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o/rancis Cabot J^elL^^.
Tir7t|i,u.,!i,i.iL,iii !ii|MiiiiJ,jiiiNJiiii , I! n, il iiiil^ZLT:
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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
BU FINISTÈRE.
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^
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BULLETIN
DE LA
W 9
SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
DU FINISTÈRE
TOME I".
im-im
OniMPBR
Imprimerie d' Alphonse CAEN dit LION.
1874
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^ HARVARD COLLEGE LIBRARY
P. C. LOWELL FUND
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BULLETIN
DR LÀ
SOCIÉTÉ ÂRCHÉ0L06IQDE
DU FINISTÈRE
SÉANCE DU 15 AVRIL 1873.
Présidence de M. A. de Blois.
Ce jour, 15 avril 1875, deux heures après midi, sur
l'invitation qui leur avait été adressée par les anciens
membres du bureau de la Société d'Archéologie du
Finistère, de se réunir pour la reprise des travaux de cette
Société , suspendus depuis longtemps , étaient présents
dans Tune des salles de THôiel de Ville de Quimper.
MM. L'abbé du Marc'hallac'h, vicaire général ;
Roussin, membre du Conseil général ;
Louis de Jacquelot, ancien secrétaire général ;
Joseph de Jacquelot, propriétaire ;
Fougeray, membre du Conseil municipal de Quimper ;
Le Guay, ancien secrétaire général de la Préfecture ;
Halléguen, membre de plusieurs Sociétés savantes ;
Audran, maire de Quimperlé ;
Bourassin, membre de plusieurs Sociétés savantes ;
Bigot, fils, architecte ;
Faiy, chef de bataillon en retraite ;
Richard, juge de paix de Landerncau ;
Flagelle, expert-arpenteur ;
Le Bris-Durest, avocat ;
De Rémond du Chélas, receveur des Domaines ;
L'abbé Guillard ; ,
Cormier, Valéry, avocat ;
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-. 2 -
MM. Duval, vérificateur de rEnregistrement ;
Briot de la Mallerie^ président de la Société d'agri-
culture de Quiniper;
De Baismes, membre du Conseil général ;
Joseph de Galan, maire de Trégunc ;
Peyron, négociant à Quimpcrié ;
De Goy, Stephen, avocat ;
De Montifault, ancien sous-préfet ;
Ayraulty substitut du Procureur de la Bépublique , à
Quimper ;
Le Nir» ancien directeur des Domaines ;
A. de Blois, ancien président de la Société d'Archéo-
logie du Finistère.
M. de BloiSy en prenant place au bureau, exprime le
regret de s'y trouver isolé de ses deux collègues. M. Le
Men , ancien secrétaire de la même Société , est retenu
chez lui par son état de santé ; M. Bigote ancien^ trésorier,
a été foïcé de s'absenter pour un service public.
Il remercie l'assemblée, au nom de l'aticien bureau, de
l'accueil qu'elle a fait à son appel pour la reprise des
travaux de la Société , et lui fait connaître que d'autres
membres anciens ou nouveaux, qui n'ont pu se rendre à
cette convocation, ont fait savoir que l'on pouvait compter
sur leur concours. Il vient de recevoir plusieurs lettres qui
assurent celui dé Sa Grandeur Monseigneur TEvêque de
Quimper ei de Léon, et de MM. de Pompery, membre de
l'Assemblée nationale ; le vicomte de Saint-Georges; Gué-
guénou, recteur de la paroisse de Saint-Martin, de Morlaix;
le docteur Le Caër, de Quimper ; Hippolyie de Pascal ;
le comte Ange de Guernisac, membre du Conseil général ;
Salmon -Laubourgère , président du Tribunal civil de
Quimperlé; Postic, recteur de Plonévez -Porzay ; Hip-
polytc du Cleuziou, ancien président de la Société d'Ar-
chéologie des Côtes-du-nord, devenu habitant du Finis-
tère ; le vicomte de Saisy, ancien chef de bataillon des
zouaves pontificaux, et Jamet, propriétaire à Châteaulin.
Il est donné communication de ces lettres. Celle de
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- 3 --
LÏÏonseigneur l'Evcquc atlressée à Tancien prfsidem est
conçue en ces termes :
« Monsieur et cher ami,
« Je suis heureux de la résurrection de^la Société d'Archéo-
« logie dont j'aimais naguères à suivre les éludes toujours
« utiles à la religion. Je vous prie de vouloir bien me compter
« au nombre de ses membres. Si mes occupations ne me
• permettent pasd*y être un membre actif, vous me trouverez
« toujours disposé à seconder vos éludes de tous mes efforts,
m comme de tous mes vœux.
« Agréez, Monsieur et cher ami , Tassurance de mes senti-
« ments les plus affectueux et les plus dévoués.
u D. ANSELME, o. s. b.,
« Evêqui de Quimper et de Léon. »
Parmi les autres membres, dont Tadhésion est connue^
M. de Blois cite MM. Tabbé Kerlan, recteur de la paroisse
dePIouzané; Tabbé de Kernaëret, cainerier secret de sa
Sainteté ; Friele, propriétaire à Quimper ; du Chatellier,
correspondant de rinslifut de France ; le baron Richard,
préfet honoraire du département du Finistère ; Fautrel,
pharmacien à Quimper ; Tabbé . Jégou , vicaire général ;
î'abbé Postic, recteur de Plonévez-Porzay ; Roumain do
la Touche, ancien procureur impérial à Quimper ; Cozic,
chef de division à la préfecture ; le comte Prosper de
Quélen ; Bahezre de Lanlay, garde général des forêts à
Landerneau ; Binel, professeur de médecine vétérinaire
aux écoles d'agriculture du Lézardeau et de Kerwasec ;
Dubois-Sainl-Sévrin ; Rossi ; Louis de Kerjcgu, maire de
Saint'Goazec ; de Solminihac ; Guermeur, avoué à Ghà-
leaulin ; Amédée de Lécluse (d'Audierne) ; Karl de Kerrct ;
René de Kerret ; Stanislas Moreau ci Malherbe de la
Boissiëre.
Les convocations n'ont pu être transmises que trois ou
quatre jours avant la date fixée pour celte séance. Quoique
toutes les réponses ne soient pas encore parvenues, la So-
ciété compte déjà plus de soixante membres, au nombre
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desquels elle a lieu d'espérer de pouvoir nommer M. Pol de
Courcy ei M. Théodore de la Villemarquc,
Jv^ ne proposerai pas, ajoute M. de Blois, à T Assemblée
de s'occuper aujourd'hui du réglcmenl de la Société. Ces
dispositions simples peuvent être laissées à l'initiative du
bureau qu*olle devra élire avant do se séparer, et seraient
soumises à votre contrôle dans votre prochaine réunion.
Mais il est un point de détail sur lequel le programme de
celle scaiice vous invite à vous expliquer. Veuillez bien dé-
terminer les époques de vos réunions. '
M. Bourassin eiprimele vœu que cette fixation soit Iri-
mesirielle. Cet intervalle de trois mois lui paraît nécessainc
pour soutenir l'intérêt des séances par le nombre et l'tm-
portance descommunicaiions, et donner aux membres qui -
résident loin du chef-lieu, la facilité de participer à tous les
travaux de la Société.
Cette opinion est combattue par MM. Audran, Hallégucn
eiDuresi , qui regardent les réunions de la Société comme
le stimulant le plus sérieux de son activité, et pensent que
les Relations qu'elles doivent établir entre ses membres
seraient trop restreintes, si elles étaient réduites à quatre
séances pendant le cours de l'année. A l'appui de ce sen-
timent, M. Audran fait connaître que la Société du Morbi-
han, dont il fait partie, réunit ses membres tous les mois,
sans que l'intérêt de ses séances souffre de la pénurie des
travaux, ni que les membres qui habitent loin de Vannes
trouvent aucun inconvénient à cet usage. Il faut, dit-il,
remarquer à cet égard, que d'après le projet annoncé par
les lettres de convocation, projet qui avait été unanimement
accueilli dans une réunion préparatoire, chaque séance
devra être précédée^ une semaine à l'avance, du procès-
verbal imprimé de la séance précédente, contenant à la
suite le programme de la séance prochaine. Chacun serait
tenu au courant des communications, elles seraient encou-
ragées, et les membres qui habitent loin du chef-lieu pour-
raient, suivant l'ordre du jour des séances^ choisir celles
auxquelles ils préféreraient assister.
M. de Blois rappelle que tel est en effet le plan que se
sont proposés les membres de l'ancien bureau, dans l'appel
auquel cette Assemblée a bien voulu répondre en se ren-
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- 5 -
dant à la présente réunion. Indépendamment du procès-
irerbal de la dernière séance et du programme de la sui-
vante, les associés recevraient dans le courant de Tannée^
un bulletin des communications aussi complet que le com-
porteront les ressources disponibles. Cette publication for-
merait dans un temps donné un volume d'Annales de la
Société. Il pense que l'on doit prendre pour exemple la
pratique des autres Sociétés d*Archéologie de la Bretagne,
qui se réunissent tous les mois, mais que Ton peut donner
satisfaction au vœu exprimé par M. Bourassin, en conve-
nant que chaque trimestre aurait une séance marquée par
des communications plus importantes.
M. Audran accepte Tidée de cette distinction en faisant
observer qu'elle doit être dans la pratique abandonnée à la
discrétion du bureau qui fixe le progamme des séances.
La question étant mise aux voix, TAssemblée décide que
les séances de la Société se tiendront dans les conditions
proposées par l'ancien bureau, le troisième samedi de cha-
que moisy à compter du mois prochain.
M. de Blois invite ensuite l'Assemblée à constituer le
bureau de la Société, par l'élection d'un président, de deux
vice-présidents, de deux secrétaires et d'un trésorier.
M. Peyron pense que les vice-présidents pourraient
être pris dans les divers arrondissements, et que ces choix
seraient un nolivcau lien entre les membres résidents et
ceux qui sont éloignés du chef-lieu. On fait observer, dans
un autre sens, qu'il serait agréable à l'Assemblée de donner
ce témoignage de sympathie aux confrères qui viennent
d'un auire^ arrondissement coopérer a ses .travaux ; mais
qu'avant tout il faut songer que l'administratiou d'une So-
ciété marchant activement^ exige entre les membres de son
bureau des rapports trop fréquents pour qu'on puisse
sans inconvénient les choisir hors d'un rayon rapproche
du centre.
L'élection donne les résuhnts suivants ; sont nommés :
Président, M. de Blois ; Via-présidents, MM. du Marc 'bal-
lac'h et Roussin ; Secrétaires , MM. Le Men et de
Moniifault ; Trésorier, M. le commandant Faty.
La séance est levée à trois heures et demi.
En ï absence du secrétaire^
A. BB BLOIS, président.
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~ 6 —
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU FmTSTiî«E
a la date du 20 AVrîl 1873.
MM. L'abbé âbgiull, professeur au collège de Poni Croix.
AvDRAN, maire de Quimperlé.
AïRArLT, subslilul du pcocurcur de la République a
Quimper.
Bahezrb de Larlw, garde général des forêts à Lan-
derncau.
L'abbé Batec, professeur au collège de Pont-Croix.
Le docteur Bebihard, à Carhaix.^
Bigot, architecte du département.
Bigot, architecte de Tarrondissemcnt de Brest.
BiNBT, vétérinaire à Quimperlé.
De Blois, Aymar.
BorBASsm, membre de plusieurs sociétés savantes.
Briot de la Mallerie, président de la Société d'Agri-
culture de Quimper.
Caen dit Lion, imprimeur à Quimper.
Le docteur Le Caer, à Quimper.
Cawvel, professeur à Quimper.
De Carné^ membre de l'Académie française.
De Carwé (Edmond).
De Chamaillard^ fils, avocat à Quimper.
Du Chatellier, correspondant de l'Institut.
Cheguillaume, ingén^ en chef des ponts et chaussées.
Du Clbuziou, ancien président de la Société archéo-
logique des Côtes-du- Word.
Le docteur Coffec, à Quimper.
Colomb, ancien conseiller de préfecture.
Cormier, avocat à Quimper.
Du CouÉDic, membre du Conseil général.
De Courcy (Pol).
Cozic, chef de division à la Préfecture.
Daoulas, fils, ébéniste à Quimper.
DoNiNARD, employé des lignes télégraphiq" àQuimper.
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MM. Dvbois-Saint-Sbvrin, commis de direction des postes.
DuBEST Lb Bris, avocat à Quimper.
Dry AL, vérificateur des domaines à Quimper.
Fatt, chef de bataillon en retraite, à Quimper.
Fautbel, pharmacien à Quimper. .
Flagelle, expert-arpenteur à Landerneau.
De Fobsaisz , député a 1* Assemblée nationale*
FouGBRAT, membre du conseil municipal, à Quimper.
Friele, propriétaire à Quimper.
H. Gaidoz, directeur de la Revue Celtique, à Paris.
Gaubert, membre du Conseil générah
GoRVAN, avoué à Quimper.
De Got, Stephen^ avocat à Quimper.
Le Guat, ancien secrétaire général de la préfecture.
L*abbé GuÉGUÉROu^ recteur de Saint-Martin de Morlaix.
GuERHEUR, avoué à Ghàteaulin.
Db Guernisac, membre du Conseil général.
L'abbé Guillard.
Le Gvillod-Pennanros, membre du Conseil général.
Leiiocteur Halléguen, à Chàteaulin.
Héhoiv, Louis, avocat à Quimper.
Hémon, Prosper,
Th. Hersart bb la Villemarqué, membre de l'Institut.
Db Jacquelot, Louis, ancien secrétaire général.
De Jacquelot, Joseph.
Jahet, propriétaire à Chàteaulin.
L'abbé Jégou, vicaire général.
R. DE Kbrret.
G. BB Kerret.
De Kerjégu^ Louis, maire de Saint-Goazec,
De Kersauzon, membre du Conseil Général.
L'abbé Kbrlan, recteur de Plouzané.
L'«bbé BE Kbrnaéret.
Lacostb. membre du Conseil général.
Db la Lanbe bb Calan, maire de Trégunc.
Laportb, avocat à Quimper.
Du Laurent bb la Barre, ancien officier de marine.
Db Lécluse, Amédée.
Loarbr, agent-voyer en chef des chemins vicinaux.
Malherbe be la Boissière.
L'abbé bu Marg'hallac'h^ vicaire général.
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- 8 —
MM B.-F. Lb Men, archiviste du département.
Db Montifàult, ancien saus-préfet.
MoRBAv, Stanislas.
Lb Nir, ancien directeur des domaines.
MR' Nouvel, évêquo de Quimper et de Léon.
Db Pascal, propriétaire.
pBTRON, propriétaire à Quimperlé.
L'abbé Pbyron, pro-secrétaire de l'évéché.
PiHORET, préfet du Finisière.
Th DE PoMPERY, député à r Assemblée nationale.
L'abbé Postic, recteur de Plonévez-Porzay.
De QuÉLÈif, Prosper.
De Ràismbs, membre du Conseil Général.
Db Rémond do Ghblas, receveur des domaines.
Richard, préfet honoraire du Finistère.
Richard, juge de paix à Landerneau.
Rossi» propriétaire à Quimper.
Roussm, membre du Conseil Général.
RouMAiiH DE LA ToucHE, ancien procureur impérial.
De Saïsy, Paul.
Salmon-Laubourgère , présid' du trib' de Quimperlé^
Sauvé, receveur des douanes à L'Aber-Vrac'h.
De Saint-Georges.
Db Solminihac.
De Treveneuc, député à T Assemblée nationale.
JuNKER, ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées.
ORDRB DU JOUR
Pour la Séance du Samedi 17 mai^ à 2 heures, salle de V Hôtel de Ville.
!• Discussion des articles du Règlement de la Société.
2* Notice sur M. de Gaumont, — par M. du Chatellier*
3* Restauration des tombeaux des évoques de Quimper, dans la
calhédrale, — par M. R.-F. Le Men.
4» Dons offerts au Musée départemental.
Le Président de la Société, A. DE BLOIS.
Nota. — MM. les Sociétaires qui voudraient payer leur cotisation
soDt priés d'en adresser le montant (10 fr.), à M. FATY, chef de batail-
lon en retraite, rue des Reguaires, n» 22, à Quimper.
294S — Quimper, Cyp. Gaên.
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SÉANCE DU 17 MAI 1873.
Présidence de M. A. de Blois.
Etaient présents : MM. Audran, — Bigoi, père, — de
Blois, — Bourassin, — Ganvel, — du ChaleUi^r, — Cor-
mier, — Duresl Le Bris, — Duval, — Faty, — Foogeray,
— deGoy , Stépben, — de Jacquelot, Joseph^ — de Jac-
quelot^ Louis, — de Lalande d<3 Calan , — Malherbe de la
Boissîère, -r- R.-F. Le Men, — de MontifauU, — Moreau,
Stanislas, — Le Nîr, — Richard, juge de paix, — Soudry.
M. de Blois donne lecture de plusieurs lettres d'adhésion
qui ont été adressées, et en particulier de celle de Monsei-
gneur TEvéque d'Autun et de Ghâlons.
D'autres adhésions sont parvenues au bureau.
Voici la liste complète des nouveaux membres que la
Société est heureuse d'accueillir dans son sein :
MM. Affichard, fils, propriétaire à Quimper ;
Alavoine, Joseph, adjoint au maire de Quimper ;
Allard, fils, entrepreneur à Quimper, membre du
Conseil municipal ;
. Â9tor, maire de Quimper ;
De ffiois, Xavier ;
BoUoré, Alexandre, propriétaire à Quimper ;
' Clairet, imprimeur à Quimperlé ;
Comte de Chauveau, propriétaire à Kériolet ;
Le Dali, sculpteur à Landerneaii ;
Foullioy, capitaine de vaisseau^ membre du Conseil
général ;
François , chef d'escadron , commandant la gendar-
merie du Finistère, à Quimper ;
Frochen, fils, négociant à Quimper ;
Le Guillou-Penanros, juge à Brest;
Le Guillou^PenanroSy fils, propriétaire à Concarneau ;
Guitot , négociant à Quimper, membre du Conseil
mimicipaL ;
Guyho, avocat à la Cour de Cassation, à Paris ;
Hénon, notaire à Quimper ;
Le Hir, docteur -médecin à Morlaix ;
L'abbé Lamarque, curé de la cathédrale, à Quimper ;
Mgr de Lézéleuc de Kerouara, évéque d'Autun cl de
Châlons;
Lorans, avoué à Quimperlé ;
2
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— 10 —
MM. Malen, professeur i Qnimper ;
PirioUy peinire à Quimper.
Puyo, architecte à Moriaix ;
' Richard , Amédée , receveur de Tenregistrement à
Ghiteauhn ;
Le Bouxeau de Rosencoaf, «membre du Conseil gé^
néraly à EUiant ;
Soudry^ avoué à Quimper ;
TouUemonly négociant au Guilvinec.
Ces adhésions, au nombre de 28, avec celles déjà reçues,
s'élèvent à 124.
Le président donne la parole à M. du Chatellier pour la
lecture de sa notice sur M. de Caumont.
M. du Chatellier s'exprime ainsi :
Il y a quelques jours seulement que M. de Caumont termi-
nait« à Caen, son utile et longue carrière, entouré des mem-
bres de sa famille et de quelques amis.
Après m'être assuré de l'agrément de notre Président, je
vous demande la permission d<!) vous entretenir un instant de la
vie de cet homme de bien, dont la passion dominante fut Ta-
mour des arts et des antiquités que vous chérissez comme lui.
Vous parler de M. de Caumont, ce sera vous parler d'une
vieille connaissance et d'un ami vers lequel vos regrets, comme
les miens, se sont portés avec la plus anxieuse inquiétude, à la
première nouvelle de sa mort si dommageable pour les études
auxquelles il nous a initiés par tant de travaux et par un enseigne-
ment qu'il sut rendre si persuasif.
Aucun de nous qui ne sache, en effet, ce qu'il a fait pour
rendre à l'étude de nos nionuments l'importance qu'elle doit
avoir, au double point de vue de l'histoire et de l'esthétique.
Je me rappelle à ce sujet, avec qu'elle juste sagacité notre
Maître était jugé par les hommes estimés les plus compétents
dans la matière. Je me trouvais, à un de nos congrès scienti-
fiques, placé près de M. de Montalembert, quand, avant d'ou-
vrir la Séance dans laquelle il devait nous parler de ses excur-
sions en Espagne, il nous entretenait familièrement des services
inappréciables que M. de Caumont avait rendus à la science et
dont il avait, lui-même profité très-amplement.
« Il fau t avoir couru laîFrance et les pays étrangers, comme
« je l'ai fait, avec ses livres à la main, nous disait il, pour
« savoir tout ce qu'il a si judicieusement aperçu de grand et
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— n —
« d'élevé dans l'art du moyen-âge. Ses contemporains l'ont
« rarement contesté, mais trop souvent ignoré. La postérité lui
« devra des statues •. »
Ce suprême jugement de Tillustre auteur des Moines d'Oc-
» cident m'est resté fermement empreint dans l'esprit, et je pense,
aujourd'hui plus que jamais, quand cette existence si belle et si
généreusement dévouée vient de se clore, qu'il ne doit être
rien rabattu de l'opinion, qu'en ont eue les hommes les plus
considérables de notre âge.
J'en ai, pour garant, ce que Tillustre Humbold lui écrivait,
en le félicitant d'avoir réuni, dans un même faisceau^ tant Se-
léments dispersés sur la surface très^variée ae la France, et je
pourrais également citer ce que me disait, un jour, M. Guizot,
en prenant la présidence d'un de nos congrès de la rue Bona«
parte, vers 1868 :
ft Que c'était chose bien rare, par le temps où nous vivonsi
« de voir des institutions compter plus de trente ans de
« durée, et que l'exemple donné par notre ami ne saurait être
« trop encouragé. »
Mais pourquoi ne trouverions-nous pas, dans la modeste et
nouvelle existence de la société à laquelle nous appartenons,
l'entière justification des appréciations accordées au Maître
dont relèvent, depuis un demi-siècle, toutes les Sociétés archéo-
logiques de France ?
En nous remettant à l'œuvre, nous cédons aujourd'hui encore
^ à l'impulsion que nous a donnée M. de Gaumont, et j'ai pensé
que nous ne saurions mieux faire pour prendre une idée conve*
, nable des efforts qui pourront assurer le succès de notre en-
treprise, que de jeter un rapide coup d'œil sur une partie de ses
travaux, afin d'apercevoir les horizons qu'il a lui-même ouverts
devant nous.
Né h Bayeux, M. de Gaumont avait eu la bonne fortune de
trouver, au collège de Falaise, où il fît ses premières études,
des professeurs distingués, qui surent deviner ses goûts et les
encourager. Bientôt appelé h Gaen pour y faire son droit, il de-
vinl promptemeut l'un des élèves les plus distingués des cours
[mblics des deux Facultés des Sciences et des Lettres. Le droit,
'histoire naturelle, les études archéologiques et la musique se
partagèrent ses moments et les absorbaient presque complète-
ment.
n se plaça presque partout à la tête de ses compétiteurs, si
bien qu'on le vit à la fois Secrétaire de deux Sociétés savantes
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qu'il fonda avec quelques amis^ sous les titres de Société Lin-
néenne et de Société des Antiquaires de la Normandie, Les no«
lices nombreuses et remarquables de M. de Caumont compri-
ses dans les mémoires de ces deux Compagnies ne tardèrent pas
à leur donner une autorité dont Tinfluence fut prompte à se
faire sentir.
Les arts, et la musique surtout, continuaient à donner à
son esprit, déjà fort cuUiYé, et à son caractère ce charme aima-
ble et persuasif, qui lui a valu tant d'amis dévoués et fait
naître sur ses pas tant de vocations scientifiques.
Travaillant, dès cette époque, au cpurs d'archéologie qu'il
allait bientôt ouvrir, on le voyait, en même temps, courir le
ays à cheval, prenant des notes pour les cartes géologiques
u Calvados et de la Mauéhe qu'il a publiées, et venir s'asseoir,
au retour de ses excursions, au grand orgue de St Etienne de
Caen que l'organiste de cette belle Eglise lui confiait de temps
en temps.
Pendant les dix ou douze années que M. de Caumont resta
chargé du Secrétariat des deux Sociétés qull avait fondées, de
nombreux volumes de mémoires, des dessins et des cartes,
publiés en partie à ses frais, parurent et firent sa réputation et
celle de ces Sociétés.
C'est alors, et vers 1830, que parut le premier volume dfr
son cours d'antiquités, en même temps qu'il faisait de l'archéo-
logie l'objet d'un enseignement oral que de nombreuses per-
sonnes suivaient avec le plus grand intérêt.
Qu'ai-je besoin de dire que c'est de cette époque, c'estrà-dire,
de l'apparition de son cours d'antiquités, que date pour nous
tous cette profonde révolution qui s'est opérée dans l'étude des
monuments de notre pays, en nous conduisant à les considérer
avec un sentiment plus élevé et plus exact des véritables con-
ditions de Fart.
Mais la pensée de de Caumont, en prenant un vol aussi résolu
vers une réhabilitation de rai:t dont quelques doctrines s'étaient
profondément altérées sous le poids de préoccupations étran-
gères devenues très-exigeantes, ne pouvait tarder de le pousser
au-delà des étroites limites de la ville et de la province où ses
premiers essais avaient eu un si remarquable résultat.
Ce fut en 1833, qu'il réalisa la pensée des Congrès scienti-
fiques de France, dont le besoin commençait d ailleurs à se
faire sentir sur plusieurs points à la fois, ainsi que le prouve
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^ 13 -
une première réanioQ des lettrés de la Bretagne et de TAdjou
qui eut lieu à Nantes la même année, et dont nous eûmes
1 honneur d'être l'un des secrétaires.
Le premier Congrès scientifique de France fut ténu à Caen, et
M. Guizot en eut la présidence, de Caumont en ayant été Tins-
pirateur et le secrétaire.
Aujourd'hui plus de cent volumes de mémoires et de procès-
verbaux sont venus confirmer l'utilité de cette belle institution,
et, comme nous avions Thonneur de le dire, devant l'Académie
des Sciences morales , à laquelle nous rendions compte,
en 1865 de ses travaux, on peut affirmer quie l'histoire scienti-
fique et littéraire de nos provinces s'y trouve complètement
consignée pour les quarante et quelques années écou-
lées.
Si vous y joignez une vingtaine de volumes, des mémoires
des Congrès archéologiques, autres Congrès plus spéciaux, éga-
lement fondes par M. de Caumont, et aussi les volumes et les
mémoires du Congrès des délégués des Sociétés savantes réuni
annuellement à Paris, depuis 1843, vous trouverez, dans ces
études, l'énoncé et souvent la solution d'une foule de ques-
tions que le temps et les besoins de notre âge ont^ posées suc-
cessivement. Enfin, si nous reprenions une à une ces questions
et les débats auxquels elles ont donné lieu, vous reconnaîtriez
facilement avec moi que si tant d'hommes distingués et sou-
vent illustres sont venus prendre part aux^iscussions ouvertes,
c'est que sous l'inspiration du maître on y trouvait une com-
plète liberté d'exposition qu'on n'aurait rencontrée nulle part
ailleurs, soit que le caractère officiel de certaines assemblées
s'y opposât, soit qu'une teinte d'apparat gouvernemental en-
levât à la parole des orateurs cette ampleur et cette flexibilité
qui faisaient le charme de ces libres réunions.
Aussi fut-ce par mille, douze et quinze cents que se comptè-
rent plusieurs fois les souscripteurs empressés de ces grandes
assises de la science, où nous avons vu venir s'asseoir les
hommes les plus considérables de notre pays et de l'é-
tranger.
Et que devenait le maître aimé et prisé de tous, au milieu de
ce mouvement des idées du jour ! Il commençait invariable-
ment par refuser l'honneur qu'on voulait lui faire de toute pré-
sidence que ce fut, et, placé au second ou au troisième rang
du bureau, il s'y tenait silencieux, restant seulement en éveil
sur ce qui pouvait faire valoir les hommes et les idées qui se
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~ H —
produisaient , et ce n'était qu*à la fin des réunions que,
tenant à clore, par lui-même, la session ouverte, il recherchait,
par l'entremise de quelques intimes, ceux qui voudraient bien
accepter une invitation à un banquet où il tenait à réunir une
centaine des plus dévoués auxquels il laissait le soin de dire,
dans des toasts de la dernière heure, ce qu'il conviendrait de
faire dans les sessions suivantes.
*
Plus de soixante congrès, tenus à Paris ou dans la province,
ont ainsi été préparés et conduits par lui. et si Ton fait entrer
dans celte énumération, les réunions aussi nombreuses de l'as-
sociation des cinq départements de la Normandie qui a compté
jusqu'à 3,000 adhérents, on trouve que, de compte bien fait,
soit sur l'agriculture, soit sur le commerce, sur la statistique,
les sciences naturelles, les antiquités, les arts et les lettres,
plus de 500 volumes de mémoires et de procès-verbaux ont
été publiés par ses soins et fort souvent à l'aide de déboursés
de son épargne personnelle.
Comme vous le voyez, le labeur a été patient mais considé-
rable, et je n'hésite pas à dire que les hommes de la province
surtout lui ont les plus grandes obligations, témoin cette espèce
de Manuel tiré de son cours d'antiauités, sous le titre modeste
d'Abécédaire archéologique dont 30,000 exemplaires ont été
vendus, à notre connaissance, et lui valaient un beau denier
que nous l'avons vu de nos yeux répartir aussitôt en médailles,
en prix, ou en;sommes consacrées à des fouilles archéologiques,
ne se réservant, dans sa simplicité plus que modeste, que c^
qui lui était nécessaire pour passer à un magasin de confection
où il avait l'habitude de renouveler son vestiaire.
Vous avez, comme moi, sans doute, souvent entendu parler
de la fécondité joyeuse et intarissable d'un aimable romancier,
longtemps l'élu des viveurs de notre âge, qui aurait aussi laissé
quelque chose comme 500 volumes de nouvelles et de romans
lus avec une activité fiévreuse.
M. de Gaumont, resté l'homme le plus modeste de la France,
malgré sa belle fortune et une alliance dans la maison des
Bellefonds qui eut un Maréchal de France, sous Louis XIV, n'a
jamais vécu que de cette vie retirée de laquelle il ne sortait
que pour aller d'une ville à l'autre, rechercher ceux qui, comme
lui, vivaient des émotions que l'on trouve dans cette gymnas-
tique de Tesprit, pure et vivante satisfaction des hommes qui
parviennent à se détacher suffisamment des choses de ce monde
pour en aimer de plus élevées et de plus nobles.
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— 15 ~
Mous ne pourroasi sans doute, le suivre que de loin dans
celle voie ; mais ce m'est une occasion de vous rappeler, que
quand nous essayâmes, en 1843, d'établir, à l'exemple de la
Normandie, une Association agricole et littéraire des cinq dé-
partements de la Bretagne , M. de Gaumont s'empressa de se
rendre à notre appel, et vint à Vannes, lieu de notre réunion,
nous prêter Tutile concours de son nom déjà célèbre. Il nous
guida, avec une affabilité sans égale, dans tout ce qui tenait
à une première organisation, et, voulant nous laisser un témoi-
gnage dp. Talliance plus intime et plus resserrée de tous les dé-
partements entre eux pour l'œuvre indispensable de leur éman-
cipation nttéraire, il nous remit un drapeau portant les noms
des cinq départements de la Normandie qui figura, dans toutes
nos séances, à côté de celui sur lequel nous avions inscrit celte
vieille devise des Bretons : Potius mori quam fœdari. Ne pen-
serez-vous pas que ce gage de son amitié et de ses espérances
pour les études auxquelles la Bretagne allait se livrer, ne sau-
rait être mieux placé que dans le musée archéologique qui se
forme près de nous/
J'ai l'honneur de vous le remettre dans cette pensée, et j'es-
père que personne ne perdra de vue que notre illustre Maître,
par la persistante lenacité de ses études et de ses recherches,
a élevé la science des antiquités au niveau d'une des branches
les plus importantes de Thistoire. La gloire incontestable de
M. de Gaumont sera surtout d'avoir ouvert, devant les hommes
de la province, des horizons nouveaux vers lesquels il nous a
laissé des jalons nombreux et très-sûrs. Quelquefois, attristé
des obstacles qu'on lui opposait, il paraissait disposé à fléchir ;
mais, se relevant aussitôt, il retrouvait, dans les circonstances
mêmes qui l'environnaient, tous les éléments d'une lutte plus
ardente, dans laquelle ses forces et sa résolution semblaient
se rajeunir.
Ainsi, nous le vîmes un instant hésiter, quand le Ministre de
rinstructioD publique, en 1860, profitant de l'exemple que
nous lui donnions depuis plus de vingt ans, eut, du même coup,
l'idée d'avoir aussi son congrès des délégués des Sociétés sa-
vantes, et son bulletin des publications faites en province,
("choses passées à l'état chronique chez nous). M. de Gaumont
s'effraya de la concurrence qu'allaient créer à nos réunions les
médailles, les récompenses honorifiques et les frais de déplace-
ment que le Ministre ne manquerait pas d'accorder à ses Uni-
versitaires,,.. Mais le danger disparut presque aussitôt. Les amis
des lettres et les auteurs de mémoires furent nombreux à la
Sorbonne, où le Président, l'œil fixé sur le cadran de sa mon-
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— 16 -^
tre, distribuait avec parcimonie les quarts d'heure accordés à
chaque lecteur. Mais, les habitués du congrès central de Cau-
mont, où, depuis longtemps on lisait fort peu, pour discuter et
se tenir plus que jamais dans les actualités du moment, furent
encore plus nombreux, et nous trouvons, dans auelques-unes
des dernières lignes tracées de la main affaiblie ae notre ami,
que 22 membres de l'Institut des provinces, fondé peu d'an-
nées avant l'ouverture des séances de la Sorbonne, sont entrés,
en 1871, au sein de l'Assemblée nationale.
C'est assez dire queUtait l'esprit de nos réunions ; et si je
m'arrêtais à rechercher quels ont été leurs habitués les plus
dévoués, il me suffirait de nommer parmi eux une foule d'hom-
mes qui ont marqué leur place à la tête des affaires publiques
ou de la science.
Mais, au lieu de m'attacher, plus longtemps aux pas de ceux
3 ui ont honoré, à un titre ou à l'autre, les belles institutions
ont l'existence reste liée désormais au nom de M; de Cau-
mont, qu'il me soit permis de consacrer ici un double témoi-
gnage de reconnaissance pour lui et pour la femme éminem-
ment distinguée qui. pendant près d'un demi-siècle, a soutenu,
avec tant de résolution et de discernement, les efforts de celui
qui, a suivi, sans jamais s'en écarter, le sentier de la science
où il a établi, pour nous, tant de stations où les exprits les plus
libres et les plus chercheurs s'arrêteront longtemps avec dé-
lices.
Cette lecture écoutée avec une sympathique attention est
suivie de marques unanimes d'approbation.
M. du Ghatellier répète qu'il est possesseur de la ban-
nière que M. de Caumonl, au nom de l'Assocîaiion nor-
mande, offrit autrefois à l'Association bretonne, 'et que ce
sera pour lui un plaisir de faire don de cette relique à la
Société d'Archéologie du Finistère, pour être déposée au
Musée départemental, où elle rappellera à tous le souvenir
de M. de Gaumont.
M. de Blois se fait l'interprète des sentiments de ras-
semblée en remerciant vivement M. du Ghatellier de l'hom-
mage par lui rendu au célèbre et si modeste crndit que
la science vient de perdre.
L'Assemblée, a dit M. le président, ne pouvait, dans le
deuil général de toutcii les Sociétés d'Archéologie, mi^ux
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— 47 ~
inaugurer la reprise de ses travaux que par rhommige
que fun de ses membres vient de rendre à la mémoire du
fondateur de la science dont nous sommes ici les adeptes^
dn promoteur infatigable de cet heureux retour vers Tétude
des arts du moyen-âge. Ce sentiment protège aujourd'hui
ses monuments contre le vandalisme de Timpiété ou de
rignorance qui en a détruit ou mutilé un si grand nombre.
Mes relations avec M. da Gatimont , sans être aussi
suivies que celles de M. Duchatellicry ont duré trente ans.
Elles remontent à la fondation de TÂssociàtion bretonne
qui m'avait fait Thonneur de me confier la direction de sa
classe d'archéologie. Je me hâtai de réclamer les conseils
de l'expérience de M. de Caumonl. La Bretagne n'avait
alors qu'une seule Société d'Archéologie, c'était celle des
Gôtes-du-!Nord. II m'encouragea à tenter la fondation des
quatre autres qui, en moins de quelques mois, furent éta-
blies à Rennes, Nantes, Vannes et Quimper. C'est donc
sous son inspiration que la nôtre a pris naissance.
Je ne vous parlerai pas, Messieurs, de Taccueil aimable
que je rencontrai dans sa belle habitation de Vaux-sur-
Laison^ voisine de Caen^ ville où il passait la saison d'hiver.
L'étude qui fait progresser la science, ne suffit pas pour
en assurer la diffusion. A un dévouement sans bornes, qui
mettait au service de ses progrès une fortune considérable
et une incroyable activité, M. de Gaumont joignait le don
précieux d'une éminenlc sociabilité. Personne ne fit jamais
moins d'étalage de ses connaissances, qui étaient on peut \t
dire, presqu'universelles. Il ne s'occupait que de faire va-
loir celles des personnes avec lesquelles ses réunions
scientifiques le mettaient en rapport. Cette abnégation, di-
sons mieux, cette humilité, lui donnait un empire irrésis-
tible pour écarter dans ses congrès les vaines prétentions
d'amour propre et en éloigner tontes les causes de division ;
tout y était ordonné de manière à faire marcher de front
dans leurs nombreuses sections, consacrées les unes aux
sciences naturelles, les autres à l'histoire ou à la littérature,
ces connaissances utiles dont il a été partout le propagateur.
Telle a été la carrière remplie par M. de Caumont, pen-
dant plus de trente années. Il était au courant des arts
comme des sciem^es ; ses titres archéologiq>ies sont cepen-
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~ 18 ~
dant plus connus que les autres. Lui ayant demandé un
jour comment il était arrivé à déterminer les caractères
archéologiques de chaque époque, il me répondit que dans
sa jeunesse , son goût pour Tart l'avait porté à suivre
M. Joliment pendant que ce dessinateur reproduisait la
belle église de Bayeux pour son ouvrage des Cathédrales
de France^ et que, partant des données vagues qu*il avait
recueillies de cet artiste , il était, à force d'observation,
arrivé à la classification des styles qu'il a enseignée dans
ses cours d*archéologie monumentale.
Il y a quelques années, je rencontrai, un dimanche
matin, M. Je Gaumont qui passait dans notre ville pour se
rendre à Thabilation de M. du Ghaiellier, et j'eus le plaisir
de visiter avec lui notre belle cathédrale.
Il a, comme vous Ta très-bien rappelé M. du Ghatellier,
concouru a la fondation de TAssocialion bretonne» qui reçut
de ses mains la bannière que voulut bien alors offrir,
comme à une sœur, TAssociation normande. Qu*il me soit
permis de revendiquer pour notre Association qui va re-
naître, ce symbole de l'union des deux grandes provinces
de rOuest.
Je remercie, au nom de la Société^ M. du Ghatellier de
son hommage à la mémoire de M. de Gaumont. Je ne fais
qu'exprimer nos communs sentiments, en priant Tauteur do
nous remettre les pages qu'il nous a lues. Nous serons
heureux de les reproduire dans notre bulletin, pour nos
confrères absents à cette séance.
J'arrive de Saint-Brieuc. Il a été arrêté que la Bretagne
reprendrait ses Gongrcs. Vous en aurez les prémices.
Messieurs. Il a été résolu que dès le mois de septembre
notre ville serait encore le siège de ses assises agricoles et
archéologiques.
L'assemblée, par un témoignage unanime , s'associe à la
proposition de M. le président.
L'étal de santé de M, Le Men ne lui permettant pas de
lire son travail sur la restauration des tombeaux des
évéques de Quimper, on passe à la discussion du règlement.
Le secrétaire donne lecture du projet, puis il est passé à
l'examen des articles.
Diverses observations sont présentées dans le cours de
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~ 19 —
la discussion par MM. Bourassin^ de Blois, Richard» Daval»
Cormier^ Foiigeray, Malherbe de la Boissiëre^ Durest Le
Bris, de Goy, de Montifault, Le Men, du Ghatellier et
Aodran.
Les articles suivants, composant le règlement, sont en-
suite successivement votés par l'assemblée :
RÈGLEMENT
Article 1". — La Société archéologique du département du
Finistère a pour objet :
1» De rechercher, d'étudier et de décrire les monuments
anciens, et plus spécialement ceux du Finistère, et de veiller à
leur conservation ;
2» D'étudier l'histoire, les idiomes et les institutions ^du
pays ;
3» De travailler à l'accroissement du Musée départemental
d'archéologie.
Art. 2. — Le bureau de la Société se compose : d'un prési-
dent, de deux vice-présidents, de deux secrétaires et d'un tré-
sorier.
Le président et les vice-présidents sont élus annuellement,
au mois d'avril, au scrutin secret, et à la majorité des membres
présents.
Les secrétaires et le trésorier sont élus aussi au scrutin secret
et pour une période de trois ans.
En cas de vacance, leurs successeurs ne son t élus que pour
le laps de temps restant à courir jusqu'au terme de la période
pour laquelle ils avaient été nommés.
Art. 3. — Le président dirige les séances, donne la parole,
veille à l'exécution du règlement, fait les convocations, délivre
les mandats des dépenses autorisées par la Société et la repré-
sente dans ses relations avec l'autorité ou avec les autres
Sociétés.
En cas d'empêchement, il est suppléé par l'un des vice-pré-
sidents, ou à défaut, par un des membres présents désigné
par l'assemblée.
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- 20 —
secrétaires rédigenl les procès-verbaux des
séances, en surveillent Timpression, renvoient aux sociétaires,
et sont chargés de la conservation des ouvrages et documents
appartenant à la Société.
Abt. 5. — Le trésorier perçoit la cotisation des sociétaires
et toutes autres sonames pouvant revenir à la Société ; il ac-
auilte les dépenses ordonnées ou approuvées par le président, à
1 exceptidn des menus frais ; il tient les comptes et soumet les
résultats de sa gestion à la. Société à la fin de chaque année.
Art. 6. — Le bureau fixe l'ordre du jour, décide, s'il y a
lieu, la convocation à des séances extraordinaires, nomme les
commissions, délibère sur tout ce qui peut intéresser la So-
ciété, et règle tout ce qui tient à la publication, soit in-extenso^
soit en résumé, de mémoires, notices ou travaux de toute na-
ture communiqués à la Société.
Art, 7. — Pour être membre de la Société, il faut :
lo Être présenté par deux membres déjà inscrits ;
2» Être inscrit à Tordre du jour de la séance du vate ;
3» Obtenir la majorité des voix des membres présents à la
séance.
Art. 8. Les membres de la Société payent une cotisation
annuelle de DIX FRANCS, au mois d'avril de chaaue année,
ou au moment de leur admission. Toutefois, les memores admis
à partir du !•' octobre n'auraieat à verser que CINQ FRANCS
pour le semestre d'octobre à avril.
Art. 9. — Tout membre qui serait en retard d'une année
pour le paiement de sa coiisation, pourra être déclaré démis-
sionnaire.
Art. 10. — Les séances de la Société ont lieu à Quimper,
le second samedi de chaque mois, à deux heures, dans la salle
du Musée départemental d'archéologie réservée aux antiquités
gallo-romaines. Toute séance extraordinaire sera l'objet d'une
convocation spéciale adressée en temps utile à chaque socié-
taire (I).
(f ) Dans la réunion du 15 avril, le troisième samedi de cbaqne mois
avait été choisi pour le jour ordinaire des séances. Cette décision a
été modifiée par l'article 10 du règlement, sur l'observation bien fondée
que le troisième samedi du mois correspondant au jour de foire de
Quimper, plusieurs membres, retonus par leurs affaires, ne pourraient
ce jour-là, se rendre aux séances de la Société.
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- 2« ~
Akt. II. —Un bulletin mensuel sera adressé aux sociétaires,
huit jours, au moins avant chaque réunion. Outre le procès^
verbal de la séance précédente et Tordre du jour de la prochaine
réunion, il contiendra, soit in-extenso, soit par eilrait, les mé-
moires dont Timpression aura été reconnue utile par le bureau.
Abt. 12. — L'ordre du jour inscrit à la suite du bulletin,
indiquera avec le jour et Theure de la réunion ^ l'objet des
lectures et communications qui seront faites à la séance, et qui
devront être annoncées au président au moins quinze jours à
l'avance.
Art. 13. — Les membres dont lés travaux seraient publiés
in-exteuso dans le bulletin de la société, devront fournir, huit
jours au plus tard après la séance, un manuscrit définitif de
leur travail qui servira aux secrétaires pour corriger les
épreuves.
Art. 14. —Le titre de membre honoraire pourra être dé-
cerné aux savants connus par leurs travaux, aux personnes qui
auront rendus de grands services à la Société^ ou à celles qui
auront fait des dons importants au Musée départemental d' ar-
chéologie.
Art. 15. — Lorsque M. le Préfet du Finistère, Mgr TEvêque,
ou M. le maire de Quimper assisteront à la séance, ils prendront
place près du Président.
Art. 16. — Toute discussion politique ou religieuse est inter-
dite dans les réunions de la Société.
Art. 18. — Le présent règlement ne peut être modifié que
sur une demande formée par dix membres au moins, et signée
par eux.
Il sera procédé au scrutin un mois après que la modification
demandée aura été inscrite à l'ordre du jour.
Dans le cas ou trois membres présenta ne trouveraient pas
la réunion assez nombreuse, ils pourraient demander le renvoi
à la séance suivante.
A cette séance le vote aura lieu à la majorité des membres
présents, quelqu'en soit le nombre.
Âpres le vote du règlement, M. Duval demande où seront
conservés les archives et documents appartenant à la
Société, et quels sont, dès aujourd'hui, ces docirments.
M. de Blois répond qu'il a entre les mains les procès-
verbaux de Vancîenne Société et quelques ouvrages qui Inî
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- 22 -
ont été offerts, et qu'il tient le tout à la disposition de la
Société.
M. Le Men fait connaître que le Musée départemental
d^ardiéologie lui parait être le lieu le plus convenable pour
la conservation de ces ouvrages et de ceux qui pourraient
être ultérieurement offerts à la Société, et qu'il y existe une
armoire où ils seraient à labri de toute chance de dété-
rioration.
M. le président invite les membres présents à faire
une visite au Musée, où ils pourront se rendre compte des
nouvelles acquisitions qui ont été faites, de son aménage-
ment et de l'emplacement proposé pour la conservation des
archives de la Société.
M. Audran, avant la clôture de la séance^ fait hommage
au Musée départemental d'une lance en bronze d'nne par-
faite conservation, trouvée il y a quelques années, dans
Tenclos des Ursulines de Quimperlé.
La séance est levée à 4 heures et demi.
Le Secrétaire,
V. DE MONTIFAULT.
ORDRE DU JOUR
Pour la séance du samedi 1 4 juin, à 2 heures, dans une des
salles du Musée d'Archéologie.
i"^ Restauration des tombeaux des évêques dans la cathé-
drale de Quimper, par M.R. F. Le Men.
2'' Notice sur le château du Taureau, près Morlaix^ par
M. A. de Blois.
Le Président de la Société,
A. DB Bl.OIS«
Nota. MM. les Sociétaires qui voudraient payer leur co*
tisation, sont priés d*en adresser le montant (iO francs)^ à
M. Faty, chef de bataillon en retraite, rue des Reguaires,
n"" 22, à Quimper.
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- 23 -
Dans offerts au Musée départemental d'archéologie.
M. FL46ELLE, export à Landerneau, membre de la
Société.
i* Bague romaine en verre bleuâtre, trouvée en défri-
chant un bois^ à 400 mètres au nord de Lesiremclar^ en la
commune de Sizun (Finistère). C'est dans la même localité,
où les débris romains abondent , que fut découverte il y a
quelques années, nne tète de femme, en terre blanche, qui
a appartenu à une statuette de plus grande dimension que
celles que Ton rencontre habituellement en Bretagne. M. le
Bourg, notaire à Sizun, a fait don de ce remarquable frag-
ment au Musée départemental, par l'intermédiaire de
M. Flagelb.
2"* Anneau de bronze trouvée en 1872^ en défrichant le
champ de bataille de Landerneau.
3** Un petit bronze de Grispus et un ardillon de boucle en
bronze trouvés en 1872, au milieu de substructions romai-
nes^ en la commune de Ploudaniel (Finistère).
4' Un petit brouze de Tetricus I, trouvé dans les ruines
romaines, de Kerradennec, sur la voie qui conduisait a
Yorganium.
5"* Un petit bronze de'Tetricus II., même provenance.
Q'* Six petits bronzes barbares, même provenance.
M. Labàsque, agent-voyer de Tarrondissement de Brest.
Plaque antique de bronze^ de 4 centimètres de côté, garni
de trois clous en même métal, trouvée en 1871, à Pen-ar-
G*hleuz, en la commune de Guipavas (Finistère), à 2 mètres
de profondeur, contre le chemin vicinal de Landerneau à
Kerhuon (S«" E, n° 376 du cadastre).
M. GoLUK, cultivateur au Quenquis-Meur, commune de
Plouider (Finistère).
1. Une monnaie gauloise en bronze coulée, de prove-
nance inconnue,
2. Quatre petits bronzes ou monnaies de billon de Gai-
lien, trouvés à Keralien, en la commune de Plabennec^ sur
la limite de celle de Guipavas (Finistère).
3. Un petit bronze de Salonine, femme de Gallien ; même
provenance. — SAtomNA âug. Son buste diadème à droite
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- 24 -
avec le croissant. Rev. Aue. m pack^ Salonine asâaa à
gauche tenant une branche d'olivier et un sceptre^ A
Texergue : P.
Cette pièce n'est pas commune.
4. Douze monnaies de même module de Postume ; même
provenance. Parmi ces monnaies les deux suivantes sont
assez rares.
I. — Imp. C. Postomds p. F. AuG. Son busie radié à droite
avec le paludament. Rev. Herg. Dkusonibmsi. Hercule nu
debout à droite appuyé sur sa massue et tenant un arc ; la
peau du lion repose sur son bras gauche.
II. — Imp. C. Postumus p. f. Aug. Son buste radié à
droite avec le paludamsnt. Rev. Saegolo Fbugifero. Cadu-
cée ailé.
5; Un petit bronze de Quiniillus ; mêma provenance.
6. Une monnaie de même module de Constantin II;
même provenance.
M. Adolphe ALAyoïnE, négociant à Pont-Croix.
l^^Urne gauloiseen terre, munie d'une anse ^ trouvée en
i871 dans le tumulus de Lescongard, en la commune de
Plouhinec.
2® Un demi-écu de Navarre et Béarn.
M. Anatole de Barthélémy, secrétaire de la Commission
de la Topographie des Gaules.
Seize monnaies gauloises appartenant à divers peuples et
pouvant se repartir ainsi : Aeddi, 6 ; Allobroges, ( ; Bitu-
R16BS, i ; Carisutes, 3 ; Ericasses^ 1 ; Massàlià, i ; Petru-
CORU, 1 ; SEGrsAvn, 1 ; Sequani, 1.
M. Gaubbrt, notaire à Carhaix, membre du conseil
général.
1" Une hache en pierre provenant des environs de Car-
baix.
2*" Une hache en bronze trouvée dans la commune du
Huelgoat.
fÀ suivre J
Quimper, imprimerie d*Alphonse CAEN.
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SÉANCE DU U JDIN 1875.
Présidence de M. A. de Blois.
Étaient présents : MM. Âudran. — Ayrauit. — De &toU&
— Brioi de la Mallerie. — Gormier . — Donnard. — Davftl.
** Fongcfay.,— LeGuay. — Heirsàrt de la Villenaarqué.
— De Jacquelot de Boî&rouvray, Louis. — Malèti. —
De Montifault. — Moreau. — Roussin. — ^ De la Touche.
M. le Président donne connaissance à Fàssefnblée de deui
teltt'es de M. Roussin, tice-présidènt ; pât la ptemièrè,
M. Roussin fôit bonnaitre qu'il ne s'est décidé à àcbëptér léi
fonctions de vice-présideut que dans la ci'ainte de catiàëf f^ar
on refus des embarras à la constitution de la Société, mais
que depuis, le grand nombre d'adhérents^ parmi lesquels se
trouvent plusieurs hommes spéciaux, est venu lui donner la
conviction que ces fonctions seraient acceptées par des
membres plus versés que lui dans les questions archéolo-
giques.
Par une seconde lettre^ M. Koussin persiste dans sa
démission tout en annonçant qu'il restera membre actif de
la Société et qu'il lui prêtera son aide et son concours toutes
les fdis qu'elle en aufa besoin.
En présence dé cette îpersistàtice àe JH, ftou^éirî, ^(ti
assiste à la séance et qui renouvelle leë déclarations con-
tenues dans ses lettres, en disant que de plus dignes et de
plus éclairés que lui peuvent accepter les fbnctiotis de vice^
président, M. de Blois se toit obligé de lai«»re Mi totx
riBteèèptâtion de la déÉûissién de M. Roiiësin.
Cette démission éstreib^ée à l'unâniibité tiimûi déiii
voix, le Président et M. Roussin s'étaiit abstenus.
Après ce vote, Bl. lioussin, persistant dans sa démissIoDi
M. Audran, et après lui M. le Président se fdnt les inter-
prètes des regrets unaniines qu'inspire a l'assemblée h
resotutioii Se M. Rotissin.
Là nôtnibàtiôh d'iih nouveau ticer-fitéiident éist Mi^ iaut
iùït.
L*assemblée décide à l'unanithité que Télection d'un vicè-
président sera inscrite à l'ordre du jour de la séance du lÉ
juillet, «1 qu'il éera, dans cette séanbe^ pfreeédé au vuftéi
conformémeïit à l'ariiote S An rè^tn^t.
H. Je Piréâdëbi fîiit éeiiâiBdtrè à là récmiott qti'il a^çu
3
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— aè-
de M. Joseph Denais, demeurant à Beaufort en Vallée^près
d'Angers, une petite brochure intitulée Les victimes de
Quibéronj dont l'auteur fait hommage à la Société en lui of-
frant d'entrer en relation avec elle.
La réunion invite M. le Président à remercier l'auteur et
à lui faire savoir qu'elle entrera volontiers en relation avec
lui.
M. le Président, passant à l'ordre du jour^ fait connaître
que M. Le Men étant malade^ ne peut se rendre à la séance
et faire la lecture annoncée sur la restauration des tombeaux
des évéqucs de la cathédrale de Quimper.
M. de Blois prend ensuite la parole et lit le travail suivant :
SUR
LA VILLE DE MORLAIX ET LE CHATEAU DU TAUREAU.
Hessusurs,
Je ne comptais vous entretenir que de la forteresse muni-
cipale du Château du Taureau , près de Morlaix ; mais je me
suis laissé entraîner par Tintérêt du sujet à vous occuper de
cette ville, en faisant usage d'excellentes recherches faites par
un savant antiquaire dont je n'ai pas besoin de rappeler le nom.
L'histoire de toutes les villes du Finistère mérite d'être ac-
cueillie dans notre Société départementale.
Je ne m'étendrai pas sur le nom de Morlaix. Ce nom en latin
Mons relaxus, et en breton Afon^row/M, suffit pour faire recon-
naître qu^on le prononçait anciennement Montrelais. C'était,
il n'y a pas encore si longtemps , celui de l'une des hauteurs
dont cette ville est entourée. Ce nom donné à d'autres loca-
lités situées dans des gorges de montagnes , ne saurait être
mieux justifié que dans celle* ci.
On conserve dans cette ville des monnaies du m* siècle, dé-
couvertes, il y a plus d'un demi>siècle , dans les ruines de son
château et de ses remparts, ce qui a donné lieu de conjecturer
qu'ils furent élevés sur l'emplacement d'un castrum romain.
Cette opinion doit être facilement admise. Il serait étrange
qu'uiie position si avantageuse pour le commerce maritime eut
échappé à l'attention des vainaueurs de la Gaule. Mais com-
ment fût-elle abandonnée dans les âges suivants ?
Les monnaies dont il est question s'arrêtent au règn€^de
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_ 27 —
l'empereur Valérien, vers Tan 264. Il est à remarquer que cette
époque, à laquelle commence le déclin de Tempire, fut aussi
celle de grandes calamités pour la Gaule septentrionale surtout.
C'est celle des grandes incursions de la piraterie saxonne qui
détruisit plusieurs de ses villes que le gouvernement impérial
n'eut plus désormais la puissance de rétablir. D'ailleurs, le
commerce de cet établissement devait se faire avec la Grande-
Bretagne, qui était encore plus ravagée par ces barbares dont
elle a fini par devenir la proie.
n est possible que cette ville antique ait porté le nom de
Julia ; mais le témoignage d'un écrivain du xii« siècle, comme
celui de Conrad de Salisbury, qui ne cite aucune autorité à
r appui de cette assertion, ne peut pas être d'une valeur sé-
rieuse. Morlaix est une ville du moyen-âge. La population qu'y
avait attirée le commerce maritime était, au commencement
du même siècle encore éparpillée en petites agglomérations
ayant chacune leur église, et elle était protégée par le voisinage
d'une petite enceinte fortifiée, qui devait en occuper le centre.
C'est l'idée que nous en donne l'acte de donation de l'une de
ces églises aux moines de Marmoutier, qui est celle de Saint-
Martin. Cet acte est de l'année 1128. Les églises de Saint-
Mathieu et de Saint-Melaine , de Morlaix, devinrent aussi dans
les mêmes temps, des prieurés desservis par des moines avant
d'être érigées en paroisses. Les services que rendait le clergé
monastique étaient plus appréciés que ceux du clergé séculier.
Ces fondations furent faites par les comtes du Léon, qui ne
prenaient alors que le titre de vicomtes.
C'était encore l'époque des guerres baronales. Les annales
du temps sont pleines du récit des débats qui s'agitaient par
les arpaes entre les grands seigneurs du pays ou que ceux-ci
avaient h soutenir contre les ducs de Bretagne, qui ne prenaient
alors le titre de comte. Hervé III, comte de Léon, était en
guerre avec le duc Conan IV. Ce prince appela le secours
d'Henry II, roi d'Angleterre, et çlu duc de Normandie gui fit
une invasion dans le pays de Léon , en 1166 , et détruisit les
châteaux de Lesneven, Saint-Pol et Trebez. On voit les ruines
de cette dernière fortification près de Morlaix. Guyomarh VI
jui succéda â Hervé de Léon , était d'un caractère brouillon ;
es violences par lesquelles il ensanglanta sa famille, amenèrent
l'intervention de Geoffroi, qui venait de monter sur le trône
ducal par son mariage avec Alix , fille de Conan. Geoffroi en
prit occasion de s'emparer de Morlaix en 1179. A la mort de
ce prince, Guyomarh prolesta contre cette confiscation par la
reprise de cette ville. Quelques années plus tard, le roi d'An-
gleterre, père de Geoffroi, revendiquait par un siège qu'il fit
en. personne, les droits du jeune duc Arthur de Bretagne, son
le
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— 28 —
pupille. Après une vigoureuse résistance des assiégés, Henry H
s'empara de celte place qui depuis fut définitivement annexée
au duché. Cette acquisition était pour les princes bretons d'une
très-grande importance, en ce au'elle scindait les possessions
des comtes de Léon, en isolant ae leur ancien domaine^ délé-
mité à Morlaix par le cours du Jarleau, de vastes contrées
dont ils étaient devenus maîtres dans le pays de Tréguier (I }•
Ainsi commençait le déclin de cette maison puissante dont lés
prodigalités de ses derniers comtes avaient, moins d'Uh sièdô
après, codaplété la ruine. Les vicomtes de Léon que nous re-
trouvons ensuite dans l'histoire , ne sont plus qu'une branché
puinée de cette famille.
La politique ducale recommandait la vSle de Morlaix à toute
la sollicitude des princes bretons. Ils venaient y passer dft
temps dans un château de plaisance construit d'abord sur la
rive gauche et aux bords du Quefleut. Il fut rebâti sur les ter-
rains plus élevés qui dominaient Tancienne enceinte de ville,
après que le pretùier emplacement de ce ch&teau eût été aban*
donné pour former l'enclos du couvent des Dominicains que
les habitants y fondèrent en 1235. Jean II se plut h orner le
nouveau château. En exécution d'un vœu qu'il avait fait étant
à la Réole , en Guyenne, où il combattait avec les Anglais, il
construisit la belle église de Notre-Dame du Mur, que Jean lY
se chargea plus tard de couronner par un magnifique clocher.
C'était Ta chapelle dufeale ; Jean II y avait institué une collé-
giale desservie par un prévôt et huit chapelains, en 1296, et
fait transférer la confrérie de la Trinité , établie depuis plus
d'un siècle et demi dans l'église de Saint- Mathieu. Ce fut sans
doute pour la rendre plus accessible aux habitants qui auraient
voulu assister aux offices de l'église de Notre-Dame du Mur,
Ju'il marqua sa place aux plus prochains abords de la ville,
cerna aussi de murailles un espace de sept cents journaux,
non loin du château, pour lui servir de parc. Albert Le Grand,
parlant du duc Jean lY, écrit : que ce prince aimait à prendre
« le plaisir et le déduict de la châsse dans cet enclos rempH
« de bêtes fauves. *
La paix dont avait joui la Bretagne jusqu'au règne du duc
Jean III, fut troublée après sa mort survenue en 1341 , par la
!;uerre que soutinrent durant plus de vingt ans les deux pré-
endahts h sa couronne. Charles de Btois, marié à la comtesse
de Penthièvre, que le feu duc avait reconnu pour son héritière,
conformément â l'usage des fiefs de ce pays, défendait avecl'ap-
* » Il " ^.^^^m- I II ■ — ^i^ I —ni— . .^
(1) On peat voir dans une enqnête de Tannée tî85 , rapportée aul
preuves de THistoibb de Biktagmb, tom I, cd. S87, que le domiUne
des comtes de Léon s-étendail depuis it oép Siiirt-Iaatié , jHQqiiii
Lannion.
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— 29 —
pjtti ^ roi de France, les droits âe sa femma^fllle du frère aîné
$e Je^ IV, contre le comte de Montfort» qui h'ea était quç le
frère.puîqè ; ce prince était soutenu par les Anglais. Notre pays
était devenu le toéâlre des yieiltes hostilités dçs deux peuples.
IJorlaij^ ei tout le pays qui Tentoure reconnaissaient 1 autoi:îté
àe Charles de Blois et, s'il est vrai que le comte de Mbntfort
ou sop fils en ait fait le siège, cette tentative demeura sans
résultat. Celte ville^ en 1352, envoyait des députés aux Etats
deDinan^ ppur aviser au paiement de la rançon de Charles de
Blois, fait nrisounier à la bataille de la Roche-Derrien. Quand
le sort de la bataille d'Auray eût rangé la Bretagne sous la loi
de Jean IV, Morlaix fit sa, soumission ; mais demeura toujours
d'une foi suspecte au duc conquérant. Ses habitants, par un
sentiment commun à toute la Bretagne, étaient impatients de
la faveur .exclusive dont les Anglais iouiss^ient près de ce
prince et de la défia^e qu'il montrart^RdJ^r^ ses sujets. Elle
était entretenue par l'empressement avec lequel des Bretons;
servaient la France sous leur compatriote le connétable
Du Guesclin. Dans une guerre qu'il faisait au roi Charles V, le.
duc Jeau IV avait imaginé de mettre une garnison anglaise k
Morlaix, ealS73. Des troupes françaises qui traversaient la
Bas^-Bretagne, se joignirent à la noblesse du pays et aux ha-
bitants pour débarrasser la ville de ces étrangers. Ils furent
assiégé^ dans le château ; les uns furent tués, les autres furent
contraints de capituler. Mais le duc^ qui alors était allé sotii-
citer de nouveau:^ secours en Angleterre , ne tarda pas à dé-
barquer au pays de Léon à la tête d'une armée considérable.
A son arrivée, les Morlaisiens dégondèrent les portes de leur
ville eii signe de soumission et s'avancèrent au devant du prince
en denaandant grâce. Jean IV , avant de faire aucune réponse,
exigea que cinquante des coupables fussent remis çn ses
mains. Il épargna la ville ; mais tous les habitants qui lui
avaient été livrés fiirent mis. à mort. Jean IV^ qui pour ne pas
entrer en ville s'était logé au château de Guburien, partit
aussitôt , - laissant dans Morlaix une garnison de huit cents
hommes. Les Morlaisiens, pendant que le duc était en voyage,,
appelèrent encore les mêmes secours et expulsèrent leurs
gardiens. Bien heureusement pour eux, ce prince ne trouva pas
le loisir de mettre à exécution la vengeance dont ils étaient
menacés.
L'activité commerciale de cette ville n'était pas au-dessous
de son énergie dans les affaires publiques. Sa prospérité s'ac-
crut sous les règnes plus paisibles de Jean V et de ses suc-
cesseurs. Anne de Bretagne s'était remariée à Louis XII.
Lorsqu'elle passa èi Morlaix en se rendant d'un pèlerinage au
Folgoét vers celui de Saint-Jean-du-Doigt, elle fut reçue avec
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— so-
les plus vives démonstrations de joie ; c'était en Tannée 1505.
François !•' dans le cours d'un voyage en Bretagne , dont on
ignore les motifs, visitait aussi la ville de Morlaix, en 1518.
L'alliance de ce prince avec Henry VIII d'Angleterre, quoique
solennellement renouvelée dans leur fameuse entrevue du
Champ du drap d'or^ fut bientôt rompue par une ligue offensive
du monarque anglais avec Charles -Quint , en 1522. Leurs
forces maritimes combinées mettaient à la voile dans Télé de
la même année, sous les ordres du grand amiral d'Angleterre.
Cette flotte de cent huit forts navires, après avoir ravagé les
côtes de Normandie et pillé Cherbourg, paraissait près de l'em-
bouchure de la rivière de Morlaix dans les derniers jours de
{'uin, avec le dessein de faire un gros butin dans cette ville,
^ar une singulière coïncidence, en même temps que la noblesse
du pays se rendallt à Guingamp pour une revue que devait
passer, à l'occasiôïï^fle la guerre, le comte de Laval, lieutenant
([énéral en Bretagne , les négociants de Morlaix partaient pour
a foire de Noyal-Pontivy. C'était le grand marché des toiles
dites noyaleSf dont ce port faisait de grosses expéditions. In-
formé de ces circonstances par un traître du nom de La Trigle^
qui n'était pas capitaine de la ^ille . comme Ta écrit Alberi Le
Grand, mais qui pouvait bien y avoir alors commandé, comme
lieutenant, l'amiral comte de Surrey changea son projet d'at-
taque en un projet de surprise. Les Anglais, débarqués dans la
rade, le 3 juillet , s'acheminèrent par petites bandes ; les uns
déguisés en paysans, et les autres en marchands, se glissèrent
dans la ville et dans les faubourgs, tandis que d'autres se
cachaient dans un bois; sans que les habitants eussent la moia-
dre défiance, jusqu'à ce que réveillés par l'ouverture des
portes et l'entrée bruyante des Anglais, au milieu de la nuit ,
ils se jetèrent dans la campagne. Le pillage fut complet ; les
églises elles-mêmes ne furent pas épargnées. « Deux seules
* « personnes, écrit Albert Le Grand, se mirent en défense , le
■ recteur de Ploujean , chaj)elain de Notre-Dame du Mur,
• lequel ayant levé le pont de la porte de Notre-Dame , monta
« dans la tour, d'où à coups de mousquet il versa en la pou-
•« dre (\dL poussière), les plus eschauffés ; mais enfin il fut miré
« et tiré. Et une chambrière de la Grande Rue qui voyant
• que tout le monde du logis s'estoit sauvé à la fuite, amassa
« quelques autres filles de Ta rue en la maison et ayant ouvert
« l'escoutille ou trape de la cave qui estoit à l'entrée de la
« porte, en dedans, de sorte que les ennemis entrant en foule
« tombèrent dans la cave où ils se noyèrent au nombre de
« plus de 80. Enfin . la maison fut forcée et la généreuse fille
« qui, avec ses compagnes , s'estoit retirée et enfermée au
« sommet du logis, poursuivie par les soldats, fut prise et jettée
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~ ai ~
« du haut en bas sur le pavé. * La patacbe que les Anglais
avait dépêchée pour recevoir le butin ne put arriver au port.
Le chenal avait été barré au moyen des arbres coupés dans
l'avenue du couvent des Cordeliers de Cuburien qui avaient
été jetés dans la rivière. Les Anglais partirent à temps pour ne
pas rencontrer le comte de Laval qui arrivait au secours, après
avoir mis le feu à la ville, emmenant avec eux les habitants
sur lesquels ils avaient pu mettre la main, et dont ils attendaient
une forte rançon. Mais sii à sept cents traînards qui s'étaient
attardés à faire bonne chère aux celliers du Quai cle Tréguier,
dit notre auteur, furent taillés en pièces près de la fontaine du
StiveU aux abords de la ville. Cette fontaine s'est appelée de-
puis la Fontaine des Anglais. On dit aue les captifs restèrent
plusieurs années en Angleterre, et que la ville demeura sous le
coup de cette catastrophe pendant dix ans.
Depuis lors , en temps de guerre maritime, les Morlaisiens
surveillèrent le cours ae leur rivière. Sous leur conduite, les
paroissiens de Saint-Mathieu, de Saint-Melaine et les habitants
des paroisses riveraines se relevaient dans un poste établi h la
pointe de Bec-ar-Menez ; celle de Penalan . sur l'autre rive,
était soumise à la même garde par les habitants de Saint-
Martin et autres de la même rive. On cherchait un mode de
défense plus efficace et m(«ins assujettissant. Le prieur des
Dominicains en donna un projet qui finit par être accueilli. Ce
prieur, du nom de Nicolas Trocler^ proposait de fortifier un îlot
rocheux de la rade qui commande si complètement les deux
Fasses de la rivière que ses feux pouvaient aisément en fermer
accès. La ville demanda l'autorisation de construire ce châ-
teau, Elle lui fut accordée après une enquête sérieuse, aux
conditions qui suivent. Les Morlaisiens devaient faire la dé-
f^ense de cet établissement , faire choix du capitaine et de
a garnison, l'entretenir , payer les gages du chef et de sa
troupe, et se couvrir par l'abandon que Je roi faisait des de-
voirs, aides, impôts et billot de la ville, ce qui fut accepté avec
empressement. Au bout de deux ans, le 3 juillet 1544, jour
anniversaire de la surprise de Morlaix, Jean de Kermellec pre-
nait possession du Château du Taureau^ comme capitaine avec
une garnison de vingt-trois soldats, choisis dans les jeunes
gens de familles notables du pays, un trompette, un canonnier
et un aumônier. Dix ans après , on complétait l'organisation
du personnel par Tadjonclion d'un lieutenant, d'un enseigne,
d'un portier et même de trois dogues. On voit que Saint-Malo
n'était pas la seule place qui comptât des chiens parmi ses dé-
fenseurs. La paie du capitaine était de deux cents livres, celle
des soldats de soixante. La première somme représenterait en
valeur actuelle cinq mille francs; la seconde douze cents en*
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- 3? r-
yiron. Si ce n'est pas à, rétablissement du Château du Taureau,
c^est au moins à ta surprise de Morlaix que se rapporte la devisé
héraMique de ses armes dont la pièce principale est un navire.,
Cette devise est un jeu de mots sur son nom : S'ils te mordent j,
mord les.
Morlaix, en 1548, voyait entrer dans ses murs la jeune reine
d'Ecosse, Marie Stuart , qui venait de débarquer à Rosçoff et
allait épouser le Dauphin, depuis François II, avec lequel elle
ne régna en France que peu de mois. Au moment de son en-
trée le pont de la porte Notre-Dame (1) s'écroula sous la mar-
che de son escorte. Elle craignit qu'on en voulut à sa vie, ce fut
alors que le sire de Rohan , en la rassurant, lui dit ces paro-
les souvent citées : Jamais Breton ne fit trahison. Quelques an-
nées plus tard la ville reçut une nouvelle organisation muni-
cipale, semblable à celle de plusieurs grandes villes de
France. Nantes avait obtenu ce privilège, en i560, deux ajis
avant celle de Morlaix. Il ne fut octroyé à Rçnnes et à
Brest que trente ans plu^ tard ; ce qui peut donner l'idée de
l'importance qu'on reconnfiissait alors à la ville de Morlaix.
.^usque-lâ le procureur ou ^ndic des bourgeois, qui prit alors
le titre de maire, n'avaitraucune juridiction de police. Le maire
devant être assisté dans son service par des échevins, éjgale-
menl élus par Içs habitants. Charles IX accorda aussi, en
1506, à la ville la faculté d.'avoir une juridiction consu-
laire ou coaimefciale. Les juges étaient élus par les principaux,
négociants.
Le corps municipal à qui il appartenait de nommer le capi-
taine du Château au Taureau , avait jusgu'en 1562, porté ses.
choix sur les habitants de la ville , qu'il jugeait les plus propres
à exercer cet emploi. Il avait élé, depuis Torigine, confié succes-
aÎTemcTit h Jean de Kermellec et à Guillaume des Fontaines,
qui était en même temps sénéchal, à Guillaume Queraener,
ViQcenl Nouël, Richard Nicolas et Vincent Lezay. Elevé à une
plus haute digtiilé par son nouveau régime, le conseil résolut
de faire de celte capitainerie un attribut de l'office des maires
de Morlaix. Il (ut résolu en conséquence que chaque maire
sortant après son service, qui n'était qu'annal, serait investi,
pendant ranDée suivante, de ce petit commandement. Nous
ayons eu occasion en parlant de la surprise de Morlaix de dire
que cette ville avait un capitaine. Tout ce qui regardait le
service militaire se faisait sous son autorité. Le sénéchal et lui
nommés par le çrince, étaient les représentants de la puissance
souveraine { ils occupaient le premier rang dans les délibé*
"ffM' ■! !■, l'J ■ - . '! l';i! . ".'[l I'. ' ■ ■ ' ■ ''l" " "■ 1 ' ■ Il _ I ;■,
(1) Cette porte Notre«Dame n'était pas celle de Notre-Dame^u-Mur,
m coUe d^une autise cbapellQ située au-dewdps^de la ville clpse.
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— 33 -
rations municipates. La capitainerie de Morlaix fut érigée ea
litre de gouYemement en 1568 ; Troïlus du Mesgouez, maïquis
de la Roche, en faveur de ijui cette création avait eu lieu, ed
induisit qu'elle lui conférait des droits plus considérables que
ceux qu'il avait eus jusqu'alors; il voulut donner des ordresâu
Château du Taureau et en nommer le capitaine. Malgré la haute
protection que lui accordait Catherine dé Môdicis. mère du roi,
il échoua dans ses prétentions.
JVous sommes maintenant en présetice des évènenïents du
temps de la Ligue, à Morlaix. Nous devons commender par
à're quelque chose de la situatiori du paj'S à Tépoque que
nous abordons. La Basser-Brelafene s'était peu occupée des
querelles de religion jusqu'en 1583. Mais l'assassinat d'Henry HI
qui appelait à la couronne un prince Huguenot , y causa de
vives alarmes pour le sort de la toi catholique. La Ligue lais-
sait en suspens la question d'Hérédité. Elle avait proclaifté le
vieux cardinal de Bourbon , oncle d'Henry IV, et s'était fait
beaucoup de partisans. En 15dl, Brest était la seule ville de ce
pays qui fut soumise à l'autorité de Henry IV; et il n'y avait
pa^ alors longtemps ({u'elle avait été enlevée aux Ligueurs. Cette
faction trouvait un appui considérable dans le gouverneur
de Bretagne, qui était de la maison de Lorraine, et qui, héritier
par sa femme, des prétentions de la maisoïi de Penthièvre sut
la Bretagne, ne cherchait qu'une occasion pour les faire valoir.
Mais l'état des choses avait beaucoup changé depuis que le roi^
devenu maître de Paris , était rentré dans le sein de l'Eglise.
L'année suivante, le maréchal d'Aumontvl'iln des plus renom-
més capitaines de ce temps, recevait la mission de mettre fin à
la guerre civile mêlée de brigandages , qui désolait la Bre-
tagne. Le parti de la Ligue ét^it puissant: à Morlaix ; mais les
b<unmes sages , qui tendaient à s'en éloigner, devenaiéilt de
phis en plus nombreux. Le nàaréchal, parti de Trégtiier pour se
rendre dans celte ville, trouva en route ses députés, qui, à
Tinsu du gouverneur, venaient le prier d'y faire soft entrée,
en lui proposant des articles de capitulation qu'il se hâta d'ac-
cepter. Son arrivée imprévue ne laissa au sire dé Camé Ro-
sanipoul, ligueur déterminée que le temps de ise jeter dans le
château, avec soi^aijte igentilshommes du pays qui furent bien-
tôt renÉprcés de cinq cents: soldats de Mercœur. S'il eût pju
tenir plue longtemps , une bataille eût été livrée sous les muirs
de. la ville, car Mercoetù^ù'en était plus qu'à quelques lieues
avec sa teoupe et un corps d'Espagnols. D'Aufiiônt Venait d'être
rejoint; par un corps d'An^aiç. Mais la disettô était au château ;
il iatluè se rendre. ; Pendant qne leë assiégés ^ sùp^or^
talent le^ privatiods^: le mdréchal avait ^gàTa^nnent envoVé
un mouton et An gibier à l'adresse de la datne de Rosain^
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— 34 — .
poul, qui avait voulu subir avec son mari les épreuves du siège.
L'un des articles de la capitulation portait que la ville gar-
derait ses privilèges anciens sur le Château du Taureau. Il eût
été très-impolitique au maréchal de repousser cette disposition ;
mais, pendant les vingt-quatre jours de la durée de ce siége^
il dut s* apercevoir aue son exécution prochaine était pleine de
périls. Ce Château au taureau, remis aux mains d'un ancien
maire ligueur, pouvait devenir une citadelle pour celte faction
et tomber au pouvoir des Espagnols. On aurait pu voir le Châ-
teau du Taureau comme le château de Primel , sur la même
rivière, occupé par La Fontenellé, ou tomber aux mains des
étrangers. D Aumont , fit appel au patriotisme du capitaine de
cette place, en lui demandant au nom de la paix publique, de
se maintenir dans son commandement envers et contre tous,
jusqu'à ce qu'il eût reçu d'Henry IV Tavis de se retirer. L'an-
cien maire, qui exerçait, cet emploi, était Guillaume du Plessis
de Kerangoff, ancien ligueur, mais qui avait compris qu'il n'y
avait plus qu'à se rattacher au roi légitime. Quand son suc-
cesseur vint pour occuper le fort , il lui en refusa l'entrée. La
ville s*étonna de cette violation de ses droits et ne voulut pi as
payer les gages du capitaine. Du Plessis l'y contraignît en met-
tant arrêt sur le passage des navires. Elle recourut à l'autorité
du conseil privé du roi. Ses requêtes furent traînées en longueur
par des réponses dilatoires ou évasives , si bien que le capitaine
du Plessis, dont la famille subsiste encore dans le pays, ne reçut
l'autorisation de se retirer qu'au bout de dix ans. Il remit lecliâ-
teau au maire sortant qui s'appelait Maurice de Kerret. C'était en
l'année 1604. Sans doute l'histoire doit dater la fin des événe-
ments de la Ligue en Bretagne, de la reddition de Nantes que
Mercœur tint en son pouvoir jusqu'en 1 598 ; mais le calme ne
se fit pas partout aussitôt. Malgré les soins d'Henry IV pour
empécner tout mouvement de réaction, du Plessis en butte à
la commune qui lui demandait compte de la prolongation de
son commandement et réclamait de fortes. condamnations pé-
cuniaires , exhiba alors les ordres du roi. Il justifia en même
temps qu'il avait été forcé de faire de grosses avances pour le
maintien du service de la place. On dût lui payer huit mille
écus, malgré l'état des finances de la ville qui s'était fort en-
dettée pendant qyie son adnunistration était dominée par le
parti de )a Ligue.
Le&élections municipales de l'année 1641 furent mêlés de bri*
gués; on ambitionnait la mairie en vue de la capitainerie du châ-
teau du Taureau. Ce privilège fut suspendu ; le roi nomma un of-
ficier à ce commandement. La ville envoya une députation à la
cour. Elle obtint de Richelieu sa réintégration dans ses prérogati-
ves. Rien n'était moins conforme aux idées monarchiques que l'a-
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— 35 —
bandon d'une place de guerre à l'autorité municipale; mais
c'était un privilège unique, et qui par suite ne pouvait tirer à
conséquence. Ce fut le renouvellement des mêmes agitations
quiy mit fin. Louis XIV confia le château pendant trois ans à
un offi<;ier de ses gardes, qui eut pour successeurs deux ma-
réchaux de camp et un lieutenant général de la maison de Goes-
briant. Yvon de Goesbriant, un de leurs auteurs, avait été capi-
taine dé Morlaix en 1558; enfin M. de Saulx-Tavannes lieu-
tenant-général, était gouverneur de ce château au moment de
la Révolution. En supprimant le privilège des Morlaisiens, le roi
avait pris à sa charge les dépenses d'entretien du fort et de la
garnison et avait érigé cette capitainerie en titre de gouverne-
ment. C'est ce qui était arrivé depuis longtemps pour beaucoup
des anciennes villes closes gui avaient eu des capitaines et que
leur éloigriement des frontières ne permettait plus de classer
dans les places de guerre; elles avaient des gouverneurs qui y
recevaient les premiers honneurs quand ils y résidaient, et parti-
cipaient à leurs délibérations et à leurs affaires importantes.
Elles payaient aussi les émoluments attachés à leur charge, ce
qui était une manière de traitement qu'on donnait aux officiers
généraux. La ville soldait ainsi les gages des gouverneurs de
Morlaix et du château du Taureau. Le service du château du
Taureau était confié à quelque ancien capitaine, comme re-
traite. Son dernier lieutenant de roi était M. de la Villemar-
qué. aïeul du collecteur des Chants populaires de la Bretagne^
notre confrère, que nous sommes heureux de voir au milieu
de nous.
Le procureur général de La Chalotais fut enfermé avec son
fils au château du Taureau, en 1765. pendant qu'on instruisait
le procès intenté contre lui à l'occasion de ' l'opposition «jue le
Parlement de Bretagne avait faite pour la défense des privilèges
de )a Bretagne. D'autres détenus politiques y furent enfermés
plus tard, si l'on peut donner ce nom aux auteurs des attentats
révolutionnaires ; tels étaient Romme, Soubrany et Bourbotte
impliqués dans rinsurreclion de 1795, entreprise pour rétablir
leré^me de la Terreur. Ces temps derniers Blanquiet d'autres
y étaient prisonniers pour des faits de même nature.
La puissance royale qui dominait partout ne laissait plus aux
villes que la gestion des intérêts municipaux.' Elles n'ont plus de
rôle dans l'histoire. Les événements de la ville de Morlaix se
réduisent à peu près à des conflits de juridiction ou de pré-
séance entre les autorités. Mais il nous reste à faire connaître
ses antiquités monumentales, au premier rang desquelles se
plaçait la belle église de Notre-Dame- du-Mur, bâtie, comme on
Ta dit, par Jean II en 1295, et terminée par le clocher qu'y
éleva Jean IV.
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— 36 - '
Cette antique chapelle du château ducal était en grande vé-
^néralion, non-seulement dans la ville, mais dans tout le pays^
C'était la gloire et l'objet de raffcction de ses habitants. Ils étaient
fiers de son magnifique clocher. On le construisait pendant que
les Morlaisiens chassaient leurs garnisons anglaises. L'église
était déjà entrée dans Tenceinte de la ville. Lors de la seconde
de- ces attaques, on tirait de la plateforme de la tour sur ces
étrangers. Le maréchal d'Aumont y avait aussi placé des canons
pour le siège du ch'âteau ; les habitants obtinrent qu'ils fussent
mis ailleurs pour qu'on ne fit pas dommage au clocher.
La disposition de l'édifice était singulière. Trois rangs, cha*
cun de cinq travées, le partageaient en quatre nefs. La pre-
mière formait le collalérat du sud, ta seconde la grande nei, la
troisième le collatéral nord ; la quatrième se développait du
côté de la ville close, en façon d*avant-corps. Son plan poly-
gonal ressemblait assez à un demi ovale coupé en longueur.
C'est dans cette espèce de vestibule que Jean IV avait élevé le
beau portail d'entrée qui faisait la base de sa tour; il pénétrait
en fausse équerre jusqu'au collatéral voisin. On dit que ces bi-
zarreries du monument disparaissaient dans son élégance géné-
rale. La tour percée de longues baies était couronnée d'ui^e
flèche avec ses quatre clochetons. L'église avait cent dix pieds
de long, sa tour cent vingt pieds et la flèche cent vingt-huit
pieds de haut. Beaucoup préféraient ce clocher à celui du
Créïsker.
Notre-Dame-du Mur était la patronne de la cité. Son église
en était la basilique. On y fêtait toutes les solemnités publiques;
toutes les paroisses s'y rendaient pour la procession du Sacre ;
le gouverneur, la sénéchaussée, le corps de ville y avaient leurs
sièges. Cette église eut aussi le triste privilège de servir au culte
de la déesse Raison, aux fêtes patriotiques de la Décade et au-
tres, ainsi qu'aux mariages civiques. La Révolution n'avait con-
servé qu'une paroisse à la ville et l'avait établie dans l'église
des Dominicains, où elle était desservie par le curéconstitutiou-
nel. Cependant le Conseil municipal etiteiidait que la ville gardât
la chapelle du Mur au moins comme monument. Elle T'avait
achetée au prix de six mille six cents francs dans upe adjudica-
tion nationale du 15 mai 1792. Comment arriva- t-il qu'elle fut
déilruite plus de cinq ans après le rétablissement du culte ca-
tholique ? Elle était alors a^x mains d'un industriel qui l'ayait
acquise de la commune, en 1805^ pour spéculer sur la vente
de, ses matériaux de démolition. Vainement un généreux ci-
toyen, M. Le Denmat, offrait de l'acquérir pour la sauver. Au-
cune des mesures que la prudence ou la loi prescrivent dans
l'intérêt de la sûreté publique ne fut prise pour prévenir la;
chute imminente de la tour, la seule partie que l'on voulût, dit-^
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oRj» pféspjrvçr. Priyé des appuis qji'il trouvait dans les mur^
aàîacent&, ce-Hiagbifique clocher s'écroulait avec fracas au mi-!
\m de la journée du 28 mars 1806, en écrasant sous ses décom-»
b^estes niaisons voisines et ensevelissant huit personnes qu'ils
atteignirent mortellement. L'insouciance delà commune ne s'ex^
piiquQpas,^ quoique ^n Conseil fût, dit on alors, composé eu
grande partied'hommes étrangers au pays; mais celte insouciance
ne suffit pas pour rendre raison de tels procédés. Le malheur des
tçrups avait développé un instinct destructeur des monuments
religieux qui s*est étendu» dans ces temps derniers, h d'autrea
catégories d'édi^cçs publics. A côté des causes de celte ruine
qui nous sont connues, le génie du mal travaillait à détruire cq
tempUde la superstition. Tel fut le sort du monument gfii faisait;
la gloire de cette ville. ^...
L'église des Dominicains manque d'élévation, Elle n'a que Iç^
mérite d'appartenir au xiii« siècle. Les bâtiments conventuels
dont elle est entourée sont anciens. On y voit de vieilles ins-
criptions. L'église sert à présent de magasin de fourrage pour
la remonte ; les bâtiments du couvent sont devenus une ca-
serne. Ici nous ne pouvons pas nous dispenser de rappeler que
cette communauté comptait au xvii* siècle un pieux et savant
religieux, auteur des Yies des Saints de la Bretaqm, Qui n'a
entendu, dans notre pays, parler d'Albert lé Grand? Il était de
la ville de Morlaix, où son nom s'est perpétué jusqu'à ce jour,
il peut aussi passer pour l'historiographe de sa patrie. On
trquve détaillés dans la Chronique des évêques de Saint-Pol et
de Tréguier, intercalée dans les Vies des Saints de Bretagne
une masse d« faits trôs-précieûx pour l'histoire de la viHe de
Morlaix. La plus intéressante des églises paroissiales de Morlaix
est celle de Saint-Melaine, construite au xv« siècle. Celle de la
paroisse de Saint-Mathieu i\q mérite d'être mentionnée que
pour sa tour de la fin du siècle suivant, dont la lourdeur mas-
sive fait contraste avec le style de la Renaissance qu'on a pré-
tendu y employer. Construite dans le style moderne, dans les
dernières années du xvm« siècle , l'église de Saint-Martin est
loin d'être sans mérite ; sa tour achevée récemment , s'har-
monise avec sa façade d'entrée. La fontaine dite des Carméli-
tes, , présente en ce genre de monument le type gothique te
plus distingué et le plus pur qu'on puisse rencontrer da^s
notre Bretagne.
Nous avons parlé du château de Cuburien et du monastère
du même nom. Ce château oii nous avons vu Jean IV séjourner
quand il vint châtier les Morlaisiens, en 1^73, appartenait au
iiicomte de Léon avec la forêt du même nom, qni en était voi-
sine. En \i&& Alain^ vicomte de Léon et de- Bohan, fonda prèa
de ce <;hâteai^, qui est â une demie lieue de la ville» un CouyeAti
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- 38 -
de Cordeliers que possèdent maintenant des religieuses Augus*
tines. L*Eglise en est élégante. Les familles considérables de la
bourgeoisie ou de la noblesse de Morlaix y avaient des empla-
cements de sépulture indiqués par de belles pierres tombales qui
formaient le pavé. On y retrouvait les noms et les armes des fa-
milles que l'histoire de Morlaix au XV« ou XVI« siècle remet sous
nos yeux S'il est vrai que ces pieuses dames, pour mieux assurer
lalnetteté du balayage, aient fait repiquer ces pierres, nous au-
rions à regretter qu'elles aient fait si bon marché des vieux sou-
venirs du pays dont leur acquisition les avait rendu dépositaires.
Mais nous vivons à une époque ou le désir d'améliorer Tétat
des édifices religieux conduit à des innovations telles que si ce
même goût avait régné dans les temps anciens nos Églises
présenteraient bien peu de souvenirs de Tantiquité qui sied si
bien aux monuments de ce genre. ^
La lecture de cet intéressant travail est accueillie par
l'assemblée avec d'unanimes marques d'approbation.
M. Âudran propose de l'insérer in-extenso au procès-
verbal, aûn que nos collègues absents puissent en prendre
connaissance.
Celle proposition est adoptée à l'unanimité.
In. de Blois demande si personne n'a d'observations à
présenter sur cette communication J
M. Audran dit que le cbàtoau du Taureau était une petite
Bastille où l'on ne se faisait pas faute d'enfermer les jeunes
gens de famille de ce pays dont Tinconduite était pour leurs
parents un sujet d'inquiétude .
M. de Blois répond qu'il n'a vu nulle part que le château
du Taureau fut un lieu de détention de ce genre^ et qu'il
ne parait pas qu'il ait servi de prison dans d^auires circons-
tances que celles qu'il a indiquées.
M. Hersart de la Villeroarqué, présent à la séance, re-
mercie M. de Blois, du souvenir personnel qu'il lui a ac-
cordé en parlant du dernier lieutenant du roi du château
du Taureau. Il ajoute que M. Audran a eu raison de re-
marquer que cette citadelle recevait par fois des jeunes
gens qui , s'ils fussent restés libres ou s'ils eussent été
traités suivant la rigueur des lois» eussent fait le déshon-
neur de leur famille. Tel était, dit-il, un jeune homme aux
manières charmantes qui captivait l'intérêt de tous les visi-
teurs. On sollicitait pour lui la permission de faire une pro-
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- 39 -
menade ou de passer quelques heures dans la ville un jour
de carnaval. Mon grand-père , conlinue M. de la Ville-
marqué, s'y refusait en excipanl des ordres formels qui lui
défendaient de laisser sortir son prisonnier. Les instances
devenant pressâmes, il ne trouva plus qu'un moyen de les
repousser, ce fut d'exhiber sous promesse du secret le plus
absolu, la lettre de cachet. Les sollicitations ne furent plus
renouvelées ; on y lut que le jeune et intéressant détenu
avait été le meurtrier ds sa mère.
M. de Blois revient sur le nom de la ville de Morlaii^ qui
se prononçait primitivement Monirelais. D'autres membres
pensent que l'origine de ce nom doit passer pour suffisam-
ment démontrée.
M. de Blois ajoute qu'il ne s'est pas arrêté dans son tra-
vail à l'étymologie qu'il a entendu donner du nom de Jar-
leau, qui est celui de la rivière passant à Morlaix^ qui
faisait le partage du diocèse de Léon et du diocèse de Tre-
guier, et qui servait également à délimiterle comté de Guin-
gamp et celui de Léon. D'après cette étymologie, le nom
viendrait du mot anglo-saxon Ëarl ou Jarl et voudrait dire
que c'était la rivière des comtes.
Il soumet cette remarque aux observations de la Société.
M. Briot de la Mallerie dépose sur le bureau plusieurs
médailles ou monnaies, qu'il prie la Société de vouloir bien
agréer pour le Musée d'archéologie.
M le président lui adresse les remerciements de la So-
ciété ; le prochain Bulletin contiendra le détail et la des-
cription des pièces qui viennent de lui être ofifertes.
L9 séance est levée à quatre heures.
Le Secrétaire^
V. DB MONTIFAULT.
ORDRE DU JOUR
Pour la séance du samedi 12 juillet ^ à 2 heures, dans une des
salles du Musée d'Archéologie.
1° Nomination d'un vice- président de la Société, en rem-
placement de M, Roussin démissionnaire, (art. 2 du règle-
ment.)
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%"" HesiaqraUoQ 4es tombeaux des évéqu^ dan^ la cathé-
drale de QfMraper.
5^ Excursion arehéologîque à Briec et à Bdern, par
MM, P. Le Guay^ Le Men et Y. de Montifault*
Le Président de la Société,
A. w Bm)i»«
FIoTi.. MM. les Sociétaires qui voudraient payer leur co- ^
tisation, sont priés d*en adresser le montant (10 francs)^ à
M, Faiy, chef de bataillon en retraite, rue des Reguaires,
n* ?2, à Q^ioaper.
Donff offerts au If usée départemental â*arohéologle.
DI. J, FjwtE, membre de la Société.
l'' Une cuiifler d'argent en partie dorée^ riobeEme^t tpa-*
vaillée et du poids de 36 grammes* Arimérieur detla eoupeUe^
est le monogramme de Jésus IHS. On lit autour Tinscrip-
tion smvanio : Pol -f- ËLir^oson * Sisevs est anivus noms
uBT (^sioj càRBUNA mcDifT. -^ Au-dessous le long du bord;
est la légende suivante en hollandais ou en aUeman4 vul-
gaire : HSEM AND YERRSIfODT OS N0& GCDtBR KED OS PAlDH.
On lit sur le pied la datie : A 1 596.
S'' Quatre monnaies d'argent de Ghrigtian IV. roi de Nor-
wège des années 1608 et 1646.
3** Trois monnaies d'argent, six de billon el une de bronze
des rois d« Norwège, des années 1761 , 1771 , 1777, 1781 ,
1786 et 1801.
4* Deux monnaies d'argent de Gustave III, roi de Suëde^
des années 1777 el 1779.
S« Un thaler de Frédérrc-Guillaume III, roi de Prusse, der
1802.
6* Une pièce d'argent de Frédéric-Auguste, électeur de
Sase de l'apnée 1797.
7'' Une pièce d'argent d'Alexandre de Brandebourg, de.
1783,
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— «1 —
8* Un 6diifliDg àt là ville de Hambourg, de f 7^.
9«UMt]fiëced'ai»géËtde Ferdinand VI, roi d'EspàgM^
de 17*7.
lO"" Deun^ pièces d'argent de Rudolphe 11^ archiduc d'Au-
triche (i579 et 1581).
'tl'' Trois pièces d'argent de Frédéric-Guâbume el de
Jean» ^b€s de Sase (1 â9l )«
iâ^ Dew pièces d'argent de Ferdinftnd II et de Léopoldf
arcfaidiies d'Autriche (1 621 ).
En fdut vingt-sepi pièces, dont vingt eh argenl du poids
de d&i gammés.
M. BiiOT DE LA MALLfinm, membre de ta Société.
i^ Médaille en argent da p^pe Benoit XI V, de l'année
1755.
2^ f¥ès'bèlle'médait(e en ânrgént du module d'une pièce
de cinq francs^ cômmémoràtive du mariage du dài^iû
(Louis Xyï) et de Mwie^Antoiùctte d'Auétlche, éït 1^70.
3** Médaille en brônise frappée pat Tarmée eu l'honneur
du due d'Ôtléans jprînce royal, en 1842.
4^ Une médaille commémot*atiYe de la translàdeii des
ïëllquei de Saînt^Vînceht^de^Patil, on 1830.
5« Un denier de Guingamp (1093-1136).
6^ Un denier de Foulques^'Anjou (H'09-1129).
1"* Un double tournois de Louis XIII, de l63â.
8^ Trois monnaies tùsâes.
9"* Une monnaie de l'empereur François Y, d'Atitriiihe.
lO* Quatfe monnaies Arabes.
Il"" Statuette en bronze du dieti Mats, de fëbri^tte gan-^
loise.
12*ï)Aris d'ariiphotes çînétaires, d'ùiiê fottaie drfiféfente
de celle des amphores romaines. Ude île ci^s atnphores
tenférmaii les fragûients d'une ^péè en fet.
IS* Mùlette à broyer le grain. Cette molette ëttti! atseom^
jmgnëe de deux meules ganloi^ed, qui malbeureudèMëift
<mt été détruites.
14"* Pierre à aiguiser.
15^Fasa!ole on peson de fiiseM en terire tinif^t, de lotme
presque ^hétiquè.
iBès ûethïm objëti, dèptiis le n» 11, ^btteUiiëttt ^m
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— 42 —
établissement gallo-romaiDi dont les vestiges se remarquent
encore dans le voisinage du château de Kerlagattu^ pro-
priété de M. Briot, en la commune de Penhars.
M"' DUFOURMEINTEL.
Vase en terre du XV* siècle, ayant la forme d'un pot à
eau, et dont Torifice est muni de trois becs disposés en trè-
fle. Ce vase a été trouvé dans une petite construction voû-
tée sous les remparts de la ville de Quimper, lorsque Ton
a creusé, en 1870, les fondements de la maison de M"*' Du-
fourmentel, à Tangle du Parc et de la rue Saint-François.
Il y avait dans ce réduit un assez grand nombre d'autres
vases qui ont presque tous été brisés.
M. le docteur Lb Gaer, membre de la Société.
1"* Cinq petits bronzes romains des empereurs Gallien,
Postume, Claude II, Âurelienet Maxence.
â<* Un liard et un douzain d'Henri III^ roi de France.
S'' Un denier et six doubles tournois de Louis XIII.
4'' Liard, pièce de six liards et quarts d'écu de Louis XIV.
5^ Un louis d'argent de Louis XV (1720).
6"* Quart de sou^ sous, pièce de 12 deniers, et pièces de
deux sous de Louis XVL
T"* Pièce de 18 deniers de la caisse métallique établie à
Paris en 1792.
8" Sou, centime et pièce de cinq centimes de la Républi-
que Française.
9* Sou des colonies françaises de Louis XV (1 767) ,
poinçonné des lettres rf (République française)
10" Un décime de Napoléon I, (n couronné 181 4).
11** Un décime de Louis XVIII, (l couronné 1818).
12® Un Ave Maria, méreau du XV* siècle.
13'Deux jetons à la Galère, du XY'' siècle présentant
au droit un navire avec la lé^ende : Volgue la galée de
Frange ; et au revers, un écu en losange chargé de quatre
fleurs de lys^ avec }^ légende : Vive le bon roy de France.
14° Trois jetons allemands du XVI* siècle.
15° Quatre jetons de cuivre de Louis XIV avec les légen-
des suivantes : VEoa lilio lilia ; 2** Exjactura lucrum ; 3° Ve-
teres revocabit artes ; 4'' Sua ($%cj innixm virtuti quiescit.
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— 43 —
16® Trois jelons de Louis XV, avec les légendes : Optimo
prinàpi et Félicitas publicas (sicj .
17* Un jeton frappé en mémoire de Louis XVI, avec les
légendes ; au droit Lud.XVIrex Gall, defunctus; au revers :
Sol regni abiit, à Texergue : D. 21 Jan, 1793.
IS"" Un jeton de Napoléon I, frappé le II frimaire an XIII,
avec la légende Honneur et patrie.
16" Médaille commémorative du Pacte fédératif (14 juillet
1790).
20° Médaille frappée en Thonneui* de l'Impératrice José-
phine représentant au droite sa téie avec une double cou-
ronne, entourée de la légende Joséphine iupératrige et
BEiNE. Au revers on lit : Joséphine Tascher de la Pagerie,
née à la Martinique 1763; mariée au général Bonaparte
1796; morte 1814.
21' Médaille frappée en 1848 à Toccasion de la nomina-
tion de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la Bé-
publique.
22'' Médaille commémorative de la formation du gouver
nement de la défense nationale (1871).
23° Un décime d'Honoré V, prince de Monaco (1838).
24* Une pièce de 10 centimes du grand duché de Luxem-
bourg.
25"* Une pièce de 5 centimes de Léopold premier roi des
Belges.
26* Une pièce de 20 centimes du roi Jérôme Bonaparte
(1810).
27<* Une pièce de deux centimes de la Bépublique d'Haïti.
âS"" Dix-huit pièces de monnaie d'Angleterre, de Russie,
d'Âutriche> d'Allemagne, du canton de Berne, du Pérou^
des Etats pontificaux, du canton de Genève, de Sardaigne,
d'Espagne, du Chili, de la République Helvétique.
29* Deux pièces arabes.
30' Huit pièces turques.
31* Une pièce chinoise.
32* Trois vases en terre du XV* siècle, dont un seule-
ment ^st intact, trouvés en 1870, sous les remparts de la
ville de Quimper, avec le vase donné par Mme Dufourmen-
tel, qui a été décrit plus haut.
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— 44 ~ ;
M. Lb Gali, horloger à Brest.
1° Une monnaie d'argent de Vespasieti. — Imp. Gâesàr,
VfispAsiÀwrs AU6, Sa tête laurée à droite, -^ Bev. Pc^. taix.
Tr. p. Oos. yt. Femme à moitié mie assise à gauche tenant
un rameau. (Frappée eu Tan 75 de J,-C )
2* Une monnaie d'angeni de Trajan, — Imp. Ïrauno
ÂVG. GBR. BAC. P. H. TR. p, COS. Vl. P. F. Sou buste lauré à
droite, avec le paludament, — Bev. s. p. q. r. optimo prin-
cipi. Trois enseignes militaires. (Frappée entre les annexa
104em0deJ..C.)
3** I>eux monnaies d'argetit d*Hadrien I. — Hadrunus
AtG. p. p. Sa tête lâurée à droite. Itev. Gos. III. L'Equité
debout à gauche tenant une balance et utie corne d'abon-
dance.
II. Hadrianus aug. Cos. III. p. p. Sa fetè lauréé à drôîtie.
Rev. Victoria aug. Victoire a^sièe à gauche tenant une cou-
ronne et une palme.
4° Une monnaie d'argent de Faustine mère. — Ï)iVa
FAtfstnlA. Son buste i droite. — Rev. Adgusta. Vesta voHée
assise à gauche tenant une couronne et une paltùe. D'après^
le donateur ces cinq monnaies auraient été trouvées en 1 872
aux environs de Lesnevén. G*est par l'intermédiaire de
MM. Le Gall et Flagelle que le Musée a pu s'enrichir Tannée
dernière d'une fort belle monnaie gauloise en or trofuvée
dans la commune de Ploumoguer (Finistère).
M. FouGBRAT, membre de la Société.
l'Un grand bronze d'Amonîn le Pieux provenani de
Corsetil : -^ Antominus aug. piDs p. p. tr. p. cos. IIII. Sa
tête laurée à droite. — Ret. LibèralîtaS aug. v. S. G. La
Libéralité débouta gauche, tenant une tessère et une corne
d'abondance. (Frappée en 148 après J.-G.)
2"" Un moyen bronze de Postume, même provenance.
S*" Deux petits bronzes de Glaude II, même provenante.
4* Un petit bronze de Gonstantin-le-Gfand, même pio-
vetiance.
S* Faïences anciennes de Loc-Maria-Quîmper, (Fontaine,
soupière, couvercles de soupières, pots de pharmacie, bou-
teilles, etc.)
(^A suivre* )
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SÉANCE DU 12 JUILLET 1873.
PréBidenee de M. A. de Blois.
Elaîenl présents : MM. Audran ; — de Blois ; -^ Bouras^
sin ; — Donnard ; — Faiy ; — Flagelle ; — Fougeray ; —
Le 6uay ; — Halléguen ; — Malen ; — Le Men ; — de
Monlifault ; — Mpreau ; — Roussin.
L'ordre du jour appelle la nomination d'un vice-pré&ident
delà Soeiété, en remplacement de M. Roussin, démission-
naire, r
M. le Président procède à l'élection; mais la réMuion
étant peu nombreuse^ on décide, sur la demande de H.
Donnard, et de quelques autres membres , de laisser le
scrutin ouvert jusqu'à la Sn de la séance.
M. le Président invite ensuite M. Le Men à donner lecture
dt son travail sur la restauration des tombeaux des évêques
dans la cathédrale.
M. Le Mfiii regrette de ne pouvoir se rendre à Tinyitation
de M. le Président. Son état de santé s'élant fort peu amé-
fioré depuis la dernière réunion, il n'a pu terminer son mé-
moire; il n'en sera du reste que plus corpplet, lorsau'il lui
sera possible d'en donner communication à la Société. En
effet, le travail de restauration des tombeaux des évéques
se poursuit encore aujourd'hui, et ne s'arrêtera, il l'espère
bien, que lorsque cette œuvre de pieuse réparation sera com-
plète.
Pour tenir Heu de cette notice qui figure à Tordre du jour
de la séance^ M. Le Men donne lecture, avec l'assentiment
de la réunion, d*un mémoire sur les noms bretons commen-^
çant par Àb ou Ap. Ce travail, qui paraîtra dans le prochain
Daméro de la Revue Celtiquej actuellement sous presse, lui
a été inspiré par une note que M. Renan envoya en i867
au Congrès international de Saint-Brieuc, note dans laquelle
ee savant s'efforçait d'établir que le nom d'Abelard était
Breton, et voulait dire fils d'Alard (Ab-Alard, filius Alàrdi).
Les reehercbes entreprises par M. Le Men à un point de
vue purement philologique, l'ont conduit à des résultats qui
bi permettent de conclure que les Bretons qui colonisèrent
la partie do la cité des ôsismii représentée par l'ancien dio-
cèse de Léon, étaient sortis du pays de Galles. Cette con-
clusion serait, à son avis conforme aux présomptions histo-
riques.
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- 46 -
Il est très-porié a croire, en effet, que la partie nord de
rArmorique, de rOcéan à la rivière du Couesnon, forrwant
le terriloire de la cité des Osismii, fut d'abord occupée par
les Dutnnonii de Tîle de Bretagne, qui y fondèrent le
royaume de Domnonée. Les Cornavii des bords de la Sa-
Terne s'établirent ensuiie au-dessous des Dumnonii, dans
le terriloire de la cilé des Corisopites ou Curiosolites, qui
prit plus lard le nom de Cornubia (Cornouaille). Il est fort
probable que ces derniers colonisèrent aussi la cilé des
Veneti. Ce ne serait que plus tard qu'une colonie d*émi-
grants partie de la Gambrie, serait venue s'implanter dans
le pays déjà occupé par les Dumnoniij cl y aurait fondé
le comté et l'évêché de Léon. On se rendrait compte ainsi
de la suprématie que les rois de la Domnonée exercèrent
sur les comtes de Léon pendant une partie du VI* siècle,
et on s'expliquerait pourquoi l'auteur de la Vie de saint
Paul Aurélien donne encore le nom de Domnonée au terri-
toire du eomté de Léon, à une époque où les comtes de ce
nom s^étaieut rendus indépendants.
Incidemment M. Le Men déclare qu'il ne partage pas
l'avis de quelques personnes qui frappées de la grande dif-
férence qui existe aujourd'hui entre le breton de Vannes et
les autres dialectes bretons, ont cherché à l'expliquer par
une différence d'origine. Il pense qu'au moyen-âge le breton
de Vannes ne différait pas de celui de Cornouaille. C'est ce
qui paraît résulter des noms de lieux anciens de cet évécbé*
seul moyen de comparaison dont nous puissions disposer.
A son avis, la cause principale de l'altération du breton de
Vannes a été le changement de Taccent tonique dans cet évê*
ché« L'accent tonique breton, qui se place toujours sur la
pénultième^ n'existe plus dans le breton de Vannes ; on Vy
a remplacé depuis longtemps par l'accent tonique français»
et l'on peut aisément se figurer les ravages qu'une pareille
substitution doit produire dans l'organisation des mots d'une
langue.
Apres la lecture de ce mémoire qui ne donne lieu à au-
cune observation, M. deMoniifault, sur l'invitation de M. le
Président, communique à l'Assemblée le récit d'une excur*
sion archéologique qu'il a faite , au mois d'avril dernier, à
Briec et à Edern^ en compagnie de quelques autres membres
de la Société.
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— 47 —
Excursion Archéologique à Briec et à Ëâem par
IfM. Le Guay, Le Men et de MontiflEtult.
Nous avons pensé que tout membre de la Société, dans ses
promenades ou en faisant ses affaires, pouvait apporter un
contingent utile à nos études en donnant un compte rendu
succinct deâ localités qu'il aurait pu visiter et des renseigne-
ments qu'il aurait pu recueillir sur son parcours.
C'est dans ce but que nous prions tous les sociétaires de ne
pas négliger, chaque' fois que l'occasion s'en présentera, de re-
cueillir des notes et d'en donner connaissance à nos réunions.
Ces notes, plus ou moins complètes seront toujours un indice
et pourront quelqu'insufOsantes qu'elles soient, servir de
point de départ pour d^s études plus approfondies.
Nous m)us exécuterons les premiers en priant nos collègues
de nous suivre dans cette voie qui peut être féconde eti ré-
sultats.
Vers la fin du mois de mars, M. Le Guay, l'un de nos col-
lègues, fit connaître à M. Le Men et à moi l'existence d'une
pierre â quatre auges, munie de tourillons que l'on supposait
être uue ancienne mesure, et qui à ce point de vue, offrait un
véritable intérêt archéologique.
.Notre président, M. de Blois, informé du fait» écrivit aus-
sitôt i il, le comtede Hercé, propriétaire du château de Kéro-
bézan en Briec, où était cette pierre, et obtint de lui qu'elle
serait transportée au Musée.
M. Le Guay offrit sa voiture, et, le 2 Avril, nous partîmes
MM. Le Guay père et fils, M. Le Men et moi pour aller voir
cette pierre et avec l'intention de visiter les communes de
Briec et d'Edern.
Je ne décrirai pas là roule de Quimper â Chaleaulin ; tout
le monde la connaît; elle n'offre rien de particulier, si ce n'est
ses sites ombragés et pittoresques, ses délicieux vallons, ses
' verdoyants coteaux, sur l'un/ des quels s'élève le manoir de
Coatbilly où l'on remarque un escalier de pierre en spirale
d'une hardiesse admirable, et dans l'intérieur duquel se lit
^'inscription suivante en caractères gothiquei^ :
lan : 1557. pierres : le minec : me : fit : faire.
 côté se trouve un écusson portant trois fusées rangées
en fasce et accompagnées de six besants posés trois et trois.
Cette inscription est aussi bien conservée que si elle sortait
des mains du sculpteur.
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— 48 -
Les caractères sont cii relief. Les fenêlres du manoir, avec
des mentaux en fornae de croix et surmontées d'accolades^
ont aussi un certain caractère.
Arrivés à l'embranchement des routes de Brest el de Briec,
nous nous engageons sur cette dernière.
Là, dès les premiers pas, par la largeur et la direction ie
la voie, nous reconnaissons que nous nous trouvons sur une
voie très*antiqua et très- importante qui, selon t<Hite probabi-
lité e$t une voie romaine.
"•
La route actuelle est construite sur celte ancienne voie dans
la plus grande partie de son parcours. Elle la quitte à chaque
instant par suite d'un grand nombre de rectifications ancien-
nes ou modernes, mais alors on peut suivre, soit à droite
soit à gauche de la roule actuelle qui ne s'en écarte jamais
bien longtemps, le tracé de Tancienue voie.
Tout ce parcours, depuis l'embranchement jusqu'à Briee,
nous a éoua oiert un iniérêt coosiant.
A un kilomètre environ de i'endbrancfaement se trouvent
l'atelier d'un charron et celui d'un maréchal-ferrani, sur la
gauche de la route.
Là, un chemin à gauche, et plus loin dans on bouquet de
beaux arbres un clocher charmant» svelte, élancé, dentelé,
dans une situation délicieuse.
Renseignements pris, c'est le clocher de la chapelle de Ste-
Cécile, en Briec. Nous remettons au retour la visite de cette
chapelle, si le temps nous le permet.
A cent mètres de la borne portant l'indication 10 kil. 600 m.
nous trouvons appliqué dans le talus de ta route à gauche,
côté nord, un sommet de croix. Cette croix est paitée; d'àji cdlé
se trouve le Christ, de l'autre, au centre, unemâcle gravée en
creux el au milieu un besant eu relief, ou un écusson àh fille
en losange avec un besant. j
Un peu plus loin , à droite dans le fossé sud, en face die la
borne portant l'indication 11 kil. 600 m. se trouve une borne
renversée, de forme cyiindro-côuique, portant en cre^x lunQ
inscription gravée qui semble dtre le mot 6DËBN. Les carac-
tères très frustes sont fort anciens. Ils ont absolument la même
forme que les caractères de l'inscription de la borne de yhr»
ganium qui est dans la salle voisine. Cette borne n'avait pas pllus
de 75 à 80 centimètres hors de terre. |
Bientôt , sur la gauche , nous apercevons un poi|^il
assez grandiose, et, derrière, une magnifique avenue plantée
de 12 rangées de chênes, avenue de 50O mètres de longueuir.
- 49 ~
C'est l'entrée du château de Kérobézao que nous voyons dans
le lointain et qui, de la route ofire un aspect assez imposant.
Nous entrons dans l'avenue , mais si du dehors l'à^pect est
êûcfaanteur, il s'en faut que ce sentiment d'admiration. per«
slsle quand on a pénétré dans ^avenue. Ornières, fondrière^
excavations dangereuses; le cheval donne i plein collier, M.
Le Guay et moi nous allégeons la voiture qui cependant gémii
et qui c|ans une secousse violente perd un de ses écrous.
Nous arrivons sans autre accident au château. Nouveau dé^
senchantement.
De loin c'est quelque chose et de près ce n'est rien
OU du moins ce n'est plus ce que nous pensions.
Kérobézan indique pourtant par ses ruines une rési-
dence autrefois assez importante.
Des murs d'enceinte très épais flanqués de deux grosses
tours, le tout bâii en schiste ardoisier et tombant en ruines :
Dans l'enceinte une immense cour pavée : au fond un grand
manoir sans autre caractère que des fenêtres h accolades : cons-
truction gi^ossière et peu artistique.
k rintérieure immenses cheminées sans ornements; escalier
en spirale, très beau et très solide, conduisant au premier étage
qui menace ruine. Là encore grandes cheminées sans sculp-
tures et sans traces d'écussons. Voilà ce que nous relevons.
Vu par derrière, le manoir ne présente que des murs nus,
quelques meurtrières bouchées, une grande porte à plein cein-
tre murée et la tourelle de Tescalier.
Nous franchissons une barrière au nord de la cour, et nous
posons le pied sur la pierre à quatre anges, but détet'minanl
de notre excursion.
Cette pierre é^t fort curieuse, un des tourillons a été abattu,
et le bord de séparation de deux des auges a été enlevé de ma-
nière qu'elle pût servir d'escalier pour franchir la barrière.
Le fermier s'offre obligeamment à la transporter lui-mên»e
au Musée de Quimpei*. (£lle est actuellement dans la salle où
nous nous trouvons.
Nous traversons ensuite un vaste jardin enclos de murailles
et nous arrivons à la petite chapelle particulière des seigneurs
de Kérobézan.
Cette chapelle en ruines, sert aujourd'hui d'étable et rtn*
ferme des instruments d'agriculture. Elle n'offre rien de re-
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— 50 —
marquable : fenêtres à croisillons et à accolades, portes à
accolades; une autre porte esià plein ceintre^ l'un de ses mon-
tants porte une date fruste, commençant par lesctiifilres I et 6.
La ctiapelle est donc du XVll* siècle. Après lui avoirdemandé
s1l avait été Tait dans les environs des trouvailles d'objets
anciens, de sépultures, de tuiles romaines ou de constructions
anciennes, questions auxquelles il répondit négativement,
nous quittons Tobligeanl fermier de Kérobézar^et nous arri-
vons à Briec.
Le plan de Téglise de Briec, offre l'aspect d'une croix latine,
sa construction n'a rien de bien remarquable. Le porche ouest
est surmonté d'une tour carrée et d'une flèche octogonale,
comme la plupart de nos églises bretonnes. Elle offre tous les
caractères des constructions du XVIll* siècle.
A l'intérieur rien de remarquable, si ce n'est un vieux banc
en bois hors de service. Ce banc est plus ancien que l'église.
II est à pieds tournés et divisé en stalles, qui sont séparées par
des accoudoirs, dont quelques uns ont disparu. Cet objet de
menuiserie doit dater du XVII« siècle.
Dans le vaste cimetière qui ent.oui*e l'église, a l'angle sud-
est , on remarque une croix ancienne à base triangulaire
équilatérale, base composée de plusieurs marches ; cette base
présente une face au nord. Sur celte face se trouve rinscriplion
suivante :
REQ : H : l : GVICHO.
ET : KT : GORIOV : SA.
FAE: L: 1639.
La principale raison qui nous avait entraînés et Briec, était
le désir de voir et de dessiner une croix extrêmement curieuse,
qui se trouve dans l'intérieui; du cimetière.
Cette croix est située au sud de la tour de l'église, au milieu
de l'espace qui sépare le temple du mur d'enceinte du cimetière.
La hauteur totale du monument est de 2 m. 95 hors de terre.
Le lût est un monolithe de 3 m. 30 de hauteur, et de 33 centi-
mètres de diamètre.
Les angles sont abattus presque jusqu'au sommet, de ma-
nière a former un prisme octogonal, composé de quatre grandes
faces et de quatre petites, le tout surmonté d'un prisme qua-
drangulaire, les grandes faces ont une largeur de 0 m. 17,
les petites de 0 m. 08.
Deux des grandes (aces, celle de Test et celle du nord, sont
profondémeut gravées au trait.
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— 51 ~
La (ace est, présente Jlmage d'un grand glaive ou épée à
deux mains, de 2 m. 30 de longueur. La pointe atteint presque
le $oran[)et du nnonoliihe. Une partie de la poignée disparaît
en terre;
La face nord présente aussi l'image d'un f^laive, mais plus
court, d'une longueur de 1 m. 50^ eX surmonté de deux cercles
concentriques*
Les deux autres faces ouest et sud ne portent aucune trace
4e sculpture.
Ce monolithe si curieusement gravé semble fort ancien; il
estsurmontéd'une croix pattée, qui parait plus moderne, et qui
porte en relief sur la face est, la date 1656, et sur la face ouest,
un écussori triangulaire, dans lequel on ne distingue aucune
pièce héraldique.
Mous nous sommes enquis auprès des habitants de la com-
mune, des objets qui auraient pu être trouvés, des indices
d'anciennes sépultures ou d'anciennes constructions, on n*a
rien pu nous indiquer.
Édern étant peu éloigné et pouvant offrir quelque intérêt,
nous prenons la route d'Édern.
Nous arrivons bientôt un dépôt d'étalons, d'oii nous aperce-
vons une très-grande croix en pierre, élevée sur un socle
quadrangulaire, composé de six marches et d*un haut soubas-
sement.
Cette croix n'offre rien de bien particulier h nos ob-
servations. ^
Sur le soubassement, au couchant, se trouve un écusson
chargé de trois objets ronds qui semblent être des besants.
Au nord on lit ; G : BRION.
• Au raidi : LAN : 1677.
Le tool en relief.
Nous arrivons à Édern. Son église est plus ancienne que
celle de Briec.
Elle donne en plan un rectangle, terminé à l'est par une
abside carréo. Elle se compose d'iine nef et de deux bas côtés,
séparés par six travées d'arcades ogivales. L'un des piliers,
qui a survécu à la destruction d'un édifice antérieur, eçt évi-
demment bien plus ancien que le reste de l'église.
U est entouré vers le milieu de sa hauteur, d'un anneau
hexagonal, sur les faces duquel sont sculptés en relief trois
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^ 62 —
fleurs de lys, des dents de scie ou cherrons, une TeuiMe ou
fleur allongée, un lièvre, un sanglier ou porc et un qualre-
l^uillesi lobes pointue. Les angles de Thexagone sont Tormés
par des tètes de bœuf et de bélier.
Un anneau de même forme existe à la hauteur du chapi-
teau, mais son ornendentation ne consiste qu*en un enroule-
ment de feuillages.
Les fenêtres sont à meneaux flamboyants. La maîtresse
vitre conserve de beaux l'estes de vitraux du X\l^ siècle^
Dans le pilier du chœur, côté de TEvangile, est encastré un
socle, qui supporte une vierge. Sur ce socle on lit :
P : Y : PEZBON en relief. C'est le commencement d'urne ios-
crlplioh dont la suite est illisible.
l/église. sauf le pilier décrit plus haut, qui parait renH)nt€r
au Wh siècle, est, par l'ensemble de son architecture, du mi-
lieu (lu XVl« siècle^ comme le confirment les vitraux et use
date gravée au-dessus du porche ouest.
Des deux côtés de ce perche^ se trouvent daix lioirà pâ^^
sants aiTrontés, de graudeur naturelle, sculptés eH' haut relij^f.
La flèche, qui se termine par on dônnle assez élégant, est dtt
XVIl« siècle.
Dans le cimetière noms avons remarqué plusieurs iee'bs
fendus endeiix.
Les lec*hs sont de très-anciens monuments (unèbrës ou
f lierres tombales, q«i remontent aux premiers siècles de
'ère chrétienne. Us affectent ordinairement la forme d'tift
cône tronqué très-allongé ou d'une pyramide à huit pans^
H y a environ dix ans, M. de Blois, M. Tabbé Postie et
M. Le Men, nos collègues, avaient relevé dans ce cimetière la
présence de deux aogé^ en pierre, extrêmement massives^ qui
avaient été retirées de l'église, où elles étaient précédemmeol
placées contre les murs.
C'étaient d'anciennes sépultures.
Oh es( généralement porté à s'eÈdgére^ l'antiquité des
auges en pierre servant de cercueils, et l'on s'imagine â tort
qu^elles n'ont été employée^ ^m tfàns leâ temps les pitis
reculés.
Les deux auges d'Éderd né remontaient poiirtàUt qu'au
XVI* siècle.
Cela résulte d'une inscription taillée sur la paroi de Tune
d'elle^. Le mauvais état de l'inscription ne permettait pas de
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-sa-
la lire. On n'y distinguait que les mots : Saint-Édenif patron
de l'église, ce qui Taisait penser aux habitants que c'était là le
tombeau du eaim.
Quoi qu'il eh soit, ces mots et les lettres isolées qu'il était
possible de reconnaître, se composaient de caractères
dont la-forme indiquait clairemenl qu*ils avaient été traeés
au XV 1° siècle.
Outre cette inscription, on remarquait ans extrémités des
deux auges des écussons portant trois roses, placées 2 et 1.
Nous avons vâitlenrïetit cherché ces auges ; il est probable
qu'elles ont subi le sort des iec'hs dont nous venons de parler,
et qu'elles ont servi à faire de nouvelles pierres tombales.
Nous avions hâte de Reprendre la route de Quiraper. espé-
railt avoir encore assez de }our pour visiter la chapelle de
Ste-Cécile que nous avions laissée le matin.
Kous marchons rapidement jusqu'à cette chapelle.
Le chemin qui y conduit de la route est très'pittoresqué et
très- ombragé.
Il débouche sur un placiire planté de fort beaux hêtres au
milieu desquels s'élève la chapelle.
Le plan de celte chapelle offre la forme d'une cfoix latîhe.
Il y a d^ux portes, l'une à l'ouest sous le porche, l'autre
an midh Le clodherest des plus sveltes et des plus gracieux.
En entrant par la porte sud nous trouvons à notre droite un
vieuk bérritiér qui semble plus ancien que l'église, niafs qui
cependant ne porte aucun trait caractéristique qui puisse faire
itlennaitre l'époque à laquelle il a été taillé.
En face de la porte sur le mur du Nord, se trouvent trois
peinitires à fresque â teintes plates, dessinées avec du vert cru,
de l'ocre jaUtie et de l'ofcre ronge.
Ces peintures représentent des arbres, des feuillages, des
cerfs el des loups ou des chiens. — C'est tout ce qu'il y a de
plus nàîf. ~ des dessins comme ceux que l'ou rencontre sur
les cahiers d'écoliers.
A droite, un peu plus loin que le bénitier se trouve une
crédeuce avec piscine.
Dans l'encoignure formée par le pilier qui sépare la nef du
chœur, on voit les traces d'un autel au-dessus duquel est une
peinture représentant saini-Hurlou, comme l'indique une ins-
cription peinte en noir au-dessous du saint.
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- 54 —
A gauche et faisant pendant se trouve an autre saint.
Séparant la nef du transept à une hauteur de 3 mètres en-
viron on remarque la poutre svmboliqir portant le Christ
crucifié, et, de chaque côté, la Vierge et Saint-Jean.
Celte poutre et les personnages gardent des traces de pein-
tures.
1^ poutre symbolique existait autrefois dans toutes les églises.
Depuis, elle a été supprimée dans la plupart des églises pa-
roissiales, et on ne la retrouve plus guères que dans quelques
chapelles.
Le chœur composé de la léle et des deux bras de la croix,
était éclairé par cinq fenêtres. Celle dq nord est murée, celle
du midi est aussi condamnée jusqu'au milieu* de sa hauteur;
la partie supérieure n'a que des vitres blanches.
Des trois de l'est, celle qui est au-dessus de l'aiatel de gauche
est au^si murée, mais on distingue encore les meneaux qui sont
du style gothique rayonnant.
Celle du mailre autel est intacte, même style. Les vitraux
chargés de personnages de grandeur demi -nature, sont en
grande partie cachés par le maître autel. Ils semblent être de
la fin du XVI* siècle.
Enfin la fenêtre de droite surmonte l'autel de Sainte-Cécile,
patronne de la chapelle, même style rayonnant. Les vitraux
sont aussi du XV1« siècle.
A gauche Sainte-Cécile regardant le Christ en Croix^ d'un
air inspiré, assise et jouant de Torgue ; derrière le buffet
d'orgues un page, coiffé d'un toquetà plume blanche, entr'ouvre
une porte et regarde curieusement sainte Cécile;
Dans un compartiment inférieur, sainte Cécile à genoux.
Au basi en légende se lit rinscription suivante : COMENT
S : CECIALIA PRIOET. DIEV, AVA. LES L... Là, l'inscrip-
tion qui passait sur la partie droite du vitrail, est interrompue.
Celte inscription formée d'un mélange de caractères gothique,
et de lettres romaines, est évidemment de la fin du XVb
siècle.
A droite le vitrail est brisé en bas au tiers de sa hauteur. —
Le haut représente un pape et un chevalier à genoux tenant un
mis.sel dans lequel il lit le Credo.
Mentionnons encore auprès de la porte de la sacristie en
face de Tautel de sainte Cécile une base et un fût de croix qui
semblent assez anciens.
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~ 85 -^
Déjà le joar commençait à baisser; en faisant le tour de TE-
glise exlérieuremeni, nous aperçûmes cependant à une grande
hauteur, au sommet du pignon nord du chœur une inscription
en relief qui parait composée de lettres gothiques très-serrées;
tuais que la distance et Tabsence de lumière ne nous permirent
pas de déchiflrer.
Il fallait songer à la retraite et nous rentrâmes à Quimper
après une journée où nous ne sommes pas un instant restés
sans qu'un objet intéressant attirât notre attention. (1)
La lecture de ce récit est écoulée avec un vif intérêt,
et Ton décide qu'il sera inséré in-extenso dans le prochain
numéro du Bulletin de la Société.
M. BouRÀSsiN donne ensuite communication d'une note
sur des faits géologiques qui se seraient produits au com-
mencement de l*ëre chrétienne sur quelques points de
notre littoral.
(f II y a une trentaiue d'années, dit M. Boubassin^ plu-
sieurs dunes de sables de l'anse de la Palueou de Losmarc'h
en la commune de Grozon (Finistère), furent déplacées à
la suite d'une violente tempête, et mirent à découvert, au
milieu de fragments de tuiles à rebord et de tessons de
poterie de l'époque gallo-romaine, un grand nombre de
squelettes d'hommes» de femmes et d'enfants de tout âge,
régulièrement rangés les uns près des autres. Leurs bras
étaient étendus le long du corps, et leur tête reposait sur
une pierre plate. Il était évident que ce lieu avait été le
théâtre d'une catastrophe dans les premiers siècles de notre
ère, et plusieurs conjectures sur la cause de ce désastre,
furent mises en avant. Les uns l'attribuèrent à une maladie
contagieuse, d'autres à une descente de pirates sur ce
point de la côte^ où les vestiges d'un établissement gallo-
romain sont encore bien visibles. Cependant aucuni des
squelettes ne portait de traces de mutilation.
w Pour moi, je n'hésite pas à croire avec mon ami Du-
rocher, ingénieur des mines à Rennes, que la catastrophe
dans laquelle périrent tant d'êtres humains, fqt causée par
(1) A différents endroits de cette lecture. M. de Montifault s'est iu"
terrompu pour donner certaines explicatious plus détaUiées et pour
faire passer les plans et les desseins des monuments et inscriptions
qu'il décrivait.
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- 56 —
UR tremblement de terre, qiti eut lieu sur dos côtes vers
la fin du IIP siècle de Tère chrétienne, et qui ^orma une
grande partie des baies ou anses de ce!fn! partie de notre
littoral Go tremblement de terre détruisit plusieurs villes
où vHIages dont les habitants furent engloutis dans les flots.
La mer, en se retirant, laissa à découvert leurs cadavres^
qui furent inhumés dans les sables.
« Si nousconsultons les faits géologiques, nous remar-
quons sur divers points du littoral de la presqu'île de Cro-
zon, un grand nombre de roches tracbitiques, volcaniques,
pyrogènes, dont rapparjtion a été la cause du soulèvement
du sol et par suite du tremblement de terre dont nous
parlons,
it Ce qui me porte à placer à la fin du III^ siècle de
notre èfe la catastrophe de Tanse de la Palue, c'est qu'à
l'époque où elle a eu lieu, la religion chrétienne n'était pas
encore cohnue dans cette contrée. On n'a découvert, en
effet, aucun emblème chrétien au milieu des squelettes qui
y étaient inhumés.
« On a souvent parlé de la ville dis envahie par la mer,
sans qu'il ait été possibie de déterminer son emplacement.
Ife pourrait-on pas attribuer sa destruction au tremblement
de terre que je viens de mentionner, et ne pourrait-on pas
en conclure quelle était située aux environs de Crozon, sur
la baie de Douamenez ? »
M. lé Président remercie M. Bourassin de son intéres-
sante communication. L'abaissement du sol sur plusieurs
points du httoral du Finistère est un fait sur lequel ne
peiiteni laisser aucun doute l'existence de forêts soils-
maritiés dans plusieurs de nos anses, et l'envahissement
par les sables ou par la mer, de nombreux monuments
gaulois ou gallo-romains. La géologie doit venir en aide à
l'histoire, pour expliquer ces phénomènes, et il espère que
M. BoTjRASsm, quia fait de la constitution de notre sol une
étude approfondie, voudra bien développer dans on travail
d'ensemble, tous les faits de nature à expliquer les modi-
fications qiïi se sont produites dans la configuration de nos
côtes depuis les temps historiques.
M, Lr Msrf faif observer que si la catastrophe de l'anse)
de Losmarc'h doit être attribuée à un tremblement de terre,
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— 57 -
ce fait n'a pa se produire qu'à la fin du IV* siècle, au plus
toi, puisque le Musée déparlemenial d'archéologie possède
des monnaies des empereurs Valeniinien et Gratien, pro-
Tenant de cette localité.
L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président fait observer
à l'Assemblée que, si intéressante que puisse être la commu-
nication de mémoires faite en séance par un petit nombre
de membres, il ne faut pas perdre de vue que le but princi-
pal que s'est imposé la Société archéologique du Finistère,
est de faire connaître les richesses monumentales de ce dé-
partement. C'est un<3 tâche à laquelle doivent prendre part
tous les Membres de la Société.
Une catégorie de monuments lui paraît devoir surtout
fixer l'attention des travailleurs. Il veut parler des voies ro-
maines du département dont le réseau n'est que très impar-
faitement connu. Il pense que Ton pourrait s'occuper d'abord
de l'étude des voies de l'ancienne Gornouaille.
MM. Halléguen^ Flagelle, de Montjfaijlt et Le Men
sont d'avis qu'il n'y a pas lieu d'établir de subdivisions dans
cette étude. Par cette méthode, on n'obtiendrait le plus
souvent que des tronçons de voies. Pour avoir la véritable
physionomie du réseau des voies romaines dans notre pays,
il convient d'embrasser dans une même étude l'ensemble des
voies du département.
MM. Boussm, Fougerav et Le Guày demandent si les voies
sont nombreuses dans le Finistère.
M. Le Men répond qu'à son avis, elles sont peut-être plus
nombreuses que les routes actuellement en usage. Si elles
sont aujourd'hui fort dégradées, c'est que le moyen-âge s'en
est emparé, et n'a pas pris la peine ou n'a pas eu le temps de
les entretenir dans l'état où il les avait trouvées.
M. RoussiN voudrait savoir à quels caractères on peut re-
connaître une voie romaine.
MM. Halléguen, Flagelle et Ls Men répondent que par-
mi les caractères assez nombreux qui servent à les distinguer
des chemins ordinaires, on peut, indiquer les suivants : l^la
présence sur leurs bords de bornes milliaires ou de substruc-
tions gallo-romaines; 2* leur grande largeur; 3° leur direc-
tion vers des points aujourd'hui sans importance, et où se
rencontrent souvent des vestiges romains; i° Tezistence des
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- 88 —
restes de chaussée pavée dans quelques parties de leur
parcours .
ni. Flagelle pense qu*outre les renseignements deman-
dés pour rétude des voies romaines, il importe que chacun
fasse connaître tous les monuments celtiques, gallo-romains
ou du moyen-àge qu*il a pu étudier, ou qui lui ont été signa-
lés. On arriverait ainsi promptement à établir la statistique
monumentale du département.
M. le docteur Halléguen dit que c'est précisément là le
but que poursuit la Société. Il ajoute, et cet avis est partagé
par tous les Membres présents, qu'il faudrait pointer sur la
carte de TEtat-major tous les monuments indiqués.
M. BB MoNTiFAULT vcut bien se charger de cette opération.
M. Le Men fait observer que la carte de TEtat-- major est
bien confuse; il pense que pour arriver à un résultat réelle-
ment utile et pratique, il serait préférable d'indiquer les mo-
numents sur des calques des cartes cantonales du département.
MM. Hàlléguen, Flagelle, Audbaii,* Le Guay, Fougbrat,
de MoNTiFAULT et DoNNARD sout du même avis.
M. le docteur Halléguem met sous les yeux de l'assem-
blée un plan du château de Gbàleaulin, dans les ruines du-
quel il a fait des fouilles il y a quelques années.
M. le Président donne lecture du programme du prochain
congrès de l'Association bretonne, qui doit avoir lieu à
Quimper le 15 septembre prochain.
Il procède ensuite au dépouillement du scrutin pour l'é-
lection d'un vice-président. M. le comte de Carné, de l'A-
cadémie française^ ayant obtenu l'unanimité des suffrages,
est nommé vice-président de la Société.
MM. BouRASsiN et Fatt font hommage au Musée d'archéo-
logie de monnaies et d'autres objets, qui seront mentionnés
avec détails, dans un des prochains bulletins de la Société.
La séance est levée à quatre heures et demi.
Le Secrétaire : R. F. Le Men.
ORDRE DU JOUR.
Pour la séance du samedi 9 août^ à 2 heures, dans une des salles
du Musée d* archéologie.
V Notice sur le château féodal de Ghàteaulin et sur son
parc (avec plans), par M. le docteur Halléguen.
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— 59 —
2° Statistique monumentale de diverse^ communes du
Finistère^ par M. Flagelle.
3"" De Quimperié au Pouldu, excursion arcbéologiquei
par M. AuDRAn.
Nota. — MM. les Sociétaires sont priés de vouloir bien
faire parvenir Je plus tôt possible^ le montant de leur cotisa-
tion (10 francs), à M. Fatï^ cbef de bataillon en retraite,
rue des Reguaires, n** 22, à Quimper.
Dons offerts au Musée départemental d'Archéologie.
M. le docteur Halléguen, membre de la Société.
1. Hache en bronze à ailerons trouvée dans la commune
de Spézei (Finistère), près d'un grand menhir.
2 Fragments de poterie gallo-romaine trouvés au village
de KerviniCf en la commune de Lopérec (Finistère), près
d'un camp romain.
3. Fragment d'une mosaïque servant de pavé à un édifice
gallo-romain, dont les subsiructions existent dans le voisi-
nage de la ville de Garhaix. — Dessin colorié de cette mo-
saïque.
4. Enduits colorés dont quelques-uns sont inscrustés de
coquilles marines, provenant des environs de Garhaix.
5. Fragments de poterie fine et grossière, même prove-
nance.
6. Fragments nombreux de carrelages en marbre, en
pierre calcaire et en schiste ardoisier, même provenance.
7. Divers échantillons de béton dont quelques-uns pro-
viennent de l'aqueduc gallo-romain de Garhaix.
8. Briques diverses pour construction, carrelage, piliers
d'bypocauste de même provenance.
9. Tuiles a rebord et tuiles faitières dont plusieurs portent
des marques de fabrique, même provenance*
10. Deux tuyaux de conduite d'eau, s'emboitant Tun
dans l'autre^ trouvés dans les ruines d'une construction
gallo-romaine voisine de Garhaix.
H. Valve d'huître, défense de sanglier et cristaux de
quartz Hyalin de couleur violette, provenant aussi des
ruines gallo-romaines de Garhaix,
12. Ossements humains trouvés dans une construction
gallo-romaine située à Pentrez, en la commune de Saint-*
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- ee —
Nie, «t «n pariie détruite par la mer. — (Os du front ; —
mâchoire supérieure et dents ; -^ fragment de la clavicule
droite ; — fragment de Thumerus du bras gauche ; — frag-
ment du fémur de la cuisse gauche.)
13 «Briques et fragments de tuiles romaines provenant pes
localités suivantes toutes situées dans le département du
Finistère :
Plouhinec (Poulgoazec) ; — Pont-Croix ; — Ponliari
(Porz-Malvez) ; — Ploaré (Kerru) ; *— Douarnenez (Le
Guet, rUe-Trisun) ; — Ploaré (Plomarc'h-ar-stang, Le Ris);
— Plonévez-Porsay (Cariguellou ; Trezmallaouen ; Lane-
vrit ; Trefentec ; An Oguennou et Treguer, près Sainte-
Anne-la-Palue) ; — PJomodiern (Qoulii-ar-Gtter ; anse de
Porz-ar-Vag ; Pouloupry) ; — Saint-Wic (Pemrez} ; —
Telgruc (Lizioc ; Pen-ar-c*haon; Bern-bihan-ar-ç'bdll) ;
— Crozon (Ile-L'Aber ; Kerromen ; Losmarc'h) ; — Bourg
de Qwéménéven ; — Bourg de Landévennec ; — Hanvec
(Penefars ; Kerohan) ; — Le Faou (Keranclan) ; — Saint
Ségal (Le Drcnnit) ; — Quimerc'b (Boianiec ; Coat-iy-
Beuz) ; — Quimperlé (cour du cloître de rhôiel-de-ville ;
place de Lovignon) ; — Clahars-Carndët (Le Pouldu) ; —
Place forte de Concarneau ; — Plomelin (Le Perennou) ; —
Pont-rAbbé ; — Rivière de Peozé, entre Morlaix et St-Pol.
14. Fragments de marbres calcinés ; débris de poterie i
fragments de scories ; pointes de javelots ; clefs anciennes ;
ferrures de portes ; meule en granit ; le tout provenant
des ruines du château de Châteaulin (Finistère).
Nota. — Les objets mentionnés ci-dessus ont été offerte
SarM. le docteur M, HaUéguen à la Société archéologique
u Finistère au mois d'octobre 1852, aune époque où le
musée départemental n'existait eitçore qu*à Tétat de projet.
Us ont été déposés dans un corridor des bâtiments du
Collège, où ils sont demeurés pendant de loi^gues annyées,
sans que Ton en prit grand soin. Quand on les a tranférés
dans un local mieux approprié à leur conservation^ plusieurs
de ces objets n'ont pq être retrouvés. De plus une gr^Bide
confusion s'était établie entre eux par suite de la destruction
des étiquettes qui indiquaient leur provenance. La nompi;^-
clature ci-dessus a été faite d'après ui^ catalogue remis car
le doiïateur à l^ 3Pciété archéologique au mm de janvier
18S3. i A suivre. J
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SÉANCE DU 9 AeUT 1875. *
Présidence de M. A. dé Blols.
Etaient présents : KM. âudrâii ; — de Blois ; — Bou«
bàssih; — Le docteur Coff£g; — Go&mier, avocat; — Faty;
— Fougbray; — Prosper Le Guay; — L'abbé Guilurd; —
LôB»DB JacqueiiOt ; — Malen ; — Le Méw ; — de Monïi-
nm/s; — Stanislas McmEAu.
Il est donné lecture par M. le Président, d*ttne lettre con-
tenant des réclamations de M Halléoubn sur le procès-
verbal delaséancedu 12 juillet dernier imprimé au Bulletin,
M. Halléguen prétend :
i^ Que l'analyse du travail philologique sur la langue
bretonne communiqué dans cette séance par Bl. Le Mem,
n'est pas eiacte en ce qu'on y trouve à la page 45 l'expres-
sion «présomptions historiées » au lieu des mots « suppo^
siHm» historiques » qui seraient dans le texte lu.
2° Que l'analyse dont il s'agit n'aurait pas du s'ét^dre
anx inductions historiques que comprenait la même lecture.
3"* Que le procès- verbal aurait du mentionnnet*, à la page
87, à la suite des observations de M. Le Men sur la multipli-
cité des Yoies romaines dans le Finistère, celle par laquelle
M. Halléguen confirmant cette assertion, aurait ajouté qu'il
avait été des premiers à faire cette constatation.
Cette réclamation devient l'objet d'une discussion dans
laquelle M. Le Men, M. Audraiï et plusieurs autres membres
toni entendus. H en résulte que Vien n'a été changé aux ex-
pression du texte lu, qui porte bien « présomptions histo--
Tiques ; » que , suivant 1 avis commtra , l'analyse devait
comprendre les inductions historiques dont M. Hallégyjsr
^ critiqué l'insertion, et que les nécessités restreintes des
procès-verbaux n'admettant pas que tout ce qui se dit aux
séances s'y trouve référé , il n'y arait pas de motif pour
ajouter à la remarque de M. Le Men sur les voies romaines,
l'observation confirmative de Bl. Halléguen; prétérition qui
n'implique aucune contestation du mérite de ses études.
En conséquence l'assemblée consultée déclare à l'crnanî-
mité y qu'il n'y a lieu à aucutie rectification du procès-
Terbal.
6
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* — 62 -
MH. Louis DE Jacqublot et Cormier qui n'assistaient pas
à la séance du 12 juillet, n'ont pas pris part au vote.
M. LeBoux^ membre du Conseil général, {M. Dirmier,
principal du Collège et M. Tabbé Qnéméneur, curé de
Sainte-Croix de Quimperlé, demandent à faire partie de
la Société archéologique. M. Le Roux et M. Quémeneur
sont présentés par MM. de Blois et Le Men, et M. Dervosb,
par MM. Faty et de Montifadlt.
Conformément à l'article 7 du règlement ces de-
mandes seront portées à l'ordre du jour de la séance du
11 octobre.
M. le Président fait ensuite connaître à la réunion, cfa'il
Tient d*avoir Tavis officiel que TÂssociation bretonne, avait
obtenu du gouvernement Tautorisation sollicitée, de repren-
dre le cours de ses anciens travaux. Il demande à présenter
quelques observations sur le Congrès qui se tiendra à
Quimper, le IS septembre prochain.
Messieurs, a dit M. le président, vous savez que l'Asso-
ciation bretonne ouvrira à Quimper son seizième Congrès
dans le cours du mois prochain^ et que le programme de
sa classe d'Archéologie, dont j'aurai tout à l'heure à vons
donner lecture comprend des questions monumentales et
historiques toutes intéressantes pour nos études, et qu'il y
en a notamment qui sont de notre domaine propre, c'esl-à-
dire qui portent sur les antiquités de ce département.
Vous entrerez volontiers, dans le vœu que je vous expri-
me de coopérer aux travaux delà classe d'Archéologie de 1
cette Association qui sera elle-même heureuse de cette colla-
boration. En échange des lumières que vous lui apporterez,
vous aurez à profiter de cellesdes autres archéologues de la
Bretagne qui y siégeront avec vous. Je puis notamment
vous annoncer le concours de MM. de Kerdrel de la Borde-
rie et de la Monneraye.
Autrefois, c'est-à-dire avant que le gouvernement impé-
rial eut suspendu les Congrès de l'Association bretonne, les
membres de cette Société faisaient tous partie de l'Associa-
tion bretonne. Ils lui versaient toutes leurs cotisations, coti-
sations que nous employons aujourd'hui à solder nos publi-
cations mensuelles. Il suit de là que, comme membres de I&
Société départementale du Finistère, nous ne faisons plus
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^63-
partie de rAssocUiion bretonne, et que pour y être aggré-
gés nous (leTOQS nous y inscrire et acquitter sa cotisation
archéologique qui esl de dix francs, ce qui donnera à ceux
qui auront pris ranc;, le droit de recevoir le compte-rendu
de ses séances archéologiques , tant qu'ils appartiendront à
ses rangs.
Permettez-moi, maintenant, ajoute M. le Président de
passer en reTue, avec vous, les questions du programme
qui seront faites dans la même classe ; les unes concernent
l'Archéologie proprement dite, les autres touchent particu-
lièrement à rhistoire.
Ici, M. le Président, en donnant lecture des vingt-trois
questions du même programme, que nous publions à la suite
de ce procès-verbal, s'arrête spécialement à celles qui se
rapportent, soit aux monuments antiques, soit à Thistoire
locale de notre département, et constate que ce congrès
devra apporter de nouveaux et précieux éléments à la science,
notamment à ('étude de la géographie historique. Il espère
que divers membres de la Société d'Archéologie du Finis-
tère, prendront une part active à ces débats, et que son
honorable vice-président^ M. le comte de Carné, ne demeu-
rera pas étranger ^ ces discussions.
Après ces observations de M. le Président, lecture est
donnée de Tordre du joifr'de la séance. MM. Flagelle et
HALLÉGUErf étant absents, M. le Président invite M. Audran
à lire son travail sur les antiquités des environs de Quim-
perlé, M. Audrapc s'exprime ainsi :
LA RIVE DROITE DE LA LAITA
(Excursion archéologique de Quimperlé au Pouldu).
Le viaduc du chemin de fer est à peine passé, et sur notre
droite nous apercevons l'élégante tourelle de Québlen. Ar-
rêtons-nous un instant, etde la terrasse du jardin, jetons un
coup d'œil sur la route que nous venons de parcourir. A nos
pieds coule la rivière, bordée d'un côté par de vertes prai-
ries, et de l'autre par les collines boisées de la taille au Duc,
sur lesquelles nous reviendrons bientôt, de la Villeneuve et
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- 64 -
de Penerven, qui s'étendent jusqu'à Saint-David, dominant
l'ancienne abbaye des Dominicains ou Jacobins fondée en
1954 par Blanelie de ISavarre^ duchesse de Bretaene, et
dont je vous raconterai un autre jour l'histoire. Dans le fond,
Tabbaye de Sainte-Groix, dont l'histoire écrite au XVH*
siècle par Dom le Duc, religieux de ce monastère, rat ac-
tuellement publiée par les soins de M. Le Men, secrétaire
de notre Société. A gauche, le bois de Tabbaye qui fut, daifô
les doux derniers siècles, le sujet de longs et nombreux
procès entre les seigneurs de Québlen et les dbbés de
Quimperlé.
Le manoir de Québlen, construction des XVI'' et XVII'
siècles, appartenait, en 1422, à Robin de Québlen ; en 1485,
à Henri de Québlen ; en 1495, à Yvon de Québlen, son
fils. Jehan de Québlen, archer en brigandine, représente
Henri de Québlen à la montre des nobles de Tévéché de
Gornouailles de 1481 .
Le manoir de Québlen est devenu, vers la fin du XVII*
siècle, la propriété de la famille Bréart de Boisanger, qui le
possède encore aujourd'hui.^
Près du manoir de Québlen, nous trouvons la métairie de
Goz-Castel (vieiux: château). Son nom et sa position sur un
promontoire élevé, sem^)lent indiquer l'ancienne demeure
des seigneurs de Québlen. On y remarque les traces d'une
enceinte carrée à angles arrondis, de 30 mètres de côté^
dans l'intérieur de laquelle les reliefs du terrain marquent
l'emplacement des logements et du donjon.
Entre le manoir de Québlen et la forêt de Clohars-Car-
noëtestle bourg, autrefois paroissial, deLothea (Sancti
TajaciJ. Il comprend seulement quelques maisons ; et l'é-
glise, modeste construction de la fin du XVIP siècle, à un
seul bas côté, n'offre rien de remarquable. C'est dans la pa-
roisse de Lothea que se trouve le manoir de Beaubois, ou
naquit, en 1693, Dom Hyacinthe Morice du Beaubois, re-
ligieux bénédictin et auteur d'une histoire de Bretagne.
A quelques pas de Lothea, nous entrons dans la foret
domaniale de Garnoët, située partie dans la commune de
Quimperlé et partie dans celle de Glohars-Garnoët à laquelle
elle donne son second nom. Un peu sur notre dfoite, an
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- 65 —
lieu dit Toulfouën se tient chaque année, le landi de la
Pentecôte, une assemblée connue sous le nom de Pardon
des Oiseaux,
Quelques débris de tuiles à rebords trouvés à Toulfouën
peuvent faire supposer que les Romains y ont eu un
établissement, mais rien n'est venu confirmer cette suppo*
sitioD^ et le long de la rivière de Quimperlé, il n'y a d'éta-
blissement romain de reconnu que celui du Pouldu, dont
nous parlerons plus bas, et celui de Trévoazec sur la
rive gauclie. Là, en opérant des défrichements, M. Quilliou
a retrouvé il y a quelques années, une grande quantité de
tuiles à rebords, au milieu des substructions assez impor-
tantes dont Teiamen ne pouvait laisser aucun doute sur
leur origine gallo-romaine.
Dirigeons-nous maintenant vers Tancien château de
, Carnoët (Caër-an-coët) castellum nemoris. Avant d'y arriver
nous passons près d'un tumulus ouvert en 1842 par les
«oins de M. Boutarel, inspecteur des forets. Les objets
précieux qui ont été retirés du dolmen que renfermait ce
tumulus, sont aujourd'hui déposés an musée de Gluny, où
iU sont inscrits sous le n"* 1^798.
En voici le catalogue :
1° Une chaîne en or du poids de 225 grammes ;
2« Une chaîne en argent fortement oxidée, composée d'un
grand anneau et de deux autres plus petits ;
3° Un casse-tête en silex ;
4'' Trois glaives ou poignards en bronze oxidés et
portant les marques d'une couche d'argent ;
5* Une pique en bronze ;
6* Un petit poignard en bronze ;
7" Une pierre reciangulairexouge^ percée d'un trou au
sommet de chaque angle ;
8* Une amulette en pierre verte ;
9* Plusieurs flèches en silex dentelées.
Si ces objets, dont la place marquée serait au musée
^ départemental, ont passé dans les mains d'étrangers, M. Le
Men ûoub en a au moins conservé la description, et il a été
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- 66 —
asiez heureux pour retrouver après 25 ans, tous les rensei-
gnements utiles pour rendre compte de cette importante
découTcrte. Son travail a clé inséré dans la Revue archéolo-
gique du mois do mai 1868.
Voici la description du monument telle que la donne
M. Le Men :
(( C'est une éminence régulièrement arrondie dont la
hauteur est d'envion quatre mètres et le diamètre de vingt-
six mètres. Elle est formée à sa surface d*une couche
d*argile jaunâtre épaisse de cinquante centimètres. Le reste
du tumulus se compose de moellons mêlés à de la (erre. Il
renferme à sa partie centrale et au niveau du sol naturel,
un dolmen ou chambre sépulcrale formée de neuf piliers
et d'une plate-forme aujourd'hui brisée.
« Là longueur de cette chambre à Tintérieur est de deux
mètres et sa largeur d'un mètre cinquante centimètres. La
hauteur des piliers est aussi d*un mètre cinquante centi-
mètres. Ces piliers sont des pierres plates de choix, qui ont
été taillées sur les côtés^ afin de pouvoir les rapprocher
assez exactement les unes des autres, pour empêcher la terre
de pénétrer à l'intérieur.
i< C'est évidemment dans le même but que des coins de
pierre ont été fortement enfoncés dans les intervalles qui
existent aux quatre angles de la chambre, à la partie infé-
rieure des piliers. L'épaisseur de la plate-forme était de
dix-huit centimètres, et celle de la couche de terre et de
pierres qui la recouvrait, de deux mètres ving-cinq centi-
mètres. »
Nous continuons notre excursion et nous ne tardons pas
à arriver à Carnoëi. Il ne reste de l'ancien château que
quelques pans de maçonneries, quelques ruines de peu
d'importance, suais les douves et les retranchements en
terre sont prcsqulntacts, et il est facile de reconstruire
l'ancienne demeure féodale. Les bâtiments occupaient un
carré long ayant environ 48 mètres de large sur 76 de long;
la maison principale qui faisait face au midi était située à
l'angle nord-ouest, où dernièrement on a mi» à découvert
une très-grande cheminée ; des fouilles faites à différentes
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- 67 -
époques ont amené la découverte de briques rernissées, de
fûts de colonnes, et de chapiteaux dont l'élégance dénote le
Xlll* siècle ; c'est aussi l'époque qu'il convient de donner
aux constractions. Dans les fouilles on a aussi plusieurs fois
trouvé des morceaux de charbon et des débris de bois
brûlés ; d'où on pourrait conclure que la destruction du
château est due à un incendie.
La chronique fait du dernier seigneur de Garnoët, le
mari et le bourreau de sept femmes dont la dernière fut
lainte Triphine ^ > , . • . .
La légende raconte aussi comment tout à coup la terre
s'ouvrit et engloutit ce seigneur et son château.
La forêt de Garnoêt appartenait originairement aux
comtes de Gornouailles souverains du pays et ensuite aux
ducs de Bretagne.
Jean P' dit le Roux, fit construire le mur d'enceinte du
Parc de Carnoët. Il avait sep.t lieues de tour et comprenait
du côté gauche les bois dits la Taille au Duc ; jai recher-
ché vainement à reconstituer ce mur je n'ai trouvé que
quelques tronçons qui portent tantôt le nom de Mur du
Roi tantôt celui de Mur du Diable.
L'ancienne juridiction de Garnoêt, répondant au Pagus
de ce num^ comprenait les communes de Bannalec^ Riec^
Le Trévoux, Bey, .Moëlan, Glohars et Lothéa. Telle est
l'origine de la juridiction royale de Quimperlé.
Les ducs de Bretagne, seigneurs de Garnoët, possédaient
auBourg'Neuf en Quimperlé, une maison dans laquelle se
tenaient les plaids généraux de la seigneurie. Us la donnè-
rent aux dominicains de la même ville mais continuèrent leur
juridiction. Se voyant à la porte de Quimperlé qui tous les
jours prenait plus d'importance, ils firent pendant plusieurs
siècles des efforts pour y mettre le pied. Leurs officiers y
réussirent enfin^ et confondant la juridiction particulière de
Garnoët avec la juridiction supérieure du Duc, ils parvinrent
à l'exercer i Quimperlé. Un arrêt du Parlement du 4 juin
1670 maintient les Ducs, ou les Rois leurs successeurs,
dans une juridiction s'étendant sur douze paroisses, et com-
posée de celle de Garnoët et de celle proprement dite de
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- $8 -
Quim^rlé, ^uî appartenait au^ abbës de Sainte-Croix» en
vertu de la donation du comte Alain (1 ).
Une élégante villa eit aiijourd'hui construite près du vieui
château de Garnoét.
A la sortie de la foret commence la taille de Saint-Maurice.
Un ancien monastère» placé sous ce vocable^ était situé dans
dans cette partie de la forêt.
c( Saint^ltlaurice était originaire de la paroisse de Lou^
déac, au diocèse de Saint-Brieuc et avait étudié les belles-
lettres à l'université de Paris. De retour en sa patrie, il se
retira dans le monastère de Langonnet, Les progrés qu'il fit
dans la vertu et les preuves qu'il donna de sa sagesse^ le
firent élire abbé de cette maison qu'il gouverna, dit-on,
trente ans. Le désir d'augmenter son ordre et de procurer
des retraites à ceux qui cherchent véritablement Dieu, lui
fit accepter un emplacement que le duc Gonan IV lui donna
dans la forêt de Garnoët (1170). Il s'y établit avec douze
religieux. » (2)
Depuis saint Maurice^ mort en 1191» jusqu'à la révolu-
tion, l'abbaye fut administrée par trente-trois abbés, doDt
l'un, Pierre du Vieux-Châtel fut tué lors du pillage du châ-
teau de Roscanou en 1590 (3). Le dernier fut Jérôme de
Keroulas, archidiacre et vicaire général de Léon, décédé à
Quimper en 1 806 (4) .
Les bâtiments conventuels sont du XVP siècle. Une partie
est tombée en ruines ; l'autre, restaurée dernièrement par
les soins du propriétaire actuel, M"' de Kergré, est habitée.
Le cloître et l'ancienne chapelle sont en ruines ; mais
dans l'un d^ bas côtés de cette dernière, on en a établi une
nouvelle où se trouvent les reliques du saint fondateur. Ces
o^ements sont conservés et offerts à la vénération des
fidèles dans un reliquaire en bois sculpté et doré dont l'or-
nementation indique le XVIP siècle. Il portait d'un côté un
(1) Dom Le Duc, Histoire de Tabbaye de Sainte-Croix. — Edition
H. F. Le Meu, et Notice historique sur Qnimperlé, par A. de 31ois.
(2) L'Eglise de Bretagae, par Dom Morice de Beaubois.
(3) Histoire de la Ligue en Bretagne, par le chanoine Moreau.
(4) Histoire de Quimperlé, par M. Daniel.
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- 69 -
écns^on aujourd'hui eQlacé (pi Qblablement celui du donateur)
surmonté d'une couronne de comte. Ces reliques reposent
sur une table de marbre blanc assez richement ornce
proTenant d'un tombeau juif. Au centre de cette table est
gravé en creux un tronc d'arbre qu'une main armée d^une
hache semble frapper. On lit au-dessous le mol hébreux ;
MaUebeth, qui signifie littéralement tronc (iruneus), et qui
parait être le nom de la personne inhumée dans ce tombeau.
Il faut donc Toir dans la représentation gravée au-dessus de
ce nom un symbole parlant. Le haut de la pierre est occupé
par une inscription hébraïque composée de deux lignes
et qui est la reproduction d'un verset de l'ancien
testament : a Jehovah avait donné, Jehavah a oté, que le
nom de iebovah soit béni. » (Job. 1 . 21 .)
Dans la sacristie on voit aussi une pierre tombale portant
la représentation d'une dame vêtue d'un manteau de vaîr,
et autour (k laquelle M. leMen a lu l'inscription suivante,
gravée au trait en caractères du XIIP «siècle : me : iacbt :
BNA : HABILIÂ : QUOKDAM .' UX^fi : B19I : HEIGOHÂRn '. GOBISDBIE :
H^ïTis : Deux jHitres pierres tombales moins remarquables
se voient parmi les dalles qui servent de pavé au porche du
jardin. Elles sont fort usées^ et l'on a quelque peine à lire
«ur la première pierre : hic iagbt rb pr {reverendus pater)
IflGOLAVSBRVAy.... (PRIOR ?) HUIUS XONASTERU^ OBIIT 1651>
et sur la seconde : prieur de aurat
11 faut aussi visiter à Saint-Maurice les jardins et la salle
capitulaire^ cette dernière est la pièce essentielle et la mieu;^
conservée du monastère. Dans cette pièce construite en
belles pierres de taille avec des voûtes très-soignées, j'avais
cru reconnaître la riche ornementation du XIV* siècle, mais
depuis, M. Le Men, m'a fait remarquer certains détails qui
autorisent à fixer au Xin^ siècle la construction de cette
salle. Il faut encore voir à Saint-Maurice un beau christ en
bronze, un calice très-ancien et une croix abbatiale en
bois qui se trouvent dans la sacristie.
Les religieux de Saint-Maurice eurent de fréquentes
discussions avec leurs voisins les religieux de Sainte-Croix
de Quimperlé. Ceux-ci avaient le droit de pèche dans la
rivièreEIlé (aujourd'hui Laita),jiisqu au ruisseau de Car-
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~ 70 -
noët ; les religieux de Saint-Maurice s'aulorisant d'une bulU
d'Honoré III, prétendirent qu'ils jouirs::îent du droit de
pêche depuis les gorets jusqu'à la mer, une semence du
27 octobre 1682 les déboula de leurs prétentions. Malgré
cette sentence ils envahirent la pêcherie de. Sainte- Croix
et furent pour cela condamnés à une amende de 700 livras.
Le 14]uillet 1727 deux religieux de Saint-Maurice vinrent
encore pêcher au-dessus du manoir de Québlen, l'affaire fut
portée à Quimper, et par sentence du présidjal de cette ville,
les religieux de Quimperlé furent confirmés dans leur droit
de pêche.
Au delà de Saint-Maurice est l'anse de Saint -Germain, au
fond de laquelle, et près de l'étang et du moulin du Quin-
quis se trouvent les ruines peu importantes du château du
Plessix ou Quinquis. Un peu au-dessus, nous rencontrons
sur le bord de la rivière, un camp ou enceinte fortifiée. Deux
autres forteresses en terre se voient sur la rive gauche de
la rivière, et par conséquent dans le Morbihan; je suis porté
à croire que ces camps ne remontent pas au-delà de la Ligue.
Au surplus, je crois qu'il est prudent de ne se prononcer que
lorsque par suite de fouilles on aura recueiUi quelques ren-
seignements sur les habitants de ces enceintes, les fouilUes
devant nécessairement amener la découverte de débris d'ar-
mes ou d'instruments.
Enfin nous atteignons le Ponldu, but de notre voyage.
C'est dans la baie du Pouldu que descendirent en 1746 les
Anglais, lors de leur tentative infructueuse sur Lorieni^ c'est
encore dans la baie du Pouldu que Louis d'Espagne et ses
compagnons prirent terre en 1343.
L'on voit au Pouldu la chapelle de Saint-Julien, petit édi-
fice du XVP siècle aujourd'hui transformé en maison. Les
cultures du voisinage recouvrent des subslructions gallo-ro-
maines dont on ne s'est pas encore occupé de déterminer
rimporiance. Lors des travaux de réparations à celte cha-
pelle en 1846^ on découvrit à peu de distance un tombeau
gallo-romain en plomb. Mais ici nous avons été plus heureux
que pour celui de la forêt de Carnoël ; les objets qu'il conte-
nait, longtemps dispersés entre les mains de diverses per-
sonnes, sont aujourd'hui déposés au Musée départemental
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-. 71 -
d'archéologie , et M. Le Men qui est parvenu plus de seize
ans après la découverte à les réunir^ en a donné une des-
cription dans la Revue archéologique du mois de novem-
bre 1869.
M. le Président remercie M. Audrin de l'intéressant
compte-rendu dont il vient de donner lecture. Il espère que
d'autres points de l'arrondissement de Qiiimperlé seront de
sa part l'objet de semblables recherches. L'assemblée décide
que le travail de M. Audran sera inséré in-extenso dans le
prochain Bulletin de la Société.
M BouRASsm fait hommage an Musée départemental d^un
fragment d'aërolithe recueilli en Bretagne par lui et par
M. Durocher, ingénieur des mines à Rennes.
L'heure avancée ne permet pas d'examiner la Notice sur
le château de Ghàteaulin et sur son parc, que M. le Président
vient de recevoir de M. le docteur Halléguen.
La séance est levée à quatre heures un quart.
Le Secrétaire : R. F. Le Men.
Le Bureau considérant que si la Société d'archéologie était
convoquée pour le 13 du mois prochain, jour fixé pour ses
réunions ordinîiires, peu de membres se rendraient a cette
séance, en raison de la proximité du Congrès de l'Associa-
tion bretonne qui s'ouvrira à Quimper le surlendemain 15
septembre, décide que cette séance sera renvoyée au second
samedi du mois d'octobre.
ORDRS DU JOUR
Pour la séance du 1 1 octobre^ à 2 heures, dans une des salles
du Musée d'Archéologie.
1" Scrutin sur la demande d'admission de MM. Le Rocx,
membre du Conseil général , Dermiër , Principal du Col-
lège de Quimper et l'abbé Quéméneur, comme membres
de la Société archéologique.
â"" ISotice sur le château féodal de Châteaulin et .sur son
parc (avec plans)^ par M, le docteur Hallégueu.
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~ 72 —
S* Statistique monumentale 4e diverses cûmmunes da
Finistère, par M. Flagellb.
4^" Voies romaines sortant de Qnimper ou traversant cette
ville, par R. F. Lb Men.
Nota, -r- MM. les Sociétaires sont priés de vouloir bien
faire parvenir, le plus tôt possible, le montant de leur coti-
sation (10 francs), à M. Faty^ major en retraite, rue des
Reguaires, n° 22, à Quimper.
ASSOCIATION BRETONNE,
CONGRÈS DE 1 873.
(15 SepUmM).
DEUXIÈME CLASSE.
ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE.
QUESTIONS PHOPOSÉES.
§ V^. — Archéologie proprement dite.
1. Quel est le contingent fourni jusqu'à ce jour par la Bretagne
àla connaissance des temps préhistoriques? Signaler les cavernes
ou grottes habitées» les pierres taillées, armes ou instruments,
en usage dans cette époque primitive.
2. Monuments Mégalithiques ou Celtiques. Faire connaître les
découvertes ou observations faites depuis une quinzaine d'années,
qui peuvent offrir quelque lumière nouvelle pour l'étude de ces
monuments.
3. Galeries souterraines servant de lieu de retraite, de lieii
de dépôts d'objets réputés précieux, ou de lieu de sépulture.
Indiquer les circonstances qui peuvent faire connaître la desti-
nation de celles qui ont été découvertes.
4. Trouve-t-on, dans le même pays, d'autres camps que celui
de Péran, près de Saint-Brieuc, pour la construction desquels
on ait fait usage de la vitrification ?
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— 73 —
5. Quelles sont, parmi les enceintes fortifiées de la période
Gauloise, celles où Ton a pa reconnaître les traces d'un ancie®
oppidum ?
6. Dans quelles conditions pourrait-on signaler sut la carte
les monuments de Tépoque Gallo*Romainë découverts en
Bretagne ?
7. Tracer le réseau des Toies romaines dé la même circons-
cription.
9. Dresser une statistique générale dfts camps Romains pour
le départeûient du Finistère.
9. Donner la collection complète des iûscriptioiis Romaines
découvertes eti Ôretagne, avec les éclaircissements que peuvent
réclamer ces documents épigraphiques.
»
10. Signaler dans les découvertes d'anciennes monnaies^ faites
depuis quinze ans, celles qui nléritent de fixer l'attention, soit
par leur importance, soit par leur intérêt pour l'étude his-
torique. ,
11. Parmi les objets d'antiquité recueillis en Bretagne, y en
a-t-il qui se rapportent au culte chrétien ou qui offrent des
signes symboliques du même culte ? Préciser autant que possible
l'époque à laquelle ils appartiennent.
12. Décrire les formes archilecloiiiques de l'église autrefois
collégiale de Pont^-Groix -, marquer les différences par lesquelles
son style de transition s'écarte de celui qui a été généralenaent
en usage ; en constater le rayonnement sur les contrées voi-
sines et reconnaître l'époque à laquelle sé^ rapporte là e&ns^
ructioti de cel édifice.
§' 2. ^ Histoire.
13. Quelles sont les traces qu'a laissées en Bretagne le sta-
tionnement des corps de l'armée permanente du tractus NérVien
et Armoricain cantonnés sur son littoral ?
14. Géographie historique de la Péninsule Armoricaine sous
les dominations Gauloise et Romaine.
Quelles sont notamment les inductions nouvelles que pré-
sentent pour ces recherches : l» l'inscription de la borne
epigràphique de Kefscao qui marque la positiôU dé Vof^già/nium
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à huit oiille pas de son emplacement (I) ; 2* la décoo?erte^ an-
noncée depuis pea, d'un manuscrit du YI* siècle oh le nom
de CorisopUum figure parmi ceux des cités de la m* Lyon-
naise (2) ?
15. A quelles localités modernes peut-on appli(|ver les noms
des divers établissements de TOrdre du Temple mentionnés
dans la Charte du duc Gonan lY, publiée par les soins de M. de
Barthélémy ?
16. Déterminer les caractères par lesquels se dirersifie Fidiôme
Breton dans les dialectes de Tréguier» du Jjéoo, de la Ck)r-
nouaille et du Yannetais.
17. Exposer la composition de l'ancien Comté de Léon en in-
diquant la consistance de ses principaux fiefs. (3).
18. Des anciennes mesures de capacité usitées en Bretagne ;
de celles principalement qui s'employaient pour les grains.
Les pierres, creusées de plusieurs augets et souvent munies
de tourillons, qu'on trouve disséminées ou utilisées comme
bénitiers dans les cimetières servaient-elles à cet usage ? Quelles
sont parmi les églises, autrefois dépositaires de ces étalons de
mesure, celles où ils ont été conservés ?
19. L'ancien usage pratiqué dans les villes de la Cornouaille
et du Léon de tenir daos des églises ou chapelles les assem-
blées municipales était-il général en Bretagne ?
20. Quelles sont, parmi les pieuses pratiques gardées par les
(1) Cette borne milliaire qu'on aura sous les yeux*au Muséedépar-
mental du Finistère, où le soin de sa conservation a engagé à la Caire
transporter, appartient au règne de Claude I^i*, années 4t à 54 de TÈre
chrétienne. Son emplacement était sur la voie Romaine se dirigeant
vers la pointe de Plouguemeau à hnit' mille mètres àFOuest de Lesneven.
(2) M. Longnon, qui a fait connaître Texistence de ce manuscrit {de
la Notice des Cités, n* 1297. fond latin de la Bibliothèque Nationale),
dans un savant mémoire adressé au Congrès de l'Institut des Provinces
tenu à Saint-Brieuc en juillet 4872, en fixe ainsi la date d'après les carac-
tères graphiques et sa liste des Papes qui s'arrête au Pape Vigile dont le
Pontificat a fini en l'année 555.
(3) Cettequestion a été traitée, pour la Cornouaille, au Congrès de 1848.
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- 7B —
populations bretonnes, celles dont l'origine peut se rattacher
à l'histoire civile ou ecclésiastique ? Etudier à ce point de vue
cellesde porlor^comme préservatives de la rage, les clefs dites de
Saint'Vgen.
21. Rechercher les documents qui peuvent servir à faire
connaître l'état du commerce ou de Tindustrie dans les di-
verses régions de la Bretagne aux XIV», XV» et XVI» siècles»
22. Retracer, dans un aperçu général, Fhistoire des Etats
de Bretagne, depuis la réunion de cette province à la France.
23. Examen critique des travaux relatifs à l'histoire de la
Bretagne qui ont paru depuis l'interruption des Congrès de l'As-
sociation Bretonne.
Nota. — Aux termes du règlement^ d* autres questions que
celles des programtnes d'Agriculture et d'Archéologie peuvent
être portées atwc séances avec l'agrément du bureau de Congrès,
Dons offerts au Musée départemental d'archéologie.
M. Faty , trésorier de la Société archéologique.
1* Neuf médailles de divers modules.
2** Quinze monnaies romaines en bronze et deux en
argent.
3"* Quatre jetons en cuivre et trois Àve Maria.
4° Deux gros tournois de Louis IX et de Philippe le Bel.
5° Deux gros blancs de Charles VII.
6° Un douzain à la croiseite de François P'.
7« Huit deniers tournois d'Henri III, Henri IV et
Louis Xin.
8° Liards de Louis XI V^ presque à fleur de coin.
9*" Un grand blanc d'Henri IV^ roi de France et d'An-
gleterre.
10** Une monnaie obsidionale du siège de Mayence.
!!• Deux roubles de Catherine II, impératrice de
Russie.
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- ÎB -
12* Trois monnaies Turques,
IS"" Une agrafe en bronze. .
M. DB R^isMBs, membre du Conseil général, et membre
de la Société arcbédogique .
Oiseau'fossile pétriflé en silex noir trouTé en 1859i Saint.
Valéry-s^r-Somme, et d'une remarquable consenration.
M. Nédéleg (Jean-Marie)^ cultivateur au château de h
Marche» en la commune d'Ergué-Gabéric.
Médaille commémorative des journées de Juillet.
H"' veuve HEssAiior, de Quimper.
V Faiënces anciennes de Nancy, de Nevers et de Loc-
Maria-Quimper.
â"* Objets d'histoire naturelle.
M. Louis, Nay Ame, de Quimper.
Deux monnaies en cuivre de Louis ^VL
M. PiBiou, peintre, membre de la Société,
Un feston d^Betiri III, roi de France
Uw Soldat du 26* de ligne.
Deux monnaies de Louis XVI.
(À$uwr€j.
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SÉANCE DU H OCTOBRE 1873.
Présidence de M. A; de ^Ibis^
M» de Moatifauit, secrétaire donne, sur rinvitation de
M. le Président, lecture du procës<verbal de lA séance'
précédente.
M. Halléguen reproduit la réclainàtion qu'il at&it faitêfà'
la séance du mois d'août, par lettre, er qui porte stir la
rédaction du ptôcès-verbal de juillet. Il regrette qu*onri'aïl
pas mentionné au prôcës^verbal les observations et résefrves
qo'il a faites au sujet de la partie historique du travail^ dé
M. Le Men.
Après qut^lques observations de M: le Président sut la
manière dont il est possible de rédiger les procès-rerballri
rincidenf est clos et M. de Blois fait part à l'assemblée deis
résultats donnés par la fouille d'un tutnulus faite près de
Lannilis. Il a reçu de M. Ribault receveur de Tetiregistre-
ment à LanniHs la lettre suivante :
€( Monsieur, tous apprendrez peut-être' avec intérêt la
découverte qui vient d'être faite à Lannilis, d'un tubiulus et
le résultat des fouilles qui y ont été pratiquées hier 23 cou-
rant, soiïs la direction dé SI, de Lécluse, vérificateur de
Tenregistrement.
Ce tumulus est situé à 1 kilomètre dix bourg de Lannilis,
près dé lat nouvelle route dé rÂbervracli , dans un champ
appartenant à M. Garaès,
Il est peu éleVé, ayant été cultivé depuis fort longtemps
et sa hauteur au-dessus du niveau moyen du ctianip, né
dépasse pas deux mètres.
Les fouilles ont été faites par le propriétaire, M. Garaès,
en présence de MM. de Lécluse, de Merey , Morvan,
Charles, chimiste, Sagot, médecin, et Pérou, directeur des
travaux de la route de TAbervrac'h à qui l'on doit la décou-
verte du tumulus.
Un puits pratiqué à l'endroit du tumulus qui nous a paru
être le centre, n'a pas tardé à nous faire voir la dalle qui
recouvrait le tombeau.
Cette dalle, de forme ovale, d'une longueur de 3 m. 30 c.
et d'une largeur de 2 m. 2«^c., reposait sur une maçonne-
rie en pierres noyée dans de l'argile.
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- 78 -
Une brèche ayant été faite dans la maçonnerie, le tombeau
s'est présenté à nous parfaitement intact.
Il contenait beaucoup de cendres, quelques fragments de
bois de chêne presque réduits en poussière, deux mprceaux
de bronze recourbés d'une longueur de 25 centimètres,
complètement oxidés(l); et enfin au centre du tombeau,
un vase en terre cuite à trois anses^ orné de quelques
dessins grossiers et contenant de la cendre (2).
Ce sont là les seuls objets qui aient été trouvés, bien que
les cendres et le sol du tombeau aient été visités avec soin
(3).
Voilà, monsieur, la relation aussi exacte que possible des
fouilles du tumulus en question, vous la soumettrez si vous
le jugez à propos, à la Société archéologique de Quimper.
Si cette société avait besoin de renseignements autres que
ceux que j'ai donnés ci-dessus, je me mets entièrement à sa
disposition. Recevez, etc. Signé Bibault, receveur de TEn-
registrement à Lannilis. »
Cette intéressante lecture est accueillie avec le plus vif
intérêt et la Société prie son président de remercier en son
nom M. Ribault et les autres auteurs de la découverte.
Cette communication sera transmise à M. Le Men, di-
recteur du Musée d'archéologie^ afin de savoir s'il serait
possible de faire transporter au Musée départemental les
objets recueillis.
M. Halléguen a la parole sur le château et le parc de
Châteaulin.
Il expose que la description de ce curieux et im-
portant ouvrage a été donnée par lui dans VÉcho de Châ-
teaulin du 19 octobre et dans les numéros suivants des
26 octobre, 2 novembre et 10 novembre 1850. Il a été for-
tement aidé dans ses recherches par les ouvrages de
MM. de Fréminville et de Blois.
M. Halléguen donne d'abord la description du château
(1) M. Ribault joint un dessin de ces fragments, d*où il semble
résulter qu'ils appartenaient à des bracelets.
(3) Joint un dessin représentant le vase.
(3) Joint un plan et une coupe verticale du tombeau avec rindication
de toutes ses dimensions.
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-79,-
proprement dit. Il en énnmère les enceintes, les fossés^ les
tours, le donjon, le pont-levis. Ses ruines indiquent que le
château a été détruit par un incendie. {Écho de Châteaulin
19 octobre 1850).
En résumé il y avait sur la montagne de Châteaulin,
rocher nu et abrupt sur toutes ses faces, un castel impor-
tant. La base du mont s'avançait d'un côté dans la rivière,
de l'autre un vaste étang l'entourait. Un chemin étroit ,
taillé dans le roc donnait accès au plateau en le con-
tournant et en passant sous une ligne de remparts et de
tours formidables ; à ce chemin, dominé par le fort,
aboutissaient toutes les routes du pays. Du côté de la
rivière, le rocher est taillé en terrasses. Le sommet est
bordé de remparts flanqués de nombreuses tours. En plu-
sieurs endroits le roc taillé à vif, rend tout assaut impossible.
Sur la partie la plus inaccessible, vers le midi, s'élève le
donjon avec ses hautes tours.
Gastellin, nom breton de Châteaulin, signifie châteaa
de INin, selon Tétymologie qu'en a donné M. deBlois,
Castellin était donc le château du Pays de Nin,
A qui faire remonter sa construction ?
Les ruines actuelles sont relativement modernes. On n*y
trouve que peu ou point d'indices romains.
Cependant une voie romaine passait à Châteaulin, se
dirigeant de Carhaix vers Grozon et la pointe du Raz.
n n'y a aucun castel à proximité, si ce n'est Castellin. La
proximité du village de Kerstrat est encore un indice. Le
camp romain dut être placé sur la montagne qui domine le
pays, les voies et la principale rivière. Pourtant l'importance
de l'établissement romain, qui devait être considérable ne
peut se déterminer aujourd'hui, on ne trouve aucune
substruction romaine, à peine quelques plaques de marbre
et quelques tuiles à rebords et, parmi les murs d'enceinte et
les murs de la chapelle de Notre-Dame^ quelques pierres
de petit appareil qui doivent provenir des anciennes cens-
tractions romaines* (Echo de Châteaulin^ du 25 octobre
1850).
1H« Halléguen compare ensuite Castellin avec le châteaa
de la Roche-Maurice, et le château de Roc'h-Morvan, il cite
MU. de Blois, de Kergariou, de Kerdrel, de Gourcy, de
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- «0 —
FiréminviDe, Erpold le Noir. It ^n cQDalut que la partie
féo()aie du château a été bâtie au plus tard aux' siècle par
pu comte de Gornouailles. On a pu le réparer ou méiue le
reconstruire en partie.
L'auteur cite ensuite Dom Morice, preuves, tom 1, col.
467. — Il remarque l'expression : jiujctà castmm quod
vocatur Castellin ; le même document décrit un endroit
montagneux qui vocatur nin (cartulaire de Landévennec),
ces deux textes indiquent pour le château une haute anti-
quité, puisqu'on se sert pour le désigner du même nom
que pour le pays lui-même.
M. Halléguen rapporte ensuite les opinions vulgaires et
les traditions populaires sur l'origine de Castellin.
Il passe à l'histoire du château ; elle ne commence à
être connue qu'au commencement d« XII* siècle, 1148. —
Siège de 1163. — Citations de Dom Morice et de Guil-
laume Le Breton, ainsi que de différentes pièces communi-
quées à l'auteur par fil. de Blois {Écho de ChâteoMlin,
2 novembre 18o0).
Nous arrivons mainte^nant au Parc II se compose essen-
tiellement de deux parties, munies chacune d'une enceinte
spéciale. Le petit Parc est con^pris dans le grand ; tous
deux partent du château.
Il fut tracé par le duc Jean Le I^oux au XIIP siècle
{Chronique de Satnf-5rwwc). Ce Duc répara Castellin qui
ayait souffert du siège du XIP siècle.
Le uLur commence près de l'angle nord-est du donjon^
traverse la rivière n la chaussée de l'ancienne pêcherie ,
borde Iç Chqimp'dU'Haut, le chemin de Parc-Bihan, le
champ de Parc-Névez-Bihan, reparait au Parc^ar-Vur et
dans la lande Parc-Goré-ar-Goarem ; il borde le bois Parc-
Bihan-Bras, et traverse les terres de Quimil jusqu'au
balage et ^ la rivière.
C'était j^ l'ençeinie du petit Parc qui finit près de Parc-
Bihafi.
Ven^itensjaiie le ^rand Parc y son enceinte commence :à
Parc-ar-Mançon, il suit Parc-Izella, le bois de Qmnàlj
ÇloS'Pras, Kprstrct, Pen-Feunteun, Toul-ar-Rodo, Run-
an-PafjC, fenriii^ros, Rosaon^ Heilar, Prion, Stanguivin,
J^er^uan, Parç-^r-Çao, Pennatpçnf.
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~ SI —
Elle traversait la rivière sur recluse de àfeil-Àon, suivait
les carrières de Guilly et Kérével, et arrivait à Pennanros ;
puis elle bordait le chemin Hent-ar-Vur, traversait la mon-
tagne de Xanur^at et suivait le chemin vicinal de Ghàteau-
lin à Gouézec.
Elle entre en Briec à Kèréré, passe à V Eau-dei^Fontai*
nés, au Moulin-Neuf, à Meil-an-Àbbat, à Quiguen, à Gars^
ar-Saut, à Toul-ar-Greil, à Quarih dans l'allée de Tré-
gain, au Stang, à Toul-arSaout, à Plasi-Barré^ au Mes-
Donyk Tiourel-ar-TraoUj à Parc-is-an-Guer, au chemin
Jos-ar-Ftéf, à Pors-ar-Lenn, Pennavur, Hinguer, Posta-
fiot, les bois et prés du Gollen et du Gutrn, Kérel, Est-
Cast, Ciémeur, Port-Richard, ToularPhilistin , Cosmeil,
Guillipars, montagne de Saint-Gildas, Prataval, le mont
du Quelch ; elle rejoint le château par le Vieux-Bourg, le
Chemin- des 'Morts, le côté ouest du vieux cimetière, em-
brassant ainsi la chapelle de Kotre-Dame entre son point
de départ et son point d*arrivée.
Cette enceinte était entourée d'un chemin que Ton .peut
encore parcourir à cheval dan5 une grande partie de son
étendue.
Le périmètre total du .grand Parc est de 7 à 8 lieues.
Les paysans l'appellent le mur du diable.
M. Halléguen entre ensuite dans de nouveaux détails sur
le rôle du château dans Thistoire de la Gornouaillés II cite
un grand nombre d'historiens qui font mention de Gastellin
et une charte de donation du 2 mars 1*689, au sujet de
l'hôpital du château. Il raconte la naissance au château de
Pierre II, fils de Jean, duc de Bretagne, et de Blanche de
Navarre, aux fêtes de pàques de 124J .
M. Halléguen ayant terminé sa lecture , M. Faty fait
remarquer que les tours des châteaux avaient la forme
ronde sous la domination romaine jusqu'au xn* siècle
environ ; à partir du- xii* siècle, elles deviennent carrées et
ce n'est que beaucoup plus tard qu'on revient à la forme
ronde* Il remarque que les tours de Gastellin so^t rondes;
Il en conclut que, s'il est constaté que les fortifications sont
antérieures au xii® siècle, il est probable qu'elles ont été
coQ^ruites sur un emplacement romain et peut-étffe même
sur des Stubstructions romftines.
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— 82 —
M. de Bbis dit que pour lui Ga$tellin est un ancien
castrum romain qui exista dès la conquête, et qui fut sinon
fondé, au moins développé et fortifié comme étant un point
très-important pour défendre le pays contre les incursions
des pirates du Nord. Ce point dominait le cours de T Aulne,
à l'endroit où celte rivière cessait d'être navigable. Il est
donc impossible qu'il n'ait pas été choisi comme point
essentiel pour la défense du littoral par le tractus INervien
et Armoricain.
M. de Blois demande ensuite à M. Halléguen compte
d'une expression qu'il a souvent employée dans son travail,
à savoir: Pays de Nin ; sur quoi se base M. Halléguen?
Nln veut dire montagne, éminence^ mais jamais à la con-
naissance de M. de Blois il n'y a eu de Pays de Nin.
M. Halléguen cite Gastellin, GoatlNinun et Nin-Dour,
(rois localités très-rapprochées l'une de l'autre, les anciens
auteurs appellent Châteaulin Caslel-Nini, ce qui ne peut
se traduire que par Château de Wm, c'est-à-dire château
du Pays de Nin.
M. de Blois dit que Castel-Nini veut dire château de la
montagne , et que les noms cités par M. Halléguen, se
retrouvent partout ou il y a une montagne ou une colline.
Gela ne peut constitiuer ce qu'on appelle un pays!
M. Halléguen insiste en disant que pour lui il y avait un
Pays de Nin, pays de peu d'étendue peut-être^ mais qui
portait ce nom qu'on retrouve plusieurs fois à des endroits
rapprochés, et dit qu'il ne peut traduire CastehNini que
par Château de Nin ou château du Pays de Nin.
M. de Blois ne peut traduire Castel Nini que par :
Château de la Montagne.
Il pense que le petit Parc était le lieu de promenade, les
jardins du Ghâtelain. Il y a aussi à Morlaix et dans tous les
autres châteaux Ducaux un grand Parc et un petit Parc.
Quand au grand parc, il existe aussi partout la même
légende de la construction de l'enceinte par le diable en une
seule nuit ; partouft le nom populaire de Mur du Diable.
Cet usage n'était pas particulier à Ghâteaulin ni à la
Bretagne, il existait partout en France et dans tous les pays
d'Europe. La grande enceinte était peut-être un mur indi-
quant le parc de chasse réservée au duc ou au seigneur.
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— 83 ~
Gependant; bien qu'à cette époque le droit de chasse eût
une importance, on s'explique difficilement la construction
de murailles de huit lieues de tour pour garder une chas se
M. de Blois pense que ces murailles pouvaient servir à déli-
miter le domaine engagé, à séparer les terres affermées du
domaine réservé qui restait le propre du Seigneur et qui
était cultivé par des hommes à lui.
L'ordre du jour étant épuisé M le Président fait procéder
à rélection des personnes qui se sont présentées pour faire
partie de la société et qui sont :
1<* M. Le Rouxik membre du Conseil général présenté
par MM. de Blois et Le Men ;
S*" M, Dermier principal du collège , présenté par
MM. Faly et de Montifault ;
3® M. l'abbé Quéméneur , curé de Sainte-Croix à
Quimperlé, présenté par MM. de Blois et Le Men ;
if" M. Loyer, Lucien, étudiant en droit, présenté par
MM. Audran et Le Men ;
Ces candidats sont admis à l'unanimité et font désormais
partie à la société.
La séance est leyée à 4 heures 1/2.
Le Secrétaire,
V. DE MONTIFAULT.
Le bureau, considérant qu'il n'y a plus à i'ordre du jour
que: 1° la statistique monumentale de diverses communes
du Finistère par M. Flagelle ; 2° les voies romaines sortant
de Quimper ou traversant celte ville par M. R. F, Le Men;
que le Président, plusieurs membres et notamment M. Le
Men seront absents le deuxième samedi de novembre ; que
la présence de M. Flagelle n'est pas certaine pour ce même
jour;
Décide que la prochaine séance est remise au deuxième
samedi de décembre ;
Fait un appel pressant à tous les membres en les priant
d'apporter pour cette séance quelques documents.
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-- 84 ^
N<yTA. MM*, lés Sociétaire sont pries de vouloir iÂen (me
parvenir le plus f^ possible lear cotisation (tO francs) à
M. Faty, major en retraite, rue des Regiiaires, n^ '2S, à
Quimper.
Le PrésideM,
A. DB Blois.
Dons offerts an Musée départemeatal d'archéologie.
M. l'abbé Eybabd, vicaire-généraL
1» Treize monnaii^s romaines en bronze de Néron, Trajan,
Antonin le Pieux, Faustine jeune,Gallien,yictorin, Postume,
Claude II, Constantin Le Grand et Constantin II.
2"* Huit monnaies françaises en argent, en billon et en
bronze, de Charles Y, Louis XII, Charles IX^ Henri III,
Henri IV ^ Louis XIU et de la première république.
3° Deux blancs et un douzain de billon des ducs de Bre-
tagne François I et Jean lY.
4'' Deux doubles réaies d'Espagne, de Ferdinand et
Isabelle,
5° Sept jetons en cuivre.
M. Ye^seyre, ancien maire de Quimper.
Un OQoyen bronze d' Antonin le Pieux.
M, Prosper Hémow, membre de la Société.
1^ Un pied de roy en cuivré du XYH* siècle.
2^ Un sceau matrice en cuivre de la Ferme des Devoirs
de Bretagne.
3* Quatre monnaies romaines en bronze.
4'' Une médaille en argent du XIIP siècle.
5* Une monnaie en argent de Louis XY. ^
6° Une pièce de deux liards en cuivre des colonies fran-
çaises (1723).
7^ Une pièce de monnaie norwégienne en billon de 1694;
8° Une pièce russe en bronze.
Une médaille commémoralive en bronze de* la victoire
remportée en 1797, piair la flotte américaine composée de
15 navires, commandée par John Jervis, sur la flotte espa^
gnole, forte de 27 voiles. (^A suivrej.
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SÉANCE DU 10 JANVIER i874.
Présidence de M. A. de Blois.
M. de Montifauli, secrétaire, donne, sur Tinvitation de
M. le Président, lecture du procès-verbal de la séance pré-
cédente.
Ce procès- verbal est adopté sans observation.
Les membres du bureau présentent MM. Pocard-Ker-
viller, ingénieur des ponts et chaussées à Nantes, et Bol-
loch^ juge suppléant à Morlaix, qui désirent faire partie de
la Société.
Ces deux candidats sont admis à Tunanimité*
M. de Blois donne ensuite lecture d'une intéressante
communication faite à la Société par notre confrère M. le
docteur Le Hir.
Cette communication est ainsi conçue :
Caverne de Roc'h-Tocl, en Kerovguy-Izblla, commune
DE GuiCLAN (Finistère).
« Cette grotte est située à 84 mètres de la rive de la
Penzé , elle est creusée dans un roc blanc composé de grès
et de quartz. Ce rocher forme une crête très- pittoresque au
dessus d*un joli vallon. Son ouverture trapézoïdale est pla-
cée sur le versant nord- est du rocher, vis a vis le manoir de
Luzec. J*ai découvert une moitié de celtae en pierre polie
dans le sentier rapide qui conduit du moulin de Luzec au
pont de pierre qui traverse la rivière au-dessous de la
grotte.
cr Le rocher a 115 mètres de longueur au sud, 140 mè-
tres au nord, 20 mètres à Test.
« La grotte se divise en deux chambres, presqu'en ligne
droite et séparées par une cloison de rochers qu'il faut con-
tourner pour passer de l'une dans Taulre,
a La première pièce ou chambre claire, a 12 m. 40 c.
de profondeur. ^La hauteur de. la voûte à l'entrée est de
7 m. 70 c; deux mètres plus loin elle atteint 8 m. 50 c, et
au fond de la pièce, elle est encore de 8 mètres.
« La Chambre postérieure a 34 mètres de longueur, ce
qui^ ajouté aux 12 m. 40 c. de la première pièce, donne
46 m. 40 c. sous roche à la caverne de Roc^h^Toul.
8
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- 86 -
« La largeur de la première chambre varie entre 1 mè-
tre et 2 mètres ; celle de la seconde est beaucoup plus irré-
gulière. La chambre postérieure a beaucoup d'anfractuo-
sites. La hauteur du soi au plafond n'y est pas sensiblement
la même comme dans la chambre cUire ; elle atteint 7 mè-
tres en quelques endroits et varie de 5 à 6 mètres dans
d'autres. L'entrée de U grotte est tournée vers lest, mais la
chambre postérieure a une pente ascendante assez pronon-
cée et sa direction s'infléchit un peu vers le nord. Jusqu'ici
je n'ai trouvé aucune brèche ni ouverture qui indique une
autre issue à cette seconde chambre.
« La première chambre, ou chambre claire, a été dé-
crite par moi avec assez de détails dans Les Matériaux
(Trutal et Cartailhac), février 1869. Voici le résultat des
fouilles que j'y ai exécutées :
« Le 4 juin 1868, à 10 centimètres de profondeur dans
le sol, je trouvai un bout de flèche en silex. Le sol de la
grotte, sur une largeur deSO à 60 centimètres seulement,
est formé de pierres anguleuses de grès, mélangées à du
schiste d'un blanc jaunâtre, et à du quartz, le tout lié par de
la terre noire ou jaune, et contenant une grande quantité de
charbon végétal. Les parois de la grotte et la voûte sont
creusées dans un roc composé de grès blancs entremêlés de
couches schisteuses blanches ou jaunes micacées, et de
veines ou filons de quartz hyaUn qui traversent la masse
jusqu'à la crête extérieure du rocher.
« A la date du 27 juillet 1868, j'étais allé environ quinze
fois à la grotte, y restant depuis midi jusqu'à cinq heures du
soir. Mon fils et moi^ nous avions fouillé une partie du sol.
A partir du 27 juillet 1868, je pris des aides.
« D'abord nous relevâmes le sol par grandes mottes. Je
trouvai des morceaux de couteaux larges de 1 centimètre,
plats sur une face, ayant une arrête au milieu de l'autre, et
avec des bords tranchants ou dentelés par l'usage. Je re-
cueillis ainsi 44 couteaux en silex noirâtre ou jaunâtre. Ils
étaient tous enterrés presqu'à la surface du sol, sous une
couche de poils provenant probablement de déjections de
hiboux ou de renards. A environ 9 mètres de l'ouver-
ture^ se trouva un grattoir entier, à extrémité arron-
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— 87 -
die e( retaillée. A partir de cet endroit, presqu'en face de
l'ouverture qui donne accès à la deuxième chambre, en
fouillant plus profondément le sol, les objets en silex qui ap-
parurent offraient de plus grandes dimensions ; il y avait
des couteaux entiers avec une face plane et l'autre portant
une ou deux arrêtes longitudinales ; d'autres étaient courbes
sur leurs faces, quelquefois même sur leurs bords ; quel-
ques-uns avaient Texirémité large et arrondie, très-tran-
chante ; il y en avaient à pointes légèrement arrondies,
d'autres en forme de serpette, d'autres avec un seul tran-
chant ; enfin des fragments variant de 13 millimètres jus-
qu'à 4 centimètres de longueur et une petite pointe aiguë
en forme de lancette semblent provenir d'autres instru-
ments de même nature ébréchés ou cassés.
a Les couteaux au notnbre de cent dix^ ont été surtout
trouvés vers le fond, mais aussi dans toutes les parties du
sol de la chambre antérieure.
Au fond de celle première chambre, à une profondeur de
50 centimètres, j'ai recueilli desnudei en silex ; l'un de 5
centimètres de long sur 3 1;2 de large et 24 d'épaisseur;
le second de 4 centimètres 1/4 de long, sur 3 de large et 2
d'épaisseur. Un troisième était à la distance de 9 mètres de
l'entrée, enterré près de la paroi de la grotte. Le travail
des silex se faisait donc dans la caverne elle-même.
« Au 19 août 1868, j'avais fait encore fouiller six fois
avec soin, le sol de la preiTiière chambre. A cette date, le
nombre de silex recueillis et qui annoncent un travail régulier
dépassait 330 ; de plus il y avait une quantité d'éclats ou
de débris de diverses formes.
« Les petits couteaux à face plane d'un côté et munis
d'une arrête centrale au revers sont au nombre de plus de
cinquante. Presque tous ont l'extrémité arrondie, quelques
uns seulement ont une pointe aiguë.
n Les couteaux moyens sont plats sur une des faces, la
seconde offre une ou plusieurs arrêtes ; leur extrémité est le
plus souvent large et arrondie, rarement pointue.
(( Les grands éclats ont de 2 à 4 centimètres de large et
de 1 et demi à 2 centimètres d'épaisseur à l'arrête ; ils se
terminent en pointe arrondie d'uu centimètre de large ou
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— 88 ~
en extrémité amincie presqu'aussi large que le reste. J'ai
trouvé douze de ces grands éclats.
(( Plus tard un nouveau nucléus plus long que les autres
a été trouvé profondément enfoncé dans le sol de l'entrée^
et près de lui une pointe de lance en silex, triangulaire, à
pointe aiguë, presque à ailerons^ : base 2 centimètres et
demi, hauteur 4 centimètres, côlé 5 centimètres, épaisseur
au milieu de la base 1 centimètre. A la base trace d*un fos-
sile qui contribue ^ la forme de l'instrument.
<r Je retirai ou fis retirer ainsi tout le sol de la chambre
antérieure qui fut répandu en dehors sur la plate-forme.
Le charbon de bois est trèsrabondant dans ces déblais. Il
existe en amas brillants à Textérieur de la caverne à la
surface du sol, où on distingue encore bien des plantes à
moelle spongieuse carbonisées. Il est encore abondant et
en gros fragments à l'entrée de la deuxième chambre, mé-
langé avec de la terre et des élytres d'insectes. Dans la
première chambre il était en très petits fragments brillants
et noirs. Il est probable qu'il y en a de divers âges.
(f Ayant fouillé cinq fois la chambre postérieure en 1869,
j'y ai trouvé des silex taillés analogues à ceux de la première
chambre, mais en moindre abondance. Je possède cepen-
dant deux grattoirs l'un de 4 centimètres et demi, l'autre de
4 centimètres ; cinq bouts de Qèches ou de lances, deux
rondelles et une trentaine de fragments ayant appartenu à
des lamelles taillées régulièrement, enfin une vingtaine de
fragments assez irréguliers, mais provenant d'un travail
humain, le tout trouvé dans la seconde chambre.
« Je n'ai rien trouvé dans les cavités et les anfractuosités
du rocher à l'intérieur de la grotte, mais, à cause de l'obs-
curité et des nombreuses inégalités du rocher, les recher-
ches sont fort difficiles.
« Nulle part je n'ai rien trouvé sous les rochers déplacés
et posés sur le sol, quoique i;es rochers fussent assez petits
pour qu'un hotnme put les mouvoir. Il esi même à remar-
quer que vers le 9^ mètre à partir de l'entrée, la où les silex
étaient pour ainsi dire «accumulés, il n'y avait rien sous les
rochers ; d'où l'on pourrait supposer que ces rochers mo-
biles servaient de meubles, de sièges, ou d'établis pour la
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- 89 —
taille du silex et que l'état des lieux n'a guères changé dans
la grotte depuis le temps où elle a cessé d'être habitée.
a Nulle part sur les parois ou sur les pierres isolées je
n'ai trouvé de traces de polissage de dessins ou de sculp-
tures.
« Cette grotte ne me semble avoir été fouillée par per-
sonne avant moi. Elle m'a fourni des couteaux de différentes
formes et de différentes grandeurs, des rondelles tran-
chantes, des serpettes, des grattoirs, des perçoirs et doubles
perçoirs^ des poinçons, des bouts de lances et des bouts de
flèches, et enfin des nucléi. C'est une collection très-com-
plète et très-curieuse des divers instruments primitifs fabri-
qués avec le silex. Deux ou trois seulement de ces silex pa*
raissent par leurs formes arrondies en partie provenir du
lit de la rivière de Penzé, les antres en presque totalité ont
une autre provenance qu'il n'est pas possible de déterminer. '
c( A l'extérieur de la grotte et dans toutes les cavités du
rocher, partout où il y avait de la terre, dans les rigoles
tracées par les pluies,, dans tous les sentiers pierreux qui se
rendent à la rivière, j'ai fait après les grandes pluies et
après les^temps secs des recherches pour trouver des silex
taillés ou non taillés, je n'ai jamais pu en découvrir aucun ,
si ce n'est celui qui a été mentionné plus haut, auprès du
mouHn de Luzec, et qui est une moitié de celtœ.
(c Tel est le résultat de mes études sur la caverne de
Roc'h-Toul, une des plus intéressantes habitations de
Troglodytes.
Etablissement de Troglodytes en plein air.
« Il y a dans le voisinage de cette caverne, à 84 mètres à
l'est, sur le bord de la rivière de Penzé, dans la commune
de Guiclan, un champ nommé Parc-ar-Plenen, de HO m.
de longueur sur 38 de large. On y cultive généralement le
panais qui demande des fouilles assez profondes.
« Presque chaque année, après le travail de l'agriculture^
j'y ai trouvé des instruments taillés par éclats, comme ceux
de Roc'h-Toul, les uns en silex, les autres^en grès lustré gris
foncé ou rose. Ce grès se trouve sur la Penzé à Kergoat
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— 90 —
en Guiclan. Il offre une cassure conchoïde. Les habitants
priraitits de Roc'h-Toul l'ont taillé, mais en petite quantité;
au contraire à Parc-ar-Plenen, les objets en grès lustré sont
-aussi nombreux que ceux en silex. Ils ont la même forme
que ceux de la caverne. Cependant il faut remarquer un
silex taillé en cylindre et préparé pour en détacher des
lamelles. Il a 18 centimètres de longueur et 15 de circon-
férence.
(( Ces instruments viennent tous les ans à la surface du
sol après le ti'avail d'automne.
(ir Pour m'assurer si cela était particulier à ce champ,
j'ai parcouru à la fin de septembre l^(69, tous les champs
et notamment ceux où on cuhive les panais et qui sont
situés entre le moulin de Kerougay et la caverne de Roc'h -
Toul ; je n'y ai trouvé aucun grès taillé, aucun morceau de
^silex^ ni taillé ni brut, tandis que dans le seul champ de
Parc-ar-Ple^nen, j'ai trouvé plus de quarante objets de silex
ou de grès lustré travaillés par éclats.
« L'un des deux établissements est-il antérieur à l'autre ?
Ont-ils coexisté ?
« L'établissement en plein air a-t-il élé fondé avant celui
de la caverne? Gela pourrait se supposer, puisqu'il contient
en grande quantité des grès lustrés, pierre du pays, candis
que la caverne ne contient guères que des silex qu'on
ne trouve nulle part aux environs,
u Tous les ustensiles des deux locahtés sont, d'après
M. de Mortillet, de l'âge des cavernes delaDordogne, mais
moins bien travaillés. Ils sont plus petits et moins nombreux,
ce qui se comprend, puisque le silex pyromaque manque
loialement dans le pays. Cependant je possède un perçoir
qui est très-bien fait et qui a du servir d'aiguille. Il est
semblable à celui de Bruniquel exposé à Saint-Gv^rmain.
« Nulle part que^je sache, on ne trouve d'autres traces
de ces hommes primitifs sur notre sol. Pas de sépultures,
pas d'ossements humains de cette époque, pas d'objets en
os travaillés, pas de dessins, pas de sculptures sur les
schistes bleus, rien que ces armes grossières en grès ou en
silex.
(c Le bois devait il est vrai entrer pour une grande part
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— 91 —
dans les moyens d'attaque^ de chasse et de défense des
Troglodites. Leurs vêlements devaient être de peaux de
bêtes ; mais de tout cela il ne reste pas trace, pas plus que
de leurs ossements ou de leur nourriture. Tout ce qu'on
peut dire de leur civilisation, c'est qu'ils se fabriquaient
des armes de silex et de grès, et qu'ils connaissaient l'usage
du feu.
« D^ LE HIR,
« D. M. Pt «
Cette intéressante communication donne ilieu à différents
commentaires au sujet de la manière de vivre des habitants
des cavernes.
M. de Blois fait connaître que la lettre de M. Le Hir con-
tient encore la description d'un monument d'une origine
plus récente. Il donne en ces termes lecture de ce do-
cument :
Caveaux de Roguennic^ en Cléder^ probablement gallo-romains.
En septembre 1872, M. de Lécluse, vérificaieur des domaines,
m'invjia à aller avec lui voir des caveaux que des piqueurs
de pierre venaient de melire au jour en fendant à l'aide de
coins une énorme masse de granits près du village de
Uogueniiic, en Cléder.
La roche «olide est ensevelie à une profondeur de 2 mèlres
sous une couche de granité décomposé, mélangé à de l'argile
diluvienne. Le bloc de granité a une épaisseur de 2 m. 30 c.
et une largeur de 4 m. ôO c.
Vers les premiers jours de septembre 1872, les carriers en
attaquant ce banc pour en extraire des pierres de taille, trou-
vèrent sous le rocher une caviié où ils pénétrèrent et ils se
trouvèrent dans une chambre médiane communiquant avec
deux autres chambres, l'une au nord, dont la votite est à
1 mètre d'élévation et se trouve formée par le roc ; la largeur
de celte chambre est de 1 m. 80 c. Le sol est un mélange de
terre et de sable granitique peu cohérent.
J'ai trouvé sur le sol un morceau de granité auquel adhé-
rait un morceau de charbon de bois.
L'ouverture de la chambre, percée dans la granité décom-
posé, est de forme ovale. Elle a 70 centimètres de haut sur
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— 92 —
66 de large. Cette chambre située au nord de celle par laquelle
nous avons pénélrë, est circulaire ou plutôt ovalaire. La troi-
sième chambre est à Touesl ; elle est longue de 2 mètres et
large d'un mètre. Sa paroi nord est revêtue d'une sorte de
maçonnerie en pierres sèches. L'ouverture est aussi ovalaire.
Pour y pénétrer on est obligé de ramper à plat ventre. La
voûte n'atteint pas la roche dure, elle est formée de sable
terreux. Le sol est de granité décomposé presque meuble. La
paroi de Test est formée en partie par le roc solide. Celte
chambre semble se prolonger plus loin à l'ouesi, mais cette
partie n*est pas déblayée.
Les deux dernières chambres renferment de nombreux
morceaux de briques rouges à larges caunelures, comme on
en a trouvé à Coalliez en Plouesc£(t et dans les galeries sépul-
crales de Buzéré, en IMouvorn (i). Elles ne contenaient aucun
autre objet, mais il y aurait lieu de fouiller le granité meuble
du fond des chambres et du sol.
1! y a encore un quatrième caveau vers le sud. M. de Lé-
cluse a pu en apercevoir le fond, mais il n'est pas possible d'y
pénétrer sans opérer des déblais.
Tel fut le résultat de ma première visite.
Le 20 août 1873, grâce â la bonne hospitalité de M. de Par-
cevaux de Tronjoly, j'ai pu retourner à ces caveaux. Par suite
d'éboulements de terre et de sable, l'entrée éiait à moitié
bouchée, ainsi que la deuxième et la quatrième chambre. Je
fis dégager l'entrée et j'arrivai à la chambre circulaire. Je la
mesurai de nouveau plus exactement et j'pbtins de Test à
l'ouest 2 m. 53; du nord au sud I m. 76 c; hauteur àTouest,
près de l'entrée, 1 m. 07 c. J'ai fouillé le sol jusqu'à la roche
nue qui forme des saillies, de manière à simuler une maçon-
nerie sèche qui eut pu recouvrir des ossements ou d'autres
objets. Je n'ai rien trouvé que de nouveaux morceaux de bri-
ques rouges à rebord et du charbon de bois.
Je n'ai pu observer le caveau du sud, aujourd'hni complète-
ment obstrué et qui paraît se diriger sous un rocher voisin.
D' LE HIR.
D. M. P.
(1) Les morceaux de brique ne seraient-ils pas des fragments d'argile
formant dans le principe le revêtement de claies en bois servant de
cloisons, et qui auraient plus tard pris la consistance de briques par
suite de Tincendie de la grotte ? On s'expliquerait ainsi les connelures
dont ils sont marqués. — Note de la Rédaction.
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- 93 —
L'assemblée décide que la relation de M. Le docteur
Le Hir sera insérée in -extenso au procès- verbal.
L'ordre du jour étant épuisé^ M. de Blois déclare la
séance levée.
Le Secrétaire^
V. DE MONTIFAULT.
DOCUHENTS INÉDITS POUR SERVIR A l'HiSTOISE DE BRETAGNE.
Les Bénédictins, auteurs de nos grandes Histoires de
Bretagne^ ont pieusement recueilli dans les chartriers où ils
ont eu accès, les documents relatifs à Thisloire politique et
religieuse de cette province ; mais, soit que le temps leur
ait manqué, soit qu*ils n*en aient pas jugé la publication
urgente, ils ont négligé les litres qui se rapportent aux arts,
au commerce et à Tindustrie de notre pays. Aujourd'hui
les Sociétés locales s'empressent de mettre en lumière ces
documents dont l'importance est de jour en jour plus appré-
ciée. Le bureau de la Société Archéologique du Finistère a
pensé qu'il ne serait pas sans utilité de donner une place
dans son Bulletin aux rares documents de cette nature que
le tempsà épargnés. On pourra y joindre à l'occasion d'autres
titres inédits, intéressant l'histoire générale de la même
province,
R -F. Le Meiî.
r. — Pancakte de Lesneven (xv« siècie).
Ensuivent les debvoirs et coustumes deuz à mon dict
Seigneur (le Duc de Bretagne) i cause des fermas du
cobuage (droit de halle) dudiot lieu (de Losneven)quel cohuage
se déport en plusieurs menues parcelles, combien que la
baillt^e s'en fait par le recepveur duiiict lieu en une ferme
seule par checun an, et s*en payent les deniers à trois termes,
savoir : le tierz à Pasques, le tierz à la sainct Micbiel, et l'au-
tre tierz à la saincte Katherine, et s'en fait la baillée
par ledict recepveur audict li^u de Lesneven, la veille de la
sainte Katherine.
La coustume du pain et du blé se liéve à la forme qui ensuit :
Checun boulengier ou boulengière vendant pain par détaill
audict lieu de Lesneven au marchéi doibl et paye par checun
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— 94 —
jour de marché pour placzaqe, ung dennier, et quant il y a
foire, ledicl debvoir, s*il eslalle vende ou nori, sauff s'il rappdrie
ledicl pain à unj; aiilrp marchié vt^rifianl que c»* soil celui du
marché précédant donl il avoil payé ledicl debvoir, il n*en
payera riens.
El est ce debvoir deu outre le droit de veyrage donl ey
après sera fait raeneiou en la ferme du veyrage.
De checun boesseau froment, seigle, orge et autres groz blez
excepiez Tavoine, qui sont venduz audict lieu de Lesneven,
esl deu et que payent les achaieurs, une obolle qu'est pour
checun deux boesseaux ung dennier, et ne se double point
ledicl debvoir es foires, ne en leurs ouicliesmes, et dudict
debvoir sont exempiz touz nobles et gens privilégiez, si c'esl
pour leur provision seulement.
Item de checun boesseau avoine vendu esdict-^ jours de
marché audicl lieu esl deu de checun, douze denniers une
obolle et ne se double point esdictes foyres. Lequel debvoir se
paye par les acheteurs, fors des gens nobles et privilégiez
comme devant.
La coustumeet debvoir du fil et de la laine avecques le lin et
le chanvre qui est membre dudict cohuage se liève en la ma-
nière qui ensuit :
Checun marchant achetant fil audict lieu de Lesneven à jour
de marché, pour checun achat de fil qui passe douze denniers
quelque nombre qu'il y ait, paye nng dennier, et par checune
foyre 0 leurs lundis précédent et subséquent, le double dodict
debvoir, savoir esl deux deniers pour checun achat.
tl semblablemenl de checun achat de lin qui passe douze
denniers, est deu au jour de niarché ung dennier et à jour de
foyre o leurs lundis précédant ei subséquent, le double, ex-
ceptez ceulx de la ville de Lesneven et d»*s faubourjçs d'icelle
qui sontexempiz dudici debvoir, tant à jour de marchiéque
de foire, pourveu qu'ils ne rachalenl pour revendre.
El semblablemenl est deu pour checun achul de layne qui
passe douze denniers à jour de marché, ung dennier et le
double esdictes foyres o leurs lundis précédant et .subséquent.
El au regard du chanvre il n'y a point de debvoir pour ce
que les Cacoux (Lépreux; qui plus souvent et continuellemenl
les achaplent, doibveui el sont lenuz fournir de cordes à faire
les exécutions des enerimez (crimuiels), toutes et quante fois,
le cas ad vient audict lieu de Lesneven.
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1
- 95 —
La coustume et debvoir de la ferme du cuyr qui est membn
dudict cohuage 5fe liève en la forme qui ensuit,
Checun marcbani achalant à jour de marché aiidict lieu de
Lesiievtn cuir de vacht* ou de bœtif ou d'aiure cuyr dont la
venle passe douze deuniers, pour checune peau, paye deux
deuniers el le double es jours de foires o leurs lundis précé-
dent et subséquent.
Et si la vente monte ung Tacre de cuyr ouquel doibt avoir
dix paulx, ledict acheteur poyera pour ledict Tacre quatre
denniers seulement à jour de marché et le double es tuires
comme devant est dit.
Et au regard du cuyr tanné, il ne doibt pour tout debvoir
que nn deunier pour placzage à jour de marchié et le double
es foires.
La coustume et debvoir de boucherie qui est membre dudict coT
huage se liève en la forme qui ensuit :
Checun boucher estallanl audict lieu de Lesneven à jour de
marché doibt pour estallage ung dennier.
Et pour checune beste qui se vend et détaillent (sic), savoir:
pour checun bœuf ou vaehe, mouton, brebis, chiefvre ou
bouch, porc ou truye, de checun ung dennier et le double es
jours (le foires o leurs lundis précédent el subséqueul.
Excepté des veaux ou chevreaux qui ne doibveut nul debvoir
fors Tesialla^e seulement, qu'est ung dennier par jour de mar-
ché et le double es jours de foires comme devant est dit.
La coustume et debvoir de la grande quenoille qui est une ferme
et membre dudict cohuage se liéve en la forme qui ensuit :
Tous marchans et drappiers vendans draps de couleur,
doivent par checun lundi deux denniers pour estallage seule-
ment^ et le double es jours de foires o leurs lundis précédent
et subséquent.
Et les marchans vendans loelles doibvent pour checune
piecze de toelle qui passe dix houiet aulnes ung dennier et le
double es jours de foire comme devant.
Et de la toelle qui est soubz ledict numbre de dix houiet
aulnes, le debvoir en est deub à celui qui à la ferme de la petite
• quenoille rapportée ey apprès.
La coustume et debvoir de la petite quenoille se liéve en la
forme qui ensuit.
Tous marchans vendans drap de bureau de Guingamp, de
Jocelin et du pays, qui estallent audict lieu de Lesneveo, doib-
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- 96 —
vent de placzage pour checun lundi utig dennier et le double
es jours de foires o leurs lundis précedeni el subséquent.
Et de checun achat que font le^^dicts roarc.hans des menues
pieczes de bureau que les subgielz apporleni à vendre audict
lieu, doibvent lesdicls marchans ung dennier si c'est au jour
de marché simple, mais si c'est au jour de foire ou au lundi
précèdent ou au lundi subséquent ils doibvent le double pour
checun achat ; mais ceulx qui achètent par le mynu, draps
desdicts marchans esiallans, ne auxi desdicls subgietz, ne
doibvent aucun debvoir à cette cause.
Item tous lingiere ou linglères vendant toelles par le mynu,
qui estallent audict lieu de Lesneven à jour de marché, doib-
vent pour eslallage el placzage d*îux denniers el é«» jours de
foires o leurs lundis précédent et subséquent, le double.
Et de checun achat de toelles qu*ils font et que soit soubz
le numbre de dix houiel aulnes, ils doibvent et payent ung
dennier par achat, et le double es jours de foires comme dessus,
et si Tachât monte plus de dix houiet aulnes le debvoir en est
deu à cellui qui a la ferme de la grande quenoille.
Les menm droicts et les balances.
Les debvoirs et coustumes appelés les menus droits avecques
les balances dudict lieu de Lesneven, se liévent sur les denrées
et marchandises el en la manière quiensuili savoir est:
Tous marchans vendans potz de terre venants dehors Tévê-
ché de Léon, doibvent pour checune somme ou charge depolz
deux denniers es jours de foires el les lundis pronchains pré-
cédent et subséquent.
Et cents de TEvêché de Léon ne doivent que ung dennier
par somme ou charge ésdits jours de foires, etc., etc.
Et ne doibvent aucun debvoir.de couslume es autres jours
de marché excepté seulement le droict du Veyer.
Item tout homme ou femme qui achate beurre audict lieu
de Lesneven à jour de marché, ou autre jour sur sepmaine, par
potz ou barales dont la vente monte plus de douze denniers,
doibvent pour chacun pot ung dennier, et es jours de foires o
leurs lundis pronchains, comme devant est dit.
Item checun marchant vendant aulx ou oingnons doibt pour
placzage à jour de marché ung dennier, et le double es foires
0 leurs lundis comme dit e^l.
Item checun marchant vendant pâlies de boais, bêches fer-
rées ou defferrées, manches à marres (houes}^ fourches ra-
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— 97 -
teanlx^ coulombes, eschelles, esseulx à charelles, cyoyères à
bras ou rolleresses (1), doibvent de placzage checuo iing
denoierà jour de marché el le double es foires comme dit
est.
Et semblablemenl cfuh qui vendent vesselles de boais com-
me plaiz, gédes (jattes), escuellcs, irc^houers, lamues (tamis),
crubles, panniers et auttres semblables doibvent, pour plac-
zage à jour de marché ung dennier et le double es jours de
foires et es hindis prouchains avant et après comme devant est
dit.
El pareUlemenl ceux qui vendent ferronnerie, comme tre-
piers, coignées, croqs de fer et semblables choses, doibvent
pour placzage à jour de marché, ung dennier et le double es
foires, etc.
Item ceulx qui achètent huges (coffres), roues de charetles,
doibvent pour checune huge ung dennier el pour c^upple de
roues à chareltes ung dennier, si e'esl à jour de marché, el si
c'est es foires ou es lundis prouchains avant et après, ils
poyeni le double.
llem tous poissonniers apportantpoisson a vendre audicl,
lieu de Lesneven, soit au jour de marché ou sur sepmaine
doibvent pour placzage ung dennier, et le double es jours de
foires o leurs lundis, etc.
Et semblablement ceulx qui>pportent le fruict à vendre au-
dit lieu.
Item tous merciers qui estallent audict lieu au jour de mar-
ché, doibvent pareillement, pour eslallage, ung dennier et le
double comme devant est dit, es jours de foires.
Et soulz ladicle mercerie sont comprins ceulx qui vendent
fusseaux, lleustes, parchemins , ei chappelliers.
El au regard des balances, ceulx qui y portent leurs den-
rées à peser, poyent pour checun cent, deux denniers.
(t) 11 est souvent fait mention des cyvières roller esses, ou cyvières à
rouelles, dans les comptes et dans les inventaires du XV^ et du XV®
siècle, des évêchés de Qiiimper, Léon et Tréguier. Cet instrument n'est
' autre que la brouette dont on a attribué à tort l'invention à Pascal.
Le nom même de brouette figure dans un inventaire de meubles de
1510 qui se trouve aux archives départementales du Finistère. Les bre-
tons distinguent trois sortes de civières : la civière à bras, Cravaz
daoubennec, littéralement civière à deux tètes; la civière à roue ou
brouette, Cravaz roiiellec, et la civière à charelte, Cravaz car, sorte
de claie que l'on place, en avant et en arrière d'une charette avant de
la charger. C'est peut-être ce dernier instrument qui est mentionné
plus haut sous le nom de Coulombes*
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Le DOOBLE des foires, et le RuSQUilT (1)
La coustume et debvoir du double des foires et du Rusquat
se liève et paye en la manière qui ensuit :
Il est deu pour l'achat de checune bcsle vive d*aiimaille
comm» bœufs, vaches, moulons, chiefvres ou boucs, pourceaux
ou truyes, que Ion achaie à jour de foire seulennent, ung den-
nier, el ne doibveiit riens à es jours de marchés, fors au
Veyer dont le rapport est cy après, et ne doibvent riens les
veaux ne les chevreaux.
Jtem pour checune besle chévalline est deu esdicls jour de
foire seulement^ à cause dn cohua^^e, quatre denniers oultre
le droicl du Veyer. rapporté cy après.
Item est deu pour Tachai de checune ruche de miel vendue
à jour de marché pour placzage, en ce qui louche ceulx de
dehors les bonnes (limites), de la dicte ville deux denniers, el
le double es jours des foires.
Et ceulx des bonnes de ladicte ville ne poyent que demi
droicl.
' En la recepte de Lesneven à neuf foires, savoir :
Le jour St-André. / ^ ., . - . ,
Le jour Si Mathieu. l .\f^' '\l f^ ^f^^. .
Le jour de Notre-t)ame-de'la.My-Aousl.r"^"*^^"^ ^^ *^*^^-
iCesIe foire ne dou-
ble point ne au jour
ne es ouictiesmes.
Le jour Sl-Michiel | Geste foire double.
/ Cesie foire ne dou-
V ble point ésouicliés-
Le jour' de Toussaims ( mes, mais elle se
) double au jour seu-
\ lemenl.
Et est bien à savoir que es foires des jours qui ensuivent
sauoir :
De St-André,
De Sl-Mathias,
De Sie-Croix-en-May,
De St-Eloy,
Le 1" jour d'Aougst,
Le jour de la My-Aoust,
El le jour St-Michiel,
(i) Droit sur les ruches.
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- 99 —
les debvoîrs el conslumes de cohuage se doublenl comme
devant est dit tant le jour de la foire que au lundi précèdent
et au lundi subséquent.
Et au regard des loires qui sont es jours de Notre-Dame-
en-Septembre 6t de Toussainclz, lesdicts debvoirsetcoustumes
ne doubleut point.
Veyrage (1).
Le droit de veyrage qui vault par communs ans quinze li-
vres ou environ, se liève sur les choses qui ensuivent et se
payent à deux termes savoir : la moitié à Parques el Taulre
moitié à la Toussains, savoir :
Sur ohecun boulengier ou boulengière, venant de dehors el
vendant audici lieu de Lesneven, par checun lundi ung den-
nier pour havage (2; exc^'pté sur ceulx de la ville qui ne poyenl
que demy debvoir, savoir est une obolle.
Sur le blé, froment, seigle, avoine el autres blez el aussi
sur le lin, la laine el sur le fil, le veyer ne prétend aucun
droit.
Item sur checun cuyr à poil qui est vendu plus haull que
douze denniers, le Veyer prend obolle, excepté sur cuyrs de
Cordoan qui en est exempt.
Item sur le droit de la boucherie prend le veyer sur et de
checun porc frais vendu en déiaiil en la cohue (halle), dudict
lieu les Nomblecz, nommez en breton Mezchiou, pour tout
debvoir.
lleni sur le droit de la grande quenoille, ledict veyer prend
de checun drappier pour droit d'esiallage ung dennier de ceulx
de dehors, el de ceulx de la ville obolle.
Ilem prend de checune pièce de drap entier qui s'anlamme
h jour de marchié el de foire, ung dennier et des habilans de la
ville, obolle.
Sur la petite quenoille ne prend riens ledict veyer.
Sur le droit et ferme nommé les menuz droits, soubz la-
quelle sont comprins les poiz de terre, le beurre, l'oignon,
l'aill. le fer, le boais, le poisson et Je fruicl, ledicl Veyer
prend, savoir :
(1) Droit du Voyer.
(2) C'est un droit qui permettait au voyer de prendre de chaque bou-
langer autant de blé que ses deux mains pouvaient en contenir à la
fois. Cette quantité de blé s'appelait une havée.
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— 100 -
De checun polier venant dehors rEvescbé, de checuue
somme de potz, ung dennier par checuo marché, et de ceulx
de lEvesché de Léon, oboUe ;
De checun pol de beurre qui sera acheté douze denniers ou
audessus, ledicl Veyer prend obolle ;
De checun vendeur d*oignons ou d'aulx, ung dennier pour
placzage;
De checuD vendeur de pâlies, besches, et de fer ouvré, pou r
placzage, obolle ;
De checune buge (huche) vendue à marché ou à foire ung
dennier ;
De checun marchant vendant boais, comme coulombes,
e$cheiles,e$seulx à charettes, cyvicres tant à bras que rolle-
resses, pour placzage, ung dennier.
Et s'il y a douze rateauh, ledict Veyer en[aura ung et non
aultrement.
De checune somme ou charge de manches à marres, le Ve-
yer prend ung manche, le premier que luy viudra en main, et
ne doibl aultremenl choaislr.
Item de checun marchant vendant escuelles de boais et
aultre vesselle de boais, pour placzage, un dennier.
Item de checun poissonnier vendant^macquereauX| ledict
Veyer prend ung macquereau.
Et de ceulx qui vendent aultres poissons, il prend une obolle
pour placzage.
llem de checune somme de fruici, une havée tant qu*il peut
lever o tes dfux mains à une fois (1).
liera prend de checnn bœuf, vache, mouton, brebis, chiévre,
porc ou truye qui sont vendus en ladicte ville, tant à jour de
marché que de foire ou sur sepmaiue, de checune besie ung
dennier.
Item prend de checun cheval, jument ou poulain, vendu en
ladicte ville lant sur sepmaine que es jours de marchié et de
foire, quatre denniers.
Et s'il advient que on face aucune exécution de justice
d'ancun malfaicteur, lejlict Veyer double tonz ses droits à ce-
luy jour, s'il est jour de marchié ou de foire, excepté sur ceulx
de la ville qui ne payent que la moiclié desdicts debvoirs.
Et peut prendre des cacoiix. vendeurs de cordes, toutes les
cordes et chevestres (licous), qui seront nécessaires pour la-
(1) C'est une variété du droit* de ha?age expliqué plus haut
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~ 101 —
dicte exécution, ledict jour, sans en payer aucune chose pour en
que lesdicls caconx ne payenj aucuu debvoir de coislume du
chanvre qu'ils ncha»enl, tant à jour de mar cliésque de foires.
El est tenu ledict Veyer baiMer aux drappiers et aux lin-
giers et vendeurs de bureaux, une verge de rae>urepar checune
foire, savoir : aux drappiers de drap dougiez . (drap fin),
une uerge de l'Angevyne, et aux drappiers vendaus bureaux
(drap bure), et toelles, une verge de la grande mesure.
Table des droits d'entrées et d!yssues des portz et havvre
de la chastellenie de Lesneven.
Enthébs.
Et premier .• — Le Duc prend pour debvoir d'entrée de che-
cun tonneau de vin d'Angeou, Thouars, Aulnis, Nantoiset
d'ailleurs de la creue hors Brelaigne irenle solz.
Et pour tonneau de vin Breton quinze solz.
El pour checun tonneau de vin mené par terre qui n'appa-
reslra avoir esté coustumé (1) es havvres du Duc Irante solz.
De checun muy de sel venant de Guerrande ou de Reuys
cinq solz.
Et si ledict sel vient d'ailleurs, il doibt quinze solz par
muy, s'il n'appierl par relacion avoir chargé esdicts lieux de
Guerrande ou de Reuys (Rhuys).
Pour le pois de checun tonneau de fer qu'est vingt deux
cenis pour tonneau, l'on prend d'enirée vingt solz, et en oultre
le vingtiesme dudict ter, si le marchant est forain.
Pour le poys de checun tonneau d'acier gemme ou rosine,
l'on paye semblablcmenl vingt solz, et y a vingt deux cents
pour tonneau.
YSSOES.
Pour issue de checun tonneau de froment, le Duc prend
Irante solz.
Pour tonneau de gros blé, quinze solz.
De checun tonneau de char, poisson ou aultre manière de
gresse, le Duc prend par tonneau vingt solz.
{Pris sur une copie duXVIII^ Siècle aux archives\du Finistère,)
11. — Ordre qve les milices observeroixt le long de la.
cosTB DE Bretagne^ pour l'infanterie (2J
Les Milices de chaque paroisse seront assemblées par les
officiers du lieu, et seront diuisées en compagnies de cin-
(t Avoir payé les droits.
(2) Quoiqne ce documeut ne soit pas daté, on peut d'après le style et
d'api^s l'orthographe, le rapporter aux premières années du XYIll®
ftièele, époque de la guerre de la Succession d'Espagne qui fut _si dé-
sastreuse pour la France. -^ R»cl,
9
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— 102 -
quanle hommes et commandées chacune par un capitaine, vn
lieutenant, vn enseigne et deux sergents avec d.eux caporaux:
et pour faire lesdiis officiers sera choisi pour capitaine le sieur
de Kt^rnau ; pour lieutenant le sieur du Plessis et le sieur de
Coadon pour enseigne; pour sergent-major le sieur Fénanec-
Mestidreu; estans tes plus experts et les plus capables pour
commander les Milicesv tant pour le bien du service du Roy,
que pour la sûreté de la Province.
Chacune compagnie sera divisée en deux escouades, com-
mandées chacune par un caporal.
Lesquels caporaux commanderont les soldats, chacun de
son escouade, dans les corps de gardes^ et poseront les senti-
nelles.
Chaque soldat sera armé d'vne espée, d'vn mousquet ou
d'vn fusil et vue bandollière, avec les munitions nécessaires,
comme poudre, balles et mesches.
Toutes les compagnies feront l'exercice, chacune dans sa
paroisse, et apprendront les évolutions suivantes :
Faire à drùit et à gauche,
Doubler les rangs et doubler les files.
Mais auparauant il faut qu'elles sçachent ce que c^est que
rang et ce que c'est que file.
Et pour le sçauoir, les bataillons seront tousiours de trois
cens hommes chacun, a six de hauteur et cinquante de front,
et par conséquent il y aura sii rangs et cinquante files.
Et faut que les soldats obseruent que quand ifs feront adroit
ou à gauche, demy tour à droit et demy tour à gauche, de
tourner toujours sur le talon du pied gauche, comme sur un
piuol, et jamais aulremeut.
Lesquels bataillons il faudra observer de faire marcher i la
file par diufêions à dix de front ( plus ou moins ) et à six de
hauteur; et c'est pour marcher plus commodément, veu qu'il
n'est rien de plus fatigant que de faire marcher les bataillons
tousiours de front, i cause que les soldats se serreia tiop
dans leur marche.
Les capitaines se partageront également dont la moitié mar-
chera à la teste des bataillons, et l'autre à la queue ; les lieu-
tenants dans les premières et dernières diuisious, et les ensei-
gnes dans celles du milieu desdits bataillous.
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i
— 103 —
Et par cet ordre de marche on formera facilement les ba»
taillons, en faisant doubler chaque division sur la gauche de
celle qui la 'précède.
Lorsque les Milices entendront Talarme, elles s'assemble-
ront en mesmo temps, chacune dans sa paroisse, devant les
logis des capitaines, et niarcheroct après, chacune en dpux
files, le plus diligemment qu'elles pourront vers le rendez-
vous à Landcrneau, chaque capitaine à la leste de sa compa-
gnie, s'ih ont des drappeaux à porter, et s'ils n'en ont point,
ils marcheront à la gauche des lieutenans, sur vn mesme
rang.
Lesquelles compagnies estans arrivées à.*», on formera aussi
tost des bataillons de trois cens hommes, chacun à six de
hauteur, comme a esté dit cy-devant.
Tout ce qu'il faut observer dans le rendez-vous, c'est qu'il y
aye tousiours un officier général pour mettre les trouppesen
bataille, et pratiquera cet ordre : s'il faut marcher en pays de
plaine, de faire la première ligne de cavalerie et la seconde
d'infanterie, et si la marche se fait dans vn pays couvert,
alors il faudra, au contraire, mettre Joute l'infanterie sur vne
ligne qui marche la première, et la cavalerie sur vue autre
derrière ladite infanterie.
Et quand Toccasion se présentera de combattre, il faudra
alors enlremesler les bataillons auec les escadrons^ ayant tou-
jours vn corps de réserve pour soustenir.
Il faut observer que les deux tiers des officiers soient alors
à la teste des bataillons, et l'autre tiers à la queue, afin que
ceux-cy empeschent les soldats de quitter leur rang et las-
cherlepied.
Et si les troupes en marchant rencontrent vn déOlé, la pre-
mière ligne passera la première, et ira se mettre après le dé-
filé passé, dans l'ordre qu'elle esloil auparavant, et attendra
dans ce lieu là, jusques à ce que l'autre soit passée, en défi*
tant tousiours par la droite.
Quant aux allarmes, il faut observer cet ordre : que les
guets qui seront le long de ta coste, quand ils verront plu-^
sieurs vaisseaux et quantités de chaloupes en mer. et que les
ennemis feront semblant de vouloir descendre, alors ils allu-
m<>ront chacun un feu et tous les autres guets feront le sem-
blable, et cela marquera que les ennemis paroissent, et qu'il
faut se tSnir prest à marcher.
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- 104 —
Que si lesdits guels voyentque les ennemis mettent pied à
terre par le moyen de leurs chaloupes, alors ils allumeront
deux feux, et tous les autres guels en allumeront deux de
mesme sur chaque cloch^'r, et a ce dernier signal, toutes les
milices marcheront diligemment vers ledit rendez-vous gêné
rai, suiuani Tordre cy-dessus.
El partout où il y aura des guets, on pourra y faire tenir
encore quelques hommes affectez et forl intelligents, pour
porter promptement Taduis au général du nombre des vais-
seaux et des chaloupes qui paroissent sur mer.
Que si après le premier homme parti, il arrive quelque
chose de nouueau, vn second partira ensuite pour ra*en ad-
uerlir.
En suite de Talarme pour se rendre au rendez-vous géné-
ral, il faut que la paroisse de marche si tost qu'elle aura
formé ses bataillons, dans le rendez-vous particulier, pour se
rendre au rendez-vous général qui est à
Et comme Tincertitude est précisément du lieu, puisqu'ils
n*en sont aduertis que par les feux, ils auront la préuoyance
de porter avec eux pour. cinq ou six jours de viures. ce que
les officiers auront soin de faire exécuter avec diligence.
Pour la garde ordinaire, il faut poser vingt hommes à cha-
que corps de garde, de deux lieues en deux lieues, lesquels
seront relevés au bout de viugl-qnalre heures par autres vjngi
hommes de la mesme paroisse : et ainsi de suille pour les au-
tres paroisses sujettes à faire la garde en ce mesme lieu à
tour de rolle. El comme ils destacheront des sentinelles à
droite et à gauche, s'il y a des lieux qui le m^^ilent, il faut
obseruer que ce soii dans Testendue au-dessous d'une 4ieiie^
parce que le corps de garde voisin fera la mesme chose.
POUR VEXEHCICE.
Premièrement : Il faut que le mousquetaire se tienne fort
droit, que ses talons soient vis à vis l'vn de Tauire et les poin-
tes des pieds tournées en dehors ; après quoy il prendra le
mousquet de la main droiie par la crosse , et lé portera
ensuite sur Tespaule gauche, tenant le bout du canon vn
peu esleué , afin de n'incommoder pas ceux qui marchent
derrière lu y.
Le bout de mesche allumé, il le portera entre le petit doigt
et celuy d'après, et le bout non allumé entre le second doigt
après le pouce et le iroisiesme.
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— 108 —
Le premier commandement qu'il faut faire :
Soldats^ portez bien vos armes.
Faites couler le mousquet.
Et pour cela il fera descendre son mousquet, euuiron quatre
pouces vers le nombril.
Mettez la main droite sur le^mousquet.
Dans ce mesme temps, il portera la main droite sur le
canon derrière le bassinet.
Haut le mousquet.
En leyant le mousquet, il laschera le pied droit, et le tour-
nera àcosié.
Joignez la main gauche au mousquet.
Prenez ia mesche.
Soufflez la mesche.
El faut remarquer de souffler tousiours la mesche fort éloi-
gnée du bassinet, en tournant la teste vers la droite.
Mettez la mesche sur le serpentin.
Compassez la mèche.
Mettez les deux doigts sur le bassinet.
Soufflez la mesche.
Ouvrez le bassinet.
Couchez en joue.
Tirez.
Retirez vos armes.
Prenez la mèche et la remettez en son lieu.
Soufflez le bassinet.
' Prenez le puluerin.
Amorcez.
Fermez le bassinet.
Soufflés le bassinet.
Tournez vos armes du costé de l'espée^ la crosse en bas.
Prenés la charge.
Ouvrez la charge avec les dents.
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~ 106 -
Chargés.
Tirés la baguette en trois temps.
Haut la baguette»
Mettes la baguette contre Vestomach.
Mettes la baguette dans le mousquet.
Bourrés^ tirés la baguette en trois temps.
Haut la baguette.
Mettes la baguette contre Vestomach. . >
Mettes la baguette en son lieu.
Prenez le mousquet de la main droite.
Haut le mousquet,
Mousqnet sur Vespaule.
Et Taul remarquer en marchant, de partir tousiours du pied
gauche du lieu où l'on est.
Tous les dimanches el fesles après vespres, l'on ne man-
quera pas de s'assemblera pour y faire Texerciee, ou
simplement, oi) leur fera brûler des amorces au lieu de tirer,
pour ménageries munitions; et sur tout les officiers appren-
dront à leurs soldats, à marcher serrez et d'vn pas égal, obser-
vant de se régler sur leur droite.
i
Il faut observer enfin de ldif>ser tonsious tirer son ennem
le premier, estant le plus grand advaqtage que Ton puisse
avoir à la guerre ; et estre fortement persuadé, que combattant
pour une bonne et iusle cause, comme celle dont it s'agit,
l'on doit exposer avec ioye son sang et sa vie, tant pour le
service de son roy, que pour le bien de sa patrie.
Il faut en dernier lieu se souvenir de m*enxoyer régulière-
ment à le rolledu dénombrement de tous ceux qui se sont
trouvez sous les armes un tel iour. Et pjur le chastiment de
ceux qui tomberont en faute, il faut les punir par la prison '
et par le jeune; et s'ils étaient après cela incorrigibles, il fau-
drait m'en donner advis.
Le présent Ordre sera \e\\ tous les iours que Ton s'assem-
blera pour l'exercice, à ta teste du baïa^illon; et les officiers
seront soigneux d'y satij^faire, à peiné d'en répondre en leur
propre et privé nom. — Signé : H. de Boyséon, capitaine gé-
néral du ban, arrière-ban et garde-coste de Léon. — En
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- 107 —
marge esl écrit : Lesneven. — On Ht au dos la suscription
suivante : Pour Monsieur de Kernau, capitaine de Lesneven
(Pris sur V original imprimé sur velin , aux archives départe-
mentales du Finistère ; fonds Barbier de lescoët.)
Ordre du jour pour la séance du samedi 14 février. :
1. Statistique monumentale de diverses communes du
Finistère, par M, Flagelle.
2. Fouilles faites par M Âmaury de Kerdrel, dans des
galeries souterraines au village de Rugéré, en la commune
de Plouvorn. — Notice par M. le docteur te Hir.
Le Président,
A. DB Blois.
Dons offerts au Musée, départemental d'archéologie.
M. Jean, fondeur..
Un jeton en cuivre de J. Baussan^ coDseiller du roi.
M"« Mâkib, de Rosporden.
Quatorze pierres de Goadri (Stanrotides de Bretagne),
provenant de la commune de Scaër (Finistère).
M. le docteur HàiLÈGCEN, membre de la Société.
l°Un denier de Philippe-Auguste, frappé à Issoudun
(1180-1223).
Pmup.'REx. — Croix.
-}- Exolduni. — Monogramme.
2° Deux deniers des sires de Donzy, frappés à Gien en
Mirepoix, ou en Gâlinais. Ces deniers avec le nom de
Geoffroy furent émis jusqu'en 1199, époque à laquelle
Gicn fut vendu à Philippe-Auguste pai: Hervé IV, sire de
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- 108 -
Donzy^ Gien et Saînt-Aignan (fief du Berry), et ensuite
comte de INevers. (1)
+ GosFDus coM. — (îroix.
-f- GiÉNis CA. — Monogramme.
3* Six deniers des comtes de Penthièvre.
-f- Stepian coh et co. — Croix cantonnée de deux étoiles.
-}- GumoAMP. — Tète barbare de profil.
Ces neuf deniers de billon ont été trouvés en 1870, au
village de Kernaou, en la commune de Gasi (Finistère).
M. Tabbé Odbté^ vicaire de Crozon.
Une fronde en filet et vingt-deux pierres de fronde de la
INouvelle-Galédonie.
M. Gréac'hgadig, notaire.
Une mesure ancienne en pierre à quatre récipients, pro-
venant de Saint-Laurent, en Ergué- Armel.
M. le comte de Hercé.
Une mesure en pierre ayant aussi quatre récipients et
provenant du manoir de Kerobezan, en Briec.
(1) A. de Barthélémy, Manuel de Numismatique moderne^ p. 156.
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SÉANCE DU 14 FÉVRIER.
Présidence de M. A. de Blois.
M. le Président exprime le regret que les circonstances
aient retardé si longtemps les réunions de la Société. Il
avait été convenu, dit M. de Blois, que nos séances sus*
pendues pendant le mois de septenibre, à l'occasion du
Congrès seraient reprises au mois d'octobre. Mais en même
temps qu'un accident très-grave dont je ne suis pas encore
bien remis m'astreignait à un repos forcé, M. Le Men^ se-
crétaire, qni veille spécialement à nos publications, était
retenu cbcz lui par l'état de sa santé.
Aussitôt que votre Bureau a pu donner ses soins à une
convocation , le bulletin qui devait contenir cet appel a été
livré à l'impression. Mais ces feuilles n'ayant pu nous être
remises en temps utile pour cet objet, la réunion de c^ jour
se trouve peu nombreuse. C'est ce que je verrais avec plus
de déplaisir s'il nous était possible d'aborder la question de
l'en^placement de Vorganium que M. Le Men a exactement
déterminé au commencement de novembre^ question que
j'avais annoncé sur sa demande à notre confrère M. Hallé-
guen devoir être mise à l'ordre du jour ; mais informé que
M» Le Men, qui a des communications importantes à faire
sur ce sujet, est trop souffrant pour se rendre au milieu dd
nous je vous propose de renvoyer cet ordre du jour à quel-
qu'autre séance.
M. Halleguen est d'avis qu'il n'est pas nécessaire d'at-
tendre M. Le Men pour traiter cette question, et il insiste
pour qu'elle soit immédiatement discutée.
La proposition de M. Halleguen mise aux voix est re-
poussée.
M. le Président prend ensuite la parole :
!<> Pour proposer tant en son nom personnel qu'en celui
de ses collègues membres du Bureau, la nomination de M.
Suraulty inspecteur d'académie, qui désire être admis dans
la Société.
2' Pour faire une communication relative à une fouille
k laquelle il prit part il y a treize ans.
9
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— 110 -
Fouilles du tdmolijs de Porz-Carn dans la commune
DE Penmarc'h (Finistère.)
Cette exploration avait lieu au mois de septembre 1861,
par les soins de notre honorable confrère M. du Chalellier,
sur les grèves de Penmarc'h. Il en a été rendu compte dans le
temps ; mais quand des Taits de ce genre ne sont pas enregis-
trés dans des recueils archéologiques, il y a grand danger
qu'ils soient perdus pour Télude. Vous m'excuserez donc de
revenir sur ce sujet : je serai d'ailleurs très-court.
Tout le monde dans ce pays connaît les rivages de Penmarc'h
et la chapelle de Sainl-Guénolé, qui s*élève sur une pointe
entre le village de Kerity et les rochers qu'on appelle la
Torche. Près des lignes de retranchement qui servirent
naguère à la défense de cette pointe et dont le sillon garde
encore un mèlre d'élévation dans quelques parties, on voit
non loin d'une lombcllc plus petite, un tumulus d'environ
six mètres de haut sur un diamètre de plus de trente mètres.
La fouille opét*ée sous nos yeux, a lait rencontrer à un mèlre
au-dessous du sol adjacent la chambre ou cellule de ce tumulus.
Elle dessinait une circonférence irrégulière, dont la courbe se
redressait au point de sa jonction avec la galerie qui se déve-
loppait pour y donner accès du côté de Torienl. Celle galerie,
mieux conservée que la cellule, avait un mèlre de large, un
mètre et demi de haut et trois mètres environ de longueur,
son plafond formé de trois pierres d'épaisseur, s'appuyait sur
trois autres pierres brutes verticales, dont les interstices étaient
remplis de moellons. Quant à la cellule ou caveau, on n'y
rencontra que des vestiges d'une disposition semblable à celle
que nous venons de remarquer dans la galerie. Les pierres
qui servaient de plafond avaient été enlevées, ce qu'aurait pu
faire présumer une dépression extérieure observée au sommet
du cône. Il ne restait plus qu'une des pierres verticales qui
avaient dû supporter celles du plafond. Les terreà qui avaient
encombré la cellule une fois dégagées, nous pûmes reconnaître
qu'elle était bordée d'un muret grossier en pierres sèches d'un
mètre et demi de haut. Toutes les traces de sépultures avaient
été anéanties dans la précédente exploration. Nous n'y trou-
vâmes que quelques fragments de poterie noire, grise et rouge,
qui bien que sans ornement, nous parurent de fabrication
romaine, quatre pointes de flèches en fer formant un lozange,
monté sur une douille longue de sept centimètres, deux
monnaies romaines en moyeu bronze endommagées, et une
troisième de l'Empereur Constantin b% avec cette légende
bien connue : Honos exbrcitus.
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Il y a lieu de croire que le monument funéraire que Ton
vient de décrire avait ét^élefé h la mémoire deTun des soldats
ou officiers de la milice du Truclus Nervien el Armoricain
qui étaient cantonnés dans ces quartiers pour la défense du
littoral contre les invasions de la frontière du Nord (1).
Apres cette communication M. de Montiftolt donne
lecture de la note suivante de notre confrère, M. le doc-
tenr Le Hir, de Morlaix. '
FOUIUBS FAITES PAR M. AMAUnT DE KeRDREL DANS DES GALE*
RIES SOOTERRAINES SÉPULCHRALES AU LIEU DE RuGÉRÉ «
PRÈS Kerdzoreti EN LA COMMUNE DE Plouvorn (Finistère).
Au mois de janvier 1870 , au niveau d*une flaque d'eau
existant dans l'aire de Rugéré, une gerçure du sol avec effron-
dément se fit sous une charette, el le fermier ayant vu Teau
disparattret élargit l'ouverture à Taide d'une pelle, et on vit
apparaître une cavité profonde dans laquelle un homme put
descendre; cette chambre souterraine, de forme assez irrégu-
lière, et désignée en A sur le plan, était creusée dans un mi-
cachisle jaune un peu décomposé, el c'était la voûte creusée
dans ce micachiste et de forme sphérique qui s'était écroulée.
Le premier appartement» assez haut, avait accès sur deux
(1) Les objets provenant de cette fouille, ont été offerts au Musée
départemental^ par M. du Cbatellier, au nom de la Société française
d'Archéologie. Ils consistent en : t** Une hache en pierre d'assez petite
dimension ; 2o des fragments de vases en terre extrêmement grossière,
et certainement faits sans Taide du tour ; 3» des débris de vases en
terre brune et fine faite sur un tour et ornés vers le haut de la panse de
groupes de cupules qui dessinent chacun dans son ensemble un demi
rond ; ces débris de vases indiquent un travail de la population indigène;
40 des fragments de vases en terre samienne de fanrication romaine ;
lieurs se
\ bronzes.
petit
bronze bien conservé de Constantin le Jeune, portant d*un côté la tète
de l'Empereur tournée à droite avec la légende : Con^tantiiius iyn.
HOB. c. On lit de l'autre côté : Honor bxbrcitds, et Ton voit dans le
champ, deux enseignes portées par de^ soldats romains.
Il résulte clairement de cette énumération (juc ce tumulus renfermait
des sépultures d'épocjues différentes. En le visitant ity a deux ans, je
trouvai dans la cavité formée par lesfouiUes de M. du Chatellier, et qui
correspondait à la chambre centrale, un assez grand nombre de pierres
destinées à servir de meules à broyer le grain. R.-F. L. M.
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~ 112 —
ouvertures, Tune d'elle B, haute seulement de 1 maire sem-
blait avoir été Termée par une porte qui avait laissé dans
le schiste comme la marque de gonds, t*t qui s'appuyait par
le bas, sur uu simulacre de seuil. En rampant sur les mains,
on pouvait b'engager dans ce couloir. On distingua d'abord à
droite une niche N, un peu semblabe à celles ou les paysans
bretons raeUent leurs cruches. Puis, le couloir s'élargissanl un
peu, sans s'élever, on vit à droite et à gauche deux petits
bancs B et B\ taillés dans le niicacbiste. Le souterrain se ter-
minait en F par un éboulement. En revenant par la porte B,
on trouva sur la parois droite du couloir une nouvelle ouver-
ture presque en face de la niche N, ouverture par laquelle on
pénéira dans une seconde chambre E, plus petite que la pre-
mière; elle a 2 mètres de diamètre sur 1 métré 80 de hau-
teur, mais taillée toujours dans le micachisle en calotte sphé-
riqne très-régulière. Cette salle avait une autre issue en K, qui
donnait sur une petite voûte basse par laquelle on se trouvait
en D dans le premier appartement découvert. Les voûtes des
deux salles étaient constellées de petits trous, percés à Taide
d'une tarrière (évenls), et qui semblaient destinés à aérer le
souterrain. Tel était l'état du monument lors de la première
exploration, sauf les terres qui avaient été jetées dans la pre-
mière chambre pour débarrasser l'autre, et de cette pemière
(Chambre à l'extrémité par la voûte écroulée.
. C'est alors que je fis naa première visite. Je remar-
quai parmi les terres jetées au dehors, des fragments de
charbon de bois, de briques à crochets (1) et des fragments de
poteries noires, qu'on remarquait aussi dans les deux galeries
voûtées, creusées dans le micachisle en E et en F , et qui é-
taient remplies de pierres, de terre et de débris; je pénétrai
à plat ventre jusqu'en i'\ et où on avait au-dessus de soi une
voûte et des évents; depuis , M. de Kerdrel a continué les
fouilles.
Il ouvrit une tranchée extérieure, juste au-dessus de l'en-
droit où l'éboulemenl présumé terminait l'accès du couloir en
F. Après avoir enlevé la partie supérieure des terres , il ne
tarda pas à rencontrer des fragments de briques et de char-
bon, puis des tessons de vases d'une poterie rougeâtre , très-
fine, ornée d'un filet rouge assez large ; aussi plusieurs ar-
mes, des bouts de flèches.et de lances en fer , enveloppés, de
morceaux d'os calciués ; enfin des ossements d'hommes et d V
(1) N'étaient -ce pas plutôt des fragments d'argile cannelés ? Aucua
des objets provenant de cette fouiUe que j'ai vus n'est de travail romain.
R,.F. L.M.
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— <13 —
ntmaux calcin&s eux-mêmes; dans celte parlie du monoment
il ne trouva que les fragments du môme vase, ass^z considé-
rables, pour Yoir que ce vase était à large panse, et en voir le
dessiOf mais il en existait seulement la moitié et il a Tallu en'
coller les morceaux. \ près avoir délogé les terres jusqu'au sol,
il trouva la continuation de la galerie en H, mais ici le cou-
loir se relevait rapidement vers le sol. En Taisant la tranchée
F U, il reconnut que la voûte schisteuse avait été rompue des
deux côtés presque régulièrement ; éiait-ce un éboulement ?
M. de Kerdrel croyait plutôt qu'on y avait fait un puits où ont
été jetées pêle-mêle les urnes et les terres avoisinantes.
M. de Kerdrel a porté ensuite ses recherches sur la galerie
D S, dont l'accès était bouché par une glaise rapportée. En
remuant cette terre, il trouva de nouveaux tessons de vases ,
mais ici il y avait plusieurs urnes : Tune d'elles plus fine que
les autres est recouverte d'un vernis noir avec filet, c'est plu-
tôt un enduit qu'un vernis. En creusant toujours dans celte
galerie, un coup de pioche finit par perforer le sol extérieur ,
et on remarqua qu'il n'y avait plus en cet endroit de voûte ,
ni de souterrain. Cet endroit était rempli de débris funéraires;
les fragments de vases se trouvaient sans ordre, à distance les
uns des autres , quand on les rencontrait. Au milieu de la
glaise, il a rencontré des cavités remplies de cendre fine et
noirâtre , plusieurs fonds de vases où les cendres étaient en-
core accumulées et adhérentes, beaucoup de débris de briques
cannelées, des extrémités de lances ou de dards en 1er, mais
aucun de ces objets ne s'est rencon*tré dans le souterrain pro-
prement dit. Il y avait aussi un peson ou fusaïole en poterie
noire semblant annoncer une sépulture de femme.
Dans l'intérieur de la ferme de Rugéré, des fouilles com-
, mencées, mais qui n*ont pu être continuées, annonçaient que
la sépulture se continuait sous la maison.
Gonolusions : L'Jlge de ces galeries sépulcrales est le
gallo-romain. L'entrée du souterrain n'est pas encore connue.
Des animaux ont été enterrés avec l'homme ; il y a eu calci-
nation des os. Les os d'animaux ne sont pas encore connus
relativement à l'espèce. La sépulture a servi ti plusieurs per-
sonnes. Il n'y a aucune urne intacte. On y enterrait des hom-
et des femmes. Les urnes brisées ont dû être enfouies hors des
galeries avec de la terre et des pierres, probablement lors-
qu'elles devaient faire place à d'autres morts. Mais pourquoi
ces deux chambres intérieures qui ont été trouvées vides ?
La disposition de ces deux chambres, avec chacune sa gale-
rie, et situées latéralement l'une â l'autre en sens inverse est
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— 114 —
sioaalière ; la chambre avec sa galerie rappelle les biabHations
et les sépultures des Lapons et Esquimaux (1).
D' LB HIR ,
D. M» P.
M. Audran a la parole pour donner à l'Assemblée con-
naissance de différents actes de son étude qui ne remontent
qu'au commencement du siècle dernier, mais qui lui semblent
très curieux et de nature à intéresser les membres de la
société.
Il s'agit d'un procès qui a duré de 1703 à 1740, entre
les seigneurs et le curé de la paroisse de Moëlan.
Les seigneurs de Moëlan étaient en possession du droit de
80 faire présenter par le curé, à la grand'messe du jour de
Pâques, une paire de gants. De plus le curé devait faire au
prône de cette messe des prières nominales pour les seigneurs
de Moëlan.
En 1703 le curé se refusa à accomplir ces obligations.
Ce refus engendra le procès.
Voici le texte de deux de ces pièees, la première et la
dernière, qui résument parfaitement le litige.
Nous soussignans notaires royaux et appostoliques de la
Cour de Quimperlé, certiflons nous être ce jour de samedi
septième d'Avril mil sept cent trois, sur le mandement qu'a-
vons eu de la part de dame Louise Du Pou , dame douarière
du Presque, héritière bénéficiaire de messire Âllain Dupou ,
chevalier seigneur de Quermoguer, son frère, transportés de
nos demeures, que faisons audit Quimperlé, jusqu'au manoir
du Quermoguer, paroisse de Moelian, dont est propriétaire la-
dite dame et où elle est demeurante; où estant, ladite dame
nous a donné à entendre, que de tout temps immémorial à
chaque dimanche de Pasque, le Recteur ou autres prestres de
ladite paroisse de Mbellan cellebranl la grande messe domi-
nicalle en la dite Eglise paroisse, après avoir dit repistre, se
tourne vers le banc desdits Seigneurs du Kermoguer, qui est
près le grand autel de ladite Eglise, et leur présante une paire
(1) Une partie des débris de poterie, provenant de cette fouiUe, et un
modèle en terre de la salerie souteraiae de Rugéré ont été donnés aa
Musée départemental d'arehéologie par MM. de Kerdrel et le docteur
Le Hir.
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- iia —
de gasU, el que ledit cellebrant est tenu de Taire 1^6$ prières
nominales pour les Seigneurs du Quermoguer en qualité de
fondateurs de ladite Eglise, cimilière et maison recteurialle,
et a de bons titres au soutient ; qu'elle a faict connnistre cela^
à roissire Marc Du Bois, àpj*ésanl recteur de ladite paroisse de
Moellan, et lui a faict offre d'aparoistre et faire voir les titrei
concernant ce droit pour les lire et considérer, affin qu'il n'en
eust ignoré, et qu'en conséquence de ce, elle l'a requise de lui
continuer ce droit comme ont faict au passé ses prédécesseurs,
estant question d'une rente de sens Çceus) et clieffranle, faute
de présantation de laquelle les seigneurs du Quermoguer
represanlés par ladite dame sont en droit d'exécuter et pren-
dre par eux mesme le Missel de sur le grand autel, outre qu'il
y a une amande de mil écus d'or, applicable au profit de Sa
Majesté, ejn cas d'inscislance , trouble ou empêchement, sui-
vant les mesmes titres, à quoi ledit sieur recteur lui a repondu
qu'il ne vouloil pas ni voir lesdlls titres , ni faire ladite pré-
santation de gans ; de plus ladite dame nous a dit que depuis
elle a fait voir les litres de ce droit par le sieur Le Belliguet ,
son chapelain, au sieur l.eguiffant, notaire royal, de l'ordre du-
dit sieur recteur le cinq de ce présanl mois en l'étude de M«
Simon l'un de nous dits notaires, dont ledit Guîffant promisl
d'en donner avis et connaissance audit sieur recteur, ce qu'il
a fait ; c'est pourquoy ladite dame nous a dit nous avoir man-
dés pour demain jour de dimanche de Pasque lui rapporter
acte de ses protestations, au cas que ledit sieur recteur , ou
celui qui cellebrera la grande messe, fasse refus de lui pré-
santer les gans, et faire les prières nominalles , au désir de
ses litres. Continuant nostre commission ladite dame s'est ,
en compaignie de nous dits notaires, transportée ce jour de
dimanche de Pasque, huictième Avril mil sept cent trois, jus-
ques dans le cimitlière de la dite paroisse de Moellan , oii es-
tant sur les sept à huict heures du malin , et parlant audit
sîeur recteur dans ledit cimiuière, nous dits notaires lui a*
vons faict s^avoir le sujet de nostre commission ; il a répondu
qu*il n'en ignorait pas , et lui ayant demandé ou il diroit ou
feroil dire la grande messe de la paroisse, sur la connaissance
qu'on a eue que la grande messe se devoil dire dans la cha-
pelle de Saint Roc, il a répondu qu'il n'en sçavoit encore
rien, et sur les neuff heures, ayant ouy chanter dans l'Eglise,
nous y avons entré et avons veu ledit sieur rfcteur en chape
qui entonnoit f hime Yuïiy aquam^ etc. (sic) et ensuite ayant
commancé a faire la procession et chanter Thime 0 filii etc.,
il a cessé et interrompu pour anihonner le Pange lingoua etc.,
a pris le saint ciboire et continué la procession jusque dans le
cimittière^ et a détourné pour aller à ladite chapelle de Saint
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— 116 —
Roc, baivi de ladile dame, de nous et des paroisftteoïs ; et et-
tant rendu en ladite chapelle, nous dîls nottaires avons teu et
remarqué, ainsi que lesdiis paroissiens, que le maistire autel
estoil tout nud, sans pierre sacrée, nape, missel; sierge,cruci*
flx, vases ni fleurs, en sorte que ledit sieur recteur a esié o-
bligé de tenir le Saint ciboire près d'un quart d'heure en main,
et de chanter d'autres himes en atiendarU mestre la pierre sa-
cré, napes et autres ornements pour cellébrer la grande messe,
quia esté dite sens crucifix sur Taulel, vasses ni fleurs ; et a-
près que ledit sieur recteur a dit l'Epitre, s'est présanté Jan
Fouesnant, fabrique de l'Eglise paroisse^ qui a, en nos pré-
sauces mis une paire de ganis de cuir brun sur le bout du
grand autel du costé de l'Espitre, en disant au sieur recteur
cellébranl la grande messe « Voisy les gans pour estre par
vous présantés à la dame du Fresque, » K l'instant nous dits
nottaires avons requis ei interpellé ledit sieur recteur depré-
sanler à ladite dame estant en un banc près le grand autel ,
ladite paire de gants gue nous lui avons laict voir du doigt à
rœil ; ce que ledit sieur recteur a refusé faire, disant que la-
dite dame n'avoit aucun droit en ladite chapelle , où il disait
la grande messe, suivant la permission de Monseigneur de
Quimper, et que ladite dame ayt à déposer ses titres au greffe
et qu'il les voiroit.
Ladite dame a répondu audit sieur recteur par nous dits
nottaires, qu'il ne devoit pas ignorer son droit, qu'elle a faict
offre plusieurs fois de lui faire voir ses titres, qu'elle n'est
pas obligée de les déposer au greffe, qu'elle a droit en ladite
chapelle, y ayant chapelle prohibitive et vitre armoiriée des
armes des Seigneurs du Quermoguer; que c'est par surprise
s'il a obtenu cette permission qu'il dit avoir de Monseigneur
deQuimperdedirela grande messe dans ladite chapeliede sainl
Boc contre touteis tes règles, ne devant pas estre dite au jour
de Pasque hors TEglise paroisse, et que ce qu'il en faict n'est
que par une affectation et pour frustrer ladite dame de son
droit, et que cela faict assés connoistre qu'il n'ignore pas de
ses titres ; et en l'endroit du prosne de ladite grande messe,
faict par Messire Pierre Meuredeau, prestre et curé de ladite
paroisse, nousdits nottaires, de la part de ladite dame, avons
requis et interpellé ledit sieur recteur et ledit sieur curé de
faire les prières nominalles pour les Seigneurs du Quermoguer,
en qualité de fondateurs de ladite Eglise parochialle de
Moellaui cimittière et maison presbitéralle, comme ils sont
tenus de faire, ainsy qu'ont faict leurs prédécesseurs.
A quoy ledit recteur a répondu comme dessus, que ladite
dame n'a aucun droit en ladite chapelle, et, se tournant vers
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ses p^ëiireM, il lent a dit d'un air et mépris ; « ^*iU dimit
k$ prières s'ils veulent, *i et a ledit sieor curé continué ei ftni
leprdsne, «ans que ks autres prostrés ni l^dit sieur recteiir
ayt/ail iesdites prières nominalles.
De tout ce que dessus ladite dame du Fresque et du Quer-
moguer a requis acte de nous«dits notiaires, aue lui avons
octroyé pour valoir et tenir comme apartiendra, sous son
seign et les nostres. Signé Louise Dupou, Simon et Le Briati
notaires royaux.
En l'endroit ledit sieuf^ recteur a déclaré qu'il n*ovpît à
débalre aucunement les droits de madame du Fresque^ mais
qu'il est inouy qu'un prestre ou recteur intérompit le Saint
Sacrifice de la messe sans avoir aucune connoissance ni veu
aucun lilre des prétendus droits, le jour le plus solennel de
Tannée, et quitta Tautel avec tous les ornements sacerdoleaui,
comme pour aller sacrifier au Seigneur et demander à Dieu
les lumières du Saint-Esprit, pour aller chercher dans une
église une dame, lui faire la révérance et lui présanter une
paire de gants; ne pouvant croyre que ce prétendu droit, estant
tout à fait impie et opposé à noslre religion et contre le minis-
tère d'un prestre, ne soit une usurpation contre TEglise,
ladite dame ne les ayant jamais demandé ni prétendu pendant
quatorze ou quinze ans que feu monsieur le Marquis du
Pontcallec a esté recteur; desquels titres il demande la com-
rouniquation, et offre, passé de ce, à faire ce qu'il jugera à
propos, et déclare n'avoir donné aucun ordre audit Guiffantde
voir lesdils titres ; et quand à la procession qu'il a fait à
Saint Roc, et que ladite dame a trouvé à redire de ce qu'il
D'y avoil ni napes, ni croix, ni fleurs, ni poteau, que dans le
temps que le Saint Ciboire est à l'autel, il n'est pas besoing
d'autre croix, et qu'on a cellebré la messe avec toutes les
choses nécessaires, par la permission de Monseigneur de
Quimper, consédé le 5 avril 1703, que il a aparuen l'endroit,
et qu'il ne croit pas qu'il ail rien manqué pour le sacrifice de
la messe et a signé sa déclaration. Signé : M. Duboys, recteur
de Moêlan.
A aussy en l'endroit comparu ledit sieur Guiffani, lequel a
déclaré qu'il est vray que jeudy dernier il vit chez ledit sieur
Simoui quelques pièces touchant lesdits droits et plein un sac
d'autres papiers, qu'on disoit estre aussy touchant lesdits
droits, et que ce n'est pas cependant de l'ordre dudit sieur
recteur, ne lui en ayant jamais parlé, et a signé: Le Guifiant.
Ledit sieur Le Belliguet présant i la dernière réponce dudit
sieur recteur, a demandé audit sieur recteur s'il continuerbit
à faire ses fonctions dans son église paroisse, comme il a fait
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- 118 —
deptri» que ledit Bjkiir reetear y est, votant que ledit sieur
recteur le menaceoil de parolle; ledit sieur lui a répocdu que
.oon« et qu'il lui deffendoil de laire lesdites fonctions à Tadve-
iiir en son église, et que mesme il lui leroii sortir de réYécbé
de Quimper, disant qu'il n*en esloit pas ; de quoy ledit sieur
Le Belliguet nous a requis acte en la présance dudit sieur
recleur^ n'estant qu'une récrimination du chagrin qu'il a con-
tre ladite dame du Fresque, eomrae estant sou chapelain et a
signé: Alexis-Jaseph Le Belliguet, prestre.
De la part de ladite dame a esté dit que la dernière réponce
dudit sieur recteur et la déclaration dudit Le Guiffant, qu'il a
appelle à son secour après la clôture de ladite sommation,
sert encore davantage à sa conviction, puisque ledit Guiffant
convient qu'il a veu les titres de ladite dame, et qu'il n'a pas
eu assez de hardiesse pour soustenir qu'il n'en avoit pas ins-
truit ledit sieur recteur son noltaire ordinaire et intime amy;
il s'est seulement contenté de dire, croiant soullager ledit sieur
recteur, que ce u'estoil pas de son ordre ; mais il n'est que
trop vrayque hier s'en retournant de Quimperléde compagnie
avec lesdits nottaires, il leur déclara qu'il en avoit assez dit
audit sieur recteur au sujet desdils titres, qu'il avoit veus et
leus; qu'il croioit que cela ne venoit pas dudit sieur recteur,
qui estoit trop abeurté dans son sentiment ; la reponce dudit
sieur recteur le fait assez connattre, estant forcé de convenir
de ce droit, mais pour excuser sa turbitude, il dit qu'il est
inouy que ce droit puisse subcister, qu'il est impie et opposé
à nostre religion et contre Je ministère d'un prestre, qn'il
aille chercher une dame dans une église, et lui faire la
rêvérance et que c'est une usurpation. C'est où paroist
la passion^ l'animozité et la vanité dudit sieur recteur plus que
son prétendu zélé, parceque le banc de la dite dame est près
et joignant lebaluslre du mai^tre auteL 11 semble plustost que
ledit sieur recteur veille contester formellement les droits de
ladite dame après en avoir convenu, el c'est en quoy il se
contredit à touts moments par sa variété. C'est donc avec rai-
son qu'on a d'abord dit, que il avoit surpris de Monseigneur
de Quimper, la permission de dire ce jour la grande messe à
ia chapelle de Saint Rocb, sur une suposilion qu'il a fait,
disant que l'église paroisse estoit en très grande indigence de
réparation, qu'il y avoit du hasard, et qu'on n'y pouvoit cel-
iebrer la messe en seureté de la vie; aussi ledit sieur recteur
n'a-tni pas 07é le soustenir ni l'avancer par ses réponces cy-
dessus, puisque touts les preslres de ladite paroisse de Moellan
au nombre de six, ont dit leur messe ce jour en ladite Eglise
paroisse, où ledit sieur recteur a donné la communion et chanté
des services et faict d'autres fonctions, jusqu'au commence-
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— i\9 —
ment de la processiou que son caprice Ta porté h s'acheminer
à ladite chapelle en très mauvais estât, les autels toutes nuds,
et que l'église n'avoit pas esté baliaiée ; non seulement cela,
mais l'évangile ne fust point chanté, et, contre toutes testâtes,
il donna la communion à plusieurs paroissiens dans ladite
chapelle, ce qui ne loi avoilpas esté permis par Tëxpédition de
sa requeste, et ce qu*il ne de voit pas (aire le jour de Pasque,
que dans l'églisse paroisse, comme il faict ce matin jusqu'au
commencement de la procession. Toutes ces rémarques ne se
font que pour faire connoistre d'abondjant le trouble et le cha-
grin dud.it sieur recteur contre ladite dame, sans lui avoir don-
né la ifièlndre occasion, non plus que son chapelain auquel il
vient de marquer son chagrin par récrimination contre ladite
dame, qu'enfin depuis qu'il est recteur de ladite paroisse, il a
toujours cellebré festes et dimanches la grande messe dans l'é-
glise paroisse, qui est beaucoup eu meilleur ordre et en la-
quelle on est plus en seureté qu'en Udite chapelle de Saint
Boch, n'y ayant de tout point de hasard, comme il a suposé à
Monseigneur de Quimper pour le surprendre, comme il l'a
faict, pour fruster ladite dame de ses droits honorifiques et a
signé : Louise Dupou.
De tont ce que dessus, le requérant ladite dame, avons ra-
porté le présant acte et d'icelui laissé copie audit sieur recteur
de Moellan sous le seigne de ladite dame et les noslres. Signé:
Louise Dupou ; Le Briat et Simon, nottaires royaux.
Plus bas est écrit : Controllé à Quimperlé le onze avril 1703;
reçu cinq sols. Signé: L. Chardel.
Scellé à Quimperlé 4e 22»» avril 1703 ; reçu six sols.
Signé : L. Chardel.
Noos, soussignés^ notaires royaux héréditaires de la Séné-
chaussée de Quimperlé apostoliques au Diocéze de Quimper,
demeurans séparément audit Quimperlé, rue du Château,
paroisse de Saint Colomban, nous nous sommes sur le
mandement qui nous a été fait de la part de noble demoiselle
Marguerite Perine Eudo de Keronic, Dame propriétaire de la
terre et seigneurie du Kermoguer, en la paroisse de Moalan et
des terres et seigneuries de Locmaria, Laboullaye , Le Plessis ,
Keriequel et autres lieux, demeurante ordinairement en ladite
ville de Quimperlé, paroisse de Saint Colomban, et de présent
en sa maison de la dite seigneurie du Kermoguer, dite paroisse
de Moalan, exprès transporté de nos dites demeures cejour
de samedy seisieme avril veille de pasque mil sept cens qua-
rante, jusques a ladite maison du Kermoguer, ou nous avons
logé ; et le lendemain dixseptiéme dudit mois d'avril qui est
le dimenche du saint jour de pasque, nous nous sommes, à la
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— 120 -
requête de ladite demoiselle de Keronic el en sa compagie, ex-
pré$ IransporiiS dudil maDolrdu Kermoguer jusques au bourg
p^roi^sial do Moalan^ d'où iioi)s aous sommes rendus à l'E-
glise parojssiale environ les dix heures du malin pour y
assister à Toffice divine el elre presens a la présentation et
prestation de la redevance seigneuriale el honorifique d'une
paire de gands,que le recteur ou le célébrant la grande messe
f)arroiss!ale de Moalan est tenu el obligé de présenter annuel-
emffnta chacque jour de pasque entre TEpitre el l'Evangile
de la messe, au nom des paroissiens, aux seigneurs proprié-
taires de la dite terre el seigneurie de Kermoguer, lors qu'ils
y assistent, el que le fabrique a coutume da mettre annuelle-
ment sur rautel pour leur être présentée audit cas d'assis-
lance a la grande messe, et aussy pour être presens aux prières
nominales que ledit recteur ou célébrant la messe est tenu
faire pour les dits seigneurs de Querraoguer, fondateurs de
l'Eglise paroissiale, cimetière, maison presbyleriale et ses dé-
pendances de cette paroisse de Moalan, suivant les anciens ti-
tres dé la dite seigneurie, le contrat d'ecquêl et la prise de
possession de ladite terre el seigneurie f^its pér Messire Joseph
Eudo,-«îvanl Chevallier seigneur de Keronic, conseiller au
Parlement de Bretagne père, de ladite demoiselle de Keronic,
sentence du présidial de Vannes et arrêt de la cour conflrraa-
lif d'icelle des vingt-quatre sei)lembre mil sept cens cinq,
onze février el dis huit mars mille sept cens huit, rendus con-
tre roissire Marc du Bois, alors recteur de ladite paroisse at-
tendu son insistance a s'acquitter de ladite redevance seigneur-
riale, et signifiée au sieur de Lafruglais, son successeur, Rec-
teur de ladite paroisse ; au refus de laqiielle redevance les-
dits Seigneur du Kermoguer sont en droit de saisir et prendre
par eux-raême le missal desus le grand autel, el est encore
deub une amande de mil ecus d'or au profil de sa majesté ; et
a été reconnu par ledit sieur de Lafruglais, représenté par mis-
sire L'allemant, son curé, qui a présenté ladite paire de gands
audit seigneur de Keronic, ainsy qu'on en avoit toujours usé
auparavant avant Tinsislance du sieur du Bois ; ainsy que le
justifie la sommation et le procës-verbâi des notaires de notre
dite cour du cinq avril mil sept ceusonze,controlléle huit du-
dit mois ; et ladite demoiselle de Keronic s'étanl placée dans
son banc joignant, du coté de l'Epilre, le balustre du maître
autel, vénérable et discret missire Yves Morvàn , prêtre sieur
Recteur de ladite paroisse de Moallan, a commencé la messe,
et, après l'Epilre dite el avant l'Evangile, est descendu de l'au-
tel, el a présenté a mademoiselle de Keronic un paire de gans
de cuir jaune qu'elle a reçue; après cfuoy ayant continué la
messe, et rendu a la poste .Communion, ledit sieur recteur a
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- 121 -
fait le prone, et a nommé, lors des prières pour la noblesse,
spécialement la demoiselle du Kermoguer. De fout quoy nous
auous après la grande messe finie, rapporté le présent acte sous
les seings dudit sieur recteur el de ladite demoiselle de Ker-
onic, et les noires, el laissé copie audit sieur Morvan, recteur,
ledit jour et an. Signé : Y. Morvan, prêtre recteur ; Margue*
rite PerineËudo de Keronic; Briat et Simon, Notaire royal.
PlusJias est écrit :
Controllé à Quimperlé le présent acte sans renvois le 21
avril 1740 R. douze sols. Guyot.
Cette lecture intéresse vivement TÂssemblée qui remercie
M. Àudran et le prie de faire, dans ses archives, de nouvelles
recherches sur les droits seigneuriaux et notamment sur les
droits qu'avaient les seigneurs défaire placer dans les cha-
pelles des églises un certain nombre d'armoiries de leurs fa-
milles^ou de leurs alliances. Cette recherche permettrait de
déterminer d'une manière plus précise les époques de trans-
missions des fiefs et les dates auxquelles ils ont passé d'une
famille à uue autre.
M. Duval dit que les anciennes familles nobles tenaient
beaucoup à ces prérogatives dans les Eglises^ quoi qu*elles
n'eussent souvent qu'une valeur insignifiante. On lui a ra-
conté que M. de Beaucourt, propriétaire fort richeiiabitant
Paris avait fait don, il y a environ quinze ans, à la commune
de Saint^Nicolas de Bothoa (Côtes-du-Nord)^ d'une vaste
chapelle qui lui appartenait et qui devait être érigée en
église paroissiale. Mais, il ne voulut consentir cette donatipn
qu'à la condition expresse que chaque année, la fabrique de
la nouvelle église lui ferait don d'un peloton de fil.
Cette condition, comme on le pense, fut acceptée.
M, Buval pense qu'autrefois la famille de Beaucourt était
en possession de ce droite et que son descendant a voulu le
faire revivre en mémoire de la donation qu'il faisait, et sans
doute aussi en mémoire d'autres donations faites par ses
ancêtres.
M. Faty dît que la comtesse de Ludre était an, possession
du droit de se faire encenser personnellement par le célé-
brant à son banc seigneurial, et que le curé, s*étant un jour
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122 —
refusé à raccomplisscment de ce cérémonial, die Vy avait
fait contraindre par ses supérieurs ecclésiastiques.
Personne ne demandant plus la parole» M. le Président
lève la séance à 4 h. i}2.
Le Secrétaire,
V. DB MONTIFAULT.
Nota. — Diverses circonstances obligent te bureau de la
Société à remettre à la fin du mois d*a?ril, la prochaine
séance. Un avis adressé à chacun des membres de la So-
ciété fera connaître ultérieurement la date exacte de cette
réunion.
Ordre du jour de la prochaine séance.
i. Election de M. Surault.
2. Statistique monumentale de diverses communes du
Finistère, par M. Flagelle.
3. Mémoire sur les antiquités de Ploudalmézeau, par
M. Arzel, ancien curé de cette paroisse.
4. L'Oppidum de Vorganium, par M. R.-F. Le Mbw.
5. Projet d'une nouvelle classification des monuments
historiques du Finistère.
Le Président^
A. deBLOIS.
Dons offerts au Musée départemental d'archéologie,
M. le comte de Quélen^ membre de la Société.
Un bas relief en albâtre du XV' siècle, représentant un
roi et une reine, ou un duc et une duchesse, debout sous des
arcades ogivales. Ce bas relief, qui a malheureusement
beaucoup souffert des injures du temps', est d'un excellent
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— 123 -
travail. Il provient peut-être d'un rétable d'autel. Il a été
donné a un membre de la famille de M. le comte de Quélen,
par des marins de Douarnenez. Ces albâtres paraissent
avoir été fort répandus dans les églises dn littoral du
Finistère. Il y en avait jadis un grand nombre dans celles
de Penmarc'h> et Téglise de RoscofT en possède encore
quelques-uns qui sont dans un remarquable état de conser-
vation.
M. JosBPH DE Jacquelot, membre de la Société.
Un vase péruvien muni de trois pieds et d'une anse
représentant une tête humaine grotesque.
Quatre haches en bronze à ailerons, dont une est remar-
quable par la largeur de son tranchant.
Trois médailles en bronze. .
M. Xavier de Blois, membre de la Société.
Une hachette en pierre de 55 millimètres de longueur,
percée d'un trou rond à son sommet, trouvée dans le parc
du château de Poulguinan.
Le musée possède deux haches en pierre. Tune provenant
du même parc, Taulre trouvée, il y a quelques années,
dans rOdet en face de Poulguinan. Une troisième hache a
été trouvée dans la même rivière et dans la même situation.
Il est hors de doute qu*un établissement gaulois a existé à
Poulguinan, avant l'établissement romain dont les ruines se
remarquent encore sur plusieurs points de cette propriété.
Souterrain de là Tourelle, près Quimper.
On lit dans le dernier fascicule de Yindtcateur de l'Ar-
chéologue publié per M. de Mortillet :
En arcfaéolqgie les descriptions sont excellentes, mais les
représentations valent encore mieux. Il faut donner autant
qu'on peut des planches et des figures. Les moindres objets,
quand ils sont bien étudiés et surtout bien reproduits, ont
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— 124 -
de rintérét. Souvent Us peuvent mettre sur la voie d'utiles
rapprochements et d'importantes découvertes. On peut
citer comme modèle de ce genre, le travail de M. R,-F. Le
Bien : Subterranean chambers at La TowrelU near Qvimpw,
Briitany (Chambres souterraines à La Tourelle^ près Quim*
per, en Bretagne.) G*est une brochure de i9 pages in-S»
qui contient un très grandJAombre de figures.
Il s'agit d'un de ces souterrains mystérieux et encore
bien peu connus, sur l'âge et la destination desquels on
discute depuis si longtemps. Ce sont des souterrains refuges
suivant le plus grand nombre, des cryptes d'approvisionne-
ment suivant quelques autres. Celui de La Tourelle serait
un lieu de sépulture d'après M. Le Men.
L'auteur donne d'abord le plan exact du souterrain, puis
la coupe longitudinale, enfin trois coupes tranversales, le
souterrain se composant de trois pièces. Grâce à ce plan
et à ces coupes, on se rend parfaitement compte de k dis-
position du souterrain.
A quelle époque appartient ce souterrain ? Pour résoudre
cette question , l'auteur non-seulement décrit avec soin
tous les objets qu'il y a recueillis, mais encore figure le
plus grand nombre. Il y a là des objets qui semblent appar-
tenir à des époques fort diverses. A côté d'une espèce de
poinçon en fer à manche d'os, il y a non-seulement des ou-
tils en pierre, comme des haches en pierre polie, mais
encore un nucléus en silex d'où l'on a détaché des lames
tranchantes. Aux anneaux en os des plus finis, est as-
socié un collier des plus primitifs formé de simples
astragales ou osselets de moutons perforés pour être enflés.
La poterie la plus grossière se rencontre avec des poteries
beaucoup plus fines ornementées avec goiit, et surtout aVec
les restes d'une de ces statuettes de Vénus, entourées d'or^
nements symboliques, qui sont certainement de l'époque
gallo-romaine. Ce souterrain aurait-il été creusé et occupé
à l'époque de la pierre polie pais réoccupé à l'époque
gallo-romaine ? C'est ce que le mélange des objets qu'il
contient semble indiquer d'une manière à peu près certaine.
Aussi M. Le Men admet que c'est une séptUlure de l'époque
de la pierre polie qui a été violée à l'époque gallo^omaioe.
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LISTE GÉrtÉRALE
BBS
MEMBRES DE L4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU FllilSTÈRE.
MM, L'abbé âbgrall, professeur au collège de Pont-Croix.
Affichârb, fils, propriéiaire à Quimper.
AiAvoiwE, Joseph, adjoint au maire de Quimper.
Allard, fils, entrepreneur à Quimper, membre du
Conseil municipal.
AsTOR, maire de Quimper.
AuDRAN, maire de Quimperlé.
AiRAULT, subslilut du procureur de la République à
Quimper.
Bahezre j)b Lanlay, garde général des forêts à Lan-
derne^au.
L'abbé Batec, professeur au collège de Pont- Croix.
Le docteur Bernard, à Carhaix.
Bigot, architecte du département.
Bigot, architecte diocésain.
BiNBT, vétérinaire à Quimperlé.
De Blois^ Aymar.
De Blois, Xavier.
Bollog'h, juge suppléant à Morlaix.
Bolloré, Alexandre, propriétaire à Quimper.
BouRASSiM, membre de plusieurs sociétés savantes.
Briot de la Mallerie, président de la Société d'Agri-
culture de Quimper.
Cabn dit Liom, imprimeur à Quimper.
Le docteur Le Caer, à Quimper.
Canvel, professeur à Quimper.
Db Cabré, membre de l'Académie française.
De Carné (Edmond).
De Chamaillàrd, fils, avocat à Quimper.
10
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^ 126 —
MM. Do Chatellibr, correspondant de rinstitut.
Comte De Ch au veau, propriétaire au château de
Kerioleli
Chbguillaume, ingénieur en chef des ponts et chaussées,
Claibet, imprimeur à Quimperlé.
Du Cleuziou, ancien président de la Société archéo-
logique des Côles-du-Nord.
Le docteur Coffec, à Quimper.
Colomb, ancien conseiller de préfecture.
CoBiiiEB, avocat à Quimper.
Du CouÉDic, membre du Conseil général.
De Coubcy (Pol).
Cozic, chef de division à la Préfecture.
Le Dall, sculpteur à Landerneau
Daoulas, fils, ébéniste à Quimper.
Debmieb, principal du collège de Quimper.
DowNARD, employé des lignes télégraphiq" à Quimper.
Dubois-Saint-Sevbin, commis de direction des postes. 3
Durest Le Bris, avocat à Quimper.
DuvAL, vérificateur des domaines à Quimper.
Faty, chef de bataillon, en retraite, à Quimper.
Fautbel, pharmacien à Quimper.
Flagelle, expert -arpenteur à Landerneau.
De Forsawz. député à T Assemblée nationale.
FouGERAY, membre du conseil municipal, à Qnimper.
FouLLioY, capitaine de vaisseau^ membre du Conseil
général.
Fbançois, chef d'escadron commandant la gendarme-
rie du Finistère, à Quimper.
Friele, propriétaire à Quimper.
Frochen, fils, négociant à Quimper.
H. GAiDOz„directeur de la Revue Celtique, a Pan«.
Gaubebt, membre du Conseil général.
GoBVAN, avoué à Quimper,
De GoY, Stephen, avocat à Quimper.
Le Guay, ancien secrétaire général de la prélecture.
L'abbé Guéguéwou, recteur de Saint-Martin de Morlaix.
Guermeur, avoué à Chàteaulin.
De Guebwisac^ membre du Conseil gênerai.
L'abbé Guillabd. ^ » 1
Le Guillou-Pbnanbos, membre du Conseil général.
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- 127 ~
MM. Lb GuiLLOu-PENAriRos, juge à Brest.
Le GuiLLOi)-P£JHANRos^fils, propriétaire à Goncdrneau.
GuiTOT, négociant à Quimper, membre du Conseil
municipal.
GuTHO, avocat à la cour de cassation, i Paris.
Le docteur HiLLÉGDBN, à Ghàteaultn.
HÉMOt^i, Louis, avocat à Quimper.
Héhon, Prospcr.
Hénon, notaire à Quimper.
Th. Hersart de la Villemarqué, membre de ilnsiilul.
Le Hir, docteur-médecin, à Morlaix.
De Jacquslot, Louis, ancien secrélaire général.
De Jacquelot, Joseph.
Jambt, propriétaire à Châteaulin.
L'abbé Jégou, vicaire général
JuifKER, ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées.
R. DE Kerret.
C. DE Kerret.
De Kerjégu, Louis, maire de Saint-Goazcc.
De Kersauzom, membre du Conseil General.
L'abbé Kerlan, recteur de Plouzané.
L'abbé de Kerwaéret.
Lacoste;, membre du Conseil général.
L'abbé Lamarque, curé de la cathédrale, à Quimper.
De la Laisde de Galan, maire de Trégunc.
Laporte, avocat à Quimper.
Du Laurent de la Barre, ancien officier de la marine.
De Lécluse, Amédée.
Ms' DE Lbzeleuc de Kerouara, évéque d'Âutun et de
Châlons.
LoARER, agent-voyer en chef des chemins vicinaux.
LoRAMS^ avoué à Quimperlé.
Loyer, étudiant en droit.
Malen, professeur à Quimper.
Malherbe de la Boissière.
L'abbé du Marc'hallac'h, vicaire général.
R.-F. Le Men, archiviste du département.
De Montifault, ancien sous» préfet.
MoBEAu, Stanislas.
Le Nir^ ancien directeur des domaines.
1M[8' Nouvel, évéque de Quimper et de Léon.
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— 128 -
HBf . Db Pascal, propriétaire.
PfiTROif^ propriétaire h Quimperlé.
L'abbé Pëtron, secrétaire de ré?éché.
PiHOBET, préfet du Finistère.
Piaia€« peintre à Quimper.
Pocard-Kervilbb, ingénieur des Ponts et chaussées,
à Nantes.
Th. DE PoMPBBY, député à TAsBemblée nationale.
L'abbé Postic, recieur de Plonévez-Porzay.
Poyo, architecte à Morlaii.
De Qdélen, Prosper.
L'abbé Quéméiseur, curé de Ste- Croix de Quimperlé.
De Raismes, membre du Conseil Général.
De Rémond du Chelas, receveur des domaines.
Richard^ préfet honoraire du Finistère.
Richard^ Aaiéoée, receveur de Tenregistrement à
Chàteaulin
Richard, juge de paix à^anderneau.
Rossi, propriétaire à Quimper.
RoussiN, membre du Conseil Général.
Roumain de la Touche, ancien procureur impérial.
Le Roux, membre du Conseil Général.
LeRouxbaude Rosekcoat, membre duConseil Général.
De Saisï, Paul.
Salmon-Laubourgère, président du tribunal de Quim-
perlé.
Sauvé, receveur des douanes à L'Aber-Vrac'h.
De Saint-Georges.
De SOLVINIHAC.
SouDRY^ avoué à Quimper.
TouLLEMONT, négociant au Guilvinec.
De Treyeneuc, député à TAssembiée nationale.
FIN.
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TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Séance du 15 avbil 1873. — Allocution de M. de
Blois, président.— Adhésion de Mgr Anselme, évéque de
Quimper et et de Léon. — Fixation des jours de réunion,
— Constitution du bureau. — Liste des membres de la
Société archéologique, à la dale du 20 avril. 1
Sèahgb du 17 MAI 1873. ^ Liste des nouveaux mem«
bres de la Société. — Notice sur M. de Caumont, par
M. du Châtellier. — Règlement de la Société. — Dons
offerts au musée départemental d'archéologie par MM.
Flagelle ; Labasque, agent-voyer ; Collin, cultivateur ;
Adolphe Alavoine ; Anatole de Barthélémy^ et Gaubert,
membre du Conseil général * • • , 9
Séance du 14 juin 1873. — Don d'une brochure de
M. Denais, intitulée : Les victimes de Quiberon, — Notice
sur la ville de Morlaix et sur le château du Taureau, par
M. de Blois — Observation de M. T. H. de la Villera ar-
qué sur cette forteresse. — Dons offerts au musée archéo-
gique par MM. J. Friele ; Briot de la Mallerie ; le docteur
Le Caër ; Le Gall, horloger ; Fougeray ; et par Madame
Dufourmantel. 25.
Séance du 12 juillet 1873. — Nomination de M. le
comte de Camé de l'Académie Française, en qualité de
vice-président de la Société. — Mémoire sur les noms
bretons commençant par ab ou ap^ par M. R.-F. Le Men.
— Excursion archéologique à Briec et à Edern, par MM.
P. Le Guay, Le Men et de Montifault. — Note sur des
faits géologiques qui se seraient produits au commence-
ment de Tère chrétienne, sur quelques points de notre
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— 130 —
Pages,
littoral (catastrophe de Tanse de Losroarc*h en la com-
muae de Crozon, Finistère^, par M. Bourassin. — Obser-
vations de plusieurs membres de la Société sur les voies
romaines du Finistère. — Dons offerts au Musée d'ar-
chéologie par M. lo docteur Haliéguen 4o
Séance du 9 août 1873. — Réclamation de M. le
docteur Haliéguen repoussée par l'Assemblée. — Obser-
vations de M. le président de la Société sur le 16« congrès
de TAssociation bretonne, annoncé comme devant se
tenir à Quimper le 15 septembre. — Programme de la
classe d'archéologie de ce congrès. — La Rive droite
de la Laita^ excursion arch ologique, par M. Audran.
— Dans offerts au Musée d'archéologie par MM. Faty ;
de Raismes, membre du Conseil général ; Nédélec, cul-
tivateur ; Louis Navadic ; Piriou, peintre ; et par Mme
veuve Messanot 61
Séancb do il OCTOBRE 1873. — Fouilles d'un tumulus
près du bourg de Lannilis, note par M. Ribault, receveur
de l'enregistrement. — Notice sur le château de Château-
lin et sur son parc, par M. le docteur Haliéguen. —
Réception de MM. Le Roux, membre du Conseil général ;
Dermier, principal du collège de Quimper ; Quéméneur,
curé de Sainte-Croix de Quimperlé, et Loyer, étudiant en
droit, comme membres de la Société. —Dons offerts au
Musée d'archéologie par MM. l'abbé Evrard, Vesseyre et
Prosper Hémon 77
Séance du 10 janvier 1874.— Réception de MM. Pocard-
Kerviller, ingénieur des ponts et chaussées, à Nantes, et
Bolloc'h, juge suppléant à Morlaix, comme membres de la
Société. — Exploration de la caverne de J?oc*A- JomZ, en
la commune de Guiclan (Finistère), par M. le docteur
Le Hir. — Documents inédits pour servir à l'Histoire de
Bretagne : Pancarte de Lesneven (XV« siècle) ; Ordre
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— Vôl -
Pages,
pour les milices de la côte de Bretagne (infanterie). —
Dons offerts au Musée d'archéologie par MM. Jean, fon-
, deur ; le docteur Halléguen ; l'abbé Odeyé, vicaire de
Crozon; Créac*hcadic, notaire; le comte de Hercé, et
par M°»e Marie, de Rosporden. 85
Séance du 25 févbier 1874. — Fouilles du tumulus
de Rosmeur ou Porz-Carn, en la commune de Penmarc'h
(Finistère) ; note par M. de Blois. — Fouille du souterrain
du Rugéré, prés Keruzoret, en la commune de Plouvorn
(Finistère), par MM. Amaury de Kerdrel et le docteur
Le Hir. — Analyse d'un procès entre dames Louise Du
Pou, Périne Eudo de Keronic et le recteur de Moëlan,
au sujet d*une redevance féodale, consistant en une paire
de gants, que le recteur de celle paroisse devait remettre
chaque année, aux seigneurs de Kermoguer, le dimanche
de Pâques pendant le graud'messe, par M. Audran. —
Observations de MM. Duval et Faty, sur des droits sei-
gneuriaux bizarres. — Dons offerts au Musée d'archéologie
par MM. le comte de Quelen; Joseph de Jacquelot
et Xavier de Blws. — Description avec figures du sou-
terrain de la Tourelle près Quimper, par R.-F. Le Men. 109
Liste générale des membres de la Société. . .125
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
Erratum. — C'est par erreur que Turne donnée au Musée
archéologique par M, Alavoine, a été mentionnée à la page 24
du Bulletin comme provenant du tumulus de Lescongard. Elle
a été trouvée au village de Kergoglé, en la commune de Plou-
hinec (Finistère).
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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU FINISTÈRE.
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BULLETIN
DB LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU FINISTÈRE.
TOME II.
1874-1-875
QUIMPER
UIPBIIIBBIE B* ALPHONSE GABN
1875.
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/
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y
igie
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU FINISTÈRE
SÉANCE DU !3 JUIN 1874.
Présidence de M. A. de Blois.
La séance est otiverie à deux heures. Étaient présents :
MM. de Blois, Àudran^ Gorinier» Flagelle, L. de Jacque-
lot, de la Toucha, Bourassin et de Montifault» secrétaire.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Il y a trop longiemps, dit M le Président, que nous n'a-
vons été reunis pour que je ne vous exprime pas mes vifs
regrets d'un- pareil retard.
L'expérience nous a prouvé qu'il n*est pas toujours
facile d*assurer la régularité des séances de la Société.
Mais votre Bureau prendra soin désormais de faire les con-
vocations chaque mois aussi exactement que possible.
Il est donné lecture d'une «lettre adressée au Président
au nom de la Société académique de Nantes. Cette Société
est en instance près de V Association française pour Va-
vaneement des sctenc2S, qui tiendra son prochain Congrès
à Lille, pour obtenir que (a session de 1875 ait lieu à
Nantes.
La Société d'archéologie du Finistère est priée à cet
effet de faire connaître les ressources que le pays ofifrirait
aux diverses branches d'études scientifiques dont s'occupe
YAssociation française. Ces ressources seraient prises en
considération par le Congrès qui s'ouvrira à Lille.
M. le Président dit ensuite à l'Assemblée : Quatre nou*
velles candidatures, vous sont proposées, savoir :
i" Celle de M. Charles de Trogoff,de Coatalio, en Foues-
nant, présenté par MM. de MontifauU et Le Men, secré-
taires ;
1
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— 2 —
2^ Celle de M. Plateau, peintre, à Quimper, présenté
par MiU. de Blois, président et Le Men, secrétaire ;
3* Celle de M. Beaiicoiirt, aussi peintre» à Cbàteaulin,
présenté par MM. Piriou et Le Men ;
4'' Celle de M Govin, Auguste, fils, i Quimper, pré-
senté par MM Hémon, Prosper, et de Monûfault.
L'élr'ction est fixée à la prochaine séance.
Vous arez malmenant b prononcer sur la candidature de
M. Sureau, inspecteur de T Académie, qui est a Tordre du
jour
M. Suroau est admis à Tunanimité des suffrages
Vous allez entendre une couununicati m faite par feu
M. Arzel, cure de Plondalmezcau. Intéressante par elle-
méuie, elle peut éir^ citée comm»^ un tiès-bon exemple des
indications précieuses que MM les ecclésiastiques attachés
aux paroisses rurales pourraient offrir aux recherches ar-
chéologiques Partout le clergé se montre porté vers ces
études, qui comptent parmi leurs adeptes les plus c mi-
nents prélats et ministres de TÉglise, et des religieux ap-
partenant aux différents ordres ou congrégations II y a en
effet une affinité bien marquée entre toutes les anciennes
traditions et le sentiment chrétien^ dont elles portent gé-
néralement Tempreinie. On s^it quels sont à cet égard les
vœux du vénérable pasteur de ce diocèse.
Il est doiiné lecture de ce méiooire, dont va suivre l'a-
nalyse, avec quelques observations auxquelles cette com-
munication a donné lieu.
L'on doit regretter qu'une mort prématurée nous prive
du concours du respectable curé de Ploudalmézeau.
M. Arzel, dans le cours de son minisière, eut à s'oc-
cuper de la reconstruction de son église. Dans les fon-
dations du mur notd, on rencontra deux de ces anciennes
tombes dont il est difficile de préciser Tàge. Elles étaient
formées par encaissement de pierres plates, et plus étroites
dans leur bout est, c'est-à-dire du côté des pieds ; car les
sépultures étaient alors orientées. On fut étonné de né pas
y rencontrer des traces d'inhumation, mais simplement
des pierree rondes^ semblables aux galets de nos grèves ;
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~ 3 —
dans Tune de ces tombes» les galets étaient supportés an*
dessus de rencaissement par une pierre plate qui en cou-
vrait une longueur dVnviron 80 centimètres. M Ârzel
abandonne ces faits à l'appréciation du lecteur. Il rap*-
polle aussi que les mêmes travaui firent rencontrer un
tuyau de cheminée auprès duquel se trouvaient une terre
rougeàtre et un amas de cendrrs. (Vétaii peut-éire rem-
placement d(* quelque forge des temps anciens.
A l'occasion des sépultures dont il vient d'êire question,
M Arzi'l remarque qu'elles étaient voisines d'une maison
dite Ty-Karn; que Karn est le nom d'une île dépendante
de la paroisse et qu'il se rencontre encore dans une autre
localité appelée Parcou-Karn. Il attache a ce nom^ une
idée de sépulture fondée sur la dénomination des émi-
nences ou tumulus qu'on nomme CarneHlou. Mais ne con*
▼ient-il pas de remarquer que Karn a eu aussi la signi-
fication de Rocher ? Les éminences appelées Karnedi ou
Garneillou sont formées de petites pierres.
Avant de quitter le bourg de Ploudalmézeau, nous de*
"vons noter Teiistence d'une croix en pierre que, d'après
ses caractères, l'auteur du mémoire attribue au XII siècle.
Un fait assez curieux, c'est que sous les murs de l'an-
cienne église on trouva une douzaine de pierres pré-
sentant des pyramides quadrangulaires très- grossièrement
travaillées, sur l'une des faces desqu'^lles était figurée
une croix de dix à quinze centimètres. Y avait-il en ce
lieu quelque tailleur de pierres dont l'industrie s'exergat
sur ces blocs ? Ces monolithes avaient-ils quelque desti-
nation particulière, telle par exemple que de servir à
quelque débornement ? C'est ce que M. Arzi^l no croit
pas pouvoir indiquer, laissant ici carrière aux conjectures.
Il signale sur le territoire de la commune, un certain
nombre de monolithes surmontés d'une croix, taillés dans
le même bloc, qui paraissent avoir dû être des menhir
avant de recevoir le signe chrétien Ces pierres sont géné-
ralement d'une teinte rousse et d'un grain que n'ofi'rent pas
celles des carrières du pays. Ploudalmézeau a enfin des
monolithes d'une autre espèce, qui sont implantés prés les
carrefours; ils sont grossièrement travaillés, posés horizon-
talement, leurs croix terminales ont onviroa un pied
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_ 4 _
et demi. Sans ^n donner plus ample description, M. Ârzei
les nomme Croix mérovingiffnnes, ce qui donne Tidée des
croix panées, des croix grecques, à pans égaux, dont on
retrouve Tusage depuis la période mérovingienne jusqu'à
une époque avancée du moyen-àge.
Au lieu appelé Mézou-Oughet, on rencontre des pierres
couchées que leur disposition en hémicycle ferait regarder
comme le? restes d'un cromlec*h Au sud de Kerôunok-
Vian existent des traces d un ancien alignement de mo-
noiythes d'une longueur de six a sept cents mètres, que
les paysans nomment StréatRenkei'Vêtn, c'est-a-dire le
chemin des pierres rangées. Au Mézou-Tréompan, on
voit un cromlec'h en bon état de conservation avec un
tylio magnifique, ajoute M ArzeLU désigne peut-être sous
ce nom Tenceinte boidant ce monument druidique. II
y a enfin un beau cromlec'b à Guilli-Qué.
Il existe dans Ploudalmér.eau divers menhirs dans leur
état primitif, les autres sont renversés. Ces monuments se
rencontrent notamment à Prat-Léac'h-Grughet et a Kerou-
noc-Vian, près du cromlec'b déjà cité, au couchant do
village de Kerigou. Le Kerlîgouet a, sur ses dépen-
dances des blocs couchés qui semblent avoir été aussi des
menhirs.
A Guilli-Qué, on voit un dolmen bien conservé, et à
cinq cents pas de là il y a plusieurs de ces sortes de pierres
qui sont renversées, il s*en trouve de semblables à Prat-
an-Eurusdet. Au lieu de Kerber, au nord du bourg, non
loin d'un menhir et de débris de dolmen, M. Arzel si-
gnale dans un vallon une superficie de six à sept cents
pas de longueur sur chaque côte où le sol est^ suivant
son expression, tapissé de pierres grisâtres el^ thires.
Il est porté à regarder ce lieu comme un antique cime-
tière. Il fait remarquer que ces pierres posées à plal
recouvrent de petites levées de terre.
Il existe enfin des tumulus en Ploudalmézcau ; près de
celui de Kerlerec, on a trouvé des fragments de tuiles à
rebord. Il cite un autre tumulus près de Lescalvar, dont le
sommet présente une forte dépression ou cavité. (Est-ce
un tumulus ou une butte féodale ?)
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~ 8 —
Il suffit de jeter les yeux sur une carte du Pays pour
reconuaitre que la mer qui borne an nord le territoire de
cette commune, a du s*y ouvrir un accès. L*état du littoral
annonce une contrée ravagée par les flots. On ne doit donc
point s'étonner que M. Arzel y signale Teiistence d'une
forêt sous-marine. II a pu voir les traces de cette forêt
maintenant enfoncée à un mètre environ sous les eaux, à
marée basse de TEquinoxe de 1855. Dans la direction dé
rîle de Rocervo, il recueillit quelques fragments provenant
des arbres submergés. Il suppose que cette invasion de la
mer doit se rapporter au IX"" siècle environ G*est en effet
répoque où l'abbaye du Mont S^int-Michei fut séparée du
continent par un cataclysme dont l'histoire a gardé le sou-
venir.
M. le Président après avoir rendu hommage à ce travail
descriptif des plus notables antiquités de la commune de
Ploudalmézeau, remarque que M. Arzel a fait une très-judi-
cieuse application dn nom de Telmedonia, qu'on rencontre
dans la légende de Saint-Pol-de- Léon y en y reconnaissant
le nom primitif de la contrée qui» dégagé de son aftixe Plou,
devient celui de talmédeau, qu'on prononce talmézeau,
voici le texte qui s'y rapporte. On lit en parlant de Saint-
Pol dans cetie légende :
u Denique, Patriam quam introierat pcrlustrans, devenît
<i ad quamdam} plebem Pagi Achmensis ( le pays d'Àch )
it Telmedoniam apellatum. Ipse vero pagus Domnonensii
(1 Pagi non modica pars est... ideo gratias agens parvum
n oratorium contruxit... » La petite paroisse de Lampaul-
Ploudalmézeau devient ici une réminiscence de la station
de l'apôtre des Léonais dans la contrée. On est surpris que
ces circonstances aient échappé aux agiographes bretons,
Albert Le Grand et dom Lobineaii.
Mais M. Arzel, ajoute M. le président, assigne à la légende
de S.iint-Pol un âge trop reculé en Tattribuant au VP
siècle Les savants auteurs de Thisioire littéraire de France
ne la font remonter qu'au XI' siècle Son écrivain anony-
me, moine d« TAbbaye de Fleury, près d'Orléans, où les
reliques du Saint avaient été apportées lors de l'invasion
de la Bretagne par les Normands, avait a la vérité sous les
yeux des légendes antérieures composées en Bretagne,
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- 6 —
mais elles étaient dans ce style d'amplification fastidieuse
qui ne se rencontre que depuis les XI* et X' siècles.
« Hujus sancti viri scripta repui, dit Tauteur de notre lé-
« gende, sed Bi itannicà garrulitate ità confusa ut legen-
ii tibus fîunt onerosa. »
On a aussi attaché plus d'importance qu'il ne méritait
au passage précité qui place le pays d*Ach dans la Doro^
nonée dont il ne semble pas que Tévéché d'Occismor, où
siégeait Saint-Pol, ait jamais fait partie. Cette erreur peut
s'expliquer par les conquêtes que les comtes de Léon y
avaient faites vers le XP siècle sur le territoire Domnonéen.
Au Xir siècle ils possédaient encore une très- grande par-
tie du diocèse de Tréguier» comme nous l'apprenons d'une
enquête citée par les Bénédictins auteurs de la seconde
histoire de Bretagne (tome i", preuves col. 887). Les
ducs de Bretagne leur arrachèrent plus tard cette proie
sur laquelle ils avaient mis la main.
M. Flagelle rappelle que Ploudalmézeau confine avec la
commune de Lanrivoaré où Ton voit ce mystérieux cime-
tière sur lequel l'imagination populaire s'est fort exercée,
et dont elle a fait la sépulture de sept mille sept-cent soi-
xante dix-sept saints inconnus. Dans le petit enclos que l'on
montre comme étant ce champ funéraire , on remarque
quelques pierres rondes comme celles du cimetière an-
cien dont parle M. Arzel. Ces pierres sont fort communes
sur le littoral maritime. On conçoit qu'elles aient pu servir
à signaler des sépultures dans les temps anciens.
M. le président rappelle que ces sortes de pierres sont
du même genre que celles qu'on a nommé des Lee h. Don
Pelletier mentionne le mol lech dans son dictionnaire bre-
ton, avec le sens de pierre qui sert à couvrir.
M. le Président croit devoir faire part a la réunion du
programme archéologique du Congrès de rAssociaiion bre-
tonne qui s'ouvrira h Vannes le 30 aoû' prochain, quoiqu'il
ne soit pas encore publie Comme il devra étie inséré dans
le Bulletin de la Société d'Archéologie, lorsqu'il aura paru,
on se bornera a faire ici mention de quelques observations
auxquelles a donné lieu cette communication.
La question 5* est relative aux sépultures antiques qui
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— 7 —
sont en forme de puits. Il y a longtemps, a dit M. le Pré-
sident^ qu'elles sont connues. L'attention s*esl portée de
nouveau vers ces cavités funéraires à la suite des décou-
vertes de cette nature qui ont eit lieu depuis un certain
nombre d'années dans divers départements de la France
et assez récemment près de Guérande. Parmi ces sépultures
plusieurs étaient antérieures à l'ère gallo-romaine ; d'autres
appartenaient à la période de ce nom ; quelques-unes of-
fraient les traces de plusieurs inhumations, d'autres celles
d'une sépulture unique.
Sur l'observation-de M. de Montifault que des puits de
ce genre ont été trouvés dans le Finistère, M. Flagelle
fait connaître que plusieurs de ces puits sépulcraux
ont été en effet rencontrés dans la commune du Drennec,
près de Lesneven. Il y a lieu d'espérer que l'on pourra ob-
tenir des renseignements précis sur cette découverte pour
les soumettre au Congrès de Vannes.
Les questions de géographie historique relatives à nos
anciennes cités que le Congrès de Quimper n'eut pas le
loisir d'aborder, sont reproduites dans le programme. Elles
sont posées dans les termes que voici : « Retracer la topo-
« graphie des cités gallo-romaines de la péninsule Armo-
« ricaine. Corisopitum doit-il être compté au nombre de
cf ces cités ? Faut-il admettre que son territoire ait été
« aggrandi aux dépens de celui des Vénèies ; par suite de
« quelles circonstances le territoire des Curiosolites s'est- il
te fractionné entre quatre sièges épiscopaux tandis que les
u autres cités auraient gardé leur unité dans Tordre des
« institutions ecclésiadiiques ? n
M. le Présidente l'occasion de cette question, fait con-
naître que la publication récente des mémoires du Congrès
tenu à Saint-Brieuc en 1872, contient une noie intéressante
de H Longnon sur la question controversée de savor si,
dtois le texte de la notice des cités, il faut lire Corisopitum
ou bif'n Curiosolilum II y est établi par Tautorité des plus
anciens manuscrits conservés dans la Bibliothèque natio-
nale qu'il faut lire Corisopitum, c'est-a-din; que notre ville
départementale était avant la fin de la période gallo-ro-
maine inscrite parmi les cités de l'Empire.
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^ 8 —
Je vaig, continue M. le PréFÎdenl, commettre une
indiscrétion plus grave que celle de vous faire part
du programme archéologique du Congrès de Vannes^
en vous initiant à un travail de M. l'abbé Abgrall,
professeur an petit séminaire de Pont-Croix, sur la
belle église anciennement collégiale de ce lieu. Il voulut
bien décrire à ma prière pendant ses vacances, Tédifice
qui en est l'objet, pour qu'il put servir de réponse à
Tune des questions les plus intéressantes soumises au Con«
grès de Quimper. Si satisfaisante que paraisse cette étude^
Tauteur songe à la revoir. Je ne puis pourtant me rési-
gner à la lui transmettre sans que vous en ayez pris un
aperçu. Cette communication, en appelant de nouveau
Tattention sur un remarquable édifice, ne fera qu'accroître
rintérét qui s'y rattache. M. Abgrall voudra bien me
pardonner. Vous savez que le temps manqua pour que ce
mémoire put être lu au Congrès. Si Fauteur, comme il en
a manifesté la pensée, adresse son travail à la Société,
elle sera heureuse de lui donner place in-extenso dans son
Bulletin.
L'église de Pont-Croix appartient à diverses époques de
Tart; sa tour centrale et sa flèche qui a servi dé type aux
flèches dont nous avons vu couronner notre cathédrale,
sont, ainsi que son riche porche méridional, des produc-
tions de la période ogivale ; ce même caractère se ren-
contre dans son transept, c'est aussi le seul qui frappe
dans son extérieur. Mais le vaisseau intérieur présente
l'idée générale d'une construction romane par les pleins
cintres des arcatures de sa nef, de son chœur et des colla-
téraux Cependant on y remarque en même temps des traits
de l'architecture ogivale ; ils sont frappants dans les fais-
ceaux de moulures qui dominent les arcatures et dans celles
qui après en avoir décore Tintrados viennent s'encorbeller
en becs d'arrosoir sur le tailloir des chapiteaux Ils ne tout
pas moins accusés dans les supports de ces mêmes arcn»
tures, qui sont des fûts cylindriques avec agroupement de
colonneties ou des fûts a plan quadrilobe. A quelle époque
fdut-il rapporter ce mélange du style roman et du style
ogival, qui annonce la fin du premier et les progrès du
second ?
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n y a vhig(-8ept ansqne H. de la Monneraie, dans un
mémoire remarquable sur l'architecture religieuse en Bre-
tagne, confessait son embarras pour déterminer le style
caractéristique de l'église de Pont-Croix. Il l'attribuait à une
époque avancée de la transiiiôn.et lui assignait la date ap-
proximative de la moitié du XII* siècle. M. Abgrall a^éloigne
peu de cette appréciation ; mais il n'hésite pas à classer
cet édifice parmi les œuvres du style roman- Attendons
que BOtre jeune et judicieux confrère nous occupe de
nouveau de ce même sujet pour nous former une opinion
que peuvent en effet justifier les études accomplies depuis
ces trente dernières années sur les monumonts du moyen
âge, notamment celles auxquelles s'est livré le savant ar-
chitecte M. Viollet-Leduc^ M. Abgrall aura le loisir de nous
signaler les emprunts qui ont été faits aux formes de la
collégiale de Pont* Croix, dont on rencontre des réminis-
cences dans nombre d'églises ou chapelles du cap SizuQet
du cap Gavai.
M. de Hontifauh a remarqué dans l'église de Notre-Dame
d'Epinal dans les Vosges, un mélange d'architecture ro-
mane et ogivale qui lui a rappelé l'église de Pont-Croix. Il
regarde aussi, malgré les moulures qui ornent Ie3 cintres^
la colonnade de la nef plutôt comme romane que comme
appartenant au style de transition.
M. Flagelle soumet à la réunion, : 1"^ Un relevé des dé-
bornements du Parc en pierres sèches qui renferme les
ruines du château de Coëtioc'h et la forêt domaniale du
même nom, dans la commune de Scaér ;
S"" Copie du tarif des droitô seigneuriaux qui étaient
perçus avant 1790 sur les foires et marchés de Plouescat.
La société est d'avis que la première de ces communica-
tions soit insérée au procès-verbal avec mention des obser-
vations auxquelles elle a donné lieu, et que la seconde soit
donnée a la suite dans le bulletin.
Les ducs de Bretagne, indépendamment des mouvanet^s
qui déuendaieni de leur couronne sur un nombi*e coiisidé*
rabie des paroisst^s de leurs états, possélaieiit de grandes
seigneuries ians les divers régions, ils y avaient des châ-
teaux où ils séjournaient en parcourant leur dttcbé, tels
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— 10 ~
étaient en Cornoiiaille les domaines de Carnoèt« près de
Quimperlé, de Goetloc*h, de Duault-Quélen» près de Gallac,
de Buelgoël et de Cliàteaulin. On sait que ces résidences
ducales avaient d«>s parcs. Jean I*', dit Le Roux, flt élever
les parcs de Cbâteaulin, de Carnoël et de Duault. Ils devaient
séparer la réserve princière des terrains plus vastes qui étaient
abandonnés aux vassaux. Les ducs y trouveraient aussi l'avan-
tage de chasse bien gardées*
Pour revenir au parc de Coelloc'h. sa superficie de 312 hec-
tares embrassait dans sa clôture en pierres sèches affaissée
depuis par le défaut d'entretien, le bois connu sous le
nom de Coetloch.
Le mur de ce parc, à partir de la croix de Saint-MicheU
sur la route de Bannalec à Scaër, se dirige vers TEst. Passant
à gauche du village de Ros ar-bic, il s*avance à 200 mèires,
ouest, du vilbge de Kergroac*h-Squiriou, revient au sud sur
un parcours égal, puis vers Touest pendant un espace de 800
mètres, il est dans celle traverse coupé par le chemin de
grande communication au village de la Motte. Ensuite, au
midi, il forme It* débornement de la forêt de Coelloc'b jusqu'au
moulin de Kervegant. Ce mur retourne ensuite vers le rlord
pendant une longueur de 1200 mètres. Là, il forme la limite
des communes de Scaêr et de Kernevel. il passe 200 mètres
plus loin à Goarem Buzaré et, continuant de s'avancer au
nord pendant 800 mètres, il se dirige jusqu'à 700 mètres en-
viron de la route départementale de Rosporden à Scaêr, sur
les dépendances du village de Kerbuzaré, à partir de ce point
il s'avanre vers TEsl, passe au\ villages de Goarem-Huel et
Goa rem -Richard, traverse le chemin des Salles qui est entre
le village du môme nom et la roule départementale de Rospor-
den; poursuivant alors sa direction vers Test par des courtils
du village de Kerroué, il revient à la croix de Saint-Michel.
TABIFdes droits de marchés et foires de Plouescat^ d'après la
table en cuivre rouge qui se voit dans la mairie de la même
commune.
Pancarte dressée conformément à l'arrêt de 1758. des droits
qui se perçoivent aux marchés et foires de Plouescat.
Trente sols pour chaque douzaine de lin vendu, payable par
l'acheteur.
Trois deniers par paquet ou autrement ce qu'on appelle
dans le pays torchée de lin.
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~ H —
Un sol par chaque cbeval, de toute sorte de denrées comme
légumes, choux, porreaux, oignons^ herbes, fesses > pannet,
el autres légumes.
Deux llards pour chaque manquinée des mêmes denrées.
Cn sol des Toires de Saint-Laurent et Saint-Luc pour cba*
que cheval, vache ou cochon.
Un sol aux dites foires et le samedi de chaque année, pour
chaque marchand de fil acbeptant, porlan crocq.
Un sol k la foire de Saint-Luc et samedi gras pour chaque
poids de Téves.
Tous les dits droits payables par l'achepleur.
La séance est levée à quatre heures et demi.
Le Secrétaire,
V. DB MONTIFAULT.
ASSOCIATION BRETONNE
ARCHÉOLOGIE
Profi^ramme proposé pour le Congrès de Vannes
de 1874.
IP SECTION
§ !•'. — Archéologie proprement dite.
1 . Signaler et décrire les grottes ou cavernes où Ton a
rencontré des armes, instniiuenls ou débris, annonçant
qu'elles servaient à rhabiiaiion dans les temps prêhisiori*
.ques. Faire connaîue ceux de ces objels qui caractéri-
sent celle époque primitive
2 Monuments mégalithiques ou celtiques. Les décou-
vertes ou observations faites depuis une quinzaine d'an-
nées ont-elles fourni quelques lumières nouvelles sur ces
monuments, et à quel point de vue tendent-elles à modifier
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— la-
ies idées qui ressortaient des précédentes études ? Que
peut-on induire, sous ce rapport, de l'analogie des signes
sculptés sur les parois de quelques-uns de ces monuments
a^ec des signes figurés sur des monnaies ou poteries gau-
loises ?
3. A-t-on signalé, comme pour les instruments en siler,
des lieux de fabrication des Celtœ en pierre ? Peut-on
préciser la destination des CeltCBj soit en pierre, soit en
métal, que leur exiguïté n'a pas dû permettre d'utiliser,
soit comme armes, soit comme instruments ?
A, A-t-on découvert des cavités ou grottes souterraines
pratiquées pour y cacher des objets réputés précieux, ou
servir soit de lieu de retraite ou de lieu de sépulture ?
Signaler les circonstances propres à en faire connaître la
destination.
5. Faire connaître le résultat de l'exploration d'un ou
plusieurs puits contenant diverses sépultures, découverts
dans les environs de Guérande (1).
6 Connaît-on en Bretagne d'autres camps que celui de
Péran, près Saint-Brieuc, dans la structure desquels on ait
employé la vitrification ?
7. Rechercher et déci;ire les emplacements fortifiés qui
offrent le caractère des oppidums gaulois. Ne pourrait-on
pas reconnaître quelqu'un de ceux mentionnés par César
dans le récit de son expédition contre les Venètes.
8. Voies, camps et monumeets de l'époque gallo-ro-
maine. Signaler les découvertes qui se rapportent à ces
vestiges de l'antiquité.
9. Aviser au moyen de dresser, 'soit une carte générale
pour la Bretagne, soit des cartes départementales, présen-
tant le réseau des voies romaines et l'indication des camps
et monuments du même âge.
(1) Voir aux tomes XXX, XXXIV et XXXVII du Bulletin monumen-
tal publié par M. de Caumont, d'autres exemplt^s de puits sépulcraux.
Le preuiier de ces volumes présente la coupe de dix de ces puits ex-
plorés de 1857 à 1861, en Vendée» Loir-et-Cher, Deux-Sèvres. Loiret et
.§eJne4aférieure. Le deuxième rend compte de l'état du puits funéraire
de Primelles (Cher), où Ton a exhumé des vases et médailles de l'épo-
que gallo-romaine.
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— 18 —
10. Présenter une cellection complète des inscriptions
romaines découvertes en Bretagne , avec les éclaircisse-
ments que Tétud'ï ^épigrapbique peut y ajouter.
11. Parmi les objets d'antiquité recueilli» dans ce pays,
signaler ceux qui se rapportent au culte chrétien, ou ceux
sur lesquels sont figurés des signes symboliques de ce
culte. Indiquer autant que possible l'époque a laquelle ih
appartiennent.
§ 2. — Histoire,
12 Retracer la topographie des cités gallo-romaines de
la péninsule armoricaine. Corisopitum doit- il être compté
au nombre de ces cités (1)? Faut il admettre que son ter-
ritoire ait été agrandi aux dépens de celui des Venètes ?
Par suite de quelles circonstances le territoire des Gurio-
solites s'est-il fractionné entre quatre sièges épiscopaux (2)»
tandis que les autres cités auraient gardé leur unité dans
l'ordre des institutions ecclésiastiques.
(l)Voir dans les publications toutes nouvelles du Ck)ngrès de Saint-
Brieuc de 1872, un mémoire de M.Loa^non, duquel il résulterait que sur
les vingt-cinq manuscrits de la Notice des Cites existant à la biblio-
thèque nationale, les vingt plus anciens, dont un du Vie siècle, portent
Corisopitum, et que les noms Consutitum, Consolitum, Coriiolitum,
Coriosàlitum vel Corisopicensium qu'on trouve dans les autres doivent
être attribuées à des erreurs de copiste plutôt que classées comme des
variantes^ comme Ta fait M. Guérard.
(2) La découverte des bornes mUlières de Maèl-Carbaix et de Eer-
scao est aussi assez récente pour qu'il soit utile d'en faire ici mention.
fo La borne mutilée de Maêl-Carnaix , bourg situé à deux lieues de
Carhaix, relevée par M. le commandant Mowat, porte le mot Leug
avec un chiffre annonçant que la numération de distance avait dû
fartir de la ville de Carhaix, qu'on regarde généralement comme ayant
té le chef-lieu d'une cité gallo-romaine
so La ligne finale de l'inscription de la borne de Kerscao, contem-
poraine de Claude I«r, Tan 43 de notre ère , qui avait échappé aux
prérideutes explorations par suite des rugorite^ de la pierre et des
licheDS dont elle était couverte, fut reconnue, il y a deux ans, par
M. Le Men, archiviste à Quimper. Elle porte Vorgan M.. /*. F///. Cette
distance de huit mille pas romains a conduit M. Le Men, dans le sens
de la voie, à un oppidum gaulois, situé |)rès de l'embouchure de l'A-
bervrac'h, au nord de Brest, qui serait ainsi le Vorganium dénommé
par Plolémée, comme la ville des Ossismiens M. Le Men a fait trans-
porter eette borne au Musée archéologique de Quimper.
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~ 14 —
15. Ce qu'étaient les Eisits de Bretagne au quinzième
siècle Faire connaître Tordre que Ton y observait par
une relation du Parlement général tenu à Vannes en 1462.
14 Faire connaître la consistance de la grande seigneu-
rie de Lai^gouët et en retracer Thistorique.
15. R(^chercher les documents relatifs à Thistoîre du
commerce et de Tindustrie en Bretagne aux XV'' ei XVI*^
siècles. Faire connaître spécialement ceux qui se rappor-
tent a Thistoire de la ville de Vannes ou du pays vannetais
16 (Jubiles sont, parmi les pratiques pieuses gardées
par les populations breionnt'S, celles qui se rattachent
a Thisioire, soit civile, soit ecclésiastique du pays?
17. Anciennes mesures Recuellir celles qui étaient
propres a chaque contrée. Gonnaii-on des églises où Ton
trouve encore des étalons de mesures a blé qu'il était
d*usage d'y déposer ? Quelle était la destination des
pierres creusées en augets et parfois ajustées sur tourillons
pour faire tourner ces augets ? Oes pierres qu'on a ren-
contrées surtout dans des cimetières ne s 'raient-elles pas
d'anciennes mesures à blé (1) ?
18 Signal$)r dans un aperçu général des richesses
archéologiques du Musée de Vannes, ceux des objets de
Tantiquiié ou du moyen-àge qui méritent principalement
de fixer Tatteniion.
19. Quel est I intérêt des collections privées existantes
dans la ville de Vannes, soit au point de vue archéologique,
soit au point de vue de 1 étude des temps préhistoriques ?
20. Quelle serait Tutitité d'une bibliographie bretonne ou
répertoire contenant une indication générale des publica-
tions historiques ou archéologiques relatives aux pays ? En
présenter un plan.
21 . Examen critique des travaux concernant Thistoire
de Bretagne qui ont para pendant Tinierruplion du Con-
grès de TAssociation Bretonne.
(t) Le Musée archéologique de Quimper eu contient de différentes
formes^ recueillies dans les environs.
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- 15 —
Nota. — Ce Programme n'est pas exclusif d* autres
questions qui peuvent être proposées^ et, aux termes du
Règlement, portées aux séances, si les circonstances le
comportent, après avoir été soumises à Va^sentiment du
bureau du Congrès.
L'un des jourt de la session devra être réservé à
V excursion^ archéologique qui aurait pour objet If s monu-
ments les plus curieux à visiter, soit da s le golfe du
Morbihan, soit sur le littoral environnant.
Ordre du jour pour la séancp du samedi 25 juille , à
2 heures, au Musée d^archcologie.
1** Vorganiuai et la cité des Osismii, par M. R.-F. Le
Men.
2' Noiice sur les seigneuries de Trogoff dsins les
évêchés de Treguierei de Léon, par M. V. de Monii-
fault.
3* Élude sur les matières bénéficiales ; en quoi les usa-
ges de la Bretagne diiTèreni-ils sous ce rapport des usages
observés en France, où Ton ne connaissait ni rahernative,
ni le concours, par M. A. de Biois
i° Scrutin sur les candidatures de MM. de Trogoff,
Plateau, Beaucourtet Go\in, Auguste.
A l'issue de la séance, visite des améliorations ap-
portées au Musée archéologique depuis la dernière réunion.
Le Président,
A. DE Blois.
Dons offerts au Musée départemental d'arohéolosrie.
M. DB Trogoff, de Goatalio, en Fouesnant.
Une urne gauloise brisée, en terre rougeàtre, ornée de
chevrons, trouvée dans le tumulusde Goatalio, en Fouesnant,
par M. de Trogoff, et quelques fragments de poteries noires
trouvés dans le même tumulus. — Hauteur du tomulus,
5 mètres ; diamètre^ 19 mètres.
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- 46 ~
M. Durbst^Lbbeis, avocat, membre de la Société.
Une paire de iandiers ou grands chenets en fer du XVI*
siècle.
M. DfJTAL, vérificateur des domaines, membre de la
Société.
Deux opiits bronzes des empereurs Dioch'tien et Cons-
tantin^le -Grand.
M"* veuve Siowhet, propriétaire.
Un moyen bronze de l'empereur Claude P'.
M. Bigot, père^ architecte diocésain, membre de la
Société.
Fragments d'amphores romaines trouvés dans les fonda-
tions du nouveau" couvent des dames Ursulines de Garhaix.
U. Mahé, entrepreneur à Quimper.
Un petit bronze de l'emperenr Victorin, trouvé dans
l'enclos de l'établissement de Sainte-Marie^ à Quimper,
dirigé par les Frères de la Doctrine chrétienne. Des quan-
tités de tuiles romaines ont été trouvées il y a quelques an-
nées dans le même enclos, par M. Mahé.
M. MiRiE, marchand de nouveautés, à Quimper.
Un Tatou {Dasypus mmimu^), provenant de la Pata^
gonie.
(^ÀsuivreJ.
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SÉANCE DU 25 JUILLET 1874.
Présidence de M. A. do Blois.
La Séance est ouverte à deux heures.
Etaient présents : MM. A. de Blois, Surrault, Malen,
Moreau, Flagella, Hémon, Prosper, Audran, Cormier, Le
Mon et de Montifault, secrétaire.
M. Surrault, inspecteur d'Académie du département du
Finistère, demande la parole. Il remercie en termes chaleu-
reux la Société d'Archéologie du vote unanlime par lequel
il a été élu membre de la Société. Il regrette que les nom-
breuses occupations que lui imposent ses fonctions pu-
bliques, et son inexpérience sur certaines branches de Tar-
chéologie ne lui permettent pas d'être un membre de la
Société aussi actif et aussi utile qu'il le désirerait, mais il
fera tous ses efforts pour seconder les études de la Société
dans la limite de ses connaissances archéologiques et du
temps que lui laisseront ses fonctions.
M. de Blois, président, répond qu'il ne peut accepter
sans protestation, ou tout au moins sans de considérables
réservée les déclarations par trop modestes de M. l'Ins-
pecteur d'Académie. La Société a été heureuse d'accueillir
dans son sein, par un vote unanime, un homme ayant la
science et la position qu'a M. Surrault. Il croit, contraire-
ment aux déclarations de M. l'Inspecteur d'Académie, qu'il
sera un des membres les plus actifs et les plus utiles de la
Société. En effet, sans que cela puisse en rien nuire à ses
importantes fonctions, la position même qu'il occupe lui
fournit les moyens d'être plus utile que tout autre au Musée
départemental et aux études de la Société. L'immense per-
sonnel qu'il dirige voyant que M. le Préfet du Finistère,
Mgr. l'évêque de Quimper et dé Léon, la plupart des mem-
bres du Conseil général sont membres de la Société et l'en-
couragent de tous leurs efforts, voyant en outre, que le
fonctionnaire supérieur préposé à l'enseignement dans le
département, s'occupe avec intérêt d'une branche de la
science qui est appelée à faire progresser l'histoire, se
mettra à la disposition de son chef. En faisant ses tour-
nées et ses inspections, M. Surrault pourra recommander
à ses subordonnés de le tenir au courant des découvertes
soc. AKCHÊOL. DU FIIflSTJCRE. 2
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— 18 -
qui seront faites dans chaque commune en indiquant les
lieux, les objets, tes noms des personnes.
Le Président se faisant Vinterprcte de tous ses collègues
remercie donc M. Ilnspecieur de son précieux concours,
et croit pouvoir affirmer que M. Surrault sera non-seule-
ment un zélé coopératcur, mais encore que le Musée dé-
partemental et la Société Archéologique trouveront en lui
un des membres les plus utiles et ayant entre ses mains
les plus puissants moyens d'action.
Il est ensuite procédé aux votes sur les candidatures de :
MM. de Trogoflf. — Plateau, — Beaucourt et Govin, Au-
guste.
Ces quatre candidats sont admis à Tunanimité.
M le Président donne la parole à M. R-F. Le Men pour
son travail sur Vorganium et la cité des Osismii, inscrit
en tète de Tordre du jour de la séance.
VORGANIUM, VORGIUM
LA CITÉ DES OSISMII
(lll« LTONIIAISE.)
L
Le géographe Ptolémée , dans sa Description des Gaules ^
mentionne parmi les peuples qui occupaient le h'itoral com-
pris enire la Seine et TOcéan , les Osismii^ auxquels il donne
pour capitale la ville de Vorganium.
Les géographes modernes sont loin d'être d'accord sur la
situation de cette capitale, ils Font, en effet , snceessivenient
placée à Guingamp, à Tréguier, à Yesmes , en Normandiie, à
Coz-Gueodel, à Sainl-Pol-deLéon . et enfin à Carhaix(l).
Cette dernière opinion, qui est celle de d'Anvilie, a été adoptée
(1) M. Bizeul a donné dans le 4^ vol. du Bulletin Archéologique de
FAssociation bretonne, une nomenclature complète des localités qui ont
été assimilées à Vorganium*
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— 19 -
parla plupart des érudits qui se sont occupés de la géogra-
phie de la \\l^ Lyonnaise , et notammepl dans ces dernières
années par la Commission de la topographie des Gaules. La
situation topographique de la ville de Carbaix, et Texislence
de nombreux vestiges romains dans cette localité, rendaient
cette opinion fort plausible. Elle n'était cependant en réalité
pas mieux fondée que les autres, et le monument qui devait
en fournir la preuve « existait négligé et presque inconnu à
quelques lieues de la ville même de Carhaix.
En 1837, dans les notes de son édition des Vies des Saints
de Bretagne par Albert Le Grand (1), M. Miorcec de Kerdanet,
avait le premier, signalé Texistence , sur le bord d'une voie
romaine, vis à- vis du village de Kerscao , en la commune de
Kernilis (2), d'une borne militaire sur laquelle il avait lu les
mots CLAVDl VSl FILU AB\ , c'est-à-dire : Autçl de Clau-
dius . fils de Drusus, « Or, ce Claude, ajoutait M. de Ker-
danet, est Tempereur Claude (3). lui-même, auquel, après sa
grande victoire dans rîlo de Bretagne, l'an 47 de J. -G., les
simples laboureurs érigèrent partout des autels, ainsi que l'ap-
prend Sénèque. »
Deux ans pins tard un investigateur ardent à la recherche
des aniiquilés du pays, M. Sébastien Guiaslrennec, deLan-
derneau, s'occupa à son tour du même monument. La notice
qu'il rédigea et qui fut insérée dans un numéro du journal le
Courrier de Brest, portant la date du H août 1842 C4), se
fait remarquer par une scrupuleuse précision dans les dé*
tails. Suivant lui la forme de la pierre ne peut laisser aucun
doute sur sa destination primitive ; il constate, comme M. de
Kerdanet l'avait déjà avancé, que celle colonne milliaire se
trouve ptacée dans la direction d'une voie romaine,, qui, de
Carhaix, s'avançait vers Landivisiau , traversait la commune
de Plounéventer, le plateau de Kérilien, où giseut les débris
d'un établissement romain considérable, puis se prolongeant
vers l'église du Folgcët, devait aboutir de là, en droite ligne,
sur un point de la côte aux environs du bourg de Plouguer-
neau. Quant i l'inscription gravée sur la pierre dont M. de
(1) In-4o ; Brest, Anner et fils, p. 32.
(2) Canton de Phbennec, arrondissement de Brest (Finistère).
f8) Claudel, fils de Néron Drusus et d'Autonia, né en Tan 10 avant
J.-C. On croit qu*il fut empoisonné par sa femme Agrippine, l'an 54
de notre ère.
(4) J'emprunte tous les détails relatifs au mémoire de M. Guiastren-
nec, au travail de M. Denis-Lagarde, dont U sera parlé ci-après.
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— 20 —
Kerdanet avait le premier révélé rexislence, voici comment il
eo établissait le texte :
LAVDl
VSI FILI
ESARAV
ERMANIC
FEX MS
ICIA
PATE
GNATS
IV
et il en donnait rinterprétation qui suit : Claudius Drusi
filius Cœsar Augustus Germanicus, pontifex maximus^ Tribu-
nitia potestate designatus JIJJj leucie (leugae) IV.
Il est probable que cette lecture parut à M. de Kerdanet
plus correcte que celle qu'il avait publiée en 1837, car il re-
produisit presque littéralement dans sa Nouvelle Notice sur
N.-D, du Folgoët imprimée en 1843 (1), le texte donné par
M. Guiastrennec. Il eut cependant le bon esprit de supprimer
à la An de rinterprétation -de ce texte les mots leucie IV, La
borne de Kerscao qui porte le nom de l'empereur Claude I,
est en effet un monument du l^^^ siècle de noire ère. Or, ce ne
fut qu'au m» siècle, que Ton commença de se servir de la
lieue gauloise pour marquer les distances, dans la partie de la
Gaule qui comprenait la troisième Lyonnaise. La mesure
itinéraire dont on avait fait usage pendant les deux premiers
sièclesi était le mille romain, dont la longueur équivalait à
1481 mètres environ.
En 1863, M. Denis-Lagarde, numismatisle distingué de
Brest, fit de cette inscription une étude consciencieuse, qu*il
publia dans le T. IV du Bulletin de la Société Académique de
cette ville. L'auteur de ce travail fait d*abord un historique
aussi complet que possible de la colonne itinéraire de Kerscao,
et en donne une description détaillée. Ensuite^ après avoir
constaté que Tinscription se compose de neuf lignes dont la
dernière doit renfermer le nom d'une ville et le chiffre de la
distance de la borne à cette localité, il en reproduit de la ma-
(1) Ia-80 ; Brest, Lefournicr aîné, p. 39. — Voici le texte de M. de
Kerdannet : LAVD VSI FILI ESAR AVG ERMANIC FE HS ICIA PATE
GNATS IV.
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— 21 —
niëre suivante le texte telqtiMI a pu le déchiffrer sur les lieuxy
après une élude attentive et prolongée.
LAVDIVS
VSI FILIV
ESAR AV
NIC . . .
FEXMA .
. . P .
GNATVS .......
A..MP..V (1)
M. Denis-Lagarde Tait suivre cette lecture d'un examen
critique des textes publiés par ses devanciers MM. deKerdann^t
et Guiastrennec, textes dont il n'a pas de peine à établir Tin-
correction* et après une étude comparée de plusieurs inscrip-
tions relevées dans diverses parties de la France, sur des
bprnes milliaires de Fempereur Claude J. il conclut que la
colonne itinéraire de Kerscao a dû être élevée Tannée qui
pi*écéda le quatrième consulat de cet empereur, date qui corres-
pond à Tan 46 de J.-C, et propose la restitution suivante de
rinscription qui y est gravée.
Tl CLAVDIVS
DRVSI FILIVS
CAESAR AVG
GERMANIC PON
TlFEx MAX TRIB
POTKST VI jMP
XI PP COSJll DE
SIGNATVS m
. . A . . .MPV. .
L'auteur termine son travail par les réflexions suivantes :
« Arrivé au terme de la tâche que nous nous étions pro-
posée, nous sera-t-il permis d'exprimer un vœu que nous
recommandons à ceux qui ont à cœur la conservation dans
leur intégrité des monuments antiques? La place de celui-ci,
alors même que ses dimensions n'y feraient pas obstacle, n'est
pas dans un musée. Il est mieux qu'il demeure aux lieux
mêmes où déjà il a vu s'écouler tant de siècles, sur le bord
(1) 11 y a dans ce texte de M. Deois-Lagarde plusieurs lettres liées.
Ce sont : MA dans la 5» ligne ; ATV dans la 8«y et MP dans la 9*.
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— 22 -
de celte voie <)ont il marque sans aucun doute Tune des
dernières étapes. Qu'il y reste donc comme un témoin non
équi\oque du passé, comme un jalon qu'il ne faut pas
abattre ou déplacer, au préjudice de ceiix qui poursuivront
l'étude des voies romaines sur le sol de rextreme Àrmorique ;
mais rendons tuile symbole (i) sous la protection duquel il
a échappé déjà aux chances si nombrèuises de destruction
qui rentouraient ; quand les populations rurales y verront
de nouveau briller la croix, elles se signeront avec fespect,
devant le vieux monument, et à Tabri du symbole chrétien,
celui-ci bravera encore bien des orages. »
IL
Dans son examen critique des textes publiés par MM. de
Kerdanet et Guiastrennec, M . Denis-Lagarde fait observer que
l'espace qui avait dû être autrefois occupé par la sixième ligne
de I inscription dn la borne de Kerscao, était, à Tépoque où
il étudia ce monument, entièrement fruste, et qu'il n'y avait
distingué aucune ti*ace de caractères. « Il en est. ajoute-t-il,
à peu près de même de la septième ligne, où la lettre P est
seule restée apparente. » Quant à la neuvième et dernière
ligne de l'inscription, voici ce qu'il en dit : « Nous avons pu
y reconnaître sans hésitation possible, la présence d*^ la lettre
A, qui, nous en avons la conviction, entrait dans la com-
position du nom de la ville dont la borne avait pour but
d'indiquer la distance. Quel était ce nom? La piei*re ne nous
a pas révélé son secret, et nous ci*aignons bien qu'il ne le
garde éternellement. »
Les doutes exprimés d'une manière aussi formelle par un
homme aussi compétent que Tétait M. Denis-Lagarde, sur la
possibilité de lire quelques-unes des lignes de l'inscription,
notamment la dernière, qui renfermait un problème dont la
solution pouvait être d'une extrême importance au point de
vue de la géographie de la IIl» Lyonnaise, n'étaient pas de
nature à encourager les archéologues à tenter un nouvel essai
de déchiffrement. Je ne désespérai pas cependant de pénétrer
le mystère que cachait la borne de Kerscao, et au mois de
septembre 1865, muni de papier non collé, pour prendre
un estampage de l'inscription, je me rendis sur les lieux afin
de faire uue étude attentive du monument.
Ma première remarque lorsque je me trouvai en présence
de la horne, fut que plusieurs lettres de l'inscription avaient
(1) Cette borne était autrefois surmontée d'une croix de pierre dont
les débris se voient tout auprès dans la douve.
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— 23 ^
échappé à l'allehlion de M. Deois Lagarde. Ainsi, dans la
sixième ligne qui avait paru entièrement friisle à cel obser-
vateur, les lettres ICIA, fia du mot TRIBVNICU, qui du reste
avaient déjà été relevées par MM. Guîaslrennec et de Ker-
dantt, se lisaient très-distinctement. De même on distinguait
sans peine dans la septième ligne, le chiffre XI, indicatif de
la onzième victoire de l'empereur Claude I. Malheureusement
j'avais employé ce jour là à l'examen de divers monuments,
une grande partie du temps que je devais consacrer à l'étude
de la borne de Kerscao. Il me fut donc impossible de l'étudier
d'une manière sérieuse, et je dus me contenter de prendre
de l'inscription un estampage auquel je donnai tous mes
soins, mais qui cependant réussit assez mal. En effet le soleil
étant très ardent pendant l'opération, le papier sécha trop
rapidement, et éprouva un retrait fort préjudiciable à la net-
teté de l'empreinte.
Malgré ce léger mécompte, j'eus la satisfaction en étudiant
mon estampage sur ses deux faces, et en l'exposant à toutes
les lumières, d'y découvrir de nombreuses lettres qui ne figu-
rent pas dans le texte publié par M. Denis-Lagarde. La der-
nière ligne dd l'inscription, fut pour moi l'objet d'une étude
toute particulière, et je fus singulièrement surpris lorsque je
crus y distinguer les caractères suivants :
.GAN MP V.
Le nom de VORGAN, abréviation de VORGANIVM, me
vient aussitôt à l'esprit, et il me parut que celte ligne pouvait
être ainsi restituée :
(A) VORGAN (10) M (ILLIA) P {ASSVVM) V....
Cependant la situation de Vorganium à Carhaix me sem-
blait être si solidement établie^ qu'avant de faice part de mes
conjectures à qui que ce soit, je résolus d'étudier de nouveau
sur place la borne de Kerscao. Les circonstances ne m'ayanl
pas permis de mettre mon dessein à exécution, je songeai à la
possibilité de faire transporter ce monument au musée dépar-
temental du Finistère, à Quimper, où il seruil à l'abri des
mille causes de destruction auxquelles il avait jusqu'alors
échappé comme par miracle. En effet, outre que rien n'eut été
plus facile que de le transformer en macadam, comme on l'a
tait pour tant d'autres bornes romaines, sa forme et ses di-
mensions permettaient d'en faire une fort belle ange, et je
m'étonne que les cultivateurs du voisinage n'y aient pas songé,
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- 24 -
car tel a été dans d'autres parties de la Bretagne le sort de
plusieurs monuments de même nature.
Je priai donc M. de Blois, vice président de la commission
archéologique du Finistère, de vouloir bien demander h M. le
préfet Tautorisation de faire transporter au musée départemen-
tal, la colopne itinéraire de Kerscao. M. Pihoret, qui ne se
lasse pas d'encourager les efforts de la commission d'archéo-
logie« et dont la sollicitude pour Taccroissemenl de notre
musée ne s'est pas un instant démentie, s'empressa de nous
accorder notre demande, et chargea du soin d'extraire et
d'expédier la borne à Quimper, par le chemin de fer,
M. Labasque, agent-voyer des chemins vicinaux de l'arron-
dissement de Brest. Des instructions furent transmises en
même temps à ce fonctionnaire pour éviter les accidents qui
pouvaient sqrvenir pendant l'opération. On lui recommanda,
entre autres choses, d'entourer la pierre d'épaisses torsades de
paille, pour garantir l'inscription, et d'éviter dans le déchaus-
sement de la borne, le contact des instruments de fer avec le
monument. On le pria en outre de planter à la place du mil-
liaire romain, une borne nouvelle, sur laqtielle une inscrip-
tion, indiquant le transfert de la première au musée départe-
mental, serait gravée ultérieurement (1).
M. Labasque s'acquitta de sa mission avec un soin et une
intelligence au-dessus de tout éloge. Le 3 janvier 1873, la
colonne itinéraire de Tempereur Claude I fut extraite du lieu
où elle réposait depuis tant de siècles. Ne jugeant pas l'enve-
loppe de paille suiflsante po^ur protéger le monument,
M. Labasque crut devoir l'entourer d'une enveloppe de fortes
planches. Il le fit ensuite transporter à Brest sous l'escorte de
trois hommes, qu'il avait jugé prudent d'adjoindre au char-
retier chargé du transport, et présida lui-même le lendemain,
à la gare de cette ville à l'opération du chargement de la
pierre sur un wagon. Le 4 janvier elle arriva à Quimper, sans
avoir éprouvé dans le voyage le plus léger accident, et je la
fis placer, le jour suivant, dans la salle du musée départemen-
tal destinée à recevoir les antiquités gallo-romaines, où les
archéologues pourront l'étudier à loisir.
III.
La borne milliairc de Kerscao est formée d'un bloc de granit
de l'Aber, du poids de 2,070 kilogrammes. Celte pierre,
extrêmement dure , est susceptible d'acquérir un beau poli,
(1) Voici un texte qui pourrait convenir pour cette inscription :
Erigée sur Vemplacement d'un milliaire romain transféré au musée
de Quimper, par M» Pihoret, préfet du Finistère ^ 1873.
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- 28 -
comme on peut le voii* par le soubassemeot de l'obélisque de
Louqsor, à Paris, qui provient des carrières de TAber-lldut, et
par celui de la statue de laênnec, à Quimper, qui a la même
provenance. Elle est remplie de cristaux de quariz qui en
rendent la taille très-difficile. La forme du monument est
celle d'une pyramide tronquée à angles arrondis, il mesure
en hauteur i m. 85 ; son épaisseur à la base est de 0 m. 75
et 0 m. 70 ; son épaisseur au sommet de 0 m. 65 et 0 m. 66.
Sa hauteur au-dessus du chemin était de 1 m. 34, et sa pro-
fondeur en terre de 0 m. 51. La partie enfouie est taillée
colnme celle qui était au-dessus du sol. Les quatre faces de la
pierre sont piquées avec soin, mais les angles ont été assez
grossièrement abattus , de sorte qu'il s'y trouve de nom-
breuses inégalités et même des cavités assez profondes. 11 en
résulte crue les lettres qui ont été gravées sur les angles, sont
moins régulières et moins distinctes que celles que l'on re-
marque sur la partie plane du monument.
Mon premier soin après avoir placé la borne dans la partie
du Musée on le jour lui était le plus favorable, fut de faire
une étude attentive de l'inscription , et principalement delà
neuvième ligne. Non-seulement j'y retrouvais les caractères
ue j'avais relevés sur mon estampage, mais j'y lus sans dit-
culté la ligne entière :
VORGAN MP VllI.
Dans cette ligne les lettres OR seules sont liées. M et P
(millia passuum)^ forment deux caractères distincts, entre les-
quels, après avoir débarrassé la pierre des lichens qui la cou-
vraient dans quelques-unes de ses parties, j'ai découvert un
trait vertical que l'on peut prendre pour un l, si on ne le
conisidère pas comme un faux trait du graveur.
VORGAN, commencement de la forme latine du nom de la
capitale des Osismii (1), doit en représenter assez exacte-
ment la forme gauloise. Le mot morgant signifie en gallois le
bord de la mer (i). Aucune dénomination ne pouvait certes
mieux convenir à Vorganium^ placé comme une sentinelle
avancée à Textrême pointe de TArmoiique, entre la Manche
et l'Océan.
(1) Dans les inscriptions des bornes milliaires , les localités sont
presque toujours désignées par les premières lettres ou par les pre-
mières syllabes de leur nom. C'est amsi qu'on lit sur des milliaires de
Claude I, AVG pour Augvttmemetum, AND pour Ândematunno, etc.
(2) On trouvera plus loin des détails sur * Fétymologie du mot
Morgan , en composition Vorgan.
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- 26 —
Voici r^nseroble du texle de i'inscriptiou tel qu'un exàmen
attentif m'a permis de le relever. Je place entre parenthèses
les caractères qui ne sont plus visibles sur la pierre^ mais que
l'on peut restituer facilemeni :
Tl CLAVDIVS
DRVSl FILIVS
CAESAR AVG(VSTVS)
GERMANICVS
(PO)NTIFEX (MAXIMVS)
TRIBVNICIA (PO)T(EST V)
IMP XI PPCoS III
Design AT vs iiii
VORGAN MP Vm
Dans ce texte les lettres MA de Germanicus^ MA de Maxi-
mus, AT de Designalus, et OR de Vorgan sont liées. La
lettre O de COS est inscrite dans le C, et la lettre E de
DESIGNATVS inscrite dans le D. Les lettres des premières
lignes ont 7 centimètres de hauteur, et celles des dernières
lignes 55 millimètres.
Comme l'avait établi M. Denis-Lagarde (1), la daledc celte
inscription est bien l'an 46 après Jésus-Christ, année qui pré-
céda le quatrième consulat de l'empereur Claude L
Après m'être assuré qu'il n'y avait pas d'erreur dans ma
lectqre et que la neuvième ligne de l'inscription du milliaire
de Claude 1 renrermait bien ie nom de la capitale des
Osismii, si laborieusement et si longtemps cherchée par les
érudits, je fis de cette ligne un estampage que je m*empressai
d'adresser à M. le président de la Commission de la topogra-
phie des Gaules, dont je suis correspondant pour le dépar-
tement du Finistère. Le 22 janvier 1873, MM. Anatole de
Barthélémy, secrétaire, et Alexandre Bertrand, membre de
cette commission, m'écrivirent que ma lecture leur avait
paru, ainsi qu'à leurs collègues, parfaitement juste.
M. Mowat, chef d'escadron au 10« régiment d'artillerie, à
qui j'avais (ait part de ma lecture, dès les premiers jours de
janvier 1873, m'avait déjà écrit à la date du 9 du même mois :
« J'avais bien une espèce de pressentiment que cette inscrip-
« lion renfermait le secret de l'emplacement de Vorganium; et
« cela avant de connaître le résultat de votre estampage. Mais
« votre première lettre confirmée par ce que vous m'écrivez de
(1) Voir page 21.
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~ 27 —
« nouveau.vous assure le mérite, )c dirai même U gloire d'avoir
« retrouvé la capitale des Osismii.
« Prenez donc date de suile en publiant le résultat de vos
« recherches avant que quelque archéologue, à qui vous aurez
« Tacilité Tétude du monument, ne vienne, comme le ^eai, se
« parer des plumes du paon, et vous enlever la récompense qui
« vous revient si légitimement. »(1;
IV
La borne de Kerscao était placée en face du village de ce
nom, au nord du chemin de grande communication n^ 32 du
Folgoët à Plougqerneau, et à une distance de 7,483 mètres
environ du clocher de cette dernière localité. Il y avait un in-
tervalle de cinq mètres entre son angle est et la clôture du
champ qui forme la ligne de séparation entre la commune de
Kernilis et celle de Guissény ; de sorte qu*avant la rectiOcation
de ce chemin, elle se trouvait au milieu de la route. Elle était
placée de telle sorte qu'elle donnait Torientation du lieu. En
effet, ses angles eorrespondaient exactement aux quatre points
cardinaux.
La voie sur le bord de laquelle se trouvait ce milliaire a été
mentionnée depuis longtemps par plusieurs archéologues
bretons, notamment parM. Bizeul à la an de Farticle Carhaix
de la nouvelle édition du Dictionnaire historique de Bretagne
d'Ogée. Mais ce savant et infatigable investigateur de nos an-
tiquités, n'a pas eu le loisir de l'étudier ni de la suivre. 11 se
borne donc dans son travaili à en donner le tracé qui lui
semble le plus probable.
Cette voie sortait de Carhaix, ou plutôt traversait cette ville,
pour se diriger vers la pointe de Plouguerneau ; elle suivait
d'abord à peu près le parcours de la route de Morlaîx jusqu'au
chemin vicinal deBerrien. Après avoir traversé ce bourg, elle
se dirigeait vers Plonéour-Menez. Elle est encore bien con-
servée dans plusieurs points entre ces deux localités, où elle
a été aussi reconnue par M. l'abbé Poslic, recteur de Plonévez-
Porzay, et par M. Babezre de Lanlay, garde général des to-
rets, à Landerneau. Dans ce parcours, elle a été en partie
(i) Depuis Tannée dernière, M. Mowat a, si je ne me trompe, perdn
le souvemr de cette lettre. Quant à ma découverte, j'ai lieu oe me
féliciter chaque jour d'avoir pris en temps utile les mesures propres à
m'en assurer le mérite. Ces précautions n'ont pas, il est vrai, empêché
le Gbai de Yorganium de se montrer. Mais neureusement, cette fois,
ce n'est pas l'archéologie qui a fourni la bête.
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~ 28 —
transformée en chemin vicinal. C'est en e&éciitanl ces Ira-
vaux, il y a quelques années, que l'on a découvert une
belle statuette romaine en bronze, qui se trouve aujourd'hui
au Musée départemental d'archéologie à Qiiimper.
En quittant lacommune de Plonéour*Menez, la voie traversait
cellesde Saint-Sauveur et de Guimiliau, où Ton a signalé des
vestiges romains, près d'un ruisseau au village de Crec'h-
ar-Bleis, Ensuite après avoir traversé la commune de Lampaul,
elle passait à une petite distance au sud-ouest de la ville de
Landivisiau, en s'infléchissaot légèrement vers Touest, puis se
dirigeait directement vers le vaste établissement gallo-romain
découvert en 1829, par M. de Kcrdanet (1) ,en la commune
de Plouneventer, et dont les ruines s'étendent entre les vil-
lages de Kergroas, Kerporziou et Kerilien, sur un espace de
cent hectares environ (2). On peut citer parmi les objets
trouvés dans ces ruines une statuette en bronze et de
nombreuses monnaies d'or, d'argent et de bronze, des empe-
reurs Auguste, Tibère, Nerva, Vitellius, Titus, Domitien,
Hadrien. Anlonin-le-Pieux, Lucius Verus , Marc-Aurèle,
Alexandre Sévère. Gordien, Gallien, Claude II, Honorius;
et plus de 600 fragments de poterie rouge ornés de dessins
en relief, provenant de cette lacalilé. M. de Kerdaneta donné
à ces ruines le nom d'Occismor. Mais elles sont plus connues
sous celui de Kerilien.
La voie passait ensuite par les communes de Saint-Méen et
du Folgoêt, et rencontrait sur le territoire de celle de Saint-
Frégant, aux dépendances des villages de Kerradennec et de
Kerzulant, tout près du château de Penmarc'h, d'importantes
ruines gallo-romaines découvertes aussi par M. de Kerdanet
en 1833 (3), et auxquelles il avait donné le nom de Tolenle,
ville qui d'après Albert Le Grand, aurait été détruite au
IX^ siècle par les Normands. Ces ruines occupent entre Tétang
et le château de Penmarc'h, une étendue d'environ 4 hectares.
On y a trouvé une pierre gravée antique, une belle urne en
verre bleu, de petits chevaux en terre cuite, de nombreux
débris de poterie, et plus de 500 monnaies romaines.
La voie après avoir formé limite entre les communes de
Kerniliset de Guissény, entrait ensuite dans celle de Plouguer-
(V Nouvelle notice sur Notre-Dame du Folgoët et sur ses environs^
par Miorcec de Kerdanet. — Brest, Lefouroier, 1S53, page 34.
(S) Il est bon de faire observer que ces ruines ne forment pas une
agglomération compacte. Elles paraissent provenir de plusieurs villas
situées à peu de distance les unes des autres.
(3) Ibid page 40-42.
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— 29 —
neau en passant par le Gronannec et par le bourg, et venait
onân se terminer au bord de la mer près de la chapelle de
Saint Cava. Cétait donc dans le voisinage de celte chapelle
qu'il fallait chercher les vestiges de la mystérieuse cité de
Vorganium (!7).
En résumant ce que }*ai dit plus haut, il résultait claire-
ment de rinscription de la borne de Kerscao :
lo Que la ville de Vorganium devait se trouver à l'embou-
chure et sur la rive droile de TAber-Wrac'h, à huit milles
romains (18), c'esl-àdire à 11 kllomèlres 848 mètres environ
du lieu où était placé ce monument.
S"" Que s'il existait encore quelques vestiges de la cité gau-
loise, on les l'enconlrerait a l'extrémité d'une voie romaine,
qui, partant de Carhaix, venait aboutir au bord de la mer,
dans le voisinage de la chapelle de Sainl-Cava. Cette voie est
parfaitement tracée sur la carte de l'état-major, et surtout sur
la carte du Finistère, par Taconnet.
Avec des renseignemeiits aussi précis, la détermination de
l'emplacement de la capitale des Osismii^ n'était plus qu'une
simple affaire de vériûcalion. Si l'inscription du milliaire de
Kerscao n'était pas menteuse, il était aussi facile d'aller de
Plouguerneau aux ruines de Vorganium qne de Brest à Goues«
nou ou de Quimper à Rosporden. Il restait donc aux explora^
teurs h constater mie l'indication fournie par cette inscription
était exacte ou qu elle ne l'était pas. Mais il ne pouvait plus
être question de découverte de Vorganium puisque cette dé-
couverte était faite.
Ce point bien établi, je continue.
Chargé par la Commission de la Topographie des Gaules dès
le mois de février 1873, de rechercher Tassielle de la ville
gauloise , je n'ai pu remplir cette mission avant la Rn du
mois d'octobre suivant. Le résulal de mes recherches a prouvé
que le renseignement iourni par l'inscription de la borne de
Kerscao était exact. Je trouvai en effet à la dislance de 11
kilomètres 783 mètres du lieu où était plantée la borne,
(1) Ce tracé diffère quelque peu d'un autre tracé que j'ai proposé
précédemment. Les nouvelles recherches que j'ai faites sur cette voie
me permettent de considérer celui-ci comme plus sûr que le premier.
(2) La longueur du miUe romain était d'environ 1 481 mètres.
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— 30 -
distance qui tlifTère bien peu de celle de 11 kilomètres 848
mètres indiquée par rinscription, les ruines, non d'une
ville gallo-romaine, comme j'aurais pu m'y attendre, mais
celles d'un Oppidum gaulois offrant la plus grande analogie
avec les Oppidums de la liaie de Douarn<>nez, dont j'avais fait
une étude particulière, et dans Tun desquels j'avais pratiqué
des Touilles assez fructueuses au mois de septembre 1869 (1).
L' Oppidum de Vorganium occupe h l'entrée de l'Aber-Wrac'b,
sur la riv(* droite de celte rivière» en la commune de Pion-
guerueau, un promontoire on presqu'île, qui dépend du village
du Run, (3) et qui s'avance dans Ici mer, entre le port Malo.
au nord, et la petite anse de Porz-Créach. marffuée Anse de
Kervenny sur la earle de l'état-major, au sud. Lorsque l'on se
dirige du village du Run vers cette presqu'île, le terrain
s'abaisse insensiblement jusqu'à l'isthme qui relie Y Oppidum
au continent. On remarque dans cette partie basse les subs-
Iructions de deux murailles construites en pierres sèches, et
de l'épaisseur d'un mètre environ, qui coupent l'isthme dans
toute sa largeur. Les clôtures de tous les champs voisins ont
été faites avec des pierres provenant de ces murailles. A ces
remparts sont adossées, à l'intérieur, deux constructions
carrées, qui étaient évidemment des tours. \ partir de ce
point, le sol monte d'abord en pente douce, et l'on aperçoit
çà et là, les substructions de petites enceintes de Torme reclan «
gulaire, puis le terrain s'élève brusquement,elvers le milieu de
sa déclivité, se dresse un énorme retranchement couvert de
Sazon, qui coupe la presqu'île dans toute sa largeur en
écrivant une courbe du nord au sud. Dans l'épaisseur de ce
retranchement sont creusées de petites tours carrées dont Te
revêtement intérieur est formé par une maçonnerie sèche.
Deux de ces tours sont maintenant visibles ; mais je suis per-
suadé que des touilles en feraient découvrir un plus grand
nombre.
Au-delà de ce retranchement s'étend un plateau dont le point
culmfnant est occupé par une éminence factice qui ressemble
à un tuuiulus recouvrant une allée couverte, mais qui a peut-
(1) Les objets provenant de ces fouiUes sont au Musée archéologique
de Quiraper. — Voir mon Mémoire sur les Oppidums du Finistère, lu au
Congrès de TAssociatioa bretonne tenu à Quimper, en septembre 1873^
(2) Ce mot signifie « éminence, élévation ». Il est souvent appliqué à
des tumulus, et à des mottes féodales. Il sert aussi à désigner des émi-
uences naturelles.
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— 31 —
être élé Toriné par les ruines de Tbabitation principale ou du
donjon de la forteresse. Des rochers inaccessibles et nne mer
toujours agitée entourent la plus grande partie de la presqu'île.
Des croix de fer scellées dans le roc marquent les endroits
où des pêcheurs imprudents ont élé enlevés par des lames
de fond. Du sommet de la forteresse le regard s*étend au loin
sur la Manche, et la ?ue dont on jouit de ce point est admi-
rable.
Je suis loin de prétendre que la ville de Vorganium fut res-
treinte aux limites de VOppidum que je viens d'essayer de dé-
crire (IJ. Je suis très-porté à croire, au contraire, que la
capitale des Osisroii se composait de l'ensemble des flots et des
promontoires ou presqu'îles qui sont si nombreux à l'embou-
chure de l'Aber-Wrac'h, et je ne puis àjce propos, m'empècber
de faire ressortir Tanalogie qui existe entre la situation
topographique de Vorganium, et celle de Dariorigum, capitale
des Veneti, que je considère aussi comme formée de l'ensemble
des petites forteresses disséminées dans les iles et dans les
presqu'îles du Morbihan. Celte analogie est surtout frappante
quand on compare sur la carte de Tétal-major, l'embouchure
de l'Aber-Wrac'h au golfe du Morbihan. Les Commentairçs
de César (S) nous ont appris quels avantages les Gaulois
savaient tirer de cette disposition des lieux, et l'on doit sup-
poser qu'ils ne la négligeaient jamais.
Aux circonstances locales que je viens de signaler et qui
avaient sans doute déterminé les Osismii à établir leur capi-
tale à l'embouchure de rAber-Wrac'h, venaient se joindre
d'autres avantages non moins appréciables. Le port Malo, qui
borde au nord la forteresse, pouvait recevoir un grand nombre
de navires. Un vieillard que je rencontrai sur les lieux lors de
mon exploration, me dit qu'il se souvenait d'avoir vu pendant
les guerres du premier empire, un convoi de plus de cent
navires mouillé dans ce port. L'anse de PorZ'Creac*h on de
Kervenny, au sud de la forteresse peut aussi donner asile à
quelques bateaux. ILutiù plus avant dans la rivière, le port de
(1) M. Pihoret, préfet du Finistère a promis à la Société archéolo-
tique de ce département de faire lever par un agentëiroyer les plans
e Toppidum de Vorçanium et des autres forteresses gauloises décrites
dans mon Mémoire cité plus haut.
(2) Deb«llo galUcoin. ti
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— 32 —
TAber-Wrac'h poiivail offrir un abri sûr à une nombreuse
floue gauloise (1).
VI.
VOppidum de Vorganium est appelé dans le pays, Castell-
Ac'h (Château d*Ac1i). Ce nom n*est marqué sur aucune
carte. La pointe où il est situé se bifurque en deux branches
inés^ales, dont la plus courte, porte le nom de Coz-Castell-
Ac*h (châleau d'Ac*h ruiné) (2). Quelle est Toriglne de ce
nom? C'est ce que )e vais essayer d'expliquer.
L'évêché de Léon était divisé avant 1790, en trois archidia-
conés : 1* L'archidiaconé de Léon, compris entre la rivière de
Morlaix à Test, et la rivière la Flèche à Touest ; 2* celui
d'Ac'h ou d'Âck, borné à Test par TAber-Wrac'h, au nord et
à Touest par la mer, au sud par la rivière de Landemeau ;
3"* enfin celui de Quemenetlli, par corruption Quimini-
dili, compris entre les deux autres arcbidiacoiiés. iMais de
ces trois subdivisions les deux premières seules me paraissent
très-anciennes. Elles sont mentionnées dans la vie de saint
Paul Aurélien, premier évoque de Léon, sous les noms de
Pagus Leonensis et de Pagm Achmensis. La troisième, le
Qiiemenet-ili qui signifie Commendatio-Ili (3) n*est désignée
nulle part avec la dénomination de Pagus, et doit avoir été
formée, à une époque reculée du moyen -âge, aux dépens du
territoire du Pagus Achmensis (4). VOppidum de Vorga-
( 1 ) Je suis très -porté à voir dans la rivière Aber-Wrac*h le
Têtus fluvius (Teti fluvii ostia) que Ptolemée, dans sa Description
des GauteSf mentionne après le Gobœum Promontorium et le Stalio-
eanui portus.
(2) L'adjectif breton Coz placé après un substantif signifie viettx.
Placé devant un substantif il a le sens de « ruiné, en mauvais état» de
mauvaise qualité. »
(8) « lli » est un nom d'homme.
(4) C'est aussi le sentiment de M. de la Borderie qui après avoir
rapporté la donation faite par Chiidebert à Saint-Paul-Aurélien des
pagi Achmensis et Leonensis, s'exprime ainsi :
« Les pays d'Ach et de Léon, cités dans les actes de saint Paul
comme composant le diocèse attribué à ce saint par Chiidebert, sont
donc deux pagi minores^ deux subdivisions du comte de Léon. On ne
peut douter que ces deux subdivisions ne comprissent alors tout le
comté ; car il serait absurde de supposer que le territoire de Quéménet-
Ili interposé entre Ach et Léon n'eut pas toujours fait partie du même
diocèse que ces deux cantons. 11 est bien plus naturel oie croire que le
Quemenet-Ui était compris à cette époque dans l'un des deux autres,
dont il ne fut détaché qu'un peu plus tard* » — Annuaire historique de
Bretagne pour 1862, p. 141-142.
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~ 33 -
niuin aurait donc fait partie dans le principe de ce dernier
Pagus, et lui aurait emprunté son nom {Castell'Ac'h s: Cas*
tellum'Ac'hmense) .
J'ai émis ailleurs (1) l'opinion que le root Àc*hmensis^ avec
l'aspiration du c'h pouvait être un équivaleulde Axmensis qui
diffère bien peu de Oxmensis et de Oximensis, Si celte opinion
était acceptée, le nom <le Castell-Ach pourrait se traduire
par Castellum Oximense : on aurait alors les équivalents sui-
vants : Castellum Oximense^ Castellum Oxmense y Castellum
Axmense^ Casiellum Ac*hmense^ Castellum Ac'hm, Castellum
Ach; et cette forteresse aurait ainsi gardé jusqu'à nos jours,
la trace du nom du peuple dont elle était la capitale, i
Tépoque de Tindépendance gauloise, titre qu'elle conserva
pendant la durée de l'occupation romaine (2). '
Bien que les ruines gallo-romaines considérables que j'ai
signalées plus haut, et qui étaient traversées par la voie de
Carbaix à la pointe de Castell-Ac'h^ témoignent de l'impor-
tance de celte voie, et par suite de importance du point où
elle aboutissait, les Romains n'onl laissé dans VOppidum de
Vorganium, aucune trace de leur pa^^sage. Mais on trouve surla
pointe de Saint-Cava, qui n'est séparée de celle de Castell-
Ac% que par la petite anse de Kervenny, où la vole vient se
terminer, des tulles à rebord qui ne permettent pas de
douter qu'il n'y ail eu là une ou plusieurs conslructions ro-
maines. C'était très-probablement le poste militaire qui figure
sous le nom d'Osismii, au nombre des cantonnements mari-
times cités dans la Notice des dignités de Tempire (3).
Quelques personnes ont prétendu que le cantonnement ma-
ritime aOsismii était établi à Brest se tondant sur ce fait,
que, dans la vie de Sainl-Goueznou, cette ville est appelée
civitas Occismorum^ et que celle de Saint-Tugdual lui donne
(!• Noms propres bretons commençant par Ab ou Ap. — Revue
Celtique» vol. II. p. 71.
(2) n est peut être utile de faire observer que c'est aux habitants
du pagus Ac'hmensis que s'applique le plus souvent le nom à'Osismii
dans les anciennes Vies des Saints Bretons. Voir la Vie de Saint-Govez-
nou et celle de Saint-Tugdual, citée par A. de la Borderie, dans son
Annuaire historique de Bretagne pour 1S62, p. 28.
(3) « Prefectus militum Maurorum Osismiacorum, Osismiis, » —
Ces Maures étaient des soldats d'Afrique enrôlés dans l'armée romaine.
Vers 1840« ou découvrit dans un tombeau, en la commune de Plou-
gonven, près Morlaix, (Finistère), uina petites figurines égyptiennes en
terre. C'étaient peut être les dieux d un de ces soldats. Trois de ces
figurlnes|8ont au Musée archéologique de Quimper.
iOC. ABCHAOL. du FINISTiRB. 8
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-ai-
le nom de Urbs Ocismi. Je ne puis pas admettre cette
manière de voir ; car si la ville de Brest , qui a
toujours gardé son importance depuis inoccupation romaine
jusqu'à nos jours* avait réellement échangé son nom de
Brivates portus contre celui du peuple dont elle dépendait, elle
aurait certainement, comme Rennes, Nantes et Vannes, con-
servé dans son nom moderne, quelque trace de son nom
d'emprunt. Or, il n'y a aucun rapport entre Osismii et Brest
dont l'étymologie ne peut jiçuère s'expliquer que par le Briva-
tes portus de Ptolémée. D'un autre côté, il ne faut pas perdre
de vue qu'à l'époque où furent écrites les vies de ces deux
saints, et même à la date des faits qui y sont relatés, et que
Ton suppose être le milieu du Vi* Siècle, la capitale des
Osismii avait cessé d'exister depuis longtemps, et que Brest
était alors la seule ville de l'ancien territoire de ce peuple,
qui eût conservé une importance réelle (i). On pouvait donc
avec raison l'appeler à celte époque Civitas ou Vrbs Occismo-
rum, et on ne saurait conclure de ces appellations que le can-
tonnement maritime d*Osismii était la ville de Brest.
Je persiste donc à croire que Vorganium et le poste romain
qui s'éleva dans son voisinage restèrent de nom, sinon de fait
la capitale des Osismii, pendant toute la durée de l'occu-
pation romaine. J'ai essayé d'établir plus haut qu'elle avait
conservé, dans son nom actuel deCastell-Ac'h, quelques tracés
du nom de ce peuple. Si je me suis trompé, la disparition du
nom ù^Osismii s'expliquera facilement par la ruine complète
et définitive de VOppidum gaulois et du poste romain qui
devait le détendre contre les pirates du nord. Aucun établis-
sement ne s'est élevé sur ces ruines pour rappeler le souvenir
de leur importance passée.
On eu trouverait peut être, cependant^ une faible réminis-
cence dans une tradition qui a cours dans la commune de (Muu-
guerneau, et d'après laquelle une grande ville aurait autre-
fois existé non sur remplacement de VOppidum de Vorga-
nium, mais à une petite distance au nord, sur un plateau
de rochers appelé Lézent dans la carte de l'Etât-major [2).
(1) On remarque encore dans le château de Brest des restes impor-
tants de constructions qui remontent à l'époque gatlo-romàine.
(2) D'après une tradition analogue rapportée par M. de Kerdanet dans
son édition des Vies des Saints de la Bretagne Armorique, par Albert
le Grand, de Morlaix, page 32, une grande ville nommée Toiente ou
Talenche aurait existé « à l'entrée de la baie des Anajes, sur la rive
droite de l'Abcr-Wrac'h, à T opposite du fort Cezon. » 11 s'autorise en
rapportant cette tradition, des <( Grandes Cronicques de Bretaigne » par
Alain Bouchard, et de la vie de Saint-Rioc, d'Albert le Grand. Ces deux
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- 35 —
VU.
Dans l'article que j'ai publié sur la découverle de Torga-
Dîum, dans le numéro d'avril 1873 de la Revue archéologique,
j'avançais que ridenlilé entre la capitale des Osismii ei \si
Tille de Carbaix acceptée, avant cette découverte par tous les
géographes et les arcbéologues, avait jeté une grande couru-
sion dans la géographie déjà si obscure de la- partie de la
IIP fjonnaise, qui correspond à la péninsule bretonne. J'a-
joutais que par suite de cette erreur» et en confondant Vor-
gium de la table de Peutinger avec Vorganium, on donnait
une fausse direction à la voie marquée sur cette carte entre
Portu Namnetu et Gesocribate | eu la faisant passer par
Carhaix.
M. Ernest Desjardins, dans une note intitulée Vorgium et
Vorganium, insérée dans le numéro de mai 1873 de la même
Revue, me fait observer qu'il a échappé à la confusion signa-
lée par moi, et que dans ses travaux sur la Géographie de la
Gaule ^ il n*a pas idenliflé Vorganium avec Carhaix, ni con-
fondu le Vorganium de Plolémée avec le Vorgium de la
Table de Peutinger. W est clair que mon assertion était trop
absolue, et qu'au lieu de mettre en cause tous les géographes,
j'aurais du n'attribuer cette confusion qu'à la plupart d'entre
eux. Mon excuse est dans ce fait que dans l'ancien pays des
Osismii et des Veneti les beaux travaux de M. Desjardins ne
sont guère connus que de réputation. Pour mon compte, à
l'époque où parut ma note sur Vorganium, je n'avais pas en-
core eu la bonne fortune de les consulter. J'ajouterai que cet
article fut rédigé en grande hâte, mon but en le publiant
étant uniquement de prendre date de ma découverte. L'expé-
rience m'a prouvé depuis que celte précaution n'était pas
inutile.
Cet incident m'amène tout naturellement à parler de la si-
tuation de Vorgium et du tracé de la voie de Portu Namnetu à
Gesocribate^ marquée dans la Table de Peutinger.
auteurs parlent bien d'une ville de Tolente qui fut détruite à uni)
époque très reculé, mais ih ne disent pas où elle éiait située. D'après
le même M. de de Kerdanet, il y aurait à Tembouchure de TAber-
Wrac'h, sur la rive droite, prés d'un ilôt, nommé Enez Bent, un
canal nommé Toul-Hent. L'Ile Bent figure en effet sur plusieurs cartes,
notamment sur la carte du Finistère publiée par ordre de l'Assemblée
nationale en 1790, mais le canal de Toul-Bmt n'y est pas marqué.
Comme le plateau indiqué sous le nom de Lezent dans la carte de
l'Etat-major si trouve tout près de l'ile Bent, qui n'y figure pas, il faut
probablement lire plateau GiEmX'Bênty au lieu de plateau de Lezent.
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~ 86 -
Jusqu'à ces derniers temps, deux opinions étaient en pré-
sence sur celte importante question de géographie. L'une
déjà ancienne, plaçait la ville de Vorgium à Carhaix et faisait
naturellement passer par cette localité la voie de Portu Nam-
netu à Gesocribate, Celle opinion, qui est celle de d'Anville, a
été soutenue par M. Bizeul, et plus récemment par M. Ernest
Desjardins.
La seconde opinion, dont la priorité revient, si je ne me
trompe, à M. le baron de Walkenaër, Identiflait Vorgium
avec Concarneau. Ses partisans au lieu de diriger dans l'in-
térieur du pays la voie marquée sur la Table de Peutinger, lui
faisaient suivre le littoral de Vannes à Brest, en passant par
Hennebonl, où ils plaçaient la station inlermédiaire de Sulim^
par Concarneau, Quimper, Châieanlin, Le Faou et Lander-
neau. Je dois déclarer qu'en Tab^ence de preuves sufQsanles
pour justifier l'identiflcation de Vorgium avec Carbaix, je
m'étais rangé fi cette dernière opinion, tout en hésitant entre
Concarneau et Quimper. Ce système était Irès-soulenable et
à mon avis aussi rationnel que le premier, si Ton tenait
compte : !<> des distances marquées dans la Table, considéra-
lion très-importanle comme on le verra plus loin ; 2" de
rexistence d'une voie allant de Vannes à Brest par Quimper,
avec embranchement sur Concarneau ; 3"^ des voies nombreu-
ses traversant Quimper; 40 et enfin des importants vestiges
de roccupaiion romaine existant dans cette dernière ville et
aux environs dans un rayon de plusieurs lieues.
Tel était Tétai de la question, lorsqu'au mois de septembre
1873, M. le commandant Mowat communiqua au Congrès de
TAssocialion bretonne réuni à Quimper, un mémoire inlilulé:
Signalement de l inscription romaine inédite de Maël-Carhaix^
et détermination de la station antique de Vorgium^ par M. le
commandant Mowat. Quatre mois plus tard, ce mémoire fut
reproduit par son auteur, avec quelques modifications, dans le
numéro de janvier 1874 de la Revue archéologique, sous le
titre suivant : Étude de géohraphie ancienne. — La station de
Vorgium déterminée au moyen de l'inscription inédite de Mail-
Carhaix ( Côtes -du-Nord) (1). Dans ce travail, M. Mowat an-
nonçaii qu'il avait lu dans la sixième ligne de cette inscrip-
tion'le mol et le chiffre VORG VI qu'il traduisait par Vorgium
sex. Le mot leugœ, d'après lui, était sous*entendu. €n dessin
(I) Maél-Carhaix est un chef-lieu de canton faisant partie de l'ar-
rondissenaent de Guingamp (Gôtes-du-Nord), et situé à 11 kilomètres
environ à l'est de Carhaix, et à 6 kilomètres de la limite du départe-
ment du Finistère.
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- 37 —
delà borne, où la place qu*occu paient le n.ol cl le chiffre
VORG VI était bien indiquée, accompagnait le travail do
M. Mowat.
Certes, après la publication de ces deux mémoires, on de-
vait supposer que le problème de la situation de Vorgium était
définitivement résolu. On verra, par ce qui va suivre, qu'en
réalité la qtieslion n'avait pas fait un pas. Mais avant de
m*occuper de l'inscription de la borne [de Maël-Garbaix. que
Ton me permette de relever certaines assertions, à mon avis
hasardées, qui sont du domaine de la philologie et que je
remarque dans les deux articles de M. Mowat. Je me bornerai
à citer celui qui a paru dans la Revue Archéologique,
Dans un travail détaillé sur la découverte de Vorganium,
publié au mois de mars 1873 dans le journal Le Finistère^
travail que j'adressai â M. Mowat, le mexprimais ainsi
à propos de Télymologie du nom de la capitale des Osismii :
«Le mot Morgan signifie en gallois le bord de la mer. Aucune
« dénomination ne pouvait certes mieux convenir â Vorga-
« niumi placé comme une sentinelle avancée à l'extrême
« pointe de TArmorique entre la Manche et l'Océan. » J*ai
toujours eu pour principe de considérer comme bonne Télymo-
logie d'un nom de lieu, quant cette élymologie s'explique par
la position topographique de cette localité. En ce qui con-
cerne rétymologie du nom de Vorganium, je n'étais pas seul
de mon avis, car je lis dans la note de M. E. Desajrdins sur
Vorgium et Vorganium : a Mais le nom de Vorganium peut
« êlre rapproché du radical morgan, vorgan^ celtique, qui
« signifie maritime » (1).
Cette étymologie n'est pas du goût de M. le commandant
Mowat, et voici par quel raisonnement il essaie de la réfuter:
« On s'est demandé quelle est l'étymologie des mots Vorgium,
« Vorf;anium, et on a même songé à en tirer des arguments
« en faveur de la positron géographique attribuée à l'une ou
« à l'autre de ces localités; mais je ne saurais approuver
a l'assimilation def;or^an au breton morgan • maritime » tant
o que la permutation du v gaulois en m breton ne sera pas
« justifiée » (2).
Je prendrai la liberté de faire observer à M. le comman-
dant Mowat qu'il ne peut être ici question du changement du
V gaulois en m, mais bien de la permutation de l'm en t;, per-
mutation très-naturelle qui existe dans tous les dialectes cel-
tiques. Fr<^nant pour exemple le mot Morgat^ nom d'un petit
(1} Revue Archéologique, mai 1874, p. 315.
(â) Revue Archéologique, janvier 1874, p. 5.
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- 58 -
porl de la baie de Douarnenez» qui r(>ssemble beaucoup au
mol Morgan^ si ie veux traduire en breton la phrase a^/«r à
Morgat, il me faudra dire mont da Vorgat et non pas mont
da Morgat, Il est inutile de multiplier les exemples. Cette
règle de permutation de Vm en v est bien connue de tous les
cettistes. Je suis surpris que M. Mowat qui cite Zeuss et la
Grammatica celtica n'ait pas remarqué que Morgan figure dans
l'inscription de Kerscao sous la forme Vorgan, au même titre
que Borgium flgure sous la forme Vorgium (1) dans la Table
de Peutioger. Dans Tun et l'autre de ces mots la permutation
des initiales m et 6 en v est accomplie.
Mais cette objection n'est pas la seule que produit M. Mowat
à l'appui de sa thèse contre l'élymologie de Vorganium, pro-
posée par M. Desjardins et par moi. Voulant diminuer autant
que possible l'importance de la capitale des Osismi, et en
faire, comme on disait autrefois, une fillette de Vorgium,
M. Mowat après avoir établi que Vorg signifie « un lieu for-
tifié >*, opinion que je partage entièrement, s'exprime ainsi ;
« Pour ma part je constate que les deux noms de lieu ren-
« ferment en commun le radical vorg^ et en outre que Vorga-
« nium est un simple dérivé de Vorgium ; le fondateur de la
« philologie celtique Zeuss, a même démontré que le suffixe
« an a le sens diminutif, en sorte que Vorganium signifierait
« au propre « petit Vorgium (2). »
Il y a si je me trompe, deux inexactitudes dans ces cinq
lignes et je vais essayer de le démontrer. Je n'ignore pas que
le suffixe an indique quelquefois un diminutif dans les dialectes
celtiques. Ainsi en breton laouen signifie « joyeux », et la-
ouenan « petit joyeux ». C'est le nom du roitelet. De môme
en gallois, du mot dyn qui signifie « une personne » (homme
ou femme), est venu dynan une a petite femme. Mais il n'est
pas, que je sache, venu à l'esprit de personne de prétendre
que tous les mots celtiques terminés par la syllabe an sont des
(I) Bwrch, « a rampart, » « a wall. » Owen Pughe's Welsh and
Eng, Dict. — Bourc'h, « bourg » ; ar Vourc'h, « le bour^, » Lego-
nidec, Dict. breton-français. — Dans son manuel de tactique De re
militari Végèce nous apprend que les soldats romains appelaient burgus
(bourg) un ouvrage fortifié (Castellum parvum quod burgum vocant).
C'est le même mot que l'allemand Burg. » A. Brachet, Grammaire
historiqtie de la langue française, p. 24. — Il est bon de faire remar-
quer aue Caerez, non actuel de Carhaix, signifie en ancien breton
« un lieu fortifié », et que dans le titre de fondation du prieuré de
Saint-Nicdas faite en tl08 en faveur de Tabbaye de Redon, par Tanki,
vicomte de Poher, Carhaix est appelé <i Castellum », Caerez et Castel-
lum semblent être des traductions de Vorgium,
(t) Revue Archéologique, janvier 1872« p. 6.
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- 39 —
diminutifs. H imporle. d'ailleurs, de ne jamais confondre les
mots composés avec les mots simples. Aucun cellisie ne son-
gera à voir dans le mol Morvran un diminutif, parce que
Morvran qui signifie litléralement « corbeau de mer » est
composé de mor « mer » et de bran en composition vran
« corbeau p. Il en est de même du mot Morvan (Mor-man)
nom d'homme 1res répandu en Bretagne. Morgan est de même
que Morvran et Morvan un mol composé formé de mor « mer »
et de can ou cant^ en composition gan ou gant qui, eu
gallois signifie « bord » (I). Il n'y a' donc pas lieu d*y cher-
cher le radical Vorg, ni le suffixe an ayant le sens diminutif.
Je reviens a Tinscriplion de la borne de Maël-Carhaix. Voici
en quels termes M. le commandant Mowal rend compte de
sa découverte :
« EnQn à la sixième ligne la plus nette de toutes, on voit un
« V, et à onze centimètres plus loin, un G suivi des carac-
« tères VI, après lesquels un poinl. Dans rintervalle qui sé-
« pare le V initial et le G, apparaît confusément un 0, ou
« peut-être les lettres O R en monogramme, car il y a
a plus que la place nécessaire pour une seule lettre, mais pas
« assez pour deux lettres séparées. »
Après avoir déclaré que, dans Téial actuel des choses, il ne
peut songer à proposer une restitution des cinq premières
lignes, IVl. Mowat continue aiusi : « Quant à la sixième
« ligne, je crois être plus heureux» etc'esl là le poinl essentiel.
« En effet, cette ligne placée en vedette au-dessous de Tins-
« cription se présente avec la concision caractéristique de la
« formule itinéraire habituelle, composée invariablement de
a deux: termes : en premier lieu, le nom de la station à par-
« tir de laquelle est comptée la distance; en second lieu,
« le chiffre indiquant le nombre d'unités de longueur mesu-
o rées entre cette station et la borne. Je ne vois que le nom
« de Vorgium qui convienne au commencement de notre
(1) Cette étymologie est celle qui est donnée par Owen Pughe,
Welih and Eng. Dict. verb. Morgant et Cant Je verrais plus volon-
tiers dans Morgan les mots Mor « mer » et gan radical de gana
« engendrer » « enfanter « « naître ». Voir Legonidec Dict. hret, -franc.
verb. genel* — Le père Grégoire de Rostrenen dans son Dict. français-
breton, traduit « Syrcne » par mary-morgany qui signifie littéralement
« Maric-la-Marine ». Morgan est un nom d*liorame très-répandu
dans le pays de Galles ; et la meilleure preuve que les ancieus
Gallois y attachaient le sens de « maritime », c'est ce que le fameux
hérésiarque connu sous le nom de Pelage, qui vivait au lY^ siècle et
qui s'appelait en réalité ^or^ran, voulant changer son nom Pavait tra-
duit en grec par le mot Pelagos. Ce fait seul serait concluant en faveur
de r étymologie que je propose pour le mot Morgan.
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- 40 -
« sixième ligne, et celle station ne saurait être placée ailleurs
« qu'à Carhaix, ainsi que nous allons le voir. Je n'hésite
« donc pas à lire :
V ... G VI r= y Cor) G (to) (leugaej VI, c'est-à-dire «ex. »
M. Mowat ajoute que dans la sixième ligne de Unscription
de la borne de Maêl-Carhaix, le mot leugae doit être sous
entendu avant le nombre VI, et il établit par des exeniples,
que ce mol manque quelques fois dans les inscriptions itiné
raires de la Gaule Aquitaine.
VIII.
Malgré les affirmations de M. Mowat, et malgré le dessin
qui accompagne son travail et dans lequel les caractères
VORG VI sont reproduits d'une manière Ires-apparente, je ne
pus après la lecture de son travail accepter sans réserves ses
conclusions, et le mauvais état de ma santé fut le seul motif
qui m'empêcha de me rendre immédiatement à Maêl-Carhaix
pour éclaircir mes doutes. Il y a un mois la Commission de
la topographie des Gaules m'ayant prié de lui fournir des ren-
seignements exacts sur les caractères qui pouvaient se trouver
entre le V et le G du mot VORG relevé par M Mowat, je pris
du papier, du plâtre, de la terre à modeler, et des outils de
plâtrier, et je me rendis â Maêl-Carhaix. Comme ma visite
avait en quelque sorte un caractère d'enquêtCi je priai de
m'acGompagner dans mon exploration , deux de mes amis
M. Gauberl, de Carhaix, membre du Conseil général, et
M. Audran, ancien maire de Quimperié, tous deux membres
de la Société archéologique du Finistère, et tous deux zélés
pour l'étude de nos antiquités.
Le 3 août 1874 nous étions en présence de la borne, et ce
fut pas sans étonnemeni que dans la sixième ligne de l'ins-
criptioUf dans l'endroit où M. le commandant Mowat avait lu
VORG VI, nous lûmes très-distinclenient LËVG VI. Il n'était
pas possible de lire autre chose. Aucune lettre n'éiait apparente
à gauche du mot LEVG. Je crus donc que le nom de la ville
(et cette ville devait être Carhaix) pouvait se trouver dans la
cinquième ligne qui est l'avant dernière de Tinscriplion. Dans
cette pensée je pris un moulage en plâtre des deux dernières
lignes. Mais en étudiant mes moulages, chez moi, quelques
fours après, je vis aue je m'étais trompé quant à la place
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- 41 —
occupée par le nom de la ville. En eSel it me fut iactie de
rétablir ainsi la cinquième ligne :
TRIBVN POTESTATE
Les dernières lettres sont cachées par le mur du cimetière
auquel la borne est adossée.
Je portais alors toute mou attention sur le moulage que
j'avais fait de la dernièi*e ligne de Tinscription, et j'eus la
satisfaction de découvrir à gauche du mot LEVG, la lettre G
ou C, plus fruste, il est vrai, que les lettres du mot LEVG,
mais cependant encore assez distincte. Il était évident pour
moi que cette lettre entrait dans la composition du nom de la
ville, mais était-elle isolée? ou bien était-elle précédée d'une
ou de plusieurs autres lettres ? Ne pouvant retourner sur le
champ à Moël-Carhaix, et désireux cependant de sortir de
l'incertitude où je me trouvais, je priai !V1. Gaubert, qui avait
assisté à mes opérations de moulage, de me faire mouler la
borne sur une largeur de trente-cinq centimètres à gauche du
mot LEVG. M, Gaubert m'expédia promplemenl ce montage
en exprimant le vœu qu'il pût m^être de quelqu'utilité. Après
quelques minutes d'examen je n'eus aucune peine à rétablir de
la manière suivante la dernière ligne de l'inscription :
A VORG LEVG VI
C'est-à-dire : a Vorgio leugae sex.
Les lettres du mot VORG quoique plus trustes que celles qui
les suivent sont largement tracées et bien distinctes. Aucune
d'elles ne peut donner lieu a la moindre hésitation. Il n'existe
entre ces lettres aucune liaison.
Ainsi donc Carhaix est bien Vorgium, Mais singulier
caprice du sort 1 M. le commandant Mowat, dans l'ardeur de
sa conviction, voit le nom de Vorgium là où il n'existe pas,
et c'est à moi sceptique, qui plaçais Vorgium à Quimper ou
à Concarneau, qu'il est réservé de découvrir le secret de la
borne de Maël-Carhaix !
On peut se rendre aisément compte de la présence de ce
milliaire près du cimetière de cette paroisse. Voici comment
nous nous l'expliquions mes amis et moi^ en revenant de
notre exploration du 3 août :
A une époque ancienne, peut-être au VIU* au IX^ on au
X' siècle, il était d'usage en Basse-Bretagne, comme en
Ecosse, en Irlande, dans le Pays de Galles et dans la Cor-
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— 42 —
nouaille anglaise» de marquer la sépulture des personnages
importants par une longue pierre plantée ayant la forme
d'une pyramide ou d'un cône tronqué Cos pierres étaient
souvent cannelées de haut en bas dans tout leur pourtour.
Elles étaient quelquefois surmontées d*une croix de pierre.
Souvent aussi une croix paltée était gravée en creux sur une
de leurs faces. I^aremenl. en Bretagne surtout, elles por^
taient une inscription qui faisait connaître le nom du défunt.
Le département du Morbihan possède quelqut's-unes de ces
inscriptions qui sont fort intéressantes. On désigne acluel-
leraenl ces pierres en Bretagne sous le nom ûe Lec'hs (1),
Elles sont excessivement nombreuses principalement dans le
Finistère et dans le Morbihan. A une époque ancienne un per-
sonnage marquant de la paroisse de Maël-Carhaix étant mort,
on trouva tout simple de placer sur sa sépulture une borne
milliaire plantée sur la voie de Carhaix à Corseul, à un ou
deux kilomètres au nord du bourg. C'était un lec'h tout trouvé
qui n'exigeait aucun travail. Mais pour qtj'on ne pût sup-
poser que le personnage dont il marquait la sépulture était
l'empereur dont le nom était gravé sur la pierre, on prit la
précaution de la marteler au moyen d'un marteau tranchant
qui a défiguré un grand nombre de lettres. Cette opéi^alion a
été faile avec un véritable acharnement, M. Audran
a remarqué au sommet de la borne un trou destiné à recevoir
une croix de pierre. La plupart de nos bornes romaines ont
dû être employées comme Lec'hs, lorsqu'elles n'ont pas été
Iranslormées en auges, en linteaux de portes ou eu ma-
Câdam (2).
La borne de Maël-Carhaix ne forme pas une colonne par-
faitement cylindrique comme le dit M. le commandant
Mowat. Son diansèire est, en efifel, plus petit â son sommet,
qu'à sa base.
(1) C'est bien improprement que le mot gallois Lec'h ou plutôt Llec'h,
qui signifie une pierre plate, une pierre placée liorizontalement, a été
introduit depuis quelques années en Bretagne pour désignée une pierre
levée ayant la forme d une pyramide ou d'un cône tronqué.
(2) U y a plus de dix ans que la borne de Maël-Carhaix, m'avait été
signalée comme Lec'h> Sa situation près d'un cimetière rendait cette
attribution fort probable. Il existe près du bourç d'Elliaot à quatre
lieues deQuiraper, sur le bord d'une voie qui se dirige de l'est à l'ouest,
une borne miUiaire qui portait ladis une inscription. Il y a trente ans,
le curé d'EUiant a fait repiquer la borne pour la rendre « plus propre.»
Au reste ces actes de vandatisme ne sont pas rares en Bretagne. Il y
a trois ou quatre ans, une belle pierre tombale sur laquelle était sculptée
en haut-relief l'effigie d'un chevalier, et qui était destinée au Musée de
Quimper, a été fendue en deux par le recteur de Saiut^Evarzec pour en
faire des poteaux de barrière.
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— 43 -
Voici les dimensions exactes du monument :
Hauteur au-dessus du sol t"20
Circonférence au sommet 1™95
— - à ta partie médiane S'^iO
— • à la base 2» 25
La première ligne de l'inscriplon est à 0"™ 65 du sommet de
la pierre et la sixième ei dernière ligne à 0«^85 au-dessus du
dais qui lui sert de base. Quant à la rainure signalée par
M. Mowat, au-dessus de l'inscription, et qu'il suppose avoir
été un trait de scie annonçant qu'on avait commencé a
débiter le fût de la colonne, fe prendrai la liberté de lui faire
observer que des rainures semblables et souvent même de
profondes entailles se remarquent sur un grand nombre de
Le&hs sans qu'on puisse en donner une explication satisfai-
sante. Auraieut-elles servi à attacher des criminels, comme à
un pilori ?
D'après les renseignements fournis à M. Gaubert par
M. Lemoine, maire de IVIaël-Carhaix, cette borne existe dans
ce bourg depuis un temps immémorial, fîlle était d'abord
placée à un des angles extérieurs du cimetière. Elle a été
transféré, il y a cinq ans, au lien où on la voit aujourd'hui.
Dans celle opération on découvrit le mot lOVl, gravé à la base
de la pierre. Il est regreitable qu'au lieu de placer la borne
de manière à ce que l'inscription fut tournée vers la place du
bourg, on l'ail placée de côté; de sorte que les dernières
lettres des cinq premières lignes sont masquées par le mur du
cimetière auquel le monument est adossé.
Quoique l'inscription de la borne de Maël-Carhaix, soit,
comme je l'ai dit, fort mutilée, je ne désespère pas de la lire
en entier lorsque j'aurai pt» me procurer de bons estampages
de chacune des six lignes qui la composent. Un moulage de la
deuxième ligne, que M. Gaubert a bien voulu m'adresser sur
ma demande, m'a permis de retrouver le nom de l'empereur
en l'honneur de qui celte colonne itinéraire a été élevée.
Voici ce que j'ai pu lire jusqu'à présent de l'inscription î
LMP CAESAR
SEPÏIMIO SKVERO P
PAR
PONT MA ....
TRIBVN POTESTATE
AVORG LEVG VI (l)
(i) Imperatori Caesari Septimio Severo pin (felici augusto)
..#... parthico pontifici maximo tribunicia potestate
a Vorgio leugae sex.
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— 44 —
C'esl donc sous le régne de Seplime Sévère, c'est-à-dire
en^re Tan 193 et Pan 211 après J.-C. que la borne de MaêU
Carhaix a été érigée. La dislance de ce bourg à Carhaii
est d*enTiron 11 kilomèire$ , el celle indiquée sur la
borne, de 13 kilomèlres 326 mètres. Mais celle différence ne
doil pas constituer une difficulté, car nous ignorons h quel
point précis de la voie deCorseult, ce monument était primiti-
vement placé.
IX.
La découverte, bien authentique cette fois, que je viens de
faire de Vorgium à Carhaix, el celle que j'ai faite il y a dix-
huil mois de Vorganium à Tembouchure de TAberwrac'h,
coupent court d*uue manière définitive aux discussions aux-
quelles la situation géographique de ces deux villes gauloises
a donné lieu depuis déjà longtemps. C'est bien par Carhaix
que doit passer ta voie de Portu^ffamnetu h Gesocribate, el
Casiel-Noëc pourrait bien être la station intermédiaire de
Sulim, Les distances qui séparent ces deux stations de
Darioritum, concordent bien avec celles qui sont indiquées
dans la table de Peittinger. Mais dans cette hypothèse la voie
qui relierait Vannes à Caslel-Noéc, devrait à mon avis, re-
joindre la Charnsée-Ahès (l) par la route de Locmine el
non parla voie de Corseul, comme le suppose M. Bizeul qui^,
je dois le dire, fait des réserves à ce sujet (2).
On pourrait aussi placer la station de Sulim à Hennebont
qui est bien situé à 20 lieues gauloises (44 kilomètres 420
mètres) de Vannes. Mais la distance de Hennebont à Carhaix
me paraît un peu forte pour les 24 lieues gauloises (5^ kilo-
mètres 304 mètres) marquées dans la tablé, enlre Sulim e\
Vorgium. Cette distance à vol rt'oieeau, est en efl'el de 61 kilo-
mèlres.
M. Bizeul qui s'est particulièrement occupé du tracé de la
voie.de Vannes à Caslel-Noëc, qu'il identifie avec Sulim.
dit qu'en quittant celte dernière localité, elle paraît se diriger
vers la petite ville de Guémené,mais qu'il manque de rensei-
gnements pour la conduire de là à Carhaix (3). Je pense
(i) Dans son mémoire sur les voies romaines de la Bretagne, chap
m etVlIl, M. Bizeul désigne ainsi une voie qu'il décrit, sous le nom de
Voie de Rennes à Ker-Ahès par Gastel-Noëe, Cette voie qui, d'après le
tracé qu'en donne M. Bizeul, forme dans son parcours un véritable
demi-cercle, paraît être composée de tronçons de différentes voies.
(2) Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne p. 4i.
(3) Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne, p. 85.
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— 45 -
que du Guémené elle se;dirigeait vers le village de la Trinité
eo Langonnet (Morbihan), où il existe des ruines romaines
assez importantes (1). Elle passait ensuite près du bourg
de Plevii), où elle est facile à reconnaître et se dirigeait sur
Carhaix.
Mais si Carhaix est Vorgium^ comme je l'ai élabli, et si,
suivant l'opinion de plusieurs géographes, Gesocribate doit
être identifié avec Brest, identification qui me paraît très-
acceptable (2) il est impossible d'admettre que la voie qui
partait de Vorgium, et qui, dans la Table de Peuiinger,
paraît se terihiner à Gesocribate, vint aboutir à ce point, â
moins de supposer une erreur dans le chiffre de la distance
^marquée dans ce document entre ces deux stations. Cette
distance est eu effet de XLV lieues gauloises, soit un peu
moins de 100 kilomètres. Or, mesurée sur la carte de Tétat-
major au moyen d'un compas et en tenant compte de toutes
les courbes, la dislance entre Carhaix et Brest n'est que de
75 kilomètres, soit une différence en moins de 25 kilomètres,
c'est-à-dire d'un quart de la distance marquée dans la Table.
Pour obtenir la distance de XLV lieues cjauloises il faudrait
prolonger la voie jusqu'au Conquit, qui devrait alors être
identifié avec la station de Gesocribate, Mais, comme on le
verra plus loiti, il y a de grandes probabilités pour que le
Conquei, ou plutôt la presqu'île de Kerraorvan, soit le Stalio-
canus portus de Ptolémée. D'un autre côté, si telle avait été la
direction de la voie, on ne peut guère admettre qu'elle n'eûl
pas passé par Brest, el que le nom de cette importante localité
n'eut point figuré dans la Table de Peulinger.
Il y a donc en ce qui touche la direction de celte voie à sa
sortie de Vorgium et le point où elle aboutissait, une diffi-
culté sérieuse dont la solution ne me parait pas cependant
impossible. Voici par quel raisonnement je vais essayer d'en
rendre compte.
(1) Outre les ruines que ron remarque près du presbytère de la
Trinité, et dont quelques débris ont été remis au Musée de Quimper,
par MM. Félix et François Stenfort de Gourin, il existe de grandes
Quantités de tuiles romaines près du bourç de Lançonnel, et aux viUages
e Menez-Bloc'h et de Keroarennic entre la Trinité et Langonnet.
(2) GesocribaU doit être une forme altérée de Gesobrivates qui diffère
bien peu de Briouates Liniên nom, sc^us lequel Ptolémée dans sa
pescription des Gaules, désigne une localité que ie n'hésite pas à
identifier avec Brest. De Brivates est venu naturellement Brest par
métathèse. En dehors de cette explication je ne trouve pas d'étymologie
rationnelle du nom de cette ville. M. E Desjardins qui n'admet pas
Cette identification, reconnaît cependant que « la traduclion en langue
CelUque des mots Briouates Limen est Gesobrivates » — - Géographie de
la Gaule, p. 199.
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- 46 —
Et d'abord, étant donné la situation de Vorganium^ capitale
des Osismii. à l'embouchure de rAber-Wrâc*h, n*est-il pas
rationnel d'admettre que la voie principale qui sortait de
yor^fumpar le nord-ouest devait se diriger vers celle capitale
de préférence â tout autre point de la côte ? Il n'^ a pas dans
le déparieraenl du Finistère une seule voie roniaine, dont le
tracé puisse êire mieux établi que celui de la voie qui reliait
Vorgium (Carhaix; à la pointe de Castel-Acli (emplacenjenl
de Vorganium). La distance qui sépare ces deux points, me-
surée avec soin à l'aide d'un compas, sur la carte de l'État-
major, en suivant le tracé que j'ai donné plus haut, est de
90 kilomètres. Il y a donc entre celle distance et les XLV lieues
gauloises qui séparent Vorgium de Gesocribate une difiérence
d'environ dix kilomètres ; mais on s'en rendra facilement
compte» si l'on remarque que la voie de Carhaix à Vorganium
traverse toute la chaine des Montagui^s d'Are, c'est-à-oire un
pays exlrômemenl accidenté, où les courbes sont nécessairement
fort nombreuses et ne sauraient être mesurées exactement sur
une carte. La distance entre Carhaix et Vorganium concorde
donc assez bien avec la dialance marquée dans la Table entre
Vorgium et Gesocribate (1). Ce premier point établi, il me reste
à expliquer par suite de quelles circonstances Gesocribate se
trouve placé dans la Table de Peutinger, à l'exlrêmité de la
voie qui sortait de Vorgium,
Tous ceux qui ont étudié ce documeni, ont dû remarquer
entre rembouchure de la Meuse (Patabus) et celle de la
Seine le mol Veneti et plus haut, au-dessus de Gesogiaco^ le
mot Osismi. Il est évident qu'il y a eu ici une transposition
de ces deux noms, et que le mot Veneti qui est écrit en ma-
juscules comme les noms de peuples tels que Beturiges, Ca-
durci etc., devait désigner le peuple de la ciié des Venètes et
occuper une place dans le voisinage de Dartoritum il ne
paraît pas moins évident que l'erreur du copiste, et par suite
la transposition du mot Osismi, doivent être attribuées à la
ressemblance des premières syllabes des mois Gesogiaco et
Gesocribate, Avant cette transposition Osismi devait donc
être placé au-dessus de Gesocribate. De plus comme Osismi
est écrit, comme le nom de toutes les autres villes, en carac-
tères minuscules, ce mot devait aussi désigner une ville et
(1) Le rapport entre ces deux distances sera encore plus exact, si Ton
admet que le V du chiffre XLV est une altération du chiffre II, produite
par le rapprochement des jambages de ce dernier chiffre. Cette
sorte d'altération est fréquente dans les manuscrits anciens. Dans cette
hypothèse la distano/e eu question serait de XLII lieues gauloiee» soit un
peu plus de 93 kilomètres seulement.
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— 47 —
non un peuple. Or la seule ville qui ail porté le nom
é'Osismii dans la III® Lyonnaise, est Vorganium, Je sais bien
que ce n'esl qu'au IV« siècle que les vil^s de la Gaule cel-
lique prirenl le nom des cilés dont elles étaient les capitales,
et que la Table de l^eutinger est antérieure à cette date. Mais
on n'ignore pas que ce précieux document a été, à diverses
époques, l'objet d'additions et de corrections. Or je consi-
dère comme le résultat d'une correction, la présence du raol
Osismi au-dessus de Gesocribate, A mon avis Gesocribate
(Brest) était dans le principe placé au-dessous de la voie,
peut être à Textréraiié d'un embranchement venant de Vor-
gium ou de Dartoritum. Par suite d'une erreur de transcrip-
tion, ce mol fnl substitué à celui de Vorganium qui, se trou-
vant placé â côlé de Vorgium, pouvait paraître, aux yeux
d'un copiste ignorant, faire double emploi avec le nom de
celte dernière station, en raison du rapport qui existe dans
l'orthographe des noms de ces deux villes. On n'ignore pas
que, tout récemment encore, un grand nombre de géo-
graphes confondaient Vovgium avec Vorganium ; et l'on peut
bien admettre que puisque celle confusion a été faite dans
les temps modernes par des savants dont les noms sont loin
d'être obscurs, elle a pu aussi être commise par de simples
copistes à une époque ancienne. Dans celte substiiulion le
chiffre XLV demeura attribué à Gesocribate. Plus tard, après
que Vorganium fut devenu Osismii, on s'aperçul de l'erreur
et on écrivit le mot Osismi au-deseus du mol Gesoeribate.
Voilà les explications que j'avais à donner, pour rendre
compte de la difficulté qui résulte du chiffre de la dislance
marquée dans la Table de Peutinger, entre les stations de
Vorgium et de Gesocribate. Comme on a pu le voir, elles re-
posent principalement sur celle hypothèse, que la plus impor-
tante des voies sortant de Vorgium dans la direction du Nord
ouest devait aboutir à la capitale du peuple dont elle traver-
sait le territoire. Les ruines gallo-romaines que l'on rencontre
dans le parcours de la voie qui reliait ces deux villes, et que
l'ai meniionnées plus haut (pages 37 et 28j, témoignent suffi*
sammenl, je le répèle, de son importance, et prouvent par
les monnaies qu'on y a découvertes, qu'elle fut une des voies
les, plus fréquentées de la cité des Osismii, pendant toute la
durée de l'occupation romaine.
Aux détails qui précédent sur la découverte et sur la situa-
tion topographique de Vorganium el de Vorgium, il n'est pas,
je crois , inutile d'ajouter quelques renseignements sur
la cîlé des Osismii^ dont ces deux localités étaient les villes
principales.
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— 48 —
Un principe généralement admis par nos géographes, est
celui de la concordance des anciennes divisions civiles de la
Gaule avec les divisions ecclésiastiques de la France, telles
qu'elles existaient à la fin du XVIII* siècle. Cependant si Texac*
titude de ce principe a été vérifiée pour un grand nombre de
diocèses, on est forcé de reconnaître qu'il ne peut s'appliquer
à tous ceux de la province de Tours, qui représente la troisième
Lyonnaise sous Tadministration romaine.
La cause de cette exception fut rétablissement dans une
partie de cette province, au V® siècle et dans les siècles sui-
vants, de nombreuses tribus bretonnes, qui, chassées de leur
île par les Saxons envahisseurs, vinrent, sous la conduite de
leurs chefs militaires, de leurs prêtres et de leurs moines,
demander h TArmorique un asile que ne pouvait plus leur
donner la mère-patrie.
Vers le même temps les Francs envahissaient la Gaule. Mais
il y eut entre cette invasion et Timmigralion des Bretons en
Armorique une différence essentielle sous le rapport de Tin-
fluence que ces deux événements exercèrent sur les circons-
criptions ecclésiastiques des régions envahies. En effet les
Francs, païens, n'avaient pas à opposer à l'administration des
évêques de la Gaule une organisation religieuse qui pût mo-
difier en quoi que ce soit les limites de leurs diocèses. Leur
prompte conversion au christianisme eut pour résultat de con-
solider les bases de Tordre établi dans le domaine ecclésias-
tique.
Les Bretons, au contraire, étaient depuis longtemps chrétiens
quand ils abandonnèrent leur île. Leurs prêtres et leurs moines
les accompagnaient dans leur exil. Us avaient leurs saints par-
ticuliers et leur christianisme, tant sous le rapport de la doc-
trine que sous celui de la discipline, différait en plus d'un
point de celui des habitants de la Gaule (1 ). A leur arrivée en
Armorique, ils continuèrent l'exercice de leur culte de la même
manière qu'ils l'avaient toujours pratiqué dans l'île ; et comme
dans leur nouvelle situation aucun lien ne les rattachait à l'an-
cienne administration romaine, ils ne tinrent aucun compte
des divisions civiles ou ecclésiastiques établies, et donnèrent à
quelques-uns des cantons où ils se fixèrent des noms empruntés
aux contrées de la Bretagne qu'ils avaient été forcés d'aban-
donner. Plus- tard, lorsqu'ils se furent établis d'une manière
solide dans leur nouvelle patrie, ils nommèrent^ à l'imitation
(1) Dom Libineau, Bittoire de Bretagne, 1. 1, liv. I, p. 7-18.
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des Gaulois, dans quelques-unes de leurs principales villes,
des évêques à résidence fixe, tout en maintenant dans le reste
du pays les évêques régionnaires, les seuls dont la discipline de
TégUse bretonne eût jusque là reconnu Tinslitution (1). Telle
fui l'origine des évêcliés de Quimper, de Saint-Pol-de-Léon,
de Saint-Malo et de Dol (2).
Cet état de choses se maintint jusqu'au milieu du Xl« siècle,
époque à laquelle Nominoë. qui venait de fonder l'unité de la
nation bretonne et de se proclamer roi des Bretons, voulut
consolider Tunité politique de son pays en y établissant une
église bretonne indépendante des prélats Francs. Il supprima,
en conséauence, les évêques régionnaires, et porta à neuf le
nombre des évêchés Bretons à résidence fixe, en créant les
sièges de Tréguier et de Saint-Brieuc. Il établit Dol pour
métropole sur cette nouvelle province qu'il détacha de Tours
(3). Ce ne fut que plus de trois siècles plus tard, que Dol
perdit son iitre métropolitain, et rentra, avec la province ins-
tituée par Nominoê, dans la province de Tours (4).
Cette révolution et les circonstances particulières dans les-
quelles s'opéra, comme on l'a vu plus haut, la colonisation
bretonne, apportèrent dans les circonscriptions de quelques-
unes des anciennes subdivisions de la troisième Lyonnaise de
si grands changements que des neufs évêchés de Bretagne,
ceux de Bennes et de Nantes, où l'influence br*etonne ne se fit
sentir qu'asse:^ tard, peuvent seuls être considérés comme cor-
respondant à peu près aux cités des Redones et Namnetes dont
ils ont conservé les noms.
De cette confusion est résulté entre les savants qui se sont
occupés, ë une époque relalivement moderne, de la géographie
de la Gaule, une grande divergence d'opinions sur les rapports
géographiques des sept autres évêchés avec les cités des
Yeneti^ des Curiosolitae et des Osismii. qu'ils représentent.
L'objet de ce travail est principalement de rechercher la
ligne de démarcation qui existait entre le territoire de ce
dernier peuple et celui des Veneti, Mais il convient avant d'a-
(1) Aug. Thierry. Hisi. de la Conquête de i'Angleterrey liv. I, p. 71-
72 ; 7« édit.
(2) Hauréau, Gallia Chriêtiana, p. 1038.
(3) Hauréau, ibid. Dom Morice, Histoire de Btetagn^r 1. 1, p. 40. Dés
le YI^ siècle les évêques de Dol s'étaient érigés eu métropolitains
Dom Morit*^, Histoire de Bretagne, t. I, p. 17.
(4) Gallia Christiana» t. 11, p. 565.
soc. ARCHÊOL. DU FllfISTÈRB. 4
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border celle recherche, de rappeler sommairement les prio-
cipales opinioiis qui se sont produites sur retendue de la cité
des Osismii.
XI.
La carte qui accompagne i*Histoire de Bretagne de Dom
Morice (1^ sans lui assigner de limites précises, lui attribue
cependant tout Tévêché de Léon, une portion de celui de Tré-
cuier, et évidemment la partie sud-ouest de Tévéché de
Quimper, puisqu'elle place le Promontorium Gobaeum à la
pointe du Raz, et Sena insula à Tîle de Sein.
D'Anville lui donne pour limites, à Touest, le bourg d'iffi-
niac, se fondant sur un prétendu rapport d*étymologie entre le
mot Fines et le nom de cette paroisse. Pour le reste, il lui
donne les limites qu'avait Tévêché de Quimper au dernier
siècle ; mais il réserve à titre de Pagus, la partie sud de cet
évêché, dans lequel il place les Corisopiti.
M. Bizeul, qui dans ces derniers temps a traité, avec plus de
vivacité peut-être que de logique, dans le Bulletin de VAsso-
dation bretonne (2), la question des Osismii^ assimile l'étendue
du territoire de ce peuple à celle des évêchés de Quimper, de
Léon et de Tréguier, et à une partie de celui de Vannes jus-
qu'au Blavet, ou tout au moins jusqu'à la rivière le ScorfT,
Enfin, les limites données tout récemment aux Osismii dans
le projet de la carte des anciennes cités, publiée par la Com-
mission de la topographie des Gaules, sont celles de Tancien
diocèse de Quimper, et la rivière le Guer (3), qui borne à
Touest l'archidiaconé de Pougastel, dans Tévêché de Tréguier.
Comme on le voit, retendue du territoire attribué par nos
géographes à la cité des Osismii est bien plus considérable que
celles qu'ils accordent aux cités voisines. Selon M. Bizeul,
entre autres, le territoire de ce peuple aurait été à lui seul
plus étendue que celui des deux cités réunies des Veneti et des
Namnetes. D'un autre côté, les Osismii auraient, d'après cette
manière de voir, possédé une étendue de côtes au moins aussi
grande que le reste du littoral de la troisième Lyonnaise. Les
opinions que je viens d'exposer reposent-elles sur des données
historiques certaines, ou sont-elles le résultat d'hypothèses plus
(1) EUe a pour titre : Ârmorieœ Veteris descriptio juxta Samsonum
tabulas et quorundam éruditorum obs$rvation9$,
(«)T. IV,p. 39 et 107.
(3) Le nom de cette rivière doit être Léguer et non Guer, comme on
récrit dans toutes les cartes. On trouve sur ses bords une localilé appelée
Traonleguer, dont le nom signifie valUe du Léguer.
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ou moins ingénieuses, ressource à laquelle on a volontiers
recours quand les témoignages de l'histoire font défaut? C'est
ce qu'il s agit d'examiner.
De tous les renseignements que nous ont transmis les auteurs
anciens qui ont traité de la géographie de la Gaule, il résulte
que la partie de la troisième Lyonnaise qui correspond à la
presqu'île de Bretagne était habitée par cinq peuples : les
Redones et les Namnetes, qui occupaient la base du triangle
formé par cette presqu'île ; les Osismii qui occupaient le
sommet du même triangle ; les Veneti, dont le territoire était
situé entre ce dernier peuple et les Namnetes; et enfin les
Curiosolitae, que, depuis la découverte faite à Corseul d'anti-
quités romaines importantes, les géographes n'hésitent point à
placer entre les Redones et les Osismii.
La position topographique des Osismii, à rextrémité d'un
cap à l'ouest de la Bretagne, est bien constatée par quelques
auleurs anciens, mais aucun d'eux ne fait connaître jusqu'à
quel point son territoire s'étendait à l'intérieur. Strabon, au
livre I'"^ de sa Géographie, en décrivant les côtes de l'Europe
d'après Pythéas et Eratoslhènes, mentionne le cap des Osti-
miens ou Ostidamiens^ appelés Cabaeum, et les îles voisines
dont la j)lus éloignée, nommée Uxisama, était, selon Pythéas,
à trois journées de navigation du continent (1). Plus loin, au
livre IV, il ajoute : « Après les Veneti sont les Osismii, que
Pythéas appelle Ostimii. Ils habitent un cap qui s'avance assez
loin dans l'Océan, pas aussi loiu cependant que l'ont dit
Pythéas et ceux qni croient au récit de cet auteur. » Pline
indique aussi dans la Lyonnaise une péninsule remarquable qui
s'avance dans l'Océan, à partir des limites des Osismii, Enfin,
Ptolémée mentionne parmi les cités maritimes situées entre la
Seine et la Loire, celle des Osismii, dont le territoire, ajoute-
t-il (2), s'étend jusqu'au promontoire Gobaeum, ou plutôt
Gabaeum (3).
La péninsule de Bretagne se termine par plusieurs caps ou
pointes, dont les principaux, au nombre de trois, ont été dési-
gnés par des noms particuliers depuis un temps immémorial.
Ces caps sont, en allant du sud au nord : 1<^ le Cap-Caval
{Caput Caballi), dont la traduction bretonne est Pen-Marc'h.
(\) Strabonis Gtographica, curantibus ^C. Munero et 'T. Dubnero.
Paris, Didot, 1853.
(S) Âpud Dom Mer., Histoire de Bretagne»
(8) Les variantes données dans rédition de la Géographie de Strabon
citée plus haut sont les suivantes : Kablion^ Kalbion, Gobaion (Pto-
lémée) ; sed item Gabaion, restituendum est ex codice editionis Ar*
ie ^ tinœ.
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- 52 -
Ce cap avail donné son nom h nn Pagus assez important (I) ;
2* le Cap-Sizun, terminé par la pointe du Raz, et dont le nora,
comme celui du précédent, servait à désigner un Pagus (2) ;
3* enfin le Cap-Saint-Malhieu, appelé en breton Pen-ar bed (le
bout du monde), mentionné dans un acte de 1275 sous le nom
de Saint'Mahé^ de Fine-Posterne {de Fine Postremo) (3), et
où il existait une très-ancienne abbaye appelée dans les litres
du XVI« siècle : h^onasterium sancti Mathei in flnibus terrarum^
ou Monasterium sancti Mathei al. de sainct Mazé in finibus
terrae (A). Ce dernier promontoire forme en réalité la pointe de
la presqu'île de Bretagne. Il occupe exactement, en effet, le
sommet d'un triangle qui aurait pour base une ligne s'élendant
de l'embouchure de la Loire à la baie du Mont-Saint- Michel^
et dans lequel on pourrait presque inscrire cette péninsule.
Presque tous les géographes modernes se sont accordés à
raconnaître dans ce cap celui qui est mentionné sous le nom
de Proinontorium Gabaeum ou Gobaeum^ par les auteurs que
je viens de citer.
La seule indication précise que l'on puisse tirer des rensei-
gnements qui précèdent, est que les Osismii occupaient, à
partir du promontoire Cabaeum, une certaine étendue de ter-
ritoire qui s'avançait dans Tinlérieur, entre l'Océan et la
Manche, jusqu'à une limite qu'il n'a pas encore été possible de
fixer. Malgré celte incertitude sur la délimitation de leur cité à
l'ouest et au sud, on peut avancer qu'elle comprenait tout l'é-
véché de Léon et une parlie plus ou moins grande des évêchés
de Quimper et de Tréguier. C'est ici le lieu d'examiner les
considérations qui ont déterminé d'Anville et les géographes
modernes qui ont adopté son opinion à comprendre dans la cité
des Osismii la totalité du territoire de l'ancien diocèse de
Quimper.
XIL
D'Anville, à Tarticle Osismii de sa Notice de la Gaule, après
avoir cité un passage de la vie de Saint-Menulfe ou Menou, où
il est dit que ce saint personnage aborda au territoire des
(1) Borné' au nord par le Goazien ou Goayen, rivière qui se jette
dans rOcéan à Audierno; à l'est par la rivière Odet; au sud et à Touest
par l'Océan.
(2) Borné au nord par la baie de Douarnenez ; à l'est par le ruisseau
et le vallon du Riz ; au sud par le Goayen ; à Touesl par TOcéan.
(3) Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, Preuves, col. 427.
(4) Titres du chapitre de Saint-Paul-de-Lèon. (Archives du Finistère).
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- 53 ~
Osfsmii où Saint Corenlin était évêque, en conclut quo la cité
des Osismii comprenait tout l'évêché de Quimper. Celte con-
clusion est évidemment trop absolue. Car en supposant que
celle cité se fût étendue, vers le sud, seulement jusqu'à la
rivière d'iulne et jusqu'aux montagnes Noires, limites fort na-
turelles assurément, elle eût contribué à former h peu prés la
moitié de l'évêché de Quimper, qui était borné au nord par la
chaîne des montagnes d'Are et parle cours inférieur de la ri-
vière d'Ëlorn, qui passe à Landerneau. Dans celle hypothèse,
des 249 paroisses ou succursales qui composaient ce diocèse à
la fin du dernier siècle, cette porlion du territoire des Osismii
en aurait compris 131. Il n'y a donc pas lien de s'étonner que
le nom de ce peuple s'y soit maintenu longtemps, et que par
suite l'évêque de Quimper ait été qualifié par les auteurs an-
ciens, évêque des Osismii, quoique son diocèse ne fût pas en-
tièrement formé du territoire de ce peuple. D'un autre côté,
comme l'évêché de Saint-Pol-de-Léon était aussi formé d'une
portion de la cité des Osismii, il n'est pas surprenant que
Saint-Pol ait été également, comme on le voit dans sa vie, dé-
signé sous le nom d 'évêque des Osismii, Dans l'un et dans
l'aulre cas, la qualification de Ëpiscopus Osismorum n'a
d'autre sens que celui d'évêque d'une portion des Osismii. Il
n'est donc pas logique de conclure de celte qualification don-
née à Sainl-Corentin, que tout l'évêché de Quimper devait
nécessairement être compris dans la cité de ce peuple.
Cette objection ne paraît pas s'être présentée à l'esprit de
d'Anville ; et ce savant, considérant sa thèse sur la position
géographique des Osismii comme parfaitement établie, en a
tiré une conséquence qui lui paraît toute naturelle, mais qui,
reposant sur un fait non suffisamment démontré, ne saurait
être facilement acceptée par une critique judicieuse. En effet,
dans son arlicle sur l'île de Sena, d'Anville s'exprime ainsi :
« Mêla en fixe la situation vis-à-vis de la côte des Osismii :
Sena ïnsula, in Britarfnico Oceano, Ocismicis adversa littoribus;
et cette situation se rapporte évidemment à Tisle de Sein, nom-
mée par pure ignorance isle des Saints, dans les cartes, et
qui n'est séparée d'une pointe de Bretagne, dans le diocèse de
Kimper, que par un canal d'environ 4,000 toises, etc. » Ainsi,
après avoir avancé, sans preuves suffisantes, que la cité des
Osismii comprenait tout l'évêché de Quimper, il s'appuie sur
celte base peu solide pour affirmer l'identité de l'île de Sein
et de Viusula Sena de Pomponius Mêla. Cependant, d'après
Ptolémée, les côtes occidentales de la Lyonnaise, jusqu'au cap
Gffbaewm, étaient baignées par l'Océan, tandis que le littoral
nord, à partir du même promontoire, regardait l'océan Britan-
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— 54 -
nique (I). La position géographique donnée par Mêla à l'ile de
Sena ne peut donc, d'après ce témoignage, s'appliquer à l'île
de Sein ; mais elle conviendrait fort bien à une des îles de
l'archipel d'Ouessant, telles que Molènes, Quémenez, Benni-
guet, elc , qui sont réellement situées dans Tocéan Britannique.
Quelques-unes de ces îles sont plus importantes que Tîle de
Sein. Elles ont en outre sur celle-ci l'avantage d'être placées
vis-à-vis d'une partie bien connue du territoire des Osismii, A
ce dernier titre surtout elles méritaient de fixer l'attention du
savant géographe (2).
Le rapport de nom entre Sein et Sena a sans doute paru
à d'Anville , comme à djautres géographes , un argument
sans réplique en faveur de son opinion. Il est certain
que cet argument eût été de quelque valeur si, depuis une
époque très-ancienne, l'île de Sein avait porté le nom qu'on lui
donne aujourd'hui. Mais il n'en est rien, et les titres ne man-
quent pas pour établir les altérations successives qu'a éprou-
vées le nom de cette île depuis plusieurs siècles.
Le document le plus ancien où il en soit fait mention est un
acte du cartulaire de Landévennec, rédigé au XI* siècle, par
lequel Grallon, comte de Gornouaille, donne à Saint-Gwen-
nolé, abbé de ce monastère, « l'île de Seidhun et toutes ses
dépendances. (3) Elle devint à partir de cette époque un
(1) Apud Dom Mor. , Histoire de Bretagne, Preuves, 1. Je dois re-
connaître que, d*aprës quelques auteurs anciens, TOcéan Britannique
s*étendait vers le sud au-delà de la Loire : « Liger Gallise divideos
Aquitanos et Celtas in Oceanum Britannicum evolvitur. « Vibii Seques-
tri liber de flumirâbus^ fontibus, etc., quorum apud poetas mentio fit.
Basilœ, 1575, fp. 234) Cette opinion ne me parait pas devoir infirmer
Tautorité du témoignage si précis de Plolémee : Latera Galliae Lugdu-
nensis quœ contîgua suut Aquitaniae dicta sunt : ex rcliquis id quod
occasum spectat et Océano alluitur, sic describitur :
Post Ligerisostia fluvii:
Brivates portus. . ., etc.
Gobœutn promontorium.
Latusautem quod septentrioaem aspicit juxta Britannieum Océanum,
sic se habet:
Post Gobœum promontorium ,
Staliocanus portus, etc.
(2) Il y a dans la plupart de ces îles, même dans celles qui sont au-
jourd'hui inhabitées, des monuments celtiques, et de nombreuses traces
d'habitations, semblables à celles que Ton remarque dans les oppida
gaulois.
(3) Cartulaire de Landévennec, manuscrit de la bibliothèque de
Quimper, fo 142 v».
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-- 55 —
prieuré de Landévennec. On n'en trouve plus de traces jus-
qu'en 1534. Elle est nommée dans un acte qui porte cette date
« lille de Sizun. » C'est sous ce nom qu'elle a été désignée
dans la plupart des titres jusqu'à la fin du XVIII* siècle. On
peut avancer que l'altération du mot Seidhun en Sizun était
déjà faite vers le milieu du XIII« siècle. L'île avait, en effet,
donné son nom à un cap dont elle est fort peu éloignée, et qui
est appelé Cap Sizun dans des actes de 1245, 1249, 1283, etc.
(1) On trouve les formes Kapsithun et Cap Sidun dans des
titres de 1160 et de 1220. (2) C'est une transition entre
Seidhun et Sizun. Dans un acte de 1600, l'île de Sein est ap-
pelée « l'île Sainct. » Un autre titrç de 1682 la désigne ainsi :
« lisle vulgarisée lisle Saincte, ou aultrement Sizun. » (3) J'ai
pu m'assurer, dans divers voyages que j'ai faits à l'île de Sein,
que les habitants l'appellent Enez-Sun (4) (lie de Sun). Le
mot Sun est une syncope de Sizun. On sait que dans une
grande partie de la Bretagne bretonnante, notamment dans
l'ancien évéché de Quimper ou de Cornouaille, l'usage s'est
établi depuis une époque assez ancienne, mais qu'on ne peut
préciser, faute de documents, de ne pas prononcer le Z dans
la plupart des mots bretons où cette lettre se rencontre. Il est
très-possible que dès la fin du XVI® siècle cet usage existât déjà
en Cornouaille dans la langue écrite. Dans ce cas. on com-
prend que les personnes étrangères à l'île et ignorant peut-être
même le breton, entendant prononcer rapidement le mot Suw,
aient pu le confondre avec Sotn^ du Sein, d'où sont venus plus
tard les formes, île Sainte, île des Saints^ île de Sein^ île
de Seivs, etc.
On voit par ces explications que le rapport entre le nom
primitif de l'île de Sein (Seidhun) et celut de Sena est si éloi-
gné, qu'il ne peut constituer un argument suffisant pour éta-
blir l'identité de ces deux îles.
J'ajouterai que Seidhun est le nom d'un prince dont il est
fait mention dans les traditions galloises. Seithyn était en effet
(1) Cartulaire du chapitre de Quimper, no 31; manuscrit de la Bi-
bliothèque nationale, fo' 6, 17, 28 et 29,
(2) Carta Conani duels (Britannie) domui Hierosolimitane hospitalitatis,
data anno Domioi M». €<>. LX«. (Bull, archéol. de l'Assoc. bretonne,
t. IV, p. 256, et dom Mor., Hist, de Bretagne, preuves,! col. 638.)
Donation de prébendes faites à son chapitre par Renaud, évéque de
Quimper, {Cartul, Capituli Corisopitensis , no 51, fo 1, yo.) Manuscrit
de la Bibliothèque nationale.
(3} Titres de Tabbaye de Landévennec. (Archives du Finistère.}
^4) Prononcez Seun en une seule syllabe avec le n nasal.
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f-^ 56 -
roi de Dyved. Son fils Seithenyn (I), appelé aussi Seilhenyn-
Veddw (Seilhenyn l'ivrogne), élait roi de la plaine de Gwyd-
dno. et vivait vers ^la fin du V" Siècle, ou au conamencement
du VIo Siècle. Un jour qu'il était ivre, il ouvrit les écluses qui
protégaient le Caniref y Gwaelod rdislricl de la partie bassej
contre l'invasion de la mer, et tout le pays fut submergé. Ce
district comprenait seize villes et occupait l'espace recouvert
aujourd'hui parla baie de Cardigan. Celte inondation eut lieu,
dit-on, vers l'année 520 (2). Il est remarquable de retrouver
dans l'île de Seidhu?^ ou de Sein, hi souvenir d'un événement
à peu près identique Voici en effet la tradition qui avait cours
dans celte île vers 1640, lorsque le P. Maunoir y fit une mis-
sion :
« Si Ton croit la tradition du pays, dit l'auteur de la vie de
ce missionnaire, l'isle de Sizun estoit autrefois une partie de la
terre ferme qui joignait cette célèbre ville d'Is, qu'on prétend
avoir esté submergée, etc. ^3),
Cette tradition existe encore aujourd'hui à l'île de Sein, où
je l'ai recueillie. Elle est aussi très-répandue sur tout le littoral
de la baie de Douarnenez. Une voie romaine bien conservée
dans quelques unes de ses parties, et qui se termine à l'ex-
trémité de la pointe du Raz, vis-h-vis de l'île de Sein, passe
pour êlre l'ancien chemin qui conduisait h la ville d'Is (Kaer-
aïs, la ville de la partie basse). C'est aussi au commencement
du Vie siècle que nos légendes placent la submersion de cette
ville fameuse dont toutes nos chroniques font mention (4). On
(1) Seithenyn est ua diminutif de Seithyn (Seithyn-yn). Voir Owen
Pughe's Welsh Grammar, p. 34. L'y gallois ayant le plus souvent un
son analogue à celui de la diphtongue française eu. il en résulte que
les mots Seidhun et Seithyn devaient se prononcer de la même manière.
(2) Rees' Welsh Saints, et Williams' Eminent Welshmen, verb.
Seithenyn. Ce prince d'après la tradition, eut dix fils qui, par suite
de la perte de leur héritage, embrassèrent la vie religieuse et devmreut
membres du collège Dunawd, à Bangor-Iscoed. Le Myvyrian Areheo-
logy of Wales contient un chant qui rappelle cet événement, et qui
a probablement servi prototype à la ballade publiée dans le Barzaz-
Breiz, sous le titre de Submersion de la ville d'ïs.
(3) Vie du P, Maunoir, par le P. Boschet, de la compagnie de Jésus,
Paris Jean Anisson, 1 697.
(4) Voir P. Le Baud et d'Argenlré, Hist. de Bretagne; Albert Le
Grand, Vies def Saints de la Bretagne-Armorique^p. 65 et suiv., edit.
Kerdanet; Morcau, Histoire de la Ligue en Bretagne, chà\i. 1, p. 9,
|re ^dit , etc Suivant la- tradition bretonne, ce fut la fille du roi et non
le roi lui-même, qui ouvrit, à la suite d'une orgie, la porte des écluses
qui protégeaient la ville d'Is contre la mer. La voie que je viens de
mentionner conduit à un vaste établissement romain situé à l extrémité
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— 57 -
pourrait induire de ces divers rapprochements que 111e de
Seidhun avait reçu sou nom d'un chef breton qui s'y serait^
établit et que plus tard on aurait appliqué à celte localité la
tradition relative au Cantrefy Gwaelod, apportée de l'île de
Bretagne par les émigrés bretons. L'île de Sein n'est pas la
seule localité qui porte en Basse-Bretagne le nom de Seidhun
ou Sizun. Il y a dans le diocèse de Quimper une paroisse de
Sizui), qui faisait autrefois partie de Tévéché de Léon, et qui a
dû, connue la plupart des paroisses d'origine bretonne, pren-
dre le nom de son fondateur breton.
Meki nous apprend que Sena était remarquable par une com-
munauté de prêtresses d'une divinité gauloise qu*il ne nomme
pas. Strabon mentionne aussi, d'après Possidonius, une île
qu'une semblable instHution rendait célèbre et qu'il place à
Tembouchure de la Loire (1). D'Anville pense que ces deux
auteurs ont voulu parler de la même île, mais que l'un d'eux
s'est trompé sur sa véritable situation. « Il y a toute apparence,
dit-il, à l'article Sena insula de sa Notice, que les femmes en-
thousiastes dont parle Strabon, comme faisant leur séjour dans
une petite isie de l'Océan, peu loin du continent, et qu'il
nomme Samnitiques, sont les mêmes que les prêtresses de
Sena.,. Il a pu être moins bien informé que Mêla sur la situa-
tion de cette isle, en la plaçant vis-à-vis de l'embouchure de
la Loire On ne sçauroit mettre de distinction entre le nom de
Samnitiques, rapporté par Strabon, et celui de Samnis., qui pa-
raît dans Pline (2;, et que l'on peut juger plus correct que les
variantes d'ilmwi^ et de Siambis,n
delà pointé du Raz, au nord de la baie des Trépassés, et appelé par les
paysans du voisinage Moguer-Greghi (muraille des Grecs), et non pas
Moguer-Kaer-a-Is, comme on Ta dit quelquefois. Il y a quinze ou vingt
ansy les murs de cette construction avaient encore, dans certaines par-
tieSf plus de deux mètres de hauteur. Mais depuis quelques années, par
suite de défrichements, ils ont été presque tous rasés. Les très-curieux
oppida gaulois qui occupent le littoral sud de la baie de Douarnénez,
depuis l'île Tristan jusqu'à la pointe du Raz, me portent à croire que
la voie qui conduit aux ruines de rétablissement dont je viens de par-
ler existait avant l'arrivée des Romains dans le pays. Voir mon travail
sur les Oppida du Firistère, dans les Mémoires du Congrès de l'Assoc
bretonne, tenu à Quimper en 1873.
(t) u In oceano autem insulam esse ait (Possidonius) parvam, non
plane in alto sitam, objectam ostio Ligeris fluvii ; in ea babitare mu-
ueres Samnitarum (qui Dionysio Âmuilaî. Note de l'éiit.), Bacchio ins-
tinctu correptas, gnoeBacchum mysteriis ctaliis céremoniis demerean-
tur; nullum eo virum venire, sed ipsas navigiis avectas, cum virissuis
coire, atque inde in insulam reverti. » Lib. IV, cap. V, 6 ; Gallia Mores
Gallorum. Ëdit. Didot.
(2) Lib. IV, cap. XXX. Edit. Nisard.
soc. ASCHÉQL. DU FIMISTÂRE. 5
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— 58 —
. La conclusion de ceci est que, puisque les auteurs anciens
ne sont d'accord ni sur le nom, ni sur la position dans TOcéan
de rîle que Mêla appelle Sena, nous ne pouvons espérer de
résoudre avec les renseignements contradictoires qu'ils nous
ont laissés la question d'identité de cette île avec une île quel-
conque du littoral de la .Bretagne.
Je termine par une observation que j'avais à dire relative-
ment à rîle de Sein.
Partoi les îles de TOcéan mentionnées dans Y Itinéraire mari-
time figure celle i'Uxantisina ou d'après une variante d!Uxan*
tisima, dans laquelle tous les géographes s'accordent à recon-
naître l'île d'Ouessant. D'Anville voit dans ce mot le nom de
deux îles, céimd'Uxantis et celui de Sena : « Il convient, dit-il,
de détacher le nom de Sena d'avec celui d'Uxantis, et de ne
pas lire Uxantissina de suite et sans distinction. » Nous avons
vu plus haut que Strabon nomme, d'après Pythéas, l'île d'Oues-
sant Uxisama. En ajoutant à ce mot la syllabe ant qui parait y
manquer, on obtient Uxantisama^ qui diffère bien peu de for-
mes latines Uxantissima et Uxantisina de V Itinéraire mari-
time. Le nom breton ancien de l'île d'Ouessant est Enez-Eus-
saff^ dont la dernière syllabe se prononçait autrefois san, en
donnant à Yn un son nasal (tj. On prononce aujourd'hui
Heussa, mais on appelle encore les habitants de l'île d'Oues-
sent An Heussantis, A une époque très-ancienne, le nom de
cette île afort bien pu être Hmssantis-Enez ou Heussantis-Ynis
(île des Ouessantais) On s'expliquerait ainsi comment se sont
produites la forme grecque Ux (antj is-ama et la forme latine
Vxantis-Ina^ et l'on serait en droit de contlure, en tenant
compte des altérations qu'ont subies la plupart des noms an-
ciens, que l'île dont Pomponius Mêla a voulu parler est la
(t) Le doiible / qui terminait autrefois uo , graud uombre de mots
' |fretoi]is se proQoâçaiJt et se prononce rençocedans^bien des cas, xpmme
un ji .nasal. Ainsi/oa/f, ja suis, se prononce oun;.thuriaff, uoni. d'un
saint ; Thurian ; Plogoff, nom d'une paroisse de J'évêché de Quimper,
Phgon; diff,k moi,' dm, etc. C'est, à mon avis, de cette manière que
se sont formés les infinitifs en ein du dialecte de Vannes. Ainsi de
dihriffy manger, est venu dtôrm,* puis dihrein. Aujourd'hui on ne tient
pas compte le plus ordinairement de ce double f final dans les poly-
syllabes. Ainsi on écrit et on prononce Izalia et Huella, au lieu de
Izillaff et Huellafff que Ton trouve dans les titres jusqu'au XVllIe siè-
cle. De même ou écrit et on prononce Haussa au lieu de Heussaff,
Voici les différentes formes sous lesquelles le nom de cette île figure
dans les documents anciens : Ossa lusula, 1439 (cette forme se ren-
contre dans des actes latins bien antérieurs à cette date, notamment
dnns une vie anonyme de Saint-Gildas) ; l'isle de Heussaff, 1493 ;
Heussa, 1597; Oixant, 1631; Hoixant, 1655; Ouessant, 1697 (Titres de
révêché de Léon, Archives du Finistère;.
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- ^9 —
même que VUxantissina de Vltinéralre maritime, dont cet
écrivain n'aurait connu qu'imparfaitement le nom, à moins que
ce nom n'ait été altéré dans les copies de son manuscrit () ).
XIV,
Après avoir essayé d'établir que les arguments produits par
d'Anville el par les aulres géographes modernes ne suffisent
pas pour lesauloriser à étendre vers le sud le lerriloire de la
cilé des Osismii, jusqu'aux limites de l'ancien évêché de Quim-
per, il me reste à opposer à ces savants un témoignage qui
n'a pas encore été remarqué el qui me parait être en désac-
cord complet avec ta thèse qu'ils soutiennent. Voici.en effet,
ce que. dit César daus ses Commentaires en parlant des
Veneti :
« Hujus civiialis est longe amplissima auctoritas omnis orœ
mâj'itimâe regionum earum, quod el naves habenl Veneti plu-
rimas; quibus in Britanniam navigare cotisuerunt, et scienlia
alque usu nauticarum rerum reliquos antecedunt, et in magno
impplu maris aique apertô, paiicis porlubus interjeclis, quos
leneni ipsi, omnes fere, qui eo mari uti cun.>uerunl, halient
vecligales (2). »
Ainsi, d'après le témoignage de César, qui devait être bien
renseigné, puisqu'il avait lui-môme occupé avec son armée la
cité des Vénèles, ce peuple était maître des ports de la côte
sud-ouest de la péninsule Armoricaine ; car je ne pense pas*
que Ton puisse entendre autrement Vora maritima dont parle
César. Or, admettons avec d'Anville que la cité des Osismii
s'étendait vers le sud jusqu'à la limite de l'ancien évêché de
Quimper : le littoral de la cilé des Veneti se trouve alors
nécessairement réduit à l'espace compris entre la rivière de
Quiraperlé au nord, et la Vilaine au sud. Il en résulte que le
(!) Dans un travail de M. Pocqiiard-Kerviler, ingénieur des ponts e
chaussées, lu en 1873 au Congrès de Quimper, et intitulé : «Étude eritU
que sur la géographie de la presqu'île armoricaine au eommencement
et à la fin de l'occupation romaine », je lis ce qui suit à la page 39,
à propos des objections que j'ai développées contre rideiitification de
Sèna insula avec l'île de Sein : « MM. Le Men et Longnon se sont
livrés à ce sujet, chacun de leur côté, à des discussions philologiques
fort intéressantes, etc. » Si M. Pocquard-Kerviler, avait lu raon Mé-
moire snr la cité des Osismii avant d'en rendre compte, il aurait pu
s'apsurer qu'en ce qui touche l'ile de Sein, M. Longnon a purement et
simplement accepte mon argumontation sans y ajouter un seul argu-
ment nouveau.
(2) Gœsar, De Bello Gallico, lib IIF, 8.
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- 60 -
littoral de cette cité représente en étendue le tiers seulement
de celui que d*Ânvitle accorde aux Osismii.
Il sufût de jeier les yeux sur une carie de Brelaî^ite pour
s'assurer que les ports naturels sont bien plus nombreuse dans
la cité des 05t5mn ainsi constituée, que dans celles des Veneti.
En ne tenant compte que de la partie du littoral comprise
entre la rade de Brest et la rivière de Quimperlé, ou trouve
dans celte étendue de c6tes vingt-huit ports maritimes (1). Le
nombre de ceux de la cité des Veneti^ avec les limites que
d'Anville lui assigne, n'atteint pas ce chiffre. IL est donc né-
cessaire, pour mettre le texte de César d'accord avec les faits,
d'étendre vers le nord le littoral de cette dernière cité. La
ohatne des Montagnes Noires et le cours de TAulne, me pa-
raissent former des limites très naturelles, et celte extension
donnée au littoral des Veneti^ suffit à expliquer leur puissance
maritime constatée par César (2).
En résumé, dans cette hypothèse, les limites des Osismii,
au sud, auraient été la rivière l'Aulne depuis la rade de Brest
jusqu'à Saint-Goazec; ensuite la chaîne des Montagnes-
Noires jusqu'à Tréogan (Côtes-du-Nord) (3) ; puis le canal de
Nantes à Bre>t jusqu'à Croixanvec (Morbihan).
Quant à leurs limites à l'ouest, les rivières l'Oust, le Leff et le
Trieu qui bornaient de ce côté les anciens évêchés de Quimper
et de Tréguier, établissent entre la cité des Osismii et celle des
Curiosolitae une ligne de démarcation fort naturelle. Ainsi
constituée, leur cite aurait été formée : 1<> de tout l'évêché de
Léon ; 2« de tout l'évêché de Tréguier; 3« eifin de la partie
de l'évêché de Cornouaille qui comprenait les pagi de Kintin,
de Poher et du Faou.
(1) Voir la carte du département du Finistère, par Taconnet, géo-
mètre en chef du cadastre. Je sais que les Romains ne donnaient guère
le nom de port qu*à ceux où les navires pouvaient se maintenir tou-
jours à flot; mais la différence est la même pour les ports de cette nature,
(2) Ces limites étaient celles que j*avais assignées aux deux cités
dans un Mémoire sur les Osismii et les Veneti; adressé a la Commis-
sion de la Topographie des Gaules, au mois d'octobre 187 t. Je les ai,
à tort, un peu modifiées, dans le même travail publié dans les numé-
ros de janvier et de février 1872 de la Bévue Archéologique. De nou-
velles réflexions et de nouveHes recherches m'ont convaincu, depuis,
que mon premier sentiment était le meilleur, et je n'hésite pas y revenir.
(3) Dans cette partie de la frontière des deux cités, existent deux
oppida appelés CasteURuffel et Castel-Toul-Laèron, oui occupent, dans
les communes de Saint-Goazec et de Spezet, deux aes points les plus
élevés de la chaîne des Montagnes-Noires. — Voir mon mémoire sur
es Oppida du Finistère.
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— 61 -
XV.
L'opinion que je viens d'exposer a élé admise en principe
par IVI. Longnon dans un travail Irès-éUidié sur les'cilés
gallo-romaines de la Bretagne lu au Congrès scientifique de
France (l) à Saint Brieuc, quelques mois après la publication,
dans la Revue Archéologique, de mon mémoire sur les Cités
des Osismii et des Veneti. Mais l'extension que, je propose de
donner au territoire des Veneti n'a pas paru à M. Longnon,
suffisante pour expliquer la grande supérioriiede ce peuple sur
ses voisins, et son rôle prépondérant dans la guerre de l'A r-r
morique contre César. Il conviendrait d'après lui, pour jus-
tifier Ct*lte supériorité, d'étendre au nord les limites de la cité
des Veneti jusqu'aux Montagnes d'Are, c'est-à-dire de donner
a cetle cité i^ne étendue égale aux territoires réunis des an-
ciens évôcliés de Vannes et de Quimper.
Il y a, ce me semble, de l'exagération dans celte hypothèse.
Il ne faut pas en effet perdre de vue q^e la supériorité donnée
par César aux Veneti, réside exclusivement dans leur puis-
sanse maritime. S'ils sont supérieurs à leurs voisins ce n'est
ni par le nombre de leurs guerriers, ni par l'étendue de leur
territoire, mais, comme le dit formellement le texte des com-
mentaires : 1° parce qu'ils possèdent beaucoup de navires;
2« parce qu'ils surpassent les autres dans l'art de la navigation ;
3» et enfin parce qu'ils occupent le petit nombre de ports
exislanl sur le littoral sud-ouest de la péninsule Armoricaine.
Or, pour donner aux Veneti tous ces avantages, il suifll d'é-
tendre, comme je propose de le laircjusqu'à la rade d^e Brest,
le littoral de leur ciié. Une plus grande extensionde leur terri-
toire sérail à mon avis arbitraire. La rivière Avon (Aulne) et
les Montagnes Noires forment une ligne de démarcation aussi
nalurelleque celle des Montagnes d'Are; quant au territoire situé
entre ces deux chaînes de Montagnes, il aurait pu fournir aux
Veneti de bonnes troupes d'infanterie et de cavalerie, mais je
ne pense pas que son annexion à leur cité eut augmenté d'une
manière sensible leur supériorité maritime sur les cités voi-
sines.
Comme l'objet principal du mémoire de M. Lotignon, est de
combattre l'opinion d'après laquelle les Bretons auraient
établi leurs évêchés sans tenir compte des circonscriptions
civiles existant auparavant dans la péninsule, et d'appliquer à
la Bretagne la théorie, admise pour le reste de la France, de
la concordance des évêchés avec les cités gallo-romaines, on
(I) Dans sa session du mois de juillet 1872.
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— fi2 -
peiM siippo'ier qiio l'aiileiir de ce travail, en donnant au 1er
riioire de la elle dr»s Veneli une extension qui me paraît ex-
eesîiive, a cru trouver (bins colle hypolhc»e nu argument
favorable h la théorie qu*il se proposait de défendre.
Voici, en effet, les conséquences qu[il eu tire :
Adnnetidni connme un fait acquis la concordance des limites
de la cilt^ des Veneti avec les circonscriptions des anciens
évêchés de Vannes et de Quimper. M. Longnon considère
comme un démembrement de celte ciié, la portion de son
territoire qui devint dans la suile révêtiié de Quimper. Celle
portion avanl de devenir un évôché auraii été elle-même une
cilé, ei c'est elle qui, d'après lui, figure depuis le milieu du
Vt® siècle, sous le nom de Civitas Corisppitum^ dans les
divers manuscrits de la Notitia Provinciarum, au nombre de
neuf cité? dont se composaii la Ill« Lyonnaise. , C'est à lort,
ajoute-t-il, que s'anlorisant de quelques variantes de la Notitia
dues à des demi savants du IX*' siècle, on a prétendu qu'il
faut lire dans ce document Civitas Corisolitum au lieu de
Civitas Corisopitum, et que celte dénomination désigne non
le territoire de l'évêché de Quiirtper, mais celui de fa cité des
Curiosoliles de César.
La conséquence nécessaire de ce raisonnement est que c*îlte
dernière cilé avait cessé d'exister avanl le commencement du
V« siècle, époque où fut rédigée la Notitia Provinciarum.
,Mais comme dans le système de M. Longnon, elle n'a pu être
absorbée ni par les Rhedones, ni par les Ostsmii , ni par les
Veneti, il n'hésita pas à Iransporler du Maine en Bretagne et
à placer à l'ouest des Rhedones, la Civitas Diablintum dont il
augmente le territoire de loul celui de la cilé des Curiosotiles.
Il hésite d'autant moins à le faire, que c'est sur l'existence des
Diablintes^ eu Bretagne que repose tout rééhaffaudage de ses
hypothèses. Sans les Diablintes, en effet la correspondance
des circonscriptions des evêchés delà péninsule armoricaine
avec celles des cités gallo-romaines n'est pas possible.
Le cadre de ce travail ne comporie pas une réfutation même
sommaire de la thèse soutenue par M. Longoon ; je me
bornerai à lui opposer une objection, qui suffit , si je ne me
trompe, â renverser tout son système.
Ptolémée en nommant les Diablintes parmi les peuples
conîpris entre la Seine et l'Océan, nons apprend que le nom
dd leur capilaîe était Noioduntim, Or, si l'on jetle les yeux sur
la Table de Peulinger. on remerque sur la voie d'Au^nctim
(Charlres) à Alauna (\i\\e du dé|)arlemenl de la Manche), en-
tre les statioBS de Suodinnum (k Mans) et û'Araegenue (\ \eu\
ou Bayeux), une capitale de cilé dont le nom est Nudionntm,
K
i
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- 63 -
el que d'AnvilIe. la Commission delà topographie des Gaules,
M. Ernest Desjardins, el la plupart des îçéogrjphes , si non
tous, n'hésitent pas à identifier avec Noiodunum la capitale des
Diablintesfei avec la ville aciuelle de Jublains. U résuUe né-
cessairemenl d«» eelle identification que la cité des Diablintes
se trouvait à Test de Rennes» el par conséquent dans le Maine
el non en Bretagna.
Celle objection u'a pas échappé à M. Longnon, et voici par
quel raisonnement il essaie d*en atlénuer Timportance : « Le<
« rapprochement que d'AnvilIe cherche à faire, dit-il CO
« entre celte dénominaiion (Noiodunum) et celle de Nudionum
« de la Table de l*enlinger ne peui nullement servir à confir-
« mer son hypothèse, môme si Ton considère Nudionum
« comme une mauvaise leçon; en effet, bien que Nudionnum
« semble figurer dans la Table comme celui d'une station
« de la voie de Rayeux (Araegenue) à Subdinnium (\e Mans^,
« Tomission de la distance qui le séparait de ces villes ne
« permet d'en fixer remplacement que d'une façon arbitraire. »
L'oaiission dont parle M. Longnon existe en effet dans la
Table, mais de ce qu'elle ne permet pas de connaître la dis-
tance de la capitale des Diablintes au Mans e\ à Bayeux, est-Il
logique de conclure que cette capitale n'élail pas siluée entre
les deux stations, sur la voie où elle figure dans la Table de
Peutinger? et peut on trouver dans cet oubli d'un copiste
l'ombre d'une raison pour la transporter à l'ouest de Rennes
sur une voie imaginaire? Une semblable argumentation ne
saurai! être accpiëe, même par la critique la moins sévère.
La position donnée par la Table de Peutinger à la capitale '
des Diablintes ne peut donc laisser aucun doute sur la véri-
table situation de ce peuple. Si j'ajoute que le nom de Jublains
n'est qu'une altération du mot Diablinies ; que celte ville et
plusieurs au'res localités de son territoire sont désignées sous
le'i noms d'Oppidum Diablentis^ de vicus Diablentœ^ de paro-
chia Diablintica dedans des titres du moyen-âge signalés par
l'abbé Lebeuf, el qu'enfin on voit à Jublains un remarquable
Casirum gallo-romain, près duquel il existe sur une étendue
de plusde cinquante hectares, des subsiruciions gallo-romaines
parmi lesquelles M. Barbe a cru retrouver les vesiiges d'un
théâtre, de plusieurs temples d'un forum (2), il faudrait avoir
(1) Essai sur les cités gallo-romaines de la Bretagne, p. 429.
(2) Voir les intéressants rapports publiés par M. Henri Barbe, sur
les fouilles qu'il a faites à Jublains il y a quelques années. Coin m
preuve de la durée de roccupation de cette antique cité, M, Barbe nou
apprend qu'aux substructions de la ville primitivesontsupcrposéescelle^
d une autre ville de moindre étendue, mais également gallo-romaine^
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J
. — 64 —
Tesprilbien prévenu pour persister à placer ailleurs que dans
le Maine la elle des Diablintes.
XVI.
Il n'esl pas, je pense, hors de propos de clore les observa- .
lions qui précèdent par quelques remarques sur les localiiés
du liiloral des Veneli el des Osismii, raenlionnées par Plolé-
' niée dans sa description des Gaules. Ces localités sont, en
remontant vers le nord, à patnir de la Loire :
Brivates portus,
Herii fluvii oslia,
Vindana porlus,
(jobaeum promonlorium :
auxquelles il ajoute :
Post Gobaeum promonlorium,
Slaliocanus portus,
Teti fluvii oslia, etc.
Rien ne prouve que Piolémée ail observé l'ordre lopogra-
phique dans Ténumération de ces localités. Le contraire esl
même Tort probable (1). La seule indication certaine que
nous fournis>e cette énumération, c'est que Brivates portus^
Herii fluvii ostia e\ Vindana portus doivent être recherchés
sur la côte comprise entre la Loire et le promontoire Gobaeum
qui est, comme on Ta vu plus haut, la poinie de Saint-Ma-
thieu« sans qu1l y ait lieu de se préoccuper de Tordre dans
lequel ces localités sont rangées.
XViK
IVAnville et la commission de la topographiç des Gaules n'onl
pas hésité à placera Brest le Brivates portus de Ptolémée qui,
comme je Lai déjà dit, ne parait êlrejqu'une variante du Geso-
{\) Si dans sa Description des Gaules, Ptolémée a suivi Tordre géo-
graphique, et que l'on identifie Gobaeum promontorium avec le cap
aint-Mathieu, comme on le fait généralement, et Herii fluvii ostia avec
la rade de Brest, comme ressaierai d'établir qu'on doit le faire, il faudra
de toute nécessité identiner Vindana portus avec le port de Brest. Or,
ce D'est pas l'opinion admise par les géographes.
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— 65 —
brivate (Geso-Brîvale) de la carie de Peulinger (1^. Oulre Ice
indications qne Ton peut tirer, en effet , de \a ressemblance
des noms en faveur de celle opinion; il en est de plus solides
qui résultent des restes romains importants que Ton remarque
dans les couriines et dans d'autres parties du Château de
Brest. De plus, la situalion de cette forteresse et la sûreté de
son port ont dû lui donner dans Tantiquilé une impertance
qu'elle a conservée pendant tout le moyen-âge et jusqu'à nos
jours.
XVIII.
D'Anville pense que le fleuve Herius est la Vilaine (2), et
que le nom de la stalion appelée Duretie, dans la carte de
Peulinger, et qu'il place sur les bords de la Vilaine, doit s'é-
crire Durerie et signifie passage de rRrius. ^ Je vois même,
ajoute-t-il, une trace du nom Herius dans celui de Treig-hier
que Ton donne encore actuellement au passage de la Vilaine,
entre la Roche-Bernard et l'embouchure de celle rivière. Car
on croira volontiers que Treig-hier vient de Trajecinm HerxL
J'ignore si le passage dont parle d'Anville^ et qui n'est
mentionné dans aucune carte, existe ou a jamais existé ; mais
on peut s'assurer eu consultant la carte de Cassini cl celle de
l'Etal-Major, qu'il y a sur la rive droite de la Vilaine, dans la
situation indiquée par ce géographe, une ferme appelée Tre-
higuier^ et non Treig-hier, voisine d'une autre ferme siluéc
aussi sur les bords de la Vilaine et nommée Tre-hudal, et qu'i
peu de distance, au sud-ouest de ces deux fermes, il y en a
d'autres désignées sous les noms de Tre-gorvel^ Tre-mer^ Tre-
bestan^ etc. Le mol Tre que l'on rencontre si fréquemment en
Bretagne, et dont le sens le plus ordinaire est tribus (liëve ou
fraction d*une paroisse ^^ signifiait aussi autrefois un hameau
et même une habitation isolée. L'argument dont se sert d'An-
ville, et qui reposait sur un mot mat écrit, perd donc toute sa
valeur dès que l'on rélablil l'orthographe de ce mot.
D'ailleurs le nom ancien de la Vilaine était Visnonia^
comme nous l'apprend Grégoire de Tours ; rien ne prouve
qu'il se soit opéré un changement dans le nom de cette rivière,
depuis l'époque à laquelle écrivait Plolémée jusqu'auVi^» siècle.
Je crois reconnaître fluvius Herius ôans VAvon^ ou rivière
de Chàteaulin, improprement appelée Aulne en Français. Ce
(1) Voir plus haut, pages 33, 31. et 45, note 2.
(2) Notice de rancienne Gaule. Verb. Durerie et Heritu fiuvius.
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~ 66 —
fleuve, qui pivnd sa source dans les Montagnes-Noires au-deld
de Carhaix, est apr^s la Loire el la Vihine le plus grand
fleuve de Bretagne. On sait que les mots Aff, Aven el Avon
signifient rivière dans les divers dialectes celtiques. Les Bre-
tons, en arrivant dans TA rmorique, donnèrent ce nom à un
grand nombre de cours d*eau, dont les noms primitifs Turent
par suite perdus. U rivière appelée aujourd'hui Aulne reçul^
comme d'autres, le nom d'il von, et c'est sous ce nom plus ou
moins altéré qu^ejle a été désignée jusqu'à présent dans la plus
grande partie de soO cours, c'esl-à dire depuis Chàteauneuf-
du-Faou ju>qu'è son. embouchure. Mats elle a conservé son
nom ancien, celui de Hierre (Herius), dans le reste de son
eours, comme on peut le voir dans la carte de Tétat^major et
dans celle de Cassini. Cette particularilé s'explique fort bien
quand on considère que la partie de son cours qui porté le
nom de Hierre est celui qui arrose le territoire du Pagus
Ca^/e//t, ou Pont' Kaer dont, comme je l'ai déjà dit, Carhaix
était le chef- lieu. C'est dans cette partie centrale de la Basse-
Armorique que la population indigène dut se maintenir^ le
plus lons[temps, protégée qu'elle était par la double chaîne .
des Montagnes-Noires et d'Are contre les empiétements des
insulaires bretons. Il n'y a donc pas lieu d*être surpris que la
rivière Hierre jr ail consorvé son nom armoricain, tandis
qu'elle était désignée sous celui d'Avon dans la partie du pays
occupée la première par les Bretons, el l'on peut conclure que
Tembouchure de rivière appelée par Ptolémée Herii fluvii ostia
n'est autre que, la rade el le goulet de Brest, points .remar-
quables qui ont dû attirer, plus qu'aucun autre de la côte
occrdentale de TArinoriquc, rattenlion des navigateurs an-
ciens (I).
XIX.
Un autre point de cette côte qui n'a pas du échapper à leur
attention est la baie de Douarnenez, au fond de laquelle je
serais assez porté à placer le Vindana portus de Ptolémée, au
lieu même occupé par la ville de Douarnenez et par Tile
Tristan. Cette ile, qui devient une presqu'île i la marée basse,
comme les Oppida gaulois que décrit (!ésar en parlant de la
guerre des Venèles (2;, a été elle-même un oppidum, M. Le
(I Avant que je me fusse occupe de l'étude de cette question de
géographie ancienne, la Commisaion de la topograptiie des Gaules avait
déjà assimilé le fluvius Heriusk la rivière d'Aulne. Je n'ai été informé
que plus tard de cette circonstance^
(2) De BêUù GMico, lib. tU, 12.
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— 67 —
Guillon-Pénanroz, propriélaire de l*tle, y a déconverl, en fai-
sant des défrichements, les siibstructions d'un très-grand
nofiïbrc de peliles habita (ions disposées comme les cases d^un
échiquier. C'est exactement Taspecl que présenlent les habita-
lions gaiiloiseii dans les Oppida qne j'ai explorés. Les (races,
dt* quelques unes de ces habilations ^ont encore Irès-visibles.
Hya découvert aussi des meules et d*autres instruments,
auquel il n'a porté que fort peu d'attention. Mais il y
a recueilli et conserve soigneusement deux monnaies gau-
loises en bronze, plusienrs fragments d'épées, des haches,
un poignard, des cou(eaux, etc., aussi en bronze, une sta-
tuette romaine en même métal, et des monnaies de la
colonie de Nimes, des empereurs Vespasîen, Hadrien, Gor-
dien , Maximien , Consianlin 1, etc. D'un autre c6(é, les
ruines romaines abondent dans la ville de Douarnenev et
aux environs. On y a découvert, en(re auires choses, une
pierre calcaire hau(e de 40 centimètres, qui provient peut-
êlreii'un autel, ei sur laquelle est représenté un personnage
dans une attitude exactement semblable à ceMe du dieu gaulois
Esus, trouvé en 1711 sous le chœur de l'église de Noire-Dame-
de- Paris (1). On pourrait avancer, de plus, qu'il n'y a pas sur
le littoral de celte baie un seul cours d'eau près duquel on ne
trouve dés traces de susbtruclions romaines. Du r<>ste, les
RoiDains étaient très-habiles dans le choix des emplacements
de leurs habitations. On peut dire que sous ce rapport
c'élaieut de véritables artistes, et Ton comprend aisément
qu*ils aient été séduits par la vue de cette splendide baie qui
Uur rappelait le golfe de Naples.
L'ite Tristan s'appelait ile Tutuarn en 1118. époque à laquelle
elle fut donnée à l'abbaye de Marmoutiers par l^ot>ert, évêque
de Quimper. C'est probablement api^és cette donation que le
territoire voisin, occupé par la ville de Douaruenez, prit le
nom de Terre de Hle (Douar-an-Enez). Tutuarn est le nom
d'un saint Breton; l'ile et la ville n'ont donc conservé aucune
trace du nom qu'elles portaient avant et pendant l'occupation
romaine. Mais, je le répète, l'importance des ruines gallo-
romaines qui s'y trouvent ne peut laisser aucun doute sur
l'existence d'une ville antique dans cette localité.
XX.
Après le Promontorium Gobaeum (pointe de Saint-Mathieu),
Ptolémée mentionne le Portus Staliaco^us, que la plupart des
(1) Cette pierre est déposée au Musée départemental d'archéologie
de Quimper.
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- 66 —
fleuve, qui prend sa souree dans les '
lie Carhaix, esl apr^s la Loire 9'i
fleuve de Bretagne. Ou sait que
signifient rivière dans les dive^
Ions, en arrivant dans TArm^^
grand nombre de cours d'e^^|^
par suite perdus. La rivièr.'^ {
eomme d'auires, le nom 't^ i\
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* foraine en
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. ?^'"s, ce qui, n c.
. 'i*tï juger que les navires
.ez, ou que la mer a baissé O)
o-Liocan qui signifie entrée ou ior/
.. brillante, les anciens écrivains ont fait
, qu'ils ont dû lire Portus Liocanus, el Vià
^,,e a écrit Portus Staliocanus, le port Staliocan cp
^^ .^.paremmpnl venu de la prononciation des habiiânu
lieti q"^ ""''^ prononcé comme à présent Pors-Liocan aZ
f Jmingt^i'^oru cru être lepori Saliocan, Portus Saliocaiius
''^^ai visité, il y a quelques années, l'anse de Poi lz-Lio£ran
di<ï ^^y/W ^P^''\ «-emarqué les vestiges anciens signalés oar
jjo.n le Pellnier Le temps m'a peut-être manqué pour donner
i ffixamei» de^ lieux tout te soin nécessaire. Je doute ceoen
dant, qu'il y un jamais eu de quai Ùans l'anse de Porz-Liocan'
Les traditions relatives à d'anciens ports dont la racr se seraii
retirée ne sont pas rares en Bretagne, el ne reposent eénérA
lement sur aucun fondement sérieux. Ce que j'admets comme
très-probable, car je ne puis croire que le savant bénédin n
que je viens de citer se soit trompé sur le caractère antique
<l) Dans son Dictionnaire de la langue bretonne, an mot Liogan.
(2) Il est certain, au contraire que le sol s'aflfaisc sur le litiArai a..
Finistère. Ainsi dans transe des Bllncs-Sablon^s. peu éloignée de Ln^
de Porfz-Lioçan, on découvre dans les grandesLrées fe nomLeuses
souches de pins et d'autres arbres, qui indiquent qu^une forrSit
autrefois dans cette anse. D*un autre côté, il y a dans la ba^f dV
Douarnenez de nombreuses constructions romaines, qui sont oÔnr la
plupart, soit recouvertes par les sables, soit pins ou^oins emamées
par la mer avec les falaises sur lesquelles elles sont établies ^"^®®*
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de ruines donl il
Unce, à un point
"eue anse, d'un
imains ont nv
parois étai
*î irès^rési
iipropre
irLiciio
parti
^ P<
-^ 71 —
ce fleu^'^e. Jusqu'ici il était en
choix entre les nombreuses ri-
\ ou dans la Manche depuis le
^ département du Calvados.
^y Vorganium à Tenirée de
vK et donne à cette rivière
J ^%'u'en y plaçant Tenibou*
tel, a moins de chances
I^V «s identifications qui
4 4 > ^^Vflii ne reposent en
'%>
wt ce travail, que
V^js qui
"^
y sont
.^s ici que
'^e, qui a
bulletin,
gallO'
.1 a 11.
.1 l'onesl a élu
uiaise ; enfin celui non iiio
en la commune de Ploraodiern, tu
les deux précédents, malgré la hauteur a .
placé.
Mais si tout porte à croire qu'ij n'y a jamais eu %
ni de ville dans Tanse de Porlz-Liogah, Texistenee d'u^t.
ancienne dans la presqu'île de Kerraorvan, entre le por^H
Conquel et Tanse des Blancs-Sablons, est un fait qui nesaura^
êlre contesié. Celie presqu'île, qu'on nomme Tlle {an En^^y
dans le pays, et qui n*esl unie au continent que par u^ç
élroile langue de terre fortement retranchée, présente dans sa
partie médiane, à peu de distance d'un groupe de menhtrs ds
nombreuses substructions d'habitations de forme rectangulaire,
construites en terre et en pierres de petite dimension, et ran«
gées les upes à la suite des autres avec assez de régularité.
One sorte de rue ou de chemin, dont la largeur, qui est d'en-
viron 3 mètres, est indiquée par des pierres fichées en terre
et saillantes de *20 a 30 centimètres, conduit en se dirigeant
d'abord de Test à l'ouest, et ensuite du sud au nord, jusqu'au
centre de ces habitations, où Ton remarque deux enceintes
comprises Tune dans l'autre et de forme rectangulaire, comme
les maisons. L'enceinte intérieure était, suivant la tradition
locale, l'église (an Illis)^ et l'encemie extérieure, le cimetière
de celle ville ruinée. A quelque distance sont plusieurs autres
enceintes plus grandes, faiblement retranchées, qui peuvent
avoir servi de p^rçs à bestiaux. Les monuments celtiques ont
dii être tort nombreux dans cette presquile, mais on en a détruit
beaucoup (1). On y remarque encore deu,x dolmens de grandes
(1) Une hache en pierre polie a été irouvé^t il y aquel(]ues années, par un
officier du génie, sous un de ces menhirs qu'il venait de faire abattre.
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~ 68 —
géographes placent près du Conquet, dans Tanse de Portz--
Liogan, se fondant sur Tanalogie des d *)x noms et sur ta
description suivante que fait Dom le Pelletier des restes d'an-
tiquités qu'on y remarquait de son temps (1).
« l.iogan est le nom propre d'une anse où rade foraine entre
Tabbaye de Sainl-Maihieu et le Conquet, etc. C'était appa-
remment aulrefois un port de mer ou l'entrée des navires, de
laquelle la mer. a mangé les deux pointes ou promontoires
qui formoienl ce port, que l'on nomme encore aujourd'hui
Pors-Liogan, qui esl écrit partout dans les anciens titres
Pors-Leocan. Ce port avoil un quai maçonné et cimenté de
mastic ou de bitume. Les vieilles gens du pays (en 1694) m'as-
surèrent qu'ils y avaient vu des anneaux ou l'on altachoil les
navires, el j'y vis encore la place d'un. Ce quai étoit au-dessus
de la plaine mer, grande marée, élevé d'environ trois toises,
et les anneaux quatre ou cinq pieds moins, ce qui, n'étant
pas ordinaire aux quais modernes, fuit juger que les navires
étoient en ces tems 14 plus élevez, ou que la mer a baissé (2).
De ce nom Liocan ou Pors-Liocan qui signifie entrée on port
de couleur blanche et brillante^ les anciens écrivains ont fait
Portus Saliocanus, qu'ils ont dû lire Portus Liocanus, el Pio-
lémée même a écril Portus Staliocanus, le port Slaliocan^ ce
qui est apparemment venu de la prononciation des habitants
du lieu qui ont prononcé comme à préseni Pors-Liocan, que
les étrangers ont cru être \e port Saliocan^ Portus Saliocanus
où Staliocanus. »
J'ai visité, il y a quelques années, l'anse de Po» tz-Liogan,
et je n'y ait poinl remarqué les vestiges anciens signalés par
Dom le Pelletier. Le temps m'a peut être manqué pour donner
à l'examen des lieux loui le soin nécessaire. Je doute cepen-
dant, qu'il y ait jamais eu de quai ilans l'anse de Porz-Liogan.
Les traditions relatives à d'anciens ports dont la mer se serait
retirée ne sont pas rares en Bretagne, et ne reposent généra-
lement sur aucun fondement sérieux. Ce que j'admets comme
trè^'probable, car je ne puis croire que le savant bénédictin
que je viens de citer se soit trompé sur le caractère antique
(1) Dans son Dictionnaire de la langue bretonne^ an mot Liogan,
(2) Il est certain, au contraire que le sol s*affaise sur le littoral du
Finistère. Ainsi dans Tanse des Blancs-Sablons, peu éJoicnée de celle
de Porfz-Liogan, on découvre dans les grandes marées de nombreuses
soucties de pins et d'autres arbres, qui indiquent qu'une forêt existait
autrefois dans cette anse. D'un autre côté, il y a dans la baie de
Douarnenez de nombreuses constructions romaines, qui sont, pour la
plupart, soit recouvertes par les sables, soit pins ou moins entamées
par la mer avec les falaises sur lesquelles elles sont établies.
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— 69 —
de ruines donl il n*a parlé qu'après- les avoir vues, c'esl Texis-
lence, à nn point plus ou moins élevé de la falaise,, qui domîn
celle anse, d'un de ces pelils posles d'observation que lèse
Romains ont mulriplié sur le lilioral brelon, el dont Taire et
les parois étaient revêtues d'une épaisse couche de béton
rouge irès^rési^ilant, que Dom le Pelletier a désigné sous le
nom impropre de « mastic ou bitume. » Comme exemple de
ces constructions, donl le plan est celui d'un rectangle divisé
en deux parties égales par un mur de refend, je puis citer â
l'entrée du port d'Audierne, le poste d'observations dont les
ruines ont été découvertes à l'époque de la construction du
môle; et dans la baie de Douarnenez celui du Caon, en la
commune de Telgruc, â moitié détruit par la mer qai y entre ,
à chaque marée ; celui de Pentrez, en la commune de Saint-
Nie, construit à mi-hauteur de la falaise et dont le côté qui
regardait l'onesl a été emporté par la mer, avec une partie de
la falaise ; enfin celui non moins intéressant de Trez-Mallaouen^
en la commiine de Piomodiern, entamée par la mer comme
les deux précédents, malgré la hauteur à laquelle il se trouve
placé.
(Vlais si tout porte à croire qu';l n'y a jamais eu de quai
ni de ville dans l'anse de Portz-Liogan, rexistenee d'une ville
ancienne dans la presqu'île de Kermorvan, entre le port du
Conquetel l'anse des Btancs-Sablons, est un fait qui ne saurait
être contesté. Cette presqu'île, qu'on nomme l'Ile {an Enez)
dans le pays, el qui n'est unie au continent que par une
étroite langue de terre fortement retranchée, présente dans sa
partie médiane, à peu de distance d'un groupe de menhirs, ds
uombVeusessubstructions d'habitations de forme rectangulaire,
consiruites en terre el en pierres de petite dimension, et ran-
gées les upes à la suite des autres avec assez de régularité.
One sorte de rue ou de chemin, dont la largeur, qui est d'en-
viron 3 mètres, est indiquée par des pierres fichées en terre
et saillantes de 20 à 30 centimètres, conduit en se dirigeant
d'abord de l'est à l'ouest, et ensuite du sud au nord, jusqu'au
cedire de ces habitations, où l'on remarque deux enceintes
comprises l'une dans l'autre et de forme rectangulaire, comme
les maisons. L'enceinte intérieure était, suivant la tradition
locale, l'église {an Illis)^ el l'encemie extérieurei le cimetière
de cette ville ruinée. A quelque distance sont plusieurs autres
enceintes plus grandes, faiblement retranchées, qui peuvent
avoir servi de p^rcs à bestiaux. Les monuments celtiques ont
diiêiretort nombreux dans celte presqu'île, mais on en a détruit
beaucoup (1). On y remarque encore deu.x dolmens de grandes
(1) Une hache en pierre polie a été trouvé^ il y aquel(]ues années, par un
officier du génie, sous un de ces menhirs qu*ii venait de faire abattre.
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— 70 ^
dimensions el un a<%sez grand nombre de me.rihirs, qui
devaient autrefois faire partie d*aliignements parallèles,
aujourd'hui mutilés. Ces monuments ont été décrits avec assez
peu d'exactitude par M. de Fréminville [{), mais je ne pense
pas (|u*aucun archéologue ail ^encore mentionné les ruines
dont |e viens d'indiquer Texistence. Des fouilles pourraient
seules faire connaître l'âge de cette ville ancienne. Mais les
molettes et les meules à broyer le grain, los marteaux en
pierre ayant sur les côtés des dépressions artiûcielles pour y
placer les doigts, les pilons et les fragments de mortiers en
pierre, le-^ débris de tuiles et de poteries romaines que j'y
ai recueillis ou que j*ai vu recueillir par d'autres sur le soi
de cette presqu'île, suffisent à prouver qu>lle a été habitée par
des populations de races di\erses depuis un temps immé-
morial.
En résumé, la pres()u*lle de Kermorvan réunit par sa situa-
lion toutes les conditions que les Gaulois recherchaient pour
rétablissement de leurs opptda : elle commande l'entrée du
port du Conqitei ; elle eu en outre peut éloignée de Tansede
Porlz*Liogan,dont le nom a pu s'étendre anciennement à toute
la rade foraine qui se trouve en avant du port du Conqnet. Je
ne vois pas de localité, au-delà du promontoire Gobœum, où
Ton puisse avec plus de raison placer le Staliocanus porius de
Ptolémée.
J'ajouterai que la Vie de Saint-Viau, écrite au X« Siè-
cle (3), rapporte^ que le port Saliocan (portus SaliocanJ fut
ravagé par les Normands au IX* Siècle. Les deux tours et les
remparts qui défendent l'entrée de la presqu'île de Kermorvan
remontent au moins à cette époque.
XXI.
Le Têtus fluvius (Teti fluyii, oslia^ est indiqué par Ptolémée,
après te Gobâeum promontorinm, entre Staliocantut vortus et
Ârigimus Biducœsiorum, que plusieurs géographes identifient
avec le bourg de Vieux (département du Calvados;. On n'est
(I) Antiquités du Finistère ^ t. L M. de Frémi nville prétend que ces
menhirs sont disposés de manière à former une enceinte elliptique.
La plupart de ces pierres sont situées dans la partie riiltivée de la
Fresqu^ile. La destruction d'un grand nombre d'entre elles a donné à
ensemble du monument une forme irrégulière, qui ne m'a pas paru
être celle d'une ellipse.
(i) Voir le texte dans l'Annuaire Historique de Bretagne pour 1861,
par M. de la Borderie, page 105.
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— 71 — '
pa& d'accord sur la posîlion de ce fleuve. Jusquici H élail en
efîet assez difficile de faire un choix entre les nombreuses ri-
vières qui se jeiient dans TOcéan ou dans la Manche depuis le
eap de Saint-Malhieu, jusqu'au départemenl du Calvados.
Mais aujourd'hui que Texislence de Vorganium à Tenirée de
l'Aberwrac'h esl un fait hien établi, ei donne à celle rivière
une inDporiance particulière, je pense qu'en y plaçant Tenibou*
chure du Têtus fluvius de Ptolémée, on a moins de chances
de se tromper, qu'en acceptant les autres identifications qui
ont été proposées par les géographes, et qui ne reposent en
réalité sur aucune base solide (1 ).
Il est de mon devoir de déclarer en terminant ce travail, que
j'ai déjà traité ailleurs quelques-unes des questions qui y sont
contenues. Elles n'ont été de nouveau développées ici que
d'après l'avis du bureau île la Sociéié archéologique, qui a
jugé utile de réunir dans un même numéro de son bulletin,
retisemble de mes récentes recherches sur la géogrephie gallo-
romaine de notre pays.
 la suite de cette communication M le Men ajoute que,
quoique dans la recherche de la position de l'antique
Vorganium qu*il a eu le bonheur de retrouver, il n'ait pas
eu d'autre objet que réclaircissement d'un point importai^l
de géographie historique, il ne saurait laisser usurper par
d'autres l'honneur de celle découverte qui lui revient exclu-
sivement. Il donne ensuite lecture de deux articles publiés
dans un journal du département, dans lesquels la déter-
mination de l'emplacement de Vorganium lui est contestée
dans les termes les plus vifs ; puis il met sous les yeux de
l'assemblée une correspondance de Tanteur de ces articles,
qui établit clairement rinanité de ses prétentions;
(I) Note additionnelle sur les voies de Gabhaix a Brest. —
Tout porte à croire qu'il existait une voie de Carliaîx à Brest passant
par le Huelgoat et la Feuiilée, ou s'embranchant sur celle de Carhaix
(Vorgium) a l'embouchure de TAberwrac'h (Vorganium). Mais cette
voie n'a pas encoriî, que je sache, été sérieusement étudiée. 11 existe
une autre voie de Carnaix à Brest que j'ai pu observer dans plusieurs
parties de son parcours. Elle sort de Carhaix à l'ouest de cette ville, et
traverse les communes de KerglofiF, de Collorec, de Brasparts, de Saint-
Eloi, de Pencran et de Landerneau. Elle est bien indiquée dans la carte
de l'Etat-major, entre celte dernière ville et le bourg de Saint-EIoi, où
elle est connue sous le nom de l^oute de Landerneau à Brasparti.
L'étendue du parcours de cett^ voie est à peu près égale à la distance
de Carhaix à Brest par le Huelgoat et La Feuiilée.
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- 72 —
M. le président, après avoir reraercié M. le Men, au
nom de la société^ de la communicetion qu'il vient de faire,
regrette qu'il ail cru devoir l'enireienir de préieniioiis
aussi vaines qu'injustes, qui ne méritent même pas qu'on
les discuste.
Plusieurs membres prennent la parole dans le même
sens, et T Assemblée exprime le vœu qu'il ne soit plus
question de cette controverse.
M. le Président donne ensuite la parole à M. de Monii-
farult pour lire le travail suivant :
NOTI CE"
SUR LES SEIGNEURIES DE TROGOFF
DANS LES ÉVÊCHÉS DE TRÉGUIER ET DE LÉON
A la dernière séance, M. Flagelle notre collègue, vous a
donné communication de la pancarte gravée sur cuivre qui
énonce le tarif des droits de foires et marchés de Plouescal,
pancarte qui date de l'année 1758.
Cette pancarte porte, en tête deux écussons accolés repré-
sentant les armes du Seigneur de Trogoff et de sa femme.
Ces armes, dessinées par M. Flagelle sont pour l'écusâ^ou
du mari : D'argent au Lion de sable ;
El pour celui de la femme : D'argent au pin de sinople sou-
tenu de deux cerfs affrontés et rampants de sable s'appuyant
contre le tronc du pin.
Il nous a paru curieux de rechercher quelles familles
portaient ces armoiries.
M. de Blois. d'après des notes manuscrites qui lui appar-
tiennent avançait avec raison que le bourg de lUouescat était
le siège de la justice de la seigneurie de Trogoff et que celle
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— 73 -
seigneurie appartenait a)oi*s h M. Bon de la Villebague qui
avail en effet pour armes celles qui sont en tête delà pan-
earle.
D'un autre côté des documents incontestables m'indiquaient
que M. des Nos des Fossés était en' 1758, seigneur deTrogofF,
chàtellenie de haute moyenne et basse justice et je trouvais
que les armes de des Nos élaiefit les mêmes que celles décrites
plus haut, si ce n'est que le lion est couronné de gueules.
Je crus d*abord que M. de Blois, tout expert qu'il est en
ces' matières» aurait pu se tromper: Des documents que je
trouvai m'entretinrent dans mon erreur pendant quelque temps.
J'en parlai à M. le Men qur voulut bien faire avec moi des
recherches* Elles nous ont conduit à examiner un point qui^^
sans offrir grand intérêt au début, nous a amenés à penser
que la -question valait la peine de tous présenter une notice.
En effet nous avons reconnu, après avoir dépouillé les
nombreini^es pièces qui composent plus de 30 cartons des
archives, que les noms des seigneuries de Trogoff et de
Kérouzéré, avaient donné lieu chez la plupart des auteur^ qui
ont écrit sur l'histoire de Bretagne et sur un grand nombre
<âe familles bretonnes, à des confusions et à des contradictions
rendant toute reche impossible.
Ces contradictions, ces contusions, ces inexactitudes s'ex-
pliqueront facilement quand je vous aurai dit :
1<^ Qu'il y a deux seigneuries ou deux châtellenies de
Trogoff_;
2* Qu'il y a, touchant chacune d'elles, deux terres appelées
Kérouzéré ;
3^ Qu'il y avait entre les familles k qui appartenaient l'un
où l'autre 1 rogoff, des alliances, des liens de parenté ;
4* Que les seigneurs de l'un des Trogoff eurent à certaines
époques des terres ou des droits seigneuriaux dans l'autre
Trogoff, droits qui ont nécessité des actes contribuant à la
confusion ;
5® Que l'un des Trogoff a été possédé par la famille Eon;
et par la famille Bois-Eon qui avait des drois et des terres
dans l'autre Trogoff ;
6* Que la famille des comtes de Léon a eu des alliances
directes et indirectes avec les seigneurs qui ont possédé les
deux Trogoff et avec les seigneurs de Kérouséré, et que, de
côté et d'autre, les seigneurs de Trogoff ont écarlelé leurs
armes de celles de Léon avec une cotice pour brisure.
SOG. ABCHÉOL. DU FINISTÈBB. 6
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— 74 —
7* Qu'il y aune indenlilé presque complète enlreles arme^
des Eon de Villebague qui possédaient, en 1758. Tutie des
châlellenies de Trogoftel celles des des Nos des Fossés qui
possédaient à la môaie époque l'autre châtellenie du même
nom ;
8o Enfin, que les deux chàtellenies de Trpgoff avaient droit
de haute moyenne et basse justice, et que, pour les appels,
elles relevaiecit toutes deux de la juridiction de la cour de
Morlaix.
En voilà, certes, plus, qu'il n*en faut pour expliquer
les erreurs et les confusions que nous avons signalées.
Les deux seigneuries de Trogoff étaient fort imporl^anles ;
^ les châteaux qui les dominaient étaient des places fortes qui
* ont joué un rôle dans l'histoire de Bretagne ; les familles qui
les ont possédées étaient toutes marquantes et on retrouve
leurs noms à beaucoup de pages de notre histoire avec ceux
des familles qui leur sont alliées ; c'est ce qui nous a décidé
â donner, sur les deux cbàiellenies de Trogoff, des rensei-
gnements qui, bien que très-incomplets, permettront d*assi-
gner avec certitude à chaque seigneurie et à chaque famille
les documents qui les concernent.
La t^« seigneurie et châtellenie de Trogoff, est située au
sud-ouest de Tréguler dans la paroisse de Plouegat-Moysan,
évêché de Tréguier, elle possédait un château très fort. En
1356, Pierre, de Trogofl, se déclara pour Charles de Blois.
Jean, de Montfort prit son château et l'engagea au roi d'An-
gleterre qui y mit garnison et en confia la défense au capi^
taine Thomelin ou Tromelin qui ravageait le pays jusqu'à
Morlaix, de 1556 â 1364.
Les habitants de celte ville implorèrent le secours de
du Guesclin qui mit le siège devant Trogoffi le prit d'assaut,
démantela le château et le rendit â Pierre de Trogoff.
Les sires de Trogoff portaient bannière.
Les possesseurs de la seigneurie de Trogoff avaient haute
moyenne et basse justice, les appels de leur juridiction étaient
jugés à Morlaix.
^ Ils avaient leurs armes et leurs bancs seigneuriaux dans
l'église paroissiale de Plouegat Moyi^an et dans les chapelles
de Saint-Laurent-Kerbabu, Saint-Men» Sainl-Trénieur. Leurs
tombes se trouvaient dans l'église paroissirle de Plouegat-
Moysan et leurs. armes dans jes vitraux, les clefs de voûtes et
les sculptures des différentes églises dont nous venons de par-
ler.
De cette première seigneurie de Trogoff, dépendait la terre
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— 75 —
. de Kérouséré, sise aux issues du bourg de Plouégal-Moysan,
terre qui figure parmi les biens nobles dans diflérents Wes
el partages, mais qui ne semble pas avoir éié une seigneurie
distincle el qui en tous cas esl de peu d'importance en regard
du Ki^rouséré voisin de la châlellenie de Trogoffen Plouescat,
évêché de Sait-Pol.
En t549, Claude de Villeblanche donnait en bail la Châtel*
lenie de Trogoff, en Plouégat Moysan, au sieur de t^esmoalc'h
Maurice Meur ou le Meur, moyennant 425 livres tournois par
an avec les droits et les charges qui sont : une rente de 120
livres tournois Siwx religieux du couvent de Guilledo, diocèse
de Saint-Malo ; 30 livres par an au chapelain de St-Jean-du-
Doigt, le paiement des gages de tous les officiers de la sei-
gneurie et juridiction de Trogoff el autres charges anciennes.
En 1599, le 19 septembre, Françoise du Péiier, dame
douairière de TROGOFF, curatrice du seif^neur de TROGOFF,
son fils, demeurant ou manoir de TROGOFF, paroisse de
PLOUÉGAT-MOYSAN, fournil aveu « des terres et héritages
que la dite dame, au dit nom, lient à debvoir de foy et hom-
maige, rachapts, ventes, lods el aullres droicls el debvoirs sei-
gneurlaulx sous haultet puissant Pierre deBois-Eon, seigneur
de Coetinisan, Bois-Eon , Kerbrat , Trogoff, MainfauKe
EN Ploesgat, Baron de Marcé , vicomte .de KÉnousÉRÉ
EN SiBiRiL, seignenr de Dinan, de la Bellière, chevalier de
, Tordre du Roy, gentilhomme ordinaire de sa chambre, capi-
taine des ban et arrière-ban de Tévèché de Léon, commandeur
pour S M. de^ ville et château de iVlorlaix, à cause de sa
terre el seigneurie de Bois-Ëon, les dits héritaiges escheus en
parlaige au dicl présend, sieur de Trogoff. de la succession
de feu noble homme Jean de Pensornou, seigneur de Trogoff,
son père ; »
Les biens avoués sont tous situés dans la paroisse de Lan-
meur, près de Trogoff en Plouégat-Moysan, évêché de Tré-
guier ; le seigneur dominant possédait Kérouséré en Sibiril et
Trogoff en Plouescat, évêché de Léon.
D'un aveu du 20 mai 1610, rendu direclement au seigneur
deBodister par Françoise du Perler, veuve de Jean de Pensor-
nou, seigneur de Trogoff, comme lulrice de Jean son ûls, de-
venu Tatué par la mort de Guy ou Guyon de Pensornou, nous
avons eitrait ce qui suit :
c \ raison de la quelle châlellenie de Trogoff, il appartient
au seigneur de Trogoff, sur ses hommes et sujets, tous fermes,
droits de court, jurisdiction, cohercion, privilège de mesme
cousche à sa personne et médéans en l'eiidroict de son obéis-
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- 76 —
sance en la dicte court de Morlaix, avec jouissance de tous
esmoliimens de fié, scavoir : réaulté, hommaiges« rachapls,
ventes, taux, amendes et conRscations des hoirans, succession
des bastards, espaves. géolies, sceaux, justice patibultaire, cep,
collier, prisons, et tous aullres droicts seigneuriaulx, de quoi
luy et ses prédécesseurs ont jouy de tout temps immémorial à
la charge de payer au seigneur de Bodisler; la somme de six
vingt dix livres au terme de la Sainle-Callierine. »
D'après un autre aveu rendu par la même Françoise du
Perrier, veuve de Jean de Pensornou, la seigneurie de Trogofif,
en Plouégal-Moysan, avait droit de justice patibulaire à
quatre peaulx, ce qui la distingue de celle de Trogofif en Ploues-
cal qui n'avait droit de justice patibulaire qu'à trois peaulx.
Un aveu du 20 mars 1602 rendu toujours par la même
Françoise du Périer donne exactement le même détail que
celui du 20 mai 1610, seulement au lieu de mesme couche^ on
lit : mesner congela).
En 1620 survient une sentence des juges de Morlaix, en
faveur du seigneur de Trogoff, portant permission de faire
bàiir prison et auditoire au bourg de Saint-Men en Plouégat-
Moysan, pour y exercer sa juridiction ainsi qn'il est accou-
tumé.
En 1681, d'après une vente judicielle du 23 raay, nous
voyons que les seigneurs de Trogoff étaient prééminenciers de
l'église paroissiale de Plouégat-Moysan, de la chapelle de St.
Laui^nt-Kerbabu, de la chapelle de Saint-Men et de (a chapelle
de Saint-Trémeur.
Cette même année 1681, le 9 juillet, Jacques Alain de la
Mare, acquéreur de Trogoff, prend possession de cette terre.
Du procès-verbal il ré.^ulte qu'il a droit de prééminence dans
la chapelle de Saint-Men, en la trêve de Lannéven, que les
armes de la seigneurie de Trogoff s'y voient dans toutes les
vitres ; qu'au dehors on voit sculptées en bosse les armes des
familles de TEpiaay et de Goulaine précédents propriétai-
res ; que dans Tissue de cette chapelle est placé un poteau
avec son carcan de fer et au haut du poteau les armes de la
seigneurie de Trogoff; que le même droit de prééminence
existe pour la chapelle de Saint Yves Kerbabu, trêve de Ker-
babu, où l'on voit dans toutes les vitres les armes de la sei-
gneurie de Trogoff; qu'il en est de même pour la chapelle
de Saint-Trémeur, trêve de Treff du Jou, que les armes de
Trogoff y sont en supériorité dans la maîtresse vitre et au-
(a) 11 nous parait évident que c*est ce dernier texte qui doit être
accepté.
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- 77 ^
dessous les armes du fief de Kerouai possédé alors par René
de Toulboudou sieur de Guiffos ; qu'en l'Eglise paroissiale de
Plouégal-Moysan, dans la rose de la maîtresse viirese Irouvcnl
5 écussons armoriés d'une barre (b) surmontée d'une merlelle
el d'âulres écussons au-dessous et aux deux côtés armoriés
des armes en alliance du seigneur el de la dame de Trogoff
sans aucun aulre écusson, non plus que dans les deux vitres
aux côtés de FEpitre et de l'Evangile, que dans la chapelle
deTaile du côté de l'épitre, i l'une des vitres on voit les
armes des seigneurs de Goulaine et de l'Epinay ; que dans
le chœur du coté de TEvangile et aussi du coté de l'Epîlre,^
existent quatre bancs avec accoudoirs aux armes de la sei-
gneurie de Trogoff, sans qu'il y ait aucun autre banc dans le
choeur ; que sur la grande cloche se voient les armes du
sieur de Pensornou, précédent seigneur de Trogoff; qu'à
Textérieur de l'église on voit un écusson en relief el en pierre
de taille sur un des meneaux de la maîtresse vitrei portant
les mêmes armes et aucun autre.
Suit une longue nomenclature des privilèges el charges de
la seigneurie de Trogoff, ainsi que de toutes les terres el
renies qui en dépendent.
La fin de ce procès-verbal oe prise de possession est assez
curieuse pour être citée textuellement :
« Finallemenl nous aurions entré partout comme dict est
pris possession dans tous les autres appartenances et dépen-
dances de la ditie terre et seigneurie de Trogoff, issues, fran-
chises, sans nulle réservation de touV ce qui dépend de la dilte
terre, ses circonstances el dépendances, pour avoir le dit
sieur de la iVlare et son dit procureur fait faire feu et fumée
dans la maison el manoir du dit château de Trogoff, entré
dans toutes les dépendances d'icelles et dans la chapelle du
dit château estante dans le jardin en dépendant, naarché, ou-
vert el fermé portes et fenêtres, arraché herbes, sonné la clo-
che de la dilte chapelle, plié partie des branches d'arbres,
ambullé et désambuUé, beu et maiigié el faicl tous aultres
actes dénottans bonne et vallable possession, prendre en héri-
laigcs le tout en présence tant du dit seigneur de Kermadec
que plusieurs aultres assistans, sans que personne se soit pré-
senté pour former aucune opposition à la présente prise de
possession quoiqu'ayant resté au dit château et manoir de
Trogoff toute la journée entière. »
Un procés-vci-bal de 1725 constate que les armes de Tro-
goff avec un lambel d'azur étaient placées en haut de la
(6) Cette barre n*est autre cbose qu'une fasce, les hommes de Lois
d'alors ne connaissaient pas mieux le blason que ceux d'aujourd'hui.
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1
;-. 78 -
maîtresse viire de l'église paroissiale de Plouégat-Moysan,
au parement de bois au-dessus de l*aulel, au pignon oriental
du chœur, aux fenêtres du côté de Tépiire et de l'évangile.
En relevant avec soin tous les documents qui existent sur
le Trogoff do Plouégal-Moysan, on peut suivre celte terre
depuis répoque où elle appartenait à la famille de TrogofT
jusqu'^ la révolution.
C'est cette terre qui a donné son nom à la Tamille de Trogofl
qui la posséda pendant plus de deux siècles.
Alain, fils putné du baron de Lauvaux (1), Geoffroy et de
Thiphaine de Rohan (2), prit le nom de sa châtellenie de
Trogoff (3). Il fournit \\2 chevalier à l'osl du duc en 1294.
Pierre de Trogoff lînt pour Charles de Blois, en 1356 sa
châtellenie fui confisquée par Jean de Montfort (4) qui l'engagea
au roi d'Angleterre Edouard III (ô).
(1). De Lanvaux. — Barons de Lanvaux, puînés des comtes de
Vannas, aines des Trogoff,
Armes : D'argent à trois fasces de gueules.
(2). De Rohan. — Puînés des comtes de Porhoét, cadets des comtes
de Reunes, — vicomtes de Rohan, — ducs de Rohan, — vicomtes de
Léon, — pnnces de Léon, — marouis de Blain, -- barons de Clisson, —
comtes de Porhoét, — princes ae Guéméné, — barons de la Roche-
Moysan, — princes de Moutauban, — ducs de Montbazon, — princes
de Rochefort, — comtes de Seizploué, — barons de Frontenay, — princes
de Souhise, — vicomtes de Fronsac.
Armes : De gueules à neuf mâches d'or. S, 3 et 3. Les cadets de
Porhoét prirent le nom de Rohan de leur château en 1 105.
(3). De Trogoff. — Famille d'ancienne chevalerie, a comparu dans
les réformations de 1427, — 1463. — 1513, — I5i3, — 1669.
Portait le titre de comte avant 1789. — Seigneurs bannerets de Trogoff
en Plouégat-Moysan, — Seigneurs dans les paroisses de Plouégat-
Moysan, Plougasnou, Ploujean, Pommerit-Jaudy, Trémel, Goello,
évèchés de Tréguier, de Saint-Pol, de Cornouailles.
Les Trogoff sont cadets des barons de Lanvaux, cadets eux-mêmes des
comtes de Vannes, ramage des anciens rois de Bretagne. — Ils ont eu
des alliances avec les plus puissantes familles de Bretagne, notamment
avec les comtes de Léon et les ducs de Rohan.
Armes : D'argent â trois fasces de gueules. — Quelques cadets brisè-
rent d'un lambel d'azur.
Devise : Tout du Tout.
Plusieurs auteurs indiquent pour armes d'azur à trois fasces de
gueules, c'est évidemment une erreur, on a lu d'azur au lieu de lire
d'argent,
(4). De Montfort. — Comtes de Montfort.
Armes : De gueules au Lion à la queue fourchée d'argent.
(5). D'Angleterre. — Rois d'Angleterre.
Armes. — D'argent à trois léopards de gueules l'un sur l'autre.
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~ 79 -
Ce roi y niir pour capitaine le chevalier Olivier de Thome-
lin (6) qui fui assiégé et pris par du Guesclin en 1364. —
Trogoff fui alors rendu démanlelé à Pierre de Trogoff.
En 1399, Yves de Trogoff épousail Marguerite de Léon (7^.
. Alain el Pierre* leurs fils épousèrent Marguerite de Rochmé-
len (8) ei Alix de Quinquizou (9), Aain épousa en secondes
noces, Alietle de Kerjean flO).
(6). De ThomelÎD. — Seigneur dans les paroisses de Plertuit, — de
Marové, — de Plufur ;*évechés de Saint-Malo, de Saint-Brieuc et de
Tréguier.
Anciennt chevalerie. — Réformation et monstres de 1440 à 1543.
Cette famiUe a produit un lieutenant du château de Trogoff pour Jeati
de Moutfort qui rendit cette place à Duguesclin et signa le traité de
Guérande en 1381. «
Armes : Ecartelé d*azur à cinq billettes d'argent en sautoir et de
gueules pleinement.
Devise : A droit aller nul ne trébuche.
(7). De Léon. — Majson princière issue des anciens rois de Bre-
tagne.
Comtes et vicomtes de Léon, seigneurs de Landerneau, — Daoulas, —
la Koche-Morice, — la Joyeuse-Garde, — Coatmeal, — Le Rozier, —
Chàleauneuf-en-Timeraie, — Noyon-sur-Andèle, •— HacqueviUe,
FamiUe alliée aux Coëtmen, Rohan, Trogoff. Kérouzéré, Kerret, etc.
Armes : D'or au Lion morné de sable.
La branche cadette ajoutait anciennement une bordure chargée de
onze anneleis en or, sans qu'on puisse dire quels en étaient les émaux.
La plupart des familles alliées aux Léon écarlelaient leurs propres
armes de celles de Léon chargées d'une cotice de gueules.
(8). De Roc'hmélen. — Seigneurs en la paroisse de Ponunerit Jaudy,
évéché de Tréguier, fondu dans Trogoff.
Ancienne chevalerie.
Armes : D'azur au cygne d'argent becqué et membre de sable.
(9). De Quenquizou. — Seigneurs dans les paroisses de Plougasnou,
Plouëzoc'h et Lanmeur, évéchés de Tréguier et de Dol.
Ancienne extraction. <- Réformations de 1427 à 1543.
Cette famille a produit un conseiller aux grands jours eu 1495,
Fondue dans Cazin, Tibara, Trogoff, Kermabon et Mol.
Armes : De sable retté d'or.
(10). De Kerjean. — Seigneurs de Keijean en Plestin, évéché de Tré-
guier. Famille éteinte au quinzième siècle daus la famille Richard.
Armes : De sable fret té aor de 6 pièces, au franc canton de gueules
chargé d'une croix d'argent.
De Kerjean, — seigneur de Kerjean, — Kervennec, — Kerlaouenan,
— Prat ar Scao.
Famille d'ancienne chevalerie a comparu aux reformations de 1443,
— 1669, — dans les monstres de 1481, — 1603, — 1534. ~ Paroisse .
de Plouarzel, évéché de Léon.
La branche aînée s'est éteinte dans la famille de Mol.
Armes : D'argent à la tour couverte de sable.
Nous ignorons à laqueUe de ces deux familles appartenait Aliette de
Kerjean, femme d'Alain de Trogoff.
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— 80 -
En 1430 environ la branche atnée des TrogofF tomba en que*
nonilleet Jeanne de Trogoff épousa Olivier de Ploë.«qiiellec (11).
Les Ploësqueliec portèrenl la chàiellenie de Trogoff aux sires
barons du Pont-rAbbé (12).
. En 1 170, Maurice de Kerasquer/'IS), seigneur châlelain de
Trogoff en Plouégal-Movsan, reçoit aveu de Guéguen LeMoal
ou Moallic (14), pour net relevant de Trogoff.
lin 1490, Trogoff appartient au seigneurdeTourneùiin6(16).
En 1520, au seigneur du Chasteilier (16).
(It). De Ploësquellec ou Plusquellec. — Cadets des comtes de Poher,
issus eux-inémes des comtes de CornouaUles. — Evéohés de Gornouailles
et de Tréguier.
Ancienne chevalerie.
La branche ainée fondue dans Pont-rAbbé, du Chastelier et de Ville-
blanche.
Armes : — Chevronné d'argent et de gueules de six pièces. -- Les
cadets brisaient d'un lambel d azur en chef.
Devise : Aultre ne veuil.
(12). Du Pont-FAbbé. —Barons du Pont-i'abbé, — vicomtes du Gouar-
lot. — bannerets de Trogoff, — barons de Rostrenen.
Charles épousa Jeanne de Ploësquellec,
Armes : D'or au Lion de gueules, armé et lampassé d'azur.
Devise : Heb chench sans varier.
(19). De Kerasquer. -^ Sei^eur de Quilimadec, paroisse de Plouda
niel, — évéché de Léon, — seigneur de Trogoflf en Plouégat-Moysan, —
évéché de Tréguier.
Cette famille ^ comparu à la réformatiou de 1443 et aux monstres de
1503 et 1534 en équipage d'homme d'armes.
Elle s'est éteinte en 1 596 dans les familles de Penancoêt et Barbier.
Armes : D'argent à deux haches d'armes de gueules posées en pal.
(14). Ee Moal ou Moallic. — Seigneur de Kerloaz, paroisse de Plou-
lec'h et de la Villeneuve. Paroisse de Coatréven, — évéché de Tréguier.
Fondu dans Trogoff. '
Cette famille comparut à la réformation de 1427.
Armes : D'azur à deux cygnes affrontés d'argent hecqués et membres
de sable.
(15). De Tournemine. — Barons delà Hunandaye, — barons de Retz,
— barons de Camsillon, etc. Evéchés de Saint-Brieuc, de Tréguier et de
Léon.
Ancienne chevalerie. — Réformations et monstres de 1427 à 1584.
Armes : Ecartelé d'or et d'azur. — Une branche cadette brisait
. d'une bordure cousue de gueules.
(16). Du Chasteilier. — Seigneurs dans les paroisses d'Eréac, de Lan ^
relas et de Plesliu, évéché de Saint-Malo.
Anciennes extractions Ré formations de 4427 à 1513.
A produit un chevalier 3roisé en 1248. Fondu dans Villeblanche.
Catherine du Chasteilier, femme de Claude de Villeblanche, nièce de
Jeanne de Ploësquellec, veuve sans enfants de Charles du Pont-l'abbé,
recueiUit dans sa succession la chatellenie de Trogoff qui lui était re-
venue par la mort de Maurice de Kerascjuer à qui elle en avait fait don.
Ar m es : D'or au chef de sable, charge d'un lambel d'argent.
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- 81 —
En 1533, à Messire Claude de Villeblanche (17; et i Kn-
loine, son frère.
En 1549, celte chàlellenie esl louée par Claude de Ville-
blanche 3eul seigneur à Maurice Le Meur, seigneur de Les«^
moal (18).
En 1550 el 1552, Trogoff appartient à Louise de Goulainé
(19) veuve de Guy, sire d'Espinay et à Jean d'Espinay, son
fils (20).
(17). De Villeblanche. ~* Seigneurs dans les paroisses de Ploué^t-
Moysan et de Broons, évêchés de Rennes, de Tréguier et de Saint-
Malo. Fonda dans Espinay.
Cette famille a comparu aux réformations de 1513 et 1543.
Elle a fourni un abné de Quimperlé, mort en 1 483, un abbé de Lan-
dévennec, mort en 1490. un grand pannetier de la Reine Claude de
France en 4522, un capitaine de Rennes, un grand maître de Bretagne.
Armes : De gueules a la fesce d'argent, accompagnée de trois têtes de
saumon de même placées 2 et 1. -
La chatellenie de Trogoff passa dans cette famille par Catherine du
Chastellier, épouse de Claude de Villeblanche.
(18). Le Meur. — Seigneurs de Lesmoal, — • de Kerharant en Guerles-
quin.
Famille d'ancienne extraction qui a fourni un gouverneur de Lannion,
un docteur en Sorboane, aumônier du roi, fondateur des missions étran-
gèr** s.
Armes : D'argent à la fasce d'azur accompagnée en chef d'un crois-
sant de gueules.
(19). De Goulainé. — Marquis dudit lieu, — barons du Faouêt, —
vicomtes de Coëtquénan, — vicomtes de Saint*Nazaire, -^ seigneurs
dans la paroisse de haute Goulainé, évéché de Nantes.
Famille d'ancienne chevalerie qui a produit un gouverneur de Nantes
en 1180. Il négocia la paix entre Philippe-Aususte et Henri II d'Angle-
terre, et reçut de ces deux princes les armes d'Angleterre et de Franc.e
mi-parties. Geoffroy à la croisade de 1248. — Beaudoin, abbé de Saint-
Gildas en 1548. — Gabriel de Goulainé, chevalier et l'ordre, capitaine
de cinquante lances et Jean de Goulainé, baron du Faouêt, son frère,
commandaient les ligueurs qui prirent, en 1590, le château de Trogoff
en Plouescat et le château de Kerouzéré en Sibiril.
Reformations de 1430, — 1441, — 1669.
Armes : Parti de gueules à trois demi-léopards d'or l'un sur l'autre
gui est moitié des armes d'Angleterre et d'azur à une fleur de lys et
demi d'or qui est moitié des armes de France.
Devise : A cettuy-cy à cettuy-là j'accorde les couronnes.
(20). D'Espioay — Marquis dudit lieu en 1573, — vicomtes de Biai-
son, — barons de Mathefelon, — marquis de Vaucouleurs, — seigneurs
dans la paroisse de Ghampeaux, évéche de Rennes.
Famille d'ancienae chevalerie qui a produit quatre chevaliers de
GuilIaume-le-Conquéiant en 1066; un chevalier croisé en 1248; plusieurs
cardinaux, archevêques, évêques et abbés; deux grands maîtres, un grand
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— 82 -
En 1565 Pierre Le Pyrooine ou le Oivanac*h (31) et Amice
Le Roux C2i) sa femme achètent aux précédents la cbâtellenie
de Trogoff.
En 1559 Jean d*B$pinay et Louise de Goulaine sa mère, ne
pouvant se faire payer, font saisir Trogoff sur Pierre Le Dy-
n[ioine et sa femme et le mettent en vente; Jean de Pensornou
chambellan, plusieurs chambellans ordinaires des ducs do Bretagne e\
des rois de France. Eteints en 1764.
Réformations de 1438, — 1448, — 4669.
Armes : D'argent au Lion coupé de gueules et de sinople, ongle d'or,
— Les cadets brisaient d'une bande d azur semées de fleurs de lys d'or.
Alias : Le Lion est armé lampassé et couronné d'or.
Devise: Rapellam umbras.
Les Schomberg d'Espinay n'ont jamais possédé Trogoff comme le dit
M. de Courcy, car la branche d'Espinay qui s'est foudue dans Schom-
berg n'a contracté cette alliance quen 1598. A cette époque Trogoff ap-
partenait aux Pensornou depuis 1559, date à laquelle les Schomberg
étaient encore allemands ; ils ne furent naturalisés qu'en 1570.
(21). Le Dymoyne, Dimoine, Divanac'h ou Dimanac'h.— Famille d'an-
cienne extraction qui posséda des fiefs dans les paroisses de Trébabu
et de Plougonvelin, éveché de Léon.
Réformation de 1448. — Monstre de 1503.
Armes : D'or à la croix engreslée de gueules.
(22). Le Roux. — Il y a eu un grand nombre de familles Le Roux,
nous donnons en cas de besoin les armes de celles qui habitaient les
évéchés de Léon et de Tréguier, à l'une desquelles devait appartenir
Amice, femme de Pierre le Dymoine.
1 . Le Roux, évéché de Tréguier et de Léon, paroisse de Cavan, Plouec'h
et Plourin : Ecartelé d'argent et de gueules.
Devise : Pé brézel Pé carantez (ou la guerre ou l'amour).
2. Le Roux, marquis du Bois de la Motte, évéché de Trécuier, paroisse
de Piouagat-Chatel-Audren : De gueules^à deux molettes d'or en
chef, a un croissant de même en pointe.
8. Le Roux, évéché de Léon, paroisses ae Guipavas, Plouzané et Çlouar-
zel : D'azur fretlé d'argent de six pièces au chef d'or chargé d'une
quintefeuille d*azur.
4. Le Roux, évéché de Tréguier, paroisse de Merzer : Parti d'argent et
de gueules à un croissant surmonté de deux étoiles de l'un en
l'autre.
5. Le Roux, évéché de Tréguier, paroisse de Pommerit le Vicomte :
vairé d'argent et de gueules,
6. 7 et 8. LeRou^t dans les mêmes évéchés, sans indication de paroisses
portaient : D'argent à une branche de houx ornée de trois feuilles
de sinople : D'argent à trois coquilles de sable D'argent a la
channe ou marmite de sable surmontée d'un lambel de gueules
(alias d'azur). Alias : Trois channes surmontées d'un lambel (sceau
de 1275).
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— 83 —
f3î) fils de Jacaues et de Marguerite- Calloët (34), s'en rend
acquéreur et la famille de Pensornou couserve cette cbàlelle-
nie pendant 112 ans, et laisse de nombreuses traces de cette
possession par ses arrêts de haute moyenne et basse justice,
par les aveux qu'on lui rend, par ses armoiries qui sont
scniptées ou peintes dans toutes les églises et chapelles ou
elle a prééminence.
Ajnsi Trpgoff est possédé en 1559 par Jean de Pensornou ^
En 1570 par Jean de Pensornou ; sceau de 1580 écartelé de
Pensornou, aux 1 et 4, aux 2 et 3, de 3 fasces vivrées ou
ondées au cbef chargé de 3 étoiles. 1\ n'y a que la famille
PorzaI de Tévêché de Tréguier qui porte des armoiries sem-
blables.
11 y a donc à supposer qne Jean Pensornou, père de Jean
et beau-père de Marguerite de Kerret, avait épousé une fille
de la maison de PorzaI (24 bis).
(23), De Pensornou. — Bannerels de Trogoff en Plouégal-Moysan et
seigneurs de fiefs en Taulé, évéchés de Tréguier et de Léon.
Famille d'ancienne extraction fondue dans Huon de Kermadeè.
Réformations de (443 et 1670. — Monstres de 148t, 1503 et 1534.
Armes ; D'argent à la fasee de sable accompagnée en clief d'une mer-
lette de même.
Des procès-verbaux disent une barre au lieu d'une fasce, c'est évi-
demment une erreur.
Les Pensornou, après leur aUiance avec les Kerret, écartelèrent leurs
armes de celles de Léon, ce qui ne leur fut pas contesté. Cela nous
semble irrégulier, car cela ne se faisait que pour les alliances directes
et si les Kerret ont pu le faire en suivant les usages établis, il n'en
résultait pas le même droit pour les Pensornou. Les armes qui leur
furent attribuées à la réformation de i670 n'ont plus l'écartelé de
Léon ; mais il ont porté cet écartelé pendant tout le temps qu'ils ont
possédé Trogofif et nous le voyons encore sur un sceau de Jean de Pen-
sornou en 1671, un an après la réfo'rmation précitée.
(24). Callouêt. -Seigneurs en Plessidi, Plouigneau et autres paroisses,
évéché de Tréguier.
Famille d'ancienne extraction. — Réformations de" 1427-1447-1643-
1669. — Monstre de 1479.
A produit : Un conseiller du Duc Jean V en 4450. — Un évêque de Tré-
guier mort en 1.504. — Un président de la noblesse de Tréguier qui défit
les Anglais à Camaret en 1694. Famille éteinte.
Armes : D'or à la fasce d'azur surmontée d'une merlette de même. —
C'est le même sceau que celui des Pensornou, mais les émaux sont
différents.
Devise : Advise-toi.
(24 bis). De PorzaI- — Seigneurs dans les paroisses de Ploudalmézeau
et de Plougasnou. Evéché de Tréguier.
Ancienne extraction. Réformstion de 1543.
Armes : D'argent aux trois fasces ondées d'azur au chef du même
chargé de trois étoiles d'or.
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— 84 —
En 1582 par Jean de Pengornou, fils de Jean qui avail élé
époux de Marguerite de Kerret (95), déeédée, ce qui donne
lieu à l*io(roduction des armes de l.éon dans le sceau des Peo-
sornou el dans celui de la court de Trogoff ;
En 1586 par Jean de Pensornou de Kerampont ;
En 1588 par Jean de Pensornou sieur de la Boissière ;
En 1599, Françoise du Perrier (36) veuve du sieur de Pen'
sornou, dame douairière de Trogoff en Plouégal-Moy&an*
comme tutrice de Guy ou GÙyon de Pensornou, atné, et de
Jean de Pensornou» cadet, flis de feu Jean de Pensornou, rend
hommage pour des fiefs dépendants dudit Trogoff et situés en
Ploêgat-Hoysan, au seigneur comte de Bois Eon, seigneur de
Trogoff en Ploue^cat, évèché de Léon. En 1600 el 1602,
mêmes aveus. Eo 1608 et 1610, mêmes aveus de Françoise
du Perrier, tutrice de Jean de Pensornou son fils, seigneur
de Trogoff, devenu l'aîné par la mort de Guy de Pensornou*
En 1618, 1619, 1620. aveus de Trogoff par Jean de Pen-
sornou, seigneur de la Villeneuve.
En 1649 nous trouvons comme seigaeur de Trogoff', Jean
(25). De Kerret. ^ Seigùeurs dans la paroisse de Saint-Martin d®
MorJaix, évéché de Léon. Famille d'ancienne chevalerie qui s'est allié^
vers 1290 à la branche des Léon, seigneurs de Pensez. Elle a produit
un gouverneur du château du Taureau en 1604, — - un page du roi, ~
un brigadier de cavalerie.
Réformations de 1126, — 1113, — 1543, et 1669. — Monstres de
lia 4, — 1503, — 1534 en équipage d'hommes d'armes.
Armes : Ecartelé aux 1 et 4 d'or au Lion morné de sable qui est de
Léon, à la cotice de gueules brochant comme brisure, anx 2 et 3 d'ar-
gent à deux nigeons d'azur affrontés, becqués et membres de gueules,
qui est du Val de Kerret. Alias pour 2 et 3 les 2 pigeons becquetant un
cœur de gueules.
Devise : Tevel hag ober (se taire et agir).
(26). Du Perrier ou du Poirier. — Comtes de Quintin en 1424, pa^
alliance avec l'héritière de Quintin. Seigneurs dans les paroisses de
Berhet, — Plufur, — Tréméven, — Plourac'h et autres, évéchés de
Tréguier, de Saint-Brieuc et de Gornouailles.
Famille d'ancienne chevalerie. — • Réformations de 1427, — 1513,
— 1536, — 1543, — 1671. — Monstres de 1481 en équipage d'homme
d*armes.
A produit un chevalier de l'ost du duc enl294, — un évêque deTré-
ffuier qui entreprit la réédification de la cathédrale, — deux chevaliers
de Malte, — un avocat général aux comptes.
L'une des branches s'est fondue dans Laval, l'autre dans Yilleblanche.
Armes : D*azur à 10 bdlettes d'or, 4, 3, 2 et l (sceau, 1387).
Devise : Ni vanité ni faiblesse.
Alias : Un poirier (sceau de 1348).
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— 8S -^
de Pensornou, seigneur de ia Villeneuve, qui élail époux de
Jeanne Rogon (27).
En 1650 et 1652 aveiis par Jean de Pensornou de la Ghâtel-
lenie de Trogoff, en PJouégalMoysan, el de la seigneurie de
Kérouséré en dépendant, aux issus du bourg de Plouégat-
Moysan.
En 1662, aveus far Jean de Pensornou seigneur de Kéram-
pont.
En 1665 par Jean de Pensornou, seigneur de Penaméncz.
On ignore le nom de sa femme, mais il ne laissa qu'une fllle
unique Anne de Pensornou, épouse d'Alain Huon de Ker-
madec {28j qui devint aii^si seigneur de Trogoff.
Kn 1671, prise de possession de Trogoff'par Huon de Ker-
rnadec, à cause de Anne de Pensornou fille el unique
héritière de Jean de Pensornou» seigneur de Trogoff*,.
épouse dudit sieur de Kermadec : comparaissent au même
acte comme co-seigneurs de fiefs relevant de Trogoff"
les sieurs de Lézormel des Tourelles (28 bis), Grassy de
(27). Rogon. — Seigneurs dans les paroisses dePlurien, Erguy, la
Bouillie et Morieux, éveché de Saiut-Brieuc. — Famille d*ancienne che-
valerie. — RéformaUons de 1423, — tlll, — 4480, — 1513 et 1669.
Jugement de l'intendance de 1702. Monstres de 4483.
A produit un homme d'armes dans la compagnie de Broons qui
passa la Monstre à Bourges en 1418, — un page du roi en 1727, — un
maréchal de camp.
Armes : D'azur à trois roquets d'or.
(28), Huon de Kermadec. — Seigneurs eh Ploudiry, évéché de
Léon.
Famille d'ancienne chevalerie— Réformations de 1126, — dl48, —
1689, Monstres de 1378, ^ 1503, — 1534.
A produit un chevalier de Saint-Michel mort en 1676, —un chevalier
du comte de Léon en 1270 et un autre en 1307, — un écuyer du corps
et de la chambre du duc de Bretagne à Âzincourt en 1415, — un chef
d'escadre mort en 1787, — un capitaine de vaisseau en 1791.
Armes : D'or à 3 annelets d'azur 2 et 1 et à 3 croisettes recroise ttécs
de même 1 et 2.
Devise : Enda bado birviquen (tant qu'elle existera, jamais), ou Atao
da virviquen (toujours à jamais).
(28 bis). De Lézormel des Tourelles. — Seigneurs dans les paroisses-
de Plestin. Plouégat, Plougonven, Lannedern, évéché de Tréguier. Fa-
mille éteinte dans Raison. Ancienne extraction —. Réformations et mons-
tres de 1427 à 1543. — Réformation de 1669.
Armes : Bandé de six pièces d'argent et d'azur.
Devise : Content est riche.
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^ 86 ~
Keranmoal (28 1er), el Cariou de Traonvily (28 qualer).
Eq 1673 aveus par le même ainsi qu*eii 1679.
En 1681 vente judicielle de Troçdf, saisi pour dettes par
Rolland ralloèt, seigneur de Lannidy (39; sur Alain Huon
de Kermadec et Anne de Pensornou s^ Terome. et acquisition
par Alain de la Mare (30), avec le fief de Keroual en dépen-
dant au sieur de Toulboudou (3t^.
En 16S3, Jacques àlato de ta Mare scelle un acte de son
sceau qui est d'azur au chevron d'argent accompagné de
3 besanls d'or, au chef d'argent chargé de 3 étoiles de sable.
Postérieurement cependant on trouve encore des jugements de
la cour de Trogoff scellés des armes de Pensornou écartelées
de Léon, tandis que d'autres portent les armes de la famille
Alain de la Mare.
En Y6H4, Jacques Alain de la Mare vivait encore et étai
marié à Marie Le Gorolter (32j ses actes sont scellés d'nn
(28 ter). Grassy de Keranmoal. En la paroisse de Laudrévarzec,
évéché de Cornouailles.
A' comparu à la réformation de 1671 et a été débouté.
Nous n'avons trouvé aucun autre document constatant que cette
famille ait pu faire preuve ensuite de sa noblesse.
(2S quater). Cariou de Traonvily. — Seigneurs des Tourelles, paroisses
de Lo^ueffret ti Ploumilliau, éveché de Tréguier.
Ancienne extraction. Réformations et Monstres de 1445 à 4553, Réfor-
mation de 1669.
Armes : D'azur à trois molettes d'or.
Devise : Urgent stimuli.
' 29) Voirie rdnvoi n» 24.
' (80). Alain de la Mare. — Cette famille, originaire de Bretagne, s'éta-
blit en Normandie et y fut anoblie en t^Sê. Elle fut reconnue dans sa
noblesse en Normandie en 1671 et en Bretagne en 1729.
Armes : D'azur au chevron d'argent, accompagné d'un besant d'or
en pointe. Alias : D'azur au éhevron d'argent, accompagné île trois
besants d'or, au chef d'argent chargé de trois étoiles de sable. Alias :
Mêmes armes moins le chef.
(81). De Toulboudou. — Seigneurs dans les paroisses de Ploué^at-
Moysan, liDC-Malo, Plouray-Lan^onnet, — Plougasnou, — Ploujean
et Plouézoc'h. Evécbés de Tréguier, Vannes et Cornouailles.
Ancienne extraction. Réformations et monstres de 1426 à 1586, —
Réformation de 1669.
Armes : D'or semé de feuilles de houx de sinople.
(32). Le Coroller. — Seigneurs dans les paroisses de Garlàn et de
Saint Mélaine de Morlaix. — Evéchés de Tréguier et de Léon.
Fanûtle d'ancienne extraction. — Réformaiions de 1427, — 1548 et
arrêt du Conseil de 1717. Arrêt du Parlement de 1773. — Monstre
d 1366.
A produit : Un gouverneur du château du Taureau.
Armes *. De sable au cerf passant d'or, accompagné de trois besants
d même. Alias : D'azur au coq d'or.
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— 87 -
double sceau : 1* d'azur an chevron d'argent, accompalçné
de 3 besans d'or (il n'y a plus de chef) ; 2» D*azur au coq d'or.
De 1687 jusqu'à 1728, Marie Coroller scelle ses actes des
mêmes armes, elle était alors dame de Trogofi, veuve
d*Alain de la Mare et tutrice de Jacques de la Mare ou dame
douairière de Trogoff.
En 1728, sana qu*oa sache si c'est par succession ou par
vente, la châtellenie de Trogoff se trouve être la propriété par
indivis de Louis Florian des Nos des Fossés (33) et de Marie-
Françoise-Louise des Nos, sa sœur, comtesse douairière de
Guergorlày, veuve du comte de Kergorlay (34J.
En 1789, la seigneurie de Trogoff appartenaait aux deux
fils du comte de Guergorlày et de Marie-Françoise-Lpuise des
Nos-des- Fossés, scavoir: Gabriel Louis-Marie et Louis Florian
de Guergorlày. f^ar surle de partage, Gabriel-Louis«Marie de
Guergorlày devînt propriétaire unique de Trogoff.
En 1790, son flis, Alain-Marie de Guergorlày. hérita de lui,
puis il émigra.
L'an 3, la seigneurie et châtellenie de Trogoff fut confis-
quée sur rémigré Alain-Marie Guergorlày, ci-devant noble.
(33). Des Nos des Fossés. — Seigneurs dans les paroisses de Saint -
Potan, Plouer et autreis, évéchéi de Saint-BriQuc, Saint-Malo, Tréguier -
et du Mans.
Famille d'ancienne cheyalerie. Réformations de 1441,. 1513, 1535,
1669. — Jugement de Tintendance du Maine de l704.
A produit un chevalier croisé en 1248, — trois chevaliers de Tordre,
— deux chefs d'escadre, — deux lieutenants généraux, — un maréchal
de camp, -— trois chevaliers de Malte, — un abbé de Redon, évêque de
Rennes, puis de Verdun.
Armes : D'argent au Lion de sable armé, lampassé et couronné de
gurules.
Devise : Lion rampant n*est pas soumis.
Aliàs : Tout pour honneur et par honneur.
Alitts : Marche droit. ^
(34). Pe Guergorlày ou Kergorlay. — Barons de Guergorlày, barons
de Pestivien, se-gneurs dans les paroisses de Haut-Gorlay, de Motreff et
Plougonver, évécnés de Gornouailles et de Tréguier.
Famile d'ancienne chevalerie. — Réformations de 1513, 1543 1671.—
Monstres de 1481, 1562. Alliée aux Montfort, Laval, Penthièvré, Léon,
Quintin, Beaumanoir, Tournemine, Rohan, Avaugour, etc.
A produit : Trois chevaliers croisés en 1096, 12^9, 1270, — un che-
valier tué à la bataille d"Auray en 1364, — plusieurs maréchaux de
camp, — un pair de France.
Armes : Vairé d'or et de eueules.
Devise : Ayde-toi, Guergorlày» Dieu t'aydera.
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— 88 -
L'an 4 elle M vendue comme bien national à la citoyenne
Marie-Françoise Tréal.
Nous avons donc pu suivre la châtellenie de Trogoff en
Plouégat-IVloysan, depuis les temps reculés où elle appartenait
à la famille de Trogoff jusqu'à l'époque où elle cesse d'être
seigneurie el l<^s documents, les (amilles les armoiries ciléeS|
effaceront désormais toute confusion.
Nous eussions désiré pouvoir présenter un travail
aussi complet pour la seigneurie de Trogoff en IMouescat.
Mais, raalheupeusemenr les documents ici sont beaucoup plus
rares. Nous allons donner un résumé de ceux que nous avons
pu nous procurer et qui permettent, malgré le manque de
dates, de suivre la transmission de la châlellenie jusqu'à nos
jours.
La deuxième seigneurie et cbâtellenie de Trogofi'est située
dans les paroisses de Ptouescal et de Sibiril, évêché de Léon.
Elle possédait un château fort assez important. D'après les
alliance des familles qui ont possédé les deux Trogoff, les rap-
ports qui ont toujours existé entre les terres qui les compo-
saient, les aveux rendus à diverses époques, il semble probable
que le Trogoff de fMouescataété fondé parla famille deTrogoff
qui lui a donné son nom, nom qu'elleavait pris du Trogoff de
Flouégat-Moysan. Ce n'est là, du reste, qu'une simple suppo-
sition. Mais elle prend une pande consistance quand on voit
qu'il y avait en la paroisse de Plouescat une famille noble du
nom de Trogoff, qui portail cependant des armes différentes de
celles des Trogoff de Plouégat«Moysan et qui n'est, tout porte
à le croire, qu'une branche de la même famille (35).
Trogoff, était le siège d'une haute moyenne et basse-justice
qui avait droit à trois peaulx seulement, tandis que le Trogoff
de Plouégat-Moysan, bien que relevant pour certaines terres
du Trogoff de Plouescat, avait une juridiction plus importante
et avait droit à quatre peaulx.
Pendant longtemps la court de Trogoff de Plouescat releva
de Mortaix, comme la court de Trogoff de Plouégal-Moysan ;
mais quand cette seigneurie fut réunie à la cbâtellenie de Ké-
rouzéré. en Sibiril, pour ne former qu'une même baronnie^
elle releva de la Justice do Lesueven.
(85) De Trogoff. — Seigneurs de Trogoff, paroisses de Plouescat en
révéché de Léon.
Cette famille semble être une branche des Trogoff de Plouëgat-Moy-
san. Elle a eu des alliances avec les comtes de Léon et les sires de
Kérouzéré et s'est éteinte dans cette dernière famille.
Armes : De gueules au lambel & trois pendants d'or.
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- 89 -
Près de celle deuxième seigneurie de Trogoff se trouvait la
châtellenie de Kérous^ré, qui cohiine la cbâiellenie de Trogoff,
porlaii bannière, dont les signeurs furent aussi châtalains de
Trogoff à une époque reculée et qui iul réunie à Trogoff pour
former une baronnie sous le uom de Trogoff Kérouzéré.
Le cbâleau fort de Trogoff subit en 1590 le même sort que
celui de Kérouzéré, il appartenait alors au sieur de Bois Eon
et tandis que le roalheureux de Kerdraon défendait Kérouséré,
on prit Trogoff qui fut rasé et la chute de ce châtea^i entraîna
celle de Kérouséré qui tomba au pouvoir des ligueurs et fut dé-
mantelé mais non détruit.
Le seigneur de Kérouzéré épousa à une époque, que nous
ne pouvons préciser, \s dernière héritière de Trogoff *et la
seigneurie lui advint en héritage (36).
La branche atnée de Kérouzéré tomba en quenouille et son
héritière épousa le sieur de Kérimel de Coëtnizan (37) auquel
elle porta Trogoff.
En 1640, d'après le dictionnaire des fiefs, la châtellenie de
Trogoff appartenait à la famille de Bois-Eon (38j et y resta
(36) De Kérouzéré.— Bannertts de Kérouzéré et de Trogofî. paroisses
de Sibirit et de Plouescat, évéché de Léon.
Ancienoe chevalerie -. Béformations de 1120, 1415. — Monstres de
1503, — 1534 en équipage d'hommes d'armes.
Cette famille a produit un échanson du duc Jean V, présent au siège
de Chateauroux en 1420, qui délivra le duc détenu par les Penthicvre, —
un juge universel de Bretagne en 1423, — un conseiller et chambeljlan
du duc François II en U62, — uii évéque de Léon mort en 1445
Armes : De pourpre au Lion d'argent.
Alias : D'argent au Lion de poupre armé et couronoé d'or.
Devise : List, list (laissez, laissez).
(37). De Kérimel-Coëtinisan. — Bannereis de Kérouzéré, seigneurs
dans les paroisses de (Kermaria-Sular) Gondelin, Pluzunet et Guin-
gamp, évéché de Tréguier.
Ancienne chevalerie. ~ Réformations de 1427, — 1467, — 1535, —
4548.
Cette famille dont la branche ainée s'est fondue dans Barac^h et Cos-
quer de Rosamfoo a produit un maréchal de Bretagne, ami du conné-
table Du Guesciin et son compagnon dans toutes ses guerres, — un
chevalier tué en 1396 à la bataille de Nicopolis.
Armes : D'argent à trois fasces do sable.
(38) De Bois*Eon. — Comtes de Bois-Eon, — vicomtes de la Bel-
lière, — barons de Marcé, — barons de Trogoif-Kérouzéré, paroisses
de Lanmeur, de Plouescat, de Sibiril, évéchés de Léon, de Dot et en-
claves de Tréguier ; famille éteinte.
Ancienne chevalerie. Réformation de 1427 et 1671.
Cett« famille a produit un chevalier en 1286, — un commandeur de
Saint-Jean de Jérusalem mort en 1469, — un célèbre capitaine pendant
soc. ABCHÊOL. DU FINISTÈRE. 7
/
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— 90 -
pendant un grand nombre d'années. Nous Tavons déjà vue
possédée par celle loême famille de 1599 à 1610 dans des
aveux rendus au seigneur de Bois-Ëon, sire de'Trogoff en
Ploueseat, par Françoise du Perrier et Jean de Pensornou> son
fils, sieur et dame de Trogoff en Plouégat-Moysan.
Un sîeur de Bois-Eon ayant épousé, au XVI» siècle, Théri-
tière de Kérimel Coêtinisan, hérita par elle de la châlellenie
de Trogoff. C'est lui qui en était le propriétaire et qui tenait
pour le roi, quand la^ ligue prit et rasa Trogofi. Le château
détruit, Bois-Eon, ruiné par les guerres de la ligne, vendit
Trogoff au sieur de Poulpry (39). Puis la châlellenie et tous ses
droitib passèrent à la famille de Bréhant (40J, à la famille
la liçuc qui devint gouverneur de la viUe et du château de Morlaix e
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.
Armes : D*azur au chevron d'argent accompagné de trois têtes de
éopard de même.
Devise : Talbia l
(39^ De Poulpry ou du Poulpry. — Barons de Kérouzéré-Trogoff,
paroisses de Pioudaniel, Saint-Frégant et autres, évéché de Léon. —
Famille éteinte en 1827. Ancienne chevalerie. — Réformation de 1448
et 1669. Monstres de 150S et 1584.
Cette famille a produit un chevalier croisé en 124S, un président
aux enquêtes chantre de Léon et doyen du Folgoat en 1595. Plusieurs
conseillers au parlement, — un maréchal de camp, un lieutenant
général.
Armes : D'argent au rencontre de cerf de gueules.
(40) De Bréhant. — Comtes de Plélo, vicomtes de Tlsle, barons de
Mauron, — bannerets de Bréhant, châtelains de Trogoff-Kérouzéré,
seigneurs dans les paroisses de Bréhant, Loudéac, Iffignac, Sibiril et
Plouescat. évéché» de Léon et de Saint-Brieuc. Fondue dans duPlessix-
Richelieu, ducs d'Aiguillon 1740.
Ancienne chevalerie. — Réformations de 1423, 1513, 1535 et 1669.
Cette famille a produit un abbé de Saint- Aubin en 1163, — un che-
valier croisé en 1248, — un gentilhomme de la chambre de Henri IV en
1605, — un ambassadeur en Danemark, tué au siège de Dantzig,
. eu 1878.— un chevalier de Malte en 1660, — un maréchal de camp.
Armes : De gueules au léopard d'argent.
Devise : Foy de Bréhant vaut mieux qu'argent.
La branche des vicomtes de Tlsle portait de gueules à 7 mâcles d'or,
8, 8 et 1. ^ ^
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-. 91 -'
des Cios (41), à la famille de Larian (42), à la famille Eon du
Vieux-Chalel el de Villebague (43).
Celai! le sieur Eon de Villebague, riche propriétaire
babitanl la terre de Villebague, près Saint-Malo, qui en étaii
seigneur en 1758.
L'arrêt de 1758 qui est mentionné dans la pancarte de
Plouescat, communiquée par M. Flagelle, a été rendu au pro-
fit du seigneur de Trogoff à raison de contestations élevées
sur le nM)niant des droits et redevances dues à celle seigneurie.
Les armes qui figurent en tête de celle pancarte et qui sont
d*argeni au Lion de sable sont bien celles de la famille Eon ;
Fécusson de son alliance inrlique que la femme du sieur Eon
de Villebague était une fille de la famille ]Nouël ou Nouvel
à laquelle appartient Monseigneur Tévêque de Quimper el de
Léon. (44).
(41) Des Clos. — Bannerets de Trogoff-Kérouzéré, évéché de Léon.
La noblesse de cette famille fut reconnue par la protestation de 1788.
EUe a produit un connétable de Rennes en 1701 qui devint secrétaire
du roi en 1711.
Armes . D*or au chevron brisé d'azur, accompagné en pointe d'une
ancre de sable au chef d-azur chargé de trois étoiles d*or.
Alias : De gueules au léopard d'argent, un pal losange d'or et de
sable brochant.
Devise. — Salus in adversis.
(4î) De Larian. — Seigneurs de Keicadio, de Rochefort et autres
efs. — Paroisse de Noyal-Pontivy, évêché de Vannes.
Ancienne chevalerie. — Réformations de 1448, 1536 et 1668.
Famille qui a produit plusieurs conseillers au parlement dont l'un
fut commissaire réformateur de la noblesse en 1668. — Trois prési-
dents à mortier.
Armes : D'argent à la croix de sable chargée de 9 màcles du champ.
Alias : d'argent à 9 màcles de sable posées en croix.
<43) Eon du Vieux-Chatel. — Seigneurs de Villebague. — Evêché de
St-Malo. Châtelains de Trogoff. évêché de Léon.
Noblesse reconnue par l'intendance en 1709 et par la protestation
de 1788. >- Réforn^Uons de 1478 et 1513.
Cette famille a produit trois secrétaires du roi.
Armes : D'argent au Lion de sable.
Ce sont ces armes qui sont gravées en tête de la panearle de
Plôuescat.
(44) Nouvel — Nouuel — Novel — Noël — Nédellec. — Seigneurs
dans les paroisses de Louannec, Merzer, Ploujean, Plourin, Plougasuou,
PlouigneaUy Guimaéc, Pordic, Trédarzec, Ploumogeur, évêché de
Tréguier.
Ancienne extraction. — Reformations el monstres de 14ÎÎ6 à 1543.
— Réformation de 1669.
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— 92 —
L'une des filles du sieur Eon de Villebdgue et du Vieux
Chatel e{ de la dame Nouvil son t^pouse, fui mariée à M. de
Rosnyvincn, marquis de IMré (45) el recul en partage une
Celte famille a fourni : Hervé, générai de Tordre de St^DoBÛnique
mort en 1323. — Vincent Nouuei de Kermadéza, gouverneur du
château du. Taureau en t553 et 1555.
Plusieurs auteurs prétendent que le père Joseph, dit rEoiinence grise,
confident et confesseur de Richelieu et qui fut maintes fois ^ur le point
d'être nommé cardinal, étaft de cette famille, fils du sieur Nouvel de
Kerven en Guimaêc. Nous pensons qu'il y a là une erreur, car la
plupart des auteurs disent que le père Joseph se nommait Le Clerc du
Tremblay. D'autres disent qu'il fut le parrain et le directeur de Jo-
seph Nouvel de Kerven et vint souvent visiter ce jeune homme à
Morlaix. Ce fut lui qui décida sa vocation et le fit entrer sous le nom
de père Joseph dans Tordre des Capucins.
C'est sans doute ce nom de Père Jos$ph qui a causé la confusion de
quelques auteurs de biographies.
Joseph Nouvel de Kerven, fils du sieur de Kervenyet de Françoise
Calloucty fondait un couvent de Capucins à Sedan en 164U. Il était
célèbre comme prédicateur ; sa mère avait fondé les Galvairiennes de
Morlaix en 1625.
Mgr Don Anselme Nouvel, de Tordre de Saint-Benoit, évêque actuel
de Quimper et de Léon depuis 18^1, eit le descendant de cette
famille.
Armes; branche aînée: De sable au cerf passant d*or. Branche
cadette : D'argent au pin de sinople, accosté de deux cerfs de sable
rampants affrontés soutenant le tronc de Tarbre.
Devise : Tout bien ou rien-
C'est à la branche cadette qu'appartient Mgr Tévéque de Quimper>
c'est à elle aussi qu'appartenait la dame Eon de la Villebague dont le'
armes sont gravées en tête de la pancarte de Plouescat.
(45) De Rosnyvinen. — Marquis de Pire. — Comtes de Maure. - Barons
de Lohéac. — Châtelains de Kérouséré-Trogoff, seigneurs de fiefs
dans les paroisses de Ploudiry, Plouescat, Sibiril, évêche de Léon et de
Dlrinon et Lopcrhcc cvêché dô Cornouailleç.
Ancienne chevalerie. — Reformations de 1426-1118 et 1669. —
Monstre de 1562.
Famille qui a produit : Un chevalier en 1300. — Un 1^'' échansonde
Charles VIL — Trois maîtres des eaux et forêts — Deux chambeUans
do Louis XI et de Charles VIII. Deux gouverneurs du château de la
Roche -Morice. — Des chambellans de Pierre et de François II. — Un
capitaine tué à la bataille de Saint-Aubin du Cormier avec quatre autres
Rosnyvinen. — Uu capitaine de 100 lances à la conquête de l'Italie
sous Charles Vin. — Un maréchal général des loçis du roi. — Des
capitaines de Vire, Argenion et Caên. — Un président de la noblesse
par élection aux Étals de 1770. — Un lieutenant général, — Un député
chevalier d'honneur de la princesse Bacchiocchi née Elisa Bonaparte.
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— 93 ~
pai't de la baronnie de Trogoff-^Kérouzéré. Une aiilre de
leurs filles épousa t*atné de la maison de Penreuntenyo de
Chfflbntaines (46; et reçut aussi eu pariage une moitié de la
baronnie de TrogoflfKérouzéré.
Enfin M. du Beaudiez (47) acquit le cbateati et Tentlos de
TrogofTqui lui furent vendus par.M. de Bosnyvien de Pire.
Il nous a été impossible pour celte deuxième cbatelletiiede
TrogofTd'indiquer d'une manière précise les dates comme pour
la première. Cependant nous croyons être arrivé à donner
sans interruption 1^ noms de ses difiérents propriétaires et
leurs armoiries.
Il nous parait impossible désormais quand on trouvera
quelque nouveau document concernant Tune ou l'autre des
chatellenies de Irogoff, de faire une erreur ou une confusion.
L'Ordre du jour étant épuisé, la Séance est levée à 4
heures \\i.
Le Secrétaire , ^
V. DE HONTIFAVLT.
Armes : D'or à la hure de sandier de sable, arrachée de sueules.
aUumée et défendue d'argent — Les cadets brisaient d'une bordure
engrtislée de gueules.
Devise : Défends-toi !
Alias ; Non ferit. nisi loesus.
(le). De Penfeunteniouou de Chefifontaines. — Seigneurs dans les pa-
roisses de Sibiril, Cléder et le Minihy, éyêché de Léon.
Ancienne chevalerie. — Réformations de 1426-1146-4669. — Monstres
de 1481-1503-1534 en équipage d'hommes d'armes.
Cette famille a produit Hervé, chevalier en 1310. — Uu général des
cordeliers, archevêque de Cesarée, mort en 1694 — Un page du roi en
1765. — Un général de brigade. — Deux maréchaux de camp.
Armes : Burellé de 10 pièces, de gueules et d'argent.
(47). Du Beaudiez. — Sieurs du Rest et de La Motte, paroisses de
Landunvez et Plabennec, évéché de Léon.
Ancienne extraction. -* Réformations de 1443-1448-1668. •—
Monstres de 1503*1534.
Cette famille a produit 2 volontaires pontificaux dont un tué à Cas"
telfidardo. «
Armes : D'or à 3 fasces ondées d'azur, un trèfle de même au canton
dextre. — Alias surmontées de 2 coquilles de gueules.
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— 94 —
ORDllf DU JOUR
Pour la séance qui aura lieu Mardi 19 Jânvibb, à deux
heures, sous la présidence de M. Le Comte de Carné,
de V Académie Françnise.
I"" Nomination d'un président de la Société archéologi-
que, en remplacement de M. A. db Blois, décédé.
2^ Sainte Guen {Alba Trimanimis) et ses trois fils, par
M. R -F. Le Men
L-abbé F. DU MARC'HALLAC'H,
Vice- Président,
Nota. — MM. les Sociétaires qui n'ont pas encore payé
leur cotisation, sont priés d*en faire parvenir le montant le
plus tôt possible à M. le commandant Faty, trésorier de la
Société^ rue des Regaires, 22, à Quimper.
Dons offerts au Musée départemental d'archéologie.
M. le docteur Le Hir , membre de la Société.
i"* Dix-huit silex ou grès lustrés, taillés^ provenant de
la caverne de Roc'h -Tout , en la commune de Guiclan
(Finistère).
2<> Sept silex ou grès lustrés, taillés, de l'atelier de Parc-
ar-Plenen, en la même commune. — Voir le tome l'^'^du
Bulletin, p. 85.
M. Amaury de Kerdrel.
]o Un modèle en terre de la galerie souterraine de Ru-
geré, en la commune de Plouvorn (Finistère).
2" Fragments de poterie, trouvés dans ce souterrain, —
Voir le tome 1" du Bulletin, p. 111.
M. RoDALLEC , Juge de paix du canton de Fouesnanl :
Une hache en diorite.
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— 9S —
M. DupERRÉj propriëlaire à Combril ;
Un grand bronze d'AlexancIre Sévère, et un petit bronze
saucé de Postume , trouvés dans les fondements de la mai-
son dite Walakofff à Tembouchure et sur la rive droite de
rOdet.
M. Meblin, limonadier^ à Quimper :
Deux monnaies d'argent, Tune de Marie de Blois, du-
chesse régente et l'autre de Jean l^% duc de Lorraine (1346).
M. Lucas, conducteur des Ponts et Chaussées, à Grozon :
Un moyen bronze d'Antonin-le-Picux j trouvé dans les
dunes de Losmarc'h, en la même commune.
M. F. DuFBiGNA, propriétaire à Quimper :
Un cadenas du XV"" siècle, trouvé dans le bois de Goet-
canton, en la commune de Melgven (Finistère).
M. Prosper Hémon , de Quimper :
Une fiole et des débris de vases en verre de la fin du
XVP sièclii.
M. Daniel Verniol, marin :
Une paire de pantoufles du Japon.
M. Retui;, surveillant de de i^'' classe des établissements
pénitenciers de la Guyane française :
Divers objets d'Histoire naturelle , provenant des envi-
rons de Gayenne.
fA suivre).
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SÉANCE DU 19 JANVIER 1875.
(Présidence de M. le Comte DE CARNÉ
DE l'aCADÊBIIE française.
La Séance est ouverte à deux heures.
Etaient présents : MM. Audran, Bigot, père, architecte
diocésain, Bigot, fils, architecte du département, de Carné,
Duval, Faiy, Flagelle, Malen, Le Men, de Montifauh, de
Quêlen, Roussin, Surrauli, inspecteur de TAcadémie.
M. de Carné annonce que l'objet principal de la séance
est de donner un successeur comme président de la So-
ciété à M. de Blois dont la mort imprévue a été pour ses
collègues et ses nombreux amis une perle irréparable. M.
de Blois était de ces hommes raresfauxquels on succède,
mais sans les remplacer. Toutefois Thommage le plus écla-
tant à rendre à sa mémoire c'est de continuer Tœuvre dont
il a été le fondateur véritable ; et ce n'est pas lorsque les
principales difficultés sont surmontées, quand la Société dé-
libère dans un local magnifique, grâce à la munificence
du département, et que l'importance de notre dépôt s 'ac-
croit tous les jours, que Ton pourrait songer à suspendre
une entreprise d'une haute utilité intellectuelle, à laquelle
le nom de notre cher et regretté collègue demeurera indis-
solublement attaché.
M. de Blois était doué d'une puissance de travail qui se
rencontre bien rarement, et il joignait à ce don une amé-
nité de caractère qui l'a mis en mesure de remplir dans .
son pays, sans l'avoir cherché, le rôle le plus efficacement
utile, car il était un centre naturel de relations affectueuses
entre des hommes réunis par la communauté du travail. Il
était doué d'une persévérance que rien ne lassait : il porta
cette qualité au sein de l'Association bretonne ; ce fut grâce
à elle, qu'il a pu avec quelques courageux collègues, en
provoquer le rétablissement. Le musée archéologique lui
doit eti grande partie l'existence ; la juste considération
qu'il inspirait au Conseil général a levé la plupart des diffi-
cultés financières qui aurait pu en entraver l'ouverture
C'était le plus infatigable des |solliciteurs, parce qu'il en
était le plus désintéressé. Quels efforts ne tenta-t-il point
durant vingt ans pour accomplir celte belle et si correcte
soc. AnCBkOL. DU fimSTÈBE. 8
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- 98 -
restauration de l'église de Loc- Maria, sanctuaire où le fer-
vent chrétien a si souvent prié, et où se sont pressées tou-
tes les classes de la, société pour le conduire à sa dernière
demeure.
H. Se Carné ajoute que ce serait ici l'occasion de parler
avec quelques détails de la vie publique et des travaux de
M. de Blois ; mais qu'il a tout récemment payé cet hom-
mage à la mémoire de son cher camarade d'enfance dans
un journal de Paris (Le Français, n^ du 30 décembre
1874.) qu'il prend la liberté d'oflT^ir à la Société.
M« le Président veut bien à la prière de l'Assemblée,
donner lecture de cet article qui est ainsi conçu :
« On rencontre quelquefois, au fond de nos départf roents ,
des esprits élevés qui parviennent à transformeri en l'agrandis-
sant par l'étude, I horizon restreint ouvert devant eux. Ces
borames-ià'sont, pour leurs concitoyens, des instituteurs dont
les leçons ont une valeur inestimable, car elles élèvent in^n-
siblement, dans le milieu où elles sont données, le niveau
des intelligences, en Taisant prévaloir, contre les idées qui
divisent les hommes, celles qui les rapprochent et les unissent.
Soit qu'ils explorent le champ des sciences naturelles pour
révéler les richesses d*un sol qu'on foulait aux pieds sans les
coiinattre, soit qu*ils étudient Tarchéotogie locale afin de cou-
ronner chaque ruine par l'auréole de son passé, ces savants
modestes concourent â rendre aux yeux de tous la terre natale
plus chère et les tombes des aïeux plus vénérées.
Mais ces initiateurs, tout ignorés qu'ils restent dtï grand
public littéraire, remplissent, sans Tavoir recherchée, une
mission beaucoup plus utile encore. Ils sont appelés é grouper
et à réunir, par Tattrait d*un intérêt supérieur, des hommes
isolés par la diversité dt* leurs situations, ou que sépare Tin-
franchissable muraille de l'esprit de parti. Les études loeales,
poursuivies en commun, ne manquent jamais, en effet, de pro-
voquer la formation d'une sorte de terrain neutre sur lequel
nul ne met te pied sans y perdre quelque chose de la ténacité
de ses préjugés et de l'âpreté de ses haines. Cette influence
discrète est bien plus sûre qu'éclatante ; et, du vivant des
hoounes honorables qui rexerceni, ceux qui la subissent ne la
soupçonnent pas toujours. Mais lorsque la mort vient à les
frapper, un grand vide se révèle, et Ton comprend alors toute
la valeur des existences dévouées à celte œuvre salutaire d'a-
paisement.
Ces réflexions n'échappaient à personne dans la nombreuse
assistaoce qui suivait récemment, k Quimper, le convoi de
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— 99 —
M. \yfMiré èe Blois, abcien députi^, bâtonnier de Tordre des
arot^lis, vice-président de TAssociation bretonne et président
dé ta Société archéologique du Finistère. On ne s'éionnera
donc pas si Tun de ses plus vieux amis vient appeler un
moment rétention sur cette vie toute pleine d'œuvrès
utiles.
M. de Blois appartenait à cette génération dont la jeunesse
suivit avec ardeur les grandies luttes politiques de la Restau-
ration. Il était demeuré fidèle à toutes les traditions de celle
époque de liberté régulière. Surnuméraire au ministère de la
justicei il fut nommé substitut au tribunal de Quimper dans
les premiers mois de 1830. Dévoué à la Charte comme à la
royauté, it avait vu avec l'anxiété la plus vive s'ouvrir la lutte
engagée entre la couronne et la Chambre ; mais lorsque, â la
violation de la loi constitutionnelle, la révolution de Juillet eut
répondu par celle de l'hérédité monarchique, le jeune magis-
trat n'bénita pas à refuser au nouveau gouvernement un ser-
ment que repoussait sa conscience. Il brisa, non sans regrets.
une carrière qu*il aimait, pour entrer dès le début de sa vie
dans une retraite plus laborieuse encore que ne l'avait été son
existence publique.
L'un de ses oncles, octogénaire, marchait alors à Morlaix à
la tête de l'archéologie et de la philologie arrooricaioes.
M. de Blois recueillit, avec cet héritage domestique, celui des
Lé Gonidec, des La Tour d'Auvergne et des Fréminville, en
lai imprimant un caractère nouveau par l'étude du droit
brélon, fouillé jusque dans ses origines les plus obscures. Mais,
sur Cftie terre pavée de menhirs et de dolmen, couverte d'édi-
fices religieux, dont les plus humbles sont parfois de vrais
monuments d'art, l'archéologie ne put manquer d'attirer
prilldpalement son attention. Il n'est pas (me de ces pierres
mystérieuses h laquelle il n'ail tenté d'arracher son secret ; il
n'est guère dans notre péninsule de pieux sancttiaires quMl
B'ait visité pour les décrire. A la Biogrxiphie bretonne^ comme
aux divers recueils archéologiques publiés dans TOuest, it
donna de nombreux travaux, louiours signalés par les deux
qualités qui lui étaient propres : l'exactitude dans l'exposition
des faits et la modération d^ns les jugements portés sur les
personnes. Il seconda de la manière la plus efficace, dans le
Finistère, l'impulsion imprimée par M. de Caumont aux étiides
previficiales. Bientôt il put concourir à donner à ce mouve-
meift^ par la création de T Association bretonne, une efficacité
assez sérieuse pour que le second empire en jugeât Texistence
incompatible avec l'initiative qu'il «ntendait se réserver en
lotit.
A()peler led grands propriétaires d'une même contrée a
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- 100 —
fonder des prix pour toutes les branches de la produclioo agri*
cote dix ans avant rétablissement d^ concours régionaux,
joindre à la solennité des exhibitions rurales un intérêt d'un
ordre plus élevé, en faisant alterner des conférences archéolo*
gjques avec des conférences agricoles ; travailler à féconder
ainsi par la pensée comme par ta charrue, te sein de la mère
commune, telle fut la donnée originale sur laquelle s*éleva
TAssociation bretonne. Celle-ci était à peine fondée qu'elle
servait à rapprocher des hommes éminents destinés, en face
des périls publics, à se retrouver bienlôl sur un plus va^te
théâtre.
La crise de Février éclata, et, sous le coup des terribles
journées de Juin, le suffrage universel, bien plus complaisant
pour certaines idées révolutionnaires que pour les révolu-
lions bruyamment accomplies, fit choix, en 1849, de ta
Chambre la plus conservatrice que la France eût encore vue à
l'œuvre. Nommé à l'Assemblée législative, M. de Blois s'assit
au sein de cette majorité honnête qui avait à se défendre à la
fois contre les attentats de la d(^magogie et la conspiration
plus habile du césarisme. Rangé derrière M. Berryer, il suivit
toujours avec confiance ce grand défenseur de la cause royale,
ne séparant pas plus que lui le pottvoirdela liberté. Dans les
nombreuses conquêtes que celle-ci venait d'assurer coup sur
coup à la France chrétienne, il trouvait Tévidente sanction des
généreuses doctrines à l'application desquelles la Providence
avait attaché des fruits si merveilleux. Aussi ne répudia-t-il
jamais ni le souvenir de ces nobles luttes, ni celui des chefs
qui, dans la défaite de leur parti, en avaient au moins sauvé
Tbonneur. Bien peu de jours avant le coup imprévu qui Teo-
leva à sa famille et à ses amis nous échangions, moi malade
et lui mourant, sans le soupçonner, de douloureuses impres-
sions, comparant tm présence de ce qui se passe, les temps,
les idées et les hommes.
Arrêté avec ses collègues au 2 Décembre, et rejeté dans la
retraite par l'avénemenl de l'empire, M. de Blois reprit avec
ardeur ses investigations et ses études*
L/Associaiion bretonne, alors dans tout sou éclat, avait
accompli une œuvre longtemps réputée impossible. Ce fut son
seul crime aux yeux d'un pouvoir qui ne permettait le bien
qu'autant qu'il en était lui-même la source.
La main d'un ministre breton, ancien adversaire des lois de
Septembre, n'hésita point à dissoudre un faisceau parfaite-
ment inoffensif, dans lequel M. de Blois s'était fait une place
considérable. Ce fut, pour celui-ci, une des vraies douleurs de
sa vie. Aussi cjuelle joie n'éprouva-t-il point torque, après de
longs effortSf il put, avec quelques amijB persévéïi^iitSx relever,
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— 101 —
voici deux ans à peine, le drapeau de l'association si long*
lemps proscrite! Le conjurés de Vannes le remplit d'espé-
rance, car il avait consacré sa vie à raccomplissement de cette,
œuvre à laquelle il allait bieniôt manquer.
Menacé par des symptômes sur la portée desquels il se faisait
peu d'illusion Jl attendait Tlieure de Dieu dans la quiélnde
dé sa conscience, et la mort , qu'il ne vit point venir, aurait
pu, sans le troubler, le regarder en face. »
Après la lecture de cet article qui est écoulée avec au-
tant de recueillement que de sympathie pour celui dont
le souvenir l'a inspiré^la Société décide à l'unanimité qu'il
sera reproduit dans le prochain numérodu Bulletin archéo-
logique.
On procède ensuite à Télection d'un président pour
remplacer M. Aymar de Blois décédé. M. de Carné, vice-
président , ayant obtenu la totalité des suffrages moins deux
voix, est nommé président de la Société.
M. de Carné remercie l'Assemblée de lui avoir confié le
soin de continuer l'œuvre si bien commencée par M. de
Blois. Il pense fermement que la Société archéologique
est appelée à rendre à l'Histoire de réels services, et il ne
doute pas que tous ceux qui s^intéressent aux travaux de
l'intelligence ne se fassent un devoir de concourir à son
développement. « Pour moi, ajoute M. le Président, tout
mon concours lui esu acquis pour assurer son avenir, et je
ne négligerai aucun effort pour aplanir les difficultés qu'elle •
pourrait rencontrer dans sa marche, mais en vous donnant
cette assurance je ne dois pas vous dissimuler que mes
nombreuses occupations ne me permettront pas d'assister
à toutes vos réunions. Il importe donc que vous nommiez
pour me remplacer au besoin^ un vice-président qui puisse
s'occuper sans interruption des affaires de la Société. »
M. Flagelle fait remarquer que cette nomination n'est pas
à l'ordre du jour de la séance.
MM. Malen, Duval et deMontifault répondent qu'il était
impossible de l'y faire figurer puisque l'on ne pouvait pré-
voir avec assez de certitude, sur qui se porteraient les voix
des membres présents à la réunion, pour la présidence de
la Société.
Personne ne s'opposant à ce que celte élection ait lieu
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~ 102 —
séance toBante, M. le INréudeDt anoofiee qa'U Ta y éirer
procédé.
Avant rouverture du scrutin et sur TobserTation de M.
Flagelle « qu'U conviendrait peut-étife de choisir te nou-
er veau vice-président hors de l'arrondissement de Qvitn-
cr per* puisque M. l'abbé 4» Marc'hallac'ti^ l'i^n des vice-
a présidents en fonctions, habite le chefrlien du déy^te-
« ment, » M. de Carné demande à l'Asssmblée si elle est
d'avis d'accueillir cette proposition. Bile lui parait, pour
son compte, d'autant plus acceptable qu'il voit parmi les
membres présents à la réunion, des archéologues qui ont
donné assez de preuves de leur ^èle et de leur dévoue-
ment à Tœuvre que poursuit la Société, pour qu'elle soit
assurée de trouver en eux des auxiliaires aussi actifs qu'in-
telligents, si elle les appelait à faire partie de son bureau
à un titre quelconque.
Plusieurs membres déclarent partager entièrement sur
ce point l'opinion de M. le Président.
On procède au scrutin pour l'élection d'un vice-prési-
dent de la Société, en remplacement de M. le comte de
Carné,
M. Audran, ayant obtenu 10 voix sur 13 votants est
nommé vice-président .
M. Audran remercie ses collègues du témoignage d'es-
tiipe et de confiance dont ils ont bien voulu . l'honorer et
qu'il s'efforcera en toute occasion de justifier. Il ne saurait
d'ailleurs manquer d«9 dévouement à des études qui ont eu
de bonne heure ses préférences, et il espère que la tâche
que lui imposent ses nouvelles fonctions lui sera rendu
facile par le concours bienveillant de ses collègues du bu-
reau.
M. le Président répond à M. Audran que ce concours
lui est assuré d'avance.
L'ordre du jour appelle la lecture d'un travail d'hagio*
graphie bretonne de M. leMen.
M. Surrault demande à présenter quelques observations
avant la lecture de ce mémoire. Se reportant au procès-
verbal de la dernière séance, M. Surrault se déclare tout
disposé à concourir aux travaux de la Société, autant que
ses noçibiieuses occupations poqrj^OQt le lui permettre.
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— 108 —
Mais il est persuadé qu'il lui serait plus facile de justifier
les espérances que M. le Président a bien voulu fonder sur
son concours, si la Société nooimaii une commission char-
gée de rédiger un questionnaire contenant l'indication des
renseignements que Ton pourrait demander aux instituteurs
et la nomenclature des monuments (|ui devraient être
l'objet de leurs investigations. Ce questionnaire serait inséré
au BtUletin de ^Instruction primaire, et adressé à tous les
instituteurs do département qui seraient invités à lui don-
ner toute leur attention.
M. Surrault ajoute que ce système de questionnaire était
en usage dans les diverses Sociétés scientifiques ou littérai-
res dont il a fait partie avant de venir à Quimper, et qu'il
2i toujours pu constater tes excellents résultats que Ton en
retirait
H. le Président considère comme très-utile la mesure
indiquée par M. Surrault, et pense que le bureau pourrait
se charger de la rédaction d'un questionnaire conçu en
termes très-simples et très-clairs, qui serait soumis à l'ap-
probation de la Société dans sa prochaine réunion.
L'Assemblée adopte l'avis de M. le Président.
M. Roussin demande à 01 l'Inspecteur de l'Acad^iesi
les élèves de TEcole normak de Quimper reçment quel-
ques notions d'archéologie*
M. l'Inspecteur ne le pense pas ; mais ils pourraient
puiser les premiers éléments de cette science, dan^ le ques-
tionnaire dont la rédaction a été confiée au bureau de la
Société.
M. Roussin fait obserrer qu'il serait bon d'adresser ce
questionnaire aux agents- voyers du département.
M. Surrault répond que puisqu'il sera imprimé dai»s la
Bviletm de Vinstruetion primaire', il sera facile d'en faille
faire des tirages à part que Ton pourra adresser aux divers
agents de l'adminis^ation qui sont susceptibles par la na-
ture do leurs fonctions de rendre des services à la Société
archéologique.
SI. te Président donna ensuite la parole à U, le Man pour
lire son travail porté à l'ordre duîoinr.
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— 104 —
SAINTE GUEN TEIRBRON
(Àlba Trimammis)
ê
BT
SAINV CADVAIV
A quatre lieues de Quimper sur le bord de la route de
Châieaulin, on découvre au milieu de grands arbres, qui la
cachent presqu'enlièremenl aux regards, une petite chapelle
dédiée à saint Venec. Tout auprès est un beau calvaire eh
granit, â soubassement triangulaire, qui porie la date de
Î566. Parmi les nombreux personnages, pittoresquemeni grou-
pés sur ses angles, autour des trois croix qui y sont plantées,
on remarque les douze apôtres tenant des cartouches a demi
déroulés, sur lesquels sont gravées les paroles du Credo. Uo
peu plus loin est la fontaine du saint, aussi vieille que le cal-
vaire, mais plus richement ornée que ne le sont d'ordinaire
ces édicules, accessoires obligés de toute chapelle bretonne.
L'église construite vers le milieu du XVI» siècle, sur le plan
d'une croix latine, n'offre, à Textérieur rien de remarquable,
et l'on est péniblement surpris, quand on y entre de l'état de
délabrement dans lequel elle se trouve.
Au bas de la nef est une tribune â panneaux vermoulus et
grossièrement sculptés; au milieu pend une lampe en fer, •
d'un travail très-simple et probablement contemporain de la
chapelle; quelques sièges â moitié brisés et un ou deux con-
fessionnaux sans portes complètent son ameublement. Cepen-
dant les débris de verres de couleur qui restent encore dans
les compartiments, flambloyanls de ses fenêtres, et les sculp-
tures qui décorent ses clefs de voûte et les poutres de sa cbar-
pentei sont des indices certains que la pieuse sollicitude des
ûdèles qui Font fait construire, n'avait rien négligé pour
rendre le monument digne du saint â qui il est dédié Vers
le haut de l'église, trois grandes eonsoles supportent les statues
de saint Guenoc (S: Gueznocé : 1578;, de Notre-Dame^ mère
du Rédempteur (1692; et de Saint-Yves, confesseur (1592;. Sur
une quatrième console placée à droite de l'enirée du sanctu-
aire, repose un groupe de quatre personnages qui attire tout
particulièrement l'attention.
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I
— 108 —
Il se compose d'une femme et de trois enfants. Ld femme
est représentée assise et le front ceint d'un diadème. Son cor-
sage ouvert laisse voir sur sa poitrine nue, trois mamelles,
dont Tune, celle du milieu, plus développée que les autres
semble destinée à allaiter un petit enfant qu'elle lient sur ses
genoux, et qui laisse échapper de sa main un cartouche sur
lequel on lit en caractères gothiques : ^S. Gnennoc, Les deux
autres enfants debout de chaque côté de la femme, s'appuient
d*une main sur ses genoux, el tiennent comme le premier des
cartouches sur lesquels on lit : S. Guenolé elS. Jacut. Aucune
date n'accompagne ce groupe, mais Ton peut, d'après les ca-
ractères de ses inscriptions, fixer répoqueoù il fut sculpté à la
seconde moitié du XVI* siècle.
Une pareille représentalion dans une église doit paraître
fort éirange aux personnes qui ne sont pas familiarisées avec
nos anciennes légendes. La femme ainsi représentée est ce-
pendant célèbre dans les annales bretonnes ei galloises qui
la nomment Alba Trimammis^ ou Gwen Teirbron C\)% mais
qui présentent quelques divergences au point de vue de
son identité. Voici ce qu'en rapporte la vie de saint Guenolé,
écrite au IX' siècle, el qui fait partie du Cartulaire de Lande-
vennec, manuscrit dont la rédaction presque entière remonte
au XI' siècle :
Fracan, guerrier renommé et cousin de Cathou (2),
un des rois de la Bretagne insulaire, fuyant les atteintes d'une
maladie pestilentielle qui désolait le royaume de son parent,
en punition des crimes deseshabiiants, passaenArmorique(3),
emmenant avec lui sa femme nommée BlaQche^i4/6a en breton
Guen)^ el ses deux fils, Gueihenoc et Jacob {Jacut), Ils dé-
barquèrent dans un lieu nommé Brahec (4) , et s'établit
ensuite dans une localité, qui, de son nom fpt appelée Plou-
fragan {Plebs Fracani) (5;, et oii il lui naquit un troisième
flls qui reçut le nom de Guenolé. Dieu, par un miracle, donna
à Blanche^ sa mère, une troisième mamelle pour allaiter ce
(1} Gwm ou (xuen Blanche, teir trois; bron mamelle.
(2) Les historiens bretons écrivent Cathoun ; je me suis assuré par un
examen attentif du Cartulaire de Landevennec qu'il faut lire Fracanus
Cathouii consobrinus,
(3) Fracan dut passer en Armori(jue vers Tannée 465, et l'invasion
Saxonne fut très-probablement la véritable cause qui l'obligea à quitter
son pays.
(4) M. de la Borderie pense qu'il est ici question du port de Brehec,
situé tout près de Lanloup, dans la baie actuelle de St-Brieuc.
(5) Canton de Saint-Brieuc, Côtes-du-Nord,
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-• 106 -
urowime flto qoi était appelé i ée grandes destinéee, el c'est
de eeUe faveur ^péeiale qoe lui vint le surnom de JnfMm->
mis (t).
f/arliste inconnu qui a sculplé le groupe de sainte Guen ei
de ses enfants, en se cooferniani dans {mhi ira«ail à rensemble
de cette légende , s*en eet écarié loui^fbis par un détail impor-
tant puisqu'il a donn^à saint Venec. la place que devait occtt*
per saint Guenole^ d'après le Cartulairo de Landevennec.
Sainte Guen Teirbron n'est connue que' sous le nom de
c la mère de Saint Veneo » ( Ifam Sont Vente ), dans la pa^
misse de Briec oà est située la chapelle que je viens de dé-
erire. Les nourrices lui font des offrandes de quenouiHes de
lin, pour avoir du lait. Elle était patronne primitive de la
paroisse de Plouguien (Ploe Guen Plebse Alhœ), près Saint-
Brieuc , et on la voit représentée a en robe longue, assise
et allaitant ses trois gardons » dans la chapelle de Lesven
( altération probable de Lez-Cuen), en la même paroisse.
M. Gaultier du Moltay qui nous fournit ce renseignement (2),
afoute : c même représentation dans la chapelle de saint
Wennec, en Briec. » Il y a, si je ne me trompe, quelque
inexactitude dans cette assimilation, car si la description que
donne M, Gaultier du Mottay du groupe de la chapelle de
Lesven est fidèle, il diffère sensiblement de celui de la cha-
pelle de saint Venec^ où saint Guénolé et saint Jacut sont re-
présentés sons les traits d'enfants sevrés dt^puis longtemps.
(1) « Inter hœc autcni« vir quidam illustris, spes prdis beat» nomiBe
Fracanus Catouii régis britaanici, viri secundum seculum, famosissimi
cousobriuus, cujua adhuc sacrum in lumbis latebat semen secundum
AbrahsB formam, cui dictum est exîre de terra et de coguatione sua, et
daturum esse ei ibidem dominum semen in cujus stirpe btnedicerentur
omnes familias terras; cujus cum etiam pretlicti régis terra nomine
dicta, in qua tanta sacrilegia et conubia inepta coDviviaquè illicita» et
stupra a deo inconcessa fuerunt perpetrata, quanta nec inter gentes
Î[uidem audiri soient, morbo oiido cum nidore gravissimo sanieque con-
ècta per totum pêne fuisset, auae non longe post etiam citra mare
teneram adbuc ejùsdem matris niiam insecuta est ; iste, legitur, cum
agneUis, id est geminis natis» Guethenoco, Jacoboque vocatis, parente- .
que eorumdem Aiba nomine, q<iœ cognominatur Trimanmiia> eo quod
ternas, œquato numéro natorum, babuH mammas; nam et eorum ger-
mana non est in mammarum calculo reputanda , auia feminàrum non
estmoris in scriptura texere genealogiam. Tandem Armoricam, ubi tune
opacum adhuc sine clade audiebatur silvisse lerrœ spatium, rate cons-
censa aggreditur, enatato cum paucis ponto britannico,. teUuinm, cirdo
leniter fiante, delatusinportum qui Branecus dicitur. »~^ Cart. Lawieven,
!• 12, V.
(2) Essai d'hagiographie et d'iconographie bretomie. — Saint-)3nenc >
Prudhomme, 1S69.
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— 107 —
Qiwal à $mi Venç^ 4o« le w>m WQdeme est qne pUérQ-
lioi^ des formes ançienqç^ Gmikenoc^ Guen^me^ Guenoc et
Guenec^ la tradition bretonne ne nous ea appr^rid autre chose
que ce que )'ea ai rap|)orté d'après le cartulaire de I^andé-
vennçc. II est représenté du côté do l'épUre , dans le sanc-
tuaire de sa chapelle, presque de grandeur nauirelle. en cos-
tume dç guerrier, tenant d iine maîo uue épée et de Tautre un
livre. A ses çdiés^ dans la même niche» mais avec des propor-
tions bien moindres, sobI représentés ses deux (réres , sajnt
Guenolé et saint Jacut, en coslume d'abbé. Qn a*ignore pas
3ue le premier fut en effet abbé de Landévennec,^ ft que saipt
acut donna son nom à un monastère , situé ^ i^enx lieues de
Sî^iot-IVlalo , dont il avait été le premier abbé. Les babl-
tanls du village de Saint-Venec n'ont pu rien m'apprendre de
la vie de ce saint. On Tinvoque dans te pays pour la guérison
des rhumatismes. Sa fête patronale a lieu le dimanche gras et
le lundi de la Pentecôte. J'ignore si la chapelle de saint Gui^
nec, dont ou voit les ruines dans la commune de Benien vFi-
nistère), était dédiée à saint Guenoc^ fils de sainte Guen, ou h
saint Winnocou Guennoc, patron de Berg-$aini-Winnoc,dans
le diocèse de Cambray, et frère ou neveu de saint Judicaét,
roi de la Domnonée artooricaiue.
J'ai dit plus haut que les tradiiions galloîsest mentionnent
aussi une sainte Guen, à laquelle elles donnent le même surnom
de «Teirbron » (1). Suivant ces traditions elle était fijie d'un
£ rince armoricain qu'elles désignent sous le nom d*Emyr-
lydaw C2;, et qui était neveu de saint Gf'rmain , évèque
d*Aaxerre, si connu par ses travaux apostoliques , et par le
zèle qu'il ^ploya an commencement du V* siècle (3j dans la
Bretagne insulaire, pour combattre les progrès que faisait
<kns cette contrée Thérésie Pélagieiine. Guen épousa, suivant
les mêmes documents, Eneas Lydewig, autre prince armori-
cain, dont elle eut un fils nommé Cadvan, qui figure au nom-
bre dçs plus iHustres saints du mariyrologe gallois. Saint
Cadvan, par suite de circonstances qu'on ne fait pas c^Buattre,
quitta t'Àrmorique au commenceroeuL du VI* siècle, et passa
(kns le pays de Galles, en compagnie d'un grand nombre éd
ses cooapairioles , non moins distingués psit leur naissance ,
(1) Uydaw est le nom qm les gaitoîs.doaDeDt à la Bretagne conliaeiv-
tale. Il a exactement le même sens que le mot Armoriquey pusqu'il
désigne en gallois un pays qui s'étend au bord de la mer, Emyr tly-
daw signifie donc Emyr d^Armoriquê,
(Jf) Son nom y est toujours écrit Gtiom par un W.
(3) De 430 h 430, en compagnie de Saint Loup, évêque de Troyes.
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— 108 --
que par leur piété el par leurs vertus. Ils y fondèrent plusieurs
églises, et furent tous placés au nombre des saints de leur pairie
d'adoption. Parmi eux se trouvaient saint Padarn ou Paterne ,
saint Guindav, sain( Lewan ^ saint Maël. saint SuUen, etc.»
dont plusieurs églises bretonnes armoricaines ont conservé
las noms.
Saint Cadvan fonda un monastère dans File de Bardsey,
située vis-à-vis de la pointe occidentale du comié de Carnar-
von (North Wales) C'est dans celle île que se reiirèrcnl plus
tard saint Dubricius et d'autres saints personnages pour finir
leurs jours loin des bruits du monde. Il résulta de cette
pîpuse coutume, que la terre de Tîle fut considérée comme sa-
crée, el l'on regarda comme un acte irès-raéritoire d'y avoir
sa sépulture. On y faisait de fréquents pèlerinages malgré les
dangers de 1h traversée ; et quoique l'ile n'eût guère plus de
auatre kilomètres et demi de circonférence , elle renfermait,
'après la tradition, tes corps de vingt mille saints. Il n'est
pas sans intérêt de rappeler à propos de cette légende, celle
qui a cours encore aujourd'hui, à Lanrivoaré , commune de
l'arrondissement de Bresl, et suivant laquelle sept mille sept
cent soixante-dix sept saints^ auraient été inhumés près de l'é-
glise paroissiale , dans un enclos où il n'est permis de
pénétrer que la tête et les pieds nus, et seulement les jours de
pardon.
L'arrivée de saint Cadvan et de ses compagnons dans la
Cambrie est signatée comme un événement mémorable dans
les annales de ce pays. Le souvenir de ses vertus s'y est
conservé longtemps, et plusieurs bardes gallois ont chanté
ses louanges. Il était regardé comme le patron des guerriers ;
circonstance qui permet de conclure qu'avant d'embrasser la
vie religieuse, il avait suivi la carrière des armes pendaut
qu'il habitait l'Armorique. Les églises de Tywyn et de Lan-
gadvan, dans le pays de Galles, le reconnaissent pour leur fou-
dateur. Dans la Bretagne continentale il est le patron de la
paroisse de Poullan, (Finistère) et l'on peut considérer comme
lui ayant été primitivemeiit dédiées, l'église paroissiale de Ca-
van, |Côles-du-Nord) et les chapellesde Saint Caduan, en la
commune de Brasparis, et deSainl-Cava, à l'embouchure de
l'Aber-Wrac'h,tont près des ruines de Vorganium, en la com-
mune de Plouguerneau. On célébrait sa fête le premier no-
vembre. Sa mère Guen ou GwenTeirbron est mentionnée dans
un catalogue de saints galtois, mais aucune église ne lui a été
dédiée dans le pays de Galles.
Ces détails sont un peu longs mais j'ai cru cependant,deToir
les donner parce qu'ils sont â peu près ignorés dans notre
pays. Si Ton compare maintenant la l^ende bretonne à
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.J
— 109 —
la légende galloise, on remarque entre elles , sur certains
points, de notables différences. En ce qui touche le surnom
qu'elles donnent à Sainie Guen, les deux traditions s'ac*
cordent pour lui attribuer une origine armoricaine ; et si Ton
veut pénétrer au fond de la légende, il ne faut pas un grand
effort d'imagination pour reconnaître dans ces représentations
de femmes à poitrine découverte^ qui figurent encore dans
quelques chapelles bretonnes(l ),une rt^miniscence des déesses-
mères df^ l'antiquité païenne, qui étaient aussi les divinités
tulélaires des nourrices. Mais je n>ssaierai pas d'expliquer les
divergences qui existent entre les traditions des deux pays, au
sujet du père «t du mari de Guen-Teirbroi^de peur d'être en-
traîné trop loin sans avoir la certitude d'en donner une
explication saiisfaisanie. Quant aux diificultés qui se rappor-
tent à bes fils, elles ne me pai^aissent pas insolubles. Je
me bornerai donc à comparer les renseignements que
nous fournissent sur ces derniers les annales bretonnes et
cau)briennes, et je ne désespère pas d'arriver à rendre compte
des contradictions qui paraissent exister -entre elles sur ce
point.
Suivant le Cartulaire de Landévennec, Guen Teîrbron eut
trois fîls , Guethénoc, ou tîuenoc, (2) qui semble avoir
été l'aîné, quoique le groupe de la chapelle de saint Vénec le
représente comme le plus jeune/ Jacob ou Jacut. et Guénolé.
Les particularités de la vie de saint Guénolé et de celle de
saint Jacut nous sont suffisamment connues. Mais il n'en est
pas de même de celles de la vie de saint Guenoc^ sur lequel
nous ne possédons d'autres renseignements^ que tes induc-
(1) Il y a ^ansla chapelle de Quillidoaré, en la commune de Gast
(Finistère), une belle statue de Notre-Dame de Bonnes-Nouvelles ^ qui
date de la fin du XVI© siècle. Elle porte sur le bras un robuste Bamoi-
no, qui écarté d'une mainlecorsage.de sa mère, et découvre ainsi la
moitié de sa poitrine. Une autre statue plus moderne d'un siècle, et
placée, sous le vocable de Notre-Dame de Tréguron, se voit dans la
chapelle deSeznec, en la commune de Piogonnec. Elle n*a rien de re-
marquable sous le rapport de l'art. Pour remédier à Tinsuftisance de
son costume, on a peint à l'huile sur sa poitrine, un gilet à raies jau^
nés et rouges. Je dois à la vérité de déclarer que cet ingénieux vêtement
a complètement trahi la bonne intention de son auteur.
Je sais que les statues de Sainte Guen ont été 9ntetré$s par les rec-
teurs de quelques paroisses du Finistère II est à désirer qu à l'avenir
les statues que l'on croira devoir retirer des églises, soient déposées
au Musée départemental d'archéologie, si elles présentent quelque intér
rêt au point de vue de l'art ou de la tradition.
(9) Elle eut en outre une fille nommée Chtêirbie dont je n'ai pas à
m'ocouper ici. .
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-- iié -
tiotts que l'on peut tirer de ta manière dont il est représenté
dans sa chapelle. Comme je Tai dit plus haut, il y figure en
costume de guerrier, tenant d*une main une é^^e et de Tauire
un livre. Il me paraît, ressortir assez clairement de ces
attribuU, que saint Guenoc suivit d*abord la carrière militaire,
et qu'il se consacra ensuite à la vie religieuse.
Les annales galloises ne mentionnent qu'un fils de Gueo
Teirbron, saint Cadvan, qui pa^sa , comme on l'a m, daris la
Cambrie, au commencement du VI* siècle, avec un grand
nombre de compagnons qui embrassèrent coipme lui ta vie
religieuse, et furent placés au nombre dès saints de ce pays.
Il avait évidemment été soldat avant de quitter lArmorique^
puisqu'on Tinvoquait comme patron des guerriers dans la
Bretagne insulaire.
Comme on le voit, les particularités de la vie de saint Cad-
van cadrent bien avec les inductions que j'ai cru pouvoir ad-
mettre relativement à la vie de saint Guenoc, et que )'ai men-
tionnées plus b^nt. Ils sont nés tous deui en Armorique ; tous
deux ils ont eu pour mère Guen Teirbroh. Après avoir l'un
et l'autre exercé le métier des armes, ils ont embrassé la vie
religieuse, et ont été reconnus comme sainlsi l'un dans la
Cambrie, l'autre dans la Bretagne armoricaine. Peut-on con-
sidérer saint Cadvan comme un quatrième (ils de Guen ?
Je ne le pense pas ; car le nombre quatre ne s'accorderait pas
avec son surnom de TrimammiSf dans lequel il n'est guère
possible de voir d'autre sens qu'une allusion aux trois frères
illustres dont elle fut la mère.
On serait donc tout porté à indetitifier saint Guenœ avec
saint Cadvan, s'il n*y avait dans la différence de leurs noms
une objection sérieuse, en apparence, à cette identification.
Je dis en apparence, car cette objection devient, en réalité,
sans valeur, quand on sait que le mot « Cadvan » est un qua-
lificatif gallois qui signifie « guerrier ». Ces sortes de surnoms
qui remplaçaient souvent le nom véritable de certains persoti-
nages marquants, étaient extrêmement fréquents chez les an-
ciens bretons, et ils ne contribuent pas peu à augmenter la
confusion qui règne dans les premiers siècles de notre histoire.
J*en donnerai des exen'ples dans l'Essai de synonymie des
saints bretons (lue je publierai à la suite de mes Fouillés des
diocèses de Qaimper, de Léon et de Trégiiier.
Il est donc vraisemblable que le surnom de « guerrier »
(Cadvan) fut donné h saint Guenoc par ses compagnons d'exil
et qu'il finit par se substituer au nom qu'il portait d'abord en
Armorique. En recherchant les causes gue lui valurent ce qua*
Ufieatif, j'arriverai peut-être à découvrir les circonstances qui
le déterminèrent à quitter cette contrée pour se réfugier dans
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la Gambrie, à une époque où le eourant des émigrations bre-
tonnes se dirigeait dans un sens inverse
Parmi ces émigrations, une des plus importantes et des plus
nombreuses dont l'histoire ait gardé le souvenir eut lieu en
513. Elle comprenait le tiers de la population de la province
de Domnonée dans Tile de Bretagne, et avait pour chef un
prince du nom de Riwal, qui régnait, conjointement avec ses
deux frères, sur les tribus de cette province.
« Pressé par le fer saxon et Voulant sauver au moins d'une
ruine complète la partie de la nation domnonéenue dont il
était responsable, c'est-à-dire çon tiers, il prit », nous dit
Ingomar, « la tierce partie de tous ses compagnons tant mâles
« que femelles, et vint par navire deçà la mer en la moindre
« Bretagne, avec très-grand multitude de citoyens, »
Mais par une rencontre assez étrange, ils retrouvèrent éta-
blis sur la côté nord de notre péninsule, ces mêmes implaca-
J)lés ennemis qui les avaient chassés de leur île natale. C'était
une horde de pirates germains, que certains vieux auteurs
nomment Gotbs ou Frisons, mais qui, selon toute apparence,
n^étaient que d'odieux Saxons poussés par l'orage à la côte
armoricaine, alors qu'ils se dirigeaient sur la Grande-Bretagne
pour y prendre part à la lutte terrible engagée par leurs com-
patriotes. Riwal tomba d'un grand cœur sur ces misérables ;
il les défit, en tua la plus grande partie et contraignit lo reste
à fuir sur ses barques au plus vite et au plus loin. Puis il occu-
pa avec les siens tont le nord de la péninsule de l'embouchure
du Gouesnou au cours du Kefleut, partagea entre ses compa-
{[nous les parties iuocupées de ce grand territoire et donna à
a région toute entière le nom de Domnonée, en souvenir de sa
patrie insulaire. »
« Quant aux armoricains indigènes et aux émigrés bretons
aui l'avaient précédé, loin de les dépouiller ou de les chasser,
les laissa tranquillement jouir de leurs possessions, et leur
rendit même ce que leur avait pris les pirates germains. » (1/
Ainsi donc une colonie de Saxons occupait en 513, une par-
tie du littoral nord de la péninsule armoricaine. Pour s'y éta*
blir, ces barbares avaient eu à lutter contre les habitants du
pays, et ceux qu'ils avaient dépouillés de leurs possessions
étaient naturellement ceux qui avaient opposé à leurs envahis-
sements la plus vive résistance.
Comme on Va vu plus haut« c'est aussi sur le littoral nord
de l'Armorique, dans le territoire actuel de^ Saint Brieuc, que
(1^ Annuaire historique de Bretagne, pour Tannée f 862, par M. A.
de la Borderie> pages 81 et n.
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~ 112 —
Fracan et Guen s'élaient établis avec leurs enfants vers Tannée
465. Au commencement du Vl« siècle, Guenoc, qui pouvait
être alors âgé de quarante à cinquante ans, et dont les frères
Guénolé et Jacut avaient depuis longtemps embrassé la vie
religieuse, avait dû succéder aux droits de son père Fracan sur
la petite principauté qu'il s'était lailléedans la péninsule. Il
eut donc, comme chef de clan, à défendre son patrimoine
contre les Saxons envahisseurs, et c'est probablement dans
cette lutte qu'il accomplit les exploits qui lui valurent le sur-
nom de • guerrier • (Cadvan).
Tout porle à croire que malgré son courage et ses efforts, il
succomba dans cette lutte terrible, avec les autres chefs ses
parents ou ses voisins, qui avaient sans doute combattu sous
ses ordres. Vaincus et dépouillés de leurs biens, il ne leur res-
tait d'autre alternative que de se soumettre au joug de leurs
barbares vainqueurs ou d'abandonner leur patrie.
Ainsi peut s'expliquer le passage dans la Cambrie de saint
Cadvan et de ses compagnons. La tradition se trouve donc ici
d'accord avec les données historiaues ; je suis heureux.de le
consiater, car s*il y a de l'imprudence à accepter sans con-
trôle les documents légendaires, je suis de ceux qui pensent
qu'il y a presque toujours un fond de vérité dans les légendes
qui se rapportent aux premiers temps de notre histoire ; ei que
dans la plupart des cas, il est possible, à l'aide d'une critique
judicieuse, d'en dégager un fait réel, malgré les fables qui
l'obscurcissent,
M. le Président remercie M. le Men de sa communica-
tion dont rinsenion dans le Bullelin archéologique est vo-
lée par rAssemblée,
M. de Montifault fait remarquer que la notice sur Tro-
goff qui a paru dans le dernier bullelin, contient des fauted
matérielles qu'il est assez facile de corriger, mais elle se
terminait par un renvoi n"" 48, qui avait une certaine im-
portance et dont la fiche manuscrite s'est trouvée égarée.
Il demande que ce renvoi soit inséré au procès-verbal
dans le bulletin de la séance de ce jour.
Il était conçu à peu près en ces termes :
(48). — Tous les renvois du n* 1 au ri« 47 donnent des
nuiions sur les faraille<i ciiées. — Les armoiries et les devi-
ses ont été relevée* sur les sceaux des archives, dans les dif-
férents arinoriaux Bretons, dans le légendaire de la noblesse
de Fratice, et sur le manuscrit de la réformalion de 1669 dé-
posé à la bibliothèque de Quiroper. ^ Les documents généa*
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— J13 —
logiques ou biographiques nou^^ ont été fournis en partie par
les archives, par le dictionnaire de M. Le Vol, par des noies
manuscrites de M. de Blois et surtout par Pexcell<>nt ouvrage.
delVI. de Gourcy. noire collègue, qui fait suioriiéen pareille
matière.
M. le Men demande ensuite que la date de la prochaine
séance soit fixée au mois de mars Par suite dj circons-
tances indépendantes de sa volonté, il craint de n'être pas
en mesure d'adresser aux sociétaires le Bulletin en temps
utile, pour qu'une réunion puisse avoir lieu au mois de
février.
Sur la proposition de M. le Président, la date de la pro-
chaine séance est fixée au samedi 13 Mars.
Personne ne demandant plus la parole, la séance est le-
vée à 4 heures.
Le Secrétaire,
R. F. Le Mbn.
ORDRE DU JOUR.
Pour la séance du Samedi 13 Mars, à deux heures, dans
une des salles du Musée d'archéologie,
1° Rédaction d'un Questionnaire archéologique, à adresser
aux instituteurs du département.
2o Statistique monumentale du Finistère. — Epoque
romaine, par M. R -F. Le Men,
Le Vice 'Président de la Société y
L'abbé F. DU MARG'H/LLLAG*H.
Nota. — MM, les Sociétaires qui n'ont pas encore payé
leur . cotisation, sont priés d'en adresser, le plus tôt pos-
sible^ le montant (10 francs), à M. Faïy, chef de bataillon
en retraite^ rue des Reguaires, n® 22, à Quimper.
SOG. ARCHÊOL. DU FINISTÈRE.
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- 114 -
DOCUMENTS HISTORIQUES.
III.
LA LIGUE EN BRETAGNE.
Saisie par le duc de Mebgoeur du temporel des bénéfigiers
QUI suivaient le parti dxj roi.
1690
Nous scolaslique et chanoyne de Treguier, commissaire
député par monseigneur de Mercneiir, gouverneur de Bretai-
gne, pour faire les saisiees {sic)^ Iruiclz et levées des benefcifs
et aullres biens apparienanl aux recteurs, curés, vieaires et
aullr«*s pn^bvlrps el g<?ns d'église, en l'évesche de Treguier,
lenans et adherans ou, en qutique faczon que ce •soict, favo-
risauN le parii des hérétiques, avons corais et comédons, en
vertu de no^ire pouvoir, pour faire le service divin, adminis-
trer les sainclz sacremenlz, faire ei posséder,. comme recteur,
les fruiciz el jouissance de ta paroesse de t^loefur (1), vac-
quanle, lant par saesie par moy y apposée, pour avoir le rec-
teur d*icelle paroesse, nommé M* Jau Briant, tf^nu el favorise
ledict party des béréticques» que mesmes par la mort dudict
recleur sismatique {sic)^ advenue ces derniers jours, missire
Paul Toux, preblre el vicaire de TégliseNosire-Dame du Mur,
en ladicte ville de Morlaix, pendant labsence d'ung évesque
caiholicque en l'évesche de Treguier, el amendant plus am-
ples expéditions et lettres de sa sainctelé audict comis ce
touchaiU, pendant l'atanle desquelles, ladicte paroesse privée
de chef, pourroici. en ce temps tiubtjlant, recevoir beaucoup
de détrimenls par le moyen de la sizanie et mauvaise doctrine
que les hérétiques sèment en ce pays, commendant audict
M« Patil Toux excerser et vicquer à l'olflce et charge dudict
M« Jan Brian!, dernier titulaire dudict lioefur, administrer
aulx paroissiens d'icelie paroesse, lesJictz sainclz sacre-
menlz, el les prescher el a(lmonest«*r de leur salut à "On pou-
voir el à l'obéissance qu'ils doibveni ati saiucl siège aposto-
lique el rotnain, el aulx princes catholiques, el enire au'lires
à mon dict seigneur de Mercuetir, gouverneur en ce pais et
duché; donnant a ceste occasion pouvoir audit comis, en la
qualliié que dessus, faire fermes, jouir el contraindre tous fer-
Ci) Plufur (Côtes du-Nord).
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mi
— us —
miers par iuy ou par aullro aiant sondict pouvoir, institués à
faire la cuillflte du revenu dudicl Pioefur, Iuy en faire paie,
comme estant leur propre recteur et pasteur, comamifr et se
fairt* obéir par les prebstres d icelie paroesse, auxquels, par
exprès, ce faire de nostre part leurs faisons comandement
sur les paines qui escbéenl au contraire, et instituer vicaires
ou aullres pour, à son absance. faire ledict service divin, ei
destituer, à son plaisir, ceulx quy le sont par aultruy. De ce
fayre iuy avons donné et donnons pouvoir en vertu de nostre
dicte commission. Faict soniz no>lre signe le vingt septiesme
de décembre mil cînqcentz nouante. — Signé Villeaël.
IV.
B. — DÉLIBÉRATION DES PAROISSIENS DE SAINT- MÉL AINE DE
HORLAIX RELATIVE A LA DÉFENSE DE CETTE VILLE CONTRE LE
MARÉCHAL D'AUNONT.
1592.
Ce jour de dimanche 15« jour de décembre mil cinq cenlz
quatre vinglz douze, au prosne de la grande messe dicte et
célébrée en IVsglise parouessiale de .saint- Mélaine Tun des
faubourg de la ville de Morl.iix, parM^Franczoys Mahé prebire
»er\ Bill in divini s la cure de ladicle paroesse, soubz IVI» Yves
Tanguy vicaire, A esté remonslré par ledit Mdhé aux paroues-
slens de cette parouesse y congregés pour onyr Tolficze divin
on assistoient grand nombre tant des nobles que aultres
habilanlsd*icelle paroesse, iVffelel contenu d'un mémoire leur
rescript par Monseigneur de Hosanpoul, gouverneur et capi-
taine de ceste ville, qu'estoict affin que lesdicts parouessiens
eus'^ent à adviser au moy^'u plus expedyant <le forliffier leur
paroesse, qu'estoict le plus beaou fobourg et plus peuplé de la
ville, et de grande consequancze la perte d'icellui, et a laiilcte fin *
regarder le moyen de trouver denyers pour faire fond et
fournir aux fraictz a ce requises le plus comode sans louller
le peuple, et convenir des personnaiges tant de la nobles se que
autres, pour assister avecques ledict seighenr gouverneur aus
dictes fins, mesmes pour désigner tes endroits par ou les for-
tifications se debvront faire, aviser quelle somme de denyers
se debvra lever^ et la forme de cotisser lesdicts habitans pour
y fournir.
bar quoy lesdicts parouessiens, nul contredisant, ont esté
d*avis de poursuy vre les fortiffications de leur paroisse au
■" - > --■■'■ g > I .^ ■ I II miii t I ■ Il
(1) Pression.
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~ HQ -
moindre foii)le(l) du peuple que faire ce pourra, elà ladicle fin
me.^ines pour conférer avecqui's Ifdicl seigneur gouverneur et
aviser quelle somme le denyers sera requis de lever par
checnn an sur euli, et désigner les endroirlz par où lesdictes
fortiffirations passeront, et procéder à la colissatiou sur eulz
de ce que s/pra avissé lever, Onl nomé et deputté ausdites fins
nobles gens Vincent Legrand, sieur de Kerscaou, Guillaume du
riesseu, sieur de Kerango, Pierre Guitlousou,Yies l.e Bailliff,
Jarquès Toulcouëu Pierre Guillemol; et d'onpriers(2)Franczoys
Omnes,Yvon rol,IVIoricze Morvanic,Pierre Hermelin et Thomas
Pndyry, le>qu«*ls seront assistez de nobles Yves de Knechriou
el Franc zoys ( orre procureur, ceste année de ladicie parouesse,
promeltanlz lesdicts paroissiens et s'obligeani avoir agréable
el fournyr a ce que sera avise et taxé par lesdicls deputlés, sur
Tobligation ei hypothèque de loutz leurs biens, et parleur
serment. De tout qnoy lesdicls paroessiens et procureur ont
demande et requis de nous Yyes Quiniin, noiatrede la court
de Morlaix, avo.r acte, et leur avons délivré la présente signée,
dudici Malle et de nous, lesdicts jour et an que dessus.
Et dfrapuis, scavoir le dymanche vingiiesme jour dudict
moys de décembre 1592. au pionne de la grande messe dicte
et cellebrée en Tesglisse parouessialle de sainct Melaine, fo-
bourg de Morlaix, par M« Franczoys Mahé curé servant in di-
vinis soubz M*» Yves Tanguy vicaire, A esté remonstré par
ledict Mahé ausdictz paroessiens, tant nobles que aultres, con-
gregez ledict jour en ladicte esglisse pour oyr l'office divin,
deviser et délibérer de leurs affaires, que, suilvant l*acte cyde-
vant, les commys et depuilésy dénotnmés auroient communie-
que et conféré tant avesqnes IVlons' de Rosanpoul, nostre gou-
verneur et capitaine en ceste ville, que o messieurs de la chem-
bre e-itably en ceste ville, de l'auctorilié de Monseigneur le
duc de Mercœur, gouverneur de ce pays, pour les affaires de
la saincie Union, sont d'avis qu'il soit levé par forme de cotis-
sation sur tonlz les diclz paroessiens, tant nobles que aultres,
demeurantz et ayaniz maisons soulz les barrières, la somme
de cent escuz, par moys, pour revenir à douze centz escuz Tan,
pour estre employé aux f'ortirficalions de ladicte paroesse, jus-
ques a enthière perfection, el outre, que le quart à quoy se
monte la ferme de la petite penguarte qui se levé en ce havfifre
sur les marchandises^ du consantement de messieurs les Etats,
de ce pays, esiymès et ordonnés par lesdictz Estatz pour estre
employés aux réparations de ceste ville et faubourgs, soincl
aussy délivrés au recepveur et misseur de ladicte paroesse,
pour estre employés ausdicies fortif&cations, lequel avys ont,
(2) Parmi les ouvriers.
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— H7 —
lesdiclz p^rroues.sidns et corps politique, nul contre di^^ant,
eu pour agréable, voullaniz qu'il sorte son plein el enlier
eifei, et pour assister a faire iravaiHer les oupriers; ont nomnfié
noble homme Yves Foucquel s'' de pour ïnisseur, noble
Yves de Kuechriou, s'^ de la Ville neufve, l'un des procureurs,
pour esire collecteur, noble Jean Guilemot, pour recepveur ,
noblt»s gens Jan Nouel, Franczoys Corre; lesquels demeureront
en charge an moys, et randeronl compte en la fin du moys,
comme auxi feront les aullres soubsignants, qui seront choais-
sis de moys en moys, el pour ouyr les diciz comptes, sont
commis nobles gens Gtiy Hervé, . ' de Kgadou, Guillaume du
Plessis, s' de Kerango, Jan Callouel, s^^ de Keraffon, Jan Auffret
et Pierre Le Tarou.
C. — Fragment d'un compte du Rusquec (Gornouaille) .
(Commencement du XYIl© Siècle).
Demande ledicl comptable estre excusé de faire charge des
rantes, revenus en euihier des terres et seigneuries, conve-
nants et mouilins en d^pandanlz, apartenans audict sieur du
Rusquec, demandeur en compte, d aul aul quf les meteiers,
colons et serviteurs desdictes terres avuincl pour la plus part
quicté et abandonné lesdictes ierr«*s et convenaniz, s*eslantz
relirez du païs la plus grande partie, aultre mot te de famine,
pestilanse, férocité des loups, auttres devenantz insolvables et
réduits en telle extrémité et pauvrelé, qu'ils n'avuiut le pou-
voir de payer auchune chose, le tout par les malheurs des
guerres civiles et maladies contagieuses, qui ont eu cours au
t mp> de ladicle charge, et précédant, non^ seulement en ces
quartiers mais aussi par toute la province, tellement que les
terres el convenants dudicl Eveché (de Cornouaille) auroinct
esté pour la plus grande partie entièrement délaissés en frische
et sans aulchune culture, voire raesmes plus de quatre ans
après le finissemenl de ladicle charge, chose si notoire que
ung n'en peull ignorer, etc.
VI.
beaux-Arts.
Etat des monuments précieux qui se trouvent dans quelques
églises de F arrondissement au district de Morlaix,
Peintures,
Il existe dans TEglise des capucins de RoscofT^ canton de
Saint-Paul-de-Léon, un tableau représentant une descente de
croix, dont les personnages sont de grandeur naturelle.
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— H8 —
Ce tableau, d'une beauté rare, quoiqu'il ne paroisse être
qu'une copie peinte sur toile de douze pieds cinq pouces de
hauteur, sur dix pieds de iargeur. est de Jouwenet, ilfusire
arlisle français, c«Mèbre par les quatre morceaux qu'il composa
pour léglise de Saiut-^artin des i.bamps de Paris, son ta-
bleau du May et tant d'autres qui font radrairalion des con
noisseurs, enir'aulres la descente de croix qui est dans une
des salles de l'académie de peinvures à Paris, mise au rang de
ses chefs-d œuvres.
Dans le réfectoire de la même communauté, il existe un au-
tre tableau, représentant une scène {sic) d'un médiocre mé-
rite, sans nom ni marque d'auteur, peint sur toile de cinq
pieds deux pouces et demi de hauteur^ sur neuf pieds de
largeur. {\)
Dans lEglise des minimes de Léon, il se trouve encore une
descente de croix dont les personnages sont de grandeur na-
turelle. Ce tableau, sans nom ni marque d'auteur, peint sur
toile de douze pieds de hauteur, sur huit pieds de largeur,
semblant être encore dt? Jouwenet, est nussi d'une rare beauté
et d'un grand prix, quoiqu'il semble n'être qu'une copie. (2)
ScrLPTCRÇ.'
Dans l'éj^lise cy-devanl caihédrale, actuellement pfroissialc
de Léon, il existe un mausolée en marbre blanc, représentant
un évêque vêtu en habits pontificaux, couché sur son tom-
beau orné de sculpture, tenant d'une main un livre ouverl|
de l'autre sa mître avec ces mschplions ;
« Franciscus Visdelou, Leonbnsis episcopus et comes
a AlfN>E AuSTRIGIiE GaL. REGm^ GONGION. ET £PUS Ma-
« DAURiB DEIN EpI CoRISOP. GOADJUTOR DSHUM LeON EpÛs
« ET GOMES ObUT XVIII MARSII AH. 1671. »
Ce morceau de sculpture de grandeur naturelle fait par Ni-
colas de la Cologne en 1711 est un chef-d'œuvre (3)
Le présent élat dressé par moilMerre Archanibault, commis
en chef du bureau des .domaines nationaux du district de iVlor-
laix, et certifié véritable, à Morlaix ce 2 octobre 1791, ainsi
signé : Archambault.
Plus bas e^( écrit : Pour copie conforme à l'original déposé
au secrétariat du district de Morlaix. Signé Pitot, secrétaire.
(t) Que sont devenues ces deux toiles ?
(t) Ce. tableau se trouve à la cathédrale de Quimper.
(3) Ce monument existe encore daos l'ancienne cathédrale de Saint-
Pôl. lia faiiUêtre détruit en 1793.(Cambry. Catalogue, page tI3),
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mmmmmm
— HO —
VII.
Lettre relative au séquestre mis sur les biens
DE La Tour d'Auvergne.
Rayonne^ le 13 mai 1793, Tan 2e de la République française.
Les Représentais du Peuple français envoyés près de Varmée
des Pirennées occidentales,
Aux Citoyens Àdminislraleurs du déparlemenl du Finistère.
Citoyens ,
Vous avës ordonné le séquestre des biens du Citoyen Latour
d'\uvergne Corret , capitaine de Grenadiers au 80* régiment
d'infanleri»', consistant daiis deux obj**ts notnnnés Kériolet et
Kersirat, paroisse de IMouaré. district de Ponlecroix; depuis
deux mois il vou-i a fut passer de Toulouse, son certi-
ficat de résidence a son poste ; nous ne doutons pas qu'ac-
tuellement le séquestre ne soit levé ; mais s'il ne Tétait pas
encoie, nous vous invitons à le taire sans délai ; la conduite
que ce brave ollicier a toujours tenue et notamenl dans les
aiTaii-es des '23 avril dernier et '2 du présent mois où il a dé'
ployé le courage et le sang froid d*un grand capitaine f I ), mé-
rite que vous lui rendiez promj^lement la ju>tice rigoureuse
que vous lui devés.
SALiT ET Fraternité.
Les Représentans du Peuple^
Projëan, m. a. Baudot, Cuaudron-Roossau.
VIU.
Département du Finistère. — Sous-Préfecture de Brest. — Canton de
Saint-Renan, — Commune du Conquet.
Le Tombeau de Mighel-Noblet, dans L*]t6LisE de Loghrist.
Ce tombeau en marbre noir veiné de blanc et dont la sta-
tue est en lufTatid, est très bien exécuté. Il fui exécuté en 1750
par Calïïery. sculpteur breton. Les yeux de la statue ont été
endommagés il y a peu d'années par des so'dals.
Ce monument funéraire est très-curieux, tant sous le rap-
port de l'art que d«* Tbisloire.
On trouve l'histoire imprimée de ce missionnaire. Il est en
grande vénération dans le pays Son ancienne demeure, que
nous appelierions maintenant inre bicoqtie, a été transformée
en chapelle par les soins des habitants du Conquet.
{Sans dale ni signature. — De 1800 à 1810).
(1) Pendant la campagne des Pyrénées.
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-- J20 —
IX.
Lettbe db Rennes du 4 janvier 1764.
Je vous diray qu'il n*y a nulle apparence que les Etals fi-
nissent sitôt. La noblesse ne juge point à propos d'abonner aux
deux sols pour livre. Il y a plus d'un mois que l'on n^a i;ieQ
décidé. Il y a en apparence de grandes contestai ions, et Ton
ne s^ait point le jour qu'ils entreront, ny le temps auquel les
Ktats flniroiil.
On ne peut point sorlir de Rennes, surtout de nuit depuis
, plus de deui mois. Il y a une troupe de foueteurs qui atta-
quent indifféremmenl toutes sortes de personnes, surtout les
dames de condition et les demoiselles, et lorsqu'on leur donne
le fouet, on leur ♦•niève leur monire d'or, et leur bourse ; il a
été pri plusieurs aux quels on travaille à fdire leur procez
criminellement, mais cela nVmpêche pas que le reste de la
troupe coniintië l^-s même désordres, lis ont aussy tué plu-
sleurs'que l'on a trouvé morts dans les rues de Rennes, cela
prouve qu'ils ont des disciplines bien dangereuses.
Il a été pris un nommé Villeroa....et un nommé Lafourc...
de Morlaix, au procez des quels on travaille avec empresse-
ment, mais Villema.... a eu la subtilité de sorlir de la prison
par le moyen qu'il lut un procureur de Rennes de ses amis le
voir, ei le rafiné Villema.... s'empressa au plus vil à taire
bien boir ledll pro(;iireur, jusqu^à luy avoir fait perdre loute
connaissance. Le Villema.... s'arbora de sa redingolte et de sa
perruque ;#a geôlière crût que c'élaii en personne le procu-
reur, et ouvrit conséquemment les portes de la prison audit
Villema... ; le geôlier ei le procureur se trouvent dans un
mauvais cas ; on lait de grandes perquisitions pour parvenir
à faire main basse sur ledit Villema.... On a ïé'U mettre la
saisie sur tous ses biens qui seront vendus au profit du roy.
J'ai lu une leltre écrite de Rouen et une aulre d'Amiens,
capilalle de la Picardie, ou on marque qu'il y a une certaine
société qui se set ve f^tc) d'une peau d'anguille dans laquelle il
?f il une balle de plomb, de la quelle ils attrapent si adroitement
a temple, qu'ils lerrasseni et souvent tuent ceux qu'ils frap-
pent, pour aussitôt les voler.
Un Dom Bénédictin et un autre Religieux d'un autre ordre
arrivés à Rennes ces jours derniers, pour payer leurs décimes,
ont été fidelleinent volés de tout ce qu'ils avoienl^ et bien loin
de les plaindre, on n'en fait que badinner et rire, cepen-
dani bien malapropos. parce qu'on ne doit pas se réjouii* du
mal d'autruy. Vous avouerez :,vec moy que cela seroit plus
< triste si cet accident étoit arrivé à une pei^onne comptable
aulre que ces bons, gros et dodus moynes.
(Ces documents sont tirés des Archives départementales du
Finistère).
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SÉANCE DU SAMEDI 13 MARS 1875.
Présidence de M. l'Abbé DU MARG'HALLACTH.
Présents : MM. Du Marc'hallac'h, Audran, Le Men,
de Moniifault, Faiy, de Jacqueloi, Peyron, Ayraull, Fla-
gelle, Cormier, Malen, Moreau.
M. Surrault, inspecteur de l'Académie, s'excuse par
lettre de ne pouvoir assister à la séance.
Ls procès-verbal de la séance précédente est adopté
sans observations.
M. de Montifauh donne lecture, au nom du bureau de la
Société, du Projet de Questionnaire archéologique, dont
la rédaction avait été confiée, dans la dernière reunion, aux
soins du bureau.
Après diverses observations de M VI. Flagelle, Audran,
Le Men. Cormier, Ayrault^ Mâlen et Faiy, les articles du
projet de la commission de rédaction sont successivement
adoptés, et l'Assemblée décide qu'il sera imprimé à la suite
du procès-verbal de la séance. Elle invite en même temps
les membres do la Société à vouloir bien communiquer au
bureau les renseignements archéologiques qu'ils pourront
recueillir en réponse aux demandes contenues4dans ce
Questionnaire,
M. le Président fait observer qu'il serait bon de faire un
tirage à pan du Questionnaire archéologique^ afin d'en
adresser des exemplaires, non-seulement aux instituteurs,
mais encore à toutes les personnes qui'voudront bien s'in-
téresser au v travaux de la Société.
Cette motion est adoptée à l'unanimité par l'Assemblée^
qui décide en outre, sur la proposition de M. Faty, que,
pour reconnaître le zèle des correspondants qui ne font
pas partie de la Société, elle délivrerait chaque année un
certain nombre de médailles en argent et en bronze, ac-
compagnées chacune d'un diplôme, et portant en relief les
noms des titulaires, aux personnes qui auront fourni à la
Société le plus de renseignements utiles.
M. Flagelle fait remarquer que les indications de noms
fournis par les états de section du cadastre, lui ont permis
de retrouver un certain nombre de monuments anciens, qui
SOCIÉTÉ ABCHÉOLOOIQUB« 10
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n'étaieni mentionnés nulle part. Il pense qu'il y ù Ib une
mîa«^précieusê à «xploiler.
M Flagelle propose donc à If Société d'ajouter au question-
naire un paragraphe pour recotainander aui penM>nnes qui
le pourront, de consulter dans chaque commune les états
de section du cadastre, et d'y relever les noms des lieux,
de champs, de villages, etc., qui. par leur significatiun,
indiquent qu'il y a actuellement, ou qu'il y a eu autrefois,
des consiractions, des cimetières, des routes ou d'antres
monuments qui rentrent dans le cadre des études de la
société.
Munis de ces indicatiotis, les correspondants pourront se
rendre sur tes parcelles indiquées^et signaler les monuments
existants, les traces plus ou moins apparentes qu'ils ont
laissées, ou constater leur absence.
Cette idée pratique reconntie fort utile; est adoptée à l'u*
nanimité. M Flagelle et les difTérents membres présents
citent un certain nombre de noms, qui, seuls ou combinés,
indiquent presque toujours, la place d'un monument ou
d'une voie ancienne. Une liste de ces noms sera publiée à
la suite du Questionnaire Archéologique.
Sur Uînviiation de M le président, !tf. Le Men donne
lecture du travail suivant porté à Tordre du jour de la
séance :
STATISTIQUE «ONUMENTALE DU FINISTÈRE.
ÉPOQUE ROMAINE (l).
Argol -^ Substructions d*babiiation romaine dans l'anse
de Sler-Vihan, au village <1e Treseuloin (trajectus amnis)^ sur
la rive gauche de l'Aulne (rivière de Chàteaulin).
Avdierne. — A peu de di^ance du tnôle, dans le flanc de la
colline qui domine rentrée de la rivière Le Goayen, conslruc-
tion en pierre de petit appareil de forme rectangulaire,
divisée an deux par un mur de refend : aire en béton ; les
murs so«it revêtus d'une épaisse couche de ciment ronge. Oq
(1) Depuis la deraière réuDion de la Société, M. Flagelle «'a adressé
de nombpeux reoseigodODitts q«â m'ont ^tmi% de rendre ee travail plus
complet.
R. F. Le Mbn .
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1
pouvait de ce pmit posl« obs^ver tous les moiivements de la
batedV^udierne.
Idem. — Subslruciions et luiles près de rembranehement
de la vieille et de la nouvelle route de là Poiuie du-Raz.
Bannalec. — Siatuelte en raafbre peprébcntanl Mercure,
trouvée il y a quelques années dans les environs du bonrg.
Tuiles à rebord au châieau de Kymerc'h. (Ce dernier ren-
seignement est à vérifier).
Idem. — Tuiles au village duBuztt.
Baye. — Tuiles trouvées au bourg, dans la prqpjriét^ ^ç
M. le Noc.
BeuzeC'Cap'Sizun, — Fragment de vase sanaien trouvé ep
186^ dans loppidum du Gastel-Goz.
Idem. -* Urnes cinéraires trouvées i 300 mètres S.-Q. d^
bourgs à peu de dislance de la voie qui se rend à la pointe du
Raz.
Idem. — Tuiles à 300 mètres E. de Kerudoret, contre le
sentier de Kerlavarec au bourg. — Autres fragments de tulles
à 100 mèiresà VO. à droite du même sentier.
Beuzec-Conq. — Urnes cinéraires trouvées dans un tumulus à
Kerampeunou (nouveau vijlage créé par (VI. Baleslrié).
Idem. —Des luiles à rebord ont été remarquées par W. Fla-
gelle dans cette commune sur les terres d*un vilUge dont il ne
se rappelle pas le nom. >
Bodilis. — Substructions et tuiles dans k plactire te plus ft
t'Est du village de Mouster-Paul-
Idem. — Subsiruction et tuiles au Sud du village de... r.,
à environ î kilomètres Sud du bourg
Braspartz. — Substructions et tuiles dans un camp i^r
trancbé de forme rect9ngulaire au village du CbateauqoJr.
Brest. — Une partie du château est de construction romaine*
On y a trouvé en 1597, d'après te chanoine Moreau, auteur
d'une histoire de la i^igue en Bretagne, une médaille à Tefligie
de Julr-s César. On a aussi découvert en 1762, d'après C^ylus,
dans les environs de Brest, des vases en terre , r^enfei^ma^l
trente mille deniers d'argent, comprenanl la suite des em-
pereurs d'Alexandre Sévère à Poslume.
Briec. — Plusieurs centaines de pel ils bronzes, presque tous
a refSgie des Tétricus ont été trouvés, il y a sept an^ , dans
un vase en tçrre, au village de Kermadorei.
Mem. •— Enceinte retrancbée, «vec iuUes, renfermant la
chapelle d'Uizour (Elijour).
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— 124 —
Idem, — . Tuiles dans un chemin creux, à 2 kilomètres S.-E.
du Penily sur la voie passant à Coal-Blly, pour se rendre
à PIf'yben , près la route actuelle de Pleyben , et au nord
de celle route.
Idem. ^ Au manoir du Quînijon, au sud de Saint Vennec,
couriil élevë, entouré de retranchements. -~ Fragments de
tuiles.
Garhaix. — La ville acinelle est construite sur les ruines
d'une viljp romaine. L'emplacement <\eVorgium de la Table de
Peulinger y a éié fixé d'une manière certaine par M. Le Men, en
1874,au moyen (le rinscription de la borne d»* Maël Caihaix! 1)
On y a fait plusieurs fois des fouilles mais sans méihod*'.
Une belle mosaïque, faite de petits rubps d'un centimètre de
côté Pt de diverses couIcMirs. forme Taire d'une des habitalions
foniltéps. On y a découvert en plusieurs endroits, des ruines
d'hypocaustes, des débri?^ d'amphores, des poteries samiennes
ornenientées ; quelque^ blocs de béton taillés sont entrés au
XVI'' siècle dans la construction du mur nord de Téglise de
Saint Tromeur. On y remarque en outre un aqueduc , cons-
truit en béton. On y a tnMive entre autres monnaies, un de-
nier d'argent fourré de Scribonius Libo, des monnaies de la
colonie de Nîmes, un moyen bronze de Glande l©', des petits
bronzes de Constaniin le Grand, etc. Les travaux derectifiea-
tion de la route de Callac ont mis au jour, en 1&67, un ci-
metière gallo-romain dont plusieurs centaines d'urnes ciné-
raires en terre et en verre ont éié exhumées. Un certain nom-
bre de ces urnes sont au Musée départemental d'archéologie.
Châteaulin. — Tuiles, médailles? trouvées au vieux châ«
leau de Châteaulin ? (renseignements à vérifier).
Châteauneuf' du - Faou, — Substruclions et tuiles nom-
breuses ?u village du Mousloir.
ClédenCap-Sizun. — \u village de Troguer . près la cha-
pelle Saint They, poste militaire dont les ruines couvrent plu-
sieurs hectares de ferrain à l 'extrémité «l'une voie romaine et
sur une pointe Irès-élevée au nord de lii baie des Trépassés.
Le chanoine Moreau, qui écrivait à la fin du XVI» siècle , dit
que de son temps on y trouvait be:»coiip d'urnes et de mon-
naies. On y voit encore des pans de murs élevés de plus d'un
mètre au-dessus du sol.
Idem. — Statuette en bronze, frouvée sur le bord de la voie
de Carhaix. à la Pointe du Baz. — Bulletin archéologique de
l'Association bretonne (Cdugrès de (^uimper).
(I) Voir page 80 de ce volume.
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— 126 -.
Cléder -^ Tuiles près de la ferme de Cléguer-Heur , à
2,600 mètres au nord du bourg.
Clohars Carnoët — Subi^lrucllons, tuiles et poleries rouge
au Pouidu, près de la chapelle de Saint Julien, sur la rive
droite et à Tembouchure de la rivière de Quiraperlé, A quelques
mètres au sud d • ces mines, on a dc^couvert, en 1843, un sar-
cophage en plomb, long de deux mètres, portant une inscrip-
tion sur Tune de ses faces et renfermant un squelette, des
vases en verre, un style en brojjze, une tablette pour écrire et
une monnaie de Constantin le Grand. La plupart de ces ob-
jets sont au Musée d'archéologie de Quimper.
Idem. — Tuiles, meules dt* moulins à bras, retranchements,
etc, au lieu dit Labaitangi^l.ay, à peu de distance à l'ouest du
Pouidu (Renseignement de (VI. Binet, de Quimperlé).
Idem. — Tuiles et meules de moulins à bras , à Tout ar
Bley, trouvées par M. Dubreuif.
Idem. — Camp romain dans la forêt de Carnoët, à gaache de
la route de Saint Maurice, et à peu de di.^tance du château.
CloharS'Fouesnant, — Vase en terre grossière, renfermant
environ mille petits bronzes des empereurs Tétricus, père et
fils, Gallien, Yictorin, Claude le Gothique, Postume , Valé-
rien, Laellien, Marins, Quiriiillus, Saloninus, et de Timpéra-
trice Salonine, trouvé au mois de juin 1866, dans l'avenue dn
château de Cheffontaiues. A cent mètres du lieu de cette
trouvaille, tuiles à rebords , poteries rouges, fragments de
grandes amphores et de poteries grossières. Le va^e et plus de
5Ô0 de ces monnaies sont au Musée départemental d'archéo-
logie.
Idem. — Tuiles â rebords, au village de KergHes , propriété
appartenant à M. Keralun.
Combrit, Substructions et tuiles nombreuses découvertes
il y a quelques années sur la rive droite et à Tembouchurede
la rivière de Quimper, en face de Benodi't, lors de la cons-
truction de la maison appelée la Tour-Malakoff, On y a trouvé
une figurine en terre cuite et des monnaies en bronze, dont
deux sont au Musée archéologique; un grand bronze d'A-
lexandre Sévère et un petit bronze de Postume.
Idem. — Camp retranclié de forme rectangulaire, dans
lequel est construite la chapelle de Saint-Vial; dimensions,
56 mètres sur 37.
Idem. — - Autre camp retranché de même forme, entre l'an-
cienne et la nouvelle roule de Quimper à Pont- l'Abbé, au-
dessus de Tétang du Corroarc'b. Poteries roQiaines à Tinté-
rieur.
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- 186 -
Ccmeahfeau.^ Qaèlq«es f^gmenls d« tuiles ont été, 4if-en«
trouvées aux pieds de la ville close. (Rfiweigitemenl à vérr-
fier). — Une meule de moulin k bra» prè^ la chapelle de la
Croix.
Cnaon. — Substruetions et tuiles au village de K^rviao,
au fond de l'anse de Dinan. On a trouvé près de ces ruines,
en 1863, un vase eu bronze ayant la forme d'une marmite et
renfermant environ mille deniers d'argeut, appartenant aux
trois premiers siècles de l'ère chrélienne. ils comprenaient la
suite des empereurs et des impératrices de Vitellius à Gela.
350 de ces monnaies sont au Musée départemental d'archéo-
logie.
Idem. — Près du moulin du Fret» sur le bord de la rade de
)^rest, ruines d'habitation,
Idem. — Substruciioi^s, poteries et tuiles au village du
buzit ou la Boixière. ^
Idem. — Ruines u village de Kerzanvez, près du village de
Kerromen (villa Romauorum). On y a trouvé des vases en terre
rouge.
Idem. — Tuiïes dans l'Ile de l'Aber, dans la bare de Oouar-
henez.
Idem. ^ Dans l'anse de Losmarc'h, au Nord- Ouest de la
pointe de la Chèvre, substruetions^ poteries rouges, monnaies
en bronze et cimetière découverts sous lessables il y a environ
vingt ans. Le nombre des squelette» enterrés était assez consi-
dérable. Il y avait des ossements d'hommes, de femmes et
d'enfants, plus de 300 des monnaies trouvées dans les subs-
truetions sont au iVlusée arcliéolngiqae. La plus ancienne est
un moyen bronze d'\ntouiii-le-Pieux ; la plus récente un petit
bronze de l'empereur Gratien.
Idem. — Dans le prateau du village de Kerantrobeli pierre
inférieure d'un moulin à bras de 50 centimètres de diamètre.
Dirifidn. — Enceinte retranchée dans le tarllis du Bmiazle ,
au ^od du Village de Kernoter , sur le bord de la rottte de
Pencraà à Diilnon.
IderH. — Autre enceitite retranchée de (orme rectangulaire,
divisée en deux parties à pe;u près égales , dans le bois du
Rouazie.
Douarnenez. — Dans l'île Tristan, substruetions et tulles.
On y a découvert dans ces dernières années une statuette en
bronze, une petite cuiller d'argent, des armes et des mon-
naies gauloises, des monnaies de la colonie de Mtmes et des
empereurs Vespasien, Gordien, Adrien, Maximiû et Constaa-
lin, etc. (Voir Ploaré).
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— 127 —
tdem. ^ DaiM la ville, prés de la mev, plasieurs ruines
d'bàbilaUons. On a trouvé è la pokiieiiii Gbet. où I on re*
marque plusi^uri^ €OfHiirdcli«>ns dont b*s murs ^oni encore
assez élevés, des monnaies, des ^rnes et un cippe en pierre
calcaire, sur laquelle est représenté un homme armé d*uue ha-
che, dont il frappe un tronc d'arbre. Le plancher de l'une de
ces habitations était formé, d'une belle mosaïque.
Édern, — Tuiles nombreuses au village du Buzit ou La
Boixîère.
Ergué-Armel. — Au village de Keranc'hoat, dans le champ
dit Parc Frevin^ furaulns formé de petites pierres. On y a
trouvé en le fouillant en 1845 trois cippes en granit, au pied
de chacun desquels éiaient groupées quatre urnes renfermant
des cendres et des ossements brôtés. On y a aussi trouvé une
ffionnaie de Trajan, des débris de bracelets en bronze et des
fragments d'omeni4*nis et d'ustensiles en fer Dans le voisinage
de ce tumulus qui borde la ^ie de Vannes à Locmarta, tuiles
et poteries assez grossières.
Idem. — Dans le champ de Parc-ar-Groas, dépendant du
village de Lesperfoez, à 800 mètres au-dessus du faubourg de
Locmaria, station romaine con>posée de sept bâtimt^nts diil-
férents/à laquelle venaient aboutir plusieurs- voies, ^om-
hreuses flgurtnes en terre représentant Vénus , Anadyoraène,
des Déesses mères, des chevaux^ etc., trouvés dans un champ
voisin.
Idem. -^ Tuiles dans pluskurs champs dépendairt des vil-
lages de 8. Laurent et de Lesperbez.
Idem. — Tuiles â Toulven, provenant probablement d'un
four.
Idem. — Au fond de Tansje du mouTin de ta Lande, tuiles
provenant aussi probablement d'un four. C'est dans ces deui
localités que les fabriques de poteries de Quimper, prennent
ta plus grande partie de leur argile.
- Idem, — Tuiles nombreuses autour du manoir ^elanros ,
vestiges de fortificattioirs.
Idem. — Substructtons et luiles tioiniyreuses au village de
Kergren.
Uem. ^ Tuiles â Keraoter, sur un point élevé qui dororne
la rivière de Quimper, danâ un charop appelé Ar Veret ( le
cimetière}*
Idem. — Au bord de la route de Qormper i Iténodiet, aa-
dessous du viHage de Kenadennee^ tuiljes proveuani, |e crois
d'un four.
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— 128 —
Idem. — Ruines d'habitation, dans le champ dit Pait-Mar^
au village du Pelil-Mëné. On y a trouvé en 1866 des mon-
naies romain;es en bronze et de nombreuses poteriee rouges
ornemenlées.
Idem. — Substructions, tuiles, poterie samienne, ampho-
res, meule de moulin à bras, etc., air village du Petit-Méné,
el dans les dépendances du ii^u appelé Rome.
Idem. — Tuiles à rebord dans un champ au nord du village
de Kerequel.
Idem. — Fragments d*amphores, meules de moulins à bras
et poids en pierre, trouvés dans les ruines d*une forteresse
gallo-romaine, au village de Kerdroniou.
Idem. — Subslruclions, aire d'habiialion en béion, tuiles,
[loteries rouges et peii! bronze de Constantin le Grand, dans
es jardins du château de Poulguinan, qui commande le gué
de Locmaria. ^
Idem. — Tuiles dans un camp retranché, de forme rectan-
gulaire, au village de Keranael-Fresk, près le Grand-Guélen.
Idem. — Tuiles trouvées dans la molle féodale du Plessis,
près du village de Kerromen (Villa romanorum.)
Ergué^Gaheric. — Tuiles en face de J'auberge de la Croix -
Rouge, à la rencontre des deux voies.
Esquibien. — Meule ronde en pierrre, dans une aire à bat-
Ire, à Kerhuofï (maison couverte en ardoi^eSj. Tuiles à re^
bord, urnes cinéraires, cippe en granit, fibule en .bronze et
restes de retranchements, au lieu dit Le Canavec, près la
grève de Trcz-Goarem.
Le Faou. — Tuiles au village de Keranc'hlan..
La Feuillée. —Vase en terre rouge et meule de moulin à
bras trouvés dans la praiiie de Saint Jean. Ces objets étaient
placés sur un pavé formé de pierres carrées. Le vase est au
Musée archéologique.
Idem. — Tuiles près de la chapelle, â TOuest du bourg.
Folgoet (LeJ. — Nombreuses tuiles et subslructions à Ker-
golestroc, à 2 kilomètres N.O. du bourg. — Kergoleslroc passe
pour avoir été l'ancien chef-lieu de la paroisse, avant Gui-
quelieau.
Forest {La). {Brest). — Tuiles près de l'ancien château de
la Joyeuse-Garde (voie de Landerneau à Brest, etc.).
Gouesnac'h. — Tuiles près la chapelle de Notre-Dame, au
village du Buzit ou La Boixière.
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~ 129 —
Idem. — Siibstructioos, tuiles et meules de moulins à bras,
découvertes par M. Cari de Kerrel, dans sa propriété de Boli*
guerry.
Quîcîan. — Tuil<»8 au bourg.
Guilers (Brest). — Tuiles à Caslel-Men.
Idem. — Subsiruclions, tuiles, poteries rouges, meules de
moulin à bras et monnaies d*or de Mérou, près du manoir de
Keroualte.
Guimilliau. — Tuiles h f ouest du fillage de Kerrun, à égale
distance de celte localité et de la route de Landiviziau à Saint-
Sauveur.
Idem. -^ Tuiles au village de CreacTî-ar-Bleiz, à Tendroit
où la voie de Carhaix à Plouguerneau traverse un ruisseau. On
a découvert dans ces ruines deux monnaies d'or d'Antonin-le-
Pieux etd'auties monnaies roumaines.
Guipavas. — Tuiles et poteries au village du Clotire.
Idem. — Tuiles entre les villages de Cosquerou et celui de
Kerveleugan.
làem. •— Douze petits bronzes appartenant à la seconde
moitié du lli' siècle, trouvés en 1862 entre le bourg de Gui-
pavaz et Tanse de Kerhuon, près du village de Kerromen (villa
romanorum), lois de la construction du viaduc de Kerhuon.
Guissény. — Plusieurs (ours en briques, au village d'Ante-
ren,sur le bord de la même voie.
Hanvec. — Tuiles à Kerohan et à Penefarz.
Idem. — Village de Kerromen (villa romanorum).
Hôpital- Camfrout, — Subsiruclions et tuiles au manoir de
Keroulé.
Huelgoat. — Monnaies en la possession de M. Penguern et
trouvées, dit-on, au camp d'Àrtus ?
Irvillac. — Tuiles dans plusieurs champs, à environ 400
mètres de l'ancien château de l.avadur.
Kerfeunteun. — Tuiles nombreuses couvrant une grande
étendue de terrain à l'intersection de deux voies au village de
Kerveguen, au sud de la chapelle de Cuzon.
idem. — Monnaie d'or de Lucilla trouvée en 1874 au village
de (au Musée d'Archéologie].
* Kergloff. ^ Monnaies de bronze trouvées, il y a douze ans,
près de la voie qui sort de Carbaix à Touest.
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— 130 —
Kerlayum. -^ FraffimaU de tuiles sor une éleodue de cent
b^ckres eiilre le» villages deTromelin. Keilever el Kt»rvargueL
Idem. — Tuiles à 100 mètres nord-ouest de Kervizoïiim.
Kernével. — Tuiles au village de Kerjarîini.
Idem, — Tuiles à 50 mètres sud-est du Por^M, où, t'o» dil,
4U*il a exi>té une ancienne chapelle.
Idem. ^ Tuiles au village du Buzîl ira La Boixière.
Kernilis. — Tuiles au village de Treverroc.
Idem. — Borne mltiaire de l'empereur Claude I, en face
do vi14af;e 4e Kerscao; aiijeurd'hui au Musée départemefitart
d'Archéologie a Quimper,
Idem. — Tuiles et subslruciionsen pîerresde petit appareil,
au midi de Ketbrai Huella, dans plusieurs champs nommés
Parc îVlanaou, secliun A, n»* 637 à 544 ; — dans un autre
champ plus à k'ouesi, nommé Pare Rabine, on a trouvé r>armi
les sub>iructions et sur un emplacemeiii rempli de eeadre,
deux écuelles en poterie grossière qui ont été brisées.
Kersaint-Piabennec.-' Tuiles près la chapelle de Safnt-Ëlven.
Lamhézeliec, — Tuiles aux villages de Prat Podic à 500
mètres fist du bourg (voie de Landerneau au Conquet et PkHH
BiOgUer)*
Idem. ^ Urnes cinéraires trouvées, il y a deox ans, dans te
bourg.
Idem. — Tuiles au village de Penàriî'bleus.
Lampaul'GuimUiau. ^ Tuiles au bourg.
Idem. — Tuiles |>rès la croix de Traon-Vilin, mm toiti du
pont de Lezérazien, limite de Gulclan.
Idem. — Monnaies romaines, trouvées en 1860, à TouU
Crogou, près du moulin de Poni-î'.roac'h, limile de Landivi-
srati, par huite des travaux du chemin de fer.
Landerneau. — Fours, snb^lructions. poteries rouges, meule
de moulin à bras, trouvés sur la rive droite de la rivière
Elorn, au-dessus de la ville ; — tuiles sur ta rive gauche,
au nord du champ de foire.
Idem — Substrueiions, monnaies et tuiles au village de
tiorré'Buzil (La Boixière).
Idem, — Tuiles aux ^tilages de Kern^orvan/JBeiiguer et le
Boudons.
Landévennec. — Subsiructions et tuiles 4am le bourg <ren^«
seignement â vérifier).'
/
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~ 431 —
. Liindmêi«u. — Chaibbreg <éVl ^titirri^f» ne(B tottesv etsr-
ments découverts il y a quelques années près de Kfrlouê<« h
l*oueM du ehemiii vicinal de Ploug^un'e6i« «u^bout d'uo che-
min nommé Siréal Glas.
Idem^ — Tuiles dansParc-ar-Ponl-Bren, secUou R, n« 206;
bornant à rouf>t un chemin allani vers le ^ord, à 300 roèires
nord'Oue^ de Kervoasclé ; on trouve d*autres tuiles plus au
ttiidi, dans le même chemin.
Landudec — Tuiles près la Molle de Tyvarlen, construction
de forme rectangulaire^ ayant 34 mètres du nord au sud et 32
mètres de Veîi û Touest, avec de nombreuses traces de subs-
tructrons.
Idem. — Retranchements avec douves h 600 mètres Est de la
motte de Ty-Varlen ,• — tuiles dans Tiniérieur.
Idem, — Près la ferme de Kerhascoël tuiles et subsiruclions
d'un village considérable postérieur à roccupaiion romaine de
Quimper appelé le vieux prrsbyière et la vieille église, à peu
de dihtance au sud du bourg et de la route d'Audierne.
idem. — Subsiruclions d'habitations, tuiles, bélon, poteries
rouges et peintures muraies, au village de Keralver.
Landunuez, -J Tuiles au nord-oueat du château de Tréma-
zan, près la mer.
Idem. — Murtain en briques, à la grève de Penfoul ( ren-
seignement à vérifier.)
Lanhouarneau. — Tuiles à Kermorvan, dans un champ au
sud du u<> 493, section E.
Idem. — Tuiles dans le chemin vicinal allant à Plougar ^
près du village de la Villeneuve.
Idem. — Tuiks dans le jardin du village de Coat-Merret.
Lanildut. — Village d«î Kerromen (villa romanorumj.i
Lanmeur. — - Tumulus nommé Tossen ar Choniflet^ à 2,600
mètres sud du bourg el à 500 mènes nord -est tW Kerigou dont
il dépend : 40 mètres de diamètre, 5 mètres d'élévaiion. —
G. Le Jean, histoire de Morlaix, page 8, dit que des fouilles
faites dans un lumulos vers i louigneau, dit Tossen ar goni*
flet^ ont doimé des armes, des cendres, des urnes funéraires.
Idem, — Camp avec doubles retranchements et nombreuses
tuiles dans les environs, à 1 kilomètre ouest du bourg , entre
le village de Ru-Harc*h au nord, et celui de Rue-Peulvcn au
sud.
Lannilis. ^ Monnaie de Gratien (375^383), trouvée datis un
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- 132 —
marais entre Lannilis el PlooTien , (B. soc. accâd» de Brest,
tome 1, p. 83;.
Lennon, — Un Antonin en or, trouvé en 186..., k Kerroaré,
près du chemin nommé Hent-Meur.
Lesneven. - Tuiles, dans un champ, k droite de la route de
Saint-Pol, n«605, section B.
Idem. — Tuiles nombreuses au village de la Salle, à 100
mètres au sud dti mur de Thospice.
Lesneven. — Tuiles dans la ville, près de rh6pital.
Loc'Eguiner, arrondissement de Morlaix. — Tuiles sans ca-
ractères, près la l'onlaine, derrière l'église (voie de Carhaix a
Plouguerneau).
Locquirec. — A la pointe de Bec-ar-rhaslel, on a trouvé
des urnes cin<^raire> et des médailles romaines du Ill« siècle.
Un grand nombre de briques à crochets sont entrées comme
matériaux dans la construction moderne du bourg de Loc-
quirec. (Qullt*iin arch. tome 1, p. 121 j.
Idem. — Des briques romaines, des roorcemx de ciment à
profusion; diverses sépultures ilécouverles, il y a peu d'années ,
à la Palue, avec deux squelettes, quelq«ies armes, un rouleau
de monnaies antiques. — G. L. J. coll«!Ction' de pièces iné-
dites... parCh. Le Maout, tom. 1, p. 20t.
Loqueffret. — Urne avec cendres, trouvée en 1869, à Pen-ar-
Hars, dans un champ, près des habitations, section G., n« 613.
Idem. —Tuiles dans un chemin au sud du même village.
Mahalon. Souterrain, substruclions el tiiiles au^nord de Lé-
zivy.
Idem, — Urne trouvée à 400 mètres sud-ouest de (.ézivy.
Idem. — Tuiles au nord de Lézivy, à gadche du chemin ,
avant le ruisseau.
Meilars. — Camp avec retranchements, tuiles el poteries à
400 mèires S.-E. du bourg, au-dessus du moulin de Lesvoyen.
Idem. — Poteries et tuiles autour du bourg de Meilars.
Idem. — Tuiles à Tromeillou , chemin de Conforl au camp
de Caslélien.
Idem. *- Petit camp retranché dans Panse de Porz-Peron -»
sur la baie de Douarnenez.
Idem. — Tuiles dans un camp rectangulaire , défendu par
des retranchements très-élevés au village de Caslellien.
Idem. ^ A Penguilly, camp retranché, de forme reclango-
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- 133 —
iaire. A rintérienr, tuiles, poterie sainienne, fragments de
coupt's en verre ; h peu de dislance, urnes cinéraires.
Melgven. — Tuiles et monnaies rom lines à l*arc-ar Broch .
Idem, — Camp. subsiruclionN de lours, tuiles au manoir de
Kergoal, seciion E, u^* 56, 59 et 35.
Milizac. — WUage de Kerforaen {villa romanorum).
Moëlan. — Substructions et tuiles au village de la Petite-
Salle.
Idem. ^ Substructions et tuiles au village de Kergous •
tance.
Morlaix. — Monnaies d'argent. Tune du triumvir moné-
taire Ouintus Siciuius. Tautre de Tempereur Gailien, trouvées
en 1800, dans t'einpiacement et les décombres du châ teau de
Morlaix. Autres deniers d'argent des empereurs Galfien ,
Gordien, Philippi-el Valérien, trouvés en 1828 dans les fon-
dements des remparts delà ville. (Dictionnaire d*Ouée, nouvelle
édition, article Morlaix, supplément). J'ai vu une monnaie
d'or de l'empereur Claude, trouvée il y a quatre ans dans les
environs de Morlaix.
Nizon. — Tuiles au village de Kervez, au bord du chemin
qui conduit du bourg au village de Luzuen, où se trouve une
grande motte féodale.
Pencran. — Lande couverte de tuiles aux villages de Bot-
carel et de Lesmoualcb.'
Penhars.' — Statuette en bronze représentant le dieu Mars,
urnes cinéraii*es, fragments d'épée, nombreux débris d'am-
phores trouvés tout récemment près du château de Kerla-
gattu.
Penmarc'h. — A Porz-Carn, près de la chapelle de Saint-
Guénolé, on a découvert il y a trois ans des sépultures
romaines datis un tumulus qui recouvrait un dolmen On y
a trouvé environ trente tVrs de flèche, des débris de pot^^ries,
des ossements et des monnaies de Trajan et de Constantin-
le-Grand. Quelques monnaies romaines ont aussi été trouvées
entre Saini-Guénolé et le bourg de l*enmarc*h ; enOn ou a
découvert cette année, dans les sables du port de Kerity, un
grand fragment de tuiles à rebord. .
Idem. — Plusieurs monnaies romaines, entre autres un
petit bronze de Postume, trouvées près de Keriiy et à Saint-
Guéuolé.
Idem. — Tuiles à rebord trouvées dans le pprt de Kerity.
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~ 134 - .
Perguet, -«- Ruines A'nn filUge constdértMe à la pcûnle de
Saini-Gildas, à l'embouchure ei sur U rive gauche de rOd«t.
Etablissement de bains cornpreniinl douzi* chambrer, dans
Tun»* dt»squt»il»*s on a Ironvé un pelii bronze de (Constance II.
La plupart des objets provenant des fouilles qui y ont été
faites par la Société archéologique , sont au Musée de
Quimper.
Idem. — Tuiles, pierres de petit af>pareil, ciment, etc., au
village de K l'hansconet. Il existe dans cette commune plu*
sieurs tttmuius qui sont probablemeul d*origine romaine.
Idem, — Tuiles nombreuses et subslruclions dans Tanse du
Grpa^qufD.
Idem. — Tuiles et pierres de petit appareil, provenant d*unc
construction au village de Kerascoêt, à droite de la route de
Quimper à Bénodel.
PeumeriL — Tuiles, â Coal Penguily, au croissant de la
voie venant de Quimper, avec celle de Penmarc'h à Douar-
nenez.
Idem. — Four et tuiles, à trois champs^au mi du boarg ,
dans un champ à M. Viers.
Plabennec. — Tuiles au village de Moguérou.
Pleybert'Chrixt. — Fragments de tuiles dans le dteroifl, an
nord de Gorré-Bloué.
Ploaré, — An village de Trougouzel, tuiles , poteries rou-
ges et sMbslrnctio;is daos un caMrum con!>lruît en pattie en
pîprres de petit appareil, q^ii commande la voie de Carhaix i
la Pointe du Ra?. Os ruines sont situées à rembrancbeEûem
de la nouvelle roule de Oouariienez avec l'ancienne , vis^à- vis
de la borne 74, à gauche.
Idem. — Ruines d'habitation à Coz-Maner. dépendant dM
village de Kerru. (Renseignement à vérifier).
I4em- — Muraille haute d'environ deux mètres et lotvguede
quarante pas. au village de Plomarc'h, tout près de la mer ^
au sommet (je la falaise.
Idem. — Plusieurs ruint»s d'habitations et de thermes, dans
lesquelles on a trouvé de bell^'s mosaiqu^'s et des poieries rou-
ges, tout près de la mer, sur la rive gauche du nussean du
RiZt au bord de la voie de Carhaix, à la Pointe du R»z. Quel-
ques habitations sont entièrement recouvertes par Les sabUs.
Plobannalec. — Poieries à la pointe de Lesconil.
Idem. — A Penquer-Bioas, deux meules en granh, plates et
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— 13S —
rondes, ayant 1 mèlre 07 de diamètrw et Q m. t6 c d'épais-
seur, percées au miliieu d'un irou d** 0,14 c. de diamètre; un des
côtés des tneiile)i est très-usé.
Plogastel'Daoulas. — Tuiles au village de Kerromen (villa
romanoruin).
Idem. — Monnaies romaines, trouvées il y a vingt ans daD3
l'anse de Porz-Guen.
Plogastel'Saint- Germain. — Trois camps, retri^nchés, de
forme reclanguUire, dans lesqueh» ou a trouve des tuili^g, l*un
placé an sommet, W6 deux autres sur tes flanc» de la cojiine ,
où est situé te bourg.
Plogoff — Dans un petit vague au sud, contre la route de
la Pointe du Rasii, vis-à-vis la borne 44,600 m., bri^Hes à
olayonnages. (Romaines ? )
Idem, — A 200 mètres au sud-ouest de ce petit vague,
traces d*habilatio<ns. •— K 100 mètres plus au sud, sur le bord
du chemin de Kerhuan , poteries diverses, tuiles, etc.
Idem, -— Poteries et tuiles près de la t'ontaine , au-dessous
de l'emplacement de la chapelle de Sainl-Guénalé.
Plogonnec. — Tuiles sur les terres de Kerusium , à 2 kilo-
mètres sud du bourg.
Plomplin -« Tuiles dans un champ df^pendanl du vHIage de
Kerral Bihan et bordant U roule de Quimper à Pool-l'Abbé,
vis-à-vis la borne »• 7.
Idem, — Ruines d'habitation et de bains dans le pare du
château de Pérennou, sur la rive droite de l'Odei. Ou y a
trouvé des monnaies d*Augu<ite, de Tibère, de Claude de
Victorin, de la colonie de Nîmes, des poteries rouget fl
noires, des placages en marbre, des enduits col^wés, etc.
Idem, — Tuiles sur les terres du aiaiioir de Kerdour.
Idem, — Tuiles au manoir de Bossulient sur le bord à^ la
voie de Quim^>er à Pout-l'Abbé,
Idem. — Heules de moulins à bras et tuiles trouvées eti
1866 au manoir de Keiaval, par M. Roussin.
Idem, ^ Amphore et tuiles au village de Keraableiz, L'am-
phore est au Musée.
Plomeur. — Urnes cinéraires découvertes dans la palue de
Tronoan.
Idem. — Meule de moulin à bras trouvée prè« d'un dolrato,
avec des poteries diverses dans un p^tit vague à droite et sur
le bord éd tti route de Pont-t*Abbé à Penmarcti.
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— 136 —
Idem. —Tuile à rebord trouvée dans Tallée couverte du ,
Poulguen.
Idem, — Tuiles aux environs des Grandes -Pierres , au
Gtiilvinec ; re^te de con<((rurlion dite le Vieux Château^ à
SOmètresN.-E. ief^ Grandes Pierres.
Plomodiem. — • Tuiles à Gonli(-ar-Guer et dans l'anse de
Porz-ar-Vag, danâ la baie de Douarnenez.
Idem. — Tuiles à l'entrée de la Lfieue de Grève.
Idem. — Petii camp retranché de forme rectangulaire sur
le bord et adroite de la rouie de Plomodiorn à Sainte-Marie -
du-iVIénez-Hom, et à peu de dislance de la chapelle de ce
nom.
Plonéis, — Tuiles et restes dt* retranchements dans Menez-
Groas-Biiz, à côié d'un cabaret, à droite de la route de
Qiiimper à Douarnenez et à 500 mètres à TOuest du bourg.
Ploneour-Trez. —Tuiles au village de Noblessa.
Idem. — Tuiles au village de Pontanezen.
Plonéour-Lanvern. — Subsiruciions, tuiles, poteries» au
village de Brenanvec, à la queue de l'étang de Pont-l'Abbé.
Idem. — Subsiruciions et tuiles dans un camp rectangu-
laire défendu par de forts retranchements, au village de Ker>
goulouarn.
Plonévez Porzay. — Substructions, piliers d*hypocauste et
tuiles dans Tanse de Tréfentec. On y a trouvé un grand bronze
de Faustine, jfune.
Idem. — Sub^iructions d'un poste d'observation et tuiles
dans l'intérieur d'un camp retranché dans Tanse de Trezmai-
laouen.
Idem. — Tuiles à Cariguellou.
Idem. — Tuiles à Lanévril.
Idem. — Tuihîs et construction carrée sur la rive droite et
à l'embouchure du ruisseau du Riz, tout près de la mer et sur
le bord de la voie de Carhaix à la Poinle-du-Raz.
Ploudalmézeau. — Amas de tuiles à Pratlec*h.
Idem. — Substructions et tuiles au village deKerlorec.
Idem. — Meules de moulins à bras et disques en terre cuite
trouvés au viUage de Si;mg-an-Col.
PloudanieL — Tuiles et poteries rouges au village de
Keravezan.
Idem. — Subâtructions et tuiles au village de Keramezec.
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--- 137 —
PJmdaniel. — Toiles dans Un champ au sdd-duesl de Ke^-
gongar, n^ 131. section C.
Idem, — Tuiles et urne, trouvées dafnsbi Propriété de M. Se
THopiiai (Laflgazel;, au sud de LangouroUx. secliou C, nu-
méro 472.
Mem ^ Tuifes'au' vîllage ûë Gou^zou.
Idem -— Tuiles dans Parc ar Vouden (ancienne molle) à
Penfrat, section E» numéro 108.
Idem. — Tuiles dans un camp de fornue irréguHèrç , ati
mànoir.de Lam-ar-IVlarc^h, prè* du bourg, à rembranchemént
de la roulp de Landerneau à Lésneven et de la voie de Pla-
bennec à KeriUien.
liiem. — Nombreuses lulle.^ à Kenvnnoc ; bîoc d^ bëlort aii*
même linu, près du ruisseau au nord ; au môme lieu petit
bronze de Crispus Cau Musée de Quimper).
Plouédern. — Tuiles, à Vézen-Doul.
Idem, — Tuiles dans Goarem-an-Dorguen , Kerviléoc, à
500 mèires Est du village, seciiou B, numéro 70. Trois lu-
mulus dans la garenne, à Test, section B^ numéro 69.
Idem, — Souterrain découvert en 1873 el recouvert, dans
Taire à battre de Pennanrun.
Idem -- Tiiïtes au village de Kerdilez ei KeraiTdidu, dans
trois champs conligus, section D, numéros 238, 287, et 305.
Idem: — Tuiles au haut de la rôle du Moùlin-Neuf , sur la
roule de Plouédern à Plounéyenler.
Jdttn. — Tuiles au village de Penanrun.
Plouégat'Gmrrand, — Tuiles et poteries remarquables au
château de Guerrand. G. Le Jean, Histoire de Morlaix.
Idem. — Camp nommé le Cimetière, à 400 mètres à Test de
Coal-Coe^er. — !V1. Le Jean, Hi.sloire de Morlaix, dil qu*ou y
a trouvé deux tombeaux curieux.
Plouescat. — Subslructîons el tuiles au bord de la mer, à
pen de distance du bourg (Renseignements fournis par M.
Ro$ec, alors maire de Plouescaij.
Plou^onvelen, — Le bénédictin Dom Le Pelletier, dil à Tar-
licle LÎocan de son Dictionnaire breton-lrançais, qu'il vit en
1694, danVlanse de Porz-Liogan o Vii qnai maçonné de
« mastic et de bitume, élevé au-dessus de la pleine mer d'eri-
« Ymm trois- toistîî» Les vteiHes gens rassurèrent qti'ils y a-
«c vaienl vu des anueaux où L'on allacbait des oavires , et il
SOClÂTé ARCBÉOLOGIQUB. 11
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— 138 —
« vil encore la place de Tuo d'eux. » Il y place le Portus
Saliocanus de Ptolémée,
Idem. — Village de Kerromeu (Villa romanum).
Plougourvest, — Tuiles el poteries rouges, à Tembrancbe-
menl de la voie qui mène de Pen-ar-Parc en Landivisiau à
Roscoff, avec le chemin de traverse de Plouvorn à Plougour-
vesL
Idem. — Tuiles à Kercabut. — En 1864, on Irouva un bra-
celel en or, à Spernen, voie de Landivisiau à Roscoff
Plouffuerneau. — Un morceau de luiie à crochel , Irouvé en
1873> dans le chemin au sud de la chapelîe de Saini-Cava, en-
Ire celle chapelle el Kerrun-Bras. C'esl lonl près de celle
chapelle, à la poinle de Caslel-Ac'h, que M Le IVlen a fixé,
en 1873, reiuplacemenl de Vorganium, capitale des 0>ismi. (ij
Plouhinec. — Tuiles à Poiilgoazec, sur la rive gauche el à
rembouchure de la rivière d'Andierne.
Idem. — Camp romain au village de Kerfreost.
Plùuider. — Tuiles trouvées en 1874, à...
Ploujean, — Ruines romaines au château de Keranroux
(G. L. J , hisl. de Morlaix, page 8).
Idem. — - Slaluelle en or haute de 33 millimètres représen-
tant Vénus, trouvée en 1780 dans le jardin du manoir du Buzlt
ou de la t^ixière, (Dicl. d'Ogée. Nouvidle édilion, article
Morlaix, suppiéinenlj.
Ploumoguer. — Village de Kerromen (Villa romanorum).
Plounéventer. — Entre les villages de Kerillien, Kerporziou
el Kergroas snb^lrudions, tulles et poieries, couvrant, mais
avec de nombrruscs lacunes, une étendue de terrain dVnviron
cent h'clares. La voie de Carhaix à la poinle de Plouguerneau
traverse cet établissement qui a du être li ès-importanl. On y
a ironvé une slaluette en bronie un fui de colonne cannelé el
beaucoup de poieries. J ai vu chez M. Miorcec de Kerdanel, à
Lesneven, de nombreuses monnaies d'or, d*ar[;enl el de bronze
des empereurs Augusle, Tibère, Néron, Viiellius, Titus,
DoDDitien. Hadrien, Ântonin le Pieux, Lucius, Verus, !Marc«
Aurèle, Alexandre Sévère , Gordien , Gallien, Claude II,
Honorius, el plus de six cenls fragments de poieries rouges
ornés de dessins.
Idem, — Tuiles à Locmelar, au nord-esl de la chapelle ; à
la croix près du Boury, chemin de Landivisiau.
(1) Voir page ia de ce volume.
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PJouvién. — TuM(»s iel beaucntrp de pierres de pelit â|)parcil
au :vUI#»g€;de Keplou2ern, près de 8airit-.lean-BalaznanL
Plouvorn, —Village de Kérroraen {Villa romqnorum).
Plouyé. — Village de Kerrornfen {Villa romanorum),
Plovan. -^ Quelques inonttaies, enlre àuires un dénier
d'Auguèie, oui été Iroufées près du bourg, ' **
Pluguffan — Tuiles, poieries rouges, pierres de pelit appa-,
reil, sur une étendue considérable au village de Saini-Giiénolé.
A peu de dislaiMîe de celle tocarilé enceinie retranchée dans
laquelle j'ai aussi trouvé des luîles.
Pont'Aven. — Bas-relief en bronze représen'lanl une femme
trouvé près de la ville.
Pont'€roix: — A 150 mMres sud-0ue«l d ï Keryén^neCj,
camp avec luiles, ciraeni, poieries, monnaies. Ce champ est
(raver^i par rancienue route d'Audiernc.
Punt'Croix, — Tuiles près de la rivière.
Pont-Vâbbé/'r' Subslruciions, meules de inoulins à br-a«,
luiles et poleriesau manoir de Kernu.
Idem. — Quelques tuiles dans^ la ville près du château*
Idem. T- Subslrii«li0ns, iuileî^ nombreuses à'Roz-at*-C'haslel.
à 'Vlenez-ar-C'hastel et au vHIage de Brengal où il y d uti-^
camp romain), dans l'angle formé par 1 étang de Pont-TAbbé
et la roule de Quimper.
Idem, — Subslructions et tuiles au manoir de Treourguy,
sur le bord de la roule de Plobannalec à Ponl-l'Abbé. ,
Ponthou{Le) — Une ruuie au Ponlhou, dont la maçon-
nerie es{ iudubiiahlea\ent romaine, nommée ar Châ»tel.(CrL J.
Hisl. de Morlaix, p. 9j.
Pouldergat. — Camp avec tuiles -au village de Bot-Carn.
Idem. — Tuiles au midi des villages de Kerromen et Ker-
dulaër. , :
Idem. — Urne cinéraire ^^n terre griseremplie de oendi^d,
trouvée kKerampap^ chez M. GouziL. ^ . m
Idem. — Camp avec luiles à 300 mètres SuiE^ 'de
Tréz»*nl. ' .
Pouldreuzic. — Tuiles et fragments de polerie onclucusp
prè?» de la chapelle de Pen-Hors. , ,, ./,
Idem —Tuiles au bourg près do prejrfjytère* . . „ ^i ,
Poullarté •^Sub^trMt^^tt^ et tuiles au cauahaat du -v^agtt
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— 140 —
de Poulhan,au-<lessiis du rai^^i^au formanl la limite de Maht-
lon, ei paiaissant se raltarher aux stibsiruclions et l«ileâ de
Lezivy en celle dernière commune.
Idem. — Tuiles entre le Buzit et Cosieunteun.
Idem. — Subslructions à la poinie de la Jument.
Idem. — SubstructioDs et tuile» au vilbge de Tréboui.
Idem. — Tuiles au village de Saint-Jean^ à TOuei^ide Tré-
bout.
Idem.'-r ^u village de Krrrudnnic. à 300 métrés au Nord de
la voie de Carhaix à la poinie du Kaz, el tout près du villa^
du Buzit ou La Boixière, on a découvert en 1865 un four
construit en pierres el en tuiles.
Idem. — Au village de Kermaburon, un camp retranché de
forme rectangulaire.
Idem. — Cinq urnes cin^H-aires dont Tune renrerroani des
débris de bracelets en bronze ont aussi été trouvées en 1865 à
peu de di^ance au Sud de \a même voie, dans une lande éle-
vée dépendant du village de Coz-Pnntun. A 2on300mèires
de ce lieu est unt grande enceinte retranchée de forme rectan-
gulaire.
PouUaouen. -^ Forteresse dans la forêt du Freaui au cou*
chant d'une voie romaine, pavée en parue.
Primelin. — Subslructions appelées Gastel-ar Boraanet
(château des Romains) au village du Castel, sur une pointe
élevée qui s'avance dans la mer.
Quéménéven. — Ruines dans un établissement de bains
dans le bourg.
Qumerc% — Camp retranché appelé le Jl/t*reott, déforme
carrée et de 100 mètres de coté.
Idem. •*- Tuiles à Botanlec.
Idemi — Tuiles à Coat*ty-Beuz (bois de la maison de buis).
Idem. — Tuiles à Kerguden, près la vieille route du Faou.
Quimper. -*- Ou a trouvé à Quimper quelques monnaies des
empereurs Vespasien, Domiiien et Consiantiu-le-Grand.
Idem. -^ Le faubourg de Locmaria est entièrement couvert
de tuiles et de poteries (voir Ergué-Armel).
itfcm. —" Buînes d'une station romaine imporianle sur la
ive droite de TOdet, à peu de dislance du gué de l^ocmaria.
Idem. — Vestiges d*une forteresse romaine et tuiles nom-
brt yseis sur rem^rfaoemeot de la màmn des Itères àeè^Iiihèê;
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~ 141 -
OR y a trouvé des fragmente d'ampbores el uo petii broiNre de
Viclorin.
Idem. — Tuiles dan^ les fondations du Musée; tuiles d^ns
la cour ei daim le jardin de Téviché.
Quimperlé. — Manche de couteau en bronze el lampe en
ferre cuite trouvés il y a quatre ^ns dans les sables de la
rivière au-dessous de la ville.
Wctm. — Au village de Trévoazec, à un kîlomètre de la
ville, sur jn coteau qui domine la rivière Elle et tout près de
la voie de Vannes a Quimper, ruines assez importantes dliabi •
|«iions, découvertes il y a trois ans.
Idem, — Tuiles dans la ville près de la rivière el près de
l'église de Sainl-David.
Idem. — Tulles à rentrée de la forêt de Carnoël.
Idem. - Tuiles au village de Kerdaniel, sur la rive gauche
de la rivière Elle,
Idem. — Un petit bronze romain a été trouvé il y a quelques
années dans les fondations de l'église Sainte-Croix.
Bédéné. — Tuiles près de la chapelle de Saint-Pierre^ sur le
bord de la voie de Vannes à Quimper.
Idem. — Substructions et tuiles nombreuses ati viUage du
Vaquer.
Riec. — Substructions d'habitation, tuiles et enduits joolon
rés au passage de la Porle-Neave, sur la ri v* droite d« la
rivière de Bélou.
Idem, — Tuiles près du moulin de Penanrun.
Idem. — Tuiles près de la chapelle de Tremor sur Templa-
ceaieiUd'un ancien manoir appelle le manoir de$ Salles.
La Roche, — Snbstrnctionfi et tuiles au viliage et Vally-
Clottre. sur le bord de la vuie passa^ol à ia Martyre et allaot
à Keiilien, section A, n"" 761.
Roscoff. — iV la pointe de Saint-Barbe^ près du fort Bios-
cou, substructions el tuiles.
Idem. — Santec a eu des établissements rothains dont on
voit les substructions aux villages de la Bastille el de Men-
Rofgfiaut. dans les champs desquels de nombreuses mé-
dailles, depuis les règnes de Trajan et de ses successeurs
jusqu'à Claude le €othrque, sont fréquemment découvertes.
— (De Courcy, H. de Sl-Pôl à Brest, p. 8.)
Rosnoën. — Tulles au N.-O. dés Salles, près ia rivière.
Idem. - Tuiles à TEsl de Ty-an-Aol, près des Salles.
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— 142 —
Mem. -^ Tatles à rebord clans une enceinte retranchée de
forme reclanj^ii'aire flanquée de lours rondes en leire, au
manpir du Parc.
Rosporden — Anci»*Q cliâleau enfre le rhamp de foire,
derrière l'église, ei le ponl sur la mule de Tourch, baigné
f^ar.jles faux d^ IVlanj;, M. Ç'iai;elle y a trouvé en 1868^ une
uile à rebords. Seciion B, n» 59.
Scttjçr. — Tuiles à 60 luèlres au nord de l'église, dans un
ch^nip appelé Parc-pen-ar-l*avé, bordant une voie allant au
Idem. — V«*rs 1839, M. Le Dez, propriétaire df^ parc Losi^c»
seciion E, n° 52. siiué à 400 mèlres 0. du bourg, fil démolir
un lumulus qui se iroiivail à Faufile NE. de ce cbauip. On
trouva au fond un cercle d-* pierres quarlzenzes de 3 mèlres de
diamètre, au centre duquel se trouvai! placée une urne de
terre grossière de la dimension et du la loruHi des fins grands
pois a lail du pays. Celle urue était enlrour^'e de 4 autres
plus petites de l'orme arn)ndie avec un long col, mais d'une
terre pltis fine. Toutes les urnes éiaieui en terre grise tirant
sur le rouj^e. Le flanc de chacinie des peliies urnes était orné
lie 4 médaillons roiids également espacés et du diamètre
d'une ancienne piè<;e de six livres.— Le Parc-Losiec se trouve
:à 200 mèlres à TEst de Far<î-ar-Justiçou.
Idem, — Enceinte retranchée appelée Parc -ar-C'haslel Ion,
au village de Coatcoùrant.
Idem, — Tuiles au viflage de Buzit ou la Boixière.
Sibiril, — Nombreuses tuiles au village de Moguéric,
Sizun, — A Castel-Doun , camp romain de très-grande di-
mension , aulrrfois défendu par des tours. On y a trouvé un
petit fragment de tuile. SnbstrUctions et tuiles h 50 m. a
Touest du FaIzoH. Au nord du village de Lestrémélar, on a
trouvé ven défrichant un bois, une léte de femme, en terre
blanchn , et une bague romaine en verre bleuâtre; ces deux
objets trouvés au milieu de débris romains, sont déposés au
Musée de Quimper.
Spézet. — Camp a 'iOO mètres aii nord de Trévily Izela, sur
le point culminant, duminani TAulue. (.e cainp avec retran-
cbi'menis eu lerJc.jCle 2 mèir»^s de hauteur, a, environ 150 à
180 m. de lest à l'ouest ei 100 m. du nord au $ud ; il est di-
vi^ çM i\i^ii^ parties par un retranchement et Ton remarque
dans Tintérieur des traces de ^ubslruciions. , .
Saint-Divy, ^ Ca-np ^vec substructions et tuiles dans
Goarem-Kerinlin ou Goarem-ar-Sanl, dépendant du village de
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— 143 —
'Pèulfeniof, sedion Av numéro 132, sur le bord du chemin vi-
cinal (le Sainl-Divy à Gtiipavas. On y a irouvéi hi'a-t-on dit,
une slalueUe? en bronze, vendue à Bresl.
Saint'Eloy: — Tulles dans le bourg et dans les champs
- voisins.
Suint-Evarzec. — Tuiles au bourg, pfès du village de Ker-
romen (villa romanorum).
Idem. — Tuiles dans une enceinte retranchée au village du
Gosquer.
Idem. — Tuiles et camp romain près de la chapelle du
Dféau.
Idem. — Tuiles dans une enceinte retranchée de forme rec-
tangulaire, dont une partie des parapets éiail formée de pierres,
noyées dans du cimt^iit. dans le bois du Mur.
Idem. — Au manoir de Cavardy, slalion composc^e de plu-
sieurs habilations. L'une d'elles éiail Qauquée d épais contre-
forts, dont U plus élevé a encore 4 m. 30 de bailleur. Tuiles
â rebord, enduits colorés, poteries rouges, verres irisés.
Saint'Frégant. — Au village d« Kerradennec, sur le bord
ûe la voie de Carhaix, à la poinie de Plou^uerneauv substruc-
tions importantes, occupant un espace d'environ quatre hec-
tares. — M. de Kerdaufl, de Lesneven , possède plus de 500
monnaies provenant de ces ruines. On y a aussi trouvé des
poteries rouges, des urnes cinéraires en terre et en verre.
Saint'Jean-Trolimon. — XtJt les dans une enceinie retran-
chée de forme rectangulaire, au village de Castellou.
Idem, — Tuiles, pierres brûlé«*s et fragments de poterie
aux environs de la chapelle de Tronoan. A 120 m, au sud de
Kerveltré, tumulus nommé Coguel-ar-Menhir, avec fragments
de tiïiles, au sud de Coguel.
Saint-Méen. — Tuiles d ms un champ au sud de Gourivln-
Bian, section A, numéro *285. Tuiles au nord-ouest du b^ourg,
près du village, dans un chemin creux.
Saint'Nic. — Tuiles à Pen-Trez, au sud de la lieue dfi
grève.
Idem. — A Pen-Trez, au nord de la lieue de grève, cons-
truction carrée dont les murs revêtus d'un ciment rouge, sont
encore élevés de plus d'un métré au-dessus du sol. On y a
trouvé des ossements humains.
Saint Pôl-de-léon. — Vestiges romains dans le voisinage
de la ville. (Notice sur la ville de Saint-Pôl-de-Léon, par
M. P. de Courcy).
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— iU —
Idem. — Urne dnëraire en l«rre giHse, Iroayiie ad 1864
d^ns un jardJD de la ville.
Saint'Ségah — Siibsirnciions an munoir du Drennit.
Saivt-Servais. — Tuile» i Keruzorel, d^in^ un ehamp de
lerre labourable, au couchant du village el au nord du chetvin.
Saint' Thonan, — Tuiles à Kerprigf^nl.
Saint' Thurien. — M<;u1e de moulin romain è bras, trouvée
dU baut de Ja cèle de Pout-Croac'b, !>ur le bord de la route de
Quimperlé.
Saint-Yvi. — Dans le bois de PI«»uven, près du rjtu'min qui
mène à la maison d'babilaiion, camp romain de forme rec-
tangulaire, défendu par de forls relraiirhemeii's et par des
tours ronde*. \ liiilérieur, luiles et fragmenis de poterie
samienne ornée de dessins.
Taulé. — Tuiles au fond de Tanse de Pensez.
Telgruc. — Snbslruciions d'habilalion et de thermes au
village de Lezuoc.
Idem. — Tuiles à la pointe de Pen-ar-C'haon et à Beg-
Bihan-arC'hall.
Idem, — Tuiles à la poinle de l'Aber.
Idem. — Petit posie d'observalionen pierre de pelit appareil
et ciment, sur le bord de la mer, un peu à Tesl du ruisseau du
Caon. — Tuiles vis-à-vis, parmi le sable de la grève.
Treflévénez. — A Kerezellec, dans le taillis Coal-al-Lo»»et,
petit tumulu>' où Ton a trouvé des fragments de poterie, ainsi
que dans Goarem-ar-Mail. (De Courcy)
Idem. — Subsiruciions et tuiles à peu de dislance du bourg
ei de la voie de Carhaix à Landerneau^ par Braspartz et
Saint-Eloy.
Trégarantec. — Fragments de luiles, au sud .du mouiin de
Dour-Guen. Tuiles a 300 mètres au su^ du bourg, sur les
terres de Kergoual. Tuiles dans le chemin à Kerhuel. Tuiles
à Ty-Névez, chemin du bourg à la chapelle Jésus.
Trégarvan. — Tuiles indiquées dans une anse à 1 kilomètre
Est du bourg.
Tréguennec. — On a découvert il y a quelques annét^s, près
de la chapelle Saini-Julien, un four dans lequel éiaieni rangées
pour la cuisson, environ quatre-vingts n;<urine^ en terre,
représentant des déesses mères et Venus Anadyomèue. Trois
de ces statuettes sont au Musée archéologique.
Trégunc. — Snbstruclipns et ttiiles daris Tanse de Péhuren
au sud de la pointé deTrévignon.
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_ 445 ~
Mèm. —*^ Tuiles nomfereu^s éaun or <^hamf, à l^ne^t du
village de Trémo! (parcelle n® 2'23. seelioii <i du fta-dâ^-lre). —
Autres liifile:} am mêoie village dans une gr^ade pièce .di* lerre,
sur une peiiîe ,éra,iftH«)Ge CicUce è^OO iB»èirMs à droUe de la
, roule de trégunc à }'4 pojnle de Tiéviguo^ (parcelle bp 67,
section G du cadastre).
Jrf^m. — Au village de Kergunu^, ençeîzite retranchée de
'60 nièires de diamètre, flanquée dans les augles à l'est et à
Touesl d'une tour ronde. Elle porle le nom de Caslellic.
Idem. — Subsiructions avec tuiles el poteries h (Cprva-
guer, près Kerilral, contre une maison neuve bordant la voie
deConcarneau à Batmalec, etc. Limite de Melgven.
Tréhou, — Camp triangulaire sans douves apparentes avec
substructions et luiles, retranchements de 2 mètres 60 centi-
mètres de hauteur sur le bord nord du chemin de l^ont-IVleur
h 8izun, à 8t)0 mètres à l'est de Bréhoal, sur les terrtfS de
Kerafiiec'h — section A, n* 43 — 60 ares,
frémaouêzm. — Tuiles nombreuses dans les chanops dutour
du village de Keroualic.
Trévoux {Le} — À KernauU, enceinte retranchée de forme
rectangulaire, longue de 28 mètres sur 14 de largeur.
Idem. — Tuiles nombreuses au village de Beuz-an-Dourdu.
îdein. — Restes d'enceinte retranchée au village de Lanîscar.
SUPPLÉMENT.
ArgoL — \u village du Menly, près d'un marécage, enceinte
retranchée de forme rectangulaire.
Arzano. — Camp retranché de forme rectangulaire au vil-
lage, de K^rhoel, sur la hauteur qui domine la forteresse de
La Roche-Moysan, près du pont du Roc'h, sur la rivière le
Scorff. On y a trouvé des tuiles.
Idf^m. -- Camp retranché de 60 mètres de côté au village de
Saint Adrien; au-dessus d'une forteresse, peut-être gauloise
eonstriiile sur un petit promontoire qui s'avance dans la ri-
tière l'Ellé.
Berrien. -r- Statuette romaipe en bronze, trouvée à pe^ de
dislance du bourg, sur la voie romaine de Vorgîum (Carhaix)
à Vorganium (pointe de Castellac'hJ.
Carhaix. — A deux kilomètres de Carhaix sur le bord d'uue
voie se dirigeant vers Callaci subsiructions et luiles nom-
hrieoses.
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~ 146 —
J<km; ^ Au village ie Kermoisaoi stibMruQtiaos «i miles
dan^ un camp reiraiiché.
CasL — Enceinte m raochée de form^ rerangiil<^^>'e, au vil-
lage de Lelsac*h« ^ui la montagne de Salni-Gildas.
Ùléderi'Cap'Sizun. — Sliluelte en bronze trouvée sur le
bord de la voie de Carhaix à la pointe du Raz.
Clêder. — Amphore romaine appartenant à M. Pol de
Courcy, trouvée dans une lande.
CloharS'Carnoè't. — Tuiles romaines tr uvées par M. Le
Doze, au village de Tlle, au midi de la maison, dans un champ
en partie détriohé.
Clohars'Fouesnant. — Tuiles trouvées dans un champ au
village de Guénven ; reiiseighemenl fourni par M. Qoîjenuec,
de Clohars.
Idem Tumulus dans un champ qui borde la route de Quim-
per à Béiiodet, à droite, vis-à-vis du manoir de Bodigi^eau.
Coray. — Enceinte retranchée au village du Sallou, sur le
bord de la voie de Quimper à (larhaix.
Idem. - Tuiles au village de Trévinily, dans Parc-ar^Cha-
pely section H. l'« division, n** 76.
Mlliant. — Camp retranché de forme rectangulaire, sur le
bord de la roule d'Iiliiani à Tourc'h, au village de Keraubru-
non, section H, n^ 161.
Idem. — Dans le bois d'Elliant, camp romain de forme
trapézoïdale, défendu |)ar des murs en pierres sèches^ et par
des tours rondes. On y a, dit-on, trouvé des tuiles.
Idem. — Borne railiaire à 500 maires du bourg, sur la
roule de Tourch. L'inscription a été repiquée.
Idem, — Près du moulin du Chalony, fragment de meule
d'un fflouiio ^ bras, au Musée Archéologique.
Idem. — Tuiles trouvées au bourg d'Et liant.
Ergué'Gàbéric. — Camp retranché, appelé Coz-Cûstely au
village du Boden. A Tinlérienr xiombreux fragments de tuiles.
A peu de dislance, dans un chemin creux', meule supérieure
d'un moulin à bras.
Goulien. — Fragment d'amphore trouvé près de la chapelle
de Saint-Laurent.
Idem, — Reste d'un retranchement rectiligne dansHMenez-
ar-Justiçou, dépendant du village de Pont-Louis.
Idem. -- Camp retranché de fornoie rectangulaire» au village
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- 147 -^
de Kerleon, pr^s lajchupelje de Sainl-Laureni et à peu de
dislance de la voie dV Caihaix à la Pointe du ftaz.
Idem. — Camn reiranebé, sur le bord de la même voie, non
loin, à Touest, du mouliir dU Casiel.
Hanvec. — Camp pelrau^aW, de fbrrae reclan^ulaire, de
plus de cenl mèlri'S decôié, poini culminanlappel*^ Mené ar
Chastel, au village de Boudouuixeu ou Toul-ar-Boudou. On
aperçoit de ce poiiil la rade de BresU
Idem. — Au village de Rozargloed, wir le flanc d'une co-
line, carap retranché, de petites difnensions.
Lanriec. — A la pointe du Cribellou, snbslruclions , frag-
raenis d'amphores, tuiles cl moulins à bras, découveris par
M. Bourassin.
Leuhan. — Camp relranché , de forme retlangulaire^ de
30 mètres de côté, au village de Coal plin-Coat.
La Martyre. — Vases eti lerre, orn^^s de dessins en relief,
trouvés, il y a quelques années près du cimetière de l'église
paroissiale.
Pleuven. — Au village de Penhoal-Salaun , ou Penhoal-
Saint -Thomas, camp retraiirhé de forme rectanguhure, mesu-
rant 160 mèlres de longueur sur 85 mèires de largeur.
Plogoff. — Mur romain, large de I mèlre 60 cenlimèlres et
long de 8 mèlres, caché sous le sable, à la hauteur de drmi
Bjaréq, dans labaie/ies Trépassés. (Renseignement à vérifier).
La lecture de ce travail est accompagnée d'explications
fort intéressantes, et rassemblée décide que ces premiers
éléments de . statistique nionumeniali; seront insérç^ au
Bulletin , avec les renseignements supplémeniaires que
M. Flagelle se propose d'y ajouter. Elle espère avec le
concours des autres membres d^ la Société, et à Taide des
renseignements 'que voudront bien fournir les personnes
qui recevront le Questionnaire, dont la lédaction a été
adoptée à celle séance, parvenir, avant longtemps^ à dresser
une Slaiistique monumentale, non -seulement de V Epoque
gallo-romaine, mais aussi de Tf'pogMe celtique et du
Moyen- Age du département du Finistère.
MM. Le Men et deMontifauIt présentent pour faire partie
de la Société MM. Rodallec, juge de paix de Fouesnant et
Alavoine, Auguste, propriétaire a Fouesnant.
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— 148 —
Sur la ' proposition de W le Président, la prochaine
séance est fixée au liicrcredi 14 avrils à deux heures.
La séance est levée à 4 heures.
Le Stcrétalrt, Y, db Moi«tifault.
OBPRK DU JOUR
Pour la séance du Mercredi 14 AvRii., à deux heures,
4o.n$ une des salles du Musée d'archéologie,
1** Projet d'une circulaire archéologique à soumettre à
M. le Préfet du Finistère.
2° Communication relative à la révision de$ Monuiaénts
bistoriqMcs du départeoieat.
3" Plotice sur les Dames hospilalières de Garhaix^ par
M. Faty.
4° Le Parlement des IFs , par M, R. -F Lb Men.
Le Président de la SoeiéU,
Comte L. db Gabuié.
Nota. — MM. les Sociétaires qui n'ont pas encore payé
leur cotisation, sont priés d'en adresser le plus tôt possi-
ble le montant (10 francs), à M. Fatt, chef de bataillon en
retraite, rue des Reguaires, n^* 22, à Quiiftper.
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- 149 —
QUESTIONNAIRE ARCBÉOJ.OGIQE)B.
Xtecommandationâ généraiéd.
Pour tous les monuments isolés, nnenhirs dolmens, grottes
aux fées, OFiaisons dp korigans, pierre^ forantantps» rfioltes
féodales, lomt)eaux anciens, grottes, caveaux, bornes, ruines,
voies roniain<^s. campai, croix, fontaines, etc...., il est recom-
mandé d'indiquer, auianl que po'isible, \^ le nom du lieu ,
2** le numéro ei le nom de la parcelle, 3^ la secliou cadastrale,
4° Ih nom du propriétaire et son adresse , 5" L'orienlaiion du
monum^^nt : enfin, un peiit plan ou croquis serait le bienvenu.
Mais il ne faut pas que l'impossibilité ou la difficulté de don-
ner tous ces ren-eignemenis empêche d'envoyer ceux qu'on
pourra se procura.
Pour les objets trouvés, indiquer autant qne possible , le
nom du li^ oà ils^ ont été découverts, Képoque de la décou-
verte , le nom du propriétaire, son adresse, ce qu'est détenu
l'objet trouvé ; en donner une description aussi exacte que
possible.
Pour les inscriptions, donner les mots ou le>s lettres isolées
qu'on pourra lire ; en tout cas, indiquer où se trouve Tins-
cription, même si on ne peut la lire.
Nota. — On est prié d'adresser les renseignements et, si
c'est possible, les objets trouvés à M. Lk Mem , archiviste du
département, directeur du Musée, et secrétaire d« la Société
archéologique, k Quiraper,
A. Monumrnts pi^éliistoriqties.
1. Exisle-t-il dans la commune, près des rivières, des ruis-
seaux, ou ies étangs, den cavernes ou des f^rotles naturelles
ayant pu servir d'habitations à de^ hommes, à une époque très-
ancienne?
2. De semblables grottes existent-elles dans les montagnes?
3. Quel est le nom breton ou français que Ton donne à ces
excavations ?
4. Trouve-ton à l'intérieur de ces grottes, ou dans leur
voisinage des éclats ou fragments de.silex '^pierres à feu), de
gré^ lustré ou de quarxiie, taillés de manière à avoir un ou
plusieurs de leurs côtés plus ou moins tranchant?
6. Remarque- 1 -on des fraî^naenls de pierres ainsi' taillé»,
dans les champs, les laudes} et uoiammeut dans le voisioag^^
d'aiioieaaestcarrièr^s ?
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Dans le cas où on en fenconlreratt, on e^t prié de les re-
cueillir avee soin, et dVn a4reKâ**r quHqnesuns à M. Lr Meh,
en indiquant le nom du Ihhï ei le numéro d«i la parcelle où ils
auront été trouvés.
B. Menhirs^ Dolmens, Allées couvertes ,
Sèuterrains, etc.
1. Exi?flP-l-i! dans la confimune des dolmens; tables de
pierres on allées convenez appelées en breltjn Ty-Korrtkets ,
Loch-Korriganet ou Loch Korrandonriet ?
2. Des menhirs isolés ou des alignements de menhirs non
taillés? ,
3. Des pierres branlâmes ou autres pierres remarquables
auxquelles se railache^t des légendes ou des traditions ?
4. ('es roches sont-eîje'i de même nature que celles des
carrières exfdoiiées dans le pays ?
6. Quel est le nom- breton qu'on leur donne dans la loca-
lité?
. 6, Sont elles disposées en lignes droites, en cercle, en pvale,
en carfé, en reclanj^le ?
7. Y a-l-il des dessins ou des scnlpt'ires sur ces pierres ?
8. Sont-elles ou ont HIes été surmontées d'une croix ?
9. A l»on.lr(Mivé des objets sow« ces pierres ?
10. Quels soni ce^ objets et que sont- ils doenus ?
11. Donner des renseign^^ments sur les monuments de
môme nature qui auraient été détruits.
12. A-t-on décotrvert dani» la commune d^s cavités ou des
galeries creusées dans le sol . et dans lesquelles on aurait
trouvé des poteries, des instruments en pierre ou en mèal >
ou tout autre vestige de rindu>trie humaine ?
C. Tuiuulus et Mottes féodales.
1. Exjste-l.jl dans la coïnmune des buttes ou élévàlîon's de
terre quî paraissent anciennes et faites de mains il honvraes ?
2* tie^ buttes soni-eUe& en Torm^ de dôme à basa. circulaire
ou à base ovale?
3. Ëxiste-t-d au sommet ou sur les cdtés. des traces de
fouilles ?. ,_ . .. -
f. Y a*t«il autour d'elles ou dans leur >^di$iiiage 'une rigole
"'Digitizedby Google
mmmm
— ISl —
ou douve, 00 une élévation ds lerre affeclant la forme 4es
fossés qui servent de clôture à un champ ?
Ces buttes portent ordinairement les noms dé vouden ,
vonden^ tuchen, tusken^ tossen^ torghen, run^ castel.
D. Monuments romains.
1. ¥ a*lHl dans les champs, et surtout sur le bord deà
chemins des bornes autres que les bornes modernes?
2. Ces bornes sont-elles brutes ou taillées?
3. Portent-elles des inscriptions?
4. Trouve- t-on aux alentours des tuiles rouges ayant uo
rebord ?
5. Ya-t-il dan^ la commune des ruines de vieilles murailles
ou des traces de fondations de forme carrée ou rectangu-
laire?
6. Donner leur étendue ?
7 Indiquer, si Ton peut, la nature du mortier qui Me la
maçonnerie (chaux, sable, dmeni, moriirr, terre glaisej?
8. A-Kon trouvé dans ces ruines des débris de tuiles, des
poteries, dès meules, des statuettes, des anneaux, des brace-
lets, des mojmaies, des armes, d«»s ornements, des débris de
marbre, des peintures ou des inscriptions?
9. Que sont devenus ces objets ?
10. Y a-t-il des champs portant le nom de Carn, de Car'
neiilou, de Veret ou de Cimetières romains ?
E. Voies romaines.
1. Exisle-l-il dans la commune d'anciens chemins assez
larges que l*on suppose avoir été des rouies romaines?
2. Sont-ils pavés, ou reste l-il des traces de pavage ou de
dallage à certains endroits, surtout dans les bas-fonds ?
3. Obrther leur largeur à ces endroitfe?
4. Trouvel on dans les champs qui les a voisinent des mon-
naies, des meules, des tuiles ou des briques à rebord ou des
traces de fondations de maisons ?
5. Quels noms portent ces chemins en breton (nom d'un
saint, d*un personnage célèbre ou légendaire, ^deHênt-Gatfec,
de chemin des SepiiSainUt^ etoO?
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- 152 —
6. jSxistPrt-il <^ur leur parcours des bornes, des meobirs tail
lés, des croix ?
7. Ces aïonumçuls porteni^ils des inscripUons ou dessculp-
Inres ?
8. Donni-r la direciion du chemin, le nom des villages qu'il
traverse ou près desquels il passe ?
9. liHliquer la largeur de chemin dans les parlies qui
resl^nl lesml'nx conservées, même quand ou ny veiwi pas
de pavage ou de dallage.
F. Forteresses gauloises [Oppida). — tiàmps romains.
1. Y a-l-il dans la commune des emplacements qui passent
pour avoir élé des camps rôiuains ou anrrés?
2. Y irouve-l-on des traces de lieux qui sembleni avoir élé
retranthés ou loriifii^s au moyen de remparts ou d'encemles
en pierres ou en len-^ ?
3. Indiquer le nom breton qu'on leur donne?
4. Quelles sont les dimensions de ces camps?
6. Y trouve-ton des monnaies, tuiles, meules, briques à
rebords ou autres objets anciens ?
6. Ont-ils une forme ronde» ovale ou rectangulaire ?
7. Indiquer le nombre des remparts, fossés ou reiranehe-
raents qui conipos«^nt renceitiie, Idur élévaiiau au-dessus du
sol intérieur ei leur élévation au-des"<us du sol extérieur oii^de
la douve qui les accompagne souvent?
8. Remarque-ton à Tiniérieur des traces de petiies maisons
ou d'habitations de forme carrée, rectangulaire, ronde ou
ovale ?
9. Y a-t-il des traces de ch rains aboutissant à ces camps
ou passant dans leur voi>inage?
10. Quelle est la longueur de ces chemins?
11 Quelles sont les dimensions approxioi^li^'cs de ces
camps ?
12. Sont-ils dans le voisinage de marais do ruisseau o» de
fontaines?
G. Monnaies, lïiédaiilles , urnes ciki6rak»es , poterie»
et autres objets.
MM. les correspçndanl*^ soîvI priés lorsqu'une déowWerte
quelconque de médailles, monnaies^ u^nês- cinéi^it'^ftf poleritr
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— 133 —
«t autres ub^eis anciens, aura Itfu dan» leur commune, d'en
donner immédiateaieni avis à M. Le <Hen, secrétaire de h
Société, en indiciuani d'une manière précise:
]o Le lieu où elles oni été trouvées et dans quelles cir-
constances.
i^ Si les monnaies étaient en masse, ou éparses, ou enfer-
mées dans un %ase, ou dans tout autre réceptacle, tel qu'umeSi
tombeaux, elc ; en ce cas décrire le vase ou tombeau.
3° Si elles étaient senles ou accompagnées d'objets quelcon-
âues, teis que bracelets, fibules, toi*ques, armes ou parties
'armes, ossements, etc.
40 De quel métal sont les monnaies, médailles ou autres
objets.
5* Quel est leur nombre total et partiel, suivant le naétaL
6<> Dans le cas où les médailles seraient trouvées dans des
yases, se procurer autant que possible ces vases s'ils sout
entiers ou leurs débris sMIs sont brisés.
7* Sinformer exactement en quelles mains ces médailles
ont passé, afin qn*on en puisse suivre la trace, et recueillir,
dans rintérêt de la science, celles qui préseuteraient de Tin-
térèl.
Ou ne saurait trop recommander à «eux qui trouvent des
monnaies ou des médailles, de ne les soumettre ï aucun h^
vage ou nettoyage, qui dans des mains inexpérimentées, peut
les altérer sensiblement ; d'éviter surtout de les frouer sur
des pierres, et de 1^ nettoyer avec du sablon ou même i
l'aide d'agents chimiques.
Une médaille ainsi traitée perd toute valeur.
Ceux qui* auraien^t trouvé ou communiqué quelques mon-
naies ou autres objets, voudront bien iniNquer s*ils sont dans
l'intention de les offrir, et, dans le cas où ils voudraient les
vendre, quel prix ils y attachent, aGu que la Société d'archéo-
logie puisse juger de l'étendue du sacrifice que le Musée dé-
partemental pourrait faire pour les acquérir.
H. JBglises, Cbapelles , Cimetières.
1. T a-t-il sur les murs imérieurs ou exiérieurs des élises,
des chapelles ou des reliquaires (ossuairesj» des dates oa des
inscriptions ?
- 2. Ces inscriptions sont-elles rédigées en latm, en français
ou en breton ?
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUB. * 18
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— iU —
3. Ces moniiriK^nts renferment-ils des tônobeaui anciens
avec ou sans sculptures ou inscriplions?
4. Des vitraux peints anciens, portant des inscriptions, des
dates ou des armoirie**?
6. Des peintures à fresque sur les nnurs ?
6 De vieux tableaux sur toile, sur cuivre ou sur bois ?
7. De vieilles statues en pierre ou en bois ?
8. De vif ux meubles ?
9. De vit'illes tapisseries ?
10. Des reliquaires en niéial ou ea bois ?
11. Des croix de procession ?
12. D'anciens vases sacrés ?
13. D'anciennes bannières ?
14. Indiquer le nom du «^aint patron moderne, et des anciens
patrons de ré{»lise paroissiale et des chapelles?
15. Y a-t-il dans T^glise des écussons en pierre; d'anciennes
stalles et une ancienne chaire â prêcher eu bois sculpté ?
16. Existe-t-il à l'extérieur une chaire à prêcher en pierre?
17. Y a*l-il sous l'église une chapelle souterraine?
18. Les cloches porienl-elles d'anciennes inscriptions ou
des dates ?
19. Quel est le texte de ces inscriptions ?
20. Y a-t-il d'anciens registres de la fabrique ?
21. A quelle année remontent-ils F
22. Exist«-t-il encore d'anciennes cuves à baptême, ou
d'anciens fonts baptismaux, d'anciens b<^nitiers? '
23. Y a-t-il une chapeHe dédiée aux Sept Saints ?
24. Trouve-i-on dans les églises, les ch;<pelles, ou dans les
cimetières, des pierres cubiques, cylindriques ou hexa^^onales
creusées sur2ou 4 del«*urs faces, d ad^es en forme d'écuelles,
et innuies snr 2 de leurs côtés de tourillons ou de renflements
qui permettent de les soulever ?
(>es pierres qui servent la plupart du temps de bénitiers,
ne laissent voir qu'un de leurs creux. V\\t> servaient autrefois
à étalotmer les mesures de capacité, et la vérification se faisait
ordinairement près du portail de Téglise.
25. Y a-t-il dans le cimetière d'anciens tombeaux creusés
en forme d'auges, des pierre^ levées, ^^w menhirs taillés, avec
des raies, des cannelures, des dessins ou des sculptures ?
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— 185 —
I. Gliâ4;eaux et Manoirs, vieilles Maisons.
Indiquer les doois des anciens chât(*aux ou manoirs, les
inscriptions, armoiries, sculptures el dates qui se trouvent
sur réiiiQce, les meubles et les objets curieux qu'ils peuvent
contenir.
K. Fontaines et Saints.
r. Indiquer le nom des ancit'nnes fontaines, le nom des saints
auxquels elles sont dédiées, les légendes, les croyances reli-
gieuses, médicales ou superstitieuses qui s'y rattachent.
3. Y a-i-il dans la commune une fontaine dédiée aux Sept
Saints?
3. Pour quelles maladi*"S, el pour obtenir quelles grâces
particulières invoqie-t on les saints patrons des églises ou
des chapelles de ta parois.se ?
L. Traditions, Légrendes, Superstitions.
1. Indiquer les croyances superstitieuses, les légendes, les
traditions, les chansons populaires bretonnes et les contes de
veillées qui ont coui*s datis la commune.
3. Y a-i il des incantations ou oraisons à Taide desquelles
les sorciers prétendent guérir les maladies ?
3. Donner le texte breton de ces oraisons ou incantations.
4. Indiquer le n )m breton des plantes dont les médecins de
campagne se servent pour guérir les malades, ou les^ personnes
à qui on a jeté un sort
M. Rivières et cours d*eau.
1. Quels sont les divers noms bretons et français des
rivières et des principaux cotirs d'eau de la commune ?
2. liidlqnnr le point où ils prennent leur source, et rendroit
où ils se jettent dans la mer ou dans une autre rivière.
«
N. Documents cadastraux.
Liste de quelques noms de localités qui, seuls ou combinés
avec d*autrés, indiquent souvent la place d'un monument ou
d'une place ancienne.
Les correspondants se procureront sans peine ces rensei-
girements, en consultant les étals de section de chaque com-
mune. Ils pourront ensuite se rendre sur les parcelles portant
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— 166 -
un des Boms iH^dessons, et rechercher s'U D'y eiisle pas de
vejslîges d'antiquités.
B
D
Korrigan
Be
Bez
Beuzec
Dorgan
D(»rguen
DouYès
Korrigannet
Kerstrat
Kerronwii.
BeiizU
Douffès
L
Biitîi
Dol
La Motte
Buziidic
F
La Boissière
Boissière
F09
Lia \ém
Boden
Fouden
Liavfn
Booden
Fonde»
La Salle
C
Fur:
Les Salles
Fos douar
Le Salou
Carn
Fosiadec
Carnet
M
Carneiltou
Q
Manac*h-Ru
Castel
Casteltic
Granges
Groach
Men
Men hir
Gasteliou
Granec
Men-t^u
Cbasiel
Grouanec
Meur
CbasteRic
Muriott
Cbaruel
H
Muriaou
Cloastre
Hanl
Mousioir
Cloislre
Hent
Mouster
Cio&ire
Hent-bras-Coz Mouden
Cos
Hentguer
Moguer
Cosquer
Hentmeur
Mogueriou
Coguel
Uorreguet
Motte
Coquel
Hourigao
P
Cor
Coriquet
J
PeuWeH
Couriquel
Jusiiçoa
Pavé
Corrîgaa
K
Peolioa
CorandoB
Q
Corandonet
Kergoat
C*hrouiflet
Kor
Quistillic
Coz
Korreguel
Queslel
Quistilliou
Crever
Korriquei
Roudou
Ruguel
Run
Rimial
Raquérioii
Romen
Romaoet
S
Saal
Sal
Salioa
Salou
Strat
Strcat
Sirat-Glaz
T
Tout
Torgan
Torgii^n
Tossen
Tour
Tourel
Trepaz
Trepazou
Tucben
Tusken
V
Veret
Veuzit
Vuzul
Vouden
Vonden
Vedette
Vur
Véan
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1
LISTE GÉNÊR/ILE
DBS
MEMBRES DE LÀ SOCIÉTÉ ARGHËOLOGIQDË
DU FINISTÈRE
AU MOIS DE MARS 1875.
MU. L'abbé Abgball, professeur au collège de Pont-Groix.
Affichabd, fils, propriétaire à Qiiimper.
Alavoine; Joseph, adjoiot au maire de Quimper.
Allard, fils, entrepreneur à Quimper.
AsTOB, maire de Quimper.
AuDBAiN, notaire à Quimperlé.
Ayrault, substitut du procureur de la République b
' Quimper.
Bahezbe DE Lanlay , garde général des forêts à
Landerneau.
L'abbé Bateg, aumônier de Thospice de Morlaix.
Bjgot, architecte du département.
Bigot, architecte diocésain.
BiNET, vétérinaire à Quimperlé.
De Blois, Xavier.
Le Bolloc'h, juge suppléant à Morlaix.
Bollobé, Alexandre, propriétaire à Quimper.
BouKASSiN, membre de plusieurs sociétés savantes,
à Goncarneau.
Bbiot de la Mallerie, président de la Société d'A-*
griculture de Quimper, à Penhars.
Caen dit Lion, imprimeur à Quimper.
Le docteur Le Gabb, à Quimper.
Canvel, piofesseur à Quimper.
'De Carné , membre de TAcadémie française , à
Quimper.
De Garné^ Edmond, à Quimper.
De Ghamaillabd, fils^ avocat a Quimper.
12
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w 1S8 ^
MM. Du GHATfiLLiBR, Correspondant de rinstitut, à Pont-
l'Abbé.
Comte Db Ohauvëau, propriétaire au château de
Keriolet, à Beuzec-GcAQ.
Glaibbt, imprimeur à Quimperlé.
Pc QVBVZiau^ apciea pressent de la Se,c|été ^rçl^^^o-
logique des Gôtes-du-Nord, à Plouévez-du-Faou.
Le docteur Goffbg, à Quimper.
Colomb^ ancien conseiller de préfecture, à Quimper.
GoBMiBB, avocat à Quimper.
Du GouÉDic^ membre du Conseil général, à Qiiimpérlé.
Db Gourct (Fol), à Sainl-Pol-de-Leon.
Qoziç, chef de diFiakun à la Ppélecture.
Le Dall, sculpleur à Landerneau.
Dçyoïft-S^mT-SBVBiH, commis de direction des postes.
Durbst-Lb Bbis> avocat à Quiipaper.
DuvAL, vérificateur des dojaoaine§ à Quimper.
Fatt, chef de bataillon eni^eiri^te, à Quimper.
F^VTitBL, pharmacien à Quimper.
Flagblle, expert-arpenteur à Landerneau.
Vt% Forsahz, député à l'Assemblée nationale.
FouGBEAT, membre du Conseil municipal, à Quimper.
Fonuiof , eapîtaiiia de vaisseau, membre du Conseil
général, à Brest.
Frainçois, chef d'escadron commandant la gendar-
merie du Finistère, à Quimper.
Friblb, propriétaire à Quimper.
Frochbiv, fils, négociaolà Quimper.
H. Gaipoz, directeur de la Revive Ceitiqm, à P^m.
Gaburt, membre du Conseil général, à Garhaix.
GoRVAN, avoué à Quimper.
GoviEi (Auguste), rue des Reguaires, à Quimper>.
De Goy (Stephen), avocat à Quio^per.
L'abbé Guêguénou^, recteur de Saial-Mavtin de Morlaix.
GuBRMBUR, avoué a Ghàteaulin.
Db Gubrnisac, membre du Qonseil géEéra), à Moriaiz.
. L'abbé GnaLARD, à Quimper.
Lb Guillou-Pbnanros, membre du Cons^ général,
à Douarnenez.
Lb GuiLLou-PxiukQROs , luge à Bireat.
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— 139 —
MM. Lfi ^uiLLou-FfiNAMBOs , fils , propriétaire à O&à-^
carneau.
G^iTOT , n^oêiant à Quiioper, membre du Conseil
municipal.
GuTHo , avocat à la cour de cassation à Paris.
Le docteur HàLiâGiiBN , à Ghàteaolin.
Hémon , Louis ^ fivocat à Quimper.
Hénon, Prosper.
Hénon , notaire à Qoipaper.
Th. Hersart de Là Villbharqvé, membre de l'Ins-
titut, à Quiixiperlé.
De Jacquexot , Louis , ancien secrétaire général ,
à Quimper^
De Jacqublot , Joseph.
Jambt , propriétaire à Chateaulin.
L'abbé Jéoou , \icaire générai. '
Jdnkbr, ingénieur ordinaire des ponts et chaàssées à
Quimper.
R. De Kerrbt ^ à Brasparts.
G. De Kerrbt , à Gonesnac'h.
De Kerjëou , Louis , maire de Seini-Goazec.
Db Kbrsau7.on , membre du conseil général à Ploné-
zoc'h
L'abbé KcRtAN^ recteur de Plouzané.
L*akbé de Kbrraérbt , à Quimper.
JLacostb , membre du conseil général à Chateaulin.
De tk Landr db Galan^ maire de Trégune^ à Quimpei
Laporte, avoue à Quimper.
Du Laurens de la Barre» anèien officier de marine^
à Quimper.
De Légluse, Amédée , tuembre du conseil général
h Audierne.
LoARER , agent- voyer en chef des chemins vicinaux,
LoRAris , avoué a Qnimperlé.
Loyer , étudiant en droit à Paris.
Malen , professeur à Quimper.
MalhbrbIb* te la BofssiÈRË^ à Ergué-Armeli
L'abbé Di) Marg'hailac'iIv vicaire générât
De MAtiDutT, membre du conseil général, à Riec
R.-F. Le Mbn , archiviste du département.
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g^£*
— 160 -
MM. De Momtjfault, ancien sous-préfei, à Quimper.
MoKEAt^ Stanislas, à Quimper
Le M1R9 ancien directeur des domaines, à Quimper.
M^ NouviL , évâque de Quimper et de Léon,
De Pascal , propriétaire à Plomeur.
Peybon , propriétaire à Quimperlé.
L*abbé Pëtron , secrétaire de Tévêché.
PiHOBET , préfet du Finistère.
Poéard-Kbryiler , ingénieur des ponts et chaussées
à Mantes.
Th. De Pompbry, député à T Assemblée nationale, à
Rosnoën
L'abbé Postic , recteur de Plonévez-Porzay,
PoYo, architecte à Morlaix
De Quélen, Prosper, rue du Quai, à Quimper.
L'abbé Qvèsienegb, curé de Sainie-Croijj a Quimperlé.
De Baishes , membre du conseil générai a Guilligo-
marc'h.
De RËMo^fD nu Ciselas, receveur des domaines h
Quimper.
. Richard , préfet honoraire du Finistère Quimper.
Richard, Amédée, receveur de l'enregistrement a
Ghàteaulin,
RiCHiRD ,. juge de paix à Landerneau.
Rossi, propriétaire à Quimper.
RoDSSiN , propriétaire a Plomelin.
Roumain de la Touche^ ancien procureur impérial.
Le Roux, membre du Conseil général, à Landivisiau.
Le Rouxbau de Rosencoat, membre du conseil gé-
néral à Elliant. *
De Saisy , Paul , à Plounévézel.
Salmon-Laubourgère, président du tribunal deDinan.
Sauvé, vérificateur des douanes à Brest;
De Saint-Georges , propriétaire à Melgven.
De Solminihac , propriétaire à Névez.
SouDBY , avoué à Quimper.
SuRAULT , inspecteur d'académie à {}uimper.
TouLLEBioNT , négociant au Guilvinec, 6n Plomeur.
De Trogoff^ Charles, à Coatalio, en Fouesnani.
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TABLE DES MATIÈRES DU TOME II.
Pages.
Séahge du 13 juin 1874. — Admission de M. Su-
rauU|~ inspecteur de l'Académie, comme membre delà
Société. - Analyse d'un mémoire de feu M. Arzel, curé
de Ploudalmézeau (Finistère), sur les antiquités de celle
commune. — Mention (^'un travail de M. Tabbé Abgrall,
professeur au Petit-Séminaire de Pont-Croix, sur l'église
paroissiale de celte ville. — Débornemenls du parc
ducal de Coëtloc'b, en la commune de Scaër, par M. Fla-
gelle. — Tarif des droits de marchés de Plouescat, par
le même. — Programme de la section d'archéologie,
proposé pour le Congrès de Vannes de 1874. — Ordre
du jour de la prochaine séance. — Dons ofTerts au Musée
départemental d'archéologie par MM. de Trogoff, Durest-
Lebris, Duval, Bigot, père, Mahé, Mary, et par M™« veuve
Sionnet 1
Séangb du 25 JUILLET 1874. — Rcmercîments de M.
Surault, inspecteur de l'Académie. — Admission de MM.
Charles de Trogoff et Auguste Govin, comme membres de
la Société. — Mémoire sur Vorganium, Vorgium et la
cité des Osismii, par M. le Men. — Notice sur les seigneu-
ries de Trogoff dans les évêchés de Tréguier et de Léon,
par M. de Montifault. — Ordre du jour de la prochaine
séance. — Dons offerts au Musée par MM. le docteur Le
Hir, Amaury de Kerdrel, Rodalec, Duperré, Merlin,
Lucas, F. Dufeigna, Prosper Hémon, Daniel Verniol et
Retul. • 17
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— 162 —
Pages.
Séârgb du 19 JANVIER 1876. — Mort de M. Ajmar de
Blois, président de la Société archéologique : Allocution
de M. le comte de Carné, de l'Académie française. — M.
de Carné, nommé président et M. Audran nommé vice-
président dé lÀ Boéïété. — Projet d*un Questionnaire âr-
chéologique à adresser aux Instituteurs. — Sainte Guen
Teirbron et saint Cadvan, par M. Le Hen. — Ordre du
jour de la séance du 13 mars. — Dogumbuts histori-
QUBs : -T- III. Saisie faite )^ar te ductile Méi^œbf dà tiem-
porel des bénéflciers qui suivaient )« paHi du roi, 1690.
— IV Délibération des pttrôissiens de saiht Mélainé dô
Morlaix relative 6 lia défense de cetl^ Ville contré le itaa-
réchal d'Awmont, 1692 ; — V. Frâiiittent d'un compté
du Rusquec (CornôuailIeH XVI^ siècle; —Vl. Etat dès
monuments précieux qui se trouvent ddhs quelques
églises du district de Horteik ; -^ VU. Lettre irelalive dû
séquestre mis sût les biens dé La Tour d'Auvergne ; —
Vill. It tombeau de Michel Ntbblet, danB l'^lis»^ do Là-
christ; -^ iX Lettre d« Renne» du 4 jahvier 1761 ; . 97
SËAm^ Dû 13 Éâitè 18716. ^ IMs(3Uséion ël adoption
des artictes d'uii Xh^tionnaîH àï'ehéologiquè t adresser
aux Int$titutè1Sirs et h d'autres fonctionnaires d^ départe-
ment. — Statistique monumentale du Finistère : Époque
romflifi», për M- LeMen. — Addilîéns à ce lïàv^t piro-
posées par M. Fla|;ellè. -> Ordre du jour de la séandô
du 14 àHil 4 . . ^ , i . . , 141
Listé GifftiBMA bbs usumbs é>b là soclÉtË.
Fm DB LA TABLB DBS MATIÈRES.
ErratiM. — A la ï)âge 94, dàtis l'ôVdre dtt jôttt-, au lié^ d^
tHmanimiSy lisez Trimammis,
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BULLETIN
BB LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU FINISTERE
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JÏiÉ
BULLETIN
j
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DU FINISTÈRE
— — e«C3f-<C>«3C=>9
TOME III
1875-1876
QUIMPER
IMPRimERIB B* ALPHONSE GAEN
1875-1876.
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BULLETIN
DB LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU FINISTÈRE
SÉANCE DU 13 MARS 1875.
Présidence dé M. DE CARNÉ
DE l'académie frauçaisb.
La séance est ouverte à deux heures.
Présents : MM. de Carné, Audran, Malen, L. de Jacquelot
du Boisrouvray, de Pascal, Le Men^ de Moniifaûlt.
M. le Pré'^îdent fait connaître que la société a à regretter
trois pertes récentes parmi les membiesqni la composent.
Ces pertes sont celles de MM Le Hir, de Morlaix ; Le Caër,
de Qtiîmper, et de Giierntsac Tous trois avaietit fourni leur
contingont à la société d'archéologie, tous trois avaient été
des premiers à contribuer à sa fondation. Ils aimaient les
études historiques et cherchaient à mettre en lumière tout
ce qui pouvait être utile dans le passé et dans le présent à
la province de Br^^tagoe, dont ils étaieut, tous trois, d'utiles
et de charitables fils.
Ces morts récentes rappellent à M le Président que le
plus émim'nt des membres de la société, son président
M. de Blois, a été h la dernière séance 1 objet d'unanimes
et douloureux regrets II en sera de même pour les mem-
bres que nous venons de perdre, miiis M de Carné n'ose
pas, à cette séance, donner une esquisse biographique de
MM de Gnernisac, Le Caër et Le Hir. dont la mort est trop
récente pour qu'il ait pu recueillir les documents néces-
saires^
M Le Men annonce à la Société qu'il attend sur M. le
docteur Le Hir des notes biographiques qui lui ont été
promises par notre coofrère^ M. Puyo, de Morlaix«
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- î —
Il donne ensuite lectured'une note remise par M. de
Hfoniifaulty et extraite d'une lettre de M. d^ Goiircy, de
laquelle il résulte que* le tableau de saint Guen, dont il a
été fait mention à la séance au mois de janvit^sr (i) n'rst
pasdans la paroisse de Plouguien (Gôies-du-Nord), mais
biendans ce^le de Plonguin, arrondissement de Brest , où
est situé le manoir de Les v en.
M Le Mon fait remarquer qu'il n'a fait que citerFou-
vrage de M Gaultier du Moiiey.
Il donne ensuite lecture à l'assemblée d'une circulaire
du Préfet de la Greuse au sujet dos recherches archeolo-
logiques. Gette circulaire est ainsi conçue :
Messieurs,
Je n'ai pas b«>soin de vous rappeler que le chef-lieu du dé-
partement possède un Musée qui occupe un rang imporlanl
parmi les (^lab1i^^se^lents du même genre, et où ^oni classés
avec soin tous les obj»*is qui inrmeni comme les anh vt-s de
rbistoire locale. Ces coliecMons Iruil de paiii*nie> rt^rhenhe^
n'oni pas seulement pour but de fournir «le nouveaux «^iénienls
à l'hîsloirede notre province; elles répandant enC4»re !*■ goût
et le progrès des aris en Iburuissaul des modèles précieux aux
artistes el aux iudusiriels.
Vous comprenez combien II importe que rien ne soit perdu
parmi les objets qiiem*'iienl à découvert les fouilles heureuses
dues au ha^^ard ou guidées par la science.
Les haches de l'âge de pierre, les armes de bronze, les
monnaies et inédailles, les amphores d^ verre, d'argile ou de
m^tal, les meubles anciens, les inscriptions, nous révèlent
rmtelligence et les mœurs des anciens habitants de la ( reu?e.
Des mesures oui été prises à l'égard des (rigmenis décou*
verts par les entrepreneur^ de travaux publics ; mais il e^l né-
cessaire que de semblables précautions soient établies en ce
qui concerne les découvertes faites par des particuliers.. Dans
ce dcsrniercas, je vous serais reconu.iissaut d'enjrager les ha-
bitants de \otre commune à vous signaler les objets trouvés
prfr eux et ayrtul une valeur arc.héiito<;iqiie, afin que vous
puissiez iuimédialement m*en informer. Je m'empre.««serai
d'e«»voyer sur les lieux des bommes compétents pour les ap-
princier.
Quant aux découvertes qui ne sont pas transporlables, telles
(1) Voir le dernier voltune du Bulletin, page 106,
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_ 5 _
3ae tombes gauloises, gailo-roinaines ou franques, vestiges
e voies romaines ou d*habitatious. etc.* ks Din>cleurs du
Musi^e se leroiil un devoir d'aller relever les plans et descrip*
lions de ce< monumeiits avant leur destruction complète
nécessitée par les travaux.
En vous conformant à ces Instructions, vous seconderez
puissamment les efforts de ta Société scientifique du déparle-
meni, et vous compléterez l*inveuiaire de no<« richesses archéo-
logiques.
Je vous prie également de vouloir bien me faire connaître «
s*il existe actuellemeiii «tans votre commune âe> objets ou des
monuments ponvant pré5emer quelque iuiérét au point de
vue de la science.
Je recommande à MU. les Maires de communiquer
la présente circulaire à MM. les conseillers municipaux qui,
disséminés dans les h iraeaux, leur prêteront» )e n*eu doute
pas, un utile concours.
Agréez, Messieurs, etc.
La circulaire du Préfet de la Creuse est approuvée par
tous les membres de la réunion, qui deinanJeni au bureau
défaire auprès de fd. la Préfet «lu Finistère les démarches
nécessaires pour obtenir qu'il adresse aux sous -préfets et
maires une circulaire analogue.
M. Le Men désirerait qifon put y ajouter une recom-
mandation pour empêcher toute fouille dans les terrains
communaux sans autorisation administrative. Cette pro-
position est prise en considération.
l]ne autre proposition du même membre serait de de-
mander la révision du classement des monuments histori-
ques. Bea'icoup de ces monuments ont éié détruits ou
fouillés ; d'autres ne mériteni pas de figurer sur la liste ; un
assez grand nombre au contraire devraient être l'objet
d'une mesure conservatrice, par exemple le Calvaire de
Plongsi^stel-Daoulas.
L'assemblée reconnaît le bien fondé de cette proposi-
tion et prie M. le Président de voir, tant à la Préfecture,
qu'a Paris, s'il y a des moyens d'arriver a cette révision
désirable.
H. de Olontifault fait connaître que U. Faty ne peut don*
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— 4 —
ner communicalion du travail anooncé, ayant été obligé de
le renvoyer a U communauté pour UquA il avait ete fait,
M. Le Men donne ensuite lecture du travail suivant :
LE PARLEMENT DES IFS.
La lutt^ des Etais H dn l*arleroei)i de Bretagne avi^cradmî*
nistration du roi Louis XV, qiii etit uh sî^rmul reteMtKsem«nt
dans toute la Franc**, au déhui d»* la guerre de s**|tt Hufi, et
•qui, on p«'Ht le dire, ébranla si fiineinent l«* pouvoir royal,
est bien connue de tous c**ux qui ont quelques i.oiious de
rhistoire de notre provinc«>. Aussi u*ai-ie nullement Tinien-
tion d*en l'aire le r«^cit dans celte note. J*y suis d'auianl moins
porté, que les graves événements auxquels elle donna lieu ont
éié récemmeni retracés, avec autant d*aHtoriié que <le talent»
par Téminent éerivain que la Société Xrcbéologique du Finis-
tère s'honore d'avoir pour présiilent (1).
Mais si scrupuleux et si complet que soit un hiMorien. il
est certains détails sur lesquels il doit gli.sser légèremeut , de
même qu*il eA ceTlains doeunien'.s qu*il ne peut qu'indiquer,
sous peine dVniraver la marche d»* son récii , et de nuire à
Fiiilérôt de son œu\re. Ces» aux sociétés locales qu'il appar*
tient de recueillir ces documents et de les publier dans leurs
mémoires, où leur place est marquée eomiue pièces justiQ
catives, en aiieudani que les énidits di* l*avenir viennent y
puiser les éléiaeuts de nouvelles études historiques.
La lutte politique dont je viens de parler, donna nais-
sauce à un nombre inOui de chansons satiriques et ée pam-
phlets eu v*>rs et en prose, d*uoe violence ex'réme A une
éptique où la presse nVxistait pas, on existait si peu, ces
écrits véritables gazettes à la main, étaient colportés à travers
la Bretagne, de château en château, de manoir eu manoir, et
l'on peut sans p^iue juger de refîerv«»8ceuce- qu'ils entrete-
naient dans les esprits, déjà trop surex'ité» par la correspon-
dance des Riats. J'ai retrouvé dans les archiV'\s départemen-^
taies du Pinisière q lelques-une^ de ces pièces : mats avant de
les reproduir»*, il e^i je rrôis utile de nppehT en quelques
lignes les causes qui amenère it ce grave conflit, entre le pou-
voir royal ei le.s Etalai de Bretagne , fld^es gardiens des fran-
chises de la Province.
{{) Les Etats de Bretagne et l'Administration de cette provi'Mê Jui*
qu'en 1789« par le comte de Garoé, de l'Acadéinie française.
^ Digitized by VuOOQIC
— 5 —
D<>piifs son union â la France , la Bretagne avait toujours
oppo^ft la plus vive résislanre aux pnipîèt«»menls de Tadminis»
traiion royale. Si les Etais n'arconlaienl qu'à regret les
nouveaux subsides qup lui dcmandHll In roi . le Parlement de
sou côlé, ne uiatiquaii jamais d'accompagner de prolt^sialions,
sous le nom adouci de « remoutrauces, » reuregislreuieul de
ce> impositions.
En 17.N2, l'impôt d'un vingtième (un sou pour livre), ayant
été frappé sur toute ta Francf , le» Itiais de Brt*iagne rehisè-
renl de le voter. Cependant , la perception de celle taxe put
étie faite ri^gulièremenl, parce qne le Pailemenl. sous la pres-
sion du duc de ChAulne*i . commundani de la province, avait
enregistré I édit. Eu 1760 , de nouvelles importions plus
lonnit's que celtes des anut^es pn^cédeiiies pe^èreiii sur loui le
royaume. Les Etal> breions résister* ut encore, ei Tadminis-
tfaliou royale .se vit contraiuie de leur accorder des conces-
sions. Mais ions les porls français ^yaut protesté contre cetie
immunité que le re>te de la France considérait comme une
injustice , la Bretagne dut rentrer sous la loi commune, et
coumie l'ordre de la noblesse persistait à refuser le vote des
nouveaux impôts, le duc d'\igiiilloti, successeur du duc de
Cbaulues. âi enregistrer par fcuce i'édit du roi.
Tel acte d'autorité souleva de violentes colères, et lorsque,
le ^l novembre 1763, à la demande de iVI. de Laverdy, contrô-
leur général des Fiuimcesy i^oui*» XV établit un nouveau ving-
tième sur toutes les coutnbntious , pour libérer l'Eiat des
charges qui l'éerasaient. le Parlement de Bretagne sent, entre
tous les Parlemeuis de France, refusa d'eiiregisirer I'édit du
roi. <>l. édii fut cependant enregistré quelque temps après,
mais ceiïe mesure fut accompagnée de vives remontrances.
Elles irritèrent si fort le roi, qu'il donna ordre au l'arlemenl
d'envoyer près de lui à Compiègne. un ceriain nombre de ma-
gistrats de la compagnie pour expliquer sa conduite.
Louis XV les recul tort mal, et celte réception aigrit telle-
ment les esprits, que, le s:ouvel impôt enregistré par le Parle-
ment ayant été mis eu recouvrement, l'ordre de la noblesse
entreprii d'empêcher celte fierception, et décida que le pro-
cureur général syndic des Eiats ferait opposition par -devant le
Parlement, i ce que l'enre^islremenl fut considéré comine
valable.
Quoique la chambre des vacations fut seule en exercice,
elle admit celte opposition, et défendit sous peine de con-
cussion de lever le nouvel impôt, (et arrêt fut immédiatement
cassé par le conseil d'Etal, et la cassation enregistrée te 22
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^ 6 _
octobre 1761, sur les registres des Etals. Le partement suspeiH
dit alors $^€8 fonctions, en déclaraiii qu'il maintenait l'arrêt de
la chambre des vacations {!).
Lef^ E\B\% r^i^olnrent de l**ur cAté de prolonger leur i^es^fon
par une force d*iiiaciion hjibili'nifnl calculée. L«*.« chof^ de la
« Cabale, » c'est le nomqiif l'on doimait à Topposi ion, étaient
MM. d<* r.oêtansroiirs, de Pontual, df*s Nétiimières. et surfont
H. de Kerguezec, geniilhomme sans fortune de révèclié de
Tréguier, qui, par une élude approfondie de la conMiiuiion
desËlais, où sa naissance lui dnnnait eniréi*. avait acquis des
connai^sHnc<*s qui lui assuraient une grande supériorité sur
tous les membres de sou ordre.
Tel était Tétat des choses, lorsque le contrAlfur général,
M. de Lavtrdy, iriiléde la résisiance dfs Etais, s'en plaignit
au duc d'Aiguillon, avi*c une cerlaine vivariié dans une lettre
écrite à Versailles^ le,4 décembre 1764. Voici le texte de cette
lettre :
« En vérité. Monsieur le duc. les folies des Etals deviennent
« incurables, il ne reste p!us d autre pani i prendre, qite de
« faire régler au conseil Taffaire des troi^ ordres, et api es
« celte décision solennelle, il n'y aura plus de remède.
« L'influence de la noblesse et de M de KergUfzec est-elle donc
« que toutes les iinposiiious cessent daii^ touie la province
« de Bretagne ? Ooii-elle que les auiros .sujets du roy payeront
« pour les bretons? kl vt*ut-elle forcer le G<Htvernement à se
« monier sur un ton de rigueur, el à quitter le ton de dou-
H ceur qu'il a«ait pris ?
« Lorsque Thonnèieté et la raison conduisent les hommes,
« Tautonté peut céder, parce qu'il y a peu irinconvénieni ;
« mais lorsque la déraison, la mutinerie el la révolte s'em-
<c parent des esprits, il ne reste plus d'autre pariy à prendre^
« qiieceluy de la sévérité. Il y auroit du danger & en user
« autrement. Ooient ils que le Rov laisse avilir à ce point
« son autorité ? < roient-ils par la hâter le retour des man-
« dé^? (2;. Si la noblesse avoit e>té telle qu'elle le devoit éliet
« le Rôy auroit accordé cette grâce à votre demande, m is le
« Roy s*irrite, el m'a parlé encor*- hier d'une ni;.nière qui fait
« sentir tout son mécontentement ; et si avant huit jours la
c nobieisse n'a pas pris un pany convenable, le Koy est prAl à
« partir. L'on croira que ce que je vous mande est un conte ;
(1) A. Blarteville, Histoire de Rennes,
(t) Les membres du Parlement appelés à Gompîégue.
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— V -
« |e peux cependant voas assurer^ Monsieur le duc, que c'est
« la pure vérité
« Voiis connaissez mon atlachement pour vous. Monsieur
« le duq.
« LAVERDY. »
Si, en écrivant celle lellre , le cdnirôleur g^'néral d^s
finances avait eu la pt*nsée quVIle amèni»rail les re vol lés de
l'ordre de la noblesse à se soumettre à rauiorité du roi, il
s'était |;randem<*nl lionipé. Le ton de hauteur et niêmt» de me-
nace qu'il y «ffecie. loin de calmer les esprits ne fit qlie les
irriter davama^p. Au heu de r<^pandre en Bretagne une crainte
salutaire, celle lettre provoqua dans toute la province un im-
mense i^clal de rire. On en fil des chnnsons ; e!le l'ut parodiée
de mi le manièies. Voici une de ces chansons, que, par un
raffîuement d'ironie, on a Tait précéder d'un Argument.
Argument.
Les anciens oracles se rendoient toujours en vers, afin qu'on
les rrlint a^ec plus de facilité, et par la même rai>on, on les
metioit souvent en chansons. On a cru devoir les mêmes
honneurs aux sacrées paroles du contrôleur j;énéral Laverdy,
en doiinant unt^ traduction en vers françois de sa lettre du
4 décembre lltil au duc d'Aiguillon. Si les loys scrupuleuses
de la iraductiiHi n'ont pa*^ laissé beaucoup d'es^orl à l'enthou-
siasme poéiitjue, on prie le lecteur 4'excuser le poêle en
faveur du traducteur. ^ Pour la commodité du public, on a
encore mis celle hymne sur Tair noble ei célèbre
accompagnée de plusieurs autres.
HYMNE.
3
En vérité, Monsieur le duc, *
Vos Etats ont le mal caduc.
Et leurs accès sont effroyables !
Sur mon houoeur ils sont si fous,
Qu'il nous faudra les loger tous,
En peu de jours aux Incurables.
2
Je vais faire dans le Conseil,
Avec le plus grand appareil,
Juger rintérèt de cet ordre ;
Et puis après ce règlement,
Pas pour un diable assurément,
On ne pourra plus en démordre.
Je vous dirai premièrement,
Que les Bretons certainemeni.
Doivent être contribuables.
Et tous ceux qui refuseront,
Aux yeux du Conseil paraîtront
Révoltés et déraisonnables.
Votre Monsieur de Kerguezec,
Qu'on vous donne pour un grand grec ,
Et tout Tordre de la Noblesse,
Pensent ils nous faire la loy.
Et que tous les sujets du Roy
Payent pour les tirer de presse ?
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« -
Je vous dirai secondement,
QuMls forcent le gouvernement
À prendre un ton des plus sévères,
Et se montrer avec rigueur
Et quitter le ton de douceur
Qu'on avait pris pour leurs afEaires*
e
On voit souvent sans nul danger.
Le maître à ses sujets céder,
Même dans le temps où nous sommes,
Quand la raison, l'honnêteté
Vis-à-vis de Tautorilé
Conduisent les esprits des hommes.
Mais aussi lorsque le démon
De révolte et de déraison
S'emparera de la Noblesse,
Pense*t-on que Sa Majesté
Laisse avilir l'autorité
En reculant avec foiblesse?
8
Je vous dirai troisièmement,
Cue les Mandés du Parlement
Sont quittes de reconnaissance
Vers les gentilshommes bretons,
Qui se conduisant comme ils font.
Font retarder leur audience.
Si l'Ordre s'étoit comporté.
Comme il devoit en vérité.
Et n'avoit pas fait rési^ance,
Le rt* tour de tous les Mandai
Dps longtemps étoit accordé,
Monsieur le due, à votre instance.
10
Mais je ne dois pas vous celer,
Ni vous le laisser ignorer.
Que tous les jours le Roy s'irrite,
Hier il disoit hautement,
 quel point il est mécontent
Des Etats et de leur conduite.
11
Pour les en faire revenir.
Et leur Caire tous consentir.
Mettez donc toute votre peine.
Je vois le Roy prêt à partir.
Si vous ne pouvez réussir
Monsieur le duc avant huitaine.
12
Ceci de l'un à l'autre bout.
Semble un conte à dormir debout ;
Mais cependant je vous assure
Que les articles ci -devant.
Et le dernier trés-nommément
Sont la vérité toute pure.
13
Vous connaissez rattachement
Et le sincère sentiment
Avec lesquels j'ai fhonneur d'être,
Votre très-humble serviteur
De Laverdy, le contrôleur ;
Publiez aussitôt ma lettre.
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r.
- 9 —
La résifttanee des Etats se prolonçrea fteodant Thiverde
1763^ et ce ue fut qu'après ntie srsHon qui avait (inrë plus de
six mois, qu**. vaincu.«i par ta faii^ne, lit» Sf décidèrent eiiflii à
voler 700,000 livres île siippl«*meiil.
Mais si ta liilie était l^i minée a%ec tes Flats, elle ne rëtail
as avec le parlemeul. Olui ci persistant à demander l*aimu-
iation de t'arrél du Conseil du mois d'octobre précédent, fut
tout entier mandé à l^aris où le roi tni fil €sntendre des paroles
sévères. t>ci se passait te 15 mars t76ô. Le premier soin du
parlementa son resour à Rennes fut He rendre un arrêt qui
interdisait ta perception des impôts dans la provinc»*. Cet
arrêt ayant été c^ssé te 3 mai par le cou-^eil dn roi. le parle-
ment à l'exception de douze membres donna en masse sa
démission te *20 dn même mois.
« A cette nouvelle, la ville de Rennes, dit M. de Carné fut
dans l'ivressf, bien qu'un lid i<cie préparât sa ruine Tandis
qu'on prooi|>uait aux démissiontiaires les applau<lissemeHts et
les sérénades, on juge quelle li^Mire pouvaient l'aire les dou-
ze malheur**ux qui, obéissant pour la plupart à une insiiira-
tion désintéressée, étaient demeuré> sur leur siège, n'ayant pas
cru devoir a^isnmer la respou!>abitité de celle suspeusiuu gé-
nérale de la ju^lice.
« Jamais Texcommunicalion dans ses formes les plus sai-
sissantes ne fut appliquée avee une plus inflexible rigueur.
Ou s'engageait k demeurer sans alliance avec eux dans la
suite des |;énéralioiiS ; tous les groupes se dispersaient lors-
qu'ils tentaient d»* s'y mêl^-r, de lelle sorte qu'une séques-
tration presqtie ab'^olue était pour eux te seul moyen de se
déiober aux ounages. Dans I s rues, où ils étaieni insultée, tes
porteurs de chaires n^obtempéraienl pointa tenrs réquisitions;
Ks p**rriiq'iiers marchandaient teuis services, et leurs laquais
faisaient souvent la lucrative spécnlaiion de tes quitter » (t)
Un des démissiounairKs les ayant publiquement qnalfiés
de Jka^i F..é., on dessina la nuit sur leurs portes des car-
touches formés par des ifs, au milieu de^qufts on voyait
les lettres J. F. entrelacées. J'ai reirouié quelques vers d*^uue
fable qui fut faite à leur intention. Les voici :
Lss Ifs, fible nouvbllb
Dans une enceinte où règne ta déesse,
A qni Ton voit une balance en main.
Ces jours passés un orage inhumain
(t) t$8 Etats de Bretagne et V administration de cette provineejuê^
qu'en 1789. T. II. p. Ift8-1M.
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— 10 —
Mil le désordie et sema ta tristesse.
Maints arbres verts, fTiites en bons (rnils,
Maints arbrisseaux proraeilant dWre utiles
Tous en ce jour serob oieni esire détruits ;
On ne vii^plus que (fs ti istf^ phaniômes
Deqnelqii«*8 ifs qui senU «'sloient restez
An numbtf pair île douze bi«*n com^tt'Z ;
Tout aussiiôt le» superbes» aiôraes
Le reste manque, ^t je le regrette, car le débul promettait.
I e roi eepeiiilant n*oiibl ail pas les douze con>ei|!ers qui
lui élfit'ul resi(^ fldèlts ; et pour leur lénioi^u*'r sa recominiv-
sanre. il chirg^a !«* comte de Suint florentin, Sfcréiaire
d'Ëlat, d'érrire à M. d'\|iiilty. premier président au parle-
ment de Bretagne, la lettre suivante, quP porte la date du 7
juin 1765:
« Monsieur I.e Boy commence à s'occuper des affaires
du parleuK'Ul. Sa Mitjeslé ci remarqué a^er beaucoup de s;itis-
faclion qu'au milieu dune dél'ertioii presque gêueraie, il r**sie
douze magis»irHt$ qui refu-se^il de donner Ifiirs déuiis^ioiis et
d'abdiquer leurs lOHCtions, dont ils sont ifiius par la loi de
leur serment de fidélité envers Sa VlnJHsié et ses peuplts. bille
m'a expressément chargé de vmjs écrire que vous leur léniot-
gniez de sa pan qu elle est d'autant plus contente de If ur zèle
pour son service ei pour l'iiilérél du peuple, qu'elle n*ignore
pas les voyes dont on s'est ser%y pour les détourner du plus
iégiiuue des d« voirs. Sa Majesté veut que vous les assur.ez
qu'elle esl dans la ferme résolution de leur donner dan» les
circonstances des preuves de sa protcchou et de sa bienveil-
lance. Je suis persuadé que vouîi ne différerez pas d ex cuter
le.s intentions de sa M^jesié à ce sujet, et à me mettre eu état
de luy en rendre compte. *
Si ce témoignage de satisraclion du roi fut pour les douze
magistrats mm démis du parlemeiM, un adoucissement à la
situation cruelle qu'ils s'étaient eux-mêmes créée, il fut aussi
pour eux le signal de nouveaux outrages.
1^ lettre du comte de Saint-Florentin eut le sort de celle du
contrôleur général I a^erdyi Elle fut r han<ée sur tous les airs,
et travestie de la laçon la plus burlesque Voici quelques
spécimeus des parodies eu ler^ et en prose, dont elle fut rubjel.
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— 41 —
I
FABODIB, DEUXIÈm tiDITIOll.
On .«appose qu*on a vu la première, toutes deux sur Tair.
accoropagué de plusieurs autres.
Le Roy s'occupe maintenant
De raffaire du Parlement,
Et n'a pu voir sans allégresse
Douze magistrats de renom
Refuser leur démission.
Sauf à passer pour des Jean fesse.
2
Peut-on voir sans étonnement
Leur incroyable attachement
Aux fonctions de leur office !
Observateurs de leur serment
Au prince au peuple assurément
Ils rendent d'importants services.
3
Aussi le Roy m'a-t-il chargé,
Pour ne pas dire commandé
Expressément de vous écrire,
Pour leur débiter de sa part.
Quoique peut estre un peu trop tard,
Les douceurs que je vais vous dire.
Le prince est d'autant plus content
De leur fidèle attachement
Et de leur zèle à son service.
Qu'il croit parfaitement sçavoir
Les ressorts qu'on a fait mouvoir
Pour les gagner pas artifice.
Dites leur sérieusement
Que le Boy veut très-fermement
Leur donner dans ces circonstances,
Comme à ses beaux petits mignons,
Des marques de protection.
Défaveur et de bienveillance.
6
Telle est du Boy la volonté.
Je suis. Monsieur, persuadé
Que par une réponse prompte,
Vous m'apprendrez qu'à ce Sujet
Tout est consommé, tout est fait,
Pour que je puisse en rendre compte.
IL
PABODIB, TBOISliËHB ËDITIOR.
Sur Tair de RobiuTureiure lure :
1.
De votre feu Parlement
Et de sa décx>nflture
Le Roy s'occupe à présent..Ture]ure
Sans ie pi^Dsser je vous jure... Robin.
2.
Avec satisfaction
Le Roy dans cette aventure
Voit douze Bobins Bretons.. .Ture lure
Oarder leur magistrature... «Robib.
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— la -
8. 6.
Observateurs du serment Pour promettre plus que moins
Qu'on fait en judicature, A r^s chères créatures,
Ces zéros du Parlement. ...Tu re lure. Le prince étendra ses soins.. Turc lure
Refusent leur siguature.... Robin. Jusqu'à leur progéniture.... Robin.
4. 7.
Aussi le roi m'a chargé Envoyez-moi promptement
Et c'est la vérité pure, Une épitre sans rature.
D'expliquer sa volonté... Ture lure, Ecrite lisiblement... ,Ture lure
Par cette mienne écriture. .Robin. Le prince en prendra lecture. .Robin.
5. 8.
Vous direz aux non dérois, Vous protesterez aussi
Comme une chose três-sùre, Que dins toute conjoncture
Qu'ilssontdu Roy les amis ..Ture lure La Cour sera leur appuy...Ture lure.
C'est moi qui les en assure.. .Robin. Contre la publique injure ..Robin
III
QUATBIÈHB ÉDITIOU EN GOCQ A l'aNB
OU STILE DE BA€HA BILBOQUET. .
c Mon<:ieur Le Roy coinm«>nce h fs^occnper
sérieusement des affaires du rarlem«»U di> la grande Bretagne,
Sa Majesté a Tem»iqné avec une longue vue et aver. beaucoup
de saiii^faction, qu'au milieu d*uiie «tt^rclion d*armée f^resque
glanerai**, il reste iloitze magiMiats qui r< (ust-nt de donner
leurs démissions gratis^ e\ d'^^bdiquei* leurs fondions curiiles
doui ils sout tenus par ta loy salique «le leur sernrent de flilé-
lilé envers Sa M«jesléel s**s peuples gaulois. Elle m'a ex|»ressé-
roeut chargé, comme un mulets df %oii> écrire, de la bonne
encre, qm* vous leur.téiuoifçnii'Z de sa pari de noce qiiVIle est
d*auSant plus conleulede \euv t^\e fanatique, pour son •^♦•rvice
militaire el pour rinterét an denier vingt qui est celuy du
peuple, qu'elle n'ignore pas \e» voyes et chemins trop multt-
pliez dont ou s'est servi pour les détourner du plus Ié2;iliaie
des devoirs du mariage. Sa Majesté v.'Ul que vouk les assuriez
à dix pour cent^ quelle est dans la f^rme ^/>>iéfra/e. et résolu-
tion de leur donner dan^ les cii'Con^tauc«*s critiqne>f\, des
preuve dé chevalier de Multhé de sa proleriiou et île sa bien-
veiilaUre. Je shîs p»'nsuadé, comm^ je le suis de mourir un jour^
que vous ne différerez pas d*e&écut«r à mort les pr0Undue$
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- 13 -
iD»tnictions de Sa Majesté è ce triste sujet, et à me mettre en
élat de grâce de lui eu rendra compte de tutelle, »
Il iiVM pas dans m(>s intentions de donner k nn point de
vue qiielcoïKHie, une appréciation de ces pamphlets. Je dirai
Sieniciiieiit qu'ils montrent, à mon avis, nii*ux i^^at être que
cerlaiiiji diwumeiits d'un otdiv |f|us élevé, dans qut»J discrédit
ratitonté loyale était tombée. On sait que la déniisMOu du
Parlement de Bretagne fut suivie de l'aiTesi ition du Procu-
reur général La < halolais. de son fils, et de MM. de K^rsa-
iun, de la Gascbene et de Monir^uil Cet acte de rigueur, loin
de produire eu Bretagne |Vff.i qu'en attendait le roi ne ûl
qu'ausnifuter rîrriiâ<ion des esprits. Quelques années plus
tant la révolution de 1789 éclatait.
Au nom de l'Assemblée, le Président remercie M. Le Men
de son intéressante communication.
M. Louis de Jacquelot fait connaître que la parodie en
vexs de la lettre de M. de Layerdy, est de M l'abbé
de Boif^billy^ cbanoine b Quimper, député du clergé aux
États de Bietague
Le scruiin s ouvre sur les candidatures de IVIM. Rodallec,
juge de paix et Alavoine, propriétaire h Fouesnant.
Ces deux candidats sont admis a funanimiié.
Le Président demande a qu'/lle époque l'assemblée désire
fixer sa première réunion; après discussion on adopte le
Samedi 12 Juin.
L ordre du jour étant épuisé^ M. le Président lève la
séance a 4 heures et demie.
Le Secrétaire, V. db MoNTiFAfTi.T.
ORDRE DU JOUR
Pour la séance du Samedi 12 Jvin, à 2 heures, dans une
des salles du Musée d^ archéologie,
V Projet d*une exposition de céramique à Quimper»
pendant la di^rée du concours régional en lb76, par
M. R F. i.E Mbn
2* Foui les d'une Allée couverte dans le bois de Menez-
,Guen, en la commune de Melgven (Finistère), par
M V. DB MOWTIFAIILT.
3** Fouilles d'un tumulus près du bourg de Pltyben (Fi<*
nistère), par M. Duyal.
Le Viee-Président de la Société, F. AUDRAM.
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- 14 ~
DOCSUMBNTS INADIT8.
EnOI^TB BRLATIVB a la PRISB D*I7N SBIOlfBUB BRBTOU, QVl
TBUaIT LB parti DBS FRANÇAIS GONTRB LA DUGHBSSB ARNS
DB BlIBTAOnB, PBUDAIIT la 6UBBRB DB 1488-89.
1493 .
EiQOKSiTB f»n riem et îtiforroacion par siipo«<^ de Taîeu no-
blt*s gens Aiiceau d** U Mairhe, s' des Toiiretleit, Guillaume
de la Mairhe, s» de Bodriec. Hervé Kergiieiin«*c, s' de
Lesqiiiffloii. e\ Giiillaiim<! Sai'ici-Deny*^, •( rh«'C(iii dVulx,
etiver?*el contre Guioii «e Rou^e, s' d'AïuTem»»! (\), k
IronV'T qii«» kdici Le Roiig<* a leiiii le pariy contraire
de la royne dii€ti«»ss«* de Bretaigne^ au leinps et pa-
rafant la prinse pris«>; d*icellny Le houge, porloil et donnoit
aille à ses ennf*mys. el meisni<>s que, dt'pnix le tennps allé-
gué dudici Le Housse de sad'Ct** prinse, y a eu seur aceix
(ac^ès; en ce pnys et iiirhé pour ponrsuir son action envers
lesdirls nommés, et autres rairt< déclain^s es piètres «'t liltres
d**sdicts deffi'Useurs, tatlz par l'auditoire du conseil du niy
nosire S'Mgueui* en BieUi^ne, run<l*iceulx dalé le xvirjour
de niay derroin, et Taulre le cinquiesme jour de juillet der-
roin, signés par Jefi^n M y née. secrétaire ; lad ic:e enqueste
faicle par maisire Jehan Kersulgjuen, baillif de Mourlaix. et
maiMre Alain du ^u^iiq lisiMi, cora^uis^^aires commis dudici
8ei$;nenr à son conseil à ladicie fin ; préseniz el appelez eu
leurronipaijtnie (^.hnsioflede Kercrist. secrétaire dudici sieur,
et Jehan du l'onlou. greflier dudit Mourlaix, le uuztebUie jour
de septembre. Tau mil llll« llil" trèze.
Jehan Fleuriot, â&é d*environ triant** cinq ans, comme il
dii« t<*sm4>ii;u juré purgé et enqui«, dit el reconle par sou
serement,qu*il coti;;uoit ledit sieur irAucremel environ quinze
à seiz<* ans a, et que p«iis ledict temps, ou vivant de leu prince
de bonne mémoire kdoc François derrin (dernier) décédé, que
Dieuab^olle, anllreuieni n*esl niembrani 2). il vît ledit s^d'xii*
er»'nie| coin aro?res nionsires généiales de l'évesché de Tré-,
guier, eu la %iile de ouiugatnp. el présenter des gens à servir
(i) Le manoir d'Ancrem.'l* aujourd'hui Eacremer, est situé dans la
commune de Plouigneau, arronoisseaàeut de Morlaix (Finistère;.
(3) Ne se souvient pas.
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— IS --
le duc pour luy«en habinem«nt de hom<' d'arnifs> el le y
vjsl faire li> sereuieul de bien el loiaiiin»*nt servir 1p duc eo
arm*s vers loiiz i»l conlré louz ses eiiuerays et '"adversaires,
et l»»que| s»^ d'XiicrHrnel il dil eslre , dès I «lit temps de
quinze ans. demouranl el mansiontiaire audit évesché de
Trétçùi^T, savoir eu Tun d»* ses manoirs d'Ancreniel ou Ker-
gue^uen: ei dit que en Tan mit Iltl*^ lllï" huit ei en Tau
mil IIH® llll" nenff, il y voil guerre el duniroy, en ce pais el
duché, **nlre le roy noslre sire, el la durhes^e iioslre sonve-
raine darae, a preseni royiie, et les tenanlz leur parly, et'que
le jour ^t l»*Nte de Tasqn^'s fl« nnes, qui esioii le xiii® jour
d'au'îli Tan mil Illl^ llll^ huyl el environ cinq i six semai-
nes d»*pa'ava'ii, les villi»'; de Vlourlaix el Launyôn leisoint le
piiiy lie la duohe>se, ei la ville d* Guin^amp le pany du roy;
en laquelle y avoil pour lors d'-s geu" de j;uerre des ordon-
nances du roy en $;arnison, savoir le sieur Pieros ei aulres
en ^raui nuuibre. q\\\ faisoiui la guerre cominuellemenl à
ceulx desdiies villes eî eh»sielenies de VIourlaix el Lannyou,
qui tenoi^'ui le party de la duchesse, ei faisoiui des prin*»es
les uns sur les autres dViiU, el payoluldes ransons ceulx qui
esloint prins aux aullres d*eul\. El dit esire r.erlain du
lemps de ladile guerre . pouriant que à peu de lemps
paravani ladiie fesie de l*asq les flétries, savoir aunioys,
de f^burier aiidii au mil llll« llll" hfiyi, c»* lesmoing,
qui d**inorrHl lors ♦i eneore demeure ♦^n lailile ville de
Mourlatx, alla dudit lieu de Monrhix en la compaiguie d'un
h«^raull d'arme«; du lloy d*Kni;lelerre ei d'un eh^^vaucheur
d'ç^ciiyerie delà D ichesse, nommé Jehan delà Tour, qui
avoii éié r'crus par ce tesiuoiug. et autres de <Vlourlaix des
Franczois y esiaul, devant l*»roy d'Angleterre luy dire que les
ditHsvitles de Monr^aix ef La iiiyou esloiui nouvelleutent r<^duic-
tes à l'ohéissaiice d*' la Duchesse noslre souveraine Dîme; el
environ le inoys de mars en-iuyvanf, audil a»i llll** huit,
ce leMuoing descendit oiidii lieu de Vlourldx en la compai-
gnie de la grande armée d'Augleierre pour le secours de la
Duchesse, et amena ce lesraoing en sonnaviri» dudit lieu d'An-
gleterre, nu cerain numbre de gens de giieri*een ladite aruiée,
en laquelle arim^eestoini le s' de Stuarl. graiii m listred 'Angle-
terre, et ung 6omuié maisIreChesne, chiefdecapiialnes; et inron-
tinant leur dite descenie, il ouy^i crier fi faire cominaud*'ment
par bni de p r la Duchesse oudtl lieu de Mourlaix, à louz et
cbecuii les nobles el sub;;ielz aux arme»» des < hastelenies de
iVtotrI (il et de Guingamp de se rendre el joeiiidre aveeques
l.idile armée d'Angleterre, pour aller eu la compaignie Jes-
dit'^ Auglois. servir la Duchesse contre ses euuemts, à paine
d'estre pugaiz comme rebelles el dé:)ubaidaaut2 ; et vist ce les
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— 16 —
Qioingii le s' de GoHin^n, le s' de er ploriears
aiiirt>K Sf ignear8 el nobles de révesché de Tr^^'uier et
I>oiK venir di*ver8 Ipsdiiz ^nglois aiulll lieu de Mourlaix,
pour s#Tvir la Duchesse ; h alla ce léiiioi;;ii eu IVi 'rainiée)
dl^Mlilz Au^lois a tîuiu(;ain|i el à Lanbalie. et résidoil tous
jours oufcques (aver, eulx es diiz lieux, el ne vist point ledit
s' d'Ancreuiel, ne homme pour luy. se rendre en Tost
d*iceuU Angloi^; ouysi dire communément et noioirement k
plu<« «le fU'xaiite hommes, des n4>m^ desqmeiiU dit n*e,Hlre à
|>ré^ent nii*mbrant, que oiidit ternies de ladite descente des-
onz \nglois, en Tati rad lllh llll'* huyt et de paravant.» le-
dit 8' d'xnrremel leuoii le pa'ly du rojr contre la l>u-
ebesse. Interro^i^ que cV^t à dire chose notoire, dit que c>st
ce que Ton aoiiy dire o ^avecj plusieurs gens. Ans^y recorde
que au partir del'o>i desdiiz Angiois, dudit lieu de Mourlaix,
pour aller à Lanbalie, il vist en chemin entre Mourlaix
et tîiiingamp une bande desdiiz Anglois se despartir dudit
ost pour aller au raiinoir d'Ëncremel prendre et piller ledit
sieur d'Aucremel, comme ils disoint. disatitz qu*il tenoîi U
pariy du Koy, qui estoii le party contraire de U l)nches<e; et
par après*. ledit ost estant à Lauiballe. il onyst faire conseil!
entre lesdiiz An^çlois, en la chambre dudit giand niestre d*Aii-
gleterre, d'aller prendre et jdller le s^ de Bruillac et le
s' d'Aiicremel, l^^sqni^utx , comme ils disoint, se tenoint
ensemble et tenoint le party du Hoy. Onitre recorde que dès
le temps d'environ uug an et demy a, y a bonne paix et seur
aceik de tenir juMice et d'aller et venir pas pals, es éveschez
de l.éon, Tré^uieret r.ornonaille, et que durant eeluy temps;
Ton a tenu souvent les pie z. tant pletz {{ém^ranlx meubles
que lieuieiiauts et à jour sur semaine es dits évesrhez, ne scet
t^ar quantefois ; meismes que durant Cf*luy temps. Ton a eu
seur aceix d'aller el venir divers le conseill du roy notre sire,
pour avoir justice, comme ce lesmoign a ouy tenir et reputer
commutiément ; et a veu durant C(*}uy temps plusieurs man-
dementz impétrez dudit consedl, et les publier et mectre à
exi^cution, n'est memhrant o qui il les a veuz, ne louschant
quoy esloint douiez. Interrogé s'il est parant, ne afin (allié;,
procureur, conseiller, homme, ne serviteur à nulle des par-
lyes, dit que mm. Aussi int^rro^;!^ Jaqiielle tiesdites partyes
il voudroit mieuU gaigiier la dite cause, dit que c'est celle
qui a le meilleur dnnt ; et du parssiis du conlenn es tilire et
iuterro^aiOTe, enquis et iiil<'rrO}2(^. dit n'estreà pr«^^ent mem-
braiit ; et c'e-t sou record. — Signé: Du Qoi^nqoi^oo, Kkr-
aOLCUftli; CilR18luFI.Ë 1)K KëRCIhIST ; BU roNTuo.
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- 17 ~
Loys Ai«SQUCR| âgé d'environ vingt ans, comme il dit, tes-
DiOign )uré purgé et enquis, dit et recorde par son serrement
que durant la derotne guerre qui a eu cours en ce pais et
duché, il a veu tenir des lieutenants à Kerabez, La^deleau,^
Chasteaulin, Uhelgoêt. et autres endroilz de l'évescbé de
Cornouaille, bien souvant, n'est membrant. par quanteffoiz.
Aussi a veu dès le temps d uug an, et demy ,a tenir pletz gé-
oérauiz meubles ei lieutenans esditz éveschez souventefois ; et
dit qu'il y a eu seur aceix, dès celuy temps, d'aller et venir
par ledit évesché; t a ouy dire communément qu'il y a eu
seur aceix pareillement durant ledit temps de hanter le
Conseill du Roy, nostre Sire, pour impelrer des mandements
et plédoter des causes* Item recorde que en karesme derroin,
ost quatre ans, il ouyst Anceau de la Marche , sieur
de Bodriec, Guillaume de la Marche , s' du Cran-
nec et aullies, dont n*est membrant de leurs noms, dire
qu'ils e>toient délibérés de venir prendre Guion Le Rouge,
sieur d'Ancremel, pourtant qu'ils disoint que il lenoil le party
des François enneniys de la Duchesse, et demandèrent à ce
tesmoign s'il vouloit aller ouecqûes euU ; que ne voulist ce
lesmoi^n ; n*est aultremenl membrant en quel temps ce fut.
Aussi dit que à peu de temps auparavant il ouyst dire o le
sieur de Mezie , Rolland Lohfiiec, Paul Lohenec, Yvon de
Kerousy, Guillaume Sainct-Denys, que ledit sieur d'Ancremel
tenoit le party du Roy, et qu'ilz le vouloint prendre à prin-
soimier, nVst membrant s'il Touyst dire o aultres, ou non; et
dit que pour le temps surdit, y avoitguerre et division entre
le Roy nostre Sire, et la Duchesse nostre Souveraine Dame, à
présant Royne, leurs pais et subgels tenant leur party. luler-
rogé sil est parant, afin, ne serviteur à nulle des diles pariyes,
die que non. Aussi interrogé laquelle desditt^s partyes ÏV
voudroit que gaignast ladite cause, dil que c*est celte qui a le
meilleur droit. El c'est son record. — Signé : Dvqcenqoisoij;
KcRsuLGOEii ; Ghristofle DR Kercrîst ; Ddpontou.
Guillaume Le Dannyet, aigé d'environ xxv ans, tesmoing
juré, purgé et enquis, dit et recorde par son serement qu'il
congnoist ledit sieur d'Ancremel^ environ seix ans a, et que
le dimanche de Pasques flories derroin ost quatre ans» cest
tesmoing qui estoit lors. paige o h^dit Hirvé Kerguennec
alla 0 celuy Kerguennec au bourg du Vieux Marché, en la
compaignie dudit sieur de Tourelles , Guillaume Sainct
Denys et Connery Kerousy et aultres gentilshommes tenantz
le party de la Duchesse, qui alloient, comme ils disoint,
audit lieu pour debvoir rancontrer et prandre à prinsonniers
des Franczois ou aultres tenant le party du Roy contre la
SoClÉTft ABCHÊOL. DU FINISTÈRE. 2
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— 18 —
Duchesse. Ouquel lieu il Yisl ledit sieur d'Ancremel en Fos-
tel Guillaume Prig<>nt, ei ouyst ledit Guillaume Saincl
Denys dire qu'il avoit prins celuy sieur d'Ancremel à pri-
sonnier près de Rruillac, et qu'il a^ail baillé sa foy audit
Sainct Denis. N'est membrant quelle réponse ledit sieur
d'Ancreme^ lui donna. Aussi onyst ledit sieur des Tourelles,
Hervé Kerguennec el Connery Kerousy dire ledit jour, audit
lieu du Vieulx Marché, que ledit sieur d'Ancremel tenoysl le
party du Roy, qui pour lors linesnoit la guerre à la Duchesse,
en ce pais et duché, et disoint qu'il hantoit souvent o lesieiir
de Bruillac qui tenoit auss^ le party du Roy; et ^ist cest
tesmoing ledit jour, le paige du sieur d'Ancremel, n'est
membrant de sou nom. mesner les deux chevaiiU dudit sieur
d'Aneremèl hors ledit bourg du Vieulx Marché, ne scel où il
les mesnoil. Dit aussi que pour lors l'ost des Anglais, qui
avoint descendu à Mourlaix, avoit pas.<;é la ville de Guingamp,
pour aller au secours de la Duche<sc, el que pour celuy
temps les villes et chastelenies de Mourlaix, de Lannion et
le pais environ lenoini le party de la Duchesse. Interrogé de
quel poillaige estoint lesdits chevaulx, dit qu'il n'est mem-
brant. Aussi interrogé s'il est parent, ne serviteur, ne procu-
reur de nulle aesdiles pa^tyes, dit que non. Et c'est son
record. — Signé : Duqoenqiiisou, KeRSOLGnEiv, Chhistofle
DE Kercrist, Dupontoc.
Partie de ladite enquesle faicte par lesdits commissairesi
présents lesdits clers , le dix-septiesme dudit mois de
septembre, l'an mil llll«« llll" treize.
Allain Geffrot, aigé d'environ cincquante ans, comme il
dit. te.smoing juré, purgé et enquis, dit et recorde par son
i^errement qu'il couguoist ledit Guion Le Hoge. sieur d'An-
cremel, environ sept ans a. lequel il dit estre, dès ledit temps,
demoranl en l'évesché de Tréguier; el dit que en Tan mil
\\\l^ llll" huyt el en l'an mil Ull« llll" neuff, y avoit
guerre el division en ce pais et duché entre le Roy, notre
sire, et la duchesse, noslre souveraine Dame, leurs pais et
subgeiz tenantz leur pai*ty respectivouinnl ; auquel temps cest
lesmoiug fui en garnison en la compagnie de Morice de Ker-
loeguen, cappiiaine dudit lieu, el ouyt duranl celluy^ temps,
souvant dire o ledit de Kerloeguen et Guillaume; de K'rloe-
guen, sieur de Gaspernn, Yvou Pinart, quieulx ténoint le
party de la Duchesse, que ledit sieur d'Ancremel lenoit le
party conliaire de la Durhesse, savf»ir le party du Roy.
Aussi dit que au moys de janvier audit an • llll» huyt, les
Franczois vindrenl à la ville de Mourlaix et reduyi'enl icelle
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— 19 ^
ville et la ville de Laonion à Tobéisi^ance du Roy nostre Sire,
et dempiiix,environ caivsme prenaai ensiiyvant^fureiit lesdites
villes réduictes à robbois»sance de la Duchesse. El en cares-
me prouchain ensuyvani de la prinse dudit Le Roge ei de
paravaui, il ouysî ledil de Kerioeguen, cappiiaine surdil, et
autres genlii /hommes, n*est membrani de leurs noms, dire
qu'il debvoil prendre ledit Le Roge à prisonnier, pourtant
qu'ilz disoinl qu'il tenoii le pariy du Roy no>tre sire, et sou-
tenoii les ennemys de la Duchesse. Dit aussi que environ
ung moys encza, cest lemoing ei ung nommé Guillaume Le
Gallodec parloint ensemble de la cause entre lesd«les parlyes,
il ouy^t ledit Gallodec dire que la cause e^ioit e.«>(range entre
eulx, pourlant que ledit sieur d'Âncremel avoil par avant sa
prinse, receu le serment d-s paroissiens de ^a paroi>sedebien
et loyaulment servir le Roy coure la Duchesse et ceiilx qui
ténoint son i^aily; ne Toiiyst point dire quelle estoit ladite
paroisse. Iiem rtcorde que â la desci'nte de l'armée d'Angle-
terre en la ville de Mourlaix pour le secours de la Duchesse,
qui fut en karesme derroin ost quatre ans, cesi tesmoing qui
esloit lors en garnison audit Mourlaix, ouysi publier et bannir
en ladite ville ung mandement de la Duchesse à touz et
chacun les nobles et subjetz aux armes de se randre en Tost
desdits Ànglois, pour aller servir la Duchesse, et otiysi lors
dire communément, n'est membrant o qui, que ledit sieur
d'An« remet ne s'esioit point rendu o lesditz Anglois, et qu*ilz
lui sçavoient mal gré à celle cause; ne scei si ledit Ancremel
se trouva par aprè^ o iceulx Anglois ou non. ne s'il lenoit le
pàny du Roy ou non. Item reconle que environ deux à iroys
ans a il a Vi^u régner justice à avoir cours es éveschés de Léon
et Tréguier, et durant celluy temps les pletz généraulx et
lieuten^fnis ont esté tenuz souvenX en la ville de Mourlaix et
en plusieurs lieux dtsdiiz éveschés, et les délinquants pugnis;
et le scet pourlani qu'il est demoraiit audit évesché de Léon
près de ladite ville de Mourlaix. Mesmes recorde que environ
ung an et demi a, dés le temps du mariaige et du iréié de
paix entre le Roy nostre Sire, et la Rayne nostre souveraine
dame, y a sejr accex d'aller vers le conseil âik Roy nostre
sire, qui s'est dès celui temps tenu en Bretagne, el a veu des
gens aller audit conseill pledayer leur cause et impétrer des
mandemenis. Aussi a ouy publier des manderaenlz impéirés
dudit conseill en ce pai>. interro^;é s'il est parant, ne affin,
conseiller, serviteur ne pi ocureur à nulle des dites parties,
dit que non. Au>si interrogé quelle des dites parties vouidroit
mieulx qui gaignast ladite cause, dit que cVsl celle qui a le
meilleur droit. Au parssus, euquis sellon les tiltres et inter-
rogatoires, dit n'esti e à présent membrant d'aultre chouse. Et
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— 20 -
c'est son record.-*St^ : DuQVERQmsoOt KsRSiiLeuBii, Cbris-
TOFLB DE KeRCRIST, DePONTOD.
Guillaume Le RoY,demenrant au bourg de Brasberz(t),aigé
d'environ xxiiii ans, comme il dit, tesmoing juré, purgé et
eiiquis, dit ei recorde par son si^rmeot, qu'il congnoisl ledit
sieur d*Ancremel environ neuf! ans a. el a esté environ celuy
temps en son oslel à Ancrenifl o Christofle Rosniadec, o le
quel cesl le^moing esloii lors serviteur, el dit que environ
Wojfi ou quatre jours eniour my karesme eu Tannée que le
grau'l Maisire d'Angleterre descendit avecques ung grand
armée du païs d*Angleterre, pui\ cinq ans, en la vitlede
Mourlaix pour le secours de la Duchesse, n'est menibrai:!
auitrement du temps, cesi tesmoing alla à la ville de Guin-
gamp vendre du poisson^el il visi ledit sieurd'Ancremelel ledit
sieur de Brullac, en ta compaignie d'autres gens bien habillez,
incogneuz à cest lesmoing, et demanda cest tesmoingqui estoient
iceulz gens estanz o le>ditz Ancrerael et Brullac ; auquel fut
respondu, n'est membr»nt par qui, que cesloint les gens du
Roy qui esloiut en garnison en. ladite ville, ne cest (sait) cest
tesmoing à quelle fin y estoint allez lesdilz sieurs d'Ancremel
et Brullac, ne combien iizdemorérent, pourtant que ledit jour
cesl tesmoiug parlit pour s'en Tenir à l'oslel ; et dit que pour
lors y avoit guerre enire le Roy et la Royne lors Duthesse, et
que ladiie ville de Guingamp el les gens y eslantz en garnison
lenoint le party du Roy. Dit aussi que environ quinze ou vingt
jours après, saToir la veuille de Pasques flories ensuivant, il
retourna àudii lieu de Guingamp vandre du poisson. et estoint
lors deslogez lesd.iz Frauzcois de ladite ville, el y esloitlogé
Tost desdils Anglois. Dit oulire que en allapt audit lieu de
Guingamp, et aussi en venant dudit Jieu, ledit derroin
voiaige. il ouyst dire à deux ou troys hommes h luy incon-
gneuz qui allpint à Guingamp vandre des ma^qtiereux, comme
ilz disoinl, que ilz avoint tourné le chemyn, de double (crainte)
des gens du sieurde Brullac et dudit sieur d'Ancremel, que Ion
disoil estre au boais sor ledit chemyn, el que ilz destroussent
les vivandiers qui alloint à Guingamp devers lesdits Angloix
y esiantz. Dit aussy qne en s'envenani dudit lieu de Guingamp,
celuy derroin voiaige, le dimanche Pasques flories, cest tes-
moiug vint par le bourg du Vieulx Marché à lostel, combien
qu'il tournoit son chemyn, pour ce que luy fut ^il estre le
plus seur chemyn ; el comme cesl tesmoign arriva audit bourg
el atlachet son cheval â la cohue, il vid ledit Guillaume Sainct
(1) Brasparts (Finistère).
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~ 21 —
Deais et auUres à luy iocongnêuz, juoqnes au nombre de
quatre ou cinq hommes, mesner ledit sîe nr d*Ancremel de Tan-
droitde la dite cohue droit à Tostel Guillaume lYij^ent audit
bourg; et incontinent qu*ilz estoint devant celiiyoslel cest tes-
moing qui alla après eulx voir ce que ;lz vouloint faire audit
s' d'Ancremel, vid devant Tuys (la poriej de Tantrée diidit
ORlel lesditz sieurs de Tourelles et Kerguennec et Jehan Le
Prebtre et ouyst ledit Saincl Denis lors dire audit s' de Tou-
relles, que celluy s' d'Ancremel esloit aussi bdU prinsonnier
qu*il y avoit point à la ville de Paris , pourtant qu'il
tenoit le party du Roy contre la Duchesse ; lequel s'
d'Ancremel respondoit que non, requérant qu'il Teusl en-
voyé à Guingamp pour se justifier. Et sur ce ledit Jehan Le
Prebtre voulisr qtie ledit s' d*Ancremel eusl été mené à
Guingamp pour ta Taire la raison ce touchant ; que ne
voulist ledit Sainct Denis. Ei incontinent s'en départit ledit
Jehan Le prebtre pour aller audit Guingamp, comme il disoit,
et dit qu'ilz ne faiboint pus bien qu'ils ne envoyeni letJit
s' d'Ancremel audit lieu de Guingamp; et o tant ledit s'
d'Ancremel requisl lesditz s" de Tourelles et Hervé Kerguen-
nec d'estre ses pièges (cautions); ce que consputist ledit
S' de Tourelles, ei se eonslitua piège pour ledit s^ d'Ancremel
audit Sainct Denis et aulires ses compaignons, qui estoint
illecques. incogneuzà cest jesmoing ; et onyt lors cest tesmoing
ledit sieur d'Ancremel dire audit s' de Tourelles qu'il n'esloit
pas accoustumé d'estre mal tretlé et requisl ledit s' de
Tourelles de le mesner à son logeix; de quoi dit ledit s' de
Tourelles estre contant, et le mesna avecqiies luy à son logeix
audit bourg, savoir à Tostel dudit Guillaume Prigent, ainsi
que cest tesmoing ouyt nommer It^dii logeix, car auparavant
cest tesmoing ne congnoissoit pas ledit logeix, pourtant quMl
n'avoit jamés esté audit bourg. El dit que ledit jour, il vist
audil bourg des gens a luy incongneuz, montez sur deux
chevaulx et mesnoint ung aulire cheval en de$tre, dont Tung
desditz chevaulx esloil en poill grisou, n'est membrant de
quHl poill esioint les deux aultres, issir (sortir) hors dudit
bourg, ne scei où ilz alloint, mays ouyst illecques dire o les
gens dudit bourg à luy incongneuz, que c'estoii les che%aulx
dudit sieur d'Ancremel. Et logea cest tesmoing audit bourg ledit
Dimanche au soir, en une maison que ne scet à présent nommer,
ei au lendemain qui estoil le Inndy, cest tesmoing. qui esioit
allé a udit logeix dudit s' de Tourellch demander à Guillaume de
la Marche s^ de Oodriec, lequel cest tesmoing avoit veu audit
logeix ledit jour de Dimanche et avoit congiioissanre o celuy
de paravant, s'il avoit que mander au pais, vist an iver audit
logeix dudit de Tourelles, Olivier de la Forest, demorant à
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— 22 —
Guingamp, el ung chevar benr (sic) it'escuyprie qui porloH sur
IVspaiile ung ehciizon des niMnes de la Duchesse, quieulx bail-
lèrent une lelire, missive audit s' de Tourelles, ne scet cesttes-
moing deqiii esloil ladite leiire, ne le contenu dMcelJe Leq«]el
s' de Tourelles lenst ladite lettre, el incontinant dit auditzde la
Foresi el ehevaucheor d'escuverie par t»'lles parolles : •« Ton
« m'a escript touchant le s' d'Aucremnl : je ne le ^eiiens pas,
« et pour tout fiioy, je voudroye qu'il fut à sa maison, pour-
« \eu que je feusse hors de la plevyne (caution) où )e suis
« constiiué pour icHIuy. » Et dit que ce fut à Tanlrée dudit
logeix du sieur de Tourelles envyron huyi ou neuf heures le
matin, et & ce ejytoit absent ledit s' d'Ancreinel, maisestoil
présent à ce que dit est, ledit Hervé Kerguennec, qui dit parnil-
lemenl que il (lui;, ne homme dVnIx ne dt'tenoit ledit
s'd'Aticremel, et que pour tout eulx il povoitsVn aller, n'est
membrant qui estoint preseniz aussi o lesdilz nommés à ce
que dit est, mais dit qu*il ne visl poitU pressent ausdites pa-
rolles, ledit Guillaume Sainct Denis. Et sur ce, cest tesmoing
s'en départit d'illecques, et trouva ledit de Bodriec près ladite
cohue (halle), et parlla ou icplluy de ses afla res, et d*aulires
chouses n'e>t membrant. Inieriogé s'il est homme, parent ne
serviteur, conseiller on sollicilenr à nulle desdites parties, dit
que non, et dit qu il voudroit que celle desdites parties qui a le
meilleur droist gaingnast Jadite cause; et c'est son record. —
Signé : DuuiiiiNQvisou ; KbKSULGVEM ; Chbistoflb de Kbr-
GRIST ; DuPOIiTOU.
Yvon roiM, de la paroisse de Lannédern en Tevescbé de
Cornoaille, aigé d'environ xxt ans« comme il dit, tesmoing
juré, purgé et enqnis, dit el recorde par son serment qu'il
congnoist ledit s^ d'Ancremel environ six à sept ans a, durant
lequel temps cest tesmoing a demoré par aulcun temps o maistre
Phelippes de Kerleau, rhanoyne de Treguier el de Dol , et
hanloit souvent atidil évesehé de Treguier o icelluy, el que
environ my karesmederroin osl quatre ans, cest tesmoing vint
0 ledit Kt'rleau, son maistre, de lu ville de Dol, ou sondit
maistre demoroit, à la cité de Landréguier, et passèrent par la
ville de Giiingamp, 011 ils demorèi eut par l'espacze de huyt
jours repaistre, pourtant -quils n'o^oint bouger de double des
gens de guerre qui couroint par païs ; et estoint logés à Tostel
d'ung nommé Le ('.ornec ; el ddrani lesditz jours, cest tes-
moing vi>t ledit s' d'Ancremel par iroys ou quatre jours en
ladite ville de Guingamp, en la compaignie dudit s' de Bruil-
lac. Ausî?i le visl une ft)iz durant ledit temps, boire et manger
0 sondit maistre en I ostil dudit Cornée, et faisoit bonne
chère l'uo à l'autre deulx. Pour lequel temps, dit qu'il y avoit
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J
-- 25 —
guerre et hostilité enire le Roy notre sire at la Duchesse no*
ire souveraine dame a prer^ani Rayne, leurs pai<^ et subgetz
tenants leurs partis ; et estoit pouf celluy temps ladite ville
de Giiingamp en robbois^^auce du Roy nostre dit sire, et y
avoit grand nombre tie gens de guerre eu garnison de par
nosire dit sire, ne scel si ledit s' d'Ancremel lenoit leur party
ou non. ni à quelle fln estoit allé audit lieu de Guingamp.
El dit cest tfsmoing que il alla dudii lieu de Guingamp o son
dit maisire, à ladite cité de Landreguier ledit voyaige. EU par
api*è$, sçavoir le dimanche de I*asques flories prouchain ensui-
vant, cest dit te!»moing partit de sondii mai^lre dudit lieu de
Landreguier. et s'en vint à 1 osiel voir ses gens; et en s'enve-
nant. comme il i^aNsoil par le bourg du Vieulx Marché, ledit
jour environ l'eure de midy, il vist audii bourg ledit s^d'An-
cremel en la compaignie d un nommé Guillaume Sainct Uenis
et ung aultre nommé Le Picard, et plusiems aultrt^ incon-
gneuz à cest tesmoing. venir devers la cochue (halle) droit au
logeis dndit s' de Tourelles audit bourg, ne scet desclérer le
nom dudit logeis, et vist devant celluy logeis lesdits sieurs de
Tourelles et Hervé Kerguennec ; et slir certaines paroles entre
eulx, dont cest tesmoing n'est membrant d'icelles, ouyst ledit
s^ d'Ancremel requérir ledit s' de Tourelles d'esire sou piège ;
et lors respoudit l« s'^ de Tourelles qu*il estoit comptant, et de-
manda dudit Guillaume Sainct Denis s'il le vouloii acceptera
piège pour ledit s' d Ancremel ; à quoy respoudit ledit Sainct
Denis que ouy, et feust-ce pour douze comme ledit s' d'An-
cremel. Sur quoy celluy s' Tourelles se constitua à ladite plé-
vyne pour ledit s^ d'Ancremel, ne scet ansqneulx desdits
nommez, et promisl ledit sr d'Ancremel Tacquicler sans perte
ne dommaige à celle cause. Ki incontinent s'en départit cest
tesmoing pour s'en venir à Toslel et ouy^t lors dire o plu-
sieurs, n'est membrant de leurs noms, que fost des Angloîs
qui estoit descendu à Mourlaix, estoit logé en ladite ville de
Guingamp et les Franczoys deslogés, et que il y avoit lors
guerre entre le Roy nosti*e dit sire et la Duchesse nosire sou-
veraine damQ, et estoit ladite ville de Guingamp et tout le
quartier d'envii*on loràréduiciz à Tobeissance de la Duchesse
comme cest tesmoing ouyst dire et reputer communément.
Aussi rtcorde que es deux ansderroins y a sur acès d'aller et
venir par le païs de Rretaigne et de tenir plez, lant des éves'
chez de Léon, Tréguieret Cornouaille, que ailleurs ; et a veu
durant celluy temps tenir pletz généraulx et lieutenants, et
exercer Justice en plusieurs endroilz dudit évesché de Cor-
nouaille, n'est membrani par quanteffolz, ne en quieulx en-
droilz. Interrogé s'il est parent, serviteur, homme, procureur
ne sollicitent â nulle desdites parties,dit qtie non et de parssus
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~ 24 —
ducouteiiu èsditz liltre el interrogatoires dil n'estre à pmant
inembrant : el c'est son record. — Signé : DrQueiiQunov ;
Kersvlgceii ; Cristofle de Kercrist ; Diipo»toij.
Jeban Lb G'off de la paroisse de Loqueffret audit éve^bé
de Cornonaille, aigé d'environ xt ans, comme il dit, tesmoing
juré, purgé et enquis dit et r^corde par son serment qu'il
congnoist ledit s' d'Ancremel environ dix ans a, pour avoir
veu a ung jour environ, celliiy temps, ledit s' d'Ancremel en
ia foire de Guerniisquin, el demanda cest tesmoing comme il
avoit nom, el luy fui n'pondu, n'esl membranl par qui, qu'il
avoit nom Guion Le Roge s' d'Ancremel. El dempulx en ka-
resme derroin ost quatre ou cinq ans, auliremenl nest mera-
brant du temps, cest tesmoing fust par deux foiz en la ville de
Guingamp vendre des merluz;ei pour lors y avoit des Franc-
zoys en garnison de par le Roy nosire sire, en ladite ville ;
aussi y avoil lors guerre et hostiliié entre \e Roy nostre sire
et la Duchesse nosire souveraine Dame ; et dit que durant le-
dit temps environ my karesme, il vist ledit le Roge et le s'
de Bruillac par une foiz en lailite vitie d** Guingamp devant
Tostei de Calouari en la compaignie d'aucuns desdilz Francz-
oys y esianz en garnison de par nosire dit Sire, et parloint
ensemble, ne scel de quelles parolles, et onyst cest tesmoing
mémorerillecqueso la commune estant en lacochue dudit lîeu«
ne scel en quel numbre^ ne qui estoint, que lesditz sieurs de
Bruilac et d'Ancremel ne povent nyer qu'ils ne lenoint le pariy
de Franczois contre la Duchei^se, pour tant qu'ils les voient
ainsi parler o lesdilz Franc/ois. Oulire recorde que à ung aul-
Ire voyaige, enviioncincq jours deparavanl, cest tesmoing vist
ledit Le Roge en ladite ville de Guingamp, venant devers l'es-
glise de Nosire Dame, et ung bomme après luy incongneii à
cest le.smoing, el dit que pour crilui temps esloint les Franczois
en ladite ville en garnison de par le Roy nosire sire, ne scet
cest tesmoing à quelle cause ledit Le Roge estoil allé audit
Guingamp nequelpariy il lenoit, aulirement que ce qu'il a
recordé, liem rfcorde que à ung anllre jour par apprès, savoir
le sabmedi de Pasques flories audit karesme, cest tesmoing
alla de rechief vandre du poisson oudit lieu de Guingamp, où
i\ vist I'onI des Anglois qui avoit descendu a Mourlaix pour le
secours de la Duchesse, et esloint deslogés nouvellement les
Franczois qui y avoint esté en garnison, et estoil iadici ville
réduiete à l'oboissance de la Duchesse ; et dit que ledit jour le
sabmedi, cest tesmoing e( ung nommé Hervé Allain quel, il
trouva audit lieu de Guingamp vandre du poisson, vindrent
coucher cbés ung bon homme aux champs incongneu à cest
. tesmoing, a ugne lieue de Guingamp, sur le chemyn du Vieulx
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— 28 —
Mtfrcbé, quel Ghemyn ils l^otnl pourtant que ils le trcbvdini
le plus sur et doubtoint des gpns de Plusquell<»c que l'on di-
soil.e^stre sur le droit ehemyn, el prennent les gens qui alloinl
à Guingamp. Et le lendemain, qui esloif le Dimanche de Pas-
ques florîes, cest tesmoing et ledit Allain allèrent ouyr la
messe a unge (sic) église près dudit ebemyn. quel église est
plus près audit lieu du Vieulx Marché que i>'est à Guin-
gamp, aultrement ne le sçaurei desclérer, et apîprès allèrent
repaisire au bourg du Vieulx Marché et misdrent leurs
cbevaulx en la cohue dudlt lieu, pourtant qu'il y avoit grant
nombre de gens de guerre logés audit bourg, et y vist ledit s'
de Tourelles et Hervé Kergiiennec et aultres à luy ineongneuz,
devant leur logelx à costè de ladite cohue, quel ne scet aul-
Jremeni desclérer Lequel s' de Tourelles appela cest tesmoing
qu'il cognoissoit de paravant, et luy dit qu'il eust encore at-
tendu en ville et ne s en Tut point parti >ans parler o luy. El
à peu de temps après savoir environ Teure de midy, il vist le*
dit Le Roge arriver o deux ou trois chevaulx oudit bourg
n'ayant aucuns harnés de guerre, que eust Vf y cest tesmoing,
et comme celluy Le Boge descendis! devant une maison audit
bourg, que cest' tesmoing ne scet aultrement desclérer, il visi
ledit Gnillaume Sainct Denis ayant une robbe de ctiyr noir,
lequel il cognoissoit deparavani, ung nommé Le Piccafd et'
aultres à luy incongneuz, prandre ledit Le Roge à prisonnier
et le mesner droit au logeix dudit s' de Tourelles, disant le*
dit de Sainct Denis que ledit Le Boge estoit bon prisonnier,
et qu'il tenoit le party des Franczois ; lequel Le Roge res-
pondit que non, et qu'ils lui faisoint tort; et le tenoint les
dilz Sainct Denis et Ficcard d(* chacun co$:té par les bras et
sur ce ledit s' Ae. Tourelles, à la requesle dudit Le Roge, se
mist et constitua piège pour celluy le Roge, el le roesna o luy
à son logpix à la requeste dicelluv Le Roge ; et cest tesmoing
coucha celluy soir audit bourg du, Vieulx Marché, pourtant
qu'il estoit sur le tard. Et au lendemain environ huyt ou
neuff heur<>s à matin, il vist Olivier de la Forest et ungche-
vaucheur d'cNCuverie portant lettres missives, ne scet dire de
qui, audit s' de Tourelles qui estoit en la rue entre son logeix
et la cohue dudit lieu, et incontinant arriva ledit Hervé Ker-
gnennec; et sur ce ledit s' de Tourelles leust lesdites lettres et
dist audit de la Foret et chevaucheur dVscuyerie par telles
paroles: «ce n'est pas rooy qui le détiens; je ne suis que
« piège pour luy et lé vouldroy en sa maison. » Ne Touyi
toint desclérer de qu'il parloit : et à ce estoit absent ledit
e Roge. Et autant s'en départit d'illeoques cest tesmoiog et il
lessa lesditz aultres nonamez, ne scet comme il en passa entre
eulx. Interrogé s'il est parant, procureur, ne solliciteir.aus^
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- 26 -
dits deffenseurs, dit que non/el qu'il voudroitt que celle des-
diles parties qiii a le meilleur droit gaignâi ladite cause. Au
parssus, enqui*^ selon les tilt re et interrogatoires, dit n'estre
k présent inembrant d'auiires cbouses entre lesdites parties.
Et c'est son record. — Signé : Ddqi erquisou ; KBRSDLGOBsr ;
Christoflb de Kbrcrist ; Dupontod.
Hervé AiiAm, de la paroisse de Lannëdern, oudit evesché
de Cornouaiile, aigé d'environ xxiiii ans, tesmoing juré,
purgé et enqiii<i, dit et recorde par son serinent quti congooisl
ledit S' d'Aocremel environ sept ù huyt ans a. poiiriani que
cesl tesmoing a esté serviteur o Even de Roscerff; o lequel il
alloit sonvanl en Fo^t^l du sieur du Boais de la Roche, frère
dudit Even de Rosserff. pré:* Guing;«mp. et à la Tille de Guin-
garop, en la quelle ville il a veu parfoiz ledit s^ d*'\ncremel ;
et disi qu'en vyron my karesme derroin ost quatre ans, a uog
Jour que â présent ne ^Cft coter, cesi tesmoing, qui esloit allé
à ladite ville de Guinga.np vandre du poisson, vist en l;idite
ville ledit s' d*Ancremel et ledit s' de Brullac qui passent par
la rue près la place du poi.cson, ou estoii cest tesm(»ing, et
alloint droit à TEglise de Notre Dame duilil lieu, en la com<
paignie d*aucuns Franczois incongneuz à cest tesmoing, qui
tenoint garnison en ladite ville de par le Roy nostrc Sire^ Et
pour lors ladite ville estoil en Tobboissance de nostre dit sire,
et y avoit guerre et division entre noslredii sîre et la
Duchesse à prè^em Royne, et paiioint lesdiiz s'* d'Ancremel et
Brullac ensemble en breton, ne scet quelles parolles ils di-
soinl. Oultre dit que le sabmedi de Parques fiorfes prourhain
ensuivant, il alla audit Guingamp vendi*e du (roissou à la foira
qui estoil ledit jour en la dite ville et il vist ro.>t des Angloix
qui avoit descendu en Breiaigne pourlesecoursdela Duchesse,
et esioint deslogés d'icelle ville, lesditz Franczois, quelx
paravant y avoint esté en garnison. Et pour celluy temps dn-
ret encore la guerre entre le Roy nosire dit sire et la
Duchesse. Et pourtant que cest tesmoing ouyst ledit jour dire
oudit lieu de Guingamp qu'il y avoit des Franczois sur le cbe-
myn entre ladite ville et sa maison, qui desrobbenl les vivan-
diers qui alloint et venoinl ù Tosi desditz Angloix, ct-st dit
tesmoing et ung nommé Jehan le GofT dudit pais de Cor-
noaille qui estoit aussi vandre du poi>son audit lieu de
Guingamp, tournèrent le chemin et tindrent le chemin du
Vieulx Marché pour s'en tenir à Tostel, et vindrént coucher à
ugne lieue de Guingamp près dudit chemyn, chez ung bon
homme des champs, que à présent ne scet nommer. Et au
lendemain qui estoil le dimanche de Pasques flories, ilz
allèrent ouyr messe à ugne église, que ne scet à présent nom-
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— 27 -^
mer, qui esloit assez près du Vienlx Marché ; et d'illecques
vindrent repaistre au bour^du Vjpiilx M^irché, et descendirent
à la cobne dudit lieu, où ils attachèrent leurs rhevaulx, pour-
tant qu'il y avoit grant presse de gens de guerre logés audit
bourg; et dit que environ Tenre de mydi celluy jour, corn-
mant (comme) cest tesmoing estoil allé es messons dudit
bourg chercher a manger pour luy et ledit Goff son compai-
gnon, il ouyst brul et paroUes que l'on avoit priiis présente-
ment ung pri.^onnier en relluy bourg; et cest tesmoingalla
voir qui c*esloit et vist incontinent ung homme veslu d'une
robbe de cnyr noir, lequel on appeloil GuiMaumeSainri D^nis
et ung aultre nommé Le Piccard lenir ledit s' d'Ancrero<*l par
soubz les couiies, en la rue devant ung logeix estant d'ung
costé de la cohue dudii bourg, lequel logeix ne sc»t cest tes-
moing nommer, et vist un homme a Iny incongneu dire aus-
ditz Saincl Denis et Piccard, qu'il esloii envonyé devers etilx
de par le maistre d'oMel ne Monseigneur le Mareschal, qui
esloit logé audit bourg, leur dire qu'ilz eusiieni envouyé devers
luy ledit sieur d'Ancromel. El inroniinenl il vist lesditz Sainct
Denis ei Picc^ird me^^ner le dit Ancremel par soubz les coudes
à ung aulire logeix estant de raulire cosié de ladite cohue,
que cest tesmoing ne scel desciérer, et le siiyvist cest tes-
moing et plusieurs auliresgens à luy incongneuz; et inconti-
nent qn'ilz estoient ariivez devant ledit logeix o ledit maisire
d'osiel,quel maistre d ostelcest tesmoinj;inèscet nommer, icel luy
maistre d'oslel dit ausditz nommez qu'llz eussent me>né ledit si^
d'Ancreniel à Guingamp pour se justifier, pourtant que celluy s^
d'Ancremel disoit ne debvoir estre par raison prisonnier :
que ne voulist ledit Sainct Denis, disant que ledit Ancremel
estoil aussi bon prisonnier qu'il n'y avoit point en la ville
de Paris ; et sur ce s'en départit ledit maîMre d'ostei et s'en
ala à cheval. M inconiinani se trouva audit lieu ledit s' de
Tourelles et en sa compaignie ledit Hervé K^rguennec, ne
scetde quelle part ils vindrent. et demanda ledit s'^ d'Ancre-
mel dudit s' de Tourelles s'il eust voidu estre son plége.
Auquel respondit celluy s' de Tourelles que ony, si lesditz
Sainct Denis et Piccard Teassent voulu aecepter, lequel de
Sainct Denis dit qu'il estoil contant de l'a'^cepter à plége pour
ledit AncremeL El alors celluy sieur de Tourelles, à la re-
quesle dudit s' d'Ancremel, se constitua en ladite plévyne
corps pour corps, pour celluy s^ d'Ancremel, et incontinant
celluy s"" d'Ancremel requisl ledit s' de Tourelles de le recevoir
et loger en son logeix; auquel respondit ledit s^ de Tourelles
qu*il esloit contant ; et sur tant s'en départit cest lesmoing. et
alla voir son cheval, et ne scel cdmmant il en passa entre
eulx ; et couchèrent celluy soir cest tesmOlng et ledit Le Goff
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— «8 -
audit lica do Vieulx Marché, et ouyst oesltesiDoiiig et aoltres
dolil boorg qoe à présent ne icet nommer, dire que les gens
dadit 8^ d^Aiicremel a voient, celluy jour, amené les cbeYaulx
d'ieefluy s^ d'^ncremel à sa maison, et le lendemain I matin,
s>p Tiiidrenl cest tesmoing et ledit Le Golf à Toslel, environ
sepi à huyt heures, et ne scet comment il en passa au parssas
du faict dudit Ancremel. Interrogé s*il est parant, ne affln,
conseiller, sollicitear, procureur, nomme ne serviteur à nolle
desdires parties, dit que non, et dit qu'il vouidroit que celles
desdiles parties qui a le meilleur droit gaignast ladite cause.
El c'est son record. — Signé : Doqobuqiiisou, Kbrsolgobii,
Christof&b de Kercrist, dq Portou.
Arthur Mbrudbc, noble homme, demorant eu la paroisse
de Ploegaznoui en Tévesi-hé de Tiéguier, aigé d'environ
xui comme il dit, tesmoing juré, purgé et enquis, dit et
recorde par son serment qu'il congnoisi ledit sieur d* Ancremel
environ six a sept ans a, lequel il dit esire, dès» celluy temps,
demorant en Tévesché de Tréguier, savoir, parfoiz en son
manoir de Kerguegueu, et parfoiz'en son manoir d' Ancremel ;
et que pour les ans mil IIII« llll" huy^t et llll'^ neuf y avoit
guerre et hostilité en ce païs et duché entre le Roy nostre dit
sire et la Duchesse à présent Hayne ; et ouyst dire coramu*
nément duraii» ledit temps en la'ville de tiennes et ailleors
a plus de vingt hommes, n'est membrant de leurs noms, que
ledit sieur d'Ancremel, pour ledit temps et jucques à ce que
Tost des Anglois, qui esioit descendu en la ville de Mourlaix
pour le secours de la Duchesse, alla à Guingamp réduire icelle
ville et le pais d'environ à i'obboissance de la Duchesse, et
aussi pour le temps de sa prinse. cjui fat a peu de temps après
la descente desdilz Anglois, tenon le party contraire de la
Duchesse, savoir le pariy du Roy ; et il hantoit souvent o les
Françzois durant qti'ilz estoint en garnison à Guingamp, et o
ledit sieur de Brullac, que Ton disoit tenir lors le pariy du
Roy, néantmoins que les villes de Mourlaix et de Lannyon
estoint réduictes a Tobboissance de la Duchesse. Dit oultre
que pour ledit temps de la descente dudit ost d'Angleterre
audit lieu de Mourlaix, aultremenl n'est^ membrant du temps,
cest tesmoing qui estoil lors en la ville de Bennes, servant la
Duchesse, et esloît homme d'armes de la compagnie du sieur
de la Roche, vint dudit lieu de Rennes accompaigiie de cinq
au seix hommes d'armes de ladite compaignie, jucques à
CorlIé(i j pour debvoir prandre ledit sieur d'Ancremel et aultres
(I) Corlaix (Côtes du-Nord>.
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que Ton disoit tenir le pàrly du Boy. Ouquel bourg de Corité
cest tesmoîng ouyt dire que ledit sieur d*ADcremel estoit
prins par Guillaume Saiuct Denis et autres tenant le pariy de
la Duchesse, n'est membranl de leurs noms, et que ledit ost
desditz Anglois estoit déjà arrivé en la ville de Guingamp,
et tout le pais d'environ réduict en Fobboissance de ta Du-
chesse. Pourquoy cest lesmoing ^t auitre's ses compaignons
retournèrent à la (^hèse et n'allèrent plus en avant pour
debvoir prandre ledil sieur d'Ancremel. Dit aiissy que environ
deux à Iroys ans a, y a seur accix en ce païs et duché de
tenir pletz et aller au Conseill plédayer et impetrer des raan-
dementz; et ont esté les plectz généraulx et les meubles et
lieutenants tenuz durant ledit temps, et les délinquant» pugniz
en plusieurz endroitz de cedit pais par plusieurs foiz que ne
scet à présent desclérer. Interrogé s'il e.st parant, ne afin
ansditz deffanseurs, dit que non, et vouldroil que celle des
parties qui a le meilleur droit gaignasl la cause sans aucune
affection avoir à nulle desdites parties Et c'est son record. —
Signé : DDQiJENQUisoii,KEBsuLCUËiv,CHnisTOFLE DE Kkucrist,
DCPORTOC.
Yvon de Goesbribnt> aigé d'environ xxxf ans tesmoing
juté, purgé et enquis, dit et reccorde par son serment qu'il
congnoist ledit sieur d'Ancremel environ dix -huit ans a,
lequel il a veu environ celluy temps demorer en son manoir
d'Ancremel en la paroisse de Ploeigneau, en Tévesché de Tré-
guier,. et aussi dempuis l'a veu demorer par aucun temps
audit manoir. Et dit que pour le temps que l'ost des Anglois
descendit en la ville de Mourlaix, et deparavani durant l'an
llll" sept ei llll" huyl, y avoit guerre et division entre le
Roy et la Duchesse, et par aucun temps fut tout l'évesché de
Trt^guier réduict à Tobboifisance du Roy, et par après> incon-
tinant la descente desditz Anglois, hit réduit totalement a
l'obboissance de la Duchesse ; et dit que dès le temps du
mariaige entre le Roy et la Duchesse, qui. fut environ ung
an et demy a, y a seur aceix et exercice de justice en ce pais
et duché tant en Léon, Tréguier et Cornoaille, que ou conseil
du Roy en Bretaigne Interrogé s*il est parant, ne afûn, con-
seiller solliciteur, ne procureur à nulle desdites pàriyes dit
que non ; et dit qu'il vouidroit que celle desdites parties qui a
le meilleur droit gaignast ladite cause. Et c'et^t son record. <—
Signé: Duqiiënqcisoii, Kersolgoen, Christofle db Kercrist,
DUPORTOU.
Dom Lucas Le Romeur, prebtre, aigé d'environ xxxr ans,
comme il dit* lesmoing juré, purgé et enquis, dit et reeorde
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-- 30 --
par »oo sermenl qu'il congnoil ledit s' d'Ancremel environ
dix ans a, It^quel il dil estre dès c« lluy temp^^s demorant au-
dit evpscbé de Tréguier, ce que il dit savoir pourtant qu'il est
demorani audit evesché, et que environ uug an a. aulirement
n'e^t membrant du temps, il ouysl dire o Guillaume son Trère
et 0 Guillaume Le Galloedec, que ledit s' d*\ncremel lenoît
le parly du Roy et que Robin du Parcb avoit prins l'un des
sens dudit Ancremcl. qui pourloit des lesires au sieur de
Rochan, durant la guerre entre le Roy el la Duchesse, ne scet
point desclérer aultrement le temps ; et dit que à la descente
de Tost d'Angleterre à Mourlaix pour le serours de la Duchesse,
il ouysl fère commandement eu ladite vi^le, par ban, à toulz
el checuu des nobles et subgietz aux armes, de se joindre avec
l'armée desdilz Anglois, pour a'ier servir la Duchesse ; et
ouyst dire illecques, n'est memhranl o quy. que ledit s**
d'Ancremel ne sestoit point trouvé o iceulx Anglois; et â peu
de temps après il ouy^t dire o plusieurs en la ville de
Mourlaix, n'est membrani de leurs noms, que ledit s* d'An-
cremel avoit e^lé prius à prisonnier par ledit s' de Tourelles
et aultres tenantz le parti de la Duchesse; pourla* t quecelluy
s' d'Ancremel teuoit le party du Boy : ci dit que pour le-
dit temps de ladite prinse et pour l'an un" huyt et un''
neuff, y avoit guerre et division eilre le Roy et la^Duchesse,
ainsi qu'il ouy>t dire comrauut^ment. Aussy ouyst dire com-
munément environ uiig au et demy a/y a seurâceis de tenir
pleiz et y a exercice de iusticc en ce p^ïs el duché Interrogé
6*il est homme, serviteur ne soPicileur desditz deffjuseurs,
dit que son dit frère est homme duiiit Kergueunec, o lequel
iJ demore, aultrement non, et qu'il vouidroit que ledit de
Kerguennec gaiguasi ladite cause pourveu qu'il auroit le bon
drol. El c'eslson record. — Signé: Ddquekqiiisoij ; Kersul-
GOEN; CHHISTOFLE DB KenCRIST ; DOPO.^TOO.
{Original tur papier, — Archives du Finistère.)
- t
NOUVELLES DES ÉTATS,
A. Lettre au Chapitre de Quimpbr.
1767.
Messieurs ,
Je vous avois marqué dans ma dernière lettre que nous
étions retirés aux chambres depuis deux jours pour délibérer
et nommer des Commissaires pour travailler aux demandes
du roy. L'Eglise et le Tiers avoieut donné leurs avis ; mes-
sieurs de la Noblesse n'avoient point encore nommé. Le
vendredy nous ne Qmes encore rien. Samedy M. le procureur
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- 31 --
sindic nous lut une leUre du roy écrile de sa main à M^^ le
duc d*Aiguillon dont voila une copie :
« Mon cousin nos Bretons (leuvent-ils s'imaginer que je
« changeray d'avis sur la résolution que j'ay prise de mainte-
a nir la nouvelle forme que j'ay donnée à mon parlement de
« Bretagne, et de ne pas souffrir qu'elle excède te nombre de
« 60.? Croyent-ils q4je je renveray les bous serviteurs que j'y
« ai pour faire entrer en leur place ceux qui ont manqué à
a robéis«aKce qui m'est due par tous mes sujets ? Répétez
« leur pour la dernière Ibis que je leur défends expressément
« de s'occuper plus longtemps de ce qui regarde mou parle-
« ment, et dites leur que s'ils persistent encore à faire des
« représentations à ce sujet, et a ne pas travailler à leurs
a affaires., je ne pourois regarder celle conduite que comme
« une désobéissance formelle à me^ Volontés. Après leur
« avoir lait cette déclaration, où vous exécuterez littérale-
« ment et ponctuellement ce que je vous ay prescrit dans nos
« instructions, c'est le seul moyeu de mériter la continuation
« de mes bontés et de ma protectiou. Je finis sans compliment
« ni souhait.
« LOUIS. »
« A Versailles le 6 janvier 1767. »
Le reste de la séance se paFsa a ne rien faire ; on demanda
que IVIIVl les Commissaires du roy voulussent bien faire retirer
de dessus le registre, la nomination que l'on avoit faite le 6,
en leur présence, des Commissaire dans Tordre de la noblesse
pour travailler aux. demandes du roi. Hier MM. les Commis-
saires du roy nous firent dire, qu'instruits qu 'il s'éloil élevé
des difficultés au sujet de leur entrée du six de ce mois, et
que les affaires du roy et de la province souffroienl du retar-
dement, ils consentoienl que tout ce qui s'y étoit pas^é soit
regardé comme non avenu, et néanmoins enjoint â MM. de
Tordre de 1a noblesse de nommer des Commissaires pour exa-,
miner tes demandes du roy. La commission travailla hier et
M. l'évoque de Vannes devoit faire au jourdhuy son rapport ;
on refuse de l'écouter. MiM. de la noblesse demandent qu'on
nomme une commission nouvelle pour prier MM. les cou*
missaires du roy de se faire autoriser à recevoir leur mémoire;
il y a apparence que cela nous tiendra toute la séance 11 est
près de deux heures et je vais envoyer à la poste j'ay Thpn-
neur d'être
iVIessieurs et chers confrères votre très humble et très
obéissant serviteur,
DESNQES, chanoine de Qaimper.
Renne ce 12 janvier.
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- 32 -
XII.
B. Lbttbb au gomtb du Bbibux, au ghatbau db Kbrdaribl •
V9ÈS QUIMPRI.
1767.
ReaneSf ce 26 may.
Monsieur^
J'ai cru devoir vous mander «que le 33 de ce mois
MM. les Commissaires du Roy entrèrent aux Etats pour en
faire la clôture. Avant que de il fut lu et eiirégist]*é un
nouveau règlement concernant les Etats. Ce règlement établit
une nouvelle forme pour les Etals à l'avenir, et ne donne dit-
on entrée qu'aux gentiKsbommes qui oni produit à la Béfor-
mation de 153*2. Il doit être homologué au Parlement.
M. de Cargouet de Quémadeuc a été . de Tavis de TEgiise
et du Tiers, nommé à la place du greffier. Vous avez sçu qu'il
a été enrégislié un arrêt du Conseil qui ordonne que TavÎ!» de
deux oi*dres vaudra, et a en connéquence validé toutes les
opérations de TEglise et du Tiers. Vous savez également l'en-
lèvement de M. le comte de la Monssaye et de M. le viconnte,
qui ont été conduits au château de Pierre Encise. L'abbé de
Pontual a eu ordre du Roy de se rendre dans son abbaye de
Beaulieu. Pareil ordre a été domié à M. de Kersauson Coa-
tan^coiire et à M. Le Gôalez de se retirer dans leurs terres.
On dit que sur la requête présentée au Conseil par nos six
ma;<istrals exilés, il a été dit par le Conseil qu'il n'y avoit
lieu à y prononcer, fait défeu'^s aux quatre con^eiMers de
prendre cette qualité , et leur enjoint d'envoyer leurs litres et
tiro visions pour parvenir â la liquidaiion de la finance de
eurs charges. M. le duc de la Trémouille et madame partirent
le t23 pour Paris. M le duc d'Aiguillon reste à Renufs pour
huit ou dix jours. On dit qu'il y aura des ordres^ sous peine
de désobéissance, à des conseillers démis de rentrer pour
compléter le nombre de soixante, suivant l'édii du Boy.
Vous avez sçu l'affaire de Hovius, libraire de Saiut-Malo.
Vpus avez scq aussi renlèveraent de M. Ravaux, votre libraire.
Depuis le 29 d'avril il était détenu aux prisons de Vitré II y
a été attaqué d'une fièvre maligne ; il y est mort le 24 de ce
mois. Les scellés sont sur sa boutique ; ses héritiers doiveol
arriver en peu. Vous aurez dans celte boutique un compte à
régler ; depuis que vous preniez les Mercures et Prérons,
chez Ravaux, vous ne lui aviez rien payé. ... Je regrette beau-
coup le sieur Ravaux ; c'était un bon garçon, aimable et acco-
modant
J'ai l'honneur d'être avec bien du respecti
(Archives du Finistère.) NERZIC (1).
(1) Mou article sur le Parlement des Ifs était a Timpression lorsque
j'ai retrouvé ces deux lettres.
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SEANCE DU 19 JUIN 1875.
Présidence de M.AUDRAN, Vice-Président.
Etaient présents : MM. F. Audran; Th. de la Ville-
marqué, de rinstitut ; Surrault, inspecteur d'Acadé-
mie ; Fougeray ; Ayrault ; Malen ; Cormier ; Le Men
et de Montifault.
M. Audran, après avoir de nouveau remercié la
Société qu'il est appelé à présider pour la première
fois, de l'honneur qu'elle lui a fait en lui conférant le
titre de vice-président, se rend l'interprète des plaintes
exprimées par quelques membres au sujet de la mau-
vaise impression du Bulletin,
M. Le Men répond qu'il fera part à l'imprimeur,
de ces observations, et qu'il prendra des mesures
pour assurer aux publications de la Société une im-
pression plus soignée.
M: Surrault, inspecteur d'Académie, donne commu-
nication à l'Assemblée d'une circulaire qui doit paraî-
tre au prochain Bulletin de V Instruction primaire, et
dont le but est de recommander aux instituteurs le
Questionnaire archéologique approuvé par la Société
dans sa séance du mois de mars dernier. Cette circu-
laire est ainsi conçue :
A MM* les Instituteurs publics et libres, titulaires et adjoirUs
du département,
Mrssibubs.
Dans sa séance du 19 janvier dernier, la Société archéologique du
Finistère, dont j'ai Thonneur de faire partie, a décidé, sur la propo-
sition de M. le comte de Carné, son président, qu'un questionnaire,
rédigé en termes très-simples et très-clairs, vous serait adressé par mes
soins, et que je ferais appel à votre dévouement en faveur d'une oeuvre
à laquelle vous ne pouvez rester indifférents ou étrangers.
Vous savez qu'il existe à Quimper un musée départemental. Institué
et subventionné par le Conseil général, puis entretenu par des dons et
3
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^ 34 -
des libéralités privées, il Test surtout aujourd'hui par les patientes et
laborieuses recherches de quelques hommes savants et modestes, jaloux
de conserver tout ce qui peut offrir de l'intérêt au point de vue de
rhistoire en général et de celle de la Bretagne en particulier.
Ce musée possède déjà beaucoup de choses précieuses, classées avec
goût et discernement ; mais il y a place pour bien d'autres* Il faut
l'augmenter, l'enrichir, le compléter, si l'on peut ainsi dire.
Or, c'est pour cela d'abord que la Société archéologique vous demande
votre concours . Elle a pensé que vous pouviez tous contribuer au déve*
loppement de ce dépôt de pièces en général authentiques du passé, qu'en
ne saurait consulter ni sans utilité, ni sans plaisir.
Vous aurez à cœur, je n'en doute pas, de seconder ses vues et de
réaliser mes propres espérances. Dans vos promenades des vacances
ou des jours de congé, vous chercherez seuls, ou, de préférence, avec
quelques-uns de vos meilleurs élèves, des monnaies, des médailles, des
armes, des poteries, des vases, des statuettes et autres objets anciens.
Et vous en trouverez assurément, car la vieille Ârmorique n'en manque
pas, et vous aurez l'obligeance de les envoyer à Quimper ou de nous
les signaler.
Mais là ne se bornera pas la coopération intelligente que j'attends
de votre zèle. Vous étudierez sérieusciiient le programme qui suit, et
vous vous en servirez comme d'uu flambeau pour examiner avec atten-
tion les lieux où vous êtes, leur configuration, les monuments en
ruines ou debout qui s'y trouvent, les souvenirs qui s'y sont transmis
de génération en génération, les chroniques, les légendes, les chants et
les ballades, enfin tout ce qui se rapporte à l'histoire de vos ancêtres,
car vous êtes pour la plupart Bretons, et vous avez raison de vous en
faire honneur.
Dès que vous le pourrez, vous adresserez à M. le Préfet,à M. le
Président de la Société archéologique ou à M. l'Archiviste conserva-
teur du musée, non-seulement les objets que vous aurez trouvés
ou leur signalement^ mais encore les pièces historiques originales que
vous aurez découvertes, ou des copies conformes de ces pièces.
Si vous avez affaire à des monuments, de quelque âge ou de quelque
nature qu'ils soient, vous en donnerez des descriptions aussi exactes
que possible, en suivant toujours le questioanaire que vous aurez entre
les mains.
Quant aux chroniques, légendes ou récits populaires, qui se racon-
tent sous le chaume comme au foyer du ^manoir, dans les veillées
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— 35 —
d'hiver, mais qui n'ont été jusqu'ici ni imprimés ni manuscrits, vaut
les fixerez soigneusement sur le papier, dans votre dialecte, et vous en
donnerez, en regard, une traduction exacte.
Lorsque vous aurez des doutes, ce qui ne peut manquer de se produire
souvent, vous consulterez les anciens et les notables du pays. Je suis
bien convaincu que MM. les Maires, Curés, Becteurs,CoDseillers généraux
et Conseillers d'arrondissement, etc., vous aideront toujours volontiers.
Le temps que vous consacrerez à ces recherches récréatives, à ces
études intéressantes, sera bien employé. Vous contracterez, si vous ne
Pavez déjà, et vous communiquerez à vos élèves le goût de l'histoire,
dont l'archéologie est, sans contredit, le guide le plus fidèle et l'oracle
le plus vrai.
Recevez, Messieurs, l'assurance de mes meilleurs sentiments.
. V Inspecteur d'Académie, C. SURRAULT.
Cette circulaire reçoit l'approbation unanime de
TAssemblée et M. le Président remercie vivement M.
rinspecteur de l'utile concours qu'il veut bien appor-
ter aux travaux de la Société.
L'ordre du jour appelle la lecture d'un travail de
M. le Men sur la manufacture de faïence de Quimper :
LA MANUFACTURE DE FAÏENCE DE QUIMPER.
(1690 — 1794)
On a beaucoup écrit sur la Bretagne depuis le commeoce-
ment du siècle ; de consciencieux érudits ont fait l'histoire de
ses origine^ et de ses luttes héroïques ; tout ce qui se rattache
à ses mœurs, à sa littérature et à ses poétiques traditions a été
recueilli avec un boin religieux ; mais on chercherait vainement
dans les nombreux ouvrages qui lui ont été consacrés, quel-
ques notions sérieuses sur l'histoire industrielle de celte pro-
vince. C'est aux monographies locales à fournir le plus promp-
tement possible les éléments qui permettront de combler cette
lacune, par la publication vivement désirée d'une Histoire du
Commerce et de l'Industrie de la Bretagne. -
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1
— 36 —
Mais UD fait depuis longtemps acquis, est le peu d'aptitude
industrielle du caractère breton. Si ce fait pouvait être mis en
doute^ il suffirait pour rétablir de rechercher dans chacune de
nos villes bretonnes l'origine particulière de son commerce.
On le trouverait sans peine dans l'Auvergne, dans la Normandie
ou dans la Gascogne. C'est h la Provence que la Bretagne est
redevable du plus important de ses établissements céramiques.
Jean-Baptiste BOUSQUET.
(1600 — 1708)
Vers la fin du 17« siècle un ouvrier potier nommé Jean-
Baptiste Bousquet, âgé d'un peu plus de quarante ans, (I)
quiitait.le village de SaintZacharie(3;> au diocèse de Marseille,
pour venir établir à Quimper une manufacture de faïence. Il
était accompagné de son fils aine Pierre, qui venait d'atteindre
sa dix-neuvième année à l'époque de son émigration.
Une semblable tentative de la part d'un simple ouvrier, peut
paraître aujourd'hui bien aventureuse ; mais Jean-Baptiste
Bousquet n'était pas un ouvrier ordinaire, et avant d'entre-
prendre ce long voyage^ et de livrer aux hasards de la spécu-
lation des économies péniblement amassées, il avait eu soin de
s'assurer que toutes les chances étaient de son côté.
A cette époque, en effet, il n'existait, à proprement parler
en Bretagne aucune manufacture de faïence. Les italiens Ferro
etRibé avaient, il est vrai, créé à Nantes en 1588 et en 1625
des fabriques de faïence blanche ; mais après Charles Guer7
meur, (un nom franchement breton), (3; et Jacques Rolland,
(1) Il était Dé en 1749.
(2/ Aujourd'hui, commune de rarrondissement de Brignoles départe-
ment 3du Var.
(8) Une famille de ce nom, habitait au 18® siècle la paroisse de Loc-
maria, près Quimper, où furent établis successivement les trois m'a-
nufacturesde faïence qui eiistent encore aujouriHiui. Je trouve eu effet
dans les registres de cette paroisse, sous la date du 26 janvier 1787
l'acte de décès d'Urbane Guermeur, dame du Rhun.
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— 37 -
qui sont mentionnés comme travaillant dans cette ville en
16ô4, il s'écoule près d'un siècle, avant qu'il y soit question de
cette industrie.
D'un autre côté la faïencerie établie au Croisic au 16* siècle
par le Flamand Gérard Demigennes, qui eût pour successeur
en 16tî7, l'italien Horacio Borniola, ne paraît pas avoir pros-
péré longtemps. Le champ était donc ouvert sans concurrence
à ^industrie de rintelligent ouvrier provençal.
D'autres considérations non moins sérieuses lui désignaient
Quimper comme offrant, entre toutes les villes de BrelagnCi
les conditions les plus favorables pour devenir un centre impor-
tant de fabrication. L'argile se trouvait en abondance dans les
environs ; sa situation presque à Tembouchure d'une rivière
navigable, facilitait singulièrement l'exportation des produits,
en même temps qu'elle permettait de faire venir par mer sans
grands frais, les terres indispensables à la fabrication de la
faïence, et dont il n'existait pas dans le pays de gisement
connu. Lç bois de chauffage y était à vil prix, et la main d'œu-
vre moins chère que dans aucune autre partie de la Bretagne.
Le potier provençal avait sans aucun doute compris tous les
avantages de cette situation, lorsqu'il vint se fixer à Quimper.
Ce fut en 1690 (1) qu'il y établit ses premiers fourneaux dans
le faubourg de Locmaria, et très-probablement dans les dé-
pendances d'une propriété où les Romains ont laissé de nom-
^t) C'est la date assigQée à l'établissement de Jean-fiaptiste Bousquet
par Pierre Caossy, dans un n émeire relatif à la fondation d'une fa-
brique de porcelame à Quimper, document que Ton trouvera à la suite
de cette notice. Ce renseignement concorde assez bien avec la déclara-
tion faite en 1743 devant les juges de la juridiction du prieuré de Loc-
maria, par Pierre Bousquet, nls de Jean-Baptiste, « qu'il est estranger
« de cette province, et qu'il a sorti en bas âge de son pats. » (Voir
plus loin).
Je dois cependant faire observer que malgré des recherches très-atten-
tives dans les anciens registres de la paroisse de Locmaria, il m'a été
impossible d'y retrouver la moindre _trace de la famille Bousquet
avant le 10 mars 1706, tandis qu'à partir de cette date ce nom s'y
rencontre très-fréquemment. Je ne voudrais pas tirer de ce fait une
induction contraire à l'assertion si précise de Caussy.
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- 38 —
breuses traces de leur séjour, et qui doit à cette circonstance^
d'avoir conservé jusqu'à présent le nom de Rome. Ses débuts
durent être fort modestes» car il ne possédait pour toute fortune
qu'un fonds de deux mille livres. Mais il sut si bien faire fruc-
tifier ce petit capital par son habileté d'ouvrier et par son in-
telligence des affaires, que soixante ans après rétablissement
de sa fabrique, son fils laissait à ses héritiers pour deux cent,
mille livres de constructions (1).
En quittant le village de Saint-Zacharie, Jean -Baptiste Bous-
quet y avait laissé sa femme Elisabeth Brun et un fils nommé
Charles, qui venait à peine de naître, ainsi que nous le voyons
par l'extrait de baptême suivant :
« L'an mil six (cent) nouante et le deuxième juin a été
baptisé Charles Bousquet, fils de Jean-Baptiste et Elisabeth
Brun, mariez de cette paroisse, le parein Charles Paul, et la
mareine Anne Forge de la ville de Marseille. — Signé : Vert,
vicaire. — Extrait du livre des registres de la paroisse de ce
lieu, de Saint-Zacharie (2). »
Sa femme était morte depuis longtemps^ et son jeune fils
Charles était venu le rejoindre en Bretagne, lorsque malgré
son âge avancé, il avait alors cinquaute-neuf ans, « Jean-Baptiste
Bousquet, maitre-fayiencier (sic) de la paroisse de Locmariai
veuf de défunte Elisabeth Brun suivant l'extrait mortuaire de
ladite defTuncte Lebrun, inhumée dans Téglise paroissiale de
Saint-Zachario. diocèse de Marseille, épousa le 19 avril 1708,
Corentine Benoist de la paroisse de Saint-Malhieu de Quimper,
veuve de defTunt Michel Gogola de Saint-Michel, soldat de la
compagnie de Descoulon, à présent de Lescoet du Boschet, dé-
(1) Jhid.
(2) Cet acte est transcrit à la fia du registre des baptêmes, mariages
et sépultures de la paroisse de Locmaria, pour TanDée 4707 La copie
a été délivrée à J. B. Bousquet, le 19 septembre 1707, — Archives du
bureau de l'état civil de Quimper,
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- 39 -
cédé au siège devant Gibraltar le deuxième février de l'année
1705 (!). »
On peut supposer que ce mariage ne reçut pas l'approbation
de Pierre Bousquet, car sa signature ne se trouve pas au pied
de l'acte. Quoi qu'il en soit, le vieux fhiencier ne devait pas
demeurer longtemps dans la nouvelle situation qu'il s'était
créée. On lit en effet dans les registres de la paroisse de Loc«
maria :
« Le neufième jour de décembre 1708, a été inhumé dans
Téglise paroissiale de Locmaria, Jean- Baptiste Bousquet, pro-
vençal, décédé hier dans la maison de Rome de cette paroisse,
âgé d'environ cinquante-neuf ans, ayant pendant sa maladie
confessé, communié et reçu le Saint- Sacrement d'extrême-
onction. Ont assisté à l'ensépulture Hervé Morel, Guillaume Vi-
varc'h, Guillaume Le Cœur, Gorenlin Le Pennée et plusieurs
autres lesq^uels ne savent signer. — Christophe Fresnet, recteur
de Locmaria. »
Jean-Baptiste Bousquet eut la consolation de laisser en mou-
rant sa fabrique florissante entre les mains de son fils aîné, bien
digne sous tous les rapports de continuer l'œuvre que son père
avait si bien commencée.
Nous ne possédons aucun renseignement particulier sur le
getire de fabrication de Jean-Baptiste Bousquet, et je ne pense
pas qu'on ait jusqu'ici signalé aucune pièce qui puisse lui être
attribuée. Ce qui est certain c'est qu'avant de venir s'établir
à Quimper il avait trav^iillé dans les environs de Marseille et de
Draguignan ; peut-être à Moustiers, où il aurait pu être l'élève
ou l'émule des Viry et des Clérissy ces excellents artistes
faïenciers de la fin du 17® siècle. Il n'y a dans cette hypothèse
rien qui doive surprendre, car on est forcé d'admettre que pour
venir ainsi tenter la fortune à l'autre extrémité de la France, il
fallait que Bousquet fut un ouvrier d'un talent réel. Quoi qu'il
(i) Registres de la paroisse de Locmaria. — Archives du hunau de
VEtat-eivil de Quimper.
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— 40 -
m soit, s*il existe encore quelques œuvcf s de ce faïencier, c'est
dans les faïences, conservées dans les anciennes maisons des
environs de Quimper et qui présentent le caractère d«i Hous-
tlers primitif, qu*on peut espérer de les rencontrer. Dans les
signatures de J.-B. Bousquet, qui sont très-nombreuses dans
les anciens registres de la paroisse de Locmaria, les lettres / B,
initiales de ses prénoms sont liées, et la première lettre de son
nom est un b minuscule.
Pierre BOUSQUET.
(1708—1719)
Né en 1671, il était âgé de trente-sept ans lorsqu'il succéda
à son père dans la direction de sa manufacture. Il avait épousé
avant celte époque Elisabeth Hellette, plus jeune que lui de
trois ans. Comme ce nom n*appartient pas au pays de Quimper
et qu*il m'a été impossible de découvrir dans les registres de la
paroisse de Locmaria aucune mention de ce mariage, tout porte
à croire qu'il aura été contracté en Provence, et il est probable
qu'il aura profité de cette occasion pour ramener en Bretagne
son jeune frère Charles, qui comme on Ta vu plus haut était
resté avec sa mère à Saint-Zacharie, après le départ de J.-B.
Bousquet pour Quimper. Charles Bousquet n'avait .que seize
ans à la mort de son père, mais il est certain qu'il travailla à la
fabrique de faïence avec son frère car ils sont qualifiés l'un et
l'autre de « potiers » dans les pièces d*un procès qu'ils eurent k
soutenir en 1718 contre dame Jeanne-Thérèse Freslôn de Saint-
Aubin, prieure de Locmaria, au sujet d'une somme de 61 livres
dont ils étaient redevables à ce prieuré, pour certains droits de
lods et ventes.
J'ai dit plus haut que les premiers fourneaux de J.-B. Bous-
quet avaient probablement été construits dans le lieu appelé
Rome, où il élail mort après avoir dirigé sa fabrique pendant
dix-huit ans. Avec les minces ressources dont il disposait, il
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- 41 —
avait dû s*étab1ir non oommo il Taurail voulu, mais comme il
l'avait pu. Or ta propriété de Rom/? éloignée de la rivière et par
conséquent du port d'embarquement, n'était pas un lieu com-
mode pour rexploiiaiioa d'<ine usitie. Aussi le premier soin de
Pierre Bousquet lorsqu'il succéda à son père, Tut^il de chercher
un nouvel emplacement pour y installer sa manufacture.
Il y avait à cette époque en face du pont tcTurnant de Loc-
maria, qui n'existe plus depuis un siècle, un ilôt assez vaste
formé de jardins, de vergers et de vieilles maisons, quelques-
unes en ruines, et délimité à Tesl par la rue de Penanguer (1),
au sud par la rue Haute, à Touest par la rue du Stivel, et au*
nord par le quai ou rivage de l'Odet. La grande préoccupation
de Pierre Bousquet, après la mort de son père, paraît avoir été
de devenir propriétaire de tout ce terrain afin de pouvoir y
construire des bâtiments en rapport avec Timportance toujours
croissante de son usine. On le voit en effet poursuivre ce but
par une succession d'acquêts, de 1708 à 1746. Il achète de plus
en dehors de cet îlot, en 1740, pour y faire ses dépôts de com-
bustiblesy une maison et un vaste enclos appelés la maison et
le jardin de la Folie (2), qui a conservé cette destination jus-
qu'à ce jour. Voulant en outre avoir sous la main des ressources
d'un autre ordre et non moins utiles, il devient en 1738 adjudi-
calaire de la propriété de Rosmaria, séparée de son usine seu-
lement par la largeur d'une rue, et qu'il transforme en laiterie,
après y avoir établi des vergers et de grands jardins (3).
(1) C'était le nom de la rue qui conduisait du faubourg de Locmaria
à la ville de Quimper. et qui formait le prolongement de la rue Haute; *
cette dernière portait aussi les noms de rue du Four et rue du Pouiraz.
(2) H parait que Locmaria était autrefois, à Tépoque du Carnaval
un but de réunion pour les masques, qui avaient coutume de s'y ren-
dre pour danser. Cet usage explique peut-être le nom bizarre donné à
cet enclos et à cette maison.
(3) Une autre maison qu'il acheta en 1722 et qui disparut vers
1760, lors de la construction du quai de Locmaria, portait Je nom de
la Maiion Rou^e. Cette dénomination se rencontre presque toujours
dans les localités où les Romains ont laissé des traces importantes de
leur occupation.
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— 44 —
Son frère Charles mourut en 1722 (1) ; il avait ëpoqsé au
mois d'avril 1710 Marie Saux de la paroisse de Saint-Julien
(rue Keréon) de Quimper, dont il eut cinq enfants. (2) Pierre
Bousquet, perdait en son frère un auxiliaire utile, mais une
plus grande douleur lui était réservée, il avait un fils unique,
Jean*Baptiste François, né le 4 avril 1713, sur lequel il fondait
pour l'avenir de sa fabrique, de légitimes espérances. La mort
l'enleva à Tâge de quatorze ans, le 24 avril 1727. Son acte de
décès se termine par aes mots : « Ont assisté à son enterre-
ment ses père et mère et sœurs, les écoliers de la congréga*
tion et plusieurs autres. »
Son père faisait aussi partie d*une congrégation paroissiale
dès l'année 1718 (3) et le 24 janvier 1730, il transporta au
profit de la dotation d'une fondation, faite par lui dans Téglise
de Locmaria, un constitut qui lui avait été consenti parXla*
tberine Bougarin, veuve de Ciel Le Miel. (4) Pierre Bousquet
n'avait conservé aucune relation avec ses parents ou ses amis
des environs de Marseille. Privé du concours de son frère et ne
pouvant suffire seul à la direction et aux travaux de sa manu-
facture, il fit venir pour le seconder un ouvrier faïencier de
Nevers, nommé Pierre Bellevaux. Cet ouvrier né en 1704 à
Druy, chef-lieu de canton de Tarrondissemenl de Nevers, ap-
(t) Aveu fourni en 1756, par Pierre Gaussy, à la prieure de Loo
maria. — Archives du Finistère,
(2) Ces enfants sont : !<> Jean-Marie, né le 27 juin 1711 ; 2» Jean-
François, né te 2s octobre 1712 ; 8o Marie-Louise, née ie 11 octobre
1713 ; 4^ Jacques-François, né le 2 mars 1715 et 5o François, né le 6
juillet 1716. A parlir de cette dernière date, le nom de Cliarles Bous-
quet, et ceux de sa femme et de ses enfants cessent de figurer dans
les registres de Locmaria. J'ignore absolument ce que devinrent ces
derniers. Il est bon de raprocher cette observation de celle que j'ai
placée à la fin de la note 1 page 37.
(8) Le 14 juin il assiste en qualité de congréganiste à l'enterrement
de Nicolas Brunou, poissonnier. — Registres de la paroisse de Loc-
maria.
(4) Inventaire de meubles fait en 1749 à la mort de Pierre Bousquet
Titre du greffe de la juridiction de Locmaria. — Archives du Fîfwf-
tère.
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-|. — 43 -
mZ partenait certainement à une ancienne famille de feienciers. Il
13^, j: était fils de Philippe Bellevaux et de Claude Serrurier, (t) Son
- yg j. oncle Edme Serrurier, figure dans un acte de 1760 '2J comme
^ ancien entrepreneur de la Manufacture des terres d^Anglelerre
établie à Paris. Le même titre mentionne un Butre de ses
^.^. oncles Jean-Samuel Serrurier négociant à Nevers et anciea
prévôl des juges consuls de cette ville. A la mémo époque son
neveu Jean -Henri Bellevaux était établi maître faïencier, à
Paris* et demeurait dans la rue Saint-Martin, paroi&se de Saint-
Nicolas-des Champs, (3)
Pour attacher d'une manière plus étroite son nouveau colla-
borateur aux intérêts de son établissement, Pierre Bousquet,
lui doona. le 2S janvier 1731 sa fille aînée Marie-Jennoe en
mariage (4). Cette preuve de confiance désignait suffisamment
;.♦ 'ïi
— ' ' -1^1 > ■■ 1 — , ^
Mi-
' (1) Extrait du registre des baptêmes de TEglise de Druy -,
'^*'' • « (^ 10 octobre de Tannée 1704 a esté baptibé Pierrui fils Je mais-
, ^ft tre Philippe Bellevaux, marchand, et de Claude Serrurier, ses pcre et
• ^ mère. Sou parrain a esté Pierre Godin, sa marraine honnesUi fcrintie,
'li'tf' Catherine Pière. — Desbons, curé de Druy.» - Registre cieti biiptêmes,
^ mariages et sépultures de la paroisse de Locmaria, pour TaoLice 1731.
:j(tfi^ — Architsts du bureau de Véiat civil du Quimper»
jîtfl^ (2) Requête présentée en 1760 au Parlement de Bretagne par CajBsy
. ^' pour parvenir à ia vente de la manufacture de Locmaria. — Archives
.: '^^ du Finistère, D'après ce document Edme Serrurier avait à cettii date
•'j^' abandonné son commerce de faïence, et habitait le bourg da Saiat-Jean
de la Motte près la Flèche.
^ ^ Ce faïencier est évidemment le même que celui que M, Jacquemart
désigne seulement par son nom de baptême, dans les Merveities du ta
• ii*f''' Céramique 3« partie, page 66 -. « Un mot maintenant, dit-il, sur un
établissement important Ta Manufacture royale de terre d'Angleterre,
Edme qui la dirigeait en 1749, éuousait le 31 août de cet le même an-
née Marie-Claude Serrurier, fillcdun marchand de drap dti Nevers. ■>
Marie-Claude Serrurier était probablement la fille de Jean Samuel
Serrurier mentionné plus bas.
(3) Ibid. — Un autre de ses neveux, Grégoire- Jean-Baptiste Dupuy
était im; rîmeurà Paris, rue Saint- Jacques, paroisse Saint-Benoit.
(i) Elle était née le 6 avril 1708. Sa seconde fille Marie-ElisuliÊth
née Je 25 octobre 1709, Qpousa en 1734 Pierre Bérardier ; de ce ma-
riage naquit en 1735, Denis Bérardier, docteur et syndic de la Tacullé
de théologie de Paris, mort en 1794, grand maître du collège Louis Le
Grand. Voici une lettre inédite qu'il écrivait en 1760 à sou couaia P.
Caussy.
« Monsieur et cher cousin je vous demande bien pardon si je D*sy
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- 44 -
Pierre Bellevaux comme son successeur, et peut nous donner
la mesure dé la capacité du faïencier de Nevers. Mais cette
union ne fut pas heureuse. Marie-Jeanne Bousquet mourut le
27 septembre 1740 ; son mari ne lui survécut que quelques an-
nées. Il mourut le 17 juin 1743.
Le 4 juillet suivant, le sieur Pierre Bousquet, mattre et
propriétaire de la manufacture établie à Locmaria, ayeul ma-
ternel de Pierre Belvaux âgé de six ans ' 1), et de Marie Jeanne
âgée de neuf ans {% comparaissait en la juridiction du prieuré
de Locmaria pour demander que leur tutelle et Tadministration
de leurs biens lui fussent confiées ; et à cette fin il requérait
que tous « les suffragse des voisins et biens-veillans soit prisi
parce qu'il ne connoft aucuns parents paternels ou maternels
auxdits mineurs, d^autant qu*il est estranger de cette province,
et qu*il a sorti en bas âge de son paîs, de même que ledit
feu Bellevaux, son gendre étoit aussi extraprovinciaire. »
point fait encore de réponse à votre dernière lettre. Depuis huit jours
je n'ai point eu un seul instant à moi. Les messieurs que j'ai à ma
conférence ont soutenu leurs thèses ; j'ai été obligé d'y présider en qualité
de maitre de conférence. Cet exercice finira demain, «t je profiterai dn
Sremier moment que j'aurai de libre pour répondre à tous les artieies
e vos deux dernières lettres. Cepeudant comme vous me témoignez
désirer un acte par lequel je déclare consentir à la vente de la manu-
facture, je vous l'envoie de crainte qu'un peu plus long délai ne fût
préjudiciable à vos affaires. »
« J'ai enfin reçu une lettre de mon cousin Bellevaux par laquelle iV
me prie de lui envoyer quelques livres, et même des livres de dévo-
tion. Je souhaite qu'il eu profite; je lui ferai au plus tôt réponse. En
attendant je vous prie de 1 assurer de mon amitié, ainsi que mon frère
et ma sœur. Adieu mon cher cousin, la poste me presse croyez moy
toujours, avec l'amitié lu plus tendre votre très-humble serviteur. »
a BËRARDIER. »
« De Paris, ce vingt six mars 1760. » — Ibid,
Pierre Bousquet eut une troisième fille, Magdeleine^Louise, née le 38
avrU 1716 qui ne vécut qu'un mois et demi.
(1) Né le 22 février 1737, mort célibataire le 16 Octobre 1787.*
(a) Née le 4«r mars 1734. Elle épousa Pierre Clément Caussy, en
1749. Outre ces deux enfants, Pierre Bellevaux eut de son mariage
avec Marie^Jeanne Bousquet : i© Jean-Baptiste, né le 20 janvier i783 ;
20 Marie-Elisabeth, née le 25 février 1735, et 3« un enfant qui fut seu-
lement ondoyé le 29 septembre 1740, huit jours avant la mort de sa
mère*
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- 45 —
Voici les ooms des biensveillans qui furent convoqués et qui
se présentèrent dans cette circonstance :
Noble homme Jan*Baptiste Barbé, négociant.
Noble homme Charles Cossoul, ancien maire de Quimper.
Noble homme Charles Cossoul, son neveu.
Noble homme Jean Chaumette, marchand.
Noble homme Simon-Marie Péricr, seul imprimeur de la ville.
Noble homme Jan Périer du Camoing, soa frère, marchand
libraire.
M« Guy Ricou> procureur au siège présidial de Quimper.
M® Mathieu du Boishardy. aussi procureur.
M* Clette Férec, notaire royal et procureur audit siège.
Le sieur Jean-Baptiste Bottuel, marchand chapelier (1).
On peut juger par cette liste de l'excellente position que Pierre
Bousquet avait su se créer dans la boMrgeoisie Quimperoise.
Tous ces biensveillans « déclarèrent unanimement donner
leur voix et suffrages audit sieur Bojusquet, » qui fut institué
tuteur de ses petits enfants.
A la mort de son gendre, Pierre Bousquet était âgé de 72 ans.
Sa fabrique était alors |la seule fabrique de faïence existant en
Bretagne. Nous en avons la[preuve dans les documents suivants :
« À Monsieur de Viarmes intendant de Bretagne.
« A la Chapelle, le 9 septembre 1743.
« Monsieur,
« On demande un privilège pour établir une manufacture de
fayence dans la terre de Dizier , située sur la rivière de la
Loire à 3 heures de la ville de Blois. Je vous prie d*examiner
si cet établissement ne serait pas préjudiciable aux manufac-
iures de fayence de votre département et de me marquer ce
que vous pensez â ce sujet.
« ORRY,
« Conseiller d*Etat, contrôleur général des finan-
ces, directeur générai des D&timents, jardins
et manufactures du roi. »
(i) Registre du greffe, de la juridiction du prieuré de Locmaria. <—
Àrehivêi du Finiitére.
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— 4» -
« A Monsieur Orry^
« Rennes 16 septembre 1748.
« Monsieur,
« Le privilège que Ton demande ne peut pas préjudicier aux
manufactures de cette province. Nous n'en avons qu'une établie
à Quimper en basse-Bretagne et par conséquent Irès-éloiguée
de celle qui fait l'objet de votre lettre du 9 de ce mois.
« DE VIARMES (1). »
La fabrique de faïence de Quimper devait donc, sans parler
de l'exportation, approvisionner la plus grande partie de la Bre-
tagne. Malgré toute son activité il était impossible au vieux
faïencier de suffire seul à cette lourde tâche. Aussi ne tarda-t-
il pas à s'adjoindre un auxiliaire. Rouen était alors pour la
faïence le centre de fabrication le plus important de toute la
France ; une grande vogue s'attachait à ses produits. C'est de
Rouen qu'il Ht venir un habile ouvrier nommé Pierre-Clément
Caussy qui fut pour lui un collaborateur des plus utiles ; cela ne
l'empêcha pas de continuer à s'occuper personnellement des
intérêts de sa manufacture, dont il travailla jusqu'à la ^fin de
sa vie, à augmenter l'importance.
'En 1749, l'année même de sa, mort, voyant que l'on faisait à
Rennes et à Brest des essais pour l'établissement de nouvelles
faïenceries, Pierre Bousquet, s'autorisant d'un arrêt du Conseil
d'Etat qui, pour arrêter le déboisement de la France, interdi-
sait dans le royaume la construction de nouveaux fourneaux,
adressa à l'Intendant général des finances^ un mémoire aux
fins d'obtenir pour sa manufacture de faïence un privilège ex-
clusif dans la Bretagne, pour lui et pour ses héritier^. Voici la
correspondance à laquelle cette requête donna lieu :
(f) Archives départementales d'IUe-et-Yilaiae. — Ces documents
m'ont été commumqués par M. Fougeray, qui les tient de M. le con-
•eiUer André, de Reuuet .
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— 47 —
« A Monsieur de Yiarmes, intendant de Bretagne r
« Paris, le 26 Juillet 1749,
« Monsieur,
« J'ai Thonneur de vous envoyer un mémoire du sieur Pierre
Bousquet, entrepreneur d'une manufacture de fayances et pi*
pes à fumer, à Quimper-Corenlin. Il fait des représenta-
tions sur la quantité de nouvelles fayanceries qui s'établissent
journellement sans permission contre les dispositions de Tarrét
du 9 août 17:23 dont il a joint un imprimé. Il se plaint que les
entrepreneurs des manufactures de Rennes et de Brest débau-
chent ses ouvriers et il en justifie par une lettre ci- jointe qu'il a
écrite à l'un d'eux. Il demande en même temps pour lui et ses
héritiers un privilège exclusif dans là Bretagne. Je vous prie de
vérifier si les représentations du sièur Bousquet sont fondées,
dans quel étal est sa manufacture, et s'il n*y aurait pas d'incon-
vénient à lui accorder le privilège qu'il demande. Ayez la bonté
de me faire remettre par cet entrepreneur une copie de son
privilège et de me l'envoyer avec vos observations et votre avis.
« TRUDAINE.
c« Conseiller d'Etat, intendant des finances. »
A Monsieur de Viarmes^
« Quimper, le 6 août 17 49,
« Monsieur,
• J'ai l'honneur de vous renvoyer le mémoire présenté à
M. le contrôleur général par U sieur Pierre Bousquet, entre-
preneur de la manufacture de fayance et pipes à fumer établie
près de cette ville, il y a plus de 40 ans. Il était alors libre, et
il Ta été jusqu'à Tarrét du conseil d'état du 9 août 1733, à
toutes personnes de faire de pareils établissements. Le motif
qui détermina le Roi à les défendre à [^avenir, fut la trop
grande consommation de bois que ces établissements fréquents
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- 48 - •
et nombreux occasionnaient. Le sieur Bousquet n'a d'autres
privilèges que l'avantage d'avoir commencé son établissement
longtemps avant 1723.
«Les représentations qu'il fait sur la quantité des nouvelles
faïenceries qui se forment journellement et contre les disposi-
tions dudit arrêté du 9 août 1723 paraissent fondées. Les plaintes
que les entrepreneurs des manufactures de Bennes et de Brest
débauchent ses ouvriers en leur offrant de plus grands salaires,
sont justifiées par les lettres jointes à son mémoire et celles
qu'il m'a encore remises et que j'ai aussi l'honneur de vous
renvoyer.
« Sa manufacture devient considérable et est en état de
fournir abondamment la province. Elle so trouve bien située
pour être pourvue de bois sans le renchérir dans le canton. Le
port de mer au bout duquel elle est placée, donne toute la corn*
modité que Ton peut désirer pour le transport des fayaaces et
pipes. Le sieur Bousquet s'attache avec beaucoup d'application
il perfectionner ses travaux, et surtout à trouver les moyens de
donner sa marchandise à bon compte. Il soutient d'abord bien
des familles qu'il occupe et emploie.
« Je ne vois donc aucun inconvénient à lui accorder le pri-
vilège exclusif qu'il demande pour lui et ses héritiers ; je pense
même qu'il le mérite et qu'en conformité des arrêts du conseil
des 9 août 1723 et 2 février 1734, il doit être ordonné aux
nouveaux entrepreneurs de faïenceries de démolir les fours
qu'ils ont fait construire sans permission. -
« FROLLO DE KERLIVIO,
a Subdélégué. »
« A Monsieur de Viarmes^
ce A Montigny, le 12 octobre 1749.
Lettre de rappel par l'intendant des finances, sa lettre d4i
26 juillet étant restée sans réponse. Il ajoute :
« J'ai l'honneur de joindre ici un nouveau mémoire du
S' Pierre-Clément Gaussy, présenté à H. le contrôleur général.
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— 49 —
Il fait les mêmes représentations et demande le même privilège
en son nom attendu que le s' Bousquet est décédé. Ayez la
bonté de prendre les éclaircissements que je vou$ ai demandés
et ceux qui peuvent être relatifs à la demande du s' Gaussy . et
de m'envoyer votre avis sur le tout.
« TRUDAINE;
« Intendant des finances. »
« A Monsieur de Trudaine.
u Rennes, le 16 octobre 1749.
« Monsieur,
a Les représentations que fait le s' Bousquet sur la quantité
de nouvelles fayanceries qui se forment journellement contre
les dispositions de Tarrêl du 9 août 1723, ne me paraissent pas
mériter une grande attention. Ses plaintes que les entrepre-
neurs des manufactures de Brest et d? Rennes débauchent ses
ouvriers en leur offrant de plus grands salaires paraissent justi-
fiées en partie. Cependant vous verrez par le mémoire ci-joint
du s»^ Charmoy, de Rennes, auquel j'ai donné communication
des plaintes du s^* Bousquet à cet égard, qu'il n'a jamais cher-
ché à débaucher aucun de ses ouvriers qui leur seraient peu
utiles, attendu que les ouvrages dont il a entrepris l'essai sont
d'une espèce tonte différente de ceux que fabrique le .s' Bousquet.
« A regard du privilège exclusif qu'il demande dans toute la
province pour lui et ses héritiers, j'y verrais trop d'inconvé-
nients à le lui accorder. Tout ce que je crois qu'on pourrait
faire en sa faveur, ce serait de lui donner le privilège exclusif
dans l'étendue du diocèse de Quimper seulement, sous le nom
de Pierre-Clément Caussy.
« DE VIARMES,
<t Intendant de Bretagne (!;.»
Pierre Bousquet mourut au mois de septembre 1749, à l'âge
(1) Archives dépnrtementaHes (Vllle-et-Vilaine. — Documents com-
muniqués par M. le conseiller André.
4
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-so-
dé 78 ans (1). Sa femme le suivit dans la tombe quatre ans
tard, le 2 février 1753. Elle était âgée de 79 ans. Si Bnusquet
eut en mourant le regret de n'avoir pas obtenu le privilège qu'il
sollicitait pour sa manufacture, il eut au moins la satisfaction
de laisser un établissement des plus prospères et admirable-
ment organisé. Ne voulant pas quitter ce monde sans avoir la
certitude que sa fabrique passerait dans des mains capables de
continuer la bonne direction qu'il lui avait donnée, il maria,
Tannée même de sa mort, sa petite fille Marie-Jeanne Belle-
vaux, âgée seulement de quinze ans, avec Pierre Caussy, le
jeune ouvrier Rouennais dont il avait pu apprécier les solides
qualités (2).
Les produits de Pierre Bousquet pendant sa longue adminis-
tration de quarante et un ans, ont dû être fort nombreux. Je ne
pense pas cependant qu'aucune pièce lui ait encore été attri-
buée (3), mais il résulte clairement des faits que je viens d'ex-
poser, qu'il travailla successivement, et peut-être concurrem-
ment, dans les genres de Moustiers, de Nevers et de Rouen.
Pierre-Clément GAUSST.
(1749 — 1782)
Il était fils de Pierre-Paul Caussy et de demoiselle Françoise
Lamaury, propriétaires et faisant valoir une manufacture royale
(1) « L'an 1749, le 19 de septembre, a este enterrez le sieur Pierre
Bousquet, manufacturier de ce bourg, âgé de soixante et dix huit ans
ou environs. Présents ont esté Jacques Craon, Joseph Kerlôc'hr Berlé-
lémieLe Roux* et Hervé Le Bescont, qui ne sienent, — Le Gall, rec-
teur. » — (Extrait des registres de la paroisse de Locmaria).
(2) Les fiançailles eurent lieu le 14 septembre, cinq, tours avant la
mort de P. Bousquet. Le mariage fut célébré le 30 oclobre suivant.—
Registres de la paroisse de Locmaria.
(3) Notre Musée archéologique possède cependant une assiette déco-
rée d'une bordure bleue, qui est probablement sortie des fourneaux de
Pierre Bousquet. A sa partie centrale est un écusson portant d'argent
au tremble de êinople accosté de deux mouchetures d'hermines, avec
la devise : Tremens unum Deum timeo. Ce sont les armes parlantes
des Bougeant, famille bourgeoise importante de Quimper, dont un mem-
bre; le R. P. Guillaume-Hyacinthe Bougeant, de la Compagnie de
Jésus, né dans cette ville on 1690, mort en 1743, s'est rendu célèbre
par de nombreux écrits.
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— SI ^
de afïence à Rouen, faubourg et paroisse de Saint-Sever (1).
Certes, en choisissant Pierre Gaussy pour lui succéder dans la
direction dn son usine, on peut dire que Pierre Bousquet avait
eu la main heureuse. En effet, pendant les trente-trois ans qu'il
fut h la tête de cet établissement, il se montra constamment
industriel aussi actif qu'administrateur intelligent.
Son premier soin fut de faire aux bâtiments da sa manufac-
ture d'importantes réparations. 11 Bt aussi construire, outre des
fours à calciner, des fours à faïence, dont nous trouvons la
description suivante dans un procès-verbal d'expert rédigé
au mois d'avril 1760 :
« Et avena ce jour quinzième avril mille sept cents soixante,
nous susdits experts, nous sommes rendus à la susdite manu-
facture où avons continué nostre 'commission en présence de
Monsieur le procureur fiscal et sur la démonstration dudit sieur
Caussy ; et commençants par les fournaux cofistruits et voûtés
en briques dans la susdite maison, disons que le dessous des
fournaux a de longueur vingt pieds et demi, de largeur neuf
pieds trois pouces, et de hauteur sous clef de voutCf six pieds
trois pouces ; que le corps du fourneau a de profondeur dix
pieds, de largeur neuf pieds six pouces, et sous clef de voûte
dix pieds ; que la voûte de reverber ou de couronnement a de
longueur ou profondeur dix pieds, de largeur neuf pieds six
pouces, et de hauteur sous de/ de voule quatre pieds et demi ;
le tout prisé, compris fosses au-dessus de la voûte de rever-
ber, maçonnages en pierres et brique, ouvertures voûtées et
(1) Requête adressée au Parlement de Bretagne en 1760, par P. Clér
raeot Caussy, pour parvenir à la vente de sa manufacture de Locmaria.
Archives du Finistère, Voir aussi le registre de baptême, etc., de la
paroisse de Locmaria pour l'année 1749.
Jean Caussy, grand-père de Pierre-Paul, né en 16.., épousa Anne
Rabière, à Clermont, en Languedoc. Paul Caussjr, père de ce dernier,
né en 1659, épousa Françoise Pralon, à Rouen. Pierre-Paul Caussy, né
à Paris en 1695, s'était marié à Rouen en 1719. Son fils Pierre-Clément
avait donc moins de trente ans lorsqu'il prit la direction de la manu-
facture des Bousquet. — - Généalogie de la famille de la Hubaudière,
communiquée par M"o Stéphanie de la Hubaudière.
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- 52 —
soupiraux en face desdils fournaux, la somme de treize cents
quatre vingts seize livres. »
« Nous ayons ensuite passés dans la vieille maison à four, et
y avonsi vu des fours et fournaux faits à neuf, et construits en
brique ; le four de dessous a quatorze pieds de profondeur, sur
sept pieds de large, et six pieds de hauteur sous clef de voûte ;
le corps du fourneau a sept pieds et demi en quarré, sur huit
pieds et demi sous clef de voûte, et le fourneau de reverber a,
sous clef de voûte, trois pieds et demi de hauteur, et sept pieds
et demi en quarré ; le tout prisé valoir pour fourniture et façon,
la somme de six cents cinquante et six livres. »
a La platte-forme de pierres de taille, faitte à neuf, avis du
corps du fourneau prisés trente et quatre livres. »
a Les fournaux à calciner situés joignants et au nord des pré-
cédents fours, prisés valoir au total avec leurs soupiraux et au-
tres éligements, mesmes caisses de brique au-dessus, la somme
de trois cents livres. »
« Les cinq caisses en bois placées au-dessus desdits four-
neaux à calciner prisés valoir cent huit livres (1). »
Il y avait à peine dix ans que Gaussy gérait son usine avec
un succès toujours croissant lorsqu*il perdit sa femme le 13 juil-
let 1759. Cette perte le mit dans un grand embarras. De ce
mariage étaient issues deux filles, Marie-Perrine-Elisabeth-
Françoise, âgée de huit ans, et Marie-Antoinette, âgée de treize
mois (2), qui héritaient naturellement des droits de leur mère
dans la fabrique de faïence. D'un autre côté sa mère, qui aidait
son père alors âgé de soixante dix ans et infirme (3), dans Ja
(1) Procès v&rbal dressé en 1760, des réparations faites par P. Caussy
à sa manufacture. — Titre du Greffe de la juridiction du prieuré de Loc-
maria — Archives du Finistère.
(2) Il avait eu aussi un fils, Pierre-Jean, né le 23 déicembre 1754, mort
le 26 décembre 1756.
(3j II mourut en 1761. Deux ans avant sa mort il avait fait abandon
à son fils de sa manufacture de Rouen que ses infirmités ne lui permet-
taient plus de gérer. Dans sa re^nète adresée en 4760 aux juges du
prieuré de Locmaria pour parvenir à la vente de la manufacture de cette
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- m -
direction de sa manufacture de Bouen, mourut presque en
même temps que sa femme. Il se trouvait donc ainsi dans
la nécessité d*opter entre la manufacture de sou père, qui lui
appartenait déjà, et la fabrique de faïence de Quimper, dont il
était propriétaire pour un quart. Son hésitation ne fut pas de
longue durée. Il opta pour la manufacture de Quimper. Après
de longues démarches, il fut autorisé à la mettre en vente en la
juridiction du prieuré de Locmaria, et le 18 juillet 1760, elle
lui fut adjugée pour la somme de 30,000 livres, et à la charge
de payer au sieur Jean-Marie Bellevaux son beau frère, une rente
foncière de sept cent une livre cinq sols (1).
L'avis qui fut affiché à l'occasion de celte vente dans un cer-
tain nombre de villes du royaume nous fait connaître la situa-
tion dans laquelle se trouvait alors cette usine, et les divers
genres de travaux que Ton y exécutait. En voici le texte :
« La manufacture de Locmaria par la nature de ses bètimens
immenses, la grandeur de ses fournaux, au nombre de deux, et
un troisième commencé, construits dans le goût des fournaux
du Languedoc et de Provence, est une des plus considérables
manufactures du Royaume. Elle occupe plus de soixante ou-
vriers habituellement ; Ton y travaille dans les genres de Rouen,
Nevers et autres fabriques. L'on y fait aussi de la poterie Une,
et des pipes à fumer de diverses espèces ; enfin Ton trouve, dans
celle manufacture réunis presque tous les genres qui peuvent
en assortir le commerce. La manufacture de Locmaria est uni-
que dans le pais. Le commerce intérieur de la province y est
considérable, les marchands viennent journellement à Loc-Maria
dernière localité, Pierre-Clément Caussy nous donne les motifs qui Fa-
vàîent déterminé à venir se fixer à Quimper ;
« Le suppliant, dit-il, avait une sœur à laquele il était assez attaché
]K)ur vouloir lui procurer un mariage avantageux eu lui sacrifiant cet
établissement (celui de Rouen tout formé* C'est ce qui a fait qu'il en a
recherché un en Brelagnden épousant une des petites filles des sieur
et demoiselle Bousquet. Mài& la sœur du suppliant est décédée dans le
célibat, etc. »
(1) Titre du prieuré de Locmaria. — Archives du Finistère.
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— 54 -
de trente à quarante Meues à la ronde ; le port de mer de
Quimper facilite aussi un grand commerce avec l'étranger. Ceux
qui voudront avoir un détail plus ample, pourront s'adresser
au sieur Pierre-Clément Caussy, directeur de la dite manufac-
ture de Locmaria» (1).
Resté veuf avec deux enfants en bas-âge, Caussy qui était à
cette époque à peine âgé de 40 ans, épousa au mois de janvier
1761,' Josèphe Boucher, fille de noble homme Pierre Boucher,
négociant à Quimper et de demoiselle Françoise Le Hir, de la
paroisse de Saint-Mathieu de cette ville. Il eut de ce mariage
deux enfants (2) qui moururent jeunes.
Il s'appliqua ensuite à apporter à sa manufacture de sérieuses
améliorations. Une des plus importantes fut l'acquisition qu'il
fit, le 7 novembre 1762, du moulin à eau de Locmaria, pour
broyer les couleurs. Celte opération s'était faite jusque-là dans
l'intérieur de la manufacture, au moyen de deux chevaux aveu-
gles, et nécessitait une dépense considérable. En 1764, il obtint
du duc de Penthièvre, engagiste du domaine de Quimper, l'af-
féagement de terrains marécageux qui s'étendaient sur les deux
rives de TOdet, d'un côté depuis le moulin de Locmaria jus-
qu'au ruisseau de Melgven, et de l'autre depuis le pré nommé
Pratanros, ou pré de saint Colomban, h Locmaria, jusqu'au
bois de pins appelé bois de Neptune, dépendant de la terre de
Lanniron. Son intention était de défricher ces terrains et d'y
faire des plantations, qui devaient fournir une partie du bois
nécessaire à l'alimentation de ses fours.
Vers ceU^ époque eurent lieu en Bretagne plusieurs tentatives
d'établissement de nouvelles fabriques de faïence. Sans parler
de l'essai infructueux fait à Brest (3), un sieur Tutrel avait obtenu
(i) Ibid. — Cette affiche avait été rédigée par Edmë Serrurier, dont
il a été question plus haut page 43.
(2) Pierre-Thomas, né le 29 octobre 1762 ; et François-Marie, né le
6 août 4766.
(3) Voir plus haut page 46.
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— 55 -
des Eiats de. Bretagne en 1750, un prêt de douze mille livres
pour dix ans pour rétablissement d'une manufacture de faïence
tlans la ville de Rennes. Le sieur Tutrel étant mort, ce prêt fut
continué pour la même période de dix ans au sieur du Lattay,
maître chirurgien,par délibération des Etats du 3 octobre 1762(l),
Par une autre délibération du 20 février 1769. les Etats accor-
dèrent aussi à titre de prêt et pour six ans seulement, sans in-
térêts, une somme de douze mille livres au sieur Le Clerc, ac-
quéreur de la manufacture privilégiée du Roi, établie à Rennes,
sur le chemin de Saint- Laurent. Mais cette entreprise du sieur
Le Clerc ne paraît pas avoir réussi, malgré sa subvention, car
il essayait Tannée suivante de vendre son usine dans les affiches
de Nantes, et les Etals par délibération du 16 octobre 1770
chargeaient leur, Procureur général syndic de veiller à la con-
servation de l'hypothèque du prêt de 12,000 livres qu'ils avaient
fait à ce manufacturier. Le sieur Le Clerc était mort en 1774 (2).
Un autre essai qui n'eut pas plus de succès^ fut celui de la
création d'une fabrique de faïence à Quimperlé. Elle fut le
résultat d'un acte de société passé le lo^^ octobre 1763 entre
Yves Le Béchennec, potier, (3) et le sieur Jean-René Lalau,
sieur Dézautté, procureur du roi à Quimperlé, maître René
Cathelinais-Duchesnay, notaire et procureur audit siège royal,
et le sieur Gabriel Audren, demeurant au Bourgneuf, en la
même ville. Cette usine produisit quelques jolies pièces (4).
Mais sa fabrication ne fut pas de longue durée, car Facte de
société que je viens de citer, fut résilié le 11 octobre 1765 (5).
(l)Sa veuve dirigeait encore cette usine en 1788.
(2) Procès-verbaux de la tenue des États de Bretagne de 1750 à 1774
(3) Ce potier était sans aucun doute originaire de Locmaria, et avait
dû y apprendre l'art de la faïence du temps de Pierre Bousquet. Je
trouve, en effet, dès le con^mencement du XVlIle siècle, une famille
Le Béchennec, établie dans cette paroisse, et en rapports fréquents avec
le directeur de la manufacture, -r Registres de la paroisse de Locmaria.
(4) Entre autres une charmante suspension à reliefs, rehaussée de
couleurs, qui figurait à Texposition bretonne et que M. Jacquemart cite
dans les Merveilles de la céramique, 3^ partie, page 138.
(5) Voir le texte de cet acte de résiliement à la fin de cette notice.
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— 56 —
Il étail difficile en effet de lutter contre la fabrique de Quim-
per qui, pendant une existence de plus de soixante ans, avait
su se .créer une clienlèle nombreuse et solide. Mais d'autres
motifs suffisent amplement à expliquer Tinsuccès de ces nou-
Teàux établissements. Qui voyons-nous en effet à la tête d'une
des manufactures de Bennes ? Un matlre chirurgien I A Quim-
perlé, c'est un procureur du roi et un notaire ! Quelles chan-
ces de réussite pouvaient avoir des manufactures dirigées par
de si singuliers patrons P Voici ce qui arrivait très-probable-
ment, dans ces bizarres associations. Alléchés par l'appât du
gain considérable qu'une fabrique conduite avec intelligence
pouvait rapporter, les sociétaires jetaient dans l'entreprise
quelques milliers de livres qui suffisaient à peine à couvrir les
premiers frais d'installation. Ils faisaient venir ensuite. un bon
ouvrier faïencier qui produisait quelques belles pièrces, desti-
nées à servir d'enseigne ou de réclame à la nouvelle fabrique,
Mais comme les clients n'ai rivaient pas, et que Ton ne se sou-
ciait pas de faire de nouvelles mises de fonds, l'entreprise
sombrait, et les sociétaires s'empressaient d'en - sauver les
épaves.
Tout autres étaient les conditions dans lesquelles fonctionnait
la manufacture de Quimper. Sans parler des Bousquet et des
Bellevaux, qui étaient tous gens du métier, Pierre Caussy était
ce que4'on appelle vulgairement un enfant de la balle. Fils de
faïencier, son père l'avait élevé pour la faïence ; et à ce point
de vue il lui avait donné une excellente éducation pratique,
qui servait admirablement bien un jugement droit et une vive
intelligence des affaires.
En 1768, Caussy obtint du parlement de Bretagne un arrêt
qui l'autorisait à vendre ses faïences et ses pipes, tous les
jours indistinctement, dans toutes les villes et bourgs de la
Province. (1). Il ne pouvait, avant celte époque, exercer son
(1) Voir cet arrêt à la fin de cette notice.
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- 67 -
commerce daDs ces localités que les jours de foire et de
marché.
Sa fabrique de faïence ne fournissant pas un aliment suffisant
à son activité, il sollicita dans un mémoire fort curieux et très
instructif, conservé dans les archives de la manufacture de
Sèvres, (1) Taulorisation d'établir à Quimper une fabrique de
porcelaine. Cette autorisation ne lui fut pas accordée. Il était
réservé à Chaurey (2) et à Sauvageot d'établir à Lorient, vingt
ans plus tard, une manufacture de porcelaine, hélas ! bien
éphémère. . '
Outre les ouvrages de faïence, la manufacture de Quimper
fabriquait depuis longtemps, comme on l'a vu plus haut, une
immense quantité de pipes. Caussy avait perfectionné ce genre
de fabrication, et dans son mémoire de 1770, il se flattait de
pouvoir imiter bientôt les Hollandais et les Anglais. (3)
La manufacture de faïence dirigée par M. Fougeray, à Loc-
maria près Quimper, possède un /.ouvrage qui a pour titre :
Traité de l'art de la faîenee^ par Caussy. Gt< travail, rédigé
(1) Voir à la fia de cette Notice, ce mémoire qui a étéjcommu nique
par M. le conseiller André.
(i) Comme Le Béchennec, donlj*al parlé plus haut, Chaurey a dû
apprendre à la manufacture de Locmaria Fétat de faïencier , sous la
direction de Pierre-Clément Caussy, qui a pu l'initier à l'art de la
porcelaine. On voit, en effet, figurer dans les tegistres de la paroisse
de Locmaria, pendant tout le 18* siècle, une famille, dont un des mem-
bres, le sieur Jacgues Chauray, mailre-pilote sur les vaisseaux de Sa
Majesté, comparait comme témoin ou comme parrain, en 1713 et en
17 1 5, dans les actes de baptême de deux des enfants de Charles
Bousquet. Une branche de la famille Chauray habitait TIle-Dieu, au
diocèse de Luçon.
(3) Voici, d'après un inventaire de 1759, les noms des diverses es-
pèces de pipes qu'on fabriquait alors à Locmaria :
10 Pipes, ancienne fabrique, dites à la capucine ou sans talon, à 12
sols la grosse.
i^ Pipes à cachet, très ancienne fabrique, à 10 sols la grosse.
30 Pipes dites à tête longue, à 12 sols la grosse.
40 Grandes pipes dites au B, à 12 sols la grojsse.
50 Grandes pipes à taJon pointu, à t2 sols la grosse.
6* Pipes courtes dites Ganif.
70 Pipes dites de Dunkerque, à 1 livre 10 sols la grosse.
«0 Pipes communes, moyennes et petites, nouvelle fabrique, à 20 sols
la grosse.
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— 58 —
en 1747, forme un manuscrit in-folio de 398 pages, entière-
ment écrit de la main de l'auteun Dans son avant-propos, il
expose ainsi la distribution de son livre :
« J'ai travaillé en différents pays et de diverses manières,
ce qui m'a donné de l'expérience dans mon art 4 c'est aussi
ce qui m'engage à écrire sur ce sujet, afin que ceux à qui de
droit mes papiers seront remis trouvent des éclaircissements
dans bien des occasions.
« Je ne me pique pas de bien écrire ; un homme sans études
s'explique comme il peut ; ceux qui ne le trouveront pas bien
le corrigeront. »
a Je partagerai ce livre en quatre parties. »
« La première traitera de tous les ustensiles nécessaires à
une manufacture de faïencerie, leurs plans, la construction des
fours tant à Tusage de Rouen, nommés fours à gril, que de
ceux à l'usage du Languedoc, nommés fours à gorge. »
« La seconde traitera de toutes les matières entrant dans la
faïence de toutes espèces ; comme on peut connaître lesdéfauts
d'aucunes et la manière de les corriger. »
^ « La troisième traitera de la préparation des terres et autres
matières, leurs compositions, ainsi que de toutes les couleurs
et émaux quels qu'ils soient ; et pour quels pays et usage de
cuire que ce puisse être.
« Je traiterai aussi dans celte parlie de la poterie, parce
qu'un fabricant peut se trouver dans des pays où les matériaux
ne sont pas encore découverts; entre temps qu'il fait des
essais ; par là il évite des pertes considérables et inévitables
dans les nouveaux établissements.
« Je traiterai aussi de la porcelaine et pierres fausses, non
pour qu'on en puisse tirer de gros avantages, cela ne fesani
qu'amuser et perdre un temps plus utile à autre chose, mais
seulement pour contenter la curiosité. »
« La quatrième traitera des soins que doit prendre un fabri-
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— 50 - .
cani dans la fabrication des pièces, la conduite du feu aux
fourneaux et de celle des ouvriers, et généralenaent do toute la
manufacture ; comme on peut remédier aux événements fâcheux
qui arrivent, souvent tant par la faute des ouvriers, que par le
défaut des matières.
a La cinquième parlie traite de la conduite des ouvriers, des
ouvrages des tourneurs et peintres, des moules, comme il faut
mouler, de la fabrication des couleurs, de la peinture, de la
manière dont il faut coucher les couleurs, conduite des feux,
etc., etc.
On avait pensé qvie ce travail pouvait être ToBuvre de
Pierre-Clément Caussy; mais outre qu'à Tépoque où il fut
écrit, ce dernier n'avait guères plus de vingt-cinq ans, et que
l'ouvrage révèle un homme d'une expérience consommée dans
son art, il résulte d'un passage du manuscrit, que l'auteur .
habitait Rouen et qu'il dirigeait une manufacture dans le fau-
bourg Sainl-Sevcr de celte ville (t). L'auteur du Traité de.
l'art de la faïence est donc Pierre-Paul Gausjy, le père de
Pierre-Clément, à qui il légua son remarquable ouvrage. Il es*
hors de doute que ce livre fut pour le faïencier de Quimper, un
guide des plus utiles, et qu'il y puisa les renseignements qui lui
permirent d'imiter, avec une rare perfection, les produits de
Rouen.
La publication du manuscrit cie Pierre-Paul Caussjr serait un
véritable service rendu à l'art de la céramique. Il serait (t
souhaiter que des considérations peut-être exagérées d'inlérêt
privé, ne fussent pas un obstacle à cette publication. En atten-
dant que ce vœu se réalise, on lira sans doute avec intérêt, les
lignes suivantes qui, sous la rubrique : De la conduite des
ouvriers, fournissent de curieux renseignements sur la condi-
lion des ouvriers faïenciers d'une des* manufactures de Rouen,
au milieu du dernier siècle ; condition qui dût être la même
(!) « Le faubourg Saint-Sever où je suis étably, est fort sujet au débor-
dement de la rivière; le quartier où je suis y est fort sujet. » — Traité
de Vart de la faïence, par Caussy, iV® partie, cbap. 19, page 316.
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pour les ouvriers de la manufacture de Quimper, si, comme
tout porte à le croire^ Pierre^Clément Caussy mit en pratique
les excellents conseils de son père.
De la conduite des ouvriers,
« Ce n'est pas uh ouvrage aisé d'entreprendre à gouverner
les ouvriers d'une manufacture de sorte qu'ils fassent ce qu'il
convient en temps, qu'ils ne se débauchent et soient assidus ;
ces sortes de personnes n'ont pour la plupart que leur intérêt
en vue ; peu sont portés pour le profit du maître, et beaucoup
sont grossiers, surtout les journaliers. ^
, « Mais pour peindre leur caractère faut les mettre en trois
classes, la première sont les ouvriers tourneurs et peintres. »
« La seconde sont les mouleurs qu'on traite d'ouvriers, mais
qui sont sortis la plus grande partie du corps des journaliers. »
« La troisième est les journaliers. »
« Les ouvriers qui forment la première classe sont à leurs
pièces et travaillent à tels genres qu'ils veulent. Ils font quatre
années d'apprentissage sans rien gagner, nourris et entretenus
à leurs dépens; autrefois ces corps étoient remplis, ou des fils
d'ouvriers ou des fils de marchands délailleurs, des gens qui
vivoient du peu de biens q\Ms avoient, enfin d'un certain
nombre dé personnes hors de la populace, aussi étoienUils très"
polis, mais tiers et aisés à prendre la mouche, et se soulever
tous ensemble contre le maître ; faire des cabales, enfin faire
les ouvrages, surtout les peintres de la façon qu'ils vouloient ;
ne pas souffrir faire d'élèves ; les chasser de la manufacture,
empêcher de prendre des ouvriers étrangers, et autres choses
de cette nature ; cela leur étoit ordinaire, un maître étoit
obligé d'en passer par là ; aujourd'hui ils ont bien les mêmes
inclinations, mais ils ne peuvent plus se cabaler, se mutiner,
depuis que j'ai fait rendre diverses ordonnances de Mgrl'ln-
tendanl, et enfin un règlement qui, à la vérité, n'ont pas sorti
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du Conseil, mais qui est prêt d'en sortir à la première réquisi*
tion. »
« Le nombre d'élèves qu'on a été obligé de faire pou^
'orraer des ouvriers dont Tespèce manquoit, a fait qu'on a pris
des fils de toutes sortes de gens ; la politesse a diminué dans ce
corps, mais Taulorité du maître a pris le dessus. »
« Les temps fâcheux au commerce y a beaucoup contribué.
Je ne doute pas que si on avoit de bons règlements, ils ne re-
mueroit dans un temps avantageux. On parle poliment à ces
Messieurs, et c'est la bonne manière. »
« J'ai parlé de la misère du commerce ; nous y sommes dans
ce temps que j'écris, année 1747. Je ne doute pas que dans un
hiver fâcheux on pourroit leur faire Caire plus de fasçons aux
piesces tournées et plus chargées de peintures, et plus recher-
chées sur les peintes. Mais cela seroit injuste ; il faut avoir des
égards pour eux, et ne pas sortir de l'équité, sy vous voulez qu'a
leur tour ils en fassent autant. »
« Il est aussy très injuste de* diminuer le prix des ouvrages
ordinaires ; si quelque nouveau goût se présente il est juste de
voir s'ils approchent du commun, de la broderie» du très fin,
affin de reigler un prix juste comme j'ay fait pour un dessein
que j'ay inventé, que j'ay appelé demi fin. Après en avoir fait
plusieurs piesces, j'y ay mis un prix juste et même avantageux
à l'ouvrier. Ordinairement lorsque vous diminuez les prix ou
chargez les ouvrages, ce sont les marchands et le public qui en
profitent et non le fabriquant. C'çst ce qui s'est vu lorsque
Ton n'a donné aux peintres que 50 sols de la douzaine de bro-
derie, au lieu de trois livres qu'ils avoient. Gela a donné lieu à
plusieurs maîtres à diminuer le prix de leurs marchandises, et
ils ont profilé de cette diminution. C'est prendre du mercenaire
pour donner au public. Cependant sy les prix diminuaient dans
une manufacture, il faudroit nécessairement suivre l'exemple,
parceque vous ne vendriez pas vos marchandises, mais ne soyez
jamais le premier. »
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€ On ne peut faire à Rouen trop d'élèves depuis le règlement
qui est au Conseil. Il n'est permis à chaque maître de n'en
prendre que trois, de quatre en quatre ans ; encore seulement
des fils d'ouvrier, à moins qu'il en manque. Celte règle a été
faite à l'occasion des manufacturiers de Marseille, qui surchar-
geoient la profession d'élèves, dont les ouvriers portèrent leurs
plaintes au Conseil de cette surcharge. Il en est arrivé du mal
à la manufacture. Plusieurs ouvriers sans ouvrage se sont répan-
dus en plusieurs villes d'Espagne et à Malte, y ont établi des
manufactures et le commerce en a souffert. Il est donc aussi
dangereux de faire trop d'élèves comme d'en faire trop peu. »
« 11 ne faut être avec ces Messieurs ni trop doux ni trop dur,
pas trop réservé et caché, mais pas trop ouvert, Il ne faut pas
aussi badiner avec eux, afin qu'ils ne soient trop familiers. Allez
souvent dans leurs appartements tant pour voir ce qu'ils font
que pour quelquefois entrer en conversation avec eux; de temps
en temps se trouver aux repas qu'ils font. Cette conduite leur
donne un grand respect pour vdus, et quelque peu d'amitié. ISe
vous exhalez jamais en injures contre celui qui manque à son
devoir. Comptez avec lui et le congédiez ; et s'il a manqué à
quelque chose essentiel ne le reprenez pas, quels amis qu'il em-
ployé pour rentrer dans la manufacture. Cette fermeté vous fera
craindre et chacun se gardera^de manquer. »
« Il est dangereux de devoir beaucoup aux ouvriers. Il est
vrai que dans un temps fâcheux on ne tarde pas à s'endetter
avec eux, surtout les peintres. Comme ils gagnent depuis vingt
livres jusqu'à dix par semaine, l'argent étant rare, on ne peut
leur payer cette somme. On est obligé par faute d'argent de ne
leur donner qu'une somme modique par semaine, ce qui (ait
qu'on ne tarde pas à accumuler. Il faut en ce cas cesser défaire
des ouvrages finis et s'arrêter aux ordinaires, parce que ce sont
ces finis qui occupent beaucoup d'ouvriers, et qui forment une
grosse somme en peu de marchandises. Comme il manque de
ces ouvrages au four, que le moindre petit défaut les fait rebu-
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ter, vous avez un fond de magasin qui est un argent mort dans
le mauvais temps, et avec quoy vous ne pouvez payer les ou-
vriers. Il est donc bon de se retrancher tant du nombre d'où-
vriers que de l'ouvrage qu'il faut faire en ordinaire, jusqu'à ce
que le commerce prenne vigueur. Par là vous ne vous endet-
terez que peu, car quand vous devez aux ouvriers, ils sont bien
plus fiers, et se croyent en droit de faire ce qui leur plaît; du
moins donnent-ils bien du chagrin aux maitres. C'est ce que
nous voyons tous les jours arriver à quelques maitres que les
ouvriers ont fait assigner, ou venir devant Mgr. Tlntendaût;
outre qu'ils publient partout qu'il leur est dû de grosses sommes,
ce qui fait un très-mauvais effet. Il est cependant bon de leur
devoir quelques petites sommes, comme de soixante livres cha-
cun ; et même en tout temps, parce que c'est un fond de-se-
cours pour eux, soit pour les soulager dans leurs maladies, celles
de leurs femmes; et autres besoins qu'un maitre auroit peine à
refuser ce secours nécessaire, dont il se trouveroit en avance et
même en risque de perdre ce qu'il auroit donné, si l'ouvrier
mouroit, ce qui est arrivé souvent. »
« Les mouleurs [sont à. leurs pièces comme les ouvriers,
cependant on ne leur accorde pas ce titre, et dans les tirages,
de la milice, les. garçons ne sont pas exempts de tirer au sort,
lorsque les tourneurs et peintres ont ce privilège par les repré-
sentations que je fis à Mgr l'Intendant lors de la première mi-
lice ; et comme il me demanda la différence qu'il y avoit dans
nos ouvriers en général, je fus contraint de lui dire la vérité et
d'en faire trois classes. Il exempta la première, et fil tirer au
sort les deux autres. »
« Pour les journaliers, on ne sait quelle conduite tenir avec
eux; ce sont des âmes basses, très-grossiers, d'un vil intérêt,
. prêts à tout sacrifier pour un sol ; si vous êtes généreux avec
eux et que vous leur fassiez quelque gratification dans leurs
nécessités^ ils s'imaginent que cela leur est dû, et par la suite
ils murmurent si vous ne continuez ; soyez trop doux et trop
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humains ils vous mépriseront ; faites leur' amitié ils se croiront
utilesfet que vous ne pouvez vous passer d*eux ; et il arrivera
que lorsque vous serez pressé d*emylir le four, ils se plairont
d'aller boire. Ils y sont tous enclins ; ainsi il y a beaucoup à
souffriri car après tout, on ne peut se passer de ces gens ; un
bon enfourneur, un habile retoucheur, etc., sont très-utiles. »
« Je ne sçay et ne saurai jamais de quelle façon il faut s'y
prendre pour se faire aimer de ces gens ; ils n'ont que la crainte
de perdre leur poste qui les conduit, c* est-à-dire quand iU ne
trouvent pas mieux; car si une manufacture a besoin de ma-
nœuvres, aussitôt tout se remue pour avoir une augmentation
et pour un sol ou deux, tous ces gens vous quitteront avec
grande joie, sans se ressouvenir des bienfaits que vous leur
aurez prodigués ; ils auront encore plus de plaisir s'ils vous
voient embarrassés à former d'autres sujets aux ouvrages qu1ls
fesoient. Ils envient et sont jaloux de votre position. Rien n*est
donc plus ingrat que ces hommes. Ainsi, c'est être leur dupe
que de leur donner plus qu'il ne leur est dû »
« Soyez juste et les recompensez s'ils font quelques ouvrages
outre les heures ordinaires ; recompensez-les des corvées dans
les grandes chaleurs ; donnez«>leur quelques coups à boire à
ceux qui gardent les fours ou quand ils font quelques ouvrages
fortes et pressées, cela est bien, mais n'en faites pas habitude
car ils croiroient que cela^eur. est dû. Soyez ferme avec eux ;
pour de la patience, il en faut au-delà de tout ce que l'on peut
dire; j'exhorte d'en avoir. Ils font des choses si maladroitement
et si bêtement que je ne puis toujours y tenir. Il est vrai qu'il
est impossible de ne pas s'impatienter, et je crois même que
personne pourroit s'en exempter. »
« Ne soyez donc pas trop bon ; ne faites point de compa-
raison, et ne parlez à ces gens que sur ce qui est nécessaire et
qui regarde leur ouvrage. Gomme vous serez exact à leur
payer le temps qu'ils emploieront outre les heures ordinaires,
soyez-le aussi à diminuer celui qu'ils manqueront. •
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« II faut aussy avoir Tattention de former de longue main
quelques manœuvres à donner la couleur, à retoucher el
même à enfourner, parce que ceux qui occupent ces postes ne
sont pas si fiers ; à joindre que s'ils tombent malades ou qu'ils
meurent, vous les remplacerez aussitôt. L'enfourneur qui
ordinairement est le coq, est plus sage. Ayez aussy d'usage, que
quand il vous manque un sujet dans un des premiers posles,
de le remplacer par cèluy de vos gens que vous croirez plus
habile et plus entendu, et faire ensuite monter les autres par
grade. C'est le moyen de n'être pas obligé d'en débaucher
ailleurs, et cela donne de Téraulation. Il seroit h souhaiter que
tous les fabriquants suivent cet ordre ; mais tous ne sont pas
au fait de former des sujets, la plupart ne se conduisant que
par les conseils ou d'un commis ou de manœuvres. »
« Soyez rigide envers les ivrognes de telle classe qu'ils
soient, failes-leur des remontrances devant les autres ouvriers,
des réprimandes et des mortifications. Si après toutes ces
choses ils ne se corrigent pas, congédiez-les. Mais aussy il faut
prêcher d'e:!^emple. Soyez donc assidu dans votre maison,
surtout les lundy et lendemain de feste ; ce sont jours où les
ouvriers ne sqnt pas en goût de travailler. Faites des rondes
d'appartements en appartements ; cela les oblige du moins à
commencer et à se mettre en train pour le lendemain. C'est du
bien que vous leur faites, et à vous, parce que cela vous donne
des ouvrages d'avance.
« Soyez aussy attentif à ne point souffrir des disputes entre
les ouvriers. Rendez-vous le maître de juger les discussions.
Je me suis imaginé un expédient qui s'est trouvé bon. Il a
contenu dans une grande tranquillité tous les employés de la
manufacture. J'ai formé une juridiction en établissant en badi-
nant des juges, conseiIlers« etc. de ces mêmes ouvriers, lesquels
condamnent à une amende ceux qui contreviennent aux règle-
ments que j'ai donnés, qu'ils ont dans leur greffe, lesquels
défendent d'insulter ou injurier personne, et tendent à mainlen
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le bon ordre. S'il arrive donc quelque difficulté entre eux,
soit pour outils gâtés ou pris, ouvrage mal partagés, paroles
piquantes et toutes choses qui occasionnent infailliblement de
la dispute, et qu'une des parties ne se plaignci le procureur
général est chargé de requérir et on condamne Tagressenr à
une amende. Un autre avantage est que les peintres n'osent
badiner dans leurs chambres ; je leur impose une amende. »
« Toutes ces amendes s'inscrivent sur un registre et lorsqu'il
arriv^quelque régal entre eux, tout se paie, tout se juge en
dernier ressort par moi sur l'avis que je prends, et tel qui ne
voudroit pas eu passer par là, seroit congédié à l'instant. Ainsi
chacun élant pris par la bourse, cela contient eu bon ordre. £n
badinant il s'est formé un usage qui tient force de loi ; il en
résulte un grand bien, c'est qu'il n*y a plus de querelles, de
jurements] el même des batteries telles qu'on a vu autrefois
sans respect pour la manufacture et le maitre. Les ouvriers
Sont plus unis et s'entre aiment mieux ; voilà comme souvent
on règle les hommes et on leur donne un joug en jouant avec
eux (1). »
En 1771, Caussy maria sa fille aînée Marie-Elisabeth avec
Antoine de La Hubaudière (2). C'est à ce dernier qu'il laissa la
direction de ^a manufacture lorsqu'il mourut après une carrière
bien remplie, en 1782 (3;.
(1) Aces extraits, je crois devoir ajouter le suivant, qui est relatif
au choix des marchandises :
« Il y a beaucoup de choix à faire dans ceUe marchandise ; car des
Iûèces de la même espèce sorties du même four, de la même cazette,
'une sera parfaite, l'autre point, et Tautre de rebut, ce qui met une
srande différence dans les prix. Ce qu'il faut faire, faut à la sortie du
four faire plusieurs lots, le premier de marchandise parfaite et loyale,
que Ton vend au plus haut prix courant ; le second qu'on vend vingt
sols par douzaine moins cher, sera le second choix ; un troisième choix,
à âussy vingt sols moins ; un quatrième qui sera le beau rebut, et enfin
le rebut. » •— Traité de l'art de la faXence^ chap. XX.
(2) Ce mariage fut célébré à Locmaria, le 14 octobre 177i.
(3) C'est la date qu'assigne à la mort de Caussy la « généalogie »
ciée plus haut page 51. Je dois déclarer que ce document renfermé beau-
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L'teuvre de Gaussy a dû être considérable. Sans abandonne
entièrement le genre de Nevers et du midi de la France (1), il
est probable qu'il s'appliqua d'une manière plus particultère à
la fabrication du genre Rouen. C'est dans ce but qu'il avait fait
venir àLocmariades ouvriers Rouennais. (2). 11 dit lui-même dans
son mémoire relatif à la porcelaine, rédigé en 1770, qu'on imi'
tait à Quimper la faïence de Rouen. On l'imitait si bien, qu'il
est fort difficile, de distinguer les produits des deux localités.
Aussi n'est-il pas surprenant 'que la presque totalité des ou-
vrages sortis de la manufacture de Quimper soit attribuée à
Rouen. Il est cependant quelques pièces que l'on peut con-
sidérer avec certitude, dès à présent, comme l'œuvre de
Caussy. Je citerai, entre autres, un charmant pot à surprise
décoré de paysages en camaïeu bleu, qui appartient h Mlle
Stéphanie de La Hubaudière, arrière-petite fille de Gaussy ; il
faut lui attribuer aussi un plat long h la corne, marqué des
initiales P. G. (3) qui fait partie de la collection, de notre con-
frère M. Bahezre deXanlay. Notre Musée archéologique possède
encore un plat polychrome authentique de la fabrique de
coup d'erreurs. Mes recherches me permettent d'ajouter que Caussy n'est
pas mort à Locmaria, quoiqu'au mois de décembre 1780 il dirigeât encore
avec son gendre sa manufacture de faïence. Ce dernier fait résulte
d'un arrêt du Parlement de Bretagne que Ton trouvera à la fin de ce
travail.
(I) Les noms de Louis Pasco et de Xavier Pilastry, que je trouve
dans les registres de Locmaria en 1766 et en 1776, et qui sont tout à
fait étrangers aiï pays, peuvent faire supposer qu'il occupait quelquefois
des ouvriers italiens. M. Fougeray m'infornie, en effet, que les vieux
ouvriers de sa manufacture se souvieunent que Ton y employait autre-
fois des italiens, principalement comme mouleurs.
(2 ) Je relève la uote suivante dans un des registres de la paroisse de
Locmaria :
u Du 8 novembre 1773, mariage de Jacques Bocheron, veuf de Marie
Josse, originaire de la paroisse de Saint-Sever, diocèse de Rouen; en
la province de Normandie, et domicilié depuis plusieurs années de cette
paroisse, avec Jeanne-Marie Sinic. »
(3) M. Jacquemart mentionne « un petit plat de forme italienne, à
décor sino-français, en bleu chatironné de manganèse » qu'il attribue a
Nevers et qui porte les mêmes initiales P. C. — MerveiUei d& la
Céramique, 9^ partie, p. 145.
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Quimper, orné de grotesques et qui porte avec ie Dom du
recteur de Locmaria, la date de 1773. Enfin, je n'hésite pas
à regarder comme sortis de ses fourneaux, des plats ayant pour
décor principal un dragon, qu'il n*est pas très-rare de rencon-
trer dans les environs de Quimper. Dans un inventaire des
marchandises existant à sa manufacture, en 1759, à la mort de
sa première femme, des assiettes ornées de ce décor sont dési-
gnées sous le nom d'Assiettes au Basilic. On sait que Basilic
est un synonyme de Dragon. Il est hors de doute qu'une étude
attentive des faïences recueillies en Basse-Bretagne, ferait
retrouver un grand nombre de pièces qui passent pour du
Rouen, et qu'il faudrait restituer à Quimper. Les anciens
poncis que M. Fougeray conserve dans la manufacture qu'il
dirige et à Taide desquels il est parvenu depuis quelques
années à rétablir dans son usine l'ancienne fabrication, en
faisant usage des procédés contenus dans le manuscrit de
Pierre Paul Caussy, seraient des guides précieux pour arriver à
cette restitution (1;.
(i) Comme plusieurs de ces poocis portent des armoiries qui pour,
raient aider à retrouver certaines pièces fabriquées à la manufacture
de Quimper, j'en donne ici la nomenclature.
|o Un chevron accompagné de 3 trèfles, sur croix de St-Louis, avec
couronne de marquis.
2o Une tête d*ange ailée accompagnée de 3 étoiles. Ecusson timbré
d'un casque de face.
30 Deux écussons ovales accolés; le premier porte un sautoir; le se-
cond est fascé de six pièces. Timbre, un casque de face ; deux lions
contournés pour supports..
40 Ecusson ovale portant trois houx 2 et f , soutenu par un lion.
50 Ecusson ovale portant un cceur surmonté d'une fascc chargée de
8 étoiles. Couronne de comte; deux lions pour supports.
60 Ecusson ovale timbré d*un casque posé de face, soutenu par ,deux
sauvages, et portant 3 palmes de sinople en pal (Le Erblon.*)
70 Ecusson ovale portant un lion rempant, timbré d'une couronne
de comte ; deux sauvages pour supports.
go De gueules à 3 bandes d'or, au chef d'azur chargé d'un agneau
pascal d'argent ; ecusson timbré d'une couronne de comte.
90 Ecusson ovale portant un chevron accompagné de 3 c^urs ; tim-
bré d'une couronne de comte ; deux cerfs pour supports. Devise : Tria
eorda mi, si. sint. habeant musœ tria.
100 Ecusson ovale semé de quiutefeuilles au franc canton de Bretagne;
timbré d'une couronne de comte et entouré du cordon de Saint-Hiehel.
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Antoine de LA HUBAUDIËRE.
(1782-1794)
Né ea 1744 dans la paroisse de Pacé, diocèse de Rennes, il
élait à l'époque de son mariage avec la fille de Gaussy, ingé-
nieur en second des ponls et chaussées de Bretagne, au dépar-
tement de Quimper, et habitait dans cette ville la jparoisse de
SaintSauveur. Il était donc complètement étranger aux tra-
lio Ecusson ovale au moutou passant, au chef chargé de 3 éperviers
posés en fasce ; timbré d*un casque posé de face.
12' Même'écusson avec une étoile en chef à senestre.
13* Ecusson ovale; un chevron accompagné en chef de deux roses et
d'un cœur en pointe, au chef chargé.
l4o Ecartelé au i et 4d*azur au sautoir d'or cantonné de 4 trèfles
d'argent; au 2 et 3 d'argent à 3 lézards de sinople, 2^ i, au lion léo-
pardé de gueules en chef ; sur le tout d'argent au lion léopardé de
gueules ; timbre d'une couronne de comte ; deux griifons pour sùpportSé
— Ex libris Nie. Car, Delaunay.
150 Armoiries d'évêque. — Ecusson ovale portant un sautoir, et
timbré d'une couronne ducale entre une mitre et une crosse tournée
à senestre.
160 Ecusson ovale timbré d'une couronne de comte; un chevron ac-
compagné de trois lys.
t7o Ecusson ovale timbré d'un casque taré de profil ; un chevron
accompagné de 3 couronnes à 4 fleurons.
180 Parti au 1 : 3 fours accompagnées de 8 ou 9 croix pommettées
en orle ; au 2 : une fasce chargée d'un lévrier passant accompagnée
de 3 mouchetures d'hermines; timbré d'un casque posé de trois quarts
et sommé d'une croix pommettée pour cimier.
19o Ecusson d'abbesse en losange, [»ortant de gueules à 3 molettes
d'or; timbré d'une couronne ducale sommée d'une crosse tournée à
dextre.
20O Deux écussons ovales accolés: |o Trois têtes de Maures 2 et 1 ;
2o Un chevron accompagné de 3 roses. Couronne ducale.
210 Armoiries d'évêque; ecusson au sautoir engreslé, timbré d'une
couronne ducale entre une mitre et une crosse tournée à çenestre.
220 Ecusson ovale timbré d'un casque taré de profil, portant 2 co-
quilles en chef et un croissant montant en pointe, au chef chargé d'une
croix potencée accostée de deux roses.
23o Ecusson ovale timbré d'une couronne de comte et portant de
gueules à une fasce d'argent accompagnée de 3 losanges de même 2 en
chef et I en pointe.
24o Ecusson portant gironné d'or et de Vairé d'argent et de gueules
de huit pièoes ; timbré d'un casque taré de profil.
S5. Ecartelé au 1 et 4 : une bande ; au 2 et 3, un chevron accom-
pagné de 2 griffons afl'rontés en chef et d'une rose en pointe; timbré
d'une couronne ducale ; deux aigles couronnés et contournés pour
supports.
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- 72 —
échouer au premier jour^ si le s' Eloury entrait en coDcurrence
avec luiyou plutôt il parait certain que l'un et l'autre verraient
tomber en peu de temps leurs manufactures et seraient forcés
de les abandonner. »
« Après ces considérations, je crois qu'il y a lieu de défen-
dre au s<^ Eloury d'établir aucun nouveau fourneau. »
• BERTRAND. »
• A M. de Bertrand.
« Paris, l6 31 août, 1788.
« Monsieur.
« Vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer le 18 août de
Tannée dernière votre avis sur la demande du s** De la Hubau-
dière entrepreneur de la manufacture de fayance établie à
Quimper, tendant à obtenir l'exécution de l'arrêt du conseil de
de 1723 qui interdit la construction arbitraire des fournaux
dans lesquels on consume du bois ; qu'en conséquence défenses
soient faites au s' Eloury d'établir aucun nouveau fourneau,
autre que celui qu'il a construit en 1773.
« J'ai consulté également M. Deforges pour savoir s'il n'y
aurait pas d'inconvénient à permettre au s' Eloury d'établir un
nouveau fourneau par rapport à la consommation du bois. H
me mande que l'usine que le s' Eloury fait construire, n'est
que le rétablissement d'un ancien fourneau qu'il avait démoli
et qu'il existe aux environs de Quimper une très grande quan-
tité de bois de la nature de ceux qui conviennent à ces sortes
d'usines. Il m'observe que le s»^ De la Hubaudière est d'autant
plus mal fondé à s'opposer, à l'établissement du s' Eloury, qu'il
est lui-même en contravention à l'arrêt du 9 août 1723, puis-
qu'il a ajouté tout récemment sans permission quatre fourneaux
considérables à celui de fondation. En conséquence, bien loin
de rien voir qui puisse favoriser l'opposition du s»^ De la Hu-
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- n -
baudiëre il croit avantageux de confirmer l'établissement du
s' Eloury. »
« Sur le compte que j'ai rendu de toute cette affaire à Messieurs
les Commissaires du bureau de commerce, ils ont décidé que
la demande du s' De la Hubaudière n'était pas fondée, et que le
s' Eloury en faisant rétablir un fourneau qui était ancienne-
ment en activité, avait eu pour le moins autant de droit que le
s' De la Hubaudière de faire construire quatre nouveaux four-
neaux. Au surplus MM. les Commissaires ainsi que M. le Con"
troleur général sont d'avis de favoriser le plus qu'il sera possi-
ble rétablissement des fourneaux pour la fabrication dé la
fayance, pourvu que les entrepreneurs emploient du charbon de
terre. Ils croient qu'il serait à désirer que cette manière de
penser fut cornue dans la province, etilsm*ont;en conséquence
chargé de vous prier de la rendre publique dans votre généra-
lité, et d'instruire en particulier le s* Eloury de la décision qui
le concerne. »'
« TOLOZAN. »
« Rennes, le 5 septembre, 1788.
« Donné avis par l'intendant de la décision ci-dessus à son
sub-délégué à Quimper. »
« BERTRAND. »
Antoine de La Hubaudière mourut en 1794. Ses héritiers
ont continué jusqu'à nos jours à diriger sa fabrique. Mais avec
Pierre Caussy finit l'ère vraiment artistique de la manufacture
de faïence de Quimper. Après lui l'art fit place au métier et,
la concurrence aidant (1), on voulut faire vile et à bon marché.
Il en résulta un oubli complet des traditions. Depuis quelques
(1) Outre la fabrique de François Eloury, une troisième manufacture
qui appartient aujourd'hui à la famille Tanqueray, avait été établie à
Locmaria, vers la fiû du dernier siècle, par le sieur Dumaiue qui
exploitait auparavant une usine semblable à la Josserie, commune de
Ger, département de la Manche.
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- 74 —
années, une renaissanee de l'art de la terre cuite émaillée
semble promettre un nouveau lustre aux fabriques de Quiroper.
Mais, tout en saluant cette ère nouvelle, et en souhaitant de
longues années de prospérité aux artistes et aux ouvriers qui
tentent courageusement de renouer la chaîne brisée de la
tradition> je n'essaierai pas, au moins pour le moment^ de
porter un jugement sur leurs œuvres.
Dans les pages qui précèdent, j'ai voulu retracer Thistoire
d'une industrie dont Timportance à peine soupçonnée à Quim*
per, est complètement ignorée au dehors. Si j'ai été long, c'est
qu*étant le premier historien de cette industrie, j'ai eu tout à
raconter.
Je crois avoir établi par mes recherches que Quimper fut
pour la faïence, pendant le XVIII siècle, le centre de fabrica-
tion le plus considérable de toute la Bretagne, et que ce résul-
tat doit être attribué aux intelligents directeurs de sa manufac-
ture. Il reste, ponr achever la tâche que je me suis imposée,
à restituer à cette ville les nombreux produits sortis de ses
fabriques, aujourd'hui épars un peu partout, et que l'on a
attribués jusqu ici à l!uu^:ii à Nevers, à Moustiers ou à Ren-
nes CD. Une excellente occasion se présente pour accomplir cet
acte de justice. C'est à Quimper que doit avoir lieu le concours
régional de 1876. Plusieurs mois nous séparent encore de cette
solennité. Que l'on fasse, Messieurs, en votre nom, un appel
aux possesseurs de faïences anciennes qui habitent le Finistère
et les départements voisins, et il sera possible de réunir pour
(f ) Voici un exemple, entre mille, de cis attributions erronnées. Dans
les Merveilles de ta Céramique , 3^ partie, p. 134, M. .lacqiiemart consi-
dère comme sortie des fabriques de Rennes « une vierge avec l'ios-
cription : N. D. de Guelvain, » Or, la chapelle de N. D. de Guelvain
qui est parfaitement inconnue dans la haute Bretagne, est située dans
la commune d'Edern, à quatre lieues de Quimper, c'est-à-dire aux
portes d*une manufacture bien plus importante que celles de Rennes.
Est-il admissible que, dans ces circonstances, les faïenciers de cette
dernière ville aient eu quelque intérêt a fabriquer des figurines qui
devaient être débitées dans un lieu de pèlerinage très-éloigné, et qui n'a
jamais eu une grande notonétc ?
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.:^_J
-^ 75 -
Tépoque du concours un nombre suffisant de pièces sorties des
fourneaux des faïenciers Quimpéroîs, pour former, dans la
salle du Musée archéologique où se tiennent nos réunions, une
exposition qui offrirait, àxoup sûr, un grand intérêt aux ama-
teurs de céramique, de jour en jour plus nombreux, et qui
permettrait peut-être de découvrir les caractères distinctifs de
la faïence de Quimper à ses diverses époques (1). Je vous prie
donc, Messieurs, de prendre en considération le vœu que je
vous soumets, et de nommer dans votre sein une Commission
chargée de préparer les voies et moyens pour parvenir à sa
réalisation (2).
(4) Depuis que ceci est écrit, j'ai reçu de M. Ed. Garnier de la ma-
nufacture de Sèvres, une lettre dont je me permets d'extraire les lignes
suivantes.
a Quant aux caractères distinctifs, il en existe certainement. Outre
ceux que démontrent Témail et une tournure particulièje du décor, mC me
dans les pièces très-simples, il y a une certame qualité de manganèse
et de rouge (mais- surtout de manganèse) qui est propre à Quimper, et
qui seul suffirait à faire reconnaître les pièces 4e cette fabrique. C'est
chez moi une conviction que je vous ferai partager, si, comme je Tes-
père, je puis aller à Quimper, lors de votre exposition. ».
(2) Voir à la fin de ce bulletin les documents annexes.
Depuis que ces lignes ont été livrées à l'impression, j'ai remarque
parmi les signatures mdéterminées dont M. Jacquemart a donné une
liste à la page 159 de la troisième partie des Merveilles de la Céra-
mique, un chiffre qui se trouve au bas de la page 161 de cet excellent
ouvrage, «t qui est certainement le chiffre de Jean-Baptiste Bousquet.
Il se compose de trois lettres liées : un J. un B, et une sorte d'anneau
qui n'est autre chose que la boucle inférieure d'un second B dont la
boucle supérieure se confond avec celle du premier. La ressemblance
frappante qui existe entré ce chiffre et les deux premières lettres de la
signature de ce faïencier dans les registres de la paroisse de Loemaria,
ne peut laisser aucun doute à l'égard de l'exactitude de cette attribution*
M. Jacq^uemart a relevé cette signature sur des « assiettes en pâte
rouge et lourde à décor de fleurs dans le style de Rennes, mais avec
du rouge de 1er vif. »
Il résulte de ce fait que Jean-Baptiste Bousquet pratiquait le
décor polychrome. On peut se rendre conapte de cette circonstance
par les rapports commerciaux qui existaient entre la Bretagne et l'Es-
pagne. J'ajouterai que quand on réfléchit au peu de relations directes
qu il y avait à cette époque entre la Bretagne et la Provence, on se
laisse aisément aller a l'hypothèse que, Bousquet, au lieu de venir
directement des environs de Marseille à Quimper, s'était d'abord établi
en Espagne, d'où il lui avait été facile de gagner la Bretagne. Plus d'une
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— 70 -
A la suite de cette lecture à laquelle rassemblée
prend le plus vif intérêt, et conformément au vœu ex-
primé par l'auteur, la réunion décide qu'une exposi-
tion de céramique aura lieu à Quimper, dans une des
salles du musée archéologique, pendant la durée du
concours régional de 1876. Elle nomme à cet effet une
commission composée de MM. Le Men, Ayrault et de
Montifault, chargée de prendre les mesures nécessai-
res pour parvenir à la réalisation de ce projet. Elle
décide en outre que cette commission pourra s'adjoin-
dre un certain nombre de membres pris en dehors de
la société. M. Ayrault, en acceptant la mission qui lui
est confiée, informe l'assemblée qu'il a recueilli dans
la Loire-Inférieure cinq assiettes en faïence ancienne,
dont il fait hommage au musée départemental d'ar-
chéologie.
M. Audr^an faisant allusion à un passage du travail
de M. Le Men, dit qu'il ne pense pas que MM. Lalau
et du Chesnay en fondant la faïencerie de Quimperlé,
bonne raison, qui ne sauraient trouver place dans les étroites limites
d'une note, militent en faveur de cette sup])osition.
Outre la signature de Jean-Baptiste Bousquet, je remarque dans la
même liste de signes, les'chiffres G B et P B L, qui pourraient êlre les
signatures de Charles Bousquet et de Pierre Bellevaux.
Ces observations me portent à me demander si le chiffre LO, que
Ton rencontre si fréquemment sur des faïences à décor méridional, et
qui me parait indiquer une localité, ne serait pas les deux premières
lettres du mot Lochabia ; car il est bon de faire observer que la Manu-
facture de Quimper a toujours été et est encore aujourd'hui désignée
dans le pays sous le nom àe Manufacture de LocsiARtA ou de Loma-ria.
Quant aux époques d'introduction et à la durée des différents styles
qui ont été en usage dans cette manufacture, on peut les établir de la
manière suivante :
to SryZtftnértrftonaî (Jean-Baptiste, Pierre, et Charles Bousquet), de
1690 à 1780.
20 Style méridional et Nevers (Pierre Bousquet et Pierre Bellevaux\
de 1730 à 1750.
30 Style méridional, Nevers et Rouen fPierre-GIément Caussy et
Antoine do La Hubaudiere), de 1750 à 1791.
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— 77 —
aient eu en vue un intérêt précuniaire personnel, mais
que ces MM. qui appartenaient Tun et l'autre à des
familles très-honorables, ont surtout cherché à doter
Quimperlé d'une industrie qui pouvait procurer à cette
ville quelques avantages.
M. le président invite ensuite M. de Montifault à
lire le rapport qu'il a rédigé sur la fouille faite dans
la commune de Melgven par quelques membres de la
société.
M. de Montifault s'exprime ainsi :
FOUILLES D'UNE ALLÉE COUVERTE
A MÉNEZ-GUEN EN MELGVEN.
M. F. Dufeigna m'avait signalé, il y a quelque temps, des tu-
mulus et d'autres monuments celtiques existant sur ses pro-
priétés de Coat-Ganton, sur les terres de M"« de Kerbiquet, sa
tante, et dans un bois, nommé Coat Ménez-Guen, situé dans la
commune de Melgven, appartenant à M*»* Dufeigna.
Je me suis rendu avec lui sur les points indiqués, et j'ai pu
reconnaître que les différents tumulus étaient des mottes féo-
dales dont la fouille ne semblait offrir *aucun intérêt.
Dans le bois de Coat Ménez-Guen, j'ai relevé un monument
d'une importance incontestable ; c'est une fort belle allée cou-
verte qui paraissait au premier aspect devoir donner, à la suite
de fouilles, des résultats assez importants.
Ce monument est appelé dans le pays Ty-Corriganet ; il est
situé k la limite sud-est de la commune de Melgven, sur la rive
droite de l'Aveu, dans la partie basse, au pied d'un coteau es-
carpé sur la lisière d'un épais bois taillis dont les souches sont
fort anciennes (1).
I !■ I ■- ' I I I I I r I II .11. I I ■!' ■ 1 1 I I II.
(1) M. de Frêuainville a signalé d'une manière très-inexacte ce monu-
ment dans son 2^ volume des Antiquités du Finistère, page 164.
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- 78 ^
Avant les fouilles il se composait d*uii tumulus de forme ovale
assez escarpé vers Test, le nord et le sud, d'une pente beau-
coup plus douce vers l'ouest. Le grand axe de l'ellipse formée
par le tumulus est d'environ 35 mètres, dont ii vers Test du
monument, 20 mètres vers l'ouest, plus 3 mètres environ pour
la largeur des pierres. Le petit axe passant dans la longueur de
l'allée couverte est de 32 mètres environ, savoir : 14 mètres 75
pour la longueur des trois dalles formant plate-forme, 10 mètres
vers le sud et 7 mètres vers le nord.
Trois énormes pierres plates ayant la première, vers le sud,
6 mètres 10 de longueur, la 2'»« 4 mètres 90 et la 3"»«, vers le
nord, 3 mètres 75 de longueur, sur environ 3 mètres de largeur,
apparaissent au sommet du tumulus, touchant encore le sol
dans certains points, élevées de 30 ou 35 centimètres dans d'au-
tres, et laissant voir des extrémités de supports]inclinés, qui pa-
raissent être de grandes dimensions.
Sur un point vers l'ouest, une ouverture semblait exister
danç le monument. Rien dans les terrains environnants ne ré-
vélait de traces de fouilles antérieures. La Société décida que
le monument serait fouillé.
Le 19 avril 1875, assisté de M. Félix Dufeigna, de M. Turin,
commis principal des contributions indirectes à Rosporden, de
H. LeStunf, percepteur à Rosporden, et de M. Georges Le Noble,
je me rendis de nouveau au bois de Ménez-Guen. Nous fîmes
couper les bois et souches entourant le monument de manière
a établir un chemin de ronde qui permit la circulation. Nous
releyâmes les côtes et observations suivantes. Pierre ou table
du sud, longueur, 6 m. 10 c, largeur, 3 mètres ; pierre du
milieu, longueur, 4 m. 90 c., largeur, 2 m. 90 ; pierre du
nord, longueur, 3 m. 75 c, largeur. 2 m. 90. Longueur totale
de l'allée du nord au sud, 14 m. 70. Le nombre des supports
visibles est de 15.
Vers le nord-est, dans le flanc du Tumulus, apparaissent
quatre têtes de longues pierres à 4 mètres de distance des ta-
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— 79 —
blés ; trois de ces pierres sont juxla-posées, une aulre est éloi-
gnée de 3 mètres des premières et toujours à la même distance
des tables. La hauteur totale des terres et pierres rapportées
formant Tumulus est de 3 mètres environ dans la partie la plus
élevée.
Le 20 avril nous avons commencé une tranchée dans la par-
tie ouest du Tumulus^ en regard de l'ouverture ; après quel-
ques coups de pioche, nous avons reconnu que cette ouverture
n'était qu'apparente et qu'elle provenait de l'inclinaison d'un
des supports, inclinaison produite par la poussée des terres. Le
support incliné s'était affaissé en dedans et, quittant la table
du sud, était allé s*appuyer sur le support est qui lui fait face,
Cette inclinaison a pu avoir lieu par la seule, poussée des ma-
tériaux extérieurs formant le Tumulus, si ce support ne tou-
ch^ait pas la table, ou peut-être, par le contact de la table au
moment où on Ta glissée, car elle a été évidemment roulée et
montée au faîte du Tumulus par la pente douce de l'ouest.
La tranchée fut élargie et approfondie de manière à dégager
complètement les bords et la base de ce support. Cette der-
nière mesure était indispensable pour savoir à quelle profon-
deur on pouvait creuser à Tintérienr sans dangers pour les
ouvriers. Le support ainsi mis à nu extérieurement a 2 m. 60 c.
de largeur, 3 m. 25 de longueur, 0 m, 35 c. d'épaisseur. Il est
incliné d'environ 45 degrés. A sa base extérieure nous avons
trouvé quelques morceaux de charbon enfouis à 2 m. 50 de
profondeur.
En faisant la tranchée qui a donné un travail considérable,
nous avons découvert, enfouis dans le sol du Tumulus de lon-
gues pierres debout , servant de contreforts et éloignées d'en-
viron 4 mètres de la table sud, comme celle dont on voit les
extrémités au nord, et, ce qui nous fait supposer que tout au
tour de la galerie, à 4 mètres de distance, se trouvent des co n
treforts semblables rangés en forme d'ellipse allongée, ayant
22 mètres de grand axe du sud au nord, et U métrés de petit
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- 80 -
axe de l'est à l'ouest. Ces coolreforts étaient* loin d'être
inatiles en effet le Tumulus est composé de galets de quartz
provenant de la rivière l'Aven, d'une dimensioû et d'un poids
considérables auxquels se trouvent mêlées quelques rares
pierres plates.
Après avoir déblayé des deux cotés les interstices laissées
par le support incliné, nous avons pu entrer en rampant sous
la table sud et nous avons commencé la véritable fouille.
Vers le bord sud de la pierre inclinée nous avons trouvé à
i m. 60 de profondeur, wne dalle de 0 m. 05 c, d'épaisseur,
0 m. 35 de largeur, 0 m. 50 de longueur, et, vers le bord nord,
deux autres dalles de 1 m. 50 de longueur, 0 m. 30 d'épais-
seur, 0 m. 40 de largeur.
Ces dalles ou moellons étaient posées à plat et nous don-
naient l'espoir de trouver dessous des cavités. H n'en fut rien.
Elles reposaient sur un autre lit de moellons de même nature,
reliés par de l'argile jaune ; autour d'elles d'autres moellons
semblaient jetés sans ordre. Il en a été de même d'un bout à
l'autre du monument.
Le mercfedi 21 avril, la fouille, après de grandes difficultés,
était parvenue à 1 m. 50 c. vers le nord du support tombé, à
0 m. 60 c. vers le sud et à une profondeur de 1 m. 60 ex» On
était dès lors plus à l'aise pour travailler.
Le lendemain 2'2| nous avons trouvé à 1 mètre de profondeur,
vers le sud, disséminés parmi les moellons qui remplissaient la
galerie, six petits morceaux de poterie noire, grossière, sans or-
nements. A peu près au milieu de la dislance qui sépare le pilier
incliné de l'extrémité sud de la galerie, mais pourtant plus vers
le sud, nous avons trouvé une grande dalle de l m. 20 c. de
longueur, 0 m. 70 c. de hauteur et Om. 15 c. d'épaisseur. Cette
dalle seule, entre toutes dans cette position était placée de
champ, au nâilieu de la galerie dans le sens de la longueur du
monument et dans l'axe de l'allée de manière à diviser en cet
endroit la galerie en deux couloirs de 1 m. 30 c. de largeur
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— 81 —
cbacttD, remplis par une maçonnerie. Dans les d^bls^is résul-
tant de son extraction nous avons découvert un petit débris de
poterie rougeàtre assez fine, orné de quelques filets parallèles
tracés à la pointe.
La pluie, qui n'avait cessé de tomber la veille et toute la
journée du 22, remplit la tranchée eu se déversant à Tintérieur
de la galerie.
Le 23 fut employé à niveler les abords de la tranchée, à re-
jeter les pierres et les terres extraites, à rétablir les passages
obstrués par les décombres. La boue rendait le travail impos- ,
sible h rintérieur.
Ce même jour je remarquai sur la pierre sud qui était comme
les deux autres couverte d'uue épaisse couche de mousse et de
lichens, cinq trous ou godets formant à peu près un X et qui
sont évidemment creusés de main d*homme. J'ai noté ce fait.
Ces godets ou cupules sont exactement sembables à ceux qui
, ont été reconnus à V extérieur de dolmens du Morbihan et du
pays de Galles pour la dimension, la forme et la profondeur. Il
était tard et je n'eus pas le temps de nettoyer la surface des
pierres pour voir si d'autres signes y étaient creusés.
La pluie continuant et semblant devoir persister pendant
plusieurs jours les travaux furent suspendus.
Par suite de diverses circonstances et de Tétai de santé de
M. le Men, qui désirait vivement participer à cette fouille, et
que je désirais non moins vivement avoir avec moi à cause de
son expérience en cette matière, les fouilles ne purent être
continuées que le dimanche 30 mai. Dans Tintervalle le monu-
ment avait été gardé et surveillé par les gardes particuliers et
le fermier de M. bufeigna.
M. Le Men, M. Audran, M. Dufeigna, M. Turin et moi nous
recommençâmes les opérations lundi malin 31 mai. avec trois
ouvriers. Nous primes de nouveau la mesure des pierres en lar-
geur, longueur, hauteur, et épaisseur/leur inclinaison ; nous vé-
rifiâmes à la boussole la direction d^ Taxe du monument ; celte
6
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- sa -
directioù coïncide presque exactement avec celle de l'aignUle
aimantée, c'est-à-dire que le monument est, en longueur, cons-
truit suivant une ligne qui va presque du sud au nord magné-
tique, et que son grand axe suit presque exactement le méridien
passant par Téloile polaire ; on l'indiquerait par (a ligne
N. N. N. 0. - S. S. S. K.
D'après l'avis de M. Le Men, nous avons immédiatement pro-
cédé au nettoyage complet de la partie supérieure des trois ta-
bles. Celte opération a mis au jour sur la principale table au
sud, cinquante godets ou cupules dont j'ai pris un croquis
aussi fidèle que possible, que je soumets à l'Assemblée. La 2«
table nous a fourni trente godets ; sur la 3* il ne se trouve
aucun signe creusé de main d'homme. Malgré les recherches
les plus minutieuses, il nous a été impossible de découvrir
d'autres signes que ces cupules.
Passant à l'examen des parois intérieures, alors visibles en par-
tie, et pensant qu'on y pouvait trouver des sculptures ou si-
gnes comme ceux que fournissent beaucoup de monuments du
Morbihan, nous avons exploré avec soin le dessous des tables
et les vastes surfaces internes des supports. Aucun signe n'y
existe.
Les fouilles continuant, nous avons trouvé sous le support
incliné, à '2 m. 12 c. de profondeur au dessous de la table, des
fragments de poterie noire, semblables à ceux qui avaient été
précédemment recueillis, un autre fragment <\*m\ brun gris, un
autre fragment en terre rougeâtre, orné de filets parallèles.
Tous les fragments recueillis étaient épars, isolés, à toutes les
profondeurs depuis 1 m. *20 c. jusqu'à 2 m. 40 c.
Le mardi !*' nous avions lennitié la fouille sous la pierre
sud, la principale, sans avoir trouvé autre chose ; nous avions
complètement enlevé4outes les terres et les pierres formant une
sorte de maçonnerie intérieure et entamé le sol naturel jus-
qu'à tO ou 12 centimètres de profondeur.
Quoique ayant désormais moins d'espoir de rencontrer des
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-. 83 r-
objets ou des armes, nous avons voulu continuer de déblayer là
chambre dans toute la longueur et daii9 toute la largeur pour
la mettre partout au même niveau que la partie du sud.
Sous la deuxième piéride au centre, nous avons trouvé un
morceau de poterie noire qui est la majeure partie d'un fond de
vase. D'après la rigole extérieure qui est marqué sur ce débris,
il semble qu'à Tépoque où le monument a été construit on con-
naissait déjà l'usage du tour à potier. Ce morceau, avec quel-
ques parcelles de charbon, était à une profondeur de 2 m. 50 c~.
au dessous du plafond de la grolle.
Le jeudi 3 nous avons complètement terminé la fouille sous
1^ 2* pierre, et commencé la 3«.
Le vendredi 4, h rentrée de la pierre nord, à 1 m. 60 de pro^
fondeur, nous avons trouvé trois morceaux de poterie noire.
Un peu plus loin, sous la partie centrale à la même profondeur,
encore quelques débris analogues.
La chambre étant entièrement déblayée nous avons pu nous
rendre compte de la mamière dont était construit ce monu-
ment.
• Voici le résultat de nos observations ;
Le nombre des piliers supportant les trois plateformes est de
16; quatorze sont inclinés suivant un angle de 23 à 23 de-
grés ; les deux extrémités du monument sont fermées par deux
piliers verticaux : les premiers supports latéraux au nord et au
sud, se touchent par leurs extrémités supérieures ; les autres,
au contraire, un peu moins inclinés, présentent entre leurs par-
ties supérieures, un écartement qui varie de 0 m. 25 c. à
0 m. 70 c. ; leur largeur varie de 2 m. 10 c. à 2 m. 50 c. ;
leur hauteur est uniformément de 3 m. 25 c. à très peu près ;
leur épaisseur est d'environ 0 m. 35 ; leur face interne est par-
faitement plate ; leur face externe est beaucoup plus grossière.
Après un nouvel examen des plus minulieux, il nous a été im-
possible de découvrir sur les parois intérieures du monument
aucune trace de dessin ou d'ornementation.
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_ 8* —
La hauteur de la galerie, du sol à la face interne des plate-
former, est de 2 m. 60 e., sa largeur à la base de 2 m. 65. tour
]es trois tables le partie interne est parfaitement plane ; pour
les deux du sud, la partie supérieure qui porte les signes cupu-
liformes, est assez plane, mais cependant il y a des inégalités
qui indiquent que cette face n'a pas été soumise à un travail
d'aplanissement et que la forme est restée ce qu'elle était au
sortir de la carrière.
ife suis porté à croire qu'il en est de même pour la partie in-
terne des tables et des piliers, mais alors on a choisi la partie
la plus plane pour la tourner vers Tintérieur.
En examinant avec plus d'attention les trous ou godets gra-
vés sur deux des plale-formes, nous avons remarqué <}u*un
certain nombre d'entre eux sont groupés de manière à repré-
senter plusieurs fois la disposition des étoiles qui composent la
constellation de la Grande-Ourse.
En résumé ce monument diffère en plusieurs points des allées
couvertes observées jusqu'ici en Bretagne et ailleurs.
D'abord les piliers au lieu d'être verticaux, sont inclinés vers
Fintérieur ; en second lieu, l'orienlalion au lieu d'être, est-
ouest, est sensiblement nord- sud ; enfin la chambre de la galerie
au lieu d'être vide, comme c'est ordinairement le cas dans ces
sortes de monuments, était entièrement remplie par une ma-
çonnerie formée de moellons de grandes dimensions pour la
plupart, reliés par une argile jaunâtre, et qui avaient dû être
extraits, à dessein, d'une carrière. Parmi ces moellons se trou-
vaient un très-petit nombre de galets. On doit se rappeler que
le tumulus au contraire est presque exclusivement formé d'é-
normes cailloux roulés.
Il est bon ausi de rappeler que les fragments de poteries et de
charbon étaient disséminés dans cette maçonnerie à toutes les
hauteurs et dans toute la longueur de la galerie. Ces poteries
sont identiquement les mêmes cpie celles que l'on reucoaire
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.. 85 •-
dans les dolmens du Morbihan et du Finistère. Elles oni été
presque toutes, sinon toutes, fabriquées sans l'aide du tour.
D'après Tétat dans lequel se trouvait le monument quand
nous en avons opéré la fouille, il est impossible que celte ma-
çonnerie y ait été introduite après la pose des plate-formes sur
les piliers.
Nous avons tous la certitude qu'aucune fouille n'y avait été
faite avant les travaux que nous y avons entrepris. Nous
sommes en outre très-portés à croire que les plalc-forraes n'ont
jamais été recouvertes de terre, et que le tumulus s'arrêtait à
leur niveau. *
Après avoir bien .nivelé le sol de la grotte dans toute
son étendue, rendu ses abords faciles, et construit un escalier
commode pour y descendre, nous avons quitté ce monument
intéressant^ avec le regret de lui voir garder son secret et de n'y
avoir trouvé aucun objet, aucun instrument, aucune arme qui
pussent nous révéler d'une manière certaine l'époque de sa
construction, les mœurs et le degré de civilisation du peuple
qui Ta construit, nous ignorons dans quel but.
Cependant celte laborieuse et pénible fouille nous semble
offrir un champ nouveau d'études et d'observations.
L'Assemblée qui a écouté avec un vif intérêt la lec-
ture de ce Rapport, décide qu'il sera inséré in extenso,
dans le Bulletin.
M. de la Villemarqùé demande que les dessins de
la surface des deux plate-formes qui ont été exécutés
par M. de Montïfault, soient lithographies et joints au
Rapport. Cette motion est adoptée à l'unanimité, (i).
Interpellé par M. de-la Villemarqùé et quelques
autres membres, M. le Men dit que M. Bertrand a si-
gnalé en France cinq ou six dolmens qui portent des
ft)Ces dessins serûnl lilhographiés d'après les phothographies du mo*
nument, faites au moyea d'estaœj^e».
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— 86 -
trous faits de main d*homme à leur partie extérieure ;
il ajoute que M. de Fréminville a indiqué dans lacom,
mune de Plomeur, près du manoir de Gouesnac'h, un
monument qui présente la même particularité (1). Sir
James Simpson, dans le splendide ouvrage qu'il a pu-'
blié à Edimbourg sur les monuments ou les pierres qui
portent des ornements, a donné les dessins de deux
dolmens du pays de Galles, sur les plate-formes des-
quels on remarque des cupules ou trous plus ou moins
nombreux.
Quant au monument de Ménez-Guen, il pense qu'on
ne peut expliquer son état intérieur que de la manière
suivante : Une cérémonie dans laquelle le feu et des
vases jouaient un certain rôle, a été célébrée près du
tumulus avant la pose des plate-formes. La cérémonie
terminée, les objets qui y avaient servi, ont été jetés
pêle-mêle dans la galerie avec les moellons préparés à
cet effet.
M. Surrault demande si ce monument n'aurait pas
pU servir de tombeau, et si la cérémonie en question
n'était pas une cérémonie funèbre. MM. Audran, Le
Men et de Montifault répondent que tous ceux qui ont
assisté au travaux, ont la conviction que le monument
n'avait pas encore été fouillé ; que si sa destination
avait été de servir de tombeau on aurait trouvé à l'in-
térieur les objets que l'on rencontre toujours dans ces
sortes de galeries, c'est-à-jiire des haches, des fu-
saïoles, des grains de colliers, etc.; qu'en admettant
même que ces objets eussent manqué à la sépulture,
on aurait trouvé réunis les morceaux des vases brisés
(1) Antiquités du Finistère^ 2^ partie, page 117.
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— 87 —
au niveau du sol naturel, et non pas disséminés par
fragments isolés dans toute la longueur et dans toute
la hauteur du mouvement.
On passe ensuite au scrutin sur l'élection de
MM. Barbe, notaire à Moëlan, Desdeserts, notaire à
Daoulas, et Gustave Conen de Saint -Luc, propriétaire
au château du Guilguiffln.
Ces Messieurs sont admis à l'unanimité.
La prochaine réunion de la Société est fixée au sa-
medi 21 août.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Le Secrétaire, Y, DE MONTIFAULT.
ORDRE DU JOUR.
Pour la séance qui aura lieu le SAMEDI 28 AOUT, d
2 heures, dans une des salles^ du Musée d'archéologie.
1« Le docteur Le Hir, par M. PUYO.
2o Notice sur les Dominicains de Quimperlé, par
M. F. AUDRAN.
3« Une revendication mal fondée, par M.' R. F.
LE MEN.
¥ Fouilles d'un tumulus près du bourg de Pleyben,
par MM. PIRAUX et DU VAL.
5® Découverte des débris de la statue équestre de
Jean V, duc de Bretagne, provenant du grand portail
de la cathédrale de Quimper, par M. R. F. LE MEN.
Le Président de la Société,
Comte L. DE CARNÉ.
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- 88 ^.
ANNEXES.
. I.
FAYAlffCBRIE DE QUIMPER.
Requête ayant pour but d'y ajouter la fabrication de la porce-
laine. — Pièce avatiée par une cause inconnue, d*une écriture
très-posée.
Mémoire on âges de la manufacture de fayance établie
qui résulteroyent de rétablissement d'u es, unie à celle de
fayence. ^
Avant de former une fabrique vantages et les desavantages
de IVntrepr peut s'en promettre un heureux succez
vent que des causes particulières dont ou reçu Tinfl^ence,
dérangent les projet z, il ne suffit pas que Ton soit assurer
de la •...on, il faut prévoir encore que l'ouvrage é : El c'est
icy un problème dont la solution de Tusage même que le
public en doit faire..... pas vu tomber d'établissement qui
réun. ...à l'utile? tandis que dans une autre mar même
espèce, quoiqu 'inférieurs en bonté etoyent es citoïeus? C'est
ce qu'on voit arriver presque journellement.
Cet inconvénient n'a pas lieu lorsqa'on désire former une
entreprise recherchée du public qui ne peut et ne veut pas
s'en passer, et qui les tirent même de l'étranger à un haut
prix, Ton est alors assuré du débit de ces marchandises du
rnoin^ si Ton parvient h donner aux piesses de sa fabrique
le degré dé perfection que les marchandises ontpartdut ailleurs
dans le même genre.
S'il y a déjà une fabrique dans le pays, mais que les manufac-
tures ne puissent sufirent {sic) à la consommation des habitants,
c'est une indication certaine que les nouvelles fabriques seroient
assurez sur un 'fondement solide, et deviendroyent avantageuse
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- 80 -
à l'étal et à Tentrepreneur. C'est par celle considératioû que le
Roy s'est porté è rendre des édits et déclarations qui permet-^
lent de fabriquer ou faire fabriquer dans Tetendûe du royaume
des porcelaines à Hmilalion de la Chine, Voyez l'arrest du
Couîseil d'Etat du Roy du 15 fpbvrier 1766; cet arrest ordonne
aux intendanUi et commissaires du Roy dans les provinces de
favoriser ces nouveaux établissements.
Mais s'il est utile à rElHt'd*élablir des manufactures, il n'est
pas moins utile à l'entrepreneur qui se livre aux invitations de
''Etat d'examiner les avantages qui peuvent se rencontrer dans
le lieu de la fabrique que l'on veut entreprendre. Le Roy et son
conseil a pourvu à la conservation de la manufaclure royale de
porcelaine a Sôvre, en reservant a elle seule, les branches de
fabriqiies (es plus belles, et qui lui assurent pour tout le temps
que durera celle réserve*, la facilité de faire rentrer les fonds
considérables que Ton avance journellemeni pour celle manu-
facture dont les suocez ont surpassé depuis longlemps l'espé-
rance de la nation. Voyons si malgré celte réserve, il ne seroit
pas possible do démoittrer l'utililé d'une manufaclure de porce<*
laine dans la ville de Quimper, où il y a une ancienne manufac
ture de fnyance qui a occupé et occupe actuellement plus de
quatre vingt ouvriers.
Observations générales sur les fabriques (te touts genres,
Touts les élab lures de quelques genres q rmonier, il
n'est question et d'âvanlages pfus fort que les c'est ce
qu'on se flalle de trouver à la fin dans l'union qu'il seroit
facile d'une manu aine à la fayancerie de Quimper consid
essentielles conlribueni au succez d'une. ...ois.
La. ...ence nécessaire à l'artisle pour la. ....s matières qu'il
doit employé et la s marchandises les plus estimée de.....
la bonté, la beauté que la forme ....si d'avoir les moyens de
fabriquer l'ouvrage arche possible, et s'il se peut à plus bas
prix q..... l'on imite.
La..;..re est la faeilité du débit, soit dans le lieu même
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— 90 —
on.. ..ique, soit en d'autres pays, par des correspondances
faciles et par des voyes peu dispendieuses.
Pour s*assurer de fabriquer au meilleur marché possible,
il y a deux choses h considérer :
!• La facilité de se procurer la matière première. Si elle se
trouve dans le pays, il est évident que la fabrication en devient
moins dispendieuse.
2** La main d'œuvre qui se règle communément sur le prix
des denrées du pais, parce qu'où le nt'cessairc et l'utile sont à
bon compte, 1er salaire des ouvriers diminue en proportion et il
augmente au contraire dans la même proportion avec le prix
des denrées.
La certitude et la facilité du débit dépendent du local, du
prix de la marchandise, des voyes ouvertes pour l'exportalionî
plus Tenlrepreneur réunit de circonstances favorables de cette
espèce, plus il augmente et facilite le débit de sa marchandise
et au contraire.
Ainsi une manufacture établie dans les lieux où se trouvent
les premières matières et qui a encore pour elle l'avantage du
bas prix de la main d'oeuvre, si d'ailleurs elle est bornée par
sa situation à la consommation du lieu, par défaut de rivierres
navigables, une belle manufacture ne sera utile à renfrepre-
neur qu'autant qu'il se bornera h cette consomiiiation locale;
s'il Areut plus entreprendre, il se ruine infailliblement.
D'anires manufactures ont les matierres premières sur les
lieux, la main d'œuvre à bas prix et se trouvent à portée des
grandes routes. Ces manufactures peuvent faire alors un très-
grand commerce dans l'intérieur du royaume. Elles peuvent
même le faire avec l'étranger, mais ce ne sera qu'autant qu'il
n'y aura point de pareilles fabriques voisines d'elles dans les
ports de mer ou elle voudroit étendre son commerce, parce que
les frajx de transport par rivières sont toujours considérables ;
il y a des fraix de commissions, de droits de payer ; il faut
souvent un long espace de temps pour que ces marchandises
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-^ 91 -
soyent rendus à leur destination, ce qui exige de gros fonds ;
tous ces fraix ajoutés au prix de la fabrication, enehérisent les
marchandises, et c*est autant à diminuer sur les premiers, avan-
tages que l'on trouvait d'abord.
Les manufactures^ établies dans les ports de mer. qui ont
d'ailleurs quelques désavantages comme cherté de main
d'œuvre, ont nécessité de tirer quelques matières premières
de l'étranger, ont cependant un avantage considérable sur les
autres manufactures en raison du commerce qu'elles peuvent
faire facilement, de la prompte expédition, de l'exemp et
droits faire parvenir leurs produits à destination. Ces établis-
sements ont l'avantage d'exiger moins de fonds par la j du .
commerce dans les ports de mer les fabriques établies à
Paris, Lion, Rouen considérables sont souvent obligez de
tirer leurs matières de loin ou de Tétranger. Elles payent la
main d'œuvre au plus haut prix, mais comme elles ont pour
débouché la consommation locale et une très-grande facilité
pour l'exportation, elles compensent et au-delà par ces avan-
tages l'excès des prix de fabrication.
D'après ces observations générales dont la vérité se démontre
évidemment et par les fabriques qui se sont soutenues et par
celles qui n'existent plus, entrons dans quelques détails sur
celle de fayance établie à Quimper.
Observations sur la faïencerie de Quimper.
Le seul désavantage que cette manufacture ait contr'elle,
c'est qu'on n'a pu trouver dans ce pays la matière propre à
faire la faïence. Ce désavantage est considérable sans doute ; la
matière de la fayence est pesante, de grand déchet, il faut la
tirer de Rouen, Bordeaux. Comment la fabrique de Quimper
peut-elle payer Î6 à 18 livres le tonneau de terre pesant 2,009
livres, tandis que ces villes que Ton vient de nommer la livrent
à leurs fabriques à 50 ou 60 sols au plus le tonneau ; n'en
fallut-il que 300 tonneaux par an, soit par chaque année trois
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mille livres dont il s'en faudroit qu'on ne fut au niveau des fa.
briques des autres villes qui fournissent les malierres.
J*insiste sur ce calcul parce que c*est Tidée qu*en ont donné
au public certains entrepreneurs lors de la vente que je voulais
faire de cette fabrique il y a 10 ans (1). L'inconvénient que je
vients de remarquer est considérable il est vrai, mais s'il est
unique la manufacture subsistera et l'emportera dans la balance
sur les fabriques de Rouen dont on imite la fayance à Quimper.
Or, touts les avantages que l'on peut désirer en faveur d'un
établissement de cette nature ce dernier excepté, se réunis-
sent en faveur d'un établissement de cette nature à Quimper.
I« Le bois à brûler ne vaut iey que 6 à 8 livres la corde ; à
Rouen on le paye* plus du double ainsi qu'à Rordeaux.
î» La main d œuvre qui est deux fois moins cher qu'a Rouen,
Paris, Bordeaux, etc. Voilà le revient du prix de la terre com-
pensé et au delà par ce double avantage.
' 3^ Le prix de la marchandise a toujours été réglé sur celui
de Rouen, et certainement le consommateur breton aimera
mieux tirer de Quimper à raison de la prompte expédition, de
moins de risques, frais de transport qui vont pour Rouen de 8
a 10 pour cent»
4» La consommation de la province est considérable et cette
f..... proximité des ports de Brest et Lorient airenneut un
débit soutenu. Elle.... à l'étranger et aux colonies a mo.....
aucune manufacture de France.
5® est ralentie depuis que pour la fabrique de causes
sont t<» Les établissements qu' née successivement d^epuis*20
ans en d de la province : on en compte jusqu'à 16 tota-
lement ruinée ; celles qui existent, bien loin de faire des pro-
grès ont bien de la peine à se soutenir pour ue riea dire de
plus. Une seule à Rennes parait devoir subsister parce qu'elle
(i) Le motif de la vente étoit que ma favencerie étoit vacante par la
caducité de mon père resté seul qui me rapeloit à mon pais, je me trou-
vais lors deux febriques étonnées de 1d« lieux.
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- 93 -
est dans le centra d'aae forte consommation assez considérable
pour effacer le désavantage qu'elle a de payer le bois cher ;
2® La cbute de la compagnie de Lorient qui faisait un débouché
considérable tant en fayences quVn pipes ; 3<> autre cause du
peu de débit actuel, c'est la cherté excessive des denrées qui
forcent une grande partie du peuple à penser uniquement aux
moyens de pouvoir fournir à sa subsistance, cause générale
qui influe sur les fabriques en gênerai de toute espèce qui lan-
guissent pour la plupart dans ce temps de misère.
6» Pour mettre la manufacture de fayence en état de fournir
au plus bas prix possible, IVntrepreneur actuel a établi des
moulins à eau tout à portée de sa fabrique, ce qui évite une
dépense annuelle très-considérable, avant qu'on Qt usage de ce
moyen ; il a aussi commencé à défricher des marais incultes
qui pouroyenl un jour fournir du bois à sa fabrique, sans
occasionner le renchérissement de celte matière si utile au
public ; on n'attend pour remplir cette vue qu'à être paisible
possesseur d*un terrain assez considérable que Son A. S. Mgr
le duc de Penlhievre a bien voulu accorder a renlrepreneur
a titre de feage pour favoriser les progrez de cet établissement.
7" Un autre avantage est d'avoir procuré au public des pipes
à fumer depuis 50 sols la grosse jusqu'à 20 sols. Il faloit au-
paravant les tirer de l'étranger. Elles valoyent lors de 7 à
8 livres la grosse (1).
8o La liberté de vendre journellement dans toute la pro-
vince par les agents de la manufacture et ses correspondants,
avantage accordé par arrest du Parlement du 16 décembre
1768 (2j.
De tous tes avantages réunis dans la fabrique de Quiraper il
résulte que cet établissement est à l'abri de toutes les révolu-
(1) Cjlle partie est susicptible de perfeclioQ et Ton se flatte bientôt
de pouvoir imiter les Hollandais elles Anglais.
(2) Auparavant Ton ne pouvait débiter dans plusieurs villes de la
province que les jours de foire ou marché.
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- 94 -
lions qu^on pourrait craindre et ne peut qu'acquérir une nou-
velle vigueur entre les mains d*un entrepreneur éclairé.
Depuis 1690 année de son établissement, cette fabrique
n*a point cessé de faire des progrez jusqu'à ce moment
et est devenue le ....rie pour fournir Biest et Lorient des
marchandises genre surtout en temps de guerre ou la
arrivé qu'il faloit faire ses demandes.".... d'en obtenir Tenvoy
et sont une légère augm ur ie prix de la marchandise metoit
en état de jusqu'à 66 livres le tonneau, prix ex sembloit
devoir anéantir cette fabriqup avantageux d'une prompte
vente et ntalion de 10 pour cent sur le prix n'eussenl
suffisants pour Tindemniser du haut prix des matières. Enfin
une existence de 80 ^ns avec augmentation de succcz dans
toules les circonstances de paix ou de guère, malgré le nombre
des fabriques qui se sont élevées de toutes parts, est une preuve
inconleslable de la solidité de cet établissement; le pende
fonds qu*avait rentrepreneur qui a fondé cette fabrique en est
encore une plus forte preuve; il n^avait que son talent et deux
mil livres de fonds, el en moins de .50 ans il a laissé pour
plus de deux cent mille livres de bâtisses.
S'il est avantageux d^établir de la porcelaine à Quimper,
Examinons maintenant si une manufacture de porcelaine
que l'on établiroit dans ce pays auroit les mêmes avantages
que celle de fayence : il est facile de le démontrer.
1** La consommation de la porcelaine doit être considérable
dans Tintérieur d'une province aussy considérable que la Bre-
tagne; outre la facilité des grands chemins, les ports de mer
multipliez à l'infini rendent la fourniture de toutes les parties
faciles aux moindres frais possibles; mêmes facililez pour
fournir d'autres provinces par les correspondances qui se trou-
vent en Bretagne.
2^ La main d'œuvre à Quimper est à très bas prix ; les jour*
nalièrs n'y étant payez qu'à 10 et 12 sols, l'on aurait les plus
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- 95 -
intelligents à 15 sols qui ailleurs couteroyent 25 à 30 sols par
jour.
3<» Le bois à brûler est iey à meilleur marché d'un tiers que
dans aucune ville un peu considérable de Bretagne, et ce seul
avantage est précieux.
11 s'en suit de là qu'une manufacture da porcelaine à Quimper
ne pouroit être que Irès-avànlageuse à son CLlrepreneur, quand
bien meniè il serait obligé d'y metre la première pierre et de
tirer les matières premières d'une autre province de France,
pourvu que ce fut d*un port de mer qu'on les tirât ; mais quels
avantages n*auroit-on pas a se promelre si l'on trouvait les
matières sur les lieux, comme on peut Tespérer^ ea faisant une
recherche exacte et suivie, le terrain de cette province ayant k
l'extérieur dans bien des lieux des signes probables qui annon-
cent une pareille découverte ; la fabrique alors serait peut-être
la seule de France qui réuniroit les plus grands avantages et
le plus de circonstances favorables.
Effet de l*union de la fabrique de porcelaine à la fayence, quel
avantage en résulterait,
1* La manufacture de Quimper a des bâtiments considéra-
bles, une étendue de terrain plus que sufisante pour toutes les
manipulations nécessaires dans Tune et l'autre entreprise
réunie.
Delà point de fonds absorbez pour Tachapt de fonds ; peu de
bâtiments à construire ; la plus légère augmentation des labo-
ratoires sufiroyent à touls les objets, même maison a tenir,
même directeur, même commis et magasins, point de faux
fraix dans la partie économique.
2o Les marchands qui viennent journellement pour Tachai
des fayances cl pipes s'assorliroyent aussi en porcelaines ; les
correspondances sont connues et toutes formées : que de per-
tes n*est»on pas dans le cas de supporter avant de parvenir
à la connoissance absolument nécessaire pour avoir commerce
étendu.
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- 96 —
3o Quelles ressources encore n'auroit-on pas pour se former
des ouvriers en porcelaine ;ceux qtfon deslineroil à ce dernier
genre débuleroyent par la fayence, ce seroit leur école et l'on
n'auroil pas de perle à essuyer, pnrceque loui passe en faïence;
on lireroil au besoin de celle eco e ceux en qui Ton remarque-
roil le plus de goûl el de capacil(^, pour les faire Iravailler a la
porcelaine, ce saroil un puissant niolif dVmulalion qui perfec»-
tionneroil la fayence el en auginenteroit le débit ; la facilité
que Ton aurpit de former des sujets raelroit de plus dans le cas
de ne pas craindre la diselle d'ouvriers, ni d*êlre forcez de
payer de trop forts salaires.
4® Il ne faut pour rélahlissenient proposé qu'un bon mode-
leur en étal de former des élevés, et une Ire^ modique somme
pour Taugmeniation nécessaire en fourneaux et autres labora-
' toires essentiels k cette pariie, lesquels couteroyent immensé-
ment si Ton ne trou voit duja abondamment (oui ce qui appar-
tient au travail de la fayence.
5« Si ce projet avait lieu, je suis des a présent en état de
fournir des ouvriers peintres et lourneurs qui pourroyent com-
mencer le travail de la nouvelle fabrique ;a mesure qu'elle de-
viendroit plus considérable on prendroit des arrangements pour
les correspondances et les magasins dans les villes.... comme
Rennes, Nantes, Vannes, Saint Malo, Morlaix, Brest el Lorient.
Touts ces ports de mer correspondant avec Télranger le
Tinlerieur des terres seroyenl fournie.,.., qui passent conti-
nuellement en Bretagne.
Un autre avantage à désirer et qu'il faut espérer du zèle et
dns lumières du gouvernsmenl, seroit si le Roy eu égard à la
facilité que celle fabrique auroit h fournir les provinces limi-
trophes, moderoit les droits d'entrée sur les porcelaines fayan-
ces et pipes qui se fabriqueroyeni à Quimper ; ne reduiroit*on
les droits sur la porcelaine qu'à ceux de la compagnie des Indes,
^t pour la fayance et pipes a proportion de ce qu'il en coule a
l'Etat pour tirer les marchandises de l'étranger, tourneioit au
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~ 97 -
soutien de pauvres familles qui intéressent plus Tetal que des
Indiens, Hollandois et Anglois, qui fournissent l'étal par l'intro-
duction en fraudes considérables des fayences, pipes en terres
d'angleterre et hoUandoises, ce qui fait que ces denrées rapor-
tent peu au roy et favorise les rivaux ou eneinis nez de l'étal.
Archives de la manufacture nationale de Sèvres (1)
(L'auteur de cette lettre est Pierre-Clément Caussy. Elle a
été écrite en 1770, dix ans après la vente de la manufacture
de Quimper.)
II.
Extrait des minutes des arcTiives du parlement de Bretagne.
(Archives de la Cour de Rennes).
Du 16 Décembre 1768.
Vu par la Cour la requête de noble homme Pierre- Clément
Caussy, propriétaire de la manufacture de fayance et pipes à
fumer établie à Quimper, tendante pour les causes y contenues
à ce qu'il plut à la Cour, ayant égard à l'exposé en la dite re-
quête,et vu ce qui en résultoit,permeltre audit Pierre-Clément,
à ses agens préposés ou fondés de sa part, de vendre et débiter
ses fayanees et pipes tous les jours indistinctement dans toutes
les villes où il n'y a point de corps, ni communauté de mar-
chands, sous ses offres de se présenter devant les juges des
lieux, par lui, ses dits agents, préposés ou fondés de sa part et
de leur donner leur nom paravant d'étaler leur marchandise
et de la vendre, parceque toutefois lesdits juges ne pourroient
leur refuser la permission de vendre que pour juste cause et
qu'ils mettroient par écrit, et à l'égard des villes où il y a mai-
trise et communauté de marchands, il seroit pareillement per-
mis au suppliant, ses agents, préposés ou tondes de sa part, de
(1) Je dois la communication de ce document et des deux qui le
suivent à M. Fougeray, qui les tient de l'obligeance de M. le conseiller
André de Renues.
7
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vendre, débiter ses dites fayaiices et pipes, sous ses offres tant
pour lui que pour les dFls agents,préposés ou fondés de sa part,
de se conformer aux lofs et statuts des dites communautés ou
corps de marchands, et aux arrêts et règlements de la Cour, et
ordonne que Tavis qui inlerviendroit seroit imprimé, lu, pu-
blié, affiché et enregistré au greffe de toutes les villes du res-'
sort de la Cour, afin que personne n'en pût prétendre cause d'i-
gnorance, sous les peines contre les contrevenants de tous
dépens, dommages-intérêts, requérant sur le tout l'adhésion de
M. le Procureur général du Roi pour Tintérêt public, sauf tous
droits et conclusions, la dite requête signée de Miniac, procu-
reur et répondu d'un soit montré au procureur général du Roi
par ordounence delà Cour du 1 5 décembre 1 768, conclusions du
dit Procureur général du Roi, au bas de ladite ^requête, des dits
jour et an ; sur ce, oui le rapport de iM. Huart de la Bourbon-
naye, conseiller en grand chambre et tout considéré.
Il sera dit que la Cour, faisant droit sur la dite requête et
conclusions du Procureur général du Roi, a permis au suppliant
de vendre et débiter par lui ou fondés de sa part, ses fayances
et pipes tous les jours indistinctement dans toutes les villes et
lieux où il n'y a point de maîtrise pour le débit de pareilles
marchandises, en se présentant seulement aux juges des lieux, et
à l'égard des villes où il y a maîtrise et communauté de mar-
chands, ordonne que le suppliant se conformera aux lois et
statuts des dites communautés, arrêts et règlements de la
Cour, au surplus lui permet de faire imprimer, afficher et enre-
gistrer le présent arrest au greffe des sièges de police des villes
et lieux où il fera vendre et distribuer ses dites marchandises.
Fait en parlement à Rennes le seize décembre 1768.
DE BOISGELIN, président.
HUART DE LA BOURBONNAYE, rapporteur.
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- 99 —
111
Arrêt de la Cour du Parlement de Bretagne rendu sur les
conclusions de M. le Procureur général du Roi qui ordonne
que les lettres patentes du 2 janvier seront bien et duement
exécutées dans toute l'étendue de la province.
Bu 1er Décembre 1780
Extrait des registres du Parlement,
Entre Marie-Jeaûae-Paul, vettve de François Heloury, tenant
njanufaclure de faïance, et François Peton, ouvrier, appelans
comme de juge inconûipetent, nullité et autrement de sentence
rendue par le senechal du prieuré ducal de Loc-Maria le 14 fé-
vrier dernier, demandeurs en requête du trois juillet ; M^ Le
Normand procureur, M» Clezen, avocat, d'une part ;
Et les S" Pierre Caussy et de la Hubaudiere, aussi tenant
manufacture de faiance, intimés et défendeurs, M« Ruaulx pro-
cureur, M® Gaudon, avocat, d'autre part ;
La Cour^ après oui Glezen avocat pour Lenormand, procureur,
et Glandon avocat pour Ruaul autre procureur, ensemble
Aumont, substitut du procureur général du Roi, a restitué dans
la forme la partie de Glezén contre Tarret par défaut du 16 juin
dernier ; au principal faisant droit dans l'appel de la sentence
du 14 février 1780, a mis ledit appel et ce dont est appel au
néant, corrigeant et reformant, a le tout cassé, rejeté et annulé,
et a déchargé les parties de Glezen des condamnations énoncées
contr'elles par ladite sentence , condamne les parties de
Gandon aux dépens des causes principale et d'appel.
Et faisant droit sur les conclusions du procureur général du
Roi, ordonne qu9 les lettres patentes du deux janvier 1749
-seront bien et duement exécutées dans toute l'étendue de la
province ; en conséquence fait défenses à tous ouvriers de sortir
des manufactures, et à tous maîtres d'autres manufactures de
les recevoir, s'ils ne sont porteurs d'un congé ou du maître
qu'ils quittent ou du juge de police des lieux, lequel ne pourra
le leur refuser, s'ils justifient par témoins ou autrement qu'ils
ont averti leurs maitres trois mois avant leur sortie, qu'ils ne
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— 100 -
leur doivent rien el qu'ils ont fini les ouvrages par eux corn*
raencés.
Ordonne que lesdites lettres patentes ensemble le présent
arrêt seront à la diligence du Procureur général du Roi im-
primés et envoyés dans tous les sièges royaux de police de la
province pour y être lus, publiés et enregistrés ; qu'à la requête
des substituts dudit procureur général auxdits sièges, ils seront
pareillement lus, publiés et enregistrés dans toutes les juri-
dictions sous le ressort desquelles il y a des manufactures, et
qu'à la diligence desdits substituts, chacun en droit soi, un
imprimé desdites lettrés patentes et arrêt sera affiché dans
chaque manufacture dans le lieu le plus éminenl.
Fait en parlement à Rennes le l®'^ décembre 1780.
PICQUET, Greffier.
Archives du Parlement de Bretagne. — Bibliothèque
de la Conr de Rennes.
IV.
Résiliation d'un traité pour t établissement d'une Manufacture
de faïence à QuimperU.
{M octobre 1765).
Devant nous notaires royaux héréditaires de la sénéchaussée
de Quimperlé, avec soumission y jurée, ont comparus Yves
le Béchennec, demeurant au lieu de Pénerven> près Quimperlé,
trêve de Saint David, paroisse de Redené, lani en privé nom,
que faisant le fait vallable pour Marie Arscoêt, veuve commu-
Bière de Jacques le Béchennec, son frère, tutrice des enfans
mineurs de leur mariage, aux fins de sa procuration, raportée
par les notaires de la jurisdiclion de la SauMraye, le vingt neuf
septembre mil sept cens soixante trois, dûement controllée à
Ponscorff, d'une part ; Monsieur Jean René Lalau, sieur Dé-
zautté, procureur du roy à Quimperlé, y demeurant au Bour-
gneuf de Quimperlé, mêmes trêve de Saint David et paroisse de
Redené, et maitre René Cathelinais Duchcsnay, notaire et pro-
cureur audit siège royal, demeurant en la paroisse de Saint
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-^101 -
Michel, d'autre part ; entre lesquels a été reconnu qu„e depuis le
premier octobre mil sept cens soixante trois, il se seroit volon-
tairement fait une société entre parties an sujet des manufac-
tures de poterie et fayance établies Tune au bas du quai de
cette ville paroisse de Saint Michel, Tautre au lieu de Pénerven
près cette ville, trêve Saint David paroisse de Redené, et suivant
les conventions des parties il fyt expressément coûvenu que ces
deux manufactures, ou plutôt les profits ou les pertes qui en
proviendroient seroient ou partagées, ou supportées', moitié par
les Bechennec, et Tautre par lesdits sieurs Lalau Dézautté,
Audren, et Cathelinais, qui pour avoir intérêt d'une moitié entre
eux trois dans ces deux manufactures, firent un fond de trois
mille livres, tant pour le remboursement de la moitié de toutes les
effets, outils et marchandises qui composoient celle du bas du
quai, que pour Tachât entier de tout ce qui composoit la manu-
facture de Pénerven, ce qu'ils ont réellement fait, 'ainsi que
l'achat de toutes terres, plomb, étain, mine de plomb, bois et
autres choses nécessaires tant pour la composition des vernis,
que pour la cuisson des marchandises ; reconnu de plus que
lendits sieurs intéressez ont fait relever à neuf presque tout le
four de Pénerven, et une parti de celui du bas du quai, et
qu'ils ont payez' tant les matériaux, que l'œuvre de main.
Reconnu enfin, et le- tout de bonne foy, que ladite somme de
trois mille livres, suivant les quittances apparues et représentées
de part et d'autre, ont été employées utilement à l'occasion
desdites manufactures. Mais comme personne ne veut plus faire
d'avance, qu'il y a quelques marchandises existantes dan$ les
magazins, et quelques restaux ou crédits à éliger, et ayant
d'ailleurs en vue de se quitter avec autant d'amitié, qu'on c'est
associée, toutes les parties d'un commun consentement, ont
déclarées et déclarent volontairement par le présent, et sans
dommages ni intérêts de part et d'autre, annuller, résilier et
anéantir à pur et à plein toutes sociétez contractées entr'elles
soit verbalement, ou autrement, et ce, aux points, clauses et
conditions qui vont être expliquées.
Yves le Bechennec, aux dits noms, ira demeurer avec sa
belle sœur, dans la manufacture du bas du quai, dont, dès ce
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— 102 -
jour, ils disposeront à leur profit et avantage personnel, ainsi
que de tous les outils, bois, terre, four, gazelles (î) et autres
choses en dépendantes, sans que lesdits sieurs Lalau, Âudren
et Cathelinais y puissent rien prétendre pour l'avenir, ni être
inquiétez ni recherchez pour le payement des choses qui se
prendront à l'avenir pour le service de la dite manufacture.
Messieurs Audren, Lalau Dézautté, et Duchesnay Cathelinais
disposeront à Tavenir, et à compter de ce jour, de toute la
manufacture de Pénerven, ainsi que de tout ce qui en dépend
comme four, terre, planches, gazelles, moules, et généralement.
de tout ce qui y est et la compose, sans que pour l'avenir Yves
le Béchennec, ni sa belle sœur et enfants y puissent rien pré-
tendre et exiger ; les parties faisant cet arrangement et sépara-
tion volontaire, pour éviter à toutes discutions et frais entr'eux.
Reconnu qu'il est dû de dettes sur les dites manufactures
environ huit cens livres, compris les loyers desdites manufac-
tures de Pénevern et du quai ; reconnu aussi qu'il y a ai\ ma-
gazin de Pénervern pour environ cent cinquante livres de mar-
chandises ; dans celui du quay, pour environ cent francs, et un
magazin de pippes, au Bourgneuf, pouvant valoir la somme de
huit cens livres; qu'outre tout cela il est dû aux manufactures,
et de moitié entre les parties susnommées, aux qualités qu'elles
agissent, par les différens marchands qui ont pris des marchan-
dises, environ la somme de trois cens livres ; de sorte que
balançant les dettes actuelles, et communes aux jîarlies, avec
les marchandises existantes dans les trois magazins, et ce qui
est dû par les.diférens marchans, ces deux derniers articles
seroient plus que suffisans pour payer toutes les dettes contrac-
tées depuis la société jusqu'à ce jour, et produiroient même
quelques bénéfices qu'il est juste de partager entre tous les in-
téressez, et pour cet effet on est convenu unanimentde ce qui
suit.
Vrimo, Les dettes qui consistent dans 4es loyers échus de la
Saint Michel dernière des deux manufactures, en question, dans
(O Casettes.
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-~ 103 —
fétain, le plomb, mine de plomb, bois, et autres choses fournies
pour l'utilité des manufactures et compositions des vernis, et
même dans q.uelques arrérages de Tannée dernière pour ferme,
seront d'abord prélevées sur les ventes et livraisons des mar •
chandises existantes dans les magazins du quai, Pénerven et du
Bt)urgneuf qui renferment du commun, et de iaiayance, et des
pippes, le tout de diférens espèces et dont sera fait inventaire.
Secundo. Si quelqu'un des associez avancé quelques unes de
ces dettes communes à tous, il en sera remboursé sur le prix
de la vente suivante, et des premiers deniers qui rentreront à
la masse qui pour cet etTet sera déposée, à fur et à mesure
qu'elle se formera, aux mains dudit sieur Audren, que l'on a
nommé pour cet effet, et qui a bien voulu se charger, en cons-
cience, de rendre ce petit compte.
Tertio, Les dettes payées, comme dit Bst, le reste de toutes
|es marchandises des trois magazins, sera partagé de moitié,
l'une pour les Béchennec, l'autre pour lesdits sieurs Lalau,
Audren et Calhelinais.
Quarto, Comme il y a dans le four de Pénerven, dans ce
moment, une fournée de marchandises en crû et une autre aussi
au bas du quai, et qu'il faudra les vernir, et les y remettre une
seconde fois sous huit ou quinze jours, pour leurs cuissons en-
tières, il est convenu et arresté que ces dites fournées seront
partagées (mediatim) entre Béchennec, sa sœur, d'une part,
et les sieurs intéressez, d'autre, parce que aussi, les avances à
aire pour acheter et perfectionner ces fournées, seront préle-
vées sur la première vente, et remboursées à celui, ou ceux qui
en auront fait l'avance.
Quinto. Dans l'une et l'autre des manufactures il y a des
^erres de diférens lieux, propres à fabriquer, et aussi des mar-
chandises fabriquées qui n'ont point entrées aux fours, mais
seulement qui bientôt pouroient y être mises ; les parties dési-
rant se quitter sans recours ni reprise l'une vers l'autre, il a
été arresté et convenu que toutes les terres qui sont au bas du
quai, ainsi que les marchandises, non finies, et qui sont en crû'
ou en biscuit, appartiendront en entier à Le Béchennec et
consorts, comme le reste de la manufacture du quai, parce-
qu'aussi toutes les terres qui sont à Pénerven, toutes les mar-
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— 104 —
chandises non finies, et qui sont en crû, ou en biscuit, appar
tiendront en entier auxdits sieurs Audren, Dézautté et Catfie-
linais ; et à ce raoïen les deux manufactures se trouvant
séparées, les Béchennec payeront pour l'avenir, et à compter
de la Saint-Michel dernière, la ferme el tout ce qui composera
la manufacture du quai , et lesdils sieurs Dézautté Lalau, Au-
dren et Cathelinais, à compter du même tems, et sans reprise,
ni recours d'un' côté vers l'autre, le prix de la ferme de TPé-
nerven, dont la manufacture leurs appartient tiers à tiers. Le
raport et droits du présent résiliemeiit payables par moitié. En
Tendroit s'est présenté Marie Arscoûét veuve de Jacques Bé-
chennec et tutrice des enfants de leur mariage demeurante à
la manufacture du bas du quay paroisse de Saint-Michel,
laquelle nous ayant requise de lui donner lecture du présent
résiliement, nous la lui avons donné, et ensuitte a déclaré louer,
approuver tout le contenue en icelui et lavoûer pour agréable,
conjointement avec Yves Le Béchennec son beau frère, con-
sentant que le tout aït son entier effet suivant sa forme et
teneur. A ce que dessus tenir et accomplir les parties s'olpli-
gent avec tous leurs biens présans et futurs ;'Yves Le Béchen-
nec et. Marie Harcoûét solidairement Tun pour l'autre sans
division ni discution y renonçans, et lesdits sieurs Lalau Dé-
zautté, Audren et Cathelinais Duchesnay, aussi solidairement
comme dessus. Fait et passé au lieu de Pénerven en la demeure
d'Yves Le Béchennec, au raport de maitre Claude Hervo notaire
royal, son collecque présent , sous les seings desdils sieurs
Lalau Dézautté, Audren, Duchesnay Cathelinais et dudit Yves
Le Béchennec pour leurs respects, et celui de Joseph Rondeau,
k requête de ladite Arscoûét, qui a déclaré ne le savoir faire,
de ce interpellé suivant l'ordonnance, et les nôtres notaires, ce
jour onzième octobre mil sept cens soixante cinq avant midi.
Ainsi signé en la minutte Lalau Dézautté, G. Audren, Ouches-
nay-Catheiinais, Béchennec, Joseph Rondeau, Le Reguer,
notaire royal, Hervo, autre notaire royal raporteur, qui garde
ladite minulte, dûment controllée à Quimperlé le quatorze oc-
tobre dit an, par Le Maire qui a reçu quarente huit sols. Signé :
Hervo, notaire royal.
{Titre de Vétude de M« F. Audran^ notaire à Quimperlé,)
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— f05 —
SÉANCE DU SAMEDI 28 AOUT 1875.
Présidence de M. le Camte DE CARNÉ
DE l'AGADÉHIB française.
Etaient présents : MM. de Carné ; Audran ; Sur-
rault ; Louis de Jacquelot ; Tabbé Guillard ; Moreau ;
Fougeray ; Malen ; Caën ; Flagelle ; Bourassin ; Cor-
mier ; Faty ; Le Men et de Montifault.
La séance est ouverte à 2 heures.
M. le Président fait connaître à l'Assemblée que le
Conseil général n'a pas pu accorder en entier au
Musée départemental, la subvention qui avait été de-
mandée et a voté une somme dé 500 francs seulement,
en regrettant de ne pouvoir faire plus et en manifes-
tant sa sympathie pour l'œuvré qui est en si bonne
voie.
M. Faty demande que la société veuille bien vérifier
sa gestion de trésorier. L'Assemblée nomme pour
procéder à l'examen réclamé par l'honorable membre,
une Commission composée de MM. Surrault, de Jac-
quelot et de Montifault.
M. le Président donne lecture de la notice suivante
sur feu le docteur Le Hir, envoyée par M. Puyo.
« Messieurs,
« Encore sous le coup de la perle de noire si regretlé prési-
dent, M. de Blois, nous apprenions que M. Daniel Le Hir venait
de rendre sa belle âme à Dieu. Après avoir accompagné, avec
la ville de Morlaix enlière, les reslcs de ce digne docteur, lui
payant ainsi de justes tributs de reconnaissance, et rendant
hommage à ses vertus, après avoir la douce et triste consola*
tioD que ce fervent serviteur de l'Eglise, que ce zélé ibodaleur
8
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^ 106 —
de nos œuvres catholiques, occupe au ciel la meilleure place
parmi les élus, il nous reste à remettre en lumière les travaux
qui Tout fait un de nos plus utiles collaborateurs, un des
savants les plus justement estimés des personnes qui s'occupent
de géologie etfd'archéologie.
« Ancien chirurgien de marine, M. le docteur Le Hir donna
de bonne heure sa démission. Ses aspirations scientifiques se
trouvaient à Tétroit dans une chambre de bord, et pensant
rendre service à Thumanité, tout en trouvant la faculté de ré-
pondre à ses aspirations^ il vint se fixer à Morlaix. Ses hautes
connaissances, sa grande habileté comme opérateur le firent
nommer médecin de l'hospice.
« Dans ses courts loisirs il fit de nombreuses recherches,
apportant partout et en tout Tesprit d'observation ; aussi ne
tarda-t-il pas à réunir assez de matériaux pour apporter à la
Société géologique de France, les preuves les plus convain-
cantes que les grès du Finistère étaient tous Devoniens (étage
inférieur). Les preuves consistaient dans l'étude minutieuse et
approfondie des fossiles ; ainsi il trouva YAthyris concentrica,
la Fenestella, les Atrypa reticularis et undata, le Grammysia
et plusieurs autres caractérisant le Devonien. Cette découverte
eut un grand retentissement dans le monde scientifique.
n Maints articles et brochures sont dus à sa plume ; les prin-
cipaux sont : Exposé de la Géologie de F arrondis sèment de
Morlaix ; Roches amphiboliques^ Tourmalines, Aiguës marines.
Calcaires, Mâcles^ Grenats, Eurites, Episotes et substances
minérales trouvées dans l'arrondissement de Morlaix et ayant
donné Heu à des articles séparés.
a M. le docteur Le Hir n'a pas borné ses études au rôle
d'un collectionneur. De tous ses documents il est arrivé à dres«
serdes cartes qui devaient accompagner l'ouvrage qu'il préparait
sur le nord Finistère. Disons enfin que sur les instances
du professeur Hubert de la Faculté des Sciences de Paris, il
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— 107 —
publia une note sur Tâge des Roches fossilifères du Fiûislère
(arrondissement de Brest, Chàteaulin et'Morlaix).
a L'archéologie préhistorique (puisqu'on est convenu d'ap-
peler ainsi la science qui s'occupe des antiquités primitives
éparses sur notre sol), avait aussi occupé M. le Hir ; c^est lui
qui le premier en Bre^gne, signala une grotte contenant des
silex taillés de main d'hommes. Il en fit Tobjet d'un récit com-
plet qui parut dans l'ouvrage intitulé : Matériaux pour VHis-
toirc, primitive et naturelle de VHomme^ et la Société Archéolo-
gique'do Finistère, dans son Bulletin du 10 janvier 1874,
résume le résultat de ses fructueuses recherches. Nous avons
tous pu apprécier la lucidité et la conscience de la description
donnée de la grotte de Roc'h-Toul.
« Cette courte énumération des longs travaux de lotre re-
gretté confrère, nous laissera le regret que la mort n'ait pas
permis au docteur Le Hir de publier l'ouvrage auquel il a con-
sacré toute sa vie ; ce vaillant pionnier de la science cherchait
toujours^ et la conscience qu'il apportait en tout, lui faisait
souvent attendre de nouvelles preuves à l'appui de ses asser-
tions ; c'est peut-être à cela qu'il faut attribuer le fâcheux
retard apporté à sa publication. '
« Puis, toujours aux écoutes de ce qui pouvait répandre la^
lumière sur les temps passés, notre savant docteur se trans-
portait partout où une découverte était faite, fouillait de ses
mains et avec un soin minutieux, les lieux où les objets avaient
été rencontrés. Nous avoûs eu le bonheur de le suivre, il y a
deux ans, dans les fouilles qu'il fit à Bagatelle (propriété de
M. Edmond Puyo^ et nous avons pu, en suivant et partageant
ses travaux, partager l'enthousiasme qui l'animait. Nous pour-
rions peut-être placer ici quelques notes sur ce travail de M. Le
Hir, mais nous pensons qu'il sera plus utile pour la Société d'en
faire l'objet d'un rapport, en l'accompagnant de dessins exacts
des matériaux recueillis.
< Payons, Messieurs et chers confrères, un tribut de regrets
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— 108 -
à la mémoire de Tbomme de bien, du docteur zélé, du savant
géologue et consciencieux archéologue « à celui qui fut un des
fondateurs de notre Société. »
Cette lecture est accueillie avec la plus grande sym-
pathie par tous les membres de l'Assemblée.
M. le Président, reprenant la suite de^ Tordre du
jour, indique qu'on en est arrivé à l'article intitulé ;
« Une revendication mal fondée. »
Il regrette que la polémique s'introduise parfois au
sein des assemblées scientifiques. En somme ces dis-
cussions qui importent aUx personnes, ne profitent
que peu à la science elle-même. C'est ce qui arrive
dans le cas présent. La découverte est faite, la science
en a profité, et tous les membres de la Société savent
à qui est dû le progrès réalisé. Néanmoins, devant
une revendication aussi vivement formulée que celle
de M. Mowat, le Président s'est demandé si la Société,
ainsi mise en demeure, devait s'occuper de cette af-
faire. C'est aux membres qui la composent à décider
là. question.
• L'Assemblée décide à l'unanimité qu'elle entendra
la lecture des documents dont il est queistion.
Le Président donne la parole à M. Le Men.
UNE REVENDICATION MAL FONDÉE
AU SUJET DE LÀ DÉCOUVERTE DE VORGANIUM.
Le Mémoire que j*ai publié sur Vorganium et Vorgium dans
le tome II, pages 18 et seq. du Bulletin de la Société archéolo--
gique du Finistère^ a provoqué de la part de M. Howat, chef
d'escadron au 10« régiment d*artillerie en garnison à Bennes,
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— 109 —
une réclamatioii longuement développée dans une lettre datée
du 20 avril 1875. Cette lettre, dont je vais prier un de nos col-
lègues de vous donner lecture, in-extenso^ a été remise à la fin
du mois de juin, par H. le docteur Halléguen, à M. le comte
de Carné, président de notre Société. Comme cette revendica-
tion me semble étrange, et qu'elle est soumise à l'appréciation
des membres d'une Société savante, il convient d'apporter à son
examen assez de clarté et assez de méthode, pour qu'il n'y ait
place ni k une surprise ni à un malentendu.
Je relèverai donc, au courant de la lecture, quelqqes asser-
tions de mon contradicteur, me réservant d*eiaminer à la fin,
avec tous les détails qu'ils comportent, les points principaux
contenus dans la lettre de M. Mowat, Je prie donc l'un de vous,
Messieurs, de donner connaissance à l'assemblée du texte de
cette lettre :
A Monsieur le Comte DE CARNÉ, de V Académie française^
président de la Société archéologique du Finistère.
« Rennes, 30 avril 4875,
a Monsieur le Président,
« Le Bulletin de la Société archéologique du Finistère, dans
son numéro de juillet 1874, contient un mémoire intitulé
« Vorganium, Vorgium et la cité des Osismii » dont M. Le
Men, archiviste du Finistère, est l'auteur^ et dans lequel je suis
nominativement l'objet de ses critiques. Dans les polémiques
courtoises, il est d'usage d'adresser tout d'abord et directe-
ment à la personne mise en cause un exemplaire de la publi-
cation qui le concerne ; cette formalité a été orbise à mon
égard, et j'aurais ignoré les attaques dirigées contre moi, si des
amis, qui en avaient eu connaissance, ne s'en fussent justement
émus et ne m'en eussent informé. (1) La Société archéologique
(i) 11 imnorte de préciser ici les dates de cette publication. La livrai-
son du Bulletin qui contient mon mémoire, a été distribuée aux mem-
bres de la Société archéologique le 15 janvier 1875. La partie de ce
travail qui a provoqué la réclamation de M. Mowat, et qui est relative
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— 110 —
du Fmisiëre ayant admis ce mémoire dans son bulletin, s'est,
parle fait même, soumise à Tobligation d*insérer dans* la même
publication la réponse qu'il me conviendrait de lui faire à mon
tour. C'est la destination que j'ai l'honneur, Motisieur le Pré-
sident, de vous prier de vouloir bien donner à la présente
lettre,
a M. Le|Aen, dont je n'ai mentionné liBnom (l)dans aucunede
mes publications,^ par la raison toute simple que je ne me suis
point mêlée à la controverse qu'il a soulevée au sujet de la dé-
couverte de Vorganiuo) (2). M.LeMen, dis-je, débute à la page
26 par reproduire un paragraphe d'une lettre que je lui aurais
adressée en janvier 1873. M. l'Archiviste du Finistère, qui n'a
point cherché à obtenir mon consentement au préalable, se fi-
gure évidemment qu'il lui est loisible de traiter une correspon-
dance confidentielle comme les documents publics placés sous
sa garde. Il est cependant admis partout, et c'est même un
principe consacré par la jurisprudence, que le droit de pro-
priété sur une lettre privée ne confère nullement au destina-
taire le droit de la divulguer. Je proteste donc, tout d'abord,
à la découverte de remplacement de Vorganium et de la station de
Vorgium, avait été lue au mois d'août 1874, au Congrès de TAssocia-
tioû bretonne tenu à Vannes. Elle a été publiée ensuite dans la livrai-
son de février 1875 de la Revue archéologique, recueil dont, si je ne me
trompe, M. Mowat est un lecteur assidu. Il n'y a donc eu en réalité,
qu'un mois d'intervalle entre la distribution du Bulletin de la Société
archéologique et celle de la Revue archéologique gui contenait mon ar-
ticle. J'ajouterai que j'étais persuadé que cet article, dont j'avais cor-
rigé les épreuves dans les premiers jours de janvier, paraîtrait dans la
livraison ae ce mois.
(1) Ceci est exact. Dans les articles où M. Mowat parle de Vorganium,
il remplace mon nom par le pronom indéfini on,
(2) Il est regrettable que M. Mowat n'ait pas cité à l'appui de cette
assertion les lignes suivantes que j'extrais du journal Le Finistère,
no du samedi 3l janvier 4874 :
« Nous sommes prié d'annoncer qUe M. Le Men est étranger à une
série d'articles publiés par V Océan sous le titre de « Le Geai de Vor-
ganium » et sous la signature lar^n Tor e Benn. C'est donc par une re-
grettable erreur que son nom a été mêlé à une polémique sur les viva-
cités de laquelle nous n'avons pas à nous prononcer.
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- lit -
contre l'emploi que M. Le Men a fait de ma lettre dans le but
de se créer des droits de priorité à la découverte de Vorganium,
et je me refuse formellement à appuyer cette prétention en
laissant passer un témoignage surpris à ma confiance. Ce que
je désavoue, co n'est pas le texte de lettre cité, mais la
portée que M. Le Men lui attribue et le parti qu'il en veut
tirer. La réserve que |je fais se comprendra facilement à
l'aide d'une correspondance que je puis à mon tour produire
avec les explications nécessaires en .vertu de mon droit de
réponse.
« Mais auparavant j'ai à faire justice d'une note placée au bas
de cette même page 26 ; je dirai donc à l'auteur de cette note,
que je ne reconnais à personne le droitd'insinuer que j'ai oublié
ce que j'ai pu lui écrire ; je le reconnais moins encore, â qui se
permet de détourner de sa destination privée tout ou partie
de ma correspondance. Quant à l'honorable personne qualifiée
par lui dans des termes que, par bienséance, je ne répéterai
point, il aurait dû la désigner par le nom dont elle a signé sa
réponseau pseudonyme auteur de l'article du journal V Océans
intitulé le « Geai de Vorganium, » article auquel M. Le Men fait
allusion dans la note en question. Pour quiconque n'est pas au
courant de celte polémique locale, à laquelle je suis étranger,
cette note pleine d'obscurités fait peser sur moi une équivoque
que je dénonce comme elle le mérite. Je suis convaincu qu'un
morceau aussi peu académique n'a été introduit que par sur*
prise dans le bulletin de la société archéologique du Finistère,
et qu'elle en déclinera la resp'onsabilité dès qu'elle aura con-
naissance de ma plainte.
« J'arrive maintenant à la question de priorité, telle que M. Le
Men la revendique pour son compte exclusif, sur la découverte
de Vorganium.
« En novembre 1872, c'est-à-dire à une époque où nul n'avait
encore émis l'opinion que l'inscription milliaire de Kerscao
(Finistère) pût avoir quelque rapport avec Vorganium, j'étudiais
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— 112 -
k lecture restituée qu'en avait ilonnée M. Denis Lagarde, le
plus récent auteur qui en eût parlé jusqu'alors :
TI. CLAVDIVS
DRVSI FILIVS
CAESAR AVG
GERMANIC PON
TIFEX MAX TRIB
POTEST VHMP
XI PP COS in^DE
SIGNATVS 1111
. . A . . . . MP V
« Une chose me frappa, c'est que, ni cet auteur, ni personne
après lui n'avait indiqué le parti à tirer de la dernière ligne,
quelque mutilée qu'elle fut, et l'idée me vint que puisque la
borne était érigée en plein territoire Osisme, la lettre A de
cette ligne appartenait nécessairement au mot VORGANIVM,
d'après l'usage observé en Gaule de prendre les chefs-lieux des
cités pour tête de lignes itinéraires (1). Sous cette impression,
j'écrivis vers le 26 novembre t87'2, à M. Le Men qui, me disait-
on, avait visité le monument postérieurement à Denis-Lagarde :
« Monsieur, si vous voulez bien me peràiettre, je viens sous la
« recommandation de M.*** m'adresser a votre obligeance,
« pour obtenir des renseignements sur l'épigrapbie romaine
« dans le Finistère et particulièrement sur la colonne de Ker»-
« cao que je me propose de visiter, mais je n'ai pu encore
« réaliser ce projet. J'ai pris (K^nnaissance de la notice que
« M. Levot (j'aj^ écrit ce nom par inadvertance au lieu de
tt DeniS'Lagarde) a publiée dans le bulletin de la Société aca-
(4) Ceci prouve de la part de M. Mowat une perspicacité au moins
égale à celle qu'il veut bien m'attribucr. Si, cependant, cette lettre A avait
appartenu à Brivates Portus, Gesocribate, Staliocanus Portus, Vindana
Portus, Mannatias, localités dont la position est loin d'être fixée d'une
manière certaine, et dont les noms renferment tous un, deux et même
trois A ?
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« démique de Brest, Tome IV, et j'ai remarqué que l'auteur a
« iavolontairement, sans doute, laissé subsister quelques doutes
« sur la lecture de la dernière ligue A... MPV. L'état de h sur
« face de la pierre permet-il d'affirmer qu'avant la lettre A, et
« aussi dans l'espace qui la sépare du groupe M P, il n*y a jamais
« eu d'autre caractère que l'usure aurait oblitéré P La question
« est très-importante, car c'est d'elle que dé[)end éventuelle»
« ment la découverte de la localité à partir de laquelle était
« comptée la distance itinéraire, et quant au numéral expri-
« mant cette distance, aperçoit-on des traces de une ou plu-
« sieurs unités k la suite du chiCfre V. ete. etc. »
« M. Le Men me répondit à' la date du ?8 novembre sui-
vant :..,.« J'arrive à la borne de Kerscao dont j^ai pris en
« 186& un estampage que j'ai envoyé avec un mémoire à la
« Commission de la topographie des Gaules (ici un passage
« que je laisse de côté pour abréger » il est étranger à mon
« sujet.) La première lettre bien certaine de celle ligne est A ;
« elle pouvait être précédée de deux ou peut-être de trois
« lettres. Une d'elles, celle qui la précède immédiatement, m'a
« paru être une leitre ronde, peut-être un G ou un G. Entre
« la lettre A et le^ lettres conjointes MP qui sont bien cer-
« taines, il m'a semblé voir un N, un V et un M, ces trois let-
« très-liées entre elles : Voilà ce que j'ai cru voir. Mais ces
« caractères sont peu distincts et je ne puis être trop affirmatif
« sur ce qu'ils représentent. Ce dont je suis certain, c'est qu'il
« y avait des lettres entre l'A et l'abréviation MP. Après cette
« abréviation, vient le signe ou chiffre V qui a pu être suivi de
« plusieurs unités. Si le chiffre indiquant la distance avait pu
«t être déterminé d'une manière certaine, j'aurais été incliné à
« voir dans les lettres douteuses de la neuvième ligne les syl-
« labes GANIVM, finale de VORGANIVM, la capitale des Osis-
« mii. B
« J'étais loin de m'-attendre à une réponse aussi détaillée» et
si, d'un côté la confirmation inopinée de ma conjecture géo*
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graphique me fit éprouver une légitime satisfaction, j'avoue
que d'autre part, je me sentis stupéfait devant Textréme préci-
sion de ces renseignements, et que je conçus des doutes dé-
plaisants, quand je songeai que^ pendant sept ans, M. Le Men
n'avait jamais soufflé mot d'une pareille découverte dont la
révélation se produisait pour la première fois à l'occasion de
ma lettre. Pourquoi n'avail-il jamais rien écrit pour s'en
assurer la possession (1) ? Pourquoi jusqu'au dernier moment
u'avait'il cessé de placer Vorganium à Carbaix, lorsque à l'en
croire du moinsi il avait en main la preuve matérielle du con-
traire ? Ainsi, dans son mémoire sur les cités des Osismii'et des
Veneti [Revue Archéologique 1872) , où l'on se serait attendu à
ce que la question du site de Vorganiu|u fut topiquement traitée,
pourquoi n'y fait-il pas même une allusion à la pierre de
Kerscao ? Pourquoi dans un feuilleton archéologique du journal
Le Finistère {n* du 30 octobre 1872) , c'est-à-dire un mois à
peine avant la réception de ma lettre, parle-l-il séparément de
celte inscription et de Vorganium comme de deux questions
étrangères l'une à l'autre ?
« Etait-il vraisemblable que, s'il eut réellement fait cette dé-
couverte, il fut venu m'en livrer à moi , inconnu, le secret
précieusement dissimulé pendant de longues années (2^. Et,
d'autre part, comment après m'avoir écrit cette lettre , M. Le
Men a-t-il pu imprimer à deux reprises la phrase suivante que
je relève dans Le Finistère du 5 mars 1873 f verso du feuille-
ton, col. 4), et dans le Bulletin de la Société Archéologique du
Finistère de juillet 1871 , page 23 : « Avant de faire part de
mes conjectures à qui que ce soit\ « je résolus d'étudier de
(1) Parce que je n'étais nuUement certain de nia lecture, et j'aimais
mieux attendre patiemment Toccasion d'étudier de nouveau cette ins-
cription que de m'exposer à commettre une erreur comme celle qui a
été commise pour la borne de Maël-Carhaix.
(2) Puisque cet inconnu venait de m'écrire pour me demander mon
secret f je pouvais sans crainte le lui livrer. Sa lettre n'était-elle pas
pour moi une garantU suffisante ?
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- H5 -
nouveau là pierre de Kçrscao P o Que penser de cette variation
de langage ? Pour tnoi, je prends acte de cette déclaration ab-
solue, à qui que ce soit^ et je l'oppose au fait même de la lettre
de M. Le Men (1).
« La Société Archéologique du Finistère, qui a maintenant
sous les yeux les pièces du procès, jugera si, d'après les termes
mêmes de ma lettre, j'ai pu adresser à M. Le Men une demande
de renseignements sur l'inscription de Kerscao, sans qu'un
esprit aussi perspicace y ait deviné ma conjecture géographi-
que ; elle jugera si je suis fondé à croire que M., Le Men a
puisé dans ma correspondance la notion qui lui a permis de
reprendre fructueusement le déchiffiteraent de Tinscription , en
un mot, elle jugera si le principe de la découverte de Vorga-
nium ne se trouve pas dans ma lettre du 26 novembre 1872.
« J'ai hâte de terminer ce sujet. M. Le Men se décida d'après
mon pressant conseil, h faire transporter la pierre de Kerscao
au Musée deQuimper; c'est ce qui résulte flu langage tenu
par lui dans Le Finistère du 8 mars 1873 : « Mes hésitations
« cessèrent à la réception de cette lettre qui contient, outre
« l'opinion personnelle d'un homme très-compétent, l'histo-
tt rique de ce qui a été fait en Bretagne dans ces dernières
« années pour préserver de la destruction les quelques bornes
« milliaires qui s'y trouvent encore, etc. » (2J.
(Ij Mon contradicteur était sans doute préoccupé quand il a écrit
ces lignes. Il est facile de voir en lisant mon travail qu'il s*agit ici
d*un fait antérieur de plusieurs années ù mes rapports avec M. Mowat.
(2) J'avais depuis longtemps l'idée arrêtée de faire transférer Id
borne de Kerscao au- Musée de Quimper dès que le' bâtiment où il
devait être établi serait achevé, afin de la mettre à l'abri de tout acci-
dent, et de pouvoir l'étudier dans les conditions les plus favorables.
C'est seulement en 1872 que les salles de ce Musée ont été mises à
ma disposition, et elles mont servi d'ateliers pendant tout le prin-
temps et l'été de celte année. 11 ne m'a donc pas été possible de son-
ger au transfert de cette borne avant la fin de 1872, c est-à-dire avant
répoque où le hasard m'a mis en rapport avec M. Mow&t.
Je m'étais du reste déjà autorisé de l'avis de plusieurs membres
de la Société qui pensaient qu'il y avait lieu de transférer la borne
au Musée , et je n'ai demandé que pour corroboration l'avis de
M. Mowat, qui s'occupait plus spécialement d'épigraphie.
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-- H6 -
« Dès que la pierre fut arrivée au Musée de Quimper, il
m'ioforma qu'il venait de lire à la dernière ligne VORGAN, ce
qui diffère sensiblement de sa leçon précédente donnée de sou-
venir G&NiVM. Dès lors il ne me restait plus qu'à l'engagera
publier sans retardla découverte; c'était là le but de ma lettre
livrée depuis à la publicité. Les félicitations que je lui adres-
sais au courant de la plume, s'appliquaient seulement à la
bonne fertune qu'il avait eue de donner, le premier, sur le
monument une lecture dont j'avais théoriquement donné là
clef. Mais par un sentiment qne chacun comprend, je ne parlai
pomt de moi, voulant lui laisser l'initiative d'un procédé équi-
table à mon égard, et mes félicitations ne l'empêchaient nulle-
ment de reconnaître de son côté que je n'avais pas été tûutà
fait étranger à l'affaire. Dans cette lettre dont il fait un si sin-
gulier étalage . il y a donc un grand sous-entendu, qu'il paraît
ne pas comprendre , mais il n'y a point d'al)dication de ma
part.
« M.Le Men combat l'étymologie que j'ai proposée pour le mot
Vorganium dans lequel je vois un simple dérivé diminutif fe
vorgitm « lieu fortifié, ouvrage de fortification, » et naturelle-
ment , il reprend la défense de Tétyraologie qu'il avait pro-
posée vorgan ; comme qui dirait « morgan » en bas-breton
« maritime, » en vertu, dit-il, de la permutation très- naturelle
de m en i; qui existe dans tons les dialectes celtiques. •» Outre
qu'on ne connaît aucun exemple de ce phénomène phonique en
gaulois (! ), surtout dans l'idiome parlé en Armorique sous l'em-
pereur Claude, c'est-à-dire près de cinq siècles f2) avant l'im-
portation de Fidiôme breton insulaire, il faut ajouter que ce
phénomène se produit seulement dans les dialectes modernes
quand le mot entre dans une construction particulière ; ainsi,
mot se piononce vor quand il est précédé de l'article ar vor\
(1) Pourquoi donc Borg (tvm) est-il écrit Vorg (tvm) dans la borne
de Macl-Carbaix ?
(2) Disons trois siècles; ce sera plus exact.
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— 117 —
mais sur TiDScriptiou de Kerscao , Vorganium se présente
comme un mot isolé que rien ne précède ; il n'y a point ici un
Etat construil qui autorise à dire que Vorganium est mis pour
Morganittm (1), par conséquent l'argument de M. LeHen tombe
en dehors de la question.
« Quant à Tinscription de Maôl-Carhaix, comme j*ai apparem-
ment le même droit que mon contradicteur d'affirmer Tau-
tbenticité de ma lecture^ je ne sais qui décidera entre sa version
et la mienne. Un bon moulage, déposé en double au Musée de
Quimper et au Musée de St-Germain , ferait sans doute mieux
l'affaire de ceux qui s'intéressent à cç point controversé. Quoi*
que en dise M. La Men , il est possible de lire autre chose que
LEVG VI à la dernière ligne ; je retrouve en effet une note de
M. Gaultier du Mottay, qui me dit avoir lu au mêdie endroit
VOVI (2) ce que l'on conviendra a plus de ressemblance avec
ma lecture V (or) G VI, qu'avec LEVG VI de M, Le Men. (3)
« Au surplus, ce n'est pas de la lecture fugitive du mot plus
ou moins heureusement restitué VORG que j'ai fait dépendre ma
découverte de Vorgium-Garhaix. Mon attribution repose d'abord
sur la présence incontestable du chiffre VI (leugse), qui fait
exactement aboutir à Garhaix, et ensuite sur ce que Vorganium
ayant trouvé son emploi près de la pierre de Kerscao, Vorgium
est le seul nom de station disponible fourni par les documents
anciens pour cette région. Ma découverte, puisque découverte
(t) C'est uue erreur ; (a) Vobganio est la traduction littérale de
ifiUZ a) YORGAN.
(2) Cette singulière lecture explique la légende qui a cours à Maêl-
Carhaix, et que j*ai rapportée dans mon travail sur Vorganium. Voir le
Bulletin de la Société archéologique du Finùttèrej tome II, page 43.
(3) a Paris, 27 août 1874.
(c Monsieur. Le plâtre de Maël-Carhaix est arrivé à bon port, et nous
avons reconnu qu on ne pouvait apercevoir que LEVG VI »
f Lettre de M. A. de Barthélémy, secrétaire de la Commission topo-
grapbique des Gaules).
Je viens de recevoir un nouveau moulage de la dernière ligne dé
rinscription de la borne de MaêUCarhaîx. H sera au Musée de Saint-
Germain dans quelques semaines.
I
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- 118 --
il y a, reste donc ealière ; elie n*est plus à faire, mais je serai
toujours charmé de la voir confirmée par un déchiffrement
moins imparfait que le mien. Dans les dernières lignes de la
notice où j'ai signalé le premier ce monument a Tattention des
archéologues, j*ai exprimé le vœu que quelqu'un d'entfeui
vint le visiter et réussit à faire mieux que moi ; mais je ne
m'attendais pas à une critique agressive pour prix du service
utile que j'ai modestement rendu, et que M. Le Men cherche à
faire oublier à son profit.
« « Une dernière réflexion : on se demande commeut.il est
parvenu à déctriffi'er 59 lettres (je dis cinquante-neuf), sur une
inscription qui a été martelée et repiquée avec un véritable
acharnement . pour me servir de sa propre et très-exacte ex-
pression ; j'éprouve quelques difficultés à concilier celle des-
truction intentionnée et systématique avec une aussi colossale
restitution ; heureusement il est possible de réduire celle-ci à
ses vraies proportions en observant que tous les éléments se
retrouvent dans mon essai de déchiffrement combiné avec Tift-
dicatiou que j*ai donnée d'une borne de Septime Sévère dé-
couverte par M. Bizeul.à quelques kilomètres sur la même voie
romaine.
« Veuillez bien agréer, Monsieur le Pfésident, Texpression
de mes sentiments les plus respectueux.
^ « RoBEET MOWAT. »
On vient de vouî* lire sans en omettre un mot, là réclama-
tion de M. Mowat, Vous apprécierez, messieurs, si son auteur
n'a pas outrepassé les droits d'un correspondant en demandant
comme une obligation l'insertion de sa lettre dans notre Bulle-
tin, et s'il a été bien inspiré en dirigeant contre le rédacteur
du procès-verbal des insinuations qui ne l'atteignent pas.
Cette réclamation dans laquelle je m'attacherai surtout à re-
lever ce qui a rapport à Vorganium, puisque ce que j'ai publié
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./'Li
- H9 —
relativement h la question de Vorgium n'est pas sérieusement
contesté, peut se résumer ainsi ;
De la présence de la lettre A dans la dernière ligne de Tins-^^
cription de la borne de Kerscao. M. Howat qui a vu celte borne
quatre mois seulement après son tranfert au Musée de Quimper,"
avait conclu, dit-il, que cette lettre appartenait nécessairement
au mot Vorganium. Je me demande aujourd'hui pourquoi pos-
sédant cette conviction, il m'écrivit pour me prier de lui faire
connaître le résultat de Tétiide que j'avais faite de cette ligne.
Sa lettre ne contenait aucune allusion à l'opinion qu'il s'était
ainsi formée à priori^ mais comme je suis, d'après lui, un es-
prit très-perspicace, j'avais nécessairement deviné cette opinion
et tenté, par un procédé peu délicat, de me l'approprier. Cette
lettre renfermait donc le principe de la découverte de Vorga-r
nium, et c'est à M. Mowat que doit en revenir tout l'honneur.
Pour vous permettre d'apprécier là valeur de cette réclama-
tion, il me suffira d'opposer M. Mowat à lui-même, en mettant
sous vos yeux les lettres qu'il m'adressait aune époque où il
ne songeait nullement à élever les prétentions qu'il énonce au-
jourd'hui.
Le 54 novembre 1872, M. Mowat, que je n'avais -pas l'hon-
neur de connaître, m'écrivit la lettre suivante :
« 24 Novembre 1872,
« Rennes, 19 rue du Pré-Perché.
« Monsieur,
« Si vous voulez bien me le permettre, je viens sous la re-
« commandalion de M. Galdoz, m'adresser à votre obligeance
« pour oblenir des renseignements sur l'épigraphie romaine dans
a le Finistère, et particulièrement sur la colonne milliaire de
« Kerscao que je me proposais de visiter^ projet que je n'ai pu
« réaliser. J'ai pris connaissance de la notice publiée par M. Levoî
« dans le Bulletin de la société académique de Brest, tome IV
« et j'ai remarqué que l'auteur avait involontairement sans doute,
« laisser subsister quelques doutes sur la lecture de la dernière
« ligne  MP V. L'état de la surface de la pierre permet-it
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- 180 -
« d'affirmer qa'avaat la lettre A, et aussi dans l'espace qui
« sépare cette lettre de la ligature, HP, il n'y a pas lieu de
« supposer Texisleoee d'autres caractères que l'usure aurait
« oblitérés ? La questioa est très-importante; car c'est d'elle
« que dépend éventudlement la découverte du nom de la localité
« à partir de laquelle était comptée la distance itinéraire.
« Eu second lieu, quant au numéral exprimant celte distancé,
« avez-vous distingué des traces de une ou plusieurs unités à
« la suite du chiffre V ?
« M. Gaidoz m'ayant informé que vous avez pris un estam-
« page de celte inscription pour la Commission topographique
« des Gaules, j'ai pensé que votre attention avait dû se porter
« nécessairement sur les particularités dont je viens de parler,
« et que vous étiez parvenu probablement à les élucider. C'est
« donc avec la plus vive reconnaissance que je recevrai les Infor-
« mations que vous me feriez la faveur de m'accorder à cet
« égard. Il m'importe aussi d'être renseigné sur la date de la
« découverte de ce monument. M. Levot dit bien qu'il a été
« signalé pour première fois par M. de Kerdanet dans son édition
« des « Vie^ des Saints de Bretagne, » 1837, mais il omet de
« citer la page et il m'a été impossible de Inmver le passage
« auquel il fait allusion. Enfin M. Levot renvoie à la « Nouvelle
« Notice sur Notre-Dame du Folgôêt » du même M. de Kerdanet
« et à un article de M. Guiastrennec inséré dans le Courrier
« de Brest Aw 14 août 1843. publications que je n'ai pu nulle
« part rencontrer à Rennes, J'ai même remarqué que là nouvelle
« édition d'Ogée, par Marteville, postérieure à toutes ces
a publications ne parle nullement de la colonne de Kerscao. »
« Enfin, monsieur, si vous ne trouvez pas que je deviens
«• bien indiscret à force de sollicitations, je vous demanderai
«
également la faveur de me communiquer, en fac-similé ou ea
« empreintes, la liste des quelques noms de potiers gallo-romains
« du Finistère venus à votre connaissance. J*ai appris qu'il eq
« avait été trouvé au Pérennou, à Garbaix et près de Quimp^^
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— 121 —
Je (Perche à rassembler les matériaux d*uik travail d'ensemble
sur les moQurnenls épigraphiques de la Bretagne, où toutes les
communications que voudraient bien me faire mes correspon*
dants seront dûment consignées avec la mention do leur auteur.
« De mon côté, je me tiens tout à votre -disposition pour
« reconnaître à mon tour et de mon mieux votre obligeance à la-
€ quelle je viens m'adresser.comme c'est Tusage entre confrères
« en Archéologie, bien que je n'aie pas l'honneur d'avoir été mis
« en rapport avec vous.
« Veuillez bien agréer, Monsieur, avec mes remerclments
« anticipés, l'assurance de ma haute considération.
€ R. MOWAT,
« chef d'eëcadron au to» régiment d'artlUeriew
« (Membre delà Société Archéologique,
d'IUe-el-Vilaine.) »
Cette lettre dont je vous ai donné le texte depuis la date
jusqu'à la signature, ^t celle qui, d'après H. Howati renferme
le principe de la découverte de Vorganium. t'eut-être. Mes-
sieurs, serez-vous assez heureux pour y découvrir ce principe.
Pour moi, je déclare en toute humilité, que dans cette circoos-*
tance ma perspicacité se trouve complètement en défaut.
Vous connaissez, Messieurs, la réponse que je fis à M. Mowat.
Je l'informai que j'avais cru lire dans la dernière ligne de l'ins-
cription de la borne de Kerseao, la fin du mot Vorganium, mais
que ma lecture était loin d'être certaine. M. Howat me ré-
pondit le i décembre suivant qu'il « considérait mon rensei-
« gnement comme une véritable révélation et que j'avais
« peut-être mis le doigt sur le véritable emplacement de Vor-
« ganium. ^
Le 3 janvier la borne de Kerseao était au Musée de Quimper
où il me fut possible de l'étudier à loisir, et ce fut avec la plus
vive satisfaction que je fis savoir à M. Howat que mes premiè-
res conjecturas s'étaient réalisées et que j'avais pu lire dans la
dernière ligne de nnsdiption le nom de la capitale des
Ostsmii.
9
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- 122 —
La réponse de H. Mowat ne se fit pas attendre. Elle porte la
date du 9 janvier 1873, et ne laisse rien à désirer sous le rap-
port de la clarté. En voici le texte :
« J'avais bien une espèce de pressentiment que cette inscrip-
« tion renfermait le secret de remplacement de Vorganium ; et
« cela avant de connaître le résultat de votre estampage. Mais
« votre première lettre confirmée par ce que vous m^écrivez de
« nouveau, vous assure le mérileje dirai même la gloire,d*d^oir
« retrouvé la capitale des Osismii. Prenez donc date de suite^ en
« publiant le résultat de vos recherches, avant que quelque ar-
« chéologue, à qui voîas aurez facilité Vétude du monument, vl^
« vienne comme le geai se parer des plumes du paon ^ et vous en-
« lever la réampense qui vous revient si légitimement, »
C'est dans ces lignes. Messieurs, qu'il existe d'après M.
Mowat un grand sous^ntendu, que malgré la perspicacité, dont
mon contradicteur, veut bien me douer je ne suis pas en-
core parvenu à comprendre. /
N'est-ce pas ici le lieu de faire remarquer que le principe de
la note relative au Geai de Vorganium dont M. Mowat se plaint
si amèrement, quoiqu'il reconnaisse lui-même qu'elle n'est pas
à son adresse, se trouve dans sa lettre du 9 janvier ?
' Pour éviter le désagrément que M. Mowat me signalait
comme possible et qui, à mon grand regret, se réalise aujour-
d'hui, j'informai de ma découverte la Commission de la topo- à
graphie des Gaules, et après avoir adressé à la Revue archéolo-
gique une note sur le même sujet, je publiai au mois de
mars 1873, dans le journal Le Finistère^ un mémoire intitulé:
Découverte de Vorganium^ capitale des Osismii, que je me fis
un devoir d'adresser à M. Mowat. Il m'en accusa réception par
une lettre datée du 25 du même mois, dans laquelle, après
m' avoir présenté tous ses remerciments il me donnait un ulila
conseil. « Ce travail, » disait-ii, « mériterait d'être conservé au-
« trement que dans le rez de-chaussée d'un journal où il sera
*
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- 123 --
« assez difficile de le retrouver plus tard ; laissez-moi donc vous
«f exprimer le souhait que votre mémoire soit reproduit en pla-
« quelle et mis en librairie, à la disposition des archéologues
« futurs qui auraient besoin de le consulter. »
Ainsi donc à la fin du mois de mars 1873, c^est-à-dire
quatre mois après m'avoir écrit la lettre qui renfermerait, d'a-
près lui, le principe de la découverte de Vorganium, M. Mowat
n*avait pas encore songé à s^attribuer la moindre part dans
celte découverte. Ce n'est que deux ans plus tard, et précisé-
ment à l'époque où, dans. Tiulérêl de la vérité historique j'ai
dû restituer le texte inexact qu'il avait donné de rinscription
de la borne de Maêl-Carhaix, que la pensée lui est venue d'a-
dresser à notre honorable Président la réclamation dont je
crois vous avoir démontré le peu de fondement. .
C^tte observation me servira de transition pour vous dire un
mol de la question de Vorgium, sur laquelle je me suis longue-
ment étendu dans le mémoire que j'ai publié dans le tome II
du Bulletin de la Société archéologique du Finistère.
Le 25 mars 1873, M. Mowat m'écrivait: « Maintenant ce
« n'est plus tout d'avoir, retrouvé Vorganium ; que faire de,
« Vorgium? Jusqu'à plus ample informé, je suis d'avis de dis-
« tinguer les deux localités et de laisser Vorgium h Carhaix.
« C'est l'avis que j'ai ouvert vis-à-vis de MM. de Saulcy, Ber-
« trand, de Barthélémy, ainsi qu'à MM. L. Renier, et Desjar-
« dins, je pense que vous vous y rallierez aussi. »
Ce n'était là qu'une conjecture dont M. Mowat prenait date.
Malheureusement, dès l'année 1869, M. Desjardins, dans sa
Géographie de la Gaule, avait distingué Vorganium de Vorgium,
et placé cette dernière station à Carhaix. C'est sans aucun
cloute à l'influence de celte idée préconçue qu'il faut attribuer
Terreur commise par M. Mowat dans sa lecture de l'inscription
de la borne milliaire de Maël-Carhaix ; erreur que j'ai signalée
dans le mémoire mentionné plus haut. M. Mowat avait lu dans
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. ~ 124 -
la dernière ligne de cette ioscriptioa VORG. VI. Il nous a été
facile à nos confrèies MM. Gaubert, Audran e( à moi de consta-
ter qu'au lieu de VORG VI, il faut lire LEVG VI. J*ai découvert
plus tard au commencement de cette même ligne le mot VORG
qui avait échappé à Tattention de M. Howat, et qui fixe d'une
manière définitive à Carhaix la station de Vorgium.
Une réflexion, Messieurs, et je termine cette communication
déjà trop longue.
Vous avez maintenant sous les yeux les pièces du procès que
m'intente M. Mowat. Qu'un archéologue adresse à un collègue
une épitre ainsi conçue :
« Monsieur,
« Si TOUS voulez bien me le permettre, je viens m 'adresser à
« votre obligeance pour obtenir des renseignements sur ua
« monument dont j'ai appris que vous aviez fait une étude
« particulière. C'est avec la plus vive reconnaissance que je
« recevrai toutes les informations que vous me feriez la faveur
c de m'accorder à ce sujet. »
Neuf fois sur dix, Tarchéologue ainsi interpellé adressera les
renseignements demandés. Hais quMl se garde bien ensuite
de publier le résultat de ses recherches. Son correspondant
n'aurait aucune peine à lui démontrer qu'il ne peut lui en rêve*
nir aucun mérite, puisque le principe de son travail était con-
tenu dans la demande de renseignements qui lui avait été
adressée.
J'ai fait, Messieurs, ce que tous vous eussiez fait à ma place
par politesse et par bonne confraternité.
Vous jugerez, Messieurs, puisque M. Mowat vous y convie, de
quel côté se trouvent la modération et la vérité.
Après cette lecture, M. Audran, vice-président, pré-
sente les observations suivantes :
w Je pense, Messieurs, que M. Mowat se trompe en
s'aitriboant le droit d'exiger l'insertion de sa lettre
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.-ÏJÏJI
- «5 —
dans notre Bulletin, n pouvait demander à la Société
de reproduire dans ce recueil les observationa sur la
borne de Maêl-Oarhaix, mais il ne peut à aucun titre
exiger qu'elle y insère sa réclamation relative à la dé-
couverte de Vorganium, puisque le mémoire publié
par M. Le Men, il y a plus de deux ans, au sujet de
cette découverte, mémoire analysé au Congrès de
Quimper en 1873, a reçu l'approbation de M. Mowat,
lui-même, ainsi qu'il est justifié par sa correspon-
dance, dont M. Le Men nous a donné lecture. »
M. Le Men, tout en reconnaissant parfaitement
la justesse de l'observation présentée par M. le Vice-
Président, demande lui-même l'insertion in extenso au
prpcès-verbal de la lettre de M. Mowat, afin que toutes
les pièces du procès se trouvent réunies.
M. Audran présente alors au vote de l'Assemblée
un ordre du jour ainsi conçu :
i< L'Assemblée après avoir pris connaissance des
documents ci-dessus relatés, passe à l'ordre du jour
sur la réclamation de M. Mowat, tout en autorisant à
titre gracieux et sur la demande de M. Le Men, l'inser-
tion de la réclamation de M. Mowat au Bulletin. »
Cet ordre du jour est voté à Vunanimité.
M. Bourrassin demande la parole pour lire une
étude sur les pierres de Trégunc, Lanriec, Pont-Aven
et leurs origines, article dont il doit donner connais-
sance au Congrès de Guingamp. Il attribue aux cou-
rants de la mer et à des mouvements géologiques ou
à des tremblements de terre la formation des dolmens,
menhirs, grottes aux fées et pierres branlantes que Ton
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- 126 -
rencontre avec tant d'autres pierres dans les commu-
nes précitées.
M. le Président remercie M. Bourassin de son inté-
ressante communication.
M.^Surrault, inspecteur de l'Académie*, demande la
parole pour communiquer à la Société les premières
lettres qu'il a reçues des instituteurs, en réponse au
programme qu'il leur avait transmis. La première a
été envoyée par M. MINGAM, instituteur à Plouguin;
elle contient les renseignements suivants :
»
Il existe à Plouguin, uu aqueduc, long de 3 kilomètres. Il
part de la fontaine de Saintibiliau (section B du cadastre,
l'« feuille, n^" 7) et aboutit au manoir de Hesnaot, en Saint-
Pabu. Dans la fosse^ maçonnée en moellons, se trouve des
tuyaux en argile, s'embottant parfaitement. La longueur de
chaque tuyaU est de 0 m. 38 c. environ, et son diamètre inté-
rieur 0 m. 12 c. Les tuyaux sont placés à une profondeur de
0 m. 50 c. environ.
Légende.^ Le seigneur de Mesnaot^ la terreur du Bas-LépOt
avait une flilo unique, belle comme le jour. Le diable en deviot
amoureux. Ce père barbare consentit à céder sa fille à Lucifer,
à la condition que celui-ci ferait venir, en une seule nuit^ Teaa
de la fontaine de Saint-Ibiliau dans l'intérieur du château de
Mesnaot. Heureusement pour la jeune fille, il ne put termioer
Taqueduc à temps, car le lendemain matin, au lever du soleil»
Tcau de la fontaine n'arrivait que dans la cour du château.
Un membre fait remarquer que la communication
de M. Mingam a déjà fait l'objet d'articles insérés
dans les journaux et que, par conséquent, au lieu de
l'insérer in extenso, comme elle vient d'être lue, on
pourrait se borner à en faire mention en renvoyant
aux articles publiés.
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— 127 -
Un autre membre, tout en reconnaissant qu'en effet
il y a là un double emploi, pense qu'il y a lieu néan-
moins de reproduire la communication si intéressante
de M. Mingam, et de lui demander d'envoyer au Musée,
qui paiera les frais, trois ou quatre tuyaux bien con-
servés. H émet le vœu que tous les correspondants de
la Société veuillent bien lui réserver la primeur de
leurs communications, afin de lui permettre, le cas
échéant, de déléguer quelques-uns de ses membres
poUr aller visiter les lieux.
Cette dernière motion est adoptée, et l'Assemblée
décide que désormais elle n'insérera que les commu-
nications inédites.
Elle exprime à M. Mingam tous ses remercîments,
que M. lé Secrétaire est prié de lui transmettre, en
même temps qu'un Bulletin de la séance du mois
d'août. ,
M. Surrault donne ensuite lecture d'une seconde
notice transmise par M. LAZENNEC, instituteur à
Brasparts. Elle contient les renseignements suivants :
La tradition rapporte que les travaux de l'église paroissiale
de Commana, au village de Quillidiec, furent commencés et
renouvelés plusieurs fois, et qu'ils étaient défaits, pendant la
nuit, par une main invisible. On eut alors Vidée de mettre sur
un chariot, attelé de deux bœufs, sans conductepr, les instru-
ments nécessaires pour la construction de l'édifice et de bâtir
Téglise à l'endroit où ils s'arrêteraient. Lorsqu'on creusa les
fondations à cet endroit, on trouva, sous un buisson d*épines,
une auge renfermant une Vénus que les habitants appelèrent
Sainte Anna ; auge, en langue celtique, signifie Coumm ou
Laouer ; de là le nom de Coummana, ou auge d'Anna, d'où on
a formé le nom de Commana.
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- 1Î8 -
Dam des débris de mpDaments critiques au tillage de Qullli*
diec, OB mi un Meohir isolé, et à quelques diitaoce deex
grosses pierres plates comme des palets. Oo dit que lorsque
cette commune étai^ habitée, par des géants^ ces hommes
jouaient à la galoche avec ces palets que ne traîneraient certai-
nement pas quatre bons chevaux ; quelques personnes disent
aussi que sous ce Henhiri se trouve enseveli un ancien chef
celtique.
Au village du Hougan se trouve un dolmen demi-circulaire.
On remarque sur la première pierre verlicale qui tient la table
un glaive bien dessiné.
Dans la commune de La Fouillée, sur la route de cette loca-
lité à Huelgoat, à un demi kilomètre du boui^, se trouve à dh
mètres de cette route un Menhir de trois mètres de hauteur.
Dans la commune de Brasparts, à deux kilomètres du bourg,
sur le chemin vicinal du Faou, on remarque à deux cents
mètres de ce chemin, une niotte féodale assez bien conservée
au village de la Motte ou du Voden.
On trouve aussi dans cette comniune, l'emplacement de deux
camps romains, le premier situé au village de Castel-Dii ; le
second, au village de Stumenveui et appelé Can ouKane. Ces
camps sont situés sur l'ancienne route de Saint Rivoal à Saint-
Gadou, Sizùn, Landemeau par la Martyre ; un vieux chemin
très visible encore, semble être une voie romaine faisant com*
muoiquer ces derniers camps avec celui de Saint-Gadou.
A quatre cents mètres du village de Gastel-Dû,. on voit uoe
vieille pierre qui porte une inscription indéchiffrable ; elle se
trouve à la jonction de la route de Saint-Rivoal à celle de
Morlaix.
Cette notice intéresse vivement l'Assemblée. Elle
vote à M. Lazennec des remercîments, qui lui seront
transmis par le Secrétaire, en même temps que le
Bulletin. Elle se félicite de voir que l'appel adressé
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- 18» -
par M. rinspecteur à ses subordoimés commence à
porter ses fruits, et, en remerciant M. Surrault, elle
lé prie d'^icourager ses collaborateurs dans la voie
féconde où ils sont entrés.
M. le Président fait connaître qu'il a demandé à
M. de Kerdrel lautorisation pour la Société, de faire
des fouilles dans un terrain qu'il possède près de Car-
baix. n ne doute pas que M. de Kerdrel n'accorde cette
autorisation.
M. Le Men donne lecture d'un compte-rendu de la
fouiUe^du tumulus [de Pleyben.
FOUILLES D'UN TUxMULUS
PBÈS DU BOURG DB PiiBYBBlf (FHaSTJtBB )•
A cinq cents mètres envirSo au nord-est du bourg de Pley-
ben et non loin de la route de Brasparts, existe un tumulus de
grandes dimensions^Nqui n'a pas encore été signalé à Taltention
des archéologues. Ce monument dont le diamètre est de 41
mètres du nord au sud, et de 52 mètres de l'est à l'ouest, me-
sure en hauteur deux mètres cinquante centimètres à m partie
centrale.^ Il est situé à 300 mètres à Test d'une fontaine, dans
un champ qui figure au plan cadastral de la commune de Pley-
befi sQus le n^ 139, section G, et qui porte le nom de Parc-ar^
Vouden ^cbamp de la Hotte). On sait que ce nom sert iré^
quemment à désigner les pièces de terres où se trouve une
motte féodale tau un tumulus, monuments entre lesquels les
habitants de la campagne établissent rarement une différence.
Il y a quelques mois UM. Piraux» commis principal des
contributions^ indirectes à Pleyben, et Duvàl, surnuméraire de
renregkiremeDt, qui était alors en intérim daos cette localité
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eurent l'idée de fouiller ce tumulus doot la régularité semblait
exclure la probabilité de fouilles anciennes. Cette nouvelle se
répandit rapidement dans le bourg, et toute la population se
porta sur les lieux pour assister à la découverte de la barrique
d'argent. Car vous savez, Messieurs, que dans notre pays lors-
qu'on fouille un monument, c'est pour y chercher une barrique
d'argent quand ce n'est pas une barrique d'or. Aussi pendant
les premiers jours les travailleurs de bonne volonté ne firent
pas défaut, et les promoteurs de la fouille n'eurent à leur re-
procher qu'un excès de zèle. Mais découragés en voyant qu'au
lieu d'un trésor ils ne trouvaient que des pierres et du charbon,
ils abandonnèrent bientôt leur travail.
MM. Pîraux et Duval prirent alors quelques ouvriers pour
continuer l'exploration commencée. Malheureusement les nom-
breuses occupations de ces messieurs ne leur permirejit de se
trouver sur les lieux qu'à de rares interval)cs. Il en résulta que
les fouilles ne purent pas recevoir une direction méthodique»
et qu'elles_,demeurèrent incomplètes, malgré le bon vouloir de
iceux qui les avaient entreprises. •
Ces recherches n'ont pas cependant été sans profit pour la
science ; outre qu'elles ont produit un certain nombre d'objets
dont vous trouverez plus loin la description, elles ont permi'
à MM, Piraux et Duval de reconnaître le mode de construction
de ce tumulus. Voici à ce sujet les renseignements que je tiens
de leur obligeance.
La couche extérieure du monument était formée de terre sur
une épaisseur d'un mètre environ. Au-dessous de èette enve-
loppe se trouvaient trois couches de pierres de moyennes di-
mensions, sépnréès l'une de l'autre par des couches de terre
épaisses de 50 centimètres.
Une grande quantité de cendres et de charbons était répan-
due dans toute la masse du tumulus ; quelques fragments d un
ou de plusieurs vases en terre d'un brun rougeâtre, assez fine*
un peu octueuse, renfermant des paillettes de mica, niais
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— 131 ~
exempte de graviers étaient dissémiDées ça et là à Tintérieur
du monument.
Des trois couches de pierres dont j'ai parlé plus haut, on a
extrait les objets suivants que j'ai l'honneur de placer sous vos
yeux.
1. Un bloc de quartz cristallisé dans plusiears de ses parties,
long de 0 m. 45, large de 0 m. 25, et épais de 0 m. 23, repré-
sentant la moitié d*iin mortrer dont la cuvette avait une pro-
fondeur de 10 centimètres, et un diamètre de 0 m. 30.
2. Une meule plate â moudre le gcain, aussi en quartz, lon-
gue de 0 m. 55, large et épaisse de 0 m. 20.
3. Une autre meule plate, aussi en quarlz, longueur 0 m.42,
largeur 0 m. 30, épaisseur 0 m. 15.
4. Une troisième meule en granit quarlzeux, de la forme des
précédentes. La partie antérieure est cassée ; elle mesure 0 m.30
en longueur et en largeur, sur une épaisseur moyenne de
0 m. 05.
Ces sortes de meules sur lesquelles on broyait le grain au
moyen d'une pierre arrondie appelée molette , ne sont pas
rares dans le Finistère ; mais c'est la première fois que j'ai
occasion de voir des instruments de cette espèce formés de
blocs de quartz pur.
5. Deux fragments de molettes en granit quartzeux. ^
6. Trois pierres à aiguiser.
7. Un casse-tête formé d'une pierre schisteuse non travail-
lée, terminée d'un bout par un tranchant mousse, et présentant
sur une de ses faces une profonde cavité artificielle où se
plaçait le pouce. Cette arme ne peut être empoignée que par
une main d'assez grande dimension.
8. Deux autres pierres brutes ayant sur leurs faces des dé-
pressions naturelles ou artificielles, et qui ont pu servir au
même usage que la précédente.
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— 132 —
9. Une pierre de forme trapézoïdale que l'on a commeQcé
de creuser pour en faire un mortier ou un autre rase. Lon-
gueur 0 m. 23, largeur 0 m. 15, épaisseur 0 m. 09.
10. Deux pierres schisteuses (l/informes« dont l'une mesure
0 m. 35, sur 0 m. 20, qui présentent dans leur partie médiane
un étranglement artificiel destiné, sans aucun doute, à les as-
sujettir à une corde. Elles servaient peut-être de poids pour
les filets ; la plus lourde de ces pierres pèse
11. Des fragments de poterie et de charbon disséminés dans
le tumulus.
Aucun objet en métal n'a été trouvé dans le tumulus. II est
possible que si la fouille avait été complète, on eut rencontré
une urne vers la partie centrale du monument, et peut-être
au-dessous du sol ambiant. Cette particularité s'est présentée
tout récemment dans les fouilles que notre confrère, M. Charles
deTrogoff, a faites dans un tumulus qui existe sur sa pro-
priété de Coatàlio, en la commune de Fouesnant, et dont la
diamètre est d*environ 20mètre& et la hauteur 3 mètres. lia
découvert au centre de ce monument et à 1 mètre au-dessous
du sol naturel, une urne en terre, munie de deux anses, qui
ne contenait pas de cendres, et qui n'était protégée par au-
cune enveloppe de pierres. Cette urne, qui a été malheureuse-
ment brisée d'un coup de pioche, et que M. de TrogofT a bien
voulu offrir au Musée d*Archéologie, appartient par sa forme et
par son ornementation qui consiste en chevrons et en lignes
obliques tracées à la pointe , h la catégorie des vases que Toa
rencontre ordinairement accompagnés d'armes ou d'instruments
en bronze.
MM. Piraux, Duval et Le Corre, propriétaires du champ oii
se trouve le tumulus de Pleyben, ont fait don à notre Musée de
tous les objets qui ont été trouvés dans ce monument. La
Société Archéologique du Finistère ne peut manquer de se
(1) Ee schiste est à peu près la seule pierre des environs de Pleybw.
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— «3 —
montrer reconnaissante envers les donateurs de ces curieuses
antiquités que les archéologues examineront avec un véritable
intérêt.
Après la lecture de ce compte-rendu l'assemblée
exprime ses remercîments à ces Messieurs et prie M. Le
Men de leur faire parvenir un exemplaire du Bulletin
qui contiendra le rapport sur les fouilles du tumulus
de Pleyben.
M. Audran, vice-président, a la parole pour la lec-
ture de sa notice sur les Dominicains de Quimperlé.
LES DOMINICAINS DE QUIMPERLÉ.
Le couvent des Dominicains ou Jacobins de Quimperlé, fut
fondé vers le milieu du XIIl* siècle , par Branche, fille de Thi-
baut, comte de Champagne et de Brie , femme de Jean !«' dit
Le Roux, duc de Bretagne.
Voici en quels termes Dom Lobineau rapporte cette fon-
dation r
€ Ce n'était pas assez pour la piété de la duchesçe d'avoir
« contribué avec le duc son mari à la fondation de Prières (1),
€ elle fit deux fondations en son propre nom. La première fut
« de Tabbaye de la Joye , auprès de Hennebont^ pour les reli-
« gieuses de Tordre de Cisteaux, où elle mit pour première
c abbesse Sibille de Beaugency, sa nièce, auparavant religieuse
« de Saint- Antoine, près Paris. La seconde fondation fut pour
« les religieux de Saint-Dominique , auxquels elle fit bastir un
« couvent auprès de Kemperlé , que l'on appelle Abbaîe Blan-
« ehe, autant par rapport au nom de la fondatrice que par
« opposition à Tabbaïe de Sainte-Croix qui est habitée par des
(1) Abbaye de Notre-Dame des Prières , paroisse de BiUiers» évéohé
de vanneg. (Abhatia Beatœ Marim de Frecibuié)
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— 134 -
« moines Doirs; mais on ne sait au juste en quelle année ces
« deux fondations se firent. Sibille de Beaugency vivait encore .
« en 1282, et le plus ancien tilre que l'on ait pu voir est de
« Tan 1273 ; d*où le lecteur pourra Jirer telles conjectures
« qu'il plaira (1). »
La duchesse Blanche mourut au mois d*août 1283, dans un
château près de Tétang de Ploëroi ? et fut enterrée le jour sui-
vant en l'abbaye de la Joye (2).
Voici son épitaphe : « Gy gist haulte et puisbante dame
« Blanche de Navarre femme de Jehan premier duc de Bre-
« tagne qui fonda cette abbaïe eni'an MGGLX et y fut inhumée
« dans l'habit de l'ordre Tan MCGLXXXIV. »
Deux années plus lard, le duc Jean, après avoir gouverné le
duehé pendant 49 ans, suivait la duchesse dans la tombe (3).
Le duc et la duchesse de Bretagne durent faire en faveur
du couvent fondé par eux et dans lequel, selon la tradition, le
duc Jean après avoir fait le voyage de Rome, où il avait
obtenu la main-levée de son excommunication, et la du-
chesse, sa femme , attirés par le bon exemple des religieux, y
résidèrent plusieurs années, et y firent des donations importan-
tes, dont le texte n'est pas parvenu jusqu'à nous, et que nous
ne connaissons que par les lettres patentes de leurs successeurs.
La tradition porte la fondation de l'abbaye blanche à 1254
et cette date est celle généralement adoptée. Néanmoins, le
P. Yves Pinsart, prieur du couvent en 1635, et qui a laissé sur
(t) Dom Lobmeau, Histoire de Bretagne, livre viii, page 255.
(2) Dom Lobineau, page 276.
In vigilia AssumptioDis . sepulta est Blanca ducissa ' Britaniœ apud
Henoeboot (Chronieon Britanieum,)
MGCLXXXIII. Pridie idus Augusti obiit domina Blancha ducissa
Britaniœ, tumuiata fuit apud Henbont , die jovis ante Assumptionem,
6. M. y. Veneruut primo fratres minores ad villam de Guiugamp.
(Dom Lob., Preuves de l'Histoire de Bretagne, page 362.)
(8) MCCLXXXVI. Idibus octobris obiit Joannes comes Britaîniae fan-
dator abbai» de Precibus, et fuit terrœ motus magnus. Et ei succegait
J^annea fiiius ejus.
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r- 135 --
la communauté une notice malheureusement trop courte, et à
laquelle je ferai de nombreux emprunts , rapporte que dans
Téglise du couvent et au-dessus de la porte de la sacristie on
lisait de son temps :
« Sumptibus ista suis posuit Navarea Blancha
a Claustra, uxor Jani principis Armoricae. 1256.
« Inde domos nostras dixere abbatia Blancha (1) ;
« Partheniam Hepbont fecit, ibi que jacet. 1384.
« AtquePrecum (2) Janus conjux, quascbndidit amplis
« ^dibus, et sacro clauditur ipso loco. 1286.
« Dissociata jacent lumulis nunc membra duobus,
« Gœli sed mentes continet una quies. »
Rien déplus obscur que Thistoire, des premières années du
monastère fondé par la duchesse Blanche. Tandis que les
grandes abbayes de Bretagne jalouses de conserver intactes les
privilèges qu'elles tenaient des fondateurs, et aussi de maintenir
leurs droits sur les propriétés données, veillaient soigneusement
à la conservation de leurs archives, le couvent de Quimperlé
suivaui la règle de Saint-Dominique et classé au nombre des
ordres mendiants, ne pouvant dès lors posséder aucune terre,
n'attachait aucune importance à la conservation de. ces pré-
cieux actes et les noms des premiers prieurs nous sont inconnus.
D'autres circonstances, dont j'aurai par la suite à vous en-
tretenir, eurent pour conséquence fâcheuse d'amener la perte
totale et irrémédiable des archives.
Quoi qu'il en soit la donation de la duchesse Blanche, devait
comprendre, outre l'enclos du couvert (tel qu'il existe en-
core aujourd'hui) autrefois château ducal de Carnoët, le ter-
rain au nord jusqu'à la rivière Elle, c'est-à-dire l'espace àur
(1) L'abbaye de*La Joie.
(2) L'abbaye de Prières.
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— 186 ~
lequel fut plus tard bâti le quartier du Bourgneuf depuis le
couvent jusqu*aa pont Saint-Dominique.
1^. Une renie de cent livres à prélever sur les revenus de la
chatellenie de Quimperlé.
2o. Les bois de chauffage à prendre dans la forôt de Car-
noët.
Z\ L'exemption de certains droits d*octroi;
Les avantages résultant de cette donation furent paraît il
contestés à diverses époques, puisqu'ils sont confirmés par
plusieurs lettres patentes aujourd'hui conservées dans les ar-
chives du Finistère, et que notre conftrère M. Le Hen a bien
voulu me communiquer. Je les analyserai très succintemeot.
V. Du 33 janvier 1384 : Lettres patentes par lesquelles le duc
Jean IV^ dit le Conquérant, mu par des sentiments pieux, et en
considération de la grande affection que feu son seigneur et
père avait pour les religieux de Qulmperlé, leur donne et trans-
porte 100 livres de rente payables aux fêtes de la Purificaliofl
de N. D. et de Saint Jean -Baptiste, sur les profits et reveoas
de sa ville de Quimperlé et chatellenie de Garnoêt, à la cbars^
aux religieux de dire et célébrer dans leur couvent une messe
chaque jour, en priant Dieu pour le donateur et Tâme de ses
prédécesseurs et successeurs, et outre plusieurs services.
2<>. Du 4 février 1433 : Lettres du duc Jean IV à son bien aimé
et féal écuyer Jean Droniou, trésorier etreceveurgéuéralfpour
le paiement de cette rente.
3^ Du 25 novembre 1432, lettres du même duc qui accor-
dent aux religieux, 40 livres de rente sur les revenus delà
ville de Quimperlé. payables à la fête de Sainte-CatherinC} pour
la foiidation de cinq messes par semaine.
4». Du 25 février 1442 : Lettres du duc François I** qui con-
firment et approuvent les précédentes.
Après la réunion de la Bretagne à la France ces droits furent
encore reconnus par les lettres de Louis XIII (lS29jiLouis 0
(1648}etLouisXV(1717).
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— 137 —
Les Dominicains jouissaient encore du droit de faire. entrer en
franchise les vins nécessaires à leur consoimnalion. Us préten-
daient en outre à la moitié du devoir d'impôts et billots sur le
vin débité pendant la tenue et le cours de la foire du Bourg-
Neuf; mais bien que ce droit fut confirmé par plusieurs lettres-
patentes ei arrêts du conseil privé, ils n'en profilaient plus au
dernier siècle ; car en juin 1782. et par la barque du sieur
Scanvic , les dominicains reçurent pour leur provision douze
barriques de vin et une d'eau-de-vie. Us refusèrent de payer le
droit sur ces boissous débarquées à leur cale, mais le sieur
Scanvic, qui en était responsable, Tacquitta et assigna les reli-
gieux en remboursement ; le siège de Quimperlé donna tort
aux dominicains qui désintéressèrent le sieiir Scanvic.
Les dominicains jouissaient aussi d'une foire (t) reconnue
dans les termes suivants par le duc Jean V, suivant lettres-
patentes données à Vennes, le 12 avril H34 :
« Le duc crée en faveur de ses chapelains et orateurs, les
« frères prêcheurs de Quimperlé, une foire franche et exempte
« de tous péages coutumes et droits de foire (fors Fimpôt et
« billot du vin débité) ; la dite foire a être tenue au devant
« de l'hôtel des dits frères h^ jour de Monsieur Saint-Grégoire,
« et permet à ses amés les dominicains, la perception des
« péages et coutumes. »
Indépendamment des droits de place, les religieux furent par
la suite autorisés à percevoir la moitié des droits de débit sur
le vin.
J'ai dit plus haut que la donation du duc Jean I" devait
comprendre le terrain au nord^u couvent, et jusqu'à la rivière
Elle ; les dominicains durent dès le principe s'occuper des
moyens de tirer parti de co terrain sur lequel s'élève aujour-
d'hui le quartier du Bourg-Neuf.
(1) Getle foire qui se tenait d'abord le 13 mars, jour de la Saint-
Grégoire, fut plus taidjCt parce qu'elle était trop rapprochée de la Foire
des Vieilles, reportée au jour de la Saint-Jacques , c'est-à-dire le 25
juillet ; ell^ existe toujours sous le nom dtj Foire du Bdurg^Neuf,
10
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— 138 -
Pour cela une chose était essenlielle^ une communication
facile avec la ville de Quimperlé; ils demandèrent donc et'
obtinrent du duc Jean \, l'autorisation de faire édifier un pont
(2ôaoût 1381).
Les religieux nous appi^ennent, par une supplique adressée à
Louis XIII, en 1636, « qu'ils ne purent alors construire ce
« pont à raison de la pauvreté de leur couvent, du malheur
a des guerres, de la ruine de leur maison qui fut abandonnée
« pendant longtemps, et qui le serait encore si leurs supérieurs
.« ne leur avaient enjoint de s'y établir. » Mais la position de la
communauté s'étant améliorée, ils sollicitèrent du roi lera/rat-
chissement des Içtlres ducales de 1381.
Le pont construit par les dominicains en vertu des lettres-
patentes de 1636. fut terminé en 1643 ; mais alors commença
pour eux une série de procès.
Le premier, avec les bénédictins, fut terminé par une recon-
naissance aux termes de laquelle a les jacobins consentent que
« les fermiers des bénédictins lèvent à jamais les devoirs de
« sel et autres denrées, qui sortent de Quimperlé par le nou-
« veau pont, de même façon qu'ils sont fondés à les lever au
« pont de Terre de Vannes, sans que pour cela les bénédictins
« puissent prétendre autres droits sur le dit pont de Saint-
« Dominique. »
Autre procès de 1681 à 16d0 :
L'abbé Charrier (1) sous prétexte de bâtir une maison abba-
tiale (aujourd'hui hôtel du Lion -d'Or), et d'accroître son jardin,
fit abattre le mur de clôture pour y comprendre le terrain libre
entre son. enclos et le pont, et qui servait de lit à la rivière
Elle. U fit aussi élever en cet endroit une muraille avancée de
10 à 12 pieds dans la rivière, de telle sorte qu'il en rétrécit le
lit et boucha une des arches du pont, ce qui en diminua la
solidité (2).
(1) De Tabbaye Sainte-Croix de Quimperlé.
2} Le pont construit par les dominicains et sur lequel se voyait jus«
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Les dominicains obligés par les lettres-patentes de 1636 aux
travaux d'entretien du pont, et craignant de le voir crouler,
firent sommation aux juges royaux de Quimperlé de descendre
sur les lieux pour en conistater Tétat. Mais le crédit de l'abbé
Charrier i soutenu par M. le duc de Gbaulnes, était si grand
qu'ils ne purent l'obtenir, et malgré un arrêt du parlement du
29 avril 1683, qui ordonne aux juges de dresser le procès-
verbal demandé par les jacobins et de leur rendre bonne et
briève justice^ il leur falhit s'adresser au conseil privé du roi,
lequel tout considéré, ordonna que Tabbé Charrier serait assi-
gné au conseil pour parties ouies être fait droit ainsi qu*il
appartiendra.
Trois ans plus lard (1686), le procureur du roi fait somma-
tion aux jacobins de procéder aux réparations du pont; ces
derniers refusent tant que leur instance avec les Bénédictins
n'est pas réglée. Le maréchal d'Estrées ordonne alors aux juges
de Quimperlé de faire faire les réparations au compte des jaco-
bins. Nouveau refus. Enfin le Duc de Mazarin les engage à
réparer le pont, ou à le céder aux Bénédictins, et un projet
d'arrangement est rédige. L'abbé de Saint-Croix et ses succes-
seurs s*obligeaient aux réparations du pont qui leur était cédé,
et remboursaient aux jacobins les frais occasionnés par le
procès, mais cet arrangement ne fut pas accepté par l'abbé
Charrier, et ce ne fut que 81 ans après (1767), que le procès
fut terminé, par la cession du pont à la ville de Quimperlé.
Le couvent de Quimperlé, pas plus que les autres qui sui-
vaient la règle de Saint-Dominique, ne put se garantir du re-
lâchement ; peu à peu les religieux s'éloignèrent de l'obser-
vance régulière, et les généraux de Tordre durent employer
{Cur autorité pour la rétablir.
Le père Mathurin Ori, natif de Dinan, fut chargé de la ré-
qu'ea d790, une croix en pierres portant d*ua côté Je$ui Maria Domi-
nicuiyei de l'autre, les armes deâ frères prêcheurs avec la date 1640
a été démoli en 1842.
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- 140 -
forme, en ce qui concerne le couvent de Quimperlél Mais cette
réforme n'étant pas du goût des religieux qui pour s'y sous-
traire ne trouvèrent d'autre moyen que de déserter le couvent
en emportant tout ce qu'il y avait de précieux.
Un des titres les plus curieux à examiner dans les archives-
du couvent, est un procès-verbal rapporté par Jacques- Louis
Paris, chevalier seigneur de la Haye, conseiller du Roy en ses
conseils, juge ordinaire et lieutenant civil à Nantes, à la re-
quête du révérend père Richard Guillouzou. prieur du couvent
des pères jacobins de Quiraperlé, et qui constate l'étal des
« livres et hardes » adressés à' honorable homme André Vazé,
sieur de la Boullière, marchand à Nantes, par des anciens re-
ligieux de Quimperlé non réformés (1656-1657).
Le sieur Vazé déclare qu'il y a environ un an, un maître de
barque breton du Morbihan, duquel il ne sait pas le nom, a
déchargé en son magasin de la Boultière près les Coriels, le
nombre de dix barriques, un coffre (en forme) de bahut et un
ballot couvert de toile, le tout adressé à Nantes de la part da
père prieur de Quimperlé alors en fonctions. Peu de temps
après, le père Davoyne, prieur du dit couvent, l'aurait prié de
chercher une place dans une barque pour renvoyer les dits
objets à Quimperlé, et depuis le père Davoyne lui aurai dit
avoir reçu du père provincial, une lettre par laquelle il lui
mandait de ne pas renvoyer les dits objets à Quimperlé, parce
qu'il espérait bonne issue de son procès.
Et après ouverture des dits bahut et barriques, il se trouva
que le bahut était plein de hardes et ornements d'église.
Et premier : « Un chasuble de drap d'or gasté de pourriture ;
« un autre de velours Touge aussi gasté ; un autre de satin *
a rouge gasté et pourri (suit une longue énuméralion d'orne- jj
ments tous pourris et gastés). » i ■
« Lesquelles barriques pleines de livres gastés et pourris
« transportés en une chambre haute au dessus de la boulange-
« rie du jardin des jacobins de Nantes, pour les faire sécher et
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.H.
— 141 —
« racommoder, ont été estimés par un libraire et imprimeur
a de Nantes, pour la perle et le dépérissement, à la somme
« de 570 livres et 5 sols. »
Le coffre contenait tous les titres de la communauté ren-
fermés dans dix-sept sacs, et eux aussi avaient souffert de
l'humidité et du séjour trop prolongé dans les magasins du
sieur Vaze. #
Pour obéir aux lettres patentes, du roi , en date du 8 juillet
1681, les dominicains lui fournirent une déclaration de leurs
biens, dans laquelle ils comprirent outre le couvent et ses dé-
pendances :
Une maison et son jardin, au Bourg-Neuf ;
Une tenue à Brorimon, eu Moëlan ;
Une rente sur Kergourlaouen ou Coz-Periguy, en Lothéa ;
Une prairie aux aulnes de Carnoët ;
La banalité du four du Bourg-Neuf:
Le droit de foire franche ;
Le droit de chauffage dans la forêt de Carnoët.
Il leur fut répondu par le commissaire réformateur :
A regard de la maison du Bourg-Neuf, de la rente de
Kergourlaouen et du pré de Carnoët, les religieux doivent en
vider les mains, parce qu'ils ne peuvent acquérir ni accroître
les héritages pour les amortir.
A l'égard delà banalité du four, elle leur est contestée, parce
que le seigneur du fief peut seul avoir ce droit, et qu'ils doi-
vent prouver d'où et comment il leur est venu.
A l'égard de la foire franche : parce que les lettres patentes
ne prouvent pas qu'elle soit franche , et qu'au contraire elles
engagent les acheteurs et vendeurs à payer les péages^ droits
et coutumes qui se lèvent dans les autres Joires de Quimperlé
au profit du domaine.
Et sur cette réclamation, il intervint une décision, aux
termes de laquelle, il est permis aux religieux de jouir du pra
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— «42 —
et de la propriété de Kergourlaouen ; cette décision fut atta-
quée de?ant le siège royal de Quimperlé, qui par sentence con-
tradictoire :
Permet aux religieux de jouir du four a ban ;
Les déboute de la Rabine du Bourg-Neuf ;
Les déboute également du pré de Camoët ; mais leur permet
d'en jouir à titre de convenant ;
Les déboute de la propriété de Kergourlaouen (dont le fonds
appartient au roi), sauf à eux à se pourvoir vers les détenteurs,
poi|r le paiement de la rente qui leur appartient.
Ce procès n'est pas le seul gue les dominicains eurent à
soutenir. Débarrassés du domaine, ils furent inquiétés par la
ville de Quimperlé.
La communauté de ville avait fait construire antérieurement
à 1662, un talus sur la grève afin de rendre* la rivière plus
navigable et Tavait joint par tolérance à la muraille de l'enclos
. du couvent ; les religieux se croyant incommodés par ce talus,
construisit enl un mur pour empêcher le passage dans leur
enclos ; le sieur de Keramcz, voisin des dominicains, se pré-
tendant aussi gêné par ce mur qui lui interceptait la vue de
le rivière, essaya, mais en vain, de le faire abattre.
L'espace laissé libre entre le talus , le long de la rivière, et
le mur de clôture^ servit alors a.u dépôt du lest des navires
qui montaient à Quimperlé, et ne tarda pas à se combler. Les
religieux en firent alors une promenade qui fut revendiquée
par la ville ; le procès fut d'abord jugé au profit de cette der-
nière; mais par l'ordonnance de l'intendant de Bretagne, du
9 mars 1749, les dominicains furent maintenus dans « la pro-
« priété et jouissance du terrain joignant leur bols et nommé
« l'ancienne digue, jusqu'à la porte qui sert pour la décharge
c de leurs vins et provisions ; fait défense à la communauté
« de Quimperlé de les troubler dans la coupe et dans la dispo-
« sition des ormeaux plantés sur ledit terrain, parce que,
« néanmoins, au cas que la ville se trouve en état de continuer,
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— 143 —
« pour l'utilité publique, ce nouveau quai qu'elle a commencé
« du côté du Bourg-Neuf, elle n'y pourra être opposée (1). »
Le 18 jniu 1748, les religieux firent saisir deux chevaux
appartenant au sieur Lamandé ,' loueur de chevaux à Quim-
perlé/ parce que ces animaux avaient été trouvés paissant le
long du mur du couvent, à l'endroit ou proche de l'ancienne
digue. Le sieur Làmandé assigna les religieux pour se voir
condamner à lui rembourser 40 sols qu'il avait dépensés pour
se procurer d'autres chevaux de louage, et h ne plus rien pré-
tendre au-delà de leur mur de clôture.
Le siège donna raison aux dominicains qui ne furent plus,
par la suite, inquiétés à ce sujet.
Les dominicains eurent aussi au XVII® et XVIIl® siècles, avec
le clergé, tant régulier que séculier, de Quimperlé, des diflB-
cullés, dont je vous entretiendrai brièvement.
Au commencement du XVII« siècle, la ville de Quimperlé^
affligée par la peste, se voua à Saint -Grégoire (l'un des patrons,
du couvent des dominicains), et fut bientôt délivrée du fléau.
Par reconnaissance, elle fit vœu de célébrer tous les ans au
12 août, une procession à laquelle devait se rendre le clergé
tant séculier que régulier.
Ce vœu est rejiouvelé par une délibération de la commu-
nauté de ville du 16 mars 1G84 qui reconnaît que la procession
est de tradition.
Cette procession partait de l'église des Bénédictins pour aller
à celle des Jacobins d*où elle était reconduite à son point de
départ.
Les Bénédictins prétendaient avoir le droit de préséance aux
processions et même le droit de chanter la grand'messe dans
.l'église des Jacobins, le jour de la procession et d'y occuper les
premières places.
Le Parlement donna raison aux Bénédictins, mais les Jaco-
(!) Archives de la mairie de Quimperlé.'
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bins reprochèrent à leur prieur d^avoir par lâcheté, crainte ou
amitié, cédé au désir des Bénédictins et d'avoir même reçu
pour ce, une sfomme de six à huit cents livres à l'iusu du
couvent (I).
a Le 11 mai 1790, le maire de Quimperlé, assisté des
« officiers municipaux, du secrétaire greffier, d'un archer de
« police et d'un hérault, se présenta au couvent des Domini-
« cains. Introduit dans la grande salle, il fil connaître à M. le
« Prieur que sa visite avait pour but l'exécution des lettres
« patentes du 26 mars précédent, aux termes desquelles il de-
« vait se faire représenter les registre^ et comptes de régies de
« la maison, former un résultat du revenu, dresser un état
« sommaire de l'argenterie, argent monnoié et effets de la
« sacristie, bibliolhèque, livres manuscrits, médailles, mobi-
« liers, et recevoir les déclarations sur TEtat actuel de lenr
« maison, de leurs dettes mobilières et immobilières et des
• titres qni les constatent?; en même temps, prendre un étal
« des religieux profès de la maison, ceux qui y sont affiliés,
o avec leur nom, âge; des places qu'ils occupent, recevoir la
« déclaration de ceux qui voudront s'expliquer sur leur inlen-
« tion de sortir de la maison, on d'y rester, enfin, vérifier le
« nombre de sujets que la maison pourrait contenir, en cas
« qu'elle fut susceptible d'être habitée et choisie.
« M. le Prieur a répondu qu'il consentait de donner tous
a les éclaircissements que la Municipalité demandait, en exé-
« cutiondes lettres-patentes cy-dessus mentionnées ; et en l'en-
« droit, en présence du Père de Launay, seul religieux prêtre
« de ladite maison, et- de frère Jean Letouer, seul frère coa-
« vers de la maison, il nous a représenté le Rentier de la
« maison contenant 133 feuillets numérotés, lequel registre a
« été signé par M. le Maire et le Secrétaire greffier aux pages
« l*^ et 133, ensuite remis à M. le Prieur après avoir vérifié
(1) Archives du Finistère, (Fonds des Dominicains).
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-. 14S —
a que les rentes actives de ladite maison tant foncières qae
« constituées, compris une reqte de quatre-vingt-seize livres,
« léguée par les Ducs de Bretagne, fondateurs de cette maison,
« et quarante charretées de bois en nature de chauffage concé-
« dées par les mêmes Ducs de Bretagne aux Religieux de cette
a maison à prendre dans la forêt de Garnoët, et compris encore
« le produit du verger d'attache à ladite maison, portant à
a deux mille soixanle-dix-huit livres dix-sept sols un denier
« payables à différentes époques dans Tannée.
« Les charges passives de la maison, et dont se trouve onné-
« rés les biens, consistent dans Tobligation des religieux de
« dire annuellement cent dix messes à chants, quatre cent
a seize messes basses, vingt une bénédictions et sgluts, dont
« l'acquit est évalué la somme de cinq cent soixante-quatorze
« livres.
« Dans une chef-rente de trente-trois sols monnoie, douze
<t sols par autre part, ce qui forme quarante- cinq sous.
« De deux chef rentes , Tune au profit du roi , de douze
« sols, l'autre de trente-trois sols, au profit du seigneur du
« Boisderu.
« Dans autres chef-rentes d'un minot avoine au profil de la
« seigneurie du Faouët, évaluée deux livres quinze sols. Dans
« les décimes, dont la taxe desdils religieux est de cinquante-
« qualre livres quatorze sols.
« Réparations annuelles et d'entretien évaluées, année com-
« mune, trois cents livres ; après lesquelles vérifications avons
« passé à l'examen du mobilier qui consiste pour l'argenterie
« de Téglise dans une croix d'argent, deux chandeliers, un
« ensensoir, un soleil, un ciboire* trois» calices, un plateau,
« deux burettes, deux petites statues, un reliquaire garni.
« Les ornements, dont vingt chasubles de différentes couleurs,
« suivant les rites de l'Eglise, quatre chappes, douze nappes
« d'autel, douze aubes, quatre surplis, le tout en mauvais
« état ; quatre livres de chants, trois cloches dans la tour.
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« Nous Dous sommes ensuite transportés avec lesdits reli-
« gieux à la bibliothèque où nous avons trouvé que les livres
« consistent en cent volumes in-folio de différents ouvrages,
« quatre-vingts in- 4» et in- 12; interpellés lesdits reWgieux
« de nous représenter les manuscrits et médailles, nous ont
« répondu n'en avoir point.
« Interpellés de nous déclarer s'ils n'ont pas d'argent mon-
« noie, ont répondu j avoir entre mains une somme de huit
« cent trente-quatre livre seize sols onze deniers et qu'il leur
« est dû , en outre , d'arrérages de rente tant constituées que
« fonciers, une somme de six cents soixante-quatorze livres
« deux sols dix deniers.
« Interpellés de nous représenter les titres qu'ils ont au
« soutien de leurs rentes, fondationS| nous ont représenté un
« livre terrier qui comporte l'inventaire exact de tous les titres
« de leur archive avec l'analise des rentes par articles et
« pièces au soutien et déclaré s'obliger de représenter, lors-
c que requis sera, tous les titres relatés au soutien de chaque
« article, lequel terrier contient deux cent vingt pages numé-
« rolées, avec une table par ordre alphabétique à la suite
« dudit terrier, lequel a été chiffré par le maire et le secr-étaire
« greffier â la page première et à la page cent cinquante-une,
« qui est la dernière servie dudit terrier.
. « Vérifiant l'étal des meubles en la possession dédits reli-
« gieux, nous ont été représentés par ces Messieurs : quatre
« couverts d'argent, dont trois marqués Abbaye Blanche, le
« quatrième sans marque, une cuillier à ragoût aussi marquée
« Abbaye Blanche, six couteaux de table dont le manche cou-
« vert d'une feuille d'argent.
« Dans le salon, l'armoire vieille, un vesselier, trente-huit
« draps, seize assiettes de porcelaine, deux tables à pieds de
« biche , quatorze nappes , six douzaines de serviettes, un
• huilier de verre, , douze gobelets de verre, douze souilles
« d'oreillers, deux saladiers ; assiettes communes deux dou-
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« zaines, une pendule, dix-huit chaises bonnes et mauvaises*
« Six lits à l'usage des religieux de Tinfirmerie, lesdits lits
«c composés de pnillasses et matelas, à l'exception des lits qui
« ont leurs couettes ; le tout avec de mauvaises couvertures
<c au nombre de quatre.
« Dans la cuisine, six casseroles, un tourne-broche, deux
« marmites de fer, un chaudron, une poissonnière, lourtiëre,
a pince, landier, une table de cuisine, une vieille armoire.
« Dans un scellier, un pressoir et des barriques. Après exa-
« lïien général de la maison que le corps de logis au levant
« est indigent de réparations tant pour la couverture que pour
« le dortoir en-dessous, que les deux côtés des midy et cou-
« chant sont entretenus en réparations usuelles et d*entretien,
« que la maison pourrait loger douze religieux en faisant une
<x dépense au moins de quinze mille livres.
« M. le prieur interpellé de s'expliquer sur ses intentions de
« sortir ou de rester dans Tordre a déclaré que ses reflexions
« ne sont pas encore faites, qu'il est âgé ' d'environ 40 ans
« dont il a passé en religion 24 ans, et est profès du couvent
« de Bennes.
« Que le père Yves Guiomar, profès de cette maison, est en
« qualité de religieux prêtre dans le couvent de Vitré.
« Le frère Henry Goquil, profès de cette maison, en qualité
« de frère convers actuellement en la maison de Rennes.
« Interpellés le Père de Launay de s'expliquer sur ses inten-
« tions, a déclaré que de préférence il resterait finir ses jours
a dans Tordre, pourvu qu'il ne fut pas contraint à monter à
« l'a el journellement, sans aucune considération de ses in-
« firmités qui souvent le gênent et le font souiïrir beaucoup
« plus quand il Ini faut officier.
« Quand à son âge dit être âgé de cinquante-six ans un
« mois el onze jours.
« Interpellé frère Jean Le Touer, âge de 46 ans, profès de
« cette maison, a déclaré que son intention est de rester dans
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« l'ordire pour résider dans la maison qui lui sera indiquée (1).
Ici s'arrêtenl l'histoire du couvent de Saint-Dominiqi;e
de (Juimperlé et la tâche que je me suis imposée ; peu de
mois après la visite des officiers municipaux de Quimperté
les religieux quittaient le cloître conformément aux décrets
de TAssemblée nationale.
Le couvent et ses dépendances furent vendus par le district
de Quimperlé le huit août 1793.
M. Alexandre-Pierre Beauvais, fils de l'acquéreur de 1793,
les vendit a M. et Mme Maislre de Quimperlé, aux termes
d'un acte du 26 germinal an IX, et les époux Maislre par
acte du 12 janvier 1808, au rapport de M* Manciel, notaire à
Quimperlé, cédèrent la propriété des dominicains pour le
prix de seize mille cinq cents livres tournois (16,293 fr. 75)
à Mlles Marie- Charlotte-Corenline de Marigo, Pétronille-
Yvonne-Michelle de Kerguélen, Marie-Esprit-Laurence Gilart
Larchantel, Marie-Renée Giiart Larchantel, Marie-Nicole
Duvergier-Kerhorlay, Hyacinthe-Louise - Josèphe Duboisgué-
henneuc de Méros, Louise-Jacquette-Corentine de Leissè-
gue-Rosaven, Louise-Marie Guillou du Gleguer, Marie-Jac-
quette de Leissègue-Rosaven, toutes dames de la retraite,;
lesquelles déclarèrent formellement « ne faire cette acquisition
ni pour elles personnellement ni pour leurs héritiers, mais
uniquement pour le compte et au profit de rétablissement
consacré à l'œuvre si charitable et si utile des retraites qui
contribue d'une manière si efficace à la réformé des mœurs
parmi les femmes de la campagne, et à affermir la religion
dans le cœur de toutes ; établissement auquel les biens ac-
quis sont spécialement destinés. Elles déclarèrent de plus
vouloir que le même établissement offre un asile â des
veuves d*officiers de marine et autres dames peu fortunées,
qui y trouveront une existence convenable à leur état, et
-. • / .— «
(r» Procès-verbal aux archiveg de la fabrique de Sainte-Croix de
Quimperlé.
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une pension proportionnée à la modicité de leurs ressour-
ces ; elles déclarèrent finalement que si cet établissement
venait à s'éteindre un jour par quelque événement que ce
soit, elles mettent dès ce moment comme dès lors, à la dis-
position de Monsieur Tévéque de Quimper et de ses succes-
seurs à perpétuité, tout ce qui leur provient de Tacquistiion
avec ses accroissements et améliorations (2).
En terminant je prie notre confrère M. le Men de recevoir
mes remercimenls pour les anciens titres qu*il n^a commu-
niqués. Je lui dois la connaissance de la lettre du Père Pinsart
dans la quelle j'ai tant puisé, mais il m'a fallu recourir aux
minutes des anciens notaires de Quimperlé, aux archives mu«
nicipalesde la n^ême ville et aussi aux titres de la fabrique
de Sainte-Croix, mis gracieusement à ma disposition par M.
l'abbé Quéméneur, curé archiprêtre de Quimperlé.
LES DOMINICAINS DE QUIMPERLE
ANNEXES.
I
Coppie de la lettre envoyée au R. P. de Sainte-Marie.
Hystoriographe.
« Mon Révérend Père,
« Depuis peu Ton m'a fait douter que le R. P. Louis Char-
don, cy-devant religieux de céans ne vous aye pas envoyé ce
que je luy avais donné de la fondation de cette maison, c'est
ce qui m'oblige à taseher de réparer ce que j'ay quelque sub-
jecl de craindre qu'il ayt obmis, ou que l'infidélité des messa-
gers ayt empêché de vous arriver. Sans redire au long ce que
(1) Titres de l'étude de M^ Audran, notaire à Quimperlé.
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je lui avais commis, je me contenterai de vous mander som-
mairement quelques choses qui me semblent ne devoir pas être
obmises par votre histoire, attendue de tout le monde, sans
qu'elle paraisse défectueuse ; et ponr commencer :
c Cette maison (fut fondée) Tan 1354 dans le chasleau
ducal appelé de Carnoët, dans le fauxbourg de Quimperlé, dit
le Bourgneuf, au diocèse de Vennes, sur le rivage du fleuve
d'Bllé, qui baigne les murailles de nos cours, bastiments et
jardins, et sur lequel les vaisseaux de la mer occeane, distante
de deux lieues, nous viennent aux marées deux fois le jour,
par Blanche de Navarre, fille de Thibaut, comte de Champa-
gne, espouse de Jean I«% duc de Bretagne, dit le comte Roux,
fils de Pierre de Dreux, dicl Mauclerc, aussi duc de Bretaigne,
dont le couvent n'est connu que sousile nom d'Abbaty-Guen^
qui signifie en français Tabbaye Blanche ; la dite Blanche fonda
en mesme temps le couvent et une abbaye de filles de Tordre
de saint Bernard, appellée la Joye, près la ville de Hennebool,
à cinq lieues d'icy on elle gist, et Jean I«*' son raary fonda l'ab-
baye de Prières, de Tordre de saint Bernard, afin de prier
Dieu pour ceux qui sont submergés à la coste ae Bretaigne, ou
son corps repose. Blanche et Jean son mary, selon la tradi-
tion, attirés par les bons exemples des reiigienx et leur piété,
ont demeuré quelques années en ce couvent où Ton voit en-
core leurs sale, gallerie, chambres et quelques offices ; et cette
maison a droit de quatre-vingt seize livres sur le domaine du
roy, de coulombier, de four à bau, et depuis sa fondation elle
a été décorée du droit de foires franches, droit de chauffage de
la forêt de Carnoët, cy proche, etaulres. Il se void au cœur de
l'église. Tune des mieux ornées et appropriées de la province,
sur la porte de la sacristie un épigraphe faisant mention de
partie de tout cela en ces termes : Sumptibus ista suis^ etc.
(Voir Cl -dessus, page 135).
« Cette maison, ayant toujours esté chérie des ducs de cette
province, leur a servy des confesseurs, prédicateurs et bons
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— loi —
officiers ; et Jean de Monforl, père de Jean dit le Conquérant,
lequel commença la guerre contre Charles de Blois pour la suc-
cession du duché de Bretagne, et mourut à Henbont le 26 sep-
tembre 1345, voulut que son corps fut enterré au cœur du
dit couvent, où l'on a veu avant la chute de la dite église, un
cénotaphe ou fausse chasse couverte de drap d'or à fleurs de
velours noir; à la mémoire du quel seigneur Ton void au
droit de l'épigraphe ci-devant rapporté cette épilaphe ;
9 Bella sub armoricis Bleso civilia iiignis
« Longa cornes Janus ferro Monsfortius infert^
« Ut Britones quœrat, tantis ast invida cœptis
« Jussit abire polum mors. Nil minus inclita bello
a Uxor cum nato rem perfkït^ ossa que chari hic
« Conjugis ad médium majoris collocat arœ,
(Ponebat F. Yvo Pinsart, docU PariSé Théol.
» Corisop.prior),
c Comme les choses humaines sont subjetles au changement^
cette maison, autresfois si célèbre en ses bastiments et en ses
mœurs, decheut peu à peu, mais elle trouva des réparateurs
en Tun et Tautre. Elle doit le restablissement de ses mœurs au
Révérend Père Matthieu Ori, natif de Dinan en Bretagne, Té-
loge du quel se void dans Antonius Senensis, in Bibliotheca
îitt. m. Mais il faut changer le nom de Gallus et mettrc^Brito,
et adjouter ce que tous les hystoriographes Jésuites et Rei-
bad (1; mettent, que ce lût la dextérité de saint Ignace, dont
il avoit été à Paris le défenseur du Livre des exercices,
qui le mena de Venise à Rome et le présenta au Pape avec
son livre. Or ce Matthieu Ori, le huitième juillet, Tan 1545,
restablit la vie religieuse et reforme au dit couvent, la
quelle y avait duré jusques à ce que les guerres civiles
ayant causé un déluge général dans toute la France, notre
(t) Ribadeneyra, Pierre, célèbre jésuite, auteur d'une vie des saints,
né le t«^ novembre 1627, mort le' l^r octobre 1 611.
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1
— 1S2 —
province el ce couvent mesnie n'en furent pas exempts;
pendant (sic) la négligence du siècle et la nonchalance des
supérieurs, Tégiise tomba en un temps fort calme et en plein
jour, environ Tan mil cinq cent nouante et deux, durant le
second prioré du père Folliard, ce qui contraignit les religieux
de se retirer el d'abandonner la maison comme déserte, jusqu'à
Tan. 1600 que le R. P. Boulloucb, encouragé par la noblesse
du pays et bourgeois de la ville, secouru de tous les ordres,
entreprit le rétablissement de cette église ; depuis ce 4emps
chacun des prieurs y a travaillé selon son pouvoir et son zèle,
jusqu'en l'an 1624 que j'y arrivé à commencer à travailler aux
réparations de toute la partie de la maison ; mais ayant été
eslue et appelé pour régenter à Paris, l'ouvrage ayant cessé
jusques à la fin de 1634* je fus pour la seconde fois eslue et
confirmé Prieur, el continué jusques à présent que Dieu m'a
fait la grâce d'y restablir l'office de jour et de nuicl. la vie re-
ligieuse, un cours de philosophie, et d'achever de la restablir
et l'orner à tel point qu'il n'y en a guères de plus riantes et
cette province.
« Or d'autant qu'il falloit faire un grand tour et circuit pour
aller du couvent à la ville, laquelle est du diocèse de Cor-
nouaille, et passer le long de la rivière d'Ellé, et aller chercher
par un chemin (rès*difficile le pont de terres de Venues, le duc
Jean donna permission de baslir un pont sur ladite rivière, au
droit de la grande porte dudit couvent ; laquelle permission fut
renouvellée par Jean duc de Bretagne (1381). el par le Boy
Louis le Juste l'an 163(>, esmologuée {sic) au pEgrlemeot à^
Brejagne le 6™« juillet 1638. El fut basty à nos fraiclz ledit
pont de pierres el a de fortes voûtes. Tan 1640; eu sorte que
c'est un des plus beaux couvents de cette province; et pour
décorer l'arrivée dddit couvent du bout d'iceluy, se voit uu
beau pavé long d'environ soixante toises, décoré de deux beaux
rangs d'arbres conduisant h la grande porte dudit couvent, le-
quel est à présent presque tout rebasti par l'aide de nos amis.
Notre réfectoire est des plus beaux qui se voient ; la chaire dtf
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lecteur est pratiquée au côté droict dans une belle voûte es-
clairée d'uue belle vitre au haut de laquelle on voit les armes
de la duchesse Blanche, notre fondatrice, laquelle portait my-
parti des ducs de Bretagne de la maison de Dreux^ qui est
échiqueté d'or et d*azur au canton de Bretagne^ et de Champagne
supporté de Navarre. Au dessoubs les armes des seigneurs
Evesques de Vennes et de Gornouaille avec cet escriteau :
F. Yvo Pinsaft Dinanensis, doctor parisiensis^ Co^isopi-
tensis Theoiogus^ ao 2o pnor, Johanni V ac Blanchœ Navarrœœ
Britanniœ quondam Ducibus, hujus munificentissimis fundato-
ribus^ necnon Sebastiano Venetensium et Gûiîlelmo Çorisopiten*
sium lUustrissimis prmuUbus sedentibus ponebat 1635.
Nous avons aussi rebasti la salle et la chambre du Duc à
neuf, avec des fenestrages d*onze pieds de hauteur et cinq de
largeur, et sur icelles salle et chambre, un beau et superbe
dortouer contenant cinq chambres chaqi^e, d'environ 15 pieds
en long et 12 de large. Nous avons aussi de très beaux jardins
et vergers sur le long de la rivière, et ne reste à restablir que
la bibliothèque, les cloislres et le chapitre, que nous espérons
commencer à rebaslir des deniers que le Roy nous a donnés
depuis peu, à prendre sur les deniers des vins qui se débitent
en ladite ville, suivant les patentes et arrêts de son conseil de
cette année.
Nous avons quasi perdu tous nos tiltres du tems précédent
la réforme, de façon que nous n'avons point de mémoires de
plusieurs grands hommes qui ont fleury céans , fors du frère
Yves de Pontsal, évesque de Vennes, environ 1444 ; de Hervé
du Parc, ambassadeur vers Henry qualriesme roy d'Angleterre,
qui lui donna une croix d'or ornée de quelques pierreries, et
une relique de la robe de Notre Seigneur ; laditte croix fut
convertie en deux chandeliers d'argent et un petit Jésus pour
la dite relique ; H. Menfré, qui fit bastir une belle chapelle de
Saint-Vincent-Ferrier en la muraille de l'église du couvent ;
dejfunt Guillaume du Botderu, docteur en théologie, inquisiteur
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de la foi et prieur (lu dit couvent, qui Tan 1483 fit bastir un
beau corps de logis accompagné de salle , chambre , prisons et
offices nécessaires pour la justice, et au dessus une belle librai-
rie garnie de livres qui est à présent fort délabrée.
Nous avons depuis quinze ans enterré céans le R. P. du Pas,
docteur de Nantes et scavant historiographe dont nous n'avons
pu conserver les œuvres. Quand il mourut il laissa son travail
prest à mettre sous la presse , et le P. Blanche le vendit au
baron du Vieux Ghastel, qui promettait le faire imprimer, pour
la somme de dix-huit livres de rente.
Liste des prieurs et ans de leurs institutions depuis la
reformations
1645. Trocler.
1548. Joson.
1561. Brisorgupil.
1555. Morvani.
1666. Gâriuer.
1559. Laouenan.
1662. Yvo Toux.
1566.'Rebillon.
1568. De Létuce.
1581. Abiven.
!573. Du Boys.
1576. Gac.
1578. Folliard.
1635. Pinsart, 2» ;
1579.
1582.
1593.
1596-
1598.
1600.
1610.
1616.
1619.
1622.
1624.
.1628.
I 1631.
continué deux fois ,
authorité apostolique avec commandement
réparations encommencées.
Mon R. P., c'est ce que j'ai pu trouvé
dignes de vous escrire. Je vous supplie que
mette pas cette pauvre maison, et de faire
à celuy qui de tout son cœur vous souhaite
Renaud.
Folliard, 2».
Noueter. •
Fredoux.
Halgan.
Boullouch.
Guesroue.
Rolland.
Guillard. ^
Rolland, 2».
Pinsart.
Prouin.
Blanchœ.
et la dernière par
de poursuivre les
qui m'ayt semblé
votre histoire n'ob-
part en vos prières
une parfaite santéi
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afin de 'donner au public pour la gloire de Dieu le fruict de
vos veilles. C'est, mon R. P., vostre 1res hunable et obéissant
serviteur en N. S.
F. Yves PINSART.
Du couvent Saint-Dominique, lès Quimperlay, ce 22 décembre 1643.
II.
Lettres patentes relatives à la construction du pont:
Louys, par la grâce de Dieu , roy de France et de Navare,
à touts présents 'et advenir, salut : Nos chers bien aym'és et
dévots orateurs les prieur et religieux du couvent de Tordre
de Saint-Dominique , dit vulgairement l'Abbaye Blanche de
noslre ville de Quimperlé, nous ont fait remontrer que Jean
duc de Bretagne, qui avoil espousé Blanche de Navarre, ayant
pour plusieurs bonnes considérations, particulièrement pour la
commodité publique des habitants du dit Quimperlé, et pour
rendre le faubour de la dite ville de Faulre côté de la rivière
d'icelle estant en son fief, auquel est ci tué le dit couvent, plus
habitable et mieux peuplé, permy aux dits religieux, par ses
lettres pàttantes du vint cinquiesme aoust mil trois cent quatre
vingt et un, de faire édifier un pont sur la dite rivière, sur
lequel deux chevaux puissent passer costé à costé, parce que
le dit couvent n'a point de revenut ny denier, et.qu'iln'y a
eust autre font pour bastir le'dit pont que ce qui est provenut
des ausmônes et charitées des habitants de la dite ville, les-
quelles à peine ont elles pu suffir pour leurs vies et autres
nécessitées, et pohr ce est demeuré le dit pont à construire
jusquà présent que les dits habitants plus portés que jamais à
la dévotion et autres cérémonies, qui sont bien observées en la
dite esglise, ont par leurs fréquentes visiles conviés les dits
religieux de s'esforcer en leur impuissance , à entreprendre la
construction et bâtiment du dit pont soubs notre bon plaisir,
par une peroiission laquelle ils nous ont très humblement
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requis et supplié leur vouloir accorder, .par nos lettres sur ce
nécessaires.
A ces causes^et entendant que par le moyen du passage sur
la dite rivière, les faubours au delà d'icelle, ou est situé ledit
couvent qui est notre fief, devenant plus peuplés et mêmes
bastis, le revenu de notre domaine en sera d'autant augmenté,
et d'ailleurs que les habitants de la dite ville seront soulagés
de la longueur du chemin qui leur convient faire pour aller au
dit couvent et exempts du péril qu'ils encouroient passants par
des précipices affreux, qui sont sur iceluy es quelles plusieurs
personnes se sont noyées et periiues.
Nous avons aux dits exposans permis, accordé, octroyé et de
nos grâces spéciales permettons, accordons et octroyons par
ces présentes signées de notre main, qu'ils puissent, confor-
mément aux susdites lettres du dit duc Jean du vingt-cinquième
août mil trois cent quatre-vingt-un, faire construire ^et bastir
à leurs despents un pont de pierres ou de bois sur la rivière
de nostce dite ville de Quimperlé, au lieu et endroit désigné
par les dites lettres et par le plan de la dite ville ci attaché,
etc., etc.
A la charge par les exposants et leurs successeurs religieux
en iceluy, de faire dire et célébrer à perpétuité en leur esglise
deux basses messes par chaque semaine, pour nous et nos suc-
cesseurs Roys, et que les habitants du dit Quimperlé ne seront
en aucune façon obligés aux frais du dit bastiment, etc., etc.
Donné à Saint-Germain-ep-Laye au mois de mars Fan mil
six-cent trente-six et de notre règne le vingtième.
Signé : LOUIS.
De par le Boy : Bouthbllieb.
(Archives du département du Finistère. — Fond^ des Do-
minicains).
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m.
Procession de Saint Grégoire. — Renouvellement d'un v<bu
fait par la ville de Quimperlé à l'occasion d^une maladie
contagieuse.
Du jeudy seizième jour du mois de mars 1684, sur les dix
heures du matin.
Assamblée des nobles bourgeois et habitants de la commu-
nauté de Quimperlé, tenue en Tauditoire et palais royal dudit
lieu, après le son de cloche en la manière accoustumée.
Où présidoit Messire Charles de Rabeau, chevalier seigneur
de Beauregard, Ghabry, mareschal des camps et armées de Sa
Majesté, commandant pour son service au commandement
des ville et citadelle du Port-Louis, yilles de Hennebond et de
Quimperlé, assisté de M. le Procureur du Roy.
Présans les particulliers habitants cy-après nommés sçavoir :
Estienne Frogerais, sieur de Saint-Mandé, sindia et miseur, et
et les sieurs Jan Lohéac, sieur de Grand-Champ, Jullien Guyet,
Martial Veyrier, François Auffret, Samuel Billelte, René de
Coêtnours, Louis Moustel, Estienne Millon, Pierre Gérard,
François Le Sage, Jacques Auffret, Jean Trémaudan, Christofle
LeBéchennec, Joseph Lohéac,Bertrand Huart, autre Jan Lohéac,
François Gourhaêl, Claude Penicaud, Urbain Tasché et plu-
sieurs autres
Lesdicts sieurs habitans ayant dellibéré sur la remontrance
de leur sindicq, après que lecture leur a esté faite, ont unani-
mement recogneu la pocession immémoriale, en laquelle on
est en ceste ville, de faire tous les ans, au jour de la feste de
Saint Grégoire, une procession généralle, qui se lève en Téglise
abatialle de l'abbaye Sainte-Croix, se rend en celle de Saint
Dominique, en laquelle se cellèbre ensuite une messe à notte,
et la prédication par le prédicateur de la communauté ; laquelle
finye, on retourne aussi processionnellement en ladite esglise
abatialle de Sainte-Croix, où elle se termine ; laquelle ils ont
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- 158 —
par tradition entendu dire se faire en vertu d'un vœu général
de la communauté, et ce en action de grâces à Dieu de Tavoir
. conservée ou dellivrée d'un mal contagieux. Et comme le tiltre
primordial de ce vœu ne se trouve el qu'ils ne veiillent aboUir
cette bonne et antienne dévotion, quy ne peut qu'atirer sur elle
lés bénédictions de Dieu et en éloigner les fléaux, ils ont résollu
et arrêté de reuouveller ledit vœu, ce qu'ils font publiquement
au nom de toute cette communauté, par le présent acte par
lequel ils veuUent et entendent que à Tadvenir et à perpétuité,
par chacun an et à chaque jour de la fesle de Sainct Grégoire,
il se fera une procession solennelle et qui se lèvera ainsi que
Ton a fait au passé et d(' tout temps immémorial, etc.
Que les communautés tant des pères Dominicquains, que des
capucins de ceste ville et toutes autres communautés man-
dianles qui pourront cy après s'y establir, et les communautés
des paroisses de Saint Gollorabau et Saint-Michel de ceste villey
assisteront en corps, et sur leur deffaull ou refus de ce faire,
ont par ceste donnés ordre et pouvoir à leur dit sindicq, ou k
ceux qui lui succéderont eu la dicte charge, de se pourvoir
contre eux, soit devant les juges ecclésiastiques ou séculliers
pour les y àstraindre par toutes les voyes de droit.
{Suivent les signatures).
(Archives de la mairie de Quimperlé. — Registre des déli-
bérations de la communauté. 1682. 1692).
IV.
Extrait de la déclaration des biens du couvent faite par
les religieux en 1790.
MOBIUER
L'église dans laquelle, vis à vis du maître autel repose dans
un tombeau de bronze, le corps de Jean de Montbrt, duc d«
Bretagne, époux de la fameuse et belliqueuse comtesse de
Montfort, lequel y fut inhumé en présence de Jean quatre, son
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1
1
— im —
fils et les Etats assemblés dans la dite maisoo, le 26 septembre
1346.
L'église est composé d'un maître autel, d'un chœur boisé,
d'une tribune, de cinq chapelles. L'argenterie consiste en une
croixi deux chandeliers d'acolytes, un encensoir, un soleil, un
ciboire, trois calices, un plat et deux burettes, deux statues
destinées par le donateur à être portées par le célébrant aux
processions, et un reliquaire garni d'argent ; les chasubles,
chapes et devant l'autel en petite quantité sont très-simples,
' le linge presque usé ; il y a un pupitre, quatre livres de chant>
trois cloches.
Dans l'intérieur de la maison, une bibliothèque fort incom-
plète,ruinée par les guerres civiles ; elle peut contenir environ
cent volumes in-folio, quatre-vingts in-4» et deux cents in-12<> ;
il n'y a aucun manuscrit si ce n'est quelques cahiers de phi-
losophie.
Fait et arrêté entre nous, ce 27 février 1790. Ainsi signé en
la minute : frère Pierre Fissot, prieur des dominicains de
l'abbaye Blanche de Quimperlé, frère Pierre de Launay, frère
Jean Le Louire.
{Archives de la fabrique de F église Sainte- Croix de Quimperlé)
Cette lecture â vivement intéressé l'Assemblée, et
M. le Président, se faisant l'interprète de tous, re-
mercie chaleureusement M. Audran du consciencieux
travail qu'il vient de lire, travail qui a nécessité de si
laborieuses recherches.
On passe à l'élection des candidats dont les noms
suivent :
MM. t'roUo de Kerlivio ; Jamet ; Arthur de Gouyon
de Matignon de Beaufort; Laplace; Le Noble; Borelli,
présentés par MM. Le Men et de Montifault.
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- 160 -
M. de Rodellec, présenté par MM. le comte de Carné
et de Montifault.
M. Asher, présenté par MM. Gaidoz et Le Men.
Ces Messieurs sont admis à Tunanimité.
La prochaine réunion est fixée au SAMEDI 27 NO-
VEMBBRE,à 2 heures, dans Tune des salles du Musée
d'archéologie.
L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président lève '
la séance à 5 heures.
L*un des Secrétaires^
V. DE MONTIFAULT.
ORDRE DU JOUR
Pour la séance qui aura lieu le SAMEDI 27 NOVEMBRE
à 2 heureSj dans une des salles du Musée d'archéologie. .
1^ Rapport de la Commission chargée de la vérifi-
cation des comptes de la Société.
2<> Description de l'ancienne chapelle ensablée de
Guévroc, par M. MADELENEAU, instituteur à Tréflez.
3<> Prééminences et droits honorifiques dans l'ancienne ;'
église paroissiale de Plomeur, près Pont-l'Abbé (Fi-
nistère), par M. V. DE MONTIFAULT. i
4<> Note sur les débris de la statue équestre du duc 1
Jean V, provenant du grand portail de la cathédrale '
de Quimper, par M. R.-F. LE MEN. J
5» Note sur divers monuments de la commune de i
Saint-Urbain, par M- LE TEURS, instituteur. p
6o Excursions archéologiques dans les communes /"
de Fouesnant, La Forêt et Plomeur, par M. V. DE J,
MONTIFAULT. jî
7<> Statistique monumentale du Finistère : Époque 'I
celtique, par M. R.-F. LE MEN.
Le Président de la Société,
Comte L. DE CARNÉ.
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Jtî3
^ 161 -
SÉANCE DÛ 27 NOVEMBRE 1075.
Présidence de M. le Comte DE CARNÉ,
m L^ACÂDÉMlS FRAÏIÇ^ISE.
Étaient présents : MM. Audran ; de Montifault ;
faij', Pôugôrày ; Mâlen ; Flagelle ; de Quélen ; Xavier
de Blôis ; Cormier ; louis lïémon ; Tabbé iSuillard ;
Le Ùorre ; P, Hèmon et Le Noble,
La séance est ouverte à deux heuresé
M. iè Président fait part à TAsséliiblëe dô l*état de
santé de M. Le Men, retenu ùhez lui, et iiivite M. Au-
dran à vouloir bien remplir les fonctions de secrétaire,
M. de Montifault ayant plusieurs rapports à lire à la
séance.
Sont admis en qualité de membres de la Société, sur
la proposition de M. de Carné et Audran :
MM. Sigismond Ropartz, avocat à la cour d'appel de
Rennes ; Le Moaligou, docteur-médecin à Quimperlé*
Sur la proposition de MM.. de Montifault et Audraa :
MM, du P^ray ; du Orandlaunay ; Le Goarant de
Tromelin ; Eugène Le Moyne ; Hij)polyte PenàniDS ,
de Douarnenez.
Sur l'invitation de M. le Président , M. de Monti-
fault présente; un rapport détailla au nom de la Com-
mission chargée de la vérification des comptes de la
Société.
L'Assemblée, en approuvant les termes de ce rap-
port, vote des remerciments à M,^ Faty, pour le zèle et
le dévouement avec lesquieis il remplit tes fonctions dé
TrésoriOT*
12
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162 —
M. de Montifault donne ensuite communication
d'une notice de M. Madeleneau, instituteur à Tréflez ,
surTancieûne chapelle de Saint-Guévroc.
Ruines de la chapelle de Tabbaye de Guévroc.
La chapelle de Guévroc est siluée sur les dunes de sable de
la propriété de Kéremma (commune de Tréflez), dans la partie
appartenant, du chef de sa femme, à M. le capitaine de frégate
Louis du Temple, gendre de M, Rousseau, auquel est due la
création de la terre de Kéremma.
La chapelle de Guévroc, à cent mètres, aujourd'hui, du
rivage de la mer, et parallèlemenl à celui-ci, se trouve située
à 3 kilomètres au nord du bourg de Tréflez, et disposée Eàt et
Ouest dans sa longueur.
La hauteur intérieure des murs est d^environ trois mètres.
Les sables de la dune, apportés par les vents, ont successi-
vement recouvert toutes les parties de Tédifice ; et, en 1869,
on pouvait à peu près soupçonner seulement quelques points
de la construction. C'est à cette époque que le fils de M. du
Temple/ aidé de quelques autres jeunes gens^ entreprit des
fouilles dont le résultat fut de dégager le mur de TEst et le
mattre-autel qui y est appuyé. En 1872, M. du Temple fit re-
prendre les travaux et dégager entièrement la partie Est de la
chapelle, sous le sol de laquelle, en descendant treize marches,
il retrouva la fontaine sainte, dont la tradition avait conservé
le souvenir. Malheureusement Thiver suivant, les enfants du
pays, pour distraire sans doute leurs loisirs en gardant les
bestiaux sur la palue, eurent la funeste idée de briser les deux
colonnes qi.i soutenaient par devant, le maître-aulel> puis ils
détruisirent les bancs de pierres qui garnissaient, sur trois
côtés, le pourtour du saBCtuairc. L'impossibilité de prévenir de
pareils actes rendit sans intérêt pour M. du Temple, de pour-
suivre les travaux de déblaiement, et déjà le sable recomnience
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-w 163 —
son œuvre ; l'excavation qui conduit h la source est obstruée
au grand regret des pèlerins qui, dans l'automne de 1872, arrf*
vaient en bandes nonobreuses, de localités même éloignées,
pour accomplir leurs actes de dévotion à la fontaine sainte, et
en rapporter un peu d'eau^
Le dessin ci-joint est fait à Fécbelle d*un centionitre pour
mètre.
Le sanctuaire a six mètres dans les deux sens. — L'autre
partie de la chapelle que le sable couvre encore entièrement^
présente un rectangle de douze mètres de long sur six de l^rge.
Aux angles avoisinant la porte de communication avec le
sanctuaire, se trouvent deux pierres qui, sans doute, consti-
tuaient des autels.
Au Sud de la cbapelle et y attenant, était le cimetière de
Tabbaye, car on y a découvert des ossements ; et à quinze
mètres cinquante centimètres directement au sud de la porte
du sanctuaire, se trouve encore, debout, une pierre élevée de
deux mètres au-dessus du sol, sur le côté ouest de laquelle on
remarque un christ grossièrement sculpté. Sur le sommet de
la pierre existe une anfractuosité dans laquelle des âmes pieuses
venaient encore, dans ces derniers temps, déposer des pièces
de monnaie.
D'après la tradition, il doit y avoir, à l'extrémité ouest des
ruines, remplacement de la porte d'entrée de la chapelle. Les
anciens du pays disent même avoir vu le haut du portail dont
les pierres auraient disparu, il y a un certain nombre d'années,
pour aller orner des constructions particulières.
Les murs quoique bien construits, accusaient un travail un
peu primitif dans la taille des pierres. — Le sol du sanctuaire
est pavé près de l'autel ; ailleurs c'est simplement de la terre.
^ De nombreuses ardoises ont été trouvées à l'intérieur sur
le sol, et donnent à penser qu'elles servaient à I9 toiture. —
Du côté sud de l'auteL on a trouvé deux pièces de monnaie de
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— 164 —
cuivre portant les dates de 15% et 1532. — Le sanctuaire pa-
rait être la partie la plus ancienne des constructions^ et fut, dit
la tradition, le premier asile de saint Guévroc. Le reste de l'é-
difice accuse, en effet, une architecture différente. -« Aucune
trace n'indique spécialement où dut exister' le corps même de
l'abbaye ; le seul vestige apparent est celui du mur qui serval^
de dôture aux terrains de Tabbaye, et qui accuse une grande
étendue se prolongeant vers des points aujourd'hui occupés
par la mer. 11 convient d'ajouter que, sous une couche de sable
d'inégale épaisseur^n retrouve autour du Guévroc une couche
épmsse d'excellente terre à culture. La couche des sables ap-
portés par les vents varie de 30 centimètres à un, deux et trois
mètres d'épaisseur.
Lorsque M. Rousseau, vint s'établir à Kéremma pour diriger
les travaux de canalisation qui devaient dessécher les marais
et donner la terre à la culture, les dunes étaient peu ou point
galonnées ; et il lui arriva maintes fois, en se réveillant, de
Irouver devant la porte de son logis, un mètre de sable apporté
par le vent pendant la nuit.
Je dirai pour terminer que, selon ta tradition, les construc-
tions de Guévroc remontent au VI® siècle, et leur abandon, du
XV* au XV1« siècle, ce que justifierait la découverte des deux
pièces de monnaie datant de François l«'.
On doitregretter que les actes de sauvagerie auxquels ilnepou-
vait opposer une surveillance incessante, aient arrêté M. du
Temple dans des travaux de fouille qui eussent |^ ermis de re-
constituer le plan d'un des plus anciens monumeiTisde la con-
trée, et peut-être même de faire quelque découverte utile &
t'histoire d'un homme qui a laissé dans le pays la plus pure
réputation de sainteté.
M. le président remercie vivement M. Madeleneau
de sa communication, et exprime le vœu qu'il com-
lâétera sa très-intéressante notice, par la légende qui
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- i6K —
a cours dans la commune de Trèfles, sur la vie de
saint Guévroc
M. Flagelle^ observe que la chapelle de Saint-Guévroe,
qui ne figure pas sur les cartes contemporaines , est
néanmoins portée sur la carte de Cassinî, ce qui sem-
blerait indiquer que. sa destruction n'est pas aussi
ancienne que l'indique M. Madeleneau.
Quant à la construction de la chapelle a» VI« siècle,
jfeiii qui ne s'appuie que sur la tradition, l'assemblé©,
tout en votant l'impression de la notice, ne peut Facï-
mettre que sous toutes réserves.
La suite de Tordre du jour conserve la parole à M.
de Montifault, pour sa notice sur les prééminences et
droits honorifiques dans l'ancienne église paroissiale
de Plomeur.
PRÉÉMINENCES ET DROITS HONORIFIQUES
DANS L'ARGIENItB ÉGLISE PAROfêSIALE Iffi l^LOMStJlt.
Les seigDeurs possédaient des armoiries la plupart da teiflps,
c'est-à-dice quand ils appaTtenaieiit à une famille noble, car
on pouvait être seigneur d'une terre noble. sans appartenir à te
noblesse, et même depuâs ï'66^ on pouvait avoir des armoi-
ries non tlimbrées sans être noble.
D'autre part les terres nobles ou fiefs conféraient à lourd'
propriétaires des droits, des privilèges, des honneurs, que les
propriétaires fussent nobles ou non nobles.
Il en résulta ^e les fiefs ou seigneuries dans Torigine, mar-
quèrent leurs droits et privilèges, an moyen des^écussens des
seigneurs qui les possédaient) et qui n*étaient alors que des
écnssofis de fomilles.
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— 166 --
Plus tard, par suite de mariages, de successions, de legs,
d'acquisitions, les terres nobles changèrent de propriétaires,
mais les insignes qui marquaient les droits et prééminences de
la terre, c'est-à-dire les écussons des anciens possesseurs, res-
tèrent sur les châteaux et dans les églises ponr prouver ces
droits, prééminences et privilèges, de sorte que le blason pri-
mitif, qui était celui d'une famille, devint en réalité le blason de
la terre, et qu'il fut souvent conservé par les nouveaux posses-
seurs pour indiquer les droits, honneurs et prééminences aux-
quels ils prétendaient, comme successeurs à un titre quelconque
des anciens seigneurs.
Les droits des seigneurs étaient fort divers. Parmi eux on
peut citer surtout le quint, le requint, les lods et ventes, le
relief, la foy et hommage, les armoiries, bornes, escabeaux, ac-
coudoirs, enfeux, tombeaux à fleur du sol ou élevés, vitraux et
une foule d'autres privilèges qui n'étaient le plus souvent
qu'honorifiques et qui étaient fort recherchés. . *
Ces droits dépendaient de la terre et non de la personne
même qui la possédait.
Le dépouillement des archives des greffes a fourni un cer-
tain nombrede procès- verbaux intéressants à ce sujet, notam-
ment en ce qui concerne les droits et prééminences dans les
églises. Un résumé de ces procès-verbaux pourra intéresser un
grand nombre de familles et nous nous proposons d'en analyser
un certain nombre, car ils sont tellement longs et diffus qu'il
serait inutile de les publier textuellement.
Nous nous bornerons à en donner ce qui peut offrir quel-
qu'intérêt.
Nous commencerons par celui qui concerne la paroisse de
Plomeur.
En 1753, l'église de Plomeur était en fort mauvais état et
\nenaçait ruine. On demanda sa reconstruction et, à cette oc-
casion, il fut dressé les 38, 29, 30, 31 octobre et i*' novem-
bre 1753, un procès- verbal des droits, privilèges, prééminences
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.<
— 167 ^
des divers seigneurs de cette paroisse, afia de leur réserver les
mêmes droits lors de la reconstruction de la nouvelle église.
Les autorités qui prirent part à la vérification et à l'expertise
furent:
lo Messire Hervé-Gabriel de Silguy^ sénéchal à Quimper,
premier magistrat de Cornouaille ;
2o François-Michel-Louis Frollo de Kerlivio, conseiller au
siège présidial de Quimper.
3» Jacques-Corenlin Royou^ gpefiier ;
4® Robert-Jean Coroller^ huissier ;
5? Jean Guesdon^ docteur de Sorbonne, recteur de Plomeur;
6o Jean Chossec^ marguillier ;
7* Joseph Le Gorgeu^ procureur de la paroisse ;
8* NiQolas Pochic^ architecte expert assermenté.
Contradictolrement avec les parties intéressées ou leurs fon-
dés de pouvoirs, il fut dressé procès-verbal de cette vérifica-
tion. Nous en extrayons les documents suivants dont plusieurs
ont été ignorés des divers auteurs héraldiques qui ont écrit
sur la Bretagne.
Eglise de Plomeur.
Elle avait 104 pieds de longueur. Elle était composée dans
son milieu intérieur de deux rangs de piliers au nombre de 7
de chaque côté à commencer du premier pilier du chœur jus-
qu'au dernier du bas de ladite église, « lesdits piliers liés et ter-
minés par des voûtes de pierre de taille. » Au bout supérieur de
Téglise, il y avait- trois autels sur la même ligne : le grand autel
au milieu, Tautel de la chapelle du Rosaire au côté de l'Epitre,
et Fautel de la chapelle de Notre-Dame-de-Pilié du côté de
TEvangile. En cette chapelle se trouvait la' porte de la sa-
cristie.
L'église avait 44 pieds de large au chœur. Elle avait d'eux
bas-côtés, Tun de 9 pieds de large au nord, l'autre de 7 pieds
de large au midi.
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- iS8 -
Seigneuries de la paroisse de, Plomeur,
Le Xoob. -- Vîsdelou, comtesee du Guay (possédé en 1753).
KerbiiHe. -^ Le DdUi de KéréoR.
Kernus. — De Lohéac et d*ËscIabissac.
Keirouan, — De Lûbiéac et d'Bsclasbissatc^
Le Kergos. ^ De Derval et de Lbcmnoré..
Kerazafi^ eu Loctudy, — Le Gentil d9 Rosmorduc.
La Villeneuve. -- De Lhonoré, épouse» de ViOebla^cbe ;
Mme de Villeblanche est assistée d» H^ de^ Penfeotcmyo de
Lezuner. Billouart de KervsaégaAit possédait aussi des droits
è Ia Villeneuve.
Husurmel. — De Lbonnoréi épousa de Villeblaxicb««
Noms des Prétendants,
l. De Visdelou, dame coiptesse du Quay, dame du Jucb.,
9. hei Dali, seigneur de Kéréon> conseifUer dn; Roi^ seigneur d&
Kerbulic.
3..: De Lohéac et d'Bsclasbissac, sejgpeur de Kernus. et de.
Kérouan. .
4. De Derval, seigneur de Kergos et autres lieux.
6. De Grénédan (on n'ifidique pas son flef;.
6. Le Gentil de ^osmojrdqc, seigneuu de Kerazan ei> Lpctudy.
1^ Pe Villeblanche, de Lhonnoré,, seigneurs deKergos et de la
Villeneuve.
8. De Penfentenyo de Lezuner, assistant, pour la Villeneuve.
9. Billoart, ou Billouart, de Kervazégant, possédant des droits
provenant de la Villeneuve.
Droits dans VégUss. — Extérieur. — After*.
1. Portait principal, six écussons en, bosse et relief. L'un d*euis
à gauclif I gravé d'un arbre de pin à trois branchea^
les deux premières d*icelles soutenant deux oiseaux (de
Derval).
Armes du Kergos.
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— je9 —
% Eetissofi avec un oiseau dont on ne peut désigner le nom
(peut-être l'aigle de, la seigneurie du Juch).
Intérieur. — Murs. — Voûtes. — Piliers.
1. Au-dessus du portail, à rintérieur, entrée méridionale :
Aigle éployée à 2 têtes, armes de la maison du Jioch
(Yisdelou).
2. Au-dessus du portail méridional ^ à Tintérieur ^ à la
voûte : écussoa de Kerbulic^ croix pattée chargée de 5 roses
(Le Dali de Kéréon).
S. Dans la pierre soutenanl la niche de Sainte Tumette,
patronne de Téglise : mêmes armes d&Kerbulic (Le Dali de
Kéréon). — Discussion.
4. Dans la pierre soutenant ta* niche de Sainte TumeiOe,
patronne" de réglise : armes de Kerouan où on a ajouté en
creux dies rosettes pour simuler les armes d^ Kerbulic (Lohéac
d'Esclasbissac), — Discussion.
5. Au-dessus du deuxième pilier, clef de voûte : écusson à
la croix pattée ^imple, armes de la terre de Kerouan (Lohéâc
d'Esclasbissac).
6. Nef ; au-dessus de la porte principale : écusson en bo«se
et relief, représentant un pin k trois branches, les deux du
bas soutenant deux oiseaux (de Derval), armes d^ Kergos.
7. .Voûte de la chapelle de Sainte-Anne : écusson en
relief, portant les mêmes armes du Kergos (De Derval).
tO. Dans la chapelle de Sainte-Anne , au montant de la
petite fenêtre : écusson en relief, portant les mêmes armes
du Kergos (de Derval).
11. Mêm^ écusson gravé dans deux, soubassements* de
pierre soutenant l'image de Notce*Dame ^ ea la chapelle de.
Sainte-Anne (De Derval).
12. A la* voût& du vestibule du baptême : écussoiii en
pierre, chargé de trois croissants q^ui sont les armes de la
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_ 170 —
terre de Kerazan, paroisse de Locludy, à M. Le Gentil de
Rosraorduc.
13. En la chapelle du Rosaire, en bosse sur les deux piliers
de la première arcade : écusson chargé d'un écureuil ram-
pant : armes de la seigneurie de la Villeneuve, à Madame de
Villeblanche, née de Lhonnoré.
H. Sur les parements du maître-autel : Trois écussons,
les deux extrêmes portant écarteïé aux I et 4 d'une tour aux
2 et 3 d*un chat- huant; celui du milieu portant une tour
seulement, (propriétaire inconnu).
15. Au premier pilier du chœur : 2 écussons chargés d'un
écureuil. (Terre de la Villeneuve^.
16. A la clef de voûte : armes de Bretagne.
17. Un écusson à 3 croissants (Terre de Kerazan).
' 18. Un écusson à une croix pattée simple (Kerouan).
19. Un écusson, portant une aigle à 2 têtes. (Le Juch.)
30. Un écusson portant une rose (inconnu).
21. Un écusson portant un arbre do pin et 2 oiseaux y
branchés. (Le Kergos).
22. Un écusson portant : un écureuil (La Villeneuve).
Escabeaux. — Bancs, — Accoudoirs..
1. Dans le chœur, deuxième pilier, côté de TEvangile près
le mattre-autel, accoudoir au siéur de Kerbulic ( Le Dali de
Keréon.)
2. Auprès : banc au sieur de Kerbulic (Le Dali de Keréon) :
armorié d'une croix pattée chargée de 5 rosettes.
3. Banc et accoudoir, premier pilier, côté de TEvangile :
aux seigneurs de Kernus et Kérouan(Lohéac-d*Esclasbissac.)
4. Banc et accoudoir, le même que le n<> 1, appartenant à la
seigneurie de Kerouan ( Lohéac-d'Esclasbissac ) — Discus-
sion.
5. Bancs et accoudoirs en la chapelle de Sainte- Anne , au
seigneur du Kergos (deDerval)
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— 171 ~
6. Chapelle da Rosaire. — Banc et accoudoir de la seigneu-
rie de la Villeneuve, dame delà Villebanche^née de Lhonnoré.
7. GYand banc clos, aux armes du sieur de Billouarl de Ker'
vazégant et de sa femme, ayant eu des droits sur la terre de
la Villeneuve, en avant de la chapelle du Rosaife ( dame de
Villeblanche, née de Lhonnoré).
8. Dans le chœur, au premier pilier ; banc et accoudoir ar-
moriés, mi-parti de Lhonnoré et de Coêtlogon : l"" Lozangé
d'argent et de sable à la côtice de gueules brochant, qui est de
Lhonnoré, et de gueules à trois écussons d'hermines , qui est
de Goëtlogon«
9. Banc et accoudoirs devant la chapelle du Rosaire, aux ar-
mes des sieurs et dame de Kervazégant-Billouart, qui sont :
d'or à la croix d'azur,surmonlée de deux étoiles de gueules, et
de gueules à 2 chevrons brisés d'argent, surmontées de deux
molettes de même.
Tombeaux.
1. Quatre tombes basses à fleur de terre sous l'arcade du
chœur , côté de l'épitre , au sieur de Kerbulic (Le Dali de
Kéréon).
2. Une tombe basse à fleur de terre, armoriée de cinq écus-
sons en relief et bosse , portant savoir : celui du milieu les
armes pleines de Kerbulic, c'est-à-dire une croix pattée à cinq
rosettes et les quatre autres écussons mi-parti de Kerbulic et
de diverses alliances de cette maison.
3. Tombe avec enfeu, élevée d'un pied et demi,large de trois
pieds, longue de six pieds et quatre doigts , côté de l'évangile,
première arcade, avançant du côté du mattre-autel , d'un
pied, armoriée d'un écusson à la croix pattée simple au milieu
de la tombe ; armes de Kérouan (Lohéac-d'Ësclasbissac).
4. Tombe à fleur de terre, côté de l'évangile , armoriée de
cinq écussons en relief et bosse'; celui du milieu timbré, por-
tant une croix pattée simple, les quatre autres avec diverses
alliances de la maison de Kérouan (Lohéac-d*Esclasbissac).
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— 1T2 —
5. Beua tombes à fleur de terre, noti armoriées , el tracées
d'une grandie croix ; aux seigneurs de Kernus et de Kérouaa
(Lobéac-d'Esclasbissac).
6. AttJ pignon oriental de 1» chapelte de Sainte-Anne, torabe
au seigmur du Kergos (deDerval).
7. Au mur côtier de la chapelle dtii Rosaire , cy-ctei/ant cba^
pelle iw Saint-Michel, un eofeu a^vec voûie renlermant ane
tombe' élevée sur laquelle est une croix florencée, et aux côtés,
hf gravure de deux éeu^soas en bosse , chargés d'un écureuil
rampaHFit ; an»es de la terre de la Villeneuve (de VilleWanch©,
née deLhonnoré).
8. Tombe élevé» au milieu de la nef , portant un éeusson à
trois croi<x alaisées, 2 et 1 qm sont, dit-on, le^ armes des
Furie.
91 Tombe à ras de terre, près Tautel, portant cinq écus^
sons : 1*^ au milieu, croix paltée, chargée de 5 rosettes v^ en
haut, à gauche, écusson chargé d'un annelet ou cercle ; 3° en
hwL, à droite, 4^ et 5p, en bu^ écusson parti dii. premier et
du deuxième ;; de Kerbulic (Le Dali de Kéréoni).
lO® Tombe à ras de terre , voisine, portant une croix patléer,
sans qu'on» puisse* distinguer s'il y a des rosettes; Kerbulic (Le
Dali de Kéréon).
11® En fece du maître^au*tel, tombe très-élévée avec marbre,
ek se trouve un écusson portant une simple croix paitée sans
rosettes de Kérouan Lohéac ; d'Eselasbissac,
12« Dans la chapelle du Rosaire , k fleur de terre^ cinq
tombes sans> écusson, sur l'une desquelles une eroix; gravée au
traita
13«. l^tr^e la balustrade da cette ehapelle et la balusUrade
du chœur^ 1& tomt^s : h écusson cbacgé d'une croix patlée
ehargée de cinq rosettes (Kerbulic) ; 2o une croix pattée sans
qu'on puisse voir s'il y a ou non des rosettes ; 3©^ rien ; A^ écus-
son avec un animal indistinct en relief ; 6<» écusson chargé
d'un lambel et de: deux pommes de pin , ^ la pointe: en haul ;
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— 173 —
6o einq écussoDs en relitf, reliés par des cardeauxet Odr^nements,
au milieu écu chargé d*uQ6 croix paltée simple , len haut un
écusson écdr4elé au 1 et 4 de la croix pattée, au 3 de deux
fâsciîs et de deux chevrons brochant, au 3 d*hermines un
second écusson écartelé bu 1 et 4 de la croix pattée ; au 2*
de la croix pattée chargée d'une cotice brochant, au 3* d'un
arbr« irraché ; en bas un écusson parti de deux Aisces et deux
chevrons et d'un écureuil rampant ; le 4* ccusson parti de la
croix pattée et d'une figure que Ton ne peut distinguer ;
7<» tombe à une croix fleurie sans armoiries ; 8» Croix sans
armoiries ; 9° idsm ; 10^ 11**, 12<» et 13^, aucun signe ;
14o grand écusson en relief, parti d'une croix et de six fleurs
de lys posées 3, 2, 1 ; 15" Ecu carré indistinct ; 16% 17' et
18, aucun signe.
!4o Sous le banc de la dame de Villeblanche, née Lhonnoré,
dame de la Villençuve, tombe avec écusson oval , portant un
animal qu'on ne peut plus distinguer.
15. Plusieurs tombes ornées de croix de calices et du Saînl-
Sacrément, sépultures d'ecclésiastiques.
« Observant de plus qu'il y a aussi du côté de l'Evangile nn
corbeau supportant l'image de Sainte Tumette patronne de la
ditte église paroissiale de Plomeur, auquel corbeau il y a un
écusson en relieff et en bosse, portant cy-devant une croix
pâtée simple qui sont les armes de Kerouant, lequel écusson
paraît avoir été altéré par le marteau, et qu'on y a creusé
plusieurs rosettes qui r^'y étaient pas anciennement, et en vue
de s'arroger les droits honorifiques au dit corbeau de pierre,
que la ditte demoiselle Françoise Lohéac aux dittes quali-
tés, sontient dépendie de la terre de Kérouan, et non de celte
de Kerbullic ; et pour les justifier, elle demande pour appurô
que dans l'écusson posé sur le banc de la ditte terre de Kerbu-
lic, les cinq rosettes dont la croix est chargée, sont en bosse
et en relieff, au lieu que dans l'écusson étant au corbeau qui
soutient l'image de Sainte Tumette, qu'on a depuis peu d'au-
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~ 174 —
nées «Itéré et barbouillé Ae peinture, se trouvaient creusées et
piquées à coups de marteau ; conteste de plus la ditte demoi-
selle que le banc et accoudoir étant dans le chœur; dépende
de la terre de Kerbulic, ayant au Contraire de tout temps appar-
tenu à la seigneurie de Kerouan, ainsi qu'elle est en état de le
justifier par titres et possession, et notamment par un procès-
verbal fait pour les prééminences de la ditte église au mois de
septembre mil-six-cent-vingt-deux. »
« Qu'aux deux côtés de la ditte vitre il y a deux corbeaux, Tun
du côté de TEpitre qui est vuide et Tautre du côté de TEvangUe
en forme de cul de lampe, sous Timage de Sainte Tumette, sur
lequel corbeau il y a, et paraît un écusson en bosse et pris
dans la pierre formant ledit corbeau. Le dit écusson portant
une croix pattée, la ditte croix ayant aux extrémités de chaque
branche, et au milieu d'icelle des rosettes, mollettes ou quinte-
feuilles engravées ou creusées, faisant les diltes ^rosettes ou
moUeles le nombre de cinq ; et sur ce que le dit sieur de Kéréon
le Dali a soutenu par son plaidé, que le dit écusson porte les
armes de la maison de Kerbullic, qu'il dit être d'or à une croix
pattée d'azur parsemée ou chargée de cinq rosettes d'argent, et
le soutient au contraire de la dite demoiselle de Lohéac de
Kernus, que le dit écusson en pierre ne doit être qu'une croix
pattée simplement qui sont les armes de la terre de Kerouant,
laquelle croix ne doit être parsemée ny chargée d'aucune autre
marque, armoiries ou intersignes, et que le changement qui y
paraît à présent n'a pu être occasionné que par méfaits, ce qui
se vérifie par la relation faite dudit écusson par le procès-ver-
bal du mois de septembre 1622, et par l'écusson qui se trouve
actuellement sur le banc appartenant au dit sieur de Kèréon
le Dali. »
« Avons à cet égard sur les contestations et soutients respec-
tifs des diltes petpties, icelles renvoyées se pourvoir par les voyes
de droit. »
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V
'"^L
---*^
^
— ns —
Vitraux.
1. Côté de TEvangile. : De gueules à l'aigle à 2 têtes
éployée d'argent, armée et becquée d'or, qui sont les armes
de la maison de La Farest du Juch| (Visdelouj.
2. Immédiatement au-dessus, écusson de Bretagne.
3. En la chapelle qui fait Faile du chœur du côté de TE-
vangile : Ecusson d'or à une croix pattée d'azur chargée de
5 rosettes d'argent (anciennes armes de la seigneurie de Ker-
bulic) appartenant à Le Dali de Kéréon.
4. Eu la chapelle de Sainle-Anne : Armes de Bretagne.
5 En la chapelle de Sainte^ Anne : D'argent à un arbre de pin
de sinople à 3 branches» dont les deux premières soutiennent
chacune un oiseau d'or; (de Derval) armes de Kergos.
6. Même chapelle : Parti des armes de Kergos citées plus
haut et d'azur à la tour d'argent, ancienne alliance des Kergos
(de Derval).
Même chapelle : Parti des armes de Kergos citées plus haut,
et d'or à la croix pattée d'azur chargée de 5 roses d'argent qui
sont les armes de Kerbulic, ancienne alliance des Kergos.
8. Mémo chapelle : Parti des armes de Kergos déjà citées au
2« d'argent à 3 faces de gueules, qui sont les armes d'une an-
cienne alliance des anciens Kergos, (peut-être les Tbogoff), (de
Derval). *,
9. Même chapelle : D'azur au chef endenté d'argent (famille
et fief inconnus).
10. Même chapelle : € Au-dessous du Sauveur un priant et une
priante. Le priant en cotte d'armes, ayant à ses genoils un
heaume taré de front, et sur ses habits un écusson parti des
mêmes armes de Kergos, et d'argent à trois têtes de loups arra-
chées de sable. La priante ayant sur ses habits un écusson
parti des mêmes armes de Kergos et verre et contre verre d'ar-
gent et d'azur » (de Derval).
11. Chapelle du Rosaire, cy devant de Saint-Michel : Un seul
écusson brisé qui portait un écureuil rampant, armes de la terre
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de la Villeneuve (dame de la Villeblanche née de LhoDDoré^.
}2. Vitraux aux armes de la terre ia la Villeneuve, du Ker-
gos, de Musurmel non décrites» j
15. Maîtresse vitre duobœur: 5 écassmis aux armes d^ 1
Bretagne. .•!
14. Vitrail de la <;hap«lle et Notre^ame-d«-Pitié t B écus-
BOns : !
40 de Bretagne, 2o écusson ron){m et remplacé en verre \
blanc, qui aurait été ^omiïie le n* 6, de gueules à t^aigle à
2 têtes éplôyée d'argent, armée et becquée d'or, 3« éci^on
d'or à la croix pattée é'étof cbargéer de 5 bsettes d*argeDt,
4» d'aïnr à Técureuil d'or.
i5<> Emargent au pin, à 3 branches de sinople, les 2 du bas
soutenant 2 oiseaux d'or. Le Kergos (de Derval).
lô*» Chapelle du Rosaire : D'azur à l'écureuil rampant d*ôîr,
l'écu surmonté d'un casque el de ses lambrequins. La Ville-
neuve (de Lhonnoré).
17<> Au dessus du poc tail, au pignon occidental, en haut du
vitrail, écusson parti de France et de Bretagne.
Droits et privilèges divers.
1. Le seigneur du Kergos a droit h la nomination du chape-
lain en la chapelle d^ Saiuie-Anne, église de Plomeur ; il a la
prééiiiinence de celte chapelle, il y a ses écussons^ ceux de ses
alliances et iouâ autres Ami^ et marques honorifiques (de
Derval).
2. Le seigneur de Gf énedan réclama des droits et pdvil^es, r
qui ne sont pas indiqués et sans faire connaître le nom de
son fief.
3. Diverses prééminences el înlersignes de droits hontjfii-
ques en la chapelle du Rosaire, église de Plomeur (U^ Aè Lhon-
iH)ré, épouse séparée du sieur de Villeblanôhe, «t dame de la
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-. 177 --
4. Et divers droits et prééminences dans différentes parties
de Féglise pour la Villeneuve, le Kergos et Musurmel.
M. de Montifault continue par la lecture d'une lettre
de M. Le Teurs, instituteur à Saint-Urbain qui signale
les antiquités de cette commune. Elle est ainsi conçue :
« Au*village de Kerbaol,il y a un champ qui selon la tradition
aurait servi de cimetière, où seraient inhumés les habitants de
Plougastel. On remarque encore des traces du chemin qui
aboutissait de ce bourg à Kerbaol. On l'appelle Karren-Plou-
gastel ; il a une largeur de 4 mètres. »
« Dans les fouilles que Ton a faites en labourant ce champ, on
a découvert les fondations (10 mètres de longueur et 4 mè-
tres de largeur) de la chapelle qui se trouvait au milieu du ci-
metière et des petites habitations qui selrouvaient àTentour.
Ces cabanes ou cellules étaient habitées par des moines, en
breton Manac'hed. »
« Restent comme vestiges, la fontaine de Saint-Paul, que Von
venait visiter pour les maux de dents, et un lavoir entouré de
quatre murs en pierres. On dit aussi qu'il y a des trésors ca-
chés aux environs. »
« Celte parcelle, nommée en breton Veret-ar-Saozon, et por-
tant le n^ 189, comme la section cadastrale, n'a plus sa forme
primitive ; on Ta beaucoup agrandie. Elle a maintenant la forme
d'un polygone irrégulier, terminé par des lignes sinueuses.
M. Harhic, Guillaume, de Kerbaol, en esMe propriétaire. »
« Dans ma dernière promenade à Kerbaol, j'ai appris que les
moines de Daoulas et ceux de Kerbaol allaieiit une fois par an
dîner à la maison de Korigans (Ty-Korrik)^ qui se trouve dans
les montagnes de Ménez-ar-Rohau^ à 2 kilomètres environ de
ce village. Ce que l'on désigne ainsi, n'est autre chose qu'une
grosse pierre, longue de 3 mètres, large de 2 m. 90 c. et
épaisse de 1 m. 40 c, côté ouest et 1m. 65 c, côté est. Elle
est supportée par trois autres pierres et est dans un plan in-
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cliné du nord au sud. Je l'ai mesurée en son milieu, et j'ai
trouvé que son élévation au-dessus du sol est de 2 mètres. •
« Dans le milieu de la pierre, à peu près, et au-dessous, il y
a une cavité, profonde de 0 m. 09 c. et large de 0 m. 08 c.
Dans ce creux il y a cinq petits trous disposés en cercle in-
complet, qut) Ton dit élre faits par les doigts du Korrik, en
soutenant cette grosse pierre. A SOO mètres de Ty-Korrik^
passe un chemin dit Ifew^M^iiez-ar-iloftoii on Hent-Meur^ qui
aboutit à Landerneau. »
« Sur la même ligne, mais plus au nord, au village de Penheb^
se trouvent les fortifications appelées Ar-Forchou. Ce sont troîg
fossés en terre ayant une largeur de 16 mètres environ. Le pre-
mier, haut de 2 mètres, a 6 mètres de largeur et est distant
du deuxième de 2 mètres. Il n'y a pas de douve extérieure. L^
deuxième fossé qui a 4 m, 50 c. de largeur, n'est pas aussi haut
qne le premier. Il est écarté de 1 m. 70 c. du troisième fossé
qui n'a que 2 mètres de largeur. »
«Ces remparts vont du village de Penheb jusqu'à Lanhouar-
neau. »
« Toujours dans la même direction, cette fois un peu à l'ouest
il y a au Bodan, un champ au nommé Calvez, François, dans
][equel on a trouvé une pièce de 20 francs ; il n'a pas su me dire
quelle effigie elle portait. Il m'a fait savoir que la pièce a été -
vendue à Brest, pour 1 5 francs, il y a de cela 14 ans. »
« On trouve toujours des briques dans ce champ, même au
dire du propriétaire, il y aurait un pavé en briques, à une cer-
taine profondeur dans la terre. »
« La tradition ne laisse aucun souvenir de ce champ, dont je
ne saurais vous donner le numéro.— M. le Maire m'a annoncé,
dimanche, qu'il n'y a sur le cadastre aucun champ portant le
^ nom de Goarem-Huella^ et le propriétaire n'en connaît pas
d'autres. »
« Voici maintenant les inscriptions telles quelles se trouvent
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J'À
. ..IB
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sur les murs extérieurs de l'aile droite de la chapelle de Tré-
varo :
0 : MOBVAN : BT M ; F. RôLLAHD C
G : Cariov : F VBB : M. : H. MiOSS
170Q. BC : p. P : Mobia
R : F ; D. Carioy. F
noi.
€ Celle-ci, à gauche de la fenêtre, l'autre au-dessus. Sur le
clocher il y a une autre inscription que je n'ai pu lire. »
« Près du portail de l'église se trouve une pierre servant de
bénitier qui fornje la figure ci-contre (1). C'est la partie A
qui sert de bénitier. Au point B, il y a une entaille qui sem-
blerait faite pour soulever la pierre. »
« En face du portail et à quelques mètres des fondations, il y
a deux tombeaux Sur Tun, il y a une croix, un calice et l'épi-
l^aphe suivante : Missibb Gérovm Miosseg décédé en 1719.
Sur l'autre tombe on ne remarque plus rien. »
«Enfln,daus le chœur (de la chapelle), on voit la pierre tom-
bale de Monseigneur de Louet, né au Quinquis,en Saint Urbain,
et mort en 1.505. 11 n'y a qu'une croix sur la tombe. »
a A un quart de lieu du bourg, au château de Créachbalbé«
autrefois manoir de la Salle, il y a une élévation de terre
nommée Torghen-ar-Sal^ dans laquelle on a enterré le pro-
phète Gouinclé (c'est probablement le nom en breton ). On dit
aussi qu*il y a un diamant et des trésors enfouis dans cette
butte de terre. »
M. le président adresse tous ses remerciments et
ceux de l'Assemblée à M. Le Teurs, pour le travail
fait avec tant d'intelligence et de soins, qu'on vient de
(I) C'est uDe pierre circulaire de 0 m. 40 c. do diamètre, dans la-
quelle parait être encastrée une deuxième pierre creusée en gout-
tière, ayant 0 m. 80 c. de longueur, sur 0 m. 14 c. de largeur.
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lire, n ajoute qu'il serait très-intéressant de savoir ce
que Ton dit à Saint-Urbain du prophète Gouinclé et
de connaître les superstitions de cette cpmmune.
M. Flagelle fait remarquer que Ton rencontre sur
plusieurs points du Finistère des cimetières connus
sous le nom de Cimetière des Anglais ou de Veret ar
Saozon.
M. Audran observe que M«' René du Louet,né en 1584,
sacré évêque de Quimper, le 1®' février 1642, et mort
le iS février 1668, a été inhuiùé dans sa cathédrale ;
l'absence d'inscription sur la pierre tumulaire a sans
doute été cause de l'erreur involontaire de M. Le Teurs.
M. de Montifault, au nom de M. l'Inspecteur d'Aca-
démie, donne lecture d'une lettre par laquelle M.
Lazennec, instituteur à Brasparts, appelle l'attention
de la Société, sur un tumulus, situé près du bourg de
Saint-Rivoal, en face du village de Lost-ar-Hoat et qui
ne paraît pas avoir été fouillé.
L'Assemblée remercie M. Lazennec de sa communi-
cation et en prend bonne note afin de pouvoir faire
des fouilles dès que les ressources de la Société le
permettront, et «tprès avoir obtenu l'autorisation du
propriétaire.
Elle accepte aussi avec reconnaissance les plans
des camps romains de Brasparts, Châteàunoir, Stu-
menven, que M. Lazennec se propose de lever de con-
cert avec M. Coudray, agent-voyer à Brasparts; eu
recommandant à ces messieurs de n'y omettre aucun
détail intéressant.
Sur l'invitation de M. le Président, M. de Montifault
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fait le rapport d'excursions archéologiques faites der-
nièrement par lui et M. de Trogoff, dans les communes
de Fouesnant et de La Forêt.
EXCURSIONS ARCHÉOLOGIQDES
DAlfS LBS GOmiUNES DE FOUESITÂIfT ET LA FOBÊT.
Il y a deux mois environ^ M. de Trogoff de Coatalio, notre
collègue^ qui s'occupe avec zèle de rechercher: les monuments
et les objets qui peuvent inléresser la Société et enrichir le
le Musée, m'annonça qu'il avait reconnu dans un taillis appar-
tenant à M. de Pouipiquet en Fouesnant, trois tombelles ou
lumulus, et qu'il existait près de la propriété plusieurs en-
ceintes qui semblaient être des emplacements de camps Gau-
lois, de camps Romains, et des subslructions d'habitations an-
ciennes.
M. de Trogoff invita M, Le Men et moi à aller visiter les
lieux, nous offrant l'hospitalité, se faisant fort d'obtenir de
H. de Ponlpiquet, son cousin, l'autorisation de fouiller les tu-
œulus, et se chargeant, quoiqu'on fut -occupé à battre», de trou-
ver les ouvriers nécessaires.
M. Le Men n'ayant pu venir, je partis avec M. de Trogoff,
nous nous rendîmes d'abord à la pointe de Becmeil, où M. Le
Hen supposait qu'il y avait des subslructions Romaines ou Gau-
loises. Nous y rencontrâmes M. Louis Hémon, notre collègue et
M. Le Moine, ingénieur. Nous parcourûmes en tous sens les
landes situées entre les deux menhirs et le chemin du séma-
phore. Là nous trouvâmes une vaste enceinte qui a évidemment
servi de camp retranché à une époque plus ou moins ancienne.
Une partie des retranchements a été utilisée sousflR*' Empire,
pour fonder une batterie assez importante pn ligne droite, do-
minant la mer, et terminée à chaque extrémité par deux plate-
formes demi-circulaires. Cette batterie aujourd'hui démolie
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était construite en fort moellons liés à chaux et à sable. G*est
sans! doute ces substructior^s qu'on avait voulu indiquer à
H. Le Men, car malgré toutes nos recherches, il nous a été
impossrble de découvrir une brique ou des traces d'anciennes
fondations.
Le lendemain nous parcourûmes une partie des communes
de Fouesnant et La Forêt ; dans plusieurs endroits on rencontre
des traces de forliflcalions assez mal conservées et des débris
de briques romaines. Tous les plateaux entre Coalalio, Foues-
nant et La Forêt ont été habiles et même fortifiés pendant la
période Gauloise et la période Romaine, mais ce qui reste est
impossible à relever, la culture a trop détruit et trop déforme
les enceintes.
MM. de Poulpiquet nous accordèrent très-gracieusement la
permission de fouiller les tumulus qui leur appartiennent dans
les bois de Penfouiic, près Fouesnant. Ces tumulus sont au
nombre de trois, lis sont situés, deux dans un bois taillis, et le
3e dans une haute fulaie, le tout à l'exlérieur d un camp re-
tranché important avec double rempart et douve ou chemin
couvert au milieu. Les remparts en terre et pierres jetées
sans ordre, ont encore trois à quatre mètres de largeur au som-
met, et 2"» 50 à 3*» de hauteur.
Les trois tumulus ne sont éloignés de ce retranchement que
de 7 à 15 mètres. Us ont chacun 10 mètres de diamètre, avec
une douve ou rigole d'environ 1 mètre de largeur. Deux
d*entr'eux,à quelques mètres Tun de Tautre^dans le taillis, sont
fort peu élevés, ils n'ont guère qu'un mètre de hauteur.
Le 3* au contraire, tout en n'ayant que le même diamètre
offre des pentes à pic. 11 était- parfaitement conservé, en un
mot intact. C'est celui qui est dans la futaie et appartient à
H. Charles de Poulpiquet. Il est situé à 10°^ de la barrière de
H. Alavoine, à Test du chemin qui va à la mer, à 5°^ du bord
de ce chemin. Il est couvert d'arbres de futaie et de fortes
souches.
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.,.,_U85'— . -:-..^
C'est celui dont nous entreprîmes la fouiile. M, de Trogoff,
M. de Poulpiquet,Charles,M. Le Rodallecjuge de paix à Foues-
nanl» M. Louis Hémon, avocat, M. Le Moine, ingénieur à Paris
et moi dirigeâmes les fouilles.
Nous avons constaté que le tumulus avait 10 mètres de
diamètre. 11 était entouré d'une douve ou fossé de 2 mètres
de largeur et de 40 à 60 centimètres de profondeur. Le dia-
mètre total du monument est donc de 14 mètres y compris la
douve. La hauteur perpendiculaire du sommet au sol naturel
est de 3 m. 20 c.
Nous avons ouvert la tranchée de 1 mètre de largeur de
l'ouçst à l'est, sur une longueur de 7 mètres, puis nous l'avons
élargie vers le centre de manière à obtenir au centre une
cuvette de 3 mètres dé diamètre.
Dans cette opération nous avons rencontré de nombreux
morceaux de charbon, des couches do terre calcinée d'une
teinte rouge et présentant presque l'aspect de la brique, mais
pas un seul débris d'urne ou de poterie.
Nous n'avons pas fouillé les deux autre tumulus qui sont
dans le taillis.
M. de Trogoff a pris généreusement à sa charge les frais
assez considérables de cette fquille.
Le jour suivant nous sommes allés visiter le curieux châ-
teau de Lespont. Dans le pays on dit que ce château élait un
château de Templiers. Mais je ne sais si cette opinion est fon-
dée. Le château de Lespont était fort important. Il occupe une
vaste enceinte de 100 mètres de longueur environ, close de
murs qui sont de véritables remparts, hauts de 12 à 15 mètres,
en larges pierres de moellons, avec angles en pierre de taille.
Ces murs sont garnis de meurtrières. L'entrée est une porte
è plein ceintre où Ton voit encore d'énormes gonds enchâssés
dans la pierre de taille. Au-dessus de la porte, mais pas au
milieu, à gauche, se trouve un écusson supporté par 2 lions
et surmonté d'une couroune. L'écusson et la couronne ont été
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martelés; cepeudanl on voit que Técu était écartelé ; les sop*
ports sont deux lions à peu près assis et semblant grimper
contre les bords de reçu ; la queue est passée entre les pattes
de derrière.
Le chât(*da de Lespont présente des ruines grandioses. Par
ce qui reste on peut juger qu*il était le cheMieu d'une très-
importante seigneurie.
Nous avons cherché en vain l'ouverture du souterrain que
les gens du pays prétendent avoir vu, et qui aurait été comblé
depuis. Sx ce souterrain légendaire, qui s'étend, dit-on, très-
loin, a jamais existé, son ouverture se trouverait au pignon
ouest de ce qui reste actuellement du château, à un endroit
où restent des subslructions d^e deux pièces assez vastes.
Ce château appartient aujourd'hui à M. Buzaré.
Enfin, nous avon^ visité, avec M. de Trogoff, l'église de
La Forêt, son cimetière et ses environs. Je ne vous ferai pas
la description de la remarquable église de La Forêt, qui est
connue de la plupart d'entre vous. Mais je dois dire un mot
d'un tableau d'une grande valeur, qui surmonte Taulel de la
chapelle, qui est jsiiuée du côté de Tépitre. Ce tableau, com-
mémoratif de rinstitution du Rosaire, et qui, à ma connais-
sance, n'a jamais été signalé, demande à être connu.
Je n'y ai trouvé aucune signature. Les personnages ont le
costume du temps de Louis XIV. En bas se trouvent peintes sur
la toile les armes de Coêtlogon : de gueules à 3 écussons
d'hermines, couronne de marquis, crosse, mitre et chapeau
d'évéque (1). Ce sont évidemment les armes de François de
Coêtlogon, évêque de Quimper, de 1665 à 1706, qui fut sans
doute le donateur de cette peinture.
Le tableau est divisé en deux parties principales ; la plus
(t) Les Coêtlogon, dont les âescetidants existent encore, remontent à
ItSO. Ils étaient marquis de Coêtlogon, vicomtes de Méjussaume et
barons de Pleugriffet. L'une des branches s'est fondue en I74S dans
la famille de Carné (Voir Nobiliaire de P. de Courcf .)
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importante, comme dimensions, dans le bas, représente un
portique, qui laisse voir la mer et une flotte nombreuse. Du
côté droit de ce portique, on voit saint Louis dans le costume
où il est ordinairement représenté, à genoux et présentant une
couronne d'épines. Il est accompagné de seigneurs et de da-
mes de la Cour, en grand costume du temps de Louis XIV.
Du côté gauche, on voit le pape, les cardinaux, des abbés
et prêtres en prières.
Au-dessus de ce premier motif, et sortant de nuages, la
Vierge assise tenant sur ses genoux TEnfant-Jésus. Â droite et
à genoux, une religieuse recevant le chapelet des mains du
Divin Enfant; à gauche un religieux à genoux recevant le cha-
pelet des mains de la Vierge ; deux anges dans les coins. Sur
celte toile en encadrement dans des chapelets de perles, for-
mant eux-mêmes des cadres ovales, sont peints, outre les ar-
mes de Tévéque de Goêllogon, quinze médaillons :
\^ Au milieu, en haut, TAnnonciation.
2^ A gauche en haut, mariage de Marie et de Joseph.
S*" A gauche, naissance de Jésus.
4* Adoration des Mages.
5^ Jésus et les docteurs.
6* Transfiguration.
7^ A gauche, en bas. Ascension.
8* Assomption de la Vierge.
Q'* A droite, en haut, Jésus au Cénacle.
10» A droite, Jésus crucifié.
11* Jésus tombant sous la croix.
12'' Jésus au prétoire.
13« Flagellation.
i4« A droite, en bas, Jésus au Jardin des Oliviers.
i5<» La Trinité et la Vierge.
Ce remarquable tableau, de grandes dimensions, est entouré
d'un magnifique cadre sculpté en haut relief. 11 a 6 mètres de
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— 186 -
hauteur et 4 de largeur. La peinture m'eu a paru d*4iue grande
valeur.
Un habitant de La Forêt m'a cédé une hache en bronze, qui
a été trouvée dans un champ» à 50 mètres environ^ en face du
portail de l'église. Cette hache, qui n'a rien de remarqufible,
offre pourtant un certain intérêt, puisqu'elle peut servira déter-
miner remplacement d'une habitation de l'âge de bronze.
Après cette lecture, M. le président prie M. de
Montifault, ^u nom de l'Assemblée, de transmettre à
MM. Charles de Trogoff et de Poulpiquet, to.is ses
remerciements pour le bienveillant et généreux con-
cours qu'ils lui ont prêté dans Texcursion dont il vient
de faire l'intéressant récit.
M. Le Goarant de Tromelin fait hommage à la So-
ciété d'une brochure intitulée : Note sur quelques fos-
siles des grés siluriens de Saint-Germain-sur-Ile, etc. j par
MM, G. de Tromelin et Paul Lehesconte,
La séance est levée à 4 heures.
Le Vice-Président, faisant fonctions de Secrétaire,
F. AUDRAN.
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- 187 —
SÉANCE DU 18 MARS 1876.
Présidence de M. Tabbé DU MARG'HALLAG'H,
VIGE-PB^SIDENT.
Etaient présents : MM. F. Audran ; Ayrault ; Briot
de la Mallerie ; Dubois-Saint-Sevrin ; Faty ; Flagelle ;
Fougeray ; Le Goarant de Tromelin ; Tabbé Guillard ;
lé docteur Halléguen ; Malen ; Le Men ; Moreau ;
Roumain de la Touche ; de Quélen et Surrault.
Au début de la séance, M. Le Men, Tun des secré-
taires de la Société, déclare que le procès-verbal de la
dernière séance, qui a eu lieu le 2 novembre dernier,
n'étant pas encore imprimé, il à du convoquer par let-
tres les membres de la Société. Il ajoute que n'ayant
pu, pour cause de santé, assister à cette séance, le re-
tard apporté à la publication du procès-verbal en ques-
tion, ne saurait lui être attribué.
M. Audran, vice-président, ayant demandé la pa-
role, s'exprime ainsi :
Permellez-moi, Messieurs, à l'ouverture de la séance d'a-
dresser un dernier honomage è l'homme éminenl, à l'écrivain
illustre, mais surtout à l'homme de bien que nous avons choisi,
il y a à peine une année pour présider notre Société et qui
vient de nous être ravi.
Permettez-moi, Messieurs, non de faire ici l'éloge de notre
regretté Président, d'autres plus autorisés que moi se charge-
roni de ce soin, mais de vous rappeler brièvement les princi-
pales époques de sa vie, si bien remplie, afin d'en garder le
souvenir dans nos annales.
M. Louis-Marie DE GARNÉ-MARGEIN est né à Quimper le
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— 188 —
17 février 1804 (t). Il débuta dans la diplomatiOi et en 1829 il
était attaché au ministère des affaires étrangères. De cette épo-
que datent ses débuts comme écrivain, il fonde alors avec M. de
Cazalès et plusieurs autres catholiques fervents, Le Correspon-
dant^ qui prend pour mission de défendre la religion et de de-
mander pour UÉgliso les libertés religieuses qui devaient de
nos jours nous apporter les facultés libres et catholiques.
Indépendamment de nombreux articles dans Le Correspond
dant^ La Revue des Detix-Mondes et dans lUmt de la Religion^
et qui traitent de questions politiques, M. de Carné a publié en
1833 : Vues sur r histoire contemporaine; en 1838, Des intérêts
nouveaux en Europe depuis la Révolution de 1830; en 1841,
Du gouvernement représentatif en France et en Angleterre; en
1858, Etudes sur le gouvernement représentatif en France^ de
1789 (i 1848; \S69,. L'Europe et le Second Empire,
M. le comte de Carné s'est encore fait connaître comme ro-
mancier dans Guiscriff^ ou un drame sons la Terreur -, comme
conteur, dans Les sottvenirs de ma jeunesse au temps de la
Restauration, et enfin comme historien, par ses Études sur les
fondateurs de Vunité française et son Histoire des États de
Bretagne.
En 1839 M. de Carné fut élu député par Tarrondissement de
Quimper, qu'il représenta à la Chambre jusqu'à la Révolution
de février ; il était à cette époque directeur du commer/^e au
ministère des afTaires étrangères.
En 1863 il fut nommé membre de l'Académie française, en
remplacement de M. Biot.
Retiré de la vie politique depuis 1848, il se présenta comme
candidat à la dépulalion, une première fois en juin 1869, et
une seconde en juillet 1871, mais ne fut pas élu. Membre du
(t) J'emprunte la majeure partie des renseignements qui vont suivre
à Texcelleute notice que M. Eugène de la Gournerie a publiée dans la
Rwue de Bretagne et de Vendée (Année 1876, mois de février).
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— 189 -
Conseil général depuis plus de quarante ans, il en était le Pré-
sident depuis plusieurs années, et une plus haute fonction (qui
devait être le couronnement de sa carrière) lui semblait réser-
vée ; mais cruellement frappé dans sa famille, M. de Carné a
succombé à la tristesse et au chagrin.
^ Après cette lecture qui est écoutée avec la plus
grande sympathie, l'assemblée décide que la nomina-
tion d'un nouveau président de la Société aura lieu
dans la prochaine séance.
Sont ensuite présentés pour faire partie de la Société
archéologique :
M. Trévedy, président du tribunal civil de Quimper,
par MM. Roumain de la Touche et Ayrault;
M. du Perray, par MM. de Montifault et Le Men ;
MM. Henry de Tonquedec et Antoine Créac'hcadic,
par MM. Tabbé du Marc'hallac'h et Le Men.
Ces messieurs sont admis à Tunanimité.
M. Ayrault a la parole pour donner communication
de son rapport sur TExposition Céramique ; ce rapport
est ainsi conçu :
Messieurs,
Dans votre séance du 19 juin 1875, après la lecture faite par
M. Le Men de son intéressant travail sur la manufacture de
faience de Loc-Maria, répondant à un vœu qu'il vous exprimait,
vous avez décidé qu'une Exposition de céramique aurait lieu à
Quimper, pendant la durée du Concours régional de 1876. Vous
avez nommé à cet effet que commission, composée de MM. Le
Men, de Montifault et Ayrault, chargée de prendre les mesures
nécessaires pour parvenir à la réalisation de ce projet, et vous
avez en outre autorisé cette commission à s'adjoindre un cer-
tain nombre de membres pris en, dehors de le Société;
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— 190 —
Vos délégués. Messieurs, se sont réunis le 28 février 1876, et
ont fait immédiatement appel au concours^ bienveillapt de
MM. Foùgeray, Porquier, Guihéneuc et de Kerlivio, en les in-
vitant à prendre part à la prochaine séance de la commission,
qui fut alors fixée au 3 mars suivant.
Seul, M. Porquier s'excusa de*ne pas pouvoir faire partie de
la commission, à raison d*un voyage qu il devait faire, préci-
sément à l'époque du concours régional.
Le 3 mars, tous les membres de la Commission étant pré-
sents, il fut procédé h la formation du bureau. MM. Le Men et
Ayrautt furent nommés : le premier président et le second se-
crétaire.
La Commission s'occupa alors du choix du local destiné à
l'Exposition, et il fut arrêté qu'elle se tiendrait dans les salles
du Musée archéologique, où l'arrangement se ferait à peu de
frais, et où de nombreuses vitrines fermant à clef permettaient
de placer les objets précieux et donnaient aux exposants tou-
tes les garanties de conservation qu'ils pouvaient désirer.
La commission fut d'avis que le nombre de ses membres
était trop restreint et qu'il étaiUnécessaire de faire encore appel
à quelques personnes de bonne volonté, dans toute l'étendue de
la circonscription régionale.
Avant de se séparer, les membres de la Commission se sont
rendus auprès de M. le Maire do Quimper pour lui demander
son concours.
M. le Maire, qui a fait à cette démarche l'accueil le plus
bienveillant, a mis à notre disposition une somme de mille
francs, pour faire face aux dépenses de l'Ëxposi^on.
Dans sa dernière séance, tenue le 15 de ce mois, et où
étaient présents MM. Le Men, Foùgeray, Guihéneuc, Chardon,
de Montifault, Roussin et Ayraull, la Commission a arrêté
d^une manière définitive la liste de ses membres, a nommé
H. Astor, maire de Quimper, président honoraire et s'est occu-
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— 191,—
pée de la rédaction d'un programme dont je vais avoir l'hon-
neur de vous donner lecture.
Concours régional de 1876.
EXPOSITION DE CERAMIQUE.
MoifSIBUB,
Une Exposition de Céramique aura lieu à Quimper au mois de mai
prochain, dans les salies du Musée départemental d'Archéologie, à Foc-
casion du Gincours régional de 1876. Une commission s'est constituée
à cet effet , sous la présidence honoraire de M, ASTOR , maire de
Quimper.
Elle est composée de :
MM. AYRAULT, substitut du Procureur de la République, membre de
la Société iirchéologique/
CHARDON , propriétaire au château de. Kerscamp, près Hen-
nebont.
Le comte DE CHAUYEAU , au château de Keryolet, près Con-
cameau, membre de la Société archéologique.
CHAUVIN, négociant à Saint-Pol-de-Léon.
DAYY DE CUSSÉ, conservateur du Musée de la Société polyma-
tique du Morbihan, à Vannes.
FOUGERAY, directeur d'une manufacture de faïences à Locmaria-
Quimper, membre de la Société archéologique.
GARNIER , conservateur-adjoint à la manufacture nationale de
Sèvres.
GAULTIER DU MOTTAY, président de la Société archéologique
des Côtes-du-Nord.
GUIHENEUC, maire de Port-Louis (Morbihan).
DE RERLIVIO, négociant à Châteaulin.
René KERVILER , ingénieur des ponts et chaussées , à Saint-
Nazaire, membre de la Société archéologique du Finistère.
DE LANLAY, garde général des forêts, à Landerneau, membre de
la Société archéologique.
LEROY DE LA BRIÈRE, trésorier-payeur général, à Brest.
R.-F. LE MEN , archiviste du Finistère , directeur du Musée dé-
partemental, secrétaire de la Société archéologique.
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— 192 —
MM. DE MONTIFAULT, secrétaire de la Société archéologique.
RICHARD , juge de paix, à Quimperlé * membre de la Sociétd
archéologique.
S. ROPARTZ, avocat à la Cour d'Appel de Rennes , président de
la Société archéologique dille-et-Vilaine, président de l'Expo*
sition artistique et archéologique faite à Rennes en 1872, mem-
bre de la Société d'archéologie du Finistère. !
ROUSSIN, propriétaire . au château de Reraval , près Qulmper,
membre de la Société archéologique.
La commission , dans sa séance du 3 mars, a nommé pour son pré-
sident M. LE MEN» et pour son secrétaire M. AYRAULT.
Cette Exposition dont Tinitiative appartient à la Société archéolo-
gique du Finistère, a pour but principal de mettre en lumière et de
réunir dans un même local, les produits de Tart de la terre, dûs à
l'industrie des habitants de la péninsule bretonne, depuis les temps les.
plus reculés, jusqu'à la tin du dernier siècle.
A côté des poteries primitives découvertes dans les dolmens du
Morbihan et du Finistère , figureront les vases de l'époque gallo-
romaine» souvent remarquables par l'alliance de Tart étranger et de
l'art indigène qui se révèle dans leurs formes et dans leur ornemen-
tation. Puis viendront le^ spécimens des poteries du moyen<âge , où
l'on retrouvera les traditions décoratives d'une époque des plus re-
culées.
Mais le grand intérêt de l'Exposition, celui qui satisfera la légitime
curiosité du plus grand nombre, sera la réunion des faïences et des
porcelaines des manufactures bretonnes. Quimper, Rennes, Nantes,
Lorient, Quimperlé nons montreront simultanément leurs produits
dont l'étude comparée permettra de saisir les différences caractéris*
tiques, et nous fournira en même temps les moyens de ne plus les
confondre avec les faiencee d'une autre origine.
Une sotte de Renaissance s'opère depais plusieurs années, dans
quelques-uns de ces anciens centres céramiques. Des spécimens de ces
nouveaux produits, auxquels sera jointe une très-intéressante collection
à*aneiens ponds de Quimper, trouveront naturellement leur place à
quelque distance des anciens.
Quoique, dans l'œuvre utile qu'elle se propose de réaliseri la com-
mission ait surtout pour objectif les faïences et les porcelaines bre-
tonnes» elle n'entend pas exclure de l'Exposition les produits cérami-
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~ 177 —
^efe d'iliiie ttutire ptovâteànce, ËUe Âera àu côiiiifaire très-béurèuse h*Y
voir figurer celles qui, comme genre et comme décoralion, ofcênt avec
elles des poiats de ressemblance. Il sei^ait en effet très-curieux et très-
instructif pour les collectioûtteuirs céramistes, de Voir les uns à côte des
autres :
Les décors bleus de Rouen et de Quimper ;
Les cornes de Bouen et de Quimper ;
Les fleurettes de Sinceny et de Quimper ;
Les décors à terrasses et à personnages de Guillebaut et ceux de
Gaussy, etc.
Elle acb^teira auâsi avec Méconnaissance, toute belle pièce de grès,
de faïence ou de p6rcclainb ancienne, française ou étrangère, i^'im
voudra bien lui confier.
Une vitrine spéciale sera aussi réservée aut émauk et aux carrekux
du XIll® au XVlo siècle, dont la place est toute marquée à côté des
productions de Tart de la terre émaillée.
La Commission a besoin du concours actif et cLcvoué de tous ceux
que cette Exposition peut intéresser, et elle les prie de joindre leurs
efforts aux siens, non*seulemedi en faisant des envois t]Jèr86nnels, mais
encore en donnant connaissance de l'Exposition à toutes les personnel
qui possèdent des objets susceptibles d'y figurer. Elle compte tout
particulièrement sur ra{)pui des habitants de la circonscription du
Concours régional, qui ont des collections ; et elle les invite d'une ma-
nière pressante, à prendre part à cette manifestation artistique.
Les personnes qui voudront bien nous confier quelqnes-uns de ces
objets, sont priées de les faire parvenir avant le 20 avril, en les adres-
sant à M. le Président de la GommissioQi au Musée archéologique à
Quimper.
Il sèf a bon que lés * envois soient arinonréâ à l'avance, él que l*oti
indique par quelle voie et comment les objets devront être renvoyés.
On recommande d'employer, autant que possible, des vis, au lieu de
pointes, pour la fermeture des caisses.
tes plus grandes précautions seront prises pour le transport, te dé-
ballage, le déplacetûeht deâ pièces déposées, et on apportera une at-
tention toute spéciale aux recommandations ^ui [Pourront être faites
par les exposants^ au Président ou à quelqu'un des membres de la
Commission.
On prie les exposants de mettre leur nom sur les pièces qu'ils vou-
dront bien envoyer. En tout cas, fëé t^ièc^^ éerdti! réVétUêâ àVâè eti-
13
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— 178 —
quette portant un numéro et le nom de l'expéditeur, à mesure qu'on
les retirera dés caisses.
Le local du Musée archéologique se compose de deux vastes salles
contenant quatorze grandes vitrines fermant à clef, où les pièces déli*
cates seront placées.
On recevra avec reconnaissance les renseignements sur la prove-
nanee et Fattribution des objets.
Le transport, le déballage, le placement et le léafnballage seront
payés sur les crédits affectés à FExposition.
Quimper, le 15 mars lS7d.
Le Président de la Commission de VExposition,
Le Secrétaire, R.-F. LE MEN.
L. AYRAULT.
La plus grande publicité devra être donnée à ce progranaine,
qui sera inséré dans les journaux de -la circonscription régio-
nale, et qui sera adressé à tous les collectionneurs dont les
noms seront connus des membres de la commission.
En terminant ce compte-rendu de nos premiers travaux, je
suis heureux de vous dire, Messieurs, que partout la nouvelle
de cette exposition a été accueille avec la plus vive sympathie ;
de nombreuses adhésions arrivent de tous côtés aux demandes
déjà faites par notre président, et tout nous fait espérer que
Té'itosilion sera brillante et que nous atteindrons le but si
utile et^ intéressant que nous nous sommes proposé.
A la siS9ft de cette lecture, plusieurs membres ex-
priment le vœu qiïè laj^l^s grande publicité soit donné
à cette Exposition. M. LV^, président de la com-
mission, déclare qu'il fera tirer ^ViOO exemplaires le
programme dont il vient d'être donnèsl^ture, et que
toute la presse de la circonscription du CîfifîSî^^s sera
invitée à le reproduire.
M. Surrault offre de faire imprimer ce programme^
dans le Bulletin de llnstruction primaire. Cette offre
est acceptée avec reconnaissance.
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M
— 179 —
M. le président donne ensuite la parole à M. Le
Men^ pour la lecture de son travail intitulé :
FOUILLES D'UK POSTE GALLO-ROIMCAIN
SUR LE MONT-FRUGY, A QUIMPER.
Une des voies romaines qui ont le pins particulièrement at-
tiré Taltention des archéologues, depuis que les monuments
antiques de notre pays sont devenus l'objet d'une étude sé-
rieuse^ est ttelle qui, partant de Dariorigum (Vannes), venait
aboutir à Civitas Aquilonia (Locmaria-Quimper) après avoir
traversé, dans le Finistère, les communes de Rédéné, Quim-
perlé, Mellac, Le Trévoux, Bannalec, Melgven, Saint-Yvi et
Ergué-Armel. A une petite distance au nord de Tégliée de celte
dernière commune, elle se confondait avec deux autres voies
venant, Tune de Vorgium (Carhaix) et Tautre de Concarneau ;
puis après avoir longé dans une direction nord-sud, la crête
du Mont-Frugy, elle descendait, par une pente douce, au fau-
bourg de Locmaria, où elle passait TOdet k gué, près du lieu
où s'élevait jadis la chapelle de Saint-Colomban.
Les ruines romaines abondent, comme l'on sait, à Locmaria
et dans ses environs, sur les deux rives de TOdet. H est difficile
de parcourir les sentiers qui y conduisent sans heurter du pied
quelque antique débris, et la bêche ou la charrue amènent cha-
que jour à la surface du sol. dans les champs voisins, des frag-
ments de peintures murales, de revêlements en marbre et de
fines poteries, derniers témoins d'une splendeur dont la tradi-
tion ne s'est pas conservée dans les habitations de divers âges,
qui composent aujourd'hui ce faubourg. L'Église, dont l'heu-
reuse restauration a été pour notre regretté président, M. Ay-
mar de Blois, l'objet de tant de démarches et de tant de soucis,
fut sans doute érigée sur l'emplacement du temple païen de la
cité. Je ne voudrais môme pas affirmer qu'une partie des ipa-
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- #0 -
Xéfhw qui^prpvQpaieat^ii'^t jwS'^lrAe4ft99l^ mana|tt«nt
chrétieD. Car si Top n^ pepl, sans té^iérilé^ faire r^inonjer ju9«-
qu'au temps de Toccupalion, les murs extérieurs de la nef ac-
tuelle, il me parait ^'ésuller de Jeur mo4e de canstructÎQO, qui
ne difTère en rien de celui que nous retrouvons dans les ruines
gallo-romaines de notre pays, qu'ils ont été étevés à une épo-
que où l'on n'avait pas entièreœe&t perdu le souvenir de Tart
de bàlir introduit en Ariqorique par ses vainqueur^, et au moyen
des matériaux tout préparés que Ton avait eir abondance sous
la main.
Deux titres, l'un du XI* et l'autre du XII* siàcle, dous ont
conservé le nom antique de cette localité. Elle s'appelait Civi-
tas Aquilonia (1), c'est-à-dire, ville exposée au vent du nord-
est, dénomination sufQsamment justifiée par sa situation. Cette
ville n*était pas entourée de murailles ; ses maisons oq villas,
dont les plus riches étaient capricieusement groupées sur les
coteaux exposés au soleil, s'éparpillaient sans ordre sur les deux
rives de l'Odel, près desquelles on retrouve encore les vestiges
des thermes qui servaient à ses hal^itants.
Il ne faudrait pas çfoijre cependant que Civitas Aquilonia
fut dépourvue des nioyens de défense, qm qu'elle p'eut pas h
proximité des ^lieux d'açilej, qù $a population pût iw^yer un
refuge, dans Icipas d'ji^ne attaque par mer qm par terre de la
part des enpemis. En effet, san$ compter le petit parap re^
tranché dont on vojt des traces è droite du chemin qui conduit
de la ferme du Petit-Méné au Mont-Frugy, trois posle$ mili-
taires, qui pouvaient aisément conununiquer entre eux au moyeu
de signaux, lui formaient une sorte de cehiture. Un de ces éta-^
blissements était placé entre les rivières l'Odet et le Ttir ou
Steir, sur la hauteur occupée aujourd'hui par l'école des Likès.
On retrouve les ruines du second, dans les champs, aujour-
(t) Ap. D. Lob. P. col. 299. — Ecclewa béate Marift de Aqui-
lone 1179. -rr Titre du prfçuré d^ Locmarii^ (#fA« ^^ ^^Mftfr»}*
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^ m ^
^htàMnaôtm^ etï (^pRiiërès étéif j&^dins l^tagers, (tiii bor-
dent TarvcietiDé fonte d^ Douametiez, à Touest du eairveot du
Sacré- C(m«f, au-dewus do faubourg de Bourlibou. Le
troisième, placé strr lo Mont'-Frugyr hvt point d'intersection
de la! vôier romaine cpii venait de Vannes à Loc-Maria,
el de h tàttie, aujourd'hui abandimnée, de Bénodet à
Quimper par la Tourelle et Penni^aflr-Stanc, dorainait au nord,
la vs^tëe où cette ville est ansiàev et commandait du côté do
sudi, la' baie' au Lédanaû^ et l'entrée des Virecours^ de sorte
quUf' était ihipossible qu'un mouvement' de bateaux s'effectuât
siir rOdet^sans être aperçu des guetteur» de de poste.
C'est cet établissement militaire qui fera l^objet de cette no-
tice. Mais comme la nhiélhode et la clarté qui sont, en toutes
choses, dëst qualités» fort' louables, s'imposent comme condi-
tions nécessaires, lorsqu'il s'agit de descriptions archéologi-
ques, je désire avant d'aller plus loin, désigner par un nom
particulier, châcunde ceâ trois postes, afin qifil ne puisse s'é»
lablir de confusion entî-e eux. J'appellerai donc, les détrx pre-
miers, postes de Bolirlibou et' des Likès, et je désignerai le
troisième, par la dénomînatîon de Poste de Parc-ar-Croasi^
parce que sfes côttstnictions occupaient principalement un
champqui porte ce nont; aux* dépendances du viflàge de Les-»-
perbé, en la comiûUtte d'Ergtié-Arrtiel.
J'avais depuis' longtemps re^arqilé aux' abords de ce champ
dès débris de tuiles romaines et dfes pierres de p^tit appiàreil
qui provenaient' certainement, d^Wcientiès* cdfisti'uctions; Le
nom Aé Pàtc-ar-Grimit qui' signifie Champ de la Croix, et que
la situation de cette pièce de terre à Pangle'd'un carrefour J
expliquait sufOsamttfènt; neponvait' fai^e nafti'é dans l'esprit,
IMdée qu*iln étôMissemenl^ qli^eonqéfey eM eii$té ; nâ^ïà lèé
ondulations fortertïenl mariq^rées de sa surfaô'e, révélaient à un
œilexercé, la présence' (lé" sub^ruclions, dont la nature et
rimportaneenfepottvaiefift^tfe étaWi^sqiiepar des fèuiHes ré-
gvlièretimil exécutées; L'oecamn'id'éGiaifcir (è> n^stère' qtief
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— 182 -
renfermait le champ de Parc-ar-Groas^ se présenta au mois de
mai 1865. Vous le voyez, messieurs, les fouilles dont je vais
vous faire le récit, remontent à plus de dix ans ; mais comme
j'en ai conservé soigneusement tous les détails dans mes notes
et dans ma mémoire, comme d*un autre côté, vous pouvez
voir dans les vitrines de notre Musée, tous les objets dignes de
quelque intérêt, qu'elles ont mis au jour, j'espère que vous vou-
drez bien accorder quelque attention à ce comple-rendu qui
sera d'ailleurs tendu plus intelligible par les plans des lieux
que j'ai l'honneur de mettre sous vos yeux, et qui furent faits,
à l'époque des fouilles, par notre confrère M. Loarer. agent-
voyer en chef des chemins vicinaux.
Le champ de Parç-ar-Groas était depuis plusieurs années
sous pâture, lorsqu'au mois de mai 1865, le fermier de Les-
perbé, en faisant les travaux nécessaires pour y semer du blé
noir, mit à découvert un pan de mur construit en petites
pierres solidement liées par une chaux compacte. Instruit de
cetl(» trouvaille je. me rendis sur les lieux, et grâce à l'obligeance
de M. Aymar de Blois, président de notre Société Archéologi-
que, qui mit à ma disposition deux de ses journaliers pour com-
mencer des fouilles, je ne tardai pas à découvrir les substruc-
tions d'un grand bâtiment composé de plusieurs pièces, dont
l'origine gallo-romaine ne pouvait être douteuse.
Sur la demande de M. de Blois, M. le baron Ricliard, pré-
fet du Finistère, m'accorda pour continuer les travaux une
somme de cent francs, qui fut suivie d'une allocation de
soixante-dix francs. Ces subventions suffirent à couvrir les
frais de recherches, et h payer une indemnité, relativement
élevée, au fermier du champ. Les fouilles interrompues à la fin
du mois de mai par les exigences de la culture, et reprises au
mois de septembre suivant, amenèrent la découverte de six
constructions de formes et de dimensions diverses, comprises
dans une enceinte rectangulaire de cent vingt mètres sur soi-
xante-quinze, circonscrite par un mur en pierre de petit appa-
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~ 183 —
rcîl, bâti K chaux et à aable, et d'une épaisseur de quarante
centimètres. Le mode de construclion des murs des habitations
ne différait en rien de celui du mur d'enceinle, mais il im- .
porte de faire observer que les pierres qui entraient dans ces
constructions et que je désigne sous le nom de petit appareil,
n'avaient rien de la régularité du petit appareil romain classi-
que que décrivent les traités d'Archéologie. Ces petits moel-
lons de forme allongée et à peine dégrossis, avaient été pris
sur les lieux, et rais en œuvre, à peu près tels que les fournis-
sait la stratification naturelle du sol par les maçons gallo-
romains qui se fiaient surtout à Texcellence de leurs ciments,
pour donner la solidité à ces matériaux grossiers. Cependant
on remarquait dans les angles, des pierres plus grandes et plus
soigneusement taillées que celles des autres parties des murs.
J'ignore à qu'elle époque le champ de Parc-ar-Groas a été
livré à la culture pour la première fois, mais si j'en juge par
l'état de dégradation dans lequel se trouvaient les substruc-
tions enfouies dans son sol, on peut faire remonter à une date
ancienne, ses premiers défrichements. Lorsque j'y pratiquai dog
fouilles, le mur est, de l'enceinte générale, avait été entière-
ment détruit par le fermier depuis plusieurs années. Il n'exisr
tait guère du mur nord, que l'empâtement sur lequel reposaient
les premières assises. Le mur ouest, enveloppé dans la clôture
en terre qui séparait le champ de Parc-ar-Groas du champ
voisin, avait, grâce à cette circonstance, échappé à la destruc-
tion, et présentait encore, dans quelques-unes de ses parties,
une hauteur de un mètre cinquante centimètres. Quant au
côté sud de l'enceinte qui occupait la partie inférieure du
champ, il n'avait laissé d'autres traces, qu'un assez grand nom-
bre de moellons épars ça et là. Les murs des habitations
avaient été presque aussi maltraités que ceux de l'enceinte, et
si Ton avait ajourné les fouilles, après les travaux de culture
de l'année 1865, il eul été impossible de retrouver le plan
d'ensemble de l'établissement gallo-romain. La voie dont j'ai
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pe(rlé au dél^ut de Cfit article, a^o^t|,$saiV^ l'^f^i^il^tQ VfiX ^o,
côté, est ; elle, longeait ensuite le côté su4., pogi; 4e^çiç^|ydii;e. k,
C%vil(Jt,9 Aquilonia.
Je n*ai pas perdu le. souvenk du grand émoi que h nouvelle
4e cette ' découverte causa dans la ville de Quiniper, ni de
Taffluence de curieux dont le champ de Parc-ar-GrOas reçut, à
celte occasion, la visite. Gomme le bruit s'était répandu qu'on
a^^ait découvert un château sur le Mont-Prugy, les premiers
groupes de^visileurs arrivèrent le nez en l'air sur le terrain des
fouilles. Quand il fui bien constaté qu'il n'y avait sur la mon-
tftgne ni château, ni manoir, Timagination populaire ne s'em-
barrassa pas de ce léger n^écompte. En un instant le château
de la première heuroi fut changé en un merveilleux palais sou-
terrain qui conununiquait avec la ville de Vannes, par une
vpie non moins, n^y^térieuse:. 11 y avait parmi ces visiteurs des
gen$ doives d'une rarej opiniâtreté. Un d'eux, entre autres, vou-
lait, absolument qu'on lui fit voir la pièce de canon qui avait été
trpuvée dans IcjS fpuille$* J!eus beau lui dire, qu'on n'avait pas
découve^^ de pièce de canon mais seulement une pièce de
monmiçy il me fut impossible de le convaincre, et, si cet obstiné
curieux est encore de ce monde, il doit nourrir la pensée que
j'ai voulu abuser de sa crédulité.
Ces. détails font sourire, mais ils montrent avec quelle prodi-
giçjuse.facilité l'erreur se superpose à la vérité, et l'enseigne-
ment que nous 4^v.ons en tirer est que, nous ne saurions user
de trop de prudence et d*impartialité, lorsque nous voulons
dégager, le fait vrai qui existe au fond de toute légende, des
erreurs et des. récits fabuleux qui les rendent souvent mécon-
naissables. Cela dit, je reviens à ma description.
Comme je l'ai rapporté plus haut, il restait dans le poste
gallo-romain de Pàrc-ar-Groas, à l'époque où l'on y fit dçs
fouilles, les substruc.tions de six bâtinients diçtiacts, placés,
deux à l'est, deux au centre, et. deux à l^oue^^. Le plancHoiQ^-
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sdl
tpuclions. ,
La première désjgpéç, d^ij^ le plan^ P^r la hike. Ç^ paraîl
ayx)ir été rhabilalion, principale» et, par eonséqu^l, celle du
goiivenieur du poste. Elle affçcLait la farriiia d'un, neclaqgle-j
long de vingt-neqf mèlres et lai;ge, de dix. Ses murs avaient,
soij^anle cenliniètîiesdfépjaisseur. Sa façade qiiij?eg;9*^dait l'ouesiv
était renforcée par des eontreforts larges ^un mètr^ qoajraatja
centinqj^lres et ayant à Texlérieur et à rintérieuir, une saillie d<a
trente centimètres. Ce bâiiment se composait de sii pièicesir
dpnt les planchers .étaient en béton. La pièce a^ eslune longie
galexi^ qui servait probablement de ve&libule et.d^où l'o^ cooit'
munjquait avec les.âu^res pièces de l^a maison., La cuisina étaitf
en 6/ on y remarquait^u point c, une cavité laf ge de cinquantô.
centimètres, ayant sans dqule servi.de fourneau et dont les
parois étaient formées de pierres entièrement calcinées par le
feu. La pièce d devait être, la, salle à manger. Elle était décorée.
d*enduits peints, eji rouge vif, sur lesqiuels de» filets vert* ett
jaunes dessinaient des panneaux ; de nombreux^ débris^ dec^s,
peii.ture$ existaient sur ce point. La grande quantité de coquilr
les,d'os d'ois.eawx et de petits mammifères, d!huîtres, qui ont étéî
trouvés dans le couloir qui séparait ^bâbitatlo^ E d^bâtii^ei^t
F, ne peut laisser aucun doute sur la destination de ces deux
pièces. Je verrais volontiers des chambres à coucher dans les
petites pièces e et/*. Quant. à la grande pièce g^ il ne paraît,
pas aussi facile d*en indiquer la destination.
La long^e construction rectangulaire P,qui,n9^gure sei^e mè-
tres.,sur six, et qui est, placée m', nord de lap^écédiente dont*
elle n'est séparée que par ua étroit couloir de cîjpquante centir .
mètres de largeur, n'était divisée^ par aucua mur de refend*
On n'y a pas trouvé de poteries, njiais seulement desxlousd^î
grande, dimensio^^ et des. ferruçesde^p^^rtes. oju de fe$ni$tres,.
De nombreux fragments de charbons. atle^-^taicat que ce bâti-
ment ay^t é|t4,,détruit par riijf;ef).d}ft; et; i0.sj)ppo^eo. d'^fte la
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— i86 -
grande quantité de paille et de foin brûlés que j*]r ai trouvé,
qu*il a pu servir d*écurie.
Les murs de la construction G, dont le plan donnait un carré
de dix niètret de côté, étaient fort dégradés. A l'époque des
fouilles ils ne présentaient plus qu'une seule assise de pierres ;
cependant son aire eu béton était assez bien conservée. Ce bâ-
timent qui occupait le centre de Tenceinle, et qui n*ét£|it com-
posé que d'une seule pièce, était probablement le poste où se
tenaient les soldats préposés à la garde de cet établissement
militaire.
La construction H, placée tout près de l'angle sud-est de la
précédente, parait en avoir été une annexe. C'était une tour
d'observation dont le plan se composait de deux carrés em-
boités l'un dans l'autre, et du haut de laquelle on pouvait sur-
veiller les mouvements qui s'opéraient sur la rivière de Quim-
per, que Ton découvre de ce point, dans une assez grande
partie de sa longueur. Il m'a semblé que le carré inscrit devait
former un terre-plein, et que les murs du carré extérieur, quia
huit mètres cinquante centimètres de côté, servaient de sup-
ports à la rampe qui conduisait au sommet de cet observatoire.
Hais je ne puis expliquer l'usage du double mur qui formait
l'un des côtés du carré intérieur.
Les soldats .de la petite garnison romaine devaient sans
doute faire le guet à tour de rôle sur la plate-forme de cette
tour. La surveillance des rivières et des poi.its abordables des
côtes, était, comme on sait, une précaution que les Romains
ne négligèrent jamais. Car les mêmes flots qui portaient les
navires amis, conduisaient aussi les barques de ces terribles
pirates du nord qui ravagèrent pendant si longtemps le littoral
de la Gaule, Personne n'ignore que, pour repousser leurs inva-
sions, les empereurs se virent forcés d'organiser le long des
côtes, un vaste système de défense, connu sous le nom de
Tractus Nervien et Armoricain.
A trente cinq mètres à l'ouest des deux bâtiments que je
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viens de décrire, est rhabitation I, dont l'ensemble se compo-
sait de quaire pièces. On peut voir dans ïes pièces «, 6, c qui
sont fort simples, et dont le plancher était en béton, une
chambre à coucher, une cuisine et une salle à manger. Quant
à la quatrième pièce qui devait être un cabinet de bain, on y
remarquait : 1^ un bassin d, dont le fond était revêtu d'une
épaisse couche de ciment rouge ; 2® un. massif de maçonnerie
e, beaucoup plus élevé que le sol du bassin, et sur lequel le
baigneur devait quitter les vêtements avant de descendre daps
son bain ; 3** enfin une rigole /*, large de 15 centimètres, qui
faisait communiquer le bassin davec l'extérieur, en contournant
le njassif e, au lieu de déboucher en ligne droite au dehors.
Cette pièce était d'une date postérieure à celle des trois
autres chambres de la construction I, à laquelle elle était sim-
plement juxtaposée.;Dans le recoin g^ étaient amoncelés, à une
hauteur de près d'un mètre, des débris de poteries, descoquil*
lages et des détritus de toute sorte. Cicéron disait en parlant
des villes gauloises. Quid oppidis^ incultius ? L'impartialité
m'oblige de reconnaître que ces tas d'ordures que l'on ren-
contrait dans tous les recoins des habitations du poste de
Parc-ar-Groas^ et que l'on trouve presque toujours dans le
voisinage des maisons de la même époque, ne donnent pas
une haute idée de Tordre et de la propreté de leurs habitants
gallo-romains. Je ne voudrais pas cependant dire trop de mal
de ces monceaux de détritus, car ils sont souvent une mine
féconde pour l'archéologue, et c'est parmi ces résidus de tout
genre, que l'on trouve ordinairement le plus d'objets intéres-
sants.
Cette habitation qui devait servir de logement à l'un des
principaux officiers du poste, était adossée au mur ouest de
renceinte,'On a trouvé dans la pièce a, la plus voisine de ce
mur, et que je suppose avoir été une chambre à coucher, des
débris de figurines en terre cuite, parmi lesquels il était facile
de reconnaître des fragments de Vénus Anadyomène.
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fca'MiimettI K, ptaeé ë sefyt mètres m sud do ptëcMeaf, él
k kl distanee d'uu mëim seulement du' muv d*etT€eititè, secom-
pûsait de deux ohambre» a et (, d'égales dimeïi^ion^^ (!sept
mèires cinquante cenlimëlres sur deux mètres' eitiquaiHie), dont
les aires étaient en bétoni On remarquait au point c de la
pièce bif MuesçÉàce dfuo mètre: carré pavé en tuiles à rebords
sur oâ fotid d'argile, qui a dû servir de foyer, si on* en juge par
la grande quantité de cendres, que Ton y a trouvée^et par
Ifétat des tuiles qui étaient toutes noircies par le* feu; A un
mètra, ài Pest de cette conslruclion, était) un (^tii bassin circu-
laire de soixante centimètres de diamètre, ayant un fond en
béloa, ekdont les pirois étaient revêtues de tuiles vecmabéesi
Ce bassin servait peut-être à recueillir les égouts du toit d& la
maison dont elle était voisine.
Au point L, dans le voisinage du mur s»)d de i^enoeiute, on
a rencontré à environ cinqaanie ot^ntimèlres au-dèssousdu
8o}< sur une étendue de plusieurs mètres carrés, ufn grand
nombre de pierres les unes brutes^ lès autres taillées en pavés
très- réguliers. Ces pierres provenaient, je pense^ de* la^j pà<rtie
delà voie qui pénétrait dans 1 ^enceinte. Sous l-nsedès plus
grosses était placée uae urne en terre fine, tendre^ et de cùir^
leorroogeàtre, qui ne renfermait que des- ossements br&lés;
Ce vase dont on ne soupçonnait pas la présence; a- été: extrait
toirt brisé du sol. Il a été possible cependant d*en rafproi^r
tes morceaux de manière à rétablir>sa (ort»e primitive qui est
des pliis élégantes, et qui appartient, sanslo moinére douter
à Tarti indigène!. On remarque sur- sa< panse detiix rangs de
grandes spirales tracées après ta cuisson. Cette urne restaurée
aussi bien qn*on Ta pu, est déposée dans une des vitrines du
Musée.
Ënflaont a découvert, tout près du même mur d'enceinte;
une cavité M| profonde d'nn métro et ayant un diamètre
de deux mètres^ remplie de cendre et do débris d^ pote*^
ries samienaes et^auires^ parmi lesquiAlesi se trouvaient^ d«8
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- W9 --
fibules, rUB jBdQebe .de couteau en brooz^ une graade serpe
ea fer, el dwers autres objets,
l^es sU .ocHiskiictions décrites plus haut, étaient^ camme je
Vax déjà dit, comprises dans }a même eaceiaie. Un se^ième
bàt^uent situé ^ ceui quarante mètres au nord-esi de cetie
enceifiLte^ formait une importanle aanese au poste militaire 4^
Fcmc^orGroas^ C'étaiit uu observatoire ayant, dans sa forme,
une grande analogie avec celui dont j'ai donné plus baut la
description, mais bâti avec plus de solidité, ce x[ui doit faire
supposer qu'il avait une hauteur pks considérable. Il se com-
posait aussi de deux tours carrées comprises Tune dans l'autre^
et dont les murs bien appareillés, avaient une épaisseur de cin-
quante centimètres, La tour extérieure avait sept mètres de côté,
et la tour it^térieure trois mètres quarante centimètres. De
cet lObservaioire placé sur k point culminant du Mont*Prugy^
Toeil ^a^toassait, dans tourtes les directions, un horizon im-
mense^ circonstance qui permettait de correspondre de ce
point avec d'autres observatoires situés à de grandes distances,
l^es signaux dont on se servait étaient des torches ou des feux
plu3 ou moins nombreux, allumés sur |a plate-forme de la
tour. On pouvait ainsi signaler Tôpproch^ de Tennemi anx
postes voisins, qui transmettaient le même signal aux pof^tes
plus éloignés, de sorte qu'en un instant^ ks troupes romaines
des postes m)portanls étaient averties ; et pouvaient se porter
rapidement sur les points menacés. C'est aussi en allumant des
feux sur les clnchers des églises du littoral, qu'à une époque
très-rapprochée de nous, les guetteurs signalaient aux troupes
^arde-eôtes, les mouvements des flottes ennemies, et leur indi-
quaient le point vers lequel elles devaient se diriger pour
s'opposer à nin débarquement.
Les ruines de cet observatoire formaient, au moment où les
fouilles furent entreprises^ une éminence assez élevée entière-
ment recouverte de gazon et de genêts. Les objets découverts
dans ces ruines, étaient peu nombreux ; je citerai seulement
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— 190 —
un fragment d*ardoise, assez épais, sur lequel est gravée une
rose des vents, les débris d'une petite amphore et d'une écuelle
en terre grossière, qui composaient, je crois, toute la vaisselle
des guetteurs, et enfin plusieurs disques ou briques rondesv
épais de trois centimètres; et d'un diamètre de quinze centi-
mètres environ, dont il n'est pas facile d'indiquer la destination.
Quelques unes de ces briques avaient la forme d'un demi dis-
que. Peut-être ont-elles servi à former le pavé du rez-de-
chaussée de la tour.
Et maintenant arrivé au terme de cette longue et monotone
description, je dirai avec le poète :
Nunc sejes ubi Troja fuit !
La charrue a passé sur lesruinesdu poste de Parc-ar'Groas^
les pierres de ses habitations en ont été retirées pour baacada-
miser les routes ou pour réparer les clôtures des champs voi-
sins, et de riches moissons couvrent maintenant ce sol rendu
plus fécond par les éléments qu'une longue occupation par
l'homme', laisse toujours après elle. Il ne reste aujourd'hui,
comme souvenir de cet établissement militaire, qui fut presque
le berceau de la ville de Quimper, que les débris, de nature
diverse, rois au jour par les fouilles, et que notre Musée ar-
chéologique conserve dans ses vitrines. L'énumération de ces
objets terminera ce compte-rendu.
A. Monnaies^ Les monnaies au nombre de treize seulement,
dont une consulaire et douze impériales, sont, à l'exceptioa
d'un moyen-bronze de Domilien et de deux deniers de Trajan
et de Paustine, dans un état de conservation des moins satis-
faisants. Elles comprennent^ uue période d'environ quatre
siècles. En voici la description :
Famille Vettia.
lo Tête laurée de Jupiter à droite; derrière devait se trou-
ver une lettre alphabétique, qui n'est plus visible sur notre
exemplaire.
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Rev. P. SABIN {Publius Sabinus). Victoire couronnant un
trophée ; à Texergue Q (QtMestor) ; dans le champ, une lettre
alphabétique qui est la même que ^ celle de la tête. Argent:
quinaire. Cohen p. 327.
Cette monnaie qui n'est pas rare, et que tous les numisma-
tistes jusqu'à Borghesi, avaient attribuée à la famille Tiluria,
a été restituée par ce savant à la famille Vettia, par la rai-
son très-plausible, que le prénom de Publius, fréquent dans la
famille Vettia, ne s'est pas encore rencontl'é dans la famille
Tituria. Cavedoni fixe vers Tan 184 avant J.-C. la date de
cette monnaie, et Borghëse Tattribue au père de Publius Vetitus
qui fut questeur de Verres en Sicile, de Tan 73 à Tan 71
avant J.-G. .
L'état dans lequel se trouvait cette monnaie, prouve qu'elle
avait circulé pendant longtemps. Cependant malgré son état
d'usure, on dislingue facilement la tête de Jupiter d'un côté,
et l'inscription aussi bien que la Victoire et le trophé gravés sur
le revers. Comme elle était déjà en circulation depuis près de
cinquante ans avant la conquête des Gaules par Jules César, on
peut présumer que le poste de Parc-ar-Groas fut établi par les
premières légions romaines qui pénétrèrent à la suite de ce
conquérant, dans la péninsule armoricaine, c'est-à-dire vers
l'an 56 avant Jésus-Christ.
DoMiTiEK, né Tan 51 de J.-C. ; empereur en 81, mort en 96.
2o IMP. CAES. DIVI VESP, F DOMITIAN. AVG. P.M. Sa tête
laurée à droite.
Rev. TR. P. COS. VIIÏ. DES. VIIII. P.P. S.C. Pallas casquée
debout à droite, lançant un javelot et tenant un bouclier. Moyen
bronze; Cohen 634. \
Cette monnaie d'une belle conservation et revêtue d'une pa-
tine verte, a été frappée en l'an 82 après J.-C.
3o IMP. DOMIT. AVG. GERM Sa tête laurée a droite.
Le revers de ce moyen bronze est à peu près fruste : on y
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&peii;oitet$p«iidaHt uûpérsôûhâg64iebQ^,tnais totitieisies lettres
de h légende oiit disparu. '
|o^ 5*, €•. Je croîs reconnaître la têle du même empereur sur
trois autres monnaies du même modulé, ehtore plus frustes
que la précôdettte.
Tbajan, ne le 18 septembre 53 de J.-tl. ; empereur en 9S ;
mort en 117.
?•. AVT. KAIC. NEP. IRAIANOC.CEB. fEPM. Salèle Iturée
à droite.
fiev. AHMEZ Y1IAT. Deux boudiers suspeados à une Iravarse
sttr laquelle est péfcbë un oîsea4% Asosnt. Denier Crsppé dans
une ville grecque.
FnHSTiifB I, mère^ femme d'Adilonin le Pieux> ffloMe^n 141
de J.-C, à rage de 36 ans.
8«. On reconnaît fiur un grand bronze la têle de celte impé-
ratrice, mais le revers et la légende sont complétemenl frustes.
FAtstn^È H, fille d*Atitonin Le Pieux, et de Fàùsthie I, femme
de MarC-Aurèle, motle eu 175 de J.-G.
90 FAVSTLNA AVGVSTA. Sa tête à droite.
Rev. FËCVNDITAS. La Fécondité debout à droite tenant un
sceptre et un enfant. Argent, Cohen, 35.
Ce denier, d*une bonne conservation i a été trouvé dans les
louilles de Parc-ar-Groas, et donné au Musée par M. Canvel,
membre de la Société archéologique.
1{M> Mabo-Aurèlb, Dé le 26 avril 121 ; empereur m 161 ;
mort en 180.
(M) ANTONIKVS AVG (TR. P. XXVI), Sa tété lautée à
droite, tenant une haste, et s'appuyant sur un bjuciier. Grand
bronze. Cohen, 530.
Je rétablis d'après Cohen une partie des liégendes de eette
monnaie qui a été frappée eii 178 de J«-G«
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J
- 195 —
Tetricus» usurpateur en Gaule, 267-273.
Il» IMP Sa tête radiée à droite.
Revers 4'ruste, petit bronze.
12. Petit bronze barbare presqaer fruste, frappé en Gaule
\rers la même époque,
Licmius, père, né vers 263 ; proclamé Auguste en 3M par
Dioctétien et Maximieji Hercule ; étranglé en 323 par Tondre
de Constantin.
13*» IMP. LIGINIVS P.F. AVG. Son buste lauré à droite ayec
le paludament et la cuirasse.
Rev. GENIO POP. ROM. Génie tourelé à demi nu, debout à
gauche, tenant une patère et une corne d^abondance, et là tête
Couterte du modius. Petit bronze. Cohen 6d<
J'ai dit plus haut que l'on pouvait faire remonter jusqu'à là
conquête dejla Gaule par Jules César, le poste de Parc-ar-
Groas. Tout porte à croire qu'il se maintint jusqu'au commen-
cement du V« siècle, époque où il fut détruit ^d'iine manière
violente, comme la plupart des autres établissements g^Uo-
romains de notre pays.
iU Bronze,
It. Un madche de couteau long de 6,078 m. large de
Om. 02 et épais de 0,015 m., dans lequel une partie de la
lame en fer est restée engagée. On remarque sur chacune de
ses fac^s,une cavité de forme rectangulaire dans laquelle étaient
sans douta.incrustés des ornements en os, eu bois ou en pierre»
Un instrument semblable a été trouvé dans la rivière de
Quimperlé, un peu au-dessous de la ville, à Tépoque des tra-
vaux du chemin de fer.
16. Un petit crochet formé d'une lame de bronze large de
h millimètres et long de 0,075, ayant son extrémité supérieure
terminée par un anneau. L'extrémité inférieure qui est bifurquée
se termine par deux branches pointues dont Tune est sensible-
14
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meot droite et Tautre recourbée ; de sorte que ce petit instru-
meut a tout-à-fail la forme d'une gaffe.
16. Une fibule en bronze argenté| ayant la forme d'une lyre.
17. Une autre fibule aussi en bronîe argenté, représentant
un cheval el son cavalier.
18. Une troisième fibule représentant un cheval ailé.
19. Une épingle de fibule.
A Texception d'une fibule, tout les objets qui précèdent ont
été trouvés dans le trou de cendres M.
20. Un ornement ayant la forme d'un balustre, long dé trois
centimètres et demi, provenant peut-être d*un casque ou d'un
bouclier. *
21. Une bague en bronze d'un diamètre de 23 millimètres,
dont le chaton ovale, est orné d'une croix à branches inégales,
accompagnée à ses quatre angles de palmes gravées au trait,
comme la croix.
Cette bague, dont l'antiquité est suffisamment attestée par la
patine verte et vitreuse qui la recouvre, a été trouvée dans
l'intérieur de l'enceinte et près de son mur nord. Elle est une
preuve certaine que le poste de Parc-ar-Groas comptait des
chrétiens parmi ses habitants.
22. Un fragment de disque orné de filets et formé d'une pla*-
que mince qui devait avoir un diamètre de 8 à 9 centimètres.
23. Une grande serpe à double tranchant dont l'un est re-
courbé à angle droit. Sa forme est exactement celle de l'instru-
ment dont les couvreurs se servent pour tailler les ardoises. Sa
hauteur est de 21 centimètres, et sa largeur de 20 centimètres
d'une extrémité de ses branches à l'autre. L'oxidation a produit
sur cet instrument de nombreuses boursoufflures qui en ont
altéré la forme.
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C. Fbr.
24. Un fer de flèche lancéolé muni d'une douille et long de
115 millimètres V son tranchant a 17 millimètres dans sa plus
grande largeur.
25. Plusieurs pointes de javelots qui se sont pour la plupart
délitées sous Faction de Thumidité.
26. Un marteau long de 55 millimètres et dont le manche
devait être en fer, si on eu juge par la petitesse du trou dans :
lequel il s'emmanchait.
27. Un gond de porte ou de fenêtre.
28. Beaucoup de clous dont quelques-uns de grande dimen-
sion.
D. Plomb.
On a découverf trois ou quatre fragments de ce métal dont
l'un provient peut-être d'un tuyau.
E. Os.
30. Un fragment d'os long, travaillé et poli provenant proba-
blement d'une flûte.
31 Deui défenses de sanglier.
F. Vbbbb.
32. On a découvert un grand nombre de débris de vases en
verre parmi les résidus amoncelés dans les coins des habita-
tions et dans le trou de cendres M. Ces débris dont plusieurs
étaient coibplétement déformés par le feu, provenaient de vases
de formes et de destination fort diverses. Dans le nombre sont
des anses larges et striées, ayant appartenu à des urnes car-
rées, et de couleur verte. D'autres bleus ou jaunâtres étaient
évidemment des débris de coupes de formes élégantes et or*
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— 196 —
nées d'épaisses cannelures. 11 y avait aussi des fragments de va-
ses dépolis, des goulots et des fonds de fioles en verre mince.
O. Habbbes.
33. Peu de marbres ont été recueillis ; on en a cependant
découvert assez de spécimens, pour être certain que cette ma-
tière étrangère au pays, ne manquait pas h la décoration des
maisons du poste de Parc-^r-Groas.
H. Gravite.
34. La pierre inférieure d'un moulin à bras a été relevée
près et en dedans du mur nord de l'enceinte. Elle est percée
à son col, d'un trou circuliaire de chaque côté duquel on aper-
çoit en dessous, deux entailles à queue d'aronde, qui-servaient à
maintenir le pivot autour duquel on faisait tourner la pierre
supérieure.
35. Un fragment de la pierre supérieure d'un moulin à bras,
a aussi été trouvé dans l'habitation I.
I. Tbbbb guitb.
36. Quelques débris de figurines en terre blanche, parïm
lesquels des fragments de Vénus Ânadyomène, ont été trouvés,
comme je l'ai dit plus haut, dans^ une chambre de l'habitation I.
37. Une fusaïole bombée sur ses deux faces, et d'un diamè-
tre de 4 centimètres, absolument semblable aux fusaioles de
l'oppidum du Gastel-Goz, qui sont au Musée, et à celles que
l'on trouve dans les dolmens.
38. Sept autres fusaîoles, applaties sur leurs deux faces, dont
quelques-unes ont été faites avec des débris de vases. On peut
suivre les progrès de cette opération, sur les exemplaires re-
cueillis. En effet, les uns sont seulement à moitié arrondis. Le
trou est fait dans la plupart, mais dans quelques-uns, il était
seulement commencé.
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— 197 -
39. One bille en terre cuite, ronge, de la grosseur de celles
qui servent aux enfants dans leurs jeux.
40. Plusieurs fonds de vases épais et arrondis, évidemment
taillés avec intention, et dont a on dû se servir pour jouer aux
palets.
Un très-grand nombre de débris de vases en terre samienne,
ornés de dessins en relief et en terre ordinaire. Comme tous
ces débris sont aujourd'hui au Musée d'Archéologie où les
membres de la Société peuvent les voir, je crois inutile d'en
faire la description.
J'ai relevé sur quelques-uns de ces firagments de poteries,
les noms de potiers, suivants :
IVCVNOVCVNDi;,
SVCCIIS (SVGGESSI),
UNI (REGENI P),
VN,
........XIL
Puisque j^ mentionue les marques des potiers, trouvées à
Farc-ar^Groas^ j'ajouterai que j'ai vu, il Jr a quelques années,
dans les mains de notre confrère M. Fougeray, un fragment
de plat, en terre samienne, trouvé près de sa manufacture à
Lpcmaria, et au milieu duquel on lisait très-distinctement, le
mot CâTOISIS, il est regrettable que ce fragment de plat ait
été, depuis, égaré.
Le Musée possède aussi une moitié de grande amphore en
terre blanchâtre, trouvée dans la propriété de Rome^ à Loc-
maria, et sur )a panse de laquelle le mot VIIRTROS (Jertros)
est gravé à la pointe.
Ici s'arrête ce que j'avais à dire du poste gallo-romain de
Parc-ar-Groas. J'ai fait plusieurs tentatives pour explorer ce-
lui de Bourlibou^ situé, comme je l'ai dit, au-dessus du fau-
bourg de ce nom, sur la rive droite de l'Odet ; mais le proprié-
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taire du terrain s*est toujours opposé à ce que Ton y fit deg
fouilles en règle. J'ai pu cependant ni'assurer que sa disposition
était la même que celle de Parc-ar-Groas ; mais les ruines des
habitations qu'il renfermait, étaient bien mieux conservées.
J*ai vu démolir dans des travaux de culture, des murs de plus
de deux mètres de hauteur. On y a trouvé plusieurs grands
bronzes de Tépoque des Antonins, et j*y ai recueilli d'assez
nombreux débris de poterie samicune ornementée, qui sont
au Musée.
J'ai pu obtenir aussi, pour le même établissement, une
moitié de la plate-forme en granité d'un pressoir à vin ou à
cidre. Dans son pourtour est une large gouttière par ou s'é-
coulait le liquide, et l'on voit, au milieu d'un de ses côtés,
la moitié du trou destiné à recevoir la vis de pression. Mais la
destination primitive de cette pierre avait été changée lors de
la construction d'une des habitations du poste de Bourlibou.
On s'en était, en eflet, servi pour faire le linteau de l'entrée
d'un hypocauste. 11 ne saurait y avoir de doute sur l'origine
gallo- romaine de ce monument, car je l'ai vu en place et je
l'ai vu extraire du sol. Sa gouttière était remplie de ciment, et
ses ejitrémités reposaient sur deux dés de granité entre lesquels
était l'ouverture par où l'on communiquait avec le sous-sol de
l'habitation. Cette moitié de pressoir est placée avec ses sup-
ports dans la cour du Musée.
Les nombreuses constructions modernes qui se sont élevées
sur l'emplacement du poste des Likès^ en ont tellement modi-
fié le sol qu'il m'a été impossible d'en retrouver le plan pri-
mitif. Mais il résulte des renseignements qui m'ont été fournis
par les ouvriers qui ont travaillé à ces constructions, que la
forteresse était, comme le sont les camps romains, si nona-
breux dans le Finistère, défendue par un fort parapet formé
de terre et Je pierres et accompagné d'une douve profonde.
Quant aux habitations, elles devaient être nombreuses, si on
en juge par la grande quantité de tuiles qu'on y a rencontrée.
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M. Mahé» fils, entrepreneur, m'a remis, il y a deux ans, un
petit bronze dé Victoria (265-267) qu'il y avait trouvé.
A la suite de cette communication, M. Le Men place
sous les yeux de l'Assemblée un plan d'ensemble et
un plan de détail du poste de Parc-ar-Groas . Ces plans
seront autographiés pour le Bulletin de la Société.
M. le docteur Halléguen, faisant allusion à une idée
exprimée par l'auteur du précédent Mémoire, ne pense
pas que la découverte, dans le poste de Parc-ar-Groas,
d'une seule pièce de monnaie qui était en circulation
50 ans avant Jésus-Christ, puisse autoriser à faire
remonter cet établissement jusqu'à cette époque.
M. Le Men reconnaît que cette circonstance n'impli-
que qu'une simple possibilité, qui pourrait cependant
prendre un caractère de probabilité dans les événe-
ments, qui s'accomplissaient à cette date, dans notre
pays.
Le Secrétaire donne ensuite lecture de trois lettres
adressées à la Société, par MM. Le Cam, instituteur à
Plouzévédé, Messager, instituteur à Sainte-Sève, et
Normant, chargé des mêmes fonctions à Plouigneau,
sur les monuments et les traditions de leurs communes
respectives.
' Voici le texte de ces lettres :
2* COMMUNE DE PLOUZÉVÉDÉ.
G. Au centre, du village de Lesvénan, existe un monticule
avec douve à l'entour. Cette élévation, faite sûrement domains
d'hommes, semble avoir été un fort, une défense quelconque ;
on l'appelle Tossen ar vouden»
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A gaucbe de la route qui conduit de Berven à Plouvorn, h la
jonction des deux coh)rounes,«xiste un autre tumulus en forme
de dôme, è base circulaire; aujourd'hui un talus divise ce tumu-
lus en deux parties à peu près égales. Il porte le nom de Tossen.
Il existe une autre élévation faite de mains d'hommes, au
village de Coat-Bizien ; cette élévation est vidée à rintérieur
et prend la forme d*un vase.
Au terroir de Goat-en-Gars existent les ruine; d*uB cbàteau
qui porte le nom de Cêstel. Ce château qui s'élève sur la rive
gauche du Guiilec, est assez vaste ; il a la forme d'un parallé*
logramme flanqué de quatre tours carrées avec douves à l'en*
tour. Ces ruines sont situées sur un mamelon très-élevé et de
peu d'étendue.
Toujours sur le bord du même cours^d'eau, 3^ un kilomètre
(dus bas, au village de la Marche, on trouve les ruines d'un
autre cfaàtean ; il y existe également un tumulus très-élevé
eo forme de dôme à base circulaire. Ces ruines portent le nom
de Castel.
D. A Lanrioul, où est né Saint-Hervé, il y a un champ qui
porte le nom de Guérédic Saint-Hervé.
H. L'église paroissiale de Plouzévédé qui a pour saint patron
Saint Pierre, porte la date de 1762 ; elle renferme un tombeau
portant une inscription et un écusson martelé et la date de 1652.
Il y a dans le trésor de l'église un calice portant l'inscription
suivante : Don fait à T église de Plouzévédé par nobles gens
Mathieu Gilart et Catherine Le Bailly sa femme : 1626. En
outre l'église possède un tableau sur -toile qui parait assez an-
cien.
Les registres de lattiairie remontent à 1694.
Il y a deux dates et une inscription sur les murs extérieurs de
la chapelle de Berven ; dans la chapelle on trouve quelques
tableaux sur bols et une belle statue de la Sainte- Vierge, égale-
ment en bols.
Au côté midi de cette chapelle, il y a une autre chapelle de
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— 2(M —
petite dimension (6 mètres carrés au plus), qui porte le nom de
Piniti et qur doit être la chapelle primitive. La piété des fidèles
les porte à s'agenouiller devant Içi grille de cette petile chapelle.
On y dit la messe assez souvent, et la Sainte-Vierge y est hono-
rée sous le nom de Notre dame de la délivrance.
Enfin il y a encore les ruines d'une chapelle qui vient d'être
démolie et qui porte le nom de Saint-Irvoal. Dans les démoli-
lions on a trouvé une pierre tombale et deux deniers.
I. On trouve à Plouzévédé les anciens manoirs du Baud et de
Kerham. Ce dernier porte la date de 1729.
K.Berven a une belle fontaine avec une belle statue en pierre,
de la Sainte-Vierge ; cette fontaine semble être de même date
que la chapelle.
Au village de Boullac'h se trouve une fontaine qui porte le
nom de fontaine de Saiut-Hervé ; on y trouve une pierre percée
et la tradition veut que ce trou ait été fait par le bâton de
Saint Hervé qui s'arrêta sur cette pierre ea y appuyant son
bâton pendant que Guic'baran retournait au château de Lan-
rion.
L. On considère les feux-follets comme dés esprits malfai-
sants ; on croit également aux revenants surtout parmi les
femmp«, et peu d'entre elles oseraient traverser un cimetière
seules pendant la nuit. Ces croyances disparaissent cependant
de jour en jour.
M. Il n'y a à Plouzévédé, qu'un seul cours d'eau d'une cer-
taine importance, c'est le Gm7/éc^/ il prend sa source dans la
commune de Bodilis et se jette dans la mer entre Sibiril et
Plougonven.
2. COMMUNE DE SAINTE-SÈVE.
De Penarverui extrémité occidentale de la commune, on
apperçoit, sur le penchant de la colline opposée, un énorme
rocher. C'est là que se trouve la grotte du Kornandon ( Toul-
ar-Chornandon). Cette grotte a dû être plus grande, car il
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— 202 —
semble qu'on y a jeté une grande quantité de pierres. Le dernier
KornandoUn dit-on, se baignait hiver et été dans la rivière qui
coule au pied de la colline.
On a longtemps cru qu*un souterain conduisait de cette
grotte au château de la duchesse Anne {Castel Renhoat).
Celte duchesse avait trois fils qui étudiaient la médecine.
Pour s'instruire dans leur art, ils ne se contentèrent point d'une
vaine théorie. Enlevant les passants, filles et garçons, ils es-
sayaient sur ces victimes leurs talents; brisaient leurs membres
pour avoir le plaisir de les savoir remettre, et par leurs
remèdes épuisaient dans ces malheureux le dernier souffle
de la vie. Ils devinrent bientôt la terreur du pays par
leurs cruelles expériences et par leurs vices honteux. La du-
chesse Anne^ aussitôt qu'elle voyait sortir ses fils, courait au
plus haut de la tour et se mettait à sonner. A ce signal le voya-
gcur se hâtait de s'éloigner de ce redoutable donjon, et le
paysan s'enfermait dans sa chaumière.
Ce château !ri audit ne put durer longtemps; des canons
amenés, de Brest le brûla et le renversa tellement que les assié*
gés ne purent trouver la trace des mauvaises gens qui s'y
étaient sauvés par les souterrains, croit-on.
Cependant, la princesse Claudine erre encore dans' les sou-
terrains de ce château ruiné. Elle est condamné à y rester
jusqu'à ce qu'un homme assez courageux y vienne embrasser
un sourd, un serpent et un lion. Sa récompense sera des ba-
rils pleins d or et la main de la princesse.
Au midi de la commune, se trouve le grand village deCoati-
lezec, défendu jadis par un château ; tout porte du moins à le
croire. Ainsi les noms suivants trouvés sur le cadastre, sem-
blent en faire foi : Parc-ar-Runen, Parc-an-Tour, Parc-ar-
Chaslel, Parc-en-Douvez, le Ponl-Meur qui reliait les deux f
côtés de la rivière.
Sant'Scio ou San-Séo a pris en français le nom de Sainte-
Sève. Or, en breton, Sainte-Sève se dit'Santez-Sceva. Sant-Séo
était l'ancien patron de la commune, ou le maître du pays.
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LÉGENDE ÉCRITE DANS l'ÉGLISE DE SAINTE- SÈVE.
« Sainte Sève était fille de Sainte Pompée^ reine de la Grande-
« Bretagne. Un ange ayant apparu à Saint Tugduval^ sonfrère^
a lui annonça que le bon Dieu lui commandait de quitter la
a Grande-Bretagne et de se transporter dans la petite Bretagne.
^-^Uan 546, Sainte-Sève se consacra à Dieu en embrassant Vétat
m religieux. Elle mourut à Langoat^ en 592 et y fut enterrée. »
La IradilioD rapporte qu'une famine horrible désolait le pays ;
la sainte qui n'avait point raangé depuis plusieurs jours, après
avoir cependant beaucoup naaiché, se trouva exténuée de faim
et de fatigues. Au bourg seul de San-Sceo un boulanger faisait
cuire du pain. La sainte lui en demanda; mais il la repoussa
brutalement ; comme elle réitérait sa demande, il menaça de la
faire dévorer par son chien de garde, disant qu'il n'avait pas
de pains au four. La sainte lui répondit que puisqu'il n'y avait
pas de pains pour les autres, il n'y en aurait pas non plus pour
lui. Le fournier lorsqu'il relira ses pains ne trouva plus que sept
pierres énormes dans le four. On trouve encore aujourd'hui, à
l'entrée du cimetière, deux de ces pains pétrifiés.
Du bourg de San-Sceo^ sainte Sève se rendit auprès de sa
mère qui habitait celte partie de la commune, appelée aujour-
d'hui de son nom, Trépompée. Sainte Pompéemourut à Sainte-
Sève ; tandis que la fille, à la mort de sa mère, alla finir ses
jours à Langoat, auprès de Tugduall. Edouard IV chassé d'An-
gleterre par Warvick, le faiseur de rois, s'était rendu en Bre-
tagne cherchant partout des alliés et des soldats. Sa femme
Elisabeth vint à San-Sceo implorer la protection des Saintes
Pompée et Sève qui, comme elle, avaient jadis occupé le trône
de la Grande-Bretagne. Elle fit vœu de leur élever un monu-
ment si Edouard chassait l'usurpateur.
Le plus ancien ou plutôt le seul château de la commune, ce
fut celui de Penarvern, appartenant au marquis de Valoty.
La seule rivière ou plutôt le seul ruisseau qui traverse Sainte-
Sève, du midi au nord, est le Ster-Gwen qui prend sa source
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en Pleyfoert-Ghritt, raatre côté de Goaiilezec, et m jette dans
la rivière de Horlaix auprès du manoir de Fenellé^ non loin de
Locquénolé.
3. COMMUNE DE PLOUIGNEAU.
Sur le fossé du champ appelé Parc'ar-Bouloc'h (section F,
N<* 374), menhir haut de 5 mètres 60 centimètres sur une lar-
geur moyenne de 2 mètres.
Dans la section C du cadastre, sont les ruines du CMteau
Dinan,
Principaux cours d*eau : le Dôuron qui sort des montagnes
d'Are et se jette dans la Hanche.
Tromorgan ayant sa source dans les mêmes montagnes et
se Jetant à Horlaix, dans la rivière de ce nom.
M. le Président adresse des félicitations à MM. les
Instituteurs qui ont fourni les renseignements qui pré-
cèdent, principalement à MM. Le Cam et Ménager, et
recommande instamment à MM. les instituteurs, de
recueillir avec le pliis grand soin les légendes et les
traditions non imprimées, qui ont cours dans les com-
munes qu'ils habitent.
M. Audran fait don au -Musée d'archéologie, d'un
sac contenant une monnaie d'or arabe et plusieurs
centaines de deniers de billon du XI« et du XII* siè-
cle, d'Etienne de Guingamp, de Foulques d'Anjou,
d'Henri II d'Angleterre, de Guy de Thouars, de saint
Martin de Tours,etc., provenant d'une trouvaUle faite,
au mois de février dernier, dans la commune de Ré-
déné, près Quimperlé (Finistère), trouvaille dont il
«era rendu compte plus tard à la Société.
M. Flagelle fait don au Musée, en son nom, d'une
double réale espagnole, et au nom de M. Alain GuéïK^,
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— 208 —
expert à Coatiscoul, en la commune de Quimerc'h :
lo d'une tuile romaine trouvée par lui au village de
Kerancroc, en Logonna-Quimerc'h, dans un champ
nommé Parc-ar-Len-Huella, n^s 710 et 711 de la sec-
tion unique de cette commune. Dans ces numéros, ainsi
que dans le n^ 727, qui les a voisine, M. Guénolé a re-
marqué une grande quantité de tuiles romaines ;
2o d'une hache à douille en bronze, trouvée avec cent
ou cent cinquante autres semblables, rangées avec or-
dre dans la terre, en faisant un fossé neuf dans le
n* 268 de la section C de Quimerc'h, au village de
Kervern.
Dans une note jointe aux objets ci-dessus mentionnés,
M. Guénolé fait savoir qu'une monnaie romaine a été
trouvée à Coatiscoul, en Quimerc'h, il y a dix ans, en
cultivant le n* 1 73 de la section A. Cette monnaie se
trouve aujourd'hui entre les mains de M. Le Menn,
juge de paix à Trégûier, à qui M. Guénolé l'avait
donnée.
H ajoute que, d'après les renseignements de M. Fla-
gelle, il a trouvé près le village de Pen-ar-Roch, en
Quimerc'h, sur le versant nord de la montagne, tout
près de la crête, dans une lande appartenant à M«^® Cau-
rant, du Faou, trois petits tumulus placés tout près
l'un de l'autre, et disposés en triangle. Leur diamètre
est de 2 m. 30 c. et leur hauteur de 70 ^centimètres.
Des remerciements sont adressés, par M. le Prési-
dent, à MM. Audran, Guénolé et Flagelle.
La séance est levée à quatre heures et demie.
Le Secrétaire^
R.-F. LE MEN.
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— 206 —
TABLE DES HÂTIËRËS DU TOME III.
r
Séance do 14 avril 1875. — Mort de MM. Le Hir, Le Caêr et
de Gueroisac. — Reclificalion d*UQ passage du mémoire sur
sainte Guen et saint Cadvan, lu à la séance de janvier. — Circu-
laire relative lux recherches archéologiques à faire dans le dé-
partement. — Demande de révision du classement des monu-
ment historiques du Finistère. — Le pablemeivt des Ifs, par
M. Le Men. — Ordre du jour de la séance du 19 juin. —
Doc€H£!iTS msTOBiQUEs. *— X. Enquête relative à la prise d'un
seigneur breton, qui tenait le parti des Français contre la du-
chesse Anne de Bretagne, pendant la guerre de 1488-1489. —
XT et XII, Nouvelles des Etats : A. Lettre au chapitre de
Quimper, 1767 ; 6. Lettre au comte du Brieux, au château de
Kerdaniei, près Uuimper, 1767 1
Séauce du 19 juin 1875. —Circulaire de M. le Recteur d'acadé-
mie aux instituteurs du département, pour leur recommander le
Questiorhaibe d'abchéologie. — La manufacture de faïences
DE Quimper, 1690-1794, par M. Le Men. — Sur la demande de
M. Le Men, la Société décide qu'une exposilion de céramique
aura lieu à Quimper, dans une des salles du Musée archéolo-
gique, pendant la durée du Concours régional de 1876. —
Fouilles d'une allée couverte a Menez-Guen, en Melgten,
par M. de Montilault.— Ordre du jour de la séance du 28 août.
— Annexes du mémoire sur la manufacture de faïences de
Quimper : l^ Requête ayant pour but d'y ajouter la fabrica-
tion de la porcelaine ; II® Extrait des minutes des archives
du parlement de Bretagne, relatif à la vente des produits de
cette manufacture ; \\l^ Arrêt du même parlement relatif aux
ouvriers des manufactures de faïences; IV» Résiliation d'un
traité pour rétablissement d'une manufacture de faïences i
Quimper. . . « 33
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r.t.
i
I
à
— 207 —
Séancb du 28 août 1875. — Nomination d'une commission
pour l'examen des comptes du trésorier de la Société. — Notice
sur M. le docteur Le Hir (de Morlaix), par M. Puyo. — Une be-
VENDICATION MAL FONDÉE AU SUJET DE LA DÉCOUVERTE DE VORGA-
kium; réponse à M. le commandant Mowat, par M. Le Men. —
Vote d'un ordre du jour è la suite de cette lecture. — Note sur
les pierres deTrégunc, Lanriec et Pont-Aven, par M.Bourassin.
— Aqueduc du manoir de Mesnaot, en la commune de Plou-
guin et légende y relative, par M. Mingam, instituteur. — Mo-
numents et traditions de la commune de Commana, , par
M. Lazennec, instituteur. — Autorisation de faire des fouilles
dans le cimetière gallo-romain de Carliaix, donnée à la Société
par M. de Kerdrel, — Fouilles d'un tumulus près du bourg de
Pleyben, par M. Le Men. —Les Dominicains de Quimpeblé, par
M. Audran. — Annexes à ce travail : 1» Copie d'une lettre au
P. de Sainte-Marie, historiographe ; l\^ Lettres patentes rela-
tives à la construction du pont du Bourgneuf, k Quimperlé ; —
III« Procession de Saint Grégoire ; renouvellement d'un vœu
fait par la ville de Quimperlé à l'occasion d'une maladie con-
tagieuse ; — IV. Extrait de la déclaration des biens du cou-
vent, fuite par les religieux en 1790.— Admission de MM.Frollo
de Kerlivio, Jamet, Arthur de Gouyon, Laplace, Le Noble,
Borelli, de Rodellec et Asher, comme membres de la Société.
Ordre du jour de la séance du 21 novembre .... 105.
Séance du 27 novembre 1876. — Admission de MM. Sigis-
mond Rop^rtz, Le Moaligou, Du Perray, Du Grandlaunay, Le
Goarant de Tromelin, Eugène Le Moyne, Hippolyte Penanros,
de Concarneau, comme membres de la société. — Rapport
de la commission chargée de la vérification des comptes de la
société. — Notice sur la chapelle ensablée de Saint-Gué-
VROcen la commune de Tréflez, par M. Madeléneau, instituteur
de cette commune (avec un plan). — Prééminences et droits
HONORIFIQUES dans raacienneéglise de Plomeur, par M. de Monti-
fault. — - Antiquités de la commune de Saiat-Urbaio, par M. le
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~ 208 —
Teurs^ instituteur. — - Tumulus près du bourg de Saiot-Rivoal
signalé par ^. Lazennec^ iiistituleur à Braspart. — Offre faite
par le môme^de lever les plans des camps romains de Brasparls,
Gbateaunoir et Stumenveo.— Excursions archéologiques dans
les communes de Fouesnant et La Forêt, par M. de MontifauU.
— Dépôt d'une brochure par M. Le Goarant de Tromelin. 161
SÉANCE DU 18 MABS 1876. — Observation sur le procès-
verbal, par M. le Men. — Notice sur M. le comte de Carné,
par M. Audran.— Admission de MM, Trévédy,Henri de Tonqué-
dec et Antoine Créac'hcadic, comme membres de la société. —
Rapport de la commission de l'Exposition de Céramique.-— Pro-
gramme de celte Exposition. — Fouilles d'un poSte gallo-
romain sur le Mont Prugy,à Quimper par M. Le Men (2 plans).-*
Monuments et traditions des communes de Plouzévéde, Sainte-
Sève et Plouigneau, par MM. Le Cam, Messager et Normant,
instituteurs. ^ Dons faits au Musée par M. Audran, de mon-
naies bretonnes trouvées à Rédénée, par H. Flagelle d'une
monnaie espagnole et par M. Guénolé d'une hache en bronze
et d'une tuile romaine » : 179
FIN BB LA TABLE DES MATIÈRES.
Errata. — A la page 1, au lieu de séance du 13 mars 1875,
lisez^ séance du 14 avril 187&.
Pagte 161, au lieu de M. Hippolyte Penanros, de Douamenez^
Uêez^ M. Hippolyte Penanros, de Concarneau.
C'est par suite d'une erreur typographique, que M. du
Perray, figure au nombre des personnes présentées pour faire
parliede la société dans la séance du 18 mars 1876. M. du
Perray a été admis dans la séance du 27 novembre 1875*
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