Skip to main content

Full text of "Bulletin"

See other formats


This  is  a  digital  copy  of  a  book  that  was  preserved  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 
to  make  the  world's  books  discoverable  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 
to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 
are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that 's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  marginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book' s  long  journey  from  the 
publisher  to  a  library  and  finally  to  y  ou. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prevent  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  technical  restrictions  on  automated  querying. 

We  also  ask  that  y  ou: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  from  automated  querying  Do  not  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  large  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attribution  The  Google  "watermark"  you  see  on  each  file  is  essential  for  informing  people  about  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  responsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countries.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can't  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
any  where  in  the  world.  Copyright  infringement  liability  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.  Google  Book  Search  helps  readers 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  text  of  this  book  on  the  web 


at|http  :  //books  .  google  .  corn/ 


o/rancis  Cabot  J^elL^^. 

Tir7t|i,u.,!i,i.iL,iii  !ii|MiiiiJ,jiiiNJiiii ,  I!  n,  il iiiil^ZLT: 

gï'-ji.  I  i-p- m,  ■^,-, — I — i.  ,.,:..i'i  i— ,  I  r  il    Ml' 


l4-'-|i.+- 


.,■1  :.ii  iiiM  I  I  A  |iiriji|iiiii,ni.li  \\mA^\  fd 


Digitized  by  LjOOQ IC 


Digitized  by 


Google 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 

BU    FINISTÈRE. 


Digitized  by  VjOOQIC 


^ 


Digitized  byCjOOQlC 


BULLETIN 


DE    LA 


W  9 


SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE 

DU  FINISTÈRE 


TOME     I". 


im-im 


OniMPBR 

Imprimerie  d' Alphonse  CAEN  dit  LION. 
1874 


Digitized  byCjOOQlC 


^  HARVARD  COLLEGE  LIBRARY 

P.  C.  LOWELL  FUND 


Digitized  byCjOOQlC 


BULLETIN 


DR   LÀ 


SOCIÉTÉ  ÂRCHÉ0L06IQDE 

DU    FINISTÈRE 


SÉANCE  DU  15  AVRIL  1873. 

Présidence   de    M.    A.    de   Blois. 

Ce  jour,  15  avril  1875,  deux  heures  après  midi,  sur 
l'invitation  qui  leur  avait  été  adressée  par  les  anciens 
membres  du  bureau  de  la  Société  d'Archéologie  du 
Finistère,  de  se  réunir  pour  la  reprise  des  travaux  de  cette 
Société  ,  suspendus  depuis  longtemps ,  étaient  présents 
dans  Tune  des  salles  de  THôiel  de  Ville  de  Quimper. 

MM.  L'abbé  du  Marc'hallac'h,  vicaire  général  ; 
Roussin,  membre  du  Conseil  général  ; 
Louis  de  Jacquelot,  ancien  secrétaire  général  ; 
Joseph  de  Jacquelot,  propriétaire  ; 
Fougeray,  membre  du  Conseil  municipal  de  Quimper  ; 
Le  Guay,  ancien  secrétaire  général  de  la  Préfecture  ; 
Halléguen,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes  ; 
Audran,  maire  de  Quimperlé  ; 
Bourassin,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes  ; 
Bigot,  fils,  architecte  ; 
Faiy,  chef  de  bataillon  en  retraite  ; 
Richard,  juge  de  paix  de  Landerncau  ; 
Flagelle,  expert-arpenteur  ; 
Le  Bris-Durest,  avocat  ; 
De  Rémond  du  Chélas,  receveur  des  Domaines  ; 
L'abbé  Guillard  ;  , 

Cormier,  Valéry,  avocat  ; 

Digitized  by  VjOOQIC 


-.  2  - 

MM.  Duval,  vérificateur  de  rEnregistrement  ; 

Briot  de  la  Mallerie^  président  de  la  Société  d'agri- 
culture de  Quiniper; 

De  Baismes,  membre  du  Conseil  général  ; 

Joseph  de  Galan,  maire  de  Trégunc  ; 

Peyron,  négociant  à  Quimpcrié  ; 

De  Goy,  Stephen,  avocat  ; 

De  Montifault,  ancien  sous-préfet  ; 

Ayraulty  substitut  du  Procureur  de  la  Bépublique  ,  à 
Quimper  ; 

Le  Nir»  ancien  directeur  des  Domaines  ; 

A.  de  Blois,  ancien  président  de  la  Société  d'Archéo- 
logie du  Finistère. 

M.  de  BloiSy  en  prenant  place  au  bureau,  exprime  le 
regret  de  s'y  trouver  isolé  de  ses  deux  collègues.  M.  Le 
Men  ,  ancien  secrétaire  de  la  même  Société ,  est  retenu 
chez  lui  par  son  état  de  santé  ;  M.  Bigote  ancien^  trésorier, 
a  été  foïcé  de  s'absenter  pour  un  service  public. 

Il  remercie  l'assemblée,  au  nom  de  l'aticien  bureau,  de 
l'accueil  qu'elle  a  fait  à  son  appel  pour  la  reprise  des 
travaux  de  la  Société ,  et  lui  fait  connaître  que  d'autres 
membres  anciens  ou  nouveaux,  qui  n'ont  pu  se  rendre  à 
cette  convocation,  ont  fait  savoir  que  l'on  pouvait  compter 
sur  leur  concours.  Il  vient  de  recevoir  plusieurs  lettres  qui 
assurent  celui  dé  Sa  Grandeur  Monseigneur  TEvêque  de 
Quimper  ei  de  Léon,  et  de  MM.  de  Pompery,  membre  de 
l'Assemblée  nationale  ;  le  vicomte  de  Saint-Georges;  Gué- 
guénou,  recteur  de  la  paroisse  de  Saint-Martin,  de  Morlaix; 
le  docteur  Le  Caër,  de  Quimper  ;  Hippolyie  de  Pascal  ; 
le  comte  Ange  de  Guernisac,  membre  du  Conseil  général  ; 
Salmon -Laubourgère ,  président  du  Tribunal  civil  de 
Quimperlé;  Postic,  recteur  de  Plonévez -Porzay  ;  Hip- 
polytc  du  Cleuziou,  ancien  président  de  la  Société  d'Ar- 
chéologie des  Côtes-du-nord,  devenu  habitant  du  Finis- 
tère ;  le  vicomte  de  Saisy,  ancien  chef  de  bataillon  des 
zouaves  pontificaux,  et  Jamet,  propriétaire  à  Châteaulin. 

Il  est  donné  communication   de  ces  lettres.    Celle  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  3  -- 

LÏÏonseigneur  l'Evcquc   atlressée  à  Tancien    prfsidem   est 
conçue  en  ces  termes  : 

«  Monsieur  et  cher  ami, 

«  Je  suis  heureux  de  la  résurrection  de^la  Société  d'Archéo- 
«  logie  dont  j'aimais  naguères  à  suivre  les  éludes  toujours 
«  utiles  à  la  religion.  Je  vous  prie  de  vouloir  bien  me  compter 
«  au  nombre  de  ses  membres.  Si  mes  occupations  ne  me 
•  permettent  pasd*y  être  un  membre  actif,  vous  me  trouverez 
«  toujours  disposé  à  seconder  vos  éludes  de  tous  mes  efforts, 
m  comme  de  tous  mes  vœux. 

«  Agréez,  Monsieur  et  cher  ami ,  Tassurance  de  mes  senti- 
«  ments  les  plus  affectueux  et  les  plus  dévoués. 

u  D.  ANSELME,  o.  s.  b., 
«  Evêqui  de  Quimper  et  de  Léon.  » 

Parmi  les  autres  membres,  dont  Tadhésion  est  connue^ 
M.  de  Blois  cite  MM.  Tabbé  Kerlan,  recteur  de  la  paroisse 
dePIouzané;  Tabbé  de  Kernaëret,  cainerier  secret  de  sa 
Sainteté  ;  Friele,  propriétaire  à  Quimper  ;  du  Chatellier, 
correspondant  de  rinslifut  de  France  ;  le  baron  Richard, 
préfet  honoraire  du  département  du  Finistère  ;  Fautrel, 
pharmacien  à  Quimper  ;  Tabbé  .  Jégou  ,  vicaire  général  ; 
î'abbé  Postic,  recteur  de  Plonévez-Porzay  ;  Roumain  do 
la  Touche,  ancien  procureur  impérial  à  Quimper  ;  Cozic, 
chef  de  division  à  la  préfecture  ;  le  comte  Prosper  de 
Quélen  ;  Bahezre  de  Lanlay,  garde  général  des  forêts  à 
Landerneau  ;  Binel,  professeur  de  médecine  vétérinaire 
aux  écoles  d'agriculture  du  Lézardeau  et  de  Kerwasec  ; 
Dubois-Sainl-Sévrin  ;  Rossi  ;  Louis  de  Kerjcgu,  maire  de 
Saint'Goazec  ;  de  Solminihac  ;  Guermeur,  avoué  à  Ghà- 
leaulin  ;  Amédée  de  Lécluse  (d'Audierne)  ;  Karl  de  Kerrct  ; 
René  de  Kerret  ;  Stanislas  Moreau  ci  Malherbe  de  la 
Boissiëre. 

Les  convocations  n'ont  pu  être  transmises  que  trois  ou 
quatre  jours  avant  la  date  fixée  pour  celte  séance.  Quoique 
toutes  les  réponses  ne  soient  pas  encore  parvenues,  la  So- 
ciété compte  déjà  plus  de  soixante  membres,  au  nombre 


Digitized  by  VjOOQIC 


desquels  elle  a  lieu  d'espérer  de  pouvoir  nommer  M.  Pol  de 
Courcy  ei  M.  Théodore  de  la  Villemarquc, 

Jv^  ne  proposerai  pas,  ajoute  M.  de  Blois,  à  T Assemblée 
de  s'occuper  aujourd'hui  du  réglcmenl  de  la  Société.  Ces 
dispositions  simples  peuvent  être  laissées  à  l'initiative  du 
bureau  qu*olle  devra  élire  avant  do  se  séparer,  et  seraient 
soumises  à  votre  contrôle  dans  votre  prochaine  réunion. 
Mais  il  est  un  point  de  détail  sur  lequel  le  programme  de 
celle  scaiice  vous  invite  à  vous  expliquer.  Veuillez  bien  dé- 
terminer les  époques  de  vos  réunions.  ' 

M.  Bourassin  eiprimele  vœu  que  cette  fixation  soit  Iri- 
mesirielle.  Cet  intervalle  de  trois  mois  lui  paraît  nécessainc 
pour  soutenir  l'intérêt  des  séances  par  le  nombre  et  l'tm- 
portance  descommunicaiions,  et  donner  aux  membres  qui  - 
résident  loin  du  chef-lieu,  la  facilité  de  participer  à  tous  les 
travaux  de  la  Société. 

Cette  opinion  est  combattue  par  MM.  Audran,  Hallégucn 
eiDuresi ,  qui  regardent  les  réunions  de  la  Société  comme 
le  stimulant  le  plus  sérieux  de  son  activité,  et  pensent  que 
les  Relations  qu'elles  doivent  établir  entre  ses  membres 
seraient  trop  restreintes,  si  elles  étaient  réduites  à  quatre 
séances  pendant  le  cours  de  l'année.  A  l'appui  de  ce  sen- 
timent, M.  Audran  fait  connaître  que  la  Société  du  Morbi- 
han, dont  il  fait  partie,  réunit  ses  membres  tous  les  mois, 
sans  que  l'intérêt  de  ses  séances  souffre  de  la  pénurie  des 
travaux,  ni  que  les  membres  qui  habitent  loin  de  Vannes 
trouvent  aucun  inconvénient  à  cet  usage.  Il  faut,  dit-il, 
remarquer  à  cet  égard,  que  d'après  le  projet  annoncé  par 
les  lettres  de  convocation,  projet  qui  avait  été  unanimement 
accueilli  dans  une  réunion  préparatoire,  chaque  séance 
devra  être  précédée^  une  semaine  à  l'avance,  du  procès- 
verbal  imprimé  de  la  séance  précédente,  contenant  à  la 
suite  le  programme  de  la  séance  prochaine.  Chacun  serait 
tenu  au  courant  des  communications,  elles  seraient  encou- 
ragées, et  les  membres  qui  habitent  loin  du  chef-lieu  pour- 
raient, suivant  l'ordre  du  jour  des  séances^  choisir  celles 
auxquelles  ils  préféreraient  assister. 

M.  de  Blois  rappelle  que  tel  est  en  effet  le  plan  que  se 
sont  proposés  les  membres  de  l'ancien  bureau,  dans  l'appel 
auquel  cette  Assemblée  a  bien  voulu  répondre  en  se  ren- 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  5  - 

dant  à  la  présente  réunion.  Indépendamment  du  procès- 
irerbal  de  la  dernière  séance  et  du  programme  de  la  sui- 
vante, les  associés  recevraient  dans  le  courant  de  Tannée^ 
un  bulletin  des  communications  aussi  complet  que  le  com- 
porteront les  ressources  disponibles.  Cette  publication  for- 
merait dans  un  temps  donné  un  volume  d'Annales  de  la 
Société.  Il  pense  que  l'on  doit  prendre  pour  exemple  la 
pratique  des  autres  Sociétés  d*Archéologie  de  la  Bretagne, 
qui  se  réunissent  tous  les  mois,  mais  que  Ton  peut  donner 
satisfaction  au  vœu  exprimé  par  M.  Bourassin,  en  conve- 
nant que  chaque  trimestre  aurait  une  séance  marquée  par 
des  communications  plus  importantes. 

M.  Audran  accepte  Tidée  de  cette  distinction  en  faisant 
observer  qu'elle  doit  être  dans  la  pratique  abandonnée  à  la 
discrétion  du  bureau  qui  fixe  le  progamme  des  séances. 

La  question  étant  mise  aux  voix,  TAssemblée  décide  que 
les  séances  de  la  Société  se  tiendront  dans  les  conditions 
proposées  par  l'ancien  bureau,  le  troisième  samedi  de  cha- 
que moisy  à  compter  du  mois  prochain. 

M.  de  Blois  invite  ensuite  l'Assemblée  à  constituer  le 
bureau  de  la  Société,  par  l'élection  d'un  président,  de  deux 
vice-présidents,  de  deux  secrétaires  et  d'un  trésorier. 

M.  Peyron  pense  que  les  vice-présidents  pourraient 
être  pris  dans  les  divers  arrondissements,  et  que  ces  choix 
seraient  un  nolivcau  lien  entre  les  membres  résidents  et 
ceux  qui  sont  éloignés  du  chef-lieu.  On  fait  observer,  dans 
un  autre  sens,  qu'il  serait  agréable  à  l'Assemblée  de  donner 
ce  témoignage  de  sympathie  aux  confrères  qui  viennent 
d'un  auire^  arrondissement  coopérer  a  ses  .travaux  ;  mais 
qu'avant  tout  il  faut  songer  que  l'administratiou  d'une  So- 
ciété marchant  activement^  exige  entre  les  membres  de  son 
bureau  des  rapports  trop  fréquents  pour  qu'on  puisse 
sans  inconvénient  les  choisir  hors  d'un  rayon  rapproche 
du  centre. 

L'élection  donne  les  résuhnts  suivants  ;  sont  nommés  : 

Président,  M.  de  Blois  ;  Via-présidents,  MM.  du  Marc 'bal- 
lac'h  et  Roussin  ;  Secrétaires  ,  MM.  Le  Men  et  de 
Moniifault  ;  Trésorier,  M.  le  commandant  Faty. 

La  séance  est  levée  à  trois  heures  et  demi. 

En  ï absence  du  secrétaire^ 

A.  BB  BLOIS,  président. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  6  — 


MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


DU    FmTSTiî«E 
a  la  date  du  20  AVrîl  1873. 


MM.  L'abbé  âbgiull,  professeur  au  collège  de  Poni  Croix. 

AvDRAN,  maire  de  Quimperlé. 

AïRArLT,  subslilul  du  pcocurcur  de  la  République  a 
Quimper. 

Bahezrb  de  Larlw,  garde  général  des  forêts  à  Lan- 
derncau. 

L'abbé  Batec,  professeur  au  collège  de  Pont-Croix. 

Le  docteur  Bebihard,  à  Carhaix.^ 

Bigot,  architecte  du  département. 

Bigot,  architecte  de  Tarrondissemcnt  de  Brest. 

BiNBT,  vétérinaire  à  Quimperlé. 

De  Blois,  Aymar. 

BorBASsm,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes. 

Briot  de  la  Mallerie,  président  de  la  Société  d'Agri- 
culture de  Quimper. 

Caen  dit  Lion,  imprimeur  à  Quimper. 

Le  docteur  Le  Caer,  à  Quimper. 

Cawvel,  professeur  à  Quimper. 

De  Carné^  membre  de  l'Académie  française. 

De  Carwé  (Edmond). 

De  Chamaillard^  fils,  avocat  à  Quimper. 

Du  Chatellier,  correspondant  de  l'Institut. 

Cheguillaume,  ingén^  en  chef  des  ponts  et  chaussées. 

Du  Clbuziou,  ancien  président  de  la  Société  archéo- 
logique des  Côtes-du-  Word. 

Le  docteur  Coffec,  à  Quimper. 

Colomb,  ancien  conseiller  de  préfecture. 

Cormier,  avocat  à  Quimper. 

Du  CouÉDic,  membre  du  Conseil  général. 

De  Courcy  (Pol). 

Cozic,  chef  de  division  à  la  Préfecture. 

Daoulas,  fils,  ébéniste  à  Quimper. 

DoNiNARD,  employé  des  lignes  télégraphiq"  àQuimper. 


Digitized  by  VjOOQIC 


MM.  Dvbois-Saint-Sbvrin,  commis  de  direction  des  postes. 
DuBEST  Lb  Bris,  avocat  à  Quimper. 
Dry  AL,  vérificateur  des  domaines  à  Quimper. 
Fatt,  chef  de  bataillon  en  retraite,  à  Quimper. 
Fautbel,  pharmacien  à  Quimper. . 
Flagelle,  expert-arpenteur  à  Landerneau. 
De  Fobsaisz  ,  député  a  1* Assemblée  nationale* 
FouGBRAT,  membre  du  conseil  municipal,  à  Quimper. 
Friele,  propriétaire  à  Quimper. 
H.  Gaidoz,  directeur  de  la  Revue  Celtique,  à  Paris. 
Gaubert,  membre  du  Conseil  générah 
GoRVAN,  avoué  à  Quimper. 
De  Got,  Stephen^  avocat  à  Quimper. 
Le  Guat,  ancien  secrétaire  général  de  la  préfecture. 
L*abbé  GuÉGUÉROu^  recteur  de  Saint-Martin  de  Morlaix. 
GuERHEUR,  avoué  à  Ghàteaulin. 
Db  Guernisac,  membre  du  Conseil  général. 
L'abbé  Guillard. 

Le  Gvillod-Pennanros,  membre  du  Conseil  général. 
Leiiocteur  Halléguen,  à  Chàteaulin. 
Héhoiv,  Louis,  avocat  à  Quimper. 
Hémon,  Prosper, 

Th.  Hersart  bb  la  Villemarqué,  membre  de  l'Institut. 
Db  Jacquelot,  Louis,  ancien  secrétaire  général. 
De  Jacquelot,  Joseph. 
Jahet,  propriétaire  à  Chàteaulin. 
L'abbé  Jégou,  vicaire  général. 
R.  DE  Kbrret. 
G.  BB  Kerret. 

De  Kerjégu^  Louis,  maire  de  Saint-Goazec, 
De  Kersauzon,  membre  du  Conseil  Général. 
L'abbé  Kbrlan,  recteur  de  Plouzané. 
L'«bbé  BE  Kbrnaéret. 
Lacostb.  membre  du  Conseil  général. 
Db  la  Lanbe  bb  Calan,  maire  de  Trégunc. 
Laportb,  avocat  à  Quimper. 

Du  Laurent  bb  la  Barre,  ancien  officier  de  marine. 
Db  Lécluse,  Amédée. 

Loarbr,  agent-voyer  en  chef  des  chemins  vicinaux. 
Malherbe  be  la  Boissière. 
L'abbé  bu  Marg'hallac'h^  vicaire  général. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  8  — 

MM  B.-F.  Lb  Men,  archiviste  du  département. 
Db  Montifàult,  ancien  saus-préfet. 
MoRBAv,  Stanislas. 

Lb  Nir,  ancien  directeur  des  domaines. 
MR'  Nouvel,  évêquo  de  Quimper  et  de  Léon. 
Db  Pascal,  propriétaire. 
pBTRON,    propriétaire  à  Quimperlé. 
L'abbé  Pbyron,  pro-secrétaire  de  l'évéché. 
PiHORET,  préfet  du  Finisière. 
Th  DE  PoMPERY,  député  à  r Assemblée  nationale. 
L'abbé  Postic,  recteur  de  Plonévez-Porzay. 
De  QuÉLÈif,  Prosper. 
De  Ràismbs,  membre  du  Conseil  Général. 
Db  Rémond   do  Ghblas,    receveur    des  domaines. 
Richard,  préfet  honoraire  du  Finistère. 
Richard,  juge  de  paix  à  Landerneau. 
Rossi»  propriétaire  à  Quimper. 
Roussm,  membre  du  Conseil  Général. 
RouMAiiH  DE  LA  ToucHE,  ancien  procureur  impérial. 
De  Saïsy,  Paul. 

Salmon-Laubourgère  ,  présid'  du  trib'  de  Quimperlé^ 
Sauvé,  receveur  des  douanes  à  L'Aber-Vrac'h. 
De  Saint-Georges. 
Db  Solminihac. 

De  Treveneuc,  député  à  T Assemblée  nationale. 
JuNKER,  ingénieur  ordinaire  des  Ponts  et  Chaussées. 


ORDRB  DU  JOUR 

Pour  la  Séance  du  Samedi  17  mai^  à  2  heures,  salle  de  V Hôtel  de  Ville. 


!•  Discussion  des  articles  du  Règlement  de  la  Société. 

2*  Notice  sur  M.  de  Gaumont,  —  par  M.  du  Chatellier* 

3*  Restauration  des  tombeaux  des  évoques  de  Quimper,  dans  la 

calhédrale,  —  par  M.  R.-F.  Le  Men. 
4»  Dons  offerts  au  Musée  départemental. 

Le  Président  de  la  Société,  A.  DE  BLOIS. 

Nota.  —  MM.  les  Sociétaires  qui  voudraient  payer  leur  cotisation 
soDt  priés  d'en  adresser  le  montant  (10  fr.),  à  M.  FATY,  chef  de  batail- 
lon en  retraite,  rue  des  Reguaires,  n»  22,  à  Quimper. 

294S  —  Quimper,  Cyp.  Gaên. 

Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE  DU  17  MAI  1873. 
Présidence   de    M.    A.    de   Blois. 

Etaient  présents  :  MM.  Audran,  — Bigoi,  père,  —  de 
Blois,  —  Bourassin,  —  Ganvel,  —  du  ChaleUi^r,  —  Cor- 
mier, —  Duresl  Le  Bris,  —  Duval,  —  Faty,  —  Foogeray, 
— deGoy  ,  Stépben,  —  de  Jacquelot,  Joseph^  —  de  Jac- 
quelot^  Louis,  —  de  Lalande  d<3  Calan ,  —  Malherbe  de  la 
Boissîère,  -r-  R.-F.  Le  Men,  —  de  MontifauU,  —  Moreau, 
Stanislas,  —  Le  Nîr,  —  Richard,  juge  de  paix,  —  Soudry. 

M.  de  Blois  donne  lecture  de  plusieurs  lettres  d'adhésion 
qui  ont  été  adressées,  et  en  particulier  de  celle  de  Monsei- 
gneur TEvéque  d'Autun  et  de  Ghâlons. 

D'autres  adhésions  sont  parvenues  au  bureau. 

Voici  la  liste  complète  des  nouveaux  membres  que  la 
Société  est  heureuse  d'accueillir  dans  son  sein  : 

MM.  Affichard,  fils,  propriétaire  à  Quimper  ; 

Alavoine,  Joseph,  adjoint  au  maire  de  Quimper  ; 

Allard,    fils,  entrepreneur  à  Quimper,  membre  du 
Conseil  municipal  ; 
.  Â9tor,  maire  de  Quimper  ; 

De  ffiois,  Xavier  ; 

BoUoré,  Alexandre,  propriétaire  à  Quimper  ; 
'  Clairet,  imprimeur  à  Quimperlé  ; 

Comte  de  Chauveau,  propriétaire  à  Kériolet  ; 

Le  Dali,  sculpteur  à  Landerneaii  ; 

Foullioy,  capitaine  de  vaisseau^  membre  du  Conseil 
général  ; 

François ,  chef  d'escadron ,  commandant  la  gendar- 
merie du  Finistère,  à  Quimper  ; 

Frochen,  fils,  négociant  à  Quimper  ; 

Le  Guillou-Penanros,  juge  à  Brest; 

Le  Guillou^PenanroSy  fils,  propriétaire  à  Concarneau  ; 

Guitot ,  négociant  à  Quimper,  membre  du  Conseil 
mimicipaL  ; 

Guyho,  avocat  à  la  Cour  de  Cassation,  à  Paris  ; 

Hénon,  notaire  à  Quimper  ; 

Le  Hir,  docteur -médecin  à  Morlaix  ; 

L'abbé  Lamarque,  curé  de  la  cathédrale,  à  Quimper  ; 

Mgr  de  Lézéleuc  de  Kerouara,  évéque  d'Autun  cl  de 
Châlons; 

Lorans,  avoué  à  Quimperlé  ; 

2 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  10  — 

MM.  Malen,  professeur  i  Qnimper  ; 
PirioUy  peinire  à  Quimper. 
Puyo,  architecte  à  Moriaix  ; 
'  Richard  ,  Amédée ,  receveur  de  Tenregistrement  à 
Ghiteauhn  ; 
Le  Bouxeau  de  Rosencoaf,  «membre  du  Conseil  gé^ 

néraly  à  EUiant  ; 
Soudry^  avoué  à  Quimper  ; 
TouUemonly  négociant  au  Guilvinec. 
Ces  adhésions,  au  nombre  de  28,  avec  celles  déjà  reçues, 
s'élèvent  à  124. 

Le  président  donne  la  parole  à  M.  du  Chatellier  pour  la 
lecture  de  sa  notice  sur  M.  de  Caumont. 

M.  du  Chatellier  s'exprime  ainsi  : 

Il  y  a  quelques  jours  seulement  que  M.  de  Caumont  termi- 
nait«  à  Caen,  son  utile  et  longue  carrière,  entouré  des  mem- 
bres de  sa  famille  et  de  quelques  amis. 

Après  m'être  assuré  de  l'agrément  de  notre  Président,  je 
vous  demande  la  permission  d<!)  vous  entretenir  un  instant  de  la 
vie  de  cet  homme  de  bien,  dont  la  passion  dominante  fut  Ta- 
mour  des  arts  et  des  antiquités  que  vous  chérissez  comme  lui. 

Vous  parler  de  M.  de  Caumont,  ce  sera  vous  parler  d'une 
vieille  connaissance  et  d'un  ami  vers  lequel  vos  regrets,  comme 
les  miens,  se  sont  portés  avec  la  plus  anxieuse  inquiétude,  à  la 
première  nouvelle  de  sa  mort  si  dommageable  pour  les  études 
auxquelles  il  nous  a  initiés  par  tant  de  travaux  et  par  un  enseigne- 
ment qu'il  sut  rendre  si  persuasif. 

Aucun  de  nous  qui  ne  sache,  en  effet,  ce  qu'il  a  fait  pour 
rendre  à  l'étude  de  nos  nionuments  l'importance  qu'elle  doit 
avoir,  au  double  point  de  vue  de  l'histoire  et  de  l'esthétique. 

Je  me  rappelle  à  ce  sujet,  avec  qu'elle  juste  sagacité  notre 
Maître  était  jugé  par  les  hommes  estimés  les  plus  compétents 
dans  la  matière.  Je  me  trouvais,  à  un  de  nos  congrès  scienti- 
fiques, placé  près  de  M.  de  Montalembert,  quand,  avant  d'ou- 
vrir la  Séance  dans  laquelle  il  devait  nous  parler  de  ses  excur- 
sions en  Espagne,  il  nous  entretenait  familièrement  des  services 
inappréciables  que  M.  de  Caumont  avait  rendus  à  la  science  et 
dont  il  avait,  lui-même  profité  très-amplement. 

«  Il  fau  t  avoir  couru  laîFrance  et  les  pays  étrangers,  comme 
«  je  l'ai  fait,  avec  ses  livres  à  la  main,  nous  disait  il,  pour 
«  savoir  tout  ce  qu'il  a  si  judicieusement  aperçu  de  grand  et 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  n  — 

«  d'élevé  dans  l'art  du  moyen-âge.  Ses  contemporains  l'ont 
«  rarement  contesté,  mais  trop  souvent  ignoré.  La  postérité  lui 
«  devra  des  statues  •.  » 

Ce  suprême  jugement  de  Tillustre  auteur  des  Moines  d'Oc- 
»  cident  m'est  resté  fermement  empreint  dans  l'esprit,  et  je  pense, 
aujourd'hui  plus  que  jamais,  quand  cette  existence  si  belle  et  si 
généreusement  dévouée  vient  de  se  clore,  qu'il  ne  doit  être 
rien  rabattu  de  l'opinion,  qu'en  ont  eue  les  hommes  les  plus 
considérables  de  notre  âge. 

J'en  ai,  pour  garant,  ce  que  Tillustre  Humbold  lui  écrivait, 
en  le  félicitant  d'avoir  réuni,  dans  un  même  faisceau^  tant  Se- 
léments  dispersés  sur  la  surface  très^variée  ae  la  France,  et  je 
pourrais  également  citer  ce  que  me  disait,  un  jour,  M.  Guizot, 
en  prenant  la  présidence  d'un  de  nos  congrès  de  la  rue  Bona« 
parte,  vers  1868  : 

ft  Que  c'était  chose  bien  rare,  par  le  temps  où  nous  vivonsi 
«  de  voir  des  institutions  compter  plus  de  trente  ans  de 
«  durée,  et  que  l'exemple  donné  par  notre  ami  ne  saurait  être 
«  trop  encouragé.  » 

Mais  pourquoi  ne  trouverions-nous  pas,  dans  la  modeste  et 
nouvelle  existence  de  la  société  à  laquelle  nous  appartenons, 
l'entière  justification  des  appréciations  accordées  au  Maître 
dont  relèvent,  depuis  un  demi-siècle,  toutes  les  Sociétés  archéo- 
logiques de  France  ? 

En  nous  remettant  à  l'œuvre,  nous  cédons  aujourd'hui  encore 
^  à  l'impulsion  que  nous  a  donnée  M.  de  Gaumont,  et  j'ai  pensé 
que  nous  ne  saurions  mieux  faire  pour  prendre  une  idée  conve* 
,  nable  des  efforts  qui  pourront  assurer  le  succès  de  notre  en- 
treprise, que  de  jeter  un  rapide  coup  d'œil  sur  une  partie  de  ses 
travaux,  afin  d'apercevoir  les  horizons  qu'il  a  lui-même  ouverts 
devant  nous. 

Né  h  Bayeux,  M.  de  Gaumont  avait  eu  la  bonne  fortune  de 
trouver,  au  collège  de  Falaise,  où  il  fît  ses  premières  études, 
des  professeurs  distingués,  qui  surent  deviner  ses  goûts  et  les 
encourager.  Bientôt  appelé  h  Gaen  pour  y  faire  son  droit,  il  de- 
vinl  promptemeut  l'un  des  élèves  les  plus  distingués  des  cours 

[mblics  des  deux  Facultés  des  Sciences  et  des  Lettres.  Le  droit, 
'histoire  naturelle,  les  études  archéologiques  et  la  musique  se 
partagèrent  ses  moments  et  les  absorbaient  presque  complète- 
ment. 

n  se  plaça  presque  partout  à  la  tête  de  ses  compétiteurs,  si 
bien  qu'on  le  vit  à  la  fois  Secrétaire  de  deux  Sociétés  savantes 


Digitized  by  VjOOQIC 


8! 


-  42  - 

qu'il  fonda  avec  quelques  amis^  sous  les  titres  de  Société  Lin- 
néenne  et  de  Société  des  Antiquaires  de  la  Normandie,  Les  no« 
lices  nombreuses  et  remarquables  de  M.  de  Caumont  compri- 
ses dans  les  mémoires  de  ces  deux  Compagnies  ne  tardèrent  pas 
à  leur  donner  une  autorité  dont  Tinfluence  fut  prompte  à  se 
faire  sentir. 

Les  arts,  et  la  musique  surtout,  continuaient  à  donner  à 
son  esprit,  déjà  fort  cuUiYé,  et  à  son  caractère  ce  charme  aima- 
ble et  persuasif,  qui  lui  a  valu  tant  d'amis  dévoués  et  fait 
naître  sur  ses  pas  tant  de  vocations  scientifiques. 

Travaillant,  dès  cette  époque,  au  cpurs  d'archéologie  qu'il 
allait  bientôt  ouvrir,  on  le  voyait,  en  même  temps,  courir  le 
ays  à  cheval,  prenant  des  notes  pour  les  cartes  géologiques 
u  Calvados  et  de  la  Mauéhe  qu'il  a  publiées,  et  venir  s'asseoir, 
au  retour  de  ses  excursions,  au  grand  orgue  de  St  Etienne  de 
Caen  que  l'organiste  de  cette  belle  Eglise  lui  confiait  de  temps 
en  temps. 

Pendant  les  dix  ou  douze  années  que  M.  de  Caumont  resta 
chargé  du  Secrétariat  des  deux  Sociétés  qull  avait  fondées,  de 
nombreux  volumes  de  mémoires,  des  dessins  et  des  cartes, 
publiés  en  partie  à  ses  frais,  parurent  et  firent  sa  réputation  et 
celle  de  ces  Sociétés. 

C'est  alors,  et  vers  1830,  que  parut  le  premier  volume  dfr 
son  cours  d'antiquités,  en  même  temps  qu'il  faisait  de  l'archéo- 
logie l'objet  d'un  enseignement  oral  que  de  nombreuses  per- 
sonnes suivaient  avec  le  plus  grand  intérêt. 

Qu'ai-je  besoin  de  dire  que  c'est  de  cette  époque,  c'estrà-dire, 
de  l'apparition  de  son  cours  d'antiquités,  que  date  pour  nous 
tous  cette  profonde  révolution  qui  s'est  opérée  dans  l'étude  des 
monuments  de  notre  pays,  en  nous  conduisant  à  les  considérer 
avec  un  sentiment  plus  élevé  et  plus  exact  des  véritables  con- 
ditions de  Fart. 

Mais  la  pensée  de  de  Caumont,  en  prenant  un  vol  aussi  résolu 
vers  une  réhabilitation  de  rai:t  dont  quelques  doctrines  s'étaient 
profondément  altérées  sous  le  poids  de  préoccupations  étran- 
gères devenues  très-exigeantes,  ne  pouvait  tarder  de  le  pousser 
au-delà  des  étroites  limites  de  la  ville  et  de  la  province  où  ses 
premiers  essais  avaient  eu  un  si  remarquable  résultat. 

Ce  fut  en  1833,  qu'il  réalisa  la  pensée  des  Congrès  scienti- 
fiques  de  France,  dont  le  besoin  commençait  d  ailleurs  à  se 
faire  sentir  sur  plusieurs  points  à  la  fois,  ainsi  que  le  prouve 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  13  - 

une  première  réanioQ  des  lettrés  de  la  Bretagne  et  de  TAdjou 
qui  eut  lieu  à  Nantes  la  même  année,  et  dont  nous  eûmes 
1  honneur  d'être  l'un  des  secrétaires. 

Le  premier  Congrès  scientifique  de  France  fut  ténu  à  Caen,  et 
M.  Guizot  en  eut  la  présidence,  de  Caumont  en  ayant  été  Tins- 
pirateur  et  le  secrétaire. 

Aujourd'hui  plus  de  cent  volumes  de  mémoires  et  de  procès- 
verbaux  sont  venus  confirmer  l'utilité  de  cette  belle  institution, 
et,  comme  nous  avions  Thonneur  de  le  dire,  devant  l'Académie 
des  Sciences  morales ,  à  laquelle  nous  rendions  compte, 
en  1865  de  ses  travaux,  on  peut  affirmer  quie  l'histoire  scienti- 
fique et  littéraire  de  nos  provinces  s'y  trouve  complètement 
consignée  pour  les  quarante  et  quelques  années  écou- 
lées. 

Si  vous  y  joignez  une  vingtaine  de  volumes,  des  mémoires 
des  Congrès  archéologiques,  autres  Congrès  plus  spéciaux,  éga- 
lement fondes  par  M.  de  Caumont,  et  aussi  les  volumes  et  les 
mémoires  du  Congrès  des  délégués  des  Sociétés  savantes  réuni 
annuellement  à  Paris,  depuis  1843,  vous  trouverez,  dans  ces 
études,  l'énoncé  et  souvent  la  solution  d'une  foule  de  ques- 
tions que  le  temps  et  les  besoins  de  notre  âge  ont^  posées  suc- 
cessivement. Enfin,  si  nous  reprenions  une  à  une  ces  questions 
et  les  débats  auxquels  elles  ont  donné  lieu,  vous  reconnaîtriez 
facilement  avec  moi  que  si  tant  d'hommes  distingués  et  sou- 
vent illustres  sont  venus  prendre  part  aux^iscussions  ouvertes, 
c'est  que  sous  l'inspiration  du  maître  on  y  trouvait  une  com- 
plète liberté  d'exposition  qu'on  n'aurait  rencontrée  nulle  part 
ailleurs,  soit  que  le  caractère  officiel  de  certaines  assemblées 
s'y  opposât,  soit  qu'une  teinte  d'apparat  gouvernemental  en- 
levât à  la  parole  des  orateurs  cette  ampleur  et  cette  flexibilité 
qui  faisaient  le  charme  de  ces  libres  réunions. 

Aussi  fut-ce  par  mille,  douze  et  quinze  cents  que  se  comptè- 
rent plusieurs  fois  les  souscripteurs  empressés  de  ces  grandes 
assises  de  la  science,  où  nous  avons  vu  venir  s'asseoir  les 
hommes  les  plus  considérables  de  notre  pays  et  de  l'é- 
tranger. 

Et  que  devenait  le  maître  aimé  et  prisé  de  tous,  au  milieu  de 
ce  mouvement  des  idées  du  jour  !  Il  commençait  invariable- 
ment par  refuser  l'honneur  qu'on  voulait  lui  faire  de  toute  pré- 
sidence que  ce  fut,  et,  placé  au  second  ou  au  troisième  rang 
du  bureau,  il  s'y  tenait  silencieux,  restant  seulement  en  éveil 
sur  ce  qui  pouvait  faire  valoir  les  hommes  et  les  idées  qui  se 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  H  — 

produisaient ,  et  ce  n'était  qu*à  la  fin  des  réunions  que, 

tenant  à  clore,  par  lui-même,  la  session  ouverte,  il  recherchait, 
par  l'entremise  de  quelques  intimes,  ceux  qui  voudraient  bien 
accepter  une  invitation  à  un  banquet  où  il  tenait  à  réunir  une 
centaine  des  plus  dévoués  auxquels  il  laissait  le  soin  de  dire, 
dans  des  toasts  de  la  dernière  heure,  ce  qu'il  conviendrait  de 
faire  dans  les  sessions  suivantes. 

* 
Plus  de  soixante  congrès,  tenus  à  Paris  ou  dans  la  province, 
ont  ainsi  été  préparés  et  conduits  par  lui.  et  si  Ton  fait  entrer 
dans  celte  énumération,  les  réunions  aussi  nombreuses  de  l'as- 
sociation des  cinq  départements  de  la  Normandie  qui  a  compté 
jusqu'à  3,000  adhérents,  on  trouve  que,  de  compte  bien  fait, 
soit  sur  l'agriculture,  soit  sur  le  commerce,  sur  la  statistique, 
les  sciences  naturelles,  les  antiquités,  les  arts  et  les  lettres, 
plus  de  500  volumes  de  mémoires  et  de  procès-verbaux  ont 
été  publiés  par  ses  soins  et  fort  souvent  à  l'aide  de  déboursés 
de  son  épargne  personnelle. 

Comme  vous  le  voyez,  le  labeur  a  été  patient  mais  considé- 
rable, et  je  n'hésite  pas  à  dire  que  les  hommes  de  la  province 
surtout  lui  ont  les  plus  grandes  obligations,  témoin  cette  espèce 
de  Manuel  tiré  de  son  cours  d'antiauités,  sous  le  titre  modeste 
d'Abécédaire  archéologique  dont  30,000  exemplaires  ont  été 
vendus,  à  notre  connaissance,  et  lui  valaient  un  beau  denier 
que  nous  l'avons  vu  de  nos  yeux  répartir  aussitôt  en  médailles, 
en  prix,  ou  en;sommes  consacrées  à  des  fouilles  archéologiques, 
ne  se  réservant,  dans  sa  simplicité  plus  que  modeste,  que  c^ 
qui  lui  était  nécessaire  pour  passer  à  un  magasin  de  confection 
où  il  avait  l'habitude  de  renouveler  son  vestiaire. 

Vous  avez,  comme  moi,  sans  doute,  souvent  entendu  parler 
de  la  fécondité  joyeuse  et  intarissable  d'un  aimable  romancier, 
longtemps  l'élu  des  viveurs  de  notre  âge,  qui  aurait  aussi  laissé 
quelque  chose  comme  500  volumes  de  nouvelles  et  de  romans 
lus  avec  une  activité  fiévreuse. 

M.  de  Gaumont,  resté  l'homme  le  plus  modeste  de  la  France, 
malgré  sa  belle  fortune  et  une  alliance  dans  la  maison  des 
Bellefonds  qui  eut  un  Maréchal  de  France,  sous  Louis  XIV,  n'a 
jamais  vécu  que  de  cette  vie  retirée  de  laquelle  il  ne  sortait 
que  pour  aller  d'une  ville  à  l'autre,  rechercher  ceux  qui,  comme 
lui,  vivaient  des  émotions  que  l'on  trouve  dans  cette  gymnas- 
tique de  Tesprit,  pure  et  vivante  satisfaction  des  hommes  qui 
parviennent  à  se  détacher  suffisamment  des  choses  de  ce  monde 
pour  en  aimer  de  plus  élevées  et  de  plus  nobles. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  15  ~ 

Mous  ne  pourroasi  sans  doute,  le  suivre  que  de  loin  dans 
celle  voie  ;  mais  ce  m'est  une  occasion  de  vous  rappeler,  que 
quand  nous  essayâmes,  en  1843,  d'établir,  à  l'exemple  de  la 
Normandie,  une  Association  agricole  et  littéraire  des  cinq  dé- 
partements de  la  Bretagne ,  M.  de  Gaumont  s'empressa  de  se 
rendre  à  notre  appel,  et  vint  à  Vannes,  lieu  de  notre  réunion, 
nous  prêter  Tutile  concours  de  son  nom  déjà  célèbre.  Il  nous 
guida,  avec  une  affabilité  sans  égale,  dans  tout  ce  qui  tenait 
à  une  première  organisation,  et,  voulant  nous  laisser  un  témoi- 
gnage dp.  Talliance  plus  intime  et  plus  resserrée  de  tous  les  dé- 
partements entre  eux  pour  l'œuvre  indispensable  de  leur  éman- 
cipation nttéraire,  il  nous  remit  un  drapeau  portant  les  noms 
des  cinq  départements  de  la  Normandie  qui  figura,  dans  toutes 
nos  séances,  à  côté  de  celui  sur  lequel  nous  avions  inscrit  celte 
vieille  devise  des  Bretons  :  Potius  mori  quam  fœdari.  Ne  pen- 
serez-vous  pas  que  ce  gage  de  son  amitié  et  de  ses  espérances 
pour  les  études  auxquelles  la  Bretagne  allait  se  livrer,  ne  sau- 
rait être  mieux  placé  que  dans  le  musée  archéologique  qui  se 
forme  près  de  nous/ 

J'ai  l'honneur  de  vous  le  remettre  dans  cette  pensée,  et  j'es- 
père que  personne  ne  perdra  de  vue  que  notre  illustre  Maître, 
par  la  persistante  lenacité  de  ses  études  et  de  ses  recherches, 
a  élevé  la  science  des  antiquités  au  niveau  d'une  des  branches 
les  plus  importantes  de  Thistoire.  La  gloire  incontestable  de 
M.  de  Gaumont  sera  surtout  d'avoir  ouvert,  devant  les  hommes 
de  la  province,  des  horizons  nouveaux  vers  lesquels  il  nous  a 
laissé  des  jalons  nombreux  et  très-sûrs.  Quelquefois,  attristé 
des  obstacles  qu'on  lui  opposait,  il  paraissait  disposé  à  fléchir  ; 
mais,  se  relevant  aussitôt,  il  retrouvait,  dans  les  circonstances 
mêmes  qui  l'environnaient,  tous  les  éléments  d'une  lutte  plus 
ardente,  dans  laquelle  ses  forces  et  sa  résolution  semblaient 
se  rajeunir. 

Ainsi,  nous  le  vîmes  un  instant  hésiter,  quand  le  Ministre  de 
rinstructioD  publique,  en  1860,  profitant  de  l'exemple  que 
nous  lui  donnions  depuis  plus  de  vingt  ans,  eut,  du  même  coup, 
l'idée  d'avoir  aussi  son  congrès  des  délégués  des  Sociétés  sa- 
vantes, et  son  bulletin  des  publications  faites  en  province, 
("choses  passées  à  l'état  chronique  chez  nous).  M.  de  Gaumont 
s'effraya  de  la  concurrence  qu'allaient  créer  à  nos  réunions  les 
médailles,  les  récompenses  honorifiques  et  les  frais  de  déplace- 
ment que  le  Ministre  ne  manquerait  pas  d'accorder  à  ses  Uni- 
versitaires,,.. Mais  le  danger  disparut  presque  aussitôt.  Les  amis 
des  lettres  et  les  auteurs  de  mémoires  furent  nombreux  à  la 
Sorbonne,  où  le  Président,  l'œil  fixé  sur  le  cadran  de  sa  mon- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  16  -^ 

tre,  distribuait  avec  parcimonie  les  quarts  d'heure  accordés  à 
chaque  lecteur.  Mais,  les  habitués  du  congrès  central  de  Cau- 
mont,  où,  depuis  longtemps  on  lisait  fort  peu,  pour  discuter  et 
se  tenir  plus  que  jamais  dans  les  actualités  du  moment,  furent 
encore  plus  nombreux,  et  nous  trouvons,  dans  auelques-unes 
des  dernières  lignes  tracées  de  la  main  affaiblie  ae  notre  ami, 
que  22  membres  de  l'Institut  des  provinces,  fondé  peu  d'an- 
nées avant  l'ouverture  des  séances  de  la  Sorbonne,  sont  entrés, 
en  1871,  au  sein  de  l'Assemblée  nationale. 

C'est  assez  dire  queUtait  l'esprit  de  nos  réunions  ;  et  si  je 
m'arrêtais  à  rechercher  quels  ont  été  leurs  habitués  les  plus 
dévoués,  il  me  suffirait  de  nommer  parmi  eux  une  foule  d'hom- 
mes qui  ont  marqué  leur  place  à  la  tête  des  affaires  publiques 
ou  de  la  science. 

Mais,  au  lieu  de  m'attacher,  plus  longtemps  aux  pas  de  ceux 

3 ui  ont  honoré,  à  un  titre  ou  à  l'autre,  les  belles  institutions 
ont  l'existence  reste  liée  désormais  au  nom  de  M;  de  Cau- 
mont,  qu'il  me  soit  permis  de  consacrer  ici  un  double  témoi- 
gnage de  reconnaissance  pour  lui  et  pour  la  femme  éminem- 
ment distinguée  qui.  pendant  près  d'un  demi-siècle,  a  soutenu, 
avec  tant  de  résolution  et  de  discernement,  les  efforts  de  celui 
qui,  a  suivi,  sans  jamais  s'en  écarter,  le  sentier  de  la  science 
où  il  a  établi,  pour  nous,  tant  de  stations  où  les  exprits  les  plus 
libres  et  les  plus  chercheurs  s'arrêteront  longtemps  avec  dé- 
lices. 

Cette  lecture  écoutée  avec  une  sympathique  attention  est 
suivie  de  marques  unanimes  d'approbation. 

M.  du  Ghatellier  répète  qu'il  est  possesseur  de  la  ban- 
nière que  M.  de  Caumonl,  au  nom  de  l'Assocîaiion  nor- 
mande, offrit  autrefois  à  l'Association  bretonne,  'et  que  ce 
sera  pour  lui  un  plaisir  de  faire  don  de  cette  relique  à  la 
Société  d'Archéologie  du  Finistère,  pour  être  déposée  au 
Musée  départemental,  où  elle  rappellera  à  tous  le  souvenir 
de  M.  de  Gaumont. 

M.  de  Blois  se  fait  l'interprète  des  sentiments  de  ras- 
semblée en  remerciant  vivement  M.  du  Ghatellier  de  l'hom- 
mage par  lui  rendu  au  célèbre  et  si  modeste  crndit  que 
la  science  vient  de  perdre. 

L'Assemblée,  a  dit  M.  le  président,  ne  pouvait,  dans  le 
deuil  général  de  toutcii  les  Sociétés  d'Archéologie,  mi^ux 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  47  ~ 

inaugurer  la  reprise  de  ses  travaux  que  par  rhommige 
que  fun  de  ses  membres  vient  de  rendre  à  la  mémoire  du 
fondateur  de  la  science  dont  nous  sommes  ici  les  adeptes^ 
dn  promoteur  infatigable  de  cet  heureux  retour  vers  Tétude 
des  arts  du  moyen-âge.  Ce  sentiment  protège  aujourd'hui 
ses  monuments  contre  le  vandalisme  de  Timpiété  ou  de 
rignorance  qui  en  a  détruit  ou  mutilé  un  si  grand  nombre. 

Mes  relations  avec  M.  da  Gatimont ,  sans  être  aussi 
suivies  que  celles  de  M.  Duchatellicry  ont  duré  trente  ans. 
Elles  remontent  à  la  fondation  de  TÂssociàtion  bretonne 
qui  m'avait  fait  Thonneur  de  me  confier  la  direction  de  sa 
classe  d'archéologie.  Je  me  hâtai  de  réclamer  les  conseils 
de  l'expérience  de  M.  de  Caumonl.  La  Bretagne  n'avait 
alors  qu'une  seule  Société  d'Archéologie,  c'était  celle  des 
Gôtes-du-!Nord.  II  m'encouragea  à  tenter  la  fondation  des 
quatre  autres  qui,  en  moins  de  quelques  mois,  furent  éta- 
blies à  Rennes,  Nantes,  Vannes  et  Quimper.  C'est  donc 
sous  son  inspiration  que  la  nôtre  a  pris  naissance. 

Je  ne  vous  parlerai  pas,  Messieurs,  de  Taccueil  aimable 
que  je  rencontrai  dans  sa  belle  habitation  de  Vaux-sur- 
Laison^  voisine  de  Caen^  ville  où  il  passait  la  saison  d'hiver. 
L'étude  qui  fait  progresser  la  science,  ne  suffit  pas  pour 
en  assurer  la  diffusion.  A  un  dévouement  sans  bornes,  qui 
mettait  au  service  de  ses  progrès  une  fortune  considérable 
et  une  incroyable  activité,  M.  de  Gaumont  joignait  le  don 
précieux  d'une  éminenlc  sociabilité.  Personne  ne  fit  jamais 
moins  d'étalage  de  ses  connaissances,  qui  étaient  on  peut  \t 
dire,  presqu'universelles.  Il  ne  s'occupait  que  de  faire  va- 
loir celles  des  personnes  avec  lesquelles  ses  réunions 
scientifiques  le  mettaient  en  rapport.  Cette  abnégation,  di- 
sons mieux,  cette  humilité,  lui  donnait  un  empire  irrésis- 
tible pour  écarter  dans  ses  congrès  les  vaines  prétentions 
d'amour  propre  et  en  éloigner  tontes  les  causes  de  division  ; 
tout  y  était  ordonné  de  manière  à  faire  marcher  de  front 
dans  leurs  nombreuses  sections,  consacrées  les  unes  aux 
sciences  naturelles,  les  autres  à  l'histoire  ou  à  la  littérature, 
ces  connaissances  utiles  dont  il  a  été  partout  le  propagateur. 

Telle  a  été  la  carrière  remplie  par  M.  de  Caumont,  pen- 
dant plus  de  trente  années.  Il  était  au  courant  des  arts 
comme  des  sciem^es  ;  ses  titres  archéologiq>ies  sont  cepen- 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  18  ~ 

dant  plus  connus  que  les  autres.  Lui  ayant  demandé  un 
jour  comment  il  était  arrivé  à  déterminer  les  caractères 
archéologiques  de  chaque  époque,  il  me  répondit  que  dans 
sa  jeunesse ,  son  goût  pour  Tart  l'avait  porté  à  suivre 
M.  Joliment  pendant  que  ce  dessinateur  reproduisait  la 
belle  église  de  Bayeux  pour  son  ouvrage  des  Cathédrales 
de  France^  et  que,  partant  des  données  vagues  qu*il  avait 
recueillies  de  cet  artiste ,  il  était,  à  force  d'observation, 
arrivé  à  la  classification  des  styles  qu'il  a  enseignée  dans 
ses  cours  d*archéologie  monumentale. 

Il  y  a  quelques  années,  je  rencontrai,  un  dimanche 
matin,  M.  Je  Gaumont  qui  passait  dans  notre  ville  pour  se 
rendre  à  Thabilation  de  M.  du  Ghaiellier,  et  j'eus  le  plaisir 
de  visiter  avec  lui  notre  belle  cathédrale. 

Il  a,  comme  vous  Ta  très-bien  rappelé  M.  du  Ghatellier, 
concouru  a  la  fondation  de  TAssocialion  bretonne»  qui  reçut 
de  ses  mains  la  bannière  que  voulut  bien  alors  offrir, 
comme  à  une  sœur,  TAssociation  normande.  Qu*il  me  soit 
permis  de  revendiquer  pour  notre  Association  qui  va  re- 
naître, ce  symbole  de  l'union  des  deux  grandes  provinces 
de  rOuest. 

Je  remercie,  au  nom  de  la  Société^  M.  du  Ghatellier  de 
son  hommage  à  la  mémoire  de  M.  de  Gaumont.  Je  ne  fais 
qu'exprimer  nos  communs  sentiments,  en  priant  Tauteur  do 
nous  remettre  les  pages  qu'il  nous  a  lues.  Nous  serons 
heureux  de  les  reproduire  dans  notre  bulletin,  pour  nos 
confrères  absents  à  cette  séance. 

J'arrive  de  Saint-Brieuc.  Il  a  été  arrêté  que  la  Bretagne 
reprendrait  ses  Gongrcs.  Vous  en  aurez  les  prémices. 
Messieurs.  Il  a  été  résolu  que  dès  le  mois  de  septembre 
notre  ville  serait  encore  le  siège  de  ses  assises  agricoles  et 
archéologiques. 

L'assemblée,  par  un  témoignage  unanime  ,  s'associe  à  la 
proposition  de  M.  le  président. 

L'étal  de  santé  de  M,  Le  Men  ne  lui  permettant  pas  de 
lire  son  travail  sur  la  restauration  des  tombeaux  des 
évéques  de  Quimper,  on  passe  à  la  discussion  du  règlement. 

Le  secrétaire  donne  lecture  du  projet,  puis  il  est  passé  à 
l'examen  des  articles. 

Diverses  observations  sont  présentées  dans  le  cours  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  19  — 

la  discussion  par  MM.  Bourassin^  de  Blois,  Richard»  Daval» 
Cormier^  Foiigeray,  Malherbe  de  la  Boissiëre^  Durest  Le 
Bris,  de  Goy,  de  Montifault,  Le  Men,  du  Ghatellier  et 
Aodran. 

Les  articles  suivants,  composant  le  règlement,  sont  en- 
suite successivement  votés  par  l'assemblée  : 


RÈGLEMENT 


Article  1".  —  La  Société  archéologique  du  département  du 
Finistère  a  pour  objet  : 

1»  De  rechercher,  d'étudier  et  de  décrire  les  monuments 
anciens,  et  plus  spécialement  ceux  du  Finistère,  et  de  veiller  à 
leur  conservation  ; 

2»  D'étudier  l'histoire,  les  idiomes  et  les  institutions  ^du 
pays  ; 

3»  De  travailler  à  l'accroissement  du  Musée  départemental 
d'archéologie. 

Art.  2.  —  Le  bureau  de  la  Société  se  compose  :  d'un  prési- 
dent, de  deux  vice-présidents,  de  deux  secrétaires  et  d'un  tré- 
sorier. 

Le  président  et  les  vice-présidents  sont  élus  annuellement, 
au  mois  d'avril,  au  scrutin  secret,  et  à  la  majorité  des  membres 
présents. 

Les  secrétaires  et  le  trésorier  sont  élus  aussi  au  scrutin  secret 
et  pour  une  période  de  trois  ans. 

En  cas  de  vacance,  leurs  successeurs  ne  son  t  élus  que  pour 
le  laps  de  temps  restant  à  courir  jusqu'au  terme  de  la  période 
pour  laquelle  ils  avaient  été  nommés. 

Art.  3.  —  Le  président  dirige  les  séances,  donne  la  parole, 
veille  à  l'exécution  du  règlement,  fait  les  convocations,  délivre 
les  mandats  des  dépenses  autorisées  par  la  Société  et  la  repré- 
sente dans  ses  relations  avec  l'autorité  ou  avec  les  autres 
Sociétés. 

En  cas  d'empêchement,  il  est  suppléé  par  l'un  des  vice-pré- 
sidents, ou  à  défaut,  par  un  des  membres  présents  désigné 
par  l'assemblée. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  20  — 

secrétaires  rédigenl  les  procès-verbaux  des 

séances,  en  surveillent  Timpression,  renvoient  aux  sociétaires, 
et  sont  chargés  de  la  conservation  des  ouvrages  et  documents 
appartenant  à  la  Société. 

Abt.  5.  —  Le  trésorier  perçoit  la  cotisation  des  sociétaires 
et  toutes  autres  sonames  pouvant  revenir  à  la  Société  ;  il  ac- 
auilte  les  dépenses  ordonnées  ou  approuvées  par  le  président,  à 
1  exceptidn  des  menus  frais  ;  il  tient  les  comptes  et  soumet  les 
résultats  de  sa  gestion  à  la.  Société  à  la  fin  de  chaque  année. 

Art.  6.  —  Le  bureau  fixe  l'ordre  du  jour,  décide,  s'il  y  a 
lieu,  la  convocation  à  des  séances  extraordinaires,  nomme  les 
commissions,  délibère  sur  tout  ce  qui  peut  intéresser  la  So- 
ciété, et  règle  tout  ce  qui  tient  à  la  publication,  soit  in-extenso^ 
soit  en  résumé,  de  mémoires,  notices  ou  travaux  de  toute  na- 
ture communiqués  à  la  Société. 

Art,  7.  —  Pour  être  membre  de  la  Société,  il  faut  : 
lo  Être  présenté  par  deux  membres  déjà  inscrits  ; 
2»  Être  inscrit  à  Tordre  du  jour  de  la  séance  du  vate  ; 
3»  Obtenir  la  majorité  des  voix  des  membres  présents  à  la 
séance. 

Art.  8.  Les  membres  de  la  Société  payent  une  cotisation 
annuelle  de  DIX  FRANCS,  au  mois  d'avril  de  chaaue  année, 
ou  au  moment  de  leur  admission.  Toutefois,  les  memores  admis 
à  partir  du  !•'  octobre  n'auraieat  à  verser  que  CINQ  FRANCS 
pour  le  semestre  d'octobre  à  avril. 

Art.  9.  —  Tout  membre  qui  serait  en  retard  d'une  année 
pour  le  paiement  de  sa  coiisation,  pourra  être  déclaré  démis- 
sionnaire. 

Art.  10.  —  Les  séances  de  la  Société  ont  lieu  à  Quimper, 
le  second  samedi  de  chaque  mois,  à  deux  heures,  dans  la  salle 
du  Musée  départemental  d'archéologie  réservée  aux  antiquités 
gallo-romaines.  Toute  séance  extraordinaire  sera  l'objet  d'une 
convocation  spéciale  adressée  en  temps  utile  à  chaque  socié- 
taire (I). 


(f  )  Dans  la  réunion  du  15  avril,  le  troisième  samedi  de  cbaqne  mois 
avait  été  choisi  pour  le  jour  ordinaire  des  séances.  Cette  décision  a 
été  modifiée  par  l'article  10  du  règlement,  sur  l'observation  bien  fondée 
que  le  troisième  samedi  du  mois  correspondant  au  jour  de  foire  de 
Quimper,  plusieurs  membres,  retonus  par  leurs  affaires,  ne  pourraient 
ce  jour-là,  se  rendre  aux  séances  de  la  Société. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  2«  ~ 

Akt.  II.  —Un  bulletin  mensuel  sera  adressé  aux  sociétaires, 
huit  jours,  au  moins  avant  chaque  réunion.  Outre  le  procès^ 
verbal  de  la  séance  précédente  et  Tordre  du  jour  de  la  prochaine 
réunion,  il  contiendra,  soit  in-extenso,  soit  par  eilrait,  les  mé- 
moires dont  Timpression  aura  été  reconnue  utile  par  le  bureau. 

Abt.  12.  —  L'ordre  du  jour  inscrit  à  la  suite  du  bulletin, 
indiquera  avec  le  jour  et  Theure  de  la  réunion  ^  l'objet  des 
lectures  et  communications  qui  seront  faites  à  la  séance,  et  qui 
devront  être  annoncées  au  président  au  moins  quinze  jours  à 
l'avance. 

Art.  13.  —  Les  membres  dont  lés  travaux  seraient  publiés 
in-exteuso  dans  le  bulletin  de  la  société,  devront  fournir,  huit 
jours  au  plus  tard  après  la  séance,  un  manuscrit  définitif  de 
leur  travail  qui  servira  aux  secrétaires  pour  corriger  les 
épreuves. 

Art.  14.  —Le  titre  de  membre  honoraire  pourra  être  dé- 
cerné aux  savants  connus  par  leurs  travaux,  aux  personnes  qui 
auront  rendus  de  grands  services  à  la  Société^  ou  à  celles  qui 
auront  fait  des  dons  importants  au  Musée  départemental  d' ar- 
chéologie. 

Art.  15.  —  Lorsque  M.  le  Préfet  du  Finistère,  Mgr  TEvêque, 
ou  M.  le  maire  de  Quimper  assisteront  à  la  séance,  ils  prendront 
place  près  du  Président. 

Art.  16.  —  Toute  discussion  politique  ou  religieuse  est  inter- 
dite dans  les  réunions  de  la  Société. 

Art.  18.  —  Le  présent  règlement  ne  peut  être  modifié  que 
sur  une  demande  formée  par  dix  membres  au  moins,  et  signée 
par  eux. 

Il  sera  procédé  au  scrutin  un  mois  après  que  la  modification 
demandée  aura  été  inscrite  à  l'ordre  du  jour. 

Dans  le  cas  ou  trois  membres  présenta  ne  trouveraient  pas 
la  réunion  assez  nombreuse,  ils  pourraient  demander  le  renvoi 
à  la  séance  suivante. 

A  cette  séance  le  vote  aura  lieu  à  la  majorité  des  membres 
présents,  quelqu'en  soit  le  nombre. 

Âpres  le  vote  du  règlement,  M.  Duval  demande  où  seront 
conservés  les  archives  et  documents  appartenant  à  la 
Société,  et  quels  sont,  dès  aujourd'hui,  ces  docirments. 

M.  de  Blois  répond  qu'il  a  entre  les  mains  les  procès- 
verbaux  de  Vancîenne  Société  et  quelques  ouvrages  qui  Inî 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  22  - 

ont  été  offerts,  et  qu'il  tient  le  tout  à  la  disposition  de  la 
Société. 

M.  Le  Men  fait  connaître  que  le  Musée  départemental 
d^ardiéologie  lui  parait  être  le  lieu  le  plus  convenable  pour 
la  conservation  de  ces  ouvrages  et  de  ceux  qui  pourraient 
être  ultérieurement  offerts  à  la  Société,  et  qu'il  y  existe  une 
armoire  où  ils  seraient  à  labri  de  toute  chance  de  dété- 
rioration. 

M.  le  président  invite  les  membres  présents  à  faire 
une  visite  au  Musée,  où  ils  pourront  se  rendre  compte  des 
nouvelles  acquisitions  qui  ont  été  faites,  de  son  aménage- 
ment et  de  l'emplacement  proposé  pour  la  conservation  des 
archives  de  la  Société. 

M.  Audran,  avant  la  clôture  de  la  séance^  fait  hommage 
au  Musée  départemental  d'une  lance  en  bronze  d'nne  par- 
faite conservation,  trouvée  il  y  a  quelques  années,  dans 
Tenclos  des  Ursulines  de  Quimperlé. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demi. 

Le  Secrétaire, 

V.  DE  MONTIFAULT. 


ORDRE  DU  JOUR 

Pour  la  séance  du  samedi  1 4  juin,  à  2  heures,  dans  une  des 
salles  du  Musée  d'Archéologie. 


i"^  Restauration  des  tombeaux  des  évêques  dans  la  cathé- 
drale de  Quimper,  par  M.R.  F.  Le  Men. 

2''  Notice  sur  le  château  du  Taureau,  près  Morlaix^  par 
M.  A.  de  Blois. 

Le  Président  de  la  Société, 

A.  DB  Bl.OIS« 


Nota.  MM.  les  Sociétaires  qui  voudraient  payer  leur  co* 
tisation,  sont  priés  d*en  adresser  le  montant  (iO  francs)^  à 
M.  Faty,  chef  de  bataillon  en  retraite,  rue  des  Reguaires, 
n""  22,  à  Quimper. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  23  - 

Dans  offerts  au  Musée  départemental  d'archéologie. 

M.  FL46ELLE,  export  à  Landerneau,  membre  de  la 
Société. 

i*  Bague  romaine  en  verre  bleuâtre,  trouvée  en  défri- 
chant un  bois^  à  400  mètres  au  nord  de  Lesiremclar^  en  la 
commune  de  Sizun  (Finistère).  C'est  dans  la  même  localité, 
où  les  débris  romains  abondent ,  que  fut  découverte  il  y  a 
quelques  années,  nne  tète  de  femme,  en  terre  blanche,  qui 
a  appartenu  à  une  statuette  de  plus  grande  dimension  que 
celles  que  Ton  rencontre  habituellement  en  Bretagne.  M.  le 
Bourg,  notaire  à  Sizun,  a  fait  don  de  ce  remarquable  frag- 
ment au  Musée  départemental,  par  l'intermédiaire  de 
M.  Flagelb. 

2"*  Anneau  de  bronze  trouvée  en  1872^  en  défrichant  le 
champ  de  bataille  de  Landerneau. 

3**  Un  petit  bronze  de  Grispus  et  un  ardillon  de  boucle  en 
bronze  trouvés  en  1872,  au  milieu  de  substructions  romai- 
nes^ en  la  commune  de  Ploudaniel  (Finistère). 

4'  Un  petit  brouze  de  Tetricus  I,  trouvé  dans  les  ruines 
romaines,  de  Kerradennec,  sur  la  voie  qui  conduisait  a 
Yorganium. 

5"*  Un  petit  bronze  de'Tetricus  II.,  même  provenance. 

Q'*  Six  petits  bronzes  barbares,  même  provenance. 

M.  Labàsque,  agent-voyer  de  Tarrondissement  de  Brest. 

Plaque  antique  de  bronze^  de  4  centimètres  de  côté,  garni 
de  trois  clous  en  même  métal,  trouvée  en  1871,  à  Pen-ar- 
G*hleuz,  en  la  commune  de  Guipavas  (Finistère),  à  2  mètres 
de  profondeur,  contre  le  chemin  vicinal  de  Landerneau  à 
Kerhuon  (S«"  E,  n°  376  du  cadastre). 

M.  GoLUK,  cultivateur  au  Quenquis-Meur,  commune  de 
Plouider  (Finistère). 

1.  Une  monnaie  gauloise  en  bronze  coulée,  de  prove- 
nance inconnue, 

2.  Quatre  petits  bronzes  ou  monnaies  de  billon  de  Gai- 
lien,  trouvés  à  Keralien,  en  la  commune  de  Plabennec^  sur 
la  limite  de  celle  de  Guipavas  (Finistère). 

3.  Un  petit  bronze  de  Salonine,  femme  de  Gallien  ;  même 
provenance. —  SAtomNA  âug.  Son  buste  diadème  à  droite 


Digitized  by  VjOOQ  IC 


-  24  - 

avec  le  croissant.  Rev.  Aue.  m  pack^  Salonine  asâaa  à 
gauche  tenant  une  branche  d'olivier  et  un  sceptre^  A 
Texergue  :  P. 

Cette  pièce  n'est  pas  commune. 

4.  Douze  monnaies  de  même  module  de  Postume  ;  même 
provenance.  Parmi  ces  monnaies  les  deux  suivantes  sont 
assez  rares. 

I.  —  Imp.  C.  Postomds  p.  F.  AuG.  Son  busie  radié  à  droite 
avec  le  paludament.  Rev.  Herg.  Dkusonibmsi.  Hercule  nu 
debout  à  droite  appuyé  sur  sa  massue  et  tenant  un  arc  ;  la 
peau  du  lion  repose  sur  son  bras  gauche. 

II.  —  Imp.  C.  Postumus  p.  f.  Aug.  Son  buste  radié  à 
droite  avec  le  paludamsnt.  Rev.  Saegolo  Fbugifero.  Cadu- 
cée ailé. 

5;  Un  petit  bronze  de  Quiniillus  ;  mêma  provenance. 
6.  Une  monnaie  de  même  module  de  Constantin  II; 
même  provenance. 


M.  Adolphe  ALAyoïnE,  négociant  à  Pont-Croix. 

l^^Urne  gauloiseen  terre,  munie  d'une  anse ^  trouvée  en 
i871  dans  le  tumulus  de  Lescongard,  en  la  commune  de 
Plouhinec. 

2®  Un  demi-écu  de  Navarre  et  Béarn. 


M.  Anatole  de  Barthélémy,  secrétaire  de  la  Commission 
de  la  Topographie  des  Gaules. 

Seize  monnaies  gauloises  appartenant  à  divers  peuples  et 
pouvant  se  repartir  ainsi  :  Aeddi,  6  ;  Allobroges,  (  ;  Bitu- 
R16BS,  i  ;  Carisutes,  3  ;  Ericasses^  1  ;  Massàlià,  i  ;  Petru- 
CORU,  1  ;  SEGrsAvn,  1  ;  Sequani,  1. 

M.  Gaubbrt,  notaire  à  Carhaix,  membre  du  conseil 
général. 

1"  Une  hache  en  pierre  provenant  des  environs  de  Car- 
baix. 

2*"  Une  hache  en  bronze  trouvée  dans  la  commune  du 
Huelgoat. 

fÀ  suivre  J 

Quimper,  imprimerie  d*Alphonse  CAEN. 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE  DU  U  JDIN  1875. 


Présidence  de  M.   A.    de   Blois. 

Étaient  présents  :  MM.  Âudran.  —  Ayrauit.  —  De  &toU& 

—  Brioi  de  la  Mallerie.  —  Gormier .  —  Donnard.  —  Davftl. 
**  Fongcfay.,— LeGuay.  — Heirsàrt  de  la  Villenaarqué. 

—  De  Jacquelot  de  Boî&rouvray,  Louis.    —  Malèti.   — 
De  Montifault.  —  Moreau.  —  Roussin.  — ^  De  la  Touche. 

M.  le  Président  donne  connaissance  à  Fàssefnblée  de  deui 
teltt'es  de  M.  Roussin,  tice-présidènt  ;  pât  la  ptemièrè, 
M.  Roussin  fôit  bonnaitre  qu'il  ne  s'est  décidé  à  àcbëptér  léi 
fonctions  de  vice-présideut  que  dans  la  ci'ainte  de  catiàëf  f^ar 
on  refus  des  embarras  à  la  constitution  de  la  Société,  mais 
que  depuis,  le  grand  nombre  d'adhérents^  parmi  lesquels  se 
trouvent  plusieurs  hommes  spéciaux,  est  venu  lui  donner  la 
conviction  que  ces  fonctions  seraient  acceptées  par  des 
membres  plus  versés  que  lui  dans  les  questions  archéolo- 
giques. 

Par  une  seconde  lettre^  M.  Koussin  persiste  dans  sa 
démission  tout  en  annonçant  qu'il  restera  membre  actif  de 
la  Société  et  qu'il  lui  prêtera  son  aide  et  son  concours  toutes 
les  fdis  qu'elle  en  aufa  besoin. 

En  présence  dé  cette  îpersistàtice  àe  JH,  ftou^éirî,  ^(ti 
assiste  à  la  séance  et  qui  renouvelle  leë  déclarations  con- 
tenues dans  ses  lettres,  en  disant  que  de  plus  dignes  et  de 
plus  éclairés  que  lui  peuvent  accepter  les  fbnctiotis  de  vice^ 
président,  M.  de  Blois  se  toit  obligé  de  lai«»re  Mi  totx 
riBteèèptâtion  de  la  déÉûissién  de  M.  Roiiësin. 

Cette  démission  éstreib^ée  à  l'unâniibité  tiimûi  déiii 
voix,  le  Président  et  M.  Roussin  s'étaiit  abstenus. 

Après  ce  vote,  Bl.  lioussin,  persistant  dans  sa  démissIoDi 
M.  Audran,  et  après  lui  M.  le  Président  se  fdnt  les  inter- 
prètes des  regrets  unaniines  qu'inspire  a  l'assemblée  h 
resotutioii  Se  M.  Rotissin. 

Là  nôtnibàtiôh  d'iih  nouveau  ticer-fitéiident  éist  Mi^  iaut 
iùït. 

L*assemblée  décide  à  l'unanithité  que  Télection  d'un  vicè- 
président  sera  inscrite  à  l'ordre  du  jour  de  la  séance  du  lÉ 
juillet,  «1  qu'il  éera,  dans  cette  séanbe^  pfreeédé  au  vuftéi 
conformémeïit  à  l'ariiote  S  An  rè^tn^t. 

H. Je  Piréâdëbi  fîiit  éeiiâiBdtrè  à  là  récmiott  qti'il  a^çu 

3 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  aè- 
de M.  Joseph  Denais,  demeurant  à  Beaufort  en  Vallée^près 
d'Angers,  une  petite  brochure  intitulée    Les  victimes  de 
Quibéronj  dont  l'auteur  fait  hommage  à  la  Société  en  lui  of- 
frant d'entrer  en  relation  avec  elle. 

La  réunion  invite  M.  le  Président  à  remercier  l'auteur  et 
à  lui  faire  savoir  qu'elle  entrera  volontiers  en  relation  avec 
lui. 

M.  le  Président,  passant  à  l'ordre  du  jour^  fait  connaître 
que  M.  Le  Men  étant  malade^  ne  peut  se  rendre  à  la  séance 
et  faire  la  lecture  annoncée  sur  la  restauration  des  tombeaux 
des  évéqucs  de  la  cathédrale  de  Quimper. 

M.  de  Blois  prend  ensuite  la  parole  et  lit  le  travail  suivant  : 

SUR 

LA  VILLE  DE  MORLAIX  ET  LE  CHATEAU  DU  TAUREAU. 


Hessusurs, 

Je  ne  comptais  vous  entretenir  que  de  la  forteresse  muni- 
cipale du  Château  du  Taureau ,  près  de  Morlaix  ;  mais  je  me 
suis  laissé  entraîner  par  Tintérêt  du  sujet  à  vous  occuper  de 
cette  ville,  en  faisant  usage  d'excellentes  recherches  faites  par 
un  savant  antiquaire  dont  je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  le  nom. 
L'histoire  de  toutes  les  villes  du  Finistère  mérite  d'être  ac- 
cueillie dans  notre  Société  départementale. 

Je  ne  m'étendrai  pas  sur  le  nom  de  Morlaix.  Ce  nom  en  latin 
Mons  relaxus,  et  en  breton  Afon^row/M,  suffit  pour  faire  recon- 
naître qu^on  le  prononçait  anciennement  Montrelais.  C'était, 
il  n'y  a  pas  encore  si  longtemps  ,  celui  de  l'une  des  hauteurs 
dont  cette  ville  est  entourée.  Ce  nom  donné  à  d'autres  loca- 
lités situées  dans  des  gorges  de  montagnes ,  ne  saurait  être 
mieux  justifié  que  dans  celle* ci. 

On  conserve  dans  cette  ville  des  monnaies  du  m*  siècle,  dé- 
couvertes, il  y  a  plus  d'un  demi>siècle ,  dans  les  ruines  de  son 
château  et  de  ses  remparts,  ce  qui  a  donné  lieu  de  conjecturer 
qu'ils  furent  élevés  sur  l'emplacement  d'un  castrum  romain. 
Cette  opinion  doit  être  facilement  admise.  Il  serait  étrange 
qu'uiie  position  si  avantageuse  pour  le  commerce  maritime  eut 
échappé  à  l'attention  des  vainaueurs  de  la  Gaule.  Mais  com- 
ment fût-elle  abandonnée  dans  les  âges  suivants  ? 

Les  monnaies  dont  il  est  question  s'arrêtent  au  règn€^de 


Digitized  by  VjOOQIC 


_  27  — 

l'empereur  Valérien,  vers  Tan  264.  Il  est  à  remarquer  que  cette 
époque,  à  laquelle  commence  le  déclin  de  Tempire,  fut  aussi 
celle  de  grandes  calamités  pour  la  Gaule  septentrionale  surtout. 
C'est  celle  des  grandes  incursions  de  la  piraterie  saxonne  qui 
détruisit  plusieurs  de  ses  villes  que  le  gouvernement  impérial 
n'eut  plus  désormais  la  puissance  de  rétablir.  D'ailleurs,  le 
commerce  de  cet  établissement  devait  se  faire  avec  la  Grande- 
Bretagne,  qui  était  encore  plus  ravagée  par  ces  barbares  dont 
elle  a  fini  par  devenir  la  proie. 

n  est  possible  que  cette  ville  antique  ait  porté  le  nom  de 
Julia  ;  mais  le  témoignage  d'un  écrivain  du  xii«  siècle,  comme 
celui  de  Conrad  de  Salisbury,  qui  ne  cite  aucune  autorité  à 
r appui  de  cette  assertion,  ne  peut  pas  être  d'une  valeur  sé- 
rieuse. Morlaix  est  une  ville  du  moyen-âge.  La  population  qu'y 
avait  attirée  le  commerce  maritime  était,  au  commencement 
du  même  siècle  encore  éparpillée  en  petites  agglomérations 
ayant  chacune  leur  église,  et  elle  était  protégée  par  le  voisinage 
d'une  petite  enceinte  fortifiée,  qui  devait  en  occuper  le  centre. 
C'est  l'idée  que  nous  en  donne  l'acte  de  donation  de  l'une  de 
ces  églises  aux  moines  de  Marmoutier,  qui  est  celle  de  Saint- 
Martin.  Cet  acte  est  de  l'année  1128.  Les  églises  de  Saint- 
Mathieu  et  de  Saint-Melaine ,  de  Morlaix,  devinrent  aussi  dans 
les  mêmes  temps,  des  prieurés  desservis  par  des  moines  avant 
d'être  érigées  en  paroisses.  Les  services  que  rendait  le  clergé 
monastique  étaient  plus  appréciés  que  ceux  du  clergé  séculier. 
Ces  fondations  furent  faites  par  les  comtes  du  Léon,  qui  ne 
prenaient  alors  que  le  titre  de  vicomtes. 

C'était  encore  l'époque  des  guerres  baronales.  Les  annales 
du  temps  sont  pleines  du  récit  des  débats  qui  s'agitaient  par 
les  arpaes  entre  les  grands  seigneurs  du  pays  ou  que  ceux-ci 
avaient  h  soutenir  contre  les  ducs  de  Bretagne,  qui  ne  prenaient 
alors  le  titre  de  comte.  Hervé  III,  comte  de  Léon,  était  en 
guerre  avec  le  duc  Conan  IV.  Ce  prince  appela  le  secours 
d'Henry  II,  roi  d'Angleterre,  et  çlu  duc  de  Normandie  gui  fit 
une  invasion  dans  le  pays  de  Léon  ,  en  1166 ,  et  détruisit  les 
châteaux  de  Lesneven,  Saint-Pol  et  Trebez.  On  voit  les  ruines 
de  cette  dernière  fortification  près  de  Morlaix.  Guyomarh  VI 
jui  succéda  â  Hervé  de  Léon ,  était  d'un  caractère  brouillon  ; 
es  violences  par  lesquelles  il  ensanglanta  sa  famille,  amenèrent 
l'intervention  de  Geoffroi,  qui  venait  de  monter  sur  le  trône 
ducal  par  son  mariage  avec  Alix  ,  fille  de  Conan.  Geoffroi  en 
prit  occasion  de  s'emparer  de  Morlaix  en  1179.  A  la  mort  de 
ce  prince,  Guyomarh  prolesta  contre  cette  confiscation  par  la 
reprise  de  cette  ville.  Quelques  années  plus  tard,  le  roi  d'An- 
gleterre, père  de  Geoffroi,  revendiquait  par  un  siège  qu'il  fit 
en.  personne,  les  droits  du  jeune  duc  Arthur  de  Bretagne,  son 


le 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  28  — 

pupille.  Après  une  vigoureuse  résistance  des  assiégés,  Henry  H 
s'empara  de  celte  place  qui  depuis  fut  définitivement  annexée 
au  duché.  Cette  acquisition  était  pour  les  princes  bretons  d'une 
très-grande  importance,  en  ce  au'elle  scindait  les  possessions 
des  comtes  de  Léon,  en  isolant  ae  leur  ancien  domaine^  délé- 
mité  à  Morlaix  par  le  cours  du  Jarleau,  de  vastes  contrées 
dont  ils  étaient  devenus  maîtres  dans  le  pays  de  Tréguier  (I  }• 
Ainsi  commençait  le  déclin  de  cette  maison  puissante  dont  lés 
prodigalités  de  ses  derniers  comtes  avaient,  moins  d'Uh  sièdô 
après,  codaplété  la  ruine.  Les  vicomtes  de  Léon  que  nous  re- 
trouvons ensuite  dans  l'histoire ,  ne  sont  plus  qu'une  branché 
puinée  de  cette  famille. 

La  politique  ducale  recommandait  la  vSle  de  Morlaix  à  toute 
la  sollicitude  des  princes  bretons.  Ils  venaient  y  passer  dft 
temps  dans  un  château  de  plaisance  construit  d'abord  sur  la 
rive  gauche  et  aux  bords  du  Quefleut.  Il  fut  rebâti  sur  les  ter- 
rains plus  élevés  qui  dominaient  Tancienne  enceinte  de  ville, 
après  que  le  pretùier  emplacement  de  ce  ch&teau  eût  été  aban* 
donné  pour  former  l'enclos  du  couvent  des  Dominicains  que 
les  habitants  y  fondèrent  en  1235.  Jean  II  se  plut  h  orner  le 
nouveau  château.  En  exécution  d'un  vœu  qu'il  avait  fait  étant 
à  la  Réole ,  en  Guyenne,  où  il  combattait  avec  les  Anglais,  il 
construisit  la  belle  église  de  Notre-Dame  du  Mur,  que  Jean  lY 
se  chargea  plus  tard  de  couronner  par  un  magnifique  clocher. 
C'était  Ta  chapelle  dufeale  ;  Jean  II  y  avait  institué  une  collé- 
giale desservie  par  un  prévôt  et  huit  chapelains,  en  1296,  et 
fait  transférer  la  confrérie  de  la  Trinité ,  établie  depuis  plus 
d'un  siècle  et  demi  dans  l'église  de  Saint- Mathieu.  Ce  fut  sans 
doute  pour  la  rendre  plus  accessible  aux  habitants  qui  auraient 
voulu  assister  aux  offices  de  l'église  de  Notre-Dame  du  Mur, 

Ju'il  marqua  sa  place  aux  plus  prochains  abords  de  la  ville, 
cerna  aussi  de  murailles  un  espace  de  sept  cents  journaux, 
non  loin  du  château,  pour  lui  servir  de  parc.  Albert  Le  Grand, 
parlant  du  duc  Jean  lY,  écrit  :  que  ce  prince  aimait  à  prendre 
«  le  plaisir  et  le  déduict  de  la  châsse  dans  cet  enclos  rempH 
«  de  bêtes  fauves.  * 

La  paix  dont  avait  joui  la  Bretagne  jusqu'au  règne  du  duc 
Jean  III,  fut  troublée  après  sa  mort  survenue  en  1341 ,  par  la 

!;uerre  que  soutinrent  durant  plus  de  vingt  ans  les  deux  pré- 
endahts  h  sa  couronne.  Charles  de  Btois,  marié  à  la  comtesse 
de  Penthièvre,  que  le  feu  duc  avait  reconnu  pour  son  héritière, 
conformément  â  l'usage  des  fiefs  de  ce  pays,  défendait  avecl'ap- 

*  »  Il  "  ^.^^^m-     I      II  ■       — ^i^  I  —ni—  .  .^ 

(1)  On  peat  voir  dans  une  enqnête  de  Tannée  tî85 ,  rapportée  aul 
preuves  de  THistoibb  de  Biktagmb,  tom  I,  cd.  S87,  que  le  domiUne 
des  comtes  de  Léon  s-étendail  depuis  it  oép  Siiirt-Iaatié ,  jHQqiiii 
Lannion. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  29  — 

pjtti  ^  roi  de  France,  les  droits  âe  sa  femma^fllle  du  frère  aîné 
$e  Je^  IV,  contre  le  comte  de  Montfort»  qui  h'ea  était  quç  le 
frère.puîqè  ;  ce  prince  était  soutenu  par  les  Anglais.  Notre  pays 
était  devenu  le  toéâlre  des  yieiltes  hostilités  dçs  deux  peuples. 
IJorlaij^  ei  tout  le  pays  qui  Tentoure  reconnaissaient  1  autoi:îté 
àe  Charles  de  Blois  et,  s'il  est  vrai  que  le  comte  de  Mbntfort 
ou  sop  fils  en  ait  fait  le  siège,  cette  tentative  demeura  sans 
résultat.  Celte  ville^  en  1352,  envoyait  des  députés  aux  Etats 
deDinan^  ppur  aviser  au  paiement  de  la  rançon  de  Charles  de 
Blois,  fait  nrisounier  à  la  bataille  de  la  Roche-Derrien.  Quand 
le  sort  de  la  bataille  d'Auray  eût  rangé  la  Bretagne  sous  la  loi 
de  Jean  IV,  Morlaix  fit  sa,  soumission  ;   mais  demeura  toujours 
d'une  foi  suspecte  au  duc  conquérant.  Ses  habitants,  par  un 
sentiment  commun  à  toute  la  Bretagne,  étaient  impatients  de 
la  faveur  .exclusive  dont  les  Anglais  iouiss^ient  près  de  ce 
prince  et  de  la  défia^e  qu'il  montrart^RdJ^r^  ses  sujets.  Elle 
était  entretenue  par  l'empressement  avec  lequel  des  Bretons; 
servaient  la  France    sous    leur  compatriote  le  connétable 
Du  Guesclin.  Dans  une  guerre  qu'il  faisait  au  roi  Charles  V,  le. 
duc  Jeau  IV  avait  imaginé  de  mettre  une  garnison  anglaise  k 
Morlaix,  ealS73.  Des  troupes  françaises  qui  traversaient  la 
Bas^-Bretagne,  se  joignirent  à  la  noblesse  du  pays  et  aux  ha- 
bitants pour  débarrasser  la  ville  de  ces  étrangers.  Ils  furent 
assiégé^  dans  le  château  ;  les  uns  furent  tués,  les  autres  furent 
contraints  de  capituler.  Mais  le  duc^  qui  alors  était  allé  sotii- 
citer  de  nouveau:^  secours  en  Angleterre  ,  ne  tarda  pas  à  dé- 
barquer au  pays  de  Léon  à  la  tête  d'une  armée  considérable. 
A  son  arrivée,  les  Morlaisiens  dégondèrent  les  portes  de  leur 
ville  eii  signe  de  soumission  et  s'avancèrent  au  devant  du  prince 
en  denaandant  grâce.  Jean  IV ,  avant  de  faire  aucune  réponse, 
exigea  que   cinquante  des  coupables  fussent  remis  çn   ses 
mains.  Il  épargna  la  ville  ;  mais  tous  les  habitants  qui  lui 
avaient  été  livrés  fiirent  mis.  à  mort.  Jean  IV^  qui  pour  ne  pas 
entrer  en  ville  s'était  logé  au  château  de  Guburien,  partit 
aussitôt ,  -  laissant  dans  Morlaix  une  garnison  de  huit  cents 
hommes.  Les  Morlaisiens,  pendant  que  le  duc  était  en  voyage,, 
appelèrent   encore  les  mêmes  secours  et  expulsèrent  leurs 
gardiens.  Bien  heureusement  pour  eux,  ce  prince  ne  trouva  pas 
le  loisir  de  mettre  à  exécution  la  vengeance  dont  ils  étaient 
menacés. 

L'activité  commerciale  de  cette  ville  n'était  pas  au-dessous 
de  son  énergie  dans  les  affaires  publiques.  Sa  prospérité  s'ac- 
crut sous  les  règnes  plus  paisibles  de  Jean  V  et  de  ses  suc- 
cesseurs. Anne  de  Bretagne  s'était  remariée  à  Louis  XII. 
Lorsqu'elle  passa  èi  Morlaix  en  se  rendant  d'un  pèlerinage  au 
Folgoét  vers  celui  de  Saint-Jean-du-Doigt,  elle  fut  reçue  avec 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  so- 
les plus  vives  démonstrations  de  joie  ;  c'était  en  Tannée  1505. 
François  !•'  dans  le  cours  d'un  voyage  en  Bretagne ,  dont  on 
ignore  les  motifs,  visitait  aussi  la  ville  de  Morlaix,  en  1518. 

L'alliance  de  ce  prince  avec  Henry  VIII  d'Angleterre,  quoique 
solennellement  renouvelée  dans  leur  fameuse  entrevue  du 
Champ  du  drap  d'or^  fut  bientôt  rompue  par  une  ligue  offensive 
du  monarque  anglais  avec  Charles -Quint ,  en  1522.  Leurs 
forces  maritimes  combinées  mettaient  à  la  voile  dans  Télé  de 
la  même  année,  sous  les  ordres  du  grand  amiral  d'Angleterre. 
Cette  flotte  de  cent  huit  forts  navires,  après  avoir  ravagé  les 
côtes  de  Normandie  et  pillé  Cherbourg,  paraissait  près  de  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Morlaix  dans  les  derniers  jours  de 
{'uin,  avec  le  dessein  de  faire  un  gros  butin  dans  cette  ville, 
^ar  une  singulière  coïncidence,  en  même  temps  que  la  noblesse 
du  pays  se  rendallt  à  Guingamp  pour  une  revue  que  devait 
passer,  à  l'occasiôïï^fle  la  guerre,  le  comte  de  Laval,  lieutenant 

([énéral  en  Bretagne ,  les  négociants  de  Morlaix  partaient  pour 
a  foire  de  Noyal-Pontivy.  C'était  le  grand  marché  des  toiles 
dites  noyaleSf  dont  ce  port  faisait  de  grosses  expéditions.  In- 
formé de  ces  circonstances  par  un  traître  du  nom  de  La  Trigle^ 
qui  n'était  pas  capitaine  de  la  ^ille .  comme  Ta  écrit  Alberi  Le 
Grand,  mais  qui  pouvait  bien  y  avoir  alors  commandé,  comme 
lieutenant,  l'amiral  comte  de  Surrey  changea  son  projet  d'at- 
taque en  un  projet  de  surprise.  Les  Anglais,  débarqués  dans  la 
rade,  le  3  juillet ,  s'acheminèrent  par  petites  bandes  ;  les  uns 
déguisés  en  paysans,  et  les  autres  en  marchands,  se  glissèrent 
dans  la  ville  et  dans  les  faubourgs,  tandis  que  d'autres  se 
cachaient  dans  un  bois;  sans  que  les  habitants  eussent  la  moia- 
dre  défiance,  jusqu'à  ce  que  réveillés  par  l'ouverture  des 
portes  et  l'entrée  bruyante  des  Anglais,  au  milieu  de  la  nuit , 
ils  se  jetèrent  dans  la  campagne.  Le  pillage  fut  complet  ;  les 
églises  elles-mêmes  ne  furent  pas  épargnées.  «  Deux  seules 
*  «  personnes,  écrit  Albert  Le  Grand,  se  mirent  en  défense  ,  le 
■  recteur  de  Ploujean ,  chaj)elain  de  Notre-Dame  du  Mur, 

•  lequel  ayant  levé  le  pont  de  la  porte  de  Notre-Dame ,  monta 
«  dans  la  tour,  d'où  à  coups  de  mousquet  il  versa  en  la  pou- 
•«  dre  (\dL  poussière),  les  plus  eschauffés  ;  mais  enfin  il  fut  miré 
«  et  tiré.  Et  une  chambrière  de  la  Grande  Rue  qui  voyant 

•  que  tout  le  monde  du  logis  s'estoit  sauvé  à  la  fuite,  amassa 
«  quelques  autres  filles  de  Ta  rue  en  la  maison  et  ayant  ouvert 
«  l'escoutille  ou  trape  de  la  cave  qui  estoit  à  l'entrée  de  la 
«  porte,  en  dedans,  de  sorte  que  les  ennemis  entrant  en  foule 
«  tombèrent  dans  la  cave  où  ils  se  noyèrent  au  nombre  de 
«  plus  de  80.  Enfin  .  la  maison  fut  forcée  et  la  généreuse  fille 
«  qui,  avec  ses  compagnes ,  s'estoit  retirée  et  enfermée  au 
«  sommet  du  logis,  poursuivie  par  les  soldats,  fut  prise  et  jettée 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  ai  ~ 

«  du  haut  en  bas  sur  le  pavé.  *  La  patacbe  que  les  Anglais 
avait  dépêchée  pour  recevoir  le  butin  ne  put  arriver  au  port. 
Le  chenal  avait  été  barré  au  moyen  des  arbres  coupés  dans 
l'avenue  du  couvent  des  Cordeliers  de  Cuburien  qui  avaient 
été  jetés  dans  la  rivière.  Les  Anglais  partirent  à  temps  pour  ne 
pas  rencontrer  le  comte  de  Laval  qui  arrivait  au  secours,  après 
avoir  mis  le  feu  à  la  ville,  emmenant  avec  eux  les  habitants 
sur  lesquels  ils  avaient  pu  mettre  la  main,  et  dont  ils  attendaient 
une  forte  rançon.  Mais  sii  à  sept  cents  traînards  qui  s'étaient 
attardés  à  faire  bonne  chère  aux  celliers  du  Quai  cle  Tréguier, 
dit  notre  auteur,  furent  taillés  en  pièces  près  de  la  fontaine  du 
StiveU  aux  abords  de  la  ville.  Cette  fontaine  s'est  appelée  de- 
puis la  Fontaine  des  Anglais.  On  dit  aue  les  captifs  restèrent 
plusieurs  années  en  Angleterre,  et  que  la  ville  demeura  sous  le 
coup  de  cette  catastrophe  pendant  dix  ans. 

Depuis  lors ,  en  temps  de  guerre  maritime,  les  Morlaisiens 
surveillèrent  le  cours  ae  leur  rivière.  Sous  leur  conduite,  les 
paroissiens  de  Saint-Mathieu,  de  Saint-Melaine  et  les  habitants 
des  paroisses  riveraines  se  relevaient  dans  un  poste  établi  h  la 
pointe  de  Bec-ar-Menez  ;  celle  de  Penalan  .  sur  l'autre  rive, 
était  soumise  à  la  même  garde  par  les  habitants  de  Saint- 
Martin  et  autres  de  la  même  rive.  On  cherchait  un  mode  de 
défense  plus  efficace  et  m(«ins  assujettissant.  Le  prieur  des 
Dominicains  en  donna  un  projet  qui  finit  par  être  accueilli.  Ce 
prieur,  du  nom  de  Nicolas  Trocler^  proposait  de  fortifier  un  îlot 
rocheux  de  la  rade  qui  commande  si  complètement  les  deux 

Fasses  de  la  rivière  que  ses  feux  pouvaient  aisément  en  fermer 
accès.  La  ville  demanda  l'autorisation  de  construire  ce  châ- 
teau, Elle  lui  fut  accordée  après  une  enquête  sérieuse,  aux 
conditions  qui  suivent.  Les  Morlaisiens  devaient  faire  la  dé- 

f^ense  de  cet  établissement ,  faire  choix  du  capitaine  et  de 
a  garnison,  l'entretenir ,  payer  les  gages  du  chef  et  de  sa 
troupe,  et  se  couvrir  par  l'abandon  que  Je  roi  faisait  des  de- 
voirs, aides,  impôts  et  billot  de  la  ville,  ce  qui  fut  accepté  avec 
empressement.  Au  bout  de  deux  ans,  le  3  juillet  1544,  jour 
anniversaire  de  la  surprise  de  Morlaix,  Jean  de  Kermellec  pre- 
nait possession  du  Château  du  Taureau^  comme  capitaine  avec 
une  garnison  de  vingt-trois  soldats,  choisis  dans  les  jeunes 
gens  de  familles  notables  du  pays,  un  trompette,  un  canonnier 
et  un  aumônier.  Dix  ans  après  ,  on  complétait  l'organisation 
du  personnel  par  Tadjonclion  d'un  lieutenant,  d'un  enseigne, 
d'un  portier  et  même  de  trois  dogues.  On  voit  que  Saint-Malo 
n'était  pas  la  seule  place  qui  comptât  des  chiens  parmi  ses  dé- 
fenseurs. La  paie  du  capitaine  était  de  deux  cents  livres,  celle 
des  soldats  de  soixante.  La  première  somme  représenterait  en 
valeur  actuelle  cinq  mille  francs;  la  seconde  douze  cents  en* 


Digitized  by  VjOOQIC 


-    3?    r- 

yiron.  Si  ce  n'est  pas  à,  rétablissement  du  Château  du  Taureau, 
c^est  au  moins  à  ta  surprise  de  Morlaix  que  se  rapporte  la  devisé 
héraMique  de  ses  armes  dont  la  pièce  principale  est  un  navire., 
Cette  devise  est  un  jeu  de  mots  sur  son  nom  :  S'ils  te  mordent j, 
mord  les. 

Morlaix,  en  1548,  voyait  entrer  dans  ses  murs  la  jeune  reine 
d'Ecosse,  Marie  Stuart ,  qui  venait  de  débarquer  à  Rosçoff  et 
allait  épouser  le  Dauphin,  depuis  François  II,  avec  lequel  elle 
ne  régna  en  France  que  peu  de  mois.  Au  moment  de  son  en- 
trée le  pont  de  la  porte  Notre-Dame  (1)  s'écroula  sous  la  mar- 
che de  son  escorte.  Elle  craignit  qu'on  en  voulut  à  sa  vie,  ce  fut 
alors  que  le  sire  de  Rohan  ,  en  la  rassurant,  lui  dit  ces  paro- 
les souvent  citées  :  Jamais  Breton  ne  fit  trahison.  Quelques  an- 
nées plus  tard  la  ville  reçut  une  nouvelle  organisation  muni- 
cipale, semblable  à  celle  de  plusieurs  grandes  villes  de 
France.  Nantes  avait  obtenu  ce  privilège,  en  i560,  deux  ajis 
avant  celle  de  Morlaix.  Il  ne  fut  octroyé  à  Rçnnes  et  à 
Brest  que  trente  ans  plu^  tard  ;  ce  qui  peut  donner  l'idée  de 
l'importance  qu'on  reconnfiissait  alors  à  la  ville  de  Morlaix. 
.^usque-lâ  le  procureur  ou  ^ndic  des  bourgeois,  qui  prit  alors 
le  titre  de  maire,  n'avaitraucune  juridiction  de  police.  Le  maire 
devant  être  assisté  dans  son  service  par  des  échevins,  éjgale- 
menl  élus  par  Içs  habitants.  Charles  IX  accorda  aussi,  en 
1506,  à  la  ville  la  faculté  d.'avoir  une  juridiction  consu- 
laire ou  coaimefciale.  Les  juges  étaient  élus  par  les  principaux, 
négociants. 

Le  corps  municipal  à  qui  il  appartenait  de  nommer  le  capi- 
taine du  Château  au  Taureau  ,  avait  jusgu'en  1562,  porté  ses. 
choix  sur  les  habitants  de  la  ville ,  qu'il  jugeait  les  plus  propres 
à  exercer  cet  emploi.  Il  avait  élé,  depuis  Torigine,  confié  succes- 
aÎTemcTit  h  Jean  de  Kermellec  et  à  Guillaume  des  Fontaines, 
qui  était  en  même  temps  sénéchal,  à  Guillaume  Queraener, 
ViQcenl  Nouël,  Richard  Nicolas  et  Vincent  Lezay.  Elevé  à  une 
plus  haute  digtiilé  par  son  nouveau  régime,  le  conseil  résolut 
de  faire  de  celte  capitainerie  un  attribut  de  l'office  des  maires 
de  Morlaix.  Il  (ut  résolu  en  conséquence  que  chaque  maire 
sortant  après  son  service,  qui  n'était  qu'annal,  serait  investi, 
pendant  ranDée  suivante,  de  ce  petit  commandement.  Nous 
ayons  eu  occasion  en  parlant  de  la  surprise  de  Morlaix  de  dire 
que  cette  ville  avait  un  capitaine.  Tout  ce  qui  regardait  le 
service  militaire  se  faisait  sous  son  autorité.  Le  sénéchal  et  lui 
nommés  par  le  çrince,  étaient  les  représentants  de  la  puissance 
souveraine  {  ils  occupaient  le  premier  rang  dans  les  délibé* 

"ffM'  ■!         !■,  l'J      ■    -     .    '!    l';i!  .    ".'[l     I'.      '  ■      ■         '    ■        ''l"    "  "■   1  '  ■  Il  _  I       ;■, 

(1)  Cette  porte  Notre«Dame  n'était  pas  celle  de  Notre-Dame^u-Mur, 
m  coUe  d^une  autise  cbapellQ  située  au-dewdps^de  la  ville  clpse. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  33  - 

rations  municipates.  La  capitainerie  de  Morlaix  fut  érigée  ea 
litre  de  gouYemement  en  1568  ;  Troïlus  du  Mesgouez,  maïquis 
de  la  Roche,  en  faveur  de  ijui  cette  création  avait  eu  lieu,  ed 
induisit  qu'elle  lui  conférait  des  droits  plus  considérables  que 
ceux  qu'il  avait  eus  jusqu'alors;  il  voulut  donner  des  ordresâu 
Château  du  Taureau  et  en  nommer  le  capitaine.  Malgré  la  haute 
protection  que  lui  accordait  Catherine  dé  Môdicis.  mère  du  roi, 
il  échoua  dans  ses  prétentions. 

JVous  sommes  maintenant  en  présetice  des  évènenïents  du 
temps  de  la  Ligue,  à  Morlaix.  Nous  devons  commender  par 
à're  quelque  chose  de  la  situatiori  du  paj'S  à  Tépoque  que 
nous  abordons.  La  Basser-Brelafene  s'était  peu  occupée  des 
querelles  de  religion  jusqu'en  1583.  Mais  l'assassinat  d'Henry  HI 
qui  appelait  à  la  couronne  un  prince  Huguenot ,  y  causa  de 
vives  alarmes  pour  le  sort  de  la  toi  catholique.  La  Ligue  lais- 
sait en  suspens  la  question  d'Hérédité.  Elle  avait  proclaifté  le 
vieux  cardinal  de  Bourbon ,  oncle  d'Henry  IV,  et  s'était  fait 
beaucoup  de  partisans.  En  15dl,  Brest  était  la  seule  ville  de  ce 
pays  qui  fut  soumise  à  l'autorité  de  Henry  IV;  et  il  n'y  avait 
pa^  alors  longtemps  ({u'elle  avait  été  enlevée  aux  Ligueurs.  Cette 
faction  trouvait  un  appui  considérable  dans  le  gouverneur 
de  Bretagne,  qui  était  de  la  maison  de  Lorraine,  et  qui,  héritier 
par  sa  femme,  des  prétentions  de  la  maisoïi  de  Penthièvre  sut 
la  Bretagne,  ne  cherchait  qu'une  occasion  pour  les  faire  valoir. 
Mais  l'état  des  choses  avait  beaucoup  changé  depuis  que  le  roi^ 
devenu  maître  de  Paris ,  était  rentré  dans  le  sein  de  l'Eglise. 
L'année  suivante,  le  maréchal  d'Aumontvl'iln  des  plus  renom- 
més capitaines  de  ce  temps,  recevait  la  mission  de  mettre  fin  à 
la  guerre  civile  mêlée  de  brigandages ,  qui  désolait  la  Bre- 
tagne. Le  parti  de  la  Ligue  ét^it  puissant: à  Morlaix  ;  mais  les 
b<unmes  sages  ,  qui  tendaient  à  s'en  éloigner,  devenaiéilt  de 
phis  en  plus  nombreux.  Le  nàaréchal,  parti  de  Trégtiier  pour  se 
rendre  dans  celte  ville,  trouva  en  route  ses  députés,  qui,  à 
Tinsu  du  gouverneur,  venaient  le  prier  d'y  faire  soft  entrée, 
en  lui  proposant  des  articles  de  capitulation  qu'il  se  hâta  d'ac- 
cepter. Son  arrivée  imprévue  ne  laissa  au  sire  dé  Camé  Ro- 
sanipoul,  ligueur  déterminée  que  le  temps  de  ise  jeter  dans  le 
château,  avec  soi^aijte  igentilshommes  du  pays  qui  furent  bien- 
tôt renÉprcés  de  cinq  cents:  soldats  de  Mercœur.  S'il  eût  pju 
tenir  plue  longtemps ,  une  bataille  eût  été  livrée  sous  les  muirs 
de. la  ville,  car  Mercoetù^ù'en  était  plus  qu'à  quelques  lieues 
avec  sa  teoupe  et  un  corps  d'Espagnols.  D'Aufiiônt  Venait  d'être 
rejoint;  par  un  corps  d'An^aiç.  Mais  la  disettô  était  au  château  ; 
il  iatluè  se  rendre.  ;  Pendant  qne  leë  assiégés  ^  sùp^or^ 
talent  le^  privatiods^:  le  mdréchal  avait  ^gàTa^nnent  envoVé 
un  mouton  et  An  gibier  à  l'adresse  de  la  datne  de  Rosain^ 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  34  —      . 

poul,  qui  avait  voulu  subir  avec  son  mari  les  épreuves  du  siège. 

L'un  des  articles  de  la  capitulation  portait  que  la  ville  gar- 
derait ses  privilèges  anciens  sur  le  Château  du  Taureau.  Il  eût 
été  très-impolitique  au  maréchal  de  repousser  cette  disposition  ; 
mais,  pendant  les  vingt-quatre  jours  de  la  durée  de  ce  siége^ 
il  dut  s* apercevoir  aue  son  exécution  prochaine  était  pleine  de 
périls.  Ce  Château  au  taureau,  remis  aux  mains  d'un  ancien 
maire  ligueur,  pouvait  devenir  une  citadelle  pour  celte  faction 
et  tomber  au  pouvoir  des  Espagnols.  On  aurait  pu  voir  le  Châ- 
teau du  Taureau  comme  le  château  de  Primel ,  sur  la  même 
rivière,  occupé  par  La  Fontenellé,  ou  tomber  aux  mains  des 
étrangers.  D  Aumont ,  fit  appel  au  patriotisme  du  capitaine  de 
cette  place,  en  lui  demandant  au  nom  de  la  paix  publique,  de 
se  maintenir  dans  son  commandement  envers  et  contre  tous, 
jusqu'à  ce  qu'il  eût  reçu  d'Henry  IV  Tavis  de  se  retirer.  L'an- 
cien maire,  qui  exerçait,  cet  emploi,  était  Guillaume  du  Plessis 
de  Kerangoff,  ancien  ligueur,  mais  qui  avait  compris  qu'il  n'y 
avait  plus  qu'à  se  rattacher  au  roi  légitime.  Quand  son  suc- 
cesseur vint  pour  occuper  le  fort ,  il  lui  en  refusa  l'entrée.  La 
ville  s*étonna  de  cette  violation  de  ses  droits  et  ne  voulut  pi  as 
payer  les  gages  du  capitaine.  Du  Plessis  l'y  contraignît  en  met- 
tant arrêt  sur  le  passage  des  navires.  Elle  recourut  à  l'autorité 
du  conseil  privé  du  roi.  Ses  requêtes  furent  traînées  en  longueur 
par  des  réponses  dilatoires  ou  évasives ,  si  bien  que  le  capitaine 
du  Plessis,  dont  la  famille  subsiste  encore  dans  le  pays,  ne  reçut 
l'autorisation  de  se  retirer  qu'au  bout  de  dix  ans.  Il  remit  lecliâ- 
teau  au  maire  sortant  qui  s'appelait  Maurice  de  Kerret.  C'était  en 
l'année  1604.  Sans  doute  l'histoire  doit  dater  la  fin  des  événe- 
ments de  la  Ligue  en  Bretagne,  de  la  reddition  de  Nantes  que 
Mercœur  tint  en  son  pouvoir  jusqu'en  1 598  ;  mais  le  calme  ne 
se  fit  pas  partout  aussitôt.  Malgré  les  soins  d'Henry  IV  pour 
empécner  tout  mouvement  de  réaction,  du  Plessis  en  butte  à 
la  commune  qui  lui  demandait  compte  de  la  prolongation  de 
son  commandement  et  réclamait  de  fortes. condamnations  pé- 
cuniaires ,  exhiba  alors  les  ordres  du  roi.  Il  justifia  en  même 
temps  qu'il  avait  été  forcé  de  faire  de  grosses  avances  pour  le 
maintien  du  service  de  la  place.  On  dût  lui  payer  huit  mille 
écus,  malgré  l'état  des  finances  de  la  ville  qui  s'était  fort  en- 
dettée pendant  qyie  son  adnunistration  était  dominée  par  le 
parti  de  )a  Ligue. 

Le&élections  municipales  de  l'année  1641  furent  mêlés  de  bri* 
gués;  on  ambitionnait  la  mairie  en  vue  de  la  capitainerie  du  châ- 
teau du  Taureau.  Ce  privilège  fut  suspendu  ;  le  roi  nomma  un  of- 
ficier à  ce  commandement.  La  ville  envoya  une  députation  à  la 
cour.  Elle  obtint  de  Richelieu  sa  réintégration  dans  ses  prérogati- 
ves. Rien  n'était  moins  conforme  aux  idées  monarchiques  que  l'a- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  35  — 

bandon  d'une  place  de  guerre  à  l'autorité  municipale;  mais 
c'était  un  privilège  unique,  et  qui  par  suite  ne  pouvait  tirer  à 
conséquence.  Ce  fut  le  renouvellement  des  mêmes  agitations 
quiy  mit  fin.  Louis  XIV  confia  le  château  pendant  trois  ans  à 
un  offi<;ier  de  ses  gardes,  qui  eut  pour  successeurs  deux  ma- 
réchaux de  camp  et  un  lieutenant  général  de  la  maison  de  Goes- 
briant.  Yvon  de  Goesbriant,  un  de  leurs  auteurs,  avait  été  capi- 
taine dé  Morlaix  en  1558;  enfin  M.  de  Saulx-Tavannes  lieu- 
tenant-général, était  gouverneur  de  ce  château  au  moment  de 
la  Révolution.  En  supprimant  le  privilège  des  Morlaisiens,  le  roi 
avait  pris  à  sa  charge  les  dépenses  d'entretien  du  fort  et  de  la 
garnison  et  avait  érigé  cette  capitainerie  en  titre  de  gouverne- 
ment. C'est  ce  qui  était  arrivé  depuis  longtemps  pour  beaucoup 
des  anciennes  villes  closes  gui  avaient  eu  des  capitaines  et  que 
leur  éloigriement  des  frontières  ne  permettait  plus  de  classer 
dans  les  places  de  guerre;  elles  avaient  des  gouverneurs  qui  y 
recevaient  les  premiers  honneurs  quand  ils  y  résidaient,  et  parti- 
cipaient à  leurs  délibérations  et  à  leurs  affaires  importantes. 
Elles  payaient  aussi  les  émoluments  attachés  à  leur  charge,  ce 
qui  était  une  manière  de  traitement  qu'on  donnait  aux  officiers 
généraux.  La  ville  soldait  ainsi  les  gages  des  gouverneurs  de 
Morlaix  et  du  château  du  Taureau.  Le  service  du  château  du 
Taureau  était  confié  à  quelque  ancien  capitaine,  comme  re- 
traite. Son  dernier  lieutenant  de  roi  était  M.  de  la  Villemar- 
qué.  aïeul  du  collecteur  des  Chants  populaires  de  la  Bretagne^ 
notre  confrère,  que  nous  sommes  heureux  de  voir  au  milieu 
de  nous. 

Le  procureur  général  de  La  Chalotais  fut  enfermé  avec  son 
fils  au  château  du  Taureau,  en  1765.  pendant  qu'on  instruisait 
le  procès  intenté  contre  lui  à  l'occasion  de  '  l'opposition  «jue  le 
Parlement  de  Bretagne  avait  faite  pour  la  défense  des  privilèges 
de  )a  Bretagne.  D'autres  détenus  politiques  y  furent  enfermés 
plus  tard,  si  l'on  peut  donner  ce  nom  aux  auteurs  des  attentats 
révolutionnaires  ;  tels  étaient  Romme,  Soubrany  et  Bourbotte 
impliqués  dans  rinsurreclion  de  1795,  entreprise  pour  rétablir 
leré^me  de  la  Terreur.  Ces  temps  derniers  Blanquiet  d'autres 
y  étaient  prisonniers  pour  des  faits  de  même  nature. 

La  puissance  royale  qui  dominait  partout  ne  laissait  plus  aux 
villes  que  la  gestion  des  intérêts  municipaux.'  Elles  n'ont  plus  de 
rôle  dans  l'histoire.  Les  événements  de  la  ville  de  Morlaix  se 
réduisent  à  peu  près  à  des  conflits  de  juridiction  ou  de  pré- 
séance entre  les  autorités.  Mais  il  nous  reste  à  faire  connaître 
ses  antiquités  monumentales,  au  premier  rang  desquelles  se 
plaçait  la  belle  église  de  Notre-Dame- du-Mur,  bâtie,  comme  on 
Ta  dit,  par  Jean  II  en  1295,  et  terminée  par  le  clocher  qu'y 
éleva  Jean  IV. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  36  -      ' 

Cette  antique  chapelle  du  château  ducal  était  en  grande  vé- 
^néralion,  non-seulement  dans  la  ville,  mais  dans  tout  le  pays^ 
C'était  la  gloire  et  l'objet  de  raffcction  de  ses  habitants.  Ils  étaient 
fiers  de  son  magnifique  clocher.  On  le  construisait  pendant  que 
les  Morlaisiens  chassaient  leurs  garnisons  anglaises.  L'église 
était  déjà  entrée  dans  Tenceinte  de  la  ville.  Lors  de  la  seconde 
de-  ces  attaques,  on  tirait  de  la  plateforme  de  la  tour  sur  ces 
étrangers.  Le  maréchal  d'Aumont  y  avait  aussi  placé  des  canons 
pour  le  siège  du  ch'âteau  ;  les  habitants  obtinrent  qu'ils  fussent 
mis  ailleurs  pour  qu'on  ne  fit  pas  dommage  au  clocher. 

La  disposition  de  l'édifice  était  singulière.  Trois  rangs,  cha* 
cun  de  cinq  travées,  le  partageaient  en  quatre  nefs.  La  pre- 
mière formait  le  collalérat  du  sud,  ta  seconde  la  grande  nei,  la 
troisième  le  collatéral  nord  ;  la  quatrième  se  développait  du 
côté  de  la  ville  close,  en  façon  d*avant-corps.  Son  plan  poly- 
gonal  ressemblait  assez  à  un  demi  ovale  coupé  en  longueur. 
C'est  dans  cette  espèce  de  vestibule  que  Jean  IV  avait  élevé  le 
beau  portail  d'entrée  qui  faisait  la  base  de  sa  tour;  il  pénétrait 
en  fausse  équerre  jusqu'au  collatéral  voisin.  On  dit  que  ces  bi- 
zarreries du  monument  disparaissaient  dans  son  élégance  géné- 
rale. La  tour  percée  de  longues  baies  était  couronnée  d'ui^e 
flèche  avec  ses  quatre  clochetons.  L'église  avait  cent  dix  pieds 
de  long,  sa  tour  cent  vingt  pieds  et  la  flèche  cent  vingt-huit 
pieds  de  haut.  Beaucoup  préféraient  ce  clocher  à  celui  du 
Créïsker. 

Notre-Dame-du  Mur  était  la  patronne  de  la  cité.  Son  église 
en  était  la  basilique.  On  y  fêtait  toutes  les  solemnités  publiques; 
toutes  les  paroisses  s'y  rendaient  pour  la  procession  du  Sacre  ; 
le  gouverneur,  la  sénéchaussée,  le  corps  de  ville  y  avaient  leurs 
sièges.  Cette  église  eut  aussi  le  triste  privilège  de  servir  au  culte 
de  la  déesse  Raison,  aux  fêtes  patriotiques  de  la  Décade  et  au- 
tres, ainsi  qu'aux  mariages  civiques.  La  Révolution  n'avait  con- 
servé qu'une  paroisse  à  la  ville  et  l'avait  établie  dans  l'église 
des  Dominicains,  où  elle  était  desservie  par  le  curéconstitutiou- 
nel.  Cependant  le  Conseil  municipal  etiteiidait  que  la  ville  gardât 
la  chapelle  du  Mur  au  moins  comme  monument.  Elle  T'avait 
achetée  au  prix  de  six  mille  six  cents  francs  dans  upe  adjudica- 
tion nationale  du  15  mai  1792.  Comment  arriva- t-il  qu'elle  fut 
déilruite  plus  de  cinq  ans  après  le  rétablissement  du  culte  ca- 
tholique ?  Elle  était  alors  a^x  mains  d'un  industriel  qui  l'ayait 
acquise  de  la  commune,  en  1805^  pour  spéculer  sur  la  vente 
de,  ses  matériaux  de  démolition.  Vainement  un  généreux  ci- 
toyen, M.  Le  Denmat,  offrait  de  l'acquérir  pour  la  sauver.  Au- 
cune des  mesures  que  la  prudence  ou  la  loi  prescrivent  dans 
l'intérêt  de  la  sûreté  publique  ne  fut  prise  pour  prévenir  la; 
chute  imminente  de  la  tour,  la  seule  partie  que  l'on  voulût,  dit-^ 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  37  — 

oRj»  pféspjrvçr.  Priyé  des  appuis  qji'il  trouvait  dans  les  mur^ 
aàîacent&,  ce-Hiagbifique  clocher  s'écroulait  avec  fracas  au  mi-! 
\m  de  la  journée  du  28  mars  1806,  en  écrasant  sous  ses  décom-» 
b^estes  niaisons  voisines  et  ensevelissant  huit  personnes  qu'ils 
atteignirent  mortellement.  L'insouciance  delà  commune  ne  s'ex^ 
piiquQpas,^  quoique  ^n  Conseil  fût,  dit  on  alors,  composé  eu 
grande  partied'hommes  étrangers  au  pays;  mais  celte  insouciance 
ne  suffit  pas  pour  rendre  raison  de  tels  procédés.  Le  malheur  des 
tçrups  avait  développé  un  instinct  destructeur  des  monuments 
religieux  qui  s*est  étendu»  dans  ces  temps  derniers,  h  d'autrea 
catégories  d'édi^cçs  publics.  A  côté  des  causes  de  celte  ruine 
qui  nous  sont  connues,  le  génie  du  mal  travaillait  à  détruire  cq 
tempUde  la  superstition.  Tel  fut  le  sort  du  monument  gfii  faisait; 
la  gloire  de  cette  ville.  ^... 

L'église  des  Dominicains  manque  d'élévation,  Elle  n'a  que  Iç^ 
mérite  d'appartenir  au  xiii«  siècle.  Les  bâtiments  conventuels 
dont  elle  est  entourée  sont  anciens.  On  y  voit  de  vieilles  ins- 
criptions. L'église  sert  à  présent  de  magasin  de  fourrage  pour 
la  remonte  ;  les  bâtiments  du  couvent  sont  devenus  une  ca- 
serne. Ici  nous  ne  pouvons  pas  nous  dispenser  de  rappeler  que 
cette  communauté  comptait  au  xvii*  siècle  un  pieux  et  savant 
religieux,  auteur  des  Yies  des  Saints  de  la  Bretaqm,  Qui  n'a 
entendu,  dans  notre  pays,  parler  d'Albert  lé  Grand?  Il  était  de 
la  ville  de  Morlaix,  où  son  nom  s'est  perpétué  jusqu'à  ce  jour, 
il  peut  aussi  passer  pour  l'historiographe  de  sa  patrie.  On 
trquve  détaillés  dans  la  Chronique  des  évêques  de  Saint-Pol  et 
de  Tréguier,  intercalée  dans  les  Vies  des  Saints  de  Bretagne 
une  masse  d«  faits  trôs-précieûx  pour  l'histoire  de  la  viHe  de 
Morlaix.  La  plus  intéressante  des  églises  paroissiales  de  Morlaix 
est  celle  de  Saint-Melaine,  construite  au  xv«  siècle.  Celle  de  la 
paroisse  de  Saint-Mathieu  i\q  mérite  d'être  mentionnée  que 
pour  sa  tour  de  la  fin  du  siècle  suivant,  dont  la  lourdeur  mas- 
sive fait  contraste  avec  le  style  de  la  Renaissance  qu'on  a  pré- 
tendu y  employer.  Construite  dans  le  style  moderne,  dans  les 
dernières  années  du  xvm«  siècle  ,  l'église  de  Saint-Martin  est 
loin  d'être  sans  mérite  ;  sa  tour  achevée  récemment ,  s'har- 
monise avec  sa  façade  d'entrée.  La  fontaine  dite  des  Carméli- 
tes, ,  présente  en  ce  genre  de  monument  le  type  gothique  te 
plus  distingué  et  le  plus  pur  qu'on  puisse  rencontrer  da^s 
notre  Bretagne. 

Nous  avons  parlé  du  château  de  Cuburien  et  du  monastère 
du  même  nom.  Ce  château  oii  nous  avons  vu  Jean  IV  séjourner 
quand  il  vint  châtier  les  Morlaisiens,  en  1^73,  appartenait  au 
iiicomte  de  Léon  avec  la  forêt  du  même  nom,  qni  en  était  voi- 
sine. En  \i&&  Alain^  vicomte  de  Léon  et  de-  Bohan,  fonda  prèa 
de  ce  <;hâteai^,  qui  est  â  une  demie  lieue  de  la  ville»  un  CouyeAti 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  38  - 

de  Cordeliers  que  possèdent  maintenant  des  religieuses  Augus* 
tines.  L*Eglise  en  est  élégante.  Les  familles  considérables  de  la 
bourgeoisie  ou  de  la  noblesse  de  Morlaix  y  avaient  des  empla- 
cements de  sépulture  indiqués  par  de  belles  pierres  tombales  qui 
formaient  le  pavé.  On  y  retrouvait  les  noms  et  les  armes  des  fa- 
milles que  l'histoire  de  Morlaix  au  XV«  ou  XVI«  siècle  remet  sous 
nos  yeux  S'il  est  vrai  que  ces  pieuses  dames,  pour  mieux  assurer 
lalnetteté  du  balayage,  aient  fait  repiquer  ces  pierres,  nous  au- 
rions à  regretter  qu'elles  aient  fait  si  bon  marché  des  vieux  sou- 
venirs du  pays  dont  leur  acquisition  les  avait  rendu  dépositaires. 
Mais  nous  vivons  à  une  époque  ou  le  désir  d'améliorer  Tétat 
des  édifices  religieux  conduit  à  des  innovations  telles  que  si  ce 
même  goût  avait  régné  dans  les  temps  anciens  nos  Églises 
présenteraient  bien  peu  de  souvenirs  de  Tantiquité  qui  sied  si 
bien  aux  monuments  de  ce  genre.  ^ 

La  lecture  de  cet  intéressant  travail  est  accueillie  par 
l'assemblée  avec  d'unanimes  marques  d'approbation. 

M.  Âudran  propose  de  l'insérer  in-extenso  au  procès- 
verbal,  aûn  que  nos  collègues  absents  puissent  en  prendre 
connaissance. 

Celle  proposition  est  adoptée  à  l'unanimité. 

In.  de  Blois  demande  si  personne  n'a  d'observations  à 
présenter  sur  cette  communication  J 

M.  Audran  dit  que  le  cbàtoau  du  Taureau  était  une  petite 
Bastille  où  l'on  ne  se  faisait  pas  faute  d'enfermer  les  jeunes 
gens  de  famille  de  ce  pays  dont  Tinconduite  était  pour  leurs 
parents  un  sujet  d'inquiétude . 

M.  de  Blois  répond  qu'il  n'a  vu  nulle  part  que  le  château 
du  Taureau  fut  un  lieu  de  détention  de  ce  genre^  et  qu'il 
ne  parait  pas  qu'il  ait  servi  de  prison  dans  d^auires  circons- 
tances que  celles  qu'il  a  indiquées. 

M.  Hersart  de  la  Villeroarqué,  présent  à  la  séance,  re- 
mercie M.  de  Blois,  du  souvenir  personnel  qu'il  lui  a  ac- 
cordé en  parlant  du  dernier  lieutenant  du  roi  du  château 
du  Taureau.  Il  ajoute  que  M.  Audran  a  eu  raison  de  re- 
marquer que  cette  citadelle  recevait  par  fois  des  jeunes 
gens  qui ,  s'ils  fussent  restés  libres  ou  s'ils  eussent  été 
traités  suivant  la  rigueur  des  lois»  eussent  fait  le  déshon- 
neur de  leur  famille.  Tel  était,  dit-il,  un  jeune  homme  aux 
manières  charmantes  qui  captivait  l'intérêt  de  tous  les  visi- 
teurs. On  sollicitait  pour  lui  la  permission  de  faire  une  pro- 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  39  - 

menade  ou  de  passer  quelques  heures  dans  la  ville  un  jour 
de  carnaval.  Mon  grand-père  ,  conlinue  M.  de  la  Ville- 
marqué,  s'y  refusait  en  excipanl  des  ordres  formels  qui  lui 
défendaient  de  laisser  sortir  son  prisonnier.  Les  instances 
devenant  pressâmes,  il  ne  trouva  plus  qu'un  moyen  de  les 
repousser,  ce  fut  d'exhiber  sous  promesse  du  secret  le  plus 
absolu,  la  lettre  de  cachet.  Les  sollicitations  ne  furent  plus 
renouvelées  ;  on  y  lut  que  le  jeune  et  intéressant  détenu 
avait  été  le  meurtrier  ds  sa  mère. 

M.  de  Blois  revient  sur  le  nom  de  la  ville  de  Morlaii^  qui 
se  prononçait  primitivement  Monirelais.  D'autres  membres 
pensent  que  l'origine  de  ce  nom  doit  passer  pour  suffisam- 
ment démontrée. 

M.  de  Blois  ajoute  qu'il  ne  s'est  pas  arrêté  dans  son  tra- 
vail à  l'étymologie  qu'il  a  entendu  donner  du  nom  de  Jar- 
leau,  qui  est  celui  de  la  rivière  passant  à  Morlaix^  qui 
faisait  le  partage  du  diocèse  de  Léon  et  du  diocèse  de  Tre- 
guier,  et  qui  servait  également  à  délimiterle  comté  de  Guin- 
gamp  et  celui  de  Léon.  D'après  cette  étymologie,  le  nom 
viendrait  du  mot  anglo-saxon  Ëarl  ou  Jarl  et  voudrait  dire 
que  c'était  la  rivière  des  comtes. 

Il  soumet  cette  remarque  aux  observations  de  la  Société. 

M.  Briot  de  la  Mallerie  dépose  sur  le  bureau  plusieurs 
médailles  ou  monnaies,  qu'il  prie  la  Société  de  vouloir  bien 
agréer  pour  le  Musée  d'archéologie. 

M  le  président  lui  adresse  les  remerciements  de  la  So- 
ciété ;  le  prochain  Bulletin  contiendra  le  détail  et  la  des- 
cription des  pièces  qui  viennent  de  lui  être  ofifertes. 

L9  séance  est  levée  à  quatre  heures. 

Le  Secrétaire^ 

V.  DB  MONTIFAULT. 


ORDRE  DU  JOUR 

Pour  la  séance  du  samedi  12  juillet ^  à  2  heures,  dans  une  des 
salles  du  Musée  d'Archéologie. 


1°  Nomination  d'un  vice- président  de  la  Société,  en  rem- 
placement de  M,  Roussin  démissionnaire,  (art.  2  du  règle- 
ment.) 


Digitized  by  VjOOQIC 


%""  HesiaqraUoQ  4es  tombeaux  des  évéqu^  dan^  la  cathé- 
drale de  QfMraper. 

5^  Excursion  arehéologîque  à  Briec  et  à  Bdern,    par 
MM,  P.  Le  Guay^  Le  Men  et  Y.  de  Montifault* 

Le  Président  de  la  Société, 
A.  w  Bm)i»« 


FIoTi..  MM.  les  Sociétaires  qui  voudraient  payer  leur  co-  ^ 
tisation,  sont  priés  d*en  adresser  le  montant  (10  francs)^  à 
M,  Faiy,  chef  de  bataillon  en  retraite,  rue  des  Reguaires, 
n*  ?2,  à  Q^ioaper. 


Donff  offerts  au  If  usée  départemental  â*arohéologle. 


DI.  J,  FjwtE,  membre  de  la  Société. 

l''  Une  cuiifler  d'argent  en  partie  dorée^  riobeEme^t  tpa-* 
vaillée  et  du  poids  de  36  grammes*  Arimérieur  detla  eoupeUe^ 
est  le  monogramme  de  Jésus  IHS.  On  lit  autour  Tinscrip- 
tion  smvanio  :  Pol  -f-  ËLir^oson  *  Sisevs  est  anivus  noms 
uBT  (^sioj  càRBUNA  mcDifT.  -^  Au-dessous  le  long  du  bord; 
est  la  légende  suivante  en  hollandais  ou  en  aUeman4  vul- 
gaire :   HSEM  AND  YERRSIfODT  OS  N0&  GCDtBR  KED   OS    PAlDH. 

On  lit  sur  le  pied  la  datie  :  A  1 596. 

S''  Quatre  monnaies  d'argent  de  Ghrigtian  IV.  roi  de  Nor- 
wège  des  années  1608  et  1646. 

3**  Trois  monnaies  d'argent,  six  de  billon  el  une  de  bronze 
des  rois  d«  Norwège,  des  années  1761 ,  1771 ,  1777,  1781 , 
1786  et  1801. 

4*  Deux  monnaies  d'argent  de  Gustave  III,  roi  de  Suëde^ 
des  années  1777  el  1779. 

S«  Un  thaler  de  Frédérrc-Guillaume  III,  roi  de  Prusse,  der 
1802. 

6*  Une  pièce  d'argent  de  Frédéric-Auguste,  électeur  de 
Sase  de  l'apnée  1797. 

7'' Une  pièce  d'argent  d'Alexandre  de  Brandebourg,  de. 
1783, 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  «1  — 

8*  Un  6diifliDg  àt  là  ville  de  Hambourg,  de  f  7^. 

9«UMt]fiëced'ai»géËtde  Ferdinand  VI,  roi  d'EspàgM^ 
de  17*7. 

lO""  Deun^  pièces  d'argent  de  Rudolphe  11^  archiduc  d'Au- 
triche (i579  et  1581). 

'tl''  Trois  pièces  d'argent  de  Frédéric-Guâbume  el  de 
Jean»  ^b€s de  Sase  (1  â9l )« 

iâ^  Dew  pièces  d'argent  de  Ferdinftnd  II  et  de  Léopoldf 
arcfaidiies  d'Autriche  (1 621  ). 

En  fdut  vingt-sepi  pièces,  dont  vingt  eh  argenl  du  poids 
de  d&i  gammés. 

M.  BiiOT  DE  LA  MALLfinm,  membre  de  ta  Société. 

i^  Médaille  en  argent  da  p^pe  Benoit  XI V,  de  l'année 
1755. 

2^  f¥ès'bèlle'médait(e  en  ânrgént  du  module  d'une  pièce 
de  cinq  francs^  cômmémoràtive  du  mariage  du  dài^iû 
(Louis  Xyï)  et  de  Mwie^Antoiùctte  d'Auétlche,  éït  1^70. 

3**  Médaille  en  brônise  frappée  pat  Tarmée  eu  l'honneur 
du  due  d'Ôtléans  jprînce  royal,  en  1842. 

4^  Une  médaille  commémot*atiYe  de  la  translàdeii  des 
ïëllquei  de  Saînt^Vînceht^de^Patil,  on  1830. 

5«  Un  denier  de  Guingamp  (1093-1136). 

6^  Un  denier  de  Foulques^'Anjou  (H'09-1129). 

1"*  Un  double  tournois  de  Louis  XIII,  de  l63â. 

8^  Trois  monnaies  tùsâes. 

9"*  Une  monnaie  de  l'empereur  François  Y,  d'Atitriiihe. 

lO*  Quatfe  monnaies  Arabes. 

Il""  Statuette  en  bronze  du  dieti  Mats,  de  fëbri^tte  gan-^ 
loise. 

12*ï)Aris  d'ariiphotes  çînétaires,  d'ùiiê  fottaie  drfiféfente 
de  celle  des  amphores  romaines.  Ude  île  ci^s  atnphores 
tenférmaii  les  fragûients  d'une  ^péè  en  fet. 

IS*  Mùlette  à  broyer  le  grain.  Cette  molette  ëttti!  atseom^ 
jmgnëe  de  deux  meules  ganloi^ed,  qui  malbeureudèMëift 
<mt  été  détruites. 

14"*  Pierre  à  aiguiser. 

15^Fasa!ole  on  peson  de  fiiseM  en  terire  tinif^t,  de  lotme 
presque  ^hétiquè. 

iBès  ûethïm  objëti,  dèptiis  le  n»  11,  ^btteUiiëttt  ^m 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  42  — 

établissement  gallo-romaiDi  dont  les  vestiges  se  remarquent 
encore  dans  le  voisinage  du  château  de  Kerlagattu^  pro- 
priété de  M.  Briot,  en  la  commune  de  Penhars. 


M"'  DUFOURMEINTEL. 

Vase  en  terre  du  XV*  siècle,  ayant  la  forme  d'un  pot  à 
eau,  et  dont  Torifice  est  muni  de  trois  becs  disposés  en  trè- 
fle. Ce  vase  a  été  trouvé  dans  une  petite  construction  voû- 
tée sous  les  remparts  de  la  ville  de  Quimper,  lorsque  Ton 
a  creusé,  en  1870,  les  fondements  de  la  maison  de  M"*'  Du- 
fourmentel,  à  Tangle  du  Parc  et  de  la  rue  Saint-François. 
Il  y  avait  dans  ce  réduit  un  assez  grand  nombre  d'autres 
vases  qui  ont  presque  tous  été  brisés. 

M.  le  docteur  Lb  Gaer,  membre  de  la  Société. 

1"*  Cinq  petits  bronzes  romains  des  empereurs  Gallien, 
Postume,  Claude  II,  Âurelienet  Maxence. 

â<*  Un  liard  et  un  douzain  d'Henri  III^  roi  de  France. 

S''  Un  denier  et  six  doubles  tournois  de  Louis  XIII. 

4''  Liard,  pièce  de  six  liards  et  quarts  d'écu  de  Louis  XIV. 

5^  Un  louis  d'argent  de  Louis  XV  (1720). 

6"*  Quart  de  sou^  sous,  pièce  de  12  deniers,  et  pièces  de 
deux  sous  de  Louis  XVL 

T"*  Pièce  de  18  deniers  de  la  caisse  métallique  établie  à 
Paris  en  1792. 

8"  Sou,  centime  et  pièce  de  cinq  centimes  de  la  Républi- 
que Française. 

9*  Sou  des  colonies  françaises  de  Louis  XV  (1 767) , 
poinçonné  des  lettres  rf  (République  française) 

10"  Un  décime  de  Napoléon  I,  (n  couronné  181  4). 

11**  Un  décime  de  Louis  XVIII,  (l  couronné  1818). 

12®  Un  Ave  Maria,  méreau  du  XV*  siècle. 

13'Deux  jetons  à  la  Galère,  du  XY''  siècle  présentant 
au  droit  un  navire  avec  la  lé^ende  :  Volgue  la  galée  de 
Frange  ;  et  au  revers,  un  écu  en  losange  chargé  de  quatre 
fleurs  de  lys^  avec  }^  légende  :  Vive  le  bon  roy  de  France. 

14°  Trois  jetons  allemands  du  XVI*  siècle. 

15°  Quatre  jetons  de  cuivre  de  Louis  XIV  avec  les  légen- 
des suivantes  :  VEoa  lilio  lilia  ;  2**  Exjactura  lucrum  ;  3°  Ve- 
teres  revocabit  artes  ;  4''  Sua  ($%cj  innixm  virtuti  quiescit. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  43  — 

16®  Trois  jelons  de  Louis  XV,  avec  les  légendes  :  Optimo 
prinàpi  et  Félicitas  publicas  (sicj . 

17*  Un  jeton  frappé  en  mémoire  de  Louis  XVI,  avec  les 
légendes  ;  au  droit  Lud.XVIrex  Gall,  defunctus;  au  revers  : 
Sol  regni  abiit,  à  Texergue  :  D.  21  Jan,  1793. 

IS""  Un  jeton  de  Napoléon  I,  frappé  le  II  frimaire  an  XIII, 
avec  la  légende  Honneur  et  patrie. 

16"  Médaille  commémorative  du  Pacte  fédératif  (14  juillet 
1790). 

20°  Médaille  frappée  en  Thonneui*  de  l'Impératrice  José- 
phine représentant  au  droite  sa  téie  avec  une  double  cou- 
ronne, entourée  de  la  légende  Joséphine  iupératrige  et 
BEiNE.  Au  revers  on  lit  :  Joséphine  Tascher  de  la  Pagerie, 
née  à  la  Martinique  1763;  mariée  au  général  Bonaparte 
1796;  morte  1814. 

21'  Médaille  frappée  en  1848  à  Toccasion  de  la  nomina- 
tion de  Louis  Napoléon  Bonaparte  à  la  présidence  de  la  Bé- 
publique. 

22''  Médaille  commémorative  de  la  formation  du  gouver 
nement  de  la  défense  nationale  (1871). 

23°  Un  décime  d'Honoré  V,  prince  de  Monaco  (1838). 

24*  Une  pièce  de  10  centimes  du  grand  duché  de  Luxem- 
bourg. 

25"*  Une  pièce  de  5  centimes  de  Léopold  premier  roi  des 
Belges. 

26*  Une  pièce  de  20  centimes  du  roi  Jérôme  Bonaparte 
(1810). 

27<*  Une  pièce  de  deux  centimes  de  la  Bépublique  d'Haïti. 

âS""  Dix-huit  pièces  de  monnaie  d'Angleterre,  de  Russie, 
d'Âutriche>  d'Allemagne,  du  canton  de  Berne,  du  Pérou^ 
des  Etats  pontificaux,  du  canton  de  Genève,  de  Sardaigne, 
d'Espagne,  du  Chili,  de  la  République  Helvétique. 

29*  Deux  pièces  arabes. 

30'  Huit  pièces  turques. 

31*  Une  pièce  chinoise. 

32*  Trois  vases  en  terre  du  XV*  siècle,  dont  un  seule- 
ment ^st  intact,  trouvés  en  1870,  sous  les  remparts  de  la 
ville  de  Quimper,  avec  le  vase  donné  par  Mme  Dufourmen- 
tel,  qui  a  été  décrit  plus  haut. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  44  ~    ; 

M.  Lb  Gali,  horloger  à  Brest. 

1°  Une  monnaie  d'argent  de  Vespasieti.  —  Imp.  Gâesàr, 
VfispAsiÀwrs  AU6,  Sa  tête  laurée  à  droite,  -^  Bev.  Pc^.  taix. 
Tr.  p.  Oos.  yt.  Femme  à  moitié  mie  assise  à  gauche  tenant 
un  rameau.  (Frappée  eu  Tan  75  de  J,-C  ) 

2*  Une  monnaie  d'angeni  de  Trajan,  —  Imp.  Ïrauno 
ÂVG.  GBR.  BAC.  P.  H.  TR.  p,  COS.  Vl.  P.  F.  Sou  buste  lauré  à 
droite,  avec  le  paludament,  —  Bev.  s.  p.  q.  r.  optimo  prin- 
cipi.  Trois  enseignes  militaires.  (Frappée  entre  les  annexa 
104em0deJ..C.) 

3**  I>eux  monnaies  d'argetit  d*Hadrien  I.  —  Hadrunus 
AtG.  p.  p.  Sa  tête  lâurée  à  droite.  Itev.  Gos.  III.  L'Equité 
debout  à  gauche  tenant  une  balance  et  utie  corne  d'abon- 
dance. 

II.  Hadrianus  aug.  Cos.  III.  p.  p.  Sa  fetè  lauréé  à  drôîtie. 
Rev.  Victoria  aug.  Victoire  a^sièe  à  gauche  tenant  une  cou- 
ronne et  une  palme. 

4°  Une  monnaie  d'argent  de  Faustine  mère.  —  Ï)iVa 
FAtfstnlA.  Son  buste  i  droite.  —  Rev.  Adgusta.  Vesta  voHée 
assise  à  gauche  tenant  une  couronne  et  une  paltùe.  D'après^ 
le  donateur  ces  cinq  monnaies  auraient  été  trouvées  en  1 872 
aux  environs  de  Lesnevén.  G*est  par  l'intermédiaire  de 
MM.  Le  Gall  et  Flagelle  que  le  Musée  a  pu  s'enrichir  Tannée 
dernière  d'une  fort  belle  monnaie  gauloise  en  or  trofuvée 
dans  la  commune  de  Ploumoguer  (Finistère). 

M.  FouGBRAT,  membre  de  la  Société. 

l'Un  grand  bronze  d'Amonîn  le  Pieux  provenani  de 
Corsetil  :  -^  Antominus  aug.  piDs  p.  p.  tr.  p.  cos.  IIII.  Sa 
tête  laurée  à  droite.  —  Ret.  LibèralîtaS  aug.  v.  S.  G.  La 
Libéralité  débouta  gauche,  tenant  une  tessère  et  une  corne 
d'abondance.  (Frappée  en  148  après  J.-G.) 

2""  Un  moyen  bronze  de  Postume,  même  provenance. 

S*"  Deux  petits  bronzes  de  Glaude  II,  même  provenante. 

4*  Un  petit  bronze  de  Gonstantin-le-Gfand,  même  pio- 
vetiance. 

S*  Faïences  anciennes  de  Loc-Maria-Quîmper,  (Fontaine, 
soupière,  couvercles  de  soupières,  pots  de  pharmacie,  bou- 
teilles, etc.) 

(^A  suivre*  ) 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE  DU  12  JUILLET  1873. 


PréBidenee  de  M.  A.  de  Blois. 

Elaîenl  présents  :  MM.  Audran  ;  —  de  Blois  ;  -^  Bouras^ 
sin  ;  —  Donnard  ;  —  Faiy  ;  —  Flagelle  ;  —  Fougeray  ;  — 
Le  6uay  ;  —  Halléguen  ;  —  Malen  ;  —  Le  Men  ;  —  de 
Monlifault  ;  —  Mpreau  ;  —  Roussin. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  d'un  vice-pré&ident 
delà  Soeiété,  en  remplacement  de  M.  Roussin,  démission- 
naire, r 

M.  le  Président  procède  à  l'élection;  mais  la  réMuion 
étant  peu  nombreuse^  on  décide,  sur  la  demande  de  H. 
Donnard,  et  de  quelques  autres  membres ,  de  laisser  le 
scrutin  ouvert  jusqu'à  la  Sn  de  la  séance. 

M.  le  Président  invite  ensuite  M.  Le  Men  à  donner  lecture 
dt  son  travail  sur  la  restauration  des  tombeaux  des  évêques 
dans  la  cathédrale. 

M.  Le  Mfiii  regrette  de  ne  pouvoir  se  rendre  à  Tinyitation 
de  M.  le  Président.  Son  état  de  santé  s'élant  fort  peu  amé- 
fioré  depuis  la  dernière  réunion,  il  n'a  pu  terminer  son  mé- 
moire; il  n'en  sera  du  reste  que  plus  corpplet,  lorsau'il  lui 
sera  possible  d'en  donner  communication  à  la  Société.  En 
effet,  le  travail  de  restauration  des  tombeaux  des  évéques 
se  poursuit  encore  aujourd'hui,  et  ne  s'arrêtera,  il  l'espère 
bien,  que  lorsque  cette  œuvre  de  pieuse  réparation  sera  com- 
plète. 

Pour  tenir  Heu  de  cette  notice  qui  figure  à  Tordre  du  jour 
de  la  séance^  M.  Le  Men  donne  lecture,  avec  l'assentiment 
de  la  réunion,  d*un  mémoire  sur  les  noms  bretons  commen-^ 
çant  par  Àb  ou  Ap.  Ce  travail,  qui  paraîtra  dans  le  prochain 
Daméro  de  la  Revue  Celtiquej  actuellement  sous  presse,  lui 
a  été  inspiré  par  une  note  que  M.  Renan  envoya  en  i867 
au  Congrès  international  de  Saint-Brieuc,  note  dans  laquelle 
ee  savant  s'efforçait  d'établir  que  le  nom  d'Abelard  était 
Breton,  et  voulait  dire  fils  d'Alard  (Ab-Alard,  filius  Alàrdi). 

Les  reehercbes  entreprises  par  M.  Le  Men  à  un  point  de 
vue  purement  philologique,  l'ont  conduit  à  des  résultats  qui 
bi  permettent  de  conclure  que  les  Bretons  qui  colonisèrent 
la  partie  do  la  cité  des  ôsismii  représentée  par  l'ancien  dio- 
cèse de  Léon,  étaient  sortis  du  pays  de  Galles.  Cette  con- 
clusion serait,  à  son  avis  conforme  aux  présomptions  histo- 
riques. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  46  - 

Il  est  très-porié  a  croire,  en  effet,  que  la  partie  nord  de 
rArmorique,  de  rOcéan  à  la  rivière  du  Couesnon,  forrwant 
le  terriloire  de  la  cité  des  Osismii,  fut  d'abord  occupée  par 
les  Dutnnonii  de  Tîle  de  Bretagne,  qui  y  fondèrent  le 
royaume  de  Domnonée.  Les  Cornavii  des  bords  de  la  Sa- 
Terne  s'établirent  ensuiie  au-dessous  des  Dumnonii,  dans 
le  terriloire  de  la  cilé  des  Corisopites  ou  Curiosolites,  qui 
prit  plus  lard  le  nom  de  Cornubia  (Cornouaille).  Il  est  fort 
probable  que  ces  derniers  colonisèrent  aussi  la  cilé  des 
Veneti.  Ce  ne  serait  que  plus  tard  qu'une  colonie  d*émi- 
grants  partie  de  la  Gambrie,  serait  venue  s'implanter  dans 
le  pays  déjà  occupé  par  les  Dumnoniij  cl  y  aurait  fondé 
le  comté  et  l'évêché  de  Léon.  On  se  rendrait  compte  ainsi 
de  la  suprématie  que  les  rois  de  la  Domnonée  exercèrent 
sur  les  comtes  de  Léon  pendant  une  partie  du  VI*  siècle, 
et  on  s'expliquerait  pourquoi  l'auteur  de  la  Vie  de  saint 
Paul  Aurélien  donne  encore  le  nom  de  Domnonée  au  terri- 
toire du  eomté  de  Léon,  à  une  époque  où  les  comtes  de  ce 
nom  s^étaieut  rendus  indépendants. 

Incidemment  M.  Le  Men  déclare  qu'il  ne  partage  pas 
l'avis  de  quelques  personnes  qui  frappées  de  la  grande  dif- 
férence qui  existe  aujourd'hui  entre  le  breton  de  Vannes  et 
les  autres  dialectes  bretons,  ont  cherché  à  l'expliquer  par 
une  différence  d'origine.  Il  pense  qu'au  moyen-âge  le  breton 
de  Vannes  ne  différait  pas  de  celui  de  Cornouaille.  C'est  ce 
qui  paraît  résulter  des  noms  de  lieux  anciens  de  cet  évécbé* 
seul  moyen  de  comparaison  dont  nous  puissions  disposer. 
A  son  avis,  la  cause  principale  de  l'altération  du  breton  de 
Vannes  a  été  le  changement  de  Taccent  tonique  dans  cet  évê* 
ché«  L'accent  tonique  breton,  qui  se  place  toujours  sur  la 
pénultième^  n'existe  plus  dans  le  breton  de  Vannes  ;  on  Vy 
a  remplacé  depuis  longtemps  par  l'accent  tonique  français» 
et  l'on  peut  aisément  se  figurer  les  ravages  qu'une  pareille 
substitution  doit  produire  dans  l'organisation  des  mots  d'une 
langue. 

Apres  la  lecture  de  ce  mémoire  qui  ne  donne  lieu  à  au- 
cune observation,  M.  deMoniifault,  sur  l'invitation  de  M.  le 
Président,  communique  à  l'Assemblée  le  récit  d'une  excur* 
sion  archéologique  qu'il  a  faite ,  au  mois  d'avril  dernier,  à 
Briec  et  à  Edern^  en  compagnie  de  quelques  autres  membres 
de  la  Société. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  47  — 

Excursion  Archéologique  à  Briec  et  à  Ëâem    par 
IfM.  Le  Guay,  Le  Men  et  de  MontiflEtult. 

Nous  avons  pensé  que  tout  membre  de  la  Société,  dans  ses 
promenades  ou  en  faisant  ses  affaires,  pouvait  apporter  un 
contingent  utile  à  nos  études  en  donnant  un  compte  rendu 
succinct  deâ  localités  qu'il  aurait  pu  visiter  et  des  renseigne- 
ments qu'il  aurait  pu  recueillir  sur  son  parcours. 

C'est  dans  ce  but  que  nous  prions  tous  les  sociétaires  de  ne 
pas  négliger,  chaque' fois  que  l'occasion  s'en  présentera,  de  re- 
cueillir des  notes  et  d'en  donner  connaissance  à  nos  réunions. 
Ces  notes,  plus  ou  moins  complètes  seront  toujours  un  indice 
et  pourront  quelqu'insufOsantes  qu'elles  soient,  servir  de 
point  de  départ  pour  d^s  études  plus  approfondies. 

Nous  m)us  exécuterons  les  premiers  en  priant  nos  collègues 
de  nous  suivre  dans  cette  voie  qui  peut  être  féconde  eti  ré- 
sultats. 

Vers  la  fin  du  mois  de  mars,  M.  Le  Guay,  l'un  de  nos  col- 
lègues, fit  connaître  à  M.  Le  Men  et  à  moi  l'existence  d'une 
pierre  â  quatre  auges,  munie  de  tourillons  que  l'on  supposait 
être  uue  ancienne  mesure,  et  qui  à  ce  point  de  vue,  offrait  un 
véritable  intérêt  archéologique. 

.Notre  président,  M.  de  Blois,  informé  du  fait»  écrivit  aus- 
sitôt i  il,  le  comtede  Hercé,  propriétaire  du  château  de  Kéro- 
bézan  en  Briec,  où  était  cette  pierre,  et  obtint  de  lui  qu'elle 
serait  transportée  au  Musée. 

M.  Le  Guay  offrit  sa  voiture,  et,  le  2  Avril,  nous  partîmes 
MM.  Le  Guay  père  et  fils,  M.  Le  Men  et  moi  pour  aller  voir 
cette  pierre  et  avec  l'intention  de  visiter  les  communes  de 
Briec  et  d'Edern. 

Je  ne  décrirai  pas  là  roule  de  Quimper  â  Chaleaulin  ;  tout 
le  monde  la  connaît;  elle  n'offre  rien  de  particulier,  si  ce  n'est 
ses  sites  ombragés  et  pittoresques,  ses  délicieux  vallons,  ses 
'  verdoyants  coteaux,  sur  l'un/  des  quels  s'élève  le  manoir  de 
Coatbilly  où  l'on  remarque  un  escalier  de  pierre  en  spirale 
d'une  hardiesse  admirable,  et  dans  l'intérieur  duquel  se  lit 
^'inscription  suivante  en  caractères  gothiquei^  : 

lan  :  1557.  pierres  :  le  minec  :  me  :  fit  :  faire. 

  côté  se  trouve  un  écusson  portant  trois  fusées  rangées 
en  fasce  et  accompagnées  de  six  besants  posés  trois  et  trois. 

Cette  inscription  est  aussi  bien  conservée  que  si  elle  sortait 
des  mains  du  sculpteur. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  48  - 

Les  caractères  sont  cii  relief.  Les  fenêlres  du  manoir,  avec 
des  mentaux  en  fornae  de  croix  et  surmontées  d'accolades^ 
ont  aussi  un  certain  caractère. 

Arrivés  à  l'embranchement  des  routes  de  Brest  el  de  Briec, 
nous  nous  engageons  sur  cette  dernière. 

Là,  dès  les  premiers  pas,  par  la  largeur  et  la  direction  ie 
la  voie,  nous  reconnaissons  que  nous  nous  trouvons  sur  une 
voie  très*antiqua  et  très- importante  qui,  selon  t<Hite  probabi- 
lité e$t  une  voie  romaine. 

"• 

La  route  actuelle  est  construite  sur  celte  ancienne  voie  dans 
la  plus  grande  partie  de  son  parcours.  Elle  la  quitte  à  chaque 
instant  par  suite  d'un  grand  nombre  de  rectifications  ancien- 
nes ou  modernes,  mais  alors  on  peut  suivre,  soit  à  droite 
soit  à  gauche  de  la  roule  actuelle  qui  ne  s'en  écarte  jamais 
bien  longtemps,  le  tracé  de  Tancienue  voie. 

Tout  ce  parcours,  depuis  l'embranchement  jusqu'à  Briee, 
nous  a  éoua  oiert  un  iniérêt  coosiant. 

A  un  kilomètre  environ  de  i'endbrancfaement  se  trouvent 
l'atelier  d'un  charron  et  celui  d'un  maréchal-ferrani,  sur  la 
gauche  de  la  route. 

Là,  un  chemin  à  gauche,  et  plus  loin  dans  on  bouquet  de 
beaux  arbres  un  clocher  charmant»  svelte,  élancé,  dentelé, 
dans  une  situation  délicieuse. 

Renseignements  pris,  c'est  le  clocher  de  la  chapelle  de  Ste- 
Cécile,  en  Briec.  Nous  remettons  au  retour  la  visite  de  cette 
chapelle,  si  le  temps  nous  le  permet. 

A  cent  mètres  de  la  borne  portant  l'indication  10  kil.  600  m. 
nous  trouvons  appliqué  dans  le  talus  de  ta  route  à  gauche, 
côté  nord,  un  sommet  de  croix.  Cette  croix  est  paitée;  d'àji  cdlé 
se  trouve  le  Christ,  de  l'autre,  au  centre,  unemâcle  gravée  en 
creux  el  au  milieu  un  besant  eu  relief,  ou  un  écusson  àh  fille 
en  losange  avec  un  besant.  j 

Un  peu  plus  loin ,  à  droite  dans  le  fossé  sud,  en  face  die  la 
borne  portant  l'indication  11  kil.  600  m.  se  trouve  une  borne 
renversée,  de  forme  cyiindro-côuique,  portant  en  cre^x  lunQ 
inscription  gravée  qui  semble  dtre  le  mot  6DËBN.  Les  carac- 
tères très  frustes  sont  fort  anciens.  Ils  ont  absolument  la  même 
forme  que  les  caractères  de  l'inscription  de  la  borne  de  yhr» 
ganium  qui  est  dans  la  salle  voisine.  Cette  borne  n'avait  pas  pllus 
de  75  à  80  centimètres  hors  de  terre.  | 

Bientôt ,  sur  la  gauche  ,  nous  apercevons  un  poi|^il 
assez  grandiose,  et,  derrière,  une  magnifique  avenue  plantée 
de  12  rangées  de  chênes,  avenue  de  50O  mètres  de  longueuir. 


-  49  ~ 

C'est  l'entrée  du  château  de  Kérobézao  que  nous  voyons  dans 
le  lointain  et  qui,  de  la  route  ofire  un  aspect  assez  imposant. 

Nous  entrons  dans  l'avenue ,  mais  si  du  dehors  l'à^pect  est 
êûcfaanteur,  il  s'en  faut  que  ce  sentiment  d'admiration.  per« 
slsle  quand  on  a  pénétré  dans  ^avenue.  Ornières,  fondrière^ 
excavations  dangereuses;  le  cheval  donne  i  plein  collier,  M. 
Le  Guay  et  moi  nous  allégeons  la  voiture  qui  cependant  gémii 
et  qui  c|ans  une  secousse  violente  perd  un  de  ses  écrous. 

Nous  arrivons  sans  autre  accident  au  château.  Nouveau  dé^ 
senchantement. 

De  loin  c'est  quelque  chose  et  de  près  ce  n'est  rien 

OU  du  moins  ce  n'est  plus  ce  que  nous  pensions. 

Kérobézan  indique  pourtant  par  ses  ruines  une  rési- 
dence autrefois  assez  importante. 

Des  murs  d'enceinte  très  épais  flanqués  de  deux  grosses 
tours,  le  tout  bâii  en  schiste  ardoisier  et  tombant  en  ruines  : 
Dans  l'enceinte  une  immense  cour  pavée  :  au  fond  un  grand 
manoir  sans  autre  caractère  que  des  fenêtres  h  accolades  :  cons- 
truction gi^ossière  et  peu  artistique. 

k  rintérieure  immenses  cheminées  sans  ornements;  escalier 
en  spirale,  très  beau  et  très  solide,  conduisant  au  premier  étage 
qui  menace  ruine.  Là  encore  grandes  cheminées  sans  sculp- 
tures et  sans  traces  d'écussons.   Voilà  ce  que  nous  relevons. 

Vu  par  derrière,  le  manoir  ne  présente  que  des  murs  nus, 
quelques  meurtrières  bouchées,  une  grande  porte  à  plein  cein- 
tre  murée  et  la  tourelle  de  Tescalier. 

Nous  franchissons  une  barrière  au  nord  de  la  cour,  et  nous 
posons  le  pied  sur  la  pierre  à  quatre  anges,  but  détet'minanl 
de  notre  excursion. 

Cette  pierre  é^t  fort  curieuse,  un  des  tourillons  a  été  abattu, 
et  le  bord  de  séparation  de  deux  des  auges  a  été  enlevé  de  ma- 
nière qu'elle  pût  servir  d'escalier  pour  franchir  la  barrière. 

Le  fermier  s'offre  obligeamment  à  la  transporter  lui-mên»e 
au  Musée  de  Quimpei*.  (£lle  est  actuellement  dans  la  salle  où 
nous  nous  trouvons. 

Nous  traversons  ensuite  un  vaste  jardin  enclos  de  murailles 
et  nous  arrivons  à  la  petite  chapelle  particulière  des  seigneurs 
de  Kérobézan. 

Cette  chapelle  en  ruines,  sert  aujourd'hui  d'étable  et  rtn* 
ferme  des  instruments  d'agriculture.  Elle  n'offre  rien  de  re- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  50  — 

marquable  :  fenêtres  à  croisillons  et  à  accolades,  portes  à 
accolades;  une  autre  porte  esià  plein  ceintre^  l'un  de  ses  mon- 
tants porte  une  date  fruste,  commençant  par  lesctiifilres  I  et  6. 

La  ctiapelle  est  donc  du  XVll*  siècle.  Après  lui  avoirdemandé 
s1l  avait  été  Tait  dans  les  environs  des  trouvailles  d'objets 
anciens,  de  sépultures,  de  tuiles  romaines  ou  de  constructions 
anciennes,  questions  auxquelles  il  répondit  négativement, 
nous  quittons  Tobligeanl  fermier  de  Kérobézar^et  nous  arri- 
vons à  Briec. 

Le  plan  de  Téglise  de  Briec,  offre  l'aspect  d'une  croix  latine, 
sa  construction  n'a  rien  de  bien  remarquable.  Le  porche  ouest 
est  surmonté  d'une  tour  carrée  et  d'une  flèche  octogonale, 
comme  la  plupart  de  nos  églises  bretonnes.  Elle  offre  tous  les 
caractères  des  constructions  du  XVIll*  siècle. 

A  l'intérieur  rien  de  remarquable,  si  ce  n'est  un  vieux  banc 
en  bois  hors  de  service.  Ce  banc  est  plus  ancien  que  l'église. 
II  est  à  pieds  tournés  et  divisé  en  stalles,  qui  sont  séparées  par 
des  accoudoirs,  dont  quelques  uns  ont  disparu.  Cet  objet  de 
menuiserie  doit  dater  du  XVII«  siècle. 

Dans  le  vaste  cimetière  qui  ent.oui*e  l'église,  a  l'angle  sud- 
est  ,  on  remarque  une  croix  ancienne  à  base  triangulaire 
équilatérale,  base  composée  de  plusieurs  marches  ;  cette  base 
présente  une  face  au  nord.  Sur  celte  face  se  trouve  rinscriplion 
suivante  : 

REQ  :  H  :  l  :  GVICHO. 

ET  :  KT  :   GORIOV   :   SA. 

FAE:  L:  1639. 

La  principale  raison  qui  nous  avait  entraînés  et  Briec,  était 
le  désir  de  voir  et  de  dessiner  une  croix  extrêmement  curieuse, 
qui  se  trouve  dans  l'intérieui;  du  cimetière. 

Cette  croix  est  située  au  sud  de  la  tour  de  l'église,  au  milieu 
de  l'espace  qui  sépare  le  temple  du  mur  d'enceinte  du  cimetière. 

La  hauteur  totale  du  monument  est  de  2  m.  95  hors  de  terre. 

Le  lût  est  un  monolithe  de  3  m.  30  de  hauteur,  et  de  33  centi- 
mètres de  diamètre. 

Les  angles  sont  abattus  presque  jusqu'au  sommet,  de  ma- 
nière a  former  un  prisme  octogonal,  composé  de  quatre  grandes 
faces  et  de  quatre  petites,  le  tout  surmonté  d'un  prisme  qua- 
drangulaire,  les  grandes  faces  ont  une  largeur  de  0  m.  17, 
les  petites  de  0  m.  08. 

Deux  des  grandes  (aces,  celle  de  Test  et  celle  du  nord,  sont 
profondémeut  gravées  au  trait. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  51  ~ 

La  (ace  est,  présente  Jlmage  d'un  grand  glaive  ou  épée  à 
deux  mains,  de  2  m.  30  de  longueur.  La  pointe  atteint  presque 
le  $oran[)et  du  nnonoliihe.  Une  partie  de  la  poignée  disparaît 
en  terre; 

La  face  nord  présente  aussi  l'image  d'un  f^laive,  mais  plus 
court,  d'une  longueur  de  1  m.  50^  eX  surmonté  de  deux  cercles 
concentriques* 

Les  deux  autres  faces  ouest  et  sud  ne  portent  aucune  trace 
4e  sculpture. 

Ce  monolithe  si  curieusement  gravé  semble  fort  ancien;  il 
estsurmontéd'une  croix  pattée,  qui  parait  plus  moderne,  et  qui 
porte  en  relief  sur  la  face  est,  la  date  1656,  et  sur  la  face  ouest, 
un  écussori  triangulaire,  dans  lequel  on  ne  distingue  aucune 
pièce  héraldique. 

Mous  nous  sommes  enquis  auprès  des  habitants  de  la  com- 
mune, des  objets  qui  auraient  pu  être  trouvés,  des  indices 
d'anciennes  sépultures  ou  d'anciennes  constructions,  on  n*a 
rien  pu  nous  indiquer. 

Édern  étant  peu  éloigné  et  pouvant  offrir  quelque  intérêt, 
nous  prenons  la  route  d'Édern. 

Nous  arrivons  bientôt  un  dépôt  d'étalons,  d'oii  nous  aperce- 
vons une  très-grande  croix  en  pierre,  élevée  sur  un  socle 
quadrangulaire,  composé  de  six  marches  et  d*un  haut  soubas- 
sement. 

Cette  croix  n'offre  rien  de  bien  particulier  h  nos  ob- 
servations. ^ 

Sur  le  soubassement,  au  couchant,  se  trouve  un  écusson 
chargé  de  trois  objets  ronds  qui  semblent  être  des  besants. 

Au  nord  on  lit  ;  G  :  BRION. 
•      Au  raidi  :  LAN  :  1677. 

Le  tool  en  relief. 

Nous  arrivons  à  Édern.  Son  église  est  plus  ancienne  que 
celle  de  Briec. 

Elle  donne  en  plan  un  rectangle,  terminé  à  l'est  par  une 
abside  carréo.  Elle  se  compose  d'iine  nef  et  de  deux  bas  côtés, 
séparés  par  six  travées  d'arcades  ogivales.  L'un  des  piliers, 
qui  a  survécu  à  la  destruction  d'un  édifice  antérieur,  eçt  évi- 
demment bien  plus  ancien  que  le  reste  de  l'église. 

U  est  entouré  vers  le  milieu  de  sa  hauteur,  d'un  anneau 
hexagonal,  sur  les  faces  duquel  sont  sculptés  en  relief  trois 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  62  — 

fleurs  de  lys,  des  dents  de  scie  ou  cherrons,  une  TeuiMe  ou 
fleur  allongée,  un  lièvre,  un  sanglier  ou  porc  et  un  qualre- 
l^uillesi  lobes  pointue.  Les  angles  de  Thexagone  sont  Tormés 
par  des  tètes  de  bœuf  et  de  bélier. 

Un  anneau  de  même  forme  existe  à  la  hauteur  du  chapi- 
teau, mais  son  ornendentation  ne  consiste  qu*en  un  enroule- 
ment de  feuillages. 

Les  fenêtres  sont  à  meneaux  flamboyants.  La  maîtresse 
vitre  conserve  de  beaux  l'estes   de  vitraux   du  X\l^  siècle^ 

Dans  le  pilier  du  chœur,  côté  de  TEvangile,  est  encastré  un 
socle,  qui  supporte  une  vierge.  Sur  ce  socle  on  lit  : 
P  :  Y  :  PEZBON  en  relief.  C'est  le  commencement  d'urne  ios- 
crlplioh  dont  la  suite  est  illisible. 

l/église.  sauf  le  pilier  décrit  plus  haut,  qui  parait  renH)nt€r 
au  Wh  siècle,  est,  par  l'ensemble  de  son  architecture,  du  mi- 
lieu (lu  XVl«  siècle^  comme  le  confirment  les  vitraux  et  use 
date  gravée  au-dessus  du  porche  ouest. 

Des  deux  côtés  de  ce  perche^  se  trouvent  daix  lioirà  pâ^^ 
sants  aiTrontés,  de  graudeur  naturelle,  sculptés  eH'  haut  relij^f. 

La  flèche,  qui  se  termine  par  on  dônnle  assez  élégant,  est  dtt 
XVIl«  siècle. 

Dans  le  cimetière  noms  avons  remarqué  plusieurs  iee'bs 
fendus  endeiix. 

Les  lec*hs  sont  de  très-anciens  monuments  (unèbrës  ou 

f lierres  tombales,  q«i    remontent  aux  premiers   siècles  de 
'ère  chrétienne.  Us  affectent  ordinairement   la   forme  d'tift 
cône  tronqué  très-allongé  ou  d'une  pyramide  à  huit  pans^ 

H  y  a  environ  dix  ans,  M.  de  Blois,  M.  Tabbé  Postie  et 
M.  Le  Men,  nos  collègues,  avaient  relevé  dans  ce  cimetière  la 
présence  de  deux  aogé^  en  pierre,  extrêmement  massives^  qui 
avaient  été  retirées  de  l'église,  où  elles  étaient  précédemmeol 
placées  contre  les  murs. 

C'étaient  d'anciennes  sépultures. 

Oh  es(  généralement  porté  à  s'eÈdgére^  l'antiquité  des 
auges  en  pierre  servant  de  cercueils,  et  l'on  s'imagine  â  tort 
qu^elles  n'ont  été  employée^  ^m  tfàns  leâ  temps  les  pitis 
reculés. 

Les  deux  auges  d'Éderd  né  remontaient  poiirtàUt  qu'au 
XVI*  siècle. 

Cela  résulte  d'une  inscription  taillée  sur  la  paroi  de  Tune 
d'elle^.  Le  mauvais  état  de  l'inscription  ne  permettait  pas  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


-sa- 
la lire.  On  n'y  distinguait  que  les  mots  :  Saint-Édenif  patron 
de  l'église,  ce  qui  Taisait  penser  aux  habitants  que  c'était  là  le 
tombeau  du  eaim. 

Quoi  qu'il  eh  soit,  ces  mots  et  les  lettres  isolées  qu'il  était 
possible  de  reconnaître,  se  composaient  de  caractères 
dont  la-forme  indiquait  clairemenl  qu*ils  avaient  été  traeés 

au  XV 1°  siècle. 

Outre  cette  inscription,  on  remarquait  ans  extrémités  des 
deux  auges  des  écussons  portant  trois  roses,  placées  2  et  1. 

Nous  avons  vâitlenrïetit  cherché  ces  auges  ;  il  est  probable 
qu'elles  ont  subi  le  sort  des  iec'hs  dont  nous  venons  de  parler, 
et  qu'elles  ont  servi  à  faire  de  nouvelles  pierres  tombales. 

Nous  avions  hâte  de  Reprendre  la  route  de  Quiraper.  espé- 
railt  avoir  encore  assez  de  }our  pour  visiter  la  chapelle  de 
Ste-Cécile  que  nous  avions  laissée  le  matin. 

Kous  marchons  rapidement  jusqu'à  cette  chapelle. 

Le  chemin  qui  y  conduit  de  la  route  est  très'pittoresqué  et 
très- ombragé. 

Il  débouche  sur  un  placiire  planté  de  fort  beaux  hêtres  au 
milieu  desquels  s'élève  la  chapelle. 

Le  plan  de  celte  chapelle  offre  la  forme  d'une  cfoix  latîhe. 

Il  y  a  d^ux  portes,  l'une  à  l'ouest  sous  le  porche,  l'autre 
an  midh  Le  clodherest  des  plus  sveltes  et  des  plus  gracieux. 

En  entrant  par  la  porte  sud  nous  trouvons  à  notre  droite  un 
vieuk  bérritiér  qui  semble  plus  ancien  que  l'église,  niafs  qui 
cependant  ne  porte  aucun  trait  caractéristique  qui  puisse  faire 
itlennaitre  l'époque  à  laquelle  il  a  été  taillé. 

En  face  de  la  porte  sur  le  mur  du  Nord,  se  trouvent  trois 
peinitires  à  fresque  â  teintes  plates,  dessinées  avec  du  vert  cru, 
de  l'ocre  jaUtie  et  de  l'ofcre  ronge. 

Ces  peintures  représentent  des  arbres,  des  feuillages,  des 
cerfs  el  des  loups  ou  des  chiens.  —  C'est  tout  ce  qu'il  y  a  de 
plus  nàîf.  ~  des  dessins  comme  ceux  que  l'ou  rencontre  sur 
les  cahiers  d'écoliers. 

A  droite,  un  peu  plus  loin  que  le  bénitier  se  trouve  une 
crédeuce  avec  piscine. 

Dans  l'encoignure  formée  par  le  pilier  qui  sépare  la  nef  du 
chœur,  on  voit  les  traces  d'un  autel  au-dessus  duquel  est  une 
peinture  représentant  saini-Hurlou,  comme  l'indique  une  ins- 
cription peinte  en  noir  au-dessous  du  saint. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  54  — 

A  gauche  et  faisant  pendant  se  trouve  an  autre  saint. 

Séparant  la  nef  du  transept  à  une  hauteur  de  3  mètres  en- 
viron on  remarque  la  poutre  svmboliqir  portant  le  Christ 
crucifié,  et,  de  chaque  côté,  la  Vierge  et  Saint-Jean. 

Celte  poutre  et  les  personnages  gardent  des  traces  de  pein- 
tures. 

1^  poutre  symbolique  existait  autrefois  dans  toutes  les  églises. 

Depuis,  elle  a  été  supprimée  dans  la  plupart  des  églises  pa- 
roissiales, et  on  ne  la  retrouve  plus  guères  que  dans  quelques 
chapelles. 

Le  chœur  composé  de  la  léle  et  des  deux  bras  de  la  croix, 
était  éclairé  par  cinq  fenêtres.  Celle  dq  nord  est  murée,  celle 
du  midi  est  aussi  condamnée  jusqu'au  milieu*  de  sa  hauteur; 
la  partie  supérieure  n'a  que  des  vitres  blanches. 

Des  trois  de  l'est,  celle  qui  est  au-dessus  de  l'aiatel  de  gauche 
est  au^si  murée,  mais  on  distingue  encore  les  meneaux  qui  sont 
du  style  gothique  rayonnant. 

Celle  du  mailre  autel  est  intacte,  même  style.  Les  vitraux 
chargés  de  personnages  de  grandeur  demi -nature,  sont  en 
grande  partie  cachés  par  le  maître  autel.  Ils  semblent  être  de 
la  fin  du  XVI*  siècle. 

Enfin  la  fenêtre  de  droite  surmonte  l'autel  de  Sainte-Cécile, 
patronne  de  la  chapelle,  même  style  rayonnant.  Les  vitraux 
sont  aussi  du  XV1«  siècle. 

A  gauche  Sainte-Cécile  regardant  le  Christ  en  Croix^  d'un 
air  inspiré,  assise  et  jouant  de  Torgue  ;  derrière  le  buffet 
d'orgues  un  page,  coiffé  d'un  toquetà  plume  blanche,  entr'ouvre 
une  porte  et  regarde  curieusement  sainte  Cécile; 

Dans  un  compartiment  inférieur,  sainte  Cécile  à  genoux. 

Au  basi  en  légende  se  lit  rinscription  suivante  :  COMENT 
S  :  CECIALIA  PRIOET.  DIEV,  AVA.  LES  L...  Là,  l'inscrip- 
tion qui  passait  sur  la  partie  droite  du  vitrail,  est  interrompue. 
Celte  inscription  formée  d'un  mélange  de  caractères  gothique, 
et  de  lettres  romaines,  est  évidemment  de  la  fin  du  XVb 
siècle. 

A  droite  le  vitrail  est  brisé  en  bas  au  tiers  de  sa  hauteur.  — 
Le  haut  représente  un  pape  et  un  chevalier  à  genoux  tenant  un 
mis.sel  dans  lequel  il  lit  le  Credo. 

Mentionnons  encore  auprès  de  la  porte  de  la  sacristie  en 
face  de  Tautel  de  sainte  Cécile  une  base  et  un  fût  de  croix  qui 
semblent  assez  anciens. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  85  -^ 

Déjà  le  joar  commençait  à  baisser;  en  faisant  le  tour  de  TE- 
glise  exlérieuremeni,  nous  aperçûmes  cependant  à  une  grande 
hauteur,  au  sommet  du  pignon  nord  du  chœur  une  inscription 
en  relief  qui  parait  composée  de  lettres  gothiques  très-serrées; 
tuais  que  la  distance  et  Tabsence  de  lumière  ne  nous  permirent 
pas  de  déchiflrer. 

Il  fallait  songer  à  la  retraite  et  nous  rentrâmes  à  Quimper 
après  une  journée  où  nous  ne  sommes  pas  un  instant  restés 
sans  qu'un  objet  intéressant  attirât  notre  attention.  (1) 

La  lecture  de  ce  récit  est  écoulée  avec  un  vif  intérêt, 
et  Ton  décide  qu'il  sera  inséré  in-extenso  dans  le  prochain 
numéro  du  Bulletin  de  la  Société. 

M.  BouRÀSsiN  donne  ensuite  communication  d'une  note 
sur  des  faits  géologiques  qui  se  seraient  produits  au  com- 
mencement de  l*ëre  chrétienne  sur  quelques  points  de 
notre  littoral. 

(f  II  y  a  une  trentaiue  d'années,  dit  M.  Boubassin^  plu- 
sieurs dunes  de  sables  de  l'anse  de  la  Palueou  de  Losmarc'h 
en  la  commune  de  Grozon  (Finistère),  furent  déplacées  à 
la  suite  d'une  violente  tempête,  et  mirent  à  découvert,  au 
milieu  de  fragments  de  tuiles  à  rebord  et  de  tessons  de 
poterie  de  l'époque  gallo-romaine,  un  grand  nombre  de 
squelettes  d'hommes»  de  femmes  et  d'enfants  de  tout  âge, 
régulièrement  rangés  les  uns  près  des  autres.  Leurs  bras 
étaient  étendus  le  long  du  corps,  et  leur  tête  reposait  sur 
une  pierre  plate.  Il  était  évident  que  ce  lieu  avait  été  le 
théâtre  d'une  catastrophe  dans  les  premiers  siècles  de  notre 
ère,  et  plusieurs  conjectures  sur  la  cause  de  ce  désastre, 
furent  mises  en  avant.  Les  uns  l'attribuèrent  à  une  maladie 
contagieuse,  d'autres  à  une  descente  de  pirates  sur  ce 
point  de  la  côte^  où  les  vestiges  d'un  établissement  gallo- 
romain  sont  encore  bien  visibles.  Cependant  aucuni  des 
squelettes  ne  portait  de  traces  de  mutilation. 

w  Pour  moi,  je  n'hésite  pas  à  croire  avec  mon  ami  Du- 
rocher,  ingénieur  des  mines  à  Rennes,  que  la  catastrophe 
dans  laquelle  périrent  tant  d'êtres  humains,  fqt  causée  par 


(1)  A  différents  endroits  de  cette  lecture.  M.  de  Montifault  s'est  iu" 
terrompu  pour  donner  certaines  explicatious  plus  détaUiées  et  pour 
faire  passer  les  plans  et  les  desseins  des  monuments  et  inscriptions 
qu'il  décrivait. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  56  — 

UR  tremblement  de  terre,  qiti  eut  lieu  sur  dos  côtes  vers 
la  fin  du  IIP  siècle  de  Tère  chrétienne,  et  qui  ^orma  une 
grande  partie  des  baies  ou  anses  de  ce!fn!  partie  de  notre 
littoral  Go  tremblement  de  terre  détruisit  plusieurs  villes 
où  vHIages  dont  les  habitants  furent  engloutis  dans  les  flots. 
La  mer,  en  se  retirant,  laissa  à  découvert  leurs  cadavres^ 
qui  furent  inhumés  dans  les  sables. 

«  Si  nousconsultons  les  faits  géologiques,  nous  remar- 
quons sur  divers  points  du  littoral  de  la  presqu'île  de  Cro- 
zon,  un  grand  nombre  de  roches  tracbitiques,  volcaniques, 
pyrogènes,  dont  rapparjtion  a  été  la  cause  du  soulèvement 
du  sol  et  par  suite  du  tremblement  de  terre  dont  nous 
parlons, 

it  Ce  qui  me  porte  à  placer  à  la  fin  du  III^  siècle  de 
notre  èfe  la  catastrophe  de  Tanse  de  la  Palue,  c'est  qu'à 
l'époque  où  elle  a  eu  lieu,  la  religion  chrétienne  n'était  pas 
encore  cohnue  dans  cette  contrée.  On  n'a  découvert,  en 
effet,  aucun  emblème  chrétien  au  milieu  des  squelettes  qui 
y  étaient  inhumés. 

«  On  a  souvent  parlé  de  la  ville  dis  envahie  par  la  mer, 
sans  qu'il  ait  été  possibie  de  déterminer  son  emplacement. 
Ife  pourrait-on  pas  attribuer  sa  destruction  au  tremblement 
de  terre  que  je  viens  de  mentionner,  et  ne  pourrait-on  pas 
en  conclure  quelle  était  située  aux  environs  de  Crozon,  sur 
la  baie  de  Douamenez  ?  » 

M.  lé  Président  remercie  M.  Bourassin  de  son  intéres- 
sante communication.  L'abaissement  du  sol  sur  plusieurs 
points  du  httoral  du  Finistère  est  un  fait  sur  lequel  ne 
peiiteni  laisser  aucun  doute  l'existence  de  forêts  soils- 
maritiés  dans  plusieurs  de  nos  anses,  et  l'envahissement 
par  les  sables  ou  par  la  mer,  de  nombreux  monuments 
gaulois  ou  gallo-romains.  La  géologie  doit  venir  en  aide  à 
l'histoire,  pour  expliquer  ces  phénomènes,  et  il  espère  que 
M.  BoTjRASsm,  quia  fait  de  la  constitution  de  notre  sol  une 
étude  approfondie,  voudra  bien  développer  dans  on  travail 
d'ensemble,  tous  les  faits  de  nature  à  expliquer  les  modi- 
fications qiïi  se  sont  produites  dans  la  configuration  de  nos 
côtes  depuis  les  temps  historiques. 

M,  Lr  Msrf  faif  observer  que  si  la  catastrophe  de  l'anse) 
de  Losmarc'h  doit  être  attribuée  à  un  tremblement  de  terre, 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  57  - 

ce  fait  n'a  pa  se  produire  qu'à  la  fin  du  IV*  siècle,  au  plus 
toi,  puisque  le  Musée  déparlemenial  d'archéologie  possède 
des  monnaies  des  empereurs  Valeniinien  et  Gratien,  pro- 
Tenant  de  cette  localité. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  M.  le  Président  fait  observer 
à  l'Assemblée  que,  si  intéressante  que  puisse  être  la  commu- 
nication de  mémoires  faite  en  séance  par  un  petit  nombre 
de  membres,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  le  but  princi- 
pal que  s'est  imposé  la  Société  archéologique  du  Finistère, 
est  de  faire  connaître  les  richesses  monumentales  de  ce  dé- 
partement. C'est  un<3  tâche  à  laquelle  doivent  prendre  part 
tous  les  Membres  de  la  Société. 

Une  catégorie  de  monuments  lui  paraît  devoir  surtout 
fixer  l'attention  des  travailleurs.  Il  veut  parler  des  voies  ro- 
maines du  département  dont  le  réseau  n'est  que  très  impar- 
faitement connu.  Il  pense  que  Ton  pourrait  s'occuper  d'abord 
de  l'étude  des  voies  de  l'ancienne  Gornouaille. 

MM.  Halléguen^  Flagelle,  de  Montjfaijlt  et  Le  Men 
sont  d'avis  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'établir  de  subdivisions  dans 
cette  étude.  Par  cette  méthode,  on  n'obtiendrait  le  plus 
souvent  que  des  tronçons  de  voies.  Pour  avoir  la  véritable 
physionomie  du  réseau  des  voies  romaines  dans  notre  pays, 
il  convient  d'embrasser  dans  une  même  étude  l'ensemble  des 
voies  du  département. 

MM.  Boussm,  Fougerav  et  Le  Guày  demandent  si  les  voies 
sont  nombreuses  dans  le  Finistère. 

M.  Le  Men  répond  qu'à  son  avis,  elles  sont  peut-être  plus 
nombreuses  que  les  routes  actuellement  en  usage.  Si  elles 
sont  aujourd'hui  fort  dégradées,  c'est  que  le  moyen-âge  s'en 
est  emparé,  et  n'a  pas  pris  la  peine  ou  n'a  pas  eu  le  temps  de 
les  entretenir  dans  l'état  où  il  les  avait  trouvées. 

M.  RoussiN  voudrait  savoir  à  quels  caractères  on  peut  re- 
connaître une  voie  romaine. 

MM.  Halléguen,  Flagelle  et  Ls  Men  répondent  que  par- 
mi les  caractères  assez  nombreux  qui  servent  à  les  distinguer 
des  chemins  ordinaires,  on  peut,  indiquer  les  suivants  :  l^la 
présence  sur  leurs  bords  de  bornes  milliaires  ou  de  substruc- 
tions  gallo-romaines;  2*  leur  grande  largeur;  3°  leur  direc- 
tion vers  des  points  aujourd'hui  sans  importance,  et  où  se 
rencontrent  souvent  des  vestiges  romains;  i°  Tezistence  des 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  88  — 

restes  de  chaussée  pavée  dans  quelques  parties  de  leur 
parcours . 

ni.  Flagelle  pense  qu*outre  les  renseignements  deman- 
dés pour  rétude  des  voies  romaines,  il  importe  que  chacun 
fasse  connaître  tous  les  monuments  celtiques,  gallo-romains 
ou  du  moyen-àge  qu*il  a  pu  étudier,  ou  qui  lui  ont  été  signa- 
lés. On  arriverait  ainsi  promptement  à  établir  la  statistique 
monumentale  du  département. 

M.  le  docteur  Halléguen  dit  que  c'est  précisément  là  le 
but  que  poursuit  la  Société.  Il  ajoute,  et  cet  avis  est  partagé 
par  tous  les  Membres  présents,  qu'il  faudrait  pointer  sur  la 
carte  de  TEtat-major  tous  les  monuments  indiqués. 

M.  BB  MoNTiFAULT  vcut  bien  se  charger  de  cette  opération. 

M.  Le  Men  fait  observer  que  la  carte  de  TEtat-- major  est 
bien  confuse;  il  pense  que  pour  arriver  à  un  résultat  réelle- 
ment utile  et  pratique,  il  serait  préférable  d'indiquer  les  mo- 
numents sur  des  calques  des  cartes  cantonales  du  département. 

MM.  Hàlléguen,  Flagelle,  Audbaii,*  Le  Guay,  Fougbrat, 
de  MoNTiFAULT  et  DoNNARD  sout  du  même  avis. 

M.  le  docteur  Halléguem  met  sous  les  yeux  de  l'assem- 
blée un  plan  du  château  de  Gbàleaulin,  dans  les  ruines  du- 
quel il  a  fait  des  fouilles  il  y  a  quelques  années. 

M.  le  Président  donne  lecture  du  programme  du  prochain 
congrès  de  l'Association  bretonne,  qui  doit  avoir  lieu  à 
Quimper  le  15  septembre  prochain. 

Il  procède  ensuite  au  dépouillement  du  scrutin  pour  l'é- 
lection d'un  vice-président.  M.  le  comte  de  Carné,  de  l'A- 
cadémie française^  ayant  obtenu  l'unanimité  des  suffrages, 
est  nommé  vice-président  de  la  Société. 

MM.  BouRASsiN  et  Fatt  font  hommage  au  Musée  d'archéo- 
logie de  monnaies  et  d'autres  objets,  qui  seront  mentionnés 
avec  détails,  dans  un  des  prochains  bulletins  de  la  Société. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demi. 

Le  Secrétaire  :  R.  F.  Le  Men. 


ORDRE  DU  JOUR. 

Pour  la  séance  du  samedi  9  août^  à  2  heures,  dans  une  des  salles 
du  Musée  d* archéologie. 

V  Notice  sur  le  château  féodal  de  Ghàteaulin  et  sur  son 
parc  (avec  plans),  par  M.  le  docteur  Halléguen. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  59  — 

2°  Statistique  monumentale  de  diverse^  communes  du 
Finistère^  par  M.  Flagelle. 

3""  De  Quimperié  au  Pouldu,  excursion  arcbéologiquei 
par  M.  AuDRAn. 

Nota.  —  MM.  les  Sociétaires  sont  priés  de  vouloir  bien 
faire  parvenir  Je  plus  tôt  possible^  le  montant  de  leur  cotisa- 
tion (10  francs),  à  M.  Fatï^  cbef  de  bataillon  en  retraite, 
rue  des  Reguaires,  n**  22,  à  Quimper. 

Dons  offerts  au  Musée  départemental  d'Archéologie. 

M.  le  docteur  Halléguen,  membre  de  la  Société. 

1.  Hache  en  bronze  à  ailerons  trouvée  dans  la  commune 
de  Spézei  (Finistère),  près  d'un  grand  menhir. 

2  Fragments  de  poterie  gallo-romaine  trouvés  au  village 
de  KerviniCf  en  la  commune  de  Lopérec  (Finistère),  près 
d'un  camp  romain. 

3.  Fragment  d'une  mosaïque  servant  de  pavé  à  un  édifice 
gallo-romain,  dont  les  subsiructions  existent  dans  le  voisi- 
nage de  la  ville  de  Garhaix.  —  Dessin  colorié  de  cette  mo- 
saïque. 

4.  Enduits  colorés  dont  quelques-uns  sont  inscrustés  de 
coquilles  marines,  provenant  des  environs  de  Garhaix. 

5.  Fragments  de  poterie  fine  et  grossière,  même  prove- 
nance. 

6.  Fragments  nombreux  de  carrelages  en  marbre,  en 
pierre  calcaire  et  en  schiste  ardoisier,    même  provenance. 

7.  Divers  échantillons  de  béton  dont  quelques-uns  pro- 
viennent de  l'aqueduc  gallo-romain  de  Garhaix. 

8.  Briques  diverses  pour  construction,  carrelage,  piliers 
d'bypocauste  de  même  provenance. 

9.  Tuiles  a  rebord  et  tuiles  faitières  dont  plusieurs  portent 
des  marques  de  fabrique,  même  provenance* 

10.  Deux  tuyaux  de  conduite  d'eau,  s'emboitant  Tun 
dans  l'autre^  trouvés  dans  les  ruines  d'une  construction 
gallo-romaine  voisine  de  Garhaix. 

H.  Valve  d'huître,  défense  de  sanglier  et  cristaux  de 
quartz  Hyalin  de  couleur  violette,  provenant  aussi  des 
ruines  gallo-romaines  de  Garhaix, 

12.  Ossements  humains  trouvés  dans  une  construction 
gallo-romaine  située  à  Pentrez,  en  la  commune  de  Saint-* 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  ee  — 

Nie,  «t  «n  pariie  détruite  par  la  mer.  —  (Os  du  front  ;  — 
mâchoire  supérieure  et  dents  ;  -^  fragment  de  la  clavicule 
droite  ;  —  fragment  de  Thumerus  du  bras  gauche  ;  —  frag- 
ment du  fémur  de  la  cuisse  gauche.) 

13  «Briques  et  fragments  de  tuiles  romaines  provenant  pes 
localités  suivantes  toutes  situées  dans  le  département  du 
Finistère  : 

Plouhinec  (Poulgoazec)  ;  —  Pont-Croix  ;  —  Ponliari 
(Porz-Malvez)  ;  —  Ploaré  (Kerru)  ;  *—  Douarnenez  (Le 
Guet,  rUe-Trisun)  ;  —  Ploaré  (Plomarc'h-ar-stang,  Le  Ris); 

—  Plonévez-Porsay  (Cariguellou  ;  Trezmallaouen  ;  Lane- 
vrit  ;  Trefentec  ;  An  Oguennou  et  Treguer,  près  Sainte- 
Anne-la-Palue)  ;  —  PJomodiern  (Qoulii-ar-Gtter  ;  anse  de 
Porz-ar-Vag  ;  Pouloupry)  ;  —  Saint-Wic  (Pemrez}  ;  — 
Telgruc  (Lizioc  ;  Pen-ar-c*haon;  Bern-bihan-ar-ç'bdll)  ; 

—  Crozon  (Ile-L'Aber  ;  Kerromen  ;  Losmarc'h)  ;  —  Bourg 
de  Qwéménéven  ;  —  Bourg  de  Landévennec  ;  —  Hanvec 
(Penefars  ;  Kerohan)  ;  —  Le  Faou  (Keranclan)  ;  —  Saint 
Ségal  (Le  Drcnnit)  ;  —  Quimerc'b  (Boianiec  ;  Coat-iy- 
Beuz)  ;  —  Quimperlé  (cour  du  cloître  de  rhôiel-de-ville  ; 
place  de  Lovignon)  ;  —  Clahars-Carndët  (Le  Pouldu)  ;  — 
Place  forte  de  Concarneau  ; —  Plomelin  (Le  Perennou)  ;  — 
Pont-rAbbé  ;  —  Rivière  de  Peozé,  entre  Morlaix  et  St-Pol. 

14.  Fragments  de  marbres  calcinés  ;  débris  de  poterie  i 
fragments  de  scories  ;  pointes  de  javelots  ;  clefs  anciennes  ; 
ferrures  de  portes  ;  meule  en  granit  ;  le  tout  provenant 
des  ruines  du  château  de  Châteaulin  (Finistère). 

Nota.  —  Les  objets  mentionnés  ci-dessus  ont  été  offerte 

SarM.  le  docteur  M,  HaUéguen  à  la  Société  archéologique 
u  Finistère  au  mois  d'octobre  1852,  aune  époque  où  le 
musée  départemental  n'existait  eitçore  qu*à  Tétat  de  projet. 
Us  ont  été  déposés  dans  un  corridor  des  bâtiments  du 
Collège,  où  ils  sont  demeurés  pendant  de  loi^gues  annyées, 
sans  que  Ton  en  prit  grand  soin.  Quand  on  les  a  tranférés 
dans  un  local  mieux  approprié  à  leur  conservation^  plusieurs 
de  ces  objets  n'ont  pq  être  retrouvés.  De  plus  une  gr^Bide 
confusion  s'était  établie  entre  eux  par  suite  de  la  destruction 
des  étiquettes  qui  indiquaient  leur  provenance.  La  nompi;^- 
clature  ci-dessus  a  été  faite  d'après  ui^  catalogue  remis  car 
le  doiïateur  à  l^  3Pciété  archéologique  au  mm  de  janvier 
18S3.  i  A  suivre. J 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE  DU  9  AeUT  1875.    * 


Présidence  de  M.  A.  dé  Blols. 

Etaient  présents  :  KM.  âudrâii  ;  —  de  Blois  ;  —  Bou« 
bàssih;  —  Le  docteur  Coff£g;  —  Go&mier,  avocat;  —  Faty; 
—  Fougbray;  —  Prosper  Le  Guay;  —  L'abbé  Guilurd;  — 
LôB»DB  JacqueiiOt  ;  —  Malen  ;  —  Le  Méw  ;  —  de  Monïi- 
nm/s;  —  Stanislas  McmEAu. 

Il  est  donné  lecture  par  M.  le  Président,  d*ttne  lettre  con- 
tenant des  réclamations  de  M  Halléoubn  sur  le  procès- 
verbal  delaséancedu  12  juillet  dernier  imprimé  au  Bulletin, 
M.  Halléguen  prétend  : 

i^  Que  l'analyse  du  travail  philologique  sur  la  langue 
bretonne  communiqué  dans  cette  séance  par  Bl.  Le  Mem, 
n'est  pas  eiacte  en  ce  qu'on  y  trouve  à  la  page  45  l'expres- 
sion «présomptions  historiées  »  au  lieu  des  mots  «  suppo^ 
siHm»  historiques  »  qui  seraient  dans  le  texte  lu. 

2°  Que  l'analyse  dont  il  s'agit  n'aurait  pas  du  s'ét^dre 
anx  inductions  historiques  que  comprenait  la  même  lecture. 

3"*  Que  le  procès- verbal  aurait  du  mentionnnet*,  à  la  page 
87,  à  la  suite  des  observations  de  M.  Le  Men  sur  la  multipli- 
cité des  Yoies  romaines  dans  le  Finistère,  celle  par  laquelle 
M.  Halléguen  confirmant  cette  assertion,  aurait  ajouté  qu'il 
avait  été  des  premiers  à  faire  cette  constatation. 

Cette  réclamation  devient  l'objet  d'une  discussion  dans 
laquelle  M.  Le  Men,  M.  Audraiï  et  plusieurs  autres  membres 
toni  entendus.  H  en  résulte  que  Vien  n'a  été  changé  aux  ex- 
pression du  texte  lu,  qui  porte  bien  «  présomptions  histo-- 
Tiques  ;  »  que  ,  suivant  1  avis  commtra  ,  l'analyse  devait 
comprendre  les  inductions  historiques  dont  M.  Hallégyjsr 
^  critiqué  l'insertion,  et  que  les  nécessités  restreintes  des 
procès-verbaux  n'admettant  pas  que  tout  ce  qui  se  dit  aux 
séances  s'y  trouve  référé ,  il  n'y  arait  pas  de  motif  pour 
ajouter  à  la  remarque  de  M.  Le  Men  sur  les  voies  romaines, 
l'observation  confirmative  de  Bl.  Halléguen;  prétérition  qui 
n'implique  aucune  contestation  du  mérite  de  ses  études. 

En  conséquence  l'assemblée  consultée  déclare  à  l'crnanî- 
mité  y  qu'il  n'y  a  lieu  à  aucutie  rectification  du  procès- 
Terbal. 

6 


Digitized  by  VjOOQIC 


*  —  62  - 

MH.  Louis  DE  Jacqublot  et  Cormier  qui  n'assistaient  pas 
à  la  séance  du  12  juillet,  n'ont  pas  pris  part  au  vote. 

M.  LeBoux^  membre  du  Conseil  général,  {M.  Dirmier, 
principal  du  Collège  et  M.  Tabbé  Qnéméneur,  curé  de 
Sainte-Croix  de  Quimperlé,  demandent  à  faire  partie  de 
la  Société  archéologique.  M.  Le  Roux  et  M.  Quémeneur 
sont  présentés  par  MM.  de  Blois  et  Le  Men,  et  M.  Dervosb, 
par  MM.  Faty  et  de  Montifadlt. 

Conformément  à  l'article  7  du  règlement  ces  de- 
mandes seront  portées  à  l'ordre  du  jour  de  la  séance  du 
11  octobre. 

M.  le  Président  fait  ensuite  connaître  à  la  réunion,  cfa'il 
Tient  d*avoir  Tavis  officiel  que  TÂssociation  bretonne,  avait 
obtenu  du  gouvernement  Tautorisation  sollicitée,  de  repren- 
dre le  cours  de  ses  anciens  travaux.  Il  demande  à  présenter 
quelques  observations  sur  le  Congrès  qui  se  tiendra  à 
Quimper,  le  IS  septembre  prochain. 

Messieurs,  a  dit  M.  le  président,  vous  savez  que  l'Asso- 
ciation bretonne  ouvrira  à  Quimper  son  seizième  Congrès 
dans  le  cours  du  mois  prochain^  et  que  le  programme  de 
sa  classe  d'Archéologie,  dont  j'aurai  tout  à  l'heure  à  vons 
donner  lecture  comprend  des  questions  monumentales  et 
historiques  toutes  intéressantes  pour  nos  études,  et  qu'il  y 
en  a  notamment  qui  sont  de  notre  domaine  propre,  c'esl-à- 
dire  qui  portent  sur  les  antiquités  de  ce  département. 

Vous  entrerez  volontiers,  dans  le  vœu  que  je  vous  expri- 
me de  coopérer  aux  travaux  delà  classe  d'Archéologie  de  1 
cette  Association  qui  sera  elle-même  heureuse  de  cette  colla- 
boration. En  échange  des  lumières  que  vous  lui  apporterez, 
vous  aurez  à  profiter  de  cellesdes  autres  archéologues  de  la 
Bretagne  qui  y  siégeront  avec  vous.  Je  puis  notamment 
vous  annoncer  le  concours  de  MM.  de  Kerdrel  de  la  Borde- 
rie  et  de  la  Monneraye. 

Autrefois,  c'est-à-dire  avant  que  le  gouvernement  impé- 
rial eut  suspendu  les  Congrès  de  l'Association  bretonne,  les 
membres  de  cette  Société  faisaient  tous  partie  de  l'Associa- 
tion bretonne.  Ils  lui  versaient  toutes  leurs  cotisations,  coti- 
sations que  nous  employons  aujourd'hui  à  solder  nos  publi- 
cations mensuelles.  Il  suit  de  là  que,  comme  membres  de  I& 
Société  départementale  du  Finistère,  nous  ne  faisons  plus 


Digitized  by  VjOOQIC 


^63- 

partie  de  rAssocUiion  bretonne,  et  que  pour  y  être  aggré- 
gés  nous  (leTOQS  nous  y  inscrire  et  acquitter  sa  cotisation 
archéologique  qui  esl  de  dix  francs,  ce  qui  donnera  à  ceux 
qui  auront  pris  ranc;,  le  droit  de  recevoir  le  compte-rendu 
de  ses  séances  archéologiques ,  tant  qu'ils  appartiendront  à 
ses  rangs. 

Permettez-moi,  maintenant,  ajoute  M.  le  Président  de 
passer  en  reTue,  avec  vous,  les  questions  du  programme 
qui  seront  faites  dans  la  même  classe  ;  les  unes  concernent 
l'Archéologie  proprement  dite,  les  autres  touchent  particu- 
lièrement à  rhistoire. 

Ici,  M.  le  Président,  en  donnant  lecture  des  vingt-trois 
questions  du  même  programme,  que  nous  publions  à  la  suite 
de  ce  procès-verbal,  s'arrête  spécialement  à  celles  qui  se 
rapportent,  soit  aux  monuments  antiques,  soit  à  Thistoire 
locale  de  notre  département,  et  constate  que  ce  congrès 
devra  apporter  de  nouveaux  et  précieux  éléments  à  la  science, 
notamment  à  ('étude  de  la  géographie  historique.  Il  espère 
que  divers  membres  de  la  Société  d'Archéologie  du  Finis- 
tère, prendront  une  part  active  à  ces  débats,  et  que  son 
honorable  vice-président^  M.  le  comte  de  Carné,  ne  demeu- 
rera pas  étranger  ^  ces  discussions. 

Après  ces  observations  de  M.  le  Président,  lecture  est 
donnée  de  Tordre  du  joifr'de  la  séance.  MM.  Flagelle  et 
HALLÉGUErf  étant  absents,  M.  le  Président  invite  M.  Audran 
à  lire  son  travail  sur  les  antiquités  des  environs  de  Quim- 
perlé,  M.  Audrapc  s'exprime  ainsi  : 

LA  RIVE  DROITE  DE  LA  LAITA 

(Excursion  archéologique  de  Quimperlé  au  Pouldu). 


Le  viaduc  du  chemin  de  fer  est  à  peine  passé,  et  sur  notre 
droite  nous  apercevons  l'élégante  tourelle  de  Québlen.  Ar- 
rêtons-nous un  instant,  etde  la  terrasse  du  jardin,  jetons  un 
coup  d'œil  sur  la  route  que  nous  venons  de  parcourir.  A  nos 
pieds  coule  la  rivière,  bordée  d'un  côté  par  de  vertes  prai- 
ries, et  de  l'autre  par  les  collines  boisées  de  la  taille  au  Duc, 
sur  lesquelles  nous  reviendrons  bientôt,  de  la  Villeneuve  et 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  64  - 

de  Penerven,  qui  s'étendent  jusqu'à  Saint-David,  dominant 
l'ancienne  abbaye  des  Dominicains  ou  Jacobins  fondée  en 
1954  par  Blanelie  de  ISavarre^  duchesse  de  Bretaene,  et 
dont  je  vous  raconterai  un  autre  jour  l'histoire.  Dans  le  fond, 
Tabbaye  de  Sainte-Groix,  dont  l'histoire  écrite  au  XVH* 
siècle  par  Dom  le  Duc,  religieux  de  ce  monastère,  rat  ac- 
tuellement publiée  par  les  soins  de  M.  Le  Men,  secrétaire 
de  notre  Société.  A  gauche,  le  bois  de  Tabbaye  qui  fut,  daifô 
les  doux  derniers  siècles,  le  sujet  de  longs  et  nombreux 
procès  entre  les  seigneurs  de  Québlen  et  les  dbbés  de 
Quimperlé. 

Le  manoir  de  Québlen,  construction  des  XVI''  et  XVII' 
siècles,  appartenait,  en  1422,  à  Robin  de  Québlen  ;  en  1485, 
à  Henri  de  Québlen  ;  en  1495,  à  Yvon  de  Québlen,  son 
fils.  Jehan  de  Québlen,  archer  en  brigandine,  représente 
Henri  de  Québlen  à  la  montre  des  nobles  de  Tévéché  de 
Gornouailles  de  1481 . 

Le  manoir  de  Québlen  est  devenu,  vers  la  fin  du  XVII* 
siècle,  la  propriété  de  la  famille  Bréart  de  Boisanger,  qui  le 
possède  encore  aujourd'hui.^ 

Près  du  manoir  de  Québlen,  nous  trouvons  la  métairie  de 
Goz-Castel  (vieiux:  château).  Son  nom  et  sa  position  sur  un 
promontoire  élevé,  sem^)lent  indiquer  l'ancienne  demeure 
des  seigneurs  de  Québlen.  On  y  remarque  les  traces  d'une 
enceinte  carrée  à  angles  arrondis,  de  30  mètres  de  côté^ 
dans  l'intérieur  de  laquelle  les  reliefs  du  terrain  marquent 
l'emplacement  des  logements  et  du  donjon. 

Entre  le  manoir  de  Québlen  et  la  forêt  de  Clohars-Car- 
noëtestle  bourg,  autrefois  paroissial,  deLothea  (Sancti 
TajaciJ.  Il  comprend  seulement  quelques  maisons  ;  et  l'é- 
glise, modeste  construction  de  la  fin  du  XVIP  siècle,  à  un 
seul  bas  côté,  n'offre  rien  de  remarquable.  C'est  dans  la  pa- 
roisse de  Lothea  que  se  trouve  le  manoir  de  Beaubois,  ou 
naquit,  en  1693,  Dom  Hyacinthe  Morice  du  Beaubois,  re- 
ligieux bénédictin  et  auteur  d'une  histoire  de  Bretagne. 

A  quelques  pas  de  Lothea,  nous  entrons  dans  la  foret 
domaniale  de  Garnoët,  située  partie  dans  la  commune  de 
Quimperlé  et  partie  dans  celle  de  Glohars-Garnoët  à  laquelle 
elle  donne  son  second  nom.  Un  peu  sur  notre  dfoite,  an 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  65  — 

lieu  dit  Toulfouën  se  tient  chaque  année,  le  landi  de  la 
Pentecôte,  une  assemblée  connue  sous  le  nom  de  Pardon 
des  Oiseaux, 

Quelques  débris  de  tuiles  à  rebords  trouvés  à  Toulfouën 
peuvent  faire  supposer  que  les  Romains  y  ont  eu  un 
établissement,  mais  rien  n'est  venu  confirmer  cette  suppo* 
sitioD^  et  le  long  de  la  rivière  de  Quimperlé,  il  n'y  a  d'éta- 
blissement romain  de  reconnu  que  celui  du  Pouldu,  dont 
nous  parlerons  plus  bas,  et  celui  de  Trévoazec  sur  la 
rive  gauclie.  Là,  en  opérant  des  défrichements,  M.  Quilliou 
a  retrouvé  il  y  a  quelques  années,  une  grande  quantité  de 
tuiles  à  rebords,  au  milieu  des  substructions  assez  impor- 
tantes dont  Teiamen  ne  pouvait  laisser  aucun  doute  sur 
leur  origine  gallo-romaine. 
Dirigeons-nous  maintenant  vers  Tancien  château  de 
,  Carnoët  (Caër-an-coët)  castellum  nemoris.  Avant  d'y  arriver 
nous  passons  près  d'un  tumulus  ouvert  en  1842  par  les 
«oins  de  M.  Boutarel,  inspecteur  des  forets.  Les  objets 
précieux  qui  ont  été  retirés  du  dolmen  que  renfermait  ce 
tumulus,  sont  aujourd'hui  déposés  an  musée  de  Gluny,  où 
iU  sont  inscrits  sous  le  n"*  1^798. 

En  voici  le  catalogue  : 

1°  Une  chaîne  en  or  du  poids  de  225  grammes  ; 

2«  Une  chaîne  en  argent  fortement  oxidée,  composée  d'un 
grand  anneau  et  de  deux  autres  plus  petits  ; 

3°  Un  casse-tête  en  silex  ; 

4''  Trois  glaives  ou  poignards  en   bronze  oxidés    et 
portant  les  marques  d'une  couche  d'argent  ; 

5*  Une  pique  en  bronze  ; 
6*  Un  petit  poignard  en  bronze  ; 
7"  Une  pierre  reciangulairexouge^  percée  d'un  trou  au 
sommet  de  chaque  angle  ; 
8*  Une  amulette  en  pierre  verte  ; 
9*  Plusieurs  flèches  en  silex  dentelées. 

Si  ces  objets,  dont  la  place  marquée  serait  au  musée 

^  départemental,  ont  passé  dans  les  mains  d'étrangers,  M.  Le 

Men  ûoub  en  a  au  moins  conservé  la  description,  et  il  a  été 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  66  — 

asiez  heureux  pour  retrouver  après  25  ans,  tous  les  rensei- 
gnements utiles  pour  rendre  compte  de  cette  importante 
découTcrte.  Son  travail  a  clé  inséré  dans  la  Revue  archéolo- 
gique  du  mois  do  mai  1868. 

Voici  la  description  du  monument  telle  que  la  donne 
M.  Le  Men  : 

((  C'est  une  éminence  régulièrement  arrondie  dont  la 
hauteur  est  d'envion  quatre  mètres  et  le  diamètre  de  vingt- 
six  mètres.  Elle  est  formée  à  sa  surface  d*une  couche 
d*argile  jaunâtre  épaisse  de  cinquante  centimètres.  Le  reste 
du  tumulus  se  compose  de  moellons  mêlés  à  de  la  (erre.  Il 
renferme  à  sa  partie  centrale  et  au  niveau  du  sol  naturel, 
un  dolmen  ou  chambre  sépulcrale  formée  de  neuf  piliers 
et  d'une  plate-forme  aujourd'hui  brisée. 

«  Là  longueur  de  cette  chambre  à  Tintérieur  est  de  deux 
mètres  et  sa  largeur  d'un  mètre  cinquante  centimètres.  La 
hauteur  des  piliers  est  aussi  d*un  mètre  cinquante  centi- 
mètres. Ces  piliers  sont  des  pierres  plates  de  choix,  qui  ont 
été  taillées  sur  les  côtés^  afin  de  pouvoir  les  rapprocher 
assez  exactement  les  unes  des  autres,  pour  empêcher  la  terre 
de  pénétrer  à  l'intérieur. 

i<  C'est  évidemment  dans  le  même  but  que  des  coins  de 
pierre  ont  été  fortement  enfoncés  dans  les  intervalles  qui 
existent  aux  quatre  angles  de  la  chambre,  à  la  partie  infé- 
rieure des  piliers.  L'épaisseur  de  la  plate-forme  était  de 
dix-huit  centimètres,  et  celle  de  la  couche  de  terre  et  de 
pierres  qui  la  recouvrait,  de  deux  mètres  ving-cinq  centi- 
mètres. » 

Nous  continuons  notre  excursion  et  nous  ne  tardons  pas 
à  arriver  à  Carnoëi.  Il  ne  reste  de  l'ancien  château  que 
quelques  pans  de  maçonneries,  quelques  ruines  de  peu 
d'importance,  suais  les  douves  et  les  retranchements  en 
terre  sont  prcsqulntacts,  et  il  est  facile  de  reconstruire 
l'ancienne  demeure  féodale.  Les  bâtiments  occupaient  un 
carré  long  ayant  environ  48  mètres  de  large  sur  76  de  long; 
la  maison  principale  qui  faisait  face  au  midi  était  située  à 
l'angle  nord-ouest,  où  dernièrement  on  a  mi»  à  découvert 
une  très-grande  cheminée  ;  des  fouilles  faites  à  différentes 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  67  - 

époques  ont  amené  la  découverte  de  briques  rernissées,  de 
fûts  de  colonnes,  et  de  chapiteaux  dont  l'élégance  dénote  le 
Xlll*  siècle  ;  c'est  aussi  l'époque  qu'il  convient  de  donner 
aux  constractions.  Dans  les  fouilles  on  a  aussi  plusieurs  fois 
trouvé  des  morceaux  de  charbon  et  des  débris  de  bois 
brûlés  ;  d'où  on  pourrait  conclure  que  la  destruction  du 
château  est  due  à  un  incendie. 

La  chronique  fait  du  dernier  seigneur  de  Garnoët,  le 
mari  et  le  bourreau  de  sept  femmes  dont  la  dernière  fut 

lainte    Triphine  ^ >     ,     .     •     .     . 

La  légende  raconte  aussi  comment  tout  à  coup  la  terre 
s'ouvrit  et  engloutit  ce  seigneur  et  son  château. 

La  forêt  de  Garnoêt  appartenait  originairement  aux 
comtes  de  Gornouailles  souverains  du  pays  et  ensuite  aux 
ducs  de  Bretagne. 

Jean  P'  dit  le  Roux,  fit  construire  le  mur  d'enceinte  du 
Parc  de  Carnoët.  Il  avait  sep.t  lieues  de  tour  et  comprenait 
du  côté  gauche  les  bois  dits  la  Taille  au  Duc  ;  jai  recher- 
ché vainement  à  reconstituer  ce  mur  je  n'ai  trouvé  que 
quelques  tronçons  qui  portent  tantôt  le  nom  de  Mur  du 
Roi  tantôt  celui  de  Mur  du  Diable. 

L'ancienne  juridiction  de  Garnoêt,  répondant  au  Pagus 
de  ce  num^  comprenait  les  communes  de  Bannalec^  Riec^ 
Le  Trévoux,  Bey,  .Moëlan,  Glohars  et  Lothéa.  Telle  est 
l'origine  de  la  juridiction  royale  de  Quimperlé. 

Les  ducs  de  Bretagne,  seigneurs  de  Garnoët,  possédaient 
auBourg'Neuf  en  Quimperlé,  une  maison  dans  laquelle  se 
tenaient  les  plaids  généraux  de  la  seigneurie.  Us  la  donnè- 
rent aux  dominicains  de  la  même  ville  mais  continuèrent  leur 
juridiction.  Se  voyant  à  la  porte  de  Quimperlé  qui  tous  les 
jours  prenait  plus  d'importance,  ils  firent  pendant  plusieurs 
siècles  des  efforts  pour  y  mettre  le  pied.  Leurs  officiers  y 
réussirent  enfin^  et  confondant  la  juridiction  particulière  de 
Garnoët  avec  la  juridiction  supérieure  du  Duc,  ils  parvinrent 
à  l'exercer  i  Quimperlé.  Un  arrêt  du  Parlement  du  4  juin 
1670  maintient  les  Ducs,  ou  les  Rois  leurs  successeurs, 
dans  une  juridiction  s'étendant  sur  douze  paroisses,  et  com- 
posée de  celle  de  Garnoët  et  de  celle  proprement  dite  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  $8  - 

Quim^rlé,  ^uî  appartenait  au^  abbës  de  Sainte-Croix»  en 
vertu  de  la  donation  du  comte  Alain  (1  ). 

Une  élégante  villa  eit  aiijourd'hui  construite  près  du  vieui 
château  de  Garnoét. 

A  la  sortie  de  la  foret  commence  la  taille  de  Saint-Maurice. 
Un  ancien  monastère»  placé  sous  ce  vocable^  était  situé  dans 
dans  cette  partie  de  la  forêt. 

c(  Saint^ltlaurice  était  originaire  de  la  paroisse  de  Lou^ 
déac,  au  diocèse  de  Saint-Brieuc  et  avait  étudié  les  belles- 
lettres  à  l'université  de  Paris.  De  retour  en  sa  patrie,  il  se 
retira  dans  le  monastère  de  Langonnet,  Les  progrés  qu'il  fit 
dans  la  vertu  et  les  preuves  qu'il  donna  de  sa  sagesse^  le 
firent  élire  abbé  de  cette  maison  qu'il  gouverna,  dit-on, 
trente  ans.  Le  désir  d'augmenter  son  ordre  et  de  procurer 
des  retraites  à  ceux  qui  cherchent  véritablement  Dieu,  lui 
fit  accepter  un  emplacement  que  le  duc  Gonan  IV  lui  donna 
dans  la  forêt  de  Garnoët  (1170).  Il  s'y  établit  avec  douze 
religieux.  »  (2) 

Depuis  saint  Maurice^  mort  en  1191»  jusqu'à  la  révolu- 
tion, l'abbaye  fut  administrée  par  trente-trois  abbés,  doDt 
l'un,  Pierre  du  Vieux-Châtel  fut  tué  lors  du  pillage  du  châ- 
teau de  Roscanou  en  1590  (3).  Le  dernier  fut  Jérôme  de 
Keroulas,  archidiacre  et  vicaire  général  de  Léon,  décédé  à 
Quimper  en  1 806  (4) . 

Les  bâtiments  conventuels  sont  du  XVP  siècle.  Une  partie 
est  tombée  en  ruines  ;  l'autre,  restaurée  dernièrement  par 
les  soins  du  propriétaire  actuel,  M"'  de  Kergré,  est  habitée. 

Le  cloître  et  l'ancienne  chapelle  sont  en  ruines  ;  mais 
dans  l'un  d^  bas  côtés  de  cette  dernière,  on  en  a  établi  une 
nouvelle  où  se  trouvent  les  reliques  du  saint  fondateur.  Ces 
o^ements  sont  conservés  et  offerts  à  la  vénération  des 
fidèles  dans  un  reliquaire  en  bois  sculpté  et  doré  dont  l'or- 
nementation indique  le  XVIP  siècle.  Il  portait  d'un  côté  un 

(1)  Dom  Le  Duc,  Histoire  de  Tabbaye  de  Sainte-Croix.  —  Edition 
H.  F.  Le  Meu,  et  Notice  historique  sur  Qnimperlé,  par  A.  de  31ois. 

(2)  L'Eglise  de  Bretagae,  par  Dom  Morice  de  Beaubois. 

(3)  Histoire  de  la  Ligue  en  Bretagne,  par  le  chanoine  Moreau. 

(4)  Histoire  de  Quimperlé,  par  M.  Daniel. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  69  - 

écns^on  aujourd'hui  eQlacé  (pi Qblablement  celui  du  donateur) 
surmonté  d'une  couronne  de  comte.  Ces  reliques  reposent 
sur  une  table  de  marbre  blanc  assez  richement  ornce 
proTenant  d'un  tombeau  juif.  Au  centre  de  cette  table  est 
gravé  en  creux  un  tronc  d'arbre  qu'une  main  armée  d^une 
hache  semble  frapper.  On  lit  au-dessous  le  mol  hébreux  ; 
MaUebeth,  qui  signifie  littéralement  tronc  (iruneus),  et  qui 
parait  être  le  nom  de  la  personne  inhumée  dans  ce  tombeau. 
Il  faut  donc  Toir  dans  la  représentation  gravée  au-dessus  de 
ce  nom  un  symbole  parlant.  Le  haut  de  la  pierre  est  occupé 
par  une  inscription  hébraïque  composée  de  deux  lignes 
et  qui  est  la  reproduction  d'un  verset  de  l'ancien 
testament  :  a  Jehovah  avait  donné,  Jehavah  a  oté,  que  le 
nom  de  iebovah  soit  béni.  »  (Job.  1 .  21 .) 

Dans  la  sacristie  on  voit  aussi  une  pierre  tombale  portant 
la  représentation  d'une  dame  vêtue  d'un  manteau  de  vaîr, 
et  autour  (k  laquelle  M.  leMen  a  lu  l'inscription  suivante, 
gravée  au  trait  en  caractères  du  XIIP  «siècle  :  me  :  iacbt  : 

BNA  :  HABILIÂ  :  QUOKDAM  .'  UX^fi  :  B19I  :  HEIGOHÂRn  '.  GOBISDBIE  : 

H^ïTis  :  Deux  jHitres  pierres  tombales  moins  remarquables 
se  voient  parmi  les  dalles  qui  servent  de  pavé  au  porche  du 
jardin.  Elles  sont  fort  usées^  et  l'on  a  quelque  peine  à  lire 
«ur  la  première  pierre  :  hic  iagbt  rb  pr  {reverendus  pater) 

IflGOLAVSBRVAy....  (PRIOR  ?)   HUIUS   XONASTERU^    OBIIT    1651> 

et  sur  la  seconde  :  prieur  de  aurat 

11  faut  aussi  visiter  à  Saint-Maurice  les  jardins  et  la  salle 
capitulaire^  cette  dernière  est  la  pièce  essentielle  et  la  mieu;^ 
conservée  du  monastère.  Dans  cette  pièce  construite  en 
belles  pierres  de  taille  avec  des  voûtes  très-soignées,  j'avais 
cru  reconnaître  la  riche  ornementation  du  XIV*  siècle,  mais 
depuis,  M.  Le  Men,  m'a  fait  remarquer  certains  détails  qui 
autorisent  à  fixer  au  Xin^  siècle  la  construction  de  cette 
salle.  Il  faut  encore  voir  à  Saint-Maurice  un  beau  christ  en 
bronze,  un  calice  très-ancien  et  une  croix  abbatiale  en 
bois  qui  se  trouvent  dans  la  sacristie. 

Les  religieux  de  Saint-Maurice  eurent  de  fréquentes 
discussions  avec  leurs  voisins  les  religieux  de  Sainte-Croix 
de  Quimperlé.  Ceux-ci  avaient  le  droit  de  pèche  dans  la 
rivièreEIlé  (aujourd'hui  Laita),jiisqu  au  ruisseau   de  Car- 


Digitized  tîy  VjOOQIC 


~  70  - 

noët  ;  les  religieux  de  Saint-Maurice  s'aulorisant  d'une  bulU 
d'Honoré  III,  prétendirent  qu'ils  jouirs::îent  du  droit  de 
pêche  depuis  les  gorets  jusqu'à  la  mer,  une  semence  du 
27  octobre  1682  les  déboula  de  leurs  prétentions.  Malgré 
cette  sentence  ils  envahirent  la  pêcherie  de.  Sainte- Croix 
et  furent  pour  cela  condamnés  à  une  amende  de  700  livras. 

Le  14]uillet  1727  deux  religieux  de  Saint-Maurice  vinrent 
encore  pêcher  au-dessus  du  manoir  de  Québlen,  l'affaire  fut 
portée  à  Quimper,  et  par  sentence  du  présidjal  de  cette  ville, 
les  religieux  de  Quimperlé  furent  confirmés  dans  leur  droit 
de  pêche. 

Au  delà  de  Saint-Maurice  est  l'anse  de  Saint -Germain,  au 
fond  de  laquelle,  et  près  de  l'étang  et  du  moulin  du  Quin- 
quis  se  trouvent  les  ruines  peu  importantes  du  château  du 
Plessix  ou  Quinquis.  Un  peu  au-dessus,  nous  rencontrons 
sur  le  bord  de  la  rivière,  un  camp  ou  enceinte  fortifiée.  Deux 
autres  forteresses  en  terre  se  voient  sur  la  rive  gauche  de 
la  rivière,  et  par  conséquent  dans  le  Morbihan;  je  suis  porté 
à  croire  que  ces  camps  ne  remontent  pas  au-delà  de  la  Ligue. 
Au  surplus,  je  crois  qu'il  est  prudent  de  ne  se  prononcer  que 
lorsque  par  suite  de  fouilles  on  aura  recueiUi  quelques  ren- 
seignements sur  les  habitants  de  ces  enceintes,  les  fouilUes 
devant  nécessairement  amener  la  découverte  de  débris  d'ar- 
mes ou  d'instruments. 

Enfin  nous  atteignons  le  Ponldu,  but  de  notre  voyage. 
C'est  dans  la  baie  du  Pouldu  que  descendirent  en  1746  les 
Anglais,  lors  de  leur  tentative  infructueuse  sur  Lorieni^  c'est 
encore  dans  la  baie  du  Pouldu  que  Louis  d'Espagne  et  ses 
compagnons  prirent  terre  en  1343. 

L'on  voit  au  Pouldu  la  chapelle  de  Saint-Julien,  petit  édi- 
fice du  XVP  siècle  aujourd'hui  transformé  en  maison.  Les 
cultures  du  voisinage  recouvrent  des  subslructions  gallo-ro- 
maines dont  on  ne  s'est  pas  encore  occupé  de  déterminer 
rimporiance.  Lors  des  travaux  de  réparations  à  celte  cha- 
pelle en  1846^  on  découvrit  à  peu  de  distance  un  tombeau 
gallo-romain  en  plomb.  Mais  ici  nous  avons  été  plus  heureux 
que  pour  celui  de  la  forêt  de  Carnoël  ;  les  objets  qu'il  conte- 
nait, longtemps  dispersés  entre  les  mains  de  diverses  per- 
sonnes, sont  aujourd'hui  déposés  au  Musée  départemental 


Digitized  by  VjOOQIC 


-.  71   - 

d'archéologie ,  et  M.  Le  Men  qui  est  parvenu  plus  de  seize 
ans  après  la  découverte  à  les  réunir^  en  a  donné  une  des- 
cription dans  la  Revue  archéologique  du  mois  de  novem- 
bre 1869. 

M.  le  Président  remercie  M.  Audrin  de  l'intéressant 
compte-rendu  dont  il  vient  de  donner  lecture.  Il  espère  que 
d'autres  points  de  l'arrondissement  de  Qiiimperlé  seront  de 
sa  part  l'objet  de  semblables  recherches.  L'assemblée  décide 
que  le  travail  de  M.  Audran  sera  inséré  in-extenso  dans  le 
prochain  Bulletin  de  la  Société. 

M  BouRASsm  fait  hommage  an  Musée  départemental  d^un 
fragment  d'aërolithe  recueilli  en  Bretagne  par  lui  et  par 
M.  Durocher,  ingénieur  des  mines  à  Rennes. 

L'heure  avancée  ne  permet  pas  d'examiner  la  Notice  sur 
le  château  de  Ghàteaulin  et  sur  son  parc,  que  M.  le  Président 
vient  de  recevoir  de  M.  le  docteur  Halléguen. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  un  quart. 

Le  Secrétaire  :  R.  F.  Le  Men. 


Le  Bureau  considérant  que  si  la  Société  d'archéologie  était 
convoquée  pour  le  13  du  mois  prochain,  jour  fixé  pour  ses 
réunions  ordinîiires,  peu  de  membres  se  rendraient  a  cette 
séance,  en  raison  de  la  proximité  du  Congrès  de  l'Associa- 
tion bretonne  qui  s'ouvrira  à  Quimper  le  surlendemain  15 
septembre,  décide  que  cette  séance  sera  renvoyée  au  second 
samedi  du  mois  d'octobre. 


ORDRS  DU  JOUR 

Pour  la  séance  du  1 1  octobre^  à  2  heures,  dans  une  des  salles 
du  Musée  d'Archéologie. 

1"  Scrutin  sur  la  demande  d'admission  de  MM.  Le  Rocx, 
membre  du  Conseil  général  ,  Dermiër  ,  Principal  du  Col- 
lège de  Quimper  et  l'abbé  Quéméneur,  comme  membres 
de  la  Société  archéologique. 

â""  ISotice  sur  le  château  féodal  de  Châteaulin  et  .sur  son 
parc  (avec  plans)^  par  M,  le  docteur  Hallégueu. 


Digitized  by  VjOOQ IC 


~  72  — 

S*  Statistique  monumentale  4e  diverses  cûmmunes  da 
Finistère,  par  M.  Flagellb. 

4^"  Voies  romaines  sortant  de  Qnimper  ou  traversant  cette 
ville,  par  R.  F.  Lb  Men. 


Nota,  -r-  MM.  les  Sociétaires  sont  priés  de  vouloir  bien 
faire  parvenir,  le  plus  tôt  possible,  le  montant  de  leur  coti- 
sation (10  francs),  à  M.  Faty^  major  en  retraite,  rue  des 
Reguaires,  n°  22,  à  Quimper. 


ASSOCIATION  BRETONNE, 

CONGRÈS     DE     1 873. 

(15  SepUmM). 
DEUXIÈME    CLASSE. 


ARCHÉOLOGIE  ET  HISTOIRE. 


QUESTIONS   PHOPOSÉES. 


§  V^.  —  Archéologie  proprement  dite. 

1.  Quel  est  le  contingent  fourni  jusqu'à  ce  jour  par  la  Bretagne 
àla  connaissance  des  temps  préhistoriques?  Signaler  les  cavernes 
ou  grottes  habitées»  les  pierres  taillées,  armes  ou  instruments, 
en  usage  dans  cette  époque  primitive. 

2.  Monuments  Mégalithiques  ou  Celtiques.  Faire  connaître  les 
découvertes  ou  observations  faites  depuis  une  quinzaine  d'années, 
qui  peuvent  offrir  quelque  lumière  nouvelle  pour  l'étude  de  ces 
monuments. 

3.  Galeries  souterraines  servant  de  lieu  de  retraite,  de  lieii 
de  dépôts  d'objets  réputés  précieux,  ou  de  lieu  de  sépulture. 
Indiquer  les  circonstances  qui  peuvent  faire  connaître  la  desti- 
nation de  celles  qui  ont  été  découvertes. 

4.  Trouve-t-on,  dans  le  même  pays,  d'autres  camps  que  celui 
de  Péran,  près  de  Saint-Brieuc,  pour  la  construction  desquels 
on  ait  fait  usage  de  la  vitrification  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  73  — 

5.  Quelles  sont,  parmi  les  enceintes  fortifiées  de  la  période 
Gauloise,  celles  où  Ton  a  pa  reconnaître  les  traces  d'un  ancie® 
oppidum  ? 

6.  Dans  quelles  conditions  pourrait-on  signaler  sut  la  carte 
les  monuments  de  Tépoque  Gallo*Romainë  découverts  en 
Bretagne  ? 

7.  Tracer  le  réseau  des  Toies  romaines  dé  la  même  circons- 
cription. 

9.  Dresser  une  statistique  générale  dfts  camps  Romains  pour 
le  départeûient  du  Finistère. 

9.  Donner  la  collection  complète  des  iûscriptioiis  Romaines 
découvertes  eti  Ôretagne,  avec  les  éclaircissements  que  peuvent 

réclamer  ces  documents  épigraphiques. 

» 

10.  Signaler  dans  les  découvertes  d'anciennes  monnaies^  faites 
depuis  quinze  ans,  celles  qui  nléritent  de  fixer  l'attention,  soit 
par  leur  importance,  soit  par  leur  intérêt  pour  l'étude  his- 
torique. , 

11.  Parmi  les  objets  d'antiquité  recueillis  en  Bretagne,  y  en 
a-t-il  qui  se  rapportent  au  culte  chrétien  ou  qui  offrent  des 
signes  symboliques  du  même  culte  ?  Préciser  autant  que  possible 
l'époque  à  laquelle  ils  appartiennent. 

12.  Décrire  les  formes  archilecloiiiques  de  l'église  autrefois 
collégiale  de  Pont^-Groix  -,  marquer  les  différences  par  lesquelles 
son  style  de  transition  s'écarte  de  celui  qui  a  été  généralenaent 
en  usage  ;  en  constater  le  rayonnement  sur  les  contrées  voi- 
sines et  reconnaître  l'époque  à  laquelle  sé^  rapporte  là  e&ns^ 
ructioti  de  cel  édifice. 

§'  2.  ^  Histoire. 

13.  Quelles  sont  les  traces  qu'a  laissées  en  Bretagne  le  sta- 
tionnement des  corps  de  l'armée  permanente  du  tractus  NérVien 
et  Armoricain  cantonnés  sur  son  littoral  ? 

14.  Géographie  historique  de  la  Péninsule  Armoricaine  sous 
les  dominations  Gauloise  et  Romaine. 

Quelles  sont  notamment  les  inductions  nouvelles  que  pré- 
sentent pour  ces  recherches  :  l»  l'inscription  de  la  borne 
epigràphique  de  Kefscao  qui  marque  la  positiôU  dé  Vof^già/nium 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  74  — 

à  huit  oiille  pas  de  son  emplacement  (I)  ;  2*  la  décoo?erte^  an- 
noncée depuis  pea,  d'un  manuscrit  du  YI*  siècle  oh  le  nom 
de  CorisopUum  figure  parmi  ceux  des  cités  de  la  m*  Lyon- 
naise (2)  ? 

15.  A  quelles  localités  modernes  peut-on  appli(|ver  les  noms 
des  divers  établissements  de  TOrdre  du  Temple  mentionnés 
dans  la  Charte  du  duc  Gonan  lY,  publiée  par  les  soins  de  M.  de 
Barthélémy  ? 

16.  Déterminer  les  caractères  par  lesquels  se  dirersifie  Fidiôme 
Breton  dans  les  dialectes  de  Tréguier»  du  Jjéoo,  de  la  Ck)r- 
nouaille  et  du  Yannetais. 

17.  Exposer  la  composition  de  l'ancien  Comté  de  Léon  en  in- 
diquant la  consistance  de  ses  principaux  fiefs.  (3). 

18.  Des  anciennes  mesures  de  capacité  usitées  en  Bretagne  ; 
de  celles  principalement  qui  s'employaient  pour  les  grains. 

Les  pierres,  creusées  de  plusieurs  augets  et  souvent  munies 
de  tourillons,  qu'on  trouve  disséminées  ou  utilisées  comme 
bénitiers  dans  les  cimetières  servaient-elles  à  cet  usage  ?  Quelles 
sont  parmi  les  églises,  autrefois  dépositaires  de  ces  étalons  de 
mesure,  celles  où  ils  ont  été  conservés  ? 

19.  L'ancien  usage  pratiqué  dans  les  villes  de  la  Cornouaille 
et  du  Léon  de  tenir  daos  des  églises  ou  chapelles  les  assem- 
blées municipales  était-il  général  en  Bretagne  ? 

20.  Quelles  sont,  parmi  les  pieuses  pratiques  gardées  par  les 

(1)  Cette  borne  milliaire  qu'on  aura  sous  les  yeux*au  Muséedépar- 
mental  du  Finistère,  où  le  soin  de  sa  conservation  a  engagé  à  la  Caire 
transporter,  appartient  au  règne  de  Claude  I^i*,  années  4t  à  54  de  TÈre 
chrétienne.  Son  emplacement  était  sur  la  voie  Romaine  se  dirigeant 
vers  la  pointe  de  Plouguemeau  à  hnit' mille  mètres  àFOuest  de  Lesneven. 

(2)  M.  Longnon,  qui  a  fait  connaître  Texistence  de  ce  manuscrit  {de 
la  Notice  des  Cités,  n*  1297.  fond  latin  de  la  Bibliothèque  Nationale), 
dans  un  savant  mémoire  adressé  au  Congrès  de  l'Institut  des  Provinces 
tenu  à  Saint-Brieuc  en  juillet  4872,  en  fixe  ainsi  la  date  d'après  les  carac- 
tères graphiques  et  sa  liste  des  Papes  qui  s'arrête  au  Pape  Vigile  dont  le 
Pontificat  a  fini  en  l'année  555. 

(3)  Cettequestion  a  été  traitée,  pour  la  Cornouaille,  au  Congrès  de  1848. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  7B  — 

populations  bretonnes,  celles  dont  l'origine  peut  se  rattacher 
à  l'histoire  civile  ou  ecclésiastique  ?  Etudier  à  ce  point  de  vue 
cellesde  porlor^comme  préservatives  de  la  rage,  les  clefs  dites  de 
Saint'Vgen. 

21.  Rechercher  les  documents  qui  peuvent  servir  à  faire 
connaître  l'état  du  commerce  ou  de  Tindustrie  dans  les  di- 
verses régions  de  la  Bretagne  aux  XIV»,  XV»  et  XVI»  siècles» 

22.  Retracer,  dans  un  aperçu  général,  Fhistoire  des  Etats 
de  Bretagne,  depuis  la  réunion  de  cette  province  à  la  France. 

23.  Examen  critique  des  travaux  relatifs  à  l'histoire  de  la 
Bretagne  qui  ont  paru  depuis  l'interruption  des  Congrès  de  l'As- 
sociation Bretonne. 

Nota.  —  Aux  termes  du  règlement^  d* autres  questions  que 
celles  des  programtnes  d'Agriculture  et  d'Archéologie  peuvent 
être  portées  atwc  séances  avec  l'agrément  du  bureau  de  Congrès, 


Dons  offerts  au  Musée  départemental  d'archéologie. 


M.  Faty  ,  trésorier  de  la  Société  archéologique. 

1*  Neuf  médailles  de  divers  modules. 

2**  Quinze   monnaies  romaines   en  bronze  et  deux  en 
argent. 

3"*  Quatre  jetons  en  cuivre  et  trois  Àve  Maria. 

4°  Deux  gros  tournois  de  Louis  IX  et  de  Philippe  le  Bel. 

5°  Deux  gros  blancs  de  Charles  VII. 

6°  Un  douzain  à  la  croiseite  de  François  P'. 

7«  Huit    deniers  tournois   d'Henri  III,    Henri  IV  et 
Louis  Xin. 

8°  Liards  de  Louis  XI V^  presque  à  fleur  de  coin. 

9*"  Un  grand  blanc  d'Henri  IV^  roi  de  France  et  d'An- 
gleterre. 

10**  Une  monnaie  obsidionale  du  siège  de  Mayence. 

!!•  Deux  roubles  de    Catherine    II,  impératrice    de 
Russie. 


Digitized  by  VjQOQlC 


-  ÎB  - 

12*  Trois  monnaies  Turques, 
IS""  Une  agrafe  en  bronze.  . 


M.  DB  R^isMBs,  membre  du  Conseil  général,  et  membre 
de  la  Société  arcbédogique . 

Oiseau'fossile  pétriflé  en  silex  noir  trouTé  en  1859i  Saint. 
Valéry-s^r-Somme,  et  d'une  remarquable  consenration. 


M.  Nédéleg  (Jean-Marie)^  cultivateur  au  château  de  h 
Marche»  en  la  commune  d'Ergué-Gabéric. 

Médaille  commémorative  des  journées  de  Juillet. 


H"'  veuve  HEssAiior,  de  Quimper. 

V  Faiënces  anciennes  de  Nancy,  de  Nevers  et  de  Loc- 
Maria-Quimper. 

â"*  Objets  d'histoire  naturelle. 


M.  Louis, Nay Ame,  de  Quimper. 

Deux  monnaies  en  cuivre  de  Louis  ^VL 


M.  PiBiou,  peintre,  membre  de  la  Société, 
Un  feston  d^Betiri  III,  roi  de  France 


Uw  Soldat  du  26*  de  ligne. 
Deux  monnaies  de  Louis  XVI. 

(À$uwr€j. 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE  DU  H   OCTOBRE  1873. 


Présidence   de  M.  A;  de  ^Ibis^ 

M»  de  Moatifauit,  secrétaire  donne,  sur  rinvitation  de 
M.  le  Président,  lecture  du  procës<verbal  de  lA  séance' 
précédente. 

M.  Halléguen  reproduit  la  réclainàtion  qu'il  at&it  faitêfà' 
la  séance  du  mois  d'août,  par  lettre,  er  qui  porte  stir  la 
rédaction  du  ptôcès-verbal  de  juillet.  Il  regrette  qu*onri'aïl 
pas  mentionné  au  prôcës^verbal  les  observations  et  résefrves 
qo'il  a  faites  au  sujet  de  la  partie  historique  du  travail^  dé 
M.  Le  Men. 

Après  qut^lques  observations  de  M:  le  Président  sut  la 
manière  dont  il  est  possible  de  rédiger  les  procès-rerballri 
rincidenf  est  clos  et  M.  de  Blois  fait  part  à  l'assemblée  deis 
résultats  donnés  par  la  fouille  d'un  tutnulus  faite  près  de 
Lannilis.  Il  a  reçu  de  M.  Ribault  receveur  de  Tetiregistre- 
ment  à  LanniHs  la  lettre  suivante  : 

€(  Monsieur,  tous  apprendrez  peut-être' avec  intérêt  la 
découverte  qui  vient  d'être  faite  à  Lannilis,  d'un  tubiulus  et 
le  résultat  des  fouilles  qui  y  ont  été  pratiquées  hier  23  cou- 
rant, soiïs  la  direction  dé  SI,  de  Lécluse,  vérificateur  de 
Tenregistrement. 

Ce  tumulus  est  situé  à  1  kilomètre  dix  bourg  de  Lannilis, 
près  dé  lat  nouvelle  route  dé  rÂbervracli ,  dans  un  champ 
appartenant  à  M.  Garaès, 

Il  est  peu  éleVé,  ayant  été  cultivé  depuis  fort  longtemps 
et  sa  hauteur  au-dessus  du  niveau  moyen  du  ctianip,  né 
dépasse  pas  deux  mètres. 

Les  fouilles  ont  été  faites  par  le  propriétaire,  M.  Garaès, 
en  présence  de  MM.  de  Lécluse,  de  Merey  ,  Morvan, 
Charles,  chimiste,  Sagot,  médecin,  et  Pérou,  directeur  des 
travaux  de  la  route  de  TAbervrac'h  à  qui  l'on  doit  la  décou- 
verte du  tumulus. 

Un  puits  pratiqué  à  l'endroit  du  tumulus  qui  nous  a  paru 
être  le  centre,  n'a  pas  tardé  à  nous  faire  voir  la  dalle  qui 
recouvrait  le  tombeau. 

Cette  dalle,  de  forme  ovale,  d'une  longueur  de  3  m.  30  c. 
et  d'une  largeur  de  2  m.  2«^c.,  reposait  sur  une  maçonne- 
rie en  pierres  noyée  dans  de  l'argile. 

7 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  78  - 

Une  brèche  ayant  été  faite  dans  la  maçonnerie,  le  tombeau 
s'est  présenté  à  nous  parfaitement  intact. 

Il  contenait  beaucoup  de  cendres,  quelques  fragments  de 
bois  de  chêne  presque  réduits  en  poussière,  deux  mprceaux 
de  bronze  recourbés  d'une  longueur  de  25  centimètres, 
complètement  oxidés(l);  et  enfin  au  centre  du  tombeau, 
un  vase  en  terre  cuite  à  trois  anses^  orné  de  quelques 
dessins  grossiers  et  contenant  de  la  cendre  (2). 

Ce  sont  là  les  seuls  objets  qui  aient  été  trouvés,  bien  que 
les  cendres  et  le  sol  du  tombeau  aient  été  visités  avec  soin 
(3). 

Voilà,  monsieur,  la  relation  aussi  exacte  que  possible  des 
fouilles  du  tumulus  en  question,  vous  la  soumettrez  si  vous 
le  jugez  à  propos,  à  la  Société  archéologique  de  Quimper. 
Si  cette  société  avait  besoin  de  renseignements  autres  que 
ceux  que  j'ai  donnés  ci-dessus,  je  me  mets  entièrement  à  sa 
disposition.  Recevez,  etc.  Signé  Bibault,  receveur  de  TEn- 
registrement  à  Lannilis.  » 

Cette  intéressante  lecture  est  accueillie  avec  le  plus  vif 
intérêt  et  la  Société  prie  son  président  de  remercier  en  son 
nom  M.  Ribault  et  les  autres  auteurs  de  la  découverte. 

Cette  communication  sera  transmise  à  M.  Le  Men,  di- 
recteur du  Musée  d'archéologie^  afin  de  savoir  s'il  serait 
possible  de  faire  transporter  au  Musée  départemental  les 
objets  recueillis. 

M.  Halléguen  a  la  parole  sur  le  château  et  le  parc  de 
Châteaulin. 

Il  expose  que  la  description  de  ce  curieux  et  im- 
portant ouvrage  a  été  donnée  par  lui  dans  VÉcho  de  Châ- 
teaulin du  19  octobre  et  dans  les  numéros  suivants  des 
26  octobre,  2  novembre  et  10  novembre  1850.  Il  a  été  for- 
tement aidé  dans  ses  recherches  par  les  ouvrages  de 
MM.  de  Fréminville  et  de  Blois. 

M.  Halléguen  donne  d'abord  la  description  du  château 

(1)  M.  Ribault  joint  un  dessin  de  ces  fragments,  d*où  il  semble 
résulter  qu'ils  appartenaient  à  des  bracelets. 

(3)  Joint  un  dessin  représentant  le  vase. 

(3)  Joint  un  plan  et  une  coupe  verticale  du  tombeau  avec  rindication 
de  toutes  ses  dimensions. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-79,- 

proprement  dit.  Il  en  énnmère  les  enceintes,  les  fossés^  les 
tours,  le  donjon,  le  pont-levis.  Ses  ruines  indiquent  que  le 
château  a  été  détruit  par  un  incendie.  {Écho  de  Châteaulin 
19  octobre  1850). 

En  résumé  il  y  avait  sur  la  montagne  de  Châteaulin, 
rocher  nu  et  abrupt  sur  toutes  ses  faces,  un  castel  impor- 
tant. La  base  du  mont  s'avançait  d'un  côté  dans  la  rivière, 
de  l'autre  un  vaste  étang  l'entourait.  Un  chemin  étroit  , 
taillé  dans  le  roc  donnait  accès  au  plateau  en  le  con- 
tournant et  en  passant  sous  une  ligne  de  remparts  et  de 
tours  formidables  ;  à  ce  chemin,  dominé  par  le  fort, 
aboutissaient  toutes  les  routes  du  pays.  Du  côté  de  la 
rivière,  le  rocher  est  taillé  en  terrasses.  Le  sommet  est 
bordé  de  remparts  flanqués  de  nombreuses  tours.  En  plu- 
sieurs endroits  le  roc  taillé  à  vif,  rend  tout  assaut  impossible. 
Sur  la  partie  la  plus  inaccessible,  vers  le  midi,  s'élève  le 
donjon  avec    ses    hautes  tours. 

Gastellin,  nom  breton  de  Châteaulin,  signifie  châteaa 
de  INin,  selon  Tétymologie  qu'en  a  donné  M.  deBlois, 
Castellin  était  donc  le  château  du  Pays  de  Nin, 

A  qui  faire  remonter  sa  construction  ? 

Les  ruines  actuelles  sont  relativement  modernes.  On  n*y 
trouve  que  peu  ou  point  d'indices  romains. 

Cependant  une  voie  romaine  passait  à  Châteaulin,  se 
dirigeant  de  Carhaix  vers  Grozon  et  la  pointe  du  Raz. 
n  n'y  a  aucun  castel  à  proximité,  si  ce  n'est  Castellin.  La 
proximité  du  village  de  Kerstrat  est  encore  un  indice.  Le 
camp  romain  dut  être  placé  sur  la  montagne  qui  domine  le 
pays,  les  voies  et  la  principale  rivière.  Pourtant  l'importance 
de  l'établissement  romain,  qui  devait  être  considérable  ne 
peut  se  déterminer  aujourd'hui,  on  ne  trouve  aucune 
substruction  romaine,  à  peine  quelques  plaques  de  marbre 
et  quelques  tuiles  à  rebords  et,  parmi  les  murs  d'enceinte  et 
les  murs  de  la  chapelle  de  Notre-Dame^  quelques  pierres 
de  petit  appareil  qui  doivent  provenir  des  anciennes  cens- 
tractions  romaines*  (Echo  de  Châteaulin^  du  25  octobre 
1850). 

1H«  Halléguen  compare  ensuite  Castellin  avec  le  châteaa 
de  la  Roche-Maurice,  et  le  château  de  Roc'h-Morvan,  il  cite 
MU.  de  Blois,  de  Kergariou,  de  Kerdrel,  de  Gourcy,  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  «0  — 

FiréminviDe,  Erpold  le  Noir.  It  ^n  cQDalut  que  la  partie 
féo()aie  du  château  a  été  bâtie  au  plus  tard  aux'  siècle  par 
pu  comte  de  Gornouailles.  On  a  pu  le  réparer  ou  méiue  le 
reconstruire  en  partie. 

L'auteur  cite  ensuite  Dom  Morice,  preuves,  tom  1,  col. 
467.  —  Il  remarque  l'expression  :  jiujctà  castmm  quod 
vocatur  Castellin  ;  le  même  document  décrit  un  endroit 
montagneux  qui  vocatur  nin  (cartulaire  de  Landévennec), 
ces  deux  textes  indiquent  pour  le  château  une  haute  anti- 
quité, puisqu'on  se  sert  pour  le  désigner  du  même  nom 
que  pour  le  pays  lui-même. 

M.  Halléguen  rapporte  ensuite  les  opinions  vulgaires  et 
les  traditions  populaires  sur  l'origine  de  Castellin. 

Il  passe  à  l'histoire  du  château  ;  elle  ne  commence  à 
être  connue  qu'au  commencement  d«  XII*  siècle,  1148.  — 
Siège  de  1163.  —  Citations  de  Dom  Morice  et  de  Guil- 
laume Le  Breton,  ainsi  que  de  différentes  pièces  communi- 
quées à  l'auteur  par  fil.  de  Blois  {Écho  de  ChâteoMlin, 
2  novembre  18o0). 

Nous  arrivons  mainte^nant  au  Parc  II  se  compose  essen- 
tiellement de  deux  parties,  munies  chacune  d'une  enceinte 
spéciale.  Le  petit  Parc  est  con^pris  dans  le  grand  ;  tous 
deux  partent  du  château. 

Il  fut  tracé  par  le  duc  Jean  Le  I^oux  au  XIIP  siècle 
{Chronique  de  Satnf-5rwwc).  Ce  Duc  répara  Castellin  qui 
ayait  souffert  du  siège  du  XIP  siècle. 

Le  uLur  commence  près  de  l'angle  nord-est  du  donjon^ 
traverse  la  rivière  n  la  chaussée  de  l'ancienne  pêcherie , 
borde  Iç  Chqimp'dU'Haut,  le  chemin  de  Parc-Bihan,  le 
champ  de  Parc-Névez-Bihan,  reparait  au  Parc^ar-Vur  et 
dans  la  lande  Parc-Goré-ar-Goarem  ;  il  borde  le  bois  Parc- 
Bihan-Bras,  et  traverse  les  terres  de  Quimil  jusqu'au 
balage  et  ^  la  rivière. 

C'était  j^  l'ençeinie  du  petit  Parc  qui  finit  près  de  Parc- 
Bihafi. 

Ven^itensjaiie  le  ^rand  Parc  y  son  enceinte  commence  :à 
Parc-ar-Mançon,  il  suit  Parc-Izella,  le  bois  de  Qmnàlj 
ÇloS'Pras,  Kprstrct,  Pen-Feunteun,  Toul-ar-Rodo,  Run- 
an-PafjC,  fenriii^ros,  Rosaon^  Heilar,  Prion,  Stanguivin, 
J^er^uan,  Parç-^r-Çao,  Pennatpçnf. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  SI  — 

Elle  traversait  la  rivière  sur  recluse  de  àfeil-Àon,  suivait 
les  carrières  de  Guilly  et  Kérével,  et  arrivait  à  Pennanros  ; 
puis  elle  bordait  le  chemin  Hent-ar-Vur,  traversait  la  mon- 
tagne de  Xanur^at  et  suivait  le  chemin  vicinal  de  Ghàteau- 
lin  à  Gouézec. 

Elle  entre  en  Briec  à  Kèréré,  passe  à  V Eau-dei^Fontai* 
nés,  au  Moulin-Neuf,  à  Meil-an-Àbbat,  à  Quiguen,  à  Gars^ 
ar-Saut,  à  Toul-ar-Greil,  à  Quarih  dans  l'allée  de  Tré- 
gain,  au  Stang,  à  Toul-arSaout,  à  Plasi-Barré^  au  Mes- 
Donyk  Tiourel-ar-TraoUj  à  Parc-is-an-Guer,  au  chemin 
Jos-ar-Ftéf,  à  Pors-ar-Lenn,  Pennavur,  Hinguer,  Posta- 
fiot,  les  bois  et  prés  du  Gollen  et  du  Gutrn,  Kérel,  Est- 
Cast,  Ciémeur,  Port-Richard,  ToularPhilistin  ,  Cosmeil, 
Guillipars,  montagne  de  Saint-Gildas,  Prataval,  le  mont 
du  Quelch  ;  elle  rejoint  le  château  par  le  Vieux-Bourg,  le 
Chemin- des 'Morts,  le  côté  ouest  du  vieux  cimetière,  em- 
brassant ainsi  la  chapelle  de  Kotre-Dame  entre  son  point 
de  départ  et  son  point  d*arrivée. 

Cette  enceinte  était  entourée  d'un  chemin  que  Ton  .peut 
encore  parcourir  à  cheval  dan5  une  grande  partie  de  son 
étendue. 

Le  périmètre  total  du  .grand  Parc  est  de  7  à  8  lieues. 

Les  paysans  l'appellent  le  mur  du  diable. 

M.  Halléguen  entre  ensuite  dans  de  nouveaux  détails  sur 
le  rôle  du  château  dans  Thistoire  de  la  Gornouaillés  II  cite 
un  grand  nombre  d'historiens  qui  font  mention  de  Gastellin 
et  une  charte  de  donation  du  2  mars  1*689,  au  sujet  de 
l'hôpital  du  château.  Il  raconte  la  naissance  au  château  de 
Pierre  II,  fils  de  Jean,  duc  de  Bretagne,  et  de  Blanche  de 
Navarre,  aux  fêtes  de  pàques  de  124J . 

M.  Halléguen  ayant  terminé  sa  lecture ,  M.  Faty  fait 
remarquer  que  les  tours  des  châteaux  avaient  la  forme 
ronde  sous  la  domination  romaine  jusqu'au  xn*  siècle 
environ  ;  à  partir  du-  xii*  siècle,  elles  deviennent  carrées  et 
ce  n'est  que  beaucoup  plus  tard  qu'on  revient  à  la  forme 
ronde*  Il  remarque  que  les  tours  de  Gastellin  so^t  rondes; 
Il  en  conclut  que,  s'il  est  constaté  que  les  fortifications  sont 
antérieures  au  xii®  siècle,  il  est  probable  qu'elles  ont  été 
coQ^ruites  sur  un  emplacement  romain  et  peut-étffe  même 
sur  des  Stubstructions  romftines. 


Digitized  by  VjOOQIÇ 


—  82  — 

M.  de  Bbis  dit  que  pour  lui  Ga$tellin  est  un  ancien 
castrum  romain  qui  exista  dès  la  conquête,  et  qui  fut  sinon 
fondé,  au  moins  développé  et  fortifié  comme  étant  un  point 
très-important  pour  défendre  le  pays  contre  les  incursions 
des  pirates  du  Nord.  Ce  point  dominait  le  cours  de  T  Aulne, 
à  l'endroit  où  celte  rivière  cessait  d'être  navigable.  Il  est 
donc  impossible  qu'il  n'ait  pas  été  choisi  comme  point 
essentiel  pour  la  défense  du  littoral  par  le  tractus  INervien 
et  Armoricain. 

M.  de  Blois  demande  ensuite  à  M.  Halléguen  compte 
d'une  expression  qu'il  a  souvent  employée  dans  son  travail, 
à  savoir:  Pays  de  Nin  ;  sur  quoi  se  base  M.  Halléguen? 
Nln  veut  dire  montagne,  éminence^  mais  jamais  à  la  con- 
naissance de  M.  de  Blois  il  n'y  a  eu  de  Pays  de  Nin. 

M.  Halléguen  cite  Gastellin,  GoatlNinun  et  Nin-Dour, 
(rois  localités  très-rapprochées  l'une  de  l'autre,  les  anciens 
auteurs  appellent  Châteaulin  Caslel-Nini,  ce  qui  ne  peut 
se  traduire  que  par  Château  de  Wm,  c'est-à-dire  château 
du  Pays  de  Nin. 

M.  de  Blois  dit  que  Castel-Nini  veut  dire  château  de  la 
montagne ,  et  que  les  noms  cités  par  M.  Halléguen,  se 
retrouvent  partout  ou  il  y  a  une  montagne  ou  une  colline. 

Gela  ne  peut  constitiuer  ce  qu'on  appelle  un  pays! 

M.  Halléguen  insiste  en  disant  que  pour  lui  il  y  avait  un 
Pays  de  Nin,  pays  de  peu  d'étendue  peut-être^  mais  qui 
portait  ce  nom  qu'on  retrouve  plusieurs  fois  à  des  endroits 
rapprochés,  et  dit  qu'il  ne  peut  traduire  CastehNini  que 
par  Château  de  Nin  ou  château  du  Pays  de  Nin. 

M.  de  Blois  ne  peut  traduire  Castel  Nini  que  par  : 
Château  de  la  Montagne. 

Il  pense  que  le  petit  Parc  était  le  lieu  de  promenade,  les 
jardins  du  Ghâtelain.  Il  y  a  aussi  à  Morlaix  et  dans  tous  les 
autres  châteaux  Ducaux  un  grand  Parc  et  un  petit  Parc. 

Quand  au  grand  parc,  il  existe  aussi  partout  la  même 
légende  de  la  construction  de  l'enceinte  par  le  diable  en  une 
seule  nuit  ;  partouft  le  nom  populaire  de  Mur  du  Diable. 

Cet  usage  n'était  pas  particulier  à  Ghâteaulin  ni  à  la 
Bretagne,  il  existait  partout  en  France  et  dans  tous  les  pays 
d'Europe.  La  grande  enceinte  était  peut-être  un  mur  indi- 
quant le  parc  de  chasse  réservée  au  duc  ou  au  seigneur. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  83  ~ 

Gependant;  bien  qu'à  cette  époque  le  droit  de  chasse  eût 
une  importance,  on  s'explique  difficilement  la  construction 
de  murailles  de  huit  lieues  de  tour  pour  garder  une  chas  se 
M.  de  Blois  pense  que  ces  murailles  pouvaient  servir  à  déli- 
miter le  domaine  engagé,  à  séparer  les  terres  affermées  du 
domaine  réservé  qui  restait  le  propre  du  Seigneur  et  qui 
était  cultivé  par  des  hommes  à  lui. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé  M  le  Président  fait  procéder 
à  rélection  des  personnes  qui  se  sont  présentées  pour  faire 
partie  de  la  société  et  qui  sont  : 

1<*  M.  Le  Rouxik  membre  du  Conseil  général  présenté 
par  MM.  de  Blois  et  Le  Men  ; 

S*"  M,  Dermier  principal  du  collège ,  présenté  par 
MM.  Faly  et  de  Montifault  ; 

3®  M.  l'abbé  Quéméneur ,  curé  de  Sainte-Croix  à 
Quimperlé,  présenté  par  MM.  de  Blois  et  Le  Men  ; 

if"  M.  Loyer,  Lucien,  étudiant  en  droit,  présenté  par 
MM.  Audran  et  Le  Men  ; 

Ces  candidats  sont  admis  à  l'unanimité  et  font  désormais 
partie  à  la  société. 
La  séance  est  leyée  à  4  heures  1/2. 

Le  Secrétaire, 
V.  DE  MONTIFAULT. 


Le  bureau,  considérant  qu'il  n'y  a  plus  à  i'ordre  du  jour 
que:  1°  la  statistique  monumentale  de  diverses  communes 
du  Finistère  par  M.  Flagelle  ;  2°  les  voies  romaines  sortant 
de  Quimper  ou  traversant  celte  ville  par  M.  R.  F,  Le  Men; 
que  le  Président,  plusieurs  membres  et  notamment  M.  Le 
Men  seront  absents  le  deuxième  samedi  de  novembre  ;  que 
la  présence  de  M.  Flagelle  n'est  pas  certaine  pour  ce  même 
jour; 

Décide  que  la  prochaine  séance  est  remise  au  deuxième 
samedi  de  décembre  ; 

Fait  un  appel  pressant  à  tous  les  membres  en  les  priant 
d'apporter  pour  cette  séance  quelques  documents. 


Digitized  by  VjOOQIC 


--  84  ^ 

N<yTA.  MM*,  lés  Sociétaire  sont  pries  de  vouloir  iÂen  (me 
parvenir  le  plus  f^  possible  lear  cotisation  (tO  francs)  à 
M.  Faty,  major  en  retraite,  rue  des  Regiiaires,  n^  '2S,  à 
Quimper. 

Le  PrésideM, 

A.  DB  Blois. 
Dons  offerts  an  Musée  départemeatal  d'archéologie. 


M.  l'abbé  Eybabd,  vicaire-généraL 

1»  Treize  monnaii^s  romaines  en  bronze  de  Néron,  Trajan, 
Antonin  le  Pieux,  Faustine  jeune,Gallien,yictorin,  Postume, 
Claude  II,  Constantin  Le  Grand  et  Constantin  II. 

2"*  Huit  monnaies  françaises  en  argent,  en  billon  et  en 
bronze,  de  Charles  Y,  Louis  XII,  Charles  IX^  Henri  III, 
Henri  IV ^  Louis  XIU  et  de  la  première  république. 

3°  Deux  blancs  et  un  douzain  de  billon  des  ducs  de  Bre- 
tagne François  I  et  Jean  lY. 

4''  Deux  doubles  réaies  d'Espagne,  de  Ferdinand  et 
Isabelle, 

5°  Sept  jetons  en  cuivre. 

M.  Ye^seyre,  ancien  maire  de  Quimper. 
Un  OQoyen  bronze  d' Antonin  le  Pieux. 

M,  Prosper  Hémow,  membre  de  la  Société. 

1^  Un  pied  de  roy  en  cuivré  du  XYH*  siècle. 

2^  Un  sceau  matrice  en  cuivre  de  la  Ferme  des  Devoirs 
de  Bretagne. 

3*  Quatre  monnaies  romaines  en  bronze. 

4''  Une  médaille  en  argent  du  XIIP  siècle. 

5*  Une  monnaie  en  argent  de  Louis  XY.        ^ 

6°  Une  pièce  de  deux  liards  en  cuivre  des  colonies  fran- 
çaises (1723). 

7^  Une  pièce  de  monnaie  norwégienne  en  billon  de  1694; 

8°  Une  pièce  russe  en  bronze. 

Une  médaille  commémoralive  en  bronze  de*  la  victoire 
remportée  en  1797,  piair  la  flotte  américaine  composée  de 
15  navires,  commandée  par  John  Jervis,  sur  la  flotte  espa^ 
gnole,  forte  de  27  voiles.  (^A  suivrej. 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE   DU    10    JANVIER    i874. 


Présidence  de  M.  A.  de  Blois. 

M.  de  Montifauli,  secrétaire,  donne,  sur  Tinvitation  de 
M.  le  Président,  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  pré- 
cédente. 

Ce  procès- verbal  est  adopté  sans  observation. 

Les  membres  du  bureau  présentent  MM.  Pocard-Ker- 
viller,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à  Nantes,  et  Bol- 
loch^  juge  suppléant  à  Morlaix,  qui  désirent  faire  partie  de 
la  Société. 

Ces  deux  candidats  sont  admis  à  Tunanimité* 

M.  de  Blois  donne  ensuite  lecture  d'une  intéressante 
communication  faite  à  la  Société  par  notre  confrère  M.  le 
docteur  Le  Hir. 

Cette  communication  est  ainsi  conçue  : 

Caverne  de  Roc'h-Tocl,  en  Kerovguy-Izblla,  commune 
DE  GuiCLAN  (Finistère). 

«  Cette  grotte  est  située  à  84  mètres  de  la  rive  de  la 
Penzé  ,  elle  est  creusée  dans  un  roc  blanc  composé  de  grès 
et  de  quartz.  Ce  rocher  forme  une  crête  très- pittoresque  au 
dessus  d*un  joli  vallon.  Son  ouverture  trapézoïdale  est  pla- 
cée sur  le  versant  nord- est  du  rocher,  vis  a  vis  le  manoir  de 
Luzec.  J*ai  découvert  une  moitié  de  celtae  en  pierre  polie 
dans  le  sentier  rapide  qui  conduit  du  moulin  de  Luzec  au 
pont  de  pierre  qui  traverse  la  rivière  au-dessous  de  la 
grotte. 

cr  Le  rocher  a  115  mètres  de  longueur  au  sud,  140  mè- 
tres au  nord,  20  mètres  à  Test. 

«  La  grotte  se  divise  en  deux  chambres,  presqu'en  ligne 
droite  et  séparées  par  une  cloison  de  rochers  qu'il  faut  con- 
tourner pour  passer  de  l'une  dans  Taulre, 

a  La  première  pièce  ou  chambre  claire,  a  12  m.  40  c. 
de  profondeur. ^La  hauteur  de.  la  voûte  à  l'entrée  est  de 
7  m.  70  c;  deux  mètres  plus  loin  elle  atteint  8  m.  50  c,  et 
au  fond  de  la  pièce,  elle  est  encore  de  8  mètres. 

«  La  Chambre  postérieure  a  34  mètres  de  longueur,  ce 
qui^  ajouté  aux  12  m.  40  c.  de  la  première  pièce,  donne 
46  m.  40  c.  sous  roche  à  la  caverne  de  Roc^h^Toul. 

8 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  86  - 

«  La  largeur  de  la  première  chambre  varie  entre  1  mè- 
tre et  2  mètres  ;  celle  de  la  seconde  est  beaucoup  plus  irré- 
gulière. La  chambre  postérieure  a  beaucoup  d'anfractuo- 
sites.  La  hauteur  du  soi  au  plafond  n'y  est  pas  sensiblement 
la  même  comme  dans  la  chambre  cUire  ;  elle  atteint  7  mè- 
tres en  quelques  endroits  et  varie  de  5  à  6  mètres  dans 
d'autres.  L'entrée  de  U  grotte  est  tournée  vers  lest,  mais  la 
chambre  postérieure  a  une  pente  ascendante  assez  pronon- 
cée et  sa  direction  s'infléchit  un  peu  vers  le  nord.  Jusqu'ici 
je  n'ai  trouvé  aucune  brèche  ni  ouverture  qui  indique  une 
autre  issue  à  cette  seconde  chambre. 

«  La  première  chambre,  ou  chambre  claire,  a  été  dé- 
crite par  moi  avec  assez  de  détails  dans  Les  Matériaux 
(Trutal  et  Cartailhac),  février  1869.  Voici  le  résultat  des 
fouilles  que  j'y  ai  exécutées  : 

«  Le  4  juin  1868,  à  10  centimètres  de  profondeur  dans 
le  sol,  je  trouvai  un  bout  de  flèche  en  silex.  Le  sol  de  la 
grotte,  sur  une  largeur  deSO  à  60  centimètres  seulement, 
est  formé  de  pierres  anguleuses  de  grès,  mélangées  à  du 
schiste  d'un  blanc  jaunâtre,  et  à  du  quartz,  le  tout  lié  par  de 
la  terre  noire  ou  jaune,  et  contenant  une  grande  quantité  de 
charbon  végétal.  Les  parois  de  la  grotte  et  la  voûte  sont 
creusées  dans  un  roc  composé  de  grès  blancs  entremêlés  de 
couches  schisteuses  blanches  ou  jaunes  micacées,  et  de 
veines  ou  filons  de  quartz  hyaUn  qui  traversent  la  masse 
jusqu'à  la  crête  extérieure  du  rocher. 

«  A  la  date  du  27  juillet  1868,  j'étais  allé  environ  quinze 
fois  à  la  grotte,  y  restant  depuis  midi  jusqu'à  cinq  heures  du 
soir.  Mon  fils  et  moi^  nous  avions  fouillé  une  partie  du  sol. 
A  partir  du  27  juillet  1868,  je  pris  des  aides. 

«  D'abord  nous  relevâmes  le  sol  par  grandes  mottes.  Je 
trouvai  des  morceaux  de  couteaux  larges  de  1  centimètre, 
plats  sur  une  face,  ayant  une  arrête  au  milieu  de  l'autre,  et 
avec  des  bords  tranchants  ou  dentelés  par  l'usage.  Je  re- 
cueillis ainsi  44  couteaux  en  silex  noirâtre  ou  jaunâtre.  Ils 
étaient  tous  enterrés  presqu'à  la  surface  du  sol,  sous  une 
couche  de  poils  provenant  probablement  de  déjections  de 
hiboux  ou  de  renards.  A  environ  9  mètres  de  l'ouver- 
ture^ se    trouva   un  grattoir    entier,  à  extrémité  arron- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  87  - 

die  e(  retaillée.  A  partir  de  cet  endroit,  presqu'en  face  de 
l'ouverture  qui  donne  accès  à  la  deuxième  chambre,  en 
fouillant  plus  profondément  le  sol,  les  objets  en  silex  qui  ap- 
parurent offraient  de  plus  grandes  dimensions  ;  il  y  avait 
des  couteaux  entiers  avec  une  face  plane  et  l'autre  portant 
une  ou  deux  arrêtes  longitudinales  ;  d'autres  étaient  courbes 
sur  leurs  faces,  quelquefois  même  sur  leurs  bords  ;  quel- 
ques-uns avaient  Texirémité  large  et  arrondie,  très-tran- 
chante ;  il  y  en  avaient  à  pointes  légèrement  arrondies, 
d'autres  en  forme  de  serpette,  d'autres  avec  un  seul  tran- 
chant ;  enfin  des  fragments  variant  de  13  millimètres  jus- 
qu'à 4  centimètres  de  longueur  et  une  petite  pointe  aiguë 
en  forme  de  lancette  semblent  provenir  d'autres  instru- 
ments de  même  nature  ébréchés  ou  cassés. 

a  Les  couteaux  au  notnbre  de  cent  dix^  ont  été  surtout 
trouvés  vers  le  fond,  mais  aussi  dans  toutes  les  parties  du 
sol  de  la  chambre  antérieure. 

Au  fond  de  celle  première  chambre,  à  une  profondeur  de 
50  centimètres,  j'ai  recueilli  desnudei  en  silex  ;  l'un  de  5 
centimètres  de  long  sur  3  1;2  de  large  et  24  d'épaisseur; 
le  second  de  4  centimètres  1/4  de  long,  sur  3  de  large  et  2 
d'épaisseur.  Un  troisième  était  à  la  distance  de  9  mètres  de 
l'entrée,  enterré  près  de  la  paroi  de  la  grotte.  Le  travail 
des  silex  se  faisait  donc  dans  la  caverne  elle-même. 

«  Au  19  août  1868,  j'avais  fait  encore  fouiller  six  fois 
avec  soin,  le  sol  de  la  preiTiière  chambre.  A  cette  date,  le 
nombre  de  silex  recueillis  et  qui  annoncent  un  travail  régulier 
dépassait  330  ;  de  plus  il  y  avait  une  quantité  d'éclats  ou 
de  débris  de  diverses  formes. 

«  Les  petits  couteaux  à  face  plane  d'un  côté  et  munis 
d'une  arrête  centrale  au  revers  sont  au  nombre  de  plus  de 
cinquante.  Presque  tous  ont  l'extrémité  arrondie,  quelques 
uns  seulement  ont  une  pointe  aiguë. 

n  Les  couteaux  moyens  sont  plats  sur  une  des  faces,  la 
seconde  offre  une  ou  plusieurs  arrêtes  ;  leur  extrémité  est  le 
plus  souvent  large  et  arrondie,  rarement  pointue. 

((  Les  grands  éclats  ont  de  2  à  4  centimètres  de  large  et 
de  1  et  demi  à  2  centimètres  d'épaisseur  à  l'arrête  ;  ils  se 
terminent  en  pointe  arrondie  d'uu  centimètre  de  large  ou 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  88  ~ 

en  extrémité  amincie  presqu'aussi  large  que  le  reste.  J'ai 
trouvé  douze  de  ces  grands  éclats. 

((  Plus  tard  un  nouveau  nucléus  plus  long  que  les  autres 
a  été  trouvé  profondément  enfoncé  dans  le  sol  de  l'entrée^ 
et  près  de  lui  une  pointe  de  lance  en  silex,  triangulaire,  à 
pointe  aiguë,  presque  à  ailerons^  :  base  2  centimètres  et 
demi,  hauteur  4  centimètres,  côlé  5  centimètres,  épaisseur 
au  milieu  de  la  base  1  centimètre.  A  la  base  trace  d*un  fos- 
sile qui  contribue  ^  la  forme  de  l'instrument. 

<r  Je  retirai  ou  fis  retirer  ainsi  tout  le  sol  de  la  chambre 
antérieure  qui  fut  répandu  en  dehors  sur  la  plate-forme. 
Le  charbon  de  bois  est  trèsrabondant  dans  ces  déblais.  Il 
existe  en  amas  brillants  à  Textérieur  de  la  caverne  à  la 
surface  du  sol,  où  on  distingue  encore  bien  des  plantes  à 
moelle  spongieuse  carbonisées.  Il  est  encore  abondant  et 
en  gros  fragments  à  l'entrée  de  la  deuxième  chambre,  mé- 
langé avec  de  la  terre  et  des  élytres  d'insectes.  Dans  la 
première  chambre  il  était  en  très  petits  fragments  brillants 
et  noirs.  Il  est  probable  qu'il  y  en  a  de  divers  âges. 

(f  Ayant  fouillé  cinq  fois  la  chambre  postérieure  en  1869, 
j'y  ai  trouvé  des  silex  taillés  analogues  à  ceux  de  la  première 
chambre,  mais  en  moindre  abondance.  Je  possède  cepen- 
dant deux  grattoirs  l'un  de  4  centimètres  et  demi,  l'autre  de 
4  centimètres  ;  cinq  bouts  de  Qèches  ou  de  lances,  deux 
rondelles  et  une  trentaine  de  fragments  ayant  appartenu  à 
des  lamelles  taillées  régulièrement,  enfin  une  vingtaine  de 
fragments  assez  irréguliers,  mais  provenant  d'un  travail 
humain,  le  tout  trouvé  dans  la  seconde  chambre. 

«  Je  n'ai  rien  trouvé  dans  les  cavités  et  les  anfractuosités 
du  rocher  à  l'intérieur  de  la  grotte,  mais,  à  cause  de  l'obs- 
curité et  des  nombreuses  inégalités  du  rocher,  les  recher- 
ches sont  fort  difficiles. 

«  Nulle  part  je  n'ai  rien  trouvé  sous  les  rochers  déplacés 
et  posés  sur  le  sol,  quoique  i;es  rochers  fussent  assez  petits 
pour  qu'un  hotnme  put  les  mouvoir.  Il  esi  même  à  remar- 
quer que  vers  le  9^  mètre  à  partir  de  l'entrée,  la  où  les  silex 
étaient  pour  ainsi  dire  «accumulés,  il  n'y  avait  rien  sous  les 
rochers  ;  d'où  l'on  pourrait  supposer  que  ces  rochers  mo- 
biles servaient  de  meubles,  de  sièges,  ou  d'établis  pour  la 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  89  — 

taille  du  silex  et  que  l'état  des  lieux  n'a  guères  changé  dans 
la  grotte  depuis  le  temps  où  elle  a  cessé  d'être  habitée. 

a  Nulle  part  sur  les  parois  ou  sur  les  pierres  isolées  je 
n'ai  trouvé  de  traces  de  polissage  de  dessins  ou  de  sculp- 
tures. 

«  Cette  grotte  ne  me  semble  avoir  été  fouillée  par  per- 
sonne avant  moi.  Elle  m'a  fourni  des  couteaux  de  différentes 
formes  et  de  différentes  grandeurs,  des  rondelles  tran- 
chantes, des  serpettes,  des  grattoirs,  des  perçoirs  et  doubles 
perçoirs^  des  poinçons,  des  bouts  de  lances  et  des  bouts  de 
flèches,  et  enfin  des  nucléi.  C'est  une  collection  très-com- 
plète et  très-curieuse  des  divers  instruments  primitifs  fabri- 
qués avec  le  silex.  Deux  ou  trois  seulement  de  ces  silex  pa* 
raissent  par  leurs  formes  arrondies  en  partie  provenir  du 
lit  de  la  rivière  de  Penzé,  les  antres  en  presque  totalité  ont 
une  autre  provenance  qu'il  n'est  pas  possible  de  déterminer.  ' 

c(  A  l'extérieur  de  la  grotte  et  dans  toutes  les  cavités  du 
rocher,  partout  où  il  y  avait  de  la  terre,  dans  les  rigoles 
tracées  par  les  pluies,,  dans  tous  les  sentiers  pierreux  qui  se 
rendent  à  la  rivière,  j'ai  fait  après  les  grandes  pluies  et 
après  les^temps  secs  des  recherches  pour  trouver  des  silex 
taillés  ou  non  taillés,  je  n'ai  jamais  pu  en  découvrir  aucun  , 
si  ce  n'est  celui  qui  a  été  mentionné  plus  haut,  auprès  du 
mouHn  de  Luzec,  et  qui  est  une  moitié  de  celtœ. 

(c  Tel  est  le  résultat  de  mes  études  sur  la  caverne  de 
Roc'h-Toul,  une  des  plus  intéressantes  habitations  de 
Troglodytes. 

Etablissement  de  Troglodytes  en  plein  air. 


«  Il  y  a  dans  le  voisinage  de  cette  caverne,  à  84  mètres  à 
l'est,  sur  le  bord  de  la  rivière  de  Penzé,  dans  la  commune 
de  Guiclan,  un  champ  nommé  Parc-ar-Plenen,  de  HO  m. 
de  longueur  sur  38  de  large.  On  y  cultive  généralement  le 
panais  qui  demande  des  fouilles  assez  profondes. 

«  Presque  chaque  année,  après  le  travail  de  l'agriculture^ 
j'y  ai  trouvé  des  instruments  taillés  par  éclats,  comme  ceux 
de  Roc'h-Toul,  les  uns  en  silex,  les  autres^en  grès  lustré  gris 
foncé  ou  rose.  Ce  grès  se  trouve  sur  la  Penzé  à  Kergoat 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  90  — 

en  Guiclan.  Il  offre  une  cassure  conchoïde.  Les  habitants 
priraitits  de  Roc'h-Toul  l'ont  taillé,  mais  en  petite  quantité; 
au  contraire  à  Parc-ar-Plenen,  les  objets  en  grès  lustré  sont 
-aussi  nombreux  que  ceux  en  silex.  Ils  ont  la  même  forme 
que  ceux  de  la  caverne.  Cependant  il  faut  remarquer  un 
silex  taillé  en  cylindre  et  préparé  pour  en  détacher  des 
lamelles.  Il  a  18  centimètres  de  longueur  et  15  de  circon- 
férence. 

((  Ces  instruments  viennent  tous  les  ans  à  la  surface  du 
sol  après  le  ti'avail  d'automne. 

(ir  Pour  m'assurer  si  cela  était  particulier  à  ce  champ, 
j'ai  parcouru  à  la  fin  de  septembre  l^(69,  tous  les  champs 
et  notamment  ceux  où  on  cuhive  les  panais  et  qui  sont 
situés  entre  le  moulin  de  Kerougay  et  la  caverne  de  Roc'h  - 
Toul  ;  je  n'y  ai  trouvé  aucun  grès  taillé,  aucun  morceau  de 
^silex^  ni  taillé  ni  brut,  tandis  que  dans  le  seul  champ  de 
Parc-ar-Ple^nen,  j'ai  trouvé  plus  de  quarante  objets  de  silex 
ou  de  grès  lustré  travaillés  par  éclats. 

«  L'un  des  deux  établissements  est-il  antérieur  à  l'autre  ? 
Ont-ils  coexisté  ? 

«  L'établissement  en  plein  air  a-t-il  élé  fondé  avant  celui 
de  la  caverne?  Gela  pourrait  se  supposer,  puisqu'il  contient 
en  grande  quantité  des  grès  lustrés,  pierre  du  pays,  candis 
que  la  caverne  ne  contient  guères  que  des  silex  qu'on 
ne  trouve  nulle  part  aux  environs, 

u  Tous  les  ustensiles  des  deux  locahtés  sont,  d'après 
M.  de  Mortillet,  de  l'âge  des  cavernes  delaDordogne,  mais 
moins  bien  travaillés.  Ils  sont  plus  petits  et  moins  nombreux, 
ce  qui  se  comprend,  puisque  le  silex  pyromaque  manque 
loialement  dans  le  pays.  Cependant  je  possède  un  perçoir 
qui  est  très-bien  fait  et  qui  a  du  servir  d'aiguille.  Il  est 
semblable  à  celui  de  Bruniquel  exposé  à  Saint-Gv^rmain. 

«  Nulle  part  que^je  sache,  on  ne  trouve  d'autres  traces 
de  ces  hommes  primitifs  sur  notre  sol.  Pas  de  sépultures, 
pas  d'ossements  humains  de  cette  époque,  pas  d'objets  en 
os  travaillés,  pas  de  dessins,  pas  de  sculptures  sur  les 
schistes  bleus,  rien  que  ces  armes  grossières  en  grès  ou  en 
silex. 

(c  Le  bois  devait  il  est  vrai  entrer  pour  une  grande  part 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  91  — 

dans  les  moyens  d'attaque^  de  chasse  et  de  défense  des 
Troglodites.  Leurs  vêlements  devaient  être  de  peaux  de 
bêtes  ;  mais  de  tout  cela  il  ne  reste  pas  trace,  pas  plus  que 
de  leurs  ossements  ou  de  leur  nourriture.  Tout  ce  qu'on 
peut  dire  de  leur  civilisation,  c'est  qu'ils  se  fabriquaient 
des  armes  de  silex  et  de  grès,  et  qu'ils  connaissaient  l'usage 
du  feu. 

«  D^  LE  HIR, 

«    D.   M.  Pt    « 

Cette  intéressante  communication  donne  ilieu  à  différents 
commentaires  au  sujet  de  la  manière  de  vivre  des  habitants 
des  cavernes. 

M.  de  Blois  fait  connaître  que  la  lettre  de  M.  Le  Hir  con- 
tient encore  la  description  d'un  monument  d'une  origine 
plus  récente.  Il  donne  en  ces  termes  lecture  de  ce  do- 
cument : 

Caveaux  de  Roguennic^  en  Cléder^  probablement  gallo-romains. 


En  septembre  1872,  M.  de  Lécluse,  vérificaieur  des  domaines, 
m'invjia  à  aller  avec  lui  voir  des  caveaux  que  des  piqueurs 
de  pierre  venaient  de  melire  au  jour  en  fendant  à  l'aide  de 
coins  une  énorme  masse  de  granits  près  du  village  de 
Uogueniiic,  en  Cléder. 

La  roche  «olide  est  ensevelie  à  une  profondeur  de  2  mèlres 
sous  une  couche  de  granité  décomposé,  mélangé  à  de  l'argile 
diluvienne.  Le  bloc  de  granité  a  une  épaisseur  de  2  m.  30  c. 
et  une  largeur  de  4  m.  ôO  c. 

Vers  les  premiers  jours  de  septembre  1872,  les  carriers  en 
attaquant  ce  banc  pour  en  extraire  des  pierres  de  taille,  trou- 
vèrent sous  le  rocher  une  caviié  où  ils  pénétrèrent  et  ils  se 
trouvèrent  dans  une  chambre  médiane  communiquant  avec 
deux  autres  chambres,  l'une  au  nord,  dont  la  votite  est  à 
1  mètre  d'élévation  et  se  trouve  formée  par  le  roc  ;  la  largeur 
de  celte  chambre  est  de  1  m.  80  c.  Le  sol  est  un  mélange  de 
terre  et  de  sable  granitique  peu  cohérent. 

J'ai  trouvé  sur  le  sol  un  morceau  de  granité  auquel  adhé- 
rait un  morceau  de  charbon  de  bois. 

L'ouverture  de  la  chambre,  percée  dans  la  granité  décom- 
posé, est  de  forme  ovale.  Elle  a  70  centimètres  de  haut  sur 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  92  — 

66  de  large.  Cette  chambre  située  au  nord  de  celle  par  laquelle 
nous  avons  pénélrë,  est  circulaire  ou  plutôt  ovalaire.  La  troi- 
sième chambre  est  à  Touesl  ;  elle  est  longue  de  2  mètres  et 
large  d'un  mètre.  Sa  paroi  nord  est  revêtue  d'une  sorte  de 
maçonnerie  en  pierres  sèches.  L'ouverture  est  aussi  ovalaire. 
Pour  y  pénétrer  on  est  obligé  de  ramper  à  plat  ventre.  La 
voûte  n'atteint  pas  la  roche  dure,  elle  est  formée  de  sable 
terreux.  Le  sol  est  de  granité  décomposé  presque  meuble.  La 
paroi  de  Test  est  formée  en  partie  par  le  roc  solide.  Celte 
chambre  semble  se  prolonger  plus  loin  à  l'ouesi,  mais  cette 
partie  n*est  pas  déblayée. 

Les  deux  dernières  chambres  renferment  de  nombreux 
morceaux  de  briques  rouges  à  larges  caunelures,  comme  on 
en  a  trouvé  à  Coalliez  en  Plouesc£(t  et  dans  les  galeries  sépul- 
crales de  Buzéré,  en  IMouvorn  (i).  Elles  ne  contenaient  aucun 
autre  objet,  mais  il  y  aurait  lieu  de  fouiller  le  granité  meuble 
du  fond  des  chambres  et  du  sol. 

1!  y  a  encore  un  quatrième  caveau  vers  le  sud.  M.  de  Lé- 
cluse  a  pu  en  apercevoir  le  fond,  mais  il  n'est  pas  possible  d'y 
pénétrer  sans  opérer  des  déblais. 

Tel  fut  le  résultat  de  ma  première  visite. 

Le  20  août  1873,  grâce  â  la  bonne  hospitalité  de  M.  de  Par- 
cevaux  de  Tronjoly,  j'ai  pu  retourner  à  ces  caveaux.  Par  suite 
d'éboulements  de  terre  et  de  sable,  l'entrée  éiait  à  moitié 
bouchée,  ainsi  que  la  deuxième  et  la  quatrième  chambre.  Je 
fis  dégager  l'entrée  et  j'arrivai  à  la  chambre  circulaire.  Je  la 
mesurai  de  nouveau  plus  exactement  et  j'pbtins  de  Test  à 
l'ouest  2  m.  53;  du  nord  au  sud  I  m.  76  c;  hauteur  àTouest, 
près  de  l'entrée,  1  m.  07  c.  J'ai  fouillé  le  sol  jusqu'à  la  roche 
nue  qui  forme  des  saillies,  de  manière  à  simuler  une  maçon- 
nerie sèche  qui  eut  pu  recouvrir  des  ossements  ou  d'autres 
objets.  Je  n'ai  rien  trouvé  que  de  nouveaux  morceaux  de  bri- 
ques rouges  à  rebord  et  du  charbon  de  bois. 

Je  n'ai  pu  observer  le  caveau  du  sud,  aujourd'hni  complète- 
ment obstrué  et   qui  paraît  se  diriger  sous  un  rocher  voisin. 

D'  LE  HIR. 

D.    M.   P. 


(1)  Les  morceaux  de  brique  ne  seraient-ils  pas  des  fragments  d'argile 
formant  dans  le  principe  le  revêtement  de  claies  en  bois  servant  de 
cloisons,  et  qui  auraient  plus  tard  pris  la  consistance  de  briques  par 
suite  de  Tincendie  de  la  grotte  ?  On  s'expliquerait  ainsi  les  connelures 
dont  ils  sont  marqués.  —  Note  de  la  Rédaction. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  93  — 

L'assemblée  décide   que  la  relation  de  M.  Le  docteur 
Le  Hir  sera  insérée  in -extenso  au  procès- verbal. 

L'ordre   du  jour  étant  épuisé^  M.    de  Blois  déclare  la 
séance  levée. 

Le  Secrétaire^ 

V.    DE   MONTIFAULT. 
DOCUHENTS  INÉDITS  POUR  SERVIR  A  l'HiSTOISE  DE  BRETAGNE. 


Les  Bénédictins,  auteurs  de  nos  grandes  Histoires  de 
Bretagne^  ont  pieusement  recueilli  dans  les  chartriers  où  ils 
ont  eu  accès,  les  documents  relatifs  à  Thisloire  politique  et 
religieuse  de  cette  province  ;  mais,  soit  que  le  temps  leur 
ait  manqué,  soit  qu*ils  n*en  aient  pas  jugé  la  publication 
urgente,  ils  ont  négligé  les  litres  qui  se  rapportent  aux  arts, 
au  commerce  et  à  Tindustrie  de  notre  pays.  Aujourd'hui 
les  Sociétés  locales  s'empressent  de  mettre  en  lumière  ces 
documents  dont  l'importance  est  de  jour  en  jour  plus  appré- 
ciée. Le  bureau  de  la  Société  Archéologique  du  Finistère  a 
pensé  qu'il  ne  serait  pas  sans  utilité  de  donner  une  place 
dans  son  Bulletin  aux  rares  documents  de  cette  nature  que 
le  tempsà  épargnés.  On  pourra  y  joindre  à  l'occasion  d'autres 
titres  inédits,  intéressant  l'histoire  générale  de  la  même 
province, 

R  -F.  Le  Meiî. 

r.  —  Pancakte  de  Lesneven  (xv«  siècie). 


Ensuivent  les  debvoirs  et  coustumes  deuz  à  mon  dict 
Seigneur  (le  Duc  de  Bretagne)  i  cause  des  fermas  du 
cobuage  (droit  de  halle)  dudiot  lieu  (de  Losneven)quel  cohuage 
se  déport  en  plusieurs  menues  parcelles,  combien  que  la 
baillt^e  s'en  fait  par  le  recepveur  duiiict  lieu  en  une  ferme 
seule  par  checun  an,  et  s*en  payent  les  deniers  à  trois  termes, 
savoir  :  le  tierz  à  Pasques,  le  tierz  à  la  sainct  Micbiel,  et  l'au- 
tre tierz  à  la  saincte  Katherine,  et  s'en  fait  la  baillée 
par  ledict  recepveur  audict  li^u  de  Lesneven,  la  veille  de  la 
sainte  Katherine. 

La  coustume  du  pain  et  du  blé  se  liéve  à  la  forme  qui  ensuit  : 

Checun  boulengier  ou  boulengière  vendant  pain  par  détaill 
audict  lieu  de  Lesneven  au  marchéi  doibl  et  paye  par  checun 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  94  — 

jour  de  marché  pour  placzaqe,  ung  dennier,  et  quant  il  y  a 
foire,  ledicl  debvoir,  s*il  eslalle  vende  ou  nori,  sauff  s'il  rappdrie 
ledicl  pain  à  unj;  aiilrp  marchié  vt^rifianl  que  c»*  soil  celui  du 
marché  précédant  donl  il  avoil  payé  ledicl  debvoir,  il  n*en 
payera  riens. 

El  est  ce  debvoir  deu  outre  le  droit  de  veyrage  donl  ey 
après  sera  fait  raeneiou  en  la  ferme  du  veyrage. 

De  checun  boesseau  froment,  seigle,  orge  et  autres  groz  blez 
excepiez  Tavoine,  qui  sont  venduz  audict  lieu  de  Lesneven, 
esl  deu  et  que  payent  les  achaieurs,  une  obolle  qu'est  pour 
checun  deux  boesseaux  ung  dennier,  et  ne  se  double  point 
ledicl  debvoir  es  foires,  ne  en  leurs  ouicliesmes,  et  dudict 
debvoir  sont  exempiz  touz  nobles  et  gens  privilégiez,  si  c'esl 
pour  leur  provision  seulement. 

Item  de  checun  boesseau  avoine  vendu  esdict-^  jours  de 
marché  audicl  lieu  esl  deu  de  checun,  douze  denniers  une 
obolle  et  ne  se  double  point  esdictes  foyres.  Lequel  debvoir  se 
paye  par  les  acheteurs,  fors  des  gens  nobles  et  privilégiez 
comme  devant. 

La  coustumeet  debvoir  du  fil  et  de  la  laine  avecques  le  lin  et 
le  chanvre  qui  est  membre  dudict  cohuage  se  liève  en  la  ma- 
nière qui  ensuit  : 

Checun  marchant  achetant  fil  audict  lieu  de  Lesneven  à  jour 
de  marché,  pour  checun  achat  de  fil  qui  passe  douze  denniers 
quelque  nombre  qu'il  y  ait,  paye  nng  dennier, et  par  checune 
foyre  0  leurs  lundis  précédent  et  subséquent,  le  double  dodict 
debvoir,  savoir  esl  deux  deniers  pour  checun  achat. 

tl  semblablemenl  de  checun  achat  de  lin  qui  passe  douze 
denniers,  est  deu  au  jour  de  niarché  ung  dennier  et  à  jour  de 
foyre  o  leurs  lundis  précédant  ei  subséquent,  le  double,  ex- 
ceptez ceulx  de  la  ville  de  Lesneven  et  d»*s  faubourjçs  d'icelle 
qui  sontexempiz  dudici  debvoir,  tant  à  jour  de  marchiéque 
de  foire,  pourveu  qu'ils  ne  rachalenl  pour  revendre. 

El  semblablemenl  est  deu  pour  checun  achul  de  layne  qui 
passe  douze  denniers  à  jour  de  marché,  ung  dennier  et  le 
double  esdictes  foyres  o  leurs  lundis  précédant  et  .subséquent. 

El  au  regard  du  chanvre  il  n'y  a  point  de  debvoir  pour  ce 
que  les  Cacoux  (Lépreux;  qui  plus  souvent  et  continuellemenl 
les  achaplent,  doibveui  el  sont  lenuz  fournir  de  cordes  à  faire 
les  exécutions  des  enerimez  (crimuiels),  toutes  et  quante  fois, 
le  cas  ad  vient  audict  lieu  de  Lesneven. 


Digitized  by 


Google 


1 


-  95  — 

La  coustume  et  debvoir  de  la  ferme  du  cuyr  qui  est  membn 
dudict  cohuage  5fe  liève  en  la  forme  qui  ensuit, 

Checun  marcbani  achalant  à  jour  de  marché  aiidict  lieu  de 
Lesiievtn  cuir  de  vacht*  ou  de  bœtif  ou  d'aiure  cuyr  dont  la 
venle  passe  douze  deuniers,  pour  checune  peau,  paye  deux 
deuniers  el  le  double  es  jours  de  foires  o  leurs  lundis  précé- 
dent et  subséquent. 

Et  si  la  vente  monte  ung  Tacre  de  cuyr  ouquel  doibt  avoir 
dix  paulx,  ledict  acheteur  poyera  pour  ledict  Tacre  quatre 
denniers  seulement  à  jour  de  marché  et  le  double  es  tuires 
comme  devant  est  dit. 

Et  au  regard  du  cuyr  tanné,  il  ne  doibt  pour  tout  debvoir 
que  nn  deunier  pour  placzage  à  jour  de  marchié  et  le  double 
es  foires. 

La  coustume  et  debvoir  de  boucherie  qui  est  membre  dudict  coT 
huage  se  liève  en  la  forme  qui  ensuit  : 

Checun  boucher  estallanl  audict  lieu  de  Lesneven  à  jour  de 
marché  doibt  pour  estallage  ung  dennier. 

Et  pour  checune  beste  qui  se  vend  et  détaillent  (sic),  savoir: 
pour  checun  bœuf  ou  vaehe,  mouton,  brebis,  chiefvre  ou 
bouch,  porc  ou  truye,  de  checun  ung  dennier  et  le  double  es 
jours  (le  foires  o  leurs  lundis  précédent  el  subséqueul. 

Excepté  des  veaux  ou  chevreaux  qui  ne  doibveut  nul  debvoir 
fors  Tesialla^e  seulement,  qu'est  ung  dennier  par  jour  de  mar- 
ché et  le  double  es  jours  de  foires  comme  devant  est  dit. 

La  coustume  et  debvoir  de  la  grande  quenoille  qui  est  une  ferme 
et  membre  dudict  cohuage  se  liéve  en  la  forme  qui  ensuit  : 

Tous  marchans  et  drappiers  vendans  draps  de  couleur, 
doivent  par  checun  lundi  deux  denniers  pour  estallage  seule- 
ment^ et  le  double  es  jours  de  foires  o  leurs  lundis  précédent 
et  subséquent. 

Et  les  marchans  vendans  loelles  doibvent  pour  checune 
piecze  de  toelle  qui  passe  dix  houiet  aulnes  ung  dennier  et  le 
double  es  jours  de  foire  comme  devant. 

Et  de  la  toelle  qui  est  soubz  ledict  numbre  de  dix  houiet 
aulnes,  le  debvoir  en  est  deub  à  celui  qui  à  la  ferme  de  la  petite 
•  quenoille  rapportée  ey  apprès. 

La  coustume  et  debvoir  de  la  petite  quenoille  se  liéve  en  la 
forme  qui  ensuit. 

Tous  marchans  vendans  drap  de  bureau  de  Guingamp,  de 
Jocelin  et  du  pays,  qui  estallent  audict  lieu  de  Lesneveo,  doib- 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  96  — 

vent  de  placzage  pour  checun  lundi  utig  dennier  et  le  double 
es  jours  de  foires  o  leurs  lundis  précedeni  el  subséquent. 

Et  de  checun  achat  que  font  le^^dicts  roarc.hans  des  menues 
pieczes  de  bureau  que  les  subgielz  apporleni  à  vendre  audict 
lieu,  doibvent  lesdicls  marchans  ung  dennier  si  c'est  au  jour 
de  marché  simple,  mais  si  c'est  au  jour  de  foire  ou  au  lundi 
précèdent  ou  au  lundi  subséquent  ils  doibvent  le  double  pour 
checun  achat  ;  mais  ceulx  qui  achètent  par  le  mynu,  draps 
desdicts  marchans  esiallans,  ne  auxi  desdicls  subgietz,  ne 
doibvent  aucun  debvoir  à  cette  cause. 

Item  tous  lingiere  ou  linglères  vendant  toelles  par  le  mynu, 
qui  estallent  audict  lieu  de  Lesneven  à  jour  de  marché,  doib- 
vent pour  eslallage  el  placzage  d*îux  denniers  el  é«»  jours  de 
foires  o  leurs  lundis  précédent  et  subséquent,  le  double. 

Et  de  checun  achat  de  toelles  qu*ils  font  et  que  soit  soubz 
le  numbre  de  dix  houiel  aulnes,  ils  doibvent  et  payent  ung 
dennier  par  achat,  et  le  double  es  jours  de  foires  comme  dessus, 
et  si  Tachât  monte  plus  de  dix  houiet  aulnes  le  debvoir  en  est 
deu  à  cellui  qui  a  la  ferme  de  la  grande  quenoille. 

Les  menm  droicts  et  les  balances. 

Les  debvoirs  et  coustumes  appelés  les  menus  droits  avecques 
les  balances  dudict  lieu  de  Lesneven,  se  liévent  sur  les  denrées 
et  marchandises  el  en  la  manière  quiensuili  savoir  est: 

Tous  marchans  vendans  potz  de  terre  venants  dehors  Tévê- 
ché  de  Léon,  doibvent  pour  checune  somme  ou  charge  depolz 
deux  denniers  es  jours  de  foires  el  les  lundis  pronchains  pré- 
cédent et  subséquent. 

Et  cents  de  TEvêché  de  Léon  ne  doivent  que  ung  dennier 
par  somme  ou  charge  ésdits  jours  de  foires,  etc.,  etc. 

Et  ne  doibvent  aucun  debvoir.de  couslume  es  autres  jours 
de  marché  excepté  seulement  le  droict  du  Veyer. 

Item  tout  homme  ou  femme  qui  achate  beurre  audict  lieu 
de  Lesneven  à  jour  de  marché,  ou  autre  jour  sur  sepmaine,  par 
potz  ou  barales  dont  la  vente  monte  plus  de  douze  denniers, 
doibvent  pour  chacun  pot  ung  dennier,  et  es  jours  de  foires  o 
leurs  lundis  pronchains,  comme  devant  est  dit. 

Item  checun  marchant  vendant  aulx  ou  oingnons  doibt  pour 
placzage  à  jour  de  marché  ung  dennier,  et  le  double  es  foires 
0  leurs  lundis  comme  dit  e^l. 

Item  checun  marchant  vendant  pâlies  de  boais,  bêches  fer- 
rées ou  defferrées,  manches  à  marres  (houes}^  fourches  ra- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  97  - 

teanlx^  coulombes,  eschelles,  esseulx  à  charelles,  cyoyères  à 
bras  ou  rolleresses  (1),  doibvent  de  placzage  checuo  iing 
denoierà  jour  de  marché  el  le  double  es  foires  comme  dit 
est. 

Et  semblablemenl  cfuh  qui  vendent  vesselles  de  boais  com- 
me plaiz,  gédes  (jattes),  escuellcs,  irc^houers,  lamues  (tamis), 
crubles,  panniers  et  auttres  semblables  doibvent,  pour  plac- 
zage à  jour  de  marché  ung  dennier  et  le  double  es  jours  de 
foires  et  es  hindis  prouchains  avant  et  après  comme  devant  est 
dit. 

El  pareUlemenl  ceux  qui  vendent  ferronnerie,  comme  tre- 
piers,  coignées,  croqs  de  fer  et  semblables  choses,  doibvent 
pour  placzage  à  jour  de  marché,  ung  dennier  et  le  double  es 
foires,  etc. 

Item  ceulx  qui  achètent  huges  (coffres),  roues  de  charetles, 
doibvent  pour  checune  huge  ung  dennier  el  pour  c^upple  de 
roues  à  chareltes  ung  dennier,  si  e'esl  à  jour  de  marché,  el  si 
c'est  es  foires  ou  es  lundis  prouchains  avant  et  après,  ils 
poyeni  le  double. 

llem  tous  poissonniers  apportantpoisson  a  vendre  audicl, 
lieu  de  Lesneven,  soit  au  jour  de  marché  ou  sur  sepmaine 
doibvent  pour  placzage  ung  dennier,  et  le  double  es  jours  de 
foires  o  leurs  lundis,  etc. 

Et  semblablement  ceulx  qui>pportent  le  fruict  à  vendre  au- 
dit lieu. 

Item  tous  merciers  qui  estallent  audict  lieu  au  jour  de  mar- 
ché, doibvent  pareillement,  pour  eslallage,  ung  dennier  et  le 
double  comme  devant  est  dit,  es  jours  de  foires. 

Et  soulz  ladicle  mercerie  sont  comprins  ceulx  qui  vendent 
fusseaux,  lleustes,  parchemins ,  ei  chappelliers. 

El  au  regard  des  balances,  ceulx  qui  y  portent  leurs  den- 
rées à  peser,  poyent  pour  checun  cent,  deux  denniers. 


(t)  11  est  souvent  fait  mention  des  cyvières  roller esses,  ou  cyvières  à 
rouelles,  dans  les  comptes  et  dans  les  inventaires  du  XV^  et  du  XV® 
siècle,  des  évêchés  de  Qiiimper,  Léon  et  Tréguier.  Cet  instrument  n'est 
'  autre  que  la  brouette  dont  on  a  attribué  à  tort  l'invention  à  Pascal. 
Le  nom  même  de  brouette  figure  dans  un  inventaire  de  meubles  de 
1510  qui  se  trouve  aux  archives  départementales  du  Finistère.  Les  bre- 
tons distinguent  trois  sortes  de  civières  :  la  civière  à  bras,  Cravaz 
daoubennec,  littéralement  civière  à  deux  tètes;  la  civière  à  roue  ou 
brouette,  Cravaz  roiiellec,  et  la  civière  à  charelte,  Cravaz  car,  sorte 
de  claie  que  l'on  place,  en  avant  et  en  arrière  d'une  charette  avant  de 
la  charger.  C'est  peut-être  ce  dernier  instrument  qui  est  mentionné 
plus  haut  sous  le  nom  de  Coulombes* 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  98  - 

Le  DOOBLE   des  foires,  et  le  RuSQUilT  (1) 

La  coustume  et  debvoir  du  double  des  foires  et  du  Rusquat 
se  liève  et  paye  en  la  manière  qui  ensuit  : 

Il  est  deu  pour  l'achat  de  checune  bcsle  vive  d*aiimaille 
comm»  bœufs,  vaches,  moulons,  chiefvres  ou  boucs,  pourceaux 
ou  truyes,  que  Ion  achaie  à  jour  de  foire  seulennent,  ung  den- 
nier,  el  ne  doibveiit  riens  à  es  jours  de  marchés,  fors  au 
Veyer  dont  le  rapport  est  cy  après,  et  ne  doibvent  riens  les 
veaux  ne  les  chevreaux. 

Jtem  pour  checune  besle  chévalline  est  deu  esdicls  jour  de 
foire  seulement^  à  cause  dn  cohua^^e,  quatre  denniers  oultre 
le  droicl  du  Veyer.  rapporté  cy  après. 

Item  est  deu  pour  Tachai  de  checune  ruche  de  miel  vendue 
à  jour  de  marché  pour  placzage,  en  ce  qui  louche  ceulx  de 
dehors  les  bonnes  (limites),  de  la  dicte  ville  deux  denniers,  el 
le  double  es  jours  des  foires. 

Et  ceulx  des  bonnes  de  ladicte  ville  ne  poyent  que  demi 
droicl. 

'  En  la  recepte  de  Lesneven  à  neuf  foires,  savoir  : 
Le  jour  St-André.  /  ^  .,      .    -  .       , 

Le  jour  Si  Mathieu.  l  .\f^'  '\l  f^  ^f^^.    . 

Le  jour  de  Notre-t)ame-de'la.My-Aousl.r"^"*^^"^  ^^  *^*^^- 

iCesIe  foire  ne  dou- 
ble point  ne  au  jour 
ne  es  ouictiesmes. 

Le  jour  Sl-Michiel |  Geste  foire  double. 

/    Cesie  foire  ne  dou- 
V  ble  point  ésouicliés- 

Le  jour' de  Toussaims (  mes,   mais  elle   se 

)  double  au  jour  seu- 
\  lemenl. 

Et  est  bien  à  savoir  que  es  foires  des  jours  qui  ensuivent 
sauoir  : 

De  St-André, 

De  Sl-Mathias, 

De  Sie-Croix-en-May, 

De  St-Eloy, 

Le  1"  jour  d'Aougst, 

Le  jour  de  la  My-Aoust, 

El  le  jour  St-Michiel, 

(i)  Droit  sur  les  ruches. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  99  — 

les  debvoîrs  el  conslumes  de  cohuage  se  doublenl  comme 
devant  est  dit  tant  le  jour  de  la  foire  que  au  lundi  précèdent 
et  au  lundi  subséquent. 

Et  au  regard  des  loires  qui  sont  es  jours  de  Notre-Dame- 
en-Septembre  6t  de  Toussainclz,  lesdicts  debvoirsetcoustumes 
ne  doubleut  point. 

Veyrage  (1). 

Le  droit  de  veyrage  qui  vault  par  communs  ans  quinze  li- 
vres ou  environ,  se  liève  sur  les  choses  qui  ensuivent  et  se 
payent  à  deux  termes  savoir  :  la  moitié  à  Parques  el  Taulre 
moitié  à  la  Toussains,  savoir  : 

Sur  ohecun  boulengier  ou  boulengière,  venant  de  dehors  el 
vendant  audici  lieu  de  Lesneven,  par  checun  lundi  ung  den- 
nier  pour  havage  (2;  exc^'pté  sur  ceulx  de  la  ville  qui  ne  poyenl 
que  demy  debvoir,  savoir  est  une  obolle. 

Sur  le  blé,  froment,  seigle,  avoine  el  autres  blez  el  aussi 
sur  le  lin,  la  laine  el  sur  le  fil,  le  veyer  ne  prétend  aucun 
droit. 

Item  sur  checun  cuyr  à  poil  qui  est  vendu  plus  haull  que 
douze  denniers,  le  Veyer  prend  obolle,  excepté  sur  cuyrs  de 
Cordoan  qui  en  est  exempt. 

Item  sur  le  droit  de  la  boucherie  prend  le  veyer  sur  et  de 
checun  porc  frais  vendu  en  déiaiil  en  la  cohue  (halle),  dudict 
lieu  les  Nomblecz,  nommez  en  breton  Mezchiou,  pour  tout 
debvoir. 

lleni  sur  le  droit  de  la  grande  quenoille,  ledict  veyer  prend 
de  checun  drappier  pour  droit  d'esiallage  ung  dennier  de  ceulx 
de  dehors,  el  de  ceulx  de  la  ville  obolle. 

Ilem  prend  de  checune  pièce  de  drap  entier  qui  s'anlamme 
h  jour  de  marchié  el  de  foire,  ung  dennier  et  des  habilans  de  la 
ville,  obolle. 

Sur  la  petite  quenoille  ne  prend  riens  ledict  veyer. 

Sur  le  droit  et  ferme  nommé  les  menuz  droits,  soubz  la- 
quelle sont  comprins  les  poiz  de  terre,  le  beurre,  l'oignon, 
l'aill.  le  fer,  le  boais,  le  poisson  et  Je  fruicl,  ledicl  Veyer 
prend,  savoir  : 

(1)  Droit  du  Voyer. 

(2)  C'est  un  droit  qui  permettait  au  voyer  de  prendre  de  chaque  bou- 
langer autant  de  blé  que  ses  deux  mains  pouvaient  en  contenir  à  la 
fois.  Cette  quantité  de  blé  s'appelait  une  havée. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  100  - 

De  checun  polier  venant  dehors  rEvescbé,  de  checuue 
somme  de  potz,  ung  dennier  par  checuo  marché,  et  de  ceulx 
de  lEvesché  de  Léon,  oboUe  ; 

De  checun  pol  de  beurre  qui  sera  acheté  douze  denniers  ou 
audessus,  ledicl  Veyer  prend  obolle  ; 

De  checun  vendeur  d*oignons  ou  d'aulx,  ung  dennier  pour 
placzage; 

De  checuD  vendeur  de  pâlies,  besches,  et  de  fer  ouvré,  pou  r 
placzage,  obolle  ; 

De  checune  buge  (huche)  vendue  à  marché  ou  à  foire  ung 
dennier  ; 

De  checun  marchant  vendant  boais,  comme  coulombes, 
e$cheiles,e$seulx  à  charettes,  cyvicres  tant  à  bras  que  rolle- 
resses,  pour  placzage,  ung  dennier. 

Et  s'il  y  a  douze  rateauh,  ledict  Veyer  en[aura  ung  et  non 
aultrement. 

De  checune  somme  ou  charge  de  manches  à  marres,  le  Ve- 
yer prend  ung  manche,  le  premier  que  luy  viudra  en  main,  et 
ne  doibl  aultremenl  choaislr. 

Item  de  checun  marchant  vendant  escuelles  de  boais  et 
aultre  vesselle  de  boais,  pour  placzage,  un  dennier. 

Item  de  checun  poissonnier  vendant^macquereauX|  ledict 
Veyer  prend  ung  macquereau. 

Et  de  ceulx  qui  vendent  aultres  poissons,  il  prend  une  obolle 
pour  placzage. 

llem  de  checune  somme  de  fruici,  une  havée  tant  qu*il  peut 
lever  o  tes  dfux  mains  à  une  fois  (1). 

liera  prend  de  checnn  bœuf,  vache,  mouton,  brebis,  chiévre, 
porc  ou  truye  qui  sont  vendus  en  ladicte  ville,  tant  à  jour  de 
marché  que  de  foire  ou  sur  sepmaiue,  de  checune  besie  ung 
dennier. 

Item  prend  de  checun  cheval,  jument  ou  poulain,  vendu  en 
ladicte  ville  lant  sur  sepmaine  que  es  jours  de  marchié  et  de 
foire,  quatre  denniers. 

Et  s'il  advient  que  on  face  aucune  exécution  de  justice 
d'ancun  malfaicteur,  lejlict  Veyer  double  tonz  ses  droits  à  ce- 
luy  jour,  s'il  est  jour  de  marchié  ou  de  foire,  excepté  sur  ceulx 
de  la  ville  qui  ne  payent  que  la  moiclié  desdicts  debvoirs. 

Et  peut  prendre  des  cacoiix.  vendeurs  de  cordes,  toutes  les 
cordes  et  chevestres  (licous),  qui  seront  nécessaires  pour  la- 

(1)  C'est  une  variété  du  droit*  de  ha?age  expliqué  plus  haut 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  101  — 

dicte  exécution,  ledict  jour,  sans  en  payer  aucune  chose  pour  en 
que  lesdicls  caconx  ne  payenj  aucuu  debvoir  de  coislume  du 
chanvre  qu'ils  ncha»enl,  tant  à  jour  de  mar  cliésque  de  foires. 
El  est  tenu  ledict  Veyer  baiMer  aux  drappiers  et  aux  lin- 
giers  et  vendeurs  de  bureaux,  une  verge  de  rae>urepar  checune 
foire,  savoir  :  aux  drappiers  de  drap  dougiez .  (drap  fin), 
une  uerge  de  l'Angevyne,  et  aux  drappiers  vendaus  bureaux 
(drap  bure),  et  toelles,  une  verge  de  la  grande  mesure. 

Table  des  droits  d'entrées  et  d!yssues  des  portz  et  havvre 
de  la  chastellenie  de  Lesneven. 

Enthébs. 

Et  premier  .•  —  Le  Duc  prend  pour  debvoir  d'entrée  de  che- 
cun  tonneau  de  vin  d'Angeou,  Thouars,  Aulnis,  Nantoiset 
d'ailleurs  de  la  creue  hors  Brelaigne  irenle  solz. 

Et  pour  tonneau  de  vin  Breton  quinze  solz. 

El  pour  checun  tonneau  de  vin  mené  par  terre  qui  n'appa- 
reslra  avoir  esté  coustumé  (1)  es  havvres  du  Duc  Irante  solz. 

De  checun  muy  de  sel  venant  de  Guerrande  ou  de  Reuys 
cinq  solz. 

Et  si  ledict  sel  vient  d'ailleurs,  il  doibt  quinze  solz  par 
muy,  s'il  n'appierl  par  relacion  avoir  chargé  esdicts  lieux  de 
Guerrande  ou  de  Reuys  (Rhuys). 

Pour  le  pois  de  checun  tonneau  de  fer  qu'est  vingt  deux 
cenis  pour  tonneau,  l'on  prend  d'enirée  vingt  solz,  et  en  oultre 
le  vingtiesme  dudict  ter,  si  le  marchant  est  forain. 

Pour  le  poys  de  checun  tonneau  d'acier  gemme  ou  rosine, 
l'on  paye  semblablcmenl  vingt  solz,  et  y  a  vingt  deux  cents 
pour  tonneau. 

YSSOES. 

Pour  issue  de  checun  tonneau  de  froment,  le  Duc  prend 
Irante  solz. 

Pour  tonneau  de  gros  blé,  quinze  solz. 

De  checun  tonneau  de  char,  poisson  ou  aultre  manière  de 
gresse,  le  Duc  prend  par  tonneau  vingt  solz. 

{Pris  sur  une  copie  duXVIII^  Siècle  aux  archives\du  Finistère,) 

11.  —  Ordre  qve  les  milices  observeroixt  le  long  de  la. 
cosTB  DE  Bretagne^  pour  l'infanterie   (2J 

Les  Milices  de  chaque  paroisse  seront  assemblées  par  les 
officiers  du  lieu,  et  seront  diuisées  en  compagnies  de  cin- 

(t    Avoir  payé  les  droits. 

(2)  Quoiqne  ce  documeut  ne  soit  pas  daté,  on  peut  d'après  le  style  et 
d'api^s  l'orthographe,  le  rapporter  aux  premières  années  du  XYIll® 
ftièele,  époque  de  la  guerre  de  la  Succession  d'Espagne  qui  fut  _si  dé- 
sastreuse pour  la  France.  -^  R»cl, 

9 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  102  - 

quanle  hommes  et  commandées  chacune  par  un  capitaine,  vn 
lieutenant,  vn  enseigne  et  deux  sergents  avec  d.eux  caporaux: 
et  pour  faire  lesdiis  officiers  sera  choisi  pour  capitaine  le  sieur 
de  Kt^rnau  ;  pour  lieutenant  le  sieur  du  Plessis  et  le  sieur  de 
Coadon  pour  enseigne;  pour  sergent-major  le  sieur  Fénanec- 
Mestidreu;  estans  tes  plus  experts  et  les  plus  capables  pour 
commander  les  Milicesv  tant  pour  le  bien  du  service  du  Roy, 
que  pour  la  sûreté  de  la  Province. 

Chacune  compagnie  sera  divisée  en  deux  escouades,  com- 
mandées chacune  par  un  caporal. 

Lesquels  caporaux  commanderont  les  soldats,  chacun  de 
son  escouade,  dans  les  corps  de  gardes^  et  poseront  les  senti- 
nelles. 

Chaque  soldat  sera  armé  d'vne  espée,  d'vn  mousquet  ou 
d'vn  fusil  et  vue  bandollière,  avec  les  munitions  nécessaires, 
comme  poudre,  balles  et  mesches. 

Toutes  les  compagnies  feront  l'exercice,  chacune  dans  sa 
paroisse,  et  apprendront  les  évolutions  suivantes  : 

Faire  à  drùit  et  à  gauche, 

Doubler  les  rangs  et  doubler  les  files. 

Mais  auparauant  il  faut  qu'elles  sçachent  ce  que  c^est  que 
rang  et  ce  que  c'est  que  file. 

Et  pour  le  sçauoir,  les  bataillons  seront  tousiours  de  trois 
cens  hommes  chacun,  a  six  de  hauteur  et  cinquante  de  front, 
et  par  conséquent  il  y  aura  sii  rangs  et  cinquante  files. 

Et  faut  que  les  soldats  obseruent  que  quand  ifs  feront  adroit 
ou  à  gauche,  demy  tour  à  droit  et  demy  tour  à  gauche,  de 
tourner  toujours  sur  le  talon  du  pied  gauche,  comme  sur  un 
piuol,  et  jamais  aulremeut. 

Lesquels  bataillons  il  faudra  observer  de  faire  marcher  i  la 
file  par  diufêions  à  dix  de  front  (  plus  ou  moins  )  et  à  six  de 
hauteur;  et  c'est  pour  marcher  plus  commodément,  veu  qu'il 
n'est  rien  de  plus  fatigant  que  de  faire  marcher  les  bataillons 
tousiours  de  front,  i  cause  que  les  soldats  se  serreia  tiop 
dans  leur  marche. 

Les  capitaines  se  partageront  également  dont  la  moitié  mar- 
chera à  la  teste  des  bataillons,  et  l'autre  à  la  queue  ;  les  lieu- 
tenants dans  les  premières  et  dernières  diuisious,  et  les  ensei- 
gnes dans  celles  du  milieu  desdits  bataillous. 


Digitized  by  VjOOQIC 


i 


—  103  — 

Et  par  cet  ordre  de  marche  on  formera  facilement  les  ba» 
taillons,  en  faisant  doubler  chaque  division  sur  la  gauche  de 
celle  qui  la 'précède. 

Lorsque  les  Milices  entendront  Talarme,  elles  s'assemble- 
ront en  mesmo  temps,  chacune  dans  sa  paroisse,  devant  les 
logis  des  capitaines,  et  niarcheroct  après,  chacune  en  dpux 
files,  le  plus  diligemment  qu'elles  pourront  vers  le  rendez- 
vous  à  Landcrneau,  chaque  capitaine  à  la  leste  de  sa  compa- 
gnie, s'ih  ont  des  drappeaux  à  porter,  et  s'ils  n'en  ont  point, 
ils  marcheront  à  la  gauche  des  lieutenans,  sur  vn  mesme 
rang. 

Lesquelles  compagnies  estans  arrivées  à.*»,  on  formera  aussi 
tost  des  bataillons  de  trois  cens  hommes,  chacun  à  six  de 
hauteur,  comme  a  esté  dit  cy-devant. 

Tout  ce  qu'il  faut  observer  dans  le  rendez-vous,  c'est  qu'il  y 
aye  tousiours  un  officier  général  pour  mettre  les  trouppesen 
bataille,  et  pratiquera  cet  ordre  :  s'il  faut  marcher  en  pays  de 
plaine,  de  faire  la  première  ligne  de  cavalerie  et  la  seconde 
d'infanterie,  et  si  la  marche  se  fait  dans  vn  pays  couvert, 
alors  il  faudra,  au  contraire,  mettre  Joute  l'infanterie  sur  vne 
ligne  qui  marche  la  première,  et  la  cavalerie  sur  vue  autre 
derrière  ladite  infanterie. 

Et  quand  Toccasion  se  présentera  de  combattre,  il  faudra 
alors  enlremesler  les  bataillons  auec  les  escadrons^  ayant  tou- 
jours vn  corps  de  réserve  pour  soustenir. 

Il  faut  observer  que  les  deux  tiers  des  officiers  soient  alors 
à  la  teste  des  bataillons,  et  l'autre  tiers  à  la  queue,  afin  que 
ceux-cy  empeschent  les  soldats  de  quitter  leur  rang  et  las- 
cherlepied. 

Et  si  les  troupes  en  marchant  rencontrent  vn  déOlé,  la  pre- 
mière ligne  passera  la  première,  et  ira  se  mettre  après  le  dé- 
filé passé,  dans  l'ordre  qu'elle  esloil  auparavant,  et  attendra 
dans  ce  lieu  là,  jusques  à  ce  que  l'autre  soit  passée,  en  défi* 
tant  tousiours  par  la  droite. 

Quant  aux  allarmes,  il  faut  observer  cet  ordre  :  que  les 
guets  qui  seront  le  long  de  ta  coste,  quand  ils  verront  plu-^ 
sieurs  vaisseaux  et  quantités  de  chaloupes  en  mer.  et  que  les 
ennemis  feront  semblant  de  vouloir  descendre,  alors  ils  allu- 
m<>ront  chacun  un  feu  et  tous  les  autres  guets  feront  le  sem- 
blable, et  cela  marquera  que  les  ennemis  paroissent,  et  qu'il 
faut  se  tSnir  prest  à  marcher. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  104  — 

Que  si  lesdits  guels  voyentque  les  ennemis  mettent  pied  à 
terre  par  le  moyen  de  leurs  chaloupes,  alors  ils  allumeront 
deux  feux,  et  tous  les  autres  guels  en  allumeront  deux  de 
mesme  sur  chaque  cloch^'r,  et  a  ce  dernier  signal,  toutes  les 
milices  marcheront  diligemment  vers  ledit  rendez-vous  gêné 
rai,  suiuani  Tordre  cy-dessus. 

El  partout  où  il  y  aura  des  guets,  on  pourra  y  faire  tenir 
encore  quelques  hommes  affectez  et  forl  intelligents,  pour 
porter  promptement  Taduis  au  général  du  nombre  des  vais- 
seaux et  des  chaloupes  qui  paroissent  sur  mer. 

Que  si  après  le  premier  homme  parti,  il  arrive  quelque 
chose  de  nouueau,  vn  second  partira  ensuite  pour  ra*en  ad- 
uerlir. 

En  suite  de  Talarme  pour  se  rendre  au  rendez-vous  géné- 
ral, il  faut  que  la  paroisse  de marche  si    tost  qu'elle  aura 

formé  ses  bataillons,  dans  le  rendez-vous  particulier,  pour  se 
rendre  au  rendez-vous  général  qui  est  à 

Et  comme  Tincertitude  est  précisément  du  lieu,  puisqu'ils 
n*en  sont  aduertis  que  par  les  feux,  ils  auront  la  préuoyance 
de  porter  avec  eux  pour. cinq  ou  six  jours  de  viures.  ce  que 
les  officiers  auront  soin  de  faire  exécuter  avec  diligence. 

Pour  la  garde  ordinaire,  il  faut  poser  vingt  hommes  à  cha- 
que corps  de  garde,  de  deux  lieues  en  deux  lieues,  lesquels 
seront  relevés  au  bout  de  viugl-qnalre  heures  par  autres  vjngi 
hommes  de  la  mesme  paroisse  :  et  ainsi  de  suille  pour  les  au- 
tres paroisses  sujettes  à  faire  la  garde  en  ce  mesme  lieu  à 
tour  de  rolle.  El  comme  ils  destacheront  des  sentinelles  à 
droite  et  à  gauche,  s'il  y  a  des  lieux  qui  le  m^^ilent,  il  faut 
obseruer  que  ce  soii  dans  Testendue  au-dessous  d'une  4ieiie^ 
parce  que  le  corps  de  garde  voisin  fera  la  mesme  chose. 

POUR  VEXEHCICE. 

Premièrement  :  Il  faut  que  le  mousquetaire  se  tienne  fort 
droit,  que  ses  talons  soient  vis  à  vis  l'vn  de  Tauire  et  les  poin- 
tes des  pieds  tournées  en  dehors  ;  après  quoy  il  prendra  le 
mousquet  de  la  main  droiie  par  la  crosse ,  et  lé  portera 
ensuite  sur  Tespaule  gauche,  tenant  le  bout  du  canon  vn 
peu  esleué  ,  afin  de  n'incommoder  pas  ceux  qui  marchent 
derrière  lu  y. 

Le  bout  de  mesche  allumé,  il  le  portera  entre  le  petit  doigt 
et  celuy  d'après,  et  le  bout  non  allumé  entre  le  second  doigt 
après  le  pouce  et  le  iroisiesme. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  108  — 

Le  premier  commandement  qu'il  faut  faire  : 

Soldats^  portez  bien  vos  armes. 
Faites  couler  le  mousquet. 

Et  pour  cela  il  fera  descendre  son  mousquet,  euuiron  quatre 
pouces  vers  le  nombril. 

Mettez  la  main  droite  sur  le^mousquet. 

Dans  ce  mesme  temps,  il  portera  la  main  droite  sur  le 
canon  derrière  le  bassinet. 

Haut  le  mousquet. 

En  leyant  le  mousquet,  il  laschera  le  pied  droit,  et  le  tour- 
nera àcosié. 

Joignez  la  main  gauche  au  mousquet. 
Prenez  ia  mesche. 
Soufflez  la  mesche. 

El  faut  remarquer  de  souffler  tousiours  la  mesche  fort  éloi- 
gnée du  bassinet,  en  tournant  la  teste  vers  la  droite. 

Mettez  la  mesche  sur  le  serpentin. 
Compassez  la  mèche. 
Mettez  les  deux  doigts  sur  le  bassinet. 
Soufflez  la  mesche. 
Ouvrez  le  bassinet. 
Couchez  en  joue. 
Tirez. 

Retirez  vos  armes. 

Prenez  la  mèche  et  la  remettez  en  son  lieu. 
Soufflez  le  bassinet. 
'    Prenez  le  puluerin. 
Amorcez. 

Fermez  le  bassinet. 
Soufflés  le  bassinet. 

Tournez  vos  armes  du  costé  de  l'espée^  la  crosse  en  bas. 
Prenés  la  charge. 
Ouvrez  la  charge  avec  les  dents. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  106  - 

Chargés. 

Tirés  la  baguette  en  trois  temps. 

Haut  la  baguette» 

Mettes  la  baguette  contre  Vestomach. 

Mettes  la  baguette  dans  le  mousquet. 

Bourrés^  tirés  la  baguette  en  trois  temps. 

Haut  la  baguette. 

Mettes  la  baguette  contre  Vestomach.  .    > 

Mettes  la  baguette  en  son  lieu. 

Prenez  le  mousquet  de  la  main  droite. 

Haut  le  mousquet, 

Mousqnet  sur  Vespaule. 

Et  Taul  remarquer  en  marchant,  de  partir  tousiours  du  pied 
gauche  du  lieu  où  l'on  est. 

Tous  les  dimanches  el  fesles  après  vespres,  l'on  ne  man- 
quera pas  de  s'assemblera pour  y  faire  Texerciee,  ou 

simplement,  oi)  leur  fera  brûler  des  amorces  au  lieu  de  tirer, 
pour  ménageries  munitions;  et  sur  tout  les  officiers  appren- 
dront à  leurs  soldats,  à  marcher  serrez  et  d'vn  pas  égal,  obser- 
vant de  se  régler  sur  leur  droite. 

i 

Il  faut  observer  enfin  de  ldif>ser  tonsious  tirer  son  ennem 
le  premier,  estant  le  plus  grand  advaqtage  que  Ton  puisse 
avoir  à  la  guerre  ;  et  estre  fortement  persuadé,  que  combattant 
pour  une  bonne  et  iusle  cause,  comme  celle  dont  it  s'agit, 
l'on  doit  exposer  avec  ioye  son  sang  et  sa  vie,  tant  pour  le 
service  de  son  roy,  que  pour  le  bien  de  sa  patrie. 

Il  faut  en  dernier  lieu  se  souvenir  de  m*enxoyer  régulière- 
ment à  le  rolledu  dénombrement  de  tous  ceux  qui  se  sont 

trouvez  sous  les  armes  un  tel  iour.  Et  pjur  le  chastiment  de 
ceux  qui  tomberont  en  faute,   il  faut  les  punir  par  la  prison  ' 
et  par  le  jeune;  et  s'ils  étaient  après  cela  incorrigibles,  il  fau- 
drait m'en  donner  advis. 

Le  présent  Ordre  sera  \e\\  tous  les  iours  que  Ton  s'assem- 
blera pour  l'exercice,  à  ta  teste  du  baïa^illon;  et  les  officiers 
seront  soigneux  d'y  satij^faire,  à  peiné  d'en  répondre  en  leur 
propre  et  privé  nom.  —  Signé  :  H.  de  Boyséon,  capitaine  gé- 
néral du  ban,  arrière-ban  et  garde-coste  de  Léon.  —  En 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  107  — 

marge  esl  écrit  :  Lesneven.  —  On  Ht  au  dos  la  suscription 
suivante  :  Pour  Monsieur  de  Kernau,  capitaine  de  Lesneven 

(Pris  sur  V original  imprimé  sur  velin ,  aux  archives  départe- 
mentales  du  Finistère  ;  fonds  Barbier  de  lescoët.) 


Ordre  du  jour  pour  la  séance  du  samedi  14  février.  : 

1.  Statistique  monumentale  de  diverses  communes  du 
Finistère,  par  M,  Flagelle. 

2.  Fouilles  faites  par  M  Âmaury  de  Kerdrel,  dans  des 
galeries  souterraines  au  village  de  Rugéré,  en  la  commune 
de  Plouvorn.  —  Notice  par  M.  le  docteur  te  Hir. 

Le  Président, 
A.  DB  Blois. 


Dons  offerts  au  Musée,  départemental  d'archéologie. 


M.  Jean,  fondeur.. 

Un  jeton  en  cuivre  de  J.  Baussan^  coDseiller  du  roi. 

M"«  Mâkib,  de  Rosporden. 

Quatorze  pierres  de  Goadri  (Stanrotides  de  Bretagne), 
provenant  de  la  commune  de  Scaër  (Finistère). 

M.  le  docteur  HàiLÈGCEN,  membre  de  la  Société. 

l°Un  denier  de  Philippe-Auguste,  frappé  à  Issoudun 
(1180-1223). 

Pmup.'REx.  —  Croix. 

-}-  Exolduni.  —  Monogramme. 

2°  Deux  deniers  des  sires  de  Donzy,  frappés  à  Gien  en 
Mirepoix,  ou  en  Gâlinais.  Ces  deniers  avec  le  nom  de 
Geoffroy  furent  émis  jusqu'en  1199,  époque  à  laquelle 
Gicn  fut  vendu  à  Philippe-Auguste  pai:  Hervé  IV,  sire  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  108  - 

Donzy^  Gien  et  Saînt-Aignan  (fief  du  Berry),  et  ensuite 
comte  de  INevers.  (1) 

+  GosFDus  coM.  —  (îroix. 

-f-  GiÉNis  CA.  —  Monogramme. 

3*  Six  deniers  des  comtes  de  Penthièvre. 

-f-  Stepian  coh  et  co.  —  Croix  cantonnée  de  deux  étoiles. 

-}-  GumoAMP.  —  Tète  barbare  de  profil. 

Ces  neuf  deniers  de  billon  ont  été  trouvés  en  1870,  au 
village  de  Kernaou,  en  la  commune  de  Gasi  (Finistère). 

M.  Tabbé  Odbté^  vicaire  de  Crozon. 

Une  fronde  en  filet  et  vingt-deux  pierres  de  fronde  de  la 
INouvelle-Galédonie. 

M.  Gréac'hgadig,  notaire. 

Une  mesure  ancienne  en  pierre  à  quatre  récipients,  pro- 
venant de  Saint-Laurent,  en  Ergué- Armel. 

M.  le  comte  de  Hercé. 

Une  mesure  en  pierre  ayant  aussi  quatre   récipients  et 
provenant  du  manoir  de  Kerobezan,  en  Briec. 


(1)  A.  de  Barthélémy,  Manuel  de  Numismatique  moderne^  p.  156. 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE    DU   14    FÉVRIER. 


Présidence  de  M.  A.  de  Blois. 

M.  le  Président  exprime  le  regret  que  les  circonstances 
aient  retardé  si  longtemps  les  réunions  de  la  Société.  Il 
avait  été  convenu,  dit  M.  de  Blois,  que  nos  séances  sus* 
pendues  pendant  le  mois  de  septenibre,  à  l'occasion  du 
Congrès  seraient  reprises  au  mois  d'octobre.  Mais  en  même 
temps  qu'un  accident  très-grave  dont  je  ne  suis  pas  encore 
bien  remis  m'astreignait  à  un  repos  forcé,  M.  Le  Men^  se- 
crétaire, qni  veille  spécialement  à  nos  publications,  était 
retenu  cbcz  lui  par  l'état  de  sa  santé. 

Aussitôt  que  votre  Bureau  a  pu  donner  ses  soins  à  une 
convocation  ,  le  bulletin  qui  devait  contenir  cet  appel  a  été 
livré  à  l'impression.  Mais  ces  feuilles  n'ayant  pu  nous  être 
remises  en  temps  utile  pour  cet  objet,  la  réunion  de  c^  jour 
se  trouve  peu  nombreuse.  C'est  ce  que  je  verrais  avec  plus 
de  déplaisir  s'il  nous  était  possible  d'aborder  la  question  de 
l'en^placement  de  Vorganium  que  M.  Le  Men  a  exactement 
déterminé  au  commencement  de  novembre^  question  que 
j'avais  annoncé  sur  sa  demande  à  notre  confrère  M.  Hallé- 
guen  devoir  être  mise  à  l'ordre  du  jour  ;  mais  informé  que 
M»  Le  Men,  qui  a  des  communications  importantes  à  faire 
sur  ce  sujet,  est  trop  souffrant  pour  se  rendre  au  milieu  dd 
nous  je  vous  propose  de  renvoyer  cet  ordre  du  jour  à  quel- 
qu'autre  séance. 

M.  Halleguen  est  d'avis  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'at- 
tendre M.  Le  Men  pour  traiter  cette  question,  et  il  insiste 
pour  qu'elle  soit  immédiatement  discutée. 

La  proposition  de  M.  Halleguen  mise  aux  voix  est  re- 
poussée. 

M.  le  Président  prend  ensuite  la  parole  : 

!<>  Pour  proposer  tant  en  son  nom  personnel  qu'en  celui 
de  ses  collègues  membres  du  Bureau,  la  nomination  de  M. 
Suraulty  inspecteur  d'académie,  qui  désire  être  admis  dans 
la  Société. 

2'  Pour  faire  une  communication  relative  à  une  fouille 
k  laquelle  il  prit  part  il  y  a  treize  ans. 

9 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  110  - 

Fouilles  du  tdmolijs  de  Porz-Carn  dans  la  commune 
DE  Penmarc'h  (Finistère.) 


Cette  exploration  avait  lieu  au  mois  de  septembre  1861, 
par  les  soins  de  notre  honorable  confrère  M.  du  Chalellier, 
sur  les  grèves  de  Penmarc'h.  Il  en  a  été  rendu  compte  dans  le 
temps  ;  mais  quand  des  Taits  de  ce  genre  ne  sont  pas  enregis- 
trés dans  des  recueils  archéologiques,  il  y  a  grand  danger 
qu'ils  soient  perdus  pour  Télude.  Vous  m'excuserez  donc  de 
revenir  sur  ce  sujet  :  je  serai  d'ailleurs  très-court. 

Tout  le  monde  dans  ce  pays  connaît  les  rivages  de  Penmarc'h 
et  la  chapelle  de  Sainl-Guénolé,  qui  s*élève  sur  une  pointe 
entre  le  village  de  Kerity  et  les  rochers  qu'on  appelle  la 
Torche.  Près  des  lignes  de  retranchement  qui  servirent 
naguère  à  la  défense  de  cette  pointe  et  dont  le  sillon  garde 
encore  un  mèlre  d'élévation  dans  quelques  parties,  on  voit 
non  loin  d'une  lombcllc  plus  petite,  un  tumulus  d'environ 
six  mètres  de  haut  sur  un  diamètre  de  plus  de  trente  mètres. 
La  fouille  opét*ée  sous  nos  yeux,  a  lait  rencontrer  à  un  mèlre 
au-dessous  du  sol  adjacent  la  chambre  ou  cellule  de  ce  tumulus. 
Elle  dessinait  une  circonférence  irrégulière,  dont  la  courbe  se 
redressait  au  point  de  sa  jonction  avec  la  galerie  qui  se  déve- 
loppait pour  y  donner  accès  du  côté  de  Torienl.  Celle  galerie, 
mieux  conservée  que  la  cellule,  avait  un  mèlre  de  large,  un 
mètre  et  demi  de  haut  et  trois  mètres  environ  de  longueur, 
son  plafond  formé  de  trois  pierres  d'épaisseur,  s'appuyait  sur 
trois  autres  pierres  brutes  verticales,  dont  les  interstices  étaient 
remplis  de  moellons.  Quant  à  la  cellule  ou  caveau,  on  n'y 
rencontra  que  des  vestiges  d'une  disposition  semblable  à  celle 
que  nous  venons  de  remarquer  dans  la  galerie.  Les  pierres 
qui  servaient  de  plafond  avaient  été  enlevées,  ce  qu'aurait  pu 
faire  présumer  une  dépression  extérieure  observée  au  sommet 
du  cône.  Il  ne  restait  plus  qu'une  des  pierres  verticales  qui 
avaient  dû  supporter  celles  du  plafond.  Les  terreà  qui  avaient 
encombré  la  cellule  une  fois  dégagées,  nous  pûmes  reconnaître 
qu'elle  était  bordée  d'un  muret  grossier  en  pierres  sèches  d'un 
mètre  et  demi  de  haut.  Toutes  les  traces  de  sépultures  avaient 
été  anéanties  dans  la  précédente  exploration.  Nous  n'y  trou- 
vâmes que  quelques  fragments  de  poterie  noire,  grise  et  rouge, 
qui  bien  que  sans  ornement,  nous  parurent  de  fabrication 
romaine,  quatre  pointes  de  flèches  en  fer  formant  un  lozange, 
monté  sur  une  douille  longue  de  sept  centimètres,  deux 
monnaies  romaines  en  moyeu  bronze  endommagées,  et  une 
troisième  de  l'Empereur  Constantin  b%  avec  cette  légende 
bien  connue  :  Honos  exbrcitus. 


Digitized  by  VjOOQIC 


Il  y  a  lieu  de  croire  que  le  monument  funéraire  que  Ton 
vient  de  décrire  avait  ét^élefé  h  la  mémoire  deTun  des  soldats 
ou  officiers  de  la  milice  du  Truclus  Nervien  el  Armoricain 
qui  étaient  cantonnés  dans  ces  quartiers  pour  la  défense  du 
littoral  contre  les  invasions  de  la  frontière  du  Nord  (1). 

Apres  cette  communication  M.  de  Montiftolt  donne 
lecture  de  la  note  suivante  de  notre  confrère,  M.  le  doc- 
tenr  Le  Hir,  de  Morlaix.  ' 


FOUIUBS  FAITES  PAR  M.   AMAUnT  DE  KeRDREL  DANS  DES  GALE* 
RIES  SOOTERRAINES  SÉPULCHRALES     AU    LIEU    DE    RuGÉRÉ  « 

PRÈS  Kerdzoreti  EN  LA  COMMUNE  DE  Plouvorn  (Finistère). 


Au  mois  de  janvier  1870  ,  au  niveau  d*une  flaque  d'eau 
existant  dans  l'aire  de  Rugéré,  une  gerçure  du  sol  avec  effron- 
dément  se  fit  sous  une  charette,  el  le  fermier  ayant  vu  Teau 
disparattret  élargit  l'ouverture  à  Taide  d'une  pelle,  et  on  vit 
apparaître  une  cavité  profonde  dans  laquelle  un  homme  put 
descendre;  cette  chambre  souterraine,  de  forme  assez  irrégu- 
lière, et  désignée  en  A  sur  le  plan,  était  creusée  dans  un  mi- 
cachisle  jaune  un  peu  décomposé,  el  c'était  la  voûte  creusée 
dans  ce  micachiste  et  de  forme  sphérique  qui  s'était  écroulée. 

Le  premier  appartement»  assez  haut,  avait  accès  sur  deux 


(1)  Les  objets  provenant  de  cette  fouille,  ont  été  offerts  au  Musée 
départemental^  par  M.  du  Cbatellier,  au  nom  de  la  Société  française 
d'Archéologie.  Ils  consistent  en  :  t**  Une  hache  en  pierre  d'assez  petite 
dimension  ;  2o  des  fragments  de  vases  en  terre  extrêmement  grossière, 
et  certainement  faits  sans  Taide  du  tour  ;  3»  des  débris  de  vases  en 
terre  brune  et  fine  faite  sur  un  tour  et  ornés  vers  le  haut  de  la  panse  de 
groupes  de  cupules  qui  dessinent  chacun  dans  son  ensemble  un  demi 
rond  ;  ces  débris  de  vases  indiquent  un  travail  de  la  population  indigène; 
40  des  fragments  de  vases  en  terre  samienne  de  fanrication  romaine  ; 

lieurs  se 

\  bronzes. 

petit 

bronze  bien  conservé  de  Constantin  le  Jeune,  portant  d*un  côté  la  tète 
de  l'Empereur  tournée  à  droite  avec  la  légende  :  Con^tantiiius  iyn. 
HOB.  c.  On  lit  de  l'autre  côté  :  Honor  bxbrcitds,  et  Ton  voit  dans  le 
champ,  deux  enseignes  portées  par  de^  soldats  romains. 

Il  résulte  clairement  de  cette  énumération  (juc  ce  tumulus  renfermait 
des  sépultures  d'épocjues  différentes.  En  le  visitant  ity  a  deux  ans,  je 
trouvai  dans  la  cavité  formée  par  lesfouiUes  de  M.  du  Chatellier,  et  qui 
correspondait  à  la  chambre  centrale,  un  assez  grand  nombre  de  pierres 
destinées  à  servir  de  meules  à  broyer  le  grain.  R.-F.  L.  M. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  112  — 

ouvertures,  Tune  d'elle  B,  haute  seulement  de  1  maire  sem- 
blait avoir  été  Termée  par  une  porte  qui  avait  laissé  dans 
le  schiste  comme  la  marque  de  gonds,  t*t  qui  s'appuyait  par 
le  bas,  sur  uu  simulacre  de  seuil.  En  rampant  sur  les  mains, 
on  pouvait  b'engager  dans  ce  couloir.  On  distingua  d'abord  à 
droite  une  niche  N,  un  peu  semblabe  à  celles  ou  les  paysans 
bretons  raeUent  leurs  cruches.  Puis,  le  couloir  s'élargissanl  un 
peu,  sans  s'élever,  on  vit  à  droite  et  à  gauche  deux  petits 
bancs  B  et  B\  taillés  dans  le  niicacbiste.  Le  souterrain  se  ter- 
minait en  F  par  un  éboulement.  En  revenant  par  la  porte  B, 
on  trouva  sur  la  parois  droite  du  couloir  une  nouvelle  ouver- 
ture presque  en  face  de  la  niche  N,  ouverture  par  laquelle  on 
pénéira  dans  une  seconde  chambre  E,  plus  petite  que  la  pre- 
mière; elle  a  2  mètres  de  diamètre  sur  1  métré  80  de  hau- 
teur, mais  taillée  toujours  dans  le  micachisle  en  calotte  sphé- 
riqne  très-régulière.  Cette  salle  avait  une  autre  issue  en  K,  qui 
donnait  sur  une  petite  voûte  basse  par  laquelle  on  se  trouvait 
en  D  dans  le  premier  appartement  découvert.  Les  voûtes  des 
deux  salles  étaient  constellées  de  petits  trous,  percés  à  Taide 
d'une  tarrière  (évenls),  et  qui  semblaient  destinés  à  aérer  le 
souterrain.  Tel  était  l'état  du  monument  lors  de  la  première 
exploration,  sauf  les  terres  qui  avaient  été  jetées  dans  la  pre- 
mière chambre  pour  débarrasser  l'autre,  et  de  cette  pemière 
(Chambre  à  l'extrémité  par  la  voûte  écroulée. 

.  C'est  alors  que  je  fis  naa  première  visite.  Je  remar- 
quai parmi  les  terres  jetées  au  dehors,  des  fragments  de 
charbon  de  bois,  de  briques  à  crochets  (1)  et  des  fragments  de 
poteries  noires,  qu'on  remarquait  aussi  dans  les  deux  galeries 
voûtées,  creusées  dans  le  micachisle  en  E  et  en  F  ,  et  qui  é- 
taient  remplies  de  pierres,  de  terre  et  de  débris;  je  pénétrai 
à  plat  ventre  jusqu'en  i'\  et  où  on  avait  au-dessus  de  soi  une 
voûte  et  des  évents;  depuis ,  M.  de  Kerdrel  a  continué  les 
fouilles. 

Il  ouvrit  une  tranchée  extérieure,  juste  au-dessus  de  l'en- 
droit où  l'éboulemenl  présumé  terminait  l'accès  du  couloir  en 
F.  Après  avoir  enlevé  la  partie  supérieure  des  terres  ,  il  ne 
tarda  pas  à  rencontrer  des  fragments  de  briques  et  de  char- 
bon, puis  des  tessons  de  vases  d'une  poterie  rougeâtre  ,  très- 
fine,  ornée  d'un  filet  rouge  assez  large  ;  aussi  plusieurs  ar- 
mes, des  bouts  de  flèches.et  de  lances  en  fer ,  enveloppés,  de 
morceaux  d'os  calciués  ;  enfin  des  ossements  d'hommes  et  d  V 


(1)  N'étaient -ce  pas  plutôt  des  fragments  d'argile  cannelés  ?  Aucua 
des  objets  provenant  de  cette  fouiUe  que  j'ai  vus  n'est  de  travail  romain. 

R,.F.  L.M. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  <13  — 

ntmaux  calcin&s  eux-mêmes;  dans  celte  parlie  du  monoment 
il  ne  trouva  que  les  fragments  du  môme  vase,  ass^z  considé- 
rables, pour  Yoir  que  ce  vase  était  à  large  panse,  et  en  voir  le 
dessiOf  mais  il  en  existait  seulement  la  moitié  et  il  a  Tallu  en' 
coller  les  morceaux.  \ près  avoir  délogé  les  terres  jusqu'au  sol, 
il  trouva  la  continuation  de  la  galerie  en  H,  mais  ici  le  cou- 
loir se  relevait  rapidement  vers  le  sol.  En  Taisant  la  tranchée 
F  U,  il  reconnut  que  la  voûte  schisteuse  avait  été  rompue  des 
deux  côtés  presque  régulièrement  ;  éiait-ce  un  éboulement  ? 
M.  de  Kerdrel  croyait  plutôt  qu'on  y  avait  fait  un  puits  où  ont 
été  jetées  pêle-mêle  les  urnes  et  les  terres  avoisinantes. 

M.  de  Kerdrel  a  porté  ensuite  ses  recherches  sur  la  galerie 
D  S,  dont  l'accès  était  bouché  par  une  glaise  rapportée.  En 
remuant  cette  terre,  il  trouva  de  nouveaux  tessons  de  vases  , 
mais  ici  il  y  avait  plusieurs  urnes  :  Tune  d'elles  plus  fine  que 
les  autres  est  recouverte  d'un  vernis  noir  avec  filet,  c'est  plu- 
tôt un  enduit  qu'un  vernis.  En  creusant  toujours  dans  celte 
galerie,  un  coup  de  pioche  finit  par  perforer  le  sol  extérieur  , 
et  on  remarqua  qu'il  n'y  avait  plus  en  cet  endroit  de  voûte  , 
ni  de  souterrain.  Cet  endroit  était  rempli  de  débris  funéraires; 
les  fragments  de  vases  se  trouvaient  sans  ordre,  à  distance  les 
uns  des  autres ,  quand  on  les  rencontrait.  Au  milieu  de  la 
glaise,  il  a  rencontré  des  cavités  remplies  de  cendre  fine  et 
noirâtre  ,  plusieurs  fonds  de  vases  où  les  cendres  étaient  en- 
core accumulées  et  adhérentes,  beaucoup  de  débris  de  briques 
cannelées,  des  extrémités  de  lances  ou  de  dards  en  1er,  mais 
aucun  de  ces  objets  ne  s'est  rencon*tré  dans  le  souterrain  pro- 
prement dit.  Il  y  avait  aussi  un  peson  ou  fusaïole  en  poterie 
noire  semblant  annoncer  une  sépulture  de  femme. 

Dans  l'intérieur  de  la   ferme  de  Rugéré,  des  fouilles  com- 
,  mencées,  mais  qui  n*ont  pu  être  continuées,  annonçaient  que 
la  sépulture  se  continuait  sous  la  maison. 

Gonolusions  :  L'Jlge  de  ces  galeries  sépulcrales  est  le 
gallo-romain.  L'entrée  du  souterrain  n'est  pas  encore  connue. 
Des  animaux  ont  été  enterrés  avec  l'homme  ;  il  y  a  eu  calci- 
nation  des  os.  Les  os  d'animaux  ne  sont  pas  encore  connus 
relativement  à  l'espèce.  La  sépulture  a  servi  ti  plusieurs  per- 
sonnes. Il  n'y  a  aucune  urne  intacte.  On  y  enterrait  des  hom- 
et  des  femmes.  Les  urnes  brisées  ont  dû  être  enfouies  hors  des 
galeries  avec  de  la  terre  et  des  pierres,  probablement  lors- 
qu'elles devaient  faire  place  à  d'autres  morts.  Mais  pourquoi 
ces  deux  chambres  intérieures  qui  ont  été  trouvées  vides  ? 

La  disposition  de  ces  deux  chambres,  avec  chacune  sa  gale- 
rie, et  situées  latéralement  l'une  â  l'autre  en  sens  inverse  est 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  114  — 

sioaalière  ;  la  chambre  avec  sa  galerie  rappelle  les  biabHations 
et  les  sépultures  des  Lapons  et  Esquimaux  (1). 

D'  LB  HIR , 

D.  M»  P. 

M.  Audran  a  la  parole  pour  donner  à  l'Assemblée  con- 
naissance de  différents  actes  de  son  étude  qui  ne  remontent 
qu'au  commencement  du  siècle  dernier,  mais  qui  lui  semblent 
très  curieux  et  de  nature  à  intéresser  les  membres  de  la 
société. 

Il  s'agit  d'un  procès  qui  a  duré  de  1703  à  1740,  entre 
les  seigneurs  et  le  curé  de  la  paroisse  de  Moëlan. 

Les  seigneurs  de  Moëlan  étaient  en  possession  du  droit  de 
80  faire  présenter  par  le  curé,  à  la  grand'messe  du  jour  de 
Pâques,  une  paire  de  gants.  De  plus  le  curé  devait  faire  au 
prône  de  cette  messe  des  prières  nominales  pour  les  seigneurs 
de  Moëlan. 

En  1703  le  curé  se  refusa  à  accomplir  ces  obligations. 
Ce  refus  engendra  le  procès. 

Voici  le  texte  de  deux  de  ces  pièees,  la  première  et  la 
dernière,  qui  résument  parfaitement  le  litige. 

Nous  soussignans  notaires  royaux  et  appostoliques  de  la 
Cour  de  Quimperlé,  certiflons  nous  être  ce  jour  de  samedi 
septième  d'Avril  mil  sept  cent  trois,  sur  le  mandement  qu'a- 
vons eu  de  la  part  de  dame  Louise  Du  Pou  ,  dame  douarière 
du  Presque,  héritière  bénéficiaire  de  messire  Âllain  Dupou  , 
chevalier  seigneur  de  Quermoguer,  son  frère,  transportés  de 
nos  demeures,  que  faisons  audit  Quimperlé,  jusqu'au  manoir 
du  Quermoguer,  paroisse  de  Moelian,  dont  est  propriétaire  la- 
dite dame  et  où  elle  est  demeurante;  où  estant,  ladite  dame 
nous  a  donné  à  entendre,  que  de  tout  temps  immémorial  à 
chaque  dimanche  de  Pasque,  le  Recteur  ou  autres  prestres  de 
ladite  paroisse  de  Mbellan  cellebranl  la  grande  messe  domi- 
nicalle  en  la  dite  Eglise  paroisse,  après  avoir  dit  repistre,  se 
tourne  vers  le  banc  desdits  Seigneurs  du  Kermoguer,  qui  est 
près  le  grand  autel  de  ladite  Eglise,  et  leur  présante  une  paire 


(1)  Une  partie  des  débris  de  poterie,  provenant  de  cette  fouiUe,  et  un 
modèle  en  terre  de  la  salerie  souteraiae  de  Rugéré  ont  été  donnés  aa 
Musée  départemental  d'arehéologie  par  MM.  de  Kerdrel  et  le  docteur 
Le  Hir. 


Digitized  by  VjOOQIC  ^ 


-  iia  — 

de  gasU,  el  que  ledit  cellebrant  est  tenu  de  Taire  1^6$  prières 
nominales  pour  les  Seigneurs  du  Quermoguer  en  qualité  de 
fondateurs  de  ladite  Eglise,  cimilière  et  maison  recteurialle, 
et  a  de  bons  titres  au  soutient  ;  qu'elle  a  faict  connnistre  cela^ 
à  roissire  Marc  Du  Bois,  àpj*ésanl  recteur  de  ladite  paroisse  de 
Moellan,  et  lui  a  faict  offre  d'aparoistre  et  faire  voir  les  titrei 
concernant  ce  droit  pour  les  lire  et  considérer,  affin  qu'il  n'en 
eust  ignoré,  et  qu'en  conséquence  de  ce,  elle  l'a  requise  de  lui 
continuer  ce  droit  comme  ont  faict  au  passé  ses  prédécesseurs, 
estant  question  d'une  rente  de  sens  Çceus)  et  clieffranle,  faute 
de  présantation  de  laquelle  les  seigneurs  du  Quermoguer 
represanlés  par  ladite  dame  sont  en  droit  d'exécuter  et  pren- 
dre par  eux  mesme  le  Missel  de  sur  le  grand  autel,  outre  qu'il 
y  a  une  amande  de  mil  écus  d'or,  applicable  au  profit  de  Sa 
Majesté,  ejn  cas  d'inscislance  ,  trouble  ou  empêchement,  sui- 
vant les  mesmes  titres,  à  quoi  ledit  sieur  recteur  lui  a  repondu 
qu'il  ne  vouloil  pas  ni  voir  lesdlls  titres  ,  ni  faire  ladite  pré- 
santation de  gans  ;  de  plus  ladite  dame  nous  a  dit  que  depuis 
elle  a  fait  voir  les  litres  de  ce  droit  par  le  sieur  Le  Belliguet , 
son  chapelain, au  sieur  l.eguiffant,  notaire  royal,  de  l'ordre  du- 
dit  sieur  recteur  le  cinq  de  ce  présanl  mois  en  l'étude  de  M« 
Simon  l'un  de  nous  dits  notaires,  dont  ledit  Guîffant  promisl 
d'en  donner  avis  et  connaissance  audit  sieur  recteur,  ce  qu'il 
a  fait  ;  c'est  pourquoy  ladite  dame  nous  a  dit  nous  avoir  man- 
dés pour  demain  jour  de  dimanche  de  Pasque  lui  rapporter 
acte  de  ses  protestations,  au  cas  que  ledit  sieur  recteur  ,  ou 
celui  qui  cellebrera  la  grande  messe,  fasse  refus  de  lui  pré- 
santer  les  gans,  et  faire  les  prières  nominalles ,  au  désir  de 
ses  litres.  Continuant  nostre  commission  ladite  dame  s'est , 
en  compaignie  de  nous  dits  notaires,  transportée  ce  jour  de 
dimanche  de  Pasque,  huictième  Avril  mil  sept  cent  trois,  jus- 
ques  dans  le  cimitlière  de  la  dite  paroisse  de  Moellan  ,  oii  es- 
tant sur  les  sept  à  huict  heures  du  malin  ,  et  parlant  audit 
sîeur  recteur  dans  ledit  cimiuière,  nous  dits  notaires  lui  a* 
vons  faict  s^avoir  le  sujet  de  nostre  commission  ;  il  a  répondu 
qu*il  n'en  ignorait  pas  ,  et  lui  ayant  demandé  ou  il  diroit  ou 
feroil  dire  la  grande  messe  de  la  paroisse,  sur  la  connaissance 
qu'on  a  eue  que  la  grande  messe  se  devoil  dire  dans  la  cha- 
pelle de  Saint  Roc,  il  a  répondu  qu'il  n'en  sçavoit  encore 
rien,  et  sur  les  neuff  heures,  ayant  ouy  chanter  dans  l'Eglise, 
nous  y  avons  entré  et  avons  veu  ledit  sieur  rfcteur  en  chape 
qui  entonnoit  f  hime  Yuïiy  aquam^  etc.  (sic)  et  ensuite  ayant 
commancé  a  faire  la  procession  et  chanter  Thime  0  filii  etc., 
il  a  cessé  et  interrompu  pour  anihonner  le  Pange  lingoua  etc., 
a  pris  le  saint  ciboire  et  continué  la  procession  jusque  dans  le 
cimittière^  et  a  détourné  pour  aller  à  ladite  chapelle  de  Saint 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  116  — 

Roc,  baivi  de  ladile  dame,  de  nous  et  des  paroisftteoïs  ;  et  et- 
tant  rendu  en  ladite  chapelle,  nous  dîls  nottaires  avons  teu  et 
remarqué,  ainsi  que  lesdiis  paroissiens,  que  le  maistire  autel 
estoil  tout  nud,  sans  pierre  sacrée,  nape,  missel;  sierge,cruci* 
flx,  vases  ni  fleurs,  en  sorte  que  ledit  sieur  recteur  a  esié  o- 
bligé  de  tenir  le  Saint  ciboire  près  d'un  quart  d'heure  en  main, 
et  de  chanter  d'autres  himes  en  atiendarU  mestre  la  pierre  sa- 
cré, napes  et  autres  ornements  pour  cellébrer  la  grande  messe, 
quia  esté  dite  sens  crucifix  sur  Taulel,  vasses  ni  fleurs  ;  et  a- 
près  que  ledit  sieur  recteur  a  dit  l'Epitre,  s'est  présanté  Jan 
Fouesnant,  fabrique  de  l'Eglise  paroisse^  qui  a,  en  nos  pré- 
sauces  mis  une  paire  de  ganis  de  cuir  brun  sur  le  bout  du 
grand  autel  du  costé  de  l'Espitre,  en  disant  au  sieur  recteur 
cellébranl  la  grande  messe  «  Voisy  les  gans  pour  estre  par 
vous  présantés  à  la  dame  du  Fresque,  »  K  l'instant  nous  dits 
nottaires  avons  requis  ei  interpellé  ledit  sieur  recteur  depré- 
sanler  à  ladite  dame  estant  en  un  banc  près  le  grand  autel , 
ladite  paire  de  gants  gue  nous  lui  avons  laict  voir  du  doigt  à 
rœil  ;  ce  que  ledit  sieur  recteur  a  refusé  faire,  disant  que  la- 
dite dame  n'avoit  aucun  droit  en  ladite  chapelle  ,  où  il  disait 
la  grande  messe,  suivant  la  permission  de  Monseigneur  de 
Quimper,  et  que  ladite  dame  ayt  à  déposer  ses  titres  au  greffe 
et  qu'il  les  voiroit. 

Ladite  dame  a  répondu  audit  sieur  recteur  par  nous  dits 
nottaires,  qu'il  ne  devoit  pas  ignorer  son  droit,  qu'elle  a  faict 
offre  plusieurs  fois  de  lui  faire  voir  ses  titres,  qu'elle  n'est 
pas  obligée  de  les  déposer  au  greffe,  qu'elle  a  droit  en  ladite 
chapelle,  y  ayant  chapelle  prohibitive  et  vitre  armoiriée  des 
armes  des  Seigneurs  du  Quermoguer;  que  c'est  par  surprise 
s'il  a  obtenu  cette  permission  qu'il  dit  avoir  de  Monseigneur 
deQuimperdedirela  grande  messe  dans  ladite  chapeliede  sainl 
Boc  contre  touteis  tes  règles,  ne  devant  pas  estre  dite  au  jour 
de  Pasque  hors  TEglise  paroisse,  et  que  ce  qu'il  en  faict  n'est 
que  par  une  affectation  et  pour  frustrer  ladite  dame  de  son 
droit,  et  que  cela  faict  assés  connoistre  qu'il  n'ignore  pas  de 
ses  titres  ;  et  en  l'endroit  du  prosne  de  ladite  grande  messe, 
faict  par  Messire  Pierre  Meuredeau,  prestre  et  curé  de  ladite 
paroisse,  nousdits  nottaires,  de  la  part  de  ladite  dame,  avons 
requis  et  interpellé  ledit  sieur  recteur  et  ledit  sieur  curé  de 
faire  les  prières  nominalles  pour  les  Seigneurs  du  Quermoguer, 
en  qualité  de  fondateurs  de  ladite  Eglise  parochialle  de 
Moellaui  cimittière  et  maison  presbitéralle,  comme  ils  sont 
tenus  de  faire,  ainsy  qu'ont  faict  leurs  prédécesseurs. 

A  quoy  ledit  recteur  a  répondu  comme  dessus,  que  ladite 
dame  n'a  aucun  droit  en  ladite  chapelle,  et,  se  tournant  vers 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  117  — 

ses  p^ëiireM,  il  lent  a  dit  d'un  air  et  mépris  ;  «  ^*iU  dimit 
k$ prières  s'ils  veulent,  *i  et  a  ledit  sieor  curé  continué  ei  ftni 
leprdsne,  «ans  que  ks  autres  prostrés  ni  l^dit  sieur  recteiir 
ayt/ail  iesdites  prières  nominalles. 

De  tout  ce  que  dessus  ladite  dame  du  Fresque  et  du  Quer- 
moguer  a  requis  acte  de  nous«dits  notiaires,  aue  lui  avons 
octroyé  pour  valoir  et  tenir  comme  apartiendra,  sous  son 
seign  et  les  nostres.  Signé  Louise  Dupou,  Simon  et  Le  Briati 
notaires  royaux. 

En  l'endroit  ledit  sieuf^  recteur  a  déclaré  qu'il  n*ovpît  à 
débalre  aucunement  les  droits  de  madame  du  Fresque^  mais 
qu'il  est  inouy  qu'un  prestre  ou  recteur  intérompit  le  Saint 
Sacrifice  de  la  messe  sans  avoir  aucune  connoissance  ni  veu 
aucun  lilre  des  prétendus  droits,  le  jour  le  plus  solennel  de 
Tannée,  et  quitta  Tautel  avec  tous  les  ornements  sacerdoleaui, 
comme  pour  aller  sacrifier  au  Seigneur  et  demander  à  Dieu 
les  lumières  du  Saint-Esprit,  pour  aller  chercher  dans  une 
église  une  dame,  lui  faire  la  révérance  et  lui  présanter  une 
paire  de  gants;  ne  pouvant  croyre  que  ce  prétendu  droit,  estant 
tout  à  fait  impie  et  opposé  à  noslre  religion  et  contre  le  minis- 
tère d'un  prestre,  ne  soit  une  usurpation  contre  TEglise, 
ladite  dame  ne  les  ayant  jamais  demandé  ni  prétendu  pendant 
quatorze  ou  quinze  ans  que  feu  monsieur  le  Marquis  du 
Pontcallec  a  esté  recteur;  desquels  titres  il  demande  la  com- 
rouniquation,  et  offre,  passé  de  ce,  à  faire  ce  qu'il  jugera  à 
propos,  et  déclare  n'avoir  donné  aucun  ordre  audit  Guiffantde 
voir  lesdils  titres  ;  et  quand  à  la  procession  qu'il  a  fait  à 
Saint  Roc,  et  que  ladite  dame  a  trouvé  à  redire  de  ce  qu'il 
D'y  avoil  ni  napes,  ni  croix,  ni  fleurs,  ni  poteau,  que  dans  le 
temps  que  le  Saint  Ciboire  est  à  l'autel,  il  n'est  pas  besoing 
d'autre  croix,  et  qu'on  a  cellebré  la  messe  avec  toutes  les 
choses  nécessaires,  par  la  permission  de  Monseigneur  de 
Quimper,  consédé  le  5  avril  1703,  que  il  a  aparuen  l'endroit, 
et  qu'il  ne  croit  pas  qu'il  ail  rien  manqué  pour  le  sacrifice  de 
la  messe  et  a  signé  sa  déclaration.  Signé  :  M.  Duboys,  recteur 
de  Moêlan. 

A  aussy  en  l'endroit  comparu  ledit  sieur  Guiffani,  lequel  a 
déclaré  qu'il  est  vray  que  jeudy  dernier  il  vit  chez  ledit  sieur 
Simoui  quelques  pièces  touchant  lesdits  droits  et  plein  un  sac 
d'autres  papiers,  qu'on  disoit  estre  aussy  touchant  lesdits 
droits,  et  que  ce  n'est  pas  cependant  de  l'ordre  dudit  sieur 
recteur,  ne  lui  en  ayant  jamais  parlé,  et  a  signé:  Le  Guifiant. 

Ledit  sieur  Le  Belliguet  présant  i  la  dernière  réponce  dudit 
sieur  recteur,  a  demandé  audit  sieur  recteur  s'il  continuerbit 
à  faire  ses  fonctions  dans  son  église  paroisse,  comme  il  a  fait 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  118  — 

deptri»  que  ledit  Bjkiir  reetear  y  est,  votant  que  ledit  sieur 
recteur  le  menaceoil  de  parolle;  ledit  sieur  lui  a  répocdu  que 
.oon«  et  qu'il  lui  deffendoil  de  laire  lesdites  fonctions  à  Tadve- 
iiir  en  son  église,  et  que  mesme  il  lui  leroii  sortir  de  réYécbé 
de  Quimper,  disant  qu'il  n*en  esloit  pas  ;  de  quoy  ledit  sieur 
Le  Belliguet  nous  a  requis  acte  en  la  présance  dudit  sieur 
recleur^  n'estant  qu'une  récrimination  du  chagrin  qu'il  a  con- 
tre ladite  dame  du  Fresque,  eomrae  estant  sou  chapelain  et  a 
signé:  Alexis-Jaseph  Le  Belliguet,  prestre. 

De  la  part  de  ladite  dame  a  esté  dit  que  la  dernière  réponce 
dudit  sieur  recteur  et  la  déclaration  dudit  Le  Guiffant,  qu'il  a 
appelle  à  son  secour  après  la  clôture  de  ladite  sommation, 
sert  encore  davantage  à  sa  conviction,  puisque  ledit  Guiffant 
convient  qu'il  a  veu  les  titres  de  ladite  dame,  et  qu'il  n'a  pas 
eu  assez  de  hardiesse  pour  soustenir  qu'il  n'en  avoit  pas  ins- 
truit ledit  sieur  recteur  son  noltaire  ordinaire  et  intime  amy; 
il  s'est  seulement  contenté  de  dire,  croiant  soullager  ledit  sieur 
recteur,  que  ce  u'estoil  pas  de  son  ordre  ;  mais  il  n'est  que 
trop  vrayque  hier  s'en  retournant  de  Quimperléde  compagnie 
avec  lesdits  nottaires,  il  leur  déclara  qu'il  en  avoit  assez  dit 
audit  sieur  recteur  au  sujet  desdils  titres,  qu'il  avoit  veus  et 
leus;  qu'il  croioit  que  cela  ne  venoit  pas  dudit  sieur  recteur, 
qui  estoit  trop  abeurté  dans  son  sentiment  ;  la  reponce  dudit 
sieur  recteur  le  fait  assez  connattre,  estant  forcé  de  convenir 
de  ce  droit,  mais  pour  excuser  sa  turbitude,  il  dit  qu'il  est 
inouy  que  ce  droit  puisse  subcister,  qu'il  est  impie  et  opposé 
à  nostre  religion  et  contre  Je  ministère  d'un  prestre,  qn'il 
aille  chercher  une  dame  dans  une  église,  et  lui  faire  la 
rêvérance  et  que  c'est  une  usurpation.  C'est  où  paroist 
la  passion^  l'animozité  et  la  vanité  dudit  sieur  recteur  plus  que 
son  prétendu  zélé,  parceque  le  banc  de  la  dite  dame  est  près 
et  joignant  lebaluslre  du  mai^tre  auteL  11  semble  plustost  que 
ledit  sieur  recteur  veille  contester  formellement  les  droits  de 
ladite  dame  après  en  avoir  convenu,  el  c'est  en  quoy  il  se 
contredit  à  touts  moments  par  sa  variété.  C'est  donc  avec  rai- 
son qu'on  a  d'abord  dit,  que  il  avoit  surpris  de  Monseigneur 
de  Quimper,  la  permission  de  dire  ce  jour  la  grande  messe  à 
ia  chapelle  de  Saint  Rocb,  sur  une  suposilion  qu'il  a  fait, 
disant  que  l'église  paroisse  estoit  en  très  grande  indigence  de 
réparation,  qu'il  y  avoit  du  hasard,  et  qu'on  n'y  pouvoit  cel- 
iebrer  la  messe  en  seureté  de  la  vie;  aussi  ledit  sieur  recteur 
n'a-tni  pas  07é  le  soustenir  ni  l'avancer  par  ses  réponces  cy- 
dessus,  puisque  touts  les  preslres  de  ladite  paroisse  de  Moellan 
au  nombre  de  six,  ont  dit  leur  messe  ce  jour  en  ladite  Eglise 
paroisse,  où  ledit  sieur  recteur  a  donné  la  communion  et  chanté 
des  services  et  faict  d'autres  fonctions,  jusqu'au  commence- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  i\9  — 

ment  de  la  processiou  que  son  caprice  Ta  porté  h  s'acheminer 
à  ladite  chapelle  en  très  mauvais  estât,  les  autels  toutes  nuds, 
et  que  l'église  n'avoit  pas  esté  baliaiée  ;  non  seulement  cela, 
mais  l'évangile  ne  fust  point  chanté,  et,  contre  toutes  testâtes, 
il  donna  la  communion  à  plusieurs  paroissiens  dans  ladite 
chapelle,  ce  qui  ne  loi  avoilpas  esté  permis  par  Tëxpédition  de 
sa  requeste,  et  ce  qu*il  ne  de  voit  pas  (aire  le  jour  de  Pasque, 
que  dans  l'églisse  paroisse,  comme  il  faict  ce  matin  jusqu'au 
commencement  de  la  procession.  Toutes  ces  rémarques  ne  se 
font  que  pour  faire  connoistre  d'abondjant  le  trouble  et  le  cha- 
grin dud.it  sieur  recteur  contre  ladite  dame,  sans  lui  avoir  don- 
né la  ifièlndre  occasion,  non  plus  que  son  chapelain  auquel  il 
vient  de  marquer  son  chagrin  par  récrimination  contre  ladite 
dame,  qu'enfin  depuis  qu'il  est  recteur  de  ladite  paroisse,  il  a 
toujours  cellebré  festes  et  dimanches  la  grande  messe  dans  l'é- 
glise paroisse,  qui  est  beaucoup  eu  meilleur  ordre  et  en  la- 
quelle on  est  plus  en  seureté  qu'en  Udite  chapelle  de  Saint 
Boch,  n'y  ayant  de  tout  point  de  hasard,  comme  il  a  suposé  à 
Monseigneur  de  Quimper  pour  le  surprendre,  comme  il  l'a 
faict,  pour  fruster  ladite  dame  de  ses  droits  honorifiques  et  a 
signé  :  Louise  Dupou. 

De  tont  ce  que  dessus,  le  requérant  ladite  dame,  avons  ra- 
porté  le  présant  acte  et  d'icelui  laissé  copie  audit  sieur  recteur 
de  Moellan  sous  le  seigne  de  ladite  dame  et  les  noslres.  Signé: 
Louise  Dupou  ;  Le  Briat  et  Simon,  nottaires  royaux. 

Plus  bas  est  écrit  :  Controllé  à  Quimperlé  le  onze  avril  1703; 
reçu  cinq  sols.  Signé:  L.  Chardel. 

Scellé  à  Quimperlé  4e  22»»  avril  1703  ;  reçu  six  sols. 
Signé  :  L.  Chardel. 

Noos,  soussignés^  notaires  royaux  héréditaires  de  la  Séné- 
chaussée de  Quimperlé  apostoliques  au  Diocéze  de  Quimper, 
demeurans  séparément  audit  Quimperlé,  rue  du  Château, 
paroisse  de  Saint  Colomban,  nous  nous  sommes  sur  le 
mandement  qui  nous  a  été  fait  de  la  part  de  noble  demoiselle 
Marguerite  Perine  Eudo  de  Keronic,  Dame  propriétaire  de  la 
terre  et  seigneurie  du  Kermoguer,  en  la  paroisse  de  Moalan  et 
des  terres  et  seigneuries  de  Locmaria,  Laboullaye ,  Le  Plessis , 
Keriequel  et  autres  lieux,  demeurante  ordinairement  en  ladite 
ville  de  Quimperlé,  paroisse  de  Saint  Colomban,  et  de  présent 
en  sa  maison  de  la  dite  seigneurie  du  Kermoguer,  dite  paroisse 
de  Moalan,  exprès  transporté  de  nos  dites  demeures  cejour 
de  samedy  seisieme  avril  veille  de  pasque  mil  sept  cens  qua- 
rante, jusques  a  ladite  maison  du  Kermoguer,  ou  nous  avons 
logé  ;  et  le  lendemain  dixseptiéme  dudit  mois  d'avril  qui  est 
le  dimenche  du  saint  jour  de  pasque,  nous  nous  sommes,  à  la 


Digitized  by 


Google 


—  120  - 

requête  de  ladite  demoiselle  de  Keronic  el  en  sa  compagie,  ex- 
pré$  IransporiiS  dudil  maDolrdu  Kermoguer  jusques  au  bourg 
p^roi^sial  do  Moalan^  d'où  iioi)s  aous  sommes  rendus  à  l'E- 
glise parojssiale  environ  les  dix  heures  du  malin  pour  y 
assister  à  Toffice  divine  el  elre  presens  a  la  présentation  et 
prestation  de  la  redevance  seigneuriale  el  honorifique  d'une 
paire  de  gands,que  le  recteur  ou  le  célébrant  la  grande  messe 

f)arroiss!ale  de  Moalan  est  tenu  el  obligé  de  présenter  annuel- 
emffnta  chacque  jour  de  pasque  entre  TEpitre  el  l'Evangile 
de  la  messe,  au  nom  des  paroissiens,  aux  seigneurs  proprié- 
taires de  la  dite  terre  el  seigneurie  de  Kermoguer,  lors  qu'ils 
y  assistent,  el  que  le  fabrique  a  coutume  da  mettre  annuelle- 
ment sur  rautel  pour  leur  être  présentée  audit  cas  d'assis- 
lance  a  la  grande  messe,  et  aussy  pour  être  presens  aux  prières 
nominales  que  ledit  recteur  ou  célébrant  la  messe  est  tenu 
faire  pour  les  dits  seigneurs  de  Querraoguer,  fondateurs  de 
l'Eglise  paroissiale,  cimetière,  maison  presbyleriale  et  ses  dé- 
pendances de  cette  paroisse  de  Moalan,  suivant  les  anciens  ti- 
tres dé  la  dite  seigneurie,  le  contrat  d'ecquêl  et  la  prise  de 
possession  de  ladite  terre  el  seigneurie  f^its  pér  Messire  Joseph 
Eudo,-«îvanl  Chevallier  seigneur  de  Keronic,  conseiller  au 
Parlement  de  Bretagne  père,  de  ladite  demoiselle  de  Keronic, 
sentence  du  présidial  de  Vannes  et  arrêt  de  la  cour  conflrraa- 
lif  d'icelle  des  vingt-quatre  sei)lembre  mil  sept  cens  cinq, 
onze  février  el  dis  huit  mars  mille  sept  cens  huit,  rendus  con- 
tre roissire  Marc  du  Bois,  alors  recteur  de  ladite  paroisse  at- 
tendu son  insistance  a  s'acquitter  de  ladite  redevance  seigneur- 
riale,  et  signifiée  au  sieur  de  Lafruglais,  son  successeur,  Rec- 
teur de  ladite  paroisse  ;  au  refus  de  laqiielle  redevance  les- 
dits  Seigneur  du  Kermoguer  sont  en  droit  de  saisir  et  prendre 
par  eux-raême  le  missal  desus  le  grand  autel,  el  est  encore 
deub  une  amande  de  mil  ecus  d'or  au  profil  de  sa  majesté  ;  et 
a  été  reconnu  par  ledit  sieur  de  Lafruglais,  représenté  par  mis- 
sire  L'allemant,  son  curé,  qui  a  présenté  ladite  paire  de  gands 
audit  seigneur  de  Keronic,  ainsy  qu'on  en  avoit  toujours  usé 
auparavant  avant  Tinsislance  du  sieur  du  Bois  ;  ainsy  que  le 
justifie  la  sommation  et  le  procës-verbâi  des  notaires  de  notre 
dite  cour  du  cinq  avril  mil  sept  ceusonze,controlléle  huit  du- 
dit  mois  ;  et  ladite  demoiselle  de  Keronic  s'étanl  placée  dans 
son  banc  joignant,  du  coté  de  l'Epilre,  le  balustre  du  maître 
autel,  vénérable  et  discret  missire  Yves  Morvàn  ,  prêtre  sieur 
Recteur  de  ladite  paroisse  de  Moallan,  a  commencé  la  messe, 
et,  après  l'Epilre  dite  el  avant  l'Evangile,  est  descendu  de  l'au- 
tel, el  a  présenté  a  mademoiselle  de  Keronic  un  paire  de  gans 
de  cuir  jaune  qu'elle  a  reçue;  après  cfuoy  ayant  continué  la 
messe,  et  rendu  a  la  poste  .Communion,  ledit  sieur  recteur  a 


Digitized  by  VjOOQ IC 


-  121  - 

fait  le  prone,  et  a  nommé,  lors  des  prières  pour  la  noblesse, 
spécialement  la  demoiselle  du  Kermoguer.  De  fout  quoy  nous 
auous  après  la  grande  messe  finie,  rapporté  le  présent  acte  sous 
les  seings  dudit  sieur  recteur  el  de  ladite  demoiselle  de  Ker- 
onic,  et  les  noires,  el  laissé  copie  audit  sieur  Morvan,  recteur, 
ledit  jour  et  an.  Signé  :  Y.  Morvan,  prêtre  recteur  ;  Margue* 
rite  PerineËudo  de  Keronic;  Briat  et  Simon,  Notaire  royal. 

PlusJias  est  écrit  : 

Controllé  à  Quimperlé  le  présent  acte  sans  renvois  le  21 
avril  1740  R.  douze  sols.  Guyot. 

Cette  lecture  intéresse  vivement  TÂssemblée  qui  remercie 
M.  Àudran  et  le  prie  de  faire,  dans  ses  archives,  de  nouvelles 
recherches  sur  les  droits  seigneuriaux  et  notamment  sur  les 
droits  qu'avaient  les  seigneurs  défaire  placer  dans  les  cha- 
pelles des  églises  un  certain  nombre  d'armoiries  de  leurs  fa- 
milles^ou  de  leurs  alliances.  Cette  recherche  permettrait  de 
déterminer  d'une  manière  plus  précise  les  époques  de  trans- 
missions des  fiefs  et  les  dates  auxquelles  ils  ont  passé  d'une 
famille  à  uue  autre. 

M.  Duval  dit  que  les  anciennes  familles  nobles  tenaient 
beaucoup  à  ces  prérogatives  dans  les  Eglises^  quoi  qu*elles 
n'eussent  souvent  qu'une  valeur  insignifiante.  On  lui  a  ra- 
conté que  M.  de  Beaucourt,  propriétaire  fort  richeiiabitant 
Paris  avait  fait  don,  il  y  a  environ  quinze  ans,  à  la  commune 
de  Saint^Nicolas  de  Bothoa  (Côtes-du-Nord)^  d'une  vaste 
chapelle  qui  lui  appartenait  et  qui  devait  être  érigée  en 
église  paroissiale.  Mais,  il  ne  voulut  consentir  cette  donatipn 
qu'à  la  condition  expresse  que  chaque  année,  la  fabrique  de 
la  nouvelle  église  lui  ferait  don  d'un  peloton  de  fil. 

Cette  condition,  comme  on  le  pense,  fut  acceptée. 

M,  Buval  pense  qu'autrefois  la  famille  de  Beaucourt  était 
en  possession  de  ce  droite  et  que  son  descendant  a  voulu  le 
faire  revivre  en  mémoire  de  la  donation  qu'il  faisait,  et  sans 
doute  aussi  en  mémoire  d'autres  donations  faites  par  ses 
ancêtres. 

M.  Faty  dît  que  la  comtesse  de  Ludre  était  an,  possession 
du  droit  de  se  faire  encenser  personnellement  par  le  célé- 
brant à  son  banc  seigneurial,  et  que  le  curé,  s*étant  un  jour 


Digitized  by  VjOOQIC 


122  — 


refusé  à  raccomplisscment  de  ce  cérémonial,  die  Vy  avait 
fait  contraindre  par  ses  supérieurs  ecclésiastiques. 

Personne  ne  demandant  plus  la  parole»  M.  le  Président 
lève  la  séance  à  4  h.  i}2. 


Le  Secrétaire, 
V.  DB  MONTIFAULT. 


Nota.  —  Diverses  circonstances  obligent  te  bureau  de  la 
Société  à  remettre  à  la  fin  du  mois  d*a?ril,  la  prochaine 
séance.  Un  avis  adressé  à  chacun  des  membres  de  la  So- 
ciété fera  connaître  ultérieurement  la  date  exacte  de  cette 
réunion. 


Ordre  du  jour  de  la  prochaine  séance. 

i.  Election  de  M.  Surault. 

2.  Statistique  monumentale  de  diverses  communes  du 
Finistère,  par  M.  Flagelle. 

3.  Mémoire  sur  les  antiquités  de  Ploudalmézeau,  par 
M.  Arzel,  ancien  curé  de  cette  paroisse. 

4.  L'Oppidum  de  Vorganium,  par  M.  R.-F.  Le  Mbw. 

5.  Projet  d'une  nouvelle  classification  des  monuments 
historiques  du  Finistère. 

Le  Président^ 
A.  deBLOIS. 


Dons  offerts  au  Musée  départemental  d'archéologie, 

M.  le  comte  de  Quélen^  membre  de  la  Société. 

Un  bas  relief  en  albâtre  du  XV'  siècle,  représentant  un 
roi  et  une  reine,  ou  un  duc  et  une  duchesse,  debout  sous  des 
arcades  ogivales.  Ce  bas  relief,  qui  a  malheureusement 
beaucoup  souffert  des  injures  du  temps',  est  d'un  excellent 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  123  - 

travail.  Il  provient  peut-être  d'un  rétable  d'autel.  Il  a  été 
donné  a  un  membre  de  la  famille  de  M.  le  comte  de  Quélen, 
par  des  marins  de  Douarnenez.  Ces  albâtres  paraissent 
avoir  été  fort  répandus  dans  les  églises  dn  littoral  du 
Finistère.  Il  y  en  avait  jadis  un  grand  nombre  dans  celles 
de  Penmarc'h>  et  Téglise  de  RoscofT  en  possède  encore 
quelques-uns  qui  sont  dans  un  remarquable  état  de  conser- 
vation. 


M.  JosBPH  DE  Jacquelot,  membre  de  la  Société. 

Un  vase  péruvien  muni  de  trois  pieds  et  d'une  anse 
représentant  une  tête  humaine  grotesque. 

Quatre  haches  en  bronze  à  ailerons,  dont  une  est  remar- 
quable par  la  largeur  de  son  tranchant. 

Trois  médailles  en  bronze.     . 


M.  Xavier  de  Blois,  membre  de  la  Société. 

Une  hachette  en  pierre  de  55  millimètres  de  longueur, 
percée  d'un  trou  rond  à  son  sommet,  trouvée  dans  le  parc 
du  château  de  Poulguinan. 

Le  musée  possède  deux  haches  en  pierre.  Tune  provenant 
du  même  parc,  Taulre  trouvée,  il  y  a  quelques  années, 
dans  rOdet  en  face  de  Poulguinan.  Une  troisième  hache  a 
été  trouvée  dans  la  même  rivière  et  dans  la  même  situation. 
Il  est  hors  de  doute  qu*un  établissement  gaulois  a  existé  à 
Poulguinan,  avant  l'établissement  romain  dont  les  ruines  se 
remarquent  encore  sur  plusieurs  points  de  cette  propriété. 


Souterrain  de  là  Tourelle,  près  Quimper. 

On  lit  dans  le  dernier  fascicule  de  Yindtcateur  de  l'Ar- 
chéologue  publié  per  M.  de  Mortillet  : 

En  arcfaéolqgie  les  descriptions  sont  excellentes,  mais  les 
représentations  valent  encore  mieux.  Il  faut  donner  autant 
qu'on  peut  des  planches  et  des  figures.  Les  moindres  objets, 
quand  ils  sont  bien  étudiés  et  surtout  bien  reproduits,  ont 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  124  - 

de  rintérét.  Souvent  Us  peuvent  mettre  sur  la  voie  d'utiles 
rapprochements  et  d'importantes  découvertes.  On  peut 
citer  comme  modèle  de  ce  genre,  le  travail  de  M.  R,-F.  Le 
Bien  :  Subterranean  chambers  at  La  TowrelU  near  Qvimpw, 
Briitany  (Chambres  souterraines  à  La  Tourelle^  près  Quim* 
per,  en  Bretagne.)  G*est  une  brochure  de  i9  pages  in-S» 
qui  contient  un  très  grandJAombre  de  figures. 

Il  s'agit  d'un  de  ces  souterrains  mystérieux  et  encore 
bien  peu  connus,  sur  l'âge  et  la  destination  desquels  on 
discute  depuis  si  longtemps.  Ce  sont  des  souterrains  refuges 
suivant  le  plus  grand  nombre,  des  cryptes  d'approvisionne- 
ment suivant  quelques  autres.  Celui  de  La  Tourelle  serait 
un  lieu  de  sépulture  d'après  M.  Le  Men. 

L'auteur  donne  d'abord  le  plan  exact  du  souterrain,  puis 
la  coupe  longitudinale,  enfin  trois  coupes  tranversales,  le 
souterrain  se  composant  de  trois  pièces.  Grâce  à  ce  plan 
et  à  ces  coupes,  on  se  rend  parfaitement  compte  de  k  dis- 
position du  souterrain. 

A  quelle  époque  appartient  ce  souterrain  ?  Pour  résoudre 
cette  question  ,  l'auteur  non-seulement  décrit  avec  soin 
tous  les  objets  qu'il  y  a  recueillis,  mais  encore  figure  le 
plus  grand  nombre.  Il  y  a  là  des  objets  qui  semblent  appar- 
tenir à  des  époques  fort  diverses.  A  côté  d'une  espèce  de 
poinçon  en  fer  à  manche  d'os,  il  y  a  non-seulement  des  ou- 
tils en  pierre,  comme  des  haches  en  pierre  polie,  mais 
encore  un  nucléus  en  silex  d'où  l'on  a  détaché  des  lames 
tranchantes.  Aux  anneaux  en  os  des  plus  finis,  est  as- 
socié un  collier  des  plus  primitifs  formé  de  simples 
astragales  ou  osselets  de  moutons  perforés  pour  être  enflés. 
La  poterie  la  plus  grossière  se  rencontre  avec  des  poteries 
beaucoup  plus  fines  ornementées  avec  goiit,  et  surtout  aVec 
les  restes  d'une  de  ces  statuettes  de  Vénus,  entourées  d'or^ 
nements  symboliques,  qui  sont  certainement  de  l'époque 
gallo-romaine.  Ce  souterrain  aurait-il  été  creusé  et  occupé 
à  l'époque  de  la  pierre  polie  pais  réoccupé  à  l'époque 
gallo-romaine  ?  C'est  ce  que  le  mélange  des  objets  qu'il 
contient  semble  indiquer  d'une  manière  à  peu  près  certaine. 
Aussi  M.  Le  Men  admet  que  c'est  une  séptUlure  de  l'époque 
de  la  pierre  polie  qui  a  été  violée  à  l'époque  gallo^omaioe. 


Digitized  by  VjOOQIC 


LISTE    GÉrtÉRALE 

BBS 

MEMBRES  DE  L4  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 

DU     FllilSTÈRE. 


MM,  L'abbé  âbgrall,  professeur  au  collège  de  Pont-Croix. 

Affichârb,  fils,  propriéiaire  à  Quimper. 

AiAvoiwE,  Joseph,  adjoint  au  maire  de  Quimper. 

Allard,  fils,   entrepreneur  à  Quimper,  membre   du 
Conseil  municipal. 

AsTOR,  maire  de  Quimper. 

AuDRAN,  maire  de  Quimperlé. 

AiRAULT,  subslilut  du  procureur  de  la  République  à 
Quimper. 

Bahezre  j)b  Lanlay,  garde  général  des  forêts  à  Lan- 
derne^au. 

L'abbé  Batec,  professeur  au  collège  de  Pont- Croix. 

Le  docteur  Bernard,  à  Carhaix. 

Bigot,  architecte  du  département. 

Bigot,  architecte  diocésain. 

BiNBT,  vétérinaire  à  Quimperlé. 

De  Blois^  Aymar. 

De  Blois,  Xavier. 

Bollog'h,  juge  suppléant  à  Morlaix. 

Bolloré,  Alexandre,  propriétaire  à  Quimper. 

BouRASSiM,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes. 

Briot  de  la  Mallerie,  président  de  la  Société  d'Agri- 
culture de  Quimper. 

Cabn  dit  Liom,  imprimeur  à  Quimper. 

Le  docteur  Le  Caer,  à  Quimper. 

Canvel,  professeur  à  Quimper. 

Db  Cabré,  membre  de  l'Académie  française. 

De  Carné  (Edmond). 

De  Chamaillàrd,  fils,  avocat  à  Quimper. 

10 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  126  — 

MM.  Do  Chatellibr,  correspondant  de  rinstitut. 

Comte  De  Ch  au  veau,    propriétaire   au    château    de 

Kerioleli 
Chbguillaume,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées, 
Claibet,  imprimeur  à  Quimperlé. 
Du  Cleuziou,  ancien  président  de  la  Société  archéo- 
logique des  Côles-du-Nord. 
Le  docteur  Coffec,  à  Quimper. 
Colomb,  ancien  conseiller  de  préfecture. 
CoBiiiEB,  avocat  à  Quimper. 
Du  CouÉDic,  membre  du  Conseil  général. 
De  Coubcy  (Pol). 

Cozic,  chef  de  division  à  la  Préfecture. 
Le  Dall,  sculpteur  à  Landerneau 
Daoulas,  fils,  ébéniste  à  Quimper. 
Debmieb,  principal  du  collège  de  Quimper. 
DowNARD,  employé  des  lignes  télégraphiq"  à  Quimper. 
Dubois-Saint-Sevbin,  commis  de  direction  des  postes.  3 
Durest  Le  Bris,  avocat  à  Quimper. 
DuvAL,  vérificateur  des  domaines  à  Quimper. 
Faty,  chef  de  bataillon,  en  retraite,  à  Quimper. 
Fautbel,  pharmacien  à  Quimper. 
Flagelle,  expert -arpenteur  à  Landerneau. 
De  Forsawz.  député  à  T Assemblée  nationale. 
FouGERAY,  membre  du  conseil  municipal,  à  Qnimper. 
FouLLioY,  capitaine  de  vaisseau^  membre  du  Conseil 
général. 

Fbançois,  chef  d'escadron  commandant  la  gendarme- 
rie du  Finistère,  à  Quimper. 

Friele,  propriétaire  à  Quimper. 

Frochen,  fils,  négociant  à  Quimper. 

H.  GAiDOz„directeur  de  la  Revue  Celtique,  a  Pan«. 

Gaubebt,  membre  du  Conseil  général. 

GoBVAN,  avoué  à  Quimper, 

De  GoY,  Stephen,  avocat  à  Quimper. 

Le  Guay,  ancien  secrétaire  général  de  la  prélecture. 

L'abbé  Guéguéwou,  recteur  de  Saint-Martin  de  Morlaix. 

Guermeur,  avoué  à  Chàteaulin. 

De  Guebwisac^  membre  du  Conseil  gênerai. 

L'abbé  Guillabd.  ^    »    1 

Le  Guillou-Pbnanbos,  membre  du  Conseil  général. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  127  ~ 

MM.   Lb  GuiLLOu-PENAriRos,  juge  à  Brest. 

Le  GuiLLOi)-P£JHANRos^fils,  propriétaire  à  Goncdrneau. 
GuiTOT,  négociant  à  Quimper,  membre  du  Conseil 

municipal. 
GuTHO,  avocat  à  la  cour  de  cassation,  i  Paris. 
Le  docteur  HiLLÉGDBN,  à  Ghàteaultn. 
HÉMOt^i,  Louis,  avocat  à  Quimper. 
Héhon,  Prospcr. 
Hénon,  notaire  à  Quimper. 

Th.  Hersart  de  la  Villemarqué,  membre  de  ilnsiilul. 
Le  Hir,  docteur-médecin,  à  Morlaix. 
De  Jacquslot,  Louis,  ancien  secrélaire  général. 
De  Jacquelot,  Joseph. 
Jambt,  propriétaire  à  Châteaulin. 
L'abbé  Jégou,  vicaire  général 
JuifKER,  ingénieur  ordinaire  des  Ponts  et  Chaussées. 
R.  DE  Kerret. 
C.  DE  Kerret. 

De  Kerjégu,  Louis,  maire  de  Saint-Goazcc. 
De  Kersauzom,  membre  du  Conseil  General. 
L'abbé  Kerlan,  recteur  de  Plouzané. 
L'abbé  de  Kerwaéret. 
Lacoste;,  membre  du  Conseil  général. 
L'abbé  Lamarque,  curé  de  la  cathédrale,  à  Quimper. 
De  la  Laisde  de  Galan,  maire  de  Trégunc. 
Laporte,  avocat  à  Quimper. 

Du  Laurent  de  la  Barre,  ancien  officier  de  la  marine. 
De  Lécluse,  Amédée. 
Ms'  DE  Lbzeleuc  de  Kerouara,  évéque  d'Âutun  et  de 

Châlons. 
LoARER,  agent-voyer  en  chef  des  chemins  vicinaux. 
LoRAMS^  avoué  à  Quimperlé. 
Loyer,  étudiant  en  droit. 
Malen,  professeur  à  Quimper. 
Malherbe  de  la  Boissière. 
L'abbé  du  Marc'hallac'h,  vicaire  général. 
R.-F.  Le  Men,  archiviste  du  département. 
De  Montifault,  ancien  sous» préfet. 
MoBEAu,  Stanislas. 

Le  Nir^  ancien  directeur  des  domaines. 
1M[8'  Nouvel,  évéque  de  Quimper  et  de  Léon. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  128  - 

HBf .  Db  Pascal,  propriétaire. 

PfiTROif^  propriétaire  h  Quimperlé. 

L'abbé  Pëtron,  secrétaire  de  ré?éché. 

PiHOBET,  préfet  du  Finistère. 

Piaia€«  peintre  à  Quimper. 

Pocard-Kervilbb,  ingénieur  des  Ponts  et  chaussées, 
à  Nantes. 

Th.  DE  PoMPBBY,  député  à  TAsBemblée  nationale. 

L'abbé  Postic,  recieur  de  Plonévez-Porzay. 

Poyo,  architecte  à  Morlaii. 

De  Qdélen,  Prosper. 

L'abbé  Quéméiseur,  curé  de  Ste- Croix  de  Quimperlé. 

De  Raismes,  membre  du  Conseil  Général. 

De  Rémond  du  Chelas,  receveur  des  domaines. 

Richard^  préfet  honoraire  du  Finistère. 

Richard^  Aaiéoée,  receveur  de  Tenregistrement  à 
Chàteaulin 

Richard,  juge  de  paix  à^anderneau. 

Rossi,  propriétaire  à  Quimper. 

RoussiN,  membre  du  Conseil  Général. 

Roumain  de  la  Touche,  ancien  procureur  impérial. 

Le  Roux,  membre  du  Conseil  Général. 

LeRouxbaude  Rosekcoat, membre  duConseil  Général. 

De  Saisï,  Paul. 

Salmon-Laubourgère,  président  du  tribunal  de  Quim- 
perlé. 

Sauvé,  receveur  des  douanes  à  L'Aber-Vrac'h. 

De  Saint-Georges. 

De  SOLVINIHAC. 

SouDRY^  avoué  à  Quimper. 

TouLLEMONT,  négociant  au  Guilvinec. 

De  Treyeneuc,  député  à  TAssembiée  nationale. 


FIN. 


Digitized  by  VjOOQIC 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages. 

Séance  du  15  avbil  1873.  —  Allocution  de  M.  de 
Blois,  président.—  Adhésion  de  Mgr  Anselme,  évéque  de 
Quimper  et  et  de  Léon.  —  Fixation  des  jours  de  réunion, 
—  Constitution  du  bureau.  —  Liste  des  membres  de  la 
Société  archéologique,  à  la  dale  du  20  avril. 1 

Sèahgb  du  17  MAI  1873.  ^  Liste  des  nouveaux  mem« 
bres  de  la  Société.  —  Notice  sur  M.  de  Caumont,  par 
M.  du  Châtellier.  —  Règlement  de  la  Société.  —  Dons 
offerts  au  musée  départemental  d'archéologie  par  MM. 
Flagelle  ;  Labasque,  agent-voyer  ;  Collin,  cultivateur  ; 
Adolphe  Alavoine  ;  Anatole  de  Barthélémy^  et  Gaubert, 
membre  du  Conseil  général *  •  •  , 9 

Séance  du  14  juin  1873.  —  Don  d'une  brochure  de 
M.  Denais,  intitulée  :  Les  victimes  de  Quiberon,  —  Notice 
sur  la  ville  de  Morlaix  et  sur  le  château  du  Taureau,  par 
M.  de  Blois  —  Observation  de  M.  T.  H.  de  la  Villera ar- 
qué sur  cette  forteresse.  —  Dons  offerts  au  musée  archéo- 
gique  par  MM.  J.  Friele  ;  Briot  de  la  Mallerie  ;  le  docteur 
Le  Caër  ;  Le  Gall,  horloger  ;  Fougeray  ;  et  par  Madame 
Dufourmantel. 25. 

Séance  du  12  juillet  1873.  —  Nomination  de  M.  le 
comte  de  Camé  de  l'Académie  Française,  en  qualité  de 
vice-président  de  la  Société.  —  Mémoire  sur  les  noms 
bretons  commençant  par  ab  ou  ap^  par  M.  R.-F.  Le  Men. 
—  Excursion  archéologique  à  Briec  et  à  Edern,  par  MM. 
P.  Le  Guay,  Le  Men  et  de  Montifault.  —  Note  sur  des 
faits  géologiques  qui  se  seraient  produits  au  commence- 
ment de  Tère  chrétienne,  sur   quelques  points  de  notre 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  130  — 

Pages, 
littoral  (catastrophe  de  Tanse  de  Losroarc*h  en  la  com- 
muae  de  Crozon,  Finistère^,  par  M.  Bourassin.  —  Obser- 
vations de  plusieurs  membres  de  la  Société  sur  les  voies 
romaines  du  Finistère.  —  Dons  offerts  au  Musée  d'ar- 
chéologie par  M.  lo  docteur  Haliéguen 4o 

Séance  du  9  août  1873.  —  Réclamation  de  M.  le 
docteur  Haliéguen  repoussée  par  l'Assemblée.  —  Obser- 
vations de  M.  le  président  de  la  Société  sur  le  16«  congrès 
de  TAssociation  bretonne,  annoncé  comme  devant  se 
tenir  à  Quimper  le  15  septembre.  —  Programme  de  la 
classe  d'archéologie  de  ce  congrès.  —  La  Rive  droite 
de  la  Laita^  excursion  arch  ologique,  par  M.  Audran. 
—  Dans  offerts  au  Musée  d'archéologie  par  MM.  Faty  ; 
de  Raismes,  membre  du  Conseil  général  ;  Nédélec,  cul- 
tivateur ;  Louis  Navadic  ;  Piriou,  peintre  ;  et  par  Mme 
veuve  Messanot 61 

Séancb  do  il  OCTOBRE  1873.  —  Fouilles  d'un  tumulus 
près  du  bourg  de  Lannilis,  note  par  M.  Ribault,  receveur 
de  l'enregistrement.  —  Notice  sur  le  château  de  Château- 
lin  et  sur  son  parc,  par  M.  le  docteur  Haliéguen.  — 
Réception  de  MM.  Le  Roux,  membre  du  Conseil  général  ; 
Dermier,  principal  du  collège  de  Quimper  ;  Quéméneur, 
curé  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé,  et  Loyer,  étudiant  en 
droit,  comme  membres  de  la  Société.  —Dons  offerts  au 
Musée  d'archéologie  par  MM.  l'abbé  Evrard,  Vesseyre  et 
Prosper  Hémon 77 

Séance  du  10  janvier  1874.— Réception  de  MM.  Pocard- 
Kerviller,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  à  Nantes,  et 
Bolloc'h,  juge  suppléant  à  Morlaix,  comme  membres  de  la 
Société.  —  Exploration  de  la  caverne  de  J?oc*A- JomZ,  en 
la  commune  de  Guiclan  (Finistère),  par  M.  le  docteur 
Le  Hir.  —  Documents  inédits  pour  servir  à  l'Histoire  de 
Bretagne  :  Pancarte  de  Lesneven  (XV«  siècle)  ;  Ordre 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  Vôl   - 

Pages, 
pour  les  milices  de  la  côte  de  Bretagne  (infanterie).  — 
Dons  offerts  au  Musée  d'archéologie  par  MM.  Jean,  fon- 
,  deur  ;  le  docteur  Halléguen  ;  l'abbé  Odeyé,  vicaire  de 
Crozon;  Créac*hcadic,  notaire;  le  comte  de  Hercé,  et 
par  M°»e  Marie,  de  Rosporden. 85 

Séance  du  25  févbier  1874.  —  Fouilles  du  tumulus 
de  Rosmeur  ou  Porz-Carn,  en  la  commune  de  Penmarc'h 
(Finistère)  ;  note  par  M.  de  Blois.  —  Fouille  du  souterrain 
du  Rugéré,  prés  Keruzoret,  en  la  commune  de  Plouvorn 
(Finistère),  par  MM.  Amaury  de  Kerdrel  et  le  docteur 
Le  Hir.  —  Analyse  d'un  procès  entre  dames  Louise  Du 
Pou,  Périne  Eudo  de  Keronic  et  le  recteur  de  Moëlan, 
au  sujet  d*une  redevance  féodale,  consistant  en  une  paire 
de  gants,  que  le  recteur  de  celle  paroisse  devait  remettre 
chaque  année,  aux  seigneurs  de  Kermoguer,  le  dimanche 
de  Pâques  pendant  le  graud'messe,  par  M.  Audran.  — 
Observations  de  MM.  Duval  et  Faty,  sur  des  droits  sei- 
gneuriaux bizarres.  —  Dons  offerts  au  Musée  d'archéologie 
par  MM.  le  comte  de  Quelen;  Joseph  de  Jacquelot 
et  Xavier  de  Blws.  —  Description  avec  figures  du  sou- 
terrain de  la  Tourelle  près  Quimper,  par  R.-F.  Le  Men.    109 

Liste  générale  des  membres  de  la  Société.     .     .125 
FIN  DE  LA  TABLE  DES  MATIÈRES. 


Erratum.  —  C'est  par  erreur  que  Turne  donnée  au  Musée 
archéologique  par  M,  Alavoine,  a  été  mentionnée  à  la  page  24 
du  Bulletin  comme  provenant  du  tumulus  de  Lescongard.  Elle 
a  été  trouvée  au  village  de  Kergoglé,  en  la  commune  de  Plou- 
hinec  (Finistère). 


Digitized  by  VjOOQIC 


Digitized  by  VjOOQIC 


BULLETIN 


DE     LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 

DU    FINISTÈRE. 


Digitized  by  VjOOQIC 


Digitized  by  VjOOQIC 


BULLETIN 


DB    LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 

DU  FINISTÈRE. 


TOME    II. 


1874-1-875 


QUIMPER 

UIPBIIIBBIE    B* ALPHONSE    GABN 

1875. 


Digitized  by  VjOOQIC 


/ 


Digitized  by 


y 


igie 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DU  FINISTÈRE 

SÉANCE  DU  !3  JUIN  1874. 


Présidence  de  M.  A.  de  Blois. 

La  séance  est  otiverie  à  deux  heures.  Étaient  présents  : 
MM.  de  Blois,  Àudran^  Gorinier»  Flagelle,  L.  de  Jacque- 
lot,  de  la  Toucha,  Bourassin  et  de  Montifault»  secrétaire. 

Le  procès- verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Il  y  a  trop  longiemps,  dit  M  le  Président,  que  nous  n'a- 
vons été  reunis  pour  que  je  ne  vous  exprime  pas  mes  vifs 
regrets  d'un-  pareil  retard. 

L'expérience  nous  a  prouvé  qu'il  n*est  pas  toujours 
facile  d*assurer  la  régularité  des  séances  de  la  Société. 
Mais  votre  Bureau  prendra  soin  désormais  de  faire  les  con- 
vocations chaque  mois  aussi  exactement  que  possible. 

Il  est  donné  lecture  d'une  «lettre  adressée  au  Président 
au  nom  de  la  Société  académique  de  Nantes.  Cette  Société 
est  en  instance  près  de  V Association  française  pour  Va- 
vaneement  des  sctenc2S,  qui  tiendra  son  prochain  Congrès 
à  Lille,  pour  obtenir  que  (a  session  de  1875  ait  lieu  à 
Nantes. 

La  Société  d'archéologie  du  Finistère  est  priée  à  cet 
effet  de  faire  connaître  les  ressources  que  le  pays  ofifrirait 
aux  diverses  branches  d'études  scientifiques  dont  s'occupe 
YAssociation  française.  Ces  ressources  seraient  prises  en 
considération  par  le  Congrès  qui  s'ouvrira  à  Lille. 

M.  le  Président  dit  ensuite  à  l'Assemblée  :  Quatre  nou* 
velles  candidatures,  vous  sont  proposées,  savoir  : 

i"  Celle  de  M.  Charles  de  Trogoff,de  Coatalio,  en  Foues- 
nant,  présenté  par  MM.  de  MontifauU  et  Le  Men,  secré- 
taires ; 

1 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  2  — 

2^  Celle  de  M.  Plateau,  peintre,  à  Quimper,  présenté 
par  MiU.  de  Blois,  président  et  Le  Men,  secrétaire  ; 

3*  Celle  de  M.  Beaiicoiirt,  aussi  peintre»  à  Cbàteaulin, 
présenté  par  MM.  Piriou  et  Le  Men  ; 

4''  Celle  de  M  Govin,  Auguste,  fils,  i  Quimper,  pré- 
senté par  MM  Hémon,  Prosper,  et  de  Monûfault. 

L'élr'ction  est  fixée  à  la  prochaine  séance. 

Vous  arez  malmenant  b  prononcer  sur  la  candidature  de 
M.  Sureau,  inspecteur  de  T Académie,  qui  est  a  Tordre  du 
jour 

M.  Suroau  est  admis  à  Tunanimité  des  suffrages 

Vous  allez  entendre  une  couununicati  m  faite  par  feu 
M.  Arzel,  cure  de  Plondalmezcau.  Intéressante  par  elle- 
méuie,  elle  peut  éir^  citée  comm»^  un  tiès-bon  exemple  des 
indications  précieuses  que  MM  les  ecclésiastiques  attachés 
aux  paroisses  rurales  pourraient  offrir  aux  recherches  ar- 
chéologiques Partout  le  clergé  se  montre  porté  vers  ces 
études,  qui  comptent  parmi  leurs  adeptes  les  plus  c  mi- 
nents  prélats  et  ministres  de  TÉglise,  et  des  religieux  ap- 
partenant aux  différents  ordres  ou  congrégations  II  y  a  en 
effet  une  affinité  bien  marquée  entre  toutes  les  anciennes 
traditions  et  le  sentiment  chrétien^  dont  elles  portent  gé- 
néralement Tempreinie.  On  s^it  quels  sont  à  cet  égard  les 
vœux  du  vénérable  pasteur  de  ce  diocèse. 

Il  est  doiiné  lecture  de  ce  méiooire,  dont  va  suivre  l'a- 
nalyse, avec  quelques  observations  auxquelles  cette  com- 
munication a  donné  lieu. 

L'on  doit  regretter  qu'une  mort  prématurée  nous  prive 
du  concours  du  respectable  curé  de  Ploudalmézeau. 

M.  Arzel,  dans  le  cours  de  son  minisière,  eut  à  s'oc- 
cuper de  la  reconstruction  de  son  église.  Dans  les  fon- 
dations du  mur  notd,  on  rencontra  deux  de  ces  anciennes 
tombes  dont  il  est  difficile  de  préciser  Tàge.  Elles  étaient 
formées  par  encaissement  de  pierres  plates,  et  plus  étroites 
dans  leur  bout  est,  c'est-à-dire  du  côté  des  pieds  ;  car  les 
sépultures  étaient  alors  orientées.  On  fut  étonné  de  né  pas 
y  rencontrer  des  traces  d'inhumation,  mais  simplement 
des  pierree  rondes^  semblables  aux  galets  de  nos  grèves  ; 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  3  — 

dans  Tune  de  ces  tombes»  les  galets  étaient  supportés  an* 
dessus  de  rencaissement  par  une  pierre  plate  qui  en  cou- 
vrait une  longueur  dVnviron  80  centimètres.  M  Ârzel 
abandonne  ces  faits  à  l'appréciation  du  lecteur.  Il  rap*- 
polle  aussi  que  les  mêmes  travaui  firent  rencontrer  un 
tuyau  de  cheminée  auprès  duquel  se  trouvaient  une  terre 
rougeàtre  et  un  amas  de  cendrrs.  (Vétaii  peut-éire  rem- 
placement d(*  quelque  forge  des  temps  anciens. 

A  l'occasion  des  sépultures  dont  il  vient  d'êire  question, 
M  Arzi'l  remarque  qu'elles  étaient  voisines  d'une  maison 
dite  Ty-Karn;  que  Karn  est  le  nom  d'une  île  dépendante 
de  la  paroisse  et  qu'il  se  rencontre  encore  dans  une  autre 
localité  appelée  Parcou-Karn.  Il  attache  a  ce  nom^  une 
idée  de  sépulture  fondée  sur  la  dénomination  des  émi- 
nences  ou  tumulus  qu'on  nomme  CarneHlou.  Mais  ne  con* 
▼ient-il  pas  de  remarquer  que  Karn  a  eu  aussi  la  signi- 
fication de  Rocher  ?  Les  éminences  appelées  Karnedi  ou 
Garneillou  sont  formées  de  petites  pierres. 

Avant  de  quitter  le  bourg  de  Ploudalmézeau,  nous  de* 
"vons  noter  Teiistence  d'une  croix  en  pierre  que,  d'après 
ses  caractères,  l'auteur  du  mémoire  attribue  au  XII  siècle. 
Un  fait  assez  curieux,  c'est  que  sous  les  murs  de  l'an- 
cienne église  on  trouva  une  douzaine  de  pierres  pré- 
sentant des  pyramides  quadrangulaires  très- grossièrement 
travaillées,  sur  l'une  des  faces  desqu'^lles  était  figurée 
une  croix  de  dix  à  quinze  centimètres.  Y  avait-il  en  ce 
lieu  quelque  tailleur  de  pierres  dont  l'industrie  s'exergat 
sur  ces  blocs  ?  Ces  monolithes  avaient-ils  quelque  desti- 
nation particulière,  telle  par  exemple  que  de  servir  à 
quelque  débornement  ?  C'est  ce  que  M.  Arzi^l  no  croit 
pas  pouvoir  indiquer,  laissant  ici  carrière  aux  conjectures. 

Il  signale  sur  le  territoire  de  la  commune,  un  certain 
nombre  de  monolithes  surmontés  d'une  croix,  taillés  dans 
le  même  bloc,  qui  paraissent  avoir  dû  être  des  menhir 
avant  de  recevoir  le  signe  chrétien  Ces  pierres  sont  géné- 
ralement d'une  teinte  rousse  et  d'un  grain  que  n'ofi'rent  pas 
celles  des  carrières  du  pays.  Ploudalmézeau  a  enfin  des 
monolithes  d'une  autre  espèce,  qui  sont  implantés  prés  les 
carrefours;  ils  sont  grossièrement  travaillés,  posés  horizon- 
talement,   leurs  croix    terminales  ont  onviroa  un  pied 


Digitized  by  VjOOQIC 


_  4  _ 

et  demi.  Sans  ^n  donner  plus  ample  description,  M.  Ârzei 
les  nomme  Croix  mérovingiffnnes,  ce  qui  donne  Tidée  des 
croix  panées,  des  croix  grecques,  à  pans  égaux,  dont  on 
retrouve  Tusage  depuis  la  période  mérovingienne  jusqu'à 
une  époque  avancée  du  moyen-àge. 

Au  lieu  appelé  Mézou-Oughet,  on  rencontre  des  pierres 
couchées  que  leur  disposition  en  hémicycle  ferait  regarder 
comme  le?  restes  d'un  cromlec*h  Au  sud  de  Kerôunok- 
Vian  existent  des  traces  d  un  ancien  alignement  de  mo- 
noiythes  d'une  longueur  de  six  a  sept  cents  mètres,  que 
les  paysans  nomment  StréatRenkei'Vêtn,  c'est-a-dire  le 
chemin  des  pierres  rangées.  Au  Mézou-Tréompan,  on 
voit  un  cromlec'h  en  bon  état  de  conservation  avec  un 
tylio  magnifique,  ajoute  M  ArzeLU  désigne  peut-être  sous 
ce  nom  Tenceinte  boidant  ce  monument  druidique.  II 
y  a  enfin  un  beau  cromlec'b    à  Guilli-Qué. 

Il  existe  dans  Ploudalmér.eau  divers  menhirs  dans  leur 
état  primitif,  les  autres  sont  renversés.  Ces  monuments  se 
rencontrent  notamment  à  Prat-Léac'h-Grughet  et  a  Kerou- 
noc-Vian,  près  du  cromlec'b  déjà  cité,  au  couchant  do 
village  de  Kerigou.  Le  Kerlîgouet  a,  sur  ses  dépen- 
dances des  blocs  couchés  qui  semblent  avoir  été  aussi  des 
menhirs. 

A  Guilli-Qué,  on  voit  un  dolmen  bien  conservé,  et  à 
cinq  cents  pas  de  là  il  y  a  plusieurs  de  ces  sortes  de  pierres 
qui  sont  renversées,  il  s*en  trouve  de  semblables  à  Prat- 
an-Eurusdet.  Au  lieu  de  Kerber,  au  nord  du  bourg,  non 
loin  d'un  menhir  et  de  débris  de  dolmen,  M.  Arzel  si- 
gnale dans  un  vallon  une  superficie  de  six  à  sept  cents 
pas  de  longueur  sur  chaque  côte  où  le  sol  est^  suivant 
son  expression,  tapissé  de  pierres  grisâtres  el^  thires. 
Il  est  porté  à  regarder  ce  lieu  comme  un  antique  cime- 
tière. Il  fait  remarquer  que  ces  pierres  posées  à  plal 
recouvrent  de  petites  levées  de  terre. 

Il  existe  enfin  des  tumulus  en  Ploudalmézcau  ;  près  de 
celui  de  Kerlerec,  on  a  trouvé  des  fragments  de  tuiles  à 
rebord.  Il  cite  un  autre  tumulus  près  de  Lescalvar,  dont  le 
sommet  présente  une  forte  dépression  ou  cavité.  (Est-ce 
un  tumulus  ou  une  butte  féodale  ?) 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  8  — 

Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  une  carte  du  Pays  pour 
reconuaitre  que  la  mer  qui  borne  an  nord  le  territoire  de 
cette  commune,  a  du  s*y  ouvrir  un  accès.  L*état  du  littoral 
annonce  une  contrée  ravagée  par  les  flots.  On  ne  doit  donc 
point  s'étonner  que  M.  Arzel  y  signale  Teiistence  d'une 
forêt  sous-marine.  II  a  pu  voir  les  traces  de  cette  forêt 
maintenant  enfoncée  à  un  mètre  environ  sous  les  eaux,  à 
marée  basse  de  TEquinoxe  de  1855.  Dans  la  direction  dé 
rîle  de  Rocervo,  il  recueillit  quelques  fragments  provenant 
des  arbres  submergés.  Il  suppose  que  cette  invasion  de  la 
mer  doit  se  rapporter  au  IX""  siècle  environ  G*est  en  effet 
répoque  où  l'abbaye  du  Mont  S^int-Michei  fut  séparée  du 
continent  par  un  cataclysme  dont  l'histoire  a  gardé  le  sou- 
venir. 

M.  le  Président  après  avoir  rendu  hommage  à  ce  travail 
descriptif  des  plus  notables  antiquités  de  la  commune  de 
Ploudalmézeau,  remarque  que  M.  Arzel  a  fait  une  très-judi- 
cieuse application  dn  nom  de  Telmedonia,  qu'on  rencontre 
dans  la  légende  de  Saint-Pol-de- Léon  y  en  y  reconnaissant 
le  nom  primitif  de  la  contrée  qui»  dégagé  de  son  aftixe  Plou, 
devient  celui  de  talmédeau,  qu'on  prononce  talmézeau, 
voici  le  texte  qui  s'y  rapporte.  On  lit  en  parlant  de  Saint- 
Pol  dans  cetie  légende  : 

u  Denique,  Patriam  quam  introierat  pcrlustrans,  devenît 
<i  ad  quamdam}  plebem  Pagi  Achmensis  (  le  pays  d'Àch  ) 
it  Telmedoniam  apellatum.  Ipse  vero  pagus  Domnonensii 
(1  Pagi  non  modica  pars  est...  ideo  gratias  agens  parvum 
n  oratorium  contruxit...  »  La  petite  paroisse  de  Lampaul- 
Ploudalmézeau  devient  ici  une  réminiscence  de  la  station 
de  l'apôtre  des  Léonais  dans  la  contrée.  On  est  surpris  que 
ces  circonstances  aient  échappé  aux  agiographes  bretons, 
Albert  Le  Grand  et  dom  Lobineaii. 

Mais  M.  Arzel,  ajoute  M.  le  président,  assigne  à  la  légende 
de  S.iint-Pol  un  âge  trop  reculé  en  Tattribuant  au  VP 
siècle  Les  savants  auteurs  de  Thisioire  littéraire  de  France 
ne  la  font  remonter  qu'au  XI'  siècle  Son  écrivain  anony- 
me, moine  d«  TAbbaye  de  Fleury,  près  d'Orléans,  où  les 
reliques  du  Saint  avaient  été  apportées  lors  de  l'invasion 
de  la  Bretagne  par  les  Normands,  avait  a  la  vérité  sous  les 
yeux   des  légendes  antérieures  composées  en  Bretagne, 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  6  — 

mais  elles  étaient  dans  ce  style  d'amplification  fastidieuse 
qui  ne  se  rencontre  que  depuis  les  XI*  et  X'  siècles. 
«  Hujus  sancti  viri  scripta  repui,  dit  Tauteur  de  notre  lé- 
«  gende,  sed  Bi  itannicà  garrulitate  ità  confusa  ut  legen- 
ii  tibus  fîunt  onerosa.  » 

On  a  aussi  attaché  plus  d'importance  qu'il  ne  méritait 
au  passage  précité  qui  place  le  pays  d*Ach  dans  la  Doro^ 
nonée  dont  il  ne  semble  pas  que  Tévéché  d'Occismor,  où 
siégeait  Saint-Pol,  ait  jamais  fait  partie.  Cette  erreur  peut 
s'expliquer  par  les  conquêtes  que  les  comtes  de  Léon  y 
avaient  faites  vers  le  XP  siècle  sur  le  territoire  Domnonéen. 
Au  Xir  siècle  ils  possédaient  encore  une  très- grande  par- 
tie du  diocèse  de  Tréguier»  comme  nous  l'apprenons  d'une 
enquête  citée  par  les  Bénédictins  auteurs  de  la  seconde 
histoire  de  Bretagne  (tome  i",  preuves  col.  887).  Les 
ducs  de  Bretagne  leur  arrachèrent  plus  tard  cette  proie 
sur  laquelle  ils  avaient  mis  la  main. 

M.  Flagelle  rappelle  que  Ploudalmézeau  confine  avec  la 
commune  de  Lanrivoaré  où  Ton  voit  ce  mystérieux  cime- 
tière sur  lequel  l'imagination  populaire  s'est  fort  exercée, 
et  dont  elle  a  fait  la  sépulture  de  sept  mille  sept-cent  soi- 
xante dix-sept  saints  inconnus.  Dans  le  petit  enclos  que  l'on 
montre  comme  étant  ce  champ  funéraire  ,  on  remarque 
quelques  pierres  rondes  comme  celles  du  cimetière  an- 
cien dont  parle  M.  Arzel.  Ces  pierres  sont  fort  communes 
sur  le  littoral  maritime.  On  conçoit  qu'elles  aient  pu  servir 
à  signaler  des  sépultures  dans  les  temps  anciens. 

M.  le  président  rappelle  que  ces  sortes  de  pierres  sont 
du  même  genre  que  celles  qu'on  a  nommé  des  Lee  h.  Don 
Pelletier  mentionne  le  mol  lech  dans  son  dictionnaire  bre- 
ton, avec  le  sens  de  pierre  qui  sert  à  couvrir. 

M.  le  Président  croit  devoir  faire  part  a  la  réunion  du 
programme  archéologique  du  Congrès  de  rAssociaiion  bre- 
tonne qui  s'ouvrira  h  Vannes  le  30  aoû'  prochain,  quoiqu'il 
ne  soit  pas  encore  publie  Comme  il  devra  étie  inséré  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  d'Archéologie,  lorsqu'il  aura  paru, 
on  se  bornera  a  faire  ici  mention  de  quelques  observations 
auxquelles  a  donné  lieu  cette  communication. 

La  question  5*  est  relative  aux  sépultures  antiques  qui 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  7  — 

sont  en  forme  de  puits.  Il  y  a  longtemps,  a  dit  M.  le  Pré- 
sident^ qu'elles  sont  connues.  L'attention  s*esl  portée  de 
nouveau  vers  ces  cavités  funéraires  à  la  suite  des  décou- 
vertes de  cette  nature  qui  ont  eit  lieu  depuis  un  certain 
nombre  d'années  dans  divers  départements  de  la  France 
et  assez  récemment  près  de  Guérande.  Parmi  ces  sépultures 
plusieurs  étaient  antérieures  à  l'ère  gallo-romaine  ;  d'autres 
appartenaient  à  la  période  de  ce  nom  ;  quelques-unes  of- 
fraient les  traces  de  plusieurs  inhumations,  d'autres  celles 
d'une  sépulture  unique. 

Sur  l'observation-de  M.  de  Montifault  que  des  puits  de 
ce  genre  ont  été  trouvés  dans  le  Finistère,  M.  Flagelle 
fait  connaître  que  plusieurs  de  ces  puits  sépulcraux 
ont  été  en  effet  rencontrés  dans  la  commune  du  Drennec, 
près  de  Lesneven.  Il  y  a  lieu  d'espérer  que  l'on  pourra  ob- 
tenir des  renseignements  précis  sur  cette  découverte  pour 
les  soumettre  au  Congrès  de  Vannes. 

Les  questions  de  géographie  historique  relatives  à  nos 
anciennes  cités  que  le  Congrès  de  Quimper  n'eut  pas  le 
loisir  d'aborder,  sont  reproduites  dans  le  programme.  Elles 
sont  posées  dans  les  termes  que  voici  :  «  Retracer  la  topo- 
«  graphie  des  cités  gallo-romaines  de  la  péninsule  Armo- 
«  ricaine.  Corisopitum  doit-il  être  compté  au  nombre  de 
cf  ces  cités  ?  Faut-il  admettre  que  son  territoire  ait  été 
«  aggrandi  aux  dépens  de  celui  des  Vénèies  ;  par  suite  de 
«  quelles  circonstances  le  territoire  des  Curiosolites  s'est- il 
te  fractionné  entre  quatre  sièges  épiscopaux  tandis  que  les 
u  autres  cités  auraient  gardé  leur  unité  dans  Tordre  des 
«  institutions  ecclésiadiiques  ?  n 

M.  le  Présidente  l'occasion  de  cette  question,  fait  con- 
naître que  la  publication  récente  des  mémoires  du  Congrès 
tenu  à  Saint-Brieuc  en  1872,  contient  une  noie  intéressante 
de  H  Longnon  sur  la  question  controversée  de  savor  si, 
dtois  le  texte  de  la  notice  des  cités,  il  faut  lire  Corisopitum 
ou  bif'n  Curiosolilum  II  y  est  établi  par  Tautorité  des  plus 
anciens  manuscrits  conservés  dans  la  Bibliothèque  natio- 
nale qu'il  faut  lire  Corisopitum,  c'est-a-din;  que  notre  ville 
départementale  était  avant  la  fin  de  la  période  gallo-ro- 
maine inscrite  parmi  les  cités  de  l'Empire. 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  8  — 

Je  vaig,  continue  M.  le  PréFÎdenl,  commettre  une 
indiscrétion  plus  grave  que  celle  de  vous  faire  part 
du  programme  archéologique  du  Congrès  de  Vannes^ 
en  vous  initiant  à  un  travail  de  M.  l'abbé  Abgrall, 
professeur  an  petit  séminaire  de  Pont-Croix,  sur  la 
belle  église  anciennement  collégiale  de  ce  lieu.  Il  voulut 
bien  décrire  à  ma  prière  pendant  ses  vacances,  Tédifice 
qui  en  est  l'objet,  pour  qu'il  put  servir  de  réponse  à 
Tune  des  questions  les  plus  intéressantes  soumises  au  Con« 
grès  de  Quimper.  Si  satisfaisante  que  paraisse  cette  étude^ 
Tauteur  songe  à  la  revoir.  Je  ne  puis  pourtant  me  rési- 
gner à  la  lui  transmettre  sans  que  vous  en  ayez  pris  un 
aperçu.  Cette  communication,  en  appelant  de  nouveau 
Tattention  sur  un  remarquable  édifice,  ne  fera  qu'accroître 
rintérét  qui  s'y  rattache.  M.  Abgrall  voudra  bien  me 
pardonner.  Vous  savez  que  le  temps  manqua  pour  que  ce 
mémoire  put  être  lu  au  Congrès.  Si  Fauteur,  comme  il  en 
a  manifesté  la  pensée,  adresse  son  travail  à  la  Société, 
elle  sera  heureuse  de  lui  donner  place  in-extenso  dans  son 
Bulletin. 

L'église  de  Pont-Croix  appartient  à  diverses  époques  de 
Tart;  sa  tour  centrale  et  sa  flèche  qui  a  servi  dé  type  aux 
flèches  dont  nous  avons  vu  couronner  notre  cathédrale, 
sont,  ainsi  que  son  riche  porche  méridional,  des  produc- 
tions de  la  période  ogivale  ;  ce  même  caractère  se  ren- 
contre dans  son  transept,  c'est  aussi  le  seul  qui  frappe 
dans  son  extérieur.  Mais  le  vaisseau  intérieur  présente 
l'idée  générale  d'une  construction  romane  par  les  pleins 
cintres  des  arcatures  de  sa  nef,  de  son  chœur  et  des  colla- 
téraux Cependant  on  y  remarque  en  même  temps  des  traits 
de  l'architecture  ogivale  ;  ils  sont  frappants  dans  les  fais- 
ceaux de  moulures  qui  dominent  les  arcatures  et  dans  celles 
qui  après  en  avoir  décore  Tintrados  viennent  s'encorbeller 
en  becs  d'arrosoir  sur  le  tailloir  des  chapiteaux  Ils  ne  tout 
pas  moins  accusés  dans  les  supports  de  ces  mêmes  arcn» 
tures,  qui  sont  des  fûts  cylindriques  avec  agroupement  de 
colonneties  ou  des  fûts  a  plan  quadrilobe.  A  quelle  époque 
fdut-il  rapporter  ce  mélange  du  style  roman  et  du  style 
ogival,  qui  annonce  la  fin  du  premier  et  les  progrès  du 
second  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


n  y  a  vhig(-8ept  ansqne  H.  de  la  Monneraie,  dans  un 
mémoire  remarquable  sur  l'architecture  religieuse  en  Bre- 
tagne, confessait  son  embarras  pour  déterminer  le  style 
caractéristique  de  l'église  de  Pont-Croix.  Il  l'attribuait  à  une 
époque  avancée  de  la  transiiiôn.et  lui  assignait  la  date  ap- 
proximative de  la  moitié  du  XII* siècle.  M.  Abgrall  a^éloigne 
peu  de  cette  appréciation  ;  mais  il  n'hésite  pas  à  classer 
cet  édifice  parmi  les  œuvres  du  style  roman-  Attendons 
que  BOtre  jeune  et  judicieux  confrère  nous  occupe  de 
nouveau  de  ce  même  sujet  pour  nous  former  une  opinion 
que  peuvent  en  effet  justifier  les  études  accomplies  depuis 
ces  trente  dernières  années  sur  les  monumonts  du  moyen 
âge,  notamment  celles  auxquelles  s'est  livré  le  savant  ar- 
chitecte M.  Viollet-Leduc^  M.  Abgrall  aura  le  loisir  de  nous 
signaler  les  emprunts  qui  ont  été  faits  aux  formes  de  la 
collégiale  de  Pont* Croix,  dont  on  rencontre  des  réminis- 
cences dans  nombre  d'églises  ou  chapelles  du  cap  SizuQet 
du  cap  Gavai. 

M.  de  Hontifauh  a  remarqué  dans  l'église  de  Notre-Dame 
d'Epinal  dans  les  Vosges,  un  mélange  d'architecture  ro- 
mane et  ogivale  qui  lui  a  rappelé  l'église  de  Pont-Croix.  Il 
regarde  aussi,  malgré  les  moulures  qui  ornent  Ie3  cintres^ 
la  colonnade  de  la  nef  plutôt  comme  romane  que  comme 
appartenant  au  style  de  transition. 

M.  Flagelle  soumet  à  la  réunion,  :  1"^  Un  relevé  des  dé- 
bornements  du  Parc  en  pierres  sèches  qui  renferme  les 
ruines  du  château  de  Coëtioc'h  et  la  forêt  domaniale  du 
même  nom,  dans  la  commune  de  Scaér  ; 

S""  Copie  du  tarif  des  droitô  seigneuriaux  qui  étaient 
perçus  avant  1790  sur  les  foires  et  marchés  de    Plouescat. 

La  société  est  d'avis  que  la  première  de  ces  communica- 
tions soit  insérée  au  procès-verbal  avec  mention  des  obser- 
vations auxquelles  elle  a  donné  lieu,  et  que  la  seconde  soit 
donnée  a  la  suite  dans  le  bulletin. 

Les  ducs  de  Bretagne,  indépendamment  des  mouvanet^s 
qui  déuendaieni  de  leur  couronne  sur  un  nombi*e  coiisidé* 
rabie  des  paroisst^s  de  leurs  états,  possélaieiit  de  grandes 
seigneuries  ians  les  divers  régions,  ils  y  avaient  des  châ- 
teaux où  ils  séjournaient  en    parcourant  leur  dttcbé,  tels 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  10  ~ 

étaient  en  Cornoiiaille  les  domaines  de  Carnoèt«  près  de 
Quimperlé,  de  Goetloc*h,  de  Duault-Quélen»  près  de  Gallac, 
de  Buelgoël  et  de  Cliàteaulin.  On  sait  que  ces  résidences 
ducales  avaient  d«>s  parcs.  Jean  I*',  dit  Le  Roux,  flt  élever 
les  parcs  de  Cbâteaulin,  de  Carnoël  et  de  Duault.  Ils  devaient 
séparer  la  réserve  princière  des  terrains  plus  vastes  qui  étaient 
abandonnés  aux  vassaux.  Les  ducs  y  trouveraient  aussi  l'avan- 
tage de  chasse  bien  gardées* 

Pour  revenir  au  parc  de  Coelloc'h.  sa  superficie  de  312  hec- 
tares embrassait  dans  sa  clôture  en  pierres  sèches  affaissée 
depuis  par  le  défaut  d'entretien,  le  bois  connu  sous  le 
nom  de  Coetloch. 

Le  mur  de  ce  parc,  à  partir  de  la  croix  de  Saint-MicheU 
sur  la  route  de  Bannalec  à  Scaër,  se  dirige  vers  TEst.  Passant 
à  gauche  du  village  de  Ros  ar-bic,  il  s*avance  à  200  mèires, 
ouest,  du  vilbge  de  Kergroac*h-Squiriou,  revient  au  sud  sur 
un  parcours  égal,  puis  vers  Touest  pendant  un  espace  de  800 
mètres,  il  est  dans  celle  traverse  coupé  par  le  chemin  de 
grande  communication  au  village  de  la  Motte.  Ensuite,  au 
midi,  il  forme  It*  débornement  de  la  forêt  de  Coelloc'b  jusqu'au 
moulin  de  Kervegant.  Ce  mur  retourne  ensuite  vers  le  rlord 
pendant  une  longueur  de  1200  mètres.  Là,  il  forme  la  limite 
des  communes  de  Scaêr  et  de  Kernevel.  il  passe  200  mètres 
plus  loin  à  Goarem  Buzaré  et,  continuant  de  s'avancer  au 
nord  pendant  800  mètres,  il  se  dirige  jusqu'à  700  mètres  en- 
viron de  la  route  départementale  de  Rosporden  à  Scaêr,  sur 
les  dépendances  du  village  de  Kerbuzaré,  à  partir  de  ce  point 
il  s'avanre  vers  TEsl,  passe  au\  villages  de  Goarem-Huel  et 
Goa  rem -Richard,  traverse  le  chemin  des  Salles  qui  est  entre 
le  village  du  môme  nom  et  la  roule  départementale  de  Rospor- 
den;  poursuivant  alors  sa  direction  vers  Test  par  des  courtils 
du  village  de  Kerroué,  il  revient  à  la  croix  de  Saint-Michel. 


TABIFdes  droits  de  marchés  et  foires  de  Plouescat^  d'après  la 
table  en  cuivre  rouge  qui  se  voit  dans  la  mairie  de  la  même 
commune. 

Pancarte  dressée  conformément  à  l'arrêt  de  1758.  des  droits 
qui  se  perçoivent  aux  marchés  et  foires  de  Plouescat. 

Trente  sols  pour  chaque  douzaine  de  lin  vendu,  payable  par 
l'acheteur. 

Trois  deniers  par  paquet   ou  autrement  ce  qu'on  appelle 
dans  le  pays  torchée  de  lin. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  H  — 

Un  sol  par  chaque  cbeval,  de  toute  sorte  de  denrées  comme 
légumes,  choux,  porreaux,  oignons^  herbes,  fesses  >  pannet, 
el  autres  légumes. 

Deux  llards  pour  chaque  manquinée  des  mêmes  denrées. 

Cn  sol  des  Toires  de  Saint-Laurent  et  Saint-Luc  pour  cba* 
que  cheval,  vache  ou  cochon. 

Un  sol  aux  dites  foires  et  le  samedi  de  chaque  année,  pour 
chaque  marchand  de  fil  acbeptant,  porlan  crocq. 

Un  sol  k  la  foire  de  Saint-Luc  et  samedi  gras  pour  chaque 
poids  de  Téves. 

Tous  les  dits  droits  payables  par  l'achepleur. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demi. 

Le  Secrétaire, 

V.  DB    MONTIFAULT. 


ASSOCIATION    BRETONNE 


ARCHÉOLOGIE 


Profi^ramme   proposé  pour  le  Congrès   de  Vannes 
de  1874. 

IP  SECTION 

§  !•'.  —  Archéologie  proprement  dite. 

1 .  Signaler  et  décrire  les  grottes  ou  cavernes  où  Ton  a 
rencontré  des  armes,  instniiuenls  ou  débris,  annonçant 
qu'elles  servaient  à  rhabiiaiion  dans  les  temps  prêhisiori* 
.ques.  Faire  connaîue  ceux  de  ces  objels  qui  caractéri- 
sent celle  époque  primitive 

2  Monuments  mégalithiques  ou  celtiques.  Les  décou- 
vertes ou  observations  faites  depuis  une  quinzaine  d'an- 
nées ont-elles  fourni  quelques  lumières  nouvelles  sur  ces 
monuments,  et  à  quel  point  de  vue  tendent-elles  à  modifier 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  la- 
ies idées  qui  ressortaient  des  précédentes  études  ?  Que 
peut-on  induire,  sous  ce  rapport,  de  l'analogie  des  signes 
sculptés  sur  les  parois  de  quelques-uns  de  ces  monuments 
a^ec  des  signes  figurés  sur  des  monnaies  ou  poteries  gau- 
loises ? 

3.  A-t-on  signalé,  comme  pour  les  instruments  en  siler, 
des  lieux  de  fabrication  des  Celtœ  en  pierre  ?  Peut-on 
préciser  la  destination  des  CeltCBj  soit  en  pierre,  soit  en 
métal,  que  leur  exiguïté  n'a  pas  dû  permettre  d'utiliser, 
soit  comme  armes,  soit  comme  instruments  ? 

A,  A-t-on  découvert  des  cavités  ou  grottes  souterraines 
pratiquées  pour  y  cacher  des  objets  réputés  précieux,  ou 
servir  soit  de  lieu  de  retraite  ou  de  lieu  de  sépulture  ? 
Signaler  les  circonstances  propres  à  en  faire  connaître  la 
destination. 

5.  Faire  connaître  le  résultat  de  l'exploration  d'un  ou 
plusieurs  puits  contenant  diverses  sépultures,  découverts 
dans  les  environs  de  Guérande  (1). 

6  Connaît-on  en  Bretagne  d'autres  camps  que  celui  de 
Péran,  près  Saint-Brieuc,  dans  la  structure  desquels  on  ait 
employé  la  vitrification  ? 

7.  Rechercher  et  déci;ire  les  emplacements  fortifiés  qui 
offrent  le  caractère  des  oppidums  gaulois.  Ne  pourrait-on 
pas  reconnaître  quelqu'un  de  ceux  mentionnés  par  César 
dans  le  récit  de  son  expédition  contre  les  Venètes. 

8.  Voies,  camps  et  monumeets  de  l'époque  gallo-ro- 
maine. Signaler  les  découvertes  qui  se  rapportent  à  ces 
vestiges  de  l'antiquité. 

9.  Aviser  au  moyen  de  dresser,  'soit  une  carte  générale 
pour  la  Bretagne,  soit  des  cartes  départementales,  présen- 
tant le  réseau  des  voies  romaines  et  l'indication  des  camps 
et  monuments  du  même  âge. 

(1)  Voir  aux  tomes  XXX,  XXXIV  et  XXXVII  du  Bulletin  monumen- 
tal publié  par  M.  de  Caumont,  d'autres  exemplt^s  de  puits  sépulcraux. 
Le  preuiier  de  ces  volumes  présente  la  coupe  de  dix  de  ces  puits  ex- 
plorés de  1857  à  1861,  en  Vendée»  Loir-et-Cher,  Deux-Sèvres.  Loiret  et 
.§eJne4aférieure.  Le  deuxième  rend  compte  de  l'état  du  puits  funéraire 
de  Primelles  (Cher),  où  Ton  a  exhumé  des  vases  et  médailles  de  l'épo- 
que gallo-romaine. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  18  — 

10.  Présenter  une  cellection  complète  des  inscriptions 
romaines  découvertes  en  Bretagne  ,  avec  les  éclaircisse- 
ments que  Tétud'ï  ^épigrapbique  peut  y  ajouter. 

11.  Parmi  les  objets  d'antiquité  recueilli»  dans  ce  pays, 
signaler  ceux  qui  se  rapportent  au  culte  chrétien,  ou  ceux 
sur  lesquels  sont  figurés  des  signes  symboliques  de  ce 
culte.  Indiquer  autant  que  possible  l'époque  a  laquelle  ih 
appartiennent. 

§  2.  —  Histoire, 

12  Retracer  la  topographie  des  cités  gallo-romaines  de 
la  péninsule  armoricaine.  Corisopitum  doit- il  être  compté 
au  nombre  de  ces  cités  (1)?  Faut  il  admettre  que  son  ter- 
ritoire ait  été  agrandi  aux  dépens  de  celui  des  Venètes  ? 
Par  suite  de  quelles  circonstances  le  territoire  des  Gurio- 
solites  s'est-il  fractionné  entre  quatre  sièges  épiscopaux  (2)» 
tandis  que  les  autres  cités  auraient  gardé  leur  unité  dans 
l'ordre  des  institutions  ecclésiastiques. 


(l)Voir  dans  les  publications  toutes  nouvelles  du  Ck)ngrès  de  Saint- 
Brieuc  de  1872,  un  mémoire  de  M.Loa^non,  duquel  il  résulterait  que  sur 
les  vingt-cinq  manuscrits  de  la  Notice  des  Cites  existant  à  la  biblio- 
thèque nationale,  les  vingt  plus  anciens,  dont  un  du  Vie  siècle,  portent 
Corisopitum,  et  que  les  noms  Consutitum,  Consolitum,  Coriiolitum, 
Coriosàlitum  vel  Corisopicensium  qu'on  trouve  dans  les  autres  doivent 
être  attribuées  à  des  erreurs  de  copiste  plutôt  que  classées  comme  des 
variantes^  comme  Ta  fait  M.  Guérard. 

(2)  La  découverte  des  bornes  mUlières  de  Maèl-Carbaix  et  de  Eer- 
scao  est  aussi  assez  récente  pour  qu'il  soit  utile  d'en  faire  ici  mention. 

fo  La  borne  mutilée  de  Maêl-Carnaix ,  bourg  situé  à  deux  lieues  de 
Carhaix,  relevée  par  M.  le  commandant  Mowat,  porte  le  mot  Leug 
avec  un  chiffre  annonçant  que   la   numération    de  distance  avait  dû 

fartir  de  la  ville  de  Carhaix,  qu'on  regarde  généralement  comme  ayant 
té  le  chef-lieu  d'une  cité  gallo-romaine 

so  La  ligne  finale  de  l'inscription  de  la  borne  de  Kerscao,  contem- 
poraine de  Claude  I«r,  Tan  43  de  notre  ère ,  qui  avait  échappé  aux 
prérideutes  explorations  par  suite  des  rugorite^  de  la  pierre  et  des 
licheDS  dont  elle  était  couverte,  fut  reconnue,  il  y  a  deux  ans,  par 
M.  Le  Men,  archiviste  à  Quimper.  Elle  porte  Vorgan  M..  /*.  F///.  Cette 
distance  de  huit  mille  pas  romains  a  conduit  M.  Le  Men,  dans  le  sens 
de  la  voie,  à  un  oppidum  gaulois,  situé  |)rès  de  l'embouchure  de  l'A- 
bervrac'h,  au  nord  de  Brest,  qui  serait  ainsi  le  Vorganium  dénommé 
par  Plolémée,  comme  la  ville  des  Ossismiens  M.  Le  Men  a  fait  trans- 
porter eette  borne  au  Musée  archéologique  de  Quimper. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  14  — 

15.  Ce  qu'étaient  les  Eisits  de  Bretagne  au  quinzième 
siècle  Faire  connaître  Tordre  que  Ton  y  observait  par 
une  relation  du  Parlement  général  tenu  à  Vannes  en  1462. 

14  Faire  connaître  la  consistance  de  la  grande  seigneu- 
rie de  Lai^gouët  et  en  retracer  Thistorique. 

15.  R(^chercher  les  documents  relatifs  à  Thistoîre  du 
commerce  et  de  Tindustrie  en  Bretagne  aux  XV''  ei  XVI*^ 
siècles.  Faire  connaître  spécialement  ceux  qui  se  rappor- 
tent a  Thistoire  de  la  ville  de  Vannes  ou  du  pays  vannetais 

16  (Jubiles  sont,  parmi  les  pratiques  pieuses  gardées 
par  les  populations  breionnt'S,  celles  qui  se  rattachent 
a   Thisioire,   soit   civile,   soit   ecclésiastique  du   pays? 

17.  Anciennes  mesures  Recuellir  celles  qui  étaient 
propres  a  chaque  contrée.  Gonnaii-on  des  églises  où  Ton 
trouve  encore  des  étalons  de  mesures  a  blé  qu'il  était 
d*usage  d'y  déposer  ?  Quelle  était  la  destination  des 
pierres  creusées  en  augets  et  parfois  ajustées  sur  tourillons 
pour  faire  tourner  ces  augets  ?  Oes  pierres  qu'on  a  ren- 
contrées surtout  dans  des  cimetières  ne  s 'raient-elles  pas 
d'anciennes  mesures  à  blé  (1)  ? 

18  Signal$)r  dans  un  aperçu  général  des  richesses 
archéologiques  du  Musée  de  Vannes,  ceux  des  objets  de 
Tantiquiié  ou  du  moyen-àge  qui  méritent  principalement 
de  fixer  Tatteniion. 

19.  Quel  est  I  intérêt  des  collections  privées  existantes 
dans  la  ville  de  Vannes,  soit  au  point  de  vue  archéologique, 
soit  au  point  de  vue  de  1  étude  des  temps  préhistoriques  ? 

20.  Quelle  serait  Tutitité  d'une  bibliographie  bretonne  ou 
répertoire  contenant  une  indication  générale  des  publica- 
tions historiques  ou  archéologiques  relatives  aux  pays  ?  En 
présenter  un  plan. 

21 .  Examen  critique  des  travaux  concernant  Thistoire 
de  Bretagne  qui  ont  para  pendant  Tinierruplion  du  Con- 
grès de  TAssociation  Bretonne. 


(t)  Le  Musée  archéologique  de  Quimper  eu  contient  de  différentes 
formes^  recueillies  dans  les  environs. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  15  — 

Nota.  —  Ce  Programme  n'est  pas  exclusif  d* autres 
questions  qui  peuvent  être  proposées^  et,  aux  termes  du 
Règlement,  portées  aux  séances,  si  les  circonstances  le 
comportent,  après  avoir  été  soumises  à  Va^sentiment  du 
bureau  du  Congrès. 

L'un  des  jourt  de  la  session  devra  être  réservé  à 
V  excursion^  archéologique  qui  aurait  pour  objet  If  s  monu- 
ments les  plus  curieux  à  visiter,  soit  da  s  le  golfe  du 
Morbihan,  soit  sur  le  littoral  environnant. 


Ordre  du  jour  pour  la  séancp  du  samedi  25  juille  ,  à 
2  heures,  au  Musée  d^archcologie. 

1**  Vorganiuai  et  la  cité  des  Osismii,  par  M.  R.-F.  Le 
Men. 

2'  Noiice  sur  les  seigneuries  de  Trogoff  dsins  les 
évêchés  de  Treguierei  de  Léon,  par  M.  V.  de  Monii- 
fault. 

3*  Élude  sur  les  matières  bénéficiales  ;  en  quoi  les  usa- 
ges de  la  Bretagne  diiTèreni-ils  sous  ce  rapport  des  usages 
observés  en  France,  où  Ton  ne  connaissait  ni  rahernative, 
ni  le  concours,  par  M.  A.  de  Biois 

i°  Scrutin  sur  les  candidatures  de  MM.  de  Trogoff, 
Plateau,  Beaucourtet  Go\in,  Auguste. 

A  l'issue  de  la  séance,  visite  des  améliorations  ap- 
portées au  Musée  archéologique  depuis  la  dernière  réunion. 

Le  Président, 

A.  DE  Blois. 


Dons  offerts  au  Musée  départemental  d'arohéolosrie. 


M.  DB  Trogoff,  de  Goatalio,  en  Fouesnant. 

Une  urne  gauloise  brisée,  en  terre  rougeàtre,  ornée  de 
chevrons,  trouvée  dans  le  tumulusde  Goatalio,  en  Fouesnant, 
par  M.  de  Trogoff,  et  quelques  fragments  de  poteries  noires 
trouvés  dans  le  même  tumulus.  —  Hauteur  du  tomulus, 
5  mètres  ;  diamètre^  19  mètres. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  46  ~ 

M.  Durbst^Lbbeis,  avocat,  membre  de  la  Société. 

Une  paire  de  iandiers  ou  grands  chenets  en  fer  du  XVI* 
siècle. 


M.  DfJTAL,  vérificateur   des  domaines,  membre   de    la 
Société. 

Deux  opiits  bronzes  des  empereurs  Dioch'tien  et   Cons- 
tantin^le -Grand. 


M"*  veuve  Siowhet,  propriétaire. 

Un  moyen  bronze  de  l'empereur  Claude  P'. 


M.  Bigot,  père^  architecte   diocésain,  membre  de  la 
Société. 

Fragments  d'amphores  romaines  trouvés  dans  les  fonda- 
tions du  nouveau"  couvent  des  dames  Ursulines  de  Garhaix. 


U.  Mahé,  entrepreneur  à  Quimper. 

Un  petit  bronze  de  l'emperenr  Victorin,  trouvé  dans 
l'enclos  de  l'établissement  de  Sainte-Marie^  à  Quimper, 
dirigé  par  les  Frères  de  la  Doctrine  chrétienne.  Des  quan- 
tités de  tuiles  romaines  ont  été  trouvées  il  y  a  quelques  an- 
nées dans  le  même  enclos,  par  M.  Mahé. 


M.  MiRiE,  marchand  de  nouveautés,  à  Quimper. 

Un  Tatou  {Dasypus  mmimu^),  provenant   de  la  Pata^ 
gonie. 

(^ÀsuivreJ. 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE  DU  25  JUILLET  1874. 


Présidence    de    M.   A.  do    Blois. 
La  Séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

Etaient  présents  :  MM.  A.  de  Blois,  Surrault,  Malen, 
Moreau,  Flagella,  Hémon,  Prosper,  Audran,  Cormier,  Le 
Mon  et  de  Montifault,  secrétaire. 

M.  Surrault,  inspecteur  d'Académie  du  département  du 
Finistère,  demande  la  parole.  Il  remercie  en  termes  chaleu- 
reux la  Société  d'Archéologie  du  vote  unanlime  par  lequel 
il  a  été  élu  membre  de  la  Société.  Il  regrette  que  les  nom- 
breuses occupations  que  lui  imposent  ses  fonctions  pu- 
bliques,  et  son  inexpérience  sur  certaines  branches  de  Tar- 
chéologie  ne  lui  permettent  pas  d'être  un  membre  de  la 
Société  aussi  actif  et  aussi  utile  qu'il  le  désirerait,  mais  il 
fera  tous  ses  efforts  pour  seconder  les  études  de  la  Société 
dans  la  limite  de  ses  connaissances  archéologiques  et  du 
temps  que  lui  laisseront  ses  fonctions. 

M.  de  Blois,  président,  répond  qu'il  ne  peut  accepter 
sans  protestation,  ou  tout  au  moins  sans  de  considérables 
réservée  les  déclarations  par  trop  modestes  de  M.  l'Ins- 
pecteur d'Académie.  La  Société  a  été  heureuse  d'accueillir 
dans  son  sein,  par  un  vote  unanime,  un  homme  ayant  la 
science  et  la  position  qu'a  M.  Surrault.  Il  croit,  contraire- 
ment aux  déclarations  de  M.  l'Inspecteur  d'Académie,  qu'il 
sera  un  des  membres  les  plus  actifs  et  les  plus  utiles  de  la 
Société.  En  effet,  sans  que  cela  puisse  en  rien  nuire  à  ses 
importantes  fonctions,  la  position  même  qu'il  occupe  lui 
fournit  les  moyens  d'être  plus  utile  que  tout  autre  au  Musée 
départemental  et  aux  études  de  la  Société.  L'immense  per- 
sonnel qu'il  dirige  voyant  que  M.  le  Préfet  du  Finistère, 
Mgr.  l'évêque  de  Quimper  et  dé  Léon,  la  plupart  des  mem- 
bres du  Conseil  général  sont  membres  de  la  Société  et  l'en- 
couragent de  tous  leurs  efforts,  voyant  en  outre,  que  le 
fonctionnaire  supérieur  préposé  à  l'enseignement  dans  le 
département,  s'occupe  avec  intérêt  d'une  branche  de  la 
science  qui  est  appelée  à  faire  progresser  l'histoire,  se 
mettra  à  la  disposition  de  son  chef.  En  faisant  ses  tour- 
nées et  ses  inspections,  M.  Surrault  pourra  recommander 
à  ses  subordonnés  de  le  tenir  au  courant  des  découvertes 

soc.  AKCHÊOL.  DU  FIIflSTJCRE.  2 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  18  - 

qui  seront  faites  dans  chaque  commune  en  indiquant  les 
lieux,  les  objets,  tes  noms  des  personnes. 

Le  Président  se  faisant  Vinterprcte  de  tous  ses  collègues 
remercie  donc  M.  Ilnspecieur  de  son  précieux  concours, 
et  croit  pouvoir  affirmer  que  M.  Surrault  sera  non-seule- 
ment un  zélé  coopératcur,  mais  encore  que  le  Musée  dé- 
partemental et  la  Société  Archéologique  trouveront  en  lui 
un  des  membres  les  plus  utiles  et  ayant  entre  ses  mains 
les  plus  puissants  moyens  d'action. 

Il  est  ensuite  procédé  aux  votes  sur  les  candidatures  de  : 
MM.  de  Trogoflf.  —  Plateau,  —  Beaucourt  et  Govin,  Au- 
guste. 

Ces  quatre  candidats  sont  admis  à  Tunanimité. 

M  le  Président  donne  la  parole  à  M.  R-F.  Le  Men  pour 
son  travail  sur  Vorganium  et  la  cité  des  Osismii,  inscrit 
en  tète  de  Tordre  du  jour  de  la  séance. 

VORGANIUM,  VORGIUM 


LA    CITÉ     DES    OSISMII 

(lll«    LTONIIAISE.) 


L 

Le  géographe  Ptolémée  ,  dans  sa  Description  des  Gaules ^ 
mentionne  parmi  les  peuples  qui  occupaient  le  h'itoral  com- 
pris enire  la  Seine  et  TOcéan  ,  les  Osismii^  auxquels  il  donne 
pour  capitale  la  ville  de  Vorganium. 

Les  géographes  modernes  sont  loin  d'être  d'accord  sur  la 
situation  de  cette  capitale,  ils  Font,  en  effet  ,  snceessivenient 
placée  à  Guingamp,  à  Tréguier,  à  Yesmes  ,  en  Normandiie,  à 
Coz-Gueodel,  à  Sainl-Pol-deLéon  .  et  enfin  à  Carhaix(l). 
Cette  dernière  opinion,  qui  est  celle  de  d'Anvilie,  a  été  adoptée 

(1)  M.  Bizeul  a  donné  dans  le  4^  vol.  du  Bulletin  Archéologique  de 
FAssociation  bretonne,  une  nomenclature  complète  des  localités  qui  ont 
été  assimilées  à  Vorganium* 


Digitized  by  VjOOQIC  • 


—  19  - 

parla  plupart  des  érudits  qui  se  sont  occupés  de  la  géogra- 
phie de  la  \\l^  Lyonnaise  ,  et  notammepl  dans  ces  dernières 
années  par  la  Commission  de  la  topographie  des  Gaules.  La 
situation  topographique  de  la  ville  de  Carbaix,  et  Texislence 
de  nombreux  vestiges  romains  dans  cette  localité,  rendaient 
cette  opinion  fort  plausible.  Elle  n'était  cependant  en  réalité 
pas  mieux  fondée  que  les  autres,  et  le  monument  qui  devait 
en  fournir  la  preuve  «  existait  négligé  et  presque  inconnu  à 
quelques  lieues  de  la  ville  même  de  Carhaix. 

En  1837,  dans  les  notes  de  son  édition  des  Vies  des  Saints 
de  Bretagne  par  Albert  Le  Grand  (1),  M.  Miorcec  de  Kerdanet, 
avait  le  premier,  signalé  Texistence ,  sur  le  bord  d'une  voie 
romaine,  vis  à- vis  du  village  de  Kerscao  ,  en  la  commune  de 
Kernilis  (2),  d'une  borne  militaire  sur  laquelle  il  avait  lu  les 
mots  CLAVDl  VSl  FILU  AB\  ,  c'est-à-dire  :  Autçl  de  Clau- 
dius .  fils  de  Drusus,  «  Or,  ce  Claude,  ajoutait  M.  de  Ker- 
danet, est  Tempereur  Claude  (3).  lui-même,  auquel,  après  sa 
grande  victoire  dans  rîlo  de  Bretagne,  l'an  47  de  J. -G.,  les 
simples  laboureurs  érigèrent  partout  des  autels,  ainsi  que  l'ap- 
prend Sénèque.  » 

Deux  ans  pins  tard  un  investigateur  ardent  à  la  recherche 
des  aniiquilés  du  pays,  M.  Sébastien  Guiaslrennec,  deLan- 
derneau,  s'occupa  à  son  tour  du  même  monument.  La  notice 
qu'il  rédigea  et  qui  fut  insérée  dans  un  numéro  du  journal  le 
Courrier  de  Brest,  portant  la  date  du  H  août  1842  C4),  se 
fait  remarquer  par  une  scrupuleuse  précision  dans  les  dé* 
tails.  Suivant  lui  la  forme  de  la  pierre  ne  peut  laisser  aucun 
doute  sur  sa  destination  primitive  ;  il  constate,  comme  M.  de 
Kerdanet  l'avait  déjà  avancé,  que  celle  colonne  milliaire  se 
trouve  ptacée  dans  la  direction  d'une  voie  romaine,, qui,  de 
Carhaix,  s'avançait  vers  Landivisiau  ,  traversait  la  commune 
de  Plounéventer,  le  plateau  de  Kérilien,  où  giseut  les  débris 
d'un  établissement  romain  considérable,  puis  se  prolongeant 
vers  l'église  du  Folgcët,  devait  aboutir  de  là,  en  droite  ligne, 
sur  un  point  de  la  côte  aux  environs  du  bourg  de  Plouguer- 
neau.  Quant  i  l'inscription  gravée  sur   la  pierre  dont  M.  de 


(1)  In-4o  ;  Brest,  Anner  et  fils,  p.  32. 

(2)  Canton  de  Phbennec,  arrondissement  de  Brest  (Finistère). 

f8)  Claudel,  fils  de  Néron  Drusus  et  d'Autonia,  né  en  Tan  10  avant 
J.-C.  On  croit  qu*il  fut  empoisonné  par  sa  femme  Agrippine,  l'an  54 
de  notre  ère. 

(4)  J'emprunte  tous  les  détails  relatifs  au  mémoire  de  M.  Guiastren- 
nec,  au  travail  de  M.  Denis-Lagarde,  dont  U  sera  parlé  ci-après. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  20  — 

Kerdanet  avait  le  premier  révélé  rexislence,  voici  comment  il 
eo  établissait  le  texte  : 

LAVDl 

VSI  FILI 

ESARAV 

ERMANIC 

FEX  MS 

ICIA 

PATE 

GNATS 

IV 

et  il  en  donnait  rinterprétation  qui  suit  :  Claudius  Drusi 
filius  Cœsar  Augustus  Germanicus,  pontifex  maximus^  Tribu- 
nitia  potestate  designatus  JIJJj  leucie  (leugae)  IV. 

Il  est  probable  que  cette  lecture  parut  à  M.  de  Kerdanet 
plus  correcte  que  celle  qu'il  avait  publiée  en  1837,  car  il  re- 
produisit presque  littéralement  dans  sa  Nouvelle  Notice  sur 
N.-D,  du  Folgoët  imprimée  en  1843  (1),  le  texte  donné  par 
M.  Guiastrennec.  Il  eut  cependant  le  bon  esprit  de  supprimer 
à  la  An  de  rinterprétation  -de  ce  texte  les  mots  leucie  IV,  La 
borne  de  Kerscao  qui  porte  le  nom  de  l'empereur  Claude  I, 
est  en  effet  un  monument  du  l^^^  siècle  de  noire  ère.  Or,  ce  ne 
fut  qu'au  m»  siècle,  que  Ton  commença  de  se  servir  de  la 
lieue  gauloise  pour  marquer  les  distances,  dans  la  partie  de  la 
Gaule  qui  comprenait  la  troisième  Lyonnaise.  La  mesure 
itinéraire  dont  on  avait  fait  usage  pendant  les  deux  premiers 
sièclesi  était  le  mille  romain,  dont  la  longueur  équivalait  à 
1481  mètres  environ. 

En  1863,  M.  Denis-Lagarde,  numismatisle  distingué  de 
Brest,  fit  de  cette  inscription  une  étude  consciencieuse,  qu*il 
publia  dans  le  T.  IV  du  Bulletin  de  la  Société  Académique  de 
cette  ville.  L'auteur  de  ce  travail  fait  d*abord  un  historique 
aussi  complet  que  possible  de  la  colonne  itinéraire  de  Kerscao, 
et  en  donne  une  description  détaillée.  Ensuite^  après  avoir 
constaté  que  Tinscription  se  compose  de  neuf  lignes  dont  la 
dernière  doit  renfermer  le  nom  d'une  ville  et  le  chiffre  de  la 
distance  de  la  borne  à  cette  localité,  il  en  reproduit  de  la  ma- 


(1)  Ia-80  ;  Brest,  Lefournicr  aîné,  p.  39.  —  Voici  le  texte  de  M.  de 
Kerdannet  :  LAVD  VSI  FILI  ESAR  AVG  ERMANIC  FE  HS  ICIA  PATE 
GNATS  IV. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  21   — 


niëre  suivante  le  texte  telqtiMI  a  pu  le  déchiffrer  sur  les  lieuxy 
après  une  élude  attentive  et  prolongée. 


LAVDIVS 
VSI  FILIV 
ESAR  AV 
NIC  .  .  . 
FEXMA  . 


.  .    P . 

GNATVS ....... 

A..MP..V (1) 


M.  Denis-Lagarde  Tait  suivre  cette  lecture  d'un  examen 
critique  des  textes  publiés  par  ses  devanciers  MM.  deKerdann^t 
et  Guiastrennec,  textes  dont  il  n'a  pas  de  peine  à  établir  Tin- 
correction*  et  après  une  étude  comparée  de  plusieurs  inscrip- 
tions relevées  dans  diverses  parties  de  la  France,  sur  des 
bprnes  milliaires  de  Fempereur  Claude  J.  il  conclut  que  la 
colonne  itinéraire  de  Kerscao  a  dû  être  élevée  Tannée  qui 
pi*écéda  le  quatrième  consulat  de  cet  empereur,  date  qui  corres- 
pond à  Tan  46  de  J.-C,  et  propose  la  restitution  suivante  de 
rinscription  qui  y  est  gravée. 

Tl  CLAVDIVS 
DRVSI  FILIVS 
CAESAR  AVG 
GERMANIC  PON 
TlFEx    MAX   TRIB 

POTKST  VI  jMP 

XI  PP  COSJll  DE 

SIGNATVS  m 

.  .  A  .  .  .MPV.  . 

L'auteur  termine  son  travail  par  les  réflexions  suivantes  : 
«  Arrivé  au  terme  de  la  tâche  que  nous  nous  étions  pro- 
posée, nous  sera-t-il  permis  d'exprimer  un  vœu  que  nous 
recommandons  à  ceux  qui  ont  à  cœur  la  conservation  dans 
leur  intégrité  des  monuments  antiques?  La  place  de  celui-ci, 
alors  même  que  ses  dimensions  n'y  feraient  pas  obstacle,  n'est 
pas  dans  un  musée.  Il  est  mieux  qu'il  demeure  aux  lieux 
mêmes  où  déjà  il  a  vu  s'écouler  tant  de  siècles,  sur  le  bord 


(1)  11  y  a  dans  ce  texte  de  M.  Deois-Lagarde  plusieurs  lettres  liées. 
Ce  sont  :  MA  dans  la  5»  ligne  ;  ATV  dans  la  8«y  et  MP  dans  la  9*. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  22  - 

de  celte  voie  <)ont  il  marque  sans  aucun  doute  Tune  des 
dernières  étapes.  Qu'il  y  reste  donc  comme  un  témoin  non 
équi\oque  du  passé,  comme  un  jalon  qu'il  ne  faut  pas 
abattre  ou  déplacer,  au  préjudice  de  ceiix  qui  poursuivront 
l'étude  des  voies  romaines  sur  le  sol  de  rextreme  Àrmorique  ; 
mais  rendons  tuile  symbole  (i)  sous  la  protection  duquel  il 
a  échappé  déjà  aux  chances  si  nombrèuises  de  destruction 
qui  rentouraient  ;  quand  les  populations  rurales  y  verront 
de  nouveau  briller  la  croix,  elles  se  signeront  avec  fespect, 
devant  le  vieux  monument,  et  à  Tabri  du  symbole  chrétien, 
celui-ci  bravera  encore  bien  des  orages.  » 

IL 

Dans  son  examen  critique  des  textes  publiés  par  MM.  de 
Kerdanet  et  Guiastrennec,  M .  Denis-Lagarde  fait  observer  que 
l'espace  qui  avait  dû  être  autrefois  occupé  par  la  sixième  ligne 
de  I  inscription  dn  la  borne  de  Kerscao,  était,  à  Tépoque  où 
il  étudia  ce  monument,  entièrement  fruste,  et  qu'il  n'y  avait 
distingué  aucune  ti*ace  de  caractères.  «  Il  en  est.  ajoute-t-il, 
à  peu  près  de  même  de  la  septième  ligne,  où  la  lettre  P  est 
seule  restée  apparente.  »  Quant  à  la  neuvième  et  dernière 
ligne  de  l'inscription,  voici  ce  qu'il  en  dit  :  «  Nous  avons  pu 
y  reconnaître  sans  hésitation  possible,  la  présence  d*^  la  lettre 
A,  qui,  nous  en  avons  la  conviction,  entrait  dans  la  com- 
position du  nom  de  la  ville  dont  la  borne  avait  pour  but 
d'indiquer  la  distance.  Quel  était  ce  nom?  La  piei*re  ne  nous 
a  pas  révélé  son  secret,  et  nous  ci*aignons  bien  qu'il  ne  le 
garde  éternellement.  » 

Les  doutes  exprimés  d'une  manière  aussi  formelle  par  un 
homme  aussi  compétent  que  Tétait  M.  Denis-Lagarde,  sur  la 
possibilité  de  lire  quelques-unes  des  lignes  de  l'inscription, 
notamment  la  dernière,  qui  renfermait  un  problème  dont  la 
solution  pouvait  être  d'une  extrême  importance  au  point  de 
vue  de  la  géographie  de  la  IIl»  Lyonnaise,  n'étaient  pas  de 
nature  à  encourager  les  archéologues  à  tenter  un  nouvel  essai 
de  déchiffrement.  Je  ne  désespérai  pas  cependant  de  pénétrer 
le  mystère  que  cachait  la  borne  de  Kerscao,  et  au  mois  de 
septembre  1865,  muni  de  papier  non  collé,  pour  prendre 
un  estampage  de  l'inscription,  je  me  rendis  sur  les  lieux  afin 
de  faire  uue  étude  attentive  du  monument. 

Ma  première  remarque  lorsque  je  me  trouvai  en  présence 
de  la  horne,  fut  que  plusieurs  lettres  de  l'inscription  avaient 


(1)  Cette  borne  était  autrefois  surmontée  d'une  croix  de  pierre  dont 
les  débris  se  voient  tout  auprès  dans  la  douve. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  23  ^ 

échappé  à  l'allehlion  de  M.  Deois  Lagarde.  Ainsi,  dans  la 
sixième  ligne  qui  avait  paru  entièrement  friisle  à  cel  obser- 
vateur, les  lettres  ICIA,  fia  du  mot  TRIBVNICU,  qui  du  reste 
avaient  déjà  été  relevées  par  MM.  Guîaslrennec  et  de  Ker- 
dantt,  se  lisaient  très-distinctement.  De  même  on  distinguait 
sans  peine  dans  la  septième  ligne,  le  chiffre  XI,  indicatif  de 
la  onzième  victoire  de  l'empereur  Claude  I.  Malheureusement 
j'avais  employé  ce  jour  là  à  l'examen  de  divers  monuments, 
une  grande  partie  du  temps  que  je  devais  consacrer  à  l'étude 
de  la  borne  de  Kerscao.  Il  me  fut  donc  impossible  de  l'étudier 
d'une  manière  sérieuse,  et  je  dus  me  contenter  de  prendre 
de  l'inscription  un  estampage  auquel  je  donnai  tous  mes 
soins,  mais  qui  cependant  réussit  assez  mal.  En  effet  le  soleil 
étant  très  ardent  pendant  l'opération,  le  papier  sécha  trop 
rapidement,  et  éprouva  un  retrait  fort  préjudiciable  à  la  net- 
teté de  l'empreinte. 

Malgré  ce  léger  mécompte,  j'eus  la  satisfaction  en  étudiant 
mon  estampage  sur  ses  deux  faces,  et  en  l'exposant  à  toutes 
les  lumières,  d'y  découvrir  de  nombreuses  lettres  qui  ne  figu- 
rent pas  dans  le  texte  publié  par  M.  Denis-Lagarde.  La  der- 
nière ligne  dd  l'inscription,  fut  pour  moi  l'objet  d'une  étude 
toute  particulière,  et  je  fus  singulièrement  surpris  lorsque  je 
crus  y  distinguer  les  caractères  suivants  : 


.GAN  MP  V. 


Le  nom  de  VORGAN,  abréviation  de  VORGANIVM,  me 
vient  aussitôt  à  l'esprit,  et  il  me  parut  que  celte  ligne  pouvait 
être  ainsi  restituée  : 

(A)  VORGAN   (10)  M  (ILLIA)  P  {ASSVVM)  V.... 

Cependant  la  situation  de  Vorganium  à  Carhaix  me  sem- 
blait être  si  solidement  établie^  qu'avant  de  faice  part  de  mes 
conjectures  à  qui  que  ce  soit,  je  résolus  d'étudier  de  nouveau 
sur  place  la  borne  de  Kerscao.  Les  circonstances  ne  m'ayanl 
pas  permis  de  mettre  mon  dessein  à  exécution,  je  songeai  à  la 
possibilité  de  faire  transporter  ce  monument  au  musée  dépar- 
temental du  Finistère,  à  Quimper,  où  il  seruil  à  l'abri  des 
mille  causes  de  destruction  auxquelles  il  avait  jusqu'alors 
échappé  comme  par  miracle.  En  effet,  outre  que  rien  n'eut  été 
plus  facile  que  de  le  transformer  en  macadam,  comme  on  l'a 
tait  pour  tant  d'autres  bornes  romaines,  sa  forme  et  ses  di- 
mensions permettaient  d'en  faire  une  fort  belle  ange,  et  je 
m'étonne  que  les  cultivateurs  du  voisinage  n'y  aient  pas  songé, 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  24  - 

car  tel  a  été  dans  d'autres  parties  de  la  Bretagne  le  sort  de 
plusieurs  monuments  de  même  nature. 

Je  priai  donc  M.  de  Blois,  vice  président  de  la  commission 
archéologique  du  Finistère,  de  vouloir  bien  demander  h  M.  le 
préfet  Tautorisation  de  faire  transporter  au  musée  départemen- 
tal, la  colopne  itinéraire  de  Kerscao.  M.  Pihoret,  qui  ne  se 
lasse  pas  d'encourager  les  efforts  de  la  commission  d'archéo- 
logie«  et  dont  la  sollicitude  pour  Taccroissemenl  de  notre 
musée  ne  s'est  pas  un  instant  démentie,  s'empressa  de  nous 
accorder  notre  demande,  et  chargea  du  soin  d'extraire  et 
d'expédier  la  borne  à  Quimper,  par  le  chemin  de  fer, 
M.  Labasque,  agent-voyer  des  chemins  vicinaux  de  l'arron- 
dissement de  Brest.  Des  instructions  furent  transmises  en 
même  temps  à  ce  fonctionnaire  pour  éviter  les  accidents  qui 
pouvaient  sqrvenir  pendant  l'opération.  On  lui  recommanda, 
entre  autres  choses,  d'entourer  la  pierre  d'épaisses  torsades  de 
paille,  pour  garantir  l'inscription,  et  d'éviter  dans  le  déchaus- 
sement de  la  borne,  le  contact  des  instruments  de  fer  avec  le 
monument.  On  le  pria  en  outre  de  planter  à  la  place  du  mil- 
liaire  romain,  une  borne  nouvelle,  sur  laqtielle  une  inscrip- 
tion, indiquant  le  transfert  de  la  première  au  musée  départe- 
mental,  serait  gravée  ultérieurement  (1). 

M.  Labasque  s'acquitta  de  sa  mission  avec  un  soin  et  une 
intelligence  au-dessus  de  tout  éloge.  Le  3  janvier  1873,  la 
colonne  itinéraire  de  Tempereur  Claude  I  fut  extraite  du  lieu 
où  elle  réposait  depuis  tant  de  siècles.  Ne  jugeant  pas  l'enve- 
loppe de  paille  suiflsante  po^ur  protéger  le  monument, 
M.  Labasque  crut  devoir  l'entourer  d'une  enveloppe  de  fortes 
planches.  Il  le  fit  ensuite  transporter  à  Brest  sous  l'escorte  de 
trois  hommes,  qu'il  avait  jugé  prudent  d'adjoindre  au  char- 
retier chargé  du  transport,  et  présida  lui-même  le  lendemain, 
à  la  gare  de  cette  ville  à  l'opération  du  chargement  de  la 
pierre  sur  un  wagon.  Le  4  janvier  elle  arriva  à  Quimper,  sans 
avoir  éprouvé  dans  le  voyage  le  plus  léger  accident,  et  je  la 
fis  placer,  le  jour  suivant,  dans  la  salle  du  musée  départemen- 
tal destinée  à  recevoir  les  antiquités  gallo-romaines,  où  les 
archéologues  pourront  l'étudier  à  loisir. 

III. 

La  borne  milliairc  de  Kerscao  est  formée  d'un  bloc  de  granit 
de  l'Aber,  du  poids  de  2,070  kilogrammes.  Celte  pierre, 
extrêmement  dure  ,  est  susceptible  d'acquérir  un  beau  poli, 


(1)  Voici  un  texte  qui  pourrait  convenir  pour  cette  inscription  : 
Erigée  sur  Vemplacement  d'un  milliaire  romain  transféré  au  musée 
de  Quimper,  par  M»  Pihoret,  préfet  du  Finistère ^  1873. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  28  - 

comme  on  peut  le  voii*  par  le  soubassemeot  de  l'obélisque  de 
Louqsor,  à  Paris,  qui  provient  des  carrières  de  TAber-lldut,  et 
par  celui  de  la  statue  de  laênnec,  à  Quimper,  qui  a  la  même 
provenance.  Elle  est  remplie  de  cristaux  de  quariz  qui  en 
rendent  la  taille  très-difficile.  La  forme  du  monument  est 
celle  d'une  pyramide  tronquée  à  angles  arrondis,  il  mesure 
en  hauteur  i  m.  85  ;  son  épaisseur  à  la  base  est  de  0  m.  75 
et  0  m.  70  ;  son  épaisseur  au  sommet  de  0  m.  65  et  0  m.  66. 
Sa  hauteur  au-dessus  du  chemin  était  de  1  m.  34,  et  sa  pro- 
fondeur  en  terre  de  0  m.  51.  La  partie  enfouie  est  taillée 
colnme  celle  qui  était  au-dessus  du  sol.  Les  quatre  faces  de  la 
pierre  sont  piquées  avec  soin,  mais  les  angles  ont  été  assez 
grossièrement  abattus  ,  de  sorte  qu'il  s'y  trouve  de  nom- 
breuses inégalités  et  même  des  cavités  assez  profondes.  11  en 
résulte  crue  les  lettres  qui  ont  été  gravées  sur  les  angles,  sont 
moins  régulières  et  moins  distinctes  que  celles  que  l'on  re- 
marque sur  la  partie  plane  du  monument. 

Mon  premier  soin  après  avoir  placé  la  borne  dans  la  partie 
du  Musée  on  le  jour  lui  était  le  plus  favorable,  fut  de  faire 
une  étude  attentive  de  l'inscription  ,  et  principalement  delà 
neuvième  ligne.  Non-seulement  j'y  retrouvais  les  caractères 

ue  j'avais  relevés  sur  mon  estampage,  mais  j'y  lus  sans  dit- 

culté  la  ligne  entière  : 

VORGAN  MP  VllI. 

Dans  cette  ligne  les  lettres  OR  seules  sont  liées.  M  et  P 
(millia  passuum)^  forment  deux  caractères  distincts,  entre  les- 
quels,  après  avoir  débarrassé  la  pierre  des  lichens  qui  la  cou- 
vraient dans  quelques-unes  de  ses  parties,  j'ai  découvert  un 
trait  vertical  que  l'on  peut  prendre  pour  un  l,  si  on  ne  le 
conisidère  pas  comme  un  faux  trait  du  graveur. 

VORGAN,  commencement  de  la  forme  latine  du  nom  de  la 
capitale  des  Osismii  (1),  doit  en  représenter  assez  exacte- 
ment la  forme  gauloise.  Le  mot  morgant  signifie  en  gallois  le 
bord  de  la  mer  (i).  Aucune  dénomination  ne  pouvait  certes 
mieux  convenir  à  Vorganium^  placé  comme  une  sentinelle 
avancée  à  Textrême  pointe  de  TArmoiique,  entre  la  Manche 
et  l'Océan. 


(1)  Dans  les  inscriptions  des  bornes  milliaires  ,  les  localités  sont 
presque  toujours  désignées  par  les  premières  lettres  ou  par  les  pre- 
mières syllabes  de  leur  nom.  C'est  amsi  qu'on  lit  sur  des  milliaires  de 
Claude  I,  AVG  pour  Augvttmemetum,  AND  pour  Ândematunno,  etc. 

(2)  On  trouvera  plus  loin  des  détails  sur  *  Fétymologie  du  mot 
Morgan ,  en  composition  Vorgan. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  26  — 

Voici  r^nseroble  du  texle  de  i'inscriptiou  tel  qu'un  exàmen 
attentif  m'a  permis  de  le  relever.  Je  place  entre  parenthèses 
les  caractères  qui  ne  sont  plus  visibles  sur  la  pierre^  mais  que 
l'on  peut  restituer  facilemeni  : 

Tl  CLAVDIVS 

DRVSl  FILIVS 

CAESAR   AVG(VSTVS) 

GERMANICVS 

(PO)NTIFEX   (MAXIMVS) 

TRIBVNICIA     (PO)T(EST   V) 

IMP  XI  PPCoS  III 

Design  AT vs  iiii 

VORGAN  MP  Vm 

Dans  ce  texte  les  lettres  MA  de  Germanicus^  MA  de  Maxi- 
mus,  AT  de  Designalus,  et  OR  de  Vorgan  sont  liées.  La 
lettre  O  de  COS  est  inscrite  dans  le  C,  et  la  lettre  E  de 
DESIGNATVS  inscrite  dans  le  D.  Les  lettres  des  premières 
lignes  ont  7  centimètres  de  hauteur,  et  celles  des  dernières 
lignes  55  millimètres. 

Comme  l'avait  établi  M.  Denis-Lagarde  (1),  la  daledc  celte 
inscription  est  bien  l'an  46  après  Jésus-Christ,  année  qui  pré- 
céda le  quatrième  consulat  de  l'empereur  Claude  L 

Après  m'être  assuré  qu'il  n'y  avait  pas  d'erreur  dans  ma 
lectqre  et  que  la  neuvième  ligne  de  l'inscription  du  milliaire 
de  Claude  1  renrermait  bien  ie  nom  de  la  capitale  des 
Osismii,  si  laborieusement  et  si  longtemps  cherchée  par  les 
érudits,  je  fis  de  cette  ligne  un  estampage  que  je  m*empressai 
d'adresser  à  M.  le  président  de  la  Commission  de  la  topogra- 
phie des  Gaules,  dont  je  suis  correspondant  pour  le  dépar- 
tement du  Finistère.  Le  22  janvier  1873,  MM.  Anatole  de 
Barthélémy,  secrétaire,  et  Alexandre  Bertrand,  membre  de 
cette  commission,  m'écrivirent  que  ma  lecture  leur  avait 
paru,  ainsi  qu'à  leurs  collègues,  parfaitement  juste. 

M.  Mowat,  chef  d'escadron  au  10«  régiment  d'artillerie,  à 
qui  j'avais  (ait  part  de  ma  lecture,  dès  les  premiers  jours  de 
janvier  1873,  m'avait  déjà  écrit  à  la  date  du  9  du  même  mois  : 

«  J'avais  bien  une  espèce  de  pressentiment  que  cette  inscrip- 
«  lion  renfermait  le  secret  de  l'emplacement  de  Vorganium;  et 
«  cela  avant  de  connaître  le  résultat  de  votre  estampage.  Mais 
«  votre  première  lettre  confirmée  par  ce  que  vous  m'écrivez  de 

(1)  Voir  page  21. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  27  — 

«  nouveau.vous  assure  le  mérite,  )c  dirai  même  U  gloire  d'avoir 
«  retrouvé  la  capitale  des  Osismii. 

«  Prenez  donc  date  de  suile  en  publiant  le  résultat  de  vos 
«  recherches  avant  que  quelque  archéologue,  à  qui  vous  aurez 
«  Tacilité  Tétude  du  monument,  ne  vienne,  comme  le  ^eai,  se 
«  parer  des  plumes  du  paon,  et  vous  enlever  la  récompense  qui 
«  vous  revient  si  légitimement.  »(1; 

IV 

La  borne  de  Kerscao  était  placée  en  face  du  village  de  ce 
nom,  au  nord  du  chemin  de  grande  communication  n^  32  du 
Folgoët  à  Plougqerneau,  et  à  une  distance  de  7,483  mètres 
environ  du  clocher  de  cette  dernière  localité.  Il  y  avait  un  in- 
tervalle de  cinq  mètres  entre  son  angle  est  et  la  clôture  du 
champ  qui  forme  la  ligne  de  séparation  entre  la  commune  de 
Kernilis  et  celle  de  Guissény  ;  de  sorte  qu*avant  la  rectiOcation 
de  ce  chemin,  elle  se  trouvait  au  milieu  de  la  route.  Elle  était 
placée  de  telle  sorte  qu'elle  donnait  Torientation  du  lieu.  En 
effet,  ses  angles  eorrespondaient  exactement  aux  quatre  points 
cardinaux. 

La  voie  sur  le  bord  de  laquelle  se  trouvait  ce  milliaire  a  été 
mentionnée  depuis  longtemps  par  plusieurs  archéologues 
bretons,  notamment  parM.  Bizeul  à  la  an  de  Farticle  Carhaix 
de  la  nouvelle  édition  du  Dictionnaire  historique  de  Bretagne 
d'Ogée.  Mais  ce  savant  et  infatigable  investigateur  de  nos  an- 
tiquités, n'a  pas  eu  le  loisir  de  l'étudier  ni  de  la  suivre.  11  se 
borne  donc  dans  son  travaili  à  en  donner  le  tracé  qui  lui 
semble  le  plus  probable. 

Cette  voie  sortait  de  Carhaix,  ou  plutôt  traversait  cette  ville, 
pour  se  diriger  vers  la  pointe  de  Plouguerneau  ;  elle  suivait 
d'abord  à  peu  près  le  parcours  de  la  route  de  Morlaîx  jusqu'au 
chemin  vicinal  deBerrien.  Après  avoir  traversé  ce  bourg,  elle 
se  dirigeait  vers  Plonéour-Menez.  Elle  est  encore  bien  con- 
servée dans  plusieurs  points  entre  ces  deux  localités,  où  elle 
a  été  aussi  reconnue  par  M.  l'abbé  Poslic,  recteur  de  Plonévez- 
Porzay,  et  par  M.  Babezre  de  Lanlay,  garde  général  des  to- 
rets,  à  Landerneau.  Dans  ce  parcours,  elle  a  été  en  partie 

(i)  Depuis  Tannée  dernière,  M.  Mowat  a,  si  je  ne  me  trompe,  perdn 
le  souvemr  de  cette  lettre.  Quant  à  ma  découverte,  j'ai  lieu  oe  me 
féliciter  chaque  jour  d'avoir  pris  en  temps  utile  les  mesures  propres  à 
m'en  assurer  le  mérite.  Ces  précautions  n'ont  pas,  il  est  vrai,  empêché 
le  Gbai  de  Yorganium  de  se  montrer.  Mais  neureusement,  cette  fois, 
ce  n'est  pas  l'archéologie  qui  a  fourni  la  bête. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  28  — 

transformée  en  chemin  vicinal.  C'est  en  e&éciitanl  ces  Ira- 
vaux,  il  y  a  quelques  années,  que  l'on  a  découvert  une 
belle  statuette  romaine  en  bronze,  qui  se  trouve  aujourd'hui 
au  Musée  départemental  d'archéologie  à  Qiiimper. 

En  quittant  lacommune  de  Plonéour*Menez,  la  voie  traversait 
cellesde  Saint-Sauveur  et  de  Guimiliau,  où  Ton  a  signalé  des 
vestiges  romains,  près  d'un  ruisseau  au  village  de  Crec'h- 
ar-Bleis,  Ensuite  après  avoir  traversé  la  commune  de  Lampaul, 
elle  passait  à  une  petite  distance  au  sud-ouest  de  la  ville  de 
Landivisiau,  en  s'infléchissaot  légèrement  vers  Touest,  puis  se 
dirigeait  directement  vers  le  vaste  établissement  gallo-romain 
découvert  en  1829,  par  M.  de  Kcrdanet  (1)  ,en  la  commune 
de  Plouneventer,  et  dont  les  ruines  s'étendent  entre  les  vil- 
lages de  Kergroas,  Kerporziou  et  Kerilien,  sur  un  espace  de 
cent  hectares  environ  (2).  On  peut  citer  parmi  les  objets 
trouvés  dans  ces  ruines  une  statuette  en  bronze  et  de 
nombreuses  monnaies  d'or,  d'argent  et  de  bronze,  des  empe- 
reurs Auguste,  Tibère,  Nerva,  Vitellius,  Titus,  Domitien, 
Hadrien.  Anlonin-le-Pieux,  Lucius  Verus ,  Marc-Aurèle, 
Alexandre  Sévère.  Gordien,  Gallien,  Claude  II,  Honorius; 
et  plus  de  600  fragments  de  poterie  rouge  ornés  de  dessins 
en  relief,  provenant  de  cette  lacalilé.  M.  de  Kerdaneta  donné 
à  ces  ruines  le  nom  d'Occismor.  Mais  elles  sont  plus  connues 
sous  celui  de  Kerilien. 

La  voie  passait  ensuite  par  les  communes  de  Saint-Méen  et 
du  Folgoêt,  et  rencontrait  sur  le  territoire  de  celle  de  Saint- 
Frégant,  aux  dépendances  des  villages  de  Kerradennec  et  de 
Kerzulant,  tout  près  du  château  de  Penmarc'h,  d'importantes 
ruines  gallo-romaines  découvertes  aussi  par  M.  de  Kerdanet 
en  1833  (3),  et  auxquelles  il  avait  donné  le  nom  de  Tolenle, 
ville  qui  d'après  Albert  Le  Grand,  aurait  été  détruite  au 
IX^  siècle  par  les  Normands.  Ces  ruines  occupent  entre  Tétang 
et  le  château  de  Penmarc'h,  une  étendue  d'environ  4  hectares. 
On  y  a  trouvé  une  pierre  gravée  antique,  une  belle  urne  en 
verre  bleu,  de  petits  chevaux  en  terre  cuite,  de  nombreux 
débris  de  poterie,  et  plus  de  500  monnaies  romaines. 

La  voie  après  avoir  formé  limite  entre  les  communes  de 
Kerniliset  de  Guissény,  entrait  ensuite  dans  celle  de  Plouguer- 

(V  Nouvelle  notice  sur  Notre-Dame  du  Folgoët  et  sur  ses  environs^ 
par  Miorcec  de  Kerdanet.  —  Brest,  Lefouroier,  1S53,  page  34. 

(S)  Il  est  bon  de  faire  observer  que  ces  ruines  ne  forment  pas  une 
agglomération  compacte.  Elles  paraissent  provenir  de  plusieurs  villas 
situées  à  peu  de  distance  les  unes  des  autres. 

(3)    Ibid  page  40-42. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  29  — 

neau  en  passant  par  le  Gronannec  et  par  le  bourg,  et  venait 
onân  se  terminer  au  bord  de  la  mer  près  de  la  chapelle  de 
Saint  Cava.  Cétait  donc  dans  le  voisinage  de  celte  chapelle 
qu'il  fallait  chercher  les  vestiges  de  la  mystérieuse  cité  de 
Vorganium  (!7). 


En  résumant  ce  que  }*ai  dit  plus  haut,  il  résultait  claire- 
ment de  rinscription  de  la  borne  de  Kerscao  : 

lo  Que  la  ville  de  Vorganium  devait  se  trouver  à  l'embou- 
chure et  sur  la  rive  droile  de  TAber-Wrac'h,  à  huit  milles 
romains  (18),  c'esl-àdire  à  11  kllomèlres  848  mètres  environ 
du  lieu  où  était  placé  ce  monument. 

S""  Que  s'il  existait  encore  quelques  vestiges  de  la  cité  gau- 
loise, on  les  l'enconlrerait  a  l'extrémité  d'une  voie  romaine, 
qui,  partant  de  Carhaix,  venait  aboutir  au  bord  de  la  mer, 
dans  le  voisinage  de  la  chapelle  de  Sainl-Cava.  Cette  voie  est 
parfaitement  tracée  sur  la  carte  de  l'état-major,  et  surtout  sur 
la  carte  du  Finistère,  par  Taconnet. 

Avec  des  renseignemeiits  aussi  précis,  la  détermination  de 
l'emplacement  de  la  capitale  des  Osismii^  n'était  plus  qu'une 
simple  affaire  de  vériûcalion.  Si  l'inscription  du  milliaire  de 
Kerscao  n'était  pas  menteuse,  il  était  aussi  facile  d'aller  de 
Plouguerneau  aux  ruines  de  Vorganium  qne  de  Brest  à  Goues« 
nou  ou  de  Quimper  à  Rosporden.  Il  restait  donc  aux  explora^ 
teurs  h  constater  mie  l'indication  fournie  par  cette  inscription 
était  exacte  ou  qu  elle  ne  l'était  pas.  Mais  il  ne  pouvait  plus 
être  question  de  découverte  de  Vorganium  puisque  cette  dé- 
couverte était  faite. 

Ce  point  bien  établi,  je  continue. 

Chargé  par  la  Commission  de  la  Topographie  des  Gaules  dès 
le  mois  de  février  1873,  de  rechercher  Tassielle  de  la  ville 
gauloise ,  je  n'ai  pu  remplir  cette  mission  avant  la  Rn  du 
mois  d'octobre  suivant.  Le  résulal  de  mes  recherches  a  prouvé 
que  le  renseignement  iourni  par  l'inscription  de  la  borne  de 
Kerscao  était  exact.  Je  trouvai  en  effet  à  la  dislance  de  11 
kilomètres  783  mètres  du  lieu  où   était  plantée   la  borne, 

(1)  Ce  tracé  diffère  quelque  peu  d'un  autre  tracé  que  j'ai  proposé 
précédemment.  Les  nouvelles  recherches  que  j'ai  faites  sur  cette  voie 
me  permettent  de  considérer  celui-ci  comme  plus  sûr  que  le  premier. 

(2)  La  longueur  du  miUe  romain  était  d'environ  1 481  mètres. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  30  - 

distance  qui  tlifTère  bien  peu  de  celle  de  11  kilomètres  848 
mètres  indiquée  par  rinscription,  les  ruines,  non  d'une 
ville  gallo-romaine,  comme  j'aurais  pu  m'y  attendre,  mais 
celles  d'un  Oppidum  gaulois  offrant  la  plus  grande  analogie 
avec  les  Oppidums  de  la  liaie  de  Douarn<>nez,  dont  j'avais  fait 
une  étude  particulière,  et  dans  Tun  desquels  j'avais  pratiqué 
des  Touilles  assez  fructueuses  au  mois  de  septembre  1869  (1). 

L' Oppidum  de Vorganium  occupe  h  l'entrée  de  l'Aber-Wrac'b, 
sur  la  riv(*  droite  de  celte  rivière»  en  la  commune  de  Pion- 
guerueau,  un  promontoire  on  presqu'île,  qui  dépend  du  village 
du  Run,  (3)  et  qui  s'avance  dans  Ici  mer,  entre  le  port  Malo. 
au  nord,  et  la  petite  anse  de  Porz-Créach.  marffuée  Anse  de 
Kervenny  sur  la  earle  de  l'état-major,  au  sud.  Lorsque  l'on  se 
dirige  du  village  du  Run  vers  cette  presqu'île,  le  terrain 
s'abaisse  insensiblement  jusqu'à  l'isthme  qui  relie  Y  Oppidum 
au  continent.  On  remarque  dans  cette  partie  basse  les  subs- 
Iructions  de  deux  murailles  construites  en  pierres  sèches,  et 
de  l'épaisseur  d'un  mètre  environ,  qui  coupent  l'isthme  dans 
toute  sa  largeur.  Les  clôtures  de  tous  les  champs  voisins  ont 
été  faites  avec  des  pierres  provenant  de  ces  murailles.  A  ces 
remparts  sont  adossées,  à  l'intérieur,  deux  constructions 
carrées,  qui  étaient  évidemment  des  tours.  \  partir  de  ce 
point,  le  sol  monte  d'abord  en  pente  douce,  et  l'on  aperçoit 
çà  et  là,  les  substructions  de  petites  enceintes  de  Torme  reclan  « 
gulaire,  puis  le  terrain  s'élève  brusquement,elvers  le  milieu  de 
sa  déclivité,  se  dresse  un  énorme  retranchement  couvert  de 

Sazon,  qui  coupe  la  presqu'île  dans  toute  sa  largeur  en 
écrivant  une  courbe  du  nord  au  sud.  Dans  l'épaisseur  de  ce 
retranchement  sont  creusées  de  petites  tours  carrées  dont  Te 
revêtement  intérieur  est  formé  par  une  maçonnerie  sèche. 
Deux  de  ces  tours  sont  maintenant  visibles  ;  mais  je  suis  per- 
suadé que  des  touilles  en  feraient  découvrir  un  plus  grand 
nombre. 

Au-delà  de  ce  retranchement  s'étend  un  plateau  dont  le  point 
culmfnant  est  occupé  par  une  éminence  factice  qui  ressemble 
à  un  tuuiulus  recouvrant  une  allée  couverte,  mais  qui  a  peut- 


(1)  Les  objets  provenant  de  ces  fouiUes  sont  au  Musée  archéologique 
de  Quiraper.  —  Voir  mon  Mémoire  sur  les  Oppidums  du  Finistère,  lu  au 
Congrès  de  TAssociatioa  bretonne  tenu  à  Quimper,  en  septembre  1873^ 

(2)  Ce  mot  signifie  «  éminence,  élévation  ».  Il  est  souvent  appliqué  à 
des  tumulus,  et  à  des  mottes  féodales.  Il  sert  aussi  à  désigner  des  émi- 
uences  naturelles. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  31  — 

être  élé  Toriné  par  les  ruines  de  Tbabitation  principale  ou  du 
donjon  de  la  forteresse.  Des  rochers  inaccessibles  et  nne  mer 
toujours  agitée  entourent  la  plus  grande  partie  de  la  presqu'île. 
Des  croix  de  fer  scellées  dans  le  roc  marquent  les  endroits 
où  des  pêcheurs  imprudents  ont  élé  enlevés  par  des  lames 
de  fond.  Du  sommet  de  la  forteresse  le  regard  s*étend  au  loin 
sur  la  Manche,  et  la  ?ue  dont  on  jouit  de  ce  point  est  admi- 
rable. 

Je  suis  loin  de  prétendre  que  la  ville  de  Vorganium  fut  res- 
treinte aux  limites  de  VOppidum  que  je  viens  d'essayer  de  dé- 
crire (IJ.  Je  suis  très-porté  à  croire,  au  contraire,  que  la 
capitale  des  Osisroii  se  composait  de  l'ensemble  des  flots  et  des 
promontoires  ou  presqu'îles  qui  sont  si  nombreux  à  l'embou- 
chure de  l'Aber-Wrac'h,  et  je  ne  puis  àjce  propos,  m'empècber 
de  faire  ressortir  Tanalogie  qui  existe  entre  la  situation 
topographique  de  Vorganium,  et  celle  de  Dariorigum,  capitale 
des  Veneti,  que  je  considère  aussi  comme  formée  de  l'ensemble 
des  petites  forteresses  disséminées  dans  les  iles  et  dans  les 
presqu'îles  du  Morbihan.  Celte  analogie  est  surtout  frappante 
quand  on  compare  sur  la  carte  de  Tétal-major,  l'embouchure 
de  l'Aber-Wrac'h  au  golfe  du  Morbihan.  Les  Commentairçs 
de  César  (S)  nous  ont  appris  quels  avantages  les  Gaulois 
savaient  tirer  de  cette  disposition  des  lieux,  et  l'on  doit  sup- 
poser qu'ils  ne  la  négligeaient  jamais. 

Aux  circonstances  locales  que  je  viens  de  signaler  et  qui 
avaient  sans  doute  déterminé  les  Osismii  à  établir  leur  capi- 
tale à  l'embouchure  de  rAber-Wrac'h,  venaient  se  joindre 
d'autres  avantages  non  moins  appréciables.  Le  port  Malo,  qui 
borde  au  nord  la  forteresse,  pouvait  recevoir  un  grand  nombre 
de  navires.  Un  vieillard  que  je  rencontrai  sur  les  lieux  lors  de 
mon  exploration,  me  dit  qu'il  se  souvenait  d'avoir  vu  pendant 
les  guerres  du  premier  empire,  un  convoi  de  plus  de  cent 
navires  mouillé  dans  ce  port.  L'anse  de  PorZ'Creac*h  on  de 
Kervenny,  au  sud  de  la  forteresse  peut  aussi  donner  asile  à 
quelques  bateaux.  ILutiù  plus  avant  dans  la  rivière,  le  port  de 


(1)  M.  Pihoret,  préfet  du  Finistère  a  promis  à  la  Société  archéolo- 

tique  de  ce  département  de  faire  lever  par  un  agentëiroyer  les  plans 
e  Toppidum  de  Vorçanium  et  des  autres  forteresses  gauloises  décrites 
dans  mon  Mémoire  cité  plus  haut. 

(2)  Deb«llo  galUcoin.  ti 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  32  — 

TAber-Wrac'h  poiivail  offrir  un  abri  sûr  à   une  nombreuse 
floue  gauloise  (1). 

VI. 

VOppidum  de  Vorganium  est  appelé  dans  le  pays,  Castell- 
Ac'h  (Château  d*Ac1i).  Ce  nom  n*est  marqué  sur  aucune 
carte.  La  pointe  où  il  est  situé  se  bifurque  en  deux  branches 
inés^ales,  dont  la  plus  courte,  porte  le  nom  de  Coz-Castell- 
Ac*h  (châleau  d'Ac*h  ruiné)  (2).  Quelle  est  Toriglne  de  ce 
nom?  C'est  ce  que  )e  vais  essayer  d'expliquer. 

L'évêché  de  Léon  était  divisé  avant  1790,  en  trois  archidia- 
conés  :  1*  L'archidiaconé  de  Léon,  compris  entre  la  rivière  de 
Morlaix  à  Test,  et  la  rivière  la  Flèche  à  Touest  ;  2*  celui 
d'Ac'h  ou  d'Âck,  borné  à  Test  par  TAber-Wrac'h,  au  nord  et 
à  Touest  par  la  mer,  au  sud  par  la  rivière  de  Landemeau ; 
3"*  enfin  celui  de  Quemenetlli,  par  corruption  Quimini- 
dili,  compris  entre  les  deux  autres  arcbidiacoiiés.  iMais  de 
ces  trois  subdivisions  les  deux  premières  seules  me  paraissent 
très-anciennes.  Elles  sont  mentionnées  dans  la  vie  de  saint 
Paul  Aurélien,  premier  évoque  de  Léon,  sous  les  noms  de 
Pagus  Leonensis  et  de  Pagm  Achmensis.  La  troisième,  le 
Qiiemenet-ili  qui  signifie  Commendatio-Ili  (3)  n*est  désignée 
nulle  part  avec  la  dénomination  de  Pagus,  et  doit  avoir  été 
formée,  à  une  époque  reculée  du  moyen -âge,  aux  dépens  du 
territoire   du    Pagus  Achmensis  (4).    VOppidum  de  Vorga- 

(  1  )  Je  suis  très  -porté  à  voir  dans  la  rivière  Aber-Wrac*h  le 
Têtus  fluvius  (Teti  fluvii  ostia)  que  Ptolemée,  dans  sa  Description 
des  GauteSf  mentionne  après  le  Gobœum  Promontorium  et  le  Stalio- 
eanui  portus. 

(2)  L'adjectif  breton  Coz  placé  après  un  substantif  signifie  viettx. 
Placé  devant  un  substantif  il  a  le  sens  de  «  ruiné,  en  mauvais  état»  de 
mauvaise  qualité.  » 

(8)  «  lli  »  est  un  nom  d'homme. 

(4)  C'est  aussi  le  sentiment  de  M.  de  la  Borderie  qui  après  avoir 
rapporté  la  donation  faite  par  Chiidebert  à  Saint-Paul-Aurélien  des 
pagi  Achmensis  et  Leonensis,  s'exprime  ainsi  : 

«  Les  pays  d'Ach  et  de  Léon,  cités  dans  les  actes  de  saint  Paul 
comme  composant  le  diocèse  attribué  à  ce  saint  par  Chiidebert,  sont 
donc  deux  pagi  minores^  deux  subdivisions  du  comte  de  Léon.  On  ne 
peut  douter  que  ces  deux  subdivisions  ne  comprissent  alors  tout  le 
comté  ;  car  il  serait  absurde  de  supposer  que  le  territoire  de  Quéménet- 
Ili  interposé  entre  Ach  et  Léon  n'eut  pas  toujours  fait  partie  du  même 
diocèse  que  ces  deux  cantons.  11  est  bien  plus  naturel  oie  croire  que  le 
Quemenet-Ui  était  compris  à  cette  époque  dans  l'un  des  deux  autres, 
dont  il  ne  fut  détaché  qu'un  peu  plus  tard*  »  —  Annuaire  historique  de 
Bretagne  pour  1862,  p.  141-142. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  33  - 

niuin  aurait  donc  fait  partie  dans  le  principe  de  ce  dernier 
Pagus,  et  lui  aurait  emprunté  son  nom  {Castell'Ac'h  s:  Cas* 
tellum'Ac'hmense) . 

J'ai  émis  ailleurs  (1)  l'opinion  que  le  root  Àc*hmensis^  avec 
l'aspiration  du  c'h  pouvait  être  un  équivaleulde  Axmensis  qui 
diffère  bien  peu  de  Oxmensis  et  de  Oximensis,  Si  celte  opinion 
était  acceptée,  le  nom  <le  Castell-Ach  pourrait  se  traduire 
par  Castellum  Oximense  :  on  aurait  alors  les  équivalents  sui- 
vants :  Castellum  Oximense^  Castellum  Oxmense  y  Castellum 
Axmense^  Casiellum  Ac*hmense^  Castellum  Ac'hm,  Castellum 
Ach;  et  cette  forteresse  aurait  ainsi  gardé  jusqu'à  nos  jours, 
la  trace  du  nom  du  peuple  dont  elle  était  la  capitale,  i 
Tépoque  de  Tindépendance  gauloise,  titre  qu'elle  conserva 
pendant  la  durée  de  l'occupation  romaine  (2).  ' 

Bien  que  les  ruines  gallo-romaines  considérables  que  j'ai 
signalées  plus  haut,  et  qui  étaient  traversées  par  la  voie  de 
Carbaix  à  la  pointe  de  Castell-Ac'h^  témoignent  de  l'impor- 
tance de  celte  voie,  et  par  suite  de  importance  du  point  où 
elle  aboutissait,  les  Romains  n'onl  laissé  dans  VOppidum  de 
Vorganium,  aucune  trace  de  leur  pa^^sage.  Mais  on  trouve  surla 
pointe  de  Saint-Cava,  qui  n'est  séparée  de  celle  de  Castell- 
Ac%  que  par  la  petite  anse  de  Kervenny,  où  la  vole  vient  se 
terminer,  des  tulles  à  rebord  qui  ne  permettent  pas  de 
douter  qu'il  n'y  ail  eu  là  une  ou  plusieurs  conslructions  ro- 
maines. C'était  très-probablement  le  poste  militaire  qui  figure 
sous  le  nom  d'Osismii,  au  nombre  des  cantonnements  mari- 
times cités  dans  la  Notice  des  dignités  de  Tempire  (3). 

Quelques  personnes  ont  prétendu  que  le  cantonnement  ma- 
ritime aOsismii  était  établi  à  Brest  se  tondant  sur  ce  fait, 
que,  dans  la  vie  de  Sainl-Goueznou,  cette  ville  est  appelée 
civitas  Occismorum^  et  que  celle  de  Saint-Tugdual  lui  donne 


(!•  Noms  propres  bretons  commençant  par  Ab  ou  Ap.  —  Revue 
Celtique»  vol.  II.  p.  71. 

(2)  n  est  peut  être  utile  de  faire  observer  que  c'est  aux  habitants 
du  pagus  Ac'hmensis  que  s'applique  le  plus  souvent  le  nom  à'Osismii 
dans  les  anciennes  Vies  des  Saints  Bretons.  Voir  la  Vie  de  Saint-Govez- 
nou  et  celle  de  Saint-Tugdual,  citée  par  A.  de  la  Borderie,  dans  son 
Annuaire  historique  de  Bretagne  pour  1S62,  p.  28. 

(3)  «  Prefectus  militum  Maurorum  Osismiacorum,  Osismiis,  »  — 
Ces  Maures  étaient  des  soldats  d'Afrique  enrôlés  dans  l'armée  romaine. 
Vers  1840«  ou  découvrit  dans  un  tombeau,  en  la  commune  de  Plou- 
gonven,  près  Morlaix,  (Finistère),  uina  petites  figurines  égyptiennes  en 
terre.  C'étaient  peut  être  les  dieux  d  un  de  ces  soldats.  Trois  de  ces 
figurlnes|8ont  au  Musée  archéologique  de  Quimper. 

iOC.  ABCHAOL.  du  FINISTiRB.  8 


Digitized  by  VjOOQIC 


-ai- 
le nom  de  Urbs  Ocismi.  Je  ne  puis  pas  admettre  cette 
manière  de  voir  ;  car  si  la  ville  de  Brest ,  qui  a 
toujours  gardé  son  importance  depuis  inoccupation  romaine 
jusqu'à  nos  jours*  avait  réellement  échangé  son  nom  de 
Brivates  portus  contre  celui  du  peuple  dont  elle  dépendait,  elle 
aurait  certainement,  comme  Rennes,  Nantes  et  Vannes,  con- 
servé dans  son  nom  moderne,  quelque  trace  de  son  nom 
d'emprunt.  Or,  il  n'y  a  aucun  rapport  entre  Osismii  et  Brest 
dont  l'étymologie  ne  peut  jiçuère  s'expliquer  que  par  le  Briva- 
tes portus  de  Ptolémée.  D'un  autre  côté,  il  ne  faut  pas  perdre 
de  vue  qu'à  l'époque  où  furent  écrites  les  vies  de  ces  deux 
saints,  et  même  à  la  date  des  faits  qui  y  sont  relatés,  et  que 
Ton  suppose  être  le  milieu  du  Vi*  Siècle,  la  capitale  des 
Osismii  avait  cessé  d'exister  depuis  longtemps,  et  que  Brest 
était  alors  la  seule  ville  de  l'ancien  territoire  de  ce  peuple, 
qui  eût  conservé  une  importance  réelle  (i).  On  pouvait  donc 
avec  raison  l'appeler  à  celte  époque  Civitas  ou  Vrbs  Occismo- 
rum,  et  on  ne  saurait  conclure  de  ces  appellations  que  le  can- 
tonnement maritime  d*Osismii  était  la  ville  de  Brest. 

Je  persiste  donc  à  croire  que  Vorganium  et  le  poste  romain 
qui  s'éleva  dans  son  voisinage  restèrent  de  nom,  sinon  de  fait 
la  capitale  des  Osismii,  pendant  toute  la  durée  de  l'occu- 
pation romaine.  J'ai  essayé  d'établir  plus  haut  qu'elle  avait 
conservé,  dans  son  nom  actuel  deCastell-Ac'h,  quelques  tracés 
du  nom  de  ce  peuple.  Si  je  me  suis  trompé,  la  disparition  du 
nom  ù^Osismii  s'expliquera  facilement  par  la  ruine  complète 
et  définitive  de  VOppidum  gaulois  et  du  poste  romain  qui 
devait  le  détendre  contre  les  pirates  du  nord.  Aucun  établis- 
sement ne  s'est  élevé  sur  ces  ruines  pour  rappeler  le  souvenir 
de  leur  importance  passée. 

On  eu  trouverait  peut  être,  cependant^  une  faible  réminis- 
cence dans  une  tradition  qui  a  cours  dans  la  commune  de  (Muu- 
guerneau,  et  d'après  laquelle  une  grande  ville  aurait  autre- 
fois existé  non  sur  remplacement  de  VOppidum  de  Vorga- 
nium, mais  à  une  petite  distance  au  nord,  sur  un  plateau 
de  rochers  appelé  Lézent  dans  la  carte  de  l'Etât-major  [2). 


(1)  On  remarque  encore  dans  le  château  de  Brest  des  restes  impor- 
tants de  constructions  qui  remontent  à  l'époque  gatlo-romàine. 

(2)  D'après  une  tradition  analogue  rapportée  par  M.  de  Kerdanet  dans 
son  édition  des  Vies  des  Saints  de  la  Bretagne  Armorique,  par  Albert 
le  Grand,  de  Morlaix,  page  32,  une  grande  ville  nommée  Toiente  ou 
Talenche  aurait  existé  «  à  l'entrée  de  la  baie  des  Anajes,  sur  la  rive 
droite  de  l'Abcr-Wrac'h,  à  T  opposite  du  fort  Cezon.  »  11  s'autorise  en 
rapportant  cette  tradition,  des  <(  Grandes  Cronicques  de  Bretaigne  »  par 
Alain  Bouchard,  et  de  la  vie  de  Saint-Rioc,  d'Albert  le  Grand.  Ces  deux 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  35  — 
VU. 

Dans  l'article  que  j'ai  publié  sur  la  découverle  de  Torga- 
Dîum,  dans  le  numéro  d'avril  1873  de  la  Revue  archéologique, 
j'avançais  que  ridenlilé  entre  la  capitale  des  Osismii  ei  \si 
Tille  de  Carbaix  acceptée,  avant  cette  découverte  par  tous  les 
géographes  et  les  arcbéologues,  avait  jeté  une  grande  couru- 
sion  dans  la  géographie  déjà  si  obscure  de  la- partie  de  la 
IIP  fjonnaise,  qui  correspond  à  la  péninsule  bretonne.  J'a- 
joutais que  par  suite  de  cette  erreur»  et  en  confondant  Vor- 
gium  de  la  table  de  Peutinger  avec  Vorganium,  on  donnait 
une  fausse  direction  à  la  voie  marquée  sur  cette  carte  entre 
Portu  Namnetu  et  Gesocribate  |  eu  la  faisant  passer  par 
Carhaix. 

M.  Ernest  Desjardins,  dans  une  note  intitulée  Vorgium  et 
Vorganium,  insérée  dans  le  numéro  de  mai  1873  de  la  même 
Revue,  me  fait  observer  qu'il  a  échappé  à  la  confusion  signa- 
lée par  moi,  et  que  dans  ses  travaux  sur  la  Géographie  de  la 
Gaule ^  il  n*a  pas  idenliflé  Vorganium  avec  Carhaix,  ni  con- 
fondu le  Vorganium  de  Plolémée  avec  le  Vorgium  de  la 
Table  de  Peutinger.  W  est  clair  que  mon  assertion  était  trop 
absolue,  et  qu'au  lieu  de  mettre  en  cause  tous  les  géographes, 
j'aurais  du  n'attribuer  cette  confusion  qu'à  la  plupart  d'entre 
eux.  Mon  excuse  est  dans  ce  fait  que  dans  l'ancien  pays  des 
Osismii  et  des  Veneti  les  beaux  travaux  de  M.  Desjardins  ne 
sont  guère  connus  que  de  réputation.  Pour  mon  compte,  à 
l'époque  où  parut  ma  note  sur  Vorganium,  je  n'avais  pas  en- 
core eu  la  bonne  fortune  de  les  consulter.  J'ajouterai  que  cet 
article  fut  rédigé  en  grande  hâte,  mon  but  en  le  publiant 
étant  uniquement  de  prendre  date  de  ma  découverte.  L'expé- 
rience m'a  prouvé  depuis  que  celte  précaution  n'était  pas 
inutile. 

Cet  incident  m'amène  tout  naturellement  à  parler  de  la  si- 
tuation de  Vorgium  et  du  tracé  de  la  voie  de  Portu  Namnetu  à 
Gesocribate^  marquée  dans  la  Table  de  Peutinger. 


auteurs  parlent  bien  d'une  ville  de  Tolente  qui  fut  détruite  à  uni) 
époque  très  reculé,  mais  ih  ne  disent  pas  où  elle  éiait  située.  D'après 
le  même  M.  de  de  Kerdanet,  il  y  aurait  à  Tembouchure  de  TAber- 
Wrac'h,  sur  la  rive  droite,  prés  d'un  ilôt,  nommé  Enez  Bent,  un 
canal  nommé  Toul-Hent.  L'Ile  Bent  figure  en  effet  sur  plusieurs  cartes, 
notamment  sur  la  carte  du  Finistère  publiée  par  ordre  de  l'Assemblée 
nationale  en  1790,  mais  le  canal  de  Toul-Bmt  n'y  est  pas  marqué. 
Comme  le  plateau  indiqué  sous  le  nom  de  Lezent  dans  la  carte  de 
l'Etat-major  si  trouve  tout  près  de  l'ile  Bent,  qui  n'y  figure  pas,  il  faut 
probablement  lire  plateau  GiEmX'Bênty  au  lieu  de  plateau  de  Lezent. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  86  - 

Jusqu'à  ces  derniers  temps,  deux  opinions  étaient  en  pré- 
sence sur  celte  importante  question  de  géographie.  L'une 
déjà  ancienne,  plaçait  la  ville  de  Vorgium  à  Carhaix  et  faisait 
naturellement  passer  par  cette  localité  la  voie  de  Portu  Nam- 
netu  à  Gesocribate,  Celle  opinion,  qui  est  celle  de  d'Anville,  a 
été  soutenue  par  M.  Bizeul,  et  plus  récemment  par  M.  Ernest 
Desjardins. 

La  seconde  opinion,  dont  la  priorité  revient,  si  je  ne  me 
trompe,  à  M.  le  baron  de  Walkenaër,  Identiflait  Vorgium 
avec  Concarneau.  Ses  partisans  au  lieu  de  diriger  dans  l'in- 
térieur du  pays  la  voie  marquée  sur  la  Table  de  Peutinger,  lui 
faisaient  suivre  le  littoral  de  Vannes  à  Brest,  en  passant  par 
Hennebonl,  où  ils  plaçaient  la  station  inlermédiaire  de  Sulim^ 
par  Concarneau,  Quimper,  Châieanlin,  Le  Faou  et  Lander- 
neau.  Je  dois  déclarer  qu'en  Tab^ence  de  preuves  sufQsanles 
pour  justifier  l'identiflcation  de  Vorgium  avec  Carbaix,  je 
m'étais  rangé  fi  cette  dernière  opinion,  tout  en  hésitant  entre 
Concarneau  et  Quimper.  Ce  système  était  Irès-soulenable  et 
à  mon  avis  aussi  rationnel  que  le  premier,  si  Ton  tenait 
compte  :  !<>  des  distances  marquées  dans  la  Table,  considéra- 
lion  très-importanle  comme  on  le  verra  plus  loin  ;  2"  de 
rexistence  d'une  voie  allant  de  Vannes  à  Brest  par  Quimper, 
avec  embranchement  sur  Concarneau  ;  3"^  des  voies  nombreu- 
ses traversant  Quimper;  40  et  enfin  des  importants  vestiges 
de  roccupaiion  romaine  existant  dans  cette  dernière  ville  et 
aux  environs  dans  un  rayon  de  plusieurs  lieues. 

Tel  était  Tétai  de  la  question,  lorsqu'au  mois  de  septembre 
1873,  M.  le  commandant  Mowat  communiqua  au  Congrès  de 
TAssocialion  bretonne  réuni  à  Quimper,  un  mémoire  inlilulé: 
Signalement  de  l  inscription  romaine  inédite  de  Maël-Carhaix^ 
et  détermination  de  la  station  antique  de  Vorgium^  par  M.  le 
commandant  Mowat.  Quatre  mois  plus  tard,  ce  mémoire  fut 
reproduit  par  son  auteur,  avec  quelques  modifications,  dans  le 
numéro  de  janvier  1874  de  la  Revue  archéologique,  sous  le 
titre  suivant  :  Étude  de  géohraphie  ancienne.  —  La  station  de 
Vorgium  déterminée  au  moyen  de  l'inscription  inédite  de  Mail- 
Carhaix  ( Côtes -du-Nord)  (1).  Dans  ce  travail,  M.  Mowat  an- 
nonçaii  qu'il  avait  lu  dans  la  sixième  ligne  de  cette  inscrip- 
tion'le  mol  et  le  chiffre  VORG  VI  qu'il  traduisait  par  Vorgium 
sex.  Le  mot  leugœ,  d'après  lui,  était  sous*entendu.  €n  dessin 


(I)  Maél-Carhaix  est  un  chef-lieu  de  canton  faisant  partie  de  l'ar- 
rondissenaent  de  Guingamp  (Gôtes-du-Nord),  et  situé  à  11  kilomètres 
environ  à  l'est  de  Carhaix,  et  à  6  kilomètres  de  la  limite  du  départe- 
ment du  Finistère. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  37  — 

delà  borne,  où  la  place  qu*occu paient  le  n.ol  cl  le  chiffre 
VORG  VI  était  bien  indiquée,  accompagnait  le  travail  do 
M.  Mowat. 

Certes,  après  la  publication  de  ces  deux  mémoires,  on  de- 
vait supposer  que  le  problème  de  la  situation  de  Vorgium  était 
définitivement  résolu.  On  verra,  par  ce  qui  va  suivre,  qu'en 
réalité  la  qtieslion  n'avait  pas  fait  un  pas.  Mais  avant  de 
m*occuper  de  l'inscription  de  la  borne  [de  Maël-Garbaix.  que 
Ton  me  permette  de  relever  certaines  assertions,  à  mon  avis 
hasardées,  qui  sont  du  domaine  de  la  philologie  et  que  je 
remarque  dans  les  deux  articles  de  M.  Mowat.  Je  me  bornerai 
à  citer  celui  qui  a  paru  dans  la  Revue  Archéologique, 

Dans  un  travail  détaillé  sur  la  découverte  de  Vorganium, 
publié  au  mois  de  mars  1873  dans  le  journal  Le  Finistère^ 
travail  que  j'adressai  â  M.  Mowat,  le  mexprimais  ainsi 
à  propos  de  Télymologie  du  nom  de  la  capitale  des  Osismii  : 
«Le  mot  Morgan  signifie  en  gallois  le  bord  de  la  mer.  Aucune 
«  dénomination  ne  pouvait  certes  mieux  convenir  â  Vorga- 
«  niumi  placé  comme  une  sentinelle  avancée  à  l'extrême 
«  pointe  de  TArmorique  entre  la  Manche  et  l'Océan.  »  J*ai 
toujours  eu  pour  principe  de  considérer  comme  bonne  Télymo- 
logie  d'un  nom  de  lieu,  quant  cette  élymologie  s'explique  par 
la  position  topographique  de  cette  localité.  En  ce  qui  con- 
cerne rétymologie  du  nom  de  Vorganium,  je  n'étais  pas  seul 
de  mon  avis,  car  je  lis  dans  la  note  de  M.  E.  Desajrdins  sur 
Vorgium  et  Vorganium  :  a  Mais  le  nom  de  Vorganium  peut 
«  êlre  rapproché  du  radical  morgan,  vorgan^  celtique,  qui 
«  signifie  maritime  »  (1). 

Cette  étymologie  n'est  pas  du  goût  de  M.  le  commandant 
Mowat,  et  voici  par  quel  raisonnement  il  essaie  de  la  réfuter: 
«  On  s'est  demandé  quelle  est  l'étymologie  des  mots  Vorgium, 
«  Vorf;anium,  et  on  a  même  songé  à  en  tirer  des  arguments 
«  en  faveur  de  la  positron  géographique  attribuée  à  l'une  ou 
«  à  l'autre  de  ces  localités;  mais  je  ne  saurais  approuver 
a  l'assimilation  def;or^an  au  breton  morgan  •  maritime  »  tant 
o  que  la  permutation  du  v  gaulois  en  m  breton  ne  sera  pas 
«  justifiée  »  (2). 

Je  prendrai  la  liberté  de  faire  observer  à  M.  le  comman- 
dant Mowat  qu'il  ne  peut  être  ici  question  du  changement  du 
V  gaulois  en  m,  mais  bien  de  la  permutation  de  l'm  en  t;,  per- 
mutation très-naturelle  qui  existe  dans  tous  les  dialectes  cel- 
tiques. Fr<^nant  pour  exemple  le  mot  Morgat^  nom  d'un  petit 


(1}  Revue  Archéologique,  mai  1874,  p.  315. 
(â)  Revue  Archéologique,  janvier  1874,  p.  5. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  58  - 

porl  de  la  baie  de  Douarnenez»  qui  r(>ssemble  beaucoup  au 
mol  Morgan^  si  ie  veux  traduire  en  breton  la  phrase  a^/«r  à 
Morgat,  il  me  faudra  dire  mont  da  Vorgat  et  non  pas  mont 
da  Morgat,  Il  est  inutile  de  multiplier  les  exemples.  Cette 
règle  de  permutation  de  Vm  en  v  est  bien  connue  de  tous  les 
cettistes.  Je  suis  surpris  que  M.  Mowat  qui  cite  Zeuss  et  la 
Grammatica  celtica  n'ait  pas  remarqué  que  Morgan  figure  dans 
l'inscription  de  Kerscao  sous  la  forme  Vorgan,  au  même  titre 
que  Borgium  flgure  sous  la  forme  Vorgium  (1)  dans  la  Table 
de  Peutioger.  Dans  Tun  et  l'autre  de  ces  mots  la  permutation 
des  initiales  m  et  6  en  v  est  accomplie. 

Mais  cette  objection  n'est  pas  la  seule  que  produit  M.  Mowat 
à  l'appui  de  sa  thèse  contre  l'élymologie  de  Vorganium,  pro- 
posée par  M.  Desjardins  et  par  moi.  Voulant  diminuer  autant 
que  possible  l'importance  de  la  capitale  des  Osismi,  et  en 
faire,  comme  on  disait  autrefois,  une  fillette  de  Vorgium, 
M.  Mowat  après  avoir  établi  que  Vorg  signifie  «  un  lieu  for- 
tifié >*,  opinion  que  je  partage  entièrement,  s'exprime  ainsi  ; 
«  Pour  ma  part  je  constate  que  les  deux  noms  de  lieu  ren- 
«  ferment  en  commun  le  radical  vorg^  et  en  outre  que  Vorga- 
«  nium  est  un  simple  dérivé  de  Vorgium  ;  le  fondateur  de  la 
«  philologie  celtique  Zeuss,  a  même  démontré  que  le  suffixe 
«  an  a  le  sens  diminutif,  en  sorte  que  Vorganium  signifierait 
«  au  propre  «  petit  Vorgium  (2).  » 

Il  y  a  si  je  me  trompe,  deux  inexactitudes  dans  ces  cinq 
lignes  et  je  vais  essayer  de  le  démontrer.  Je  n'ignore  pas  que 
le  suffixe  an  indique  quelquefois  un  diminutif  dans  les  dialectes 
celtiques.  Ainsi  en  breton  laouen  signifie  «  joyeux  »,  et  la- 
ouenan  «  petit  joyeux  ».  C'est  le  nom  du  roitelet.  De  môme 
en  gallois,  du  mot  dyn  qui  signifie  «  une  personne  »  (homme 
ou  femme),  est  venu  dynan  une  a  petite  femme.  Mais  il  n'est 
pas,  que  je  sache,  venu  à  l'esprit  de  personne  de  prétendre 
que  tous  les  mots  celtiques  terminés  par  la  syllabe  an  sont  des 

(I)  Bwrch,  «  a  rampart,  »  «  a  wall.  »  Owen  Pughe's  Welsh  and 
Eng,  Dict.  —  Bourc'h,  «  bourg  »  ;  ar  Vourc'h,  «  le  bour^,  »  Lego- 
nidec,  Dict.  breton-français.  —  Dans  son  manuel  de  tactique  De  re 
militari  Végèce  nous  apprend  que  les  soldats  romains  appelaient  burgus 
(bourg)  un  ouvrage  fortifié  (Castellum  parvum  quod  burgum  vocant). 
C'est  le  même  mot  que  l'allemand  Burg.  »  A.  Brachet,  Grammaire 
historiqtie  de  la  langue  française,  p.  24.  —  Il  est  bon  de  faire  remar- 
quer aue  Caerez,  non  actuel  de  Carhaix,  signifie  en  ancien  breton 
«  un  lieu  fortifié  »,  et  que  dans  le  titre  de  fondation  du  prieuré  de 
Saint-Nicdas  faite  en  tl08  en  faveur  de  Tabbaye  de  Redon,  par  Tanki, 
vicomte  de  Poher,  Carhaix  est  appelé  <i  Castellum  »,  Caerez  et  Castel- 
lum semblent  être  des  traductions  de  Vorgium, 

(t)  Revue  Archéologique,  janvier  1872«  p.  6. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  39  — 

diminutifs.  H  imporle.  d'ailleurs,  de  ne  jamais  confondre  les 
mots  composés  avec  les  mots  simples.  Aucun  cellisie  ne  son- 
gera à  voir  dans  le  mol  Morvran  un  diminutif,  parce  que 
Morvran  qui  signifie  litléralement  «  corbeau  de  mer  »  est 
composé  de  mor  «  mer  »  et  de  bran  en  composition  vran 
«  corbeau  p.  Il  en  est  de  même  du  mot  Morvan  (Mor-man) 
nom  d'homme  1res  répandu  en  Bretagne.  Morgan  est  de  même 
que  Morvran  et  Morvan  un  mol  composé  formé  de  mor  «  mer  » 
et  de  can  ou  cant^  en  composition  gan  ou  gant  qui,  eu 
gallois  signifie  «  bord  »  (I).  Il  n'y  a'  donc  pas  lieu  d*y  cher- 
cher le  radical  Vorg,  ni  le  suffixe  an  ayant  le  sens  diminutif. 

Je  reviens  a  Tinscriplion  de  la  borne  de  Maël-Carhaix.  Voici 
en  quels  termes  M.  le  commandant  Mowal  rend  compte  de 
sa  découverte  : 

«  EnQn  à  la  sixième  ligne  la  plus  nette  de  toutes,  on  voit  un 
«  V,  et  à  onze  centimètres  plus  loin,  un  G  suivi  des  carac- 
«  tères  VI,  après  lesquels  un  poinl.  Dans  rintervalle  qui  sé- 
«  pare  le  V  initial  et  le  G,  apparaît  confusément  un  0,  ou 
«  peut-être  les  lettres  O  R  en  monogramme,  car  il  y  a 
a  plus  que  la  place  nécessaire  pour  une  seule  lettre,  mais  pas 
«  assez  pour  deux  lettres  séparées.  » 

Après  avoir  déclaré  que,  dans  Téial  actuel  des  choses,  il  ne 
peut  songer  à  proposer  une  restitution  des  cinq  premières 
lignes,  IVl.  Mowat  continue  aiusi  :  «  Quant  à  la  sixième 
«  ligne,  je  crois  être  plus  heureux»  etc'esl  là  le  poinl  essentiel. 
«  En  effet,  cette  ligne  placée  en  vedette  au-dessous  de  Tins- 
«  cription  se  présente  avec  la  concision  caractéristique  de  la 
«  formule  itinéraire  habituelle,  composée  invariablement  de 
a  deux:  termes  :  en  premier  lieu,  le  nom  de  la  station  à  par- 
«  tir  de  laquelle  est  comptée  la  distance;  en  second  lieu, 
«  le  chiffre  indiquant  le  nombre  d'unités  de  longueur  mesu- 
o  rées  entre  cette  station  et  la  borne.  Je  ne  vois  que  le  nom 
«  de  Vorgium   qui  convienne  au  commencement  de  notre 


(1)  Cette  étymologie  est  celle  qui  est  donnée  par  Owen  Pughe, 
Welih  and  Eng.  Dict.  verb.  Morgant  et  Cant  Je  verrais  plus  volon- 
tiers dans  Morgan  les  mots  Mor  «  mer  »  et  gan  radical  de  gana 
«  engendrer  »  «  enfanter  «  «  naître  ».  Voir  Legonidec  Dict.  hret, -franc. 
verb.  genel*  —  Le  père  Grégoire  de  Rostrenen  dans  son  Dict.  français- 
breton,  traduit  «  Syrcne  »  par  mary-morgany  qui  signifie  littéralement 
«  Maric-la-Marine  ».  Morgan  est  un  nom  d*liorame  très-répandu 
dans  le  pays  de  Galles  ;  et  la  meilleure  preuve  que  les  ancieus 
Gallois  y  attachaient  le  sens  de  «  maritime  »,  c'est  ce  que  le  fameux 
hérésiarque  connu  sous  le  nom  de  Pelage,  qui  vivait  au  lY^  siècle  et 
qui  s'appelait  en  réalité  ^or^ran,  voulant  changer  son  nom  Pavait  tra- 
duit en  grec  par  le  mot  Pelagos.  Ce  fait  seul  serait  concluant  en  faveur 
de  r étymologie  que  je  propose  pour  le  mot  Morgan. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  40  - 

«  sixième  ligne,  et  celle  station  ne  saurait  être  placée  ailleurs 
«  qu'à  Carhaix,  ainsi  que  nous  allons  le  voir.  Je  n'hésite 
«  donc  pas  à  lire  : 

V  ...  G  VI  r=  y  Cor)  G  (to)  (leugaej  VI,  c'est-à-dire  «ex.  » 

M.  Mowat  ajoute  que  dans  la  sixième  ligne  de  Unscription 
de  la  borne  de  Maêl-Carhaix,  le  mot  leugae  doit  être  sous 
entendu  avant  le  nombre  VI,  et  il  établit  par  des  exeniples, 
que  ce  mol  manque  quelques  fois  dans  les  inscriptions  itiné 
raires  de  la  Gaule  Aquitaine. 


VIII. 


Malgré  les  affirmations  de  M.  Mowat,  et  malgré  le  dessin 
qui  accompagne  son  travail  et  dans  lequel  les  caractères 
VORG  VI  sont  reproduits  d'une  manière  Ires-apparente,  je  ne 
pus  après  la  lecture  de  son  travail  accepter  sans  réserves  ses 
conclusions,  et  le  mauvais  état  de  ma  santé  fut  le  seul  motif 
qui  m'empêcha  de  me  rendre  immédiatement  à  Maêl-Carhaix 
pour  éclaircir  mes  doutes.  Il  y  a  un  mois  la  Commission  de 
la  topographie  des  Gaules  m'ayant  prié  de  lui  fournir  des  ren- 
seignements exacts  sur  les  caractères  qui  pouvaient  se  trouver 
entre  le  V  et  le  G  du  mot  VORG  relevé  par  M  Mowat,  je  pris 
du  papier,  du  plâtre,  de  la  terre  à  modeler,  et  des  outils  de 
plâtrier,  et  je  me  rendis  â  Maêl-Carhaix.  Comme  ma  visite 
avait  en  quelque  sorte  un  caractère  d'enquêtCi  je  priai  de 
m'acGompagner  dans  mon  exploration ,  deux  de  mes  amis 
M.  Gauberl,  de  Carhaix,  membre  du  Conseil  général,  et 
M.  Audran,  ancien  maire  de  Quimperié,  tous  deux  membres 
de  la  Société  archéologique  du  Finistère,  et  tous  deux  zélés 
pour  l'étude  de  nos  antiquités. 

Le  3  août  1874  nous  étions  en  présence  de  la  borne,  et  ce 
fut  pas  sans  étonnemeni  que  dans  la  sixième  ligne  de  l'ins- 
criptioUf  dans  l'endroit  où  M.  le  commandant  Mowat  avait  lu 
VORG  VI,  nous  lûmes  très-distinclenient  LËVG  VI.  Il  n'était 
pas  possible  de  lire  autre  chose.  Aucune  lettre  n'éiait  apparente 
à  gauche  du  mot  LEVG.  Je  crus  donc  que  le  nom  de  la  ville 
(et  cette  ville  devait  être  Carhaix)  pouvait  se  trouver  dans  la 
cinquième  ligne  qui  est  l'avant  dernière  de  Tinscriplion.  Dans 
cette  pensée  je  pris  un  moulage  en  plâtre  des  deux  dernières 
lignes.  Mais  en  étudiant  mes  moulages,  chez  moi,  quelques 
fours  après,  je  vis  aue  je  m'étais  trompé  quant  à  la  place 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  41   — 

occupée  par  le  nom  de  la  ville.  En  eSel  it  me  fut  iactie  de 
rétablir  ainsi  la  cinquième  ligne  : 

TRIBVN  POTESTATE 

Les  dernières  lettres  sont  cachées  par  le  mur  du  cimetière 
auquel  la  borne  est  adossée. 

Je  portais  alors  toute  mou  attention  sur  le  moulage  que 
j'avais  fait  de  la  dernièi*e  ligne  de  Tinscription,  et  j'eus  la 
satisfaction  de  découvrir  à  gauche  du  mot  LEVG,  la  lettre  G 
ou  C,  plus  fruste,  il  est  vrai,  que  les  lettres  du  mot  LEVG, 
mais  cependant  encore  assez  distincte.  Il  était  évident  pour 
moi  que  cette  lettre  entrait  dans  la  composition  du  nom  de  la 
ville,  mais  était-elle  isolée?  ou  bien  était-elle  précédée  d'une 
ou  de  plusieurs  autres  lettres  ?  Ne  pouvant  retourner  sur  le 
champ  à  Moël-Carhaix,  et  désireux  cependant  de  sortir  de 
l'incertitude  où  je  me  trouvais,  je  priai  !V1.  Gaubert,  qui  avait 
assisté  à  mes  opérations  de  moulage,  de  me  faire  mouler  la 
borne  sur  une  largeur  de  trente-cinq  centimètres  à  gauche  du 
mot  LEVG.  M,  Gaubert  m'expédia  promplemenl  ce  montage 
en  exprimant  le  vœu  qu'il  pût  m^être  de  quelqu'utilité.  Après 
quelques  minutes  d'examen  je  n'eus  aucune  peine  à  rétablir  de 
la  manière  suivante  la  dernière  ligne  de  l'inscription  : 

A  VORG  LEVG  VI 

C'est-à-dire  :  a  Vorgio  leugae  sex. 

Les  lettres  du  mot  VORG  quoique  plus  trustes  que  celles  qui 
les  suivent  sont  largement  tracées  et  bien  distinctes.  Aucune 
d'elles  ne  peut  donner  lieu  a  la  moindre  hésitation.  Il  n'existe 
entre  ces  lettres  aucune  liaison. 

Ainsi  donc  Carhaix  est  bien  Vorgium,  Mais  singulier 
caprice  du  sort  1  M.  le  commandant  Mowat,  dans  l'ardeur  de 
sa  conviction,  voit  le  nom  de  Vorgium  là  où  il  n'existe  pas, 
et  c'est  à  moi  sceptique,  qui  plaçais  Vorgium  à  Quimper  ou 
à  Concarneau,  qu'il  est  réservé  de  découvrir  le  secret  de  la 
borne  de  Maël-Carhaix  ! 

On  peut  se  rendre  aisément  compte  de  la  présence  de  ce 
milliaire  près  du  cimetière  de  cette  paroisse.  Voici  comment 
nous  nous  l'expliquions  mes  amis  et  moi^  en  revenant  de 
notre  exploration  du  3  août  : 

A  une  époque  ancienne,  peut-être  au  VIU*  au  IX^  on  au 
X'  siècle,  il  était  d'usage  en  Basse-Bretagne,  comme  en 
Ecosse,  en  Irlande,  dans  le  Pays  de  Galles  et  dans  la  Cor- 


Digitized  by  CjOOQIC 


—  42  — 

nouaille  anglaise»  de  marquer  la  sépulture  des  personnages 
importants  par  une  longue  pierre  plantée  ayant  la  forme 
d'une  pyramide  ou  d'un  cône  tronqué  Cos  pierres  étaient 
souvent  cannelées  de  haut  en  bas  dans  tout  leur  pourtour. 
Elles  étaient  quelquefois  surmontées  d*une  croix  de  pierre. 
Souvent  aussi  une  croix  paltée  était  gravée  en  creux  sur  une 
de  leurs  faces.  I^aremenl.  en  Bretagne  surtout,  elles  por^ 
taient  une  inscription  qui  faisait  connaître  le  nom  du  défunt. 
Le  département  du  Morbihan  possède  quelqut's-unes  de  ces 
inscriptions  qui  sont  fort  intéressantes.  On  désigne  acluel- 
leraenl  ces  pierres  en  Bretagne  sous  le  nom  ûe  Lec'hs  (1), 
Elles  sont  excessivement  nombreuses  principalement  dans  le 
Finistère  et  dans  le  Morbihan.  A  une  époque  ancienne  un  per- 
sonnage marquant  de  la  paroisse  de  Maël-Carhaix  étant  mort, 
on  trouva  tout  simple  de  placer  sur  sa  sépulture  une  borne 
milliaire  plantée  sur  la  voie  de  Carhaix  à  Corseul,  à  un  ou 
deux  kilomètres  au  nord  du  bourg.  C'était  un  lec'h  tout  trouvé 
qui  n'exigeait  aucun  travail.  Mais  pour  qtj'on  ne  pût  sup- 
poser que  le  personnage  dont  il  marquait  la  sépulture  était 
l'empereur  dont  le  nom  était  gravé  sur  la  pierre,  on  prit  la 
précaution  de  la  marteler  au  moyen  d'un  marteau  tranchant 
qui  a  défiguré  un  grand  nombre  de  lettres.  Cette  opéi^alion  a 
été  faile  avec  un  véritable  acharnement,  M.  Audran 
a  remarqué  au  sommet  de  la  borne  un  trou  destiné  à  recevoir 
une  croix  de  pierre.  La  plupart  de  nos  bornes  romaines  ont 
dû  être  employées  comme  Lec'hs,  lorsqu'elles  n'ont  pas  été 
Iranslormées  en  auges,  en  linteaux  de  portes  ou  eu  ma- 
Câdam  (2). 

La  borne  de  Maël-Carhaix  ne  forme  pas  une  colonne  par- 
faitement cylindrique  comme  le  dit  M.  le  commandant 
Mowat.  Son  diansèire  est,  en  efifel,  plus  petit  â  son  sommet, 
qu'à  sa  base. 

(1)  C'est  bien  improprement  que  le  mot  gallois  Lec'h  ou  plutôt  Llec'h, 
qui  signifie  une  pierre  plate,  une  pierre  placée  liorizontalement,  a  été 
introduit  depuis  quelques  années  en  Bretagne  pour  désignée  une  pierre 
levée  ayant  la  forme  d  une  pyramide  ou  d'un  cône  tronqué. 

(2)  U  y  a  plus  de  dix  ans  que  la  borne  de  Maël-Carhaix,  m'avait  été 
signalée  comme  Lec'h>  Sa  situation  près  d'un  cimetière  rendait  cette 
attribution  fort  probable.  Il  existe  près  du  bourç  d'Elliaot  à  quatre 
lieues  deQuiraper,  sur  le  bord  d'une  voie  qui  se  dirige  de  l'est  à  l'ouest, 
une  borne  miUiaire  qui  portait  ladis  une  inscription.  Il  y  a  trente  ans, 
le  curé  d'EUiant  a  fait  repiquer  la  borne  pour  la  rendre  «  plus  propre.» 
Au  reste  ces  actes  de  vandatisme  ne  sont  pas  rares  en  Bretagne.  Il  y 
a  trois  ou  quatre  ans,  une  belle  pierre  tombale  sur  laquelle  était  sculptée 
en  haut-relief  l'effigie  d'un  chevalier,  et  qui  était  destinée  au  Musée  de 
Quimper,  a  été  fendue  en  deux  par  le  recteur  de  Saiut^Evarzec  pour  en 
faire  des  poteaux  de  barrière. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  43   - 

Voici  les  dimensions  exactes  du  monument  : 

Hauteur  au-dessus  du  sol t"20 

Circonférence  au  sommet 1™95 

— -          à  ta  partie  médiane S'^iO 

— •          à  la  base 2»  25 

La  première  ligne  de  l'inscriplon  est  à  0"™  65  du  sommet  de 
la  pierre  et  la  sixième  ei  dernière  ligne  à  0«^85  au-dessus  du 
dais  qui  lui  sert  de  base.  Quant  à  la  rainure  signalée  par 
M.  Mowat,  au-dessus  de  l'inscription,  et  qu'il  suppose  avoir 
été  un  trait  de  scie  annonçant  qu'on  avait  commencé  a 
débiter  le  fût  de  la  colonne,  fe  prendrai  la  liberté  de  lui  faire 
observer  que  des  rainures  semblables  et  souvent  même  de 
profondes  entailles  se  remarquent  sur  un  grand  nombre  de 
Le&hs  sans  qu'on  puisse  en  donner  une  explication  satisfai- 
sante. Auraieut-elles  servi  à  attacher  des  criminels,  comme  à 
un  pilori  ? 

D'après  les  renseignements  fournis  à  M.  Gaubert  par 
M.  Lemoine,  maire  de  IVIaël-Carhaix,  cette  borne  existe  dans 
ce  bourg  depuis  un  temps  immémorial,  fîlle  était  d'abord 
placée  à  un  des  angles  extérieurs  du  cimetière.  Elle  a  été 
transféré,  il  y  a  cinq  ans,  au  lien  où  on  la  voit  aujourd'hui. 
Dans  celle  opération  on  découvrit  le  mot  lOVl,  gravé  à  la  base 
de  la  pierre.  Il  est  regreitable  qu'au  lieu  de  placer  la  borne 
de  manière  à  ce  que  l'inscription  fut  tournée  vers  la  place  du 
bourg,  on  l'ail  placée  de  côté;  de  sorte  que  les  dernières 
lettres  des  cinq  premières  lignes  sont  masquées  par  le  mur  du 
cimetière  auquel  le  monument  est  adossé. 

Quoique  l'inscription  de  la  borne  de  Maël-Carhaix,  soit, 
comme  je  l'ai  dit,  fort  mutilée,  je  ne  désespère  pas  de  la  lire 
en  entier  lorsque  j'aurai  pt»  me  procurer  de  bons  estampages 
de  chacune  des  six  lignes  qui  la  composent.  Un  moulage  de  la 
deuxième  ligne,  que  M.  Gaubert  a  bien  voulu  m'adresser  sur 
ma  demande,  m'a  permis  de  retrouver  le  nom  de  l'empereur 
en  l'honneur  de  qui  celte  colonne  itinéraire  a  été  élevée. 
Voici  ce  que  j'ai  pu  lire  jusqu'à  présent  de  l'inscription  î 


LMP  CAESAR  

SEPÏIMIO  SKVERO  P 

PAR 

PONT   MA  .... 

TRIBVN  POTESTATE 

AVORG  LEVG  VI  (l) 


(i)  Imperatori  Caesari     Septimio    Severo  pin  (felici  augusto) 

..#...  parthico pontifici  maximo  tribunicia  potestate 

a  Vorgio  leugae  sex. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  44  — 

C'esl  donc  sous  le  régne  de  Seplime  Sévère,  c'est-à-dire 
en^re  Tan  193  et  Pan  211  après  J.-C.  que  la  borne  de  MaêU 
Carhaix  a  été  érigée.  La  dislance  de  ce  bourg  à  Carhaii 
est  d*enTiron  11  kilomèire$  ,  el  celle  indiquée  sur  la 
borne,  de  13  kilomèlres  326  mètres.  Mais  celle  différence  ne 
doil  pas  constituer  une  difficulté,  car  nous  ignorons  h  quel 
point  précis  de  la  voie  deCorseult,  ce  monument  était  primiti- 
vement placé. 

IX. 

La  découverte,  bien  authentique  cette  fois,  que  je  viens  de 
faire  de  Vorgium  à  Carhaix,  el  celle  que  j'ai  faite  il  y  a  dix- 
huil  mois  de  Vorganium  à  Tembouchure  de  TAberwrac'h, 
coupent  court  d*uue  manière  définitive  aux  discussions  aux- 
quelles la  situation  géographique  de  ces  deux  villes  gauloises 
a  donné  lieu  depuis  déjà  longtemps.  C'est  bien  par  Carhaix 
que  doit  passer  ta  voie  de  Portu^ffamnetu  h  Gesocribate,  el 
Casiel-Noëc  pourrait  bien  être  la  station  intermédiaire  de 
Sulim,  Les  distances  qui  séparent  ces  deux  stations  de 
Darioritum,  concordent  bien  avec  celles  qui  sont  indiquées 
dans  la  table  de  Peittinger.  Mais  dans  cette  hypothèse  la  voie 
qui  relierait  Vannes  à  Caslel-Noéc,  devrait  à  mon  avis,  re- 
joindre la  Charnsée-Ahès  (l)  par  la  route  de  Locmine  el 
non  parla  voie  de  Corseul,  comme  le  suppose  M.  Bizeul  qui^, 
je  dois  le  dire,  fait  des  réserves  à  ce  sujet  (2). 

On  pourrait  aussi  placer  la  station  de  Sulim  à  Hennebont 
qui  est  bien  situé  à  20  lieues  gauloises  (44  kilomètres  420 
mètres)  de  Vannes.  Mais  la  distance  de  Hennebont  à  Carhaix 
me  paraît  un  peu  forte  pour  les  24  lieues  gauloises  (5^  kilo- 
mètres 304  mètres)  marquées  dans  la  tablé,  enlre  Sulim  e\ 
Vorgium.  Cette  distance  à  vol  rt'oieeau,  est  en  efl'el  de  61  kilo- 
mèlres. 

M.  Bizeul  qui  s'est  particulièrement  occupé  du  tracé  de  la 
voie.de  Vannes  à  Caslel-Noëc,  qu'il  identifie  avec  Sulim. 
dit  qu'en  quittant  celte  dernière  localité,  elle  paraît  se  diriger 
vers  la  petite  ville  de  Guémené,mais  qu'il  manque  de  rensei- 
gnements pour  la  conduire   de  là  à  Carhaix  (3).  Je  pense 


(i)  Dans   son    mémoire  sur  les  voies  romaines  de  la  Bretagne,  chap 
m  etVlIl,  M.  Bizeul  désigne  ainsi  une  voie  qu'il  décrit,  sous  le  nom  de 
Voie  de  Rennes  à  Ker-Ahès  par  Gastel-Noëe,  Cette  voie  qui,  d'après  le 
tracé  qu'en  donne  M.    Bizeul,  forme   dans  son  parcours   un  véritable 
demi-cercle,  paraît  être  composée  de  tronçons  de  différentes  voies. 

(2)  Mémoire  sur  les  voies  romaines  de  la  Bretagne  p.  4i. 

(3)  Mémoire  sur  les  voies  romaines  de  la  Bretagne,  p.  85. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  45  - 

que  du  Guémené  elle  se;dirigeait  vers  le  village  de  la  Trinité 
eo  Langonnet  (Morbihan),  où  il  existe  des  ruines  romaines 
assez  importantes  (1).  Elle  passait  ensuite  près  du  bourg 
de  Plevii),  où  elle  est  facile  à  reconnaître  et  se  dirigeait  sur 
Carhaix. 

Mais  si  Carhaix  est  Vorgium^  comme  je  l'ai  élabli,  et  si, 
suivant  l'opinion  de  plusieurs  géographes,  Gesocribate  doit 
être  identifié  avec  Brest,  identification  qui  me  paraît  très- 
acceptable  (2)  il  est  impossible  d'admettre  que  la  voie  qui 
partait  de  Vorgium,  et  qui,  dans  la  Table  de  Peuiinger, 
paraît  se  terihiner  à  Gesocribate,  vint  aboutir  à  ce  point,  â 
moins  de  supposer  une  erreur  dans  le  chiffre  de  la  distance 
^marquée  dans  ce  document  entre  ces  deux  stations.  Cette 
distance  est  eu  effet  de  XLV  lieues  gauloises,  soit  un  peu 
moins  de  100  kilomètres.  Or,  mesurée  sur  la  carte  de  Tétat- 
major  au  moyen  d'un  compas  et  en  tenant  compte  de  toutes 
les  courbes,  la  dislance  entre  Carhaix  et  Brest  n'est  que  de 
75  kilomètres,  soit  une  différence  en  moins  de  25  kilomètres, 
c'est-à-dire  d'un  quart  de  la  distance  marquée  dans  la  Table. 
Pour  obtenir  la  distance  de  XLV  lieues  cjauloises  il  faudrait 
prolonger  la  voie  jusqu'au  Conquit,  qui  devrait  alors  être 
identifié  avec  la  station  de  Gesocribate,  Mais,  comme  on  le 
verra  plus  loiti,  il  y  a  de  grandes  probabilités  pour  que  le 
Conquei,  ou  plutôt  la  presqu'île  de  Kerraorvan,  soit  le  Stalio- 
canus  portus  de  Ptolémée.  D'un  autre  côté,  si  telle  avait  été  la 
direction  de  la  voie,  on  ne  peut  guère  admettre  qu'elle  n'eûl 
pas  passé  par  Brest,  el  que  le  nom  de  cette  importante  localité 
n'eut  point  figuré  dans  la  Table  de  Peulinger. 

Il  y  a  donc  en  ce  qui  touche  la  direction  de  celte  voie  à  sa 
sortie  de  Vorgium  et  le  point  où  elle  aboutissait,  une  diffi- 
culté sérieuse  dont  la  solution  ne  me  parait  pas  cependant 
impossible.  Voici  par  quel  raisonnement  je  vais  essayer  d'en 
rendre  compte. 

(1)  Outre  les  ruines  que  ron  remarque  près  du  presbytère  de  la 
Trinité,  et  dont  quelques  débris  ont  été  remis  au  Musée  de  Quimper, 
par  MM.  Félix  et   François  Stenfort  de   Gourin,  il  existe  de  grandes 

Quantités  de  tuiles  romaines  près  du  bourç  de  Lançonnel,  et  aux  viUages 
e  Menez-Bloc'h  et  de  Keroarennic  entre  la  Trinité  et  Langonnet. 

(2)  GesocribaU  doit  être  une  forme  altérée  de  Gesobrivates  qui  diffère 
bien  peu  de  Briouates  Liniên  nom,  sc^us  lequel  Ptolémée  dans  sa 
pescription  des  Gaules,  désigne  une  localité  que  ie  n'hésite  pas  à 
identifier  avec  Brest.  De  Brivates  est  venu  naturellement  Brest  par 
métathèse.  En  dehors  de  cette  explication  je  ne  trouve  pas  d'étymologie 
rationnelle  du  nom  de  cette  ville.  M.  E  Desjardins  qui  n'admet  pas 
Cette  identification,  reconnaît  cependant  que  «  la  traduclion  en  langue 
CelUque  des  mots  Briouates  Limen  est  Gesobrivates  »  — -  Géographie  de 
la  Gaule,  p.  199. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  46  — 

Et  d'abord,  étant  donné  la  situation  de  Vorganium^  capitale 
des  Osismii.  à  l'embouchure  de  rAber-Wrâc*h,  n*est-il  pas 
rationnel  d'admettre  que  la  voie  principale  qui  sortait  de 
yor^fumpar  le  nord-ouest  devait  se  diriger  vers  celle  capitale 
de  préférence  â  tout  autre  point  de  la  côte  ?  Il  n'^  a  pas  dans 
le  déparieraenl  du  Finistère  une  seule  voie  roniaine,  dont  le 
tracé  puisse  êire  mieux  établi  que  celui  de  la  voie  qui  reliait 
Vorgium  (Carhaix;  à  la  pointe  de  Castel-Acli  (emplacenjenl 
de  Vorganium).  La  distance  qui  sépare  ces  deux  points,  me- 
surée avec  soin  à  l'aide  d'un  compas,  sur  la  carte  de  l'État- 
major,  en  suivant  le  tracé  que  j'ai  donné  plus  haut,  est  de 
90  kilomètres.  Il  y  a  donc  entre  celle  distance  et  les  XLV  lieues 
gauloises  qui  séparent  Vorgium  de  Gesocribate  une  difiérence 
d'environ  dix  kilomètres  ;  mais  on  s'en  rendra  facilement 
compte»  si  l'on  remarque  que  la  voie  de  Carhaix  à  Vorganium 
traverse  toute  la  chaine  des  Montagui^s  d'Are,  c'est-à-oire  un 
pays  exlrômemenl  accidenté,  où  les  courbes  sont  nécessairement 
fort  nombreuses  et  ne  sauraient  être  mesurées  exactement  sur 
une  carte.  La  distance  entre  Carhaix  et  Vorganium  concorde 
donc  assez  bien  avec  la  dialance  marquée  dans  la  Table  entre 
Vorgium  et  Gesocribate  (1).  Ce  premier  point  établi,  il  me  reste 
à  expliquer  par  suite  de  quelles  circonstances  Gesocribate  se 
trouve  placé  dans  la  Table  de  Peutinger,  à  l'exlrêmité  de  la 
voie  qui  sortait  de  Vorgium, 

Tous  ceux  qui  ont  étudié  ce  documeni,  ont  dû  remarquer 
entre  rembouchure  de  la  Meuse  (Patabus)  et  celle  de  la 
Seine  le  mol  Veneti  et  plus  haut,  au-dessus  de  Gesogiaco^  le 
mot  Osismi.  Il  est  évident  qu'il  y  a  eu  ici  une  transposition 
de  ces  deux  noms,  et  que  le  mot  Veneti  qui  est  écrit  en  ma- 
juscules comme  les  noms  de  peuples  tels  que  Beturiges,  Ca- 
durci  etc.,  devait  désigner  le  peuple  de  la  ciié  des  Venètes  et 
occuper  une  place  dans  le  voisinage  de  Dartoritum  il  ne 
paraît  pas  moins  évident  que  l'erreur  du  copiste,  et  par  suite 
la  transposition  du  mot  Osismi,  doivent  être  attribuées  à  la 
ressemblance  des  premières  syllabes  des  mois  Gesogiaco  et 
Gesocribate,  Avant  cette  transposition  Osismi  devait  donc 
être  placé  au-dessus  de  Gesocribate.  De  plus  comme  Osismi 
est  écrit,  comme  le  nom  de  toutes  les  autres  villes,  en  carac- 
tères minuscules,  ce  mot  devait  aussi   désigner  une  ville  et 


(1)  Le  rapport  entre  ces  deux  distances  sera  encore  plus  exact,  si  Ton 
admet  que  le  V  du  chiffre  XLV  est  une  altération  du  chiffre  II,  produite 
par  le  rapprochement  des  jambages  de  ce  dernier  chiffre.  Cette 
sorte  d'altération  est  fréquente  dans  les  manuscrits  anciens.  Dans  cette 
hypothèse  la  distano/e  eu  question  serait  de  XLII  lieues  gauloiee»  soit  un 
peu  plus  de  93  kilomètres  seulement. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  47  — 

non  un  peuple.  Or  la  seule  ville  qui  ail  porté  le  nom 
é'Osismii  dans  la  III®  Lyonnaise,  est  Vorganium,  Je  sais  bien 
que  ce  n'esl  qu'au  IV«  siècle  que  les  vil^s  de  la  Gaule  cel- 
lique  prirenl  le  nom  des  cilés  dont  elles  étaient  les  capitales, 
et  que  la  Table  de  l^eutinger  est  antérieure  à  cette  date.  Mais 
on  n'ignore  pas  que  ce  précieux  document  a  été,  à  diverses 
époques,  l'objet  d'additions  et  de  corrections.  Or  je  consi- 
dère comme  le  résultat  d'une  correction,  la  présence  du  raol 
Osismi  au-dessus  de  Gesocribate,  A  mon  avis  Gesocribate 
(Brest)  était  dans  le  principe  placé  au-dessous  de  la  voie, 
peut  être  à  Textréraiié  d'un  embranchement  venant  de  Vor- 
gium  ou  de  Dartoritum.  Par  suite  d'une  erreur  de  transcrip- 
tion, ce  mol  fnl  substitué  à  celui  de  Vorganium  qui,  se  trou- 
vant placé  â  côlé  de  Vorgium,  pouvait  paraître,  aux  yeux 
d'un  copiste  ignorant,  faire  double  emploi  avec  le  nom  de 
celte  dernière  station,  en  raison  du  rapport  qui  existe  dans 
l'orthographe  des  noms  de  ces  deux  villes.  On  n'ignore  pas 
que,  tout  récemment  encore,  un  grand  nombre  de  géo- 
graphes confondaient  Vovgium  avec  Vorganium  ;  et  l'on  peut 
bien  admettre  que  puisque  celle  confusion  a  été  faite  dans 
les  temps  modernes  par  des  savants  dont  les  noms  sont  loin 
d'être  obscurs,  elle  a  pu  aussi  être  commise  par  de  simples 
copistes  à  une  époque  ancienne.  Dans  celte  substiiulion  le 
chiffre  XLV  demeura  attribué  à  Gesocribate.  Plus  tard,  après 
que  Vorganium  fut  devenu  Osismii,  on  s'aperçul  de  l'erreur 
et  on  écrivit  le  mot  Osismi  au-deseus  du  mol  Gesoeribate. 

Voilà  les  explications  que  j'avais  à  donner,  pour  rendre 
compte  de  la  difficulté  qui  résulte  du  chiffre  de  la  dislance 
marquée  dans  la  Table  de  Peutinger,  entre  les  stations  de 
Vorgium  et  de  Gesocribate.  Comme  on  a  pu  le  voir,  elles  re- 
posent principalement  sur  celle  hypothèse,  que  la  plus  impor- 
tante des  voies  sortant  de  Vorgium  dans  la  direction  du  Nord 
ouest  devait  aboutir  à  la  capitale  du  peuple  dont  elle  traver- 
sait le  territoire.  Les  ruines  gallo-romaines  que  l'on  rencontre 
dans  le  parcours  de  la  voie  qui  reliait  ces  deux  villes,  et  que 
l'ai  meniionnées  plus  haut  (pages  37  et  28j,  témoignent  suffi* 
sammenl,  je  le  répèle,  de  son  importance,  et  prouvent  par 
les  monnaies  qu'on  y  a  découvertes,  qu'elle  fut  une  des  voies 
les,  plus  fréquentées  de  la  cité  des  Osismii,  pendant  toute  la 
durée  de  l'occupation  romaine. 

Aux  détails  qui  précédent  sur  la  découverte  et  sur  la  situa- 
tion topographique  de  Vorganium  el  de  Vorgium,  il  n'est  pas, 
je  crois  ,  inutile  d'ajouter  quelques  renseignements  sur 
la  cîlé  des  Osismii^  dont  ces  deux  localités  étaient  les  villes 
principales. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  48  — 


Un  principe  généralement  admis  par  nos  géographes,  est 
celui  de  la  concordance  des  anciennes  divisions  civiles  de  la 
Gaule  avec  les  divisions  ecclésiastiques  de  la  France,  telles 
qu'elles  existaient  à  la  fin  du  XVIII*  siècle.  Cependant  si  Texac* 
titude  de  ce  principe  a  été  vérifiée  pour  un  grand  nombre  de 
diocèses,  on  est  forcé  de  reconnaître  qu'il  ne  peut  s'appliquer 
à  tous  ceux  de  la  province  de  Tours,  qui  représente  la  troisième 
Lyonnaise  sous  Tadministration  romaine. 

La  cause  de  cette  exception  fut  rétablissement  dans  une 
partie  de  cette  province,  au  V®  siècle  et  dans  les  siècles  sui- 
vants, de  nombreuses  tribus  bretonnes,  qui,  chassées  de  leur 
île  par  les  Saxons  envahisseurs,  vinrent,  sous  la  conduite  de 
leurs  chefs  militaires,  de  leurs  prêtres  et  de  leurs  moines, 
demander  h  TArmorique  un  asile  que  ne  pouvait  plus  leur 
donner  la  mère-patrie. 

Vers  le  même  temps  les  Francs  envahissaient  la  Gaule.  Mais 
il  y  eut  entre  cette  invasion  et  Timmigralion  des  Bretons  en 
Armorique  une  différence  essentielle  sous  le  rapport  de  Tin- 
fluence  que  ces  deux  événements  exercèrent  sur  les  circons- 
criptions ecclésiastiques  des  régions  envahies.  En  effet  les 
Francs,  païens,  n'avaient  pas  à  opposer  à  l'administration  des 
évêques  de  la  Gaule  une  organisation  religieuse  qui  pût  mo- 
difier en  quoi  que  ce  soit  les  limites  de  leurs  diocèses.  Leur 
prompte  conversion  au  christianisme  eut  pour  résultat  de  con- 
solider les  bases  de  Tordre  établi  dans  le  domaine  ecclésias- 
tique. 

Les  Bretons,  au  contraire,  étaient  depuis  longtemps  chrétiens 
quand  ils  abandonnèrent  leur  île.  Leurs  prêtres  et  leurs  moines 
les  accompagnaient  dans  leur  exil.  Us  avaient  leurs  saints  par- 
ticuliers et  leur  christianisme,  tant  sous  le  rapport  de  la  doc- 
trine que  sous  celui  de  la  discipline,  différait  en  plus  d'un 
point  de  celui  des  habitants  de  la  Gaule  (1  ).  A  leur  arrivée  en 
Armorique,  ils  continuèrent  l'exercice  de  leur  culte  de  la  même 
manière  qu'ils  l'avaient  toujours  pratiqué  dans  l'île  ;  et  comme 
dans  leur  nouvelle  situation  aucun  lien  ne  les  rattachait  à  l'an- 
cienne administration  romaine,  ils  ne  tinrent  aucun  compte 
des  divisions  civiles  ou  ecclésiastiques  établies,  et  donnèrent  à 
quelques-uns  des  cantons  où  ils  se  fixèrent  des  noms  empruntés 
aux  contrées  de  la  Bretagne  qu'ils  avaient  été  forcés  d'aban- 
donner. Plus-  tard,  lorsqu'ils  se  furent  établis  d'une  manière 
solide  dans  leur  nouvelle  patrie,  ils  nommèrent^  à  l'imitation 

(1)  Dom  Libineau,  Bittoire  de  Bretagne,  1. 1,  liv.  I,  p.  7-18. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  49  ~ 

des  Gaulois,  dans  quelques-unes  de  leurs  principales  villes, 
des  évêques  à  résidence  fixe,  tout  en  maintenant  dans  le  reste 
du  pays  les  évêques  régionnaires,  les  seuls  dont  la  discipline  de 
TégUse  bretonne  eût  jusque  là  reconnu  Tinslitution  (1).  Telle 
fui  l'origine  des  évêcliés  de  Quimper,  de  Saint-Pol-de-Léon, 
de  Saint-Malo  et  de  Dol  (2). 

Cet  état  de  choses  se  maintint  jusqu'au  milieu  du  Xl«  siècle, 
époque  à  laquelle  Nominoë.  qui  venait  de  fonder  l'unité  de  la 
nation  bretonne  et  de  se  proclamer  roi  des  Bretons,  voulut 
consolider  Tunité  politique  de  son  pays  en  y  établissant  une 
église  bretonne  indépendante  des  prélats  Francs.  Il  supprima, 
en  conséauence,  les  évêques  régionnaires,  et  porta  à  neuf  le 
nombre  des  évêchés  Bretons  à  résidence  fixe,  en  créant  les 
sièges  de  Tréguier  et  de  Saint-Brieuc.  Il  établit  Dol  pour 
métropole  sur  cette  nouvelle  province  qu'il  détacha  de  Tours 
(3).  Ce  ne  fut  que  plus  de  trois  siècles  plus  tard,  que  Dol 
perdit  son  iitre  métropolitain,  et  rentra,  avec  la  province  ins- 
tituée par  Nominoê,  dans  la  province  de  Tours  (4). 

Cette  révolution  et  les  circonstances  particulières  dans  les- 
quelles s'opéra,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  la  colonisation 
bretonne,  apportèrent  dans  les  circonscriptions  de  quelques- 
unes  des  anciennes  subdivisions  de  la  troisième  Lyonnaise  de 
si  grands  changements  que  des  neufs  évêchés  de  Bretagne, 
ceux  de  Bennes  et  de  Nantes,  où  l'influence  br*etonne  ne  se  fit 
sentir  qu'asse:^  tard,  peuvent  seuls  être  considérés  comme  cor- 
respondant à  peu  près  aux  cités  des  Redones  et  Namnetes  dont 
ils  ont  conservé  les  noms. 

De  cette  confusion  est  résulté  entre  les  savants  qui  se  sont 
occupés,  ë  une  époque  relalivement  moderne,  de  la  géographie 
de  la  Gaule,  une  grande  divergence  d'opinions  sur  les  rapports 
géographiques  des  sept  autres  évêchés  avec  les  cités  des 
Yeneti^  des    Curiosolitae  et  des  Osismii.  qu'ils  représentent. 

L'objet  de  ce  travail  est  principalement  de  rechercher  la 
ligne  de  démarcation  qui  existait  entre  le  territoire  de  ce 
dernier  peuple  et  celui  des  Veneti,  Mais  il  convient  avant  d'a- 


(1)  Aug.  Thierry.  Hisi.  de  la  Conquête  de  i'Angleterrey  liv.  I,  p.  71- 
72  ;  7«  édit. 

(2)  Hauréau,  Gallia  Chriêtiana,  p.  1038. 

(3)  Hauréau,  ibid.  Dom  Morice,  Histoire  de  Btetagn^r  1. 1,  p.  40.  Dés 
le  YI^  siècle  les  évêques  de  Dol  s'étaient  érigés  eu  métropolitains 
Dom  Morit*^,  Histoire  de  Bretagne,  t.  I,  p.  17. 

(4)  Gallia  Christiana»  t.  11,  p.  565. 

soc.   ARCHÊOL.  DU  FllfISTÈRB.  4 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  50  — 

border  celle  recherche,  de  rappeler  sommairement  les  prio- 
cipales  opinioiis  qui  se  sont  produites  sur  retendue  de  la  cité 
des  Osismii. 

XI. 

La  carte  qui  accompagne  i*Histoire  de  Bretagne  de  Dom 
Morice  (1^  sans  lui  assigner  de  limites  précises,  lui  attribue 
cependant  tout  Tévêché  de  Léon,  une  portion  de  celui  de  Tré- 
cuier,  et  évidemment  la  partie  sud-ouest  de  Tévéché  de 
Quimper,  puisqu'elle  place  le  Promontorium  Gobaeum  à  la 
pointe  du  Raz,  et  Sena  insula  à  Tîle  de  Sein. 

D'Anville  lui  donne  pour  limites,  à  Touest,  le  bourg  d'iffi- 
niac,  se  fondant  sur  un  prétendu  rapport  d*étymologie  entre  le 
mot  Fines  et  le  nom  de  cette  paroisse.  Pour  le  reste,  il  lui 
donne  les  limites  qu'avait  Tévêché  de  Quimper  au  dernier 
siècle  ;  mais  il  réserve  à  titre  de  Pagus,  la  partie  sud  de  cet 
évêché,  dans  lequel  il  place  les  Corisopiti. 

M.  Bizeul,  qui  dans  ces  derniers  temps  a  traité,  avec  plus  de 
vivacité  peut-être  que  de  logique,  dans  le  Bulletin  de  VAsso- 
dation  bretonne  (2),  la  question  des  Osismii^  assimile  l'étendue 
du  territoire  de  ce  peuple  à  celle  des  évêchés  de  Quimper,  de 
Léon  et  de  Tréguier,  et  à  une  partie  de  celui  de  Vannes  jus- 
qu'au Blavet,  ou  tout  au  moins  jusqu'à  la  rivière  le  ScorfT, 

Enfin,  les  limites  données  tout  récemment  aux  Osismii  dans 
le  projet  de  la  carte  des  anciennes  cités,  publiée  par  la  Com- 
mission de  la  topographie  des  Gaules,  sont  celles  de  Tancien 
diocèse  de  Quimper,  et  la  rivière  le  Guer  (3),  qui  borne  à 
Touest  l'archidiaconé  de  Pougastel,  dans  Tévêché  de  Tréguier. 

Comme  on  le  voit,  retendue  du  territoire  attribué  par  nos 
géographes  à  la  cité  des  Osismii  est  bien  plus  considérable  que 
celles  qu'ils  accordent  aux  cités  voisines.  Selon  M.  Bizeul, 
entre  autres,  le  territoire  de  ce  peuple  aurait  été  à  lui  seul 
plus  étendue  que  celui  des  deux  cités  réunies  des  Veneti  et  des 
Namnetes.  D'un  autre  côté,  les  Osismii  auraient,  d'après  cette 
manière  de  voir,  possédé  une  étendue  de  côtes  au  moins  aussi 
grande  que  le  reste  du  littoral  de  la  troisième  Lyonnaise.  Les 
opinions  que  je  viens  d'exposer  reposent-elles  sur  des  données 
historiques  certaines,  ou  sont-elles  le  résultat  d'hypothèses  plus 

(1)  EUe  a  pour  titre  :  Ârmorieœ  Veteris  descriptio  juxta  Samsonum 
tabulas  et  quorundam  éruditorum  obs$rvation9$, 

(«)T.  IV,p.  39  et  107. 

(3)  Le  nom  de  cette  rivière  doit  être  Léguer  et  non  Guer,  comme  on 
récrit  dans  toutes  les  cartes.  On  trouve  sur  ses  bords  une  localilé  appelée 
Traonleguer,  dont  le  nom  signifie  valUe  du  Léguer. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  61  — 

ou  moins  ingénieuses,  ressource  à  laquelle  on  a  volontiers 
recours  quand  les  témoignages  de  l'histoire  font  défaut?  C'est 
ce  qu'il  s  agit  d'examiner. 

De  tous  les  renseignements  que  nous  ont  transmis  les  auteurs 
anciens  qui  ont  traité  de  la  géographie  de  la  Gaule,  il  résulte 
que  la  partie  de  la  troisième  Lyonnaise  qui  correspond  à  la 
presqu'île  de  Bretagne  était  habitée  par  cinq  peuples  :  les 
Redones  et  les  Namnetes,  qui  occupaient  la  base  du  triangle 
formé  par  cette  presqu'île  ;  les  Osismii  qui  occupaient  le 
sommet  du  même  triangle  ;  les  Veneti,  dont  le  territoire  était 
situé  entre  ce  dernier  peuple  et  les  Namnetes;  et  enfin  les 
Curiosolitae,  que,  depuis  la  découverte  faite  à  Corseul  d'anti- 
quités romaines  importantes,  les  géographes  n'hésitent  point  à 
placer  entre  les  Redones  et  les  Osismii. 

La  position  topographique  des  Osismii,  à  rextrémité  d'un 
cap  à  l'ouest  de  la  Bretagne,  est  bien  constatée  par  quelques 
auleurs  anciens,  mais  aucun  d'eux  ne  fait  connaître  jusqu'à 
quel  point  son  territoire  s'étendait  à  l'intérieur.  Strabon,  au 
livre  I'"^  de  sa  Géographie,  en  décrivant  les  côtes  de  l'Europe 
d'après  Pythéas  et  Eratoslhènes,  mentionne  le  cap  des  Osti- 
miens  ou  Ostidamiens^  appelés  Cabaeum,  et  les  îles  voisines 
dont  la  j)lus  éloignée,  nommée  Uxisama,  était,  selon  Pythéas, 
à  trois  journées  de  navigation  du  continent  (1).  Plus  loin,  au 
livre  IV,  il  ajoute  :  «  Après  les  Veneti  sont  les  Osismii,  que 
Pythéas  appelle  Ostimii.  Ils  habitent  un  cap  qui  s'avance  assez 
loin  dans  l'Océan,  pas  aussi  loiu  cependant  que  l'ont  dit 
Pythéas  et  ceux  qni  croient  au  récit  de  cet  auteur.  »  Pline 
indique  aussi  dans  la  Lyonnaise  une  péninsule  remarquable  qui 
s'avance  dans  l'Océan,  à  partir  des  limites  des  Osismii,  Enfin, 
Ptolémée  mentionne  parmi  les  cités  maritimes  situées  entre  la 
Seine  et  la  Loire,  celle  des  Osismii,  dont  le  territoire,  ajoute- 
t-il  (2),  s'étend  jusqu'au  promontoire  Gobaeum,  ou  plutôt 
Gabaeum  (3). 

La  péninsule  de  Bretagne  se  termine  par  plusieurs  caps  ou 
pointes,  dont  les  principaux,  au  nombre  de  trois,  ont  été  dési- 
gnés par  des  noms  particuliers  depuis  un  temps  immémorial. 
Ces  caps  sont,  en  allant  du  sud  au  nord  :  1<^  le  Cap-Caval 
{Caput  Caballi),  dont  la  traduction  bretonne  est  Pen-Marc'h. 

(\)   Strabonis  Gtographica,  curantibus  ^C.  Munero  et 'T.  Dubnero. 
Paris,  Didot,  1853. 
(S)  Âpud  Dom  Mer.,  Histoire  de  Bretagne» 

(8)  Les  variantes  données  dans  rédition  de  la  Géographie  de  Strabon 
citée  plus  haut  sont  les  suivantes  :  Kablion^  Kalbion,  Gobaion  (Pto- 
lémée) ;  sed  item  Gabaion,  restituendum  est  ex  codice  editionis  Ar* 
ie  ^  tinœ. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  52  - 

Ce  cap  avail  donné  son  nom  h  nn  Pagus  assez  important  (I)  ; 
2*  le  Cap-Sizun,  terminé  par  la  pointe  du  Raz,  et  dont  le  nora, 
comme  celui  du  précédent,  servait  à  désigner  un  Pagus  (2)  ; 
3*  enfin  le  Cap-Saint-Malhieu,  appelé  en  breton  Pen-ar  bed  (le 
bout  du  monde),  mentionné  dans  un  acte  de  1275  sous  le  nom 
de  Saint'Mahé^  de  Fine-Posterne  {de  Fine  Postremo)  (3),  et 
où  il  existait  une  très-ancienne  abbaye  appelée  dans  les  litres 
du  XVI«  siècle  :  h^onasterium  sancti  Mathei  in  flnibus  terrarum^ 
ou  Monasterium  sancti  Mathei  al.  de  sainct  Mazé  in  finibus 
terrae  (A).  Ce  dernier  promontoire  forme  en  réalité  la  pointe  de 
la  presqu'île  de  Bretagne.  Il  occupe  exactement,  en  effet,  le 
sommet  d'un  triangle  qui  aurait  pour  base  une  ligne  s'élendant 
de  l'embouchure  de  la  Loire  à  la  baie  du  Mont-Saint- Michel^ 
et  dans  lequel  on  pourrait  presque  inscrire  cette  péninsule. 
Presque  tous  les  géographes  modernes  se  sont  accordés  à 
raconnaître  dans  ce  cap  celui  qui  est  mentionné  sous  le  nom 
de  Proinontorium  Gabaeum  ou  Gobaeum^  par  les  auteurs  que 
je  viens  de  citer. 

La  seule  indication  précise  que  l'on  puisse  tirer  des  rensei- 
gnements qui  précèdent,  est  que  les  Osismii  occupaient,  à 
partir  du  promontoire  Cabaeum,  une  certaine  étendue  de  ter- 
ritoire qui  s'avançait  dans  Tinlérieur,  entre  l'Océan  et  la 
Manche,  jusqu'à  une  limite  qu'il  n'a  pas  encore  été  possible  de 
fixer.  Malgré  celte  incertitude  sur  la  délimitation  de  leur  cité  à 
l'ouest  et  au  sud,  on  peut  avancer  qu'elle  comprenait  tout  l'é- 
véché  de  Léon  et  une  parlie  plus  ou  moins  grande  des  évêchés 
de  Quimper  et  de  Tréguier.  C'est  ici  le  lieu  d'examiner  les 
considérations  qui  ont  déterminé  d'Anville  et  les  géographes 
modernes  qui  ont  adopté  son  opinion  à  comprendre  dans  la  cité 
des  Osismii  la  totalité  du  territoire  de  l'ancien  diocèse  de 
Quimper. 

XIL 

D'Anville,  à  Tarticle  Osismii  de  sa  Notice  de  la  Gaule,  après 
avoir  cité  un  passage  de  la  vie  de  Saint-Menulfe  ou  Menou,  où 
il  est  dit  que  ce  saint  personnage  aborda  au  territoire  des 


(1)  Borné'  au  nord  par  le  Goazien  ou  Goayen,  rivière  qui  se  jette 
dans  rOcéan  à  Audierno;  à  l'est  par  la  rivière  Odet;  au  sud  et  à  Touest 
par  l'Océan. 

(2)  Borné  au  nord  par  la  baie  de  Douarnenez  ;  à  l'est  par  le  ruisseau 
et  le  vallon  du  Riz  ;  au  sud  par  le  Goayen  ;  à  Touesl  par  TOcéan. 

(3)  Dom  Lobineau,  Histoire  de  Bretagne,  Preuves,  col.  427. 

(4)  Titres  du  chapitre  de  Saint-Paul-de-Lèon.  (Archives  du  Finistère). 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  53  ~ 

Osfsmii  où  Saint  Corenlin  était  évêque,  en  conclut  quo  la  cité 
des  Osismii  comprenait  tout  l'évêché  de  Quimper.  Celte  con- 
clusion est  évidemment  trop  absolue.  Car  en  supposant  que 
celle  cité  se  fût  étendue,  vers  le  sud,  seulement  jusqu'à  la 
rivière  d'iulne  et  jusqu'aux  montagnes  Noires,  limites  fort  na- 
turelles assurément,  elle  eût  contribué  à  former  h  peu  prés  la 
moitié  de  l'évêché  de  Quimper,  qui  était  borné  au  nord  par  la 
chaîne  des  montagnes  d'Are  et  parle  cours  inférieur  de  la  ri- 
vière d'Ëlorn,  qui  passe  à  Landerneau.  Dans  celle  hypothèse, 
des  249  paroisses  ou  succursales  qui  composaient  ce  diocèse  à 
la  fin  du  dernier  siècle,  cette  porlion  du  territoire  des  Osismii 
en  aurait  compris  131.  Il  n'y  a  donc  pas  lien  de  s'étonner  que 
le  nom  de  ce  peuple  s'y  soit  maintenu  longtemps,  et  que  par 
suite  l'évêque  de  Quimper  ait  été  qualifié  par  les  auteurs  an- 
ciens, évêque  des  Osismii,  quoique  son  diocèse  ne  fût  pas  en- 
tièrement formé  du  territoire  de  ce  peuple.  D'un  autre  côté, 
comme  l'évêché  de  Saint-Pol-de-Léon  était  aussi  formé  d'une 
portion  de  la  cité  des  Osismii,  il  n'est  pas  surprenant  que 
Saint-Pol  ait  été  également,  comme  on  le  voit  dans  sa  vie,  dé- 
signé sous  le  nom  d 'évêque  des  Osismii,  Dans  l'un  et  dans 
l'aulre  cas,  la  qualification  de  Ëpiscopus  Osismorum  n'a 
d'autre  sens  que  celui  d'évêque  d'une  portion  des  Osismii.  Il 
n'est  donc  pas  logique  de  conclure  de  celte  qualification  don- 
née à  Sainl-Corentin,  que  tout  l'évêché  de  Quimper  devait 
nécessairement  être  compris  dans  la  cité  de  ce  peuple. 

Cette  objection  ne  paraît  pas  s'être  présentée  à  l'esprit  de 
d'Anville  ;  et  ce  savant,  considérant  sa  thèse  sur  la  position 
géographique  des  Osismii  comme  parfaitement  établie,  en  a 
tiré  une  conséquence  qui  lui  paraît  toute  naturelle,  mais  qui, 
reposant  sur  un  fait  non  suffisamment  démontré,  ne  saurait 
être  facilement  acceptée  par  une  critique  judicieuse.  En  effet, 
dans  son  arlicle  sur  l'île  de  Sena,  d'Anville  s'exprime  ainsi  : 
«  Mêla  en  fixe  la  situation  vis-à-vis  de  la  côte  des  Osismii  : 
Sena  ïnsula,  in  Britarfnico  Oceano,  Ocismicis  adversa  littoribus; 
et  cette  situation  se  rapporte  évidemment  à  Tisle  de  Sein,  nom- 
mée par  pure  ignorance  isle  des  Saints,  dans  les  cartes,  et 
qui  n'est  séparée  d'une  pointe  de  Bretagne,  dans  le  diocèse  de 
Kimper,  que  par  un  canal  d'environ  4,000  toises,  etc.  »  Ainsi, 
après  avoir  avancé,  sans  preuves  suffisantes,  que  la  cité  des 
Osismii  comprenait  tout  l'évêché  de  Quimper,  il  s'appuie  sur 
celte  base  peu  solide  pour  affirmer  l'identité  de  l'île  de  Sein 
et  de  Viusula  Sena  de  Pomponius  Mêla.  Cependant,  d'après 
Ptolémée,  les  côtes  occidentales  de  la  Lyonnaise,  jusqu'au  cap 
Gffbaewm,  étaient  baignées  par  l'Océan,  tandis  que  le  littoral 
nord,  à  partir  du  même  promontoire,  regardait  l'océan  Britan- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  54  - 

nique  (I).  La  position  géographique  donnée  par  Mêla  à  l'ile  de 
Sena  ne  peut  donc,  d'après  ce  témoignage,  s'appliquer  à  l'île 
de  Sein  ;  mais  elle  conviendrait  fort  bien  à  une  des  îles  de 
l'archipel  d'Ouessant,  telles  que  Molènes,  Quémenez,  Benni- 
guet,  elc  ,  qui  sont  réellement  situées  dans  Tocéan  Britannique. 
Quelques-unes  de  ces  îles  sont  plus  importantes  que  Tîle  de 
Sein.  Elles  ont  en  outre  sur  celle-ci  l'avantage  d'être  placées 
vis-à-vis  d'une  partie  bien  connue  du  territoire  des  Osismii,  A 
ce  dernier  titre  surtout  elles  méritaient  de  fixer  l'attention  du 
savant  géographe  (2). 

Le  rapport  de  nom  entre  Sein  et  Sena  a  sans  doute  paru 
à  d'Anville  ,  comme  à  djautres  géographes  ,  un  argument 
sans  réplique  en  faveur  de  son  opinion.  Il  est  certain 
que  cet  argument  eût  été  de  quelque  valeur  si,  depuis  une 
époque  très-ancienne,  l'île  de  Sein  avait  porté  le  nom  qu'on  lui 
donne  aujourd'hui.  Mais  il  n'en  est  rien,  et  les  titres  ne  man- 
quent pas  pour  établir  les  altérations  successives  qu'a  éprou- 
vées le  nom  de  cette  île  depuis  plusieurs  siècles. 

Le  document  le  plus  ancien  où  il  en  soit  fait  mention  est  un 
acte  du  cartulaire  de  Landévennec,  rédigé  au  XI*  siècle,  par 
lequel  Grallon,  comte  de  Gornouaille,  donne  à  Saint-Gwen- 
nolé,  abbé  de  ce  monastère,  «  l'île  de  Seidhun  et  toutes  ses 
dépendances.  (3)  Elle    devint  à  partir  de  cette  époque  un 

(1)  Apud  Dom  Mor. ,  Histoire  de  Bretagne,  Preuves,  1.  Je  dois  re- 
connaître que,  d*aprës  quelques  auteurs  anciens,  TOcéan  Britannique 
s*étendait  vers  le  sud  au-delà  de  la  Loire  :  «  Liger  Gallise  divideos 
Aquitanos  et  Celtas  in  Oceanum  Britannicum  evolvitur.  «  Vibii  Seques- 
tri  liber  de  flumirâbus^  fontibus,  etc.,  quorum  apud  poetas  mentio  fit. 
Basilœ,  1575,  fp.  234)  Cette  opinion  ne  me  parait  pas  devoir  infirmer 
Tautorité  du  témoignage  si  précis  de  Plolémee  :  Latera  Galliae  Lugdu- 
nensis  quœ  contîgua  suut  Aquitaniae  dicta  sunt  :  ex  rcliquis  id  quod 
occasum  spectat  et  Océano  alluitur,  sic  describitur  : 

Post  Ligerisostia  fluvii: 
Brivates  portus. . .,  etc. 
Gobœutn  promontorium. 

Latusautem  quod  septentrioaem  aspicit  juxta  Britannieum  Océanum, 
sic  se  habet: 

Post  Gobœum   promontorium  , 
Staliocanus  portus,  etc. 

(2)  Il  y  a  dans  la  plupart  de  ces  îles,  même  dans  celles  qui  sont  au- 
jourd'hui inhabitées,  des  monuments  celtiques,  et  de  nombreuses  traces 
d'habitations,  semblables  à  celles  que  Ton  remarque  dans  les  oppida 
gaulois. 

(3)  Cartulaire  de  Landévennec,  manuscrit  de  la  bibliothèque  de 
Quimper,  fo  142  v». 


Digitized  by  VjOOQIC 


--  55  — 

prieuré  de  Landévennec.  On  n'en  trouve  plus  de  traces  jus- 
qu'en 1534.  Elle  est  nommée  dans  un  acte  qui  porte  cette  date 
«  lille  de  Sizun.  »  C'est  sous  ce  nom  qu'elle  a  été  désignée 
dans  la  plupart  des  titres  jusqu'à  la  fin  du  XVIII*  siècle.  On 
peut  avancer  que  l'altération  du  mot  Seidhun  en  Sizun  était 
déjà  faite  vers  le  milieu  du  XIII«  siècle.  L'île  avait,  en  effet, 
donné  son  nom  à  un  cap  dont  elle  est  fort  peu  éloignée,  et  qui 
est  appelé  Cap  Sizun  dans  des  actes  de  1245, 1249, 1283,  etc. 
(1)  On  trouve  les  formes  Kapsithun  et  Cap  Sidun  dans  des 
titres  de  1160  et  de  1220.  (2)  C'est  une  transition  entre 
Seidhun  et  Sizun.  Dans  un  acte  de  1600,  l'île  de  Sein  est  ap- 
pelée «  l'île  Sainct.  »  Un  autre  titrç  de  1682  la  désigne  ainsi  : 
«  lisle  vulgarisée  lisle  Saincte,  ou  aultrement  Sizun.  »  (3)  J'ai 
pu  m'assurer,  dans  divers  voyages  que  j'ai  faits  à  l'île  de  Sein, 
que  les  habitants  l'appellent  Enez-Sun  (4)  (lie  de  Sun).  Le 
mot  Sun  est  une  syncope  de  Sizun.  On  sait  que  dans  une 
grande  partie  de  la  Bretagne  bretonnante,  notamment  dans 
l'ancien  évéché  de  Quimper  ou  de  Cornouaille,  l'usage  s'est 
établi  depuis  une  époque  assez  ancienne,  mais  qu'on  ne  peut 
préciser,  faute  de  documents,  de  ne  pas  prononcer  le  Z  dans 
la  plupart  des  mots  bretons  où  cette  lettre  se  rencontre.  Il  est 
très-possible  que  dès  la  fin  du  XVI®  siècle  cet  usage  existât  déjà 
en  Cornouaille  dans  la  langue  écrite.  Dans  ce  cas.  on  com- 
prend que  les  personnes  étrangères  à  l'île  et  ignorant  peut-être 
même  le  breton,  entendant  prononcer  rapidement  le  mot  Suw, 
aient  pu  le  confondre  avec  Sotn^  du  Sein,  d'où  sont  venus  plus 
tard  les  formes,  île  Sainte,  île  des  Saints^  île  de  Sein^  île 
de  Seivs,  etc. 

On  voit  par  ces  explications  que  le  rapport  entre  le  nom 
primitif  de  l'île  de  Sein  (Seidhun)  et  celut  de  Sena  est  si  éloi- 
gné, qu'il  ne  peut  constituer  un  argument  suffisant  pour  éta- 
blir l'identité  de  ces  deux  îles. 

J'ajouterai  que  Seidhun  est  le  nom  d'un  prince  dont  il  est 
fait  mention  dans  les  traditions  galloises.  Seithyn  était  en  effet 


(1)  Cartulaire  du  chapitre  de  Quimper,  no  31;  manuscrit  de  la  Bi- 
bliothèque nationale,  fo'  6,  17,  28  et  29, 

(2)  Carta  Conani  duels  (Britannie)  domui  Hierosolimitane  hospitalitatis, 
data  anno  Domioi  M».  €<>.  LX«.  (Bull,  archéol.  de  l'Assoc.  bretonne, 
t.  IV,  p.  256,  et  dom  Mor.,  Hist,  de  Bretagne,  preuves,!  col.  638.) 
Donation  de  prébendes  faites  à  son  chapitre  par  Renaud,  évéque  de 
Quimper,  {Cartul,  Capituli  Corisopitensis ,  no  51,  fo  1,  yo.)  Manuscrit 
de  la  Bibliothèque  nationale. 

(3}  Titres  de  Tabbaye  de  Landévennec.  (Archives  du  Finistère.} 

^4)  Prononcez  Seun  en  une  seule  syllabe  avec  le  n  nasal. 


Digitized  by  VjOOQIC 


f-^  56  - 

roi  de  Dyved.  Son  fils  Seithenyn  (I),  appelé  aussi  Seilhenyn- 
Veddw  (Seilhenyn  l'ivrogne),  élait  roi  de  la  plaine  de  Gwyd- 
dno.  et  vivait  vers  ^la  fin  du  V"  Siècle,  ou  au  conamencement 
du  VIo  Siècle.  Un  jour  qu'il  était  ivre,  il  ouvrit  les  écluses  qui 
protégaient  le  Caniref  y  Gwaelod  rdislricl  de  la  partie  bassej 
contre  l'invasion  de  la  mer,  et  tout  le  pays  fut  submergé.  Ce 
district  comprenait  seize  villes  et  occupait  l'espace  recouvert 
aujourd'hui  parla  baie  de  Cardigan.  Celte  inondation  eut  lieu, 
dit-on,  vers  l'année  520  (2).  Il  est  remarquable  de  retrouver 
dans  l'île  de  Seidhu?^  ou  de  Sein,  hi  souvenir  d'un  événement 
à  peu  près  identique  Voici  en  effet  la  tradition  qui  avait  cours 
dans  celte  île  vers  1640,  lorsque  le  P.  Maunoir  y  fit  une  mis- 
sion : 

«  Si  Ton  croit  la  tradition  du  pays,  dit  l'auteur  de  la  vie  de 
ce  missionnaire,  l'isle  de  Sizun  estoit  autrefois  une  partie  de  la 
terre  ferme  qui  joignait  cette  célèbre  ville  d'Is,  qu'on  prétend 
avoir  esté  submergée,  etc.  ^3), 

Cette  tradition  existe  encore  aujourd'hui  à  l'île  de  Sein,  où 
je  l'ai  recueillie.  Elle  est  aussi  très-répandue  sur  tout  le  littoral 
de  la  baie  de  Douarnenez.  Une  voie  romaine  bien  conservée 
dans  quelques  unes  de  ses  parties,  et  qui  se  termine  à  l'ex- 
trémité de  la  pointe  du  Raz,  vis-h-vis  de  l'île  de  Sein,  passe 
pour  êlre  l'ancien  chemin  qui  conduisait  h  la  ville  d'Is  (Kaer- 
aïs,  la  ville  de  la  partie  basse).  C'est  aussi  au  commencement 
du  Vie  siècle  que  nos  légendes  placent  la  submersion  de  cette 
ville  fameuse  dont  toutes  nos  chroniques  font  mention  (4).  On 


(1)  Seithenyn  est  ua  diminutif  de  Seithyn  (Seithyn-yn).  Voir  Owen 
Pughe's  Welsh  Grammar,  p.  34.  L'y  gallois  ayant  le  plus  souvent  un 
son  analogue  à  celui  de  la  diphtongue  française  eu.  il  en  résulte  que 
les  mots  Seidhun  et  Seithyn  devaient  se  prononcer  de  la  même  manière. 

(2)  Rees'  Welsh  Saints,  et  Williams'  Eminent  Welshmen,  verb. 
Seithenyn.  Ce  prince  d'après  la  tradition,  eut  dix  fils  qui,  par  suite 
de  la  perte  de  leur  héritage,  embrassèrent  la  vie  religieuse  et  devmreut 
membres  du  collège  Dunawd,  à  Bangor-Iscoed.  Le  Myvyrian  Areheo- 
logy  of  Wales  contient  un  chant  qui  rappelle  cet  événement,  et  qui 
a  probablement  servi  prototype  à  la  ballade  publiée  dans  le  Barzaz- 
Breiz,  sous  le  titre  de  Submersion  de  la  ville  d'ïs. 

(3)  Vie  du  P,  Maunoir,  par  le  P.  Boschet,  de  la  compagnie  de  Jésus, 
Paris  Jean  Anisson,  1 697. 

(4)  Voir  P.  Le  Baud  et  d'Argenlré,  Hist.  de  Bretagne;  Albert  Le 
Grand,  Vies  def  Saints  de  la  Bretagne-Armorique^p.  65  et  suiv.,  edit. 
Kerdanet;  Morcau,  Histoire  de  la  Ligue  en  Bretagne,  chà\i.  1,  p.  9, 
|re  ^dit  ,  etc  Suivant  la-  tradition  bretonne,  ce  fut  la  fille  du  roi  et  non 
le  roi  lui-même,  qui  ouvrit,  à  la  suite  d'une  orgie,  la  porte  des  écluses 
qui  protégeaient  la  ville  d'Is  contre  la  mer.  La  voie  que  je  viens  de 
mentionner  conduit  à  un  vaste  établissement  romain  situé  à  l  extrémité 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  57  - 

pourrait  induire  de  ces  divers  rapprochements  que  111e  de 
Seidhun  avait  reçu  sou  nom  d'un  chef  breton  qui  s'y  serait^ 
établit  et  que  plus  tard  on  aurait  appliqué  à  celte  localité  la 
tradition  relative  au  Cantrefy  Gwaelod,  apportée  de  l'île  de 
Bretagne  par  les  émigrés  bretons.  L'île  de  Sein  n'est  pas  la 
seule  localité  qui  porte  en  Basse-Bretagne  le  nom  de  Seidhun 
ou  Sizun.  Il  y  a  dans  le  diocèse  de  Quimper  une  paroisse  de 
Sizui),  qui  faisait  autrefois  partie  de  Tévéché  de  Léon,  et  qui  a 
dû,  connue  la  plupart  des  paroisses  d'origine  bretonne,  pren- 
dre le  nom  de  son  fondateur  breton. 

Meki  nous  apprend  que  Sena  était  remarquable  par  une  com- 
munauté de  prêtresses  d'une  divinité  gauloise  qu*il  ne  nomme 
pas.  Strabon  mentionne  aussi,  d'après  Possidonius,  une  île 
qu'une  semblable  instHution  rendait  célèbre  et  qu'il  place  à 
Tembouchure  de  la  Loire  (1).  D'Anville  pense  que  ces  deux 
auteurs  ont  voulu  parler  de  la  même  île,  mais  que  l'un  d'eux 
s'est  trompé  sur  sa  véritable  situation.  «  Il  y  a  toute  apparence, 
dit-il,  à  l'article  Sena  insula  de  sa  Notice,  que  les  femmes  en- 
thousiastes dont  parle  Strabon,  comme  faisant  leur  séjour  dans 
une  petite  isie  de  l'Océan,  peu  loin  du  continent,  et  qu'il 
nomme  Samnitiques,  sont  les  mêmes  que  les  prêtresses  de 
Sena.,.  Il  a  pu  être  moins  bien  informé  que  Mêla  sur  la  situa- 
tion de  cette  isle,  en  la  plaçant  vis-à-vis  de  l'embouchure  de 
la  Loire  On  ne  sçauroit  mettre  de  distinction  entre  le  nom  de 
Samnitiques,  rapporté  par  Strabon,  et  celui  de  Samnis.,  qui  pa- 
raît dans  Pline  (2;,  et  que  l'on  peut  juger  plus  correct  que  les 
variantes  d'ilmwi^  et  de  Siambis,n 


delà  pointé  du  Raz,  au  nord  de  la  baie  des  Trépassés,  et  appelé  par  les 
paysans  du  voisinage  Moguer-Greghi  (muraille  des  Grecs),  et  non  pas 
Moguer-Kaer-a-Is,  comme  on  Ta  dit  quelquefois.  Il  y  a  quinze  ou  vingt 
ansy  les  murs  de  cette  construction  avaient  encore,  dans  certaines  par- 
tieSf  plus  de  deux  mètres  de  hauteur.  Mais  depuis  quelques  années,  par 
suite  de  défrichements,  ils  ont  été  presque  tous  rasés.  Les  très-curieux 
oppida  gaulois  qui  occupent  le  littoral  sud  de  la  baie  de  Douarnénez, 
depuis  l'île  Tristan  jusqu'à  la  pointe  du  Raz,  me  portent  à  croire  que 
la  voie  qui  conduit  aux  ruines  de  rétablissement  dont  je  viens  de  par- 
ler existait  avant  l'arrivée  des  Romains  dans  le  pays.  Voir  mon  travail 
sur  les  Oppida  du  Firistère,  dans  les  Mémoires  du  Congrès  de  l'Assoc 
bretonne,  tenu  à  Quimper  en   1873. 

(t)  u  In  oceano  autem  insulam  esse  ait  (Possidonius)  parvam,  non 
plane  in  alto  sitam,  objectam  ostio  Ligeris  fluvii  ;  in  ea  babitare  mu- 
ueres  Samnitarum  (qui  Dionysio  Âmuilaî.  Note  de  l'éiit.),  Bacchio  ins- 
tinctu  correptas,  gnoeBacchum  mysteriis  ctaliis  céremoniis  demerean- 
tur;  nullum  eo  virum  venire,  sed  ipsas  navigiis  avectas,  cum  virissuis 
coire,  atque  inde  in  insulam  reverti.  »  Lib.  IV,  cap.  V,  6  ;  Gallia  Mores 
Gallorum.  Ëdit.  Didot. 

(2)  Lib.  IV,  cap.  XXX.  Edit.  Nisard. 

soc.  ASCHÉQL.  DU  FIMISTÂRE.  5 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  58  — 

.  La  conclusion  de  ceci  est  que,  puisque  les  auteurs  anciens 
ne  sont  d'accord  ni  sur  le  nom,  ni  sur  la  position  dans  TOcéan 
de  rîle  que  Mêla  appelle  Sena,  nous  ne  pouvons  espérer  de 
résoudre  avec  les  renseignements  contradictoires  qu'ils  nous 
ont  laissés  la  question  d'identité  de  cette  île  avec  une  île  quel- 
conque du  littoral  de  la  .Bretagne. 

Je  termine  par  une  observation  que  j'avais  à  dire  relative- 
ment à  rîle  de  Sein. 

Partoi  les  îles  de  TOcéan  mentionnées  dans  Y  Itinéraire  mari- 
time figure  celle  i'Uxantisina  ou  d'après  une  variante  d!Uxan* 
tisima,  dans  laquelle  tous  les  géographes  s'accordent  à  recon- 
naître l'île  d'Ouessant.  D'Anville  voit  dans  ce  mot  le  nom  de 
deux  îles,  céimd'Uxantis  et  celui  de  Sena  :  «  Il  convient,  dit-il, 
de  détacher  le  nom  de  Sena  d'avec  celui  d'Uxantis,  et  de  ne 
pas  lire  Uxantissina  de  suite  et  sans  distinction.  »  Nous  avons 
vu  plus  haut  que  Strabon  nomme,  d'après  Pythéas,  l'île  d'Oues- 
sant  Uxisama.  En  ajoutant  à  ce  mot  la  syllabe  ant  qui  parait  y 
manquer,  on  obtient  Uxantisama^  qui  diffère  bien  peu  de  for- 
mes latines  Uxantissima  et  Uxantisina  de  V Itinéraire  mari- 
time. Le  nom  breton  ancien  de  l'île  d'Ouessant  est  Enez-Eus- 
saff^  dont  la  dernière  syllabe  se  prononçait  autrefois  san,  en 
donnant  à  Yn  un  son  nasal  (tj.  On  prononce  aujourd'hui 
Heussa,  mais  on  appelle  encore  les  habitants  de  l'île  d'Oues- 
sent  An  Heussantis,  A  une  époque  très-ancienne,  le  nom  de 
cette  île  afort  bien  pu  être  Hmssantis-Enez  ou  Heussantis-Ynis 
(île  des  Ouessantais)  On  s'expliquerait  ainsi  comment  se  sont 
produites  la  forme  grecque  Ux  (antj  is-ama  et  la  forme  latine 
Vxantis-Ina^  et  l'on  serait  en  droit  de  contlure,  en  tenant 
compte  des  altérations  qu'ont  subies  la  plupart  des  noms  an- 
ciens, que  l'île  dont  Pomponius  Mêla  a   voulu  parler  est  la 

(t)  Le  doiible  /  qui  terminait  autrefois  uo  ,  graud  uombre  de  mots 
'  |fretoi]is  se  proQoâçaiJt  et  se  prononce rençocedans^bien  des  cas,  xpmme 
un  ji .nasal.  Ainsi/oa/f,  ja  suis,  se  prononce  oun;.thuriaff,  uoni.  d'un 
saint  ;  Thurian  ;  Plogoff,  nom  d'une  paroisse  de  J'évêché  de  Quimper, 
Phgon;  diff,k  moi,' dm,  etc.  C'est,  à  mon  avis,  de  cette  manière  que 
se  sont  formés  les  infinitifs  en  ein  du  dialecte  de  Vannes.  Ainsi  de 
dihriffy  manger,  est  venu  dtôrm,*  puis  dihrein.  Aujourd'hui  on  ne  tient 
pas  compte  le  plus  ordinairement  de  ce  double  f  final  dans  les  poly- 
syllabes. Ainsi  on  écrit  et  on  prononce  Izalia  et  Huella,  au  lieu  de 
Izillaff  et  Huellafff  que  Ton  trouve  dans  les  titres  jusqu'au  XVllIe  siè- 
cle. De  même  ou  écrit  et  on  prononce  Haussa  au  lieu  de  Heussaff, 
Voici  les  différentes  formes  sous  lesquelles  le  nom  de  cette  île  figure 
dans  les  documents  anciens  :  Ossa  lusula,  1439  (cette  forme  se  ren- 
contre dans  des  actes  latins  bien  antérieurs  à  cette  date,  notamment 
dnns  une  vie  anonyme  de  Saint-Gildas)  ;  l'isle  de  Heussaff,  1493  ; 
Heussa,  1597;  Oixant,  1631;  Hoixant,  1655;  Ouessant,  1697  (Titres  de 
révêché  de  Léon,  Archives  du  Finistère;. 


Digitized  by  VjOOQ  IC 


-  ^9  — 

même  que  VUxantissina  de  Vltinéralre  maritime,  dont  cet 
écrivain  n'aurait  connu  qu'imparfaitement  le  nom,  à  moins  que 
ce  nom  n'ait  été  altéré  dans  les  copies  de  son  manuscrit   ()  ). 

XIV, 

Après  avoir  essayé  d'établir  que  les  arguments  produits  par 
d'Anville  el  par  les  aulres  géographes  modernes  ne  suffisent 
pas  pour  lesauloriser  à  étendre  vers  le  sud  le  lerriloire  de  la 
cilé  des  Osismii,  jusqu'aux  limites  de  l'ancien  évêché  de  Quim- 
per,  il  me  reste  à  opposer  à  ces  savants  un  témoignage  qui 
n'a  pas  encore  été  remarqué  el  qui  me  parait  être  en  désac- 
cord complet  avec  ta  thèse  qu'ils  soutiennent.  Voici.en  effet, 
ce  que.  dit  César  daus  ses  Commentaires  en  parlant  des 
Veneti  : 

«  Hujus  civiialis  est  longe  amplissima  auctoritas  omnis  orœ 
mâj'itimâe  regionum  earum,  quod  el  naves  habenl  Veneti  plu- 
rimas;  quibus  in  Britanniam  navigare  cotisuerunt,  et  scienlia 
alque  usu  nauticarum  rerum  reliquos  antecedunt,  et  in  magno 
impplu  maris  aique  apertô,  paiicis  porlubus  interjeclis,  quos 
leneni  ipsi,  omnes  fere,  qui  eo  mari  uti  cun.>uerunl,  halient 
vecligales  (2).  » 

Ainsi,  d'après  le  témoignage  de  César,  qui  devait  être  bien 
renseigné,  puisqu'il  avait  lui-môme  occupé  avec  son  armée  la 
cité  des  Vénèles,  ce  peuple  était  maître  des  ports  de  la  côte 
sud-ouest  de  la  péninsule  Armoricaine  ;  car  je  ne  pense  pas* 
que  Ton  puisse  entendre  autrement  Vora  maritima  dont  parle 
César.  Or,  admettons  avec  d'Anville  que  la  cité  des  Osismii 
s'étendait  vers  le  sud  jusqu'à  la  limite  de  l'ancien  évêché  de 
Quimper  :  le  littoral  de  la  cilé  des  Veneti  se  trouve  alors 
nécessairement  réduit  à  l'espace  compris  entre  la  rivière  de 
Quiraperlé  au  nord,  et  la  Vilaine  au  sud.  Il  en  résulte  que  le 


(!)  Dans  un  travail  de  M.  Pocqiiard-Kerviler,  ingénieur  des  ponts  e 
chaussées,  lu  en  1873  au  Congrès  de  Quimper,  et  intitulé  :  «Étude  eritU 
que  sur  la  géographie  de  la  presqu'île  armoricaine  au  eommencement 
et  à  la  fin  de  l'occupation  romaine  »,  je  lis  ce  qui  suit  à  la  page  39, 
à  propos  des  objections  que  j'ai  développées  contre  rideiitification  de 
Sèna  insula  avec  l'île  de  Sein  :  «  MM.  Le  Men  et  Longnon  se  sont 
livrés  à  ce  sujet,  chacun  de  leur  côté,  à  des  discussions  philologiques 
fort  intéressantes,  etc.  »  Si  M.  Pocquard-Kerviler,  avait  lu  raon  Mé- 
moire snr  la  cité  des  Osismii  avant  d'en  rendre  compte,  il  aurait  pu 
s'apsurer  qu'en  ce  qui  touche  l'ile  de  Sein,  M.  Longnon  a  purement  et 
simplement  accepte  mon  argumontation  sans  y  ajouter  un  seul  argu- 
ment nouveau. 

(2)  Gœsar,  De  Bello  Gallico,  lib   IIF,  8. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  60  - 

littoral  de  cette  cité  représente  en  étendue  le  tiers  seulement 
de  celui  que  d*Ânvitle  accorde  aux  Osismii. 

Il  sufût  de  jeier  les  yeux  sur  une  carie  de  Brelaî^ite  pour 
s'assurer  que  les  ports  naturels  sont  bien  plus  nombreuse  dans 
la  cité  des  05t5mn  ainsi  constituée,  que  dans  celles  des  Veneti. 
En  ne  tenant  compte  que  de  la  partie  du  littoral  comprise 
entre  la  rade  de  Brest  et  la  rivière  de  Quimperlé,  ou  trouve 
dans  celte  étendue  de  c6tes  vingt-huit  ports  maritimes  (1).  Le 
nombre  de  ceux  de  la  cité  des  Veneti^  avec  les  limites  que 
d'Anville  lui  assigne,  n'atteint  pas  ce  chiffre.  IL  est  donc  né- 
cessaire, pour  mettre  le  texte  de  César  d'accord  avec  les  faits, 
d'étendre  vers  le  nord  le  littoral  de  cette  dernière  cité.  La 
ohatne  des  Montagnes  Noires  et  le  cours  de  TAulne,  me  pa- 
raissent former  des  limites  très  naturelles,  et  celte  extension 
donnée  au  littoral  des  Veneti^  suffit  à  expliquer  leur  puissance 
maritime  constatée  par  César  (2). 

En  résumé,  dans  cette  hypothèse,  les  limites  des  Osismii, 
au  sud,  auraient  été  la  rivière  l'Aulne  depuis  la  rade  de  Brest 
jusqu'à  Saint-Goazec;  ensuite  la  chaîne  des  Montagnes- 
Noires  jusqu'à  Tréogan  (Côtes-du-Nord)  (3)  ;  puis  le  canal  de 
Nantes  à  Bre>t  jusqu'à  Croixanvec  (Morbihan). 

Quant  à  leurs  limites  à  l'ouest,  les  rivières  l'Oust,  le  Leff  et  le 
Trieu  qui  bornaient  de  ce  côté  les  anciens  évêchés  de  Quimper 
et  de  Tréguier,  établissent  entre  la  cité  des  Osismii  et  celle  des 
Curiosolitae  une  ligne  de  démarcation  fort  naturelle.  Ainsi 
constituée,  leur  cite  aurait  été  formée  :  1<>  de  tout  l'évêché  de 
Léon  ;  2«  de  tout  l'évêché  de  Tréguier;  3«  eifin  de  la  partie 
de  l'évêché  de  Cornouaille  qui  comprenait  les  pagi  de  Kintin, 
de  Poher  et  du  Faou. 


(1)  Voir  la  carte  du  département  du  Finistère,  par  Taconnet,  géo- 
mètre en  chef  du  cadastre.  Je  sais  que  les  Romains  ne  donnaient  guère 
le  nom  de  port  qu*à  ceux  où  les  navires  pouvaient  se  maintenir  tou- 
jours à  flot;  mais  la  différence  est  la  même  pour  les  ports  de  cette  nature, 

(2)  Ces  limites  étaient  celles  que  j*avais  assignées  aux  deux  cités 
dans  un  Mémoire  sur  les  Osismii  et  les  Veneti;  adressé  a  la  Commis- 
sion de  la  Topographie  des  Gaules,  au  mois  d'octobre  187  t.  Je  les  ai, 
à  tort,  un  peu  modifiées,  dans  le  même  travail  publié  dans  les  numé- 
ros de  janvier  et  de  février  1872  de  la  Bévue  Archéologique.  De  nou- 
velles réflexions  et  de  nouveHes  recherches  m'ont  convaincu,  depuis, 
que  mon  premier  sentiment  était  le  meilleur,  et  je  n'hésite  pas  y  revenir. 

(3)  Dans  cette  partie  de  la  frontière  des  deux  cités,  existent  deux 
oppida  appelés  CasteURuffel  et  Castel-Toul-Laèron,  oui  occupent,  dans 
les  communes  de  Saint-Goazec  et  de  Spezet,  deux  aes  points  les  plus 
élevés  de  la  chaîne  des  Montagnes-Noires.  —  Voir  mon  mémoire  sur 
es  Oppida  du  Finistère. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  61  - 

XV. 

L'opinion  que  je  viens  d'exposer  a  élé  admise  en  principe 
par  IVI.  Longnon  dans  un  travail  Irès-éUidié  sur  les'cilés 
gallo-romaines  de  la  Bretagne  lu  au  Congrès  scientifique  de 
France  (l)  à  Saint  Brieuc,  quelques  mois  après  la  publication, 
dans  la  Revue  Archéologique,  de  mon  mémoire  sur  les  Cités 
des  Osismii  et  des  Veneti.  Mais  l'extension  que,  je  propose  de 
donner  au  territoire  des  Veneti  n'a  pas  paru  à  M.  Longnon, 
suffisante  pour  expliquer  la  grande  supérioriiede  ce  peuple  sur 
ses  voisins,  et  son  rôle  prépondérant  dans  la  guerre  de  l'A r-r 
morique  contre  César.  Il  conviendrait  d'après  lui,  pour  jus- 
tifier Ct*lte  supériorité,  d'étendre  au  nord  les  limites  de  la  cité 
des  Veneti  jusqu'aux  Montagnes  d'Are,  c'est-à-dire  de  donner 
a  cetle  cité  i^ne  étendue  égale  aux  territoires  réunis  des  an- 
ciens évôcliés  de  Vannes  et  de  Quimper. 

Il  y  a,  ce  me  semble,  de  l'exagération  dans  celte  hypothèse. 
Il  ne  faut  pas  en  effet  perdre  de  vue  q^e  la  supériorité  donnée 
par  César  aux  Veneti,  réside  exclusivement  dans  leur  puis- 
sanse  maritime.  S'ils  sont  supérieurs  à  leurs  voisins  ce  n'est 
ni  par  le  nombre  de  leurs  guerriers,  ni  par  l'étendue  de  leur 
territoire,  mais,  comme  le  dit  formellement  le  texte  des  com- 
mentaires :  1°  parce  qu'ils  possèdent  beaucoup  de  navires; 
2«  parce  qu'ils  surpassent  les  autres  dans  l'art  de  la  navigation  ; 
3»  et  enfin  parce  qu'ils  occupent  le  petit  nombre  de  ports 
exislanl  sur  le  littoral  sud-ouest  de  la  péninsule  Armoricaine. 
Or,  pour  donner  aux  Veneti  tous  ces  avantages,  il  suifll  d'é- 
tendre, comme  je  propose  de  le  laircjusqu'à  la  rade  d^e  Brest, 
le  littoral  de  leur  ciié.  Une  plus  grande  extensionde  leur  terri- 
toire sérail  à  mon  avis  arbitraire.  La  rivière  Avon  (Aulne)  et 
les  Montagnes  Noires  forment  une  ligne  de  démarcation  aussi 
nalurelleque  celle  des  Montagnes  d'Are;  quant  au  territoire  situé 
entre  ces  deux  chaînes  de  Montagnes,  il  aurait  pu  fournir  aux 
Veneti  de  bonnes  troupes  d'infanterie  et  de  cavalerie,  mais  je 
ne  pense  pas  que  son  annexion  à  leur  cité  eut  augmenté  d'une 
manière  sensible  leur  supériorité  maritime  sur  les  cités  voi- 
sines. 

Comme  l'objet  principal  du  mémoire  de  M.  Lotignon,  est  de 
combattre  l'opinion  d'après  laquelle  les  Bretons  auraient 
établi  leurs  évêchés  sans  tenir  compte  des  circonscriptions 
civiles  existant  auparavant  dans  la  péninsule,  et  d'appliquer  à 
la  Bretagne  la  théorie,  admise  pour  le  reste  de  la  France,  de 
la  concordance  des  évêchés  avec  les  cités  gallo-romaines,  on 

(I)  Dans  sa  session  du  mois  de  juillet  1872. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  fi2   - 

peiM  siippo'ier  qiio  l'aiileiir  de  ce  travail,  en  donnant  au  1er 
riioire  de  la  elle  dr»s  Veneli  une  extension  qui  me  paraît  ex- 
eesîiive,  a  cru  trouver  (bins  colle  hypolhc»e  nu  argument 
favorable  h  la  théorie  qu*il  se  proposait  de  défendre. 

Voici,  en  effet,  les  conséquences  qu[il  eu  tire  : 

Adnnetidni  connme  un  fait  acquis  la  concordance  des  limites 
de  la  cilt^  des  Veneti  avec  les  circonscriptions  des  anciens 
évêchés  de  Vannes  et  de  Quimper.  M.  Longnon  considère 
comme  un  démembrement  de  celte  ciié,  la  portion  de  son 
territoire  qui  devint  dans  la  suile  révêtiié  de  Quimper.  Celle 
portion  avanl  de  devenir  un  évôché  auraii  été  elle-même  une 
cilé,  ei  c'est  elle  qui,  d'après  lui,  figure  depuis  le  milieu  du 
Vt®  siècle,  sous  le  nom  de  Civitas  Corisppitum^  dans  les 
divers  manuscrits  de  la  Notitia  Provinciarum,  au  nombre  de 
neuf  cité?  dont  se  composaii  la  Ill«  Lyonnaise.  , C'est  à  lort, 
ajoute-t-il,  que  s'anlorisant  de  quelques  variantes  de  la  Notitia 
dues  à  des  demi  savants  du  IX*' siècle,  on  a  prétendu  qu'il 
faut  lire  dans  ce  document  Civitas  Corisolitum  au  lieu  de 
Civitas  Corisopitum,  et  que  celte  dénomination  désigne  non 
le  territoire  de  l'évêché  de  Quiirtper,  mais  celui  de  fa  cité  des 
Curiosoliles  de  César. 

La  conséquence  nécessaire  de  ce  raisonnement  est  que  c*îlte 
dernière  cilé  avait  cessé  d'exister  avanl  le  commencement  du 
V«  siècle,  époque  où  fut  rédigée  la  Notitia  Provinciarum. 
,Mais  comme  dans  le  système  de  M.  Longnon,  elle  n'a  pu  être 
absorbée  ni  par  les  Rhedones,  ni  par  les  Ostsmii ,  ni  par  les 
Veneti,  il  n'hésita  pas  à  Iransporler  du  Maine  en  Bretagne  et 
à  placer  à  l'ouest  des  Rhedones,  la  Civitas  Diablintum  dont  il 
augmente  le  territoire  de  loul  celui  de  la  cilé  des  Curiosotiles. 
Il  hésite  d'autant  moins  à  le  faire,  que  c'est  sur  l'existence  des 
Diablintes^  eu  Bretagne  que  repose  tout  rééhaffaudage  de  ses 
hypothèses.  Sans  les  Diablintes,  en  effet  la  correspondance 
des  circonscriptions  des  evêchés  delà  péninsule  armoricaine 
avec  celles  des  cités  gallo-romaines  n'est  pas  possible. 

Le  cadre  de  ce  travail  ne  comporie  pas  une  réfutation  même 
sommaire  de  la  thèse  soutenue  par  M.  Longoon  ;  je  me 
bornerai  à  lui  opposer  une  objection,  qui  suffit ,  si  je  ne  me 
trompe,  â  renverser  tout  son  système. 

Ptolémée  en  nommant  les  Diablintes  parmi  les  peuples 
conîpris  entre  la  Seine  et  l'Océan,  nons  apprend  que  le  nom 
dd  leur  capilaîe  était  Noioduntim,  Or,  si  l'on  jetle  les  yeux  sur 
la  Table  de  Peulinger.  on  remerque  sur  la  voie  d'Au^nctim 
(Charlres)  à  Alauna  (\i\\e  du  dé|)arlemenl  de  la  Manche),  en- 
tre les  statioBS  de  Suodinnum  (k  Mans)  et  û'Araegenue  (\  \eu\ 
ou  Bayeux),  une  capitale  de  cilé  dont  le  nom  est  Nudionntm, 


K 

i 

Digitized  by  VjOOQ IC 


-  63  - 

el  que  d'AnvilIe.  la  Commission  delà  topographie  des  Gaules, 
M.  Ernest  Desjardins,  el  la  plupart  des  îçéogrjphes  ,  si  non 
tous,  n'hésitent  pas  à  identifier  avec  Noiodunum  la  capitale  des 
Diablintesfei  avec  la  ville  aciuelle  de  Jublains.  U  résuUe  né- 
cessairemenl  d«»  eelle  identification  que  la  cité  des  Diablintes 
se  trouvait  à  Test  de  Rennes»  el  par  conséquent  dans  le  Maine 
el  non  en  Bretagna. 

Celle  objection  u'a  pas  échappé  à  M.  Longnon,  et  voici  par 
quel  raisonnement  il  essaie  d*en  atlénuer  Timportance  :  «  Le< 
«  rapprochement  que  d'AnvilIe  cherche  à  faire,  dit-il  CO 
«  entre  celte  dénominaiion  (Noiodunum)  et  celle  de  Nudionum 
«  de  la  Table  de  l*enlinger  ne  peui  nullement  servir  à  confir- 
«  mer  son  hypothèse,  môme  si  Ton  considère  Nudionum 
«  comme  une  mauvaise  leçon;  en  effet,  bien  que  Nudionnum 
«  semble  figurer  dans  la  Table  comme  celui  d'une  station 
«  de  la  voie  de  Rayeux  (Araegenue)  à  Subdinnium  (\e  Mans^, 
«  Tomission  de  la  distance  qui  le  séparait  de  ces  villes  ne 
«  permet  d'en  fixer  remplacement  que  d'une  façon  arbitraire.  » 
L'oaiission  dont  parle  M.  Longnon  existe  en  effet  dans  la 
Table,  mais  de  ce  qu'elle  ne  permet  pas  de  connaître  la  dis- 
tance de  la  capitale  des  Diablintes  au  Mans  e\  à  Bayeux,  est-Il 
logique  de  conclure  que  cette  capitale  n'élail  pas  siluée  entre 
les  deux  stations,  sur  la  voie  où  elle  figure  dans  la  Table  de 
Peutinger?  et  peut  on  trouver  dans  cet  oubli  d'un  copiste 
l'ombre  d'une  raison  pour  la  transporter  à  l'ouest  de  Rennes 
sur  une  voie  imaginaire?  Une  semblable  argumentation  ne 
saurai!  être  accpiëe,  même  par  la  critique  la  moins  sévère. 

La  position  donnée  par  la  Table  de  Peutinger  à  la  capitale  ' 
des  Diablintes  ne  peut  donc  laisser  aucun  doute  sur  la  véri- 
table situation  de  ce  peuple.  Si  j'ajoute  que  le  nom  de  Jublains 
n'est  qu'une  altération  du  mot  Diablinies  ;  que  celte  ville  et 
plusieurs  au'res  localités  de  son  territoire  sont  désignées  sous 
le'i  noms  d'Oppidum  Diablentis^  de  vicus  Diablentœ^  de  paro- 
chia  Diablintica dedans  des  titres  du  moyen-âge  signalés  par 
l'abbé  Lebeuf,  el  qu'enfin  on  voit  à  Jublains  un  remarquable 
Casirum  gallo-romain,  près  duquel  il  existe  sur  une  étendue 
de  plusde  cinquante  hectares,  des  subsiruciions  gallo-romaines 
parmi  lesquelles  M.  Barbe  a  cru  retrouver  les  vesiiges  d'un 
théâtre,  de  plusieurs  temples  d'un  forum  (2),  il  faudrait  avoir 


(1)  Essai  sur  les  cités  gallo-romaines  de  la  Bretagne,  p.  429. 

(2)  Voir  les  intéressants   rapports  publiés   par  M.  Henri  Barbe,   sur 
les  fouilles  qu'il  a  faites  à  Jublains   il   y  a   quelques  années.  Coin  m 
preuve  de  la  durée  de  roccupation  de  cette  antique  cité,  M,  Barbe  nou 
apprend  qu'aux  substructions  de  la  ville  primitivesontsupcrposéescelle^ 
d  une  autre  ville  de   moindre  étendue,  mais  également  gallo-romaine^ 


Digitized  by  VjOOQIC 


J 


.   —  64  — 

Tesprilbien  prévenu  pour  persister  à  placer  ailleurs  que  dans 
le  Maine  la  elle  des  Diablintes. 

XVI. 

Il  n'esl  pas,  je  pense,  hors  de  propos  de  clore  les  observa-  . 
lions  qui  précèdent  par  quelques   remarques  sur  les  localiiés 
du  liiloral  des  Veneli  el  des  Osismii,  raenlionnées  par  Plolé- 
'  niée  dans  sa  description  des  Gaules.  Ces   localités  sont,  en 
remontant  vers  le  nord,  à  patnir  de  la  Loire  : 

Brivates  portus, 
Herii  fluvii  oslia, 
Vindana  porlus, 
(jobaeum  promonlorium  : 

auxquelles  il  ajoute  : 

Post  Gobaeum  promonlorium, 
Slaliocanus  portus, 
Teti  fluvii  oslia,  etc. 

Rien  ne  prouve  que  Piolémée  ail  observé  l'ordre  lopogra- 
phique  dans  Ténumération  de  ces  localités.  Le  contraire  esl 
même  Tort  probable  (1).  La  seule  indication  certaine  que 
nous  fournis>e  cette  énumération,  c'est  que  Brivates  portus^ 
Herii  fluvii  ostia  e\  Vindana  portus  doivent  être  recherchés 
sur  la  côte  comprise  entre  la  Loire  et  le  promontoire  Gobaeum 
qui  est,  comme  on  Ta  vu  plus  haut,  la  poinie  de  Saint-Ma- 
thieu«  sans  qu1l  y  ait  lieu  de  se  préoccuper  de  Tordre  dans 
lequel  ces  localités  sont  rangées. 

XViK 

IVAnville  et  la  commission  de  la  topographiç  des  Gaules  n'onl 
pas  hésité  à  placera  Brest  le  Brivates  portus  de  Ptolémée  qui, 
comme  je  Lai  déjà  dit,  ne  parait  êlrejqu'une  variante  du  Geso- 


{\)  Si  dans  sa  Description  des  Gaules,  Ptolémée  a  suivi  Tordre  géo- 

graphique,  et  que  l'on  identifie  Gobaeum  promontorium  avec  le  cap 
aint-Mathieu,  comme  on  le  fait  généralement,  et  Herii  fluvii  ostia  avec 
la  rade  de  Brest,  comme  ressaierai  d'établir  qu'on  doit  le  faire,  il  faudra 
de  toute  nécessité  identiner  Vindana  portus  avec  le  port  de  Brest.  Or, 
ce  D'est  pas  l'opinion  admise  par  les  géographes. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  65  — 

brivate  (Geso-Brîvale)  de  la  carie  de  Peulinger  (1^.  Oulre  Ice 
indications  qne  Ton  peut  tirer,  en  effet ,  de  \a  ressemblance 
des  noms  en  faveur  de  celle  opinion;  il  en  est  de  plus  solides 
qui  résultent  des  restes  romains  importants  que  Ton  remarque 
dans  les  couriines  et  dans  d'autres  parties  du  Château  de 
Brest.  De  plus,  la  situalion  de  cette  forteresse  et  la  sûreté  de 
son  port  ont  dû  lui  donner  dans  Tantiquilé  une  impertance 
qu'elle  a  conservée  pendant  tout  le  moyen-âge  et  jusqu'à  nos 
jours. 

XVIII. 

D'Anville  pense  que  le  fleuve  Herius  est  la  Vilaine  (2),  et 
que  le  nom  de  la  stalion  appelée  Duretie,  dans  la  carte  de 
Peulinger,  et  qu'il  place  sur  les  bords  de  la  Vilaine,  doit  s'é- 
crire Durerie  et  signifie  passage  de  rRrius.  ^  Je  vois  même, 
ajoute-t-il,  une  trace  du  nom  Herius  dans  celui  de  Treig-hier 
que  Ton  donne  encore  actuellement  au  passage  de  la  Vilaine, 
entre  la  Roche-Bernard  et  l'embouchure  de  celle  rivière.  Car 
on  croira  volontiers  que  Treig-hier  vient  de  Trajecinm  HerxL 

J'ignore  si  le  passage  dont  parle  d'Anville^  et  qui  n'est 
mentionné  dans  aucune  carte,  existe  ou  a  jamais  existé  ;  mais 
on  peut  s'assurer  eu  consultant  la  carte  de  Cassini  cl  celle  de 
l'Etal-Major,  qu'il  y  a  sur  la  rive  droite  de  la  Vilaine,  dans  la 
situation  indiquée  par  ce  géographe,  une  ferme  appelée  Tre- 
higuier^  et  non  Treig-hier,  voisine  d'une  autre  ferme  siluéc 
aussi  sur  les  bords  de  la  Vilaine  et  nommée  Tre-hudal,  et  qu'i 
peu  de  distance,  au  sud-ouest  de  ces  deux  fermes,  il  y  en  a 
d'autres  désignées  sous  les  noms  de  Tre-gorvel^  Tre-mer^  Tre- 
bestan^  etc.  Le  mol  Tre  que  l'on  rencontre  si  fréquemment  en 
Bretagne,  et  dont  le  sens  le  plus  ordinaire  est  tribus  (liëve  ou 
fraction  d*une  paroisse ^^  signifiait  aussi  autrefois  un  hameau 
et  même  une  habitation  isolée.  L'argument  dont  se  sert  d'An- 
ville,  et  qui  reposait  sur  un  mot  mat  écrit,  perd  donc  toute  sa 
valeur  dès  que  l'on  rélablil  l'orthographe  de  ce  mot. 

D'ailleurs  le  nom  ancien  de  la  Vilaine  était  Visnonia^ 
comme  nous  l'apprend  Grégoire  de  Tours  ;  rien  ne  prouve 
qu'il  se  soit  opéré  un  changement  dans  le  nom  de  cette  rivière, 
depuis  l'époque  à  laquelle  écrivait  Plolémée  jusqu'auVi^»  siècle. 

Je  crois  reconnaître  fluvius  Herius  ôans  VAvon^  ou  rivière 
de  Chàteaulin,  improprement  appelée   Aulne  en  Français.  Ce 


(1)  Voir  plus  haut,  pages  33,  31. et  45,  note  2. 

(2)  Notice  de  rancienne  Gaule.  Verb.  Durerie  et  Heritu  fiuvius. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  66  — 

fleuve,  qui  pivnd  sa  source  dans  les  Montagnes-Noires  au-deld 
de  Carhaix,  est  apr^s  la  Loire  el  la  Vihine  le  plus  grand 
fleuve  de  Bretagne.  On  sait  que  les  mots  Aff,  Aven  el  Avon 
signifient  rivière  dans  les  divers  dialectes  celtiques.  Les  Bre- 
tons, en  arrivant  dans  TA rmorique,  donnèrent  ce  nom  à  un 
grand  nombre  de  cours  d*eau,  dont  les  noms  primitifs  Turent 
par  suite  perdus.  U  rivière  appelée  aujourd'hui  Aulne  reçul^ 
comme  d'autres,  le  nom  d'il  von,  et  c'est  sous  ce  nom  plus  ou 
moins  altéré  qu^ejle  a  été  désignée  jusqu'à  présent  dans  la  plus 
grande  partie  de  soO  cours,  c'esl-à  dire  depuis  Chàteauneuf- 
du-Faou  ju>qu'è  son.  embouchure.  Mats  elle  a  conservé  son 
nom  ancien,  celui  de  Hierre  (Herius),  dans  le  reste  de  son 
eours,  comme  on  peut  le  voir  dans  la  carte  de  Tétat^major  et 
dans  celle  de  Cassini.  Cette  particularilé  s'explique  fort  bien 
quand  on  considère  que  la  partie  de  son  cours  qui  porté  le 
nom  de  Hierre  est  celui  qui  arrose  le  territoire  du  Pagus 
Ca^/e//t,  ou  Pont' Kaer  dont,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  Carhaix 
était  le  chef- lieu.  C'est  dans  cette  partie  centrale  de  la  Basse- 
Armorique  que  la  population  indigène  dut  se  maintenir^  le 
plus  lons[temps,  protégée  qu'elle  était  par  la  double  chaîne . 
des  Montagnes-Noires  et  d'Are  contre  les  empiétements  des 
insulaires  bretons.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  d*être  surpris  que  la 
rivière  Hierre  jr  ail  consorvé  son  nom  armoricain,  tandis 
qu'elle  était  désignée  sous  celui  d'Avon  dans  la  partie  du  pays 
occupée  la  première  par  les  Bretons,  el  l'on  peut  conclure  que 
Tembouchure  de  rivière  appelée  par  Ptolémée  Herii  fluvii  ostia 
n'est  autre  que,  la  rade  el  le  goulet  de  Brest,  points  .remar- 
quables qui  ont  dû  attirer,  plus  qu'aucun  autre  de  la  côte 
occrdentale  de  TArinoriquc,  rattenlion  des  navigateurs  an- 
ciens (I). 

XIX. 

Un  autre  point  de  cette  côte  qui  n'a  pas  du  échapper  à  leur 
attention  est  la  baie  de  Douarnenez,  au  fond  de  laquelle  je 
serais  assez  porté  à  placer  le  Vindana  portus  de  Ptolémée,  au 
lieu  même  occupé  par  la  ville  de  Douarnenez  et  par  Tile 
Tristan.  Cette  ile,  qui  devient  une  presqu'île  i  la  marée  basse, 
comme  les  Oppida  gaulois  que  décrit  (!ésar  en  parlant  de  la 
guerre  des  Venèles  (2;,  a  été  elle-même  un  oppidum,  M.  Le 


(I  Avant  que  je  me  fusse  occupe  de  l'étude  de  cette  question  de 
géographie  ancienne,  la  Commisaion  de  la  topograptiie  des  Gaules  avait 
déjà  assimilé  le  fluvius  Heriusk  la  rivière  d'Aulne.  Je  n'ai  été  informé 
que  plus  tard  de  cette  circonstance^ 

(2)  De  BêUù  GMico,  lib.  tU,  12. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  67  — 

Guillon-Pénanroz,  propriélaire  de  l*tle,  y  a  déconverl,  en  fai- 
sant des  défrichements,  les  siibstructions  d'un  très-grand 
nofiïbrc  de  peliles  habita  (ions  disposées  comme  les  cases  d^un 
échiquier.  C'est  exactement  Taspecl  que  présenlent  les  habita- 
lions  gaiiloiseii  dans  les  Oppida  qne  j'ai  explorés.  Les  (races, 
dt*  quelques  unes  de  ces  habilations  ^ont  encore  Irès-visibles. 
Hya  découvert  aussi  des  meules  et  d*autres  instruments, 
auquel  il  n'a  porté  que  fort  peu  d'attention.  Mais  il  y 
a  recueilli  et  conserve  soigneusement  deux  monnaies  gau- 
loises en  bronze,  plusienrs  fragments  d'épées,  des  haches, 
un  poignard,  des  cou(eaux,  etc.,  aussi  en  bronze,  une  sta- 
tuette  romaine  en  même  métal,  et  des  monnaies  de  la 
colonie  de  Nimes,  des  empereurs  Vespasîen,  Hadrien,  Gor- 
dien ,  Maximien  ,  Consianlin  1,  etc.  D'un  autre  c6(é,  les 
ruines  romaines  abondent  dans  la  ville  de  Douarnenev  et 
aux  environs.  On  y  a  découvert,  en(re  auires  choses,  une 
pierre  calcaire  hau(e  de  40  centimètres,  qui  provient  peut- 
êlreii'un  autel,  ei  sur  laquelle  est  représenté  un  personnage 
dans  une  attitude  exactement  semblable  à  ceMe  du  dieu  gaulois 
Esus,  trouvé  en  1711  sous  le  chœur  de  l'église  de  Noire-Dame- 
de- Paris  (1).  On  pourrait  avancer,  de  plus,  qu'il  n'y  a  pas  sur 
le  littoral  de  celte  baie  un  seul  cours  d'eau  près  duquel  on  ne 
trouve  dés  traces  de  susbtruclions  romaines.  Du  r<>ste,  les 
RoiDains  étaient  très-habiles  dans  le  choix  des  emplacements 
de  leurs  habitations.  On  peut  dire  que  sous  ce  rapport 
c'élaieut  de  véritables  artistes,  et  Ton  comprend  aisément 
qu*ils  aient  été  séduits  par  la  vue  de  cette  splendide  baie  qui 
Uur  rappelait  le  golfe  de  Naples. 

L'ite  Tristan  s'appelait  ile  Tutuarn  en  1118.  époque  à  laquelle 
elle  fut  donnée  à  l'abbaye  de  Marmoutiers  par  l^ot>ert,  évêque 
de  Quimper.  C'est  probablement  api^és  cette  donation  que  le 
territoire  voisin,  occupé  par  la  ville  de  Douaruenez,  prit  le 
nom  de  Terre  de  Hle  (Douar-an-Enez).  Tutuarn  est  le  nom 
d'un  saint  Breton;  l'ile  et  la  ville  n'ont  donc  conservé  aucune 
trace  du  nom  qu'elles  portaient  avant  et  pendant  l'occupation 
romaine.  Mais,  je  le  répète,  l'importance  des  ruines  gallo- 
romaines  qui  s'y  trouvent  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur 
l'existence  d'une  ville  antique  dans  cette  localité. 

XX. 

Après  le  Promontorium  Gobaeum  (pointe  de  Saint-Mathieu), 
Ptolémée  mentionne  le  Portus  Staliaco^us,  que  la  plupart  des 

(1)  Cette  pierre  est  déposée  au  Musée  départemental  d'archéologie 
de  Quimper. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  66  — 

fleuve,  qui  prend  sa  souree  dans  les  ' 
lie  Carhaix,  esl    apr^s  la  Loire  9'i 
fleuve  de  Bretagne.  Ou  sait  que 
signifient  rivière  dans  les  dive^ 
Ions,  en  arrivant  dans  TArm^^ 
grand  nombre  de  cours  d'e^^|^ 
par  suite  perdus.  La  rivièr.'^  { 
eomme  d'auires,  le  nom  't^ i\ 


grande  partie  de  son  ^ 


moins  altéré  qu'eHe  a  étv  ^|  f  9 

du-Faou  jusqu'à  son/s  Jy^^f 
nom  ancien,  celui  fiVt^^ 
cours,  comme  ori 
dans  celle  de  C»tf 
quand  on  cotif  '  i  ' 
nom  de    //ir 

^laii  le  tb 
Arniorio 
plus  lo 
de^  ^ 
jniif' 

^       ,^j  apparem 


anse  de  Portz- 
noms  et  sur  fa 
es  restes  d'an- 

*  foraine  en 
Celait  ar 
p  naviiT 
>romo 
aujV 


uS, 


OU 


Ah 

won  irou 
.   ?^'"s,  ce  qui,  n  c. 
.  'i*tï  juger  que  les  navires 
.ez,  ou  que  la  mer  a  baissé  O) 
o-Liocan  qui  signifie  entrée  ou  ior/ 
..  brillante,  les  anciens  écrivains  ont  fait 
,  qu'ils  ont  dû  lire  Portus  Liocanus,  el   Vià 
^,,e  a  écrit  Portus  Staliocanus,  le   port  Staliocan  cp 
^^  .^.paremmpnl  venu  de  la  prononciation  des  habiiânu 
lieti  q"^  ""''^  prononcé  comme  à  présent  Pors-Liocan    aZ 
f  Jmingt^i'^oru  cru  être  lepori  Saliocan,  Portus  Saliocaiius 

''^^ai  visité,   il  y  a  quelques  années,  l'anse  de  Poi lz-Lio£ran 
di<ï  ^^y/W  ^P^''\  «-emarqué  les  vestiges  anciens  signalés  oar 
jjo.n  le  Pellnier  Le  temps  m'a  peut-être  manqué  pour  donner 
i  ffixamei»  de^  lieux  tout   te  soin  nécessaire.  Je  doute  ceoen 
dant,  qu'il  y  un  jamais  eu  de  quai  Ùans  l'anse  de  Porz-Liocan' 
Les  traditions  relatives  à  d'anciens  ports  dont  la  racr  se  seraii 
retirée  ne  sont  pas  rares  en  Bretagne,  el  ne  reposent  eénérA 
lement  sur  aucun  fondement  sérieux.  Ce  que  j'admets  comme 
très-probable,  car  je  ne  puis  croire  que  le  savant  bénédin  n 
que  je  viens  de  citer  se  soit  trompé  sur  le  caractère  antique 

<l)  Dans  son  Dictionnaire  de  la  langue  bretonne,  an  mot  Liogan. 

(2)  Il  est  certain,  au  contraire  que  le  sol  s'aflfaisc  sur  le  litiArai  a.. 
Finistère.  Ainsi  dans  transe  des  Bllncs-Sablon^s.  peu  éloignée  de  Ln^ 
de  Porfz-Lioçan,  on  découvre  dans  les  grandesLrées  fe  nomLeuses 
souches  de  pins  et  d'autres  arbres,  qui  indiquent  qu^une  forrSit 
autrefois  dans  cette  anse.  D*un  autre  côté,  il  y  a  dans  la  ba^f  dV 
Douarnenez  de  nombreuses  constructions  romaines,  qui  sont  oÔnr  la 
plupart,  soit  recouvertes  par  les  sables,  soit  pins  ou^oins  emamées 
par  la  mer  avec  les  falaises  sur  lesquelles  elles  sont  établies       ^"^®®* 


Digitized  by  VjOOQIC 


de  ruines  donl  il 
Unce,  à  un  point 
"eue  anse,  d'un 
imains  ont  nv 
parois    étai 
*î  irès^rési 
iipropre 
irLiciio 
parti 
^  P< 


-^  71  — 


ce  fleu^'^e.  Jusqu'ici  il  était  en 
choix  entre  les  nombreuses  ri- 
\  ou  dans  la  Manche  depuis  le 
^  département  du  Calvados. 
^y  Vorganium  à  Tenirée  de 
vK  et  donne  à  cette  rivière 
J  ^%'u'en  y  plaçant  Tenibou* 

tel,  a    moins  de  chances 
I^V  «s  identifications  qui 
4  4  >  ^^Vflii  ne  reposent  en 


'%> 


wt  ce  travail,  que 
V^js  qui 


"^ 


y  sont 

.^s  ici  que 

'^e,  qui   a 

bulletin, 

gallO' 


.1  a  11. 
.1  l'onesl  a  élu 

uiaise  ;  enfin  celui  non  iiio 
en  la  commune  de  Ploraodiern,  tu 
les  deux  précédents,  malgré  la  hauteur  a  . 
placé. 

Mais  si  tout  porte  à  croire  qu'ij  n'y  a  jamais  eu  % 

ni  de  ville  dans  Tanse  de  Porlz-Liogah,  Texistenee  d'u^t. 
ancienne  dans  la  presqu'île  de  Kerraorvan,   entre  le  por^H 
Conquel  et  Tanse  des  Blancs-Sablons,  est  un  fait  qui  nesaura^ 
êlre  contesié.   Celie  presqu'île,  qu'on  nomme  Tlle  {an  En^^y 
dans  le  pays,  et   qui  n*esl  unie  au  continent  que  par  u^ç 
élroile  langue  de  terre  fortement  retranchée,  présente  dans  sa 
partie  médiane,  à  peu  de  distance  d'un  groupe  de  menhtrs  ds 
nombreuses  substructions  d'habitations  de  forme  rectangulaire, 
construites  en  terre  et  en  pierres  de  petite  dimension,  et  ran« 
gées  les  upes  à  la  suite  des  autres  avec  assez  de  régularité. 
One  sorte  de  rue  ou  de  chemin,  dont  la  largeur,  qui  est  d'en- 
viron 3  mètres,  est  indiquée  par  des  pierres  fichées  en  terre 
et  saillantes  de  *20  a  30  centimètres,  conduit  en  se  dirigeant 
d'abord  de  Test  à  l'ouest,  et  ensuite  du  sud  au  nord,  jusqu'au 
centre  de  ces  habitations,  où  Ton  remarque  deux  enceintes 
comprises  Tune  dans  l'autre  et  de  forme  rectangulaire,  comme 
les  maisons.   L'enceinte  intérieure  était,  suivant  la  tradition 
locale,  l'église  (an  Illis)^  et  l'encemie  extérieure,  le  cimetière 
de  celle  ville  ruinée.  A  quelque  distance  sont  plusieurs  autres 
enceintes  plus  grandes,  faiblement   retranchées,  qui  peuvent 
avoir  servi  de  p^rçs  à  bestiaux.  Les  monuments  celtiques  ont 
dii  être  tort  nombreux  dans  cette  presquile,  mais  on  en  a  détruit 
beaucoup  (1).  On  y  remarque  encore  deu,x  dolmens  de  grandes 


(1)  Une  hache  en  pierre  polie  a  été  irouvé^t  il  y  aquel(]ues  années,  par  un 
officier  du  génie,  sous  un  de  ces  menhirs  qu'il  venait  de  faire  abattre. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  68  — 

géographes  placent  près  du  Conquet,  dans  Tanse  de  Portz-- 
Liogan,  se  fondant  sur  Tanalogie  des  d  *)x  noms  et  sur  ta 
description  suivante  que  fait  Dom  le  Pelletier  des  restes  d'an- 
tiquités qu'on  y  remarquait  de  son  temps  (1). 

«  l.iogan  est  le  nom  propre  d'une  anse  où  rade  foraine  entre 
Tabbaye  de  Sainl-Maihieu  et  le  Conquet,  etc.  C'était  appa- 
remment aulrefois  un  port  de  mer  ou  l'entrée  des  navires,  de 
laquelle  la  mer. a  mangé  les  deux  pointes  ou  promontoires 
qui  formoienl  ce  port,  que  l'on  nomme  encore  aujourd'hui 
Pors-Liogan,  qui  esl  écrit  partout  dans  les  anciens  titres 
Pors-Leocan.  Ce  port  avoil  un  quai  maçonné  et  cimenté  de 
mastic  ou  de  bitume.  Les  vieilles  gens  du  pays  (en  1694)  m'as- 
surèrent qu'ils  y  avaient  vu  des  anneaux  ou  l'on  altachoil  les 
navires,  el  j'y  vis  encore  la  place  d'un.  Ce  quai  étoit  au-dessus 
de  la  plaine  mer,  grande  marée,  élevé  d'environ  trois  toises, 
et  les  anneaux  quatre  ou  cinq  pieds  moins,  ce  qui,  n'étant 
pas  ordinaire  aux  quais  modernes,  fuit  juger  que  les  navires 
étoient  en  ces  tems  14  plus  élevez,  ou  que  la  mer  a  baissé  (2). 
De  ce  nom  Liocan  ou  Pors-Liocan  qui  signifie  entrée  on  port 
de  couleur  blanche  et  brillante^  les  anciens  écrivains  ont  fait 
Portus  Saliocanus,  qu'ils  ont  dû  lire  Portus  Liocanus,  el  Pio- 
lémée  même  a  écril  Portus  Staliocanus,  le  port  Slaliocan^  ce 
qui  est  apparemment  venu  de  la  prononciation  des  habitants 
du  lieu  qui  ont  prononcé  comme  à  préseni  Pors-Liocan,  que 
les  étrangers  ont  cru  être  \e  port  Saliocan^  Portus  Saliocanus 
où  Staliocanus.  » 

J'ai  visité,  il  y  a  quelques  années,  l'anse  de  Po»  tz-Liogan, 
et  je  n'y  ait  poinl  remarqué  les  vestiges  anciens  signalés  par 
Dom  le  Pelletier.  Le  temps  m'a  peut  être  manqué  pour  donner 
à  l'examen  des  lieux  loui  le  soin  nécessaire.  Je  doute  cepen- 
dant, qu'il  y  ait  jamais  eu  de  quai  ilans  l'anse  de  Porz-Liogan. 
Les  traditions  relatives  à  d'anciens  ports  dont  la  mer  se  serait 
retirée  ne  sont  pas  rares  en  Bretagne,  et  ne  reposent  généra- 
lement sur  aucun  fondement  sérieux.  Ce  que  j'admets  comme 
trè^'probable,  car  je  ne  puis  croire  que  le  savant  bénédictin 
que  je  viens  de  citer  se  soit  trompé  sur  le  caractère  antique 

(1)  Dans  son  Dictionnaire  de  la  langue  bretonne^  an  mot  Liogan, 

(2)  Il  est  certain,  au  contraire  que  le  sol  s*affaise  sur  le  littoral  du 
Finistère.  Ainsi  dans  Tanse  des  Blancs-Sablons,  peu  éJoicnée  de  celle 
de  Porfz-Liogan,  on  découvre  dans  les  grandes  marées  de  nombreuses 
soucties  de  pins  et  d'autres  arbres,  qui  indiquent  qu'une  forêt  existait 
autrefois  dans  cette  anse.  D'un  autre  côté,  il  y  a  dans  la  baie  de 
Douarnenez  de  nombreuses  constructions  romaines,  qui  sont,  pour  la 
plupart,  soit  recouvertes  par  les  sables,  soit  pins  ou  moins  entamées 
par  la  mer  avec  les  falaises  sur  lesquelles  elles  sont  établies. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  69  — 

de  ruines  donl  il  n*a  parlé  qu'après-  les  avoir  vues,  c'esl  Texis- 
lence,  à  nn  point  plus  ou  moins  élevé  de  la  falaise,,  qui  domîn 
celle  anse,  d'un  de  ces  pelils  posles  d'observation  que  lèse 
Romains  ont  mulriplié  sur  le  lilioral  brelon,  el  dont  Taire  et 
les  parois  étaient  revêtues  d'une  épaisse  couche  de  béton 
rouge  irès^rési^ilant,  que  Dom  le  Pelletier  a  désigné  sous  le 
nom  impropre  de  «  mastic  ou  bitume.  »  Comme  exemple  de 
ces  constructions,  donl  le  plan  est  celui  d'un  rectangle  divisé 
en  deux  parties  égales  par  un  mur  de  refend,  je  puis  citer  â 
l'entrée  du  port  d'Audierne,  le  poste  d'observations  dont  les 
ruines  ont  été  découvertes  à  l'époque  de  la  construction  du 
môle;  et  dans  la  baie  de  Douarnenez  celui  du  Caon,  en  la 
commune  de  Telgruc,  â  moitié  détruit  par  la  mer  qai  y  entre  , 
à  chaque  marée  ;  celui  de  Pentrez,  en  la  commune  de  Saint- 
Nie,  construit  à  mi-hauteur  de  la  falaise  et  dont  le  côté  qui 
regardait  l'onesl  a  été  emporté  par  la  mer,  avec  une  partie  de 
la  falaise  ;  enfin  celui  non  moins  intéressant  de  Trez-Mallaouen^ 
en  la  commiine  de  Piomodiern,  entamée  par  la  mer  comme 
les  deux  précédents,  malgré  la  hauteur  à  laquelle  il  se  trouve 
placé. 

(Vlais  si  tout  porte  à  croire  qu';l  n'y  a  jamais  eu  de  quai 
ni  de  ville  dans  l'anse  de  Portz-Liogan,  rexistenee  d'une  ville 
ancienne  dans  la  presqu'île  de  Kermorvan,  entre  le  port  du 
Conquetel  l'anse  des  Btancs-Sablons,  est  un  fait  qui  ne  saurait 
être  contesté.  Cette  presqu'île,  qu'on  nomme  l'Ile  {an  Enez) 
dans  le  pays,  el  qui  n'est  unie  au  continent  que  par  une 
étroite  langue  de  terre  fortement  retranchée,  présente  dans  sa 
partie  médiane,  à  peu  de  distance  d'un  groupe  de  menhirs,  ds 
uombVeusessubstructions  d'habitations  de  forme  rectangulaire, 
consiruites  en  terre  el  en  pierres  de  petite  dimension,  et  ran- 
gées les  upes  à  la  suite  des  autres  avec  assez  de  régularité. 
One  sorte  de  rue  ou  de  chemin,  dont  la  largeur,  qui  est  d'en- 
viron 3  mètres,  est  indiquée  par  des  pierres  fichées  en  terre 
et  saillantes  de  20  à  30  centimètres,  conduit  en  se  dirigeant 
d'abord  de  l'est  à  l'ouest,  et  ensuite  du  sud  au  nord,  jusqu'au 
cedire  de  ces  habitations,  où  l'on  remarque  deux  enceintes 
comprises  l'une  dans  l'autre  et  de  forme  rectangulaire,  comme 
les  maisons.  L'enceinte  intérieure  était,  suivant  la  tradition 
locale,  l'église  {an  Illis)^  el  l'encemie  extérieurei  le  cimetière 
de  cette  ville  ruinée.  A  quelque  distance  sont  plusieurs  autres 
enceintes  plus  grandes,  faiblement  retranchées,  qui  peuvent 
avoir  servi  de  p^rcs  à  bestiaux.  Les  monuments  celtiques  ont 
diiêiretort  nombreux  dans  celte  presqu'île,  mais  on  en  a  détruit 
beaucoup  (1).  On  y  remarque  encore  deu.x  dolmens  de  grandes 

(1)  Une  hache  en  pierre  polie  a  été  trouvé^  il  y  aquel(]ues  années,  par  un 
officier  du  génie,  sous  un  de  ces  menhirs  qu*ii  venait  de  faire  abattre. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  70  ^ 

dimensions  el  un  a<%sez  grand  nombre  de  me.rihirs,  qui 
devaient  autrefois  faire  partie  d*aliignements  parallèles, 
aujourd'hui  mutilés.  Ces  monuments  ont  été  décrits  avec  assez 
peu  d'exactitude  par  M.  de  Fréminville  [{),  mais  je  ne  pense 
pas  (|u*aucun  archéologue  ail  ^encore  mentionné  les  ruines 
dont  |e  viens  d'indiquer  Texistence.  Des  fouilles  pourraient 
seules  faire  connaître  l'âge  de  cette  ville  ancienne.  Mais  les 
molettes  et  les  meules  à  broyer  le  grain,  los  marteaux  en 
pierre  ayant  sur  les  côtés  des  dépressions  artiûcielles  pour  y 
placer  les  doigts,  les  pilons  et  les  fragments  de  mortiers  en 
pierre,  le-^  débris  de  tuiles  et  de  poteries  romaines  que  j'y 
ai  recueillis  ou  que  j*ai  vu  recueillir  par  d'autres  sur  le  soi 
de  cette  presqu'île,  suffisent  à  prouver  qu>lle  a  été  habitée  par 
des  populations  de  races  di\erses  depuis  un  temps  immé- 
morial. 

En  résumé,  la  pres()u*lle  de  Kermorvan  réunit  par  sa  situa- 
lion  toutes  les  conditions  que  les  Gaulois  recherchaient  pour 
rétablissement  de  leurs  opptda  :  elle  commande  l'entrée  du 
port  du  Conqitei  ;  elle  eu  en  outre  peut  éloignée  de  Tansede 
Porlz*Liogan,dont  le  nom  a  pu  s'étendre  anciennement  à  toute 
la  rade  foraine  qui  se  trouve  en  avant  du  port  du  Conqnet.  Je 
ne  vois  pas  de  localité,  au-delà  du  promontoire  Gobœum,  où 
Ton  puisse  avec  plus  de  raison  placer  le  Staliocanus  porius  de 
Ptolémée. 

J'ajouterai  que  la  Vie  de  Saint-Viau,  écrite  au  X«  Siè- 
cle (3),  rapporte^  que  le  port  Saliocan  (portus  SaliocanJ  fut 
ravagé  par  les  Normands  au  IX*  Siècle.  Les  deux  tours  et  les 
remparts  qui  défendent  l'entrée  de  la  presqu'île  de  Kermorvan 
remontent  au  moins  à  cette  époque. 

XXI. 

Le  Têtus  fluvius  (Teti  fluyii,  oslia^  est  indiqué  par  Ptolémée, 
après  te  Gobâeum  promontorinm,  entre  Staliocantut  vortus  et 
Ârigimus  Biducœsiorum,  que  plusieurs  géographes  identifient 
avec  le  bourg  de  Vieux  (département  du  Calvados;.   On   n'est 


(I)  Antiquités  du  Finistère ^  t.  L  M.  de  Frémi nville  prétend  que  ces 
menhirs  sont  disposés  de  manière  à  former  une  enceinte  elliptique. 
La  plupart  de   ces  pierres  sont  situées  dans  la  partie  riiltivée  de  la 

Fresqu^ile.  La  destruction  d'un  grand  nombre  d'entre  elles  a  donné  à 
ensemble  du  monument  une  forme  irrégulière,  qui  ne  m'a  pas  paru 
être  celle  d'une  ellipse. 

(i)  Voir  le  texte  dans  l'Annuaire  Historique  de  Bretagne  pour  1861, 
par  M.  de  la  Borderie,  page  105. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  71  —      ' 

pa&  d'accord  sur  la  posîlion  de  ce  fleuve.  Jusquici  H  élail  en 
efîet  assez  difficile  de  faire  un  choix  entre  les  nombreuses  ri- 
vières qui  se  jeiient  dans  TOcéan  ou  dans  la  Manche  depuis  le 
eap  de  Saint-Malhieu,  jusqu'au  départemenl  du  Calvados. 
Mais  aujourd'hui  que  Texislence  de  Vorganium  à  Tenirée  de 
l'Aberwrac'h  esl  un  fait  hien  établi,  ei  donne  à  celle  rivière 
une  inDporiance  particulière,  je  pense  qu'en  y  plaçant  Tenibou* 
chure  du  Têtus  fluvius  de  Ptolémée,  on  a  moins  de  chances 
de  se  tromper,  qu'en  acceptant  les  autres  identifications  qui 
ont  été  proposées  par  les  géographes,  et  qui  ne  reposent  en 
réalité  sur  aucune  base  solide  (1  ). 

Il  est  de  mon  devoir  de  déclarer  en  terminant  ce  travail,  que 
j'ai  déjà  traité  ailleurs  quelques-unes  des  questions  qui  y  sont 
contenues.  Elles  n'ont  été  de  nouveau  développées  ici  que 
d'après  l'avis  du  bureau  île  la  Sociéié  archéologique,  qui  a 
jugé  utile  de  réunir  dans  un  même  numéro  de  son  bulletin, 
retisemble  de  mes  récentes  recherches  sur  la  géogrephie  gallo- 
romaine  de  notre  pays. 

  la  suite  de  cette  communication  M  le  Men  ajoute  que, 
quoique  dans  la  recherche  de  la  position  de  l'antique 
Vorganium  qu*il  a  eu  le  bonheur  de  retrouver,  il  n'ait  pas 
eu  d'autre  objet  que  réclaircissement  d'un  point  importai^l 
de  géographie  historique,  il  ne  saurait  laisser  usurper  par 
d'autres  l'honneur  de  celle  découverte  qui  lui  revient  exclu- 
sivement. Il  donne  ensuite  lecture  de  deux  articles  publiés 
dans  un  journal  du  département,  dans  lesquels  la  déter- 
mination de  l'emplacement  de  Vorganium  lui  est  contestée 
dans  les  termes  les  plus  vifs  ;  puis  il  met  sous  les  yeux  de 
l'assemblée  une  correspondance  de  Tanteur  de  ces  articles, 
qui  établit  clairement  rinanité  de  ses  prétentions; 


(I)  Note  additionnelle  sur  les  voies  de  Gabhaix  a  Brest.  — 
Tout  porte  à  croire  qu'il  existait  une  voie  de  Carliaîx  à  Brest  passant 
par  le  Huelgoat  et  la  Feuiilée,  ou  s'embranchant  sur  celle  de  Carhaix 
(Vorgium)  a  l'embouchure  de  TAberwrac'h  (Vorganium).  Mais  cette 
voie  n'a  pas  encoriî,  que  je  sache,  été  sérieusement  étudiée.  11  existe 
une  autre  voie  de  Carnaix  à  Brest  que  j'ai  pu  observer  dans  plusieurs 
parties  de  son  parcours.  Elle  sort  de  Carhaix  à  l'ouest  de  cette  ville,  et 
traverse  les  communes  de  KerglofiF,  de  Collorec,  de  Brasparts,  de  Saint- 
Eloi,  de  Pencran  et  de  Landerneau.  Elle  est  bien  indiquée  dans  la  carte 
de  l'Etat-major,  entre  celte  dernière  ville  et  le  bourg  de  Saint-EIoi,  où 
elle  est  connue  sous  le  nom  de  l^oute  de  Landerneau  à  Brasparti. 
L'étendue  du  parcours  de  cett^  voie  est  à  peu  près  égale  à  la  distance 
de  Carhaix  à  Brest  par  le  Huelgoat  et  La  Feuiilée. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  72  — 

M.  le  président,  après  avoir  reraercié  M.  le  Men,  au 
nom  de  la  société^  de  la  communicetion  qu'il  vient  de  faire, 
regrette  qu'il  ail  cru  devoir  l'enireienir  de  préieniioiis 
aussi  vaines  qu'injustes,  qui  ne  méritent  même  pas  qu'on 
les  discuste. 

Plusieurs  membres  prennent  la  parole  dans  le  même 
sens,  et  T Assemblée  exprime  le  vœu  qu'il  ne  soit  plus 
question  de  cette  controverse. 

M.  le  Président  donne  ensuite  la  parole  à  M.  de  Monii- 
farult  pour  lire  le  travail  suivant  : 


NOTI  CE" 

SUR     LES    SEIGNEURIES     DE     TROGOFF 

DANS  LES  ÉVÊCHÉS  DE  TRÉGUIER  ET  DE  LÉON 


A  la  dernière  séance,  M.  Flagelle  notre  collègue,  vous  a 
donné  communication  de  la  pancarte  gravée  sur  cuivre  qui 
énonce  le  tarif  des  droits  de  foires  et  marchés  de  Plouescal, 
pancarte  qui  date  de  l'année  1758. 

Cette  pancarte  porte,  en  tête  deux  écussons  accolés  repré- 
sentant les  armes  du  Seigneur  de  Trogoff  et  de  sa  femme. 

Ces  armes,  dessinées  par  M.  Flagelle  sont  pour  l'écusâ^ou 
du  mari  :  D'argent  au  Lion  de  sable  ; 

El  pour  celui  de  la  femme  :  D'argent  au  pin  de  sinople  sou- 
tenu  de  deux  cerfs  affrontés  et  rampants  de  sable  s'appuyant 
contre  le  tronc  du  pin. 

Il  nous  a  paru  curieux  de  rechercher  quelles  familles 
portaient  ces  armoiries. 

M.  de  Blois.  d'après  des  notes  manuscrites  qui  lui  appar- 
tiennent avançait  avec  raison  que  le  bourg  de  lUouescat  était 
le  siège  de  la  justice  de  la  seigneurie  de  Trogoff  et  que  celle 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  73  - 

seigneurie  appartenait  a)oi*s  h  M.  Bon  de  la  Villebague  qui 
avail  en  effet  pour  armes  celles  qui  sont  en  tête  delà  pan- 
earle. 

D'un  autre  côté  des  documents  incontestables  m'indiquaient 
que  M.  des  Nos  des  Fossés  était  en'  1758,  seigneur  deTrogofF, 
chàtellenie  de  haute  moyenne  et  basse  justice  et  je  trouvais 
que  les  armes  de  des  Nos  élaiefit  les  mêmes  que  celles  décrites 
plus  haut,  si  ce  n'est  que  le  lion  est  couronné  de  gueules. 

Je  crus  d*abord  que  M.  de  Blois,  tout  expert  qu'il  est  en 
ces' matières»  aurait  pu  se  tromper:  Des  documents  que  je 
trouvai  m'entretinrent  dans  mon  erreur  pendant  quelque  temps. 

J'en  parlai  à  M.  le  Men  qur  voulut  bien  faire  avec  moi  des 
recherches*  Elles  nous  ont  conduit  à  examiner  un  point  qui^^ 
sans  offrir  grand  intérêt  au  début,   nous  a   amenés  à   penser 
que  la -question  valait  la  peine  de  tous  présenter  une  notice. 

En  effet  nous  avons  reconnu,  après  avoir  dépouillé  les 
nombreini^es  pièces  qui  composent  plus  de  30  cartons  des 
archives,  que  les  noms  des  seigneuries  de  Trogoff  et  de 
Kérouzéré,  avaient  donné  lieu  chez  la  plupart  des  auteur^  qui 
ont  écrit  sur  l'histoire  de  Bretagne  et  sur  un  grand  nombre 
<âe  familles  bretonnes,  à  des  confusions  et  à  des  contradictions 
rendant  toute  reche   impossible. 

Ces  contradictions,  ces  contusions,  ces  inexactitudes  s'ex- 
pliqueront facilement  quand  je  vous  aurai  dit  : 

1<^  Qu'il  y  a  deux  seigneuries  ou  deux  châtellenies  de 
Trogoff_; 

2*  Qu'il  y  a,  touchant  chacune  d'elles,  deux  terres  appelées 
Kérouzéré  ; 

3^  Qu'il  y  avait  entre  les  familles  k  qui  appartenaient  l'un 
où  l'autre  1  rogoff,  des  alliances,  des  liens  de  parenté  ; 

4*  Que  les  seigneurs  de  l'un  des  Trogoff  eurent  à  certaines 
époques  des  terres  ou  des  droits  seigneuriaux  dans  l'autre 
Trogoff,  droits  qui  ont  nécessité  des  actes  contribuant  à  la 
confusion  ; 

5®  Que  l'un  des  Trogoff  a  été  possédé  par  la  famille  Eon; 
et  par  la  famille  Bois-Eon  qui  avait  des  drois  et  des  terres 
dans  l'autre  Trogoff  ; 

6*  Que  la  famille  des  comtes  de  Léon  a  eu  des  alliances 
directes  et  indirectes  avec  les  seigneurs  qui  ont  possédé  les 
deux  Trogoff  et  avec  les  seigneurs  de  Kérouséré,  et  que,  de 
côté  et  d'autre,  les  seigneurs  de  Trogoff  ont  écarlelé  leurs 
armes  de  celles  de  Léon  avec  une  cotice  pour  brisure. 

SOG.    ABCHÉOL.  DU  FINISTÈBB.  6 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  74  — 

7*  Qu'il  y  aune  indenlilé  presque  complète  enlreles  arme^ 
des  Eon  de  Villebague  qui  possédaient,  en  1758.  Tutie  des 
châlellenies  de  Trogoftel  celles  des  des  Nos  des  Fossés  qui 
possédaient  à  la  môaie  époque  l'autre  châtellenie  du  même 
nom  ; 

8o  Enfin,  que  les  deux  chàtellenies  de  Trpgoff  avaient  droit 
de  haute  moyenne  et  basse  justice,  et  que,  pour  les  appels, 
elles  relevaiecit  toutes  deux  de  la  juridiction  de  la  cour  de 
Morlaix. 

En  voilà,  certes,  plus,  qu'il  n*en  faut  pour  expliquer 
les  erreurs  et  les  confusions  que  nous  avons  signalées. 

Les  deux  seigneuries  de  Trogoff  étaient  fort  imporl^anles  ; 
^  les  châteaux  qui  les  dominaient  étaient  des  places  fortes  qui 
*  ont  joué  un  rôle  dans  l'histoire  de  Bretagne  ;  les  familles  qui 
les  ont  possédées  étaient  toutes  marquantes  et  on  retrouve 
leurs  noms  à  beaucoup  de  pages  de  notre  histoire  avec  ceux 
des  familles  qui  leur  sont  alliées  ;  c'est  ce  qui  nous  a  décidé 
â  donner,  sur  les  deux  cbàiellenies  de  Trogoff,  des  rensei- 
gnements qui,  bien  que  très-incomplets,  permettront  d*assi- 
gner  avec  certitude  à  chaque  seigneurie  et  à  chaque  famille 
les  documents  qui  les  concernent. 

La  t^«  seigneurie  et  châtellenie  de  Trogoff,  est  située  au 
sud-ouest  de  Tréguler  dans  la  paroisse  de  Plouegat-Moysan, 
évêché  de  Tréguier,  elle  possédait  un  château  très  fort.  En 
1356,  Pierre,  de  Trogofl,  se  déclara  pour  Charles  de  Blois. 
Jean,  de  Montfort  prit  son  château  et  l'engagea  au  roi  d'An- 
gleterre qui  y  mit  garnison  et  en  confia  la  défense  au  capi^ 
taine  Thomelin  ou  Tromelin  qui  ravageait  le  pays  jusqu'à 
Morlaix,  de  1556  â  1364. 

Les  habitants  de  celte  ville  implorèrent  le  secours  de 
du  Guesclin  qui  mit  le  siège  devant  Trogoffi  le  prit  d'assaut, 
démantela  le  château  et  le  rendit  â  Pierre  de  Trogoff. 

Les  sires  de  Trogoff  portaient  bannière. 

Les  possesseurs  de  la  seigneurie  de  Trogoff  avaient  haute 
moyenne  et  basse  justice,  les  appels  de  leur  juridiction  étaient 
jugés  à  Morlaix. 

^  Ils  avaient  leurs  armes  et  leurs  bancs  seigneuriaux  dans 
l'église  paroissiale  de  Plouegat  Moyi^an  et  dans  les  chapelles 
de  Saint-Laurent-Kerbabu,  Saint-Men»  Sainl-Trénieur.  Leurs 
tombes  se  trouvaient  dans  l'église  paroissirle  de  Plouegat- 
Moysan  et  leurs. armes  dans  jes  vitraux,  les  clefs  de  voûtes  et 
les  sculptures  des  différentes  églises  dont  nous  venons  de  par- 
ler. 

De  cette  première  seigneurie  de  Trogoff,  dépendait  la  terre 


Digitized  by  VjOOQ IC 


—  75  — 

.  de  Kérouséré,  sise  aux  issues  du  bourg  de  Plouégal-Moysan, 
terre  qui  figure  parmi  les  biens  nobles  dans  diflérents  Wes 
el  partages,  mais  qui  ne  semble  pas  avoir  éié  une  seigneurie 
distincle  el  qui  en  tous  cas  esl  de  peu  d'importance  en  regard 
du  Ki^rouséré  voisin  de  la  châlellenie  de  Trogoffen  Plouescat, 
évêché  de  Sait-Pol. 

En  t549,  Claude  de  Villeblanche  donnait  en  bail  la  Châtel* 
lenie  de  Trogoff,  en  Plouégat  Moysan,  au  sieur  de  t^esmoalc'h 
Maurice  Meur  ou  le  Meur,  moyennant  425  livres  tournois  par 
an  avec  les  droits  et  les  charges  qui  sont  :  une  rente  de  120 
livres  tournois  Siwx  religieux  du  couvent  de  Guilledo,  diocèse 
de  Saint-Malo  ;  30  livres  par  an  au  chapelain  de  St-Jean-du- 
Doigt,  le  paiement  des  gages  de  tous  les  officiers  de  la  sei- 
gneurie et  juridiction  de  Trogoff  el  autres  charges  anciennes. 

En  1599,  le  19  septembre,  Françoise  du  Péiier,  dame 
douairière  de  TROGOFF,  curatrice  du  seif^neur  de  TROGOFF, 
son  fils,  demeurant  ou  manoir  de  TROGOFF,  paroisse  de 
PLOUÉGAT-MOYSAN,  fournil  aveu  «  des  terres  et  héritages 
que  la  dite  dame,  au  dit  nom,  lient  à  debvoir  de  foy  et  hom- 
maige,  rachapts,  ventes,  lods  el  aullres  droicls  el  debvoirs  sei- 
gneurlaulx  sous  haultet  puissant  Pierre  deBois-Eon,  seigneur 
de  Coetinisan,  Bois-Eon  ,  Kerbrat  ,  Trogoff,  MainfauKe 
EN  Ploesgat,  Baron  de  Marcé ,  vicomte  .de  KÉnousÉRÉ 
EN  SiBiRiL,  seignenr  de  Dinan,  de  la  Bellière,  chevalier  de 
,  Tordre  du  Roy,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre,  capi- 
taine des  ban  et  arrière-ban  de  Tévèché  de  Léon,  commandeur 
pour  S  M.  de^  ville  et  château  de  iVlorlaix,  à  cause  de  sa 
terre  el  seigneurie  de  Bois-Ëon,  les  dits  héritaiges  escheus  en 
parlaige  au  dicl  présend,  sieur  de  Trogoff.  de  la  succession 
de  feu  noble  homme  Jean  de  Pensornou,  seigneur  de  Trogoff, 
son  père  ;  » 

Les  biens  avoués  sont  tous  situés  dans  la  paroisse  de  Lan- 
meur,  près  de  Trogoff  en  Plouégat-Moysan,  évêché  de  Tré- 
guier  ;  le  seigneur  dominant  possédait  Kérouséré  en  Sibiril  et 
Trogoff  en  Plouescat,  évêché  de  Léon. 

D'un  aveu  du  20  mai  1610,  rendu  direclement  au  seigneur 
deBodister  par  Françoise  du  Perler,  veuve  de  Jean  de  Pensor- 
nou, seigneur  de  Trogoff,  comme  lulrice  de  Jean  son  ûls,  de- 
venu Tatué  par  la  mort  de  Guy  ou  Guyon  de  Pensornou,  nous 
avons  eitrait  ce  qui  suit  : 

c  \  raison  de  la  quelle  châlellenie  de  Trogoff,  il  appartient 
au  seigneur  de  Trogoff,  sur  ses  hommes  et  sujets,  tous  fermes, 
droits  de  court,  jurisdiction,  cohercion,  privilège  de  mesme 
cousche  à  sa  personne  et  médéans  en  l'eiidroict  de  son  obéis- 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  76  — 

sance  en  la  dicte  court  de  Morlaix,  avec  jouissance  de  tous 
esmoliimens  de  fié,  scavoir  :  réaulté,  hommaiges«  rachapls, 
ventes,  taux,  amendes  et  conRscations  des  hoirans,  succession 
des  bastards,  espaves.  géolies,  sceaux,  justice  patibultaire,  cep, 
collier,  prisons,  et  tous  aullres  droicts  seigneuriaulx,  de  quoi 
luy  et  ses  prédécesseurs  ont  jouy  de  tout  temps  immémorial  à 
la  charge  de  payer  au  seigneur  de  Bodisler;  la  somme  de  six 
vingt  dix  livres  au  terme  de  la  Sainle-Callierine.  » 

D'après  un  autre  aveu  rendu  par  la  même  Françoise  du 
Perrier,  veuve  de  Jean  de  Pensornou,  la  seigneurie  de  Trogofif, 
en  Plouégal-Moysan,  avait  droit  de  justice  patibulaire  à 
quatre  peaulx,  ce  qui  la  distingue  de  celle  de  Trogofif  en  Ploues- 
cal  qui  n'avait  droit  de  justice  patibulaire  qu'à  trois  peaulx. 

Un  aveu  du  20  mars  1602  rendu  toujours  par  la  même 
Françoise  du  Périer  donne  exactement  le  même  détail  que 
celui  du  20  mai  1610,  seulement  au  lieu  de  mesme  couche^  on 
lit  :  mesner congela). 

En  1620  survient  une  sentence  des  juges  de  Morlaix,  en 
faveur  du  seigneur  de  Trogoff,  portant  permission  de  faire 
bàiir  prison  et  auditoire  au  bourg  de  Saint-Men  en  Plouégat- 
Moysan,  pour  y  exercer  sa  juridiction  ainsi  qn'il  est  accou- 
tumé. 

En  1681,  d'après  une  vente  judicielle  du  23  raay,  nous 
voyons  que  les  seigneurs  de  Trogoff  étaient  prééminenciers  de 
l'église  paroissiale  de  Plouégat-Moysan,  de  la  chapelle  de  St. 
Laui^nt-Kerbabu,  de  la  chapelle  de  Saint-Men  et  de  (a  chapelle 
de  Saint-Trémeur. 

Cette  même  année  1681,  le  9  juillet,  Jacques  Alain  de  la 
Mare,  acquéreur  de  Trogoff,  prend  possession  de  cette  terre. 
Du  procès-verbal  il  ré.^ulte  qu'il  a  droit  de  prééminence  dans 
la  chapelle  de  Saint-Men,  en  la  trêve  de  Lannéven,  que  les 
armes  de  la  seigneurie  de  Trogoff  s'y  voient  dans  toutes  les 
vitres  ;  qu'au  dehors  on  voit  sculptées  en  bosse  les  armes  des 
familles  de  TEpiaay  et  de  Goulaine  précédents  propriétai- 
res ;  que  dans  Tissue  de  cette  chapelle  est  placé  un  poteau 
avec  son  carcan  de  fer  et  au  haut  du  poteau  les  armes  de  la 
seigneurie  de  Trogoff;  que  le  même  droit  de  prééminence 
existe  pour  la  chapelle  de  Saint  Yves  Kerbabu,  trêve  de  Ker- 
babu,  où  l'on  voit  dans  toutes  les  vitres  les  armes  de  la  sei- 
gneurie de  Trogoff;  qu'il  en  est  de  même  pour  la  chapelle 
de  Saint-Trémeur,  trêve  de  Treff  du  Jou,  que  les  armes  de 
Trogoff  y  sont  en  supériorité  dans  la  maîtresse  vitre   et    au- 


(a)  11  nous  parait  évident  que  c*est  ce  dernier  texte  qui  doit  être 
accepté. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  77  ^ 

dessous  les  armes  du  fief  de  Kerouai  possédé  alors  par  René 
de  Toulboudou  sieur  de  Guiffos  ;  qu'en  l'Eglise  paroissiale  de 
Plouégal-Moysan,  dans  la  rose  de  la  maîtresse  viirese  Irouvcnl 
5  écussons  armoriés  d'une  barre  (b)  surmontée  d'une  merlelle 
el  d'âulres  écussons  au-dessous  et  aux  deux  côtés  armoriés 
des  armes  en  alliance  du  seigneur  el  de  la  dame  de  Trogoff 
sans  aucun  aulre  écusson,  non  plus  que  dans  les  deux  vitres 
aux  côtés  de  FEpitre  et  de  l'Evangile,  que  dans  la  chapelle 
deTaile  du  côté  de  l'épitre,  i  l'une  des  vitres  on  voit  les 
armes  des  seigneurs  de  Goulaine  et  de  l'Epinay  ;  que  dans 
le  chœur  du  coté  de  TEvangile  et  aussi  du  coté  de  l'Epîlre,^ 
existent  quatre  bancs  avec  accoudoirs  aux  armes  de  la  sei- 
gneurie de  Trogoff,  sans  qu'il  y  ait  aucun  autre  banc  dans  le 
choeur  ;  que  sur  la  grande  cloche  se  voient  les  armes  du 
sieur  de  Pensornou,  précédent  seigneur  de  Trogoff;  qu'à 
Textérieur  de  l'église  on  voit  un  écusson  en  relief  el  en  pierre 
de  taille  sur  un  des  meneaux  de  la  maîtresse  vitrei  portant 
les  mêmes  armes  et  aucun  autre. 

Suit  une  longue  nomenclature  des  privilèges  el  charges  de 
la  seigneurie  de  Trogoff,  ainsi  que  de  toutes  les  terres  el 
renies  qui  en  dépendent. 

La  fin  de  ce  procès-verbal  oe  prise  de  possession  est  assez 
curieuse  pour  être  citée  textuellement  : 

«  Finallemenl  nous  aurions  entré  partout  comme  dict  est 
pris  possession  dans  tous  les  autres  appartenances  et  dépen- 
dances de  la  ditie  terre  et  seigneurie  de  Trogoff,  issues,  fran- 
chises, sans  nulle  réservation  de  touV  ce  qui  dépend  de  la  dilte 
terre,  ses  circonstances  el  dépendances,  pour  avoir  le  dit 
sieur  de  la  iVlare  et  son  dit  procureur  fait  faire  feu  et  fumée 
dans  la  maison  el  manoir  du  dit  château  de  Trogoff,  entré 
dans  toutes  les  dépendances  d'icelles  et  dans  la  chapelle  du 
dit  château  estante  dans  le  jardin  en  dépendant,  naarché,  ou- 
vert el  fermé  portes  et  fenêtres,  arraché  herbes,  sonné  la  clo- 
che de  la  dilte  chapelle,  plié  partie  des  branches  d'arbres, 
ambullé  et  désambuUé,  beu  et  maiigié  el  faicl  tous  aultres 
actes  dénottans  bonne  et  vallable  possession,  prendre  en  héri- 
laigcs  le  tout  en  présence  tant  du  dit  seigneur  de  Kermadec 
que  plusieurs  aultres  assistans,  sans  que  personne  se  soit  pré- 
senté pour  former  aucune  opposition  à  la  présente  prise  de 
possession  quoiqu'ayant  resté  au  dit  château  et  manoir  de 
Trogoff  toute  la  journée  entière.  » 

Un  procés-vci-bal  de  1725  constate  que  les  armes  de  Tro- 
goff avec    un  lambel   d'azur   étaient  placées  en  haut  de  la 


(6)  Cette  barre  n*est  autre  cbose   qu'une  fasce,  les  hommes  de  Lois 
d'alors  ne  connaissaient  pas  mieux  le  blason  que  ceux  d'aujourd'hui. 


Digitized  by  VjOOQIC 


1 


;-.  78  - 

maîtresse  viire  de  l'église  paroissiale  de  Plouégat-Moysan, 
au  parement  de  bois  au-dessus  de  l*aulel,  au  pignon  oriental 
du  chœur,   aux  fenêtres  du   côté  de  Tépiire  et  de  l'évangile. 

En  relevant  avec  soin  tous  les  documents  qui  existent  sur 
le  Trogoff  do  Plouégal-Moysan,  on  peut  suivre  celte  terre 
depuis  répoque  où  elle  appartenait  à  la  famille  de  TrogofT 
jusqu'^  la  révolution. 

C'est  cette  terre  qui  a  donné  son  nom  à  la  Tamille  de  Trogofl 
qui  la  posséda  pendant  plus  de  deux  siècles. 

Alain,  fils  putné  du  baron  de  Lauvaux  (1),  Geoffroy  et  de 
Thiphaine  de  Rohan  (2),  prit  le  nom  de  sa  châtellenie  de 
Trogoff  (3).  Il  fournit  \\2  chevalier  à  l'osl  du  duc  en  1294. 

Pierre  de  Trogoff  lînt  pour  Charles  de  Blois,  en  1356  sa 
châtellenie  fui  confisquée  par  Jean  de  Montfort  (4)  qui  l'engagea 
au  roi  d'Angleterre  Edouard  III  (ô). 


(1).   De  Lanvaux.  —  Barons  de  Lanvaux,   puînés  des   comtes  de 
Vannas,  aines  des  Trogoff, 
Armes  :  D'argent  à  trois  fasces  de  gueules. 

(2).  De  Rohan.  —  Puînés  des  comtes  de  Porhoét,  cadets  des  comtes 
de  Reunes,  —  vicomtes  de  Rohan,  —  ducs  de  Rohan,  —  vicomtes  de 
Léon,  —  pnnces  de  Léon,  —  marouis  de  Blain,  --  barons  de  Clisson,  — 
comtes  de  Porhoét,  —  princes  ae  Guéméné,  —  barons  de  la  Roche- 
Moysan,  —  princes  de  Moutauban,  —  ducs  de  Montbazon,  —  princes 
de  Rochefort,  —  comtes  de  Seizploué,  —  barons  de  Frontenay,  —  princes 
de  Souhise,  —  vicomtes  de  Fronsac. 

Armes  :  De  gueules  à  neuf  mâches  d'or.  S,  3  et  3.  Les  cadets  de 
Porhoét  prirent  le  nom  de  Rohan  de  leur  château  en  1 105. 

(3).  De  Trogoff.  —  Famille  d'ancienne  chevalerie,  a  comparu  dans 
les  réformations  de  1427,  —  1463.  —  1513,  —  I5i3,  —  1669. 

Portait  le  titre  de  comte  avant  1789.  —  Seigneurs  bannerets  de  Trogoff 
en  Plouégat-Moysan,  —  Seigneurs  dans  les  paroisses  de  Plouégat- 
Moysan,  Plougasnou,  Ploujean,  Pommerit-Jaudy,  Trémel,  Goello, 
évèchés  de  Tréguier,  de  Saint-Pol,  de  Cornouailles. 

Les  Trogoff  sont  cadets  des  barons  de  Lanvaux,  cadets  eux-mêmes  des 
comtes  de  Vannes,  ramage  des  anciens  rois  de  Bretagne.  —  Ils  ont  eu 
des  alliances  avec  les  plus  puissantes  familles  de  Bretagne,  notamment 
avec  les  comtes  de  Léon  et  les  ducs  de  Rohan. 

Armes  :  D'argent  â  trois  fasces  de  gueules.  —  Quelques  cadets  brisè- 
rent d'un  lambel  d'azur. 

Devise  :  Tout  du  Tout. 

Plusieurs  auteurs  indiquent  pour  armes  d'azur  à  trois  fasces  de 
gueules,  c'est  évidemment  une  erreur,  on  a  lu  d'azur  au  lieu  de  lire 
d'argent, 

(4).  De  Montfort.  —  Comtes  de  Montfort. 

Armes  :  De  gueules  au  Lion  à  la  queue  fourchée  d'argent. 

(5).  D'Angleterre.  —  Rois  d'Angleterre. 

Armes.  —  D'argent  à  trois  léopards  de  gueules  l'un  sur  l'autre. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  79  - 

Ce  roi  y  niir  pour  capitaine  le  chevalier  Olivier  de  Thome- 
lin  (6)  qui  fui  assiégé  et  pris  par  du  Guesclin  en  1364.  — 
Trogoff  fui  alors  rendu  démanlelé  à  Pierre  de  Trogoff. 
En  1399,  Yves  de  Trogoff  épousail  Marguerite  de  Léon  (7^. 
.  Alain  el  Pierre*  leurs  fils  épousèrent  Marguerite  de  Rochmé- 
len  (8)  ei  Alix  de  Quinquizou  (9),  Aain  épousa  en  secondes 
noces, Alietle  de  Kerjean  flO). 


(6).  De  ThomelÎD.  —  Seigneur  dans  les  paroisses  de  Plertuit,  —  de 
Marové,  —  de  Plufur  ;*évechés  de  Saint-Malo,  de  Saint-Brieuc  et  de 
Tréguier. 

Anciennt  chevalerie.  —  Réformation  et  monstres  de  1440  à  1543. 

Cette  famiUe  a  produit  un  lieutenant  du  château  de  Trogoff  pour  Jeati 
de  Moutfort  qui  rendit  cette  place  à  Duguesclin  et  signa  le  traité  de 
Guérande  en  1381.    « 

Armes  :  Ecartelé  d*azur  à  cinq  billettes  d'argent  en  sautoir  et  de 
gueules  pleinement. 

Devise  :  A  droit  aller  nul  ne  trébuche. 

(7).  De  Léon.  —  Majson  princière  issue  des  anciens  rois  de  Bre- 
tagne. 

Comtes  et  vicomtes  de  Léon,  seigneurs  de  Landerneau,  —  Daoulas,  — 
la  Koche-Morice,  —  la  Joyeuse-Garde,  —  Coatmeal,  —  Le  Rozier,  — 
Chàleauneuf-en-Timeraie,  —  Noyon-sur-Andèle,  •—  HacqueviUe, 

FamiUe  alliée  aux  Coëtmen,  Rohan,  Trogoff.  Kérouzéré,  Kerret,  etc. 

Armes  :  D'or  au  Lion  morné  de  sable. 

La  branche  cadette  ajoutait  anciennement  une  bordure  chargée  de 
onze  anneleis  en  or,  sans  qu'on  puisse  dire  quels  en  étaient  les  émaux. 

La  plupart  des  familles  alliées  aux  Léon  écarlelaient  leurs  propres 
armes  de  celles  de  Léon  chargées  d'une  cotice  de  gueules. 

(8).  De  Roc'hmélen.  —  Seigneurs  en  la  paroisse  de  Ponunerit  Jaudy, 
évéché  de  Tréguier,  fondu  dans  Trogoff. 
Ancienne  chevalerie. 
Armes  :  D'azur  au  cygne  d'argent  becqué  et  membre  de  sable. 

(9).  De  Quenquizou.  —   Seigneurs  dans  les  paroisses  de  Plougasnou, 
Plouëzoc'h  et  Lanmeur,  évéchés  de  Tréguier  et  de  Dol. 
Ancienne  extraction.  <-  Réformations  de  1427  à  1543. 
Cette  famille  a  produit  un  conseiller  aux  grands  jours  eu  1495, 
Fondue  dans  Cazin,  Tibara,  Trogoff,  Kermabon  et  Mol. 
Armes  :  De  sable  retté  d'or. 

(10).  De  Kerjean.  —  Seigneurs  de  Keijean  en  Plestin,  évéché  de  Tré- 
guier. Famille  éteinte  au  quinzième  siècle  daus  la  famille  Richard. 

Armes  :  De  sable  fret  té  aor  de  6  pièces,  au  franc  canton  de  gueules 
chargé  d'une  croix  d'argent. 

De  Kerjean,  —  seigneur  de  Kerjean,  —  Kervennec,  —  Kerlaouenan, 

—  Prat  ar  Scao. 

Famille  d'ancienne  chevalerie  a  comparu  aux  reformations  de  1443, 

—  1669,  —  dans  les  monstres  de  1481,  —  1603,  —  1534.  ~  Paroisse . 
de  Plouarzel,  évéché  de  Léon. 

La  branche  aînée  s'est  éteinte  dans  la  famille  de  Mol. 
Armes  :  D'argent  à  la  tour  couverte  de  sable. 
Nous  ignorons  à  laqueUe  de  ces  deux  familles  appartenait  Aliette  de 
Kerjean,  femme  d'Alain  de  Trogoff. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  80  - 

En  1430  environ  la  branche  atnée  des  TrogofF  tomba  en  que* 
nonilleet  Jeanne  de Trogoff épousa  Olivier  de  Ploë.«qiiellec  (11). 

Les  Ploësqueliec  portèrenl  la  chàiellenie  de  Trogoff  aux  sires 
barons  du  Pont-rAbbé  (12). 

.  En  1 170,  Maurice  de  Kerasquer/'IS),  seigneur  châlelain  de 
Trogoff  en  Plouégal-Movsan,  reçoit  aveu  de  Guéguen  LeMoal 
ou  Moallic  (14),  pour  net  relevant  de  Trogoff. 

lin  1490,  Trogoff  appartient  au  seigneurdeTourneùiin6(16). 

En  1520,  au  seigneur  du  Chasteilier  (16). 

(It).  De  Ploësquellec  ou  Plusquellec.  — Cadets  des  comtes  de  Poher, 
issus  eux-inémes  des  comtes  de  CornouaUles.  —  Evéohés  de  Gornouailles 
et  de  Tréguier. 

Ancienne  chevalerie. 

La  branche  ainée  fondue  dans  Pont-rAbbé,  du  Chastelier  et  de  Ville- 
blanche. 

Armes  :  —  Chevronné  d'argent  et  de  gueules  de  six  pièces.  --  Les 
cadets  brisaient  d'un  lambel  d  azur  en  chef. 

Devise  :  Aultre  ne  veuil. 

(12). Du  Pont-FAbbé.  —Barons  du  Pont-i'abbé,  —  vicomtes du Gouar- 
lot.  —  bannerets  de  Trogoff,  —  barons  de  Rostrenen. 
Charles  épousa  Jeanne  de  Ploësquellec, 
Armes  :  D'or  au  Lion  de  gueules,  armé  et  lampassé  d'azur. 
Devise  :  Heb  chench  sans  varier. 

(19).  De  Kerasquer.  -^  Sei^eur  de  Quilimadec,  paroisse  de  Plouda 
niel,  —  évéché  de  Léon,  —  seigneur  de  Trogoflf  en  Plouégat-Moysan,  — 
évéché  de  Tréguier. 

Cette  famille  ^  comparu  à  la  réformatiou  de  1443  et  aux  monstres  de 
1503  et  1534  en  équipage  d'homme  d'armes. 

Elle  s'est  éteinte  en  1 596  dans  les  familles  de  Penancoêt  et  Barbier. 

Armes  :  D'argent  à  deux  haches  d'armes  de  gueules  posées  en  pal. 

(14).  Ee  Moal  ou  Moallic.  —  Seigneur  de  Kerloaz,  paroisse  de  Plou- 
lec'h  et  de  la  Villeneuve.  Paroisse  de  Coatréven,  —  évéché  de  Tréguier. 
Fondu  dans  Trogoff.  ' 

Cette  famille  comparut  à  la  réformation  de  1427. 

Armes  :  D'azur  à  deux  cygnes  affrontés  d'argent  hecqués  et  membres 
de  sable. 

(15).  De  Tournemine.  —  Barons  delà Hunandaye,  —  barons  de  Retz, 
— barons  de  Camsillon,  etc.  Evéchés  de  Saint-Brieuc,  de  Tréguier  et  de 
Léon. 

Ancienne  chevalerie.  —  Réformations  et  monstres  de  1427  à  1584. 

Armes  :  Ecartelé  d'or  et  d'azur.  —  Une  branche  cadette  brisait 
.  d'une  bordure  cousue  de  gueules. 

(16).  Du  Chasteilier.  —  Seigneurs  dans  les  paroisses  d'Eréac,  de  Lan  ^ 
relas  et  de  Plesliu,  évéché  de  Saint-Malo. 

Anciennes  extractions   Ré  formations  de  4427  à  1513. 

A  produit  un  chevalier  3roisé  en  1248.  Fondu  dans  Villeblanche. 

Catherine  du  Chasteilier,  femme  de  Claude  de  Villeblanche,  nièce  de 
Jeanne  de  Ploësquellec,  veuve  sans  enfants  de  Charles  du  Pont-l'abbé, 
recueiUit  dans  sa  succession  la  chatellenie  de  Trogoff  qui  lui  était  re- 
venue par  la  mort  de  Maurice  de  Kerascjuer  à  qui  elle  en  avait  fait  don. 
Ar  m  es  :  D'or  au  chef  de  sable,  charge  d'un  lambel  d'argent. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  81  — 

En  1533,  à  Messire  Claude  de  Villeblanche  (17;  et  i  Kn- 
loine,  son  frère. 

En  1549,  celte  chàlellenie  esl  louée  par  Claude  de  Ville- 
blanche  3eul  seigneur  à  Maurice  Le  Meur,  seigneur  de  Les«^ 
moal  (18). 

En  1550  el  1552,  Trogoff  appartient  à  Louise  de  Goulainé 
(19)  veuve  de  Guy,  sire  d'Espinay  et  à  Jean  d'Espinay,  son 
fils  (20). 


(17).  De  Villeblanche.  ~*  Seigneurs  dans  les  paroisses  de  Ploué^t- 
Moysan  et  de  Broons,  évêchés  de  Rennes,  de  Tréguier  et  de  Saint- 
Malo.  Fonda  dans  Espinay. 

Cette  famille  a  comparu  aux  réformations  de  1513  et  1543. 

Elle  a  fourni  un  abné  de  Quimperlé,  mort  en  1 483,  un  abbé  de  Lan- 
dévennec,  mort  en  1490.  un  grand  pannetier  de  la  Reine  Claude  de 
France  en  4522,  un  capitaine  de  Rennes,  un  grand  maître  de  Bretagne. 

Armes  :  De  gueules  a  la  fesce  d'argent,  accompagnée  de  trois  têtes  de 
saumon  de  même  placées  2  et  1.  - 

La  chatellenie  de  Trogoff  passa  dans  cette  famille  par  Catherine  du 
Chastellier,  épouse  de  Claude  de  Villeblanche. 

(18).  Le  Meur.  —  Seigneurs  de  Lesmoal,  — •  de  Kerharant  en  Guerles- 
quin. 

Famille  d'ancienne  extraction  qui  a  fourni  un  gouverneur  de  Lannion, 
un  docteur  en  Sorboane,  aumônier  du  roi,  fondateur  des  missions  étran- 
gèr**  s. 

Armes  :  D'argent  à  la  fasce  d'azur  accompagnée  en  chef  d'un  crois- 
sant de  gueules. 

(19).  De  Goulainé.  —  Marquis  dudit  lieu,  —  barons  du  Faouêt,  — 
vicomtes  de  Coëtquénan,  —  vicomtes  de  Saint*Nazaire,  -^  seigneurs 
dans  la  paroisse  de  haute  Goulainé,  évéché  de  Nantes. 

Famille  d'ancienne  chevalerie  qui  a  produit  un  gouverneur  de  Nantes 
en  1180.  Il  négocia  la  paix  entre  Philippe-Aususte  et  Henri  II  d'Angle- 
terre, et  reçut  de  ces  deux  princes  les  armes  d'Angleterre  et  de  Franc.e 
mi-parties.  Geoffroy  à  la  croisade  de  1248.  —  Beaudoin,  abbé  de  Saint- 
Gildas  en  1548.  —  Gabriel  de  Goulainé,  chevalier  et  l'ordre,  capitaine 
de  cinquante  lances  et  Jean  de  Goulainé,  baron  du  Faouêt,  son  frère, 
commandaient  les  ligueurs  qui  prirent,  en  1590,  le  château  de  Trogoff 
en  Plouescat  et  le  château  de  Kerouzéré  en  Sibiril. 

Reformations  de  1430,  —  1441,  —  1669. 

Armes  :  Parti  de  gueules  à  trois  demi-léopards  d'or  l'un  sur  l'autre 
gui  est  moitié  des  armes  d'Angleterre  et  d'azur  à  une  fleur  de  lys  et 
demi  d'or  qui  est  moitié  des  armes  de  France. 

Devise  :  A  cettuy-cy  à  cettuy-là  j'accorde  les  couronnes. 

(20).  D'Espioay  —  Marquis  dudit  lieu  en  1573,  —  vicomtes  de  Biai- 
son,  —  barons  de  Mathefelon,  —  marquis  de  Vaucouleurs,  —  seigneurs 
dans  la  paroisse  de  Ghampeaux,  évéche  de  Rennes. 

Famille  d'ancienae  chevalerie  qui  a  produit  quatre  chevaliers  de 
GuilIaume-le-Conquéiant  en  1066;  un  chevalier  croisé  en  1248;  plusieurs 
cardinaux,  archevêques,  évêques  et  abbés;  deux  grands  maîtres,  un  grand 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  82  - 

En  1565  Pierre  Le  Pyrooine  ou  le  Oivanac*h  (31)  et  Amice 
Le  Roux  C2i)  sa  femme  achètent  aux  précédents  la  cbâtellenie 
de  Trogoff. 

En  1559  Jean  d*B$pinay  et  Louise  de  Goulaine  sa  mère,  ne 
pouvant  se  faire  payer,  font  saisir  Trogoff  sur  Pierre  Le  Dy- 
n[ioine  et  sa  femme  et  le  mettent  en  vente;  Jean  de  Pensornou 


chambellan,  plusieurs  chambellans  ordinaires  des  ducs  do  Bretagne  e\ 
des  rois  de  France.  Eteints  en  1764. 
Réformations  de  1438,  —  1448,  —  4669. 

Armes  :  D'argent  au  Lion  coupé  de  gueules  et  de  sinople,  ongle  d'or, 
—  Les  cadets  brisaient  d'une  bande  d  azur  semées  de  fleurs  de  lys  d'or. 
Alias  :  Le  Lion  est  armé  lampassé  et  couronné  d'or. 

Devise:  Rapellam umbras. 

Les  Schomberg  d'Espinay  n'ont  jamais  possédé  Trogoff  comme  le  dit 
M.  de  Courcy,  car  la  branche  d'Espinay  qui  s'est  foudue  dans  Schom- 
berg n'a  contracté  cette  alliance  quen  1598.  A  cette  époque  Trogoff  ap- 
partenait aux  Pensornou  depuis  1559,  date  à  laquelle  les  Schomberg 
étaient  encore  allemands  ;  ils  ne  furent  naturalisés  qu'en  1570. 

(21).  Le  Dymoyne,  Dimoine,  Divanac'h  ou  Dimanac'h.—  Famille  d'an- 
cienne extraction  qui  posséda  des  fiefs  dans  les  paroisses  de  Trébabu 
et  de  Plougonvelin,  éveché  de  Léon. 

Réformation  de  1448.  —  Monstre  de  1503. 

Armes  :  D'or  à  la  croix  engreslée  de  gueules. 

(22).  Le  Roux.  —  Il  y  a  eu  un  grand  nombre  de  familles  Le  Roux, 
nous  donnons  en  cas  de  besoin  les  armes  de  celles  qui  habitaient  les 
évéchés  de  Léon  et  de  Tréguier,  à  l'une  desquelles  devait  appartenir 
Amice,  femme  de  Pierre  le  Dymoine. 

1 .  Le  Roux,  évéché  de  Tréguier  et  de  Léon,  paroisse  de  Cavan,  Plouec'h 

et  Plourin  :  Ecartelé  d'argent  et  de  gueules. 

Devise  :  Pé   brézel  Pé    carantez  (ou  la  guerre  ou  l'amour). 

2.  Le  Roux,  marquis  du  Bois  de  la  Motte,  évéché  de  Trécuier,  paroisse 

de  Piouagat-Chatel-Audren  :  De  gueules^à  deux  molettes  d'or  en 
chef,  a  un  croissant  de  même  en  pointe. 
8.  Le  Roux,  évéché  de  Léon,  paroisses  ae  Guipavas,  Plouzané  et  Çlouar- 
zel  :  D'azur  fretlé  d'argent  de  six  pièces  au  chef  d'or  chargé  d'une 
quintefeuille  d*azur. 

4.  Le  Roux,  évéché  de  Tréguier,  paroisse  de  Merzer  :  Parti  d'argent  et 

de  gueules  à  un  croissant  surmonté  de  deux  étoiles  de  l'un  en 
l'autre. 

5.  Le    Roux,  évéché  de  Tréguier,  paroisse  de  Pommerit  le  Vicomte  : 

vairé  d'argent  et  de  gueules, 

6.  7  et  8.  LeRou^t  dans  les  mêmes  évéchés,  sans  indication  de  paroisses 

portaient  :  D'argent  à  une  branche  de  houx  ornée  de  trois  feuilles 
de  sinople  :  D'argent  à  trois  coquilles  de  sable  D'argent  a  la 
channe  ou  marmite  de  sable  surmontée  d'un  lambel  de  gueules 
(alias  d'azur).  Alias  :  Trois  channes  surmontées  d'un  lambel  (sceau 
de  1275). 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  83  — 

f3î)  fils  de  Jacaues  et  de  Marguerite-  Calloët  (34),  s'en  rend 
acquéreur  et  la  famille  de  Pensornou  couserve  cette  cbàlelle- 
nie  pendant  112  ans,  et  laisse  de  nombreuses  traces  de  cette 
possession  par  ses  arrêts  de  haute  moyenne  et  basse  justice, 
par  les  aveux  qu'on  lui  rend,  par  ses  armoiries  qui  sont 
scniptées  ou  peintes  dans  toutes  les  églises  et  chapelles  ou 
elle  a  prééminence. 

Ajnsi  Trpgoff  est  possédé  en  1559  par  Jean  de  Pensornou  ^ 
En  1570  par  Jean  de  Pensornou  ;  sceau  de  1580  écartelé  de 
Pensornou,  aux  1  et  4,  aux  2  et  3,  de  3  fasces  vivrées  ou 
ondées  au  cbef  chargé  de  3  étoiles.  1\  n'y  a  que  la  famille 
PorzaI  de  Tévêché  de  Tréguier  qui  porte  des  armoiries  sem- 
blables. 

11  y  a  donc  à  supposer  qne  Jean  Pensornou,  père  de  Jean 
et  beau-père  de  Marguerite  de  Kerret,  avait  épousé  une  fille 
de  la  maison  de  PorzaI  (24  bis). 


(23),  De  Pensornou.  —  Bannerels  de  Trogoff  en  Plouégal-Moysan  et 
seigneurs  de  fiefs  en  Taulé,  évéchés  de  Tréguier  et  de  Léon. 

Famille  d'ancienne  extraction  fondue  dans  Huon  de  Kermadeè. 

Réformations  de  (443  et  1670.  —  Monstres  de  148t,  1503  et  1534. 

Armes  ;  D'argent  à  la  fasee  de  sable  accompagnée  en  clief  d'une  mer- 
lette  de  même. 

Des  procès-verbaux  disent  une  barre  au  lieu  d'une  fasce,  c'est  évi- 
demment une  erreur. 

Les  Pensornou,  après  leur  aUiance  avec  les  Kerret,  écartelèrent  leurs 
armes  de  celles  de  Léon,  ce  qui  ne  leur  fut  pas  contesté.  Cela  nous 
semble  irrégulier,  car  cela  ne  se  faisait  que  pour  les  alliances  directes 
et  si  les  Kerret  ont  pu  le  faire  en  suivant  les  usages  établis,  il  n'en 
résultait  pas  le  même  droit  pour  les  Pensornou.  Les  armes  qui  leur 
furent  attribuées  à  la  réformation  de  i670  n'ont  plus  l'écartelé  de 
Léon  ;  mais  il  ont  porté  cet  écartelé  pendant  tout  le  temps  qu'ils  ont 
possédé  Trogofif  et  nous  le  voyons  encore  sur  un  sceau  de  Jean  de  Pen- 
sornou en  1671,  un  an  après  la  réfo'rmation  précitée. 

(24).  Callouêt.  -Seigneurs  en  Plessidi,  Plouigneau  et  autres  paroisses, 
évéché  de  Tréguier. 

Famille  d'ancienne  extraction.  —  Réformations  de"  1427-1447-1643- 
1669.  —  Monstre  de  1479. 

A  produit  :  Un  conseiller  du  Duc  Jean  V  en  4450.  —  Un  évêque  de  Tré- 
guier mort  en  1.504.  —  Un  président  de  la  noblesse  de  Tréguier  qui  défit 
les  Anglais  à  Camaret  en  1694.  Famille  éteinte. 

Armes  :  D'or  à  la  fasce  d'azur  surmontée  d'une  merlette  de  même.  — 
C'est  le  même  sceau  que  celui  des  Pensornou,  mais  les  émaux  sont 
différents. 

Devise  :  Advise-toi. 

(24  bis).  De  PorzaI-  — Seigneurs  dans  les  paroisses  de  Ploudalmézeau 
et  de  Plougasnou.  Evéché  de  Tréguier. 

Ancienne  extraction.  Réformstion  de  1543. 

Armes  :  D'argent  aux  trois  fasces  ondées  d'azur  au  chef  du  même 
chargé  de  trois  étoiles  d'or. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  84  — 

En  1582  par  Jean  de  Pengornou,  fils  de  Jean  qui  avail  élé 
époux  de  Marguerite  de  Kerret  (95),  déeédée,  ce  qui  donne 
lieu  à  l*io(roduction  des  armes  de  l.éon  dans  le  sceau  des  Peo- 
sornou  el  dans  celui  de  la  court  de  Trogoff  ; 

En  1586  par  Jean  de  Pensornou  de  Kerampont  ; 

En  1588  par  Jean  de  Pensornou  sieur  de  la  Boissière  ; 

En  1599,  Françoise  du  Perrier  (36)  veuve  du  sieur  de  Pen' 
sornou,  dame  douairière  de  Trogoff  en  Plouégal-Moy&an* 
comme  tutrice  de  Guy  ou  GÙyon  de  Pensornou,  atné,  et  de 
Jean  de  Pensornou»  cadet,  flis  de  feu  Jean  de  Pensornou,  rend 
hommage  pour  des  fiefs  dépendants  dudit  Trogoff  et  situés  en 
Ploêgat-Hoysan,  au  seigneur  comte  de  Bois  Eon,  seigneur  de 
Trogoff  en  Ploue^cat,  évèché  de  Léon.  En  1600  el  1602, 
mêmes  aveus.  Eo  1608  et  1610,  mêmes  aveus  de  Françoise 
du  Perrier,  tutrice  de  Jean  de  Pensornou  son  fils,  seigneur 
de  Trogoff,  devenu  l'aîné  par  la  mort  de  Guy  de  Pensornou* 

En  1618,  1619,  1620.  aveus  de  Trogoff  par  Jean  de  Pen- 
sornou, seigneur  de  la  Villeneuve. 

En  1649  nous  trouvons  comme  seigaeur  de  Trogoff',  Jean 


(25).  De  Kerret.  ^  Seigùeurs  dans  la  paroisse  de  Saint-Martin  d® 
MorJaix,  évéché  de  Léon.  Famille  d'ancienne  chevalerie  qui  s'est  allié^ 
vers  1290  à  la  branche  des  Léon,  seigneurs  de  Pensez.  Elle  a  produit 
un  gouverneur  du  château  du  Taureau  en  1604,  — -  un  page  du  roi,  ~ 
un  brigadier  de  cavalerie. 

Réformations  de  1126,  —  1113,  —  1543,  et  1669.  —  Monstres  de 
lia 4,  —  1503,  —  1534  en   équipage  d'hommes  d'armes. 

Armes  :  Ecartelé  aux  1  et  4  d'or  au  Lion  morné  de  sable  qui  est  de 
Léon,  à  la  cotice  de  gueules  brochant  comme  brisure,  anx  2  et  3  d'ar- 
gent à  deux  nigeons  d'azur  affrontés,  becqués  et  membres  de  gueules, 
qui  est  du  Val  de  Kerret.  Alias  pour  2  et  3  les  2  pigeons  becquetant  un 
cœur  de  gueules. 

Devise  :  Tevel  hag  ober  (se  taire  et  agir). 

(26).  Du  Perrier  ou  du  Poirier.  —  Comtes  de  Quintin  en  1424,  pa^ 
alliance  avec  l'héritière  de  Quintin.  Seigneurs  dans  les  paroisses  de 
Berhet,  —  Plufur,  —  Tréméven,  —  Plourac'h  et  autres,  évéchés  de 
Tréguier,  de  Saint-Brieuc  et  de  Gornouailles. 

Famille  d'ancienne  chevalerie.  — •  Réformations  de  1427,  —  1513, 
—  1536,  —  1543,  —  1671.  —  Monstres  de  1481  en  équipage  d'homme 
d*armes. 

A  produit  un  chevalier  de  l'ost  du  duc  enl294,  —  un  évêque  deTré- 
ffuier  qui  entreprit  la  réédification  de  la  cathédrale,  —  deux  chevaliers 
de  Malte,  —  un  avocat  général  aux  comptes. 

L'une  des  branches  s'est  fondue  dans  Laval,  l'autre  dans  Yilleblanche. 

Armes  :  D*azur  à  10  bdlettes  d'or,  4,  3,  2  et  l  (sceau,  1387). 

Devise  :  Ni  vanité  ni  faiblesse. 

Alias  :  Un  poirier  (sceau  de  1348). 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  8S  -^ 

de  Pensornou,  seigneur  de  ia  Villeneuve,  qui  élail  époux  de 
Jeanne  Rogon  (27). 

En  1650  et  1652  aveiis  par  Jean  de  Pensornou  de  la  Ghâtel- 
lenie  de  Trogoff,  en  PJouégalMoysan,  el  de  la  seigneurie  de 
Kérouséré  en  dépendant,  aux  issus  du  bourg  de  Plouégat- 
Moysan. 

En  1662,  aveus  far  Jean  de  Pensornou  seigneur  de  Kéram- 
pont. 

En  1665  par  Jean  de  Pensornou,  seigneur  de  Penaméncz. 
On  ignore  le  nom  de  sa  femme,  mais  il  ne  laissa  qu'une  fllle 
unique  Anne  de  Pensornou,  épouse  d'Alain  Huon  de  Ker- 
madec  {28j  qui  devint  aii^si  seigneur  de  Trogoff. 

Kn  1671,  prise  de  possession  de  Trogoff'par  Huon  de  Ker- 
rnadec,  à  cause  de  Anne  de  Pensornou  fille  el  unique 
héritière  de  Jean  de  Pensornou»  seigneur  de  Trogoff*,. 
épouse  dudit  sieur  de  Kermadec  :  comparaissent  au  même 
acte  comme  co-seigneurs  de  fiefs  relevant  de  Trogoff" 
les  sieurs  de  Lézormel  des  Tourelles  (28  bis),  Grassy  de 


(27).  Rogon.  —  Seigneurs  dans  les  paroisses  dePlurien,  Erguy,  la 
Bouillie  et  Morieux,  éveché  de  Saiut-Brieuc.  —  Famille  d*ancienne  che- 
valerie. —  RéformaUons  de  1423,  —  tlll,  —  4480,  —  1513  et  1669. 
Jugement  de  l'intendance  de  1702.  Monstres  de  4483. 

A  produit  un  homme  d'armes  dans  la  compagnie  de  Broons  qui 
passa  la  Monstre  à  Bourges  en  1418,  —  un  page  du  roi  en  1727,  —  un 
maréchal  de  camp. 

Armes  :  D'azur  à  trois  roquets  d'or. 

(28),  Huon  de  Kermadec.  —  Seigneurs  eh  Ploudiry,  évéché  de 
Léon. 

Famille  d'ancienne  chevalerie—  Réformations  de  1126,  —  dl48,  — 
1689,  Monstres  de  1378,  ^  1503,  —  1534. 

A  produit  un  chevalier  de  Saint-Michel  mort  en  1676,  —un  chevalier 
du  comte  de  Léon  en  1270  et  un  autre  en  1307, —  un  écuyer  du  corps 
et  de  la  chambre  du  duc  de  Bretagne  à  Âzincourt  en  1415,  —  un  chef 
d'escadre  mort  en  1787,  —  un  capitaine  de  vaisseau  en  1791. 

Armes  :  D'or  à  3  annelets  d'azur  2  et  1  et  à  3  croisettes  recroise ttécs 
de  même  1  et  2. 

Devise  :  Enda  bado  birviquen  (tant  qu'elle  existera,  jamais),  ou  Atao 
da  virviquen  (toujours  à  jamais). 

(28  bis).  De  Lézormel  des  Tourelles.  —  Seigneurs  dans  les  paroisses- 
de  Plestin.  Plouégat,  Plougonven,  Lannedern,  évéché  de  Tréguier.  Fa- 
mille éteinte  dans  Raison.  Ancienne  extraction  —.  Réformations  et  mons- 
tres de  1427  à  1543.  —  Réformation  de  1669. 

Armes  :  Bandé  de  six  pièces  d'argent  et  d'azur. 
Devise  :  Content  est  riche. 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  86  ~ 

Keranmoal  (28  1er),  el  Cariou  de  Traonvily  (28  qualer). 

Eq  1673  aveus  par  le  même  ainsi  qu*eii  1679. 

En  1681  vente  judicielle  de  Troçdf,  saisi  pour  dettes  par 
Rolland  ralloèt,  seigneur  de  Lannidy  (39;  sur  Alain  Huon 
de  Kermadec  et  Anne  de  Pensornou  s^  Terome.  et  acquisition 
par  Alain  de  la  Mare  (30),  avec  le  fief  de  Keroual  en  dépen- 
dant au  sieur  de  Toulboudou  (3t^. 

En  16S3,  Jacques  àlato  de  ta  Mare  scelle  un  acte  de  son 
sceau  qui  est  d'azur  au  chevron  d'argent  accompagné  de 
3  besanls  d'or,  au  chef  d'argent  chargé  de  3  étoiles  de  sable. 
Postérieurement  cependant  on  trouve  encore  des  jugements  de 
la  cour  de  Trogoff  scellés  des  armes  de  Pensornou  écartelées 
de  Léon,  tandis  que  d'autres  portent  les  armes  de  la  famille 
Alain  de  la  Mare. 

En  Y6H4,  Jacques  Alain  de  la  Mare  vivait  encore  et  étai 
marié  à  Marie   Le  Gorolter  (32j  ses  actes  sont  scellés  d'nn 

(28  ter).  Grassy  de  Keranmoal.  En  la  paroisse  de  Laudrévarzec, 
évéché  de  Cornouailles. 

A'  comparu  à  la  réformation  de  1671  et  a  été  débouté. 

Nous  n'avons  trouvé  aucun  autre  document  constatant  que  cette 
famille  ait  pu  faire  preuve  ensuite  de  sa  noblesse. 

(2S  quater).  Cariou  de  Traonvily.  —  Seigneurs  des  Tourelles,  paroisses 
de  Lo^ueffret  ti  Ploumilliau,  éveché  de  Tréguier. 

Ancienne  extraction.  Réformations  et  Monstres  de  1445  à  4553,  Réfor- 
mation de  1669. 

Armes  :  D'azur  à  trois  molettes  d'or. 

Devise  :  Urgent  stimuli. 

'  29)  Voirie  rdnvoi  n»  24. 
'  (80).  Alain  de  la  Mare.  —  Cette  famille,  originaire  de  Bretagne,  s'éta- 
blit en  Normandie  et  y  fut  anoblie  en  t^Sê.  Elle  fut  reconnue  dans  sa 
noblesse  en  Normandie  en  1671  et  en  Bretagne  en  1729. 

Armes  :  D'azur  au  chevron  d'argent,   accompagné   d'un  besant  d'or 
en  pointe.  Alias  :  D'azur  au  éhevron  d'argent,   accompagné  île  trois 
besants  d'or,  au  chef  d'argent  chargé  de  trois  étoiles  de  sable.  Alias  : 
Mêmes  armes  moins  le  chef. 

(81).  De  Toulboudou.  —  Seigneurs  dans  les  paroisses  de  Ploué^at- 
Moysan,  liDC-Malo,  Plouray-Lan^onnet,  —  Plougasnou,  —  Ploujean 
et  Plouézoc'h.  Evécbés  de  Tréguier,  Vannes  et  Cornouailles. 

Ancienne  extraction.  Réformations  et  monstres  de  1426  à  1586,  — 
Réformation  de  1669. 

Armes  :  D'or  semé  de  feuilles  de  houx  de  sinople. 

(32).  Le  Coroller.  —  Seigneurs  dans  les  paroisses  de  Garlàn  et  de 
Saint  Mélaine  de  Morlaix.  —  Evéchés  de  Tréguier  et  de  Léon. 

Fanûtle  d'ancienne  extraction.  —  Réformaiions  de  1427,  —  1548  et 
arrêt  du  Conseil  de  1717.  Arrêt  du  Parlement  de  1773.  —  Monstre 
d  1366. 

A  produit  :  Un  gouverneur  du  château  du  Taureau. 

Armes  *.  De  sable  au  cerf  passant  d'or,  accompagné  de  trois  besants 
d  même.  Alias  :  D'azur  au  coq  d'or. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  87  - 

double  sceau  :  1*  d'azur  an  chevron  d'argent,  accompalçné 
de  3  besans  d'or  (il  n'y  a  plus  de  chef)  ;  2»  D*azur  au  coq  d'or. 
De  1687  jusqu'à  1728,  Marie  Coroller  scelle  ses  actes  des 
mêmes  armes,  elle  était  alors  dame  de  Trogofi,  veuve 
d*Alain  de  la  Mare  et  tutrice  de  Jacques  de  la  Mare  ou  dame 
douairière  de  Trogoff. 

En  1728,  sana  qu*oa  sache  si  c'est  par  succession  ou  par 
vente,  la  châtellenie  de  Trogoff  se  trouve  être  la  propriété  par 
indivis  de  Louis  Florian  des  Nos  des  Fossés  (33)  et  de  Marie- 
Françoise-Louise  des  Nos,  sa  sœur,  comtesse  douairière  de 
Guergorlày,  veuve  du  comte  de  Kergorlay  (34J. 

En  1789,  la  seigneurie  de  Trogoff  appartenaait  aux  deux 
fils  du  comte  de  Guergorlày  et  de  Marie-Françoise-Lpuise  des 
Nos-des- Fossés,  scavoir:  Gabriel  Louis-Marie  et  Louis  Florian 
de  Guergorlày.  f^ar  surle  de  partage,  Gabriel-Louis«Marie  de 
Guergorlày  devînt  propriétaire  unique  de  Trogoff. 

En  1790,  son  flis,  Alain-Marie  de  Guergorlày.  hérita  de  lui, 
puis  il  émigra. 

L'an  3,  la  seigneurie  et  châtellenie  de  Trogoff  fut  confis- 
quée sur  rémigré  Alain-Marie  Guergorlày,  ci-devant  noble. 


(33).  Des  Nos  des  Fossés.  —  Seigneurs  dans  les  paroisses  de  Saint - 
Potan,  Plouer  et  autreis,  évéchéi  de  Saint-BriQuc,  Saint-Malo,  Tréguier  - 
et  du  Mans. 

Famille  d'ancienne  cheyalerie.  Réformations  de  1441,.  1513,  1535, 
1669.  —  Jugement  de  Tintendance  du  Maine  de  l704. 

A  produit  un  chevalier  croisé  en  1248,  —  trois  chevaliers  de  Tordre, 
—  deux  chefs  d'escadre,  —  deux  lieutenants  généraux,  —  un  maréchal 
de  camp,  -—  trois  chevaliers  de  Malte,  —  un  abbé  de  Redon,  évêque  de 
Rennes,  puis  de  Verdun. 

Armes  :  D'argent  au  Lion  de  sable  armé,  lampassé  et  couronné  de 
gurules. 
Devise  :  Lion  rampant  n*est  pas  soumis. 
Aliàs  :  Tout  pour  honneur  et  par  honneur. 
Alitts  :  Marche  droit.  ^ 

(34).  Pe  Guergorlày  ou  Kergorlay.  —  Barons  de  Guergorlày,  barons 
de  Pestivien,  se-gneurs  dans  les  paroisses  de  Haut-Gorlay,  de  Motreff  et 
Plougonver,  évécnés  de  Gornouailles  et  de  Tréguier. 

Famile  d'ancienne  chevalerie.  —  Réformations  de  1513,  1543  1671.— 
Monstres  de  1481,  1562.  Alliée  aux  Montfort,  Laval,  Penthièvré,  Léon, 
Quintin,  Beaumanoir,  Tournemine,  Rohan,  Avaugour,  etc. 

A  produit  :  Trois  chevaliers  croisés  en  1096,  12^9,  1270,  —  un  che- 
valier tué  à  la  bataille  d"Auray  en  1364,  —  plusieurs  maréchaux  de 
camp,  —  un  pair  de  France. 

Armes  :  Vairé  d'or  et  de  eueules. 

Devise  :  Ayde-toi,  Guergorlày»  Dieu  t'aydera. 


Digitized  by  VjOOQ IC 


—  88  - 

L'an  4  elle  M  vendue  comme  bien  national  à  la  citoyenne 
Marie-Françoise  Tréal. 

Nous  avons  donc  pu  suivre  la  châtellenie  de  Trogoff  en 
Plouégat-IVloysan,  depuis  les  temps  reculés  où  elle  appartenait 
à  la  famille  de  Trogoff  jusqu'à  l'époque  où  elle  cesse  d'être 
seigneurie  el  l<^s  documents,  les  (amilles  les  armoiries  ciléeS| 
effaceront  désormais  toute  confusion. 

Nous  eussions  désiré  pouvoir  présenter  un  travail 
aussi  complet  pour  la  seigneurie  de  Trogoff  en  IMouescat. 
Mais,  raalheupeusemenr  les  documents  ici  sont  beaucoup  plus 
rares.  Nous  allons  donner  un  résumé  de  ceux  que  nous  avons 
pu  nous  procurer  et  qui  permettent,  malgré  le  manque  de 
dates,  de  suivre  la  transmission  de  la  châlellenie  jusqu'à  nos 
jours. 

La  deuxième  seigneurie  et  cbâtellenie  de  Trogofi'est  située 
dans  les  paroisses  de  Ptouescal  et  de  Sibiril,  évêché  de  Léon. 
Elle  possédait  un  château  fort  assez  important.  D'après  les 
alliance  des  familles  qui  ont  possédé  les  deux  Trogoff,  les  rap- 
ports qui  ont  toujours  existé  entre  les  terres  qui  les  compo- 
saient,  les  aveux  rendus  à  diverses  époques,  il  semble  probable 
que  le  Trogoff  de  fMouescataété  fondé  parla  famille  deTrogoff 
qui  lui  a  donné  son  nom,  nom  qu'elleavait  pris  du  Trogoff  de 
Flouégat-Moysan.  Ce  n'est  là,  du  reste,  qu'une  simple  suppo- 
sition. Mais  elle  prend  une  pande  consistance  quand  on  voit 
qu'il  y  avait  en  la  paroisse  de  Plouescat  une  famille  noble  du 
nom  de  Trogoff,  qui  portail  cependant  des  armes  différentes  de 
celles  des  Trogoff  de  Plouégat«Moysan  et  qui  n'est,  tout  porte 
à  le  croire,  qu'une  branche  de  la  même  famille  (35). 

Trogoff,  était  le  siège  d'une  haute  moyenne  et  basse-justice 
qui  avait  droit  à  trois  peaulx  seulement,  tandis  que  le  Trogoff 
de  Plouégat-Moysan,  bien  que  relevant  pour  certaines  terres 
du  Trogoff  de  Plouescat,  avait  une  juridiction  plus  importante 
et  avait  droit  à  quatre  peaulx. 

Pendant  longtemps  la  court  de  Trogoff  de  Plouescat  releva 
de  Mortaix,  comme  la  court  de  Trogoff  de  Plouégal-Moysan  ; 
mais  quand  cette  seigneurie  fut  réunie  à  la  cbâtellenie  de  Ké- 
rouzéré.  en  Sibiril,  pour  ne  former  qu'une  même  baronnie^ 
elle  releva  de  la  Justice  do  Lesueven. 


(85)  De  Trogoff.  —  Seigneurs  de  Trogoff,  paroisses  de  Plouescat  en 
révéché  de  Léon. 

Cette  famille  semble  être  une  branche  des  Trogoff  de  Plouëgat-Moy- 
san.  Elle  a  eu  des  alliances  avec  les  comtes  de  Léon  et  les  sires  de 
Kérouzéré  et  s'est  éteinte  dans  cette  dernière  famille. 

Armes  :  De  gueules  au  lambel  &  trois  pendants  d'or. 


Digitized  by  VJiPOQlC 


-  89  - 

Près  de  celle  deuxième  seigneurie  de  Trogoff  se  trouvait  la 
châtellenie  de  Kérous^ré,  qui  cohiine  la  cbâiellenie  de  Trogoff, 
porlaii  bannière,  dont  les  signeurs  furent  aussi  châtalains  de 
Trogoff  à  une  époque  reculée  et  qui  iul  réunie  à  Trogoff  pour 
former  une  baronnie  sous  le  uom  de  Trogoff  Kérouzéré. 

Le  cbâleau  fort  de  Trogoff  subit  en  1590  le  même  sort  que 
celui  de  Kérouzéré,  il  appartenait  alors  au  sieur  de  Bois  Eon 
et  tandis  que  le  roalheureux  de  Kerdraon  défendait  Kérouséré, 
on  prit  Trogoff  qui  fut  rasé  et  la  chute  de  ce  châtea^i  entraîna 
celle  de  Kérouséré  qui  tomba  au  pouvoir  des  ligueurs  et  fut  dé- 
mantelé mais  non  détruit. 

Le  seigneur  de  Kérouzéré  épousa  à  une  époque,  que  nous 
ne  pouvons  préciser,  \s  dernière  héritière  de  Trogoff  *et  la 
seigneurie  lui  advint  en  héritage  (36). 

La  branche  atnée  de  Kérouzéré  tomba  en  quenouille  et  son 
héritière  épousa  le  sieur  de  Kérimel  de  Coëtnizan  (37)  auquel 
elle  porta  Trogoff. 

En  1640,  d'après  le  dictionnaire  des  fiefs,  la  châtellenie  de 
Trogoff  appartenait  à  la  famille  de  Bois-Eon  (38j  et  y  resta 


(36)  De  Kérouzéré.— Bannertts  de  Kérouzéré  et  de  Trogofî.  paroisses 
de  Sibirit  et  de  Plouescat,  évéché  de  Léon. 

Ancienoe  chevalerie  -.  Béformations  de  1120,  1415.  —  Monstres  de 
1503,  —  1534  en  équipage  d'hommes  d'armes. 

Cette  famille  a  produit  un  échanson  du  duc  Jean  V,  présent  au  siège 
de  Chateauroux  en  1420,  qui  délivra  le  duc  détenu  par  les  Penthicvre, — 
un  juge  universel  de  Bretagne  en  1423,  —  un  conseiller  et  chambeljlan 
du  duc  François  II  en  U62,  —  uii  évéque  de  Léon  mort  en  1445 

Armes  :  De  pourpre  au  Lion  d'argent. 

Alias  :  D'argent  au  Lion  de  poupre  armé  et  couronoé  d'or. 

Devise  :  List,  list  (laissez,  laissez). 

(37).  De  Kérimel-Coëtinisan.  —  Bannereis  de  Kérouzéré,  seigneurs 
dans  les  paroisses  de  (Kermaria-Sular)  Gondelin,  Pluzunet  et  Guin- 
gamp,  évéché  de  Tréguier. 

Ancienne  chevalerie.  ~  Réformations  de  1427,  —  1467,  —  1535,  — 
4548. 

Cette  famille  dont  la  branche  ainée  s'est  fondue  dans  Barac^h  et  Cos- 
quer  de  Rosamfoo  a  produit  un  maréchal  de  Bretagne,  ami  du  conné- 
table Du  Guesciin  et  son  compagnon  dans  toutes  ses  guerres,  —  un 
chevalier  tué  en  1396  à  la  bataille  de  Nicopolis. 

Armes  :  D'argent  à  trois  fasces  do  sable. 

(38)  De  Bois*Eon.  —  Comtes  de  Bois-Eon,  —  vicomtes  de  la  Bel- 
lière,  —  barons  de  Marcé,  —  barons  de  Trogoif-Kérouzéré,  paroisses 
de  Lanmeur,  de  Plouescat,  de  Sibiril,  évéchés  de  Léon,  de  Dot  et  en- 
claves de  Tréguier  ;  famille  éteinte. 

Ancienne  chevalerie.  Réformation  de  1427  et  1671. 

Cett«  famille  a  produit  un  chevalier  en  1286,  —  un  commandeur  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem  mort  en  1469,  —  un  célèbre  capitaine  pendant 

soc.    ABCHÊOL.  DU  FINISTÈRE.  7 


/ 


Digiteed  by  VjOOQ IC 


—  90  - 

pendant  un  grand  nombre  d'années.  Nous  Tavons  déjà  vue 
possédée  par  celle  loême  famille  de  1599  à  1610  dans  des 
aveux  rendus  au  seigneur  de  Bois-Ëon,  sire  de'Trogoff  en 
Ploueseat,  par  Françoise  du  Perrier  et  Jean  de  Pensornou>  son 
fils,  sieur  et  dame  de  Trogoff  en  Plouégat-Moysan. 

Un  sîeur  de  Bois-Eon  ayant  épousé,  au  XVI»  siècle,  Théri- 
tière  de  Kérimel  Coêtinisan,  hérita  par  elle  de  la  châlellenie 
de  Trogoff.  C'est  lui  qui  en  était  le  propriétaire  et  qui  tenait 
pour  le  roi,  quand  la^  ligue  prit  et  rasa  Trogofi.  Le  château 
détruit,  Bois-Eon,  ruiné  par  les  guerres  de  la  ligne,  vendit 
Trogoff  au  sieur  de  Poulpry  (39).  Puis  la  châlellenie  et  tous  ses 
droitib  passèrent  à  la  famille  de  Bréhant   (40J,  à  la  famille 


la  liçuc  qui  devint  gouverneur  de  la  viUe  et  du  château  de  Morlaix   e 
gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roi. 

Armes  :  D*azur  au  chevron  d'argent  accompagné  de  trois  têtes  de 
éopard  de  même. 

Devise  :  Talbia  l 

(39^  De  Poulpry  ou  du  Poulpry.  —  Barons  de  Kérouzéré-Trogoff, 
paroisses  de  Pioudaniel,  Saint-Frégant  et  autres,  évéché  de  Léon.  — 
Famille  éteinte  en  1827.  Ancienne  chevalerie.  —  Réformation  de  1448 
et  1669.  Monstres  de  150S  et  1584. 

Cette  famille  a  produit  un  chevalier  croisé  en  124S,  un  président 
aux  enquêtes  chantre  de  Léon  et  doyen  du  Folgoat  en  1595.  Plusieurs 
conseillers  au  parlement,  —  un  maréchal  de  camp,  un  lieutenant 
général. 

Armes  :  D'argent  au  rencontre  de  cerf  de  gueules. 

(40)  De  Bréhant.  —  Comtes  de  Plélo,  vicomtes  de  Tlsle,  barons  de 
Mauron,  —  bannerets  de  Bréhant,  châtelains  de  Trogoff-Kérouzéré, 
seigneurs  dans  les  paroisses  de  Bréhant,  Loudéac,  Iffignac,  Sibiril  et 
Plouescat.  évéché»  de  Léon  et  de  Saint-Brieuc.  Fondue  dans  duPlessix- 
Richelieu,  ducs  d'Aiguillon  1740. 

Ancienne  chevalerie.  —  Réformations  de  1423,  1513,  1535  et  1669. 

Cette  famille  a  produit  un  abbé  de  Saint- Aubin  en  1163,  —  un  che- 
valier croisé  en  1248,  —  un  gentilhomme  de  la  chambre  de  Henri  IV  en 
1605,   —   un   ambassadeur  en  Danemark,   tué  au  siège    de  Dantzig, 
.  eu  1878.—  un  chevalier  de  Malte  en  1660, —  un  maréchal  de  camp. 

Armes  :  De  gueules  au  léopard  d'argent. 

Devise  :  Foy  de  Bréhant  vaut  mieux  qu'argent. 

La  branche  des  vicomtes  de  Tlsle  portait  de  gueules  à  7  mâcles  d'or, 
8,  8  et  1.  ^      ^ 


Digitized  by  VjOOQ  IC  . 


-.  91   -' 

des  Cios  (41),  à  la  famille  de  Larian  (42),  à  la  famille  Eon  du 
Vieux-Chalel  el  de  Villebague  (43). 

Celai!  le  sieur  Eon  de  Villebague,  riche  propriétaire 
babitanl  la  terre  de  Villebague,  près  Saint-Malo,  qui  en  étaii 
seigneur  en  1758. 

L'arrêt  de  1758  qui  est  mentionné  dans  la  pancarte  de 
Plouescat,  communiquée  par  M.  Flagelle,  a  été  rendu  au  pro- 
fit du  seigneur  de  Trogoff  à  raison  de  contestations  élevées 
sur  le  nM)niant  des  droits  et  redevances  dues  à  celle  seigneurie. 

Les  armes  qui  figurent  en  tête  de  celle  pancarte  et  qui  sont 
d*argeni  au  Lion  de  sable  sont  bien  celles  de  la  famille  Eon  ; 
Fécusson  de  son  alliance  inrlique  que  la  femme  du  sieur  Eon 
de  Villebague  était  une  fille  de  la  famille  ]Nouël  ou  Nouvel 
à  laquelle  appartient  Monseigneur  Tévêque  de  Quimper  el  de 
Léon.  (44). 


(41)  Des  Clos.  —  Bannerets  de  Trogoff-Kérouzéré,  évéché  de  Léon. 

La  noblesse  de  cette  famille  fut  reconnue  par  la  protestation  de  1788. 

EUe  a  produit  un  connétable  de  Rennes  en  1701  qui  devint  secrétaire 
du  roi  en  1711. 

Armes .  D*or  au  chevron  brisé  d'azur,  accompagné  en  pointe  d'une 
ancre  de  sable  au  chef  d-azur  chargé  de  trois  étoiles  d*or. 

Alias  :  De  gueules  au  léopard  d'argent,  un  pal  losange  d'or  et  de 
sable  brochant. 

Devise.  —  Salus  in  adversis. 

(4î)  De  Larian.  —  Seigneurs  de  Keicadio,  de  Rochefort  et  autres 
efs.  —  Paroisse  de  Noyal-Pontivy,  évêché  de  Vannes. 

Ancienne  chevalerie.  —  Réformations  de  1448, 1536  et  1668. 

Famille  qui  a  produit  plusieurs  conseillers  au  parlement  dont  l'un 
fut  commissaire  réformateur  de  la  noblesse  en  1668.  —  Trois  prési- 
dents à  mortier. 

Armes  :  D'argent  à  la  croix  de  sable  chargée  de  9  màcles  du  champ. 

Alias  :  d'argent  à  9  màcles  de  sable  posées  en  croix. 

<43)  Eon  du  Vieux-Chatel.  —  Seigneurs  de  Villebague.  —  Evêché  de 
St-Malo.  Châtelains  de  Trogoff.  évêché  de  Léon. 

Noblesse  reconnue  par  l'intendance  en  1709  et  par  la  protestation 
de  1788.  >- Réforn^Uons  de  1478  et  1513. 

Cette  famille  a  produit  trois  secrétaires  du  roi. 

Armes  :  D'argent  au  Lion  de  sable. 

Ce  sont  ces  armes  qui  sont  gravées  en  tête  de  la  panearle  de 
Plôuescat. 

(44)  Nouvel  —  Nouuel  —  Novel  —  Noël  —  Nédellec.  —  Seigneurs 
dans  les  paroisses  de  Louannec,  Merzer,  Ploujean,  Plourin,  Plougasuou, 
PlouigneaUy  Guimaéc,  Pordic,  Trédarzec,  Ploumogeur,  évêché  de 
Tréguier. 

Ancienne  extraction.  —  Reformations  el  monstres  de  14ÎÎ6  à  1543. 
—  Réformation  de  1669. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  92  — 

L'une  des  filles  du  sieur  Eon  de  Villebdgue  et  du  Vieux 
Chatel  e{  de  la  dame  Nouvil  son  t^pouse,  fui  mariée  à  M.  de 
Rosnyvincn,  marquis  de  IMré  (45)  el  recul  en    partage  une 


Celte  famille  a  fourni  :  Hervé,  générai  de  Tordre  de  St^DoBÛnique 
mort  en  1323.  —  Vincent  Nouuei  de  Kermadéza,  gouverneur  du 
château  du.  Taureau  en  t553  et  1555. 

Plusieurs  auteurs  prétendent  que  le  père  Joseph,  dit  rEoiinence  grise, 
confident  et  confesseur  de  Richelieu  et  qui  fut  maintes  fois  ^ur  le  point 
d'être  nommé  cardinal,  étaft  de  cette  famille,  fils  du  sieur  Nouvel  de 
Kerven  en  Guimaêc.  Nous  pensons  qu'il  y  a  là  une  erreur,  car  la 
plupart  des  auteurs  disent  que  le  père  Joseph  se  nommait  Le  Clerc  du 
Tremblay.  D'autres  disent  qu'il  fut  le  parrain  et  le  directeur  de  Jo- 
seph Nouvel  de  Kerven  et  vint  souvent  visiter  ce  jeune  homme  à 
Morlaix.  Ce  fut  lui  qui  décida  sa  vocation  et  le  fit  entrer  sous  le  nom 
de  père  Joseph  dans  Tordre  des  Capucins. 

C'est  sans  doute  ce  nom  de  Père  Jos$ph  qui  a  causé  la  confusion  de 
quelques  auteurs  de  biographies. 

Joseph  Nouvel  de  Kerven,  fils  du  sieur  de  Kervenyet  de  Françoise 
Calloucty  fondait  un  couvent  de  Capucins  à  Sedan  en  164U.  Il  était 
célèbre  comme  prédicateur  ;  sa  mère  avait  fondé  les  Galvairiennes  de 
Morlaix  en  1625. 

Mgr  Don  Anselme  Nouvel,  de  Tordre  de  Saint-Benoit,  évêque  actuel 
de  Quimper  et  de  Léon  depuis  18^1,  eit  le  descendant  de  cette 
famille. 

Armes;  branche  aînée:  De  sable  au  cerf  passant  d*or.  Branche 
cadette  :  D'argent  au  pin  de  sinople,  accosté  de  deux  cerfs  de  sable 
rampants  affrontés  soutenant  le  tronc  de  Tarbre. 

Devise  :  Tout  bien  ou  rien- 

C'est  à  la  branche  cadette  qu'appartient  Mgr  Tévéque  de  Quimper> 
c'est  à  elle  aussi  qu'appartenait  la  dame  Eon  de  la  Villebague  dont  le' 
armes  sont  gravées  en  tête  de  la  pancarte  de  Plouescat. 

(45)  De  Rosnyvinen.  —  Marquis  de  Pire.  —  Comtes  de  Maure.  -  Barons 
de  Lohéac.  —  Châtelains  de  Kérouséré-Trogoff,  seigneurs  de  fiefs 
dans  les  paroisses  de  Ploudiry,  Plouescat,  Sibiril,  évêche  de  Léon  et  de 
Dlrinon  et  Lopcrhcc  cvêché  dô  Cornouailleç. 

Ancienne  chevalerie.  —  Reformations  de  1426-1118  et  1669.  — 
Monstre  de  1562. 

Famille  qui  a  produit  :  Un  chevalier  en  1300.  —  Un  1^''  échansonde 
Charles  VIL  —  Trois  maîtres  des  eaux  et  forêts  —  Deux  chambeUans 
do  Louis  XI  et  de  Charles  VIII.  Deux  gouverneurs  du  château  de  la 
Roche -Morice.  —  Des  chambellans  de  Pierre  et  de  François  II.  —  Un 
capitaine  tué  à  la  bataille  de  Saint-Aubin  du  Cormier  avec  quatre  autres 
Rosnyvinen.  —  Uu  capitaine  de  100  lances  à  la  conquête  de  l'Italie 
sous  Charles  Vin.  —  Un  maréchal  général  des  loçis  du  roi.  —  Des 
capitaines  de  Vire,  Argenion  et  Caên.  —  Un  président  de  la  noblesse 
par  élection  aux  Étals  de  1770.  —  Un  lieutenant  général,  —  Un  député 
chevalier  d'honneur  de  la  princesse  Bacchiocchi  née  Elisa  Bonaparte. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  93  ~ 

pai't  de  la  baronnie  de  Trogoff-^Kérouzéré.  Une  aiilre  de 
leurs  filles  épousa  t*atné  de  la  maison  de  Penreuntenyo  de 
Chfflbntaines  (46;  et  reçut  aussi  eu  pariage  une  moitié  de  la 
baronnie  de  TrogoflfKérouzéré. 

Enfin  M.  du  Beaudiez  (47)  acquit  le  cbateati  et  Tentlos  de 
TrogofTqui  lui  furent  vendus  par.M.  de  Bosnyvien  de  Pire. 

Il  nous  a  été  impossible  pour  celte  deuxième  cbatelletiiede 
TrogofTd'indiquer  d'une  manière  précise  les  dates  comme  pour 
la  première.  Cependant  nous  croyons  être  arrivé  à  donner 
sans  interruption  1^  noms  de  ses  difiérents  propriétaires  et 
leurs  armoiries. 

Il  nous  parait  impossible  désormais  quand  on  trouvera 
quelque  nouveau  document  concernant  Tune  ou  l'autre  des 
chatellenies  de  Irogoff,  de  faire  une  erreur  ou  une  confusion. 

L'Ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  Séance  est  levée  à  4 
heures   \\i. 

Le  Secrétaire  ,  ^ 

V.    DE    HONTIFAVLT. 


Armes  :  D'or  à  la  hure  de  sandier  de  sable,  arrachée  de  sueules. 
aUumée  et  défendue  d'argent  —  Les  cadets  brisaient  d'une  bordure 
engrtislée  de  gueules. 

Devise  :  Défends-toi  ! 

Alias  ;  Non  ferit.  nisi  loesus. 

(le).  De  Penfeunteniouou  de  Chefifontaines.  —  Seigneurs  dans  les  pa- 
roisses de  Sibiril,  Cléder  et  le  Minihy,  éyêché  de  Léon. 

Ancienne  chevalerie.  — Réformations  de  1426-1146-4669.  —  Monstres 
de  1481-1503-1534  en  équipage  d'hommes  d'armes. 

Cette  famille  a  produit  Hervé,  chevalier  en  1310.  —  Uu  général  des 
cordeliers,  archevêque  de  Cesarée,  mort  en  1694  —  Un  page  du  roi  en 
1765.  —  Un  général  de  brigade.  —  Deux  maréchaux  de  camp. 

Armes  :  Burellé  de  10  pièces,  de  gueules  et  d'argent. 

(47).  Du  Beaudiez.  —  Sieurs  du  Rest  et  de  La  Motte,  paroisses  de 
Landunvez  et  Plabennec,  évéché  de  Léon. 

Ancienne  extraction.  -*  Réformations  de  1443-1448-1668.  •— 
Monstres  de  1503*1534. 

Cette  famille  a  produit  2  volontaires  pontificaux  dont  un  tué  à  Cas" 
telfidardo.  « 

Armes  :  D'or  à  3  fasces  ondées  d'azur,  un  trèfle  de  même  au  canton 
dextre.  —  Alias  surmontées  de  2  coquilles  de  gueules. 


Digitized  by  VjOOQIC  - 


—  94  — 

ORDllf    DU    JOUR 

Pour  la  séance  qui  aura  lieu  Mardi  19  Jânvibb,  à  deux 
heures,  sous  la  présidence  de  M.  Le  Comte  de  Carné, 
de  V Académie  Françnise. 


I""  Nomination  d'un  président  de  la  Société  archéologi- 
que, en  remplacement  de  M.  A.  db  Blois,  décédé. 

2^  Sainte  Guen  {Alba  Trimanimis)  et  ses  trois  fils,  par 
M.  R  -F.  Le  Men 

L-abbé  F.  DU  MARC'HALLAC'H, 

Vice- Président, 


Nota.  —  MM.  les  Sociétaires  qui  n'ont  pas  encore  payé 
leur  cotisation,  sont  priés  d*en  faire  parvenir  le  montant  le 
plus  tôt  possible  à  M.  le  commandant  Faty,  trésorier  de  la 
Société^  rue  des  Regaires,  22,  à  Quimper. 


Dons  offerts  au  Musée  départemental  d'archéologie. 


M.  le  docteur  Le  Hir  ,  membre  de  la  Société. 

i"*  Dix-huit  silex  ou  grès  lustrés,  taillés^  provenant  de 
la  caverne  de  Roc'h  -Tout ,  en  la  commune  de  Guiclan 
(Finistère). 

2<>  Sept  silex  ou  grès  lustrés,  taillés,  de  l'atelier  de  Parc- 
ar-Plenen,  en  la  même  commune.  —  Voir  le  tome  l'^'^du 
Bulletin,  p.  85. 

M.   Amaury  de  Kerdrel. 

]o  Un  modèle  en  terre  de  la  galerie  souterraine  de  Ru- 
geré,  en  la  commune  de  Plouvorn  (Finistère). 

2"  Fragments  de  poterie,  trouvés  dans  ce  souterrain,  — 
Voir  le  tome  1"  du  Bulletin,  p.  111. 

M.  RoDALLEC  ,  Juge  de  paix  du  canton  de  Fouesnanl  : 
Une  hache  en  diorite. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  9S  — 

M.  DupERRÉj  propriëlaire  à  Combril  ; 

Un  grand  bronze  d'AlexancIre  Sévère,  et  un  petit  bronze 
saucé  de  Postume  ,  trouvés  dans  les  fondements  de  la  mai- 
son dite  Walakofff  à  Tembouchure  et  sur  la  rive  droite  de 
rOdet. 


M.  Meblin,  limonadier^  à  Quimper  : 

Deux  monnaies  d'argent,  Tune  de  Marie  de  Blois,   du- 
chesse régente  et  l'autre  de  Jean  l^%  duc  de  Lorraine  (1346). 


M.  Lucas,  conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  à  Grozon  : 

Un  moyen  bronze  d'Antonin-le-Picux  j  trouvé  dans  les 
dunes  de  Losmarc'h,  en  la  même  commune. 


M.  F.  DuFBiGNA,  propriétaire  à   Quimper  : 

Un  cadenas  du  XV""  siècle,  trouvé  dans  le  bois  de  Goet- 
canton,  en  la  commune  de  Melgven  (Finistère). 


M.  Prosper  Hémon  ,  de  Quimper  : 

Une  fiole  et  des  débris  de  vases  en  verre   de  la  fin   du 
XVP  sièclii. 


M.  Daniel  Verniol,  marin   : 
Une  paire  de  pantoufles  du  Japon. 


M.  Retui;,  surveillant  de  de  i^''  classe  des  établissements 

pénitenciers  de  la  Guyane  française  : 

Divers  objets  d'Histoire  naturelle  ,  provenant  des  envi- 
rons de  Gayenne. 

fA  suivre). 


Digitized  by  VjOOQIC 


Pigitized  by  VjOOQ  le 


SÉANCE  DU  19  JANVIER  1875. 


(Présidence  de  M.  le  Comte  DE  CARNÉ 

DE  l'aCADÊBIIE  française. 

La  Séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

Etaient  présents  :  MM.  Audran,  Bigot,  père,  architecte 
diocésain,  Bigot,  fils,  architecte  du  département,  de  Carné, 
Duval,  Faiy,  Flagelle,  Malen,  Le  Men,  de  Montifauh,  de 
Quêlen,  Roussin,  Surrauli,  inspecteur  de  TAcadémie. 

M.  de  Carné  annonce  que  l'objet  principal  de  la  séance 
est  de  donner  un  successeur  comme  président  de  la  So- 
ciété à  M.  de  Blois  dont  la  mort  imprévue  a  été  pour  ses 
collègues  et  ses  nombreux  amis  une  perle  irréparable.  M. 
de  Blois  était  de  ces  hommes  raresfauxquels  on  succède, 
mais  sans  les  remplacer.  Toutefois  Thommage  le  plus  écla- 
tant à  rendre  à  sa  mémoire  c'est  de  continuer  Tœuvre  dont 
il  a  été  le  fondateur  véritable  ;  et  ce  n'est  pas  lorsque  les 
principales  difficultés  sont  surmontées,  quand  la  Société  dé- 
libère dans  un  local  magnifique,  grâce  à  la  munificence 
du  département,  et  que  l'importance  de  notre  dépôt  s 'ac- 
croit  tous  les  jours,  que  Ton  pourrait  songer  à  suspendre 
une  entreprise  d'une  haute  utilité  intellectuelle,  à  laquelle 
le  nom  de  notre  cher  et  regretté  collègue  demeurera  indis- 
solublement attaché. 

M.  de  Blois  était  doué  d'une  puissance  de  travail  qui  se 
rencontre  bien  rarement,  et  il  joignait  à  ce  don  une  amé- 
nité de  caractère  qui  l'a  mis  en  mesure  de  remplir  dans . 
son  pays,  sans  l'avoir  cherché,  le  rôle  le  plus  efficacement 
utile, car  il  était  un  centre  naturel  de  relations  affectueuses 
entre  des  hommes  réunis  par  la  communauté  du  travail.  Il 
était  doué  d'une  persévérance  que  rien  ne  lassait  :  il  porta 
cette  qualité  au  sein  de  l'Association  bretonne  ;  ce  fut  grâce 
à  elle,  qu'il  a  pu  avec  quelques  courageux  collègues,  en 
provoquer  le  rétablissement.  Le  musée  archéologique  lui 
doit  eti  grande  partie  l'existence  ;  la  juste  considération 
qu'il  inspirait  au  Conseil  général  a  levé  la  plupart  des  diffi- 
cultés financières  qui  aurait  pu  en  entraver  l'ouverture 
C'était  le  plus  infatigable  des  |solliciteurs,  parce  qu'il  en 
était  le  plus  désintéressé.  Quels  efforts  ne  tenta-t-il  point 
durant  vingt  ans  pour  accomplir  celte  belle  et  si  correcte 

soc.  AnCBkOL.  DU  fimSTÈBE.  8 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  98  - 

restauration  de  l'église  de  Loc- Maria,  sanctuaire  où  le  fer- 
vent chrétien  a  si  souvent  prié,  et  où  se  sont  pressées  tou- 
tes les  classes  de  la,  société  pour  le  conduire  à  sa  dernière 
demeure. 

H.  Se  Carné  ajoute  que  ce  serait  ici  l'occasion  de  parler 
avec  quelques  détails  de  la  vie  publique  et  des  travaux  de 
M.  de  Blois  ;  mais  qu'il  a  tout  récemment  payé  cet  hom- 
mage à  la  mémoire  de  son  cher  camarade  d'enfance  dans 
un  journal  de  Paris  (Le  Français,  n^  du  30  décembre 
1874.)  qu'il  prend  la  liberté  d'oflT^ir  à  la  Société. 

M«  le  Président  veut  bien  à  la  prière  de  l'Assemblée, 
donner  lecture  de  cet  article  qui  est  ainsi  conçu  : 

«  On  rencontre  quelquefois,  au  fond  de  nos  départf  roents , 
des  esprits  élevés  qui  parviennent  à  transformeri  en  l'agrandis- 
sant par  l'étude,  I  horizon  restreint  ouvert  devant  eux.  Ces 
borames-ià'sont,  pour  leurs  concitoyens,  des  instituteurs  dont 
les  leçons  ont  une  valeur  inestimable,  car  elles  élèvent  in^n- 
siblement,  dans  le  milieu  où  elles  sont  données,  le  niveau 
des  intelligences,  en  Taisant  prévaloir,  contre  les  idées  qui 
divisent  les  hommes,  celles  qui  les  rapprochent  et  les  unissent. 
Soit  qu'ils  explorent  le  champ  des  sciences  naturelles  pour 
révéler  les  richesses  d*un  sol  qu'on  foulait  aux  pieds  sans  les 
coiinattre,  soit  qu*ils  étudient  Tarchéotogie  locale  afin  de  cou- 
ronner chaque  ruine  par  l'auréole  de  son  passé,  ces  savants 
modestes  concourent  â  rendre  aux  yeux  de  tous  la  terre  natale 
plus  chère  et  les  tombes  des  aïeux  plus  vénérées. 

Mais  ces  initiateurs,  tout  ignorés  qu'ils  restent  dtï  grand 
public  littéraire,  remplissent,  sans  Tavoir  recherchée,  une 
mission  beaucoup  plus  utile  encore.  Ils  sont  appelés  é  grouper 
et  à  réunir,  par  Tattrait  d*un  intérêt  supérieur,  des  hommes 
isolés  par  la  diversité  dt*  leurs  situations,  ou  que  sépare  Tin- 
franchissable  muraille  de  l'esprit  de  parti.  Les  études  loeales, 
poursuivies  en  commun,  ne  manquent  jamais,  en  effet,  de  pro- 
voquer la  formation  d'une  sorte  de  terrain  neutre  sur  lequel 
nul  ne  met  te  pied  sans  y  perdre  quelque  chose  de  la  ténacité 
de  ses  préjugés  et  de  l'âpreté  de  ses  haines.  Cette  influence 
discrète  est  bien  plus  sûre  qu'éclatante  ;  et,  du  vivant  des 
hoounes  honorables  qui  rexerceni,  ceux  qui  la  subissent  ne  la 
soupçonnent  pas  toujours.  Mais  lorsque  la  mort  vient  à  les 
frapper,  un  grand  vide  se  révèle,  et  Ton  comprend  alors  toute 
la  valeur  des  existences  dévouées  à  celte  œuvre  salutaire  d'a- 
paisement. 

Ces  réflexions  n'échappaient  à  personne  dans  la  nombreuse 
assistaoce  qui  suivait  récemment,  k  Quimper,  le  convoi  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  99  — 

M.  \yfMiré  èe  Blois,  abcien  députi^,  bâtonnier  de  Tordre  des 
arot^lis,  vice-président  de  TAssociation  bretonne  et  président 
dé  ta  Société  archéologique  du  Finistère.  On  ne  s'éionnera 
donc  pas  si  Tun  de  ses  plus  vieux  amis  vient  appeler  un 
moment  rétention  sur  cette  vie  toute  pleine  d'œuvrès 
utiles. 

M.  de  Blois  appartenait  à  cette  génération  dont  la  jeunesse 
suivit  avec  ardeur  les  grandies  luttes  politiques  de  la  Restau- 
ration. Il  était  demeuré  fidèle  à  toutes  les  traditions  de  celle 
époque  de  liberté  régulière.  Surnuméraire  au  ministère  de  la 
justicei  il  fut  nommé  substitut  au  tribunal  de  Quimper  dans 
les  premiers  mois  de  1830.  Dévoué  à  la  Charte  comme  à  la 
royauté,  it  avait  vu  avec  l'anxiété  la  plus  vive  s'ouvrir  la  lutte 
engagée  entre  la  couronne  et  la  Chambre  ;  mais  lorsque,  â  la 
violation  de  la  loi  constitutionnelle,  la  révolution  de  Juillet  eut 
répondu  par  celle  de  l'hérédité  monarchique,  le  jeune  magis- 
trat n'bénita  pas  à  refuser  au  nouveau  gouvernement  un  ser- 
ment que  repoussait  sa  conscience.  Il  brisa,  non  sans  regrets. 
une  carrière  qu*il  aimait,  pour  entrer  dès  le  début  de  sa  vie 
dans  une  retraite  plus  laborieuse  encore  que  ne  l'avait  été  son 
existence  publique. 

L'un  de  ses  oncles,  octogénaire,  marchait  alors  à  Morlaix  à 
la  tête  de  l'archéologie  et  de  la  philologie  arrooricaioes. 
M.  de  Blois  recueillit,  avec  cet  héritage  domestique,  celui  des 
Lé  Gonidec,  des  La  Tour  d'Auvergne  et  des  Fréminville,  en 
lai  imprimant  un  caractère  nouveau  par  l'étude  du  droit 
brélon,  fouillé  jusque  dans  ses  origines  les  plus  obscures.  Mais, 
sur  Cftie  terre  pavée  de  menhirs  et  de  dolmen, couverte  d'édi- 
fices religieux,  dont  les  plus  humbles  sont  parfois  de  vrais 
monuments  d'art,  l'archéologie  ne  put  manquer  d'attirer 
prilldpalement  son  attention.  Il  n'est  pas  (me  de  ces  pierres 
mystérieuses  h  laquelle  il  n'ail  tenté  d'arracher  son  secret  ;  il 
n'est  guère  dans  notre  péninsule  de  pieux  sancttiaires  quMl 
B'ait  visité  pour  les  décrire.  A  la  Biogrxiphie  bretonne^  comme 
aux  divers  recueils  archéologiques  publiés  dans  TOuest,  it 
donna  de  nombreux  travaux,  louiours  signalés  par  les  deux 
qualités  qui  lui  étaient  propres  :  l'exactitude  dans  l'exposition 
des  faits  et  la  modération  d^ns  les  jugements  portés  sur  les 
personnes.  Il  seconda  de  la  manière  la  plus  efficace,  dans  le 
Finistère,  l'impulsion  imprimée  par  M.  de  Caumont  aux  étiides 
previficiales.  Bientôt  il  put  concourir  à  donner  à  ce  mouve- 
meift^  par  la  création  de  T Association  bretonne,  une  efficacité 
assez  sérieuse  pour  que  le  second  empire  en  jugeât  Texistence 
incompatible  avec  l'initiative  qu'il  «ntendait  se  réserver  en 
lotit. 

A()peler  led  grands  propriétaires  d'une  même  contrée  a 


Digitized  by  VjOOQIC 


-   100  — 

fonder  des  prix  pour  toutes  les  branches  de  la  produclioo  agri* 
cote  dix  ans  avant  rétablissement  d^  concours  régionaux, 
joindre  à  la  solennité  des  exhibitions  rurales  un  intérêt  d'un 
ordre  plus  élevé,  en  faisant  alterner  des  conférences  archéolo* 
gjques  avec  des  conférences  agricoles  ;  travailler  à  féconder 
ainsi  par  la  pensée  comme  par  ta  charrue,  te  sein  de  la  mère 
commune,  telle  fut  la  donnée  originale  sur  laquelle  s*éleva 
TAssociation  bretonne.  Celle-ci  était  à  peine  fondée  qu'elle 
servait  à  rapprocher  des  hommes  éminents  destinés,  en  face 
des  périls  publics,  à  se  retrouver  bienlôl  sur  un  plus  va^te 
théâtre. 

La  crise  de  Février  éclata,  et,  sous  le  coup  des  terribles 
journées  de  Juin,  le  suffrage  universel,  bien  plus  complaisant 
pour  certaines  idées  révolutionnaires  que  pour  les  révolu- 
lions  bruyamment  accomplies,  fit  choix,  en  1849,  de  ta 
Chambre  la  plus  conservatrice  que  la  France  eût  encore  vue  à 
l'œuvre.  Nommé  à  l'Assemblée  législative,  M.  de  Blois  s'assit 
au  sein  de  cette  majorité  honnête  qui  avait  à  se  défendre  à  la 
fois  contre  les  attentats  de  la  d(^magogie  et  la  conspiration 
plus  habile  du  césarisme.  Rangé  derrière  M.  Berryer,  il  suivit 
toujours  avec  confiance  ce  grand  défenseur  de  la  cause  royale, 
ne  séparant  pas  plus  que  lui  le  pottvoirdela  liberté.  Dans  les 
nombreuses  conquêtes  que  celle-ci  venait  d'assurer  coup  sur 
coup  à  la  France  chrétienne,  il  trouvait  Tévidente  sanction  des 
généreuses  doctrines  à  l'application  desquelles  la  Providence 
avait  attaché  des  fruits  si  merveilleux.  Aussi  ne  répudia-t-il 
jamais  ni  le  souvenir  de  ces  nobles  luttes,  ni  celui  des  chefs 
qui,  dans  la  défaite  de  leur  parti,  en  avaient  au  moins  sauvé 
Tbonneur.  Bien  peu  de  jours  avant  le  coup  imprévu  qui  Teo- 
leva  à  sa  famille  et  à  ses  amis  nous  échangions,  moi  malade 
et  lui  mourant,  sans  le  soupçonner,  de  douloureuses  impres- 
sions, comparant  tm  présence  de  ce  qui  se  passe,  les  temps, 
les  idées  et  les  hommes. 

Arrêté  avec  ses  collègues  au  2  Décembre,  et  rejeté  dans  la 
retraite  par  l'avénemenl  de  l'empire,  M.  de  Blois  reprit  avec 
ardeur  ses  investigations  et  ses  études* 

L/Associaiion  bretonne,  alors  dans  tout  sou  éclat,  avait 
accompli  une  œuvre  longtemps  réputée  impossible.  Ce  fut  son 
seul  crime  aux  yeux  d'un  pouvoir  qui  ne  permettait  le  bien 
qu'autant  qu'il  en  était  lui-même  la  source. 

La  main  d'un  ministre  breton,  ancien  adversaire  des  lois  de 
Septembre,  n'hésita  point  à  dissoudre  un  faisceau  parfaite- 
ment inoffensif,  dans  lequel  M.  de  Blois  s'était  fait  une  place 
considérable.  Ce  fut,  pour  celui-ci,  une  des  vraies  douleurs  de 
sa  vie.  Aussi  cjuelle  joie  n'éprouva-t-il  point  torque,  après  de 
longs  effortSf  il  put,  avec  quelques  amijB  persévéïi^iitSx  relever, 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  101  — 

voici  deux  ans  à  peine,  le  drapeau   de  l'association  si  long* 
lemps  proscrite!  Le  conjurés  de   Vannes  le  remplit  d'espé- 
rance, car  il  avait  consacré  sa  vie  à  raccomplissement  de  cette, 
œuvre  à  laquelle  il  allait  bieniôt  manquer. 

Menacé  par  des  symptômes  sur  la  portée  desquels  il  se  faisait 
peu  d'illusion  Jl  attendait  Tlieure  de  Dieu  dans  la  quiélnde 
dé  sa  conscience,  et  la  mort ,  qu'il  ne  vit  point  venir,  aurait 
pu,  sans  le  troubler,  le  regarder  en  face.  » 

Après  la  lecture  de  cet  article  qui  est  écoulée  avec  au- 
tant de  recueillement  que  de  sympathie  pour  celui  dont 
le  souvenir  l'a  inspiré^la  Société  décide  à  l'unanimité  qu'il 
sera  reproduit  dans  le  prochain  numérodu  Bulletin  archéo- 
logique. 

On  procède  ensuite  à  Télection  d'un  président  pour 
remplacer  M.  Aymar  de  Blois  décédé.  M.  de  Carné,  vice- 
président  ,  ayant  obtenu  la  totalité  des  suffrages  moins  deux 
voix,  est  nommé  président  de  la  Société. 

M.  de  Carné  remercie  l'Assemblée  de  lui  avoir  confié  le 
soin  de  continuer  l'œuvre  si  bien  commencée  par  M.  de 
Blois.  Il  pense  fermement  que  la  Société  archéologique 
est  appelée  à  rendre  à  l'Histoire  de  réels  services,  et  il  ne 
doute  pas  que  tous  ceux  qui  s^intéressent  aux  travaux  de 
l'intelligence  ne  se  fassent  un  devoir  de  concourir  à  son 
développement.  «  Pour  moi,  ajoute  M.  le  Président,  tout 
mon  concours  lui  esu acquis  pour  assurer  son  avenir,  et  je 
ne  négligerai  aucun  effort  pour  aplanir  les  difficultés  qu'elle  • 
pourrait  rencontrer  dans  sa  marche,  mais  en  vous  donnant 
cette  assurance  je  ne  dois  pas  vous  dissimuler  que  mes 
nombreuses  occupations  ne  me  permettront  pas  d'assister 
à  toutes  vos  réunions.  Il  importe  donc  que  vous  nommiez 
pour  me  remplacer  au  besoin^  un  vice-président  qui  puisse 
s'occuper  sans  interruption  des  affaires  de  la  Société.    » 

M.  Flagelle  fait  remarquer  que  cette  nomination  n'est  pas 
à  l'ordre  du  jour  de  la  séance. 

MM.  Malen,  Duval  et  deMontifault  répondent  qu'il  était 
impossible  de  l'y  faire  figurer  puisque  l'on  ne  pouvait  pré- 
voir avec  assez  de  certitude,  sur  qui  se  porteraient  les  voix 
des  membres  présents  à  la  réunion,  pour  la  présidence  de 
la  Société. 

Personne  ne  s'opposant  à  ce  que  celte  élection  ait  lieu 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  102  — 

séance  toBante,  M.  le  INréudeDt  anoofiee  qa'U  Ta  y  éirer 
procédé. 

Avant  rouverture  du  scrutin  et  sur  TobserTation  de  M. 
Flagelle  «  qu'U  conviendrait  peut-étife  de  choisir  te  nou- 
er veau  vice-président  hors  de  l'arrondissement  de  Qvitn- 
cr  per*  puisque  M.  l'abbé  4»  Marc'hallac'ti^  l'i^n  des  vice- 
a  présidents  en  fonctions,  habite  le  chefrlien  du  déy^te- 
«  ment,  »  M.  de  Carné  demande  à  l'Asssmblée  si  elle  est 
d'avis  d'accueillir  cette  proposition.  Bile  lui  parait,  pour 
son  compte,  d'autant  plus  acceptable  qu'il  voit  parmi  les 
membres  présents  à  la  réunion,  des  archéologues  qui  ont 
donné  assez  de  preuves  de  leur  ^èle  et  de  leur  dévoue- 
ment à  Tœuvre  que  poursuit  la  Société,  pour  qu'elle  soit 
assurée  de  trouver  en  eux  des  auxiliaires  aussi  actifs  qu'in- 
telligents, si  elle  les  appelait  à  faire  partie  de  son  bureau 
à  un  titre  quelconque. 

Plusieurs  membres  déclarent  partager  entièrement  sur 
ce  point  l'opinion  de  M.  le  Président. 

On  procède  au  scrutin  pour  l'élection  d'un  vice-prési- 
dent de  la  Société,  en  remplacement  de  M.  le  comte  de 
Carné, 

M.  Audran,  ayant  obtenu  10  voix  sur  13  votants  est 
nommé  vice-président . 

M.  Audran  remercie  ses  collègues  du  témoignage  d'es- 
tiipe  et  de  confiance  dont  ils  ont  bien  voulu .  l'honorer  et 
qu'il  s'efforcera  en  toute  occasion  de  justifier.  Il  ne  saurait 
d'ailleurs  manquer  d«9  dévouement  à  des  études  qui  ont  eu 
de  bonne  heure  ses  préférences,  et  il  espère  que  la  tâche 
que  lui  imposent  ses  nouvelles  fonctions  lui  sera  rendu 
facile  par  le  concours  bienveillant  de  ses  collègues  du  bu- 
reau. 

M.  le  Président  répond  à  M.  Audran  que  ce  concours 
lui  est  assuré  d'avance. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  d'un  travail  d'hagio* 
graphie  bretonne  de  M.  leMen. 

M.  Surrault  demande  à  présenter  quelques  observations 
avant  la  lecture  de  ce  mémoire.  Se  reportant  au  procès- 
verbal  de  la  dernière  séance,  M.  Surrault  se  déclare  tout 
disposé  à  concourir  aux  travaux  de  la  Société,  autant  que 
ses  noçibiieuses  occupations  poqrj^OQt  le  lui  permettre. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  108  — 

Mais  il  est  persuadé  qu'il  lui  serait  plus  facile  de  justifier 
les  espérances  que  M.  le  Président  a  bien  voulu  fonder  sur 
son  concours,  si  la  Société  nooimaii  une  commission  char- 
gée de  rédiger  un  questionnaire  contenant  l'indication  des 
renseignements  que  Ton  pourrait  demander  aux  instituteurs 
et  la  nomenclature  des  monuments  (|ui  devraient  être 
l'objet  de  leurs  investigations. Ce  questionnaire  serait  inséré 
au  BtUletin  de  ^Instruction  primaire,  et  adressé  à  tous  les 
instituteurs  do  département  qui  seraient  invités  à  lui  don- 
ner toute  leur  attention. 

M.  Surrault  ajoute  que  ce  système  de  questionnaire  était 
en  usage  dans  les  diverses  Sociétés  scientifiques  ou  littérai- 
res dont  il  a  fait  partie  avant  de  venir  à  Quimper,  et  qu'il 
2i  toujours  pu  constater  tes  excellents  résultats  que  Ton  en 
retirait 

H.  le  Président  considère  comme  très-utile  la  mesure 
indiquée  par  M.  Surrault,  et  pense  que  le  bureau  pourrait 
se  charger  de  la  rédaction  d'un  questionnaire  conçu  en 
termes  très-simples  et  très-clairs,  qui  serait  soumis  à  l'ap- 
probation de  la  Société  dans  sa  prochaine  réunion. 

L'Assemblée  adopte  l'avis  de  M.  le  Président. 

M.  Roussin  demande  à  01  l'Inspecteur  de  l'Acad^iesi 
les  élèves  de  TEcole  normak  de  Quimper  reçment  quel- 
ques notions  d'archéologie* 

M.  l'Inspecteur  ne  le  pense  pas  ;  mais  ils  pourraient 
puiser  les  premiers  éléments  de  cette  science,  dan^  le  ques- 
tionnaire dont  la  rédaction  a  été  confiée  au  bureau  de  la 
Société. 

M.  Roussin  fait  obserrer  qu'il  serait  bon  d'adresser  ce 
questionnaire  aux  agents- voyers  du  département. 

M.  Surrault  répond  que  puisqu'il  sera  imprimé  dai»s  la 
Bviletm  de  Vinstruetion  primaire',  il  sera  facile  d'en  faille 
faire  des  tirages  à  part  que  Ton  pourra  adresser  aux  divers 
agents  de  l'adminis^ation  qui  sont  susceptibles  par  la  na- 
ture do  leurs  fonctions  de  rendre  des  services  à  la  Société 
archéologique. 

SI.  te  Président  donna  ensuite  la  parole  à  U,  le  Man  pour 
lire  son  travail  porté  à  l'ordre  duîoinr. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  104  — 

SAINTE    GUEN    TEIRBRON 

(Àlba  Trimammis) 

ê 

BT 

SAINV      CADVAIV 


A  quatre  lieues  de  Quimper  sur  le  bord  de  la  route  de 
Châieaulin,  on  découvre  au  milieu  de  grands  arbres,  qui  la 
cachent  presqu'enlièremenl  aux  regards,  une  petite  chapelle 
dédiée  à  saint  Venec.  Tout  auprès  est  un  beau  calvaire  eh 
granit,  â  soubassement  triangulaire,  qui  porie  la  date  de 
Î566.  Parmi  les  nombreux  personnages,  pittoresquemeni  grou- 
pés sur  ses  angles,  autour  des  trois  croix  qui  y  sont  plantées, 
on  remarque  les  douze  apôtres  tenant  des  cartouches  a  demi 
déroulés,  sur  lesquels  sont  gravées  les  paroles  du  Credo.  Uo 
peu  plus  loin  est  la  fontaine  du  saint,  aussi  vieille  que  le  cal- 
vaire, mais  plus  richement  ornée  que  ne  le  sont  d'ordinaire 
ces  édicules,  accessoires  obligés  de  toute  chapelle  bretonne. 
L'église  construite  vers  le  milieu  du  XVI»  siècle,  sur  le  plan 
d'une  croix  latine,  n'offre,  à  Textérieur  rien  de  remarquable, 
et  l'on  est  péniblement  surpris,  quand  on  y  entre  de  l'état  de 
délabrement  dans  lequel  elle  se  trouve. 

Au  bas  de  la  nef  est  une  tribune  â  panneaux  vermoulus  et 
grossièrement  sculptés;  au  milieu  pend  une  lampe  en  fer,  • 
d'un  travail  très-simple  et  probablement  contemporain  de  la 
chapelle;  quelques  sièges  â  moitié  brisés  et  un  ou  deux  con- 
fessionnaux sans  portes  complètent  son  ameublement.  Cepen- 
dant les  débris  de  verres  de  couleur  qui  restent  encore  dans 
les  compartiments,  flambloyanls  de  ses  fenêtres,  et  les  sculp- 
tures qui  décorent  ses  clefs  de  voûte  et  les  poutres  de  sa  cbar- 
pentei  sont  des  indices  certains  que  la  pieuse  sollicitude  des 
ûdèles  qui  Font  fait  construire,  n'avait  rien  négligé  pour 
rendre  le  monument  digne  du  saint  â  qui  il  est  dédié  Vers 
le  haut  de  l'église,  trois  grandes  eonsoles  supportent  les  statues 
de  saint  Guenoc  (S:  Gueznocé  :  1578;,  de  Notre-Dame^  mère 
du  Rédempteur  (1692;  et  de  Saint-Yves,  confesseur  (1592;.  Sur 
une  quatrième  console  placée  à  droite  de  l'enirée  du  sanctu- 
aire, repose  un  groupe  de  quatre  personnages  qui  attire  tout 
particulièrement  l'attention. 


Digitized  by  VjOOQIC 


I 


—  108  — 

Il  se  compose  d'une  femme  et  de  trois  enfants.  Ld  femme 
est  représentée  assise  et  le  front  ceint  d'un  diadème.  Son  cor- 
sage ouvert  laisse  voir  sur  sa  poitrine  nue,  trois  mamelles, 
dont  Tune,  celle  du  milieu,  plus  développée  que  les  autres 
semble  destinée  à  allaiter  un  petit  enfant  qu'elle  lient  sur  ses 
genoux,  et  qui  laisse  échapper  de  sa  main  un  cartouche  sur 
lequel  on  lit  en  caractères  gothiques  :  ^S.  Gnennoc,  Les  deux 
autres  enfants  debout  de  chaque  côté  de  la  femme,  s'appuient 
d*une  main  sur  ses  genoux,  el  tiennent  comme  le  premier  des 
cartouches  sur  lesquels  on  lit  :  S.  Guenolé  elS.  Jacut.  Aucune 
date  n'accompagne  ce  groupe,  mais  Ton  peut,  d'après  les  ca- 
ractères de  ses  inscriptions,  fixer  répoqueoù  il  fut  sculpté  à  la 
seconde  moitié  du  XVI*  siècle. 

Une  pareille  représentalion  dans  une  église  doit  paraître 
fort  éirange  aux  personnes  qui  ne  sont  pas  familiarisées  avec 
nos  anciennes  légendes.  La  femme  ainsi  représentée  est  ce- 
pendant célèbre  dans  les  annales  bretonnes  ei  galloises  qui 
la  nomment  Alba  Trimammis^  ou  Gwen  Teirbron  C\)%  mais 
qui  présentent  quelques  divergences  au  point  de  vue  de 
son  identité.  Voici  ce  qu'en  rapporte  la  vie  de  saint  Guenolé, 
écrite  au  IX'  siècle,  el  qui  fait  partie  du  Cartulaire  de  Lande- 
vennec,  manuscrit  dont  la  rédaction  presque  entière  remonte 
au  XI'  siècle  : 

Fracan,  guerrier  renommé  et  cousin  de  Cathou  (2), 
un  des  rois  de  la  Bretagne  insulaire,  fuyant  les  atteintes  d'une 
maladie  pestilentielle  qui  désolait  le  royaume  de  son  parent, 
en  punition  des  crimes  deseshabiiants,  passaenArmorique(3), 
emmenant  avec  lui  sa  femme  nommée  BlaQche^i4/6a  en  breton 
Guen)^  el  ses  deux  fils,  Gueihenoc  et  Jacob  {Jacut),  Ils  dé- 
barquèrent dans  un  lieu  nommé  Brahec  (4) ,  et  s'établit 
ensuite  dans  une  localité,  qui,  de  son  nom  fpt  appelée  Plou- 
fragan  {Plebs  Fracani)  (5;,  et  oii  il  lui  naquit  un  troisième 
flls  qui  reçut  le  nom  de  Guenolé.  Dieu,  par  un  miracle,  donna 
à  Blanche^  sa  mère,  une  troisième  mamelle   pour  allaiter   ce 


(1}  Gwm  ou  (xuen  Blanche,  teir  trois;  bron  mamelle. 

(2)  Les  historiens  bretons  écrivent  Cathoun  ;  je  me  suis  assuré  par  un 
examen  attentif  du  Cartulaire  de  Landevennec  qu'il  faut  lire  Fracanus 
Cathouii consobrinus, 

(3)  Fracan  dut  passer  en  Armori(jue  vers  Tannée  465,  et  l'invasion 
Saxonne  fut  très-probablement  la  véritable  cause  qui  l'obligea  à  quitter 
son  pays. 

(4)  M.  de  la  Borderie  pense  qu'il  est  ici  question  du  port  de  Brehec, 
situé  tout  près  de  Lanloup,  dans  la  baie  actuelle  de  St-Brieuc. 

(5)  Canton  de  Saint-Brieuc,  Côtes-du-Nord, 


Digitized  by  VjOOQIC 


-•  106  - 

urowime  flto  qoi  était  appelé  i  ée  grandes  destinéee,  el  c'est 
de  eeUe  faveur  ^péeiale  qoe  lui  vint  le  surnom  de  JnfMm-> 
mis  (t). 

f/arliste  inconnu  qui  a  sculplé  le  groupe  de  sainte  Guen  ei 
de  ses  enfants,  en  se  cooferniani  dans  {mhi  ira«ail  à  rensemble 
de  cette  légende ,  s*en  eet  écarié  loui^fbis  par  un  détail  impor- 
tant puisqu'il  a  donn^à  saint  Venec.  la  place  que  devait  occtt* 
per  saint  Guenole^  d'après  le  Cartulairo  de  Landevennec. 

Sainte  Guen  Teirbron  n'est  connue  que'  sous  le  nom  de 
c  la  mère  de  Saint  Veneo  »  (  Ifam  Sont  Vente  ),  dans  la  pa^ 
misse  de  Briec  oà  est  située  la  chapelle  que  je  viens  de  dé- 
erire.  Les  nourrices  lui  font  des  offrandes  de  quenouiHes  de 
lin,  pour  avoir  du  lait.  Elle  était  patronne  primitive  de  la 
paroisse  de  Plouguien  (Ploe  Guen  Plebse  Alhœ),  près  Saint- 
Brieuc  ,  et  on  la  voit  représentée  a  en  robe  longue,  assise 
et  allaitant  ses  trois  gardons  »  dans  la  chapelle  de  Lesven 
(  altération  probable  de  Lez-Cuen),  en  la  même  paroisse. 
M.  Gaultier  du  Moltay  qui  nous  fournit  ce  renseignement  (2), 
afoute  :  c  même  représentation  dans  la  chapelle  de  saint 
Wennec,  en  Briec.  »  Il  y  a,  si  je  ne  me  trompe,  quelque 
inexactitude  dans  cette  assimilation,  car  si  la  description  que 
donne  M,  Gaultier  du  Mottay  du  groupe  de  la  chapelle  de 
Lesven  est  fidèle,  il  diffère  sensiblement  de  celui  de  la  cha- 
pelle de  saint  Venec^  où  saint  Guénolé  et  saint  Jacut  sont  re- 
présentés sons  les  traits  d'enfants  sevrés  dt^puis  longtemps. 


(1)  «  Inter  hœc  autcni«  vir  quidam  illustris,  spes  prdis  beat»  nomiBe 
Fracanus  Catouii  régis  britaanici,  viri  secundum  seculum,  famosissimi 
cousobriuus,  cujua  adhuc  sacrum  in  lumbis  latebat  semen  secundum 
AbrahsB  formam,  cui  dictum  est  exîre  de  terra  et  de  coguatione  sua,  et 
daturum  esse  ei  ibidem  dominum  semen  in  cujus  stirpe  btnedicerentur 
omnes  familias  terras;  cujus  cum  etiam  pretlicti  régis  terra  nomine 
dicta,  in  qua  tanta  sacrilegia  et  conubia  inepta  coDviviaquè  illicita»  et 
stupra  a  deo  inconcessa  fuerunt   perpetrata,  quanta  nec  inter  gentes 

Î[uidem  audiri  soient,  morbo  oiido  cum  nidore  gravissimo  sanieque  con- 
ècta  per  totum  pêne  fuisset,  auae  non  longe  post  etiam  citra  mare 
teneram  adbuc  ejùsdem  matris  niiam  insecuta  est  ;  iste,  legitur,  cum 
agneUis,  id  est  geminis  natis»  Guethenoco,  Jacoboque  vocatis,  parente- . 
que  eorumdem  Aiba  nomine,  q<iœ  cognominatur  Trimanmiia>  eo  quod 
ternas,  œquato  numéro  natorum,  babuH  mammas;  nam  et  eorum  ger- 
mana  non  est  in  mammarum  calculo  reputanda ,  auia  feminàrum  non 
estmoris  in  scriptura  texere  genealogiam.  Tandem  Armoricam,  ubi  tune 
opacum  adhuc  sine  clade  audiebatur  silvisse  lerrœ  spatium,  rate  cons- 
censa  aggreditur,  enatato  cum  paucis  ponto  britannico,.  teUuinm,  cirdo 
leniter  fiante,  delatusinportum  qui  Branecus  dicitur.  »~^  Cart.  Lawieven, 
!•  12,  V. 

(2)  Essai  d'hagiographie  et  d'iconographie  bretomie.  —  Saint-)3nenc  > 
Prudhomme,  1S69. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  107  — 

Qiwal  à  $mi  Venç^  4o«  le  w>m  WQdeme  est  qne  pUérQ- 
lioi^  des  formes  ançienqç^  Gmikenoc^  Guen^me^  Guenoc  et 
Guenec^  la  tradition  bretonne  ne  nous  ea  appr^rid  autre  chose 
que  ce  que  )'ea  ai  rap|)orté  d'après  le  cartulaire  de  I^andé- 
vennçc.  II  est  représenté  du  côté  do  l'épUre  ,  dans  le  sanc- 
tuaire de  sa  chapelle,  presque  de  grandeur  nauirelle.  en  cos- 
tume dç  guerrier,  tenant  d  iine  maîo  uue  épée  et  de  Tautre  un 
livre.  A  ses  çdiés^  dans  la  même  niche»  mais  avec  des  propor- 
tions bien  moindres,  sobI  représentés  ses  deux  (réres  ,  sajnt 
Guenolé  et  saint  Jacut,  en  coslume  d'abbé.  Qn  a*ignore  pas 

3ue  le  premier  fut  en  effet  abbé  de  Landévennec,^  ft  que  saipt 
acut  donna  son  nom  à  un  monastère  ,  situé  ^  i^enx  lieues  de 
Sî^iot-IVlalo ,  dont  il  avait  été  le  premier  abbé.  Les  babl- 
tanls  du  village  de  Saint-Venec  n'ont  pu  rien  m'apprendre  de 
la  vie  de  ce  saint.  On  Tinvoque  dans  te  pays  pour  la  guérison 
des  rhumatismes.  Sa  fête  patronale  a  lieu  le  dimanche  gras  et 
le  lundi  de  la  Pentecôte.  J'ignore  si  la  chapelle  de  saint  Gui^ 
nec,  dont  ou  voit  les  ruines  dans  la  commune  de  Benien  vFi- 
nistère),  était  dédiée  à  saint  Guenoc^  fils  de  sainte  Guen,  ou  h 
saint  Winnocou  Guennoc,  patron  de  Berg-$aini-Winnoc,dans 
le  diocèse  de  Cambray,  et  frère  ou  neveu  de  saint  Judicaét, 
roi  de  la  Domnonée  artooricaiue. 

J'ai  dit  plus  haut  que  les  tradiiions  galloîsest  mentionnent 
aussi  une  sainte  Guen,  à  laquelle  elles  donnent  le  même  surnom 
de  «Teirbron  »  (1).  Suivant  ces  traditions  elle  était  fijie  d'un 

£  rince  armoricain  qu'elles  désignent  sous  le  nom  d*Emyr- 
lydaw  C2;,  et  qui  était  neveu  de  saint  Gf'rmain  ,  évèque 
d*Aaxerre,  si  connu  par  ses  travaux  apostoliques ,  et  par  le 
zèle  qu'il  ^ploya  an  commencement  du  V*  siècle  (3j  dans  la 
Bretagne  insulaire,  pour  combattre  les  progrès  que  faisait 
<kns  cette  contrée  Thérésie  Pélagieiine.  Guen  épousa,  suivant 
les  mêmes  documents,  Eneas  Lydewig,  autre  prince  armori- 
cain, dont  elle  eut  un  fils  nommé  Cadvan,  qui  figure  au  nom- 
bre dçs  plus  iHustres  saints  du  mariyrologe  gallois.  Saint 
Cadvan,  par  suite  de  circonstances  qu'on  ne  fait  pas  c^Buattre, 
quitta  t'Àrmorique  au  commenceroeuL  du  VI*  siècle,  et  passa 
(kns  le  pays  de  Galles,  en  compagnie  d'un  grand  nombre  éd 
ses  cooapairioles ,  non  moins  distingués  psit  leur  naissance  , 


(1)  Uydaw  est  le  nom  qm  les  gaitoîs.doaDeDt  à  la  Bretagne  conliaeiv- 
tale.  Il  a  exactement  le  même  sens  que  le  mot  Armoriquey  pusqu'il 
désigne  en  gallois  un  pays  qui  s'étend  au  bord  de  la  mer,  Emyr  tly- 
daw  signifie  donc  Emyr  d^Armoriquê, 

(Jf)  Son  nom  y  est  toujours  écrit  Gtiom  par  un  W. 

(3)  De  430  h  430,  en  compagnie  de  Saint  Loup,  évêque  de  Troyes. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  108  -- 

que  par  leur  piété  el  par  leurs  vertus.  Ils  y  fondèrent  plusieurs 
églises,  et  furent  tous  placés  au  nombre  des  saints  de  leur  pairie 
d'adoption.  Parmi  eux  se  trouvaient  saint  Padarn  ou  Paterne  , 
saint  Guindav,  sain(  Lewan  ^  saint  Maël.  saint  SuUen,  etc.» 
dont  plusieurs  églises  bretonnes  armoricaines  ont  conservé 
las  noms. 

Saint  Cadvan  fonda  un  monastère  dans  File  de  Bardsey, 
située  vis-à-vis  de  la  pointe  occidentale  du  comié  de  Carnar- 
von  (North  Wales)  C'est  dans  celle  île  que  se  reiirèrcnl  plus 
tard  saint  Dubricius  et  d'autres  saints  personnages  pour  finir 
leurs  jours  loin  des  bruits  du  monde.  Il  résulta  de  cette 
pîpuse  coutume, que  la  terre  de  Tîle  fut  considérée  comme  sa- 
crée, el  l'on  regarda  comme  un  acte  irès-raéritoire  d'y  avoir 
sa  sépulture.  On  y  faisait  de  fréquents  pèlerinages  malgré  les 
dangers  de  1h  traversée  ;  et  quoique  l'ile  n'eût  guère  plus  de 

auatre  kilomètres  et  demi  de  circonférence  ,  elle  renfermait, 
'après  la  tradition,  tes  corps  de  vingt  mille  saints.  Il  n'est 
pas  sans  intérêt  de  rappeler  à  propos  de  cette  légende,  celle 
qui  a  cours  encore  aujourd'hui,  à  Lanrivoaré  ,  commune  de 
l'arrondissement  de  Bresl,  et  suivant  laquelle  sept  mille  sept 
cent  soixante-dix  sept  saints^  auraient  été  inhumés  près  de  l'é- 
glise paroissiale  ,  dans  un  enclos  où  il  n'est  permis  de 
pénétrer  que  la  tête  et  les  pieds  nus,  et  seulement  les  jours  de 
pardon. 

L'arrivée  de  saint  Cadvan  et  de  ses  compagnons  dans  la 
Cambrie  est  signatée  comme  un  événement  mémorable  dans 
les  annales  de  ce  pays.  Le  souvenir  de  ses  vertus  s'y  est 
conservé  longtemps,  et  plusieurs  bardes  gallois  ont  chanté 
ses  louanges.  Il  était  regardé  comme  le  patron  des  guerriers  ; 
circonstance  qui  permet  de  conclure  qu'avant  d'embrasser  la 
vie  religieuse,  il  avait  suivi  la  carrière  des  armes  pendaut 
qu'il  habitait  l'Armorique.  Les  églises  de  Tywyn  et  de  Lan- 
gadvan,  dans  le  pays  de  Galles,  le  reconnaissent  pour  leur  fou- 
dateur.  Dans  la  Bretagne  continentale  il  est  le  patron  de  la 
paroisse  de  Poullan,  (Finistère)  et  l'on  peut  considérer  comme 
lui  ayant  été  primitivemeiit  dédiées, l'église  paroissiale  de  Ca- 
van,  |Côles-du-Nord)  et  les  chapellesde  Saint  Caduan,  en  la 
commune  de  Brasparis,  et  deSainl-Cava,  à  l'embouchure  de 
l'Aber-Wrac'h,tont  près  des  ruines  de  Vorganium,  en  la  com- 
mune de  Plouguerneau.  On  célébrait  sa  fête  le  premier  no- 
vembre. Sa  mère  Guen  ou  GwenTeirbron  est  mentionnée  dans 
un  catalogue  de  saints  galtois,  mais  aucune  église  ne  lui  a  été 
dédiée  dans  le  pays  de  Galles. 

Ces  détails  sont  un  peu  longs  mais  j'ai  cru  cependant,deToir 
les  donner  parce  qu'ils  sont  â  peu  près  ignorés  dans  notre 
pays.  Si  Ton  compare    maintenant  la  l^ende  bretonne  à 


Digitized  by  VjOOQ  IC 


.J 


—  109  — 

la  légende  galloise,  on  remarque  entre  elles  ,  sur  certains 
points,  de  notables  différences.  En  ce  qui  touche  le  surnom 
qu'elles  donnent  à  Sainie  Guen,  les  deux  traditions  s'ac* 
cordent  pour  lui  attribuer  une  origine  armoricaine  ;  et  si  Ton 
veut  pénétrer  au  fond  de  la  légende,  il  ne  faut  pas  un  grand 
effort  d'imagination  pour  reconnaître  dans  ces  représentations 
de  femmes  à  poitrine  découverte^  qui  figurent  encore  dans 
quelques  chapelles  bretonnes(l  ),une  rt^miniscence  des  déesses- 
mères  df^  l'antiquité  païenne,  qui  étaient  aussi  les  divinités 
tulélaires  des  nourrices.  Mais  je  n>ssaierai  pas  d'expliquer  les 
divergences  qui  existent  entre  les  traditions  des  deux  pays,  au 
sujet  du  père  «t  du  mari  de  Guen-Teirbroi^de  peur  d'être  en- 
traîné trop  loin  sans  avoir  la  certitude  d'en  donner  une 
explication  saiisfaisanie.  Quant  aux  diificultés  qui  se  rappor- 
tent à  bes  fils,  elles  ne  me  pai^aissent  pas  insolubles.  Je 
me  bornerai  donc  à  comparer  les  renseignements  que 
nous  fournissent  sur  ces  derniers  les  annales  bretonnes  et 
cau)briennes,  et  je  ne  désespère  pas  d'arriver  à  rendre  compte 
des  contradictions  qui  paraissent  exister  -entre  elles  sur  ce 
point. 

Suivant  le  Cartulaire  de  Landévennec,  Guen  Teîrbron  eut 
trois  fîls  ,  Guethénoc,  ou  tîuenoc,  (2)  qui  semble  avoir 
été  l'aîné,  quoique  le  groupe  de  la  chapelle  de  saint  Vénec  le 
représente  comme  le  plus  jeune/ Jacob  ou  Jacut.  et  Guénolé. 

Les  particularités  de  la  vie  de  saint  Guénolé  et  de  celle  de 
saint  Jacut  nous  sont  suffisamment  connues.  Mais  il  n'en  est 
pas  de  même  de  celles  de  la  vie  de  saint  Guenoc^  sur  lequel 
nous  ne  possédons  d'autres  renseignements^  que  tes  induc- 


(1)  Il  y  a  ^ansla  chapelle  de  Quillidoaré,  en  la  commune  de  Gast 
(Finistère),  une  belle  statue  de  Notre-Dame  de  Bonnes-Nouvelles ^  qui 
date  de  la  fin  du  XVI©  siècle.  Elle  porte  sur  le  bras  un  robuste  Bamoi- 
no,  qui  écarté  d'une  mainlecorsage.de  sa  mère,  et  découvre  ainsi  la 
moitié  de  sa  poitrine.  Une  autre  statue  plus  moderne  d'un  siècle,  et 
placée,  sous  le  vocable  de  Notre-Dame  de  Tréguron,  se  voit  dans  la 
chapelle  deSeznec,  en  la  commune  de  Piogonnec.  Elle  n*a  rien  de  re- 
marquable sous  le  rapport  de  l'art.  Pour  remédier  à  Tinsuftisance de 
son  costume,  on  a  peint  à  l'huile  sur  sa  poitrine,  un  gilet  à  raies  jau^ 
nés  et  rouges.  Je  dois  à  la  vérité  de  déclarer  que  cet  ingénieux  vêtement 
a  complètement  trahi  la  bonne  intention  de  son  auteur. 

Je  sais  que  les  statues  de  Sainte  Guen  ont  été  9ntetré$s  par  les  rec- 
teurs de  quelques  paroisses  du  Finistère  II  est  à  désirer  qu  à  l'avenir 
les  statues  que  l'on  croira  devoir  retirer  des  églises,  soient  déposées 
au  Musée  départemental  d'archéologie,  si  elles  présentent  quelque  intér 
rêt  au  point  de  vue  de  l'art  ou  de  la  tradition. 

(9)  Elle  eut  en  outre  une  fille  nommée  Chtêirbie  dont  je  n'ai  pas  à 
m'ocouper  ici.     . 


Digitized  by  VjOOQIC 


--  iié  - 

tiotts  que  l'on  peut  tirer  de  ta  manière  dont  il  est  représenté 
dans  sa  chapelle.  Comme  je  Tai  dit  plus  haut,  il  y  figure  en 
costume  de  guerrier,  tenant  d*une  main  une  é^^e  et  de  Tauire 
un  livre.  Il  me  paraît,  ressortir  assez  clairement  de  ces 
attribuU,  que  saint  Guenoc  suivit  d*abord  la  carrière  militaire, 
et  qu'il  se  consacra  ensuite  à  la  vie  religieuse. 

Les  annales  galloises  ne  mentionnent  qu'un  fils  de  Gueo 
Teirbron,  saint  Cadvan,  qui  pa^sa  ,  comme  on  l'a  m,  daris  la 
Cambrie,  au  commencement  du  VI*  siècle,  avec  un  grand 
nombre  de  compagnons  qui  embrassèrent  coipme  lui  ta  vie 
religieuse,  et  furent  placés  au  nombre  dès  saints  de  ce  pays. 
Il  avait  évidemment  été  soldat  avant  de  quitter  lArmorique^ 
puisqu'on  Tinvoquait  comme  patron  des  guerriers  dans  la 
Bretagne  insulaire. 

Comme  on  le  voit,  les  particularités  de  la  vie  de  saint  Cad- 
van  cadrent  bien  avec  les  inductions  que  j'ai  cru  pouvoir  ad- 
mettre relativement  à  la  vie  de  saint  Guenoc,  et  que  )'ai  men- 
tionnées plus  b^nt.  Ils  sont  nés  tous  deui  en  Armorique  ;  tous 
deux  ils  ont  eu  pour  mère  Guen  Teirbroh.  Après  avoir  l'un 
et  l'autre  exercé  le  métier  des  armes,  ils  ont  embrassé  la  vie 
religieuse,  et  ont  été  reconnus  comme  sainlsi  l'un  dans  la 
Cambrie,  l'autre  dans  la  Bretagne  armoricaine.  Peut-on  con- 
sidérer saint  Cadvan  comme  un  quatrième  (ils  de  Guen  ? 
Je  ne  le  pense  pas  ;  car  le  nombre  quatre  ne  s'accorderait  pas 
avec  son  surnom  de  TrimammiSf  dans  lequel  il  n'est  guère 
possible  de  voir  d'autre  sens  qu'une  allusion  aux  trois  frères 
illustres  dont  elle  fut  la  mère. 

On  serait  donc  tout  porté  à  indetitifier  saint  Guenœ  avec 
saint  Cadvan,  s'il  n*y  avait  dans  la  différence  de  leurs  noms 
une  objection  sérieuse,  en  apparence,  à  cette  identification. 
Je  dis  en  apparence,  car  cette  objection  devient,  en  réalité, 
sans  valeur,  quand  on  sait  que  le  mot  «  Cadvan  »  est  un  qua- 
lificatif gallois  qui  signifie  «  guerrier  ».  Ces  sortes  de  surnoms 
qui  remplaçaient  souvent  le  nom  véritable  de  certains  persoti- 
nages  marquants,  étaient  extrêmement  fréquents  chez  les  an- 
ciens bretons,  et  ils  ne  contribuent  pas  peu  à  augmenter  la 
confusion  qui  règne  dans  les  premiers  siècles  de  notre  histoire. 
J*en  donnerai  des  exen'ples  dans  l'Essai  de  synonymie  des 
saints  bretons  (lue  je  publierai  à  la  suite  de  mes  Fouillés  des 
diocèses  de  Qaimper,  de  Léon  et  de  Trégiiier. 

Il  est  donc  vraisemblable  que  le  surnom  de  «  guerrier  » 
(Cadvan)  fut  donné  h  saint  Guenoc  par  ses  compagnons  d'exil 
et  qu'il  finit  par  se  substituer  au  nom  qu'il  portait  d'abord  en 
Armorique.  En  recherchant  les  causes  gue  lui  valurent  ce  qua* 
Ufieatif,  j'arriverai  peut-être  à  découvrir  les  circonstances  qui 
le  déterminèrent  à  quitter  cette  contrée  pour  se  réfugier  dans 


Digitized  by  VjOOQIC 


la  Gambrie,  à  une  époque  où  le  eourant  des  émigrations  bre- 
tonnes se  dirigeait  dans  un  sens  inverse 

Parmi  ces  émigrations,  une  des  plus  importantes  et  des  plus 
nombreuses  dont  l'histoire  ait  gardé  le  souvenir  eut  lieu  en 
513.  Elle  comprenait  le  tiers  de  la  population  de  la  province 
de  Domnonée  dans  Tile  de  Bretagne,  et  avait  pour  chef  un 
prince  du  nom  de  Riwal,  qui  régnait,  conjointement  avec  ses 
deux  frères,  sur  les  tribus  de  cette  province. 

«  Pressé  par  le  fer  saxon  et  Voulant  sauver  au  moins  d'une 
ruine  complète  la  partie  de  la  nation  domnonéenue  dont  il 
était  responsable,  c'est-à-dire  çon  tiers,  il  prit  »,  nous  dit 
Ingomar,  «  la  tierce  partie  de  tous  ses  compagnons  tant  mâles 
«  que  femelles,  et  vint  par  navire  deçà  la  mer  en  la  moindre 
«  Bretagne,  avec  très-grand  multitude  de  citoyens,  » 

Mais  par  une  rencontre  assez  étrange,  ils  retrouvèrent  éta- 
blis sur  la  côté  nord  de  notre  péninsule,  ces  mêmes  implaca- 
J)lés  ennemis  qui  les  avaient  chassés  de  leur  île  natale.  C'était 
une  horde  de  pirates  germains,  que  certains  vieux  auteurs 
nomment  Gotbs  ou  Frisons,  mais  qui,  selon  toute  apparence, 
n^étaient  que  d'odieux  Saxons  poussés  par  l'orage  à  la  côte 
armoricaine,  alors  qu'ils  se  dirigeaient  sur  la  Grande-Bretagne 
pour  y  prendre  part  à  la  lutte  terrible  engagée  par  leurs  com- 
patriotes. Riwal  tomba  d'un  grand  cœur  sur  ces  misérables  ; 
il  les  défit,  en  tua  la  plus  grande  partie  et  contraignit  lo  reste 
à  fuir  sur  ses  barques  au  plus  vite  et  au  plus  loin.  Puis  il  occu- 
pa avec  les  siens  tont  le  nord  de  la  péninsule  de  l'embouchure 
du  Gouesnou  au  cours  du  Kefleut,   partagea  entre   ses  compa- 

{[nous  les  parties  iuocupées  de  ce  grand  territoire  et  donna  à 
a  région  toute  entière  le  nom  de  Domnonée,  en  souvenir  de  sa 
patrie  insulaire.  » 

«  Quant  aux  armoricains  indigènes  et  aux  émigrés  bretons 

aui  l'avaient  précédé,  loin  de  les  dépouiller  ou  de  les  chasser, 
les  laissa  tranquillement  jouir  de  leurs  possessions,  et  leur 
rendit  même  ce  que  leur  avait  pris  les  pirates  germains.  »  (1/ 

Ainsi  donc  une  colonie  de  Saxons  occupait  en  513,  une  par- 
tie du  littoral  nord  de  la  péninsule  armoricaine.  Pour  s'y  éta* 
blir,  ces  barbares  avaient  eu  à  lutter  contre  les  habitants  du 
pays,  et  ceux  qu'ils  avaient  dépouillés  de  leurs  possessions 
étaient  naturellement  ceux  qui  avaient  opposé  à  leurs  envahis- 
sements la  plus  vive  résistance. 

Comme  on  Va  vu  plus  haut«  c'est  aussi  sur  le  littoral  nord 
de  l'Armorique,  dans  le  territoire  actuel  de^  Saint  Brieuc,  que 

(1^  Annuaire  historique  de  Bretagne,  pour  Tannée  f  862,  par  M.  A. 
de  la  Borderie>  pages  81  et  n. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  112  — 

Fracan  et  Guen  s'élaient  établis  avec  leurs  enfants  vers  Tannée 
465.  Au  commencement  du  Vl«  siècle,  Guenoc,  qui  pouvait 
être  alors  âgé  de  quarante  à  cinquante  ans,  et  dont  les  frères 
Guénolé  et  Jacut  avaient  depuis  longtemps  embrassé  la  vie 
religieuse,  avait  dû  succéder  aux  droits  de  son  père  Fracan  sur 
la  petite  principauté  qu'il  s'était  lailléedans  la  péninsule.  Il 
eut  donc,  comme  chef  de  clan,  à  défendre  son  patrimoine 
contre  les  Saxons  envahisseurs,  et  c'est  probablement  dans 
cette  lutte  qu'il  accomplit  les  exploits  qui  lui  valurent  le  sur- 
nom de  •  guerrier  •  (Cadvan). 

Tout  porle  à  croire  que  malgré  son  courage  et  ses  efforts,  il 
succomba  dans  cette  lutte  terrible,  avec  les  autres  chefs  ses 
parents  ou  ses  voisins,  qui  avaient  sans  doute  combattu  sous 
ses  ordres.  Vaincus  et  dépouillés  de  leurs  biens,  il  ne  leur  res- 
tait d'autre  alternative  que  de  se  soumettre  au  joug  de  leurs 
barbares  vainqueurs  ou  d'abandonner  leur  patrie. 

Ainsi  peut  s'expliquer  le  passage  dans  la  Cambrie  de  saint 
Cadvan  et  de  ses  compagnons.  La  tradition  se  trouve  donc  ici 
d'accord  avec  les  données  historiaues  ;  je  suis  heureux.de  le 
consiater,  car  s*il  y  a  de  l'imprudence  à  accepter  sans  con- 
trôle les  documents  légendaires,  je  suis  de  ceux  qui  pensent 
qu'il  y  a  presque  toujours  un  fond  de  vérité  dans  les  légendes 
qui  se  rapportent  aux  premiers  temps  de  notre  histoire  ;  ei  que 
dans  la  plupart  des  cas,  il  est  possible,  à  l'aide  d'une  critique 
judicieuse,  d'en  dégager  un  fait  réel,  malgré  les  fables  qui 
l'obscurcissent, 

M.  le  Président  remercie  M.  le  Men  de  sa  communica- 
tion dont  rinsenion  dans  le  Bullelin  archéologique  est  vo- 
lée par  rAssemblée, 

M.  de  Montifault  fait  remarquer  que  la  notice  sur  Tro- 
goff  qui  a  paru  dans  le  dernier  bullelin,  contient  des  fauted 
matérielles  qu'il  est  assez  facile  de  corriger,  mais  elle  se 
terminait  par  un  renvoi  n""  48,  qui  avait  une  certaine  im- 
portance et  dont  la  fiche  manuscrite  s'est  trouvée  égarée. 
Il  demande  que  ce  renvoi  soit  inséré  au  procès-verbal 
dans  le  bulletin  de  la  séance  de  ce  jour. 

Il  était  conçu  à  peu  près  en  ces  termes  : 

(48).  —  Tous  les  renvois  du  n*  1  au  ri«  47  donnent  des 
nuiions  sur  les  faraille<i  ciiées.  —  Les  armoiries  et  les  devi- 
ses ont  été  relevée*  sur  les  sceaux  des  archives,  dans  les  dif- 
férents arinoriaux  Bretons,  dans  le  légendaire  de  la  noblesse 
de  Fratice,  et  sur  le  manuscrit  de  la  réformalion  de  1669  dé- 
posé à  la  bibliothèque  de  Quiroper.  ^  Les  documents  généa* 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  J13  — 

logiques  ou  biographiques  nou^^  ont  été  fournis  en  partie  par 
les  archives,  par  le  dictionnaire  de  M.  Le  Vol,  par  des  noies 
manuscrites  de  M.  de  Blois  et  surtout  par  Pexcell<>nt  ouvrage. 
delVI.  de  Gourcy.  noire  collègue,  qui  fait  suioriiéen  pareille 
matière. 

M.  le  Men  demande  ensuite  que  la  date  de  la  prochaine 
séance  soit  fixée  au  mois  de  mars  Par  suite  dj  circons- 
tances indépendantes  de  sa  volonté,  il  craint  de  n'être  pas 
en  mesure  d'adresser  aux  sociétaires  le  Bulletin  en  temps 
utile,  pour  qu'une  réunion  puisse  avoir  lieu  au  mois  de 
février. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Président, la  date  de  la  pro- 
chaine séance  est  fixée  au  samedi  13  Mars. 

Personne  ne  demandant  plus  la  parole,  la  séance  est  le- 
vée à  4  heures. 

Le  Secrétaire, 

R.  F.  Le  Mbn. 


ORDRE     DU    JOUR. 

Pour  la  séance  du  Samedi  13  Mars,  à  deux  heures,  dans 
une  des  salles  du  Musée  d'archéologie, 

1°  Rédaction  d'un  Questionnaire  archéologique,  à  adresser 
aux  instituteurs  du  département. 

2o  Statistique  monumentale    du    Finistère.    —  Epoque 
romaine,  par  M.  R  -F.  Le  Men, 

Le  Vice 'Président  de  la  Société  y 

L'abbé  F.  DU  MARG'H/LLLAG*H. 


Nota.  —  MM,  les  Sociétaires  qui  n'ont  pas  encore  payé 
leur .  cotisation,  sont  priés  d'en  adresser,  le  plus  tôt  pos- 
sible^ le  montant  (10  francs),  à  M.  Faïy,  chef  de  bataillon 
en  retraite^  rue  des  Reguaires,  n®  22,  à  Quimper. 


SOG.   ARCHÊOL.  DU  FINISTÈRE. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  114  - 
DOCUMENTS  HISTORIQUES. 


III. 

LA  LIGUE  EN  BRETAGNE. 

Saisie  par  le  duc  de  Mebgoeur  du  temporel  des  bénéfigiers 
QUI  suivaient  le  parti  dxj  roi. 

1690 

Nous  scolaslique  et  chanoyne  de  Treguier,  commissaire 
député  par  monseigneur  de  Mercneiir,  gouverneur  de  Bretai- 
gne,  pour  faire  les  saisiees  {sic)^  Iruiclz  et  levées  des  benefcifs 
et  aullres  biens  apparienanl  aux  recteurs,  curés,  vieaires  et 
aullr«*s  pn^bvlrps  el  g<?ns  d'église,  en  l'évesche  de  Treguier, 
lenans  et  adherans  ou,  en  qutique  faczon  que  ce  •soict,  favo- 
risauN  le  parii  des  hérétiques,  avons  corais  et  comédons,  en 
vertu  de  no^ire  pouvoir,  pour  faire  le  service  divin,  adminis- 
trer les  sainclz  sacremenlz,  faire  ei  posséder,. comme  recteur, 
les  fruiciz  el  jouissance  de  ta  paroesse  de  t^loefur  (1),  vac- 
quanle,  lant  par  saesie  par  moy  y  apposée,  pour  avoir  le  rec- 
teur d*icelle  paroesse,  nommé  M*  Jau  Briant,  tf^nu  el  favorise 
ledict  party  des  béréticques»  que  mesmes  par  la  mort  dudict 
recleur  sismatique  {sic)^  advenue  ces  derniers  jours,  missire 
Paul  Toux,  preblre  el  vicaire  de  TégliseNosire-Dame  du  Mur, 
en  ladicte  ville  de  Morlaix,  pendant  labsence  d'ung  évesque 
caiholicque  en  l'évesche  de  Treguier,  el  amendant  plus  am- 
ples expéditions  et  lettres  de  sa  sainctelé  audict  comis  ce 
touchaiU,  pendant  l'atanle  desquelles,  ladicte  paroesse  privée 
de  chef,  pourroici.  en  ce  temps  tiubtjlant,  recevoir  beaucoup 
de  détrimenls  par  le  moyen  de  la  sizanie  et  mauvaise  doctrine 
que  les  hérétiques  sèment  en  ce  pays,  commendant  audict 
M«  Patil  Toux  excerser  et  vicquer  à  l'olflce  et  charge  dudict 
M«  Jan  Brian!,  dernier  titulaire  dudict  lioefur,  administrer 
aulx  paroissiens  d'icelie  paroesse,  lesJictz  sainclz  sacre- 
menlz,  el  les  prescher  el  a(lmonest«*r  de  leur  salut  à  "On  pou- 
voir el  à  l'obéissance  qu'ils  doibveni  ati  saiucl  siège  aposto- 
lique el  rotnain,  el  aulx  princes  catholiques,  el  enire  au'lires 
à  mon  dict  seigneur  de  Mercuetir,  gouverneur  en  ce  pais  et 
duché;  donnant  a  ceste  occasion  pouvoir  audit  comis,  en  la 
qualliié  que  dessus,  faire  fermes,  jouir  el  contraindre  tous  fer- 
Ci)  Plufur  (Côtes  du-Nord). 


Digitized  by  VjOOQIC 


mi 


—  us  — 

miers  par  iuy  ou  par  aullro  aiant  sondict  pouvoir,  institués  à 
faire  la  cuillflte  du  revenu  dudicl  Pioefur,  Iuy  en  faire  paie, 
comme  estant  leur  propre  recteur  et  pasteur,  comamifr  et  se 
fairt*  obéir  par  les  prebstres  d  icelie  paroesse,  auxquels,  par 
exprès,  ce  faire  de  nostre  part  leurs  faisons  comandement 
sur  les  paines  qui  escbéenl  au  contraire,  et  instituer  vicaires 
ou  aullres  pour,  à  son  absance.  faire  ledict  service  divin,  ei 
destituer,  à  son  plaisir,  ceulx  quy  le  sont  par  aultruy.  De  ce 
fayre  iuy  avons  donné  et  donnons  pouvoir  en  vertu  de  nostre 
dicte  commission.  Faict  soniz  no>lre  signe  le  vingt  septiesme 
de  décembre  mil  cînqcentz  nouante.  —  Signé  Villeaël. 

IV. 

B.    —  DÉLIBÉRATION    DES    PAROISSIENS     DE     SAINT- MÉL AINE     DE 

HORLAIX  RELATIVE  A  LA  DÉFENSE  DE   CETTE  VILLE  CONTRE   LE 

MARÉCHAL   D'AUNONT. 

1592. 

Ce  jour  de  dimanche  15«  jour  de  décembre  mil  cinq  cenlz 
quatre  vinglz  douze,  au  prosne  de  la  grande  messe  dicte  et 
célébrée  en  IVsglise  parouessiale  de  .saint- Mélaine  Tun  des 
faubourg  de  la  ville  de  Morl.iix,  parM^Franczoys  Mahé  prebire 
»er\ Bill  in  divini s  la  cure  de  ladicle  paroesse,  soubz  IVI»  Yves 
Tanguy  vicaire,  A  esté  remonslré  par  ledit  Mdhé  aux  paroues- 
slens  de  cette  parouesse  y  congregés  pour  onyr  Tolficze  divin 
on  assistoient  grand  nombre  tant  des  nobles  que  aultres 
habilanlsd*icelle  paroesse,  iVffelel  contenu  d'un  mémoire  leur 
rescript  par  Monseigneur  de  Hosanpoul,  gouverneur  et  capi- 
taine de  ceste  ville,  qu'estoict  affin  que  lesdicts  parouessiens 
eus'^ent  à  adviser  au  moy^'u  plus  expedyant  <le  forliffier  leur 
paroesse,  qu'estoict  le  plus  beaou  fobourg  et  plus  peuplé  de  la 
ville,  et  de  grande  consequancze  la  perte  d'icellui,  et  a  laiilcte  fin  * 
regarder  le  moyen  de  trouver  denyers  pour  faire  fond  et 
fournir  aux  fraictz  a  ce  requises  le  plus  comode  sans  louller 
le  peuple,  et  convenir  des  personnaiges  tant  de  la  nobles  se  que 
autres,  pour  assister  avecques  ledict  seighenr  gouverneur  aus 
dictes  fins,  mesmes  pour  désigner  tes  endroits  par  ou  les  for- 
tifications se  debvront  faire,  aviser  quelle  somme  de  denyers 
se  debvra  lever^  et  la  forme  de  cotisser  lesdicts  habitans  pour 
y  fournir. 

bar  quoy   lesdicts  parouessiens,  nul  contredisant,  ont  esté 
d*avis  de   poursuy vre  les  fortiffications  de  leur  paroisse  au 

■"  - >     --■■'■ g     >      I  .^     ■  I      II     miii      t  I    ■  Il 

(1)  Pression. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  HQ  - 

moindre  foii)le(l)  du  peuple  que  faire  ce  pourra,  elà  ladicle  fin 
me.^ines  pour  conférer  avecqui's  Ifdicl  seigneur  gouverneur  et 
aviser  quelle  somme  le  denyers  sera  requis  de  lever  par 
checnn  an  sur  euli,  et  désigner  les  endroirlz  par  où  lesdictes 
fortiffirations  passeront,  et  procéder  à  la  colissatiou  sur  eulz 
de  ce  que  s/pra  avissé  lever,  Onl  nomé  et  deputté  ausdites  fins 
nobles  gens  Vincent  Legrand, sieur  de  Kerscaou, Guillaume  du 
riesseu,  sieur  de  Kerango,  Pierre  Guitlousou,Yies  l.e  Bailliff, 
Jarquès  Toulcouëu Pierre  Guillemol;  et  d'onpriers(2)Franczoys 
Omnes,Yvon  rol,IVIoricze  Morvanic,Pierre  Hermelin  et  Thomas 
Pndyry,  le>qu«*ls  seront  assistez  de  nobles  Yves  de  Knechriou 
el  Franc zoys  (  orre  procureur,  ceste  année  de  ladicie  parouesse, 
promeltanlz  lesdicts  paroissiens  et  s'obligeani  avoir  agréable 
el  fournyr  a  ce  que  sera  avise  et  taxé  par  lesdicls  deputlés,  sur 
Tobligation  ei  hypothèque  de  loutz  leurs  biens, et  parleur 
serment.  De  tout  qnoy  lesdicls  paroessiens  et  procureur  ont 
demande  et  requis  de  nous  Yyes  Quiniin,  noiatrede  la  court 
de  Morlaix,  avo.r  acte,  et  leur  avons  délivré  la  présente  signée, 
dudici  Malle  et  de  nous,  lesdicts  jour  et  an  que  dessus. 

Et  dfrapuis,  scavoir  le  dymanche  vingiiesme  jour  dudict 
moys  de  décembre  1592.  au  pionne  de  la  grande  messe  dicte 
et  cellebrée  en  Tesglisse  parouessialle  de  sainct  Melaine,  fo- 
bourg  de  Morlaix,  par  M«  Franczoys  Mahé  curé  servant  in  di- 
vinis  soubz  M*»  Yves  Tanguy  vicaire,  A  esté  remonstré  par 
ledict  Mahé  ausdictz  paroessiens,  tant  nobles  que  aultres,  con- 
gregez  ledict  jour  en  ladicte  esglisse  pour  oyr  l'office  divin, 
deviser  et  délibérer  de  leurs  affaires,  que,  suilvant  l*acte  cyde- 
vant,  les  commys  et  depuilésy  dénotnmés  auroient  communie- 
que  et  conféré  tant  avesqnes  IVlons'  de  Rosanpoul,  nostre  gou- 
verneur et  capitaine  en  ceste  ville,  que  o  messieurs  de  la  chem- 
bre  e-itably  en  ceste  ville,  de  l'auctorilié  de  Monseigneur  le 
duc  de  Mercœur,  gouverneur  de  ce  pays,  pour  les  affaires  de 
la  saincie  Union,  sont  d'avis  qu'il  soit  levé  par  forme  de  cotis- 
sation  sur  tonlz  les  diclz  paroessiens,  tant  nobles  que  aultres, 
demeurantz  et  ayaniz  maisons  soulz  les  barrières,  la  somme 
de  cent  escuz,  par  moys,  pour  revenir  à  douze  centz  escuz  Tan, 
pour  estre  employé  aux  f'ortirficalions  de  ladicte  paroesse,  jus- 
ques  a  enthière  perfection,  el  outre,  que  le  quart  à  quoy  se 
monte  la  ferme  de  la  petite  penguarte  qui  se  levé  en  ce  havfifre 
sur  les  marchandises^  du  consantement  de  messieurs  les  Etats, 
de  ce  pays,  esiymès  et  ordonnés  par  lesdictz  Estatz  pour  estre 
employés  aux  réparations  de  ceste  ville  et  faubourgs,  soincl 
aussy  délivrés  au  recepveur  et  misseur  de  ladicte  paroesse, 
pour  estre  employés  ausdicies  fortif&cations,  lequel  avys  ont, 


(2)  Parmi  les  ouvriers. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  H7  — 

lesdiclz  p^rroues.sidns  et  corps  politique,  nul  contre  di^^ant, 
eu  pour  agréable,  voullaniz  qu'il  sorte  son  plein  el  enlier 
eifei,  et  pour  assister  a  faire  iravaiHer  les  oupriers;  ont  nomnfié 

noble  homme  Yves  Foucquel  s'' de pour   ïnisseur,  noble 

Yves  de  Kuechriou,  s'^  de  la  Ville  neufve,  l'un  des  procureurs, 
pour  esire  collecteur,  noble  Jean  Guilemot,  pour  recepveur , 
noblt»s  gens  Jan  Nouel,  Franczoys  Corre;  lesquels  demeureront 
en  charge  an  moys,  et  randeronl  compte  en  la  fin  du  moys, 
comme  auxi  feront  les  aullres  soubsignants,  qui  seront  choais- 
sis  de  moys  en  moys,  el  pour  ouyr  les  diciz  comptes,  sont 
commis  nobles  gens  Gtiy  Hervé,  .  '  de  Kgadou,  Guillaume  du 
Plessis,  s' de  Kerango,  Jan  Callouel,  s^^  de  Keraffon,  Jan  Auffret 
et  Pierre  Le  Tarou. 


C.  —  Fragment  d'un  compte  du  Rusquec  (Gornouaille)  . 
(Commencement  du  XYIl©  Siècle). 

Demande  ledicl  comptable  estre  excusé  de  faire  charge  des 
rantes,  revenus  en  euihier  des  terres  et  seigneuries,  conve- 
nants et  mouilins  en  d^pandanlz,  apartenans  audict  sieur  du 
Rusquec,  demandeur  en  compte,  d  aul  aul  quf  les  meteiers, 
colons  et  serviteurs  desdictes  terres  avuincl  pour  la  plus  part 
quicté  et  abandonné  lesdictes  ierr«*s  et  convenaniz,  s*eslantz 
relirez  du  païs  la  plus  grande  partie,  aultre  mot  te  de  famine, 
pestilanse,  férocité  des  loups,  auttres  devenantz  insolvables  et 
réduits  en  telle  extrémité  et  pauvrelé,  qu'ils  n'avuiut  le  pou- 
voir de  payer  auchune  chose,  le  tout  par  les  malheurs  des 
guerres  civiles  et  maladies  contagieuses,  qui  ont  eu  cours  au 
t  mp>  de  ladicle  charge,  et  précédant,  non^  seulement  en  ces 
quartiers  mais  aussi  par  toute  la  province,  tellement  que  les 
terres  el  convenants  dudicl  Eveché  (de  Cornouaille)  auroinct 
esté  pour  la  plus  grande  partie  entièrement  délaissés  en  frische 
et  sans  aulchune  culture,  voire  raesmes  plus  de  quatre  ans 
après  le  finissemenl  de  ladicle  charge,  chose  si  notoire  que 
ung  n'en  peull  ignorer,  etc. 

VI. 

beaux-Arts. 

Etat  des  monuments  précieux  qui  se   trouvent  dans   quelques 
églises  de  F  arrondissement  au  district  de  Morlaix, 

Peintures, 

Il  existe  dans  TEglise  des  capucins  de  RoscofT^  canton  de 
Saint-Paul-de-Léon,  un  tableau  représentant  une  descente  de 
croix,  dont  les  personnages  sont  de  grandeur  naturelle. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  H8  — 

Ce  tableau,  d'une  beauté  rare,  quoiqu'il  ne  paroisse  être 
qu'une  copie  peinte  sur  toile  de  douze  pieds  cinq  pouces  de 
hauteur,  sur  dix  pieds  de  iargeur.  est  de  Jouwenet,  ilfusire 
arlisle  français,  c«Mèbre  par  les  quatre  morceaux  qu'il  composa 
pour  léglise  de  Saiut-^artin  des  i.bamps  de  Paris,  son  ta- 
bleau du  May  et  tant  d'autres  qui  font  radrairalion  des  con 
noisseurs,  enir'aulres  la  descente  de  croix  qui  est  dans  une 
des  salles  de  l'académie  de  peinvures  à  Paris,  mise  au  rang  de 
ses  chefs-d  œuvres. 

Dans  le  réfectoire  de  la  même  communauté,  il  existe  un  au- 
tre tableau,  représentant  une  scène  {sic)  d'un  médiocre  mé- 
rite, sans  nom  ni  marque  d'auteur,  peint  sur  toile  de  cinq 
pieds  deux  pouces  et  demi  de  hauteur^  sur  neuf  pieds  de 
largeur.  {\) 

Dans  lEglise  des  minimes  de  Léon,  il  se  trouve  encore  une 
descente  de  croix  dont  les  personnages  sont  de  grandeur  na- 
turelle. Ce  tableau,  sans  nom  ni  marque  d'auteur,  peint  sur 
toile  de  douze  pieds  de  hauteur,  sur  huit  pieds  de  largeur, 
semblant  être  encore  dt?  Jouwenet, est  nussi  d'une  rare  beauté 
et  d'un  grand  prix,  quoiqu'il  semble  n'être  qu'une  copie.  (2) 

ScrLPTCRÇ.' 

Dans  l'éj^lise  cy-devanl  caihédrale,  actuellement  pfroissialc 
de  Léon,  il  existe  un  mausolée  en  marbre  blanc,  représentant 
un  évêque  vêtu  en  habits  pontificaux,  couché  sur  son  tom- 
beau orné  de  sculpture,  tenant  d'une  main  un  livre  ouverl| 
de  l'autre  sa  mître  avec  ces  mschplions  ; 

«  Franciscus   Visdelou,    Leonbnsis  episcopus   et   comes 

a  AlfN>E  AuSTRIGIiE  GaL.  REGm^  GONGION.  ET  £PUS  Ma- 
«  DAURiB  DEIN  EpI  CoRISOP.  GOADJUTOR  DSHUM  LeON  EpÛs 
«   ET  GOMES   ObUT   XVIII  MARSII   AH.    1671.  » 

Ce  morceau  de  sculpture  de  grandeur  naturelle  fait  par  Ni- 
colas de  la  Cologne  en  1711  est  un  chef-d'œuvre  (3) 

Le  présent  élat  dressé  par  moilMerre  Archanibault,  commis 
en  chef  du  bureau  des  .domaines  nationaux  du  district  de  iVlor- 
laix,  et  certifié  véritable,  à  Morlaix  ce  2  octobre  1791,  ainsi 
signé  :  Archambault. 

Plus  bas  e^(  écrit  :  Pour  copie  conforme  à  l'original  déposé 
au  secrétariat  du  district  de  Morlaix.  Signé  Pitot,  secrétaire. 


(t)  Que  sont  devenues  ces  deux  toiles  ? 

(t)  Ce. tableau  se  trouve  à  la  cathédrale  de  Quimper. 

(3)  Ce  monument  existe  encore  daos  l'ancienne  cathédrale  de  Saint- 
Pôl.  lia  faiiUêtre  détruit  en  1793.(Cambry.  Catalogue,  page  tI3), 


Digitized  by  VjOOQIC 


mmmmmm 


—  HO  — 

VII. 

Lettre  relative  au  séquestre  mis  sur  les  biens 
DE  La  Tour  d'Auvergne. 


Rayonne^  le  13  mai  1793,  Tan  2e  de  la  République  française. 

Les  Représentais  du  Peuple  français  envoyés  près  de  Varmée 
des  Pirennées  occidentales, 

Aux  Citoyens  Àdminislraleurs  du  déparlemenl  du  Finistère. 

Citoyens , 

Vous  avës  ordonné  le  séquestre  des  biens  du  Citoyen  Latour 
d'\uvergne  Corret ,  capitaine  de  Grenadiers  au  80*  régiment 
d'infanleri»',  consistant  daiis  deux  obj**ts  notnnnés  Kériolet  et 
Kersirat,  paroisse  de  IMouaré.  district  de  Ponlecroix;  depuis 
deux  mois  il  vou-i  a  fut  passer  de  Toulouse,  son  certi- 
ficat de  résidence  a  son  poste  ;  nous  ne  doutons  pas  qu'ac- 
tuellement le  séquestre  ne  soit  levé  ;  mais  s'il  ne  Tétait  pas 
encoie,  nous  vous  invitons  à  le  taire  sans  délai  ;  la  conduite 
que  ce  brave  ollicier  a  toujours  tenue  et  notamenl  dans  les 
aiTaii-es  des  '23  avril  dernier  et  '2  du  présent  mois  où  il  a  dé' 
ployé  le  courage  et  le  sang  froid  d*un  grand  capitaine  f  I  ),  mé- 
rite que  vous  lui  rendiez  promj^lement  la  ju>tice  rigoureuse 
que  vous  lui  devés. 

SALiT  ET  Fraternité. 

Les  Représentans  du  Peuple^ 
Projëan,  m.  a.  Baudot,  Cuaudron-Roossau. 

VIU. 

Département  du  Finistère.  —  Sous-Préfecture  de  Brest.  —  Canton  de 
Saint-Renan,  —  Commune  du  Conquet. 


Le  Tombeau  de  Mighel-Noblet,  dans  L*]t6LisE  de  Loghrist. 

Ce  tombeau  en  marbre  noir  veiné  de  blanc  et  dont  la  sta- 
tue est  en  lufTatid,  est  très  bien  exécuté.  Il  fui  exécuté  en  1750 
par  Calïïery.  sculpteur  breton.  Les  yeux  de  la  statue  ont  été 
endommagés  il  y  a  peu  d'années  par  des  so'dals. 

Ce  monument  funéraire  est  très-curieux,  tant  sous  le  rap- 
port de  l'art  que  d«*  Tbisloire. 

On  trouve  l'histoire  imprimée  de  ce  missionnaire.  Il  est  en 
grande  vénération  dans  le  pays  Son  ancienne  demeure,  que 
nous  appelierions  maintenant  inre  bicoqtie,  a  été  transformée 
en  chapelle  par  les  soins  des  habitants  du  Conquet. 

{Sans  dale  ni  signature.  —  De  1800  à  1810). 

(1)  Pendant  la  campagne  des  Pyrénées. 

Digitized  by  VjOOQIC 


--  J20  — 

IX. 

Lettbe  db  Rennes  du  4  janvier  1764. 

Je  vous  diray  qu'il  n*y  a  nulle  apparence  que  les  Etals  fi- 
nissent sitôt. La  noblesse  ne  juge  point  à  propos  d'abonner  aux 
deux  sols  pour  livre.  Il  y  a  plus  d'un  mois  que  l'on  n^a  i;ieQ 
décidé.  Il  y  a  en  apparence  de  grandes  contestai  ions,  et  Ton 
ne  s^ait  point  le  jour  qu'ils  entreront,  ny  le  temps  auquel  les 
Ktats  flniroiil. 

On  ne  peut  point  sorlir  de  Rennes,  surtout  de  nuit  depuis 
,  plus  de  deui  mois.  Il  y  a  une  troupe  de  foueteurs  qui  atta- 
quent indifféremmenl  toutes  sortes  de  personnes,  surtout  les 
dames  de  condition  et  les  demoiselles,  et  lorsqu'on  leur  donne 
le  fouet,  on  leur  ♦•niève  leur  monire  d'or,  et  leur  bourse  ;  il  a 
été  pri  plusieurs  aux  quels  on  travaille  à  fdire  leur  procez 
criminellement,  mais  cela  nVmpêche  pas  que  le  reste  de  la 
troupe  coniintië  l^-s  même  désordres,  lis  ont  aussy  tué  plu- 
sleurs'que  l'on  a  trouvé  morts  dans  les  rues  de  Rennes,  cela 
prouve  qu'ils  ont  des  disciplines  bien  dangereuses. 

Il  a  été  pris  un  nommé  Villeroa....et  un  nommé  Lafourc... 
de  Morlaix,  au  procez  des  quels  on  travaille  avec  empresse- 
ment, mais  Villema....  a  eu  la  subtilité  de  sorlir  de  la  prison 
par  le  moyen  qu'il  lut  un  procureur  de  Rennes  de  ses  amis  le 
voir,  ei  le  rafiné  Villema....  s'empressa  au  plus  vil  à  taire 
bien  boir  ledll  pro(;iireur,  jusqu^à  luy  avoir  fait  perdre  loute 
connaissance.  Le  Villema....  s'arbora  de  sa  redingolte  et  de  sa 
perruque  ;#a  geôlière  crût  que  c'élaii  en  personne  le  procu- 
reur, et  ouvrit  conséquemment  les  portes  de  la  prison  audit 
Villema...  ;  le  geôlier  ei  le  procureur  se  trouvent  dans  un 
mauvais  cas  ;  on  lait  de  grandes  perquisitions  pour  parvenir 
à  faire  main  basse  sur  ledit  Villema....  On  a  ïé'U  mettre  la 
saisie  sur  tous  ses  biens  qui  seront  vendus  au  profit  du  roy. 

J'ai  lu  une  leltre  écrite  de  Rouen  et  une  aulre  d'Amiens, 
capilalle  de  la  Picardie,  ou  on  marque  qu'il  y  a  une  certaine 
société  qui  se  set  ve  f^tc)  d'une  peau  d'anguille  dans  laquelle  il 

?f  il  une  balle  de  plomb,  de  la  quelle  ils  attrapent  si  adroitement 
a  temple,  qu'ils  lerrasseni  et  souvent  tuent  ceux  qu'ils  frap- 
pent, pour  aussitôt  les  voler. 

Un  Dom  Bénédictin  et  un  autre  Religieux  d'un  autre  ordre 
arrivés  à  Rennes  ces  jours  derniers, pour  payer  leurs  décimes, 
ont  été  fidelleinent  volés  de  tout  ce  qu'ils  avoienl^  et  bien  loin 
de  les  plaindre,  on  n'en  fait  que  badinner  et  rire,  cepen- 
dani  bien  malapropos.  parce  qu'on  ne  doit  pas  se  réjouii*  du 
mal  d'autruy.  Vous  avouerez  :,vec  moy  que  cela  seroit  plus 
<  triste  si  cet  accident  étoit  arrivé  à  une  pei^onne  comptable 
aulre  que  ces  bons,  gros  et  dodus  moynes. 

(Ces  documents  sont  tirés  des  Archives  départementales  du 
Finistère). 


Digitized  by  VjOOQIC 


SÉANCE  DU  SAMEDI  13  MARS  1875. 


Présidence  de  M.  l'Abbé  DU  MARG'HALLACTH. 

Présents  :  MM.  Du  Marc'hallac'h,  Audran,  Le  Men, 
de  Moniifault,  Faiy,  de  Jacqueloi,  Peyron,  Ayraull,  Fla- 
gelle, Cormier,  Malen,  Moreau. 

M.  Surrault,  inspecteur  de  l'Académie,  s'excuse  par 
lettre  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

Ls  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  adopté 
sans  observations. 

M.  de  Montifauh  donne  lecture,  au  nom  du  bureau  de  la 
Société,  du  Projet  de  Questionnaire  archéologique,  dont 
la  rédaction  avait  été  confiée,  dans  la  dernière  reunion,  aux 
soins  du  bureau. 

Après  diverses  observations  de  M VI.  Flagelle,  Audran, 
Le  Men.  Cormier,  Ayrault^  Mâlen  et  Faiy,  les  articles  du 
projet  de  la  commission  de  rédaction  sont  successivement 
adoptés,  et  l'Assemblée  décide  qu'il  sera  imprimé  à  la  suite 
du  procès-verbal  de  la  séance.  Elle  invite  en  même  temps 
les  membres  do  la  Société  à  vouloir  bien  communiquer  au 
bureau  les  renseignements  archéologiques  qu'ils  pourront 
recueillir  en  réponse  aux  demandes  contenues4dans  ce 
Questionnaire, 

M.  le  Président  fait  observer  qu'il  serait  bon  de  faire  un 
tirage  à  pan  du  Questionnaire  archéologique^  afin  d'en 
adresser  des  exemplaires,  non-seulement  aux  instituteurs, 
mais  encore  à  toutes  les  personnes  qui'voudront  bien  s'in- 
téresser au  v  travaux  de  la  Société. 

Cette  motion  est  adoptée  à  l'unanimité  par  l'Assemblée^ 
qui  décide  en  outre,  sur  la  proposition  de  M.  Faty,  que, 
pour  reconnaître  le  zèle  des  correspondants  qui  ne  font 
pas  partie  de  la  Société,  elle  délivrerait  chaque  année  un 
certain  nombre  de  médailles  en  argent  et  en  bronze,  ac- 
compagnées chacune  d'un  diplôme,  et  portant  en  relief  les 
noms  des  titulaires,  aux  personnes  qui  auront  fourni  à  la 
Société  le  plus  de  renseignements  utiles. 

M.  Flagelle  fait  remarquer  que  les  indications  de  noms 
fournis  par  les  états  de  section  du  cadastre,  lui  ont  permis 
de  retrouver  un  certain  nombre  de  monuments  anciens,  qui 

SOCIÉTÉ  ABCHÉOLOOIQUB«  10 


Digitized  by  VjOOQIC 


n'étaieni  mentionnés  nulle  part.  Il  pense  qu'il  y  ù  Ib  une 
mîa«^précieusê  à  «xploiler. 

M  Flagelle  propose  donc  à  If  Société  d'ajouter  au  question- 
naire un  paragraphe  pour  recotainander  aui  penM>nnes  qui 
le  pourront,  de  consulter  dans  chaque  commune  les  états 
de  section  du  cadastre,  et  d'y  relever  les  noms  des  lieux, 
de  champs,  de  villages,  etc.,  qui.  par  leur  significatiun, 
indiquent  qu'il  y  a  actuellement,  ou  qu'il  y  a  eu  autrefois, 
des  consiractions,  des  cimetières,  des  routes  ou  d'antres 
monuments  qui  rentrent  dans  le  cadre  des  études  de  la 
société. 

Munis  de  ces  indicatiotis,  les  correspondants  pourront  se 
rendre  sur  tes  parcelles  indiquées^et  signaler  les  monuments 
existants,  les  traces  plus  ou  moins  apparentes  qu'ils  ont 
laissées,  ou  constater  leur  absence. 

Cette  idée  pratique  reconntie  fort  utile;  est  adoptée  à  l'u* 
nanimité.  M  Flagelle  et  les  difTérents  membres  présents 
citent  un  certain  nombre  de  noms,  qui,  seuls  ou  combinés, 
indiquent  presque  toujours,  la  place  d'un  monument  ou 
d'une  voie  ancienne.  Une  liste  de  ces  noms  sera  publiée  à 
la  suite  du  Questionnaire  Archéologique. 

Sur  Uînviiation  de  M  le  président,  !tf.  Le  Men  donne 
lecture  du  travail  suivant  porté  à  Tordre  du  jour  de  la 
séance  : 

STATISTIQUE  «ONUMENTALE  DU  FINISTÈRE. 

ÉPOQUE  ROMAINE  (l). 


Argol  -^  Substructions  d*babiiation  romaine  dans  l'anse 
de  Sler-Vihan,  au  village  <1e  Treseuloin  (trajectus  amnis)^  sur 
la  rive  gauche  de  l'Aulne  (rivière  de  Chàteaulin). 

Avdierne.  —  A  peu  de  di^ance  du  tnôle,  dans  le  flanc  de  la 
colline  qui  domine  rentrée  de  la  rivière  Le  Goayen,  conslruc- 
tion  en  pierre  de  petit  appareil  de  forme  rectangulaire, 
divisée  an  deux  par  un  mur  de  refend  :  aire  en  béton  ;  les 
murs  so«it  revêtus  d'une  épaisse  couche  de  ciment  ronge.  Oq 


(1)  Depuis  la  deraière  réuDion  de  la  Société,  M.  Flagelle  «'a  adressé 
de  nombpeux  reoseigodODitts  q«â  m'ont  ^tmi%  de  rendre  ee  travail  plus 
complet. 

R.  F.  Le  Mbn . 


Digitized  by  VjOOQIC 


1 


pouvait  de  ce  pmit  posl«  obs^ver  tous  les  moiivements  de  la 
batedV^udierne. 

Idem.  —  Subslruciions  et  luiles  près  de  rembranehement 
de  la  vieille  et  de  la  nouvelle  route  de  là  Poiuie  du-Raz. 

Bannalec.  —  Siatuelte  en  raafbre  peprébcntanl  Mercure, 
trouvée  il  y  a  quelques  années  dans  les  environs  du  bonrg. 
Tuiles  à  rebord  au  châieau  de  Kymerc'h.  (Ce  dernier  ren- 
seignement est  à  vérifier). 

Idem.  —  Tuiles  au  village  duBuztt. 

Baye.  —  Tuiles  trouvées  au  bourg,  dans  la  prqpjriét^  ^ç 
M.  le  Noc. 

BeuzeC'Cap'Sizun,  —  Fragment  de  vase  sanaien  trouvé  ep 
186^  dans  loppidum  du  Gastel-Goz. 

Idem.  -*  Urnes  cinéraires  trouvées  i  300  mètres  S.-Q.  d^ 
bourgs  à  peu  de  dislance  de  la  voie  qui  se  rend  à  la  pointe  du 
Raz. 

Idem.  —  Tuiles  à  300  mètres  E.  de  Kerudoret,  contre  le 
sentier  de  Kerlavarec  au  bourg.  —  Autres  fragments  de  tulles 
à  100  mèiresà  VO.  à  droite  du  même  sentier. 

Beuzec-Conq.  —  Urnes  cinéraires  trouvées  dans  un  tumulus  à 
Kerampeunou  (nouveau  vijlage  créé  par  (VI.  Baleslrié). 

Idem.  —Des  luiles  à  rebord  ont  été  remarquées  par  W.  Fla- 
gelle dans  cette  commune  sur  les  terres  d*un  vilUge  dont  il  ne 
se  rappelle  pas  le  nom.  > 

Bodilis.  —  Substructions  et  tuiles  dans  k  plactire  te  plus  ft 
t'Est  du  village  de  Mouster-Paul- 

Idem.  —  Subsiruction  et  tuiles  au  Sud  du  village  de... r., 
à  environ  î  kilomètres  Sud  du  bourg 

Braspartz.  —  Substructions  et  tuiles  dans  un  camp  i^r 
trancbé  de  forme  rect9ngulaire  au  village  du  CbateauqoJr. 

Brest.  —  Une  partie  du  château  est  de  construction  romaine* 
On  y  a  trouvé  en  1597,  d'après  te  chanoine  Moreau,  auteur 
d'une  histoire  de  la  i^igue  en  Bretagne,  une  médaille  à  Tefligie 
de  Julr-s  César.  On  a  aussi  découvert  en  1762,  d'après  C^ylus, 
dans  les  environs  de  Brest,  des  vases  en  terre  ,  r^enfei^ma^l 
trente  mille  deniers  d'argent,  comprenanl  la  suite  des  em- 
pereurs d'Alexandre  Sévère  à  Poslume. 

Briec.  —  Plusieurs  centaines  de  pel ils  bronzes,  presque  tous 
a  refSgie  des  Tétricus  ont  été  trouvés,  il  y  a  sept  an^  ,  dans 
un  vase  en  tçrre,  au  village  de  Kermadorei. 

Mem.  •—  Enceinte  retrancbée,  «vec  iuUes,  renfermant  la 
chapelle  d'Uizour  (Elijour). 


^  Digitizedby  Google 


—  124  — 

Idem,  — .  Tuiles  dans  un  chemin  creux,  à  2  kilomètres  S.-E. 
du  Penily  sur  la  voie  passant  à  Coal-Blly,  pour  se  rendre 
à  PIf'yben  ,  près  la  route  actuelle  de  Pleyben  ,  et  au  nord 
de  celle  route. 

Idem.  ^  Au  manoir  du  Quînijon,  au  sud  de  Saint  Vennec, 
couriil  élevë,  entouré  de  retranchements.  -~  Fragments  de 
tuiles. 

Garhaix.  —  La  ville  acinelle  est  construite  sur  les  ruines 
d'une  viljp  romaine.  L'emplacement  <\eVorgium  de  la  Table  de 
Peulinger  y  a  éié  fixé  d'une  manière  certaine  par  M.  Le  Men,  en 
1874,au  moyen  (le  rinscription  de  la  borne  d»*  Maël  Caihaix!  1) 
On  y  a  fait  plusieurs  fois  des  fouilles  mais  sans  méihod*'. 
Une  belle  mosaïque,  faite  de  petits  rubps  d'un  centimètre  de 
côté  Pt  de  diverses  couIcMirs.  forme  Taire  d'une  des  habitalions 
foniltéps.  On  y  a  découvert  en  plusieurs  endroits,  des  ruines 
d'hypocaustes,  des  débri?^  d'amphores,  des  poteries  samiennes 
ornenientées  ;  quelque^  blocs  de  béton  taillés  sont  entrés  au 
XVI''  siècle  dans  la  construction  du  mur  nord  de  Téglise  de 
Saint  Tromeur.  On  y  remarque  en  outre  un  aqueduc  ,  cons- 
truit en  béton.  On  y  a  tnMive  entre  autres  monnaies,  un  de- 
nier d'argent  fourré  de  Scribonius  Libo,  des  monnaies  de  la 
colonie  de  Nîmes,  un  moyen  bronze  de  Glande  l©',  des  petits 
bronzes  de  Constaniin  le  Grand,  etc.  Les  travaux  derectifiea- 
tion  de  la  route  de  Callac  ont  mis  au  jour,  en  1&67,  un  ci- 
metière gallo-romain  dont  plusieurs  centaines  d'urnes  ciné- 
raires en  terre  et  en  verre  ont  éié  exhumées.  Un  certain  nom- 
bre de  ces  urnes  sont  au  Musée  départemental  d'archéologie. 

Châteaulin.  —  Tuiles,  médailles?  trouvées  au  vieux  châ« 
leau  de  Châteaulin  ?  (renseignements  à  vérifier). 

Châteauneuf'  du  -  Faou,  —  Substruclions  et  tuiles  nom- 
breuses ?u  village  du  Mousloir. 

ClédenCap-Sizun.  —  \u  village  de  Troguer .  près  la  cha- 
pelle Saint  They,  poste  militaire  dont  les  ruines  couvrent  plu- 
sieurs hectares  de  ferrain  à  l 'extrémité  «l'une  voie  romaine  et 
sur  une  pointe  Irès-élevée  au  nord  de  lii  baie  des  Trépassés. 
Le  chanoine  Moreau,  qui  écrivait  à  la  fin  du  XVI»  siècle  ,  dit 
que  de  son  temps  on  y  trouvait  be:»coiip  d'urnes  et  de  mon- 
naies. On  y  voit  encore  des  pans  de  murs  élevés  de  plus  d'un 
mètre  au-dessus  du  sol. 

Idem.  —  Statuette  en  bronze,  frouvée  sur  le  bord  de  la  voie 
de  Carhaix.  à  la  Pointe  du  Baz.  —  Bulletin  archéologique  de 
l'Association  bretonne  (Cdugrès  de  (^uimper). 

(I)  Voir  page  80  de  ce  volume. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  126  -. 

Cléder  -^  Tuiles  près  de  la  ferme  de  Cléguer-Heur  ,  à 
2,600  mètres  au  nord  du  bourg. 

Clohars  Carnoët  —  Subi^lrucllons,  tuiles  et  poleries  rouge 
au Pouidu,  près  de  la  chapelle  de  Saint  Julien,  sur  la  rive 
droite  et  à  Tembouchure  de  la  rivière  de  Quiraperlé,  A  quelques 
mètres  au  sud  d  •  ces  mines,  on  a  dc^couvert,  en  1843,  un  sar- 
cophage en  plomb,  long  de  deux  mètres,  portant  une  inscrip- 
tion sur  Tune  de  ses  faces  et  renfermant  un  squelette,  des 
vases  en  verre,  un  style  en  brojjze,  une  tablette  pour  écrire  et 
une  monnaie  de  Constantin  le  Grand.  La  plupart  de  ces  ob- 
jets sont  au  Musée  d'archéologie  de  Quimper. 

Idem.  —  Tuiles,  meules  dt*  moulins  à  bras,  retranchements, 
etc,  au  lieu  dit  Labaitangi^l.ay,  à  peu  de  distance  à  l'ouest  du 
Pouidu  (Renseignement  de  (VI.  Binet,  de  Quimperlé). 

Idem.  —  Tuiles  et  meules  de  moulins  à  bras  ,  à  Tout  ar 
Bley,  trouvées  par  M.  Dubreuif. 

Idem.  —  Camp  romain  dans  la  forêt  de  Carnoët,  à  gaache  de 
la  route  de  Saint  Maurice,  et  à  peu  de  di.^tance  du  château. 

CloharS'Fouesnant,  —  Vase  en  terre  grossière,  renfermant 
environ  mille  petits  bronzes  des  empereurs  Tétricus,  père  et 
fils,  Gallien,  Yictorin,  Claude  le  Gothique,  Postume  ,  Valé- 
rien,  Laellien,  Marins,  Quiriiillus,  Saloninus,  et  de  Timpéra- 
trice  Salonine,  trouvé  au  mois  de  juin  1866,  dans  l'avenue  dn 
château  de  Cheffontaiues.  A  cent  mètres  du  lieu  de  cette 
trouvaille,  tuiles  à  rebords  ,  poteries  rouges,  fragments  de 
grandes  amphores  et  de  poteries  grossières.  Le  va^e  et  plus  de 
5Ô0  de  ces  monnaies  sont  au  Musée  départemental  d'archéo- 
logie. 

Idem.  —  Tuiles  â  rebords,  au  village  de  KergHes ,  propriété 
appartenant  à  M.  Keralun. 

Combrit,  Substructions  et  tuiles  nombreuses  découvertes 
il  y  a  quelques  années  sur  la  rive  droite  et  à  Tembouchurede 
la  rivière  de  Quimper,  en  face  de  Benodi't,  lors  de  la  cons- 
truction de  la  maison  appelée  la  Tour-Malakoff,  On  y  a  trouvé 
une  figurine  en  terre  cuite  et  des  monnaies  en  bronze,  dont 
deux  sont  au  Musée  archéologique;  un  grand  bronze  d'A- 
lexandre Sévère  et  un  petit  bronze  de  Postume. 

Idem.  —  Camp  retranclié  de  forme  rectangulaire,  dans 
lequel  est  construite  la  chapelle  de  Saint-Vial;  dimensions, 
56  mètres  sur  37. 

Idem.  — -  Autre  camp  retranché  de  même  forme,  entre  l'an- 
cienne et  la  nouvelle  roule  de  Quimper  à  Pont- l'Abbé,  au- 
dessus  de  Tétang  du  Corroarc'b.  Poteries  roQiaines  à  Tinté- 
rieur. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  186  - 

Ccmeahfeau.^  Qaèlq«es  f^gmenls  d«  tuiles  ont  été,  4if-en« 
trouvées  aux  pieds  de  la  ville  close.  (Rfiweigitemenl  à  vérr- 
fier).  —  Une  meule  de  moulin  k  bra»  prè^  la  chapelle  de  la 
Croix. 

Cnaon.  —  Substruetions  et  tuiles  au  village  de  K^rviao, 
au  fond  de  l'anse  de  Dinan.  On  a  trouvé  près  de  ces  ruines, 
en  1863,  un  vase  eu  bronze  ayant  la  forme  d'une  marmite  et 
renfermant  environ  mille  deniers  d'argeut,  appartenant  aux 
trois  premiers  siècles  de  l'ère  chrélienne.  ils  comprenaient  la 
suite  des  empereurs  et  des  impératrices  de  Vitellius  à  Gela. 
350  de  ces  monnaies  sont  au  Musée  départemental  d'archéo- 
logie. 

Idem.  —  Près  du  moulin  du  Fret»  sur  le  bord  de  la  rade  de 
)^rest,  ruines  d'habitation, 

Idem.  —  Substruciioi^s,  poteries  et  tuiles  au  village  du 
buzit  ou  la  Boixière.  ^ 

Idem.  —  Ruines  u  village  de  Kerzanvez,  près  du  village  de 
Kerromen  (villa  Romauorum).  On  y  a  trouvé  des  vases  en  terre 
rouge. 

Idem.  —  Tuiïes  dans  l'Ile  de  l'Aber,  dans  la  bare  de  Oouar- 
henez. 

Idem.  ^  Dans  l'anse  de  Losmarc'h,  au  Nord- Ouest  de  la 
pointe  de  la  Chèvre,  substruetions^  poteries  rouges,  monnaies 
en  bronze  et  cimetière  découverts  sous  lessables  il  y  a  environ 
vingt  ans.  Le  nombre  des  squelette»  enterrés  était  assez  consi- 
dérable. Il  y  avait  des  ossements  d'hommes,  de  femmes  et 
d'enfants,  plus  de  300  des  monnaies  trouvées  dans  les  subs- 
truetions sont  au  iVlusée  arcliéolngiqae.  La  plus  ancienne  est 
un  moyen  bronze  d'\ntouiii-le-Pieux  ;  la  plus  récente  un  petit 
bronze  de  l'empereur  Gratien. 

Idem.  —  Dans  le  prateau  du  village  de  Kerantrobeli  pierre 
inférieure  d'un  moulin  à  bras  de  50  centimètres  de  diamètre. 

Dirifidn.  —  Enceinte  retranchée  dans  le  tarllis  du  Bmiazle  , 
au  ^od  du  Village  de  Kernoter  ,  sur  le  bord  de  la  rottte  de 
Pencraà  à  Diilnon. 

IderH.  —  Autre  enceitite  retranchée  de  (orme  rectangulaire, 
divisée  en  deux  parties  à  pe;u  près  égales ,  dans  le  bois  du 
Rouazie. 

Douarnenez.  —  Dans  l'île  Tristan,  substruetions  et  tulles. 
On  y  a  découvert  dans  ces  dernières  années  une  statuette  en 
bronze,  une  petite  cuiller  d'argent,  des  armes  et  des  mon- 
naies gauloises,  des  monnaies  de  la  colonie  de  Mtmes  et  des 
empereurs  Vespasien,  Gordien,  Adrien,  Maximiû  et  Constaa- 
lin,  etc.  (Voir  Ploaré). 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  127  — 

tdem.  ^  DaiM  la  ville,  prés  de  la  mev,  plasieurs  ruines 
d'bàbilaUons.  On  a  trouvé  è  la  pokiieiiii  Gbet.  où  I  on  re* 
marque  plusi^uri^  €OfHiirdcli«>ns  dont  b*s  murs  ^oni  encore 
assez  élevés,  des  monnaies,  des  ^rnes  et  un  cippe  en  pierre 
calcaire,  sur  laquelle  est  représenté  un  homme  armé  d*uue  ha- 
che, dont  il  frappe  un  tronc  d'arbre.  Le  plancher  de  l'une  de 
ces  habitations  était  formé,  d'une  belle  mosaïque. 

Édern,  —  Tuiles  nombreuses  au  village  du  Buzit  ou  La 
Boixîère. 

Ergué-Armel.  —  Au  village  de  Keranc'hoat,  dans  le  champ 
dit  Parc  Frevin^  furaulns  formé  de  petites  pierres.  On  y  a 
trouvé  en  le  fouillant  en  1845  trois  cippes  en  granit,  au  pied 
de  chacun  desquels  éiaient  groupées  quatre  urnes  renfermant 
des  cendres  et  des  ossements  brôtés.  On  y  a  aussi  trouvé  une 
ffionnaie  de  Trajan,  des  débris  de  bracelets  en  bronze  et  des 
fragments  d'omeni4*nis  et  d'ustensiles  en  fer  Dans  le  voisinage 
de  ce  tumulus  qui  borde  la  ^ie  de  Vannes  à  Locmarta,  tuiles 
et  poteries  assez  grossières. 

Idem.  —  Dans  le  champ  de  Parc-ar-Groas,  dépendant  du 
village  de  Lesperfoez,  à  800  mètres  au-dessus  du  faubourg  de 
Locmaria,  station  romaine  con>posée  de  sept  bâtimt^nts  diil- 
férents/à  laquelle  venaient  aboutir  plusieurs- voies,  ^om- 
hreuses  flgurtnes  en  terre  représentant  Vénus ,  Anadyoraène, 
des  Déesses  mères,  des  chevaux^  etc.,  trouvés  dans  un  champ 
voisin. 

Idem.  -^  Tuiles  dans  pluskurs  champs  dépendairt  des  vil- 
lages de  8.  Laurent  et  de  Lesperbez. 

Idem.  —  Tuiles  â  Toulven,  provenant  probablement  d'un 
four. 

Idem.  —  Au  fond  de  Tansje  du  mouTin  de  ta  Lande,  tuiles 
provenant  aussi  probablement  d'un  four.  C'est  dans  ces  deui 
localités  que  les  fabriques  de  poteries  de  Quimper,  prennent 
ta  plus  grande  partie  de  leur  argile. 

-     Idem,  —  Tuiles  nombreuses  autour  du  manoir  ^elanros  , 
vestiges  de  fortificattioirs. 

Idem.  —  Substructtons  et  luiles  tioiniyreuses  au  village  de 
Kergren. 

Uem.  ^  Tuiles  â  Keraoter,  sur  un  point  élevé  qui  dororne 
la  rivière  de  Quimper,  danâ  un  charop  appelé  Ar  Veret  (  le 
cimetière}* 

Idem.  —  Au  bord  de  la  route  de  Qormper  i  Iténodiet,  aa- 
dessous  du  viHage  de  Kenadennee^  tuiljes  proveuani,  |e  crois 
d'un  four. 


Digitized  by  VjOOQ le 


—  128  — 

Idem.  —  Ruines  d'habitation,  dans  le  champ  dit  Pait-Mar^ 
au  village  du  Pelil-Mëné.  On  y  a  trouvé  en  1866  des  mon- 
naies romain;es  en  bronze  et  de  nombreuses  poteriee  rouges 
ornemenlées. 

Idem.  —  Substructions,  tuiles,  poterie  samienne,  ampho- 
res, meule  de  moulin  à  bras,  etc.,  air  village  du  Petit-Méné, 
el  dans  les  dépendances  du  ii^u  appelé  Rome. 

Idem.  —  Tuiles  à  rebord  dans  un  champ  au  nord  du  village 
de  Kerequel. 

Idem.  —  Fragments  d*amphores,  meules  de  moulins  à  bras 
et  poids  en  pierre,  trouvés  dans  les  ruines  d*une  forteresse 
gallo-romaine,  au  village  de  Kerdroniou. 

Idem.  —  Subslruclions,  aire  d'habiialion  en  béion,  tuiles, 

[loteries  rouges  et  peii!  bronze  de  Constantin  le  Grand,  dans 
es  jardins  du  château  de  Poulguinan,  qui  commande  le  gué 
de  Locmaria.  ^ 

Idem.  —  Tuiles  dans  un  camp  retranché,  de  forme  rectan- 
gulaire, au  village  de  Keranael-Fresk,  près  le  Grand-Guélen. 

Idem.  —  Tuiles  trouvées  dans  la  molle  féodale  du  Plessis, 
près  du  village  de  Kerromen  (Villa  romanorum.) 

Ergué^Gaheric.  —  Tuiles  en  face  de  J'auberge  de  la  Croix - 
Rouge,  à  la  rencontre  des  deux  voies. 

Esquibien.  —  Meule  ronde  en  pierrre,  dans  une  aire  à  bat- 
Ire,  à  Kerhuofï  (maison  couverte  en  ardoi^eSj.  Tuiles  à  re^ 
bord,  urnes  cinéraires,  cippe  en  granit,  fibule  en  .bronze  et 
restes  de  retranchements,  au  lieu  dit  Le  Canavec,  près  la 
grève  de  Trcz-Goarem. 

Le  Faou.  —  Tuiles  au  village  de  Keranc'hlan.. 

La  Feuillée.  —Vase  en  terre  rouge  et  meule  de  moulin  à 
bras  trouvés  dans  la  praiiie  de  Saint  Jean.  Ces  objets  étaient 
placés  sur  un  pavé  formé  de  pierres  carrées.  Le  vase  est  au 
Musée  archéologique. 

Idem.  —  Tuiles  près  de  la  chapelle,  â  TOuest  du  bourg. 

Folgoet  (LeJ.  —  Nombreuses  tuiles  et  subslructions  à  Ker- 
golestroc,  à  2  kilomètres  N.O.  du  bourg.  —  Kergoleslroc  passe 
pour  avoir  été  l'ancien  chef-lieu  de  la  paroisse,  avant  Gui- 
quelieau. 

Forest  {La).  {Brest).  —  Tuiles  près  de  l'ancien  château  de 
la  Joyeuse-Garde  (voie  de  Landerneau  à  Brest,  etc.). 

Gouesnac'h.  —  Tuiles  près  la  chapelle  de  Notre-Dame,  au 
village  du  Buzit  ou  La  Boixière. 


Digitized  by 


Google 


~  129  — 

Idem.  —  Siibstructioos,  tuiles  et  meules  de  moulins  à  bras, 
découvertes  par  M.  Cari  de  Kerrel,  dans  sa  propriété  de  Boli* 
guerry. 

Quîcîan.  —  Tuil<»8  au  bourg. 

Guilers  (Brest).  —  Tuiles  à  Caslel-Men. 

Idem.  —  Subsiruclions,  tuiles,  poteries  rouges,  meules  de 
moulin  à  bras  et  monnaies  d*or  de  Mérou,  près  du  manoir  de 
Keroualte. 

Guimilliau.  —  Tuiles  h  f ouest  du  fillage  de  Kerrun,  à  égale 
distance  de  celte  localité  et  de  la  route  de  Landiviziau  à  Saint- 
Sauveur. 

Idem. -^  Tuiles  au  village  de  CreacTî-ar-Bleiz,  à  Tendroit 
où  la  voie  de  Carhaix  à  Plouguerneau  traverse  un  ruisseau.  On 
a  découvert  dans  ces  ruines  deux  monnaies  d'or  d'Antonin-le- 
Pieux  etd'auties  monnaies  roumaines. 

Guipavas.  —  Tuiles  et  poteries  au  village  du  Clotire. 

Idem.  —  Tuiles  entre  les  villages  de  Cosquerou  et  celui  de 
Kerveleugan. 

làem.  •—  Douze  petits  bronzes  appartenant  à  la  seconde 
moitié  du  lli'  siècle,  trouvés  en  1862  entre  le  bourg  de  Gui- 
pavaz  et  Tanse  de  Kerhuon,  près  du  village  de  Kerromen  (villa 
romanorum),  lois  de  la  construction  du  viaduc  de  Kerhuon. 

Guissény.  —  Plusieurs  (ours  en  briques,  au  village  d'Ante- 
ren,sur  le  bord  de  la  même  voie. 

Hanvec.  —  Tuiles  à  Kerohan  et  à  Penefarz. 

Idem.  —  Village  de  Kerromen  (villa  romanorum). 

Hôpital- Camfrout,  —  Subsiruclions  et  tuiles  au  manoir  de 
Keroulé. 

Huelgoat.  —  Monnaies  en  la  possession  de  M.  Penguern  et 
trouvées,  dit-on,  au  camp  d'Àrtus  ? 

Irvillac.  —  Tuiles  dans  plusieurs  champs,  à  environ  400 
mètres  de  l'ancien  château  de  l.avadur. 

Kerfeunteun.  —  Tuiles  nombreuses  couvrant  une  grande 
étendue  de  terrain  à  l'intersection  de  deux  voies  au  village  de 
Kerveguen,  au  sud  de  la  chapelle  de  Cuzon. 

idem.  —  Monnaie  d'or  de  Lucilla  trouvée  en  1874  au  village 
de (au  Musée  d'Archéologie]. 

*  Kergloff.  ^  Monnaies  de  bronze  trouvées,  il  y  a  douze  ans, 
près  de  la  voie  qui  sort  de  Carbaix  à  Touest. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  130  — 

Kerlayum.  -^  FraffimaU  de  tuiles  sor  une  éleodue  de  cent 
b^ckres  eiilre  le»  villages  deTromelin.  Keilever  el Kt»rvargueL 

Idem.  —  Tuiles  à  100  mètres  nord-ouest  de  Kervizoïiim. 
Kernével.  —  Tuiles  au  village  de  Kerjarîini. 
Idem,  —  Tuiles  à  50  mètres  sud-est  du  Por^M,  où,  t'o»  dil, 
4U*il  a  exi>té  une  ancienne  chapelle. 

Idem.  ^  Tuiles  au  village  du  Buzîl  ira  La  Boixière. 
Kernilis.  —  Tuiles  au  village  de  Treverroc. 

Idem.  —  Borne  mltiaire  de  l'empereur  Claude  I,  en  face 
do  vi14af;e  4e  Kerscao;  aiijeurd'hui  au  Musée  départemefitart 
d'Archéologie  a  Quimper, 

Idem.  —  Tuiles  et  subslruciionsen  pîerresde  petit  appareil, 
au  midi  de  Ketbrai  Huella,  dans  plusieurs  champs  nommés 
Parc  îVlanaou,  secliun  A,  n»*  637  à  544  ;  —  dans  un  autre 
champ  plus  à  k'ouesi,  nommé  Pare  Rabine,  on  a  trouvé  r>armi 
les  sub>iructions  et  sur  un  emplacemeiii  rempli  de  eeadre, 
deux  écuelles  en  poterie  grossière  qui  ont  été  brisées. 

Kersaint-Piabennec.-'  Tuiles  près  la  chapelle  de  Safnt-Ëlven. 

Lamhézeliec,  —  Tuiles  aux  villages  de  Prat  Podic  à  500 
mètres  fist  du  bourg  (voie  de  Landerneau  au  Conquet  et  PkHH 
BiOgUer)* 

Idem.  ^  Urnes  cinéraires  trouvées,  il  y  a  deox  ans,  dans  te 
bourg. 

Idem.  —  Tuiles  au  village  de  Penàriî'bleus. 

Lampaul'GuimUiau.  ^  Tuiles  au  bourg. 

Idem.  —  Tuiles  |>rès  la  croix  de  Traon-Vilin,  mm  toiti  du 
pont  de  Lezérazien,  limite  de  Gulclan. 

Idem.  —  Monnaies  romaines,  trouvées  en  1860,  à  TouU 
Crogou,  près  du  moulin  de  Poni-î'.roac'h,  limile  de  Landivi- 
srati,  par  huite  des  travaux  du  chemin  de  fer. 

Landerneau.  —  Fours,  snb^lructions.  poteries  rouges,  meule 
de  moulin  à  bras,  trouvés  sur  la  rive  droite  de  la  rivière 
Elorn,  au-dessus  de  la  ville  ;  —  tuiles  sur  ta  rive  gauche, 
au  nord  du  champ  de  foire. 

Idem  —  Substrueiions,  monnaies  et  tuiles  au  village  de 
tiorré'Buzil  (La  Boixière). 

Idem,  —  Tuiles  aux  ^tilages  de  Kern^orvan/JBeiiguer  et  le 
Boudons. 

Landévennec.  —  Subsiructions  et  tuiles  4am  le  bourg  <ren^« 
seignement  â  vérifier).' 


/ 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  431  — 

.  Liindmêi«u.  —  Chaibbreg  <éVl  ^titirri^f»  ne(B  tottesv  etsr- 
ments  découverts  il  y  a  quelques  années  près  de  Kfrlouê<«  h 
l*oueM  du  ehemiii  vicinal  de  Ploug^un'e6i«  «u^bout  d'uo  che- 
min nommé  Siréal  Glas. 

Idem^  —  Tuiles  dansParc-ar-Ponl-Bren,  secUou  R,  n«  206; 
bornant  à  rouf>t  un  chemin  allani  vers  le  ^ord,  à  300  roèires 
nord'Oue^  de  Kervoasclé  ;  on  trouve  d*autres  tuiles  plus  au 
ttiidi,  dans  le  même  chemin. 

Landudec  —  Tuiles  près  la  Molle  de  Tyvarlen,  construction 
de  forme  rectangulaire^  ayant  34  mètres  du  nord  au  sud  et  32 
mètres  de  Veîi  û  Touest,  avec  de  nombreuses  traces  de  subs- 
tructrons. 

Idem.  —  Retranchements  avec  douves  h  600  mètres  Est  de  la 
motte  de  Ty-Varlen  ,•  —  tuiles  dans  Tiniérieur. 

Idem,  —  Près  la  ferme  de  Kerhascoël  tuiles  et  subsiruclions 
d'un  village  considérable  postérieur  à  roccupaiion  romaine  de 
Quimper  appelé  le  vieux  prrsbyière  et  la  vieille  église,  à  peu 
de  dihtance  au  sud  du  bourg  et  de  la  route  d'Audierne. 

idem.  —  Subsiruclions  d'habitations,  tuiles,  bélon,  poteries 
rouges  et  peintures  muraies,  au  village  de  Keralver. 

Landunuez,  -J  Tuiles  au  nord-oueat  du  château  de  Tréma- 
zan,  près  la  mer. 

Idem.  —  Murtain  en  briques,  à  la  grève  de  Penfoul  (  ren- 
seignement à  vérifier.) 

Lanhouarneau.  —  Tuiles  à  Kermorvan,  dans  un  champ  au 
sud  du  u<>  493,  section  E. 

Idem.  —  Tuiles  dans  le  chemin  vicinal  allant  à  Plougar  ^ 
près  du  village  de  la  Villeneuve. 

Idem.  —  Tuiks  dans  le  jardin  du  village  de  Coat-Merret. 

Lanildut.  —  Village  d«î  Kerromen  (villa  romanorumj.i 

Lanmeur.  — -  Tumulus  nommé  Tossen  ar  Choniflet^  à  2,600 
mètres  sud  du  bourg  el  à  500  mènes  nord -est  tW  Kerigou  dont 
il  dépend  :  40  mètres  de  diamètre,  5  mètres  d'élévaiion.  — 
G.  Le  Jean,  histoire  de  Morlaix,  page  8,  dit  que  des  fouilles 
faites  dans  un  lumulos  vers  i  louigneau,  dit  Tossen  ar  goni* 
flet^  ont  doimé  des  armes,  des  cendres,  des  urnes  funéraires. 

Idem,  —  Camp  avec  doubles  retranchements  et  nombreuses 
tuiles  dans  les  environs,  à  1  kilomètre  ouest  du  bourg  ,  entre 
le  village  de  Ru-Harc*h  au  nord,  et  celui  de  Rue-Peulvcn  au 
sud. 

Lannilis.  ^  Monnaie  de  Gratien  (375^383),  trouvée  datis  un 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  132  — 

marais  entre  Lannilis  el  PlooTien ,  (B.  soc.  accâd»  de  Brest, 
tome  1,  p.  83;. 

Lennon,  —  Un  Antonin  en  or,  trouvé  en  186...,  k  Kerroaré, 
près  du  chemin  nommé  Hent-Meur. 

Lesneven.  -  Tuiles,  dans  un  champ,  k  droite  de  la  route  de 
Saint-Pol,  n«605,  section  B. 

Idem.  —  Tuiles  nombreuses  au  village  de  la  Salle,  à  100 
mètres  au  sud  dti  mur  de  Thospice. 

Lesneven.  —  Tuiles  dans  la  ville,  près  de  rh6pital. 

Loc'Eguiner,  arrondissement  de  Morlaix.  —  Tuiles  sans  ca- 
ractères, près  la  l'onlaine,  derrière  l'église  (voie  de  Carhaix  a 
Plouguerneau). 

Locquirec.  —  A  la  pointe  de  Bec-ar-rhaslel,  on  a  trouvé 
des  urnes  cin<^raire>  et  des  médailles  romaines  du  Ill«  siècle. 
Un  grand  nombre  de  briques  à  crochets  sont  entrées  comme 
matériaux  dans  la  construction  moderne  du  bourg  de  Loc- 
quirec. (Qullt*iin  arch.  tome  1,  p.  121  j. 

Idem.  —  Des  briques  romaines,  des  roorcemx  de  ciment  à 
profusion;  diverses  sépultures  ilécouverles,  il  y  a  peu  d'années , 
à  la  Palue,  avec  deux  squelettes,  quelq«ies  armes,  un  rouleau 
de  monnaies  antiques.  —  G.  L.  J.  coll«!Ction'  de  pièces  iné- 
dites... parCh.  Le  Maout,  tom.  1,  p.  20t. 

Loqueffret.  —  Urne  avec  cendres,  trouvée  en  1869,  à  Pen-ar- 
Hars,  dans  un  champ,  près  des  habitations,  section  G.,  n«  613. 

Idem.  —Tuiles  dans  un  chemin  au  sud  du  même  village. 

Mahalon.  Souterrain,  substruclions  el  tiiiles  au^nord  de  Lé- 
zivy. 

Idem,  —  Urne  trouvée  à  400  mètres  sud-ouest  de  (.ézivy. 

Idem.  —  Tuiles  au  nord  de  Lézivy,  à  gadche  du  chemin  , 
avant  le  ruisseau. 

Meilars.  —  Camp  avec  retranchements,  tuiles  el  poteries  à 
400  mèires  S.-E.  du  bourg,  au-dessus  du  moulin  de  Lesvoyen. 

Idem.  —  Poteries  et  tuiles  autour  du  bourg  de  Meilars. 

Idem.  —  Tuiles  à  Tromeillou  ,  chemin  de  Conforl  au  camp 
de  Caslélien. 

Idem.  *-  Petit  camp  retranché  dans  Panse  de  Porz-Peron  -» 
sur  la  baie  de  Douarnenez. 

Idem.  —  Tuiles  dans  un  camp  rectangulaire  ,  défendu  par 
des  retranchements  très-élevés  au  village  de  Caslellien. 

Idem.  ^  A  Penguilly,  camp  retranché,  de  forme  reclango- 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  133  — 

iaire.  A  rintérienr,  tuiles,  poterie  sainienne,  fragments  de 
coupt's  en  verre  ;  h  peu  de  dislance,  urnes  cinéraires. 

Melgven.  —  Tuiles  et  monnaies  rom  lines  à  l*arc-ar  Broch . 

Idem,  —  Camp.  subsiruclionN  de  lours,  tuiles  au  manoir  de 
Kergoal,  seciion  E,  u^*  56,  59  et  35. 

Milizac.  — WUage  de  Kerforaen  {villa  romanorum). 

Moëlan.  —  Substructions  et  tuiles  au  village  de  la  Petite- 
Salle. 

Idem.  ^  Substructions  et  tuiles  au  village  de  Kergous  • 
tance. 

Morlaix.  —  Monnaies  d'argent.  Tune  du  triumvir  moné- 
taire Ouintus  Siciuius.  Tautre  de  Tempereur  Gailien,  trouvées 
en  1800,  dans  t'einpiacement  et  les  décombres  du  châ  teau  de 
Morlaix.  Autres  deniers  d'argent  des  empereurs  Galfien , 
Gordien,  Philippi-el  Valérien,  trouvés  en  1828  dans  les  fon- 
dements des  remparts  delà  ville.  (Dictionnaire  d*Ouée,  nouvelle 
édition,  article  Morlaix,  supplément).  J'ai  vu  une  monnaie 
d'or  de  l'empereur  Claude,  trouvée  il  y  a  quatre  ans  dans  les 
environs  de  Morlaix. 

Nizon.  —  Tuiles  au  village  de  Kervez,  au  bord  du  chemin 
qui  conduit  du  bourg  au  village  de  Luzuen,  où  se  trouve  une 
grande  motte  féodale. 

Pencran.  —  Lande  couverte  de  tuiles  aux  villages  de  Bot- 
carel  et  de  Lesmoualcb.' 

Penhars.'  —  Statuette  en  bronze  représentant  le  dieu  Mars, 
urnes  cinéraii*es,  fragments  d'épée,  nombreux  débris  d'am- 
phores trouvés  tout  récemment  près  du  château  de  Kerla- 
gattu. 

Penmarc'h.  —  A  Porz-Carn,  près  de  la  chapelle  de  Saint- 
Guénolé,  on  a  découvert  il  y  a  trois  ans  des  sépultures 
romaines  datis  un  tumulus  qui  recouvrait  un  dolmen  On  y 
a  trouvé  environ  trente  tVrs  de  flèche,  des  débris  de  pot^^ries, 
des  ossements  et  des  monnaies  de  Trajan  et  de  Constantin- 
le-Grand.  Quelques  monnaies  romaines  ont  aussi  été  trouvées 
entre  Saini-Guénolé  et  le  bourg  de  l*enmarc*h  ;  enOn  ou  a 
découvert  cette  année,  dans  les  sables  du  port  de  Kerity,  un 
grand  fragment  de  tuiles  à  rebord. . 

Idem.  —  Plusieurs  monnaies  romaines,  entre  autres  un 
petit  bronze  de  Postume,  trouvées  près  de  Keriiy  et  à  Saint- 
Guéuolé. 

Idem.  —  Tuiles  à  rebord  trouvées  dans  le  pprt  de  Kerity. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  134  -        . 

Perguet,  -«-  Ruines  A'nn  filUge  constdértMe  à  la  pcûnle  de 
Saini-Gildas,  à  l'embouchure  ei  sur  U  rive  gauche  de  rOd«t. 
Etablissement  de  bains  cornpreniinl  douzi*  chambrer,  dans 
Tun»*  dt»squt»il»*s  on  a  Ironvé  un  pelii  bronze  de  (Constance  II. 
La  plupart  des  objets  provenant  des  fouilles  qui  y  ont  été 
faites  par  la  Société  archéologique ,  sont  au  Musée  de 
Quimper. 

Idem.  —  Tuiles,  pierres  de  petit  af>pareil,  ciment,  etc.,  au 
village  de  K  l'hansconet.  Il  existe  dans  cette  commune  plu* 
sieurs  tttmuius  qui  sont  probablemeul  d*origine  romaine. 

Idem,  —  Tuiles  nombreuses  et  subslruclions  dans  Tanse  du 
Grpa^qufD. 

Idem.  —  Tuiles  et  pierres  de  petit  appareil,  provenant  d*unc 
construction  au  village  de  Kerascoêt,  à  droite  de  la  route  de 
Quimper  à  Bénodel. 

PeumeriL  —  Tuiles,  â  Coal  Penguily,  au  croissant  de  la 
voie  venant  de  Quimper,  avec  celle  de  Penmarc'h  à  Douar- 
nenez. 

Idem.  —  Four  et  tuiles,  à  trois  champs^au  mi  du  boarg  , 
dans  un  champ  à  M.  Viers. 

Plabennec.  —  Tuiles  au  village  de  Moguérou. 

Pleybert'Chrixt.  —  Fragments  de  tuiles  dans  le  dteroifl,  an 
nord  de  Gorré-Bloué. 

Ploaré,  —  An  village  de  Trougouzel,  tuiles  ,  poteries  rou- 
ges et  sMbslrnctio;is  daos  un  caMrum  con!>lruît  en  pattie  en 
pîprres  de  petit  appareil,  q^ii  commande  la  voie  de  Carhaix  i 
la  Pointe  du  Ra?.  Os  ruines  sont  situées  à  rembrancbeEûem 
de  la  nouvelle  roule  de  Oouariienez  avec  l'ancienne  ,  vis^à- vis 
de  la  borne  74,  à  gauche. 

Idem.  —  Ruines  d'habitation  à  Coz-Maner.  dépendant  dM 
village  de  Kerru.  (Renseignement  à  vérifier). 

I4em-  —  Muraille  haute  d'environ  deux  mètres  et  lotvguede 
quarante  pas.  au  village  de  Plomarc'h,  tout  près  de  la  mer  ^ 
au  sommet  (je  la  falaise. 

Idem.  —  Plusieurs  ruint»s  d'habitations  et  de  thermes,  dans 
lesquelles  on  a  trouvé  de  bell^'s  mosaiqu^'s  et  des  poieries  rou- 
ges, tout  près  de  la  mer,  sur  la  rive  gauche  du  nussean  du 
RiZt  au  bord  de  la  voie  de  Carhaix,  à  la  Pointe  du  R»z.  Quel- 
ques habitations  sont  entièrement  recouvertes  par  Les  sabUs. 

Plobannalec.  —  Poieries  à  la  pointe  de  Lesconil. 

Idem.  —  A  Penquer-Bioas,  deux  meules  en  granh,  plates  et 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  13S  — 

rondes,  ayant  1  mèlre  07  de  diamètrw  et  Q  m.  t6  c  d'épais- 
seur, percées  au  miliieu  d'un  irou  d**  0,14  c.  de  diamètre;  un  des 
côtés  des  tneiile)i  est  très-usé. 

Plogastel'Daoulas.  —  Tuiles  au  village  de  Kerromen  (villa 
romanoruin). 

Idem.  —  Monnaies  romaines,  trouvées  il  y  a  vingt  ans  daD3 
l'anse  de  Porz-Guen. 

Plogastel'Saint- Germain.  —  Trois  camps,  retri^nchés,  de 
forme  reclanguUire,  dans  lesqueh»  ou  a  trouve  des  tuili^g,  l*un 
placé  an  sommet,  W6  deux  autres  sur  tes  flanc»  de  la  cojiine  , 
où  est  situé  te  bourg. 

Plogoff  —  Dans  un  petit  vague  au  sud,  contre  la  route  de 
la  Pointe  du  Rasii,  vis-à-vis  la  borne  44,600  m.,  bri^Hes  à 
olayonnages.  (Romaines  ?  ) 

Idem,  —  A  200  mètres  au  sud-ouest  de  ce  petit  vague, 
traces  d*habilatio<ns.  •—  K  100  mètres  plus  au  sud,  sur  le  bord 
du  chemin  de  Kerhuan  ,  poteries  diverses,  tuiles,  etc. 

Idem,  -—  Poteries  et  tuiles  près  de  la  t'ontaine  ,  au-dessous 
de  l'emplacement  de  la  chapelle  de  Sainl-Guénalé. 

Plogonnec.  —  Tuiles  sur  les  terres  de  Kerusium ,  à  2  kilo- 
mètres sud  du  bourg. 

Plomplin  -«  Tuiles  dans  un  champ  df^pendanl  du  vHIage  de 
Kerral  Bihan  et  bordant  U  roule  de  Quimper  à  Pool-l'Abbé, 
vis-à-vis  la  borne  »•  7. 

Idem,  —  Ruines  d'habitation  et  de  bains  dans  le  pare  du 
château  de  Pérennou,  sur  la  rive  droite  de  l'Odei.  Ou  y  a 
trouvé  des  monnaies  d*Augu<ite,  de  Tibère,  de  Claude  de 
Victorin,  de  la  colonie  de  Nîmes,  des  poteries  rouget  fl 
noires,  des  placages  en  marbre,  des  enduits  col^wés,  etc. 

Idem,  —  Tuiles  sur  les  terres  du  aiaiioir  de  Kerdour. 

Idem,  —  Tuiles  au  manoir  de  Bossulient  sur  le  bord  à^  la 
voie  de  Quim^>er  à  Pout-l'Abbé, 

Idem.  —  Heules  de  moulins  à  bras  et  tuiles  trouvées  eti 
1866  au  manoir  de  Keiaval,  par  M.  Roussin. 

Idem,  ^  Amphore  et  tuiles  au  village  de  Keraableiz,  L'am- 
phore est  au  Musée. 

Plomeur.  —  Urnes  cinéraires  découvertes  dans  la  palue  de 
Tronoan. 

Idem.  —  Meule  de  moulin  à  bras  trouvée  prè«  d'un  dolrato, 
avec  des  poteries  diverses  dans  un  p^tit  vague  à  droite  et  sur 
le  bord  éd  tti  route  de  Pont-t*Abbé  à  Penmarcti. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  136  — 

Idem.  —Tuile à  rebord  trouvée  dans   Tallée  couverte  du  , 
Poulguen. 

Idem,  —  Tuiles  aux  environs  des  Grandes -Pierres ,  au 
Gtiilvinec  ;  re^te  de  con<((rurlion  dite  le  Vieux  Château^  à 
SOmètresN.-E.  ief^  Grandes  Pierres. 

Plomodiem.  — •  Tuiles  à  Gonli(-ar-Guer  et  dans  l'anse  de 
Porz-ar-Vag,  danâ  la  baie  de  Douarnenez. 

Idem.  —  Tuiles  à  l'entrée  de  la  Lfieue  de  Grève. 

Idem.  —  Petii  camp  retranché  de  forme  rectangulaire  sur 
le  bord  et  adroite  de  la  rouie  de  Plomodiorn  à  Sainte-Marie - 
du-iVIénez-Hom,  et  à  peu  de  dislance  de  la  chapelle  de  ce 
nom. 

Plonéis,  —  Tuiles  et  restes  dt*  retranchements  dans  Menez- 
Groas-Biiz,  à  côié  d'un  cabaret,  à  droite  de  la  route  de 
Qiiimper  à  Douarnenez  et  à  500  mètres  à  TOuest  du  bourg. 

Ploneour-Trez.  —Tuiles  au  village  de  Noblessa. 

Idem.  —  Tuiles  au  village  de  Pontanezen. 

Plonéour-Lanvern.  —  Subsiruciions,  tuiles,  poteries»  au 
village  de  Brenanvec,  à  la  queue  de  l'étang  de  Pont-l'Abbé. 

Idem.  —  Subsiruciions  et  tuiles  dans  un  camp  rectangu- 
laire défendu  par  de  forts  retranchements,  au  village  de  Ker> 
goulouarn. 

Plonévez  Porzay.  —  Substructions,  piliers  d*hypocauste  et 
tuiles  dans  Tanse  de  Tréfentec.  On  y  a  trouvé  un  grand  bronze 
de  Faustine,  jfune. 

Idem.  —  Sub^iructions  d'un  poste  d'observation  et  tuiles 
dans  l'intérieur  d'un  camp  retranché  dans  Tanse  de  Trezmai- 
laouen. 

Idem.  —  Tuiles  à  Cariguellou. 

Idem.  —  Tuiles  à  Lanévril. 

Idem.  —  Tuihîs  et  construction  carrée  sur  la  rive  droite  et 
à  l'embouchure  du  ruisseau  du  Riz,  tout  près  de  la  mer  et  sur 
le  bord  de  la  voie  de  Carhaix  à  la  Poinle-du-Raz. 

Ploudalmézeau.  —  Amas  de  tuiles  à  Pratlec*h. 

Idem.  —  Substructions  et  tuiles  au  village  deKerlorec. 

Idem.  —  Meules  de  moulins  à  bras  et  disques  en  terre  cuite 
trouvés  au  viUage  de  Si;mg-an-Col. 

PloudanieL  —  Tuiles  et  poteries  rouges  au  village  de 
Keravezan. 

Idem.  —  Subâtructions  et  tuiles  au  village  de  Keramezec. 


Digitized  by  VjOQQIC 


---  137  — 

PJmdaniel.  —  Toiles  dans  Un  champ  au  sdd-duesl  de  Ke^- 
gongar,  n^  131.  section  C. 

Idem,  —  Tuiles  et  urne,  trouvées  dafnsbi  Propriété  de  M.  Se 
THopiiai  (Laflgazel;,  au  sud  de  LangouroUx.  secliou  C,  nu- 
méro 472. 

Mem  ^  Tuifes'au'  vîllage  ûë  Gou^zou. 

Idem  -—  Tuiles  dans  Parc  ar  Vouden  (ancienne  molle)  à 
Penfrat,  section  E»  numéro  108. 

Idem.  —  Tuiles  dans  un  camp  de  fornue  irréguHèrç ,  ati 
mànoir.de  Lam-ar-IVlarc^h,  prè*  du  bourg,  à  rembranchemént 
de  la  roulp  de  Landerneau  à  Lésneven  et  de  la  voie  de  Pla- 
bennec  à  KeriUien. 

liiem.  —  Nombreuses  lulle.^  à  Kenvnnoc  ;  bîoc  d^  bëlort  aii* 
même  linu,  près  du  ruisseau  au  nord  ;  au  môme  lieu  petit 
bronze  de  Crispus  Cau  Musée  de  Quimper). 

Plouédern.  —  Tuiles,  à  Vézen-Doul. 

Idem,  —  Tuiles  dans  Goarem-an-Dorguen  ,  Kerviléoc,  à 
500  mèires  Est  du  village,  seciiou  B,  numéro  70.  Trois  lu- 
mulus  dans  la  garenne,  à  Test,  section  B^  numéro  69. 

Idem,  —  Souterrain  découvert  en  1873  el  recouvert,  dans 
Taire  à  battre  de  Pennanrun. 

Idem  --  Tiiïtes  au  village  de  Kerdilez  ei  KeraiTdidu,  dans 
trois  champs  conligus,  section  D,   numéros  238,  287,  et  305. 

Idem:  —  Tuiles  au  haut  de  la  rôle  du  Moùlin-Neuf  ,  sur  la 
roule  de  Plouédern  à  Plounéyenler. 

Jdttn.  —  Tuiles  au  village  de  Penanrun. 

Plouégat'Gmrrand,  —  Tuiles  et  poteries  remarquables  au 
château  de  Guerrand.  G.  Le  Jean,  Histoire  de  Morlaix. 

Idem.  —  Camp  nommé  le  Cimetière,  à  400  mètres  à  Test  de 
Coal-Coe^er.  —  !V1.  Le  Jean,  Hi.sloire  de  Morlaix,  dil  qu*ou  y 
a  trouvé  deux  tombeaux  curieux. 

Plouescat.  —  Subslructîons  el  tuiles  au  bord  de  la  mer,  à 
pen  de  distance  du  bourg  (Renseignements  fournis  par  M. 
Ro$ec,  alors  maire  de  Plouescaij. 

Plou^onvelen,  —  Le  bénédictin  Dom  Le  Pelletier,  dil  à  Tar- 
licle  LÎocan  de  son  Dictionnaire  breton-lrançais,  qu'il  vit  en 
1694,  danVlanse  de  Porz-Liogan  o  Vii  qnai  maçonné  de 
«  mastic  et  de  bitume,  élevé  au-dessus  de  la  pleine  mer  d'eri- 
«  Ymm  trois- toistîî»  Les  vteiHes  gens  rassurèrent  qti'ils  y  a- 
«c  vaienl  vu  des  anueaux  où  L'on  allacbait  des  oavires  ,  et  il 

SOClÂTé  ARCBÉOLOGIQUB.  11 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  138  — 

«  vil  encore  la   place  de  Tuo  d'eux.  »  Il  y  place  le  Portus 
Saliocanus  de  Ptolémée, 

Idem.  —  Village  de  Kerromeu  (Villa  romanum). 

Plougourvest,  —  Tuiles  el  poteries  rouges,  à  Tembrancbe- 
menl  de  la  voie  qui  mène  de  Pen-ar-Parc  en  Landivisiau  à 
Roscoff,  avec  le  chemin  de  traverse  de  Plouvorn  à  Plougour- 
vesL 

Idem.  —  Tuiles  à  Kercabut.  —  En  1864,  on  Irouva  un  bra- 
celel  en  or,  à  Spernen,  voie  de  Landivisiau  à  Roscoff 

Plouffuerneau.  —  Un  morceau  de  luiie  à  crochel ,  Irouvé  en 
1873>  dans  le  chemin  au  sud  de  la  chapelîe  de  Saini-Cava,  en- 
Ire  celle  chapelle  el  Kerrun-Bras.  C'esl  lonl  près  de  celle 
chapelle,  à  la  poinle  de  Caslel-Ac'h,  que  M  Le  IVlen  a  fixé, 
en  1873,  reiuplacemenl  de  Vorganium,  capitale  des  0>ismi.  (ij 

Plouhinec.  —  Tuiles  à  Poiilgoazec,  sur  la  rive  gauche  el  à 
rembouchure  de  la  rivière  d'Andierne. 

Idem.  —  Camp  romain  au  village  de  Kerfreost. 

Plùuider.  —  Tuiles  trouvées  en  1874,  à... 

Ploujean,  —  Ruines  romaines  au  château  de  Keranroux 
(G.  L.  J  ,  hisl.  de  Morlaix,  page  8). 

Idem.  — -  Slaluelle  en  or  haute  de  33  millimètres  représen- 
tant Vénus,  trouvée  en  1780  dans  le  jardin  du  manoir  du  Buzlt 
ou  de  la  t^ixière,  (Dicl.  d'Ogée.  Nouvidle  édilion,  article 
Morlaix,  suppiéinenlj. 

Ploumoguer.  —  Village  de  Kerromen  (Villa  romanorum). 

Plounéventer.  —  Entre  les  villages  de  Kerillien,  Kerporziou 
el  Kergroas  snb^lrudions,  tulles  et  poieries,  couvrant,  mais 
avec  de  nombrruscs  lacunes,  une  étendue  de  terrain  dVnviron 
cent  h'clares.  La  voie  de  Carhaix  à  la  poinle  de  Plouguerneau 
traverse  cet  établissement  qui  a  du  être  li  ès-importanl.  On  y 
a  ironvé  une  slaluette  en  bronie  un  fui  de  colonne  cannelé  el 
beaucoup  de  poieries.  J  ai  vu  chez  M.  Miorcec  de  Kerdanel,  à 
Lesneven,  de  nombreuses  monnaies  d'or,  d*ar[;enl  el  de  bronze 
des  empereurs  Augusle,  Tibère,  Néron,  Viiellius,  Titus, 
DoDDitien.  Hadrien,  Ântonin  le  Pieux,  Lucius,  Verus,  !Marc« 
Aurèle,  Alexandre  Sévère ,  Gordien  ,  Gallien,  Claude  II, 
Honorius,  el  plus  de  six  cenls  fragments  de  poieries  rouges 
ornés  de  dessins. 

Idem,  —  Tuiles  à  Locmelar,  au  nord-esl  de  la  chapelle  ;  à 
la  croix  près  du  Boury,  chemin  de  Landivisiau. 

(1)  Voir  page  ia  de  ce  volume. 


Digitized  by  VjOOQIC 


PJouvién.  —  TuM(»s  iel  beaucntrp  de  pierres  de  pelit  â|)parcil 
au :vUI#»g€;de  Keplou2ern,  près  de  8airit-.lean-BalaznanL 

Plouvorn,  —Village  de  Kérroraen  {Villa  romqnorum). 

Plouyé.  —  Village  de  Kerrornfen  {Villa  romanorum), 

Plovan.  -^  Quelques  inonttaies,  enlre  àuires  un  dénier 
d'Auguèie,  oui  été  Iroufées  près  du  bourg,  '  ** 

Pluguffan  —  Tuiles,  poieries  rouges,  pierres  de  pelit  appa-, 
reil,  sur  une  étendue  considérable  au  village  de  Saini-Giiénolé. 
A  peu  de  dislaiMîe  de  celle  tocarilé  enceinie  retranchée  dans 
laquelle  j'ai  aussi  trouvé  des  luîles. 

Pont'Aven.  —  Bas-relief  en  bronze  représen'lanl  une  femme 
trouvé   près  de  la  ville. 

Pont'€roix:  —  A  150  mMres  sud-0ue«l  d  ï  Keryén^neCj, 
camp  avec  luiles,  ciraeni,  poieries,  monnaies.  Ce  champ  est 
(raver^i  par  rancienue  route  d'Audiernc. 

Punt'Croix,  —  Tuiles  près  de  la  rivière. 

Pont-Vâbbé/'r'  Subslruciions,  meules  de  inoulins  à  br-a«, 
luiles  et  poleriesau  manoir  de  Kernu. 

Idem.  —  Quelques  tuiles  dans^  la  ville  près  du  château* 

Idem.  T-  Subslrii«li0ns,  iuileî^ nombreuses  à'Roz-at*-C'haslel. 
à  'Vlenez-ar-C'hastel   et  au    vHIage  de  Brengal    où  il  y  d   uti-^ 
camp  romain),  dans  l'angle  formé  par  1  étang  de  Pont-TAbbé 
et  la  roule  de  Quimper. 

Idem,  —  Subslructions  et  tuiles  au  manoir  de  Treourguy, 
sur  le  bord  de  la  roule  de  Plobannalec  à  Ponl-l'Abbé. , 

Ponthou{Le)  —  Une  ruuie  au  Ponlhou,  dont  la  maçon- 
nerie es{  iudubiiahlea\ent  romaine,  nommée  ar  Châ»tel.(CrL  J. 
Hisl.  de  Morlaix,  p.  9j. 

Pouldergat.  —  Camp  avec  tuiles -au  village  de  Bot-Carn. 

Idem.  —  Tuiles  au  midi  des  villages  de  Kerromen  et  Ker- 
dulaër.  ,  : 

Idem.  —  Urne  cinéraire  ^^n  terre  griseremplie  de  oendi^d, 
trouvée  kKerampap^  chez  M.  GouziL.  ^  .         m 

Idem.  —  Camp  avec  luiles  à  300  mètres  SuiE^ 'de 
Tréz»*nl.  '      . 

Pouldreuzic.  —  Tuiles  et  fragments  de  polerie  onclucusp 
prè?»  de  la  chapelle  de  Pen-Hors.  ,  ,,        ./, 

Idem  —Tuiles  au  bourg  près  do  prejrfjytère* .    .    „      ^i , 

Poullarté  •^Sub^trMt^^tt^  et  tuiles  au  cauahaat  du  -v^agtt 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  140  — 

de  Poulhan,au-<lessiis  du  rai^^i^au  formanl  la  limite  de  Maht- 
lon,  ei  paiaissant  se  raltarher  aux  stibsiruclions  et  l«ileâ  de 
Lezivy  en  celle  dernière  commune. 

Idem.  —  Tuiles  entre  le  Buzit  et  Cosieunteun. 

Idem.  —  Subslructions  à  la  poinie  de  la  Jument. 

Idem.  —  SubstructioDs  et  tuile»  au  vilbge  de  Tréboui. 

Idem.  —  Tuiles  au  village  de  Saint-Jean^  à  TOuei^ide  Tré- 
bout. 

Idem.'-r  ^u  village  de  Krrrudnnic.  à  300  métrés  au  Nord  de 
la  voie  de  Carhaix  à  la  poinie  du  Kaz,  el  tout  près  du  villa^ 
du  Buzit  ou  La  Boixière,  on  a  découvert  en  1865  un  four 
construit  en  pierres  el  en  tuiles. 

Idem.  —  Au  village  de  Kermaburon,  un  camp  retranché  de 
forme  rectangulaire. 

Idem.  —  Cinq  urnes  cin^H-aires  dont  Tune  renrerroani  des 
débris  de  bracelets  en  bronze  ont  aussi  été  trouvées  en  1865  à 
peu  de  di^ance  au  Sud  de  \a  même  voie,  dans  une  lande  éle- 
vée dépendant  du  village  de  Coz-Pnntun.  A  2on300mèires 
de  ce  lieu  est  unt  grande  enceinte  retranchée  de  forme  rectan- 
gulaire. 

PouUaouen.  -^  Forteresse  dans  la  forêt  du  Freaui  au  cou* 
chant  d'une  voie  romaine,  pavée  en  parue. 

Primelin.  —  Subslructions  appelées  Gastel-ar  Boraanet 
(château  des  Romains)  au  village  du  Castel,  sur  une  pointe 
élevée  qui  s'avance  dans  la  mer. 

Quéménéven.  —  Ruines  dans  un  établissement  de  bains 
dans  le  bourg. 

Qumerc%  —  Camp  retranché  appelé  le  Jl/t*reott,  déforme 
carrée  et  de  100  mètres  de  coté. 

Idem.  •*-  Tuiles  à  Botanlec. 

Idemi  —  Tuiles  à  Coat*ty-Beuz  (bois  de  la  maison  de  buis). 
Idem.  —  Tuiles  à  Kerguden,  près  la  vieille  route  du  Faou. 
Quimper.  -*-  Ou  a  trouvé  à  Quimper  quelques  monnaies  des 
empereurs  Vespasien,  Domiiien  et  Consiantiu-le-Grand. 

Idem.  -^  Le  faubourg  de  Locmaria  est  entièrement  couvert 
de  tuiles  et  de  poteries  (voir  Ergué-Armel). 

itfcm. —"  Buînes  d'une  station   romaine   imporianle    sur  la 
ive  droite  de  TOdet,  à  peu  de  dislance  du  gué  de  l^ocmaria. 

Idem.  —  Vestiges  d*une  forteresse  romaine  et  tuiles  nom- 
brt yseis  sur  rem^rfaoemeot  de  la  màmn  des  Itères  àeè^Iiihèê; 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  141  - 

OR  y  a  trouvé  des  fragmente  d'ampbores  el  uo  petii  broiNre  de 
Viclorin. 

Idem.  —  Tuiles  dan^  les  fondations  du  Musée;  tuiles  d^ns 
la  cour  ei  daim  le  jardin  de  Téviché. 

Quimperlé.  —  Manche  de  couteau  en  bronze  el  lampe  en 
ferre  cuite  trouvés  il  y  a  quatre  ^ns  dans  les  sables  de  la 
rivière  au-dessous  de  la  ville. 

Wctm.  —  Au  village  de  Trévoazec,  à  un  kîlomètre  de  la 
ville,  sur  jn  coteau  qui  domine  la  rivière  Elle  et  tout  près  de 
la  voie  de  Vannes  a  Quimper,  ruines  assez  importantes  dliabi  • 
|«iions,  découvertes  il  y  a  trois  ans. 

Idem,  —  Tuiles  dans  la  ville  près  de  la  rivière  el  près  de 
l'église  de  Sainl-David. 

Idem.  —  Tulles  à  rentrée  de  la  forêt  de  Carnoël. 

Idem.  -  Tuiles  au  village  de  Kerdaniel,  sur  la  rive  gauche 
de  la  rivière  Elle, 

Idem.  —  Un  petit  bronze  romain  a  été  trouvé  il  y  a  quelques 
années  dans  les  fondations  de  l'église  Sainte-Croix. 

Bédéné.  —  Tuiles  près  de  la  chapelle  de  Saint-Pierre^  sur  le 
bord  de  la  voie  de  Vannes  à  Quimper. 

Idem.  —  Substructions  et  tuiles  nombreuses  ati  viUage  du 
Vaquer. 

Riec.  —  Substructions  d'habitation,  tuiles  et  enduits  joolon 
rés  au  passage  de  la  Porle-Neave,  sur  la  ri v*  droite  d«  la 
rivière  de  Bélou. 

Idem,  —  Tuiles  près  du  moulin  de  Penanrun. 

Idem.  —  Tuiles  près  de  la  chapelle  de  Tremor  sur  Templa- 
ceaieiUd'un  ancien  manoir  appelle  le  manoir  de$  Salles. 

La  Roche,  —  Snbstrnctionfi  et  tuiles  au  viliage  et  Vally- 
Clottre.  sur  le  bord  de  la  vuie  passa^ol  à  ia  Martyre  et  allaot 
à  Keiilien,  section  A,  n""  761. 

Roscoff.  —  iV  la  pointe  de  Saint-Barbe^  près  du  fort  Bios- 
cou,  substructions  el  tuiles. 

Idem.  —  Santec  a  eu  des  établissements  rothains  dont  on 
voit  les  substructions  aux  villages  de  la  Bastille  el  de  Men- 
Rofgfiaut.  dans  les  champs  desquels  de  nombreuses  mé- 
dailles, depuis  les  règnes  de  Trajan  et  de  ses  successeurs 
jusqu'à  Claude  le  €othrque,  sont  fréquemment  découvertes. 
—  (De  Courcy,  H.  de  Sl-Pôl  à  Brest,  p.  8.) 

Rosnoën.  —  Tulles  au  N.-O.  dés  Salles,  près  ia  rivière. 

Idem.  -  Tuiles  à  TEsl  de  Ty-an-Aol,  près  des  Salles. 


Digitized  by  VjQOQlC 


—  142  — 

Mem. -^  Tatles  à  rebord  clans  une  enceinte  retranchée  de 

forme  reclanj^ii'aire  flanquée   de   lours  rondes   en  leire,  au 
manpir  du  Parc. 

Rosporden  —  Anci»*Q  cliâleau  enfre  le  rhamp  de  foire, 
derrière  l'église,    ei  le  ponl  sur  la  mule  de  Tourch,   baigné 

f^ar.jles  faux  d^  IVlanj;,  M.  Ç'iai;elle  y  a  trouvé  en  1868^  une 
uile  à  rebords.  Seciion  B,  n»  59. 

Scttjçr.  —  Tuiles  à  60  luèlres  au  nord  de  l'église,  dans  un 
ch^nip  appelé  Parc-pen-ar-l*avé,   bordant  une  voie  allant  au 

Idem.  —  V«*rs  1839,  M.  Le  Dez,  propriétaire  df^  parc  Losi^c» 
seciion  E,  n°  52.  siiué  à  400  mèlres  0.  du  bourg,  fil  démolir 
un  lumulus  qui  se  iroiivail  à  Faufile  NE.  de  ce  cbauip.  On 
trouva  au  fond  un  cercle  d-*  pierres  quarlzenzes  de  3  mèlres  de 
diamètre,  au  centre  duquel  se  trouvai!  placée  une  urne  de 
terre  grossière  de  la  dimension  et  du  la  loruHi  des  fins  grands 
pois  a  lail  du  pays.  Celle  urue  était  enlrour^'e  de  4  autres 
plus  petites  de  l'orme  arn)ndie  avec  un  long  col,  mais  d'une 
terre  pltis  fine.  Toutes  les  urnes  éiaieui  en  terre  grise  tirant 
sur  le  rouj^e.  Le  flanc  de  chacinie  des  peliies  urnes  était  orné 
lie  4  médaillons  roiids  également  espacés  et  du  diamètre 
d'une  ancienne  piè<;e  de  six  livres.—  Le  Parc-Losiec  se  trouve 
:à  200  mèlres  à  TEst  de  Far<î-ar-Justiçou. 

Idem,  —  Enceinte  retranchée  appelée  Parc -ar-C'haslel Ion, 
au  village  de  Coatcoùrant. 

Idem,  —  Tuiles  au  viflage  de  Buzit  ou  la  Boixière. 

Sibiril,  —  Nombreuses  tuiles  au  village  de  Moguéric, 

Sizun,  —  A  Castel-Doun  ,  camp  romain  de  très-grande  di- 
mension ,  aulrrfois  défendu  par  des  tours.  On  y  a  trouvé  un 
petit  fragment  de  tuile.  SnbstrUctions  et  tuiles  h  50  m.  a 
Touest  du  FaIzoH.  Au  nord  du  village  de  Lestrémélar,  on  a 
trouvé  ven  défrichant  un  bois,  une  léte  de  femme,  en  terre 
blanchn  ,  et  une  bague  romaine  en  verre  bleuâtre;  ces  deux 
objets  trouvés  au  milieu  de  débris  romains,  sont  déposés  au 
Musée  de  Quimper. 

Spézet.  —  Camp  a  'iOO  mètres  aii  nord  de  Trévily  Izela,  sur 
le  point  culminant,  duminani  TAulue.  (.e  cainp  avec  retran- 
cbi'menis  eu  lerJc.jCle  2  mèir»^s  de  hauteur,  a,  environ  150  à 
180  m.  de  lest  à  l'ouest  ei  100  m.  du  nord  au  $ud  ;  il  est  di- 
vi^  çM  i\i^ii^  parties  par  un  retranchement  et  Ton  remarque 
dans  Tintérieur  des  traces  de  ^ubslruciions.      ,  . 

Saint-Divy,  ^  Ca-np  ^vec  substructions  et  tuiles  dans 
Goarem-Kerinlin  ou  Goarem-ar-Sanl,  dépendant  du  village  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  143  — 

'Pèulfeniof,  sedion  Av  numéro  132,  sur  le  bord  du  chemin  vi- 
cinal (le  Sainl-Divy  à  Gtiipavas.  On  y  a  irouvéi  hi'a-t-on  dit, 
une  slalueUe?  en  bronze,  vendue  à  Bresl. 

Saint'Eloy:  —  Tulles  dans  le  bourg  et  dans  les  champs 
-  voisins. 

Suint-Evarzec.  —  Tuiles  au  bourg,  pfès  du  village  de  Ker- 
romen  (villa  romanorum). 

Idem.  —  Tuiles  dans  une  enceinte  retranchée  au  village  du 
Gosquer. 

Idem.  —  Tuiles  et  camp  romain  près  de  la  chapelle  du 
Dféau. 

Idem.  —  Tuiles  dans  une  enceinte  retranchée  de  forme  rec- 
tangulaire, dont  une  partie  des  parapets  éiail  formée  de  pierres, 
noyées  dans  du  cimt^iit.  dans  le  bois  du  Mur. 

Idem.  —  Au  manoir  de  Cavardy,  slalion  composc^e  de  plu- 
sieurs habilations.  L'une  d'elles  éiail  Qauquée  d  épais  contre- 
forts, dont  U  plus  élevé  a  encore  4  m.  30  de  bailleur.  Tuiles 
â  rebord,  enduits  colorés,  poteries  rouges,  verres  irisés. 

Saint'Frégant.  —  Au  village  d«  Kerradennec,  sur  le  bord 
ûe  la  voie  de  Carhaix,  à  la  poinie  de  Plou^uerneauv  substruc- 
tions  importantes,  occupant  un  espace  d'environ  quatre  hec- 
tares. —  M.  de  Kerdaufl,  de  Lesneven  ,  possède  plus  de  500 
monnaies  provenant  de  ces  ruines.  On  y  a  aussi  trouvé  des 
poteries  rouges,  des  urnes  cinéraires  en  terre  et  en  verre. 

Saint'Jean-Trolimon.  —  XtJt les  dans  une  enceinie  retran- 
chée de  forme  rectangulaire,  au  village  de  Castellou. 

Idem,  —  Tuiles,  pierres  brûlé«*s  et  fragments  de  poterie 
aux  environs  de  la  chapelle  de  Tronoan.  A  120  m,  au  sud  de 
Kerveltré,  tumulus  nommé  Coguel-ar-Menhir,  avec  fragments 
de  tiïiles,  au  sud  de  Coguel. 

Saint-Méen.  —  Tuiles  d ms  un  champ  au  sud  de  Gourivln- 
Bian,  section  A,  numéro  *285.  Tuiles  au  nord-ouest  du  b^ourg, 
près  du  village,  dans  un  chemin  creux. 

Saint'Nic.  —  Tuiles  à  Pen-Trez,  au  sud  de  la  lieue  dfi 
grève. 

Idem.  —  A  Pen-Trez,  au  nord  de  la  lieue  de  grève,  cons- 
truction carrée  dont  les  murs  revêtus  d'un  ciment  rouge,  sont 
encore  élevés  de  plus  d'un  métré  au-dessus  du  sol.  On  y  a 
trouvé  des  ossements  humains. 

Saint  Pôl-de-léon.  —  Vestiges  romains  dans  le  voisinage 
de  la  ville.  (Notice  sur  la  ville  de  Saint-Pôl-de-Léon,  par 
M.  P.  de  Courcy). 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  iU  — 

Idem.  —  Urne  dnëraire  en  l«rre  giHse,  Iroayiie  ad  1864 
d^ns  un  jardJD  de  la  ville. 

Saint'Ségah  —  Siibsirnciions  an  munoir  du  Drennit. 

Saivt-Servais.  —  Tuile»  i  Keruzorel,  d^in^  un  ehamp  de 
lerre  labourable,  au  couchant  du  village  el  au  nord  du  chetvin. 

Saint' Thonan,  —  Tuiles  à  Kerprigf^nl. 

Saint'  Thurien.  —  M<;u1e  de  moulin  romain  è  bras,  trouvée 
dU  baut  de  Ja  cèle  de  Pout-Croac'b,  !>ur  le  bord  de  la  route  de 
Quimperlé. 

Saint-Yvi.  —  Dans  le  bois  de  PI«»uven,  près  du  rjtu'min  qui 
mène  à  la  maison  d'babilaiion,  camp  romain  de  forme  rec- 
tangulaire, défendu  par  de  forls  relraiirhemeii's  et  par  des 
tours  ronde*.  \  liiilérieur,  luiles  et  fragmenis  de  poterie 
samienne  ornée  de  dessins. 

Taulé.  —  Tuiles  au  fond  de  Tanse  de  Pensez. 

Telgruc.  —  Snbslruciions  d'habilalion  et  de  thermes  au 
village  de  Lezuoc. 

Idem.  —  Tuiles   à  la   pointe  de  Pen-ar-C'haon  et  à  Beg- 
Bihan-arC'hall. 
Idem,  —  Tuiles  à  la  poinle  de  l'Aber. 

Idem.  —  Petit  posie  d'observalionen  pierre  de  pelit  appareil 
et  ciment,  sur  le  bord  de  la  mer,  un  peu  à  Tesl  du  ruisseau  du 
Caon.  —  Tuiles  vis-à-vis,  parmi  le  sable  de  la  grève. 

Treflévénez.  —  A  Kerezellec,  dans  le  taillis  Coal-al-Lo»»et, 
petit  tumulu>'  où  Ton  a  trouvé  des  fragments  de  poterie,  ainsi 
que  dans  Goarem-ar-Mail.  (De  Courcy) 

Idem.  —  Subsiruciions  et  tuiles  à  peu  de  dislance  du  bourg 
ei  de  la  voie  de  Carhaix  à  Landerneau^  par  Braspartz  et 
Saint-Eloy. 

Trégarantec.  —  Fragments  de  luiles,  au  sud  .du  mouiin  de 
Dour-Guen.  Tuiles  a  300  mètres  au  su^  du  bourg,  sur  les 
terres  de  Kergoual.  Tuiles  dans  le  chemin  à  Kerhuel.  Tuiles 
à  Ty-Névez,  chemin  du  bourg  à  la  chapelle  Jésus. 

Trégarvan.  —  Tuiles  indiquées  dans  une  anse  à  1  kilomètre 
Est  du  bourg. 

Tréguennec.  —  On  a  découvert  il  y  a  quelques  annét^s,  près 
de  la  chapelle  Saini-Julien,  un  four  dans  lequel  éiaieni  rangées 
pour  la  cuisson,  environ  quatre-vingts  n;<urine^  en  terre, 
représentant  des  déesses  mères  et  Venus  Anadyomèue.  Trois 
de  ces  statuettes  sont  au  Musée  archéologique. 

Trégunc.  —  Snbstruclipns  et  ttiiles  daris  Tanse  de  Péhuren 
au  sud  de  la  pointé  deTrévignon. 


Digitized  by  VjOOQIC 


_  445  ~ 

Mèm.  —*^  Tuiles  nomfereu^s  éaun  or  <^hamf,  à  l^ne^t  du 
village  de  Trémo!  (parcelle  n®  2'23.  seelioii  <i  du  fta-dâ^-lre).  — 
Autres  liifile:}  am  mêoie  village  dans  une  gr^ade  pièce  .di*  lerre, 
sur  une  peiiîe  ,éra,iftH«)Ge  CicUce  è^OO  iB»èirMs  à  droUe  de  la 
, roule  de  trégunc  à  }'4  pojnle  de  Tiéviguo^  (parcelle  bp  67, 
section  G  du  cadastre). 

Jrf^m.  —  Au  village  de  Kergunu^,  ençeîzite  retranchée  de 
'60  nièires  de  diamètre,  flanquée  dans  les  augles  à  l'est  et  à 
Touesl  d'une  tour  ronde.  Elle  porle  le  nom  de  Caslellic. 

Idem.  —  Subsiructions  avec  tuiles  el  poteries  h  (Cprva- 
guer,  près  Kerilral,  contre  une  maison  neuve  bordant  la  voie 
deConcarneau  à  Batmalec,  etc.  Limite  de  Melgven. 

Tréhou,  —  Camp  triangulaire  sans  douves  apparentes  avec 
substructions  et  luiles,  retranchements  de  2  mètres  60  centi- 
mètres de  hauteur  sur  le  bord  nord  du  chemin  de  l^ont-IVleur 
h  8izun,  à  8t)0  mètres  à  l'est  de  Bréhoal,  sur  les  terrtfS  de 
Kerafiiec'h  —  section  A,  n*  43  —  60  ares, 

frémaouêzm.  —  Tuiles  nombreuses  dans  les  chanops  dutour 
du  village  de  Keroualic. 

Trévoux  {Le}  —  À  KernauU,  enceinte  retranchée  de  forme 
rectangulaire,  longue  de  28  mètres  sur  14  de  largeur. 

Idem.  —  Tuiles  nombreuses  au  village  de  Beuz-an-Dourdu. 

îdein.  —  Restes  d'enceinte  retranchée  au  village  de  Lanîscar. 

SUPPLÉMENT. 

ArgoL  —  \u  village  du  Menly,  près  d'un  marécage,  enceinte 
retranchée  de  forme  rectangulaire. 

Arzano.  —  Camp  retranché  de  forme  rectangulaire  au  vil- 
lage, de  K^rhoel,  sur  la  hauteur  qui  domine  la  forteresse  de 
La  Roche-Moysan,  près  du  pont  du  Roc'h,  sur  la  rivière  le 
Scorff.  On  y  a  trouvé  des  tuiles. 

Idf^m.  --  Camp  retranché  de  60  mètres  de  côté  au  village  de 
Saint  Adrien;  au-dessus  d'une  forteresse,  peut-être  gauloise 
eonstriiile  sur  un  petit  promontoire  qui  s'avance  dans  la  ri- 
tière  l'Ellé. 

Berrien.  -r-  Statuette  romaipe  en  bronze,  trouvée  à  pe^  de 
dislance  du  bourg,  sur  la  voie  romaine  de  Vorgîum  (Carhaix) 
à  Vorganium  (pointe  de  Castellac'hJ. 

Carhaix.  —  A  deux  kilomètres  de  Carhaix  sur  le  bord  d'uue 
voie  se  dirigeant  vers  Callaci  subsiructions  et  luiles  nom- 
hrieoses. 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  146  — 

J<km;  ^  Au  village  ie  Kermoisaoi  stibMruQtiaos  «i  miles 
dan^  un  camp  reiraiiché. 

CasL  —  Enceinte  m raochée  de  form^  rerangiil<^^>'e,  au  vil- 
lage de  Lelsac*h«  ^ui  la  montagne  de  Salni-Gildas. 

Ùléderi'Cap'Sizun.  —  Sliluelte  en  bronze  trouvée  sur  le 
bord  de  la  voie  de  Carhaix  à  la  pointe  du  Raz. 

Clêder.  —  Amphore  romaine  appartenant  à  M.  Pol  de 
Courcy,  trouvée  dans  une  lande. 

CloharS'Carnoè't.  —  Tuiles  romaines  tr  uvées  par  M.  Le 
Doze,  au  village  de  Tlle,  au  midi  de  la  maison,  dans  un  champ 
en  partie  détriohé. 

Clohars'Fouesnant.  —  Tuiles  trouvées  dans  un  champ  au 
village  de  Guénven  ;  reiiseighemenl  fourni  par  M.  Qoîjenuec, 
de  Clohars. 

Idem  Tumulus  dans  un  champ  qui  borde  la  route  de  Quim- 
per  à  Béiiodet,  à  droite,  vis-à-vis  du  manoir  de  Bodigi^eau. 

Coray.  —  Enceinte  retranchée  au  village  du  Sallou,  sur  le 
bord  de  la  voie  de  Quimper  à  (larhaix. 

Idem.  -  Tuiles  au  village  de  Trévinily,  dans  Parc-ar^Cha- 
pely  section  H.  l'«  division,  n**  76. 

Mlliant.  —  Camp  retranché  de  forme  rectangulaire,  sur  le 
bord  de  la  roule  d'Iiliiani  à  Tourc'h,  au  village  de  Keraubru- 
non,  section  H,  n^  161. 

Idem.  —  Dans  le  bois  d'Elliant,  camp  romain  de  forme 
trapézoïdale,  défendu  |)ar  des  murs  en  pierres  sèches^  et  par 
des  tours  rondes.  On  y  a,  dit-on,  trouvé  des  tuiles. 

Idem.  —  Borne  railiaire  à  500  maires  du  bourg,  sur  la 
roule  de  Tourch.  L'inscription  a  été  repiquée. 

Idem,  —  Près  du  moulin  du  Chalony,  fragment  de  meule 
d'un  fflouiio  ^  bras,  au  Musée  Archéologique. 

Idem.  —  Tuiles  trouvées  au  bourg  d'Et liant. 

Ergué'Gàbéric.  —  Camp  retranché,  appelé  Coz-Cûstely  au 
village  du  Boden.  A  Tinlérienr  xiombreux  fragments  de  tuiles. 
A  peu  de  dislance,  dans  un  chemin  creux',  meule  supérieure 
d'un  moulin  à  bras. 

Goulien.  —  Fragment  d'amphore  trouvé  près  de  la  chapelle 
de  Saint-Laurent. 

Idem,  —  Reste  d'un  retranchement  rectiligne  dansHMenez- 
ar-Justiçou,  dépendant  du  village  de  Pont-Louis. 

Idem.  --  Camp  retranché  de  fornoie  rectangulaire»  au  village 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  147  -^ 

de  Kerleon,  pr^s  lajchupelje  de  Sainl-Laureni  et  à  peu  de 
dislance  de  la  voie  dV  Caihaix  à  la  Pointe  du  ftaz. 

Idem.  —  Camn  reiranebé,  sur  le  bord  de  la  même  voie,  non 
loin,  à  Touest,  du  mouliir  dU  Casiel. 

Hanvec.  —  Camp  pelrau^aW,  de  fbrrae  reclan^ulaire,  de 
plus  de  cenl  mèlri'S  decôié,  poini  culminanlappel*^  Mené  ar 
Chastel,  au  village  de  Boudouuixeu  ou  Toul-ar-Boudou.  On 
aperçoit  de  ce  poiiil  la  rade  de  BresU 

Idem.  —  Au  village  de  Rozargloed,  wir  le  flanc  d'une  co- 
line,  carap  retranché,  de  petites  difnensions. 

Lanriec.  —  A  la  pointe  du  Cribellou,  snbslruclions  ,  frag- 
raenis  d'amphores,  tuiles  cl  moulins  à  bras,  découveris  par 
M.  Bourassin. 

Leuhan.  —  Camp  relranché  ,  de  forme  retlangulaire^  de 
30  mètres  de  côté,  au  village  de  Coal  plin-Coat. 

La  Martyre.  —  Vases  eti  lerre,  orn^^s  de  dessins  en  relief, 
trouvés,  il  y  a  quelques  années  près  du  cimetière  de  l'église 
paroissiale. 

Pleuven.  —  Au  village  de  Penhoal-Salaun  ,  ou  Penhoal- 
Saint -Thomas,  camp  retraiirhé  de  forme  rectanguhure,  mesu- 
rant 160  mèlres  de  longueur  sur  85  mèires  de  largeur. 

Plogoff.  —  Mur  romain,  large  de  I  mèlre  60  cenlimèlres  et 
long  de  8  mèlres,  caché  sous  le  sable,  à  la  hauteur  de  drmi 
Bjaréq,  dans  labaie/ies  Trépassés.  (Renseignement  à  vérifier). 

La  lecture  de  ce  travail  est  accompagnée  d'explications 
fort  intéressantes,  et  rassemblée  décide  que  ces  premiers 
éléments  de .  statistique  nionumeniali;  seront  insérç^  au 
Bulletin  ,  avec  les  renseignements  supplémeniaires  que 
M.  Flagelle  se  propose  d'y  ajouter.  Elle  espère  avec  le 
concours  des  autres  membres  d^  la  Société,  et  à  Taide  des 
renseignements  'que  voudront  bien  fournir  les  personnes 
qui  recevront  le  Questionnaire,  dont  la  lédaction  a  été 
adoptée  à  celle  séance,  parvenir,  avant  longtemps^  à  dresser 
une  Slaiistique  monumentale,  non -seulement  de  V Epoque 
gallo-romaine,  mais  aussi  de  Tf'pogMe  celtique  et  du 
Moyen- Age  du  département  du  Finistère. 

MM.  Le  Men  et  deMontifauIt  présentent  pour  faire  partie 
de  la  Société  MM.  Rodallec,  juge  de  paix  de  Fouesnant  et 
Alavoine,  Auguste,  propriétaire  a  Fouesnant. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  148  — 

Sur  la  '  proposition   de  W    le   Président,  la  prochaine 
séance  est  fixée  au  liicrcredi  14  avrils  à  deux  heures. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Le  Stcrétalrt,  Y,  db  Moi«tifault. 


OBPRK    DU  JOUR 

Pour  la  séance  du    Mercredi  14  AvRii.,  à  deux  heures, 
4o.n$  une  des  salles  du  Musée  d'archéologie, 

1**  Projet  d'une  circulaire  archéologique  à  soumettre  à 
M.  le  Préfet  du  Finistère. 

2°  Communication  relative  à  la  révision  de$  Monuiaénts 
bistoriqMcs  du  départeoieat. 

3"  Plotice  sur  les  Dames  hospilalières  de  Garhaix^  par 
M.  Faty. 

4°  Le  Parlement  des   IFs  ,   par  M,  R.  -F  Lb  Men. 

Le  Président  de  la  SoeiéU, 

Comte  L.  db  Gabuié. 


Nota.  —  MM.  les  Sociétaires  qui  n'ont  pas  encore  payé 
leur  cotisation,  sont  priés  d'en  adresser  le  plus  tôt  possi- 
ble le  montant  (10  francs),  à  M.  Fatt,  chef  de  bataillon  en 
retraite,  rue  des  Reguaires,  n^*  22,  à  Quiiftper. 


Digitized  by  VjOOQIÇ 


-  149  — 
QUESTIONNAIRE   ARCBÉOJ.OGIQE)B. 


Xtecommandationâ  généraiéd. 

Pour  tous  les  monuments  isolés,  nnenhirs  dolmens,  grottes 
aux  fées,  OFiaisons  dp  korigans,  pierre^  forantantps»  rfioltes 
féodales,  lomt)eaux  anciens,  grottes,  caveaux,  bornes,  ruines, 
voies  roniain<^s.  campai,  croix,  fontaines,  etc....,  il  est  recom- 
mandé d'indiquer,  auianl  que  po'isible,  \^  le  nom  du  lieu  , 
2**  le  numéro  ei  le  nom  de  la  parcelle,  3^  la  secliou  cadastrale, 
4°  Ih  nom  du  propriétaire  et  son  adresse  ,  5"  L'orienlaiion  du 
monum^^nt  :  enfin,  un  peiit  plan  ou  croquis  serait  le  bienvenu. 
Mais  il  ne  faut  pas  que  l'impossibilité  ou  la  difficulté  de  don- 
ner tous  ces  ren-eignemenis  empêche  d'envoyer  ceux  qu'on 
pourra  se  procura. 

Pour  les  objets  trouvés,  indiquer  autant  qne  possible  ,  le 
nom  du  li^  oà  ils^  ont  été  découverts,  Képoque  de  la  décou- 
verte ,  le  nom  du  propriétaire,  son  adresse,  ce  qu'est  détenu 
l'objet  trouvé  ;  en  donner  une  description  aussi  exacte  que 
possible. 

Pour  les  inscriptions,  donner  les  mots  ou  le>s  lettres  isolées 
qu'on  pourra  lire  ;  en  tout  cas,  indiquer  où  se  trouve  Tins- 
cription,  même  si  on  ne  peut  la  lire. 

Nota.  —  On  est  prié  d'adresser  les  renseignements  et,  si 
c'est  possible,  les  objets  trouvés  à  M.  Lk  Mem  ,  archiviste  du 
département,  directeur  du  Musée,  et  secrétaire  d«  la  Société 
archéologique,  k  Quiraper, 

A.  Monumrnts  pi^éliistoriqties. 

1.  Exisle-t-il  dans  la  commune,  près  des  rivières,  des  ruis- 
seaux, ou  ies  étangs,  den  cavernes  ou  des  f^rotles  naturelles 
ayant  pu  servir  d'habitations  à  de^  hommes,  à  une  époque  très- 
ancienne? 

2.  De  semblables  grottes  existent-elles  dans  les  montagnes? 

3.  Quel  est  le  nom  breton  ou  français  que  Ton  donne  à  ces 
excavations  ? 

4.  Trouve-ton  à  l'intérieur  de  ces  grottes,  ou  dans  leur 
voisinage  des  éclats  ou  fragments  de.silex  '^pierres  à  feu),  de 
gré^  lustré  ou  de  quarxiie,  taillés  de  manière  à  avoir  un  ou 
plusieurs  de  leurs  côtés  plus  ou  moins  tranchant? 

6.  Remarque- 1 -on  des  fraî^naenls  de  pierres  ainsi'  taillé», 
dans  les  champs,  les  laudes}  et  uoiammeut  dans  le  voisioag^^ 
d'aiioieaaestcarrièr^s  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


Dans  le  cas  où  on  en  fenconlreratt,  on  e^t  prié  de  les  re- 
cueillir avee  soin,  et  dVn  a4reKâ**r  quHqnesuns  à  M.  Lr  Meh, 
en  indiquant  le  nom  du  Ihhï  ei  le  numéro  d«i  la  parcelle  où  ils 
auront  été  trouvés. 

B.  Menhirs^    Dolmens,    Allées  couvertes , 
Sèuterrains,  etc. 

1.  Exi?flP-l-i!  dans  la  confimune  des  dolmens;  tables  de 
pierres  on  allées  convenez  appelées  en  breltjn  Ty-Korrtkets  , 
Loch-Korriganet  ou  Loch  Korrandonriet  ? 

2.  Des  menhirs  isolés  ou  des  alignements  de  menhirs  non 

taillés?    , 

3.  Des  pierres  branlâmes  ou  autres  pierres  remarquables 
auxquelles  se  railache^t  des  légendes  ou  des  traditions  ? 

4.  ('es  roches  sont-eîje'i  de  même  nature  que  celles  des 
carrières  exfdoiiées  dans  le  pays  ? 

6.  Quel  est  le  nom- breton  qu'on  leur  donne  dans  la  loca- 
lité? 

.  6,  Sont  elles  disposées  en  lignes  droites,  en  cercle,  en  pvale, 
en  carfé,  en  reclanj^le  ? 

7.  Y  a-l-il  des  dessins  ou  des  scnlpt'ires  sur  ces  pierres  ? 

8.  Sont-elles  ou  ont  HIes  été  surmontées  d'une  croix  ? 

9.  A  l»on.lr(Mivé  des  objets  sow«  ces  pierres  ? 

10.  Quels  soni  ce^  objets  et  que  sont- ils  doenus  ? 

11.  Donner  des  renseign^^ments  sur  les  monuments  de 
môme  nature  qui  auraient  été  détruits. 

12.  A-t-on  décotrvert  dani»  la  commune  d^s  cavités  ou  des 
galeries  creusées  dans  le  sol .  et  dans  lesquelles  on  aurait 
trouvé  des  poteries,  des  instruments  en  pierre  ou  en  mèal  > 
ou  tout  autre  vestige  de  rindu>trie  humaine  ? 

C.  Tuiuulus   et   Mottes   féodales. 

1.  Exjste-l.jl  dans  la  coïnmune  des  buttes  ou  élévàlîon's  de 
terre  quî  paraissent  anciennes  et  faites  de  mains  il  honvraes  ? 

2*  tie^  buttes  soni-eUe&  en  Torm^  de  dôme  à  basa. circulaire 
ou  à  base  ovale? 

3.  Ëxiste-t-d  au  sommet  ou  sur  les  cdtés.  des  traces  de 
fouilles  ?.  ,_  .     ..    - 

f.  Y  a*t«il  autour  d'elles  ou  dans  leur  >^di$iiiage  'une  rigole 


"'Digitizedby  Google 


mmmm 


—  ISl  — 

ou  douve,  00  une  élévation  ds  lerre  affeclant  la   forme  4es 
fossés  qui  servent  de  clôture  à  un  champ  ? 

Ces  buttes  portent  ordinairement  les  noms  dé  vouden  , 
vonden^  tuchen,  tusken^   tossen^  torghen,  run^  castel. 

D.  Monuments  romains. 

1.  ¥  a*lHl  dans  les  champs,  et  surtout  sur  le  bord  deà 
chemins  des  bornes  autres  que  les  bornes  modernes? 

2.  Ces  bornes  sont-elles  brutes  ou  taillées? 

3.  Portent-elles  des  inscriptions? 

4.  Trouve- t-on  aux  alentours  des  tuiles  rouges  ayant  uo 
rebord  ? 

5.  Ya-t-il  dan^  la  commune  des  ruines  de  vieilles  murailles 
ou  des  traces  de  fondations  de  forme  carrée  ou  rectangu- 
laire? 

6.  Donner  leur  étendue  ? 

7  Indiquer,  si  Ton  peut,  la  nature  du  mortier  qui  Me  la 
maçonnerie  (chaux,  sable,  dmeni,  moriirr,  terre  glaisej? 

8.  A-Kon  trouvé  dans  ces  ruines  des  débris  de  tuiles,  des 
poteries,  dès  meules,  des  statuettes,  des  anneaux,  des  brace- 
lets, des  mojmaies,  des  armes,  d«»s  ornements,  des  débris  de 
marbre,  des  peintures  ou  des  inscriptions? 

9.  Que  sont  devenus  ces  objets  ? 

10.  Y  a-t-il  des  champs  portant  le  nom  de  Carn,  de  Car' 
neiilou,  de  Veret  ou  de  Cimetières  romains  ? 

E.  Voies  romaines. 

1.  Exisle-l-il  dans  la  commune  d'anciens  chemins  assez 
larges  que  l*on  suppose  avoir  été  des  rouies  romaines? 

2.  Sont-ils  pavés,  ou  reste  l-il  des  traces  de  pavage  ou  de 
dallage  à  certains  endroits,  surtout  dans  les  bas-fonds  ? 

3.  Obrther  leur  largeur  à  ces  endroitfe? 

4.  Trouvel  on  dans  les  champs  qui  les  a  voisinent  des  mon- 
naies, des  meules,  des  tuiles  ou  des  briques  à  rebord  ou  des 
traces  de  fondations  de  maisons  ? 

5.  Quels  noms  portent  ces  chemins  en  breton  (nom  d'un 
saint,  d*un  personnage  célèbre  ou  légendaire,  ^deHênt-Gatfec, 
de  chemin  des  SepiiSainUt^  etoO? 


Digitized  by  VjOOQIC 


-   152  — 

6.  jSxistPrt-il  <^ur  leur  parcours  des  bornes,  des  meobirs  tail 
lés,  des  croix  ? 

7.  Ces  aïonumçuls  porteni^ils  des  inscripUons  ou  dessculp- 
Inres  ? 

8.  Donni-r  la  direciion  du  chemin,  le  nom  des  villages  qu'il 
traverse  ou  près  desquels  il  passe  ? 

9.  liHliquer  la  largeur  de  chemin  dans  les  parlies  qui 
resl^nl  lesml'nx  conservées,  même  quand  ou  ny  veiwi  pas 
de  pavage  ou  de  dallage. 

F.  Forteresses  gauloises  [Oppida).  —  tiàmps  romains. 

1.  Y  a-l-il  dans  la  commune  des  emplacements  qui  passent 
pour  avoir  élé  des  camps  rôiuains  ou  anrrés? 

2.  Y  irouve-l-on  des  traces  de  lieux  qui  sembleni  avoir  élé 
retranthés  ou  loriifii^s  au  moyen  de  remparts  ou  d'encemles 
en  pierres  ou  en  len-^  ? 

3.  Indiquer  le  nom  breton  qu'on  leur  donne? 

4.  Quelles  sont  les  dimensions  de  ces  camps? 

6.  Y  trouve-ton  des  monnaies,  tuiles,  meules,  briques  à 
rebords  ou  autres  objets  anciens  ? 

6.  Ont-ils  une  forme  ronde»  ovale  ou  rectangulaire  ? 

7.  Indiquer  le  nombre  des  remparts,  fossés  ou  reiranehe- 
raents  qui  conipos«^nt  renceitiie,  Idur  élévaiiau  au-dessus  du 
sol  intérieur  ei  leur  élévation  au-des"<us  du  sol  extérieur  oii^de 
la  douve  qui  les  accompagne  souvent? 

8.  Remarque-ton  à  Tiniérieur  des  traces  de  petiies  maisons 
ou  d'habitations  de  forme  carrée,  rectangulaire,  ronde  ou 
ovale  ? 

9.  Y  a-t-il  des  traces  de  ch  rains  aboutissant  à  ces  camps 
ou  passant  dans  leur  voi>inage? 

10.  Quelle  est  la  longueur  de  ces  chemins? 

11  Quelles  sont  les  dimensions  approxioi^li^'cs  de  ces 
camps  ? 

12.  Sont-ils  dans  le  voisinage  de  marais  do  ruisseau  o»  de 
fontaines? 

G.  Monnaies,  lïiédaiilles ,  urnes  ciki6rak»es ,  poterie» 

et  autres  objets. 

MM.  les  correspçndanl*^  soîvI  priés  lorsqu'une  déowWerte 
quelconque  de  médailles,  monnaies^  u^nês- cinéi^it'^ftf  poleritr 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  133  — 

«t  autres  ub^eis  anciens,  aura  Itfu  dan»  leur  commune,  d'en 
donner  immédiateaieni  avis  à  M.  Le  <Hen,  secrétaire  de  h 
Société,  en  indiciuani  d'une  manière  précise: 

]o  Le  lieu  où  elles  oni  été  trouvées  et  dans  quelles  cir- 
constances. 

i^  Si  les  monnaies  étaient  en  masse,  ou  éparses,  ou  enfer- 
mées dans  un  %ase,  ou  dans  tout  autre  réceptacle,  tel  qu'umeSi 
tombeaux,  elc  ;  en  ce  cas  décrire  le  vase  ou  tombeau. 

3°  Si  elles  étaient  senles  ou  accompagnées  d'objets  quelcon- 

âues,  teis  que  bracelets,   fibules,  toi*ques,  armes  ou  parties 
'armes,  ossements,  etc. 

40  De  quel  métal  sont  les  monnaies,  médailles  ou  autres 
objets. 

5*  Quel  est  leur  nombre  total  et  partiel,  suivant  le  naétaL 

6<>  Dans  le  cas  où  les  médailles  seraient  trouvées  dans  des 
yases,  se  procurer  autant  que  possible  ces  vases  s'ils  sout 
entiers  ou  leurs  débris sMIs  sont  brisés. 

7*  Sinformer  exactement  en  quelles  mains  ces  médailles 
ont  passé,  afin  qn*on  en  puisse  suivre  la  trace,  et  recueillir, 
dans  rintérêt  de  la  science,  celles  qui  préseuteraient  de  Tin- 
térèl. 

Ou  ne  saurait  trop  recommander  à  «eux  qui  trouvent  des 
monnaies  ou  des  médailles,  de  ne  les  soumettre  ï  aucun  h^ 
vage  ou  nettoyage,  qui  dans  des  mains  inexpérimentées,  peut 
les  altérer  sensiblement  ;  d'éviter  surtout  de  les  frouer  sur 
des  pierres,  et  de  1^  nettoyer  avec  du  sablon  ou  même  i 
l'aide  d'agents  chimiques. 

Une  médaille  ainsi  traitée  perd  toute  valeur. 

Ceux  qui*  auraien^t  trouvé  ou  communiqué  quelques  mon- 
naies ou  autres  objets,  voudront  bien  iniNquer  s*ils  sont  dans 
l'intention  de  les  offrir,  et,  dans  le  cas  où  ils  voudraient  les 
vendre,  quel  prix  ils  y  attachent, aGu  que  la  Société  d'archéo- 
logie puisse  juger  de  l'étendue  du  sacrifice  que  le  Musée  dé- 
partemental pourrait  faire  pour  les  acquérir. 

H.  JBglises,  Cbapelles ,  Cimetières. 

1.  T  a-t-il  sur  les  murs  imérieurs  ou  exiérieurs  des  élises, 
des  chapelles  ou  des  reliquaires  (ossuairesj»  des  dates  oa  des 
inscriptions  ? 

-   2.  Ces  inscriptions  sont-elles  rédigées  en  latm,  en  français 
ou  en  breton  ? 

SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUB.  *  18 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  iU  — 

3.  Ces  moniiriK^nts  renferment-ils  des  tônobeaui  anciens 
avec  ou  sans  sculptures  ou  inscriplions? 

4.  Des  vitraux  peints  anciens,  portant  des  inscriptions,  des 
dates  ou  des  armoirie**? 

6.  Des  peintures  à  fresque  sur  les  nnurs  ? 

6   De  vieux  tableaux  sur  toile,  sur  cuivre  ou  sur  bois  ? 

7.  De  vieilles  statues  en  pierre  ou  en  bois  ? 

8.  De  vif  ux  meubles  ? 

9.  De  vit'illes  tapisseries  ? 

10.  Des  reliquaires  en  niéial  ou  ea  bois  ? 

11.  Des  croix  de  procession  ? 

12.  D'anciens  vases  sacrés  ? 

13.  D'anciennes  bannières  ? 

14.  Indiquer  le  nom  du  «^aint  patron  moderne,  et  des  anciens 
patrons  de  ré{»lise  paroissiale  et  des  chapelles? 

15.  Y  a-t-il  dans  T^glise  des  écussons  en  pierre;  d'anciennes 
stalles  et  une  ancienne  chaire  â  prêcher  eu  bois  sculpté  ? 

16.  Existe-t-il  à  l'extérieur  une  chaire  à  prêcher  en  pierre? 

17.  Y  a*l-il  sous  l'église  une  chapelle  souterraine? 

18.  Les  cloches  porienl-elles  d'anciennes  inscriptions  ou 
des  dates  ? 

19.  Quel  est  le  texte  de  ces  inscriptions  ? 

20.  Y  a-t-il  d'anciens  registres  de  la  fabrique  ? 

21.  A  quelle  année  remontent-ils  F 

22.  Exist«-t-il  encore  d'anciennes  cuves  à  baptême,  ou 
d'anciens  fonts  baptismaux,  d'anciens  b<^nitiers?  ' 

23.  Y  a-t-il  une  chapeHe  dédiée  aux  Sept  Saints  ? 

24.  Trouve-i-on  dans  les  églises,  les  ch;<pelles,  ou  dans  les 
cimetières,  des  pierres  cubiques,  cylindriques  ou  hexa^^onales 
creusées  sur2ou  4  del«*urs  faces,  d  ad^es  en  forme  d'écuelles, 
et  innuies  snr  2  de  leurs  côtés  de  tourillons  ou  de  renflements 
qui  permettent  de  les  soulever  ? 

(>es  pierres  qui  servent  la  plupart  du  temps  de  bénitiers, 
ne  laissent  voir  qu'un  de  leurs  creux.  V\\t>  servaient  autrefois 
à  étalotmer  les  mesures  de  capacité,  et  la  vérification  se  faisait 
ordinairement  près  du  portail  de  Téglise. 

25.  Y  a-t-il  dans  le  cimetière  d'anciens  tombeaux  creusés 
en  forme  d'auges,  des  pierre^  levées,  ^^w  menhirs  taillés,  avec 
des  raies,  des  cannelures,  des  dessins  ou  des  sculptures  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  185  — 

I.  Gliâ4;eaux  et  Manoirs,  vieilles  Maisons. 

Indiquer  les  doois  des  anciens  chât(*aux  ou  manoirs,  les 
inscriptions,  armoiries,  sculptures  el  dates  qui  se  trouvent 
sur  réiiiQce,  les  meubles  et  les  objets  curieux  qu'ils  peuvent 
contenir. 

K.  Fontaines  et  Saints. 

r.  Indiquer  le  nom  des  ancit'nnes  fontaines,  le  nom  des  saints 
auxquels  elles  sont  dédiées,  les  légendes,  les  croyances  reli- 
gieuses, médicales  ou  superstitieuses  qui  s'y  rattachent. 

3.  Y  a-i-il  dans  la  commune  une  fontaine  dédiée  aux  Sept 
Saints? 

3.  Pour  quelles  maladi*"S,  el  pour  obtenir  quelles  grâces 
particulières  invoqie-t  on  les  saints  patrons  des  églises  ou 
des  chapelles  de  ta  parois.se  ? 

L.  Traditions,  Légrendes,  Superstitions. 

1.  Indiquer  les  croyances  superstitieuses,  les  légendes,  les 
traditions,  les  chansons  populaires  bretonnes  et  les  contes  de 
veillées  qui  ont  coui*s  datis  la  commune. 

3.  Y  a-i  il  des  incantations  ou  oraisons  à  Taide  desquelles 
les  sorciers  prétendent  guérir  les  maladies  ? 

3.  Donner  le  texte  breton  de  ces  oraisons  ou  incantations. 

4.  Indiquer  le  n  )m  breton  des  plantes  dont  les  médecins  de 
campagne  se  servent  pour  guérir  les  malades,  ou  les^  personnes 
à  qui  on  a  jeté  un  sort 

M.  Rivières  et  cours  d*eau. 

1.  Quels  sont  les  divers  noms  bretons  et  français  des 
rivières  et  des  principaux  cotirs  d'eau  de  la  commune  ? 

2.  liidlqnnr  le  point  où  ils  prennent  leur  source,  et  rendroit 

où  ils  se  jettent  dans  la  mer  ou  dans  une  autre  rivière. 

« 

N.  Documents  cadastraux. 

Liste  de  quelques  noms  de  localités  qui,  seuls  ou  combinés 
avec  d*autrés,  indiquent  souvent  la  place  d'un  monument  ou 
d'une  place  ancienne. 

Les  correspondants  se  procureront  sans  peine  ces  rensei- 
girements,  en  consultant  les  étals  de  section  de  chaque  com- 
mune. Ils  pourront  ensuite  se  rendre  sur  les  parcelles  portant 


Digitized  byVjOOQlC 


—  166  - 

un  des  Boms  iH^dessons,  et  rechercher  s'U  D'y  eiisle  pas  de 
vejslîges  d'antiquités. 


B 

D 

Korrigan 

Be 

Bez 

Beuzec 

Dorgan 

D(»rguen 

DouYès 

Korrigannet 

Kerstrat 

Kerronwii. 

BeiizU 

Douffès 

L 

Biitîi 

Dol 

La  Motte 

Buziidic 

F 

La  Boissière 

Boissière 

F09 

Lia  \ém 

Boden 

Fouden 

Liavfn 

Booden 

Fonde» 

La  Salle 

C 

Fur: 

Les  Salles 

Fos  douar 

Le  Salou 

Carn 

Fosiadec 

Carnet 

M 

Carneiltou 

Q 

Manac*h-Ru 

Castel 
Casteltic 

Granges 
Groach 

Men 
Men  hir 

Gasteliou 

Granec 

Men-t^u 

Cbasiel 

Grouanec 

Meur 

CbasteRic 

Muriott 

Cbaruel 

H 

Muriaou 

Cloastre 

Hanl 

Mousioir 

Cloislre 

Hent 

Mouster 

Cio&ire 

Hent-bras-Coz  Mouden 

Cos 

Hentguer 

Moguer 

Cosquer 

Hentmeur 

Mogueriou 

Coguel 

Uorreguet 

Motte 

Coquel 

Hourigao 

P 

Cor 

Coriquet 

J 

PeuWeH 

Couriquel 

Jusiiçoa 

Pavé 

Corrîgaa 

K 

Peolioa 

CorandoB 

Q 

Corandonet 

Kergoat 

C*hrouiflet 

Kor 

Quistillic 

Coz 

Korreguel 

Queslel 
Quistilliou 

Crever 

Korriquei 

Roudou 

Ruguel 

Run 

Rimial 

Raquérioii 

Romen 

Romaoet 

S 

Saal 

Sal 

Salioa 

Salou 

Strat 

Strcat 

Sirat-Glaz 

T 

Tout 

Torgan 

Torgii^n 

Tossen 

Tour 

Tourel 

Trepaz 

Trepazou 

Tucben 

Tusken 

V 

Veret 

Veuzit 

Vuzul 

Vouden 

Vonden 

Vedette 

Vur 

Véan 


Digitized  by 


GooQce 

1 


LISTE   GÉNÊR/ILE 

DBS 

MEMBRES  DE  LÀ  SOCIÉTÉ  ARGHËOLOGIQDË 

DU    FINISTÈRE 
AU    MOIS    DE    MARS     1875. 


MU.  L'abbé  Abgball,  professeur  au  collège  de  Pont-Groix. 
Affichabd,  fils,  propriétaire  à  Qiiimper. 
Alavoine;  Joseph,  adjoiot  au  maire  de  Quimper. 
Allard,  fils,  entrepreneur  à  Quimper. 
AsTOB,  maire  de  Quimper. 
AuDBAiN,  notaire  à  Quimperlé. 
Ayrault,  substitut  du  procureur  de  la  République  b 
'   Quimper. 
Bahezbe  DE  Lanlay  ,    garde  général   des    forêts    à 

Landerneau. 
L'abbé  Bateg,  aumônier  de  Thospice  de  Morlaix. 
Bjgot,  architecte  du  département. 
Bigot,  architecte  diocésain. 
BiNET,  vétérinaire  à  Quimperlé. 
De  Blois,  Xavier. 

Le  Bolloc'h,  juge  suppléant  à  Morlaix. 
Bollobé,  Alexandre,  propriétaire  à  Quimper. 
BouKASSiN,  membre  de   plusieurs   sociétés  savantes, 

à  Goncarneau. 
Bbiot  de  la  Mallerie,   président  de  la  Société  d'A-* 

griculture  de  Quimper,  à  Penhars. 
Caen  dit  Lion,  imprimeur  à  Quimper. 
Le  docteur  Le  Gabb,  à  Quimper. 
Canvel,  piofesseur  à  Quimper. 
'De    Carné  ,    membre   de  TAcadémie  française  ,     à 

Quimper. 
De  Garné^  Edmond,  à  Quimper. 
De  Ghamaillabd,  fils^  avocat  a  Quimper. 

12 


Digitized  by  VjOOQIC 


w  1S8  ^ 

MM.  Du  GHATfiLLiBR,  Correspondant  de  rinstitut,   à  Pont- 
l'Abbé. 

Comte  Db  Ohauvëau,  propriétaire  au  château  de 
Keriolet,  à  Beuzec-GcAQ. 

Glaibbt,  imprimeur  à  Quimperlé. 

Pc  QVBVZiau^  apciea  pressent  de  la  Se,c|été  ^rçl^^^o- 
logique  des  Gôtes-du-Nord,  à  Plouévez-du-Faou. 

Le  docteur  Goffbg,  à  Quimper. 

Colomb^  ancien  conseiller  de  préfecture,  à  Quimper. 

GoBMiBB,  avocat  à  Quimper. 

Du  GouÉDic^  membre  du  Conseil  général,  à  Qiiimpérlé. 

Db  Gourct  (Fol),  à  Sainl-Pol-de-Leon. 

Qoziç,  chef  de  diFiakun  à  la  Ppélecture. 

Le  Dall,  sculpleur  à  Landerneau. 

Dçyoïft-S^mT-SBVBiH,  commis  de  direction  des  postes. 

Durbst-Lb  Bbis>  avocat  à  Quiipaper. 

DuvAL,  vérificateur  des  dojaoaine§  à  Quimper. 

Fatt,  chef  de  bataillon  eni^eiri^te,  à  Quimper. 

F^VTitBL,  pharmacien  à  Quimper. 

Flagblle,  expert-arpenteur  à  Landerneau. 

Vt%  Forsahz,  député  à  l'Assemblée  nationale. 

FouGBEAT,  membre  du  Conseil  municipal,  à  Quimper. 

Fonuiof ,  eapîtaiiia  de  vaisseau,  membre  du  Conseil 
général,  à  Brest. 

Frainçois,  chef  d'escadron  commandant  la  gendar- 
merie du  Finistère,  à  Quimper. 

Friblb,  propriétaire  à  Quimper. 

Frochbiv,  fils,  négociaolà  Quimper. 

H.  Gaipoz,  directeur  de  la  Revive  Ceitiqm,  à  P^m. 

Gaburt,  membre  du  Conseil  général,  à  Garhaix. 

GoRVAN,  avoué  à  Quimper. 

GoviEi  (Auguste),  rue  des  Reguaires,  à  Quimper>. 

De  Goy  (Stephen),  avocat  à  Quio^per. 

L'abbé  Guêguénou^,  recteur  de  Saial-Mavtin  de  Morlaix. 

GuBRMBUR,  avoué  a  Ghàteaulin. 

Db  Gubrnisac,  membre  du  Qonseil  géEéra),  à  Moriaiz. 
.    L'abbé  GnaLARD,  à  Quimper. 

Lb  Guillou-Pbnanros,  membre  du  Cons^  général, 
à  Douarnenez. 

Lb  GuiLLou-PxiukQROs ,  luge  à  Bireat. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  139  — 

MM.    Lfi  ^uiLLou-FfiNAMBOs ,  fils ,   propriétaire   à   O&à-^ 

carneau. 
G^iTOT ,  n^oêiant  à  Quiioper,  membre  du  Conseil 

municipal. 
GuTHo  ,  avocat  à  la  cour  de  cassation  à  Paris. 
Le  docteur  HàLiâGiiBN  ,  à  Ghàteaolin. 
Hémon  ,  Louis  ^  fivocat  à  Quimper. 
Hénon,  Prosper. 
Hénon  ,  notaire  à  Qoipaper. 
Th.  Hersart  de  Là  Villbharqvé,  membre  de  l'Ins- 
titut, à  Quiixiperlé. 
De  Jacquexot  ,   Louis  ,   ancien   secrétaire  général , 

à  Quimper^ 
De   Jacqublot  ,  Joseph. 
Jambt  ,  propriétaire  à  Chateaulin. 
L'abbé  Jéoou  ,  \icaire  générai.  ' 

Jdnkbr,  ingénieur  ordinaire  des  ponts  et  chaàssées  à 

Quimper. 
R.  De  Kerrbt  ^   à  Brasparts. 
G.  De  Kerrbt  ,  à  Gonesnac'h. 
De  Kerjëou  ,  Louis ,   maire  de  Seini-Goazec. 
Db  Kbrsau7.on  ,  membre  du  conseil  général  à  Ploné- 

zoc'h 
L'abbé  KcRtAN^   recteur  de  Plouzané. 
L*akbé  de  Kbrraérbt  ,  à  Quimper. 
JLacostb  ,  membre  du  conseil  général  à  Chateaulin. 
De  tk  Landr  db  Galan^  maire  de  Trégune^  à  Quimpei 
Laporte,   avoue  à  Quimper. 
Du  Laurens  de  la  Barre»  anèien  officier  de  marine^ 

à  Quimper. 
De  Légluse,  Amédée ,  tuembre  du  conseil  général 

h  Audierne. 
LoARER  ,  agent- voyer  en  chef  des  chemins  vicinaux, 
LoRAris ,   avoué  a   Qnimperlé. 
Loyer  ,  étudiant  en  droit  à  Paris. 
Malen  ,  professeur  à  Quimper. 
MalhbrbIb*  te  la  BofssiÈRË^  à  Ergué-Armeli 
L'abbé  Di)  Marg'hailac'iIv  vicaire  générât 
De  MAtiDutT,  membre  du  conseil  général,   à  Riec 
R.-F.  Le  Mbn  ,  archiviste  du  département. 


Digitized  by  VjOOQIC 


g^£* 


—  160  - 

MM.  De  Momtjfault,   ancien  sous-préfei,  à  Quimper. 

MoKEAt^  Stanislas,   à   Quimper 

Le  M1R9  ancien  directeur  des  domaines,  à  Quimper. 

M^  NouviL ,  évâque  de  Quimper  et  de  Léon, 

De  Pascal  ,  propriétaire  à  Plomeur. 

Peybon  ,  propriétaire  à  Quimperlé. 

L*abbé  Pëtron  ,  secrétaire  de  Tévêché. 

PiHOBET  ,  préfet  du  Finistère. 

Poéard-Kbryiler  ,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées 
à  Mantes. 

Th.  De  Pompbry,  député  à  T Assemblée  nationale,    à 
Rosnoën 

L'abbé  Postic  ,  recteur  de  Plonévez-Porzay, 

PoYo,  architecte  à  Morlaix 

De  Quélen,  Prosper,  rue  du  Quai,  à  Quimper. 

L'abbé  Qvèsienegb,  curé  de  Sainie-Croijj  a  Quimperlé. 

De  Baishes  ,  membre  du  conseil  générai  a  Guilligo- 
marc'h. 

De  RËMo^fD  nu  Ciselas,   receveur  des   domaines  h 
Quimper. 
.    Richard  ,  préfet  honoraire  du  Finistère  Quimper. 

Richard,   Amédée,  receveur    de  l'enregistrement  a 
Ghàteaulin, 

RiCHiRD ,.  juge  de  paix  à  Landerneau. 

Rossi,  propriétaire  à  Quimper. 

RoDSSiN  ,  propriétaire  a  Plomelin. 

Roumain  de  la  Touche^  ancien  procureur  impérial. 

Le  Roux,  membre  du  Conseil  général,  à  Landivisiau. 

Le  Rouxbau  de  Rosencoat,  membre  du  conseil  gé- 
néral à  Elliant.  * 

De  Saisy  ,  Paul ,  à  Plounévézel. 

Salmon-Laubourgère,  président  du  tribunal  deDinan. 

Sauvé,  vérificateur  des  douanes  à  Brest; 

De  Saint-Georges  ,  propriétaire  à  Melgven. 

De  Solminihac  ,  propriétaire  à  Névez. 

SouDBY  ,  avoué  à  Quimper. 

SuRAULT  ,  inspecteur  d'académie  à  {}uimper. 

TouLLEBioNT  ,  négociant  au  Guilvinec,  6n  Plomeur. 

De   Trogoff^  Charles,  à  Coatalio,  en  Fouesnani. 


Digitized  by  VjOOQIC 


TABLE  DES  MATIÈRES   DU  TOME  II. 


Pages. 

Séahge  du  13  juin  1874.  —  Admission  de  M.  Su- 
rauU|~ inspecteur  de  l'Académie,  comme  membre  delà 
Société.  -  Analyse  d'un  mémoire  de  feu  M.  Arzel,  curé 
de  Ploudalmézeau  (Finistère),  sur  les  antiquités  de  celle 
commune.  —  Mention  (^'un  travail  de  M.  Tabbé  Abgrall, 
professeur  au  Petit-Séminaire  de  Pont-Croix,  sur  l'église 
paroissiale  de  celte  ville.  —  Débornemenls  du  parc 
ducal  de  Coëtloc'b,  en  la  commune  de  Scaër,  par  M.  Fla- 
gelle. —  Tarif  des  droits  de  marchés  de  Plouescat,  par 
le  même.  —  Programme  de  la  section  d'archéologie, 
proposé  pour  le  Congrès  de  Vannes  de  1874.  —  Ordre 
du  jour  de  la  prochaine  séance.  —  Dons  ofTerts  au  Musée 
départemental  d'archéologie  par  MM.  de  Trogoff,  Durest- 
Lebris,  Duval,  Bigot,  père,  Mahé,  Mary,  et  par  M™«  veuve 
Sionnet 1 

Séangb  du  25  JUILLET  1874.  —  Rcmercîments  de  M. 
Surault,  inspecteur  de  l'Académie.  —  Admission  de  MM. 
Charles  de  Trogoff  et  Auguste  Govin,  comme  membres  de 
la  Société.  —  Mémoire  sur  Vorganium,  Vorgium  et  la 
cité  des  Osismii,  par  M.  le  Men.  —  Notice  sur  les  seigneu- 
ries de  Trogoff  dans  les  évêchés  de  Tréguier  et  de  Léon, 
par  M.  de  Montifault.  —  Ordre  du  jour  de  la  prochaine 
séance.  —  Dons  offerts  au  Musée  par  MM.  le  docteur  Le 
Hir,  Amaury  de  Kerdrel,  Rodalec,  Duperré,  Merlin, 
Lucas,  F.  Dufeigna,  Prosper  Hémon,  Daniel  Verniol  et 
Retul.    • 17 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  162  — 

Pages. 

Séârgb  du  19  JANVIER  1876.  —  Mort  de  M.  Ajmar  de 
Blois,  président  de  la  Société  archéologique  :  Allocution 
de  M.  le  comte  de  Carné,  de  l'Académie  française.  —  M. 
de  Carné,  nommé  président  et  M.  Audran  nommé  vice- 
président  dé  lÀ  Boéïété.  —  Projet  d*un  Questionnaire  âr- 
chéologique  à  adresser  aux  Instituteurs.  —  Sainte  Guen 
Teirbron  et  saint  Cadvan,  par  M.  Le  Hen.  —  Ordre  du 
jour  de  la  séance  du  13  mars.  —  Dogumbuts  histori- 
QUBs  :  -T-  III.  Saisie  faite  )^ar  te  ductile  Méi^œbf  dà  tiem- 
porel  des  bénéflciers  qui  suivaient  )«  paHi  du  roi,  1690. 
—  IV  Délibération  des  pttrôissiens  de  saiht  Mélainé  dô 
Morlaix  relative  6  lia  défense  de  cetl^  Ville  contré  le  itaa- 
réchal  d'Awmont,  1692  ;  —  V.  Frâiiittent  d'un  compté 
du  Rusquec  (CornôuailIeH  XVI^  siècle;  —Vl.  Etat  dès 
monuments  précieux  qui  se  trouvent  ddhs  quelques 
églises  du  district  de  Horteik  ;  -^  VU.  Lettre  irelalive  dû 
séquestre  mis  sût  les  biens  dé  La  Tour  d'Auvergne  ;  — 
Vill.  It  tombeau  de  Michel  Ntbblet,  danB  l'^lis»^  do  Là- 
christ;  -^  iX   Lettre  d«  Renne»  du  4  jahvier  1761  ;    .      97 

SËAm^  Dû  13  Éâitè  18716.  ^  IMs(3Uséion  ël  adoption 
des  artictes  d'uii  Xh^tionnaîH  àï'ehéologiquè  t  adresser 
aux  Int$titutè1Sirs  et  h  d'autres  fonctionnaires  d^  départe- 
ment. —  Statistique  monumentale  du  Finistère  :  Époque 
romflifi»,  për  M-  LeMen.  —  Addilîéns  à  ce  lïàv^t  piro- 
posées  par  M.  Fla|;ellè.  ->  Ordre  du  jour  de  la  séandô 
du  14  àHil  4    .    .    ^    ,    i    .    .    , 141 

Listé  GifftiBMA  bbs  usumbs  é>b  là  soclÉtË. 

Fm  DB  LA  TABLB  DBS  MATIÈRES. 


ErratiM.  —  A  la  ï)âge  94,  dàtis  l'ôVdre  dtt  jôttt-,  au  lié^  d^ 
tHmanimiSy  lisez  Trimammis, 


Digitized  by  VjOOQIC 


BULLETIN 


BB    LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DU  FINISTERE 


Digitized  by  VjOOQIC 


Digitized  by  VjOOQIC 


JÏiÉ 


BULLETIN 


j 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 

DU   FINISTÈRE 


— — e«C3f-<C>«3C=>9 

TOME  III 


1875-1876 


QUIMPER 

IMPRimERIB    B* ALPHONSE    GAEN 

1875-1876. 


Digitized  by  VjOOQIC 


Digitized  by  VjOOQIC 


BULLETIN 

DB    LA 

SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DU  FINISTÈRE 

SÉANCE  DU  13  MARS  1875. 


Présidence  dé    M.    DE  CARNÉ 

DE  l'académie  frauçaisb. 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

Présents  :  MM.  de  Carné,  Audran,  Malen,  L.  de  Jacquelot 
du  Boisrouvray,  de  Pascal,  Le  Men^  de  Moniifaûlt. 

M.  le  Pré'^îdent  fait  connaître  que  la  société  a  à  regretter 
trois  pertes  récentes  parmi  les  membiesqni  la  composent. 
Ces  pertes  sont  celles  de  MM  Le  Hir,  de  Morlaix  ;  Le  Caër, 
de  Qtiîmper,  et  de  Giierntsac  Tous  trois  avaietit  fourni  leur 
contingont  à  la  société  d'archéologie,  tous  trois  avaient  été 
des  premiers  à  contribuer  à  sa  fondation.  Ils  aimaient  les 
études  historiques  et  cherchaient  à  mettre  en  lumière  tout 
ce  qui  pouvait  être  utile  dans  le  passé  et  dans  le  présent  à 
la  province  de  Br^^tagoe,  dont  ils  étaieut,  tous  trois,  d'utiles 
et  de  charitables  fils. 

Ces  morts  récentes  rappellent  à  M  le  Président  que  le 
plus  émim'nt  des  membres  de  la  société,  son  président 
M.  de  Blois,  a  été  h  la  dernière  séance  1  objet  d'unanimes 
et  douloureux  regrets  II  en  sera  de  même  pour  les  mem- 
bres que  nous  venons  de  perdre,  miiis  M  de  Carné  n'ose 
pas,  à  cette  séance,  donner  une  esquisse  biographique  de 
MM  de  Gnernisac,  Le  Caër  et  Le  Hir.  dont  la  mort  est  trop 
récente  pour  qu'il  ait  pu  recueillir  les  documents  néces- 
saires^ 

M  Le  Men  annonce  à  la  Société  qu'il  attend  sur  M.  le 
docteur  Le  Hir  des  notes  biographiques  qui  lui  ont  été 
promises  par  notre  coofrère^  M.  Puyo,  de  Morlaix« 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  î  — 

Il  donne  ensuite  lectured'une  note  remise  par  M.  de 
Hfoniifaulty  et  extraite  d'une  lettre  de  M.  d^  Goiircy,  de 
laquelle  il  résulte  que*  le  tableau  de  saint  Guen,  dont  il  a 
été  fait  mention  à  la  séance  au  mois  de  janvit^sr  (i)  n'rst 
pasdans  la  paroisse  de  Plouguien  (Gôies-du-Nord),  mais 
biendans  ce^le  de  Plonguin,  arrondissement  de  Brest ,  où 
est  situé  le  manoir  de  Les v en. 

M  Le  Mon  fait  remarquer  qu'il  n'a  fait  que  citerFou- 
vrage  de  M  Gaultier  du  Moiiey. 

Il  donne  ensuite  lecture  à  l'assemblée  d'une  circulaire 
du  Préfet  de  la  Greuse  au  sujet  dos  recherches  archeolo- 
logiques.  Gette  circulaire  est  ainsi  conçue  : 

Messieurs, 

Je  n'ai  pas  b«>soin  de  vous  rappeler  que  le  chef-lieu  du  dé- 
partement possède  un  Musée  qui  occupe  un  rang  imporlanl 
parmi  les  (^lab1i^^se^lents  du  même  genre,  et  où  ^oni  classés 
avec  soin  tous  les  obj»*is  qui  inrmeni  comme  les  anh  vt-s  de 
rbistoire  locale.  Ces  coliecMons  Iruil  de  paiii*nie>  rt^rhenhe^ 
n'oni  pas  seulement  pour  but  de  fournir  «le  nouveaux  «^iénienls 
à  l'hîsloirede  notre  province;  elles  répandant  enC4»re  !*■  goût 
et  le  progrès  des  aris  en  Iburuissaul  des  modèles  précieux  aux 
artistes  el  aux  iudusiriels. 

Vous  comprenez  combien  II  importe  que  rien  ne  soit  perdu 
parmi  les  objets  qiiem*'iienl  à  découvert  les  fouilles  heureuses 
dues  au  ha^^ard  ou  guidées  par  la  science. 

Les  haches  de  l'âge  de  pierre,  les  armes  de  bronze,  les 
monnaies  et  inédailles,  les  amphores  d^  verre,  d'argile  ou  de 
m^tal,  les  meubles  anciens,  les  inscriptions,  nous  révèlent 
rmtelligence  et  les  mœurs  des  anciens  habitants  de  la  (  reu?e. 

Des  mesures  oui  été  prises  à  l'égard  des  (rigmenis  décou* 
verts  par  les  entrepreneur^  de  travaux  publics  ;  mais  il  e^l  né- 
cessaire que  de  semblables  précautions  soient  établies  en  ce 
qui  concerne  les  découvertes  faites  par  des  particuliers..  Dans 
ce  dcsrniercas,  je  vous  serais  reconu.iissaut  d'enjrager  les  ha- 
bitants de  \otre  commune  à  vous  signaler  les  objets  trouvés 
prfr  eux  et  ayrtul  une  valeur  arc.héiito<;iqiie,  afin  que  vous 
puissiez  iuimédialement  m*en  informer.  Je  m'empre.««serai 
d'e«»voyer  sur  les  lieux  des  bommes  compétents  pour  les  ap- 
princier. 

Quant  aux  découvertes  qui  ne  sont  pas  transporlables,  telles 

(1)  Voir  le  dernier  voltune  du  Bulletin,  page  106, 


Digitized  by  VjOOQIC 


_  5  _ 

3ae  tombes  gauloises,  gailo-roinaines  ou  franques,  vestiges 
e  voies  romaines  ou  d*habitatious.  etc.*  ks  Din>cleurs  du 
Musi^e  se  leroiil  un  devoir  d'aller  relever  les  plans  et  descrip* 
lions  de  ce<  monumeiits  avant  leur  destruction  complète 
nécessitée  par  les  travaux. 

En  vous  conformant  à  ces  Instructions,  vous  seconderez 
puissamment  les  efforts  de  ta  Société  scientifique  du  déparle- 
meni,  et  vous  compléterez  l*inveuiaire  de  no<«  richesses  archéo- 
logiques. 

Je  vous  prie  également  de  vouloir  bien  me  faire  connaître  « 
s*il  existe  actuellemeiii  «tans  votre  commune  âe>  objets  ou  des 
monuments  ponvant  pré5emer  quelque  iuiérét  au  point  de 
vue  de  la  science. 

Je  recommande  à  MU.  les  Maires  de  communiquer 
la  présente  circulaire  à  MM.  les  conseillers  municipaux  qui, 
disséminés  dans  les  h  iraeaux,  leur  prêteront»  )e  n*eu  doute 
pas,  un  utile  concours. 

Agréez,  Messieurs,  etc. 

La  circulaire  du  Préfet  de  la  Creuse  est  approuvée  par 
tous  les  membres  de  la  réunion,  qui  deinanJeni  au  bureau 
défaire  auprès  de  fd.  la  Préfet  «lu  Finistère  les  démarches 
nécessaires  pour  obtenir  qu'il  adresse  aux  sous -préfets  et 
maires  une  circulaire  analogue. 

M.  Le  Men  désirerait  qifon  put  y  ajouter  une  recom- 
mandation pour  empêcher  toute  fouille  dans  les  terrains 
communaux  sans  autorisation  administrative.  Cette  pro- 
position  est  prise  en  considération. 

l]ne  autre  proposition  du  même  membre  serait  de  de- 
mander la  révision  du  classement  des  monuments  histori- 
ques. Bea'icoup  de  ces  monuments  ont  éié  détruits  ou 
fouillés  ;  d'autres  ne  mériteni  pas  de  figurer  sur  la  liste  ;  un 
assez  grand  nombre  au  contraire  devraient  être  l'objet 
d'une  mesure  conservatrice,  par  exemple  le  Calvaire  de 
Plongsi^stel-Daoulas. 

L'assemblée  reconnaît  le  bien  fondé  de  cette  proposi- 
tion et  prie  M.  le  Président  de  voir,  tant  à  la  Préfecture, 
qu'a  Paris,  s'il  y  a  des  moyens  d'arriver  a  cette  révision 
désirable. 

H.  de  Olontifault  fait  connaître  que  U.  Faty  ne  peut  don* 


Digitized'by  VjOOQ IC 


—  4  — 

ner  communicalion  du  travail  anooncé,  ayant  été  obligé  de 
le  renvoyer  a  U  communauté  pour  UquA  il  avait  ete  fait, 

M.  Le  Men  donne  ensuite  lecture  du  travail  suivant  : 

LE  PARLEMENT  DES  IFS. 

La  lutt^  des  Etais  H  dn  l*arleroei)i  de  Bretagne  avi^cradmî* 
nistration  du  roi  Louis  XV,  qiii  etit  uh  sî^rmul  reteMtKsem«nt 
dans  toute  la  Franc**,  au  déhui  d»*  la  guerre  de  s**|tt  Hufi,  et 
•qui,  on  p«'Ht  le  dire,  ébranla  si  fiineinent  l«*  pouvoir  royal, 
est  bien  connue  de  tous  c**ux  qui  ont  quelques  i.oiious  de 
rhistoire  de  notre  provinc«>.  Aussi  u*ai-ie  nullement  Tinien- 
tion  d*en  l'aire  le  r«^cit  dans  celte  note.  J*y  suis  d'auianl  moins 
porté,  que  les  graves  événements  auxquels  elle  donna  lieu  ont 
éié  récemmeni  retracés,  avec  autant  d*aHtoriié  que  <le  talent» 
par  Téminent  éerivain  que  la  Société  Xrcbéologique  du  Finis- 
tère s'honore  d'avoir  pour  présiilent  (1). 

Mais  si  scrupuleux  et  si  complet  que  soit  un  hiMorien.  il 
est  certains  détails  sur  lesquels  il  doit  gli.sser  légèremeut ,  de 
même  qu*il  eA  ceTlains  doeunien'.s  qu*il  ne  peut  qu'indiquer, 
sous  peine  dVniraver  la  marche  d»*  son  récii ,  et  de  nuire  à 
Fiiilérôt  de  son  œu\re.  Ces»  aux  sociétés  locales  qu'il  appar* 
tient  de  recueillir  ces  documents  et  de  les  publier  dans  leurs 
mémoires,  où  leur  place  est  marquée  eomiue  pièces  justiQ 
catives,  en  aiieudani  que  les  énidits  di*  l*avenir  viennent  y 
puiser  les  éléiaeuts  de  nouvelles  études  historiques. 

La  lutte  politique  dont  je  viens  de  parler,  donna  nais- 
sauce  à  un  nombre  inOui  de  chansons  satiriques  et  ée  pam- 
phlets eu  v*>rs  et  en  prose,  d*uoe  violence  ex'réme  A  une 
éptique  où  la  presse  nVxistait  pas,  on  existait  si  peu,  ces 
écrits  véritables  gazettes  à  la  main,  étaient  colportés  à  travers 
la  Bretagne,  de  château  en  château,  de  manoir  eu  manoir,  et 
l'on  peut  sans  p^iue  juger  de  refîerv«»8ceuce-  qu'ils  entrete- 
naient dans  les  esprits,  déjà  trop  surex'ité»  par  la  correspon- 
dance des  Riats.  J'ai  retrouvé  dans  les  archiV'\s  départemen-^ 
taies  du  Pinisière  q  lelques-une^  de  ces  pièces  :  mats  avant  de 
les  reproduir»*,  il  e^i  je  rrôis  utile  de  nppehT  en  quelques 
lignes  les  causes  qui  amenère  it  ce  grave  conflit,  entre  le  pou- 
voir royal  ei  le.s  Etalai  de  Bretagne  ,  fld^es  gardiens  des  fran- 
chises de  la  Province. 

{{)  Les  Etats  de  Bretagne  et  l'Administration  de  cette  provi'Mê  Jui* 
qu'en  1789«  par  le  comte  de  Garoé,  de  l'Acadéinie  française. 


^  Digitized  by  VuOOQIC 


—  5  — 

D<>piifs  son  union  â  la  France ,  la  Bretagne  avait  toujours 
oppo^ft  la  plus  vive  résislanre  aux  pnipîèt«»menls  de  Tadminis» 
traiion  royale.  Si  les  Etais  n'arconlaienl  qu'à  regret  les 
nouveaux  subsides  qup  lui  dcmandHll  In  roi  .  le  Parlement  de 
sou  côlé,  ne  uiatiquaii  jamais  d'accompagner  de  prolt^sialions, 
sous  le  nom  adouci  de  «  remoutrauces,  »  reuregislreuieul  de 
ce>  impositions. 

En  17.N2,  l'impôt  d'un  vingtième  (un  sou  pour  livre),  ayant 
été  frappé  sur  toute  ta  Francf ,  le»  Itiais  de  Brt*iagne  rehisè- 
renl  de  le  voter.  Cependant ,  la  perception  de  celle  taxe  put 
étie  faite  ri^gulièremenl,  parce  qne  le  Pailemenl.  sous  la  pres- 
sion du  duc  de  ChAulne*i .  commundani  de  la  province,  avait 
enregistré  I  édit.  Eu  1760  ,  de  nouvelles  importions  plus 
lonnit's  que  celtes  des  anut^es  pn^cédeiiies  pe^èreiii  sur  loui  le 
royaume.  Les  Etal>  breions  résister*  ut  encore,  ei  Tadminis- 
tfaliou  royale  .se  vit  contraiuie  de  leur  accorder  des  conces- 
sions. Mais  ions  les  porls  français  ^yaut  protesté  contre  cetie 
immunité  que  le  re>te  de  la  France  considérait  comme  une 
injustice  ,  la  Bretagne  dut  rentrer  sous  la  loi  commune,  et 
coumie  l'ordre  de  la  noblesse  persistait  à  refuser  le  vote  des 
nouveaux  impôts,  le  duc  d'\igiiilloti,  successeur  du  duc  de 
Cbaulues.  âi  enregistrer  par  fcuce  i'édit  du  roi. 

Tel  acte  d'autorité  souleva  de  violentes  colères,  et  lorsque, 
le  ^l  novembre  1763,  à  la  demande  de  iVI.  de  Laverdy,  contrô- 
leur général  des  Fiuimcesy  i^oui*»  XV  établit  un  nouveau  ving- 
tième sur  toutes  les  coutnbntious  ,  pour  libérer  l'Eiat  des 
charges  qui  l'éerasaient.  le  Parlement  de  Bretagne  sent,  entre 
tous  les  Parlemeuis  de  France,  refusa  d'eiiregisirer  I'édit  du 
roi.  <>l.  édii  fut  cependant  enregistré  quelque  temps  après, 
mais  ceiïe  mesure  fut  accompagnée  de  vives  remontrances. 
Elles  irritèrent  si  fort  le  roi,  qu'il  donna  ordre  au  l'arlemenl 
d'envoyer  près  de  lui  à  Compiègne.  un  ceriain  nombre  de  ma- 
gistrats de  la  compagnie  pour  expliquer  sa  conduite. 

Louis  XV  les  recul  tort  mal,  et  celte  réception  aigrit  telle- 
ment les  esprits,  que,  le  s:ouvel  impôt  enregistré  par  le  Parle- 
ment ayant  été  mis  eu  recouvrement,  l'ordre  de  la  noblesse 
entreprii  d'empêcher  celte  fierception,  et  décida  que  le  pro- 
cureur général  syndic  des  Eiats  ferait  opposition  par -devant  le 
Parlement,  i  ce  que  l'enre^islremenl  fut  considéré  comine 
valable. 

Quoique  la  chambre  des  vacations  fut  seule  en  exercice, 
elle  admit  celte  opposition,  et  défendit  sous  peine  de  con- 
cussion de  lever  le  nouvel  impôt,  (et  arrêt  fut  immédiatement 
cassé  par  le  conseil  d'Etal,  et  la  cassation  enregistrée  te  22 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  6  _ 

octobre  1761,  sur  les  registres  des  Etals.  Le  partement  suspeiH 
dit  alors  $^€8  fonctions,  en  déclaraiii  qu'il  maintenait  l'arrêt  de 
la  chambre  des  vacations  {!). 

Lef^  E\B\%  r^i^olnrent  de  l**ur  cAté  de  prolonger  leur  i^es^fon 
par  une  force  d*iiiaciion  hjibili'nifnl  calculée.  L«*.«  chof^  de  la 
«  Cabale,  »  c'est  le  nomqiif  l'on  doimait  à  Topposi  ion,  étaient 
MM.  d<*  r.oêtansroiirs,  de  Pontual,  df*s  Nétiimières.  et  surfont 
H.  de  Kerguezec,  geniilhomme  sans  fortune  de  révèclié  de 
Tréguier,  qui,  par  une  élude  approfondie  de  la  conMiiuiion 
desËlais,  où  sa  naissance  lui  dnnnait  eniréi*.  avait  acquis  des 
connai^sHnc<*s  qui  lui  assuraient  une  grande  supériorité  sur 
tous  les  membres  de  sou  ordre. 

Tel  était  Tétat  des  choses,  lorsque  le  contrAlfur  général, 
M.  de  Lavtrdy,  iriiléde  la  résisiance  dfs  Etais,  s'en  plaignit 
au  duc  d'Aiguillon,  avi*c  une  cerlaine  vivariié  dans  une  lettre 
écrite  à  Versailles^  le,4  décembre  1764.  Voici  le  texte  de  cette 
lettre  : 

«  En  vérité.  Monsieur  le  duc.  les  folies  des  Etals  deviennent 
«  incurables,  il  ne  reste  p!us  d  autre  pani  i  prendre,  qite  de 
«  faire  régler  au  conseil  Taffaire  des  troi^  ordres,  et  api  es 
«  celte  décision  solennelle,  il  n'y  aura  plus  de  remède. 
«  L'influence  de  la  noblesse  et  de  M  de  KergUfzec  est-elle  donc 
«  que  toutes  les  iinposiiious  cessent  daii^  touie  la  province 
«  de  Bretagne  ?  Ooii-elle  que  les  auiros  .sujets  du  roy  payeront 
«  pour  les  bretons?  kl  vt*ut-elle  forcer  le  G<Htvernement  à  se 
«  monier  sur  un  ton  de  rigueur,  el  à  quitter  le  ton  de  dou- 
H  ceur  qu'il  a«ait  pris  ? 

«  Lorsque  Thonnèieté  et  la  raison  conduisent  les  hommes, 

«  Tautonté  peut  céder,  parce  qu'il  y  a  peu  irinconvénieni  ; 

«  mais  lorsque  la  déraison,  la  mutinerie  el  la  révolte  s'em- 

<c  parent  des  esprits,  il  ne  reste  plus  d'autre  pariy  à  prendre^ 

«  qiieceluy  de  la  sévérité.  Il  y  auroit  du  danger  &  en  user 

«  autrement.  Ooient  ils  que  le  Rov  laisse  avilir  à  ce  point 

«  son  autorité  ?   <  roient-ils  par  la  hâter  le  retour  des  man- 

«  dé^?  (2;.  Si  la  noblesse  avoit  e>té  telle  qu'elle  le  devoit  éliet 

«  le  Rôy  auroit  accordé  cette  grâce  à  votre  demande,  m  is  le 

«  Roy  s*irrite,  el  m'a  parlé  encor*-  hier  d'une  ni;.nière  qui  fait 

«  sentir  tout  son  mécontentement  ;   et  si   avant  huit  jours  la 

c  nobieisse  n'a  pas  pris  un  pany  convenable,  le  Koy  est  prAl  à 

«  partir.  L'on  croira  que  ce  que  je  vous  mande  est  un  conte  ; 


(1)  A.  Blarteville,  Histoire  de  Rennes, 

(t)  Les  membres  du  Parlement  appelés  à  Gompîégue. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  V  - 

«  |e  peux  cependant  voas  assurer^  Monsieur  le  duc,  que  c'est 
«  la  pure  vérité 

«  Voiis  connaissez  mon  atlachement  pour  vous.  Monsieur 
«  le  duq. 

«  LAVERDY.  » 

Si,  en  écrivant  celle  lellre ,  le  cdnirôleur  g^'néral  d^s 
finances  avait  eu  la  pt*nsée  quVIle  amèni»rail  les  re  vol  lés  de 
l'ordre  de  la  noblesse  à  se  soumettre  à  rauiorité  du  roi,  il 
s'était  |;randem<*nl  lionipé.  Le  ton  de  hauteur  et  niêmt»  de  me- 
nace qu'il  y  «ffecie.  loin  de  calmer  les  esprits  ne  fit  qlie  les 
irriter  davama^p.  Au  heu  de  r<^pandre  en  Bretagne  une  crainte 
salutaire,  celle  lettre  provoqua  dans  toute  la  province  un  im- 
mense i^clal  de  rire.  On  en  fil  des  chnnsons  ;  e!le  l'ut  parodiée 
de  mi  le  manièies.  Voici  une  de  ces  chansons,  que,  par  un 
raffîuement  d'ironie,  on  a  Tait  précéder  d'un  Argument. 

Argument. 

Les  anciens  oracles  se  rendoient  toujours  en  vers,  afin  qu'on 
les  rrlint  a^ec  plus  de  facilité,  et  par  la  même  rai>on,  on  les 
metioit  souvent  en  chansons.  On  a  cru  devoir  les  mêmes 
honneurs  aux  sacrées  paroles  du  contrôleur  j;énéral  Laverdy, 
en  doiinant  unt^  traduction  en  vers  françois  de  sa  lettre  du 
4  décembre  lltil  au  duc  d'Aiguillon.  Si  les  loys  scrupuleuses 
de  la  iraductiiHi  n'ont  pa*^  laissé  beaucoup  d'es^orl  à  l'enthou- 
siasme poéiitjue,  on  prie  le  lecteur  4'excuser  le  poêle  en 
faveur  du  traducteur. ^  Pour   la  commodité  du  public,   on   a 

encore  mis  celle  hymne  sur  Tair  noble  ei  célèbre 

accompagnée  de  plusieurs  autres. 


HYMNE. 


3 


En  vérité,  Monsieur  le  duc,  * 
Vos  Etats  ont  le  mal  caduc. 
Et  leurs  accès  sont  effroyables  ! 
Sur  mon  houoeur  ils  sont  si  fous, 
Qu'il  nous  faudra  les  loger  tous, 
En  peu  de  jours  aux  Incurables. 

2 

Je  vais  faire  dans  le  Conseil, 
Avec  le  plus  grand  appareil, 
Juger  rintérèt  de  cet  ordre  ; 
Et  puis  après  ce  règlement, 
Pas  pour  un  diable  assurément, 
On  ne  pourra  plus  en  démordre. 


Je  vous  dirai  premièrement, 
Que  les  Bretons  certainemeni. 
Doivent  être  contribuables. 
Et  tous  ceux  qui  refuseront, 
Aux  yeux  du  Conseil  paraîtront 
Révoltés  et  déraisonnables. 


Votre  Monsieur  de  Kerguezec, 
Qu'on  vous  donne  pour  un  grand  grec , 
Et  tout  Tordre  de  la  Noblesse, 
Pensent  ils  nous  faire  la  loy. 
Et  que  tous  les  sujets  du  Roy 
Payent  pour  les  tirer  de  presse  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


«  - 


Je  vous  dirai  secondement, 
QuMls  forcent  le  gouvernement 
À  prendre  un  ton  des  plus  sévères, 
Et  se  montrer  avec  rigueur 
Et  quitter  le  ton  de  douceur 
Qu'on  avait  pris  pour  leurs  afEaires* 

e 

On  voit  souvent  sans  nul  danger. 
Le  maître  à  ses  sujets  céder, 
Même  dans  le  temps  où  nous  sommes, 
Quand  la  raison,  l'honnêteté 
Vis-à-vis  de  Tautorilé 
Conduisent  les  esprits  des  hommes. 


Mais  aussi  lorsque  le  démon 
De  révolte  et  de  déraison 
S'emparera  de  la  Noblesse, 
Pense*t-on  que  Sa  Majesté 
Laisse  avilir  l'autorité 
En  reculant  avec  foiblesse? 

8 

Je  vous  dirai  troisièmement, 
Cue  les  Mandés  du  Parlement 
Sont  quittes  de  reconnaissance 
Vers  les  gentilshommes  bretons, 
Qui  se  conduisant  comme  ils  font. 
Font  retarder  leur  audience. 


Si  l'Ordre  s'étoit  comporté. 
Comme  il  devoit  en  vérité. 
Et  n'avoit  pas  fait  rési^ance, 
Le  rt* tour  de  tous  les  Mandai 
Dps  longtemps  étoit  accordé, 
Monsieur  le  due,  à  votre  instance. 

10 

Mais  je  ne  dois  pas  vous  celer, 

Ni  vous  le  laisser  ignorer. 

Que  tous  les  jours  le  Roy  s'irrite, 

Hier  il  disoit  hautement, 

  quel  point  il  est  mécontent 

Des  Etats  et  de  leur  conduite. 

11 

Pour  les  en  faire  revenir. 
Et  leur  Caire  tous  consentir. 
Mettez  donc  toute  votre  peine. 
Je  vois  le  Roy  prêt  à  partir. 
Si  vous  ne  pouvez  réussir 
Monsieur  le  duc  avant  huitaine. 

12 

Ceci  de  l'un  à  l'autre  bout. 
Semble  un  conte  à  dormir  debout  ; 
Mais  cependant  je  vous  assure 
Que  les  articles  ci -devant. 
Et  le  dernier  trés-nommément 
Sont  la  vérité  toute  pure. 


13 

Vous  connaissez  rattachement 
Et  le  sincère  sentiment 
Avec  lesquels  j'ai  fhonneur  d'être, 
Votre  très-humble  serviteur 
De  Laverdy,  le  contrôleur  ; 
Publiez  aussitôt  ma  lettre. 


Digitized  by  VjOOQIC 


r. 


-  9  — 

La  résifttanee  des  Etats  se  prolonçrea  fteodant  Thiverde 
1763^  et  ce  ue  fut  qu'après  ntie  srsHon  qui  avait  (inrë  plus  de 
six  mois,  qu**.  vaincu.«i  par  ta  faii^ne,  lit»  Sf  décidèrent  eiiflii  à 
voler  700,000  livres  île  siippl«*meiil. 

Mais  si  ta  liilie  était  l^i minée  a%ec  tes  Flats,  elle  ne  rëtail 
as  avec  le  parlemeul.  Olui  ci  persistant  à  demander  l*aimu- 
iation  de  t'arrél  du  Conseil  du  mois  d'octobre  précédent,  fut 
tout  entier  mandé  à  l^aris  où  le  roi  tni  fil  €sntendre  des  paroles 
sévères.  t>ci  se  passait  te  15  mars  t76ô.  Le  premier  soin  du 
parlementa  son  resour  à  Rennes  fut  He  rendre  un  arrêt  qui 
interdisait  ta  perception  des  impôts  dans  la  provinc»*.  Cet 
arrêt  ayant  été  c^ssé  te  3  mai  par  le  cou-^eil  dn  roi.  le  parle- 
ment à  l'exception  de  douze  membres  donna  en  masse  sa 
démission  te  *20  dn  même  mois. 

«  A  cette  nouvelle,  la  ville  de  Rennes,  dit  M.  de  Carné  fut 
dans  l'ivressf,  bien  qu'un  lid  i<cie  préparât  sa  ruine  Tandis 
qu'on  prooi|>uait  aux  démissiontiaires  les  applau<lissemeHts  et 
les  sérénades,  on  juge  quelle  li^Mire  pouvaient  l'aire  les  dou- 
ze malheur**ux  qui,  obéissant  pour  la  plupart  à  une  insiiira- 
tion  désintéressée,  étaient  demeuré>  sur  leur  siège,  n'ayant  pas 
cru  devoir  a^isnmer  la  respou!>abitité  de  celle  suspeusiuu  gé- 
nérale de  la  ju^lice. 

«  Jamais  Texcommunicalion  dans  ses  formes  les  plus  sai- 
sissantes ne  fut  appliquée  avee  une  plus  inflexible  rigueur. 
Ou  s'engageait  k  demeurer  sans  alliance  avec  eux  dans  la 
suite  des  |;énéralioiiS  ;  tous  les  groupes  se  dispersaient  lors- 
qu'ils tentaient  d»*  s'y  mêl^-r,  de  lelle  sorte  qu'une  séques- 
tration presqtie  ab'^olue  était  pour  eux  te  seul  moyen  de  se 
déiober  aux  ounages.  Dans  I  s  rues,  où  ils  étaieni  insultée,  tes 
porteurs  de  chaires n^obtempéraienl  pointa  tenrs réquisitions; 
Ks  p**rriiq'iiers  marchandaient  teuis  services,  et  leurs  laquais 
faisaient  souvent  la  lucrative  spécnlaiion  de  tes  quitter    »  (t) 

Un  des  démissiounairKs  les  ayant  publiquement  qnalfiés 
de  Jka^i  F..é.,  on  dessina  la  nuit  sur  leurs  portes  des  car- 
touches formés  par  des  ifs,  au  milieu  de^qufts  on  voyait 
les  lettres  J.  F.  entrelacées.  J'ai  reirouié  quelques  vers  d*^uue 
fable  qui  fut  faite  à  leur  intention.  Les  voici  : 

Lss  Ifs,  fible  nouvbllb 

Dans  une  enceinte  où  règne  ta  déesse, 
A  qni  Ton  voit  une  balance  en  main. 
Ces  jours  passés  un  orage  inhumain 


(t)  t$8  Etats  de  Bretagne  et  V administration  de  cette  provineejuê^ 
qu'en  1789.  T.  II.  p.  Ift8-1M. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  10  — 

Mil  le  désordie  et  sema  ta  tristesse. 

Maints  arbres  verts,  fTiites  en  bons  (rnils, 

Maints  arbrisseaux  proraeilant  dWre  utiles 

Tous  en  ce  jour  serob  oieni  esire  détruits  ; 
On  ne  vii^plus  que  (fs  ti  istf^  phaniômes 
Deqnelqii«*8  ifs  qui  senU  «'sloient  restez 
An  numbtf  pair  île  douze  bi«*n  com^tt'Z  ; 
Tout  aussiiôt  le»  superbes»  aiôraes 


Le  reste  manque,  ^t  je  le  regrette,  car  le  débul  promettait. 

I  e  roi  eepeiiilant  n*oiibl  ail  pas  les  douze  con>ei|!ers  qui 
lui  élfit'ul  resi(^  fldèlts  ;  et  pour  leur  lénioi^u*'r  sa  recominiv- 
sanre.  il  chirg^a  !«*  comte  de  Suint  florentin,  Sfcréiaire 
d'Ëlat,  d'érrire  à  M.  d'\|iiilty.  premier  président  au  parle- 
ment de  Bretagne,  la  lettre  suivante,  quP  porte  la  date  du  7 
juin  1765: 

«  Monsieur I.e  Boy  commence  à  s'occuper  des  affaires 

du  parleuK'Ul.  Sa  Mitjeslé  ci  remarqué  a^er  beaucoup  de  s;itis- 
faclion  qu'au  milieu  dune  dél'ertioii  presque  gêueraie,  il  r**sie 
douze  magis»irHt$  qui  refu-se^il  de  donner  Ifiirs  déuiis^ioiis  et 
d'abdiquer  leurs  lOHCtions,  dont  ils  sont  ifiius  par  la  loi  de 
leur  serment  de  fidélité  envers  Sa  VlnJHsié  et  ses  peuplts.  bille 
m'a  expressément  chargé  de  vmjs  écrire  que  vous  leur  léniot- 
gniez  de  sa  pan  qu  elle  est  d'autant  plus  contente  de  If  ur  zèle 
pour  son  service  ei  pour  l'iiilérél  du  peuple,  qu'elle  n*ignore 
pas  les  voyes  dont  on  s'est  ser%y  pour  les  détourner  du  plus 
iégiiuue  des  d«  voirs.  Sa  Majesté  veut  que  vous  les  assur.ez 
qu'elle  esl  dans  la  ferme  résolution  de  leur  donner  dan»  les 
circonstances  des  preuves  de  sa  protcchou  et  de  sa  bienveil- 
lance. Je  suis  persuadé  que  vouîi  ne  différerez  pas  d  ex  cuter 
le.s  intentions  de  sa  M^jesié  à  ce  sujet,  et  à  me  mettre  eu  état 
de  luy  en  rendre  compte.  * 

Si  ce  témoignage  de  satisraclion  du  roi  fut  pour  les  douze 
magistrats  mm  démis  du  parlemeiM,  un  adoucissement  à  la 
situation  cruelle  qu'ils  s'étaient  eux-mêmes  créée,  il  fut  aussi 
pour  eux  le  signal  de  nouveaux  outrages. 

1^  lettre  du  comte  de  Saint-Florentin  eut  le  sort  de  celle  du 
contrôleur  général  I  a^erdyi  Elle  fut  r han<ée  sur  tous  les  airs, 
et  travestie  de  la  laçon  la  plus  burlesque  Voici  quelques 
spécimeus  des  parodies  eu  ler^  et  en  prose,  dont  elle  fut  rubjel. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  41  — 
I 

FABODIB,  DEUXIÈm    tiDITIOll. 

On  .«appose  qu*on  a  vu  la  première,  toutes  deux  sur  Tair. 
accoropagué  de  plusieurs  autres. 


Le  Roy  s'occupe  maintenant 

De  raffaire  du  Parlement, 

Et  n'a  pu  voir  sans  allégresse 

Douze  magistrats  de  renom 

Refuser  leur  démission. 

Sauf  à  passer  pour  des  Jean  fesse. 

2 

Peut-on  voir  sans  étonnement 
Leur  incroyable  attachement 
Aux  fonctions  de  leur  office  ! 
Observateurs  de  leur  serment 
Au  prince  au  peuple  assurément 
Ils  rendent  d'importants  services. 

3 

Aussi  le  Roy  m'a-t-il  chargé, 
Pour  ne  pas  dire  commandé 
Expressément  de  vous  écrire, 
Pour  leur  débiter  de  sa  part. 
Quoique  peut  estre  un  peu  trop  tard, 
Les  douceurs  que  je  vais  vous  dire. 


Le  prince  est  d'autant  plus  content 
De  leur  fidèle  attachement 
Et  de  leur  zèle  à  son  service. 
Qu'il  croit  parfaitement  sçavoir 
Les  ressorts  qu'on  a  fait  mouvoir 
Pour  les  gagner  pas  artifice. 


Dites  leur  sérieusement 
Que  le  Boy  veut  très-fermement 
Leur  donner  dans  ces  circonstances, 
Comme  à  ses  beaux  petits  mignons, 
Des  marques  de  protection. 
Défaveur  et  de  bienveillance. 

6 

Telle  est  du  Boy  la  volonté. 
Je  suis.  Monsieur,  persuadé 
Que  par  une  réponse  prompte, 
Vous  m'apprendrez  qu'à  ce  Sujet 
Tout  est  consommé,  tout  est  fait, 
Pour  que  je  puisse  en  rendre  compte. 


IL 

PABODIB,   TBOISliËHB  ËDITIOR. 

Sur  Tair  de  RobiuTureiure  lure  : 


1. 

De  votre  feu  Parlement 

Et  de  sa  décx>nflture 

Le  Roy  s'occupe  à  présent..Ture]ure 

Sans  ie  pi^Dsser  je  vous  jure... Robin. 


2. 

Avec  satisfaction 

Le  Roy  dans  cette  aventure 

Voit  douze  Bobins  Bretons..  .Ture  lure 

Oarder  leur  magistrature... «Robib. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  la  - 

8.  6. 

Observateurs  du  serment  Pour  promettre  plus  que  moins 

Qu'on  fait  en  judicature,  A  r^s  chères  créatures, 

Ces  zéros  du  Parlement. ...Tu re  lure.  Le  prince  étendra  ses  soins.. Turc  lure 

Refusent  leur  siguature.... Robin.  Jusqu'à  leur  progéniture.... Robin. 

4.  7. 

Aussi  le  roi  m'a  chargé  Envoyez-moi  promptement 

Et  c'est  la  vérité  pure,  Une  épitre  sans  rature. 

D'expliquer  sa  volonté...  Ture  lure,  Ecrite  lisiblement... ,Ture  lure 

Par  cette  mienne  écriture.  .Robin.  Le  prince  en  prendra  lecture.  .Robin. 

5.  8. 

Vous  direz  aux  non  dérois,  Vous  protesterez  aussi 

Comme  une  chose  três-sùre,  Que  dins  toute  conjoncture 

Qu'ilssontdu  Roy  les  amis  ..Ture  lure  La  Cour  sera  leur  appuy...Ture  lure. 

C'est  moi  qui  les  en  assure.. .Robin.  Contre  la  publique  injure  ..Robin 

III 

QUATBIÈHB  ÉDITIOU  EN  GOCQ  A  l'aNB 
OU  STILE  DE  BA€HA  BILBOQUET.  . 

c  Mon<:ieur Le  Roy  coinm«>nce  h  fs^occnper 

sérieusement  des  affaires  du  rarlem«»U  di>  la  grande  Bretagne, 
Sa  Majesté  a  Tem»iqné  avec  une  longue  vue  et  aver.  beaucoup 
de  saiii^faction,  qu'au  milieu  d*uiie  «tt^rclion  d*armée  f^resque 
glanerai**,  il  reste  iloitze  magiMiats  qui  r<  (ust-nt  de  donner 
leurs  démissions  gratis^  e\  d'^^bdiquei*  leurs  fondions  curiiles 
doui  ils  sout  tenus  par  ta  loy  salique  «le  leur  sernrent  de  flilé- 
lilé  envers  Sa  M«jesléel  s**s  peuples  gaulois.  Elle  m'a  ex|»ressé- 
roeut  chargé,  comme  un  mulets  df  %oii>  écrire,  de  la  bonne 
encre,  qm*  vous  leur.téiuoifçnii'Z  de  sa  pari  de  noce  qiiVIle  est 
d*auSant  plus  conleulede  \euv  t^\e  fanatique,  pour  son  •^♦•rvice 
militaire  el  pour  rinterét  an  denier  vingt  qui  est  celuy  du 
peuple,  qu'elle  n'ignore  pas  \e»  voyes  et  chemins  trop  multt- 
pliez  dont  ou  s'est  servi  pour  les  détourner  du  plus  Ié2;iliaie 
des  devoirs  du  mariage.  Sa  Majesté  v.'Ul  que  vouk  les  assuriez 
à  dix  pour  cent^  quelle  est  dans  la  f^rme  ^/>>iéfra/e.  et  résolu- 
tion de  leur  donner  dan^  les  cii'Con^tauc«*s  critiqne>f\,  des 
preuve  dé  chevalier  de  Multhé  de  sa  proleriiou  et  île  sa  bien- 
veiilaUre.  Je  shîs  p»'nsuadé,  comm^  je  le  suis  de  mourir  un  jour^ 
que  vous  ne  différerez  pas  d*e&écut«r  à  mort  les  pr0Undue$ 


Digitized  by  CjOOQ IC 


-  13  - 

iD»tnictions  de  Sa  Majesté  è  ce  triste  sujet,  et  à  me  mettre  en 
élat  de  grâce  de  lui  eu  rendra  compte  de  tutelle,  » 

Il  iiVM  pas  dans  m(>s  intentions  de  donner  k  nn  point  de 
vue  qiielcoïKHie,  une  appréciation  de  ces  pamphlets.  Je  dirai 
Sieniciiieiit  qu'ils  montrent,  à  mon  avis,  nii*ux  i^^at  être  que 
cerlaiiiji  diwumeiits  d'un  otdiv  |f|us  élevé,  dans  qut»J  discrédit 
ratitonté  loyale  était  tombée.  On  sait  que  la  déniisMOu  du 
Parlement  de  Bretagne  fut  suivie  de  l'aiTesi  ition  du  Procu- 
reur général  La  <  halolais.  de  son  fils,  et  de  MM.  de  K^rsa- 
iun,  de  la  Gascbene  et  de  Monir^uil  Cet  acte  de  rigueur,  loin 
de  produire  eu  Bretagne  |Vff.i  qu'en  attendait  le  roi  ne  ûl 
qu'ausnifuter  rîrriiâ<ion  des  esprits.  Quelques  années  plus 
tant  la  révolution  de  1789  éclatait. 

Au  nom  de  l'Assemblée,  le  Président  remercie  M.  Le  Men 
de  son  intéressante  communication. 

M.  Louis  de  Jacquelot  fait  connaître  que  la  parodie  en 
vexs  de  la  lettre  de  M.  de  Layerdy,  est  de  M  l'abbé 
de  Boif^billy^  cbanoine  b  Quimper,  député  du  clergé  aux 
États  de  Bietague 

Le  scruiin  s  ouvre  sur  les  candidatures  de  IVIM.  Rodallec, 
juge  de  paix  et  Alavoine,  propriétaire  h  Fouesnant. 

Ces  deux  candidats  sont  admis  a  funanimiié. 

Le  Président  demande  a  qu'/lle  époque  l'assemblée  désire 
fixer  sa  première  réunion;  après  discussion  on  adopte  le 
Samedi  12  Juin. 

L  ordre  du  jour  étant  épuisé^  M.  le  Président  lève  la 
séance  a  4  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire,  V.  db  MoNTiFAfTi.T. 


ORDRE   DU    JOUR 

Pour  la  séance  du  Samedi  12  Jvin,  à  2  heures,  dans  une 
des  salles  du  Musée  d^ archéologie, 

V  Projet  d*une  exposition  de  céramique  à  Quimper» 
pendant  la  di^rée  du  concours  régional  en  lb76,  par 
M.  R   F.  i.E  Mbn 

2*  Foui  les  d'une  Allée  couverte  dans  le  bois  de  Menez- 
,Guen,  en    la     commune    de    Melgven    (Finistère),    par 

M    V.  DB  MOWTIFAIILT. 

3**  Fouilles  d'un  tumulus  près  du  bourg  de  Pltyben  (Fi<* 
nistère),  par  M.  Duyal. 

Le  Viee-Président  de  la  Société,  F.  AUDRAM. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  14  ~ 
DOCSUMBNTS   INADIT8. 


EnOI^TB  BRLATIVB  a  la  PRISB  D*I7N  SBIOlfBUB  BRBTOU,  QVl 
TBUaIT  LB  parti  DBS  FRANÇAIS  GONTRB  LA  DUGHBSSB  ARNS 
DB  BlIBTAOnB,  PBUDAIIT  la  6UBBRB  DB    1488-89. 

1493    . 

EiQOKSiTB  f»n  riem  et  îtiforroacion  par  siipo«<^  de  Taîeu  no- 
blt*s  gens  Aiiceau  d**  U  Mairhe,  s'  des  Toiiretleit,  Guillaume 
de  la  Mairhe,  s»  de  Bodriec.  Hervé  Kergiieiin«*c,  s'  de 
Lesqiiiffloii.  e\  Giiillaiim<!  Sai'ici-Deny*^,  •(  rh«'C(iii  dVulx, 
etiver?*el  contre  Guioii  «e  Rou^e,  s'  d'AïuTem»»!  (\),  k 
IronV'T  qii«»  kdici  Le  Roiig<*  a  leiiii  le  pariy  contraire 
de  la  royne  dii€ti«»ss«*  de  Bretaigne^  au  leinps  et  pa- 
rafant la  prinse  pris«>;  d*icellny  Le  houge,  porloil  et  donnoit 
aille  à  ses  ennf*mys.  el  meisni<>s  que,  dt'pnix  le  tennps  allé- 
gué dudici  Le  Housse  de  sad'Ct**  prinse,  y  a  eu  seur  aceix 
(ac^ès;  en  ce  pnys  et  iiirhé  pour  ponrsuir  son  action  envers 
lesdirls  nommés,  et  autres  rairt<  déclain^s  es  piètres  «'t  liltres 
d**sdicts  deffi'Useurs,  tatlz  par  l'auditoire  du  conseil  du  niy 
nosire  S'Mgueui*  en  BieUi^ne,  run<l*iceulx  dalé  le  xvirjour 
de  niay  derroin,  et  Taulre  le  cinquiesme  jour  de  juillet  der- 
roin,  signés  par  Jefi^n  M  y  née.  secrétaire  ;  lad  ic:e  enqueste 
faicle  par  maisire  Jehan  Kersulgjuen,  baillif  de  Mourlaix.  et 
maiMre  Alain  du  ^u^iiq  lisiMi,  cora^uis^^aires  commis  dudici 
8ei$;nenr  à  son  conseil  à  ladicie  fin  ;  préseniz  el  appelez  eu 
leurronipaijtnie  (^.hnsioflede  Kercrist.  secrétaire  dudici  sieur, 
et  Jehan  du  l'onlou.  greflier  dudit  Mourlaix,  le  uuztebUie  jour 
de  septembre.  Tau  mil  llll«  llil"  trèze. 

Jehan  Fleuriot,  â&é  d*environ  triant**  cinq  ans,  comme  il 
dii«  t<*sm4>ii;u  juré  purgé  et  enqui«,  dit  el  reconle  par  sou 
serement,qu*il  coti;;uoit  ledit  sieur  irAucremel  environ  quinze 
à  seiz<*  ans  a,  et  que  p«iis  ledict  temps,  ou  vivant  de  leu  prince 
de  bonne  mémoire  kdoc  François  derrin  (dernier)  décédé,  que 
Dieuab^olle,  anllreuieni  n*esl  niembrani  2).  il  vît  ledit  s^d'xii* 
er»'nie|  coin  aro?res  nionsires  généiales  de  l'évesché  de  Tré-, 
guier,  eu  la  %iile  de  ouiugatnp.  el  présenter  des  gens  à  servir 

(i)  Le  manoir  d'Ancrem.'l*  aujourd'hui  Eacremer,  est  situé  dans  la 
commune  de  Plouigneau,  arronoisseaàeut  de  Morlaix  (Finistère;. 

(3)  Ne  se  souvient  pas. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  IS  -- 

le  duc  pour  luy«en  habinem«nt  de  hom<'  d'arnifs>  el  le  y 
vjsl  faire  li>  sereuieul  de  bien  el  loiaiiin»*nt  servir  1p  duc  eo 
arm*s  vers  loiiz  i»l  conlré  louz  ses   eiiuerays  et '"adversaires, 
et  l»»que|    s»^  d'XiicrHrnel    il   dil   eslre ,    dès   I  «lit    temps    de 
quinze  ans.  demouranl   el    mansiontiaire  audit  évesché  de 
Trétçùi^T,  savoir  eu  Tun  d»*  ses  manoirs   d'Ancreniel  ou   Ker- 
gue^uen:   ei    dit   que  en    Tan  mit    Iltl*^  lllï"  huit  ei  en  Tau 
mil  IIH®  llll"  nenff,  il  y    voil  guerre  el  duniroy,  en  ce  pais  el 
duché,  **nlre  le  roy  noslre  sire,  el    la  durhes^e   iioslre  sonve- 
raine  darae,  a  preseni  royiie,  et    les  tenanlz  leur  parly,  et'que 
le  jour  ^t  l»*Nte  de    Tasqn^'s   fl«  nnes,  qui  esioii  le  xiii®  jour 
d'au'îli  Tan  mil  Illl^  llll^  huyl   el  environ  cinq  i  six  semai- 
nes d»*pa'ava'ii,   les  villi»';  de  Vlourlaix  el    Launyôn  leisoint  le 
piiiy  lie  la  duohe>se,  ei  la  ville  d*  Guin^amp  le  pany  du  roy; 
en  laquelle  y  avoil  pour  lors  d'-s  geu"  de  j;uerre   des  ordon- 
nances du  roy    en  $;arnison,  savoir  le   sieur    Pieros  ei  aulres 
en  ^raui   nuuibre.  q\\\   faisoiui    la    guerre  cominuellemenl  à 
ceulx  desdiies  villes  eî  eh»sielenies  de  VIourlaix  el  Lannyou, 
qui  tenoi^'ui  le  party  de  la   duchesse,  ei  faisoiui    des  prin*»es 
les  uns  sur  les  autres  dViiU,  el  payoluldes  ransons  ceulx  qui 
esloint   prins  aux  aullres  d*eul\.    El    dit   esire    r.erlain   du 
lemps  de   ladile    guerre .    pouriant  que   à    peu    de    lemps 
paravani  ladiie  fesie    de    l*asq  les   flétries,  savoir  aunioys, 
de  f^burier    aiidii    au    mil    llll«  llll"    hfiyi,    c»*    lesmoing, 
qui  d**inorrHl    lors  ♦i   eneore    demeure   ♦^n  lailile    ville    de 
Mourlatx,  alla  dudit  lieu  de  Monrhix  en  la  compaiguie  d'un 
h«^raull   d'arme«;  du    lloy   d*Kni;lelerre  ei    d'un   eh^^vaucheur 
d'ç^ciiyerie   delà    D  ichesse,  nommé   Jehan  delà   Tour,  qui 
avoii  éié  r'crus  par   ce  tesiuoiug.  et  autres   de    <Vlourlaix  des 
Franczois  y  esiaul,  devant  l*»roy  d'Angleterre  luy  dire  que  les 
ditHsvitles  de  Monr^aix  ef  La  iiiyou  esloiui  nouvelleutent  r<^duic- 
tes  à  l'ohéissaiice  d*'  la  Duchesse  noslre  souveraine  Dîme;  el 
environ    le  inoys  de   mars  en-iuyvanf,  audil  a»i  llll**   huit, 
ce  leMuoing  descendit  oiidii  lieu  de    Vlourldx    en  la  compai- 
gnie  de  la  grande  armée   d'Augleierre  pour  le  secours  de  la 
Duchesse,  et  amena  ce  lesraoing  en  sonnaviri»  dudit  lieu  d'An- 
gleterre, nu  cerain  numbre  de  gens  de  giieri*een  ladite  aruiée, 
en  laquelle  arim^eestoini  le  s' de  Stuarl.  graiii  m  listred 'Angle- 
terre, et  ung  6omuié  maisIreChesne,  chiefdecapiialnes;  et  inron- 
tinant  leur  dite  descenie,  il  ouy^i  crier  fi  faire  cominaud*'ment 
par  bni  de  p  r  la  Duchesse  oudtl  lieu  de  Mourlaix,  à   louz   et 
cbecuii  les  nobles  el  sub;;ielz  aux  arme»»   des  <  hastelenies    de 
iVtotrI  (il  et  de  Guingamp    de  se  rendre  el    joeiiidre  aveeques 
l.idile  armée  d'Angleterre,  pour  aller  eu  la   compaignie  Jes- 
dit'^  Auglois.  servir  la  Duchesse  contre  ses  euuemts,  à    paine 
d'estre  pugaiz  comme  rebelles  el  dé:)ubaidaaut2  ;  et  vist  ce  les 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  16  — 

Qioingii  le  s'  de   GoHin^n,  le  s'  de er  ploriears 

aiiirt>K  Sf  ignear8  el  nobles  de  révesché  de  Tr^^'uier  et 
I>oiK  venir  di*ver8  Ipsdiiz  ^nglois  aiulll  lieu  de  Mourlaix, 
pour  s#Tvir  la  Duchesse  ;  h  alla  ce  léiiioi;;ii  eu  IVi  'rainiée) 
dl^Mlilz  Au^lois  a  tîuiu(;ain|i  el  à  Lanbalie.  et  résidoil  tous 
jours  oufcques  (aver,  eulx  es  diiz  lieux,  el  ne  vist  point  ledit 
s'  d'Ancreuiel,  ne  homme  pour  luy.  se  rendre  en  Tost 
d*iceuU  Angloi^;  ouysi  dire  communément  et  noioirement  k 
plu<«  «le  fU'xaiite  hommes,  des  n4>m^  desqmeiiU  dit  n*e,Hlre  à 
|>ré^ent  nii*mbrant,  que  oiidit  ternies  de  ladite  descente  des- 
onz  \nglois,  en  Tati  rad  lllh  llll'*  huyt  et  de  paravant.»  le- 
dit 8'  d'xnrremel  leuoii  le  pa'ly  du  rojr  contre  la  l>u- 
ebesse.  Interro^i^  que  cV^t  à  dire  chose  notoire,  dit  que  c>st 
ce  que  Ton  aoiiy  dire  o  ^avecj  plusieurs  gens.  Ans^y  recorde 
que  au  partir  del'o>i  desdiiz  Angiois,  dudit  lieu  de  Mourlaix, 
pour  aller  à  Lanbalie,  il  vist  en  chemin  entre  Mourlaix 
et  tîiiingamp  une  bande  desdiiz  Anglois  se  despartir  dudit 
ost  pour  aller  au  raiinoir  d'Ëncremel  prendre  et  piller  ledit 
sieur  d'Aucremel,  comme  ils  disoint.  disatitz  qu*il  tenoîi  U 
pariy  du  Koy,  qui  estoii  le  party  contraire  de  U  l)nches<e;  et 
par  après*. ledit  ost  estant  à  Lauiballe.  il  onyst  faire  conseil! 
entre  lesdiiz  An^çlois,  en  la  chambre  dudit  giand  niestre  d*Aii- 
gleterre,  d'aller  prendre  et  jdller  le  s^  de  Bruillac  et  le 
s'  d'Aiicremel,  l^^sqni^utx ,  comme  ils  disoint,  se  tenoint 
ensemble  et  tenoint  le  party  du  Hoy.  Onitre  recorde  que  dès 
le  temps  d'environ  uug  an  et  demy  a,  y  a  bonne  paix  et  seur 
aceik  de  tenir  juMice  et  d'aller  et  venir  pas  pals,  es  éveschez 
de  l.éon,  Tré^uieret  r.ornonaille,  et  que  durant  eeluy  temps; 
Ton  a  tenu  souvent  les  pie  z.  tant  pletz  {{ém^ranlx  meubles 
que  lieuieiiauts  et  à  jour  sur  semaine  es  dits  évesrhez,  ne  scet 
t^ar  quantefois  ;  meismes  que  durant  Cf*luy  temps.  Ton  a  eu 
seur  aceix  d'aller  el  venir  divers  le  conseill  du  roy  notre  sire, 
pour  avoir  justice,  comme  ce  lesmoign  a  ouy  tenir  et  reputer 
commutiément  ;  et  a  veu  durant  C(*}uy  temps  plusieurs  man- 
dementz  impétrez  dudit  consedl,  et  les  publier  et  mectre  à 
exi^cution,  n'est  memhrant  o  qui  il  les  a  veuz,  ne  louschant 
quoy  esloint  douiez.  Interrogé  s'il  est  parant,  ne  afin  (allié;, 
procureur,  conseiller,  homme,  ne  serviteur  à  nulle  des  par- 
lyes,  dit  que  mm.  Aussi  int^rro^;!^  Jaqiielle  tiesdites  partyes 
il  voudroit  mieuU  gaigiier  la  dite  cause,  dit  que  c'est  celle 
qui  a  le  meilleur  dnnt  ;  et  du  parssiis  du  conlenn  es  tilire  et 
iuterro^aiOTe,  enquis  et  iiil<'rrO}2(^.  dit  n'estreà  pr«^^ent  mem- 
braiit  ;  et  c'e-t  sou  record.  —  Signé:  Du  Qoi^nqoi^oo,  Kkr- 

aOLCUftli;   CilR18luFI.Ë  1)K  KëRCIhIST  ;  BU  roNTuo. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  17  ~ 

Loys  Ai«SQUCR|  âgé  d'environ  vingt  ans,  comme  il  dit,  tes- 
DiOign  )uré  purgé  et  enquis,  dit  et  recorde  par  son  serrement 
que  durant  la  derotne  guerre  qui  a  eu  cours  en  ce  pais  et 
duché,  il  a  veu  tenir  des  lieutenants  à  Kerabez,  La^deleau,^ 
Chasteaulin,  Uhelgoêt.  et  autres  endroilz  de  l'évescbé  de 
Cornouaille,  bien  souvant,  n'est  membrant.  par  quanteffoiz. 
Aussi  a  veu  dès  le  temps  d  uug  an,  et  demy  ,a  tenir  pletz  gé- 
oérauiz  meubles  ei  lieutenans  esditz  éveschez  souventefois  ;  et 
dit  qu'il  y  a  eu  seur  aceix,  dès  celuy  temps,  d'aller  et  venir 
par  ledit  évesché;  t  a  ouy  dire  communément  qu'il  y  a  eu 
seur  aceix  pareillement  durant  ledit  temps  de  hanter  le 
Conseill  du  Roy,  nostre  Sire,  pour  impelrer  des  mandements 
et  plédoter  des  causes*  Item  recorde  que  en  karesme  derroin, 
ost  quatre  ans,  il  ouyst  Anceau  de  la  Marche  ,  sieur 
de  Bodriec,  Guillaume  de  la  Marche  ,  s'  du  Cran- 
nec  et  aullies,  dont  n*est  membrant  de  leurs  noms,  dire 
qu'ils  e>toient  délibérés  de  venir  prendre  Guion  Le  Rouge, 
sieur  d'Ancremel,  pourtant  qu'ils  disoint  que  il  lenoil  le  party 
des  François  enneniys  de  la  Duchesse,  et  demandèrent  à  ce 
tesmoign  s'il  vouloit  aller  ouecqûes  euU  ;  que  ne  voulist  ce 
lesmoi^n  ;  n*est  aultremenl  membrant  en  quel  temps  ce  fut. 
Aussi  dit  que  à  peu  de  temps  auparavant  il  ouyst  dire  o  le 
sieur  de  Mezie ,  Rolland  Lohfiiec,  Paul  Lohenec,  Yvon  de 
Kerousy,  Guillaume  Sainct-Denys,  que  ledit  sieur  d'Ancremel 
tenoit  le  party  du  Roy,  et  qu'ilz  le  vouloint  prendre  à  prin- 
soimier,  nVst  membrant  s'il  Touyst  dire  o  aultres,  ou  non;  et 
dit  que  pour  le  temps  surdit,  y  avoitguerre  et  division  entre 
le  Roy  nostre  Sire,  et  la  Duchesse  nostre  Souveraine  Dame,  à 
présant  Royne,  leurs  pais  et  subgels  tenant  leur  party.  luler- 
rogé  sil  est  parant,  afin,  ne  serviteur  à  nulle  des  diles  pariyes, 
die  que  non.  Aussi  interrogé  laquelle  desditt^s  partyes  ÏV 
voudroit  que  gaignast  ladite  cause,  dil  que  c*est  celte  qui  a  le 
meilleur  droit.  El  c'est  son  record.  —  Signé  :  Dvqcenqoisoij; 
KcRsuLGOEii  ;  Ghristofle  DR  Kercrîst  ;  Ddpontou. 

Guillaume  Le  Dannyet,  aigé  d'environ  xxv  ans,  tesmoing 
juré,  purgé  et  enquis,  dit  et  recorde  par  son  serement  qu'il 
congnoist  ledit  sieur  d'Ancremel^  environ  seix  ans  a,  et  que 
le  dimanche  de  Pasques  flories  derroin  ost  quatre  ans»  cest 
tesmoing  qui  estoit  lors. paige  o  h^dit  Hirvé  Kerguennec 
alla  0  celuy  Kerguennec  au  bourg  du  Vieux  Marché,  en  la 
compaignie  dudit  sieur  de  Tourelles ,  Guillaume  Sainct 
Denys  et  Connery  Kerousy  et  aultres  gentilshommes  tenantz 
le  party  de  la  Duchesse,  qui  alloient,  comme  ils  disoint, 
audit  lieu  pour  debvoir  rancontrer  et  prandre  à  prinsonniers 
des  Franczois  ou  aultres  tenant  le  party  du  Roy  contre  la 

SoClÉTft  ABCHÊOL.  DU  FINISTÈRE.  2 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  18  — 

Duchesse.  Ouquel  lieu  il  Yisl  ledit  sieur  d'Ancremel  en  Fos- 
tel  Guillaume  Prig<>nt,  ei  ouyst  ledit  Guillaume  Saincl 
Denys  dire  qu'il  avoit  prins  celuy  sieur  d'Ancremel  à  pri- 
sonnier près  de  Rruillac,  et  qu'il  a^ail  baillé  sa  foy  audit 
Sainct  Denis.  N'est  membrant  quelle  réponse  ledit  sieur 
d'Ancreme^  lui  donna.  Aussi  onyst  ledit  sieur  des  Tourelles, 
Hervé  Kerguennec  el  Connery  Kerousy  dire  ledit  jour,  audit 
lieu  du  Vieulx  Marché,  que  ledit  sieur  d'Ancremel  tenoysl  le 
party  du  Roy,  qui  pour  lors  linesnoit  la  guerre  à  la  Duchesse, 
en  ce  pais  et  duché,  et  disoint  qu'il  hantoit  souvent  o  lesieiir 
de  Bruillac  qui  tenoit  auss^  le  party  du  Roy;  et  ^ist  cest 
tesmoing  ledit  jour,  le  paige  du  sieur  d'Ancremel,  n'est 
membrant  de  sou  nom.  mesner  les  deux  chevaiiU  dudit  sieur 
d'Aneremèl  hors  ledit  bourg  du  Vieulx  Marché,  ne  scel  où  il 
les  mesnoil.  Dit  aussi  que  pour  lors  l'ost  des  Anglais,  qui 
avoint  descendu  à  Mourlaix,  avoit  pas.<;é  la  ville  de  Guingamp, 
pour  aller  au  secours  de  la  Duche<sc,  el  que  pour  celuy 
temps  les  villes  et  chastelenies  de  Mourlaix,  de  Lannion  et 
le  pais  environ  lenoini  le  party  de  la  Duchesse.  Interrogé  de 
quel  poillaige  estoint  lesdits  chevaulx,  dit  qu'il  n'est  mem- 
brant. Aussi  interrogé  s'il  est  parent,  ne  serviteur,  ne  procu- 
reur de  nulle  aesdiles  pa^tyes,  dit  que  non.  Et  c'est  son 
record.  —  Signé  :  Duqoenqiiisou,  KeRSOLGnEiv,  Chhistofle 
DE  Kercrist,  Dupontoc. 

Partie  de  ladite  enquesle  faicte  par  lesdits  commissairesi 
présents  lesdits  clers ,  le  dix-septiesme  dudit  mois  de 
septembre,  l'an  mil  llll««  llll"  treize. 

Allain  Geffrot,  aigé  d'environ  cincquante  ans,  comme  il 
dit.  te.smoing  juré,  purgé  et  enquis,  dit  et  recorde  par  son 
i^errement  qu'il  couguoist  ledit  Guion  Le  Hoge.  sieur  d'An- 
cremel, environ  sept  ans  a.  lequel  il  dit  estre,  dès  ledit  temps, 
demoranl  en  l'évesché  de  Tréguier;  el  dit  que  en  Tan  mil 
\\\l^  llll"  huyt  el  en  l'an  mil  Ull«  llll"  neuff,  y  avoit 
guerre  el  division  en  ce  pais  et  duché  entre  le  Roy,  notre 
sire,  et  la  duchesse,  noslre  souveraine  Dame,  leurs  pais  et 
subgeiz  tenantz  leur  pai*ty  respectivouinnl  ;  auquel  temps  cest 
lesmoiug  fui  en  garnison  en  la  compagnie  de  Morice  de  Ker- 
loeguen,  cappiiaine  dudit  lieu,  el  ouyt  duranl  celluy^  temps, 
souvant  dire  o  ledit  de  Kerloeguen  et  Guillaume;  de  K'rloe- 
guen,  sieur  de  Gaspernn,  Yvou  Pinart,  quieulx  ténoint  le 
party  de  la  Duchesse,  que  ledit  sieur  d'Ancremel  lenoit  le 
party  conliaire  de  la  Durhesse,  savf»ir  le  party  du  Roy. 
Aussi  dit  que  au  moys  de  janvier  audit  an  •  llll»  huyt,  les 
Franczois  vindrenl  à  la  ville  de  Mourlaix  et  reduyi'enl  icelle 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  19  ^ 

ville  et  la  ville  de  Laonion  à  Tobéisi^ance  du  Roy  nostre  Sire, 
et  dempiiix,environ  caivsme  prenaai  ensiiyvant^fureiit  lesdites 
villes  réduictes  à  robbois»sance  de  la  Duchesse.  El  en  cares- 
me  prouchain  ensuyvani  de  la  prinse  dudit  Le  Roge  ei  de 
paravaui,  il  ouysî  ledil  de  Kerioeguen,  cappiiaine  surdil,  et 
autres  genlii /hommes,  n*est  membrani  de  leurs  noms,  dire 
qu'il  debvoil  prendre  ledit  Le  Roge  à  prisonnier,  pourtant 
qu'ilz  disoinl  qu'il  tenoii  le  pariy  du  Roy  no>tre  sire,  et  sou- 
tenoii  les  ennemys  de  la  Duchesse.  Dit  aussi  que  environ 
ung  moys  encza,  cest  lemoing  ei  ung  nommé  Guillaume  Le 
Gallodec  parloint  ensemble  de  la  cause  entre  lesd«les  parlyes, 
il  ouy^t  ledit  Gallodec  dire  que  la  cause  e^ioit  e.«>(range  entre 
eulx,  pourlant  que  ledit  sieur  d'Âncremel  avoil  par  avant  sa 
prinse,  receu  le  serment  d-s  paroissiens  de  ^a  paroi>sedebien 
et  loyaulment  servir  le  Roy  coure  la  Duchesse  et  ceiilx  qui 
ténoint  son  i^aily;  ne  Toiiyst  point  dire  quelle  estoit  ladite 
paroisse.  Iiem  rtcorde  que  â  la  desci'nte  de  l'armée  d'Angle- 
terre  en  la  ville  de  Mourlaix  pour  le  secours  de  la  Duchesse, 
qui  fut  en  karesme  derroin  ost  quatre  ans,  cesi  tesmoing  qui 
esloit  lors  en  garnison  audit  Mourlaix,  ouysi  publier  et  bannir 
en  ladite  ville  ung  mandement  de  la  Duchesse  à  touz  et 
chacun  les  nobles  et  subjetz  aux  armes  de  se  randre  en  Tost 
desdits  Ànglois,  pour  aller  servir  la  Duchesse,  et  otiysi  lors 
dire  communément,  n'est  membrant  o  qui,  que  ledit  sieur 
d'An«  remet  ne  s'esioit  point  rendu  o  lesditz  Anglois,  et  qu*ilz 
lui  sçavoient  mal  gré  à  celle  cause;  ne  scei  si  ledit  Ancremel 
se  trouva  par  aprè^  o  iceulx  Anglois  ou  non.  ne  s'il  lenoit  le 
pàny  du  Roy  ou  non.  Item  reconle  que  environ  deux  à  iroys 
ans  a  il  a  Vi^u  régner  justice  à  avoir  cours  es  éveschés  de  Léon 
et  Tréguier,  et  durant  celluy  temps  les  pletz  généraulx  et 
lieuten^fnis  ont  esté  tenuz  souvenX  en  la  ville  de  Mourlaix  et 
en  plusieurs  lieux  dtsdiiz  éveschés,  et  les  délinquants  pugnis; 
et  le  scet  pourlani  qu'il  est  demoraiit  audit  évesché  de  Léon 
près  de  ladite  ville  de  Mourlaix.  Mesmes  recorde  que  environ 
ung  an  et  demi  a,  dés  le  temps  du  mariaige  et  du  iréié  de 
paix  entre  le  Roy  nostre  Sire,  et  la  Rayne  nostre  souveraine 
dame,  y  a  sejr  accex  d'aller  vers  le  conseil  âik  Roy  nostre 
sire,  qui  s'est  dès  celui  temps  tenu  en  Bretagne,  el  a  veu  des 
gens  aller  audit  conseill  pledayer  leur  cause  et  impétrer  des 
mandemenis.  Aussi  a  ouy  publier  des  manderaenlz  impéirés 
dudit  conseill  en  ce  pai>.  interro^;é  s'il  est  parant,  ne  affin, 
conseiller,  serviteur  ne  pi ocureur  à  nulle  des  dites  parties, 
dit  que  non.  Au>si  interrogé  quelle  des  dites  parties  vouidroit 
mieulx  qui  gaignast  ladite  cause,  dit  que  cVsl  celle  qui  a  le 
meilleur  droit.  Au  parssus,  euquis  sellon  les  tiltres  et  inter- 
rogatoires, dit  n'esti  e  à  présent  membrant  d'aultre  chouse.  Et 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  20  - 
c'est  son  record.-*St^  :  DuQVERQmsoOt  KsRSiiLeuBii,  Cbris- 

TOFLB  DE  KeRCRIST,  DePONTOD. 

Guillaume  Le  RoY,demenrant  au  bourg  de  Brasberz(t),aigé 
d'environ  xxiiii  ans,  comme  il  dit,  tesmoing  juré,  purgé  et 
eiiquis,  dit  ei  recorde  par  son  si^rmeot,  qu'il  congnoisl  ledit 
sieur  d*Ancremel  environ  neuf!  ans  a.  el  a  esté  environ  celuy 
temps    en  son  oslel  à  Ancrenifl  o  Christofle   Rosniadec,  o  le 
quel  cesl  le^moing  esloii   lors  serviteur,   el  dit  que  environ 
Wojfi  ou  quatre  jours  eniour  my  karesme  eu  Tannée  que  le 
grau'l    Maisire  d'Angleterre   descendit  avecques   ung   grand 
armée  du  païs  d*Angleterre,  pui\  cinq  ans,   en   la   vitlede 
Mourlaix   pour  le  secours   de  la  Duchesse,   n'est  menibrai:! 
auitrement  du    temps,  cesi  tesmoing  alla  à  la  ville  de  Guin- 
gamp  vendre  du  poisson^el  il  visi  ledit  sieurd'Ancremelel  ledit 
sieur  de  Brullac,  en  ta  compaignie  d'autres  gens  bien  habillez, 
incogneuz  à  cest  lesmoing,  et  demanda  cest  tesmoingqui  estoient 
iceulz  gens  estanz  o  le>ditz  Ancrerael  et   Brullac  ;  auquel  fut 
respondu,  n'est  membr»nt   par  qui,  que  cesloint  les  gens  du 
Roy  qui  esloiut  en  garnison  en.  ladite  ville,  ne  cest  (sait)  cest 
tesmoing  à  quelle  fin  y  estoint  allez  lesdilz  sieurs  d'Ancremel 
et  Brullac,  ne  combien  iizdemorérent,  pourtant  que  ledit  jour 
cesl  tesmoiug  parlit  pour  s'en  Tenir  à  l'oslel  ;  et  dit  que  pour 
lors  y  avoit  guerre  enire  le  Roy  et  la  Royne  lors  Duthesse,  et 
que  ladiie  ville  de  Guingamp  el  les  gens  y  eslantz  en  garnison 
lenoint  le  party  du  Roy.  Dit  aussi  que  environ  quinze  ou  vingt 
jours  après,  saToir  la  veuille  de   Pasques  flories  ensuivant,  il 
retourna  àudii  lieu  de  Guingamp  vandre  du  poisson. et  estoint 
lors  deslogez  lesd.iz  Frauzcois  de  ladite  ville,  el  y  esloitlogé 
Tost  desdils  Anglois.     Dit  oulire  que  en   allapt  audit  lieu  de 
Guingamp,   et   aussi   en  venant  dudit    Jieu,    ledit    derroin 
voiaige.  il  ouyst  dire  à  deux  ou   troys  hommes  h  luy  incon- 
gneuz  qui  allpint  à  Guingamp  vandre  des  ma^qtiereux,  comme 
ilz  disoinl,  que  ilz  avoint  tourné  le  chemyn, de  double  (crainte) 
des  gens  du  sieurde  Brullac  et  dudit  sieur  d'Ancremel,  que  Ion 
disoil  estre  au   boais  sor  ledit  chemyn,  el  que  ilz  destroussent 
les  vivandiers  qui  alloint  à   Guingamp  devers  lesdits  Angloix 
y  esiantz.  Dit  aussy  qne  en  s'envenani  dudit  lieu  de  Guingamp, 
celuy  derroin  voiaige,  le  dimanche  Pasques  flories,  cest  tes- 
moiug vint  par  le  bourg  du  Vieulx  Marché  à  lostel,  combien 
qu'il   tournoit  son  chemyn,   pour  ce  que  luy  fut  ^il  estre  le 
plus  seur  chemyn  ;  el  comme  cesl  tesmoign  arriva  audit  bourg 
el  atlachet  son  cheval  â  la  cohue,  il  vid  ledit  Guillaume  Sainct 


(1)  Brasparts  (Finistère). 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  21  — 

Deais  et  auUres  à  luy  iocongnêuz,  juoqnes  au  nombre  de 
quatre  ou  cinq  hommes,  mesner  ledit  sîe nr  d*Ancremel  de  Tan- 
droitde  la  dite  cohue  droit  à  Tostel  Guillaume  lYij^ent  audit 
bourg;  et  incontinent  qu*ilz  estoint  devant  celiiyoslel  cest  tes- 
moing  qui  alla  après  eulx  voir  ce  que  ;lz  vouloint  faire  audit 
s'  d'Ancremel,  vid  devant  Tuys  (la  poriej  de  Tantrée  diidit 
ORlel  lesditz  sieurs  de  Tourelles  et  Kerguennec  et  Jehan  Le 
Prebtre  et  ouyst  ledit  Saincl  Denis  lors  dire  audit  s'  de  Tou- 
relles, que  celluy  s'  d'Ancremel  esloit  aussi  bdU  prinsonnier 
qu*il  y  avoit  point  à  la  ville  de  Paris  ,  pourtant  qu'il 
tenoit  le  party  du  Roy  contre  la  Duchesse  ;  lequel  s' 
d'Ancremel  respondoit  que  non,  requérant  qu'il  Teusl  en- 
voyé à  Guingamp  pour  se  justifier.  Et  sur  ce  ledit  Jehan  Le 
Prebtre  voulisr  qtie  ledit  s'  d*Ancremel  eusl  été  mené  à 
Guingamp  pour  ta  Taire  la  raison  ce  touchant  ;  que  ne 
voulist  ledit  Sainct  Denis.  Ei  incontinent  s'en  départit  ledit 
Jehan  Le  prebtre  pour  aller  audit  Guingamp,  comme  il  disoit, 
et  dit  qu'ilz  ne  faiboint  pus  bien  qu'ils  ne  envoyeni  letJit 
s' d'Ancremel  audit  lieu  de  Guingamp;  et  o  tant  ledit  s' 
d'Ancremel  requisl  lesditz  s"  de  Tourelles  et  Hervé  Kerguen- 
nec  d'estre  ses  pièges  (cautions);  ce  que  consputist  ledit 
S'  de  Tourelles,  ei  se  eonslitua  piège  pour  ledit  s^  d'Ancremel 
audit  Sainct  Denis  et  aulires  ses  compaignons,  qui  estoint 
illecques.  incogneuzà  cest  jesmoing  ;  et  onyt  lors  cest  tesmoing 
ledit  sieur  d'Ancremel  dire  audit  s'  de  Tourelles  qu'il  n'esloit 
pas  accoustumé  d'estre  mal  tretlé  et  requisl  ledit  s'  de 
Tourelles  de  le  mesner  à  son  logeix;  de  quoi  dit  ledit  s' de 
Tourelles  estre  contant,  et  le  mesna  avecqiies  luy  à  son  logeix 
audit  bourg,  savoir  à  Tostel  dudit  Guillaume  Prigent,  ainsi 
que  cest  tesmoing  ouyt  nommer  It^dii  logeix,  car  auparavant 
cest  tesmoing  ne  congnoissoit  pas  ledit  logeix,  pourtant  quMl 
n'avoit  jamés  esté  audit  bourg.  El  dit  que  ledit  jour,  il  vist 
audil  bourg  des  gens  a  luy  incongneuz,  montez  sur  deux 
chevaulx  et  mesnoint  ung  aulire  cheval  en  de$tre,  dont  Tung 
desditz  chevaulx  esloil  en  poill  grisou,  n'est  membrant  de 
quHl  poill  esioint  les  deux  aultres,  issir  (sortir)  hors  dudit 
bourg,  ne  scei  où  ilz  alloint,  mays  ouyst  illecques  dire  o  les 
gens  dudit  bourg  à  luy  incongneuz,  que  c'estoii  les  che%aulx 
dudit  sieur  d'Ancremel. Et  logea  cest  tesmoing  audit  bourg  ledit 
Dimanche  au  soir,  en  une  maison  que  ne  scet  à  présent  nommer, 
ei  au  lendemain  qui  estoil  le  Inndy,  cest  tesmoing.  qui  esioit 
allé  a  udit  logeix  dudit  s' de  Tourellch  demander  à  Guillaume  de 
la  Marche  s^  de  Oodriec,  lequel  cest  tesmoing  avoit  veu  audit 
logeix  ledit  jour  de  Dimanche  et  avoit  congiioissanre  o  celuy 
de  paravant,  s'il  avoit  que  mander  au  pais,  vist  an  iver  audit 
logeix  dudit  de  Tourelles,  Olivier  de  la  Forest,  demorant  à 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  22  — 

Guingamp,  el  ung  chevar benr  (sic)  it'escuyprie  qui  porloH  sur 
IVspaiile  ung  ehciizon  des  niMnes  de  la  Duchesse,  quieulx  bail- 
lèrent une  lelire,  missive  audit  s'  de  Tourelles,  ne  scet  cesttes- 
moing  deqiii  esloil  ladite  leiire,  ne  le  contenu  dMcelJe  Leq«]el 
s' de  Tourelles  lenst  ladite  lettre,  el  incontinant  dit  auditzde  la 
Foresi  el  ehevaucheor  d'escuverie  par  t»'lles  parolles  :  •«  Ton 
«  m'a  escript  touchant  le  s'  d'Aucremnl  :  je  ne  le  ^eiiens  pas, 
«  et  pour  tout  fiioy,  je  voudroye  qu'il  fut  à  sa  maison,  pour- 
«  \eu  que  je  feusse  hors  de  la  plevyne  (caution)  où  )e  suis 
«  constiiué  pour  icHIuy.  »  Et  dit  que  ce  fut  à  Tanlrée  dudit 
logeix  du  sieur  de  Tourelles  envyron  huyi  ou  neuf  heures  le 
matin,  et  &  ce  ejytoit  absent  ledit  s' d'Ancreinel,  maisestoil 
présent  à  ce  que  dit  est,  ledit  Hervé  Kerguennec,  qui  dit  parnil- 
lemenl  que  il  (lui;,  ne  homme  dVnIx  ne  dt'tenoit  ledit 
s'd'Aticremel,  et  que  pour  tout  eulx  il  povoitsVn  aller,  n'est 
membrant  qui  estoint  preseniz  aussi  o  lesdilz  nommés  à  ce 
que  dit  est,  mais  dit  qu*il  ne  visl  poitU  pressent  ausdites  pa- 
rolles, ledit  Guillaume  Sainct  Denis.  Et  sur  ce,  cest  tesmoing 
s'en  départit  d'illecques,  et  trouva  ledit  de  Bodriec  près  ladite 
cohue  (halle), et  parlla  ou  icplluy  de  ses  afla  res,  et  d*aulires 
chouses  n'e>t  membrant.  Inieriogé  s'il  est  homme,  parent  ne 
serviteur,  conseiller  on  sollicilenr  à  nulle  desdites  parties,  dit 
que  non,  et  dit  qu  il  voudroit  que  celle  desdites  parties  qui  a  le 
meilleur  droist  gaingnast  Jadite  cause;  et  c'est  son  record.  — 
Signé  :  DuuiiiiNQvisou  ;  KbKSULGVEM  ;    Chbistoflb  de  Kbr- 

GRIST  ;  DuPOIiTOU. 

Yvon  roiM,  de  la  paroisse  de  Lannédern  en  Tevescbé  de 
Cornoaille,  aigé  d'environ  xxt  ans«  comme  il  dit,  tesmoing 
juré,  purgé  et  enqnis,  dit  el  recorde  par  son  serment  qu'il 
congnoist  ledit  s^  d'Ancremel  environ  six  à  sept  ans  a,  durant 
lequel  temps  cest  tesmoing  a  demoré  par  aulcun  temps  o  maistre 
Phelippes  de  Kerleau,  rhanoyne  de  Treguier  el  de  Dol ,  et 
hanloit  souvent  atidil  évesehé  de  Treguier  o  icelluy,  el  que 
environ  my  karesmederroin  osl  quatre  ans,  cest  tesmoing  vint 
0  ledit  Kt'rleau,  son  maistre,  de  lu  ville  de  Dol,  ou  sondit 
maistre  demoroit,  à  la  cité  de  Landréguier,  et  passèrent  par  la 
ville  de  Giiingamp,  011  ils  demorèi eut  par  l'espacze  de  huyt 
jours  repaistre,  pourtant -quils  n'o^oint  bouger  de  double  des 
gens  de  guerre  qui  couroint  par  païs  ;  et  estoint  logés  à  Tostel 
d'ung  nommé  Le  ('.ornec  ;  el  ddrani  lesditz  jours,  cest  tes- 
moing vi>t  ledit  s'  d'Ancremel  par  iroys  ou  quatre  jours  en 
ladite  ville  de  Guingamp,  en  la  compaignie  dudit  s'  de  Bruil- 
lac.  Ausî?i  le  visl  une  ft)iz  durant  ledit  temps,  boire  et  manger 
0  sondit  maistre  en  I  ostil  dudit  Cornée,  et  faisoit  bonne 
chère  l'uo  à  l'autre  deulx.  Pour  lequel  temps,  dit  qu'il  y  avoit 


Digitized  by  VjOOQIC 


J 


--  25  — 

guerre  et  hostilité  enire  le  Roy  notre  sire  at  la  Duchesse  no* 
ire  souveraine  dame  a  prer^ani  Rayne,  leurs  pai<^  et  subgetz 
tenants  leurs  partis  ;  et  estoit  pouf  celluy  temps  ladite  ville 
de  Giiingamp  en  robbois^^auce  du  Roy  nostre  dit  sire,  et  y 
avoit  grand  nombre  tie  gens  de  guerre  eu  garnison  de  par 
nosire  dit  sire,  ne  scel  si  ledit  s'  d'Ancremel  lenoit  leur  party 
ou  non.  ni  à  quelle  fln  estoit  allé  audit  lieu  de  Guingamp. 
El  dit  cest  tfsmoing  que  il  alla  dudii  lieu  de  Guingamp  o  son 
dit  maisire,  à  ladite  cité  de  Landreguier  ledit  voyaige.  EU  par 
api*è$,  sçavoir  le  dimanche  de  I*asques  flories  prouchain  ensui- 
vant, cest  dit  te!»moing  partit  de  sondii  mai^lre  dudit  lieu  de 
Landreguier.  et  s'en  vint  à  1  osiel  voir  ses  gens;  et  en  s'enve- 
nant.  comme  il  i^aNsoil  par  le  bourg  du  Vieulx  Marché,  ledit 
jour  environ  l'eure  de  midy,  il  vist  audii  bourg  ledit  s^d'An- 
cremel  en  la  compaignie  d  un  nommé  Guillaume  Sainct  Uenis 
et  ung  aultre  nommé  Le  Picard,  et  plusiems  aultrt^  incon- 
gneuz  à  cest  tesmoing.  venir  devers  la  cochue  (halle)  droit  au 
logeis  dndit  s'  de  Tourelles  audit  bourg,  ne  scet  desclérer  le 
nom  dudit  logeis,  et  vist  devant  celluy  logeis  lesdits  sieurs  de 
Tourelles  et  Hervé  Kerguennec  ;  et  slir  certaines  paroles  entre 
eulx,  dont  cest  tesmoing  n'est  membrant  d'icelles,  ouyst  ledit 
s^  d'Ancremel  requérir  ledit  s'  de  Tourelles  d'esire  sou  piège  ; 
et  lors  respoudit  l«  s'^  de  Tourelles  qu*il  estoit  comptant,  et  de- 
manda dudit  Guillaume  Sainct  Denis  s'il  le  vouloii  acceptera 
piège  pour  ledit  s'  d  Ancremel  ;  à  quoy  respoudit  ledit  Sainct 
Denis  que  ouy,  et  feust-ce  pour  douze  comme  ledit  s'  d'An- 
cremel. Sur  quoy  celluy  s' Tourelles  se  constitua  à  ladite  plé- 
vyne  pour  ledit  s^  d'Ancremel,  ne  scet  ansqneulx  desdits 
nommez,  et  promisl  ledit  sr  d'Ancremel  Tacquicler  sans  perte 
ne  dommaige  à  celle  cause.  Ki  incontinent  s'en  départit  cest 
tesmoing  pour  s'en  venir  à  Toslel  et  ouy^t  lors  dire  o  plu- 
sieurs, n'est  membrant  de  leurs  noms,  que  fost  des  Angloîs 
qui  estoit  descendu  à  Mourlaix,  estoit  logé  en  ladite  ville  de 
Guingamp  et  les  Franczoys  deslogés,  et  que  il  y  avoit  lors 
guerre  entre  le  Roy  nosti*e  dit  sire  et  la  Duchesse  nosire  sou- 
veraine damQ,  et  estoit  ladite  ville  de  Guingamp  et  tout  le 
quartier  d'envii*on  loràréduiciz  à  Tobeissance  de  la  Duchesse 
comme  cest  tesmoing  ouyst  dire  et  reputer  communément. 
Aussi  rtcorde  que  es  deux  ansderroins  y  a  sur  acès  d'aller  et 
venir  par  le  païs  de  Rretaigne  et  de  tenir  plez,  lant  des  éves' 
chez  de  Léon,  Tréguieret  Cornouaille,  que  ailleurs  ;  et  a  veu 
durant  celluy  temps  tenir  pletz  généraulx  et  lieutenants,  et 
exercer  Justice  en  plusieurs  endroilz  dudit  évesché  de  Cor- 
nouaille, n'est  membrani  par  quanteffolz,  ne  en  quieulx  en- 
droilz. Interrogé  s'il  est  parent,  serviteur,  homme,  procureur 
ne  sollicitent  â  nulle  desdites  parties,dit  qtie  non  et  de  parssus 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  24  — 

ducouteiiu  èsditz  liltre  el  interrogatoires  dil  n'estre  à  pmant 
inembrant  :  el  c'est  son  record.  —  Signé  :  DrQueiiQunov  ; 
Kersvlgceii  ;  Cristofle  de  Kercrist  ;  Diipo»toij. 

Jeban  Lb  G'off  de  la  paroisse  de  Loqueffret  audit  éve^bé 
de  Cornonaille,  aigé  d'environ  xt  ans,  comme  il  dit,  tesmoing 
juré,  purgé  et  enquis  dit  et  r^corde  par  son  serment  qu'il 
congnoist  ledit  s'  d'Ancremel  environ  dix  ans  a,  pour  avoir 
veu  a  ung  jour  environ,  celliiy  temps,  ledit  s'  d'Ancremel  en 
ia  foire  de  Guerniisquin,  el  demanda  cest  tesmoing  comme  il 
avoit  nom,  el  luy  fui  n'pondu,  n'esl  membranl  par  qui,  qu'il 
avoit  nom  Guion  Le  Roge  s'  d'Ancremel.  El  dempulx  en  ka- 
resme  derroin  ost  quatre  ou  cinq  ans,  auliremenl  nest  mera- 
brant  du  temps,  cest  tesmoing  fust  par  deux  foiz  en  la  ville  de 
Guingamp  vendre  des  merluz;ei  pour  lors  y  avoit  des  Franc- 
zoys  en  garnison  de  par  le  Roy  nosire  sire,  en  ladite  ville  ; 
aussi  y  avoil  lors  guerre  et  hostiliié  entre  \e  Roy  nostre  sire 
et  la  Duchesse  nosire  souveraine  Dame  ;  et  dit  que  durant  le- 
dit temps  environ  my  karesme,  il  vist  ledit  le  Roge  et  le  s' 
de  Bruillac  par  une  foiz  en  lailite  vitie  d**  Guingamp  devant 
Tostei  de  Calouari  en  la  compaignie  d'aucuns  desdilz  Francz- 
oys  y  esianz  en  garnison  de  par  nosire  dit  Sire,  et  parloint 
ensemble,  ne  scel  de  quelles  parolles,  et  onyst  cest  tesmoing 
mémorerillecqueso  la  commune  estant  en  lacochue  dudit  lîeu« 
ne  scel  en  quel  numbre^  ne  qui  estoint,  que  lesditz  sieurs  de 
Bruilac  et  d'Ancremel  ne  povent  nyer  qu'ils  ne  lenoint  le  pariy 
de  Franczois  contre  la  Duchei^se,  pour  tant  qu'ils  les  voient 
ainsi  parler  o  lesdilz  Franc/ois.  Oulire  recorde  que  à  ung  aul- 
Ire  voyaige,  enviioncincq  jours  deparavanl,  cest  tesmoing  vist 
ledit  Le  Roge  en  ladite  ville  de  Guingamp,  venant  devers  l'es- 
glise  de  Nosire  Dame,  et  ung  bomme  après  luy  incongneii  à 
cest  le.smoing,  el  dit  que  pour  crilui  temps  esloint  les  Franczois 
en  ladite  ville  en  garnison  de  par  le  Roy  nosire  sire,  ne  scet 
cest  tesmoing  à  quelle  cause  ledit  Le  Roge  estoil  allé  audit 
Guingamp  nequelpariy  il  lenoit,  aulirement  que  ce  qu'il  a 
recordé,  liem  rfcorde  que  à  ung  anllre  jour  par  apprès,  savoir 
le  sabmedi  de  Pasques  flories  audit  karesme,  cest  tesmoing 
alla  de  rechief  vandre  du  poisson  oudit  lieu  de  Guingamp,  où 
i\  vist  I'onI  des  Anglois  qui  avoit  descendu  a  Mourlaix  pour  le 
secours  de  la  Duchesse,  et  esloint  deslogés  nouvellement  les 
Franczois  qui  y  avoint  esté  en  garnison,  et  estoil  iadici  ville 
réduiete  à  l'oboissance  de  la  Duchesse  ;  et  dit  que  ledit  jour  le 
sabmedi,  cest  tesmoing  e(  ung  nommé  Hervé  Allain  quel,  il 
trouva  audit  lieu  de  Guingamp  vandre  du  poisson,  vindrent 
coucher  cbés  ung  bon  homme  aux  champs  incongneu  à  cest 
.  tesmoing,  a  ugne  lieue  de  Guingamp,  sur  le  chemyn  du  Vieulx 


Digitized  by  VjOQQIC 


—  28  — 

Mtfrcbé,  quel  Ghemyn  ils  l^otnl  pourtant  que  ils  le  trcbvdini 
le  plus  sur  et  doubtoint  des  gpns  de  Plusquell<»c  que  l'on  di- 
soil.e^stre  sur  le  droit  ehemyn,  el  prennent  les  gens  qui  alloinl 
à  Guingamp.  Et  le  lendemain,  qui  esloif  le  Dimanche  de  Pas- 
ques  florîes,  cest  tesmoing  et  ledit  Allain  allèrent  ouyr  la 
messe  a  unge  (sic)  église  près  dudit  ebemyn.  quel  église  est 
plus  près  audit  lieu  du  Vieulx  Marché  que  i>'est  à  Guin- 
gamp, aultrement  ne  le  sçaurei  desclérer,  et  apîprès  allèrent 
repaisire  au  bourg  du  Vieulx  Marché  et  misdrent  leurs 
cbevaulx  en  la  cohue  dudlt  lieu,  pourtant  qu'il  y  avoit  grant 
nombre  de  gens  de  guerre  logés  audit  bourg,  et  y  vist  ledit  s' 
de  Tourelles  et  Hervé  Kergiiennec  et  aultres  à  luy  ineongneuz, 
devant  leur  logelx  à  costè  de  ladite  cohue,  quel  ne  scet  aul- 
Jremeni  desclérer  Lequel  s' de  Tourelles  appela  cest  tesmoing 
qu'il  cognoissoit  de  paravant,  et  luy  dit  qu'il  eust  encore  at- 
tendu en  ville  et  ne  s  en  Tut  point  parti  >ans  parler  o  luy.  El 
à  peu  de  temps  après  savoir  environ  Teure  de  midy,  il  vist  le* 
dit  Le  Roge  arriver  o  deux  ou  trois  chevaulx  oudit  bourg 
n'ayant  aucuns  harnés  de  guerre,  que  eust  Vf  y  cest  tesmoing, 
et  comme  celluy  Le  Boge  descendis!  devant  une  maison  audit 
bourg,  que  cest'  tesmoing  ne  scet  aultrement  desclérer,  il  visi 
ledit  Gnillaume  Sainct  Denis  ayant  une  robbe  de  ctiyr  noir, 
lequel  il  cognoissoit  deparavani,  ung  nommé  Le  Piccafd  et' 
aultres  à  luy  incongneuz,  prandre  ledit  Le  Roge  à  prisonnier 
et  le  mesner  droit  au  logeix  dudit  s'  de  Tourelles,  disant  le* 
dit  de  Sainct  Denis  que  ledit  Le  Boge  estoit  bon  prisonnier, 
et  qu'il  tenoit  le  party  des  Franczois  ;  lequel  Le  Roge  res- 
pondit  que  non,  et  qu'ils  lui  faisoint  tort;  et  le  tenoint  les 
dilz  Sainct  Denis  et  Ficcard  d(*  chacun  co$:té  par  les  bras  et 
sur  ce  ledit  s'  Ae.  Tourelles,  à  la  requesle  dudit  Le  Roge,  se 
mist  et  constitua  piège  pour  celluy  le  Roge,  el  le  roesna  o  luy 
à  son  logpix  à  la  requeste  dicelluv  Le  Roge  ;  et  cest  tesmoing 
coucha  celluy  soir  audit  bourg  du,  Vieulx  Marché,  pourtant 
qu'il  estoit  sur  le  tard.  Et  au  lendemain  environ  huyt  ou 
neuff  heur<>s  à  matin,  il  vist  Olivier  de  la  Forest  et  ungche- 
vaucheur  d'cNCuverie  portant  lettres  missives,  ne  scet  dire  de 
qui,  audit  s'  de  Tourelles  qui  estoit  en  la  rue  entre  son  logeix 
et  la  cohue  dudit  lieu,  et  incontinant  arriva  ledit  Hervé  Ker- 
gnennec;  et  sur  ce  ledit  s'  de  Tourelles  leust  lesdites  lettres  et 
dist  audit  de  la  Foret  et  chevaucheur  dVscuyerie  par  telles 
paroles:  «ce  n'est  pas  rooy  qui  le  détiens;  je  ne  suis  que 
«  piège  pour  luy   et  lé  vouldroy  en  sa  maison.  »  Ne  Touyi 

toint  desclérer  de  qu'il  parloit  :  et  à  ce  estoit  absent  ledit 
e  Roge.  Et  autant  s'en  départit  d'illeoques  cest  tesmoiog  et  il 
lessa  lesditz  aultres  nonamez,  ne  scet  comme  il  en  passa  entre 
eulx.  Interrogé  s'il  est  parant,  procureur,  ne  solliciteir.aus^ 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  26  - 

dits  deffenseurs,  dit  que  non/el  qu'il  voudroitt  que  celle  des- 
diles  parties  qiii  a  le  meilleur  droit  gaignâi  ladite  cause.  Au 
parssus,  enqui*^  selon  les  tilt re  et  interrogatoires,  dit  n'estre 
k  présent  inembrant  d'auiires  cbouses  entre  lesdites  parties. 
Et  c'est  son  record.  —  Signé  :  Ddqi  erquisou  ;  KBRSDLGOBsr  ; 
Christoflb  de  Kbrcrist  ;  Dupontod. 

Hervé  AiiAm,  de  la  paroisse  de  Lannëdern,  oudit  evesché 
de  Cornouaiile,  aigé  d'environ  xxiiii  ans,  tesmoing  juré, 
purgé  et  enqiii<i,  dit  et  recorde  par  son  serinent  quti  congooisl 
ledit  S'  d'Aocremel  environ  sept  ù  huyt  ans  a.  poiiriani  que 
cesl  tesmoing  a  esté  serviteur  o  Even  de  Roscerff;  o  lequel  il 
alloit  sonvanl  en  Fo^t^l  du  sieur  du  Boais  de  la  Roche,  frère 
dudit  Even  de  Rosserff.  pré:*  Guing;«mp.  et  à  la  Tille  de  Guin- 
garop,  en  la  quelle  ville  il  a  veu  parfoiz  ledit  s^  d*'\ncremel  ; 
et  disi  qu'en vyron  my  karesme  derroin  ost  quatre  ans,  a  uog 
Jour  que  â  présent  ne  ^Cft  coter,  cesi  tesmoing,  qui  esloit  allé 
à  ladite  ville  de  Guinga.np  vandre  du  poisson,  vist  en  l;idite 
ville  ledit  s'  d*Ancremel  et  ledit  s'  de  Brullac  qui  passent  par 
la  rue  près  la  place  du  poi.cson,  ou  estoii  cest  tesm(»ing,  et 
alloint  droit  à  TEglise  de  Notre  Dame  duilil  lieu,  en  la  com< 
paignie  d*aucuns  Franczois  incongneuz  à  cest  tesmoing,  qui 
tenoint  garnison  en  ladite  ville  de  par  le  Roy  nostrc  Sire^  Et 
pour  lors  ladite  ville  estoil  en  Tobboissance  de  nostre  dit  sire, 
et  y  avoit  guerre  et  division  entre  noslredii  sîre  et  la 
Duchesse  à  prè^em  Royne,  et  paiioint  lesdiiz  s'*  d'Ancremel  et 
Brullac  ensemble  en  breton,  ne  scet  quelles  parolles  ils  di- 
soinl.  Oultre  dit  que  le  sabmedi  de  Parques  fiorfes  prourhain 
ensuivant,  il  alla  audit  Guingamp  vendi*e  du  (roissou  à  la  foira 
qui  estoil  ledit  jour  en  la  dite  ville  et  il  vist  ro.>t  des  Angloix 
qui  avoit  descendu  en  Breiaigne  pourlesecoursdela  Duchesse, 
et  esioint  deslogés  d'icelle  ville,  lesditz  Franczois,  quelx 
paravant  y  avoint  esté  en  garnison.  Et  pour  celluy  temps  dn- 
ret  encore  la  guerre  entre  le  Roy  nosire  dit  sire  et  la 
Duchesse.  Et  pourtant  que  cest  tesmoing  ouyst  ledit  jour  dire 
oudit  lieu  de  Guingamp  qu'il  y  avoit  des  Franczois  sur  le  cbe- 
myn  entre  ladite  ville  et  sa  maison,  qui  desrobbenl  les  vivan- 
diers qui  alloint  et  venoinl  ù  Tosi  desditz  Angloix,  ct-st  dit 
tesmoing  et  ung  nommé  Jehan  le  GofT  dudit  pais  de  Cor- 
noaille  qui  estoit  aussi  vandre  du  poi>son  audit  lieu  de 
Guingamp,  tournèrent  le  chemin  et  tindrent  le  chemin  du 
Vieulx  Marché  pour  s'en  tenir  à  Tostel,  et  vindrént  coucher  à 
ugne  lieue  de  Guingamp  près  dudit  chemyn,  chez  ung  bon 
homme  des  champs,  que  à  présent  ne  scet  nommer.  Et  au 
lendemain  qui  estoil  le  dimanche  de  Pasques  flories,  ilz 
allèrent  ouyr  messe  à  ugne  église,  que  ne  scet  à  présent  nom- 


Digitized  by  VjOOQ  IC 


—  27   -^ 

mer,  qui  esloit  assez  près  du  Vienlx  Marché  ;  et  d'illecques 
vindrent  repaistre  au  bour^du  Vjpiilx  M^irché,  et  descendirent 
à  la  cobne  dudit  lieu,  où  ils  attachèrent  leurs  rhevaulx,  pour- 
tant qu'il  y  avoit  grant  presse  de  gens  de  guerre  logés  audit 
bourg;  et  dit  que  environ  Tenre  de  mydi  celluy  jour,  corn- 
mant  (comme)  cest  tesmoing  estoil  allé  es  messons  dudit 
bourg  chercher  a  manger  pour  luy  et  ledit  Goff  son  compai- 
gnon,  il  ouyst  brul  et  paroUes  que  l'on  avoit  priiis  présente- 
ment ung  pri.^onnier  en  relluy  bourg;  et  cest  tesmoingalla 
voir  qui  c*esloit  et  vist  incontinent  ung  homme  veslu  d'une 
robbe  de  cnyr  noir,  lequel  on  appeloil  GuiMaumeSainri  D^nis 
et  ung  aultre  nommé  Le  Piccard  lenir  ledit  s' d'Ancrero<*l  par 
soubz  les  couiies,  en  la  rue  devant  ung  logeix  estant  d'ung 
costé  de  la  cohue  dudii  bourg,  lequel  logeix  ne  sc»t  cest  tes- 
moing  nommer,  et  vist  un  homme  a  Iny  incongneu  dire  aus- 
ditz  Saincl  Denis  et  Piccard,  qu'il  esloii  envonyé  devers  etilx 
de  par  le  maistre  d'oMel  ne  Monseigneur  le  Mareschal,  qui 
esloit  logé  audit  bourg,  leur  dire  qu'ilz  eusiieni  envouyé devers 
luy  ledit  sieur  d'Ancromel.  El  inroniinenl  il  vist  lesditz  Sainct 
Denis  ei  Picc^ird  me^^ner  le  dit  Ancremel  par  soubz  les  coudes 
à  ung  aulire  logeix  estant  de  raulire  cosié  de  ladite  cohue, 
que  cest  tesmoing  ne  scel  desciérer,  et  le  siiyvist  cest  tes- 
moing  et  plusieurs  auliresgens  à  luy  incongneuz;  et  inconti- 
nent qn'ilz  estoient  ariivez  devant  ledit  logeix  o  ledit  maisire 
d'osiel,quel  maistre  d  ostelcest  tesmoinj;inèscet  nommer, icel luy 
maistre  d'oslel  dit  ausditz  nommez  qu'llz  eussent  me>né  ledit  si^ 
d'Ancreniel  à  Guingamp  pour  se  justifier,  pourtant  que  celluy  s^ 
d'Ancremel  disoit  ne  debvoir  estre  par  raison  prisonnier  : 
que  ne  voulist  ledit  Sainct  Denis,  disant  que  ledit  Ancremel 
estoil  aussi  bon  prisonnier  qu'il  n'y  avoit  point  en  la  ville 
de  Paris  ;  et  sur  ce  s'en  départit  ledit  maîMre  d'ostei  et  s'en 
ala  à  cheval.  M  inconiinani  se  trouva  audit  lieu  ledit  s'  de 
Tourelles  et  en  sa  compaignie  ledit  Hervé  K^rguennec,  ne 
scetde  quelle  part  ils  vindrent.  et  demanda  ledit  s'^  d'Ancre- 
mel dudit  s'  de  Tourelles  s'il  eust  voidu  estre  son  plége. 
Auquel  respondit  celluy  s'  de  Tourelles  que  ony,  si  lesditz 
Sainct  Denis  et  Piccard  Teassent  voulu  aecepter,  lequel  de 
Sainct  Denis  dit  qu'il  estoil  contant  de  l'a'^cepter  à  plége  pour 
ledit  AncremeL  El  alors  celluy  sieur  de  Tourelles,  à  la  re- 
quesle  dudit  s'  d'Ancremel,  se  constitua  en  ladite  plévyne 
corps  pour  corps,  pour  celluy  s^  d'Ancremel,  et  incontinant 
celluy  s""  d'Ancremel  requisl  ledit  s'  de  Tourelles  de  le  recevoir 
et  loger  en  son  logeix;  auquel  respondit  ledit  s^  de  Tourelles 
qu*il  esloit  contant  ;  et  sur  tant  s'en  départit  cest  lesmoing.  et 
alla  voir  son  cheval,  et  ne  scel  cdmmant  il  en  passa  entre 
eulx  ;  et  couchèrent  celluy  soir  cest  tesmOlng  et  ledit  Le  Goff 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  «8  - 

audit  lica  do  Vieulx  Marché,  et  ouyst  oesltesiDoiiig  et  aoltres 
dolil  boorg  qoe  à  présent  ne  icet  nommer,  dire  que  les  gens 
dadit  8^  d^Aiicremel  a  voient,  celluy  jour,  amené  les  cbeYaulx 
d'ieefluy  s^  d'^ncremel  à  sa  maison,  et  le  lendemain  I  matin, 
s>p  Tiiidrenl  cest  tesmoing  et  ledit  Le  Golf  à  Toslel,  environ 
sepi  à  huyt  heures,  et  ne  scet  comment  il  en  passa  au  parssas 
du  faict  dudit  Ancremel.  Interrogé  s*il  est  parant,  ne  affln, 
conseiller,  sollicitear,  procureur,  nomme  ne  serviteur  à  nolle 
desdires  parties,  dit  que  non,  et  dit  qu'il  vouidroit  que  celles 
desdiles  parties  qui  a  le  meilleur  droit  gaignast  ladite  cause. 
El  c'est  son  record.  —  Signé  :  Doqobuqiiisou,  Kbrsolgobii, 
Christof&b  de  Kercrist,  dq  Portou. 

Arthur  Mbrudbc,  noble  homme,  demorant  eu  la  paroisse 
de  Ploegaznoui  en  Tévesi-hé  de  Tiéguier,  aigé  d'environ 
xui  comme  il  dit,  tesmoing  juré,  purgé  et  enquis,  dit  et 
recorde  par  son  serment  qu'il  congnoisi  ledit  sieur  d* Ancremel 
environ  six  a  sept  ans  a,  lequel  il  dit  esire,  dès»  celluy  temps, 
demorant  en  Tévesché  de  Tréguier,  savoir,  parfoiz  en  son 
manoir  de  Kerguegueu,  et  parfoiz'en  son  manoir  d' Ancremel  ; 
et  que  pour  les  ans  mil  IIII«  llll"  huy^t  et  llll'^  neuf  y  avoit 
guerre  et  hostilité  en  ce  païs  et  duché  entre  le  Roy  nostre  dit 
sire  et  la  Duchesse  à  présent  Hayne  ;  et  ouyst  dire  coramu* 
nément  duraii»  ledit  temps  en  la'ville  de  tiennes  et  ailleors 
a  plus  de  vingt  hommes,  n'est  membrant  de  leurs  noms,  que 
ledit  sieur  d'Ancremel,  pour  ledit  temps  et  jucques  à  ce  que 
Tost  des  Anglois,  qui  esioit  descendu  en  la  ville  de  Mourlaix 
pour  le  secours  de  la  Duchesse,  alla  à  Guingamp  réduire  icelle 
ville  et  le  pais  d'environ  à  i'obboissance  de  la  Duchesse,  et 
aussi  pour  le  temps  de  sa  prinse.  cjui  fat  a  peu  de  temps  après 
la  descente  desdilz  Anglois,  tenon  le  party  contraire  de  la 
Duchesse,  savoir  le  pariy  du  Roy  ;  et  il  hantoit  souvent  o  les 
Françzois  durant  qti'ilz  estoint  en  garnison  à  Guingamp,  et  o 
ledit  sieur  de  Brullac,  que  Ton  disoit  tenir  lors  le  pariy  du 
Roy,  néantmoins  que  les  villes  de  Mourlaix  et  de  Lannyon 
estoint  réduictes  a  Tobboissance  de  la  Duchesse.  Dit  oultre 
que  pour  ledit  temps  de  la  descente  dudit  ost  d'Angleterre 
audit  lieu  de  Mourlaix,  aultremenl  n'est^  membrant  du  temps, 
cest  tesmoing  qui  estoil  lors  en  la  ville  de  Bennes,  servant  la 
Duchesse,  et  esloît  homme  d'armes  de  la  compagnie  du  sieur 
de  la  Roche,  vint  dudit  lieu  de  Rennes  accompaigiie  de  cinq 
au  seix  hommes  d'armes  de  ladite  compaignie,  jucques  à 
CorlIé(i  j  pour  debvoir  prandre  ledit  sieur  d'Ancremel  et  aultres 


(I)  Corlaix  (Côtes  du-Nord>. 


Digitized  by  VjOOQIC 


que  Ton  disoit  tenir  le  pàrly  du  Boy.  Ouquel  bourg  de  Corité 
cest  tesmoîng  ouyt  dire  que  ledit  sieur  d*ADcremel  estoit 
prins  par  Guillaume  Saiuct  Denis  et  autres  tenant  le  pariy  de 
la  Duchesse,  n'est  membranl  de  leurs  noms,  et  que  ledit  ost 
desditz  Anglois  estoit  déjà  arrivé  en  la  ville  de  Guingamp, 
et  tout  le  pais  d'environ  réduict  en  Fobboissance  de  ta  Du- 
chesse. Pourquoy  cest  lesmoing  ^t  auitre's  ses  compaignons 
retournèrent  à  la  (^hèse  et  n'allèrent  plus  en  avant  pour 
debvoir  prandre  ledil  sieur  d'Ancremel.  Dit  aiissy  que  environ 
deux  à  Iroys  ans  a,  y  a  seur  accix  en  ce  païs  et  duché  de 
tenir  pletz  et  aller  au  Conseill  plédayer  et  impetrer  des  raan- 
dementz;  et  ont  esté  les  plectz  généraulx  et  les  meubles  et 
lieutenants  tenuz  durant  ledit  temps,  et  les  délinquant»  pugniz 
en  plusieurz  endroitz  de  cedit  pais  par  plusieurs  foiz  que  ne 
scet  à  présent  desclérer.  Interrogé  s'il  e.st  parant,  ne  afin 
ansditz  deffanseurs,  dit  que  non,  et  vouldroil  que  celle  des 
parties  qui  a  le  meilleur  droit  gaignasl  la  cause  sans  aucune 
affection  avoir  à  nulle  desdites  parties  Et  c'est  son  record.  — 
Signé  :  DDQiJENQUisoii,KEBsuLCUËiv,CHnisTOFLE  DE  Kkucrist, 

DCPORTOC. 

Yvon  de  Goesbribnt>  aigé  d'environ  xxxf  ans  tesmoing 
juté,  purgé  et  enquis,  dit  et  reccorde  par  son  serment  qu'il 
congnoist  ledit  sieur  d'Ancremel  environ  dix -huit  ans  a, 
lequel  il  a  veu  environ  celluy  temps  demorer  en  son  manoir 
d'Ancremel  en  la  paroisse  de  Ploeigneau,  en  Tévesché  de  Tré- 
guier,.  et  aussi  dempuis  l'a  veu  demorer  par  aucun  temps 
audit  manoir.  Et  dit  que  pour  le  temps  que  l'ost  des  Anglois 
descendit  en  la  ville  de  Mourlaix,  et  deparavani  durant  l'an 
llll"  sept  ei  llll"  huyl,  y  avoit  guerre  et  division  entre  le 
Roy  et  la  Duchesse,  et  par  aucun  temps  fut  tout  l'évesché  de 
Trt^guier  réduict  à  Tobboifisance  du  Roy,  et  par  après>  incon- 
tinant  la  descente  desditz  Anglois,  hit  réduit  totalement  a 
l'obboissance  de  la  Duchesse  ;  et  dit  que  dès  le  temps  du 
mariaige  entre  le  Roy  et  la  Duchesse,  qui.  fut  environ  ung 
an  et  demy  a,  y  a  seur  aceix  et  exercice  de  justice  en  ce  pais 
et  duché  tant  en  Léon,  Tréguier  et  Cornoaille,  que  ou  conseil 
du  Roy  en  Bretaigne  Interrogé  s*il  est  parant,  ne  afûn,  con- 
seiller solliciteur,  ne  procureur  à  nulle  desdites  pàriyes  dit 
que  non  ;  et  dit  qu'il  vouidroit  que  celle  desdites  parties  qui  a 
le  meilleur  droit  gaignast  ladite  cause.  Et  c'et^t  son  record.  <— 
Signé:  Duqiiënqcisoii,  Kersolgoen,  Christofle  db  Kercrist, 

DUPORTOU. 

Dom  Lucas  Le  Romeur,  prebtre,  aigé  d'environ  xxxr  ans, 
comme  il  dit*  lesmoing  juré,  purgé  et  enquis,  dit  et  reeorde 


Digitized  by  VjOOQIC 


--  30  -- 

par  »oo  sermenl  qu'il  congnoil  ledit  s' d'Ancremel  environ 
dix  ans  a,  It^quel  il  dil  estre  dès  c«  lluy  temp^^s  demorant  au- 
dit evpscbé  de  Tréguier,  ce  que  il  dit  savoir  pourtant  qu'il  est 
demorani  audit  evesché,  et  que  environ  uug  an  a.  aulirement 
n'e^t  membrant  du  temps,  il  ouysl  dire  o  Guillaume  son  Trère 
et  0  Guillaume  Le  Galloedec,  que  ledit  s'  d*\ncremel  lenoît 
le  parly  du  Roy  et  que  Robin  du  Parcb  avoit  prins  l'un  des 
sens  dudit  Ancremcl.  qui  pourloit  des  lesires  au  sieur  de 
Rochan,  durant  la  guerre  entre  le  Roy  el  la  Duchesse,  ne  scet 
point  desclérer  aultrement  le  temps  ;  et  dit  que  à  la  descente 
de  Tost  d'Angleterre  à  Mourlaix  pour  le  serours  de  la  Duchesse, 
il  ouysl  fère  commandement  eu  ladite  vi^le,  par  ban,  à  toulz 
el  checuu  des  nobles  et  subgietz  aux  armes,  de  se  joindre  avec 
l'armée  desdilz  Anglois,  pour  a'ier  servir  la  Duchesse  ;  et 
ouyst  dire  illecques,  n'est  memhranl  o  quy.  que  ledit  s** 
d'Ancremel  ne  sestoit  point  trouvé  o  iceulx  Anglois;  et  â  peu 
de  temps  après  il  ouy^t  dire  o  plusieurs  en  la  ville  de 
Mourlaix,  n'est  membrani  de  leurs  noms,  que  ledit  s*  d'An- 
cremel avoit  e^lé  prius  à  prisonnier  par  ledit  s'  de  Tourelles 
et  aultres  tenantz  le  parti  de  la  Duchesse;  pourla*  t  quecelluy 
s'  d'Ancremel  teuoit  le  party  du  Boy  :  ci  dit  que  pour  le- 
dit temps  de  ladite  prinse  et  pour  l'an  un"  huyt  et  un'' 
neuff,  y  avoit  guerre  et  division  eilre  le  Roy  et  la^Duchesse, 
ainsi  qu'il  ouy>t  dire  comrauut^ment.  Aussy  ouyst  dire  com- 
munément environ  uiig  au  et  demy  a/y  a  seurâceis  de  tenir 
pleiz  et  y  a  exercice  de  iusticc  en  ce  p^ïs  el  duché  Interrogé 
6*il  est  homme,  serviteur  ne  soPicileur  desditz  deffjuseurs, 
dit  que  son  dit  frère  est  homme  duiiit  Kergueunec,  o  lequel 
iJ  demore,  aultrement  non,  et  qu'il  vouidroit  que  ledit  de 
Kerguennec  gaiguasi  ladite  cause  pourveu  qu'il  auroit  le  bon 
drol.  El  c'eslson  record.  —  Signé:  Ddquekqiiisoij  ;  Kersul- 

GOEN;  CHHISTOFLE  DB  KenCRIST  ;  DOPO.^TOO. 

{Original  tur  papier,  —  Archives  du  Finistère.) 

-  t 

NOUVELLES  DES  ÉTATS, 


A.    Lettre    au     Chapitre    de    Quimpbr. 

1767. 
Messieurs  , 

Je  vous  avois  marqué  dans  ma  dernière  lettre  que  nous 
étions  retirés  aux  chambres  depuis  deux  jours  pour  délibérer 
et  nommer  des  Commissaires  pour  travailler  aux  demandes 
du  roy.  L'Eglise  et  le  Tiers  avoieut  donné  leurs  avis  ;  mes- 
sieurs de  la  Noblesse  n'avoient  point  encore  nommé.  Le 
vendredy  nous  ne  Qmes  encore  rien.  Samedy  M.  le  procureur 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  31  -- 

sindic  nous  lut  une  leUre  du  roy  écrile  de  sa  main  à  M^^  le 
duc  d*Aiguillon  dont  voila  une  copie  : 

«  Mon  cousin  nos  Bretons  (leuvent-ils  s'imaginer  que  je 
«  changeray  d'avis  sur  la  résolution  que  j'ay  prise  de  mainte- 
a  nir  la  nouvelle  forme  que  j'ay  donnée  à  mon  parlement  de 
«  Bretagne,  et  de  ne  pas  souffrir  qu'elle  excède  te  nombre  de 
«  60.?  Croyent-ils  q4je  je  renveray  les  bous  serviteurs  que  j'y 
«  ai  pour  faire  entrer  en  leur  place  ceux  qui  ont  manqué  à 
a  robéis«aKce  qui  m'est  due  par  tous  mes  sujets  ?  Répétez 
«  leur  pour  la  dernière  Ibis  que  je  leur  défends  expressément 
«  de  s'occuper  plus  longtemps  de  ce  qui  regarde  mou  parle- 
«  ment,  et  dites  leur  que  s'ils  persistent  encore  à  faire  des 
«  représentations  à  ce  sujet,  et  a  ne  pas  travailler  à  leurs 
a  affaires.,  je  ne  pourois  regarder  celle  conduite  que  comme 
«  une  désobéissance  formelle  à  me^  Volontés.  Après  leur 
«  avoir  lait  cette  déclaration,  où  vous  exécuterez  littérale- 
«  ment  et  ponctuellement  ce  que  je  vous  ay  prescrit  dans  nos 
«  instructions,  c'est  le  seul  moyeu  de  mériter  la  continuation 
«  de  mes  bontés  et  de  ma  protectiou.  Je  finis  sans  compliment 
«  ni  souhait. 

«  LOUIS.  » 
«  A  Versailles  le  6  janvier  1767.  » 

Le  reste  de  la  séance  se  paFsa  a  ne  rien  faire  ;  on  demanda 
que  IVIIVl  les  Commissaires  du  roy  voulussent  bien  faire  retirer 
de  dessus  le  registre,  la  nomination  que  l'on  avoit  faite  le  6, 
en  leur  présence,  des  Commissaire  dans  Tordre  de  la  noblesse 
pour  travailler  aux.  demandes  du  roi.  Hier  MM.  les  Commis- 
saires du  roy  nous  firent  dire,  qu'instruits  qu  'il  s'éloil  élevé 
des  difficultés  au  sujet  de  leur  entrée  du  six  de  ce  mois,  et 
que  les  affaires  du  roy  et  de  la  province  souffroienl  du  retar- 
dement, ils  consentoienl  que  tout  ce  qui  s'y  étoit  pas^é  soit 
regardé  comme  non  avenu,  et  néanmoins  enjoint  â  MM.  de 
Tordre  de  1a  noblesse  de  nommer  des  Commissaires  pour  exa-, 
miner  tes  demandes  du  roy.  La  commission  travailla  hier  et 
M.  l'évoque  de  Vannes  devoit  faire  au  jourdhuy  son  rapport  ; 
on  refuse  de  l'écouter.  MiM.  de  la  noblesse  demandent  qu'on 
nomme  une  commission  nouvelle  pour  prier  MM.  les  cou* 
missaires  du  roy  de  se  faire  autoriser  à  recevoir  leur  mémoire; 
il  y  a  apparence  que  cela  nous  tiendra  toute  la  séance  11  est 
près  de  deux  heures  et  je  vais  envoyer  à  la  poste  j'ay  Thpn- 
neur  d'être 

iVIessieurs  et  chers  confrères  votre  très  humble  et  très 
obéissant  serviteur, 

DESNQES,  chanoine  de  Qaimper. 
Renne  ce  12  janvier. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  32  - 

XII. 

B.  Lbttbb  au  gomtb  du  Bbibux,  au  ghatbau  db  Kbrdaribl  • 

V9ÈS  QUIMPRI. 

1767. 

ReaneSf  ce  26  may. 
Monsieur^ 

J'ai  cru  devoir  vous  mander  «que  le  33  de  ce  mois 

MM.  les  Commissaires  du  Roy  entrèrent  aux  Etats  pour  en 

faire  la  clôture.  Avant  que  de il  fut  lu  et  eiirégist]*é  un 

nouveau  règlement  concernant  les  Etats.  Ce  règlement  établit 
une  nouvelle  forme  pour  les  Etals  à  l'avenir,  et  ne  donne  dit- 
on  entrée  qu'aux  gentiKsbommes  qui  oni  produit  à  la  Béfor- 
mation  de  153*2.  Il  doit  être  homologué  au  Parlement. 

M.  de  Cargouet  de  Quémadeuc  a  été .  de  Tavis  de  TEgiise 
et  du  Tiers,  nommé  à  la  place  du  greffier.  Vous  avez  sçu  qu'il 
a  été  enrégislié  un  arrêt  du  Conseil  qui  ordonne  que  TavÎ!»  de 
deux  oi*dres  vaudra,  et  a  en  connéquence  validé  toutes  les 
opérations  de  TEglise  et  du  Tiers.  Vous  savez  également  l'en- 
lèvement de  M.  le  comte  de  la  Monssaye  et  de  M.  le  viconnte, 
qui  ont  été  conduits  au  château  de  Pierre  Encise.  L'abbé  de 
Pontual  a  eu  ordre  du  Roy  de  se  rendre  dans  son  abbaye  de 
Beaulieu.  Pareil  ordre  a  été  domié  à  M.  de  Kersauson  Coa- 
tan^coiire  et  à  M.  Le  Gôalez  de  se  retirer  dans  leurs  terres. 
On  dit  que  sur  la  requête  présentée  au  Conseil  par  nos  six 
ma;<istrals  exilés,  il  a  été  dit  par  le  Conseil  qu'il  n'y  avoit 
lieu  à  y  prononcer,  fait  défeu'^s  aux  quatre  con^eiMers  de 
prendre  cette  qualité  ,  et  leur  enjoint  d'envoyer  leurs  litres  et 

tiro visions  pour  parvenir  â  la  liquidaiion  de  la  finance  de 
eurs  charges.  M.  le  duc  de  la  Trémouille  et  madame  partirent 
le  t23  pour  Paris.  M  le  duc  d'Aiguillon  reste  à  Renufs  pour 
huit  ou  dix  jours.  On  dit  qu'il  y  aura  des  ordres^  sous  peine 
de  désobéissance,  à  des  conseillers  démis  de  rentrer  pour 
compléter  le  nombre  de  soixante,  suivant  l'édii  du  Boy. 

Vous  avez  sçu  l'affaire  de  Hovius,  libraire  de  Saiut-Malo. 
Vpus  avez  scq  aussi  renlèveraent  de  M.  Ravaux,  votre  libraire. 
Depuis  le  29  d'avril  il  était  détenu  aux  prisons  de  Vitré  II  y 
a  été  attaqué  d'une  fièvre  maligne  ;  il  y  est  mort  le  24  de  ce 
mois.  Les  scellés  sont  sur  sa  boutique  ;  ses  héritiers  doiveol 
arriver  en  peu.  Vous  aurez  dans  celte  boutique  un  compte  à 
régler  ;  depuis  que  vous  preniez  les  Mercures  et  Prérons, 
chez  Ravaux,  vous  ne  lui  aviez  rien  payé.  ...  Je  regrette  beau- 
coup le  sieur  Ravaux  ;  c'était  un  bon  garçon,  aimable  et  acco- 

modant 

J'ai  l'honneur  d'être  avec  bien  du  respecti 

(Archives  du  Finistère.)  NERZIC  (1). 

(1)  Mou  article  sur  le  Parlement  des  Ifs  était  a  Timpression  lorsque 
j'ai  retrouvé  ces  deux  lettres. 


Digitized  by  VjOOQIC 


SEANCE  DU  19  JUIN  1875. 


Présidence  de  M.AUDRAN,  Vice-Président. 

Etaient  présents  :  MM.  F.  Audran;  Th.  de  la  Ville- 
marqué,  de  rinstitut  ;  Surrault,  inspecteur  d'Acadé- 
mie ;  Fougeray  ;  Ayrault  ;  Malen  ;  Cormier  ;  Le  Men 
et  de  Montifault. 

M.  Audran,  après  avoir  de  nouveau  remercié  la 
Société  qu'il  est  appelé  à  présider  pour  la  première 
fois,  de  l'honneur  qu'elle  lui  a  fait  en  lui  conférant  le 
titre  de  vice-président,  se  rend  l'interprète  des  plaintes 
exprimées  par  quelques  membres  au  sujet  de  la  mau- 
vaise impression  du  Bulletin, 

M.  Le  Men  répond  qu'il  fera  part  à  l'imprimeur, 
de  ces  observations,  et  qu'il  prendra  des  mesures 
pour  assurer  aux  publications  de  la  Société  une  im- 
pression plus  soignée. 

M:  Surrault,  inspecteur  d'Académie,  donne  commu- 
nication à  l'Assemblée  d'une  circulaire  qui  doit  paraî- 
tre au  prochain  Bulletin  de  V Instruction  primaire,  et 
dont  le  but  est  de  recommander  aux  instituteurs  le 
Questionnaire  archéologique  approuvé  par  la  Société 
dans  sa  séance  du  mois  de  mars  dernier.  Cette  circu- 
laire est  ainsi  conçue  : 

A    MM*  les    Instituteurs    publics   et  libres,   titulaires  et  adjoirUs 
du  département, 
Mrssibubs. 

Dans  sa  séance  du  19  janvier  dernier,  la  Société  archéologique  du 
Finistère,  dont  j'ai  Thonneur  de  faire  partie,  a  décidé,  sur  la  propo- 
sition de  M.  le  comte  de  Carné,  son  président,  qu'un  questionnaire, 
rédigé  en  termes  très-simples  et  très-clairs,  vous  serait  adressé  par  mes 
soins,  et  que  je  ferais  appel  à  votre  dévouement  en  faveur  d'une  oeuvre 
à  laquelle  vous  ne  pouvez  rester  indifférents  ou  étrangers. 

Vous  savez  qu'il  existe  à  Quimper  un  musée  départemental.  Institué 
et  subventionné  par  le  Conseil  général,  puis  entretenu  par  des  dons  et 

3 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  34  - 

des  libéralités  privées,  il  Test  surtout  aujourd'hui  par  les  patientes  et 
laborieuses  recherches  de  quelques  hommes  savants  et  modestes,  jaloux 
de  conserver  tout  ce  qui  peut  offrir  de  l'intérêt  au  point  de  vue  de 
rhistoire  en  général  et  de  celle  de  la  Bretagne  en  particulier. 

Ce  musée  possède  déjà  beaucoup  de  choses  précieuses,  classées  avec 
goût  et  discernement  ;  mais  il  y  a  place  pour  bien  d'autres*  Il  faut 
l'augmenter,  l'enrichir,  le  compléter,  si  l'on  peut  ainsi  dire. 

Or,  c'est  pour  cela  d'abord  que  la  Société  archéologique  vous  demande 
votre  concours .  Elle  a  pensé  que  vous  pouviez  tous  contribuer  au  déve* 
loppement  de  ce  dépôt  de  pièces  en  général  authentiques  du  passé,  qu'en 
ne  saurait  consulter  ni  sans  utilité,  ni  sans  plaisir. 

Vous  aurez  à  cœur,  je  n'en  doute  pas,  de  seconder  ses  vues  et  de 
réaliser  mes  propres  espérances.  Dans  vos  promenades  des  vacances 
ou  des  jours  de  congé,  vous  chercherez  seuls,  ou,  de  préférence,  avec 
quelques-uns  de  vos  meilleurs  élèves,  des  monnaies,  des  médailles,  des 
armes,  des  poteries,  des  vases,  des  statuettes  et  autres  objets  anciens. 
Et  vous  en  trouverez  assurément,  car  la  vieille  Ârmorique  n'en  manque 
pas,  et  vous  aurez  l'obligeance  de  les  envoyer  à  Quimper  ou  de  nous 
les  signaler. 

Mais  là  ne  se  bornera  pas  la  coopération  intelligente  que  j'attends 
de  votre  zèle.  Vous  étudierez  sérieusciiient  le  programme  qui  suit,  et 
vous  vous  en  servirez  comme  d'uu  flambeau  pour  examiner  avec  atten- 
tion les  lieux  où  vous  êtes,  leur  configuration,  les  monuments  en 
ruines  ou  debout  qui  s'y  trouvent,  les  souvenirs  qui  s'y  sont  transmis 
de  génération  en  génération,  les  chroniques,  les  légendes,  les  chants  et 
les  ballades,  enfin  tout  ce  qui  se  rapporte  à  l'histoire  de  vos  ancêtres, 
car  vous  êtes  pour  la  plupart  Bretons,  et  vous  avez  raison  de  vous  en 
faire  honneur. 

Dès  que  vous  le  pourrez,  vous  adresserez  à  M.  le  Préfet,à  M.  le 
Président  de  la  Société  archéologique  ou  à  M.  l'Archiviste  conserva- 
teur du  musée,  non-seulement  les  objets  que  vous  aurez  trouvés 
ou  leur  signalement^  mais  encore  les  pièces  historiques  originales  que 
vous  aurez  découvertes,  ou  des  copies  conformes  de  ces  pièces. 

Si  vous  avez  affaire  à  des  monuments,  de  quelque  âge  ou  de  quelque 
nature  qu'ils  soient,  vous  en  donnerez  des  descriptions  aussi  exactes 
que  possible,  en  suivant  toujours  le  questioanaire  que  vous  aurez  entre 
les  mains. 

Quant  aux  chroniques,  légendes  ou  récits  populaires,  qui  se  racon- 
tent sous  le  chaume  comme  au  foyer  du  ^manoir,  dans  les  veillées 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  35  — 

d'hiver,  mais  qui  n'ont  été  jusqu'ici  ni  imprimés  ni  manuscrits,  vaut 
les  fixerez  soigneusement  sur  le  papier,  dans  votre  dialecte,  et  vous  en 
donnerez,  en  regard,  une  traduction  exacte. 

Lorsque  vous  aurez  des  doutes,  ce  qui  ne  peut  manquer  de  se  produire 
souvent,  vous  consulterez  les  anciens  et  les  notables  du  pays.  Je  suis 
bien  convaincu  que  MM.  les  Maires,  Curés,  Becteurs,CoDseillers  généraux 
et  Conseillers  d'arrondissement,  etc.,  vous  aideront  toujours  volontiers. 

Le  temps  que  vous  consacrerez  à  ces  recherches  récréatives,  à  ces 
études  intéressantes,  sera  bien  employé.  Vous  contracterez,  si  vous  ne 
Pavez  déjà,  et  vous  communiquerez  à  vos  élèves  le  goût  de  l'histoire, 
dont  l'archéologie  est,  sans  contredit,  le  guide  le  plus  fidèle  et  l'oracle 
le  plus  vrai. 

Recevez,  Messieurs,  l'assurance  de  mes  meilleurs  sentiments. 

.   V Inspecteur  d'Académie,  C.  SURRAULT. 

Cette  circulaire  reçoit  l'approbation  unanime  de 
TAssemblée  et  M.  le  Président  remercie  vivement  M. 
rinspecteur  de  l'utile  concours  qu'il  veut  bien  appor- 
ter aux  travaux  de  la  Société. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  d'un  travail  de 
M.  le  Men  sur  la  manufacture  de  faïence  de  Quimper  : 

LA  MANUFACTURE  DE  FAÏENCE  DE  QUIMPER. 

(1690  —  1794) 

On  a  beaucoup  écrit  sur  la  Bretagne  depuis  le  commeoce- 
ment  du  siècle  ;  de  consciencieux  érudits  ont  fait  l'histoire  de 
ses  origine^  et  de  ses  luttes  héroïques  ;  tout  ce  qui  se  rattache 
à  ses  mœurs,  à  sa  littérature  et  à  ses  poétiques  traditions  a  été 
recueilli  avec  un  boin  religieux  ;  mais  on  chercherait  vainement 
dans  les  nombreux  ouvrages  qui  lui  ont  été  consacrés,  quel- 
ques notions  sérieuses  sur  l'histoire  industrielle  de  celte  pro- 
vince. C'est  aux  monographies  locales  à  fournir  le  plus  promp- 
tement  possible  les  éléments  qui  permettront  de  combler  cette 
lacune,  par  la  publication  vivement  désirée  d'une  Histoire  du 
Commerce  et  de  l'Industrie  de  la  Bretagne. - 


Digitized  by  VjOOQIC 


1 


—  36  — 

Mais  UD  fait  depuis  longtemps  acquis,  est  le  peu  d'aptitude 
industrielle  du  caractère  breton.  Si  ce  fait  pouvait  être  mis  en 
doute^  il  suffirait  pour  rétablir  de  rechercher  dans  chacune  de 
nos  villes  bretonnes  l'origine  particulière  de  son  commerce. 
On  le  trouverait  sans  peine  dans  l'Auvergne,  dans  la  Normandie 
ou  dans  la  Gascogne.  C'est  h  la  Provence  que  la  Bretagne  est 
redevable  du  plus  important  de  ses  établissements  céramiques. 


Jean-Baptiste  BOUSQUET. 

(1600  —  1708) 

Vers  la  fin  du  17«  siècle  un  ouvrier  potier  nommé  Jean- 
Baptiste  Bousquet,  âgé  d'un  peu  plus  de  quarante  ans,  (I) 
quiitait.le  village  de  SaintZacharie(3;>  au  diocèse  de  Marseille, 
pour  venir  établir  à  Quimper  une  manufacture  de  faïence.  Il 
était  accompagné  de  son  fils  aine  Pierre,  qui  venait  d'atteindre 
sa  dix-neuvième  année  à  l'époque  de  son  émigration. 

Une  semblable  tentative  de  la  part  d'un  simple  ouvrier,  peut 
paraître  aujourd'hui  bien  aventureuse  ;  mais  Jean-Baptiste 
Bousquet  n'était  pas  un  ouvrier  ordinaire,  et  avant  d'entre- 
prendre ce  long  voyage^  et  de  livrer  aux  hasards  de  la  spécu- 
lation des  économies  péniblement  amassées,  il  avait  eu  soin  de 
s'assurer  que  toutes  les  chances  étaient  de  son  côté. 

A  cette  époque,  en  effet,  il  n'existait,  à  proprement  parler 
en  Bretagne  aucune  manufacture  de  faïence.  Les  italiens  Ferro 
etRibé  avaient,  il  est  vrai,  créé  à  Nantes  en  1588  et  en  1625 
des  fabriques  de  faïence  blanche  ;  mais  après  Charles  Guer7 
meur,  (un  nom  franchement  breton),  (3;  et  Jacques  Rolland, 


(1)  Il  était  Dé  en  1749. 

(2/  Aujourd'hui,  commune  de  rarrondissement  de  Brignoles  départe- 
ment 3du  Var. 

(8)  Une  famille  de  ce  nom,  habitait  au  18®  siècle  la  paroisse  de  Loc- 
maria,  près  Quimper,  où  furent  établis  successivement  les  trois  m'a- 
nufacturesde  faïence  qui  eiistent  encore  aujouriHiui.  Je  trouve  eu  effet 
dans  les  registres  de  cette  paroisse,  sous  la  date  du  26  janvier  1787 
l'acte  de  décès  d'Urbane  Guermeur,  dame  du  Rhun. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  37  - 

qui  sont  mentionnés  comme  travaillant  dans  cette  ville  en 
16ô4,  il  s'écoule  près  d'un  siècle,  avant  qu'il  y  soit  question  de 
cette  industrie. 

D'un  autre  côté  la  faïencerie  établie  au  Croisic  au  16*  siècle 
par  le  Flamand  Gérard  Demigennes,  qui  eût  pour  successeur 
en  16tî7,  l'italien  Horacio  Borniola,  ne  paraît  pas  avoir  pros- 
péré longtemps.  Le  champ  était  donc  ouvert  sans  concurrence 
à  ^industrie  de  rintelligent  ouvrier  provençal. 

D'autres  considérations  non  moins  sérieuses  lui  désignaient 
Quimper  comme  offrant,  entre  toutes  les  villes  de  BrelagnCi 
les  conditions  les  plus  favorables  pour  devenir  un  centre  impor- 
tant de  fabrication.  L'argile  se  trouvait  en  abondance  dans  les 
environs  ;  sa  situation  presque  à  Tembouchure  d'une  rivière 
navigable,  facilitait  singulièrement  l'exportation  des  produits, 
en  même  temps  qu'elle  permettait  de  faire  venir  par  mer  sans 
grands  frais,  les  terres  indispensables  à  la  fabrication  de  la 
faïence,  et  dont  il  n'existait  pas  dans  le  pays  de  gisement 
connu.  Lç  bois  de  chauffage  y  était  à  vil  prix,  et  la  main  d'œu- 
vre  moins  chère  que  dans  aucune  autre  partie  de  la  Bretagne. 

Le  potier  provençal  avait  sans  aucun  doute  compris  tous  les 
avantages  de  cette  situation,  lorsqu'il  vint  se  fixer  à  Quimper. 
Ce  fut  en  1690  (1)  qu'il  y  établit  ses  premiers  fourneaux  dans 
le  faubourg  de  Locmaria,  et  très-probablement  dans  les  dé- 
pendances d'une  propriété  où  les  Romains  ont  laissé  de  nom- 


^t)  C'est  la  date  assigQée  à  l'établissement  de  Jean-fiaptiste  Bousquet 
par  Pierre  Caossy,  dans  un  n  émeire  relatif  à  la  fondation  d'une  fa- 
brique de  porcelame  à  Quimper, document  que  Ton  trouvera  à  la  suite 
de  cette  notice.  Ce  renseignement  concorde  assez  bien  avec  la  déclara- 
tion faite  en  1743  devant  les  juges  de  la  juridiction  du  prieuré  de  Loc- 
maria, par  Pierre  Bousquet,  nls  de  Jean-Baptiste,  «  qu'il  est  estranger 
«  de  cette  province,  et  qu'il  a  sorti  en  bas  âge  de  son  pats.  »  (Voir 
plus  loin). 

Je  dois  cependant  faire  observer  que  malgré  des  recherches  très-atten- 
tives dans  les  anciens  registres  de  la  paroisse  de  Locmaria,  il  m'a  été 
impossible  d'y  retrouver  la  moindre  _trace  de  la  famille  Bousquet 
avant  le  10  mars  1706,  tandis  qu'à  partir  de  cette  date  ce  nom  s'y 
rencontre  très-fréquemment.  Je  ne  voudrais  pas  tirer  de  ce  fait  une 
induction  contraire  à  l'assertion  si  précise  de  Caussy. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  38  — 

breuses  traces  de  leur  séjour,  et  qui  doit  à  cette  circonstance^ 
d'avoir  conservé  jusqu'à  présent  le  nom  de  Rome.  Ses  débuts 
durent  être  fort  modestes»  car  il  ne  possédait  pour  toute  fortune 
qu'un  fonds  de  deux  mille  livres.  Mais  il  sut  si  bien  faire  fruc- 
tifier ce  petit  capital  par  son  habileté  d'ouvrier  et  par  son  in- 
telligence des  affaires,  que  soixante  ans  après  rétablissement 
de  sa  fabrique,  son  fils  laissait  à  ses  héritiers  pour  deux  cent, 
mille  livres  de  constructions  (1). 

En  quittant  le  village  de  Saint-Zacharie,  Jean -Baptiste  Bous- 
quet y  avait  laissé  sa  femme  Elisabeth  Brun  et  un  fils  nommé 
Charles,  qui  venait  à  peine  de  naître,  ainsi  que  nous  le  voyons 
par  l'extrait  de  baptême  suivant  : 

«  L'an  mil  six  (cent)  nouante  et  le  deuxième  juin  a  été 
baptisé  Charles  Bousquet,  fils  de  Jean-Baptiste  et  Elisabeth 
Brun,  mariez  de  cette  paroisse,  le  parein  Charles  Paul,  et  la 
mareine  Anne  Forge  de  la  ville  de  Marseille.  —  Signé  :  Vert, 
vicaire.  —  Extrait  du  livre  des  registres  de  la  paroisse  de  ce 
lieu,  de  Saint-Zacharie  (2).  » 

Sa  femme  était  morte  depuis  longtemps^  et  son  jeune  fils 
Charles  était  venu  le  rejoindre  en  Bretagne,  lorsque  malgré 
son  âge  avancé,  il  avait  alors  cinquaute-neuf  ans,  «  Jean-Baptiste 
Bousquet,  maitre-fayiencier  (sic)  de  la  paroisse  de  Locmariai 
veuf  de  défunte  Elisabeth  Brun  suivant  l'extrait  mortuaire  de 
ladite  defTuncte  Lebrun,  inhumée  dans  Téglise  paroissiale  de 
Saint-Zachario.  diocèse  de  Marseille,  épousa  le  19  avril  1708, 
Corentine  Benoist  de  la  paroisse  de  Saint-Malhieu  de  Quimper, 
veuve  de  defTunt  Michel  Gogola  de  Saint-Michel,  soldat  de  la 
compagnie  de  Descoulon,  à  présent  de  Lescoet  du  Boschet,  dé- 

(1)  Jhid. 

(2)  Cet  acte  est  transcrit  à  la  fia  du  registre  des  baptêmes,  mariages 
et  sépultures  de  la  paroisse  de  Locmaria,  pour  TanDée  4707  La  copie 
a  été  délivrée  à  J.  B.  Bousquet,  le  19  septembre  1707,  — Archives  du 
bureau  de  l'état  civil  de  Quimper, 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  39  - 

cédé  au  siège  devant  Gibraltar  le  deuxième  février  de  l'année 
1705  (!).  » 

On  peut  supposer  que  ce  mariage  ne  reçut  pas  l'approbation 
de  Pierre  Bousquet,  car  sa  signature  ne  se  trouve  pas  au  pied 
de  l'acte.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  vieux  fhiencier  ne  devait  pas 
demeurer  longtemps  dans  la  nouvelle  situation  qu'il  s'était 
créée.  On  lit  en  effet  dans  les  registres  de  la  paroisse  de  Loc« 
maria  : 

«  Le  neufième  jour  de  décembre  1708,  a  été  inhumé  dans 
Téglise  paroissiale  de  Locmaria,  Jean- Baptiste  Bousquet,  pro- 
vençal, décédé  hier  dans  la  maison  de  Rome  de  cette  paroisse, 
âgé  d'environ  cinquante-neuf  ans,  ayant  pendant  sa  maladie 
confessé,  communié  et  reçu  le  Saint- Sacrement  d'extrême- 
onction.  Ont  assisté  à  l'ensépulture  Hervé  Morel,  Guillaume  Vi- 
varc'h,  Guillaume  Le  Cœur,  Gorenlin  Le  Pennée  et  plusieurs 
autres  lesq^uels  ne  savent  signer.  —  Christophe  Fresnet,  recteur 
de  Locmaria.  » 

Jean-Baptiste  Bousquet  eut  la  consolation  de  laisser  en  mou- 
rant sa  fabrique  florissante  entre  les  mains  de  son  fils  aîné,  bien 
digne  sous  tous  les  rapports  de  continuer  l'œuvre  que  son  père 
avait  si  bien  commencée. 

Nous  ne  possédons  aucun  renseignement  particulier  sur  le 
getire  de  fabrication  de  Jean-Baptiste  Bousquet,  et  je  ne  pense 
pas  qu'on  ait  jusqu'ici  signalé  aucune  pièce  qui  puisse  lui  être 
attribuée.  Ce  qui  est  certain  c'est  qu'avant  de  venir  s'établir 
à  Quimper  il  avait  trav^iillé  dans  les  environs  de  Marseille  et  de 
Draguignan  ;  peut-être  à  Moustiers,  où  il  aurait  pu  être  l'élève 
ou  l'émule  des  Viry  et  des  Clérissy  ces  excellents  artistes 
faïenciers  de  la  fin  du  17®  siècle.  Il  n'y  a  dans  cette  hypothèse 
rien  qui  doive  surprendre,  car  on  est  forcé  d'admettre  que  pour 
venir  ainsi  tenter  la  fortune  à  l'autre  extrémité  de  la  France,  il 
fallait  que  Bousquet  fut  un  ouvrier  d'un  talent  réel.  Quoi  qu'il 


(i)  Registres  de  la  paroisse  de  Locmaria.  —  Archives  du  hunau  de 
VEtat-eivil  de  Quimper. 


Digitized  by  VaOOQ IC 


—  40  - 

m  soit,  s*il  existe  encore  quelques  œuvcf  s  de  ce  faïencier,  c'est 
dans  les  faïences,  conservées  dans  les  anciennes  maisons  des 
environs  de  Quimper  et  qui  présentent  le  caractère  d«i  Hous- 
tlers  primitif,  qu*on  peut  espérer  de  les  rencontrer.  Dans  les 
signatures  de  J.-B.  Bousquet,  qui  sont  très-nombreuses  dans 
les  anciens  registres  de  la  paroisse  de  Locmaria,  les  lettres  /  B, 
initiales  de  ses  prénoms  sont  liées,  et  la  première  lettre  de  son 
nom  est  un  b  minuscule. 


Pierre  BOUSQUET. 

(1708—1719) 

Né  en  1671,  il  était  âgé  de  trente-sept  ans  lorsqu'il  succéda 
à  son  père  dans  la  direction  de  sa  manufacture.  Il  avait  épousé 
avant  celte  époque  Elisabeth  Hellette,  plus  jeune  que  lui  de 
trois  ans.  Comme  ce  nom  n*appartient  pas  au  pays  de  Quimper 
et  qu*il  m'a  été  impossible  de  découvrir  dans  les  registres  de  la 
paroisse  de  Locmaria  aucune  mention  de  ce  mariage,  tout  porte 
à  croire  qu'il  aura  été  contracté  en  Provence,  et  il  est  probable 
qu'il  aura  profité  de  cette  occasion  pour  ramener  en  Bretagne 
son  jeune  frère  Charles,  qui  comme  on  Ta  vu  plus  haut  était 
resté  avec  sa  mère  à  Saint-Zacharie,  après  le  départ  de  J.-B. 
Bousquet  pour  Quimper.  Charles  Bousquet  n'avait  .que  seize 
ans  à  la  mort  de  son  père,  mais  il  est  certain  qu'il  travailla  à  la 
fabrique  de  faïence  avec  son  frère  car  ils  sont  qualifiés  l'un  et 
l'autre  de  «  potiers  »  dans  les  pièces  d*un  procès  qu'ils  eurent  k 
soutenir  en  1718  contre  dame  Jeanne-Thérèse  Freslôn  de  Saint- 
Aubin,  prieure  de  Locmaria,  au  sujet  d'une  somme  de  61  livres 
dont  ils  étaient  redevables  à  ce  prieuré,  pour  certains  droits  de 
lods  et  ventes. 

J'ai  dit  plus  haut  que  les  premiers  fourneaux  de  J.-B.  Bous- 
quet avaient  probablement  été  construits  dans  le  lieu  appelé 
Rome,  où  il  élail  mort  après  avoir  dirigé  sa  fabrique  pendant 
dix-huit  ans.  Avec  les  minces  ressources  dont  il  disposait,  il 


.Digitized  by  VjOOQIC  ■ 


-  41  — 

avait  dû  s*étab1ir  non  oommo  il  Taurail  voulu,  mais  comme  il 
l'avait  pu.  Or  ta  propriété  de  Rom/?  éloignée  de  la  rivière  et  par 
conséquent  du  port  d'embarquement,  n'était  pas  un  lieu  com- 
mode pour  rexploiiaiioa  d'<ine  usitie.  Aussi  le  premier  soin  de 
Pierre  Bousquet  lorsqu'il  succéda  à  son  père,  Tut^il  de  chercher 
un  nouvel  emplacement  pour  y  installer  sa  manufacture. 

Il  y  avait  à  cette  époque  en  face  du  pont  tcTurnant  de  Loc- 
maria,  qui  n'existe  plus  depuis  un  siècle,  un  ilôt  assez  vaste 
formé  de  jardins,  de  vergers  et  de  vieilles  maisons,  quelques- 
unes  en  ruines,  et  délimité  à  Tesl  par  la  rue  de  Penanguer  (1), 
au  sud  par  la  rue  Haute,  à  Touest  par  la  rue  du  Stivel,  et  au* 
nord  par  le  quai  ou  rivage  de  l'Odet.  La  grande  préoccupation 
de  Pierre  Bousquet,  après  la  mort  de  son  père,  paraît  avoir  été 
de  devenir  propriétaire  de  tout  ce  terrain  afin  de  pouvoir  y 
construire  des  bâtiments  en  rapport  avec  Timportance  toujours 
croissante  de  son  usine.  On  le  voit  en  effet  poursuivre  ce  but 
par  une  succession  d'acquêts,  de  1708  à  1746.  Il  achète  de  plus 
en  dehors  de  cet  îlot,  en  1740,  pour  y  faire  ses  dépôts  de  com- 
bustiblesy  une  maison  et  un  vaste  enclos  appelés  la  maison  et 
le  jardin  de  la  Folie  (2),  qui  a  conservé  cette  destination  jus- 
qu'à ce  jour.  Voulant  en  outre  avoir  sous  la  main  des  ressources 
d'un  autre  ordre  et  non  moins  utiles,  il  devient  en  1738  adjudi- 
calaire  de  la  propriété  de  Rosmaria,  séparée  de  son  usine  seu- 
lement par  la  largeur  d'une  rue,  et  qu'il  transforme  en  laiterie, 
après  y  avoir  établi  des  vergers  et  de  grands  jardins  (3). 

(1)  C'était  le  nom  de  la  rue  qui  conduisait  du  faubourg  de  Locmaria 
à  la  ville  de  Quimper.  et  qui  formait  le  prolongement  de  la  rue  Haute;  * 
cette  dernière  portait  aussi  les  noms  de  rue  du  Four  et  rue  du  Pouiraz. 

(2)  H  parait  que  Locmaria  était  autrefois,  à  Tépoque  du  Carnaval 
un  but  de  réunion  pour  les  masques,  qui  avaient  coutume  de  s'y  ren- 
dre pour  danser.  Cet  usage  explique  peut-être  le  nom  bizarre  donné  à 
cet  enclos  et  à  cette  maison. 

(3)  Une  autre  maison  qu'il  acheta  en  1722  et  qui  disparut  vers 
1760,  lors  de  la  construction  du  quai  de  Locmaria,  portait  Je  nom  de 
la  Maiion  Rou^e.  Cette  dénomination  se  rencontre  presque  toujours 
dans  les  localités  où  les  Romains  ont  laissé  des  traces  importantes  de 
leur  occupation. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  44  — 

Son  frère  Charles  mourut  en  1722  (1)  ;  il  avait  ëpoqsé  au 
mois  d'avril  1710  Marie  Saux  de  la  paroisse  de  Saint-Julien 
(rue  Keréon)  de  Quimper,  dont  il  eut  cinq  enfants.  (2)  Pierre 
Bousquet,  perdait  en  son  frère  un  auxiliaire  utile,  mais  une 
plus  grande  douleur  lui  était  réservée,  il  avait  un  fils  unique, 
Jean*Baptiste  François,  né  le  4  avril  1713,  sur  lequel  il  fondait 
pour  l'avenir  de  sa  fabrique,  de  légitimes  espérances.  La  mort 
l'enleva  à  Tâge  de  quatorze  ans,  le  24  avril  1727.  Son  acte  de 
décès  se  termine  par  aes  mots  :  «  Ont  assisté  à  son  enterre- 
ment ses  père  et  mère  et  sœurs,  les  écoliers  de  la  congréga* 
tion  et  plusieurs  autres.  » 

Son  père  faisait  aussi  partie  d*une  congrégation  paroissiale 
dès  l'année  1718  (3)  et  le  24  janvier  1730,  il  transporta  au 
profit  de  la  dotation  d'une  fondation,  faite  par  lui  dans  Téglise 
de  Locmaria,  un  constitut  qui  lui  avait  été  consenti  parXla* 
tberine  Bougarin,  veuve  de  Ciel  Le  Miel.  (4)  Pierre  Bousquet 
n'avait  conservé  aucune  relation  avec  ses  parents  ou  ses  amis 
des  environs  de  Marseille.  Privé  du  concours  de  son  frère  et  ne 
pouvant  suffire  seul  à  la  direction  et  aux  travaux  de  sa  manu- 
facture, il  fit  venir  pour  le  seconder  un  ouvrier  faïencier  de 
Nevers,  nommé  Pierre  Bellevaux.  Cet  ouvrier  né  en  1704  à 
Druy,  chef-lieu  de  canton  de  Tarrondissemenl  de  Nevers,  ap- 


(t)  Aveu  fourni  en  1756,  par  Pierre  Gaussy,  à  la  prieure  de  Loo 
maria.  —  Archives   du  Finistère, 

(2)  Ces  enfants  sont  :  !<>  Jean-Marie,  né  le  27  juin  1711  ;  2»  Jean- 
François,  né  te  2s  octobre  1712  ;  8o  Marie-Louise,  née  ie  11  octobre 
1713  ;  4^  Jacques-François,  né  le  2  mars  1715  et  5o  François,  né  le  6 
juillet  1716.  A  parlir  de  cette  dernière  date,  le  nom  de  Cliarles  Bous- 
quet, et  ceux  de  sa  femme  et  de  ses  enfants  cessent  de  figurer  dans 
les  registres  de  Locmaria.  J'ignore  absolument  ce  que  devinrent  ces 
derniers.  Il  est  bon  de  raprocher  cette  observation  de  celle  que  j'ai 
placée  à  la  fin  de  la  note  1  page  37. 

(8)  Le  14  juin  il  assiste  en  qualité  de  congréganiste  à  l'enterrement 
de  Nicolas  Brunou,  poissonnier.  —  Registres  de  la  paroisse  de  Loc- 
maria. 

(4)  Inventaire  de  meubles  fait  en  1749  à  la  mort  de  Pierre  Bousquet 
Titre  du  greffe  de  la  juridiction  de  Locmaria.  —  Archives  du  Fîfwf- 
tère. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-|.  —  43  - 

mZ  partenait  certainement  à  une  ancienne  famille  de  feienciers.  Il 
13^, j:  était  fils  de  Philippe  Bellevaux  et  de  Claude  Serrurier,  (t)  Son 
-  yg  j.  oncle  Edme  Serrurier,  figure  dans  un  acte  de  1760  '2J  comme 
^  ancien  entrepreneur  de  la  Manufacture  des  terres  d^Anglelerre 
établie  à  Paris.  Le  même  titre  mentionne  un  Butre  de  ses 
^.^.  oncles  Jean-Samuel  Serrurier  négociant  à  Nevers  et  anciea 
prévôl  des  juges  consuls  de  cette  ville.  A  la  mémo  époque  son 
neveu  Jean -Henri  Bellevaux  était  établi  maître  faïencier,  à 
Paris*  et  demeurait  dans  la  rue  Saint-Martin,  paroi&se  de  Saint- 
Nicolas-des  Champs,  (3) 

Pour  attacher  d'une  manière  plus  étroite  son  nouveau  colla- 
borateur aux  intérêts  de  son  établissement,  Pierre  Bousquet, 
lui  doona.  le  2S  janvier  1731  sa  fille  aînée  Marie-Jennoe  en 
mariage  (4).  Cette  preuve  de  confiance  désignait  suffisamment 


;.♦  'ïi 

—  '        '  -1^1       >   ■■        1 — , ^ 

Mi- 

'  (1)  Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  TEglise  de  Druy  -, 

'^*''  •  «  (^  10  octobre  de  Tannée  1704  a  esté  baptibé  Pierrui  fils  Je  mais- 

,  ^ft  tre  Philippe  Bellevaux,  marchand,  et  de  Claude  Serrurier,    ses  pcre  et 

•  ^  mère.  Sou  parrain  a  esté  Pierre  Godin,  sa  marraine   honnesUi  fcrintie, 

'li'tf'  Catherine  Pière.  —  Desbons,  curé  de  Druy.»  -  Registre  cieti  biiptêmes, 

^  mariages  et  sépultures  de  la  paroisse  de  Locmaria,   pour  TaoLice  1731. 

:j(tfi^  —  Architsts  du  bureau  de  Véiat  civil  du  Quimper» 

jîtfl^        (2)  Requête  présentée  en  1760  au  Parlement  de  Bretagne  par  CajBsy 
.  ^'    pour  parvenir  à  ia  vente  de  la  manufacture  de  Locmaria.  —  Archives 

.:  '^^     du  Finistère,  D'après  ce  document  Edme  Serrurier  avait   à  cettii  date 

•'j^'  abandonné  son  commerce  de  faïence,  et  habitait  le  bourg  da  Saiat-Jean 
de  la  Motte  près  la  Flèche. 

^ ^        Ce  faïencier  est  évidemment  le  même  que  celui  que  M,  Jacquemart 

désigne  seulement  par  son  nom  de  baptême,  dans  les  Merveities  du  ta 

•  ii*f'''  Céramique  3«  partie,  page  66  -.  «  Un  mot  maintenant,  dit-il,  sur  un 
établissement  important  Ta  Manufacture  royale  de  terre  d'Angleterre, 
Edme  qui  la  dirigeait  en  1749,  éuousait  le  31  août  de  cet  le  même  an- 
née Marie-Claude  Serrurier,  fillcdun  marchand  de  drap  dti  Nevers.  ■> 

Marie-Claude  Serrurier  était  probablement  la  fille  de  Jean  Samuel 
Serrurier  mentionné  plus  bas. 

(3)  Ibid.  —  Un  autre  de  ses  neveux,  Grégoire- Jean-Baptiste  Dupuy 
était  im;  rîmeurà  Paris,  rue  Saint- Jacques,  paroisse  Saint-Benoit. 

(i)  Elle  était  née  le  6  avril  1708.  Sa  seconde  fille  Marie-ElisuliÊth 
née  Je  25  octobre  1709,  Qpousa  en  1734  Pierre  Bérardier  ;  de  ce  ma- 
riage naquit  en  1735,  Denis  Bérardier,  docteur  et  syndic  de  la  Tacullé 
de  théologie  de  Paris,  mort  en  1794,  grand  maître  du  collège  Louis  Le 
Grand.  Voici  une  lettre  inédite  qu'il  écrivait  en  1760  à  sou  couaia  P. 
Caussy. 

«  Monsieur  et  cher  cousin  je  vous  demande  bien  pardon  si  je  D*sy 


Digitized  by 


-  44  - 

Pierre  Bellevaux  comme  son  successeur,  et  peut  nous  donner 
la  mesure  dé  la  capacité  du  faïencier  de  Nevers.  Mais  cette 
union  ne  fut  pas  heureuse.  Marie-Jeanne  Bousquet  mourut  le 
27  septembre  1740  ;  son  mari  ne  lui  survécut  que  quelques  an- 
nées. Il  mourut  le  17  juin  1743. 

Le  4  juillet  suivant,  le  sieur  Pierre  Bousquet,  mattre  et 
propriétaire  de  la  manufacture  établie  à  Locmaria,  ayeul  ma- 
ternel de  Pierre  Belvaux  âgé  de  six  ans  '  1),  et  de  Marie  Jeanne 
âgée  de  neuf  ans  {%  comparaissait  en  la  juridiction  du  prieuré 
de  Locmaria  pour  demander  que  leur  tutelle  et  Tadministration 
de  leurs  biens  lui  fussent  confiées  ;  et  à  cette  fin  il  requérait 
que  tous  «  les  suffragse  des  voisins  et  biens-veillans  soit  prisi 
parce  qu'il  ne  connoft  aucuns  parents  paternels  ou  maternels 
auxdits  mineurs,  d^autant  qu*il  est  estranger  de  cette  province, 
et  qu*il  a  sorti  en  bas  âge  de  son  paîs,  de  même  que  ledit 
feu  Bellevaux,  son  gendre  étoit  aussi  extraprovinciaire.  » 

point  fait  encore  de  réponse  à  votre  dernière  lettre.  Depuis  huit  jours 
je  n'ai  point  eu  un  seul  instant  à  moi.  Les  messieurs  que  j'ai  à  ma 
conférence  ont  soutenu  leurs  thèses  ;  j'ai  été  obligé  d'y  présider  en  qualité 
de  maitre  de  conférence.  Cet  exercice  finira  demain,  «t  je  profiterai  dn 

Sremier  moment  que  j'aurai  de  libre  pour  répondre  à  tous  les  artieies 
e  vos  deux  dernières  lettres.  Cepeudant  comme  vous  me  témoignez 
désirer  un  acte  par  lequel  je  déclare  consentir  à  la  vente  de  la  manu- 
facture, je  vous  l'envoie  de  crainte  qu'un  peu  plus  long  délai  ne  fût 
préjudiciable  à  vos  affaires.  » 

«  J'ai  enfin  reçu  une  lettre  de  mon  cousin  Bellevaux  par  laquelle  iV 
me  prie  de  lui  envoyer  quelques  livres,  et  même  des  livres  de  dévo- 
tion. Je  souhaite  qu'il  eu  profite;  je  lui  ferai  au  plus  tôt  réponse.  En 
attendant  je  vous  prie  de  1  assurer  de  mon  amitié,  ainsi  que  mon  frère 
et  ma  sœur.  Adieu  mon  cher  cousin,  la  poste  me  presse  croyez  moy 
toujours,  avec  l'amitié  lu   plus  tendre   votre  très-humble  serviteur.  » 

a  BËRARDIER.  » 
«  De  Paris,  ce  vingt  six  mars  1760.  »  —  Ibid, 

Pierre  Bousquet  eut  une  troisième  fille,  Magdeleine^Louise,  née  le  38 
avrU  1716  qui  ne  vécut  qu'un  mois  et  demi. 

(1)  Né  le  22  février  1737,  mort  célibataire  le  16  Octobre  1787.* 

(a)  Née  le  4«r  mars  1734.  Elle  épousa  Pierre  Clément  Caussy,  en 
1749.  Outre  ces  deux  enfants,  Pierre  Bellevaux  eut  de  son  mariage 
avec  Marie^Jeanne  Bousquet  :  i©  Jean-Baptiste,  né  le  20  janvier  i783  ; 
20  Marie-Elisabeth,  née  le  25  février  1735,  et  3«  un  enfant  qui  fut  seu- 
lement ondoyé  le  29  septembre  1740,  huit  jours  avant  la  mort  de  sa 
mère* 


Digitized  by  VjOO'QIC 


-  45  — 

Voici  les  ooms  des  biensveillans  qui  furent  convoqués  et  qui 
se  présentèrent  dans  cette  circonstance  : 

Noble  homme  Jan*Baptiste  Barbé,  négociant. 

Noble  homme  Charles  Cossoul,  ancien  maire  de  Quimper. 

Noble  homme  Charles  Cossoul,  son  neveu. 

Noble  homme  Jean  Chaumette,  marchand. 

Noble  homme  Simon-Marie  Péricr,  seul  imprimeur  de  la  ville. 

Noble  homme  Jan  Périer  du  Camoing,  soa  frère,  marchand 
libraire. 

M«  Guy  Ricou>  procureur  au  siège  présidial  de  Quimper. 

M®  Mathieu  du  Boishardy.  aussi  procureur. 

M*  Clette  Férec,  notaire  royal  et  procureur  audit  siège. 

Le  sieur  Jean-Baptiste  Bottuel,  marchand  chapelier  (1). 

On  peut  juger  par  cette  liste  de  l'excellente  position  que  Pierre 
Bousquet  avait  su  se  créer  dans  la  boMrgeoisie  Quimperoise. 

Tous  ces  biensveillans  «  déclarèrent  unanimement  donner 
leur  voix  et  suffrages  audit  sieur  Bojusquet,  »  qui  fut  institué 
tuteur  de  ses  petits  enfants. 

A  la  mort  de  son  gendre,  Pierre  Bousquet  était  âgé  de  72  ans. 
Sa  fabrique  était  alors  |la  seule  fabrique  de  faïence  existant  en 
Bretagne.  Nous  en  avons  la[preuve  dans  les  documents  suivants  : 

«  À  Monsieur  de  Viarmes  intendant  de  Bretagne. 

«  A  la  Chapelle,  le  9  septembre  1743. 
«  Monsieur, 

«  On  demande  un  privilège  pour  établir  une  manufacture  de 

fayence  dans  la  terre  de  Dizier ,  située  sur  la  rivière  de  la 

Loire  à  3  heures  de  la  ville  de  Blois.  Je  vous  prie  d*examiner 

si  cet  établissement  ne  serait  pas  préjudiciable  aux  manufac- 

iures  de  fayence  de  votre  département  et  de  me  marquer  ce 

que  vous  pensez  â  ce  sujet. 

«  ORRY, 

«  Conseiller  d*Etat,  contrôleur  général  des  finan- 
ces, directeur  générai  des  D&timents,  jardins 
et  manufactures  du  roi.  » 


(i)  Registre  du  greffe,  de  la  juridiction  du  prieuré  de  Locmaria.  <— 
Àrehivêi  du  Finiitére. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  4»  - 

«  A  Monsieur  Orry^ 

«  Rennes  16  septembre  1748. 

«  Monsieur, 

«  Le  privilège  que  Ton  demande  ne  peut  pas  préjudicier  aux 
manufactures  de  cette  province.  Nous  n'en  avons  qu'une  établie 
à  Quimper  en  basse-Bretagne  et  par  conséquent  Irès-éloiguée 
de  celle  qui  fait  l'objet  de  votre  lettre  du  9  de  ce  mois. 

«  DE  VIARMES  (1).  » 

La  fabrique  de  faïence  de  Quimper  devait  donc,  sans  parler 
de  l'exportation,  approvisionner  la  plus  grande  partie  de  la  Bre- 
tagne. Malgré  toute  son  activité  il  était  impossible  au  vieux 
faïencier  de  suffire  seul  à  cette  lourde  tâche.  Aussi  ne  tarda-t- 
il  pas  à  s'adjoindre  un  auxiliaire.  Rouen  était  alors  pour  la 
faïence  le  centre  de  fabrication  le  plus  important  de  toute  la 
France  ;  une  grande  vogue  s'attachait  à  ses  produits.  C'est  de 
Rouen  qu'il  Ht  venir  un  habile  ouvrier  nommé  Pierre-Clément 
Caussy  qui  fut  pour  lui  un  collaborateur  des  plus  utiles  ;  cela  ne 
l'empêcha  pas  de  continuer  à  s'occuper  personnellement  des 
intérêts  de  sa  manufacture,  dont  il  travailla  jusqu'à  la  ^fin  de 
sa  vie,  à  augmenter  l'importance. 

'En  1749,  l'année  même  de  sa, mort,  voyant  que  l'on  faisait  à 
Rennes  et  à  Brest  des  essais  pour  l'établissement  de  nouvelles 
faïenceries,  Pierre  Bousquet,  s'autorisant  d'un  arrêt  du  Conseil 
d'Etat  qui,  pour  arrêter  le  déboisement  de  la  France,  interdi- 
sait dans  le  royaume  la  construction  de  nouveaux  fourneaux, 
adressa  à  l'Intendant  général  des  finances^  un  mémoire  aux 
fins  d'obtenir  pour  sa  manufacture  de  faïence  un  privilège  ex- 
clusif dans  la  Bretagne,  pour  lui  et  pour  ses  héritier^.  Voici  la 
correspondance  à  laquelle  cette  requête  donna  lieu  : 


(f)  Archives  départementales  d'IUe-et-Yilaiae.  —  Ces  documents 
m'ont  été  commumqués  par  M.  Fougeray,  qui  les  tient  de  M.  le  con- 
•eiUer  André,  de  Reuuet . 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  47  — 

«  A  Monsieur  de  Yiarmes,  intendant  de  Bretagne  r 

«  Paris,  le  26  Juillet  1749, 
«  Monsieur, 

«  J'ai  Thonneur  de  vous  envoyer  un  mémoire  du  sieur  Pierre 
Bousquet,  entrepreneur  d'une  manufacture  de  fayances  et  pi* 
pes  à  fumer,  à  Quimper-Corenlin.  Il  fait  des  représenta- 
tions sur  la  quantité  de  nouvelles  fayanceries  qui  s'établissent 
journellement  sans  permission  contre  les  dispositions  de  Tarrét 
du  9  août  17:23  dont  il  a  joint  un  imprimé.  Il  se  plaint  que  les 
entrepreneurs  des  manufactures  de  Rennes  et  de  Brest  débau- 
chent ses  ouvriers  et  il  en  justifie  par  une  lettre  ci- jointe  qu'il  a 
écrite  à  l'un  d'eux.  Il  demande  en  même  temps  pour  lui  et  ses 
héritiers  un  privilège  exclusif  dans  là  Bretagne.  Je  vous  prie  de 
vérifier  si  les  représentations  du  sièur  Bousquet  sont  fondées, 
dans  quel  étal  est  sa  manufacture,  et  s'il  n*y  aurait  pas  d'incon- 
vénient à  lui  accorder  le  privilège  qu'il  demande.  Ayez  la  bonté 
de  me  faire  remettre  par  cet  entrepreneur  une  copie  de  son 
privilège  et  de  me  l'envoyer  avec  vos  observations  et  votre  avis. 

«  TRUDAINE. 
c«  Conseiller  d'Etat,  intendant  des  finances.  » 


A  Monsieur  de  Viarmes^ 

«  Quimper,  le  6  août  17  49, 
«  Monsieur, 

•  J'ai  l'honneur  de  vous  renvoyer  le  mémoire  présenté  à 
M.  le  contrôleur  général  par  U  sieur  Pierre  Bousquet,  entre- 
preneur de  la  manufacture  de  fayance  et  pipes  à  fumer  établie 
près  de  cette  ville,  il  y  a  plus  de  40  ans.  Il  était  alors  libre,  et 
il  Ta  été  jusqu'à  Tarrét  du  conseil  d'état  du  9  août  1733,  à 
toutes  personnes  de  faire  de  pareils  établissements.  Le  motif 
qui  détermina  le  Roi  à  les  défendre  à  [^avenir,  fut  la  trop 
grande  consommation  de  bois  que  ces  établissements  fréquents 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  48  -       • 

et  nombreux  occasionnaient.  Le  sieur  Bousquet  n'a  d'autres 
privilèges  que  l'avantage  d'avoir  commencé  son  établissement 
longtemps  avant  1723. 

«Les  représentations  qu'il  fait  sur  la  quantité  des  nouvelles 
faïenceries  qui  se  forment  journellement  et  contre  les  disposi- 
tions dudit  arrêté  du  9  août  1723  paraissent  fondées.  Les  plaintes 
que  les  entrepreneurs  des  manufactures  de  Bennes  et  de  Brest 
débauchent  ses  ouvriers  en  leur  offrant  de  plus  grands  salaires, 
sont  justifiées  par  les  lettres  jointes  à  son  mémoire  et  celles 
qu'il  m'a  encore  remises  et  que  j'ai  aussi  l'honneur  de  vous 
renvoyer. 

«  Sa  manufacture  devient  considérable  et  est  en  état  de 
fournir  abondamment  la  province.  Elle  so  trouve  bien  située 
pour  être  pourvue  de  bois  sans  le  renchérir  dans  le  canton.  Le 
port  de  mer  au  bout  duquel  elle  est  placée,  donne  toute  la  corn* 
modité  que  Ton  peut  désirer  pour  le  transport  des  fayaaces  et 
pipes.  Le  sieur  Bousquet  s'attache  avec  beaucoup  d'application 
il  perfectionner  ses  travaux,  et  surtout  à  trouver  les  moyens  de 
donner  sa  marchandise  à  bon  compte.  Il  soutient  d'abord  bien 
des  familles  qu'il  occupe  et  emploie. 

«  Je  ne  vois  donc  aucun  inconvénient  à  lui  accorder  le  pri- 
vilège exclusif  qu'il  demande  pour  lui  et  ses  héritiers  ;  je  pense 
même  qu'il  le  mérite  et  qu'en  conformité  des  arrêts  du  conseil 
des  9  août  1723  et  2  février  1734,  il  doit  être  ordonné  aux 
nouveaux  entrepreneurs  de  faïenceries  de  démolir  les  fours 
qu'ils  ont  fait  construire  sans  permission.    - 

«  FROLLO  DE  KERLIVIO, 
a  Subdélégué.  » 

«  A  Monsieur  de  Viarmes^ 

ce  A  Montigny,  le  12  octobre  1749. 

Lettre  de  rappel  par  l'intendant  des  finances,  sa  lettre  d4i 
26  juillet  étant  restée  sans  réponse.  Il  ajoute  : 

«  J'ai  l'honneur  de  joindre  ici  un  nouveau  mémoire  du 
S'  Pierre-Clément  Gaussy,  présenté  à  H.  le  contrôleur  général. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  49  — 

Il  fait  les  mêmes  représentations  et  demande  le  même  privilège 
en  son  nom  attendu  que  le  s'  Bousquet  est  décédé.  Ayez  la 
bonté  de  prendre  les  éclaircissements  que  je  vou$  ai  demandés 
et  ceux  qui  peuvent  être  relatifs  à  la  demande  du  s'  Gaussy  .  et 

de  m'envoyer  votre  avis  sur  le  tout. 

«  TRUDAINE; 
«  Intendant  des  finances.  » 


«  A  Monsieur  de  Trudaine. 

u  Rennes,  le  16  octobre  1749. 
«  Monsieur, 

a  Les  représentations  que  fait  le  s'  Bousquet  sur  la  quantité 
de  nouvelles  fayanceries  qui  se  forment  journellement  contre 
les  dispositions  de  Tarrêl  du  9  août  1723,  ne  me  paraissent  pas 
mériter  une  grande  attention.  Ses  plaintes  que  les  entrepre- 
neurs des  manufactures  de  Brest  et  d?  Rennes  débauchent  ses 
ouvriers  en  leur  offrant  de  plus  grands  salaires  paraissent  justi- 
fiées en  partie.  Cependant  vous  verrez  par  le  mémoire  ci-joint 
du  s»^  Charmoy,  de  Rennes,  auquel  j'ai  donné  communication 
des  plaintes  du  s^*  Bousquet  à  cet  égard,  qu'il  n'a  jamais  cher- 
ché à  débaucher  aucun  de  ses  ouvriers  qui  leur  seraient  peu 
utiles,  attendu  que  les  ouvrages  dont  il  a  entrepris  l'essai  sont 
d'une  espèce  tonte  différente  de  ceux  que  fabrique  le  .s' Bousquet. 

«  A  regard  du  privilège  exclusif  qu'il  demande  dans  toute  la 
province  pour  lui  et  ses  héritiers,  j'y  verrais  trop  d'inconvé- 
nients à  le  lui  accorder.  Tout  ce  que  je  crois  qu'on  pourrait 
faire  en  sa  faveur,  ce  serait  de  lui  donner  le  privilège  exclusif 
dans  l'étendue  du  diocèse  de  Quimper  seulement,  sous  le  nom 

de  Pierre-Clément  Caussy. 

«  DE  VIARMES, 

<t  Intendant  de  Bretagne  (!;.» 

Pierre  Bousquet  mourut  au  mois  de  septembre  1749,  à  l'âge 

(1)  Archives  dépnrtementaHes  (Vllle-et-Vilaine.  —  Documents  com- 
muniqués par  M.  le  conseiller  André. 

4 


Digitized  by  VjOOQIC 


-so- 
dé 78  ans  (1).  Sa  femme  le  suivit  dans  la  tombe  quatre  ans 
tard,  le  2  février  1753.  Elle  était  âgée  de  79  ans.  Si  Bnusquet 
eut  en  mourant  le  regret  de  n'avoir  pas  obtenu  le  privilège  qu'il 
sollicitait  pour  sa  manufacture,  il  eut  au  moins  la  satisfaction 
de  laisser  un  établissement  des  plus  prospères  et  admirable- 
ment organisé.  Ne  voulant  pas  quitter  ce  monde  sans  avoir  la 
certitude  que  sa  fabrique  passerait  dans  des  mains  capables  de 
continuer  la  bonne  direction  qu'il  lui  avait  donnée,  il  maria, 
Tannée  même  de  sa  mort,  sa  petite  fille  Marie-Jeanne  Belle- 
vaux,  âgée  seulement  de  quinze  ans,  avec  Pierre  Caussy,  le 
jeune  ouvrier  Rouennais  dont  il  avait  pu  apprécier  les  solides 
qualités  (2). 

Les  produits  de  Pierre  Bousquet  pendant  sa  longue  adminis- 
tration de  quarante  et  un  ans,  ont  dû  être  fort  nombreux.  Je  ne 
pense  pas  cependant  qu'aucune  pièce  lui  ait  encore  été  attri- 
buée (3),  mais  il  résulte  clairement  des  faits  que  je  viens  d'ex- 
poser, qu'il  travailla  successivement,  et  peut-être  concurrem- 
ment, dans  les  genres  de  Moustiers,  de  Nevers  et  de  Rouen. 

Pierre-Clément   GAUSST. 

(1749  —  1782) 

Il  était  fils  de  Pierre-Paul  Caussy  et  de  demoiselle  Françoise 
Lamaury,  propriétaires  et  faisant  valoir  une  manufacture  royale 


(1)  «  L'an  1749,  le  19  de  septembre,  a  este  enterrez  le  sieur  Pierre 
Bousquet,  manufacturier  de  ce  bourg,  âgé  de  soixante  et  dix  huit  ans 
ou  environs.  Présents  ont  esté  Jacques  Craon,  Joseph  Kerlôc'hr  Berlé- 
lémieLe  Roux*  et  Hervé  Le  Bescont,  qui  ne  sienent,  —  Le  Gall,  rec- 
teur. »  —  (Extrait  des  registres  de  la  paroisse  de  Locmaria). 

(2)  Les  fiançailles  eurent  lieu  le  14  septembre,  cinq,  tours  avant  la 
mort  de  P.  Bousquet.  Le  mariage  fut  célébré  le  30  oclobre  suivant.— 
Registres  de  la  paroisse  de  Locmaria. 

(3)  Notre  Musée  archéologique  possède  cependant  une  assiette  déco- 
rée d'une  bordure  bleue,  qui  est  probablement  sortie  des  fourneaux  de 
Pierre  Bousquet.  A  sa  partie  centrale  est  un  écusson  portant  d'argent 
au  tremble  de  êinople  accosté  de  deux  mouchetures  d'hermines,  avec 
la  devise  :  Tremens  unum  Deum  timeo.  Ce  sont  les  armes  parlantes 
des  Bougeant,  famille  bourgeoise  importante  de  Quimper,  dont  un  mem- 
bre; le  R.  P.  Guillaume-Hyacinthe  Bougeant,  de  la  Compagnie  de 
Jésus,  né  dans  cette  ville  on  1690,  mort  en  1743,  s'est  rendu  célèbre 
par  de  nombreux  écrits. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  SI  ^ 

de  afïence  à  Rouen,  faubourg  et  paroisse  de  Saint-Sever  (1). 
Certes,  en  choisissant  Pierre  Gaussy  pour  lui  succéder  dans  la 
direction  dn  son  usine,  on  peut  dire  que  Pierre  Bousquet  avait 
eu  la  main  heureuse.  En  effet,  pendant  les  trente-trois  ans  qu'il 
fut  h  la  tête  de  cet  établissement,  il  se  montra  constamment 
industriel  aussi  actif  qu'administrateur  intelligent. 

Son  premier  soin  fut  de  faire  aux  bâtiments  da  sa  manufac- 
ture d'importantes  réparations.  11  Bt  aussi  construire,  outre  des 
fours  à  calciner,  des  fours  à  faïence,  dont  nous  trouvons  la 
description  suivante  dans  un  procès-verbal  d'expert  rédigé 
au  mois  d'avril  1760  : 

«  Et  avena  ce  jour  quinzième  avril  mille  sept  cents  soixante, 
nous  susdits  experts,  nous  sommes  rendus  à  la  susdite  manu- 
facture où  avons  continué  nostre 'commission  en  présence  de 
Monsieur  le  procureur  fiscal  et  sur  la  démonstration  dudit  sieur 
Caussy  ;  et  commençants  par  les  fournaux  cofistruits  et  voûtés 
en  briques  dans  la  susdite  maison,  disons  que  le  dessous  des 
fournaux  a  de  longueur  vingt  pieds  et  demi,  de  largeur  neuf 
pieds  trois  pouces,  et  de  hauteur  sous  clef  de  voutCf  six  pieds 
trois  pouces  ;  que  le  corps  du  fourneau  a  de  profondeur  dix 
pieds,  de  largeur  neuf  pieds  six  pouces,  et  sous  clef  de  voûte 
dix  pieds  ;  que  la  voûte  de  reverber  ou  de  couronnement  a  de 
longueur  ou  profondeur  dix  pieds,  de  largeur  neuf  pieds  six 
pouces,  et  de  hauteur  sous  de/  de  voule  quatre  pieds  et  demi  ; 
le  tout  prisé,  compris  fosses  au-dessus  de  la  voûte  de  rever- 
ber, maçonnages  en  pierres  et  brique,  ouvertures  voûtées  et 

(1)  Requête  adressée  au  Parlement  de  Bretagne  en  1760,  par  P.  Clér 
raeot  Caussy,  pour  parvenir  à  la  vente  de  sa  manufacture  de  Locmaria. 
Archives  du  Finistère,  Voir  aussi  le  registre  de  baptême,  etc.,  de  la 
paroisse  de  Locmaria  pour   l'année  1749. 

Jean  Caussy,  grand-père  de  Pierre-Paul,  né  en  16..,  épousa  Anne 
Rabière,  à  Clermont,  en  Languedoc.  Paul  Caussjr,  père  de  ce  dernier, 
né  en  1659,  épousa  Françoise  Pralon,  à  Rouen.  Pierre-Paul  Caussy,  né 
à  Paris  en  1695,  s'était  marié  à  Rouen  en  1719.  Son  fils  Pierre-Clément 
avait  donc  moins  de  trente  ans  lorsqu'il  prit  la  direction  de  la  manu- 
facture des  Bousquet.  — -  Généalogie  de  la  famille  de  la  Hubaudière, 
communiquée  par  M"o  Stéphanie  de  la  Hubaudière. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  52  — 

soupiraux  en  face  desdils  fournaux,  la  somme  de  treize  cents 
quatre  vingts  seize  livres.  » 

«  Nous  ayons  ensuite  passés  dans  la  vieille  maison  à  four,  et 
y  avonsi  vu  des  fours  et  fournaux  faits  à  neuf,  et  construits  en 
brique  ;  le  four  de  dessous  a  quatorze  pieds  de  profondeur,  sur 
sept  pieds  de  large,  et  six  pieds  de  hauteur  sous  clef  de  voûte  ; 
le  corps  du  fourneau  a  sept  pieds  et  demi  en  quarré,  sur  huit 
pieds  et  demi  sous  clef  de  voûte,  et  le  fourneau  de  reverber  a, 
sous  clef  de  voûte,  trois  pieds  et  demi  de  hauteur,  et  sept  pieds 
et  demi  en  quarré  ;  le  tout  prisé  valoir  pour  fourniture  et  façon, 
la  somme  de  six  cents  cinquante  et  six  livres.  » 

a  La  platte-forme  de  pierres  de  taille,  faitte  à  neuf,  avis  du 
corps  du  fourneau  prisés  trente  et  quatre  livres.  » 

a  Les  fournaux  à  calciner  situés  joignants  et  au  nord  des  pré- 
cédents fours,  prisés  valoir  au  total  avec  leurs  soupiraux  et  au- 
tres éligements,  mesmes  caisses  de  brique  au-dessus,  la  somme 
de  trois  cents  livres.  » 

«  Les  cinq  caisses  en  bois  placées  au-dessus  desdits  four- 
neaux à  calciner  prisés  valoir  cent  huit  livres  (1).  » 

Il  y  avait  à  peine  dix  ans  que  Gaussy  gérait  son  usine  avec 
un  succès  toujours  croissant  lorsqu*il  perdit  sa  femme  le  13  juil- 
let 1759.  Cette  perte  le  mit  dans  un  grand  embarras.  De  ce 
mariage  étaient  issues  deux  filles,  Marie-Perrine-Elisabeth- 
Françoise,  âgée  de  huit  ans,  et  Marie-Antoinette,  âgée  de  treize 
mois  (2),  qui  héritaient  naturellement  des  droits  de  leur  mère 
dans  la  fabrique  de  faïence.  D'un  autre  côté  sa  mère,  qui  aidait 
son  père  alors  âgé  de  soixante  dix  ans  et  infirme  (3),  dans  Ja 


(1)  Procès  v&rbal  dressé  en  1760,  des  réparations  faites  par  P.  Caussy 
à  sa  manufacture.  —  Titre  du  Greffe  de  la  juridiction  du  prieuré  de  Loc- 
maria  —  Archives  du  Finistère. 

(2)  Il  avait  eu  aussi  un  fils,  Pierre-Jean,  né  le  23  déicembre  1754,  mort 
le  26  décembre  1756. 

(3j  II  mourut  en  1761.  Deux  ans  avant  sa  mort  il  avait  fait  abandon 
à  son  fils  de  sa  manufacture  de  Rouen  que  ses  infirmités  ne  lui  permet- 
taient plus  de  gérer.  Dans  sa  re^nète  adresée  en  4760  aux  juges  du 
prieuré  de  Locmaria  pour  parvenir  à  la  vente  de  la  manufacture  de  cette 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  m  - 

direction  de  sa  manufacture  de  Bouen,  mourut  presque  en 
même  temps  que  sa  femme.  Il  se  trouvait  donc  ainsi  dans 
la  nécessité  d*opter  entre  la  manufacture  de  sou  père,  qui  lui 
appartenait  déjà,  et  la  fabrique  de  faïence  de  Quimper,  dont  il 
était  propriétaire  pour  un  quart.  Son  hésitation  ne  fut  pas  de 
longue  durée.  Il  opta  pour  la  manufacture  de  Quimper.  Après 
de  longues  démarches,  il  fut  autorisé  à  la  mettre  en  vente  en  la 
juridiction  du  prieuré  de  Locmaria,  et  le  18  juillet  1760,  elle 
lui  fut  adjugée  pour  la  somme  de  30,000  livres,  et  à  la  charge 
de  payer  au  sieur  Jean-Marie  Bellevaux  son  beau  frère,  une  rente 
foncière  de  sept  cent  une  livre  cinq  sols  (1). 

L'avis  qui  fut  affiché  à  l'occasion  de  celte  vente  dans  un  cer- 
tain nombre  de  villes  du  royaume  nous  fait  connaître  la  situa- 
tion dans  laquelle  se  trouvait  alors  cette  usine,  et  les  divers 
genres  de  travaux  que  Ton  y  exécutait.  En  voici  le  texte  : 

«  La  manufacture  de  Locmaria  par  la  nature  de  ses  bètimens 
immenses,  la  grandeur  de  ses  fournaux,  au  nombre  de  deux,  et 
un  troisième  commencé,  construits  dans  le  goût  des  fournaux 
du  Languedoc  et  de  Provence,  est  une  des  plus  considérables 
manufactures  du  Royaume.  Elle  occupe  plus  de  soixante  ou- 
vriers habituellement  ;  Ton  y  travaille  dans  les  genres  de  Rouen, 
Nevers  et  autres  fabriques.  L'on  y  fait  aussi  de  la  poterie  Une, 
et  des  pipes  à  fumer  de  diverses  espèces  ;  enfin  Ton  trouve,  dans 
celle  manufacture  réunis  presque  tous  les  genres  qui  peuvent 
en  assortir  le  commerce.  La  manufacture  de  Locmaria  est  uni- 
que dans  le  pais.  Le  commerce  intérieur  de  la  province  y  est 
considérable,  les  marchands  viennent  journellement  à  Loc-Maria 


dernière  localité,  Pierre-Clément  Caussy  nous  donne  les  motifs  qui  Fa- 
vàîent  déterminé  à  venir  se  fixer  à  Quimper  ; 

«  Le  suppliant,  dit-il,  avait  une  sœur  à  laquele  il  était  assez  attaché 
]K)ur  vouloir  lui  procurer  un  mariage  avantageux  eu  lui  sacrifiant  cet 
établissement  (celui  de  Rouen  tout  formé*  C'est  ce  qui  a  fait  qu'il  en  a 
recherché  un  en  Brelagnden  épousant  une  des  petites  filles  des  sieur 
et  demoiselle  Bousquet.  Mài&  la  sœur  du  suppliant  est  décédée  dans  le 
célibat,  etc.  » 

(1)  Titre  du  prieuré  de  Locmaria.  —  Archives  du  Finistère. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  54  - 

de  trente  à  quarante  Meues  à  la  ronde  ;  le  port  de  mer  de 
Quimper  facilite  aussi  un  grand  commerce  avec  l'étranger.  Ceux 
qui  voudront  avoir  un  détail  plus  ample,  pourront  s'adresser 
au  sieur  Pierre-Clément  Caussy,  directeur  de  la  dite  manufac- 
ture de  Locmaria»  (1). 

Resté  veuf  avec  deux  enfants  en  bas-âge,  Caussy  qui  était  à 
cette  époque  à  peine  âgé  de  40  ans,  épousa  au  mois  de  janvier 
1761,' Josèphe  Boucher,  fille  de  noble  homme  Pierre  Boucher, 
négociant  à  Quimper  et  de  demoiselle  Françoise  Le  Hir,  de  la 
paroisse  de  Saint-Mathieu  de  cette  ville.  Il  eut  de  ce  mariage 
deux  enfants  (2)  qui  moururent  jeunes. 

Il  s'appliqua  ensuite  à  apporter  à  sa  manufacture  de  sérieuses 
améliorations.  Une  des  plus  importantes  fut  l'acquisition  qu'il 
fit,  le  7  novembre  1762,  du  moulin  à  eau  de  Locmaria,  pour 
broyer  les  couleurs.  Celte  opération  s'était  faite  jusque-là  dans 
l'intérieur  de  la  manufacture,  au  moyen  de  deux  chevaux  aveu- 
gles, et  nécessitait  une  dépense  considérable.  En  1764,  il  obtint 
du  duc  de  Penthièvre,  engagiste  du  domaine  de  Quimper,  l'af- 
féagement  de  terrains  marécageux  qui  s'étendaient  sur  les  deux 
rives  de  TOdet,  d'un  côté  depuis  le  moulin  de  Locmaria  jus- 
qu'au ruisseau  de  Melgven,  et  de  l'autre  depuis  le  pré  nommé 
Pratanros,  ou  pré  de  saint  Colomban,  h  Locmaria,  jusqu'au 
bois  de  pins  appelé  bois  de  Neptune,  dépendant  de  la  terre  de 
Lanniron.  Son  intention  était  de  défricher  ces  terrains  et  d'y 
faire  des  plantations,  qui  devaient  fournir  une  partie  du  bois 
nécessaire  à  l'alimentation  de  ses  fours. 

Vers  ceU^  époque  eurent  lieu  en  Bretagne  plusieurs  tentatives 
d'établissement  de  nouvelles  fabriques  de  faïence.  Sans  parler 
de  l'essai  infructueux  fait  à  Brest  (3),  un  sieur  Tutrel  avait  obtenu 


(i)  Ibid.  —  Cette  affiche  avait  été  rédigée  par  Edmë  Serrurier,  dont 
il  a  été  question  plus  haut  page  43. 

(2)  Pierre-Thomas,  né  le  29  octobre  1762  ;  et  François-Marie,  né  le 
6  août  4766. 


(3)  Voir  plus  haut  page  46. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  55  - 

des  Eiats  de.  Bretagne  en  1750,  un  prêt  de  douze  mille  livres 
pour  dix  ans  pour  rétablissement  d'une  manufacture  de  faïence 
tlans  la  ville  de  Rennes.  Le  sieur  Tutrel  étant  mort,  ce  prêt  fut 
continué  pour  la  même  période  de  dix  ans  au  sieur  du  Lattay, 
maître chirurgien,par  délibération  des  Etats  du 3 octobre  1762(l), 
Par  une  autre  délibération  du  20  février  1769.  les  Etats  accor- 
dèrent aussi  à  titre  de  prêt  et  pour  six  ans  seulement,  sans  in- 
térêts, une  somme  de  douze  mille  livres  au  sieur  Le  Clerc,  ac- 
quéreur de  la  manufacture  privilégiée  du  Roi,  établie  à  Rennes, 
sur  le  chemin  de  Saint- Laurent.  Mais  cette  entreprise  du  sieur 
Le  Clerc  ne  paraît  pas  avoir  réussi,  malgré  sa  subvention,  car 
il  essayait  Tannée  suivante  de  vendre  son  usine  dans  les  affiches 
de  Nantes,  et  les  Etals  par  délibération  du  16  octobre  1770 
chargeaient  leur,  Procureur  général  syndic  de  veiller  à  la  con- 
servation de  l'hypothèque  du  prêt  de  12,000  livres  qu'ils  avaient 
fait  à  ce  manufacturier.  Le  sieur  Le  Clerc  était  mort  en  1774  (2). 
Un  autre  essai  qui  n'eut  pas  plus  de  succès^  fut  celui  de  la 
création  d'une  fabrique  de  faïence  à  Quimperlé.  Elle  fut  le 
résultat  d'un  acte  de  société  passé  le  lo^^  octobre  1763  entre 
Yves  Le  Béchennec,  potier,  (3)  et  le  sieur  Jean-René  Lalau, 
sieur  Dézautté,  procureur  du  roi  à  Quimperlé,  maître  René 
Cathelinais-Duchesnay,  notaire  et  procureur  audit  siège  royal, 
et  le  sieur  Gabriel  Audren,  demeurant  au  Bourgneuf,  en  la 
même  ville.  Cette  usine  produisit  quelques  jolies  pièces  (4). 
Mais  sa  fabrication  ne  fut  pas  de  longue  durée,  car  Facte  de 
société  que  je  viens  de  citer,  fut  résilié  le  11  octobre  1765  (5). 

(l)Sa  veuve  dirigeait  encore  cette  usine  en  1788. 

(2)  Procès-verbaux  de  la  tenue  des  États  de  Bretagne  de  1750  à  1774 

(3)  Ce  potier  était  sans  aucun  doute  originaire  de  Locmaria,  et  avait 
dû  y  apprendre  l'art  de  la  faïence  du  temps  de  Pierre  Bousquet.  Je 
trouve,  en  effet,  dès  le  con^mencement  du  XVlIle  siècle,  une  famille 
Le  Béchennec,  établie  dans  cette  paroisse,  et  en  rapports  fréquents  avec 
le  directeur  de  la  manufacture,  -r  Registres  de  la  paroisse  de  Locmaria. 

(4)  Entre  autres  une  charmante  suspension  à  reliefs,  rehaussée  de 
couleurs,  qui  figurait  à  Texposition  bretonne  et  que  M.  Jacquemart  cite 
dans  les  Merveilles  de  la  céramique,  3^  partie,  page  138. 

(5)  Voir  le  texte  de  cet  acte  de  résiliement  à  la  fin  de  cette  notice. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  56  — 

Il  étail  difficile  en  effet  de  lutter  contre  la  fabrique  de  Quim- 
per  qui,  pendant  une  existence  de  plus  de  soixante  ans,  avait 
su  se  .créer  une  clienlèle  nombreuse  et  solide.  Mais  d'autres 
motifs  suffisent  amplement  à  expliquer  Tinsuccès  de  ces  nou- 
Teàux  établissements.  Qui  voyons-nous  en  effet  à  la  tête  d'une 
des  manufactures  de  Bennes  ?  Un  matlre  chirurgien  I  A  Quim- 
perlé,  c'est  un  procureur  du  roi  et  un  notaire  !  Quelles  chan- 
ces de  réussite  pouvaient  avoir  des  manufactures  dirigées  par 
de  si  singuliers  patrons  P  Voici  ce  qui  arrivait  très-probable- 
ment, dans  ces  bizarres  associations.  Alléchés  par  l'appât  du 
gain  considérable  qu'une  fabrique  conduite  avec  intelligence 
pouvait  rapporter,  les  sociétaires  jetaient  dans  l'entreprise 
quelques  milliers  de  livres  qui  suffisaient  à  peine  à  couvrir  les 
premiers  frais  d'installation.  Ils  faisaient  venir  ensuite. un  bon 
ouvrier  faïencier  qui  produisait  quelques  belles  pièrces,  desti- 
nées à  servir  d'enseigne  ou  de  réclame  à  la  nouvelle  fabrique, 
Mais  comme  les  clients  n'ai  rivaient  pas,  et  que  Ton  ne  se  sou- 
ciait pas  de  faire  de  nouvelles  mises  de  fonds,  l'entreprise 
sombrait,  et  les  sociétaires  s'empressaient  d'en  -  sauver  les 
épaves. 

Tout  autres  étaient  les  conditions  dans  lesquelles  fonctionnait 
la  manufacture  de  Quimper.  Sans  parler  des  Bousquet  et  des 
Bellevaux,  qui  étaient  tous  gens  du  métier,  Pierre  Caussy  était 
ce  que4'on  appelle  vulgairement  un  enfant  de  la  balle.  Fils  de 
faïencier,  son  père  l'avait  élevé  pour  la  faïence  ;  et  à  ce  point 
de  vue  il  lui  avait  donné  une  excellente  éducation  pratique, 
qui  servait  admirablement  bien  un  jugement  droit  et  une  vive 
intelligence  des  affaires. 

En  1768,  Caussy  obtint  du  parlement  de  Bretagne  un  arrêt 
qui  l'autorisait  à  vendre  ses  faïences  et  ses  pipes,  tous  les 
jours  indistinctement,  dans  toutes  les  villes  et  bourgs  de  la 
Province.  (1).  Il  ne  pouvait,  avant  celte  époque,  exercer  son 


(1)  Voir  cet  arrêt  à  la  fin  de  cette  notice. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  67    - 

commerce  daDs  ces  localités  que  les  jours  de  foire  et  de 
marché. 

Sa  fabrique  de  faïence  ne  fournissant  pas  un  aliment  suffisant 
à  son  activité,  il  sollicita  dans  un  mémoire  fort  curieux  et  très 
instructif,  conservé  dans  les  archives  de  la  manufacture  de 
Sèvres,  (1)  Taulorisation  d'établir  à  Quimper  une  fabrique  de 
porcelaine.  Cette  autorisation  ne  lui  fut  pas  accordée.  Il  était 
réservé  à  Chaurey  (2)  et  à  Sauvageot  d'établir  à  Lorient,  vingt 
ans  plus  tard,  une  manufacture  de  porcelaine,  hélas  !  bien 
éphémère.  .  ' 

Outre  les  ouvrages  de  faïence,  la  manufacture  de  Quimper 
fabriquait  depuis  longtemps,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  une 
immense  quantité  de  pipes.  Caussy  avait  perfectionné  ce  genre 
de  fabrication,  et  dans  son  mémoire  de  1770,  il  se  flattait  de 
pouvoir  imiter  bientôt  les  Hollandais  et  les  Anglais.  (3) 

La  manufacture  de  faïence  dirigée  par  M.  Fougeray,  à  Loc- 
maria  près  Quimper,  possède  un /.ouvrage  qui  a  pour  titre  : 
Traité  de   l'art  de  la  faîenee^  par  Caussy.  Gt<  travail,  rédigé 

(1)  Voir  à  la  fia  de  cette  Notice,  ce  mémoire  qui  a  étéjcommu nique 
par  M.  le  conseiller  André. 

(i)  Comme  Le  Béchennec,  donlj*al  parlé  plus  haut,  Chaurey  a  dû 
apprendre  à  la  manufacture  de  Locmaria  Fétat  de  faïencier ,  sous  la 
direction  de  Pierre-Clément  Caussy,  qui  a  pu  l'initier  à  l'art  de  la 
porcelaine.  On  voit,  en  effet,  figurer  dans  les  tegistres  de  la  paroisse 
de  Locmaria,  pendant  tout  le  18*  siècle,  une  famille,  dont  un  des  mem- 
bres, le  sieur  Jacgues  Chauray,  mailre-pilote  sur  les  vaisseaux  de  Sa 
Majesté,  comparait  comme  témoin  ou  comme  parrain,  en  1713  et  en 
17 1 5,  dans  les  actes  de  baptême  de  deux  des  enfants  de  Charles 
Bousquet.  Une  branche  de  la  famille  Chauray  habitait  TIle-Dieu,  au 
diocèse  de  Luçon. 

(3)  Voici,  d'après  un  inventaire  de  1759,  les  noms  des  diverses  es- 
pèces de  pipes  qu'on  fabriquait  alors  à  Locmaria  : 

10  Pipes,  ancienne  fabrique,  dites  à  la  capucine  ou  sans  talon,  à  12 
sols  la  grosse. 

i^  Pipes  à  cachet,  très  ancienne  fabrique,  à  10  sols  la  grosse. 

30  Pipes  dites  à  tête  longue,  à  12  sols  la  grosse. 

40  Grandes  pipes  dites  au  B,  à  12  sols  la  grojsse. 

50  Grandes  pipes  à  taJon  pointu,  à  t2  sols  la  grosse. 

6*  Pipes  courtes  dites  Ganif. 

70  Pipes  dites  de  Dunkerque,  à  1  livre  10  sols  la  grosse. 

«0  Pipes  communes,  moyennes  et  petites,  nouvelle  fabrique,  à  20  sols 
la  grosse. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  58  — 

en  1747,  forme  un  manuscrit  in-folio  de  398  pages,  entière- 
ment écrit  de  la  main  de  l'auteun  Dans  son  avant-propos,  il 
expose  ainsi  la  distribution  de  son  livre  : 

«  J'ai  travaillé  en  différents  pays  et  de  diverses  manières, 
ce  qui  m'a  donné  de  l'expérience  dans  mon  art 4  c'est  aussi 
ce  qui  m'engage  à  écrire  sur  ce  sujet,  afin  que  ceux  à  qui  de 
droit  mes  papiers  seront  remis  trouvent  des  éclaircissements 
dans  bien  des  occasions. 

«  Je  ne  me  pique  pas  de  bien  écrire  ;  un  homme  sans  études 
s'explique  comme  il  peut  ;  ceux  qui  ne  le  trouveront  pas  bien 
le  corrigeront.  » 

a  Je  partagerai  ce  livre  en  quatre  parties.  » 

«  La  première  traitera  de  tous  les  ustensiles  nécessaires  à 
une  manufacture  de  faïencerie,  leurs  plans,  la  construction  des 
fours  tant  à  Tusage  de  Rouen,  nommés  fours  à  gril,  que  de 
ceux  à  l'usage  du  Languedoc,  nommés  fours  à  gorge.  » 

«  La  seconde  traitera  de  toutes  les  matières  entrant  dans  la 
faïence  de  toutes  espèces  ;  comme  on  peut  connaître  lesdéfauts 
d'aucunes  et  la  manière  de  les  corriger.  » 

^  «  La  troisième  traitera  de  la  préparation  des  terres  et  autres 
matières,  leurs  compositions,  ainsi  que  de  toutes  les  couleurs 
et  émaux  quels  qu'ils  soient  ;  et  pour  quels  pays  et  usage  de 
cuire  que  ce  puisse  être. 

«  Je  traiterai  aussi  dans  celte  parlie  de  la  poterie,  parce 
qu'un  fabricant  peut  se  trouver  dans  des  pays  où  les  matériaux 
ne  sont  pas  encore  découverts;  entre  temps  qu'il  fait  des 
essais  ;  par  là  il  évite  des  pertes  considérables  et  inévitables 
dans  les  nouveaux  établissements. 

«  Je  traiterai  aussi  de  la  porcelaine  et  pierres  fausses,  non 
pour  qu'on  en  puisse  tirer  de  gros  avantages,  cela  ne  fesani 
qu'amuser  et  perdre  un  temps  plus  utile  à  autre  chose,  mais 
seulement  pour  contenter  la  curiosité.  » 

«  La  quatrième  traitera  des  soins  que  doit  prendre  un  fabri- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  50  -         . 

cani  dans  la  fabrication  des  pièces,  la  conduite  du  feu  aux 
fourneaux  et  de  celle  des  ouvriers,  et  généralenaent  do  toute  la 
manufacture  ;  comme  on  peut  remédier  aux  événements  fâcheux 
qui  arrivent,  souvent  tant  par  la  faute  des  ouvriers,  que  par  le 
défaut  des  matières. 

a  La  cinquième  parlie  traite  de  la  conduite  des  ouvriers,  des 
ouvrages  des  tourneurs  et  peintres,  des  moules,  comme  il  faut 
mouler,  de  la  fabrication  des  couleurs,  de  la  peinture,  de  la 
manière  dont  il  faut  coucher  les  couleurs,  conduite  des  feux, 
etc.,  etc. 

On  avait  pensé  qvie  ce  travail  pouvait  être  ToBuvre  de 
Pierre-Clément  Caussy;  mais  outre  qu'à  Tépoque  où  il  fut 
écrit,  ce  dernier  n'avait  guères  plus  de  vingt-cinq  ans,  et  que 
l'ouvrage  révèle  un  homme  d'une  expérience  consommée  dans 
son  art,  il  résulte  d'un  passage  du  manuscrit,  que  l'auteur  . 
habitait  Rouen  et  qu'il  dirigeait  une  manufacture  dans  le  fau- 
bourg Sainl-Sevcr  de  celte  ville  (t).  L'auteur  du  Traité  de. 
l'art  de  la  faïence  est  donc  Pierre-Paul  Gausjy,  le  père  de 
Pierre-Clément,  à  qui  il  légua  son  remarquable  ouvrage.  Il  es* 
hors  de  doute  que  ce  livre  fut  pour  le  faïencier  de  Quimper,  un 
guide  des  plus  utiles,  et  qu'il  y  puisa  les  renseignements  qui  lui 
permirent  d'imiter,  avec  une  rare  perfection,  les  produits  de 
Rouen. 

La  publication  du  manuscrit  cie  Pierre-Paul  Caussjr  serait  un 
véritable  service  rendu  à  l'art  de  la  céramique.  Il  serait  (t 
souhaiter  que  des  considérations  peut-être  exagérées  d'inlérêt 
privé,  ne  fussent  pas  un  obstacle  à  cette  publication.  En  atten- 
dant que  ce  vœu  se  réalise,  on  lira  sans  doute  avec  intérêt,  les 
lignes  suivantes  qui,  sous  la  rubrique  :  De  la  conduite  des 
ouvriers,  fournissent  de  curieux  renseignements  sur  la  condi- 
lion  des  ouvriers  faïenciers  d'une  des*  manufactures  de  Rouen, 
au  milieu  du  dernier  siècle  ;  condition  qui  dût  être  la  même 

(!)  «  Le  faubourg  Saint-Sever  où  je  suis  étably,  est  fort  sujet  au  débor- 
dement de  la  rivière;  le  quartier  où  je  suis  y  est  fort  sujet.  »  —  Traité 
de  Vart  de  la  faïence,  par  Caussy,  iV®  partie,  cbap.  19,  page  316. 


Digitized  by  VjOOQ IC 


—  60.  -. 

pour  les  ouvriers  de  la  manufacture  de  Quimper,  si,  comme 
tout  porte  à  le  croire^  Pierre^Clément  Caussy  mit  en  pratique 
les  excellents  conseils  de  son  père. 

De  la  conduite  des  ouvriers, 

«  Ce  n'est  pas  uh  ouvrage  aisé  d'entreprendre  à  gouverner 
les  ouvriers  d'une  manufacture  de  sorte  qu'ils  fassent  ce  qu'il 
convient  en  temps,  qu'ils  ne  se  débauchent  et  soient  assidus  ; 
ces  sortes  de  personnes  n'ont  pour  la  plupart  que  leur  intérêt 
en  vue  ;  peu  sont  portés  pour  le  profit  du  maître,  et  beaucoup 
sont  grossiers,  surtout  les  journaliers.  ^ 

,  «  Mais  pour  peindre  leur  caractère  faut  les  mettre  en  trois 
classes,  la  première  sont  les  ouvriers  tourneurs  et  peintres.  » 

«  La  seconde  sont  les  mouleurs  qu'on  traite  d'ouvriers,  mais 
qui  sont  sortis  la  plus  grande  partie  du  corps  des  journaliers.  » 

«  La  troisième  est  les  journaliers.  » 

«  Les  ouvriers  qui  forment  la  première  classe  sont  à  leurs 
pièces  et  travaillent  à  tels  genres  qu'ils  veulent.  Ils  font  quatre 
années  d'apprentissage  sans  rien  gagner,  nourris  et  entretenus 
à  leurs  dépens;  autrefois  ces  corps  étoient  remplis,  ou  des  fils 
d'ouvriers  ou  des  fils  de  marchands  délailleurs,  des  gens  qui 
vivoient  du  peu  de  biens  q\Ms  avoient,  enfin  d'un  certain 
nombre  dé  personnes  hors  de  la  populace,  aussi  étoienUils  très" 
polis,  mais  tiers  et  aisés  à  prendre  la  mouche,  et  se  soulever 
tous  ensemble  contre  le  maître  ;  faire  des  cabales,  enfin  faire 
les  ouvrages,  surtout  les  peintres  de  la  façon  qu'ils  vouloient  ; 
ne  pas  souffrir  faire  d'élèves  ;  les  chasser  de  la  manufacture, 
empêcher  de  prendre  des  ouvriers  étrangers,  et  autres  choses 
de  cette  nature  ;  cela  leur  étoit  ordinaire,  un  maître  étoit 
obligé  d'en  passer  par  là  ;  aujourd'hui  ils  ont  bien  les  mêmes 
inclinations,  mais  ils  ne  peuvent  plus  se  cabaler,  se  mutiner, 
depuis  que  j'ai  fait  rendre  diverses  ordonnances  de  Mgrl'ln- 
tendanl,  et  enfin  un  règlement  qui,  à  la  vérité,  n'ont  pas  sorti 


Digitized  by  VjOOQIC 


du  Conseil,  mais  qui  est  prêt  d'en  sortir  à  la  première  réquisi* 
tion.  » 

«  Le  nombre  d'élèves  qu'on  a  été  obligé  de  faire  pou^ 
'orraer  des  ouvriers  dont  Tespèce  manquoit,  a  fait  qu'on  a  pris 
des  fils  de  toutes  sortes  de  gens  ;  la  politesse  a  diminué  dans  ce 
corps,  mais  Taulorité  du  maître  a  pris  le  dessus.  » 

«  Les  temps  fâcheux  au  commerce  y  a  beaucoup  contribué. 
Je  ne  doute  pas  que  si  on  avoit  de  bons  règlements,  ils  ne  re- 
mueroit  dans  un  temps  avantageux.  On  parle  poliment  à  ces 
Messieurs,  et  c'est  la  bonne  manière.  » 

«  J'ai  parlé  de  la  misère  du  commerce  ;  nous  y  sommes  dans 
ce  temps  que  j'écris,  année  1747.  Je  ne  doute  pas  que  dans  un 
hiver  fâcheux  on  pourroit  leur  faire  Caire  plus  de  fasçons  aux 
piesces  tournées  et  plus  chargées  de  peintures,  et  plus  recher- 
chées sur  les  peintes.  Mais  cela  seroit  injuste  ;  il  faut  avoir  des 
égards  pour  eux,  et  ne  pas  sortir  de  l'équité,  sy  vous  voulez  qu'a 
leur  tour  ils  en  fassent  autant.  » 

«  Il  est  aussy  très  injuste  de*  diminuer  le  prix  des  ouvrages 
ordinaires  ;  si  quelque  nouveau  goût  se  présente  il  est  juste  de 
voir  s'ils  approchent  du  commun,  de  la  broderie»  du  très  fin, 
affin  de  reigler  un  prix  juste  comme  j'ay  fait  pour  un  dessein 
que  j'ay  inventé,  que  j'ay  appelé  demi  fin.  Après  en  avoir  fait 
plusieurs  piesces,  j'y  ay  mis  un  prix  juste  et  même  avantageux 
à  l'ouvrier.  Ordinairement  lorsque  vous  diminuez  les  prix  ou 
chargez  les  ouvrages,  ce  sont  les  marchands  et  le  public  qui  en 
profitent  et  non  le  fabriquant.  C'çst  ce  qui  s'est  vu  lorsque 
Ton  n'a  donné  aux  peintres  que  50  sols  de  la  douzaine  de  bro- 
derie, au  lieu  de  trois  livres  qu'ils  avoient.  Gela  a  donné  lieu  à 
plusieurs  maîtres  à  diminuer  le  prix  de  leurs  marchandises,  et 
ils  ont  profilé  de  cette  diminution.  C'est  prendre  du  mercenaire 
pour  donner  au  public.  Cependant  sy  les  prix  diminuaient  dans 
une  manufacture,  il  faudroit  nécessairement  suivre  l'exemple, 
parceque  vous  ne  vendriez  pas  vos  marchandises,  mais  ne  soyez 
jamais  le  premier.  » 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  6Ï  -• 

€  On  ne  peut  faire  à  Rouen  trop  d'élèves  depuis  le  règlement 
qui  est  au  Conseil.  Il  n'est  permis  à  chaque  maître  de  n'en 
prendre  que  trois,  de  quatre  en  quatre  ans  ;  encore  seulement 
des  fils  d'ouvrier,  à  moins  qu'il  en  manque.  Celte  règle  a  été 
faite  à  l'occasion  des  manufacturiers  de  Marseille,  qui  surchar- 
geoient  la  profession  d'élèves,  dont  les  ouvriers  portèrent  leurs 
plaintes  au  Conseil  de  cette  surcharge.  Il  en  est  arrivé  du  mal 
à  la  manufacture.  Plusieurs  ouvriers  sans  ouvrage  se  sont  répan- 
dus en  plusieurs  villes  d'Espagne  et  à  Malte,  y  ont  établi  des 
manufactures  et  le  commerce  en  a  souffert.  Il  est  donc  aussi 
dangereux  de  faire  trop  d'élèves  comme  d'en  faire  trop  peu.  » 

«  11  ne  faut  être  avec  ces  Messieurs  ni  trop  doux  ni  trop  dur, 
pas  trop  réservé  et  caché,  mais  pas  trop  ouvert,  Il  ne  faut  pas 
aussi  badiner  avec  eux,  afin  qu'ils  ne  soient  trop  familiers.  Allez 
souvent  dans  leurs  appartements  tant  pour  voir  ce  qu'ils  font 
que  pour  quelquefois  entrer  en  conversation  avec  eux;  de  temps 
en  temps  se  trouver  aux  repas  qu'ils  font.  Cette  conduite  leur 
donne  un  grand  respect  pour  vdus,  et  quelque  peu  d'amitié.  ISe 
vous  exhalez  jamais  en  injures  contre  celui  qui  manque  à  son 
devoir.  Comptez  avec  lui  et  le  congédiez  ;  et  s'il  a  manqué  à 
quelque  chose  essentiel  ne  le  reprenez  pas,  quels  amis  qu'il  em- 
ployé pour  rentrer  dans  la  manufacture.  Cette  fermeté  vous  fera 
craindre  et  chacun  se  gardera^de  manquer.  » 

«  Il  est  dangereux  de  devoir  beaucoup  aux  ouvriers.  Il  est 
vrai  que  dans  un  temps  fâcheux  on  ne  tarde  pas  à  s'endetter 
avec  eux,  surtout  les  peintres.  Comme  ils  gagnent  depuis  vingt 
livres  jusqu'à  dix  par  semaine,  l'argent  étant  rare,  on  ne  peut 
leur  payer  cette  somme.  On  est  obligé  par  faute  d'argent  de  ne 
leur  donner  qu'une  somme  modique  par  semaine,  ce  qui  (ait 
qu'on  ne  tarde  pas  à  accumuler.  Il  faut  en  ce  cas  cesser  défaire 
des  ouvrages  finis  et  s'arrêter  aux  ordinaires,  parce  que  ce  sont 
ces  finis  qui  occupent  beaucoup  d'ouvriers,  et  qui  forment  une 
grosse  somme  en  peu  de  marchandises.  Comme  il  manque  de 
ces  ouvrages  au  four,  que  le  moindre  petit  défaut  les  fait  rebu- 


Digitized  by  VjOOQIC 


--  63  -  ' 

ter,  vous  avez  un  fond  de  magasin  qui  est  un  argent  mort  dans 
le  mauvais  temps,  et  avec  quoy  vous  ne  pouvez  payer  les  ou- 
vriers. Il  est  donc  bon  de  se  retrancher  tant  du  nombre  d'où- 
vriers  que  de  l'ouvrage  qu'il  faut  faire  en  ordinaire,  jusqu'à  ce 
que  le  commerce  prenne  vigueur.  Par  là  vous  ne  vous  endet- 
terez que  peu,  car  quand  vous  devez  aux  ouvriers,  ils  sont  bien 
plus  fiers,  et  se  croyent  en  droit  de  faire  ce  qui  leur  plaît;  du 
moins  donnent-ils  bien  du  chagrin  aux  maitres.  C'est  ce  que 
nous  voyons  tous  les  jours  arriver  à  quelques  maitres  que  les 
ouvriers  ont  fait  assigner,  ou  venir  devant  Mgr.  Tlntendaût; 
outre  qu'ils  publient  partout  qu'il  leur  est  dû  de  grosses  sommes, 
ce  qui  fait  un  très-mauvais  effet.  Il  est  cependant  bon  de  leur 
devoir  quelques  petites  sommes,  comme  de  soixante  livres  cha- 
cun ;  et  même  en  tout  temps,  parce  que  c'est  un  fond  de-se- 
cours pour  eux,  soit  pour  les  soulager  dans  leurs  maladies,  celles 
de  leurs  femmes;  et  autres  besoins  qu'un  maitre  auroit  peine  à 
refuser  ce  secours  nécessaire,  dont  il  se  trouveroit  en  avance  et 
même  en  risque  de  perdre  ce  qu'il  auroit  donné,  si  l'ouvrier 
mouroit,  ce  qui  est  arrivé  souvent.  » 

«  Les  mouleurs  [sont  à.  leurs  pièces  comme  les  ouvriers, 
cependant  on  ne  leur  accorde  pas  ce  titre,  et  dans  les  tirages, 
de  la  milice,  les.  garçons  ne  sont  pas  exempts  de  tirer  au  sort, 
lorsque  les  tourneurs  et  peintres  ont  ce  privilège  par  les  repré- 
sentations que  je  fis  à  Mgr  l'Intendant  lors  de  la  première  mi- 
lice ;  et  comme  il  me  demanda  la  différence  qu'il  y  avoit  dans 
nos  ouvriers  en  général,  je  fus  contraint  de  lui  dire  la  vérité  et 
d'en  faire  trois  classes.  Il  exempta  la  première,  et  fil  tirer  au 
sort  les  deux  autres.  » 

«  Pour  les  journaliers,  on  ne  sait  quelle  conduite  tenir  avec 
eux;  ce  sont  des  âmes  basses,  très-grossiers,  d'un  vil  intérêt, 
.  prêts  à  tout  sacrifier  pour  un  sol  ;  si  vous  êtes  généreux  avec 
eux  et  que  vous  leur  fassiez  quelque  gratification  dans  leurs 
nécessités^  ils  s'imaginent  que  cela  leur  est  dû,  et  par  la  suite 
ils  murmurent  si  vous  ne  continuez  ;   soyez  trop  doux  et  trop 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  64- 

humains  ils  vous  mépriseront  ;  faites  leur' amitié  ils  se  croiront 
utilesfet  que  vous  ne  pouvez  vous  passer  d*eux  ;  et  il  arrivera 
que  lorsque  vous  serez  pressé  d*emylir  le  four,  ils  se  plairont 
d'aller  boire.  Ils  y  sont  tous  enclins  ;  ainsi  il  y  a  beaucoup  à 
souffriri  car  après  tout,  on  ne  peut  se  passer  de  ces  gens  ;  un 
bon  enfourneur,  un  habile  retoucheur,  etc.,  sont  très-utiles.  » 

«  Je  ne  sçay  et  ne  saurai  jamais  de  quelle  façon  il  faut  s'y 
prendre  pour  se  faire  aimer  de  ces  gens  ;  ils  n'ont  que  la  crainte 
de  perdre  leur  poste  qui  les  conduit,  c* est-à-dire  quand  iU  ne 
trouvent  pas  mieux;  car  si  une  manufacture  a  besoin  de  ma- 
nœuvres, aussitôt  tout  se  remue  pour  avoir  une  augmentation 
et  pour  un  sol  ou  deux,  tous  ces  gens  vous  quitteront  avec 
grande  joie,  sans  se  ressouvenir  des  bienfaits  que  vous  leur 
aurez  prodigués  ;  ils  auront  encore  plus  de  plaisir  s'ils  vous 
voient  embarrassés  à  former  d'autres  sujets  aux  ouvrages  qu1ls 
fesoient.  Ils  envient  et  sont  jaloux  de  votre  position.  Rien  n*est 
donc  plus  ingrat  que  ces  hommes.  Ainsi,  c'est  être  leur  dupe 
que  de  leur  donner  plus  qu'il  ne  leur  est  dû  » 

«  Soyez  juste  et  les  recompensez  s'ils  font  quelques  ouvrages 
outre  les  heures  ordinaires  ;  recompensez-les  des  corvées  dans 
les  grandes  chaleurs  ;  donnez«>leur  quelques  coups  à  boire  à 
ceux  qui  gardent  les  fours  ou  quand  ils  font  quelques  ouvrages 
fortes  et  pressées,  cela  est  bien,  mais  n'en  faites  pas  habitude 
car  ils  croiroient  que  cela^eur.  est  dû.  Soyez  ferme  avec  eux  ; 
pour  de  la  patience,  il  en  faut  au-delà  de  tout  ce  que  l'on  peut 
dire;  j'exhorte  d'en  avoir.  Ils  font  des  choses  si  maladroitement 
et  si  bêtement  que  je  ne  puis  toujours  y  tenir.  Il  est  vrai  qu'il 
est  impossible  de  ne  pas  s'impatienter,  et  je  crois  même  que 
personne  pourroit  s'en  exempter.  » 

«  Ne  soyez  donc  pas  trop  bon  ;  ne  faites  point  de  compa- 
raison, et  ne  parlez  à  ces  gens  que  sur  ce  qui  est  nécessaire  et 
qui  regarde  leur  ouvrage.  Gomme  vous  serez  exact  à  leur 
payer  le  temps  qu'ils  emploieront  outre  les  heures  ordinaires, 
soyez-le  aussi  à  diminuer  celui  qu'ils  manqueront.  • 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  65  - 

«  II  faut  aussy  avoir  Tattention  de  former  de  longue  main 
quelques  manœuvres  à  donner  la  couleur,  à  retoucher  el 
même  à  enfourner,  parce  que  ceux  qui  occupent  ces  postes  ne 
sont  pas  si  fiers  ;  à  joindre  que  s'ils  tombent  malades  ou  qu'ils 
meurent,  vous  les  remplacerez  aussitôt.  L'enfourneur  qui 
ordinairement  est  le  coq,  est  plus  sage.  Ayez  aussy  d'usage,  que 
quand  il  vous  manque  un  sujet  dans  un  des  premiers  posles, 
de  le  remplacer  par  cèluy  de  vos  gens  que  vous  croirez  plus 
habile  et  plus  entendu,  et  faire  ensuite  monter  les  autres  par 
grade.  C'est  le  moyen  de  n'être  pas  obligé  d'en  débaucher 
ailleurs,  et  cela  donne  de  Téraulation.  Il  seroit  h  souhaiter  que 
tous  les  fabriquants  suivent  cet  ordre  ;  mais  tous  ne  sont  pas 
au  fait  de  former  des  sujets,  la  plupart  ne  se  conduisant  que 
par  les  conseils  ou  d'un  commis  ou  de  manœuvres.  » 

«  Soyez  rigide  envers  les  ivrognes  de  telle  classe  qu'ils 
soient,  failes-leur  des  remontrances  devant  les  autres  ouvriers, 
des  réprimandes  et  des  mortifications.  Si  après  toutes  ces 
choses  ils  ne  se  corrigent  pas,  congédiez-les.  Mais  aussy  il  faut 
prêcher  d'e:!^emple.  Soyez  donc  assidu  dans  votre  maison, 
surtout  les  lundy  et  lendemain  de  feste  ;  ce  sont  jours  où  les 
ouvriers  ne  sqnt  pas  en  goût  de  travailler.  Faites  des  rondes 
d'appartements  en  appartements  ;  cela  les  oblige  du  moins  à 
commencer  et  à  se  mettre  en  train  pour  le  lendemain.  C'est  du 
bien  que  vous  leur  faites,  et  à  vous,  parce  que  cela  vous  donne 
des  ouvrages  d'avance. 

«  Soyez  aussy  attentif  à  ne  point  souffrir  des  disputes  entre 
les  ouvriers.  Rendez-vous  le  maître  de  juger  les  discussions. 
Je  me  suis  imaginé  un  expédient  qui  s'est  trouvé  bon.  Il  a 
contenu  dans  une  grande  tranquillité  tous  les  employés  de  la 
manufacture.  J'ai  formé  une  juridiction  en  établissant  en  badi- 
nant des  juges,  conseiIlers«  etc.  de  ces  mêmes  ouvriers,  lesquels 
condamnent  à  une  amende  ceux  qui  contreviennent  aux  règle- 
ments que  j'ai  donnés,  qu'ils  ont  dans  leur  greffe,  lesquels 
défendent  d'insulter  ou  injurier  personne,  et  tendent  à  mainlen 

6 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  66  — 

le  bon  ordre.  S'il  arrive  donc  quelque  difficulté  entre  eux, 
soit  pour  outils  gâtés  ou  pris,  ouvrage  mal  partagés,  paroles 
piquantes  et  toutes  choses  qui  occasionnent  infailliblement  de 
la  dispute,  et  qu'une  des  parties  ne  se  plaignci  le  procureur 
général  est  chargé  de  requérir  et  on  condamne  Tagressenr  à 
une  amende.  Un  autre  avantage  est  que  les  peintres  n'osent 
badiner  dans  leurs  chambres  ;  je  leur  impose  une  amende.  » 

«  Toutes  ces  amendes  s'inscrivent  sur  un  registre  et  lorsqu'il 
arriv^quelque  régal  entre  eux,  tout  se  paie,  tout  se  juge  en 
dernier  ressort  par  moi  sur  l'avis  que  je  prends,  et  tel  qui  ne 
voudroit  pas  eu  passer  par  là,  seroit  congédié  à  l'instant.  Ainsi 
chacun  élant  pris  par  la  bourse,  cela  contient  eu  bon  ordre.  £n 
badinant  il  s'est  formé  un  usage  qui  tient  force  de  loi  ;  il  en 
résulte  un  grand  bien,  c'est  qu'il  n*y  a  plus  de  querelles,  de 
jurements]  el  même  des  batteries  telles  qu'on  a  vu  autrefois 
sans  respect  pour  la  manufacture  et  le  maitre.  Les  ouvriers 
Sont  plus  unis  et  s'entre  aiment  mieux  ;  voilà  comme  souvent 
on  règle  les  hommes  et  on  leur  donne  un  joug  en  jouant  avec 
eux  (1).  » 

En  1771,  Caussy  maria  sa  fille  aînée  Marie-Elisabeth  avec 
Antoine  de  La  Hubaudière  (2).  C'est  à  ce  dernier  qu'il  laissa  la 
direction  de  ^a  manufacture  lorsqu'il  mourut  après  une  carrière 
bien  remplie,  en  1782  (3;. 

(1)  Aces  extraits,  je  crois  devoir  ajouter  le  suivant,  qui  est  relatif 
au  choix  des  marchandises  : 

«  Il  y  a  beaucoup  de  choix  à  faire  dans  ceUe  marchandise  ;   car  des 

Iûèces  de  la  même  espèce  sorties  du  même  four,  de  la  même  cazette, 
'une  sera  parfaite,  l'autre  point,  et  Tautre  de  rebut,  ce  qui  met  une 
srande  différence  dans  les  prix.  Ce  qu'il  faut  faire,  faut  à  la  sortie  du 
four  faire  plusieurs  lots,  le  premier  de  marchandise  parfaite  et  loyale, 
que  Ton  vend  au  plus  haut  prix  courant  ;  le  second  qu'on  vend  vingt 
sols  par  douzaine  moins  cher,  sera  le  second  choix  ;  un  troisième  choix, 
à  âussy  vingt  sols  moins  ;  un  quatrième  qui  sera  le  beau  rebut,  et  enfin 
le  rebut.  »  •—  Traité  de  l'art  de  la  faXence^  chap.  XX. 

(2)  Ce  mariage  fut  célébré  à  Locmaria,  le  14  octobre  177i. 

(3)  C'est  la  date  qu'assigne  à  la  mort  de  Caussy  la  «  généalogie  » 
ciée  plus  haut  page  51.  Je  dois  déclarer  que  ce  document  renfermé  beau- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  67  - 

L'teuvre  de  Gaussy  a  dû  être  considérable.  Sans  abandonne 
entièrement  le  genre  de  Nevers  et  du  midi  de  la  France  (1),  il 
est  probable  qu'il  s'appliqua  d'une  manière  plus  particultère  à 
la  fabrication  du  genre  Rouen.  C'est  dans  ce  but  qu'il  avait  fait 
venir  àLocmariades  ouvriers  Rouennais.  (2).  11  dit  lui-même  dans 
son  mémoire  relatif  à  la  porcelaine,  rédigé  en  1770,  qu'on  imi' 
tait  à  Quimper  la  faïence  de  Rouen.  On  l'imitait  si  bien,  qu'il 
est  fort  difficile,  de  distinguer  les  produits  des  deux  localités. 
Aussi  n'est-il  pas  surprenant  'que  la  presque  totalité  des  ou- 
vrages sortis  de  la  manufacture  de  Quimper  soit  attribuée  à 
Rouen.  Il  est  cependant  quelques  pièces  que  l'on  peut  con- 
sidérer avec  certitude,  dès  à  présent,  comme  l'œuvre  de 
Caussy.  Je  citerai,  entre  autres,  un  charmant  pot  à  surprise 
décoré  de  paysages  en  camaïeu  bleu,  qui  appartient  h  Mlle 
Stéphanie  de  La  Hubaudière,  arrière-petite  fille  de  Gaussy  ;  il 
faut  lui  attribuer  aussi  un  plat  long  h  la  corne,  marqué  des 
initiales  P.  G.  (3)  qui  fait  partie  de  la  collection,  de  notre  con- 
frère M.  Bahezre  deXanlay.  Notre  Musée  archéologique  possède 
encore  un  plat  polychrome  authentique   de  la  fabrique  de 

coup  d'erreurs.  Mes  recherches  me  permettent  d'ajouter  que  Caussy  n'est 
pas  mort  à  Locmaria,  quoiqu'au  mois  de  décembre  1780  il  dirigeât  encore 
avec  son  gendre  sa  manufacture  de  faïence.  Ce  dernier  fait  résulte 
d'un  arrêt  du  Parlement  de  Bretagne  que  Ton  trouvera  à  la  fin  de  ce 
travail. 

(I)  Les  noms  de  Louis  Pasco  et  de  Xavier  Pilastry,  que  je  trouve 
dans  les  registres  de  Locmaria  en  1766  et  en  1776,  et  qui  sont  tout  à 
fait  étrangers  aiï  pays,  peuvent  faire  supposer  qu'il  occupait  quelquefois 
des  ouvriers  italiens.  M.  Fougeray  m'infornie,  en  effet,  que  les  vieux 
ouvriers  de  sa  manufacture  se  souvieunent  que  Ton  y  employait  autre- 
fois des  italiens,  principalement  comme  mouleurs. 

(2  )  Je  relève  la  uote  suivante  dans  un  des  registres  de  la  paroisse  de 
Locmaria  : 

u  Du  8  novembre  1773,  mariage  de  Jacques  Bocheron,  veuf  de  Marie 
Josse,  originaire  de  la  paroisse  de  Saint-Sever,  diocèse  de  Rouen;  en 
la  province  de  Normandie,  et  domicilié  depuis  plusieurs  années  de  cette 
paroisse,  avec  Jeanne-Marie  Sinic.  » 

(3)  M.  Jacquemart  mentionne  «  un  petit  plat  de  forme  italienne,  à 
décor  sino-français,  en  bleu  chatironné  de  manganèse  »  qu'il  attribue  a 
Nevers  et  qui  porte  les  mêmes  initiales  P.  C.  —  MerveiUei  d&  la 
Céramique,  9^  partie,  p.  145. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  68  - 

Quimper,  orné  de  grotesques  et  qui  porte  avec  ie  Dom  du 
recteur  de  Locmaria,  la  date  de  1773.  Enfin,  je  n'hésite  pas 
à  regarder  comme  sortis  de  ses  fourneaux,  des  plats  ayant  pour 
décor  principal  un  dragon,  qu'il  n*est  pas  très-rare  de  rencon- 
trer dans  les  environs  de  Quimper.  Dans  un  inventaire  des 
marchandises  existant  à  sa  manufacture,  en  1759,  à  la  mort  de 
sa  première  femme,  des  assiettes  ornées  de  ce  décor  sont  dési- 
gnées sous  le  nom  d'Assiettes  au  Basilic.  On  sait  que  Basilic 
est  un  synonyme  de  Dragon.  Il  est  hors  de  doute  qu'une  étude 
attentive  des  faïences  recueillies  en  Basse-Bretagne,  ferait 
retrouver  un  grand  nombre  de  pièces  qui  passent  pour  du 
Rouen,  et  qu'il  faudrait  restituer  à  Quimper.  Les  anciens 
poncis  que  M.  Fougeray  conserve  dans  la  manufacture  qu'il 
dirige  et  à  Taide  desquels  il  est  parvenu  depuis  quelques 
années  à  rétablir  dans  son  usine  l'ancienne  fabrication,  en 
faisant  usage  des  procédés  contenus  dans  le  manuscrit  de 
Pierre  Paul  Caussy,  seraient  des  guides  précieux  pour  arriver  à 
cette  restitution  (1;. 

(i)  Comme  plusieurs  de  ces  poocis  portent  des  armoiries  qui  pour, 
raient  aider  à  retrouver  certaines  pièces  fabriquées  à  la  manufacture 
de  Quimper,  j'en  donne  ici  la  nomenclature. 

|o  Un  chevron  accompagné  de  3  trèfles,  sur  croix  de  St-Louis,  avec 
couronne  de  marquis. 

2o  Une  tête  d*ange  ailée  accompagnée  de  3  étoiles.  Ecusson  timbré 
d'un  casque  de  face. 

30  Deux  écussons  ovales  accolés;  le  premier  porte  un  sautoir;  le  se- 
cond est  fascé  de  six  pièces.  Timbre,  un  casque  de  face  ;  deux  lions 
contournés  pour  supports.. 

40  Ecusson  ovale  portant  trois  houx  2  et  f ,  soutenu  par  un  lion. 

50  Ecusson  ovale  portant  un  cceur  surmonté  d'une  fascc  chargée  de 
8  étoiles.  Couronne  de  comte;  deux  lions  pour  supports. 

60  Ecusson  ovale  timbré  d*un  casque  posé  de  face,  soutenu  par  ,deux 
sauvages,  et  portant  3  palmes  de  sinople  en  pal  (Le  Erblon.*) 

70  Ecusson  ovale  portant  un  lion  rempant,  timbré  d'une  couronne 
de  comte  ;  deux  sauvages  pour  supports. 

go  De  gueules  à  3  bandes  d'or,  au  chef  d'azur  chargé  d'un  agneau 
pascal  d'argent  ;  ecusson  timbré  d'une  couronne  de  comte. 

90  Ecusson  ovale  portant  un  chevron  accompagné  de  3  c^urs  ;  tim- 
bré d'une  couronne  de  comte  ;  deux  cerfs  pour  supports.  Devise  :  Tria 
eorda  mi,  si.  sint.  habeant  musœ  tria. 

100  Ecusson  ovale  semé  de  quiutefeuilles  au  franc  canton  de  Bretagne; 
timbré  d'une  couronne  de  comte  et  entouré  du  cordon  de  Saint-Hiehel. 


Digitized  by  VjOOQIC 


--69  - 
Antoine  de  LA  HUBAUDIËRE. 

(1782-1794) 

Né  ea  1744  dans  la  paroisse  de  Pacé,  diocèse  de  Rennes,  il 
élait  à  l'époque  de  son  mariage  avec  la  fille  de  Gaussy,  ingé- 
nieur en  second  des  ponls  et  chaussées  de  Bretagne,  au  dépar- 
tement de  Quimper,  et  habitait  dans  cette  ville  la  jparoisse  de 
SaintSauveur.  Il  était  donc  complètement  étranger  aux  tra- 


lio  Ecusson  ovale  au  moutou  passant,  au  chef  chargé  de  3  éperviers 
posés  en  fasce  ;  timbré  d*un  casque  posé  de  face. 

12'  Même'écusson  avec  une  étoile  en  chef  à  senestre. 

13*  Ecusson  ovale;  un  chevron  accompagné  en  chef  de  deux  roses  et 
d'un  cœur  en  pointe,  au  chef  chargé. 

l4o  Ecartelé  au  i  et  4d*azur  au  sautoir  d'or  cantonné  de  4  trèfles 
d'argent;  au  2  et  3  d'argent  à  3  lézards  de  sinople,  2^  i,  au  lion  léo- 
pardé  de  gueules  en  chef  ;  sur  le  tout  d'argent  au  lion  léopardé  de 
gueules  ;  timbre  d'une  couronne  de  comte  ;  deux  griifons  pour  sùpportSé 
—  Ex  libris  Nie.  Car,  Delaunay. 

150  Armoiries  d'évêque.  — Ecusson  ovale  portant  un  sautoir,  et 
timbré  d'une  couronne  ducale  entre  une  mitre  et  une  crosse  tournée 
à  senestre. 

160  Ecusson  ovale  timbré  d'une  couronne  de  comte;  un  chevron  ac- 
compagné de  trois  lys. 

t7o  Ecusson  ovale  timbré  d'un  casque  taré  de  profil  ;  un  chevron 
accompagné  de  3  couronnes  à  4  fleurons. 

180  Parti  au  1  :  3  fours  accompagnées  de  8  ou  9  croix  pommettées 
en  orle  ;  au  2  :  une  fasce  chargée  d'un  lévrier  passant  accompagnée 
de  3  mouchetures  d'hermines;  timbré  d'un  casque  posé  de  trois  quarts 
et  sommé  d'une  croix  pommettée  pour  cimier. 

19o  Ecusson  d'abbesse  en  losange,  [»ortant  de  gueules  à  3  molettes 
d'or;  timbré  d'une  couronne  ducale  sommée  d'une  crosse  tournée  à 
dextre. 

20O  Deux  écussons  ovales  accolés:  |o  Trois  têtes  de  Maures  2  et  1  ; 
2o  Un  chevron  accompagné  de  3  roses.  Couronne  ducale. 

210  Armoiries  d'évêque;  ecusson  au  sautoir  engreslé,  timbré  d'une 
couronne  ducale  entre  une  mitre  et  une  crosse  tournée  à  çenestre. 

220  Ecusson  ovale  timbré  d'un  casque  taré  de  profil,  portant  2  co- 
quilles en  chef  et  un  croissant  montant  en  pointe,  au  chef  chargé  d'une 
croix  potencée  accostée  de  deux  roses. 

23o  Ecusson  ovale  timbré  d'une  couronne  de  comte  et  portant  de 
gueules  à  une  fasce  d'argent  accompagnée  de  3  losanges  de  même  2  en 
chef  et  I  en  pointe. 

24o  Ecusson  portant  gironné  d'or  et  de  Vairé  d'argent  et  de  gueules 
de  huit  pièoes  ;  timbré  d'un  casque  taré  de  profil. 

S5.  Ecartelé  au  1  et  4  :  une  bande  ;  au  2  et  3,  un  chevron  accom- 
pagné de  2  griffons  afl'rontés  en  chef  et  d'une  rose  en  pointe;  timbré 
d'une  couronne  ducale  ;  deux  aigles  couronnés  et  contournés  pour 
supports. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  72  — 

échouer  au  premier  jour^  si  le  s' Eloury  entrait  en  coDcurrence 
avec  luiyou  plutôt  il  parait  certain  que  l'un  et  l'autre  verraient 
tomber  en  peu  de  temps  leurs  manufactures  et  seraient  forcés 
de  les  abandonner.  » 

«  Après  ces  considérations,  je  crois  qu'il  y  a  lieu  de  défen- 
dre au  s<^  Eloury  d'établir  aucun  nouveau  fourneau.  » 

•  BERTRAND.  » 


•  A  M.  de  Bertrand. 

«  Paris,  l6  31  août,  1788. 
«  Monsieur. 
«  Vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'envoyer  le  18  août  de 
Tannée  dernière  votre  avis  sur  la  demande  du  s**  De  la  Hubau- 
dière  entrepreneur  de  la  manufacture  de  fayance  établie  à 
Quimper,  tendant  à  obtenir  l'exécution  de  l'arrêt  du  conseil  de 
de  1723  qui  interdit  la  construction  arbitraire  des  fournaux 
dans  lesquels  on  consume  du  bois  ;  qu'en  conséquence  défenses 
soient  faites  au  s'  Eloury  d'établir  aucun  nouveau  fourneau, 
autre  que  celui  qu'il  a  construit  en  1773. 

«  J'ai  consulté  également  M.  Deforges  pour  savoir  s'il  n'y 
aurait  pas  d'inconvénient  à  permettre  au  s'  Eloury  d'établir  un 
nouveau  fourneau  par  rapport  à  la  consommation  du  bois.  H 
me  mande  que  l'usine  que  le  s'  Eloury  fait  construire,  n'est 
que  le  rétablissement  d'un  ancien  fourneau  qu'il  avait  démoli 
et  qu'il  existe  aux  environs  de  Quimper  une  très  grande  quan- 
tité de  bois  de  la  nature  de  ceux  qui  conviennent  à  ces  sortes 
d'usines.  Il  m'observe  que  le  s»^  De  la  Hubaudière  est  d'autant 
plus  mal  fondé  à  s'opposer,  à  l'établissement  du  s' Eloury,  qu'il 
est  lui-même  en  contravention  à  l'arrêt  du  9  août  1723,  puis- 
qu'il a  ajouté  tout  récemment  sans  permission  quatre  fourneaux 
considérables  à  celui  de  fondation.  En  conséquence,  bien  loin 
de  rien  voir  qui  puisse  favoriser  l'opposition  du  s»^  De  la  Hu- 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  n  - 

baudiëre  il  croit  avantageux  de  confirmer  l'établissement  du 
s'  Eloury.  » 

«  Sur  le  compte  que  j'ai  rendu  de  toute  cette  affaire  à  Messieurs 
les  Commissaires  du  bureau  de  commerce,  ils  ont  décidé  que 
la  demande  du  s'  De  la  Hubaudière  n'était  pas  fondée,  et  que  le 
s' Eloury  en  faisant  rétablir  un  fourneau  qui  était  ancienne- 
ment en  activité,  avait  eu  pour  le  moins  autant  de  droit  que  le 
s'  De  la  Hubaudière  de  faire  construire  quatre  nouveaux  four- 
neaux. Au  surplus  MM.  les  Commissaires  ainsi  que  M.  le  Con" 
troleur  général  sont  d'avis  de  favoriser  le  plus  qu'il  sera  possi- 
ble rétablissement  des  fourneaux  pour  la  fabrication  dé  la 
fayance,  pourvu  que  les  entrepreneurs  emploient  du  charbon  de 
terre.  Ils  croient  qu'il  serait  à  désirer  que  cette  manière  de 
penser  fut  cornue  dans  la  province,  etilsm*ont;en  conséquence 
chargé  de  vous  prier  de  la  rendre  publique  dans  votre  généra- 
lité, et  d'instruire  en  particulier  le  s*  Eloury  de  la  décision  qui 

le  concerne.  »' 

«  TOLOZAN.  » 


«  Rennes,  le  5  septembre,  1788. 

«  Donné  avis  par  l'intendant  de  la  décision  ci-dessus  à  son 

sub-délégué  à  Quimper.  » 

«  BERTRAND.  » 


Antoine  de  La  Hubaudière  mourut  en  1794.  Ses  héritiers 
ont  continué  jusqu'à  nos  jours  à  diriger  sa  fabrique.  Mais  avec 
Pierre  Caussy  finit  l'ère  vraiment  artistique  de  la  manufacture 
de  faïence  de  Quimper.  Après  lui  l'art  fit  place  au  métier  et, 
la  concurrence  aidant  (1),  on  voulut  faire  vile  et  à  bon  marché. 
Il  en  résulta  un  oubli  complet  des  traditions.  Depuis  quelques 

(1)  Outre  la  fabrique  de  François  Eloury,  une  troisième  manufacture 
qui  appartient  aujourd'hui  à  la  famille  Tanqueray,  avait  été  établie  à 
Locmaria,  vers  la  fiû  du  dernier  siècle,  par  le  sieur  Dumaiue  qui 
exploitait  auparavant  une  usine  semblable  à  la  Josserie,  commune  de 
Ger,  département  de  la  Manche. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  74  — 

années,  une  renaissanee  de  l'art  de  la  terre  cuite  émaillée 
semble  promettre  un  nouveau  lustre  aux  fabriques  de  Quiroper. 
Mais,  tout  en  saluant  cette  ère  nouvelle,  et  en  souhaitant  de 
longues  années  de  prospérité  aux  artistes  et  aux  ouvriers  qui 
tentent  courageusement  de  renouer  la  chaîne  brisée  de  la 
tradition>  je  n'essaierai  pas,  au  moins  pour  le  moment^  de 
porter  un  jugement  sur  leurs  œuvres. 

Dans  les  pages  qui  précèdent,  j'ai  voulu  retracer  Thistoire 
d'une  industrie  dont  Timportance  à  peine  soupçonnée  à  Quim* 
per,  est  complètement  ignorée  au  dehors.  Si  j'ai  été  long,  c'est 
qu*étant  le  premier  historien  de  cette  industrie,  j'ai  eu  tout  à 
raconter. 

Je  crois  avoir  établi  par  mes  recherches  que  Quimper  fut 
pour  la  faïence,  pendant  le  XVIII  siècle,  le  centre  de  fabrica- 
tion le  plus  considérable  de  toute  la  Bretagne,  et  que  ce  résul- 
tat doit  être  attribué  aux  intelligents  directeurs  de  sa  manufac- 
ture. Il  reste,  ponr  achever  la  tâche  que  je  me  suis  imposée, 
à  restituer  à  cette  ville  les  nombreux  produits  sortis  de  ses 
fabriques,  aujourd'hui  épars  un  peu  partout,  et  que  l'on  a 
attribués  jusqu  ici  à  l!uu^:ii  à  Nevers,  à  Moustiers  ou  à  Ren- 
nes CD.  Une  excellente  occasion  se  présente  pour  accomplir  cet 
acte  de  justice.  C'est  à  Quimper  que  doit  avoir  lieu  le  concours 
régional  de  1876.  Plusieurs  mois  nous  séparent  encore  de  cette 
solennité.  Que  l'on  fasse,  Messieurs,  en  votre  nom,  un  appel 
aux  possesseurs  de  faïences  anciennes  qui  habitent  le  Finistère 
et  les  départements  voisins,  et  il  sera  possible  de  réunir  pour 


(f  )  Voici  un  exemple,  entre  mille,  de  cis  attributions  erronnées.  Dans 
les  Merveilles  de  ta  Céramique ,  3^  partie,  p.  134,  M.  .lacqiiemart  consi- 
dère comme  sortie  des  fabriques  de  Rennes  «  une  vierge  avec  l'ios- 
cription  :  N.  D.  de  Guelvain,  »  Or,  la  chapelle  de  N.  D.  de  Guelvain 
qui  est  parfaitement  inconnue  dans  la  haute  Bretagne,  est  située  dans 
la  commune  d'Edern,  à  quatre  lieues  de  Quimper,  c'est-à-dire  aux 
portes  d*une  manufacture  bien  plus  importante  que  celles  de  Rennes. 
Est-il  admissible  que,  dans  ces  circonstances,  les  faïenciers  de  cette 
dernière  ville  aient  eu  quelque  intérêt  a  fabriquer  des  figurines  qui 
devaient  être  débitées  dans  un  lieu  de  pèlerinage  très-éloigné,  et  qui  n'a 
jamais  eu  une  grande  notonétc  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


.:^_J 


-^   75  - 

Tépoque  du  concours  un  nombre  suffisant  de  pièces  sorties  des 
fourneaux  des  faïenciers  Quimpéroîs,  pour  former,  dans  la 
salle  du  Musée  archéologique  où  se  tiennent  nos  réunions,  une 
exposition  qui  offrirait,  àxoup  sûr,  un  grand  intérêt  aux  ama- 
teurs de  céramique,  de  jour  en  jour  plus  nombreux,  et  qui 
permettrait  peut-être  de  découvrir  les  caractères  distinctifs  de 
la  faïence  de  Quimper  à  ses  diverses  époques  (1).  Je  vous  prie 
donc,  Messieurs,  de  prendre  en  considération  le  vœu  que  je 
vous  soumets,  et  de  nommer  dans  votre  sein  une  Commission 
chargée  de  préparer  les  voies  et  moyens  pour  parvenir  à  sa 
réalisation  (2). 


(4)  Depuis  que  ceci  est  écrit,  j'ai  reçu  de  M.  Ed.  Garnier  de  la  ma- 
nufacture de  Sèvres,  une  lettre  dont  je  me  permets  d'extraire  les  lignes 
suivantes. 

a  Quant  aux  caractères  distinctifs,  il  en  existe  certainement.  Outre 
ceux  que  démontrent  Témail  et  une  tournure  particulièje  du  décor,  mC me 
dans  les  pièces  très-simples,  il  y  a  une  certame  qualité  de  manganèse 
et  de  rouge  (mais-  surtout  de  manganèse)  qui  est  propre  à  Quimper,  et 
qui  seul  suffirait  à  faire  reconnaître  les  pièces  4e  cette  fabrique.  C'est 
chez  moi  une  conviction  que  je  vous  ferai  partager,  si,  comme  je  Tes- 
père,  je  puis  aller  à  Quimper,  lors  de  votre  exposition.  ». 

(2)  Voir  à  la  fin  de  ce  bulletin  les  documents  annexes. 

Depuis  que  ces  lignes  ont  été  livrées  à  l'impression,  j'ai  remarque 
parmi  les  signatures  mdéterminées  dont  M.  Jacquemart  a  donné  une 
liste  à  la  page  159  de  la  troisième  partie  des  Merveilles  de  la  Céra- 
mique, un  chiffre  qui  se  trouve  au  bas  de  la  page  161  de  cet  excellent 
ouvrage,  «t  qui  est  certainement  le  chiffre  de  Jean-Baptiste  Bousquet. 
Il  se  compose  de  trois  lettres  liées  :  un  J.  un  B,  et  une  sorte  d'anneau 
qui  n'est  autre  chose  que  la  boucle  inférieure  d'un  second  B  dont  la 
boucle  supérieure  se  confond  avec  celle  du  premier.  La  ressemblance 
frappante  qui  existe  entré  ce  chiffre  et  les  deux  premières  lettres  de  la 
signature  de  ce  faïencier  dans  les  registres  de  la  paroisse  de  Loemaria, 
ne  peut  laisser  aucun  doute  à  l'égard  de  l'exactitude  de  cette  attribution* 

M.  Jacq^uemart  a  relevé  cette  signature  sur  des  «  assiettes  en  pâte 
rouge  et  lourde  à  décor  de  fleurs  dans  le  style  de  Rennes,  mais  avec 
du  rouge  de  1er  vif.  » 

Il  résulte  de  ce  fait  que  Jean-Baptiste  Bousquet  pratiquait  le 
décor  polychrome.  On  peut  se  rendre  conapte  de  cette  circonstance 
par  les  rapports  commerciaux  qui  existaient  entre  la  Bretagne  et  l'Es- 
pagne. J'ajouterai  que  quand  on  réfléchit  au  peu  de  relations  directes 
qu  il  y  avait  à  cette  époque  entre  la  Bretagne  et  la  Provence,  on  se 
laisse  aisément  aller  a  l'hypothèse  que,  Bousquet,  au  lieu  de  venir 
directement  des  environs  de  Marseille  à  Quimper,  s'était  d'abord  établi 
en  Espagne,  d'où  il  lui  avait  été  facile  de  gagner  la  Bretagne.  Plus  d'une 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  70  - 

A  la  suite  de  cette  lecture  à  laquelle  rassemblée 
prend  le  plus  vif  intérêt,  et  conformément  au  vœu  ex- 
primé par  l'auteur,  la  réunion  décide  qu'une  exposi- 
tion de  céramique  aura  lieu  à  Quimper,  dans  une  des 
salles  du  musée  archéologique,  pendant  la  durée  du 
concours  régional  de  1876.  Elle  nomme  à  cet  effet  une 
commission  composée  de  MM.  Le  Men,  Ayrault  et  de 
Montifault,  chargée  de  prendre  les  mesures  nécessai- 
res pour  parvenir  à  la  réalisation  de  ce  projet.  Elle 
décide  en  outre  que  cette  commission  pourra  s'adjoin- 
dre un  certain  nombre  de  membres  pris  en  dehors  de 
la  société.  M.  Ayrault,  en  acceptant  la  mission  qui  lui 
est  confiée,  informe  l'assemblée  qu'il  a  recueilli  dans 
la  Loire-Inférieure  cinq  assiettes  en  faïence  ancienne, 
dont  il  fait  hommage  au  musée  départemental  d'ar- 
chéologie. 

M.  Audr^an  faisant  allusion  à  un  passage  du  travail 
de  M.  Le  Men,  dit  qu'il  ne  pense  pas  que  MM.  Lalau 
et  du  Chesnay  en  fondant  la  faïencerie  de  Quimperlé, 


bonne  raison,  qui  ne  sauraient  trouver  place  dans  les  étroites  limites 
d'une  note,  militent  en  faveur  de  cette  sup])osition. 

Outre  la  signature  de  Jean-Baptiste  Bousquet,  je  remarque  dans  la 
même  liste  de  signes,  les'chiffres  G  B  et  P  B  L,  qui  pourraient  êlre  les 
signatures  de  Charles  Bousquet  et  de  Pierre  Bellevaux. 

Ces  observations  me  portent  à  me  demander  si  le  chiffre  LO,  que 
Ton  rencontre  si  fréquemment  sur  des  faïences  à  décor  méridional,  et 
qui  me  parait  indiquer  une  localité,  ne  serait  pas  les  deux  premières 
lettres  du  mot  Lochabia  ;  car  il  est  bon  de  faire  observer  que  la  Manu- 
facture de  Quimper  a  toujours  été  et  est  encore  aujourd'hui  désignée 
dans  le  pays  sous  le  nom  àe  Manufacture  de  LocsiARtA  ou  de  Loma-ria. 

Quant  aux  époques  d'introduction  et  à  la  durée  des  différents  styles 
qui  ont  été  en  usage  dans  cette  manufacture,  on  peut  les  établir  de  la 
manière  suivante  : 

to  SryZtftnértrftonaî  (Jean-Baptiste,  Pierre,  et  Charles  Bousquet),  de 
1690  à  1780. 

20  Style  méridional  et  Nevers  (Pierre  Bousquet  et  Pierre  Bellevaux\ 
de  1730  à  1750. 

30  Style  méridional,  Nevers  et  Rouen  fPierre-GIément  Caussy  et 
Antoine  do  La  Hubaudiere),  de  1750  à  1791. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  77  — 
aient  eu  en  vue  un  intérêt  précuniaire  personnel,  mais 
que  ces  MM.  qui  appartenaient  Tun  et  l'autre  à  des 
familles  très-honorables,  ont  surtout  cherché  à  doter 
Quimperlé  d'une  industrie  qui  pouvait  procurer  à  cette 
ville  quelques  avantages. 

M.  le  président  invite  ensuite  M.  de  Montifault  à 
lire  le  rapport  qu'il  a  rédigé  sur  la  fouille  faite  dans 
la  commune  de  Melgven  par  quelques  membres  de  la 
société. 

M.  de  Montifault  s'exprime  ainsi  : 

FOUILLES    D'UNE    ALLÉE  COUVERTE 

A  MÉNEZ-GUEN  EN  MELGVEN. 


M.  F.  Dufeigna  m'avait  signalé,  il  y  a  quelque  temps,  des  tu- 
mulus  et  d'autres  monuments  celtiques  existant  sur  ses  pro- 
priétés de  Coat-Ganton,  sur  les  terres  de  M"«  de  Kerbiquet,  sa 
tante,  et  dans  un  bois,  nommé  Coat  Ménez-Guen,  situé  dans  la 
commune  de  Melgven,  appartenant  à  M*»*  Dufeigna. 

Je  me  suis  rendu  avec  lui  sur  les  points  indiqués,  et  j'ai  pu 
reconnaître  que  les  différents  tumulus  étaient  des  mottes  féo- 
dales dont  la  fouille  ne  semblait  offrir  *aucun  intérêt. 

Dans  le  bois  de  Coat  Ménez-Guen,  j'ai  relevé  un  monument 
d'une  importance  incontestable  ;  c'est  une  fort  belle  allée  cou- 
verte qui  paraissait  au  premier  aspect  devoir  donner,  à  la  suite 
de  fouilles,  des  résultats  assez  importants. 

Ce  monument  est  appelé  dans  le  pays  Ty-Corriganet  ;  il  est 
situé  k  la  limite  sud-est  de  la  commune  de  Melgven,  sur  la  rive 
droite  de  l'Aveu,  dans  la  partie  basse,  au  pied  d'un  coteau  es- 
carpé sur  la  lisière  d'un  épais  bois  taillis  dont  les  souches  sont 
fort  anciennes  (1). 

I  !■  I   ■-  '  I       I  I  I  I   r  I  II  .11.  I     I  ■!'        ■ 1 1  I  I  II. 

(1)  M.  de  Frêuainville  a  signalé  d'une  manière  très-inexacte  ce  monu- 
ment dans  son  2^  volume  des  Antiquités  du  Finistère,  page  164. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  78   ^ 

Avant  les  fouilles  il  se  composait  d*uii  tumulus  de  forme  ovale 
assez  escarpé  vers  Test,  le  nord  et  le  sud,  d'une  pente  beau- 
coup plus  douce  vers  l'ouest.  Le  grand  axe  de  l'ellipse  formée 
par  le  tumulus  est  d'environ  35  mètres,  dont  ii  vers  Test  du 
monument,  20  mètres  vers  l'ouest,  plus  3  mètres  environ  pour 
la  largeur  des  pierres.  Le  petit  axe  passant  dans  la  longueur  de 
l'allée  couverte  est  de  32  mètres  environ,  savoir  :  14  mètres  75 
pour  la  longueur  des  trois  dalles  formant  plate-forme,  10  mètres 
vers  le  sud  et  7  mètres  vers  le  nord. 

Trois  énormes  pierres  plates  ayant  la  première,  vers  le  sud, 
6  mètres  10  de  longueur,  la  2'»«  4  mètres  90  et  la  3"»«,  vers  le 
nord,  3  mètres  75  de  longueur,  sur  environ  3  mètres  de  largeur, 
apparaissent  au  sommet  du  tumulus,  touchant  encore  le  sol 
dans  certains  points,  élevées  de  30  ou  35  centimètres  dans  d'au- 
tres, et  laissant  voir  des  extrémités  de  supports]inclinés,  qui  pa- 
raissent être  de  grandes  dimensions. 

Sur  un  point  vers  l'ouest,  une  ouverture  semblait  exister 
danç  le  monument.  Rien  dans  les  terrains  environnants  ne  ré- 
vélait de  traces  de  fouilles  antérieures.  La  Société  décida  que 
le  monument  serait  fouillé. 

Le  19  avril  1875,  assisté  de  M.  Félix  Dufeigna,  de  M.  Turin, 
commis  principal  des  contributions  indirectes  à  Rosporden,  de 
H.  LeStunf,  percepteur  à  Rosporden,  et  de  M.  Georges  Le  Noble, 
je  me  rendis  de  nouveau  au  bois  de  Ménez-Guen.  Nous  fîmes 
couper  les  bois  et  souches  entourant  le  monument  de  manière 
a  établir  un  chemin  de  ronde  qui  permit  la  circulation.  Nous 
releyâmes  les  côtes  et  observations  suivantes.  Pierre  ou  table 
du  sud,  longueur,  6  m.  10  c,  largeur,  3  mètres  ;  pierre  du 
milieu,  longueur,  4  m.  90  c.,  largeur,  2  m.  90  ;  pierre  du 
nord,  longueur,  3  m.  75  c,  largeur.  2  m.  90.  Longueur  totale 
de  l'allée  du  nord  au  sud,  14  m.  70.  Le  nombre  des  supports 
visibles  est  de  15. 

Vers  le  nord-est,  dans  le  flanc  du  Tumulus,  apparaissent 
quatre  têtes  de  longues  pierres  à  4  mètres  de  distance  des  ta- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  79  — 

blés  ;  trois  de  ces  pierres  sont  juxla-posées,  une  aulre  est  éloi- 
gnée de  3  mètres  des  premières  et  toujours  à  la  même  distance 
des  tables.  La  hauteur  totale  des  terres  et  pierres  rapportées 
formant  Tumulus  est  de  3  mètres  environ  dans  la  partie  la  plus 
élevée. 

Le  20  avril  nous  avons  commencé  une  tranchée  dans  la  par- 
tie ouest  du  Tumulus^  en  regard  de  l'ouverture  ;  après  quel- 
ques coups  de  pioche,  nous  avons  reconnu  que  cette  ouverture 
n'était  qu'apparente  et  qu'elle  provenait  de  l'inclinaison  d'un 
des  supports,  inclinaison  produite  par  la  poussée  des  terres.  Le 
support  incliné  s'était  affaissé  en  dedans  et,  quittant  la  table 
du  sud,  était  allé  s*appuyer  sur  le  support  est  qui  lui  fait  face, 
Cette  inclinaison  a  pu  avoir  lieu  par  la  seule,  poussée  des  ma- 
tériaux extérieurs  formant  le  Tumulus,  si  ce  support  ne  tou- 
ch^ait  pas  la  table,  ou  peut-être,  par  le  contact  de  la  table  au 
moment  où  on  Ta  glissée,  car  elle  a  été  évidemment  roulée  et 
montée  au  faîte  du  Tumulus  par  la  pente  douce  de  l'ouest. 

La  tranchée  fut  élargie  et  approfondie  de  manière  à  dégager 
complètement  les  bords  et  la  base  de  ce  support.  Cette  der- 
nière mesure  était  indispensable  pour  savoir  à  quelle  profon- 
deur on  pouvait  creuser  à  Tintérienr  sans  dangers  pour  les 
ouvriers.  Le  support  ainsi  mis  à  nu  extérieurement  a  2  m.  60  c. 
de  largeur,  3  m.  25  de  longueur,  0  m,  35  c.  d'épaisseur.  Il  est 
incliné  d'environ  45  degrés.  A  sa  base  extérieure  nous  avons 
trouvé  quelques  morceaux  de  charbon  enfouis  à  2  m.  50  de 
profondeur. 

En  faisant  la  tranchée  qui  a  donné  un  travail  considérable, 
nous  avons  découvert,  enfouis  dans  le  sol  du  Tumulus  de  lon- 
gues pierres  debout ,  servant  de  contreforts  et  éloignées  d'en- 
viron 4  mètres  de  la  table  sud,  comme  celle  dont  on  voit  les 
extrémités  au  nord,  et,  ce  qui  nous  fait  supposer  que  tout  au 
tour  de  la  galerie,  à  4  mètres  de  distance,  se  trouvent  des  co  n 
treforts  semblables  rangés  en  forme  d'ellipse  allongée,  ayant 
22  mètres  de  grand  axe  du  sud  au  nord,  et  U  métrés  de  petit 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  80  - 

axe  de  l'est  à  l'ouest.  Ces  coolreforts  étaient*  loin  d'être 
inatiles  en  effet  le  Tumulus  est  composé  de  galets  de  quartz 
provenant  de  la  rivière  l'Aven,  d'une  dimensioû  et  d'un  poids 
considérables  auxquels  se  trouvent  mêlées  quelques  rares 
pierres  plates. 

Après  avoir  déblayé  des  deux  cotés  les  interstices  laissées 
par  le  support  incliné,  nous  avons  pu  entrer  en  rampant  sous 
la  table  sud  et  nous  avons  commencé  la  véritable  fouille. 

Vers  le  bord  sud  de  la  pierre  inclinée  nous  avons  trouvé  à 
i  m.  60  de  profondeur,  wne  dalle  de  0  m.  05  c,  d'épaisseur, 
0  m.  35  de  largeur,  0  m.  50  de  longueur,  et,  vers  le  bord  nord, 
deux  autres  dalles  de  1  m.  50  de  longueur,  0  m.  30  d'épais- 
seur, 0  m.  40  de  largeur. 

Ces  dalles  ou  moellons  étaient  posées  à  plat  et  nous  don- 
naient l'espoir  de  trouver  dessous  des  cavités.  H  n'en  fut  rien. 
Elles  reposaient  sur  un  autre  lit  de  moellons  de  même  nature, 
reliés  par  de  l'argile  jaune  ;  autour  d'elles  d'autres  moellons 
semblaient  jetés  sans  ordre.  Il  en  a  été  de  même  d'un  bout  à 
l'autre  du  monument. 

Le  mercfedi  21  avril,  la  fouille,  après  de  grandes  difficultés, 
était  parvenue  à  1  m.  50  c.  vers  le  nord  du  support  tombé,  à 
0  m.  60  c.  vers  le  sud  et  à  une  profondeur  de  1  m.  60  ex»  On 
était  dès  lors  plus  à  l'aise  pour  travailler. 

Le  lendemain  2'2|  nous  avons  trouvé  à  1  mètre  de  profondeur, 
vers  le  sud,  disséminés  parmi  les  moellons  qui  remplissaient  la 
galerie,  six  petits  morceaux  de  poterie  noire,  grossière,  sans  or- 
nements. A  peu  près  au  milieu  de  la  dislance  qui  sépare  le  pilier 
incliné  de  l'extrémité  sud  de  la  galerie,  mais  pourtant  plus  vers 
le  sud,  nous  avons  trouvé  une  grande  dalle  de  l  m.  20  c.  de 
longueur,  0  m.  70  c.  de  hauteur  et  Om.  15  c.  d'épaisseur.  Cette 
dalle  seule,  entre  toutes  dans  cette  position  était  placée  de 
champ,  au  nâilieu  de  la  galerie  dans  le  sens  de  la  longueur  du 
monument  et  dans  l'axe  de  l'allée  de  manière  à  diviser  en  cet 
endroit  la  galerie  en  deux  couloirs  de  1  m.  30  c.  de  largeur 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  81  — 

cbacttD,  remplis  par  une  maçonnerie.  Dans  les  d^bls^is  résul- 
tant de  son  extraction  nous  avons  découvert  un  petit  débris  de 
poterie  rougeàtre  assez  fine,  orné  de  quelques  filets  parallèles 
tracés  à  la  pointe. 

La  pluie,  qui  n'avait  cessé  de  tomber  la  veille  et  toute  la 
journée  du  22,  remplit  la  tranchée  eu  se  déversant  à  Tintérieur 
de  la  galerie. 

Le  23  fut  employé  à  niveler  les  abords  de  la  tranchée,  à  re- 
jeter les  pierres  et  les  terres  extraites,  à  rétablir  les  passages 
obstrués  par  les  décombres.  La  boue  rendait  le  travail  impos-  , 
sible  h  rintérieur. 

Ce  même  jour  je  remarquai  sur  la  pierre  sud  qui  était  comme 
les  deux  autres  couverte  d'uue  épaisse  couche  de  mousse  et  de 
lichens,  cinq  trous  ou  godets  formant  à  peu  près  un  X  et  qui 
sont  évidemment  creusés  de  main  d*homme.  J'ai  noté  ce  fait. 
Ces  godets  ou  cupules  sont  exactement  sembables  à  ceux  qui 
,  ont  été  reconnus  à  V extérieur  de  dolmens  du  Morbihan  et  du 
pays  de  Galles  pour  la  dimension,  la  forme  et  la  profondeur.  Il 
était  tard  et  je  n'eus  pas  le  temps  de  nettoyer  la  surface  des 
pierres  pour  voir  si  d'autres  signes  y  étaient  creusés. 

La  pluie  continuant  et  semblant  devoir  persister  pendant 
plusieurs  jours  les  travaux  furent  suspendus. 

Par  suite  de  diverses  circonstances  et  de  Tétai  de  santé  de 
M.  le  Men,  qui  désirait  vivement  participer  à  cette  fouille,  et 
que  je  désirais  non  moins  vivement  avoir  avec  moi  à  cause  de 
son  expérience  en  cette  matière,  les  fouilles  ne  purent  être 
continuées  que  le  dimanche  30  mai.  Dans  Tintervalle  le  monu- 
ment avait  été  gardé  et  surveillé  par  les  gardes  particuliers  et 
le  fermier  de  M.  bufeigna. 

M.  Le  Men,  M.  Audran,  M.  Dufeigna,  M.  Turin  et  moi  nous 
recommençâmes  les  opérations  lundi  malin  31  mai.  avec  trois 
ouvriers.  Nous  primes  de  nouveau  la  mesure  des  pierres  en  lar- 
geur,  longueur,  hauteur,  et  épaisseur/leur  inclinaison  ;  nous  vé- 
rifiâmes à  la  boussole  la  direction  d^  Taxe  du  monument  ;  celte 

6 


Digitized  by  VjOOQIC  ""** 


-  sa  - 

directioù  coïncide  presque  exactement  avec  celle  de  l'aignUle 
aimantée,  c'est-à-dire  que  le  monument  est,  en  longueur,  cons- 
truit suivant  une  ligne  qui  va  presque  du  sud  au  nord  magné- 
tique, et  que  son  grand  axe  suit  presque  exactement  le  méridien 
passant  par  Téloile  polaire  ;  on  l'indiquerait  par  (a  ligne 
N.  N.  N.  0.  -  S.  S.  S.  K. 

D'après  l'avis  de  M.  Le  Men,  nous  avons  immédiatement  pro- 
cédé au  nettoyage  complet  de  la  partie  supérieure  des  trois  ta- 
bles. Celte  opération  a  mis  au  jour  sur  la  principale  table  au 
sud,  cinquante  godets  ou  cupules  dont  j'ai  pris  un  croquis 
aussi  fidèle  que  possible,  que  je  soumets  à  l'Assemblée.  La  2« 
table  nous  a  fourni  trente  godets  ;  sur  la  3*  il  ne  se  trouve 
aucun  signe  creusé  de  main  d'homme.  Malgré  les  recherches 
les  plus  minutieuses,  il  nous  a  été  impossible  de  découvrir 
d'autres  signes  que  ces  cupules. 

Passant  à  l'examen  des  parois  intérieures,  alors  visibles  en  par- 
tie, et  pensant  qu'on  y  pouvait  trouver  des  sculptures  ou  si- 
gnes comme  ceux  que  fournissent  beaucoup  de  monuments  du 
Morbihan,  nous  avons  exploré  avec  soin  le  dessous  des  tables 
et  les  vastes  surfaces  internes  des  supports.  Aucun  signe  n'y 
existe. 

Les  fouilles  continuant,  nous  avons  trouvé  sous  le  support 
incliné,  à  '2  m.  12  c.  de  profondeur  au  dessous  de  la  table,  des 
fragments  de  poterie  noire,  semblables  à  ceux  qui  avaient  été 
précédemment  recueillis,  un  autre  fragment  <\*m\  brun  gris,  un 
autre  fragment  en  terre  rougeâtre,  orné  de  filets  parallèles. 
Tous  les  fragments  recueillis  étaient  épars,  isolés,  à  toutes  les 
profondeurs  depuis  1  m.  *20  c.  jusqu'à  2  m.  40  c. 

Le  mardi  !*'  nous  avions  lennitié  la  fouille  sous  la  pierre 
sud,  la  principale,  sans  avoir  trouvé  autre  chose  ;  nous  avions 
complètement  enlevé4outes  les  terres  et  les  pierres  formant  une 
sorte  de  maçonnerie  intérieure  et  entamé  le  sol  naturel  jus- 
qu'à tO  ou  12  centimètres  de  profondeur. 

Quoique  ayant  désormais  moins  d'espoir  de  rencontrer  des 


Digitized  by  LjOOQIC 


-.     83     r- 

objets  ou  des  armes,  nous  avons  voulu  continuer  de  déblayer  là 
chambre  dans  toute  la  longueur  et  daii9  toute  la  largeur  pour 
la  mettre  partout  au  même  niveau  que  la  partie  du  sud. 

Sous  la  deuxième  piéride  au  centre,  nous  avons  trouvé  un 
morceau  de  poterie  noire  qui  est  la  majeure  partie  d'un  fond  de 
vase.  D'après  la  rigole  extérieure  qui  est  marqué  sur  ce  débris, 
il  semble  qu'à  Tépoque  où  le  monument  a  été  construit  on  con- 
naissait déjà  l'usage  du  tour  à  potier.  Ce  morceau,  avec  quel- 
ques parcelles  de  charbon,  était  à  une  profondeur  de  2  m.  50  c~. 
au  dessous  du  plafond  de  la  grolle. 

Le  jeudi  3  nous  avons  complètement  terminé  la  fouille  sous 
1^  2*  pierre,  et  commencé  la  3«. 

Le  vendredi  4,  h  rentrée  de  la  pierre  nord,  à  1  m.  60  de  pro^ 
fondeur,  nous  avons  trouvé  trois  morceaux  de  poterie  noire. 
Un  peu  plus  loin,  sous  la  partie  centrale  à  la  même  profondeur, 
encore  quelques  débris  analogues. 

La  chambre  étant  entièrement  déblayée  nous  avons  pu  nous 
rendre  compte  de  la  mamière  dont  était  construit  ce  monu- 
ment. 
•  Voici  le  résultat  de  nos  observations  ; 

Le  nombre  des  piliers  supportant  les  trois  plateformes  est  de 
16;  quatorze  sont  inclinés  suivant  un  angle  de  23  à  23  de- 
grés ;  les  deux  extrémités  du  monument  sont  fermées  par  deux 
piliers  verticaux  :  les  premiers  supports  latéraux  au  nord  et  au 
sud,  se  touchent  par  leurs  extrémités  supérieures  ;  les  autres, 
au  contraire,  un  peu  moins  inclinés,  présentent  entre  leurs  par- 
ties supérieures,  un  écartement  qui  varie  de  0  m.  25  c.  à 
0  m.  70  c.  ;  leur  largeur  varie  de  2  m.  10  c.  à  2  m.  50  c.  ; 
leur  hauteur  est  uniformément  de  3  m.  25  c.  à  très  peu  près  ; 
leur  épaisseur  est  d'environ  0  m.  35  ;  leur  face  interne  est  par- 
faitement plate  ;  leur  face  externe  est  beaucoup  plus  grossière. 
Après  un  nouvel  examen  des  plus  minulieux,  il  nous  a  été  im- 
possible de  découvrir  sur  les  parois  intérieures  du  monument 
aucune  trace  de  dessin  ou  d'ornementation. 


Digitized  by  VjOOQIC 


_  8*  — 

La  hauteur  de  la  galerie,  du  sol  à  la  face  interne  des  plate- 
former,  est  de  2  m.  60  e.,  sa  largeur  à  la  base  de  2  m.  65.  tour 
]es  trois  tables  le  partie  interne  est  parfaitement  plane  ;  pour 
les  deux  du  sud,  la  partie  supérieure  qui  porte  les  signes  cupu- 
liformes,  est  assez  plane,  mais  cependant  il  y  a  des  inégalités 
qui  indiquent  que  cette  face  n'a  pas  été  soumise  à  un  travail 
d'aplanissement  et  que  la  forme  est  restée  ce  qu'elle  était  au 
sortir  de  la  carrière. 

ife  suis  porté  à  croire  qu'il  en  est  de  même  pour  la  partie  in- 
terne des  tables  et  des  piliers,  mais  alors  on  a  choisi  la  partie 
la  plus  plane  pour  la  tourner  vers  Tintérieur. 

En  examinant  avec  plus  d'attention  les  trous  ou  godets  gra- 
vés sur  deux  des  plale-formes,  nous  avons  remarqué  <}u*un 
certain  nombre  d'entre  eux  sont  groupés  de  manière  à  repré- 
senter plusieurs  fois  la  disposition  des  étoiles  qui  composent  la 
constellation  de  la  Grande-Ourse. 

En  résumé  ce  monument  diffère  en  plusieurs  points  des  allées 
couvertes  observées  jusqu'ici  en  Bretagne  et  ailleurs. 

D'abord  les  piliers  au  lieu  d'être  verticaux,  sont  inclinés  vers 
Fintérieur  ;  en  second  lieu,  l'orienlalion  au  lieu  d'être,  est- 
ouest,  est  sensiblement  nord- sud  ;  enfin  la  chambre  de  la  galerie 
au  lieu  d'être  vide,  comme  c'est  ordinairement  le  cas  dans  ces 
sortes  de  monuments,  était  entièrement  remplie  par  une  ma- 
çonnerie formée  de  moellons  de  grandes  dimensions  pour  la 
plupart,  reliés  par  une  argile  jaunâtre,  et  qui  avaient  dû  être 
extraits,  à  dessein,  d'une  carrière.  Parmi  ces  moellons  se  trou- 
vaient un  très-petit  nombre  de  galets.  On  doit  se  rappeler  que 
le  tumulus  au  contraire  est  presque  exclusivement  formé  d'é- 
normes cailloux  roulés. 

Il  est  bon  ausi  de  rappeler  que  les  fragments  de  poteries  et  de 
charbon  étaient  disséminés  dans  cette  maçonnerie  à  toutes  les 
hauteurs  et  dans  toute  la  longueur  de  la  galerie.  Ces  poteries 
sont  identiquement  les  mêmes  cpie  celles  que  l'on  reucoaire 


Digitized  by  VjOOQIC 


..    85  •- 

dans  les  dolmens  du  Morbihan  et  du  Finistère.  Elles  oni  été 
presque  toutes,  sinon  toutes,  fabriquées  sans  l'aide  du  tour. 

D'après  Tétat  dans  lequel  se  trouvait  le  monument  quand 
nous  en  avons  opéré  la  fouille,  il  est  impossible  que  celte  ma- 
çonnerie y  ait  été  introduite  après  la  pose  des  plate-formes  sur 
les  piliers. 

Nous  avons  tous  la  certitude  qu'aucune  fouille  n'y  avait  été 
faite  avant  les  travaux  que  nous  y  avons  entrepris.  Nous 
sommes  en  outre  très-portés  à  croire  que  les  plalc-forraes  n'ont 
jamais  été  recouvertes  de  terre,  et  que  le  tumulus  s'arrêtait  à 
leur  niveau.  * 

Après  avoir  bien  .nivelé  le  sol  de  la  grotte  dans  toute 
son  étendue,  rendu  ses  abords  faciles,  et  construit  un  escalier 
commode  pour  y  descendre,  nous  avons  quitté  ce  monument 
intéressant^  avec  le  regret  de  lui  voir  garder  son  secret  et  de  n'y 
avoir  trouvé  aucun  objet,  aucun  instrument,  aucune  arme  qui 
pussent  nous  révéler  d'une  manière  certaine  l'époque  de  sa 
construction,  les  mœurs  et  le  degré  de  civilisation  du  peuple 
qui  Ta  construit,  nous  ignorons  dans  quel  but. 

Cependant  celte  laborieuse  et  pénible  fouille  nous  semble 
offrir  un  champ  nouveau  d'études  et  d'observations. 

L'Assemblée  qui  a  écouté  avec  un  vif  intérêt  la  lec- 
ture de  ce  Rapport,  décide  qu'il  sera  inséré  in  extenso, 
dans  le  Bulletin. 

M.  de  la  Villemarqùé  demande  que  les  dessins  de 
la  surface  des  deux  plate-formes  qui  ont  été  exécutés 
par  M.  de  Montïfault,  soient  lithographies  et  joints  au 
Rapport.  Cette  motion  est  adoptée  à  l'unanimité,  (i). 

Interpellé  par  M.  de-la  Villemarqùé  et  quelques 
autres  membres,  M.  le  Men  dit  que  M.  Bertrand  a  si- 
gnalé en  France  cinq  ou  six  dolmens  qui  portent  des 


ft)Ces  dessins  serûnl  lilhographiés  d'après  les  phothographies  du  mo* 
nument,  faites  au  moyea  d'estaœj^e». 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  86  - 

trous  faits  de  main  d*homme  à  leur  partie  extérieure  ; 
il  ajoute  que  M.  de  Fréminville  a  indiqué  dans  lacom, 
mune  de  Plomeur,  près  du  manoir  de  Gouesnac'h,  un 
monument  qui  présente  la  même  particularité  (1).  Sir 
James  Simpson,  dans  le  splendide  ouvrage  qu'il  a  pu-' 
blié  à  Edimbourg  sur  les  monuments  ou  les  pierres  qui 
portent  des  ornements,  a  donné  les  dessins  de  deux 
dolmens  du  pays  de  Galles,  sur  les  plate-formes  des- 
quels on  remarque  des  cupules  ou  trous  plus  ou  moins 
nombreux. 

Quant  au  monument  de  Ménez-Guen,  il  pense  qu'on 
ne  peut  expliquer  son  état  intérieur  que  de  la  manière 
suivante  :  Une  cérémonie  dans  laquelle  le  feu  et  des 
vases  jouaient  un  certain  rôle,  a  été  célébrée  près  du 
tumulus  avant  la  pose  des  plate-formes.  La  cérémonie 
terminée,  les  objets  qui  y  avaient  servi,  ont  été  jetés 
pêle-mêle  dans  la  galerie  avec  les  moellons  préparés  à 
cet  effet. 

M.  Surrault  demande  si  ce  monument  n'aurait  pas 
pU  servir  de  tombeau,  et  si  la  cérémonie  en  question 
n'était  pas  une  cérémonie  funèbre.  MM.  Audran,  Le 
Men  et  de  Montifault  répondent  que  tous  ceux  qui  ont 
assisté  au  travaux,  ont  la  conviction  que  le  monument 
n'avait  pas  encore  été  fouillé  ;  que  si  sa  destination 
avait  été  de  servir  de  tombeau  on  aurait  trouvé  à  l'in- 
térieur les  objets  que  l'on  rencontre  toujours  dans  ces 
sortes  de  galeries,  c'est-à-jiire  des  haches,  des  fu- 
saïoles,  des  grains  de  colliers,  etc.;  qu'en  admettant 
même  que  ces  objets  eussent  manqué  à  la  sépulture, 
on  aurait  trouvé  réunis  les  morceaux  des  vases  brisés 

(1)  Antiquités  du  Finistère^  2^  partie,  page  117. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  87  — 

au  niveau  du  sol  naturel,  et  non  pas  disséminés  par 
fragments  isolés  dans  toute  la  longueur  et  dans  toute 
la  hauteur  du  mouvement. 

On  passe  ensuite  au  scrutin  sur  l'élection  de 
MM.  Barbe,  notaire  à  Moëlan,  Desdeserts,  notaire  à 
Daoulas,  et  Gustave  Conen  de  Saint -Luc,  propriétaire 
au  château  du  Guilguiffln. 

Ces  Messieurs  sont  admis  à  l'unanimité. 

La  prochaine  réunion  de  la  Société  est  fixée  au  sa- 
medi 21  août. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 

Le  Secrétaire,  Y,  DE  MONTIFAULT. 


ORDRE  DU  JOUR. 

Pour  la  séance  qui  aura  lieu  le  SAMEDI  28  AOUT,  d 
2  heures,  dans  une  des  salles^  du  Musée  d'archéologie. 

1«  Le  docteur  Le  Hir,  par  M.  PUYO. 

2o  Notice  sur  les  Dominicains  de  Quimperlé,  par 
M.  F.  AUDRAN. 

3«  Une  revendication  mal  fondée,  par  M.'  R.  F. 
LE  MEN. 

¥  Fouilles  d'un  tumulus  près  du  bourg  de  Pleyben, 
par  MM.  PIRAUX  et  DU  VAL. 

5®  Découverte  des  débris  de  la  statue  équestre  de 
Jean  V,  duc  de  Bretagne,  provenant  du  grand  portail 
de  la  cathédrale  de  Quimper,  par  M.  R.  F.  LE  MEN. 

Le  Président  de  la  Société, 

Comte  L.  DE  CARNÉ. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  88  ^. 

ANNEXES. 

.   I. 

FAYAlffCBRIE  DE  QUIMPER. 


Requête  ayant  pour  but  d'y  ajouter  la  fabrication  de  la  porce- 
laine. —  Pièce  avatiée  par  une  cause  inconnue,  d*une  écriture 
très-posée. 

Mémoire  on âges  de  la  manufacture  de  fayance  établie 

qui  résulteroyent  de  rétablissement  d'u es,  unie  à  celle  de 

fayence.  ^ 

Avant  de  former  une  fabrique vantages  et  les  desavantages 

de  IVntrepr peut  s'en  promettre  un  heureux  succez 

vent  que  des  causes  particulières  dont  ou reçu  Tinfl^ence, 

dérangent  les  projet z,  il  ne  suffit  pas  que  Ton  soit  assurer 

de  la  •...on,  il  faut  prévoir  encore  que  l'ouvrage é  :  El  c'est 

icy  un  problème   dont  la  solution de  Tusage  même  que  le 

public  en  doit  faire.....  pas  vu  tomber  d'établissement  qui 

réun.  ...à  l'utile?  tandis  que  dans  une  autre  mar même 

espèce,  quoiqu 'inférieurs  en  bonté  etoyent es  citoïeus?  C'est 

ce  qu'on  voit  arriver  presque  journellement. 

Cet  inconvénient  n'a  pas  lieu  lorsqa'on  désire  former  une 
entreprise  recherchée  du  public  qui  ne  peut  et  ne  veut  pas 
s'en  passer,  et  qui  les  tirent  même  de  l'étranger  à  un  haut 
prix,  Ton  est  alors  assuré  du  débit  de  ces  marchandises  du 
rnoin^  si  Ton  parvient  h  donner  aux  piesses  de  sa  fabrique 
le  degré  dé  perfection  que  les  marchandises  ontpartdut  ailleurs 
dans  le  même  genre. 

S'il  y  a  déjà  une  fabrique  dans  le  pays,  mais  que  les  manufac- 
tures ne  puissent  sufirent  {sic)  à  la  consommation  des  habitants, 
c'est  une  indication  certaine  que  les  nouvelles  fabriques  seroient 
assurez  sur  un 'fondement  solide,  et  deviendroyent  avantageuse 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  80  - 

à  l'étal  et  à  Tentrepreneur.  C'est  par  celle  considératioû  que  le 
Roy  s'est  porté  è  rendre  des  édits  et  déclarations  qui  permet-^ 
lent  de  fabriquer  ou  faire  fabriquer  dans  Tetendûe  du  royaume 
des  porcelaines  à  Hmilalion  de  la  Chine,  Voyez  l'arrest  du 
Couîseil  d'Etat  du  Roy  du  15  fpbvrier  1766;  cet  arrest  ordonne 
aux  intendanUi  et  commissaires  du  Roy  dans  les  provinces  de 
favoriser  ces  nouveaux  établissements. 

Mais  s'il  est  utile  à  rElHt'd*élablir  des  manufactures,  il  n'est 
pas  moins  utile  à  l'entrepreneur  qui  se  livre  aux  invitations  de 
''Etat  d'examiner  les  avantages  qui  peuvent  se  rencontrer  dans 
le  lieu  de  la  fabrique  que  l'on  veut  entreprendre.  Le  Roy  et  son 
conseil  a  pourvu  à  la  conservation  de  la  manufaclure  royale  de 
porcelaine  a  Sôvre,  en  reservant  a  elle  seule,  les  branches  de 
fabriqiies  (es  plus  belles,  et  qui  lui  assurent  pour  tout  le  temps 
que  durera  celle  réserve*,  la  facilité  de  faire  rentrer  les  fonds 
considérables  que  Ton  avance  journellemeni  pour  celle  manu- 
facture dont  les  suocez  ont  surpassé  depuis  longlemps  l'espé- 
rance de  la  nation.  Voyons  si  malgré  celte  réserve,  il  ne  seroit 
pas  possible  do  démoittrer  l'utililé  d'une  manufaclure  de  porce<* 
laine  dans  la  ville  de  Quimper,  où  il  y  a  une  ancienne  manufac 
ture  de  fnyance  qui  a  occupé  et  occupe  actuellement  plus  de 
quatre  vingt  ouvriers. 

Observations  générales  sur  les  fabriques  (te  touts  genres, 

Touts  les  élab lures  de  quelques  genres  q rmonier,  il 

n'est  question et  d'âvanlages  pfus  fort  que  les c'est  ce 

qu'on  se  flalle  de  trouver  à  la  fin dans  l'union  qu'il  seroit 

facile  d'une  manu aine  à  la  fayancerie  de  Quimper  consid 

essentielles  conlribueni  au  succez  d'une.  ...ois. 
La.  ...ence  nécessaire  à  l'artisle  pour  la. ....s  matières  qu'il 

doit  employé  et  la s  marchandises  les  plus  estimée  de..... 

la  bonté,  la  beauté  que  la  forme  ....si  d'avoir  les  moyens  de 

fabriquer  l'ouvrage arche  possible,  et  s'il  se  peut  à  plus  bas 

prix  q..... l'on  imite. 
La..;..re  est  la  faeilité  du  débit,   soit  dans  le  lieu  même 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  90  — 

on..  ..ique,  soit  en  d'autres  pays,  par  des  correspondances 
faciles  et  par  des  voyes  peu  dispendieuses. 

Pour  s*assurer  de  fabriquer  au  meilleur  marché  possible, 
il  y  a  deux  choses  h  considérer  : 

!•  La  facilité  de  se  procurer  la  matière  première.  Si  elle  se 
trouve  dans  le  pays,  il  est  évident  que  la  fabrication  en  devient 
moins  dispendieuse. 

2**  La  main  d'œuvre  qui  se  règle  communément  sur  le  prix 
des  denrées  du  pais,  parce  qu'où  le  nt'cessairc  et  l'utile  sont  à 
bon  compte,  1er  salaire  des  ouvriers  diminue  en  proportion  et  il 
augmente  au  contraire  dans  la  même  proportion  avec  le  prix 
des  denrées. 

La  certitude  et  la  facilité  du  débit  dépendent  du  local,  du 
prix  de  la  marchandise,  des  voyes  ouvertes  pour  l'exportalionî 
plus  Tenlrepreneur  réunit  de  circonstances  favorables  de  cette 
espèce,  plus  il  augmente  et  facilite  le  débit  de  sa  marchandise 
et  au  contraire. 

Ainsi  une  manufacture  établie  dans  les  lieux  où  se  trouvent 
les  premières  matières  et  qui  a  encore  pour  elle  l'avantage  du 
bas  prix  de  la  main  d'oeuvre,  si  d'ailleurs  elle  est  bornée  par 
sa  situation  à  la  consommation  du  lieu,  par  défaut  de  rivierres 
navigables,  une  belle  manufacture  ne  sera  utile  à  renfrepre- 
neur  qu'autant  qu'il  se  bornera  h  cette  consomiiiation  locale; 
s'il  Areut  plus  entreprendre,  il  se  ruine  infailliblement. 

D'anires  manufactures  ont  les  matierres  premières  sur  les 
lieux,  la  main  d'œuvre  à  bas  prix  et  se  trouvent  à  portée  des 
grandes  routes.  Ces  manufactures  peuvent  faire  alors  un  très- 
grand  commerce  dans  l'intérieur  du  royaume.  Elles  peuvent 
même  le  faire  avec  l'étranger,  mais  ce  ne  sera  qu'autant  qu'il 
n'y  aura  point  de  pareilles  fabriques  voisines  d'elles  dans  les 
ports  de  mer  ou  elle  voudroit  étendre  son  commerce,  parce  que 
les  frajx  de  transport  par  rivières  sont  toujours  considérables  ; 
il  y  a  des  fraix  de  commissions,  de  droits  de  payer  ;  il  faut 
souvent  un  long  espace  de  temps  pour  que  ces  marchandises 


Digitized  by  VjOOQIC 


-^  91  - 

soyent  rendus  à  leur  destination,  ce  qui  exige  de  gros  fonds  ; 
tous  ces  fraix  ajoutés  au  prix  de  la  fabrication,  enehérisent  les 
marchandises,  et  c*est  autant  à  diminuer  sur  les  premiers,  avan- 
tages que  l'on  trouvait  d'abord. 

Les  manufactures^  établies  dans  les  ports  de  mer.  qui  ont 
d'ailleurs  quelques  désavantages  comme  cherté  de  main 
d'œuvre,  ont  nécessité  de  tirer  quelques  matières  premières 
de  l'étranger,  ont  cependant  un  avantage  considérable  sur  les 
autres  manufactures  en  raison  du  commerce  qu'elles  peuvent 

faire  facilement,  de  la   prompte  expédition,  de  l'exemp et 

droits  faire  parvenir  leurs  produits  à  destination.  Ces  établis- 
sements ont  l'avantage  d'exiger  moins  de  fonds  par  la  j du . 

commerce  dans  les  ports  de  mer les  fabriques  établies  à 

Paris,  Lion,    Rouen considérables  sont  souvent  obligez  de 

tirer  leurs  matières  de  loin  ou  de  Tétranger.  Elles  payent  la 
main  d'œuvre  au  plus  haut  prix,  mais  comme  elles  ont  pour 
débouché  la  consommation  locale  et  une  très-grande  facilité 
pour  l'exportation,  elles  compensent  et  au-delà  par  ces  avan- 
tages  l'excès  des  prix  de  fabrication. 

D'après  ces  observations  générales  dont  la  vérité  se  démontre 
évidemment  et  par  les  fabriques  qui  se  sont  soutenues  et  par 
celles  qui  n'existent  plus,  entrons  dans  quelques  détails  sur 
celle  de  fayance  établie  à  Quimper. 

Observations  sur  la  faïencerie  de  Quimper. 

Le  seul  désavantage  que  cette  manufacture  ait  contr'elle, 
c'est  qu'on  n'a  pu  trouver  dans  ce  pays  la  matière  propre  à 
faire  la  faïence.  Ce  désavantage  est  considérable  sans  doute  ;  la 
matière  de  la  fayence  est  pesante,  de  grand  déchet,  il  faut  la 
tirer  de  Rouen,  Bordeaux.  Comment  la  fabrique  de  Quimper 
peut-elle  payer  Î6  à  18  livres  le  tonneau  de  terre  pesant  2,009 
livres,  tandis  que  ces  villes  que  Ton  vient  de  nommer  la  livrent 
à  leurs  fabriques  à  50  ou  60  sols  au  plus  le  tonneau  ;  n'en 
fallut-il  que  300  tonneaux  par  an,  soit  par  chaque  année  trois 


Digitized  by  VjOOQIC 


mille  livres  dont  il  s'en  faudroit  qu'on  ne  fut  au  niveau  des  fa. 
briques  des  autres  villes  qui  fournissent  les  malierres. 

J*insiste  sur  ce  calcul  parce  que  c*est  Tidée  qu*en  ont  donné 
au  public  certains  entrepreneurs  lors  de  la  vente  que  je  voulais 
faire  de  cette  fabrique  il  y  a  10  ans  (1).  L'inconvénient  que  je 
vients  de  remarquer  est  considérable  il  est  vrai,  mais  s'il  est 
unique  la  manufacture  subsistera  et  l'emportera  dans  la  balance 
sur  les  fabriques  de  Rouen  dont  on  imite  la  fayance  à  Quimper. 
Or,  touts  les  avantages  que  l'on  peut  désirer  en  faveur  d'un 
établissement  de  cette  nature  ce  dernier  excepté,  se  réunis- 
sent en  faveur  d'un  établissement  de  cette  nature  à  Quimper. 

I«  Le  bois  à  brûler  ne  vaut  iey  que  6  à  8  livres  la  corde  ;  à 
Rouen  on  le  paye* plus  du  double  ainsi  qu'à  Rordeaux. 

î»  La  main  d  œuvre  qui  est  deux  fois  moins  cher  qu'a  Rouen, 
Paris,  Bordeaux,  etc.  Voilà  le  revient  du  prix  de  la  terre  com- 
pensé et  au  delà  par  ce  double  avantage. 
'  3^  Le  prix  de  la  marchandise  a  toujours  été  réglé  sur  celui 
de  Rouen,  et  certainement  le  consommateur  breton  aimera 
mieux  tirer  de  Quimper  à  raison  de  la  prompte  expédition,  de 
moins  de  risques,  frais  de  transport  qui  vont  pour  Rouen  de  8 
a  10  pour  cent» 

4»  La  consommation  de  la  province  est  considérable  et  cette 

f..... proximité  des  ports  de  Brest  et  Lorient airenneut  un 

débit  soutenu.  Elle....  à  l'étranger  et  aux  colonies  a  mo..... 
aucune  manufacture  de  France. 

5® est  ralentie  depuis  que  pour  la  fabrique  de causes 

sont  t<»  Les  établissements  qu' née  successivement  d^epuis*20 

ans  en  d de  la  province  :  on  en  compte  jusqu'à  16 tota- 
lement ruinée  ;  celles  qui  existent,  bien  loin  de  faire  des  pro- 
grès ont  bien  de  la  peine  à  se  soutenir  pour  ue  riea  dire  de 
plus.  Une  seule  à  Rennes  parait  devoir  subsister  parce  qu'elle 


(i)  Le  motif  de  la  vente  étoit  que  ma  favencerie  étoit  vacante  par  la 
caducité  de  mon  père  resté  seul  qui  me  rapeloit  à  mon  pais,  je  me  trou- 
vais lors  deux  febriques  étonnées  de  1d«  lieux. 


Digitized  by  VjOOÇIC 


-  93  - 

est  dans  le  centra  d'aae  forte  consommation  assez  considérable 
pour  effacer  le  désavantage  qu'elle  a  de  payer  le  bois  cher  ; 
2®  La  cbute  de  la  compagnie  de  Lorient  qui  faisait  un  débouché 
considérable  tant  en  fayences  quVn  pipes  ;  3<>  autre  cause  du 
peu  de  débit  actuel,  c'est  la  cherté  excessive  des  denrées  qui 
forcent  une  grande  partie  du  peuple  à  penser  uniquement  aux 
moyens  de  pouvoir  fournir  à  sa  subsistance,  cause  générale 
qui  influe  sur  les  fabriques  en  gênerai  de  toute  espèce  qui  lan- 
guissent pour  la  plupart  dans  ce  temps  de  misère. 

6»  Pour  mettre  la  manufacture  de  fayence  en  état  de  fournir 
au  plus  bas  prix  possible,  IVntrepreneur  actuel  a  établi  des 
moulins  à  eau  tout  à  portée  de  sa  fabrique,  ce  qui  évite  une 
dépense  annuelle  très-considérable,  avant  qu'on  Qt  usage  de  ce 
moyen  ;  il  a  aussi  commencé  à  défricher  des  marais  incultes 
qui  pouroyenl  un  jour  fournir  du  bois  à  sa  fabrique,  sans 
occasionner  le  renchérissement  de  celte  matière  si  utile  au 
public  ;  on  n'attend  pour  remplir  cette  vue  qu'à  être  paisible 
possesseur  d*un  terrain  assez  considérable  que  Son  A.  S.  Mgr 
le  duc  de  Penlhievre  a  bien  voulu  accorder  a  renlrepreneur 
a  titre  de  feage  pour  favoriser  les  progrez  de  cet  établissement. 

7"  Un  autre  avantage  est  d'avoir  procuré  au  public  des  pipes 
à  fumer  depuis  50  sols  la  grosse  jusqu'à  20  sols.  Il  faloit  au- 
paravant les  tirer  de  l'étranger.  Elles  valoyent  lors  de  7  à 
8  livres  la  grosse  (1). 

8o  La  liberté  de  vendre  journellement  dans  toute  la  pro- 
vince par  les  agents  de  la  manufacture  et  ses  correspondants, 
avantage  accordé  par  arrest  du  Parlement  du  16  décembre 
1768  (2j. 

De  tous  tes  avantages  réunis  dans  la  fabrique  de  Quiraper  il 
résulte  que  cet  établissement  est  à  l'abri  de  toutes  les  révolu- 

(1)  Cjlle  partie  est  susicptible  de  perfeclioQ  et  Ton  se  flatte  bientôt 
de  pouvoir  imiter  les  Hollandais  elles  Anglais. 

(2)  Auparavant  Ton  ne  pouvait  débiter  dans  plusieurs  villes  de  la 
province  que  les  jours  de  foire  ou  marché. 


Digitized  by  VjOOQIC  . 


-  94  - 

lions  qu^on  pourrait  craindre  et  ne  peut  qu'acquérir  une  nou- 
velle vigueur  entre  les  mains  d*un  entrepreneur  éclairé. 
Depuis  1690  année  de  son  établissement,  cette  fabrique 
n*a  point  cessé  de  faire  des  progrez  jusqu'à  ce  moment 
et  est  devenue  le  ....rie   pour  fournir  Biest  et  Lorient  des 

marchandises genre  surtout  en  temps  de  guerre  ou  la 

arrivé  qu'il  faloit  faire  ses  demandes."....  d'en  obtenir  Tenvoy 

et  sont  une  légère  augm ur  ie  prix  de  la  marchandise  metoit 

en  état  de jusqu'à  66  livres  le  tonneau,  prix  ex sembloit 

devoir  anéantir  cette  fabriqup avantageux  d'une  prompte 

vente  et ntalion  de  10  pour  cent  sur  le  prix  n'eussenl 

suffisants  pour  Tindemniser  du  haut  prix  des  matières.  Enfin 
une  existence  de  80  ^ns  avec  augmentation  de  succcz  dans 
toules  les  circonstances  de  paix  ou  de  guère,  malgré  le  nombre 
des  fabriques  qui  se  sont  élevées  de  toutes  parts,  est  une  preuve 
inconleslable  de  la  solidité  de  cet  établissement;  le  pende 
fonds  qu*avait  rentrepreneur  qui  a  fondé  cette  fabrique  en  est 
encore  une  plus  forte  preuve;  il  n^avait  que  son  talent  et  deux 
mil  livres  de  fonds,  el  en  moins  de  .50  ans  il  a  laissé  pour 
plus  de  deux  cent  mille  livres  de  bâtisses. 

S'il  est  avantageux  d^établir  de  la  porcelaine  à  Quimper, 

Examinons  maintenant  si  une  manufacture  de  porcelaine 
que  l'on  établiroit  dans  ce  pays  auroit  les  mêmes  avantages 
que  celle  de  fayence  :  il  est  facile  de  le  démontrer. 

1**  La  consommation  de  la  porcelaine  doit  être  considérable 
dans  Tintérieur  d'une  province  aussy  considérable  que  la  Bre- 
tagne; outre  la  facilité  des  grands  chemins,  les  ports  de  mer 
multipliez  à  l'infini  rendent  la  fourniture  de  toutes  les  parties 
faciles  aux  moindres  frais  possibles;  mêmes  facililez  pour 
fournir  d'autres  provinces  par  les  correspondances  qui  se  trou- 
vent en  Bretagne. 

2^  La  main  d'œuvre  à  Quimper  est  à  très  bas  prix  ;  les  jour* 
nalièrs  n'y  étant  payez  qu'à  10  et  12  sols,  l'on  aurait  les  plus 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  95  - 

intelligents  à  15  sols  qui  ailleurs  couteroyent  25  à  30  sols  par 
jour. 

3<»  Le  bois  à  brûler  est  iey  à  meilleur  marché  d'un  tiers  que 
dans  aucune  ville  un  peu  considérable  de  Bretagne,  et  ce  seul 
avantage  est  précieux. 

11  s'en  suit  de  là  qu'une  manufacture  da  porcelaine  à  Quimper 
ne  pouroit  être  que  Irès-avànlageuse  à  son  CLlrepreneur,  quand 
bien  meniè  il  serait  obligé  d'y  metre  la  première  pierre  et  de 
tirer  les  matières  premières  d'une  autre  province  de  France, 
pourvu  que  ce  fut  d*un  port  de  mer  qu'on  les  tirât  ;  mais  quels 
avantages  n*auroit-on  pas  a  se  promelre  si  l'on  trouvait  les 
matières  sur  les  lieux,  comme  on  peut  Tespérer^  ea  faisant  une 
recherche  exacte  et  suivie,  le  terrain  de  cette  province  ayant  k 
l'extérieur  dans  bien  des  lieux  des  signes  probables  qui  annon- 
cent une  pareille  découverte  ;  la  fabrique  alors  serait  peut-être 
la  seule  de  France  qui  réuniroit  les  plus  grands  avantages  et 
le  plus  de  circonstances  favorables. 

Effet  de  l*union  de  la  fabrique  de  porcelaine  à  la  fayence,  quel 
avantage  en  résulterait, 

1*  La  manufacture  de  Quimper  a  des  bâtiments  considéra- 
bles, une  étendue  de  terrain  plus  que  sufisante  pour  toutes  les 
manipulations  nécessaires  dans  Tune  et  l'autre  entreprise 
réunie. 

Delà  point  de  fonds  absorbez  pour  Tachapt  de  fonds  ;  peu  de 
bâtiments  à  construire  ;  la  plus  légère  augmentation  des  labo- 
ratoires sufiroyent  à  touls  les  objets,  même  maison  a  tenir, 
même  directeur,  même  commis  et  magasins,  point  de  faux 
fraix  dans  la  partie  économique. 

2o  Les  marchands  qui  viennent  journellement  pour  Tachai 
des  fayances  cl  pipes  s'assorliroyent  aussi  en  porcelaines  ;  les 
correspondances  sont  connues  et  toutes  formées  :  que  de  per- 
tes n*est»on  pas  dans  le  cas  de  supporter  avant  de  parvenir 
à  la  connoissance  absolument  nécessaire  pour  avoir  commerce 
étendu. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  96  — 

3o  Quelles  ressources  encore  n'auroit-on  pas  pour  se  former 
des  ouvriers  en  porcelaine  ;ceux  qtfon  deslineroil  à  ce  dernier 
genre  débuleroyent  par  la  fayence,  ce  seroit  leur  école  et  l'on 
n'auroil  pas  de  perle  à  essuyer,  pnrceque  loui  passe  en  faïence; 
on  lireroil  au  besoin  de  celle  eco  e  ceux  en  qui  Ton  remarque- 
roil  le  plus  de  goûl  el  de  capacil(^,  pour  les  faire  Iravailler  a  la 
porcelaine,  ce  saroil  un  puissant  niolif  dVmulalion  qui  perfec»- 
tionneroil  la  fayence  el  en  auginenteroit  le  débit  ;  la  facilité 
que  Ton  aurpit  de  former  des  sujets  raelroit  de  plus  dans  le  cas 
de  ne  pas  craindre  la  diselle  d'ouvriers,  ni  d*êlre  forcez  de 
payer  de  trop  forts  salaires. 

4®  Il  ne  faut  pour  rélahlissenient  proposé  qu'un  bon  mode- 
leur en  étal  de  former  des  élevés,  et  une  Ire^  modique  somme 
pour  Taugmeniation  nécessaire  en  fourneaux  et  autres  labora- 
'  toires  essentiels  k  cette  pariie,  lesquels  couteroyent  immensé- 
ment si  Ton  ne  trou  voit  duja  abondamment  (oui  ce  qui  appar- 
tient au  travail  de  la  fayence. 

5«  Si  ce  projet  avait  lieu,  je  suis  des  a  présent  en  état  de 
fournir  des  ouvriers  peintres  et  lourneurs  qui  pourroyent  com- 
mencer le  travail  de  la  nouvelle  fabrique  ;a  mesure  qu'elle  de- 
viendroit  plus  considérable  on  prendroit  des  arrangements  pour 
les  correspondances  et  les  magasins  dans  les  villes....  comme 
Rennes,  Nantes,  Vannes,  Saint  Malo,  Morlaix,  Brest  el  Lorient. 

Touts  ces  ports  de  mer  correspondant  avec   Télranger  le 

Tinlerieur  des  terres  seroyenl  fournie.,..,  qui  passent   conti- 
nuellement en  Bretagne. 

Un  autre  avantage  à  désirer  et  qu'il  faut  espérer  du  zèle  et 
dns  lumières  du  gouvernsmenl,  seroit  si  le  Roy  eu  égard  à  la 
facilité  que  celle  fabrique  auroit  h  fournir  les  provinces  limi- 
trophes, moderoit  les  droits  d'entrée  sur  les  porcelaines  fayan- 
ces  et  pipes  qui  se  fabriqueroyeni  à  Quimper  ;  ne  reduiroit*on 
les  droits  sur  la  porcelaine  qu'à  ceux  de  la  compagnie  des  Indes, 
^t  pour  la  fayance  et  pipes  a  proportion  de  ce  qu'il  en  coule  a 
l'Etat  pour  tirer  les  marchandises  de  l'étranger,  tourneioit  au 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  97  - 

soutien  de  pauvres  familles  qui  intéressent  plus  Tetal  que  des 
Indiens,  Hollandois  et  Anglois,  qui  fournissent  l'étal  par  l'intro- 
duction en  fraudes  considérables  des  fayences,  pipes  en  terres 
d'angleterre  et  hoUandoises,  ce  qui  fait  que  ces  denrées  rapor- 
tent  peu  au  roy  et  favorise  les  rivaux  ou  eneinis  nez  de  l'étal. 

Archives  de  la  manufacture  nationale  de  Sèvres  (1) 

(L'auteur  de  cette  lettre  est  Pierre-Clément  Caussy.  Elle  a 
été  écrite  en  1770,  dix  ans  après  la  vente  de  la  manufacture 
de  Quimper.) 

II. 

Extrait  des  minutes  des  arcTiives  du  parlement  de  Bretagne. 
(Archives  de  la  Cour  de  Rennes). 

Du  16  Décembre  1768. 

Vu  par  la  Cour  la  requête  de  noble  homme  Pierre- Clément 
Caussy,  propriétaire  de  la  manufacture  de  fayance  et  pipes  à 
fumer  établie  à  Quimper,  tendante  pour  les  causes  y  contenues 
à  ce  qu'il  plut  à  la  Cour,  ayant  égard  à  l'exposé  en  la  dite  re- 
quête,et  vu  ce  qui  en  résultoit,permeltre  audit  Pierre-Clément, 
à  ses  agens  préposés  ou  fondés  de  sa  part,  de  vendre  et  débiter 
ses  fayanees  et  pipes  tous  les  jours  indistinctement  dans  toutes 
les  villes  où  il  n'y  a  point  de  corps,  ni  communauté  de  mar- 
chands, sous  ses  offres  de  se  présenter  devant  les  juges  des 
lieux,  par  lui,  ses  dits  agents,  préposés  ou  fondés  de  sa  part  et 
de  leur  donner  leur  nom  paravant  d'étaler  leur  marchandise 
et  de  la  vendre,  parceque  toutefois  lesdits  juges  ne  pourroient 
leur  refuser  la  permission  de  vendre  que  pour  juste  cause  et 
qu'ils  mettroient  par  écrit,  et  à  l'égard  des  villes  où  il  y  a  mai- 
trise  et  communauté  de  marchands,  il  seroit  pareillement  per- 
mis au  suppliant,  ses  agents,  préposés  ou  tondes  de  sa  part,  de 


(1)  Je  dois  la  communication  de  ce  document  et  des  deux  qui  le 
suivent  à  M.  Fougeray,  qui  les  tient  de  l'obligeance  de  M.  le  conseiller 
André  de  Renues. 

7 


Digitized  by  VjOOQIC 


vendre,  débiter  ses  dites  fayaiices  et  pipes,  sous  ses  offres  tant 
pour  lui  que  pour  les  dFls  agents,préposés  ou  fondés  de  sa  part, 
de  se  conformer  aux  lofs  et  statuts  des  dites  communautés  ou 
corps  de  marchands,  et  aux  arrêts  et  règlements  de  la  Cour,  et 
ordonne  que  Tavis  qui  inlerviendroit  seroit  imprimé,  lu,  pu- 
blié, affiché  et  enregistré  au  greffe  de  toutes  les  villes  du  res-' 
sort  de  la  Cour,  afin  que  personne  n'en  pût  prétendre  cause  d'i- 
gnorance, sous  les  peines  contre  les  contrevenants  de  tous 
dépens,  dommages-intérêts,  requérant  sur  le  tout  l'adhésion  de 
M.  le  Procureur  général  du  Roi  pour  Tintérêt  public,  sauf  tous 
droits  et  conclusions,  la  dite  requête  signée  de  Miniac,  procu- 
reur et  répondu  d'un  soit  montré  au  procureur  général  du  Roi 
par  ordounence  delà  Cour  du  1 5  décembre  1 768,  conclusions  du 
dit  Procureur  général  du  Roi,  au  bas  de  ladite  ^requête,  des  dits 
jour  et  an  ;  sur  ce,  oui  le  rapport  de  iM.  Huart  de  la  Bourbon- 
naye,  conseiller  en  grand  chambre  et  tout  considéré. 

Il  sera  dit  que  la  Cour,  faisant  droit  sur  la  dite  requête  et 
conclusions  du  Procureur  général  du  Roi,  a  permis  au  suppliant 
de  vendre  et  débiter  par  lui  ou  fondés  de  sa  part,  ses  fayances 
et  pipes  tous  les  jours  indistinctement  dans  toutes  les  villes  et 
lieux  où  il  n'y  a  point  de  maîtrise  pour  le  débit  de  pareilles 
marchandises,  en  se  présentant  seulement  aux  juges  des  lieux, et 
à  l'égard  des  villes  où  il  y  a  maîtrise  et  communauté  de  mar- 
chands, ordonne  que  le  suppliant  se  conformera  aux  lois  et 
statuts  des  dites  communautés,  arrêts  et  règlements  de  la 
Cour,  au  surplus  lui  permet  de  faire  imprimer,  afficher  et  enre- 
gistrer le  présent  arrest  au  greffe  des  sièges  de  police  des  villes 
et  lieux  où  il  fera  vendre  et  distribuer  ses  dites  marchandises. 
Fait  en  parlement  à  Rennes  le  seize  décembre  1768. 

DE  BOISGELIN,  président. 

HUART  DE  LA  BOURBONNAYE,  rapporteur. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  99  — 

111 
Arrêt  de  la  Cour  du  Parlement  de  Bretagne  rendu  sur  les 
conclusions  de  M.  le  Procureur  général  du  Roi  qui  ordonne 
que  les  lettres  patentes  du  2  janvier  seront  bien  et  duement 
exécutées  dans  toute  l'étendue  de  la  province. 

Bu  1er  Décembre  1780 

Extrait  des  registres  du  Parlement, 

Entre  Marie-Jeaûae-Paul,  vettve  de  François  Heloury,  tenant 
njanufaclure  de  faïance,  et  François  Peton,  ouvrier,  appelans 
comme  de  juge  inconûipetent,  nullité  et  autrement  de  sentence 
rendue  par  le  senechal  du  prieuré  ducal  de  Loc-Maria  le  14  fé- 
vrier dernier,  demandeurs  en  requête  du  trois  juillet  ;  M^  Le 
Normand  procureur,  M»  Clezen,  avocat,  d'une  part  ; 

Et  les  S"  Pierre  Caussy  et  de  la  Hubaudiere,  aussi  tenant 
manufacture  de  faiance,  intimés  et  défendeurs,  M«  Ruaulx  pro- 
cureur, M®  Gaudon,  avocat,  d'autre  part  ; 

La  Cour^  après  oui  Glezen  avocat  pour  Lenormand,  procureur, 
et  Glandon  avocat  pour  Ruaul  autre  procureur,  ensemble 
Aumont,  substitut  du  procureur  général  du  Roi,  a  restitué  dans 
la  forme  la  partie  de  Glezén  contre  Tarret  par  défaut  du  16  juin 
dernier  ;  au  principal  faisant  droit  dans  l'appel  de  la  sentence 
du  14  février  1780,  a  mis  ledit  appel  et  ce  dont  est  appel  au 
néant,  corrigeant  et  reformant,  a  le  tout  cassé,  rejeté  et  annulé, 
et  a  déchargé  les  parties  de  Glezen  des  condamnations  énoncées 
contr'elles  par  ladite  sentence ,  condamne  les  parties  de 
Gandon  aux  dépens  des  causes  principale  et  d'appel. 

Et  faisant  droit  sur  les  conclusions  du  procureur  général  du 
Roi,  ordonne  qu9  les  lettres  patentes  du  deux  janvier  1749 
-seront  bien  et  duement  exécutées  dans  toute  l'étendue  de  la 
province  ;  en  conséquence  fait  défenses  à  tous  ouvriers  de  sortir 
des  manufactures,  et  à  tous  maîtres  d'autres  manufactures  de 
les  recevoir,  s'ils  ne  sont  porteurs  d'un  congé  ou  du  maître 
qu'ils  quittent  ou  du  juge  de  police  des  lieux,  lequel  ne  pourra 
le  leur  refuser,  s'ils  justifient  par  témoins  ou  autrement  qu'ils 
ont  averti  leurs  maitres  trois  mois  avant  leur  sortie,  qu'ils  ne 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  100  - 

leur  doivent  rien  el  qu'ils  ont  fini  les  ouvrages  par  eux  corn* 
raencés. 

Ordonne  que  lesdites  lettres  patentes  ensemble  le  présent 
arrêt  seront  à  la  diligence  du  Procureur  général  du  Roi  im- 
primés et  envoyés  dans  tous  les  sièges  royaux  de  police  de  la 
province  pour  y  être  lus,  publiés  et  enregistrés  ;  qu'à  la  requête 
des  substituts  dudit  procureur  général  auxdits  sièges,  ils  seront 
pareillement  lus,  publiés  et  enregistrés  dans  toutes  les  juri- 
dictions sous  le  ressort  desquelles  il  y  a  des  manufactures,  et 
qu'à  la  diligence  desdits  substituts,  chacun  en  droit  soi,  un 
imprimé  desdites  lettrés  patentes  et  arrêt  sera  affiché  dans 
chaque  manufacture  dans  le  lieu  le  plus  éminenl. 

Fait  en  parlement  à  Rennes  le  l®'^  décembre  1780. 

PICQUET,  Greffier. 
Archives  du  Parlement  de  Bretagne.  —  Bibliothèque 
de  la  Conr  de  Rennes. 


IV. 

Résiliation  d'un  traité  pour  t établissement  d'une  Manufacture 

de  faïence  à  QuimperU. 

{M  octobre  1765). 

Devant  nous  notaires  royaux  héréditaires  de  la  sénéchaussée 
de  Quimperlé,  avec  soumission  y  jurée,  ont  comparus  Yves 
le  Béchennec,  demeurant  au  lieu  de  Pénerven>  près  Quimperlé, 
trêve  de  Saint  David,  paroisse  de  Redené,  lani  en  privé  nom, 
que  faisant  le  fait  vallable  pour  Marie  Arscoêt,  veuve  commu- 
Bière  de  Jacques  le  Béchennec,  son  frère,  tutrice  des  enfans 
mineurs  de  leur  mariage,  aux  fins  de  sa  procuration,  raportée 
par  les  notaires  de  la  jurisdiclion  de  la  SauMraye,  le  vingt  neuf 
septembre  mil  sept  cens  soixante  trois,  dûement  controllée  à 
Ponscorff,  d'une  part  ;  Monsieur  Jean  René  Lalau,  sieur  Dé- 
zautté,  procureur  du  roy  à  Quimperlé,  y  demeurant  au  Bour- 
gneuf  de  Quimperlé,  mêmes  trêve  de  Saint  David  et  paroisse  de 
Redené,  et  maitre  René  Cathelinais  Duchcsnay,  notaire  et  pro- 
cureur audit  siège  royal,  demeurant  en  la  paroisse  de  Saint 


Digitized  by  VjOOQIC 


-^101  - 

Michel,  d'autre  part  ;  entre  lesquels  a  été  reconnu  qu„e  depuis  le 
premier  octobre  mil  sept  cens  soixante  trois,  il  se  seroit  volon- 
tairement fait  une  société  entre  parties  an  sujet  des  manufac- 
tures de  poterie  et  fayance  établies  Tune  au  bas  du  quai  de 
cette  ville  paroisse  de  Saint  Michel,  Tautre  au  lieu  de  Pénerven 
près  cette  ville,  trêve  Saint  David  paroisse  de  Redené,  et  suivant 
les  conventions  des  parties  il  fyt  expressément  coûvenu  que  ces 
deux  manufactures,  ou  plutôt  les  profits  ou  les  pertes  qui  en 
proviendroient  seroient  ou  partagées,  ou  supportées',  moitié  par 
les  Bechennec,  et  Tautre  par  lesdits  sieurs  Lalau  Dézautté, 
Audren,  et  Cathelinais,  qui  pour  avoir  intérêt  d'une  moitié  entre 
eux  trois  dans  ces  deux  manufactures,  firent  un  fond  de  trois 
mille  livres,  tant  pour  le  remboursement  de  la  moitié  de  toutes  les 
effets,  outils  et  marchandises  qui  composoient  celle  du  bas  du 
quai,  que  pour  Tachât  entier  de  tout  ce  qui  composoit  la  manu- 
facture de  Pénerven,  ce  qu'ils  ont  réellement  fait, 'ainsi  que 
l'achat  de  toutes  terres,  plomb,  étain,  mine  de  plomb,  bois  et 
autres  choses  nécessaires  tant  pour  la  composition  des  vernis, 
que  pour  la  cuisson  des  marchandises  ;  reconnu  de  plus  que 
lendits  sieurs  intéressez  ont  fait  relever  à  neuf  presque  tout  le 
four  de  Pénerven,  et  une  parti  de  celui  du  bas  du  quai,  et 
qu'ils  ont  payez'  tant  les  matériaux,  que  l'œuvre  de  main. 
Reconnu  enfin,  et  le-  tout  de  bonne  foy,  que  ladite  somme  de 
trois  mille  livres,  suivant  les  quittances  apparues  et  représentées 
de  part  et  d'autre,  ont  été  employées  utilement  à  l'occasion 
desdites  manufactures.  Mais  comme  personne  ne  veut  plus  faire 
d'avance,  qu'il  y  a  quelques  marchandises  existantes  dan$  les 
magazins,  et  quelques  restaux  ou  crédits  à  éliger,  et  ayant 
d'ailleurs  en  vue  de  se  quitter  avec  autant  d'amitié,  qu'on  c'est 
associée,  toutes  les  parties  d'un  commun  consentement,  ont 
déclarées  et  déclarent  volontairement  par  le  présent,  et  sans 
dommages  ni  intérêts  de  part  et  d'autre,  annuller,  résilier  et 
anéantir  à  pur  et  à  plein  toutes  sociétez  contractées  entr'elles 
soit  verbalement,  ou  autrement,  et  ce,  aux  points,  clauses  et 
conditions  qui  vont  être  expliquées. 

Yves  le  Bechennec,  aux  dits  noms,  ira  demeurer  avec  sa 
belle  sœur,  dans  la  manufacture  du  bas  du  quai,  dont,  dès  ce 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  102  - 

jour,  ils  disposeront  à  leur  profit  et  avantage  personnel,  ainsi 
que  de  tous  les  outils,  bois,  terre,  four,  gazelles  (î)  et  autres 
choses  en  dépendantes,  sans  que  lesdits  sieurs  Lalau,  Âudren 
et  Cathelinais  y  puissent  rien  prétendre  pour  l'avenir,  ni  être 
inquiétez  ni  recherchez  pour  le  payement  des  choses  qui  se 
prendront  à  l'avenir  pour  le  service  de  la  dite  manufacture. 

Messieurs  Audren,  Lalau  Dézautté,  et  Duchesnay  Cathelinais 
disposeront  à  Tavenir,  et  à  compter  de  ce  jour,  de  toute  la 
manufacture  de  Pénerven,  ainsi  que  de  tout  ce  qui  en  dépend 
comme  four,  terre,  planches,  gazelles,  moules,  et  généralement. 
de  tout  ce  qui  y  est  et  la  compose,  sans  que  pour  l'avenir  Yves 
le  Béchennec,  ni  sa  belle  sœur  et  enfants  y  puissent  rien  pré- 
tendre et  exiger  ;  les  parties  faisant  cet  arrangement  et  sépara- 
tion volontaire,  pour  éviter  à  toutes  discutions  et  frais  entr'eux. 

Reconnu  qu'il  est  dû  de  dettes  sur  les  dites  manufactures 
environ  huit  cens  livres,  compris  les  loyers  desdites  manufac- 
tures de  Pénevern  et  du  quai  ;  reconnu  aussi  qu'il  y  a  ai\  ma- 
gazin  de  Pénervern  pour  environ  cent  cinquante  livres  de  mar- 
chandises ;  dans  celui  du  quay,  pour  environ  cent  francs,  et  un 
magazin  de  pippes,  au  Bourgneuf,  pouvant  valoir  la  somme  de 
huit  cens  livres;  qu'outre  tout  cela  il  est  dû  aux  manufactures, 
et  de  moitié  entre  les  parties  susnommées,  aux  qualités  qu'elles 
agissent,  par  les  différens  marchands  qui  ont  pris  des  marchan- 
dises, environ  la  somme  de  trois  cens  livres  ;  de  sorte  que 
balançant  les  dettes  actuelles,  et  communes  aux  jîarlies,  avec 
les  marchandises  existantes  dans  les  trois  magazins,  et  ce  qui 
est  dû  par  les.diférens  marchans,  ces  deux  derniers  articles 
seroient  plus  que  suffisans  pour  payer  toutes  les  dettes  contrac- 
tées depuis  la  société  jusqu'à  ce  jour,  et  produiroient  même 
quelques  bénéfices  qu'il  est  juste  de  partager  entre  tous  les  in- 
téressez, et  pour  cet  effet  on  est  convenu  unanimentde  ce  qui 
suit. 

Vrimo,  Les  dettes  qui  consistent  dans  4es  loyers  échus  de  la 
Saint  Michel  dernière  des  deux  manufactures,  en  question,  dans 

(O  Casettes. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-~   103  — 

fétain,  le  plomb,  mine  de  plomb,  bois,  et  autres  choses  fournies 
pour  l'utilité  des  manufactures  et  compositions  des  vernis,  et 
même  dans  q.uelques  arrérages  de  Tannée  dernière  pour  ferme, 
seront  d'abord  prélevées  sur  les  ventes  et  livraisons  des  mar  • 
chandises  existantes  dans  les  magazins  du  quai,  Pénerven  et  du 
Bt)urgneuf  qui  renferment  du  commun,  et  de  iaiayance,  et  des 
pippes,  le  tout  de  diférens  espèces  et  dont  sera  fait  inventaire. 

Secundo.  Si  quelqu'un  des  associez  avancé  quelques  unes  de 
ces  dettes  communes  à  tous,  il  en  sera  remboursé  sur  le  prix 
de  la  vente  suivante,  et  des  premiers  deniers  qui  rentreront  à 
la  masse  qui  pour  cet  etTet  sera  déposée,  à  fur  et  à  mesure 
qu'elle  se  formera,  aux  mains  dudit  sieur  Audren,  que  l'on  a 
nommé  pour  cet  effet,  et  qui  a  bien  voulu  se  charger,  en  cons- 
cience, de  rendre  ce  petit  compte. 

Tertio,  Les  dettes  payées,  comme  dit  Bst,  le  reste  de  toutes 
|es  marchandises  des  trois  magazins,  sera  partagé  de  moitié, 
l'une  pour  les  Béchennec,  l'autre  pour  lesdits  sieurs  Lalau, 
Audren  et  Calhelinais. 

Quarto,  Comme  il  y  a  dans  le  four  de  Pénerven,  dans  ce 
moment,  une  fournée  de  marchandises  en  crû  et  une  autre  aussi 
au  bas  du  quai,  et  qu'il  faudra  les  vernir,  et  les  y  remettre  une 
seconde  fois  sous  huit  ou  quinze  jours,  pour  leurs  cuissons  en- 
tières, il  est  convenu  et  arresté  que  ces  dites  fournées  seront 
partagées  (mediatim)  entre  Béchennec,  sa  sœur,  d'une  part, 
et  les  sieurs  intéressez,  d'autre,  parce  que  aussi,  les  avances  à 
aire  pour  acheter  et  perfectionner  ces  fournées,  seront  préle- 
vées sur  la  première  vente,  et  remboursées  à  celui,  ou  ceux  qui 
en  auront  fait  l'avance. 

Quinto.  Dans  l'une  et  l'autre  des  manufactures  il  y  a  des 
^erres  de  diférens  lieux,  propres  à  fabriquer,  et  aussi  des  mar- 
chandises fabriquées  qui  n'ont  point  entrées  aux  fours,  mais 
seulement  qui  bientôt  pouroient  y  être  mises  ;  les  parties  dési- 
rant se  quitter  sans  recours  ni  reprise  l'une  vers  l'autre,  il  a 
été  arresté  et  convenu  que  toutes  les  terres  qui  sont  au  bas  du 
quai,  ainsi  que  les  marchandises,  non  finies,  et  qui  sont  en  crû' 
ou  en  biscuit,  appartiendront  en  entier  à  Le  Béchennec  et 
consorts,  comme  le  reste  de  la  manufacture  du  quai,  parce- 
qu'aussi  toutes  les  terres  qui  sont  à  Pénerven,  toutes  les  mar- 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  104  — 

chandises  non  finies,  et  qui  sont  en  crû,  ou  en  biscuit,  appar 
tiendront  en  entier  auxdits  sieurs  Audren,  Dézautté  et  Catfie- 
linais  ;  et  à  ce  raoïen  les  deux  manufactures  se  trouvant 
séparées,  les  Béchennec  payeront  pour  l'avenir,  et  à  compter 
de  la  Saint-Michel  dernière,  la  ferme  el  tout  ce  qui  composera 
la  manufacture  du  quai ,  et  lesdils  sieurs  Dézautté  Lalau,  Au- 
dren et  Cathelinais,  à  compter  du  même  tems,  et  sans  reprise, 
ni  recours  d'un'  côté  vers  l'autre,  le  prix  de  la  ferme  de  TPé- 
nerven,  dont  la  manufacture  leurs  appartient  tiers  à  tiers.  Le 
raport  et  droits  du  présent  résiliemeiit  payables  par  moitié.  En 
Tendroit  s'est  présenté  Marie  Arscoûét  veuve  de  Jacques  Bé- 
chennec et  tutrice  des  enfants  de  leur  mariage  demeurante  à 
la  manufacture  du  bas  du  quay  paroisse  de  Saint-Michel, 
laquelle  nous  ayant  requise  de  lui  donner  lecture  du  présent 
résiliement,  nous  la  lui  avons  donné,  et  ensuitte  a  déclaré  louer, 
approuver  tout  le  contenue  en  icelui  et  lavoûer  pour  agréable, 
conjointement  avec  Yves  Le  Béchennec  son  beau  frère,  con- 
sentant que  le  tout  aït  son  entier  effet  suivant  sa  forme  et 
teneur.  A  ce  que  dessus  tenir  et  accomplir  les  parties  s'olpli- 
gent  avec  tous  leurs  biens  présans  et  futurs  ;'Yves  Le  Béchen- 
nec et.  Marie  Harcoûét  solidairement  Tun  pour  l'autre  sans 
division  ni  discution  y  renonçans,  et  lesdits  sieurs  Lalau  Dé- 
zautté, Audren  et  Cathelinais  Duchesnay,  aussi  solidairement 
comme  dessus.  Fait  et  passé  au  lieu  de  Pénerven  en  la  demeure 
d'Yves  Le  Béchennec,  au  raport  de  maitre  Claude  Hervo  notaire 
royal,  son  collecque  présent ,  sous  les  seings  desdils  sieurs 
Lalau  Dézautté,  Audren,  Duchesnay  Cathelinais  et  dudit  Yves 
Le  Béchennec  pour  leurs  respects,  et  celui  de  Joseph  Rondeau, 
k  requête  de  ladite  Arscoûét,  qui  a  déclaré  ne  le  savoir  faire, 
de  ce  interpellé  suivant  l'ordonnance,  et  les  nôtres  notaires,  ce 
jour  onzième  octobre  mil  sept  cens  soixante  cinq  avant  midi. 
Ainsi  signé  en  la  minutte  Lalau  Dézautté,  G.  Audren,  Ouches- 
nay-Catheiinais,  Béchennec,  Joseph  Rondeau,  Le  Reguer, 
notaire  royal,  Hervo,  autre  notaire  royal  raporteur,  qui  garde 
ladite  minulte,  dûment  controllée  à  Quimperlé  le  quatorze  oc- 
tobre dit  an,  par  Le  Maire  qui  a  reçu  quarente  huit  sols.  Signé  : 
Hervo,  notaire  royal. 

{Titre  de  Vétude  de  M«  F.  Audran^  notaire  à  Quimperlé,) 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  f05  — 
SÉANCE  DU  SAMEDI  28  AOUT  1875. 


Présidence  de  M.   le   Camte   DE  CARNÉ 

DE  l'AGADÉHIB   française. 

Etaient  présents  :  MM.  de  Carné  ;  Audran  ;  Sur- 
rault  ;  Louis  de  Jacquelot  ;  Tabbé  Guillard  ;  Moreau  ; 
Fougeray  ;  Malen  ;  Caën  ;  Flagelle  ;  Bourassin  ;  Cor- 
mier ;  Faty  ;  Le  Men  et  de  Montifault. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures. 

M.  le  Président  fait  connaître  à  l'Assemblée  que  le 
Conseil  général  n'a  pas  pu  accorder  en  entier  au 
Musée  départemental,  la  subvention  qui  avait  été  de- 
mandée et  a  voté  une  somme  dé  500  francs  seulement, 
en  regrettant  de  ne  pouvoir  faire  plus  et  en  manifes- 
tant sa  sympathie  pour  l'œuvré  qui  est  en  si  bonne 
voie. 

M.  Faty  demande  que  la  société  veuille  bien  vérifier 
sa  gestion  de  trésorier.  L'Assemblée  nomme  pour 
procéder  à  l'examen  réclamé  par  l'honorable  membre, 
une  Commission  composée  de  MM.  Surrault,  de  Jac- 
quelot et  de  Montifault. 

M.  le  Président  donne  lecture  de  la  notice  suivante 
sur  feu  le  docteur  Le  Hir,  envoyée  par  M.  Puyo. 

«  Messieurs, 
«  Encore  sous  le  coup  de  la  perle  de  noire  si  regretlé  prési- 
dent, M.  de  Blois,  nous  apprenions  que  M.  Daniel  Le  Hir  venait 
de  rendre  sa  belle  âme  à  Dieu.  Après  avoir  accompagné,  avec 
la  ville  de  Morlaix  enlière,  les  reslcs  de  ce  digne  docteur,  lui 
payant  ainsi  de  justes  tributs  de  reconnaissance,  et  rendant 
hommage  à  ses  vertus,  après  avoir  la  douce  et  triste  consola* 
tioD  que  ce  fervent  serviteur  de  l'Eglise,  que  ce  zélé  ibodaleur 

8 


Digitized  by  VjOOQIC 


^    106  — 

de  nos  œuvres  catholiques,  occupe  au  ciel  la  meilleure  place 
parmi  les  élus,  il  nous  reste  à  remettre  en  lumière  les  travaux 
qui  Tout  fait  un  de  nos  plus  utiles  collaborateurs,  un  des 
savants  les  plus  justement  estimés  des  personnes  qui  s'occupent 
de  géologie  etfd'archéologie. 

«  Ancien  chirurgien  de  marine,  M.  le  docteur  Le  Hir  donna 
de  bonne  heure  sa  démission.  Ses  aspirations  scientifiques  se 
trouvaient  à  Tétroit  dans  une  chambre  de  bord,  et  pensant 
rendre  service  à  Thumanité,  tout  en  trouvant  la  faculté  de  ré- 
pondre à  ses  aspirations^  il  vint  se  fixer  à  Morlaix.  Ses  hautes 
connaissances,  sa  grande  habileté  comme  opérateur  le  firent 
nommer  médecin  de  l'hospice. 

«  Dans  ses  courts  loisirs  il  fit  de  nombreuses  recherches, 
apportant  partout  et  en  tout  Tesprit  d'observation  ;  aussi  ne 
tarda-t-il  pas  à  réunir  assez  de  matériaux  pour  apporter  à  la 
Société  géologique  de  France,  les  preuves  les  plus  convain- 
cantes que  les  grès  du  Finistère  étaient  tous  Devoniens  (étage 
inférieur).  Les  preuves  consistaient  dans  l'étude  minutieuse  et 
approfondie  des  fossiles  ;  ainsi  il  trouva  YAthyris  concentrica, 
la  Fenestella,  les  Atrypa  reticularis  et  undata,  le  Grammysia 
et  plusieurs  autres  caractérisant  le  Devonien.  Cette  découverte 
eut  un  grand  retentissement  dans  le  monde  scientifique. 

n  Maints  articles  et  brochures  sont  dus  à  sa  plume  ;  les  prin- 
cipaux sont  :  Exposé  de  la  Géologie  de  F  arrondis  sèment  de 
Morlaix  ;  Roches  amphiboliques^  Tourmalines,  Aiguës  marines. 
Calcaires,  Mâcles^  Grenats,  Eurites,  Episotes  et  substances 
minérales  trouvées  dans  l'arrondissement  de  Morlaix  et  ayant 
donné  Heu  à  des  articles  séparés. 

a  M.  le  docteur  Le  Hir  n'a  pas  borné  ses  études  au  rôle 
d'un  collectionneur.  De  tous  ses  documents  il  est  arrivé  à  dres« 
serdes  cartes  qui  devaient  accompagner  l'ouvrage  qu'il  préparait 
sur  le  nord  Finistère.  Disons  enfin  que  sur  les  instances 
du  professeur  Hubert  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  il 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  107  — 

publia  une  note  sur  Tâge  des  Roches  fossilifères  du  Fiûislère 
(arrondissement  de  Brest,  Chàteaulin  et'Morlaix). 

a  L'archéologie  préhistorique  (puisqu'on  est  convenu  d'ap- 
peler ainsi  la  science  qui  s'occupe  des  antiquités  primitives 
éparses  sur  notre  sol),  avait  aussi  occupé  M.  le  Hir  ;  c^est  lui 
qui  le  premier  en  Bre^gne,  signala  une  grotte  contenant  des 
silex  taillés  de  main  d'hommes.  Il  en  fit  Tobjet  d'un  récit  com- 
plet qui  parut  dans  l'ouvrage  intitulé  :  Matériaux  pour  VHis- 
toirc,  primitive  et  naturelle  de  VHomme^  et  la  Société  Archéolo- 
gique'do  Finistère,  dans  son  Bulletin  du  10  janvier  1874, 
résume  le  résultat  de  ses  fructueuses  recherches.  Nous  avons 
tous  pu  apprécier  la  lucidité  et  la  conscience  de  la  description 
donnée  de  la  grotte  de  Roc'h-Toul. 

«  Cette  courte  énumération  des  longs  travaux  de  lotre  re- 
gretté confrère,  nous  laissera  le  regret  que  la  mort  n'ait  pas 
permis  au  docteur  Le  Hir  de  publier  l'ouvrage  auquel  il  a  con- 
sacré toute  sa  vie  ;  ce  vaillant  pionnier  de  la  science  cherchait 
toujours^  et  la  conscience  qu'il  apportait  en  tout,  lui  faisait 
souvent  attendre  de  nouvelles  preuves  à  l'appui  de  ses  asser- 
tions ;  c'est  peut-être  à  cela  qu'il  faut  attribuer  le  fâcheux 
retard  apporté  à  sa  publication.  ' 

«  Puis,  toujours  aux  écoutes  de  ce  qui  pouvait  répandre  la^ 
lumière  sur  les  temps  passés,  notre  savant  docteur  se  trans- 
portait partout  où  une  découverte  était  faite,  fouillait  de  ses 
mains  et  avec  un  soin  minutieux,  les  lieux  où  les  objets  avaient 
été  rencontrés.  Nous  avoûs  eu  le  bonheur  de  le  suivre,  il  y  a 
deux  ans,  dans  les  fouilles  qu'il  fit  à  Bagatelle  (propriété  de 
M.  Edmond  Puyo^  et  nous  avons  pu,  en  suivant  et  partageant 
ses  travaux,  partager  l'enthousiasme  qui  l'animait.  Nous  pour- 
rions peut-être  placer  ici  quelques  notes  sur  ce  travail  de  M.  Le 
Hir,  mais  nous  pensons  qu'il  sera  plus  utile  pour  la  Société  d'en 
faire  l'objet  d'un  rapport,  en  l'accompagnant  de  dessins  exacts 
des  matériaux  recueillis. 

<  Payons,  Messieurs  et  chers  confrères,  un  tribut  de  regrets 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  108  - 

à  la  mémoire  de  Tbomme  de  bien,  du  docteur  zélé,  du  savant 
géologue  et  consciencieux  archéologue  «  à  celui  qui  fut  un  des 
fondateurs  de  notre  Société.  » 

Cette  lecture  est  accueillie  avec  la  plus  grande  sym- 
pathie par  tous  les  membres  de  l'Assemblée. 

M.  le  Président,  reprenant  la  suite  de^  Tordre  du 
jour,  indique  qu'on  en  est  arrivé  à  l'article  intitulé  ; 
«  Une  revendication  mal  fondée.  » 

Il  regrette  que  la  polémique  s'introduise  parfois  au 
sein  des  assemblées  scientifiques.  En  somme  ces  dis- 
cussions qui  importent  aUx  personnes,  ne  profitent 
que  peu  à  la  science  elle-même.  C'est  ce  qui  arrive 
dans  le  cas  présent.  La  découverte  est  faite,  la  science 
en  a  profité,  et  tous  les  membres  de  la  Société  savent 
à  qui  est  dû  le  progrès  réalisé.  Néanmoins,  devant 
une  revendication  aussi  vivement  formulée  que  celle 
de  M.  Mowat,  le  Président  s'est  demandé  si  la  Société, 
ainsi  mise  en  demeure,  devait  s'occuper  de  cette  af- 
faire. C'est  aux  membres  qui  la  composent  à  décider 
là.  question. 

•   L'Assemblée  décide  à  l'unanimité  qu'elle  entendra 
la  lecture  des  documents  dont  il  est  queistion. 

Le  Président  donne  la  parole  à  M.  Le  Men. 

UNE  REVENDICATION   MAL  FONDÉE 

AU  SUJET  DE  LÀ  DÉCOUVERTE  DE  VORGANIUM. 


Le  Mémoire  que  j*ai  publié  sur  Vorganium  et  Vorgium  dans 
le  tome  II,  pages  18  et  seq.  du  Bulletin  de  la  Société  archéolo-- 
gique  du  Finistère^  a  provoqué  de  la  part  de  M.  Howat,  chef 
d'escadron  au  10«  régiment  d*artillerie  en  garnison  à  Bennes, 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  109  — 

une  réclamatioii  longuement  développée  dans  une  lettre  datée 
du  20  avril  1875.  Cette  lettre,  dont  je  vais  prier  un  de  nos  col- 
lègues de  vous  donner  lecture,  in-extenso^  a  été  remise  à  la  fin 
du  mois  de  juin,  par  H.  le  docteur  Halléguen,  à  M.  le  comte 
de  Carné,  président  de  notre  Société.  Comme  cette  revendica- 
tion me  semble  étrange,  et  qu'elle  est  soumise  à  l'appréciation 
des  membres  d'une  Société  savante,  il  convient  d'apporter  à  son 
examen  assez  de  clarté  et  assez  de  méthode,  pour  qu'il  n'y  ait 
place  ni  k  une  surprise  ni  à  un  malentendu. 

Je  relèverai  donc,  au  courant  de  la  lecture,  quelqqes  asser- 
tions de  mon  contradicteur,  me  réservant  d*eiaminer  à  la  fin, 
avec  tous  les  détails  qu'ils  comportent,  les  points  principaux 
contenus  dans  la  lettre  de  M.  Mowat,  Je  prie  donc  l'un  de  vous, 
Messieurs,  de  donner  connaissance  à  l'assemblée  du  texte  de 
cette  lettre  : 

A  Monsieur   le  Comte  DE  CARNÉ,  de  V Académie  française^ 
président  de  la  Société  archéologique  du  Finistère. 

«  Rennes,  30  avril  4875, 

a  Monsieur  le  Président, 
«  Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère,  dans 
son  numéro  de  juillet  1874,  contient  un  mémoire  intitulé 
«  Vorganium,  Vorgium  et  la  cité  des  Osismii  »  dont  M.  Le 
Men,  archiviste  du  Finistère,  est  l'auteur^  et  dans  lequel  je  suis 
nominativement  l'objet  de  ses  critiques.  Dans  les  polémiques 
courtoises,  il  est  d'usage  d'adresser  tout  d'abord  et  directe- 
ment à  la  personne  mise  en  cause  un  exemplaire  de  la  publi- 
cation qui  le  concerne  ;  cette  formalité  a  été  orbise  à  mon 
égard,  et  j'aurais  ignoré  les  attaques  dirigées  contre  moi,  si  des 
amis,  qui  en  avaient  eu  connaissance,  ne  s'en  fussent  justement 
émus  et  ne  m'en  eussent  informé.  (1)  La  Société  archéologique 


(i)  11  imnorte  de  préciser  ici  les  dates  de  cette  publication.  La  livrai- 
son du  Bulletin  qui  contient  mon  mémoire,  a  été  distribuée  aux  mem- 
bres de  la  Société  archéologique  le  15  janvier  1875.  La  partie  de  ce 
travail  qui  a  provoqué  la  réclamation  de  M.  Mowat,  et  qui  est  relative 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  110  — 

du  Fmisiëre  ayant  admis  ce  mémoire  dans  son  bulletin,  s'est, 
parle  fait  même,  soumise  à  Tobligation  d*insérer  dans* la  même 
publication  la  réponse  qu'il  me  conviendrait  de  lui  faire  à  mon 
tour.  C'est  la  destination  que  j'ai  l'honneur,  Motisieur  le  Pré- 
sident, de  vous  prier  de  vouloir  bien  donner  à  la  présente 
lettre, 

a  M.  Le|Aen,  dont  je  n'ai  mentionné  liBnom  (l)dans  aucunede 
mes  publications,^  par  la  raison  toute  simple  que  je  ne  me  suis 
point  mêlée  à  la  controverse  qu'il  a  soulevée  au  sujet  de  la  dé- 
couverte de  Vorganiuo)  (2).  M.LeMen,  dis-je,  débute  à  la  page 
26  par  reproduire  un  paragraphe  d'une  lettre  que  je  lui  aurais 
adressée  en  janvier  1873.  M.  l'Archiviste  du  Finistère,  qui  n'a 
point  cherché  à  obtenir  mon  consentement  au  préalable,  se  fi- 
gure évidemment  qu'il  lui  est  loisible  de  traiter  une  correspon- 
dance confidentielle  comme  les  documents  publics  placés  sous 
sa  garde.  Il  est  cependant  admis  partout,  et  c'est  même  un 
principe  consacré  par  la  jurisprudence,  que  le  droit  de  pro- 
priété sur  une  lettre  privée  ne  confère  nullement  au  destina- 
taire le  droit  de  la  divulguer.  Je  proteste  donc,  tout  d'abord, 


à  la  découverte  de  remplacement  de  Vorganium  et  de  la  station  de 
Vorgium,  avait  été  lue  au  mois  d'août  1874,  au  Congrès  de  TAssocia- 
tioû  bretonne  tenu  à  Vannes.  Elle  a  été  publiée  ensuite  dans  la  livrai- 
son de  février  1875  de  la  Revue  archéologique,  recueil  dont,  si  je  ne  me 
trompe,  M.  Mowat  est  un  lecteur  assidu.  Il  n'y  a  donc  eu  en  réalité, 
qu'un  mois  d'intervalle  entre  la  distribution  du  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  et  celle  de  la  Revue  archéologique  gui  contenait  mon  ar- 
ticle. J'ajouterai  que  j'étais  persuadé  que  cet  article,  dont  j'avais  cor- 
rigé les  épreuves  dans  les  premiers  jours  de  janvier,  paraîtrait  dans  la 
livraison  ae  ce  mois. 

(1)  Ceci  est  exact.  Dans  les  articles  où  M.  Mowat  parle  de  Vorganium, 
il  remplace  mon  nom  par  le  pronom  indéfini  on, 

(2)  Il  est  regrettable  que  M.  Mowat  n'ait  pas  cité  à  l'appui  de  cette 
assertion  les  lignes  suivantes  que  j'extrais  du  journal  Le  Finistère, 
no  du  samedi  3l  janvier  4874  : 

«  Nous  sommes  prié  d'annoncer  qUe  M.  Le  Men  est  étranger  à  une 
série  d'articles  publiés  par  V Océan  sous  le  titre  de  «  Le  Geai  de  Vor- 
ganium »  et  sous  la  signature  lar^n  Tor  e  Benn.  C'est  donc  par  une  re- 
grettable erreur  que  son  nom  a  été  mêlé  à  une  polémique  sur  les  viva- 
cités de  laquelle  nous  n'avons  pas  à  nous  prononcer. 


Digitizedby  Google     ■  j' 


-  lit  - 

contre  l'emploi  que  M.  Le  Men  a  fait  de  ma  lettre  dans  le  but 
de  se  créer  des  droits  de  priorité  à  la  découverte  de  Vorganium, 
et  je  me  refuse  formellement  à  appuyer  cette  prétention  en 
laissant  passer  un  témoignage  surpris  à  ma  confiance.  Ce  que 
je  désavoue,  co  n'est  pas  le  texte  de  lettre  cité,  mais  la 
portée  que  M.  Le  Men  lui  attribue  et  le  parti  qu'il  en  veut 
tirer.  La  réserve  que  |je  fais  se  comprendra  facilement  à 
l'aide  d'une  correspondance  que  je  puis  à  mon  tour  produire 
avec  les  explications  nécessaires  en  .vertu  de  mon  droit  de 
réponse. 

«  Mais  auparavant  j'ai  à  faire  justice  d'une  note  placée  au  bas 
de  cette  même  page  26  ;  je  dirai  donc  à  l'auteur  de  cette  note, 
que  je  ne  reconnais  à  personne  le  droitd'insinuer  que  j'ai  oublié 
ce  que  j'ai  pu  lui  écrire  ;  je  le  reconnais  moins  encore,  â  qui  se 
permet  de  détourner  de  sa  destination  privée  tout  ou  partie 
de  ma  correspondance.  Quant  à  l'honorable  personne  qualifiée 
par  lui  dans  des  termes  que,  par  bienséance,  je  ne  répéterai 
point,  il  aurait  dû  la  désigner  par  le  nom  dont  elle  a  signé  sa 
réponseau  pseudonyme  auteur  de  l'article  du  journal  V Océans 
intitulé  le  «  Geai  de  Vorganium,  »  article  auquel  M.  Le  Men  fait 
allusion  dans  la  note  en  question.  Pour  quiconque  n'est  pas  au 
courant  de  celte  polémique  locale,  à  laquelle  je  suis  étranger, 
cette  note  pleine  d'obscurités  fait  peser  sur  moi  une  équivoque 
que  je  dénonce  comme  elle  le  mérite.  Je  suis  convaincu  qu'un 
morceau  aussi  peu  académique  n'a  été  introduit  que  par  sur* 
prise  dans  le  bulletin  de  la  société  archéologique  du  Finistère, 
et  qu'elle  en  déclinera  la  resp'onsabilité  dès  qu'elle  aura  con- 
naissance de  ma  plainte. 

«  J'arrive  maintenant  à  la  question  de  priorité,  telle  que  M.  Le 
Men  la  revendique  pour  son  compte  exclusif,  sur  la  découverte 
de  Vorganium. 

«  En  novembre  1872,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  nul  n'avait 
encore  émis  l'opinion  que  l'inscription  milliaire  de  Kerscao 
(Finistère)  pût  avoir  quelque  rapport  avec  Vorganium,  j'étudiais 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  112  - 

k  lecture  restituée  qu'en  avait  ilonnée  M.  Denis  Lagarde,  le 
plus  récent  auteur  qui  en  eût  parlé  jusqu'alors  : 

TI.  CLAVDIVS 
DRVSI  FILIVS 
CAESAR  AVG 
GERMANIC  PON 
TIFEX  MAX  TRIB 
POTEST  VHMP 
XI PP  COS  in^DE 
SIGNATVS  1111 
. .  A  . . . .  MP  V 

«  Une  chose  me  frappa,  c'est  que,  ni  cet  auteur,  ni  personne 
après  lui  n'avait  indiqué  le  parti  à  tirer  de  la  dernière  ligne, 
quelque  mutilée  qu'elle  fut,  et  l'idée  me  vint  que  puisque  la 
borne  était  érigée  en  plein  territoire  Osisme,  la  lettre  A  de 
cette  ligne  appartenait  nécessairement  au  mot  VORGANIVM, 
d'après  l'usage  observé  en  Gaule  de  prendre  les  chefs-lieux  des 
cités  pour  tête  de  lignes  itinéraires  (1).  Sous  cette  impression, 
j'écrivis  vers  le  26  novembre  t87'2,  à  M.  Le  Men  qui,  me  disait- 
on,  avait  visité  le  monument  postérieurement  à  Denis-Lagarde  : 
«  Monsieur,  si  vous  voulez  bien  me  peràiettre,  je  viens  sous  la 
«  recommandation  de  M.***  m'adresser  a  votre  obligeance, 
«  pour  obtenir  des  renseignements  sur  l'épigrapbie  romaine 
«  dans  le  Finistère  et  particulièrement  sur  la  colonne  de  Ker»- 
«  cao  que  je  me  propose  de  visiter,  mais  je  n'ai  pu  encore 
«  réaliser  ce  projet.  J'ai  pris  (K^nnaissance  de  la  notice  que 
«  M.  Levot  (j'aj^  écrit  ce  nom  par  inadvertance  au  lieu  de 
tt  DeniS'Lagarde)  a  publiée  dans  le  bulletin  de  la  Société  aca- 


(4)  Ceci  prouve  de  la  part  de  M.  Mowat  une  perspicacité  au  moins 
égale  à  celle  qu'il  veut  bien  m'attribucr.  Si,  cependant,  cette  lettre  A  avait 
appartenu  à  Brivates  Portus,  Gesocribate,  Staliocanus  Portus,  Vindana 
Portus,  Mannatias,  localités  dont  la  position  est  loin  d'être  fixée  d'une 
manière  certaine,  et  dont  les  noms  renferment  tous  un,  deux  et  même 
trois  A  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  113  - 

«  démique  de  Brest,  Tome  IV,  et  j'ai  remarqué  que  l'auteur  a 

«  iavolontairement,  sans  doute,  laissé  subsister  quelques  doutes 
«  sur  la  lecture  de  la  dernière  ligue  A...  MPV.  L'état  de  h  sur 

«  face  de  la  pierre  permet-il  d'affirmer  qu'avant  la  lettre  A,  et 

«  aussi  dans  l'espace  qui  la  sépare  du  groupe  M  P,  il  n*y  a  jamais 

«  eu  d'autre  caractère  que  l'usure  aurait  oblitéré  P  La  question 

«  est  très-importante,  car  c'est  d'elle  que  dé[)end  éventuelle» 

«  ment  la  découverte  de  la  localité  à  partir  de  laquelle  était 

«  comptée  la  distance  itinéraire,  et  quant  au  numéral  expri- 

«  mant  cette  distance,  aperçoit-on  des  traces  de  une  ou  plu- 

«  sieurs  unités  k  la  suite  du  chiCfre  V.  ete.  etc.  » 

«  M.  Le  Men  me  répondit  à' la  date  du  ?8  novembre  sui- 
vant :..,.«  J'arrive  à  la  borne  de  Kerscao  dont  j^ai  pris  en 
«  186&  un  estampage  que  j'ai  envoyé  avec  un  mémoire  à  la 
«  Commission  de  la  topographie  des  Gaules  (ici  un  passage 
«  que  je  laisse  de  côté  pour  abréger  »  il  est  étranger  à  mon 
«  sujet.)  La  première  lettre  bien  certaine  de  celle  ligne  est  A  ; 
«  elle  pouvait  être  précédée  de  deux  ou  peut-être  de  trois 
«  lettres.  Une  d'elles,  celle  qui  la  précède  immédiatement,  m'a 
«  paru  être  une  leitre  ronde,  peut-être  un  G  ou  un  G.  Entre 
«  la  lettre  A  et  le^  lettres  conjointes  MP  qui  sont  bien  cer- 
«  taines,  il  m'a  semblé  voir  un  N,  un  V  et  un  M,  ces  trois  let- 
«  très-liées  entre  elles  :  Voilà  ce  que  j'ai  cru  voir.  Mais  ces 
«  caractères  sont  peu  distincts  et  je  ne  puis  être  trop  affirmatif 
«  sur  ce  qu'ils  représentent.  Ce  dont  je  suis  certain,  c'est  qu'il 
«  y  avait  des  lettres  entre  l'A  et  l'abréviation  MP.  Après  cette 
«  abréviation,  vient  le  signe  ou  chiffre  V  qui  a  pu  être  suivi  de 
«  plusieurs  unités.  Si  le  chiffre  indiquant  la  distance  avait  pu 
«t  être  déterminé  d'une  manière  certaine,  j'aurais  été  incliné  à 
«  voir  dans  les  lettres  douteuses  de  la  neuvième  ligne  les  syl- 
«  labes  GANIVM,  finale  de  VORGANIVM,  la  capitale  des  Osis- 
«  mii.  B 

«  J'étais  loin  de  m'-attendre  à  une  réponse  aussi  détaillée»  et 
si,  d'un  côté  la  confirmation  inopinée  de  ma  conjecture  géo* 


Digitized  by  VjOOQIC 


graphique  me  fit  éprouver  une  légitime  satisfaction,  j'avoue 
que  d'autre  part,  je  me  sentis  stupéfait  devant  Textréme  préci- 
sion de  ces  renseignements,  et  que  je  conçus  des  doutes  dé- 
plaisants,  quand  je  songeai  que^  pendant  sept  ans,  M.  Le  Men 
n'avait  jamais  soufflé  mot  d'une  pareille  découverte  dont  la 
révélation  se  produisait  pour  la  première  fois  à  l'occasion  de 
ma  lettre.  Pourquoi  n'avail-il  jamais  rien  écrit  pour  s'en 
assurer  la  possession  (1)  ?  Pourquoi  jusqu'au  dernier  moment 
u'avait'il  cessé  de  placer  Vorganium  à  Carbaix,  lorsque  à  l'en 
croire  du  moinsi  il  avait  en  main  la  preuve  matérielle  du  con- 
traire ?  Ainsi,  dans  son  mémoire  sur  les  cités  des  Osismii'et  des 
Veneti  [Revue  Archéologique  1872) ,  où  l'on  se  serait  attendu  à 
ce  que  la  question  du  site  de  Vorganiu|u  fut  topiquement  traitée, 
pourquoi  n'y  fait-il  pas  même  une  allusion  à  la  pierre  de 
Kerscao  ?  Pourquoi  dans  un  feuilleton  archéologique  du  journal 
Le  Finistère  {n*  du  30  octobre  1872) ,  c'est-à-dire  un  mois  à 
peine  avant  la  réception  de  ma  lettre,  parle-l-il  séparément  de 
celte  inscription  et  de  Vorganium  comme  de  deux  questions 
étrangères  l'une  à  l'autre  ? 

«  Etait-il  vraisemblable  que,  s'il  eut  réellement  fait  cette  dé- 
couverte, il  fut  venu  m'en  livrer  à  moi ,  inconnu,  le  secret 
précieusement  dissimulé  pendant  de  longues  années  (2^.  Et, 
d'autre  part,  comment  après  m'avoir  écrit  cette  lettre  ,  M.  Le 
Men  a-t-il  pu  imprimer  à  deux  reprises  la  phrase  suivante  que 
je  relève  dans  Le  Finistère  du  5  mars  1873  f  verso  du  feuille- 
ton, col.  4),  et  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Archéologique  du 
Finistère  de  juillet  1871 ,  page  23  :  «  Avant  de  faire  part  de 
mes  conjectures  à  qui  que  ce  soit\  «  je  résolus  d'étudier  de 

(1)  Parce  que  je  n'étais  nuUement  certain  de  nia  lecture,  et  j'aimais 
mieux  attendre  patiemment  Toccasion  d'étudier  de  nouveau  cette  ins- 
cription que  de  m'exposer  à  commettre  une  erreur  comme  celle  qui  a 
été  commise  pour  la  borne  de  Maël-Carhaix. 

(2)  Puisque  cet  inconnu  venait  de  m'écrire  pour  me  demander  mon 
secret f  je  pouvais  sans  crainte  le  lui  livrer.  Sa  lettre  n'était-elle  pas 
pour  moi  une  garantU  suffisante  ? 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  H5  - 

nouveau  là  pierre  de  Kçrscao  P  o  Que  penser  de  cette  variation 
de  langage  ?  Pour  tnoi,  je  prends  acte  de  cette  déclaration  ab- 
solue, à  qui  que  ce  soit^  et  je  l'oppose  au  fait  même  de  la  lettre 
de  M.  Le  Men  (1). 

«  La  Société  Archéologique  du  Finistère,  qui  a  maintenant 
sous  les  yeux  les  pièces  du  procès,  jugera  si,  d'après  les  termes 
mêmes  de  ma  lettre,  j'ai  pu  adresser  à  M.  Le  Men  une  demande 
de  renseignements  sur  l'inscription  de  Kerscao,  sans  qu'un 
esprit  aussi  perspicace  y  ait  deviné  ma  conjecture  géographi- 
que ;  elle  jugera  si  je  suis  fondé  à  croire  que  M.,  Le  Men  a 
puisé  dans  ma  correspondance  la  notion  qui  lui  a  permis  de 
reprendre  fructueusement  le  déchiffiteraent  de  Tinscription ,  en 
un  mot,  elle  jugera  si  le  principe  de  la  découverte  de  Vorga- 
nium  ne  se  trouve  pas  dans  ma  lettre  du  26  novembre  1872. 

«  J'ai  hâte  de  terminer  ce  sujet.  M.  Le  Men  se  décida  d'après 
mon  pressant  conseil,  h  faire  transporter  la  pierre  de  Kerscao 
au  Musée  deQuimper;  c'est  ce  qui  résulte  flu  langage  tenu 
par  lui  dans  Le  Finistère  du  8  mars  1873  :  «  Mes  hésitations 
«  cessèrent  à  la  réception  de  cette  lettre  qui  contient,  outre 
«  l'opinion  personnelle  d'un  homme  très-compétent,  l'histo- 
tt  rique  de  ce  qui  a  été  fait  en  Bretagne  dans  ces  dernières 
«  années  pour  préserver  de  la  destruction  les  quelques  bornes 
«  milliaires  qui  s'y  trouvent  encore,  etc.  »  (2J. 

(Ij  Mon  contradicteur  était  sans  doute  préoccupé  quand  il  a  écrit 
ces  lignes.  Il  est  facile  de  voir  en  lisant  mon  travail  qu'il  s*agit  ici 
d*un  fait  antérieur  de  plusieurs  années  ù  mes  rapports  avec  M.  Mowat. 

(2)  J'avais  depuis  longtemps  l'idée  arrêtée  de  faire  transférer  Id 
borne  de  Kerscao  au-  Musée  de  Quimper  dès  que  le' bâtiment  où  il 
devait  être  établi  serait  achevé,  afin  de  la  mettre  à  l'abri  de  tout  acci- 
dent, et  de  pouvoir  l'étudier  dans  les  conditions  les  plus  favorables. 
C'est  seulement  en  1872  que  les  salles  de  ce  Musée  ont  été  mises  à 
ma  disposition,  et  elles  mont  servi  d'ateliers  pendant  tout  le  prin- 
temps et  l'été  de  celte  année.  11  ne  m'a  donc  pas  été  possible  de  son- 
ger au  transfert  de  cette  borne  avant  la  fin  de  1872,  c  est-à-dire  avant 
répoque  où  le  hasard  m'a  mis  en  rapport  avec  M.  Mow&t. 

Je  m'étais  du  reste  déjà  autorisé  de  l'avis  de  plusieurs  membres 
de  la  Société  qui  pensaient  qu'il  y  avait  lieu  de  transférer  la  borne 
au  Musée ,  et  je  n'ai  demandé  que  pour  corroboration  l'avis  de 
M.  Mowat,  qui  s'occupait  plus  spécialement  d'épigraphie. 


Digitized  by  VjOOQIC  . 


--  H6  - 

«  Dès  que  la  pierre  fut  arrivée  au  Musée  de  Quimper,  il 
m'ioforma  qu'il  venait  de  lire  à  la  dernière  ligne  VORGAN,  ce 
qui  diffère  sensiblement  de  sa  leçon  précédente  donnée  de  sou- 
venir G&NiVM.  Dès  lors  il  ne  me  restait  plus  qu'à  l'engagera 
publier  sans  retardla  découverte;  c'était  là  le  but  de  ma  lettre 
livrée  depuis  à  la  publicité.  Les  félicitations  que  je  lui  adres- 
sais au  courant  de  la  plume,  s'appliquaient  seulement  à  la 
bonne  fertune  qu'il  avait  eue  de  donner,  le  premier,  sur  le 
monument  une  lecture  dont  j'avais  théoriquement  donné  là 
clef.  Mais  par  un  sentiment  qne  chacun  comprend,  je  ne  parlai 
pomt  de  moi,  voulant  lui  laisser  l'initiative  d'un  procédé  équi- 
table à  mon  égard,  et  mes  félicitations  ne  l'empêchaient  nulle- 
ment de  reconnaître  de  son  côté  que  je  n'avais  pas  été  tûutà 
fait  étranger  à  l'affaire.  Dans  cette  lettre  dont  il  fait  un  si  sin- 
gulier étalage .  il  y  a  donc  un  grand  sous-entendu,  qu'il  paraît 
ne  pas  comprendre ,  mais  il  n'y  a  point  d'al)dication  de  ma 
part. 

«  M.Le  Men  combat  l'étymologie  que  j'ai  proposée  pour  le  mot 
Vorganium  dans  lequel  je  vois  un  simple  dérivé  diminutif  fe 
vorgitm  «  lieu  fortifié,  ouvrage  de  fortification,  »  et  naturelle- 
ment ,  il  reprend  la  défense  de  Tétyraologie  qu'il  avait  pro- 
posée vorgan  ;  comme  qui  dirait  «  morgan  »  en  bas-breton 
«  maritime,  »  en  vertu,  dit-il,  de  la  permutation  très- naturelle 
de  m  en  i;  qui  existe  dans  tons  les  dialectes  celtiques. •»  Outre 
qu'on  ne  connaît  aucun  exemple  de  ce  phénomène  phonique  en 
gaulois  (!  ),  surtout  dans  l'idiome  parlé  en  Armorique  sous  l'em- 
pereur Claude,  c'est-à-dire  près  de  cinq  siècles  f2)  avant  l'im- 
portation de  Fidiôme  breton  insulaire,  il  faut  ajouter  que  ce 
phénomène  se  produit  seulement  dans  les  dialectes  modernes 
quand  le  mot  entre  dans  une  construction  particulière  ;  ainsi, 
mot  se  piononce  vor  quand  il  est  précédé  de  l'article  ar  vor\ 


(1)  Pourquoi  donc  Borg  (tvm)  est-il  écrit  Vorg  (tvm)  dans  la  borne 
de  Macl-Carbaix  ? 

(2)  Disons  trois  siècles;  ce  sera  plus  exact. 


t)igitizedby  Google 


—  117  — 

mais  sur  TiDScriptiou  de  Kerscao  ,  Vorganium  se  présente 
comme  un  mot  isolé  que  rien  ne  précède  ;  il  n'y  a  point  ici  un 
Etat  construil  qui  autorise  à  dire  que  Vorganium  est  mis  pour 
Morganittm  (1),  par  conséquent  l'argument  de  M.  LeHen  tombe 
en  dehors  de  la  question. 

«  Quant  à  Tinscription  de  Maôl-Carhaix,  comme  j*ai  apparem- 
ment le  même  droit  que  mon  contradicteur  d'affirmer  Tau- 
tbenticité  de  ma  lecture^  je  ne  sais  qui  décidera  entre  sa  version 
et  la  mienne.  Un  bon  moulage,  déposé  en  double  au  Musée  de 
Quimper  et  au  Musée  de  St-Germain  ,  ferait  sans  doute  mieux 
l'affaire  de  ceux  qui  s'intéressent  à  cç  point  controversé.  Quoi* 
que  en  dise  M.  La  Men  ,  il  est  possible  de  lire  autre  chose  que 
LEVG  VI  à  la  dernière  ligne  ;  je  retrouve  en  effet  une  note  de 
M.  Gaultier  du  Mottay,  qui  me  dit  avoir  lu  au  mêdie  endroit 
VOVI  (2)  ce  que  l'on  conviendra  a  plus  de  ressemblance  avec 
ma  lecture  V  (or) G  VI,  qu'avec  LEVG  VI  de  M,  Le  Men.  (3) 

«  Au  surplus,  ce  n'est  pas  de  la  lecture  fugitive  du  mot  plus 
ou  moins  heureusement  restitué  VORG  que  j'ai  fait  dépendre  ma 
découverte  de  Vorgium-Garhaix.  Mon  attribution  repose  d'abord 
sur  la  présence  incontestable  du  chiffre  VI  (leugse),  qui  fait 
exactement  aboutir  à  Garhaix,  et  ensuite  sur  ce  que  Vorganium 
ayant  trouvé  son  emploi  près  de  la  pierre  de  Kerscao,  Vorgium 
est  le  seul  nom  de  station  disponible  fourni  par  les  documents 
anciens  pour  cette  région.  Ma  découverte,  puisque  découverte 

(t)  C'est  uue  erreur  ;   (a)  Vobganio   est  la  traduction  littérale  de 

ifiUZ  a)   YORGAN. 

(2)  Cette  singulière  lecture  explique  la  légende  qui  a  cours  à  Maêl- 
Carhaix,  et  que  j*ai  rapportée  dans  mon  travail  sur  Vorganium.  Voir  le 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finùttèrej  tome  II,  page  43. 

(3)  a  Paris,  27  août  1874. 

(c  Monsieur.  Le  plâtre  de  Maël-Carhaix  est  arrivé  à  bon  port,  et  nous 
avons  reconnu  qu  on  ne  pouvait  apercevoir  que  LEVG  VI » 

f Lettre  de  M.  A.  de  Barthélémy,  secrétaire  de  la  Commission  topo- 
grapbique  des  Gaules). 

Je  viens  de  recevoir  un  nouveau  moulage  de  la  dernière  ligne  dé 
rinscription  de  la  borne  de  MaêUCarhaîx.  H  sera  au  Musée  de  Saint- 
Germain  dans  quelques  semaines. 


I 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  118  -- 

il  y  a,  reste  donc  ealière  ;  elie  n*est  plus  à  faire,  mais  je  serai 
toujours  charmé  de  la  voir  confirmée  par  un  déchiffrement 
moins  imparfait  que  le  mien.  Dans  les  dernières  lignes  de  la 
notice  où  j'ai  signalé  le  premier  ce  monument  a  Tattention  des 
archéologues,  j*ai  exprimé  le  vœu  que  quelqu'un  d'entfeui 
vint  le  visiter  et  réussit  à  faire  mieux  que  moi  ;  mais  je  ne 
m'attendais  pas  à  une  critique  agressive  pour  prix  du  service 
utile  que  j'ai  modestement  rendu,  et  que  M.  Le  Men  cherche  à 
faire  oublier  à  son  profit. 

«  «  Une  dernière  réflexion  :  on  se  demande  commeut.il  est 
parvenu  à  déctriffi'er  59  lettres  (je  dis  cinquante-neuf),  sur  une 
inscription  qui  a  été  martelée  et  repiquée  avec  un  véritable 
acharnement .  pour  me  servir  de  sa  propre  et  très-exacte  ex- 
pression ;  j'éprouve  quelques  difficultés  à  concilier  celle  des- 
truction intentionnée  et  systématique  avec  une  aussi  colossale 
restitution  ;  heureusement  il  est  possible  de  réduire  celle-ci  à 
ses  vraies  proportions  en  observant  que  tous  les  éléments  se 
retrouvent  dans  mon  essai  de  déchiffrement  combiné  avec  Tift- 
dicatiou  que  j*ai  donnée  d'une  borne  de  Septime  Sévère  dé- 
couverte par  M.  Bizeul.à  quelques  kilomètres  sur  la  même  voie 
romaine. 

«  Veuillez  bien  agréer,  Monsieur  le  Pfésident,  Texpression 
de  mes  sentiments  les  plus  respectueux. 

^  «  RoBEET  MOWAT.  » 

On  vient  de  vouî*  lire  sans  en  omettre  un  mot,  là  réclama- 
tion de  M.  Mowat,  Vous  apprécierez,  messieurs,  si  son  auteur 
n'a  pas  outrepassé  les  droits  d'un  correspondant  en  demandant 
comme  une  obligation  l'insertion  de  sa  lettre  dans  notre  Bulle- 
tin, et  s'il  a  été  bien  inspiré  en  dirigeant  contre  le  rédacteur 
du  procès-verbal  des  insinuations  qui  ne  l'atteignent  pas. 

Cette  réclamation  dans  laquelle  je  m'attacherai  surtout  à  re- 
lever ce  qui  a  rapport  à  Vorganium,  puisque  ce  que  j'ai  publié 


Digitized  by  VjOOQIC 


./'Li 


-  H9  — 

relativement  h  la  question  de  Vorgium  n'est  pas  sérieusement 
contesté,  peut  se  résumer  ainsi  ; 

De  la  présence  de  la  lettre  A  dans  la  dernière  ligne  de  Tins-^^ 
cription  de  la  borne  de  Kerscao.  M.  Howat  qui  a  vu  celte  borne 
quatre  mois  seulement  après  son  tranfert  au  Musée  de  Quimper," 
avait  conclu,  dit-il,  que  cette  lettre  appartenait  nécessairement 
au  mot  Vorganium.  Je  me  demande  aujourd'hui  pourquoi  pos- 
sédant cette  conviction,  il  m'écrivit  pour  me  prier  de  lui  faire 
connaître  le  résultat  de  Tétiide  que  j'avais  faite  de  cette  ligne. 
Sa  lettre  ne  contenait  aucune  allusion  à  l'opinion  qu'il  s'était 
ainsi  formée  à  priori^  mais  comme  je  suis,  d'après  lui,  un  es- 
prit très-perspicace,  j'avais  nécessairement  deviné  cette  opinion 
et  tenté,  par  un  procédé  peu  délicat,  de  me  l'approprier.  Cette 
lettre  renfermait  donc  le  principe  de  la  découverte  de  Vorga-r 
nium,  et  c'est  à  M.  Mowat  que  doit  en  revenir  tout  l'honneur. 

Pour  vous  permettre  d'apprécier  là  valeur  de  cette  réclama- 
tion, il  me  suffira  d'opposer  M.  Mowat  à  lui-même,  en  mettant 
sous  vos  yeux  les  lettres  qu'il  m'adressait  aune  époque  où  il 
ne  songeait  nullement  à  élever  les  prétentions  qu'il  énonce  au- 
jourd'hui. 

Le  54  novembre  1872,  M.  Mowat,  que  je  n'avais  -pas  l'hon- 
neur de  connaître,  m'écrivit  la  lettre  suivante  : 

«  24  Novembre  1872, 
«  Rennes,  19  rue  du  Pré-Perché. 
«  Monsieur, 

«  Si  vous  voulez  bien  me  le  permettre,  je  viens  sous  la  re- 
«  commandalion  de  M.  Galdoz,  m'adresser  à  votre  obligeance 
«  pour  oblenir  des  renseignements  sur  l'épigraphie  romaine  dans 
a  le  Finistère,  et  particulièrement  sur  la  colonne  milliaire  de 
«  Kerscao  que  je  me  proposais  de  visiter^  projet  que  je  n'ai  pu 
«  réaliser.  J'ai  pris  connaissance  de  la  notice  publiée  par  M.  Levoî 
«  dans  le  Bulletin  de  la  société  académique  de  Brest,  tome  IV 
«  et  j'ai  remarqué  que  l'auteur  avait  involontairement  sans  doute, 
«  laisser  subsister  quelques  doutes  sur  la  lecture  de  la  dernière 
«  ligne  Â  MP  V.  L'état  de  la  surface  de  la  pierre  permet-it 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  180  - 

«  d'affirmer  qa'avaat  la  lettre  A,  et  aussi  dans  l'espace  qui 
«  sépare  cette  lettre  de  la  ligature,  HP,  il  n'y  a  pas  lieu  de 
«  supposer  Texisleoee  d'autres  caractères  que  l'usure  aurait 
«  oblitérés  ?  La  questioa  est  très-importante;  car  c'est  d'elle 
«  que  dépend  éventudlement  la  découverte  du  nom  de  la  localité 
«  à  partir  de  laquelle  était  comptée  la  distance  itinéraire. 
«  Eu  second  lieu,  quant  au  numéral  exprimant  celte  distancé, 
«  avez-vous  distingué  des  traces  de  une  ou  plusieurs  unités  à 
«  la  suite  du  chiffre  V  ? 

«  M.  Gaidoz  m'ayant  informé  que  vous  avez  pris  un  estam- 
«  page  de  celte  inscription  pour  la  Commission  topographique 
«  des  Gaules,  j'ai  pensé  que  votre  attention  avait  dû  se  porter 
«  nécessairement  sur  les  particularités  dont  je  viens  de  parler, 
«  et  que  vous  étiez  parvenu  probablement  à  les  élucider.  C'est 
«  donc  avec  la  plus  vive  reconnaissance  que  je  recevrai  les  Infor- 
«  mations  que  vous  me  feriez  la  faveur  de  m'accorder  à  cet 
«  égard.  Il  m'importe  aussi  d'être  renseigné  sur  la  date  de  la 
«  découverte  de  ce  monument.  M.  Levot  dit  bien  qu'il  a  été 
«  signalé  pour  première  fois  par  M.  de  Kerdanet  dans  son  édition 
«  des  «  Vie^  des  Saints  de  Bretagne,  »  1837,  mais  il  omet  de 
«  citer  la  page  et  il  m'a  été  impossible  de  Inmver  le  passage 
«  auquel  il  fait  allusion.  Enfin  M.  Levot  renvoie  à  la  «  Nouvelle 
«  Notice  sur  Notre-Dame  du  Folgôêt  »  du  même  M.  de  Kerdanet 
«  et  à  un  article  de  M.  Guiastrennec  inséré  dans  le  Courrier 
«  de  Brest  Aw  14  août  1843.  publications  que  je  n'ai  pu  nulle 
«  part  rencontrer  à  Rennes,  J'ai  même  remarqué  que  là  nouvelle 
«  édition  d'Ogée,  par  Marteville,  postérieure  à  toutes  ces 
a  publications  ne  parle  nullement  de  la  colonne  de  Kerscao.  » 

«  Enfin,  monsieur,  si  vous  ne   trouvez  pas  que  je  deviens 
«•  bien  indiscret  à  force  de  sollicitations,  je  vous  demanderai 


« 


également  la  faveur  de  me  communiquer,  en  fac-similé  ou  ea 
«  empreintes,  la  liste  des  quelques  noms  de  potiers  gallo-romains 
«  du  Finistère  venus  à  votre  connaissance.  J*ai  appris  qu'il  eq 
«  avait  été  trouvé  au  Pérennou,  à  Garbaix  et  près  de  Quimp^^ 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  121  — 

Je  (Perche  à  rassembler  les  matériaux  d*uik  travail  d'ensemble 
sur  les  moQurnenls  épigraphiques  de  la  Bretagne,  où  toutes  les 
communications  que  voudraient  bien  me  faire  mes  correspon* 
dants  seront  dûment  consignées  avec  la  mention  do  leur  auteur. 

«  De  mon  côté,  je  me  tiens  tout  à  votre  -disposition  pour 
«  reconnaître  à  mon  tour  et  de  mon  mieux  votre  obligeance  à  la- 
€  quelle  je  viens  m'adresser.comme  c'est  Tusage  entre  confrères 
«  en  Archéologie,  bien  que  je  n'aie  pas  l'honneur  d'avoir  été  mis 
«  en  rapport  avec  vous. 

«  Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  avec  mes  remerclments 
«  anticipés,  l'assurance  de  ma  haute  considération. 

€  R.  MOWAT, 

«  chef  d'eëcadron  au  to»  régiment  d'artlUeriew 

«  (Membre  delà  Société  Archéologique, 

d'IUe-el-Vilaine.)  » 

Cette  lettre  dont  je  vous  ai  donné  le  texte  depuis  la  date 
jusqu'à  la  signature,  ^t  celle  qui,  d'après  H.  Howati  renferme 
le  principe  de  la  découverte  de  Vorganium.  t'eut-être.  Mes- 
sieurs,  serez-vous  assez  heureux  pour  y  découvrir  ce  principe. 
Pour  moi,  je  déclare  en  toute  humilité,  que  dans  cette  circoos-* 
tance  ma  perspicacité  se  trouve  complètement  en  défaut. 

Vous  connaissez,  Messieurs,  la  réponse  que  je  fis  à  M.  Mowat. 
Je  l'informai  que  j'avais  cru  lire  dans  la  dernière  ligne  de  l'ins- 
cription de  la  borne  de  Kerseao,  la  fin  du  mot  Vorganium,  mais 
que  ma  lecture  était  loin  d'être  certaine.  M.  Howat  me  ré- 
pondit le  i  décembre  suivant  qu'il  «  considérait  mon  rensei- 
«  gnement  comme  une  véritable  révélation  et  que  j'avais 
«  peut-être  mis  le  doigt  sur  le  véritable  emplacement  de  Vor- 
«  ganium.  ^ 

Le  3  janvier  la  borne  de  Kerseao  était  au  Musée  de  Quimper 
où  il  me  fut  possible  de  l'étudier  à  loisir,  et  ce  fut  avec  la  plus 
vive  satisfaction  que  je  fis  savoir  à  M.  Howat  que  mes  premiè- 
res conjecturas  s'étaient  réalisées  et  que  j'avais  pu  lire  dans  la 
dernière  ligne  de  nnsdiption  le  nom  de  la   capitale  des 

Ostsmii. 

9 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  122  — 

La  réponse  de  H.  Mowat  ne  se  fit  pas  attendre.  Elle  porte  la 
date  du  9  janvier  1873,  et  ne  laisse  rien  à  désirer  sous  le  rap- 
port de  la  clarté.  En  voici  le  texte  : 

«  J'avais  bien  une  espèce  de  pressentiment  que  cette  inscrip- 
«  tion  renfermait  le  secret  de  remplacement  de  Vorganium  ;  et 
«  cela  avant  de  connaître  le  résultat  de  votre  estampage.  Mais 
«  votre  première  lettre  confirmée  par  ce  que  vous  m^écrivez  de 
«  nouveau,  vous  assure  le  mérileje  dirai  même  la  gloire,d*d^oir 
«  retrouvé  la  capitale  des  Osismii.  Prenez  donc  date  de  suite^  en 
«  publiant  le  résultat  de  vos  recherches,  avant  que  quelque  ar- 
«  chéologue,  à  qui  voîas  aurez  facilité  Vétude  du  monument,  vl^ 
«  vienne  comme  le  geai  se  parer  des  plumes  du  paon  ^  et  vous  en- 
«  lever  la  réampense  qui  vous  revient  si  légitimement,  » 

C'est  dans  ces  lignes.  Messieurs,  qu'il  existe  d'après  M. 
Mowat  un  grand  sous^ntendu,  que  malgré  la  perspicacité,  dont 
mon  contradicteur,  veut  bien  me  douer  je  ne  suis  pas  en- 
core parvenu  à  comprendre.  / 

N'est-ce  pas  ici  le  lieu  de  faire  remarquer  que  le  principe  de 
la  note  relative  au  Geai  de  Vorganium  dont  M.  Mowat  se  plaint 
si  amèrement,  quoiqu'il  reconnaisse  lui-même  qu'elle  n'est  pas 
à  son  adresse,  se  trouve  dans  sa  lettre  du  9  janvier  ? 

'  Pour  éviter  le  désagrément  que  M.  Mowat  me  signalait 
comme  possible  et  qui,  à  mon  grand  regret,  se  réalise  aujour- 
d'hui, j'informai  de  ma  découverte  la  Commission  de  la  topo-  à 
graphie  des  Gaules,  et  après  avoir  adressé  à  la  Revue  archéolo- 
gique une  note  sur  le  même  sujet,  je  publiai  au  mois  de 
mars  1873,  dans  le  journal  Le  Finistère^  un  mémoire  intitulé: 
Découverte  de  Vorganium^  capitale  des  Osismii,  que  je  me  fis 
un  devoir  d'adresser  à  M.  Mowat.  Il  m'en  accusa  réception  par 
une  lettre  datée  du  25  du  même  mois,  dans  laquelle,  après 
m' avoir  présenté  tous  ses  remerciments  il  me  donnait  un  ulila 
conseil.  «  Ce  travail,  »  disait-ii,  «  mériterait  d'être  conservé  au- 
«  trement  que  dans  le  rez  de-chaussée  d'un  journal  où  il  sera 


* 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  123  -- 

«  assez  difficile  de  le  retrouver  plus  tard  ;  laissez-moi  donc  vous 
«f  exprimer  le  souhait  que  votre  mémoire  soit  reproduit  en  pla- 
«  quelle  et  mis  en  librairie,  à  la  disposition  des  archéologues 
«  futurs  qui  auraient  besoin  de  le  consulter.  » 

Ainsi  donc  à  la  fin  du  mois  de  mars  1873,  c^est-à-dire 
quatre  mois  après  m'avoir  écrit  la  lettre  qui  renfermerait,  d'a- 
près lui,  le  principe  de  la  découverte  de  Vorganium,  M.  Mowat 
n*avait  pas  encore  songé  à  s^attribuer  la  moindre  part  dans 
celte  découverte.  Ce  n'est  que  deux  ans  plus  tard,  et  précisé- 
ment à  l'époque  où,  dans.  Tiulérêl  de  la  vérité  historique  j'ai 
dû  restituer  le  texte  inexact  qu'il  avait  donné  de  rinscription 
de  la  borne  de  Maêl-Carhaix,  que  la  pensée  lui  est  venue  d'a- 
dresser à  notre  honorable  Président  la  réclamation  dont  je 
crois  vous  avoir  démontré  le  peu  de  fondement.    . 

C^tte  observation  me  servira  de  transition  pour  vous  dire  un 
mol  de  la  question  de  Vorgium,  sur  laquelle  je  me  suis  longue- 
ment étendu  dans  le  mémoire  que  j'ai  publié  dans  le  tome  II 
du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère. 

Le  25  mars  1873,  M.  Mowat  m'écrivait:  «  Maintenant  ce 
«  n'est  plus  tout  d'avoir,  retrouvé  Vorganium  ;  que  faire  de, 
«  Vorgium?  Jusqu'à  plus  ample  informé,  je  suis  d'avis  de  dis- 
«  tinguer  les  deux  localités  et  de  laisser  Vorgium  h  Carhaix. 
«  C'est  l'avis  que  j'ai  ouvert  vis-à-vis  de  MM.  de  Saulcy,  Ber- 
«  trand,  de  Barthélémy,  ainsi  qu'à  MM.  L.  Renier,  et  Desjar- 
«  dins,  je  pense  que  vous  vous  y  rallierez  aussi.  » 

Ce  n'était  là  qu'une  conjecture  dont  M.  Mowat  prenait  date. 
Malheureusement,  dès  l'année  1869,  M.  Desjardins,  dans  sa 
Géographie  de  la  Gaule,  avait  distingué  Vorganium  de  Vorgium, 
et  placé  cette  dernière  station  à  Carhaix.  C'est  sans  aucun 
cloute  à  l'influence  de  celte  idée  préconçue  qu'il  faut  attribuer 
Terreur  commise  par  M.  Mowat  dans  sa  lecture  de  l'inscription 
de  la  borne  milliaire  de  Maël-Carhaix  ;  erreur  que  j'ai  signalée 
dans  le  mémoire  mentionné  plus  haut.  M.  Mowat  avait  lu  dans 


Digitized  by  VjOOQIC 


.    ~  124  - 

la  dernière  ligne  de  cette  ioscriptioa  VORG.  VI.  Il  nous  a  été 
facile  à  nos  confrèies  MM.  Gaubert,  Audran  e(  à  moi  de  consta- 
ter qu'au  lieu  de  VORG  VI,  il  faut  lire  LEVG  VI.  J*ai  découvert 
plus  tard  au  commencement  de  cette  même  ligne  le  mot  VORG 
qui  avait  échappé  à  Tattention  de  M.  Howat,  et  qui  fixe  d'une 
manière  définitive  à  Carhaix  la  station  de  Vorgium. 

Une  réflexion,  Messieurs,  et  je  termine  cette  communication 
déjà  trop  longue. 

Vous  avez  maintenant  sous  les  yeux  les  pièces  du  procès  que 
m'intente  M.  Mowat.  Qu'un  archéologue  adresse  à  un  collègue 
une  épitre  ainsi  conçue  : 

«  Monsieur, 
«  Si  TOUS  voulez  bien  me  le  permettre,  je  viens  m 'adresser  à 
«  votre  obligeance  pour  obtenir  des  renseignements  sur  ua 
«  monument  dont  j'ai  appris  que  vous  aviez  fait  une  étude 
«  particulière.  C'est  avec  la  plus  vive  reconnaissance  que  je 
«  recevrai  toutes  les  informations  que  vous  me  feriez  la  faveur 
c  de  m'accorder  à  ce  sujet.  » 

Neuf  fois  sur  dix,  Tarchéologue  ainsi  interpellé  adressera  les 
renseignements  demandés.  Hais  quMl  se  garde  bien  ensuite 
de  publier  le  résultat  de  ses  recherches.  Son  correspondant 
n'aurait  aucune  peine  à  lui  démontrer  qu'il  ne  peut  lui  en  rêve* 
nir  aucun  mérite,  puisque  le  principe  de  son  travail  était  con- 
tenu  dans  la  demande  de  renseignements  qui  lui  avait  été 
adressée. 

J'ai  fait,  Messieurs,  ce  que  tous  vous  eussiez  fait  à  ma  place 
par  politesse  et  par  bonne  confraternité. 

Vous  jugerez,  Messieurs,  puisque  M.  Mowat  vous  y  convie,  de 
quel  côté  se  trouvent  la  modération  et  la  vérité. 

Après  cette  lecture,  M.  Audran,  vice-président,  pré- 
sente les  observations  suivantes  : 

w  Je  pense,  Messieurs,  que  M.  Mowat  se  trompe  en 
s'aitriboant  le  droit  d'exiger  l'insertion  de  sa  lettre 


Digitized  by  VjOOQIC 


.-ÏJÏJI 


-  «5  — 

dans  notre  Bulletin,  n  pouvait  demander  à  la  Société 
de  reproduire  dans  ce  recueil  les  observationa  sur  la 
borne  de  Maêl-Oarhaix,  mais  il  ne  peut  à  aucun  titre 
exiger  qu'elle  y  insère  sa  réclamation  relative  à  la  dé- 
couverte de  Vorganium,  puisque  le  mémoire  publié 
par  M.  Le  Men,  il  y  a  plus  de  deux  ans,  au  sujet  de 
cette  découverte,  mémoire  analysé  au  Congrès  de 
Quimper  en  1873,  a  reçu  l'approbation  de  M.  Mowat, 
lui-même,  ainsi  qu'il  est  justifié  par  sa  correspon- 
dance, dont  M.  Le  Men  nous  a  donné  lecture.  » 

M.  Le  Men,  tout  en  reconnaissant  parfaitement 
la  justesse  de  l'observation  présentée  par  M.  le  Vice- 
Président,  demande  lui-même  l'insertion  in  extenso  au 
prpcès-verbal  de  la  lettre  de  M.  Mowat,  afin  que  toutes 
les  pièces  du  procès  se  trouvent  réunies. 

M.  Audran  présente  alors  au  vote  de  l'Assemblée 
un  ordre  du  jour  ainsi  conçu  : 

i<  L'Assemblée  après  avoir  pris  connaissance  des 
documents  ci-dessus  relatés,  passe  à  l'ordre  du  jour 
sur  la  réclamation  de  M.  Mowat,  tout  en  autorisant  à 
titre  gracieux  et  sur  la  demande  de  M.  Le  Men,  l'inser- 
tion de  la  réclamation  de  M.  Mowat  au  Bulletin.  » 

Cet  ordre  du  jour  est  voté  à  Vunanimité. 

M.  Bourrassin  demande  la  parole  pour  lire  une 
étude  sur  les  pierres  de  Trégunc,  Lanriec,  Pont-Aven 
et  leurs  origines,  article  dont  il  doit  donner  connais- 
sance au  Congrès  de  Guingamp.  Il  attribue  aux  cou- 
rants de  la  mer  et  à  des  mouvements  géologiques  ou 
à  des  tremblements  de  terre  la  formation  des  dolmens, 
menhirs,  grottes  aux  fées  et  pierres  branlantes  que  Ton 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  126  - 

rencontre  avec  tant  d'autres  pierres  dans  les  commu- 
nes précitées. 

M.  le  Président  remercie  M.  Bourassin  de  son  inté- 
ressante communication. 

M.^Surrault,  inspecteur  de  l'Académie*,  demande  la 
parole  pour  communiquer  à  la  Société  les  premières 
lettres  qu'il  a  reçues  des  instituteurs,  en  réponse  au 
programme  qu'il  leur  avait  transmis.  La  première  a 
été  envoyée  par  M.  MINGAM,  instituteur  à  Plouguin; 

elle  contient  les  renseignements  suivants  : 

» 

Il  existe  à  Plouguin,  uu  aqueduc,  long  de  3  kilomètres.  Il 
part  de  la  fontaine  de  Saintibiliau  (section  B  du  cadastre, 
l'«  feuille,  n^"  7)  et  aboutit  au  manoir  de  Hesnaot,  en  Saint- 
Pabu.  Dans  la  fosse^  maçonnée  en  moellons,  se  trouve  des 
tuyaux  en  argile,  s'embottant  parfaitement.  La  longueur  de 
chaque  tuyaU  est  de  0  m.  38  c.  environ,  et  son  diamètre  inté- 
rieur 0  m.  12  c.  Les  tuyaux  sont  placés  à  une  profondeur  de 
0  m.  50  c.  environ. 

Légende.^  Le  seigneur  de  Mesnaot^  la  terreur  du  Bas-LépOt 
avait  une  flilo  unique,  belle  comme  le  jour.  Le  diable  en  deviot 
amoureux.  Ce  père  barbare  consentit  à  céder  sa  fille  à  Lucifer, 
à  la  condition  que  celui-ci  ferait  venir,  en  une  seule  nuit^  Teaa 
de  la  fontaine  de  Saint-Ibiliau  dans  l'intérieur  du  château  de 
Mesnaot.  Heureusement  pour  la  jeune  fille,  il  ne  put  termioer 
Taqueduc  à  temps,  car  le  lendemain  matin,  au  lever  du  soleil» 
Tcau  de  la  fontaine  n'arrivait  que  dans  la  cour  du  château. 

Un  membre  fait  remarquer  que  la  communication 
de  M.  Mingam  a  déjà  fait  l'objet  d'articles  insérés 
dans  les  journaux  et  que,  par  conséquent,  au  lieu  de 
l'insérer  in  extenso,  comme  elle  vient  d'être  lue,  on 
pourrait  se  borner  à  en  faire  mention  en  renvoyant 
aux  articles  publiés. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  127  - 

Un  autre  membre,  tout  en  reconnaissant  qu'en  effet 
il  y  a  là  un  double  emploi,  pense  qu'il  y  a  lieu  néan- 
moins de  reproduire  la  communication  si  intéressante 
de  M.  Mingam,  et  de  lui  demander  d'envoyer  au  Musée, 
qui  paiera  les  frais,  trois  ou  quatre  tuyaux  bien  con- 
servés. H  émet  le  vœu  que  tous  les  correspondants  de 
la  Société  veuillent  bien  lui  réserver  la  primeur  de 
leurs  communications,  afin  de  lui  permettre,  le  cas 
échéant,  de  déléguer  quelques-uns  de  ses  membres 
poUr  aller  visiter  les  lieux. 

Cette  dernière  motion  est  adoptée,  et  l'Assemblée 
décide  que  désormais  elle  n'insérera  que  les  commu- 
nications inédites. 

Elle  exprime  à  M.  Mingam  tous  ses  remercîments, 
que  M.  lé  Secrétaire  est  prié  de  lui  transmettre,  en 
même  temps  qu'un  Bulletin  de  la  séance  du  mois 
d'août.  , 

M.  Surrault  donne  ensuite  lecture  d'une  seconde 
notice  transmise  par  M.  LAZENNEC,  instituteur  à 
Brasparts.  Elle  contient  les  renseignements  suivants  : 

La  tradition  rapporte  que  les  travaux  de  l'église  paroissiale 
de  Commana,  au  village  de  Quillidiec,  furent  commencés  et 
renouvelés  plusieurs  fois,  et  qu'ils  étaient  défaits,  pendant  la 
nuit,  par  une  main  invisible.  On  eut  alors  Vidée  de  mettre  sur 
un  chariot,  attelé  de  deux  bœufs,  sans  conductepr,  les  instru- 
ments nécessaires  pour  la  construction  de  l'édifice  et  de  bâtir 
Téglise  à  l'endroit  où  ils  s'arrêteraient.  Lorsqu'on  creusa  les 
fondations  à  cet  endroit,  on  trouva,  sous  un  buisson  d*épines, 
une  auge  renfermant  une  Vénus  que  les  habitants  appelèrent 
Sainte  Anna  ;  auge,  en  langue  celtique,  signifie  Coumm  ou 
Laouer  ;  de  là  le  nom  de  Coummana,  ou  auge  d'Anna,  d'où  on 
a  formé  le  nom  de  Commana. 


Digitized  by  VjOOQ IC 


-  1Î8  - 

Dam  des  débris  de  mpDaments  critiques  au  tillage  de  Qullli* 
diec,  OB  mi  un  Meohir  isolé,  et  à  quelques  diitaoce  deex 
grosses  pierres  plates  comme  des  palets.  Oo  dit  que  lorsque 
cette  commune  étai^  habitée,  par  des  géants^  ces  hommes 
jouaient  à  la  galoche  avec  ces  palets  que  ne  traîneraient  certai- 
nement pas  quatre  bons  chevaux  ;  quelques  personnes  disent 
aussi  que  sous  ce  Henhiri  se  trouve  enseveli  un  ancien  chef 
celtique. 

Au  village  du  Hougan  se  trouve  un  dolmen  demi-circulaire. 
On  remarque  sur  la  première  pierre  verlicale  qui  tient  la  table 
un  glaive  bien  dessiné. 

Dans  la  commune  de  La  Fouillée,  sur  la  route  de  cette  loca- 
lité à  Huelgoat,  à  un  demi  kilomètre  du  boui^,  se  trouve  à  dh 
mètres  de  cette  route  un  Menhir  de  trois  mètres  de  hauteur. 

Dans  la  commune  de  Brasparts,  à  deux  kilomètres  du  bourg, 
sur  le  chemin  vicinal  du  Faou,  on  remarque  à  deux  cents 
mètres  de  ce  chemin,  une  niotte  féodale  assez  bien  conservée 
au  village  de  la  Motte  ou  du  Voden. 

On  trouve  aussi  dans  cette  comniune,  l'emplacement  de  deux 
camps  romains,  le  premier  situé  au  village  de  Castel-Dii  ;  le 
second,  au  village  de  Stumenveui  et  appelé  Can  ouKane.  Ces 
camps  sont  situés  sur  l'ancienne  route  de  Saint  Rivoal  à  Saint- 
Gadou,  Sizùn,  Landemeau  par  la  Martyre  ;  un  vieux  chemin 
très  visible  encore,  semble  être  une  voie  romaine  faisant  com* 
muoiquer  ces  derniers  camps  avec  celui  de  Saint-Gadou. 

A  quatre  cents  mètres  du  village  de  Gastel-Dû,.  on  voit  uoe 
vieille  pierre  qui  porte  une  inscription  indéchiffrable  ;  elle  se 
trouve  à  la  jonction  de  la  route  de  Saint-Rivoal  à  celle  de 
Morlaix. 

Cette  notice  intéresse  vivement  l'Assemblée.  Elle 
vote  à  M.  Lazennec  des  remercîments,  qui  lui  seront 
transmis  par  le  Secrétaire,  en  même  temps  que  le 
Bulletin.  Elle  se  félicite  de  voir  que  l'appel  adressé 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  18»  - 

par  M.  rinspecteur  à  ses  subordoimés  commence  à 
porter  ses  fruits,  et,  en  remerciant  M.  Surrault,  elle 
lé  prie  d'^icourager  ses  collaborateurs  dans  la  voie 
féconde  où  ils  sont  entrés. 

M.  le  Président  fait  connaître  qu'il  a  demandé  à 
M.  de  Kerdrel  lautorisation  pour  la  Société,  de  faire 
des  fouilles  dans  un  terrain  qu'il  possède  près  de  Car- 
baix.  n  ne  doute  pas  que  M.  de  Kerdrel  n'accorde  cette 
autorisation. 

M.  Le  Men  donne  lecture  d'un  compte-rendu  de  la 
fouiUe^du  tumulus  [de  Pleyben. 

FOUILLES  D'UN  TUxMULUS 

PBÈS    DU    BOURG    DB    PiiBYBBlf    (FHaSTJtBB  )• 


A  cinq  cents  mètres  envirSo  au  nord-est  du  bourg  de  Pley- 
ben et  non  loin  de  la  route  de  Brasparts,  existe  un  tumulus  de 
grandes  dimensions^Nqui  n'a  pas  encore  été  signalé  à  Taltention 
des  archéologues.  Ce  monument  dont  le  diamètre  est  de  41 
mètres  du  nord  au  sud,  et  de  52  mètres  de  l'est  à  l'ouest,  me- 
sure en  hauteur  deux  mètres  cinquante  centimètres  à  m  partie 
centrale.^  Il  est  situé  à  300  mètres  à  Test  d'une  fontaine,  dans 
un  champ  qui  figure  au  plan  cadastral  de  la  commune  de  Pley- 
befi  sQus  le  n^  139,  section  G,  et  qui  porte  le  nom  de  Parc-ar^ 
Vouden  ^cbamp  de  la  Hotte).  On  sait  que  ce  nom  sert  iré^ 
quemment  à  désigner  les  pièces  de  terres  où  se  trouve  une 
motte  féodale  tau  un  tumulus,  monuments  entre  lesquels  les 
habitants  de  la  campagne  établissent  rarement  une  différence. 

Il  y  a  quelques  mois  UM.  Piraux»  commis  principal  des 
contributions^  indirectes  à  Pleyben,  et  Duvàl,  surnuméraire  de 
renregkiremeDt,  qui  était  alors  en  intérim  daos  cette  localité 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  130  - 

eurent  l'idée  de  fouiller  ce  tumulus  doot  la  régularité  semblait 
exclure  la  probabilité  de  fouilles  anciennes.  Cette  nouvelle  se 
répandit  rapidement  dans  le  bourg,  et  toute  la  population  se 
porta  sur  les  lieux  pour  assister  à  la  découverte  de  la  barrique 
d'argent.  Car  vous  savez,  Messieurs,  que  dans  notre  pays  lors- 
qu'on fouille  un  monument,  c'est  pour  y  chercher  une  barrique 
d'argent  quand  ce  n'est  pas  une  barrique  d'or.  Aussi  pendant 
les  premiers  jours  les  travailleurs  de  bonne  volonté  ne  firent 
pas  défaut,  et  les  promoteurs  de  la  fouille  n'eurent  à  leur  re- 
procher qu'un  excès  de  zèle.  Mais  découragés  en  voyant  qu'au 
lieu  d'un  trésor  ils  ne  trouvaient  que  des  pierres  et  du  charbon, 
ils  abandonnèrent  bientôt  leur  travail. 

MM.  Pîraux  et  Duval  prirent  alors  quelques  ouvriers  pour 
continuer  l'exploration  commencée.  Malheureusement  les  nom- 
breuses occupations  de  ces  messieurs  ne  leur  permirejit  de  se 
trouver  sur  les  lieux  qu'à  de  rares  interval)cs.  Il  en  résulta  que 
les  fouilles  ne  purent  pas  recevoir  une  direction  méthodique» 
et  qu'elles_,demeurèrent  incomplètes,  malgré  le  bon  vouloir  de 
iceux  qui  les  avaient  entreprises.  • 

Ces  recherches  n'ont  pas  cependant  été  sans  profit  pour  la 
science  ;  outre  qu'elles  ont  produit  un  certain  nombre  d'objets 
dont  vous  trouverez  plus  loin  la  description,  elles  ont  permi' 
à  MM,  Piraux  et  Duval  de  reconnaître  le  mode  de  construction 
de  ce  tumulus.  Voici  à  ce  sujet  les  renseignements  que  je  tiens 
de  leur  obligeance. 

La  couche  extérieure  du  monument  était  formée  de  terre  sur 
une  épaisseur  d'un  mètre  environ.  Au-dessous  de  èette  enve- 
loppe se  trouvaient  trois  couches  de  pierres  de  moyennes  di- 
mensions, sépnréès  l'une  de  l'autre  par  des  couches  de  terre 
épaisses  de  50  centimètres. 

Une  grande  quantité  de  cendres  et  de  charbons  était  répan- 
due dans  toute  la  masse  du  tumulus  ;  quelques  fragments  d  un 
ou  de  plusieurs  vases  en  terre  d'un  brun  rougeâtre,  assez  fine* 
un  peu  octueuse,   renfermant  des  paillettes  de  mica,  niais 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  131  ~ 

exempte  de  graviers  étaient  dissémiDées  ça  et  là  à  Tintérieur 
du  monument. 

Des  trois  couches  de  pierres  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  on  a 
extrait  les  objets  suivants  que  j'ai  l'honneur  de  placer  sous  vos 
yeux. 

1.  Un  bloc  de  quartz  cristallisé  dans  plusiears  de  ses  parties, 
long  de  0  m.  45,  large  de  0  m.  25,  et  épais  de  0  m.  23,  repré- 
sentant la  moitié  d*iin  mortrer  dont  la  cuvette  avait  une  pro- 
fondeur de  10  centimètres,  et  un  diamètre  de  0  m.  30. 

2.  Une  meule  plate  â  moudre  le  gcain,  aussi  en  quartz,  lon- 
gue de  0  m.  55,  large  et  épaisse  de  0  m.  20. 

3.  Une  autre  meule  plate,  aussi  en  quarlz,  longueur  0  m.42, 
largeur  0  m.  30,  épaisseur  0  m.  15. 

4.  Une  troisième  meule  en  granit  quarlzeux,  de  la  forme  des 
précédentes.  La  partie  antérieure  est  cassée  ;  elle  mesure  0  m.30 
en  longueur  et  en  largeur,  sur  une  épaisseur  moyenne  de 
0  m.  05. 

Ces  sortes  de  meules  sur  lesquelles  on  broyait  le  grain  au 
moyen  d'une  pierre  arrondie  appelée  molette ,  ne  sont  pas 
rares  dans  le  Finistère  ;  mais  c'est  la  première  fois  que  j'ai 
occasion  de  voir  des  instruments  de  cette  espèce  formés  de 
blocs  de  quartz  pur. 

5.  Deux  fragments  de  molettes  en  granit  quartzeux.     ^ 

6.  Trois  pierres  à  aiguiser. 

7.  Un  casse-tête  formé  d'une  pierre  schisteuse  non  travail- 
lée, terminée  d'un  bout  par  un  tranchant  mousse,  et  présentant 
sur  une  de  ses  faces  une  profonde  cavité  artificielle  où  se 
plaçait  le  pouce.  Cette  arme  ne  peut  être  empoignée  que  par 
une  main  d'assez  grande  dimension. 

8.  Deux  autres  pierres  brutes  ayant  sur  leurs  faces  des  dé- 
pressions naturelles  ou  artificielles,  et  qui  ont  pu  servir  au 
même  usage  que  la  précédente. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  132  — 

9.  Une  pierre  de  forme  trapézoïdale  que  l'on  a  commeQcé 
de  creuser  pour  en  faire  un  mortier  ou  un  autre  rase.  Lon- 
gueur 0  m.  23,  largeur  0  m.  15,  épaisseur  0  m.  09. 

10.  Deux  pierres  schisteuses  (l/informes«  dont  l'une  mesure 
0  m.  35,  sur  0  m.  20,  qui  présentent  dans  leur  partie  médiane 
un  étranglement  artificiel  destiné,  sans  aucun  doute,  à  les  as- 
sujettir à  une  corde.  Elles  servaient  peut-être  de  poids  pour 
les  filets  ;  la  plus  lourde  de  ces  pierres  pèse 

11.  Des  fragments  de  poterie  et  de  charbon  disséminés  dans 
le  tumulus. 

Aucun  objet  en  métal  n'a  été  trouvé  dans  le  tumulus.  II  est 
possible  que  si  la  fouille  avait  été  complète,  on  eut  rencontré 
une  urne  vers  la  partie  centrale  du  monument,  et  peut-être 
au-dessous  du  sol  ambiant.  Cette  particularité  s'est  présentée 
tout  récemment  dans  les  fouilles  que  notre  confrère,  M.  Charles 
deTrogoff,  a  faites  dans  un  tumulus  qui  existe  sur  sa  pro- 
priété de  Coatàlio,  en  la  commune  de  Fouesnant,  et  dont  la 
diamètre  est  d*environ  20mètre&  et  la  hauteur  3  mètres.  lia 
découvert  au  centre  de  ce  monument  et  à  1  mètre  au-dessous 
du  sol  naturel,  une  urne  en  terre,  munie  de  deux  anses,  qui 
ne  contenait  pas  de  cendres,  et  qui  n'était  protégée  par  au- 
cune enveloppe  de  pierres.  Cette  urne,  qui  a  été  malheureuse- 
ment brisée  d'un  coup  de  pioche,  et  que  M.  de  TrogofT  a  bien 
voulu  offrir  au  Musée  d*Archéologie,  appartient  par  sa  forme  et 
par  son  ornementation  qui  consiste  en  chevrons  et  en  lignes 
obliques  tracées  à  la  pointe  ,  h  la  catégorie  des  vases  que  Toa 
rencontre  ordinairement  accompagnés  d'armes  ou  d'instruments 
en  bronze. 

MM.  Piraux,  Duval  et  Le  Corre,  propriétaires  du  champ  oii 
se  trouve  le  tumulus  de  Pleyben,  ont  fait  don  à  notre  Musée  de 
tous  les  objets  qui  ont  été  trouvés  dans  ce  monument.  La 
Société  Archéologique  du  Finistère  ne  peut  manquer  de  se 

(1)  Ee  schiste  est  à  peu  près  la  seule  pierre  des  environs  de  Pleybw. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—    «3  — 

montrer  reconnaissante  envers  les  donateurs  de  ces  curieuses 
antiquités  que  les  archéologues  examineront  avec  un  véritable 
intérêt. 

Après  la  lecture  de  ce  compte-rendu  l'assemblée 
exprime  ses  remercîments  à  ces  Messieurs  et  prie  M.  Le 
Men  de  leur  faire  parvenir  un  exemplaire  du  Bulletin 
qui  contiendra  le  rapport  sur  les  fouilles  du  tumulus 
de  Pleyben. 

M.  Audran,  vice-président,  a  la  parole  pour  la  lec- 
ture de  sa  notice  sur  les  Dominicains  de  Quimperlé. 

LES  DOMINICAINS   DE   QUIMPERLÉ. 


Le  couvent  des  Dominicains  ou  Jacobins  de  Quimperlé,  fut 
fondé  vers  le  milieu  du  XIIl*  siècle ,  par  Branche,  fille  de  Thi- 
baut, comte  de  Champagne  et  de  Brie ,  femme  de  Jean  !«'  dit 
Le  Roux,  duc  de  Bretagne. 

Voici  en  quels  termes  Dom  Lobineau  rapporte  cette  fon- 
dation r 

€  Ce  n'était  pas  assez  pour  la  piété  de  la  duchesçe  d'avoir 
«  contribué  avec  le  duc  son  mari  à  la  fondation  de  Prières  (1), 
€  elle  fit  deux  fondations  en  son  propre  nom.  La  première  fut 
«  de  Tabbaye  de  la  Joye  ,  auprès  de  Hennebont^  pour  les  reli- 
«  gieuses  de  Tordre  de  Cisteaux,  où  elle  mit  pour  première 
c  abbesse  Sibille  de  Beaugency,  sa  nièce,  auparavant  religieuse 
«  de  Saint- Antoine,  près  Paris.  La  seconde  fondation  fut  pour 
«  les  religieux  de  Saint-Dominique  ,  auxquels  elle  fit  bastir  un 
«  couvent  auprès  de  Kemperlé ,  que  l'on  appelle  Abbaîe  Blan- 
«  ehe,  autant  par  rapport  au  nom  de  la  fondatrice  que  par 
«  opposition  à  Tabbaïe  de  Sainte-Croix  qui  est  habitée  par  des 


(1)  Abbaye  de  Notre-Dame  des  Prières  ,  paroisse  de  BiUiers»  évéohé 
de  vanneg.  (Abhatia  Beatœ  Marim  de  Frecibuié) 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  134  - 

«  moines  Doirs;  mais  on  ne  sait  au  juste  en  quelle  année  ces 
«  deux  fondations  se  firent.  Sibille  de  Beaugency  vivait  encore . 
«  en  1282,  et  le  plus  ancien  tilre  que  l'on  ait  pu  voir  est  de 
«  Tan  1273  ;  d*où  le  lecteur  pourra  Jirer  telles  conjectures 
«  qu'il  plaira  (1).  » 

La  duchesse  Blanche  mourut  au  mois  d*août  1283,  dans  un 
château  près  de  Tétang  de  Ploëroi  ?  et  fut  enterrée  le  jour  sui- 
vant en  l'abbaye  de  la  Joye  (2). 

Voici  son  épitaphe  :  «  Gy  gist  haulte  et  puisbante  dame 
«  Blanche  de  Navarre  femme  de  Jehan  premier  duc  de  Bre- 
«  tagne  qui  fonda  cette  abbaïe  eni'an  MGGLX  et  y  fut  inhumée 
«  dans  l'habit  de  l'ordre  Tan  MCGLXXXIV.  » 

Deux  années  plus  lard,  le  duc  Jean,  après  avoir  gouverné  le 
duehé  pendant  49  ans,  suivait  la  duchesse  dans  la  tombe  (3). 

Le  duc  et  la  duchesse  de  Bretagne  durent  faire  en  faveur 
du  couvent  fondé  par  eux  et  dans  lequel,  selon  la  tradition,  le 
duc  Jean  après  avoir  fait  le  voyage  de  Rome,  où  il  avait 
obtenu  la  main-levée  de  son  excommunication,  et  la  du- 
chesse, sa  femme ,  attirés  par  le  bon  exemple  des  religieux,  y 
résidèrent  plusieurs  années,  et  y  firent  des  donations  importan- 
tes, dont  le  texte  n'est  pas  parvenu  jusqu'à  nous,  et  que  nous 
ne  connaissons  que  par  les  lettres  patentes  de  leurs  successeurs. 

La  tradition  porte  la  fondation  de  l'abbaye  blanche  à  1254 
et  cette  date  est  celle  généralement  adoptée.  Néanmoins,  le 
P.  Yves  Pinsart,  prieur  du  couvent  en  1635,  et  qui  a  laissé  sur 

(t)  Dom  Lobmeau,  Histoire  de  Bretagne,  livre  viii,  page  255. 
(2)  Dom  Lobineau,  page  276. 

In  vigilia  AssumptioDis  .  sepulta  est  Blanca  ducissa  '  Britaniœ  apud 
Henoeboot  (Chronieon  Britanieum,) 

MGCLXXXIII.   Pridie   idus  Augusti  obiit    domina  Blancha   ducissa 
Britaniœ,  tumuiata  fuit  apud  Henbont ,  die  jovis  ante  Assumptionem, 
6.  M.  y.  Veneruut  primo  fratres  minores  ad  villam  de  Guiugamp. 
(Dom  Lob.,  Preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne,  page  362.) 

(8)  MCCLXXXVI.  Idibus  octobris  obiit  Joannes  comes  Britaîniae  fan- 
dator  abbai»  de  Precibus,  et  fuit  terrœ  motus  magnus.  Et  ei  succegait 
J^annea  fiiius  ejus. 


Digitizedby  Google    '  \ 


r-    135    -- 

la  communauté  une  notice  malheureusement  trop  courte,  et  à 
laquelle  je  ferai  de  nombreux  emprunts  ,  rapporte  que  dans 
Téglise  du  couvent  et  au-dessus  de  la  porte  de  la  sacristie  on 
lisait  de  son  temps  : 

«  Sumptibus  ista  suis  posuit  Navarea  Blancha 

a  Claustra,  uxor  Jani  principis  Armoricae.  1256. 

«  Inde  domos  nostras  dixere  abbatia  Blancha  (1)  ; 

«  Partheniam  Hepbont  fecit,  ibi  que  jacet.  1384. 

«  AtquePrecum  (2)  Janus  conjux,  quascbndidit  amplis 

«  ^dibus,  et  sacro  clauditur  ipso  loco.  1286. 

«  Dissociata  jacent  lumulis  nunc  membra  duobus, 

«  Gœli  sed  mentes  continet  una  quies.  » 

Rien  déplus  obscur  que  Thistoire,  des  premières  années  du 
monastère  fondé  par  la  duchesse  Blanche.  Tandis  que  les 
grandes  abbayes  de  Bretagne  jalouses  de  conserver  intactes  les 
privilèges  qu'elles  tenaient  des  fondateurs,  et  aussi  de  maintenir 
leurs  droits  sur  les  propriétés  données,  veillaient  soigneusement 
à  la  conservation  de  leurs  archives,  le  couvent  de  Quimperlé 
suivaui  la  règle  de  Saint-Dominique  et  classé  au  nombre  des 
ordres  mendiants,  ne  pouvant  dès  lors  posséder  aucune  terre, 
n'attachait  aucune  importance  à  la  conservation  de.  ces  pré- 
cieux actes  et  les  noms  des  premiers  prieurs  nous  sont  inconnus. 

D'autres  circonstances,  dont  j'aurai  par  la  suite  à  vous  en- 
tretenir, eurent  pour  conséquence  fâcheuse  d'amener  la  perte 
totale  et  irrémédiable  des  archives. 

Quoi  qu'il  en  soit  la  donation  de  la  duchesse  Blanche,  devait 
comprendre,  outre  l'enclos  du  couvert  (tel  qu'il  existe  en- 
core aujourd'hui)  autrefois  château  ducal  de  Carnoët,  le  ter- 
rain au  nord  jusqu'à  la  rivière  Elle,  c'est-à-dire  l'espace  àur 


(1)  L'abbaye  de*La  Joie. 

(2)  L'abbaye  de  Prières. 


'  Digitizedby  VjOOQIC 


—  186  ~ 

lequel  fut  plus  tard  bâti  le  quartier  du   Bourgneuf  depuis  le 
couvent  jusqu*aa  pont  Saint-Dominique. 

1^.  Une  renie  de  cent  livres  à  prélever  sur  les  revenus  de  la 
chatellenie  de  Quimperlé. 

2o.  Les  bois  de  chauffage  à  prendre  dans  la  forôt  de  Car- 
noët. 

Z\  L'exemption  de  certains  droits  d*octroi; 

Les  avantages  résultant  de  cette  donation  furent  paraît  il 
contestés  à  diverses  époques,  puisqu'ils  sont  confirmés  par 
plusieurs  lettres  patentes  aujourd'hui  conservées  dans  les  ar- 
chives du  Finistère,  et  que  notre  conftrère  M.  Le  Hen  a  bien 
voulu  me  communiquer.  Je  les  analyserai  très  succintemeot. 

V.  Du  33  janvier  1384  :  Lettres  patentes  par  lesquelles  le  duc 
Jean  IV^  dit  le  Conquérant,  mu  par  des  sentiments  pieux,  et  en 
considération  de  la  grande  affection  que  feu  son  seigneur  et 
père  avait  pour  les  religieux  de  Qulmperlé,  leur  donne  et  trans- 
porte 100  livres  de  rente  payables  aux  fêtes  de  la  Purificaliofl 
de  N.  D.  et  de  Saint  Jean -Baptiste,  sur  les  profits  et  reveoas 
de  sa  ville  de  Quimperlé  et  chatellenie  de  Garnoêt,  à  la  cbars^ 
aux  religieux  de  dire  et  célébrer  dans  leur  couvent  une  messe 
chaque  jour,  en  priant  Dieu  pour  le  donateur  et  Tâme  de  ses 
prédécesseurs  et  successeurs,  et  outre  plusieurs  services. 

2<>.  Du  4  février  1433  :  Lettres  du  duc  Jean  IV  à  son  bien  aimé 
et  féal  écuyer  Jean  Droniou,  trésorier  etreceveurgéuéralfpour 
le  paiement  de  cette  rente. 

3^  Du  25  novembre  1432,  lettres  du  même  duc  qui  accor- 
dent aux  religieux,  40  livres  de  rente  sur  les  revenus  delà 
ville  de  Quimperlé. payables  à  la  fête  de  Sainte-CatherinC}  pour 
la  foiidation  de  cinq  messes  par  semaine. 

4».  Du  25  février  1442  :  Lettres  du  duc  François  I**  qui  con- 
firment et  approuvent  les  précédentes. 

Après  la  réunion  de  la  Bretagne  à  la  France  ces  droits  furent 
encore  reconnus  par  les  lettres  de  Louis  XIII  (lS29jiLouis  0 
(1648}etLouisXV(1717). 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  137  — 

Les  Dominicains  jouissaient  encore  du  droit  de  faire. entrer  en 
franchise  les  vins  nécessaires  à  leur  consoimnalion.  Us  préten- 
daient en  outre  à  la  moitié  du  devoir  d'impôts  et  billots  sur  le 
vin  débité  pendant  la  tenue  et  le  cours  de  la  foire  du  Bourg- 
Neuf;  mais  bien  que  ce  droit  fut  confirmé  par  plusieurs  lettres- 
patentes  ei  arrêts  du  conseil  privé,  ils  n'en  profilaient  plus  au 
dernier  siècle  ;  car  en  juin  1782.  et  par  la  barque  du  sieur 
Scanvic  ,  les  dominicains  reçurent  pour  leur  provision  douze 
barriques  de  vin  et  une  d'eau-de-vie.  Us  refusèrent  de  payer  le 
droit  sur  ces  boissous  débarquées  à  leur  cale,  mais  le  sieur 
Scanvic,  qui  en  était  responsable,  Tacquitta  et  assigna  les  reli- 
gieux en  remboursement  ;  le  siège  de  Quimperlé  donna  tort 
aux  dominicains  qui  désintéressèrent  le  sieiir  Scanvic. 

Les  dominicains  jouissaient  aussi  d'une  foire  (t)  reconnue 
dans  les  termes  suivants  par  le  duc  Jean  V,  suivant  lettres- 
patentes  données  à  Vennes,  le  12  avril  H34  : 

«  Le  duc  crée  en  faveur  de  ses  chapelains  et  orateurs,  les 
«  frères  prêcheurs  de  Quimperlé,  une  foire  franche  et  exempte 
«  de  tous  péages  coutumes  et  droits  de  foire  (fors  Fimpôt  et 
«  billot  du  vin  débité)  ;  la  dite  foire  a  être  tenue  au  devant 
«  de  l'hôtel  des  dits  frères  h^  jour  de  Monsieur  Saint-Grégoire, 
«  et  permet  à  ses  amés  les  dominicains,  la  perception  des 
«  péages  et  coutumes.  » 

Indépendamment  des  droits  de  place,  les  religieux  furent  par 
la  suite  autorisés  à  percevoir  la  moitié  des  droits  de  débit  sur 
le  vin. 

J'ai  dit  plus  haut  que  la  donation  du  duc  Jean  I"  devait 
comprendre  le  terrain  au  nord^u  couvent,  et  jusqu'à  la  rivière 
Elle  ;  les  dominicains  durent  dès  le  principe  s'occuper  des 
moyens  de  tirer  parti  de  co  terrain  sur  lequel  s'élève  aujour- 
d'hui le  quartier  du  Bourg-Neuf. 


(1)  Getle  foire  qui  se  tenait  d'abord  le  13  mars,  jour  de  la  Saint- 
Grégoire,  fut  plus  taidjCt  parce  qu'elle  était  trop  rapprochée  de  la  Foire 
des  Vieilles,  reportée  au  jour  de  la  Saint-Jacques ,  c'est-à-dire  le  25 
juillet  ;  ell^  existe  toujours  sous  le  nom  dtj  Foire  du  Bdurg^Neuf, 

10 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  138  - 

Pour  cela  une  chose  était  essenlielle^  une  communication 
facile  avec  la  ville  de  Quimperlé;  ils  demandèrent  donc  et' 
obtinrent  du  duc  Jean  \,  l'autorisation  de  faire  édifier  un  pont 
(2ôaoût  1381). 

Les  religieux  nous  appi^ennent,  par  une  supplique  adressée  à 
Louis  XIII,  en  1636,  «  qu'ils  ne  purent  alors  construire  ce 
«  pont  à  raison  de  la  pauvreté  de  leur  couvent,  du  malheur 
a  des  guerres,  de  la  ruine  de  leur  maison  qui  fut  abandonnée 
«  pendant  longtemps,  et  qui  le  serait  encore  si  leurs  supérieurs 
.«  ne  leur  avaient  enjoint  de  s'y  établir.  »  Mais  la  position  de  la 
communauté  s'étant améliorée,  ils  sollicitèrent  du  roi  lera/rat- 
chissement  des  Içtlres  ducales  de  1381. 

Le  pont  construit  par  les  dominicains  en  vertu  des  lettres- 
patentes  de  1636.  fut  terminé  en  1643  ;  mais  alors  commença 
pour  eux  une  série  de  procès. 

Le  premier,  avec  les  bénédictins,  fut  terminé  par  une  recon- 
naissance aux  termes  de  laquelle  a  les  jacobins  consentent  que 
«  les  fermiers  des  bénédictins  lèvent  à  jamais  les  devoirs  de 
«  sel  et  autres  denrées,  qui  sortent  de  Quimperlé  par  le  nou- 
«  veau  pont,  de  même  façon  qu'ils  sont  fondés  à  les  lever  au 
«  pont  de  Terre  de  Vannes,  sans  que  pour  cela  les  bénédictins 
«  puissent  prétendre  autres  droits  sur  le  dit  pont  de  Saint- 
«  Dominique.  » 

Autre  procès  de  1681  à  16d0  : 

L'abbé  Charrier  (1)  sous  prétexte  de  bâtir  une  maison  abba- 
tiale (aujourd'hui  hôtel  du  Lion -d'Or),  et  d'accroître  son  jardin, 
fit  abattre  le  mur  de  clôture  pour  y  comprendre  le  terrain  libre 
entre  son.  enclos  et  le  pont,  et  qui  servait  de  lit  à  la  rivière 
Elle.  U  fit  aussi  élever  en  cet  endroit  une  muraille  avancée  de 
10  à  12  pieds  dans  la  rivière,  de  telle  sorte  qu'il  en  rétrécit  le 
lit  et  boucha  une  des  arches  du  pont,  ce  qui  en  diminua  la 
solidité  (2). 


(1)  De  Tabbaye  Sainte-Croix  de  Quimperlé. 
2}  Le  pont  construit  par  les  dominicains  et  sur  lequel  se  voyait  jus« 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  139  - 

Les  dominicains  obligés  par  les  lettres-patentes  de  1636  aux 
travaux  d'entretien  du  pont,  et  craignant  de  le  voir  crouler, 
firent  sommation  aux  juges  royaux  de  Quimperlé  de  descendre 
sur  les  lieux  pour  en  conistater  Tétat.  Mais  le  crédit  de  l'abbé 
Charrier  i  soutenu  par  M.  le  duc  de  Gbaulnes,  était  si  grand 
qu'ils  ne  purent  l'obtenir,  et  malgré  un  arrêt  du  parlement  du 
29  avril  1683,  qui  ordonne  aux  juges  de  dresser  le  procès- 
verbal  demandé  par  les  jacobins  et  de  leur  rendre  bonne  et 
briève  justice^  il  leur  falhit  s'adresser  au  conseil  privé  du  roi, 
lequel  tout  considéré,  ordonna  que  Tabbé  Charrier  serait  assi- 
gné au  conseil  pour  parties  ouies  être  fait  droit  ainsi  qu*il 
appartiendra. 

Trois  ans  plus  lard  (1686),  le  procureur  du  roi  fait  somma- 
tion aux  jacobins  de   procéder   aux  réparations  du  pont;  ces 
derniers  refusent  tant  que  leur  instance  avec  les  Bénédictins 
n'est  pas  réglée.  Le  maréchal  d'Estrées  ordonne  alors  aux  juges 
de  Quimperlé  de  faire  faire  les  réparations  au  compte  des  jaco- 
bins. Nouveau  refus.  Enfin  le  Duc  de  Mazarin  les  engage  à 
réparer  le  pont,  ou  à  le  céder  aux  Bénédictins,  et  un  projet 
d'arrangement  est  rédige.  L'abbé  de  Saint-Croix  et  ses  succes- 
seurs s*obligeaient  aux  réparations  du  pont  qui  leur  était  cédé, 
et  remboursaient  aux  jacobins   les  frais   occasionnés  par  le 
procès,  mais  cet  arrangement  ne  fut  pas  accepté  par  l'abbé 
Charrier,  et  ce  ne  fut  que  81  ans  après  (1767),  que  le  procès 
fut  terminé,  par  la  cession  du  pont  à  la  ville  de  Quimperlé. 

Le  couvent  de  Quimperlé,  pas  plus  que  les  autres  qui  sui- 
vaient la  règle  de  Saint-Dominique,  ne  put  se  garantir  du  re- 
lâchement ;  peu  à  peu  les  religieux  s'éloignèrent  de  l'obser- 
vance régulière,  et  les  généraux  de  Tordre  durent  employer 
{Cur  autorité  pour  la  rétablir. 

Le  père  Mathurin  Ori,   natif  de  Dinan,  fut  chargé  de  la  ré- 

qu'ea  d790,  une  croix  en  pierres  portant  d*ua  côté  Je$ui  Maria  Domi- 
nicuiyei  de  l'autre,  les  armes  deâ  frères  prêcheurs  avec  la  date  1640 
a  été  démoli  en  1842. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  140  - 

forme,  en  ce  qui  concerne  le  couvent  de  Quimperlél  Mais  cette 
réforme  n'étant  pas  du  goût  des  religieux  qui  pour  s'y  sous- 
traire ne  trouvèrent  d'autre  moyen  que  de  déserter  le  couvent 
en  emportant  tout  ce  qu'il  y  avait  de  précieux. 

Un  des  titres  les  plus  curieux  à  examiner  dans  les  archives- 
du  couvent,  est  un  procès-verbal  rapporté  par  Jacques-  Louis 
Paris,  chevalier  seigneur  de  la  Haye,  conseiller  du  Roy  en  ses 
conseils,  juge  ordinaire  et  lieutenant  civil  à  Nantes,  à  la  re- 
quête du  révérend  père  Richard  Guillouzou.  prieur  du  couvent 
des  pères  jacobins  de  Quiraperlé,  et  qui  constate  l'étal  des 
«  livres  et  hardes  »  adressés  à'  honorable  homme  André  Vazé, 
sieur  de  la  Boullière,  marchand  à  Nantes,  par  des  anciens  re- 
ligieux de  Quimperlé  non  réformés  (1656-1657). 

Le  sieur  Vazé  déclare  qu'il  y  a  environ  un  an,  un  maître  de 
barque  breton  du  Morbihan,  duquel  il  ne  sait  pas  le  nom,  a 
déchargé  en  son  magasin  de  la  Boultière  près  les  Coriels,  le 
nombre  de  dix  barriques,  un  coffre  (en  forme)  de  bahut  et  un 
ballot  couvert  de  toile,  le  tout  adressé  à  Nantes  de  la  part  da 
père  prieur  de  Quimperlé  alors  en  fonctions.  Peu  de  temps 
après,  le  père  Davoyne,  prieur  du  dit  couvent,  l'aurait  prié  de 
chercher  une  place  dans  une  barque  pour  renvoyer  les  dits 
objets  à  Quimperlé,  et  depuis  le  père  Davoyne  lui  aurai  dit 
avoir  reçu  du  père  provincial,  une  lettre  par  laquelle  il  lui 
mandait  de  ne  pas  renvoyer  les  dits  objets  à  Quimperlé,  parce 
qu'il  espérait  bonne  issue  de  son  procès. 

Et  après  ouverture  des  dits  bahut  et  barriques,  il  se  trouva 
que  le  bahut  était  plein  de  hardes  et  ornements  d'église. 

Et  premier  :  «  Un  chasuble  de  drap  d'or  gasté  de  pourriture  ; 

«  un  autre  de  velours  Touge  aussi  gasté  ;  un  autre  de   satin  * 

a  rouge  gasté  et  pourri  (suit  une  longue  énuméralion  d'orne-  jj 

ments  tous  pourris  et  gastés).  »  i  ■ 

«  Lesquelles  barriques  pleines  de  livres  gastés  et  pourris 
«  transportés  en  une  chambre  haute  au  dessus  de  la  boulange- 
«  rie  du  jardin  des  jacobins  de  Nantes,  pour  les  faire  sécher  et 


Digitized  by  VjOOQIC 


.H. 


—  141  — 

«  racommoder,  ont  été  estimés  par  un  libraire  et  imprimeur 
a  de  Nantes,  pour  la  perle  et  le  dépérissement,  à  la  somme 
«  de  570  livres  et  5  sols.  » 

Le  coffre  contenait  tous  les  titres  de  la  communauté  ren- 
fermés dans  dix-sept  sacs,  et  eux  aussi  avaient  souffert  de 
l'humidité  et  du  séjour  trop  prolongé  dans  les  magasins  du 
sieur  Vaze.  # 

Pour  obéir  aux  lettres  patentes, du  roi ,  en  date  du  8  juillet 
1681,  les  dominicains  lui  fournirent  une  déclaration  de  leurs 
biens,  dans  laquelle  ils  comprirent  outre  le  couvent  et  ses  dé- 
pendances : 

Une  maison  et  son  jardin,  au  Bourg-Neuf  ; 

Une  tenue  à  Brorimon,  eu  Moëlan  ; 

Une  rente  sur  Kergourlaouen  ou  Coz-Periguy,  en  Lothéa  ; 

Une  prairie  aux  aulnes  de  Carnoët  ; 

La  banalité  du  four  du  Bourg-Neuf: 

Le  droit  de  foire  franche  ; 

Le  droit  de  chauffage  dans  la  forêt  de  Carnoët. 

Il  leur  fut  répondu  par  le  commissaire  réformateur  : 

A  regard  de  la  maison  du  Bourg-Neuf,  de  la  rente  de 
Kergourlaouen  et  du  pré  de  Carnoët,  les  religieux  doivent  en 
vider  les  mains,  parce  qu'ils  ne  peuvent  acquérir  ni  accroître 
les  héritages  pour  les  amortir. 

A  l'égard  delà  banalité  du  four,  elle  leur  est  contestée,  parce 
que  le  seigneur  du  fief  peut  seul  avoir  ce  droit,  et  qu'ils  doi- 
vent prouver  d'où  et  comment  il  leur  est  venu. 

A  l'égard  de  la  foire  franche  :  parce  que  les  lettres  patentes 
ne  prouvent  pas  qu'elle  soit  franche ,  et  qu'au  contraire  elles 
engagent  les  acheteurs  et  vendeurs  à  payer  les  péages^  droits 
et  coutumes  qui  se  lèvent  dans  les  autres  Joires  de  Quimperlé 
au  profit  du  domaine. 

Et  sur  cette  réclamation,  il  intervint  une  décision,  aux 
termes  de  laquelle,  il  est  permis  aux  religieux  de  jouir  du  pra 


DigitizedbyVjOOQlC 


—  «42  — 

et  de  la  propriété  de  Kergourlaouen  ;  cette  décision  fut  atta- 
quée de?ant  le  siège  royal  de  Quimperlé,  qui  par  sentence  con- 
tradictoire : 

Permet  aux  religieux  de  jouir  du  four  a  ban  ; 
Les  déboute  de  la  Rabine  du  Bourg-Neuf  ; 
Les  déboute  également  du  pré  de  Camoët  ;  mais  leur  permet 
d'en  jouir  à  titre  de  convenant  ; 

Les  déboute  de  la  propriété  de  Kergourlaouen  (dont  le  fonds 
appartient  au  roi),  sauf  à  eux  à  se  pourvoir  vers  les  détenteurs, 
poi|r  le  paiement  de  la  rente  qui  leur  appartient. 

Ce  procès  n'est  pas  le  seul  gue  les  dominicains  eurent  à 
soutenir.  Débarrassés  du  domaine,  ils  furent  inquiétés  par  la 
ville  de  Quimperlé. 

La  communauté  de  ville  avait  fait  construire  antérieurement 
à  1662,  un  talus  sur  la  grève  afin  de  rendre*  la  rivière  plus 
navigable  et  Tavait  joint  par  tolérance  à  la  muraille  de  l'enclos 
.  du  couvent  ;  les  religieux  se  croyant  incommodés  par  ce  talus, 
construisit enl  un  mur  pour  empêcher  le  passage  dans  leur 
enclos  ;  le  sieur  de  Keramcz,  voisin  des  dominicains,  se  pré- 
tendant aussi  gêné  par  ce  mur  qui  lui  interceptait  la  vue  de 
le  rivière,  essaya,  mais  en  vain,  de  le  faire  abattre. 

L'espace  laissé  libre  entre  le  talus  ,  le  long  de  la  rivière,  et 
le  mur  de  clôture^  servit  alors  a.u  dépôt  du  lest  des  navires 
qui  montaient  à  Quimperlé,  et  ne  tarda  pas  à  se  combler.  Les 
religieux  en  firent  alors  une  promenade  qui  fut  revendiquée 
par  la  ville  ;  le  procès  fut  d'abord  jugé  au  profit  de  cette  der- 
nière; mais  par  l'ordonnance  de  l'intendant  de  Bretagne,  du 
9  mars  1749,  les  dominicains  furent  maintenus  dans  «  la  pro- 
«  priété  et  jouissance  du  terrain  joignant  leur  bols  et  nommé 
«  l'ancienne  digue,  jusqu'à  la  porte  qui  sert  pour  la  décharge 
c  de  leurs  vins  et  provisions  ;  fait  défense  à  la  communauté 
«  de  Quimperlé  de  les  troubler  dans  la  coupe  et  dans  la  dispo- 
«  sition  des  ormeaux  plantés  sur  ledit  terrain,  parce  que, 
«  néanmoins,  au  cas  que  la  ville  se  trouve  en  état  de  continuer, 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  143  — 

«  pour  l'utilité  publique,  ce  nouveau  quai  qu'elle  a  commencé 
«  du  côté  du  Bourg-Neuf,  elle  n'y  pourra  être  opposée  (1).  » 

Le  18  jniu  1748,  les  religieux  firent  saisir  deux  chevaux 
appartenant  au  sieur  Lamandé  ,' loueur  de  chevaux  à  Quim- 
perlé/  parce  que  ces  animaux  avaient  été  trouvés  paissant  le 
long  du  mur  du  couvent,  à  l'endroit  ou  proche  de  l'ancienne 
digue.  Le  sieur  Làmandé  assigna  les  religieux  pour  se  voir 
condamner  à  lui  rembourser  40  sols  qu'il  avait  dépensés  pour 
se  procurer  d'autres  chevaux  de  louage,  et  h  ne  plus  rien  pré- 
tendre au-delà  de  leur  mur  de  clôture. 

Le  siège  donna  raison  aux  dominicains  qui  ne  furent  plus, 
par  la  suite,  inquiétés  à  ce  sujet. 

Les  dominicains  eurent  aussi  au  XVII®  et  XVIIl®  siècles,  avec 
le  clergé,  tant  régulier  que  séculier,  de  Quimperlé,  des  diflB- 
cullés,  dont  je  vous  entretiendrai  brièvement. 

Au  commencement  du  XVII«  siècle,  la  ville  de  Quimperlé^ 
affligée  par  la  peste,  se  voua  à  Saint -Grégoire  (l'un  des  patrons, 
du  couvent  des  dominicains),  et  fut  bientôt  délivrée  du  fléau. 

Par  reconnaissance,  elle  fit  vœu  de  célébrer  tous  les  ans  au 
12  août,  une  procession  à  laquelle  devait  se  rendre  le  clergé 
tant  séculier  que  régulier. 

Ce  vœu  est  rejiouvelé  par  une  délibération  de  la  commu- 
nauté de  ville  du  16  mars  1G84  qui  reconnaît  que  la  procession 
est  de  tradition. 

Cette  procession  partait  de  l'église  des  Bénédictins  pour  aller 
à  celle  des  Jacobins  d*où  elle  était  reconduite  à  son  point  de 
départ. 

Les  Bénédictins  prétendaient  avoir  le  droit  de  préséance  aux 
processions  et  même  le  droit  de  chanter  la  grand'messe  dans 
.l'église  des  Jacobins,  le  jour  de  la  procession  et  d'y  occuper  les 
premières  places. 

Le  Parlement  donna  raison  aux  Bénédictins,  mais  les  Jaco- 

(!)  Archives  de  la  mairie  de  Quimperlé.' 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  i44  - 

bins  reprochèrent  à  leur  prieur  d^avoir  par  lâcheté,  crainte  ou 
amitié,  cédé  au  désir  des  Bénédictins  et  d'avoir  même  reçu 
pour  ce,  une  sfomme  de  six  à  huit  cents  livres  à  l'iusu  du 
couvent  (I). 

a  Le  11  mai  1790,  le  maire  de  Quimperlé,  assisté  des 
«  officiers  municipaux,  du  secrétaire  greffier,  d'un  archer  de 
«  police  et  d'un  hérault,  se  présenta  au  couvent  des  Domini- 
«  cains.  Introduit  dans  la  grande  salle,  il  fil  connaître  à  M.  le 
«  Prieur  que  sa  visite  avait  pour  but  l'exécution  des  lettres 
«  patentes  du  26  mars  précédent,  aux  termes  desquelles  il  de- 
«  vait  se  faire  représenter  les  registre^  et  comptes  de  régies  de 
«  la  maison,  former  un  résultat  du  revenu,  dresser  un  état 
«  sommaire  de  l'argenterie,  argent  monnoié  et  effets  de  la 
«  sacristie,  bibliolhèque,  livres  manuscrits,  médailles,  mobi- 
«  liers,  et  recevoir  les  déclarations  sur  TEtat  actuel  de  lenr 
«  maison,  de  leurs  dettes  mobilières  et  immobilières  et  des 
•  titres  qni  les  constatent?;  en  même  temps,  prendre  un  étal 
«  des  religieux  profès  de  la  maison,  ceux  qui  y  sont  affiliés, 
o  avec  leur  nom,  âge;  des  places  qu'ils  occupent,  recevoir  la 
«  déclaration  de  ceux  qui  voudront  s'expliquer  sur  leur  inlen- 
«  tion  de  sortir  de  la  maison,  on  d'y  rester,  enfin,  vérifier  le 
«  nombre  de  sujets  que  la  maison  pourrait  contenir,  en  cas 
«  qu'elle  fut  susceptible  d'être  habitée  et  choisie. 

«  M.  le  Prieur  a  répondu  qu'il  consentait  de  donner  tous 
a  les  éclaircissements  que  la  Municipalité  demandait,  en  exé- 
«  cutiondes  lettres-patentes  cy-dessus  mentionnées  ;  et  en  l'en- 
«  droit,  en  présence  du  Père  de  Launay,  seul  religieux  prêtre 
«  de  ladite  maison,  et-  de  frère  Jean  Letouer,  seul  frère  coa- 
«  vers  de  la  maison,  il  nous  a  représenté  le  Rentier  de  la 
«  maison  contenant  133  feuillets  numérotés,  lequel  registre  a 
«  été  signé  par  M.  le  Maire  et  le  Secrétaire  greffier  aux  pages 
«  l*^  et  133,  ensuite  remis  à  M.   le  Prieur  après  avoir  vérifié 

(1)  Archives  du  Finistère,  (Fonds  des  Dominicains). 


Digitized  by  VjOOQIC 


-.  14S  — 

a  que  les  rentes  actives  de  ladite  maison  tant  foncières  qae 
«  constituées,  compris  une  reqte  de  quatre-vingt-seize  livres, 
«  léguée  par  les  Ducs  de  Bretagne,  fondateurs  de  cette  maison, 
«  et  quarante  charretées  de  bois  en  nature  de  chauffage  concé- 
«  dées  par  les  mêmes  Ducs  de  Bretagne  aux  Religieux  de  cette 
a  maison  à  prendre  dans  la  forêt  de  Garnoët,  et  compris  encore 
«  le  produit  du  verger  d'attache  à  ladite  maison,  portant  à 
a  deux  mille  soixanle-dix-huit  livres  dix-sept  sols  un  denier 
«  payables  à  différentes  époques  dans  Tannée. 

«  Les  charges  passives  de  la  maison,  et  dont  se  trouve  onné- 
«  rés  les  biens,  consistent  dans  Tobligation  des  religieux  de 
«  dire  annuellement  cent  dix  messes  à  chants,  quatre  cent 
a  seize  messes  basses,  vingt  une  bénédictions  et  sgluts,  dont 
«  l'acquit  est  évalué  la  somme  de  cinq  cent  soixante-quatorze 
«  livres. 

«  Dans  une  chef-rente  de  trente-trois  sols  monnoie,  douze 
<t  sols  par  autre  part,  ce  qui  forme  quarante- cinq  sous. 

«  De  deux  chef  rentes  ,  Tune  au  profit  du  roi ,  de  douze 
«  sols,  l'autre  de  trente-trois  sols,  au  profit  du  seigneur  du 
«  Boisderu. 

«  Dans  autres  chef-rentes  d'un  minot  avoine  au  profil  de  la 
«  seigneurie  du  Faouët,  évaluée  deux  livres  quinze  sols.  Dans 
«  les  décimes,  dont  la  taxe  desdils  religieux  est  de  cinquante- 
«  qualre  livres  quatorze  sols. 

«  Réparations  annuelles  et  d'entretien  évaluées,  année  com- 
«  mune,  trois  cents  livres  ;  après  lesquelles  vérifications  avons 
«  passé  à  l'examen  du  mobilier  qui  consiste  pour  l'argenterie 
«  de  Téglise  dans  une  croix  d'argent,  deux  chandeliers,  un 
«  ensensoir,  un  soleil,  un  ciboire*  trois»  calices,  un  plateau, 
«  deux  burettes,  deux  petites  statues,  un  reliquaire  garni. 
«  Les  ornements,  dont  vingt  chasubles  de  différentes  couleurs, 
«  suivant  les  rites  de  l'Eglise,  quatre  chappes,  douze  nappes 
«  d'autel,  douze  aubes,  quatre  surplis,  le  tout  en  mauvais 
«  état  ;  quatre  livres  de  chants,  trois  cloches  dans  la  tour. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  146  — 

«  Nous  Dous  sommes  ensuite  transportés  avec  lesdits  reli- 
«  gieux  à  la  bibliothèque  où  nous  avons  trouvé  que  les  livres 
«  consistent  en  cent  volumes  in-folio  de  différents  ouvrages, 
«  quatre-vingts  in- 4»  et  in- 12;  interpellés  lesdits  reWgieux 
«  de  nous  représenter  les  manuscrits  et  médailles,  nous  ont 
«  répondu  n'en  avoir  point. 

«  Interpellés  de  nous  déclarer  s'ils  n'ont  pas  d'argent  mon- 
«  noie,  ont  répondu j  avoir  entre  mains  une  somme  de  huit 
«  cent  trente-quatre  livre  seize  sols  onze  deniers  et  qu'il  leur 
«  est  dû ,  en  outre  ,  d'arrérages  de  rente  tant  constituées  que 
«  fonciers,  une  somme  de  six  cents  soixante-quatorze  livres 
«  deux  sols  dix  deniers. 

«  Interpellés  de  nous  représenter  les  titres  qu'ils  ont  au 
«  soutien  de  leurs  rentes,  fondationS|  nous  ont  représenté  un 
«  livre  terrier  qui  comporte  l'inventaire  exact  de  tous  les  titres 
«  de  leur  archive  avec  l'analise  des  rentes  par  articles  et 
«  pièces  au  soutien  et  déclaré  s'obliger  de  représenter,  lors- 
c  que  requis  sera,  tous  les  titres  relatés  au  soutien  de  chaque 
«  article,  lequel  terrier  contient  deux  cent  vingt  pages  numé- 
«  rolées,  avec  une  table  par  ordre  alphabétique  à  la  suite 
«  dudit  terrier,  lequel  a  été  chiffré  par  le  maire  et  le  secr-étaire 
«  greffier  â  la  page  première  et  à  la  page  cent  cinquante-une, 
«  qui  est  la  dernière  servie  dudit  terrier. 
.  «  Vérifiant  l'étal  des  meubles  en  la  possession  dédits  reli- 
«  gieux,  nous  ont  été  représentés  par  ces  Messieurs  :  quatre 
«  couverts  d'argent,  dont  trois  marqués  Abbaye  Blanche,  le 
«  quatrième  sans  marque,  une  cuillier  à  ragoût  aussi  marquée 
«  Abbaye  Blanche,  six  couteaux  de  table  dont  le  manche  cou- 
«  vert  d'une  feuille  d'argent. 

«  Dans  le  salon,  l'armoire  vieille,  un  vesselier,  trente-huit 
«  draps,  seize  assiettes  de  porcelaine,  deux  tables  à  pieds  de 
«  biche ,  quatorze  nappes  ,  six  douzaines  de  serviettes,  un 
•  huilier  de  verre, ,  douze  gobelets  de  verre,  douze  souilles 
«  d'oreillers,  deux  saladiers  ;   assiettes  communes  deux  dou- 


.  DigitizedbyVj OOQ  le     . 


-  147  ~ 

«  zaines,  une  pendule,  dix-huit  chaises  bonnes  et  mauvaises* 
«  Six  lits  à  l'usage  des  religieux  de  Tinfirmerie,  lesdits  lits 
«c  composés  de  pnillasses  et  matelas,  à  l'exception  des  lits  qui 
«  ont  leurs  couettes  ;  le  tout  avec  de  mauvaises  couvertures 
<c  au  nombre  de  quatre. 

«  Dans  la  cuisine,  six  casseroles,  un  tourne-broche,  deux 
«  marmites  de  fer,  un  chaudron,  une  poissonnière,  lourtiëre, 
a  pince,  landier,  une  table  de  cuisine,  une  vieille  armoire. 

«  Dans  un  scellier,  un  pressoir  et  des  barriques.  Après  exa- 
«  lïien  général  de  la  maison  que  le  corps  de  logis  au  levant 
«  est  indigent  de  réparations  tant  pour  la  couverture  que  pour 
«  le  dortoir  en-dessous,  que  les  deux  côtés  des  midy  et  cou- 
«  chant  sont  entretenus  en  réparations  usuelles  et  d*entretien, 
«  que  la  maison  pourrait  loger  douze  religieux  en  faisant  une 
<x  dépense  au  moins  de  quinze  mille  livres. 

«  M.  le  prieur  interpellé  de  s'expliquer  sur  ses  intentions  de 
«  sortir  ou  de  rester  dans  Tordre  a  déclaré  que  ses  reflexions 
«  ne  sont  pas  encore  faites,  qu'il  est  âgé  '  d'environ  40  ans 
«  dont  il  a  passé  en  religion  24  ans,  et  est  profès  du  couvent 
«  de  Bennes. 

«  Que  le  père  Yves  Guiomar,  profès  de  cette  maison,  est  en 
«  qualité  de  religieux  prêtre  dans  le  couvent  de  Vitré. 

«  Le  frère  Henry  Goquil,  profès  de  cette  maison,  en  qualité 
«  de  frère  convers  actuellement  en  la  maison  de  Rennes. 

«  Interpellés  le  Père  de  Launay  de  s'expliquer  sur  ses  inten- 
«  tions,  a  déclaré  que  de  préférence  il  resterait  finir  ses  jours 
a  dans  Tordre,  pourvu  qu'il  ne  fut  pas  contraint  à  monter  à 
«  l'a  el  journellement,  sans  aucune  considération  de  ses  in- 
«  firmités  qui  souvent  le  gênent  et  le  font  souiïrir  beaucoup 
«  plus  quand  il  Ini  faut  officier. 

«  Quand  à  son  âge  dit  être  âgé  de  cinquante-six  ans  un 
«  mois  el  onze  jours. 

«  Interpellé  frère  Jean  Le  Touer,  âge  de  46  ans,  profès  de 
«  cette  maison,  a  déclaré  que  son  intention  est  de  rester  dans 


Digitized  by  VjOOQIC 


«  l'ordire  pour  résider  dans  la  maison  qui  lui  sera  indiquée  (1). 

Ici  s'arrêtenl  l'histoire  du  couvent  de  Saint-Dominiqi;e 
de  (Juimperlé  et  la  tâche  que  je  me  suis  imposée  ;  peu  de 
mois  après  la  visite  des  officiers  municipaux  de  Quimperté 
les  religieux  quittaient  le  cloître  conformément  aux  décrets 
de  TAssemblée  nationale. 

Le  couvent  et  ses  dépendances  furent  vendus  par  le  district 
de  Quimperlé  le  huit  août  1793. 

M.  Alexandre-Pierre  Beauvais,  fils  de  l'acquéreur  de  1793, 
les  vendit  a  M.  et  Mme  Maislre  de  Quimperlé,  aux  termes 
d'un  acte  du  26  germinal  an  IX,  et  les  époux  Maislre  par 
acte  du  12  janvier  1808,  au  rapport  de  M*  Manciel,  notaire  à 
Quimperlé,  cédèrent  la  propriété  des  dominicains  pour  le 
prix  de  seize  mille  cinq  cents  livres  tournois  (16,293  fr.  75) 
à  Mlles  Marie- Charlotte-Corenline  de  Marigo,  Pétronille- 
Yvonne-Michelle  de  Kerguélen,  Marie-Esprit-Laurence  Gilart 
Larchantel,  Marie-Renée  Giiart  Larchantel,  Marie-Nicole 
Duvergier-Kerhorlay,  Hyacinthe-Louise  -  Josèphe  Duboisgué- 
henneuc  de  Méros,  Louise-Jacquette-Corentine  de  Leissè- 
gue-Rosaven,  Louise-Marie  Guillou  du  Gleguer,  Marie-Jac- 
quette  de  Leissègue-Rosaven,  toutes  dames  de  la  retraite,; 
lesquelles  déclarèrent  formellement  «  ne  faire  cette  acquisition 
ni  pour  elles  personnellement  ni  pour  leurs  héritiers,  mais 
uniquement  pour  le  compte  et  au  profit  de  rétablissement 
consacré  à  l'œuvre  si  charitable  et  si  utile  des  retraites  qui 
contribue  d'une  manière  si  efficace  à  la  réformé  des  mœurs 
parmi  les  femmes  de  la  campagne,  et  à  affermir  la  religion 
dans  le  cœur  de  toutes  ;  établissement  auquel  les  biens  ac- 
quis sont  spécialement  destinés.  Elles  déclarèrent  de  plus 
vouloir  que  le  même  établissement  offre  un  asile  â  des 
veuves  d*officiers  de  marine  et  autres  dames  peu  fortunées, 
qui  y  trouveront  une  existence  convenable  à  leur  état,  et 
-. • / .— « 

(r»  Procès-verbal  aux  archiveg  de  la  fabrique  de  Sainte-Croix  de 
Quimperlé. 


Digitized  by  VjOOQ IC 


—  149  - 

une  pension  proportionnée  à  la  modicité  de  leurs  ressour- 
ces ;  elles  déclarèrent  finalement  que  si  cet  établissement 
venait  à  s'éteindre  un  jour  par  quelque  événement  que  ce 
soit,  elles  mettent  dès  ce  moment  comme  dès  lors,  à  la  dis- 
position de  Monsieur  Tévéque  de  Quimper  et  de  ses  succes- 
seurs à  perpétuité,  tout  ce  qui  leur  provient  de  Tacquistiion 
avec  ses  accroissements  et  améliorations  (2). 

En  terminant  je  prie  notre  confrère  M.  le  Men  de  recevoir 
mes  remercimenls  pour  les  anciens  titres  qu*il  n^a  commu- 
niqués. Je  lui  dois  la  connaissance  de  la  lettre  du  Père  Pinsart 
dans  la  quelle  j'ai  tant  puisé,  mais  il  m'a  fallu  recourir  aux 
minutes  des  anciens  notaires  de  Quimperlé,  aux  archives  mu« 
nicipalesde  la  n^ême  ville  et  aussi  aux  titres  de  la  fabrique 
de  Sainte-Croix,  mis  gracieusement  à  ma  disposition  par  M. 
l'abbé  Quéméneur,  curé  archiprêtre  de  Quimperlé. 


LES  DOMINICAINS  DE    QUIMPERLE 


ANNEXES. 


I 


Coppie  de  la  lettre  envoyée  au  R.  P.  de  Sainte-Marie. 
Hystoriographe. 

«  Mon  Révérend  Père, 

«  Depuis  peu  Ton  m'a  fait  douter  que  le  R.  P.  Louis  Char- 
don, cy-devant  religieux  de  céans  ne  vous  aye  pas  envoyé  ce 
que  je  luy  avais  donné  de  la  fondation  de  cette  maison,  c'est 
ce  qui  m'oblige  à  taseher  de  réparer  ce  que  j'ay  quelque  sub- 
jecl  de  craindre  qu'il  ayt  obmis,  ou  que  l'infidélité  des  messa- 
gers ayt  empêché  de  vous  arriver.  Sans  redire  au  long  ce  que 

(1)  Titres  de  l'étude  de  M^  Audran,  notaire  à  Quimperlé. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  150  ~ 

je  lui  avais  commis,  je  me  contenterai  de  vous  mander  som- 
mairement quelques  choses  qui  me  semblent  ne  devoir  pas  être 
obmises  par  votre  histoire,  attendue  de  tout  le  monde,  sans 
qu'elle  paraisse  défectueuse  ;  et  ponr  commencer  : 

c  Cette  maison  (fut  fondée)  Tan  1354  dans  le  chasleau 
ducal  appelé  de  Carnoët,  dans  le  fauxbourg  de  Quimperlé,  dit 
le  Bourgneuf,  au  diocèse  de  Vennes,  sur  le  rivage  du  fleuve 
d'Bllé,  qui  baigne  les  murailles  de  nos  cours,  bastiments  et 
jardins,  et  sur  lequel  les  vaisseaux  de  la  mer  occeane,  distante 
de  deux  lieues,  nous  viennent  aux  marées  deux  fois  le  jour, 
par  Blanche  de  Navarre,  fille  de  Thibaut,  comte  de  Champa- 
gne, espouse  de  Jean  I«%  duc  de  Bretagne,  dit  le  comte  Roux, 
fils  de  Pierre  de  Dreux,  dicl  Mauclerc,  aussi  duc  de  Bretaigne, 
dont  le  couvent  n'est  connu  que  sousile  nom  d'Abbaty-Guen^ 
qui  signifie  en  français  Tabbaye  Blanche  ;  la  dite  Blanche  fonda 
en  mesme  temps  le  couvent  et  une  abbaye  de  filles  de  Tordre 
de  saint  Bernard,  appellée  la  Joye,  près  la  ville  de  Hennebool, 
à  cinq  lieues  d'icy  on  elle  gist,  et  Jean  I«*'  son  raary  fonda  l'ab- 
baye de  Prières,  de  Tordre  de  saint  Bernard,  afin  de  prier 
Dieu  pour  ceux  qui  sont  submergés  à  la  coste  ae  Bretaigne,  ou 
son  corps  repose.  Blanche  et  Jean  son  mary,  selon  la  tradi- 
tion, attirés  par  les  bons  exemples  des  reiigienx  et  leur  piété, 
ont  demeuré  quelques  années  en  ce  couvent  où  Ton  voit  en- 
core leurs  sale,  gallerie,  chambres  et  quelques  offices  ;  et  cette 
maison  a  droit  de  quatre-vingt  seize  livres  sur  le  domaine  du 
roy,  de  coulombier,  de  four  à  bau,  et  depuis  sa  fondation  elle 
a  été  décorée  du  droit  de  foires  franches,  droit  de  chauffage  de 
la  forêt  de  Carnoët,  cy  proche,  etaulres.  Il  se  void  au  cœur  de 
l'église.  Tune  des  mieux  ornées  et  appropriées  de  la  province, 
sur  la  porte  de  la  sacristie  un  épigraphe  faisant  mention  de 
partie  de  tout  cela  en  ces  termes  :  Sumptibus  ista  suis^  etc. 
(Voir  Cl -dessus,  page  135). 

«  Cette  maison,  ayant  toujours  esté  chérie  des  ducs  de  cette 
province,  leur  a  servy  des  confesseurs,  prédicateurs  et  bons 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  loi    — 

officiers  ;  et  Jean  de  Monforl,  père  de  Jean  dit  le  Conquérant, 
lequel  commença  la  guerre  contre  Charles  de  Blois  pour  la  suc- 
cession du  duché  de  Bretagne,  et  mourut  à  Henbont  le  26  sep- 
tembre 1345,  voulut  que  son  corps  fut  enterré  au  cœur  du 
dit  couvent,  où  l'on  a  veu  avant  la  chute  de  la  dite  église,  un 
cénotaphe  ou  fausse  chasse  couverte  de  drap  d'or  à  fleurs  de 
velours  noir;  à  la  mémoire  du  quel  seigneur  Ton  void  au 
droit  de  l'épigraphe  ci-devant  rapporté  cette  épilaphe  ; 

9  Bella  sub  armoricis  Bleso  civilia  iiignis 
«  Longa  cornes  Janus  ferro  Monsfortius  infert^ 
«  Ut  Britones  quœrat,  tantis  ast  invida  cœptis 
«  Jussit  abire  polum  mors.  Nil  minus  inclita  bello 
a  Uxor  cum  nato  rem  perfkït^  ossa  que  chari  hic 
«  Conjugis  ad  médium  majoris  collocat  arœ, 

(Ponebat  F.  Yvo  Pinsart,  docU  PariSé  Théol. 
»    Corisop.prior), 

c  Comme  les  choses  humaines  sont  subjetles  au  changement^ 
cette  maison,  autresfois  si  célèbre  en  ses  bastiments  et  en  ses 
mœurs,  decheut  peu  à  peu,  mais  elle  trouva  des  réparateurs 
en  Tun  et  Tautre.  Elle  doit  le  restablissement  de  ses  mœurs  au 
Révérend  Père  Matthieu  Ori,  natif  de  Dinan  en  Bretagne,  Té- 
loge  du  quel  se  void  dans  Antonius  Senensis,  in  Bibliotheca 
îitt.  m.  Mais  il  faut  changer  le  nom  de  Gallus  et  mettrc^Brito, 
et  adjouter  ce  que  tous  les  hystoriographes  Jésuites  et  Rei- 
bad  (1;  mettent,  que  ce  lût  la  dextérité  de  saint  Ignace,  dont 
il  avoit  été  à  Paris  le  défenseur  du  Livre  des  exercices, 
qui  le  mena  de  Venise  à  Rome  et  le  présenta  au  Pape  avec 
son  livre.  Or  ce  Matthieu  Ori,  le  huitième  juillet,  Tan  1545, 
restablit  la  vie  religieuse  et  reforme  au  dit  couvent,  la 
quelle  y  avait  duré  jusques  à  ce  que  les  guerres  civiles 
ayant  causé  un  déluge  général  dans  toute  la  France,   notre 

(t)  Ribadeneyra,  Pierre,  célèbre  jésuite,  auteur  d'une  vie  des  saints, 
né  le  t«^  novembre  1627,  mort  le' l^r octobre  1 611. 


Digitized  by  VjOOQIC 


1 


—  1S2  — 

province  el  ce  couvent  mesnie  n'en  furent  pas  exempts; 
pendant  (sic)  la  négligence  du  siècle  et  la  nonchalance  des 
supérieurs,  Tégiise  tomba  en  un  temps  fort  calme  et  en  plein 
jour,  environ  Tan  mil  cinq  cent  nouante  et  deux,  durant  le 
second  prioré  du  père  Folliard,  ce  qui  contraignit  les  religieux 
de  se  retirer  el  d'abandonner  la  maison  comme  déserte,  jusqu'à 
Tan.  1600  que  le  R.  P.  Boulloucb,  encouragé  par  la  noblesse 
du  pays  et  bourgeois  de  la  ville,  secouru  de  tous  les  ordres, 
entreprit  le  rétablissement  de  cette  église  ;  depuis  ce  4emps 
chacun  des  prieurs  y  a  travaillé  selon  son  pouvoir  et  son  zèle, 
jusqu'en  l'an  1624  que  j'y  arrivé  à  commencer  à  travailler  aux 
réparations  de  toute  la  partie  de  la  maison  ;  mais  ayant  été 
eslue  et  appelé  pour  régenter  à  Paris,  l'ouvrage  ayant  cessé 
jusques  à  la  fin  de  1634*  je  fus  pour  la  seconde  fois  eslue  et 
confirmé  Prieur,  el  continué  jusques  à  présent  que  Dieu  m'a 
fait  la  grâce  d'y  restablir  l'office  de  jour  et  de  nuicl.  la  vie  re- 
ligieuse, un  cours  de  philosophie,  et  d'achever  de  la  restablir 
et  l'orner  à  tel  point  qu'il  n'y  en  a  guères  de  plus  riantes  et 
cette  province. 

«  Or  d'autant  qu'il  falloit  faire  un  grand  tour  et  circuit  pour 
aller  du  couvent  à  la  ville,  laquelle  est  du  diocèse  de  Cor- 
nouaille,  et  passer  le  long  de  la  rivière  d'Ellé,  et  aller  chercher 
par  un  chemin  (rès*difficile  le  pont  de  terres  de  Venues,  le  duc 
Jean  donna  permission  de  baslir  un  pont  sur  ladite  rivière,  au 
droit  de  la  grande  porte  dudit  couvent  ;  laquelle  permission  fut 
renouvellée  par  Jean  duc  de  Bretagne  (1381).  el  par  le  Boy 
Louis  le  Juste  l'an  163(>,  esmologuée  {sic)  au  pEgrlemeot  à^ 
Brejagne  le  6™«  juillet  1638.  El  fut  basty  à  nos  fraiclz  ledit 
pont  de  pierres  el  a  de  fortes  voûtes. Tan  1640;  eu  sorte  que 
c'est  un  des  plus  beaux  couvents  de  cette  province;  et  pour 
décorer  l'arrivée  dddit  couvent  du  bout  d'iceluy,  se  voit  uu 
beau  pavé  long  d'environ  soixante  toises,  décoré  de  deux  beaux 
rangs  d'arbres  conduisant  h  la  grande  porte  dudit  couvent,  le- 
quel est  à  présent  presque  tout  rebasti  par  l'aide  de  nos  amis. 
Notre  réfectoire  est  des  plus  beaux  qui  se  voient  ;  la  chaire  dtf 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  155  - 

lecteur  est  pratiquée  au  côté  droict  dans  une  belle  voûte  es- 
clairée  d'uue  belle  vitre  au  haut  de  laquelle  on  voit  les  armes 
de  la  duchesse  Blanche,  notre  fondatrice,  laquelle  portait  my- 
parti  des  ducs  de  Bretagne  de  la  maison  de  Dreux^  qui  est 
échiqueté  d'or  et  d*azur  au  canton  de  Bretagne^  et  de  Champagne 
supporté  de  Navarre.  Au  dessoubs  les  armes  des  seigneurs 
Evesques  de  Vennes  et  de  Gornouaille  avec  cet  escriteau  : 

F.  Yvo  Pinsaft  Dinanensis,  doctor  parisiensis^  Co^isopi- 
tensis  Theoiogus^  ao  2o  pnor,  Johanni  V  ac  Blanchœ  Navarrœœ 
Britanniœ  quondam  Ducibus,  hujus  munificentissimis  fundato- 
ribus^  necnon  Sebastiano  Venetensium  et  Gûiîlelmo  Çorisopiten* 
sium  lUustrissimis  prmuUbus  sedentibus  ponebat  1635. 

Nous  avons  aussi  rebasti  la  salle  et  la  chambre  du  Duc  à 
neuf,  avec  des  fenestrages  d*onze  pieds  de  hauteur  et  cinq  de 
largeur,  et  sur  icelles  salle  et  chambre,  un  beau  et  superbe 
dortouer  contenant  cinq  chambres  chaqi^e,  d'environ  15  pieds 
en  long  et  12  de  large.  Nous  avons  aussi  de  très  beaux  jardins 
et  vergers  sur  le  long  de  la  rivière,  et  ne  reste  à  restablir  que 
la  bibliothèque,  les  cloislres  et  le  chapitre,  que  nous  espérons 
commencer  à  rebaslir  des  deniers  que  le  Roy  nous  a  donnés 
depuis  peu,  à  prendre  sur  les  deniers  des  vins  qui  se  débitent 
en  ladite  ville,  suivant  les  patentes  et  arrêts  de  son  conseil  de 
cette  année. 

Nous  avons  quasi  perdu  tous  nos  tiltres  du  tems  précédent 
la  réforme,  de  façon  que  nous  n'avons  point  de  mémoires  de 
plusieurs  grands  hommes  qui  ont  fleury  céans ,  fors  du  frère 
Yves  de  Pontsal,  évesque  de  Vennes,  environ  1444  ;  de  Hervé 
du  Parc,  ambassadeur  vers  Henry  qualriesme  roy  d'Angleterre, 
qui  lui  donna  une  croix  d'or  ornée  de  quelques  pierreries,  et 
une  relique  de  la  robe  de  Notre  Seigneur  ;  laditte  croix  fut 
convertie  en  deux  chandeliers  d'argent  et  un  petit  Jésus  pour 
la  dite  relique  ;  H.  Menfré,  qui  fit  bastir  une  belle  chapelle  de 
Saint-Vincent-Ferrier  en  la  muraille  de  l'église  du  couvent  ; 
dejfunt  Guillaume  du  Botderu,  docteur  en  théologie,  inquisiteur 

11 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  i54  — 

de  la  foi  et  prieur  (lu  dit  couvent,  qui  Tan  1483  fit  bastir  un 
beau  corps  de  logis  accompagné  de  salle ,  chambre ,  prisons  et 
offices  nécessaires  pour  la  justice,  et  au  dessus  une  belle  librai- 
rie garnie  de  livres  qui  est  à  présent  fort  délabrée. 

Nous  avons  depuis  quinze  ans  enterré  céans  le  R.  P.  du  Pas, 
docteur  de  Nantes  et  scavant  historiographe  dont  nous  n'avons 
pu  conserver  les  œuvres.  Quand  il  mourut  il  laissa  son  travail 
prest  à  mettre  sous  la  presse ,  et  le  P.  Blanche  le  vendit  au 
baron  du  Vieux  Ghastel,  qui  promettait  le  faire  imprimer,  pour 
la  somme  de  dix-huit  livres  de  rente. 


Liste  des  prieurs  et  ans  de  leurs  institutions  depuis  la 
reformations 


1645.  Trocler. 
1548.  Joson. 
1561.  Brisorgupil. 
1555.  Morvani. 
1666.  Gâriuer. 
1559.  Laouenan. 
1662.  Yvo  Toux. 
1566.'Rebillon. 
1568.  De  Létuce. 
1581.  Abiven. 
!573.  Du  Boys. 
1576.  Gac. 
1578.  Folliard. 
1635.  Pinsart,  2»  ; 


1579. 
1582. 
1593. 
1596- 
1598. 
1600. 
1610. 
1616. 
1619. 
1622. 
1624. 
.1628. 
I         1631. 
continué  deux  fois , 


authorité  apostolique  avec  commandement 
réparations  encommencées. 

Mon  R.  P.,  c'est  ce  que  j'ai  pu  trouvé 
dignes  de  vous  escrire.  Je  vous  supplie  que 
mette  pas  cette  pauvre  maison,  et  de  faire 
à  celuy  qui  de  tout  son  cœur  vous  souhaite 


Renaud. 
Folliard,  2». 
Noueter.    • 
Fredoux. 
Halgan. 
Boullouch. 
Guesroue. 
Rolland. 
Guillard.     ^ 
Rolland,  2». 
Pinsart. 
Prouin. 
Blanchœ. 

et  la  dernière  par 
de  poursuivre  les 

qui  m'ayt  semblé 
votre  histoire  n'ob- 
part  en  vos  prières 
une  parfaite  santéi 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  155  — 

afin  de 'donner  au  public  pour  la  gloire  de  Dieu  le  fruict  de 
vos  veilles.  C'est,  mon  R.  P.,  vostre  1res  hunable  et  obéissant 
serviteur  en  N.  S. 

F.  Yves  PINSART. 
Du  couvent  Saint-Dominique,  lès  Quimperlay,  ce  22  décembre  1643. 

II. 

Lettres  patentes  relatives  à  la  construction  du  pont: 

Louys,  par  la  grâce  de  Dieu ,  roy  de  France  et  de  Navare, 
à  touts  présents  'et  advenir,  salut  :   Nos  chers  bien  aym'és  et 
dévots  orateurs  les  prieur  et  religieux  du  couvent  de  Tordre 
de  Saint-Dominique ,    dit  vulgairement  l'Abbaye  Blanche  de 
noslre  ville  de  Quimperlé,  nous  ont  fait  remontrer  que  Jean 
duc  de  Bretagne,  qui  avoil  espousé  Blanche  de  Navarre,  ayant 
pour  plusieurs  bonnes  considérations,  particulièrement  pour  la 
commodité  publique  des  habitants  du  dit  Quimperlé,  et  pour 
rendre  le  faubour  de  la  dite  ville  de  Faulre  côté  de  la  rivière 
d'icelle  estant  en  son  fief,  auquel  est  ci  tué  le  dit  couvent,  plus 
habitable  et  mieux  peuplé,  permy  aux  dits  religieux,  par  ses 
lettres  pàttantes  du  vint  cinquiesme  aoust  mil  trois  cent  quatre 
vingt  et   un,  de  faire  édifier  un  pont  sur  la  dite  rivière,  sur 
lequel  deux  chevaux  puissent  passer  costé  à  costé,  parce  que 
le  dit  couvent  n'a  point  de  revenut  ny  denier,  et.qu'iln'y  a 
eust  autre  font  pour  bastir  le'dit  pont  que  ce  qui  est  provenut 
des  ausmônes  et  charitées  des  habitants  de  la  dite  ville,  les- 
quelles à  peine  ont  elles  pu  suffir  pour  leurs  vies  et  autres 
nécessitées,  et  pohr  ce  est  demeuré  le  dit  pont  à  construire 
jusquà  présent  que  les  dits  habitants  plus  portés  que  jamais  à 
la  dévotion  et  autres  cérémonies,  qui  sont  bien  observées  en  la 
dite  esglise,  ont  par  leurs  fréquentes  visiles  conviés    les  dits 
religieux  de  s'esforcer  en  leur  impuissance ,  à  entreprendre  la 
construction  et  bâtiment  du  dit  pont  soubs  notre  bon  plaisir, 
par  une  peroiission   laquelle  ils  nous   ont  très  humblement 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  156  — 

requis  et  supplié  leur  vouloir  accorder,  .par  nos  lettres  sur  ce 
nécessaires. 

A  ces  causes^et  entendant  que  par  le  moyen  du  passage  sur 
la  dite  rivière,  les  faubours  au  delà  d'icelle,  ou  est  situé  ledit 
couvent  qui  est  notre  fief,  devenant  plus  peuplés  et  mêmes 
bastis,  le  revenu  de  notre  domaine  en  sera  d'autant  augmenté, 
et  d'ailleurs  que  les  habitants  de  la  dite  ville  seront  soulagés 
de  la  longueur  du  chemin  qui  leur  convient  faire  pour  aller  au 
dit  couvent  et  exempts  du  péril  qu'ils  encouroient  passants  par 
des  précipices  affreux,  qui  sont  sur  iceluy  es  quelles  plusieurs 
personnes  se  sont  noyées  et  periiues. 

Nous  avons  aux  dits  exposans  permis,  accordé,  octroyé  et  de 
nos  grâces  spéciales  permettons,  accordons  et  octroyons  par 
ces  présentes  signées  de  notre  main,  qu'ils  puissent,  confor- 
mément aux  susdites  lettres  du  dit  duc  Jean  du  vingt-cinquième 
août  mil  trois  cent  quatre-vingt-un,  faire  construire ^et  bastir 
à  leurs  despents  un  pont  de  pierres  ou  de  bois  sur  la  rivière 
de  nostce  dite  ville  de  Quimperlé,  au  lieu  et  endroit  désigné 
par  les  dites  lettres  et  par  le  plan  de  la  dite  ville  ci  attaché, 
etc.,  etc. 

A  la  charge  par  les  exposants  et  leurs  successeurs  religieux 
en  iceluy,  de  faire  dire  et  célébrer  à  perpétuité  en  leur  esglise 
deux  basses  messes  par  chaque  semaine,  pour  nous  et  nos  suc- 
cesseurs Roys,  et  que  les  habitants  du  dit  Quimperlé  ne  seront 
en  aucune  façon  obligés  aux  frais  du  dit  bastiment,  etc.,  etc. 

Donné  à  Saint-Germain-ep-Laye  au  mois  de  mars  Fan  mil 
six-cent  trente-six  et  de  notre  règne  le  vingtième. 

Signé  :  LOUIS. 
De  par  le  Boy  :  Bouthbllieb. 

(Archives  du  département  du  Finistère.  —  Fond^  des  Do- 
minicains). 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  187  - 

m. 

Procession  de   Saint  Grégoire.  —   Renouvellement  d'un  v<bu 
fait  par   la  ville  de   Quimperlé  à  l'occasion  d^une  maladie 
contagieuse. 
Du  jeudy  seizième  jour  du  mois  de  mars  1684,  sur  les  dix 

heures  du  matin. 

Assamblée  des  nobles  bourgeois  et  habitants  de  la  commu- 
nauté de  Quimperlé,  tenue  en  Tauditoire  et  palais  royal  dudit 
lieu,  après  le  son  de  cloche  en  la  manière  accoustumée. 

Où  présidoit  Messire  Charles  de  Rabeau,  chevalier  seigneur 
de  Beauregard,  Ghabry,  mareschal  des  camps  et  armées  de  Sa 
Majesté,  commandant  pour  son  service  au  commandement 
des  ville  et  citadelle  du  Port-Louis,  yilles  de  Hennebond  et  de 
Quimperlé,  assisté  de  M.  le  Procureur  du  Roy. 

Présans  les  particulliers  habitants  cy-après  nommés  sçavoir  : 
Estienne  Frogerais,  sieur  de  Saint-Mandé,  sindia  et  miseur,  et 
et  les  sieurs  Jan  Lohéac,  sieur  de  Grand-Champ,  Jullien  Guyet, 
Martial  Veyrier,  François  Auffret,  Samuel  Billelte,  René  de 
Coêtnours,  Louis  Moustel,  Estienne  Millon,  Pierre  Gérard, 
François  Le  Sage,  Jacques  Auffret,  Jean  Trémaudan,  Christofle 
LeBéchennec,  Joseph  Lohéac,Bertrand  Huart,  autre  Jan  Lohéac, 
François  Gourhaêl,  Claude  Penicaud,  Urbain  Tasché  et  plu- 
sieurs   autres 

Lesdicts  sieurs  habitans  ayant  dellibéré  sur  la  remontrance 
de  leur  sindicq,  après  que  lecture  leur  a  esté  faite,  ont  unani- 
mement recogneu  la  pocession  immémoriale,  en  laquelle  on 
est  en  ceste  ville,  de  faire  tous  les  ans,  au  jour  de  la  feste  de 
Saint  Grégoire,  une  procession  généralle,  qui  se  lève  en  Téglise 
abatialle  de  l'abbaye  Sainte-Croix,  se  rend  en  celle  de  Saint 
Dominique,  en  laquelle  se  cellèbre  ensuite  une  messe  à  notte, 
et  la  prédication  par  le  prédicateur  de  la  communauté  ;  laquelle 
finye,  on  retourne  aussi  processionnellement  en  ladite  esglise 
abatialle  de  Sainte-Croix,  où  elle  se  termine  ;  laquelle  ils  ont 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  158  — 

par  tradition  entendu  dire  se  faire  en  vertu  d'un  vœu  général 
de  la  communauté,  et  ce  en  action  de  grâces  à  Dieu  de  Tavoir 
.  conservée  ou  dellivrée  d'un  mal  contagieux.  Et  comme  le  tiltre 
primordial  de  ce  vœu  ne  se  trouve  el  qu'ils  ne  veiillent  aboUir 
cette  bonne  et  antienne  dévotion,  quy  ne  peut  qu'atirer  sur  elle 
lés  bénédictions  de  Dieu  et  en  éloigner  les  fléaux,  ils  ont  résollu 
et  arrêté  de  reuouveller  ledit  vœu,  ce  qu'ils  font  publiquement 
au  nom  de  toute  cette  communauté,  par  le  présent  acte  par 
lequel  ils  veuUent  et  entendent  que  à  Tadvenir  et  à  perpétuité, 
par  chacun  an  et  à  chaque  jour  de  la  fesle  de  Sainct  Grégoire, 
il  se  fera  une  procession  solennelle  et  qui  se  lèvera  ainsi  que 
Ton  a  fait  au  passé  et  d('  tout  temps  immémorial,  etc. 

Que  les  communautés  tant  des  pères  Dominicquains,  que  des 
capucins  de  ceste  ville  et  toutes  autres  communautés  man- 
dianles  qui  pourront  cy  après  s'y  establir,  et  les  communautés 
des  paroisses  de  Saint  Gollorabau  et  Saint-Michel  de  ceste  villey 
assisteront  en  corps,  et  sur  leur  deffaull  ou  refus  de  ce  faire, 
ont  par  ceste  donnés  ordre  et  pouvoir  à  leur  dit  sindicq,  ou  k 
ceux  qui  lui  succéderont  eu  la  dicte  charge,  de  se  pourvoir 
contre  eux,  soit  devant  les  juges  ecclésiastiques  ou  séculliers 
pour  les  y  àstraindre  par  toutes  les  voyes  de  droit. 

{Suivent  les  signatures). 

(Archives  de  la  mairie  de  Quimperlé.  —  Registre  des  déli- 
bérations de  la  communauté.  1682.  1692). 

IV. 

Extrait  de  la  déclaration  des  biens  du  couvent  faite  par 
les  religieux  en  1790. 

MOBIUER 

L'église  dans  laquelle,  vis  à  vis  du  maître  autel  repose  dans 
un  tombeau  de  bronze,  le  corps  de  Jean  de  Montbrt,  duc  d« 
Bretagne,  époux  de  la  fameuse  et  belliqueuse  comtesse  de 
Montfort,  lequel  y  fut  inhumé  en  présence  de  Jean  quatre,  son 


Digitized  by  VjOOQIC 


1 

1 


—  im  — 

fils  et  les  Etats  assemblés  dans  la  dite  maisoo,  le  26  septembre 
1346. 

L'église  est  composé  d'un  maître  autel,  d'un  chœur  boisé, 
d'une  tribune,  de  cinq  chapelles.  L'argenterie  consiste  en  une 
croixi  deux  chandeliers  d'acolytes,  un  encensoir,  un  soleil,  un 
ciboire,  trois  calices,  un  plat  et  deux  burettes,  deux  statues 
destinées  par  le  donateur  à  être  portées  par  le  célébrant  aux 
processions,  et  un  reliquaire  garni  d'argent  ;  les  chasubles, 
chapes  et  devant  l'autel  en  petite  quantité  sont  très-simples, 
'  le  linge  presque  usé  ;  il  y  a  un  pupitre,  quatre  livres  de  chant> 
trois  cloches. 

Dans  l'intérieur  de  la  maison,  une  bibliothèque  fort  incom- 
plète,ruinée  par  les  guerres  civiles  ;  elle  peut  contenir  environ 
cent  volumes  in-folio,  quatre-vingts  in-4»  et  deux  cents  in-12<>  ; 
il  n'y  a  aucun  manuscrit  si  ce  n'est  quelques  cahiers  de  phi- 
losophie. 

Fait  et  arrêté  entre  nous,  ce  27  février  1790.  Ainsi  signé  en 
la  minute  :  frère  Pierre  Fissot,  prieur  des  dominicains  de 
l'abbaye  Blanche  de  Quimperlé,  frère  Pierre  de  Launay,  frère 
Jean  Le  Louire. 

{Archives  de  la  fabrique  de  F  église  Sainte- Croix  de  Quimperlé) 


Cette  lecture  â  vivement  intéressé  l'Assemblée,  et 
M.  le  Président,  se  faisant  l'interprète  de  tous,  re- 
mercie chaleureusement  M.  Audran  du  consciencieux 
travail  qu'il  vient  de  lire,  travail  qui  a  nécessité  de  si 
laborieuses  recherches. 

On  passe  à  l'élection  des  candidats  dont  les  noms 
suivent  : 

MM.  t'roUo  de  Kerlivio  ;  Jamet  ;  Arthur  de  Gouyon 
de  Matignon  de  Beaufort;  Laplace;  Le  Noble;  Borelli, 
présentés  par  MM.  Le  Men  et  de  Montifault. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-   160  - 

M.  de  Rodellec,  présenté  par  MM.  le  comte  de  Carné 
et  de  Montifault. 

M.  Asher,  présenté  par  MM.  Gaidoz  et  Le  Men. 

Ces  Messieurs  sont  admis  à  Tunanimité. 

La  prochaine  réunion  est  fixée  au  SAMEDI  27  NO- 
VEMBBRE,à  2  heures,  dans  Tune  des  salles  du  Musée 
d'archéologie. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  M.  le  Président  lève  ' 

la  séance  à  5  heures. 

L*un  des  Secrétaires^ 

V.   DE  MONTIFAULT. 


ORDRE    DU    JOUR 

Pour  la  séance  qui  aura  lieu  le  SAMEDI  27  NOVEMBRE 
à  2  heureSj  dans  une  des  salles  du  Musée  d'archéologie.  . 

1^  Rapport  de  la  Commission  chargée  de  la  vérifi- 
cation des  comptes  de  la  Société. 

2<>  Description  de  l'ancienne   chapelle  ensablée  de 
Guévroc,  par  M.  MADELENEAU,  instituteur  à  Tréflez. 

3<>  Prééminences  et  droits  honorifiques  dans  l'ancienne  ;' 

église  paroissiale  de  Plomeur,  près  Pont-l'Abbé  (Fi- 
nistère), par  M.  V.  DE  MONTIFAULT.  i 

4<>  Note  sur  les  débris  de  la  statue  équestre  du  duc  1 

Jean  V,  provenant  du  grand  portail  de  la  cathédrale  ' 

de  Quimper,  par  M.  R.-F.  LE  MEN.  J 

5»  Note  sur  divers  monuments  de  la  commune  de         i 
Saint-Urbain,  par  M-  LE  TEURS,  instituteur.  p 

6o  Excursions  archéologiques  dans  les  communes  /" 
de  Fouesnant,  La  Forêt  et  Plomeur,  par  M.  V.  DE  J, 
MONTIFAULT.  jî 

7<>  Statistique  monumentale   du  Finistère  :  Époque       'I 
celtique,  par  M.  R.-F.  LE  MEN. 

Le  Président  de  la  Société, 

Comte  L.  DE  CARNÉ. 


Digitized  by  VjOOQIC 


Jtî3 


^  161   - 
SÉANCE  DÛ  27  NOVEMBRE  1075. 


Présidence  de    M.  le  Comte    DE   CARNÉ, 

m  L^ACÂDÉMlS  FRAÏIÇ^ISE. 

Étaient  présents  :  MM.  Audran  ;  de  Montifault  ; 
faij',  Pôugôrày  ;  Mâlen  ;  Flagelle  ;  de  Quélen  ;  Xavier 
de  Blôis  ;  Cormier  ;  louis  lïémon  ;  Tabbé  iSuillard  ; 
Le  Ùorre  ;  P,  Hèmon  et  Le  Noble, 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heuresé 

M.  iè  Président  fait  part  à  TAsséliiblëe  dô  l*état  de 
santé  de  M.  Le  Men,  retenu  ùhez  lui,  et  iiivite  M.  Au- 
dran à  vouloir  bien  remplir  les  fonctions  de  secrétaire, 
M.  de  Montifault  ayant  plusieurs  rapports  à  lire  à  la 
séance. 

Sont  admis  en  qualité  de  membres  de  la  Société,  sur 
la  proposition  de  M.  de  Carné  et  Audran  : 

MM.  Sigismond  Ropartz,  avocat  à  la  cour  d'appel  de 
Rennes  ;  Le  Moaligou,  docteur-médecin  à  Quimperlé* 

Sur  la  proposition  de  MM.. de  Montifault  et  Audraa  : 

MM,  du  P^ray  ;  du  Orandlaunay  ;  Le  Goarant  de 
Tromelin  ;  Eugène  Le  Moyne  ;  Hij)polyte  PenàniDS , 
de  Douarnenez. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président ,  M.  de  Monti- 
fault présente;  un  rapport  détailla  au  nom  de  la  Com- 
mission chargée  de  la  vérification  des  comptes  de  la 
Société. 

L'Assemblée,  en  approuvant  les  termes  de  ce  rap- 
port, vote  des  remerciments  à  M,^  Faty,  pour  le  zèle  et 
le  dévouement  avec  lesquieis  il  remplit  tes  fonctions  dé 
TrésoriOT* 

12 


Digitized  by  VjOOQIC 


162  — 

M.  de  Montifault  donne  ensuite  communication 
d'une  notice  de  M.  Madeleneau,  instituteur  à  Tréflez  , 
surTancieûne  chapelle  de  Saint-Guévroc. 

Ruines  de  la  chapelle  de  Tabbaye  de  Guévroc. 


La  chapelle  de  Guévroc  est  siluée  sur  les  dunes  de  sable  de 
la  propriété  de  Kéremma  (commune  de  Tréflez),  dans  la  partie 
appartenant,  du  chef  de  sa  femme,  à  M.  le  capitaine  de  frégate 
Louis  du  Temple,  gendre  de  M,  Rousseau,  auquel  est  due  la 
création  de  la  terre  de  Kéremma. 

La  chapelle  de  Guévroc,  à  cent  mètres,  aujourd'hui,  du 
rivage  de  la  mer,  et  parallèlemenl  à  celui-ci,  se  trouve  située 
à  3  kilomètres  au  nord  du  bourg  de  Tréflez,  et  disposée  Eàt  et 
Ouest  dans  sa  longueur. 

La  hauteur  intérieure  des  murs  est  d^environ  trois  mètres. 
Les  sables  de  la  dune,  apportés  par  les  vents,  ont  successi- 
vement recouvert  toutes  les  parties  de  Tédifice  ;  et,  en  1869, 
on  pouvait  à  peu  près  soupçonner  seulement  quelques  points 
de  la  construction.  C'est  à  cette  époque  que  le  fils  de  M.  du 
Temple/  aidé  de  quelques  autres  jeunes  gens^  entreprit  des 
fouilles  dont  le  résultat  fut  de  dégager  le  mur  de  TEst  et  le 
mattre-autel  qui  y  est  appuyé.  En  1872,  M.  du  Temple  fit  re- 
prendre les  travaux  et  dégager  entièrement  la  partie  Est  de  la 
chapelle,  sous  le  sol  de  laquelle,  en  descendant  treize  marches, 
il  retrouva  la  fontaine  sainte,  dont  la  tradition  avait  conservé 
le  souvenir.  Malheureusement  Thiver  suivant,  les  enfants  du 
pays,  pour  distraire  sans  doute  leurs  loisirs  en  gardant  les 
bestiaux  sur  la  palue,  eurent  la  funeste  idée  de  briser  les  deux 
colonnes  qi.i  soutenaient  par  devant,  le  maître-aulel>  puis  ils 
détruisirent  les  bancs  de  pierres  qui  garnissaient,  sur  trois 
côtés,  le  pourtour  du  saBCtuairc.  L'impossibilité  de  prévenir  de 
pareils  actes  rendit  sans  intérêt  pour  M.  du  Temple,  de  pour- 
suivre les  travaux  de  déblaiement,  et  déjà  le  sable  recomnience 


Digitized  by  VjQOQ  le 


-w  163  — 

son  œuvre  ;  l'excavation  qui  conduit  h  la  source  est  obstruée 
au  grand  regret  des  pèlerins  qui,  dans  l'automne  de  1872,  arrf* 
vaient  en  bandes  nonobreuses,  de  localités  même  éloignées, 
pour  accomplir  leurs  actes  de  dévotion  à  la  fontaine  sainte,  et 
en  rapporter  un  peu  d'eau^ 

Le  dessin  ci-joint  est  fait  à  Fécbelle  d*un  centionitre  pour 
mètre. 

Le  sanctuaire  a  six  mètres  dans  les  deux  sens.  —  L'autre 
partie  de  la  chapelle  que  le  sable  couvre  encore  entièrement^ 
présente  un  rectangle  de  douze  mètres  de  long  sur  six  de  l^rge. 

Aux  angles  avoisinant  la  porte  de  communication  avec  le 
sanctuaire,  se  trouvent  deux  pierres  qui,  sans  doute,  consti- 
tuaient des  autels. 

Au  Sud  de  la  cbapelle  et  y  attenant,  était  le  cimetière  de 
Tabbaye,  car  on  y  a  découvert  des  ossements  ;  et  à  quinze 
mètres  cinquante  centimètres  directement  au  sud  de  la  porte 
du  sanctuaire,  se  trouve  encore,  debout,  une  pierre  élevée  de 
deux  mètres  au-dessus  du  sol,  sur  le  côté  ouest  de  laquelle  on 
remarque  un  christ  grossièrement  sculpté.  Sur  le  sommet  de 
la  pierre  existe  une  anfractuosité  dans  laquelle  des  âmes  pieuses 
venaient  encore,  dans  ces  derniers  temps,  déposer  des  pièces 
de  monnaie. 

D'après  la  tradition,  il  doit  y  avoir,  à  l'extrémité  ouest  des 
ruines,  remplacement  de  la  porte  d'entrée  de  la  chapelle.  Les 
anciens  du  pays  disent  même  avoir  vu  le  haut  du  portail  dont 
les  pierres  auraient  disparu,  il  y  a  un  certain  nombre  d'années, 
pour  aller  orner  des  constructions  particulières. 

Les  murs  quoique  bien  construits,  accusaient  un  travail  un 
peu  primitif  dans  la  taille  des  pierres.  —  Le  sol  du  sanctuaire 
est  pavé  près  de  l'autel  ;  ailleurs  c'est  simplement  de  la  terre. 
^  De  nombreuses  ardoises  ont  été  trouvées  à  l'intérieur  sur 
le  sol,  et  donnent  à  penser  qu'elles  servaient  à  I9  toiture.  — 
Du  côté  sud  de  l'auteL  on  a  trouvé  deux  pièces  de  monnaie  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  164  — 

cuivre  portant  les  dates  de  15%  et  1532.  —  Le  sanctuaire  pa- 
rait être  la  partie  la  plus  ancienne  des  constructions^  et  fut,  dit 
la  tradition,  le  premier  asile  de  saint  Guévroc.  Le  reste  de  l'é- 
difice accuse,  en  effet,  une  architecture  différente.  -«  Aucune 
trace  n'indique  spécialement  où  dut  exister'  le  corps  même  de 
l'abbaye  ;  le  seul  vestige  apparent  est  celui  du  mur  qui  serval^ 
de  dôture  aux  terrains  de  Tabbaye,  et  qui  accuse  une  grande 
étendue  se  prolongeant  vers  des  points  aujourd'hui  occupés 
par  la  mer.  11  convient  d'ajouter  que,  sous  une  couche  de  sable 
d'inégale  épaisseur^n  retrouve  autour  du  Guévroc  une  couche 
épmsse  d'excellente  terre  à  culture.  La  couche  des  sables  ap- 
portés par  les  vents  varie  de  30  centimètres  à  un,  deux  et  trois 
mètres  d'épaisseur. 

Lorsque  M.  Rousseau,  vint  s'établir  à  Kéremma  pour  diriger 
les  travaux  de  canalisation  qui  devaient  dessécher  les  marais 
et  donner  la  terre  à  la  culture,  les  dunes  étaient  peu  ou  point 
galonnées  ;  et  il  lui  arriva  maintes  fois,  en  se  réveillant,  de 
Irouver  devant  la  porte  de  son  logis,  un  mètre  de  sable  apporté 
par  le  vent  pendant  la  nuit. 

Je  dirai  pour  terminer  que,  selon  ta  tradition,  les  construc- 
tions de  Guévroc  remontent  au  VI®  siècle,  et  leur  abandon,  du 
XV*  au  XV1«  siècle,  ce  que  justifierait  la  découverte  des  deux 
pièces  de  monnaie  datant  de  François  l«'. 

On  doitregretter  que  les  actes  de  sauvagerie  auxquels  ilnepou- 
vait  opposer  une  surveillance  incessante,  aient  arrêté  M.  du 
Temple  dans  des  travaux  de  fouille  qui  eussent  |^  ermis  de  re- 
constituer le  plan  d'un  des  plus  anciens  monumeiTisde  la  con- 
trée, et  peut-être  même  de  faire  quelque  découverte  utile  & 
t'histoire  d'un  homme  qui  a  laissé  dans  le  pays  la  plus  pure 
réputation  de  sainteté. 

M.  le  président  remercie  vivement  M.  Madeleneau 
de  sa  communication,  et  exprime  le  vœu  qu'il  com- 
lâétera  sa  très-intéressante  notice,  par  la  légende  qui 


Digitized  by  VjOOQIC 


-     i6K  — 

a  cours  dans  la  commune  de  Trèfles,  sur  la  vie  de 
saint  Guévroc 

M.  Flagelle^  observe  que  la  chapelle  de  Saint-Guévroe, 
qui  ne  figure  pas  sur  les  cartes  contemporaines ,  est 
néanmoins  portée  sur  la  carte  de  Cassinî,  ce  qui  sem- 
blerait indiquer  que.  sa  destruction  n'est  pas  aussi 
ancienne  que  l'indique  M.  Madeleneau. 

Quant  à  la  construction  de  la  chapelle  a»  VI«  siècle, 
jfeiii  qui  ne  s'appuie  que  sur  la  tradition,  l'assemblé©, 
tout  en  votant  l'impression  de  la  notice,  ne  peut  Facï- 
mettre  que  sous  toutes  réserves. 

La  suite  de  Tordre  du  jour  conserve  la  parole  à  M. 
de  Montifault,  pour  sa  notice  sur  les  prééminences  et 
droits  honorifiques  dans  l'ancienne  église  paroissiale 
de  Plomeur. 

PRÉÉMINENCES  ET  DROITS  HONORIFIQUES 

DANS     L'ARGIENItB     ÉGLISE     PAROfêSIALE     Iffi     l^LOMStJlt. 


Les  seigDeurs  possédaient  des  armoiries  la  plupart  da  teiflps, 
c'est-à-dice  quand  ils  appaTtenaieiit  à  une  famille  noble,  car 
on  pouvait  être  seigneur  d'une  terre  noble. sans  appartenir  à  te 
noblesse,  et  même  depuâs  ï'66^  on  pouvait  avoir  des  armoi- 
ries non  tlimbrées  sans  être  noble. 

D'autre  part  les  terres  nobles  ou  fiefs  conféraient  à  lourd' 
propriétaires  des  droits,  des  privilèges,  des  honneurs,  que  les 
propriétaires  fussent  nobles  ou  non  nobles. 

Il  en  résulta  ^e  les  fiefs  ou  seigneuries  dans  Torigine,  mar- 
quèrent leurs  droits  et  privilèges,  an  moyen  des^écussens  des 
seigneurs  qui  les  possédaient)  et  qui  n*étaient  alors  que  des 
écnssofis  de  fomilles. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  166  -- 

Plus  tard,  par  suite  de  mariages,  de  successions,  de  legs, 
d'acquisitions,  les  terres  nobles  changèrent  de  propriétaires, 
mais  les  insignes  qui  marquaient  les  droits  et  prééminences  de 
la  terre,  c'est-à-dire  les  écussons  des  anciens  possesseurs,  res- 
tèrent sur  les  châteaux  et  dans  les  églises  ponr  prouver  ces 
droits,  prééminences  et  privilèges,  de  sorte  que  le  blason  pri- 
mitif, qui  était  celui  d'une  famille,  devint  en  réalité  le  blason  de 
la  terre,  et  qu'il  fut  souvent  conservé  par  les  nouveaux  posses- 
seurs pour  indiquer  les  droits,  honneurs  et  prééminences  aux- 
quels ils  prétendaient,  comme  successeurs  à  un  titre  quelconque 
des  anciens  seigneurs. 

Les  droits  des  seigneurs  étaient  fort  divers.  Parmi  eux  on 
peut  citer  surtout  le  quint,  le  requint,  les  lods  et  ventes,  le 
relief,  la  foy  et  hommage,  les  armoiries,  bornes,  escabeaux,  ac- 
coudoirs, enfeux,  tombeaux  à  fleur  du  sol  ou  élevés,  vitraux  et 
une  foule  d'autres  privilèges  qui  n'étaient  le  plus  souvent 
qu'honorifiques  et  qui  étaient  fort  recherchés.  .  * 

Ces  droits  dépendaient  de  la  terre  et  non  de  la  personne 
même  qui  la  possédait. 

Le  dépouillement  des  archives  des  greffes  a  fourni  un  cer- 
tain nombrede  procès- verbaux  intéressants  à  ce  sujet,  notam- 
ment en  ce  qui  concerne  les  droits  et  prééminences  dans  les 
églises.  Un  résumé  de  ces  procès-verbaux  pourra  intéresser  un 
grand  nombre  de  familles  et  nous  nous  proposons  d'en  analyser 
un  certain  nombre,  car  ils  sont  tellement  longs  et  diffus  qu'il 
serait  inutile  de  les  publier  textuellement. 

Nous  nous  bornerons  à  en  donner  ce  qui  peut  offrir  quel- 
qu'intérêt. 

Nous  commencerons  par  celui  qui  concerne  la  paroisse  de 
Plomeur. 

En  1753,  l'église  de  Plomeur  était  en  fort  mauvais  état  et 
\nenaçait  ruine.  On  demanda  sa  reconstruction  et,  à  cette  oc- 
casion, il  fut  dressé  les  38,  29,  30,  31  octobre  et  i*'  novem- 
bre 1753,  un  procès- verbal  des  droits,  privilèges,  prééminences 


Digitized  by  VjOOQIC 


.< 


—  167  ^ 

des  divers  seigneurs  de  cette  paroisse,  afia  de  leur  réserver  les 
mêmes  droits  lors  de  la  reconstruction  de  la  nouvelle  église. 

Les  autorités  qui  prirent  part  à  la  vérification  et  à  l'expertise 
furent: 

lo  Messire  Hervé-Gabriel  de  Silguy^  sénéchal  à  Quimper, 
premier  magistrat  de  Cornouaille  ; 

2o  François-Michel-Louis  Frollo  de  Kerlivio,  conseiller  au 
siège  présidial  de  Quimper. 

3»  Jacques-Corenlin  Royou^  gpefiier  ; 

4®  Robert-Jean  Coroller^  huissier  ; 

5?  Jean  Guesdon^  docteur  de  Sorbonne,  recteur  de  Plomeur; 

6o  Jean  Chossec^  marguillier  ; 

7*  Joseph  Le  Gorgeu^  procureur  de  la  paroisse  ; 

8*  NiQolas  Pochic^  architecte  expert  assermenté. 

Contradictolrement  avec  les  parties  intéressées  ou  leurs  fon- 
dés de  pouvoirs,  il  fut  dressé  procès-verbal  de  cette  vérifica- 
tion. Nous  en  extrayons  les  documents  suivants  dont  plusieurs 
ont  été  ignorés  des  divers  auteurs  héraldiques  qui  ont  écrit 
sur  la  Bretagne. 

Eglise  de  Plomeur. 

Elle  avait  104  pieds  de  longueur.  Elle  était  composée  dans 
son  milieu  intérieur  de  deux  rangs  de  piliers  au  nombre  de  7 
de  chaque  côté  à  commencer  du  premier  pilier  du  chœur  jus- 
qu'au dernier  du  bas  de  ladite  église,  «  lesdits  piliers  liés  et  ter- 
minés par  des  voûtes  de  pierre  de  taille.  »  Au  bout  supérieur  de 
Téglise,  il  y  avait- trois  autels  sur  la  même  ligne  :  le  grand  autel 
au  milieu,  Tautel  de  la  chapelle  du  Rosaire  au  côté  de  l'Epitre, 
et  Fautel  de  la  chapelle  de  Notre-Dame-de-Pilié  du  côté  de 
TEvangile.  En  cette  chapelle  se  trouvait  la' porte  de  la  sa- 
cristie. 

L'église  avait  44  pieds  de  large  au  chœur.  Elle  avait  d'eux 
bas-côtés,  Tun  de  9  pieds  de  large  au  nord,  l'autre  de  7  pieds 
de  large  au  midi. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  iS8  - 

Seigneuries  de  la  paroisse  de,  Plomeur, 

Le  Xoob.  --  Vîsdelou,  comtesee  du  Guay  (possédé  en  1753). 

KerbiiHe.  -^  Le  DdUi  de  KéréoR. 

Kernus.  —  De  Lohéac  et  d*ËscIabissac. 

Keirouan,  —  De  Lûbiéac  et  d'Bsclasbissatc^ 

Le  Kergos.  ^  De  Derval  et  de  Lbcmnoré.. 

Kerazafi^  eu  Loctudy,  —  Le  Gentil  d9  Rosmorduc. 

La  Villeneuve.  --  De  Lhonoré,  épouse»  de  ViOebla^cbe  ; 
Mme  de  Villeblanche  est  assistée  d»  H^  de^  Penfeotcmyo  de 
Lezuner.  Billouart  de  KervsaégaAit  possédait  aussi  des  droits 
è  Ia  Villeneuve. 

Husurmel.  —  De  Lbonnoréi  épousa  de  Villeblaxicb«« 

Noms  des  Prétendants, 

l.    De  Visdelou,  dame  coiptesse  du  Quay,  dame  du  Jucb., 
9.    hei  Dali,  seigneur  de  Kéréon>  conseifUer  dn;  Roi^  seigneur  d& 

Kerbulic. 
3..:   De  Lohéac  et  d'Bsclasbissac,  sejgpeur  de  Kernus.  et  de. 

Kérouan.  . 
4.    De  Derval,  seigneur  de  Kergos  et  autres  lieux. 
6.    De  Grénédan  (on  n'ifidique  pas  son  flef;. 
6.    Le  Gentil  de  ^osmojrdqc,  seigneuu  de  Kerazan  ei>  Lpctudy. 
1^    Pe  Villeblanche,  de  Lhonnoré,,  seigneurs  deKergos  et  de  la 

Villeneuve. 

8.  De  Penfentenyo  de  Lezuner,  assistant,  pour  la  Villeneuve. 

9.  Billoart,  ou  Billouart,  de  Kervazégant,  possédant  des  droits 

provenant  de  la  Villeneuve. 

Droits  dans  VégUss.  —  Extérieur.  —  After*. 

1.    Portait  principal,  six  écussons  en,  bosse  et  relief.  L'un  d*euis 
à  gauclif  I  gravé  d'un  arbre  de  pin  à  trois  branchea^ 
les  deux  premières  d*icelles  soutenant  deux  oiseaux  (de 
Derval). 
Armes  du  Kergos. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  je9  — 

%    Eetissofi  avec  un  oiseau  dont  on  ne  peut  désigner  le  nom 
(peut-être  l'aigle  de,  la  seigneurie  du  Juch). 

Intérieur.  —  Murs.  —  Voûtes.  —  Piliers. 

1.  Au-dessus  du  portail,  à  rintérieur,  entrée  méridionale  : 
Aigle  éployée  à  2  têtes,  armes  de  la  maison  du  Jioch 
(Yisdelou). 

2.  Au-dessus  du  portail  méridional  ^  à  Tintérieur  ^  à  la 
voûte  :  écussoa  de  Kerbulic^  croix  pattée  chargée  de  5  roses 
(Le  Dali  de  Kéréon). 

S.  Dans  la  pierre  soutenanl  la  niche  de  Sainte  Tumette, 
patronne  de  Téglise  :  mêmes  armes  d&Kerbulic  (Le  Dali  de 
Kéréon).  —  Discussion. 

4.  Dans  la  pierre  soutenant  ta*  niche  de  Sainte  TumeiOe, 
patronne"  de  réglise  :  armes  de  Kerouan  où  on  a  ajouté  en 
creux  dies  rosettes  pour  simuler  les  armes  d^  Kerbulic  (Lohéac 
d'Esclasbissac),  —  Discussion. 

5.  Au-dessus  du  deuxième  pilier,  clef  de  voûte  :  écusson  à 
la  croix  pattée  ^imple,  armes  de  la  terre  de  Kerouan  (Lohéâc 
d'Esclasbissac). 

6.  Nef  ;  au-dessus  de  la  porte  principale  :  écusson  en  bo«se 
et  relief,  représentant  un  pin  k  trois  branches,  les  deux  du 
bas  soutenant  deux  oiseaux  (de  Derval),  armes  d^  Kergos. 

7.  .Voûte  de  la  chapelle  de  Sainte-Anne  :  écusson  en 
relief,  portant  les  mêmes  armes  du  Kergos  (De  Derval). 

tO.  Dans  la  chapelle  de  Sainte-Anne ,  au  montant  de  la 
petite  fenêtre  :  écusson  en  relief,  portant  les  mêmes  armes 
du  Kergos  (de  Derval). 

11.  Mêm^  écusson  gravé  dans  deux,  soubassements*  de 
pierre  soutenant  l'image  de  Notce*Dame  ^  ea  la  chapelle  de. 
Sainte-Anne  (De  Derval). 

12.  A  la*  voût&  du  vestibule  du  baptême  :  écussoiii  en 
pierre,  chargé  de  trois  croissants  q^ui  sont  les  armes  de  la 


Digitized  by  VjOOQIC 


_  170  — 

terre  de  Kerazan,  paroisse  de  Locludy,  à  M.  Le  Gentil  de 
Rosraorduc. 

13.  En  la  chapelle  du  Rosaire,  en  bosse  sur  les  deux  piliers 
de  la  première  arcade  :  écusson  chargé  d'un  écureuil  ram- 
pant :  armes  de  la  seigneurie  de  la  Villeneuve,  à  Madame  de 
Villeblanche,  née  de  Lhonnoré. 

H.  Sur  les  parements  du  maître-autel  :  Trois  écussons, 
les  deux  extrêmes  portant  écarteïé  aux  I  et  4  d'une  tour  aux 
2  et  3  d*un  chat- huant;  celui  du  milieu  portant  une  tour 
seulement,  (propriétaire  inconnu). 

15.  Au  premier  pilier  du  chœur  :  2  écussons  chargés  d'un 
écureuil.  (Terre  de  la  Villeneuve^. 

16.  A  la  clef  de  voûte  :  armes  de  Bretagne. 

17.  Un  écusson  à  3  croissants  (Terre  de  Kerazan). 

'    18.  Un  écusson  à  une  croix  pattée  simple  (Kerouan). 
19.  Un  écusson,  portant  une  aigle  à  2  têtes.  (Le  Juch.) 
30.  Un  écusson  portant  une  rose  (inconnu). 

21.  Un  écusson  portant  un  arbre  do  pin  et  2  oiseaux  y 
branchés.  (Le  Kergos). 

22.  Un    écusson  portant  :  un  écureuil  (La  Villeneuve). 

Escabeaux.  —  Bancs,  —  Accoudoirs.. 

1.  Dans  le  chœur,  deuxième  pilier,  côté  de  TEvangile  près 
le  mattre-autel,  accoudoir  au  siéur  de  Kerbulic  (  Le  Dali  de 
Keréon.) 

2.  Auprès  :  banc  au  sieur  de  Kerbulic  (Le  Dali  de  Keréon)  : 
armorié  d'une  croix  pattée  chargée  de  5  rosettes. 

3.  Banc  et  accoudoir,  premier  pilier,  côté  de  TEvangile  : 
aux  seigneurs  de  Kernus  et  Kérouan(Lohéac-d*Esclasbissac.) 

4.  Banc  et  accoudoir,  le  même  que  le  n<>  1,  appartenant  à  la 
seigneurie  de  Kerouan  (  Lohéac-d'Esclasbissac  )  —  Discus- 
sion. 

5.  Bancs  et  accoudoirs  en  la  chapelle  de  Sainte- Anne  ,  au 
seigneur  du  Kergos  (deDerval) 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  171  ~ 

6.  Chapelle  da  Rosaire.  —  Banc  et  accoudoir  de  la  seigneu- 
rie de  la  Villeneuve,  dame  delà  Villebanche^née  de  Lhonnoré. 

7.  GYand  banc  clos,  aux  armes  du  sieur  de  Billouarl  de  Ker' 
vazégant  et  de  sa  femme,  ayant  eu  des  droits  sur  la  terre  de 
la  Villeneuve,  en  avant  de  la  chapelle  du  Rosaife  (  dame  de 
Villeblanche,  née  de  Lhonnoré). 

8.  Dans  le  chœur,  au  premier  pilier  ;  banc  et  accoudoir  ar- 
moriés, mi-parti  de  Lhonnoré  et  de  Coêtlogon  :  l""  Lozangé 
d'argent  et  de  sable  à  la  côtice  de  gueules  brochant,  qui  est  de 
Lhonnoré,  et  de  gueules  à  trois  écussons  d'hermines ,  qui  est 
de  Goëtlogon« 

9.  Banc  et  accoudoirs  devant  la  chapelle  du  Rosaire,  aux  ar- 
mes des  sieurs  et  dame  de  Kervazégant-Billouart,  qui  sont  : 
d'or  à  la  croix  d'azur,surmonlée  de  deux  étoiles  de  gueules,  et 
de  gueules  à  2  chevrons  brisés  d'argent,  surmontées  de  deux 
molettes  de  même. 

Tombeaux. 

1.  Quatre  tombes  basses  à  fleur  de  terre  sous  l'arcade  du 
chœur ,  côté  de  l'épitre ,  au  sieur  de  Kerbulic  (Le  Dali  de 
Kéréon). 

2.  Une  tombe  basse  à  fleur  de  terre,  armoriée  de  cinq  écus- 
sons en  relief  et  bosse ,  portant  savoir  :  celui  du  milieu  les 
armes  pleines  de  Kerbulic,  c'est-à-dire  une  croix  pattée  à  cinq 
rosettes  et  les  quatre  autres  écussons  mi-parti  de  Kerbulic  et 
de  diverses  alliances  de  cette  maison. 

3.  Tombe  avec  enfeu,  élevée  d'un  pied  et  demi,large  de  trois 
pieds,  longue  de  six  pieds  et  quatre  doigts ,  côté  de  l'évangile, 
première  arcade,  avançant  du  côté  du  mattre-autel ,  d'un 
pied,  armoriée  d'un  écusson  à  la  croix  pattée  simple  au  milieu 
de  la  tombe  ;  armes  de  Kérouan  (Lohéac-d'Ësclasbissac). 

4.  Tombe  à  fleur  de  terre,  côté  de  l'évangile ,  armoriée  de 
cinq  écussons  en  relief  et  bosse';  celui  du  milieu  timbré,  por- 
tant une  croix  pattée  simple,  les  quatre  autres  avec  diverses 
alliances  de  la  maison  de  Kérouan  (Lohéac-d*Esclasbissac). 


Digitized  by  VjOOQlC 


—  1T2  — 

5.  Beua  tombes  à  fleur  de  terre,  noti  armoriées ,  el  tracées 
d'une  grandie  croix  ;  aux  seigneurs  de  Kernus  et  de  Kérouaa 
(Lobéac-d'Esclasbissac). 

6.  AttJ  pignon  oriental  de  1»  chapelte  de  Sainte-Anne,  torabe 
au  seigmur  du  Kergos  (deDerval). 

7.  Au  mur  côtier  de  la  chapelle  dtii  Rosaire ,  cy-ctei/ant  cba^ 
pelle  iw  Saint-Michel,  un  eofeu  a^vec  voûie  renlermant  ane 
tombe' élevée  sur  laquelle  est  une  croix  florencée,  et  aux  côtés, 
hf  gravure  de  deux  éeu^soas  en  bosse ,  chargés  d'un  écureuil 
rampaHFit  ;  an»es  de  la  terre  de  la  Villeneuve  (de  VilleWanch©, 
née  deLhonnoré). 

8.  Tombe  élevé»  au  milieu  de  la  nef ,  portant  un  éeusson  à 
trois  croi<x  alaisées,  2  et  1  qm  sont,  dit-on,  le^  armes  des 
Furie. 

91  Tombe  à  ras  de  terre,  près  Tautel,  portant  cinq  écus^ 
sons  :  1*^  au  milieu,  croix  paltée,  chargée  de  5  rosettes  v^  en 
haut,  à  gauche,  écusson  chargé  d'un  annelet  ou  cercle  ;  3°  en 
hwL,  à  droite,  4^  et  5p,  en  bu^  écusson  parti  dii.  premier  et 
du  deuxième  ;;  de  Kerbulic  (Le  Dali  de  Kéréoni). 

lO®  Tombe  à  ras  de  terre ,  voisine,  portant  une  croix  patléer, 
sans  qu'on»  puisse*  distinguer  s'il  y  a  des  rosettes;  Kerbulic  (Le 
Dali  de  Kéréon). 

11®  En  fece  du  maître^au*tel,  tombe  très-élévée  avec  marbre, 
ek  se  trouve  un  écusson  portant  une  simple  croix  paitée  sans 
rosettes  de  Kérouan  Lohéac  ;  d'Eselasbissac, 

12«  Dans  la  chapelle  du  Rosaire  ,  k  fleur  de  terre^  cinq 
tombes  sans>  écusson,  sur  l'une  desquelles  une  eroix;  gravée  au 
traita 

13«.  l^tr^e  la  balustrade  da  cette  ehapelle  et  la  balusUrade 
du  chœur^  1&  tomt^s  :  h  écusson  cbacgé  d'une  croix  patlée 
ehargée  de  cinq  rosettes  (Kerbulic)  ;  2o  une  croix  pattée  sans 
qu'on  puisse  voir  s'il  y  a  ou  non  des  rosettes  ;  3©^  rien  ;  A^  écus- 
son avec  un  animal  indistinct  en  relief  ;  6<»  écusson  chargé 
d'un  lambel  et  de:  deux  pommes  de  pin ,  ^  la  pointe:  en  haul  ; 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  173  — 

6o  einq  écussoDs  en  relitf,  reliés  par  des  cardeauxet  Odr^nements, 
au  milieu  écu  chargé  d*uQ6  croix  paltée  simple ,  len  haut  un 
écusson  écdr4elé  au  1  et  4  de  la  croix  pattée,  au  3  de  deux 
fâsciîs  et  de  deux  chevrons  brochant,  au  3  d*hermines  un 
second  écusson  écartelé  bu  1  et  4  de  la  croix  pattée  ;  au  2* 
de  la  croix  pattée  chargée  d'une  cotice  brochant,  au  3*  d'un 
arbr«  irraché  ;  en  bas  un  écusson  parti  de  deux  Aisces  et  deux 
chevrons  et  d'un  écureuil  rampant  ;  le  4*  ccusson  parti  de  la 
croix  pattée  et  d'une  figure  que  Ton  ne  peut  distinguer  ; 
7<»  tombe  à  une  croix  fleurie  sans  armoiries  ;  8»  Croix  sans 
armoiries  ;  9°  idsm  ;  10^  11**,  12<»  et  13^,  aucun  signe  ; 
14o  grand  écusson  en  relief,  parti  d'une  croix  et  de  six  fleurs 
de  lys  posées  3,  2,  1  ;  15"  Ecu  carré  indistinct  ;  16%  17'  et 
18,  aucun  signe. 

!4o  Sous  le  banc  de  la  dame  de  Villeblanche,  née  Lhonnoré, 
dame  de  la  Villençuve,  tombe  avec  écusson  oval ,  portant  un 
animal  qu'on  ne  peut  plus  distinguer. 

15.  Plusieurs  tombes  ornées  de  croix  de  calices  et  du  Saînl- 
Sacrément,  sépultures  d'ecclésiastiques. 

«  Observant  de  plus  qu'il  y  a  aussi  du  côté  de  l'Evangile  nn 
corbeau  supportant  l'image  de  Sainte  Tumette  patronne  de  la 
ditte  église  paroissiale  de  Plomeur,  auquel  corbeau  il  y  a  un 
écusson  en  relieff  et  en  bosse,  portant  cy-devant  une  croix 
pâtée  simple  qui  sont  les  armes  de  Kerouant,  lequel  écusson 
paraît  avoir  été  altéré  par  le  marteau,  et  qu'on  y  a  creusé 
plusieurs  rosettes  qui  r^'y  étaient  pas  anciennement,  et  en  vue 
de  s'arroger  les  droits  honorifiques  au  dit  corbeau  de  pierre, 
que  la  ditte  demoiselle  Françoise  Lohéac  aux  dittes  quali- 
tés, sontient  dépendie  de  la  terre  de  Kérouan,  et  non  de  celte 
de  Kerbullic  ;  et  pour  les  justifier,  elle  demande  pour  appurô 
que  dans  l'écusson  posé  sur  le  banc  de  la  ditte  terre  de  Kerbu- 
lic,  les  cinq  rosettes  dont  la  croix  est  chargée,  sont  en  bosse 
et  en  relieff,  au  lieu  que  dans  l'écusson  étant  au  corbeau  qui 
soutient  l'image  de  Sainte  Tumette,  qu'on  a  depuis  peu  d'au- 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  174  — 

nées  «Itéré  et  barbouillé  Ae  peinture,  se  trouvaient  creusées  et 
piquées  à  coups  de  marteau  ;  conteste  de  plus  la  ditte  demoi- 
selle que  le  banc  et  accoudoir  étant  dans  le  chœur;  dépende 
de  la  terre  de  Kerbulic,  ayant  au  Contraire  de  tout  temps  appar- 
tenu à  la  seigneurie  de  Kerouan,  ainsi  qu'elle  est  en  état  de  le 
justifier  par  titres  et  possession,  et  notamment  par  un  procès- 
verbal  fait  pour  les  prééminences  de  la  ditte  église  au  mois  de 
septembre  mil-six-cent-vingt-deux.  » 

«  Qu'aux  deux  côtés  de  la  ditte  vitre  il  y  a  deux  corbeaux,  Tun 
du  côté  de  TEpitre  qui  est  vuide  et  Tautre  du  côté  de  TEvangUe 
en  forme  de  cul  de  lampe,  sous  Timage  de  Sainte  Tumette,  sur 
lequel  corbeau  il  y  a,  et  paraît  un  écusson  en  bosse  et  pris 
dans  la  pierre  formant  ledit  corbeau.  Le  dit  écusson  portant 
une  croix  pattée,  la  ditte  croix  ayant  aux  extrémités  de  chaque 
branche,  et  au  milieu  d'icelle  des  rosettes,  mollettes  ou  quinte- 
feuilles  engravées  ou  creusées,  faisant  les  diltes  ^rosettes  ou 
moUeles  le  nombre  de  cinq  ;  et  sur  ce  que  le  dit  sieur  de  Kéréon 
le  Dali  a  soutenu  par  son  plaidé,  que  le  dit  écusson  porte  les 
armes  de  la  maison  de  Kerbullic,  qu'il  dit  être  d'or  à  une  croix 
pattée  d'azur  parsemée  ou  chargée  de  cinq  rosettes  d'argent,  et 
le  soutient  au  contraire  de  la  dite  demoiselle  de  Lohéac  de 
Kernus,  que  le  dit  écusson  en  pierre  ne  doit  être  qu'une  croix 
pattée  simplement  qui  sont  les  armes  de  la  terre  de  Kerouant, 
laquelle  croix  ne  doit  être  parsemée  ny  chargée  d'aucune  autre 
marque,  armoiries  ou  intersignes,  et  que  le  changement  qui  y 
paraît  à  présent  n'a  pu  être  occasionné  que  par  méfaits,  ce  qui 
se  vérifie  par  la  relation  faite  dudit  écusson  par  le  procès-ver- 
bal du  mois  de  septembre  1622,  et  par  l'écusson  qui  se  trouve 
actuellement  sur  le  banc  appartenant  au  dit  sieur  de  Kèréon 
le  Dali.  » 

«  Avons  à  cet  égard  sur  les  contestations  et  soutients  respec- 
tifs des  diltes  petpties,  icelles  renvoyées  se  pourvoir  par  les  voyes 
de  droit.  » 


Digitized  by  VjOOQIC 


V 

'"^L 
---*^ 


^ 


—  ns  — 

Vitraux. 

1.  Côté  de  TEvangile.  :  De  gueules  à  l'aigle  à  2  têtes 
éployée  d'argent,  armée  et  becquée  d'or,  qui  sont  les  armes 
de  la  maison  de  La  Farest  du  Juch|  (Visdelouj. 

2.  Immédiatement  au-dessus,  écusson  de  Bretagne. 

3.  En  la  chapelle  qui  fait  Faile  du  chœur  du  côté  de  TE- 
vangile  :  Ecusson  d'or  à  une  croix  pattée  d'azur  chargée  de 
5  rosettes  d'argent  (anciennes  armes  de  la  seigneurie  de  Ker- 
bulic)  appartenant  à  Le  Dali  de  Kéréon. 

4.  Eu  la  chapelle  de  Sainle-Anne  :  Armes  de  Bretagne. 

5  En  la  chapelle  de  Sainte^ Anne  :  D'argent  à  un  arbre  de  pin 
de  sinople  à  3  branches»  dont  les  deux  premières  soutiennent 
chacune  un  oiseau  d'or;  (de  Derval)  armes  de  Kergos. 

6.  Même  chapelle  :  Parti  des  armes  de  Kergos  citées  plus 
haut  et  d'azur  à  la  tour  d'argent,  ancienne  alliance  des  Kergos 
(de  Derval). 

Même  chapelle  :  Parti  des  armes  de  Kergos  citées  plus  haut, 
et  d'or  à  la  croix  pattée  d'azur  chargée  de  5  roses  d'argent  qui 
sont  les  armes  de  Kerbulic,  ancienne  alliance  des  Kergos. 

8.  Mémo  chapelle  :  Parti  des  armes  de  Kergos  déjà  citées  au 
2«  d'argent  à  3  faces  de  gueules,  qui  sont  les  armes  d'une  an- 
cienne alliance  des  anciens  Kergos,  (peut-être  les  Tbogoff),  (de 
Derval).  *, 

9.  Même  chapelle  :  D'azur  au  chef  endenté  d'argent  (famille 
et  fief  inconnus). 

10.  Même  chapelle  :  €  Au-dessous  du  Sauveur  un  priant  et  une 
priante.  Le  priant  en  cotte  d'armes,  ayant  à  ses  genoils  un 
heaume  taré  de  front,  et  sur  ses  habits  un  écusson  parti  des 
mêmes  armes  de  Kergos,  et  d'argent  à  trois  têtes  de  loups  arra- 
chées de  sable.  La  priante  ayant  sur  ses  habits  un  écusson 
parti  des  mêmes  armes  de  Kergos  et  verre  et  contre  verre  d'ar- 
gent et  d'azur  »  (de  Derval). 

11.  Chapelle  du  Rosaire,  cy  devant  de  Saint-Michel  :  Un  seul 
écusson  brisé  qui  portait  un  écureuil  rampant,  armes  de  la  terre 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  1T6  - 

de  la  Villeneuve   (dame  de  la  Villeblanche  née  de  LhoDDoré^. 

}2.  Vitraux  aux  armes  de  la  terre  ia  la  Villeneuve,  du  Ker- 
gos,  de  Musurmel  non  décrites»  j 

15.  Maîtresse  vitre  duobœur:    5  écassmis  aux  armes  d^      1 
Bretagne.  .•! 

14.  Vitrail  de  la  <;hap«lle  et  Notre^ame-d«-Pitié  t  B  écus- 
BOns :  ! 

40  de  Bretagne,  2o  écusson  ron){m  et  remplacé  en  verre      \ 
blanc,  qui  aurait  été   ^omiïie  le  n*  6,  de  gueules  à  t^aigle  à 
2   têtes  éplôyée  d'argent,  armée  et  becquée  d'or,  3«  éci^on 
d'or  à  la  croix  pattée  é'étof  cbargéer  de  5  bsettes  d*argeDt, 
4»  d'aïnr  à  Técureuil  d'or. 

i5<>  Emargent  au  pin,  à  3  branches  de  sinople,  les  2  du  bas 
soutenant  2  oiseaux  d'or.  Le  Kergos  (de  Derval). 

lô*»  Chapelle  du  Rosaire  :  D'azur  à  l'écureuil  rampant  d*ôîr, 
l'écu  surmonté  d'un  casque  el  de  ses  lambrequins.  La  Ville- 
neuve (de  Lhonnoré). 

17<>  Au  dessus  du  poc tail,  au  pignon  occidental,  en  haut  du 
vitrail,  écusson  parti  de  France  et  de  Bretagne. 

Droits  et  privilèges  divers. 

1.  Le  seigneur  du  Kergos  a  droit  h  la  nomination  du  chape- 
lain en  la  chapelle  d^  Saiuie-Anne,  église  de  Plomeur  ;  il  a  la 
prééiiiinence  de  celte  chapelle,  il  y  a  ses  écussons^  ceux  de  ses 
alliances  et  iouâ  autres  Ami^  et  marques  honorifiques  (de 
Derval). 

2.  Le  seigneur  de  Gf  énedan  réclama  des  droits  et  pdvil^es,      r 
qui  ne  sont  pas  indiqués  et  sans  faire  connaître  le  nom  de 
son  fief. 

3.  Diverses  prééminences  el  înlersignes  de  droits  hontjfii- 
ques  en  la  chapelle  du  Rosaire,  église  de  Plomeur  (U^  Aè  Lhon- 
iH)ré,  épouse  séparée  du  sieur  de  Villeblanôhe,  «t  dame  de  la 


Digitized  byVj OOQ le, 


-.  177  -- 

4.  Et  divers  droits  et  prééminences  dans  différentes  parties 
de  Féglise  pour  la  Villeneuve,  le  Kergos  et  Musurmel. 

M.  de  Montifault  continue  par  la  lecture  d'une  lettre 
de  M.  Le  Teurs,  instituteur  à  Saint-Urbain  qui  signale 
les  antiquités  de  cette  commune.  Elle  est  ainsi  conçue  : 

«  Au*village  de  Kerbaol,il  y  a  un  champ  qui  selon  la  tradition 
aurait  servi  de  cimetière,  où  seraient  inhumés  les  habitants  de 
Plougastel.  On  remarque  encore  des  traces  du  chemin  qui 
aboutissait  de  ce  bourg  à  Kerbaol.  On  l'appelle  Karren-Plou- 
gastel  ;  il  a  une  largeur  de  4  mètres.  » 

«  Dans  les  fouilles  que  Ton  a  faites  en  labourant  ce  champ,  on 
a  découvert  les  fondations  (10  mètres  de  longueur  et  4  mè- 
tres de  largeur)  de  la  chapelle  qui  se  trouvait  au  milieu  du  ci- 
metière et  des  petites  habitations  qui  selrouvaient  àTentour. 
Ces  cabanes  ou  cellules  étaient  habitées  par  des  moines,  en 
breton  Manac'hed.  » 

«  Restent  comme  vestiges,  la  fontaine  de  Saint-Paul,  que  Von 
venait  visiter  pour  les  maux  de  dents,  et  un  lavoir  entouré  de 
quatre  murs  en  pierres.  On  dit  aussi  qu'il  y  a  des  trésors  ca- 
chés aux  environs.  » 

«  Celte  parcelle,  nommée  en  breton  Veret-ar-Saozon,  et  por- 
tant le  n^  189,  comme  la  section  cadastrale,  n'a  plus  sa  forme 
primitive  ;  on  Ta  beaucoup  agrandie.  Elle  a  maintenant  la  forme 
d'un  polygone  irrégulier,  terminé  par  des  lignes  sinueuses. 
M.  Harhic,  Guillaume,  de  Kerbaol,  en  esMe  propriétaire.  » 

«  Dans  ma  dernière  promenade  à  Kerbaol,  j'ai  appris  que  les 
moines  de  Daoulas  et  ceux  de  Kerbaol  allaieiit  une  fois  par  an 
dîner  à  la  maison  de  Korigans  (Ty-Korrik)^  qui  se  trouve  dans 
les  montagnes  de  Ménez-ar-Rohau^  à  2  kilomètres  environ  de 
ce  village.  Ce  que  l'on  désigne  ainsi,  n'est  autre  chose  qu'une 
grosse  pierre,  longue  de  3  mètres,  large  de  2  m.  90  c.  et 
épaisse  de  1  m.  40  c,  côté  ouest  et  1m.  65  c,  côté  est.  Elle 
est  supportée  par  trois  autres  pierres  et  est  dans  un  plan  in- 

12 


Digitized  by  VjOOQIC 


'_  178  - 

cliné  du  nord  au  sud.  Je  l'ai  mesurée  en  son  milieu,  et  j'ai 
trouvé  que  son  élévation  au-dessus  du  sol  est  de  2  mètres.  • 

«  Dans  le  milieu  de  la  pierre,  à  peu  près,  et  au-dessous,  il  y 
a  une  cavité,  profonde  de  0  m.  09  c.  et  large  de  0  m.  08  c. 
Dans  ce  creux  il  y  a  cinq  petits  trous  disposés  en  cercle  in- 
complet, qut)  Ton  dit  élre  faits  par  les  doigts  du  Korrik,  en 
soutenant  cette  grosse  pierre.  A  SOO  mètres  de  Ty-Korrik^ 
passe  un  chemin  dit  Ifew^M^iiez-ar-iloftoii  on  Hent-Meur^  qui 
aboutit  à  Landerneau.  » 

«  Sur  la  même  ligne,  mais  plus  au  nord,  au  village  de  Penheb^ 
se  trouvent  les  fortifications  appelées  Ar-Forchou.  Ce  sont  troîg 
fossés  en  terre  ayant  une  largeur  de  16  mètres  environ.  Le  pre- 
mier, haut  de  2  mètres,  a  6  mètres  de  largeur  et  est  distant 
du  deuxième  de  2  mètres.  Il  n'y  a  pas  de  douve  extérieure.  L^ 
deuxième  fossé  qui  a  4  m,  50  c.  de  largeur, n'est  pas  aussi  haut 
qne  le  premier.  Il  est  écarté  de  1  m.  70  c.  du  troisième  fossé 
qui  n'a  que  2  mètres  de  largeur.  » 

«Ces  remparts  vont  du  village  de  Penheb  jusqu'à Lanhouar- 
neau.  » 

«  Toujours  dans  la  même  direction,  cette  fois  un  peu  à  l'ouest 
il  y  a  au  Bodan,  un  champ  au  nommé  Calvez,  François,  dans 
][equel  on  a  trouvé  une  pièce  de  20  francs  ;  il  n'a  pas  su  me  dire 
quelle  effigie  elle  portait.  Il  m'a  fait  savoir  que  la  pièce  a  été  - 
vendue  à  Brest,  pour  1 5  francs,  il  y  a  de  cela  14  ans.  » 

«  On  trouve  toujours  des  briques  dans  ce  champ,  même  au 
dire  du  propriétaire,  il  y  aurait  un  pavé  en  briques,  à  une  cer- 
taine profondeur  dans  la  terre.  » 

«  La  tradition  ne  laisse  aucun  souvenir  de  ce  champ,  dont  je 

ne  saurais  vous  donner  le  numéro.—  M.  le  Maire  m'a  annoncé, 

dimanche,  qu'il  n'y  a  sur  le  cadastre  aucun  champ  portant  le 

^  nom  de  Goarem-Huella^  et  le  propriétaire  n'en   connaît  pas 

d'autres.  » 

«  Voici  maintenant  les  inscriptions  telles  quelles  se  trouvent 


Digitized  by  VjOOQIC 


J'À 


.  ..IB 


—  179  — 

sur  les  murs  extérieurs  de  l'aile  droite  de  la  chapelle  de  Tré- 
varo  : 

0   :  MOBVAN  :  BT  M   ;   F.   RôLLAHD  C 

G  :  Cariov  :  F  VBB  :  M.  :  H.  MiOSS 

170Q.  BC  :  p.  P  :  Mobia 

R  :  F  ;  D.  Carioy.  F 

noi. 

€  Celle-ci,  à  gauche  de  la  fenêtre,  l'autre  au-dessus.  Sur  le 
clocher  il  y  a  une  autre  inscription  que  je  n'ai  pu  lire.  » 

«  Près  du  portail  de  l'église  se  trouve  une  pierre  servant  de 
bénitier  qui  fornje  la  figure  ci-contre  (1).  C'est  la  partie  A 
qui  sert  de  bénitier.  Au  point  B,  il  y  a  une  entaille  qui  sem- 
blerait faite  pour  soulever  la  pierre.  » 

«  En  face  du  portail  et  à  quelques  mètres  des  fondations,  il  y 
a  deux  tombeaux  Sur  Tun,  il  y  a  une  croix,  un  calice  et  l'épi- 
l^aphe  suivante  :  Missibb  Gérovm  Miosseg  décédé  en  1719. 
Sur  l'autre  tombe  on  ne  remarque  plus  rien.  » 

«Enfln,daus  le  chœur  (de  la  chapelle), on  voit  la  pierre  tom- 
bale de  Monseigneur  de  Louet,  né  au  Quinquis,en  Saint  Urbain, 
et  mort  en  1.505.  11  n'y  a  qu'une  croix  sur  la  tombe.  » 

a  A  un  quart  de  lieu  du  bourg,  au  château  de  Créachbalbé« 
autrefois  manoir  de  la  Salle,  il  y  a  une  élévation  de  terre 
nommée  Torghen-ar-Sal^  dans  laquelle  on  a  enterré  le  pro- 
phète Gouinclé  (c'est  probablement  le  nom  en  breton  ).  On  dit 
aussi  qu*il  y  a  un  diamant  et  des  trésors  enfouis  dans  cette 
butte  de  terre.  » 

M.  le  président  adresse  tous  ses  remerciments  et 
ceux  de  l'Assemblée  à  M.  Le  Teurs,  pour  le  travail 
fait  avec  tant  d'intelligence  et  de  soins,  qu'on  vient  de 


(I)  C'est  uDe  pierre  circulaire  de  0  m.  40  c.  do  diamètre,  dans  la- 
quelle parait  être  encastrée  une  deuxième  pierre  creusée  en  gout- 
tière, ayant  0  m.  80  c.  de  longueur,  sur  0  m.  14  c.  de  largeur. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  180  - 

lire,  n  ajoute  qu'il  serait  très-intéressant  de  savoir  ce 
que  Ton  dit  à  Saint-Urbain  du  prophète  Gouinclé  et 
de  connaître  les  superstitions  de  cette  cpmmune. 

M.  Flagelle  fait  remarquer  que  Ton  rencontre  sur 
plusieurs  points  du  Finistère  des  cimetières  connus 
sous  le  nom  de  Cimetière  des  Anglais  ou  de  Veret  ar 
Saozon. 

M.  Audran  observe  que  M«'  René  du  Louet,né  en  1584, 
sacré  évêque  de  Quimper,  le  1®'  février  1642,  et  mort 
le  iS  février  1668,  a  été  inhuiùé  dans  sa  cathédrale  ; 
l'absence  d'inscription  sur  la  pierre  tumulaire  a  sans 
doute  été  cause  de  l'erreur  involontaire  de  M.  Le  Teurs. 

M.  de  Montifault,  au  nom  de  M.  l'Inspecteur  d'Aca- 
démie, donne  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  M. 
Lazennec,  instituteur  à  Brasparts,  appelle  l'attention 
de  la  Société,  sur  un  tumulus,  situé  près  du  bourg  de 
Saint-Rivoal,  en  face  du  village  de  Lost-ar-Hoat  et  qui 
ne  paraît  pas  avoir  été  fouillé. 

L'Assemblée  remercie  M.  Lazennec  de  sa  communi- 
cation et  en  prend  bonne  note  afin  de  pouvoir  faire 
des  fouilles  dès  que  les  ressources  de  la  Société  le 
permettront,  et  «tprès  avoir  obtenu  l'autorisation  du 
propriétaire. 

Elle  accepte  aussi  avec  reconnaissance  les  plans 
des  camps  romains  de  Brasparts,  Châteàunoir,  Stu- 
menven,  que  M.  Lazennec  se  propose  de  lever  de  con- 
cert avec  M.  Coudray,  agent-voyer  à  Brasparts;  eu 
recommandant  à  ces  messieurs  de  n'y  omettre  aucun 
détail  intéressant. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  de  Montifault 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  181  — 

fait  le  rapport  d'excursions  archéologiques  faites  der- 
nièrement par  lui  et  M.  de  Trogoff,  dans  les  communes 
de  Fouesnant  et  de  La  Forêt. 

EXCURSIONS  ARCHÉOLOGIQDES 

DAlfS    LBS    GOmiUNES    DE    FOUESITÂIfT    ET    LA     FOBÊT. 


Il  y  a  deux  mois  environ^  M.  de  Trogoff  de  Coatalio,  notre 
collègue^  qui  s'occupe  avec  zèle  de  rechercher:  les  monuments 
et  les  objets  qui  peuvent  inléresser  la  Société  et  enrichir  le 
le  Musée,  m'annonça  qu'il  avait  reconnu  dans  un  taillis  appar- 
tenant à  M.  de  Pouipiquet  en  Fouesnant,  trois  tombelles  ou 
lumulus,  et  qu'il  existait  près  de  la  propriété  plusieurs  en- 
ceintes qui  semblaient  être  des  emplacements  de  camps  Gau- 
lois, de  camps  Romains,  et  des  subslructions  d'habitations  an- 
ciennes. 

M.  de  Trogoff  invita  M,  Le  Men  et  moi  à  aller  visiter  les 
lieux,  nous  offrant  l'hospitalité,  se  faisant  fort  d'obtenir  de 
H.  de  Ponlpiquet,  son  cousin,  l'autorisation  de  fouiller  les  tu- 
œulus,  et  se  chargeant,  quoiqu'on  fut -occupé  à  battre»,  de  trou- 
ver les  ouvriers  nécessaires. 

M.  Le  Men  n'ayant  pu  venir,  je  partis  avec  M.  de  Trogoff, 
nous  nous  rendîmes  d'abord  à  la  pointe  de  Becmeil,  où  M.  Le 
Hen  supposait  qu'il  y  avait  des  subslructions  Romaines  ou  Gau- 
loises. Nous  y  rencontrâmes  M.  Louis  Hémon,  notre  collègue  et 
M.  Le  Moine,  ingénieur.  Nous  parcourûmes  en  tous  sens  les 
landes  situées  entre  les  deux  menhirs  et  le  chemin  du  séma- 
phore. Là  nous  trouvâmes  une  vaste  enceinte  qui  a  évidemment 
servi  de  camp  retranché  à  une  époque  plus  ou  moins  ancienne. 
Une  partie  des  retranchements  a  été  utilisée  sousflR*'  Empire, 
pour  fonder  une  batterie  assez  importante  pn  ligne  droite,  do- 
minant la  mer,  et  terminée  à  chaque  extrémité  par  deux  plate- 
formes demi-circulaires.  Cette  batterie  aujourd'hui   démolie 


Digitized  by  VjO^Q  IC 


—  182  — 

était  construite  en  fort  moellons  liés  à  chaux  et  à  sable.  G*est 
sans!  doute  ces  substructior^s  qu'on  avait  voulu  indiquer  à 
H.  Le  Men,  car  malgré  toutes  nos  recherches,  il  nous  a  été 
impossrble  de  découvrir  une  brique  ou  des  traces  d'anciennes 
fondations. 

Le  lendemain  nous  parcourûmes  une  partie  des  communes 
de  Fouesnant  et  La  Forêt  ;  dans  plusieurs  endroits  on  rencontre 
des  traces  de  forliflcalions  assez  mal  conservées  et  des  débris 
de  briques  romaines.  Tous  les  plateaux  entre  Coalalio,  Foues- 
nant et  La  Forêt  ont  été  habiles  et  même  fortifiés  pendant  la 
période  Gauloise  et  la  période  Romaine,  mais  ce  qui  reste  est 
impossible  à  relever,  la  culture  a  trop  détruit  et  trop  déforme 
les  enceintes. 

MM.  de  Poulpiquet  nous  accordèrent  très-gracieusement  la 
permission  de  fouiller  les  tumulus  qui  leur  appartiennent  dans 
les  bois  de  Penfouiic,  près  Fouesnant.  Ces  tumulus  sont  au 
nombre  de  trois,  lis  sont  situés,  deux  dans  un  bois  taillis,  et  le 
3e  dans  une  haute  fulaie,  le  tout  à  l'exlérieur  d  un  camp  re- 
tranché important  avec  double  rempart  et  douve  ou  chemin 
couvert  au  milieu.  Les  remparts  en  terre  et  pierres  jetées 
sans  ordre,  ont  encore  trois  à  quatre  mètres  de  largeur  au  som- 
met, et  2"»  50  à  3*»  de  hauteur. 

Les  trois  tumulus  ne  sont  éloignés  de  ce  retranchement  que 
de  7  à  15  mètres.  Us  ont  chacun  10  mètres  de  diamètre,  avec 
une  douve  ou  rigole  d'environ  1  mètre  de  largeur.  Deux 
d*entr'eux,à  quelques  mètres  Tun  de  Tautre^dans  le  taillis,  sont 
fort  peu  élevés,  ils  n'ont  guère  qu'un  mètre  de  hauteur. 

Le  3*  au  contraire,  tout  en  n'ayant  que  le  même  diamètre 
offre  des  pentes  à  pic.  11  était- parfaitement  conservé,  en  un 
mot  intact.  C'est  celui  qui  est  dans  la  futaie  et  appartient  à 
H.  Charles  de  Poulpiquet.  Il  est  situé  à  10°^  de  la  barrière  de 
H.  Alavoine,  à  Test  du  chemin  qui  va  à  la  mer,  à  5°^  du  bord 
de  ce  chemin.  Il  est  couvert  d'arbres  de  futaie  et  de  fortes 
souches. 


Digitized  by  VjOOQIC 


.,.,_U85'—  .    -:-..^ 

C'est  celui  dont  nous  entreprîmes  la  fouiile.  M,  de  Trogoff, 
M.  de  Poulpiquet,Charles,M.  Le  Rodallecjuge  de  paix  à  Foues- 
nanl»  M.  Louis  Hémon,  avocat,  M.  Le  Moine,  ingénieur  à  Paris 
et  moi  dirigeâmes  les  fouilles. 

Nous  avons  constaté  que  le  tumulus  avait  10  mètres  de 
diamètre.  11  était  entouré  d'une  douve  ou  fossé  de  2  mètres 
de  largeur  et  de  40  à  60  centimètres  de  profondeur.  Le  dia- 
mètre total  du  monument  est  donc  de  14  mètres  y  compris  la 
douve.  La  hauteur  perpendiculaire  du  sommet  au  sol  naturel 
est  de  3  m.  20  c. 

Nous  avons  ouvert  la  tranchée  de  1  mètre  de  largeur  de 
l'ouçst  à  l'est,  sur  une  longueur  de  7  mètres,  puis  nous  l'avons 
élargie  vers  le  centre  de  manière  à  obtenir  au  centre  une 
cuvette  de  3  mètres  dé  diamètre. 

Dans  cette  opération  nous  avons  rencontré  de  nombreux 
morceaux  de  charbon,  des  couches  do  terre  calcinée  d'une 
teinte  rouge  et  présentant  presque  l'aspect  de  la  brique,  mais 
pas  un  seul  débris  d'urne  ou  de  poterie. 

Nous  n'avons  pas  fouillé  les  deux  autre  tumulus  qui  sont 
dans  le  taillis. 

M.  de  Trogoff  a  pris  généreusement  à  sa  charge  les  frais 
assez  considérables  de  cette  fquille. 

Le  jour  suivant  nous  sommes  allés  visiter  le  curieux  châ- 
teau de  Lespont.  Dans  le  pays  on  dit  que  ce  château  élait  un 
château  de  Templiers.  Mais  je  ne  sais  si  cette  opinion  est  fon- 
dée. Le  château  de  Lespont  était  fort  important.  Il  occupe  une 
vaste  enceinte  de  100  mètres  de  longueur  environ,  close  de 
murs  qui  sont  de  véritables  remparts,  hauts  de  12  à  15  mètres, 
en  larges  pierres  de  moellons,  avec  angles  en  pierre  de  taille. 
Ces  murs  sont  garnis  de  meurtrières.  L'entrée  est  une  porte 
è  plein  ceintre  où  Ton  voit  encore  d'énormes  gonds  enchâssés 
dans  la  pierre  de  taille.  Au-dessus  de  la  porte,  mais  pas  au 
milieu,  à  gauche,  se  trouve  un  écusson  supporté  par  2  lions 
et  surmonté  d'une  couroune.  L'écusson  et  la  couronne  ont  été 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  184  — 

martelés;  cepeudanl  on  voit  que  Técu  était  écartelé  ;  les  sop* 
ports  sont  deux  lions  à  peu  près  assis  et  semblant  grimper 
contre  les  bords  de  reçu  ;  la  queue  est  passée  entre  les  pattes 
de  derrière. 

Le  chât(*da  de  Lespont  présente  des  ruines  grandioses.  Par 
ce  qui  reste  on  peut  juger  qu*il  était  le  cheMieu  d'une  très- 
importante  seigneurie. 

Nous  avons  cherché  en  vain  l'ouverture  du  souterrain  que 
les  gens  du  pays  prétendent  avoir  vu,  et  qui  aurait  été  comblé 
depuis.  Sx  ce  souterrain  légendaire,  qui  s'étend,  dit-on,  très- 
loin,  a  jamais  existé,  son  ouverture  se  trouverait  au  pignon 
ouest  de  ce  qui  reste  actuellement  du  château,  à  un  endroit 
où  restent  des  subslructions  d^e  deux  pièces  assez  vastes. 

Ce  château  appartient  aujourd'hui  à  M.  Buzaré. 

Enfin,  nous  avon^  visité,  avec  M.  de  Trogoff,  l'église  de 
La  Forêt,  son  cimetière  et  ses  environs.  Je  ne  vous  ferai  pas 
la  description  de  la  remarquable  église  de  La  Forêt,  qui  est 
connue  de  la  plupart  d'entre  vous.  Mais  je  dois  dire  un  mot 
d'un  tableau  d'une  grande  valeur,  qui  surmonte  Taulel  de  la 
chapelle,  qui  est  jsiiuée  du  côté  de  Tépitre.  Ce  tableau,  com- 
mémoratif  de  rinstitution  du  Rosaire,  et  qui,  à  ma  connais- 
sance, n'a  jamais  été  signalé,  demande  à  être  connu. 

Je  n'y  ai  trouvé  aucune  signature.  Les  personnages  ont  le 
costume  du  temps  de  Louis  XIV.  En  bas  se  trouvent  peintes  sur 
la  toile  les  armes  de  Coêtlogon  :  de  gueules  à  3  écussons 
d'hermines,  couronne  de  marquis,  crosse,  mitre  et  chapeau 
d'évéque  (1).  Ce  sont  évidemment  les  armes  de  François  de 
Coêtlogon,  évêque  de  Quimper,  de  1665  à  1706,  qui  fut  sans 
doute  le  donateur  de  cette  peinture. 

Le  tableau  est  divisé  en  deux  parties  principales  ;  la  plus 


(t)  Les  Coêtlogon,  dont  les  âescetidants  existent  encore,  remontent  à 
ItSO.  Ils  étaient  marquis  de  Coêtlogon,  vicomtes  de  Méjussaume  et 
barons  de  Pleugriffet.  L'une  des  branches  s'est  fondue  en  I74S  dans 
la  famille  de  Carné  (Voir  Nobiliaire  de  P.  de  Courcf .) 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  185  — 

importante,  comme  dimensions,  dans  le  bas,  représente  un 
portique,  qui  laisse  voir  la  mer  et  une  flotte  nombreuse.  Du 
côté  droit  de  ce  portique,  on  voit  saint  Louis  dans  le  costume 
où  il  est  ordinairement  représenté,  à  genoux  et  présentant  une 
couronne  d'épines.  Il  est  accompagné  de  seigneurs  et  de  da- 
mes de  la  Cour,  en  grand  costume  du  temps  de  Louis  XIV. 

Du  côté  gauche,  on  voit  le  pape,  les  cardinaux,  des  abbés 
et  prêtres  en  prières. 

Au-dessus  de  ce  premier  motif,  et  sortant  de  nuages,  la 
Vierge  assise  tenant  sur  ses  genoux  TEnfant-Jésus.  Â  droite  et 
à  genoux,  une  religieuse  recevant  le  chapelet  des  mains  du 
Divin  Enfant;  à  gauche  un  religieux  à  genoux  recevant  le  cha- 
pelet des  mains  de  la  Vierge  ;  deux  anges  dans  les  coins.  Sur 
celte  toile  en  encadrement  dans  des  chapelets  de  perles,  for- 
mant eux-mêmes  des  cadres  ovales,  sont  peints,  outre  les  ar- 
mes de  Tévéque  de  Goêllogon,  quinze  médaillons  : 

\^  Au  milieu,  en  haut,  TAnnonciation. 

2^  A  gauche  en  haut,  mariage  de  Marie  et  de  Joseph. 

S*"  A  gauche,  naissance  de  Jésus. 

4*  Adoration  des  Mages. 

5^  Jésus  et  les  docteurs. 

6*  Transfiguration. 

7^  A  gauche,  en  bas.  Ascension. 

8*  Assomption  de  la  Vierge. 

Q'*  A  droite,  en  haut,  Jésus  au  Cénacle. 

10»  A  droite,  Jésus  crucifié. 

11*  Jésus  tombant  sous  la  croix. 

12''  Jésus  au  prétoire. 

13«  Flagellation. 

i4«  A  droite,  en  bas,  Jésus  au  Jardin  des  Oliviers. 

i5<»  La  Trinité  et  la  Vierge. 

Ce  remarquable  tableau,  de  grandes  dimensions,  est  entouré 
d'un  magnifique  cadre  sculpté  en  haut  relief.  11  a  6  mètres  de 


Digitized  by'vjOOQlC 


—  186  - 

hauteur  et  4  de  largeur.  La  peinture  m'eu  a  paru  d*4iue  grande 
valeur. 

Un  habitant  de  La  Forêt  m'a  cédé  une  hache  en  bronze,  qui 
a  été  trouvée  dans  un  champ»  à  50  mètres  environ^  en  face  du 
portail  de  l'église.  Cette  hache,  qui  n'a  rien  de  remarqufible, 
offre  pourtant  un  certain  intérêt,  puisqu'elle  peut  servira  déter- 
miner remplacement  d'une  habitation  de  l'âge  de  bronze. 

Après  cette  lecture,  M.  le  président  prie  M.  de 
Montifault,  ^u  nom  de  l'Assemblée,  de  transmettre  à 
MM.  Charles  de  Trogoff  et  de  Poulpiquet,  to.is  ses 
remerciements  pour  le  bienveillant  et  généreux  con- 
cours qu'ils  lui  ont  prêté  dans  Texcursion  dont  il  vient 
de  faire  l'intéressant  récit. 

M.  Le  Goarant  de  Tromelin  fait  hommage  à  la  So- 
ciété d'une  brochure  intitulée  :  Note  sur  quelques  fos- 
siles des  grés  siluriens  de  Saint-Germain-sur-Ile,  etc.  j  par 
MM,  G.  de  Tromelin  et  Paul  Lehesconte, 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Le  Vice-Président,  faisant  fonctions  de  Secrétaire, 
F.  AUDRAN. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  187  — 
SÉANCE  DU  18  MARS  1876. 


Présidence  de  M.  Tabbé  DU  MARG'HALLAG'H, 

VIGE-PB^SIDENT. 

Etaient  présents  :  MM.  F.  Audran  ;  Ayrault  ;  Briot 
de  la  Mallerie  ;  Dubois-Saint-Sevrin  ;  Faty  ;  Flagelle  ; 
Fougeray  ;  Le  Goarant  de  Tromelin  ;  Tabbé  Guillard  ; 
lé  docteur  Halléguen  ;  Malen  ;  Le  Men  ;  Moreau  ; 
Roumain  de  la  Touche  ;  de  Quélen  et  Surrault. 

Au  début  de  la  séance,  M.  Le  Men,  Tun  des  secré- 
taires de  la  Société,  déclare  que  le  procès-verbal  de  la 
dernière  séance,  qui  a  eu  lieu  le  2  novembre  dernier, 
n'étant  pas  encore  imprimé,  il  à  du  convoquer  par  let- 
tres les  membres  de  la  Société.  Il  ajoute  que  n'ayant 
pu,  pour  cause  de  santé,  assister  à  cette  séance,  le  re- 
tard apporté  à  la  publication  du  procès-verbal  en  ques- 
tion, ne  saurait  lui  être  attribué. 

M.  Audran,  vice-président,  ayant  demandé  la  pa- 
role, s'exprime  ainsi  : 

Permellez-moi,  Messieurs,  à  l'ouverture  de  la  séance  d'a- 
dresser un  dernier  honomage  è  l'homme  éminenl,  à  l'écrivain 
illustre,  mais  surtout  à  l'homme  de  bien  que  nous  avons  choisi, 
il  y  a  à  peine  une  année  pour  présider  notre  Société  et  qui 
vient  de  nous  être  ravi. 

Permettez-moi,  Messieurs,  non  de  faire  ici  l'éloge  de  notre 
regretté  Président,  d'autres  plus  autorisés  que  moi  se  charge- 
roni  de  ce  soin,  mais  de  vous  rappeler  brièvement  les  princi- 
pales époques  de  sa  vie,  si  bien  remplie,  afin  d'en  garder  le 
souvenir  dans  nos  annales. 

M.  Louis-Marie  DE  GARNÉ-MARGEIN   est  né  à  Quimper  le 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  188  — 

17  février  1804  (t).  Il  débuta  dans  la  diplomatiOi  et  en  1829  il 
était  attaché  au  ministère  des  affaires  étrangères.  De  cette  épo- 
que datent  ses  débuts  comme  écrivain,  il  fonde  alors  avec  M.  de 
Cazalès  et  plusieurs  autres  catholiques  fervents,  Le  Correspon- 
dant^ qui  prend  pour  mission  de  défendre  la  religion  et  de  de- 
mander pour  UÉgliso  les  libertés  religieuses  qui  devaient  de 
nos  jours  nous  apporter  les  facultés  libres  et  catholiques. 

Indépendamment  de  nombreux  articles  dans  Le  Correspond 
dant^  La  Revue  des  Detix-Mondes  et  dans  lUmt  de  la  Religion^ 
et  qui  traitent  de  questions  politiques,  M.  de  Carné  a  publié  en 
1833  :  Vues  sur  r histoire  contemporaine;  en  1838,  Des  intérêts 
nouveaux  en  Europe  depuis  la  Révolution  de  1830;  en  1841, 
Du  gouvernement  représentatif  en  France  et  en  Angleterre;  en 
1858,  Etudes  sur  le  gouvernement  représentatif  en  France^  de 
1789  (i  1848;  \S69,.  L'Europe  et  le  Second  Empire, 

M.  le  comte  de  Carné  s'est  encore  fait  connaître  comme  ro- 
mancier dans  Guiscriff^  ou  un  drame  sons  la  Terreur -,  comme 
conteur,  dans  Les  sottvenirs  de  ma  jeunesse  au  temps  de  la 
Restauration,  et  enfin  comme  historien,  par  ses  Études  sur  les 
fondateurs  de  Vunité  française  et  son  Histoire  des  États  de 
Bretagne. 

En  1839  M.  de  Carné  fut  élu  député  par  Tarrondissement  de 
Quimper,  qu'il  représenta  à  la  Chambre  jusqu'à  la  Révolution 
de  février  ;  il  était  à  cette  époque  directeur  du  commer/^e  au 
ministère  des  afTaires  étrangères. 

En  1863  il  fut  nommé  membre  de  l'Académie  française,  en 
remplacement  de  M.  Biot. 

Retiré  de  la  vie  politique  depuis  1848,  il  se  présenta  comme 
candidat  à  la  dépulalion,  une  première  fois  en  juin  1869,  et 
une  seconde  en  juillet  1871,  mais  ne  fut  pas  élu.  Membre  du 


(t)  J'emprunte  la  majeure  partie  des  renseignements  qui  vont  suivre 
à  Texcelleute  notice  que  M.  Eugène  de  la  Gournerie  a  publiée  dans  la 
Rwue  de  Bretagne  et  de  Vendée  (Année  1876,  mois  de  février). 


Digftized  by  VjOOQ  IC 


—  189  - 

Conseil  général  depuis  plus  de  quarante  ans,  il  en  était  le  Pré- 
sident depuis  plusieurs  années,  et  une  plus  haute  fonction  (qui 
devait  être  le  couronnement  de  sa  carrière)  lui  semblait  réser- 
vée ;  mais  cruellement  frappé  dans  sa  famille,  M.  de  Carné  a 
succombé  à  la  tristesse  et  au  chagrin. 

^  Après  cette  lecture  qui  est  écoutée  avec  la  plus 
grande  sympathie,  l'assemblée  décide  que  la  nomina- 
tion d'un  nouveau  président  de  la  Société  aura  lieu 
dans  la  prochaine  séance. 

Sont  ensuite  présentés  pour  faire  partie  de  la  Société 
archéologique  : 

M.  Trévedy,  président  du  tribunal  civil  de  Quimper, 
par  MM.  Roumain  de  la  Touche  et  Ayrault; 

M.  du  Perray,  par  MM.  de  Montifault  et  Le  Men  ; 

MM.  Henry  de  Tonquedec  et  Antoine  Créac'hcadic, 
par  MM.  Tabbé  du  Marc'hallac'h  et  Le  Men. 

Ces  messieurs  sont  admis  à  Tunanimité. 

M.  Ayrault  a  la  parole  pour  donner  communication 
de  son  rapport  sur  TExposition  Céramique  ;  ce  rapport 
est  ainsi  conçu  : 

Messieurs, 

Dans  votre  séance  du  19  juin  1875,  après  la  lecture  faite  par 
M.  Le  Men  de  son  intéressant  travail  sur  la  manufacture  de 
faience  de  Loc-Maria,  répondant  à  un  vœu  qu'il  vous  exprimait, 
vous  avez  décidé  qu'une  Exposition  de  céramique  aurait  lieu  à 
Quimper,  pendant  la  durée  du  Concours  régional  de  1876.  Vous 
avez  nommé  à  cet  effet  que  commission,  composée  de  MM.  Le 
Men,  de  Montifault  et  Ayrault,  chargée  de  prendre  les  mesures 
nécessaires  pour  parvenir  à  la  réalisation  de  ce  projet,  et  vous 
avez  en  outre  autorisé  cette  commission  à  s'adjoindre  un  cer- 
tain nombre  de  membres  pris  en,  dehors  de  le  Société; 


Digitized  by  VjOPQlC 


—  190  — 

Vos  délégués.  Messieurs,  se  sont  réunis  le  28  février  1876,  et 
ont  fait  immédiatement  appel  au  concours^  bienveillapt  de 
MM.  Foùgeray,  Porquier,  Guihéneuc  et  de  Kerlivio,  en  les  in- 
vitant à  prendre  part  à  la  prochaine  séance  de  la  commission, 
qui  fut  alors  fixée  au  3  mars  suivant. 

Seul,  M.  Porquier  s'excusa  de*ne  pas  pouvoir  faire  partie  de 
la  commission,  à  raison  d*un  voyage  qu  il  devait  faire,  préci- 
sément à  l'époque  du  concours  régional. 

Le  3  mars,  tous  les  membres  de  la  Commission  étant  pré- 
sents, il  fut  procédé  h  la  formation  du  bureau.  MM.  Le  Men  et 
Ayrautt  furent  nommés  :  le  premier  président  et  le  second  se- 
crétaire. 

La  Commission  s'occupa  alors  du  choix  du  local  destiné  à 
l'Exposition,  et  il  fut  arrêté  qu'elle  se  tiendrait  dans  les  salles 
du  Musée  archéologique,  où  l'arrangement  se  ferait  à  peu  de 
frais,  et  où  de  nombreuses  vitrines  fermant  à  clef  permettaient 
de  placer  les  objets  précieux  et  donnaient  aux  exposants  tou- 
tes les  garanties  de  conservation  qu'ils  pouvaient  désirer. 

La  commission  fut  d'avis  que  le  nombre  de  ses  membres 
était  trop  restreint  et  qu'il  étaiUnécessaire  de  faire  encore  appel 
à  quelques  personnes  de  bonne  volonté,  dans  toute  l'étendue  de 
la  circonscription  régionale. 

Avant  de  se  séparer,  les  membres  de  la  Commission  se  sont 
rendus  auprès  de  M.  le  Maire  do  Quimper  pour  lui  demander 
son  concours. 

M.  le  Maire,  qui  a  fait  à  cette  démarche  l'accueil  le  plus 
bienveillant,  a  mis  à  notre  disposition  une  somme  de  mille 
francs,  pour  faire  face  aux  dépenses  de  l'Ëxposi^on. 

Dans  sa  dernière  séance,  tenue  le  15  de  ce  mois,  et  où 
étaient  présents  MM.  Le  Men,  Foùgeray,  Guihéneuc,  Chardon, 
de  Montifault,  Roussin  et  Ayraull,  la  Commission  a  arrêté 
d^une  manière  définitive  la  liste  de  ses  membres,  a  nommé 
H.  Astor,  maire  de  Quimper,  président  honoraire  et  s'est  occu- 


Digitizedby  VjOOQIC  ^ 


—  191,— 

pée  de  la  rédaction  d'un  programme  dont  je  vais  avoir  l'hon- 
neur de  vous  donner  lecture. 

Concours  régional  de  1876. 


EXPOSITION   DE   CERAMIQUE. 


MoifSIBUB, 

Une  Exposition  de  Céramique  aura  lieu  à  Quimper  au  mois  de  mai 
prochain,  dans  les  salies  du  Musée  départemental  d'Archéologie,  à  Foc- 
casion  du  Gincours  régional  de  1876.  Une  commission  s'est  constituée 
à  cet  effet ,  sous  la  présidence  honoraire  de  M,  ASTOR  ,  maire  de 
Quimper. 

Elle  est  composée  de  : 

MM.  AYRAULT,  substitut  du  Procureur  de  la  République,  membre  de 

la  Société  iirchéologique/ 
CHARDON ,  propriétaire   au  château  de.  Kerscamp,   près  Hen- 

nebont. 
Le  comte  DE  CHAUYEAU ,  au  château   de  Keryolet,  près  Con- 

cameau,  membre  de  la  Société  archéologique. 
CHAUVIN,  négociant  à  Saint-Pol-de-Léon. 
DAYY  DE  CUSSÉ,  conservateur  du  Musée  de  la  Société  polyma- 

tique  du  Morbihan,  à  Vannes. 
FOUGERAY,  directeur  d'une  manufacture  de  faïences  à  Locmaria- 

Quimper,  membre  de  la  Société  archéologique. 
GARNIER ,  conservateur-adjoint  à  la  manufacture  nationale  de 

Sèvres. 
GAULTIER  DU  MOTTAY,  président  de  la  Société  archéologique 

des  Côtes-du-Nord. 
GUIHENEUC,  maire  de  Port-Louis  (Morbihan). 
DE  RERLIVIO,  négociant  à  Châteaulin. 
René  KERVILER ,  ingénieur    des  ponts  et  chaussées ,   à  Saint- 

Nazaire,  membre  de  la  Société  archéologique  du  Finistère. 
DE  LANLAY,  garde  général  des  forêts,  à  Landerneau,  membre  de 

la  Société  archéologique. 
LEROY  DE  LA  BRIÈRE,  trésorier-payeur  général,  à  Brest. 
R.-F.  LE  MEN ,  archiviste  du  Finistère ,  directeur  du  Musée  dé- 
partemental, secrétaire  de  la  Société  archéologique. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  192  — 

MM.  DE  MONTIFAULT,  secrétaire  de  la  Société  archéologique. 

RICHARD ,  juge  de  paix,  à  Quimperlé  *  membre  de  la  Sociétd 
archéologique. 

S.  ROPARTZ,  avocat  à  la  Cour  d'Appel  de  Rennes ,  président  de 
la  Société  archéologique  dille-et-Vilaine,  président  de  l'Expo* 
sition  artistique  et  archéologique  faite  à  Rennes  en  1872,  mem- 
bre de  la  Société  d'archéologie  du  Finistère.  ! 

ROUSSIN,  propriétaire .  au  château  de  Reraval ,  près  Qulmper, 
membre  de  la  Société  archéologique. 

La  commission ,  dans  sa  séance  du  3  mars,  a  nommé  pour  son  pré- 
sident M.  LE  MEN»  et  pour  son  secrétaire  M.  AYRAULT. 

Cette  Exposition  dont  Tinitiative  appartient  à  la  Société  archéolo- 
gique du  Finistère,  a  pour  but  principal  de  mettre  en  lumière  et  de 
réunir  dans  un  même  local,  les  produits  de  Tart  de  la  terre,  dûs  à 
l'industrie  des  habitants  de  la  péninsule  bretonne,  depuis  les  temps  les. 
plus  reculés,  jusqu'à  la  tin  du  dernier  siècle. 

A  côté  des  poteries  primitives  découvertes  dans  les  dolmens  du 
Morbihan  et  du  Finistère ,  figureront  les  vases  de  l'époque  gallo- 
romaine»  souvent  remarquables  par  l'alliance  de  Tart  étranger  et  de 
l'art  indigène  qui  se  révèle  dans  leurs  formes  et  dans  leur  ornemen- 
tation. Puis  viendront  le^  spécimens  des  poteries  du  moyen<âge ,  où 
l'on  retrouvera  les  traditions  décoratives  d'une  époque  des  plus  re- 
culées. 

Mais  le  grand  intérêt  de  l'Exposition,  celui  qui  satisfera  la  légitime 
curiosité  du  plus  grand  nombre,  sera  la  réunion  des  faïences  et  des 
porcelaines  des  manufactures  bretonnes.  Quimper,  Rennes,  Nantes, 
Lorient,  Quimperlé  nons  montreront  simultanément  leurs  produits 
dont  l'étude  comparée  permettra  de  saisir  les  différences  caractéris* 
tiques,  et  nous  fournira  en  même  temps  les  moyens  de  ne  plus  les 
confondre  avec  les  faiencee  d'une  autre  origine. 

Une  sotte  de  Renaissance  s'opère  depais  plusieurs  années,  dans 
quelques-uns  de  ces  anciens  centres  céramiques.  Des  spécimens  de  ces 
nouveaux  produits,  auxquels  sera  jointe  une  très-intéressante  collection 
à*aneiens  ponds  de  Quimper,  trouveront  naturellement  leur  place  à 
quelque  distance  des  anciens. 

Quoique,  dans  l'œuvre  utile  qu'elle  se  propose  de  réaliseri  la  com- 
mission ait  surtout  pour  objectif  les  faïences  et  les  porcelaines  bre- 
tonnes» elle  n'entend  pas  exclure  de  l'Exposition   les  produits  cérami- 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  177  — 

^efe  d'iliiie  ttutire  ptovâteànce,  ËUe  Âera  àu  côiiiifaire  très-béurèuse  h*Y 
voir  figurer  celles  qui,  comme  genre  et  comme  décoralion,  ofcênt  avec 
elles  des  poiats  de  ressemblance.  Il  sei^ait  en  effet  très-curieux  et  très- 
instructif  pour  les  collectioûtteuirs  céramistes,  de  Voir  les  uns  à  côte  des 
autres  : 

Les  décors  bleus  de  Rouen  et  de  Quimper  ; 

Les  cornes  de  Bouen  et  de  Quimper  ; 

Les  fleurettes  de  Sinceny  et  de  Quimper  ; 

Les  décors  à  terrasses  et  à  personnages  de  Guillebaut  et  ceux  de 
Gaussy,  etc. 

Elle  acb^teira  auâsi  avec  Méconnaissance,  toute  belle  pièce  de  grès, 
de  faïence  ou  de  p6rcclainb  ancienne,  française  ou  étrangère,  i^'im 
voudra  bien  lui  confier. 

Une  vitrine  spéciale  sera  aussi  réservée  aut  émauk  et  aux  carrekux 
du  XIll®  au  XVlo  siècle,  dont  la  place  est  toute  marquée  à  côté  des 
productions  de  Tart  de  la  terre  émaillée. 

La  Commission  a  besoin  du  concours  actif  et  cLcvoué  de  tous  ceux 
que  cette  Exposition  peut  intéresser,  et  elle  les  prie  de  joindre  leurs 
efforts  aux  siens,  non*seulemedi  en  faisant  des  envois  t]Jèr86nnels,  mais 
encore  en  donnant  connaissance  de  l'Exposition  à  toutes  les  personnel 
qui  possèdent  des  objets  susceptibles  d'y  figurer.  Elle  compte  tout 
particulièrement  sur  ra{)pui  des  habitants  de  la  circonscription  du 
Concours  régional,  qui  ont  des  collections  ;  et  elle  les  invite  d'une  ma- 
nière pressante,  à  prendre  part  à  cette  manifestation  artistique. 

Les  personnes  qui  voudront  bien  nous  confier  quelqnes-uns  de  ces 
objets,  sont  priées  de  les  faire  parvenir  avant  le  20  avril,  en  les  adres- 
sant à  M.  le  Président  de  la  GommissioQi  au  Musée  archéologique  à 
Quimper. 

Il  sèf  a  bon  que  lés  *  envois  soient  arinonréâ  à  l'avance,  él  que  l*oti 
indique  par  quelle  voie  et  comment  les  objets  devront  être  renvoyés. 

On  recommande  d'employer,  autant  que  possible,  des  vis, au  lieu  de 
pointes,  pour  la  fermeture  des  caisses. 

tes  plus  grandes  précautions  seront  prises  pour  le  transport,  te  dé- 
ballage, le  déplacetûeht  deâ  pièces  déposées,  et  on  apportera  une  at- 
tention toute  spéciale  aux  recommandations  ^ui  [Pourront  être  faites 
par  les  exposants^  au  Président  ou  à  quelqu'un  des  membres  de  la 
Commission. 

On  prie  les  exposants  de  mettre  leur  nom  sur  les  pièces  qu'ils  vou- 
dront bien  envoyer.  En  tout  cas,  fëé  t^ièc^^  éerdti!  réVétUêâ  àVâè  eti- 

13 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  178  — 

quette  portant  un  numéro  et  le  nom  de  l'expéditeur,  à  mesure  qu'on 
les  retirera  dés  caisses. 

Le  local  du  Musée  archéologique  se  compose  de  deux  vastes  salles 
contenant  quatorze  grandes  vitrines  fermant  à  clef,  où  les  pièces  déli* 
cates  seront  placées. 

On  recevra  avec  reconnaissance  les  renseignements  sur  la  prove- 
nanee  et  Fattribution  des  objets. 

Le  transport,  le  déballage,  le  placement  et  le  léafnballage  seront 
payés  sur  les  crédits  affectés  à  FExposition. 

Quimper,  le  15  mars  lS7d. 

Le  Président  de  la  Commission  de  VExposition, 
Le  Secrétaire,  R.-F.  LE  MEN. 

L.  AYRAULT. 

La  plus  grande  publicité  devra  être  donnée  à  ce  progranaine, 
qui  sera  inséré  dans  les  journaux  de  -la  circonscription  régio- 
nale, et  qui  sera  adressé  à  tous  les  collectionneurs  dont  les 
noms  seront  connus  des  membres  de  la  commission. 

En  terminant  ce  compte-rendu  de  nos  premiers  travaux,  je 
suis  heureux  de  vous  dire,  Messieurs,  que  partout  la  nouvelle 
de  cette  exposition  a  été  accueille  avec  la  plus  vive  sympathie  ; 
de  nombreuses  adhésions  arrivent  de  tous  côtés  aux  demandes 
déjà  faites  par  notre  président,  et  tout  nous  fait  espérer  que 
Té'itosilion  sera  brillante  et  que  nous  atteindrons  le  but  si 
utile  et^  intéressant  que  nous  nous  sommes  proposé. 

A  la  siS9ft  de  cette  lecture,  plusieurs  membres  ex- 
priment le  vœu  qiïè  laj^l^s  grande  publicité  soit  donné 
à  cette  Exposition.  M.  LV^,  président  de  la  com- 
mission, déclare  qu'il  fera  tirer  ^ViOO  exemplaires  le 
programme  dont  il  vient  d'être  donnèsl^ture,  et  que 
toute  la  presse  de  la  circonscription  du  CîfifîSî^^s  sera 
invitée  à  le  reproduire. 

M.  Surrault  offre  de  faire  imprimer  ce  programme^ 
dans  le  Bulletin  de  llnstruction  primaire.  Cette  offre 
est  acceptée  avec  reconnaissance. 


Digitized  by  VjOOQIC 


M 


—  179  — 

M.  le  président  donne  ensuite  la  parole  à  M.  Le 
Men^  pour  la  lecture  de  son  travail  intitulé  : 

FOUILLES    D'UK    POSTE     GALLO-ROIMCAIN 

SUR   LE   MONT-FRUGY,   A  QUIMPER. 


Une  des  voies  romaines  qui  ont  le  pins  particulièrement  at- 
tiré Taltention  des  archéologues,  depuis  que  les  monuments 
antiques  de  notre  pays  sont  devenus  l'objet  d'une  étude  sé- 
rieuse^ est  ttelle  qui,  partant  de  Dariorigum  (Vannes),  venait 
aboutir  à  Civitas  Aquilonia  (Locmaria-Quimper)  après  avoir 
traversé,  dans  le  Finistère,  les  communes  de  Rédéné,  Quim- 
perlé,  Mellac,  Le  Trévoux,  Bannalec,  Melgven,  Saint-Yvi  et 
Ergué-Armel.  A  une  petite  distance  au  nord  de  Tégliée  de  celte 
dernière  commune,  elle  se  confondait  avec  deux  autres  voies 
venant,  Tune  de  Vorgium  (Carhaix)  et  Tautre  de  Concarneau  ; 
puis  après  avoir  longé  dans  une  direction  nord-sud,  la  crête 
du  Mont-Frugy,  elle  descendait,  par  une  pente  douce,  au  fau- 
bourg de  Locmaria,  où  elle  passait  TOdet  k  gué,  près  du  lieu 
où  s'élevait  jadis  la  chapelle  de  Saint-Colomban. 

Les  ruines  romaines  abondent,  comme  l'on  sait,  à  Locmaria 
et  dans  ses  environs,  sur  les  deux  rives  de  TOdet.  H  est  difficile 
de  parcourir  les  sentiers  qui  y  conduisent  sans  heurter  du  pied 
quelque  antique  débris,  et  la  bêche  ou  la  charrue  amènent  cha- 
que jour  à  la  surface  du  sol.  dans  les  champs  voisins,  des  frag- 
ments de  peintures  murales,  de  revêlements  en  marbre  et  de 
fines  poteries,  derniers  témoins  d'une  splendeur  dont  la  tradi- 
tion ne  s'est  pas  conservée  dans  les  habitations  de  divers  âges, 
qui  composent  aujourd'hui  ce  faubourg.  L'Église,  dont  l'heu- 
reuse restauration  a  été  pour  notre  regretté  président,  M.  Ay- 
mar de  Blois,  l'objet  de  tant  de  démarches  et  de  tant  de  soucis, 
fut  sans  doute  érigée  sur  l'emplacement  du  temple  païen  de  la 
cité.  Je  ne  voudrais  môme  pas  affirmer  qu'une  partie  des  ipa- 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  #0  - 

Xéfhw  qui^prpvQpaieat^ii'^t  jwS'^lrAe4ft99l^  mana|tt«nt 
chrétieD.  Car  si  Top  n^  pepl,  sans  té^iérilé^  faire  r^inonjer  ju9«- 
qu'au  temps  de  Toccupalion,  les  murs  extérieurs  de  la  nef  ac- 
tuelle, il  me  parait  ^'ésuller  de  Jeur  mo4e  de  canstructÎQO,  qui 
ne  difTère  en  rien  de  celui  que  nous  retrouvons  dans  les  ruines 
gallo-romaines  de  notre  pays,  qu'ils  ont  été  étevés  à  une  épo- 
que où  l'on  n'avait  pas  entièreœe&t  perdu  le  souvenir  de  Tart 
de  bàlir  introduit  en  Ariqorique  par  ses  vainqueur^,  et  au  moyen 
des  matériaux  tout  préparés  que  Ton  avait  eir  abondance  sous 
la  main. 

Deux  titres,  l'un  du  XI*  et  l'autre  du  XII*  siàcle,  dous  ont 
conservé  le  nom  antique  de  cette  localité.  Elle  s'appelait  Civi- 
tas  Aquilonia  (1),  c'est-à-dire,  ville  exposée  au  vent  du  nord- 
est,  dénomination  sufQsamment  justifiée  par  sa  situation.  Cette 
ville  n*était  pas  entourée  de  murailles  ;  ses  maisons  oq  villas, 
dont  les  plus  riches  étaient  capricieusement  groupées  sur  les 
coteaux  exposés  au  soleil,  s'éparpillaient  sans  ordre  sur  les  deux 
rives  de  l'Odel,  près  desquelles  on  retrouve  encore  les  vestiges 
des  thermes  qui  servaient  à  ses  hal^itants. 

Il  ne  faudrait  pas  çfoijre  cependant  que  Civitas  Aquilonia 
fut  dépourvue  des  nioyens  de  défense,  qm  qu'elle  p'eut  pas  h 
proximité  des  ^lieux  d'açilej,  qù  $a  population  pût  iw^yer  un 
refuge,  dans  Icipas  d'ji^ne  attaque  par  mer  qm  par  terre  de  la 
part  des  enpemis.  En  effet,  san$  compter  le  petit  parap  re^ 
tranché  dont  on  vojt  des  traces  è  droite  du  chemin  qui  conduit 
de  la  ferme  du  Petit-Méné  au  Mont-Frugy,  trois  posle$  mili- 
taires, qui  pouvaient  aisément  conununiquer  entre  eux  au  moyeu 
de  signaux,  lui  formaient  une  sorte  de  cehiture.  Un  de  ces  éta-^ 
blissements  était  placé  entre  les  rivières  l'Odet  et  le  Ttir  ou 
Steir,  sur  la  hauteur  occupée  aujourd'hui  par  l'école  des  Likès. 
On  retrouve  les  ruines  du  second,  dans  les  champs,  aujour- 


(t)  Ap.  D.  Lob.  P.  col.   299.   —  Ecclewa   béate    Marift  de  Aqui- 
lone  1179.  -rr  Titre  du  prfçuré  d^  Locmarii^  (#fA«  ^^  ^^Mftfr»}* 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  m  ^ 

^htàMnaôtm^  etï  (^pRiiërès  étéif  j&^dins  l^tagers,  (tiii  bor- 
dent TarvcietiDé  fonte  d^  Douametiez,  à  Touest  du  eairveot  du 
Sacré- C(m«f,  au-dewus  do  faubourg  de  Bourlibou.  Le 
troisième,  placé  strr  lo  Mont'-Frugyr  hvt  point  d'intersection 
de  la!  vôier  romaine  cpii  venait  de  Vannes  à  Loc-Maria, 
el  de  h  tàttie,  aujourd'hui  abandimnée,  de  Bénodet  à 
Quimper  par  la  Tourelle  et  Penni^aflr-Stanc,  dorainait  au  nord, 
la  vs^tëe  où  cette  ville  est  ansiàev  et  commandait  du  côté  do 
sudi,  la'  baie'  au  Lédanaû^  et  l'entrée  des  Virecours^  de  sorte 
quUf' était  ihipossible  qu'un  mouvement'  de  bateaux  s'effectuât 
siir  rOdet^sans  être  aperçu  des  guetteur»  de  de  poste. 

C'est  cet  établissement  militaire  qui  fera  l^objet  de  cette  no- 
tice. Mais  comme  la  nhiélhode  et  la  clarté  qui  sont,  en  toutes 
choses,  dëst  qualités»  fort'  louables,  s'imposent  comme  condi- 
tions nécessaires,  lorsqu'il  s'agit  de  descriptions  archéologi- 
ques, je  désire  avant  d'aller  plus  loin,  désigner  par  un  nom 
particulier,  châcunde  ceâ  trois  postes,  afin  qifil  ne  puisse  s'é» 
lablir  de  confusion  entî-e  eux.  J'appellerai  donc,  les  détrx  pre- 
miers, postes  de  Bolirlibou  et'  des  Likès,  et  je  désignerai  le 
troisième,  par  la  dénomînatîon  de  Poste  de  Parc-ar-Croasi^ 
parce  que  sfes  côttstnictions  occupaient  principalement  un 
champqui  porte  ce  nont;  aux*  dépendances  du  viflàge  de  Les-»- 
perbé,  en  la  comiûUtte  d'Ergtié-Arrtiel. 

J'avais  depuis' longtemps  re^arqilé  aux'  abords  de  ce  champ 
dès  débris  de  tuiles  romaines  et  dfes  pierres  de  p^tit  appiàreil 
qui  provenaient'  certainement,  d^Wcientiès*  cdfisti'uctions;  Le 
nom  Aé  Pàtc-ar-Grimit  qui'  signifie  Champ  de  la  Croix,  et  que 
la  situation  de  cette  pièce  de  terre  à  Pangle'd'un  carrefour J 
expliquait  sufOsamttfènt;  neponvait' fai^e  nafti'é  dans  l'esprit, 
IMdée  qu*iln  étôMissemenl^  qli^eonqéfey  eM  eii$té  ;  nâ^ïà  lèé 
ondulations  fortertïenl  mariq^rées  de  sa  surfaô'e,  révélaient  à  un 
œilexercé,  la  présence'  (lé"  sub^ruclions,  dont  la  nature  et 
rimportaneenfepottvaiefift^tfe  étaWi^sqiiepar  des  fèuiHes  ré- 
gvlièretimil  exécutées;  L'oecamn'id'éGiaifcir  (è>  n^stère'  qtief 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  182  - 

renfermait  le  champ  de  Parc-ar-Groas^  se  présenta  au  mois  de 
mai  1865.  Vous  le  voyez,  messieurs,  les  fouilles  dont  je  vais 
vous  faire  le  récit,  remontent  à  plus  de  dix  ans  ;  mais  comme 
j'en  ai  conservé  soigneusement  tous  les  détails  dans  mes  notes 
et  dans  ma  mémoire,  comme  d*un  autre  côté,  vous  pouvez 
voir  dans  les  vitrines  de  notre  Musée,  tous  les  objets  dignes  de 
quelque  intérêt,  qu'elles  ont  mis  au  jour,  j'espère  que  vous  vou- 
drez  bien  accorder  quelque  attention  à  ce  comple-rendu  qui 
sera  d'ailleurs  tendu  plus  intelligible  par  les  plans  des  lieux 
que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  vos  yeux,  et  qui  furent  faits, 
à  l'époque  des  fouilles,  par  notre  confrère  M.  Loarer.  agent- 
voyer  en  chef  des  chemins  vicinaux. 

Le  champ  de  Parç-ar-Groas  était  depuis  plusieurs  années 
sous  pâture,  lorsqu'au  mois  de  mai  1865,  le  fermier  de  Les- 
perbé,  en  faisant  les  travaux  nécessaires  pour  y  semer  du  blé 
noir,  mit  à  découvert  un  pan  de  mur  construit  en  petites 
pierres  solidement  liées  par  une  chaux  compacte.  Instruit  de 
cetl(»  trouvaille  je. me  rendis  sur  les  lieux,  et  grâce  à  l'obligeance 
de  M.  Aymar  de  Blois,  président  de  notre  Société  Archéologi- 
que, qui  mit  à  ma  disposition  deux  de  ses  journaliers  pour  com- 
mencer des  fouilles,  je  ne  tardai  pas  à  découvrir  les  substruc- 
tions  d'un  grand  bâtiment  composé  de  plusieurs  pièces,  dont 
l'origine  gallo-romaine  ne  pouvait  être  douteuse. 

Sur  la  demande  de  M.  de  Blois,  M.  le  baron  Ricliard,  pré- 
fet du  Finistère,  m'accorda  pour  continuer  les  travaux  une 
somme  de  cent  francs,  qui  fut  suivie  d'une  allocation  de 
soixante-dix  francs.  Ces  subventions  suffirent  à  couvrir  les 
frais  de  recherches,  et  h  payer  une  indemnité,  relativement 
élevée,  au  fermier  du  champ.  Les  fouilles  interrompues  à  la  fin 
du  mois  de  mai  par  les  exigences  de  la  culture,  et  reprises  au 
mois  de  septembre  suivant,  amenèrent  la  découverte  de  six 
constructions  de  formes  et  de  dimensions  diverses,  comprises 
dans  une  enceinte  rectangulaire  de  cent  vingt  mètres  sur  soi- 
xante-quinze, circonscrite  par  un  mur  en  pierre  de  petit  appa- 


Digitizedby  VjOOQIC    ^ 


~  183  — 

rcîl,  bâti  K  chaux  et  à  aable,  et  d'une  épaisseur  de  quarante 
centimètres.  Le  mode  de  construclion  des  murs  des  habitations 
ne  différait  en  rien  de  celui  du  mur  d'enceinle,  mais  il  im- . 
porte  de  faire  observer  que  les  pierres  qui  entraient  dans  ces 
constructions  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de  petit  appareil, 
n'avaient  rien  de  la  régularité  du  petit  appareil  romain  classi- 
que que  décrivent  les  traités  d'Archéologie.  Ces  petits  moel- 
lons de  forme  allongée  et  à  peine  dégrossis,  avaient  été  pris 
sur  les  lieux,  et  rais  en  œuvre,  à  peu  près  tels  que  les  fournis- 
sait la  stratification  naturelle  du  sol  par  les  maçons  gallo- 
romains  qui  se  fiaient  surtout  à  Texcellence  de  leurs  ciments, 
pour  donner  la  solidité  à  ces  matériaux  grossiers.  Cependant 
on  remarquait  dans  les  angles,  des  pierres  plus  grandes  et  plus 
soigneusement  taillées  que  celles  des  autres  parties  des  murs. 

J'ignore  à  qu'elle  époque  le  champ  de  Parc-ar-Groas  a  été 
livré  à  la  culture  pour  la  première  fois,  mais  si  j'en  juge  par 
l'état  de  dégradation  dans  lequel  se  trouvaient  les  substruc- 
tions  enfouies  dans  son  sol,  on  peut  faire  remonter  à  une  date 
ancienne,  ses  premiers  défrichements.  Lorsque  j'y  pratiquai  dog 
fouilles,  le  mur  est,  de  l'enceinte  générale,  avait  été  entière- 
ment détruit  par  le  fermier  depuis  plusieurs  années.  Il  n'exisr 
tait  guère  du  mur  nord,  que  l'empâtement  sur  lequel  reposaient 
les  premières  assises.  Le  mur  ouest,  enveloppé  dans  la  clôture 
en  terre  qui  séparait  le  champ  de  Parc-ar-Groas  du  champ 
voisin,  avait,  grâce  à  cette  circonstance,  échappé  à  la  destruc- 
tion, et  présentait  encore,  dans  quelques-unes  de  ses  parties, 
une  hauteur  de  un  mètre  cinquante  centimètres.  Quant  au 
côté  sud  de  l'enceinte  qui  occupait  la  partie  inférieure  du 
champ,  il  n'avait  laissé  d'autres  traces,  qu'un  assez  grand  nom- 
bre de  moellons  épars  ça  et  là.  Les  murs  des  habitations 
avaient  été  presque  aussi  maltraités  que  ceux  de  l'enceinte,  et 
si  Ton  avait  ajourné  les  fouilles,  après  les  travaux  de  culture 
de  l'année  1865,  il  eul  été  impossible  de  retrouver  le  plan 
d'ensemble  de  l'établissement  gallo-romain.  La  voie  dont  j'ai 


Digitized  by  VjOOQIC 


pe(rlé  au  dél^ut  de  Cfit  article,  a^o^t|,$saiV^  l'^f^i^il^tQ  VfiX  ^o, 
côté,  est  ;  elle,  longeait  ensuite  le  côté  su4.,  pogi;  4e^çiç^|ydii;e.  k, 
C%vil(Jt,9  Aquilonia. 

Je  n*ai  pas  perdu  le.  souvenk  du  grand  émoi  que  h  nouvelle 
4e  cette  '  découverte  causa  dans  la  ville  de  Quiniper,  ni  de 
Taffluence  de  curieux  dont  le  champ  de  Parc-ar-GrOas  reçut,  à 
celte  occasion,  la  visite.  Gomme  le  bruit  s'était  répandu  qu'on 
a^^ait  découvert  un  château  sur  le  Mont-Prugy,  les  premiers 
groupes  de^visileurs  arrivèrent  le  nez  en  l'air  sur  le  terrain  des 
fouilles.  Quand  il  fui  bien  constaté  qu'il  n'y  avait  sur  la  mon- 
tftgne  ni  château,  ni  manoir,  Timagination  populaire  ne  s'em- 
barrassa pas  de  ce  léger  n^écompte.  En  un  instant  le  château 
de  la  première  heuroi  fut  changé  en  un  merveilleux  palais  sou- 
terrain qui  conununiquait  avec  la  ville  de  Vannes,  par  une 
vpie  non  moins,  n^y^térieuse:.  11  y  avait  parmi  ces  visiteurs  des 
gen$  doives  d'une  rarej  opiniâtreté.  Un  d'eux,  entre  autres,  vou- 
lait, absolument  qu'on  lui  fit  voir  la  pièce  de  canon  qui  avait  été 
trpuvée  dans  IcjS  fpuille$*  J!eus  beau  lui  dire,  qu'on  n'avait  pas 
découve^^  de  pièce  de  canon  mais  seulement  une  pièce  de 
monmiçy  il  me  fut  impossible  de  le  convaincre,  et,  si  cet  obstiné 
curieux  est  encore  de  ce  monde,  il  doit  nourrir  la  pensée  que 
j'ai  voulu  abuser  de  sa  crédulité. 

Ces.  détails  font  sourire,  mais  ils  montrent  avec  quelle  prodi- 
giçjuse.facilité  l'erreur  se  superpose  à  la  vérité,  et  l'enseigne- 
ment que  nous  4^v.ons  en  tirer  est  que,  nous  ne  saurions  user 
de  trop  de  prudence  et  d*impartialité,  lorsque  nous  voulons 
dégager,  le  fait  vrai  qui  existe  au  fond  de  toute  légende,  des 
erreurs  et  des.  récits  fabuleux  qui  les  rendent  souvent  mécon- 
naissables. Cela  dit,  je  reviens  à  ma  description. 

Comme  je  l'ai  rapporté  plus  haut,  il  restait  dans  le  poste 
gallo-romain  de  Pàrc-ar-Groas,  à  l'époque  où  l'on  y  fit  dçs 
fouilles,  les  substruc.tions  de  six  bâtinients  diçtiacts,  placés, 
deux  à  l'est,  deux  au  centre,  et. deux  à  l^oue^^.  Le  plancHoiQ^- 


Digitized  by  VjOOQIC 


sdl 


tpuclions.    , 

La  première  désjgpéç,  d^ij^  le  plan^  P^r  la  hike.  Ç^  paraîl 
ayx)ir  été  rhabilalion,  principale»  et,  par  eonséqu^l,  celle  du 
goiivenieur  du  poste.  Elle  affçcLait  la  farriiia  d'un,  neclaqgle-j 
long  de  vingt-neqf  mèlres  et  lai;ge,  de  dix.  Ses  murs  avaient, 
soij^anle  cenliniètîiesdfépjaisseur.  Sa  façade  qiiij?eg;9*^dait  l'ouesiv 
était  renforcée  par  des  eontreforts  larges  ^un  mètr^  qoajraatja 
centinqj^lres  et  ayant  à  Texlérieur  et  à  rintérieuir,  une  saillie  d<a 
trente  centimètres.  Ce  bâiiment  se  composait  de  sii  pièicesir 
dpnt  les  planchers  .étaient  en  béton.  La  pièce  a^  eslune  longie 
galexi^  qui  servait  probablement  de  ve&libule  et.d^où  l'o^  cooit' 
munjquait  avec  les.âu^res  pièces  de  l^a  maison.,  La  cuisina  étaitf 
en  6/  on  y  remarquait^u  point  c,  une  cavité  laf ge de cinquantô. 
centimètres,  ayant  sans  dqule  servi.de  fourneau  et  dont  les 
parois  étaient  formées  de  pierres  entièrement  calcinées  par  le 
feu.  La  pièce  d  devait  être,  la,  salle  à  manger.  Elle  était  décorée. 
d*enduits  peints,  eji  rouge  vif,  sur  lesqiuels  de»  filets  vert*  ett 
jaunes  dessinaient  des  panneaux  ;  de  nombreux^  débris^  dec^s, 
peii.ture$  existaient  sur  ce  point.  La  grande  quantité  de  coquilr 
les,d'os  d'ois.eawx  et  de  petits  mammifères,  d!huîtres,  qui  ont  étéî 
trouvés  dans  le  couloir  qui  séparait  ^bâbitatlo^  E  d^bâtii^ei^t 
F,  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  la  destination  de  ces  deux 
pièces.  Je  verrais  volontiers  des  chambres  à  coucher  dans  les 
petites  pièces e  et/*.  Quant. à  la  grande  pièce  g^  il  ne  paraît, 
pas  aussi  facile  d*en  indiquer  la  destination. 

La  long^e  construction  rectangulaire  P,qui,n9^gure  sei^e  mè- 
tres.,sur  six,  et  qui  est, placée  m',  nord  de  lap^écédiente  dont* 
elle  n'est  séparée  que  par  ua  étroit  couloir  de  cîjpquante  centir  . 
mètres  de  largeur,  n'était  divisée^  par  aucua  mur  de  refend* 
On  n'y  a  pas  trouvé  de  poteries,  njiais  seulement  desxlousd^î 
grande,  dimensio^^  et  des.  ferruçesde^p^^rtes.  oju  de  fe$ni$tres,. 
De  nombreux  fragments  de  charbons. atle^-^taicat  que  ce  bâti- 
ment ay^t  é|t4,,détruit  par  riijf;ef).d}ft;  et;  i0.sj)ppo^eo.  d'^fte  la 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  i86  - 

grande  quantité  de  paille  et  de  foin  brûlés  que  j*]r  ai  trouvé, 
qu*il  a  pu  servir  d*écurie. 

Les  murs  de  la  construction  G,  dont  le  plan  donnait  un  carré 
de  dix  niètret  de  côté,  étaient  fort  dégradés.  A  l'époque  des 
fouilles  ils  ne  présentaient  plus  qu'une  seule  assise  de  pierres  ; 
cependant  son  aire  eu  béton  était  assez  bien  conservée.  Ce  bâ- 
timent qui  occupait  le  centre  de  Tenceinle,  et  qui  n*ét£|it  com- 
posé que  d'une  seule  pièce,  était  probablement  le  poste  où  se 
tenaient  les  soldats  préposés  à  la  garde  de  cet  établissement 
militaire. 

La  construction  H,  placée  tout  près  de  l'angle  sud-est  de  la 
précédente,  parait  en  avoir  été  une  annexe.  C'était  une  tour 
d'observation  dont  le  plan  se  composait  de  deux  carrés  em- 
boités  l'un  dans  l'autre,  et  du  haut  de  laquelle  on  pouvait  sur- 
veiller les  mouvements  qui  s'opéraient  sur  la  rivière  de  Quim- 
per,  que  Ton  découvre  de  ce  point,  dans  une  assez  grande 
partie  de  sa  longueur.  Il  m'a  semblé  que  le  carré  inscrit  devait 
former  un  terre-plein,  et  que  les  murs  du  carré  extérieur,  quia 
huit  mètres  cinquante  centimètres  de  côté,  servaient  de  sup- 
ports à  la  rampe  qui  conduisait  au  sommet  de  cet  observatoire. 
Hais  je  ne  puis  expliquer  l'usage  du  double  mur  qui  formait 
l'un  des  côtés  du  carré  intérieur. 

Les  soldats  .de  la  petite  garnison  romaine  devaient  sans 
doute  faire  le  guet  à  tour  de  rôle  sur  la  plate-forme  de  cette 
tour.  La  surveillance  des  rivières  et  des  poi.its  abordables  des 
côtes,  était,  comme  on  sait,  une  précaution  que  les  Romains 
ne  négligèrent  jamais.  Car  les  mêmes  flots  qui  portaient  les 
navires  amis,  conduisaient  aussi  les  barques  de  ces  terribles 
pirates  du  nord  qui  ravagèrent  pendant  si  longtemps  le  littoral 
de  la  Gaule,  Personne  n'ignore  que,  pour  repousser  leurs  inva- 
sions, les  empereurs  se  virent  forcés  d'organiser  le  long  des 
côtes,  un  vaste  système  de  défense,  connu  sous  le  nom  de 
Tractus  Nervien  et  Armoricain. 

A  trente  cinq  mètres  à  l'ouest  des  deux  bâtiments  que  je 


Digitized  by  VjOOQIC 


^  187  — 

viens  de  décrire,  est  rhabitation  I,  dont  l'ensemble  se  compo- 
sait de  quaire  pièces.  On  peut  voir  dans  ïes  pièces  «,  6,  c  qui 
sont  fort  simples,  et  dont  le  plancher  était  en  béton,  une 
chambre  à  coucher,  une  cuisine  et  une  salle  à  manger.  Quant 
à  la  quatrième  pièce  qui  devait  être  un  cabinet  de  bain,  on  y 
remarquait  :  1^  un  bassin  d,  dont  le  fond  était  revêtu  d'une 
épaisse  couche  de  ciment  rouge  ;  2®  un. massif  de  maçonnerie 
e,  beaucoup  plus  élevé  que  le  sol  du  bassin,  et  sur  lequel  le 
baigneur  devait  quitter  les  vêtements  avant  de  descendre  daps 
son  bain  ;  3**  enfin  une  rigole  /*,  large  de  15  centimètres,  qui 
faisait  communiquer  le  bassin  davec  l'extérieur,  en  contournant 
le  njassif  e,  au  lieu  de  déboucher  en  ligne  droite  au  dehors. 

Cette  pièce  était  d'une  date  postérieure  à  celle  des  trois 
autres  chambres  de  la  construction  I,  à  laquelle  elle  était  sim- 
plement juxtaposée.;Dans  le  recoin  g^  étaient  amoncelés,  à  une 
hauteur  de  près  d'un  mètre,  des  débris  de  poteries,  descoquil* 
lages  et  des  détritus  de  toute  sorte.  Cicéron  disait  en  parlant 
des  villes  gauloises.  Quid  oppidis^  incultius  ?  L'impartialité 
m'oblige  de  reconnaître  que  ces  tas  d'ordures  que  l'on  ren- 
contrait dans  tous  les  recoins  des  habitations  du  poste  de 
Parc-ar-Groas^  et  que  l'on  trouve  presque  toujours  dans  le 
voisinage  des  maisons  de  la  même  époque,  ne  donnent  pas 
une  haute  idée  de  Tordre  et  de  la  propreté  de  leurs  habitants 
gallo-romains.  Je  ne  voudrais  pas  cependant  dire  trop  de  mal 
de  ces  monceaux  de  détritus,  car  ils  sont  souvent  une  mine 
féconde  pour  l'archéologue,  et  c'est  parmi  ces  résidus  de  tout 
genre,  que  l'on  trouve  ordinairement  le  plus  d'objets  intéres- 
sants. 

Cette  habitation  qui  devait  servir  de  logement  à  l'un  des 
principaux  officiers  du  poste,  était  adossée  au  mur  ouest  de 
renceinte,'On  a  trouvé  dans  la  pièce  a,  la  plus  voisine  de  ce 
mur,  et  que  je  suppose  avoir  été  une  chambre  à  coucher,  des 
débris  de  figurines  en  terre  cuite,  parmi  lesquels  il  était  facile 
de  reconnaître  des  fragments  de  Vénus  Anadyomène. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  188  — 

fca'MiimettI  K,  ptaeé  ë  sefyt  mètres  m  sud  do  ptëcMeaf,  él 
k  kl  distanee  d'uu  mëim  seulement  du'  muv  d*etT€eititè,  secom- 
pûsait  de  deux  ohambre»  a  et  (,  d'égales  dimeïi^ion^^  (!sept 
mèires  cinquante  cenlimëlres  sur  deux  mètres' eitiquaiHie),  dont 
les  aires  étaient  en  bétoni  On  remarquait  au  point  c  de  la 
pièce  bif  MuesçÉàce  dfuo  mètre:  carré  pavé  en  tuiles  à  rebords 
sur  oâ  fotid  d'argile,  qui  a  dû  servir  de  foyer,  si  on*  en  juge  par 
la  grande  quantité  de  cendres,  que  Ton  y  a  trouvée^et  par 
Ifétat  des  tuiles  qui  étaient  toutes  noircies  par  le*  feu;  A  un 
mètra,  ài  Pest  de  cette  conslruclion,  était)  un  (^tii  bassin  circu- 
laire de  soixante  centimètres  de  diamètre,  ayant  un  fond  en 
béloa,  ekdont  les  pirois  étaient  revêtues  de  tuiles  vecmabéesi 
Ce  bassin  servait  peut-être  à  recueillir  les  égouts  du  toit  d&  la 
maison  dont  elle  était  voisine. 

Au  point  L,  dans  le  voisinage  du  mur  s»)d  de  i^enoeiute,  on 
a  rencontré  à  environ  cinqaanie  ot^ntimèlres  au-dèssousdu 
8o}<  sur  une  étendue  de  plusieurs  mètres  carrés,  ufn  grand 
nombre  de  pierres  les  unes  brutes^  lès  autres  taillées  en  pavés 
très- réguliers.  Ces  pierres  provenaient,  je  pense^  de*  la^j  pà<rtie 
delà  voie  qui  pénétrait  dans  1  ^enceinte.  Sous  l-nsedès  plus 
grosses  était  placée  uae  urne  en  terre  fine,  tendre^  et  de  cùir^ 
leorroogeàtre,  qui  ne  renfermait  que  des- ossements  br&lés; 
Ce  vase  dont  on  ne  soupçonnait  pas  la  présence;  a- été:  extrait 
toirt  brisé  du  sol.  Il  a  été  possible  cependant  d*en  rafproi^r 
tes  morceaux  de  manière  à  rétablir>sa  (ort»e  primitive  qui  est 
des  pliis  élégantes,  et  qui  appartient,  sanslo  moinére  douter 
à  Tarti  indigène!.  On  remarque  sur-  sa<  panse  detiix  rangs  de 
grandes  spirales  tracées  après  ta  cuisson.  Cette  urne  restaurée 
aussi  bien  qn*on Ta  pu,  est  déposée  dans  une  des  vitrines  du 
Musée. 

Ënflaont  a  découvert,  tout  près  du  même  mur  d'enceinte; 
une  cavité  M|  profonde  d'nn  métro  et  ayant  un  diamètre 
de  deux  mètres^  remplie  de  cendre  et  do  débris  d^  pote*^ 
ries  samienaes  et^auires^  parmi  lesquiAlesi  se  trouvaient^  d«8 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  W9  -- 

fibules,  rUB  jBdQebe  .de  couteau  en  brooz^  une  graade  serpe 
ea  fer,  el  dwers  autres  objets, 

l^es  sU  .ocHiskiictions  décrites  plus  haut,  étaient^  camme  je 
Vax  déjà  dit,  comprises  dans  }a  même  eaceiaie.  Un  se^ième 
bàt^uent  situé  ^  ceui  quarante  mètres  au  nord-esi  de  cetie 
enceifiLte^  formait  une  importanle  aanese  au  poste  militaire  4^ 
Fcmc^orGroas^  C'étaiit  uu  observatoire  ayant,  dans  sa  forme, 
une  grande  analogie  avec  celui  dont  j'ai  donné  plus  baut  la 
description,  mais  bâti  avec  plus  de  solidité,  ce  x[ui  doit  faire 
supposer  qu'il  avait  une  hauteur  pks  considérable.  Il  se  com- 
posait aussi  de  deux  tours  carrées  comprises  Tune  dans  l'autre^ 
et  dont  les  murs  bien  appareillés,  avaient  une  épaisseur  de  cin- 
quante centimètres,  La  tour  extérieure  avait  sept  mètres  de  côté, 
et  la  tour  it^térieure  trois  mètres  quarante  centimètres.  De 
cet  lObservaioire  placé  sur  k  point  culminant  du  Mont*Prugy^ 
Toeil  ^a^toassait,  dans  tourtes  les  directions,  un  horizon  im- 
mense^ circonstance  qui  permettait  de  correspondre  de  ce 
point  avec  d'autres  observatoires  situés  à  de  grandes  distances, 
l^es  signaux  dont  on  se  servait  étaient  des  torches  ou  des  feux 
plu3  ou  moins  nombreux,  allumés  sur  |a  plate-forme  de  la 
tour.  On  pouvait  ainsi  signaler  Tôpproch^  de  Tennemi  anx 
postes  voisins,  qui  transmettaient  le  même  signal  aux  pof^tes 
plus  éloignés,  de  sorte  qu'en  un  instant^  ks  troupes  romaines 
des  postes  m)portanls  étaient  averties  ;  et  pouvaient  se  porter 
rapidement  sur  les  points  menacés.  C'est  aussi  en  allumant  des 
feux  sur  les  clnchers  des  églises  du  littoral,  qu'à  une  époque 
très-rapprochée  de  nous,  les  guetteurs  signalaient  aux  troupes 
^arde-eôtes,  les  mouvements  des  flottes  ennemies,  et  leur  indi- 
quaient le  point  vers  lequel  elles  devaient  se  diriger  pour 
s'opposer  à  nin  débarquement. 

Les  ruines  de  cet  observatoire  formaient,  au  moment  où  les 
fouilles  furent  entreprises^  une  éminence  assez  élevée  entière- 
ment recouverte  de  gazon  et  de  genêts.  Les  objets  découverts 
dans  ces  ruines,  étaient  peu  nombreux  ;  je  citerai  seulement 


Digitized  byCjOOQlC 


—  190  — 

un  fragment  d*ardoise,  assez  épais,  sur  lequel  est  gravée  une 
rose  des  vents,  les  débris  d'une  petite  amphore  et  d'une  écuelle 
en  terre  grossière,  qui  composaient,  je  crois,  toute  la  vaisselle 
des  guetteurs,  et  enfin  plusieurs  disques  ou  briques  rondesv 
épais  de  trois  centimètres;  et  d'un  diamètre  de  quinze  centi- 
mètres environ,  dont  il  n'est  pas  facile  d'indiquer  la  destination. 
Quelques  unes  de  ces  briques  avaient  la  forme  d'un  demi  dis- 
que. Peut-être  ont-elles  servi  à  former  le  pavé  du  rez-de- 
chaussée  de  la  tour. 

Et  maintenant  arrivé  au  terme  de  cette  longue  et  monotone 
description,  je  dirai  avec  le  poète  : 

Nunc  sejes  ubi  Troja  fuit  ! 

La  charrue  a  passé  sur  lesruinesdu  poste  de  Parc-ar'Groas^ 
les  pierres  de  ses  habitations  en  ont  été  retirées  pour  baacada- 
miser  les  routes  ou  pour  réparer  les  clôtures  des  champs  voi- 
sins, et  de  riches  moissons  couvrent  maintenant  ce  sol  rendu 
plus  fécond  par  les  éléments  qu'une  longue  occupation  par 
l'homme',  laisse  toujours  après  elle.  Il  ne  reste  aujourd'hui, 
comme  souvenir  de  cet  établissement  militaire,  qui  fut  presque 
le  berceau  de  la  ville  de  Quimper,  que  les  débris,  de  nature 
diverse,  rois  au  jour  par  les  fouilles,  et  que  notre  Musée  ar- 
chéologique conserve  dans  ses  vitrines.  L'énumération  de  ces 
objets  terminera  ce  compte-rendu. 

A.  Monnaies^  Les  monnaies  au  nombre  de  treize  seulement, 
dont  une  consulaire  et  douze  impériales,  sont,  à  l'exceptioa 
d'un  moyen-bronze  de  Domilien  et  de  deux  deniers  de  Trajan 
et  de  Paustine,  dans  un  état  de  conservation  des  moins  satis- 
faisants. Elles  comprennent^  uue  période  d'environ  quatre 
siècles.  En  voici  la  description  : 

Famille  Vettia. 

lo  Tête  laurée  de  Jupiter  à  droite;  derrière  devait  se  trou- 
ver une  lettre  alphabétique,  qui  n'est  plus  visible  sur  notre 
exemplaire. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  191  — 

Rev.  P.  SABIN  {Publius  Sabinus).  Victoire  couronnant  un 
trophée  ;  à  Texergue  Q  (QtMestor)  ;  dans  le  champ,  une  lettre 
alphabétique  qui  est  la  même  que ^ celle  de  la  tête.  Argent: 
quinaire.  Cohen  p.  327. 

Cette  monnaie  qui  n'est  pas  rare,  et  que  tous  les  numisma- 
tistes  jusqu'à  Borghesi,  avaient  attribuée  à  la  famille  Tiluria, 
a  été  restituée  par  ce  savant  à  la  famille  Vettia,  par  la  rai- 
son très-plausible,  que  le  prénom  de  Publius,  fréquent  dans  la 
famille  Vettia,  ne  s'est  pas  encore  rencontl'é  dans  la  famille 
Tituria.  Cavedoni  fixe  vers  Tan  184  avant  J.-C.  la  date  de 
cette  monnaie,  et  Borghëse  Tattribue  au  père  de  Publius  Vetitus 
qui  fut  questeur  de  Verres  en  Sicile,  de  Tan  73  à  Tan  71 
avant  J.-G.  . 

L'état  dans  lequel  se  trouvait  cette  monnaie,  prouve  qu'elle 
avait  circulé  pendant  longtemps.  Cependant  malgré  son  état 
d'usure,  on  dislingue  facilement  la  tête  de  Jupiter  d'un  côté, 
et  l'inscription  aussi  bien  que  la  Victoire  et  le  trophé  gravés  sur 
le  revers.  Comme  elle  était  déjà  en  circulation  depuis  près  de 
cinquante  ans  avant  la  conquête  des  Gaules  par  Jules  César,  on 
peut  présumer  que  le  poste  de  Parc-ar-Groas  fut  établi  par  les 
premières  légions  romaines  qui  pénétrèrent  à  la  suite  de  ce 
conquérant,  dans  la  péninsule  armoricaine,  c'est-à-dire  vers 
l'an  56  avant  Jésus-Christ. 

DoMiTiEK,  né  Tan  51  de  J.-C.  ;  empereur  en  81,  mort  en  96. 
2o  IMP.  CAES.  DIVI  VESP,  F  DOMITIAN.  AVG.  P.M.  Sa  tête 
laurée  à  droite. 

Rev.  TR.  P.  COS.  VIIÏ.  DES.  VIIII.  P.P.  S.C.  Pallas  casquée 
debout  à  droite,  lançant  un  javelot  et  tenant  un  bouclier.  Moyen 
bronze;  Cohen  634.  \ 

Cette  monnaie  d'une  belle  conservation  et  revêtue  d'une  pa- 
tine verte,  a  été  frappée  en  l'an  82  après  J.-C. 

3o  IMP.  DOMIT.  AVG.  GERM Sa  tête  laurée  a  droite. 

Le  revers  de  ce  moyen  bronze  est  à  peu  près  fruste  :  on  y 


Digitized  by  VjOOQIC 


&peii;oitet$p«iidaHt  uûpérsôûhâg64iebQ^,tnais  totitieisies  lettres 
de  h  légende  oiit  disparu.  ' 

|o^  5*,  €•.  Je  croîs  reconnaître  la  têle  du  même  empereur  sur 
trois  autres  monnaies  du  même  modulé,  ehtore  plus  frustes 
que  la  précôdettte. 

Tbajan,  ne  le  18  septembre  53  de  J.-tl.  ;  empereur  en  9S  ; 
mort  en  117. 

?•.  AVT.  KAIC.  NEP.  IRAIANOC.CEB.  fEPM.  Salèle  Iturée 
à  droite. 

fiev.  AHMEZ  Y1IAT.  Deux  boudiers  suspeados  à  une  Iravarse 
sttr  laquelle  est  péfcbë  un  oîsea4%  Asosnt.  Denier  Crsppé  dans 
une  ville  grecque. 

FnHSTiifB  I,  mère^  femme  d'Adilonin  le  Pieux>  ffloMe^n  141 
de  J.-C,  à  rage  de  36  ans. 

8«.  On  reconnaît  fiur  un  grand  bronze  la  têle  de  celte  impé- 
ratrice, mais  le  revers  et  la  légende  sont  complétemenl  frustes. 

FAtstn^È  H,  fille  d*Atitonin  Le  Pieux,  et  de  Fàùsthie  I,  femme 
de  MarC-Aurèle,  motle  eu  175  de  J.-G. 

90  FAVSTLNA  AVGVSTA.  Sa  tête  à  droite. 

Rev.  FËCVNDITAS.  La  Fécondité  debout  à  droite  tenant  un 
sceptre  et  un  enfant.  Argent,  Cohen,  35. 

Ce  denier,  d*une  bonne  conservation i  a  été  trouvé  dans  les 
louilles  de  Parc-ar-Groas,  et  donné  au  Musée  par  M.  Canvel, 
membre  de  la  Société  archéologique. 

1{M>  Mabo-Aurèlb,  Dé  le  26  avril  121  ;  empereur  m  161  ; 
mort  en  180. 

(M)  ANTONIKVS  AVG  (TR.  P.  XXVI),  Sa  tété  lautée  à 
droite,  tenant  une  haste,  et  s'appuyant  sur  un  bjuciier.  Grand 
bronze.  Cohen,  530. 

Je  rétablis  d'après  Cohen  une  partie  des  liégendes  de  eette 
monnaie  qui  a  été  frappée  eii  178  de  J«-G« 


Digitized  by  VjOOQIC 


J 


-  195  — 

Tetricus»  usurpateur  en  Gaule,  267-273. 

Il»  IMP Sa  tête  radiée  à  droite. 

Revers  4'ruste,  petit  bronze. 

12.  Petit  bronze  barbare  presqaer  fruste,  frappé  en  Gaule 
\rers  la  même  époque, 

Licmius,  père,  né  vers  263  ;  proclamé  Auguste  en  3M  par 
Dioctétien  et  Maximieji  Hercule  ;  étranglé  en  323  par  Tondre 
de  Constantin. 

13*»  IMP.  LIGINIVS  P.F.  AVG.  Son  buste  lauré  à  droite  ayec 
le  paludament  et  la  cuirasse. 

Rev.  GENIO  POP.  ROM.  Génie  tourelé  à  demi  nu,  debout  à 
gauche,  tenant  une  patère  et  une  corne  d^abondance,  et  là  tête 
Couterte  du  modius.  Petit  bronze.  Cohen  6d< 

J'ai  dit  plus  haut  que  l'on  pouvait  faire  remonter  jusqu'à  là 
conquête  dejla  Gaule  par  Jules  César,  le  poste  de  Parc-ar- 
Groas.  Tout  porte  à  croire  qu'il  se  maintint  jusqu'au  commen- 
cement du  V«  siècle,  époque  où  il  fut  détruit  ^d'iine  manière 
violente,  comme  la  plupart  des  autres  établissements  g^Uo- 
romains  de  notre  pays. 

iU  Bronze, 

It.  Un  madche  de  couteau  long  de  6,078  m.  large  de 
Om.  02  et  épais  de  0,015  m.,  dans  lequel  une  partie  de  la 
lame  en  fer  est  restée  engagée.  On  remarque  sur  chacune  de 
ses  fac^s,une  cavité  de  forme  rectangulaire  dans  laquelle  étaient 
sans  douta.incrustés  des  ornements  en  os,  eu  bois  ou  en  pierre» 

Un  instrument  semblable  a  été  trouvé  dans  la  rivière  de 
Quimperlé,  un  peu  au-dessous  de  la  ville,  à  Tépoque  des  tra- 
vaux du  chemin  de  fer. 

16.  Un  petit  crochet  formé  d'une  lame  de  bronze  large  de 
h  millimètres  et  long  de  0,075,  ayant  son  extrémité  supérieure 
terminée  par  un  anneau.  L'extrémité  inférieure  qui  est  bifurquée 
se  termine  par  deux  branches  pointues  dont  Tune  est  sensible- 

14 


Digitized  by  VjOOQIC 


meot  droite  et  Tautre  recourbée  ;  de  sorte  que  ce  petit  instru- 
meut  a  tout-à-fail  la  forme  d'une  gaffe. 

16.  Une  fibule  en  bronze  argenté|  ayant  la  forme  d'une  lyre. 

17.  Une  autre  fibule  aussi  en  bronîe  argenté,  représentant 
un  cheval  el  son  cavalier. 

18.  Une  troisième  fibule  représentant  un  cheval  ailé. 

19.  Une  épingle  de  fibule. 

A  Texception  d'une  fibule,  tout  les  objets  qui  précèdent  ont 
été  trouvés  dans  le  trou  de  cendres  M. 

20.  Un  ornement  ayant  la  forme  d'un  balustre,  long  dé  trois 
centimètres  et  demi,  provenant  peut-être  d*un  casque  ou  d'un 
bouclier.  * 

21.  Une  bague  en  bronze  d'un  diamètre  de  23  millimètres, 
dont  le  chaton  ovale,  est  orné  d'une  croix  à  branches  inégales, 
accompagnée  à  ses  quatre  angles  de  palmes  gravées  au  trait, 
comme  la  croix. 

Cette  bague, dont  l'antiquité  est  suffisamment  attestée  par  la 
patine  verte  et  vitreuse  qui  la  recouvre,  a  été  trouvée  dans 
l'intérieur  de  l'enceinte  et  près  de  son  mur  nord.  Elle  est  une 
preuve  certaine  que  le  poste  de  Parc-ar-Groas  comptait  des 
chrétiens  parmi  ses  habitants. 

22.  Un  fragment  de  disque  orné  de  filets  et  formé  d'une  pla*- 
que  mince  qui  devait  avoir  un  diamètre  de  8  à  9  centimètres. 

23.  Une  grande  serpe  à  double  tranchant  dont  l'un  est  re- 
courbé à  angle  droit.  Sa  forme  est  exactement  celle  de  l'instru- 
ment dont  les  couvreurs  se  servent  pour  tailler  les  ardoises.  Sa 
hauteur  est  de  21  centimètres,  et  sa  largeur  de  20  centimètres 
d'une  extrémité  de  ses  branches  à  l'autre.  L'oxidation  a  produit 
sur  cet  instrument  de  nombreuses  boursoufflures  qui  en  ont 
altéré  la  forme. 


Digitized  by  VjOOQIC 


_  195  — 

C.  Fbr. 

24.  Un  fer  de  flèche  lancéolé  muni  d'une  douille  et  long  de 
115  millimètres  V  son  tranchant  a  17  millimètres  dans  sa  plus 
grande  largeur. 

25.  Plusieurs  pointes  de  javelots  qui  se  sont  pour  la  plupart 
délitées  sous  Faction  de  Thumidité. 

26.  Un  marteau  long  de  55  millimètres  et  dont  le  manche 
devait  être  en  fer,  si  on  eu  juge  par  la  petitesse  du  trou  dans  : 
lequel  il  s'emmanchait. 

27.  Un  gond  de  porte  ou  de  fenêtre. 

28.  Beaucoup  de  clous  dont  quelques-uns  de  grande  dimen- 
sion. 

D.  Plomb. 

On  a  découverf  trois  ou  quatre  fragments  de  ce  métal  dont 
l'un  provient  peut-être  d'un  tuyau. 

E.  Os. 

30.  Un  fragment  d'os  long,  travaillé  et  poli  provenant  proba- 
blement d'une  flûte. 

31  Deui  défenses  de  sanglier. 

F.  Vbbbb. 

32.  On  a  découvert  un  grand  nombre  de  débris  de  vases  en 
verre  parmi  les  résidus  amoncelés  dans  les  coins  des  habita- 
tions et  dans  le  trou  de  cendres  M.  Ces  débris  dont  plusieurs 
étaient  coibplétement  déformés  par  le  feu,  provenaient  de  vases 
de  formes  et  de  destination  fort  diverses.  Dans  le  nombre  sont 
des  anses  larges  et  striées,  ayant  appartenu  à  des  urnes  car- 
rées, et  de  couleur  verte.  D'autres  bleus  ou  jaunâtres  étaient 
évidemment  des  débris  de  coupes  de  formes  élégantes  et  or* 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  196  — 

nées  d'épaisses  cannelures.  11  y  avait  aussi  des  fragments  de  va- 
ses dépolis,  des  goulots  et  des  fonds  de  fioles  en  verre  mince. 

O.  Habbbes. 

33.  Peu  de  marbres  ont  été  recueillis  ;  on  en  a  cependant 
découvert  assez  de  spécimens,  pour  être  certain  que  cette  ma- 
tière étrangère  au  pays,  ne  manquait  pas  h  la  décoration  des 
maisons  du  poste  de  Parc-^r-Groas. 

H.  Gravite. 

34.  La  pierre  inférieure  d'un  moulin  à  bras  a  été  relevée 
près  et  en  dedans  du  mur  nord  de  l'enceinte.  Elle  est  percée 
à  son  col,  d'un  trou  circuliaire  de  chaque  côté  duquel  on  aper- 
çoit en  dessous,  deux  entailles  à  queue  d'aronde,  qui-servaient  à 
maintenir  le  pivot  autour  duquel  on  faisait  tourner  la  pierre 
supérieure. 

35.  Un  fragment  de  la  pierre  supérieure  d'un  moulin  à  bras, 
a  aussi  été  trouvé  dans  l'habitation  I. 

I.  Tbbbb  guitb. 

36.  Quelques  débris  de  figurines  en  terre  blanche,  parïm 
lesquels  des  fragments  de  Vénus  Ânadyomène,  ont  été  trouvés, 
comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  dans^  une  chambre  de  l'habitation  I. 

37.  Une  fusaïole  bombée  sur  ses  deux  faces,  et  d'un  diamè- 
tre de  4  centimètres,  absolument  semblable  aux  fusaioles  de 
l'oppidum  du  Gastel-Goz,  qui  sont  au  Musée,  et  à  celles  que 
l'on  trouve  dans  les  dolmens. 

38.  Sept  autres  fusaîoles,  applaties  sur  leurs  deux  faces,  dont 
quelques-unes  ont  été  faites  avec  des  débris  de  vases.  On  peut 
suivre  les  progrès  de  cette  opération,  sur  les  exemplaires  re- 
cueillis. En  effet,  les  uns  sont  seulement  à  moitié  arrondis.  Le 
trou  est  fait  dans  la  plupart,  mais  dans  quelques-uns,  il  était 
seulement  commencé. 


Digitizèd  by  VjOOQIC 


—  197  - 

39.  One  bille  en  terre  cuite,  ronge,  de  la  grosseur  de  celles 
qui  servent  aux  enfants  dans  leurs  jeux. 

40.  Plusieurs  fonds  de  vases  épais  et  arrondis,  évidemment 
taillés  avec  intention,  et  dont  a  on  dû  se  servir  pour  jouer  aux 
palets. 

Un  très-grand  nombre  de  débris  de  vases  en  terre  samienne, 
ornés  de  dessins  en  relief  et  en  terre  ordinaire.  Comme  tous 
ces  débris  sont  aujourd'hui  au  Musée  d'Archéologie  où  les 
membres  de  la  Société  peuvent  les  voir,  je  crois  inutile  d'en 
faire  la  description. 

J'ai  relevé  sur  quelques-uns  de  ces  firagments  de  poteries, 
les  noms  de  potiers,  suivants  : 

IVCVNOVCVNDi;, 
SVCCIIS  (SVGGESSI), 

UNI  (REGENI  P), 

VN, 

........XIL 

Puisque  j^  mentionue  les  marques  des  potiers,  trouvées  à 
Farc-ar^Groas^  j'ajouterai  que  j'ai  vu,  il  Jr  a  quelques  années, 
dans  les  mains  de  notre  confrère  M.  Fougeray,  un  fragment 
de  plat,  en  terre  samienne,  trouvé  près  de  sa  manufacture  à 
Lpcmaria,  et  au  milieu  duquel  on  lisait  très-distinctement,  le 
mot  CâTOISIS,  il  est  regrettable  que  ce  fragment  de  plat  ait 
été,  depuis,  égaré. 

Le  Musée  possède  aussi  une  moitié  de  grande  amphore  en 
terre  blanchâtre,  trouvée  dans  la  propriété  de  Rome^  à  Loc- 
maria,  et  sur  )a  panse  de  laquelle  le  mot  VIIRTROS  (Jertros) 
est  gravé  à  la  pointe. 

Ici  s'arrête  ce  que  j'avais  à  dire  du  poste  gallo-romain  de 
Parc-ar-Groas.  J'ai  fait  plusieurs  tentatives  pour  explorer  ce- 
lui de  Bourlibou^  situé,  comme  je  l'ai  dit,  au-dessus  du  fau- 
bourg de  ce  nom,  sur  la  rive  droite  de  l'Odet  ;  mais  le  proprié- 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  198  ~ 

taire  du  terrain  s*est  toujours  opposé  à  ce  que  Ton  y  fit  deg 
fouilles  en  règle.  J'ai  pu  cependant  ni'assurer  que  sa  disposition 
était  la  même  que  celle  de  Parc-ar-Groas  ;  mais  les  ruines  des 
habitations  qu'il  renfermait,  étaient  bien  mieux  conservées. 
J*ai  vu  démolir  dans  des  travaux  de  culture,  des  murs  de  plus 
de  deux  mètres  de  hauteur.  On  y  a  trouvé  plusieurs  grands 
bronzes  de  Tépoque  des  Antonins,  et  j*y  ai  recueilli  d'assez 
nombreux  débris  de  poterie  samicune  ornementée,  qui  sont 
au  Musée. 

J'ai  pu  obtenir  aussi,  pour  le  même  établissement,  une 
moitié  de  la  plate-forme  en  granité  d'un  pressoir  à  vin  ou  à 
cidre.  Dans  son  pourtour  est  une  large  gouttière  par  ou  s'é- 
coulait le  liquide,  et  l'on  voit,  au  milieu  d'un  de  ses  côtés, 
la  moitié  du  trou  destiné  à  recevoir  la  vis  de  pression.  Mais  la 
destination  primitive  de  cette  pierre  avait  été  changée  lors  de 
la  construction  d'une  des  habitations  du  poste  de  Bourlibou. 
On  s'en  était,  en  eflet,  servi  pour  faire  le  linteau  de  l'entrée 
d'un  hypocauste.  11  ne  saurait  y  avoir  de  doute  sur  l'origine 
gallo-  romaine  de  ce  monument,  car  je  l'ai  vu  en  place  et  je 
l'ai  vu  extraire  du  sol.  Sa  gouttière  était  remplie  de  ciment,  et 
ses  ejitrémités  reposaient  sur  deux  dés  de  granité  entre  lesquels 
était  l'ouverture  par  où  l'on  communiquait  avec  le  sous-sol  de 
l'habitation.  Cette  moitié  de  pressoir  est  placée  avec  ses  sup- 
ports dans  la  cour  du  Musée. 

Les  nombreuses  constructions  modernes  qui  se  sont  élevées 
sur  l'emplacement  du  poste  des  Likès^  en  ont  tellement  modi- 
fié le  sol  qu'il  m'a  été  impossible  d'en  retrouver  le  plan  pri- 
mitif. Mais  il  résulte  des  renseignements  qui  m'ont  été  fournis 
par  les  ouvriers  qui  ont  travaillé  à  ces  constructions,  que  la 
forteresse  était,  comme  le  sont  les  camps  romains,  si  nona- 
breux  dans  le  Finistère,  défendue  par  un  fort  parapet  formé 
de  terre  et  Je  pierres  et  accompagné  d'une  douve  profonde. 
Quant  aux  habitations,  elles  devaient  être  nombreuses,  si  on 
en  juge  par  la  grande  quantité  de  tuiles  qu'on  y  a  rencontrée. 


'  Digitized  by  VjOOQIC 


~  199  -^- 

M.  Mahé»  fils,  entrepreneur,  m'a  remis,  il  y  a  deux  ans,  un 
petit  bronze  dé  Victoria  (265-267)  qu'il  y  avait  trouvé. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Le  Men  place 
sous  les  yeux  de  l'Assemblée  un  plan  d'ensemble  et 
un  plan  de  détail  du  poste  de  Parc-ar-Groas .  Ces  plans 
seront  autographiés  pour  le  Bulletin  de  la  Société. 

M.  le  docteur  Halléguen,  faisant  allusion  à  une  idée 
exprimée  par  l'auteur  du  précédent  Mémoire,  ne  pense 
pas  que  la  découverte,  dans  le  poste  de  Parc-ar-Groas, 
d'une  seule  pièce  de  monnaie  qui  était  en  circulation 
50  ans  avant  Jésus-Christ,  puisse  autoriser  à  faire 
remonter  cet  établissement  jusqu'à  cette  époque. 

M.  Le  Men  reconnaît  que  cette  circonstance  n'impli- 
que qu'une  simple  possibilité,  qui  pourrait  cependant 
prendre  un  caractère  de  probabilité  dans  les  événe- 
ments, qui  s'accomplissaient  à  cette  date,  dans  notre 
pays. 

Le  Secrétaire  donne  ensuite  lecture  de  trois  lettres 
adressées  à  la  Société,  par  MM.  Le  Cam,  instituteur  à 
Plouzévédé,  Messager,  instituteur  à  Sainte-Sève,  et 
Normant,  chargé  des  mêmes  fonctions  à  Plouigneau, 
sur  les  monuments  et  les  traditions  de  leurs  communes 
respectives. 
'  Voici  le  texte  de  ces  lettres  : 

2*  COMMUNE  DE  PLOUZÉVÉDÉ. 

G.  Au  centre,  du  village  de  Lesvénan,  existe  un  monticule 
avec  douve  à  l'entour.  Cette  élévation,  faite  sûrement  domains 
d'hommes,  semble  avoir  été  un  fort,  une  défense  quelconque  ; 
on  l'appelle  Tossen  ar  vouden» 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  200  — 

A  gaucbe  de  la  route  qui  conduit  de  Berven  à  Plouvorn,  h  la 
jonction  des  deux  coh)rounes,«xiste  un  autre  tumulus  en  forme 
de  dôme,  è  base  circulaire;  aujourd'hui  un  talus  divise  ce  tumu- 
lus en  deux  parties  à  peu  près  égales.  Il  porte  le  nom  de  Tossen. 

Il  existe  une  autre  élévation  faite  de  mains  d'hommes,  au 
village  de  Coat-Bizien  ;  cette  élévation  est  vidée  à  rintérieur 
et  prend  la  forme  d*un  vase. 

Au  terroir  de  Goat-en-Gars  existent  les  ruine;  d*uB  cbàteau 
qui  porte  le  nom  de  Cêstel.  Ce  château  qui  s'élève  sur  la  rive 
gauche  du  Guiilec,  est  assez  vaste  ;  il  a  la  forme  d'un  parallé* 
logramme  flanqué  de  quatre  tours  carrées  avec  douves  à  l'en* 
tour.  Ces  ruines  sont  situées  sur  un  mamelon  très-élevé  et  de 
peu  d'étendue. 

Toujours  sur  le  bord  du  même  cours^d'eau,  3^  un  kilomètre 
(dus  bas,  au  village  de  la  Marche,  on  trouve  les  ruines  d'un 
autre  cfaàtean  ;  il  y  existe  également  un  tumulus  très-élevé 
eo  forme  de  dôme  à  base  circulaire.  Ces  ruines  portent  le  nom 
de  Castel. 

D.  A  Lanrioul,  où  est  né  Saint-Hervé,  il  y  a  un  champ  qui 
porte  le  nom  de  Guérédic  Saint-Hervé. 

H.  L'église  paroissiale  de  Plouzévédé  qui  a  pour  saint  patron 
Saint  Pierre,  porte  la  date  de  1762  ;  elle  renferme  un  tombeau 
portant  une  inscription  et  un  écusson  martelé  et  la  date  de  1652. 

Il  y  a  dans  le  trésor  de  l'église  un  calice  portant  l'inscription 
suivante  :  Don  fait  à  T église  de  Plouzévédé  par  nobles  gens 
Mathieu  Gilart  et  Catherine  Le  Bailly  sa  femme  :  1626.  En 
outre  l'église  possède  un  tableau  sur -toile  qui  parait  assez  an- 
cien. 

Les  registres  de  lattiairie  remontent  à  1694. 

Il  y  a  deux  dates  et  une  inscription  sur  les  murs  extérieurs  de 
la  chapelle  de  Berven  ;  dans  la  chapelle  on  trouve  quelques 
tableaux  sur  bols  et  une  belle  statue  de  la  Sainte- Vierge,  égale- 
ment en  bols. 

Au  côté  midi  de  cette  chapelle,  il  y  a  une  autre  chapelle  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  2(M  — 

petite  dimension  (6  mètres  carrés  au  plus),  qui  porte  le  nom  de 
Piniti  et  qur  doit  être  la  chapelle  primitive.  La  piété  des  fidèles 
les  porte  à  s'agenouiller  devant  Içi  grille  de  cette  petile  chapelle. 
On  y  dit  la  messe  assez  souvent,  et  la  Sainte-Vierge  y  est  hono- 
rée sous  le  nom  de  Notre  dame  de  la  délivrance. 

Enfin  il  y  a  encore  les  ruines  d'une  chapelle  qui  vient  d'être 
démolie  et  qui  porte  le  nom  de  Saint-Irvoal.  Dans  les  démoli- 
lions  on  a  trouvé  une  pierre  tombale  et  deux  deniers. 

I.  On  trouve  à  Plouzévédé  les  anciens  manoirs  du  Baud  et  de 
Kerham.  Ce  dernier  porte  la  date  de  1729. 

K.Berven  a  une  belle  fontaine  avec  une  belle  statue  en  pierre, 
de  la  Sainte-Vierge  ;  cette  fontaine  semble  être  de  même  date 
que  la  chapelle. 

Au  village  de  Boullac'h  se  trouve  une  fontaine  qui  porte  le 
nom  de  fontaine  de  Saiut-Hervé  ;  on  y  trouve  une  pierre  percée 
et  la  tradition  veut  que  ce  trou  ait  été  fait  par  le  bâton  de 
Saint  Hervé  qui  s'arrêta  sur  cette  pierre  ea  y  appuyant  son 
bâton  pendant  que  Guic'baran  retournait  au  château  de  Lan- 
rion. 

L.  On  considère  les  feux-follets  comme  dés  esprits  malfai- 
sants ;  on  croit  également  aux  revenants  surtout  parmi  les 
femmp«,  et  peu  d'entre  elles  oseraient  traverser  un  cimetière 
seules  pendant  la  nuit.  Ces  croyances  disparaissent  cependant 
de  jour  en  jour. 

M.  Il  n'y  a  à  Plouzévédé,  qu'un  seul  cours  d'eau  d'une  cer- 
taine importance,  c'est  le  Gm7/éc^/ il  prend  sa  source  dans  la 
commune  de  Bodilis  et  se  jette  dans  la  mer  entre  Sibiril  et 
Plougonven. 

2.  COMMUNE  DE  SAINTE-SÈVE. 

De  Penarverui  extrémité  occidentale  de  la  commune,  on 
apperçoit,  sur  le  penchant  de  la  colline  opposée,  un  énorme 
rocher.  C'est  là  que  se  trouve  la  grotte  du  Kornandon  (  Toul- 
ar-Chornandon).  Cette  grotte  a  dû  être  plus  grande,  car  il 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  202  — 

semble  qu'on  y  a  jeté  une  grande  quantité  de  pierres.  Le  dernier 
KornandoUn  dit-on,  se  baignait  hiver  et  été  dans  la  rivière  qui 
coule  au  pied  de  la  colline. 

On  a  longtemps  cru  qu*un  souterain  conduisait  de  cette 
grotte  au  château  de  la  duchesse  Anne  {Castel  Renhoat). 

Celte  duchesse  avait  trois  fils  qui  étudiaient  la  médecine. 
Pour  s'instruire  dans  leur  art,  ils  ne  se  contentèrent  point  d'une 
vaine  théorie.  Enlevant  les  passants,  filles  et  garçons,  ils  es- 
sayaient sur  ces  victimes  leurs  talents;  brisaient  leurs  membres 
pour  avoir  le  plaisir  de  les  savoir  remettre,  et  par  leurs 
remèdes  épuisaient  dans  ces  malheureux  le  dernier  souffle 
de  la  vie.  Ils  devinrent  bientôt  la  terreur  du  pays  par 
leurs  cruelles  expériences  et  par  leurs  vices  honteux.  La  du- 
chesse Anne^  aussitôt  qu'elle  voyait  sortir  ses  fils,  courait  au 
plus  haut  de  la  tour  et  se  mettait  à  sonner.  A  ce  signal  le  voya- 
gcur  se  hâtait  de  s'éloigner  de  ce  redoutable  donjon,  et  le 
paysan  s'enfermait  dans  sa  chaumière. 

Ce  château  !ri audit  ne  put  durer  longtemps;  des  canons 
amenés,  de  Brest  le  brûla  et  le  renversa  tellement  que  les  assié* 
gés  ne  purent  trouver  la  trace  des  mauvaises  gens  qui  s'y 
étaient  sauvés  par  les  souterrains,  croit-on. 

Cependant,  la  princesse  Claudine  erre  encore  dans'  les  sou- 
terrains de  ce  château  ruiné.  Elle  est  condamné  à  y  rester 
jusqu'à  ce  qu'un  homme  assez  courageux  y  vienne  embrasser 
un  sourd,  un  serpent  et  un  lion.  Sa  récompense  sera  des  ba- 
rils pleins  d  or  et  la  main  de  la  princesse. 

Au  midi  de  la  commune,  se  trouve  le  grand  village  deCoati- 
lezec,  défendu  jadis  par  un  château  ;  tout  porte  du  moins  à  le 
croire.  Ainsi  les  noms  suivants  trouvés  sur  le  cadastre,  sem- 
blent en  faire  foi  :  Parc-ar-Runen,  Parc-an-Tour,  Parc-ar- 
Chaslel,  Parc-en-Douvez,  le  Ponl-Meur  qui  reliait  les  deux  f 
côtés  de  la  rivière. 

Sant'Scio  ou  San-Séo  a  pris  en  français  le  nom  de  Sainte- 
Sève.  Or,  en  breton,  Sainte-Sève  se  dit'Santez-Sceva.  Sant-Séo 
était  l'ancien  patron  de  la  commune,  ou  le   maître  du  pays. 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  203  - 

LÉGENDE  ÉCRITE  DANS  l'ÉGLISE  DE  SAINTE- SÈVE. 

«  Sainte  Sève  était  fille  de  Sainte  Pompée^  reine  de  la  Grande- 
«  Bretagne.  Un  ange  ayant  apparu  à  Saint  Tugduval^  sonfrère^ 
a  lui  annonça  que  le  bon  Dieu  lui  commandait  de  quitter  la 
a  Grande-Bretagne  et  de  se  transporter  dans  la  petite  Bretagne. 
^-^Uan  546,  Sainte-Sève  se  consacra  à  Dieu  en  embrassant  Vétat 
m  religieux.  Elle  mourut  à  Langoat^  en  592  et  y  fut  enterrée.  » 

La  IradilioD  rapporte  qu'une  famine  horrible  désolait  le  pays  ; 
la  sainte  qui  n'avait  point  raangé  depuis  plusieurs  jours,  après 
avoir  cependant  beaucoup  naaiché,  se  trouva  exténuée  de  faim 
et  de  fatigues.  Au  bourg  seul  de  San-Sceo  un  boulanger  faisait 
cuire  du  pain.  La  sainte  lui  en  demanda;  mais  il  la  repoussa 
brutalement  ;  comme  elle  réitérait  sa  demande,  il  menaça  de  la 
faire  dévorer  par  son  chien  de  garde,  disant  qu'il  n'avait  pas 
de  pains  au  four.  La  sainte  lui  répondit  que  puisqu'il  n'y  avait 
pas  de  pains  pour  les  autres,  il  n'y  en  aurait  pas  non  plus  pour 
lui.  Le  fournier  lorsqu'il  relira  ses  pains  ne  trouva  plus  que  sept 
pierres  énormes  dans  le  four.  On  trouve  encore  aujourd'hui,  à 
l'entrée  du  cimetière,  deux  de  ces  pains  pétrifiés. 

Du  bourg  de  San-Sceo^  sainte  Sève  se  rendit  auprès  de  sa 
mère  qui  habitait  celte  partie  de  la  commune,  appelée  aujour- 
d'hui de  son  nom,  Trépompée.  Sainte  Pompéemourut  à  Sainte- 
Sève  ;  tandis  que  la  fille,  à  la  mort  de  sa  mère,  alla  finir  ses 
jours  à  Langoat,  auprès  de  Tugduall.  Edouard  IV  chassé  d'An- 
gleterre par  Warvick,  le  faiseur  de  rois,  s'était  rendu  en  Bre- 
tagne cherchant  partout  des  alliés  et  des  soldats.  Sa  femme 
Elisabeth  vint  à  San-Sceo  implorer  la  protection  des  Saintes 
Pompée  et  Sève  qui,  comme  elle,  avaient  jadis  occupé  le  trône 
de  la  Grande-Bretagne.  Elle  fit  vœu  de  leur  élever  un  monu- 
ment si  Edouard  chassait  l'usurpateur. 

Le  plus  ancien  ou  plutôt  le  seul  château  de  la  commune,  ce 
fut  celui  de  Penarvern,  appartenant  au  marquis  de  Valoty. 

La  seule  rivière  ou  plutôt  le  seul  ruisseau  qui  traverse  Sainte- 
Sève,  du  midi  au  nord,  est  le  Ster-Gwen  qui  prend  sa  source 


Digitized  by  VjOOQIC 


-  804  - 

en  Pleyfoert-Ghritt,  raatre  côté  de  Goaiilezec,  et  m  jette  dans 
la  rivière  de  Horlaix  auprès  du  manoir  de  Fenellé^  non  loin  de 
Locquénolé. 

3.  COMMUNE  DE  PLOUIGNEAU. 

Sur  le  fossé  du  champ  appelé  Parc'ar-Bouloc'h  (section  F, 
N<*  374),  menhir  haut  de  5  mètres  60  centimètres  sur  une  lar- 
geur moyenne  de  2  mètres. 

Dans  la  section  C  du  cadastre,  sont  les  ruines  du  CMteau 
Dinan, 

Principaux  cours  d*eau  :  le  Dôuron  qui  sort  des  montagnes 
d'Are  et  se  jette  dans  la  Hanche. 

Tromorgan  ayant  sa  source  dans  les  mêmes  montagnes  et 
se  Jetant  à  Horlaix,  dans  la  rivière  de  ce  nom. 

M.  le  Président  adresse  des  félicitations  à  MM.  les 
Instituteurs  qui  ont  fourni  les  renseignements  qui  pré- 
cèdent, principalement  à  MM.  Le  Cam  et  Ménager,  et 
recommande  instamment  à  MM.  les  instituteurs,  de 
recueillir  avec  le  pliis  grand  soin  les  légendes  et  les 
traditions  non  imprimées,  qui  ont  cours  dans  les  com- 
munes qu'ils  habitent. 

M.  Audran  fait  don  au  -Musée  d'archéologie,  d'un 
sac  contenant  une  monnaie  d'or  arabe  et  plusieurs 
centaines  de  deniers  de  billon  du  XI«  et  du  XII*  siè- 
cle, d'Etienne  de  Guingamp,  de  Foulques  d'Anjou, 
d'Henri  II  d'Angleterre,  de  Guy  de  Thouars,  de  saint 
Martin  de  Tours,etc.,  provenant  d'une  trouvaUle  faite, 
au  mois  de  février  dernier,  dans  la  commune  de  Ré- 
déné,  près  Quimperlé  (Finistère),  trouvaille  dont  il 
«era  rendu  compte  plus  tard  à  la  Société. 

M.  Flagelle  fait  don  au  Musée,  en  son  nom,  d'une 
double  réale  espagnole,  et  au  nom  de  M.  Alain  GuéïK^, 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  208  — 

expert  à  Coatiscoul,  en  la  commune  de  Quimerc'h  : 
lo  d'une  tuile  romaine  trouvée  par  lui  au  village  de 
Kerancroc,  en  Logonna-Quimerc'h,  dans  un  champ 
nommé  Parc-ar-Len-Huella,  n^s  710  et  711  de  la  sec- 
tion unique  de  cette  commune.  Dans  ces  numéros,  ainsi 
que  dans  le  n^  727,  qui  les  a  voisine,  M.  Guénolé  a  re- 
marqué une  grande  quantité  de  tuiles  romaines  ; 
2o  d'une  hache  à  douille  en  bronze,  trouvée  avec  cent 
ou  cent  cinquante  autres  semblables,  rangées  avec  or- 
dre dans  la  terre,  en  faisant  un  fossé  neuf  dans  le 
n*  268  de  la  section  C  de  Quimerc'h,  au  village  de 
Kervern. 

Dans  une  note  jointe  aux  objets  ci-dessus  mentionnés, 
M.  Guénolé  fait  savoir  qu'une  monnaie  romaine  a  été 
trouvée  à  Coatiscoul,  en  Quimerc'h,  il  y  a  dix  ans,  en 
cultivant  le  n*  1 73  de  la  section  A.  Cette  monnaie  se 
trouve  aujourd'hui  entre  les  mains  de  M.  Le  Menn, 
juge  de  paix  à  Trégûier,  à  qui  M.  Guénolé  l'avait 
donnée. 

H  ajoute  que,  d'après  les  renseignements  de  M.  Fla- 
gelle, il  a  trouvé  près  le  village  de  Pen-ar-Roch,  en 
Quimerc'h,  sur  le  versant  nord  de  la  montagne,  tout 
près  de  la  crête,  dans  une  lande  appartenant  à  M«^®  Cau- 
rant,  du  Faou,  trois  petits  tumulus  placés  tout  près 
l'un  de  l'autre,  et  disposés  en  triangle.  Leur  diamètre 
est  de  2  m.  30  c.  et  leur  hauteur  de  70  ^centimètres. 

Des  remerciements  sont  adressés,  par  M.  le  Prési- 
dent, à  MM.  Audran,  Guénolé  et  Flagelle. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire^ 

R.-F.  LE  MEN. 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  206  — 

TABLE  DES  HÂTIËRËS  DU  TOME  III. 


r 
Séance  do  14  avril  1875.  —  Mort  de  MM.  Le  Hir,  Le  Caêr  et 

de  Gueroisac.  —  Reclificalion  d*UQ  passage  du  mémoire  sur 
sainte  Guen  et  saint  Cadvan,  lu  à  la  séance  de  janvier. —  Circu- 
laire  relative  lux  recherches  archéologiques  à  faire  dans  le  dé- 
partement. —  Demande  de  révision  du  classement  des  monu- 
ment historiques  du  Finistère.  —  Le  pablemeivt  des  Ifs,  par 
M.  Le  Men.  —  Ordre  du  jour  de  la  séance  du  19  juin.  — 
Doc€H£!iTS  msTOBiQUEs.  *—  X.  Enquête  relative  à  la  prise  d'un 
seigneur  breton,  qui  tenait  le  parti  des  Français  contre  la  du- 
chesse Anne  de  Bretagne,  pendant  la  guerre  de  1488-1489.  — 
XT  et  XII,  Nouvelles  des  Etats  :  A.  Lettre  au  chapitre  de 
Quimper,  1767  ;  6.  Lettre  au  comte  du  Brieux,  au  château  de 
Kerdaniei,  près  Uuimper,  1767 1 

Séauce  du  19  juin  1875.  —Circulaire  de  M.  le  Recteur  d'acadé- 
mie aux  instituteurs  du  département,  pour  leur  recommander  le 
Questiorhaibe  d'abchéologie.  —  La  manufacture  de  faïences 
DE  Quimper,  1690-1794,  par  M.  Le  Men.  —  Sur  la  demande  de 
M.  Le  Men,  la  Société  décide  qu'une  exposilion  de  céramique 
aura  lieu  à  Quimper,  dans  une  des  salles  du  Musée  archéolo- 
gique, pendant  la  durée  du  Concours  régional  de  1876.  — 
Fouilles  d'une  allée  couverte  a  Menez-Guen,  en  Melgten, 
par  M.  de  Montilault.—  Ordre  du  jour  de  la  séance  du  28  août. 
—  Annexes  du  mémoire  sur  la  manufacture  de  faïences  de 
Quimper  :  l^  Requête  ayant  pour  but  d'y  ajouter  la  fabrica- 
tion de  la  porcelaine  ;  II®  Extrait  des  minutes  des  archives 
du  parlement  de  Bretagne,  relatif  à  la  vente  des  produits  de 
cette  manufacture  ;  \\l^  Arrêt  du  même  parlement  relatif  aux 
ouvriers  des  manufactures  de  faïences;  IV»  Résiliation  d'un 
traité  pour  rétablissement  d'une  manufacture  de  faïences  i 
Quimper.  .    .    « 33 


Digitized  by  VjOOQIC 


r.t. 


i 

I 
à 


—  207  — 

Séancb  du  28  août  1875.  —  Nomination  d'une  commission 
pour  l'examen  des  comptes  du  trésorier  de  la  Société.  —  Notice 
sur  M.  le  docteur  Le  Hir  (de  Morlaix),  par  M.  Puyo.  —  Une  be- 

VENDICATION  MAL  FONDÉE  AU  SUJET  DE  LA  DÉCOUVERTE  DE  VORGA- 

kium;  réponse  à  M.  le  commandant  Mowat,  par  M.  Le  Men.  — 
Vote  d'un  ordre  du  jour  è  la  suite  de  cette  lecture.  —  Note  sur 
les  pierres  deTrégunc,  Lanriec  et  Pont-Aven,  par  M.Bourassin. 
—  Aqueduc  du  manoir  de  Mesnaot,  en  la  commune  de  Plou- 
guin  et  légende  y  relative,  par  M.  Mingam,  instituteur.  —  Mo- 
numents et  traditions  de  la  commune  de  Commana,  ,  par 
M.  Lazennec,  instituteur.  —  Autorisation  de  faire  des  fouilles 
dans  le  cimetière  gallo-romain  de  Carliaix,  donnée  à  la  Société 
par  M.  de  Kerdrel, —  Fouilles  d'un  tumulus  près  du  bourg  de 
Pleyben,  par  M.  Le  Men.  —Les  Dominicains  de  Quimpeblé,  par 
M.  Audran.  —  Annexes  à  ce  travail  :  1»  Copie  d'une  lettre  au 
P.  de  Sainte-Marie,  historiographe  ;  l\^  Lettres  patentes  rela- 
tives à  la  construction  du  pont  du  Bourgneuf,  k  Quimperlé  ;  — 
III«  Procession  de  Saint  Grégoire  ;  renouvellement  d'un  vœu 
fait  par  la  ville  de  Quimperlé  à  l'occasion  d'une  maladie  con- 
tagieuse ;  —  IV.  Extrait  de  la  déclaration  des  biens  du  cou- 
vent, fuite  par  les  religieux  en  1790.—  Admission  de  MM.Frollo 
de  Kerlivio,  Jamet,  Arthur  de  Gouyon,  Laplace,  Le  Noble, 
Borelli,  de  Rodellec  et  Asher,  comme  membres  de  la  Société. 
Ordre  du  jour  de  la  séance  du  21  novembre    ....    105. 

Séance  du  27  novembre  1876.  —  Admission  de  MM.  Sigis- 
mond  Rop^rtz,  Le  Moaligou,  Du  Perray,  Du  Grandlaunay,  Le 
Goarant  de  Tromelin,  Eugène  Le  Moyne,  Hippolyte  Penanros, 
de  Concarneau,  comme  membres  de  la  société.  —  Rapport 
de  la  commission  chargée  de  la  vérification  des  comptes  de  la 
société.  —  Notice  sur  la  chapelle  ensablée  de  Saint-Gué- 
VROcen  la  commune  de  Tréflez,  par  M.  Madeléneau,  instituteur 
de  cette  commune  (avec  un  plan).  —  Prééminences  et  droits 
HONORIFIQUES  dans  raacienneéglise  de  Plomeur,  par  M.  de  Monti- 
fault.  — -  Antiquités  de  la  commune  de  Saiat-Urbaio,  par  M.  le 


Digitized  by  VjOOQIC 


~  208  — 

Teurs^  instituteur.  — -  Tumulus  près  du  bourg  de  Saiot-Rivoal 
signalé  par  ^.  Lazennec^  iiistituleur  à  Braspart.  —  Offre  faite 
par  le  môme^de  lever  les  plans  des  camps  romains  de  Brasparls, 
Gbateaunoir  et  Stumenveo.—  Excursions  archéologiques  dans 
les  communes  de  Fouesnant  et  La  Forêt,  par  M.  de  MontifauU. 
—  Dépôt  d'une  brochure  par  M.  Le  Goarant  de  Tromelin.     161 

SÉANCE  DU  18  MABS  1876.  —  Observation  sur  le  procès- 
verbal,  par  M.  le  Men.  —  Notice  sur  M.  le  comte  de  Carné, 
par  M.  Audran.—  Admission  de  MM,  Trévédy,Henri  de  Tonqué- 
dec  et  Antoine  Créac'hcadic,  comme  membres  de  la  société.  — 
Rapport  de  la  commission  de  l'Exposition  de  Céramique.-—  Pro- 
gramme de  celte  Exposition.  —  Fouilles  d'un  poSte  gallo- 
romain  sur  le  Mont  Prugy,à  Quimper  par  M.  Le  Men  (2  plans).-* 
Monuments  et  traditions  des  communes  de  Plouzévéde,  Sainte- 
Sève  et  Plouigneau,  par  MM.  Le  Cam,  Messager  et  Normant, 
instituteurs.  ^  Dons  faits  au  Musée  par  M.  Audran,  de  mon- 
naies bretonnes  trouvées  à  Rédénée,  par  H.  Flagelle  d'une 
monnaie  espagnole  et  par  M.  Guénolé  d'une  hache  en  bronze 
et  d'une  tuile  romaine    » :    179 

FIN  BB  LA  TABLE  DES  MATIÈRES. 


Errata.  —  A  la  page  1,  au  lieu  de  séance  du  13  mars  1875, 
lisez^  séance  du  14  avril  187&. 

Pagte  161,  au  lieu  de  M.  Hippolyte  Penanros,  de  Douamenez^ 
Uêez^  M.  Hippolyte  Penanros,  de  Concarneau. 

C'est  par  suite  d'une  erreur  typographique,  que  M.  du 
Perray,  figure  au  nombre  des  personnes  présentées  pour  faire 
parliede  la  société  dans  la  séance  du  18  mars  1876.  M.  du 
Perray  a  été  admis  dans  la  séance  du  27  novembre  1875* 


Digitized  by  VjOOQIC 


Digitized  by  VjOOQ  IC 


This  book  should  be  returned  to 
the  lâbrary  on  or  before  the  last  date 
stamped  below. 

A  fine  of  five  cents  a  day  is  inctirred 
by  retaining  it  beyond  the  speeiûed 
time. 

Flease  return  promptly. 


Digitized  by  VjOOQIC