  chemise. 

Les  apparences  sont  belles,  mais  la  réalité  est  à  peu 
près  nulle. 

Les  apparences  sont  trompeuses,  souvent  un  grand  étalage 
cache  une  profonde  misère. 

Pr.  fr.  —  Habit  de  velours,  ventre  de  son. 

55t.  Pus  près  tint  s'  cliimihe  qui  s'  cotte. 

LiTT.  Plus  près  tient  sa  chemise  que  sa  jupe. 

Les  intérêts  personnels  sont  plus  forts  que  les  autres.  (Ac.\d.) 

Pr.  fr.  —  La  peau  est  plus  proche  que  la  chemise. 


—  154  — 

Variante.  Li  ch'mihe  attint,  pus  qui  F  cotte. 

Namur.  Pus  près  va  s'  chimiche  qui  s'  cotte. 

MoNS.  Pus  près  va  s'  quemihe  que  s'  cotte. 

Verviers.  Près  m'  cotraî,  co  pus  près  panaî. 

Malmedy.  Près  est  m'  cotraî, 

.  Eco  pus  près  m'  panaî. 

JoDOiGNE.  Le  pia  est  pé  près  parint  que  1'  chemige. 

Picardie.  S'  kemise  est  pus  près  qu'  sin  gartin. 

(GORBLET.  Gloss.) 

La  chemise  me  touche  de  plus  près  que  le  manteau. 

Le  genouil  est  plus  proche  que  la  jambe. 

(Pcre  Jean-Marie.  Le  divertissement  des  sages.  1665.) 

Ma  chair  est  plus  près  que  ma  chemise. 

(Oddin.  Cunositez  françoises.   ■1640.) 

Plus  près  m'est  char  que  m'est  chemise. 

{Chron.  de  Godefroid  de  Paris.  XIII"^  siècle.) 

Près  est  ma  coste,  plus  près  est  ma  chemise. 

{Prov.  gallic.  4SI 9.) 

ïunica  proprior  pallio  est.  (Plaute.) 
CHERCHER. 

552.  Cache  après,  c'est  su  l'Flénu.  (Mons.) 

LiTT.  Cherche  après,  c'est  dans  le  Flénu. 

Ce  proverbe  (calembour)  se  dit  habituellement  aux  personnes 
qui  ont  perdu  quelque  chose  et  qui  disent  :  je  cache  après  (je 
cherche  après). 

Cache-après  est  le  nom  d'une  houillère  du  Flénu  (Hainaut). 

MoNS  Tant  c'qu'a  lés  autes  corrobolarateur  dé  l'armonaque,  j'vos  l's  abandonne  ; 
si  vos  volez  savoir  leu  nom,  adressez-vous  à  Cache-après. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  i856.) 

CHEVAL. 

553.  On  ch'vâ  d'  mèye  cârlusse  pout  s'trèboiihî. 

LiTT.  Un  cheval  de  mille  llorins  peut  se  trébucher. 
Il  n'est  point  d'homme  si  sage,  si  habile,  qui  ne  fasse  quel- 
quefois des  fautes,  qui  ne  se  trompe  quelquefois.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Il  n'est  si  bon  cheval  qui  ne  bronche. 

Il  n'est  si  bon  cheval 

Qui  ne  mette  son  pied  mal. 

Il  n'y  a  si  bon  cheval  qui  ne  devienne  rosse. 

(OuDiN.  Curiositez  françoises.    •1640.) 

Non  est  tam  bonus  qui  non  cospitet  equus. 

(LejEUNE.  Proverbia  familiaria.  1741.) 


—  155  — 

Naml'r.  I  n'y  a  pont  d'si  bon  ch'fau  qui  n'  bronche. 

MoNS.  L'  mèyeux  quévau  peut  chopper. 

MONS.  Mais  surtout  j'vos  in  prie,  n'allez  nié  faire  les  maux  pus  grand  qu'i  n'sont, 
d'ayeurs  vos  savez  bé  que  Tmeyeur  quévau  peut  chopper,  né  pas. 

(Letellier.  Armonaque  de  Moti.s.  1860.) 

554.  In  bon  ronchin  pelte  ein  pichanl.  (Mons.) 

LiTT.  Un  bon  étalon  pette  en  pissant. 
On  peut  faire  deux  choses  à  la  fois. 

(SiGART.  Dict.   1870.) 

555.  Brider  si  ch'và  po  l' quowe. 

LiTT.  Brider  son  cheval  par  la  queue. 

S'y  prendre  maladroitement  et  à  contre  sens  dans  une 
affaire.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Brider  son  cheval  par  la  queue.  -  Kcorchor  l'an- 
guille par  la  queue. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Mais  pus  estourdi  qu'des  biket 
Po  l'quowe  i  bridet  leu  bidet. 
(J.-J.  Hanson.  Les  lusiade  èsvers  ligeois.  Ch.  III.  1783.) 

Variante.  Achovans  nos  rapsodiurn 

Ji  sos  on  maisse  l'aliborum; 
J'a  ciette  bridé  li  ch'và  po  l'cou, 
Ji  sos  avà  les  fagne  pierdou. 
{Pasquèije  faite  à  l'occasion  de  jubilé  (/'  dom  Bernard  GodiH,abbé.  17Gi.) 

I  vola  fer  trop  l'èlindou 
Et  i  firi  ma  s'  compte, 
C'esteul  brider  .si  ch'và  po  l' cou 
Et  vola  comme  on  s"  trompe. 

{Jubilé  du  père  Janvier.  1787.) 

CoNDROz.  Si  l'sogne  d'on  chin  qui  hawe 

A  spawté  leu  roncin, 

I  v's  el  bridet  po  1'  quawe. 

I  n'  prind  pus  1'  moirs  àx  dint. 

(Damoiseaux.  Li  vèye  di  Craque-xi-foirt.  1871.) 
Var.  Marche.       ('/  n'est  nin  po  1'  drî  qu'on  bride  one  àne. 
Stavelot.  I  n'  faut  nin  ébrider  lu  g'vau  po  l' cou. 

Namur.  On  bride  cor  assez  sovint  l' baudet  pa  l' queuwe. 

Nivelles.  Brider  1'  chévau  pa  1'  queue. 

JoDOiGNE.  Ce  n'est  ni  pa  li  d'drî  qu'on  breudc  se  baudet. 

Basse-Allemagne.  —  Die  Kuh  beim  Schvvanze  anfassen. 

556.  Il  a  s'tu  à  cli'và  so  s'  maisse. 
LiTT.  Il  a  été  à  cheval  sur  son  maître. 

Se  dit  d'un  mari  dont  la  femme   porte  les  culottes  et  par 


—  156  — 

extension  de  tout  individu  ijui  croit  être  le  maître  d'une  chose 
et  qui  ne  l'est  pas. 
Var.  Tournai.        I  peut  bin  écrire  à  Saint- Georche,  i  est  monté  su  1'  diable. 

5o7.  Monter  so  ses  grands  ch'và. 

LiTT".  Monter  sur  ses  grands  chevaux. 

Prendre  les  choses  avec  hauteur,  montrer  de  la  fierté,  de  la 
sévérité  dans  ses  paroles;  élever  sa  voix  et  son  geste  avec 
chaleur  et  audace.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Monter  sur  ses  grands  chevaux.  —  Monter  sur 
ses  ergots. 

HiGNAR. 

Avon  ciste  air  doûmiesse 
I  monte  so  ses  grands  ch'và, 
Hola,  vos  v'  frez  de  ma  ! 
Vos  estez  trop  hàhiesse. 

(De  Harlez.  Les  hypoconte.  I,  se.  3.  1758.) 

L'  raayeûr  montant  sus  ses  grands  ch'và,  lî  d'manda  s'i  louquîve  H  cour  po  ine 
chaive  di  pivion  des  Lolà. 

(G.  Magnée.  Li  houlotte.  4871.) 

Marche.  Vo  t' là  sus  tes  hauts  ch'vau,  tu  gueule, 

Pasqui  j' les  prind  po  des  aveùle. 

(Alexandre.  P'tit  corii.  ISfiO.) 

Basse-Allemagne.  —  Sich  auf's  hohe  Pferd  setzen. 

558.  J'aime  mî  cori  après  mi  ch'và  qui  de 
r  ridressi. 

LiTT.  J'aime  mieux  courir  après  mon  cheval  que  de  le  relever. 
Un  excès  de  vigueur  vaut  mieux  qu'une  faiblesse  incurable. 

Variante.  I  vàt  mî  cor!  après  si  ch'và  qui  d'el  rilèvé. 

559.  Es'  n'est  gnié  devant  le  g'vau,  /^..„<.  \ 
Qu'i  faut  apprester  1'  gouriau    U^^^^^-) 

LiTT.         Ce  n'est  pas  devant  le  cheval, 
Qu'il  faut  préparer  le  collier. 
Pour  réussir  il  faut  de  l'adresse,  de  la  dissimulation. 

(Sigart.  Dict.  du  wallon  de  Mons.  1870.) 
Var.  St-Hubert.     I  n'  faut  nin  ach'ter  1'  brite  duvant  lu  ch'vau. 

560.  Si  li  ch'vâ  d'bois  d'aousse  esteut  cial,  i 
v'  pitreut. 

LiTT.  Si  le  cheval  de  bois  d'août  était  ici,  il  vous  donnerait 
des  coups  de  pied. 

Su  dit  quand  quelqu'un  avance  un  mensonge  avéré. 


—  157  — 

Tatenne. 

Si  11  ch'và  d' bois  il'aousse  esteut  cial  i  v'pitreut. 

Grespin. 

J'a  todi  oyou  dire  qui  1'  vî  bois  prind  vite  feu. 

(Remol'champs.  Li  sâv'tî.  I,  se.  u.  1858.) 
Var.  Huy.     Si  li  ch'và  d' bois  d"  Nameûr  vis  oyéve,  1  v'  mougn'reut. 

Var.  Jodoigne.  Se  f  vas  dire  au  ch'vau  d'  boit  d'  Nameùr,  i  t'  donrot  on  comp 
d'  pid. 

Var.  Ni\t:lles.  Allez  raconter  ça  au.x  ch'vau  d'bo  dé  1'  rouche  broque,  vos  n'arez 
pou  d'ruade. 

561 .  Les  ch'và  à  vert  et  l' trôye  àx  gland. 
LiTT.  Les  chevaux  au  vert  et  la  truie  aux  glands. 
Chacun  à  sa  place. 

Jodoigne.      Chacun  à  s'place,  le  ch'vau  es  stauve,  le  trôye  es  rang. 

562.  Li  père  des  bons  ch'và  n'est  nin  co  moirt. 
LiTT.  Le  père  des  bons  chevaux  n'est  pas  encore  mort. 

Se  dit  pour  déprécier  un  objet  dont  on  a  envie,  pour  insinuer 
qu'on  peut  trouver  encore  une  chose  semblable,  même  meil- 
leure. 

563.  A  ch'fau  donné,  on  n'  riwaîte  nin  les  dint. 

(Namur.) 

LiTT.  A  cheval  donné,  on  ne  regarde  pas  les  dents. 
On  doit  accepter  sans  examen  les  cadeaux  que  l'on  vous  fait. 
—  Un  don  est  toujours  bien  venu.  (Littré.) 

Jodoigne.  On  ch'vau  qu'on  t'  donne  ne  compte  ni  ses  dint. 

564.  C'est  r  pus  baî  ch'và  foû  d'  mi  stà. 

LiTT.  C'est  le  plus  beau  cheval  (pris)  hors  de  mon  écurie. 
Se  dit  ordinairement  en  jouant  aux  cartes  pour  montrer  le 
regret  qu'on  éprouve  de  se  défaire  d'une  belle  carte. 

565.  L'esporon  fait  li  ch'vû. 

LiTT.  L'éperon  fait  le  cheval. 

Un  peu  de  sévérité  est  utile pourdonnerunebonneéducation. 

(Remacle.  Dict.) 

Il  faut  de  la  fermeté  dans  les  affaires  difficiles.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  A  méchant  cheval  bon  éperon. 

Tout  cheval  a  besoin  d'esperon. 

(OUDIN.  Curiosiiez  françoites.  1045.) 

Cité  par  Forir.  Uict. 

JoDWCNE.  C'est  ni  le  sporon  qu'  fait  le  ch'vau. 


—  158  — 
o6().  Miner  H  ch'vâ  à  l'aîwe  po  1'  bride. 

LiTT.  Conduire  le  cheval  à  Peau  par  la  bride. 
Faire  facilement  les  affaires.  —  Venir  aisément  î'i  bout  des 
personnes  ignorantes. 

Vaiuakte.  Miner  à  i'aiwe  po  1'  bêche. 

oG7.  Esse  comme  on  ch'vâ  d'  gosson. 
LiTT.  Être  comme  un  cheval  de  blatier. 
Être  maigre,  faible,  minable. 

I  va  mostrer  pa  ses  action 
Qu'i  n'  rissonle  nin  à  ch'và  d'  gosson. 

(J.  Dejardin.  Chanson.  -1844.) 

Ossi  hink  qui  des  ch'và  d'  gosson, 
Elle  div'nel  ronde  comme  des  posson 
A  Spà. 
(G.  Delarge.  Les  alwe  di  Spà.  Crâniignon.  i873.) 

568.  Qui  a  s'tii  bon  moraî,  est  bon  grison. 

LiTT.  Qui  a  été  bon  noiraud,  est  bon  grison. 

Celui  qui  n"a  pas  fait  d'excès,  doit  avoir  une  verte  vieillesse. 

Verviers.  Bon  moraî,  bon  grisai. 

569.  Qui  s'  wâde  poutrin,  si  r'troûve  roncin. 
LiTT.  Celui  qui  se  garde  poulain,  se  retrouve  étalon. 

Celui  qui  a  combattu  avec  succès  la  première  effervescence 
de  sa  jeunesse,  prolonge  sa  virilité. 

2»  MASQUÉ. 

On  proverbe  qui  j'ô  dire  sovinl. 

Qui  m'  ripasse  cial  es  l' liesse. 
Dit  qui  li  ch'vi'i  qui  s'  wàde  polin, 

Si  r'troûve  divin  s'  vyesse. 

(Delcuef.  Les  deux  neveux.  II,  se.  i""*.  1859.) 

Variante.  Qui  s'  wàde  polin,  si  r'troûve  chivà. 

Verviers.  Qui  jûne  si  donne  bonne  govienne, 

Moùrl  V),  co  foirt  comme  one  vienne. 

(J.-S.  Renier.  S/JoM  rimes.  iSli.) 

570.  Tempe  quevieau,  tempe  careogne.  (Tournai.) 

LiTT.  Du  bonne  heure  cheval,  de  bonne  heure  charogne. 
Qui  commence   la   vie   de   bonne   heure  a  une  vieillesse 
précoce. 

RoucHi.  Tempe  quévau,  tempe  caronc.  (Celui  qui  mésuse  de  sa  jeunesse,  devient 
faible  et  infirme  de  bonne  heure.) 

(IIÉCART.  Dict.) 


-  159  — 
o71.  Monter  V  blanc  ch'vaii.  (Verviers.) 

LiTT.  Monter  le  clicval  blanc. 
Faire  banqueroute. 
Monter  sur  l'asne. 

(OUDIN.  Curiosicez  françaises.  -1640.) 

Verviers.  Les  carosseont  fait  des  grands  mau 

I  ont  fait  trotter  lu  blanc  ch'vau. 

{Pasquéye.  1780.  Recueil  BODY  ) 

SpA.  Si  r  Dâphin  a  on  rond  dôs, 

S'  grand  père  n'a  nin  monté  1'  blanc  ch"vau. 

{Chansoti  patriotique.  4786.  Recueil  BoDY.) 

Verviers.  Lu  ci  qui  a  quéquès  richesse, 

A  r  vole  s'i  veut  peter  haut, 
Taper  les  ouhe  po  les  tinièsse, 
Trop  vite,  i  monte  lu  blanc  ch'vau. 

(M.  Pire.  Saint- IHre  so  V  bon  Diet.  Chanson.  4884.) 

572.  C'est  si  grand  ch'vau  d'  bataye.  (Namur.) 

LiTT.  C'est  son  grand  cheval  de  bataille. 
C'est  l'argument  dont  il  s'appuie,   l'idée  à  laquelle  il  est 
attaché.  (LiTTRÉ.) 

Pr.  fr.  —  C'est  son  grand  cheval  de  bataille. 

Namur.  J'a  rovi  one  saquoi,  i  faut  qui  j'  vos  es  cause, 

Car  c'est  là  F  grande  affaire,  11  vrai  trô  dins  l'èplausse. 
Li  pus  grand  ch'vau  d'  balaye  di  nos  pus  grands  savant. 

(Demanet.  Oppidum  atuaticorum.  4843.  —  Annales  de  la 
Société  arch.  de  Namur.  Tome  II.) 

573.  Fer  comme  les  mâvas  ch'vâ. 

LiTT.  Faire  connme  les  mauvais  chevaux. 
Hocher  la  tête  sans  parler. 

574.  C'est  le  ch'vau  qui  mène  l'altellée  qu'attrappe 
les  comp  de  scorie.  (Jodoigne.) 

LiTT.  C'est  le  cheval  qui  conduit  l'attelage  qui  attrape  les 
coups  de  fouet. 

C'est  la  personne  qui  est  placée  à  la  tête  d'une  afTaire  qui  est 
la  plus  exposée  à  en  subir  les  désagréments, 

CHEVEU. 

575.  Il  a  on  cli'vet  so  l'ieppe. 

LiTT.  II  a  un  cheveu  sur  la  lèvre. 

11  est  légèrement  ivre.  —  H  a  le  parler  difficile. 

Variante.  Il  a  on  ch'vet  so  l' lînwe. 


—  IGO 


Variante.  Fikine. 

Ci  n' sèreut  qu'on  d'inèye  ma  dépasser  vos  cîse  errîd'ini,  mais  1' pus  sovint 
qwand  vos  riv'nez  vos  avez  on  gros  poyôge  so  l' lînwe. 

(Willem  et  Bauwens.  Li  galant  da  Fifine.  Se.  i^'e.  -1882.) 

o76..  Si  lèyî  sèchî  par  on  ch'vet. 
LiTT.  Se  laisser  tirer  par  un  cheveu. 
Faire  semblant  de  résister. 

Un  cheveu  de  ce  qu'on  aime, 
Tire  plus  que  quatre  bœufs. 

{Vieille  chanson  française.   XVII*  siècle. J 

Vis  d'bâchî  !  ci  sèreut,  l'diale  m'èpoite,  mâlàhèye  ! 
Tôt  v' séchant  po  treus  ch'vet  on  contintreut  si  idèye. 

(Thiry.  lue  cope  (li  Grandivettx.  185>9.) 

Ji  les  k'nohe  :  i  sont  tos  parèye  : 
On  les  ratinreut  par  on  ch'vet. 

(Alcide  Pryor.  Police  et  cabaret.  4861.) 

577.  Li  ci  qui  n'a  qii' treus  ch'vet  les  a  vitepeignî. 

LiTT.  Celui  qui  n'a  que  trois  cheveux  les  a  vite  peignés. 
Celui  qui  a  peu  de  choses  à  faire  est  vite  au  bout  de  sa  tâche. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

578.  Avu  les  ch'vet  près  de  l' tiesse. 

LiTT.  Avoir  les  cheveux  près  de  la  tête. 

Se  dit  d'un  homme  prompt,  colère,  qui  se  fâche  aisément. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Il  a  la  tête  près  du  bonnet. 

Variantes.  Avu  l' tiesse  près  de  bonnet. 

Avu  r  tiesse  près  des  ch'vet. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Et  (le  plus  que  Junon  la  folle 

Dont  la  tête  est  près  du  bonnet.  (Scarron.) 

Li  fcumme  di  l'avoué,  qu'a  les  ch'vet  près  de  l' tiesse, 
Uesponda,  sins  bàbî,  qu'elle  ni  don'reut  nin  'ne  vesse. 

(Remacle.  Conte.  -1859.) 
Fifine. 

Awet  mais,  n'est-ce  nin  si  risquant  l' jeu  qui  vos  volez  m' fer  jower  ?  C'est  qui  mi 
homme  à  l' tiesse  près  des  ch'vet,  et  l'affaire  poreut  ma  tourner. 

(Willem  et  Bauwens.  Li  galant  da  Fifine.  Se.  4.  i882.) 

Marche.  Ah  !  T'as  les  ch'veux  trop  près  de  l' tiesse. 

Var.  Givet.  Mais  d'y  consinti  ji  n'  pou  mô 

Ca  j'ai  r  liesse  près  dou  bonnet. 

Et  comme  ji  m'connet. 
Nos  n'porint  nin  d'merel  longtimps  achonne. 
(SOHET.  Li  guernouije  qui  vu  s'fer  aussi  grosse  qu'in  bou.  Faufe.  185S.) 


—  161; — 

579.  Finde  on  ch'vei  es  qwatte. 

LiTT.  Fendre  un  cheveu  en  quatre. 

Faire  des  distinctions,  des  divisions  subtiles.  (Agad.)   — 
Pousser  le  ménage  jusqu'à  l'avarice. 

(Leroux.  Dict.  com.  1752.) 

Pr.  fr.  —  Fendre  un  clieveu  en  quatre. 

Est-st-i  chin  ?  i  lou\v"reul  on  piou  po  'une  avu  1'  pai,  et  i  findreut  on  ch'vet 
es  qwatle  po  1'  rallongui. 

(Remacle.  Dict.) 

580.  1  faut  prinde  in  cli'veii  à  vo  bouclie.  (Mons.) 
LiTT.  11  faut  prendre  un  cheveu  dans  votre  bouche. 

Il  faut  prendre  patience.  Ne  s'adresse  qu'aux  gens  qui  ont 
faim  et  qui  doivent  attendre. 

Variante.  Sud  s'  pôce. 

Sucer  ses  pouces. 

On  dit  encore  à  Mous  :  I  faut  chucher  eune  feuye. 

11  faut  sucer  une  feuille. 

MoNS.        Su  c'  timps  là  lés  ouvrier  d"  Mons  chucheront  'ne  feuye. 

(Letellier.  Armonaquc  dé  Mous.  1833.) 

I  chuciioit  'ne  feuye  au  lieu  d'  rafourer  s' panse. 

(J.-B.  Descamps.  Vire  les  gitu  riche.  Ch.  1850.) 

Var.  Marche.  BAguATito. 

Et  d'vins  lot,  ménagez  1'  dûse, 
Pus  taurd  on-/.-a  co  .seu, 
I  gn'a  qui  sucet  leu  p'ce. 
Qwand  ou-z-a  compté  lot  seu. 

(Alexandre.  Li  péchon  d'avril.  II,  se.  -IS.  i858.) 

Var.  Namur.  C'est  core  on  cop  1'  novelle  année, 

Est-ce  qui  jamais  ca  n"  finirel, 
Tétrans-n'  nosse  puce  tôle  li  joiirnée. 
N'aurans-n'  jamai.s  riii  dins  1'  gossel? 

(Wérotte.  Les  allumeux  d' lampe.  Ch.  i8t»7.) 

Var.  Jodoigne.        Frotter  ses  leppe.  — Teters'  ponce. 

Tournai.  Sucher  s'  pouce. 

581.  INi  t'ni  qu'à  on  cli'vet. 
LiTT.  Ne  tenir  qu'à  un  cheveu. 

Il  ne  s'en  faut  plus  que  de  très  peu.  (Littré.) 
Fig.  Il  ne  s'en  faut  pas  de  l'épaisseur  d'un  cheveu. 

Louise. 
Après  lî  avu  d'né  l'intrùye  dispôye  ine  an, 
Qu'i  n'  tint  pus  qu'à  on  ch'vet,  vraiminl  qu'on  n'  si  marèye, 
I  trouve  qu'i  vàrcut  mî  ine  autequ'avasse  quéque  mèye. 

(Ed.  Remouciiamps.  Les  amour  d'à  Gèriî.  I,  sc.  9.  1875. 

Jodoigne.  Ça  n'a  l'neu  qu'à  on  ch'fia. 

11 


—  4*62  — 

58^2.  A  c'ste  heure  vos  polez  loyî  vos  ch'vet  et 
passer  l'aîwe. 

LiTT.  A  présent  vous  pouvez  lier  vos  cheveux  et  passer  l'eau. 
Vous  devez  considérer  cette  afïaire  comme  terminée. 

CHEVILLE. 

583.  On  fait  les  ch'vèye  d'après  F  trô. 

LiTT.  On  t'ait  les  chevilles  selon  le  trou. 
Chaque  chose  doit  être  faite  convenablement,  selon  l'usage 
qu'on  doit  en  taire. 

CHÈVRE. 

584.  Ni  lèyîz  nin  aller  l' gatte  à  1'  hâye.  (Marche.) 

LiTT.  Ne  laissez  pas  aller  la  chèvre  à  la  haie. 
Il  faut  empêcher  de  faire  une  chose  nuisible. 
JoDOiGNE.  1  nïaut  jamais  leyî  aller  l'gatte  à  l'hàye. 

585.  Bàhî  r  gatte  inte  les  coinne. 
LiTT.  Baiser  la  chèvre  entre  les  cornes. 
Faire  une  chose  désagréable. 

A  rfin  des  fin,  noste  homme  si  lèya  à  dire  si  bin,  qu'i  s'résoûda  à  bâhî  Tgatte  inte 
les  coinne. 

(G.  Magnée.  BaUri.  1865.) 
Babette. 

Que  visège,  S'«-Bablenne, 

Allez,  vos  bàh'rîz  bin  ine  gatte  inte  les  deux  coinne. 

(Ed.  Remouciiamps.  l.ex  amour  d'à  Cérâ.  I,  se.    17.  1875.) 

Marche.  Ji  sauret  binlot  rabresset 

L'poil  di  nosse  gatte,  inte  les  deux  coinne. 

(Alexandre.  P'tii  corti.  18G0.) 

580.  Siposer  l' gatte  et  1'  biket. 

LiTT.  Épouser  la  chèvre  et  le  chevreau. 
Se  dit  d'un  homme  qui  a  épousé  une  fille  grosse  d'un  enfant 
dont  il  n'est  pas  le  père.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  a  pris  la  vache  et  le  veau. 
JoDoiCNE.  Marier  l' vache  et  l'via. 

587.  Wisse  qui  1'  gatte  est  loyèye,  i  fât  qu'elle 
waîdèye. 

LiTT.  Où  la  chèvre  est  attachée,  il  faut  qu'elle  broute. 

On  doit  .se  résoudre  à  vivre  dans  l'état  où  l'on  se  trouve 
engagé,  dans  le  lieu  où  l'on  est  établi.  (Acad  ) 

Namur.  Ouce  qui  l'gatte  est  loyèye,  i  faut  qu'elle  broslêye. 


—  103  — 

Pr.  fr.  —  Où  la  c'ièvre  est  attachée,  il  faut  qu'elle  broute. 
Là  ou  la  chèvre  est  liée,  il  faut  bien  qu'elle  y  broute. 

(Molière    Le  médecin  malgré  lui.  III,  se.  3.) 

Cité  par  Forir.  Dirl. 

JoDOiCNB.  Ouce  que  l'galte  est  alonhie,  faut  qu'elle  pache. 

588.  Après  vos  c'est  les  galte  et  après  les  gatte 
c'est  co  vos.  (JonoiGNK.) 

LiTT.  Après  vous  ce  sont  les  chèvres  et  après  les  chèvres, 
c'est  encore  vous. 

Se  chante  au  nez  de  quelqu'un  qui  fait  de  trop  beaux  projets. 

CHIEN. 

589.  Inte  chin  et  leûp. 

LiTT.  Entre  chien  et  loup. 

Le  moment  de  crépuscule  où  l'on  ne  fait  qu'entrevoir  les 
objets  sans  pouvoir  les  distinguer.  (Acad.) 
Cf.  QuiTARD.  Dict.,  p.  'l'il. 

590.  Les  chin  sont  todi  chergî  d'  pouce. 
LiTT,  Les  chiens  sont  toujours  chargés  de  puces. 
Il  faut  fuir  la  mauvaise  compagnie. 

Qui  hante  chien,  puce  remporte. 

Mais  comme  des  pouce  so  on  chin. 
On  'nnés  véyéve  tôt  neûr, 
Prête  à  dire,  c'est  peûrc  vérité, 
Moncheu  Nicaise,  à  vosse  santé. 

(N.  1)EFRECHEUX.  iMcuise  U  foirt.  C.onte.  1870.) 

Marche.  Les  chin  sont  todi  chergcl  d'  pouce. 

591.  Esse  li  chin  â  grand  golé. 

LiTT.  Etre  le  chien  au  grand  collier. 

Se  dit  d'un  homme  qui  a  le  principal  crédit  dans  une  com- 
pagnie,dans  une  maison. (Acad.)—  Le  plus  apparenté. (Oudin.) 

Pr.  fr.  —  C'est  un  chien  au  grand  collier.  —  C'est  un  des 
grands  colliers  de  la  compagnie. 

De  ces  auteurs  au  grand  collier, 

Qui  pensent  aller  à  la  gloire 

Et  ne  vont  que  chez  l'épicier.  (Scarron.) 

Tos  ces  docteur  âx  grands  golé 
Et  tos  l's  aute  qui  l'ont  approuvé, 
Lî  front,  ma  foi,  foirt  bin  véyî 
Qui  d'vins  tôt  çou  qui  nos  a  dit 
I  n'  si  trouve  qui  tote  minl'rèye. 

{Respousc  à  i  jjuaquèye  des:  Alwe  di  Tomjres.  i7S0.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 


-  164  — 
59^.  Les  neurs  cliin  corel  ossi  vite  qui  les  blanc. 

LiTT.  Les  chiens  noirs  courent  aussi  vite  que  les  blancs. 
L'un   vaut   Tautre.    —    Excuse   dont  se   servent   les    gens 
malpropres. 

Marche.  Va,  les  neùrs  chin,  avau  les  champ, 

Corel  ossi  vile  qui  les  blanc. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 

MoNS.  Ein  noir  kic!  keurl  l't  aussi  rade  qu'ein  blanc. 

593.  S'accommoder  comme  chin  el  chel. 

LiTT.  S'entendre  comme  chien  et  chat. 

Ne  pouvoir  s'accorder,  ne  savoir  vivre  ensemble.  (Acad.) 

Pr.  fr.  -  Ils  s'accordent,  ils  vivent  comme  chien  et  chat. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Variante.  I  s'aimel  comme  chin  et  chet. 

Namur.  I  s'aimenl-nu  comme  chin  el  chel. 

MONS.  C'est  co  pire  (\\ié  cal  et  quié. 

Et  haye,  vocial  riv'nou  so  l' côp  tos  les  voisin, 

Cicial  so  on  vî  compte,  cila  po  'ne  aute  chîchêye, 

Les  Ireus  fré  s'ôlindît  adon  comme  chet  et  chin  ; 

Onk  vout  qu'on  qwîre  si  dreut,  les  aute  qu'on  s'accoirdêye. 

(Bailleux.  Li  vJ /iomme  e«  5e«  è/anf.  Ffive.  4852.) 

Stienne. 

Mi  fèye,  qwand  elle  est  d'  mâle  houmeùr,  c'est  todi  lu  qu'ennès  pâtihe,  di  manîre 
qui  n'  s'ètindet  nin  pus  qui  chin  et  chet. 

(BRAHy.  Fdte  de  parler.  Sc.  2.  -1879.) 
Marche.  Poquoi  s'  hayî  comme  chin  et  chet? 

Namur.  On  vos  assome  di  politique, 

On  s'  blanquit  avou  des  hochet, 
I  gn'a  deux  parti  dans  1'  Belgique 
Qui  s'cteinde-nu  comme  chin  et  chel. 

(Wérotte.  Choix  de  chansons  wallonnes.  1860.  3^  éd.) 
Var.  Namur.  C'est  1'  chel  qui  s'  daure  su  l' chin. 

Nivelles.  S'intende  comme  chi  et  chat. 

MoNS.  Quand  on  raconte  dé  deux  individu  qui  s'intindenl-té  comme  cat  et  quié, 
qui  sont  d'accord  comme  cat  et  quié,  c'  n'est  nié  bon  signe,  ça  veut  dire  que  les  carte 
sont  souvint  brouyée. 

(Lktellier.  Armounaque  dé  Mons.  4863.) 
Tournai,  S'inlinte  comme  tien  et  cat. 

Basse-Allemagne.  —  Sich  miteinander  wie  Hund  und 
Katze  vertragen. 

594,  I  n'y  a  rin  d'  parèye  qu'on  laid  chin  po  bin 
liawer, 

LiTT,  Il  n'y  a  rien  de  toi  qu'un  laid  chien  pour  bien  aboyer. 


—  165  — 

Les  personnes  disgraciéee  de  la  nature  ont  souvent  le  ton 
sarcastique,  la  réplique  mordante.  (Cela  doit  être;  c'est  le 
résultat  des  railleries  injustes  dont  elles  sont  souvent  l'objet.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

o95.  C'est  si  bon  qu'ein  quié  n'ein  baroi  gnié 
à  s' mère.  (MoNs.) 

LiTT.  Cela  est  si  bon  qu'un  chien  n'en  donnerait  pas  à  sa 
mère. 

C'est  excessivement  mauvais,  c'est  une  chose  dont  on  ne  peut 
absolument  rien  faire.  (Sigart.  Dict.  1870.) 

596.  Vos  estez  de  pays  wisse  qui  les  chiii  hawet  po 
d'sos  r  quowe. 

LiTT.  Vous  êtes  du  pays  où  les  chiens  aboient  par  dessous 
la  queue. 

Se  dit  à  celui  qui  débite  une  mauvaise  plaisanterie  ou  qui 
raconte  une  chose  incroyable. 

Variante.  A  tos  ces  là,  ji  diret  'ne  vraie 

C'est  qu'i  n'ont  co  jamàye  vèyou 
Li  baî  pays  de  I'  char  pressêye 
Wisse  qui  les  chin  hawet  po  l' cou. 

(H.  Olivier,  hie  vraie.  1890.) 

Verviers.  I  ohe  bin  fé  creûre  à  totes  les  gins, 

Qu'  les  chin  hawet  po  les  quavve, 
Qu'  les  chet  volet  comme  des  balawe. 
(Le  vol  du  chat  de  Verviers.  Chant  burlesque.  XVII^  siècle.) 

597.  Esse  deux  chin  so  'ne  ohaî. 
LiTT.  Être  deux  chiens  sur  un  os. 

Se  dit  de  deux  personnes  qui  sont  en  débat  pour  emporter 
une  même  chose  ;  qui  poursuivent  la  même  chose.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Ce  sont  deux  chiens  après  un  os. 
Deux  loups  après  une  brebis. 

(OUDIN.  Curiositez  françoi$es.  1640.) 
A  un  os 
Deux  chiens  fallos. 

(Prov.  de  Bouvelles.  1531.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

I  n  fet  d' l'arège, 
Li  neûr  visège. 
Les  fax  napai. 
Qui  treus  chin  so  'ne  ohaî. 

(Thiry.  LiPéron.  Chanson.  1859.) 

L'ÉTUDIANT. 

Eune,  ci  n'est  rin,  dit-st-on,  et  deu'i  c'est-st-on  hopaî. 
Mais  treus  feummc  et  1'  police,  c'est  qwatte  chin  so  "ne  ohaî. 

(ft.  DlîLARGE.  On  tour  di  butre.tse.  1874.) 


—  166  — 

Proven'ce.  Dispute  coumo  dous  gousses  per  un  os. 

Se  disputer  comme  deux  chiens  pour  un  os. 
(Comparaisons  pop.  provençales.  Revue  des  langues  romanes.  1881.) 

598.  Po  ré  les  ché  vont  à  maule.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Pour  rien  les  chiens  reçoivent  le  mâle. 
Réponse  que  l'on  fait  à  une  personne  qui  vous  demande  de 
taire  quelque  chose  pour  rien.  —  Je  ne  fais  rien  pour  rien. 

599.  On  dirent  qu'i  n' surent  d'copler  deux  chin 

LiTT  On  croirait  qu'il  ne  peut  découpler  deux  chiens. 

Se  dit  d'un  homme  qui  paraît  simple  et  qui  ne  l'est  pas.fAcAD  ) 

Pr.  Ir.  —  On  dirait  qu'il  ne  sait  pas  l'eau  troubler. 

Varianti:.  I  n'  sâreut  d'quower  deux  chin. 

MONSIEU  DUJARDIN. 

C'est  po  rire,  sùrmint,  pa  c'est-sl-on  jône  moncheu  à  la  mode  ;  l'annêyc  passêve 
1  n  areut  nin  polou  dcopler  deux  chin,  ji  n'es  r' vins  nin.  P<*i,seye, 

(Brahy.  Li  bouquet.  II,  se.  10.  1878.) 
Var.  Marche.        L' sort  mette  sovint  tôt  inte  les  patte, 
Di  qui  n'  set  discoplet  deux  gatte. 

(Alexandre.  P'tu  corti.  1860.) 

600.  Chin  qui  hawe  ni  hagne  nin. 

LiTT.  Chien  qui  aboie  ne  mord  pas. 

Les  gens  qui  font  le  plus  de  bruit  ne  sont  pas  toujours  les 
plus  a  craindre.  (AcAD.)  j  uis  ils 

Pr.  fr.  —  Chien  qui  aboie  ne  mord  pas. 

Chacun  chien  qui  aboyé  ne  mort  pas. 

[Anciens  prov.  XlIIe  siècle.) 
Canes  latranles  minus  mordent. 

(Lejeune.  Proverbia  familiaria.  \1H.) 
Variantes.  Tos  les  chin  qui  hawet  ni  hagnet  nin. 

(Remacle.  Dict.) 
Li  pus  méchant  chin  n'est  nin  1'  ci  qui  hawe  li  pus 
Grand  haweu,  p'tit  hagneu.  '(For.r.  Dict.) 

Verviers.  Lu  g'vau. 

Po  jugî  du  quéqu'  oke,  on  deut  1'  vèye  à  l'ovrège, 
Lu  Cl  qui  hawe  lu  pus  a  sovint  1'  mons  d'  corège.' 

(Xhoffer.  Les  blesse.  Il,  se.  6.  1858.) 
*'*"''^'"'-  Les  chin  qui  hawet  n'  hagnet  nin. 

Marche.  On  chin  qu'est  mouaî,  i  hagne  es  s'  quawe, 

N'oyez  nin  peu  do  ci  qui  hawe. 

(Alexandre.  P'tu  corti.  1800  ) 
BASSE-ALLE.\iAGNii.  -  Die  bellendcu  Hande  beissen  nicht. 


—  167  — 
601.  I  braît  comme  li  chin  d'vant  d'avu  l'côp. 

LiTT.  Il  crie  comme  le  chien  avant  d'avoir  reçu  le  coup. 

Il  a  peur  sans  sujet  ou  il  se  plaint  avant  de  sentir  le  mal. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Il  ressemble  aux  anguilles  de  Melun,  il  crie  avant 
qu'on  l'écorche.  (V.  Quitard.  Dict.,  p.  62.) 

Vous  ressemblez  le  chien  qui  crie, 
Ainz  que  la  pierre  soit  cheue. 

(Roman  du  renard.  XIII*  siècle.) 

Louquîz-y  donc  Bièlh'mé,  pus  vite  trope  qui  trop  pau, 
I  vâl  mî  chai  de  hraîre  divant  d'avu  r'çu  V  côp. 

(Thiry.  Ine  copenne  so  V  mariège  18S8.) 

Bazin. 

A  r  vûde  c'est  s' fer  des  ma  d' tiesse, 
Qwand  on  rèfléchihe  on  pau. 
Les  jalo  fet  comme  les  biesse 
Qui  braiyet  d'vant  d'avu  r  côp. 

(Demoulin.  On  pèkon  d'avri.  Se.  3.  1865.) 

Marche.  Les  chin  gueulet  todi  d'vant  1'  côp. 

NivELLKS.  Il  est-st-arrivé  comme  el  chî,  i  crie  d'vant  1'  coup. 

60"2.  Tronler  comme  on  chin  qui  chêye. 

LiTT.  Trembler  comme  un  chien  qui  chie. 
Éprouver  un  tremblement  nerveux,  soit   de  erainte,  soit 
de  froid. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

I  tronléve  comme  on  chin  qui  chêye 

A  seu  brut  di  s'  grande  rinommèye. 

(Hanson.  Li  Hinriade  travestèye.  l.  1780.) 
Marche.  Trônner  comme  on  chin  qui  chî. 

Var.  Namur.  I  trône  di  frèd,  comme  on  p'tit  chîn. 

Nivelles.  Trianer  comme  in  chî  qui  chie  des  loque. 

603.  Chin  fait  chin. 

LiTT.  Chien  fait  chien. 

Il  taut  avoir  des  égards,  envers  ses  semblables,  ses  confrères, 
ses  collègues. 

604. 1  va  tout  sucter,  comme  les  chî.  (Nivelles.) 

LiTT.  Il  va  tout  flairer,  comme  les  chiens. 

Il  faut  qu'il  se  môle  de  tout,  il  veut  tout  voir  et  tout  entendre. 

MoNS.  I  fait  comme  les  quié,  i  naque  su  tout. 

Tournai.  I  fet  comme  tes  thien,  i  naque  sur  tout. 

60o.  Chin  arègî  hagne  tôt  costé. 
LiTT.  Chien  enragé  mcmd  partoiKt. 


—  168  — 

Ceux  dont  les  passions  sont  excitées,  ne  sont  pas  difficiles 
dans  leurs  choix.  —  Tous  les  moyens  sont  bons  pour  réussir 
quand  on  veut  opiniâtrement  (en  mauvaise  part). 

00().  Batte  li  chin  d'vant  l' lion 
LiTT*.  Battre  le  chien  devant  le  lion. 

F.'iire  une  réprimande  à  quelqu'un  devant  une  personne  plus 
considérable,  afin  qu'elle  se  l'applique.  (Agad.) 
Pr  fr;  —  Battre  le  chien  devant  le  lion. 
Pour  douter,  bat-on  le  chien  devant  le  lyon. 

(Anc.prov   XIII''  siècle  ) 
Battre  le  chien  devant  le  loup. 

(Père  Jean-Ma.ue.  Le  divertissement  des  sages.  1068.) 

Cité  par  FoRiR.  Dict. 

BOUHON. 

J'a  îdèye  qui  Prosper,  voste  ancien  galant,  vis  rôle  co  es  l' tiesse. 
TiTiNE  (à  part). 

I  batte  li  chin  (i'vant  1"  lion Que  Judas. 

(Demouun.  On  pèhon  d'avri.  Se.  'I.  18Bo.) 
Jaspar. 
Ni  vèyez-v'  nin  bin  qu'i  batte  li  chin  d'vant  l' lion. 

(DD.  Salme.  Les  rabrouhe.  Se.  4.  d8S!i.) 
Mahche.  L'  ci  qui  craint  l' trimar  ou  V  bordon 

K'mince  à  batte  li  chin  d'vant  l'iion. 
,,       „  (Alexandre.  Ftit  corti.  -1860.) 

Var.  Marche.        Ti  vorais  batte  li  chin  d'vant  l' leup. 

le.^^?'  '  ^^^  hoûler  avou  les  ieup  et  hawer  avou 

LiTT  II  faut  hurler  avec  les  loups  et  aboyer  avec  les  chiens 
Il  tant  s  accommoder  aux  manières,  aux  mœurs,  aux  opinions 

de  ceux  avecqu.  l'on  vit.  ou  avec  qui  l'on  se  trouve,  quoiqi^on 

ne  les  approuve  pas  entièrement.  (AcAD.) 
Pr.  fr.  —  Il  faut  hurler  avec  les  loups. 

On  apprend  à  hurler,  dit  l'autre,  avec  les  loups. 

(Racine.  Les  plaideurs .  I,  se.  l"".) 
Cum  lupis  ulula,  cum  quibus  e.sse  cupis.  • 

(LE.JEUNE.  Proverbiafamiliaria.  {1A\  ) 
El  Monsigneùr  Hinri  Ireusème 
A  ses  costé  qui  fève  co  1'  môme. 
Qnoiqu'i  n'  seùyc  nin  portant  hargneux 
Mais  i  hoiilfive  avou  les  leup. 

(J.-J.  Hanson.  Li  Hinriade  travestèije.  Ch.  II.  1780.) 
Dubois. 
Mais,  nenni,  v's  estez  bon  po  jowertos  fax  jeu 
Hawer  avou  les  chin,  hoùler  avou  les  leup. 

(Delchef.  Les  deux  neveux.  III,  se.  12.  1859.) 


—  169  - 

Auvergne.  A  l'est  naturelloment  doux, 

Faillot  hé  hurler  enibey  les  loup. 
(Faucon.  La  Henriade  de  Voltaire  mise  e7i  vers  burlesques 
auvergnats.  Ch.  II.  1798.) 

Basse- Allemagne.  —  Mit  den  Wôlfen  muss  man  heulen. 

608.  Poche  so  m'  chin,  qu'ine  aiite  n'y  vasse. 
LiTT.  Saute  sur  mon  chien,  avant  qu'un  autre  n'y  aille. 
Il  faut  profiter  du  moment,  de  l'occasion. 

Pr.  fr.       Le  temps  perdu  ne  se  répare  point. 

Fuglt  irrfparubile  tempus. 

Cf  Phèdre.  L.  V.  fab.  8 

Variante.  Habèye  so  m'  chin,  qu'il  âye  des  jône. 

Vite  sur  mon  chien,  qu'il  ait  des  jeunes. 

609.  D'vins  les  àrmâ  des  chin,  on  n'  trouve  nin 
sovint  des  crosse. 

LiTT.  Dans  les  armoires  des  chiens  on  ne  trouve  pas  souvent 
des  croûtes. 

Celui  qui  consomme  beaucoup  ne  peut  pas  souvent  fournir 
grand'  chose.  —  Se  dit  aussi  d'un  bon  chasseur  qui  fait  faire 
mauvaise  chasse  à  ses  invités. 

610.  Toi  c'  que  vé  au  eue  sins  bouter,  toûne  sovint 

à  Chi.  (JODOIGNE.) 

LiTT.  Tout  ce  qui  vient  au  cul  sans  pousser,  tourne  souvent 

à  chien. 

Ce   qui    vient   sans    l'avoir  gagné   par   le    travail,    tourne 

souvent  mal. 

611.  Fer  on  mestî  d'  chin. 
LiTT.  Faire  un  métier  de  chien. 

Faire  souvent  une  chose  désagréable,  fatigante. 

Beaujean. 
Ji  n'  comprinds  nin  qui  vout  scrîre  â  gouvernumint, 
S' casser  l' liesse  et  les  bresse  à  fer  on  mestî  d'  chin. 

(A.  Delchef.  Pus  vi,  pus  sot.  Se.  l""".  1862.) 

61'2.  Qui  vout  avu  des  jônes  chin  qu'i  les  acclive. 

LiTT.  Qui  veut  avoir  des  jeunes  chiens  les  élève. 

Les  ingrats  qui  veulent  être   servis   n'ont  qu'ù  su  servir 


eux-mêmes. 


Qui  qui  vouf  des  chin  qu'  les  acclive, 
A  c'ste  heure  tôt  d'hant  meà  culpâ, 
Vos  n'avez  qu'à  Icchi  vosse  ma. 

(M.  Thiry.  V  coq  dUtousse  et  V  frnmihe.  Fàve    iSe-i.) 


170 


MoNS.   Les  ceux  qui   veuillent-to  avoir  des  jeunes  dé  quid,  n'ont  qu'à  inlever 
des  liche. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  Prov.  montois  1846.) 

613.  Tourner  à  cliin. 

I.iTT.  Tourner  à  chien. 

Devenir  mauvais.  —  Se  gâter.  —  Ne  pas  réussir. 

V'ià  r  timps 
Qui  toûne  à  chin. 

(Renard.  Math.  Lnensbergh.  -1830.) 

Gèrà,  si  vosse  manège  est  toi  tourné  à  chin, 

Est-ce  fàtc  à  1"  feurame  tote  seiile  !  vos,  n'y  sèrîz-v'  po  rin  ? 

(Thiry.  Ine  copenue  so  l'mariége.  -1858.) 
Crahay. 

Qwand  v'  préciiîz,  ça  va  todi  bin, 
Quand  ialtaire  rôle,  eile  toùne  à  chin. 

(Alcide  Prïor.  Baiwir  so  s' panse.  iSHiJ.) 

J.ALHAY.  BIÈTH'MÉ. 

J'aveus  sogne  qui  l'atraire  nu  toûrnaheà  chin. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  3.  186^.) 

Var.  Tournai.  Tourner  à  nieulle. 

614.  Esse  comme  on  chin  d'vins  on  jeu  d'  bèye. 

LiTT.  Être  comme  un  chien  dans  un  jeu  de  quilles. 
Se   dit  d'un    homme  qui  vient  à  contre  temps  dans  une 
compagnie  où  il  embarrasse.  (Agad.) 
Variante.  Riçûre  comme  on  chin  etc. 

Recevoir  comme  un  chien  etc. 
Faire  un  très  mauvais  accueil. 

Pr.  fr.  —  Il  vient  là  comme  un  chien  dans  un  jeu  de  quilles. 
Recevoir  quelqu'un  comme  etc. 

Noste  homme  s'assît  à  pus  habèye 
Et  lu,  qu'on  aveut  r'çu  todi 
Toi  comme  on  ehin  d'vins  on  jeu  d'  bèye, 
D'ine  telle  fiesse  esleut  estourdi. 

(Fr.  Bailleux.  Monsieur  Sansowe.  Ch.  1843.) 
Colas. 
C'est  qu'  vos  parole  ni  sont  wère  faite  po  m'  mette  es  liesse, 
Surtout  comme  ji  v's  el  dit  qui  c'  n'est  nin  1'  prumîre  fèye 
Qu'on  m'  riçut  cial  co  pé  qu'on  chin  d'vins  on  jeu  d'  bèye. 

(Dei.chef.  Li  galant  dé  V  siervante.  I,  se.  3.  1857.) 

Mamchf,.  Si  mes  vers  sintet  1'  chicotin. 

Mes  ami,  ni  m'  rechignez  nin 
Tôt  comme  on  chin  d'vins  on  jeu  d'  bée. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  iSGO.) 


—  171  — 

Charleroi.  Cléante. 

I  chait  nez  à  nez  avct  1'  chin  r'tournct  que  l'  pa  fiet  v'ni  au  milan  d' leus  amour, 
comme  in  vrai  chin  dins  in  jeu  d'  guie. 

(L.  Bernus.  U  malade  Saint-Thibau.  II,  se.  6.  1876.) 

MoNs.  Elle  vos  pique  (l's  ortie)  comme  pou  s'crvinger  d'elle  erçue  lous  costé 
comme  in  quié  dins  in  jeu  d'  guie. 

(Letellier.  Arrnotiaque  dé  Mons.  iSAG.) 
Var.  Mons.        Elle  reçue  comme  in  lavement  à  l'ieau  froide. 

C  que  j'en  dis  î  j'  dis  qu'  nos  avons  été  r'çu  comme  in  lavement  à  l'ieau  froide. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1850.) 
Var.  Tournai.  Été  erchu  comme  un  thien  à  1'  bouch'rie. 

Lille.  Les  canteux  d' la  Belgique  et  d'  Lille, 

Tout  aussi  bien  qu'  les  parisiens, 
Comme  des  vrais  quiens  dins  des  jus  d'  quilles. 
Ont  été  r'chus  par  les  Troyens. 

(Desrousseaux.  Chamnm  lilloifies.  1854.) 
GiVET.  Mais  j' l'ai  r'çu  en  grignant  les  dints 

Comme  on  r'çoit  in  chin 
Din  in  jeu  d'guies. 
(SoHET.  Li  guernouye  qui  vu  s' fer  aussi  grosse  qu'in  bou.  Faufe.  1855.) 
Metz.         Is  ne  vienne  péchoune  lé  recieur  et  loi  le  monde  le  rebute 
L'o  vusse  de  torlu  come  in  chin  dans  in  ju  de  gueille. 

(Jaclot.  Le  Lorrain  peint  par  lui-même.  Almanach  pour  1854.) 

6io.  Ottant  d'esse  hagnî  d'on  chin  qu'd'ine  chenne. 

LiTT.  Autant  être  mordu  d'un  chien  que  d'une  chienne. 

Entre  deux  choses  également  nuisibles,  il  n'y  a  pas  de  choix 
à  faire.  (Forir.  Dict.) 

Entre  des  risques  égaux  il  n'y  a  pas  de  raison. d'être  plus 
effrayé  de  l'un  que  de  l'autre.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Il  vaut  autant  être  mordu  d'un  cliien  que  d'une 
chienne. 

(OuDlN.  Curiosilez  françaises.  1640.) 
Il  vaut  autant  être  mordu  d'un  chien  que  d'un  chai. 

(Père  Jean-Marie.  Le  divertissement  des  sages.  1665.) 

616.  Si  t'as  pochî  oiite  dé  chin  (chet),  poche  pôr 
oute  de  l'  quowe. 

LiTT.  Si  tu  as  sauté  au-dessus  du  chien  (chat),  saute  aussi 
au-dessus  de  la  queue. 

Si  tu  as  commencé  l'affaire,  surmonte  tous  les  obstacles,  ne 
t'arrête  pas  pour  une  bagatelle.  —  Il  faut  subir  les  conséquences 
de  ses  actions. 

Qui  a  mangé  le  rosi,  mange  l'osl. 

{Prov.  anc.) 

Qui  a  beu  le  vin,  doit  boire  la  lie. 
(Pero  Jean-Marie.  Le  biveriisscment  des  sages.  1665.) 


—  172  - 

Variante.  Pusqui  vos  avez  pochi  oiite  do  leup,  pochî  pôr  outc  de  1'  quawe.  Jans, 
louklz  à  m'  dihaler  po  1'  bon  d"  ci  inoirl  là. 

(G.  Magnée.  Battrl.  1868.) 

G 17.  On  n'  loue  nié  les  thié  avu  des  saucisse. 

(Bobinage.) 

LiTT.  On  ne  lie  pas  les  chiens  avec  des  saucisses. 

Il  ne  faut  tenter  personne.  —  Se  dit  aussi  des  gens  adroits 
qui  savent  conduire  leur  barque  à  bon  port;  ou  qui  sont  très 
.•^errés  dans  leurs  dépenses. 

Bobinage.  On  sait  h\6  qu'  les  tayeur  n'  louent-d  nié  leus  thié  avec  des  saucisse. 
{Armonaqiie  du  liorinage  in  patois  borain.  1849.) 

CllARLEnOI.  TolNETTE. 

Vo  deuziôme  marne  enne  piette  né  (V  timps  et  elle  ne  lôye  né  ses  chin  avet 
des  saucisse. 

(L.  Bernus.  IJ  malade  Saint-Thibau.  I,  sc.  10.  1876.) 

Tournai.  I  n'attache  pon  ses  tien  avé  des  saucisse. 

Nivelles.  On  n'alôye  ni  les  chî  avé  des  saucisse. 

Douai.  I  faut  vos  dire,  mes  gins,  que  ch'  gayard  là  qu'  che  nn'est  un  qui  n'  lie 
point  ses  thiens  aveuc  des  saucisses. 

(De  Christé.  Souv'nirs  d'un  homme  d'  Douai.  18()1.) 

618.  C'est  comme  on  chin  qui  hawe  après  lot 

r  monde.  (Namijr.) 

LiTT.  C'est  comme  un  chien  qui  aboie  après  tout  le  monde. 
C'est  un  être  désagréable,  hargneux. 

Var.  Nivelles.     I  n'  passe  nin  on  chî  avé  in  chapia  qu'i  faut  qu'i  l'attaque. 

619.  Qwand  on  chin  hawe,  i  hawet  tos. 

LiTT.  Quand  un  chien  aboie,  ils  aboient  tous. 
On  est  porté  à  imiter  ceux  qui  font  mal. 

6"20.  Ch'est  ein  tien  dins  eine  casaque.  (ïouuinai.) 

LiTT.  C'est  un  chien  dans  une  casaque  (habit). 
C'est  un  homme  grognard,  rebutant,  peu  charitable. 

621.  Les  chin  ont  lappé  les  broûlî. 

LiTT.  Les  chiens  ont  mangé  les  boues. 
Il  gèle,  la  terre  est  durcie. 

Quand  la  gelée  a  séché  les  rues,  on  dit  que  les  chiens  ont 
mangé  les  crottes. 

(Dict.  port,  des  prov.Jr.  1758.) 

622.  I  s'y  ètind,  comme  Pichou  levé  âx  chin. 

LiTT.  Il  s'y  entend,  comme  Pichou  aux  chiens. 


—  173  — 

Se  dit  d'un  homme  qui  veut  faire  une  chose  ù  laquelle 
il  n'entend  rien. 

Pr.  Ir.  —  Tl  s'y  entend  comme  à  l'aire  un  colTre,  comme 
à  ramer  des  choux. 

I  n'  s'ètindéve  niii  pus  à  l' tennerèye,  qwaiid  i  v'na  foû  des  ovreu,  qui  Pichou 
n'  fève  àx  chin. 

(G.  Magnée.  Batiri.  4863.) 

623.  Viker  comme  on  chin. 
LiTT.  Vivre  comme  un  chien. 

Vivre  dans  la  débauche  et  le  libertinage.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Mener  une  vie  de  chien.  —  Vivre  comme  un  chien. 

Miner  'ne  vèye  di  chin. 

(FoRiR.  Dict.) 
Nivelles.  Ça  vit  comme  des  chî. 

Basse-Allemagne.  —  Wie  ein  Hund  leben. 

624.  L'ci  qui  vont  nèyî  (toiiwer)  s' chin,  dit  qu'il 
est-st-arègî. 

LiTT.  Celui  qui  veut  noyer  (tuer)  .son  chien,  dit  qu'il  est  enragé. 

On  trouve  aisément  un  prétexte  quand  on  veut  quereller  ou 
perdre  quelqu'un.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Quand  on  veut  noyer  son  chien,  on  dit  qu'il 
a  la  rage. 

Qui  veut  noyer  son  chien,  l'accuse  de  la  rage. 

Ki  het  son  chien,  la  rage  li  met  soure. 

{Proverbe  del  vilain.  \l\e  siècle.) 

Malefacere  qui  vuU  nunquam  non  causant  invenit. 

(PUBLIUS  SYRUS.) 

Cité  par  Forir.  Uict. 

Variante.       Qwand  on  vout  nèyî  s' chin,  on  dit  qu'il  a  l' hôpe. 
Quand  on  veut  noyer  son  chien,  on  dit  qu'il  a  la  gale. 

(RemAcle.  Dictionnaire.) 
Marche.  Po  touwet  on  chin  sins  sujet 

On-z-invente  qu'il  est-st-arrègct. 

(Alexandre.  P'iit  coni.  1860.) 
Nivelles.         El  cien  qui  vu  tuer  s'  chî,  dit  qu'il  est  inragî. 
JoDOiGNE.  Quand  on  vout  touwer  s'ché  sins  raison  on  deut  qu'l  est  st-arrageu. 
Fhameries.  L'  ci  qui  vu  twer  s'  chie, 

Dit  qu'il  est-st-inragie. 
{Les  biesse  impe.uiferée  Fauqite.  Arm.  borain.  1890.) 

MONS.  C'est  bé  1'  cas  d'  dire  que  quand  on  veut  avoir  in  quic^  mort,  qu'on  dit  qu'il 
est  inragé. 

(Letelmek.  Armonaque  dé  .)Ions.  1817.) 
Var.  Mons.  Quand  on  veut  nouyer  s'  quié  on  dit  qu'il  a  des  puche. 


—  174  - 

Tournai.  Quand  on  in  veut  à  s' tien  on  dit  qu'i  est  inragé. 

Lille.  Quand  on  veut  s'défair'  d'un  caniche 

Est-ch'  qu"on  n'dit  point  qu'il  est  galeux? 

(Desrousseaux.  Chansons  lilloises.  18o7.) 

Saint-Quentin.  Quand  qu'ein  vux  tuer  sein  kien,  ein  dit  qu'il  est  arabié. 

6^25.  On  sèche  à  1'  vûde  âtoû  (l'on  chin  qui  n'a  nin 

des  poyège. 

LiTT/On  travaille  à  vide  à  saisir  un  chien  qui  n'a  pas 
de  poils. 

Il  est  inutile  de  demander,  à  des  gens  insolvables,  le 
paiement  de  ce  qu'ils  doivent.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Où  il  n'y  a  rien,  le  roi  perd  ses  droits. 

Var.  Namur.  On  n'  pout  nin  plumer  on  crapaud. 

626.  El  quié  vaut  bé  1'  collet.  (Mons.) 
LiTT.  Le  chien  vaut  bien  le  collier. 
Ne  se  dit  qu'ironiquement. 

La  chose  dont  il  s'agit  ne  mérite  pas  les  soins  qu'on  prend, 
la  dépense  qu'on  fait.  (Acad.) 

Mons.  Ouais  da,  faire  enne  toilette  pou  porter  in  liève  à  in  harpagon  pareil!  el 
quié  vaut  bin  1'  collet,  in  vérité. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1836.) 

Cela  n'en  vaut  pas  la  peine. 
Charleroi.  m.  Diafoireux. 

Fauret,  pou  leu  fai  plaigi  qu' leu  méd'cin  les  guerrlrinl  d'vant  qu'i  fuche-nu 
malade.  L'chin  n'  devaut  né  l' collé. 

(L.  Bernus.  U  malade  Sainl-Thibau.  II,  se.  6.  1876.) 

JoDOicNE.  Le  ché  n'  vaut  ni  1'  golé. 

627. 1  n'y  a  nin  on  chin  qui  chie  des  caur.  (Namur.) 

LiTT.  Il  n'y  a  pas  de  chien  qui  chie  de  l'argent. 
Il  faut  travailler  pour  vivre.  L'argent  ne  se  gagne  pas  sans 
travail. 

628.  Halof  en  halof,  comme  les  Flamind. 
A  d'mèye,  comme  on  tond  les  chin. 

LiTT.       IJalf  en  half,  comme  les  Flamands. 
A  demi,  comme  on  tond  les  chiens. 
Ne   faire  une  chose  qu'à  moitié,  n'en  faire   que   ce  qu'il 
faut  absolument. 

629.  On  n  tap'i'eul  nin  on  chin  à  l'ouhe. 
LiTT.  On  ne  jetterait  pas  un  chien  à  la  porte. 

Il  pleut  à  verse,  il  fait  un  temps  affreux.  (Agad.) 


—  175  — 

Pr.  fr.  —  Il  fait  un  temps  à  ne  pas  mettre  un  chien  dehors. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Variante.  Li  tinips  est  d'arcche  à  1'  dilouhe, 

I  gruzèle,  i  nive  et  i  ploût  ; 
Les  haye  toumet  so  tos  les  soû, 
On  n'  chôk'reut  nin  s'  belle  mère  à  l'ouhe. 

(M.  Thiry.  Épigr.  dgei.) 
Nivelles.      I  f  zou  in  tirnps  qu'on  n'arou  ni  bouré  in  chî  h  l'huche. 

(L.  Despret.  Liscrcmie  de  no  marinne.  1890.) 

Var.  Nivelles.         I  pieut  qu'  les  chî  boirrîne  d'estampé. 

MoNS.  I  faut  avoir  danger  d'  sorti  pou  s'  mette  in  route  pas  du  temps  pareil,  on 
n'  jetteroi  nié  in  quié  à  1'  porte. 

(Letellier.  Armonaqite  dé  Mons.  i846.) 
I  neigeoit,  i  f  soit  in  temps  qu'  tu  n'arois  nié  mis  in  quié  à  1'  porte. 

(MouTRiEUX.  Des  nouviaux  coniedé  quié.  -18S0.) 

Tl'à  l'heure  c'étoi  l'hiver  ;  on  n'aroi  nié  jeté  in  quié  à  l' porte,  et  à  c'ste  heure 
là  r  pus  bieau  temps  du  monde. 

(Letellier.  El  soleil  éié  i  vint  d'bise.  Fauve.  18S7.  Arm.  dé  Mons.) 

RoucHi.  On  n'encacherôt  point  un  tien  à  pa  les  rues. 

(Hécart.  Dict.) 
Douai.  Et  qu'il  a  fait  tout  V  long  du  jour  un  temps  qu'un  n'arot  point  mis  un 
thien  à  1'  porte. 

(De  Christé.  Souv'nirs  d'un  homme  d'  Douai.  4858.) 

630.  Aussi  rare  que  les  bleus  thié.  (Borinage.) 

LiTT.  Aussi  rare  que  les  chiens  bleus. 

Se    dit   d'une    chose    très    rare,    très   difficile    à    trouver, 
presqu'impossible. 

En  français:  Le  merle  blanc.  —  Le  chien  vert  (injure). 
Var.  Stavelot.     C'esl-st-ossi  rare  qu'one  suteiile  à  quawe. 
Nivelles.  C'est  co  pus  raie  que  les  bleus  chî. 

Nivelles.  L' sourie  des  bravés  gins  d'vit  râle, 

T'aussi  râle  que  les  bleus  chî 
et  coire  qu'on  l's  a  descachî  ! 

(E.-D.  Co7ite  des  vièyèsgins.  Ch.  1890.) 
Borinage.     Des  pareil  sont  quasimint  aussi  rare  que  les  bleus  thié. 

{Armonac  du  Borinage.  1849  ) 
Var.  Lille.    J'  vas  vous  1'  montrer  du  dogt,  pour  ainsi  dire. 

Et  vous  r  trouv'rez  pus  curieusse  qu'un  cat  bleu. 

(Desrousseau.  Mes  étrennes.  Alm.  1860.) 

631.  Quarelle  di  chin,  i  s'  raccommôdet  à  1'  sope. 

LiTT.  Querelle  de  chiens,    ils  se  raccommodent  à  la  soupe. 
Querelle  de  peu  d'importance  à  laquelle  on  ne  prend  pas 
intérêt.  —  Expression  de  mépris. 

Var.  Tournai.         Querelle  dé  gueu.\  s'raccoinode  à  l'écuelle. 


—  176  — 

(33"2.  Qwand  on  vont  balle  on  cliin,  on  Ironve  todi 
on  baston. 

LiTT.  Quand  on  veut  battre  un  chien,  on  trouve  toujours  un 
bâton. 

Les  prétextes  ne  manquent  jamais  quand  on  veut  accomplir 
une  mauvaise  action.  (^Acad.) 

Qui  veut  frapper  un  chien,  facilement  trouve  un  bâton. 

(Gaiîr.  Meurier.  Trésor  des  sentences.  15U8.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Barrir. 

Pi(^rre  si  fait  sô  pac'qu'il  est  jône  homme  et  qu'i  .s'annôye  ;  Jacques  beiit  rgoUe 
pac'qu'il  e.sl  marié  et  qu'i  s'ennès  r'piiil  ;  qwand  on  voul  batte  on  chin,  on  trouve 
todi  on  baston. 

(Demoulin.  Es  fond  Pirette.  Se.  3.  dSSS.) 

Variante.    Qwand  on  voul  balte  on  chin,  on  trouve  vite  ine  corîhe. 

(Thiry.  Moiri  di  Voctroi.  1860.) 
Louise. 

On  trouve  todi  ine  vège  qwand  on  voul  balte  on  chin, 
Il  ûreul  ci  ni  raison  à  m'jetter  à  1'  narenne. 

(A.  Delchef.  Les  deux  Neveux.  I,  se.  '2.  dSSO.) 

Marche.  Qui  voul  ach'lel  on  chin,  l'esproùve, 

D'  peu  do  r  louwel,  s'i  n'est  nin  bon. 
Dès  qu'il  l'a,  si  1'  voul  balte,  i  trouve 
Soye  on  pelhai,  soye  on  bordon. 

(Alexandre.  P' Ht  cor  ci.  1860.) 

633.  Ça  s'a  co  passé  el  cinse  iusque  l'chî  bat  F  bûre 
avé  s' queue.  (Nivelles.) 

LiTT.  Cela  s'est  encore  passé  dans  la  ferme  où  le  chien  bat 
le  beurre  avec  sa  queue. 

C'est  une  chose  invraisemblable  ;  qui  n'est  pas  exacte.  C'est 
un  conte  que  vous  faites. 

634.  Ça,  c'est  fait  insprès,  comme  les  chî  pou 
hagnî  les  gins.  (Nivelles.) 

LiTT.  Cela,  c'est  fait  exprès,  comme  les  chiens  pour  mordre 
les  gens. 

C'est  comme  un  fait  exprès,  se  dit  d'une  chose  qui  devient 
fâcheuse  par  l'occasion.  —  11  semble  fait  exprès  pour  cela,  se 
dit  d'un  homme  qui  a  beaucoup  de  disposition  pour  quelque 
chose.  (LiTTRÉ.) 

G3o.  Esse  astaflé  comme  deux  cbin  d'  porçulaine. 

(Vehvieus.) 
LiTT.  Être  arrangés  (étalés)  comme  deux  chiens  de  porcelaine. 


177 


Se  regarder  fixement  et  d'un  air  surpris  ou  iiébété.  (Littré.) 
Se  regarder  en  chien  de  faïence. 

Verviers.  Lis  a. 

Que  bonheur  i  'unes  vont,  ji  va  r'happer  haleine, 
Vies  là  pôr  astafl(5  comme  deux  chin  d'  porçulaine. 

(J.-S.  Renier.  Li  mohonnc  à  deux  face.  I,  se.  3.  -1873.) 

Namur.  S' riwaîtî  comme  des  chin  d'  fayence. 

Var.  Malmedy.  Su  loukî  po  des  michelte. 

636.  Nos  chin  n'  chesset  nin  essônne. 

LiTT.  Nos  chiens  ne  chassent  pas  ensemble. 
Nous  sommes  divisés  d'avis,  d'opinion  ;  nous  ne  sommes  pas 
en  bonne  intelligence.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Nos  chiens  ne  chassent  pas  ensemble. 

(Le  Père  Jean-Marie.  Le  divertissement  des  sages.  i66").) 

Je  ne  me  chausse  pas  à  son  point. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  1640.) 

Var.  Nivelles.  I  n'a  ni  sté  chî  avé  mi. 

637.  C'est  l'chin-leup. 

LiTT.  C'est  le  chien-loup. 

C'est  le  bouc  émissaire  ;  dans  un  ménage,  c'est  l'enfant 
dédaigné,  la  cendrillon,  le  soufl're-douleur,  ou  encore,  c'est 
celui  qui  résume  dans  sa  personne  tous  les  défauts  de  la  famille. 

V.  la  tradition  des  Pyrénées,  rapportée  par  Victor  Hugo 
dans  la  première  partie  des  Misérables. 

638.  Esse  comme  li  chin  qui  strônle. 

LiTT.  Être  comme  le  chien  qui  étrangle. 
Être  dans  une  position  fâcheuse,  désespérée. 

Nanesse. 

Toi  comme  li  chin  qui  s'trônne 

1  fàt  Lin  qu'on-z-y  d'meiire  et  qu'on  soflbque  ses  pônne. 

(G.  Delarce.  Scène  populaire.  1874.) 

GÉRA. 

Oh  !  ji  m' tairai,  jans,  jans  ;  (à  part)  c'est  qu'  fàt  bin,  j'el  poux  dire, 
C'est  comme  li  chin  qui  s'irûnle. 
(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrd.  I,  se.  19.  1875.) 

V.vriante.     Fàt  avu  de  1'  patiiace,  on  chin  qui  strùnne  ennc  a  bin. 

Marche.  Maugré  qu'c'est  comme  li  chin  qui  slronne, 

l'ac'  qu'on  dit  :  sins  pônne,  pont  d'avùnne. 

(Alexankre.   F  lit  corti.  18G0.) 

Var,  Nivelles.  I  nos  faura  fai  comme  el  chat  qui  straune,  éie  prinde  paliince. 

12 


-  178    - 

639.  Fer  'ne  mène  comme  on  chin  qui  chêye  des 
blouke. 

LiTT.  Faire  une  mine  comme  un  chien  qui  chie  des  boucles. 

Faire  une  affreuse  grimace. 

Var.  Nivelles.        Quée  visage  !  Vos  dîrî  in  museau  d'  chî. 

Vak.  Tournai.  Faire  eine  mine  comme  in  capuchin  à  l'agonie. 

()40.  11  a  pus  d'in  cbî  qui  court  les  rue  (ou  qui 
s'appelle  Picard).  (Nivelles.) 

LiTT.  Il  y  a  plus  d'un  chien  qui  court  les  rues  (ou  qui 
s'appelle  Picard). 

La  chose  que  vous  présentez  n'est  pas  aussi  rare  que  vous 
le  pensez.  —  Il  y  a  plusieurs  personnes  qui  portent  le  même 
nom  que  celle  dont  vous  parlez. 

Var.  Namur.         I  gn'a  pus  d'on  baudet  qui  s'appelle  Maurtin. 

641 .  On  l'a  loumé  tos  les  no  de  chin  a  pus  qu'  fidèle. 

LiTT.  On  l'a  appelé  de  tous  les  noms  de  chien,  excepté  celui 
de  lidôle. 

On  a  fait  mille  imprécations  contre  lui. 

(FORIR.  Dict.) 
Nivelles.  I  n'  mè  maltraitra  ni  d' tous  les  no  des  chî. 

6i2.  Ête  aussi  lesse  (subtile)  (pi'in  chî  d' plomb. 

(Nivelles.) 

LiTT.  Être  aussi  leste  (agile)  qu'un  chien  de  plomb. 
Comparaison  ironique  pour  désigner  une  personne  pares- 
seuse, maladroite. 

Var.  Namur.  Il  est  vif  comme  on  pu  dins  l' farenne. 

Var.  Jodoigne.       Esse  légère  comme  on  lum'çon  es  l' farenne. 
Var.  Tournai.       Vif  comme  ein  crapaud  dins  les  chinte. 

643.  Les  mouais  chè  on  les  té  à  F  lâche.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Les  mauvais  chiens,  on  les  tient  à  l'attache. 
Il  ne  faut  pas  laisser  à  quelqu'un  la  facilité  de  développer 
ses  mauvais  instincts  (penchants). 

644.  Elle  sipos'reut  on  chin  avou  on  chapaî. 

Litt.  Elle  épouserait  un  chien  avec  un  chapeau. 
Elle  épouserait  le  premier  venu. 

Se  trouvant  à  la  fin  tout  aise  et  tout  heureuse 
De  rencontrer  un  malotru. 

(Lafontaine.   La  fille.) 
La  faim  le  prit  :  il  fut  tout  heureux  et  tout  aise 
De  rencontrer  un  limaçon. 

(Id.  Le  héron.) 


-  179  — 

Beaujean. 

A  chin  qu'a-st-on  chapaî,  i  iî  fàt  rincle  raison, 
A  on  haut  personnage,  i  fàt  fer  des  façon. 

(A.  Delchef.  Pus  vi,  pus  sot.  Se.  ir".  iSd.) 

IJOLAND. 

Elle  prîndreut  toi  Tniùme  quî,  on  chin  avou  on  chapaî  sùreul  l'hin  v'nou,  mais 
halle  là. 

(DD.  Salme.  Les  deux  bèch'tâ.  Se.  3.  18"9.) 

Charleroi.  Pou  r  roi,  i  s' pose  es  s'pia, 

Li,  1'  moaise,  i  r'ièehe  les  pid  d'in  chin  qu'a  in  chapia. 

(L.  Bernus.  Les  deux  toria  éièi  Vguernouije.  Faufc.  4873.) 

Nivelles.     C'commùre  la,  elle  perdrou  tout  même  in  chî  avé  in  chapia. 

Var.  Jodoigne.  I  marierot  one  trôye  avou  on  casawek. 

G45.  On  n'  su  moque  nin  des  chin  s'on  n'est  foù  do 
viège.  (Stavelot.) 

LiTT.  On  ne  se  moque  pas  des  chiens  si  l'on  n'est  iiors  du 
village. 

Il  faut  se  mettre  à  l'abri  du  danger  avant  de  s'en  moquer. 

(LiTTRÉ.) 

Variante.  On  n'su  moque  nin  do  leûp  d'vanl  d'esse  foù  do  bois. 

GHIER. 

646.  Vos  irez  Ion,  mais  vos  chîrez  près. 

LiTT.  Vous  irez  loin,  mais  vous  chierez  près. 
Se  dit  des  gens  qui  font  plus  de  dépenses  que  ne  leur  per- 
mettent leurs  revenus. 

Variante.  Vos  irez  Ion,  vos  chaîrez  près. 

LiTT.  Vous  irez  loin,  vous  tomberez  près. 

(FoRiK.  Dict.  v'>  Lon.) 

647.  Wisse  irans-n'  cliîr,  les  rivage  sont  plein  ? 

LiTT.  Où  irons-nous  chier,  les  rivages  sont  pleins  ? 

Que  devons-nous  faire,  quand  nous  voyons  de  telles  ma- 
nières ?  Se  dit  des  personnes  qui  veulent  paraître  plus  qu'elles 
ne  sont. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

648.  Allez  chîr  à  Malônnes,   c'est  pays  d'Lîge. 

(N.\MUR.) 
LiTT.  Allez  chier  à  Malônnes,  c'est  pays  de  Liège. 
Allez  vous  promener,  laissez-moi  tranquille. 
La  principauté  de  Liège   possédait,    à  une  demi-lieue   de 
Namur,  la  riche  abbaye  de  Malônnes. 


—  180  — 

A  Liège  on  dit  :  allez  chîr  à  Nâlôye  (pays  de  Namur). 

On  dit  aussi  :  allez  chîr  à  maye  ;  allez  chîr  â  meûr  des  Gâne. 

Namur.  Nos  n'avar.s  nin  peu  d'personne 

Quand  nos  t'nans  li  p'tit  verquin 
.  On  èvôye  chîr  à  Malùnne 

Li  cinque  qui  n'est  nin  contint. 

(J.  CoLSON.  Péqiiet,  pèquet.  Ch.  1862.) 
Les    Namurois 

Arrivent  à  Malonne,  endroit  très  distingué,  " 
Moins  par  son  abbaye  et  par  maint  privilège, 
Ou  par  l'insigne  honneur  d'être  au  pays  de  Liège, 
Que  par  certain  dicton,  dont  les  termes  de  choix 
Ont  un  goût  de  terroir  de  l'ancien  namurois. 
Vous  sentez  ce  que  c'est.     ...... 

(Du  Vivier.  La  Cinéide.  Ch.  46.) 

«  Ce  dicton  rappelle  la  franchise  dont  jouissaient  les  mal- 
faiteurs en  passant  d'une  frontière  à  l'autre.  » 

{Ibid.  note.) 
Var.  Bouvignes.  J'irais  chîr  à  Dinant,  au  pays  d'Lîge. 

Var.  Chableroi.  Purgon. 

Je  n'voux  pus  rin  avoi  à  fai  avet  vous.  Ji  vos  èvÔye  chîr  à  Bouffîoux. 

(L.  Bernus.  Le  malade  St-Thibau.  III,  se.  6.  4876.) 
Var.  Bobinage.  Eh,  mée,  j'ai  mau  m'panse, 

—  Va-z-ein  chîr  ein  France  ; 
Te  r'veira  pa  Landerci, 
Et  t'mau  d'panse  s'ra  tout  r'wèri. 

(SiGART.  Dict  du  wallon  de  Mons.  4870.) 

649.  Ni  v'pressez  nin  tant  de  chîr,  i  n'vis  fât  nin 
de  stron  po  soper. 

LiTT.  Ne  vous  pressez  pas  tant  de  chier,  il  ne  vous  faut  pas 
a  elron  pour  .souper.  ^ 

Se  dit  à  une  personne  qui  s'empresse  de  faire  une  chose  qui 
sera  inutile  ou  qui  ne  sera  pas  terminée  à  temps. 

650.  C'est  dammage  qu'elle  chêye,  on  l' mettreut 
dsos  glace. 

LiTT.  C'est  dommage  qu'elle  chie,  on  la  mettrait  sous  glace. 
Repon.se  à  1  éloge  exagéré  que  l'on  fait  d'une  personne 
On  ajoute  :  po  l'hâgner  (pour  l'étaler). 

651.  Califice  s'amuséve  bin  à  chîr. 

LiTT.  Califice  s'amusait  hien  à  chier. 

be  dit  aux  gens  qui  s'amusent  de  peu  de  chose. 

uaijice  ou  cheye  pistoie.  Nom  donné  aux  petits  bonshommes 


—  181  — 

qui  étaient  représentés  accroupis  avec  une  pièce  de  monnaie 
entre  les  fesses.  C'était  aussi  le  nom  d'une  petite  marionnette 
en  bois  qui  servait  de  mire  aux  tirs  à  l'arbalète. 

652.  I  chôye  co  des  anîse. 

LiTT.  11  chie  encore  des  anis. 

Se  dit  d'un  très  jeune  homme  qui  veut  se  mêler  de  choses 
au-dessus  de  son  âge.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  est  si  jeune  que  si  on  lui  tordait  le  nez,  il  en 
sortirait  encore  du  lait. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Variantes.  Il  est  co  mouyî  podrî  les  orèye. 

I  chêye  co  tôt  jène. 

N'esse  nin  co  r'souwé  d'sos  les  bresse. 

Var.  Namur.  I  chitte  co  su  l'bleue  pire. 

Marche.  V's  esteus  co  crou  drî  les  orèye 

Et  vos  r'waîtez  les  jônès  feye. 

(.4LEXANDRE.  PUit  corlL  1860.) 

Var.  Mâlmedy.  On  lî  veut  co  les  rôye  do  béguin. 

Var.  Nivelles.  Au  comminch'niint,  quand  l'Aclot  chiout  co  tout  jaune,  comme  on 
dit. 

Var.  Jodoigne.  Il  a  co  de  l'pouchèrre  de  berce  padrî  les  oreille,  et  ça  vout  fer 
l'amour. 

Charleroi.     Auresse  peu  û6  c  jône  la,  d'in  eu  r'vetu  de  s'tèye 

I  n'est  né  co  sèche  drî  s'norèye 

Mère  seu,  i  n'a  à  mitan  rin. 

(L.  Bernus.  Ulion.  Faufe.  1873.) 
Var.  Mons.  I  kl  co  tôt  gône. 

Var.  Mons.  I  kieco  toutgaune  su  l'monciau. 

Var.  Tournai.  Avoir  autant  d'barbe  qu'ein  bren  musi. 

6o3.  Qui  a  chî  so  onk,  a  hité  so  l'aute. 

LiTT.  Celui  qui  a  chié  sur  l'un,  a  foiré  sur  l'autre. 

Celui  qui  a  souillé  l'un,  a  sali  l'autre.  Se  dit  de  deux  individus 
qui  ne  valent  pas  mieux  l'un  que  l'autre,  de  deux  mauvais 
sujets. 

Variante.  On  stron  so  onk,  on  stron  so  l'aute,  et  i  sont  tos  les  deux  d'hité. 

654.  I  n'pout  chîr  po  l'hite. 

LiTT.  Il  ne  peut  chier  à  cause  de  la  foire. 

Il  n'aime  pas  de  faire  une  chose  dont  il  redoute  les  suites. 

I  fàt  qui  nosse  soûr  Marguarite, 
Qui  bin  sovint  n'  peut  chir  po  l'hite, 
Si  r'iîve  panai  d'vant,  panai  drî, 
Po  les  r'chessî  d'vins  leu  bèdî. 
[Pasquèije  po  V jubilé  de  V  révérende  Mère  di  Bavlre.  1743.) 


—  182  — 

I  nos  fet  vèyî  bin  vite 
Qui  ti  n'  poux  chîr  foice  d'avu  l'hite. 
(Prumire  respome  de  caloltin  â  loUjnc  auteur  de  .tupplèmint.  173.) 

Il  n'ose  éternuer  de  peur  de  peler. 

(OliDlN.  Curiositez  françaises.  1640.) 
JonoiGSE.*  I  n'sd  chîr  po  l'croUe. 

{)o5.  Ni  lèyîz  nin  chîr  es  vosse  poisse. 
LiTT.  Ne  laissez  pas  chicr  dans  votre  vestibule. 
Ne  vous- laissez  pas  insulter,  mépriser. 
On  ajoute  quelquefois  :  Hovez-le  à  l'oube, 
JoDOiGNE.  Ni  lèyîz  nin  chîr  à  voste  huche. 

656. 1  gn'enne  a  tant  qu'po  chîr  dissiis. 

LiTT.  Il  y  en  a  tant  que  pour  chier  dessus. 
Il  y  en  a  une  grande  quantité,   une  grande  abondance  ;  il  y 
en  a  de  trop. 

Variantes.  I  gn'enne  a  po  l'pauve  et  po  Triche. 

I  gn'enne  a  comme  des  pèpioûle  à  Tiff  {*). 

607.  I  n'chêye  pus  fou  d'ià. 

LiTT.  Il  ne  chie  plus  hors  de  là. 

Il  ne  sort  pas  de  là.  —  II  est  toujours  chez  les  mêmes  per- 
sonnes, dans  la  même  maison. 

Variante.  I  n'vont  nin  chîr  onk  sins  l'aute. 

(FoRiR.  Dict.) 

608.  Si  l'ni  âx  hièbe  po  chîr. 

LiTT.  Se  tenir  aux  herbes  pour  chier. 
Prendre  des  précautions  telles  quelles. 

659.  Allez  chîr,  vos  avez  vessou. 

LiTT.  Allez  chier,  vous  avez  vessé. 

Se  dit  pour  renvoyer  quelqu'un,  pour  le  faire  taire. 

660.  I  m'  freiit  chîr  des  pîre  di  fisique. 

LiTT.  Il  me  ferait  chier  des  pierres  à  fusil. 
Il  m'exaspère  ;  il  me  met  hors  de  mo't  ;  il  me  ferait  faire  des 
choses  impossibles. 
Jai.hay.  Majenne. 

Vos  m'friz  bin  chir  des  pîre  di  fisique. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  10.  (862.) 

661.  On  n'sâreut  bin  chîr  sins  foirci. 

LiTT.  On  ne  saurait  bien  chicr  sans  s'efforcer. 
Il  faut  toujours  faire  quelques  efforts  pour  réussir  dans  une 
affaire. 

(')  Pépioùle,  hôte  noire  sur  l'eau. 


183 


662.  Il  est-st-à  chêye  et  nin  à  chêye. 

LiTT.  Il  est  à  chier  et  pas  à  chier. 

Il  ne  sait  trop  ce  qu'il  doit  faire  ;  il  est  sur  deux  idées. 

663.  r/est-sl-on  chêye  tôt  dreut. 

LiTT.  C'est  un  chie  debout. 
C'est  un  homme  raide  et  guindé. 

CHIFFON. 

664.  On-z-aîme  turtos  ses  kâye. 

LiTT.  On  aime  tous  (chacun)  ses  chiffons  (colifichets). 
On  tient  à  ce  qu'on  a.  —  On  est  jaloux  de  la  réputation  des 
siens. 

Guenille  si  l'on  veut,  ma  guenille  m'est  chère. 

(Molière.  Les  femmes  savatitex.) 

Cf.  Lafontaine.  Uaigle  et  le  hibou.  Fab.  18.  Liv.  5. 

Suum  cuique  pulchriitu. 

(Lejeune.  Proverbia  familiaria.  1741.) 

Tôt  Tmonde  tint  à  ses  kàye 
Mi,  ji  tins  à  m'pays. 
Nosse  prince  l'aime,  ji  l'aim'ret  todi. 
(De  Harlez.  Cantate  préaintétie  â  prince  d'Onltremont  li  joû  di  si  élection  li  20 
avri  [im.) 

Variante.  On-z-est  turtot  jalo  d'ses  kâye.  (Forir.  O/c/.) 

......  Si  vos  v'plaindez 

Qui  c'seûye  di  vos  totc  li  prumîre 
Ou  pus  vite  di  cisse  sotie  manîre 
Qu'on-z-a  todi  d'voleûr  boùrder, 
Po  vanter  d'ollant  mî  ses  kàye. 
(Fr.  Bailleux.  L'aîque  et  Vhoulotte.  Fàve.  18SG.) 

Var.  Borinage.     Les  jône  dé  crapaud  chenn'té  toudi  biau  à  leu  mère. 

(De  Puydt.  Maudit  métier.  1883.) 

Var.  Tournai.  A  tort  ou  à  raison, 

Chaquin  est  seot  de  s'garcheon. 

CHIROUX. 

665.  S'ètinde  comme  Chiroux  et  Grignoux. 
LiTT.  S'entendre  comme  Chiroux  et  Grignoux. 

Ne  pas  s'entendre  du  tout. 
On  dit  aussi  :  S'ètinde  comme  chin  et  chet, 
LiTT.  S'entendre  comme  chien  et  chat. 
Pr.  fr.  —  S'entendre  comme  chien  et  chat.  —  C'est  Teau  et 
le  feu.  —  Être  à  couteaux  tirés. 


-    184  — 


GÉRA. 


Nos  avans  cial  des  k'mére 

Pd  qu'  (les  vipère  ; 

Sont  des  Chiroux, 

Sont  des  Grignoiix, 
Qui  s' kibaltel  à  v'  fer  paou. 
(De  Harlez,  de  Gautier,  etc.  Livoyège  di  Chaudfontaine.  I,  se.  3.  -1757.) 

HisT.  Sous  le  règne  du  prince-évôque  de  Liège  Ferdinand 
de  Bavière  (1012-1650),  «  dans  la  cité,  deux  partis  devinrent 
célèbres  et  rallièrent  à  eux  tous  les  habitants.  Les  rentiers,  les 
banquiers  riches  et  ceux  qui  vivaient  de  l'église  et  du  gouver- 
nement, composaient  le  premier  ;  ils  étaient  nommés  Chiroux. 
L'autre  comprenait  la  masse  de  la  population,  les  marchands, 
les  industriels  ;  ils  étaient  traités  de  Grigimux.  Ceux-là  étaient 
disposés  à  obéir  et  à  complaire  en  tout  au  prince,  à  la  condition 
de  partager  plus  tard  le  pouvoir  avec  lui  ;  ceux-ci,  sans  porter 
atteinte  à  ses  droits  légalement  reconnus,  entendaient  qu'il 
respectât  l'indépendance  des  bonnes  villes  et  les  droits  poli- 
tiques des  citoyens.  La  patrie  fut  dès  lors  livrée  aux  plus  tristes 
divisions  et  se  déchira  misérablement  elle-même.  » 

(F.  Henaux.  Hixt.  de  Liège.  Ch.  22,  l^e  éd.) 

CHOISIR. 

066.  Qui  trop  queûsi,  mal  éli.  (Tournai.) 

LiTT.  Qui  trop  choisi  (est)  mal  loti. 

On  est  plus  mal  partagé  pour  avoir  voulu  trop  choisir. 

Cette  expression  peut  s'appliquer  à  des  gourmands  trompés 
par  les  apparences,  en  recherchant  les  meilleurs  morceaux 
dans  les  plats  que  l'on  fait  circuler  à  table. 

Pr.  fr.  —  Souvent  qui  choisit  prend  le  pire. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  -1640.) 

Mais  aussi  bien  que  moi,  vous  avez  ouï  dire 
Que  fille  qui  choisit  bien  souvent  prend  le  pire. 

(Th.  CoRNEa.LE.  Don  Bertran  de  Cigaral.  IV,  se.  i'^.) 

CHOSE. 

667.  Wêre  de  chose  nos  console  pac'qui  wêre  de 
chose  nos  afflige.  (Namur.) 

LiTT.  Peu  de  chose  nous  console  parce  que  peu  de  chose 
nous  afflige. 

On  est  vite  consolé  d'une  légère  affliction;  on  ne  doit  pas  se 
désespérer  pour  une  bagatelle. 


—  185  - 

CHOU. 

668.  Magnî  de  l'jotle  rischàffêye. 

LiTT.  Manger  du  chou  réchauffé. 

Se  dit  de  celui  ou  de  celle  qui  épouse  une  personne  veuve. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

De  la  soupe  réchauflce  (une  veuve). 

(OlDiN.  Curiosicez  françoise-t.  4640.) 

Verviers.  Mais  n'allans  nin  mau  jauser 

Du  jotte  reschauffêye 
C'n'est  nin  chai  des  vîx  souwé 
Qui  s'fet  des  mamôyc. 

(RaxhoN.  Ex  Vip-andc  confrêrèye.  1890.) 

669.  I  n'  fât  nin  doirmi  so  ses  jotte. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  s'endormir  sur  ses  choux. 

II  ne  faut  pas  négliger  ses  affaires.  — Il  faut  veiller  au  grain. 

HiNW. 

Ji  veus  avou  plaisir  qu'vos  v's  èployîz  por  mi. 

Cathrenne. 

Cerlain'mint  qu'  sos  vos  jotte  ji  n'  poux  ma  de  doirmi. 

(Delchef.  Les  deux  neveux.  I,  se.  3.  1859.) 

670.  Li  ci  qui  stâre  ses  jotte  ni  les  a  mâye  tote. 

LiTT.  Celui  qui  étend  (disperse)  ses  choux,  ne  les  a  jamais 
tous. 

Celui  qui  n'a  pas  d'ordre  est  toujours  exposé  à  perdre 
quelque  chose. 

Cité  par  Forir.  Dirt. 

671.  C'est-st-aute  choi  qu'  de  1  jotte. 

LiTT.  C'est  autre  chose  que  du  chou. 

C'est  bien  au-dessus  de  l'ordinaire.  —  C'est  très  fort,  très 
beau. 

Cf.  Le  menu  du  banquet  de  la  Société  wallonne.  1860. 
Variante.  Vola  aute  choi  qu'ine  tâte  âx  fréve. 
LiTT.  Voilà  autre  chose  qu'une  tarte  aux  fraises. 
Pr.  fr.  —  Ce  n'est  pas  de  la  merde  de  chien. 

Crahay. 

Bin,  Baiwîr,  s'i  va  ainsi 

C'est-st-aute  choi  qu'dè  l' jotte 
Ji  fret  r'mette  po  mi  cori 

Des  s'melle  à  mes  botte. 

(Alcide  Pryor.  On  dragon  qui  fait  des  madame.  1867.) 


—   18G 


Babette. 


Mi,  ji  voldve  dire  lot,  mais  monsieu  m'  siticha 
Cinq  franc  po  qu'ji  m'iaihasse,  et  ji  li  promella. 

Jacob. 

,  Vola  aute  choi  qu'dè  l'jotte. 

(Ed    RemoucIIAMPS.  Le?  amour  d'à  Gèrâ.  II,  se.  lîi.  1875.) 

Var.  Toubkai.    Ch'est  dTaute  toubaque  qu'à  l'maseon  Guillaume. 

672.  Maguet  a  mai^^nî  s' jotte  et  enne  a  co  aou  trop 
pau. 

LiTT.  Maguet  a  mangé  son  chou  et  en  a  encore  eu  trop  peu. 
Se  dit  à  toute  personne  dont  on  veut  rembarrer  les  raison- 
nements, rabaisser  le  caquet. 

Moqua  magna  s'jotte  et  enne  ava  pau, 

Dit  li  spot,  et  c'est  l'vraie  ; 

Qui  n'a  nin  vèyou  pus  d'on  côp 
Des  moquantes  gueiiye  esse  tote  ècèpêye 

Po  'ne  bonne  response  faite  à  pont? 
(N.  DEFRECHEUX.iWoç«(î. -1868.  OEuvres  poétiques.) 

673.  Vos  n'estez  nin  d'vins  ses  jotte. 

LiTT.  Vous  n'êtes  pas  dans  .ses  choux. 

Vous  n'êtes  pas  amis  ensemble,  vous  l'avez  blessé,  il  vous 
tient  rancune. 

674.  I  n'fâl  nin  mette  trope  di  peûve  es  s'jotte. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  mettre  trop  de  poivre  dans  ses  choux. 
Il  faut  se  modérer  sur  quelque  affaire,  sur  quelque  préten- 
tion ;  montrer  moins  de  chaleur,  d'animosité.  (Âcad.) 
Pr.  fr.  —  Il  faut  mettre  de  l'eau  dans  son  vin. 

67o.  Il  a  s'tu  d'vins  ses  jotte. 

LiTT.  Il  a  été  dans  ses  choux  (dans  les  choux  d'un  autre). 
Il  a  blessé  l'amour  propre,  la  vanité,  l'orgueil  de  quelqu'un. 
Il  lui  a  fait  du  tort. 

Pr.  fr.  —  Il  a  fait  dans  son  persil. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Variantes.  11  a  chî  d'vins  mes  botte.  —  Il  a  folé  es  m'piersin.  —  Il  a  folé  so 
mi  aguece.  —  lia  chî  d'vins  mes  jotte. 

Var.  Jodoigne.  Vos  lî  avoz  caqud  es  manche. 

Il  a  caqué  seu  m'manche. 
Il  a  pass(j  seu  l'quèwe  de  chet. 

RoucHi.  Il  a  tié  den  m'so  jusqu'au  cadenat. 

(Hécart.  Dict.) 


—  187  - 

676.  C'n'est  nin  l'tot  d'awoi  de  l'jotle,  i  faut  de 
l'crauche  po  l'ciire.  (Namur.) 

LiTT.  Ce  n'est  pas  le  tout  d'avoir  du  chou,  il  faut  de  la  graisse 
pour  le  cuire. 

Une  chose  devient  inutile  quand  on  ne  peut  l'employer  ou 
qu'on  n'a  qu'une  partie  de  ce  qui  est  nécessaire  pour  faire  une 
certaine  chose.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Ce  n'est  pas  tout  que  des  choux,  il  y  faut  de  la 
graisse. 

(OUDIN.  Curioaitcz  françaises.  4640.) 

Il  ne  nous  faut  plus  que  des  choux,  si  nous  avions  de  la 
graisse. 

(Le  Père  Jean-Marie   Le  divertissement  des  sages.  1665. ) 

MoNS.  C'n'est  nid  l'tout  dds  chou,  i  faut  pinser  au  laerd. 

Lille.  Ch'n'est  point  tout  des  choux,  ch'est  dé  l'crache 

(Vermesse,  Voc.  du  patois  lillois.  i861.) 

677.  1  s'y  ètind  comme  à  ramer  des  chou.  (Mons.) 

LiTT.  Il  s'y  entend  comme  à  ramer  des  choux. 
Se  dit  à  un  homme  qui  veut  faire  une  chose  à  laquelle  il 
n'entend  rien.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  entend  cela  comme  à  ramer  des  choux. 

(OUDlN.  Curiosilez  françoises.  ■1640.) 

Var.  Malmedï.  I  s'y  étind  comme  à  fer  des  cuï. 

Mons.  Bâtisse  n' voyoi  goutte  dins  l'afTaire,  aulremint  dit,  i  s'intind  à  gouverner 
s'commune  comme  à  ramer  des  chou. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  18b0.) 

Picardie.  S'y  einteindre  comme  à  ramer  des  cabus. 

(CoRBLET.   Glossaire.  dSol.) 

678.  C'est  de  l'jotte  po  vosse  gatte. 

LiTT.  C'est  du  chou  pour  votre  chèvre. 
Je  ne  crois  pas  ce  que  vous  dites,  vous  me  faites  des  contes, 
vous  voulez  me  tromper. 

Ll  CORED. 

Nenni,  ji  n'm'y  fèye  nin, 

C'est  de  l'jotte  po  vosse  gatte,  à  c'ste  heure  i  n'est  pus  timps. 

(Ch.  HannaY.  Li  mâyc  veûr  d'à  Colas.  I,  se.  5.  ISôe.) 

679.  C'est  de  l'jotte  aux  ourtie.  (Jodoi(;ne.) 
LiTT.  C'est  du  chou  (préparé)  aux  orties. 

Se  dit  d'un  plat  dont  on  ne  connaît  pas  la  composition  —  de 
toute  chose  inconnue. 


—  188  — 

CIEL. 

680.  De  r  banne  de  cîr. 

LiTT.  De  la  voûte  du  ciel. 

Se  dit  de  celui  qui  est  sans  appui  sur  la  terre. 

Cité 'par  Forir.  Dict. 

Pus  nou  parint  n'mi  louke,  ji  sos  comme  ine  homme  toumé  de  l' banne  de  cir. 

Gn'y  a-t-i,  d'sos  1'  banne  dé  cîr,  ine  homme  pus  misèrâbe  ? 

(Bailleux.  Libribeu  et  imoirt.  Fàve,  1851.) 

Tôt  coula  aveut  fait  qu'Olivi  s'aveut  on  baî  joij  trové  comme  toumé  de  l'banne 
de  cîr. 

(G.  Magnée.  Baltri.  186S.) 

Var.  Vehviers.     N'faut-i  nin  esse  toumé,  duhez,  d'elle  creux  de  cîr, 

Pc  v'ni  vih'ner  es  l'bànne  dont  l'histoire  n'a  qu'à  scrîre 
Des  triomphe,  des  soper. 

(J.-S.  Renier.  Banquet  de  la  Société.  1871.) 

()81.  On  n'sàreut  aller  â  cîr  sins  hâle. 
LiTT.  On  ne  saurait  aller  (monter)  au  ciel  sans  échelle. 
Chose  qui  ne  peut  être,  qui  ne  peut  se  faire.  (Littré.) 
Pr.  fr,  —  A  l'impossible  nul  n'est  tenu. 

Fais  çou  qu'ji  t'dis, 

Si  t'es  sûti. 
C'esteut  ottant  d' lî  dîre. 
De  monter  sins  hàle  â  cîr. 
(N.  Defrecheux.  Li  Signeûr  di  Sterpenich.  Conte.  1863.) 

682.  Cîr  mout'nèye, 
Plaîve  parèye. 

LiTT.  Ciel  moutonné, 

Pluie  semblable. 
Changement  de  temps. 

Ciel  pommelé  et  femme  fardée 
Ne  sont  pas  de  longue  durée. 

{Comédie  des  prov.  III,  se.  2.  165S.) 

Cf.  QuiTARD.  Dict.,  p.  378. 

Cîr  moutonné  et  feumme  fàrdèye 
Ni  sont  nin  d'iongue  durèye. 

(Forir.  Dict.) 

683.  Si  l'cîr  touméve,  i  gn'âreut  bin  des  alouette 
prise. 

LiTT.  Si  le  ciel  tombait,  il  y  aurait  bien  des  alouettes  prises. 
Se  dit  pour  se  moquer  d'une  supposition  absurde.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Si  le  ciel  tombait,  il  y  aurait  bien  des  alouettes 
prises. 

(Père  Jean-Marie.  Le  divertissement  des  sages.  1665.) 


—  -189  — 

Tonton. 
Cint  mèye  franc,  c'n'est  nin  l'diale. 
Tatî. 

Et  s'j'aveus  deux  cint  mèye  ? 
Tonton. 
Si  ?  Aveu  si,  on  mette  Paris  d'vins  'ne  botèye. 

Tatî. 
Si  j'ies  aveus,  portant  ? 

Tonton. 

Et  si  l'cir  toumtH-e  don, 
Qui  tote  les  alouette  sèrît  prise. 

(Ed.  Remouchamps.  Tâti  V perriqul.  II,  se.  !'«.  188S.) 

Namur.  Si  l'ciel  chaîreûve,  i  gn'aureûve  bràmint  des  aulouette  attrapée. 

CLÉ. 

684.  On  d'vret  tapet  s'clet  su  s' fosse.  (Marche.) 

LiTT.  On  devra  jeter  sa  clé  sur  sa  fosse. 

Il  va  mourir  insolvable. 

Jeter  les  clefs  sur  la  fosse.  —  Renoncer  à  la  succession  d'une 
personne,  parce  qu'elle  doit  trop  ;  locution  qui  vient  de  ce  que, 
dans  l'ancien  droit,  la  personne  qui  renonçait  mettait  eftective- 
ment  les  clefs  sur  la  fosse.  (Littré.) 
Tournai.  Ruer  l'clef  su  l'fosse. 

CLERC. 

685.  C'est  r clerc  de  Baudour  qu'a  passé  par  là. 

(MONS.) 
LiTT.  C'est  le  clerc  de  Baudour  qui  a  passé  là. 
Se  dit  des  personnes  qui,  ayant  entrepris  une  chose  au- 
dessus   de  leurs  forces,   sont   obligées  de  s'arrêter   faute   de 
ressources. 

I  faut  qu'i  a  ieue  dins  l'timps  à  Raudour  in  clerc  qui  s'appeloi  Monsieur  Dargent 
court;  depuis  m'sovenance  quand  quelqu'un  comminchoi  in  batimint,  et  qui  n'savoi 
nié  l'achever,  au  rapport  qu'il  étoi  boulcourl  dé  yaerd,  j'ai  loudi  intindu  dire  :  C'est 
co  assuré  l'clerc  dé  Baudour  qu'a  passé  par  là. 

(Letellier.  Armouaque  dé  ilons.  4850.) 

686.  Il  a  fait  on  pas  d' clerc.  (Namur.) 

LiTT.  Il  a  fait  un  pas  de  clerc. 

Faute  commise  par  ignorance  ou  par  étourdcrie  dans  une 
affaire;  démarche  inutile,  maladroite.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Il  a  fait  un  pas  de  clerc. 
Ma  langue  en  cet  endroit  a  fait  un  pas  de  clerc. 

(Molière.  Le  dépit  amoureux.  II,  se.  4.) 


—   190  — 

CLOCHE. 

687.  Li  ci  qui  n'ètind  qu'ine  cloke,  n'ètind  qu'on 

son. 

LiTT.  Celui  qui  n'entend  qu'une  cloche,  n  entend  qu  un  son. 

r'ouv' prononcer  dans  une  aflaire,  il  faut  entendre  les  deux 
parties.  (AcAD.)  —  Aiidlatur  et  altéra  pars.  (Salomon.)  — 
Cf  LoYSEL.  Inst.,  n°  868.  —  Quistatuit  aliquid,  parle  inau- 
ditd  allerd,  œquiim  licel  stalueriljiaud  œqnus  /"wif.  (Senec.) 

Pi._  fr.  _  Qui  n'entend  qu'une  cloche,  n'entend  qu'un  son. 

Oui  n'entend  qu'une  partie,  n'entend  rien. 

(OUDIN.  Curiosilez françaises.  dG-iO.) 

Cité  par  FoRiR.  Dfcl. 

Po  r  flamind  on  est  tote  orèye, 
On  n'  l'ait  qui  1'  soùrdaul  po  1'  wallon. 
Eh  bin,  volez-v'  qui  ji  v's  el  dcye  : 
Quî  n'ô  qu'ine  cloke  n'ètind  qu'on  son. 

(Jos.  KiNABi.E.  A'o.Me  wallon  â  Sénat.  1880.) 

Variante  L'ci  qui  ètind  onk,  n'ètind  nin  l'aule. 

(Remacle.   Dici.) 

CiiAKi-EUOi.  Et  quand  su  l'pus  p'tit  brut,  i  vos  foute-nu  'ne  leçon, 

C'est  qu'qui  n'inlind  qu'enne  cloche  n'intind  qu'in  son. 

(L.  IJernus.  Ulortue  éiet  les  canard.  Faufe.  4873.) 

688.  On-z-a  todeu  deul  :  quand  l'cloke  son  neuve, 
Li  l)0un  ovrî  destelleùve.  (Jodoigne.) 

LiTT.  On  a  toujours  dit  :  quand  la  cloche  sonne 

Le  bon  ouvrier  quitte  son  travail. 
Il  faut  de  la  ponctualité  en  tout.  Le  bon  ouvrier  a  besoin  de 
repos. 

CLOCHER. 

689.  1  fàt  qui  l'clokî  seûye  à  mitan  de  viège. 

LiTT.  11  faut  que  le  clocher  soit  au  milieu  du  village. 
11  faut  mettre  à  la  portée  de  chacun  une  chose  dont  tout  le 
monde  a  besoin,  ou  doit  profiter.  (Agad.) 

Pr.  fr.  -  Il  faut  placer  le  clocher  au  miheu  de  la  paroisse. 

Cité  par  FoRiR.  Dicl. 

Naml'R.  I  faut  todi  mette  li  clochî  au  mitan  de  l'paroisse. 

CLOPIN-CLOPANT. 

690.  Aller  bînek  et  plînck. 

LiTT.  Aller  de  ci  de  là. 


—   191  — 

Être  aviné,    fatigué;    marcher   en   clocliant  quelque  peu; 
clopiner.  (Littré.) 
Cité  par  FoRiR.  Dict. 

!•"■  Convive. 
I  n'rotte  qui  hinck  et  plinck. 

ii'^  Convive. 

El  lu  n'pout  pus  roter. 

(ALCiOE  Phyor.  Sôléyc  et  paiisd.  1859.) 

On  s'arresta  à  l'Waffe  et  d'vins  deûse  Ireus  bastringue. 
On  n'Iouka  nin  à  'ne  gèye,  on  riv'na  liîiick  et  plinck. 

(M.  TiiiitY.  lue  cope  di  grandivenx.  1859.) 

Qudque  limps  après,  on  lanskinet  qu'avcut  s'tu  à  Tilleu  s'fer  berzingue,  rintra  à 
Lîgc  po  l'poile  (li  St-I.orint  toi  'une  allant  hlnck  et  plinck. 

(G.  Magnée.  Li  houlotie.  1871.) 

MoNS.  Ilinképink,  suhs.  masc.  Boiteux.  (Sigart.  Dict.  1870.) 

Lille.  Marcher  in  chip  in  chop.  (Vermesse.  Toc.  18G1.) 

CLOU. 

69).  On  clà  chesse  Faute. 

l.iTT.  Un  clou  chasse  l'autre. 

Une  nouvelle  passion,  un  nouveau  goût  en  fait  oublier  un 
autre.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Un  clou  chasse  l'autre. 
Cité  par  Forir.  Uict. 

Marche.  Malheur  au  cî  qu'est  l' bon  apute 

Dès  qu'on  l'porsut,  on  clau  chesse  l'aute. 

(Alexandre.  P'citcorti.  18G0.) 

Namiir.  Aux  sorvinant  i  nos  faut  bin  fer  place, 

Aux  novia  v'nu,  fripon  ou  bravés  gins. 
On  clau  chesse  l'aute,  ainsi  di  race  en  race 
Et  jusqu'à  l'fin  des  fin. 
(Wérotte.  One  diérainc  romance  po  serrer  V sache.  1867.) 

692.  Mette  on  clà  à  s'waliaî. 

I.iTT.  Mettre  un  clou  à  son  cercueil. 

Avancer  Theure  fatale.  Se  dit  à  celui  qui  boit  immodérément, 
à  chaque  verre  qu'il  ingurgite. 

Variante.  Ottant  di  d'inèye,  otlant  d'  clà  à  s' waiiaî. 

Cité  par  Forir.  lMr(. 

GODINASSE. 

Vos  frez  bin  des  pus  vis  ohaî 

Ca  chaque  hèna,  v' savez  qui  c'est-sl-on  clà  d'wahaî. 

(Ed.  Hemouchamps.  Li  suv'ti.  Il,  se.  G.  18G1.) 

Var.  Marche.  C'est  des  clau  d'vachaî  qu'toles  nos  ponc. 


—  19-2  — 

Var.  JoDOiGNE.  Les  tricas  c'est  des  clan  d'vachat.  —  L'ce  que  s'boutte  à  boisson, 
rabotte  se  vachat. 

Var.  Mons.  C'est  tous  claù  d'iusieau. 

Ce  sont  tous  clous  de  cercueil. — Ce  sont  tous  acheminements 
vers  la  mort. 

Enfin  tous  maladie  d' grand  père,  tous  clau  d'iusieau,  comme  on  dit  à  Mons. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1848.) 

693.  I  hagn'reût  on  clâ  es  deux. 

LiTT.  Il  mordrait  un  clou  en  deux. 

Il  est  affamé. 

Cité  par  Forir.  Dic.l. 

Marèye  Bada. 

J'a  si  faim  qui  j'hagn'reûs, 

So  m' foi,  on  clà  es  deux. 

(De  Harlez,  De  Caktier,  De  Vivario  et  Fabry.  Li  voyège  di  Chaudfontaine.  II,  se. 

4.  4757.) 

Nos  lèyans  l'fricassêye, 

Po  l'dimègne;  min  on  clà,  nos  i'hagn'rîl  bin  es  deux 
Qwand  ruiner  vint;  ossu,  li  magne-t-on  a  r'ièche  deugt, 

(Ed.  Remouchamps.  Les  deux  voisin.  •1876.) 

Var.  Tournai.  Tranner  des  mâchoire. 

694.  Il  a  todi  1' clà  po  l'iiazi. 

LiTT.  11  a  toujours  le  clou  pour  le  river. 
On  ne  peut  le  prendre  au  dépourvu.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  On  ne  peut  le  prendre  sans  vert. 

Dihez-lî  çou  qui  c'seùye,  il  ont  l'clâ  po  l'hazi, 
Et  s'trovet  màlhureux  d'aveùr  on  sort  ainsi. 

(G.  Delarge.  lue  copeuue  conte  les  pekUeu.  1873.) 

Var.  Tournai.  Avoir  tousses  dint.  [Être  prompt  à  la  réplique.) 

695.  Hazi  1'  clà. 

LiTT.  River  le  clou, 

llépondre  fortement,  vertement,  de  manière  qu'on  n'ait  rien 
h  répliquer.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  River  à  quelqu'un  son  clou. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Po  trover  po  hazi  m'clâ, 
Vos  r'batlrîz  tote  li  poroche. 
(Thiuy.  Li  bon  jowcu  âx  vis  jeux  d' Lige.  Chanson.  1889.) 

Qui  fait  çou  qu'i  pout  n'fait  nin  ma 
Mais  qwand  vos  m'divrîz  hazi  m'clâ 
Ji  SOS  capàbe  di  n'rin  fer  d'aute. 

(Ad.  Picard.  Toast  au  banquet  wallon.  1874.) 


—  193  — 

Namur.        J'a  rovi  one  saqiioi,  i  faut  qui  j' vos  es  cause. 

Car  c'est  là  1'  grande  affaire,  ii  vrai  trô  dins  l'èplause, 
Li  pus  grand  cli'vau  d'  Ijataye  di  nos  pus  grands  savant, 
I  faut  river  leu  clau  là  d'sus  comme  su  T  restant. 

(A.  Demanet.  Oppidum  Atuaiicorum.  d843.  —  Aun.  delà 
Soc.  (trch.  de  Namur.  T.  II.) 

Autre  signification  :  Pour  achever,  pour  comble. 

(FORIB.  Dici.) 

Tonton. 

Vive  li  muselle, 
Vive  li  miscàt, 
I  gn'a  co  qu'zel 
Po  r'hazi  I'  clà. 
(De  Harlez,  De  Cartier,  Vivario  et  Fabri.  Li  voyège  di 
Chnudfontaine.  III,  SC,  i^^.  1757.) 

Buvans  on  côp  po  r'hazi  1'  clâ. 

Qui  r  joû  d'hoûye  nos  seijye  on  joû  d'  fiesse. 

(Chanson  an  l'honneur  de  Velbruck.  1772.) 

(Î96.  S' peigner  avec  in  cleaii,  (Tournai.) 

LiTT.  Se  peigner  avec  un  clou 

Se  dit  d'une  personne  qui  ne  soigne  pas  sa  chevelure. 

Variante.        Si  peignî  avou  on  cwàrjeu  et  fer  s'  rôye  aveu  on  clà. 
COCHON. 

G97.  Qwand  rpoiirçaî  est  sô,  les  r'iaveûre  (ou  les 
navaî)  sont  seûre. 

LiTT.  Quand  le  cochon  est  rassasié,  les  lavures  d'ocuelles  (ou 
les  navets)  sont  aigres. 

«  Quand  on  a  désiré  vivement  une  chose  et  qu'on  la  possède, 
on  la  rejette  avec  mépris  pour  en  désirer  une  plus  belle.  » 

(Ferd.  Hénaux.  Éludes  sur  le  wallon.  i84i.) 

Pr.  fr.  —  A  ventre  soûl,  cerises  amères.  —  Quand  les  cochons 
sont  soûls,  ils  renversent  leur  auge. 

(Leroux.  Dicc.  comique.  17B2.) 
Au  dégousté  le  miel  amer  est. 

(XVIe  siècle.) 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Marche.  Quand  les  pourçaî  sont  sô,  les  gland  sont  seùr. 

Namur.  Qwand  les  pourcia  sont  sô,  les  navia  sont  seùr. 

Charleroi.  J'sus  cràs  comme  via 

Et  i  m'  faut  du  nouvia, 
Quand  les  pourcha  sont  cràs  tous  les  navia  sont  sûre. 

(L.  Bernus.  Le  fnau  èiél  les  dindon.  Faufe.  1873.) 

MoNS.  Quante  Id  i)Ourciau  sont  sou,  les  r'iavure  sont  sure. 

15 


—  104  — 

MoNS.  La  qu'on  apporte  de  V  tarte,  la  qu'i  mingent,  la  qu'i  boiv'td  co  toudi,  si  bé 
que  quand  9  heure  a  sonnt^  Tpaysaii  Irouvoi  qu'  lés  zerlavure  étiont  surte. 

(LeteluER.  Armonaque  dé  il/ows.  4853.) 

JoDOiGNE.  truand  les  pourcia  sont  sou,  les  gland  sont  scr.  —  Quand  les  vache 
sont  sonle,  les  navia  sont  ser. 

698..  Magnîz-ès,  les  pourçaî  n'es  volet  pus. 

LiTT.  Mangez-en,  les  pourceaux  n'en  veulent  plus. 

«  Vieux  dicton  qu'on  emploie  ironiquement  pour  répondre  à 
quelqu'un  qui  olîre  une  chose  ou  les  restes  d'une  chose  dont  il 
est  dégoûté.  »  (Quitard.  iJicl.,  p.  618-619.) 

Mangez  de  nos  prunes,  nos  pourceaux  n'en  veulent  plus. 

(OUDIN.  Cuiiositez  françaises.   1(540.) 

699.  J'n'ai  gnié  trop  d'sùr  pou  m'pourciau.  (Mons.) 
LiTT.  Je  n'ai  pas  trop  de  petit  lait  pour  mon  porc. 

Je  suffis  à  peine  aux  besoins  de  mon  intérieur,  je  ne  suis  pas 
tenté  d'aller  chercher  de  la  besogne  ailleui^s. 

(SiGART.  Dict.  du  wallon  de  Mons.  1870.) 

700.  Fez  de  bin  à  vosse  pourçaî,  vos  l' ritroûvrez  â 
lard. 

LiTT.  Faites  du  bien  à  votre  pourceau,  vous  le  retrouverez 
à  lard. 

Savoir  faire  un  sacrifice  dans  l'espoir  d'un  avantage  futur.— 
Mettre  à  intérêt. 

Il  ne  perd  point  son  aumosne, 
Qui  à  son  cochon  la  donne. 

(Leroux  de  Lincy.) 

Namur.  Quand  on  fait  do  bin  à  s'  pourcia,  on  1'  ritroùve  dins  l' laurd. 

Jalhay.  Pierrette. 

On  dit  toudi  qu'  ci  qui  fet  do  bin  à  s'  pourçaî  cl  rutroùve  à  lard.  Èdon  Malhî? 

Mathî. 

Jo  l'a  ètindou  dire  bin  des  fie. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  10.  1861.) 

Mons.  L'  ceu  qui  fait  du  bié  à  s'  pourcieau  l'ertroûve  à  s'  saloi.  Celui  qui  sait  faire 
un  sacrifice  pour  réussir  une  chose,  en  recueille  les  fruits  tùt  ou  tard. 

(Letei.LIER.  Proverbes  monlois.  Arm.  dé  Mons.  1848.) 

Lille.  Qui  fait  du  bien  à  sin  pourchau 

Le  r'irouve  din  sin  salô. 

(Vekmesse.  Voc.  du  patois  lillois.  18GI.) 

701.  I  l'chane  tout  à  les  pourciau, 

Avé  r  vieux  i  fait  du  nouveau.  (Mons.) 

LiTT.       Il  ressemble  entièrement  aux  cochons, 
Avec  le  vieux,  il  fait  du  nouveau. 


—  195  — 

Parce  que  le  cochon,  en  mangeant  des  ordures,  en  produit 
d'autres. 

(SiGART.  Dict.  du  patois  de  Mons.  1870.) 

702.  Raviser  1'  pourçaî,  fer  de  bin  après  s'  moirt 
LiTT.  Ressembler  au  porc,  faire  du  bien  après  sa  mort. 

Se  dit  des  avares,  qui  ne  font  du  bien  qu'à  leurs  héritiers. 

C'est  tôt  comme  li  grusus,  i  ?'arichihe  à  toirt, 
Et  fait,  comme  li  pourcaî,  baicùp  d'  bin  après  s'  moirt. 
(Dehin.  L'homme,  li  pourçai,  V  gatte  et  V  mouton.  Fâve.  48o0.) 

Fer  de  bin  après  s'  moirt,  c'est  fer  comme  les  pourçaî, 
Tote  si  vèye  vosse  mononke  l'aveut  bin  assez  fait. 

(A.  HoCK.  Mœurs  et  coutumes  liéyeoi.ics.  -1872.) 

703.  Saint  Antoine  i  est  malade,  ch'est  rpourclieau 
qui  fait  V  cuisine.  (Tournai.) 

LiTT.  Saint  Antoine  est  malade,  cest  le  cochon  qui  fait 
la  cuisine. 

Se  dit  par  plaisanterie  lorsque  la  ménagère  est  remplacée 
dans  son  office  de  cuisine  par  son  mari  ou  un  autre  membre  de 
la  famille  peu  au  courant  des  clioses  du  ménage. 

704.  Po  les  pourçaî  tôt  fait  liô. 

LiTT.  Pour  les  cochons  tout  fait  tas. 
Pour  certaines  gens  tout  est  bon. 

705.  I  fait  comme  li  pourçaî  d'  Jacquet,  i  vout  t'ni 
s' rang. 

LiTT.  Il  fait  comme  le  pourceau  de  Jacquet,  il  veut  tenir 
son  rang. 

Il  a  une  mauvaise  réputation  et  il  fait  tout  pour  la  mériter. 

706.  S'i  n'y  aveut  nin  des  pourçaî,  i  n'y  àreut  nin 
de  lard. 

LiTT.  S'il  n'y  avait  pas  de  porcs,  il  n'y  aurait  pas  du  lard. 
Réponse  à  l'injure  :  vos  estez  on  pourçai. 

Le  pauvre  que  nourrit  sa  graisse, 
Du  cochon  ne  parle  point  mal  ; 
Laissons  l'orgueil  et  la  paresse 
Insulter  le  pauvre  animal. 

(Pierre  Dupont.) 

Var.  Jodoigne.  Sins  vache  pont  d'via. 

707.  So  i'timps  qu'on  doime,  les  pourçaî  (les  gatte) 
magnet  les  jotte. 

LÎtt.  Sur  le  temps  (pendant)  qu'on  dort,  les  cochons  (les 
chèvres)  mangent  les  choux. 


—  196  — 

Où  la  surveillance  manque,  le  gaspillage  s'introduit. 

Malmedy.  So  rtimps  qu'tu  frolle  tu  mère,  les  pourçaî  magnet  les  r'iavôre. 

708.1  fàtach'lerrpourçaî  crâset  rmolionnebatèye. 

LiTT.  Il  faut  acheter  le  porc  engraissé  et  la  maison  bâtie. 
Pour  faire  un  bon  marché,  il  faut  profiter  des  dépenses  et  des 
peines  des  autres. 

On  doit  acheter  pain  et  maison  faite. 

(Prov.  commun.  XV»  siècle.) 

709.  Austant  chix  pourclia  qu'in  chî,  il  a  co  pus 
d' tripe.  (Nivelles.) 

LiTT.  Autant  six  pourceaux  qu'un  chien,  il  y  a  encore  plus 
de  boudin. 

Se  dit  d'une  personne  qui  n'est  pas  dégoûtée. 

710.  Il  avisse  qu'on  ûye  situ  ^vâ^der  les  pourçaî 
avou  lu. 

LiTT.  Il  semble  qu'on  ait  été  garder  les  cochons  avec  lui. 

Se  dit  pour  faire  sentir  à  un  inférieur  ou  à  un  homme  que 
l'on  connaît  peu,  qu'il  s'oublie  et  qu'il  en  use  trop  familière- 
ment. (ACAD.) 

Pr.  fr.  —  11  semble  que  nous  avons  gardé  les  cochons 
ensemble. 

Cf.  Camarades  comme  cochons. 

Manger  le  cochon  ensemble. 

(OUDIN.  Curiositez  françoises.  4640.) 

711.  On  pourçaî  aime  mî  on  stron  qu'ine  lé- 
moseàde. 

LiTT.  Un  porc  aime  mieux  un  étron  qu'une  noix  muscade. 
On  préfère,  en  général,  les  choses  dont  on  peut  retirer  plaisir 
ou  profit. 

Pr.  fr.  —  Aux  cochons  la  merde  ne  pue  point. 

(Dict.  port,  des  prov.  fr.  i75'l.) 

Truie  aime  mieux  bran  que  roses. 

{France.) 

A  Liège,  dans  les  classes  populaires,  la  noix  muscade  est 
l'épice  la  plus  recherchée  ;  c'est  elle  qu'on  met  dans  le  gâteau 
des  rois. 

Trahit  aua  quemque  voluptas. 

(Virgile.  J/«  Eglogne.) 
Mais  le  moindre  grain  de  mil 
Ferait  bien  mieux  mon  affaire. 

(Lafontaine.) 


-    197  — 

712.  Norrir  T  pourcheau  pou  les  eaute  (Tournai.) 

LiTT.  Nourrir  le  cochon  pour  les  autres. 
Avoir  eu  la  peine  et  laisser  le  profit  à  d'autres. 

713.  Ossi  d'gosté  qiion  pourçaî  qu'a  magnî  ine 
seùre  pomme. 

LiTT.  Aussi  dégoûté  qu'un  porc  qui  a  mangé  une  pomme 
sûre  (verte). 

Se  dit  des  gens  nàreux. 

François. 

Li  fèye  mi  louke  à  pône,  et  l' iiK're  fait  lodi  ine  mène  comme  on  pourçaî  qu'a 
magnî  'ne  seùre  pomme. 

(Demouun.  Ji  vaux,  ji  ti'  poux.  I,  se.  8.  1838.) 

Jacques. 

Elle  mi  fait,  sins  qu' ji  n'  séssc  ni  poquoi,  ni  po  comme, 

Ine  loufe  comme  ou  pourçaî  (ju'a  hagni  d'vins  'ne  seiire  pomme. 

(DD.  Salme.  lue  feutmne  qiCeimés  vAl  deux.  8c.  14.  1876.) 

714.  Ci  n'est  nin  àx  pourçaî  à  poirter  des  man- 
chette. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  aux  pourceaux  à  porter  des  manchettes. 
L'élégance  ne  sied  pas  à  tout  le  monde. 

715.  A  pus  baî  pourçaî  li  pus  laid  stron. 

LiTT.  Au  plus  beau  pourceau  le  plus  laid  élron. 
On  n'est  pas  toujours  récompensé  selon  son  mérite. 

716.  Cli'est  donner  du  chuque  à  ein  pourcheau. 

(Tournai.) 

LiTT.  C'est  donner  du  sucre  à  un  pourceau. 
Vouloir  faire  éprouver  à  quelqu'un  une  jouissance  physique 
ou  morale  qu'il  n'est  pas  capable  d'apprécier. 
Semer  les  marguerites  devant  les  pourceaux. 

(Père  Jean-Marie.  Le  divertisi^ement  des  sages.  1663.) 

Var.  Charleroi.  Gelique. 

Ce  s'rel  iu  osti  t't  aussi  inutile  que  n'  cinquième  roue  à  in  char,  èiet  ce  s'rel 
donner  des  pelle  à  in  pourcha. 

(L.  Bernus.  V  malade  Sainl-Thlbau.  H,  se.  6.  1876.) 

CŒUR. 

717.  Bon  cour  et  mâle  tièsse. 
LiTT.  Bon  cœur  et  mauvaise  tête. 


—  198  - 

Les  gens  étourdis  et  inconsidérés  ont  souvent  de  bonnes 
intentions,  un  bon  cœur.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Mauvaise  tête  et  bon  cœur. 
Cité  par  Forir,  Dict. 
JoDOiGNE.  Bon  cœur  et  stornée  tiesse. 

718.  Il*a  bon  cour,  i  n' rind  nin  (mâye). 
LiTT.  Il  a  bon  cœur,  il  ne  rend  pas  (jamais). 

Se  dit  des  gens  qui  ont  l'habitude  de  conserver  ce  qu'on  leur 
prête. 

Pr.  fr.  —  Il  a  bon  cœur,  il  ne  rend  rien. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  1640.) 

719.  Fer  bon  cour  so  mâlès  jambe. 

LiTT.  Faire  bon  cœur  sur  mauvaises  jambes. 

Ne  pas  se  laisser  abattre  par  la  contradiction,  par  les  échecs 
parles  revers.  (Acad.)  ' 

Faire  contre  mauvaise  fortune  bon  cœur.  —  Faire  bonne 
mine  à  mauvais  jeu. 

El  si  l'brut  d' chaîne  qu'il  ô,  ii  fai(  on  pau  frusi, 
I  fait  de  mons  bon  cour  so  màiès  jambe. 

(SiMONON.  Lispére.  1828.) 
So  mâlès  jambe  qu'on  fasse  bon  cour, 
Et  so  nosse  compte,  s'i  vint  s'impii, 
Tusans  ine  manîre  à  nosse  tour, 
So  s'compte  ossi  di  nos  d'verti. 

(Fr.  BAU.LEUX.  Monsieu  Samowe.  Ch.  1843.) 
Màlheureus'mint  i  m'fât  fer  bon  cour  so  mâlès  jambe  et  r'noncî  â  plaisir  qui  cisse 
fiesse  la  m  mâkreut  nin  di  m' procurer.  t-         4         ^c 

(FoKiR.  Lette  à  V  confrairèye  wallonte.  1861.) 
'^AMUR.  ji  sèret  sovint  obligi  do  fer. 

Comme  on  dit,  bon  cour  su  des  mouaichès  jambe. 
(J.  COLSON.  One  tournée  do  président  de  V  République.  Ch.  1862.) 
Marche.  h  est  bin  timps  mes  pauvès  hâme 

Do  fet  bon  cour  so  mouaissès  jâme. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 
Auvergne.  Countre  fortune  boun  cœur. 

Provence.  Countro  marrido  fourtouno  boun  cor. 

(Camp.  pop.  prov.  Bévue  des  langues  romanes.  1881.) 

720.  I  ravisse  saint  Amand,  il  a  1'  cour  so  1'  main 

LiTT.  Il  ressemble  à  saint  Amand,  il  a  le  cœur  sur  la  main 
hst-ce  un  proverbe  iconologique  ?  Ou  a  t-on  tout  simplement 
ouo  sur  le  nom  de   saint  Amand,  comme  l'a  fait  l'auteur  de 
1  epitaphe  suivante,  qui  se  trouvait  dans  une  église  de  Worms'^ 


199  - 


Prœsul  amavit  oves  proprias,  et  pavit  Amandus  ; 

Idcirco  superis  seniper  amandus  eril. 
Ille  Deiim  docuit  ardenter  Amandus  amandum, 

Et  nobis  igitur  semper  amandus  erit. 

Ne  pas  déguiser  sa  pensée,  ses  sentiments.  (Littriî;.) 
Pr.  fr.  —  Avoir  le  cœur  sur  la  main. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Li  mène  joyeuse  et  l' même  pinsêye  es  l' tiesse. 
Nos  estans  v'nou  po  v'  dire,  li  cour  so  1'  main, 
Qui  nos  v'  itèyans  voste  honneur  et  vosse  pièce. 

(G.  Delarge.  Hommage  à  M.  Math.  Grandjean.  1875.) 

Ji  vas  vèyî  m'grand'mére  Tonton,  ine  vèye  feumme  qu'a  l'coiir  so  l'main. 

(Al.  Pecleks.  Mathi  Bablame.  Chansonnette.  1877.) 

Namur.  Ji  voreûve  qu'on  fuche  camarade, 

Ji  prinds  grosse  botèye  à  témoin, 
Sins  jamais  fer  des  mascarade, 
Vraie  amitié,  li  cœur  sus  1'  moain. 

(Wérotte.  Li  pèquèt.  Chanson.  1867.) 

Nivelles.         Comme  saint  Aniand,  c'est  l'cceur  su  1'  main. 

721 .  1  m'  gottéve  es  cour. 

LiTT.  Il  (cela)  me  gouttait  dans  le  cœur. 

J'en  avais  le  pressentiment. 

Être  l'objet  d'une  inquiétude,  d'un  tourment.  (Littré.) 

Tenir  au  cœur. 

Cité  par  Forir.  f)ict. 

C'est  qu'  gottéve  es  cour  d'  nosse  Gamâ, 
Qui  r  gouverneur  estent  "ne  homme  fà. 

(J.-J.  Hanson.  Les  Luxiade  èx  vera  Ufjeoi.i.  Ch.  I.  n83.) 

Cisse  mâle  awei'ire  là  estcut  bin  Ion  d' lî  gotter  es  cour;  ossi  fout-i  fel'mint 
amaké  d'ôre  li  greffî  li  ram  hi  1'  long  babouyège  di  s'  condamnation. 

(G.  Magnée.  Li  houlotte.  1871.) 

Géra. 

Coula  m'  goltévc  es  cour...  enfin,  vola...  j'y  sos. 

(Ed.  Hemouchamps.  Les  amour  d'à  Géra.  I,  se.  3.  i875.) 

JoDOiGNE.  Ça  m'  gotteùve  es  l'àme. 

722.  Avii  r  cour  comme  on  pan. 
LiTT.  Avoir  le  cœur  comme  un  pain. 
Avoir  le  cœur  gros,  oppressé. 

723.  Bon  cour  ni  sâreiit  minti. 

LiTT.  Bon  cœur  ne  pourrait  mentir. 


—  200  — 

Être  franc  et  sincère,  parler  sans  aucun  déguisement   être 
bienveillant,  serviable.  —  Cœur  droit  hait  le  mensonge.    ' 
On  dit  aussi  :  Bon  cour  ni  pout  minti. 

Li  bon  cuer  ne  puet  mentir. 
(Chronique  de  Jean  d'Où  Crémeuse.  Livr.  I.  Xlle  siècle.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Abèye  tos  les  Condrosî 

Corans  lî  fer  fiesse. 
Les  Lîgeois  po  1'  bin  fieslî 

S'ont  mettou  foù  d'foice. 
Si  n'esteint  nin  si  poli, 
Bon  cour  ni  sàreut  minti. 
(Couplet  dédié  d  comte  di  Mean,  prince  di  Lige,  pa  les  Condrosî.  1792.) 
Madeleine. 
Ainsi,  c'est  vos,  Walter,  qu'a  sâvé  1'  vèye  à  m'  fi. 
Walter. 
C'est  d'à  meune  comme  d'à  vosse,  bon  cour  ni  pout  minti. 

(Dehin.  Cfidre  et  panâhe.  (Les  Chiroux  et  les  Grignoux.)  d846.) 
On  colon  quéque  fèye  a  bon  cour. 
Et  bon  cour  ni  sàreut  minti. 

(Baiuei'X.  Li  colon  et  l' frumihe.  ISo-l.) 

724.  Avu  r  basse  di  cour. 
LiTT.  Avoir  l'as  de  cœur. 
Jeu  de  mots. 
Être  courageux. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

C'est  qwand  1'  dangî  est  tôt  près 
Qu'on  veut  l'ci  qu'a  1'  basse  di  cour. 

(Fr.  Bailleux.  Li  lion  et  V  chesseu.  Fâve.  4856  ) 
Nosfe  homme  n'aveut  nin  l' basse  di  cour,  ossi  n'  fout-ce  au'avou  1'  noce  es  han» 
qu'i  s' nnda  wisse  qui  les  cren'quinî  s' rassonlit.  ^  "' 

(G.  Magnée.  Li  cren'qnini  de  prince  âbbé  diStâv'leû.  1871.) 

.  Ça  cangea  fote  l'affaire, 

La,  I  Cl  qu  n'aveut  nin  pus  d' basse  di  coiir  qu'on  poyon 
:^i  tout  pus  a  maistri,  c'esteut  on  vraie  lion. 

(DD.  Salue.  Li  Une  et  les  raine.  Fâve.  1877.) 
Tatî. 
Si  ji  n'  mi  rat'néve  nin,  ji  v'  sipatreu  1'  buzaî. 

Bièth'mé. 
V  n'avez  nin  1'  basse  di  cour,  po  fer  ine  keûre  parèye. 

(Ed.  Bemouchamps.  Tâti  V  perriqut.  I,  se.  7.  1888.) 

moltc:-'^^'^'''^'^^"^^^^^^*  durqii'eine  inglemme  de 
Utt  fv"iV  1  (Tournai.) 

LITT.  Avoir  io  cœur  aussi  dur  qu'une  enclume  de  maréchal 


—  201   - 

Être  insensible  aux  grandes  douleurs,  avoir  le  cœur  dur,  ne 
pas  compatir  au  malheur  d'autrui. 

Tournai.  Je  l'  conneos,  malgré  ses  belles  parole,  i  a  l' cœur  oussi  dur  qu'eine 
inglemme  de  marissieau. 

(Pierre  Brunehault.  (Leroy).  Ein  ménnclie  dC  francx  paiife.  Sc.  G.  1891.) 

Var.  Jodoigne.        Oyeu  ostant  d' cœur  qu'onc  vie  savatte. 
COGNÉE. 

7':26    Hachî  à  l'cougnèye. 

LiTT.  Hacher  à  la  cognée. 

Se  dit  d'un  ouvrage  de  main,  qui  est  grossièrement  fait  ;  d'un 
ouvrage  d'esprit  mal  fait,  mal  tourné  ;  d'un  homme  mal  fait, 
mal  bâti.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Gela  est  fait  à  la  serpe. 

Saint-Quentin.  Ch'est  mi  qu' j'ai  composé  l'cainchon, 

Mi  ch'bouquiyon  d'chès  bos  d'Orlon. 
A  cueups  d'serpe  all'est  faite, 
Ein  r  voit  bien. 
Mais  gn'i-a  cœre  bien  d'z'eutes  biêtes  : 
Vous  m'einteindez  bien. 

(GosSEU.  Lettres  picardes.  18iS.) 

Var.  Lille.  Faire  à  la  grosse  morbleute. 

(Yermesse.  Vocabulaire  du  patois  lillois.  1861.) 

727.  I  n'fât  nin  taper  l' manche  après  rcoiignèye. 
LiTT.  II  ne  faut  pas  jeter  le  manche  après  la  cognée. 

Se  rebuter,  abandonner  totalement  une  affaire,  une  entre- 
prise, par  chagrin,  par  dégoût,  par  découragement.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Jeter  le  manche  api^ès  la  cognée. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Marche  Ni  tappe  nin  1'  manche  après  l' cougnèye. 

Namur.  Taper  1'  manche  après  1'  hachette. 

Jodoigne.  Taper  1'  manche  après  1'  coûtia,  ou  1'  cougnie. 

Var.  Ferrières.      l  n'  fàt  nin  èvoyî  1'  ràvc  après  1'  houvion. 

728.  Aller  â  bois  sins  cougnèye. 
LiTT.  Aller  au  bois  sans  cognée. 

Entreprendre  quelque  chose  sans  se  munir  de  ce  qui  est 
nécessaire  pour  réussir.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  .Aller  au  bois  sans  cognée. 
Voir  le  proverbe  suivant. 

729.  Mette  li  cougnèye  à  l'âbe. 

LiTT.  Mettre  la  cognée  à  l'arbre. 
Commencer  une  entreprise.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Mettre  la  cognée  à  l'arbre. 


-  202  - 

Jaspà,  qwand  vos  in'hanlîz  vos  il'viz  fer  des  mohe  à  deux  cou.  Si  v'  n'avez  nin  s'tu 
à  bois  sins  cougnèye,  ji  poux  dire  qui  v's  avez  à  pône  mettou  l' couj^néye  à  Tàbe. 

(Remacle.  Dict.) 

Allons,  boutans  V cougnèye.  Cette  expression  s'emploie 
souvent  dans  les  campagnes  avant  de  commencer  un  ouvrage 
(juelconque.  C'est  une  espèce  de  bénédicilé  comme  le:  alla- 
quivis  mes  èfanl. 

COIFFE. 

730.  •  Totes  les  gâmelte 

Ont  leii  cowette. 

LiTT.  Toutes  les  coiffes 

Ont  leur  cordon. 
Toutes  les  actions  ont  leurs  conséquences  ;  se  dit  surtout  en 
mauvaise  part,  lorsque  les  suites  n'ont  pas  été  heureuses. 

COLLER. 

731.  1  plaque  comme  hârpihe. 

LiTT.  Il  colle  comme  poix. 

C'est  un  imposteur  ;  il  s'impose  ;  on  ne  peut  s'en  débarrasser. 

Chassez-le  par  la  porte,  il  rentrera  par  la  fenêtre. 

Pr.  fr.  —  Cela  lient  comme  poix. 

Se  dit  d'une  chose  qui  tient  fortement  à  une  autre. 

(Poitevin.) 
Ses  noùvès  hâre  so  s'coirps  èlique 
Plaket  co  pf'-  qui  dé  l'hàrpique. 

(Gérard.  On  halcoti  de  grand  monde.  1890.) 

73'2.  I  va  plaqiiî  âx  coisse. 

Lut.  Il  va  coller  aux  côtes. 

Il  va  faire  chaud.  —  Nous  allons  avoir  une  fière  alerte. 

I  va  plaquî  àx  coisse. 

(Remouchajips.  Li  sav'ti.  Acte  2,  se.  4.  1858.) 

733.  Ine  bonne,  cisse-lalle  :  plaquîz-le  â  meûr. 

LiTT.  Une  bonne,  celle-là  :  collez-la  au  mur. 

Voilà  un  trait  plaisant,  une  chose  incroyable  ;  cela  mériterait 
d'être  affiché. 

Pr.  fr.  —  En  voilà  une  colle  ;  parce  qu'une  attrape  est 
comparée  à  une  chose  qui  colle.  (Littré.) 

TiTINE. 

Elle  a  ITive  di  lessaî. 

BOUHON. 

Cisse-lalle,  j"el  claw'ret  à  meùr. 

(Demoulin.  On  pèkon  d'avri.  Se.  1.  1865.) 


—    2Uo   — 

Jacques. 
Enne  a  qu'ont  nions  soffri  qui  l'église  rilive  saint. 

TOSSAINT. 

Plaquans  cicial  à  meùr. 
(DD.  Salme.  lue  feurnme  qu'cnuès  vât  deux.  Sc.  d4.  4876.) 

Namur.  C'est  loye  (C(?rès)  qui  fait  tôt  pousser  dins  les  terre  et  les  jardin  ;  quand 
i  li  plait  les  année  sont  bonne  ou  mouaiche.  —  Clawez  c't  elle  la  su  l'incûr  dé 
grègne. 

{^Li  mitologie.  La  Marmite,  Gazette.  1884.) 

Charleroi.  Argan. 

Je  n'  l'èvôyerai  né  dins  in  couvint  ? 

TOINETTE. 

Non. 
Argan. 

Non  ?  Eh  bin  c't-elle  aile,  on  poul  Tclapper  au  mur  ! 

(h.  Bernus.  U  malade  Saitii-Thibau   I,  se.  5.  4876.) 

JoDOiGNE.  One  roitte  cisse  lalle  plaquîz-le  à  l' meraille. 

COLOMBOPHILE. 

734.  Jône  colèbeii, 

Vi  bribeii  ; 
Yî  colèbeu, 
Vî  gueux. 
LiTT.  Jeune  amateur  de  pigeons, 
Vieux  mendiant  ; 
Viel  amateur  de  pigeons, 
Vieux  gueux. 
N.  B.  Les  amateurs  de  pigeons  (voyageurs),  très  nombreux 
dans  le  pays  de  Liège,  dépensent  beaucoup  d'argent  en  paris, 
etc.  On  en  a  vu  négliger  entièrement  leurs  aflaires  pour  se 
livrer  à  leur  coûteux  passe-temps. 

On  a  souvent  appliqué  la  même  réflexion  morale  aux  bracon- 
niers, etc.;  au  lieu  de  colèbeu,  on  dit  parfois  :  pèheu,  tuuieu, 
chesaeu,  etc. 

Stavelot.  Jône  chesseur,  vi  bribeur. 

Halhedy.  Jone  musicien,  june  monsieu. 

VI  musicien,  vi  bribeur. 

MoKS.  Tindeu,  cacheu,  peskieu, 

Tois  mestier  d'gueux. 

(Sigart.  Dtct.  1870.) 
Picardie.  Cacheux,  pèkeux,  tendeux, 

Trois  métiers  d'gueux. 

(C.ORHLET.   fj'/o.W.    18o1.) 

Metz.  Ne  sayveuye  met  l'dictum,  jannc  chcssou,  viel  hrihou. 

(Flippe  Miton.no.  Comédie.  1848.) 


—  204 


COMMENCEMENT. 

735.  Té  k'minc'mint,  telle  fin. 
LiTT.  Tel  commencement,  telle  fin. 

En  général  une  chose  finit  comme  elle  a  commencé. 
Cf.  On  récolle  ce  qu'on  a  semé. 

GiRA. 

A  pus  bai  qu'on  s'allëve  peîgnî, 
On-z-a  fait  l'pâye,  tôt  est  roûvî; 
Mais  n'avôreùt-i  nin  bin, 
Comme  on  dit  té  k'minc'mint,  telle  fin. 
(De  Cahtier,  Fabry,  etc.  Li  voyége  di  Clumdfontaine.  III,  se.  l""*!.    1757.) 

Pr.  contr.  :  Non  eodem  cursu  respondent  uUlma  primis. 

Kar  le  comancement 
E  le  finiment 
Ne  se  acordent  mie. 
(Distiques  de  Dyonisius  Cato.  En  latin  et  vers  français  du  XIII*  siècle.  — 
Leroux  de  Lincy.) 

JoDOiGNE.  Feneu  comme  on  a  k'mincî. 

Basse-Allemagne.  —  Wie  der  Anfang,  so  das  Ende. 

COMPAGNIE. 

736.  C'est-st-on  violon  d'vins  'ne  kipagnèye. 

LiTT.  C'est  un  violon  dans  une  société. 
C'est  un  homme  fort  amusant,   qui  plaît  en  société  par  ses 
saillies,  ses  chants,  ses  bons  mots. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

C'est-st-on  violon  d'vins  'ne  kipagnèye, 
I  n'est  nin  biesse,  il  a  d' l'esprit  ; 
Qwand  i  jowe  ses  p'titès  fraîrèye 
On  n'pout  aut'mint  qu'di  s'rèjoui. 
[Paxquéye  po  l' réception  d'  M.  De  Hervé,  à  l'keûre  di  N.  D.  Axfont.  -1789.) 

Var.  Nivelles.       Jean  passéve  pou  1'  violon  dins  tous  les  cabaret, 
A  r  danse,  i  dirigève  valse,  polka,  minuet. 
(M.  Renard.  Les  aient,  de  Jean  d'Nivelles.  Ch.  I.  4837.  l'e  éd.) 

737.  N'aveûr  jamais  su  k'pagnî  plène.  (Malmedy.) 

LiTT.  N'avoir  jamais  sa  compagnie  pleine. 

N'être  jamais  content  de  ce  que  l'on  a. 

{Armanaque  wallon  do  VSaméne.  4886.) 

738.  1  vât  mî  d'esse  toi  seu  qu'es  mâle  kipagnèye. 
LiTT.  Il  vaut  mieux  être  tout  seul  qu'en  mauvaise  compagnie. 
Il  faut  éviter  la  société  des  méchants. 


—  205  — 

Pr.  fr.  —  Il  vaut  mieux  être  seul  qu'en  mauvaise  compagnie. 
Cf.  Lafontaine    L'ours  et  l'amateur  de  jardins. 

MoNs.        I  vaut  mieux  elle  tout  seu  qu'in  mauvaise  compagnie 

(LetellI£R.  L'ourx  éié  V jardinier.  Armonaque  dé  Mons.  iSoS.) 

COMPLIMENT. 

739.  C'esl-st-on  compliiminl  frisé  so'ne  savatte. 

LiTT.  C'est  un  compliment  irisé  sur  une  savate. 
Cela  ressemble  à  un  compliment,  mais  c'est  une  ironie,  une 
méchanceté.  Ce  sont  des  paroles  désobligeantes. 

740.  Des  complemint,  ça  n'est  ni  coursabe. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Des  compliments,  cela  n'est  pas  coursable. 
Se  dit  quand  on  attend  un  pourboire  en  récompense  d'un 
service,  et  qu'on  ne  reçoit  qu'un  remercîu;ent. 

COMPTE. 

741.  Cliaskeunc  si  compte,  li  diale  n'àret  rin. 
LiTT.  Chacun  son  compte,  le  diable  n'aura  rien. 

Quand  une  affaire  se  règle  en  toute  justice,  le  diable  seul  n'y 
trouve  pas  son  compte. 

Il  faut  que  chacun  ait  ce  qui  lui  revient.  (Littré.) 

Pr.  fr.  -  Chacun  son  compte. 

Var.  Jodoigne.  Chacun  s'  compte  c'est  ré  d' trop,  disteut  l' ligois. 

742  Les  bons  compte  fet  les  bons  ami. 
LiTT.  Les  bons  comptes  font  les  bons  amis. 
On  ne  peut  être  ami  sans  garder  la  foi  et  la  justice  les  uns 
aux  autres.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Les  bons  comptes  font  les  bons  amis. 
Cité  par  Forir    bict. 

Suzanne. 
à  quoi  deûs-je  l'honneur  di  vosse  visite  ? 

MO.NSEUR. 

A  1'  couse  de  limps  qui  fait  qui  1'  meus  'nnès  va  foirt  vile. 
Et  â  spot  :  les  bons  compte  fet  les  bons  ami. 

(Th.  Collette.  Ine  vinglnce.  I,  se.  ^.^8^8.) 

Var.  Verviers.  Bon  payeu  plaît,  lot  l' monde  l'aime  ; 

Qui  n'  compte  nin  su  trompe  lu-même. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  1871  ) 

Var.  Stavelot.  Erreur  ni  fait  nin  compte. 

MoNS.  J'ai  accepté  et  j' li  ai  bayé  quittance.  Ainsi  tout  est  dit;  lés  bons  compte 
font  lés  bons  amisse. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1853.) 


—  ^20G  — 

743.  Coula  et  rin  c'est  l'compte. 

LiTT.  Gela  et  rien  c'est  le  compte. 

Ce  que  vous  avez  fait,  ce  que  vous  avez  dit,  est  insignifiant. 

Variante.  Avou  çouia  et  deux  censé,  vos  îrez  beùre  ine  gotte. 

Var.'Jodoigne.  Avou  ça  et  qwatte  censé  on  a  on  verre  de  blanche. 

Var.  Tournai.  Cha  et  deux  liard  vous  arez  eine  belle  tindue  au  boulanger. 

744.  On  n'  rind  nin  ses  compte  à  tôt  1'  monde. 

(Stavelot.) 

LiTT.  On  ne  rend  pas  ses  comptes  à  tout  le  monde. 
La  discrétion  est  louable  ;  on   ne  doit  pas  mettre  tout  le 
monde  au  courant  de  ses  affaires. 

COMPTER. 

745.  Ni  comptans  mâye  qui  sor  nos. 

LiTT.  Ne  comptons  jamais  que  sur  nous. 

Ni  comptans  jamàye  qui  sor  nos, 
Dit  on  vî  spot. 
(Dehin.  L'âlouetle  et  ses  jône  et  Pmaîsse  de  champ.  Fâve.  -18S2.) 

Var.  Verviers.  Quî  vout  .sîre  pauhule  so  s'hamme 

Fait  bon  compte  et  d'meûre  bon  hamme. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  i871.) 

Basse-Allemagne.  —  Seibst  ist  der  Mann. 

746.  Quî  compte  so  les  soler  d'on  moirt,  court 
risse  di  roter  longtimps  tôt  d'hâ. 

LiTT.  Celui  qui  compte  sur  les  souliers  d'un  mort,  court 
risque  de  marcher  longtemps  tout  déchaussé. 
Ne  comptons  pas  sur  l'héritage  d'autrui. 

Variante.  L'ci  qui  vout  roter  d'vins  les  soler  d'on  moirt,  court  risse  de  roter 
tote  si  vèye  pid  d'hà. 

Et  l'on  a  le  temps  d'avoir  les  dents  longues,  lorsqu'on  attend 
pour  vivre  le  trépas  de  quelqu'un. 

(Molière.  Le  médecin  malgré  lui.  Il,  se.  2.) 

747.  Quî  compte  tôt  seû,  pout  compter  deux  fèye. 

LiTT.  Celui  qui  compte  tout  seul,  peut  compter  deux  fois. 

On  se  trompe  ordinairement  quand  on  compte  sans  celui  qui 
a  intérêt  à  l'aflaire,  quand  on  espère  ou  qu'on  promet  une  chose 
qui  ne  dépend  pas  ;ibsolument  de  nous.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Qui  compte  sans  son  hôte,  compte  deux  fois.  —  Il 
ne  faut  pas  compter  sans  son  hôte. 


—  207  — 


Thérèse. 

C'est-st-on  màva  calcul,  on  compte  sovint  deux  fèyc 
Dit-sl-onk  di  nos  vîx  spol,  qwand  c'est  qu'on  l'fail  toi  seu. 

(DD.  Salme.  Ine  feuiimie  qu'enuès  vdi  deux.  Se.  4.  ^87().) 

Variante.  Joyeuse  qui  fdve  si  bin  1'  fignon 

Conte  mi  si  ralia  di  s'  batte, 
On  bresse,  ine  jambe  coniptéve  m'abatte, 
I  compta  sins  si  bote  vos  l' savez. 

(Hanson.  /.(  lliuriade  truvestéije    Ch.  III.  1780.) 

Var.  Verviers.      L'  maîsse  d'auberge  tùse  d'one  manire, 
El  d'one  aule,  fait  l'etringlr. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  -1871.) 
Marcue.  Baquatho. 

Chaque  côp  qui  j'allans  à  l'  pèche 
Ji  v'ians  ^'obet  des  saumon. 
I  n'nos  vint  qu'  des  p'tits  gueùvion 
Qui  nos  d'  rint  co  liet  crèche. 

Et  pus  on  r'vint  d'iez  1'  feu, 
Ca  r  pus  sovint  on  z'est  frèche  , 

Et  pus  on  r'vint  d'Iez  l'feu, 
Pasqu'on-z-a  complet  toi  seu. 

(Alexandre.  Li  péchon  d'avril.  Ad.  IV,  se.  15.  18S8.) 
Marche.  Mais  qui  compte  lot  seu,  compte  deux  côp, 

El  s' trouve  à  l' lin  in  brodiù. 

(Alexandre.  F  tic  corti.  1800.) 
Namur.  Fuchiz  manant,  baron  ou  comte, 

Qui  tôt  seu  compte,  est  bin  Ion  d' compte. 

(Wérotte.  Li  leup  et  i  chin.  Fàve.  \SCû.  4»  éd.) 

Var.  Namur.  Quand  on  compte,  sovint  on  discomple. 

Qui  compte  lot  seu,  compte  bin  sovint  sins  s' bôse. 

Metz.  Ma,  j'  conte  peut-ête  sans  m'  note,  la  trasevariciouse 

Eulle  n'est  ouarte  deume  tant  d'né 

(Flippe  Mitonno.  Comc'dic.  1848.) 
Auvergne.  Dieu  sçot  cha,  s'en  baltrot  la  fesso, 

A  l'ost  coumpla  sens  soun  hôtesse, 
A  pourriot  payer  char  l'eiquot. 
(Faucon.  Im  Hcnriade  de  Voltaire.,  eu  vers  burlesques  auvergnats.  Ch.  VIII.  1798.) 

748.  1  poul  bin  compter  (jwinze. 

LiTT.  Il  peut  bien  compter  quinze. 

Il  échouera,  qu'il  en  soit  persuadé.  (Forir.  />/«.) 

Var.  Namur.  Compte  là  d'sus  et  boit  d'iaîwe. 

749.  Vos  dîrîz  qu'i  n'  savahe  compter  treus. 

L.ITT.  Vous  croiriez  qu'il  ne  saurait  compter  (jusqu'à)  trois. 
A  le  voir,  vous  le  prendriez  pour  un  niais. 
Cité  par  Forir.  Uict. 

Vos  dîrîz  qu'i  n'  sc'pe  compter  Ireus, 
El  c'est  pé  qu'on  vî  procureu. 
{Paaquèye  entre  Houbiet  et  Piron  so  les  trouble  de  /'  magistrature  en  1677.  1684.) 


—  208  — 


Tonton. 

A  vraie,  à  s'  viaîre  on  direii 
Qu'i  n's(H  iiin  seûlrniiil  compter  Ireus. 
(De  Hahi-ET,  De  ("-artieu,  De  Yivahio,  Fabry.  Li  votiège  di  Chaud  fontaine. 
III,  se.  !'•«.  1737.) 

Variante.  Vos  avez  lodi  l'air  di  n'savu  compter  qwinze. 

(M.  Thiry.  Inecope  di  grandiveux.  1859.) 

Victor. 

Vos  dîrlz  ine  bèguenne  qu'à  paou  de  d'viser. 

Babette. 

Vos  diriz  on  bâbo  qui  n'sèpe  nin  treus  compter. 
(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrâ.  II,  sc.  13.  ■1875.) 

Spa.        One  hamme  quu  n'a  d'vins  V  tiesse  quu  maule  et  méchante  keûre 
N'est  mauye  aimd  d'nollu,  mais  i  sét  faustiner, 
A  l'vèye,  c'esl-st-on  mouton  qui  n'sdt  nin  treus  compter. 

(Poulet,  /.'iwurî,  satire.  1866.) 

Jalhay.  Garitte. 

El  Majenne  donc,  qu'aveut  l'air  du  n'savu  treus  compter,  nu  vàt  nin  mî  qu'Iu. 
(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  14.  1862.) 

750.  Compte  les  caur,  après  t'cont'ret  tes  raison. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Compte  ton  argent,  après  tu  diras  tes  raisons, 
liaisons  d'abord  le  principal,  puis  après  nous  pourrons  nous 
expliquer. 

GONDAiMNER. 

751.  Il  a  s'tu  condamné  plaque  qui  zake. 
LiTT.  Il  a  été  condamné  immédiatement. 

Gela  n'a  pas  fait  un  pli. 

CONFESSION. 

752.  Fâle  dé  jàser,  on  moûrt  sins  k'fession. 
I.iTT.  Faute  de  parler,  on  meurt  sans  confession. 

Nous  ne  devons  pas  espérer  qu'on  satisfasse  à  nos  désirs  si 
nous  les  laissons  ignorer. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Bare. 
Fàte  de  parler,  on  moûrt  sins  k'fession,  monsieu  1' mouwal. 

(Willem  et  Bauwens.  Li  ijalnnt  d'à  Fifiiie.  Sc.  5.  1882.) 

Paul. 

Sins  parler,  on  moûrt  sins  k'fession  ;  nona,  vos  n'nos  qwitlrez  nin  ainsi. 

(DD.  Salme.  Mononke  Joseph.  Sc.  31.  1884.) 
Marche.  Qwand  on  t'  rotte  su  1'  pîd,  dit  1'  raison, 

Piaule  do  paurler,  t'mours  sins  k'fession. 

(Alexandre.  P'tit  coni,  1860.) 
Namur.  Faute  di  parole,  on  moûrt  sins  cofession. 


—  209  — 

753.  On  11  donreiil  1'  bon  Diii  si'ns  k'fession. 

LiTT.  On  lui  donnerait  le  bon  Dieu  sans  confession. 
Se  dit  des  personnes  qui,  par  leurs  dehors  ou  leur  réputation, 
inspirent  une  entière  confiance.  (Littrk.) 

Pr.  fr.  —  On  lui  donnerait  le  bon  Dieu  sans  confession. 
S'emploie  presque  toujours  ironiquement. 

TiTINE. 

Vos  li  donrî  l'bon  Diu,  sins  qu'il  allasse  à  k'fesse. 

(H.-J.  Tous&.\iNT.  Jcm'nense.  I,  se.  i'«.  d890.) 

Namur.   Les  feumme  sont  d' douce   haleine,    vos   l's   y  donn'rîz   l' bon   Dièt 
sins  cofession. 

[Aurmonaque  de  V  Marmite.  Prédiction.  1887.) 

Charleroi.     J'ai  vu  qu'  les  gins  qui  vont  tous  lesjoû  à  confesse. 
In  gros  live  d'sous  leu  bras,  qui  sont  toudi  à  messe, 

Dins  no  proverbe  comme  nos  1'  disons, 
A  qui  c'  qu'on  donn'ret  bin  l'bon  Diu  sins  confession. 

(L.  Bernus.  U  coq,  r  chat  eiet  Vjône  de  sort.  Faufe.  1873.) 

CONFIER. 

754.  Tôt  çou  qu' vos  lî  conlyî  court  à  1'  rom'donne. 
LiTT.  Tout  ce  que  vous  lui  confiez  court  (s'en  va)  à  la  file. 
C'est  un  indiscret. 

CONFRÉRIE. 

755.  Si  mette  es  l' grande  confrêrèye. 

LiTT.  Se  mettre  dans  la  i^rande  confrérie. 

Se  marier 

Pr.  fr.  —  S'enrôler  dans  la  grande  confrérie. 

Ceux  que  l'hymen  fait  de  la  confrérie 

(Lafontaine.) 

En  tout  cas,  ce  qui  peut  m'ûter  ma  fâcherie, 
C'est  que  je  ne  suis  pas  seul  de  ma  confrérie. 

(Molière.  Sgauarcllc.  Se.  i~.) 

Qwand  j'  dis  coinne,  vos  m'èlindez  bin, 

Ca  ji  n'  ses  nin  positiv'mint 

S'il  esteut  di;  1'  grande  confrêrèye 

Dont  on-z-esl  qwand  c'est  qu'on  s'marôye. 

(J.-J.  Hanson.  Li  llimiade  traveslèye.  Ch.  III.  1780.) 

Ossi  j'a  i'coùr  toi  contint,  lot  joyeux. 
Tôt  loukanl  eial  nos  deux  jônes  amoureux 
Qu'inlret  divins  {'grande  confrèrîjye. 

(Fu.  Bailleux.  Chanson  de  noce.  1863.) 

14 


210 


Servas. 


Mais,  Tonelle,  loukîz  îi  vos,  ini  fîfant,  ca  qwand   on  inteùre  es  1'  g;rande  con- 
frêK-yo,  c'est  po  longlimps,  et  puis  comme  dit  1'  chanson  : 


J'ennès  k'nohe  qui  n'fet  qu'di  s'bro^nî, 
Qui  s'toùrmettet  rin  qu'po  'ne  biestrèye, 
*  Des  par^ye  divet  s'annoyî 

Tôt  màdihant  l'grande  confrêrèye. 

(Brahy.  Li  bouquet.  II,  se.  2.  4878.) 

Namur.  Adiet  totes  mes  folie 

J'interre  dins  l'confrêrie. 
(BOSRET.  Li  bouquet  de  Vmariée.  {Li  bia  bouquet.  Ch.  dSSS.) 

Var.  Tournai.  Être  à  l'abbaye  d' l'attrape. 

CONNAÎTRE. 

756.  Vos  1' kinoliez,  vos  l'avez  vèyoïi  chîr. 

LiTT.  Vous  le  connaissez,  vous  l'avez  vu  chier. 
\  DUS  avez  vécu  dans  son  inlimité. 

CONSEILLEUR. 

757.  Les  consieu  n'  sont  nin  les  payeu. 
LiTT.  Les  conseilleurs  ne  sont  pas  les  payeurs. 

Il  est  plus  facile  de  conseiller  que  de  payer.  Celui  qui 
conseille  ne  paye  point  des  fautes  qu'il  peut  faire  commettre. 

Se  dit  à  ceux  qui  s'ingèrent  de  donner  des  conseils,  pour 
leur  fîiire  entendre  qu'ils  ne  doivent  point  en  donner,  ou  qu'ils 
ont  tort  d'en  donner.  (A.cad.) 

Pr.  fr.  —  Ici  les  conseillers  n'ont  point  de  gages. 

Conseilleurs  ne  sont  pas  payeurs. 

(Leroux  de  Lincy.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

N'a-t-on  mèsâhe  qui  d'on  consieu  ? 
I  gn'a-t-à  gin  d'vins  chaque  mohonne. 
Mais  fàt-i  trover  on  payeu  ? 
I  n'y  a  tôt  d'on  côp  pus  personne. 

(Bailleux.  Comèye  tinou  par  les  rat.  Fâve.  4851.) 

Vervieî'.s.  Et  v'ià  trêt-six  côsèye  qui  lî  plovît  so  l'tiesse; 

Qui  v'sorvegne  quoi  qui  c'seùye,  vos  trovez  des  côsieu  ; 
Mais  sov'néve  de  vî  spot  :  i  n'sont  nin  les  payeu. 

(Poulet.  Lifoyan  èterré.  1839.) 

CiiARLEROi.        Si  on  choûte  les  gins,  souvent  les  consèyeu. 
Comme  nos  d'sons,  c' n'est  né  les  payeu. 

(L.  Bernus.  Li  r'nau  éiél  l'bouc.  Faufe.  1873.) 

JoDOiCNE.  Les  consèyeu  n'sont  ni  todeu  les  payeu. 


—  '211   — 

Picardie.  Chés  conseyeu 

Et  chés  payeu 
Cha  fait  deux. 

(CORBLET.  Gloss.  18S1.) 

Saint-Quentin.     Oliés  conseyeux  y  n'  sont  pau  chés  payeux. 

Provence.  Qui  coMnselho  page  pa. 

(CoMP.  POP.  PROV.  Revue  des  langues  romanes.  4881.) 

CONTE. 

758.  Raconter  des  boignes  message. 

LiTT.  Raconter  des  contes  borgnes. 

Contes  de  bonne  femme,  de  vieille,  d'enfunts,  de  ma  mère 
VOic:  conte  de  Peau  d'une,  conte  bleu,  conte  borgne,  locutions 
diverses  qui  se  disent  de  fables  ridicules  et  dépourvues  de  toute 
vraisemblance,  telles  que  celles  dont  les  vieilles  gens  entre- 
tiennent et  amusent  les  enfants.  (Agad.) 

Elle  vis  annôye  ine  heure  aveu  ses  boignes  messège; 
Qu'a-j'  ju  mèsàhe  dé  k'nohe  ses  affaire  di  manège, 
Ses  histoire  di  voleiir,  les  promesse  di  s' parrain? 

(Delchef.  IJ  galant  de  l' sier vante.  I,  se.  2.  -ISoT.) 

Crespin. 

Ah  !  ha  !  qu'ont  dit  les  gins  po  1'  paire  di  riss'mèlège? 

Tatenne. 

Ah  !  fré,  qu'àrit-i  dit?  Totes  sur  di  boignes  messège. 

(Hemouciiamps.  Li  sav'ti.  Acte  I,  se,  2.  1858.) 

Coula  n"  l'espêchlve  nin  de  fer  pinde  si  visège, 
A  r'tour,  et  de  quoiri  so  toi,  des  boignes  messège. 

(Thiry.  Moirt  di  Voctroi.  1801.) 

Il  aspita  co  'ne  féye  es  botique  et  arraina  l' paîss'lî  toi  kikètant,  i  li  fa  ji  n'  ses  pus 
que  boignc  messège. 

(G.  Magnée.  Baltrî.  1865.) 

7o9.  Raconte  li  conte  et  n'allonge  nin  trop. 

(iNaMUR.) 
LiTT.  lîaconte  ton  histoire  et  n'allonge  pas  trop. 
Ne  sois  pas  prolixe,  que  ce  soit  vite  lini. 

CONTENT. 

700.  L'cinque  qui  n'est  nin  contint,  qu'i  r'prinde 
si  argint.  (Namuh.) 

LiTT.  Que  celui  qui  n'est  pas  content  reprenne  son  argent. 
Imitation  des  boniments  débités  aux  foires. 


—  212  — 

761.  L'  cinque  qui  n'est  nin  contint  sus  l' terre  n'a 
qu'a  moussî  d'  dins.  (INâmuh.) 

LiTT.  Celui  qui  n'est  pas  content  sur  la  terre  n'a  qu'à  entrer 
dedans. 

Expression  qu'on  adresse  à  celui  qui  se  plaint  de  tout 
et  toujours. 

CONTENTEMENT. 

76^.  Contint'mint  passe  richesse. 

LiTT.  Contentement  passe  richesse. 

Mieux  vaut  être  pauvre  et  content  que  riche  et  tourmenté 
d'inquiétudes.  (Agad  ) 

Pr.  ir.  —  Contentement  passe  richesse.  —  Il  est  riche  qui 
est  content 

Cité  par  Forir.  Dict. 

On-za  lofer  dit  qui  l' richesse 
Ni  valéve  nin  li  contint'mint, 
Eh  bin  !  ci  spot  là  n'est  nin  biesse, 
Ça  j'os  vous  r  prouve  à  toi  moumint. 

(DD.  Salme.  Vhéritège  d'à  Jacques  Leduc.  Ch.  1875.) 

Ji  fais  m'  possibe  po  m' mette  es  l' liesse 
Qui  r  contint'mint  passe  li  richesse, 
Mais  ji  n'  poux  nin  m' passer  d' songî 
Qui  l's  aveiîr  essônne  vâl  co  mi. 

(H.  Olivier.  Rimai.  4890.) 

Var.  Namur.  Li  pus  riche,  c'est  l'cia. 

Qu'est  contint  dé  c' qu'il  a. 


Marche. 


Baquatro. 


L'amour,  qui  rit  au  savant, 
Sovint  lî  préfère  one  biesse. 

Matin  !  qud  vilain  jeu  ! 
Contint'mint  passe  richesse; 

Matin  !  que  vilain  jeu 
D'esse  plantet  là  lot  seu. 

(Alexandre.  Li  pèckon  d'avril.  IV,  se.  1o.  1858.) 

Charleroi.  Stichel  vous  bin  lertous  dins  l'tiesse. 

Qui  r  contint'mint  passe  el  richesse. 

(L.  Bernus.  L'arpagon  eiet  V sav'ti.  Fauve.  1873.) 

BoiiiNAGE.  Que  r  liberté,  avé   s' mère   l'égalité,  éié    s' fie  l' fraternité  vos  baye 
toute  sorte  de  joie,  de  prospérité  éié  d' contint'mint  qui  passe  richesse. 

{Armonac  du  borinage  in  patois  borain.  1849.) 

MoNS.  Tachons  d'  nos  conlinter  d'  no  sort, 

Les  ospépieu  ont  toudi  tort. 

(Letellier.  Arm.  dé  Mons.  !867.) 


—  213  — 

LnxE.  Nous  s'avons  donc  mis  d' promesse, 

San'  avoir  vingt  sus  vaillant; 
Mais  l'continl'raint  pass'  richesse, 
Nous  somm'  gais  comm'  des  ci-devant. 

(DesrOUSSEAUX.  Chaus.  lilloise.  1834.) 

Basse-Alle.m.  —  Zufriedenheit  ist  besser  als  Reichsthum. 
GOiNTENTER. 

763.  On  n' sâreiit  fer  plaisir  sins  cliscomoder. 

(Stâvelot.) 

LiTT.  On  ne  saurait  contenter  (quelqu'un)  sans  déplaire 
(à  d'autres). 

Le  plaisir  que  l'on  procure  à  quelqu'un  peut  faire  envie  ou 
déplaire  à  une  autre  personne. 

CONVENIR. 

764.  On  s'  vàt  bin,  qu'on  n'  si  dût  iiin. 
LiTT.  On  se  vaut  bien,  qu'on  ne  se  convient  pas. 

L'égalité  dans  les  fortunes  ou  les  conditions  ne  fait  pas  que 
les  caractères  synnpathisenl. 

COPEAU. 

765.  On  n'  sâreut  liachî  sins  fer  des  estalle. 

LiTT.  On  ne  saurait  hacher  sans  faire  des  copeaux. 
On  ne  peut  faire  une  affaire  sans  en  subir  les  conséquences. 
—  On  ne  fait  pas  la  guerre  sans  répandre  du  sang. 

Pr.  fr.  —  On  ne  saurait  faire  une  omelette  sans  casser  des 
œufs. 

Jamin. 
Pomain  quand  on  fir  tôt  si  poiché 
I  gn'  a  des  blessî  et  des  moirt 
A  coula  on  k'tèye  à  foirt, 
On  k" hache  li  cliàr  ainsi  qu'es  l'halle. 

Stasquin. 
Ti  n'sàreus  chepler  sins  estalle. 
(Lambert  Hou.gngne.  Eutrejeiu  dex  paysans.  IBSi.  B*  et  D'  Recueil.) 

Cité  par  Forir.  Dlct. 

JoDOiGNE.  On  n'sarot  raboter  sins  fer  des  scrolle. 

COQ. 

766.  Ksse  comme  on  coq  so  si  ancinî. 

LiTT.  Être  comme  un  coq  sur  son  fumier. 
Se  dit  d'un  homme  qui  se  prévaut  de  ce  qu'il  est  dans  un 
lieu  où  il  a  de  l'avantage.  (AcAn.) 

Pr.  fr.  —  Hardi  comme  un  coq  sur  son  fumier. 


—  214  — 

Mi  parrain,  restant  à  Vervi 
Comme  on  coq  so  si  ancinî, 
Volc^ve  tos  costd  dominer, 
Çou  qui  n'  plaîhîve  wère  à  ses  fré. 
{Paskèye  faite  à  Voccnsinn  de  jubilé  d'cloin  Bernard  Godin,  abbt'.  1764.) 

Et,  comme  li  coq  so  si  ancini 
*  '  Si  balte  sins  rescouler  (l'on  p'ui, 

I  s'battrît  tant  qu'i  rindrît  l'ùme. 
(Fr.  Bailleux.  Udrinéye  à  T  Tidtion  belijc.  Ch.  1862.) 

Variante.  Les  coq  sont  foirt  so  leu  champihège. 

Marche.  Es  s'cuhenne  on  lait  on  cug'nî 

Comme  on  coq  dissus.s-t-ancinî. 

(Alexandre.  P'tit  corii.  1860.) 

Namur.  On  coq  est  maîsse  su-s't-incennî. 

JoDOiGNE.  Il  est  vergogaî  comme  on  coq  seu-s't-ancenî. 

767.  Coq  marié  pielte  ses  sporon.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Ld  coq  marié  perd  ses  éperons. 
On  ne  doit  se  marier  qu'une  fois. 

768.  On  bon  coq  n'est  mâye  cràs. 

LiTT.  Un  bon  coq  n'est  jamais  gras. 

Les  passions  trop  ardentes  empêchent  d'engraisser. 

Quand  je  suis  près  do  ma  belle, 
Ou  je  n'ay  point  de  repos. 
Je  l'oy  touïjours  qui  m'appelle 
Maigreschine  ou  Maigredos. 
Mais  la  simple  ne  sait  pas 
Qu'un  bon  coq  n'est  jamais  gras. 
(Le  nouveau  entretien  des  bonnes  compagnies,  ou  le  recueil  des  plus  belles 
chansons  à  danser  et  à  boire.  Paris.  1635.) 

7G9. 1  n'fàt  nin  deux  coq  so  ine  ancinî. 

LiTT.  11  ne  faut  pas  deux  coqs  sur  un  (même)  fumier. 
11  ne  faut  pas  deux  maîtres  dans  une  maison.  —  II  ne  faut 
pas  deux  individus  pour  occuper  une  même  fonction.  —  Dans 
toute  administration,  il  ne  doit  y  avoir  qu'un  chef.  Homère  a 
déjà  exprimé  très  nettement  la  même  pensée  :  es.;  xoipavoç  ea^w 
e'.ç  |jag-',)xeu<;. 

Mâye  deux  coq  so  ine  ancinî, 
Ni  polel  s'sinli  ni  s'vèyî. 

Deux  coqs  sur  le  môme  fumier, 
Sont  toujours  à  se  batailler. 

(Math.  Laensbergh.  1810.) 

770.  Divant  de  v'ni  à  l)èche,  les  coq  si  pitet. 
LiTT.  Avant  de  venir  au  bec,  les  coqs  se  donnent  des  coups 
de  patte. 


-  -215  — 

On  commence  par  des  coups  d'épingle,  et  on  finit  par  un 
combat  en  règle. 

COQUEMAR. 
771.  Elle  âret  l'coqu'mâr  de  curé. 

LiTT.  l'^Ile  aura  le  coquemar  du  curé. 

Se  dit  d'une  jeune  fille  vertueuse. 

On  raconte  qu'un  curé  de  campagne  promit  un  jour  de  faire 
cadeau  d'un  coquemar  à  la  première  jeune  fille  qui  se  présen- 
terait pour  être  mariée,  sans  être  enceinte.  On  dit  que  le  curé 
n'a  jamais  eu  occasion  de  tenir  sa  promesse. 

Les  jônès  gins,  d'vins  leu  hanlrèye, 
Ni  pàrlet  màye  di  calinVi-ye, 

Et  qwand  i  s' vont  marier, 
Les  vî  s'accoplet  po  les  k'dùre 
Tôt  s'dihant  nos  èfant  vont  r'çûre 
Li  coqu'màr  de  curé. 

(G.  Dklarge.   Livèye  et  Vcampagne.  186t).) 
Chanchet. 

J'a  même  sogne  d'ine  saquoi,  s'cile  si  marèye  pus  lard, 
Jamâye  elle  ni  wois'ret  aller  r'clamer  s'  coqu'màr. 

(Toussaint.  Hinriei  Dadite.  III,  se.  7.  i87i.) 
Marèye. 

Qwand  j' monta  l' maison  d'vèye, 
A  r  coqu'màr  j'aveus  dreut. 

Pierre. 

Raison  d'pus,  belle  Marèye, 
Foii  de  sti,  d'nez-m'on  peus. 
(Al-.  l'ECLERS.  Li  comèije  de  Vmatante.  Se.  8.  1877.) 
Jalhay.  Thiodùre. 

Duho7.-me  on  pau,  quoiqu'on  v' tunahe  à  gogne, 
Su,  do  curé,  vos  ave  gongnî  1'  chaudron. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  9.  ISG-l.) 
Var.  Dînant.  Maurtin. 

Eh  l)in,  m'  fcye,  ti  n'  risquée  rin  do  poirtet  la  vierge. 

(V.  CoLLARD.  Li  (indrie  à  Vainouretie.  II,  se.  9.  1890.) 

Naguère  encore,  dans  nos  campagnes,  les  jeunes  filles  d'une 
conduite  irréprochable  avaient  le  privilège  de  porter  la  statue 
de  la  vierge  à  la  procession. 

COR. 
77^2.  Qwand  inc  aguèce  lia^ne,  c'est  sègne  di  plaîve. 

LiTT.  OuanJ  un  cur  vau.s  dtMnani^e,  c'est  signe  de  pluie. 
Certaines  incommodili:'s  subissent  les  infiuences  du  temps. 


—  216  — 
CORDE. 

77^1  Qwand  on-z-est  marié,  i  fàt  qu'on  sèche  los 
les  deux  à  l' même  coide. 

LiTT.  Quand  on  est  marié,  il  faut  qu'on  tire  tous  deux  à  la 
môme  copde. 

11  faut  s'entendre,   agir  de  concert  dans  l'intérêt  commun. 

(ACAD.) 

On  dit  fig.  :  Tirer  sur  la  même  corde. 
Cité  par  Forir.   Di't. 

Portant  i  fàt  bin  qu'on  s'accoide 

Les  baron,  les  bolgî. 

Les  scrieu,  les  coip'hî 
I  fàt  bin  qu'i  sèchesse  à  1'  même  coide. 

(Alcide  Pryor.  Li  gâr  civique.  1860.) 

C'esl-st-à respect  d'çoula  qui  l' grand  mayeùr  et  les  chènône  di  St-Màrtin  s'mettîl 
essônle  po  sèchi  à  Tmêine  coide. 

(G.  Magnée.  Li  houlotte.  1871.) 

TONETTE. 

Il  est  vraie  qu'i  fait  chîr  viker,..  .  mais  qwand  on  s'aime  bin,  on  sèche  tos  les 
deu.x  à  rmême  coide,  et  l' balai  avance  todi. 

(Brahy.  Li  bouquet.  II,  se.  14.  1878  ) 

Vermebs-  Nos  tirrans  à  l'même  coite 

Tos  les  deux  d'nos  pus  foirt, 
P'assèchi  nosse  crosselte, 
Loyî  l'pauyc  et  l'accoird. 

(M.  Pire.  Lu  galant  d'à  Nanesse.  1884.) 

774.  Avu  de  1'  coide  di  pindou. 

LiTT.  Avoir  de  la  corde  de  pendu. 

Se  dit  d'un  homme  qui  gagne  beaucoup,  qui  gagne  toujours 
au  jeu,  ou  qui  se  tire  heureusement  des  entreprises  les  plus 
hasardeuses.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  a  de  la  corde  de  pendu  dans  sa  poche. 

Sur  cette  vieille  superstition  :  V.  Quitard.  Dicl.  des  pro- 
verbes. Paris  1842,  p.  590  et  suiv. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Vos  avez  l'pàcolet  ou  de  1'  coide  di  pindou, 

Vos  v's  assîrîz  so  l'feu  sins  v'  fer  'ne  clokette  à  cou. 

(Thiry.  Ine  copenne  ao  l'  manège.  1858.) 

Géra. 

Li  tapeuse  di  cwàrjeu  m'aveut  lot  Tmôme  prév'nou 
Qui  j'àreus  dé  bonheur  avou  l'coide  di  pindou. 

(Ed.  Remoiichamps.  Le.s  amour  d'à  Géra.  II,  se.  15.  1885.) 

Verviers.       Divins  des  s'fails  manège,  si  l'bonheùr  est-st-assiou. 

C'est  qu  on-z-y  waude  po  sûr,  on  pîd  d'  coide  di  pindou. 

(J.-S.  IlENiEii.  Li  ruohonne  à  deux  face.  Se.  4.  1873.) 


—  -217  — 

Beauraing,     Ji  n'vis  wère  des  maçoti  qui  rolet  à  caroche, 

Et,  sins  l'coide  di  pindu  qui  v's  avez  es  vosse  poche, 
Vos  n'âriz  nin  bâti. 

(Vermer.  Le.i  solée.  1862.) 

775.  Ayu  pus  d'ine  coicle  à  si  air. 

LiTT.  Avoir  plus  d'une  coiMe  à  son  arc. 
Avoir   plusieurs   ressources  ;    avoir    plusieurs   moyens   de 
réussir,  d'arriver  à  ses  fins.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Avoir  plusieurs  cordes  à  son  arc. 

Jihan  (c'est  l'iio  d'nosse  cren'quini)  aveut  po  s'kichèvî  pus  d'ine  coide  à  si  air. 
(G.  Magnée.  Li  creu'quini  de  prince  Abbé  di  Stdv'leû.  18G7.) 

Var.  Tournai.  Que  n'a  qu'eine  corle  à  s'n  arc,  n'peul  janiés  tirer  leong. 

776.  I  n'  vât  nin  1'  coide  po  l'  pinde. 

LiTT.  Il  ne  vaut  pas  la  corde  pour  le  pendre. 

Il  est  méchant,  mauvais,  vicieux,  il  n'est  bon  à  rien. 

Mayon. 

Vos  estez  trop  foirsôlé,  vos....  vos  vorîz  strônner  l'poye  sins  l'fer  braire  ;  tos  ces 
plafonneux  la  n'  valet  nin  1'  coide  po  les  pinde. 

'Demoulin.  Ji  vaux.,  ji  n'poux.  I,  se.  8.  1838.) 
Babette. 
Jàsez  'ne  miette  pus  bas,  paou  qu'on  n'  vis  ètinde. 

Géra  à  part). 
Canaye,  vos  n'  valez  nin  li  coide  qu'i  fàt  po  v'  pinde. 

(Ed.  RemouCHAMPS.  [.ex  amour  d'à  Gèrà.  II,  se.  9.   187o.) 

MoNs.  S'il  a  quèque  fois  des  gueuses  de  femme  qui  vos  f  riont  bé  fouttc  vo  liette 
au  mur,  il  a  co  pus  souvint  des  canailles  d'homme  qui  n' vaurriont  nié  co  1' corde 
qu'on  les  pindroî  avec  ! 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mom.  1879.) 

777.  A  bon  mestré  n'iî  fàt  qu'ine  coide. 

LiTT.  A  bon  ménétrier,  il  ne  faut  qu'une  corde. 
Il  n'est  besoin  que  d'un  outil  pour  qu'uti  bon  ouvrier  exécute 
certaines  choses. 

A  c'ste  heure,  es  1'  halle,  i  n'y  a  qu'  por  zcl 
Tote  li  chèrèye  divant  les  grd, 
Divant  Noùvice  (')  1'  pus  assuré 
Ou  à  Saint  Gilles,  avou  des  lette 
A  bon  mestré  n'  li  fàt  qu'ine  coide. 
{Pasquinade  entre  Houbiet  et  Piron  au  sujet  des  troubles  mafjistralles,  vers  1677.) 

i/auleur  avait  pressenti  Paptanini. 


•)  Les  exécutions  capitales  avaient  lieu  à  Liégo,  sur  le  marché,  près  de  la  rue 
Neuvicc  et  les  pendaisons,  dans  les  grands  champs  de  Si-Gilles. 


-  218  — 

778.  S' mette  li  coide  es  hatraî. 

LiTT.  Se  mettre  la  corde  au  cou. 

Faire  un  mauvais  mariage. 

S'embarquer  dans  une  mauvaise  affaire.  —  Suicide  moral. 

Cilé  par  Forir.  lUci. 

Oli  !  binamé  Diew,  poquoi  m'avez-v'  lèyî  melte  li  coide  es  hatrai  ! 

{G.  iVlAGNÉE.  Bailri.  1865.) 

GÈTROU. 

A  c'ste  heure  fâl  l'espôrer  qui  v'  serez  pus  rassiou, 
V's  avez  1'  coide  es  hatraî. 

Lambert. 
Awet  r  coide  di  pindou. 
(Toussaint.  Lambert  li  foirsôlé.  III,  se.  3.  1871.) 

Tatenne. 

D'avu  l' coide  es  hatraî,  vos  avez  don  bin  hase 
Qui  vos  m'avez  chùsi  so  l'côp  'ne  sifaîle  màrâse? 

(Al.  Peclers.  Uovrège  d'à  Chanchet.  Se.  13.  1872.) 

Verviers.  Mi,  j' SOS  bin  pus  giiitèye, 

J'fais  foye  so  l'coide  au  cô, 
Même  les  joù  qu' ji  m'  roûvèye, 
J'côpe  li  tiesse  d'on  seul  côp. 

(J.-S.  Renier.  A  vos.  Ch.  1868.) 

779. 1  n'  fât  nin  parler  d' coide  es  1'  mohonne  d'on 
pindou. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  parler  de  corde  dans  la  maison  d'un 
pendu. 

11  ne  faut  point  parler  en  une  compagnie  d'une  chose  qui 
puisse  faire  à  quelqu'un  un  secret  reproche.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  11  ne  faut  point  parler  de  corde  dans  la  maison 
d'un  pendu. 

Cité  par  Forir.  Dict . 

BOUHON. 

Descoinne  ?...  N'parlans  nin  d'coide  es  l'mohonne  d'on  pindou. 

(J.  Demoulin.  On  pèhon  d'avri.  Se.  2.  186S.) 

Charleroi.       Pont  d'question  ni  pont  d'blaque  sins  avoit  intindu 
Et  n'parlet  jamais  d'coite  dins  l'mogeonne  d'in  pindu. 

(L.  Bernus.  L' tortue  ciét  les  canard.  Faufe.  1873.) 

780.  1  fàt  ({ui  r  coide  dèye  vraie. 

LiTT.  Il  faut  que  la  corde  di.se  vrai. 

Il  faut  quu  la  corde  soit  solide,  qu'on  pui.sse  s'y  lier  ;  et  fig. 
Il  faut  cela  puur  qu'on  puisse  croire  à  un  gros  mensonge. 


—  219  — 
CORDON. 

781.  Tôt  deut  passer  po  l' coirdaî   du   l' boùse. 

(Stavelot.) 

LiTT.  Tout  doit  passer  par  le  cordon  de  la  bourse. 
Tout  se  résume  en  de  l'argent  à  dépenser. 
Tenir  les  cordons  de  la  bourse  ;  avoir  le  maniement  de  l'ar- 
gent. (LiTTRÉ.) 

CORDONNIER. 

782.  C'est  todi  1'  coip'hî  l'pus  ma  châssî. 

LiTT.  C'est  toujours  le  cordonnier  (qui  est)  le  plus  mal 
chaussé. 

On  néglige  ordinairement  les  avantages  qu'on  est  le  plus  à 
portée  de  se  procurer  par  son  état,  par  sa  position,  etc.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Les  cordonniers  sont  les  plus  mal  chaussés. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

HiNRI. 

C'est  todi  les  sav'tî  qu'sonl  les  pus  ma  chàssî. 

(Remouchamps.  [J  sav'li.  I,  se.  b.  1838.) 

Marche.  Rin  d' pus  ma  chausset  qu'  les  coip'hî. 

Namur.  Personne  n'est  pus  mau  chaussi  qui  l' feumme  d'on  cwamgi. 
CORNE. 

783.  C'est   comme  s'on   lî  plantrot  des   coin  ne. 

(Jonc  IGNE.) 
LiTT.  C'est  comme  si  on  lui  plantait  des  cornes. 
C'est  lui  parler  d'une  chose  désagréable,  lui  faire  de  la  peine, 
le  tourmenter. 

Il  est  aussi  étonné  que  si  les  cornes  lui  venaient  à  la  tète. 

(LiTTRÉ.) 

78 i.  Il  a  r'sèchî  ses  coinne. 

LiTT.  Il  a  retiré  ses  cornes. 

Il  s'est  désintéressé  d'une  atVaire,  il  ne  s'en  embarrasse  plus. 

CORNEILLE. 

78o.  Bâyî  âx  coirnèye. 

LiTT.  Bayer  aux  corneilles. 

S'amusera  regarder  en  I  air  niaisement.  (Acad.) 

Allons,  vous,  vous  rêvez  et  bayez  au.\  corneilles, 
Jour  de  Dieu,  je  saurai  vous  froller  les  oreilles. 

(MouÈHE.  Tartuffe.  I,  se.   i'°.) 


—  220  — 

78G.  C'est  les  p'titès  coirnèye  qu'ont  les  pus  grands 
bêche.  (Feruières.) 

LiTT.  Ce  sont  les  petites  corneilles  qui  ont  les  plus  grands 
becs. 

Une  personne  de  petite  taille  est  souvent  plus  méchante, 
plus  mordante  qu'une  personne  d'une  taille  ordinaire  ou 
élevée. 

CORPS. 

787.  Avu  Idiale  es  coirps. 

LiTT.  Avoir  le  diable  au  corps. 

Être  vif,  emporté,  vigoureux,  passionne.  Être  d'une  audace 
extrême.  (Littré.) 

Fig.  Avoir  le  diable  au  corps. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Fax  patriote  di  totecoleûr, 
Ti  n'as  nin  pus  d'honte  qui  d'honneur. 
Ti  t'casse  II  liesse  mal  à  propos  ; 
-   .  Diale  es  coirps,  lais  nosse  prince  à  r'pos. 

(A.  BoDY.  Recueil  de  clumu  patriotiques.  Pasquèye.  1787.) 

Groubiotte. 

Elle  a  i'diale  es  coirps.  Prindez  vos  clik  et  vos  clak,  et  ni  rivnez  pus. 

Mayon. 

Ji  vas  fer  m' paquet. 

(Demouun.  Ji  vouxji  n'poux.  I,  se.  2.  IR.dS.) 

Verviers.  Nosse  prince  est-st-on  bon  gros  monsieur 

S'on  n'el  trompéve  nin  ô  l'vièreu, 
Tôt  l'pays  crireut  vive  l'èvêque  ! 
Et  si  n'a  noiu  qui  cl  respecte, 
C'est  qu'i  s'iait  d'calin  miner, 
Les  diale  es  coirps 
Fet  cas  du  s'gloire 
Comme  d'one  pènêye  du  sare  quaur(^  ('). 

(A.  BoDY.  Recueil  de  chantx  patriotiques.  1788.) 

788.  Qwand  l' coirps  soufte,  l'esprit  n'est  nin  à 
l'nôce. 

LiTT.  Quand  le  corps  souffre,  l'esprit  n'est  pas  à  la  noce. 
Le  moral  se  ressent  toujours  des  douleurs  physiques. 
Mens  aana  in  cor  pore  sano. 

a  Le  bonheur  dont  on  peut  jouir  dans  ce  monde,  se  réduit  à 
avoir  l'esprit  bien  réglé,  et  le  corps  en  bonne  disposition. 

(Locke.   De  V éducation  des  enfants.^  trad.  de  Coste  Début.) 
(*)  Probablement  un  nom  de  fabricant  de  tabac,  Ousart-Quarré. 


—  221  — 


COTE. 

789.  Fer  totès  cotte  nià  tèyèye. 
LiTT.  Faire  toutes  cotes  mal  taillées. 

Travailler  mal,  incomplètement  ;  commettre  des  bévues,  des 
erreurs. 

Cote  mal  taillée,  arrêté  de  compte  approximatif.  Locution 
prise  de  marquer  la  cote,  ce  qui  était  à  payer  sur  un  morceau 
de  bois  auquel  on  faisait  une  entaille.  (Littré.) 

COTON. 

790.  Taper  on  màva  coton. 

LiTT.  Jeter  un  mauvais  coton. 

Perdre  son  crédit,  sa  réputation,  être  atteint  d'une  maladie 
qui  fait  dépérir.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Jeter,  filer  un  mauvais,  un  vilain  coton. 

I  tape  on  laid  coton,  tote.s  les  gins  m'el  dihet. 

(Ed.  Remouchamps.  LisavUi.  I,  se.  4.  1858.) 

Verviers.  Filer  on  laid  coton. 

(Remacle.  Dict.) 

Marche.  Si  to  n'sés  pus  casset  l'croston, 

C'est  qu'  to  tape  on  bin  mouai  coton. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  48G0.) 

Tournai.  I  file  ein  mauvais  coton. 

COUCHER. 

791.  Va  t'couchî  do  joù,  i  n'ti  faurait  pont  d'chan- 
delle.  (Namur.) 

LiTT.  Va  te  coucher  quand  il  fait  encore  jour,  il  ne  te 
faudra  pas  de  chandelle 

Ironie  adressée  par  ceux  qui  blâment  les  petites  économies. 

79'2.  I  s'  colique  so  des  plome  di  six  pîd. 

LiTT.  Il  se  couche  sur  des  plumes  de  six  pieds. 

Il  couche  sur  la  paille  ;  il  est  dans  une  profonde  misère. 

COUCOU. 

793.  Il  est  surd'ètinde  chanter  l'coucou.  (Stavklot.) 
LiTT.  Il  est  certain  d'entendre  chanter  le  coucou. 
Il  sera  rabroué;  on  n'y  fera  pas  la  moindre  attention. 

Namur.  Si  vairainne  po  vos  causer  su  li  p'iite 

Rèpondoz  qu'on  èlind  chanter  l'coucou. 

(J.  CoLSON.  Comèyê  àJauque.  Ch.  -1862.) 


—  2^22  — 


COULEUVRE. 

794.  Avaler  'ne  colowe,  des  colowe. 

LiTT.  Avaler  une  couleuvre,  des  couleuvres. 
Recevoir  des  dégoûts,  des  chagrins,  des  mortifications  qu'on 
est  obli^  de  dissimuler,  dont  on  n'ose  se  plaindre.  (AcAD.) 
Pr.  fr.  —  Avaler  des  couleuvres. 

Habaja. 

Nosse  docteur  a  houmé  l'hacha 
Avous  pus  d"p6nc.  avou  pus  d'niowe, 
Qui  s'il  avaléve  des  colowe. 

(De  Harlez.  Les  liypoconde.  III,  se.  3.  H-iS.) 

DUJARDIN. 

Enfin  i  voreul  v'fer  avaler  des  colowe  pus  grosse  qui  m'bresse  ;  vos  l'oyez  es  s'Iette. 

(Salue.  Li  gennalle.  Se.  7.  1883  ) 

Namur.  Vos  n'  saurîz  m'  fer  avaler  des  coloude  parèye. 

Var.  Mons.  Mais  pourqué  c'qu'on  dit  qu'on  li  a  servi  in  poisson  d'avril  ?  Est-ce 
pasqu'il  a  fait  c'qui  s'appelle  à  Mons  :  Avaler  enne  anguie,  aulrc'minl  dit  gober 'ne 
belle  craque  pou  'ne  vérité  '! 

(Letellier.  Armonaque  dé  ilons.  iSCO.) 

Tournai.  Avaler  1'  pisseon  jusqu'à  1"  queue. 

COUP. 

795.  C'est  l'dièrain  côp  à  messe,  à  matène. 
LiTT.  C'est  le  dernier  coup  de  la  messe,  des  matines. 

C'est  le  moment  favorable,  c'est  la  dernière  occasion  qui  se 
présente  de  faire  une  chose. 

On  dit  aussi  :  c'est  1'  prumî  côp  à  matène,  à  messe  lorsque 
pendant  la  soirée  on  voit  bâiller  une  personne.  On  voit  dans  le 
bâillement  le  désir  qu'elle  a  d'aller  se  coucher. 

796.  Avu  on  côp  d'heppe. 
LiTT.  Avoir  un  coup  de  hache. 
Être  un  peu  fou.  (Acad.) 

Il  a  un  petit  coup  de  hache  dans  la  tète. 

(Molière.  Le  médecin  malgré  lui.  II,  se.  l""*.) 

l'r.  fr.  —  Il  a  un  coup  de  hache. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  1640.) 

Cité  par  Forir.  Dici. 

Mesbruci. 

Mais  à  propos  ci  franc  moqu'raî 
Qui  fait  passer  nos  maladèye 
Po  tos  côp  d'heppe  divins  l'cervaî, 
Si  fait  à  c'ste  heure  lu  même  bin  laid. 

(De  Harlez.  Les  hypoconde.  III,  se.  8.  1758.) 


—  223  — 

Variante.  Avu  on  côp  d'mârtal. 

Et  les  cisse  qu'ont  on  côp  d'mârlaî 
Fet  co  quéque  feye  on  côp  d'adresse. 

(L.  BUCHE.  Chansoti.  i8G0.) 
Beaujean. 

Vis  marier  !  j'ennés  veux  nin  oyi  davantage, 
V's  avez  on  côp  d'màrtai,  vos  estez  div'nou  sot. 

(A.  Delchef.  Pus  vt,  pus  sol.  Se.  i.  1862.) 
Var.  Verviers.  Liza. 

Si,  es  tôt  timps,  tôt  pays,  l's  amoureux  s'  ravisel, 
Ces  cial  ont  l'air  d'aveûr  on  bai  p'tit  côp  d'mayet. 

(J.-S.  Renier.  Limohonueà  deux  j ace.  Se.  3.  1873.) 

Var.  Namur.    Allons  donc,  i  m'freut  croire,  tant  i  m'chonne  bon  èfant, 
Qu'il  aveûve  on  caup  d'jusse,  ou  qu'il  estait  d'Dinant. 

(Demanet.  Oppidum  attuatucorum.  1843.) 

Var.  Jodoigne.  11  a  one  balouche  dins  l'cervia.  —  Il  a  yeu  on  conip  d'chabot 
d'St-Médau. 

Charleroi.  Purgos. 

Et  que  l'racrapotemint  d'vo  boudenne  vos  fout  l'coup  d'grace,  ou  bin  in  coup 
d'martia  po  tout  l'timps  d'vos  jou. 

(L.  Bernus.  L'malade  St-Thibnu.  III,  se.  G.  1876.) 

MoNS.  Lés  moins  sot  c'est  les  ceux  qu'ont  d' l'esprit  assez  pour  s'apercevoir  et 
pou  dire  sans  fierté,  à  l'occasion,  qu'il  ont  in  caup  d'aile. 

(Letei.UER.  Armonaque  dé  Mons.  1847.) 
Picardie.  Il  est  passé  à  Cambrai,  il  a  ieu  ein  keu  d'martieu. 

(CORBLET.  Glossaire.) 
Var.  Lille.  Il  a  passé  d'.sous  l'molin  d'Lesquin,  il  a  r'chu  l'côp  d'aile. 

(Vermesse.  Voc.  du  pacois  lillois.  1861.) 

St-Quentin.    J'el'   lai   r'chu   dein  inein   jone   temps,    da,    mi,   ch'lio   queup 
d'martieux-là. 

(Gosseux.  Lettres  picardes.  1845.) 

RoccHi.  Il  a  in  cop  d'quincale  (timbre  ou  sonnette.) 

(HÉCART.   Dict.) 

797.  C'est  romme  on  côp  d'aloiimîre. 
LiTT.  C'est  comme  un  coup  d'éclair. 

C'est  très  prompt,   très  rapide,  cela   passe  vite,  ne    dure 
guère.  (AcAD.) 

Passer  comme  un  éclair. 

Li  pesse,  pusqu'el  fâl  dire, 
Flahîve  so  totes  les  biesse  ;  comme  on  côp  d'aloumlre, 
Elle  les  r'vierséve  turlol. 

(J.  Lauaye.  Li  pe.i.ie  ditius  les  biesse.  Fâve.  1840.) 

Et  pus  vite  qu'on  côp  d'aloumlre. 
I  n'y  aveut  pus  qui  de  1'  foumirc. 

(Bailleux.  3"":/di'e  di  ni'  vèije  grand'mére.  1854.) 


224 


Ji  fève  des  couplet  so  lee  trô, 
Qwand  j'ètinda  on  côp  d"  tonnîre. 
L'îd^ye  d'ennùs  fer  so  les  côp, 
M'arrive  comme  on  côp  d'aloumîre. 

(L.  Huche.  Les  côp.  Chanson.  ■1860.) 

Variante.  Çoula  passe  comme  ine  aloumîre. 

(FORIR.  [)ict.) 

798.  Qwand  oii-z-a  l'côp,  il  est  trop  lard  de  braire. 

LiTT.  Quand  on  a  le  coup,  il  est  trop  lard  pour  crier. 

Il  est  trop  tard  pour  se  prémunir  contre  un  événement  qui 
est  arrivé  ou  qui  est  inévitable.  —  Prendre  des  précautions 
quand  le  mal  est  arrivé,  quand  il  n'est  plus  temps  de  l'éviter. 

Pr.  fr.  —  Fermer  l'écurie  quand  les  chevaux  sont  dehors. 

HiNRI. 

Qwand  on-z-a  l'côp,  monsieu,  il  est  trop  tard  de  braire; 
Mais  leyans  là  çoula,  jâsans  d'ine  aute  affaire. 

(Remouchamps.  Li  sav'ti.  II,  se.  (î.  •1858.) 

799.  Prumî  côp  n'  vât  nin  dossô  (doze  sooz). 
LiTT.  Premier  coup  ne  vaut  pas  douze  aooz  ('). 

On  réussit  rarement  une  première  fois. 
Variante.  L'àbe  ni  tomme  nin  dé  prumi  côp. 

Var.  Jodoigne.     Se  te  l' desbauche  au  premi  côp  te  n'iret  jamais  long. 
Basse-Allemagne.   —    Der  Baum  fâllt  nicht  vom  ersten 
Streick. 

800.  C'est-st-â  treuzême  côp  qu'on  veut  les  maîsse. 

LiTT.  C'est  au  troisième  coup  qu'on  voit  les  maîtres. 

C'est  en  faisant  une  chose  une  troisième  fois  qu'on  la  réussit 
mieux.  —  Il  ne  faut  pas  se  laisser  abattre  par  un  ou  deux 
insuccès.  —  Omne  Irinum  perfectum. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Totes  les  mâles  linwe  di  d'ià, 

D'het  qu'  so  quéque  annôye, 
Nos  l'avans  r'monté  déjà 

Ine  treuzène  di  fèye. 
Allez,  n'brèyez  nin  si  haut: 
On  veut  r  maîsse  à  treuzême  côp, 
C'est-st-ine  belle  tour,  mes  ami, 

N'  fât  nin  qu'on  'nnès  rèye. 
(Kuss,  Le  Roy,  Picard.  Pasqiièye  xo  V  noûve  tour  di  Saint-Phoyin.  -1842.) 

Qui  costret-i  di  r'sayi  ine  treuzême  fèye^?  N'est-ce  nin  à  treuzême  côp  qu'on  veut 
les  maîsse  '! 

(G.  Magnée.  Dattri.  1865.) 

(')  11  fallait  24ioozpour  un  liard.  (LiÉGE.) 


—  225  — 

Ji  m'risâret,  ra  m'mére  m'a  dit  :  babô, 
Po  bouhi  l'gèye,  rallintls  qu'elle  seùye  hayelte, 
On  n'veut  les  niaîsse  sovinl  qu'à  Ireuzùuie  côp. 
(Brahy.  Les  tretts  crapaiide  d'à  Hinri  Chiercheu.  Ch.  18C1.) 

Verviers.  Vos  n'y  estez  nin,  m'binamèye, 

Et  coula,  ji  v's  el  va  prover, 
Hoùlez  co  'ne  fauve,  à  l'treuzéine  fèye, 
Dit-sl-on  todi,  l'iriaîssc  est  trové. 
(îs'.  PoLU.ET.  Ou  bambert,  li  ch'vau  ets'inaissc.  Faufe.  '186'2.) 

Pr.  provençal.  A.  très  cops  son  louches  (à  la  troisième  fois  les 
luttes). 

(lieviie  des  latu/ues  romanes.  1881.) 

801.  Deux  côp  l)()n  c'est-st-on  cùp  biesse.  (Naml'r.) 
LiTT.  Deux  coups  bons,  c'est  un  coup  bête. 

Lorsqu'un  coup  est  bon,  un  second  est  inutile.  —  Il  n'est 
pas  nécessaire  de  faire  deux  fois  la  même  chose,  lorsqu'une 
seule  fois  suffit. 

802.  I  n'y  a  non  iiiâva  côj)  so  'ne  mâle  biesse. 
LiTT.  Il  n'y  a  aucun  mauvais  coup  sur  une  méchante  bête. 
Les  coups  portés  à  un  méchant  sont  bien  appliqués. 

(FoRiii.  Dict.) 

803.  Ni  taper  ni  côp  ni  make. 

LiTT.  Ne  taper  ni  coup  ni  frappure. 

Être  oisif,  —  chômer  —  ne  pas  se  remuer, 

804.  C'est  tos  côp  es  l'inême  plâye. 

LiTT.  Ce  sont  tous  coups  dans  la  même  plaie. 

Raviver,  aggraver  une  douleur  par  des  allusions  incessantes. 

805.  Pâtir  pour  les  niertpie.  (Touknai.) 

LiTT.  Recevoir  un  coup  .sur  les  doigts. 

(Expression  du  jeu  de  bilk'S.  C'est  quand  on  met  sa  main 
fermée  à  terre  pour  recevoir  les  coups  de  bille  sur  les  doigts.) 

Cette  expression  s'emploie  quelquefois  au  figuré  en  parlant 
de  personnes  ayant  peu  de  chance  au  jeu,  ou  éprouvant  un 
certain  mécompte  dans  une  entreprise. 

806.  C'est  r  côp  àx  gèye. 

LiTT.  C'est  le  coup  aux  noix. 

Le  maître  coup,  celui  qui  réussira,  qui  produira  le 
plus  d'eflet. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 


~  226  — 

Vocial  apreumc  li  côp  àx  gèye, 
Elle  si  sintéve  trop  pô  hardi-ye. 
Po  fer  là  on  p'Iit  conipluminl. 
{Pasquèi/e  pn  C  jubilé  de  V  révérende  mère  di  lUivire.  1713.) 

Avans-n'  saqwaiits  galant?  qwanil  nos  marians-nos? 
Camarade,  c'cst-st-apreume  qui  c'sèret  l'cùp  àx  gcye. 

(Bailleux.  Li  cinsî  et  s' maUse .  Fàve.  1852.) 

HlNRl. 

Vocial  li  côp  àx  gèye. 

Tatunne. 

A  c'sle  heure  i  sàrel  bin  surmint  poquoi  qu'on  rèye. 

(Remoiichamps.  Li  sav'tl.  Act.  II,  se.  3. 1858.) 

C'est-st-hoûye  li  côp  âx  gèye, 
Divins  tote  les  chant'rèye 
Po  l'pus  bai  cràmignon. 
(TiilRiAUT.  Les  cràmignon  d'sos  V  balte,  li  joil  de  Vfiès.ie.  Ch.  4875.) 

JoDoiGNE.  C'est  l'dairé  côp  aux  gâye. 

COUPEUR. 

807.  I  s'ètindet  comme  des  côpeû  d'  boùse. 

LiTT.  Ils  s'entendent  comme  des  coupeurs  de  bourse. 

Se  dit  des  gens  qui  sont  d'intelligence  pour  faire  quelque 
chose  de  blâmable.  (Acad.) 

Pr.  Ir.  —  Ils  s'entendent  comme  larrons  en  foire.  -  Hardi 
comme  un  coupeur  de  bourse. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  4640.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

C'est,  là  qu'i  s'accoirdinl  sins  pône, 
Comme  deux  vrais  côpeû  d'boûse  essône. 

{Pasquèye  po  l' jubilé  de  V  révérende  mère  di  Bavhe.  d743.) 

Géra. 

Ni  fez  nin  l'macralle,  vos  v's  ètindez  comme  des  côpeû  d'boûse. 

(Baron.  Les  deux  cusenne.  II,  se.  W.  -1883.) 

Vlrviers.  Lîza. 

Mais  c'est  qu'i  s'ètindet  tôt  comme  des  côpeû  d'  boùse. 

(J.-S.  Henier.  Li  mohonneà  deux  face.  Se.  42.  1873.) 

MoNS.  Aye,  aye  !  Vos  été  dé  compère,  ficux,  et  vos  vos  intindez  comme  dé  voleur 
.su  r  foire. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1856.) 

Fraheries.  Les  apothicaire  éièt  tous  les  mt'd'cin 

S'intind  comme  des  larron  ein  foire. 

[Croyez-çn,  buvez  d'  Viau.  Ch.  Artn.  borain.  1890.) 

Saint-Quentin.  Cha  s'  porroi  qu'  vous  s'accorde  chien  einsiane  comme  des  côpeû 
d' Ijourse  a  1'  cuin  d'ein  bo. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  1845.) 


—  227  — 

COUPLE. 

808.  Volà  'ne  belle  cope  po  soper  ïoû. 

LiTT.  Voilà  un  beau  cou|ile  pour  souper  dehors. 
Se  dit  de  deux  pauvres  diables  en  goguette. 
Variante.  Il  irît  bin  èssonle  po  poirier  Saint-Roch. 

Namur.  Volà  one  belle  cope  po-z-aller  ù  soper  foù. 

MoNS.  V'ià  'ne  belle  coupe  pou  diner  cin  ville. 

809.  Volà  'ne  belle  cope  po  l'ètérr'mint  (l'on  cliin. 
LiTT.  Voilà  un  beau  couple  pour  l'enterrement  d'un  chien. 
Se  dit  des  prétentieux  ridicules. 

Variante.       C'est-sl-ine  cope  d'  hùl  heure. 

LiTT.  C'est  un  couple  de  huit  heures. 

C'est  un  couple  ridicule  qui  ne  devrait  sortir  que  le  soir. 

COURAGE. 

810.  Folei'  so  s'  corège. 
LiTT.  Marcher  sur  son  courage. 

Ne  pas  faire  par  raison  une  chose  que  les  circonstances  et  le 
courage  vous  engagent  à  faire.  —  Contenir  sa  répugnance, 
sa  colère. 

Variante.  Priiide  si  corege  à  deu.\  main.  —  Se  faire  violence. 

(Forir.  Dicc.) 

811.  I  fàt  prinde  corège  avoii  1'  bon  Diu. 

LiTT.  II  faut  prendre  courage  avec  le  bon  Dieu. 
Il  faut  soulïrir  patiemment  l'adversité;  il  ne  faut  pas  se 
laisser  abattre,  et  prendre  le  Christ  pour  exemple. 

COURIR. 
815.  1  fàt  lèyî  cori  les  [)iis  i)ressé. 

LiTT.  Il  faut  laisser  courir  les  plus  pressés. 
Il  faut  réfléchir  avant  de  faire  une  chose,  et  laisser  faire  les 
impatients.  —  lù'sliyLu  tante.  (Horace.) 

813.  Ci  n'est  nin  l' tôt  d' couru,  i  laut  arriver 
à  timps.  (N.4MIJR.) 

LiTT.  Ce  n'est  pas  le  tout  de  courir,  il  faut  arriver  à  temps. 

Il  ne  suffit  pas  de  se  hâter,  il  faut  encore  se  mettre  à  l'œuvre 
à  temps.  (LiTTRÉ.) 

Rien  ne  sert  de  courir,  il  faut  ])artir  a  temps. 

(LaFONTAINE.  Le  lièvre  et  la  tortue.) 


—  228  — 

814.  I  n'y  a  gnié  après  in  cron  pou  voiiloi  couri. 

(MONS.) 
I.iTT.   11  n'y  a  rien  de   tel  qu'un   bancroche  pour  vouloir 

courir. 

En  général  les  personnes  atteintes  d'un  défaut  physique,  font 

ce  qu'elles  peuvent  pour  le  dissimuler. 

815.  l.i  ci  qui  n'  séi  cori,  qu'i  rotte. 
LiTT.  Celui  qui  ne  peut  courir,  qu'il  marche. 

Il  faut  se  contenter  de  faire  ce  que  l'on  peut,  ne  pas  s'efforcer. 
On  ajoute  souvent: 

Et  l'ci  qui  n'  sét  vessi,  qu'i  trotte. 

LiTT.  Et  celui  qui  ne  peut  vesser,  qu'il  chie. 
COURT. 

816.  Savu  r  court  et  l' long  d'ine  saquoi. 

LiTT.  Savoir  le  court  et  le  long  d'une  chose. 

Savoir  toutes  les  particularités  d'une  affaire.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Savoir  le  court  et  le  long  d'une  afîaire. 

Ji  se  li  court  et  l' long  di  tôt  coula. 

(Remacle.  Dict.) 

Basse-Allemagne.     -  Das   Lange  und  Breite  von  einer 
Sache  wissen,  erziihlen. 

COURTISER. 

817.  Hanter  es  poisse;  hanter  à  char. 

LiTT.  Faire  l'amour  dans  le  vestibule  ;  faire  l'amourà  la  chair. 
Faire  l'amour  clandestinement;  faire  l'amour  avec  l'autori- 
sation des  parents. 

COUSIN. 

818.  Li  roi  d'  France  n'est  nin  s'cusin.  (Namur.) 

LiTT.  Le  roi  de  France  n'est  pas  son  cousin. 
Il  s'estime  plus  heureux  que  le  roi.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Le  roi  n'est  pas  mon  (son)  cousin. 

MoNS.  Il  aroi  foulu  l' vîr  marcher  dinsles  rue  in  s' ringorgeant,  avéses  épaulette 
éié  s'bieau  casse  doré  sus  s'tiette  ;  on  peut  dire  qud  l'roi  d'  France  n'etoinié  s'cousin. 

(Letellier.  Aitn.  dé  Mons.  4863.) 

819.  Pèt-ètte    et    quasimint,    c'est    des    cousin 
germain.  (Mons.) 

LiTT.  Peut-être  et  presque,  ce  sont  des  cousins  germains. 


—  229  — 

Se  dit,  comme  reproche,  aux  personnes  qui  n'osent  affirmer 
une  chose,  ou  faire  une  promesse  formelle. 

Dans  le  discours,  peut-être  est  un  correctif  qui  diminue  la 
portée  des  affirmations.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Peut-être  garde  les  gens  de  mentir. 

Tournai.         Presque  et  quasi,  ch'esl  deux  cousin  germain. 

820.  1  v's  a-st-avii  })0  s'cusin. 
LiTT.  Il  vous  a  eu  pour  son  cousin. 

Il  vous  a  trompé,  il  s'est  moqué  de  vous. 
Malmedy.  Aveûr  onk  po  s'  cusin  (le  duper). 

COUT. 

821.  Li  cosse  fait  piède  li  gosse. 

LiTT.  Le  coût  fait  perdre  le  goût. 

La  trop  grande  dépense  qu'il  faudrait  faire  pour  avoir  une 
chose  en  ùte  l'envie,  (âcad.) 

Pr.  fr.  —  Le  coût  fait  perdre  le  goût. 
Le  coust  fait  perdre  le  goust. 

(OUDIN.  Curiosicez  frauçoises.  Io40.) 

Habaja. 

S'i  m'  falléve  sospirer,  gémi, 

Afin  d'avu  tôt  à  m'  manire, 

L' gosse  (')  mi  freut  piède  l'appétit. 

(De  Harlez.  Les  hypoconde.  III,  se.  4.  1758.} 

Marche.  Sins  r'wartet  pus  Ion,  mougne  ti  crosse. 

Qui  sovint  l' cosse  fâche  passet  l' gosse. 

(Alexandre.  P'cit  corti.  1860.) 

Var.  Namur.  C'est  1'  prix  qui  fait  l' sauce. 

COUTEA.U. 

822.  Esse  à  coûtai  tiré. 
LiTT.  Être  à  couteaux  tirés. 

Être  en  grande  inimitié,  en  grand  procès,  en  grande 
querelle.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Ils  en  sont  à  couteaux  tirés,  aux  couteaux  tirés,  aux 
épées  et  aux  couteaux. 

823.  I  fret  tant  di  s' coûtai  (jii'i  nïirel  pus  (pi'ine 
halmette. 

LiTT.  Il  fera  tant  de  son  couteau  (pfil  naura  i)h)s  qu'une 
mauvaise  lame. 

(*)  Le  désir.  L'auteur  joue  sur  le  double  sens  du  mol  çoxxe. 


—  230 


A  force  de  se  servir  d'une  chose,  on  la  gâte.  —  Les  excès 
énervent,  détruisent  la  santé. 

On  fait  (]i  s' coûtai  tant,  ;'i  I' fin, 
Qu'on-z-a  fait  ino  halnit-lti^  di  rin. 
{Pasquùye  faite  d  jubilé  iV  dom  Beruard-Godiu^  abbé.  1764.) 
A  foice  d'ès  prinde  et  d'ennôs  r'mette, 
I  vi\t  co  inî  di  s'taîre, 
.  D'on  coûtai  vos  'nnès  frîz  'ne  halmette, 

Di  tos  vos  caractère. 
(Baron.  On  compoxiteûr  typographe  qui  s"  marèye    Ch.  1837.) 
Variante.  On  fait  tant  di  s' coûtai, 

Qui  c'  n'est  pus  qu'on  fiemlaî. 
Var.  VtRViERS.      Les  bons  coûtai  div'net  bin  des  almenne. 

A  r  longue  dé  timps,  on-z-allowe  su  clabot. 
(M.  Pire.  Tox  les  docteur  wtit  bon  qwand  Vatlrapet.  Ch.  1884.) 
Marche.  S' to  n'  prinds  waude  à  ti  qu'one  miette, 

Di  t' contai  t' fret  one  lambinelte. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 
Namur.  1  joue  tant  avou  s'coutia  qu'i  finirait  pa  'nnès  fer  qu'one  lainbosette. 

824.  Mette  li  coûtai  so  rbiisaî. 

LiTT.  Mettre  le  couteau  sur  la  gorge. 

Menacer  quelqu'un.   Le  déterminer,  sous  l'influence  d'une 
vive  crainte,  à  faire  ce  qu'il  ne  voudrait  pas.  (Acad.) 
Basse-Allemagne.  —  Das  Messer  an  die  Kehle  setzen. 

825.  Mette  coûtai  so  tâve. 

LiTT.  Mettre  couteau  sur  table. 

Donner  k  manger.  (Acad  ) 

Pr.  fr.  —  Mettre  couteaux  sur  table. 

Variante.  I  va  mette  coûtai  so  tâve. 

LiTT.  Il  va  mettre  couteau  sur  table. 

Il  va  dîner  en  ville. 

Autrefois  les  convives  apportaient  leur  couteau. 

GOUTER. 

82(3.  Cosse  qui  cosse. 

LiTT.  Goûte  que  coûte. 

A  quelque  prix  que  ce  soit,  quoi  qu'il  puisse  arriver.  (Acad.) 

Mais  kimintfer  d'vins  des  doleûr, 
Cosse  qui  cos.sc,  i  fàt  des  docteur. 
Les  ci  (V  nosse  vèye  ni  volet  nin. 
{Paaquèye  critique  et  calotenne  so  les  affaire  dé  V  médicenue.  1732.) 
On-z-a  dé  .sàmon,  cosse  qui  cosse, 
Mais  po  l' filet,  c'est  l' père  des  doze. 

(AixiDE  PRYOR.  Menu  du  banquet  de  1871.) 


—  231  — 

Verviers.  Ji  voux  qu'on  dèye  lot  fer,  et  coula  cosse  qui  cosse, 

C'est  lèye  qui  l'a  1'  prumire,  c'est  lèye  qu'a  1'  mèyeu  gosse. 

(J.-S.  Renier.  Limnhonne  à  deux  face.  Se.  4.  1873.) 

MoNS.  L'ordre  est  v'nu  d'ià  bas  in  haut  et  i  s'ra  e.\éculé  à  la  letle  et  coûte 
qui  coûte. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Motis.  1856.) 
Lille.  Un  vrai  Lillos  dot,  coûte  qui  coule. 

Courir  uch'  que  l' l'appell'  l'honneur. 

(Desuousseaux.  Chansons  lilloises.  18o4.) 

Basse-Alle.'Wagne   —  Es  koste,  was  es  kostet. 
8*27.  Ci  n'est  nin  jans,  c'est  costant. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  allons,  c'est  coûtant. 

Il  ne  faut  pas  dife  c'est  bien,  il  faut  payer  comptant. 

Maréye. 

Ji  veus  dé  r belle  sâcisse. 

Awet,  nos  1' savans  bin;  mi  j'ennès  veus  ottant, 

Mais  ji  creus  qu'  po  1'  payi,  c'  n'est  nin  jans,  c'est  costant. 

(Hannay.  Li  mdye  neùr  d'à  Colas.  II,  se.  1:2.  1866.) 

Variante.         Ci  n'est  nin  J'han,  c'est  costant  (Constant). 

LiTT.  Ce  n'est  pas  Jean,  c'est  coiitant  i  Constant,  nom  propre). 
Traduction  littérale  qui  si^inilie:  ce  n'est  pas  peu  de  chose, 
car  c'est  cher. 

(Remacle.  Dictionn.) 

GOUTU.ME. 

8"28.  Ine  fèye  n'est  nin  cosleiiine. 

LiTT.  Une  fois  n'est  pas  coutume. 

Une  chose  ne  devieni  pas  une  obligation,  un  engagement 
parce  qu'on  ne  l'a  pratiquée  qu'une  fois.  (A.gad.) 

Il  ne  faut  pas  juger  des  habitudes  de  queltju'un  sur  un 
seul  fait. 

Loc.  prov.  Une  fois  n'est  pas  coutume. 

Cf.  Excej)lio  firtnal  regidnui. 

Cité  par  Fgrir.  Inct. 

Basse-Allem.  —  Kin  Mal  ist  niciit  inimer  (niclit  aile  Mal). 

COUTURE. 
8^29.  Rabatte  les  costeûre. 

LiTT.  liabattre  les  coutures. 

Se  dit  avec  accompaiinement  de  gestes  et  ironiquement  h 
ceux  qui  portent  un  habit  qui  a  l'air  trop  neuf.  —  On  dit  pour 
faire  entendre  qu'un  habit  vient  du  tripier  qu'il  a  un  roujj  de. 
fourchu,  parce  qu'ordinairement  les  fripiers  se  servL'Ut  d'une 
fourche  pour  dépendre  les  habits  dans  leur  étalage. 


—  232  — 

Battre  quelqu'un,  comme  si,  en  frappant  sur  lui  on  rabattait 
les  coulures,  et  fig.  rabaisser  l'orgueil,  les  prétentions  de 
((uelqu'un.  (I.ittré.) 

Rabattre  les  coulures. 

(OUDiN.  Curiosiiez  fi-nuçoisex.  1G40.) 

Cité  par  Forir.  Dirt. 

.  Et  comme  on  rabatte  les  costeûre 

[Y  l'habit  qu'on  slreume  on  joù  il'  jama. 

(Fu.  Raili.eux.  Li  crama.  Ch.  Wi"!.) 

COUVENT. 

830.  Elle  est  logée  au  convint  Saint-Miché, 
Deux  tiète  sur  in  oreiller.  (Tournai.) 

LiTT.  Elle  est  logée  au  couvent  de  Saint-Michel, 

Deux  têtes  sur  un  oreiller. 
Pour  dire  d'une  femme  qu'elle  est  mariée. 

Var.  Tournai.   Elle  est  au  couvinl  Saint-François, 

Ou  s'  qu'on  va  deux  et  qu'on  r'vint  trois. 

Môme  sens  que  le  proverbe  ci-dessus. 
On  dit  à  Liège  : 

A  Notru-Dame  de  1' plovinetle, 
Wisse  qu'on  va-t-à  cope  et  qu'on  r'vint  à  troquettc. 

CRACHAT. 

831.  I  s'nèyereut  d'vins  on  rèchon. 

LiTT.  Il  se  noierait  dans  un  crachat. 
On  dit  aussi  : 

Qwand  on  a  de  guignon,  on  .s'  nèyereut  d'vins  on  rèchon 
Se  dit  d'un  liomme  malheureux  et  malhabile.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  11  se  noierait  dans  son  crachat,  dans  un  crachat. 

Elle  jowe  di  malheur,  elle  si  s'pyereut  1'  narenne  so  on  qwâtron  d'boùre,  elle  si 
nèyereut  d'vins  on  rèchon. 

(Remacle.  DicUonn.) 
Cité  par  Forir.  Uici. 

Baîwîr. 
Ine  saqui  qu'a  'ne  mâle  aweûre 
Si  nèyereut  d'vins  on  rèchon. 

(Alcide  Pr\ou.  Haîwtr  so  s' pâme.  1863.) 

Ji  .SOS  d'vins  l'niAlheûr,  ji  m'  nèyereus  d'vins  on  rèchon. 

(A.  HOCK.  La  famille  Mntliot.  i8f)6.) 
MoNs.  Tien.s,  n'est  pas,  fie,  quand  el  guignon  s'in  mêle, 

Ch'  qu'a  dins  s'  crachat,  on  iroit  b6  s'  nouyer. 

(J.-B    Descamps.  Quand  on  a  du  guitjnon.  Ch.  1852.) 
lM(;*niJiE.  S' noyer  dans  sin  rakion. 

(CORBLET.  Glossaire,  1851.) 


233 


CRACHER. 
83'2.  Racliî  au  mur.  (Giiarleroi.) 

LiTT.  Cracher  au  inur. 

Faire  une  chose  inutile.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Cracher  en  l'air. 

Charleroi.     Si  vos  woitet  d'  cangî  des  gins  trop  indurci, 

Ça  n'fait  né  pus  d'effet  qu'si  vos  rachi  au  mur, 
Pas'  que  1'  vice  est  vraiinint  stichi  dins  leu  nature. 

(L.  Bernus.  Baptisse  Lnguon  èiet  l' curé.  Conte.  i873.) 

Ça  n'  Tra  n6  pus  que  d' racliî  au  muraye. 

(L.  Bernus.  L' malade  Saiyii-Thibnu.  1,  se.  o.  4876.) 

CRAIE. 

833.  Marquer  à  l' longue  crôye. 

LiTT.  Marquer  à  la  longue  craie. 

Faire,  vendre  à  crédit. 

Longue  crôye.  Chiffres  romains  mêlés  à  des  chiffres  de 
convention  que  les  petits  boutiquiers  emploient  quand  ils 
vendent  à  crédit.  Ces  chiffres  sont  faits  à  la  craie  sur  les  portes 
d'armoires,  les  volets,  etc. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Et  qwand  vos  régliz  l' compte,  à  l' longue  croye,  so  l' volet, 
Elle  aveul  s'tu  foichowe,  ou  1'  niaisse  loukivo  luskel. 

(Thiry.  luecopenne  sn  V  maviège.  t8S8.) 

El  s' on  aveut  volou  lî  siervi  de  pèket, 

On  marquéve  à  l' longue  crùye  jusqu'à  d'main,  dri  1"  volet. 

(G.  Dei.arge.  lue  copeiitie  coule  leu  pck'teu.  1873.) 

Verviers.  J'a  co  to  plein  des  ôte  à  mette  i's  rôye. 

Dont  ù  discours  tôt  seù  vaut  o  buH'tin  : 
Su  k'nohet-i  ossi  bin  quu  l' longue  croye, 
L'AlTmand,  l'Anglais,  l'Espagnol  et  1' Latin. 

(XilOFFER.  Le  poète  wallon.  1801.) 

Basse-Allemagne.  —  Ankreiden. 
884.  Li  crôye  est  r'boutêye. 

LiTT.  La  craie  est  remise 
Ij'affaire  est  en  suspens.  —  Suh  judice  //.s  i>si. 
Ce   proverbe  est  un  terme  du  jeu  tle  cartes  dit:  les  cinq 
lignes,  lorsque  les  deux  [)artis  ont  tait  un  nombre  égal  de  points. 

CRAVATE. 

835.  Il  a  poirlé  1'  cravate  di  lier. 

LiTT.  11  a  porté  la  cravate  de  fer. 

Il  a  été  au  pilori  {io  Chuman),  il  a  porté  lo  carcan. 


—  234  — 
CRÉDIT. 

83(i.  Crédit  est  moirt,  inàie  paye  l'a  toiiwé. 

LiTT.  Crédit  est  mort,  mauvaise  paie  l'a  tué. 

On  ne  veut  plus  prêter;  il  faut  payer  comptant.  (Agad.) 

l'r.  fr.  —  Crédit  est  mort. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Servas. 

Si  nos  volît  vinde  à  l'crôye,  H  commerce  ireut,  mais  halte  !  i  fàl  dire  comme 
l'aute  :  Crédit  est  moirl,  màle  paye  l'a  toiiwé. 

(Brahy.  Li  bouquet.  I,  se.  l''*!.  1878.) 

Namur.  On  II' vos  fait  nin  crédit, 

Pasqu'  les  moiiais  payeu  l'ont  touwé  comme  on  dit. 
(Wérottk.  Otie  sov'nmice  dea  jeu  di  nosse  jône  timpa.  48G7.  4^  éd.) 

Var.  Marche.  Màle  paye  esl-st-on  banstaî  sins  cou. 

Qui  n'  vis  sauri  waurdet  one  ou. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 

MoNS.  Crédit  est  mort  l'heure  d'aujourd'hui,  el  monvée  payeur  l'a  twé. 

(J.-B.  Descamps.  Ch.  4841.) 

887.  Crédit  k'chesse  les  pratique. 

LiTT.  Crédit  chasse  les  pratiques. 

Un  chaland  qui  a  obtenu  crédit  chez  un  marchand,  s'adresse 
à  un  autre  pour  échapper  aux  réclamations  de  paiement. 

CREDO. 

888.  L'  credeo  ch'est  beon,  mes  l' pâte  n'  vaut  rien. 

(Tournai.) 

LiTT.  Le  credo,  c'est  bon,  mais  la  confiance  ne  vaut  rien. 
Nous  pouvons  croire  à  ce  qu'on  nous  dit,  mais  ne  nous 
y  fions  pas. 

CRÉMAILLÈRE. 

839.  C'est  r  crama  qui  lomme  li  chaudron  netir  cou. 

LiTT.  C'est  la  crémaillère  qui  appelle  le  chaudron  cul  noir. 

C'est  donner  à  un  autre  un  ridicule  que  l'on  a  soi-même. 
Quand  une  personne  se  moque  d'une  autre  qui  aurait  autant  de 
sujet  de  se  moquer  d'elle.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  La  pelle  se  moque  du  fourgon. 

Le  chaudron  machure  la  poelle. 

(Leroux.  Dict.  comique.) 

Cf.  QuiTARD.  Dicl.  V"  fourgon,  p.  410. 

Vre  libi  lu  nigrae  dlcebat  cacabas  ollœ. 

(Lejeune.  Proverbia  familiaria.  1741.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 


—  235 


Li  crama  lomme  li  chaudron  neîir  cou, 
Lu,  oint  fèye  pus  laid  qu'on  hibou. 

—  Qu'es-tu  noir,  dira  le  chaudron. 
Au  pot,  lui  plus  sale  qu'un  cochon. 

(Maih.  Lnensbergh.   1811.) 

On  trouve  co  des  richà  ù  deux  pîd,  mais  sins  plome, 
Qu'avou  l'esprit  des  auto  fct  voltî  les  grands  homme. 
Mais  chut,  taihans-nos,  d'sogne  qu'on  n' vinsse  nos  dire  avou  : 
Louke  donc,  vola  l' crama  qu'  lomme  li  chaudron  neùr  cou. 
(Bailleux.  Li  richâ  qui  s'aveut  fait  gdye  avou  les  plome  de  V  pawe,  Fàve.  1852.) 

Ca  c'est  todi  l' crama  qu'  lomme  li  chaudron  neùr  cou. 

(Aixii)E  Pryor.  Sôléije  et  jmnftd.  1861.) 

Verviers.  Tôt  d'hant  qu'ine  aute  esl-st-on  bambou, 

Sovint  r  crama  lomme  on  chaudron  neùr  cou. 

(Xhoffer.  Èpiqrammes.  1860.) 

Var.  Verviers.  Tôt  moqueu  s' lait  vèye  à  nou. 

C'est  r  bou  qui  lomme  l'augne  coirnou. 

(J.-S.  Renier.  Spot»  rimis.  1871.) 

Var.  Ferrières.   L'rave  trouve  todi  à  dire  après  1' fourgon. 

Var.  Namur.         Divan  d'noiri  1' prochain,  riwaitans  nos. 

(Wérotte.  Atirm.  di  Narneur.  486-1.) 

Marche.  Thérèse. 

On-z-est,  au  pus  sovint,  machuret  des  neùrs  pot. 

(Alexandre.  Lipèclwn  d'avril.  111,  se.  fe.  1858.) 

Var.  Marche.  Est-ce  qui  l'molin  s'deut  désolet. 

Qui  1'  fôr  li  lomme  on  cou  broulet? 

(Alexandre.  F  tu  corti.  -1860.) 

Charleroi.     L'homme  dé  cœur  accuset  pa  in  vaurin,  in  sot. 

Aura  doit,  quoique  l'aute  disse,   dins  1'  proverbe,  né  d'  minlrie  : 
On  n'est  jamais  noirci  qu'  pa  in  noir  pot. 

(L.  Bernus.  In  lenp  qui  plat  te  conte  in  r'nau.  Faute.  •1873.) 

MoNS.  On  n'est  jamais  brousé  qu'  par  un  noir  pot. 

Tournai.  On  est  toudi  noirchi  par  un  noir  peot. 

Var.  Tournai.  Nannet. 

Allez  vous  êtes  sorte  à  sorte  ;  ch'cst  l'hochepeot  à  l'av'nant  des  carotte. 

(Leroy.  Bicc  difier.  Traduction  du  Bleu-hiiclicùe  Simon,  se.  47.  4888.) 

Picardie.        Ein  n'est  jamouais  brousé  que  par  un  pot  noerd. 

(Cobblet.  Glosxaive.) 

<S40.  Avu  r  crama  pindoii. 
LiTT.  Avoir  la  rTémaillère  pendue. 

Se  dit  de  celui  qui  a  épousé  une  personne  déjà  munie  d'un 
ameublement  cotiiplet. 

841.  Fier  comme  pottière.  (Mons.) 
LiTT.  Fier  comme  une  crémaillère. 


—  236  - 

Poiiièrn,  à  Namur  Potcre,  espèce  de  crémaillère  fixée  aux 
grilles  d'un  fourneau  pour  porter  un  pot;  cet  instrument 
est  composé  d'une  tige  soutenant  un  cercle  mobile,  sur  lequel 
on  pose  le  pot.  La  tige  qui  se  dresse  en  avant  du  feu,  raide  et 
immobile,  a  donné  naissance  au  proverbe. 

Être  i\ev,  raide,  gourmé. 

MoKS.  El  pére  Brididi  part,  fier  comme  pottière,  cl  il  arrive  à  l'ceinse  sans  avoir 
tant  seulement  pinsé  à  avoir  froid. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mom.  1860.) 

Var.  Moiis.  Fier  comme  in  pou  su  'ne  rogne. 

Pr.  fr.  —  Fier  comme  un  pou  sur  une  gale.  —  V.  Quitard. 
Dict.,  p.  391. 

Var.  Tournai.  Fier  comme  eine  aranne. 

GRÉSUS. 

842.  G'est-st-on  vî  Grusus. 
LiTT.  C'est  un  vieux  Grésus. 

C'est  un  vieil  avare.  —  C'est  un  ladre. 
Basse- Allemagne.  —  Ein  Grœsus. 

CRIER. 

843.  Braire  comrre  ine  aîque. 

LiTT.  Crier  comme  un  aigle. 

Crier  d'une  voix  aiguë  et  perçante.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Crier  comme  un  aigle. 

L'aîque  apreume,  po  c'  côp  la,  chawa,  braiya  tdrmint 
Qui  c'est  dispôye  adon  qu'on  dit  braire  comme  ine  aîque. 

(Bailleux.  Uaique  et  l' qwate  pèce.  Fâve.  1851.) 

Variante.  Braire  comme  on  vai. 

Crier  comme  un  veau. 

Oh  qu'  c'esleut  bai,  oh  qu'  c'esleut  bai, 
Qui  n'  poux -je  dire  tôt  çou  qu"on-z-a  fait  ! 
J'àreu  volou  braire  comme  on  vai. 
Oh  !  qu'  c'esteut  bai,  oh  !  qu'  c'esleut  bai  ! 

(F.  L.  P.  Pot  pourri  xo  le.ifies.ie  di  julette.  1844.) 

Vormint,  vairet  dire  on  critique, 
Vos  braiyez  ossi  pé  qu'on  vai, 
Po  saqwant  pauves  pilits  rav'laî. 

(Fr.  Bailleux.  Conte  le,i  (jins  narreti.  Fâve.  1851.) 

Variante.  Gueuyi  comme  on  vai. 

(FORIR.  Dict.) 

Variante.  Braire  comme  ine  àgne  d'Awans  (on  coirbà). 


—  237  - 

Verviers.        Inspirez-m'  vos  turlos,  grands  saint  du  l'ôrmonake, 

Ji  m' va  braire  comme  «i  vai,  dinez-m'  o  bon  stoumake. 

(N.  Poulet.  Li  foyan  èterré.  1839.) 

Spa.  Kupoirtrans  li,  su  vî  tonnai, 

Po  l'fer  crier  to  comme  on  vaî. 

(BoDY    Chanson  patriotique.  Rec.  n90.) 
Nivelles.  I  cri  pus  fourt  qu'in  via  qui  beùlrait  dins  in  po. 

(Renard.  Lex  uveni.  de  Jean  (TNivelles.  Ch.  III.  1837.) 
Var.  Mons.  I  crie  comme  enne  marcotte  ein  couche. 

Lille.  Braire  comme  des  viau.\. 

Metz.  Crier  comme  in  vé. 

Douai.  Y  braiïot  comme  un  viau. 

Pr.  provençal.   Bramo  coumo  un  brau  ;    ~    coumo  un  âse 
(âne)  en  plen  mercat  (marché). 

{Revue  des  langues  romanes.   1881.) 

Basse-Allemagne.  —  Schreen  wie  een    Botterlicker  (pa- 
pillon) (prov.  exclusivement  hambourgeois). 

844.  Gueule  qui  hraît  n'est  pos  morte.  (Tournai.) 

LiTT.  Bouche  qui  crie  n'est  pas  morte. 

Se  dit  à  celui  qui  pleure  facilement,  sans  motif. 

CROITRE. 

845.  Crèhe  comme  maule  annéye.  (Verviers.) 

LiTT.  Croître  comme  mauvaise  année. 

Croître  très  rapidement. 

Pr.  fr.  —  Croître  comme  mauvaise  herbe. 

On  aveul  chûsi  l'boquet  avà  les  mèyeu  wèrihet  dé  pays,  ca  l'brouire  y  crèhéve 
comme  mâle  annèye. 

(G.  Magnée.  Li  cren'quini  dé  prince  àbbé  di  Stav'lciï.  1867.) 

Verviers.  On  vèya  crèhe  comme  maule  annèye 

One  frùye  du  wespiants  grèvi. 

(Renier.  L  crah'H  Baptiste.) 

846.  Ji  sins  qui  j'  crèhe  di  mûvasté. 

LiTT.  Je  sens  que  je  grandis  en  mauvaise  humeur. 
Je  suis  sur  le  point  de  m'emporter,  d'entrer  en  colère, 

CROIX. 

847   Fer  'ne  creu.x  so  l' crama. 

LiTT.  Faire  une  croix  sur  la  crémaillère. 

Se  dit  quand  on  voit  arriver  une  chose  à   laquelle  on   ne 


—  238  — 

s'attendait  pas.  Quand  on  voit  une  personne  entrer  dans  une 
maison  où  il  y  avait  longlemps  qu'elle  n'était  venue.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  11  faut  faire  la  croix  à  la  cheminée. 

Cf.  QuiTARD.   Dicl.  V"  Cheminée,  p.  217, 

<;ité  par  Forir.  bicl. 

Li  crama,  c'est  l' meûbe  es  V  mohonne, 
Qu'à  Lige  on  respectôye  li  pus  ; 
S'i  vint  ine  aftaire  mâle  ou  bonne, 
On  dit  qu'i  fàt  fer  ine  creux  d'sus. 

(Bailleux.   Li  crama.  Chanson.  i842.) 

I  s'marèye  donc,  po  c'  côp  là  c'est  bin  vraie, 

A  r  lin  de  meus, 
Dinez-m'  de  l'crôye,  haye,  vite  es  l'ohiminôye 
Qui  j' fasse  ine  creux. 

(Bailleux.  Chanson.  -1843.) 
JoDOiGNE.  Fer  'ne  creux  seu  l' givau. 

848.  J'a  vèyoïi  les  sept  creux. 

LiTT.  J'ai  vu  les  sept  croix. 

J'ai  beaucoup  soull'ert,  je  compare  mes  soufl'rances  à  celles 
de  la  Mère  des  sept  douleurs. 

HiNRL 

A  Tatenne  dihans  tôt,  et  ça  à  pus  habèye. 
Elle  va  tréfiler  d'jùye,  oh  !  avvet,  je  1'  wag'reus, 
Ca  elle  dit  qui  s' sôlôye  li  fait  vèye  les  sept  creux. 

(Remouchamps.  Li  sav'ti.  I,  se.  4.  i858.) 
Dadite. 

Ci  p'tit  crawé  Chanchet  m' fait  vèyî  les  sept  creux, 
C'est  tôt  d'môme  bin  damage  qu'il  àye  l'air  si  hoûpieu. 

(Toussaint.  Hinri  et  Dadiie.  II,  se.  2.  1870.) 

JOSEPH. 

Su  respect,  j'a  'ne  aguesse  qui  m' fait  vèye  les  sept  creux. 

(DD.  Salme.  Mononke  Joseph.  Se.  15.  1884.) 

On  fa  v'ni  l'boye  qui  bourriarda  I'  boulotte,  et  fa  vèye  les  sept  creux  à  c'pauve 
laid  vi  coirps. 

(G.  Magnée.  Li  houloue.  1871.) 

849.  Fer  creux  so  pèye. 
LiTT.  Faire  croix  sur  pile. 

Eflacer  le  compte,  faire  remise  de  la  dette. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

850.  Fer  'ne  creux  d'sus. 

LiTT.  Faire  une  croix  dessus. 

Bâtonner  les  comptes  et  par  suite  abandonner  une  affaire, 
perdre  une  chose,  y  renoncer.  —  Passer  à  profits  et  pertes. 


—  239  — 

Li  p'tit  pèhon  fret  s'crèhince, 
S"i  vike,  avou  l' grâce  di  Diu  ; 
Mais  s' on  F  tint,  qu'on  n'el  lâche  pus, 
S'  on  n' veut  nin  qu'on  s'ennès  r'pinse, 
Ca  ottant  fer  ine  creux  d'sus. 

(Baiixeux.  Li  p'tit  pèhon  et  V  pèheû.  Fàve.  1856.) 
Noile  fèye,  avà  l' samaîne,  ji  n'  veureus  l' cabaret. 
Et  si  j'y  vas  l' dimègne,  ji  frais  'ne  creux  so  l' pôket. 

(M.  Thiry.  Im  copenne  so  t'mariège.  iSBS.) 
BaUvir. 
So  rfoùr  di  s' bâche, 
Ti  poux  fer  'ne  creux, 
I  t'  pàret  t' gage. 
S'el'  wâgne  à  jeu. 
(Alcide  Pryor.  Çou  qu'ent-st-ès  fond  de  pot.  1864.) 
Verviers.  Ju  fais  l' creux  d'sus,  etju  dis  c'est  bernique. 

(M.  Pire.  Petgnriz-v'  bin  on  diale  qui  n'a  nin  des  ck'vet?  Ch.  188 i.) 
Namdr.  a  voste  âge,  on  prind  s'chap'let, 

Fioz  one  croix  sus  l'potel. 

(Wérotte.  Grnnd'mére.  Ch.  1867.  4»  éd.) 
MoNs.  Les  minisse  dé  chinq  pays  ont  r'crit  'ne  Jette  au  roi  Guyaume  pou  1  dire 
qu  1  n'avoi  qu'à  faire  one  croix  su  c' pays-ci. 

(Letellier.  Armonuque  dé  Mans.  1846.) 
Tournai.  I  t'feaut  faire  èine  creox  d'sus. 

Basse-Allemagne.  —  Einen  Strich  daruber  machen  (L'ou- 
blier). 

801.  I  fàt  poirter  s' creux. 

LiTT.  Il  laut  porter  sa  croix. 

Il  n'y  a  personne  qui  n'ait  sesafflictions  particulières.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Chacun  porte  sa  croix  en  ce  monde. 

V.  QuiTARD.  Dict.  V°  Croix,  p.  275. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

HOULPAI. 

I  fàt  qui  j'seûye  bin  màlhureux, 
I  n'  mi  màquéve  pus  qui  cise  creux. 

(De  Harlez.  Les  hypocont».  I,  se.  ï>.  1758.) 
Var.  Namur.  Chacun  poite  si  paquet. 

On  a  beau  fé,  c'est  todi  l'cia  qu'a  l'hotte  a  s'dos  qu'i  faut  qu'il  l'poitc. 

Basse-Allemagne   —  Man  muss  sein  Kreuz  tragen. 

802.  N'avn  ni  creux  ni  pèye. 

LiTT.  N'avoir  ni  croix  ni  pile. 
N'avoir  point  d'argent.  (Acad.) 
Cf.  QuiTARD.  Dict.,  p.  276. 

Dans  le  jeu  de  croix  ou  pile,  on  dit  habituellement  à  Liège  : 
tiesae,  au  lieu  de  creux. 
Pèye  ou  liesse. 


—  '240  — 

Pr.  fr.  —  Je  n'ai  ni  croix  ni  pile.  —  Il  n'a  ni  envers  ni 
endroit. 

(Oldin.  Curiositez  françaises.  4640.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Ces  cial  n'âront  ni  creux  ni  pèye, 
•  Ces  là  front  gogoye  lole  leu  véye. 

(Hanson.  Li  Hinriadc  travestéije.  Ch.  VIII.  d780.) 

Sins  hèpe,  sins  pan,  ca,  po  çou  qu'est  d'àrgint, 
I  n'  lî  d'manéve  ni  creux  ni  pèye. 

(Bailleux.  LicheptietSt-Aniône.  Fàve.  18o7.) 

Verviers.  Lu  ci  qui  n'a  ni  creux  ni  pèye, 

Et  qu'aime  a  ruspaumer  s'gozî 

S'i  n'a  d'car  du  tôt  çou  qu'on  dèye 

I  court  planter  su  p'iit  rosi. 

(M.  Pire.  Lu  p'tile  chanson.  4884.) 
JoDoiGNE.  N'aveu  ni  tiesse  ni  lette. 

Tournai.  Il  n'a  ni  creox  ni  pile. 

RoucHi.  I  n'a  ni  croix  ni  pile.  (Hécart.  Dici.) 

853.  On  a  chaque  si  creux. 

LiTT.  On  a  chacun  sa  croix. 

On  n'est  jamais  parfaitement  heureux.  Tout  individu,  n'im- 
porte dans  quelle  condition,  est  sujet  à  des  contrariétés. 
Chacun  a  ses  peines,  ses  soufl'rances.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Chacun  a  sa  croix. 

On  tape  qu(jque  fèye  à  toirt  so  les  pauvès  feum'rèye. 
Elles  ont  portant  leu  creux,  mais  elles  li  fet  mon  vèye. 

(M.  Thiry.  lue  copenne  so  l'mariège.  1858.) 

Tôt  à  fait  rota  bin,  dix-sept  à  dix-hût  meus, 

Wesse-t-i  l'ci  qui  poutdirequ'i  vikret  sins  noUe  creux? 

(Brahy.  Mes  ireus  mariége.  -1882.) 
Namur.         Toi  r  monde  poite  si  croix.  —  On  a  tortos  ses  croix. 

Borinage.  On  a  chacun  .s'cro;  c'est  eune  grande  vérité;  l' richard  qu'a  toute  à 
souhait,  i  s'imbête,  i  crève  d'innui. 

(Armonac  du  Boiinage  in  patois  borain.  4849.) 

854.  I  n'est  qu'es  1'  creux  d' par  Diew. 

LiTT.  Il  n'est  que  dans  la  croix  de  par  Dieu. 

Il  n'est  qu'au  commencement,  qu'au  début  de  ses  affaires,  de 
son  entreprise. 

Pr.  fr.  —  Il  n'en  est  qu'à  l'A,  B,  C. 

Les  abécédaires  commencent  toujours  par  une  croix. 

A  Liège,  il  n'y  a  pas  bien  longtemps,  on  les  nommait 
crois(ilte6  (creuhette). 

JoDOiCNE.  I  n'est  ce  qu'à  l' creiijetle. 


—  241  — 
8oo.  Il  âret  1'  creux  qu'on  donne  âx  vîx  ch'và. 

LiTT.  Il  aura  la  croix  qu'on  donne  aux  vieux  chevaux. 

Se  dit  des  fonctionnaires  que  le  gouvernement  est  disposé 
à  décorer  le  jour  où  ils  prendront  leur  démission. 

N.  B.  11  est  d'usage  de  marquer  d'une  croix  les  chevaux  de 
réforme,  les  chevaux  hors  de  service,  destinés  à  être  abattus. 

Qui  donrî-ne  bin,  po  1'  fer  taire,  à  c'  rin  n'  vàt  ? 

Il  est  si  vî,  d'on  ciiàr  c'est  l' cinquôme  rowe  ! 

—  Dinans-li  1'  creux  qu'on  wàde  po  les  vîx  ch'và... 

(A.  HocK.  Poésies  inédites.) 

8o6.  Mette  ses  creux  so  F  sou. 

LiTT.  Mettre  ses  croix  sur  le  seuil. 

Mettre  ses  peines  à  la  porte.  —  Décharger  son  cœur. 

857.  1  n'dequind  pos  de  1' creox  d' Saint  Louis. 

(Tournai.) 

LiTT.  Il  ne  descend  pas  de  la  croix  de  Saint  Louis. 

Ne  pas  avoir  une  noble  origine,  la  croix  de  Saint  Louis  étant 
autrefois  un  ordre  de  chevalerie:  s'applique  souvent  à  l'égard 
de  gens  fiers  et  arrogants  dont  la  basse  extraction  n'est 
pas  oubliée. 

Pr.  fr.  —  Il  s'imagine  être  de  la  côte  de  Saint  Louis. 

GROSSE. 

858.  Il  est  ossi  dreut  qu'ine  crâwe. 
LiTT.  Il  est  aussi  droit  qu'un  bâton  recourbé. 
Se  dit  par  ironie  d'une  personne  contrefaite. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Esse  dreul  comme  ine  cràwe. 

(Remacle.  Dict.) 

859.  S'in  d'aller  à  fut  d'  croche.  (Mons.) 
LiTT.  S'en  aller  en  bâton  de  crosse. 

Tomber  à  rien,  dépérir,  tourner  mal. 

Fut  {f'uslis),  bois  qui  porte  le  fer  de  la  crosse.  —  Croche,  jeu 
de  la  crosse,  de  la  crdwe  à  Liège.  Il  y  a  au  fût,  du  côté  du  ter, 
un  renflement  qui  diminue  ti^ôs  sensiblement. 

MoNS.  Sans  parler  des  aute  pays  eusse  qu'i  n' sont  nié  foutu  d"  rester  tranquie, 
el  république  française  a  tout  l'air  dedallcr  à  fui  d' croche. 

(Letelliek.  Armonaquc  de  .1/o;i.v.   18u!2.) 

Mais  comme  il  avoit   marché  cron  pou  l'avoir,  il  a  tourné  à  fut  d"  croche. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mous.  1859.) 


—  242  — 

Charleroi.  Toinette. 

C'est  m' doit  et  iir  devoir  de  vos  impt^chî  d' fai  'ne  saquoi  qui  pout  fai  tourner 
vo  n"  honneur  à  tut  d'  crauwe  (5iol  à  crotte  de  chin. 

(L.  Bernus.  L'  malade  Saint  Thibau.  I,  se.  5.1876.) 

Variantes.  Tos  nos  bais  plan,  nos  bais  projet 

Qui  toûrnet  todi  en  foumire. 
*  Al'  fin,  àront  tos  ieus  effet. 

{Chanxo7i  eu  l'honneur  de  Velbruck.  1772.) 

Valois  ossi  lourd  qu'ine  franque  âwe, 
Tos  les  jou  pus  tournéve  à  cràwe. 

(J.-J.  Hanson.  Li  Hinriade  travestêye.  Ch.  III.  1780.) 

JoDoiGNE.  Tourner  à  craue. 

CROUTE. 

860.  Esse  à  ses  crosse. 

LiTT.  Être  à  ses  croûtes. 

Vivre  à  ses  dépens.  (Agad.)  —  Séparer  ses  intérêts  de  ceux 
de  ses  proches.  —  Vivre  du  fruit  de  son  ti^avail. 
Pr.  fr.  —  Être  sur  ses  crociiets. 
Cité  par  Forir.  Uict. 

Rouciu.  Été  à  ses  crupes. 

(HÉGART.  Dict.) 

861.  I  n'  trimpe  nin  ses  crosse  es  1'  horotte. 

LiTT.  Il  ne  trempe  p.is  ses  croûtes  dans  la  rigole. 
Il  est  riche,  il  peut  se  donner  de  l'agrément,  des  plaisirs, 
satisfaire  ses  goûts  dispendieux. 

Tati. 

Pace  que  vous  comprendez,  une  fois  que  c'est  l'été. 
Les  ceuse  qui  reste  en  ville,  ce  sont  des  halcotier. 

PÈNÊYE. 

Et  vos,  vos  n'  Testez  nin. 
Gètrou. 

Jo  l'creus  bin,  waîtoz  'ne  golte 

PÈNÉyE. 

On  veut  bin  qu'vos  n'trimpez  nin  vosse  crosse  es  l'horotte. 

(Ed.  Remouchamps.  Tdti  V  perriqui.  II,  se.  7.  1885.) 

CRUCHE. 

862.  Di    foice  do   pouget,    one   cruche   portant 
s' casse.  '  (Marche.) 

LiTT.  A  force  de  puiser,  une  cruche  pourtant  se  casse. 
Quand  on  retombe  souvent  dans  la  même  faute,  on  finit  par 
.s'en  trouver  mal,  ou  quand  on  s'expose  trop  souvent  à  un  péril, 


-  243  — 

on  finit  par  y  succomber.  Cela  se  dit.  par  forme  de  menace  ou  de 
prédiction.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Tant  va  la  cruclie  à  l'eau  qu'à  la  fin  elle  se  casse 
(se  brise). 

Cf.  Le  proverbe  de  Basile. 

(Beaumarchais.  Mariage  de  Fiijaro.) 

Tant  va  le  pot  au  puis  que  il  casse. 

(XII*  siècle.) 
Tant  va  pot  à  l'ève  que  brise. 

{Roman  du  renard.  XIII''  siècle.) 
Tant  va  li  poz  au  puis  qu'il  brise. 
(Gautier  de  Coinsi.  De  monaclio  in  flumine  périclita lo,  etc.  XIII'-"  siècle.) 

HiNlil. 

Marche.  Tant  qu'i  fait  Tchin  couchant,  et  qu'on  no  l'conneut  nin, 

Li  traite,  contint  d'U,  prospore  et  va  bon  train. 
Sovint  l'ci  qu'  n'es  poul  rin,  es  pleure  et  s'ès  tracasse  ; 
Di  foice  do  |)ouget,  one  cruche  portant  s'casse. 

(.\lexandre.  Li  pcchon  d'avril.  Ad.  V,  se.  9.  -1858.) 

JoDoiGNC.  A  foice  di  pougî  on  casse  le  creuche. 

Variante  Et  d'on  posson  tôt  rniônie  va-t-i, 

I  n'va  nin  aut'mint  qu'ji  n'vis  dit  ; 
On  va  lant  il'fèye  à  l'aîwe  alot. 
Qu'on  n'a  pus  qu'des  hervai  di  s'pot. 

{Pa.iqiièye  po  V jubilé  boni   Bernard  Godin.  17(51.) 

Var.  Verviers.  Li  leup  va  tant  au  potaî 

Qu'on  bai  jou  y  lairet  s'paî. 

(J.-S.  Renier.  SpoK  rimes.  -1871.) 

Var.  Beauraing.  Tant  va  l'cass'role  au  feu,  qu'on  joù  i  faut  qu'elle  pette. 

(Vermer.  Les  soléc.  18G2.) 

MoNS.  Ouais  nié,  lieu,  tant  va  l'cruclic  a  l'ieau,  qu'a  ITin  dé  fin,  elle  se  casse, 
comme  on  dit. 

(Letei.meh.  Arnwnaque  dé  Mons.  i8uG.) 

Sai.nt-Quf.ntin.   Tant  air  va  i'buirea  yau,  ([u'air  linit  par  s'i'pautrcr. 

CRUCIFIX. 

863.  C'est-st-on  ma^nieu  d'  crucTix. 

LiTT.  C'est  un  mangeur  de  crucifix. 

C'est  un  rat  d'église.  On  applique  ce  proverbe  aux  personnes 
qui  ne  fréquentent  souvent  les  égli.ses  que  pour  cacher  leurs 
vices  ou  leurs  mauvais  penchants.  —  Un  fau.K  dévot.  (Littrk.) 

Pr.  iV.     -  Un  mangeur  de  crucifi.x.. 

(OUDIN.  Citriositez  J'rançoises.  -lOiO.) 

Cité  par  Forih.  hicl. 


—  244  — 

S6A.  Div'ni  comme  on  criic'fix  d'gèyî. 

LiTT.  Devenir  comme  un  crucilix  en  noyer. 
Devenir  maigre  et  jaune;  sec  comme  un  morceau  de  bois; 
devenir  triste,  taciturne. 
Cité  par  FoRiR.  Dict. 

Louklz-le,  il  est  div'nou  comme  on  crucTix  d' gèyî. 

(N.  Defrecheux.  Inejdbe  di  spot.  1860.) 

Si  coula  poléve  vile  cangî, 
Ji  beureû-st-on  fameux  côp  d'jôye, 
Ca  j'  SOS  comme  on  cruc'fix  d'  gèyî 
Et  toi  prette  à  cori  es  vôye. 

(Brahy.  Chanson.  -1880.) 

CUFFAT. 

86o.  Tourner  es  1'  couffâte. 

LiTT.  Tomber  dans  le  cuffat. 

Se  trouver  dans  un  grand  embarras.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Être,  se  mettre  dans  le  pétrin. 

Cuffat  n'est  pas  français.  Ce  mot  est  admis  dans  la  langue 
industrielle.  Terme  de  houillère,  c'est  l'espèce  de  cuve,  bac  ou 
panier  qui  sert  à  descendre  dans  les  puils  {bures). 

Tôt  s' vèyant  loumêye  es  l' couffâte,  li  pauve  feumme  div'na  tote  blanke  moite. 

(G.  Magnée.  Batiri.  iSGS.) 
Marèye. 

Po  c'  côp  la,  ji  trèfèle,  mâheùlêye  !  Fax  Pilate  ! 

Qui  n'  touméz-v'  tos  les  deux  à  V  vallêye  de  l' couffâte. 

(G.  Delarge.  Scène  populaire.  187i.) 

CUILLER. 

866.  C'est  on  ciiî  d'  pus  es  l'  sope. 

LiTT.  C'est  une  cuiller  de  plus  dans  la  soupe. 
Quand  il  y  a  pour  trois,  il  y  a  pour  quatre. 

CUIR. 

867.  Arèiiî  inte  ciir  et  char. 

LiTT.  Enrager  entre  cuir  et  chair. 
Être  mécontent  sans  oser  le  dire.  (Acad.) 
Pr.  Ir.  —  Pester  entre  cuir  et  chair. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Groubiote. 
J'ai  in  chagrin. 

Friquet, 
Inte  cùr  et  char. 
(Demûulin.  Ji  vaux,  Ji  n'  poux.  Il,  se.  5.  18{i8.) 


—  245  — 

Badinet. 

Ca  mi,  ji  v's  assure  bîn 
Qu'  ji  m'taîreu  même  avou  des  prouve  tôt  plein  mes  main, 
Sins  rin  dire,  ji  brûyereu  mi  ma  inle  cûr  et  char. 

(Delchef.  Li  galant  dé  V siévvanle.  II,  se.  7.  1857.) 
Tournai.  Manger  s"n  j'ime. 

868.  De  car  d'autrui,  des  grands  scorrion. 

(Marche.) 

LiTT.  Du  cuir  d'autrui,  de  grands  cordons. 

Être  libéral  du  bien  d'autr-ui.  (Acad.) 

De  aliéna   corin  ludere. 

Pr.  fr.  —  Faire  du  cuir  d'autrui.  large  courroie. 

Voyez  le  suivant. 

Ces  petits  messieurs-ci,  qui  n'aiment  que  la  joye, 
Voudroient  du  cuir  d'autrui  faire  large  courroye. 

(Barquebois.  Comm.  La  Ropinière.) 
JODOIGNE.  Dins  l'eu  des  onte,  des  grandes  lâche. 

869.  Tayer  in  plein  cuir.  (Mons.) 

LiTT.  Tailler  en  plein  cuir. 

Être  libéral  des  biens  d'autrui.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Faire  du  cuir  d'autrui  large  courroie. 

Mons.  Allons,  tant  mieux,  si  c'est  vo  goût,  layez  in  plein  cuir. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Monn   1861.) 

870.  Li  cûr  sèret  bon  marchî  ciste  annêye. 
LiTT.  Le  cuir  sera  (à)  bon  marché  cette  année. 

Se  dit  des  personnes  paresseuses,  lorsqu'elles  s'étendent  les 
membres. 

On  ajoute  souvent  :  l.es  vaî  si  a'tindtt;  les  veaux  s'étendent. 
Les  esguillettes  seront  à  bon  marché,  les  veaux  s'étendent. 

(OUDIN.    Curiosités  françaises.  1640.) 

Vos  d  niz,  rin  qu'à  v'  loukî,  grande  èvèye  di"  bftyl. 

Et  vos  fiz  dire  qui  1'  cûr  divfreut  bon  marchl. 

(M.  TiiiRY.  Inecopc  di  grandiveux.  1859.) 
Namur.  li  cû  sèret  bon  marchî  ciste  annde-ci. 

Var.  Malmedy.        Les  cûr  su s'tindet  so  r  blesse,  i  raval'ront. 
Var.  Jodoigne.  Le  eu  va  ravaller,  i  se  slein  d'seu  l'biesse. 

87t.  Es  r  pièce  dépasser  cûr,  ti  d'meurrès  poyou. 

LiTT.  Au  lieu  de  passer  cuir  (tanné),  tu  resteras  velu. 
Tu  ne  feras  jamais  rien.  —  Tu  n'es  pas  capable  de  recevoir 
de  l'éducation. 


—  -240  — 


CUIRE. 
87"2.  Çoii  qui  n'eût  nin  por  vos,  leyîz-l'  broûler. 

LiTT.  Ce  qui  ne  cuit  pas  pour  vous,  laissez-le  brûler. 
Ne  vous  mêlez  pas  des  affaires  des  autres  ;  il  ne  faut  pas  s'in- 
gérer mal  à  propos  dans  les  dififérends  d'autrui. 

Çou  qui  n'cnt  nin  por  mi,  j'el  lais  broùler  po  l's  aute. 

C'est  m'pus  p'tit  imbarras,  qu'leus  aiwe  seûye  basse  ou  haute. 

So  leu  cou,  so  leu  liesse,  ji  lais  fer  mes  voisin. 

(ÏHIRY.  Ine  cope  di  Grandiveux.  i8S9.) 
LÈVAÎ. 

Scrvâs,  ni  d'hez  rin,  ca  coula  m'poreut  fer  de  toirt. 

Servas. 
Ji  n'a  wàde,  çou  qui  n'eût  nin  por  mi,  j'èl  lais  hati. 

(Hraiiy.  Li  bouquet.  Il,  se.  19.  1878.) 
C'qui  n'eût  nin  por  mi,  j'èl  lais  brûler  po  les  aute. 
Ce  que  n'  chauffe  ni  por  vos,  lèyîz-l'  brûler  po  l's  aute. 
Pierrot. 

Oh  !  pour  mi,  çou  qu'j'ein  dis 

C'est  par  eintindu  dire,  mais  c'qui  n'cauffe  nî  por  mi, 
Ju  rièye  brûler,  ni  pus  ni  moins. 

(DuFRASNE.  Pierrot  vit  co.  Se.  \'^.  Arm.  borain.  1890.) 
Quand  F  fricot  d'ein  eute  brûle,  i  faut  le  laissier  brûler. 

(CORBLET.  Gloss.  1851.) 

873.  Pus  ctit,  pus  bout. 
LiTT.  Plus  il  cuit,  plus  il  bout. 

Plus  un  différend  traîne  en  longueur,  plus  les  parties 
adverses  s  aigrissent.  —  Plus  le  mal  est  grand,  plus  il  est 
difficile  d'y  porter  remède. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Aimon  qui,  so  li  k'minc'mint,  ni  s'sintéve  wère  di  viristé,  s'eschâffa  à  l'dake,  ca, 
comme  dit  li  spot,  pus  eût,  pus  bout. 

(G.  Magnée.  Li  houlotte.  1871.) 

874.  A  d'eaule,  i  sont  cuite.  (Tournai.) 

LiTT.  A  d'autres,  elles  sont  cuites. 
Gela  signifie  qu'on  n'en  croit  rien. 

CUISINE. 

875.  Pus  gn'a-t-i  d'couh'nîre  divins  'ne  couhènne, 
pus  mâle  est  l'sope. 

LiTT.  Plus  il  y  a  de  cuisinières  dans  une  cuisine,  plus  mau- 
vaise est  la  .soupe. 

Trop  de  gens,  trop  d'avis  gênent  ou   nuisent  souvent.    — 


Namur. 

Jodoigne. 

Framkries. 


Picardie. 


-  247  — 

Plus  les  commissions    administratives  et   autres   sont    nom- 
breuses, moins  elles  travaillent.  (Voir  les  Académies.) 

Var.  Mo.ns.  a  deux  cuis'nière,  on  foursale  el  soupe. 

Basse-Alle.magne.  —  Viele  Kôche  versalzen  den  Brei    (die 
Suppe) 

876    Pus  crasse  est  1'  couliènne,  pus  niaîgue  est 
rtestamint. 

LiTT.  Plus  kl  cuisine  est  gras.se,  plus  le  testament  est  maigre. 
Les  trop  grandes  dépenses  amènent  souvent  la  ruine. 
Cité  par  Forir.  Dlct. 

Var.  Namur.  Crausse  cougènne 

A  pauvrilé  po  voisènne. 

CUL. 

877.  Fer  totès  mohe  à  deux  cou 

LiTT.  Faire  toutes  mouches  à  deux  culs. 

Faire  des  miracles,  faire  l'impossible  (ironique). 

Cité  par  Forir.  iJict. 

Jaspà,  qwand  vos  m'hantîz,  vos  d'vîz  fer  des  mohe  à  deux  cou  ;  si  v' n'avez  nin 
s'tu  â  bois  sins  cougnèye,  ji  poux  dire  qui  v's  avez  à  pône  metlou  Tcougnèye  à  l'abe. 

(Remacle.  Dici.) 
Et,  comme  ti  l'aveus  promettou, 
Ti  d'véve  fer  des  mohe  à  deux  cou. 
Mais  ti  n'as  nin  co  fait  mervèye, 
Ca  ti  n'as  co  dit  qu'des  biestrèye. 

(Jos.  Lamave.  Satire  contre  ë.  li.  1861.) 

Variante.  Fer  totès  mohe  à  deux  cou  et  les  vinde. 

Verviers.  On  feu  d'mohe  à  deux  cou. 

(N.  Poulet.  Titre  d'une  fable.  ISG'i.) 

878.  Sinli  à  s' cou  k'mint  les  âwe  vesset. 
LiTT.  Sentir  à  son  cul  comment  les  oies  vessent. 
Juger  d'autrui  par  soi-même.  (.\gad.) 

Pr.  fr.  —  Mesurer  les  autres  à  son  aune. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Jalhay.  Thiodôre. 

Houtoz,  Garitte,  i  n'fàt  nin  roûvî  qu'nos  avons  s'tujône  ossi.  (^1  part).  Onsinlà 
s'cou  comme  les  awe  vesset. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  1,  se.  9.  1861.) 

879.  On  (lîreut  qui  l' trô  di  s' cou  est  l'intrêye  d'ine 
belle  vèye. 

LiTT.  On  dirait  que  le  trou  de  .son  cul  est  l'entrée  d'une  belle 
ville. 


—  248  — 

Ironie  adressée  aux  personnes  qui  font  beaucoup  d'embarras, 
qui  veulent  paraître  plus  qu'elles  ne  sont. 

Dadite. 

Vos  n'estez  qu'ine  lànnresse.  Accorez,  v'nez  don  l'vèye, 
Elle  pinse  qui  Ttrô  tli  s'cou  seûye  l'intrôye  d'ine  grande  vèye. 
I  lî  furent  nvgalant. 
,  (Jos.  KiNABLE.  Ine  dispute.  1889.) 

.Maroiie.  Gn'a  do  qu'pinset  et  qu'v'let  fet  vèye 

Qu'leu  cou  c'est  l'intrée  d'ine  belle  vèye. 

(Alexandre.  P'Ut  corti.  -1800.) 

MoNS.  Eie'  tout  ça  parqué  i  s'a  établi  à  s'compte,  à  l'place  dé  fai  l'commis  voya- 
geur; si  bin  qu'à  c'ste  heure,  i  coil  que  l'trô  dé  s'en  c'est  l'intrée  d'enne  grande 
ville. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mous.  1878.) 

MoNS.  I  compte  pa  cint,  i  compte  pa  mille, 

Pinsanl  pou  sur,  margré  s'métier, 
Que  s'en  est  l'intrée  d'eine  grande  ville. 

(J.-B.  Descamps.  Pouf  et  esbrouf.  Ch.  OEuvres  1887.) 

880.  Qui  broùle  si  cou  s'assît  so  les  cloquette. 

LiTT.  Celui  qui  briiie  son  cul  s'assied  sur  les  ampoules. 
Il  subit  les  conséquences  de  sa  maladresse,  de  son  impré- 
voyance. 

Variante.  Cortaî. 

Fez  comme  vos  volez,  si  vos  v'  broûlez  les  fesse,  vos  v's  assîrez  so  les  cloquette. 
(Willem  et  Bauwens.  Pèchl  rach'té.  Se  3.  1882.) 

JoDoiGNE.  Qui  brûle  se  d'drit,  s'achît  seu  des  cloquette. 

881 .  On  n'  lî  sâreut  sèchî  'ne  plome  foù  de  cou  sins 
chaude  aîwe. 

LiTT.  On  ne  lui  saurait  tirer  une  plume  hors  du  cul  sans  eau 
chaude. 

On  ne  saurait  rien  obtenir  de  lui  sans  efforts. 

On  n'entrait  point  chez  nous  sans  graisser  le  marteau, 
Point  d'argent,  point  de  suisse.... 

(Racine.  Les  plaideurs.  I,  se.  l".) 

Jaluay.  Mathî. 

Elle  est  pus  malenne  qu'on  n'pinse,  on  n'a  nin  'ne  plome  sins  chaude  ahve  foû 
d'Ièye. 

(Xhoffer.  Les  deux  sorocke.  I,  se.  i.  1861.) 

88^.  Elle  a  des  ou  es  cou. 

LiTT.  Elle  a  des  œufs  dans  le  cul. 

Elle  fait  la  mijaurée,  elle  est  maniérée,  affectée. 

Variante.  Elle  fait  li  streûte. 

Var.  Jodoigne.  Il  Ta  l'eue  stoit. 


—  249  — 

883.  Si  t'as  sogne  d'esse  battou, 
Ni  lais  nin  vèyî  l'cou. 

LiTT.  Si  tu  as  peur  d'être  battu, 

Ne  laisse  pas  voir  ton  cul. 
Si  tu  crains  le  danger,  ne  brave  personne. 

Cf.  Je  voudrais  bien  monter,  mais  la  chute  est  à  craindre. 

Si  tu  Grains,  reste  à  terre,  et  cesse  de  te  plaindre. 

(Walier  Raleigh  et  la  reine  Elisabeth.) 
JoDOiGNE.         Si  t'as  peu  d'esse  batteu,  n'va  ni  à  l'guerre. 

884.  Aller  cou  d'seûr,  cou  d'so. 

LiTT.  Aller  cul  haut,  cul  bas. 

Aller  mal,  à  rebours,  sens  dessus  dessous.  Se  dit  d'une 
chose  qui  ne  réussit  pas,  d'une  afTaire  qu'on  abandonne  par 
dégoût  ou  par  apathie. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Tonton. 

Si  r  barque  va  affondrer. 
Bah  !  qu'a  van- jîne  keûrc  di  nos  ; 
Li  p(5  qui  poireut  arriver 
Ci  sèreut  mutoi  de  rôler, 
Sins  s' fer  de  ma,  cou  d'seûr  cou  d'so. 
(De  Harlez,  Fabrv,  etc.  Li  voyège  di  Chaud  fontaine.  I,  se.  l'^.    1737. ) 

T'es-st-on  pauve  sire,  t'es-sl-on  vàrin 
Qu'a  brouille?  totes  les  braves  gins  ; 
Li  liesse  ti  toûne  et  ti  d'vins  sot  ; 
Pinses-tu  nos  motte  cou  d'seûr,  cou  d'so? 

(BODY.  Chanson  patriotique.  Recueil.  1787.) 

Ossi  avans-n'  situ  miné 
Cou  d'seûr,  cou  d'so  :  n's  ostans  ruiné. 

{^om.  Chamon  patriotique.  Recueil.  1791.) 
Baiwîr. 

J'a  trové  d'vins  m'cabosse  ine  fameuse  société 

Po  mette  cou  d'seûr  cou  d'so,  les  boûse  dé  monde  élire. 

(AIXIDE  PRYOR.  On  dragon  ({ni  fait  des  madame.  d8()7.) 

CoNDRoz.  S'elle  kinohe  on  viége 

Tôt  peuplé  d'bravés  gins. 
Elle  y  fait  on  voyège 
Po-z-y  mette  li  venin. 
I  s'ôs  r'sintet  lurlos, 
Toi  va  cou  d'seûr,  cou  d'.so. 

(Damoiseaux.  Li  trô  d'Lognc.  1871.) 
Vf.rviers.  Espérans  co  qu'cLsse  féye 

I  front  l'deugt  d'crauhe  à  lurlos. 
Tôt  fant  taper  l'hah'lôye 
Jusqu'au  cou  d'seûr  cou  d'so. 
(J.-S.  Renier.  FMne  lauke  di  deux  des  pus  spitant.  Uanquel.    1867.) 


—  250 


Jalhay.  Math'i. 

Ah!  mais!  po  Pierrette  on  s'Iaireùt  bourdousser  cou  d'seùr  cou  d'so. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  S.  1801.) 

Namir.  Jcan-Jenne-Marie  et  Marie-Jenne-Jean  ont  accouru,  i  m'ont  r'vîngî  et 
finàrinint  tôt  a  sti  eu  d'seù,  eu  d'so. 

r.HARLEROI.  BeRAN. 

*  C'est  r  vesse  que  nos  avons  qui  fout  tout  eu  d'sus  eu  d'sous. 

(L.  Bernus.  Umalade  St-Thibnn.  III,  se.  3.   1876.) 

MoNs.  Cu  d'seûr,  eu  d'sous. 

Nivelles.         Enfin  toute  el  journée,  1'  ville  est  eu  d'seùr,  cu  d'sous. 

JoDOiGNE.  Il  est  tôt  eue  d'seu  eue  d'sos. 

885.  Rôler  (Taper)  1'  cou-z-â  haut. 

LiTT.  Rouler  (jeter)  le  cul  en  haut. 

Tomber   maladroitement  ;    renverser,    détruire,   faire   une 
chose  à  rebours  ou  toute  de  travers. 
Cité  par  Forir.  Dicl. 

Choeur. 

Et  qui  pau  qu'il  euhe  fait  l'biesse, 
Elle  l'ârit  polou  fer  cann'ter 
Li  cou-z-â  haut  d'vins  l'aîwe  di  Vesse. 
(De  Harlez,  De  Cartier.  Li  vuyège  di  Chaudfontaine.  II,  se.  I.  d7S7.) 

Des  sôdàrt  arrivet  so  l'côp 
Mais  i  sont  r'viersé  l'cou-z-à  haut. 
(J.-J.  Hanson.  Les  luciade  es  vers  ligeois.  Ch.  VI.  -1783.) 

Tôt  r'hoyant  vosse  marchi,  vos  avez  pus  d'mèrite 
Qui  d'passer  'ne  vicàrèye  à  lanwi  tos  les  deux, 
A  y' taper  l' cou-z-à  haut,  à  fer  des  mftlhureux. 

(N.  Thiry.  Ine  copenue  so  l'mariège.  1858.) 

A  .slhe  heure  à  Saint  Pau, 
Baîwîr  tourna  l' cou-z-â  haut, 
Po  l'gloire  di  Lige,  i  s'a  fait  sô. 

(Alcide  Pryor.  Lijama  des  qwatte  nation .  1869.) 

Thomas. 

Po  fer  tôt  r  cou-z-à  haut,  ça  vos  avez  1'  brevet. 

(Al.  Peclers.  Uovrège  d'à  Chanchei.  Se.  12.  1872.) 

Verviers.  Sai  nos  sièrvi  ni  d' chass'  pot,  ni  d'awèyc, 

A  eôp  d'picraî,  nos  1'  makrint  l'cou-z-à  haut. 

(Xhoffer.  Les  deux  côpeu  d'  boûse.  1871.) 
Jalhay.  Garitte. 

Lu  moujou  enne  n'a  nin  houmé  fribotte. 

Pierrette. 
I  m'a  dougud  deux  fie  l'sèyaî  l'cou-z-â  haut. 

(Xhoffer.  [.es  deux  soroche.  I,  se.  9.  1861.) 

Charleroi.         Sins  tant  vos  r'tournel  d'icusse,  boulet  bin  libérau, 
Fiet  vos  loi  à  vo  n'auche,  foutet  les  l'eu  in  haut. 

(L.  Bernus.  Le  r'nau  èiét  les  dindon.  Faufe.  1873.) 


—  251  — 

886.  Broûlerrcoii. 

LiTT.  Brûler  le  cul. 

Abandonner  le  jeu  quand  on  a  gagné, 

Namur.  On  vos  caresse,  a  puis  on  bat  en  r'traile. 

C'est  propremintc'qui  nos  djans  brûler  Peu. 

(CoLSON.  On  dainiin  mol  aux  AïKjlais.  Ch.  ISG^i.) 

887.  Tôt  toûne  à  cou  d'  poyon. 
LiTT.  Tout  tourne  c^cul  de  poulet. 
Rien  ne  réussit  —  Pas  de  chance. 

Namur.  Raison,  assistez  nos, 

Di  (]"là  haut  dischindoz. 
Car  li  monde  va,  dit-st-on, 
Tourner  à  cul  d'pouyon. 
(WÉROTTE.  Choix  dechamom  wallonnes.  1800,  3i-'c<d.) 

^AMi-R.  Si  l'vie  racenne  à  c'sle  heure  est  rachîchie 

Ça  n'y  fait  rein  ;  tos  les  jùnes  rijetton 
Ni  rialront  nin  tourner  a  eu  d'pouyon. 

(Jos.  SUARS,  dit  MlMI.  Ch.  Aurm.  di  IS'ameiir.  1887.) 

888.  ï  n'a  nî  l'air  d'avoi  s'ciil  dinsl'bûre.  (Nivelles.) 

LiTT.  Il  n'a  pas  l'air  d'avoir  son  cul  dans  le  beurre. 
Il  n'est  pas  à  son  ai.'^e,  il  paraît  très  tourmenté. 

889.  I  s'a  fait  sinti  1'  cou. 

LiTT.  Il  s'est  fait  senlir  (pincer)  le  cul. 
Il  s'est  laissé  tromper.  Il  a  trouvé  plus  malin  ou  plus  adruit 
que  lui. 

On  ajoute  parfois  :  Avon  'ne  cressu. 

890.  Il  a  ein  eu  d'au,  i  skitte  sans  l' seinti.  (Mons.) 

LiTT.  Il  a  un  cul  d'oie,  il  foire  sans  le  sentir. 

Il  n'a  pas  conscience  de  ce  qu'il  fait,  soit  en  bien,  soit  en  mal. 

891.  iNi  chîr  qui  d'on  cou. 
LiTT.  Ne  chierque  par  un  cul. 

iSe  dit  de  deux  personnes  qui  vivent  en  parfaite  intelligence. 
Se  dit  de  deux  personnes  extrêmement  unies  d'amitié  ou  d'in- 
térêt et  (jui  sont  toujours  de  la  même  opinion,  du  même  senti- 
ment. (ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Ce  sont  deux  têtes  sous  le  même  bonnet.  —  Ce 
sont  les  deux  doigts  de  la  main.  —  Ils  sont  ensemble  ù  pot  et  à 
rot. 

Ce  n'est  qu'un  cul  et  une  chemise. 

(OcDiN.  Curiositez  françnixea.  1640.) 

Ce  sont  deux  culs  dans  une  chemise. 

(Dictionn.  des  proverbes  français.  17JJ8.) 


—  252  — 

I  léhln  essone  tos  les  joû 
Et  i  n'  chyînt  qui  po  1'  même  cou. 
(Pasquèye  criiique  et  calotène  xo  les  affaire  de  V  méd'cenne.  1732.) 

Var.  Mons.  I  sont  toudi  pindantà  les  cordelle  de  l'un  l'aute. 

Var.  Tournai.  Ch'est  cul  et  qu'mise. 

Var.  Tournai.  Boire  au  même  peot. 

89:2.  Prope  et  nette, 

Comme  el  eu  Raquette.  (Mons.) 

LiTT.  Propre  et  net. 

Comme  le  cul  de  Paquette. 
D'une  très  grande  propreté,  (Souvent  ironique.) 

Paquette  (■lait  une  sale  femme,  qui,  vers  la  fin  du  siècle  dernier,  vivait  à  Mons, 
et  qu'on  voyait  chaque  jour  en  état  d'ivresse,  traînant  dans  les  ruisseaux.  Elle 
avait  616  fort  belle  dans  sa  jeunesse,  et  la  maîtresse  d'un  grand  personnage. 

(Sigart.  Dict.  du  wallon  de  Mons.  1870.) 

893.  I  n'  fàt  nin  r'noyî  s' cou  po  'ne  vesse. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  renier  son  cul  pour  une  vesse. 
Il  ne  faut  pas  pour  une  légère  contrariété  abandonner  une 
affaire.  —  Il  faut  supporter  quelque  chose  de  ses  proches. 
Variante.  Po  on  pet. 

894.  I  n'  chêye  qu'avou  1'  cou  d'à  Mathî. 

LîTT.  Il  ne  chie  qu'avec  le  cul  de  Mathieu. 

Il  ne  connaît  les  choses,  n'en  juge  que  par  le  rapport  d'une 
telle  personne,  ne  trouve  rien  de  bien  ou  de  mal  que  suivant 
le  jugement  qu'en  fait  la  personne  pour  qui  on  est  prévenu. 

(ACAD.) 

Ne  voir  que  par  les  yeux  d'un  autre. 

895.  I  va  ploûr,  les  marcou  châffet  leu  cou. 

LiTT.  Il  va  pleuvoir,  les  matous  chauffent  leur  cul. 
Observation  faite  dans  les  cuisines. 

896.  Coula  lî  pind  â  cou. 
LiTT.  Cela  lui  pend  au  cul. 

Cette  chose  lui  pourrait  bien  arriver. 
Ou  : 

Oltant  lî  pind  â  cou. 
LiTT.  Autant  lui  pend  au  cul. 
Il  vous  en  pend  autant  au  derrière. 

(OuDiN.  Curiositez  françaises.  1640.) 

Il  pourrait  bien  lui  en  arriver  autant.  (AcAn.) 

Vr.  fr.  Autant  lui  en  pend  à  l'œil,  à  l'oreille,  au  nez. 

HouiNAGE.  Est-ce  que  coula  m6  r'garde,  dit-st-i?  il  n'sé  douto  nié  qui  li  en  pindo 
autant  k  s'cu.)  (Armonacdu  Borinage.  1849.) 


—  253  — 

897.  Ça  va,  ça  vie,  comme  el  cul  d'ein  vieux  g'vau. 

(M  ON  s.) 
LiTT.  Cela   va,  cela  vient,  comme  le  cul  d'un  vieux  cheval. 
Il  a  des  alternatives  de  bien  et  de  mal,  de  froid  et  de  chaud. 

(SiGART.  Dict.  du  wallon  de  Mous.  1870.) 

898.  I  n'  fàt  nin  horbi  s'  cou  d'vant  de  chîr. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  s'essuyer  le  cul  avant  de  chier. 
En  toute  chose,  il  faut  procéder  régulièrement.  —  Commen- 
cer par  le  commencement. 

I  savet  bin  dissimuler, 

Di  s'y  fiî  trop  lôgîr'mint, 

A  mon  qu'on  n'  les  it'noha  trop  bin, 

Sèreut  horbi  s'  cou  d'vant  de  chîr. 

Ou  poirter  on  pet  so  'ne  civîre. 

{Paxquèye  so  les  sémitiarisse.  1735.) 

Namur.  I  n'  faut  nin  frotter  s'cul  d'vant  d'aller  chîr. 

Tournai.  Torquer  s'cul  avant  d'quier. 

899.  Ch'est  malheureux  d'toniuer  s'cul  avec  l'ioque 
d'ein  aute.  (TouriNai.) 

LiTT.  C'est  malheureux  de  se  torcher  le  cul  avec  la  loque, 
le  linge  d'un  autre. 

Il  est  toujours  pénible  de  devoir  dépendre  de  quelqu'un 
pour  les  choses  les  plus  nécessaires  à  l'existence. 

900.  1  l'a  todi  à  cou  d'vant  qu'ine  aute  ni  l'ûye  à 
l'tiesse. 

LiTT.  Il  l'a  toujours  au  cul  avant  qu'un  autre  ne  l'ait  à  la  tête. 
Il  a  déjà  digéré  sa  part  des  mets  qu'il  offre  aux  autres. 

901.  Montrer  s'  cul  pou  deux  yard  éié  user  pou 
ein  sou  d'candeille.  (Mons.) 

LiTT.  Montrer  son  cul  pour  deux  liards  et  user  pour  un  sou 
de  chandelle. 

Dépenser  beaucoup  plus  qu'on  ne  gagne. 

(Leteixier.  Armonaque  dé  Mons.  184G.) 

Brûler  une  chandelle  de  trois  sous  à  cherclier  une  épingle 
dont  le  quarteron  ne  vaut  qu'un  sou. 

(Leroux.  Dictionn.  comique.) 

Saint-Quentin.  User  eune  candèle  d'ein  sous  et  pis  montrer  sein  eu  pour  deux 
yards. 


—  254  — 

90^2.  I  jow'roiil  l'con  es  l'aiwe. 

LiTT.  Il  jouerait  le  cul  dans  l'eau. 
Se  dit  d'un  joueur  déterminé.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Il  jouerait  les  pieds  dans  l'eau. 

MoNS.  J'  crois  qu't'aroi  hé  joii(î  t'cul  dins  l'ieau,  comme  les  canaerd,  t'etoi 
billeleuf  dins  l'arae. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  4861.) 

RoHCHi.  Al  ju'rot  s'  cul  den  l'ieau. 

(HÉCART.   Dict.) 

903.  I  pièdreut  s' cou  s'i  n'tinéve  nin  si  foirt. 
LiTT.  Il  perdrait  son  cul  s'il  ne  tenait  pas  si  fort. 

Il  est  fort  distrait  ;  il  a  peu  de  soin  de  ce  qu'il  a. 
Pr.  fr.  —  Il  perdrait  son  cul,  s'il  ne  tenait. 

(Dict.  port,  des  prov.  fr.  -17.^8.) 

11  jouerait  son  cul  s'il  ne  tenait. 

(OuDlN.  Curiosités  françaises.  1640.) 

C'est  un  homme  négligent  qui  perd  tout  ce  qu'il  a  ;  un 
joueur  qui  perd  tout  son  avoir  au  jeu.  (Littré.) 

904.  Coula  nos  vint  bin  à  cou  sins  bouter. 
LiTT.  Cela  nous  vient  bien  au  cul  sans  pousser. 

Cela  vient  tout  seul,  souvent  malgré  soi,  ou  au  moins  sans 
qu'on  l'ait  cherché. 

Se  dit  en  forme  de  plainte. 

905.  S'trover  1'  cou  inte  deux  selle. 
LiTT.  Se  trouver  le  cul  entre  deux  selles. 

Lorsque  de  deux  choses  auxquelles  on  prétendait,  on  n'en 
obtient  aucune.  Lorsqu'ayant  deux  moyens  de  réussir  dans  une 
affaire,  on  ne  réussit  par  aucun  des  deux  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Se  trouver,  être,  demeurer  entre  deux  selles  le  cul 
à  terre. 

Variante.  Entre  deux  chaises. 


Et  le  protecteur  des  rebelles. 
Le  cul  à  terre  entre  deux  selles. 


(Lafontaine.) 


Entre  deux  arçouns  chet  cul  a  terre. 

{Proverbe  del  vilain.  XIV^  siècle.) 

Vakiante.  Esse  inte  deux  chéyîre,  li  cou  à  l' terre. 

(FORIR.  Dict.) 
Marche.  Hinri. 

Ainsi,  d'après  c'qu'on  dit,  po  l'pus  drôle  des  dire 
A  c'ste  heure,  i  ni  pout  nin  toumet  inte  deux  chèrire. 

(Alexandre.  Lipèclion  d'avril.  UI,  se.  6.  ISSS.) 


—  255  — 


DoiAi.  Vo  vèyez  aussi  ein  homme  porté  à  cu-paielle  par  deux  femmes,  d'sus  leu 
crinoline,  et  pis  v'ia  qu'ailes  font  un  ('cart  à  doite  et  à  gauche  et  noire  homme 
inler  deux  selles  l'eu  par  Ihielle. 

(Dechristé.  Souvenirs  d'un  homme  d'  Douai.  1838.) 

906.  Peler  pus  liaul  qui  l'cou. 

LiTT.  Peter  plus  haut  que  le  cul. 

Entreprendre  des  choses  au-dessus  de  ses  forces,  prendre 
des  airs  au-dessus  de  son  état.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Peter  plus  haut  que  le  cul. 

Cf.  Lafontaine.  La  grenouille  qui  veut  se  (aire  ausai  grosse 
que  le  bœuf. 

Patentes  ne  tentes  emulari. 

(Phèdre.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

On  n'  rattind  wère  li  carnaval 
Po  s'  dimostrer  çou  qu'on  n'est  nin, 
Les  visège  sont  pus  fax  qu'  les  gins, 
Dépôye  les  palà  jusqu'ès  l'halle, 
On  vout  peter  pus  haut  qui  l'cou, 
C'est -sl-ineèvèye  à  v'fér  paou. 

(Renard.  Math.  Laembergh.  18i3.) 

Li  monde  ridohe  di  gins  qui  leu  sotte  gloire  Iroûbelle. 
Si  bin  q'ui  fesse,  on  veut  qui  c'est  ji  voux  ji  n'poux. 
Et  tôt  volant  peter  pus  haut  qu'leu  cou, 

I  vèyet  vite  clér  es  leu  hielle. 
(Baillei'X.  Li  raine  qui  vout  s'fer  ossi  grosse  qui  Vtorat.  1831.) 

Rinoyîz  les  sottrèye  qui  v's  ont  fait  toiîrner  l'tiesse. 
Peler  pus  haut  qui  s' cou,  c'est  s' fer  passer  po  'ne  biesse. 

(Thiry.  lue  cope  di  Grandiveux.  1839.) 

Lu  grandeur  est  si  près  dé  l'chute, 
tju'one  astohèye  y  mène  d'on  côp  ; 
Cubî  "nne-a-ti  qui  fet  l'culbule 
Pac'  qu'i  volet  peler  trop  haut. 

(N.  Poulet.  Li  chèrawe  et  V locomotive.  Faufe.  18G2.) 

I  n'faut  jamais  v'iu  peter  pus  haut  qui  s'cu. 

1  gn'a  in  vi  proverbe  que  nos  d'vons  toudi  coire. 
Le  v'ci  :   chaque  coup  qu'on  vout,  quand  on-z-est  asset  sot, 
Péter  pus  haut  que  l'eu,  on  fait  in  Irù  dins  s'dos. 

(L.  Bernus.  Vguernouye  éièt  l'bou.  Faufe.  1873.) 
MoNS.  Enne  pètez  jamais  pus  haut  qu'  vos  avez  l'tro,  vos  en  friez  un  à  vos  dos. 
(MoLTRiEix.  Des  uouvieaux  conte  dé  quic.  1830.) 

Var.  Mons.  I  fait  pus  d'fumier  qu'i  n'a  dé  stragne. 

Var.  Tournai.  Faire  catieau  belle  moule.  —  Eblouir  le  monde  par  de  belles 
apparences,  souvent  trompeuses. 

SoiGNiES.  N'cantez  jamais  pus  haut  qu'el  Irô. 


Verviers. 


Nahur. 
Charleroi. 


25G 


JoDOiCNE.  Qui  vont  peter  pe  haut  que  s'cue  s'fail  on  trau  es  dos. 

GivET.  Faut  d'inùret 

C  qui  r  bon  Diet 
Nos  a  fet. 
L'  cia  qui  vôret 
Ptitct 
*  Pus  haut 

Qu'i  n'faut 
Poret 
Bin  s'  fet 
In  trô 
Din  l'dôs. 
(SOUET.  Li  guernouije  qui  vu  s'fer  aussi  grosse  qu'iu  bou.  Faufe.  -1863.) 

Prov.  Languedoc.  Voou  pcta  pus  naou  qe  lou  ki... 

{Revue  des  langues  romanes.  4881.) 

907.  N'aveûr  ni  cou  ni  liesse. 

LïTT.  N'avoir  ni  cul  ni  tête. 

Se  dit  d'un  discours  décousu,  d'une  chose  mal  faite,  d'une 
affaire  mal  conduite. 

Cf.  Le  début  de  l'épître  aux  Pisons  d'Horace. 
Cité  par  Forir.  Dic(. 

De  roi,  qwand  on-z-a  fait  les  fiesse, 

N's  avans  vèyou 
Quéquès  pasquèye  sins  cou  ni  tiesse 

Vini  âjoû. 

(L.  BUCHE.  Chanson.  1860.) 

Quî  hoûte  ses  conte  sins  cou  ni  tiesse 
S'i  n'est  nin  sùti,  toûne  à  biesse. 

(GÉRARD.  Li  macrai  crèyou.  Satire.  4890,) 

JALHAY.  ThIODÔR. 

Quu  voloz-v'  quuj'  chante  ?  Ju  n'sés  qu'tos  vis  ravion,  des  pasquée  qui  n'ont  ni 
cou  ni  liesse,  mais  qui  fiet  quéque  lie  rire  des  sot. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  8.  1861.) 

Namur.  On  dit  l'chanson  bin  wère  hogniesse. 

C'est  comme  on  vout,  on  'nn6s  convint, 
On  dit  qu'elle  n'a  ni  eu  ni  tiesse, 
Mais  po  do  chose...  qu'i  'n  nés  manque  nin. 

(WéROTTE.  Délie  pichatle  et  do  stron.  Ch.  1867,  ¥  éd.) 

MoNS.  Si  j'n'avois  rié  à  dire  ej'  vos  imberlificotrois  avet  'ne  ribanbcUe  Aé  conte 
dé  quié  qui  n'ont  ni  eu  ni  tiette. 

(MOUTRIEUX.  Des  nouvieaux  conte  dé  quié.  1850.) 

Var.  Mons.  I  vos  mettent-té  la  des  belles  phrase,  au  cul  de  l'eune  l'aute,  qui  n'ont 
ni  seins'  ni  coron. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1846  ) 


—  ^257  — 

Conte. 

N'avoir  ni  cul  ni  tète  esl  un  dicton  connu, 

Fort  usiti^  soit  qu'on  ijadiiie, 

Soit  qu'on  l'éde  a  riunneur  chagrine  ; 

J  en  ai  retrouvé  l'origine 

Dans  un  livre  assez  saugrenu. 

Jadis  un  comte  de  Tufière, 

La  tête  haute  et  la  démarche  fière, 

Très  occupé  de  ses  ayeux, 

Croyant  éblouir  tous  les  yeux, 

Étalait  sa  magnificence  ; 
Puis,  comme  un  parvenu,  parlait  de  ses  châteaux 

Et  du  respect  qu'à  ses  vassaux 

Inspirait  toujours  sa  présence. 
«  Nul  près  de  moi,  dit-il,  n'oserait  concevoir 

L'insolent  projet  de  s'asseoir, 
De  se  couvrir,  tant  de  la  bienséance, 

Chacun  observe  le  devoir.  » 
Maître  Lubin,  témoin  de  la  harangue, 

Sur  sa  chaise  se  balançant 

Et  sous  son  feutre  s'abritant. 

S'écria  sans  tourner  sa  langue. 

Mais  d'un  ton  quelque  peu  railleur  : 

«   Eh  quoi,  vraiment,  c'est  par  trop  biite  ; 

»  Si  je  vous  comprends,  monseigneur, 

»   Ces  gens  n'ont  donc  ni  cul  ni  tète.  » 

(Le  baron  De  Stassart.  Publié  en  i844'.) 

908.  Meltez-ii  ou  sèche  à  cou,  i  chéyeret  foù. 
LiTT.  Mettez-lui  un  sac  au  derrière,  il  chiera  dehors. 
Il  n'a  jamais  su  garder  le  souvenir  d'un  bienfait. 

Li  rik'nohance,  mi  fi,  li  rik'nohance  !  —  Mettez-li  on  sèche  â  cou,  i  chèyerel 
foù.  (L.  C.) 

JoDOiGNE.  On  lî  boutrol  one  banse  à  s'cue  que  chirol  co  foù. 

909.  C'est  eu  tout  nu  et  manche  parèye.  (Mons.) 
LiTT.  C'est  un  cul  tout  nu  et  des  manches  semblables. 
C'est  un  homme  pauviT,  misérable  qui  t'ait  piti^^. 

MoNS.  Si  nos  aute  nos  étions  riche  à  s'façon  et  qu'nous  vourions  régler  nos 
compte  avec  tout  un  chacun,  on  poudroit  bé  dire  quand  nos  passons  dins  les  rue  : 
argaerd  c't-i  là...  c'est  eu  tout  nu  et  manche  parèye. 

(Letei.lier.  Arrnonaiiiie  de  )loii.<i.  1884.) 

910.  Allez  gretter  vosse  cou  et  magnî  les  liaveûre. 

LiTT.  Allez  gratter  votre  cul  et  manger  les  raclures. 
Allez  vous  promener. 

911.  Avu  l'cou  i)lein  d' dette. 

l.iTT.  Avoir  le  cul  plein  de  dettes. 

Être  criblé  de  dettes  ;  être  un  panier  percé. 

Variante.  C'csl-st-on  làge  boyaî  et  on  cou  plein  d'  dette. 

17 


—  258  — 

LiTT.  C'est  un  large  boyau  et  un  cul  plein  de  dettes. 
Il  a  des  goûts  dispendieux,  tout  misérable  qu'il  est. 
Cité  par  FoRiR.  Ihci. 
Basse-Allemagne.  —  VoU  Schulden  sitzen. 

91^2.  l  s'a  levé  l'  cou  d'vant. 

LiTT.  Il  s'est  levé  le  cul  devant. 

N'être   pas  de  bonne  humeur  en   se   levant   et  durant   la 
journée.  (Liïtré.) 

Pr.  IV.  —  Il  s'est  levé  le  cul  le  premier. 

Il  a  vu  son  cul  en  se  levant. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  -1640.) 

Namur.   Ah  ça!  aujourcrhu  ji  m'sos  lové  l'cul  d'vanl,  ossi  ji  sos  quinquicu, 
grigiieux.  [La  Marmite,  ^^L-mWa.  1890.J 

MoNS.  Allier  il  etoi  co  d' bonne  himeûr,  que  du  contraire,  aujord'hui,  je  n'sé  nié 
s'i  s'a  levé  l'eu  par  devant,  mé  il  est  d'enne  himeùr  massacrante. 

{Arm.  dé  Mom.  4880.) 

918.  1  vorît  hèrer  tôt  1'  monde  es  leu  cou. 

LiTT.  Ils  voudraient  fourrer  tout  le  monde  dans  leur  cul. 
Ils  voudraient  dominer,  avoir  tout  le  monde  à  leur  ordre, 
voir  toujours  suivre  leurs  avis. 

914.  1  fât  deux  cou  d' sèche  po  fer  one  besace. 

(Stayelot.) 

LiTT.  il  l'aul  deux  culs  (fonds)  de  sac  pour  faire  une  besace. 

a  Spot  stavelotin  qui  vent  dire  :  Il  faut  deuxmalmédiens  pour 
«  faire  un  stavelotin.  Nous  n'avons  pu  découvrir  si  ce  proverbe 
«  est  de  date  récente  ou  ancienne,  et  il  peut  donner  lieu  à 
«  plusieurs  significations  selon  sa  date  d'origine.  » 

(Armonac  wallon  do  V  samènc.  1885.) 

91  D.     Poquoi  n' jâs'reut-on  nin  d'  cou, 
On  va  bin  à  messe  avou  ? 

LiTT,       PouiT(uoi  ne  i)arlerait-on  pas  de  cul. 

On  va  bien  à  la  messe  avec? 
Expression  que  l'on  emploie  pour  s'excuser  d'avoir  conté  une 
historiette  léLièrement  scabreuse. 

CULOTTE. 

916.  C'est-st-on  crâs  coud'châsse. 

LiTT.  C'est  une  culotte  grasse. 

Se  dit  d'un  homme  qui  ne  mène  pas  grand  train  relativement 


—  259  — 

à   sa  fortune,    qui   ne    renouvelle   ni   ses   vêtements  ni   son 
mobilier. 

Tos  les  cis  qu'ont  des  crûs  coud'châsse, 
Ni  savet  k'niint  passer  leu  linips. 

(Dehin.  Les  bo7i.s  buveu.  1843.) 

917.  I  n'  iàt  nin  sèclil  s'  coud'châsse  pus  haut 
qu  ses  hanche. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  tirer  ses  culottes  plus  haut  que  ses 
hanches. 

Il  ne  faut  pas  faire  plus  d'embarras  que  les  choses  ne  le 
comportent. 

MoNTEGNÉE.  On  n'  (Jivreul  màye  séchî  s'  coud'châsse  pus  haut  qu'on  a 
les  honche. 

(Demoulin.  ./i  vouxji  n'poiix.  Vaudeville.  H,  se.  2.  18o8.) 

Hoijye,  àx  èfanl,  c'esl-sl-ès  français  qu'on  jàse, 
Les  p'tils  borgeus  s'ennôs  mèlet  ossi, 
Pus  haut  qu'  les  hanche,  on  vout  séchî  s' coud'châsse, 
Et  l'vî  wallon  s'abaslàrdèye  ainsi. 

(Demoulin.  Nosse  vi  wallon.  Ch.  18C0.) 

918.  I  tap'reuL  s'  coud'châsse  so  1'  feu  ([u'i  n' 
broùrreut  nin. 

LiTT.  Il  jetterait  ses  culottes  sur  le  feu  qu'elles  ne  brûleraient 
pas. 

Il  a  tous  les  bonheurs.  —  Tout  lui  réussit. 

Qui  volez-v'?  sont  d'ces  aoureux, 

Qwand  n'àrin  qu'ine  clicolte, 
Qui  lap'rin  leu  coud'châsse  so  l'feu. 

Et  si  n'  broùl'reut  nin  "ne  gotte. 

{Jubilé  du  père  Janvier.  <787.) 

Vabiante.  Vos  v'  mellrî/.  l' cou  so  1'  feu  qui  v'  n'àriz  nin  'ne  cloquelle. 

(Thiry.  Inc  cope  (li  (jntndii'eu.T.  1859.) 

919.  Il  a  chi  es  s'  coud'châsse. 
LiTT.  Il  a  chié  dans  ses  culottes. 

Il  a  eu  une  grande  peur.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Il  a  fait  dans  ses  chausses. 

On  dit  aussi  :  Il  a  hapé  'ne  hatte,  il  a  hapé  'ne  vctte  .sogne. 
Cité  par  Forir.  iJict. 

Hasse-Alll:magne.  —  In  die  Ilosen  sclieissen  (de  frayeur). 
—  Er  bat  die  Hosen  vol!. 

920.  Poirier  l' coud'châsse. 
LiTT.  Porter  les  culottes. 


260 


Se  dit  d'une  femme  qui  est  plus  maîtresse  dans  la  maison 
que  son  mari.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Cette  femme  porte  les  chausses,  les  culottes. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

CHœuR. 

Li  pauve  GolzA  a-t-aou  hàsse, 
I  n'fait  nin  bon  d'avu  à  fer 
A  des  feumine  qui  poirtel  1'  coud'chàsse. 
(De  Harlez,  De  Cartier,  etc.  Li  voyège  di  Chnudfontaine.  II,  se.  i'"'-'.  i757.) 

Nenni,  merci,  màgré  qui  ji  seûye  d'ine  bonne  passe, 

I  n'mi  convairel  màye  qui  m'feumme  poile  li  coud'chàsse. 

(Dehin.  Vhoiume  inte  deux  âge  et  ses  deux  maîtresse.  Fâve.  1851.) 

Crespin. 

Lève,  elle  va  co  v'ni  braire  et  fer  trôner  l' mohonne, 
Min  ji  n'a  nin  paou,  c'est  mi  qu'poite  li  maronne. 

(Ed.  Remouchamps.  Li  sdv'tt.  I,  se.  l'«.  4838.) 

Jalhay.  Garite. 

Mi  pauve  Gèrà  m"  hoùtéve  todi,  i  saveut  qu'j'csteus  capàbe  do  poirier  1' cou 
d' châsse. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroclie.  II,  .se.  15.  d8G2.) 

NiVELi.ES.   Pus  d'  mille  an  despus  l' sainte,  el  preumière  des  patronne, 
C'esl-st-enne  Dame  k  Nivelles  qu'a  pourté  les  maronne. 

(Renard.  Les  avent.  de  Jean  d'  Nivelles.  Gh.  I,  3"  éd.  1890.) 

Lii.LE.  Infin,  tout  d'puis  ch'  timps  là,  Charlotte, 

Din  sin  menache  porte  les  culotte. 
Quand  eune  fo  elle  a  commandé, 
Sin  pauvre  homme  n'ose  pas  roborer  (murmurer). 

(Vermesse.  La  singulière  séparation.  Gh.  1861.) 

GiVET.  Mais  pou  ça  fallet-z-avoi  des  maronne. 

Et  c'  n'est  nin  li  qui  les  pouartet  à  nosse  maujonne. 

(SOHET.  Lifaufe  di  Cendrillon.  1855.) 

Basse-Allemagne.  —  Sie  hat  Hosen  an. 

CURE. 

9^21.  C'est  qu'as-se  keûre,  li  cusin  d'qu'as-se  foute. 

LiTT.  C'est  qu'as-tu  à  voir  là  dedans  (qu'en  as-tu  cure),  le 
cousin  de  qu'est-ce  que  cela  te  fait. 

Peu  t'importe.  —  Tu  n'as  ni  chaud  ni  froid  là-dedans.  —  Ne 
te  fais  pas  du  mauvais  sang  pour  cela. 

CURÉ. 

922.  Qwand  i  ploût  so  F  caré,  i  gotle  so  1'  mârlî. 
LiTT.  Quand  il  pleut  sur  le  curé,  il  dégoutte  sur  le  clerc 
(sacri.-tain,  marguilier). 

Quand  le  maître  récolte,  les  valets  gagnent.  Quand  la  fortune 


—  261  — 

sourit  à   un    homme    généreux,    ceux    qui  l'entourent    s'en 
ressentent. 

Cité  par  Forir.  Uict. 

Les  mag;asin  s'  viidet,  li  case  à  k'mande  est  pleinte  ; 
C'est  clTovrège  à  pleins  bresse,  i  n' sàreiit  aller  mi, 
Et  s'i  ploùt  so  l'curc?,  ciette,  i  ^olle  so  l'màrlî. 

(Thiry.  Moin  di  Voctroi.  -1800.) 

Crahay. 

Variante.  Plaîve  so  1'  curé,  gotte  so  r  mârlî, 

Dit-st-on  vî  spot  des  tiesse  di  hoye, 
J'esteus  d'vins  {'lavasse  et  l'broûlî. 
Jusse  à  mouinint  qu'  vos  fiz  gogoyc. 
VoIà  li  spot  qu'  fait  1'  coupèrou, 
J'a  tote  i'aîwe  et  vos  avez  l' gotte. 
Qui  r  màriî  faisse  tôt  ç.ou  qu'i  vout 
C'est  r  curé  qu'a  todi  l's  atote. 

(Alcide  Pryor.  Li  jama  des  qwatte  nation.  18G9.) 

Marche.  S'ploût  so  l'curet,  tant  mieux  por  li. 

Alors  i  gottret  sus  Tmaurli. 

(Alexandre.  P'tit  covii.  1860.) 

JODOIGNE.  Quand  i  ploùt  seu  Tcueré,  i  gotte  seu  l' clerc. 

923.Qwand  l'curé  fait  l'aoïisse,  li  mârlî  mèh'nêye. 

LiTT.  Quand  le  cui^é  lait  la  moisson,  le  mai'guillei^  glane. 

Quand  une  personne  gagne  beaucoup,  ceux  qui  l'ont  aidée 
en  profitent. 

On  dit  aussi  :  Li  curé  fait  l'aousse  et  l'màrlî  mèh'nêye. 

Lorsque  le  cure  a  pris  tout  ce  qui  lui  vient,  il  ne  reste  plus 
grand'chose.  (Remacle.  Dici.) 

924.  Wârder  po  l'bèchèye  de  curé. 

LiTT.  Garder  pour  la  bouchée  du  curé. 

Réserver  pour  la  fin  quelque  chose  de  très  bon,  d'agréable. 

(ACAD.) 

Loc.  prov.  Garder  pour  la  bonne  bouche. 
Cité  par  Forir.  Dici . 

92o.  L' curé  a  'ne  hamaîte  (li  a  cassé  1'  bresse). 
LiTT.  Le  curé  a  une  barre  de  fer  (lui  a  cassé  le  bras). 
Se  dit  d'une  femme  à  qui  le  mariage  a  ôté  son  énergie,  son 
activité. 

92(î.  Qwand  i  s' fret  curé,  ji  :;èret  èvèque.  (Namur.) 

LiTT.  Quand  il  se  fera  curé,  je  serai  évéque. 
Se  dit  d'une  personne  dont  les  principes  religieux  sont  fort 
larges,  de  peu  de  foi. 


—  262  — 

9:27.  Fer  rciiré  el  V  màrli. 

LiTT.  Faire  le  curé  et  le  clerc. 
Faire  les  demandes  et  les  réponses. 

928.  Vàt  mî  esse  curé  qu'vicaîre. 
LiTT.  Il  vaut  mieux  être  curé  que  vicaire. 

Il  est  préférable  d'être  supérieur  à  une  autre,  il  vaut  mieux 
occuper  une  position  plus  élevée  quand  on  a  le  choix. 

Baiwir. 

J'aveus  (lil  bonne  nute  âx  affaire, 

J'aveus  jurd  di  m' fini  keu, 

Mais  vâl  ml  d'esse  curé  qu'  vicaire. 

Vàt  mi  d'esse  on  riche  qu'on  pauve  gueux. 

(Alcide  PryoR.  On  dragon  qui  fait  des  madame.  18G7.) 

DAM  i\  AELE. 

929.  Tôt  çou  qu'est  damnâbe, 
N'est  nin  pindâbe. 

LiTT.  Tout  ce  qui  est  damnable, 

N'est  pas  pendable 
Tel  (jui  mérite  un  blâme  ne  mérite  pas  une  peine. 
Pr.  tV.  —  Tous  cas  ne  sont  pas  pendables. 

DANGER. 

9»^0.  Passé  dangî, 

Saint  roûvî. 

LiTT.  Le  danger  passé, 

Le  saint  est  oublié. 

Pr.  fr.  —  Danger  passé,  saint  moqué.  —  Péril  passé, 
promesses  oubliées. 

a  Ces  proverbes  t'ont  allusion  aux  vœux  qu'on  fait  sur  mer, 
pondant  la  tempête,  et  qu'on  oublie  d'ordinaire  aussitôt  qu'on 
est  arrivé  au  port.  »  (Qiutaru.  Oici.  desprov.  \Wi.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Oh  !  combien  le  pdril  enrichirait  les  Dieux, 

Si  nous  nous  souvenions  des  vœux  qu'il  nous  faif  faire  ; 

Mais  le  péril  passé,  l'on  ne  se  souvient  guère 

De  ce  qu'on  a  promis  aux  cieux. 

(Lafoktaink.  Fable  12.  Liv.  IX.) 
Variante.  I*o  'ne  pône  ou  'ne  maladèye,  on  fait  des  dette  d'honneur, 

On  i)roniettc  à  s' curé,  et  co  pus  à  s'  docteur. 

Si  Diew,  ou  bin  les  saint,  avoyîl  leu  houssî, 

Les  trcus  qwàrt,  jusqu'à  1'  paî,  i  fàreut  les  d'hàssî. 

(Aug.  HoCK.  Promesse,  di  naiveu.  Conte.  1859.) 
Italie.  Scampato  il  pericolo,  gabbalo  il  santo. 


—  263  - 
DANSE. 

931.  Avu  'ne  danse. 

LiTT.  Avoir  une  danse. 
S'attirer  une  méchante  affaire. 

Tatknnk. 
Ji  v'  dis  qu'  vos  n'àrez  rin. 
Crespin. 

Eh  biii  !  vos  àrez  'ne  danse. 
(Remouchamps.  Lisav'tl.  4ct.  I,  se.  5.  ■ISoS.) 

93^.       I  n'y  a  pont  d'  pus  belle  danse, 

Qui  quand  tôt  l' monde  danse.  (Namuh.) 

LiTT.         Il  n'y  a  point  de  plus  belle  danse 
Que  quand  tout  le  monde  danse. 
Le  goû!  de  tous  pour  un  même  plaisir  en  montre  le  charme. 

DÉCOUVRIR. 

933.  P'tit-z-à  p'tit  tout  s'dèniuche.  (Tournai.) 

LiTT.  Petit  à  petit  tout  se  découvre. 

Se  dit  d'une  chose  qu'on  finit  toujours  par  découvrir.  Les 
soins  que  l'on  prend  pour  cacher  une  chose,  sont  souvent 
inutiles. 

Lariguette. 

Ch'est  pou  r  mcquaine  Dupuehe, 

Vous  savez,  p'iit-z-à  p'tit,  comme  on  dit  tout  s'dèmuche. 
(Pierre  Brunehaiilt  (Leroy).  A  V  tapaffrie  des  collet  rouchc.  Se.  S.  1891.) 

DÉDIRE. 

934.  1  vaut  inia  s'  disdire  qui  s'  distrûre.  (Namur.) 

LiTT.  Il  vaut  mieux  se  dédire  que  se  détruire. 

Il  ne  faut  pas  vouloir  laire  opiniâtrement  une  chose  dont  on 
sait  qu'on  ne  recueillera  que  du  dommage;  l'entêtement  a 
presque  toujours  des  suites  fâcheuses. 

DEMANDE. 

935.  Telle  di mande,  telle  response 

LiTT.  Telle  demande,  telle  réponse. 

Celui  qui  fait  une  demande  sotte,  ridicule,  impertinente, 
s'attire  ordinairement  une  raillerie,  une  réponse  peu  agréable. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  --  Telle  demande,  telle  réponse.  —  A  sotte  demande, 
sotte  réponse.  —  A  folle  demande,  point  de  réponse. 
Cité  par  Foam.  Dict . 


264 


Nami'r.  a  sotte  (lemamic,  pont  d'responsc. 

Saint-Quentin.        A  d' soties  d'mannesy  gn'i  ia  pau  d' réponse. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes,  -1840.) 

Basse-Allemagne.  —  Wie  die  Frage,  so  die  Antwort.  — 
Wie  man  in  den  AVald  hinein  ruft,  ruft  es  wieder  heraus. 

DEMANDER. 

936.  Ni  d'mande  nin  ci  qu'i  l'  rifus'reûve.  (Namur.) 
Lut.  Ne  demande  pas  ce  qu'on  te  refusera. 
Ne  t'expose  pas  à  un  refus,  à  un  afî'ront. 

DÉMANGEAISON. 

987.  Chompe  de  eue,  signe  de  caur.  (Jodo[Gne.) 

LiTT.  Démangeaison  de  cul,  signe  d'argent. 
Consolation  qu'on  adresse  à  la  personne  qui  se  plaint  de 
démangeaisons  au  derrière. 

DÉMANGER. 

938.  Wisse  qui  hagne,  on  grette. 

LiTT.  Où  il  démange,  on  gratte. 
Il  faut  appliquer  le  remède  au  mal. 

Pr.fr.  —  Gratter  quelqu'un  où  il  lui  démange;  le  prendre 
par  son  faible,  entrer  dans  son  sentiment,  ses  vues.  (Littré  ) 
JoDOiGNE.  Faut  s'gretter  ou  c'que  cliampeu. 

GiVET.  Vo  m' diro  co, 

Qu'chaquin  sint  s'mo 
Et  s' grette  ou  c'qui  ça  l'chopî. 

(SOHET.  Lifaufc  di  Ceudrillou.  185S.) 

DENT. 

939.  Il  a  les  dintlong. 

LiTT.  Il  a  les  dents  longues  (agacées). 

Être  affamé  après  avoir  été  longtemps  sans  manger.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Avoir  les  dents  bien  longues. 

9i0.  Qwand  on  lî  d'naande  ine  saquoi,  on  lî  raye 
on  dint. 

LiTT.  Quand  on  lui  demande  une  chose,  on  lui  arrache  une 
dent. 

Se  dit  d'une  personne  qui  ne  donne  qu'avec  peine.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Quand  on  lui  demande  quelque  chose,  il  semble 
qu'on  lui  arrache  une  dent. 

Cité  par  Forir,  Dici. 


—  265 

9il.  L'prumier  dintqiiï  li  queira  sera  s' mâchoire. 

(MONS.) 
LiTT.  La  première  dent  qui  lui  tombera  sera  sa  mâchoire. 
Il  touche  à  sa  fin. 

MoNS.   Non,  non,  Lalie,  c"  n'est  nie  n' fluxion,  c'est  co  pus  pire;  j'erois,  si  c'a 
continue,  que  l'prumier  dent  qui  m' queira  sera  m' mâchoire. 

(Letellier.  Arm.  dé  Mous.  I808.) 

Pr.  fr.  —  Avoir  la  mort  entre  les  dents. 

Picardie,  tl  première  deint  qui  l'y  kero,  cha  sero  s' raakoire.  —  L' première 
mouke  qui  vous  piquero,  cha  sero  on  taon. 

(CoRBLET.  Glossaire.  1851.) 

Basse- Allemagne.  —  Der  Tod  sitzt  ihm  auf  den  Lippen. 

942.  Alagnî  sos  tos  ses  dint. 
ijTT.  Manger  sur  toutes  ses  dents. 
Manger  excessivement.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —   Manger  comme  quatre.  —    Manger   comme   un 
chancre. 

Là,  nosse  kimére  flottéve  es  boùre, 
Magnant  so  tos  ses  dint  et  vikant  so  blanc  peus, 
Vol-ri-là  crasse  et  grosse  et  si  ronde  qu'ine  vraie  tour. 
(Fr.  Bailleux.  IA  marcotte  qu'avent  moussi  dhnns  on  grini.  Fàve.   1852.) 

Namur.  One  èfant  qu'est  todi  sache, 

Pus  taurd,  qwand  i  pidret  d' l'ache, 
1  mougn"ret  d'sus  tos  ses  dint. 
(Wérotte.  Choix  de  chansons  wallomies.  1860,  3''  éd.) 

943.  Jône  dint,  jône  parint. 

LiTT.  Jeune  dent,  jeune  parent. 

Quand  les  premières  dents  poussent  à  un  enfant,  il  ne  tarde 
guère  à  avoir  frère  ou  sœur. 
Cité  par  Forir.  fUct. 

944.  Rire  de  gros  des  dinl. 

LiTT.  Rire  du  gros  des  dents. 

S'efforcer  de  rire  quoiqu'on  n'en  ait  nulle  envie.  (Agad.) 
Pr.  fr.  -  Rire  du  bout  des  dents.  —  Rire  du  bout  des  lèvres. 
—  Rire  jaune. 

Var.  Verviers.  Rire  de  l'bèchette  des  dint. 


Cité  par  Forir.  hict. 

Ll  SORGENT. 


(Remacle.  Diciionn.) 


Tos  les  grands  capitaine 
Ont  passé  po  ses  main  (di  l'amor)  ; 
Qwand  i  jowe  ses  dondaine, 
On  rèye  dé  gros  des  dint. 

(Henault.  Li  malignant.  II,  se.  9.  1789.) 


—  266  — 

ClÉMEN'CE. 

h\'/\7.,  es  mi  môme,  si  j'deus  rire? 

COLSON  (à  part.) 

Torate,  torate,  ji  va  v'fer  rire  dô  gros  des  dint. 

(A.  DmxnEF.  Pus  vt^pus  sot.  Se.  9.  1862.) 

Thérèse. 

•     Puis,  c'est  mi  qu'on  battreut  comme  on  chin  à  matin, 
Et  qui  j'riereut  à  1'  nute?  Sia,  des  gros  des  dint. 

(DD.  Salme.  Inefeummc  qu'etiiiès  vdt  deux.  Se.  14.  1876.) 

Makciie.  Pas'qui  môme  aux  diverlich'mint, 

Gn'a  qui  riet  do  gros  des  dint. 

(Alexandre.  P'tU  corti.  1860.) 
Tournai.  Rire  à  gros  dint. 

945.  Blanc  comme  on  dint  cl' tien.  (Tournai.) 

LiTT.  Blanc  comme  une  dent  de  chien. 
D'une  extrême  blancheur. 

a  Se  dit  surtout  en  parlant  du   linge,  c'est  un  propos  de 
01  buresse  »  vantant  sa  lessive. 

Tournai.  (Prov.  contr.)      Blanc  comme  l'as  de  pique. 

946.  Parler  tôt  foù  des  dint. 
LiTT.  Parler  tout  hors  des  dents. 
Dire  tout  ce  qu'on  a  sur  le  cœur. 

Pr.  fr.  —  Parler  des  fçrosses  dents  à  quelqu'un. 
Réprimander  quelqu'un,  lui  parler  avec  menaces.  (A.CAD.) 
Cité  par  Forir.  Dici. 

PiRON. 

Explique-lu,  parole  foù  des  dint, 
Ji  n' veus  nolle  pâle  qu'  tos  bravés  gins. 
{Pasquèije  inle  Houbietet  Piroii  so  les  trouble  de  l' magistrature  en  1677.  1684.) 

et  illusse  cafu  ni  l'espèche  nin 
Dé  l's  y  parler  loi  foû  des  dînl. 
(J.-J.  Hanson.  Ixs  lusiades  es  vers  lUjeois.  Ch.  IV.  1783.) 

Jacob. 
D'abord,  vos,  qu'av'  à  dire,  jàsez  lot  foù  des  dint. 

(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrd.  II,  se.  15.  1875.) 

Namur.  On  poul  d'viser  toi  foû  des  dint 

Des  affaire  dé  l'palrie. 

{Chanson  patriotique  nnniuroise  tote  novelle.  1790.) 

Var.  Tournai.  Avoir  tous  ses  dint. 

DERNIER. 

947.  C'est  l'dièrain 

Qu'a  1'  mèyeu  haring. 
LiTT.  C'est  le  dernier  qui  a  le  meilleur  liareng. 


—  2G7  — 

C'est  au  fond  du  plat  que  se  trouve  la  portion  la  mieux 
trempée  dans  la  sauce. 

Ce  qui  reste  après  le  choix  des  autres  est  souvent  le  meil- 
leur. (LiTTRÉ.) 

Pr.  fr.  —  Au  dernier  les  bons. 

Ferrières.  C'est  r  prumî 

Qu'a  les  côp  d'  pîd. 

C'est  rdièrain 
Qu'a  les  bons  grain. 

948.  Li  dièrain  n'  chûsihe  nin  s' coi. 

LiTT.  Le  dernier  ne  choisit  pas  son  poste. 
Proverbe  de  houillerie.   Les    mineurs  tirent  leur   poste  au 
sort. 

(St.  Bûrmans.  Voc.  des  houilleurs  liérjeoix.  1862.) 

DESCENDRE. 

949.  Dihinde  so  Berdoye. 
LiTT.  Descendre  vers  Berdoye. 

Se  dit  des  noyés  (aruot  des  bateliers  de  la  Meuse). 

Berdoye  {Bee(ideu /)  Village  situé  sur  le  bord  de  la  Meuse,  non  loin  de 
Ruremonde,  et  par  consfjfiuent  en  aval  de  Liège. 

DÉSIR. 

950.  D'sîr  dé  nounette, 
Rancune  dé  priette, 
Jalous'rie  d'méd'cin, 
Sal'té  d'capiichin.  (MoNS.) 

LiTT.  Désir  de  nonnette, 

Rancune  de  prêtre, 

Jalousie  de  médecin, 

Saleté  de  capucin, 
Sont   toutes   choses    qu'on    ne   peut   corriger,    elles    sont 
inhérentes  à  la  profession. 

DESSUS. 

9ol.  Çou  qu'est  d'so,  n'est  nin  d'seûr. 
LiTT.  Ce  qui  est  dessous,  n'est  pas  dessus. 
Cette  chose  est  ainsi,  et  ne  peut  être  autrement.   —  Cette 
chose  est  là,  et  ne  peut  être  ailleurs. 

952.  Raviser  Chariot  :  es  1'  plècr  de  \'cv  (\cs 
àddiseiir,  ter  des  âdd iso. 

LiTT.  Ressembler  à  Chariot:  au  lieu  de  rester  au-dessus,  se 
mettre  au-dessous  (de  ses  affaires). 


-  268  — 

Marcher  à  sa  ruine  en  absorbant  son  capital  au  lieu  de 
l'augmenter.  —  Faire  du  délicit  au  lieu  de  boni.  —  Faire  une 
soustraction  où  il  faudrait  faire  une  addition. 

Les  gins  à  qui  il  aveul  vindou  n'cl  payît  nin,  min  turlos  H  promeUît  pus  d'boûre 
qui  d'pan,  si  bin  qu'i  ravisa  vite  Chariot;  es  1* pièce  de  fer  des  addiseûr,  i  fa 
des  addiso. 

(Nie.  Defrecheux.  Ine  jdbe  di  spot.  d8o9.) 

DETTE. 

953.  G'  n'est  nî  avou  des  dette  qu'on  fait  boùre 
lé  coq'moir.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Ce  n'est  pas  avec  des  dettes  qu'on  fait  bouillir 
le  coquemar. 

Avertissement  donné  aux  personnes  qui  ne  payent  pas  leurs 
fournisseurs. 

954.  Qui  paye  ses  dette  s'arichihe. 

LiTT.  Qui  paie  ses  dettes  s'enrichit. 

Il  ne  faut  pas  laisser  s'accumuler  trop  d'obligations 
pécuniaires. 

Pr.  fr.  —  Qui  s'acquitte  s'enrichit. 

Qui  se  acquitte  ne  se  encumbre. 

(Proverbe  del  vilain.  XIV^  siècle.) 

Cité  par  Forir.  I)lct. 

DEUIL. 

955.  Poirier  l'doû  di  s'bouwresse. 

LiTT.  Porter  le  deuil  de  sa  blanchisseuse. 

Se  dit  quand  on  porte  du  linge  sale. 

Pr.  fr.  —  Il  porte  le  deuil  de  sa  blanchisseuse. 

(Leroux.  Dict.  comique.  -1752.) 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Ses  bague  estlt  à  pus  sovintà  brimbàde  et  s'  poirtévc-t-i  jour  et  jamâye  li  doiî  di 
s' bouwresse. 

(G.  Magnée.  Baltrt.  1865.) 

DEUX. 

956.  C'est  comme  deux  et  deux  font  qwatte. 

LiTT.  C'est  comme  deux  et  deux  font  quatre. 

Gela  est  évident.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Cela  est  clair  comme  deux  et  deux  font  quatre. 

Nos  estans  d'flande,  rnainè  papa, 
Et  ossi  sur  (jui  v's  estez  là, 
Ou  bin  qui  deux  et  deux  font  qwatte 
Si  vos  n'nos  aidî  à  pus  ratte. 
(J.-J.  Hanson.  Les  Lusiade  es  vers  ligeois.  Ch.  III.  1783.) 


-   269  — 

Ci  sèret  todi  vraie,  comnio  deux  et  deux  font  qwalte 
Qu'ine  èfani  d'meûre  liaîpieu  si  v'  l'accièvez  d'vins  l'watle. 

(Gérard.  Ou  fameux  med'ciu.  Ch.  1890.) 

957.  Wisse  qui  gn'a  po  deux,  i  gn'a  po  treus. 

LiTT.  Où  il  y  a  pour  deux,  il  y  a  pour  trois. 

Manière  de  parler  proverbiale,  qui  se  dit  quand  on  invite 
quelqu'un  à  Timproviste. 

Basse-Alle.magne.  -  Wo  fiir  zwei  gedeckt  ist,  kann  auch 
der  dritte  mitessen. 

DEVOIR. 

958.  Ni  d'veûr  quax  Wallon  et  âx  Tîhon. 

LiTT.  Ne  devoir  qu'aux  Wallons  et  aux  Flamands. 

Devoir  à  tout  le  monde,  indilTéremment  et  sans  choix. (Acad.) 

Être  noyé  de  dettes,  devoir  au  tiers  et  au  quart. 

Pr.  fr.  —  Devoir  à  Dieu  et  au  monde. 

Ne  devoir  qu'à  deux,  à  Dieu  et  au  monde. 

(OUDlN.  Curioxiiez  françaises.  1610.) 
Vo.s  âriz  bin  volou  vis  meUe  pus  foû  de  l'vôye, 
Ci  fout  assez  por  mi,  ji  in'deril  gn'a  d'I'ognon, 
Yolà  qu'on  k'mince  à  d'veûr  àx  Wallon,  ùx  Tihon. 

(Thiry.  Ine  cope  di grandiveux.  d8o9.) 
Vos-ès  là  onk  qui  deut  màdi  l'joù  qu'on  i'èhala  avou  c'  laid  chàwî,  qui  deut  âx 
flamind,  àx  wallon,  qu'est  nawe  comme  on  sol  doirmant  et  jalolte. 

(DD.  Salme.  Quelle  iromp'rèije.  Ch.  1877.) 

Variante.  Èpronter  des  aidan  à  Tîbî  à  Gàtî  (à  droite  et  à  gauche,  de  toutes 
mains).  (Forir.  IHci.) 

Var.  Malmedy.  I  deut  à  bon  Diu  et  à  ses  saint. 

959.  Si  elle  m'el  divéve,  ji  ii'  iî  qwittreut  nin. 

LiTT.  Si  elle  me  le  devait,  je  ne  Ten  acquitterais  pas. 
Je  m'empresserai  de  me  Taire  donner  ce  qu'elle  m'a  promis 
(souvent  sens  erotique). 

960.  Si  on  li  doit,  on  F  fret;  si  on  ne  11  doit  nin,  on 
ne  F  fret  nin.  (Namuu.) 

LiTT.  Si  on  le  lui  doit,  on  le  fera  ;  si  on  ne  le  lui  doit  pas,  on 
ne  le  fera  pas. 

Se  dit  pour  exprimer  le  doute  qu'une  chose  se  fasse,  (ju'une 
promesse  s'accomplisse  (surtout  en  fait  de  mariage). 

Variante.  Baîwir. 

Ji  m'  moque  di  tes  cup  d'ilnwe,  çou  qui  doit  esse,  sèrel. 

(ÂLCIDE  l'RYOR.  On  dragon  qui  fail  des  mudmne.  1867.) 


270 


DIABLE. 

961.  I  n'est  nin  si  diale  (jn'il  est  neûr. 
LiTT.  Il  n'est  pas  aussi  diable  qu'il  est  noir. 

Cet  homme  n'est  pas  si  méchant  qu'il  le  paraît.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Il  n'est  pas  si  diable  qu'il  est  noir.  —  Il  ne  faut  pas 
se  fier  aux  apparences. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Variante.  I  n'est  nin  si  tlialc  qu'enn'  a  l'air. 

Var.  Marche.    L'ci  qu'est  l'pus  neûr,  on  l'creut  l'piis  mouais. 
On  r  vôyereut  wàrdet  les  pourçaî. 

(Alexandre.  PUit  corti.  1860.) 

962.  Il  a  r  diale  es  1'  poche. 

LiTT.  Il  a  le  diable  dans  la  poche. 
Il  n'a  pas  le  sou.  (_Acad.) 
Pr.  fr.  —  Loger  le  diable  dans  sa  bourse. 
Il  n'a  pas  une  pièce  de  monnaie  ayant  une  croix  pour  chasser 
le  diable. 

Un  homme  n'ayant  plus  ni  crédit,  ni  ressource, 
Et  logeant  le  diable  en  sa  bourse. 

(Lafontaine.  Le  trésor  et  les  deux  hommes.) 

Cf.  St.  Gelais. 

On  alléve  àx  fiesse  di  poroche. 
Rire  et  danser  jusqu'à  matin, 
On  riv'néve  avou  l' diale  es  s' poche. 
Coula  n'  poldve  durer  longtimps. 

(F.  Chaumont.  Li  jonc  manège.  iSGC.) 

Et  les  treus  qwàrl  des  homme  qu'avît  l' boùse  hin  fornèye, 
El  qwittet  r  diale  os  1'  poche,  sins  pus  ni  creux  ni  pèye. 

(G.  Delarge.  Ine  copenne  conte  les  pèk'teux.  1873.) 
Variante.  Baiwir. 

De  r  richesse  à  1'  bribrèye,  j'el  veus,  gn'a  qu'ine  aspagne, 
J'a  r  diale  es  fond  di  m' boûse  et  des  compte  àpayî. 

(Alcide  Pryor.  On  dragon  qui  fait  des  madame.  -18(57.) 
Variante.  Mathîstoffé. 

Pc  r'mette  les  cache  es  fur,  i  fàrei  lî  ach'ter 

On  p'tit  machin  d'.so  1'  Batte,  on  p'tit  michot  d' Sor-Moûse. 

HiNRI. 

AUez-s'  vis  porminer,  i  gn'a  l' diale  qu'est-st-îis  m'  boûse. 

(Toussaint.  Uiriri  et  Daditie.  III,  se.  4.  -187:2.) 

Verviers.  Ça,  qu'on  m' dèye  lodi  çou  qu'on  voul,  lu  ci  qui  s' trouve  là,  avou 
r  diale  es  s' séchai,  i  veut  cl(5r  es  ses  hielie. 

(M.  Pire.  Lu  sodaurt  du  so  les  tris.  Ch.  -1884.) 


-  271  — 

Marche.  Henhiette. 

l*irson  est  bin,  Colas  a  filiale  divins  ses  poche, 
l*i(irais-je  T  sandronette,  ou  les  bonnet  à  floche. 

(Alexandre.  Li  pèchon  iVavril.  \,  se.  ^r*.  1858.) 

Malmedy.  Il  al'diale  es  s' séchai. 

Namlr.  Logî  r  diale  dins  s'  boûse. 

Nivelles.  Avoir  el  diale  dins  s'  bourse. 

963.  Li  diale  chèye  todi  so  1'  pus  gros  hopaî. 

LiTT.  Le  diable  chie  toujours  sur  le  plus  gros  tas. 

Le  bien  vient  à  ceux  qui  en  ont  déjà.  (Acad.)  —  La  fortune 
favorise  toujours  les  personnes  opulentes. 

Pr.  fr.  —  Qui  chapon  mange,  chapon  lui  vient.  —  Le  bien 
cherche  le  bien. 

Quand  une  fortune  vient,  ne  vient  seule. 

(Prov.  communs.  XV^  siècle.) 

Gité  par  Forir.  Dict. 

Ji  m'a  batou  comme  on  bon  patriote, 

J'a  s'tu  blessî,  j"a  ma  tos  mes  ohai, 

Ji  n'dimande  rin  et  n'  poux-je  ni  l'haye  ni  Ttrolle, 

Ca  r  diale  todi  chùye  so  1'  pus  gros  hopaî. 

(Du  VniER.  Li  pantalon  irawé.  -1841,) 

Tatenne. 

Comme  po  l'richcsse,  si  s'trèbouhe  so  l'misére, 
Li  diale  todi  s'accroppe  so  l'gros  hopaî. 

(Willem  et  Bauweks.  Les  toûrciveux.  Se.  îî.  1882.) 

MoNS.  El  diape  kie  toudi  su  les  gros  monciau.\. 

Yak.  Tournai.  Ch'est  toudi  les  grosses  tiète  qui  ont  l'pus  gros  léot. 

Var.  Ferrieres.       C'est  todi  à  pauve  li  bèsèce. 

964.  On  n'sé  wisse  qui  l' diale  fîre  ses  côp. 

LiTT.  On  ne  sait  où  le  diable  porte  ses  coups. 
On  ne  sait  pas  ce  qui  peut  arriver.  Les  hasards  sont  grands  ; 
il  faut,  ou  il  ne  faut  pas  risquer. 
Cité  par  Forir.  Ùici. 

Jaspar  (qu'  a  propos(5  à  Tonton  di  r' mette  si  loyin). 
Avéz-v'  sogne  qui  ji  n'vasse  trop  haut? 

Tonton. 

On  n'sé  wisse  qui  1"  diale  fir  ses  côp. 

(Dehin.  Li  traie  di  maye  18iG.  Oùve  complète.) 

HiNRi. 

Di  quoi,  min,  fré  Crespin,  pinsez-v'  qui  ji  seûye  sô  ? 

Crespin. 

Oh  nenni,  min  on  n'sé  wisse  ijui  l' diale  fîr  ses  côp. 

(Remocciiamps.  Li  sav'it.  I,  se.  \j.  1858.) 


272  — 

Ji  sé  qu'fàreut  tlè  bonheur, 
Eniiès  furent  môme  baîcop 
Pusqu'i  g:n'a  trinte  mèye  numéro, 
Mais  nouk  ni  st',  wisse  qui  l'cliale  fîre  ses  côp. 

(N.  Defrecheux.  On  billet  (Vloi'rèye.  dSCG.) 
FiFINE. 

On  rî'sd  wisse  qui  l'cliale  fîre  ses  côp  ;  d'abord  ji  so  co  belle  et  frisse  assez  po 
plaire  à.\  jônes  homme. 

(Willem  et  Bauwens.  /./  <jalam  d'à  Fifine.  Se.  ii'e.  i882.) 
Jalhay.  Bieth'mé. 

A  c'ste  heure  qui  v's  avoz  vosse  papî,  i  n'fàt  nin  tourniquer,  on  n'set  la  quu 
l'diale  fire  ses  côp. 

(Xhoffer.  Les  deux soroche.  I,  se.  4.  186d.) 

965.  Li  diale  niarèye  si  fèye. 

LiTT.  Le  diable  marie  sa  fille. 

Seditquandil  pleut  et  qu'il  fait  soleil  en  même  temps.  (Acad.) 

Prov.  Le  diable  bat  sa  femme. 

C'est  le  diable  qui  bat  sa  femme  et  qui  marie  .sa  fille. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  4040.) 

CL  QuiTARD.  Dict.,  p.  304. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Jalhay.  D'on  côp  l'poyette  on  l'araalic^e, 

Duso  r  grise  banse  avou  l' coquaî, 
Et  r  diale  es  miton  d'one  nulée 
Marier  s' fée  enne  on  clos  banstaî. 

(Xhoffek.  Les  deux  soroche.  ],  se.  3.  4801.) 

MoNS.  El  diape  va  marier  s' fiie. 

PicARDiB.  Cb'esl  le  diabe  qui  bot  s' femme. 

(CoRBLET.  Glossaire.  1851.) 

9()6.  lue  fèye  qu'on-z-a  magnî  on  diale,  on  'nnès 
ma'içn'reut  bin  deux. 

LiTT.  Une  fois  qu'on  a  mangé  un  diable,  on  en  mangerait 
bien  deux 

Quand  on  commet  une  première  faute,  on  en  commet  d'autres 
plu.s  aisément.  (Acad.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Ine  fèye  qu'on  a  magnî  on  diale,  n'es  pout-on  nin  ossl  bin  magnî  deux  ? 

(G.  Magnée.  Bnttri.  1805.) 

Malmedy.  Quî  a  magnî  on  diale  ennès  magn'reut  mèye. 

967.  Si  d'miner  comme  li  diale  ènne  on  bèneulî 
LiTT.  Se  démener  comme  le  diable  dans  un  bénitier. 
S'aLîiter  beaucoup.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Se  démener  comme  le  diable  au  fond  du  bénitier. 

Var.  Vekviers.  Rôler  les  oîiye  comme  li  diale  es  l'bèneûle  aîwe. 

(Remacle.  Dictionnaire.) 


I 


—  -27  3  — 

Namur.    Arriv(<  là,  il  a  gihoUf^  comme  on  (iiale  diris  on  bènitî  et  il  a  rispité 
es  l'aiwe. 

{Clironuiue.  Marmite.  '188'i.) 

Namur.  Et,  comme  on  diabe  dins  l' bénite  aiwe, 

Nosse  pitite  niche  si  dismoinr'net. 

(Berthalor.  Strophes.  Marmite.  1889.) 

Nivelles.        Es'  ddmèner  comme  in  diale  dins  V  ieau  bénite 

Var.  Nivelles.         I  s'  dèsmène  comme  in  chî-à  l' lâche. 

Charllroi.  Argan. 

Je  n'  su  né  bon  èfant,  je  su  mouais  comme  in  diale  dins  l'euwe  bénite,  quand 
j' voux. 

(L.  Bernus.  L  malade  Snint-Thibau.  I,  se.  5.  1870.) 

MoNS.  Vos  avez  biau  vos  débatte  comme  in  diabe  dins  l' bénitier,  Torde  est  v'nu 
d'ia  bas  in  haut. 

(Letellier.  Armouaque  dé  Mans.  1856.) 

Frameries.  Lalie. 

C'est  bon,  c'est  bon,  allez  visenne,  lèyans  continuer  Gugusse  qui  fertèye  là  d'sus 
s' quèyerre  comme  in  diape  in  l'iau  b'nile. 

(BosQUETlA.  Tambour  Imitant.  Gazette.  •1886,  n«  4.) 

Tournai.  Magloire,  i  s'dem'neol  dins  s'boite  comme  ein  diabe  dins  l'ieau  bénite, 
in  criant  et  in  buquanl. 

(El  coffe.  Almanacli  du   Tournalsien.  1881.) 

Douai.  Via  la  bas  qui  dérive  in  s' débattant  comme  un  diabe  din  l'iau  bénite. 
(Dechristé.  Souvenirs  d'un  homme  d'  Douai.  1856.) 

Lille.  Acoutons  les  infants  d'  Paris, 

Comm'des  diables  dins  l'ieau  bénite, 
I  se  r'mutt'nt  pour  gagner  l'grand  prix. 

(Desrousseaux.  Chansons  lilloises.  1854.) 
St-Quentin.        I  s' démonte  comme  ein  diabe  dein  ein  siau  d'iau  b'nite. 

(Gosseu.  Lettres  picardes.  1840.) 

Provence.  Grida  coumo  un  diable  salsa  dins  un  benitié. 

(Comparaisons  populaires  provençales,  lievue  des  langues  romanes.  1881.) 

968.  C'est  1' diale  à  k' fesser. 
LiTT.  C'est  le  diable  à  confesser. 

Se  dit  d'un  aveu  ditïiciie  à  obtenir,  et  en  général  d'une  cliose 
difficile  à  faire.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  C'est  le  diable  à  confesser. 

Divins  quel  embarras  ji  m' trouve, 
Po  fer  six  couplet  d'on  cop  d'  main, 
1  fàreut  ine  jùne  liesse  tôle  noûve, 
Et  l'meune  qui  compte  septante  prélimps. 
Mi  Pégase  div'nou  'ne  vèye  harottc 
Est  tos  les  joû  pus  ékoisté, 
Parblu,  kimint  volez-v'  qui  trotte, 
Ji  lomnie  coula  l' diale  à  k'  fesser. 

(H.  FORIU.  Li  diale  à  k'fesscr.  Chanson.  1857.) 


—  274  — 

Charleroi.  Ci-éante. 

Niu  el  joù  i  woile  à  l'orvire,  mais  c'estet  l'diale  h  confesser, 

(L.  Bernus.  L' malade  St-Thibaii.  II,  se.  6.  i876.) 

Metz.  Sat  l' diale  à  confesset,  que  d'  prépèret  tant  d'cha. 

(Brondex.  Chan.  Heurlin.  Poème.  4785.) 

969.  Ayu  treus  tour  pusse  qui  l'diale. 

LiTT.  Avoir  trois  tours  de  plus  que  le  diable. 

Être  très  fin,  très  rusé. 

Femme  scet  un  art  avant  le  diable. 

(XV«  siècle. 

Ossi  malin  qu'on  neiir  chet,  il  a  qwalte  tour  pus  qui  l'diale. 

(Remacle.  Dictionn.) 

Variante.        J'enne  a  baîcôp  k'nohou  qui  savU  fer  Tmacralle. 

Ni  sés-se  nin  co  qu'les  feumme  ont  sept  tour  après  l'diale? 

(Brahy.  Mes  treus  manège.  -1882.) 

Var.  Malmedy.        Aveûr  tos  les  loiîr  qui  l'diale  n'a  nin. 

970.  L'  ci  qu'a  magnî  l'diale,  qu'i  magne  pôr  les 
coinne. 

LiTT.  Que  celui  qui  a  mangé  le  diable,  mange  aussi  les  cornes. 

Quand  on  profite  des  bénéfice.s  d'une  chose,  il  faut  aussi  en 
supporter  les  charges. 

11  faut  se  résoudre  à  essuyer  les  incommodités  d'une  chose 
qui  d'ailleurs  est  avantageuse.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  11  faut  prendre  le  bénéfice  avec  les  charges. 

Nivelles.      El  cieu  qu'a  mingl  1'  diale,  n'a  qu'à  mingt  les  coune  avé. 
Tournai.  Si  t'as  mingî  l'diale,  minge  les  corne. 

RoucHi.  Si  t'as  raie  l'diale,  min  les  corne. 

(Hégart.  Dict.) 

971.  On  n'  sâreut  peîgnî  on  diale  qui  n'a  nin 
des  ch'vet. 

LiTT.  On  ne  saurait  peigner  un  diable  qui  n'a  pas  de  cheveux. 
On  ne  saurait  rien  tirer  de  celui  qui  n'a  rien, 
hnposaibitium  nuUa  obligatio.  {Institutes.) 
Pr.  fr.  —  A  l'impossible  nul  n'est  tenu. 

Verviers.  Ine  jône  kimére,  on  pau  bourike, 

Voiéve  qui  si  homme  arringeasse  mî  s' toupet. 

—  Ni  savez-v'  nin,  dit-st-i,  qu'  c'est-st-ine  pèrique? 

Peîgn'reut-on  bin  on  diale  qui  n'a  nou  ch'vet  ? 

(XUOFFER.  Êpigrammes.  1860.) 


—  275  — 

Verviers.  Mais,  on  l'sé,  lu  peigne  n'ahesse 

On  diale  qu'ottant  qu'il  u  desch'vct. 

(J.-S.  Renier.  Spnis  rimes.  -1874.) 
MoNS.  On  n'  peut  nié  peigner  in  diabe  qui  n'a  nié  d'  ciieveux. 

(MouTRllX'X.  Den  nouvieaux  conte  dé  quié.  -iSSO.) 

972.  Si  r diale  est  pus  malin,  c'est  qu'il  est  pus  vî. 

LiTT.  Si  le  diable  est  plus  malin,  c'est  (parce)  qu'il  est  plus 
vieux. 

On  gagne  de  l'expérience  en  avançant  en  âge. 

JODOiGNE.     Se  r  diale  est  pé  malé  qu' vos,  c'est  qu'  l'est  pé  vi. 

973.  Sèchî  r  diale  po  1'  quowe. 

LiTT.  Tirer  le  diable  par  la  queue. 

Avoir  beaucoup  de  peine  à  se  procurer  de  quoi  vivre.  (Agad.) 

Vr.  fr.  —  Tirer  le  diable  par  la  queue. 

Cf.  QuiTARD.  Dict.,  p.  303. 

Dame  fortune  ossi  nos  fait  l' mowe, 
Nos  sèchans  pus  qui  l' diale  po  I'  quowe. 

(Hanson.  Li  Hinriade  travestèye.  Ch.  III.  1780.) 

Vosse  manège  est  pierdou,  vos  avez  bai  fer  l' mowe, 

C'est  bernik ,  tote  vosse  vèye,  vos  sèchiz  l' diale  po  l' quowe. 

(Thiry.  lue  copenne  so  /'  mariège.  1858.) 

Verviers.  A  c'ste  heure,  on  jowe  du  tote  èhawe, 

Po  fer  lu  grande  chesse  aux  aidan, 
Cusèchi  tos  les  diale  po  l' quawe, 
Po  bin  'nnès  rimpli  les  ridan. 

(M.  Pire.  Les  boquet  sont  todi  bon.  Ch.  1884.) 

974.  C  n'est  nin  l' diale  à  choirchî.  (Namur.) 

LiTT.  Ce  n'est  pas  le  diable  à  écorcher. 
Ce  n'est  pas  difficile  à  faire,  à  dire. 

Allons  choioz-v'  one  miette,  vinoz  voye  avou  mi, 
Gripans  1'  tienne  do  chestia;  c' n'est  nin  l' diale  à  choirchî. 

(Demanet.  Opi/idum  attintucorum.  18-t5.) 

Var.  Jodoigne.  c  n'est  nin  l' diale  à  mougnî. 

975.  I  vât  mî  de  touwer  i' diale  qu'adon  qui  T diale 
nos  towe. 

LiTT.  11  vaut  mieux  tuer  le  diable,  que  lu  diable  nous  tue. 
Dans  le  cas  de  défense  personnelle,  il  vaut  mieux  tuer  son 
ennemi  que  de  s'en  laisser  tuer.  (Acad.) 

Il  vaut  mieux  battre  que  d'être  battu.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  vaut  mieux  tuer  le  diable  que  le  diable  nous  tue. 


—  '270  — 

Nivelles.  Cuyaume. 

Dinsc'monde  ci  c'est  l'ims  iiKiliii  (iu"attrape  l'aule,  ey  i  vaut  meyeu  tuer  l'dialc 
uue  l'diale  enne  vos  tue. 

(WiLLAME.  El  rouse  de  Ste-Einelte.  II,  se.  5.  4889.) 

MoNS.  Mi,  j'aime  mieux  twer  l' diabe  qu'ai  diabe  emme  tue. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  i8o6.) 

Frameries.  Mu  vaut  twer  1'  diape  que  l'diape  vos  prinse. 

(UuFRANE.  L'aroute  el  les  p'tils  joue.  Fauque.  Arm.  borain.  -1890.) 

97G.  Raviser  mî- 1'  diale  qu'on  peus  d'souc. 

LiTT.  Ressembler  plus  au  diable  qu'à  un  pois  chiche. 
Être  beaucoup  plus  mauvais  que  bon. 

Pelv. 

Ji  creus  qu'elle  ni  m'riknoh'ret  nin,  ainsi. 

Mencher. 
Oh  nenni  !  Ça  vos  ravisez  mî  1'  diale  qu'on  peus  d'souc. 

(Brahv.  a  (lui  ffâte  ?  Se.  15.  188-2.) 

977.  I  magn'reut  l'diale  et  ses  coinne. 

LiTT.  Il  mangerait  le  diable  et  ses  cornes. 
Se  dit  d'un  grand  mangeur.  (Acad.) 
Pr.  t'r.  —  Il  mangerait  le  diable  et  ses  cornes. 

Mavon. 

Il  est  vraie  qui  tos  ces  musicien-la  aval'ril  l'diale  et  ses  coinne, 

(Demoulin.  Ji  vaux,  ji  ti'poux.  II,  se.  2.  18S8  ) 

Marche.  Ni  nourris  ni  colon,  ni  moine, 

I  mougn'rint  1'  diale  el  co  ses  coinne. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  18G0.) 

Nivelles.  I  ming'ront  l'diale  et  co  ses  coune. 

Var.  Tournai.  Gulna. 

J'crois  qu'si  on  fzeol  boulir  l' diable  que  te  buvreos  l'bouUieon. 
(Pierre  Hrunehault  îLeroy).  Ein  ménache  d'francs  paufe.  Se.  12.  1891.) 

978.  Ax  poite,  qui  hoûte, 
Li  diale  l'aloûde. 

LiTT.  Aux  portes,  qui  écoute, 

Le  diable  le  trompe. 
Il  y  a  danger  d'écouter  aux  portes. 
Aloi^irder,  aloiîrdiner;  tromper. 
Vr.  fr.   -    Qui  se  tient  aux  écoutes,  entend  souvent  son  fait. 

Variante.  Li  ci  qui  houle, 

Li  diale  l'aloûde. 
(BoRMANS  cl  BoDY.  Glo.s.sai>e  roman  liégeois.  1869.) 


—  277  — 

979.  Pus  a  r  diale,  pusse  vout-i  avu. 

LiTT.  Plus  a  le  diable,  plus  il  veut  avoir. 
Le  désir  de  s'enrichir  ou  de  s'élever  augmente  à  mesure 
qu'on  acquiert  de  la  fortune  ou  des  honneurs.  (Agad.) 
Plus  a  le  diable,  plus  veut  avoir. 

(Ane  ;;roi'. /rûHf.  XIII"^  siècle.) 

Cité  par  Forir.  f}i<:t. 

Nivelles.  Pusse  que  l' diale  a,  pusse  qu'i  vu  avoi. 

980.  Si  r  diale  vos  mougne,  i  n'chît  qu'  des  loque. 

(JODOIGNE.) 

LiTT.  Si  le  diable  vous  mangu,  il  ne  l'hie  que  des  loques. 
Vous    n'avez    pas    la    moindre    valeur,    vous    êtes    sans 
importance. 

981.  Fer  1'  diale  es  quatte.  (Namur.) 

LiTT.  Faire  le  diable  ù  quatre. 

Faire  grand  bruit,  grand  tumulte,  se  donner  beaucou[)  de 
mouvement  pour  une  chose.  (Littré.) 

Locution  tirée  de  ce  que,  dans  les  mystères,  il  y  avait  la 
grande  et  la  petite  diablerie  et  que  pour  jouer  la  grande,  il  fallait 
quatre  personnages. 

(Fabre.  Etudes  sur  lu  basoche.) 

MoNS.  Quéque  fois  c'est  Jeanne  Berdelle  èié  Colas  Grignon,  tout  insembe  qui 
faitent-té  l'diabe  à  quatte. 

{Arm.  dé  Mom.  1884.) 

982. 1  fàt  quéque  fèye  mette  ine  chandelle  à  diale. 

LiTT.  Il  faut  quelquefois  mettre  une  chandelle  au  diable. 
Flatter    un     pouvoir    injuste     pour    en    obtenir    quel(}ue 
chose.  (AcAD.) 

Pr.  fr.  —  Brûler  une  chandelle  au  diable. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Ni  convinreut-i  nin 
D' lî  fer  noa.se  compiuminl  ? 
On  poul  'nn'  avu  inèsàhe, 
Fàt  mette  chandelle  ;\  diale. 
(Paxquéye  po  l'installation  d' M.  Clermont,  maire  di  Vottcm.  1808.) 

On  mette  quéque  fèye  on  bout  d' chandelle  à  diale, 
Li  politique  hère  si  nez  d' tos  costé. 

(TiiiitY.  /-(  r'tonr  il  lAijc.  18S8.) 
JùsEPn. 

On  donne,  c'  nest  nin  po  riioiume,  ccst  pu  V  proccs-verb.'il, 
I  fàt  bin  d"  limps  in  timps  mette  ine  chandelle  à  diale. 

(Ch.  Hannay.  Li  mivje  ticiir  d'à  Cnlnr  U,  se.  8.  18t)(j.) 


—  278  — 


Verviers.  Si  po  "ne  grosale 

Ino  fcinme  aime  à  rira'ter, 
On  poul  s'pàrgnî  di  s'  kihègn'ler 
Tôt  plantant  ine  chandelle  à  diale. 

(XuoFFER.  Êpigrammes.  1860.) 
Marche.  Thérèse. 

•        Faut  sovlnt  qu'on-z-allome  ènne  chandèye  au  diabe. 

(Alexandre.  Li  pèchon  d'avril.  III,  se.  2.  1858.) 
Var.  Marche.  To  deus  one  chandèye  au  bon  Dieu. 

NivELLE§.  Brûler  'ne  chandelle  au  diale. 

MoNS.  Tiet  surtout  n'alumez, jamais  'ne  candeille  au  diable. 

(MouTRiEUX.  Des  nouvieaiix  conte  dé  quié.  1850.) 

983.  C'est  l'diale  qui  s' fait  ermite. 

LiTT.  C'est  le  diable  qui  se  fait  ermite. 
Se  dit  en  parlant  de  quelqu'un  qui,  après  avoir  fait  le  libertin, 
devient  dévot  sur  ses  vieux  jours.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Quand  le  diable  fut  vieux,  il  se  fit  ermite. 
Cf.  QuiTARD.  Dict.,  p.  306. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Julien. 

Çou  qui  j' se  bin  c'est  qui  c'sèret  l'dièraîne  di  mes  dondaîne,  qwand  les  cl  qui 
m'ont  k'nohou  d'vrît  dire  qui  l'diale  si  fait  ermite. 

(DD.  Salme.  Ligermalle.  Se.  10.  1883.) 
Ver\iers.  Lu  r'nau. 

Duspôye  qu'i  a  hôdè  s'quawe  ia  tc^lmint  sogne  de  feu, 
Quu  v'n'avez  qu'à  r'mouer  vosse  chaine  ou  vosse  marmite, 
Po  vèyî  ci  diale  là  voleur  su  fer  hermite. 

(Xhoffer.  Les  biesse.  I,  se.  9.  1858.) 

Marche.  Qwand  t'n'ès  poux  pus,  qui  l'pèchî  t'quitte, 

On  dit  qu'c'est  l'diale  qui  s'fait  ermite. 

(Alexandre.  Fut  corti.  1860.) 
Nivelles.  Quand  l'diale  dévi  vî,  i  s'fait  'rmite. 

Charleroi.  C'est  qu 'quand  l'diale  devint  vî,  i  s'fait  ermite, 

Capucin,  jésuite,  récollet, 
Rabache-nu  leus  pàtèr  sins  rachî  dins  l'marmlte. 
(L.  Bernus.  L'rat  dins  in  fromache  d'Hollande.  Faufe.  1873.) 
MONS.  Madelon. 

Boh  !  il  est  possibe  qu'i  mûrira  pus  tard  :  il  a  ein  proverbe  qui  dit  quand  l'diabe 
diviet  vieux,  i  s'  fait  ermite. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1847.) 

Mons.  i'us  tard,  faite  qu'on  dise  niô  d'vous;  quand  l'diabo  est  fait  vieux,  i  s'fait 
ermite. 

(MoiTRiEUX.  De.i  nouvieaux  conte  dé  quié.  1830.) 

Salst-Quentin.  Quand  l'd'jiabe  y  vient  vieux,  y  s'fret  hermite. 


—  270  — 

984.  Li  diale  ni  moûrt  mâye. 

LiTT.  Le  diable  no  meurt  jamais. 

Les  méchants  vivent  (quelquefois)  plus  que  les  autres. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

JOSEPH  (à  s' belle-mére). 

Rawârdez  de  nions  qui  nos  fieslanse  nosse  jubilé  d'vingl-cinq  ans,  po  coula  ;  ca 
j'espère  bin  qui  vos  vikrez  jusqu'àdon.  iA  pan.)  Li  diale  ni  moiirt  màye. 

(Wiu.EM  et  Bauwens.  Li  galant  d'à  Fifine.  Se.  2.  1882.) 

985.  On  diale,  tôt  diale  qu'il  est,   n'sâreut  cacliî 
ses  coinne. 

LiTT.  Un  diable,  si  diable  qu'il  soit,  ne  saurait  cacher  ses 
cornes. 

Si  bien  que  l'on  fasse,  quelles  précautions  que  l'on  prenne 
on  ne  saurait  cacher  son  caractère,  ses  penchants. 

Louise. 

On  trouve  todi  ine  vôge  qwand  on  vout  batte  on  chin, 
Il  àreut  cint  raison  à  m'jeter  à  l'narenne. 

Cathkene. 

On  diale,  si  diale  qu'il  est,  n'sâreut  cachî  ses  coinne. 

(Delchef.  Les  deux  Neveux.  I,  se.  2.  1859.) 

Basse-Allemagne.  —  Der  Teufcl  kann  seine  Hôrner  nicht 
verbergen  (verstecken). 

986.  C'est  todi  l'même  diale,   comme  li   ci  qui 
vindéve  des  bons  Diu. 

LiTT.  C'est  toujours  le  même  diable,  comme  celui  qui  vendait 
des  images  religieuses. 

C'est  toujours  la  même  histoire. 

TatI. 

Loukans  çou  qu'nos  estans  et  nin  çou  qu'on  a  s'tu. 

Tonton. 

Va,  c'est  todi  1'  même  diale,  comme  dit  1'  marchand  d'bons  Diu. 
(El).  RemoUCHAMPS.    Tùti  l'perriqui.  II,  se.  i.  1885.) 

Frameiues.  Vos  commission  èié  des  implate  su  des  gambe  de  bos,  c'est  tout  à 
fait  r  même  diable,  ça  pinse  au  marchand  d'bons  Dieu. 

IBOSQUETIA.  Tambour  ballant.  Gazelle,  188G,  n"  28.) 

087.  On  bon  côp,  fait  l'diale,  (jwand  i  happe  on 
mèneu. 

LiTT.  Un  bon  coup,   dit  le  diable,   quand  il  happe  un  frère 
mineur. 

Bonne  aubaine. 

Vak.  Nivelles.  On  bia  cùp,  dit-sl-i  l'diale  à  s'ptVe. 


—  280  — 

988.  Prindez-les  à  £ïins,  comme  li  diale  prind  les 
m  une. 

LiTï.  Prenez-les  à  votre  aise,  comme  le  diable  prend  les 
moines. 

On  peut  ne  pas  se  presser,  quand  on  est  certain  d'obtenir 
une  chofee. 

N.  n.  Au  sujet  des  trois  proverbes  qui  précèdent,  nous  ren- 
voyons le  lecteur  aux  Recherches  historiques  de  M.  Leroux 
DE    LiNGY  {Livre  des  proverbes  fraiiçais,  t.  I,  p.  XIV  et  XV). 

989.  Ji  v'  fret  vèyî  l' diale  po  l'trô  d'vosse  cou. 

LiTT.  Je  voas  ferai  voi''  le  diable  par  le  trou  de  votre  cul. 
Je  vous  ferai  subir  toute  espèce  d'avanies. 
Je  vous  ferai  faire  quelque  chose  de  désagréable. 
Variante.  Ji  v'fret  loukî  l'diale  po  on  p'tit  trô. 

990.  Si  k'fesser  â  diale. 

LiTT.  Se  confesser  au  diable. 

Découvrir  ses  sentiments  à  une  personne  adroite  ou  fourbe 
qui  en  peut  faire  son  profit,  et  qui  abuse  de  notre  sincérité 
pour  nous  nuire.  (Littrk  ) 

Pr.  fr.  -  Se  confesser  au  renard.  (Locution  tirée  de  Tancien 
poème  du  Renart,  où  le  renard  se  déguise  en  confesseur  et 
mange  son  pénitent.) 

Nivelles.  C'est  s'confesser  au  diale. 

DIEU. 

991.  Li  bon  Diii  est  longeâr, 
Mais  il  est  payâr. 

LiTT.  Le  bon  Dieu  est  lent, 

Mais  il  est  payant. 

Dieu  est  lent,  mais  il  paie  ;  la  justice  divine  marche  en 
boitant,  mais  elle  arrive. 

Je  crois  que  le  mot  lon(jedr  n'est  plus  usité  que  dans  cette 
phrase;  hors  de  là,  on  dit  longin.  Il  en  est  à  peu  près  de  même 
du  mot  p'iydr,  que  nous  n'avons  trouvé  employé  que  dans  ce 
cas  et  dans  l'expression  :  magneu  d'pan  payâr. 

Les  princes  ont  les  mains  bien  longues. 

(OUDIN.  Curiositéz  françoises.  1640.) 

Dii  laneos  habent  pedcs,  sed  ferreas  manus. 

(LEJEUNE.  Prov.  familiariu.  1741.) 
Vakiaste.  Diu  est  longeàve  et  payàva. 


—  281  - 
99^2.  Li  ci  qui  l'  bon  Diu  wàde  est  bin  wàrdé. 

LiTT.  Celui  que  le  bon  Dieu  garde  (protège)  est  bien  {çardé. 
Celui  qui  est  sous  la  protection  de  Dieu  n'a  rien  à  craindre. 

993.  Li  bon  Diu  n'est  nin  co  moirt. 

LiTT.  Le  bon  Dieu  n'est  pas  encore  mort. 
On  doit  toujours  espérer  en  Dieu. 
Basse-Allemagne.  —  Der  alte  Gott  lebt  noch, 

994.  Mette  S'  Pire  so  1'  bon  Diu. 

LiTT.  Mette  saint  Pierre  au-dessus  du  bon  Dieu. 
Prendre  une  n:iauvaise  chose  après  une  bonne. 
Prendre  la  seconde  qualité  après  la  première. 

Cf.  Lait  sur  vin, 

C'est  venin  ; 
Vin  sur  lait, 
C'est  bienfait. 

Wein  auf  Bier 

Das  rath  ich  dir  ; 

Bier  auf  Wein 

Das  last  du  sein.  [Prov.  pop.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Verviers.  D'abord,  après  de  bourgogne, 

Su  n'bovant  de  foirt  pèket, 
Po  fini  ITiesse  on  s'apogne. 
C'est  mette  S'  Pire  so  Tbon  Diet. 

(M.  PiRF.  S'  Ptre  .10  Vbon  Diet.  Ch.  I88i-.) 

Marche.  Ni  mots  nin  S'  Pire  sus  l'bon  Diet. 

JouoiGNE.  Ne  mettoz  n!  saint  Pîre  seu  l'bon  Dieu. 

995.  Vàt  mî  s'adressî  à  bon  Diu  qu'à  ses  saint. 

LiTT.  Il  vaut  mieux  s'adresser  au  bon  Dieu  qu'à  ses  saints. 

Il  vaut  mieux  s'attacher  à  celui  qui  a  l'autorité  supérieure, 
qu'à  celui  qui  n'a  qu'une  autorité  subalterne.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  11  vaut  mieux  se  tenir,  s'attacher  au  gros  de  l'arbre, 
qu'aux  branches. 

Il  vaut  mieux  s'adresser  au  roi  qu'à  ses  ministres.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  vaut  mieux  s'adresser  à  Dieu  qu'à  ses  saints. 

Il  vaut  mieux  Dieu  prier  que  ses  saints. 

(Prov.  gtdlic.  DilS.) 

Cité  par  Forir.  IUcJ. 

Nivelles.  Kl  Berc;!. 

ié  d'irou  d'embl(^e  au  cliàleau  dn  roi  ;  il  vaut  moyeu  avoi  à  fer  au  bon  Dieu  qu'à 
le?  saint. 

((i.  WiLLAME.  El  rnuae  de  Sninie-Ermlle.  Il,  se,  S.  1889.) 


—  282  — 

MoNS.  I  pinsoi  qu'il  aroi  été  mieux  avé  grand'mére,  j'disoi  in  mi-même  :  i  vaut  co 
mieux  parler  au  bon  Dieu  qu'à  ses  saint. 

(Leteluer.  Annonaque  dé  Mons.  1850.) 

Lille.     1  vaut  mieux  s'adresser  au  maite  qu'à  ses  validire  (va  lui  dire  :  valet,) 

(Vermesse.  Voc.  du  patois  lillois.  1861.) 

996.  ,Qui  r  bon  Diii  âye  si  âme  et  l' diale  ses  ohaî, 

Po  fer  des  manche  di  coûtai. 
LiTT.  Que  le  bon  Dieu  ait  son  âme  et  le  diable  ses  os,  pour 
faire  des  manches  de  couteaux. 

Qu'il  s'en  aille,  qu'il  disparaisse,  qu'il  meure. 

997.  Bon  Diu,  qu'a  fait  tant  des  ècu  et  qu'a  fait 
m'  part  si  p'tite  ! 

LiTT.  Bon  Dieu,  qui  as  fait  tant  d'écus  et  qui  as  fait  ma  part 
si  petite  ! 

Plainte  du  prolétaire. 

998.  Bon  Diu  d'  bois,  qu'  t'as  1'  visège  deûr  ! 

LiTT.  Bon  Dieu  de  bois,  que  tu  as  le  visage  dur! 
Je  n'ose  croire  que  mes  prières  seront  exaucées. 
Cf.  Les  temps  sont  durs. 

Marche.  Ah  !  novai  bon  Diew  d' bois,  qui  t'es  deur. 

999.  I  gn'a  on  bon  Diu  po  les  èfant  et  les  sôlêye. 

LiTT.  Il  y  a  un  bon  Dieu  pour  les  enfants  et  les  ivrognes. 

Les  individus  qui  n'ont  pas  encore  de  raison  et  ceux  qui  n'en 
ont  plus  sont  sous  la  garde  de  Dieu,  ils  agissent  sans  réflexion 
et  sous  l'impulsion  d'un  instinct  qui  ne  les  trompe  pas. 

Pr.  fr.  —  Dieu  aide  à  trois  sortes  de  personnes  :  aux  fous, 
aux  enfants  et  aux  ivrognes. 

La  fortune  aide  à  trois  sortes  de  personnes  :  aux  fols,  aux 
ivrognes  et  aux  petits  enfants. 

(OUDlN.  Curiosiiez  françaises.  1640.) 

I  gn'a  on  bon  Diu 
Po  les  cîs  qu'ont  bu. 

(A.  HOCK.  La  famille  Mathot.  1872.) 
Bièth'mé. 
I  gn'a  on  bon  Diu  po  les  sôlôye,  et  ci  n'est  nin  sûr  li  pus  mâva. 

(Willem  et  Bauwens.  Pècht  rach'té.  Se.  17. 1882.) 

1000.  Novaî  Diu,  novelle  flûte. 

LiTT.  Nouveau  Dieu,  nouvelle  flûte. 

Ceux  qui  arrivent  au  pouvoir  introduisent  volontiers  des 
réformes  dans  leur  administration.  —  Ce  qui  plaît  à  l'un  déplaît 


—  283  — 

à  l'autre.  —  Peu  de  gens  sont  disposés  h  suivre  les  errements 
de  leurs  devanciers. 

pp.  fr.  —  De  nouveau  roi,  nouvelle  loi. 

De  nouveau  seigneur,  nouvelle  mesnye. 

(XV  siècle.) 

Var.  Namur.  Novia  malsse,  novia  chufflet. 

Var.  Tournai.  Nouvieau  malle,  nouvieau  chiflleot. 

1001.  Lèyans  I'  bon  Diet  au  paradis,  c'est  s'  place. 

(Namuh.) 

LiTT.  Laissons  le  bon  Dieu  au  paradis,  c'est  sa  place. 
Se  dit  aux  gens  qui  invoquent  souvent  Dieu,  ou  qui  blas- 
phèment. 

Var.  Verviers.  Lu  peupe  cumince 

A  jauser  sciince. 
On  lait  l'bon  Diel  tranquille  es  paradis. 

(M.  Pire.  Tombola  d'onc  machine  à  keû.ie.  Ch.  1884.) 

Tournai.  Laisse  1'  bon  Dieu  in  paradis,  ch'est  s'plache. 

1002.  Li  bon  Diu  a  lèyî  tourner  s'vège. 

LiTT.  Le  bon  Dieu  a  laissé  tomber  sa  verge. 
Le  Seigneur  nous  a  envoyé  un  fléau,  une   infortune  que 
nous  avons  mérités.  —  Expression  biblique. 

Gilles. 

Li  bon  Diu  a  lèyî  tourner  s'vège  so  vos  aule,  pasqui  vos  l'avez  bin  mérité. 

(DD.  Salme.  Ine  cise  èmon  Jacques  Boufiiay.  Se.  13.  1879.) 

Variante.  D'ine  dolinte  voix  i  priyîve  li  Signeùr  di  r'sèchl  s'vège  d'addiseùr  di  lu. 
(G.  Magnée.  U  cren'quinl  de  prince  âbbé  di  Stav'leil.  1867.) 

Variante.  Suzanne. 

N'estez-v'  pus  l'Diu  d'juslice  ?  Sia,  sia,  mon  Diu  ! 

Si  r  méchant,  es  s' vèye  cial,  n'est  nin  bouhî  d'vosse  vège. 

(Th.  Collette.  Ine  vingince.  I,  se.  8.  1878.) 

Var.  Namur.  C'est  là  qu'on  sint  moinse  li  vège 

Qui  l'bon  Diel  a  fait  por  nos. 

(Wérotte.  Po  l'poain  etpo  l'chnu.  Ch.  1867,  +•  éd.) 

Nivelles.    Vos  savez  pourtant  bin  que  l'bon  Dieu  c'est  nosse  mals.se, 
Et  qu'il  a  'ne  verge  dins  s'main  de  l'pus  pichante  espèce. 

(M.  Renard.  I^s  arcntnrex  de  Jean  d'yivelles.  Ch.  l.  1857.) 

1003.  A  r  wàde  di  Diu,  c'  n'est  nin  jurer. 

LiTT.  .'V  la  garde  de  Dieu,  ce  n'est  pas  jurer. 

Se  dit  comme  correctif  aux  personnes  qui  bla.sphèinent. 


284 


iOOi.   C'est  l'bon  Diii  ({u'el   vont,  les  saint  n'es 

polel  rin. 

LiTT.  C'est  le  bon  Dieu  qui  le  veut,  les  saints  n'en 
peuvent  rien. 

Manière  de  dire  en  plaisantant:  mon  naturel  est  tel,  je  suis 
ainsi  t'ait,  etc. 

C'est  le  maître  suprême  qui  l'ordonne  ;  il  faut  souffrir  ce  qu'on 
ne  peut  empêcher.  —  Je  ne  fais  qu'exécuter  une  consigne. 

Quand  Dieu  le  veult, 
Le  saint  ne  peut. 

(Gaiîr.  Meurier.  Trésor  des  sentences.  i568.) 

Tatenne. 

Sôlèye,  vos  m' frez  mori. 

Crespin. 

Taîhîz-v',  ni  braiyez  nin, 
C'est  li  bon  Diew  qu'el  vout,  les  saint  n'y  polet  rin. 

(Ed.  Remouchamps.  Li  sav'tî.  Il,  se.  5.  1858.) 

lOOo.  I  gn'aveut  Diew  et  l' diale  et  1'  bayî  d' Hannut. 

LiTT.  Il  y  avait  Dieu,  le  diable  et  le  bailli  de  Hannut. 
Il  y  avait  une  réunion  de  gens  de  toutes  conditions. 

Variante.  I  ont  portant  fait  çou  qu'on  polou, 

C  n'est  nin  d'ieu  fàte  si  i  ont  pierdu. 
I  ont  fait  tos  les  mestî, 
I  ont  fait  l'curé  rmàrlî. 
Si  ont-i  d'n(^  po  heure, 

A  tourner  là, 
Promette  àx  électeur, 
Li  Diew,  et  l' diale  et  l'bayî  d' Hannut. 

{Pasquéye  po  les  élection  di  1842  à  Visé.) 

iOOG.  I  fait  ein  Dieu  de  s'  panctie.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  fait  un  Dieu  de  son  ventre. 

Il  ne  pense  qu'à  manger,  il  recherche  la  bonne  chère,  en 
égoïste,  pour  lui  seul. 

1007.  C'est  r  pourçaî  de  bon  Diu. 

LiTT.  C'est  le  pourceau  du  bon  Dieu. 

Pr.  fr.  —  C'est  la  bête  à  Dieu. 

JoDOiGNE.  C'est-st-one  biesse  dé  bon  Dieu. 

1008.  Qui  va  trop  reud,  1'  bon  Diu  l'arrête. 
LiTT.  Celui  qui  va  trop  vite,  le  bon  Dieu  l'arrête. 

Il  ne  faut  pas  vouloir  forcer  un  travail,  s'enrichir  trop  vite. 

Ne  for(;ons  point  notre  talent. 
Nous  ne  ferions  rien  avec  grâce. 

(Lafontaine.) 


—  '285  — 

DIGNÉE. 

1009.  1  n'est  iiiii  di  D'née,  il  est  d'  Piirnôde, 

(Namur.) 

LiTT.  Il  n'est  pas  de  Dignée,  il  est  de  IHirnode. 

Proverbe  calembourique.  Il  n'est  pas  de  ceux  qui  donnent 
(dîner),  il  est  de  ceux  qui  gardent. 

Dignée.  Village  entre  Sanibre  et  Meuse,  arrondissement  de 
Namur,  à  deux  lieues  de  Fosses. 

PuRNODE.  Village,  arrondissement  de  Dinant,  ù  une  lieue  et 
demie  de  cette  ville. 

DIMAiNGHE. 

1010.  Traze  au  di  peurs  dîmègne. 
LiTT.  Treize  ans  de  purs  dimanches. 
Treize  années  de  jours  de  fêle. 

Remagle  {Dlct.)  donne  un  autre  sens  à  cette  expression  :  Ji 
v'  pinséve  es  terre,  i  gn*a  *ne  annêyc  di  peurs  dîmèyne  qui 
]'  n'âye  vèyou  r'iûre  vosse  quowe. 

Variante.  Tatî. 

Tins!  estez-v'  raviké?  Ji  v' pinse  moirt,  ùlerré, 

Ji  v's  a  fait  sonner  'ne  transe,  gn'a  treus  an  d' peurs  dîmègne 

Qu'on  n'vis  avasse  vèyou. 

NONARD  (à  part). 

L' vî  pindàrd,  qu'il  est  slrègne. 
(Ed.  Remouchamps.  Tdti  Vpeniqui.  II,  se.  S.  488o.) 

DINDON. 

1011.  Esse  li  dindon 

LiTT.  Être  le  dindon. 

Être  attrapé,  être  pris  pour  dupe.  —  Il  sera  dupe  dans  cette 
affaire.  (Littré.) 

Cité  par  Forir.   Dict. 

Li  morale  di  cisse  fàve,  messieu, 
C'est  qui  l' ci  qui  tome  à  des  gueux 
Ni  dent  màye  fer  ni  eune  ni  deux, 

S'i  vout  wàgnî  1'  pàrlèye. 
Ca,  es  1'  pièce  de  coq,  i  sèreut 

L'  dindon  de  l'comèdèye. 

(Fu.  Bailleux.  Le.i  fraivc  d'on  coirbâ,  Ch.  1843.) 

Vos  allez  'nnès  jugi,  li  spot  a  bin  raison, 
Si  ji  l'aveu  hoûtd,  j'  n'àreu  nin  s'tu  l' dindon. 

(Braiiy.  Mes  tiens  mnriège.  1884.) 

Marche.  Gn'a  brav'mint  qu'es  s'ronl  les  dindon, 

D'  broulet  l' chandèye  aux  deux  coron. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  4860.) 


—  286  — 


Nami'R.  Do  tinips  do  vî  baron, 

Elle  a  ieu  des  consèye. 
Et  c'est  mi  qu'est  l' dindon. 

(COLSON.  Mi  soilr  Marguerite.  Ch.  18G2.) 

Namdr.  Joseph,  qui  gangn'rans-n'  à  nos  plainde  ? 

Todi  nos  sèrans  li  dindon. 

(Wérotte.  Les  allumeiix  iV  lampe.  Ch.  18G7.  4»  éd.) 

NrvELLES.  Comme  toudi,  l'pouve  garçon  s'ès  va  tout  ses  pus  rate, 
Sins  songi  qu'il  est  là  l'dindon  d'enne  couyonnate. 

(M.  Renard.  Les  avent.  de  Jean  d'Nivelles.  Ch.  III.  i857.) 

Charleroi.     Ah,  vî  leup,  t'auret  v"lu  m'tirer  in  pid  d'cochon, 
Tu  va  iesse  el  dindon. 
(L.  Bernus.  Vlion,  rieup  èièt  li  r'nau.  Faufe.  4873.) 

MoNs.  In  atteindant  accoutez  c't  elle-ci  ous'  qu'on  peut  dire  que  l'farceur  a  été 
l'dindon  d'ia  farce. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons,  1861.) 

Var.  Mons.  Il  a  sté  dona  {imbecille,  dupe)  de  l'farce. 

(SiGART.  Dict.  1870.) 

Frameries.  Vos  stez  co  jône,  mais  r'marquez  bî 

Que  malgré  qu'nos  nin  pouvons  nî, 
Et  qu'nos  stons  ci  comme  à  l'ducasse, 
C'est  nous  qui  s'ra  l'dindon  d'io  farce. 
(Les  deux  taur  éiè  l'raine.  Fauque.  Arrn.  borain,  1890.) 

DIRE. 

1012.  Taper  'ne  barbote. 

LiTT.  Dire  une  parole  (en  faveur  de  quelqu'un). 
Recommander  quelqu'un. 

1013.  I  gn'a  todi  qui  fait,  qui  dit. 
LiTT.  Il  y  a  toujours  qui  fait,  qui  dit. 

A  côté  de  celui  qui  agit,  il  y  a  celui  qui  parle.  —  Il  y  a  tou- 
jours quelqu'un  pour  rapporter  nos  moindres  actions. 
Cf.  La  mouche  du  coche  (Lafontaine). 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Ni  pinse-tu  nin  qui  j'rèye 
I  gn'a  todi  qui  fait,  qui  dit  ; 
Les  meijr  ont  des  orèye 
Et-z-ont  des  oùye  ossi. 
(DuMONT.  Li  bronspolte  di  Hougâre.  Se.  7.  Vers  1800.) 

Divant  d'pèchi, 
N'vàt-i  nin  mî 
Di  s'ri.ssov'nî 
Qu'i  gn'a  todi 
Qui  fait,  qui  dit? 

(N.  Defrechedx.  Pèchi  cachl,  1862.) 


-  287  — 

1014.  Dire  fait  dire. 

LiTT.  Dire  fait  dire. 

Nos  accusations  nous  suscitent  des  accusateurs. 
Nos  assertions  nous  suscitent  des  contradicteurs. 
Basse-Allemagne. —  EinWort  gibt  das  andere. 

1015.  11  a  s'dit  èié  s'dèdil.  (MoNS.) 

LiTT.  11  a  son  dire  et  son  dédire. 
On  ne  peut  se  fier  à  sa  parole. 

(SiGART.  Dicc.) 

Il  ressemble  les  Normands,  il  a  son  dit  et  son  desdit. 

(OUDIN.  Curiositei  fratiçoisex.  ie-iO.) 

MoNS.  Tu  peinse  peut-ette  que  je  l'erserabe,  qud  j'ai  m'dit  éié  m'dèdit,  et  que 
j'  n'ai  pus  l'honneur  à  cœur. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  ISol .) 

101(5.  A  J'han,  n'  fât  nin  tôt  dire. 

LiTT.  A  Jean,  il  ne  faut  pas  tout  dire. 

Il  est  des  choses  qu'il  vaut  mieux  passer  sous  silence. 
Ne  confiez  pas  vos  secrets  au  premier  venu. 

Pr.  fr.  —  Quand  on  a  la  main  pleine  de  vérités,  il  n'est  pas 
toujours  bon  de  l'ouvrir. 

En  passant,  ji  poireu  co  Lin 
Dire  on  mot  dé  gouvernumint. 
Mais  chut,  à  J'han  n'fàt  nin  tôt  dire, 
Li  sérieux  jaraàye  ni  fait  rire. 

(Hanson.  Li  Hinriade  iraveitèye.  I.  i780.) 

Il  y  a  beaucoup  de  Jean  (de  gens) 

Qui  s'appellent  Jacques, 
Qui  ne  savent  pas  comment 

La  chose  se  passe. 

Si  le  saviont. 

Ils  emmerdriont, 
Et  de  rage  ils  en  creveriont  ; 

Mais  n'èl  fàt  nin  dire. 
I  n'  fàt  nin  tôt  dire  à  J'han 
A  J'han  n'  fàt  nin  tôt  dire. 

(Ancienne  chanson  populaire.) 

1017.  Dire  et  fer  sont  deux. 

LiTT.  Dire  et  faire  sont  deux. 

Il  est  plus  facile  de  parler  que  d'agir. 

Pr.  fr.  —  I.e  bien-faire  vaut  mieux  que  le  bien-dire. 

Variante.  Bin  fer  vàt  mî  qu'  bin  dire. 

(FoRiR.  Dici.) 
Verviers.  So  I'  vôye  intre  lu  dire  et  l'fer, 

Mèye  soler  d'vront  co  s' gauter. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  187i.) 


—  -288   - 

Marche.  Dire  est  bin,  mais  tel  c'est-st-aute  ctiose. 

Basse-Allemagne.  —  Wort  und  That  sind  (ist)  zweierlei. 

1018.  Qui  n'dit  rin  l'accoide. 
LiTT.  Qui  ne  dit  rien  l'accorde. 

En  certains  cas,  se  taire,  c'est  consentir.  (Acad.) 
Pr.  fB.  —  Qui  ne  dit  mot,  consent. 

Qui  lacet,co)isenlii'(',  uJdfMa  ;  et  cependant  on  dit  :  Lesilence 
des  peuples  est  la  leçon  des  rois. 

2\xce)it,fiatis  laudanl.  (Terence.  Eunuque  III,  se.  '2.) 
Qui  se  tait,  est  veu  consentir. 

(Proverbes  de  Bouvelles.  i5'61.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Verviers.  Qui  n'dit  rin,  consint. 

(Remacle.  Dict.) 

MoNS.  Ebé,  gas  !  qu'est-ce  qud  fin  dis?  tu  n' réponds  nié,  c'est  qud  1'  marché  est 
fait  :  qui  n'  répond  pas,  consent,  qu'i  dit  l' proverbe. 

(LKTEhUER.  Armonaqne  dé  Motis  1802.) 

Lille.  Qui  ne  dit  mot,  consent. 

Basse-Allemagne.  —  Wer  schweigt,  bejaht  (sagt  Ja  !). 

1019.  Si  vite  dit,  si  vite  fait. 

LiTT.  Aussitôt  dit,  aussitôt  fait. 

Se  dit  en  parlant  des  choses  ou  des  personnes  sur  lesquelles 
on  prend  une  prompte  décision,  qu'on  emploie  aussitôt  qu'elles 
se  présentent.  (Agad.) 

Pc  fi>.  —  Aussitôt  pris,  aussitôt  pendu.  —  Aussitôt  dit, 
aussitôt  fait. 

Orig.  QuiTARD.  Dict.,  p.  592.  —  Cf  La  loi  de  Lynch  (en 
Amérique). 

Sitôt  pris,  sitôt  pendu. 
Elle  court  ouvrir  la  porte. 

(Desaugiers.  Pot-pourri  de  la  Vestale.) 

Si  vite  dit,  si  vite  fait,  nos  gins  troufflit  essônne. 

(Bailleux.  Les  yotte  et  Varaigne.  Fàve.  -1852.) 
Comme  ça  s'tu  dit,  ça  s'tu  vite  fait, 
Vocial  vinou  on  p'tit  banstaî 
Himpli  d'tos  frut  comme  des  oringe. 

[Deux  comparaison  grossîre.  Conte.  i8S7.) 

Treus  camarade,  joyeux  comme  lu. 
Si  d'het  qui  po  rire  ine  miette 
I  d'vrît  l'moussî  à  récolette, 
Ossi  vite  dit,  ossi  vite  fait. 

(Ep.  Martial.  Li  savUi  des  révolette.  dS.'îQ.) 

Var.  Naml'R.  Sitôt  pindu,  sitôt  stronné. 

Basse-Allemagne.  —  Mitgefangen,  mitgehangen, 


I 


—  289  — 

1020.  Dire  âmen  à  totes  les  messe. 

LiTT.  Dire  amen  à  toutes  les  messes. 
Approuver  tout,  ne  faire  aucune  objection.  (Littrk.) 
Répondre  par  manière  d'acquit,  sans  approfondir. 
Variante.  Il  est  todi  Ik  po  dire  àmen. 

TouHNAi.       J'sins  bin,  va,  d'jour  in  jour,  que  j'dequinds  bouguerniint 
Disant  awi,  amen,  quand  on  nVlraite  comme  eine  brute, 
Sins  l'corache  do  riîpeonte  au  ceu  qui  in'perséeute. 
(Pierre  Urunehault  (Leroy).  A  l'tapm/rie  des  collet  rouche.  Se.  3.  1891.) 

1021.  Ennès  dire  qui  po  pinde. 

LiTT.  En  dire  que  pour  pendre. 

Pr.  fr.  —  En  dire  pis  que  pendre. 

iJire  de  quelqu'un  toute  sorte  de  mal.  (Agad.) 

)0'22.  Ennès  dit  oltant  di  ki' commère  qui  di 
m'  compère. 

LiTT.  Il  en  dit  autant  de  ma  commère  que  de  mon  compère. 
Il  n'épargne  personne. 

10^23.  Li  cinque  qui  n'  vout  nin  altinde,  qu'i 
n'die^ri^.  (Namuu.) 

LiTT.  Celui  qui  ne  veut  pas  attendre,  qu'il  ne  dise  rien. 
Le  temps  se  perd  en  paroles  oiseuses. 

1024    Çou  qu'on  n'  dit  nin,  on  1'  hufelle. 
LiTT.  Ce  qu'on  ne  dit  pas  on  le  sil'lîc. 

On  ne  peut  pas  toujours  dire  tout  ce  que  l'on  voudrait,  on  le 
fait  sous-enlendre. 

DOCTEUR. 

1025.  C'est-sl-on  docteur  àx  jennès  vesse. 

LiTT.  C'est  un  docteur  au.\  vesses  jaunes. 

Médecin  peu  habile  ou  qui  n'ordonne  que  des  remèdes  fort 
communs  et  sans  efficacité.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Médecin  d'eau  douce. 

Docleùr  âx  jaunes  vease,  il  paraît  que  c'est  un  vague  souvenir 
des  docteurs  Ueuevoib  qui  tentèrent,  sans  succès,  de  populariser 
à  Liège,  les  doctrines  de  Calvin.  Le  peuple  altère  ainsi, 
d'habitude,  les  mots  qu'il  ne  comprend  pas  bien. 

{L.-V.  Mélanges.  Dulletut^  I.  lll,  p.  60.) 

Cité  par  Forir.  Uict. 

Li  d'mokî  d'Egmont  est-sl-à  l' liesse, 
Qui  fait  r  docteur  àx  jennès  vesse. 

(Hanson.  Li  Ilinriade  trauestéye.  VIII.  -1780.) 

19 


290  — 


C'est-st-on  docteur  âx  jennès  vesse, 

Qui  d'on  plein  saut  ddcide, 
Qui  n' prononce  qui  tôt  fant  on  gesse 

Po  l's  affermi  tote  d' suite. 
{Chanso7i  sur  l'élection  du  prince  Charles  d'Oullremonc.  1763.) 

DOIGT. 

10^6.  Il  a  les  deugt  à  croc. 

LiTT.  Il  a  les  doigts  crochus. 

Être  tort  enclin  à  dérober.  (Agad.)  —  C'est  un  voleur,  c'est 
un  homme  avide. 

Pr.  fr.  —  Avoir  les  mains  crochues. 
Cité  par  Forir.  Dicl. 

Wayaîpont  si  plaihîve  à  taper  des  hatle  à  prince  et  à  l' kihagner,  tôt  l'accusant 
d'avu  des  deugt  à  croc. 

(G.  Magnée.  IJ  cren''quinldè  prince  âbbé  di  Stâv'leû.  1867.) 

JoDOiGNE.  Il  a  des  grands  doigt. 

Basse- Allemagne.  —  Lange  Finger  machen. 
IU'27.  Ji  n'  YÔreus  nin  chôkî  m' deugt  es  feu. 

LiTT.  Je  ne  voudrais  pas  mettre  mon  doigt  au  feu. 
Par  exagération,  j'en  mettrais  ma  main  au  feu,  j'assure  que 
la  chose  est  ainsi,j'en  répondrais  à  mes  risqueset  périls.  (Agad.) 
Cf.  QuiTARD.  iJict.,  p.  385. 
Pr.  fr.  —  Je  n'en  voudrais  pas  mettre  le  doigt  au  feu. 

(OuDlN.  Curiositet  françaises.  1640.) 

Jalhay.  Thiodôr. 

Ji  n'es  voreus  nin  toudi  hèrer  m' deugt  es  feu. 

(Alexandre.  Les  deux  soroche.  I,  se.  13.  1861.) 

1028.  1  compte  so  tos  ses  deugt. 

LiTT.  Il  compte  sur  tous  ses  doigts. 

Il  a  beaucoup  de  peine  à  se  tirer  d'affaire  faute  d'argent. 

1029.  Bouter  1'  deugt  es  l'oûye. 
LiTT.  Mettre  le  doigt  dans  l'œil. 

Amener  quelqu'un,  par  adresse,  à  faire  une  chose  qui  lui  est 
désavantageuse,  ou  qui  est  contraire  à  ce  qu'il  avait  résolu. 
(Agad.) 

Pr.fr.  —  Prendre  quelqu'un  au  trébuchet. 

Cité  par  Forir.  Olct. 

Dire  li  vraie,  esse  contint  de  pau  qu'on  pout  avu. 
C'est  co  baicôp  l'pus  sur;  et  portant  on  arège 
Di  boùrder  comme  des  gueux  po  ragrandi  s'wàgnège; 
Pinse-t-on  qu'on  mettreul  Ijin  l' deugt  es  l'oùye  à  bon  Diu  ? 

(Bailleux.  Li  chèpti  et  Saint-Aniône.  Fâve.  18S6.) 


I 


—  291  — 

M""»^  Badinet. 
A  c'ste  heure  qui  j'a  vèyou  li  d'so  di  vos  cwàrjeu, 
Po  m'chôkî  l'deugt  es  l'oùye  v"  n'àrez  pus  si  bai  jeu. 

(Delchef.  Li  ijalant  dèVsiervante.  I,  se.  8.  1857.) 
M"'=J  LOMBA. 
Mais  pinsez-v'  don  todi  mi  bouter  l'deugt  es  l'oûye? 
Vos  m' l'avez  bin  fait  hîr,  min  vos  n'el  frez  pus  hoùye. 

(Remouchamps.  Li  sdv'ti.  Act.  II,  se.  5.  iSoS.) 
C'est-st-on  marchî  coviért,  et  surtout  po  F  joù  d'hoûye, 
Wisse  qui  les  pus  sincieux  s' fet  chôkî  l'deugt  es  l'oûye. 

(Thiry.  Itie  copenne  xo  V  mariège.  -1858.) 
Jalhay.  Majenne. 

S' elles  ont  bin  l' tour  du  hèrer  l' deugt  es  Foûye 
A  paysan  qui  louke  leus  bais  saquoi. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  13.  i862.) 
Namur.  On  s'  sitich'reûve  on  doigt  dins  l'oûye. 

Qui  rin  n'  m'arrètreùve  vos  l' savoz, 
J'o  co  cinquante  cop  crié  ouye. 
Es  m' trebuquant  à  1'  nait  por  vos. 

(WÉROTTE.  Choix  de  clumsons  wallonnes.  i860.) 
Charleroi.  Gèlique. 

El  pou  qu'  vos  vos  fourî  l' doigt  dins  l'oûye  in  pinsant  d'arriver  ou  c'qué  vos  v'Iet 
in  v'ni,  je  pette  à  gaye  comme  les  ch'fau  Bâtisse  à  Quinquet. 

(h.  Berkus.  L'  malade  Saint-Tliibau.  II,  se.  7.  1870.) 
Tournai.  S' foute  l'deogt  dins  l'weil. 

Basse- Allemagne.  —  Einen  Daumen  aufs  Auge  drûcken. 

1030.  On  a  cinq  deugt  à  1'  main  et  noiik  égal  (ou  : 
nouk  ni  s'ravise). 

LiTT.  On  a  cinq  doigts  à  la  main  et  aucun  semblable  (ou  : 
aucun  ne  se  ressemble). 

Les  enfants  d'une  même  iamille  ont  des  inclination.s,  des 
mœurs,  des  caractères  différents.  —  Il  ne  faut  pas  exiger  une 
exacte  ressemblance  entre  les  personnes,  entre  les  caractères, 
entre  les  choses.  (Littré.) 

Les  doigts  d'une  main  ne  s'entresemblent  pas. 

{Prov.  gallic.  -foiO.) 

Les  cinq  doigts  de  la  main  ne  se  ressemblent  pas. 

{Dict.  port,  des  prov.  fr   ilM.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

1031 .  I  n'faut  jamais  mette  su  s'doigt 

Sinon  de  l'hierbe  qu'on  counnoît.(MoNS.) 

LiTT  II  ne  faut  jamais  mettre  sur  son  doigt 

Que  de  l'herbe  qu'on  connaît. 


—  292  — 

Il  ne  tant  point  so  mrlor  de  choses  que  l'on  ne  connaît  pas. 
Ces  lieux  vers  —  proverbe    —  sont,  la  morale  de  la   fable  : 
rEi'iin'i-d,  el  Itup  ci('  i"  •ixwoau. 

(Letellier.  Aniiontiiiiic  de  Mans.   1848.) 

MuNs.  Va-t-ein,  foiilu  flayuUe  (flamaiiil), 

Va-l-eiii  vîr  à  qui  veiiilc  tes  finie  ; 
*  Ml,  ,ji  n'mels  dessus  mes  doigl 

Que  de  l'hierbe  que  je  counnois. 
{Clintisoii  citée  par  SiGART.  Dict.  du  wallon  de  Mons.  iSlO.) 

îSamiir.  .  I  n'faut  mette  dessus  s'doigt 

Que  de  l'hiébe  qu'on  connaît. 

Marche  S'io  cours  di  nône  à  quatorze  heure, 

l'insant  d'allet  trovet  l'honheur, 
T'es-st-o!i  sot;  on  dait  mette  sus  s'deugl 
Di  l'hicppe  ou  d' l'onguent  qu'on  conneut. 

(Alexandre.  l'^iit  coni.  dSCO.) 

RoiiCHi.  Mets  su  t' dôgt,  l'yerpe  ([ué  16  conôs. 

(Hécart.  Dict.) 
Lii.i.E.  I  n'faut  mette  sus  sin  dogt 

Que  (l'hierbe  qu'on  connot. 

103^2.  1  n  lut  iiiii  mette  si  deugt  inle  l'ouhe  el 
l'  postai. 

LiTT.  il  ne  t'aul  pas  mettre  son  doigt  entre  la  porte  et  le 
montant. 

Il  ne  faut  pas  s'inL!,érer  mal  à  propos  dans  les  dilïérends  des 
personnes  naturellement  unies,  comme  frère  et  sœur,  mari  et 
femme.  (Acad.) 

Prov.  il  ne  faut  pas  mettre  le  doigt  entre  l'arbre  et  Fécorce. 
Sganareixe. 

Apprenez  que  Cicéron  a  dit  qu'enire  l'arbre  et  le  doigt,  il  ne  faut  point  mettre 
l'écorce.  (Molière.  Le  médecin  maUjré  lui.  I,  se.  3.) 

Marèye. 

Ji  m'sovaîrai  joùrmâye 

Qu'il  est  todi  bin  vraie  qui,  po  viker  es  paye. 
On  deul  bin  clore  si  bêche  et  bouler  tot-à-fait 
Sinsjamàye  chokî  s'deugl  inle  li  poite  et  l'postai. 

(G.  Delarge.  Scène  populaire.  -1874.) 
Varl\nte.  I  n'fàl  nin  mette  si  deugt  inle  li  cliché  et  l'fèrou. 

(FORIR.  Dict.) 
JouoicNE.  Ni  bouter  s'doigt  inle  l'aube  el  l'pelaque. 

10IÎ3.  S'Irouver  avé  ses  dix  doigt  à  s'l)Ouclie. 

(Mons.) 

i.iTT.  Se  trouver  avec  ses  dix  doigts  à  sa  bouche. 


^293 


N'avoir  rien  à  mettre  sous  la  dent  'et  par  extension  être 
complètement  ruiné). 

N'avoir  pas  de  quoi  vivre,  n'avoir  pas  de  quoi  mettre  sous 
la  dent.  (Acad.) 

MoNS  I  faut  loiuii  garder  "ne  pomme  pou  1"  soif,  pasquc^  pus  tard,  vos  vos  trouviel 
avec  vos  dix  doigt  à  vos  bouche. 

(MouTuiErx.  Des  noitviau.r  coûte  de  qitié.  I80O  ) 

Tournai.  S'trouver  à  l'hiver  avec  ses  dix  deogt  à  s'bouque. 

Var.  Nrs'ELLES.      Mais,  avé  tout  ça,  c'n'aniu'e  ci  i  nos  faut  suci  nos  doigt. 

{UAclot.  1888,  n"9.) 
Saint-Quentin.  lîesler  avou  leu  doigt  deins  leu  houque. 

(GosSEi\  Letires  picardes.  1840.) 

1034.  Mettez  vosse  denat  d'siis,  vos  l'troùv'rez 
d'so. 

LiTT.  .Mettez  votre  doigt  dessus,  vous  le  trouverez  dessous. 
Locution  proverbiale  pour  dire  ironiquement  à  une  personne 
qu'elle  n"aura  pas  ce  qu'elle  désire,  ce  qu'elle  convoite. 
Mette  si  deugt  d'sus   —  Deviner. 

GUIAME. 

Eh  bin  !  Ji  v'.-  ci  va  dire,  c'est  pasqui  ji  n'va  màye  heure  li  gotle  es  s"mohonne. 

J'han  Pierre. 

Pc  c'cùp  cial,  vos  avez  mettou  l'deugl  d'sus. 

(MONOYER.  Li  k'fesition  d'on  borguimuisse.    18;J8.) 

Louise. 

Ji  meltreus  bin  m'deugt  d'sus  ;  ji  v'diret  qui  c'est,  pus  lard. 

{\)]).  i>\Lm:.  Lesdeiix  béch'iù.  Se.  ;2(i.  1879.) 

1035.  S'ès  hagnî  les  deugt. 

LiTT.  S'en  mordre  les  doigts. 

Serepentii"  de  quelque  chose.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  S'en  mordre  les  doigts  ;  les  pouces. 

En  leur  rivage  discourtois. 

En  ont  depuis  mordu  leurs  doigts. 

(SCARRON.  Virijilc  travesti.  L.  G.) 

Variante.  Quoi  donc,  c'  visège  à  ehîr  esconte 

A  m'bàbe  woise  si  moslrer  sins  honte, 
Dit,  lot  bas,  nosse  Valois  furieux. 
Et  tôt  s'hagnant  1"  bèchelte  des  deugt. 

(Hanson.  Li  Hinriade  trnvestèijc.  (.Ii.  III.  1780.) 

I   n'passa  nin   baîcùp  d'aiwe  diso  ri'ont-d's-àihc  inà  qu'ltaitri  ni  k'imincahe  à 
s'hagni  les  dougl  di  s'avu  ulahi  à  ciste  hoiume-là. 

(G.  Magnée.  Dultrî   iStiU.) 


294  — 


Si  rtouboula  (lent  ciste  annôye 
Arrichi  tos  les  pauves  bribeu, 
Por  mi,  j'voreus  qu'elle  fouhe  damnôye 
Ca  j'm'ennès  hagnc  èco  les  deugt. 

(Al.  Pfxlers    Li  tonhouln  (VLUje.  Ch.  i877.) 

Basse- Allemagne.  —  Sicli  auf  die  Zâhne  beissen. 

1036.  Avu(fer)  'ne  saqiioi  à  r'ièche  deugt,  jusqu'à 
coude. 

LiTT.  Avoir  (taire)  quelque  chose  à  lèche  doigts,  jusqu'au 
coude. 

Être  servi  à  profusion.  —  Faire  une  chose  avec  le  phis  vif 
plaisir. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Poquoi  av'  situ  fer  des  pauve  avou  des  riche  ? 

Ji  v'prindreu-t-à  r'ièche  deugt,  sins  l'siermint  qui  m'oblige. 

(Bailleux.  Inefdve  di  m'vèye  grand' mère.  1844.) 

I  gn'aveut  ine  vette  sope  â  spinâ  qu'estcut  si  bonne  qu'on  'nn'  à  magnî  chaque 
deux  assiette  à  r'ièche  deugt. 

(Dehin.  Les  avinteûre  d'on  mariège.  Ch.  1857.) 

Magnîz  vosse  cabolèye  à  r'ièche  deugt,  comme  i  v'plait. 

(AIXIDE  Pryok.  Poe  pourri.  i872.) 

Namor.  On  leup,  on  joû,  sortait  do  bois, 

On  pansart  qui  todi  cowette, 
Dijeuve  et  tôt  r'ièchant  ses  doigt 
I  n'faut  Jamais  rin  lèyî  piette. 

(Wérotte.  Li  ch'/au  et  Vleup.  Fauve,  1867,  ¥  dd.) 

1087.  Sins  deu'^t,  on  n'sâreut  gretter  s'cou. 

LiTT.  Sans  doigts  on  ne  saurait  se  gratter  le  cul. 

II  faut  avoir  les  outils  de  sa  profession. 

1038.  Coula  lî  plaque  âx  deugt. 

LiTT.  Gela  lui  colle  aux  doigts. 

Se  dit  généralement  des  personnes  qui,  maniant  beaucoup 
d'argent,  en  conservent  une  partie  pour  elles,  par  des  moyens 
détournés  ou  peu  honnêtes. 

Il  a  de  la  poix  aux  doigts. 

(OUDIN.  Curionitez  Jrnnçoises.  IG-iO.) 

Cité  par  Forir.  Jiict. 

Baîwîr. 

Ti,  ti  sèrôs  m'chin  d'chesse, 

L'àrgint  t'plaqu'ret  âx  deugt,  porveu  qu'les  aute  payesse. 

(AlXIDE  Pryor.  On  dragon  qtti  fait  dea  madame.  1867.) 

JoDOiGNE.  Il  a  d' l'aurpoi 

Au  bout  d'ses  doigt. 


—  295  — 

DOMMAGE. 

10M9  C'est  rdammaiie  qui  fait  l'  chîr  timps.  (On 
ajoute  parfois  :  Et  tôt  Tmonde  s'ennès  r'sint.) 

LiTT.  C'est  le  dommage  qui  rend  le  temps  cher  (et  tout  le 
monde  s'en  ressent). 

Les  sinistres  renchérissent  les  denrées 

Ce  proverbe  se  dit  en  plaisantant  à  celui  qui  a  toujours  les 
mots  «  c'e.si  damrnage  »  à  la  bouche. 

JoDOiCNE.  Dammache  a  fait  l'cher  timps. 

DONNER. 

1040.  In  donner  léong  comme  eine  queue  d'bruant. 

(Tournai.) 

LiTT.  En  donner  long  comme  une  queue  de  hanneton. 
Donner  peu  de  chose. 

1041.  Qui  rate  donne,  deux  fèye  donne. 
LiTT.  Qui  tôt  donne,  deux  fois  donne. 

On  perd  la  grâce  et  le  mérite  d'un  don,  quand  on  ne  l'accorde 
pas  le  plus  tôt  qu'on  peut.  —  Un  don  qui  se  tait  trop  attendre 
est  gâté  quand  il  arrive. 

Pr.  fr.   -    Qui  tôt  donne,  deux  fois  donne. 

Bis  dat  qui  cito  dat.  (Senèque.) 

Vermers.  Cadeau  vout  s'manîre  di  s'fer, 

N'tourniquez  quand  v'volez  d'ner. 

(J.-S.  Kenier.  Spots  rirnés.  1871.) 

DORMIR. 

1042.  Doirmi  comme  ine  pire. 

LiTT.  Dormir  comme  une  pierre. 
Dormir  profondément. 

Cf.  Dormir  comme  une  souche,  comme  un  loir. 

Tatenne. 
Lu,  il  est  todi  là  qui  doime  lot  comme  ine  pire. 

(Ed.  Remol'Champs.  U  sdv'tt.  Acte  â,  se.  I.  i858.) 
Namor.  I  dwa  comme  on  chabot. 

Basse- Alleîwagne.  —  Wie  eine  Ralzc.  schlafen. 

1043.  I  n'dame  nî  seu  ses  javia.  (Jodoigne.) 
LiTT.  Il  ne  dort  pas  sur  ses  javelles. 

C'est  un  travailleur,  il  ne  cesse  de  s'occuper  de  ses  aftaires, 
il  a  toujours  l'œil  ouvert  sur  ses  intérêts. 


—  296  — 

lOii.       Esse  comme  le  cosireû  d'Leûze, 

Qivaime  mia  darmeû  qii'dè  keûse. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  Etre  comme  !a  couturière  de  Leu/ie, 

Qui  aime  mieux  dorm;r  que  coudre. 
C'est  une  personne  nonchalante,  paresseuse. 

1045.  I  vont  doirmi  avou  les  poye. 

LiTT.  Us  vont  se  coucher  avec  les  poules. 

Se  mettre  au  lit  de  très  bonne  heure.  (Littré.) 

Pr   fr.  -  Se  coucher  avec  les  poules. 

Verviers.  Coùqu1z-v'  avou  l'pàye  alzante 

Mais  lovez-v'  quand  lu  coq  chante. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  iSli.) 

1046.  I  doim'reut  mars  et  avri  foû.  (Malmedy.) 

LiTT.  11  dormirait  pendant  les  mois  de  mars  et  avril. 
C'est  un  grand  dormeur. 

{Arm.  do  l'Samè7ie.  dSSo.) 

DOS. 

1047.  Racater  s'déos  avec  eine  quennette.  (Tournai.) 

LiTT.  liacheter  son  dos  avec  une  petite  pinte. 
Eviter  d'être  battu.  —  Offrir  des  rafraîchissements  à   quel- 
qu'un, afin  de  se  le  rendre  favorable. 

DOUBLURE. 

1048.  Avoir    les    doublure    de    s'maréonne    qui 
coll'tent  insane.  (Tournai.) 

LiTT.    Avoir   les   doublures  de    son    pantalon   qui   collent 
ensemble. 

N'avoir  rien  en  poche;  iHre  sans  argent, 

DOUCEMENT. 

1049.  Qui  va  doûc'mint,  va  loncçtimps. 

LiTT.  Qui  va  doucement,  va  longtemps. 
Qui  veut  bien  faire,  doit  y  mettre  le  temps. 
Feslina  hutte.  (HORACE.) 

Hfitcz-vous  lentement. 

(BOILEAU.) 

Le  temps  ne  fait  rien  à  l'aflTaire. 

(Molière.  Misanthrope.) 

(Jn  va  piano,  va  Hano,  e  chi  va  saiio,  va  lontano. 
Cité  par  Forir.  Dict. 


—  297  — 


Colas. 

Qwand  c'est  qu'nos  sèrans-st-ès  manège, 
Nos  rgrellrans  mutoi  nosse  jûne  timps, 
Hoùtez-m',  crcyans-st-on  vî  messège 
Li  ci  qu'va  douc'mint  va  longtimps. 

(Baron.  Les  deux  cuxentie.  II,  se.  4.  1883.) 

Variante.  I  s'y  prindet  trop  reiul,  çoula  n'durret  wère. 

Stavelot.  Qui  va  doux,  va  Ion. 

Namur.  Qui  va  douc'mint  va  longtimps, 

Marmottait  grand'mc're  ; 
Et  d'jant  c'  proverbe  là,  je  Ttins 

Di  m'pauve  vî  grand'pére  : 
Ci  n'est  nin  les  chin  corant 
Qu'attrape-nu  bramint  des  an. 
(Wérotte.  Choix  de  chamons  wallouuex.  Namur.  18G0.) 

DOUTE. 

1050.  I  n'a  pos  d' doute, 

Après  r  café,  on  beot  la  goutte.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  ny  a  pas  de  doute, 

Après  le  café,  on  boit.  la  goutte. 
Cela  est  juste.  —  Il  n'y  a  rien  à  répliquer  à  cela. 

DOUX. 

1051.  Tout  à    la  douce,   comme   el    marchand 
d' cerise.  (^Ions.) 

LiTT,  Tout  à  la  douce,  comme  le  marchand  de  cerises. 
Sans  faire  d'embarras,  sans  faire  beaucoup  de  dépenses.  — 
Ni  bien  ni  mal. 

Nivelles.  Ça  va  toudi  tout  à  la  douce,  comme  el  marchand  d'cerige. 

MoNS.  Quand  tu  vouras  d'mander  quéque  chose,  né  pas,  m' petit  fieu,  palle  toudi 
honnêtement,  tout  à  la  douce,  comme  el  marchand  d' cerise. 

(Letellier.  El  soleil  cié  r  virii  d' bise.  Faufe.  Arm.  dé  Mons.  18o7.) 

^1   la  douai.  Cri   des  rues  de  Paris  annonçant  des  cerises 
douces  à  vendre.  (Littré.) 

DOUZAINE. 

1052.  I  n'y  a  nin  traze  à  1'  dozaine. 
LiTT.  Il  n'y  en  a  pas  treize  à  la  douzaine. 

C'est  une  chose  rare,  on  n'en  trouve  pas  autant  .[u'on  le 
désire. 

Pr.  fr.  —  Il  n'y  en  a  pas  treize  à  la  douzaine. 


—  298  — 

Ce  proverbe  est  sans   doute  antérieur  à   la  pratique  des 
libraires,  qui  prennent  le  treizième. 
Cité  par  Forir.  D'ici. 

Ll  MAISSE. 

Des  s'  faits  àrlisse,  j'enne  a  traze  po  'ne  dozaine. 

(Al.  Peclers.  Li  pielle  di  Balfays.  1870.) 
GÉRA. 

Nin  voleur  si  marier...  enne  n'a  nin  comme  coula 
Bin  sur  traze  à  l' dozaine. 

(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrâ.  I,  se.  2.  -1875.) 

On  pout  bin  dire  qui  des  s'  fait, 
Enne  n'a  nin  traze  ù  1'  dozaine. 
Po  raconter  leus  binfait, 
On  jâs'reut  pus  d'ine  samaine. 

(Willem  et  Bauwens.  Traze  coplet  so  les  Xlll.  1880.) 

Verviers Au  dozaine  vos  nos  là, 

C'est  nombre  crâne,  par  po  cis  qu'  hantint  ces  ajoune  là, 

Et  qu'  tot-z-y  amoliant  leus  esprit,  leu  bedaine, 

Fàt  dire  qu'i  sont  des  tiesse  dont  gn'a  traze  so  l' dozaine. 

(J. -S.  Renier.  Banquet  de  i%l\ .) 
Jalhay.  Garitte. 

~   ■      Vos  estoz  bin  on  brave  voisin,  Thiodôr. 
Bièth'mé  (à  part), 
l'nne  n'a  nin  traze  sufait  d'vins  one  dozaine. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  13.  1861.) 
Marche.  V  n'es  trouv'rez  nin  traze  o  1"  dozaine. 

MoNS.  Des  àrtisse  à  treize  à  l' douzaine, 

A  chinq  franc  au  pus  par  semaine. 
(J.-B.  Descamps.  Au  temps  jadis ^  au  temps  d' aujourd'hui.  Ch.  1887.) 

DRAP. 

10o3.  C'est  du  drap  pareil  à  m'saurot.  (MoNS.) 

LiTT.  C'est  du  drap  semblable  à  mon  sarrau. 

C'est  une  chose  de  peu  de  valeur,  ce  sont  deux  choses  qui  ne 
valent  pas  mieux  l'une  que  l'autre. 

MoNS.  Ouais!  vous  y  êtes;  el  dame  éié  l'mequenne,  c'est  du  drap  pareil  à 
m'saurot. 

(Letellier.  Arm.dé  Mons.  1850.) 

Var.  Mons.  Ouais,  bon  !  L'hussier,  l'hussière  c'est  l'mainme  verbe  ;  c'est  dé 
l'toile  parèye  à  m'saurot. 

(J.-B.  Descamps.  El  petottier.  Scène  montoise.  1887.) 

Vau.  Chari.eroi  L'  fieu  d'imbarras,  Tcurieux  el  l'babiard  in  ein  mot 

Tout  ça  c'est  l'môme  toile  à  m'saurot. 

(L.  Bernus.  U tortue  éiét  les  canard.  Faufe.  1873.) 
JoDoiGNE.  C'est  lote  môme  toile  à  m'  saurot. 


209 


1054.  C'est  tos  boton  d'méme  drap. 
LiTT.  Ce  sont  tous  boutons  de  mJ'me  drap. 

Ce  sont  toutes  personnes  du  même  rang,  du  même  bord,  du 
même  acabit  —  ejusdeiii  farinœ. 

Variante.  Bare. 

Nos  allans  bin  essonle,  nosse  maîsse,  c'est  l'boton  parèye  à  l'habit. 

(Willem  et  Bacwens.  Li  (jalant  d'à  Fifine.  Se.  14.  1882.) 

Var.  Tournai.  Ch'est  l'drap  parel  à  l'doublure. 

1055.  Il  est  d'vins  des  laids  drap. 

LiTT.  Il  est  dans  de  laids  draps. 

Il  est  dans  une  situation  embarrassante,  on  lui  suscite  des 
allai res.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  est  dans  de  beaux  draps  blancs. 

Dansez,  chantez,  tos  mes  èfant  ! 
Vos  n'chantrez  nîn  tant  d'vins  ine  an, 
Vos  n'àrez  nin  tant  d'jôye  qu'à  c'ste  heure, 
V'ià  qui  v'  fàret  payî  l' mouteûre. 

Et  Ion  la  la, 

Po  c'côp  la. 
Nos  estans  d'vins  des  laids  drap. 
(J.-L.  Corbesier.  Les  impôt.  Crdm.  18:2:2.  Annuaire.  i864.) 

Si  nos  èvèque  div'net  les  maîsse, 
Nos  n'sèrans  nin  d'vins  des  baîs  drap. 

(J.  Lamaye.  Qiti  vive?  Ch.  18o7.) 
Crahw. 

Est-ce  divant  les  mèneu,  l'botique 
Wisse  qu'on-z-ach'têye  des  s' faits  carrique  ? 
Et  Ion  la  la, 
Po  c'côp  la. 
Vos  estez  d'vins  des  laids  drap. 

(Alcide  Pryor.  Çou  q>i'est-.<!t-è.<!  fond  de  pot.  1864.) 

Bertrand. 

Qwand  ti  n'poux  nin  pochi,  laid  bastârdd  croufieu, 
Vos  m'ia  d'vins  des  baîs  drap  si  j'n'a  nou  respondeu. 

(Toussaint.  Lambert  H  foir sole.  I,  se.  3.  1871.) 

Marche.  Baquatro. 

C'est  portant  malheureux,  sez-se  bin  po  Colas. 
Li  mèyeu  d'nos  ami  s'troùve  d'vins  des  laids  drap. 

(Alexandre.  Lipèclwn  d'avril.  II,  se.  \0.  1858.) 

Var.  Charleroi.         Tout  seu,  s'pépiant  in  mouais  navia, 
I  d'set  :  me  v'Ia  bin  dins  n'Iaide  pia. 

(L.  Bernus.   L'èfant  brichaudeu.  Fauve.    1873.) 
Tournai.  Ette  dins  d'bieaux  drap. 


-  300  — 

I0o6.  l  n'y  a  màye  qu'on  drap  d'mohonne  po 
v' fer  mâcy. 

LiTT.  Il  n'y  a  jamais  qu'un  drap  de  maison  (grande  lavette) 
pour  vous  faire  sale. 

11  n'est  que  les  méchants  pour  dénigrer  les  bons. 

Cf.  Le  Nil  a  vu  sur  ses  rivages 

*  Les  noirs  habitants  des  déserts,  etc. 

(Le  Franc  de  Pompignan.) 

1057.  Racater  ses  drap  de  lit  (ou)  laver  ses  drap  de 
lit.  (Tournai.) 

LiTT.  Racheter  ses  draps  de  lit  (ou)  laver  ses  draps  de  lit. 
C'est-à-dire  offrir  une  fête  à  ses  amis  lorsqu'on  relève  de 
couche  ou  de  maladie. 

1058.  On  riknohe  todi  on  drap  d'iiielle,  si  bin 
qu'i  seûye  toirdou. 

LiTT.  On  reconnaît  toujours  un  drap  de  vaisselle  quoiqu'il 
soit  bien  tordu. 

On  ne  peut  cacher  complètement  son  origine. 
Gliassez  le  naturel,  il  revient  au  galop. 

(Destouches.  Le  glorieux.  HI,  se.  5.) 

DROIT. 

1059.  Dreut  comme  li  vôye  di  Hu. 

LiTT.  Droit  comme  le  chemin  de  Huy. 

Se  dit  d'une  chose  tortue.  (Littre.) 

Pr.  fr.  —  Droit  comme  la  jambe  d'un  chien. 

Marche.  To  fais  la  des  ovrège,  morblu 

Qui  sont  dreut  comme  li  vôye  di  Hu. 

(Alexandre.  Ftit  corii.  1860.) 

Var.  Nivelles.  Doit  comme  el  jambe  d'in  chi. 

Var.  Mons.  On  dit  bé  souvint  qu'Iés  meunier,  ça  vos  a  'ne  conscience  doilte 
comme  emme  bras  quand  je  m'mouche. 

[Armonnque  dé  Mons.  188C.) 

EAU. 

1060.  Li  kcùte  aîwe  est  pé  qui  l'cisse  qui  court. 

LiTT.  L'eau  tranquille  est  pire  que  celle  qui  coule. 
Les  gens  sournois  et  taciturnes  sont  ceux  dont  il  faut  le  plus 
se  défier.  (A.cad.)  -    Il  n'y  a  point  de  gens  dont  on  doive  plus 


—  301  — 

se  défier  que  des  gens  mornes,  taciturnes,  sournois  et  mélan- 
coliques. 

Pr.  l'r.  —  Il  n'est  pire  eau  que  l'eau  qui  dort. 

Ane  pr  Pire  est  coie  yawe  que  la  rade. 

Les  gens  sans  bruit  sont  dangereux  ; 
Il  n'en  est  pas  ainsi  des  autres. 

(La  I'ONTAINK.  Le  torrent  et  la  rivière.  Fable.) 
Mais  il  n'est,  comme  on  dit,  pire  eau  que  l'eau  qui  dori, 
Et  vous  menez  sous  chape  un  train  que  je  hais  fort. 

(Moi.IKRE.    Tartuffe,  l.  i.) 
Mais  c'est  une  eau  qui  dort  dont  il  faut  se  garder. 

(Hegnaud.   Le  di/ttmit.  I.  4.) 

C'esleut  on  pàhûle  valet,  màye  à  l'tavienne  ni  à  l'wih'nàhe  ;  mais  l'keùte   aîwe 
est  pe  qui  l'cisse  qui  court. 

(G.  Macnée.  Ilaitri.  iSCio.) 
Variante.  Mefiyîz-v'  dé  l'keùte  aîwe. 

Verviers.  Nu  v'Iîvrez  nin  à  l'émeute 

Mesfyiz-v'  du  l'aîwe  trop  keùte. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rinu's.  1871.) 
Var.  St-Hubert.  C'est  l'aiwe  qui  douame  qui  nèye. 

Marche.  Ni  v'fyîz  nin  à  l'aîwe  qui  keùve. 

Var.  Staveloï.  C'est  l'aîwe  keùte  qui  noyé. 

Namur.  Aîwe  qui  doal  n'ronfelle  nin. 

Jodoigne.  Les  kwayos  aîwe  sont  todeu  les  pe  dangereuse. 

Ciiarleroi.         D'in  galant  trop  timide,  m'iie,  mèliét  vous  dins  l'monde, 
Enne  aîwe  dormante  est  sovint  l'pus  profonde. 

(L.  BernuS.  Li  rii  viet  Vrichot.  Faufe.  1873.) 

Basse-Allemagne.  —  Stilie  Wasser  sind  tief. 
lUGI.  1  11' Il  rapoite  nin  tl' l'aîwe. 

l.iTT.  11  ne  lui  rajjporte  pas  de  l'eau 

Il  ne  lui  est  pas  comparable;  il  lui  est  fort  inférieur  en 
mérite.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  n'est  pas  digne  de  délier  les  cordons  de  ses  sou- 
liers. 

Cl".  l'Evangile  de  saint  Mathieu.  III,  II. 

Pr.  ail.  Kr  bringl  ihn  das  Was.ser  nicht. 

Basse-.\lle.magne.  1m'  ist  nichl  werth  ihin  die  Scliuh- 
riemen  zu  losen  —  das  Wasser  zu  reichen. 

1062.  Pèliî  es  r  mâcîte  aîwe. 

LiTT.  Pêcher  dans  IVau  sale. 

Se  prévaloir  du  désordre  des  aiïaires  publiiiues  ou  parti- 
culières pour  en  tirer  son  profit,  son  avantage.  (Acad.)  —  Faire 


302 


tourner  à  son  profit  ce  qui  nuit  aux  autres.  —  Profiter  du 
mauvais  état  d'une  lamille. 

Pr.  fr.  —  Pêcher  en  eau  trouble. 

Pocher  en  eau  trouble 
Est  gain  triple  ou  double. 
,  (Gabr.  Meurikr.  Trésor  des  semenees.  -I0G8.) 

MoNS.  Mais  qu' d'aucun  broyon  (surtout  des  cul-tout-nu  d'étranger)  voudrions 
bé  nos  faire  estropier  pou  avoir  enne  révolution,  et  pêcher  à  l'ieau  Iroube, 
comme  on  dit. 

(Letellier.  Artnonaque  dé  Mons.  -1859.) 

Basse-Allemagne.  —  Im  truben  fischen. 

1063  I  n'y  a  nolle  aîwe  si  mahèye  qui  n'finihe  pa 
s'  racièri. 

LiTT.  II  n'y  a  pas  d'eau  si  brouillée  qui  ne  finisse  par 
devenir  claire. 

Avec  le  temps  on  démêle  l'écheveau  le  plus  embrouillé.  — 
Nos  ressentiments  les  plus  vifs  finissent  par  se  calmer. 

Cf.  Le  temps  est  un  L^rand  maître,  il  règle  bien  des  choses. 

(Corneille.  Sertorhis.  Act.  II,  se.  4.) 

Verviers.  Nu  désespérez  d' nolle  brihe, 

Tote  aîwe  troûblêye  s'acclérihe. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  iSli .) 

Namur.      I  n'y  a  pont  d'aîwe  si  brouyie  qui  n'finiche  pa  s' racièri. 

1064.  I  s'a  lèyî  cori  l'aîwe  es  1'  boke 

LiTT.  Il  s'est  laissé  courir  (couler)  l'eau  dans  la  bouche. 
Se  dit  de  celui  qui  laisse  échapper  l'occasion. 

1065.  Noyî  inle  deux  aîwe. 
LiTT.  Nager  entre  deux  eaux. 

Se  dit  d'une  personne  qui,  entre  deux  factions,  entre  deux 
partis,  .se  conduit  de  manière  à  les  ménager  l'un  et  l'autre. 
(AcAD.)  —  Tergiverser,  biaiser,  parler  ou  se  comporter  d'une 
manière  équivoque. 

Cf.  Regarder  de  quel  côté  le  vent  vient.  —  Ménager  la 
chèvre  et  le  chou.  —  Se  faire  passer  pour  un  caméléon. 

Pr.  fr.  —  Nager  entre  deux  eaux. 

(OUDlN.  Curiositez  françaises.  4640.) 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

HlNRI. 

boutez  bin,  v'n'avez  toirt  nouk  des  deux. 

Crespin. 
Ah  !  v'  noyîz  inte  deux  aîwe  ! 


—  303  — 

Tatenne. 

Po  'nnès  dire  ine  pareye, 
Vos  avez,  je  l' wag'reus,  pinsé  co  pus  d'ine  fèye. 

(Remoi'Champs.  Li  sav'tl.  Act.  I,  se.  3.  iSoS.) 

Inte  deux  aiwe,  foirt  po  bin  noyî. 
Très  bai  inayeté  so  V  politique, 
Tinant  bon  po  Garibaldi, 
Ou  po  l'pape...  à  serlon  l' pratique. 

(M.  Thiry.  On  coirbâ  franc  ligeois.  1866.) 
Namur.  I  bagne  inte  deux  aîwe. 

1066.  Il  a  todeu  l'aîwe  à  V  bouche,  comme  on  via 
qu'a  des  vier.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Il  a  toujours  l'eau  à  la  bouche,  comme  un  veau  qui  a 
des  vers. 

Se  dit  d'une  personne  gourmande,  ou  qui  convoite  ce  que 
les  autres  mangent  ou  possèdent  en  fortune,  ou  affection. 

1067.  Li  pus  clére  aîwe  si  troùbelle  on  joû. 
LiTT.  La  plus  claire  eau  se  trouble  un  jour. 

Il  ne  faut  pas  compter  sur  une  prospérité  constante. 

Variante.         I  n'y  a  nolle  si  clére  ahve  qui  n'  si  brouye. 

Verviers.  I  n'a  nolle  si  clére  onde, 

Qui  n'  paùye  todi  s' troubler  ; 

Lu  pus  bai  cîr  dé  monde. 

Piette  quéque  fèye  su  claurté. 

(H.-J.  Raxhon,  a  m' camarade  Chapelier.  i888.) 
Marche.  Gn'asi  baî  ri  qui  n'si  troiibelle. 

JoDOiGNE.  N'a  se  belle  aiwe  que  n'  se  troùbelle. 

Picardie.  Gn'i  o  pas  d'ieu  si  belle, 

Qu'au  esse  troùbelle. 

(CORBLET.  Glossaire.  i8M.) 

Saint-Quentin.     I  n'y  a  pau  d'si  belle  yau  qu'a  né  s' troubel'se. 

(GossEU.  Lettres  picardes,  Ifiil.) 

1068.  Fer  \'ni  l'aîwe  à  1'  boke. 

LiTT.  Faire  venir  l'eau  à  la  bouche. 

Se  dit  d'une  chose  agréable  au  goût  et  dont  l'idée  excite 
l'appétit  quand  on  en  parle,  ou  qu'on  en  enlend  parler.  Se  dit 
aussi  figurémentde  tout  ce  qui  peut  exciter  les  désirs.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  L'eau  vient  à  la  bouche. 

Cela  fait  venir  l'eau  à  la  bouche. 

L'aiwe  11  coréve  es  l' boke  d'avance. 
Tôt  songeant  qu'i  herreut  es  s'  panse 

Cisse  bonne  char 

(Fr.  Bailleux.  Li  r'ud  et  V  cigogne.  Fâve.  1851.) 


804 


Kt  ini,  j'ode  ine  chèv'nèye 
Qui  l'ahve  ii  1'  boke  fait  v'i\i. 

(ThirY.  Li  retour  (I  Uge.  i8î)8.) 

Vos  avez  là  "ne  don^ye  qu'est  l)in,appétihàve. 

On  àreul  l'aiwe  à  1"  boke  rin  qu'  de  l' loukî  so  l' tàvc. 

(Al.  l'KC.l.ERS.  Li  cousèye  de  l'  matante.  Se.  9.  1877.) 

Marche.  Portant  vos  jurrîz  tes  p'tits  saint, 

•  U'one  bontet  à  fet  v'ni  des  aîwe  à  1'  boke. 

(Alexandre.  P'tii  corti.  1800.) 

Namuh.  L'aîwe  vineuve  à  1'  bouche  di  noste  ardinois  a  tc^l  point  qu'i  d'mande 
à  r  feuuime  one  portion  di  s' fricassée. 

{On  tjrand  nez.  Marmite  1884.) 

Charleroi.  m.  Diafoireux. 

Eh  bin,  no  mestî,  d'iez  les  liesse  à  coronne,  n'est  né  à  mette  l'euwe  à  l'gueûye 
d'enne  saquî. 

(L.  Bernus.  /;  malade  Saint-Thibaii.  II,  se.  6.  1876.) 

MoNS.  Rié  que  d' pincher  au  gambon,  j'ai  déjà  l'ieau  qui  viet  à  m' bouche. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1853.} 

Tournai.  On  verra  des  gins  ddvotieu  s'approcher  l'ieau  à  l'bouque  d'ia  Sainte  Table. 
{Etrenncs  tournaisiennes .  Calendrier.  4884.) 

Metz.  L'awe  m'en  vient  et  let  boche  et  v'iet  çou  qu'  j'en  era. 

(A.  Brondex.  Chan-Heitrlin.,  poème  patois-messin.  1785.) 

10G9.  Il  ni  riièche  es  l'aîwe. 

LiTT.  Tenir  le  bec  dans  l'eau. 

Laisser  toujours  dans  l'attente  de  quelque  chose  qu'on  fait 
espérer;  tenir  dans  l'inceriitude  en  ne  donnant  pas  de  réponse 
positive.  (AcAD.) 

Pr.  t'v.  —  Tenir  quelqu'un  le  bec  dans  l'eau. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Namur.  Vos  m'tinoz  l'bèche  dins  l'aîwe. 

Mons.     C'est  clair  ça,  mais  ça  m'imbicte  dé  rester  loudi  ainsi  l'bec  dins  l'ieau. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1804.) 

St-Quentin.  J'  vous  tiens  vo  bec  dains  yau. 

107(3.  L'aîwe  vint  todi  r'quoiri  ses  oliaî. 

LiTT.  L'eau  vient  toujours  rechercher  ses  os. 

Les  os  de  l'eau  sont  les  glaçons.  La  rivière,  déposant  ses 
glaçons  sur  les  rives,  vient,  par  suite  d'une  crue  d'eau,  les 
enlever.  —  Reprendre  ce  qu'on  a  prêté  ou  donné. 

Cité  par  Forir.  Dici. 

Naml'r.  Li  Moùsc  rivairet  quoirescs  oucha. 

1071.  On  n'tape  màye  ine  pire  es  l'aîwe  qu'elle  ni 
r'vinse  à  joû. 

LiTT.  On  ne  jette  jamais  une  pierre  dans  l'eau  qu'elle  ne 
revienne  au  jour. 


305  — 


Ce  qu'on  croit  le  plus  carho  linit  par  se  connaître.  —  Il  n'y 
a  pas  de  secret  pour  le  temps. 

Di  foice  qu'on  n'tape  màye  ine  pire  es  l'aîwe  qu'elle  ni  r'vinse  à  joii,  l'atlaire  dé 
saîweù  fout  rfond'miiit  qui  ses  enn'mi  aslokî  leus  accusège  dissus. 

((;.  Magnée.  Li  hnulotte.  1871.) 
Talbot. 

1  gn'a,  gendarme,  i  gn'a  qu'avou  li  spot  j'poux  dire  : 

'<  Qu'on  n'jctle  noUe  pire  os  l'aîwe  sins  qu'elle  ni  r'vinse  à  joù,  » 

Qui  l'moude,  si  hin  qu'on  l'cache,  timpe  ou  tard  est  k'nohou. 

(Th.  Collette.  Ine  vimjitice.  III,  se.  9.  1878.) 

Va».  JdiioiGNE.   Tapez  one  pire  au  fond  (l'on  pusse,  vairet  todeu  on  joù  qu'on 
irel  à  sloc. 

1072.  C'est-st-ine  goUe  (l'aîwe  es  Moûse. 

LiTT.  C'est  une  goutte  d'eau  dans  la  Meuse. 
Porter  des  choses  en  un  lieu  où  il  yen  a  déjà  une  grande 
abondance   (Acad.)  —  Faire  une  dépense  inaperçue. 
Pr.  Ir.  —  Porter  de  l'eau  à  la  mer. 

C'est  une  goutte  d'eau  dans  la  mer. 
Porter  de  l'eau  dans  la  rivière. 

(OUDIN.  Ctiriosilez ftançoisc.1.  1(540.) 

Poirter  d' l'aîwe  es  Moùse.  —  C'est-st-ine  golte  d'aîwe  es  l'mer. 

(FORIR.  Dictionnaire.  ISGO.) 

Variante.  Non  ciette,  vous  n'avez  pas  tapé  d"  l'aîwe  es  Moùse,    auquel    que 
j'espère  que  vous  la  f rez  dériver. 

(F.  L.  1*.  Pot-pourri  .10  le.i  Jics.ie  di  jutetle.  1842.) 

Variante.  Conseil,  eximpe  on  cùpd'baston, 

Otiant  d'pierdou;  à  Tprumire  occasion, 
Comme  s'on  aveut  rechl  us  Moûse, 
I  roûvèye  tôt  et  i  r'prind  s' couse. 

(Bailleux.  Li  cate  cangèyc  à  feiinime.  Fàve.  -ISol.) 

Variante.  Tonton. 

N'y  a  nou  méd'cin  por  lu,  il  est-st-au  bout  di  s'coùse, 
Fer  desd(*pense  por  lu,  c'est  laper  d' l'aîwe  es  Moùse. 

(Th.  Collette.  Qui  freùs-je  ni  mi  homme  moréve '.' \\ ,  se.  1).  188"2.) 

Var.  Mai.vedy.  C'est-st-one  rèchotte  s'on  grand  feu. 

St-Quentin.  Cha  s'roi  bailler  d'yeu  à  l'rivière. 

(GOSSEU.    Lettres  picardes.  1G41.) 

Basse-Allemagne.  —  Ein  Tropfen  im  Meere. 

1073.  Mette  di  l'aîwe  es  s'vin. 

LiTT.  Mettre  de  Teau  dans  son  vin. 

20 


—  a06  — 

Modérer  ses  transports,  laisser  tomber  sa  colère,  baisser  ses 
prétentions. 

l'y.  IV.  —  Mettre  de  IV'au  dans  son  vin. 

(OliUIN.   Ciirinsitcz  frnuçniscs.  IGiO.) 

Cité  par  FoRiH.  h'icl. 

Tôt  doux,  li  dit-st-i,  jan,  douc'mint, 
,  Mettez  on  pau  d'aîwe  es  vosse  vin. 

Qu'est-ce  qui  v's  a  fait  on  cour  si  deùr  ? 

(J.-J.  Hanson.  U  llinriade  trnvestèye.  Ch.  VI.  1780.) 

Marche.  Mets  d' l'aîwe  es  t'vin,  ma  foi  qui  j'jeùre, 

Et  waiift  do  n'nos  iiin  batte  si  deùrc. 

(Ai.KXANDRE.    P'tit  corii.  1800.) 

Frameriks.   l'ouqué  fei  tant  d'conle,  èiè  uietle  tant  d'discrelion  éiè  tant  d'iau  in 
vo  vin  audjerdue  ï 

(BoseuETlA.  Tambour  baituui.  Gazette,  188j,  n"  26.) 

St-Ql'entin.  1  a  mis  d'y  eu  dein  sein  vin. 

(Gossr.U.  Lettres  picardes.  1841.) 

1U74.  D'aîwe  vint,  d  aîwe  riva. 

LiTT.  l'ar  eau  vient,  par  eau  s'en  va. 

Klu.x  et  retlux. 

Pr.  tV.    -    Bien  mal  acquis  ne  profile  jamais. 

Ce  qui  vient  de  la  tlùte  s'en  retourne  au  tambour. 

(Jité  par  Fomih.   iticl. 

Jacouemin. 

Mais  çou  qu'on  poul  dire  di  coula, 
C'est  (ju'  c'est  d'aiwe  ri  vint,  d'aîwe  riva, 
lue  vindresse  à  mahi  s'Iessaî, 
Aveut  wàgnî  on  noû  cliapaî  ; 
On  vint  sofiè.le,  adiet  l'prolit, 
L'aîwe  l'aveu!  d'né,  l'aîwe  el  riprit. 
(De  ViVARio.  lA  Jiesse  di  Hoûte-si-plout,  II,  se.  3.  1737.) 

On  a  des  haut,  on  a  des  bas, 

("/est  l'aîwe  ([ui  r'vint,  c'est  l'aîwe  qui  r'va. 

(AUG.  HocK.  Les  deux  Kivlui.  1861.) 

Verviers.  Vosse  fortune  es  l'horotte,  brave  cumi^re,  ennès  va. 

Mais  n'fez  nin  tant  des  simagrawe, 
Çou  qui  d'I'aîwe  vint,  es  l'aîwe  riva. 

(N.  Poulet.  On  p'tit  mdlheâr.  Fauve.  1872.) 

Marche  et  Namiir.     C'qui  vint  d'rif  es  vas  d'raf. 

MoNs.  D'abord  ertencz  bé  que  tout  c'  qui  viet  d'rif,  s'en  va  d'raf. 

(MouTiiiEUX.  Des  nouvieaux  conte  dé  quié.  1850  ) 

lUiL'ciii.  ("([ui  vient  d'  rie  s'en  va  d'rac. 

(HÉCAHT.  Dict.) 


—  307  — 

1075.  N'uin  trover  d' l'aîwc  es  Mouse. 

LiTT.  Ne  pas  trouver  de  l'eau  dans  la  Meuse. 

Se  dit  d'un  homme  qui  ne  s'avise  pas  des  choses  les  plus 
simples  ou  d'un  homme  mal  habile  qui  ne  sait  pas  trouver  les 
choses  les  plus  communes.  (Littré.) 

Pr.  fr.  -  Si  on  l'envoyait  à  la  rivière,  il  n'y  trouverait  nuint 
d'eau 

Il  ne  saurait  trouver  d'eau  dans  la  rivière 

(Ol'din.  Curiositez  françaises.   -1640.) 
Vak.   Mai.mkiiy.  I  n'Irouv'iTut  nin  nne  mouyi  pire  o  l'aiwe. 

A 

I07(i.  A  pus  grand  feu  l'aîwe. 
LiTT.  Au  plus  grand  feu  l'eau 

Il  faut  courir  au  plus  pressé,   secourir  le  plus  nécessiteux, 
se  préserver  du  plus  grand  domma-e. 
Cité  par  Forir.  Inct. 

1077.  I  n' vât  nin  l'aîwe  qu'i  beut. 
LiTT.  Il  ne  vaut  pas  l'eau  qu'il  boit. 

Se  dit  d'un  homme  qui  ne  vaut  guère,  et  principalement  d'un 
valet  qui  manque  d'intelligence  et  d'activité.  (Agad.) 
l'r.  fr.  —  Il  ne  vaut  pas  l'eau  qu'il  boit. 
Var.  Jalhay.  Li  FEUMSIE. 

Ti  n'gagne  nin  l'aîwe  qui  li  beus. 

(Xhoffer.  Let  deux  soroche.  II,  se.  3.  ISfi'i.) 

Basse- Alle.\iag.\e.  —  Er  i.st  das  Wasser,  welches  er  trinkt 
niclit  werth. 

1078.  On  n'a  nin  lodi  l'aîwe  confime  on  l'voreut 
beùre. 

LiTT.  On  n'a  pas  toujours  l'eau  comme  on  voudrait  la  boire. 
Les  choses  ne  se  présentent  pas  toujours  d'après  nos  désirs. 

1079.  Fer  comme  Gôvi  (Gribouille)  qui  moussîve 
es  l'aîwe  po  1'  i)laîve. 

LiTT.  Faire  comme  Gôvi  (Gribouille)  qui  entrait  dans  l'eau 
pour  éviter  la  pluie. 

Pour  éviter  un  inconvénient,  se  jeter  dans  un  inconvénient 
encore  plus  grand.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Se  cacher  dans  l'eau  de  peur  de  la  pluie. 

Souvent  la  peur  d'un  mal  nous  conduit  dans  un  jiire. 

HolLEAU.  Art  port.) 

Variante.  Si  sàver  es  l'aiwe  po  rpialve. 

On  dit  aussi  à  Lic'ge  :  I  r'sùnne  à  Gribouille,  qui  s'sàvdve  es  l'aiwo  po  l'plalve 
ou  Govî,  ou  Mon.  ' 


—  308  — 

A  Namur  et  à  Mons,  on  ne  cite  que  Gribouille. 

Cf.  Le  charmant  conte  de  George  Sand  :  Histoire  de  Gribouille. 

Des  aille  hoùtel  1'  gazelle. 
Toi  rAyanl  des  grands  oùye. 
1  sonl  bons  inlerprèle 
El  malin  comme  Griboiiye. 
,  (Jeiiin.  Chanson  patriotique.  •1814.  Recueil.  BoDY.) 

Cisle  eximpe  porel  siervi 
A  ci  qui  po  rin  endève 
Pc  n'nin  fer  lot  comme  Gôvi 
Qui  moussîve  es  Taiwe  po  l'plaîve. 
(BAn.LF.ux.  Li  vèye  femme  et  .ses  deux  fèye.  Fàve.  l8uG.) 

Bèbette. 

Gloyéz  vosse  jaîve, 

V's  eslez  co  pus  sol  qu'Mon,  qu'mous.sîve  es  l'aiwe  po  rplaîve. 

(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrâ.  II,  se.  43.  -1875.) 

Jaliiay.  Mais  dosmilin,  v'pourriz  fer  comme  Gribouye 

Diirer  es  l'ahve  on  Joù  (]wand  i  ploùrel. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  -15.  1862.) 

Marche.  Om  sinl  lodi  bin  d"ou  qu'vinl  l'plaîwe, 

Gribouye  a  sli  s'taper  es  l'aîwe. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  i8G0.) 

Namuh.  Bilnoz-bin  c'qui  j'vos  dis,  douvioz  todi  bin  l'oùye, 

Po  lesjônès  bauchellequi  rie-nu  après  vos, 
Ga,  si  vos  les  choùlez,  vos  r  chonu'roz  à  Gribouye 
Qui  mousse  es  l'aîwe  po  l'pleûve,  po  l's  allraper  lortos. 

(J.  Metten.  Àurmonaque  de  l'Marmite.  1886.) 

MoNS.     Enne  faites  nié  comme  Gribouille  qui  s'esl  j'té  a  l'ieau  peur  d'elle  cru. 
(MouTRiEUX.  Des  nouvieaux  conte  dé  quié.  1850.) 

Mons.  On  poudroil  l'melle  remplaçant  à  Jean  l'malin,  c'iin  gas  comme  Gribouille 
qui  s' foui  à  l'ieau  peur  d'elle  cru. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1850.) 

TiiURN.u.  S'fouUe  à  l'ieau  peur  de  l'pleûve. 

St-Quentin.     Malins  comme  Griboule,  i  s'  much'tenl  dein  yeu  d'peur  del'  pleuve. 

Picardie.  Malin  comme  Gribouille, 

Qui  s'muche  din  l'ieu  de  peur  qui  s'mouille. 

(CoRBLET.  Glossaire.  1851.) 

1080.  On  lî  freut  batte  l'aîwe. 

LiTT.  On  lui  ferait  battre  l'eau. 
On  lui  ferait  faire  tout  ce  qu'on  voudrait. 
Allusion  aux  corvées  des  serfs  du  moyen  âge,  qui  devaient 
battre  les  étangs  des  châteaux  pour  faire  partir  les  grenouilles. 
Battre  l'eau. 

(OliDiN.   Curiositei  françoises.  -1640.) 


—  309  — 

HiNRI. 

C'est  todi  1'  vî  Crespin,  c'est  todi  lu,  ma  foi, 

On  li  freut  bin  batte  l'aîwe  po  on  henn'taî  d'pèkel. 

(Ed.  Remouchamps.  Li  sav'ii.  Se.  i.  1858.) 
Variante.  Pierre. 

Lînà  Poraî,  cila,  mi  ji  lî  freut  batte  Moûse, 

Mais  les  feumme  .sont  si  drole,  qui  l' ineune  n'elpout  siati. 

(Al.  I'ECLERS.  !J  baptême  et  Vètérr'miiit.  1877.) 
Variante.  Mencuel'r. 

Qwand  ,ji  l'intrdve  d'avu  fait  'ne  couse, 
Si  ji  fdiinandéve  qudquc  saquoi, 
Po  l'quoiri  t'àreut  battou  Moùse. 
Wisse  sont  les  cisse  qui  t' raviset? 

(Brahy.  a  qui  Vfâte?  Se.  fc.  1882.) 
Jalhay.  Garitte. 

C'est-st-on  bc  brave  homme,  qui  v' pout  d'ner  des  bons  conséye,  su  lî  freut-on 
batte  l'aîwe. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  Il,  se.  lo.  ISG'i.) 

Namuu.  Il  a  battu  l'aîwe. 

MoNs.  Av(?  d' l'adresse. 

Et  n\é  trop  d'  presse, 
I  finira  pou  li  pa  balte  es  l'ieau. 
(J.-B.  Descamps.  Ercette  pou  feérc  ein  bicau  mainnache.  Ch.  ISo^.) 

1081.  Esse  prusli  à  l' freûde  aîwe. 

LiTT.  Être  pétri  à  l'eau  froide. 

Se  dit  d'un  homme  pusillanime,  sans  vigueur,  sans  énergie. 

Pr.  fr.  —  Il  est  pétry  d'eau  froide. 

(OliDIN.  Curiositéz  françoixes.  1040.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Tol-en-avète  (cependant)  di  vèye  qui  c'esleut  1'  pus  chàwî,  l' pus  halcrosse,  li  pus 
prusli  à  r  freude  aîwe,  qu'avcut  fait  à  lu  toi  seii,  on  côp  ipi'zel  los  essonle  n'avît 
polou  fer. 

(G.  Magnée.  Li  cren'quini  dû  prince  ûbbé  di  Stdvlcâ.  18G7.) 

1082.  N'avii  nin  pus  faim  qui  l'aîwe  u'a  seu. 

LiTT.  N'avoir  pas  plus  faim  que  l'eau  n'a  soif. 
Être  rassasié,  complètement  repu. 
Namur.  Marie. 

Oh  !  mi  ji  n'a  nin  pus  foaim  qui  Moùse  n'a  soif. 

(I5ERTHAL0U.  Cwangl  et  méd'cin.  Se.  9.   1889.) 

1083.  Diner  des  côp  d'sàbe  es  l'aîwe. 

LiTT.  Donner  des  coups  de  sabre  dans  l'eau. 
Se  donner  beaucoup  île  peine,  sans  espoir  raisonnable  de 
succès.  (A.CAD.) 


310 


Pj.  fi-.  _  Battre  l'eau  avec  un  bâton  ;  —  donner  un  coup 
d'épée  dans  l'eau. 

Cité  par  Forir.  Dict . 

Cùp  d'sàbe  es  Taiwe,  mi  direl-on, 
Mais  màgrd  qui  j'  rik'nolie  mi  loirt, 
Cùp  so  côp  ,ji  frel  des  chanson. 

(Louis  BucHE.  Chanson.  1800.) 

*  Menchkur. 

Pely  prélind  qu'i   réussih'ref,  j'el  sohaite,   mais  j'a  sogne  qui  s'diérain  cùp 
d'sàveni  seùye  on  côp  d'sàbe  es  l'aîwe. 

(HuAHY.  A  qui  V  fâte?  Se.  4i.  188"2.) 

Vervieus.  Monuis  esl-st-ine  longue  laiwe, 

Qui  dit  r  vraie  en  riant, 

Mais  c'est  tos  cAp  d'èpèye  es  l'aîwe. 

Kt,  eomme  on  dit,  laver  l'morian. 

(Xhoffkr.  Epùjrammex.  1800.) 
Namur.  Il  a  t)attu  l'aîwe  avou  on  baston. 

Pr.  provençal.  Es  coumo  se  bastiots  Taigo  am  un  bastou. 

(Revue  des  lanijnes  mmiinea.  1881.) 

1084.  Fer  v'ni  l'aîwe  so  1'  molin. 

LiTT.  Faire  venir  l'eau  sur  le  moulin. 

Procurer  à  soi  et  aux  siens  des  avantages,  de  l'utilité,  de 
l'argent,  etc.,  par  son  industrie,  par  son  adresse.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Faire  venir  l'eau  au  moulin.  —  Tirer  l'eau  à  son 

moulin. 

(OliDlN.  Curiositez  frnnçoixes.  1640.) 

Il  rentre  dans  sa  gloire 
Quand  l'eau  vient  au  moulin. 

(Armand  GoUFFÉ.  Éloge  de  Veau.) 

Cite  par  Forir.  l'ict. 

Jacqu'min. 

Divins  c'  monde  cial,  on  m'  pout  bin  creûre, 

I  gn'a  pus  d'ine  opt'rateùr 

Et  pus  d'on  mou  ni  qui  Sf^t  bin, 

Comme  on  fait  v'ni  l'aîwe  so  l' molin. 

(De  Vivario.  hifiesse  di  UniUe-a'i-jilnui.  II,  se.  3.  1757.) 

1  spi^culet  so  lot, 
Ju.squ'à  frauder  les  dreut  dé  1'  veye. 

'L  ont  tos  les  moyin 
Po  fer  riv'ni  l'aîwe  so  1'  molin. 

(Dehin,  Li  mâle  blre.  Chanson.  18S6.) 

J'cnnùs  k'i'.ohe  passàv'mint,  mais  nouk  ni  s'enncs  vante, 
Qui  louket  tôt  à  pus  leu  feumme  po  des  siervante  ; 
Qui  sont  à  leu  plaisir,  so  l' limps^qu'clles  sont  sins  rin, 
VA  qu'  vorlt  co  qu'elles  frît  riv'ni  l'aîwe  so  l'  molin. 

(Tmiry.  lue  copenne  no  V  mnrièae.  18S8.) 


—  311  — 

Verviers.  Prindez  'ne  feumme  aîmauve  et  gintèye 

Et  l'aiwa  vinret  so  vosse  molin. 

Jalhay.  Gakitte. 

C'est-st-one  homme  bin  agiigint,  qui  tint  bin  les  coron  essonle  qui  sét  fer  v'ni 
l'ahve  so  l' molin. 

(Xhoffeu.  Les  deux  xoroche.  I.  se.  12.   I8(>1.) 

Var.  Stavelot.         On  tire  todi  do  feu  d'vès  s' tortaî. 

Nahur.  Nos  àrans  one  saîwe, 

Li  chicane  sins  fin. 
Qui  nos  amoeine  Taiwe 
Dissus  nosse  molin. 
(Wérotte.  Cnressans  l' bot(iie,Jie.i.<!e  di  Saint  Yves.  Ch.  ISoi.) 

MoNS.  Mais  croiriez  hé,  sans  critiquer  les  intention  de  ceu.x  qu'arrangent-lé  tout 
pou  faire  v'nir  l'iau  au  moulin. 

(Leteluer.  Armotwque  dé  Mom   18-^8.) 

1085.  Les  p'iitès  coroUe  tel  les  grandes  aîwe. 

LiTT.  I,es  petites  rigoles  font  les  grandes  eau.x. 
Plusieurs    petites   sommes   réunies    en    tout   une    grande. 
(AcAD.;  -  Il  ne  faut  pas  dédaigner  les  petits  profits. 
Pr.  tr.  —  Les  petits  ruisseaux  lont  les  grandes  rivières. 
Cité  par  Forir.  Dici. 
Variante.  Les  p"tits  potaî  fet  les  grandes  corotle. 

Var.  Namur.  Donnans,  selon  noi^sc  hoûse, 

Des  franc  ou  bin  des  sou  ; 

Les  p'tits  ri  faie-nu  Moûse. 

Qu'on  donne  tortos  c' qu'on  pout. 

(X.-B.  yurneib-  p<>  lot.  Ch.  4890.) 
JoDOiGNE.  Les  p'teus  reu  faienef  les  grandes  rivière. 

Var.  Tournai.  Avec  le?  p'tites  fleur  on  fait  un  hieau-z-et  greos  bouquet. 

1086.  1  s' raviset  comme  deux  i^otte  d'aîvve. 
LiTT.  Ils  se  ressemblent  comme  deux  gouttes  d'eau. 
Se  ressembler  parfaitement.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Ils  se  ressemb'ent  comme  deux  gouttes  d'eau. 

(Le  Père  Jean-Marie.  Le  diverUssement  dos  xariex.  tfi6o.) 

Non  tam  ovum  ove  simiie. 

(LejEUNE.    Prov./innil.   ITit.) 
Mais  il  me  ressemble  comme  deux  gouttes  d'eau. 

(Molière.  Le  nmlnde  hnagitiaire.  Act.  III,  se.  10.) 

Les  deux  fré  s'ravisel  comme  deux  gotte  d'alwe. 

(Forir.  Uict.) 

Ci  sèrel  s'  père  toi  chi, 
Deux  gotle  d'aiwc,  dai,  vraimint  :  si  (l'Iite  narennc  bèchowe, 
Et  ses  p'iits  ch'vel  croie,  c'est  s'frimousse  lole  pondowe. 

(Thiky.  On  roye:,-c  à  conte  cour.  1850  ) 


—  31^2  — 

M""  Berthon. 
Vos  v"raviscz  comme  deux  g;ol(e  d'aîwe,  vos  estez  deux  oîihai  dé  l'même  coleùr. 

(Brahy.  a  qui  Vfâtc  '!  Se.  2.  1882.) 

Variante.  I  moùrl  infin,  lait  on  p'iit  fi 

Li  r'sonnanl  comme  d<jux  coron  d'fi. 

(Hanson.  /-/  Lusiadc  è.i  uers  ligcois.  Cli.  III.    1783.) 
Chaulf-koi.  Toinette. 

Je  né  Tconnet  n6,  mi,  seul'mint  i  m'erchenne  comme  deux  goutte  d'euwe. 

(L.  Bernus.  U malade  Si-Tinbau.  III,  se.  8.  1887.) 

DoiiAi.  Et  y  z'ont  vu  lertous  ch'portrail  qu'il  est  d'eune  ersemblance  comme  deux 
gouttes  d'iau. 

(De  Ghristé.  Souv'nirs  d'un  homme  d^  Douai.  '18()1.) 

Metz.  Jy  su  peint  lot  deumelong,  evieu  in  freuglion  d'foctie, 

Jeu  r'same  comme  deu  gotles  d'aiie,  dit-on  in  moi  nou  d'oche. 

(Flippe  Mitonno.  Comédie.  1848.) 

Basse-Alle.magne.  —  Sich  gleichen  wie  zwei  Tropfen 
einander. 

1087.  Attraper  eine  rincée  sans  iéau.  (Tournai.) 

LiTT.  Attraper  une  rincée  (volée  de  coups)  sans  eau. 
Battre  quelqu'un  d'importance,  lui  donner  une  pile. 
Fous  l'camp  et  pus  vile  que  cha,  ou  bin  le  vas  attraper  eine  rincée  sans  iéau. 

(Leroy.  Biec  difier,  traduction  du  Bleu  bixhe  de  Simon.  Se.  16.  1888.) 
Var.  Nivelles.  Attraiier  'ne  fameuse  râpasse. 

1088.  En  seyant  d'  prinde  on  pèchon,  il  a  clièyu 
es  l'aîwe.  ^  (N.\muu.) 

LiTT.  En  essayant  de  prendre  un  poisson,  il  est  tombé 
dans  l'eau. 

Sa  maladresse  lui  a  causé  un  désagrément  qui  n'a  pas 
compensé  le  plaisir  qu'il  espérait  avoir. 

4089.  I  pass'ret  bin  d' l'aîwe  d'so  1'  Pont-d's-Ache. 

LiTT.  Il  passera  bien  de  l'eau  sous  le  Pont-des-Arches 

Se  dit  en  parlant  d'une  chose  qu'on  croit  ne  devoir  pas 
arriver  si  tôt.  (Acad.) 

Pr  fr.  —  Il  passera  bien  de  l'eau  sous  les  ponts  entre  ci  et  là, 
ou  d'ici  à  ce  temps-là. 

Ce  proverbe  a  été  localisé  à  Liège. 

Cité  par  Forir.  JHcl. 

C'est  bon,  mais  d'vant  qu'ji  n'seûye  comme  vos,  on  lape  â  lâge. 
Il  àret  bin  passé  di  l'aîwe  dis6  1' Ponl-d's-Ache. 

(Thirv.  lue  cape  di  grandiveux.  1859.) 

I  n'pa.ssanin  baîcôp  d'aîwe  d'so  I' Ponl-d's-Ache  ma  qu' Baîtri  ni  kiminçahe  à 
•<'h3i-'nî  les  deugt  di  s'avu  èlahî  à  ciste  homme  là. 

(G.  Magnée.  Baliri.  1865.) 


313  — 


TONETTE. 

Màrtai  m'a  dit  qu'  l'annéyc  passôye,  il  esteul  ovri  comme  lu. 

Servas. 

Awel,  mais  dispoye,  il  a  bin  passé  d' l'alwe  d'so  1' Ponl-d's-Ache. 

(BliAHY.  Li  bouquet.  II,  se.  2.  -1878.) 
Var.  Mons.  Donc  que  Fillne  altind  loudi  s' lièfe  de  1'  chasse  de  Jean,  et  il  est  fort 
probabe  qu'il  ara  co  bé  d' l'ieau  qu'ara  passé  au  moulin  avant  qu'elle  l'eusse. 

(Leteu-ier.  Armonnque  dé  Mons.  -1879.) 
Tournai.  Vous  m'avez  tout  l'air  d'ein  capon, 

D'ein  d' ceux-là  qui  nous  infile. 
Apperdez  que  j'su-t-ine  brave  fdle, 
Avant  qu'un  d'ces  yeux  m'intortille 
I  pass'ra  bin  d' l'ieau  sous  l' pont. 

{Clian.wn  totirtiaùienue.  1858.) 
Lille.  N'y  a  troz  an  qu' j'ai  quitté  1'  paroisse, 

El  d' pis  ch'  temps-là,  je  l' dis  tout  d'  bon, 
I  s'a  passé  bien  d' l'ieau  d'zous  1'  pont. 

(Desrousseaux.  Chen.ions  IdloUea.  1854.) 

Basse-Allemagne  —  Bis  daliin  kann  noch  viel  Wasser 
ablaufen. 

1090.  Fer  de  1'  clére  aîwe. 

LiTT.  Faire  de  l'eau  claire. 

S'occuper  sans  succès  de  quelque  afiaire,  y  perdre  son  temps 
et  sa  peine.  —  Résultat  illusoire.  (Littriî.) 

«  Le  malin  Furetière  donnait  pour  devise  à  fAcadoinie 
française  un  iris  causé  par  les  rayons  du  soleil  qui  lui  étaient 
opposés,  avec  ce  quatrain  : 

0  Pendant  que  le  soleil  m'éclaire, 
Je  parais  de  grande  valeur  ; 
Mais  ma  plus  brillante  couleur 
Ne  fait  que  de  l'eau  toute  claire.  » 

(QuiTARD.  Ihct.,  p.  329.) 

Pr.  fr.  —  Il  lie  fera  que  de  l'eau  toute  claire. 

(OuuiN.  Curiositez  fiançoixes.  1640.) 
Vos  v'kimahîz,  vos  n'y  frez  qui  d'I'aîwe  clére. 

ÉCHAUFFER. 

1091  N'pont  s'ècauffer  pus  (jii'ein  porigirielle  de 
béos.  (TOI'HNAI.) 

LiTT.  Ne  pas  s'échauffer  plus  qu'un  polichinelle  de  bois. 

Rester  calme,  indifférent,  mémo  en  présence  d'événements 
graves. 

Toi'RNAi.  Vous  savez  bin,  li  dit  1'  péysan  qui  i\  s'ecautTéot  pont  puque  qu'ein 
poriginelle  de  béos,  que  ch'esl  1'  prix  convenu. 

(ÈtvenuM  tourunmcnucu.  1881.) 


—  ;H4  — 

ÉCHELLE. 

100-2.  1/  ci  (|ni  tint  l'Iuile  fait  ottant  qui  1'  ci 
ijiii  iiappe. 

LiTT.  Celui  qui  tient  réchelle  fait  autant  que  celui  qui  dérobe. 

Le  receleur,  le  complice,  n'est  pas  moins  coupable  que  le 
voleur.  (AcAD.) 

Pr.  fr.* —  Autant  pèche  celui  qui  tient  le  sac  que  celui  qui 
met  dedans.  (Axiome  converti  en  loi  par  notre  Code  pénal.) 

1093.  Il  a  stî  tam'gî  avoii  one  chaule.  (Namuk.) 

LiTT.  Il  a  été  tamisé  avec  une  échelle 

Examiner  légèrement,  avec  peu  de  soin.  (Agau.) 

Cet  objet  a  été  fait  très  grossièrement,  n'a  pas  été  épluché. 

Pr.  fr.  —  Il  a  passé  au  gros  sas. 

Car  il  est  homme  que  je  pense 
A  passer  la  chose  au  gros  sas. 

(Lafontaine.  Nicaise.) 

MoNS.  L' camarade  Hubert  a  pas.sd  au  gros  tamis  et  il  a  icu  s' diplôme  dé  médecin. 

iLetemier.  Armonaque  dé  Mon.i.  1862.) 

1094.  I  fàt  sèchî  1'  hàle. 
LiTT.  Il  faut  tirer  l'échelle 

Se  dit  d'un  honnne  qui  a  si  bien  fait  en  (|aelque  chose,  que 
personne  ne  peut  faire  mieux.  (Acad  ) 

Pr.  fr.  —  Après  lui,  il  faut  tirer  l'échelle.  —  Tirer  l'échelle 
après  soi, 

(Ol'din.  Curiosilei  françoises.  1640.) 

Ou  poret  bin  scchî  so  1' côp  l'haie  après  vos, 

Et  n'riiri  piède  vosse  simince  jio  qu'on  'nnès  r'sème  èco. 

(Thiry.  lue  copeinie  xo  r  mariège.  1838.) 

Variante.  Après  lu,  n'y  a  pus  nouk. 

(FORlR.  Dici.iSGl.) 
Marche.  On  pout,  après  ti,  tirer  l' chaule. 

Namur.  Après  vos,  on  pout  tirer  {'chaule. 

JODOIGNE.  Après  le,  on  leurre  les  chaule,  on  ajoute:  Les  sena  sont  plein. 

Nivelles.    Quand  1'  bon  Phluppe  a  dit  .s'  mot,  on  doit  tirer  l'esquie, 
El  l'cin  qui  caus'rail  co,  c'est-st-ine  spreuwe  qui  babie. 

(M.  Renard.  Les  avent.  de  Jean  rf'  Nivelles.  Gh.  II,  3^  éd.  1890.) 

MoNS.  Mais,  si  i  fait  des  bêtise  pus  forte  qud  lés  auto,  quand  i  s'in  mêle;  quand 
i  s' met  à  faire  dés  grandes  chose,  ah  !  ça,  i  faut  tirer  l'échelle  après  li,  ça. 

(Letem.IER.  Armonaque  dé  Mons.  181)0.) 
EuAMEKiES      Apres  c' tell'cile,  i  m' chêne  ([u'on  peut  tirer  l'esquêye. 

(BoSQUETiA.  Tambour  battant.  Gazette.  1885,  n"  40.) 
Tournai.     Mé,  pour  mi,  après  V  coulonnerie  on  peut  tirer  l'étielle. 

'Leroy.  Riec  di  fier.  Traduction  du  Rleu-Rlhe  (ie  H.  Simon.  Se.  13.  1888.) 


—  al  5  — 


Var.  Tournai. 
Lille. 


l'iCARDlE. 


Après  ti,  on  peut  tirer  1'  corte. 

Mes  amis,  ovrez  Torelle  ! 

J'  vas  dir'  du  nouviau  : 
On  porra  tirer  requelic. 

Après  min  morciau. 

(DesrouSSKMJX.  Chansoux  lilloixc.x 

Il  faut  tirer  l't^chelle  après  ceti-la. 

(Molière   Le  médecin  mnUjré  lui.  Act.  II. 

Après  c's  armanos  là,  on  pu  tirer  l'ekielle. 

{Astrolofjue  Picard.  i845.  Corblet.  (Jlouf 

ÉGHEVEAU. 


.  <83i.) 

.se.  l"-"--.) 

18bl.) 


1095.  r/est-st-ine  kimèlêye  hàsplèye. 

LiTT.  C'est  un  ôcheveau  de  lil  embrouillé. 
C'est  une  alTaire  embrouillée. 

Une  bagarre  commence  par  être  kimrlâyc  hdsplâiji'  et  finit 
par  être  une  trûlêijc. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

El  si  r  hàsplèye  estent  k'mèlêye, 
Vos  les  veùriz  co  les  prumi. 

(Thiry.  Li  péron   Chanson. 

I  v'  racontet  on  pot  pourri 
Qu'c'est-st-ine  vraie  hàsplèye  kimèlêye. 

(G.  Delarge.  Les  plai.tir  di  nostc  heûrcije. 
C'est-st-on  échet  bé  conièlé. 


18o9.) 
1869.) 


JODOIGNE. 


ÉCOLK. 


109(3.  il  a  stî  à  schole  quand   1'  maîsse  esleut  au 
champ  avou  s'pourcia.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Il  a  été  à  l'école  quand  linsliluteur  était  au  champ  avec 
son  cochon. 

Il  n'a  jamais  rien  appris. 

Var.  Naml'r.  Is  ont  volu   inostrer  qu'is  avainne  siti  es   scole  quand  les  maisse 
allainne  mèch'ner,  mais  on  les  a  ieu  vite  rimeitu  à  Icu  place. 

[Lit  Marmite,  gazette  1889,  n"  3o.) 

ÉCORGHER. 

1097.  Qwand  on  d'hàsse  ine  homme,  on  n'a  (pii 
s'  pai. 

LiTT.  Quand  on  ccori  he  un  hunimc,  on  n'a  (juc  sa  peau. 
La  rigueur  du  créancier  peut  rendre  impossible  le  paiement 
de  sa  créance. 


316 


ÉCOUTE. 
109^.  1  n'a  ni   pus  dascoute  qu'in  jône   de  chî. 

(NiVELLKS.) 
LiTT.  Il  n'a  pas  plus  d'écoute  qu'un  jeune  chien. 
Il  est  inattentif  à  ce  qui  se  dit  ;  il  ne  répond  pas  aux  ques- 
tions qu]on  lui  fait. 

ÉGOUTKR. 

1099.  Qui   cause   sème,    qui   choûte   mèchonne. 

(Namuk.) 

LiTT.  Celui  qui  cause,  sème,  celui  qui  écoute  moissonne. 
Il  y  a  plus  d'avantages,  de  profits  à  écouter  qu'à  parler. 

ÉCRIVAIN. 

1 100.  On  scrieu  vat  â  diale  tôt  dreut. 

LiTT.  Un  écrivain  va  au  diable  tout  droit. 

Le  peuple  oppose  à  l'artisan,  d'une  manière  générale, 
l'homme  de  plume,  le  commis,  l'employé  de  bureau  aussi  bien 
que  le  lettré.  —  Le  scrieu  (l'écrivain)  est  à  la  fois  l'objet  d'un 
certain  respect  et  d'une  grande  défiance.  Il  semble  que  son 
savoir  soit  incompatible  avec  la  franchise  et  la  droiture  :  de  là 
le  proverbe. 

I  n'fàl  nin  l' mette  à  scrieu, 
Paç'  qu'ireul  à  iJiale  tôt  dreut, 
Mais  i  fàt  r  mette  à  hayeteû, 
Qui  wâgne  qwinze  patàr  so  l' teut, 

Tôt  halcotant, 

Toi  cablançant, 
Droume  à  droume  à  qui  l'pouna, 
Droume  à  droume  à  qui  1'  cova 


Ine  bande  di  gueux 
C'est  les  scrieux. 


ECU. 


{Cliati.ioii  populaire.) 
{Chanson  populaire.) 


MOI.  Qwand  t'as  ine  coronne,  wàde  lu. 

LiTT.  Quand  tu  as  un  écu,  garde-le. 
11  faut  éviter  les  dépenses  inutiles. 

ÉCUELLE. 

1102.  Saute  la  graisse,  el  feu  est  au  quèwé. 

(MONS.) 
LiTT.  Sauvez  la  graisse,  le  feu  est  à  l'ôcuelle. 
Employez  les  grands  moyens,  le  temps  presse. 


•   —  317  — 

MoNS.  On  dit  queinque  fois  :  saufe  la  graisse  el  feu  est  au  quéw(',  mais  c'est 
pour  faire  inrager  queuqu'un  qu'est  rond  comme  in  soret  ou  comme  in  essuie-main 
pindu. 

(Letkllier.  Armonaqtie  dé  Mons.  1830.) 

1 103.  Vèyi  clér  es  s' liielle. 

LiTT.  Voir  clair  dans  son  écuelle. 
Avoir  ses  affaires  en  mauvais  état. 

Li  monde  ridohe  di  gins  i,ui  leu  sotte  gloire  troûbelle, 
Si  bin  qu'i  fesse,  on  veut  qui  c'est  ji  voux,  ji  n' poux. 
Et  tôt  volant  peter  pus  haut  qu'  leu  cou. 

I  vèyet  vite  clér  es  leu  hielle. 

(Bailleux.  Li  raine  qui  vont  s' fer  otsi  grosse  qui  l' tarai.  Fàve.  iSui .) 
Mais  vola  qu'à  bout  d'six  meus  d'timps 
Li  pauve  sol  vèya  cldr  es  s' hielle, 

II  aveut  magnî  s'  Saint  Crespin, 
Li  jeu  n'  valéve  nin  les  chandelle. 

vH.  FORIR.  Chanson.  185G.) 
Durand. 

Et,  si  ji  v'veus  ma  r'çure,  ji  li  fret  ine  quarelle. 
Et  i  firet  qu'elle  bague...  Elle  veuret  clér  es  s' hielle. 
Qwand  elle  ni  m'àrct  pus. 

(Delchef.  Les  deux  neveux.  H,  se.  il.  d8o9.) 
I  n'ont  pus  mèsàhe  di  chandelle, 
Po  vèyi  clér  divin  leu  hielle. 

{Les  feumnie,  poème.  Vers  nîîO.  tuiletin  de  1860.) 

Verviers.  Ça  qu'on  m' dèye  todi  çou  qu'on  vont,  lu  ci  qui  s' trouve  là  avou  l'diale 
es  s' séchai,  i  veut  clér  es  ses  hielle. 

(Pire.  Lu  sôdaurt  du  sos  les  tris.  Ch.  188i.) 
Var.  Marche.  Li  chagrin,  sus  vosse  dos,  galoppe, 

Et  vos  vèyeus  clér  es  vosse  sope. 

(Alexandre.  P'titcorti.  1800.) 
Var.  JoDOiGNE.  I  voiret  clair  es  s' sope. 

1104.  J'aime  mieux  m'n  écouelle  vide  qu'ein  brin 
d'dins  (MoNS.) 

LiTT.  J'aimo  mieu.x  mon  écuelle  vide  qu'  (avec)  un  étron 
dedans. 

J'aime  mieux  être  seul  qu'en  mauvaise  compagnie. 

(Letei.LIER.  Proverbes  montais.  Armonaque  dé  Mons.  1816.) 

Pr.  tV.  —  J'aime  mieux  mon  écuelle  vide  que  rien  dedans  ; 
c'est-à-dire  j'aime  mieux  n'avoir  rien  que  d'avoir  quelque  chose 
en  apparence  et  rien  en  réalité.  (Littré.) 

ÉGLISE. 

1105.  L'église  ni  li  toum'ret  nin  so  l' liesse. 
LiTT.  L'église  ne  lui  tombera  pas  sur  la  tête. 


—  318  — 

Se  dit  des  personnes  qui  fréquentent  peu  les  églises. 

Namir.  L'ègliche  ni  peut  niau  d' li  chair  so  s"  dos. 

1I0().  Quand  on  piche  conte  l'église,  i  n' vos 
manque  jamais  i  ie.  (Mons.) 

LiTT.  Quand  on  pisse  contre  l'église,  il  no  vous  manque 
jamais  rjen. 

(Jeux  qui  vivent  de  l'église  ne  se  trouvent  jamais  dans 
l'embarras. 

Mons.  Ergardez  lés  curd  :  i  sont  presque  terloutle  telleminl  cras  qu'is  escleffe... 
d'abord  vos  savez  bé  1' proverse  qui  dit  que,  quand  on  piche  contre  l'église,  i  n'vos 
manque  jamais  rié. 

(MouTRiEUX.  3«  année  dés  conte  dés  quié.  4851.) 

EMBRASSER. 

1 107.  Qui  trop  abresse,  ma  strind. 

LiTT.  Qui  trop  embrasse  mal  étreint. 

Qui  entreprend  trop  de  choses  à  la  fois  ne  réussit  à  rien. 

(ACAD  ) 

Ne  quid  nimis. 

Qui  trop  embrasse  peu  eslraind. 

(Gab.  MEURiliR.  Trésor  des  sentences.  •I068.) 

N'y  a  nouk  comme  Napoléon  qu'ùye  si  bin  justifii  li  spot  :  qui  trop  abresse,  inâ 
strind. 

(FORIR.  Dict.) 
Verviebs.  Fer  traze  mesli  met  au  slrain. 

Qui  abresse  trop  foirt  mau  strind. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  4871.) 

Basse- Allemagne.  — Wer  zu  viel  anfangt,  beendigl  nichts. 
EMPIRE. 

1 108.  I  ne  l'freût  nin  po  'ne  empire. 

LiTT.  Il  ne  le  ferait  pas  pour  un  empire. 
Rien  n'est  capable  de  le  faire  agir.  (Agad.) 
Il  ne  le  ferait  à  aucun  prix. 
Cf.  le  pr.  Il  ne  céderait  pas  pour  un  empire. 

Variante.  Ji  n'  doim'reus  nin  po  ne  empire 

Avou  vos  dise  Tmème  teut. 

Èri  d'mi  les  gins  d'cisse  tire 

Qui  sofllet  li  chaud  et  l'freud. 

(Baili.elx    Li  sûvage  et  V passant.  Fàve.  dSoG.) 
Jalhay.  Biethmé. 

Su  vo.sse  mère  vouk'vc,  Majenne,  nos  arins  si  bon  et  lùye  ossi.  Si  elle  nos  lèyive 
russewe  si  attelée,  elle  vikreul  .so  s'seyin. 


—  31U  — 

Majenne. 

Vossavozbin  qu'elle  ni  qwillreut  nin  ses  Liesse  po  'ne  empire. 

(XnoFtKR.  Le.v  deux  SOI oche.  I,  se.  7.  iStJl.) 

Marche.  T'n'os  l'rindrais  nin  por  one  empire. 

Charleroi.  Gélidik. 

I  n'prindret  né  in  liard  a 'ne  saqui  pou  in  impire. 

(L.   Bernus.  Vimilade  St-Tliibau.  I,  SC.  o.  •187G.) 

MoNS.         Tu  n'prennois  jamais  rié?  —  Non  ça  fieu,  j'peux  bé  l'clire, 
J'nè  r  z'aroi  nié  touché  pour  ein  impire. 
(Letellier.  L'avare  qu'a  perdu  s  bourse.  Faufe.  Arni.  dé  Mous.  1830.) 

Frameries.  Ju  n'me  tairou  ni  ce  pou  ein  impire. 

(BOSQI'ETIA.  Tambour  ballant.  1880,  n»  27.) 

Metz.  Y  n'  rangeons  jema  rin,  ja  belle  à  louzi  dire, 

J"nen  pouvons  rin  fàre,  pas  pou  in  empire. 
(Georgen.  Hi.iloire  véritable  de   Veruier  ;  dialogue  patois-messiii.  d798.) 

Lille.  Je  n'donn'ros  point,  ,j"  vous  l'dil  d'bon  cœur 

Ches  sequois  là  pour  un  impire. 

(I)ESROUSSEAUX.  Cluniso>i:s  lilloises.  18ii4  ) 

EMPLATRE. 

H09.  Mette  iiie  èplàse  so  'ne  jambe  di  hois. 
l.iTT.  Mettre  un  emplâtre  sur  une  jambe  de  bois. 
Faire  une  chose  dont  le  résultat  sera  nul,  perdre  son  temps 
à  faire  une  chose  inutile. 

Pr.  fr.  —  Mettre  l'emplâtre  près  de  la  playe. 

(Gemn.  Récréa  lions.  Tome  II.) 

Cité  par  Forir.   Dici. 

Variante.  Mais  les  drougue  fil  lot  1"  mt"'me  effet. 

Qu'on  cataplame  àlou  d'ine  jambe  di  bois. 

(Gérard.  Oh  fameux  nnd'cin.  1890.) 

Namur.  Po  m' solagt,  j'ès  cause 

A  curé  d'  noste  endroit  ; 
C'qu"!  m' dit  n'est  qu'one  èplause 
Dissus  one  jambe  di  bois. 

(CoLSON.  Mi  soû  Marguerite.  Ch.  1862.) 

MoNS.  Bah,  oui  !  c'est  comme  si  vous  m'tiez  in  implate  su  'ne  gambe  dé  bos. 

(Letellier.  Armonaquc  dé  Mons.  1878.) 
Frameries.     Et  ein  con  qu'on  vira  ses  prière  sans  efl'et, 

I  n'ara  pus  d'  quoi  mette  dou  bure  devin  s'quewoit. 

Les  pus  pieu  diront  no  gavant  c't  ein  zéro, 

In  cautère  Ine  implàtc  qu'on  m'ilrou  su  'ne  gambe  de  bos. 

(BosQLÈTiA.  Tambour  ballant,  ^îize\.i&.  1883.) 

ENCENSOIR. 
1110.  1  donne  di  J'escinsoir  po  rn.iieniie. 

LiTT.  Il  donne  de  rencensoir  parle  ne/ 


—  320  — 

Donner  en  face  des  louanges  outrées,  qui  font  voir  qu'on  se 
moque  do  celui  qu'on  loue,  ou  donner  des  louanges  grossières 
qui  blessent  plus  qu'elles  ne  flattent.  (Acad  ) 

Pr.  fr.  -  Donner  de  l'encensoir  par  le  nez.  —  Casser  le  nez 
à  coups  d'encensoir. 

Mais  un  auteur  novice  à  répandre  l'encens, 
•  Souvent  à  son  héros,  dans  un  bizarre  ouvrage, 

Donne  de  l'encensoir  au  travers  du  visage. 

(liOILEAU.) 

Deliin,  ji  veus  déjà  qu'vos  fe/.  'ne  seûre  mène 
Ni  croyez  nin  qui  ji  qwîre  à  v'  flatter, 
Ca  po  v'casser  l'escinsoir  so  l'narenne 
C"esl-st-ine  saquoi  qui  ji  n'sàreu  mâye  fer. 

(Brahy.  Chanson  à  Dehin.  18fi6.) 

Basse-Allemagne.  —  Einem  Weihrauch  streuen. 

llll.  1  mette  li  main  so  l'escinsoir. 

LiTT.  11  met  la  main  sur  l'encensoir. 

11  s'ingère  dans  des  fonctions  ecclésiastiques,  quoique  laïque. 
(Acad.) 

ENCLUME. 
111^2.  1  fàt  esse  èglome  ou  màrtaî. 

LiTT.  Il  faut  être  enclume  ou  mai^teau. 

Se  dit  dans  des  circonstances  où  il  est  presqu'inévitable  de 
soulTrir  du  mal  ou  d'en  faire.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  11  faut  être  enclume  ou  marteau. 

1113.  Si  mette  inte  l'èglome  et  1'  màrtaî. 
LiTT.  Se  placer  entre  l'enclume  et  le  marteau. 
Se  trouver  froissé  entre  deux  partis,  entre  deux  personnes 
(jui  ont  des  intérêts  conti^aires.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Être  entre  l'enclume  et  le  marteau. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Joseph  (à  part). 
Les  feurnme  ont  tote  les  piceûre,  vo  m' là  inte  l'èglome  et  I'  màrtaî. 

(Willem  et  Bauwens.  Li  galani  d'à  Fifine.  Se.  2.  -1882.) 
Variante.        I  n'fàt  nin  mette  si  deugt  inte  li  màrtaî  et  l'èglome. 

Verviers.  Intre  one  ècame  et  l' maurtaî, 

Nu  met  r  deugt,  qui  a  cervaî. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  \8l\.) 
Marche.  Ji  sus  inte  l'èglome  et  1'  maurtaî. 

Jodoigne.  lessc  inte  l'equlème  et  maurlia. 

Tournai.  Aye  !  me  v'ia  ichi  intre  l'inglemme  et  l' martieau. 

Basse-Allemagne.  —  Zwischen  Hammer  und  Ambos. 


—  321    - 


ENFANT. 

1114.  L'ci  qui  n'a  qu'ine  èfant,  il  y  tint. 
LiTT.  Celui  qui  n'a  qu'un  enfant  y  tient. 

On  a  toujours  un  faible  pour  ses  productions  (artistiques, 
littéraires,  scientifiques);  on  les  défend  contre  toute  attaque, 
même  méritée. 

l^ersonnification  de  Tamour-propre. 

Chacun  aime  le  sien. 

((îabr.  Meurieh.  Trésor  des  sentences.  lî)68.) 

Que  l'on  fasse  après  tout  un  enfant  blond  ou  brun, 
Pulmonique  ou  bossu,  borgne  ou  paralytique. 
C'est  déjà  très  joli  quand  on  en  a  fait  un. 

(Alfred  de  Musset.  Nmnouna.  Ch.  I,  st.  •i'i.) 

1115.  I  n'y  a  pus  des  étant. 

LiTT.  Il  n'y  a  plus  d'enfants 

Se  dit  à  propos  d'un  enfant  qui  parle  de  choses  qu'il  devrait 
encore  ignorer.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  plus  d'enfants.  Le  JournnL  amu.-^rntl, 
de  Paris,  a  publié,  sous  cette  rubrique,  une  série  de  dessins 
souvent  très  spirituels. 

Cité  par  Forir.  Dlct. 

Louise. 

Oh  !  vos  àriz  pièrdou  çou  qu"  raccourcihe  les  heure, 

Tou  qu'  vos  m'  volez  fer  piède,  paret,  père,  c'est  1'  bonheur. 

Jacob  (à  part). 

I  n'y  a  pus  des  èfant. 
(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gèrà.  II,  se.  3.  187Î).) 

COKTAI. 

Vèyez-v'  li  blanc  bêche  ;  on  a  raison  d'dire  hoiiye,  i  n'y  a  pus  des  èfant. 

(Willem  et  Bauwens.  Péclii  rach'ié.  Se.  'i.  i88!2.) 

Marche.  Les  commdre,  sins  pinselà  rin, 

A  qwinze  an,  plisset  d'jà  l' veiitrin  ; 
Mais  gn'a  qui  d'het,  V  diale  les  confonde, 
Qu'i  n'y  a  pus  pont  d'èfant  au  monde. 

(Alexandre.  P'tU  coni.  d860.) 

Lille.  Elle  n'a  mie  incor  dije  huit  ans, 

Mon  Dieu,  mon  Dieu,  n'y  a  pus  d'enfants. 

(Deshoisseaux.  Clunisons  lilloises.  i8.ïi.) 

M.  Ed.  FouRNiER  (/'£'s/j/'t<  des  autres,  4"  éd.  t86i)  attribue 
la  paternité  de  ce  proverbe  à  Molière  {Le  mahuli;  iuuiginaire. 
Act.  Il,  se.  11«). 

21 


—  322  — 
lllG.  1  jàse  bin  ma  po  ine  étant  d'  curé. 

LiTT.  Il  parle  bien  mal  pour  un  entant  de  cure. 

Se  dit  d'une  personne  incivile,  malapprise. 

pp.  fp.  —  Vous  êtes  malappris  pour  le  fils  d'un  prêtre. 

Vous  êtes  bien  mal  appris  pour  un  fds  de  prêtre. 

(Ol'DiN.  Curiositez  Jraiiçoises.  i640.) 
JoDOiGNE.  Bé  causé  por  one  efanl  d'cueré. 

1117.  Il  est   ossi  ènocint  qui  Fèfant  es  vinte  di 

s'  mère. 

LiTT.  Il  est  aussi  innocent  que  l'enfant  dans  le  ventre  de  sa 
mère. 

Se  dit  pour  mieux  affirmer  Tinnocence  de  quelqu'un. (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  est  aussi  innocent  que  l'enfant  qui  vient  de 
naître,  qui  est  à  naître. 

Ce  proverbe  est  donné  par  Remagle  {IHct.). 

I  s'  sintéve  divintrain'mint  ossi  ènocint  d' lot  mâfait  qu'ine  èfant  es  vinte  di 
s' mère.  (G.  Magnée.  Li  houlotte.  ISH.) 

Basse- Allemagne.    —     So   unschuldig  wie  ein   Kind  im 

Mutterleibe. 

1118.  Avoi  pus  belle  qu'ein  infant  d'  bonne  maison. 

(MONS.) 
LiTT.  Avoir  plus  beau  qu'un  enfant  de  bonne  maison. 
Avoir  la  vie  heureuse,  agréable,  vivre  sans  souci. 

MoNS.  Tu  l'aras  pus  belle  avé  nous  qu'ein  infant  d'bonne  maison,  et  j'garantis  bé 
qu'i  n'ara  niéein  baudet  dins  tout  l'univers  qui  l'ara  si  belle  que  ti. 

(Letellier.  Annonaque  dé  Mons.  -18G2.) 

Var.  Liège.  Si  j'sos  bouhale,  ji  sos  riche  et  èfant  d'bonne  mohonne,  vos  n'es 
sârîz  dire  ottant. 

(Remacle.  Dictionn.) 

JODOiGNE.  On  dirol  one  èfant  d'bonne  maujonne. 

1119.  Pilits  èfant,  pitite  sogne;  grands  èfant, 
grande  soigne. 

LiTT.  Petits  enfants,  petit  soin  ;  grands  enfants,  grand  soin, 
ou  petits  enfants,  petite  peur;  grands  enfants,  grande  peur. 

A  mesure  qu'ils  avancent  en  âge,  nos  enfants  réclament  plus 
de  soins  et  nous  occasionnent  plus  d'inquiétudes. 

Namur.     P'tits  èfant,  p'tits  tourmint,  grands  èfant,  grands  tourmint. 

Picardie.     Tchiot  èfant,  tchiot  mau,  grand  èfant,  grand  mau. 

(Corblet.  Glossaire.  -1881.) 

Basse-Allemagne  —  Kleine  Kinder,  kleine  Sorgen,  grosse 
Kinder,  grosse  Sorgen. 


—  323  — 

1120.  Si  l'étant  n'  brait  nin, 

\A  mère  n'el  comprind  nin.  (Namur.) 

LiTT.  Si  l'enfant  ne  crie  pas, 

La  mère  ne  le  comprend  pas. 

Il  n'y  a  que  la  mère  pour  s'apercevoir  de  tout  ce  dont  l'enfant 
a  besoin  et,  plus  généralement,  faute  de  parler,  on  n'obtient 
pas  ce  que  l'on  désire. 

1121.  Quand  l'infant  esl  i)aptisé  on  s' fout  du 
parrain.  (Tournai.) 

LiTT,  Quand  l'enfant  est  baptisé,  on  se  moque  du  parrain. 
Un  service  rendu  est  vite  oublié. 

Qui  veut  noyer  son  chien  l'accuse  de  la  rage, 
Et  service  d'aulrui  n'est  |)as  un  héritage. 

(Molière.  Les  femmes  savantes.  II,  se.  5.) 

MoNS.  Mais  à  c'ste  heure,  c'esl  mi  l' ilindon,  rinfant  est  baptisé,  on  s' fiche  du 
parrain,  comme  dit  l'proverlje. 

(Leteluer.  Aniionaque  dé  Mons.  1804.) 

1122.  Les  i)rumères  galette,  c'est  po  les  èfant. 

(Namur.) 

LiTT.  Les  premières  galettes  sont  pour  les  enfants. 
On  dit  également  les  prumères  vote. 

Terme  du  jeu  de  cartes  ;  s'adresse  à  celui  qui  fait  les 
premières  levées, 

JoDoiGNE.  Le  premeune  vote  c'est  po  les  èfant. 

1123.  Les  èfant  sont  vite  jus,  vite  sus. 

LiTT.  Les  enfants  sont  vite  abattus,  vite  relevés. 
Les  enfants  sont  vite  malades  et  vite  guéris. 

1124.  Vât  mî  ine  èfant  qu'on  val,  i  n'est  nin 
si  poyou. 

LiTT.  Il  vaut  mieux  un  enfant  qu'un  veau,  il  n'est  pas  si  velu. 
Se  dit  aux  filles-mères. 

1125.  I  n'  nii  sâreut  fer  ine  efant  d'vins  les  rein. 

LiTT.  Il  ne  saurait  me  faire  un  enfant  dans  les  reins. 
C'est  une  personne  que  je  ne  crains  pas,  qui  ne  saurait  me 
faire  aucun  mal,  aucun  tort. 

1 126.  C'est  l'èfant  de  serpint, 

Qui  1'  donne  et  (pii  1'  riprind. 

LiTT,  C'est  l'enfant  du  serpent, 

Qui  le  donne  et  le  reprend. 


—  324  — 

Revenir  sur  ses  paroles,  sur  ses  actes.  —  Reprendre  ce  que 
l'on  a  donné  ou  prêté. 

ON   GARE   CIVIQUE. 

On  poreut  dire  di  vos  comme  divins  nosse  jône  limps, 
C'est  l'èfant  de  serpint  qui  1"  donne  et  qui  1'  riprind. 

(Toussaint.  Lambert  li  foirsôlé.  I,  se.  2.  1871.) 

Var.  Picardie.        Bailler  d'eine  main  pour  ragripper  d'eute. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  1851.) 

1 1^27..  Ein  ch'est  peu,  deux  ch'esl  beaucoup,  trois 
ch'est  treop.  (ToimNAi.) 

LiTT.  Un  c'est  peu,  deux  c'est  beaucoup,  trois  c'est  trop. 
Dit- on  en  parlant  des  enfants  dans  le  mariage. 

11^28.  Faut  conserver  l'infant  à  s'mamère. 

(Tournai.) 

LiTT.  Il  faut  conserver  l'enfant  à  sa  mère. 
Pensée  empreinte  d'égoïsme,  il  faut  avoir  soin  de  soi-même 
avant  tout. 

Namur.  Faut  que  j' conserve  l'èfant  di  m' mère. 

i  129.  Vaut  mia  one  affront  qu'one  èfant.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Il  vaut  mieux  un  affront  qu'un  enfant. 

Consolation  donnée  à  celui  qui  reçoit  un  affront.  (Paronyme.) 

1 130.  Les  erculéot  sont  toudi  les  infant  gâté. 

(Tournai.) 

LiTT.  Les  derniers  nés  sont  toujours  les  enfants  gâtés. 

/.'-;-•cu/éo^  c'est  l'oiseau  éclos  le  dernier  et, par  comparaison, 
c'est  le  plus  jeune  enfant  d'une  famille,  lequel  est  généralement 
le  plus  choyé. 

1131.  L'  porter  comme  ein  infant  au  baptême. 

(Tournai.) 

LiTT.  Le  porter  comme  un  enfant  pour  le  faire  baptiser. 
Porter  un  objet  avec  précaution,  précieusement. 

1132.  J' voreu  bin  si  èfant  po  1'  façon  d'ine  aute. 
LiTT.  Je  voudrais  bien  son  enfant  pour  la  façon  d'un  autre. 
Expression  pour  marquer  son  admiration  ;  hommage  rendu 

à  la  beauté. 

1133.  Qui  veut  p'teu  èfant  n'  veut  ré.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Qui  voit  petit  enfant  ne  voit  rien. 


—  325  - 

On  ne  peut  pas  juger  d'un  entant  en  bas  âge;  on  ne  peut 
prévoir  ce  qu'il  sera  plus  tard. 

ENNEMI. 

1134.  r/est-st-ottant  d'  pris  so  l'enn'mi. 

LiTT.  C'est  autant  de  pris  sur  l'ennemi. 
C'est  toujours  avoir  obtenu  quelque  avantage,  avoir    tiré 
quelque  parti  d'une  mauvaise  affaire.  (  Agad.) 
Pr.  fr.  —  C'est  autant  de  pris  sur  l'ennemi. 

Colas  (toi  rabressant  Jeannetle). 
Jans!  ma  foi,  c'est  todi  otlant  d'  pris  so  l'enn'mi. 

(Delchef.  Li  galant  de  V  siervante.  I,  se    3    1857.) 

ENSEIGNE. 

1135.  Esse  logî  à  1'  même  esseigne. 

LiTT.  Être  logé  à  la  même  enseigne. 

Éprouver   le   même    malheur,    la    môme   perte,    la    même 
contrariété.  (Acad.) 

Pr.  l'r.  —  Nous  sommes  tous  deux  logés  à  la  môme  enseigne. 

Non  ignara  mail,  miseris  succufrere  dlsco. 

(ViBGiLE.  jEnéidc.  Liv.  II.) 

Variante.  Ni  savu  à  qudlle  esseigne  on  a  s'tu  logî. 

Ne  savoir  à  quelle  enseigne  on  a  été  logé. 

Ignorer  à  quoi  on  est  exposé. 

Variante.  On  veut  bin  wisse  qu'il  est  logî. 

On  voit  bien  où  il  est  logé. 

On  voit  bien  la  société  qu'il  fréquente.  Se  dit  en  mauvaise 
part. 

LomsE. 

Mais  roùvîz-v'  qui  v's  estîz,  qwanti  vos  v's  avez  marit', 
Logî  à  r même  esseigne?  Portant  v's  avez  viké. 

(Ed.  Remouciiamps.  Les  amour  d'à  Gènl.  II,  se.  3.  1875.) 
Variante.  TnÈRÉst;. 

Ji  sos  Ion  di  m' trover,  c'est  vraie,  à  c'ste  esseigne-là. 

(DD.  Salme.  lue  feummc  qu'ennès  vât  deux.  Se.  3.  1876.) 
Variante.  Floquet. 

Ji  veus  bin  qu'  nos  estans  logî  à  'ne  belle  esseigne  cial. 

(DD.  Salme.  Les  rabrouhe.  Se.  6.  1882.) 

Var.  Marche.  Jacques. 

J'estans  vraimint  loget  à  l'pîre  des  esseigne, 

Les  sinat  sont  sihs  four,  n'y  a  pus  rin  d'vins  les  grègne. 

(Alexandrf,.  Li  pèchoti  d'avril.  \,  se.  "2.  1858.) 


-  326  — 
1 136.  Bon  vin  n'a  nin  dangî  d'enseigne.  (Namur.) 

LiTT.  Bon  vin  n'a  pas  besoin  d'enseigne. 

11  n'est  pas  nécessaire  de  taire  beaucoup  d'efïorts  pour 
mettre  en  vogue  ce  qui  est  bon.  (Littré.) 

Pr.  fr.  -  A  bon  vin,  il  ne  faut  pas  d'enseigne,  et  ellyptique- 
ment  :  A  bon  vin,  pas  d'enseigne. 

Au  bon  vin,  il  ne  faut  point  de  bouchon. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises .  1640.) 

ENTENDRIv 

1 137!  On  fait  comme  on  l'ètind. 
LiTT.  On  fait  comme  on  l'entend. 
On  doit  agir  à  sa  fantaisie,  comme  on  le  ju;.  e  à  propos. 
Loc  prov.  Chacun  fait  comme  il  l'entend. 
Vieux  pr.  fr.  Chacun  baise  sa  femme  à  sa  guise. 
Chacun  a  ses  plaisirs,  qu'il  se  fait  à  sa  guise. 

(Molière.  L'école  des  femmes.  I,  se.  4.) 

1138.  (?tila  qui   n' veut  rien  intinde,  i  n'a  qu'à 
s' taire.  (Tournai  ) 

LiTT.  Celui  qui  ne  veut  rien  entendre  n'a  qu'à  se  taire. 
Commencez  d'abord  par  ne  pas  vous  occuper  des  autres,  et 
l'on  ne  s'occupera  pas  de  vous. 

1139.  Bin  jàser  fait  bin  ètinde. 
LiTT.  LJien  parler  fait  bien  comprendre. 
Court  et  bon. 

.    ENVIE. 

1 140.  Vât  mî  invèye  quu  pitié.  (Malmedy.) 

LiTT.  Mieux  vaut  envie  que  pitié. 

L'ambition  est  une  vertu  quand  elle  poursuit  un  noble  but. 

JoDOiGNE.  Vaut  mia  fer  invie  que  pèlié. 

ÉPARGNE. 

1141.  Les  spâcrne, 
C'est  des  wâgne. 

LiTT.  Les  épargnes  sont  des  gains. 
Maxime  d'économie  domestique. 
Cf.  Oui  paie  ses  dettes  s'enrichit. 

Stavei.ot.  Lu  prumî  spârgni, 

Ksi  r  prumi  gàgni. 


-  3'i7  — 
ÉPÉE. 

114^.  Foute  l'èpée  diiis  les  rein.  (Mons.) 

LiTT.  Mettre  l'épée  dans  les  reins. 

Presser  vivement  de  conclure,  d'achever  une  affaire,  de 
payer,  ou  presser  dans  la  dispute  par  de  si  lortes  raisons  qu'on 
ne  sait  que  répondre.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Poursuivre,  presser  quelqu'un  l'épée  dans  les  reins. 

Si  ein  brave  homme  vos  doit  et  qui  n"  peut  nié  vos  payer,  enne  ii  foutez  nié  l'épée 
dins  les  rein. 

(MouTRiEUX.  Des  nouvieaux  conte  dé  quié.  1850.) 

L' vicaire  a  confessé  et  communié  Bâtisse,  et  comme  Bonnette  li  metoi  l'èpée 
dins  les  rein,  i  li  a  baillé  les  dernier  avec,  tout  in  li  souhaitant  bon  courage. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  i8oo.) 

ÉPERON. 

1143.  Li  sporon  foit  li  ch'vâ. 

LiTT.  L'éperon  fait  le  cheval. 

Un  bon  stimulant  n'est  pas  inutile. 

ÉPI. 

1144.  Remette  le  paute  seu  l'festeu.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Remettre  l'dpi  sur  le  felu. 

Ramener  l'accord  dans  une  aflaire,  la  paix  dans  une  famille. 

ÉPINE. 

1145.  Il  a  tourné  l' cou  d'vins  on  bouhon,  et 
i  n'sét  quelle  sipenne  l'a  piqué  (pondou). 

LiTT.  Il  est  tombé  le  cul  dans  un  buisson,  et  il  ne  sait  quelle 
épine  l'a  piqué. 

Ne  savoir  à  qui  nous  en  prendre  des  accidents  qui  nous 
arrivent;  en  accuser  le  sort. 

1146.  Après  des  s'penne  i  vint  des  rose. 

LiTT.  Après  des  épines  il  vient  des  roses. 

Ne  désespérons  pas  ;  des  temps  meilleurs  viendront. 

Pr.  fr.  —  Après  la  pluie  le  beau  temps. 

BOLANI). 

Qu'ainsi  fïnihesse  totes  les  chose. 

Louise. 
Et  tôt  l'monde  comme  nos  aute  diret 
Apres  des  s'pônne  on-z-a  des  rose. 

Yans. 
Por  mi  les  s'penne  vinet  après. 

(DD.  Salme.  Les  deux  bèch'tâ.  Se.  "21.  1879.) 


—  328  — 

1147.  Tirer  (sèchî)  'ne  sipenne  fou  de  pîd 

LiTT.  Tirer  une  épine  iiors  du  pied. 

Délivrer  d'un  grand  embarras,  d'une  situation  pénible,  d'un 
empêchement.  (Agad.) 

Pr.  fr,  —  Tirer  à  quelqu'un  une  épine  du  pied.  —  Avoir  une 
épine  hors  du  pied. 

Nous  nous  ùlons  du  i)ie(i  une  fameuse  épine. 

(Molière.  U étourdi.) 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Crespin. 

Pa,  i  m'sônne,  fré  Hinri,  qui  coula  vàt  co  mî, 
Vola  'ne  fameuse  sipenne  surmint  qu'j'a  foù  de  pîd. 

(Ed.  Remouchamps.  Li  sâvhi.  I,  se.  3.  1858.) 
Gustave. 

J'atodi  foù  di  m'pîd  ine  èwarèye  sipenne, 
Julie  n'a  nin  co  v'nou. 

(Deixhef.  Lex  deux  neveux.  I,  se.  7.  1859.) 

Elle  rimercia  Tbinamé  bon  Diu  di  li  avu  sèchî. cisse  sipenne  là  foû  de  pid,  et 
k'fessa  qu'elle  divéve  ine  vôye  à  St-Lincâ. 

(G.  Magnée.  Battri.  -1865.) 

Verviers.  Ca  vos  savants  côp  d'penne 

M"ont  foû  de  pîd  tiré  'ne  clapanle  supenne. 

(Pire.  Lettre  à  M.  Matthieu.  Mes  amuxette.s.  -1884.) 

S.\iNT-QuENTiN.     Vous  m'ai  déoqué  là  eine  rude  epeine  hors  de  m'  patte. 

(Gosseu.  Lettres  picardes.  -1844.) 

1 148.  I  gn'a  des  s'penne  so  1'  bouhon. 
LiTT.  11  y  a  des  épines  sur  le  buisson. 

11  faut  prendre  ses  précautions,  songer  à  l'avenir,  se  défier 
des  autres  ou  de  soi-même. 

Lambert. 

Balowe,  dis-je,  tôt  coula,  gn'a  des  s'penne  so  l'bouhon, 
Fez  comme  ci  vî  pèheu  qui  touwa  l'jône  pèhon. 

(Ch.  Hannay.  Li  mâije  tiei'ir  d'à  Colas.  II,  se.  17.  1866.) 

1149.  Ji  l'a  metlou  fo  les  s'penne. 

LiTT.  Je  l'ai  mis  sur  les  épines. 

Mettre  quelq«u'un  dans  une  lausse  position,  le  mettre  à  la 
torture. 

lîlPINGLE. 

1 150.  R'tirer  si  atèche  de  jeu. 

LiTT.  Retirer  son  épingle  du  jeu. 

Se  dégager  adroitement  d'une  mauvaise  affaire,  d'une  partie 


—  329  — 

périlleuse.  Retirer  à  temps  les  avances  qu'on  avait  faites  dans 
une  affaire  qui  devient  mauvaise.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  Tirer  son  épingle  du  jeu 

Vous  tirez  sagement  votre  épingle  du  jeu. 

(Molière.  Le  dépit  amoureux.  Se.  4.) 

Les  petites  filles  jouent  avec  et  pour  des  épingles  à  la  purc- 
vci  ite  ou  à  pair  ou  non. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Jampsin. 

Ji  n'jowe  ciette  pus,  ji  r'prinds  mi  atèche 
Démonstraiis  qu'nos  estans  pus  sège. 

{Complainte  des  paysans  liégeoi.i^  l(i31.  B'  et  D*.  Recueil.) 

Dirè-se  èco  qui  j'a  r'tiré 
L'atèche  de  jeu  po  n'pus  jower  ; 
Ji  creus  qu'nenni,  ca  t'as  sintou 
Ou  bin  t'es  lade,  qu'elle  t'a  pondou. 
{Prumlre  response  dé  calotin  à  loigne  auteur  dé  .lupplémint.  -173..) 
MoNS.  Eh  bé  !  sire,  r"tirez  vo  n'  épinque  du  jeu  ou  bé  vos  poudriez  s'en  r'pentir. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  185H.) 

Frameries.  Tant  c'qu'a  ça,  i  n'da  nin  in  pareil  à  vous  pour  r'saquie  s'nesplinque 
hior  dou  jeu. 

(Bosquetia.   Tambour  battant.  Gazette.  188fi.) 

RoucHi.  I  faut  qu'i  retirche  s'  n'eplinque  arrière  du  jeu. 

(HÉCART.  Dict.) 

1151.  Mette  ine  atèclie  so  s'  manche. 

LiTT.  Mettre  une  épingle  sur  sa  manche. 

k  l'occasion,  je  me  souviendrai  de  vos  mauvais  procédés. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

C'est  bon,  c'est  bon,  dit-st-i,  c'est-st-ine  atèche  so  m'manche, 
Qu'i  seûye  seul'mint  bin  sur  di  n'rin  piéde  à  l'discange. 

(F.  15A1LLEUX.  Inc  vèye  fAve  d'à  m'yrand  mère.  484i.) 

Merci,  c'enne  est-st-assez,  j'csleu  Ion  di  m'  rattinde, 
De  r  part  d'on  camarade,  à  ton  qui  vos  v'nez  d'prinde  ; 
C'est-st-ine  atèche  .so  m'  manche.... 

(Thiry.  Inecope  digrandiveux.  1859.) 

DouAï.         Mais,  laichez  faire,  j'ai  d'zepingues  d'sus  m'manche. 

(DechristÉ.  Souv'nir.1  d'un  homme  d'  Douai.  1838.) 

St-Quentin.     Ch'est  veritabe  q\\6  j'  yeu  z'ai  attiqué  eine  liole  eplingue  edsus  leu 
meinche. 

(GOSSEU.   Lettres  picardes.  1840.) 

115*2.  Trover  ine  atèclie,  joûrnêye  di  bèguenne. 

LiTT.  Trouver  une  cpin^^le,  journée  de  Léguine  (religieuse). 
Critique  des  loisirs  dont  on  jouit  dans  les  couvents  de  femme. 
St-Pol  (Pas-de-Calais;.     Eune  épingle  ch'esl  rjounu'e  d'eune  feme. 


—  330  — 

ESPAGNOL. 

115)1  Ksse  lispagnol. 
LiTT.  Être  Espairnol. 

Au  jeu  de  dominos  :  ne  pas  faire  un  seul  point,  —   Allusion 
traditionnelle  à  la  i)erte,  sous  Philippe  II,  de  la  grande  Armada. 
On  dit  aussi  :  Monler  ao  l'ptaiinhe. 

ESPÉRANCE. 

1154.  Espérance  fait  viker,   longue  atteinte  fait 
niori. 

LiTT.  Espoir  fait  vivre,  longue  attente  fait  mourir. 

L'espérance  est  la  consolation  des  affligez. 

(Le  Père  Jkan-Marie.  Le  divertissement  des  sages.  1665.) 

Belle  l'hilis,  on  désespère, 
Alors  qu'on  espère  toujours. 

(Molière.  Le  misanthrope.  I,  se.  2.) 

Picardie.     L'esperanche  foel  vive  l'homme  ;  el  lonke  atteinte  el  foet  morir. 

(CORBLET.) 

ESPRIT. 

1155.  Ça  passe  èm'n  esprit,  marichau.  (Mons  ) 

LiTT.  Gela  passe  mon  esprit,  maréchal. 
C'est  une  chose  que  je  ne  puis  croire,  que  je  ne  puis  com- 
prendre, qui  dépasse  mon  intelligence. 
Souvent  ironique. 

Em'  baudet  mayeur!  allons,  ça  passe  èm'n  esprit,  marichau,  comme  dit  l' vieux 
proverbe,  mais  comment  ça,  non,  vous  aute. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1862.) 

Basse- Allemagne    —  Das  geht  ûber  meinen  Horizont. 

1156.  L'esprit    tiu'on   veut  awet  gâte  li  cinque 
qu'on  a.  (Namur.) 

LiTT.  L'esprit  qu'on  veut  avoir  gâte  celui  qu'on  a. 
Traduction  littérale  du  vers  de  Gresset.  {Le  méchant.  IW, 
se.  7.) 

L'esprit  qu'on  veut  avoir  gâte  celui  qu'on  a. 

Ne  forçons  point  notre  talent 
Nous  ne  ferions  rien  avec  grâce. 

(Lakontaine.  Fables.  IV.  S.) 

1157.  11  a  trop  d'esprit,  i  mourret  tôt  jône. 
LiTT.  Il  a  trop  d'esprit,  il  mourra  tout  jeune. 


-  331  — 

Dicton  provenant  de  cette  croyance  que  la  science  trop  tôt 
acquise  i"est  au  détriment  de  la  constitution  et  de  la  santé. 

Se  dit  plus  souvent  ironiquement  d'un  enfant  qui  n'a  guère 
de  dispositions.  (I.ittré.) 

Pr.  Ir.  —  Cet  entant  a  trop  d'esprit,  il  ne  vivra  pas. 

Les  enfan's  trop  tost  sages  ne  vivent  pas  longtemps. 

(Le  Père  Jean-Marie.  Le  divenissemenc  des  sages.  i66b.) 
Tournai.  Il  a  trop  d'esprit,  i  n'  vivra  pas. 

11 08.    Quand  les  X**  âront  d'  l'esprit, 
Li  Moùse  pass'rct  à  Paris. 

LiTT.  Quand  les  X**  auront  de  l'esprit, 

La  Meuse  passera  à  Paris. 
Variante.  I  crèh'ret  des  hièbe  so  l'marchù 

LiTT.  Il  croîtra  des  herbes  sur  le  marché. 
Cf.  St  Mathieu.  Eo^nigiU.  Chap.  V,  vers  3. 

Jamais  un  lourdaul,  quoi  qu'il  fasse, 
Ne  pourra  passer  pour  savant. 

(Lakontaine  ) 
Var.  Malmedï.  ÎS'aveûr  nin  pus  d'esprit  qu'one  banse  sins  cou. 

ESSARTER. 

1159.  J'aini'reus  mi  daller  liawer  àx  sàrt. 

LiTT   J'aimerais  mieux  d'aller  essarter. 
Je  préférerais  faire  toute  autre  chose. 

ESTOC. 

ilGO.  Aller  di  stock  et  d'tèye. 
LiTT.  .\ller  d'estoc  et  de  taille. 
De  la  pointe  et  du  iranchant. 

Travailler  à  tort  et  à  travers,  sans  ménagement  ni  pré- 
caution. 

(St.  Bormans.  Voc.  des  houilleur*  liégeois    18G2.) 

Travailler  de  quelque  manière  que  ce  soit   (Littrk.) 
Prendre  d'estoc  et  de  taille. 

(OUDIN.  (juriositez  françaises.  1640.) 

Fèri  di  stock  et  d'tèye 

iFoRiR.  Dict.) 
Guise  po  vîngi  li  moirt  di  s'pére 
Pus  furieux  qu'on  tigue  es  cokVe 
Ou  qu'on  lion  qu'on-z-a  blessî 
Courl,  boulant  comme  ine  arègi, 
Ferant,  bâchant  di  stock  et  d'tèye 
Gâte  à  baicùp  Iphysionomeye. 

(J.-J.  Hanson.  Li  Hinriade  travestèije.  (.'.h.  II.  i780. 


—  332  — 

Hàsplant  di  stock  et  d'tèye,  tant  qu'i  tome  es  l'ccrote, 
('oninie  on  hopaî  d'trijju,  comme  ine  màcèye  clicotte. 

(G.  Delarge.  Ine  copemie  conte  les  pékUeu.  1873.) 

ESTOMAC. 

1161.  Il  a  on  s'toiimacdi  eûtes  pomme. 

L1TT..II  a  un  estomac  de  pommes  cuites. 

Il  a  un  mauvais  estomac  ;  il  ne  peut  digérer  que  des  aliments 
tendres. 

Cf.  Il  a  un  estomac  d'autruche,  il  digérerait  le  fer. 

Basse-Allemagne.  —  Er  hat  einen  Magen  wie  der  Vogel 
Strauss. 

ÉTABLE. 

1162.  Té  stâ,  telle  blesse. 

LiTT.  Telle  étable,  telle  bête.   • 

Voulez-vous  avoir  de  bonnes  bêtes  ?  soignez  leur  étable.  — 
La  propreté  d'une  maison  fait  bien  augurer  de  ses  habitants. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

1163.  Il  est  trop  tard  di  serrer  li  stâ  qwand  li 
ch'vâ  est  sâvé. 

LiTT.  Il  est  trop  tard  de  fermer  l'écurie  quand  le  cheval  est 
sauvé. 

Il  est  inutile  de  prendre  des  précautions  quand  le  mal  est 
arrivé,  quand  il  n'est  plus  temps  de  l'éviter. 

Pr.  fr.  —  Fermer  l'écurie  quand  les  chevaux  sont  dehors. 

Quand  le  cheval  est  emblé  douncke  ferme  fols  l'astable. 

{Prov.  del  vilain.  XW  siècle.) 

A  tard  ferme  l'om  l'estable  quant  le  cheval  est  perdu. 

{Proverbes  de  France.  XIII»  siècle.) 

Fermer  l'étable  quand  les  vaches  sont  prises. 

(OUDiN.  Curiositez  françaises.  1640.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Adon  qu'i  n'y  eurit  pus  rin  à  broûler,  on  vèya  arriver  les  homme  di  feu  :  li  ch'vâ 
esteut  sàvé,  i  v'nit  serrer  li  stâ. 

(G.  Magnée.  Li  houlette.  1871.) 

Marche.  Il  est  bin  trop  taurd  po  qu'  l'uche  sôye 

Clos,  dés  qui  l'pinson  vole  èvôye. 

(Alexandre.  P'iit  corti.  1860.) 

Var.  Namur.  il  est  trop  taurd  di  serrer  l'gayole  quand  l'mouchon  est-st-èvolé. 

Var.  Jodoigne.  Trop  taurd  po  serrer  l'gayole  quand  1'  péson  est  sl-èvolé. 


—  333  — 
ÉTINCELLK. 

1164.  I  n'fât  qu'ine  blawette  po  mette  li  feu. 

LiTT.  Il  ne  faut  qu'une  étincelle  pour  mettre  le  feu. 
Les  petites  causes  produisent  souvent  de  grands  eflets. 
Petite  étincelle  engendre  grand  feu. 

{Piov.  commune  goth.  XV*  siècle.) 
Variante.  Ine  pitile  blaniahe  poul  esprinde  on  grand  feu. 

(FORIK.   IHct.) 
Verviers.  Studiz  l'ioyen  qui  v's  èiahe, 

D'one  blawette  vint  grand  blamahe. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  iSli.) 
Var.  Marche.  On  grand  feu  poul  v'ni  d'one  vivretle  (étincelle). 

ÉTOILE. 

Il 60  On  s'diféye  di  lu  pé  qu'dè  l'siteûle  à  quowe. 

,LiTT.  On  se  défie  de  lui  plus  que  de  l'étoile  à  queue. 
Allusion  à  la  superstition  populaire  qui  attribue  aux  comètes 
une  influence  fâcheuse. 

Thérèse. 

Comme  de  l'siteûle  à  quowe,  di  vos  ji  m'dim^fôye, 
Mulei  m'avez-v'  Irompd,  mais  v'  n'el  frez  pus  nolle  fèye. 

(DD.  Salme.  luefenmrue  qu'ennès  vâi  deux.  Se.  "2.  1816.) 

ÉTOUPE. 

1166.  Avu  de  r  sitope  so  li  qu'noye. 
LiTT.  Avoir  de  l'étoupe  sur  la  quenouille. 
Faire  de  bonnes  affaires.  —  Avoir  sa  subsistance  assurée.  — 
Être  heureux. 

Cf.  Avoir  du  foin  dans  ses  bottes. 

Hoûye  nos  fans  des  affaire  à  diale  jusqu'à  Pérou, 

Vos  avez  raminé  de  1'  sitope  so  li  qu'noye, 

Et  nos  viquans  pâhule  et  contint  comme  des  roye. 

(Lamaye.  Adresse  au  roi.  Concours  de  1836.) 

Beaujean. 

Parblu,  v'  pinsez  sùr'mint  qui  j'  n'âye  rin  à  m'  quinoye, 
Qui  ji  v'  ravisse,  qui  j' vike  ossi  hureux  qu'on  roye. 

(Dei.chef.  Pus  tJj,  pus  sot.  Se.  1.  18C2.) 

Elle  quoira  à  s' dislriî  ;  po  y  av'ni,  ci  n'esteut  nin  cielte  li  stope  qui  mùquéve  à  si 
qu'noye. 

(G.  Magnée.  Battri  18G5.) 

Marche.  T'as  dé  lin  asset  à  t'  quinôye, 

Sins  trop  s'  mellet  di  qui  qui  c'  sôye, 
Waîle  on  pau  qu'  t'es  vègne  â  coron. 

(Alexandre.  PUit  corti.  1860.) 

Avoi  bé  d'euvre  an  sai  quelogne. 

(Prov.  Bourguignon.) 


-  334  — 
ll()7.  (Vest  tôt  c'  qne  n'a  d'  pé  té  (lins  les  grosses 

stoppe.  (JODOKiNE.) 

LiTT.  C'est  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  fin  dans  les  grosses 

étoupes. 

C'est  une  chose  de  peu  de  valeur. 

ÊTRE. 

1168.  1  tat  esse  tôt  l'onk  ou  tôt  i'aute. 
LiTï.  Il  faut  être  tout  l'un  ou  tout  l'autre. 

Il  faut  avoir  une  conduite,  une  manière  de  penser  décidée. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Il  faut  être  tout  un  ou  tout  autre. 
Il  faut  qu'une  porte  soit  ouverte  ou  fermée. 
Celui  qui  n'est  pas  avec  moi  est  contre  moi.  (Évangile.) 

1169.  On  n'  pout  nin  esse  et  avu  s'tu. 
LiTT.  On  ne  peut  pas  être  et  avoir  été. 

On  ne  peut  pas  être  toujours  jeune.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  On  ne  peut  être  et  avoir  été. 
Variante.  On  n'  sàreut  esse  deux  fèye. 

Cité  par  Forir.  Dict. 
Marche.  Thérèse. 

On  sél  bin  qu'on  n'est  pus  ja  tôt  comme  on-z-a  sti, 
'  On  n'veut  pus  qui  rmitan  d'çu  qu'on  fait  sus  Tmcsti. 

(Alexandre.  lA  pèchon  d'avril.  I,  se.  III.  i858.) 

MONS.  TOTOR. 

Que  volez,  on  n'  peut  nié  ête  et  avoir  été,  c'est  1'  vie  du  monde  ainsi. 

(J.  Declève.  Totor  el  choumaque.  Se.  4.  4889.) 

1170.  Il  est  des  ci  (ju'i  gn'a  1' pus. 
LiTT.  Il  est  de  ceux  dont  il  y  a  le  plus. 

C'est  un  homme  comme  on  en  ti^ouve  beaucoup;  qui   ne 
s'élève  pas  au-dessus  du  niveau  ordinaire. 

1171.  Ci  n'est  nin  1'  Moùse  et  les  va. 
LiTT.  Ce  n'est  pas  la  Meuse  et  les  vallées  (rives). 
Ce  n'est  pas  une  chose  impossible. 

Variante.  Magni  I'  Moûse  et  les  va. 

LiTT.  Manger  la  Meuse  et  les  vallées. 
Vouloir  faire  une  chose  impossible. 

1172.  C'est  d'à  nosse. 

LiTT.  C'est  Ix  nous. 


-  335  - 

Expression  proverbiale,  sorte  de  cri  de  joie  quand  une  chose 
est  terminée  heureusement  S'emploie  principalement  (juand  il 
a  fallu  faire  des  eflbrls  physiques. 

La  victoire  est  à  nous. 

'Eup-fixa.  (Archlmkde.) 

Le  i  hùleau  de  Seraing,  ancien  domaine  des  princes-évêques 
de  Liège,  fut  vendu  par  le  gouvernement  hollandais,  en  1817, 
aux  frères  Cockerill,  qui  en  firent  le  siège  des  magnifiques 
établissements  métallurgiques  auxquels  cette  commune  est 
redevable  de  sa  célébrité  et  de  son  accroissement  rapide.  Lors 
des  fêtes  qui  furent  célébrées  à  celte  occasion, on  put  lire  sur  un 
transparent  placé  devant  la  grande  porte  de  l'ancien  palais 
épiscopal  :  C'est  cVà  nos^e  toi  seu. 

1 173.  Il  est  po  r  vi  (ou  po  l' laid)  Wàtliî. 

LiTT.Il  est  pour  le  vieux  (ou  pour  le  laid)  Waltère  (Gautliier). 
Il  est  pour  le  diable;  en  décadence,  mort. 
Les  Anglais  appellent  le  diable  :  Old  Nick. 

Variante.  Esse  es  vôye  po  V  vî  Wàthî. 

Si  rdaniesaî  n'esteut  nin  moirl,  s'i  s'alléve  ragrawter,  Jihan  esteul  sur  po 
1'  vî  Wâlhî. 

(G.  Magnée.  Li  creii'quini  de  prince  âbbé  di  StdvUeû.  18G7  ) 

Victor. 

Si  vos  jâsîz, 

Vos  sèrîz,  sèpez-l'  bin,  ine  homme  po  l' laid  Wàthî. 

(Ed.  HemûUCHAMPS.  Les  amour  d'à  Gèrâ.  I,  se.  -19.  -ISlo.) 

Uoùye,  ji  r'sins  mes  côp,  et,  comme  li  chàgne,  i  n'  fàt  on  rin  po  qu'ennès  vôve  po 
l' laid  Wàthî. 

(Salme.  Pris  devinsses  lèce.  I,  se.  'i.  1883.) 

1174.  C'est  vos  qu'est  tôt,  Makéye  n'est  pus  rin. 
LiTT.  C'est  vous  qui  êtes  tout,  Makêye  n'est  plus  rien. 
Votre  étoile  a  Tait  pâlir  la  sienne. 

Var.  Jodoigne.  C'est  lée  qu'est  tôt,  sl-homme  n'est  ré. 

Variante.  Li  grandiveux  s'infolle,  si  k'hcnne, 

C'est  lu  qu'est  tôt,  et  1"  chin 
D'à  Martin, 
N'est  pus  rin. 

(Nie.  Defrecheux.  Li  ijrandiveux.  1870  ) 

Variante.  Kaicôp  d' savant,  plein  d' mystère, 

Qui  n'èployet  ((u'des  grands  mot, 
Volet  r'mouwer  cîr  et  It-rrc. 
Tôt  s'dihant,  c'est  mi  qu'est  lot. 

(G.  Delarge.  Li  plome  d  chapai.  1870.) 


—  336  — 

1173.  Des  qu'est-ce, 

Et  des  messe. 
LiTT.  Des  qu'est-ce  et  des  mais. 

Dos  si  et  des  mais,  des  observations  sans  fin  ;  faire  de  sottes 
demandes,  des  embarras. 

Pr.  fr.  —  Voilà  bien  des  si  et  des  mais. 

*  (OUDIN.  Curiositei  françaises.  16S-0.) 

Cité  par  FoRiR.  Uicl. 

Dihez-ra'  on  pau  à  c'ste  heure  est-ce  qui  v'  volez  qui  j' dèye 
Tos  les  qu'est-ce  et  les  messe  di  m' pilite  riot'rèyeV 

(Ed.  Remouchamps.  Li  sav'tl.  II,  se.  3.  1859.} 

Ll  CABARTÎ. 

Hoûye,  po  l' police,  est-c'  qu'i  fàt 
Studî  comme  ine  avocat? 
D'oyî  ces  qu'est-ce  et  ces  messe, 
J'a  ma  m' liesse. 

(Alcide  Pryor.  Police  et  cabaret.  iSM.) 

Verviers.  Liza. 

Ca  déjà  hîr  j'eurit  ine  frôye  di  plèvihant, 

Qu'intrint  même,  onk  por  ci,  d'mandant  quéque  fausse  adresse, 

L'aute,  por  là,  v'na  ram'ter  et  des  qu'est-ce  et  des  messe. 

(J.-S.  Renier.  Limohonne  à  deux  face. Se.  i'^.  1873.) 

Verviers.       N'  fais  nin  tant  d' tes  qu'est-ce  et  d' tes  messe, 
A  Vervî  justumint  c'est  l' fiesse. 

(H.-J.  Raxhon.  Chanson.  1888.) 

H76.  1  vàt  mî  (lu  p'Jeûr  dire  :  ju  so,  quu  j'a  s'tu. 

(Malmedy.) 

LiTT.  11  vaut  mieux  pouvoir  dire  :  je  suis,  que  j'ai  été. 
Il  est  préférable  de  pouvoir  dire  je  suis  riche  que  j'ai  été  dans 
l'opulence. 

ÉTRENNE. 

1177.  Bonne  sitreume,  avou  1' bon  Diu. 

LiTT.  Bonne  élrenne,  avec  le  bon  Dieu  (avec  la  grâce  de  Dieu, 
s'il  plaît  à  Dieu). 

Se  dit  quand  la  journée  s'annonce  bien. 
Jodoigne.  lesse  setreumé  à  1'  plaque  (à  l'ardoise). 

ÉTRILLE. 

1178.  Coula  vàt  six  patàr  comme  li  manche  d'ine 

sitrèye. 

LiTT.  Gela  vaut  six  sous  comme  le  manche  d'une  étrille. 

Cela  n'est  d'aucun  prix.  (Acau.) 

Pr.  fr.  —  Gela  ne  vaut  pas  un  manche  d'étrillé. 


—  337  — 


et.  Avou  çoulà  et  qwate  cents,  vos  irez  beûre  on  verre  di 
bîre. 

Vau.  Namur  ywand  vos  auroz  appris  c'drole  di  bazar  là  par  cœur,  vos  sèroz  ossi 
savant  qu'mi,  et  avou  ça  et  on  gros  sou  vos  poroz  aller  boire  one  pinte. 

{Li  métologie.  Marmite.   1884.) 

ÉÏRON. 

1 179.  Qwand  on  stron  est  (liv'iiou  ine  lé-moscàde, 
i  n'  si  sét  pus  oder. 

LiTT.  Quand  un  éli'on  est  devenu  une  noix  muscade,  il  ne 
peut  plus  se  sentir. 

Les  richesses,  les  honneurs  troublent  la  tète  des  gens  et 
et  leur  font  renier  leur  passé. 

1180.  Pus  rïnowe-L-oii  on  stron,  pus  flaîre-t-i. 
LiTT.  Plus  on  remue  un  étron,  plus  il  pue. 

Plus  on  approfondit  une  mauvaise  affaire,  plus  on  désho- 
nore ceux  qui  y  ont  participé.  (àCAD.) 

Pr.  fr.       Plus  on  remue  la  merde,  plus  elle  pue. 

Il  y  ;i  des  circonstances  où  il  faut  dire  avec  Voltaire  : 

Seigneur,  Laïus  est  mort,  lais.sons  on  pai.x  sa  cendre 

Cité  par  Forir.  Dict. 

TouRKAi.  Au  pus  qu'on  r'mue  l'ordure,  au  pus  qu'i  pue. 

1181.  C'est-st-au  stron  (ju'on  voit  (jui  a  mingé  les 
neffe  (Rochefokt.) 

LiTT.  C'est  à  l'étron  qu'on  voit  qui  a  mangé  les  nèfles. 

Il  y  a  toujours  moyen  de  découvrir  la  vérité.  -  On  cache 
difficilement  les  méfaits  qu'on  a  commis. 

Ce  proverbe  rappelle  Tliistoire  dEsope  et  de  l'esclave  qui 
avait  mangé  des  figues. 

118-2.  I  r'glatihe  comoie  on  stron  d'vins  'ne  lam- 
ponette  di  cnr. 

LiTT.  Il  reluit  comme  un  étron  dans  une  lanterne  de  cuir. 
Se  dit  d'une  chose,  d'un  lieu  très  obscur. 
Pr.  fr.  —  Il  fait  noir  lommc  dans  un  four. 
V.  Molière.  Lu  siciUe)i,  acte  I,  se.  'i. 

l'ÎRON. 

Les  châsse  di  sôye  r'Iuhet  so  l'jambe, 
Tôt  ainsi  qu'on  stron  divins  'ne  lampe. 
(Pasquéye  iiitt  Houbietet  Pbon  so  les  trouble  de  l' tnagistrature  en  Um.  l(J8k) 

22 


—  338  — 

Verviers.  I  r"lùt  comme  on  slron  d'vins  one  lampe  <lu  eûr. 

Var.  Namur.         I  r'iût  comme  on  slron  d'  diale  ilins  one  lanterne  di  bois 
MoNS.  C'est  comme  ein  brain  d'  vein  ii'  lanterne. 

Rdic.Hi.  Ça  luit  comme  un  étron  dans  une  lanterne. 

Provknck.  Brolhaul  coumo  un  estroun  dins  uno  lantcrno. 

{Comparaisons  poindaires  provençales.  Revue  des  lanijites  romanes.   1881.) 

1183.  On  stron  vât  bin  on  loukège. 

LiTT.  Un  étron  vaut  bien  un  regai'd. 

On  ne  doit  pas  refuser  de  regarder,  même  ce  que  l'on 
dédaigne. 

Var.  Jodoigne.  On  stron  vaut  bé  on  r'gard,  one  merde  es  vaut  deux. 

1 184.  C'est  comme  de  stron  d'  poye,  i  gna  d' totes 
sort  divins. 

LiTT.  C'est  comme  de  la  fiente  de  poule,  il  y  a  de  toutes  sortes 
(de  choses)  dedans. 

Se  dit  d'un  mélange  quelconque  de  diverses  matières,  ou 
d'une  société  hétérogène. 

Nivelles.     Toutes  sourte,  c'est  du  brin  d' précheux  (ou  d' pouye). 

JoDOTGNE.  Totes  sôrt,  c'est  dé  stron  d'  poye. 

118e^.  I  n' lî  tât  qu'ine  liito  po  tourner  d'vins  on 
stron. 

LiTT.  Il  ne  lui  faut  qu'une  diarrhée  pour  tomber  dans 
un  étron. 

11  faut  un  rien  pour  le  renvei^ser,  pour  l'abattre.  —  Sa  position 
ne  tient  qu'à  un  fil. 

Jodoigne.       I  n'  li  faut  qu'one  chete  mau  tournée  po  l'oyeu  èvôye. 

1186.  Ji  lî  a  tiré  V  cou  fou  de  stron. 

LiTT.  Je  lui  ai  tiré  le  cul  hors  de  Tétron. 
Je  l'ai  tiré  d'alTaire. 

De  atercore  er'Kji'.ns  pauperem.  (MAGNIFICAT.) 
Jodoigne.  C'est  le  qu'les  a  tiré  l'eue  fou  de  stron. 

1187.  On  l'a  pité  à  l'ouhe  comme  on  stron  foû 
d'on  poisse. 

LiTT.  On  Ta  jeté  (à  coups  de  pied)  à  la  porte  comme  un  étron 
hors  d'un  vestibule. 

On  l'a  mis  dehors  sans  lagon,  brutalement. 

Variante.  Kt  voIà  k'mint,  tôt  volant  intrer  d'foice  es  chestiiî  d'Wayalpont, 
l'àrmôye  di  l'àbbé  fout  pilèye  à  l'ouhe,  comme  on  crapaud  foû  d'on  poisse. 

(G.  Magnée.  IA  cren'quinl  dé  prince  àbbé  di  Stdv'leii.  4871. 


-  339  - 

Namur.  Les  pierrot  ont  continué  à  v'nu  et  1'  pauvc  Baptisse  a  sti  foutu  à  l'uche 
comme  on  slron  sur  one  palette. 

{Marmite.  1885.) 

Charleroi.  Beline. 

Choulet  bin,  Toinette,  si  vos  avet  co  Tmallieur  (\6  fai  inmarvoyi  et  inrajji 
m'n  homme  ainsi,  je  vos  donne  vos  huite  jou,  eiet  vos  volet  à  l'uclie  comme  in  slron 
su  'ne  palette. 

(L.  Bernus.  Umulade  St-Thibau.  I,  se.  7.  187G.) 

1188.  I  n'a  nin  on  stron  es  l'oûye. 

LiTT.  Il  n'a  pas  un  élron  dan.s  l'œil. 

Il  s'imagine  être  clairvoyant,  mais  il  voit  ce  que  tout  le 
monde  voit. 

—  Ji  la  vèyou. 

—  C'est  qu'  vos  n'avîz  nin  on  stron  es  l'oùye. 

1189.  Minîminem,  coleûr  di  stron  dawe  (d'chet). 

LiTT.  Miniminem,  couleur  merde  d'oie  (de  chat). 
Couleur  indécise,  plutôt  grisâtre. 

1190.  On  n'est  màye  dihité  qu'  d'on  stron. 
LiTT.  On  n'est  jamais  embrené  que  par  un  étron. 

On  ne  reçoit  d'mjui^es  que  des  personnes  mal  élevées.  — 
On  n'est  sali  que  par  des  choses  sales. 

Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  que  la  boue  ([ui  éclabousse. 

On  sait  que  le  Téiemaquc  de  Féiiélon  tut  violemment  atta- 
qué par  certains  critiques.  D'anciennes  éditions  du  livre  de 
l'archevêque  de  Cambrai  contiennent  une  table  intitulée  Le 
cygni'.  et  les  oisouf^,  où  l'auteur  est  vengé  par  un  argument 
dont  le  sens  est  celui  de  ce  proverbe. 

(^ité  par  Forir.  Uict. 

Var.  FerrièrES.  On  n'est  jamais  abimé  (jui  d'  pus  mauci  qu'lu. 

Val.  Namur.  On  n'est  jamais  spilé  qui  par  l'ordeùre. 

Var.  Mons.  N'  vos  imbroyez  nié  dé  tout  c'  (|u'on  berdcll'ra  sus  vos  compte 
pasqui  n'a  jamais  qu'cin  noir  pot  qui  in  noircit  ein  n'autte. 

(MoUTRiEUX    Dex  nouvieaux  conte  dés  quié.  ■1850.) 

1191.  1  n'y  a  qu'on  stron  po  bin  flaîrî. 

LiTT.  Il  n'y  a  qu'un  étron  pour  bien  puer. 
C'en  est,  il  n'y  a  pas  à  s'y  tromper. 

1192.  Elle  vindreut  mi  de  slron  qui  mi  de  T  lé- 
moscâde 

LiTT.  Elle  vendrait  mieu.x  de  l'ctron,  que  moi  de  la  noix 
muscade. 


—  340  — 

Elle  a  le  talent  ele  faire  valoir  sa  marchandise;  elle  a  des 
façons  engageantes. 

1193.  (^est-st-on  stron  ma  chî. 
LiTT.  C'est  un  ciron  mal  chié. 

C'est  un  homme  d'un  caractère  mal  fait  et  d'un  extérieur 
repoussant. 

Pr.  fr.  —  C'est  un  ours  mal  léché. 

ÉTUDE 

1194.  Il  a  fait  ses  étute  à  Thérèse  Grosys,  el  cul 
dans  les  cinde.  (Nivelles.) 

LiTT.  11  a  fait  ses  éludes  chez  Thérèse  Grosys,  le  cul  dans 
les  cendres. 

C'est  un  ignorant,  il  n'a  eu  de  leçons  que  celles  données  par 
une  vieille  femme. 

ÉVÊQUE. 

119o.  Si  fer  d'èvèque  moûnî. 
LiTT.  Se  faire  d'èvèque  meunier. 

Se  dit  d'un  homme  qui  passe  d'une  condition  avantageuse 
à  une  moindre  condition.  (Acad  ) 

Pr.  fr.  —  Il  s'est  fait,  il  est  devenu  d'èvèque,  meunier. 
Cf.   Leroux  de  Lincy,  I,  p.  27.  —  Quitard.  f)ict.,  p.  537. 
—  BuRGER.  D'^r  Knisfir  und  der  Aht. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Devenir  d'evesque  meunier. 

(OUDIN.  CuriosHez  françaises.  1640.) 
Ab  equis  ad  asinos. 

(Lejeune.  Proverbia  familiaria.  174^.) 

1196.  On  rhin  louke  bin  ine  èvèque  (ès  l'geûye) 

LiTT.  Un  chien  regarde  bien  un  évêque  (en  bouche,  en 
face). 

Regarder  quelqu'un,  ce  n'est  pas  l'ofïenser;  mais  la  manière 
de  le  regarder  peut  être  ofl'ensante. 

Pr.  f.  —  Un  chien  regarde  bien  un  évêque;  on  ne  doit  pas 
s'offenser  d'être  regardé  par  un  inférieur  (V.  Quitard.  Dïct.^ 
p.  '223,  pour  L'Hcplicatioii  hislorique). 

Cité  par  Forir.  Dict. 

FiFINE. 

Ji  .SOS  co  belle  et  frisse  as-sez  po  plaire  aux  jijnes  homme,  et  i  enne  a  pus  d'onk 
qui  m'iouke  qwand  j'vas  so  l'rowe. 


—  341  — 

JOSEPH. 

Poquoi  nin,  don?  on  chin  louke  bin  'ne  èvêque. 

(Wiu.EM  et  Bauwens.  Li  galant  d'à  Fifine.  Se.  1".  188!2  ) 
Variante.  On  sot  avise  bin  on  sûli. 

Var.  Najiur.  On  stron  r'waite  bin  one  èvèque. 

Nivelles.  In  chî  rwaîte  bl  ine  cvèque  (in  brin). 

Tournai.  In  tien  assi  su  s'cue  r'waite  bin  l'èvèque  passer. 

EXCUSE. 

1197.  Les  esciise  sont  fiiite  po  s'ès  siervi 

LiTT.  Les  excuses  sont  fMiic.^  pour  s'en  servir. 
Par  cette  phrase,  on  fait  comprendre  à  celui  qui  cherche  à 
atténuer  une  faute  que   Ton    considère   ses  excuses   comme 
imaginées  à  plaisir. 
Cité  par  Forir.  Did. 

Colas. 

Les  escuse  sont  faite  po  s'ès  siervi. 

Paul. 

Enfin,  c'est-st-ine  bonne  leçon  por  lu. 

(DD.  Salme.  Pris  dh'ins  sex  léce.  I,  se.  8.  1880  ) 

1198.  Ine  bonne  escuse  n'est  nin  mâle. 
LiTT.  Une  bonne  excuse  n'est  pas  mauvaise 

Ce  proverbe  s'emploie  ironiquement  et  se  dit  aux  personnes 
qui  donnent  de  mauvais  prétextes  pour  n'avoir  pas  fait  une 
chose. 

Jacob. 
Bonne  escuse  n'est  nin  mâle,  mais  j' vins  d'apprinde  tôt  rate. 
Qui  sor  vos  on  lijjeois  tape  des  bin  malcs  batte. 

(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  d'à  Gcrd.  II,  se.  lo.  1875.) 

EXPÉRIENCE. 

1199  Expériince 

Passe  soi i née.  (Namur.) 

LiTT.  Expérience  passe  science. 

La  pratique  est  plus  utile  que  la  théorie. 

FABLE. 

1200.  V'iàrfâvefoû. 

LiTT.  Voilà  la  fable  dehors  (achevée). 
L'affaire  est  terminée,  réglée  ;  rhi.^toire  est  finie. 
On  ajoute  souvent  :  Vos  àrez  l'hâgne  et  mi  l'où. 
V,  (Lafontaine).  L'huitre  el  [es  i)l(nde\(rs. 


342 


A  Liège,  le  conteur  dit  en  finissant  : 

Make  so  1'  soû, 

Vlà  r  fàve  foû. 

Vos  magn'rez  l' hàgne  et  mi  l'oîi. 

Variante.  V'ià  1'  fôve  foû, 

Mi  l'jambon  et  ti  li  stron. 


Cité  par  Forir.  Dict. 


Vos  frez  l'cafè 
Et  mi  j'el  beûret. 


Tonton. 


Eh  bin,  Golsâ  est-st-à  m' manîre, 
Ji  n'sàreus  tant  tourner  âtoù. 

Mauèye  IîADA. 

Aie,  make  so  l' soû,  vola  l'fàve  foû. 

(De  Hahlez,  De  Cartier,  etc.  Li  vnyége  di  Chaud/ontnine.  III,  se.  l'e.  n57.) 

Adon  sins  cover  so  ses  où. 

Ni  dire  make  so  i'soù,  v'ia  l'fàve  foû 

Divins  les  champ  d'I'Andalousève, 

Il  alla 

(J.-J.  Hanson.  Les  Insiade  es  vers  Mgeois.  Ch.  IV.  1783.) 

S'  1  avîl  lèyî  piette 

Des  homme  tôle  li  hiette 
Li  diale  l'âreul  avou  trop  hayette. 

Mais  '1  a  l' quowe  es  cou 

Et  vola  l'fàve  foû, 
V  magn'rez  1'  hàgne  et  mi  l'oû. 

(Fr.  Bailleux.  Noël.  1842.) 

Verviers.  Niclasse  aveut  ine  femme 

Qui  to  fér  barbotéve  ;  et  qwand  1'  fâve  esteut  foû, 
Elle  dihéve  à  s'Willemme  : 
V's  àrez  l'hàgne  et  mi  l'oû. 

(Xhoffer.  Épigrammes.  1860.) 

FAGOT. 

1201.  l  ^^n'a  fagot  et  fagot.  (N.\mur.) 

LiTT.  Il  y  a  fagot  et  fagot. 

Il  y  a  de  la  dilïérence  entre  des  personnes  de   même  état, 
entre  des  choses  de  même  sorte.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Il  y  a  fagots  et  fagots. 

«  Vous  pouvez  en  trouver  autre  part  à  moins  ;  il  y  a  fagots  et  fagots,  mais  pour 
»  ceux  que  je  fais.... 

(Molière.  Le  médecin  malgré  lui.  I,  se.  6.) 

MoNS.         Ouais  mé,  il  y  a  fagot  et  fagot,  comme  on  dit  qui^que  fois. 

(Letellier.  Arm.dé  Mon».  1878.) 


—  343  — 
1^202  Isint  r  fagot.  (Namur.) 

LiTT.  Il  sent  le  fagot. 

Il  a  une  odeur  de  brûlé;  allusion  aux  protestanis  que  Tin- 
quisition  faisait  brûler. 

Pr.  fr.  —  Cet  homme  sent  le  fagot. 

Il  sent  sa  bourrée. 

(Ol'DIN.  Curioxitt:z  françoises.  i640.) 

II  a  des  sentiments  d'hérétique,  et  court  risque  d'être  brûlé 
avec  des  fagots,  ainsi  que  cela  se  faisait.  Aujourd'hui,  sentir  le 
fagot  ne  se  dit  guère  qu'en  plaisantant  pour  faire  entendre  à 
quelqu'un  qu'on  n'a  pas  grande  confiance  dans  la  régularité  de 
sa  vie,  dans  la  sincérité  de  ses  croyances.  (Littré.) 

FAIM 

1203.  Li  faim  a  sposé  l'seu. 

LiTT.  La  faim  a  épousé  la  soit. 

Se  dit  de  deux  personnes  qui  n'ont  point  de  biens  et  qui  se 
marient  l'une  avec  l'autre.  On  dit  aussi  de  deux  époux  sans 
biens  :  C'est  la  faim  et  la  soif.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  C'est  la  faim  qui  a  épousé  la  soif. 

Var.  Jodoigne.        I  s'a  marié  au  déré  vacant  tos  les  èfant. 

1204.  Les  soris  clTârmà  n'ont  irûye  faim. 

LiTT.  Les  souris  de  l'armoire  n'ont  jamais  faim. 
La  satiété  engendre  le  dégoût. 

1205.  I  fât  avii  fiiim  d'sâce  po  trimper  s'pan 
d'broûlî. 

LiTT.  Il  faut  avoir  faim  de  sauce,  pour  tremper  son  pain  de 
boue. 

Se  dit  le  plus  souvent  pour  qualilier  et  déplorer  un  mauvais 
mariage. 

1206.  Li  faim  chesse  li  leiip  fou  de  bois. 

LiTT.  La  faim  cliassc  le  loup  hors  du  bois. 

La  nécessité  détermine  un  honnnc  à  faire,  même  contre  son 
inclination,  bien  des  choses  pour  se  procurer  de  quoi  vivre. 
(Acad.) 

Pr.  fr.  —  La  faim  chasse  le  loup  hors  du  bois. 

On  dit  aussi  :  Li  famène  ches.se,  etc. 

La  faim  enchace  le  loup  du  bois. 

(Xllle  siècle.) 

Cité  par  Forir.  iJict. 


—  du  — 

1^207.  L'cinque  qui  aime  trop  les  bons  hoquet 
aurail  foaim  pus  taurd.  (Namuk.) 

LiTT.  Celui  qui  aime  trop  les  bons  morceaux  aura  faim 
plus  tard. 

La  gourmandise  peut  conduire  à  la  misère. 

Le  Tuxe  dans  les  repas  a  précédé  la  chute  des  grands  empires. 

FAIRE. 
1208.  Sins  fer  ni  eune  ni  deux. 

LiTT.  Sans  faire  ni  un  ni  deux. 

Sans  hésiter,  de  propos  délibéré,  d'un  premier  jet. 

Cité  par  Forir.  Dicf. 

Li  morale  di  cisse  fâve,  Messieu, 
C'est  qui  l'ci  qui  tome  à  des  gueux, 
Ni  deut  mâyc  fer  ni  eune  ni  deux, 

S'i  veut  wâgnî  rpârtôye, 
Ca,  es  l'plèce  de  coq,  i  sèreut 

L'dindon  de  l'comèdèye. 

(Fr.  BailleL'X.  Les  fraive  d' on  coirbâ.  Ch.  (843.) 
Nanette. 

Et  si  Monsieur  Groubiotte  rivint  sô,  et  qu'i  vôye  mi  d'ner  des  mâles  raison 
comme  c'est  si  hàbi'lude,  qwand  'la  bu,  ji  n'frel  ni  eune  ni  deux,  ji  li  dis  s'comple. 

(I)EMOULIN.  Ji  vouxji  ri'poux.  Il,  se.  î).  1868.) 

Nasiiui.  Mais,  arrive  tôt  d'on  côp  on  mayeûr  di  police, 

Qui  n'fait  ni  one  ni  deux 
Apougne  nos  deux  mouais  gueux. 

[Paint  di  frère.  Aurm.  di  Nameur.  1883.) 

Lille.  EU'  m'arot  dit  d'crever  mes  yeux. 

Qui  j'n'aros  fait  ni  eun'  ni  deux. 

(Dksrousseaux.  Chansons  lilloises.  1854.) 

1509.  Vos  'nn'  îroz  fer  fer  à  Bouffioulx.  (Namur.) 

LiTT.  Vous  irez  en  faire  faire  à  Bouffioulx. 

Se  dit  aux  gens  qui  ne  sont  contents  de  rien,  —  Pour  faire 
comprendre  que  les  choses  demandées  sont  ridicules  ou 
impossibles. 

Bouffioulx,  village  du  Hainaut,  près  de  Ghâtelet,  ancien- 
nement pays  de  Liège,  était  très  renommé  pour  sa  fabrication 
de  poterie  commune,  d'un  grand  débit  à  Namur. 

On  dit  aussi  à  Namur,  d'une  personne  contrefaite  :  I  peut  bin 
aller  s'fcr  r' fonde  à  Bouffioulx. 

Nivelles.        Aller  à  Bouffioulx  s'fer  r'  fonde,  pou  fer  des  quenique. 
RoucHi.  Vat'faire  faire  un  habit  pou  l'hiver. 


—  345  — 


1210.  L'ci  qui  fait  çou  qu'i  pout,  fait  çoii  qu'i  dent. 

LiTT.  Celui  qui  fait  ce  qu'il  peut,  fait  ce  qu'il  doit. 
On  ne  peut  exiger  d'une  personne  qu'un   travail  en  rapport 
avec  ses  moyens. 

Qui  feist  ceo  k'il  piiel  toutes  ses  leis  accomplist. 

(Proverbe  del  viluiu.  XIV"  siècle.) 
Variantes.  On  fait  çou  qu'on  pout  et  1'  bon  Diu  fait  l' resse. 

Fez  çou  qu'vos  polez,  li  bon  Diu  fret  Tresse. 

(FoRiR.  Dici.) 
Jasper. 

Sembredieuse,  qui  t'esteus  bagou. 

Jacqu'mai. 

Hoùte,  valet,  on  fait  çou  i.u'on  pout. 

(De  ViVARlo.  LificssediHoiUc-s'i-ploùt.  I,  se.  1.  1757.) 

C'est  tôt  comme  li  respleu, 
On  n'fait  nin  çou  qu'on  vont. 
Ji  creu  qu"  fait  çou  qu'i  deul, 
Li  ci  qu'  fait  çou  qu'i  pout. 

(Bakillé.  Li  camarade  dé  Vjôye.  18o;2.) 

Variante.  tjuî  fait  çou  qu'i  pout  n'fait  nin  ma, 

Mais,  qwand  vos  m' divriz  ha/.i  m'  clâ, 
Ji  n'sos  capàbe  di  n'rin  fer  d'aute. 

(Ad.  Picard.  Toast  aubauquet  wallon.  187 k) 

Verviers.     Ci  qui  fait  çou  i^i'i  pout,  fait,  dit-st-on,  çou  qu'i  deut, 
Mais  1  ci  qu'est  trop  purri,  nu  pout  rin  fer  d'adreut. 

^Xhoffer.  Lu  poète  wallon.  18G0.)     , 

Marche.  Qui  fait  c'  qu'i  pout,  suivant  Tconvnance, 

Ni  trouv'ret  nin  l'indiffcîrcnce. 

(Alexandre.  P'iit  corti.  d8G0.) 

Douai.         Mais  n'importe,  chelle  tille  aile  fait  ch'qu'alle  peut,  du  ma  assez. 

(Dechristé.  Sonv'nirs  d'un  homme  d' Douai.  iSoS.) 

1211.  Si  ça  n'fail  nin  de  bin,  ça  n'fret  nin  de  ma. 

LiTT.  Si  cela  ne  fait  pas  de  bien,  cela  ne  fera  pas  de  mal 
C'est  une    chose  qui    ne  tire  pas  à   conséquence,   qui  est 
inoffensive. 


Jauiay. 


Tiiiodor. 


Buvoz  on  p'tit  gourjon,  c'est  comme  l'onlmint  d'polape  qu'on   vind  à  l'apothi- 
caire, si  n'fet  nin  do  bin,  i  n'fet  nin  do  ma. 

(XiiOFFER.  I.r.^  dru.r  sornche.  1,  se.  i.3.  ISC)!».) 

MONS.  C'est  comme  l'homme  qui  rake  au  eu  M'  s'kevau, 

Ça  n'fait  t5nié  d'bic,  ça  n'fait  gnit^  d'mau. 

(Sigart.  Uict.  1870.) 


-  346  — 
I"21"2.  I  n'est  màyc  trop  tard  po  bin  fer. 

LiTT.  Il  n'est  jamais  trop  tard  pour  bien  faire. 
Il  vaut  mieux   prendre  une  bonne  résolution   tardivement 
que  de  n'en  pas  prendre  du  tout. 

Pr.  fr.  —  Mieux  vaut  tard  que  jamais. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Crespin. 

Allez,  j'  n'a  pus  wàde  cli  m'sôler, 

Ossi,  j'proûv'ret  qui  n'est  màye  trop  tfird  po  bin  fer. 

(Remouchamps.  Li  xnv'tt.  Il,  se.  6.  1858.) 

Ine  feumme  a  si  homme. 

Po  rintrer  v'n'avez  pus  nolle  heure, 
Vos  avez  l'coirps  tôt  eschàffc  ; 
J'a  sogne  qu'à  deugl  on  n'vi  mosteùre. 
—  I  n'est  màye  trop  tard  po  bin  fer. 

(Thiry.  Êpigrammes.  -1860.) 

Verviers.  I  a  bon  qui  sel  d'vant  d'fmi 

Qu'n'est  mauye  trop  taurd  po  fer  mi. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimé».  1871.) 

Charleroi  Bonnefoi. 

Ça  pouret  co  bin  v'ni,  i  n'est  jamais  trop  taurd  pou  bin  fai,  on  p'til  côp  de 
r'vinet-z-y-co,  eiet  ça  y  est. 

CL.  Bernus.  V  malade  Saint-Thibau.  I,  se.  9.  1876.) 

MoNs.  Si  j'seroi  à  vo  place,  j'Ii  baroi  tout  d'même,  mi  ;  i  n'est  jamais  trop  tard 
dé  bé  faire,  comme  on  dit. 

(Leteu-IER.  Armonaque  déMons.  1853) 

1*213.  On  nïait  rin  avou  rin. 

LiTT.  On  ne  fait  rien  avec  rien. 

On  ne  saurait  réussir  dans  aucune  affaire,  dans  aucune 
entreprise  si  on  n'a  quelque  chose,  quelques  moyens,  quelque 
secours  pour  y  parvenir.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  On  ne  fait  rien  de  rien. 

De  rien,  rien.  {Adaget  français.  XVI»  siècle.) 

De  nihilo  nihil.  (Perse.  Sat.  3""".) 

De  nihilo  nihil,  in  nihilu^n  nil  posse  reuertl.  (Lucrèce  ) 

On  n'a  rin  avou  rin,  li  ci  qu'vout  profiter, 
Deut  calculer  ses  côp  et  n'nin  meskeûr  ses  pône. 

(Thiry.  Moirt  di  l'octroi.  1860.) 

Basse- Allemagne.  —  Aus  Nichts  macht  man  Nichts. 

1214.  I  vont  fer  :  c'est  mi  ! 
LiTT.  Il  veut  faire  :  c'est  moi  ! 
Variante.  C'est  po  dire  :  c'est  mi. 

LiTT.  C'est  pour  dire  :  c'est  moi. 

Il  cherche  à  attirer  l'attention.  C'est  un  tente  affaire. 


—  IU7  — 

C'ait  un  tente  affaire.  On  nous  propose  d'écrire  :  c'est  un 
tant  à  faire  (un  homme  qui  se  dit  sans  cesse  accablé  de 
besogne).  L'observation  pourrait  bien  être  fondée. 

l"2lî>.  N'y  a  rin  à  fet  à  Bayonvèye.  (Marche.) 

LiTT.  Il  n'y  a  rien  à  faire  à  Baillonville. 
Il  n'y  a  rien  à  gagner,  c'est  perdre   son  temps  et  ses  peines. 
Baillonville,    province   de    Namur,    à    deux  lieues    de 
Marche. 

Marche.  Baquatro. 

En  r'traite  !  po  l'bon  Dieu,  si  v'n'estiz  nin  on  sot 
Vosse  mémoire  aurait  d'vou  rappellet  on  vl  spot. 
Qui  dit  qu'  po  les  richau,  qui  queret,  foù  do  1'  vèye, 
L'poye  et  ses  où,  gn'y  a  rin  à  fet  k  Bayonvèye. 

(Alexandre.  Li  pcchoti  d'avril.  Act.  V,  se.  9.  1858.) 

1:21»).  C  n'est  qu'es  fiant  qu'on  fait.  (Namur.) 

LiTT.  Ce  n'est  qu'en  faisant  qu'on  fait. 
Il  y  a  des  choses  qui  demandent  un  certain  temps  pour  cire 
bien  faites.  (A.CAD.) 

Vv.  fr.  —  On  ne  peut  faire  qu'en  faisant. 
L'expérience  rend  habile.  —  l'^abricdndo  fil  faber. 

MoNS.  On  fait  in  fesant. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  I8S0.) 

1217.  Fer  ses  affaire  lu-mênie. 

LiTT.  Faire  ses  affaires  soi-m<^me. 

Il  ne  faut  compter  que  sur  soi.  —  Il  ne  faut  pas  se  fier  aux 
promesses  des  autres. 

B\hviR. 

Fyîz-v'à  lu,  c'est-st-on  palol, 
'L  a  m'm6  s'barque  comme  on  vl  sot. 
I  n'comprind  nin  m'  système 
I  n'fât  màye  roùvl  li  spot  : 
Fez  vos  affaire  vos  môme. 
(Alcide  Pryor.  Oh  dragon  qui  fait  de*  madame.  1867.) 

Variante.  Nos  avans  fait  "ne  biestrèye 

Ca  i  n'y  a  rin  d'  pareye, 
Qui  (i'fer  si  ovroge  lu  môme,  rit'nez  bin  coula,  m'ti. 

(l)f:mv.  L'âlouetlc  et  ses  jône  et  Tmai^e  de  champ.  Fàve.  18î)2.) 

Var.  Verviers.  Po  bin  fer  rovivge  qu'on-z-aimc 

N'est  meilleur  moyen  qu'lu  môme. 

(J  -S.  Kenier.  Spotn  riméx.  187!.) 

Yak.  Marche.  Si  li  n'sogne  nin  tes  vaohe  ti-mènie, 

To  n'aurais  qu'dè  lèçaî  sins  crftmo. 

(Alexandre.  P'ui  corti.  1860.) 

Var.  Tournai.  Si  te  veux  faire  t'n  affaire,  vas-y. 

Si  te  veux  l'manquer  invoye-z-y. 


—  348  — 
1-218.  Tôt  volant  fer  mî,  on  fait  pé. 

LiTT.  En  voulant  taire  mieux,  on  t'ait  plus  mal. 
On    peut    gâter   une   bonne  chose    en    voulant    la   rendre 
meilleure    (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Le  mieux  est  l'ennemi  du  bien. 

1219.  Çoii  qu'est  fait  est  fait. 

LiTT.  Ce  qui  est  fait  est  fait. 

Se  dit  pour  engager  à  ne  plus  parler  d'un  malheur,  d'une 
faute  qu'il  est  impossible  de  réparer.  (Agad  ) 

Pr.  fr.  —  Ce  qui  est  fait  est  fait. 

Se  dit  aussi  pour  engager  quelqu'un  à  terminer  sa  besogne 
pour  qu'il  n'ait  plus  d'inquiétudes  en  perspective. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Tonton. 

Qu'estiz-v'  des  niàlàhèyès  gins, 
A  barboter  vos  n'  wàgnVez  rin, 
Fret-on  por  vos  novelle  couhenne  ? 
Çou  qu'est  fait  est  fait,  dit  1'  bèguenne. 
(De  Harlez,  De  Cartier,  etc.  Li  voyége  di  Chaud  fontaine.  III,  se.  \".  1757.) 

S"is  n'avîl  nin  awou  Trueune,  is  àrîl  trové  ine  aute.  Enfin,  çou  qu'est  fait  est  fait. 

(DD.  Salme.  Pria  d'vins  ses  lèce.  II,  se.  o.  1880.) 
Picardie.  Ce  qui  est  foet  n'est  mie  à  foere. 

(Corblet.  Glossaire.  18ol.) 

Basse-Alle.magne.  —  Geschehene  Dinge  sind  nicht  zu 
ândern. 

1220.  Ji  fais  V  niitan  à  m'  manîre  et  l'auie  comme 
i  m'plait. 

LiTT.  Je  fais  la  moitié  à  ma  mode,  et  l'autre  comme  il  me 
plaît. 

Je  ne  fais  que  ce  qui  me  convient,  sans  me  préoccuper  des 
observations  ou  des  conseils  qu'on  me  donne. 

Variante.  Ji  m'moque  di  lot  çou  qu'on  pout  dire, 

Si  ji  beus,  c'esl-st-avou  mi  àrgint, 
Ji  fais  toi  à  fait  à  m'manîre 
Et  l'restant  comme  coula  m'convint. 

(Hect.  Pholien.  Fleur  di  sôléye.  Ch.  1884.) 

Var.  Tournai.  Fés  cha  à  fmote  et  l'reste  à  t'fantaisie. 

1221.  Si  v's  avez  fait,  mettez  des  cinde  d issus. 

LiTT.  Si  vous  avez  fait,  mettez  des  cendres  dessus. 
Sale  équivoque.  Allusion  aux  habitudes  du  chat. 
Cité  par  Forir.  Uict. 


—  349  — 
122^2.  A  rin  fer,  on  a])prin(l  à  mnu  fer.  (Xamlil) 

LiTT.  A  ne  rien  faire,  on  a|)prend  ;"i  faire  mal. 

Quand  en  n'a  pas  d'occultation,  on  est  enclin  à  faire  le  mal. 

Pr.  fr.  —  L'oisiveté  est  la  mère  de  tous  les  vices. 

1223.  I  n' fet  rien  au  malin,  l'après  deiner  i  s'er- 
pose.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  ne  fait  rien  le  matin,  l'après-midi  il  se  repose. 
C'est  un  fainéant,  qui  passe  tout  son   temps  dans  l'oisiveté. 
Tournai.  Frekeot. 

J'conneos  t'n  ouvrache  :  le  ii'fés  rien  au  matin,  l'après-deiner  te  t'erpose,  et 
quand  t'panche  elle  est  bien  pleine,  te  n'ie  dis  pos  qu'ch'est  avec  les  liard  des  eaute 
que  t'  Ta  rimplie. 

(Pierre  Brunehallt  (Leroy).  Ein  ménache  d' francs  pmtfe.  Se.  V6.  -1891.) 

1224.  Faire  Jésus.  (TolKxNAi.) 

LiTT.  Faire  Jésus. 

Demander  pardon,  s'agenouiller  devant  quelqu'un,  se  mettre 
à  plat  ventre  pour  obtenir  une  faveur. 
Tournai.  Gulna. 

Awi,  je  l'dis  et  je  l'répète,  si  je  iirlaiss'reos  à  dire  j'n'areos  pos  b'soin  d'faire 
Jésus  pour  avoir  ein  pain. 

(Pierre  Brinehault  (Leroy).  Ein  ménache  iVfrancx pau/e.  Se    18.  1891.) 

1225.  Vos  'unes  tVez  vos  cràs  et  vos  maigue. 

LiTT.  Vous  en  ferez  vos  gras  et  vos  maigres. 
Vous  en  ferez  ce  qu'il  vous  plaira. 

(A.  BODY.  Voc.  des  agriculteurs.  1880.) 

1226.  Ci  sèreut  lî  fer  1'  paîraî  baî  (i). 

I.iTT   Ce  serait  lui  faire  beau  le  fond  de  la  taille. 

Ce  serait  lui  tirer  les  marrons  du  feu  ;  lui  mâcher  le  gâteau. 

(St-BoRMANS.  Voc.  des  houillcurs  liégeois.  18ti:2.) 

1227.  Qwand  i  fret  ine  saquoi  d'bon,  c'est  qu'i 
s'àret  roùvî. 

LiTT.  Quand  il  fera  quelque  chose  de  bon,  c'est  qu'il  .se  sera 
oublié  (qu'il  n'y  aura  pas  pensé). 

C'est  une  personne  dont  on  ne  peut  rien  attendre  de  louable, 
qui  ne  fait  le  bien  que  par  hasard,  d'une  manière  inconsciente. 

Var.  Tournai.  I  cache  misère  à  tous  les  pauvers  gins  !  Ch'esl  acore  ein  qui 
s'ercouchereot,  si  l'eteot  sûr  in  s'el'vant  d'faire  eine  sequoi  d'beon. 

(Pierre  Bri'NEHAUI.t  (Leroy).  Ein  ménache  d'jrancs  paufe.  Se.  10.  1891.) 

(')  Palrai  (terme  de  houillcre)  pari  désignée  à  chaque   ouvrier  dans  une  taille  où 
il  y  en  a  plusieurs. 


—  350  — 

1"2'28.  l  n'y  a  rin  qui  n'si  pôye  ter. 
LiTT.  Il  n'y  a  rien  qui  ne  puisse  se  faire 
Il  n'y  a  rien  d'impossible. 

1*2'29.  Qui  fait  bin  trouve  l)iu. 
LiTT.  Celui  (]ui  lait  bien  (s'en)  trouve  bien. 
Il  y  a.toujours  avantage  à  bien  travailler,  à  être  honnête,  à 
faire  le  bien  selon  ses  moyens. 

Pr.  fr.  —  La  vertu  est  toujours  récompensée. 

Stienne. 

Jùsepli  a  lodi  sùl  rdreùle  vôye,  il  est  sins  forleune,  mais  ji  sos  sûr  qu'i  sàrel 
wàrder  l'irésor  qui  j'vins  li'lî  contii,  vos  vèyez  qui  li  vî  spot  est  vraie  :  qui  fait  bin, 
trouve  bin. 

(DD.  Salme.  Fdte  de  parler.  Se.  23.  i879.) 

Nos  riscompinse,  nos  l'avans, 
Sûvant  l'bonne  vùye,  nos  èfant 
Ont  tos  roté  so  nos  pas, 
8ov'nez-v'  di  çoula, 
I  s'ont  dit  comme  leus  parint 
Li  ci  qui  fait  bin  trouve  bin. 

(E.  GÉRARD.  Lijatna  de  Pvlesse.  Ch.  <890.) 

Verviers.  Quand  on  iabeure,  lu  grain  vint, 

Todi  qui  fait  bin,  trouve  bin. 

(J.-S.  Renier.  Spots  rimes.  iSli.) 

Var.  Jodoigne.  L'ce  que  fait  l'bé  n'a  jamais  peu. 

1230.  FerBayî. 

LiTT.  Faire  Bayî. 

Faire  banco,  comme  on  dit,  ou  :  brusquement  gagner, 
ramasser  tout.  —  Allusion  à  un  ancien  agent  de  police  (de 
Liège),  nommé  Bailly,  rigide  observateur  des  règlements  qui 
prohibent  les  jeux  de  liasard  sur  la  voie  publique.  Bailly  ne 
manquait  jamais  de  faire  main  basse  sur  toutes  les  mises. 

1281.  Po  ter  Ijin,  i  fàt  avu  l' timps. 

LiTT.  Pour  faire  bien,  il  faut  avoir  le  timps. 

Le  temps  ne  fait  rien  à  l'aftaire. 

(MouÈRE.  Le  misanthrope.) 
Feslina  Unie.  (HORACE.) 

Var.  Stavelot.  Lèyans  fer  les  pus  pressé. 

1232.  Fer  ou  attraper  ine  saquoi  à  côp  d'pogne. 
LiTT,  Faire  ou  attraper  quelque  chose  à  coups  de  poing. 
Faire  maladroitement,  grossièrement,    imparfaitement  une 
chose. 


—  351  — 

Ami,   r  sujet  di   m' chanson 
Hi\yèrihe  lot  l' inonde  de  1'  sot^nc. 
Ji  n'  vis  d'mandré  nii\  pardon. 
Si  j'attrape  l'air  à  cùp  d'pogne. 

(J.  Lamayk.  IA  vm  (V  Doiirgntjiw.  ('A\    184G.) 

1^288.  I  vàt  inî  de  dire  :  (jiii  tVù  je?  (ini  de  dire  • 
qiiitran-gne?  (1<  Kiuui.:uES.)    ' 

LiTT.  11  vaut  mieux  dire  :  que  fci-ai-je?que  dire  que  ferons- 
nous? 

Il  vaut  mieux  suivre  ses  idées  que  d'attendre  celles  des 
autres.  —  Il  vaut  mieux  travailler  pour  soi  seul  que  de  parta- 
ger avec  d'autres.  * 

ITM.   Quand  t'aras  fet  cha. 

T'  n'in  s'ras  pont  pus  cras.  (Tourn\[  ) 

LiTT.  Quand  tu  auras  lait  cela, 

Tu  n'en  seras  pas  plus  gras. 

\olre  position  ne  sera  pas  meilleure,  vous  n'en  serez  pas 
plus  avance  ;  se  dit  ordinairement  à  celui  qui  se  nronose  de 
taire  un  mauvais  coup. 

1235.  Bill  fer  et  lèyî  dire.  (IVamuh.) 
LiTT.  Bien  faire  et  laisser  dire. 

Quand  on  se  comporte  loyalement,  on  ne  doit  pas  craindre  le 
qu'en  dira-t-on. 

Variante.  Ani.ré. 

Vikans  bin  honnèl'inint, 

D'ine  nianîre  charitàve  et  leyans  dire  les  gins. 

(Toussaint.  Jan'nesse.  I,  se.  l^e.  1890.) 
FAMILIER. 

1236.  Quand  on  est  trop  familier, 
On  finit  pas'mépriser.  (Na.mur.) 

LiTT.  Quand  on  est  trop  familier, 

On  finit  par  se  mépriser. 
Une  trop  grande  familiarité  peut  amener  des   expressions 
blessantes,  des  observations  peu  courtoises. 

FARINE. 

1237.  Tôt  fait  farèno  à  bon  niolin. 

LiTT.  Tout  fait  farine  à  bon  moulin. 

Toute  chose  vient  à  point  quand  on  sait  l'employer.  —  Los 


—  352  — 

aliments  les  plus  communs  rassasient,  nourrissent,  comme  les 
plus  délicats.  (ACAD.) 

Pr.  tV.  —  Tout  fait  ventre. 

Mais  li  mèyeù  des  [làrtèyft, 
Wisse  qui  i'boùde  fait  l'pus  d'àrgint, 
C'est  l'gaz'lî  et  l'imprim'rèye 
*  Tôt  fait  farenne  à  molin. 

(Aug.  HocK.  Les  boude.  Ch.  iS6T.) 

Verviers.  On  pauke  après  on  applaudit  iiie  aute 

Qu'aveut  éco  s'iu  pus  malin, 
I  n'aveul  nin  mettou  des  où  es  s'vôte, 
Tôt  fait  farene  à  bon  molin. 

(Xhofker.  Êpigrammes.  1860.) 
MoNs.  Tout  fait  farine  au  moulin,  après  tout,  éié  il  a  des  grâce  d'état  dins  tous 
les  métier.  {Letellirh.  Armonaque  dé  Mons.  1874.) 

RoucHi.  Tout  fet  farene  au  molin. 

(Hécart.  Dici.) 
Picardie.  Tout  foet  fraine  au  moulin. 

(CORBLET.  Glossaire.  1831.) 

FAUX. 

1^38.  Çou  qu'est  fax  n'est  mâye  durâve. 

LiTT.  Ce  qui  est  faux  n'est  jamais  durable. 

On  finit  toujours  par  s'apercevoir  qu'on  a  été  trompé  ou  dupé. 

1239.  11  est  ossi  faux  qu'on  navia  pourri.  (Namuu.) 

LiTT.  Il  est  aussi  faux  qu'un  navet  pourri. 
On  ne  peut  pas  avoir  la  moindre  conliance  en  ce  qu'il  fait,  en 
ce  qu'il  dit. 

FAUX  PAS. 

1240.  Elle  a  lait  liippetle. 

LiTT.  Elle  a  fait  un  faux  pas. 
Elle  s'est  laissé  abuser.  (AcAD.) 
Pr.  fr.  —  Elle  a  laissé  aller  le  chat  au  fromage. 
Marèye  Bada. 

Ti  père  louquive  po  les  coirnette, 
Ca  d'vant  di  s'poser  Cille  Golzà, 
Ti  mère  aveul  déjà  1'  gômà. 
Ti  grand'mére  môme  a  fait  hippette. 
Et  li  vins  d'ine  race  di  pocha. 
(De  Harlez,  de  Vivaiiio,  etc.  Li  voyéyc  di  Chaudfontaine.  I,  se.  3.  1757.) 
Ida  qu'a  fait  hippette  avou  1'  fi  de  màyeùr.  (FoRiR.  Dict.) 

I  li  fa  s'poser  l'feyo  de  mayeùr  de  1'  Franchevèye,  ine  gins  d'adreut,  qu'esteut 
verlihe  et  agalôye,  et  qui  n'aveut  màye  fait  qu'  cinq  ou  six  fèye  hippette. 

(C.  Magnée.  Li  aeu'quini  dé  prince  âbbé  di  Stav'leû.  18G7.) 


Il 


—  353  — 

FEMME. 

1241.  Qui  batte  si  feumme  nel  vont  nin  toiiwer. 

LiTT.  Celui  qui  bat  sa  femme  ne  veut  pas  la  tuer. 
Celui  qui   est  sévère  n'est  pas  toujours  cruel.  —  Il  ne  faut 
pas  exiger  d'une  personne  plus  qu'elle  ne  peut. 

Pr.  fr.  —  Il  faut  tondre  ses  brebis  et  non  pas  les  écorcher. 

(Leroi'X.  Dict.  comique,  ilo'i.) 

On  dit  aussi  :  Qui  batte  si  mère,  ou  qui  batte  si  chin. 
Cf.  QuiTARD.  Prov.  sur  lea  feinmes,  p.  45. 
11  est  permis   de  battre   sa   femme,    mais   il   ne   faut   pas 
l'assommer. 

(OUDIN.  Cnriositez  françoises.  1G40.) 

Variante.  Qui  batte  si  feumme,  wàgne  li  paradis. 

Nivelles.  On  bat  bi  s' chi, 

Qu'on  n"el  tue  ni. 

1242.  Qui    s' prind    à    'ne    feumme    si    prind    à 
s'  maisse. 

LiTT.  Celui  qui  se  prend  à  une  femme  se  prend  à  son  maître. 
Les  femmes  veulent  ardemment  ce  qu'elles  veulent  et  elles 
viennent  ordinairement  à  bout  de  l'obtenir.  (Agad.) 
Ce  que  femme  veut,  Dieu  le  veut. 

Ce  que  veut  une  femme  est  écrit  dans  le  ciel.  (Lachaussée.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

GiRA. 

D'on  sùli  elle  frit  on  nicaise, 
Qui  s'  prind  àx  feumme  si  prind  à  s' maisse. 
(De  Harlez,  De  Cartier,  etc.  Li  voyége  di  Chaud  fontaine.  II,  se.  i.  1737.) 

Vos  v'  sovairez  d'avu  bouhî  so  m"  caisse  : 

Qui  s'  prind  à  'ne  feumme  est  todi  pris  à  s'  maisse. 

(A.  HocK.  18G0.) 
Variante.  Jacques. 

Li  spot  dit  :  qwand  'ne  feumme  vout. 
Qui  l'homme  est  sûr  fotou. 
(Salme.  lue  feumme  qu'enués  vdt  ûeu.r.  Se.  9. 1876.) 

1243.  C  n'est  qii'ine  feumme  qui  s'  nèye. 

LiTT.  Ce  n'est  qu'une  femme  qui  se  noie. 
C'est  une  bagatelle, une  chose  de  peu  d'importance,  à  laquelle 
il  ne  faut  accorder  que  peu  d'attention. 

Ji  n"  pinse  nin  comme  les  ci  qui  d'het  :  bah  !  ci  n'est  rin, 

Ci  n'est  qu'ine  feumme  qui  s'  noyé. 
Mi,  ji  dis  lot  1"  contraire,  les  foumm'réye  valet  bin 
Qui  nos  y  t'nanse  on  pau,  pusqui  d'zelle  vint  nossejôye. 

(Bailleux.  Li  feumme  uèyèije.  Fâve.  iSSâ.) 

23 


—  354  — 

Pp  fp  _  Ce  n'est  rien,  ce  n'est  qu'une  femme  qui  se 
noyé. 

(OllDlN.  Cnriositcz  françaises.    1640.) 

i'244.  A  chaque  avè, 

El  kié  piche  et  el  feimme  brait.  (Mons.) 

LiTT.*  A  chaque  avé, 

Le  chien  pisse  et  la  femme  pleure. 
(Avé.  Temps  très  court;  le  temps  nécessaire  pour  réciter  un 
Ave  Maria.) 

Ovide  prétend  que  la  facilité  des  larmes  chez  les  femmes  est 
le  résHltat  d'une  étude  particulière. 
Pr.  fr.  --  A  toute  heure, 

Chien  pisse  et  femme  pleure. 

Femme  rit  quand  elle  peut, 
Et  pleure  quand  elle  veut. 

Saint-Quentin.  A  toute  heure, 

Kien  i  pisse  et  femme  aile  pleure. 

(GosSEU.  Lettres  picardes.  1841.) 

l'24o.         Ine  feumme  qui  barbotte, 

Est  comme  on  teut  qui  gotte. 

LiTT.  Une  femme  qui  gronde  est  comme  un  toit  qui  dégoutte. 

C'est  une  chose  qu'on  ne  peut  empêcher. 

Chère  femme,  vous  m'ennuyez  à  force  de  gronder. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Salomon  compare  la  femme  querelleuse  à  un  toit  dont  l'eau 
dégoutte  toujours.  —  Tecta  jugitur  perstillantia,  litigiosa 
mulier.  (Prov.  19.) 

1216.  A  les  feimme  et  les  viélés-affaire 
11  a  toudi  à  rïaire.  (Mons.) 

LiTT.  Aux  femmes  et  aux  vieilles  affaires, 

Il  y  a  toujours  à  refaire. 
Il  est  aussi  difficile  de  satisfaire  les  caprices  d'une  femme  que 
d'arranger  une  affaire  embrouillée  depuis  longtemps. 

1247.  Deux  feumme,  c'est-st-ine  divisse, 
Treus  feumme,  c'est-st-on  caquet, 
Qwatte  feumme,  c'est  l'diale  tôt  fait. 

LiTT.  Deux  femmes,  c'est  une  conversation, 

Trois  femmes,  c'est  un  caquet, 
Quatre  femmes,  c'est  le  diable  tout  fait. 


I 


—  355  — 

Cf.  Deux  femmes   font  un  (ilaid, 

Trois,  un  grand  caquet. 
Quatre,  un  plein  marciié. 

(Gai!R.  Meurier.  Trésor  des  sentences.  i3G8.) 
Trois  femmes  font  un  marché. 

(OUDIN.  Curiositez françaises.  Idi-O.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Variante.  L'étudiant. 

Eune,  ci  n'est  rin,  dit-st-on,  et  deux  c'est-st-on  hopaî, 
Mais  Ireus  feumme  et  l'police,  c'est  qwatte  chin  so  'ne  ohaî. 

(G.  Delarge.  On  tour  di  butresse.  \8'i.) 

Une  fontaine  publique,  dans  la  commune  de  D...  (non  loin 
de  Couvin),  porte  l'inscription  suivante,  composée,  paraît-il, 
par  le  curé  de  l'endroit  : 

Quando  conveniunt  Catharina,  Suzanna,  Sibylla, 
Sermones  faciunt  et  ai)  hoc,  et  ab  hàc,  et  ab  iilà. 

Pour  rendre  la  leçon  plus  efficace,  l'honorable  M.  (J.-D., 
supposant  assez  naturellement  Catherine,  Suzanne  et  Sibylle 
aussi  i^unorante  en  latin  que  le  bonhomme  Cérontc,  a  cru 
devoir  traduire  ce  distique  en  patois  du  pays.  On  lira  bientôt 
sur  la  fontaine  de  D.  .,  ou  peut  être  y  lit-on  déjà,  à  l'heure 
qu'il  est  : 

Qwand  les  feumme  vinet  droci, 

Gare  à  li,  gare  à  li,  gare  à  mi. 

1^48.  Prinds  l'siervante  d'à  Ion  et  t' feumme  d'à 
près. 

LiTT.  Prends  ta  servante  au  loin  et  ta  femme  tout  près. 

Prends  une  servante  d'un  lieu  éloigné  de  ta  maison,  et  ta 
femme  dans  ton  voisinage.  —  En  agissant  ainsi,  on  a  une 
femme  dont  on  connaît  les  antécédents,  et  une  servante  qui 
n'a  point  de  rapports  trop  fréquents  avec  sa  famille. 

1^219.  Les  feumme  ont  treus  tour  pus  qui  l'diale. 

LiTT.  Les  feummes  ont  trois  tours  de  plus  (|ue  le  diable. 
On  dit  aussi  :  les  femmes  ont  sept  (cint)  tour  pé  qui  l'diale. 
La  femme  est  souvent  fine,  rusée,  adroite,  etc. 
Pr.  fr.  —  La  femme  sait  un  art  avant  le  diable. 

(Cf.  QUITARU.  Prov.  surlesfetnme.s,  p    -20.) 

Finesse  n'est  qu'en  femme  ne  soit. 

{.Ancien  prov.  fr.  i5C8.) 

GÉRA. 

Et  quoiqu'àtoû  d' nos  aute,  elle  fesse  mami',  inaiiiour, 
Elles  ont  po  nos  tromper  po  d'ià  l'diale  trintosix  tour. 

(Ed.  KemOUCHAMI'S.  Les  amour  d'à  Gèrâ.  I,  se.  IG.  1875.) 


—  356  — 

Servas. 

Les  feiimme  sont  co  pc  qu"  des  macralle,  elles  ont  les  sept  tour  après  l'diale. 

(Brahy.  Li  bouquet.  II,  se.  2.  4878.) 

Jai.hay.  Thiodùr  à  Garitte. 

Ta'rtioz-v",  vos  avoz  turtote  treus  tour  pus  quu  l'diale. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  II,  se.  44.  4862.) 

JoDoiGNE.  Les  femme  sont  pe  malenne  que  1'  diale. 

1250.  One  femme  sins  allure  lave  se  pagna 
F  sem'deu  à  1'  nait  po  1'  dimeigne.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Une  femme  sans  soin  lave  sa  chemise  le  samedi  soir 
pour  le  ditnanche. 

Portrait  d'une  Icmme  du  peuple  qui  n'a  pas  d'ordre  dans 
son  ménage. 

Prov.  cont.  Tournai.  Femme  qui  tricote  a  des  bas  d' pus  et  des  péché  d' moins. 

12o1.  C'est  les  feumme  qui  fet  les  homme. 

LiTT.  Ce  sont  les  femmes  qui  font  les  hommes. 

Une  femme  habile  prend  aisément  de  l'empire  sur  son  mari. 
—  Dans  les  ménages,  l'accord  dépend  souvent  plus  de  la 
femme  que  du  mari.  —  C'est  la  femme  qui  donne  le  ton  dans 
la  maison. 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

Marche.  C'est  1'  bonne  femme  qui  fait  l'bon  homme. 

1252.  Qui  gâte  si  feumme  gâte  si  vèye. 

LiTT.  Celui  qui  gâte  sa  femme  gâte  sa  vie. 
Qui  est  faible  envers  sa  femme  s'en  repentira. 

1253.  1  fàt  s'  dihombrer  di  mette  si  feumme  so 
r  pîd  qu'on  1'  vont. 

LiTT.  Il  faut  s'empresser  de  mettre  sa  femme  sur  le  pied 
qu'on  veut. 

Variante.  I  fàt  s' dihombrer  di  mette  ses  èfanl  so  l'pîd  qu'on  les  vont. 

L'homme  ne  doit  pas  tarder  à  exercer  son  autorité  à  l'égard 
de  sa  femme,  de  ses  enfants. 

Pr.  fr.  —  11  faut  prendre  maison  faite  et  femme  à  faire. 

1254.  On  aime  ossi  bin  ine  feumme  qu'a  'ne 
saquoi,  qui  1'  cisse  qui  n'a  rin. 

LiTT.  On  aime  aussi  bien  la  femme  qui  a  quelque  chose,  que 
celle  qui  n'a  rien. 

On  s'amourache  aussi  bien  d'une  jeune  fille  riche  que  d'une 
pauvre.  L'inverse  est  également  vrai.  On  remarque  que  quand 


—  357  - 

les  grands  parents  citent  cette  phrase  en  parlant  à  leurs  fils, 
elle  prend  le  sens  suivant:  n'aimez  une  femme  que  pour  autant 
qu'elle  ait  du  bien. 

1255.  I  n'in  voudréot  pos  quand  elle  aréot  s'cul 
d'or  et  s'iiète  d'argint.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  n'en  voudrait  pas  quand  même  elle  aurait  son  cul 
en  or  et  sa  tête  en  argent. 

Se  dit  ù  propos  d'une  femme  que  l'on  ne  voudrait  pas 
épouser,  même  avec  une  forte  dot. 

Var.  Jodoigne.  Dire  que  n'a  qu'a  mouhy  s'doigl  po-z-oyeu  one  femme  de  caur. 

125(3.     One  Mag'rite,  one  bèguenne,  on  zabia, 
Frènne  danser  l'dialedins  on  boistia. 

(Namur.) 

LiTT.  Une  Marguerite,  une  religieuse,  une  grande  sotte, 
Feraient  danser  le  diable  dans  un  bac. 

Le  diable  serait  le  petit  garçon,  en  présence  de  femmes 
douées  des  qualités  qu'on  prête  à  celles  qui  sont  énumérées 
dans  ce  proverbe. 

A  Namur,  les  femmes  qui  portent  le  nom  de  Marguerite, 
n'ont  ou  plutôt  n'avaient  pas  la  réputation  de  douceur.  Ce  pro- 
verbe est  très  ancien. 

Var.  Malmedy.  One  Mag'rite  et  on  zabia 

Faie-nu  danser  l'diale  divins  on  canibostia. 

(ViLLERS.  Dict.  wallon  français.  1793.) 

Var.  Marche.        One  méchante  femme  est-st-one  lionne. 

(Alexandre.  Fut  corti.  18G0.) 

1257.  A  r  bonne  feumnie. 

LiTT.  A  la  bonne  femme. 

Inscription  d'enseigne  devenue  proverbiale  dans  le  pays  de 
Liège  (entr'autres).  L'enseigne  représente  une  femme  sans  tête; 
de  là  des  plaisanteries,  des  quolibets.  Nous  empruntons  à 
M.  Quitard  (Etudes  sur  les  proverbes  français.  Paris,  Techener, 
1860,  in-8,  p.  -247),  les  curieux  détails  qu'on  va  lire  : 

LA   BONNE    FEMME    EST    CELLE    QUI    N'a    POINT    DE    TÈTE. 

«  On  voyait  autrefois  à  Paris  plusieurs  enseignes  où  était 
»  peinte  une  femme  sans  tête,  image  de  la  Kcnomméc,  qui 
»  cache  la  sienne  dans  les  nuages,  comme  dit  Virgile  :  cxput 
»  inter  nubihi  condii.  (.-Eneid.  IV,  177).  Ces  tableaux  portaient 
1)  pour  inscription  :  A  lu  bonin'  [l'hunc,  c'est-à-dire,  à  la  bonne 
»  Renommée,  car  tel  était  alors  le  sens  du  mot  fauu:  (f'tinu), 


—  358  — 

»  tombé  depuis  en  désuétude  malgré  les  efforts  de  Ronsard  et 
B  d'autres,  qui  se  plaisaient  à  l'employer.  Ce  mot  fut  aisément 
»  conlondu  avec  son  bon  homonyme  femme  (fœinina),  qui  finit 
D  par  le  remplacer  sur  les  enseignes.  Mais  le  changement  ne 
»  se  borna  pas  à  l'orthographe  ;  il  s'étendit  jusqu'aux  peintures, 
\  sans  égards  pour  les  traditions  respectables  d'une  iconologie 
))  longtemps  consacrée  chez  les  boutiquiers.  Tous  les  attributs 
»  auxquels  on  pouvait  encore  reconnaître  l'immortelle  furent 
»  supprimés,  et  il  ne  resta  plus  qu'une  simple  mortelle 
»  décapitée  avec  l'inscription  :  A  la  bonne  femme;  d'oii  le 
»  public  malin  tira  cette  sotte  et  scandaleuse  conclusion  : 
)■)  La  bonne  femme  est  celle  qui  n'a  point  de  tête.  —  De  là 
»  l'origine  de  ce  dicton,  dont  le  sens  figuré,  beaucoup  moins 
»  appliqué  que  le  sens  littéral,  est  que  la  bonne  femme  est 
»  celle  qui  n'agit  pas  à  sa  tète,  qui  n'a  de  volonté  que  celle  de 
»  son  mari.  » 

JoDoiGNE.  N'a  qu'one  bonne  femme,  c'est  l'sienne  sins  liesse,  et  elle  a  co  cassé 
r  liesse  à  one  homme. 

{Allusion  à  la  chute  d'une  enseigne.) 

1258.  Çou  qu'feumme  vout,  l'bon  Diu  l'vout. 
LiTT,  Ce  que  femme  veut,  le  bon  Dieu  le  veut. 

Se  dit  pour  exprimer  que  les  femmes  par  leur  persévérance, 
finissent  toujours  par  faire  ce  qu'elles  veulent.  (I  jttré.) 
Pr.  fr.  —  Ce  que  femme  veut.  Dieu  le  veut. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

1259.  Batte  si  feumme,  c'est  batte  fasse  mannôye. 

LiTT.  Battre  sa  femme,  c'est  battre  de  la  fausse  monnaie. 
C'est  se  donner  une  peine  inutile.  —  C'est  s'exposer. 

FER. 

1260.  Avii  lodi  on  fier  qui  clappe. 
LiTT.  Avoir  toujours  un  fer  qui  remue. 

Être  valétudinaire  et  avoir  souvent  quelques  petites  incom- 
modités. (ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Avoir  toujours  quelque  fer  qui  loche. 

Avoir  quelque  chose  qui  empêche  une  affaire  d'aller  bien. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Il  y  a  quelque  fer  qui  loche. 

Une  fille  toujours  a  quelque  fer  qui  loche 

—  Oh,  cousin,  n'allez  pas  acheter  chat  en  poche. 

(Regnari>.  Le  bal.  Se.  7.) 

Cité  par  Forir.  Iiic.t. 


—  359  — 

Gilles. 
A  m'tour,  à  c'sle  heure,  ji  ses  à  pau  près  wisse  qui  l'fi(?r  clappe. 

(DD.  Salme.  lue  ctse  amon  Jacques  Bouhtttij.  Se.  ■l^.   1879.) 
Var.  Malmedy.  Aveùr  todi  pelte  ou  vesse. 

1261.  On  n'est  nin  d'fiér. 
LiTT.  On  n'est  pas  de  fer. 

Il  est  des  fatigues  auxquelles   le   corps    humain   ne   peut 
résister,  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  On  n'est  pas  de  fer. 

Vos  m' fez  ovrer  comme  on  ch'v.1,  ji  n'sos  nin  d'fiér. 

(Remacle.  Dict.  1839.) 

1262.  Mette  les  fiér  es  feu. 

LiTT.  Mette  les  fers  au  feu. 

Commencer  à  s'occuper  sérieusement  d'une  afîaire.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Mettre  les  ters  au  feu. 

Ci  fout  seûl'minl  qwinze  meus  après,  qui  l'offîciàl  mella  les  lier  es  feu  po 
accoyî  l'procès  d'Mèh'tèlc. 

(G.  Magnée.  Li  houlottc.  1871.) 

JoDOiGNE.  Mette  les  fi(5r  es  fur. 

CHARLEROI.  GfiLlOUE. 

I  n'vos  faut  né  iesse  si  infrouyî  et  si  presset  pou  mette  les  fidr  au  feu. 

(Bernus.  L'malâde  Sl-Thibau.  II,  se.  7.  1876.) 

Lille.  Comm'  nous,  vous  vivre'  à  lurlure, 

Et,  comm'  dins  ch'niond  n'y  a  rien  qui  dure, 
Vos  peine'  aront  vit'  disparu 
Vous  porez  r'mett'  les  fier  au  fu  ! 

(Desrousseaux.  Ch(in.io}i,i  Idloi/tes.  1854.) 

1263.  Esse  comme  a  fier  à  ièçî. 

LiTT.  Être  comme  au  fer  à  lacer. 

Être  endimanché,  pimpant,  tout  en  restant  guindé. 

Coula  est  fait  à  fiér  à  lècî  (solidement.)  (Fokir.  Dtct.) 

Ci  joù  là  il  esteut  comme  on  fiér  à  lècî. 

(G.  Magnée,  lialtii.  1865.) 

Var.  Jodoigne.  Elle  est  crausse  comme  onc  alcche  h  fachî. 

1264.  On  n'pout  'nnès  fer  ni  fiér  ni  clà. 

LiTT.  On  n'en  peut  faire  ni  for  ni  clou. 

Cela  n'est  bon  à  rien  —  On  n'en  peut  faire  ni  chou  ni  rave. 

Vehviers.  J'ennès  k"nohe  one  volèye 

Qu'ont  l'air  du  n'fér  ni  fiér  ni  clau 
Mais  qu'ont  l'voix  bin  d'ioyèye 
Qwand  intret  au  Caveau. 

(Pire.  Au  caveau.  Ch.  1884.) 


—  360 


Aimon  des  Tawes  s'apinça  tôt  Inukiuit  l'hoiiyîre  qui  c'esteut  co  on  bal  pârchet 
qu'on  'nnès  f(?ve  ni  Mr  ni  clà. 

(Magnée.  Li  houlotte.  1874.) 

1265.  Coula  n'vât  iiin  les  qwatte  fiér  d'on  chin. 

LiTT.  Gela  ne  vaut  pas  les  quatre  fers  d'un  chien. 

Cola  ne  vaut  absolument  rien.  (Acad.) 

Pr.  fr  —  Gela  ne  vaut  pas  les  quatre  fers  d'un  chien. 

Gité  p*ar  Forir.  Dicl. 

—  Kimint,  monsieu,  mes  catricème, 
Dihez-m'  on  pau,  n'valet-i  rin? 

—  Oh  !  nenni  cielte,  binamôye  femme, 
Nin  seul'minl  les  quatte  fier  d'en  chin. 

(SiMONON.  Ma  lantcSdrâ.  ■18'i2.) 

Les  jône  di  vosse  vî  bleu,  qu'aveu  s'tu  si  habèye, 

Pé  qu'ies  qwatte  fiér  d'on  chin,  n'ont  rin  valou  d'ieu  vèye. 

(Thiry.  Ine  copenne  ao  V  mariège.  1858.) 

Variante.  Qui  lèyèsse  don  là  leus  chicane, 

Qui  n'  valet  nin  mi  qu'des  pet  d'cane. 

{Apologèye  des  priesne  qu'on  fait  Vsiermint.  179... 
Recueil  de  chansons.  B*  et  D*.) 

Verviers.  Mais  tûsez  qu'i  s'ès  trouve  là  d'vins, 

N'  vaiant  nin  les  qwatte  i\6r  d'on  chin. 

(IMre.  Aux  lecteurs.  Mes  amuscttes.  i884.) 

Var.  Jodoigne.  <^a  n'vaut  ni  des  saie  (restes)  ou  des  plaune  (mauvaise  paille). 

MoNs.  Et  leus  bouteille  dé  drogue  qui  n'vaut-tent  nié  les  quatte  fiér  d'in  quié. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons.  1846.) 

Tournai.  Cha  n'vaut  peos  les  quate  fiér  d'in  tien. 

St-Quentin.  I  n'vaut  pau  les  quate  fers  dein  kein. 

(GossEU.   Lettres  picardes.  1840.) 

1466. 1  magn'reut  les  fiér  di  St-Lînâ. 

LiTT.  Il  nnangerait  les  fers  de  St-Léonard. 
Pour  dire  de  tout  et  abondamment. 

Sont-ce  les  barreaux  de  fer  de  la  prison  de  St-Léonard,  à 
Liège  ? 

1267.  A  fiér  et  à  clô.  (Mons.) 

LiTT.  A  fer  et  à  clous. 

Solidement,  de  façon  à  résister.  —  Avec  opiniâtreté.  — 
fjaborn  im[>roho. 

Mons.  T'as  beau  crier,  braier  et  t'échiner  l'iempcramment,  c'est  comme  si  tu 
chanteroi  ;  j'sus  boutonné  à  fiér  et  à  clô  et  je  m' fous  bé  d'ti,  quand  tu  soufferoi 
jusqu'à  d'main. 

(Letellier.  El  soleil  éié  V vent  d' bise.  Arm.  dé  Mons.  1857.) 


—  361  — 

On  dit  qu'une  chose  ne  tient  ni  à  fer  ni  à  clou,   quand  elle 
peut  se  détacher,  et  qu'on  peut  l'emporter  en  quittant  la  maison. 
Gela  ne  tient  ni  à  fer  ni  à  clouts. 

(Atic.  proverbe.) 

Autre  pr,  fr.  A  chaux  et  à  ciment. 

(Leroux.  Dictionnaire  comique.) 

Était  à  lui  par  hymenée 
Conjointe  à  chaux  et  à  ciment. 

(SCARRON.  Virgile  travesti.) 
Variante.  Fait  à  chà  et  à  cimint. 

(Remaci.e.  Dict.  18.39.) 

1268.  I  fât  batte  li  fier  tant  qu'il  est  cliaiid. 

LiTT.  Il  faut  battre  le  fer  tandi.s  qu'il  est  chaud. 
H  ne  faut  point  se  relâcher  de  la  poursuite  d'une  affaire, 
quand  elle  est  en  bon  train.  (Agad.  ) 

Pr.  fr.  —  Il  faut  battre  le  fer  pendant  qu'il  est  chaud. 

En  dementres  que  li  fer.s  e.st  chaus  le  doit  l'en  battre. 

{Ancien  proverbe.  XIII*  .siècle.) 

Hola,  Jupiter  dit,  il  faut 
Battre  le  fer  quand  il  est  chaud. 

(ScARRON.  Gigant.  Ch.  2.J 

Cité  par  FoRiR.  Dict. 

Loi'ISE  (À  part). 

I  vât  co  mî  qui  j'baltc  li  fier  tant  qu'il  est  chaud. 

Jacob  (à  part). 

Rin  d'pus  .sur  qu'elle  rivint  po  rik"inincî  l'assaut. 

(Ed.  Remouchamps.  Le.t  amour  d'à  Gérd.  II,  se.  3.  1875.) 

Mf  DUJARDIN. 

Qwand  l'àrmur'rèye  alléve  bin,  j'a  battou  l' fic^r  tant  qu'il  esteut  chaud,  et  hoûye, 
j'ennès  profite. 

(T.  Brahy.  Li  bouquet.  II,  se.  20.  1878.) 

Marche.  I  faut  batte  li  fier  qwand  i  blamme. 

Marche.  Battans  l'fier,  il  est  chaud.  Copans  l'affaire  net. 

(Alexandre.  Lipèclwn  d'avril.  II,  se.  3. 1858.) 

Nahur.  Ni  d'jos jamais:  à  toratte, 

Battez  r  fier  quand  il  est  chaud. 

(Wérotte.  Choix  dechanxom  wallonne.'..  1860.) 
Tournai.  I  fi-aut  batte  VMt  quand  i  est  k(*aud. 

St-Quentin.  I  faut  balle  ch'fer  tout  les  tandis  qu'il  est  caud. 

(GOSSEI'.  Lettres  picardes.  1810.) 

Bassk- Allemagne.    —    .M an    muss  das    Eisen   schniicden 
wàhrend  es  glûhend  ist. 


—  362  — 

1269.  Quèire  les  quaHe  fier  in  air.  (Mons.) 

LiTT.  Tomber  les  quatre  fers  en  l'air. 

Tombera  la  renverse,  être  frappé  d'étonnement.  (Acad.) 

Mons.  Jésusse,  Maria  !  j'sus  mort  c"  fois-ci,  t'ti  in  quoyant  les  quatte  fier  in  air. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mons    1862.) 
Var.  Liège.  Tourner  les  qwatte  fotenne  es  l'air. 

(FoRiR.  Dict.) 
Var.  Jodoigne.  Voler  V  panse  à  l'agasse. 

1270.  Taper  âx  riquette. 

LiTT.  Jeter  aux  vieux  fers. 

Jeter  une  chose  comme  mauvaise,  dont  on  ne  peut  plus 
faire  usage. 

Grâce  à  nosse  grand  minisse,  l'èfaiil  di  nosse  cité, 
Hoûye,  c'est  so  les  riquette  qui  l'gab'lou  est  r'jèté. 

(Aug.  HOCK.  Moirtdi  Voctroi.  Ch.  4860.) 
Crahwy. 

CO,  CD, 

Volez-v'  èco 
Volez-v'  es  mette 
Onk  di  pus  âx  riquette. 

(Alcide  Pryor.  /  s'enne  ajallou  d'pau.  187i.) 

Verviers.  Nos  père  fit  baîcôp  trop  du  cas 

Du  r'méde  qu'ont  fait  leu  piette 

Pèle  Holloway,  Revalenta 

Sont  hoiiye  po  les  riquette. 

(AsTÈRE  Denis.  Les  novellés  èvention.  Ch.  1890.) 
Marche.  Taper  âx  vîs  fier. 

Frameries.  J'ai  volu  printe  vo  n'avis  su  çou  qui  convie  d'fei,  rapport  à  l'citoyenne 
de  Lourdes,  qui  roule  su  l'or  et  su  l'argint,  pindant  qu'nous  aute  on  nos  rue  à 
feraille. 

(BoSQUETlA.  Tambour  battant.  1885.) 

FERME. 

1271.  I  fât  avu  ses  cinse  es  1' Hesbaye,  et  'nnès 
magnî  les  rinte  es  l'Ardenne. 

LiTT.  Il  faut  avoir  ses  fermes  en  Hesbaye,  et  en  manger  les 
revenus  en  Ardenne. 

La  vie  est  à  bon  marché  en  Ardenne,  mais  la  terre  y  est  d'un 
moindre  rapport  que  dans  la  grasse  Hesbaye.  Ajoutons  que 
l'Ardenne  est  un  pays  accidenté  et  pittoresque,  tandis  que  la 
Hesbaye  n'est  qu'un  immense  plateau. 

Voir  les  remarquables  études  de  M.  Emile  De  Laveleye,  sur 
les  différentes  régions  agricoles  de  la  Belgique  {Reuue  don 
deux  Moyides,  1861). 


363  — 


FESSE. 

\^1^.  Ça  n'va  (ju'd'one  fesse.  (Namur.) 

LiTT.  Cela  ne  va  que  d'une  fesse. 
Agir  mollement  dans  quelqu'alîaire.  (Agad.) 
Pr.  fr.  —  N'y  aller  que  d'une  fesse. 

Une  affaire  qui  n'va  qu'd'one  fesse,  finit  par  tourner  à  eu 
d'pouyon. 

Il  n'y  va  que  d'une  fesse. 

(OUDIN.  Citriosilez  françaises.  1640.) 
Marche.  On  cop  qui  ça  n'va  pus  qu'd'one  fesse, 

R'dobelle  di  coroge  et  d'adresse. 

(Alexandre.  Put  coni.  1860.) 
Var.  Jodoigne.  Ça  n'va  qui  seu  one  jambe. 

MoNS.  Vos  promettiez  pus  d'bùre  que  d'pain  au  commincheminl,  et  pou  changer, 
c'a  n'va  qu'd'enne  fesse.  (Letellier.  Armonaque  déMom.  1850  ) 

1273.  Tant  qu'lés  fesse  sont  découverte,  autant 
deux  claque  qu'eune.  (\Ions.) 

LiTT.  Tant  que  les  fesses  sont  découvertes,  autant  deux 
claques  qu'une. 

Il  y  a  des  choses  où  il  ne  faut  point  s'épargner,  quoi  qu'il  en 
puisse  arriver.  (Acad.).  —  Pendant  (^u'on  y  est,  il  faut  abattre 
le  plus  de  besogne  possible. 

Pr.  fr.  —  Autant  vaut  bien  battu  que  mal  battu. 

Valengiennes.  Cul  écliaulTé  ne  crait  pas  une  claque. 

MoNS.  Saque-z-incor  un,  confrère,  tant  qu'lés  fesse  sont  découverte,  autant 
deux  claque  qu'eune,  comme  on  dit. 

(Leteluer.  El  singe  éié  V cat.  Fauje.  Armonaque  dé  Mont.  1851.) 
Var.  Mons.  A-n-ein  eu  scauffé 

'Ne  claque  de  pus  n'fait  rié. 

(SIGART.  Ihci.  1870.) 
Var.  Frameries.  lun  d'pus,  iun  d'moins,  comme  on  dit,  su  in  cul  inscauffé,  me 
chaffe  enne  fait  ni  d'peine.  (Bosquetia.  Tambour  battant.  1886.) 

1274.  A  vu  chaud  ses  fesse. 

LiTT.  Avoir  chaud  ses  fesses. 
Être  saisi  d'une  grande  peur.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Avoir  chaud  aux  fesses. 
Variante.  Crians  vivàl  po  tes  costé, 

Les  patriote  vont  triompher. 
Les  lîgeois  vont  fer  1'  fiesse. 

Ehbin! 
Li  rossai  m'  coye  (')  a  1'  vesse. 
Vos  m'etindez  bin. 

{Pasquii/e  patriotique,  1700.  Recueil  de  Body) 

(')  Hoensbroeck,  prince  évoque. 


—  364  - 

l'275.  H  est  trop  tard  di  rastrinde  ses  fesse  qwand 
on-z-a  chî  es  lét. 

LiTT.  Il  est  trop  tard  de  resserrer  les  fesses  quand  on  a  chié 
dans  son  lit. 

C'est  prendre  des  précautions  quand  le  mal  est  arrivé,  quand 
il  n'est  plus  temps  de  l'éviter.  (Agad.) 

Pr.  fr*.  —  Fermer  l'écurie  quand  les  chevaux  sont  dehors. 

On  dit  aussi  :  Qwand  on-z-a  chî  es  s'  coud'cliâsse. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

FÊTE. 

1276.  I  n  a  pas  d'  béonne  ducasse, 

Si  on  n'  casse.  (Tournai.) 

LiTT.  Il  n'y  a  pas  de  bonne  fête 

Si  on  n'y  casse. 
C'est  une  sorte  de  consolation  donnée  à  la  personne  qui  casse 
quelque  chose  un  jour  de  fête. 

1277.  Fer  1'  fiesse  divant  1'  dicâsse. 

LiTT.  Faire  la  fête  avant  la  fête  (ducasse,  kermesse). 

Il  ne  faut  point  se  réjouir  ou  s'affliger  d'un  événement  avant 
qu'il  soit  arrivé.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  ne  faut  point  chômer  les  fêtes  avant  qu'elles 
soient  venues. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Inle  zel  déjà  i  parlagint, 
Les  riche  dispôye  qu'i  n'avint  nin. 
Mais  vont  apprinde  les  sottes  biesse, 
Divant  1'  dicàsse  di  n'  nin  fer  1'  fiesse. 
(J.-J.  Hanson.  Les  lusiade  es  vers  ligeois.  Ch.  III.  d783.) 

Verviers.  Ni  fans  nin  l' fiesse  divant  l'dicause, 

Ca  voci  bin  one  tote  aute  cause 

Qui  va  jolimint  l'esbôrer. 

(Poulet.  Li  pésonni.  1860.) 
Jalhay.  Thiodôre. 

Tôt  doux,  Mathî,  tôt  doux,  on  pau  d'patièce,  qwand  on  court  trop  reud  on 
n'  dciire  nin.  Nu  fioz  nin  1'  fiesse  duvant  l' dicâi^e. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  .se.  13.  1861.) 

1278.  On  danse  co,  bin  qui  c'  n'est  nin  fiesse. 

LiTT.  On  danse  encore,  bien  que  ce  ne  soit  pas  fête. 
Les  vrais  jours  de  fi'tc  sont  les  jours  de  gaîté. 

1279.  L'  ducasse  sins  procinsiéon,  ch'est  in 
cuésache  sans  eJvain.  (Tournai.) 

LiTT.  La  fête  sans  procession,  c'est  une  cuisson  sans  levain. 
C'est  une  fête  manquée. 


—  365  — 

1280.  Fer  Ttranque  fiesse. 

LiTT.  Faire  tète  franche. 

Faire  liesse.  —  Avoir  une  bonne  fortune. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

1281.  C'n'est  nin  los  les  joii  fiesse. 

On  ajoute  quelquefois  :  Et  1'  leddimain  dimègne. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  tous  les  jours  fête.  —  VA  le  lendemain 
dimanche. 

On  ne  se  réjouit  pas  tous  les  jours  ;  on  ne  fait  pas  tous  les 
jours  bonne  chère  ;  on  n'a  pas  tous  les  jours  le  même  bonheur, 
le  même  avantage.  (A.GAD.) 

Pr.  fr.  —  Il  n'est  pas  tous  les  jours  fête. 

Il  n'est  pas  toujours  feste. 

(Gabr.  Meurier.  Trésor  des  sentences.  ir>G8.) 

Après  saint  Hirard,  saint  Junard. 

{Dicton  populaire.) 

Cité  par  Forir.  Dlct. 

Ine  robetle,  c'est  si  bon,  allans  les  marchander, 
C  n'est  nin  tos  les  joù  fiesse,  jan,  fans  nos  rc^galer. 

{Li  fraternité.  Crâmignon.  1875.) 

Namur.  Ci  n'est  nin  todi  fiesse,  i  nos  pout  v'ni  des  brouye. 

On  t'appelle  chaurdé  dint,  ou  bin  caca-laids-ouye. 
(WéroTTE.  One  sov'nance  des  jeu  di  nosse  jône  timps,  t8G7,  4*  M.) 

Basse-Allemagne.  —  Er  ist  nicht  aile  Tage  Sonntag 
(Feiertag). 

FETU. 

1282.  Nos  vèyans  on  fîstou  d'vins  l'oûye  d'ine  aule 
et  nos  n' vèyans  nin  on  soûmî  es  F  nosse. 

LiTT.  Nous  voyons  un  fétu  dans  l'œil  d'un  autre  et  nous  ne 
voyons  pas  une  poutre  dans  le  nôtre. 

S'apercevoir  aisément  des  défauts  d'autrui,  quelque  légers 
qu'ils  puissent  être,  et  ne  pas  voir  les  siens,  quelque  grands 
qu'ils  soient.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Voir  une  paille  dans  l'œil  de  son  voisin  et  ne  pas 
voir  une  poutre  dans  le  sien.  (Êonugile.) 

Suus  cuique  attributus  est  error,  sf!ilno)i  videmus  niantica, 
quod  in  tergo  est. 

On  remplace  souvent  le  mot  fistou,  par  /latte  ou  bo\ihr. 

Divins  l'oûye  di  s'voisin  il  àreut  vèyou  'ne  bouhe, 
Et  d'vins  1' sonk  i  n'sinldve  nin  seùl'inint  on  soûmî. 

Baili.EI'X.  Li  bèsèce.  F:\ve.  1856  ) 


—  366  — 

TiTINE. 
Divins  l'oùye  di  s'woisin,  on  veut  bin  'ne  pitite  lèche, 
Divins  l'sonk  on  soûmî  n'est  qui  l'mak  d'ine  allèche. 

(H.-J.  Toussaint.  Jan'nesse.  I,  se.  d'e.  1890.) 

Verviers.  0  veul  ô  fistou  es  l'oùye  du  s'woisin. 

(Poulet.  Épigraphe  du  foyan  èterré.  1859.) 

Dînant.  Nonore. 

C'est  pô  vos  dire,  monsieu  Susin,  qu'on  vel  on  flslu  di  slrain  dins  l'oùye  di  s' vèzin 
et  qu'on  n' vet  nin... 

SUSIN. 
On  soûmî  dins  1'  seinne,  oh  !  ji  connais  ça. 

[On  drôle  dimoinnache.  Se.  ti.  '187!2.) 

Var.  Dînant.  Li  blanc. 

On  vet  on  grain  d' sauvion  dins  l'oùye  di  s' vègin  et  on  n'  vet  nin  on  bègnon  di 
déblai  dins  l' seinne. 

(COLLARD.  Li  lindrie  à  Vamourelle.  I,  se.  10.  d890.) 

Var.  Jodoigne.         Lu  malheur  est  qu'nouk  nu  veut  ses  défaut. 

Charleroi.  Woit,  Joseuphe,  dins  c'faufe  ci,  qui  n'est  qu'enne  couyonnàdc, 
Gn'a  'ne  saquoi  qu'est  bin  vrai  et  r'tenez-l'  toudi  bin. 
On  voit  bin  in  festu  dins  l'oùye  dé  s'camaràde, 
Qu'on  n'voit  né  in  saumî  dins  l'sin. 

(L.  Bernus.  Li  malette  âx  défaut.  Faufe.  dSTS.) 

MoNS.  On  voit  bé  'ne  buque  dins  l'œil  d'in  aute  qu'on  n'voit  nié  ein  soumier  dins 
l'sien. 

Frameries.  Pouquè  vir  ine  fenasse  in  l'niel  de  s'visin,  quand  on  n'voit  nié  ein 
soùmie  d'vins  1'  sie. 

(BosouÈTlA.  Tambour  battant.  1880.) 

Saint-Quentin.  Vos  ravisiez  bien  ein  fétu  dains  l' ziu  d' vo  voisin,  ei  vous  n'  veyez 
pau  ein  Irate  qui  vous  avule. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  1844.) 

Basse-Allemagne.    -    Einen  Splitter  im   l'remden   A.uge 
sehen,  einen  Balken  im  eigenen  Auge  niclit  sehen. 

1283.  Coula  n'  vât  nin  on  fistou. 
LiTT.  Cela  ne  vaut  pas  un  fétu. 
Se  dit  d'une  chose  dont  on  ne  fait  nul  cas.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Je  n'en  donnerai  pas  un  fétu.  —  Cela  ne  vaut  pas 
un  fétu. 

:V«  ^aaluca  quidem. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Variante.  Por  mi,  ça  m' fait  si  bin. 

Qui  d' los  vos  glols  boquet,  ji  n'  dôreu  nin  co  'ne  gèye. 

(Bailleux.  Li  leup  et  l'  chin.  Fàvc.  1851.) 

Variante.  Mais  lèyans  po  de  pan  lot  sèche, 

Tos  ces  ènnocins  personnège. 
(Bailleux.  Math.  Laemberrjh  qui  tome  divins  on  trô.  Fàve.  1851.) 

Namur.  C'a  n'  vaut  nin  one  gaye,  one  chiche. 

Gela  ne  vaut  pas  une  noix,  une  poire  séchée. 


—  367  — 

Namcr.       On  a  fait  d'  vosse  Nameûr,  dins  l' timps  puissante  et  riche, 
One  impasse,  on  cul  tl'sac,  qui  n"vaut  d'ja  pus  one  chiche. 

(A.  Demanet.  Oppidum  Atuaticorum.  1843.  —  Ann.  de 
la  Soc.  arch.  de  Namur.  T.  II.) 

Var.  JoDoiGNE.  Ça  ni  vaut  ni  one  pipe  de  toubac,  des  plaune,  on  radeu  d'  couche. 

FEU. 

1284.  Feu  di  strain  n'deûre  nin. 

LiTT.  Feu  de  paille  ne  dure  pas. 

Se  dit  d'une  passion  qui  commence  avec  ardeur,  avec  véhé- 
mence et  qui  est  de  peu  de  durée.  On  le  dit  aussi  des  troubles 
passagers.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  C'est  un  feu  de  paille.  -  Ce  n'est  qu'un  feu 
de  paille. 


Mon  amour  est  un  feu  de  paille, 
Qui  luit  et  meurt  en  un  instant. 


(Sarrazin.  Poésies.) 


Cité  par  Forir.  Dict. 

Les  promesse  qu'i  nos  fet,  sont-elles  comme  li  foumîre. 

Dé  feu  di  strain  qu'  les  broûle  et  qu' passe  comme  l'aloumîre. 

(Salme.  Nom  di  hu,  c'est  madame.  1877.) 

MONSEUR. 

L'honneur,  vèye  sotte,  ci  n'est  qu'on  mot,  qu'on  feu  di  strain. 
Qui  dit-st-i,  qwand  1" justice  soflele  dissus? 

(Th.  Collette,  lue  vingince.  II,  se.  3.  1878.) 

Namur.  Quoiqu'on  n'a  nin  broqué  es  1'  hàye, 

C'est  co  quéque  fie  on  feu  d' paye. 

(Wérotte.  Aurm.  di  Nameùr.  1866.) 

Charleroi.  In  baud'lî,  s'n  escorie  dins  s'moain, 

Mennet  deux  baudet  su  rchcmoin; 

L'preumi,  kerchî  d'esponche,  dallet  comme  in  feu  d'pàye 

L'aute,  kerchî  d'su,  s'feyet  sachî  l'oràye. 
(L.  Bernus.  Ubatidet  kerciti  d'esponche  èiét  Vbaudel  kerchî  d'sé.  Faufe.  1873.) 

1285.  1  n'y  a  nin  dé  T  foumîre  sins  feu. 
LiTT.  11  n'y  a  pas  de  fumée  sans  feu. 

En  général,   il  ne  court  point  de  bruit  qui   n'ait  quelque 
fondement.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  point  de  fumée  sans  feu. 
Cité  par  Forir.  Dtct. 

Ji  creus  à  nosse  vi  spot,  qu'  n'a  nollc  foumîre  sins  feu, 
Et  tôt  çou  qu'ji  y' raconte,  on  l'tùtlîiye  so  les  teul. 

(Thiry.  lue  cope  di  Graudiveux.  1859.) 


—  308  — 

Lambeut. 

Nos  ti'vans  porlaiU  bin  creùre 

Qui  d'vins  l'chanson,  h  fond,  i  gn'a  'ne  saquoi  d'sérieux. 
Et,  comme  on  dit  foirt  bin,  n'a  nulle  foumire  sins  feu. 

(Toussaint.  Li  groumancien.  I,  se.  3.  i87'2.) 
Mabche.  Gn'a  do  feu,  qwand  gn'a  de  l' foumire. 

Namur.  I  n'a  pont  d'fumère  sins  feu. 

JoDOir.NE.  Quand  on  voit  de  l'femèrt,  i  n'a  de  fet. 

Basse-Allemagne.  —  Wo  Rauch  ist,  ist  auch  Feuer. 

1286.  l  n'y  a  iiin  d'  feu  sins  foumire. 

LiTT.  Il  n'y  a  point  de  feu  sans  fumée. 
Quelque  soin  que  Ton  prenne  pour  cacher  une  passion  vive, 
on  ne  peut  s'empêcher  de  la  laisser  paraître.  (Agad.) 
Pr.  ir.  —  Il  n'y  a  point  de  feu  sans  fumée. 
N'est  fu  saunz  fumé.  (Prov.  de  France,  XIIP  siècle.) 
Cité  par  Forir.  Dict. 

MoNS.  Si  vos    volez  ette  vite  erguèri    dé  l' piqûre  d'onne  mouvaise  langue, 
cariez  droit  ;  parqué  on  n'crie  jamais  au  feu,  si  i  n'a  nié  d'  fumière. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mom.  1848.) 
Var.  Tournai.  I  a  du  brulin. 

1287.  Fer  feu  des  qwatte  patte  et  de  l'quowe. 

LiTT.  Faire  feu  des  quatre  pattes  et  de  la  queue. 

Employer  tous  ses  efforts  pour  réussir  en   quelqu'affaire. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Faire  feu  des  quatre  pieds. 
Cath'renne. 

Li  vî  poret  fer  feu  des  qwatte  patte  et  de  l' quowe. 
Min  nos  v's  ei  allans  strinde  comme  i  fàt,  s'i  s' rimowe. 

(Delchef.  Les  deux  Neveux.  III,  se.  4.  1859.) 

C'esteut  des   posants  boquet  à  k'tourner,  ossi  ni   fout-ce  nin  sins  fer  feu  des 
qwatte  patte  et  de  l'quowe,  qu'elle  adiersa  à  fer  cisse  discange. 

(G.  Magnée.  Baitn.  1865.) 
Var.  Jodoigne.  Fer  d'ses  pid,  d'ses  pougne. 

1288.  1  n'y  veut  qu'dè  feu. 

LiTT.  Il  n'y  voit  que  du  feu. 

11  ne  comprend  pas,  il  ne  devine  pas  une  chose. 

Cf.  Crrœcurn  est,  non  lecjilur.  —  C'est  de  l'hébreu  pour  moi. 

Ne  rien  comprendre  dans  une  affaire.  (Littré.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

I  pinséve  vormint  (pi'l'aute  n'àreut 
Divins  ses  frawe  vèyou  qu'dc  feu. 

(Bailleux.  Les  frawe  d'on  coirbâ.  Ch.  1843.) 


m.) 


liAiwiH. 

Ji  t' jîoujîiie  es  r  gazette, 
Ti  m  "y  r'flanque  ine  letle, 
Nos  cachans  nosse  jeu, 
On  n'y  veut  qu'ilè  feu. 

(AlXliiE  IMtYOR.  I  x'enne  u  fullou  d'imu.  1871.) 

Pornii  cou  quj'ennès  creu. 

C'est  qu'il  est  d'yins  les  asse  et  qu'i  n'y  veut  qu'dè  feu, 

(M.  Thiry.  Les  xaisnn.  Vahmo.  -1884.) 
Namur.  a  l'niiit,  sins  lumière, 

Klles  ont  foirt  bia  jeu, 
Leu  pi're  et  leu  inére 
N'y  vùye-nu  qu'do  feu. 

(Wérotte.  Onernnffc  des  fnrchii,  1807,  i'dd.' 

CllARLEROI.  MaGRITTE. 

Woitet.  c'rèfe  U\,  Mathi,   c'est  toudi  'ne  saqiioi  d'rak'. 
Matiiî. 

Mi.  l)in  j"  n'y  vois  qu'du  feu  ;  dallet-z-ès  au  cinl  diale. 

(L.  Bernis.  Urèfe  Magriiie  Lorrin.  Parodie.  1873.) 
MoNS.         Oh  mi  !  j'n'y  vois  qu'du  feu,  (3t  Grégoire  avec,  assuré. 

Letei.LIER.  Armnnaqiie  dé  Mnns.  tSGi.) 
I.ii.i.F..  Trinle  six  leuiiolte  cl  l'nez  d'sus,  i  n'y  vot  qu'du  fu. 

(Veumesse.  Voc.  du  patois  lillois.  i8tjl.) 
St-Quentin.  Nous  n'y  voyons  coère  qu'du  fu. 

GossEU.  Lettres  picardes.  18iî).) 

1^289.  Taper  d' l'hôle  so  1'  feu. 
LiTT.  Jeter  de  l'huile  sur  le  feu. 

Exciter  une  passion  déjà  très  vive,  déjà  très  violente  ;  aigrir 
des  esprits  qui  ne  sont  déj^  que  trop  aigris,  (àcad.) 
Pr.  t'r.  —  Jeter  de  l'huile  dans  le  feu,  sur  le  feu. 
Attiser  le  feu. 
(Jhium  oartiino  addeve. 

.LejeuNE.   Piov.  familiaria.   \li\.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Cath'renne. 

l)i  n'  nin  y  r'mette  les  pid  ci  sèreul  bin  inèyeu, 
A  v's  aller  disputer,  vos  tap'rez  d' l'hAle  so  l' feu. 

(Dei.chef.  Les  deux  neveux.  I,  se.  3.  18a9.) 

PlRSON. 

Mais  les  tioniiin'  d'allaire,  qui  tapet  volll  d' l'hôle  so  l' feu  es  1'  pièce  de  l'dislitide, 
avît  aminé  les  khikhagnc  inte  nos  aute. 

(Salme.  Qwitte  po  'jit'itte.  Se.  ti.  1878.) 

Marche.  Ni  tapez  nin  d' l'IitMe  dissus  l'feu. 


—  370  — 

CiiARLEKOi.  Tout  ça  c'est-st-inulile, 

Eiel  su  rfcu  c'est  tappc  d' l'huile. 
Ça  fait  pus  d'mau  qut^  d'  bin. 

(L.  Beunus.  Ler^nau  éiel  le.t  dindon,  t'aufc,  ^87;{.) 

Basse-Allemagne.  —  Oel  in's  Feuer  giessen. 

h29Q   Esse  comme  li  feu  et  Talwe. 

l.iTT.  Être  comme  le  feu  el  l'eau. 

Se  dit  de  deux  choses  tout  à  l'ait  contraires,  de  deux 
personnes  qui  ont  de  l'aversion  l'une  pour  l'autre,  ou  qui  sont 
d'opinions,  de  cai^aclèi^es  tort  opposés.  (Acad.) 

Vv.  fr.  —  C'est  le  leu  et  l'eau. 

Cité  par  Forir.  Dlct. 

MoNS.  Napoléon  ^■^ 

J'  vois  bé  ([u"  ringleterre  éié  mi,  sera  loudi  comme  l' feu  et  l'ieau  ;  elle  veut  ettc 
dame  sus  la  mer  ;  dbé  mi  j'  vas  m'  rinde  maite  su  terre. 

(Leteluek.  Ann(»icit]ue  dé  Mous.  1858.) 

Marche.  (în'a  qui  poirtroiit  todi  l'aîwe  et  l'feu. 

(Alexandre,  riiccoici.  iSCO.) 

Basse-Allemagne.  —  VVie  Feuer  und  Wasser. 
1^9!.  l  n'a  ni  feu  ni  leu. 

LiTT.  Il  n'a  ni  feu  ni  lieu. 

Être  vagabond,  sans  demeure  assurée,  ou  être  extrêmement 
pauvre.  (.Acad.) 

Pr.  fr.  —  N'avoir  ni  feu  ni  lieu. 

Au  moral,  on  dit  :  n'avoir  ni  foi  ni  loi. 


(jui  méprise  Cotin,  n'estime  pas  son  roi. 
Et  n'a,  selon  Cotin,  ni  Dieu,  ni  foi,  ni  loi. 


(BOILEAU.) 


Cité  par  Forir.  !)icL 

lue  lehe  pleinte  el  so  s'  dièrain  meus. 
Ni  saveut  wissejôn'ler,  estant  sins  feu  ni  leu. 

(Rauxeux.  Li  lèlie  et  s'  cavuiidde.  Fàve.  iSol.) 

S'i  rinleùre  es  s'mohonne,  i  n'a  ni  feu  ni  leu. 

G.  Delarge.  lue  copeune  conte  les  pèk'ica.  187G.) 

.Marche,  Waîle  (|wante  qu'i  gn'a  sins  feu  ni  leu. 

<jiARi.ER(»i.        J 'plains  bram'miiit  pi^s  on  paufe  ovrî 

Qui  léye  einne  feumme  et  chix  cfani  podrî 
Sins  feu  ni  lieu,  sins  sou  ni  mùye. 

L.  Bernus.  L'étcn'mitii  de  r lionne.  Faufe.  4873.) 

Lille.  J'ingelle  d'froid,  sans  fu  ni  lu. 

(IJRi'LK  MAISON.  Clut'i.ions.  17:20.) 


-   371   — 

r'29'2.  L'ci(}iii  n'voiit  niii  hroûler,  (\n\  [l'vasseniii 
à  feu. 

LiTT  Celui  (lui  ne  vuiil  [las  l)i-ùlfr  ne  doit  pas  aller  au  l'eu 
(approcher  du  leu;. 

11  ne  faut  point  s'exposer  quand  on  a  peur  d'un  danger.  Le 
malin  qui  se  trouve  attrapé  n'a  qui'  ce  (ju'il  mérite. 

MESBRCGÎ. 

Ah  !  ji  n"  .sàreus  màye  vis  plainde, 
C'est  vosse  fàle,  poquoi  n'riin  v'dilinde  ? 
Quî  n'vout  nin  broùler  furet  Pfeu. 

(De  Haiu.ez.  Les  liypotoude.  1,  se.  4.  17o8. 

Ji  veus  Tmàlheûr,  et  j'àret  l'  foice 
Di  m'rissèchî,  pusqui  ji  ses 
Qu'on  spot  dit  :  jaii  donc,  sins  faiblesse, 
Sèchiz-v'  de  feu,  d'sogne  dé  broùler. 

(WiNANDS.  Clitmsun    1880.) 
Jai.hay.  Bieth'mé. 

On-z-a  rahon  d'dire  qui  n'fàl  nin  aller  Irop  près  de  feu,  s'on  n'voul  nin  s'honder. 
Ruv'noz  à  vos  biesse. 

(Xhoffek.  Les  deit.c  soruclie.  I,  se.  o.  18(31.) 

Var.  JoDoiGNt.  -Ni  va  ni  au  fel  s'ia  peu  d"  l'aîwe. 

l'iCAUniE.   Ch'li  qui  ne  toucliero  pas  à  ch'fu,  i  né  ch'grillero  pas  ehés  ongues. 

(CoRliLET.   Glossiiiic.  l8ol.) 

FiaiLLlv 
l'âlKS.  Troiiler  comme  ine  love. 

LiTT.  Trembler  connne  une  feuille. 
Avoir  grand  peur.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Trembler  comme  la  feuille. 
Cité  par  Forir.  Uict. 

HiGNAR. 

1  qwire  divins  nos  oùye, 
S'on  n' pinse  nin  qu'il  est  sol  ; 
1  tronl'ret  comme  ine  fouye 
Qwand  i  vint  adlez  nos. 

(De  Harlez.  Les  htjpocoute.  Il,  .•<e.  3.  I7.'i8.) 

Jeannette. 

Si  voléveenne  aller,  i  m' freul  [lortanl  [ilaisir 

Ca  j'a  tc'H'niint  |>aou  qui  ji  Ironie  comme  ine  foiiye. 

(Delchef.   Li  iialiiiit  (lé  rsuirnnie.  I,  se.  (i.  I8r>7.) 

Marèye-Jense. 

Vola  Tinlin  qui  r'vinl,  ji  Iroide  toi  comme  ine  foye, 
Qui  va-l-i  s'passcr  cial,  lu  qu'esl-sl-ine  liesse  di  hoye. 

(Toussaint.  Uimi  ci  Umlitc.  111,  se.  2   1870  ) 


—  87^2   — 

S'i  irs'avout  nm  rat'nou,  il  i'ireut  tronlé  co  pus  foirt  qu'ine  foye  à  vint. 

(G.  Magnée.  Ia  crenn'qiiini  de  prince  âbhé  di  Stàv'leû.  dSG?.) 

V.\niANTE.  Kibin  gn"eut-i  qu'  po  leus  orèye, 

Tronint  pus  qui  des  poye  niouyèye'.' 

(Hanson.  Li  Luciade  è.i  vers  ligeois.  Ch.    IV.  1783.) 

Nami'R.  Divins  ses  oùye  s'i  calculeuve 

Qui  nos  cœur  estainne  di  nivia. 
.  Adon,  comme  one  fouye,  ji  Ironncuve. 

(Wérottk.  Otie  scolietle  èrunic  et  chaurdie.  Ch.  4867.  4"  éd.) 

Ciiari.f.roi.  (^i.éante. 

Là,  i  voit  lot  presse  pou  1'  noce,  c'  qui  fait  triaund  comme  eune  fouye. 

(L.  BiiRNUS.  L' malade  Saiiit-Tliibau.  II,  se.  (>.  i87G.) 

Tournai.  I  va  tranner  comme  eine  fuelle 

Douai.  Et  pis  arrivé  la,  v'ià  qu'y  Ironne  comme  eune  feule  in  criant  au  s'cours. 
(I)K  Curiste.  Sonv^uim  d'un  homme  d'  Douai.  iSoH.) 

Saint-Quentin.  Traner  coere  comme  eine  feule. 

Metz.         Je  creus  que  l'at  coichet  dezos  lo  lit  d'nal  mate, 

Y  tremblient  comme  let  feuille  el  s'y  coichent  en  hâte. 

(Brondex.  CItan-Heurlin,  poème  patois-messin.  1787.) 

Basse-Allemagne.—  Wie  Espenlaub  Zittern. 

FEVE. 
1294.  Trover  1'  fève  de  waslaî. 

LiTT.  Trouver  la  fève  du  ^^âteau. 

Faire  une  bonne  découverte,  une  heureuse  rencontre,  ou 
trouver  le  nœud  d'une  affaire,  d'une  question,  (Agad  ) 
Pr.  fr.  —  Trouver  la  fève  au  gâteau. 
Se  dit  par  allusion  au  gâteau  des  rois. 

Pensant  avoir  trouvé  la  fève  du  gasteau. 

(Regnard.) 
Trouver  la  febve  au  gasleau. 

(Contes  d'EvTRkPEL.  XYI»  siècle.) 
Cité  par  Forir.  Uict. 

1293.  1  tàt  qui  l'féve  veusse  enne  aller  s'  maîsse 
t'oû  (le  corti. 

LiTT.  Il  faut  que  la  fève  voie  sortir  son  nnaître  hors  du  jardin. 
Il  no  faut  pas  planter  trop  profondément  les  haricots. 

FÉVRIER. 

I29li.  Qvvaiid  i  t'ait  laid  l'doze  de  p'iit  meus  i  fait 
laid  six  samaiiic  à  long. 

LiTT.  Quand  il  fait  laid  1e  douze  du  petit  mois,  il  fait  laid  six 
semaines  consécutives. 

Cité  par  Forir.  Dict. 


373  — 


Var.  Tournai.  Fc'verier  l'court, 

Quand  i  s'y  met,  ch'esl  l'pus  lounl. 

I"297.  Fèvrir  a  onze  baîs  joû. 

LiTT.  Février  a  onze  beaux  jours. 

On  vî  spol  dit  qui  l'nieus  d'fèvrir 
Nos  donne  todi  onze  bais  joù  ; 
Ji  creu  qu'i  dit  roula  po  rire 
Ca  i  n'sàreut  fer  bai  qwand  i  nive  ou  qu'i  ploùl. 

(N.  Defreciieux.  Muth.  Laensbenj II .  18o7.) 

1^98.  C'est   (lins  l'mois   d'fèvrî   que   les   femme 
caus'net  l'moins.  (Jodoigne.) 

LiTT.  C'est  dans  le  mois  de  février  que  les  femmes  parient 
le  moins. 

Parce  qu'il  est  le  plus  court. 

Vervieks.  Es  meus  dfevri,  les  fem'reye 

Prindel  mons  d'eafet, 
Et  mons  i  porlel, 
Quu  d'vins  lot  aute  timps  d'I'annèye 
Sav'  poquoi  ?  —  Nenni 
C'est  l'mens  qu'est  l'pus  p'tit. 
(Alm.  des  soirées  populaires  de  Verviers.  'calendrier.  1877.) 

Nivelles.  C'est  l'mois  qu'les  feummc  Tsont  l'moins  l'canlelte. 

Fii:R. 
l'299.  Dreiit  comme  on  paire  di  make. 

LiTT.  Droit  comme  un  valet  de  trèlle. 

Fier  comme  Artoban.  —  I"](Tronté  comme  un   page  de  cour. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises,  1(340.) 

Eherni  avou  les  bague  di  Wayaiponl,  et  à  cavaye  so  si  ch'và,  wisse  qu'i  si  l'ndvc 
dreut  comme  on  page  di  make  1  fa  grandiveus'mint  si  intréye. 

(G.  Magnée.  Li  crcn'qulm  de  prince  àbbc  di  Stàv'lcii.  d8l)7.j 

Verviers.  1  aiteur  dreut  camme  ù  pache  du  make. 

(François  D.  I.u  vile  fnmme  essér'leie.) 

Verviers.  Crahay. 

Fràchimùliiis,  ipiu  j'dis,  vos  estez  des  malin 

Des  craune,  des  pache  du  make,  lot  comme  les  HiSvurlin. 

(Al.OlDE  PryoK.  On  druipin  qui  /dit  des  madiinie.   18(»7.) 

SE  FlKil 

lî-iOO.  1  n'a  nî  pus  à  s'  fiyi  à  ii  (iiraii  ciil  dVin  èfanl 
d' c'Iiîx  semaine  (jui  a  res(piiUe.  i.Nivi;i.i.i.s.) 

LiTT.  Il  n'y  a  pas  |)lus  ;"i  se  lier  à  lui  (|u"au  cul  d'un  enfant  de 
si.x  semaines  (|ui  a  la  fuire. 


—  374  — 

C'est  une  personne  qui  n'inspire  anctine  confiance;  qui  ne 
tient  pas  ses  promesses 

FIGUE. 

1801.  C'est  des  fique  après  Pauques.  (Namuk.) 

LiTT.  Ce  sont  des  figues  après  Pâques. 

Cela  yient  trop  tard,  après  le  moment  désiré. 

Tournai.  Ch'est  des  fique  après  Pàque. 

1302;  Fer  les  ligue. 

LiTT.  Faire  les  figues. 

Mépriser  quelqu'un,  le  braver,  le  défier,  se  moquer  de  lui. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Faire  la  figue. 

Et  la  fraude  fit  lors  la  fîgiie  au  premier  âge. 

(Régnier.) 

L'ung  d'eulx  voyant  le  pourlraiot  papal,  lui  feil  la  figue. 

(Rabelais.  Liv.  IV,  ch.  44.  XVI'' siècle.) 

Cf.  QuiTARD.  Dict.,  p.  394. 

Hoijlez  l'histoire  de  grand  Bourbon, 

Qui 

r.onfonda  Mayenne  et  ses  ligue, 
El  fît  àx  Espagnol,  les  figue. 

(J.-J.  Hanson.  Li  Hhiriade  travesiéye.  Ch.  I.  1780.) 

Namur.  Comme  one  mère  vos  codugeoz  1'  moinnage, 

Vos  fioz  les  fique  aux  commère  do  village. 

(J.  CoLSON.  On  galatit  rosii.  Ch.  ISGS.) 

MoNS.  A-t-i  du  mau  à  Iravayer  à  deux  dins  l'mème  métier?  C  n'est  nié  pou  faire 
fique  à  personne  que  je  l'fais,  mi. 

(Letbli.ier.  Armunaque  dé  Mous.  i8i8.) 

FIL. 

1808.  Disfer  ses  châsse  po-z-avii  de  fi. 

LiTT.  Défaire  .ses  bas  pour  avoir  du  fil. 
Détruire  une  chose  bonne  pour  en  faire  une  mauvaise.  —  Se 
priver  d'une  chose  utile  pour  se  procurer  des  babioles. 

V.\RiANTE.         Disfer  s' chimîhe  (s'  cou-d"-chà.sse),  etc. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Var.  JoDOir.NE  Vinde  le  stuve  po-z-oyeu  d'I'houye. 

1804.  Di  fi  en  ne  awèye. 

LiTT.  De  fil  en  aiguille 


—  375  — 
De  propos  en  propos,  en  passant  d'iinc  chose  à  une  autre. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  De  fil  en  aij^uille. 

De  propos  en  propos  et  de  lil  en  éguille. 

(M.  UtGNlEK.  S<a    Xlli  I 
Prtc"qu'il  a  s"tu  d' los  les  mesli. 
Ji  v'  racontret  d' ti  ènne  awéye, 
Tôt  çou  qui  j'sé  di  s'vicùrèye. 

(DeRYCKMANN.  l'asi/uciie.   \1-1G.) 

Racontez-m',  di  fi  enne  awéye, 
Tos  les  fait  d'arme,  lote  les  mervèye, 
Qu'à  r  fameuse  bataye  di  Coutra, 
Vos  avez  fait  à  côp  d' damas. 

(J.-J.  Hanson.  Li  Hiuriade  tiavesléye.  Ch.  III.  1780.) 

C'cst-sl-ine  homme  qui  donne  bon  consèye, 
A  toi  qui  va  po  l' consulter, 
I  v"  boute  el  v'  dit  d'  fi  enne  awèye  : 
Louki,  vola  ç.ou  qu"i  fùlfer. 
(f'asiiiu'ije  po  V  rcception  d'  M.  De  Hervc  à  V  keilre  di  A'.  />.  (ix  /ont.   1789.) 
MoNS.  Ouais  nié,  (le  fie  in  aijiuie,el  déclaration  s'a  fait,eié  1'  mariache  a  été  décidé. 

Letei.uer.  Armonaque  dé  Mons.  187i.) 

Luxe.  Tous  ches  artisiens,  d"in  bon  cœur 

Ont  ri  di  m'  pasquille. 
Et  d'  fil  in  aiwuille. 
A  la  fin  d'chaqu'  couplet,,]'  pinsos, 
Qu'i  n'y  avol  d'vanl  nii  qu'  des  billos. 

(Desrousseaux.  :Wt'.f  étreiines.  Almanacb  pour  18."i9.) 
Saint-Quentin.        Et  pis  d'fil  ein  aijiuille  in'v'la  arrivé. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  1810) 

1805.  Diner  de  ïi  à  rloide. 

LiTT.  Donner  du  fil  à  retordre. 

Causer  de  la  peine,  susciter  dos  embarras.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Donner  du  fil  à  retordre  à  quelqu'un. 

Aivoi  bé  de  l'euvre  an  sai  quelognc. 

{Proverbe  bour<iiii(iiioii.) 

A  bon  compte  i  fa  c'  chenne  di  ligue. 
Qui  nos  a  d'né  baicop  d' fatigue 
Et  ([ui  nos  donne  co  ajourd'bou, 
Ta:,t  d'fi  à  r'toide  qu'on-z-est  bablou. 

(HaN-SON.  Li  Uinrindc  travesièije.  Cb.  UI    1780.) 
Jaccu'min. 
Lais-le  fer,  coula  nos  i)oul  siervi, 
I  fàt  qu'  Geirou  li  donne  de  lî. 

(De  ViVARIO.  IJ  Jiexse  di  Hoùte-s'i-fdoùi.  Il,  .se.  \.  I7.')7.) 
Namuh.  Donner  do  filé  à  r'toide. 

JODOIGNE.  Oveu  de  féii-  à  r'toide. 


L)76 


MoNS.  Mais  vos  savez,  bé  qu'impossibe  n'est  nic^  français,  né  pas?  I  n'a  foque  que 
r  bon  Dion  pou  prouver  l' contraire,  et  ça  au  rapport  que  lés  français  n'  sont  nié  toudi 
sache,  éié  qu'alors  l'bon  Dieu  leu  baille  du  fd  à  r'torde. 

(Leteluer.  Armonaque  dé  Mous.  I808.) 

Vaiî.  Mons.  Vos  arez  des  esloupe  à  détouyer. 

(SiGART.  Dict.  \8i-l.) 
Tournai.  Avoir  d's  étoupe  à  detoulier. 

Auvergne.  Mas  notre  balafra  pourtant, 

Pus  respecta  qu'un  prégidant. 
Nos  Ijaillaro  do  flau  à  tordre. 
(Faucon.  La  Henriade  de  Voltaire,  mise  en  vers  burlesques 
auvergnats.  Ch.  III    1798.) 

180G.  Ni  l'ni  (ju'à  on  fi. 
LiTT.  Ne  tenir  qu'à  un  fil. 

Manquer,  pouvoir  être  détruit  pour  la  moindre  cause,  être 
prêt  de  perdre  sa  position,  son  emploi.  (Littriî.) 
l'r.  fr.  —  Ne  tenir  qu'à  un  111. 

Nami'r.  Li  grand  César  vantait  Trace  wallonne, 

Pac'qu'i  n'a  l'nu,  dit-st-i,  qu'à  on  coron, 
Qu"Affibiorix,  en  s' battant,  n'el  ramonne. 
i.i  monde  ètîre  aurait  porlé  wallon. 

(Lagrange.  Chanson.  1871.) 

Var.  Jodoigne.     Ça  n'  vé  ni  à  one  toiche,  à  on  ch'via  d'  maçon. 

1807.  On  s' tind  tant  on  coron  qu'i  casse. 

LiTT.  On  étire  tant  un  bout  de  fil  qu'il  rompt. 

On  ne  peut  exiger  d'une  personne  plus  qu'elle  ne  peut  faire. 

Trop  tirer  rompt  la  corde. 

(('■AHH.  Meurier.  Trésor  des  sentences.  1568.) 
Le  cordeau  trop  bandé  se  rompt. 

(Père  Jean-Marie.  Divertissements  des  sages.  IG60.) 
Arcus  nimium  lensus  facile  rumpitur. 

(Lejeune.  Prov.fam.  1741.) 
Poquoi   ainsi  fer  tant  po  'ne  race  ? 
Tandis  qu'l'aute  on  l'traîte  à  pus  ma  ! 
On  s'tind  tant  on  coron  qu'i  casse. 
L'Wallon,  n'seret-ce  màyc  qu'on  bastà  !! 

(Jos.  KlNABLE.  I^osse  Wallon  A  Sénat.  1886.) 

Variante.       I  n'y  a  nolle  coide  qui  n' casse  à  foice  de  l'sitinde. 

FILER. 

1308.  Filer  s' coton. 

LiTT.  Filer  son  coton. 
Déguerpir. 

HlNRl. 

.li  veus  qu'  vàret  co  mi  qui  .ji  fêle  mi  coton, 

Ca  foû  di  nouk  des  deux,  ji  n'àrè  pus  rin  d'  bon. 

(Remouchamps.  Li  savUi.  Acte  2,  se.  3.  I808.) 


:{77  — 


Namur.  Paugeair'iiiiiit  liUml  nosse  coton, 

l'us  rin  po  Taliche  à  rosli. 
(Wéhotte.  Mes  .loiihii il  jusqu'à  l' fin  des  sièke.  Cil.  18G7.  4*^  éd.) 

FILET. 

1H09.  Vos  avez  sèclii  on  bon  côp  d' lierna. 
LiTT.  Vous  avez  tiré  un  bon  coup  de  lilet. 
Vous  avez  fait  une  bonne  aflairc.  —  Vous  avez  obtenu  un  beau 
bénéfice. 

FILET. 

1310.  Il  a  r  lilet  bin  côpé. 

LiTT.  Il  a  le  filet  bien  coupé  (délié). 

Se  dit  de  quelqu'un  qui  parle  beaucoup.  (Acad.) 

Avoir  l'élocution  facile,  savoir  parler  habilement;  se  dit  aussi 
par  ironie. 

Pr.  fr.  —  Il  n'a  pas  le  filet. 

D'autre  part  on  dit  :  Couper  le  filet  pour  rendre  muet,  mettre 
hors  d'état  de  répondre.  (Acad.) 

On  coupe  le  filet  aux  corbeaux  et  aux  perroquets  quand  on 
veut  leur  apprendre  à  parler. 

Li  ci  qui  l'a  côpé  1'  filet  n'a  nin  !"  l)lanmuse  su  li  .sloumake. 

(TiilRY.  Li  r'tour  à  Lige.  1858.) 

Frameries.  Si  fsu  gauchie,   tou  n'es  ni  inouya,  toudi,  li  !   Eiiî;  on  pu  dire  que 
l'sage  feumme  qu'a  compé  f  filet  n'a  nî  volé  les  yard  de  t' manière. 

(BosuiETlA.  Tambour  battant.  188G.) 

FILLE. 

1311.  Les  jônès  fèye  d'à  c'ste  lieûre  sont  bin  vile 
rèvolêye. 

LiTT.  Les  jeunes  filles  d'aujourd'hui  sont  bien  vile  envulécs. 
I^r,  espagnol.  —  Vinas  y  niiias  son  niuy  nialas  a  guardar. 
Les  vignes  et  les  jeunes  filles  sont  fort  difficiles  à  garder. 

(Brantôme.   Vie.^  des  femmes  galantes.  Di.sc.  IV.) 

Une  fille  est  un  oiseau 

Qui  semble  aimer  l'esclavage, 

El  ne  chérir  que  la  cage 

Qui  lui  .servil  de  berceau  ; 

Sa  gaîté,  son  badinage. 

Ses  caresses,  son  ramage 

Font  croire  que  tout  l'cngagi' 

Dans  ce  séjour  plein  d'altrails  ; 

Mais  ouvrez-lui  la  fenêtre, 

Zeste  !  on  le  voit  disparaitrc 

Pour  ne  revenir  jamais.  (Skdaine.) 


-  378 


131  "2.  Jône  i'èye  qui  baye, 

Dimande  li  mâye. 

LiTT.  Jouno  lillc  qui  baille, 

Demande  un  amant. 
Le  dosir,  l'attente  sont  la  cause  de  l'ennui. 

1313.  Les  tiye  éié  les  feu, 

Veutté  toujours  qu'on  peinse  à  eux.  (Mons.) 

LiTT.  Les  filles  et  les  feux 
Veulent  toujours  qu'on  pense  à  eux. 

Le.s  jeunes  lilles  désirent  que  l'on  s'occupe  d'elles,  et  les  feux 
s'éteignent  si  on  les  néglige  un  moment. 
Cette  comparaison  est  devenue  proverbiale. 

131  i.  Bàceile  qui  prind, 

S'  vind  ; 
Crapaude  qui  donne. 
S'abandonne. 

LiTT.      ,  Fille  qui  prend, 

Se  vend  ; 
Fille  qui  donne. 
S'abandonne. 
Les  cadeaux  entre   personnes  de  sexe  différent  ont  beau- 
coup d'importance;   ils  peuvent  être   considérés   comme    un 
engagement. 

Be)ii'.ficiurti  acoipere  llbertatein  vendere  e.sf. 

(PUBUUS  Syrus.) 


Variante. 


Marche 


Var.  Mons. 


Tournai. 


Feunime  qui  prind, 

S'  vint!  ; 
Feumme  qui  prustêye, 

S'abannêye. 


Mi  grand'mére  a  dit  -.  qui  prind  s' vind, 
Et  qui  denne  c'est  qu'i  s'denne  li  même. 


Fiye  qui  prind 
Se  vind  ; 

Fiye  qui  baye 
S'encanaye. 


(FoRiR.  Dict.) 
(Alexandre.  P'titcorti.  1860.) 


(SiCART.  Dict.  1870.) 


Quand  eine  fille  deonne, 
Elle  s'abandeonne. 

Quand  eine  fille  prind, 
C'est  qu'elle  se  rind. 


—  ^379  - 

Lille.  A  propos  d'cha,  in'marrain'  si  bonne, 

M'a  (lit  ches  vieux  dictons  souvint  : 
Quand  eun'  fdle  donne,  ell'  s'abandonne  ; 
Quand  eun'  fiU'  prind,  ch'est  qu'ell'  so  rind. 

(Desroussf.aix.  Clians.  lilloiscx.  18i)7.) 
Uauphink.  Qui  preile, 

Se  deshereite  ; 
Qui  donne, 
S'abandonne. 

1315.  Les  clicolte  et  les  crapaiide  sattèlet  d'tos 
costé. 

LiTT.  Les  chifTon.s  et  les  filles  s'attellent  (adhèrent)  de  tous 
côtés. 

On  ne  passe  pas  impunément  à  côté  des  uns  e!  des  autres. 

Pr.  fr.  —  Belle  fille  et  vieille  robe  trouvent  souvent  qui  les 
accroche. 

(Lekoux.   Dict.  comique.  17îj'2.) 

Cité  par  Forir.  iJict. 

MoNs.  Les  belles  fiye,  les  vièyés  loque, 

Trouve-té  loudi  des  arok  (chose  qui  accroche). 

1816.  Belle  fiye  à  marier, 

Rié  à  leii  bayer   (MoNS.) 

LiTT.  Belles  filles  à  marier, 

Rien  à  leur  donner. 
La  beauté  d'une  femme  ne  suffit  pas  pour  engager  un  homme 
à  l'épouser. 

Yak.  Mons.  Les  fîye  qui  n'ont  rié 

Y  d'ara  co  l'année  qui  vie. 

LiTT.  Les  filles  qui  n'ont  rien, 

Il  y  en  aura  encore  l'année  qui  vient. 

(SlGART.   Dict.   1870.) 

Ces  proverbes  feraient  supposer  qu'il  y  a,  à  Mons,  beaucoup 
de  belles  filles,  mais  peu  d'épouseurs. 

FIN. 

1317.  Fin  conte  fin,  i  n'y  a  nollc  dohleùre. 

LiTT.  Fin  contre  fin,  il  n'y  a  pas  de  doublure. 

Il  ne  faut  pas  entreprendre  de  tromper  aussi  rusé  que  soi, 
ou,  si  on  le  tente,  on  n'y  réussit  pas   (Acad  ) 

Pr.  fr.  —  Fin  contre  fin  n'est  pas  bon  à  l'aire  doublure,  ne 
vaut  rien  pour  doublure. 

Corsaires  à  corsaires, 
L'un  l'autre  s'altaquant,  ne  font  pas  leurs  atVaires 

(Recnieu.  Sal.  XH.  —  Lafontaine.  Liv.  IV,  fab.  Xlll  ) 


380  — 


HAiw'm. 

Jowor  tocii  lin  conte  fin, 
Viker  (if;  1'  sollVoye  des  gins, 
A  c'ste  heure  c'est  l'usège. 
(Aicicie  i'RYOR.  Çou  qu'est-st-è-i  fond  de  pot.  dSGi.) 

Marche.  C'esl-st-aux  ^fant  r|u'on-/.-ès  fait  creûre, 

Mais  fin  conte  fin,  n'faut  pont  d' dobleûre. 

(Alexandre.  P'iii  corii.  18G0.) 

JoDoiGNE.  Fé  conté  fé,  n'a  pont  d'  costèye. 

Charleroi.         C'faufe  ci  nosmou.^se  enne  saquoi  d'sûre, 
Fin  contret  fin,  n'y  a  né  d' doublure. 

(L.  Bernus.  Lir'nau  èietVvlcoq.  Faufe.  -1873.) 

MoNS.  Èié  r  vieux  col  s' fout  d' li,  éié  di  s'n  'aventijre. 

Fin  contre  fin  i  n'faut  nié  d' doublure. 

(Leteli.ier.  El  Cot  (Hé  VEmaerd.  Faufe.  Artn.  dé  Mom.  IS'ie.) 

On  dit  aussi  d'une  femme  très  rusée:  Elle  est  fène,  contre 
fène  et  point  d' doublure. 

FLAGORNEUR. 

1318  C'est-st-on  plaqueii. 
LiTT.  C'est  un  colleur  (flagorneur). 
Obséquieux  à  l'excès. 

C'est-st-à  r  bot'nîre  (ju'on  rik'nohe  les  plaqueu. 

(Lamaye.  Chanson.  1844.) 

Et  tôt  braiyant  :  Vive  les  lireu, 
Qwand  on  fiestèye  on  esl-st-heureux. 
Cial  les  cour  ni  sont  nin  plaqueu 
Vive  les  ètringir. 

(HocK.  Li  manne  dé  cir.  Cràm.  1869.) 

On  n'diret  nin,  tôt  loukantvosse  bot'nîre, 
Awet,  c'est  là  qu'on  rik'nohe  les  plaqueu. 

(G.  Delarge.  HommcKje  à  M.  Grandjeini.  187Î).) 

FLAMAND. 

1319.  Doze  flamind  et  on  pourçaî  fet  traze  biesse. 

LiTT.  Douze  flamands  et  un  cochon  font  treize  bêtes. 

Cette  gro.ssière  insulte  à  une  race  pleine  de  bonnes  qualités, 
n'a  pas  plus  de  valeur  que  le  dicton  français  :  quatre-vingt-dix- 
neuf  moulons  et  un  Champenois,  font  cent  biHes.  Nous  en  dirons 
autant  du  proverbe  suivant. 

13^20.  Les  flamind  c'  n'est  nin  des  gins. 

LiTT.  Les  flamands  ne  sont  pas  des  gens. 


—  :i8l  — 
FLÀQUR. 

VSil\.  Gomme  ou  trouve  les  polaî  ou  les  lait. 
LiTT.  Comme  on  trouve  les  flaques  on  les  laisse. 
Laisser  une  affaire  dans  l'état  où  on  l'a  trouvée.  —  On  ne 
saurai!  faire  du  bon  avec  du  mauvais 

FLÈCHE. 

\3^îl  Fer  fliclie  di  tôt  bois. 

LiTT.  Faire  flèche  de  tout  bois. 

Mettre  tout  en  œuvre  pour  se  tirer  d'alTaire,  pour  venir  ;\  bout 
de  ce  qu'on  a  entrepris  (  Acad.) 
Pr.  fr.  —  Faire  flèche  de  tout  bois. 
Cité  par  Forir.  fJict. 

l  (l'véve  s'acdiiiner  à  fer  fliche  di  (ol  bois,  quoiri  à  niagni  à  loles  les  rislirc. 

(G.  Magnke.  Lihuuloiic.  1871.) 

Vervieks.  C!w:>nd  c'est  po  1"  bin  i  sél  ma  foi, 

Mi  qu'  nol  aute  fer  flèche  di  tôt  bois. 

(Remacle-Toumsen.  Chanson.  1888.) 

1828    N'savu  pus  d' que  bos  faire  flèche.  (Mons.) 

LiTT.  Ne  savoir  plus  de  quel  bois  faire  flèche. 

Ne  savoir  plus  à  quel  moyen  recourir,  être  dans  une  grande 
nécessité,  ne  savoir  plus  comment  subsister.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Ne  savoir  plus  de  quel  bois  faire  flèche.  —  Ne  savoir 
plus  à  quel  saint  se  vouer. 

MoNS.  Conimint  !  i  savionl  hé  qu'a|)res  1"  bataille  de  Waterloo,  qu'i  n'savoi  pus 
d' quée  bos  faire  floche. 

(LeteI-LIER.  Armotiiiqiie  dé  Mous.  18.')9.) 

FLEUR. 

1824.  C'est!' fleur  de  l' llatte. 
LiTT.  C'est  la  (fine)  fleur  de  la  bouse. 

C'est  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  mauvais;  la  canaille  par  excel- 
lence; fioi-e  di  ctDinglia,  comme  disent  les  Italiens. 
Cité  par  Forir.  Oict. 

Oh  !  ji  m'es  sovairèt  lon{;timps, 
De  joû  qui  l'peûpe  dina  s'côp  d' patte, 
Qwand  ,ji  dis  I'  peûpe,  ji  n'  dis  nin  bin, 
Ca  ci  n'esteut  qui  l' fleur  dé  l' flatte. 

{Ketdur  du  prince  lla'iisbyirck.  eu.  l"'.ll.  Ki'c.  Hnnv.) 

C'est  r  fleur  di  flatte  des  neûrès  gins, 
Li  pus  spitant  di  nos  curé. 

(J.-D.  l'iisiiiièyc.  18Vi.) 

Variante.  Diamant  de  l'poùsslre. 


—  382  - 


FLEURIR. 

lo:2o.  Gn'a  des  cisse  po  ilori  el  des  cissc  po  flouwi. 

LiTT.  Il  y  en  a  pour  lleurir  et  d'autres  pour  (se)  faner. 

Il  y  a  des  heureux  et  des  malheureux;  des  yens  à  ehance  et 
des  gens  à  guignon. 

Tout 'dépend  des  circonstances,  et  ce  qui  cause  la  ruine  des 
uns  t'ait  la  fortune  des  autres.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  qu'heur  et  malheur  en  ce  monde. 

FLOTTE. 

13*2G.  Esse  so  tlolte. 
LiTT.  Être  sur  flotte. 

Être  perdu,  anéanti,  ruiné.  —  Être  en  danger  de  mort. 
Allusion  à  la  Hotte  de  la  ligne  du  pêcheur.  —  Aller  en  dérive. 

liEAUJEAN. 

El  Dupuib  qu'est  so  flotte,  pauvre  homme,  j'el  plains  d' tôt  m'  cour. 

(Delchek.  Pus  vi,  pux  sot.  Se.  i.  18!;2.) 

'fi  n'  sohaile  qui  plàye,  bouyotte, 
Aîwe  foû  rive,  timpesse,  toûbion  ; 
Si  r  bon  Diu  hoùte  tes  ràvion. 
Nos  sèrans  bin  vite  so  flotte. 

(Fr.  Bailleux.  Les  deux  Hlatlii.  Ch.  4803.) 
Marèye. 

Pusqu'i  n'  polans  viker, 

Avou  r  gros  lot,  portant. 

Tati. 

Li  gros  lot  est  so  flotte. 
C'est  'ne  farce  (H  vosse  Bièth'mé,  mais  qu'i  rawàde  ine  gotte. 

(Ed.  Remouchamps.  Tdti  i petriqui  III,  se.  '2\.  I880.) 
Variante.  Esse  di  flandc.  (Môme  signification.) 

Il  est  d' flande,  i  n' sâreul  pus  payî.  —  C'est-st-ine  afl'aire  qu'est  d'flande. 

(FoKiR.  Dicc.) 
L'aute  c^gàl'mint  âreut  s'tu  d'  flande, 
Areut  dansé  1  mùme  sarabande  ; 
Si  di  s"  papa,  li  gros  fessàrt. 
Ni  li  aveul  siêrvou  d' rempart. 

(J.-J.  Hanson.  I.i  tlinriade  travestèye.  Ch.  II.  1780.) 

Spa..  One  foye  ruv'nou  so  flotte,  i  n'a  pus  qu'  lu  d'vins  l' véye, 

l'o  1er  dé  brut. 

(N.  Poui.ET.  Lu  bancioti.  Satire.  iSdd.) 

FLUTE. 

i;^27.  Çou  (pii  viiil  de  1' flûte  es  r'va  à  tabeûr. 
LiTT.  Ce  (jui  vient  de  la  llùle  s'en  va  au  tambour. 


—  383  — 

Le  bien  acquis  trop  facilement  ou  par  des  voies  peu  honnêtes 
se  dissipe  aussi  aisément  (ju-ii  a  été  amassé.  (Acad  ) 

Pr  fr.  -  Ce  qui  vient  de  la  llùte  s'en  retourne  au  "tambour. 
lilalf.  partit,  uialu  dilubuitlur. 

Bien  mal  acquis  ne  prolile  jamais.  (Naevius.) 

Tout  ce  qui  vient  de  tlot  s'en  retourne  d'Ebe 

Ce  que  le  gantelet  gagne,  le  gorgeret  le  man-^J'''"-  '""""""•^ 
la  flûte"'  ''"'"^  """  ^''"  '^'^  tambour  s'en  retourne  au  son  de 

a'ère  Jean-Makie.  Le  divertissemetii  des  smjes.  lt3G5.J 

Ce  qui  vient  de  fric,  s'en  va  de  frac. 

Cité  par  FoRiR.  inci.  ^^"''"'-  ''-'-""/-"f^"--  ^^W.) 

HiNRI. 

Mais  çou  qui  vint  de  l' flûte  ennès  r'va  â  labeur 
Hoûye  I  fàt  raspùrgnî  po  rinde  çou  qu'on-z-a  pris. 

(G.  Dei.arge.  Les  coqu'll.  <8GS.) 

JÔGET. 

C'est-st-ine  mène  d'or  cesse  lal'  po  l' vîwarrèsse 
Si  r  flàwe  saison  kichèsse  orréye  et  v'Iours,        ' 
C'est-st-à  tôt  prix  qu'i  fôt  qu'on  les  ahèsse.' 
C  qui  vint  de  l' flûte  ennès  r"va-st-à  tambour. 

(Al.  Peclehs.  Li  comèye  de  r  maiimle.  6c.  5    1877  ) 
Jauiay.  Mathî. 

Et  j'a  todi  Lnindou  dire  quu  cou  (jui  vint  à  mute,  ennès  r'va  à  labeur. 

Biètu'mé. 

Taisse-lu,  bambert. 

(Xhûkfeh.  Les  deux  xoroche.  I,  se.  ti.  1801. ) 
Marche.  Çu  qui  vint  pa  quéque  méchant  tour, 

Ou  do  r  flûte  riloùne  au  tambour. 

(Alexandre.  l'tu  com.  isoo.) 
Var.  .Marche.  C'est  co  bin  tourné  si  v'ies  ave, 

Ca  çu  qui  vint  d'  rifle  es  r'va  d' rafTe. 

(Alexandre.  Ptii  antt.  \sm.) 
Namur.  Qui  r'vint  do  tambour  es  r'va  dé  l' flûle. 

Var.  Namur.  Ci  qui  vint  d'  rilïe  es  r'va  d'  rafle. 

MoNS.  C  qui  vie  d'  rif  c'in  r'va  d'  raf. 

J;^28   Bond  et  cwàré  conHiio  iiic  llilic. 
LiTT.  Rond  et  carré  comniu  une  Hûte. 

Se  (lit  i  II  plaisantant  à  une  personne  qui  fait  un  contre  .sens. 
Juste  et  carré  comme  une  fleute. 

(OUDIN.  Cttriosiicz /ninçnises.  f040.) 


—  384  - 

JoDOiGNE.  Ça  est  carré  ccmime  oac  tlulc  UiU'  ronde. 

Var.  JoDOiGNE.      (,;a  est  rond  comme  le  eue  il'on  baudet. 

UoL'CHi.  (Ih'cst  jusse,  carré  corne  eune  flûte. 

(Hécart.  Dici.) 

1829.  On  n'  pont  nin  flûter  et  labourer. 

LiTT.  On  ne  peut  pas  jouer  de  la  flûte  et  battre  le  tambour. 
On  ne  peut  tout  faire  ù  la  fois,  en  même  temps. 

Variante.  On  n'pout  nin  chanter  cl  huiler. 

FOIE. 

1330.  Avii  1'  l)lanc  feûte. 
LiTT.  Avoir  le  foie  blanc. 

Avoir  une  mauvaise  constitution.  Se  dit  généralement  des 
femmes  lascives  ou  de  celles  qui  ont  eu  plusieurs  maris. 

FOIN. 

1331.  G'est-st-on  mousse-ès-foûr. 

LiTT.  C'est  un  se-fourre-dans-le-foin. 
C'est  un  ours,  un  misanthrope. 
Cité  par  Forir.  hict. 

C'est-st-on  covisse  mousse-ès-foûr,  qu'on  n'sàreut  dire  çou  qu'il  a  ôs  l' panse. 

(Hkmaci.e.  Dictinnn.  iSSQ.) 
Mais  Bâdinel  d'  Freuthier  aveut  1'  no  d'esse  on  mousse-ès-foûr,  on  maheûié. 

(G.  Magnée.  Baitri.  dgGîi.) 
Lambert. 

Allons,  c'est  mi  qui  piède,  v's  estez-st-on  mousse-ès-foûr, 
Ça  n'  va  nin  assez  vite,  jcwans  à  basse  di  cour. 

(Toussaint.  Lambert  li  foirsolé.  I,  se.  4.  i871.) 

Géra. 

Allez-ès  foû  d'  mes  oûye,  ca  vos  m' fez  haussi  1'  coûr. 

Babette. 

Vos  polez  bin  jàser,  portant,  vos,  mousse-ès-foùr. 

(Ed.  Remouchamps.  Les  ainnur  d'à  Gèrâ.  I,  se.  il.  1873.) 

Jaliiay.  Garittë. 

S'aveut-i  l'air  d'on  mou.sse-es-foùr,  et  iMajenne,  don,  qu'aveul  l'air  du  n'savu 
treus  compter,  nu  \h  nin  mi  (ju'  lu. 

(Xhofkeh.  Les  deux  soroclie.  II,  se.  H.  1862.) 

133'-2.  r/est  de  four  so  1'  siiia. 
LiTT.  C'est  du  foin  dans  le  fenil. 


—  385  — 

Se  dit  des  choses  dont  la  garde  est  bonne  et  peut  même  être 
avantageuse.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  C'est  du  blé  au  grenier.  C'est  du  pain  sur  la  planche. 

Variame.  C'est  de  lard  à  planchi. 

LiTT.  C'est  du  lard  au  plafond. 

C'est  dé  pan  es  l'arma. 

LiTT.  C'est  du  pain  dans  l'armoire. 

Tôt  m'fant  doser,  mi  avocat  m' dit  :    c'est  dé  pan  es  l'ârmà,  vosse  case  est- 
st-impierdàbe  —  et  i  pierda. 

(Remaclk,  Dici.) 
Ossi,  là,  rin  n'si  fait  à  l'vùde, 
Gn'a  todi  dé  four  so  l'càvà. 
(Bailleux.  Li  dragon  à  pluiieitrs  liesse  et  V  dragon  à  plusieurs  quoive.Tkwe.  iSSl.) 

Verviers.  Qwand  vos  sèriz  rdièrain  des  égoisse, 

Mais  qu'vos  auyîhe  baicûp  d'iaurd  au  planchî, 
Les  gins  ont  Tair  du  v'voleùr  rinde  service. 

(Pire.  Les  ces  qu'ont  Vconsciincc  es  les  rein.  Ch.  1884.) 

Jalhay.  Bieth'mé. 

Dos  mitan  Thiodore  poreut  bin  amilourder  Tvile,  i  sel  qu'elle  a  de  lard  â  planchi. 

(XuOFFER.  Les  deux  soroclie.  I,  se.  1.  18G1.) 

Marche.  T'aurais  co  do  laurd  su  l'planchî, 

Do  poain  su  rplanche,  et  d'vins  l'sannî 
Do  set,  po  passet  six  samaine. 

(Alj;XANDRE.  P'tit  corti.  1860.) 

Namur.  Dissus  l'planche  i  gn'aurait  do  poain 

Si  l'poaix  est  dins  l'moinnage. 
(Wérotte.  Mes  souhait  jusqu'à  rjin  des  sièque.  Ch.  18G7,  i«  M.) 

Charleroi.  Tois  pelels  rat  d'iez  li,  venue  nu  pou  fai  l'pourcha, 

Lî  pâle  nu  bia  pou  iesse  dins  s'manche, 
Pasqui  n'avet  do  poain  su  l'planche. 
(L.  Bernus.  L'rat  dins  in  jromache  d'Hollande.  Faufe.  1873.) 

1333.  Il  a  de  strain  dins  ses  cliabot.  (Jodoigne.) 
LiTT.  11  a  de  la  paille  dans  ses  sabots. 

Avoir  des  ressources,  de  la  fortune.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Avoir  du  foin  dans  ses  bottes. 

1334.  Allez  taper  de  four  à  chet. 

LiTT.  Allez  jeter  du  foin  au  chat. 

Allez  vous  promener,  laissez-moi  trantiuille. 

JÔSEFH. 

Allez  tapez  de  four  à  chet  et  n'motihez  mâye  di  çou  qui  s'a  passé  cial. 

(Willem  et  Bauwens.  Li  galant  d'à  Fiftne.  Se.  14.  188S.) 

25 


—  386 


FOIRE. 


13Ji5.  C'est-st-après  l'toare  qu'on  vèret  les  bons 
cirvau.  (St-Hubert.) 

LiTT.  C'est  aprùs  la  foire  qu'on  verra  les  bons  chevaux. 
On  ne  connaîtra  la  valeur  de  Ja  bête  achetée,  qu'après  l'avoir 
fait  travailler  quelque  temps. 

FOIRE. 

1336.  Coula  'nnès  va  comme  de  l'hite  es  l'corante 
aîwe. 

LiTT.  Cela  s'en  va  comme  une  diarrhée  dans  l'eau  courante. 

Cela  s'en  va,  cela  ne  peut  tenir. 

Se  dit  aux  prodigues  (en  parlant  de  l'argent). 

Les  mèye  di  franc  ennès  vont  comme  de  «  l'chose  »  es  l'corante  aîwe. 

(Salme.  L'héritège  d'à  Jâcque  Ledttque.  Ch.  187.^.) 

Ph'uppe. 

Po  qu'es  vôye,  coula  saiwe, 

Comme,  passez-m'  li  mol,  comme  de  l'hite  es  l'corante  aîwe. 

(Th.  Collette.  Qui  freus-je  si  rr.i  homme  morévc  ?  I,  se.  8.  •188'2.) 

1337.  Ine  jône  fèye  qu'a  l'hite  ni  sàreu  fer  on  pet. 

LiTT.  Une  jeune  fille  qui  a  la  foire  ne  saurait  lâcher  un  vent. 
On  ne  saurait  faire  à  la  fois  deux  choses  incompatibles. 

1338.  I  n'poutvessi  po  l'hite. 

LiTT.  Il  ne  peut  vesser,  à  cause  de  la  foire. 

Il  n'ose  faire  un  pas,  de  peur  d'aller  plus  loin  qu'il  ne  voudrait. 

FONDS. 

1339.  Kinohe  li  fonds  et  l' tréfonds. 

LiTT.  Connaître  le  tonds  et  le  tréfonds. 
Connaître  une  affaire  dans  ses  plus  petits  détails. 
Pr.  fr.  —  Savoir  le  fonds  et  le  triMonds  d'une  affaire. 
Le  fonds  qui  est  sous  le  sol  cl  qu'on  possède  comme  le  sol 
même.  (Littré.) 

Cité  par  Forir.  îiirt. 

Vah.  Verviers.       Dihans  çou  qui  l'amène,  c'est  l'affaire  d'ô  mouminl, 
Si  ji  n'racûlévc  nin  et  lu  d'foû  et  lu  d'vins, 
Çou  qui  est  scrit  sèreut  bon  à  1ère  po  fer  ô  samme. 

(Poulet.  Lifoyan  éterré.  1859.) 

Var.  Malmedy.      Saveur  lu  foii  et  lu  d'vins  d'onc  saquoi. 


—  387  — 

Var.  Jodoigne,  Vigneron. 

I  m'faut  on  bia  feu  à  m'môde  a  qui  ji  inosterrai  l'fonds  el  l'coron  de  mestî 
comme  ça,  li  gloire  demeurret  todeu  es  l'famille. 

(Ed.  K: tienne.  Le  rose  de  Roitx-3Iirwec.  Se.  3.  -1891.  In(«dil.) 

Tournai.  Connaite  l'féonds  et  rtrèféonds. 

FORGE. 

1340.  Conte  la  force  i  n'a  nié  d' résistance.  (Mons.) 

LiTT.  Contre  la  force  il  n'y  a  pas  de  résistance. 

II  est  inutile  de  se  raidir  contre  un  obstacle  qu'on  n'a  pas  le 
pouvoir  de  lever. 

Cf.  Lafontaine.  Le  loup  et  l'agneau.  Le  serpent  et  la  lime. 
Fables. 

^^<^^^-  Conte  la  force  i  n'a  nié  d'  résistance. 

(MouTRiEUX.  Des  nouveaux  conte  dés  quié.  1880.) 
MoNS.  1  m' fait  du  mau  pou  m'fème,  mais  conte  la  force  n'a  pas  d' résistance. 

(Leteluer.  Armonaque  dé  Mons   1862.) 
Charleroi.  a  pus  haut  qu'vos  r'clamet,  n'y  a  né  d'avance. 

Conte  el  fauce,  n'y  a  né  d'résistance. 
(Bernus.  Vberbis,  l'geunisse  eiét  l'gutte  avé  mènire  lion.  Faufe.  -1873.) 

Basse- Allemagne.  —  Gegen  Gewalt  ist  Nichts  zu  machen. 

1341.  L'union  fait  l'foice. 

LiTT.  L'union  fait  la  force. 
Devise  de  la  Belgique. 

Concordia  res  parvœ  crescunt.  (Sallust.) 
Devise  des  anciennes  Provinces-unies. 
Vis  U7iita  fortior. 

Efant,  louklz  çou  qu'  c'est  qui  di  s' tini  essône, 
Dit-st-i,  c'est  l'union  qui  fait  l'foice  divins  tôt. 

(Bailledx.  Li  vl  homme  et  ses  èfant.  Fâve.  1852.) 

L'union  fait  l' foice,  vola  li  spot 
Qui  tîhon,  wallon  nos  lôye  tos  ; 
Les  tiesse  di  hoye,  les  niàheulé, 
A  dangî,  div'net  comme  des  fré. 

(Curé  Du  Vivier.  Li  roi  Léopôl  à  Lige.  iSliè.) 

Catholique,  Libéral,  rotans  d'so  1'  même  guidon 
C'est  l'union  qu'fait  Tfoice,  nos  comprindans  l' raison. 

(Dehin.   Cramignon  pour  le  29'"  anniversaire.  Octobre  18C0.) 
Toute  puissance  est  faible  à  moins  que  d'être  unie. 

(Lafontaine.  Le  vieillard  et  .^et  enfants.) 

Voyez  A)ini(air,i  de  la  Société  (1887,  l'2''  année,  p.  153  à 
183).  Réclamations  des  Wallons  au  sujet  de  la  légende  flamande 
inscrite  sur  nos  monnaies  belges. 

Basse-Allemagne.  —  Einigkeit  niacht  .stark. 


—  388  — 

lo4"2.  On-z-est-st-attaqiié  serlon  ses  foice. 

(Malmedy.) 

LiTT.  On  est  attaqué  selon  ses  forces. 

Plus  la  position  est  élevée,  plus  les  revers  sont  grands. 

FORT. 

1343.  Foirt  comme  Hermustène. 

LiTT.  Fort  comme  Hermanstein,  (Ehrenbreitstein,  forteresse 
près  de  Coblence.) 

Dans  la  partie  orientale  du  pays  wallon,  il  est  proverbial 
de  dire,  foirt  comme  Uermuslène. 

(ViLLERS.  Dict.  ruallon  français  1793.  Bulletin,  tome  VI.) 

1344.  C  n'est  nin  todi  les  pus  grand  les  pus  foirt. 

(St-Hlbeut.) 

LiTT.  Ce  ne  sont  pas  toujours  les  plus  grands  (qui  sont)  les 
plus  forts. 

Il  ne  faut  pas  juger  de  la  force  ou  de  la  valeur  de  quelqu'un 
d'après  son  physique,  sa  taille 

FOSSE. 

13lo.  C'est  fer  s' fosse  avét  ses  dint.  (Mons.) 

I>iTT.  C'est  faire  sa  fosse  avec  ses  dents. 
Boire,  manger   beaucoup,   trop,  de  manière  à  détruire  sa 
santé. 

Mons.  Ena  n'l)uvez  nié  comme  ein  pourciau,  eiét  qu'vos  friez  vos  fosse  avct  vos 
(iinl.  (MouTiiiKUX.  Des  nouvieaitx  conie  dé  qiiié.  i8o0.) 

Les  gourmands  font  leur  fosse  avec  leurs  dents. 

{Adages  français.  XVI"  siècle.) 

FOSSÉ. 

134(3.  Au  bout  du  fosset,  l'culbute.  (Chauleroi.) 

LiTT.  Au  bout  du  fo.ssé  la  culbute. 

Manière  de  faire  entendre  qu'on  se  résout  aux  conséquences 
fâcheuses  que  pourrait  avoir  une  résolution  hardie  et  impru- 
dente. (LiTTRi:.) 

Pr.  fr.       Au  bout  du  fossé  la  culbute. 

('.iiAiu,i;it(ii.  J'jiriiis  tout  du  bon  costet,  vienne  quoi  s'vout,  j'doirme  diî  l'niutte, 
Et  au  bout  du  fosset,  l'culbute. 

(L.  Bernus.  Lé  r'nau  èiet  les  dindon.  Eaufe.  1873.) 

Var.  Tournai.  Au  d'bout,  au  d'bout,  l'hôpital  est  la. 


1 


38<) 


FOU. 

1347.  On  n'  sème  ni  plante  les  tb,  i  crèlie-nu  tôt 
seu.  (Namlr.) 

LiTT.  On  ne  sème  ni  on  ne  plante  les  fous,  ils  croissent  seuls. 
Il  y  aura  toujours  des  gens  toqués, 

FOUET. 

1348.  Fer  peter  s'corîiie. 
LiTT.  Faire  claquer  son  fouet. 
Faire  du  bruit,  se  vanter. 

Tout  Picard  que  j'étais,  j'étais  un  bon  apôlrc. 

Et  je  faisais  claquer  mon  fouet  tout  comme  un  autre. 

(Racine.  Les  plaideurs.  Acte  I,  se.  l.) 

Cf.  La  chanson  de  Désaugiers  :  M.  et  M'""  Denis. 

Jalhay.  Bieth'mé. 

I  set  bin  fer  peter  Tcouritc,  todu,  su  n'a  mâyc  pin  oyou  d'vant  les  main. 

(Xhoffer.  Les  deux soroc fie.  l,  se.  i"!.  1861.) 

POULURE. 

1349.  A  cou  nolleaffbleûre. 

LiTT.  Au  cul  pas  de  blessure. 

Consolation  donnée  à  ceux  qui  tombent  sur  le  derrière. 

Var.  Jodoigne.         C'est-st-on  eue  d'plomb,  i  n'pout  mau  de  sïrochî. 

FOUR. 

1350.  L'ci  qua  s'tu  es  Ibr  sét  bin  comme  on  fail 
les  cache. 

LiTT.  Celui  qui  a  été  dans  le  four  sait  bien  coimnent  on  l'ait 
les  poires  séchées. 

On  sait  comme  il  faut  agir  quand  on  s'est  déjà  trouvé  dans 
des  circonstances  identiques.  L'expérience  est  d'un  grand 
secours. 

Pr.  fr.  —  Si  jeunesse  savait.... 

Experto  crede  Roherlo. 

Jalhay.  Bieth'mé. 

Oye,  Oye,  nos  knohons  bin  lot  coula,  ci  (|u':i  s'Ioii  i-s  fur  sél  bin  «•nniinr'  on  fcl 
les  cache. 

(XnoFFEIl.  Les  deux  snrnclir.  1,  stt.  .'i    I8t>l.) 


—  390  — 

1351.  Quand  Tfoûr  i  est  quéaud,   tous  les  gins  y 
veulent-te  cuire.  (Tournai.) 

Quand  le  four  est  chaud  tout  le  monde  y  veut  cuire. 
Lorsqu'une  affaire  est  bien  organisée,  bien  lancée,  et  rap- 
porte beaucoup,  tout  le  monde  veut  en  être. 

1352.  Qwand  i  volet  ciire,  li  for  tome. 
LiTT.  Quand  ils  veulent  cuire,  le  four  tombe. 

Ce  sont  des  gens  sans  précaution,  à  qui  rien  ne  réussit. 

13o3.  C  n'est  nin  por  vos  qui  1'  for  chûffe. 

LiTT.  Ce  n'est  pas  pour  vous  que  le  four  chauffe. 

Ce  n'est  pas  pour  vous  que  telle  chose  est  préparée.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Ce  n'est  pas  pour  vous  que  le  four  chauffe. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Mon  bon  tabac   si  bien  râpé 
N'est  pas  fait  pour  ton  fichu  nez. 

{Chatisoti  populaire,) 

C'n'est  nin  por  vosse  nez  qui  l'fôr  châffe  ; 
On  n'est  pus  hoùye  si  amistàve. 

(Hanson.  Li  Hinriade  trnvestèye.  Ch.  III.  1780.) 

I  lî  sonla  qui  c'n'esteut  nin  por  lu  qui  l'ttr  chàlTéve,  et  i  n'vola  nin  si  k'dûre  di 
mostrer  bàbe  di  four.  (Magnée.  Li  houlotte.  1871.) 

MoNS.  C'qué  j'dis,  l'infant,  n'est  nié  eine  faufe, 

L'foûr  d'ein  riche  ônne  caufTe  nié  pour  vous, 
Pinser  d'y  cuire  quand  on  est  paufe, 
C'est  s'apprêter  à  rôti  d'sou. 
(J.-B.  Descamps.  El  sermon  d'ein  brafe  ourvier.  Ch.  1881.) 

Tournai.  Cauffer  l'four  pour  in  eaute. 

Douai.     Allez,  allez,  cuijennière  à  pennetières,  ch'n'est   point  pour  vous  que 
ch'four  qu'i  caufTe. 

(Dechristé.  So(a''w»s  rf'KH  homme  d' Douai .  18S6.) 

St-Quentin.  Ch'  n'est  mi  pour  vous  que  ch'four  y  coflfe. 

(GossEU.   Lettres  picardes.) 

1354.  Vos  vinrez  à  m' for. 

LiTT.  Vous  viendrez  à  mon  four. 

Vous  aurez  quelque  jour  besoin  de  moi,  et  je  trouverai  l'oc- 
casion de  me  venger.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Vous  viendrez  cuire  à  mon  four. 
Vous  passerez  par  chez  nous. 

(OUDIN.  Curiositez  françoises.   1G40.) 
Var.  Mons.  Vos  repasserez  pa  no  corti. 


—  391  — 

1355.  I  fàt  cliàffer  Tfor  po  l'gueûye. 

LiTT.  Il  faut  chaufler  le  four  par  la  gueule. 
Se  dit  d'uaivrogne  qui  a  froid. 

1356.  Rimette  les  cache  es  fôr. 

LiTT.  Remettre  les  poires  séchées  au  four. 
Recommencer.  Se  dit  desaraoureu.x  qui  renouent  d'anciennes 
relations. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Jan,  m' fève  Marèye,  qu'on  r'mette  les  cache  es  fôr, 
I  fât  fer  l'pàye  ;  à  quoi  bon  tant  brognl  ? 

(Dehin.  Anôijcmun  et  rikjoiil.  18o0.) 

Po  conjurer  les  niacrai  et  les  sort, 

Po  dlv'ni  jusse  ùx  pàrlèf;c  d'intorôl 

Po  s'rapùwter,  po  r'mette  les  cache  i'S  fur 

Dihez-m'  n'y  a-t-i  rin  d'mèyeu  qu'on  banquet. 

(A.  HocK.  Les  banquet.  18t>l>  ) 
Mathîstoffé. 

Po  r'mette  les  cache  es  fur,  i  fàrel  li  ach'ter 

lOn  p'tit  machin  d'so  1'  Batte,  on  p'tit  michot  d'Sor-Moùse. 

HiNRI. 

Allez  vis  porminer  i  ^'n'a  Idiale  qu'est-st'ès  m'boûse. 

(Toussaint.  Hmri  et  Datlite.  111,  se.  i.  1870.) 
Var.  Verviers.  Rùhenner  les  cayet  os  feu. 

JODOIGNE.  Is  ont  à  r'chauffer  l'fùr. 

1357.  Qui  d'rneûre  foû  de  fôr  n'est  nin  eût. 

LiTT.  Celui  qui  reste  hors  du  four  n'est  pas  cuit. 

Celui  qui  ne  veut  supporter  aucune  charge  n'a  droit  à  aucun 
bénéfice. 

Se  dit  à  la  campagne  aux  personnes  qui  écoutent  la  messe 
sur  la  place,  devant  l'église.  Celui  qui  n'entre  pas  à  l'église 
ne  sera  pas  sauvé. 

FOURCHE. 

1358.  Faire  des  fourque.  (Tourn.m.) 

LiTT.  Faire  des  fourches. 

Agacer  quelqu'un  par  des  manières  inconvenantes. 

Dans  le  sens  propre,  agacer  un  chien  en  criant  a  /v'.s.st',  A-t>s,s*;  » 
et  en  lui  montrant  les  doigts  ouverts  en  forme  de  fourche. 
Alors  a  i  s't'rix'lli:  et  i  r/roûle  ». 

FRAIS  I-:. 

1359.  C'esl-sl-une  IVéve  enne  on  sàrt.  \.Mai.mi  i»\.) 
LiTT.  C'est  une  fraise  dans  un  bois. 


392 


Porter  des  choses  dans  un  lieu  où  il  y  en  a  déjà  une  grande 
abondance. 

FRANÇAIS. 

13G0.  Nos  estans  français. 

•LiTT.  Nous  sommes  français. 

Nous  sommes  sauvés,  nous  sommes  affranchis,  francs. 
Cf.  QuiTARD.  Dict.,  p.  410.  Parler  français. 
A  tote,  de  cour.  Nos  estans  français. 

(HocK.  La  famille  Mathot.  1866.) 
Nin  pus  Ion  qu'hir  à  l'nute,  ji  m'dihéve  co  français. 

(Fr.  Dehin.  lue  inventeur.  4889.) 

1361.  Les  Français  sont  d'belle  intrêye  et  d' laide 
sôrtèye. 

LiTT,  Les  Français  sont  de  belle  entrée  et  de  laide  sortie. 

Remacle  (Dict.)  dit  simplement  :  Esse  di  belle  intrêye  et 
d'Iaide  sôrtèye. 

Les  Français  commencent  par  charmer  et  finissent  par  se 
faire  détester. 

Les  proverbes  qui  concernent  toute  une  nation  ne  signifient 
absolument  rien.  Ils  naissent  le  plus  souvent  sous  l'impression 
d'événements  politiques,  aussi  consacrent-ils  souvent  le  pour 
et  le  contre. 

FoRiR  (Dict.)  dit  seulement  :  Belle  intrêye,  laide  sortisse. 

Namdr.  Belle  intrde,  laide  sortie. 

FRAPPER. 

1362.  Qui  bouhe  li  prumî,  bouhe  deux  côp. 

LiTT.  Qui  frappe  le  premier,  frappe  deux  fois. 
L'offensive  est  souvent  un  avantage. 

FRÉQUENTER. 

''  1363.      A  fréquenter  les  soldat  et  l's  houzard, 
1  n'a  péos  d'hazard.  (Tournal) 

LiTT.         A  fréquenter  les  soldats  et  les  hussards, 

Il  n'y  a  point  de  hasard. 
Sentence  populaire  souvent  répétée  aux  jeunes  couturières 
qui  manifestent  un  goût  trop  prononcé  pour  les  militaires. 

FRIGASSEUR. 


1364.  C'est-st-on  fricasseu  d'  fève. 

LiTT.  C'est  un  fricasseur  de  fèves. 


—  303  — 

C'est  un  faiseur  d'embarras,  c'est  un  ardélion  ;  c'est  la  mouche 
du  coche. 

Var.  C'est-st-on  hosse-quowe. 

LiTT.  C'est  un  hoche-queue. 

Baiwr. 

A  l'maison  d'vèye,  si  v'fez  l'fricasseu  d'fdve 
Tos  les  gaz'tî  v'touraet  so  l'casaquin. 

Alcide  Pryok.  Qui  vont  esxe  d  contèye  ?  1862.) 

GÉRA. 

C'est-st-on  fricasseu  d'féve,  qui  po  'ne  oii  n'gùte  nin  l' vote, 
Là,  i  hante  avou  vos,  et  cial  c'est-sl-avou  'ne  aiite. 

(Ed.  Remouchamps.  Les  amour  cfà  Gèrd.  II,  se.  G.  187{>.) 
Beline. 

Var.  Charleroi.  C'est  qu'i  gn'a  p'tette  on  p'til  péteu  d'pois  ou  l'aule  qui  11 
aura  tappet  dins  l'oûye. 

(Bernus.  L'malâde  St-Thibau.  II,  se.  7.  iSW.) 

FROID. 

1365.  I  fait  freud  comme  divins  'ne  Grofilande. 

LiTT.  Il  fait  froid  comme  dans  le  Groenland. 

Il  fait  très  froid.  Cette  expression  est  fort  ancienne.  Quand 
on  demande  à  Liège  ce  que  c'est  que  la  groiihinde,  on  ré[»ond  : 
C'est  wisse  qu'on  pèhe  les  stockfesse. 

Basse- Allemagne.  —  So  kalt  wie  in  Groenland. 

1366.  J'enne  n'a  ni  freud  ni  chaud. 

LiTT.  Je  n'en  ai  ni  froid  ni  chaud. 
Rester  indifférent  à  une  affaire.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Je  m'en  bats  l'œil. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Ddpdis. 
Mais,  d'hez-ra',  aveul-i  dit  à  Clémence  qu'il  avout... 
Beaujean. 

Ma  foi,  ji  n'es  ses  rin,  j'n'aveus  ni  chaud  ni  freud 

Làd'vins.  (DelcheF.  Pus  if  pux  .toi.  Se.  !"•.  I8«;2.) 

FROMAGK. 

1367.  Li  i)on  froumache  est  d'coûte  durée. 

(Mauciik  ) 

LiTT.  Le  bon  fromage  est  de  courte  durée. 

On  choisit  de  préférence  les  choses  les  meilleures. 


—  394  — 

FUMIER. 
l.S6(S.  On  n'sàreut  fer  l'ancinî  qui  là  qui  i'coûr  est. 

LiTT.  On  ne  saurait  établir  la  fosse  à  fumier  que  là  où  est  la 
cour. 

Chaque  chose  a  sa  place. 

Ce  proverbe  sert  souvent  de  réponse  à  la  question  :  poquoi 
ayez-u'  fait  coula  là  9 

Namur.  On  n'saureûve  fer  l'encennî  qui  dins  l'coû. 

1369.  Tote  les  mamêye  moret  so  l'ancinî. 

LiTT.  Toutes  les  prostituées  meurent  sur  le  fumier. 

Tôt  ou  tard  la  vertu  trouve  sa  récompense  et  le  vice  est  puni. 

1370.  Fâte  d'ancenne,  on  châs'nêye. 

LiTT.  A  défaut  de  fumier,  on  marne. 

On  fait  ce  que  l'on  peut. 

Pr.  fr.  —  Faute  de  grives  on  se  contente  de  merles. 

GAFFE. 

1371.  Passer  1'  nute  d'on  côp  d' fèré. 

LiTT.  Passer  la  nuit  d'un  coup  de  gafïe. 
Dormir  toute  la  nuit  sans  s'éveiller. 

Variante.  Passer  l'aiwe  d'on  côp  d'fèré. 

Faire  une  chose  d'un  seul  jet. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Après  on  bon  travaye,  ine  nute  parette  si  coûte, 
On  r  passe  d'on  C(5p  d' fèré. 

(M.  Thiry.  lue  cope  di  grandiveux.  4860.) 

GAGNER. 

1372.  L'ci  qui  n'wâgne  nin,  piède. 

LiTT.  Celui  qui  ne  gagne  pas,  perd. 

Il  faut  vivre,  et  quand  on  n'a  pas  de  revenus  suffisants,  il 
faut  travailler,  si  l'on  ne  veut  pas  dissiper  son  patrimoine. 
Cf.  Qui  n'avance  pas  recule. 

GAILLARD. 

1373.  I  gn'a  des  randahe  di  tôt  costé. 

I.iTT.  Il  y  a  des  gaillards  déterminés  de  tout  côté, 
a  N  '.  Forir   {Dict.)  considère  ce  mot  comme  adjectif,  et  le 
donne  comm  synonyme  de  >iûti.  Je  n'ai  trouvé  aucun  liégeois 


—  395  — 

qui  comprît  le  mot  de  cette  façon.  La  vraie  signification  d'après 
tous  les  wallons  que  j'ai  consultés  est:  gaillard  déterminé, 
casse-cou,  un  individu  dont  on  doit  avoir  peur.  Il  se  prend 
aussi  dans  l'acception  de  fameux,  en  patois  on  dirait  en  parlant 
d'un  colèbeu  :  c'est-st-nn  randahe,  comme  on  dirait:  c'est  un 
fameux  oolèbeu  (c'est  un  amateur  acharné). 

(I.  DoRY.  Êtymoloijies.  Bull.  2'sér.,  t.  III.) 

CAILLETTE. 

1374.  Neûr  comme  gayette. 

LiTT.  Noir  comme  gaillette. 

{Guiilette.  Houille  de  moyenne  grosseur,  très  brillante.) 

Noir  comme  jais. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

HlGNAR. 

Deux  oùye  ossi  neùr  qui  gayetle, 
Des  croie  qui  flottet  so  s' haneUe. 

(De  Harlez.  Les  hypocome.  l,  se.  i.  i7o8.) 

Elle  a  deux  oûye  comme  deux  chandelle, 
Crolêye  et  neûre  toi  comme  gayetle. 

(Dehin.  Le.i  deux  maronne.  Fàve.  1844.) 

Si  p'iile  boke  et  ses  chiffe  comme  ine  rose  à  matin. 
Ses  ch'vel  neûr  comme  gayette,  si  paî  comme  de  satin. 

(M.  Thiry.  Ine  copenne  so  r  marièije.  1858.) 

Pus  neùr  qui  gayette, 
Mes  ch'vet  r'glatihet. 

(G.  Magnée.  Lijupsenne.  Ch.  1871.) 

GAIN. 

1375.  I  magne  les  wàgne  et  les  chèté. 

LiTT.  11  mange  les  gains  et  les  paniers. 

Se  dit  des  commerçants  qui  mangent  capitaux  et  bénéfices. 

Variante.  Mais  quand  j' sèret  marié,  j'âret  mes  gangne  et  mes  chètd. 

(A.  I'eclers.  Gèrâ  Vaffiché.  Ch.  1877.) 

1376.  Wâgnège  n'est  nin  héritage. 
LiTT.  Gain  n'est  pas  héritage. 

On  connaît  le  prix  du   premier;  tandis  que  pour  l'autre, 
comme  dit  Figaro,  on  ne  s^est  doyiuo  ([ue  la  peine  de  naître. 
Pr.  fr.  —  Gagnage  n'est  pas  héritage. 

1377.  Les  p'tits  wàgnège  fet  les  i^tos  vikège. 

LiTT.  Les  petits  gains  t'ont  les  fortes  existences. 
Les  petits  gains  aniùnent  les  gros  prulils,  t'ont  vivre  dans 
labondance. 

(FORIK.  Dict.) 


-  396  — 

1378.  Gangnî    dîje-nouf   sou    au    flore    comme 
l'apothécaire.  (Jodoigne.) 

LiTï.  Gagner  dix-neuf  sous  au  florin  comme  l'apothicaire. 
Faire  des  gains  considérables,  extraordinaires,  sans  exposer 
beaucoup  d'argent. 

GALE. 

1379.  lia  l'galeâxdint. 

LiTT.  II  a  la  gale  aux  dents. 
Il  a  faim. 

Pr.  fr.  —  Il  n'a  pas  la  gale  aux  dents  :  se  dit  d'un  grand 
mangeur.  (A.gad.) 

Pârlans  on  pau  d'  nos  Franskion  ; 
On  dit  qui  c'  sont  des  bravés  gins, 
Mais  qu'il  ont  sovinl  l' gale  àx  dint. 

{Pasquèye  so  les  sémintirisse.  ilS'ô.) 

Qwand  qwarème  vint, 
Maîgue  comme  ine  henné, 
Li  gale  âx  dint, 
Streinde  li  bodenne. 

(DuMONT.  Mathî  Vohai,  cantate  vers.  ^820.) 

Ine  ognaî  buvdve  à  'no  fontaine  ; 
Li  gale  àx  dint,  arrive  on  leûp 
Qu'esteut  à  cori  1'  pertontaîne. 

(Bailleux.  Li  leûp  et  l'ognat.  Fàve.  1854.) 

MoNS.  Tous  les  jour  c'est  ducase  et  tu  dirois  qu'  Ids  gins, 

Ont  peur  d'avoir  l' larapa,  ou  hé  la  gale  aux  dint. 

{El  carion  d'  Mous.  Arm.  4874.) 

Metz.         Ç'at  let  sope  et  m' n'évis  que  s'ret  ma  foy  tranliaye, 
Ca  peuchonne  de  nos  n'éret  let  gale  aux  dents. 

(Brondex.  Chan-Heurlin.  Poème.  4787.) 

1380.  Grette-mu  wisse  qui  j'a  l'gale. 

LiTT.  Gratte-moi  où  j'ai  la  gale. 
Fais-moi  plaisir,  flatte-moi. 
Tu  me  grattes  où  il  me  démange. 

(Proverbes  de  BOUVELLES.  4534.) 

Et  de  sa  main  noire,  souvent 
Le  grattait  derrière  et  devant. 

(SCARRON.  Virgile.  Vil.) 

M.   GOLZAII. 

Vous  d' visez  comme  une  gens  d'Ia  halle. 

Mareie  Bada. 
Vas-ès,  grotte  mu  wisse  qui  j'a  l'gale. 
(De  Harlez,  De  Cartier,  etc.  Li  voyèye  di  Chaudjontaine.  l.  4757.) 


—  397  — 


GALETTE. 

1381.  On  n'es  paye  nin  mon  les  galette. 
LiTT.  On  n'en  paie  pas  moins  les  galettes. 
On  en  sera  la  dupe,  (âcad.)  —  Il  faudra  supporter  toute  la 
dépense. 

Pr.  fr.  —  Il  en  sera  le  dindon. 

Ci  sèrel  vos  qui  pâyerel  les  galette. 

(FORIR.   Die  t.) 
De  joû  li  bàcelle  si  toûrraetle 
Si  d'fène  tote  à  s'anoyi, 
Ca  'lie  paye  bin  chir  les  galette 
Qu'es  s'jonesse  elle  a  magni. 

(G.  Delarge.  Nanesse.  Crâmignon.  -1870.) 
Baita. 

Puis,  ji  r'viesse  ine  marchande  di  boùquetle. 

Tote  ine  hiette  di  k'mére  m'fit  payî  les  galette. 

(Th.  Collette.  Itie  vingiuce.  I,  se.  10.  1878.) 

GALON. 

138^.  Pusse  qu'il  est  gouré,  pusse  qu'i  s'baille  du 
galon.  (^loNS.) 

LiTT.  Plus  il  est  ti^ompé,  plus  il  se  donne  du  galon. 

Plus  il  se  fait  duper,  plus  il  se  croit  sage,  plus  il  vante  son 
adresse  et  sa  pénétration.  —  Il  ne  sait  pas  profiter  de  l'expé- 
rience. 

MoNS.  I  n'  faut  ni(?  croire  qu'enne  farce  pareille  li  fera  faire  el  bouton  dé  s' gueule, 
savez  ;  on  diroi,  pusse  qu'il  est  gouré,  pusse  qu'i  s'baille  du  galon. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Hou».   1850.) 

1383.  Quand  on  prind  dou  galon,  on  n'sarou  ni 
trop  in  pi'inte.  (Fr.\.mluies.) 

LiTT.  Quand  on  prend  du  ^'alon,  on  ne  saurait  trop  en 
prendre. 

Quand  on  est  à  mûme,  il  faut  prendre  tout  ce  qui  peut  être 
pris.  (LiTTRii.) 

Pr.  fr.  —  Quand  on  prend  du  galon  on  n'en  .saurait  trop 
prendre. 

Fraheries.  Mais  quand  on  prind  dou  galon  on  n'sarou  ni  trop  in  printe,  dis-st-i 
Tproverpe. 

(BOSQUATIA.    Tambour  ballant.  Gaz.  4887.) 

GALOP. 

1384.  Il  a  pris  Notru-Dame  di  galope. 

LiTT.  Il  a  pris  Notre-Dame  de  galop. 
Il  s'est  enfui. 


—  398  — 

Li  r'côpresse. 

On  a  bin  l'timps  de  vindc,  l'aute  dimaïuie  batcôp  trope 
Ma  foi,  j'a  bin  vite  pris  Notru-Dame  di  galope. 

(Cu.  Hannay.   Li  mâye  neâr  d'à  Colas.  II,  se.  8.  1806.) 
Joseph. 

Volez-v'  vi  respouner 

•      Foii  d'mes  oiiye,  et  haper  Nolru-Dame  di  galope 

Avou  vosse  banse  d'ancenne,  ou  v's  allez  pochî  'ne  hope. 

(A.  Peclers.  Li  consèye  de  V matante.  Se.  15.  1877.) 

Verviebs.  Prinde  madame  li  galop. 

(Remacle.  Dict.  1839.) 

Var.  Nivelles.  I  d'allont  eomme  s'il  avou  l'feu  à  s'cul.  —  S'incourru  comme  in 
chl  qu'a  l'feu  à  s'eul. 

MoNS.  Et  vos  r'clamiez  Notre-Dame  dés  bonnes  jambes  pou  vous  sauver  habic, 

(Letellier.  Armonaque  dé  Mous.  1857.) 

Var.  Tournai.  Avoir  les  finque  a  s'cul.  —  Courir  comme  si  on  aveol  l'feu  à 
s'cul. 

gamellp:. 

1385.  Trop  taurd  à  Tgamelle  n'aura  rin.  (Marche.) 

LiTT.  (Celui  qui  vient)  trop  tard  à  la  gamelle  (à  la  soupe) 
n'aura  rien. 

En  tout  il  faut  arriver  à  temps. 
Tarde  venientibus,  ossa. 

GANT. 

1386.  Ji   n'mettret  nin  des  want  po  lî  d'ner  on 
pètârd. 

LiTT.  Je  ne  mettrai  pas  des  gants  pour  lui  donner  un  soufflet. 
Je  ne  l'épargnerai  pas  ;  je  n'y  mettrai  pas  de  réserve,  je  le 
traiterai  sans  ménagement. 

1387. 1  n'a  bouté  des  gant  qu'on  comp  de  s' vie,  le 
joû  de  s'baptôme.  (Jodoigne.) 

LiTT.  Il  n'a  mis  des  gants  qu'une  fois  en  sa  vie,  le  jour  de 
son  baptême. 

Il  est  toujours  mal  vêtu,  peu  soigneux  de  sa  personne. 

GARÇON. 

1388.  C'est-st-on  p'tit  valet, 

V's  ârez  de  jjonheûr  après. 

LiTT.  C'est  un  petit  garçon, 

Vous  aurez  du  bonheur  après. 


—  399  - 

A  Liège,  le  !•'  janvier,  de  grand  matin,  les  petits  garçons 
des  classes  pauvres  débitent  ce  distique  aux  passants,  en  môme 
temps  qu'ils  leur  oflVent  des  hosties  {mile),  pour  obtenir  une 
légère  aumône. 

1389.  De  l'canelle 
Po  les  bàceJle, 
De  stron  d'chet 
Po  les  valet. 

LiTT.  De  la  caneile 

Pour  les  filles. 
De  l'étron  de  chat 
Pour  les  garçons. 
Quand  les  enfants  des  deux  sexes  jouent  ensemble,    ce  ne 
sont  évidemment  pas  les  garçons  qui    parlent   ainsi.  On  dit 
encore  : 

Un  demi-cent  (un  centime)  pour  les  garçons, 
Cent  écus  pour  les  filles. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

GARDER. 

1390.  I  fat  bin  qu'on  l'wàde  comme  on  l'a. 

LiTT.  Il  faut  bien  qu'on  le  garde  comme  on  Ta. 
Il  faut  de  la  philosophie,  se  faire  une  rai.son,  accepter  les 
faits  accomplis. 

Mi,  ji  viquc  so  l'espérance, 

Et  ci  n'est  niu  l'pus  màva, 

Di  s'piainde  on  n'a  nolle  avance, 

Fàt  bin  qu'on  Twâile  comme  on  l'a. 

(DÉSAMORÉ.  Chanson.  1880.) 


Variante 


Qui  pout-on  dire  à  coula  ? 
Fàl  bin  ()rinde  cou  qu'on-z-a. 

(ALaOE  Pryor.  Vive  nosse  gârc-civique  !  1800.) 

GARDR-ROBE. 


1391 .  11  a  s'  gàrdèrôbe  pleinte  et  cliôkèye, 
Qu'on  chet  l'poitreut  es  si  orèye. 

LiTT.  Il  a  sa  garde-robe  (si)  pleine  et  (.si)  bourrée. 

Qu'un  châtia  porterait  dans  .son  oreille. 

A  peine  a-t-il  de  quoi  changer  de  vêlements. 


—  400  — 

Variante.  Il  a  toi  s'boùre  so  s'pan. 

Enne  a  tant  hoùye  qui  sont  es  l'oûrbire  di  leu  fàte,  qui  i'et  lodi  po  l'joû  à  viker  ; 
i-z-ont  tofér  tôt  leu  bolîre  so  leu  pan,  sins  lûser  de  s'wàrder  'ne  pomme  po  l'seu. 

(AuG.  DÉOM.  Notes.  4888.) 

139"2.  Il  a  tote  si  gârdèrôbe  divins  ses  pîd  d'châsse. 

Litt:  Il  a  toute  sa  garde-robe  dan.s  les  pieds  de  ses  bas. 

Il  porte  des  habits  râpés,  il  n'en  a  pas  d'autres  à  mettre,  et 
cependant  il  se  donne  de  t^rands  airs. 

il  est,  comme  Polichinelle,  qui  fait  ses  paquets  dans  un 
chausson. 

Cf.  Omnia  mecum  porto,  du  philosophe  Bias. 

1393  Esse  tnettowe  es  l' gârdèrôbe  sainte  Anne. 

Litt.  Être  mise  dans  la  garde-robe  sainte  Anne. 

Rester  lille. 

Pr.  fr.  —  Rester  pour  coiffer  sainte  Catherine. 

(QuiTARD.  Dicc,  p.  193.) 

Elle  est-st-ès  l'ârmâ  d"  Sainte  Anne.  —  Elle  va  coiiïer  Sainte  Cath'renne. 

(FORIR.  Dict.) 

Variante.  Louise. 

Mais  di  ces  là  qui  fet  l' chesse  àx  aidan, 
Feumme,  vingeans-nos,  rians  à  leu  narenne, 
Divant  de  prinde  des  ègeaiés  galant, 
Coiffans  pus  vite,  coiffans  tote  Sainte  Cath'renne. 

(DD.  Salme.  Les  deux  bècK'tâ,  Se.  9.  4879.) 

Var.  Verviers.  Lîza. 

Tôt  haubilant  baicôp  des  s' faites  madronbelle, 
.l'ireus  di  Sainte  Cath'renne  fer  les  croUe  avou  zelle. 

(J.-S.  Renier.  Li  mohonne  à  deux  face.  Se.  4.  4873.) 
Var.  Mons.  D'morer  avé  s'froumache. 

GAUCHE, 

1394.  Prinde  hâr  po  hotte. 

Litt.  Prendre  la  gauche  pour  la  droite. 
Udr  et  hôte,  expressions  employées  par  les  charretiers  pour 
faire  marcher  les  chevaux  à  droite  ou  à  gauche. 
Se  méprendre  grossièrement.  (Acad.) 
Cité  par  Forir.  Dict. 

On  s' disputéve  so  l' caractère, 
Des  màlès  feumme  en  général, 
C'esteut  là  l' dispute  principale. 
On  r  louméve  hotte,  on  l' loumèvo  hâr. 

(Les  feumme.  Poème.  Vers  4750.) 


—  401 


Spa.  C'cstoul  lies  l'tiirou,  i\c^  ^l'i^Mniii, 

Les  vMs  verUrin  mi''It'  avnu. 
Qui  corîl  hàr  es  1"  pièce  di  hotte, 
Qu'estint  comme  li,  qui  iv  vèyitil  gotte. 

(Chans.  patriotique.  4  787.  Rec.  Bor>\.) 
LORETTE. 

Lu  et  mi  nos  eslans  capote  ; 
Si  vos  n' volez  niii  nos  hoûter 
Nos  prindans  todi  hàr  po  hotte, 
Ci  n'est  nin  l' moyin  d'avancer. 

(HenaI'LT.  U  maliyiiant.  II,  se.  i'''.  il8'J.) 

139o.  Enne  aller  hâr  et  hotte. 

LiTT.  S'en  aller  à  gauche  et  à  droite. 
Aller  de  tous  côtés,  au  hasard,  de  ci  de  là. 
Cité  par  FoRiR.   !)icl. 

Colas. 

Tous  vos  mangeurs  de  pain  payi'ir. 

Francs  batteu  d'cawiau, 

Qui  courez  hotte  et  hàr 
Et  vous  hatihez  les  mustau. 

(Fabhy.  Li  ligeoi.s  è(j(iiji.  Il,  se.  3.  -1707.) 

Li  pèhon  k'holté,  esbàrré 
Ni  sét  pus  d"qué  costé  dàrer, 
I  naivèye  hàr,  i  naivèye  hotte 
Po  sayi  de  r'trovcr  s'chaboltc. 

(J.-J.  Hanson.   Li  Himiâde  iravesihje.  Ch.  I,  1780.) 

Qwand  ji  m'sovins  qu'j'esteu  jône  homme, 

J'enne  alldve  hàr  et  hotte 
Et  qwand  ji  riv'néve  kipagn'té 
Mi  mévti  mi  f(*ve  li  sope. 

{L'homme  so  l\i<jne.  Ancienne  ch.) 
Comme  vos  pinsez,  l'aftaire  si  conta  hàr  et  hotte. 

(Bau.i.eiix.  /./  chepH  et  St-Aritonc.  Fàvc.  1886.) 

Po  ri'in  do  l'prumi  leune,  vos  avîz  déjà  hàze 

Di  taper  hache  et  mâche,  à  Tèqwance  d'ine  raison, 

Et  d'cori  hàr  et  hotte,  po  v'fer  qwitle  di  si  àhion. 

(M.  Thiry.  Ine  copeuue  so  rmarièfic  18S8.) 

Les  officî  braiyît,  sairîl,  cotît  hàr  et  hotte,  tôt  faut  halkiner  leu  palace. 

(Magnée.  Li  oeu'quini  de  prince  Abbé  rfi  StAv'leû.  ■1867.) 

Verviers.  Lu  K'nau. 

Ok  va  hàr,  l'aute  va  hotte,  c'esl-sl-aissi  qu'on  s'kussège, 
Ju  n'duvreu  nin  m'méler  des  aflaire  du  manège. 

(XuoFFER.  Les  biesse.  I,  se.  i"''.  18K8.) 

Jai.hay.  Louki  hàr  et  hotte. 

Var.  Tournai,  Courir  Berdin. 


402  — 


GEAI. 


1396.  C'est  rrichà  qu'est  paré  des  plome  de  l'pâwe. 

LiTT.  C'est  le  geai  qui  est  paré  des  plumes  du  paon. 
Se  dit  d'une  personne  qui   se  fait  honneur  de  ce  qui  ne  lui 
appartient  pas.  (Acad  ) 

Pr.  fr.  —  C'est  le  geai  paré  des  plumes  du  paon. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Jugîz  don  bin  à  ci  portrait, 
Quoiqu'il  y  manque  èco  des  trait, 
Qui  ci  richà,  qu'esteut  paré 
Des  plome  de  j'pàwe  po  mî  tromper... 


N'est  nin  on  sol,  ine  àgne,  ine  bûse. 
{Pasquèye  critique  etcaloienne  so  les  affaire  de  rmédicenne.  1732.) 

Cf.  Li  richà  qui  s'aveut  fait  gàye  avou  les  plome  de  l' pàwe.  {Fâve  d'à 
Lafontaine,  mettowe  es  ligeois,  parBAiLLEUX  et  Dehin.  18S2.) 

JoDOioNE.  C'est  jurau  avou  des  pleume  de  paehon. 

Basse- Allemagne.  —  Sich  mit  fremden  Federn  schmticken. 
(Mit  des  andern  Kalbe  pfliigen,  c'est-à-dire  donner  l'œuvre 
d'autrui  pour  la  sienne.) 

GELÉE. 

1397.  Il  est  v'nou  â  monde  es  timps  d'  gealêye,  tôt 
Il  plake  âx  deiigt. 

LiTT.  Il  est  venu  au  monde  en  temps  de  gelée,  tout  lui  colle 
aux  doigts. 

Ne  pouvoir  travailler  par  fainéantise,  jouer  avec  son  ouvrage, 
sa  beso-ne.  —  Avoir  des  instincts  de  rapine. 

Ses  ovrî  estît  v'nou  à  monde  es  timps  d'gealêye,  tôt  l's  y  plaquive  àx  deugt. 

(N.  Defrecheux.  Ine  jâhe  di  spot.  1839.) 

1398.  Blanke  gealêye, 
Plaîve  parèye. 

LiTT.  Blanche  gelée, 

Pluie  semblable. 
Blanche  gelée  est  de  pluye  messagièrc. 

{Prov.  de  Bovvelles.  -15J)7.) 

Cité  par  Forir.  Dict.,  qui  ajoute: 

Poyowe  gealôye 
Est  d'pau  d'durêye. 

La  gelée  blanche  dure  peu  ;  elle  est  suivie  d'humidité. 


—  403  — 

GELER. 

1399.  Pus  iieale,  pus  strind. 
LiTT.  Plus  (il)  gèle,  plus  (il)  etreiiit. 

Plus  il  arrive  de  mau.x,  plus  il  est  difficile  de  les  supporter. 

(ACAD.) 

Pr.  fr.  —  Plus  il  gèle,  plus  il  étreint. 

De  tant  plus  gelle  et  plus  estrainl. 

{Prov.  de  Jehan  Mielot.  XV*  siècle.) 

Cité  par  FoRiR.  Dict. 

Pus  geale  pus  strind  ;  froid  très  vif,  alternative  de  soleil. 

{Mathieu  Laenshenjh.  1831.) 
Tournai.  Pus  qu'i  gèle,  pus  qu'i  retreint 

1400.  Qwand  i  ^eale  divins, 
l  geale  qui  pire  tiud. 

LiTT.     Quand  il  gèle  à  l'intérieur  (des  maisons) 

11  gèle  que  pierre  tend. 
Signe  d'une  très  forte  gelée. 
Pr.  fr.  —  Il  gèle  à  pierre  fendre. 

(OiJDlN.  Curiositez Jiatiçoises.  IG-iO.) 

Elle  s'aveut  même  fait  ramessi  qu'i  gealéve  todi  à  pire  finde,  mais  elle  n'àreul 
polou  dire  si  c'esleut  d"vant  ou  après  1' novel  an. 

(DD.  Salme.  ColatMoyoït.  Ch.  187  i.) 

Verviers.  Qu'i  nive,  qu'i  geale  comme  po  pire  finde, 

Prindans  todi  l' timps  comme  i  vint. 

(Pire.  Vorci  l'hniir.  Ch.  187i.) 
Nami'r.  I  geale  à  pire  tind. 

ToiRNAi.  I  gèle  à  pierre  finie. 

GENIÈVRE. 

liOl.  I  n'  beut  nin  l'pèket,  èl  magne. 

LiTT.  Il  ne  boit  pa.s  le  genièvre,  il  le  mange. 
C'est  un  ivrogne  déterminé. 

De  crâs  pèket  il  aveut  l' five  ; 
Après  lu  lot  fér  i  geairive  : 
Ossi,  oydve-t-on  dire  les  gins 
Qu'èl  magnîve  et  n'el  buvéve  nin. 

(Ep.  Martial.  Li  xnrUl  des  récolUtic.  1859.) 

Variante.  C'est-sl-on  peket,  i  rote  hic  et  hac. 

Var.  Marche.         Gn'a  qu'aimet  ml  I"  pèket  qui  I' poain. 

(Alexandre.  P'nt  corn.  I8(iu.) 


—  404  — 
GENOU. 

140:2.  11  a  des  gros  g'no. 

LiTT,  11  a  des  gros  genoux. 

Il  sait  se  plier.  Il  a  Téchine  tlexible. 

On  dit  aussi  :  Il  a  des  longs  pîd  et  des  gros  g'no  ;  i  parvairet. 

Médiocre  et  rampant,  et  l'on  parvient  à  tout. 

(Beaumarchais.) 
Pr.  fr.  —  Il  a  les  genouils  gros,  il  profitera. 

(Ol'din.  Curiositez  françaises.  1640.) 
Tonton. 

Vos  parvinrez,  TâU,  vos  avez  des  gros  g'no, 
A  consèye  gn'a-1-assez  des  perriquî  sins  vos. 

(RemoucHAMPS.  Tcitl  Vperriqui.  II,  se.  4".  1883.) 

GENS. 

i403.  Ottanl  d'  gins,  ottant  d'  méd'cin. 
LiTT.  Autant  de  gens,  autant  de  médecins. 
Autant   de  personnes,   autant   d'avis.    —    Tôt   capila,   tôt 
sensus.  —  Quoi  howÀnes,  tôt  sentc7itiœ.  (TÉRENGE.  Plwrmion. 

II,  se.  4.) 

Tant  de  gens,  tant  de  guises. 

(Recueil  de  Grltber.  dG-lO.) 

Var.  Stavelot.         Ottanl  d'tiesse,  ottant  d"sintimint. 

Basse-Allemagne.  —  Viele  Kôpfe,  viele  Sinne. 

1404.  Telles  gins  hâbite-t-on,  telle  gins  d'vint-on. 

LiTT.  Tels  gens  on  fréquente,  tel  gens  on  devient. 

On  juge  aisément  des  mœurs  de  quelqu'un  par  les  personnes 
qu'il  fréquente.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Dis-moi  qui  tu  hantes  et  je  te  dirai  qui  tu  es. 

Brillât-Savarin  [Aphorismea)  propose  une  variante  : 
Dis-moi  ce  que  tu  manges,  je  te  dirai  ce  que  tu  es. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Marche.  Leus  amitié  n'  sont  qu'apparente, 

Po  saveur  qui  qu'  t'es,  dis  qui  l' hante. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1800.) 
Nami'r.         Digeoz-m'  qui  vos  hantez,  ji  vos  dirai  qui  vos  estez. 

Beauraing.     Ji  n'irai  nin,  Hinri,  ca  tel  hante-t-on,  d'vint-on; 

J'a  peu  do  fer  comme  vos,  do  prinde  goul  à  1'  boisson. 

(Vermer.  Lessôlêye.  18G2.) 

JODOIGNE.  Deja-me  qui  vos  hantez,  j'  dirai  qui  vos  esloz.  —  Qui  hanle-t-on, 
tel  divint-on. 


—  405  — 

K^.  J'^"'  '^r  "*■  'Y'^'î'''  *-''"  ^'*"^'''  ^^«^  •^•^^  P'^TOt.  quand  i  canteroi  co  mieux   i  finira 
bélot  pas  dire  :  chinpe,  chiripe  !  le!  hantez,  tel  devenez.  '  ^ 

(Leteluer.  Armonaque  dé  Mont.  iSliO.) 

Saint-Qcentin.  Dis  moin  qui  qu'  l' hante,  j' lé  dirai  qui  qu'  l'est. 

(GOSSEU.  Lellrei  picardes.  ) 

•  ^^ASS'\-/^LLE.MAGNE.  -  Sa-c  mil'  mit  wem  du  imigoh.sl    mui 
ich  will  dir  sagen  vver  du  bist. 

1405.  Il  aime  deux  sort  di  oins,  (lui  (loimc  cl  nui 
n  dimande  rin.  "  ' 

LiTT.  Il  aime  deux  sortes  de  gens,  (ceux)  qui   donnent  et 
(ceux)  qui  ne  demandent  rien. 
Il  est  avare,  cupide. 

Crespin. 

C'est  des  pisse-crosse,  nionsieu;  di  zei  mi  ji  n'a  d'keùre 
Tos  ces  homme  là,  vèyez-v',  n'aimet  qu'  deux  sort  di  cins 
Li  Cl  qu'  donne  li  patArd,  et  l' ci  qui  n'  dimande  rin. 

(Ed.  Hemouchamps.  Li  sâv'il.  II,  se.  6.  1858.) 

1406.  Telles  gins,  telle  écinse. 
LiTT.  Telles  gens,  tel  encens. 

Il  faut   proportionner  l'hommage  au  mérite,  à  la  dignité 

(ACAD.)  ® 

Pr.  fr  —  Selon  le  saint,  l'encens. 
A  tel  seint,  tel  ofîreid. 

(Prov.  de  France.  XIIlc  siècle.) 

A  tel  saint,  telle  offrande. 

(OUDIN.  Ciirinsicez  frnnçoiscs.  ItJlO.) 

Cité  par  Forir.  fHct. 

Var.  Tournai.      A  l'avenant  des  pourcheau,  on  donne  les  bac. 

1407.  1  fàt  tote  sort  di  gins  po  fer  on  monde. 

LiTT.  Il  faut  toutes  sortes  de  gens  pour  faire  un  monde. 
Il  faut  de  la  diversité,  un  peu  de  tout.  -  Tous  les  caractères 
sont  dans  la  nature.  —  Natura  diverso  qaudr.l. 
Cité  par  Forir.  Dici. 

Nivelles.  Enfin,  n'din  faut-i  ni  d' toutes  les  sourie  pou  ferc  in  monde? 

"'^^i'-  Est-ce  qui  dins  l' monde  i  pn'a  nin 

Di  toute.s  sole  di  gins 
Et  même  di  boutes  sote  di  biessc? 
(Sonet.  Li  guemouyc  qui  vu  .l'fé  ausxi  grosse  qu'ein  bon.  Fauff.   IS.*).".) 

Basse-Allemagne.  —  Es  mussallerlei  Leute  gebcn. 


—  406   - 

1408.  Arrivé  comme  les  gins  d' Binche, 

Tous  les  joû  comme  el  diminche.  (Nivelles.) 

LiTT,  Habillé  comme  les  gens  de  Binche, 

Tous  les  jours  comme  le  dimanche. 
Être  toujours  en  toilette. 

1409.  I  gn'a  treus  gins  malin  :  feumme,  màrticot 
el  diille. 

LiTT.  Il  y  a  trois  personnes  malignes  :  femme, singe  et  diable. 
Défiez-vous. 

Cité  par  Body.   Vocubulairt:  di's  poissard/'^  du  pdys  wallon. 
(Bulletin  1868.) 

1410.  Avoir  des  gins  à  s' corte.  (Tournai.) 

LiTT.  Avoir  des  gens  à  sa  corde. 

Avoir  des  gens  de  son  parti,  à  sa  disposition. 

1411.  On  n' kinohe  màye  les  gins  qui  qwand  on 
'nne  a  mèsâhe. 

LiTT.  On  ne  connaît  jamais  les  gens  que  lorsque  l'on  en 
a  besoin. 

C'est  dans  l'adversité  qu'on  reconnaît  ses  vrais  amis. 

1412.  Lèyîz  causer  les  gins  et  hawer  les  ché. 

(JODOIGNE.) 

LiTT.  Laissez  parler  les  gens  et  aboyer  les  chiens. 
Expression  de  mépris  pour  dire  qu'on  se  soucie  fort  peu  de 
ce  que  certaines  gens  peuvent  exprimer  sur  votre  compte. 
Nivelles  Jean. 

Faut  lèyî  dire  les  gins  eyè  abayi  les  chî,  c'est  leu  mestî. 

(Ein.  Despret.  lu  dniner  à  V exposition.  Se.  3.  1889.) 

1413.  I  fàt  lèyî  les  gins  i)0  çou  qu'i  sont. 

LiTT.  Il  faut  laisser  les  gens  pour  ce  qu'ils  sont. 
Il  ne  faut  pas  tenir  compte   de   l'importance  que  certaines 
gens  se  donnent,  mais  du  mérite  qu'elles  ont  réellement. 

Lèyans  les  gins  po  çou  qu'i  .sont, 
I  n'es  sèrèt  ni  pus  ni  mon  ; 
Loukiz  à  diale  çou  qu'çoula  fait 
So  çou  qui  troublet  leu  cervaî. 
(Thymus.  Pdsqiièye  jaite  un  jubilé  Dom  Bernard  Godin.  1764.) 

1414.  C'est  des  bravés  gins,  mais  i  fât  1'  dire  vile. 

LiTT.  Ce  sont  de  braves  gens,  mais  il  faut  le  dire  vite. 
On  ne  peut  trop  s'y  fier. 


—  407  — 


GERBE. 


1415.  Vos  estez  v'nou  à  monde  divins  'ne  jâbe  di 
strain,  tos  les  liston  sont  vos  parint. 

LiTT.  Vous  êtes  venu  au  monde  dans  une  gerbe  de  paille, 
tous  les  fétus  sont  vos  parents. 

Se  dit  des  personnes  qui  ont  une  grande  parenté,  beaucoup 
d'amis,  de  connaissances. 

Cf.  Ami  de  tout  le  monde. 

(MOUÉRE.  Aniphijtrion.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

14l().  I  n'y  a  mùye  tant  d' jàbe  qu'es  l'aousse. 

LiTT.  Il  n'y  a  jamais  autant  de  gerbes  qu'en  août. 

Se  dit  en  général  pour  exprimer  une  vérité  banale,  par 
exemple  :  chatiue  chose  doit  se  faire  en  son  temps.  —  Il  faut 
profiter  de  l'abondance. 

Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  jamais  plus  de  gerbes  qu'en  aoust. 

(Le  Père  Jean-Mahie.  Le  divertmcmeut  des  sages.  16Cu.) 

Cité  par  Forir.  Dlci. 

M.    DlUARDIN. 

Tîtnt  ([u'iios  avans  l'bonne  v6ne,  profilans  es  ;  i  n'a  màye  tant  d'jàbe  qu'es 
l'aousse. 

(T.  Brahy.  Li  bouquet.  Il,  se.  22.  1878.) 

GIBET. 

1417.  II  a  l'jubet  d'vins  les  oûye. 

LiTT.  11  a  le  gibet  dans  les  yeux. 

Il  a  un  regard  de  voleur,  de  meurtrier.  Il  a  l'air  d'un  homme 
de  sac  et  de  corde. 

Pr.  fr.  —  Le  mot  potence  est  écrit  sur  son  front. 

GOGUETTES. 

1418.  l  fàl  s' mette  so  l'honp-di-iruet. 

LiTT.  Il  faut  se  mettre  sur  son  mieux. 

Il  faut  se  mettre  en  goguettes  ;  se  faire  élégant,  être  joyeux  ; 
au  besoin  s'enivrer  légèrement.  —  L'expression  est  proverbiale. 

Dinez-m',  dit-st-i,  soixante  pistolo, 
Ji  v'tirret  d'affaire  so  m' parole, 
Comptez  m'es  trinte,  c'est  po  k'mincî, 
Et  les  trinte  aute,  qui  sont  à  drî, 
Vos  m' les  donrez  apreume  après 
Qui  vos  serez  so  l'iioup-di-t'uet. 
{Pasquéye  critique  et  cnlotenne  so  les  affaire  de  l'médicennc.  1732.) 


—   408  — 


Qwand  i  sont  'ne  fèye  so  1'  houp-di-guet, 
Parlez  à  zel,  i  n'vis  k'nohet. 

{Pnxquèye  so  les  némiiiarisse.  173S.) 

Et  rescontrant  on  joù  à  1'  poite 
Eune  di  ces  k'mdre  qu'on  lomme  pi'kctle, 
Po  (,"011  qu'elk'  llairivi-  li  pcket 
El  qu'elle  esleiil  so  l'houp-di-guel. 
(Pasquèije  po  rjubilc  dô  l' révérende  mère  di  Buvtrc.    1743.) 

Li  fiesse  nos  a  mellou  so  l'iioiip-di-guet. 

(For.iH.  Dict.) 

rATENNE. 

Toi  li  d'nant  de  pèkel? 

N'esl-ce  nin,  sins  fer  non  pieu,  el  nielle  so  1' houp-di-guet? 

(Remouchamhs.  Li  snv'ti.  I,  se.  4.  -1858.) 

("iRAHAY. 

Ji  m'  mette  so  1'  houp-di-guet, 
Ji  spéye  rai  vi  spagne-màye, 
Qu'on  k'mande  çou  qu'on  voret, 
J'a  r  caisse,  c'est  mi  qui  paye. 

(Alcide  l'RYOR.  Baiwir  so  s' pause.  -1863.) 
Elle  tapa  ses  oùye  à  d'foû  et  vèya  on  tolu  qu'aviséve  so  l' houp-di-guet. 

(G.  Magnée.  Baiiri.  d86o.) 

GOND 

1419.  Bouter  t'où  des  gond.  (Namuh  ) 
LiTT.  Mettre  hors  des  gonds. 

Exciter  tellement  la  colère  de  quelqu'un,  qu'il  soit  comme 
hors  de  lui-même.  (Acad.  ) 

Pr.  fr.  —  Faire  sortir,  mettre  quelqu'un  hors  des  gonds. 

Ji  vos  diret  lot  ute  qu'à  l'fin  ça  n'a  pu  d'noni, 
Et  qui  vos  m' frot  bouter,  si  ça  dure,  foù  des  gond. 

(Demanet.  Oppidum  Atuatucorum.  1843.) 

Marche.  To  r'prinds  lodi  sus  I'  même  ton, 

Tu  m' frais  bin  moucet  foû  des  gond. 

(Alexandre.  P'tii  corti.  dSCO.) 
Krameries.  Tout  saint  que  d'.su,  elle  me  frou  wuidie  hiors  de  mes  gond. 

(HosQUETlA.  Tambour  buttant.  1885.) 

gorgp:. 

14'20.  Moinsse  qu'enne  fiye  a  de  s'iouinac,  pusse 
qu'elle  le  muche.  (Mons.) 

LiTT.  Moins  une  lille  a  de  gorge,  plus  elle  la  cache. 

On  cherche  toujours  à  dissimuler  ses  défauts  ;  on  fait  parade 
de  ses  qualités. 


—  409  — 

nosiER. 

14'2l.  I  nos  fait  rùler  F  gosî  es  caroche. 

LiTT.  Il  nous  fait  rouler  le  gosier  en  carrosse. 

Il  nous  donne  d'excellents  vins. 

Un  jeu  de  mots  populaire,  en  passant.  Un  amateur  de  bon 
vin,  voulant  en  acheter  à  bon  marché,  dit  au  marchand  :  Vosse 
vin  tomme  (votre  vin  tombe,  perd  en  qualité).  —  Awet  (oui), 
répond  Tautre,  i  tomme  es  gosî  (il  tombe  dans  le  gosier). 

Vakiantk.         Mette  si  vinte  so  foûnie  et  s'gueùye  es  caroche. 

LiTT.  Mettre  son  ventre  sur  forme  et  sa  bouche  en  voiture. 
Faire  grande  chère. 

Variante.  Nolle  ctjlîhe  ni  poléve  mawVi  ; 

Si  vite  qu'on  coslé  div'nt've  roge, 

Il  adawéve,  nosse  mal  appris, 

Qu'alléve  mette  si  bêche  es  caroche. 

(Thiry.  On  vl  mohon.  Fùvc.  18»i3.) 
Variante.  Houbert. 

Cisse  commission  là,  j'el  fret  po  rin,  ca  ji  m'rafèye  di  mette  mi  jaîve  es  caroche 
po  fini  joûrn(^ye. 

(Willem  et  Rauwens.  Li  galant  d'à  Fifine.  Se.  9.  188'2.) 

Variante.  On-z-y  vèyéve  ine  tauve  d'ine  longueur  6wart^ye,avou  des  bais  monchcu 
tôt  àtoû  et  coviette  di  tote  sort  di  bons  saquoi,  qui  rin  qu'à  les  louki,  on  pinsdve 
aveùr  si  jaîve  enne  on  caroche  lot  doblé  d'maro(iuin. 

(Renier.  Gariite  Mnniulet  à  banquet  wallon  di  1860.  Bâvion.  1861.) 

Var.  Nivelles.  On  n'  put  mau  de  t'nu  s' verre,  ou  bin  s' fourchette  es  s' poche, 
El  goyî,  l'esloumac  vont  tout  fer  à  caroche. 
(Renard.  Lex  avent.  de  Jean  d' Mvelles.  Ch.  VII.  .3"  6i\.  1890.) 

li"2''2.  C'est-st-on  houle  gosî,  mais  (|ii'avale  drciit. 
LiTT.  C'est  un  gosier  boiteux  (tortu)  mais  qui  avale  droit. 
C'est  un  bon  buveur, 

Namur.  Il  a  r  gosî  d' truviel. 

Mais  il  avale  droit. 

GOUJON. 
1423.  Fer  avaler  1'  govion. 

LiTT.  Faire  avaler  le  goujon. 

Faire  croire  une  chose  ridicule  ou  impossible,  mystifier.  — 
Faire  tomber  dans  un  piège.  (  Littrk  ) 
Pr.  fr.  —  Faire  avaler  le  goujon. 

(I.F.Horx.  [>ict  cotnique.) 

Cité  par  Fohir.  hid. 

Ni  criez  nin  si  haul.vos  m'avez  fait  avaler  'ne  paille, et  ji  v's  a  fait  avaler  1' govion. 

(Remacle.  Dict.) 


410  — 


Po  l'joù  wisso  qu"i  sèireut  obli^î  de  l' fer,  il  aveut  lot  l' timps  d' ti'iser  à  l'assàh'nège 
'l'on  bal  liait!  govion  qu'i  coinpléve  biu  l's  y  fer  avaler  avou  on  lapisse  di  bagou. 

(G.  Magnée.  Li  cren'uuini  de  prince  âbbé  d'i  Sldv'leû.  1867.) 

Makèye-Jenne. 

Ji  sos-sl-ine  ènoccinc,  j'a  co  houmé  l' govion, 
Et  j'el  creus  bin,  j'ùret  lote  mi  vèye  dô  guignon. 

(Toussaint.  Hinri  et  DadUe.  I,  se.  4.  4870.) 

Namur*  Por  li,  lot  es  gobant  tôt  gintimint  l' govion, 

I  voit  li  camp  d'  nos  père  di.scu  l' tienne  d'Hastedon. 

(Demanet.  Oppidum  Atuatucorum.  1843.) 

Vak.  Namur.  Vraimint  est-ce  qui  l' bonhomme  s'imagineûve  qudquc  fiye, 
Qu'a  nosse  toîir,  nos  eslans  des  avaleu  d'inwîye? 

(Demanet.  Oppidum  Atuatucorum,  1843.) 

Vak.  Namur.  Après  ça  qa'il  avale  one  ossi  belle  coloûte, 

Ça  n'a  rin  qui  m' surprind  ;  il  est-st-one  miette  cahoûte. 

(Demanet.  Oppidum  Atuatucorum.  1843.) 

MoNS.  Mais  pourqué  c'  qu'on  dit  quand  quoiqu'un  s'a  laiyé  gourer  pau  1'  preumier 
jour  d'avri,  qu'on  lî  a  siervi  in  poisson  d'avril  ?  Est-ce  pasqu'il  a  fait  c'qui  s'appelle 
à  Mons  :  avaler  enne  anguye,  autreminl  dit  gober  n'  belle  craque  pou  n'  \6ril6  ? 

(Letelliek.  Armoîiaque  dé  Mo»s.  1860.) 

Douai.  Acoutez  m'z  infant,  j'  cro  bin  qu'un  nous  in  fait  invaler  comme 
i  faut  d'z  anguilles. 

(Dechristé.  Souvenirs  d'u)i  homme  d' Douai.  1854.) 

RoucHi.  Avaler  des  gouvions. 

(Hécart.  Dict.) 

Metz.  En  beillant  vas  presens,  v'  evaleus  lo  govion. 

(Brondex.  Chan  Heurlin.  Poème  1787.) 

GOURME. 

1424.  Taper  ses  brîhe. 

LiTT.  Jeter  sa  gourme. 

Gourme.  Mauvaises  humeurs  qui  viennent  aux  jeunes 
chevaux  lorsqu'on  fait  trop  brusquement  succéder  une  nourri- 
ture sèche  et  échaudante  à  l'herbe  dos  pâturages.  —  //  jelle  sa 
gourme.  Se  dit  d'un  jeune  homme  qui  vient  d'entrer  dans 
le  monde  et  qui  y  fait  beaucoup  de  folies  et  d'extravagances: 
a  Ce  ne  suru  rien,  il  (aut  que  les  jeunes  gens  jettent  leur 
gourme.  »  (H.  DE  Balzac.) 

(Poitevin.  Dict.  français.) 

Les  brîhe  vis  mostret  tôt  so  des  fasses  coleûr. 

Elle  sont  si  vite  passôye! 

(Thiry.  lue  copenne  so  V  mariège.  1858.) 


—  411  — 

A^  f'.  Le  mot  brihe  (bnxhc)est  interprété  par  M.  Cli.  (Jrand- 
GAGNAGE  (Dict.  étymoL,  p.  77)  :  époque  où  les  deuxièmes  dents 
poussent  aux  chevaux 

Cité  [)ar  Fûrir.  Dict. 

JoDoiGNE.  Taper  s' fel. 

MoNS.  Il  a  ch'lé  ses  gourme.  —  I  féet  ses  gourme. 

GOUT. 

1425.  C'est  1'  gosse  qui  fait  1'  sâce. 

LiTT.  C'est  le  goût  qui  fait  la  sauce. 

Le  bon  appétit  est  le  meilleur  des  assaisonnements.  —  Palais 
émoussé  trouve  tout  insipide. 

Pr.  fr.  —  C'est  l'appétit  qui  fait  la  sauce. 

1426.  Chaque  si  gosse,  fait  l' trôye  qui  ui;iL;iiive 
on  stron. 

LiTT.  Chacun  son  goût,  fait  (dit)  la  truie  qui  mang('ait 
un  étron. 

Pr.  fr.  —  Aux  cochons  la  merde  ne  pue  pas. 

(Dict.  port,  desprov.  1751.) 

Tous  les  goûts  sont  dans  la  nature  ; 
Le  meilleur  est  celui  qu'on  a. 

(Pawakd.) 

Chacun  a  ses  plaisirs  qu'il  se  fait  à  sa  guise. 

(Molière.  L'école  des  femmcn.  I,  se.  U.) 

De  (justibus  non  est  disputand\t)n. 

Variante.  Chaque  si  gosse, 

Onk  dé  stron,  l'aule  des  mosse. 

Chakeunesi  gosse,  chakeune  si  passe-timps. 
Mi,  ji  fieslôye  on  bon  verre  di  vin. 
Chakeune  à  s'  manire, 
Chûsihe  si  plaisir. 

(HoCK.  Le.'^ piissc-timps.  Ch,  1856.) 

Chaque  si  gosse,  s'apin.se  l'autejoû  ine  trùye, 
Qui  ramassdve  ine  cache  divins  "ne  vôye. 

{Li  balaye  iti  co<i.  Conte.  I8I»7.) 

Variante.  On  resconteiire  tos  les  gos.se  avà  l'tc-rre, 

C'est  po  coula  (lu'rin  n'dinieùre  à  marchl. 

(\\'u.i.EU.  Manire  de  vikcr.  Chanson.  1880.) 

Verviers.  So  Tchùse,  i  n'faut  nin  r'gretli, 

Chaque  prind  à  s"  gosse  au  marchl. 
N'duspilez  so  l' gosse  de,  Thirc, 
Chaque  sale  su  sope  a  s'  manire. 

(J.-S.  RtSItli.  .Spoti  rimes.  1871.) 


41 1> 


Var.  Mahciie.        Li  fou  ([u'  n'a  pont  d' maii  s'enne  attire; 
D'viiis  t't  à  fait,  chacun  à  s' manîre. 

(Alexandre.  P'tit  corti.  1860.) 

Nami'k.  1  n'  faut  nia  disputer  les  goul.  —  En  fait  d' goût  1  gn'a  pont  d' dispute. 

A  Huppaye  (près  de  Jodoigne)  on  ajoute  au  proverbe  :  inte  deux  mèche  (miches). 

GOUTTE. 

1427.  1  fàt  ine  an  po  crèhe  ine  gotte. 

LiTT.  Il  faut  un  an  pour  croître  une  goutte  (un  peu  ;  jeu  de 
mots).    • 

Se  dit  pour  engager  quelqu'un  à  vider  complètement  son 
verre. 

Le  vrai  sens  de  ce  pi^overbe  serait,  nous  dit-on  :  il  faut  toute 
une  année  pour  obtenir  une  goutte  de  vin  (pour  faire  miirir  un 
seul  grain  de  raisin). 

Qwand  j'  beus,  j'aîme  èco  pus  V  bon  Diu, 
Qu'a  fait  les  troque  pleinle  di  bon  jus. 
Ragottans-l'bin,  cisse  vènôràbe  botèye, 
Po  crèhe  ine  gntte,  i  fàt  ine  an  d'nosse  vèye. 


(A.  HoCK. 


GOUTTE. 

1428.  Po  l'ci  qu'a  les  gotte, 

Docteur  ni  veut  gotte. 

LiTT.  Pour  celui  qui  a  la  goutte, 

Le  docteur  ne  voit  goutte. 


(FoRiR.  Dicc.) 


Aux  fièvres  et  à  la  goutte, 

Les  médecins  ne  voient  goutte.  (Littré.) 

Au  mal  de  goutte 

Le  mire  ne  voit  goutte. 

(OUDIN.  Curiositei  françaises,  1640.) 

Tollere  nodosam  nescit  medicina  podagram. 

(Ovide.) 

GRAIN. 

1429.  I  n'y  a  nou  grain  qui  n'âye  si  strain. 

LiTT.  Il  n'y  a  pas  de  grain  qui  n'ait  sa  paille. 

Il  n'y  a  rien  de  parfait  ici-bas.  —  Point  de  plaisir  sans  peine. 

Il  faut  dus  ombres  dans  un  tableau. 

Pr.  fr.  —  Chaque  grain  a  sa  paille. 

Marche.  Li  meyeu  grain  a  todi  s'pàye. 


—  413  — 

JoDOiGNE.  N'a  se  bia  grain  qui  n'auye  se  paye. 

Tournai.  I  n'y  a  pas  d'graine  qui  n'eut  s'palle. 

Picardie.  Chaque  graind  d'bl**,  il  o  s' paille. 

(CORBLET.   Glofs.    18:)1.) 

1430.  Ci  n'a  màye  situ  ITiesse  d'Ampsin, 
Qu'on  n'àye  vèyou  de  novaî  grain. 

LiTT.  Ce  n\a  jamais  été  la  lèlu  d'Ampsin 

Qu'on  n'ait  vu  du  nouveau  grain. 
La  fête  du  village  d'Ampsin  tumbe  toujours  le  dimanche  le 
plus  rapproché  de  la  fête  de  St-Pierre  (29  juin). 

1431.  Mougnî  s'grain  en  hièbe.  (Mahche.) 

LiTT.  Manger  son  grain  en  herbe. 
Dépenser  son  revenu  d'avance.  (Littré.) 
Pr.  fr.  —  Manger  son  blé  en  herbe. 

Yak.  Mons.  I  n'faut  nié  minger  ses  blé  verl. 

GRANGE. 

1432.  Li  grègne  de  bon  Dieu  est  tote  au  lauge. 

(JODOIGNE.) 
LiTT.  La  grange  du  bon  Dieu  est  toute  au  large  (ouverte). 
Réponse  que  l'on  fait  aux  mendiants  et  aux  gens  qui  disent 

ne  pas  trouver  d'ouvrage  en  plein  mois  daoùt,  époque  où  l'on 

manque  souvent  de  bras  pour  faire  la  moisson. 

1433.  Li  grègne  n'est  jamais  si  pleine  (ju'on  n'y 
boute  cor  one  jaube.  (Jodoigne.) 

LiTT.  La  grange  n'est  jamais  si  pleine  qu'on  n'y  puis.se  encore 
mettre  une  gerbe. 

Invitation  à  reprendre  d'un  plat  à  un  banquet. 

GRAS. 

1434.  Craus  comme  one  cwaye.  (Makciie.) 

LiTT.  Gras  comme  une  caille. 

Très  gras.  —  Cette  comparai-son  est  devenue  proverbiale, 

GRENOUILLE. 

1435.  C'est  nî  de  s'  faute  cpii  les  raîne  n'ont   jxuil 
d' quèwe.  (JoitoKjM;.) 

LiTT.  Ce  n'est  pas  de  sa  faute  si  les  grenouilles  n'ont  pas 
de  queue. 


—  414  — 

C'est  un  homme  simple,  naïf,  crédule,  incapable  de  commettre 
la  moindre  méchanceté. 

Tournai.  Ch'  n'est  pas  li  1'  causse  que  les  guernoule  i  n'ont  pos  d'  queue. 

Variantes.  Ci  n'est  nin  lu  qu'a  pris  Màestrécht 

Ci  n'est  nin  lu  qu'a  pihî  l' Moiîse. 

GRIPPE-SOUS. 

1436.  C'est-st-ine  agrige  patârd. 

LiTT.  C'est  un  grippe-sous. 

C'est  un  homme  qui  fait  de  petits  gains  sordides.  (Acad.) 

Grippe-sous,  fesse-Mathieu,  pince-maille,  harpagon. 

GRIVE. 

1437.  Qwand  on  n'a  nin  des  châpaîne,  on  niagne 
des  mâvi. 

LiTT.  Quand  on  n'a  pas  de  grives,  on  mange  des  merles. 

Il  faut  se  contenter  de  ce  qu'on  a. 

Pr.  fr.  —  Faute  de  grives,  on  prend  des  merles. 

Cité  par  Forir.  Dlct. 

Verviers.  Fer  1'  gueùye  du  raine, 

J'aureus  V  timps  long; 
Faute  du  champaîne, 
L'  mauvi  sole  bon. 

(Pire.  J'aîme  les  crôptre.  Ch.  4884.) 

Marche.  Faute  di  grive  on  magne  des  mauvî. 

Var.  Marche.       Li  trop  grande  seu  fait  beùru  os  l' basse. 

Var.  Namur.  Faute  di  poain  d'frumint,  on  mougne  do  poain  di  spiette. 

Var.  JouoiGNE.         Faute  de  bure  on  ininge  de  fremage. 

Frameries.  a  d(?i'aul  d' grive,  vos  aval'rez  des  merle. 

(BosûUETiA.  Tambour  battant.  -1885.) 

Var.  Tournai.  Quand    on  n'a  pos  pour  faire  du  boulli(^ûn,  on  fait  de  1'  berzile 
(soupe  maigre). 

(Pierre  Rrunehault  (Leroy).  Ein  méuache  d' francs  paitje.  Se.  20.  4891.) 

Saint-Quentin.     Qwand  qu'ein  n'a  pau  d'ail,  y  faut  dausse  d'oignon. 
GROIN. 

1438.  C'est-st-on  capitaine  di  longs  grognon. 

LiTT.  C'est  un  capitaine  de  longs  groins  (museaux). 
C'est  un  gardeur  de  pourceaux. 


—  415  — 
GRUMEAU. 

1439.  Au  fond, 

Les  malon  y  sont.  (ToufiNAi.) 

LiTT.  Au  fond  les  grumeaux  sont. 

C'est  au  tond  que  vous  trouverez  le  mauvais  de  votre 
entreprise. 

GUÉ. 

1440.  Il  a  sinti  les  wé. 

LiTT.  Il  a  sondé  les  gués. 

Il  veut  savoir  ce  que  nous  pensons. 

Sonder  le  gué.  Faire  quelque  tentative  sous  main  dans  une 
alTaire,  pressentir  les  dispositions  où  peuvent  être  ceux  de  qui 
elle  dépend.  (Agad.) 

Li  hesbignon  chergea  ine  kinohance  di  sinti  les  wé. 

(Magnée.  Li  houlotie.  1876.) 

GUERRE. 

1441.  Dipeus  les  viyès  guerre.  (Namur.) 

LiTT.  Depuis  les  vieilles  guerres. 

Depuis  fort  longtemps. 

Cette  phrase  proverbiale  à  Namur  depuis  plus  d'un  siècle, 
l'est  aussi  dans  plusieurs  villes  de  France.  Il  est  donc  difficile 
de  pouvoir  déterminer  à  quelles  guerres  on  fait  allusion. 

Charleroi.        Du  timps  passet,  et  d'vanl  les  viyès  guerre, 

Qu'Ies  gins  mougnint  des  gland,  des  fouye,  des  hièbe  dé  pré. 
(Berni'S.  L'chévau  qui  s'ervinche  m  ein  cerfe.  Faufe.  1873.) 

MoNS.  Quée  plaisi  d'avoir  ein  appétit  pareil,  qu'i  disoit  in  li  môme;  il  a  pou 
croire  qu'i  n'ont  nié  mingé  d'puis  les  vieilles  guerre. 

(Leteluer.  Armonaque  dé  Mous.  <8C7.) 

Tournai.  On  din'ot  que  c'coquin  la,  i  n'a  pont  mingé  d'pus  les  vieilles  guerre. 

{L'histoire  d'un  ossicau.  1883.) 

Doi'Ai.  In  intranl  dins  l'foire,  ehel  pou  riinontrer  eune  masse  d'gins  qui  mingcnt 
du  pain  n'épice  comme  s'y  n'avottcut  point  niié  d'puis  les  vieilles  guerres. 

(DechrystÉ.  Soiiv'uirs  d'un  homme  d'  Douai.  ISîlr.) 

1442.  1  n'y  a  noUe  si  n)âle  guerre  qu'ennès  r'vinsse 
nouk. 

LiTT.  Il  n'y  a  pas  de  si  mauvaise  guerre  (de  guerre  si  meur- 
trière) qu'il  n'en  revienne  aucun. 

Quelque  ingrat  que  soit  le  sol,  labourez  et  semez;  il  sortira 
toujours  quel(|ue  chose  de  terre. 


—  410  — 

1443.  I  n'y  a  màye  avu  ine  si  lirande  guerre  qu'on 
ii'àye  vinou  à  'ne  paye. 

LiTT.  II  n'y  a  jamais  eu  si  grande  guerre  qu'on  n'en  soit  venu 
ù  une  paix. 

Embrassons-nous  et  que  cela  finisse. 

Ou  ne  fait  la  guerre  que  pour  taire  enlin  la  paix.  —  Il  faut 
toujours  finir  par  s'accorder.  (Littré.) 

Et  comme  i  n'y  a  màye  si  mâle  guerre. 
Qu'on  n'  vègne  à  paye,  ou  qu'on  n'  l'espère, 
Li  brave  Alonze  s'accommoda, 
Et  rintra  dins  tos  ses  état. 

(J.-J.  Hanson.  Les  lusiitde  es  vers  lîyeois.  Ch.  III.  1783.) 

Ine  avoué  qu'aveul  V  mora, 
D'héve  à  ses  èfant  :  n  plaitîz  màye, 
y  ses  bln  çou  qu'àx  aute  ennès  costa. 
Tote  guerre  deul  fini  par  li  paye, 
Sèyîz  malin,  k'minciz  por  là. 

(N.  Defrecheux.  Ni  pluitlzmûye.  dSCS.) 

GUÊTRE. 

1444.  C'est  fini  po  1'  guette,  les  hoton  sont  jus. 

LiTT.  C'est  fini  pour  la  guêtre,  les  boutons  sont  à  bas(tombps). 
Se  dit  de  ce  dont  on  ne  peut  plus  tirer  parti.  —  C'est  une 
affaire  finie. 

1445.  Trossi  ses  guette. 
LiTT.  Trousser  ses  guêtres. 
S'en  aller,  s'enfuir.  (Acad.) 

I^r.  fr.  —  Tirer  ses  chausses,  ses  grègucs. 

Le  galant  aussitôt 

Tire  ses  grègues 

(Lafontaine.  Le  coq  et  le  renard.  II,  fab.  -iS.) 
Cité  par  FoRiR.  Dicl. 

Coula  dit,  tresse  ses  guette, 

Et  vola  qu'i  r'vvangne  si  trô. 

(Dehin.  Licoqct  li  r'nâ.  Fàve.  iStJl.) 

Crespin. 
Ainsi  hoûye,  i  fait  baî,  et  puis  c'est-st-hoùyc  londi, 
Ji  m' vas  trossî  mes  guette  et  ,j' vas  m'aller  d'verti. 

(Remouchamps.  Lisâv'it.  I,  se.  1"-'.  -1858.) 

S'elle  ni  v'  dût  nin,  v'  polez  trossî  vos  guette, 
Il  est  co  timps,  vos  polez  co  v'  sàver  : 
Vàt  mî  coula  qu'  di  s' fer  spyi  l' hanette. 
A  trop  vite  si  marier. 

(Mercenier.  Chanson.  1801.) 


417  — 


Louise,  sièrvante. 
Qwand  i  sèret  v'nou,  ji  lî  dîret  qu'  s'i  n'  vont  nin  d'mander  l'intrt^ye  so  l' cùp,  qu'i 
pout  trossl  ses  guette  cl  passer  l'aiwe. 

(Baron.  Les  deux  cuseime.  I,  se.  3.  1883.) 
Variante.  Li  liesse  avà  les  qwàre,  i  trossa  ses  hosai  et  gripa  vos  l'fagne. 

(Magnée.  Li  crofquiul  de  prince  âbbé  di  Sldv'leii.  d867.) 
Variante.  Louise. 

C'est-st-hoùye  mi  fiesse,  et  s'i  n'  vint  nin  m' busquinler,  comme  l'ainêye  passèye, 
i  poret  bin  r'pioyî  s'herna. 

(Willem  et  Bauwens.  Les  lourciveux.  Se.  3.  1882.) 
Verviers.  Ji  trosse  mes  guette  et  j'  cours  bin  vile. 

(Pire.  Les  pèho  d'avri.  Ch.  1884.) 
Namur.  Allons,  ofant,  lians  l'appel  et  s'trossans  nos  guette,  il  est  timps. 

(WéROTTE.  One  roujjfe  diforcliu.  Ch.  1807.  4*  6ii.) 
Nivelles.    Ainsi,  cousin  Jean  Jean,  ritroussons  rate  nos  guette, 
Et  sus  Nivelles  filons,  sins  flûte  ni  clarinette. 

(Renard.  Les  avent.  de  Jeun  d'  Nivelles.  Chant  \^'.  1857.) 

Douai.  Si  un  arot  attrapé  ch'  carbonnier,  y  pourrot  Ole  sûr  qu'un  1"  demolichol, 
mais  il  avot  tiré  ses  guette  a  temps  in  veianl  comme  chat  allot  aller. 

(DechristÉ.  Souvenirs  d'un  lioinnw  d'  Douai.  18oG.) 
Saint-Quentin.  Tirez  vos  guète. 

Basse- Allemagne.  —  Sich  auf  die  Socken  machen. 

HABIT. 

1446.  1  fàt  fer  l'boton  comme  on-z-a  l'habit. 

LiTT.  Il  faut  faire  le  bouton  comme  on  a  l'habit. 
Il  ne  faut  pas  faire  plus  qu'on  ne  peut.  Il  faut  qu'il  y  ait 
convenance,  rapport,  harmonie  dans  tout  ce  qu'on  fait. 

1447.  L'habit  n'fait  nin  l'mône. 

LiTT.  L'habit  ne  fait  pas  le  moine. 

LoYSEL  ajoute  :  mais  la  profession.  Inst.,  reg.  346. 

On  ne  doit  pas  juger  les  personnes  par  les  apparences,  par 
les  dehoi^s.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  L'habit  ne  fait  pas  le  moine.  —  On  ajoute  quelque- 
fois :  mais  il  le  pare. 

Il  ne  faut  pas  juger  des  gens  sur  l'apparence. 

(Lafontaine.  Le  paysan  du  Danube.) 
Non  tonsura  facit  monachimi,  non   liorrida  vestis, 

Sed  virtus  aninii,   pei'f)eluusqu<:   riqor. 
Mens  humilis,  mundl  co)dempluti,  vita  inidica, 

Snnctaque  sobrieias,  hœc  facinyd  monachum. 
(B.  Anselme.  De  coniempiu  mundi.  —  Al'.  Loysei..  Iii-it.  L.  C.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

il 


418  — 


L'habit  ni  fait  nin  l'mône, 
Dihet  les  vèyès  gins 
Qwand  leus  ftye  sont  hàtaine  ; 
Mais  ci  n'est  pus  d'nosse  timps. 

(Demoulin.  Es  fond  Plrctte.  Se.  G.  -1858.) 
Variante.  Tonton. 

Vos  polez  fer  d'vos  pîd,  d'vosse  liesse, 
.  Vos  n'sèrez  niâye  qu'on  perriquî. 

On  niùrticot  est  todi  'ne  blesse 
Quoiqu'il  monchcu  i  sei"iye  moussî. 

iRemouchamps.  Tâtl  l'perriqtii.  II,  sc.  I.  iSaS.) 

Vervikrs.  Gins  du  niaulc  foi,  y  vièrez-v'  one  leçon? 

Nenni,  l'habit  nu  fait  nin  l'mône 
Et  l'pus  fin  des  trôpeûr,  trouve  todi  s'punition. 

(Poulet.  U  leu\>  iVgiiisé.  18G2.) 
Marche.  (^u  qu'fail  l'moine,  c'n'est  nin  l'habit. 

Charleroi.  Berau. 

Esqu(j  dins  l'nidd'cine,  l'habit  n'fait  nin  l'inoinc? 

(Bernus.  U malade  Saint-TInbau.  III,  sc.  21.  4870.) 
MoNS.  L'habit  n'fait  nié  l'mône. 

Basse- Allemagne.  —  Kleider  machen  Leute.  (Le  contraire 
du  proverbe  wallon.) 

HABITUDE. 

1448.  L'iiabitouance  fait  raccoutumance.  (Mons.) 

LiTT.  L'habitude  fait  la  coutume. 

On  finit  avec  le  temps  par  s'habituer  à  toute  position. 

1449.  L'habitude  est-st-ine  deuzême  nateùre. 

LiTT.  L'habitude  est  une  seconde  nature. 

Se  dit  pour  marquer  le  pouvoir  de  l'habitude.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  L'habitude  est  une  autre  nature. 

Graoissimuni  est  imperiuni  consucludinis. 

(PUBLIUS  Syrus.) 

Coutume  est  une  autre  nature. 

{Mimes  de  Baïf.  1597.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Marche.  N'y  a  rin  d' pus  foirl  qui  l'habitude. 

Basse- Allemagne.       Gewohnheit  ist  die  andere  Natur. 

HACHE. 

1450.  Èvoyî  r  heppe  après  1'  cougnèye. 

LiTT.  Envoyer  la  hache  après  (vers)  la  cognée. 

Renoncer,  sans  pouvoir  y  revenir,  à  une  entreprise  qui  a 


—  419  — 

occasionne  quelques  désagréments.  —  Laisser  tomber  un  édifice 
parce  qu'il  a  besoin  de  réparations. 

Pr.  fr.  —  Jeter  le  manche  après  la  cognée. 

Ne  jetez  pas,  mon  cher  Enée, 
Le  manche  après  votre  cognée. 

(SCARRON.  Virgile  traresti.) 

Cf.  Rabelais.  Prologue  du  livre  IV. 

Saint-Quentin.  I  gn'i  a  mi  là  d'quoi  rué  l'meinche  après  l'queignée. 

(GossEU.  Lettres  picardes.  1844.) 

HAIE. 

1451.  Les  hàye  louciuel, 

Les  boulion  hoûtet. 
LiTT.  Les  haies  regardent,  les  buissons  écoutent. 
Il  faut  se  défier  des   plus   petites  choses.   —  On  ne  peut 
prendre  trop  de  précautions  pour  confier  un  secret  à  quelqu'un. 
Le  bois  a  des  oreilles  et  le  champ  des  yeux. 
Buisson  a  oreilles. 

(Prov.  gallic.  1519.) 
Ces  murs  mêmes,  seigneur,  peuvent  avoir  des  yeux. 

(Raune.) 
Variante.  Les  meûr  pârlet  et  les  hàye  hoûtet. 

(FORIR.  Dictionn.  18GÛ.) 

Verviers.  Ès  consèye  du  bourg  ou  d' vèye, 

Des  meûr  ont  co  des  oréye. 

(Renier.  S/wtx  rimé*.  1871.) 

l4o'2.  I  mourret  conte  ine  hàye. 

LiTT.  Il  mourra  contre  une  haie. 

Il  mourra  sur  la  voie  publique  ;  ce  sera  un  vagabond. 

Se  dit  proverbialement  d'un  ivrogne. 

Por  zel  div'nou  bomel,   mâhaili,  plein  d'nièhin, 
I  mourront  conte  ine  ii.'iye  ou  Reickhem  les  ralind. 

(Delarge.  lue  copeune  conte  les  pèk'ieu.  1873.) 

HAÏR. 

1453.  On  n'sâreul  hayi  çou  qu'on-z-a  aimé. 

LiTT.  On  ne  saurait  haïr  ce  qu'on  a  aimé. 
Il  reste  toujours  un  peu  de  tendresse  au  fond  du  cœur.  Une 
affection  sincère  ne  peut  s'éteindre. 

Qu'une  flanmic  mal  l'Icinti' 
Est  facile  à  rallumer, 
El  qu'avec  peu  de  contrainte 
On  recommence  a  aimer. 

{Recueil  de  pièce*  galante*.  XV'IIh  siècle.) 


—  4^20 


Et  l'on  revient  toujours 

A  ses  premiers  amours.  {Joconde.  Opdru.) 

1  m'a  tromp(^  c'est  vraie;  mais  li  proverbe  nos  dit  : 
Qui  çou  qu'on-z-a  aimé,  on  n'el  sâreut  hayi. 

(Dehin.  Les  chiroux  et  les  griguoiix.  4850.) 

HANNETON. 

1454.  Fer  d'ine  balowe  on  moye  à  stron. 

LiTT.  Faire  d'un  hanneton  un  ver  bousier. 

Rendre  plus  mauvaise  encore  une  chose  déjà  mauvaise. 

HARDES. 

1455.  Elle  ritail  bin  ses  hâre. 

LiTT.  Elle  rehausse  bien  ses  bardes. 

Par  sa  grâce,  elle  rend  élégants  les  vêtements  qu'elle  porte. 
Variante.  Elle  est  prôpe  avou  rin. 

Var.  Tournai.  I  est  prope  avec  eine  loque. 

II  lui  faut  peu  de  chose  pour  se  vêtir  convenablement  ;  c'est 
un  dicton  à  l'adresse  des  gens  de  la  paroisse  St-Piat. 

HARDI. 

1456.  Esse  franc  comme  on  tigneux. 

LiTT.  Etre  hardi  comme  un  teigneux. 

Rtre  hardi  jusqu'à  l'impudence.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Être  effronté  comme  un   page.  —  Fier  comme  un 

pou.  (Qditard.  Dict.  p.  394.) 

Et  les  sôdàr  nin  mon  joyeux, 

El  suvet  francs  comme  des  tigneux. 

(HansoN.  Li  Ilinriade  travestèye.  I.  4  780.) 

Colas. 

Eh  bin,  a-jc  bin  jàsé  '! 

Jeannette. 

V's  avez  l'front  d'en  tigneux. 

(Delciief.  Li  galant  de  V  siervante.  II,  se.  8.  4  857.) 

Jône  et  halcros.se, 
Fidèle  à  posse. 
Francs  comme  tigneux, 
N'euhe-t-i  co  qu'onk  po  treus. 

(Thiry.  Li  Pèron.  Chanson.  4889.) 

N'âyîz  nolle  pawe,  po  v'waranti  d' tôt  cmacrallège,ji  v'va  d'ner  on  scapulaire  qui 
vos  poirrez  roter  awou,  franc  comme  on  tigneux. 

(Magnée.  Battri.  4865.) 


-  4^21 


Variante.  lȈrlansossi  don  fameux  homme, 

Aveu  les  deux  k'mére  di  s'mohonne, 
Il  esliul  los  les  treus 
Pus  franc  qu'des  galeux. 
{Pasquèye  à  rocctixion  de  V  confinnûtion  de  prince 
Châle  d'Oultremont.  i763.) 
Variantes.  Hardi  comme  on  page  di  cour. 

(Cambresier.  Dici.  nS?.) 
Franc  comme  li  inàva  h'irron.  (Remacle.  Dict.  1839.) 

Variante.  On  vraie  wallon  va  s'vùye  lot  dreût, 

11  est  pus  franc  qu'  l'oùhai  so  l'cohe. 

(A. -P.  Les  Wallon.  18o9.) 
MoNS.  Franc  comme  ein  ligneux. 

HASARD. 

1457.  Hazàrd  hazette. 

LiTT.  Au  hasard. 

Il  en  arrivera  ce  qui  pourra.  —  Vaille  que  vaille. 

Cité  par  Forir.  Dtct. 

Hazârd,  hazette,  ,ji  fret  forteune  ouj'iret  liriber. 

(Remaoi.e.  iHct.  1839.) 
Mathias. 

I  fàt  esse  raisonnàbe,  on  n'pout  tôt  fdr  gangni, 
Hazârd,  hazette 
On  gùgne,  on  piettc. 

(Delakge.  LcsCoqii'lt.  186o.) 
Géra. 

Ma  foi,  hazàrd,  hazette...  pusqui  ji  l'a  roùvî 
I  fàl  bin  qu'j'el  rid'niande,  i  n'mi  sàreut  magni. 

(Ed.  lîEMOUCHAMPS.  Les  (imotir  d'à  Gèid.  1,  se.  11.  1875.) 

Namur.  Faut-i  aller  quoire  St-Pîre  à  Rome  ou  prinde  s'corache  ii  deux  moain  et 
risquer  l'paquet  ?  Hazàrd,  hazette. 

{La  Marmite.  Gazette.  1891.) 

JoDoiGNE.  A  l'vau  justau  !  Hazàrd,  hazette. 

1458.  C'est-st-â  lard 
Qu'on  fait  les  hazârd. 

LiTT.  C'est  au  tard 

Qu'on  fait  los  hasards. 
Il  ne  faut  pas  se  presser.  —  Parfois  sons  équivoque. 

IIKRBE. 

linO.  Côper  riiiùbe  diso  l'pîd. 

LiTT.  Couper  Thorbe  sous  le  piod. 

Supplanter  quelqu'un  dans  quel(|ue  aiïairo.  (  .\gad.) 


—  422  ~ 
Couper  l'herbe  sous  le  pied. 

(OUDIN.  Curiontez  françaises.  4640.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Tandis  que  le  fils  de  Vénus, 

Sous  le  pied,  le  va  coupant  l'herbe.  (Scarron.) 

,  Mayon. 

Et  Chanchet  n"  veut  nin  qu"  l'aute  vint  cial  po  H  côper  les  hièbe  diso  1'  pîd. 

(Demoulin.  .//  vaux,  ji  n' poux.  II,  se.  3.  -1858.) 

Variante.  Guillaume. 

Comme  ine  estourdi,  ji  lî  consèye  di  côper  li  wazon  d'so  V  pîd,  j'el  rècorègèye. 

(Salme.  Malsse  Pierre.  I,  se.  6.  dSTG.) 
Jalhay.  Bièth'mé. 

I  nos  fàt  portant  cômper  1'  wèzon  d'so  i'  pîd  à  Thiodôre.  Hoùtoz,  su  vos  n'  voloz  nin 
sèchî  à  m'coide,  jo  1'  fret  tôt  seu. 

(Xhoffer.  Les  deux  soroche.  I,  se.  4.  18(H,) 

1460.  11  a  roté  so  'ne  mâle  hièbe. 

LiTT.  Il  a  marché  sur  une  mauvaise  herbe. 

II  lui  est  arrivé  quelque  chose  qui  le  met  de  mauvaise 
humeur.  On  dit  aussi  d'un  homme  qui  est  de  mauvaise  humeur 
sans  qu'on  sache  pourquoi:  sur  quelle  herbe  a-t-il  marché 
aujourd'hui?  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  a  marché  sur  quelque  mauvaise  herbe.  —  Il  a 
broyé  du  noir. 

Cf.  Le  commencement  de  la  3'"«  satire  de  Boileau. 

Quelle  mouche  le  pique? 

(Molière.  Le  dépit  amoureux.) 

Thérèse. 
Ah  ça,  so  quelle  mâle  hièbe  avez-v'  roté  ? 

(Demoulin.  Ji  voux,ji  n'  poux.  II,  se.  7.  -1858.) 

BOUHON. 

Ji  se  bin,  qu'jàret  todi  toirt....  Dispôye  hir  à  1' nute,  vos  avez  sûr  folé  so  'ne 
mâle  hièbe. 

(Demoulin.  On  pèhon  d'avri.  Se.  !2.) 

1461.  Les  mâles  hièbe  crèhet  voltî. 
LiTT.  Les  mauvaises  herbes  croissent  volontiers. 

Se  dit  par  plaisanterie  des  enfants  qui  croissent  beaucoup. 
(Agad.) 

Maie  herbe  meus  crest. 

{Prov.  de  France.  XIII«  siècle.) 

Maie  herbe  croît  plus  tôt  que  bonne. 

(Xllle  siècle.) 


—  423  — 

Mais  mauvaise  herbe  croît  toujours. 

(Molière.  L'Avare  Act.  111,  se.  10  ) 
Mauvaise  graine  est  tôt  venue. 

(Lafontaine.  U hirondelle  et  tes  petits  oiseaux.) 

Cité  par  Forir.  IUci . 

L"aron(ie  dèrit  po  l'ilièraine  fèye 
Les  inàlès  hièbe  crèhet  voliî. 

(Baillkux.  Varonde  et  les  p'tiis  oùhai.  Fàvc.  1851.) 

Marchb.  Les  mouaissès  hieppe  v'net  dike  et  dake 

Etn'valet  nin  l'pipe  di  toùbac. 

(Alexandre.  P'iit  coni.  4860.) 
St-Hubert.  Mwaiche  hiappe  crèche  voltî. 

Namur.  L'mouaiche  hièbe  crd  voltî. 

JODOiGNE.  Les  mauvaises  hiebe  crèchnet  voltî. 

Charleroi.  Nos  voiyons  s  erproduire  el  race  des  espoiteux 

Comme  politique  ou  bin  r'iigieux. 

Biesse  asset,  nos  payons,  nos  fcHons  leu-n-engeance. 
Les  moichès  hièbe  creche-nu  loudi  in  abondance. 

(BernuS.  Les  guernouye  èietl'soliu.  Faufe.  1873.) 

Charleroi.  I  fauret  co  pus  d'mille  mouchon. 

Pou  daller  cruauder  l'chenne  dé  nos  inviron, 
L'moiche  grenne  crèche  toudi  rade. 
(Bernus.  Varonde  éiet  les  joue  de  mouchon.  Faufe.  1875.) 

Basse-Allemagne.  —  Unkraut  vergeht  iiicht. 

146^2.  Si  l'iii  àx  hièbe. 
LiTT.  Se  tenir  aux  herbes. 

Être   prudent,    ne    pas  se   nionlrer  dans   des   cas   où    l'on 
pourrait  se  compromettre. 

Mayanne. 

Il  a  ploû  d'sus,  Bapfisse,  i  m'fàt  vèye  di  pus  ion. 
Es  mutant  t'nez-ve  àx  hièbe,  ou  plantez  vosse  bordon. 

(Hannay.  Les  amour  d'à  Mayanne.  I,  se.  2.  iSSti.) 
Tournai.  Nanette. 

T'ndons  nous  à  l'hierpe. 
(Leroy.  Biec  dijier.  Trad.  de  Li  lileu-blxhe,  de  H.  Simon.  Se.  11.  1889.) 

1463.  Si  giî'a  'ne  mâle  hièlx'  î\  champ,  c'est  Indi 
i'  bonne  biesse  qu'y  tome. 

LiTT.  S'il   y  a  une  niativaise  herbe  dans  le  champ,  c'est 
toujours  la  bonne  bête  qui  y  tombe  (qui  la  trouve). 
Le  juste  est  souvent  éprouva'  dan.s  ce  monde. 
J'ioodas  liiud'ihir  ft  alytl. 

(Juvenal.  Sal.  l.  V.  1\.} 

Aux  bons  souvent  inescliet. 

{Prnv.  communs.  XV''  siècle.) 


—  4-24  — 

1464.  On  n'  sâreut  distrûre  li  mâle  hièbe. 

LiTT.  On  ne  saurait  détruire  la  mauvaise  herbe. 

Il  y  aura  toujours  des  méchants. 

Cf.  Numems  stultorum  est  infinilus. 

Les  sots,  depuis  Adam,  sont  en  majorité. 

(Casimir  Dei.avigne.) 

HEURE. 

146o.  Qiioir  méyneit  à  quatorze  heure.  (Namuh.) 

LiTT.  "Chercher  minuit  à  quatorze  heures. 

Chercher  des  difficultés  où  il  n'y  en  a  point.  Allonger  inutile- 
ment ce  qu'on  peut  faire  ou  dire  d'une  manière  plus  courte. 
Vouloir  expliquer  d'une  manière  détournée  quelque  chose  de 
fort  clair.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Chercher  midi  à  quatorze  heures. 

Vous  qui  venez  dans  ces  demeures. 
Vous  êtes  bien,  tenez-vous  y. 
Et  n'allez  pas  chercher  midi 
A  quatorze  heures. 

(Voltaire.) 
Marche.  S' to  cours  di  nône  à  quatorze  heiire, 

Pinsant  d'aller  trovct  l' bonheur, 
T'es-st-on  sol.  On  doit  mette  sus  s' deugt, 
De  l'hièbe  ou  d' l'onguent  qu'on  conneut. 

(Alexandre.  P'tit  corii.  ISfiO.) 

Namur.        Et  portant  maugri;  ça,  i  n'est  nin  assez  sot. 

Do  moins  po-z-aller  quoir  mèyneit  à  quatorze  heure. 

(Demanet.  Oppidum  Atiiaticorum.  4843.) 

MoNS.  Elle  n'a  nié  été  pus  malenne  que  l'aute,  elle  m'a  été  caché  midi  à  quatorze 
heure,  comme  si  ç'aroi  été  bié  des  grandes  affaire. 

(Letellier.  Armonaque  dé  Motis.  -1852.) 

Frameries.  Cei  in  drôle  de  malate,  niinteu  comme  in  arracheu  d'  dint  el  cachant 
toudi  midi  à  quatorze  heure  pou  responte  à  les  docteur. 

(BOSUUETIA.  Tambour  buttant.  1883.) 

Douai.  Si  bin  qu'  sans  cacher  midi  à  quatorze  heure,  no  v'ia  à  plachc. 

(DechristÉ.  Souvenirs  d'«n  homme  d'  Douai.  1858.) 

Saint-Quentin.  Cachei-  midi  à  quatorze  heures. 

1466.  Li  mâva  qwârt  d'heure. 
LiTT.  Le  mauvais  quart  d'heure. 

Le  moment  où  il  faut  payer  son  écot,  et,  par  extension,  tout 
moment  fâcheux,  désagréable.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Le  quart  d'heure  de  Rabelais. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

I  nos  fàt  payî  nosse  sicol,  vola  1'  màva  qwàrt  d'heure. 

(Remaq.e.  Dict.  1839.) 


425  — 


Lahbekt. 


D'esse  on  vî  camarade,  vos  avez  dé  bonheur, 

Ca  si  v's  estîz  toi  aute  v'  pass'rîz  on  laid  qwàrl  dheùre. 

(Toussaint.  Lambert  li  foirsôlé.  II,  se.  o.  1871.) 
Vervieiis.  Lu  Baudet. 

I  a  l'air  du  maule  humeur. 

Robin. 
Ju  creus  quu  nos  pass'rans  lot  l'raêrae  6  laid  qwàrl  d'heure. 

(Xhoffer.  Let  biesse.  II,  se.  27.  1858.) 
Var.  Jodoigne.       Nos  y  estans  à  l' taille  aux  frèche  (fraise). 

1467.  So  pau  d'heure, 
Dièwe  labeûre 

LiTT.  En  peu  d'heures,  Dieu  laboure. 

Dieu  n'éprouve  jamais  d'ohslacle  pour  faire  une  chose,  pour 
lui  le  temps  n'est  rien. 

En  peu  d'eure,  Dex  labeure 

(Prov.  auc.  Xlll»  siècle.) 

Et  si  l'gealêye  ou  l'bîhe  fait  niàye  de  loir  à  l'grain, 
Sinspiède  corège,  dit  comme  les  vèyès  gins  : 

So  pau  d'heure 

Dièwe  labeûre. 

(Nic.  Defrecheux.  Corège.  1870.) 

MoNS.  On  a  bé  raison  d"  dire  qud  sur  peu  d'heure  Dieu  labeure,  l'a  l'heure  c'dtoi 
l'hiver  et  à  c'ste  heure,  là  1'  pus  biau  temps  du  monde. 

(Letellier.  El  soleil  été  V  vint  (T  bise.  Faufe.  Arm.  dé  iJons.  ISiJT.) 

1468.  Qwand  il  est  doze  heure,  lot  T  iiioink' 
magne  voltî. 

LiTT.  Quand  il  est  midi,  tout  le  monde  mange  volontiers. 

Chaque  chose  a  son  temps. 

Ut.  Le  soleil  luit  pour  tout  le  monde. 

Variante.        Qwand  il  est  doze  heure,  i  fàl  qu'tot  l' monde  magne. 

Verviers.  Tindans  l'main  aux  pauv's  afflipî  ; 

Es  cachette,  dunans  l's  y  l'aumùne 
A  nône  on  magne  tourtos  vollî. 

(Pire.  Vorci  l'hivier.  Ch.  187i.) 

1469.  Les  gins  n'  sont  nin  fait  po  les  heure,  mains 
les  heure  po  les  gins.  (Jodoigm:.) 

LiTT.  Les  gens  ne  sont  pas  faits  pour  les  heures,  mais  les 
heures  pour  les  gens. 

Se  répond  d'ordinaire  à  une  personne  <jui  vuul  nous  (piilter 
en  disant  :  Voii't  Clieùm. 


—  426  — 

HEUREUX. 

1470.  On  n'est-sl-aoureux  qui  qwand  on  a  six  pîd 
d'iérre  so  les  oûye. 

I.iTT.  On  n'est  heureux  que  quand  on  a  six  pieds  de  terre 
au-dessus  des  yeux. 

Il  n'y  a  que  les  morts  qui  ne  se  plaignent  pas. 
Cf.  Hérodote  ;  liv.  1,  ch.  32  (So/on  et  Crénus). 

HIVER. 

1471.  A   St-Luc,  l'hiver  esta  no-n-huche.  (Mons.) 

LiTT.  A  St-Luc,  l'hiver  est  à  notre  porte. 
St-Luc  tombe  le  18  octobre. 

Mons.  Il  a  ein  vieux  proverbe  qui  dit  :  à  St-Luc  l'hiver  est  à  no-n-huche,  et  c'est 
surtout  à  l'hiver  qui  viet  qu'on  peut  l'appliquer  pasqu'il  a  l'air  hougrémint  pressé. 

(Leteluer.  Armotiaqiie  dé  Mons.  1855.) 

Basse- Allemagne.  —  Der  Winter  ist  vor  der  Thûr. 

1472.  FôreàBrû, 
L'hivier  so  1'  pâ. 

LiTT.  Foire  à  Bra,  l'hiver  sur  le  pieu. 

La  foire  de  Bra  (commune  du  canton  de  Stavelot)  a  lieu  le 
lundi  après  le  18  octobre,  et  généralement  l'hiver  s'annonce 
déjà  à  cette  époque  dans  cette  partie  du  pays. 

1473.  A  l'ducasse  de  Bourniveau 
L'hivier  est  au  trau.  (Nivelles.) 

LiTT.  A  la  fête  de  Bornival,  l'hiver  est  au  trou.  11  s'annonce. 

1474.  Qwand  l'frène  boute 
L'hivier  est  oute. 

LiTT.  Quand  le  frêne  bourgeonne 

L'hiver  est  passé. 
Le  frêne  ne  commence  à  bourgeonner  qu'au  mois  de  mai. 

HOMME. 

1475.  On  n'fait  nin  ine  homme  so  on  joû. 

LiTT.  On  ne  tait  pas  un  homme  en  un  jour. 
Se  dit  pour  exprimer  qu'il  y  a  des  choses  qu'on  ne  peut  faire 
qu'avec  beaucoup  de  temps.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Paris  ne  s'est  pas  fait  en  un  jour.  —  Rome  n'a  pas 


—  427   - 

été  bâtie  en  un  jour.  —  Chi  va  piano,  on  aanOy  e  clii  ou  S((no, 
va  lontano. 

Cité  par  Forir.  Did. 

Basse-Allemagne.  —  llom  ist  nicht  in  Einem  Tagc 
erbauet. 

On  n'fait  nin,  dit  1"  proverbe,  ine  homme  se  on  seul  joû, 
Et  nosse  pays  s'trovévc  comme  l'oûhai  qu'vint  foù  (ri'où. 
(LamAYE.  Adresse  au  lioi.   Couconrs  de  1856,  ouvert  fjar  la  Société 
des   Vrais  Liégeois.) 

On  n'a  co  màye  vèyou  fer  ine  homme  so  on  joù  ; 
Kt  po  fer  des  bais  cùp,  i  fàt  aller  toi  doux. 

(Thiry.  Moirt  di  l'octroi.  4860.) 
TOSSAINT. 

Sèyans  doux. 

Li  spot  dit  qu'on  n'sàreut  fer  ine  homme  so  on  joû. 

(Salme.  Ine  fettmme  qu'eunès  vdi  deux.  Se.  2.  1870.) 
Vais.  Namuk.  Rome  n'a  nin  sti  bâtie  su  on  joù. 

1471).  Qwand  on  d'vint  trop  laid  po  fer  l' jonc 
homme,  i  s' fàt  marier. 

LiTT.  Quand  on  devient  trop  laid  pour  faire  le  jeune  homme, 
il  faut  se  marier. 

Cf.  Quand  le  diable  devient  vieux,  il  se  fait  ermite. 

1477.  Pauvre  homme  est  roye  es  s'mohonne. 

LiTT.  Pauvre  homme  est  roi  en  sa  maison. 
Le  domicile  est  inviolable.  —  Pauvre  homme  en  .sa  maison 
roy  est  {coutumes  liégeoises). 

Cf.  Mon  verre  n'est  pas  grand,  mais  je  bois  dans  mon  verre. 

(Ai.f.  DE  Musset.) 
Talmay. 
Il  vaut  mieux  mille  fois  îitre  maître  chez  soi. 
Philiiierte. 

Comme  le  charbonnier. 

(Emile  Arr.iER.  PhtUbene.) 

Nos  vièrans  riv'ni  les  Vingt-deux  ; 
Nos  sèrans  sur  es  nos  mohonne. 
On  n'iret  pus  prinde  les  borgeu 
Es  leu  lét,  sins  châsse,  sins  maronne. 
On  poirel  co  tlire  qui  l'iigeois 
Divins  s'barraque  esl-st-on  p'iil  roi. 

Chanson  patriotique  17!tl.  H*  l'I  0".  Hecucil.) 

L'histoire  cl  dit  :  nos  làyc  avil 
Tos  les  bin  qui  l'Iibertc'  donne. 
Et  d'seu  leus  nuhe  is  avils'crit 
On  pauvre  homme  est  roye  es  srnohonne. 

(Nie.  Defhecmeiix.  Li  chant  des  li'jeois.  48îi7.) 


—  428  — 

Pauvre  homme,  dit-sl-on,  est-st-oii  roye  es  s'coulèye. 

(BoRMANS.  Ax  ètriiigirs.  Chanson.  1869.) 

Mahciie.  L'cherhonnî  est  maîsse  es  s'baraque. 

Var.  St-Hi'beht.  Lu  ci  qu'est  maisse  est  maisse,  lu  grandeur  n'y  fait  rin. 

Namur.  Cherbonnî  est  maîsse  dins  s'cahiutte. 

Namur,  Dins  s'chambe  est  maîsse  li  cherbonnî 

C'est-st-on  proverbe  qu'est  foirt  bin  s'crit. 

(WéROTTE.  Vive  fiasse  Belgique.  Chanson.  -1867.) 

1478.  Tout  homme  qui  boit,  Diû  pourvoit  et 
femme  qui  boit  bin  n'auret  jamais  rin,        (Namur.) 

LiTT.  (A)  tout  homme  qui  boit,  Dieu  pourvoit  et  femme  qui 
boit  bien  n'aura  jamais  rien. 

On  peut  admettre  que  l'homme  boive  pour  se  soutenir  dans 
les  rudes  labeurs  que  lui  imposent  certaines  professions  ;  la 
femme,  destinée  h  des  travaux  plus  délicats,  n'a  pas  besoin 
d'un  pareil  stimulant.  —  En  tous  cas,  est  modus  in  rébus. 

1479.  C'est  tos  homme,  dispeu  ci  jusqu'à  Rome. 

(Namuk.) 

LiTT.  Ce  sont  tous  hommes  d'ici  à  Rome. 
Se  dit  en  parlant  d'une  personne  dont  on  vient  de  faire  un 
éloge  outré.  —  Nous  sommes  tous  égaux. 

1480.  L'homme  propose  et  l'bon  Diu  dispose. 

LiTT.  L'homme  propose  et  le  bon  Dieu  dispose. 
Les  desseins  de  l'homme  ne  réu.ssissent  qu'autant  qu'il  plaît 
à  Dieu.  (AcAD.) 

Pr,  fr.  —  L'homme  propose  et  Dieu  dispose. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

On  pout  bin  dire  qui  l'homme  propose, 
Et  qui  l'bon  Dièwe  ennès  dispose. 

(DeRyckmann.  Pasquèye.  1726.) 

Marche.  L'homme  propose  et  Dieu  dispose. 

St-Quentin.  Ch'  l'homme  i  propose  et  pis  l'bon  Diu  i  dispose. 

,Gos.SEii.  Lettres  picardes.  1841.) 

Basse-Allemagne.  —  Der  Mensch  denkt's,  Gott  lenkt's. 

1481.  Ine  honnête  homme  n'a  qui  s'parole. 

LiTT.  Un  honnête  homme  n'a  que  sa  parole. 
On  peut,  on  doit  se  fier  h  la  parole  d'un  honnête  homme. 
Gomp.  prov.  contraire  :  l-es  parole  c'est  des  frumelle  et  les 
s'crit  c'est  des  mâye. 

St-Quentin.  Ein  honnête  i  n'a  que  s'parole. 

(GOSSEU.  Lettres  picardes.  \8M.) 


—  420  — 
lAS'i.  Ine  homme  prév'nou  'nnès  vàt  deux. 

LiTT.  Un  homme  prévenu  en  vaut  deux. 

Lorsqu'on  a  été  prévenu  de  ce  qu'on  doit  craindre  ou  de  ce 
qu'on  doit  faire,  on  est,  pour  ainsi  dire,  doublement  en  état  tle 
prendre  ses  précautions  ou  ses  mesures.  Se  dit  aussi  par  forme 
de  menace,  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Un  bon  averti  en  vaut  deux. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

l'usqu'ine  gins  prév'nou  cnnès  vàl  deux, 
Mi,  ji  m'propose  d'ennes  valeur  Ircus. 

(DechampS.  Pitit  wascal  dé  Vfiense  des  roye.  ISTfi.) 
ANDRÉ. 

Patiince,  nos  savans  di  que  bois  qu'i  s'chàfle  et  ine  homme  prév'nou  'nnès  vâl 
deu.\. 

(Salme.  Prisd'vim  xes  lèce.  I,  se.  10.  1880.) 
Largosse. 
Vî  fré,  j'a  fait  mi  d'voir.  L'homme  prév'nou  'nnès  vàt  deu.\. 

(Remouchamps.  Tâtl  Vperriqul.  I,  se.  \.  1885.) 
Marche.  Si  l'es  prév'nou,  l'es  vaurais  deux. 

Charleroi.  C'est  qu'ein  homme  prévenu  in  vaut  deux. 

(Beunus.  Vlion  au  ptd  du  mur.  Faufc.  1873.) 
MoNS.  Oh!  c'a  fieu,  tu  peux  faire  à  fmode  :  in  homme  averti  in  vaut  deux. 

(LeteI-LIER.  Armonaque  dé  Mons.  Wô\.) 

1483.  G't  eiii  homme  d'estok, 

Il  a  s'cu  d'deux  hok.  (Mons.) 

LiTT.  C'est  un  homme  de  souche,  il  a  son  cul  de  deux  mor- 
ceaux. 

C'est  un  homme  d'importance,  se  dit  en  plai-santant. 

Eslok  signifiant  souche,  homme  dCeslok  a  dû  signifier  homme 
de  souche,  de  race  noble.  El  eu  iCdeiix  hok  signilierait-il  des 
deux  côtés,  de  pore  et  de  mère  ? 

(Sigart.  Dict.  du  Wallon  de  Mons.  1870.) 

1484.  Ine  homme  di  strain  vàt  'uo  feunimo 
d'àrgint. 

LiTT.  Un  homme  de  paille  vaut  une  femme  d'argent. 
Les    ressources   que    l'homme  a   en    lui-même    valent   les 
richesses  qu'une  femme  peut  lui  donner. 
Homme  de  paille  vaut  femme  d'or. 

(Gabr.  Meurier.  Trénoi  dcn  sentences.  HiCS.) 

Cité  par  Forir.  Dicl. 

Du  côté  de  la  barbe  est  la  toute  puissance. 

(Molière.  L'école  des  femmes.) 


—  430  — 

Jacob. 
Ine  homme  qui  n'a  nin  pus  qui  d'vins  l'chansaî  di  m' main, 

Louise. 
Ine  homme  di  strain,  dit-st-on,  vât  mi  qu'ine  feumme  d'ârgint. 

(Remouchamps.  Les  (nnour  d'à  Gèrâ.  II,  se.  3.  -1873.) 
Dubois  (souwêy'mint.) 

Vas-ès,*bambert,  mi  mére  m'a  sovinl  dit  qu'ine  homme  di  strain  vât  'ne  feumme 
d'ârgint. 

(T.  Brahy.  Li  bouquet.  I,  se.  7.  1878.) 

Marche,  T'as  roviet  do  qu'one  homme  di  strain 

Pèsse  lot  estant  qu'one  femme  d'ârgint. 

1485.  Ine  homme  di  strain  va  quoiri  'ne  feumme 
d  argint. 

LiTT.  Un  homme  de  paille  va  chercher  une  femme  d'argent. 
Un  pauvre  diable  peut  épouser  une  riche  héritière. 

i486.  C'est-sl-ine  homme  qui  s' nôye. 

LiTT.  C'est  un  homme  qui  se  noie. 

Se  dit  d'un  homme  qui  se  ruine,  qui  se  perd.  (Agad.) 

Pr.  Ir.  —  C'est  un  homme  qui  se  noie. 

HONTEUX. 

1487.  C'est  r  honteux  qu'i  piède  et  c'est  l' trouand 
qui  r  wâgne. 

LiTT.  C'est  le  honteux  qui  perd  et  le  truand  qui  le  gagne. 

Faute  de  hardiesse  et  de  confiance,  on  manque  de  bonnes 
occasions.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Il  n'y  a  que  les  honteux  qui  perdent. 

Il  n'y  a  en  amour  que  les  honteux  qui  perdent. 

(Molière.  Les  amants  magnifiques.  Se.  If*^.) 

Li  hardi  l'wàgne  et  l'honteux  l' piède. 

(Remacle.  Dict.) 

Namur.         Dins  c'  monde  ci  i  n'y  a  qui  l'honteux  qui  piède. 

JoDOiGNE.  C'est  r  hontieux  qui  piète. 

HORLOGE. 

Ii88.    D'allou  comme  l'hourloche  de  Braine, 
Qui  va  comme  o  1'  mène.  (Nivelles.) 

LiTT.  Aller  comme  l'horloge  de  Braine, 

Qui  va  comme  on  la  mène. 
N'avoir  pas  d'initiative  ;  .se  laisser  conduire;  être  pusillanime. 


431 


NivxLLEs.   Vos  stez  r  bosse  d'Alsemberg,  lu  dirai-je,  et  mi,  d'  Braine, 

Yu  qu'  l'hourloche  est  si  bounne  qu'elle  va  jusse  comme  o  l' mène. 
(Renard.  Les  aventure  de  Jean  d' Nivelles.  Ch.  V.  3«édit.  i890.) 

HOTEL. 

1  489.  Il  a  logî  à  grand  hôtel. 
LiTT.  Il  a  logé  au  grand  hùlel. 
En  prison. 

Pr.  Être  dans  la  maison  du  roi.—  Loger  à  l'hôtel  des  haricots. 
On    dit   aussi    à    Liège  :    Logî   à    Saint-Linà  ;    à   V  grande 
bressenne. 

A  Verviers  :  aller  es  trô  matroket. 

Vos  volez  fignoler,  si  n'av'  rin  es  vosse  poche; 
Vos  v'nez  de  grand  hôtel,  allez  es  grand  bàbau. 

(Dei.arge.  Le.i  boilresse.  i87C.) 

Variante.  I  n'comprindéve  nin  qu'on  T  polahe  mette  logl  à  l' grande  bressenne 
po  quéquës  boignes  pèchi  qu'il  aveu:  fait. 

(Magnée.  Lihouloite.  iSTl.) 
Var.  Jodoigne.        Il  a  sli  niingî  de  l' taule  à  l' jolie. 

HOUE. 

1490.  Beùre  so  l' Iiawaî. 

LiTT.  Boire  sur  la  houe. 

Boire  sans  se  débarrasser  de  ses  outils,  le  faire  au  plus  vite. 

Pr.  fr.  —  Boire  sur  le  pouce. 

Cité  par  Forir.  bict. 

Laugosse. 

Après  li  r'vue,  èdon, 

Avou  los  mes  tambour,  ji  va  beùre  quéque  huvion 
So  l'hawai. 
(RemouoHAMPS.  Tdll  l'perriqiil.  I,  se.  i.  1885.) 

Malmedy.  I  n'prindel  wère  lu  timps  du  fer  halle  one  miette, 

On  bèvéve  so  l'hawai  lot  âlou  de  rcadiette. 

(Lufiesse  ètè  vinave.  4883.) 

HOUILLE. 

1491.  Aller  à  l'blanqiie  lioye. 

LiTT.  Aller  à  la  houille  blanche. 

Sortir  sous  un  faux  prétexte,  avec  de  mauvaises  intentions. 

(Hemacle.  Dict.  1831). ) 
Min,  j'respond  à  malin  boye 
Sins  èdamer  m'  Saint-Crespin  : 
«  Wàde  tes  vùye  di  blanques  hoye 
«  Po  les  vinde  âx  ènnocinl.  » 

(Nie.  Defreciiel'X.  U  llouytu.  1871.) 
Vabiante.  raltind  ine  chèrréye  di  blanques  hoye. 


—  432  — 

1492.  Qwand  l'châr  a  s'tu  à  l'hoye,  on  fait  iodi  des 
gros  l'eu. 

LiTT.  Quand  la  charrette  acte  à  la  houille,  on  fait  toujours 
de  gros  feux. 

On  est  disposé  à  consommer  davantage  lorsque  la  provision 
est  considérable.  On  est  moins  parcimonieux. 

1493.  Broyîdè  l'hoye. 
LiTT.  Broyer  de  la  houille. 

S'abandonner  à  de  tristes  et  sombres  pensées.  (Littré.) 
Fig.  et  famil.  Broyer  du  noir. 

Li  làvlaî  qu'vos  forgî  mi  fait  v'ni  rchfir  di  poye 
Voste  esprit  digosté  ni  brôye  pus  qui  de  l'hoye. 

(TiiiRY.  lue  copenne  so  r  mariège.  1828.) 

Variante.  Si  ni'fàt  bahî,  si  j'deus  roter 

Ça  ni'melle  di  mâle  houmeûr, 
Et  qwand  j'os  rire  ou  bin  chanter 
Es  mi  àmc  ,ji  brôye  de  neûr. 

(HOCK.  Nawe et  vdrin.  Galgnizoule.  4883.) 

HOUILLÈRE. 

1494.  Il  a  part  à  1' fosse. 
LiTT.  Il  a  part  à  la  fosse  (houillère). 

Être  au  nombre  de  ceux  qu'une  dame  favorise. 

HOULETTE. 

1495.  Nolle  palette,  nou  biergî. 

LiTT.  Pas  de  houlette,  pas  de  berger. 

Portez  les  insignes  de  votre  profession,  si  vous  voulez 
exiger  les  égards  qui  vous  sont  dus. 

Vous  n'avez  pas  d'outils  :  comment  saurais-je  si  vous  êtes 
ouvrier? 

Cf.  Le  pavillon  couvre  la  marchandise. 

HOUSEAUX. 

1496.  Il  y  a  lèyî  ses  hozette. 

LiTT.  Il  y  a  laissé  ses  houseaux. 
Il  est  mort.  (Acad.)  —  Il  a  perdu  sa  fortune,  sa  santé. 
Loc.  prov.  Laisser  ses  houseaux  quelque  part. 
Laisser  les  houzeaux. 

(Le  père  Jean-Maric.  Diverùssemenl  des  sarjex.) 
Variante.  11  y  a  lèyî  ses  ohaî. 


—  433  — 

Cilé  par  Forir.  Uict. 

Mais  le  pauvret  ce  coup  y  laissa  ses  houseaux. 

(Lafontaine.  Le  renard.) 

I  veut  d'Ion  s"  fiasse  Tèligny, 
Inte  zel  kitràgné,  kihierchi. 

Et  lardé  d'  ses  côp  d'  bayonnelte, 
So  s' soû  v'ni  lèyî  ses  hozelte. 

(Hanson.  Li  Hinriade  travesièije.  Ch.  II.  i780.) 

Ci  leup  là  mi  fait  sov'ni 
D'ine  aute  qui  fout  payî  di  co  pus  luàle  manôye, 

II  y  lèya  ses  hozelle,  comme  on  dit. 

(Baillelx.  Li  leup,  r  mère  et  l'èfanl.  Fâve.  4852.; 

COLSON. 

Et  m' sônne-t-i  co  1'  vèye  à  Batavia. 
C'est  là  qu'on  s'  siplinkîve,  vingt  cinq  raèye  bayonnelte, 

Awet vosse  pauve  père  lu,  y  lèya  ses  hozette. 

(A.  Delcuef.  Pu.i  vî,pu.i  sot.  Se.  II.  18fi2.) 

Li  rëvèrind  signeùr  Gégau  si  formagna  si  bin  qu'il  y  lèya  ses  hozette. 

(Magnke.  llaiiii.  4865.) 

Variante.  Sovinl  l'inventeur 

Ni  r'çul  on  pau  d'honneur 
Qui  toi  r'ployanl  hozette. 

(Thiry.  lue  inreutiou.  4866.) 

Beauraing.     Li  méd'cin  qu'  l'a  vi'you  didins  ces  moumint  là, 
A  dit  qu'  s'i  continue  à  s'arringi  comme  ça, 
Il  est  sur  d'y  lèyî  divant  wére  les  hozette. 

(Vermer.  Les  sôlée.  4862.) 

Namur.  Bramint  y  lairainne  les  hozette 

Avant  d'prinde  drapia  ou  guidon. 

(J.  CoLSON.  Les  chacheu.  Chanson.  4862.) 

HOUSSE. 

1497.  Ête  arringé  comme   eine  vieille   hoiiselte. 

(Tournai.) 

LiTT.  Être  arrangé  comme  une  vieille  housse. 
Être  malmené,  houspillé,  parce  qu'on  bat  les  housses  pour 
les  nettoyer. 

HUILE. 

1498.  C'est  comme  dé   l'huile   d'olive,  ^a   r'viel 
toudi  d'seur  l'ieau.  (Mons.) 

LiTT.  C'est  comme  de  Thuile    d'olive,  cela  revient  toujours 
sur  l'eau. 

i8 


—  434  — 

Se  dit  d'une  personne  qui  ne  peut  se  défaire  d'une  habitude, 
d'une  passion. 

MoNS.  lue  hiibiluilo,  c'est  comme  ûé  l'huile  d'olive,  ça  r'viel  touili  d'seur  l'icau. 
(MouTRiEL'X.  Des  nouvicaux  conte  dé  qnié.  1850.) 

1499.  Ji  v'riwèrihrè  avou  dThôle  di  bresse. 
LiTT.  Je  vous  guérirai  avec  de  l'huile  de  bras. 

Je  vous  rosserai  d'importance. 

On  l'a-  frotté  d'huile  de  cotret  (on  lui  a  donné  des  coups  de 
bâton). 

HUMIDE. 

1500.  Wisse  qui  fait  frèhe,  i  fait  vite  mouyî. 

LiTT.  Où  il  fait  humide,  il  fait  vite  mouillé. 
Celui  qui  se  sent  coupable  de  la  faute  qu'on  blâme  peut 
s'appliquer  ce  qu'on  en  dit.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Qui  se  sent  morveux,  se  mouche. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

HiNRI. 

Il  a  téU'mint  paou  qu'i  n'sét  pus  qu'babouyî  ; 
C'est  qui  wisse  qui  fait  frèhe,  i  fait  si  vite  mouyî. 

(Delchef.  Les  deux  neveux.  I,  se.  40.  48.')9.) 

Wisse  qui  fait  frèhe,  i  fait  vite  mouyî,  mande  escuse  ; 
V's  estez-st-acsu,  grettez-v',  et  s'ièyîz  là  les  gins. 

(Alcide  Pryor.  Sôléye  et  pamâ.  -1860.) 

JALHAY.  ThIODÔRE. 

Ah  !  Vos  v' mâvroz,  Bietli'mé,  on  dit  portant  qu'wissc  qui  fait  frèhe,  i  fait  vite 
mouyî. 

(Xhoffer.   Les  deux  soroche.  I,  se.  5.  1861.) 

HUY. 

1501.  Otlant  à  Hu  qua  Dinant. 
LiTT.  Autant  à  Huy  qu'à  Dinant. 

Autant  là  qu'ailleurs.  Peu  importe,  cela  m'est  égal. 

HYDROPISIE. 

150-2.  Elle  a  l'aiw'lenne  di  noûf  meus. 

LiTT.  Elle  a  l'hydropisie  de  neuf  mois. 
Elle  est  enceinte. 


1 


—  435 


IDEE. 

1503.  Il  a  ottant  d' bonne  îdèye  qu'ine  putain  d'bin 
fer. 

LiTT.  Il  a  autant  de  bonne  idée  (résolution)  qu'une  prostituée 
de  bien  faire. 

Se  dit  des  gens  incorrigibles. 
Cf.  Serment  d'ivrogne. 

1504.  I  gn  a  pus  d'îdèye  divins  deux  tièsse  qui 
d'vins  eune. 

LiTT.  Il  y  a  plus  d'idées  dans  deux  tètes  que  dans  une. 
Un  conseil,  un  avis  est  toujours  bon  à  demander,  à  donner. 
—  Deux  têtes  renferment  plus  d'idées  qu'une  seule. 
Variante.  (in  tûse  mi  à  deux  qu"  tôt  seu. 

Var.  Sta\'Elot.  Quatre  u  vèyet  pus  clére  quu  deux. 

Var.  Marche.  Gn'a  des  ci  qu'ont  todi  l'faiblesse 

Do  creùre  qu'il  ont  tôle  l'adresse, 
El  toi  l'esprit  po  zais  tos  seu, 
Gn'a  mon  d'vins  one  tièsse  qui  dins  deux. 

(Alexandre.  P"tu  corti.  1860,) 

MoNS.  hé  oué  !  bé  qu'dé  l'confiince  in  vous,  j'd'ai  eu  toudi, 

Il  a  pus  dins  deux  tietle  que  dins  iune,  comme  on  dit. 

{El  canon  d'Mons.  Arm.  Lex  deux  méd'cin.  Faufe.  18T4.) 

Frameries.  Ju  vos  ai  convoquie  aujerdue,  vénérables  commère,    in  vertu  du 
proverpe  qui  dit  :  qu'il  a  pus  d'esprit  in  deux  liesse  que  d'vins  ieune. 

(Bosuuetu.  Tambour  battant,  gaz.  1885.) 
St-Qcentin.  I  gn'a  pus  d'esprit  dains  deux  tièles  qu'  dains  eune. 

1505.  L'ci  qu'  n'a  nolle  îdèye  n'est  qu'on  sot. 

LiTT.  Celui  qui  n'a  pas  d'idée  n'est  qu'un  sot. 

Il  faut  de  la  présence  d'esprit. 

Cf.  Que  les  gens  d'esprit  sont  bêtes  ! 

(Bealmarchais.  Le  mariage  de  Figaro.) 

Gn'a-t-on  proverbe  qui  j'o  dire  bin  des  fèye  : 

Qu"  Ihomme  sins  ideye  n'est  vraiemint  qu'on  grand  sot, 

Por  mi,  les  meune  ni  sont  nin  co  fmèye, 

Fàt  espérer  qui  m'ennès  vairet  co. 

(BariixiÉ.  Li  camarade  de  l'jôye.  1852.) 

1506.  Fer  'ne  saquoi  à  l'idèye. 

LiTT.  Faire  quelque  chose  à  l'idée. 

Faire  queloue  chose  en  perfection,  en  quelque  sorte  réaliser 
l'idéal. 

Ah  !  po  coula,  ma  foi,  clic  li  r'bàrrc  a  l'ideye. 

(Remouchamps.  Li  sav'ti.  Acte  I,  se.  6.) 


—  436  — 
IMAGE. 

1507.  Seuyîz  brave,  vos  ârez  'ne  image. 
LiTT.  Soyez  sage,  vous  aurez  une  image. 
Pr.  ff.  —  Et  par  plaisanterie  :  vous  avez  bien  fait,  vous  aurez 
une  image.  (Acad.) 

Hoûtez-m'  et  seuyîz  brave,  vos  àrez  des  bons  saquoi  et  'ne  image. 

(Remacle.  Dict.  1839.) 

1508!  Avoir  eine  imache  à  Pâques  et  ein  quéop 
d'  pied  au  Noé.  (Tournai.) 

LiTT.  Avoir  une  image  à  Pâques  et  un  coup  de  pied  à  la  Noël. 
Avoir  peu  de  chose  d'abord  et  du  désagrément  ensuite. 

TOUHNAI.  CaCHACROUTE. 

Awi,  tout  chi,  tout  cha,  eine  masse  d'affaire. 

GULNA. 

On  ara  comme  toudi  eine  imache  à  Pâques  et  ein  queop  d'pied  au  Noé.  Nous 
allons  erprinte  notte  goutte. 

(Pierre  Brunehault  (Leroy).  Ein  ménache  d' francs  paufe.  Se.  6.  -1891.) 

IMPOSSIBLE. 

1509.  On  n'sâreut  fer  l'impossibe. 

LiTT.  On  ne  saurait  faire  l'impossible. 
Pr.  fr.  —  A  l'impossible  nul  n'est  tenu. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Var.  Namur.  a  l'impossibe  on  n'est  nin  t'nu, 

Et  ji  voux  d'sarter  totes  les  muse, 
Au  l'arnasse,  ji  sèreùve  riçu, 
S'on-z-y  donreùve  intrée  aux  buse. 
(WÉROTTE.  Ji  n  sareus  fer  one  chanson .  Ch.  1807,  4"^  éd.) 

Var.  Namur.  I  n'pout  nin  donner  c'qu'i  n'a  nin. 

INTENTION. 

1510.  Bonne   inlintion   excuse  mouaiche  action. 

(Namur.) 

LiTT.  Une  bonne  intention  excuse  une  mauvaise  action. 
Pr.  fr.  —  L'enter  est  pavé  de  bonnes  intentions. 
Il  y  a  des  accommodements  avec  le  ciel. 

Tout  mauvais  cas  est  niable. 

Et  de  rectifier  le  mal  de  l'action  : 
Avec  la  pureté  de  notre  intention. 

(Molière.  Tartufe.  IV,  se.  tJ.) 


—  437  — 
IVROGNE. 

1511.  Si  j' SOS  sô,  c'est  d'mes  aidan. 

LiTT.  Si  je  suis  ivre,  c'est  avec  (à  l'aide  de)  mes  liards  (mon 
argent). 

Je  ne  fais  tort  qu'à  moi-même.  —  Mêlez- vous  de  vos  alTaires. 
Variante.  Friquet. 

Vos  avez  attrape?  on  fameux  côp  d'solo. 
Groubiotte. 

Ça,  ce  sont  mes  affaire.  Si  j'a  bu,  c'est  d'mes  censé. 

(Demouun.  Ji  voux,  ji  n'poiix.  II,  se.  3.  1858.) 

Variante.  Ji  m'moque  di  tôt  çou  qu'on  peut  dire, 

Siji  beus,  c'est-st-avou  mi  ùrgint. 
Ji  fais  tôt  à  fait  à  m'manire 
Et  l'reslant  comme  coula  m'convint. 

(11.  Pholien.  Flcûr  di  sôléye.  1884.) 

1512.  On  sét  tôt  des  èfant  et  des  sôlôye. 

LiTT.  On  sait  tout  des  enfanls  et  des  ivrognes. 
Ni  l'enfant,  ni  l'ivrogne,  ne  savent  j;arder  un  secret  :  ils 
sont  sincères  et  expansifs. 
Pr.  In  vino  veritas. 

Namur.  Pa  les  soulcîe  et  les  èfant  on  sét  lodi  tôt. 

MoNS.  Les  infant  ont  si  téllemint  l'habitude  de  tout  raconter,  ([u'on  a  inventé 
r  proverbe  :  Pa  l's  enfant  et  l's  homme  saoul  on  sait  tout. 

(Letellieu.  AnnoiUKjiie  dû  Mons.  1857.) 

Cf.  La  série  des  Enfants  terribles  (dessins  de  Gavarni). 
Basse-Allemagne.  —  Kinder  sagen  die  Walirlieit. 

1513.  Les  sôléye  et  les  màlès  feumme  moretd'vins 
leu  pai. 

LiTT.  Les  ivrognes  et  les  méchantes  femmes  meurent  dans 
leur  peau. 

Rarement  un  méchant  s'amende.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Le  loup  mourra  dans  sa  peau.  —  Qui  a  bu  boira. 

En  tel  pel  comme  li  lous  voit  en  tel  le  convient  morir. 

(Ane.  jn-ov.  XIII''  siècle.) 

1514.  Les  codolette  et  les  couléon 

Ch'esl  les  premiers  volant.  (  Toi  k.nai.) 

LiTT.  i^es  alcoolisés  et  les  pigeons 

Sont  les  premiers  envolés  (levés). 


—  438  — 

Allusion  aux  habitudes  généralement  matinales  des  buveurs 

de  genièvre. 

Nami'r.  Les  pigeon  et  les  blasé 

Sont  lodi  timpe  levé. 

JALOUX. 

lol5.*  Qui  aime  bin  jalose  bin. 

LiTT.  Qui  aime  bien  jalouse  bien. 

La  Roghefougault  a  dit  :  il  y  a  dans  la  jalousie  plus 
d'amour-propre  que  d'amour. 

La  jalousie  tient  plus  à  la  vanité  qu'à  l'amour  (M'"«  de  Staël). 

S'il  m'était  permis  d'ajouter  quelque  chose,  je  dirais  :  Dieu 
nous  garde  d'inspirer  un  amour  qui  se  manifesterait  par  la 
jalousie. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

JoDOiGNE.  L'ce  qu'est  jaloux  c'est  qu'veut  voltî. 

JAMBE. 

1516.  Bonnes  jambe,  sâve  ti  maisse  ! 

LiTT.  Bonnes  jambes,  sauvez  votre  maître. 
Sauvons-nous;  fuyons  au  plus  vite. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

1517.  L'ci  qui  tint  l' jambe  fait  ottant  qui  Ici  qui 
hoisse. 

LiTT.  Celui  qui  tient  lajambefait  autant  que  celui  qui  écorche. 

Le  complice  d'un  crime  est  aussi  coupable  que  celui  qui 
en  est  l'auteur.  (Agad.) 

Pr.  fr.  —  Autant  vaut,  autant  fait  celui  qui  tient  que  celui 
qui  ccorche. 

Autant  pêche  celui  qui  tient  le  sac  que  celui  qui  met  dedans. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

1518.  C'est  co  pé  qu'à  l'aute  jambe. 

LiTT.  C'est  encore  pire  qu'.^  l'autre  jambe. 

C'est  de  mal  en  pis. 

C'est  co  pé  qu'à  l'aute  jambe,  awet  c'est  cint  fèye  pé  -. 
Vosse  manège  est  par  iuye,  on  n'pout  pus  ma  miner. 

(Rksiûucmamps.  Les  deux  voisin.  1876.) 

Moxs.  J'pinsoi  qu'il  aroi  été  mieux  avé  graiid'mère,  j'disoi  in  mi  môme  :  i  vaut 
co  mieux  parler  au  bon  Dieu  qu'à  ses  .saint  ;  mais  c'est  qu'c'étoi  co  pus  pire  qu'à 
l'aute  gambe. 

(Lktki.LIER.  Arnionaque  dé  Mous.  4850.) 

Tournai.  Ch'est  acore  pire  qu'a  m'n  éaute  gambe. 


—  439  — 

1519.  Vàt  iiîî  coula  qii'iiie  jambe  cassôye. 
LiTT.  Il  vaut  mieux  cela  qu'une  jambe  cassée. 
Consolation  donnée  à  celui  h  qui   il  arrive  un   léger  désa- 
grément, à  qui  il  survient  un  petit  accident. 

Adèle. 

Lèyiz  là,mon  onke,  ci  n'est  rin  po  qu^que  assiette  ;  nos  'nne  avans  co  des  au  te, 
et  i  vàt  mî  coula  qu'ine  jambe  cassèye. 

(DD.  Salme.  Hotwrike  Joseph.  Se.  "2-2.  1884.) 
Marèye. 

Nonna,  mais  j'sèreu  barbotëye. 
Tatî. 
Allez,  Jàcqu'ienne,  vàt  mî  coula  qu'ine  jambe  cassèye. 

(REMOtJCHAMPS.  Tâtt  l'perriqttl.  I,  se.  2.  i885.) 

1520.  A  belle  jambe,  belle  chàsseure. 

LiTT.  A  belle  jambe,  belle  chaussure. 

Il  faut  que  tout  se  rapporte.  —  Il  faut  de  Tharnionie  dans 
les  détails. 

Servetur  ad  imum 

Qualis  ab  incœpto  processerit,  et  sibi  constet. 

(Horace.  Ep.  uux  l'Lsous.) 
Selon  la  jambe  la  chaussure. 

(Gabh.  Mel'RIER.  Trésor  des  sentences.  loG8.) 

1521.  Coula  lî  fret  'ne  belle  jambe. 

LiTT.  Cela  lui  fera  une  belle  jambe. 

Se  dit  en  parlant  d'une  chose  dont  quelqu'un  tire  vanité  et 
qui  ne  lui  est  d'aucun  avantage.  -  Se  dit  de  ce  qui  n'apporte 
aucun  avantage  à  quelqu'un,  de  ce  dont  il  ne  retire  que  peu  ou 
point  d'utilité.  (Acad.) 

Pr.  fr.  —  Cela  ne  lui  rend  pas  la  jambe  mieux  faite.  —   Cela 
lui  fait  une  belle  jambe.  —  Cela  me  fait  la  jambe  belle. 
Cela  vous  rendrait  la  jambe  bien  mieux  faite. 

(Molière.  Le  bourgeois  gentilhomme.  III,  se.  3.) 

El  les  pauves  ovrî,  don,  qu'on  veut  fer  ovrcr  à  mitan  po  rin,  to  san^'souwaul  leus 
coirps  et  leus  àme,  po  rinde  li  jambe  bin  faite  à  leu  mai.'^se. 

(Salme.  MiiUic  Pierre  II,  se.  If.  1870.) 

Tatî. 

Mais  s'il  a  des  îdèye  tôt  louquani  'ne  si  faite  jatve 

Il  est  co  pus  sot  qu'Mon,  qu'moussive  os  l'aîwe  po  rplaivo. 

Tonton. 

I  m'rindrcut  l'jambe  bin  faite  édon,  surminl  on  s'fail. 

RemoUCIIaMI's.  Tàti  rpcrru/iil.  Il,  se.  1"'.  1885.) 

Variante.  Coula  n'iî  rindret  nin  Ijambe  mî  faite. 

(FORIH.  Ihci.) 


—  1-40  — 

152'2.  I  nïât  nin  d'morer  so  'ne  jambe. 
LiTT.  Il  ne  faut  pas  demeurer  sur  une  jambe. 
Il  ne  faut  pas  rester  oisif.   —  Allusion  à  la  pose  des  grues, 
des  hérons,  etc. 

Il  ne  faut  pas  être  exclusif. 

1.^^3.  I  n'fât  nin  'nne  aller  so  'ne  jambe. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  partir  sur  une  jambe. 

Il  faut  boire  un  second  verre  avant  de  nous  quitter. 

A  cabaret  (pusqu'i  fàl  qu'on  y  vàye),   . 
On  k'mande  d'abord  ine  plal'nêye  po  turtos. 
Comme  i  n'fât  nin  qui  so  'ne  jambe  on  'nne  ervâye, 
Les  ci  qu'ont  bu,  divet  r'payî  li  scot. 

{Le.1  tournéye.  Chanson.  1871.) 

Qwand  on  tome  so  'ne  si  faite  liqueur,  c'est  fer  pèchi 
Qui  d'enne  aller  so  'ne  jambe,  qui  v's  es  sonle-t-i  ? 

(Willem  et  Bauwens.  Li  r/alant  d'à  Fifine.  Se.  9.  i88!2.) 

1524.  Allez  les  jambe  â  haut,  vos  n'  pièdrez  nin  vos 

châsse. 

LiTT.  Allez   les  jambes  en  haut  (l'air),  vous  ne  perdrez  pas 
vos  bas. 

Manière  de  renvoyer  quelqu'un  honteusement. 

Tatî, 

Awet,  allez,  nânôye,  vos  n'estez  qu'ine  èplâsse  ! 

Tonton. 

Allez  les  jambe  â  haut,  vos  n'pièdrez  nin  vos  châsse. 

(Remouchamps.  Tâtl  l'perriqui.  III,  se.  22.  188S.) 

JoDOiGNE.  Que  l'bon  Dieu  v'  coduche,  les  deux  jambe  au  hont  po  ni  piède  vos 
loyère. 

MoNs.  I  n'a  qu'à  parti  les  gambe  in  haut,  i  n'perdra  nié  ses  cauche  in  dallant. 

1525.  Si  cori  les  jambe  foû  de  cou. 

LiTT.  Se  courir  les  jambes  hors  du  cul. 
Variante.  Cori  à  s'râyî  les  jambe  foû  de  cou. 

LiTT.  Courir  à  s'arracher  les  jambes  hors  du  cul. 
Courir  fort  vite  ;  se  donner  beaucoup  de  peines  pour  réussir, 
pour  parvenir. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

I  s'dit  :  quoirans-st-iiie  feumme  qui  nos  sèche  dé  Tmisére, 
Et,  so  l'coûse  d'ine  annèye,  s'il  a  fait  l'chaud  inarcou, 
I  s'marèye  et  n'court  pus  les  deux  jambe  foû  de  cou. 

(HocK.  Grnud'mére  à  Vvihenne.  Poème.  4861.) 


—  441  — 

JALHAY.  THIODÔnE. 

Fat-i  l'aller  houkî  ? 

"  Bièth'mé. 

I  n'areut  non  ma,  mais  nu  v'  hinoz  nin  les  jâbe  foû  de  cou,  save,  du  sogne  quu 
vos  n'vus  trèbouhîve. 

■  (XnoFFER.  Len  deux  soroche.  1,  se.  b.  1861.) 

Var.  Tournai.         Courir  comme  si  on  aveot  i'feu  au  cul. 

1526.  Mette  ses  jampe  à  s'cou.  (Nivelles.) 

LiTT.  Mette  ses  jambes  à  son  cou. 
Partir  sur  l'heure,  s'enfuir.  (Ijttré.) 
Pr.  fr.  —  Prendre  ses  jambes  à  son  cou. 

Nivelles.  I  met  ses  jambe  à  s'cou,  lé  via  qui  fait  des  saut  ; 

A  l'course,  il  est  capape  de  sure  les  nièyeux  ch'fau. 

(Renard.  Lex  aveut.  de  Jean  d'  Nivelles.  Ch.  III.  18o7.) 

Var.  Charleroi.  La  d'sus,  l'ieup  prind  ses  jambe  âx  spalle, 

I  fout  l'camp  dins  les  bos  et  co  pus  roid  que  'ne  balle. 
(Bernus.  L'ieup  et  l'chin.  Faufc.  1873.) 

Frameries.  El  créateur  a  d'moré  ein  momint  tout  ahiuri,  mais  erbusiant,  i  print 
ses  deux  gambe  à  s'goye,  éié  keure  au  cul  du  voleur  qui  filoue  comme  ein  brûlé 
d'grisou. 

(LesSpirues.  Tambour  battant.  1887.) 

St-Quentin.  Via  chés  gins  dé  l'capelle  qui  preintent  leus  gaimbes  à  leux  cou. 

(Gosseu.  Lettres  picardes.  18il.) 

Auvergne.  D'Aumalo  âpre  quelle  nouvello 

A  manquet  perdre  la  çarvello 
A  pré  sas  jambas  a  soun  cost, 
Dos  castillans  vai  joindre  l'ost. 
(Faucon.  La  Henriade  de  Voltaire,  mise  eu  vers  burlesques  auvergnats.  Ch.   VIII. 

1798.) 

1527.  Loyî  à  s' jambe. 

LiTT.  Lier  à  sa  jambe. 

Passer  au  compte  des  profits  et  pertes. 

Variante.  Avu  l'jârtîre. 

(FORIR.  Dict.) 

JoDoiGNE.  Oyeu  ça  à  s  jambe. 

Var.  Mons.  Avoir  ça  à  s'cu.  —  Perdre  au  jeu. 

Avoir  ça  à  s'guette.  —  Être  attrapé,  dupé. 

1528.  Jower  po  d'so  jambe. 

LiTT.  Jouer  par  dessous  jambe. 

Obtenir  sans  peine  l'avantage  sur  quelqu'un.  (Littrk.) 
Pr.  fr.  —  .Touer  quelqu'un  par  dessous  la  jambe. 

Detriue. 
On  nos  a  jowé  po  d'so  jambe,  mam'zelle  ;  Pirson  si  moque  di  vos. 

(Salme.  Qwitte  p»  qwitte.  Se.  18.  1878.) 


-  442  — 

Charleroi.  Bonnefoi. 

Gn'a  bin  li's  aulès  gins  qu'ça  à  daller  vire  qui  ont  leu  ficelle  pou  fai  passer  les 
loi  à  rtach'lette  pad'zous  leu  jambe,  pou  leu  fai  boire  elle  coq. 

(Bernus  L'malMe  Sl-Thibau.  I,  se.  9.  1876.) 

JANVIER. 

1520.  Mette  janvier  sur  février.  (Tournai.) 

LiTT.  Mettre  janvier  sur  février. 

Commencer  un  nouveau  compte  avant  d'avoir  payé  l'ancien. 

JARDIN. 

1530.  L'ci  qu'a  les  corti  r'clôret  les  hâye  et  Toi 
qu'a  les  bin  pâyeret  les  rinte. 

LiTT.  Celui  qui  a  les  jardins  doit  clôturer  les  haies  et  celui 
qui  a  les  biens  doit  payer  les  rentes. 

Les  mandements  des  princes-évêques  de  Liège,  portés  au 
XVIP  siècle  (Cf.  Louvrex.  T  If,  p.  293-296),  stipulent  que  les 
possesseurs  et  tenanciers  de  jardins  et  vignobles  sont  tenus  de 
réparer  (restouper)  chaque  année  les  haies  pour  empêcher  l'en- 
trée du  bétail.  —  Au  pays  de  Liège,  toutes  les  rentes  étaient 
présumées  foncières;  elles  étaient  naturellement  aux  charges 
de  celui  qui  recueillait  les  immeubles. 

La  seconde  partie  du  proverbe  est  plus  usitée  que  la  pre- 
mière. 

Stavelot.  Ci  qu'aret  les  corti  pâyeret  les  rinte. 

1531. 1  lî  faudreot  l'gardin  et  les  preone.  (Touknal) 

LiTT.  Il  lui  faudrait  le  jardin  et  les  prunes. 
Il  est  insatiable,  il  lui  faudrait  tout. 

Tournai.  Rasa. 

Allons,  j'veos  qu'i  t'faudreot  tout,  l'gardin  et  les  preone, 
Faire  des  r'pas  à  quitter  les  corroyé  d'tes  raarreonne. 
(Pierre  Brunehault  (Leroy).  A  Vtapag'rie  des  collet  rouche.  Se.  2.  1891.) 

JARRETIÈRE. 

1532.  Qwand  on  piède  si  loyen,  c'est  qu' l'homme 
a  fait  on  hârd  es  s'  sacramint. 

LiTT.  Quand  on  perd  sa  jarretière,  c'est  que  l'homme  a  fait 
une  brèche  dans  son  sacrement  (de  mariage). 

Variante.  Elle  piède  si  loyen,  si  galant  lî  fait  fàte. 

JoDOiGNE.       Commère  que  piède  s'ioyen,  se  galant  lî  fait  faute. 


—  443  — 

1533.  Elle  a  folé  es  s' loyen. 

LiTT.  Elle  est  tombée  sur  son  lien. 

Elle  s'est  embarrassée  dans  sajarretière.  elle  a  t'ait  une  chute. 

Elle  s'est  laissé  abuser.  (Agad.) 

Pr,  fr.  —  Elle  a  laissé  aller  le  chat  au  fromage. 

Variante.  On  lî  a  frohî  s'banstaî. 

JARS. 

1534.  Isétr  jars. 

LiTT.  Il  sait  le  jars. 

Il  entend  le  jars,  c'est-à-dire  qu'il  est  fin,  qu'il  est  subtil. 

(Dict.  port,  des  }wov.  français.    1751.) 

Il  entend  le  jars,  il  a  mené  les  oyes. 

(OUDIN.  Curiositez  françaises.  I(i40.) 
Variante.  Po  qui  sét  l'jârs,  pour  qui  a  le  mot  d'ordre. 

(FOKIR.  Dici.) 
Lutèce,  Paris,  po  qui  sét  l'jârs, 
C'est  comme  qwatte  aidan  on  patàr. 

(Hanson.  Li  Hinriade  (ravestèye.  Ch.  IV.  1780.) 
Var.  Malmedy.  Saveur  les  loze. 

(ViLLERS.  Dict.  wallon-français.  1793.) 

JAUNISSE. 

1535.  Li  cinque  qu'à  Ijaniiisse  voit  todi  janne. 

(iNamur.) 

LiTT.  Celui  qui  a  la  jaunisse  voit  toujours  jaune. 
On  apprécie  tout  suivant  les  dispositions  dans  lesquelles  on 
se  trouve. 

JAVELLE. 

1536.  Quand  les  gaviau  sont  bin  louyé, 

In  muchenant  on  n'trouve  pu  rié.  (Moins.) 

LiTT.         Quand  les  javelles  sont  bien  liées 

En  glanant  on  ne  trouve  plus  rien. 
Il  y  a  tout  profit  à  faire  une  chose  avec  soin,  avec  ordre. 

JETER. 

1537.  Taper  là  hache  et  mâche. 

LiTT.  Jeter  là  hache  et  mnchi'. 

Plier  bagage;  faire  ses  paquets;  renoncera  une  affaire,  à 
une  profession;  abandonner  tout. 

liaciie  et  mâche  ne  peut  se  traduire  littéralement.  C'est  une 
expression  adverbiale  dans  le  genre  de  :  tihe  et  tahe,  hiuck  et 
plinck,  [jltque  ploqae  et  autres.  L'allemand  a  :  hack  und  mack, 


—  444 


qui  signifie  mélange  confus,  galimatias.  Voyez  Grim,  Dict.  aux 
mots  :  Hack  et  mack. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

So  l'seûle  parole  de  brave  Êga, 
I  lape  d'abord  là  hache  et  mâche, 
Plôye  ses  tinte,  rèchesse  ses  bagage. 
*  (J.-J.  HansoN.  Les  lusiade  es  vers  llgeois.  Ch.  III.  1783.) 

I  s'fait  on  grand  tapache 
Qu'on  dobelle  par  on  cri. 
On  jette  là  hache  et  mâche, 
On  pinse  aller  péri. 
(DUMONT.  Complainte  des  houyeu  de  l'fosse  di  Bat-jonc.  \M1.) 

Po  r  fin  de  r  prumi  leune,  vos  avîz  déjà  hâze 
Di  taper  hache  et  mâche  à  l'èqwanse  d'ine  raison, 
Et  d'cori  hàr  et  hotte  po  v'fer  qwitte  di  si  âbion. 

(Thiry.  Ine  copenne  so  Vmariège.  1858.) 

Tatî. 

Mais  '1  est  timps  qu'les  Tâtî  fesse  ine  creux  so  l'botique, 
Vola  on  chéke,  po  l'mon,  qu'i  havel  leus  pratique. 

Tonton. 
Taprîz-v'  là  hache  et  mâche  ? 
Tatî. 

Awet  et  tôt  fi  dreut. 
(RemouchaMPS.  Tàtl  Vperriqiit.  I,  sc.  11.  188S.) 

Verviers.  Quu  n'sos-je  comme  vos,  foû  hisse, 

Ji  r'ploreu  hache  et  mâche  et  j'finih'reu  mes  d'visse. 

(N.  Poulet.  Lifoyan  èlèré.  1859.) 

Et  si  to  vas  d'net  bou  po  vache. 
T'tappret  bintôt  là  hache  et  mâche. 

(Alexandre.  P'Htcorii.  1860.) 
J'a  r'ployî  bagage. 

1538.  Tapez  todi,  c'est  po  Bouxhtay. 

LiTT.  Jetez  toujours,  c'est  pour  Bouxhtay. 
Faites  toujours,  ne  vous  gênez  pas,  n'ayez  d'égards  pour  qui 
que  ce  soit,  —  Gela  devait  venir;  je  m'y  attendais. 
Bouxhtay,  nom  propre. 

C'est  ça.  Tapez,  c'est  po  Bouxhtay  ;  on  r'tome  todi  so  ses  patte. 

(Thiry.  Li  r'tour  à  Lige.  1858.) 

1539.  Çou  qu'on  tape   so  l'feu,  on  l'ritroûve  clins 
les  cinde. 

Litt.  Ge  qu'on  jette  sur   le   feu,  on  le    retrouve  dans    les 
cendres. 


Marche. 


Var.  Jodoigne. 


—  445  — 

On  ne  peut  rien  détruire  complètement.  Une  mauvaise 
action  laisse  toujours  des  traces,  si  minimes  qu'elles  soient. 

J540.  Taper  a  haut  sins  rat'ni. 
LiTT.  Jeter  en  haut  sans  retenir. 

Jeter  avec  mépris,  abandonner  une  chose,  n'en  faire  aucun 
cas. 

Je  ne  me  baisserais  pas  pour  le  ramasser. 

Cf.  Ji  n'toûn'reus  nin  m'pîd  po  l'aller  vèye. 

LiTT.  Je  ne  tournerais  pas  mou  pied  pour  l'aller  voir. 

JEU. 

lo41.  I  fat  cori  so  s'jeu. 

LiTT.  Il  faut  courir  sur  son  jeu. 
Il  faut  le  contrecarrer. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

1542.  Jeu  d'main,  jeu  d' vilain. 
LiTT.  Jeu  de  mains,  jeu  de  vilain. 

Les  jeux  de  mains  ne  conviennent  qu'à  des  gens  mal  élevés. 
(AcAD.)  —  11  ne  faut  frapper  personne,  même  en  badinant. 
Pr.  fr.  —  Jeu  de  mains,  jeu  de  vilain. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

Sekvas. 
Jan,  mes  amis,  nin  tant  d'biestrèye,  vos  savez  :  jeu  d'main,  jeu  d'vilain. 

(T.  Brahy.  Li  bouquet.  I,  se.  14.  ^878.) 

io43.  Màye  es  jeu  ri  vint  à  s'maisse. 

LiTT.  Bille  dans  le  jeu  revient  à  son  maître. 

L'erreur  que  nous  avons  commise  à  notre  détriment  et  dont 
notre  adversaire  a  voulu  profiter,  tourne  souvent  h  notre 
avantage. 

N.  B.  Ce  proverbe  est  connu  de  tous  les  enfants  qui  ont  joué 
aux  billes. 

1544.  Tourner  à  jeu  comme  Galifice  à  chin. 

LiTT.  Tomber  à  jeu,  comme  Califice  à  chien. 
Avoir  laid  jeu  ;  ne  pas  réussir  au  jeu. 
Nivelles.  Vos  chèyî  à  jeu  comme  in  chi  à  puce. 

JoDOiGNE.  Toumer  à  jeu  comme  on  ché  à  peuce. 

1545.  I  gn'a  'ne  saquoi  d'so  jeu. 

LiTT.  Il  y  a  quelque  chose  sous  jeu. 
Il  y  a  dans  cette  affaire  quelque  chose  de  caché.  (Acad.) 
Pr.  fr.  —  Il  y  a  quelque  anguille  sous  roche. 
Latet  anguis  in  fierba. 


—  446  — 

1546.  1  n'y  a  nou  si  bai  jeu  qui  n'finihe. 

(Stayelot  et  Malmedy.) 

LiTT.  II  n'y  a  si  beau  jeu  qui  ne  Unisse. 
Toute  chose  arrive  à  sa  lin. 

1547.  Ni  nin  aller  V  dreut  dé  jeu. 

LiTT.  Ne  pas  aller  (suivre)  le  droit  (la  règle)  du  jeu. 
Tricher.  —  User  de  supercherie. 
Cité  par  Forir.  Dict. 

On  dit  aussi  :  Aller  l'dreut  de  jeu  (être  loyal). 

Jan'nesse. 

On  m'y  hët  trope  j'el  veus, 

Divers  mi,  co  jamâye  on  n'y  va  l'dreul  de  jeu. 

(Toussaint.  Jan'nesse.  III,  se.  G.  1890.) 

MoNS.  Qui  voy'té  volontiers  leu  père 

Par  après  ti  ;  c'est  l'doit  du  jeu. 
(J.-B.  Descamps.  Ercette  poujiére  ein  bon  mainnache,  18S2.) 

1548.  Fer  belle  mène  avou  laid  jeu. 

LiTT.  Faire  belle  mine  avec  laid  jeu. 

Cacher  le  mécontentement  que  l'on  éprouve  ou  le  mauvais 
état  où  l'on  est. 

Cacher  de  mauvaises  affaires  par  une  démonstration  de 
gaieté  et  de  repos  desprit.  (Littré.) 

Pr.  fr.  —  Faire  bonne  mine  à  mauvais  jeu. 

Crahay. 

Vos  fez  belle  mène  avou  laid  jeu, 
Mi  prindez-v'  p'on  Nicaisse  ? 
Ji  n"a-st-;i  hoûler  qu'on  borgeu, 
Vos  siervez  trinte  six  maisse. 

(Alcide  Pryor.  Çou  qW est-st-ès  fond  dépôt.  -18G4.) 

Variante.  Mayenne  portant  n'piède  nin  corège 

Et  à  s'iaid  jeu  fait  bon  visège. 

(Hanson.  Li  Hinriàde  (ravestèye.  Ch.  VIII.  1780.) 

MoNS.  El  meunier  n'vouloi  nié  d'abord,  mais  l'curé  qui  f'soi  belle  mine  à  monvais 
jeu  s'a  si  bé  exécuté,  que  l'nouvieau  v'nu  a  fini  pa  dire  que  ouai. 

{Arm.  dé  Mom.  1886.) 

1549.  Prinde  et  r'batte  c'est-st-on  bia  jeu.  (Namur.) 
LiTT.  Prendre  et  en  rejouer,  c'est  un  beau  jeu. 

Être  maître  du  jeu.  Faire  et  continuer  une  chose  qui  pro- 
cure de  grands  avantages. 

1550.  C'est  l'jowe  divant  St-Rocli. 

LiTT.  C'est  la  manière  de  jouer  devant  St-Roch. 


—  447  — 

C'est  une  manière  ridicule  de  jouer,  et,  par  extension,  c'est 
qualifier  une  chose  de  ridicule  ou  d'absurde. 

Est-ce  une  allusion  aux  aubades  (souvent  discordantes) 
données  la  veille  des  fêtes  de  paroisse  devant  les  petites  cha- 
pelles où  se  trouvait  une  statue  de  St-Roch  ? 

Mayon. 
xVye  don,  c'est  l'jowe  divanl  St-Roch. 

(Demoulin.  Ji  voux,  ji  yipoiix.  I,  se.  i.  I808.) 
Var.  Cuarleroi.  Bonnefoi,  notaire. 

Si  vos  sti  dins  ein  pays  ousqué  les  loi  sont  scrite,  ça  pourrait  co  bin  s'fai,  mais  à 
Cheslet,  ou  c'qu'on  n'pàle  qui  des  loi  in  patois,  vo  testamint  n'vauret  né  co  'ne  vesse 
di  leup. 

Argan. 

Bin  v'ia  co  "ne  mode  d'après  l'St-Jean 

(Bernus.  Umalnde  Sl-Thilmu.  I,  se.  9.  i876.) 

JEUNE. 

1551.  I  n'sét  wisse  taper  ses  jône. 

LiTT.  Il  ne  sait  où  jeter  ses  jeunes. 

Il  ne  sait  où  aller,  il  ne  sait  que  faire,  —  Flânerie,  fainéantise, 
nonchalance. 

JEUNESSE. 

155^2.  On  l'a  bin  buffle  es  s'jônesse. 

LiTT.  On  l'a  bien  sifflé  (seriné)  dans  sa  jeunesse. 

Il  est  grossier  dans  ses  paroles...  ironique. 

Ce  proverbe  est  cité  par  Pinsard.  Ëlrennes  liégeoisp.s.  1846. 

1553.  Si  jônesse  savent,  si  viyesse  poléve. 

LiTT.  Si  jeunesse  savait,  si  vieillesse  pouvait. 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Titre  d'un  roman  d'Eugène  Sue. 

Pr.  fr.  —  Si  jeunesse  savait,  si  vieillesse  pouvait,  les  choses 
en  iraient  mieux,  c'est-à-dire  si  la  jeunesse  avait  de  l'expé- 
rience et  que  la  vieillesse  eût  de  la  force.  (Littré.) 

MoNs.  Jeune  et  lourd. 

On  apprind  tous  les  jour. 

1554. 1  fàt  qn'jônesse  si  passe. 

LiTT.  Il  faut  que  jeunesse  se  passe. 

Il  faut  excuser  les  fautes  que  les  jeunes  gens  commettent  par 
inexpérience  ou  par  vivacité  de  tempérament.  (Littrk.) 
Pr.  fr.  —  Il  faut  que  jeunesse  se  passe. 
Cité  par  Forir.  Dict. 


—  448  — 


Les  feum'rèye. 

Adiel,  voisin  Colasse, 
Seûye  todi  corègeux. 
I  fàt  qu'jônesse  si  passe, 
Ti  rvinret  pus  adreut. 

(Fabry.  Li  ligeois  ègagi.  II,  se.  3.  -1737.) 

*  Briqu'teux. 

Servâs,  todi  chai  on  veûret 
L'honneur,  l'amitié  rotter  à  cabasse  ; 
Si  n's  estans  hoûye  so  l'houp  di  guet. 
Ni  fât-i  nin  qu'jônesse  si  passe? 

(Brahy.  Li  bouquet.  I,  se.  44.  4878.) 

Namur.  Sins  trop  rsorbatie,  i  faut  qu'jônesse  si  passe, 

L"èfanl  d'on  chet  mougne  volli  des  sori. 

(Wérotte.  Jean-Joseph  divint  vl.  Chanson.  4867.  ¥  édit.) 

JOUER. 

l555.Invoyerquéqu'ein  jeuer  à  qu'nèque. (Tournai.) 

LiTT.  Envoyer  quelqu'un  jouer  aux  billes. 

S'en  débarrasser. 

Cette  explication  trouve  son  origine  dans  un  usage  pratiqué 
autrefois  par  des  cabaretiers  austères,  et  consistant  à  congédier 
les  garçons  trop  jeunes  pour  fréquenter  l'estaminet,  en  leur 
mettant  dans  la  main  quelques  quenéqup.y  billes  communes  en 
terre  cuite  dont  une  provision  était  toujours  en  évidence  sur 
le  comptoir  de  l'établissement. 

M.  François  W...  affirme  que, même  après  son  tirage  au  sort, 
il  a  essuyé  dans  un  cabaret  l'affront  de  recevoir  des  marbre. 
Ce  genre  de  cabaret  a  complètement  disparu  de  nos  jours. 

(Etremies  totirnaisiennes.  4886.) 

1556,  Jouwez  'ne  pire  ou  'ne  brique. 

LiTT.  Jouez  une  pierre  ou  une  brique. 
Jouez  ce  que   vous   voulez.   Expression  employée  au  jeu 
de  cartes  et  très  usitée  dans  les  estaminets. 
Namlr.  Jouwez  oiie  bouche  ou  bin  on  fagot. 

Jodoigne.  Jouwe  one  caute,  on  stî. 

Calembourg.  Caute,  le  quart  d'un  setier. 
Tournai.  Jeuwe  eine  carte  ou  bin  ein  fagueot. 

JOUR. 


1557.  Tos  les  joû  ni  s'  raviset  nin. 
LiTT.  Tous  les  jours  ne  se  ressemblent  pas. 


-  4i0  — 

On  a  de  bons  et  de  mauvais  jours,  des  alternatives  de  peine 
et  de  plaisir,  déjeune  et  de  bombance. 

Pr.  fr.  —  Les  jours  se  suivent  et  ne  se  ressemblent  pas. 

Lesjoû  s'suvet  et  n' si  raviset  nin. 

(Foniu.  I>ict.j 
Namur.  Pont  d' laid  joù  n'est  sins  lend'moain. 

Allons  èfant,  bon  corage, 
Habie,  one  pougnie  di  moaiii, 
On  n'  sèret  pus  sins  ovrage. 

(WÉHOTTE.  Li  Pottiti.t.  Ch.  18G7.  i'' dd.) 
MoNS.  Tous  les  Jour  n'  sont  ni(i  égale. 

(Letkluer.  Anmmaque  dé  Monx    I8.'j8.) 

MoNs.  VÀé  leu  pruuiicr  oràche  a  passé  ainsi  ;  èid  l'solèye  a  r'Iui  comme  dins  leus 
pus  bieaux  jour.  Malheureusemint  les  jour  se  suifent  cl  n's'ersembenl-té  pas, 
qu'on  dit. 

[Armon.  de  Mtms.  1878.) 

I008.     Lesjoû  créliel  à  Sainl-Antône, 
Ossi  long  ({iii  li  r'pas  d'on  mone. 

LiTT.       Les  jours  croissent  à  Saint-Antoine, 
Aussi  long  que  le  repas  d'un  moine. 
Saint-Antoine.    (Le    17    janvier.)    Les  jours    croissent    de 
30  minutes. 

1559.       Les  joù  crèhet  à  1'  novel  an, 
L'  pas  d'one  èfant; 

Ax  roi, 
L'  pas  d'on  polet.  (Namur.) 

LiTT.  Les  jours  croissent  au  nouvel  an, 

Le  pas  d'un  entant  ; 

Aux  rois, 
Le  pas  d'un  poulet. 

Vaii.  Jouoigne.  Les  joû  crèhet  à  Noyé, 

Dé  l'pas  d'on  ché.  (Pas  d'on  vaiié.  Nami'h.) 

A  r  novel  an, 

Dé  r  pas  d'one  èfant  : 

Aux  roi, 
On  s'en  aperçoit. 

Var.  CiiAHLEKoi.  Les  roi, 

Pas  d'ein  chet. 

Var.  Mons.  A  Noée, 

L'  pas  d'ein  solée  ; 
A  l'an, 
L'agambée  d'ein  sergent. 
A  les  roi, 
On  s' in  aperçoit. 
Au  cand'lée, 
Toute  allée.  (Sicart.  IUct.  IS'O.) 

49 


—  450  — 

Tournai.  Les  joû  f sont  aux  roi, 

L' saut  d'un  pois. 

Var.  Lille.  A  Sainle-Luce, 

Saut  d'eune  puche. 

Au  Noë, 
Saut  d'un  baudet, 

A  Saint-Thomas, 
Saut  d'un  qu'va. 

(Vermesse.  Vocab.  lillois.) 

loGO.   L'  pus  long  joû  d'  !out  l'esté, 

C'est  r  joû  Saint-Barnabe.  (Nivelles.) 

LiTT.  Le  plus  long  jour  de  tout  l'été, 

C'est  le  jour  de  Saint-Barnabe.  (11  juin.) 

1561.  Sainte  Lucèye, 

Court  joû,  longue  nutèye. 
LiTT.  Sainte  Lucie  (13  décembre). 

Court  jour,  longue  nuit. 
Cité  par  Forir.  Dicl. 

lo6''2.  1  gn'a  pus  d' joû  qui  d'  samaine. 

LiTT.  Il  y  a  plus  de  jours  que  de  semaines. 
Nous  avons  le  temps,  rien  ne  presse. 

I  f  ra  jour  demain. 

(Désaugiers.  Parodie  de  la  Vestale.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

1563.  I  vint  todi  on  joû  qui  n'a  pus  v'nou. 

LiTT.  Il  vient  toujours  un  jour  qui  n'est  pas  (encore)  venu. 
11  vient  toujours  un  moment  où  la  vérité  éclate,  où  la  justice 
triomphe,  où  le  mal  est  puni. 

Lèyîz-r  fer  peter  di  s'  narène, 
Vaîrel  on  joii 
Qui  n'a  pus  v'nou. 

(N.  DefrecHEUX.  Li  rjrandivcux.  ^1870.) 
Verviers.  J'el  saveus  bin  qui  vinrent  on  jour  qui  n'aveul  pus  v'nou. 

(Pire.  Lu  sôdaiirt  du  .vo  les  tris.  Chanson.  Mes  umusettes.  -1884.) 

1564.  A  chaque  joû  suffit  s'  poine.  (Namur.) 

LiTT.  A  chaque  jour  suffît  sa  peine. 

Il  ne  faut  pas  se  tourmenter  inutilement  sur  l'avenir,  se  faire 
des  chagrins  d'avance.  (Littré.) 

Prov.  fr.  —  A  chaque  jour  suffit  sa  peine  ;  suffit  son  mal. 

C'est  assez  des  peines  du  présent:  il  ne  faut  point  les 
augmenter  par  la  douleur  de  celles  du  passé,  ni  par  la  crainte 


—  451  — 

de  celles  de  l'avenir;  car  dans  le  premier  cas,  on  se  tourmente 
toujours  trop  tard  et,  dans  le  second,  toujours  trop  tôt. 

(Ql'iTARD.  Dict.  des  prov.  1842.) 

Sufficitdiei  malitia  sua. 

(Saint  Mathieu.  Évangile.) 

156o.  Il  arrive  so  on  joû  çou  qui   n'arrive   niii 
so  mèye. 

LiTT.  Il  arrive  en  un  jour  ce  qui  n'arrive  pas  en  mille. 
La  rareté  d'un  fait  n'en  exclut  p;is  la  possibilité. 
S'avient  en  un  jour  qui  n'avient  en  cent  ans. 

{Ane.  prov.  XlUe  siècle.) 
Ce  advient  en  une  heure  qui  n'advient  pas  en  cent. 

(Prov.  communs.  XV*^  siècle.) 
Le  vrai  peut  quelquefois  n'clre  pas  vraisemblable. 

(BOILEAL.) 

Accidit  in  puncto  quod  non  speratur  in  anno. 

CLejeune.  Prov.  ftimil.  iïio.) 

to66.  I  n'  fàt  nin  compter  so  rjoû  di  d'main. 
LiTT.  Il  ne  faut  pas  compter  sur  le  jour  de  demain. 
Il  faut  faire  ses  affaires  en  temps  opportun  et  ne  pas  attendre 
le  dernier  moment. 

Vos  vèyez  portant  qu'i  n'  fàt  nin  compter  so  r.jotj  di  iKmain. 

(Mach.  Laembergh.  182.").) 

Namur.  Ami,  profiton.s  d'nosse  jône  timps, 

Il  faut  joui  de  l' vie  ; 
J'el  dijeûve  co  l'aulc  fie, 
Les  joû  à  v'nu  sont  incertain. 

(Wérotte.  Choix  de  chan.<ioits  ivallonne.'^.  1800.  S''  C'd.) 
Var.  Frameries.  Domain  n'appartie  à  noulue. 

(J.  Dufrane.  Armoniiqne  borain.  1890.) 

Basse-Alle.magne.  —  (Man  muss  nicht  sagen  :)  Morgen  isl 
auch  ein  Tag. 

1567.  Ni  màye  rimeite  po  d'main  çou  (pi  on  pout 
fer  r  même  joû. 

LiTT.  Ne  jamais  remettre  au  lendemain  ce  qu'on  peut  faire 
le  jour  même. 

Il  ne  faut  pas  renvoyer  à  un  autre  temps  re  qu'on  peut  faire 
de  suite. 

Dans  la  rapidité  d'une  course  bornée. 
Sommes-nous  assez  siirs  de  noire  destinée 
Pour  la  remettre  au  lendemain  '! 

(J.-b.   RoUS.SEAli.) 


—  45-2  — 

L'avocàl,  voyant  bin  qif  c'csleut  on  paysan, 

Prind  on  cwàrai  d'  papî,  et  s'cril  lot  à  milan  : 

«  Ni  miiye  rimelte  po  d'main,  çou  (in'oii  ptiiil  l'or  1'  même  joii.  » 

Nosse  malin  donne  treus  franc,  prind  I'  papî  et  mousse  foù. 

(IiKMACi.b;.  Conte.  Ihdlctiu.  III.  ISoiJ.) 
Ni  r'mettez  màye  à  d'main  çou  qu'  vos  polez  fer  hoûye. 
*  (FORIK.  Dictionn.) 

VAmA>Ti;.  Si  'ne  feumme  vis  aime,  s'clle  li  lait  vèye, 

Diliombrez-v',  ca  1'  toùne  à  toi  vint; 
On  rin  poul  I'  fer  cangî  d'îdèye, 
N'el  rimeltez  nin  po  riend'main. 

(Salme.  A7  r'menans  rin  â  lend'main.  Ch.  -18".) 

MAUCHii.  Si  lo  r'mets  à  d'moin, 

Çu  qu'  lo  deus  fel,  lo  no  1'  fret  nin. 

(Alexandre.  P'tit  coni.  1860.) 

Vau.  Namuii.  Ni  djo  jamais  à  d'mouain  les  affaire;  fioz  les  aujourd'hu. —  Ni 
boulans  nin  à  d'mouain  ci  qu'  nos  polans  fer  aujourd'hu. 

(WÉROTTE.  Aurnionaque  di  Nameur.  1866.) 

1568.  L'jour  de  d'main, 

Amène  s'  pain.  (Toluînai.) 

LiTT.  Le  jour  de  demain,  amène  son  pain. 

Chaque  jour  amène  une  ressource  pour  celui  qui  travaille. 

1569. 1  n'y  a  nou  si  loni»  joû  qui  n'  vinse  à  1'  mite. 

LiTT.  Il  n'y  a  nul  si  long  jour  qui  ne  vienne  à  la  nuit. 
Toute  chose  arrive  à  sa  fin.  —  Omma  cadunl. 
Il  n'est  si  grand  jour  qui  ne  vien  au  vespre. 

(Adages  françoit.  XYI^  siècle.) 
Stavelot.  I  n'y  a  nou  si  long  joû  quie  I' vespré  n' veigne. 

Var.  Stavelot.  I  n'y  a  rin  qui  n'  prind  fin. 

1570.  N'avu  (ju'  ses  vingt-qwalre  heure  à  dispenser 
par joû. 

LiTT.  N'avoir  que  ses  vingt-quatre  heures  à  dépenser 
par  jour. 

N'avoir  absolument  rien  à  faire.  Ne  pouvoir  l'aire  plus 
qu'on  ne  fait  (réponse  au  reproi^he  de  paresse). 

Taïenne. 
Mins  n'  n'avans  qu'  vingt-qwalre  heure  à  dispenser  par  joù. 

(Kemouchamps.  Li  saveti.  I,  se.  "1.  1838.) 

1571.  Fer  (juatwaze  heure  so  qwinze  joû. 

LiTT.  Faire  quatorze  lieues  on  15  jours. 
Faire  très  peu  de  chose.  —  Ne  rien  faire. 
Pi",  fr.  —  Faire  quatorze  heures  en  quinze  jours. 
Cité  par  Forir.  Uict. 


—  453  — 

MoNS.  Si  ça  continue  ainsi,  t' ti  Jean,  nos  n'arrivrons  jamais  h  no  posse  aujord'hui, 
parqué  du  train  qu'  nos  allons,  nos  ferions  M  quatorze  lieue  su  quinze  Joù  :  hue  don, 
foutu  bourrique. 

(Letixmer.  Armunaque  dé  Mans.  1869.) 

lo7'2.  Nos  n'estans  nin  co  à  l' vesprêye  di  tos 
les  joû. 

LiTT.  Nous  ne  sommes  pas  encore  au  soir  de  tous  les  jours. 

Il  se  passera  bien  des  choses  d'ici  à  la  lin  du  monde.  —  Nous 
avons  encore  du  temps  devant  nous.  —  En  toute  chose,  il  faut 
considérer  la  fin.  —  Rira  bien  qui  rira  le  dernier. 

Pr.  ail.  —  F]s  ist  noch  nicht  aller  Tage  Abend. 

1573.  Arracher  les  jour  avec  les  dint.  (Touhnai.) 

LiTT.  Arracher  les  jours  avec  les  dents. 
Peiner,  se  dépêcher  à  travailler,  et  avoir  à  peine  le  temps 
nécessaire  pour  taire  sa  besogne. 

1574.  Il  a  v'non  â  monde  li  joû  de  bon  verdi. 

LiTT.  Il  est  venu  au  monde  le  jour  du  Vendredi-Saint. 
Croyance  populaire  qui  attribue  à  ce  jour  le  bonheur  (jui 
arrive  à  quelqu'un. 

Deuzême  voisin. 
T'as  sûr'mint  v'nou  à  monde  li  joû  dé  bon  verdi. 

(Remouchamps.  Tdti  V  perriqni.  I,  se.  U.  1885.) 
JoDOiCNE.  Il  a  v'neu  au  monde  le  joû  de  1'  bon  verdeu. 

JOUHNÉE. 

1575.  I  n' fat  nin  s' vanter  d'ine  l)elle  joilrnéye 
avant  qu'elle  ni  seùye  oute. 

LiTT.  Il  ne  faut  pas  se  vanter  d'une  belle  journée  avant  qu'elle 
soit  terminée. 

Il  ne  faut  pas  se  vanter  trop  tôt  d"un  succès  incertain.  (Acad.) 
Cf.  Entre  la  coupe  et  les  lèvres,  il  y  a  place  pour  un  malheur. 

Namuk.  C'est  bin  fait c'est  bin  èployi, 

D'one  belle  journée,  est  fô  qui  s"  vante. 

Do  fer  d' ['esprit,  j'a-t-assayî. 

Ji  SOS  co  pus  biesse  qui  m'  matante. 

(Wérotte.  Choix  de  chansons  wallonnes.  Namur.  1860.) 

Na.ml'r.  On  proverbe  dit  qu'on  n'dnit  jamai.s  .s"  vanter 

D'one  belle  journi'e,  lanl  qu'elle  n'est  nin  co  hiutle. 
C'est  par  malheur  one  bin  jurande  vérité. 

(J.  COLSON.  Les  inondé.  Ch.  1862.) 

ÛIoNS.  I  n"  faut  jamais  s' vanter  demie  belle  journée  dvanl  qu'elle  soit  passée  ; 
autremint  dit,  qu'il  n' faut  jamais  vinde  el  pieau  d' l'ours  d'vanl  l'avoir  escolllé. 

(Leteixier.  .hni.  dé  Mons.  iS'ôi).  L'onis  tu  les  deux  amiinie.  Faufe.) 


—  454  — 

Var.  Verviers.  Neixe. 

Sovint  on  r'grette  à  l' nute  li  lawe  dé  1'  matinôye. 

(Renier.  Li  mohonne  à  deux  face.  Se.  4.  1873.) 

Basse-Allemagne.  —  Man  muss  dcn  Tag  nicht  vor  dem 
Abciid  loben. 

4576.  S'i  étiot  sur  in  s'el'vant  d'  faire  eine  saquoi 
d'  bon  dins  l' journée,  i  s'ercouche.         (Tournai.) 

LiTT.  S'il  était  certain  on  se  levant  de  faire  quelque  chose  de 
bon  dans  la  journée,  il  se  recouche. 

Se  dit  d'un  homme  d'un  caractère  désagréable  et  peu  disposé 
à  faire  le  bien. 

Il  fait  une  maladie  toutes  les  fois  qu'il  rend  un  service. 

(LiTTRÉ.) 

JUDAS. 

1577.  On  trouve  co  pus  d'on  judas.  (Namur.) 

LiTT.  On  trouve  encore  plus  d'un  judas. 
On  rencontre  souvent  des  personnes  d'un  caractère  faux,  qui 
vous  nuisent,  qui  vous  trahissent. 

JUPE. 

1578.  Taper  1'  cotte  so  1'  hâye. 
LiTT.  Jeter  la  jupe  sur  la  haie. 

Se  dit  de  toute  personne  qui,  par  inconstance,  renonce 
à  quelque  profession  que  ce  soit.  (  Acad.) 

Pr.  fr  —  Jeter  le  froc  aux  orties. 

Renoncer  à  la  profession  monacale  et,  par  extension, 
renoncer  à  l'état  ecclésiastique.  (Acad.) 

Cité  par  Forir.  Dict. 

Namur.  Po  l' bigote,  s'i  faut  chanter, 

J'enne  n'a  wère  i'èvie  ; 
Avou  zeile  faut  barboter 

Todi  l' litanie. 
Et  s'il  leu  vint  on  galant, 
Habie  cotte  su  l' hàye,  pan  ! 
Quelle  drôle  di  botique, 

Joseph, 
Quelle  drôle  di  botique  ! 

(Ph.  Lagrange.  Quelle  drôle  di  Ixnique.  Chanson   1807.) 
JoDOiGNE.  Taper  s'  cotte  aux  ourtie. 

1579.  Klle  vole  fou  d'  ses  cotte. 
LiTT.  Elle  vole  hors  de  ses  jupes. 


—  455  — 


Se  dit  d'une  femme  ardente,  recherchant  la  compagnie  et  le 
commerce  des  hommes. 

JUSTE. 


I08O.  Jusse  comme  ine  jusso. 

LiTT.  Juste  comme  une  cruche. 

Jeu  de  mots.  —  Très  juste,  très  exact. 


ERRATA. 

1  Citation,  Verviers,  Sudaurt,  lisez:  Sôdaurt. 

22  Qwèri,  lisez:  Quoiri. 

48  Citation,  MONS,  Rosties,  lisez:  Rostie. 

lliil'u'faut  nin  côpe  l'aubet,  lisez:  I  n'faut  nin  côpet  l'aube. 
118  In  abe,  lisez:  One  aube. 

152  Citation,  Ji  vou  ji  n'pou,  Usez:  Ji  voux,  ji  n'  poux. 
158  Citation,  Charleroi,  Roès,  lisez:  Roi. 
240  Citation,  JODOIGNE,  Moert,  lisez:  Moirt. 
380  Citation,  D' vins  'ne  botèye,  lisez:  Divins  'ne  botèye. 
403  Citation,  MARCHE,  Pèquet,  lisez:  Pèket. 
416  Ajoutez  :  23  et  25  avril. 

461  Citation,  NIVELLES,  Et  i  pracihe,  lisez:  Et  i  praiche. 
527  Citation,  Namur,  I  'nnès  quitte,  lisez:  I  'nne  est  quitte. 
535  Citation,  Voye,  lisez:  Vôye. 
540  Citation,  DelaRGE, Pek'teux,  lisez:  Pèk'teu. 
549  Citation,  TOURNAI,  Été  en  veoë,  lisez:  Ête  en  veoi. 
560  Citation,  JODOIGNE,  Boit,  lisez:  Bois. 
683  Citation,  D'vins  'ne  botèye,  lisez:  Divins  'ne  botèye. 
720  Citation,  NAMUR,  Pèquèt,  lisez  :  Pèket. 
749  Citation,  De  Harlet,  lisez  :  De  Harlez. 
766  Citation,  MARCHE,  Dissuss-t-ancinî,  lisez:  Dissus-st-ancinî. 
962  Citation,  Pèk'teux,  ôtez  Vx. 
971  Citation,  VERVIERS,  Bourike,  lisez:  Bourrique. 


—  456  — 

1072  Variante,  Bailleux,  1er  vers.  On,  lisez:  Ou. 

1118  Citation,  MONS,  Niéein,  séparez  en  deux  mots:  Nié  ein. 

1198  Citation,  Tôt  rate,  lisez:  Toratte. 

1404  Citation,  Beauraing,  Sôlêye,  lisez  :Sô\ée. 

1456  Citations,  HANSON  et  Thiby,  Francs,  ôtez  Vs. 

1461  Citation,  Saint-Hubert,  mwaiche,  lisez:  mouaiche. 

1467  Citation,  DepreOHEUX,  Toir,  lisez:  Toirt. 

1473  Ajoutez  la  date:  6  septembre. 

1491  Variante,  Rattind,  Usez:  I  rattind. 


Les  tables  seront  publiées  à  la  fin  du  second  volume. 


tSII^UI^' 


JUM161970 


PC 
30^1 

t. 29-30 


Société  de  langue  et  de 
littérature  wallonnes 
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