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BULLETIN
ARCHÉOLOGIQUE
DU
COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES
ET SCIENTIFIQUES
MINISTERE
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS
BULLETIN
ARCHÉOLOGIQUE
DU
COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES
ET SCIEINTIFIOUES
ANNEE 1897
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
ERNEST LEROUX EDITEUR, RUE BONAPARTE, 28
M DGGG XGVIII
BULLETIN
ARCHÉOLOGIQUE
DU
COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES
ET SCIENTIFIOUES.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SECTION D'ARCHEOLOGIE,
DES MEMBRES NON RESIDANTS,
DES CORRESPONDANTS ET DES CORRESPONDANTS HONORAIRES
DU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES
ET SCIENTIFIQUES.
MEMBRES DE LA SECTJOA D'ARCHÉOLOGIE.
Président honoraire :
Le Blant (Edmond), membre de l'Institut, directeur honoraire
de l'Ecole française de Rome, rue Leroux, 7.
Président :
Bertrand (Alexandre), membre de l'Institut, conservateur du Mu-
sée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Lave.
Vice-président :
Cbabouillet (Anatole), conservateur honoraire du département
des médailles et antiques à la Bibliothèque nationale, boule-
vard Malesherbes, 65.
Secrétaire :
Lasteyrie (Le comte de), membre de l'Institut, professeur à l'Ecole
des Chartes, rue du Pré-aux-Clercs, 10 bis.
Arcuéologik. a
Membres :
Babklon. ooiiscivatour du dôpaitenioul dos iiK'daillos et antiques
à la Bil)li()llu'([n(> nalionalo, ruo do VoiMuniil, .')0.
Barthélémy (Anatole di:), UKMnbro de Tlnstitut, ruo d'Anjou, 9.
BkiuiKk (Pliillppo), inonibro d(> rinstitut, professcHir au Collège de
France, quai \oltaire, 3.
Gagnât (René), membre de l'Institut, professeur au Collège de
France, rue Stanislas, 10.
GuirFREY (Jules), administrateur do la manufacture nationale des
Gobolins, avenue des Gobelins, '49.
Héron de Vhjj'FOsse (Antoine), membre de l'Institut, conservateur
au i\lusée du Louvre, rue Washington, i5.
LoNGNON, membre de l'Institut, professeur au Collège de France,
rue de Bourgogne, 5o.
iMaspero, membre de l'Institut, professeur au Collège de France,
avenue de l'Observaloire, ai.
MiJXTz (Eugène), membre de l'Institut, bibliothécaire de l'Ecoh;
des Beaux-arts, ruo de Condo, 1/1.
Perrot (Georges), membre de l'institut, directeur de l'Ecole nor-
male supérieure, rue d'Ulm, /i5.
Prou (Maurice), bibliothe'caire à la Bibliothèque nationale, rue
des Martyrs, ki.
Reinach (Salomon), membre de l'Institut, conservateur adjoint du
Musée des antiquités nationales de Saint- Germain-en-Laye, rue
de Lisbonne, 38.
Saglio, membre de l'Institut, directeur du Musée des Thermes et
de l'Hôtel de Cluny, rue Du Sommerard, 2 h.
ScHLUMBERGER (Gustave), moiubro de l'Institut, avenue d'Antin, 27.
COMMISSION DE PUBLICATION
DES DOCUMEISTS ARCHEOLOCIQUES DE L'AFIUQUE DU NORD.
Président honoraire :
Pkurot (Gooijfos), membre de l'Institut, directeur de l'Ecole nor-
male supérieure, rue d'Ulm, 65.
Président :
Héron de Villefosse (Antoine), membre de l'Institut, conservateur
au Musée du Louvre, rue Washington, i5.
Secrétaire :
Cagnat (René), membre de l'Institut, professeur au Collège de
France, rue Stanislas, lo.
Membres :
Babelon, conservateur du département des médailles et antiques
à la Bibliothèque nationale, rue de Verneuil, 3o.
Berger (Philippe), mcmtre de l'Institut, professeur au Collège de
France, quai Voltaire, 3.
Gauckler, directeur du Service des antiquités et des arts de la
Régence, à Tunis.
HoLDAS, professeur à l'Ecole spéciale des langues orientales vi-
vantes, avenue de Wagram, 29,
La Martinière (H. de), secrétaire général du Comité de l'Afrique
française, rue de Saint-Pétersbourg, 98.
La Noë (Le général de), directeur du Service géographique de l'ar-
mée, rue de Grenelle, i4o.
Lasteyrie (Le comte de), membre de l'Institut, professeur à l'Ecole
des Chartes, rue du Pré-aux-Clercs , 10 bis.
Maspero, membre de l'Institut, professeur au Collège de France,
avenue de l'Observatoire, 2 A.
Milne-Edwards, membre de l'Institut, directeur du Muséum d'his-
toire naturelle, rue Cuvier, 07.
Périn (Georges), membre de la Société de géographie de Paris,
rue de Douai, 65.
Reinach (Salomon), conservateur adjoint du Musée des antiquités
nationales de Saint-Germain-en-Laye, rue de Lisbonne, 3&.
Saladin, architecte diplômé du Gouvernement, rue du Faubourg-
Saint-Honoré, 2/10.
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Ui:S MUSKKS SCIKMIKIQUES KT AHCIlÉOLOGIQUKS.
Président :
BoissiER (Gaston), socrotaire perpétuel do l'Académie française,
professeur au Coliègo de France, quai Conti, 28.
I ice-présiileiit :
Lasteyrie (Le comte de), membre do riuslilul , j)rolossour à l'Ecole
des Charles, rue du Pré-aux-Clorcs, 10 bis.
Secrétaire :
Babelun, conservateur du département des médailles ol antiques
à la Bibliothèque nationale, rue de Verneuil, 3o.
Membres de droit :
Charmes (Xavier), membre de rinstitut, directeur du Secrétariat
et de la comptabilité.
Saint-Arroman (Raoul de), cliel" du T' bureau de la dirortiou du
Secrétariat et do la comptabilité.
Membres :
FouQUÉ, membre de l'Institut, professeur au Collège de France,
rue de Huml)oldt, 28.
GuiMET, directeur du Musée Guimot, avenue d'Autin, A9.
Hamy (Le docteur), membre de l'Institut, conservateur du Musée
d'ethnograj)hie , rue GeofTroy-Saint-Hilaire, 3(i.
Héron de Villefosse (Antoine), membre de l'Institut, consorvateui'
au Musée du Louvre, rue Washington, i5.
Maspero, membre de l'Institut, professeui- au Collège de France,
avenue de l'Observatoire, 9^.
Milne-Edwards, membre de l'institul, directeur du Muséum d'his-
toire naturelle, rue Cuvier, 67.
OusTAi.ET, docteur es sciences, assistant au Muse'um d'histoire na-
turelle, rue de Bufl'on, 55.
Perrot (Georges), membre de Tlnstitut, direrteiir de l'École nor-
male supérieure, rue d'Uim, Ub.
Reinach (Salomon), conservateur adjoint du Musée des antiquités
nationales de Saint-Gerniain-en-Laye , rue de Lisbonne, 38.
MEMBRES NON RESIDANTS DU COMITE.
Albanès (L'abbé), docteur en théologie, à Marseille.
Allmer (Auguste), correspondant de i'Jnstitut, à Lyon.
Babeau (Albert), correspondant de l'Institut, à Troyes.
Beaurepaire (Charles de Robillard de), correspondant de l'Insti-
tut, archiviste du département de la Seine-lnl'érieure.
Blancard (Louis), correspondant de l'Institut, archiviste du dépar-
tement des Bouches-du-Rhône.
Blucher, professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie de Nancy.
BouRiANT, directeur de l'Institut français d'archéologie orientale, au
Caire.
Brun-Durand (Justin), à Crest (Drôme).
BuHOT DE Kersers, président de la Société des antiquaires du
Centre, à Bourges.
BuLLiOT, président de la Société éduenne, à Autun.
Caillemer, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté de
droit de Lyon.
(jARtailhac, directeur de la Revue (F anthropologie, à Toulouse.
Chantre (Ernest), sous-directeur du Muse'um des sciences natu-
relles de Lyon.
Chevalier (Le chanoine Ulysse), correspondant de l'Institut, à
Romans.
CouRNAULT (Charles), conservateur du Musée lorrain, à Malzéville,
près Nancy.
Delattre (Le P.), correspondant de l'Institut, à Carthage.
Deloye, ancien conservateur du Musée Calvet, à Avignon.
Demaeght (Le commandant), président de la Société de géographie
et d'archéologie d'Oran.
Derrécagaix (Le général), commandant la 36"' division d'infanterie,
à Bayonne.
Desnoyers (L'abbé), conservateur du Musée archéologique d'Orléans.
Dézeimeris (Reinhold), correspondant de l'Institut, à Bordeaux.
Doumet-Adanson, di'léjfiui à la Direction des li-avaiix do la mission
scipiitifiquo d'('\[)loralion de la Tunisie.
DiJMOUTiKii, direoleur de renseijjiuMnent, à Hanoï.
FnoT (Jules), archiviste du département du Nord.
FoiKMKR, prol'essour à la Faculté de droit de Grenoble.
Gar.mer, archiviste du département de la C6te-d Or.
Gasté (Armand), professeur à la Faculté des lettres de Caen.
GAucKM-n, directeur du Service des antiquités et des arts de la Ré-
gence, à Tunis.
Grandmaison (Charles Loiseau de), coirespondant de Tlnstitut,
archiviste honoraire du département d'Indre-et-Loire.
Harmand (Le docteur), ministre plénipotentiaire de France, à
Tokio.
Jllliot, président de la Société archéologique de Sens.
Kekvii.er (René), ingénieur en chef des Ponts et chaussées, à
Saint-.\azaire.
La Rorderie (Arthur de), membre de l'Institut, à Vitré.
La Croix (Le P. de), membre de la Société des antiquaires de
l'Ouest, à Poitiers.
Lennier, directeur du Muséum du Havre.
Lièvre, bibliothécaire de la ville de Poitiers.
Maître (Léon), archiviste du département de la Loire-lnlérieure.
Marsy (Le comte de), directeur de la Société française d'archéo-
logie, à Compiègne.
Maxe-Werly (Léon), président de la Société des lettres, sciences
et arts de Rar-le-Duc.
Merlet (Lucien), correspondant de l'Institut, archiviste honoraire
du département d'Eure-et-Loir.
Mireur, archiviste du département du Var.
Morgan (De), directeur général du Service des antiquités égyp-
tiennes.
Œlhert, conservateur du musée d'histoire naturelle de Laval.
Papier (Alexandre), [)résident de l'Académie d'Hippone, à Rône.
Petit (Ernest), président de la Société dos sciences historiques et
naturelles de l'Yonne, à Auxerre.
PiLLOY (Jules), ancien agent voyer d'arrondissement, à Saint-
Ouentin.
Port (Céleslin), membre (\o l'Institut. archivist(^ du département
de Maine-et-Loiro.
PouLLE (Alexandre), ancien président de la Société archéologique
de Constantine, à Montauroux (Var).
Révoil (Henri), correspondant de l'Institut, architecte du Gouver-
nement, à Nimes.
RoNDOT (Natalis), correspondant de Tlnstitut, à Lyon.
RoscHAcii, archiviste de la ville, conservateur des musées arche'o-
logiques de Toulouse.
Rostand (Eugène), publiciste, à Marseille.
Sabatier, doyen de la Faculté des sciences de Montpellier.
Saige (Gustave), conservateur des archives et de la bibliothèque
du Palais de Monaco.
Sauvage (Le docteur), conservateur du musée de Boulogne-sur-
Mer.
Tamizey DE Larroque, correspondant de l'Institut, à Gontaud (Lot-
et-Garonne).
Teissier (Octave), bibliothécaire de la ville de Draguignan.
Thiollier, membre de la. Société historique et archéologique du
Forez la Diana, rue de la Bourse, 28, à Saint-Etienne.
Trufat, conservateur du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse.
ViLLEY, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté de droit
de Caen.
CORRESPONDANTS HONORAIRES DU MINISTERE.
Alric, interprète pour les langues orientales au Ministère des Af-
faires étrangères.
Arbau.mont (Jules d), secrétaire de la Commission des antiquités
de la Côte-d'Or. à Dijon.
Arbellot (Le chanoine), président de la Société archéologique el
historique du Limousin, à Limoges.
Barbier de Montault (Le chanoine), à Poitiers.
Barckhausen, professeur à la Faculté de droit de Bordeaux.
Basset, directeur de l'Ecole supérieure des lettres d'Alger.
Bazin, proviseur du lycée de Reims.
Beauchet, professeur à la Faculté de dioit deNniicy.
Bertiiolon (Le docteur), à Tunis.
Bigarne (Charles), membre de la Spciété archéologique de Beaune.
à Chorey (Cote-d'Or). . ,....'
BouLARD (Gustave), directeur des contributions directes en retraite,
rue de la Bienfaisance, k, à Paris.
Brocard, membre de la Société historique et archéologique de
Langres.
Cerf (Le clianoine), membre de l'Académie nationale de Reims.
Chatel (Eugène), ancien archiviste du département du Calvados,
rue Vavin , 5 , à Paris.
Chénon, agrégé de la Faculté de droit de Paris.
Chevreux, archiviste du département des Vosges.
Closmadeuc (Le docteur de), président de la Société philomathique
du Morbihan, à Vannes.
CoLLiGNox, inspecteur du Service des monuments historiques, à
Tiemcen.
Contades (Le comte de), membre de la Société historique et ar-
chéologique de rOrne, à Magny-le-Désert.
Courmeaux, conservateur de la bibliothèque et du musée de la ville
de Reims.
Dehaisne (Le chanoine), ancien archiviste du département du
Nord, à Lille.
Dejeanne (Le docteur), à Bagnères-de-Bigoi're.
Dion (A. de), président de la Société archéologique de Rambouillet,
à Montfort-rAmaury (Seine-et-Oise).
DissARD, conservateur des musées de la ville de Lyon.
DoMERGUE, géomètre, à Constantine.
Duhamel, archiviste du département de Vaucluse.
EsTAiNTOT (Le comte d'), avocat, à Rouen.
Farces (Le capitaine), attache' aux Affaires indigènes, à Constan-
tine.
Frossard, pasteur de TEglise réformée, à Bagnères-dc-Bigorre.
Garnier (Le chanoine), curé de Corlée (Haute-Marne).
Garrigou (Le docteur), président de TAssociation pyrénéenne, à
Toulouse.
Gautier (L'abbé), curé de Saint-Gyr-rÉcole (Seine-et-Oise).
Gide, professeur à la Faculté de droit de Montpellier.
Guesnom, professeur honoraire de l'Université, rue du Bac, 98, à
Paris.
GuiGNARD, bibliothécaire dp la ville de Dijon.
(juigl'e (Georges), archiviste du déparlement du Rhône.
Hérelle, professeur au lycée de Rayonne.
IX
JoLMAN (CamiUe). professeur à la Facult('' des lettres de Bor-
deaux.
JussiEu (De), ancien archiviste du département de la Savoie, à
Gliambéry.
Leblanc, ancien conservateur du musée de Vienne, à Saint-Lau-
rent-de-Chamousset (Rhône).
Le Breton (Gaston), correspondant de l'Institut, directeur du Mu-
sée des antiquite's de la Séine-lnférieure et du Muse'e céramique
de Rouen.
Lechevalier-Chevignard, professeur à l'École des arts décoratifs,
à Paris.
Ledain (Bélisaire), membre de la Société des antiquaires de
l'Ouest, à Poitiers.
Ledieu (Alcius), bibliothécaire de la ville d'Abbeville.
Lemire (Charles), ancien résident de France en Annani, boulevard
de Latour-Maubourg, i/i, à Paris.
Leroy, bibliothécaire de la ville de Melun.
Lesc ARRET, correspondant de l'Institut, à Bordeaux.
Leymarie (Camille), conservateur de la bibliothèque communale,
à Limoges.
Liégeois, professeur à la Faculté de droit de Nancy.
Loiseleur, bibliothécaire de la ville d'Orléans.
LoTTiN de Laval, aux Trois-Vals, près Bernay (Eure).
Maignien, bibliothécaire de la ville de Grenoble.
Marion, professeur à la Faculté des sciences de Marseille.
Marionneau, correspondant de l'Institut, à Bordeaux.
Montégut (De), ancien magistrat, à La Rochefoucauld (Charente).
Montessus (Le docteur de), à Chalon-sur-Saône.
Mougins DE Roquefort (Le docteur), conservateur du musée d'An-
tibes.
Mugnier, conseiller à la Cour d'appel de Chambéry.
Pacqueteau, syndic des gens de mer, à Ténès (département
d'Alger).
Paillard, au château de Charly, par Mazille (Saône-et-Loire).
Parrot (Armand), membre de la Société académique de Maine-
et-Loire, à Angers.
PicHE (Albert), à Pau.
PiETTE, archéologue, à Rumigny (Ardennes).
PoQUET (Le chanoine), cure' de Berry-au-Bac (Aisne).
PoTHiKR (Lo [louerai), l'uo do Bellochasso, i/i, Paris.
Pr.vrond (Krnest), membre do la Société d'émulation dWhbevillo.
Privât, colonel du /ig" régiment d'ini'aiilorie, à Bayonno.
Revillout, professeur honoraire à la Faciillé des lettres de Mont-
pellier.
RoBKRT (Zépliirin), conservateur du musée do Lons-le-Saunier.
RocHAMREAu (Le uiarquis de), membre de la Société archéologique
du Vendomois, à Tlioré (Loir-et-Cher).
RosEROT (Alphonse), ancien archiviste de la Hauto-iMarne, rue
Saint-Placide, 60, à Paris.
SvRATiER (Camille), conseiller de prélecture du département de la
Seine.
Sainte-Marie (Pricot de), ancien consul de France à Santander.
Saint-Genis (Flour de), ancien conservateur des hypothèques, rue
Gounod, 7, à Paris.
Saleilles, agrège' près la Faculté de droit de Paris.
Saurel (L'abbé), membre de l'Académie des sciences et lettres de
Montpellier.
SoucAiLLE (Antonin), ancien professeur à Béziers.
SouLicE, conservateur de la bibliothèque do la ville de Pau.
Tartière, archiviste du département des Landes.
Thomas, chargé de cours à la Faculté des lettres de Paris, boule-
vard Raspail, 21 3.
Vallentin (Ludovic), juge au tribunal de Montélimar.
Verlaque (L'abbé), à Fréjus.
Verneilh (Le baron Jules de), membre de la Société historique et
archéologique du Pe'rigord, à Puyraseau (Dordogne).
Vétault, bibliothécaire de la ville de Rennes.
Voulot (Félix), conservateur du musée d'Epinal.
CORRESPONDANTS DU MINISTERE.
Allain (L';ibbé), archiviste diocésain, à Bordeaux.
André (lùlouard), archiviste du département de l'Ardèche.
André (Ferdinand), ancien archiviste du déparlcmcnt de la Lo/ère,
rue Rougior, i/i, à Marseille.
Arnaud, noiaire, à Barcolonnolle.
AuBÉPiN, archiviste du département du Cantal.
AuDiAT (Louis), pre'sident de la Société des archives historiques de
la Saintonge et de l'Aunis, à Saintes.
AuTORDE, archiviste du département de ia Creuse.
Harbaud, arcliiviste du d<>parlement de la Vendée.
Bardey, négociant, à Aden.
Bardon, receveur des domaines, à Nimes.
Bardy, président de la Société philomathique vosgienne, ji Saint-
Dié.
Baye (Le haron Joseph de), memhre de la Société de» antiquaires
de France, à Baye, par Montmort (Marne).
Bealwe (Henri), avocat, à Lyon.
Beaurepaire (Eugène de Robillard de), secrétaire de la Société
des antiquaires de Normandie, à Caen.
Beauvois, à Corberon (Côte-d'Or).
Berthelé (Joseph), archiviste du de'partement de l'Hérault.
Berthomieu, secrétaire de la Commission archéologique de Nar-
bonne.
Bertrand (Louis), conservateur du musée de Philippeville.
Beylié (De), membre de la Société de statistique, des sciences na-
turelles et des arts industriels de l'Isère, à Grenoble.
Blanchet, professeur au lycée de Constantinc,
Bled (L'abbé), président de la Société des antiquaires de la Mo-
rinie, à Saint-Omer.
Bloch, archiviste du département du Loiret.
BoNDiJRAND, archiviste du département du Gard.
BoNivo (L'abbé), curé de Chenoise (Seine-et-Marne).
Bordier, contrôleur civil, à Maktar (Tunisie).
BoRREL, architecte, à Moutiers (Savoie).
Bourbon, archiviste du département de l'Eure.
BouRDERY (Louis), avocat, à Limoges.
Bourgeois (Alfred), archiviste du département de Loir-et-Cher.
Braq:ehaye, directeur de l'Ecole municipale de dessin, à Bordeaux.
Bbay (De), capitaine au k" régiment de tirailleurs, à Sousse (Tu-
nisie).
Brocard (Le commandant), chef de bataillon du génie en retraite,
à Bar-le-Duc.
Brossard, archiviste du département de l'Ain.
Bruchet (Max), archiviste du département de la llaule-Savoie.
Brune (L'abbé), curé do Baunio-los-Messioiirs (Jura).
Brutails, archiviste du doparttMuout de la Gironde.
Bry (Georges), professeur à ia Faculté de droit d'Aix.
Bureau (Le docteur Louis), direclcnir du Miiséiiui criiisloire natu-
relle, à Nantes.
Cahanès, membre de la Société d'études des sciences naturelles de
Nimes.
Cardaillac, (De), conseiller à la cour d'appel d'Agen.
Carrière, président de la Société d'études des sciences naturelles
de Nimes.
Carsalade du Pont (Le chanoine de), président de la Société his-
torique de Gascogne, à Auch.
Carton (Le docteur), médecin-major au 19" régiment de chasseurs,
à Lille.
Cazalis de Fondouce, secrétaire général de l'Académie des sciences
et lettres de Montpellier.
Ch AU VIGNE, secrétaire général adjoint de la Socie'té de ge'ographie
de Tours.
Chavanon, archiviste du département de la Sarthe.
Claudon, archiviste du déparlement de l'Allier.
Clerval (L'abbé), docteur es lettres, à Chartres.
CoMBARiEu, archiviste du département du Lot.
CoRNiLLON, conservateur du musée de Vienne (Isère).
CoRTEz (Fernand), à Saint-Maximin (Var).
CoiJARD, archiviste du département de Seine-et-Oise.
Courant (Maurice), interprète attaché au consulat de France, à
Tien-Tsin (Chine).
Coutil (Léon), président de la Société normande d'études préhis-
toriques, aux Andelys (Eure).
Dannreuther (Henri) , pasteui' de l'église réformée, à Bar-le-Duc
(Meuse).
Dast le Vacheu de Boisville, secrétaire de la Société des archives
historiques de la Gironde, à Bordeaux.
Demaison, archiviste municipal de la ville de Beims.
Des Méloizes (Le marquis), membre de la Société des aiili<juaires
du Centre, à Bourges.
Desdevises du Désert, professeur à la Faculté des lettres de Cler-
monl-Ferraiul.
Desplanque, archiviste du d(''j)artenienl des Pyrénées-Orientales.
XIII
Douais (Le chanoine), secrétaire général de la Société archéolo-
gique du midi de la France, à Toulouse.
DuBARAT (L'abbé), aumônier du lycée de Pau.
DuciiÀTELLiER (Paul) , archéologue, au château de Kernuz, par
Pont-l'Abbé (Finistère).
Dujarric-Descombes, vice-président de la Société historique et ar-
chéologique du Périgord, à Périgueux.
Dumoulin (Maurice), professeur au lycée de Roanne (Loire).
Du Paty de Clam (Le comte), chef du poste de Kouadiokofi, par
Grand-Lihou (Côte d'Ivoire).
Durand (Georges), archiviste du département de la Somme.
DuTiLLRUx, chef de division à la préfecture de Versailles.
DuvAL, archiviste du département de l'Orne.
DuvERNOY, archiviste du département de Meurthe-et-Moselle.
Dybowsky (Jean) , directeur de l'agriculture, à Tunis.
EcK (Th.), conservateur du Musée de Saint-Quentin.
EspÉRANDiEu, capitaine au 61" régiment d'infanterie, à Privas.
Fage (René), avocat, à Limoges.
Favier, conservateur de la bibliothèque de la ville de Nancy.
Ferrand (Gabriel), vice-consul de France, à Bender-Bouchir
(Perse).
FiLLET (L'abbé), curé d'Allex (Drôme).
Flamare (De), archiviste du département de la Nièvre.
Fleur Y (Paul de), archiviste du département de la Charente.
FouQUET (Le docteur), archéologue, au Caire.
F0URDRIGMER, receveur des contributions, à Sèvres (Seine-et-
Oise).
FouREAu (Fernand), à Biskra.
Fréminville (De), archiviste du département de la Loire.
Gauthier (Jules), archiviste du département du Doubs.
Germain (Léon), membre de la Société française d'archéologie, à
Nancy.
GiRAUD, conservateur du Musée archéologique de Lyon.
GiRAUD (Arthur), chargé de cours à la Faculté de droit de Poi-
tiers.
Grandmaison (LouisLoizEAu de), archiviste du département d'Indre-
et-Loire.
Grasset (Le comte de), archiviste adjoint du département des
Bouches-du-Rhône,à la Tourelle, par Mazargues, près Marseille.
(îrwi:. pharmacien, à Manies (Seino-et-Oiso).
(jsell, prol'esseur à TÉcole supérieure des lettres d'Alger.
GuiBERT (Louis), membre de la Société archéologique et historique
du Limousin, à Limoges.
(iuiLLALME (L'abbé), archiviste du département des Hautes-
Alpes.
GuYOT, professeur à l'Ecole nationale forestière de Nancy.
Habasque, conseiller à la ('our d'appel de Bordeaux.
Hannezo, capitaine au io8M'égiment d'infanterie, à Bergerac.
Hautreux, ancien directeur des mouvements du port, à Bordeaux.
Héron, professeur libre, à Rouen.
Hubert (Eugène), archiviste du de'partement de l'Indre.
Hugues, archiviste du département de Seine-et-Marne.
Ïmballt-Huart (Camille), consul de France, à Canton (Chine).
IsNARD, archiviste du département des Basses-Alpes.
Jadart, secrétaire général de l'Académie nationale de Reims.
Jarry (Louis), membre de la Société historique et archéologique
de l'Orléanais, à Orléans.
JouAN (Le commandant), capitaine de vaisseau en retraite, à Cher-
bourg (Manche).
JoLBiN, professeur à la Faculté des sciences de Rennes.
Jovv, professeur au collège de Vitry-le-François.
Labande, conservateur de la bibliothèque de la ville et du Musée
Calvet, à Avignon.
Labat, ancien président de la Société' des archives historiques de
la Gironde, à Bordeaux.
Labrouche, archiviste du département des Hautes-Pyrénées.
Lacroix, archiviste du département de la Drôme.
La Grasserie (Raoul de), juge au tribunal civil de Rennes.
Lahondès (De), président de la Société archéologique du Midi de la
France, à Toulouse.
Laigue (De), consul général de France, à Rotterdam.
Laugardière (De), membre de la Société des antiquaires du Centre,
à Bourges.
Laurent, archiviste du département des Ardennes.
Le Ci.ert, conservateur du Musée ai'chéologique de Troves.
Lkmoink, archiviste du déparieuieul du Finistère.
Lempereur, archiviste du déparlement d(? l'Aveyron.
Leroux, archiviste du département de la Haute-Vienno.
L'Esi'inasse-Laxgeac (Le vicoiuto de), picsidenl de ia chambre
consultative d'agriculture de Tunisie, à Sfax.
Letainturier (Gabriel), publiciste, sous-préfel de Nogent-sur-
Seine.
Lex, archiviste du département de Saône-et-Loire.
Lhuillier, chef de division à la préfecture de Melun.
Lhuillier (Victor), membre du Conseil départemental des bâti-
ments civils de l'Oise, à Beauvais.
LiBOis , archiviste du département du Jura.
L'IsLE DU Dreneuc (Pitre de), directeur du Musée archéologique de
Nantes.
Loir (Le docteur), directeur du laboratoire de bactériologie et de
vinification, à Tunis.
Malavialle, secrétaire général de la Société languedocienne de
géographie, à Montpellier.
Mély (De), au château de Mesnil-Germain , par Fervacques (Cal-
vados).
Mercier (Ernest), président de la Société archéologique de Cous-
tantine.
Merlet (René), archiviste du département d'Eure-et-Loir.
Métais (L'abbé), secrétaire archiviste de l'évêché, à Chartres.
MiNGAUD (Galien), secrétaire général de la Société d'études des
sciences naturelles de Nimes.
MoLARD (Francis), archiviste du département de l'Yonne.
Monceaux, membre de la Société des études historiques et natu-
relles de l'Yonne, à Auxerre.
Monlezun, lieutenant-colonel du 53* régiment d'infanterie, à
Tarbes.
MoREL (L'abbé), curé de Ghevrières (Oise).
MoREL (Léon), receveur particulier des finances, en retraite, à
Reims.
MoRis, archiviste du département des Alpes-Maritimes.
Musset (Georges), bibliothécaire de ia ville de La Rochelle.
NicAisE (Auguste), membre de la Société d'agriculture, commerce,
sciences et arts de Châlons-sur-Marne.
Ottavi, vice-consul de France, à Mascate.
Pagart d'Hermaxsart, secrétaire général de la Société des anti-
quaires de la Morinie, à Saint-Omer.
Parfouru, archiviste du département dllle-ot-Vilaine.
XVI
Pascaud. consoiUer à la Cour d'appel de Chanibérv.
Pasquier, archiviste du déparleuienl de la Haute-Garonne.
Pélicier (Paul), archiviste du département de la Marne.
Pélissier, professeur à la Faculté des lettres de rUuivei'sité de
Montpellier.
Pérathon (Cyprien), à Aubusson (Creuse).
Pey (Joanny), membre de la Société d'économie politique, à Lyon.
Pigeon (Le chanoine), membre de la Société académique de (jOu-
tances.
Plancouard, membre de la Commission dé])artemental(' des anti-
quités et des arts de Seine-et-Oise, à Berck-Plat]fe (Pas-de-
Calais).
PoRTAL (Charles), archiviste du département du Tarn,
PoTTiER (Le chanoine), président de la Société archéologique de
Montauban.
Pradère (Bertrand), conservateur du Musée du Bardo, à Tunis.
Priphomme, archiviste du département de l'Isère.
Raffray, consul de France, au Cap.
Rançon (Le docteur André), médecin principal des colonies, à Ta-
matave (Madagascar).
Rerillet, lieutenant-colonel au U'' régiment de zouaves, à Tunis.
Renault (Bernard), pre'sident de la Socie'té des sciences naturelles
d'Autun.
Requin (L'abbé), à Avignon.
Revon (Michel), professeur à la Faculté de droit de Tokio.
Reymond (Marcel), à Grenoble.
Richard (Alfred), archiviste du département de la Vienne.
Richard (Jules-Marie), archiviste-paléographe, à Laval.
Richemond (Meschinet de), archiviste du département de la Cha-
rente-Inférieure.
RicouARD, président de la Commission des antiquités départemen-
tales du Pas-de-Calais, à Arras.
Rivières (Le baron de), secrétaire adjoint de la Société archéolo-
gique du Midi de la France, à Albi (Tarn).
RocHEMONTEix (De), maire de Cheylade (Cantal).
Rocher, consul de France, à Malte.
Roman (Joseph), au château de Picomtal, par P]mhrun (Hautes-
Alpes).
RoucHON, archiviste du de'|)ar[('m(;nl (hi Puy-de-Uônie.
XVll
Roule, professeur à la Faculté des sciences de Toulouse.
RoussET, correspondant de la Société nationale d('s^anti(|uaires de
France, à Uzès.
RouviER (Le docteur), professeur à la Faculté' française de méde
cine de Beyrouth.
Rupin (Ernest), président de la Société historique et archéologique
de la Corrèze, à Brive.
Saint -Venant (De), inspecteur des forêts, à Nevers.
ScHiRMER, professeur à la Faculté des lettres de Lyon.
SoucHON, archiviste du département de TAisne.
Steenackers, consul de France, à Nagasaki.
Swarte (Victor de), trésorier-payeur général des finances, à Lille.
Thoison (Eugène), membre de la Société historique et archéolo-
gique du Gàtinais, à Larchant (Seine-et-Marne).
Tholin , archiviste du département de Lot-et-Garonne.
Thomas (L'abbé), curé de Taverny (Seine-et-Oise).
Thoulet, professeur à la Faculté des sciences de Nancy.
Travers (Emile), archiviste-paléographe, à Caen.
Triger (Robert), membre de la Commission des monuments his-
toriques de la Sarthe, au Mans.
Trihidez (L'abbé), président du Comité de géographie de la Société
industrielle de Reims.
Trouillabd, archiviste du département de l'Aiiège.
Urseau (L'abbé), secrétaire de l'évêché, à Angers.
Valletïe (René), inspecteur de la Société française d'archéologie,
à Fontenay-le-Comte (Vendée).
Vermer, archiviste du département de la Savoie.
Vidal , bibliothécaire de la ville de Perpignan.
ViGNAT (Gaston), membre de la Société historique et archéolo-
gique de l'Orléanais, à Orléans.
ViLLEPELET (Ferdinand), archiviste du département de la Dor-
dogne.
ViLLERs, membre de la Société des sciences, arts et belles-lettres
de Bayeux.
VissiÈRE, premier interprète de la légation de France, à Pékin.
Waille, professeur à l'Ecole supérieure des lettres d'Alger.
AucHÉOLouit:.
PROCES-VERBiUX
DES SÉANCES
DE LA SECTION D'ARCHÉOLOGIE,
PROCES-VERBAUX
DES SÉANCES
DE LA SECTION D'ARCHÉOLOGIE
SÉANCE DU 11 JANVIER 1897.
PRÉSIDENCE DE M. ALEXANDRE BERTRAND.
La séance est ouverte à 3 heures.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le Secrétaire donne lecture de la correspondance.
M. Berthelé, correspondant du Comité à Montpellier, envoie une
note sur une cloche.
A la suite d'observations présentées par M. Mûntz sur cette com-
munication, le Comité en décide le dépôt aux archives.
La Société archéolouiijue du Midi de la France sollicite une sub-
vention pour faire de nouvelles fouilles à Martres-Tolosanes.
Le Comité maintient à ce sujet sa délibération précédente, et
estime qu'il convient d'attendre pour donner suite à cette demande
que le département de la Haute-Garonne et la ville de Toulouse
aient témoigné par une subvention de l'intérêt qu'ils portent à ces
fouilles.
Sont déposés sur le bureau les ouvrages suivants, olferts au Co-
mité par leurs auteurs :
Fouilles (le la nécropole de Melinsednue (Mehiti), par M. G. Lerov;
Les plaques de foyer, par M. de Marsy.
Ces ouvrages seront déposes à la Bibliothèque nationale o[ des
remerciements seront adressés aux auteurs.
M. HxBKLON rend coniple des fouilles que le U. P. de La Croix
poursuit sur reniplacenu'ut et dans le voisinage du temple de Mer-
cure à Herlhouville, près Bernay (Eure) :
f A quelque distance de remplacement des deux temples qui
furent éleve's à Mercure, le P. de La Croix a découvert un puits
romain, dont il a entrepris le déblaiement, et les substructions
d'un vaste théâtre. Il ne reste malheureusement que o m. lo à
0 m. 3o en hauteur des fondations des murailles de cet édifice
dont on peut toutefois établir un plan très exact: crLa façade de ce
tf théâtre , écrit le R. P. de La Croix à M. lîabelon , orientée presque
ffà rOuest, mesure 65 m. 5o de longueur, y compris celle du post-
vcenium qui est de i5 m. 80. L'ouverture de ï orchestra (ici arena)
trest de 99 m. 3o. La superficie des six murs courbes, sur les-
f quels se trouvaient les gradins occupés par les spectateurs, est de
f 9,5/11 mètres carrés. Ce théâtre offre quelques particularités re-
ff marquables. Les murs Nord et Sud, qui se rattachent à la façade,
rsont évasés en trapèze, et c'est sur eux que viennent buter et se
ff perdre trois des murs concentriques. La partie centrale, qui se
tr compose habituellement du podium et d(^ Vorchestra, semble être
ff ici une arena destinée à divers usages. Enfin, \e proscenium , au lieu
ff d'être terminé par un mur droit, est adoss(' à deux gros murs fai-
«sant face aux spectateurs et formant un angle obtus, comme aux
ff théâtres de Millet et de Laodicée.n
r Ces découvertes du P. de La Croix donnent à la station gallo-
romaine de Canetonum une importance qu'on ne lui soupçonnait
pas jusqu'ici; elle se trouvait située à la limite du territoire des
Lcxovii, des Eburovices et des Véllocasses. Le P. de La Croix se
propose d'explorer les environs et de dresser, à l'aide de sondages
multiples, le plan des voies romaines qui aboutissaient à Cane-
tonum et qui paraissent avoir été très nombreuses '''.r>
M. lÎABEi-oN donne lecture du rapport suivant :
ffM. l'abbé Bled, correspondant du Comité et président de la
Société dos antiquaires de la Morinie, a envoyé en communication
'' Cf. <i-;i|)n''s, |i. "ji.
XXIII
au Comité une bague en bronze doré découverte récemment sur
l'emplacement du vieux Thérouanne. Cette bague ne saurait re-
monter plus haut que le xv!!*" siècle. Le chaton, qui fait corps avec
le jonc, représente une tête grotesque, imberbe, au nez crochu, avec
des oreilles et des cornes de bélier. Le style, peut-être flamand ou
allemand, n'en est pas mauvais; néanmoins l'époque récente à la-
quelle il convient de rapporter cette bague lui enlève à peu près
tout intérêt archéolo^iaue. ■»
'0'"1
M. DE Barthélémy rend compte d'une communication de
M. Dergny, relative à diverses inscriptions gothiques recueillies
dans les environs de Grandcourt (Seine-Inférieure). Il semble que
l'auteur de cette communication ait l'intention de soumettre au Co-
mité un projet de publication des inscriptions du moyen âge con-
servées dans la Seine-Inférieure, mais il est impossible en l'état de
se prononcer sur l'opportunité de son projet. Si, comme il le croit,
les quelques textes qu'il a envoyés au Comité sont inédits, on
pourrait les publier dans le BulleM, mais il faudrait au préalable
que M. Dergny reprît sa copie et disposât son travail de façon à
en permettre l'impression.
M. Alexandre Bertrand rend compte de la découverte d'une sé-
pulture préhistorique aux Boutards (Seine-et-Oise) :
trM. E, Tavoillot, professeur de huitième au collège d'Étampes
(Seine-et-Oise), signale aux Boutards, hameau de Saint-Hilaire,
à 8 kilomètres d'Etampes, la découverte d'une nouvelle allée cou-
verte. Nous en connaissons déjà dix-huit'^) dans le département.
Nous devons remercier M. Tavoillot des renseignements qu'il nous
donne sur cette dix- neuvième sépulture mégalithique. Les fouilles
pratiquées aux Boutards par M. Tavoillot et un habitant d'Etampes,
M. Maudemain, montrent que cette dernière allée couverte est du
même caractère que les dix-huit précédentes. Elle contenait qua-
torze ou quinze squelettes accroupis, les jambes croisées, les bras
repliés dans une attitude bien connue de tous ceux qui ont fouillé
des sépultures mégalithiques. Les squelettes étaient malheureuse-
ment en très mauvais état. M. Tavoillot a pu toutefois reconstituer
('' Elles sont situées dans les communes suivantes: Argent euil, Bouray, Breuil,
Cherence, Conflans-Sainte-Honorine , Épone(?), Etang -la -Ville, Isle-Adam, Iai-
zarches, Marly-le-Roy, Mantes, Meudon, Presle, Thionville(?), Vauréal.
un cràno complet et mettre de côté des rra}|ineiils iiiléiessauts.
Près des squelettes ont été recueillies plusieurs lames de silex très
grossièrement taillées dont une scie et quelques os d'oiseaux et de
lapins (?), percés d'un trou de suspension témoi|[nant, ainsi que
leur j>oli, qu'ils avaient fait partie d'un collier qui avait été long-
temps j)orté. Ces divers objets, ainsi que les ossements humains,
sont conservés cliez M. iMaudemain, à Etampes.ii
Le raj)porleur propose de dé|)oser la note de M. Tavoillot au
Musée de Saiiit-Geiniain. Adopté.
M. Philippe B:;rger donne lecture du rapport sui\ant sur une
communication de M. Bordier :
ffLe travail de don Manuel de Ossuna sur l'inscription de Avraga
(Ténériffe), dont M. Bordier nous a adressé une traduction fran-
çaise, a été publié à Santa-Gruz de Ténériffe en 1889. Ce mémoire
est intéressant à cause des renseignements qui s'y trouvent réunis
sur les traces d'anciennes civilisations dans les îles Canaries, et par
In mention des diverses inscriptions qui ont été recueillies dans
l'une ou dans l'autre de ces îles. On a, en effet, relevé tant dans
Palma que dans l'île de Fer, à Fuerteventura, et dans la Grande
Canarie, des textes épigiaphiqucs encore assez obscurs, qui parais-
sent se rattacher, en partie du moins, à l'alphabet libyque usité
sur la côte Nord de l'Afrique. Ces inscriptions sont si incomplète-
ment publiées et encore si mal connues, que toutes les indications
relatives à leur origine et à leur publication doivent être précieu-
sement recueillies.
r L'inscription de Avraga, découverte par don Manuel de Os-
suna, si elle est authentique, comme les détails très précis qu'il
donne sur sa découverte semblent l'indiquer, appartient peut-être
à la même catégorie. Elle est gravée sur une petite pyramide d'ara-
gonite, haute de o m. 08 sur o m. o35 de large; une autre pierre
pyramidale, de même nature, mais sans inscription, a été trouvée
non loin de là. M. de Ossuna l'a reproduite en fac-similé en tête
de son mémoire. Malheui-eusemenl, l'essai de tiaduction (ju'il en
donne n'apporte aucune lumière ni sur son origine ni sur sa signi-
fication. Il a été chercher des points de comparaison avec les diffé-
rents caractères de cette inscription dans les ali)habets sémitiques
les [)lus divers, depuis le phénicien jusqu'à l'arabe, en j)assant par
XXV
l'hébreu carré et par le libyque , et il croit y voir une preuve des
influences multiples qui se faisaient jour dans ces contrées. Une
empreinte en cire à cacheter, qu'il a bien voulu m'envoyer, est en
si mauvais état que je n ai rien pu en tirer.
ffOn rendrait un véritable service en réunissant toutes les in-
scriptions des îles Canaries, et en en donnant des reproductions
absolument fidèles. Ce serait le seul moyen de les éclairer par la
comparaison et d'arriver, à leur sujet, à des conclusions présentant
quelque solidité.
ff En tout cas , le travail de M. Bordier n'étant que la traduction
d'un ouvrage déjà imprimé n'est pas de nature à trouver place dans
le Bulletin archéologique du Comité, v
M. Gagnât donne lecture du rapport suivant :
M. de Laigue nous a communiqué l'inscription d'une base en
forme d'autel, trouvée à Castillo deGibalbin (à 3o kilomètres Ouest
de Jerez de ia Frontera, l'ancienne .4s?fl re^m). Le dessin qu'il nous
envoie de la pierre, transportée au Musée de Cadix parles soins du
R. P. Vera, a été fait par le peintre Don Pedro Sanchez Acuna : il
est beaucoup plus utile pour l'établissement du texte que l'estampage
fragmentaire que notre correspondant y a joint. D'après ce dessin,
ia pierre [;orterait:
-AiiNIAE ïESTIAE
T^NIVS RESii
S. LIB. D
. . . Iniae Festiae . . . inius Restt\tutu\s lib[erlu]s d[edit].
M. DE Lasteyrie rend compte d'une communication de M. Pitre
de risle, relative à des découvertes faites en 1896 dans le lit de la
Loire. Les objets recueillis sont principalement des armes. Notre
correspondant en donne une énumération qui ne permet guère
d'en apprécier l'âge ou l'intérêt. Il ne paraît donc pas utile de la
reproduire dans le Bulletin, mais on pourrait la renvoyer à M. Ber-
trand, qui la déposerait, s'il le croyait utile, dans la bibliothèque
du Musée de Saint-Germain. Cette proposition est adoptée.
M. Eugène Mijntz rend compte d'une communication de M.Louis
de Grandmaison, correspondant du Comité à Tours, relative à un
XXVI
des architectes de la cathédrale de cette ville à la fin du xv"
siècle.
M. Louis de Grandniaison adresse au Comité un contrat passé
eu 1A73 et (|ui se rapporte, selon toute vraisemblance, à la cathé-
drale de Tours.
Dans ce document, Jean Rapin, maître d'œuvrcs de la cathe'-
drale,*\'vonnet de iMaule'ou, iiiaçou, commandcMit à deux perriers
de Saint-Aignan-sur-Cher cent soixante tf ogives ii , une clef de voûte
et différentes autres ])iéces de construction, moyennant la somme
tolale de 98 livres tournois.
Le contrat de'couvert par M. de Grandniaison, ainsi que le com-
montaire qui Taccompagne, méritent de prendre place dans le
B ni '.clin du Comité '^^K
M. Salomon Reixach rend compte d'une communication de
M. des Méloizes, correspondant du Comité à Hourgos, relative à une
œnochoé en bronze récemment acquise par le musée de Bourges.
Bien (|uil n'y ait pas certitude à cet égard, Tobjet en cpiestion pa-
raît bien avoir été découvert dans ie département du Cher. Une
œnochoé toute semblable a été autrefois trouvée en Belgique, dans
le tumulus d'Eigenbilsen. 11 sera intéressant de publier dans le
Bulletin la note, très courte d'ailleurs, de M. des Méloizes (- .
M. Salomon Reinach rend compte également d'une communi-
cation de M. l'abbé Parât, curé de Bois-d'Arcy (\onne), sur trois
grottes historiques qu'il a explorées dans ia vallée de la Cure, pen-
dant l'été de 1896. Ces travaux, tjui doivent être continués, n'ont
pas encore fourni de résultats autrement dignes de mention.
Il n'en est pas de même des recherches faites par M. l'abbé
Hermet, aux environs de l'IIospitalet (Aveyron) , et qui ont donné
des statues assises d'un style très primitif, tout à fait analogues à
celles que l'on a déjà trouvées dans la même région et qui sont
déposées au Musée de Rodez. M. l'abbé Hermet demande une pe-
tite subvention pour continuer dos recherches. Sur la proposition
de M. Rt'inach, le Comité émet un avis favorable.
M. GuiFKREY lit un rapport sur le projet de pul)licati<)n de l'in-
"' Voir ci-après, p. 106, lo texte de cette comniunicalion.
*'' Voir ci-.-iprès, p. lAO, le texte de colle note.
XXVII
ventaire des tableaux du Roi par Bailly. — Renvoi à la Commission
des inventaires.
M. M.vspÉRO lit un rapport sur une demande de souscription.
Le Comité s'occupe de re'gler diverses questions relatives au
prochain Congrès de la Sorbonne.
La séance est levée à k heures et demie.
Le Secrétaire de la Section d'aixhéologie,
R. DE Lasteyrie,
Membre du Comité.
xxvin
SEANCE DU 8 FEVRIER 1807.
PRESIDENCE DE M. ALEXANDRE ItERTUAXD.
La séance est ouverte à 3 heures.
Le procès-verbal de la dernière se'ance est lu et adopté.
Sont de'posés sur le bureau les ouviages suivants offerts an
Comité' par leurs auteurs :
Temple de Jupiter à Aueiac, suivi d'une observation sur la légende de
saint Martial, par M. l'abbë Arhcllot.
Inventaires corréziens. — Inventaire de Méréglise en i5g/i, par
M. le chanoine Barbier de Montault.
Vieonographie de Jeanne dWrc. — La science préhistorique. — Saint
Firniin, patron des boulangers d'Orléans, par M. Tabbo Desnovers.
La pierre dite de saint Martin à Jabreilles, par M. (niiberl.
Le Caen illustré de M. Eugène de Beaurepaire. — Cinquantenaire de
la Société historique et archéologique du Limousin [i8â5-i8g5), par
M. Emile Travers.
Ces ouvrages seront déposes à la Biblio(lK'([uo nationale et des
rem(ïrcieinenls seront adressés aux auteurs.
M. DE Lasteyrie rend fomplo de la mission confii'eàM. (.ainille
Enlart par M. le .Ministre de rinsliucLion publicpic, à Tellel d'élii-
dier les iiioiiunHnits gothiques de l'île de Chypre. Pendant unséjoui"
de près de (pialre mois dans cette île, M. Enlart a soigneuseuient
relevé et photographié les restes gotlii(|ues d'environ cincpianle
églises, douze châteaux, quatre monastères, et vingt monuments
d'architecture civile. Il a rap])orlé de nombreux (d im|torlanls ma-
tériaux pour l'histoire de iarcliitcclure dans ce pays et l'étude des
inlluences françaises sur le développement de cette architectur;'.
M. Enlart a bien voulu communi(juer ses noies à M. de Lasteyrie;
elles constituent un ensemble précieux de renseignements dont il
XXIX
est à souliaitei" que l'auteur tire sans trop tarder un travail d'en-
semble. Le Comité ne manquera pas, le moment venu, d'aider
M. Enlart à publier le résultat de ses recherches.
M. ScHLLMBERGER rend compte d'une communication de M. le
capitaine Hannezo relative à un sceau trouve' par lui dans une liasse
de parchemins à Veynes (Hautes-Alpes). Le sceau en question est
fort connu. Il est de François P""; son contre-sceau, qui manque,
devait être écartelé de France et de Dauphinë.
M. Hannezo a envoyé en même temps la photographie d'une
sculpture sur pierre provenant de Montauban et représentant un
personnage en buste, portant casque et cuirasse. C'est une œuvre
moderne sans valeur d'art et sans intérêt.
M. DE Barthélémy revient sur la communication de M, Dergny
dont il a parlé à la dernière séance. L'auteur a revu le texte des
inscriptions qu'il avait relevées. Ce sont :
1° Une inscription rappelant la dédicace de l'ancien cime-
tièra d'Aumale (Seine-Inférieure), qui fut supprime à la fin du
xviii" siècle. Il était attenant à l'église Saint-Pierre, et c'est dans le
mur de cette église, du côté de la rue du Vieux-Cimetière, que l'in-
scription se lit encore aujourd'hui. Elle est ainsi conçue :
le xix^ r" île sep
ïembre mil \ii l xx
fut betixee ce cg
tnxtxere an xiom
be tnessxre saxuct
pierre prxes îuen
pour les âmes be
cenlxïrôt les cor
ps 5 reposeront
2° Inscription de dédicace de l'église Saint-Martin-Gaiilard. Elle
devait être encastrée dans le mur de l'église, mais elle git sur le
sol, dans le coin d'une chapelle. Il serait à souhaiter que les Mo-
xx\
mimonls liisloriques qui oui classe cette éjjlise, avisassent à ia con-
servation de cette inscription, qui est ainsi conçue :
ïc i îonr îiocfobrc là îic grâce tn cccc uti"' et u fnl ceste
eghse î»e «^aint t^)arhti le (J3axUtirti bn titre ï>e i?06trc b'
behee par retjcrêt père en bien maistre Fobert Clemêt
angnstm boct' en tl^eologie enesqne b nponêce
21 la reqnesle be uiaislre
(î5nilleni (i5o5selin
JeVâ ïasmer lanrês l^'^trabien
et plnsxenrs antres paroissiens
6° Inscription d'une des cloches de Tégli se Notre-Dame à Hlangy-
sur-Bresle :
m \î^ XXXI jfrancois be Clenes abbe commenbafaire bn
l^report Jel^an be t^)ontpelle abbe b en 2lbrian ïanbrg
François de Gièves, protonotaire du Saint-Siège, évequo de
Nevers, fut nomme' abbé do Saint-Michel du Tréport en i523. Fils
d'Engilbert de Clèves et de Catherine de Bourbon et frère de
Charles, comte d'Eu, il mourut en i545.
Jean de Montpellé a été le dernier des abbés réguliers de Tab-
baye d'Eu. Les beaux travaux que cet abbé fit exécuter à son mo-
nastère lui méritèrent le surnom de Magnifique bâtisseur.
La séance est levée à k heures.
Le Secrétaire de la Section d'arcliéolo^ie,
R. DE Lasteyrie,
Membre du Comité.
XXXI
SEANCE DU 15 MARS 1897.
PRESIDENCE DE M. A LEX ANDRE BERTRAND.
La séance est ouverte à 3 heures.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le Secrétaire donne lecture de deux arrêtés ministériels nom-
mant MM. Saglio et Prou membres de la Section d'archéologie du
Comité.
MM. Mûntz, Georges Perrot et Prou sont chargés de Texamen
de divers ouvrages pour lesquels des souscriptions ont été deman-
dées à M. le Ministre de rinstruction publique.
Sont déposés sur le bureau les ouvrages suivants, offerts au Co-
mité par leurs auteurs :
U ornementation du foijer depuis la Renaissance. — Un sculpteur ita-
lien à Bar-Ie-Duc en iâ63. — Noies sur des plombs antiques trouvés
en Gaule. — Notes sur quelques plateaux de balance. — Etude d'une
plaque de foyer. — Notes et documents pour servir à lliistoire de l'art et
des artistes dans le Barrois , antérieurement à l'époque de la Renaissance ,
par M. Maxe-Werly.
Les vitraux de la cathédrale de Bourges postérieurs au xiif siècle,
par M. des Méloizes.
M. Eugène Muntz offre au Comité, de la part de M. P»ené Page,
un travail intitulé : Ln chapitre inédit de l'histoire du collège de
Tulle [ijgo-ijga).
Ces ouvrages seront déposés à la Bibliothèque nationale et des re-
merciements seront adressés aux auteurs.
M. DE Lasteyrie fait un rapport sommaire sur une note de
M. G. Michaud relative à un tableau conservé dans l'église Saint-
Jean à Joigny. Le tableau en question est une œuvre intéressante
de Técole flamande du xv* siècle; il mérite un examen attentif et
XXXIl
il y aurait lieu do renvoyer la note de M. Micliaud à un autre
membre du (\)nulé plus sj)écialejnent versé dans l'étude de la pein-
ture ilaïuande à la lin du moyen âge. Le Comité accepte cette pro-
position ot renvoie cette note à l'examen de M. Mûntz.
M. Salomon Reinach lit un rapport sur trois demandes de sub-
vention formées jiar M. l'abbé Hermet, à relîet d'entreprendre des
touilles arcbéologicjues dans le département de l'Aveyron; par
M. l'abbé Parât, à leflet de poursuivre des fouilles dans les grottes
de la Cure; et par M. Léon Coutil, président de la Société nor-
mande d'études ])réliistoriques, à l'effet d'entreprendre des fouilles
archéologiques à Pitres (Eure). — Le Comité émet un avis favo-
rable.
M. DE Lasteyuie lit un rapport sur la demande formée par la
Société archéologique du Midi de la France, à l'efiet d'obtenir une
subvention pour reprendre les fouilles de Martres-ïolosanes. La
ville de Toulouse et le département de la Haute-Garonne ayant té-
moigné de l'importance qu'ils attachent à la reprise de ces fouilles
qui ont déjà donné de si curieux résultats, le Comité émet un avis
favorable à la demande.
La séance est levée à k heures.
Le Secrétaire de ta Section d'archéologie,
l\. DK LaSTEVRIE,
Membre du Comité.
XXXIII
SEANCE DU lL> AVRIL 1897.
PRÉSIDENCE DE M. ALEXANDRE BEliTKAND.
La séance est ouverte à 3 heures.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le Secrétaire donne lecture de la correspondance.
M. Tabbé Bonno, correspondant du Comité à Clienoise (Seine-
et-Marne), envoie une notice sur Téglise Saiijt-Pierre à Provins,
d'après un inventaire inédit de 1782. — Renvoi à M. (iuilïrey.
M. Cazalis de Fondouce, correspondant du (îomité, à Montpel-
lier, envoie une note sur une cachette de fondeur de làge du
bronze, découverte à Bantarès, prèsdePéret (Hérault).- Renvoi
à M. Salonion Reiiuicb.
M. Gaston Gauthier, membre de la Société nivernaise des lettres,
sciences et arts, envoie un compte rendu de l'ouilles i-écemment
exécutées à Chanlp^erf (Xièvre). — Renvoi à M. Héron de Ville-
Ibsse.
M. Labande, correspondant du Comité à Avignon, envoie une
note sur divers documents sigillographiques conservés à la biblio-
thèque d'Avignon. — Renvoi à M. de Barthélémy.
M. G. Leroy, correspondant honoraire du Comité à Melun, en-
voie une note sur des œuvres d'art conservées au couvent des Fran-
ciscains de Ciniiez, près Nice. — Renvoi à M. Eugène Mùntz.
Sont dépose's sur le bureau les ouvrages suivants oflerts au
Comité par leurs auteurs :
Du titre de bourgeois et du titre de sieur suivi d'un nom de fiej ou de
domaine, par M. l'abbé Aibollot:
Les ri'li([ues de saint (huer: l'^pigrapliie (inciriiiip dr la rdlr de Sauil-
Oiiur, par M. l'abhéBI.'d:
Ar(;hk()I,(m;ie. i:
\XX1V
in porirail iiu'dil de Louis XIV, par M. Roucaulc;
Le général Souha m , par M. Uené Fage.
M. Eugène Mïjntz rend romj)lc d'une eommunicalioii de M. (i.
Michaud relative à un tableau du xvi" siècle conseivé dans Téglise
Saint-.leau à Joigny. 11 estime cette œuvre d'art assez inléres-
sante pour ([u'il y ait lieu de la reproduire! dans le Bulletin s'il est
possible d'en avoir une bonne pbotogiapliie.
MM. MiJNTz et Puou lisent des rapports sur diverses demandes
de souscription.
La séance est levée à 3 lieures el (l(»mie.
Le Secrétaire de la Section d'nrchvnlogtv ,
H. DE LaSTKYRIK,
Membre du Coiiiîlc.
I
REUNION ANNUELLE
DES
DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES
À LA SORBONNE.
SEANCE GENERALE D'OUVERTURE.
PRESIDENCE DE M. LEOPOLD DELISLE.
La 33^ réunion des délégués des Sociétés savantes de Franrc
s'est ouverte le mardi 20 avril 1897, à 2 heures précises, dans le
grand amphithéâtre de la nouvelle Sorbonne, sous la présidence de
M. Léopold Delisle, membre de l'Institut, président de la Section
d'histoire et de philologi<' du Comité des Travaux historiques et
scientifiques.
Etaient présents : MM. Levasseur, Bouquet de la Grie, Alexandre
Bertrand, Xavier Charmes, le docteur Hamy, Lyon-Caen, Anatole
de Barthélémy, Himlv, Frédéric Passv, A. de Boislisle, membres de
l'Institut; Vaillant, Gabriel Marcel, Bruel, Octave Noël, général
de La Noë, Bienaymé, Angot, Cordier, Omont, Le Roy de Méri-
court, Babelon, Tranchant, Servois, des Cilleuls, Renou, Gazier,
Baguenault de Puchesse, membres du Comité' des Travaux histo-
riques et scientifiques; le chanoine Ulysse Chevalier, Ernest
Chantre, Charles Joret, Lépn Maxe-Werly, le comte de Marsy,
J.-F. Bladé, Jules Finol, le P. de La Croix, (iaillemer, Fernand
Daguin, E. Lefèvre-Pontalis, Lièvre, Seré-Depoin, .lulliqt, Léon
Salefranque, le marquis de L'Estourbeillon , Charles Lucas, Dra-
peyron, le baron Textor de Ravisi, Eugène Chatel, Gabriel Joret-
Desdosières, l'abbé Morel', Eugène Thoison, le chanoine Pottier,
Gamoin de Vence, Emile Chevalier, Alfred Neymarck, Victor Ad-
WW I
vioUe, Kd{jar xMai'euse, Sorcl. If cliiiMoiiic de Ciarsaladi' du INml,
le rliauoiiu' Douais, Kmilc Hclloc, l.i'ou de Vesl\, Mai liai \m-
beil. ele.
\u nom (le M. le Ministre de riiistrurlioii |)ul)li(|ue et desHeaux-
aiLs. M. Li'opold Delisle déclai'e ouvert le (îon{|rès desSociélés sa-
vantes et donne lecture de Tarrèté qui constitue les bureaux des
sections :
M. Léopold Delisle prend ensuite la parole en ces termes :
Messieurs,
T C'est toujours un grand honneur pour un membre du Couiilé
des Travaux historiques et scientifiques ([ue d'avoir à ouvrir une de
ces réunions annuelles, où, de tous les poiuts (h; la France, les dé-
légués des Sociétés savantes viennent uous entrelenii- de leurs dé-
couvertes, de leuis travaux et de leurs projets. (Test, en même
leuips, un ifrand plaisii- cpie d'avoir à leur souhaiter la bienvenue
et à leur renouveler l'expression des sentiuKuits de coi'diale sym-
patliie avec les([uels sont accueillies ici leurs comniunications sur
des sujets d'études aussi lécomb^s (jue désintéressées.
«Les ordres du jour arrêtés pour les séances de cette semaine
nous ont déjà montré que ces séances seront bien remplies et
([u'elles ne le céderont point en intérêt à celles des années précé-
dentes. Nous aurons ainsi une nouvelle occasion de constater que
les progrès de la critique ne cessent point de se développei" en
France et ([ue l'emploi des meilleures méthodes se généralise de
jdus en plus, dans les h^ttres comme dans les sciences, (les heu-
reux résultats ne sont pas seulement attestés par les connnunica-
tions <pit^ vous apportez au (ionjjrès; on les saisit encore mieux en
parcourant les lecueils dans l('S([uels sont insérés \os travaux col-
lectifs et dont l'iniportance est bien mise en relief pai' les dépouil-
lements bibliographi(|ues, dont ils sont aujourd'hui l'objet de la
part du (îomité, aussi bien dans le domaine des sciences matbé-
mali«[ues, physiques et naturelles que dans celui de fhistoire et
de l'archéoloj'jie.
ff La plupart de nos Sociétés, Messieurs, ont déjà derrière elles un
long passé, sur le(|uel elles |»euv<'nt poi'Ier leurs regards avec un
légitime orgueil. Beaucoup d'entre elles ont célebn'' ou s'apprêtent
à célébrer h; cintpiantième anniversaire; de leur rondation. Les plus
jeunes ont prolité de re\f)éi'ience de leurs ainéeset rivalisent dar
XXXVII
deur avec elles. Toutes, aujourd'hui, sauf de bien rares exceptions,
consacrent leurs ressources et leurs efforts à des entreprises d'une
utilité générale et souvent d'une étendue et d'une difficulté qui
auraient effrayé les plus vaillantes, quand elles étaient à leurs dé-
buts et qu'elles n'avaient point conscience de leurs forces.
rll ne m'appartient pas. Messieurs, de signaler les services que
vos Compagnies ont rendus et qu'elles rendent encore tous les jours
aux sciences mathématiques el naturelles, aux sciences économiques
et sociales. Mais la Section d'histoire et de philologie, celle d'ar-
chéologie et celle de géographie historique et descri|»tive me re-
procheraient de ne pas rendre ici témoignage de l'accueil réservé
par elles à vos travaux. C'est avec la plus vive curiosité et la plus
sincère satisfaction qu'elles voient s'allonger chaque année la série
des publications dont vous enrichissez nos bibliothèques. N'est-ce
point grâce à votre propagande que le respect des monuments de
tous les âges a pénétré dans les différentes classes de la société?
Et quel profit la science de nos antiquités n'a-t-elle pas retiré
des fouilles que vous avez dirigées, des musées que vous avez
fondés, des statistiques dont vous avez rassemblé les éléments, des
descriptions et des dessins que vous avez publiés?
ff Votre concours n'a pas été moins utile pour la conservation et
la mise en lumière des textes qui sont le plus solide fondement de
notre histoire. C'était pour faire parler ces muets et éloquents té-
moins du passé de la France que notre Comité fut institué, il va
déjà plus de soixante ans. On ne soupçonnait pas alors la ri-
chesse des mines qu'il s'agissait d'exploiter, et c'est à peine si la
volumineuse collection des Documents inédits, inaugurée en i835
et poursuivie sans défaillance jusqu'aujourd'hui, nous présente
quelques échantillons des principaux genres de richesses renfermés
dans les archives et les bibliothèques de Paris, des départements
et de l'étranger. La tâche était immense et l'Etat ne pouvait avoir
la prétention de s'en charger à lui seul. Au Ministère de l'Instruc-
tion publique revient l'honneur d'avoir donné l'exemple et l'impul-
sion. Mais vos Sociétés, Messieurs, peuvent être fières de l'entrain
avec leijuei elles se sont associées à l'entreprise. Elles ont merveil-
leusement compris que, pour elles, rien n'était plus noble et plus
utile que de faire sortir de l'oubli et de sauver à tout jamais des
pages sur lesquelles la société des siècles passés a laissé son em-
preinte et son image, et c'est par centaines que se comptent au-
XXXVIII
jotird'hiii les V(tliinies où vous avez publié, analysé ot commpnté des
cartulaires, des rorrespoiidanoes, des coutumes, des legistres do
délibérations et de ju[Teinetits, des comptes, des pouillés ecolésias-
li(jutM, d('s rôles de tiefs, des chroni(|ues, des mémoires et des
livres de raison, de vieux poèmes, et ce qui subsiste des traditions,
des chants et des papiers po])ulaire8. Comment ne pas vous féliciter
de celte direction imprimée à vos Iravaux?
« Je crois ôtre l'interprète de l'Administration supérieure en disant,
à roiiverfurc du (jono^rès, combien elle est heureuse de vous voir si
bien employer les publications entreprises ou encouragées par elle,
auxquelles vous avez pris Une part active, pour porter à la con-
naissance (lu public lettré les trésors amassés dans nos dépôts pu-
blics et libéralement mis à la disposition de tous les travailleurs.
(^ Maintenant, en effet, vous avez entre les mains des inventaires
pour vous guider dans les dédales des Archives nationales et de
plusieurs des archives ministérielles. L'œuvre de Tlnventaire som-
maire des archives départementales, communales (^t hospitalières
se poursuit atec Une régularité exemplaire, sous une direction qui,
foui en maintenant dans ses grandes lignes runiformité du plan
primitif, n'hésite pas à accepter ni même à prescriie les améliora-
tions suggérées par Texpérience ou justifiées par des circonstances
particulières.
(T La collection des catalogues raisonnes ou abrégés des manuscrits
de toutes les bibliothèques de Paris et des départements n'offrira
bientôt plus la moindre lacune.
" Les livres imprimés au xv" siècle, dont la plupart sont aussi pré-
t\e\ix que des manuscrits, ont été patiemment recherchés dans
foutes nos bibliofhè(|ues, dans les plus grandes comme dans les
plus modestes, pour <^tre l'objet d'nU »'atalogue général, dont l'ap-
parition du preniiei' volume est, en ce moment niême, saluée
contUie un événement notable dans Ihistoire de la bibliognqdiiedes
incunables.
r Vous comprendrez encore, Messieurs, mon empressement à vous
faire part d'une nouvelle à laquelle aucun de vous ne saurait être
ihdifTéhMil. (le n'est prts h cel auditoire qu'il faut appreiulre (|ue la
Bibliolhè(|UP nationale est rétablissement français dans lequel se
Conserve le plus grand nombre de publications anciennes et mo-
dernes, imprimées en France et à l'étranger. La rédaction du ca-
talogue alphabétifiue de toutes ces publications est terminée depuis
XXXIX
un an, et M. le Ministre de Ifnslruclion piil)lique a bien voulu au-
toriser, à litre d'essai, l'impression d'un volume. Aujourd'hui uiême,
ceux d'entre vous qui entreront dans notre salle de travail y pour-
ront voir en bonnes feuilles ou en épreuves un exemplaire complet
du tome P"" du Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque
nationale. Il comprend 11,067 articles, depuis le mot Aachs jus-
qu'au mot Albyville. Mais nous avons aujourd'hui sur les rayons
bien près de 3 millions de volumes ou de brochures, et le nombre
des articles du catalogue (articles principaux et articles de rappel)
ne devra guère s'élever à moins de 9 millions. Avant d'arriver au
terme, il reste donc une longue route à parcourir et bien des ob-
stacles à surmonter. Vous pouvez nous aider. Messieurs, à accom-
plir cette lourde tâche. C'est à vous, en effet, qu'il appartient d'ap-
précier et de faire apprécier l'utilité d'une entreprise qui mériterait
vos suffrages quand elle ne devrait avoir pour résultat que d'offrir
un inventaire de la tîiajelire et meilleure partie des produits des
presses françaises depuis le xv*" siècle jusqu'à nos jours.
«Vous réussirez, n'en doutons pas, à faire comprendre qu'il faut
faciliter à tous les hommes d'étude l'usage des trésors bibliogi'a-
phiques à la formation desquels tant de générations ont silencieu-
sement travaillé depuis quatre siècles. Le jour oii cette vérité sera
reconnue, les pouvoirs publics s'empresseront de nous mettre à
même de pousser activement et de conduire à bonne fin une publi-
cation tant de fois réclamée et promise, qui rendra d'immenses
services aux lettres et fera grand honneur au pays.-n
La séance est levée à 9 heures et demie, et les différentes sec-
tions se réunissent dans les locaux qui leur ont été affectés. '
Le Seo'étaire de la Section d'archéologie,
R. DÉ Lasteyrie,
Membre du Comité.
SEANCE DU 20 AVRIL 1897.
SOIR.
PRESIDENCE DE M. ALKXANDRE BERTRAND.
La séance est ouverte à -?. heuies et demie.
Le bureau est ainsi constitut'' :
Président : M. Alexandre Bertrand;
Assesseurs : M. Julliot et M. de Marsy;
Secrétaiie : M. de Lasleyrie;
Secrétaire adjoint : M. Eugène Lelèvie-Ponlalis.
M. BouRRKz, de la Société arche'ologique de Tourraine, lit une
étude sur les monuments mégalithiques de Maine-et-Loire, dont
il fait passer les photographies devant les yeux des membres du
Congrès. Les dolmens et les allées couvertes sont assez nombreux
dans l'Anjou, surtout autoui' de Saumur. L'allée couverte de
Bagneux est l'un des plus grands spécimens connus de ce genre
de monuments. L'auteur décrit également les dolmens de la Ba-
joulière, de la Forêt, de Charié, de l'Etiau et de Saint-Lambert.
Les menhirs se rencontrent aussi dans la même l'égion, mais il
ne laut pas les confondre avec les blocs naturels si nombreux dans
les environs de Choiet. Au milieu de ces amoncellements de pierres,
il est impossible de distinguer les débris d'un monument inég;»-
lilhique sans s'exposeï' à commettre une erreur. Les dolmens de la
région sont formés de dalles de schiste, de granit ou de grès. Les
ci'omlechs cl les alignements sont de véi'itables exceptions; mais
grâce aux lieux-dits on pourrait signaler de nombreux monuments
mégalithiques aujourd'hui disparus. On compte aujourd'hui ^9 dol-
mens et 3 A menhirs dans le département de Maine-et-Loire. Mal-
heureusement 56 monuments du même génie ont été détruits
depuis le commencement du siècle.
Le P. i)F. L\ Croix, de la Société des antiquaires de l'Ouest,
ci>riirnuni<|iie ;iu Congrès le r('sullal de ses fouilles à Berthouville
— XLI
(Eure). En i83o, M. Taurin y découvrit un ma{[nifî([no trésor
d'argenterie gallo-romaine, et cette pre'ciense collection est entre'e
au cabinet des médailles. M. Join-Lambert et M. Babelon ayant
fait ressortir l'intérêt que pouvaient présenter de nouvelles fouilles,
le P. de La Croix se mit à l'œuvre au mois de septembre dernier.
Il découvrit d'abord les fondations de deux temples enchevêtrées
les unes dans les autres, comme l'indiquent les teintes des plans
relevés sur place. La surface du grand temple couvre k ares, et
ses fondations se distinguent de celles du petit temple par leur
plus grande profondeur. On y a trouvé une chambre souterraine
qui pourrait avoir servi aux prêtres à rendre des oracles.
Le P. de La Croix suppose que ce tem])le était dédié au Mercure
de Canetum. L'édifice fut détruit sans doute vers le milieu du
m* siècle, au moment de la première révolte des Bagaudes. Sur
ces ruines, on éleva un nouveau temple, moins bien construit. A
une certaine distance des temples se trouvait un puits très pro-
fond qui vient d'être déblayé. Profond de 70 mètres et large
de 1 m. 10, ce puits avait servi à extraire de la marne au moyen
âge, mais au fond le P. de La Croix a trouvé une clef romaine, la
manivelle du treuil primitif, une petite houe, un grappin et la
chaîne d'un seau. Les fouilles ont également permis de recon-
naître les substructions d'un vaste théâtre qui pouvait contenir
5,000 personnes. Les gradins étaient en bois, et les vestiges de la
scène sont encore visibles.
Entre Berthouville et le hameau du Villeret, le P. de La Croix
a pu fixer l'emplacement de Canetonnum. Cette petite ville gallo-
romaine était entourée de \ oies antiques et possédait un temple, un
théâtre, de nombreuses habitations et des puits foit cuiieux. Ber-
thouville continue à être le siège d'un pèlerinage très fréquenté qui
a dû succéder aux pèlerinages païens du Villeret. Le P. de La
Croix termine cette intéressante communication en comparant les
découvertes de Sanxay et celles de Canetonnum'''.
M. LE Président fait ressortir l'intérêt considérable des fouilles
du P. de La Croix, qui mérite toute la reconnaissance des archéo-
logues.
M. DE Saint-Vexant, correspondant du Comité, lit une élude sur
'" Voir ci-après, p. •yi, le texte de cette communication.
XI.Il
les Vollvps \rpronii(|uos ot sni' les lificcvs de roltc i^MipIndc rcltique
dans la n-ffion du Gard.
Lauteur n ('liidié les sépultures des Volkes, (|ui brûlaient leur
morts, comme h; prcuivont les traces d'inciuéralion qu'il a relevées.
I/uncdos sépultures les plus curieuses a élé ddcouverle à Mimes, en
i8()i, pai- M. Viornes. Elle se I couvait à o m. 70 de pcoCondeur et
conteuait deux grandes am])liore8 protége'es par une laige dalle,
une épo'e, des boucles, deux lers de lance bien conserve's. L'épée
mesui'e 1 m. 10 et la lame n'a ])as moins de o m. 90 de longueur;
le fourreau est brisé; on a pu leconstituer un crocbet à belière.
M. de Saint-Venant énumèie les résultais des fouilles faites dans
17 séj)ultures de \olkes Ar(''comi(jueH. Toutes ces tombes ont
fourni des armes et notamment i*î épées, 9 umbo, i3 fers de
lance, des couteaux, des tibules, (b^s bracelets et des poteries.
La longueur des épées varie de o. m H6 à 1 m. 10. (les dimen-
sions dépassent de beaucoup celles des épées gauloises trouvées
dans b' Gber et dans la Marne. On n'a recueilli des monnaies que
dans une seule tombe, et les fouilles n'ont fait d(;couvrir aucune
séjiulture féminiue. L'auteur signale, en outre, les ()bj<Ms trouvés
autour des enceintes préliistoriques de la région, (fui sont limitées
par des murs cyclopéens en j)ierre sèche. On peut rapjiiocbei- les
enceintes du (xard de l'oppidum du mont Beuvrey en comparant
tes poteries et les métbodes de construction des murs. Ges camps
retranchés semblent appartenir à une époque (]ui a précédé de
bien peu la conquête romaine (^).
M. Imbert donne quebjues détails sur l'eiiceiiilc de Nages, ([ui
présente des caractères tout à fait particuliers.
M. DE NussAG, de la Société archéologique de la Gorrèze, lit un
mémoire sui- les fontaines du Limousin, qui sont l'objet d'un culte,
de légendes et de pratiques \ariées. L'histoire, l'hagiographie et les
sciences médicales ont de nombreux rapports avec ces rites popu-
laires. Après avoii' examiné les curieuses singularités du culte des
eaux dans le Limousin, M. de iNussac les étudie au point de vue de
la persistance des traditions païennes et du symbolisme chrétien ('•^).
M. Imbickt lit, au nom de M. d'Abzac, une note sur la survivance
des dolmens en Limousin. Les pierres tombales de la région re-
"^ Ce mémoirp sera inséré in e.rli'nsu dans le fhilletin.
'*' Voir ri-a|in";. 11. i.^)o, le lexlf de cp ménjoirN-,
XLIM
posent sur ({uatie jjiecis, comme les monuments mégalithiques.
L'auteur cite les dispositions des tombes dans plusieurs cimelières
de la réjjion.
M. LE Président fait remar(|uej' que les supporls de ces lombes
peuvent tout aussi bien s'expliquer par la ne'cessite' de pre'servei'
la dalle de Thumidite'.
Divers membres signalent des pierres oià Ton dépose les cercueils
pour permettre aux porteurs de se reposer le long des roules ou à
l'entrée des villages du Limousin.
M. Delort, professeur au collège de Saint-Claude, lit une étude
sur une sépulture gauloise découverte à Belliguat (Ain). Cette
tombe renfermait un torque, une ceinlure formée d'une plaque
estampée, un anneau et des bracelets dont l'auteur décrit les orne-
ments. Le squelette inhumé était celui d'un jeune homme.
M. LuGiiET, professeur à TUniversité de Poitiers, présente au
Congrès les photographies de trois hachettes en fei' et en bronze,
qui sont ornées d'une tête barbue, d'un lion accroupi et d'un
personnage. Des rinceaux de feuillages ornent les deux faces de la
hachette. L'auteur prouve que ces objets ne sont pas assez lourds
ni assez solides pour avoir un caractère défensif. Il suppose que ce
sont des hachettes d'apparat d'origine Scandinave.
M. Luguet décrit ensuite un monument préhistorique découvert
au bois de la Folie, à Pouzauges (Vendée) et qu'il croit être un
autel. C'est un bloc posé sur deux pieds; son existence explique la
tradition qui représente le bois de la Folie comme une enceinte
sacrée. L'assemblage des pierres forme un canal (fui se rétrécit.
Divers membres discutent l'origine du mol Folie appli(|ué à cer-
tains lieux-dits. Les uns rapprochent ce mot de celui delà FemlJée,
les autres y voient l'indice d'un lieu de réjouissance.
La séance est levée à 5 heures et quart.
/>e Serréttiirp de la Section d'archpologie ,
H. DK Lasteyrie,
Memlire du CoiiJlé.
XMV
SEANCE DU 21 AVRIL 1897
MATIN.
IMIKSIDENCE 0 K M. C II A HO (I I M, l. T
]ji\ s('an('(> est oiivorto à 9 Ikmuos.
M. K()M\\, corrospoiulant du Comilô. sigiinlp trois églisos du
{lt'pail«'iiienl des Haulcs-Mpcs (|u'ii serait util(^ de classer pai'ini
les monuments historiques. Ces monuments religieux ont un cn-
rarlère roman très curieux, bien que leur construction se place au
xv"" et an xv!" siècle. Il s'agit des églises de Vill(*-Vallouise, de \«''-
vaclie et de Largentière. A Ville-Vallouise, le portail . du xvi* siècle,
les fonts baptismaux, datés de 1 5 18, la chapelle funéraire de la
famille de Moniorcier, ini'ritent d'attirer Tattenlion. A INévache, un
curieux vitrail du xv*" siècle vient d'être détruit. A Largentière,
une peinture murale datée de 1 5 1 (i icprésente les Vices et les Vertus.
L'auteur précise également les dates des églises des Cordeliers
d'Embrun, de Saint-Sauveur, des Orres, de Saint-Chaffrey, deis
Vigneaux, de Saint-Crépin , de Guillestre, du Grand-Villard et du
Pu\ -Saint-Pierre, bâties de 161 3 à ifiSi. Les voûtes en berceau
de la iief, les fenêtres et les portes en plein cintre, les porches et
les chœurs carre's voûtés d'ogives, les clochers terminés par une
lîèche octogone portent l'empreinte du style en usage au xii*" siècle,
mais les moulures et d'autres détails prouvent (jue ces édifices ne
sont pas antérieurs au xv* et au wi"" siècle.
M. Léon Pi.ANcouAiu), de la Commission des antiquités de Seine-
et-()ise, lit une étude sui" les fontaines sacrées, les pèlerinages et
les superstitions du Vexin. Les sources vénérées se trouvent surtout
dans le voisinage des voies romaines, autour de Gisors et de Chau-
mont, ce (|ui semble indiquer la survivance des traditions païennes
concernant le culte des fontaines. L'auteur donne qufdques détails
sur les pèlerinages (le Saint-Aubin d'Arronville, de Saint-Clair de
Frétnin\ille, de Saint-Clair de Conrnav,d<' Sainl-Leu et de Saint-
Giiles à LesseviUe, de Nolie-Dame de Ve'theuil, de N'otie-Daine
la De'sire'e à Saiiil-Martiii-la-Gareuiie, de Saint-(ierniaiii de Cléry,
l'un des plus anciens sanctuaires de la contre'e , et de Sainl-Léjjer
à Boissy-l'AiHerie.
M. Georges Musset, bibliothécaire de la ville de La Rochelle,
rend compte des fouilles exe'cute'es autour de la pile romaine de
Villepouge (Charente-Inférieure). Ce monument appartient à une
catégorie d'édifices que Ton a souvent étudiés, et qui ont donné
lieu aux hypothèses les plus diverses. Tantôt on les a considérés
comme des tombeaux, tantôt comme des fanaux. M. Musset a
d'abord constaté que le soubassement de la pile mesurait i o mètres
de côté; puis il a reconnu que cette pile, précédée d'une enceinte,
était formée d'un blocage dépourvu de cavité intérieure ou souter-
raine, comme la pile voisine d'Ebéon, qui est éventrée. En con-
tinuant les fouilles, on a découvert la tête d'une statue de femme
de l'époque gallo-romaine. Cette tête mesure o m. 60 de hauteur;
elle était percée de deux trous qui devaient servir à fixer une cou-
ronne ou un autre attribut. Dans le voisinage de la pile, M. Musset
a trouvé des tablettes de plomb on des Ibiniules magiques sont
niavées en caractères romains. M. .luUian, qui a déchiffré ces ta-
blettes, est d'avis qu'elles reproduisent le texte d'une imprécation
judiciaire. Le plaideur faisait appel à Pluton et à Proserpine pour
gagner son procès. Enfin quelques monnaies du 11" siècle ont été
trouvées au cours des fouilles. Quant à la destination de la pile.
M. Musset remarque qu'elle sert de limite à trois comtés et peut-
être à plusieurs pagi. Les fouilles de Villepouge confirmeraient
donc l'opinion de M. Lièvre qui soutient que les piles n'étaient
pas des mausolées, mais des monuments d'un caractère religieux (^).
M. l'abbé BossEBOEUF considère les piles comme le piédestal de
statues de divinités ou de personnages dont on voulait perpétuer le
souvenir. La tête de la statue trouvée au pied de la pile de Ville-
pouge lui paraît confirmer cette hypothèse.
M. NicoLAï, après avoir résumé les intéressants travaux de
M. Lièvre sur la question , décrit les piles de Peire-Longue et de
la Tourasse (Lot-et-Garonne). 11 est d'avis que toute hypothèse sur
" ) oir ci-après, |j. 79, h' tcvle de ':r iiiëiuoirc.
la destination des piles est pre'mature'e, mais il l'ait remarquer que
les piles se trouvent sur le bord des voies romaines. Si ces monu-
ments oui éti' robjel d'un culte au vi'" siècle, les [)iles ont pu servir
de limite avant d'avoii- été vouées à telle ou telle divinité.
M. GoiGNARD signale une pierre contenant une niche trouvée
dans de cimetière gallo-roniain du Pressoir-Berry (Loir-et-Cher).
11 suppose (jue cette pierre avait la même destination qu'une [tile,
caries piles renlernient éj/alement des niches.'
W. labhé BossKBOKiK développe quehjues arguments pour prouver
que la construction des piles est antérieure au vi*" siècle.
M. Lièvre indique les raisons qui lui permettent de considérer
les piles comme des simulacra, car ce mot latin ne s'est ])as tou-
jours appliqué à des statues. Ainsi, Tacite considère les m<'nhirs
comme des simulacra. Si Ton admet que les piles sont des monu-
ments religieux, il faut leur maintenir la qualification de fanum.
M. labbé BossEBOKUF, de la Société archéologique de Touraine,
lit une note sur l'étole de saint Pol de Léon conservée dans une
chapelle de Tîle de Batz. dette ('tôle, (ni soie, (;st faite d'un tissu
oriental. C'est un morceau d étoile qui a servi à envelopper des re-
liques. On peut l'attribuer au \if siècle, en la comparant à des
mosaïques ou à des tissus du même genre ornés de cavaliers.
Vi. l'abbé BossEBOKUK cite quelques fiagmenis inédits debC(m4)Les
du chàleaii d'Amboise conservés à l'hôtel de ville d'Aniboise. (]es
comptes indiquent une peinture comiiuindée par Catherijic de Mé-
dicis; mais le nom de l'artiste est malheureusement coupe et de-
meure inconnu.
La séance est levée à 1 1 heures et demie.
Le Secrélaire de In Scrhmi d'arché'ditgie ,
B. Di; Lastkvhie,
Meinbic (Ui (ioiuitù.
SEANCE DU -il AVRIL 18^7.
SOIR.
PRESIDEPiCE DE M. EDMOND LE BLANT.
La séance est ouverte à 2 heures.
M. PiETTE présente une statuette en ivoire découveite à Brassem-
pouy (Aisne). Cette figurine, dessinée par M. IMilov, parait re-
monter à l'époque préhistorique, car elle gisait au milieu d'osse-
ments de mammouth.
M. NicoLAÏ , membre de la Société archéologique de la Gironde ,
fait une communication sur les puits funéraires trouve's au Mas-
dWgenais. Cette station gallo-romaine occupait le centre d'un vaste
camp retranché limité par deux piles. Un y a trouvé des poteries,
des monnaies, un sarcophage de marbre, une inscription romaine
et de nombreuses substructions antiques. Près du Mas, le cimetière
de Saint-Martin renferme des puits funéraires très curieux. La sé-
pulture se faisait en creusant une fosse oiî rpn déposait Tamphore
contenant les cendres avec d'autres vases funéraires. Ces fosses,
profondes de 1 m. (3o, ont la forme dune marmite. Pour en
durcir les parois, on allumait un foyer avant de descendre l'am-
phore. En vidant ces puits, on trouve des silex taillés, des mâ-
choires, des débris de bronze, des monnaies. A la surface du sol,
on avait bétonné l'orifice afin de protéger les sépultures. M. Ni-
colaï compare ces fosses à celles du Bernard, en Vendée. Ce qui Ta
frappé, c'est le mélange des objets gaulois et des poteries romaines.
En continuant les fouilles, M. de Luppé a découvert un puits par-
faitement conservé, qui renfermait cinq vases, desollœ, des patères
sigillées, une monnaie de Constantin le Grand, une statue de
de'esse-mère en terre cuite. Des briques posées à plat protégeaient
lOiilicc. Les vases ne so trouvaÙMit pas au foiul du [uiils, profond
de U lu. (jo, roninip au Beniaid, mais à une faible dislance du
sol. On peul altiihuei' la plu[)ait de ces tombes au iiT siècle. Les
puits funéraires de Saint-Martin prouvent que les objets jetés péle-
inèle an-dessus des vases funéraires proviennent d'un l'ile reli-
gieux. On conibiait les fosses après la sépulture avec les reliefs du
repas funèbre et des poteries, amphores, coupes et bols qui avaient
servi aux assistants C.
\l. i)K l)K\i iiKPAiiiK signale un piiils funéraire crcu s dans le roc
el semblable à ceux de Saint-Martin. Ce puits, décrit dans le Bul-
letin monumental, se trouve à Prime! (dher).
M. le cliiiiioinc Pdttikh C()Mimiiiii(|in; au (ionjjrès les photogra-
phies du trésor dt; Grandsehe, à Kouillac (Tarn-et-Garonne). (î(^
trésor renferme des relicjnaires très remarquables du commence-
ment du xiif siècle. Il signale également une statue reli(|uaire du
\v* siècle cojiservée à Lasbordes. I^]lle représente saint Christophe
portant l'Enfant .lésus sur son épaule. Les draperies de cette statue
sont en aigeni repoussé et les mains fuient fondues et riilnucliées
au biniii. M. le chanoine INiltier possède dans sa collection un
buste reli(|uaire du \vi- siècle provenant de Sainl-\icolas de Tou-
louse. Lnliii il d(''ci-il <[uel(|iies pieries gi'avées antifiiu-is (jui or-
nai<Mii les i-eliquaires du moyen âge dans la rc^gion de Toulouse'-^.
Ai. le cbanoin*! Potlier lit ensuite une étude sur une inscriplion
du XIII* siècle en roman et en latin, provenant de l'abbaye de Belle-
perche. Cette inscri])tion, datée de 19/1 >î, est ainsi conçue :
TU nt'l MIES, SAPIAS QtiE TU SlilîAS
SO gUK SOI, E 80 QUE ES, EU KUI. B' DE
CUSORN. DIGAS PEK MI PATER NOSTER. ANNO DOMINI
M° ce" XLII. ASSIGNAVI SUPER ORTUM TO-
LOSE CONVEXTUI BELI-EPERTICE CON-
VIVIDM UNUM ANNUATIM QUOD EST AGEN-
DUM NEC OliMITTATlR.
'" Voir ci-a|tn'!s, p. SA, !«• loxlc de ce iiKîinoiii-.
'-' \oir' ri-après, p. J^ij), le lexlr di' adU: coininuiiirulRiii,
XLIX
C'est, 011 io voit, [o mort Bertrand ou Bernard de Ciizoru qui
inlerpeile le passant, iui rappelle que la mort le frappera égale-
ment un jour, et lui apprend qu'il a fondé un repas annuel en fa-
veur des religieux de Belleperche. Rien n'est plus commun que la
formule par laquelle commence l'inscription. M. le chanoine Pot-
tier en cite de nombreux exemples.
M. Héron lit une note sur une fabrication prive'e de doubles à
Bouen, en 1689. Ce fait lui a été révélé par une plaquette intitulée
la Muse normande. L'atelier monétaire se trouvait près de l'église
Saint-Vivien. Les doubles étaient mal fabriqués; et comme leur
émission donna naissance à de nombreuses plaintes, le Parlement
s'en émut et rendit un arrêt, le U mars i63(), pour interdire la
fabrication et la circulation des doubles qui ne seraient pas con-
formes aux ordonnances. Ces monnaies étaient fabriquées par un
certain Jean Forest, qui avait établi u»n atelier secondaire à Ma-
romme''^
M. EuDKs, architecte, lit un mémoire sur maître Huguet et les
iniluenccs françaises dans les constructions de Batalha, en Portugal.
Ce monastère fut fondé aussitôt après la victoire rempoj'tée en ce
lieu par le roi de Portugal Jean P'', en i385. L'église et la cha-
pelle de Batalha sont un chef-d'œuvre d'élégance et de légèreté. H
est évident que ces monuments furent élevés par un architecte
étranger, car l'église de Batalha est le premier monument gothique
du Portugal, qui ne possédait aucune école d'architecture au
xiv'' siècle. D'après Barboza, l'église de Batalha serait l'œuvre d'un
artiste portugais nommé Dominguez, mais M. Eudes, à l'aide de
diverses citations, restitue à maître Huguet, artiste français, l'hon-
neur d'avoir construit l'église, la chapelle et le cloître de Batalha.
On peut supj)oser que maître Huguet eut pour successeur son fils,
car la direction française dura un demi-siècle. Ces artistes, aidés
par un peintre verrier nommé Guillaume Beaulieu, préparèrent
l'avènement du style manuélin. Maître Huguet devait être origi-
naire de la Normandie, car l'église de Batalha, et surtout le croi-
sillon sud, rappelle l'architecture gothique de cette province ('-'.
" Voir ci-apri'.s, p. (jG, le texlc de ce iiiéiiuiire.
-' Voir ci-ajtrès, p. 1, l<' Icvlu de ce mémoire.
AllCUÉoLOGIE. |>
M. Eugène de Bkaurki'aiiik, do la Société des antiquaiivs de
Nornuiiidie, donne Icctnro d'uno notice sur les peintures murales
(le réjjlisc de Hénouvillc, |uès de Oacn. Ces pointures représentent
des sçèaes de Teuler, où les soullrauces des damnés sont figurées
d'uue manière très réaliste. On voit à roté la roue de la vie. ([ui
symbolise les âges de Texistence humaine. L'konune monte à la
conquête du pouvoir jusqu'au jour oi*i il est précipité du faîte des
grandeurs. M. de Beaun'paire signale d'autres exemples de celte
roue de fortuiie représentée à Saiul-Elieune de Beauvais, à la ca-
thédrale d'Amiens, dans des fresques et dans des. manuscrits. Les
peintures de l'église de Bénouville remontent à la fin du xy" siècle,
comme rindi(|uent les costumes des personnages el les inscriplions
des phylactères'^'.
M. Jules Gauthikh, archiviste du Douhs, l'oit une communica-
tion sur le temple, de la Fortune à Besançon. La topographie an-
li(pie de Vesonlio est assez mal connue, uuiis on sait que le
(Ihamp d(î Mars icnlei-mait encore au xvif siècle des suhstructions
romaines utilisées pour bâtir les fondations de Téglise des (îa-
pucins en 1607. En 18/17, ^* construction d'une caserne y a lait
rencontrer d'autres ruines importantes. Les débris du temple de la
Fortune sont placés sous le jardin de Thôpilal. En iri35 et en
1367, la donation de deux pièces de vigne à Tabbaye de Saint-Paul
désigne sous le nom de Fortunia le lieu-dit oiî se trouvaient ces
terres, situées sur remplacement du Champ de Mars. Il est donc
inexact de prétendre, comme Tout fait |)liisicuis éiudils, que le
temple du Champ de Mars était dédié à Mercure; les chartes si-
gnalées par M. Gauthier ne pcrmoltent plus de douter qu'il ne fût
consacré à la Fortune'-'.
M. Léon Coutil, correspondant du Comité, lit une note sur une
sépulture gallo-romaine à incinération, découverte à Bléville, [)rès
du Havre. Celte tombe renfermait deux fioles en verre et un bol de
la même matière. H signale ensuite plusi(Mirs fibules en bronze
émaillé du musée de Rouen, (pii proviennent des Andelys. Le pro-
cédé de fabrication à l'aidt; des pâtes de \erre est idenlitjue à celui
'•> Voir ci-a[)n'>, p. 1 i(\, le lc\lo de ce iiiénutire.
'-' Voir ci-aprrs, p. (Wi, le lc\le dv. ce méiiioiri".
Ll
des lîbiilcs du Caucase. II est donc probable que réniaiHeiie lut
pratiquée par des populations d'origine orientale qui gagnèrent la
France par la vallée du Danube.
M. Coutil signale Tintérêt que piésenteraient des touilles sur le
territoire de Pitres (Eure), dont rinipoitance fut considérable à
répo(|ue carlovingienne. En i 83G, on y a trouvé un balnéaire cu-
rieux par les graffitcs qu'il renferme. En i8(3o, les débris d'un la-
raire furent recojinus à Pitres par l'abbé Cochet. Enfin, l'auteur
présente au Congrès une petite Vénus en terre cuite, les pieds d'une
autre statuette et des fibules Scandinaves, le tout découvert à Pitres.
En effet, les Normands firent un séjour en ce lieu a[)rès les rois
carlovingiens.
La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire de la Section d'arclie'(jlogie,
R. DK L/VSTKYKIE,
Membre du Coiuilë.
SEANCE DU -i-J AVRIl. IcSDV,
JIATIiN.
riii:siDi;NC,i': dk m. iîarklo?;.
La séance est ouverlo à 9 heures.
M. SciiwAJ!, bil)li()lli(''caii(' à la Bibli()tliè([iic iialiouale, lit un
mémoire sur les épilaplics liél)raï(| nos conservées en France, notam-
ment à Arles, à Dijon, à Màcon. Il sijpiale surtout rinscription de
Béziers datée du 16 juin 116/1, (|ui ne rompicnd pas moins de
douze lignes. A Aimes, à Vienne, à Narhonnc, à Aucli, à Toulouse,
à (iaipentras, à Paris, à Limav (Seine-et-Oise), Al. Schwab in-
dique d'aulrcs épitaphes. lia (h'chiirré trois inscriptions hél)iaï(|ues
à Mantes-sur-Seine, datées de l'îliS et de i9()9. A Senneville,
piès de Mantes, deux nouvelles inscriptions oui été découvertes
[•('ccmment par rinsliinteur de la couiiuiine. M. SchwaI) décr-it en-
suite ([uel(]ues {{ralliles qui se trouvent à Monlreuil-Bonnin, à Saint-
Paul-Trois-(;hàteau\, à Angius, à Issoudun et à Alfjer. Le total des
textes connus ne dépassait pas sept en i85i ; M. de Lonjfpérier a
porté ce nombre à cin(|iiante. Grâce au\ recherches de M. Schwab,
on connaît aujourd'hui cent (piaranle inscriptions bébraïques du
moyen âge'').
M. MoiiKi, (Iccnl (b'ii\ ^cpidliires «[auloiscs Icniinines découvcrics
à Hurlus et à Sainl-Jean-sur-ïourhe (Maine). Ces sé|)ullui'es oui
loMi ni deux t(ir(|U('S de bronze dont Tuu (îst orné de tèles fantas-
li(|ii('s, deux parures eu \errolerie, des fibules el tles bracelets. Il
présente égalciiiciil au Congrès un tor(|ue (jui icjiréscule un serpent
se mordant la (lucue. C'est un modèle tout à fail m)u\eau découvert
à Ucims cl (jui complète les 130 lor([ues de sa colleclion particu-
lière.
\i)ii' ri-;i|»rf',s, |). 17*^, l<' li'xlf (il' II: iinjinoiri;.
M. l'ii.i.ov. (I(^ la Soci(''l('' acîHleinitjiic de Saiiil-Qiiciilin . lil un
mémoire sur ies verres francs à emblèmes clm-tiens. H signale
d'abord les coupes découvertes en 1866 à Mayod et à Anguilcourt-
le-Sait (Aisne). Les mêmes fouilles ont fourni plusieurs monnaies
d'or et d'argent frappées par les Francs à l'imitation de celles des
empereurs d'Orient. H rappelle les trouvailles du même genre
faites à Envermeu, à Arcy-Sainte-Restitute et à Andrésy.
Les morts qui les possédaient avaient un mobilier funéraire
du même type que celui du tombeau de (Hiildéric.
Il en conclut qu'il faut iaire desreiulrc ces sépuitui-es à la pre-
mière moitié du vf siècle.
Parmi ce nmbilier, on remarque beaucoup de verres dont l'or-
nementation est faite en émail. Des bijoux de ce temps ont aussi
reçu une décoration d'émaux. L'art de l'émaillerie, qui était floris-
sant dans la Gaule belgique au m" siècle, s'est donc perpétué chez
nous dans les temps barbai-espar les verriei's, qui étaient en même
temps émailleurs.
Sur un certain nombre de ces verres, on \oit imprimé en relief
le monogramme du Christ. M. Frédéric Moreau en a trouvé dans
l'arrondissement de Château-Thierry. Le musée de Xamur en pos-
sède aussi de forts beaux. Au début du m" siècle, les populations
étaient donc déjà converties au christianisme, et si on trouve des
chrétiens si loin de Reims où a eu lieu le baptême de Clovis, il
faut en conclure, avec les historiens .lunghans et Kurth , que c'est
surtout aux prédications des saints évêques et missionnaires, dont
la plupart ont été béatifiés, qu'on doit ces conversions (^'.
M. VvuviLLÉ, de la Société archéologique de Soissons, présente
au Congrès un inventaire des monnaies gauloises recueillies dans
l'arrondissement de Soissons. Il résume les découvertes de M. Fré-
déric Moreau au point de vue monétaire, et décrit les 1,821 'mon-
naies trouvées dans l'enceinte de Pommiers. Ces fouilles ont donné
surtout des monnaies à la légende de CRICIUV, dans la propor-
tion de i3 et de h(j p. 100 , et d'autres monnaies à tête de Janus.
M. Vauvillé prouve que les monnaies de CRICIRV, qui passe pour
avoir été un chef des Suessions, se rencontrent rarement chez les
Bellovaques , tandis qu'elles sont très fréquentes dans les limites
^'' Voir ci-après, p. ai8, 1p texte de ce mémoire.
I-IV
(il' l ancien (lioct'sc de Soissons. La partie île ce diocèso comprise
dans le déparlenieni de l'Oise a loui-ni 2()() monnaies gauloises,
dont ho têtes de (Iricirn. Au contraire, si on IVancliil la rivière
d'Oise, on ne peut plus sijpialer ([u\in très petit nombre de mon-
naies du même typt*. En résunu^, on a découvert 9,3()7 monnaies
gauloises sur le territoire des Suessions, dont 1,095 pièces à la
l«''gende de CRIC1R.V. L'enceinte de Pommiers, près de Soissons,
qui couvre 'lo hectares de supeilicie, ayant fourni le plus grand
nombre de monnaies de ce genre, il faut la considérer con)me le
véritable op])idum de No\iodnnum des Suessions.
MM. DK Marsy et de Barthélémy indicpieni rintérêt que présente
la démolition des murs d'Antibes et déplorent qu'on les fasse sauter
à la dynamite au lieu de les démolir pierre par pierre pour con-
server les inscriptions romaines afin de les déposer an musée.
Le Congrès émet le vœu que l'administration prenne des me-
sures efficaces pour sauver les docunu'uts épigraphiques et les
sculptures romaines d'Antibes.
M. DK Barthélkmy lit, au nom de M. Couiinault, conservateur
du Musée loi'rain, un mémoire sur les enseignes de métiers dans
les stèles funéraires et dans les bas-reliefs gallo-romains. Il décrit
les principaux monuments de ce genre trouvés à (irand (Vosges) et
dans plusieurs localités de la région. Ces stèles sont di'posées au
musée d'Épinal et au Musée lorrain à Nancy. Le bas-relief le ])lns
important, découvert à Langres en 1860, devait être l'enseigne
d'un loueur de voitures. Une autre sculpture gallo-romaine, ])rove-
nant de la citadelle de Metz, a dû servir au même usage. L'auteur
sijjTiale également l'enseigne d'un bain public, un bas-relief rej)ré-
senlant deux-Scieurs de long, et un groupe représentant un orfèvre
<jni fra])pe sur une enclume avec l'aide (bî ses ouvriers.
M. GiJYOT, de la Société d'arcbéologii; lorr'aine, lit une l'iude sur
les i'uin(îs de La Motbe (Haul(^-Marne) (pii menacent de disparaître.
Cette jdace fort(^ qui soutint de; nombrcnix sièjfes, fut rasée ])ar
or'dre de Mazai'iu, mais les remparts restèrent enfouis sous la terr(>
et les décombres. L'auteur a reconstitué le plan d(^ l'enceinte et
signale le déblaiement de la poib; de France et de plusieurs bas-
tions. Il iiidi(|ue (pu; les fortifications remontent dans leui- en-
semble au xvi" sièrie, mais (|uo la porh; d'Ailemagnc apparticiil
au xiv*" siècle.
Le Congrès émet le vœu quo la Commission des monuments
historiques fasse classer les parties les plus intéressantes des ruines
de La Mothe.
M. Tabbé Hamard, curé de Hermès, lil une notice sur la nécro-
pole gallo-romaine de Mouv-Burv (Oise). Ce cimetière paraît dater
du iv" siècle; les poteries sont peu Jirtisliques et portent comme
marque de fabrique un X. Les vases en terre cuite, malgré leurs
heureuses proportions, n'offrent plus les caractères élégants de
la poterie dite samienne. On a trouvé un assez grand nombre de
verreries : une coupe et une buire se font remarquer par leur légè-
reté et la pureté de leurs formes. Les bijoux sont beaucoup plus
rares, mais M. l'abbé Hamard signale un collier formé de monnaies
de Constantin jeune. Ces fouilles peuvent être comptées parmi les
plus intéressantes trouvailles faites dans les cimetières gallo-ro-
mains du département de l'Oise.
M. l'abbé Hamard signale une nouvelle découverte faite au Mont
de Hermès. Il a mis au jour les débris d'une statue équestre dont
il espère reconstituer l'ensemble en continuant ses fouilles.
M. LK t^iîÉsiDENT |)résente au Congrès la descri])tion des objets
découverts à Lemta, l'ancienne Leptis Minor (Tunisie). Ce travail,
qui sera publié dans le Bulletin^^^ du Comité, a été rédigé par les
capitaines Hannezo et Molins et par le lieutenant Montagnon. Les
auteurs ont décrit successivement l'amphithéâtre, la citadelle byzan-
tine, l'église chrétienne, des maisons ornées de peintures murales
et une curieuse nécropole puniljue.
M. Héron de Villefosse, après avoir rappelé les belles découvertes
de M. BuUiot sur le mont Beuvray, piie le Congrès d'émettre un vœu
pour que M. le Ministre de l'Instruction publique accorde une sub-
vention à M. Bulliot, en vue d'assurer la continuation des fouilles.
La séance est levée à 1 1 heures 3o minutés.
Le Sea-éUnre de la Section d'archéologie,
R. DE Lasteyrie,
Membre du Comité.
^'' Voir ci-nprf'S, p. •?.Ç)0 , ]o texte do ce mémoire.
SÉANCE DV 2-2 AVRIL 1897,
Pli KSI n i:\CE DK M. ni; it \i!Tiii';i,i;my.
La SI',! liée csl ouvcrle à 9. Iieurcs.
M. \o cliiinoino Mullkr, du (]oniit('' aicliéolofiiquc (h^ Senlis, lil
une nonioiiclnture des autols, des fonls baptismaux, des pierres
louibales, des statues, des verrières dign(»s d'èlre notés dans l'ar-
rondissement de Senlis. Tl signale les l'onts du xm" siècle de Relz-
Fosse-Martiu, les peintures murales de la même éj)oque à Varin-
froy, les chapileauxde Montataire, qui représentent le péché originel ;
les statues du \\\'' et du xv" siècle des églises voisines de Creil, la'
cheminée et les verrières de \'ogent-les-Viei'ges, le banc d'œuvrede
Saint-Leu d'Essorent du xvr siècle, la stîitue de saint Leu dans la
même l'glise du xiv*" siècle; la tombe de r4laude de V'illers, maî-
tresse de François P"", conservée dans l'église de Saint-iVIaximin.
M. le chanoine Muller décrit également les peintures murales de
Villers-Saiiit-Paul; une adoration des bergers datée de i65i à Vil-
lers-sous-SainULeu, les reliquaires en Ibrme de buste d'Auger-
Saint-Vincent, la pierre tombale de Béthisy-Saint-Pierre, du
xvi" siècle; des chapiteaux du xii" siècle à (]répy-en-Valois, la pierre
tombale de Renée de Vieuxpout, religieuse de Poissy, morte en 1 6 i 3,
conservée à Cré|)v chez AI. (îuizol. Il faut encore mentionner une
pierre tombale dans l'église de Duvy (|ui fut sculptée au w" siècle,
les fonls de Glaigties, de Triimilly, de Gilocourt qui remontent au
xiiT siècle, le lutrin, les pierres tombales et les stalles de Morien-
val, les vitraux d'Orrouy qui doivent être attribués au xvr siècle,
la statue de saint Jean en argent à Sainlines, de la même l'poque;
l'inscription funéraire d'une femme, du xm" siècle, et deux statues
de la même date à ïrumilly; une croix en fer forgé du xiii" siècle,
à Borest; une tombe du xiiT' siècle à Nanteuil-le-llaudouin, où le
tombier a figuré la mère et l'enfant; des fonts m('lalli(|ucs du
w" siècle à liaïay, les pierres tombales de lliilly, la tombe de l'iançois
Varoquiorà (loiiriciiil, cl les vilraux de Sainl-Firmin,([iii soni pput-
êlre sortis de Palclier de Jean Soiddoier, peintre verrier à Seidis.
M. DE Marsv fait remarquer >[ue les instruments décrits par M. le
chanoine Muller sur une rieC de voûte de l'église de Crécy repré-
sentent les outils de la corporation des peigneurs de laine et non
pas des ciseaux de perruquier.
M. DE Vesly rend compte des fouilles qu'il a entreprises, de con-
cert avec M. Quesné, au catelier de Criquebœuf-sur-Seine (Eure).
Les deux archéologues ont trouvé des murs en ])etit appareil avec
cordons de briques plates, des fibules, un sanglier en bronze, une
réglette qui porte des divisions et qui doit être un calibre de
maçon. Cette petite règle mesure un demi-pied romain, ce qui cor-
respond à la hauteur des moellons.
M. QuESNÉ décrit les 180 monnaies romaines découvertes dans le
catelier de Criquebœuf. Cette série commencé à Néron pour finir
avec les empereurs Maximus Magnus et Constance.
M. Tabbé Bonno, de la Société d'archéologie de Provins, lit une
notice sur les aggeres de la forêt de Chénoise (Seine-et-Marne). Os
levées de terre doivent remonter à l'époque gallo-romaine. En les
coupant par une tranchée, on a trouvé des tuiles à rebord, un chan-
delier gallo-romain très élégant, une cuiller, une balance. Les
retranchements étaient flanqués de tours dont on retrouve les sub-
structions. Les fossés sont encore visibles. L'auteur signale les mon-
naies de Maxime trouvées dans ces aggeres, ce qui semble prouver
qu'on a dû les élevei- au moment de l'invasion des Francs.
M. Imbert croit que ces enceintes servaient à protéger d'anciennes
exploitations agricoles.
M. l'abbé Bonno réplique que ces enceintes sont situées au milieu
d'une forêt et M. Nicolaï déclare partager son opinion, en ajoutant
quelques considérations sur les anciennes moites de l'Agenais.
M. Imbert déclare qu'il fait toutes ses réserves sur les observa-
tions de M. Nicolaï.
M. LE Président s'engage à faire mettre la question à l'ordre du
jour l'année piochaine.
\.\ Ml
M. Nreo-DouTRELir.N'E. do là Sociolo d'*énnil.ition (io (Ininhi-rti, lit
une t^tud'o sur les vieux remparts de tlambrai el sui- les dd!)ris que
les travaux do do'manlolomeul viennouf do uiellre au jour. L'aucieu
ohàteau de Cambrai reuionte au \i° sioolo; sou plau a la Ibruu;
d\iu peulaffoue flanqué de tours. La tour du Coudrou, construite
au xiv*" sioole, se romposod'unv> partie sonii-ciictilairo laisaul saillie
sur le mur. A Tinlérieur, une belle salle voûlo'o sur brandies (rogivos
conserve son caractère primitil". La clef do voùlo, oinéo de figures,
ol la disposition des meurtrières me'ritont (ratliror ralloutiou. (les
ouvertures ont la forme d'une croix. La construction do Tescalior
est très soignée.
La tour des Arquets était destino'e à la défense de TEscaut et
renfermait dos vannes pour régler le niveau du fleuve. Le passage
était défendu par une tour bâtie de Tautro côté. En examinant les
mâchicoulis, on peut attribuer la tour des Arqnels au xiv" siècle. La
salle intérieure est bien conservée et sa voûte d'ogives ressemble à
celle de la tour du (îoudion. Une belle tête de Cbiist se détache
sur la clef. M. Nicq-Doutreligne décrit ensuite (Juehjues autres tours
de renceinto do Cambrai malheureusement décourounéos, sauf la
tour d'Abaticourl , ([ui a conservé son aspect primitif. Il émet le
vœu que ces trois tt)ui», le château et les Sculptures découvertes
pondant la do'molilion des romparis soient conservées.
Le Congrès s'associe au vo'u de M. Nicq-Doutroligno et proleste
contre la démolition des trois tours de l'enceinte de Cambrai, qui
préseuleni un grand intérêt pour rarchitecture militaire du xiv* siècle.
M. Charles Lucas indique l'intérêt de la porte Notre-Dame à
Cambrai, (|ui présente un curieux spécimen de l'architecture espa-
gnole an xviT' siècle.
M. Jules Gautphieh , archiviste du DoUbs, fait une con»munication
sur les deux cathédrales de Besançon. Il étudie successivement, à
l'aide do nombreux documents gi'apliifptos, le plan primitif do
l'église métropolitaine et de ses annexes et ses trauslbi-mations du
vin'' au xni' siècle. Saint-Jean , l'église mère, fut élevée aux dépens
des temples romains et du forum do Vesoutio, comme riudi(|uenl
les débris do sculpture luifouis dans les fondations. L'archevêque
Berno (797-838) reconslrnisil la cathédrale primitive en l'entou-
rant de cloîtres et de maisons canoniales qui rappellent les dispo-
sitions du plan de Saint-Gall. nii;;iios I"' restaura l'édifico do 10.^1
LIX —
à toi')'], puis la cathédraie l'ut rebâtie dans la prpmi(TP moitié dn
xii^ siècle. Le pape Eugène III la consacra en 11/18, et les cloîtres
furent reconstruits au xiii" siècle, M. Gauthier rappelle que rédifice
renferme un chœur en hémicycle à chaque extrémité, comme les
églises romanes des bords du Rhin.
L'autre cathédrale, celle de Saint-Etienne, fut rasée par Vauhan
de 1674 à 1690, mais M. Gauthier en a retrouvé le plan au Bri-
tish Muséum. Il rappelle que ce monument se composait d'une nef
unique et d'une abside voûtée en cul de four. La construction, com-
mencée vers 1025, fut terminée vers 1067. mais on conserva des
parties de là cathédrale précédente fondée au \^ siècle (''.
M. l'abbé Brune, de la Société d'émulation du Jura, décrit le
château du Pin (Jura), qui fut bâti dans la seconde moitié du
xv*" siècle par Guillaume de Vaudrey et par Lancelot , son fils. Ce
château se trouve à l'extrémité d'une colline; son enceinte, flan-
quée de six tours, vient rejoindre un donjon carré, qui mesure
18 mètres de côté et qui est divisé en quatre étages. La grande
salle renferme une petite chapelle prise dans l'épaisseur du mur et
une grande cheminée à moulures prismatiques et à manteau plat
décoré d'armoiries peintes. A la clef de voûte de la chapelle, on
voit un écusson aux armes de la famille de Vaudrey. Au sommet
du donjon, un double rang de modilîons servait de mâchicoulis
avant l'établissement de la toiture (-).
M. RiDEL, architecte du département de la Mayenne, retrace
l'histoire de l'abbaye de Fontevrault , fondée par Robert d'Arbrissel
en 1119 et métamorphosée aujourd'hui en maison de détention. Il
décrit les dispositions du monastère au xii^ siècle, en donnant de
nombreux détails sur l'emplacement des bâtiments primitifs. La nef
de l'église fut édifiée vers 1126 et le chœur renfermait le tombeau
du fondateur. Le grand cloître, le réfectoire, le dortoir, entouraient
l'église. L'auteur rectifie les erreurs commises par beaucoup d'ar-
chéologues sur l'emplacement des bâtiments monastiques. Dans
l'église, M. Ridel décrit la disposition de la seule coupole encore
intacte, en insistant sur les particularités de son appareil. L'édifice
est malheureusement coupé par des planchers modernes. Les statues
^" Voir ci-après , p. 198, le texte de cette communication.
'•^^ Voir ci-après, p. Sai, le texte de ce mémoire.
irficiiii II. (le liii|i;ii(l (iiPiii (lo Lion cl dl J('(in(H'(' do (invcnnc,
(jui- rcnuMiloiil an xiiT' sirclc. oriiiiicnl aiilrclois rc'fjlisc.
M. Ridel scfloroo do rocoiistituor la lorino dos arcados du {|raiid
cloître et précise les dates des mulilalions (jui ont défi<|iiré oollo
iiia<;niri(|iio abbavo. Los ruines do la petite oj>lise do Sainl-Jîenoil ,
la tour d'Kvraull , (|iii doit être ronsidorée oninino une cuisine, pré-
sente des dispositions fort intéressantes. On sait que certains ar-
chéolo{|ues avaient regardé cette tour comme imc cliapello funé-
raire. Mais M. Ridel décrit la xéritable cliapollo qui était alVectée à
celte destination dans ral)baye. Il e'met le vœu que des mesures
nrjjentes soient prises pour restaurer un des pins beaux spécimens
do rarcbitecturo nionasti((uo laissé dans un dé[)lorabIe abandon.
M. labbi' Hahdki. lit une étude sur la Sainl(»-(iliaj)elle du châ-
teau de Blois. dette chapelle, placée sous le vocable de saint Calais,
fut construite par François T", en même temps que la grande aile
du château. L'auteur rappelle que certains archéologues en ont at-
tribué la fondation à Louis XII, mais il estime que c'est une erreur
et cherche à justifier son opinion en analysant un me'moire daté do
i653, qui renferme de précieux renseignements sur riiisloiro el
sur les ornements (\e cette chapelle.
M. Tabbé Hardel déciil ensuite les fondations de rancienne église
de Tabbaye de Notre-Dame de Bourg-Moyen, à Blois, détruite en
i8o(). Ces ruines viennent d'être remises au jour par l'entrejjreneur
qui construit le nouveau marché couvert. Grâce îi d'anciennes des-
cii|)tions, l'auteur restitue les dispositions de la nef, du transept,
du chœur et du déambulatoire. Ce curieux édifice remontait an
xif siècle, comme l'indiquent quelques fenêtres romanes de Tahsidc
englobées dans des maisons modernes; mais au xiii* siècle l'église
avait été remaniée, et ses voûtes n'étaient pas antérieures au
xv" siècle. Le clocher, qui devait appartenir au xii" siècle, ressem-
blait à la tour do Saint- Nicolas.
M. Charles Magne, secrétaire général du Comité d'études histo-
riques et arclu'ologiquos ::la Montagne Sainte-Geneviève^, donne
lodnro dune notice sur les fouilles faites en i8()(i au pied du unir
d'enceinte de IMiilippe Auguste, à l'angle de la rue Clovis et do la
rue du Cardinal-Leuioino,
C'est là (|uo sc'lève le seul fragment ap|)arent (|ui nous reste de
LXI
ce vieux rempart. On s'étail occupé cle'jà de celle {jnuule niuiaiHe;
maison nen connaissait pas les parties intérieures: le bas rein[»arl,
le chemin de ronde et les losse's, (jue des travaux d'excavation ont
permis de déterminer très exactement a\ant (jue les terrassiers
aient commencé leur- œuvre de destruction.
M. Charles Magne a joint à sa notice un plan sur lequel il a tracé
un profil indi([uant le mur de Philippe Augnsie, le bas rempart, le
chemin de ronde et la contrescarpe de l'ancien fossé. Toutes les
cotes de hauteur sont fidèlement rattachées au niveau de la mer.
L'auteur communique au Congrès les monnaies et les poteries
romaines trouvées dans les fouilles, ainsi que les photographies
prises au cours des travaux de déblaiement (''.
M. Maxe-Werly, de la Société des lettres, sciences et arts de
Bar-le-Duc, lit un mémoire sur l'ornementation du foyer depuis
l'époque de la Renaissance. Il rappelle ses études antérieures sur
cette question et les différents types de plaques de foyer conservées
dans les musées. M. Maxe-Werly insiste sur l'intérêt des contre-
cœurs de cheminée au point de vue héraldique et décrit de nom-
Ijieuses plaques aux armes des familles du Barrois. Il recherche à
quelle époque on a commencé à fondre des plaques de foyer dans
le Barrois et signale la fonderie de Cousances, en pleine activité
dès le xvj'' siècle, comme l'un des ateliers qui ont produit des plaques
d'un caractère particidièrement artistique au wi*" et au xvii" siècle'-'.
M. GuiGXARD fait une communication sur une ville préhistorique
découverte sur le territoire de la commune d'Averdon (Loir-et-Cher),
dans la vallée de la Pierre-Longue, près des Maisons-Rouges et de
l'Etang-du-Roi.
M. LE Président, après avoir remercié les membres du Congrès
de leurs intéressantes communications, leur donne rendez-vous à
l'année prochaine.
La séance est levée à û heures.
Le Seciétaire de la Section d'archéologie ,
R. DE Lasteyrie,
Meml^re du Comilé.
''' \ oir I»' iL'xtc (le ceUc milice ri-apW's, p. l'iij.
'-' Noir ci-iipri's, p. oabî, le texte île le mémoire.
LXll
SU^Œ (iENEHALE DV i>/i AVUIL 1897.
IMîliSlDKNCK DE M. ALKinî!) HAMIÎAUD,
MINISTUE DE f/INSTROCTION PUBI.lQUi:.
Le samedi -j/i jimmI a eu lieu, dans le grand ain[diilliéàln' de la
nomelle Sorhoiine, sous la piésideiice de M. Alfred Ranihaud,
ministre de riiistructioii puljli([ue et des Beaux-arts, rassemblée
générale (|ui clôt, chaque année, le Congrès des Sociétés savantes
de Paris et des déparlements. Le Ministre est arrivé à 2 heures,
accompagné de M. Me'line, président du Conseil, (|uî avait bien
\oulu honorer de sa présence cette solennité.
Il a été reçu par MM. les membres du Comité des travaux histo-
riques et scieiitirK[ue6 et les hauts fonctionnaires d(; TUniversité.
M. Rambaud a pris place sur l'estrade, ayant à sa droite MM. Me-
line, président du Conseil des ministres; Faye, de TAcadémie des
sciences; Lyon-Caen, de Tlnstitut, secrétaire de la Section des
sciences économiques et sociales; Vaillant, secrétaire de la Section
des sciences; Hamy, de Tlnstitut, secrétaire de la Section de géo-
giaphie historique et descriptive; Tranchant, vice-président de la
Section des sciences économiques et sociales; à sa gauch(!, MM. Léo-
pold Delisle, de Tlnstitut, président du Congrès; Wallon, secré-
taire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres;
Levasseur, de l'Listitut, président de la Section des sciences écono-
miques et sociales; Mascait, de l'Institut, vice-président de la Sec-
tion des sciences; Himly, de l'Institut, doyen de la Faculté des
lettres, membre du Comité.
MM. (iaston Paris, de l'Institut, vice-pr('sidenl de la Section
d'histoire et de |)liilologie; (îlasson, de l'inslilut; Troost, de
l'Institut; A. de Barthélémy, de l'Institut; .lujjlar, de l'Institut;
(î. Servois, directeur général des Archives nalionabîs, nuMobre (\x\
Comité; généi'al de La Noë, membre du (comité; Bruman, seci'é-
taire général de la préfecture de la Sein<'; Laui<!ut, secrétaire gé-
^r^ Lxm —
lierai de k pi'éfecture de police; Gaillemer, doyen de lu Faculté de
droit de Lyon; Biuel, Bieiiaymé, Oruont, Prou, Vidal-LaLlache,
Fiédéric Piissy, de Tlnstitut, Aymonier, membres du Comité;
MM. Rabier, directeur de rEiiseignemeiit secondaire; Bayet, direc-
teur de rEnseiguemenl primaire; Gosselet, doyen de la Faculté des
sciences de Lille ; Beigeron , secrétaire perpétuel de lAcadémie de
médecine; Kaempfen, directeur des Musées nationaux; Combette,
inspecteur général de Tlnstruction publique; Doumet-Adanson,
membre non résidant du Comité, ont également pris place sur
Testrade.
Aux premiers rangs de Thémicycle, on remarquait MM. Cop-
pinger, inspecteur général de l'Instruction publique; Evellin, Frin-
gnet, Gautier, Lloubes, Pestelaid, inspecteurs d'académie; Kortz,
Fourteau, Plançon, proviseurs des lycées Montaigne, Janson-de-
Sailly et Micbelet; l'abbé Prudbam, directeur du collège Stanislas;
Laigle, censeur du lycée Louis-le-Grand ; MM. le mar([uis de Croi-
zier, Ludovic Drapeyron, Braqueliaye, Parfouru, Eugène Lelèvre-
Pontalis, clianoine Tribidez, Camoin de Vence, Gbarles Lucas,
docteur Rouire, Emile Cbevalier, Louis Audiat, baron Jules de
Guerne, Félix Tbiollier, Guesnon, Emile Travers, marquis de TEs-
tourbeillon, Ernest Chantre, Jules Finot, Léon Maxe-Werly, cha-
noine Pottier, de Marsy, Bélisaire Ledain, J.-F. Bladé, Léon Sale-
franque, Charles Lemire, Julliot, Albert Soubies, Jules Gauthier,
Lièvre, etc.
La musique du lo/i" de ligne prêtait son concours à cette céré-
monie.
M. le Ministre a ouvert la séance et donné la parole à M. Ernest
Babelon, membre du Comité des travaux historiques et scienti-
liqnes, conservateur du département des médailles et antiques à la
Bibliothèque nationale, qui a lu le discours suivant :
tr Monsieur le présid'Mil du Conseil,
«Monsieur le Ministre,
K Messieurs ,
«Notre grand moraliste, La Bruyère, après avoir raillé la Ctirio-
silé, qui fc n'est pas un goût pour ce qui est bon ou ce qui est beau,
ff mais pour ce qui est rare, unique, pour ce qu'on a et ce que les
•rautres n'ont pointn, met en scène le curieux de médailles, Dio-
LXIV
«jMÙ'l»' : - P(Mis(V.-\()us. dit-il. (\\\\\ chcrcho à s'iiislruirc par les mé-
f (iaillcs, ol (juil les re{faid«^ coniiiK' des [neuves pai'lanles de certains
-laits et (les mouunients fixes et indubitables de l'ancienne histoire?
rrien moins. Vous croyez peut-être (pie toute la peine qu'il se donne
-pour recouvrer une tête \ieut du plaisir qu'il se lait de ne voir pas
-une suite d'empereurs interrompue? c'est encore moins. Diognète
fsait, d'une médaille, \o frusl , [afelouv et \i\ Jleur de coin; il a une
r tablette dont toutes les places sont garnies, à re\ce[)tion d'une
-r seule : ce vide lui blesse la vue, et c'est })iécis('ment, et à la lettre,
-pour le icniplir ([u'il emploie son bien et sa vie. w
f- Cette mordante satire emprunte encoi'e un surcroît d'ironie à la
place qu'elle occupe dans le chapitre de la Mode, où le curieux des
monnaies anciennes a son rang marque entre le fleuriste ffqni a
-pris racim^ au milieu de s(>s tulipesr, l'amateur de prunes et le
collectionneur de papillons et de serins.
tfLa Bruyère, Messieurs, tout en rustigcant de la belle laçon les
frivoles anticpiaires de son temps (jui posse'daient des médailliers
[)Our être à la mode, a donne; en deux mots, avec le bon sens qui
caracte'iise le g(;nie, la de'tinition de ce que doivent être les mon-
naies anciennes pour tout esprit sérieux et e'clairé : rrdes preuves
r? parlantes de certains faits, des monuments lixes et indubitables
"de l'ancienne histoire r'.
"(jC n'est pas dans une ;issenil)l(M' d'('lite comme la \(jtre, Mes-
sieurs, dans celte rcMinioii solennelle des savantsde la France entière,
dans ce \aste amphithéâtre de la science, (pie la démonstration de
celle \('rit(' devraitêtreprésenl(''e,si je ne m'étais simplement propose'
[K)ur but de me faire, en peu de mots, I interpivfe de voire réponse
au public (|ui, d'ordinaire, visite, pour se distraire, nos musées de
province et qui voit, sans en bien comprendre l'utilité scientifique,
les lépidoptères et les serins empailh's, parfois même des herbiers
où la tulipe est en honneur, côtoyer une vitrine plus humble, où
quelques médailles, les unes frustes, les autres à Heur de coin,
ont mar(|U('' leur silhouette au milieu d'un champ de poussière pro-
tectrice. Il est tenté de considérer cette s('rie numismalique comme
un amas de ])elites curiosil('s, des s[)écinicns d'un genre d'objets
<(u il l'sl bon d'avoir parce (ju'il faut un [»eii de l(uil dans un musée
bien compris; des ('chantillons d'un rang à |)eine un peu plus re-
lev('; (|U(; les collections \oisines d'ex libris , de limbics-posle ou de
boulons (I MMilornies.
LXV
rrCe qui. d'ailleurs, explique celte opinion d'une partie du pu-
blic, c'esl qu'il se rencontre encore aujourd'hui, avouons-le, parmi
les amateurs de monnaies anciennes, pas mal de Diognètes, les uns
spéculateurs intéressés, les autres ignorants autant que passionnés,
à la merci des brocanteurs et des faussaires, qui sont, en face de
leur propre médaillier, comme l'amateur de livres qui ne lit jamais,
ou comme un voyageur qui ne prendrait pas de notes au cours de
ses pérégrinations. J'en connais qui, ne s'attacbant qu'au petit côté
de la numismatique, sont au comble de la joie lorsqu'ils ont ren-
contré une incorrection dans une légende monétaire, ou bien une
tête impériale tournée à droite au lieu d'être à gauche, pareils en
cela au bibliophile transporté d'aise quand il a découvert, dans la
bonne édition d'un vieux livre , les trois coquilles typogra])hiques
qui ne se trouvent pas dans ia mauvaise.
trEt puis, un esprit superficiel est naturellement porté à assimiler
les monnaies anciennes à celles qui circulent journellement dans
nos mains, et il ne saisit guère de quelle utilité seraient ces der-
nières pour e'crire l'histoire contemporaine.
ftNous verrons tout à l'heure, Messieurs, que cette assimilation
n'est pas entièrement conforme à la réalité; mais, si vous le voulez
bien, acceptons-la provisoirement et plaçons-nous, par rapport à
notre nume'raire circulant, dans la situation oij nous nous trouvons,
par exemple, vis-à-vis des monnaies que nous ont laissées les Ro-
mains et les Grecs.
ff Transportons-nous par la pensée dans un avenir lointain; fran-
chissons les siècles et supposons que dans deux mille ans d'ici des
savants cherchent à reconstituer l'histoire de notre civilisation,
alors que le tempus edax reriiin aura englouti nos monuments de
toute sorte, et qu'il ne restera plus, de nos œuvres de l'art et de
l'intelligence, que des ruines, des débris et des tombeaux : voici
tout à coup un numismate de ce temps, il y en aura toujours, entre
les mains duquel tombe une pièce de 5 francs au millésiuio de 1878.
Que lui apprendra cette monnaie? Il est aisé de démontrer qu'armé
de la critique la plus rigoureuse, il en tirera des éléments propres
à enrichir le domaine de toutes les branches des sciences histo-
riques et économiques.
tfLa légende République française \m apprendra quelle est la forme
actuelle de notre gouvernement, et s'il a déjà langé dans son mé-
daillier un nombre raisonnable de monnaies de notre xix*" siècle, il
Archéologie. e
LXVl
coustalora ([110 iiolro roifiiuc |)i)lilinne a cliaiijfr someiil; il pourra
même jn-orisci' la dun'O do cliaciiic réjflmc, répoquc d;' nos Irop
iréquoiiles révolutions.
ff L'inscription du lovcr^, Liboilé,(''ir(tlil('', fniteniitr, lui indiquera
(inol est lidéal social que nous poursuivions, et peul-èlre (|nc l(>s
lambeaux de littérature ([ue sa perspicacité saura conlVonler avcic
cette devise lui donneront à j)r('aunier que nous avions bien en-
core quelque progrès à l'aire pour en atteindre la parfaite réalisa-
tion.
ftLe type de THerculc debout entre la Justice et TEqui té, ressou-
venir de la mytbologie romaine, lui donnera quelque idée dos ten-
dances pbilosopbi(jU(\s de notre siècle, en lui démontrant que nous
préférons ces allégories païennes aux emblèmes de notre propre
religion ou de notre histoire nationale.
ff Peut-être s'élonnera-t-il que Trascription Dieu protège la France
ait e'Ié gravée sur la tranche, dans b; voisinage de THercule; il
|)ourra toutefois, après un compliment mérite à la logique de notre
entendement, en déduire le principe fondamental de nos concep-
tions religieuses et morales.
cfLa marque de valeur 5 francs lui fera connaître notre système
monétaire s'il veut bien peser la pièce. En consultant son médail-
lier, il s'apercevra que la frappe de la pièce de 5 francs est suspen-
due chez nous depuis 1878, ce qui lui servira d'argument pour dis-
serter sur la question du monométallisme et du bimétallisme qui,
sans doute, ne sera pas encore épuisée.
ffLa suite des monnaies du xix" siècle lui permettra de mieux
comprendre la valeur réelle et relative des choses à notre époque,
d'interpréter avec plus d'assurance les complets et les marchés dont
le texte aura léussi à se conserver jusqu'à lui. Pour l'histoire de
notre dioit j)ublic, il constatera que la République française ne
donne pas à ses Présidents le droit d'elïîgie qu'ont eu nos souve-
rains. Quel jugement portera-t-il sur l'acuité et la finesse de notre
esprit s'il parvient à trouver la clef du rébus qui s'étale dans le
chamj) de nos pièces d'or, sous l'image du co(j gaulois?
ff.Ic passe sous silence, Messieurs, bien d'autres considérations,
et je vous laisse le soin de compléter par vos propres réflexions
toute la portée historique que nos monnaies actuelles, ce banal
instrument de nos échangées continuels, si pau\ro comme invention
et comme art, pourrait avoir dans un lointain avenir et dans une
LXVII
situation scientifique comparable à celle qui nous a été faite, vis-à-
vis de l'antiquité, par le temps et la révolution des siècles.
w Avant que j'aie esquissé à vol d'oiseau cette rapide comparaison,
vous aviez déjà, Messieurs, reconnu par votre propre expérience
que les monnaies anciennes sont des témoins oculaires et ofTiciels,
appelés sans relâche à déposer dans la vaste enquête entreprise, à
des points de vue divers, par l'ensemble des sciences historiques,
sur le passé de l'humanité. Voilà la raison de la présence de ces
témoins, de ces pièces à conviction dans nos musées; voilà pour-
quoi nous recherchons aujourd'hui la modeste drachme qui circula
de main en main sur l'agora, le moindre denier qu'on échangeait
sur le forum ou dans les camps, comme un document authentique,
contemporain, le seul témoin, parfois, qui nous serve à préserver
un événement historique de la profanation de l'oubli.
ffNos monnaies modernes sont fixées pour une longue période
d'années dans des types de convention qui ne changent guère; les
mêmes emblèmes et les mêmes légendes se perpétuent aussi long-
temps que dure un régime politique : on modifie seulement la date
ei les differenis monétaires.
ffTout autres étaient les usages de l'antiquité qui, presque par-
tout, a fait de sa monnaie non seulement un instrument pour les
échanges, mais en même temps une médaille commémorative des-
tinée à fixer dans la mémoire des peuples le souvenir des événe-
ments heureux de leurs annales. De là, dans les coins monétaires,
des changements incessants, une prodigieuse variété de types qui
s'accroît encore par la multiplicité des ateliers et par l'imperfection
matérielle de l'outillage qui ne permettait pas de frapper un grand
nombre de pièces avec les mêmes matrices.
ffPour le monde grec seulement, nous connaissons présentement
5oo à 600 rois ou dynastes, et près de i,/ioo'villes qui ont frappé
monnaie dans ces conditions d'inépuisable fécondité et de renou-
vellement continu , et les produits d'un grand nombre de ces ateliers
s'échelonnent chronologiquement depuis le vu" siècle avant notre
ère jusqu'au m" siècle après Jésus-Christ.
fA Rome, la diversité des types monétaires est non moins grande
et non moins instructive. Plus de 10,000 symboles différents ont
été relevés sur les deniers que le triumvir monétaire Lucius Gal-
purnius Piso fit frapper dans une seule année, en 89 avant notre
ère, et ses deux collègues dans les mêmes fonctions n'ont pas fait
I.XVIU
gravor un moins {;i;iii(l noinhro de coins. H fallail la coopération
(Kniio vcrilablc aiiucc donvriiM-s j)our luonnayiM' les espèces néces-
saires à la circulalion générale; à tel pointt[u'un jour une rébellion
ayant éclaté dans les ateliers de la Monnaie de Rome , les mone'-
laires s'y trouvaient si nombreux. (|ue la répression du désordre
coulai la vie à 7,000 soldats,
ffUne ville comme Kphèse, par exemple, IVappe monnaie durant
Tespace de huit siècles et demi et produit plusieurs centaines de
types monétaires différents. Si vous les disposez dans Tordre des
temps, vous pourrez suivre pas à pas Thistoire de Tart dans cette
ville; vous assisterez à ses débuts, à son épanouissement, à sa dé-
cadence; vous contemplerez, se déroulant sous vos yeux, l'impo-
sante théorie des dieux honorés dans cette \ille : TArtémis éphé-
sienne et ses symboles, Zeus, Yetios, Apollon Hikésios, Apollon
Ambasios; des divinités allégoricjues comme le dieu du mont Pion,
les dieux lleuves Kaystros, Kenchrioset Marnas; différents épisodes
des légendes relatives à rétablissement des Ioniens en Asie Mineure ;
Coresos, un des fondateurs mythiques du temple d'Artémis, et
jus<|u'à Heraclite, le philosophe de la mélancolie.
ff Pour riiistoire politique, nous en suivons toutes les phases par
les monnaies qui montrent Ephèse subissant tour à tour la supré-
matie athénienne ou la domination des Perses, s'allianl avec
Rhodes, Cnide et Samos, ballottée entre la tyrannie et la démo-
cratie, frappant ensuite au nom d'Alexandre, de Lysimaqne, des
Séleucides, des Ptolémées; prenant au gré de ses maîtres les noms
d'Arsinoé et d'Eurydicée, retournant à son nom d'Ephèse, ouvrant
son atelier aux rois de Pergame, affirmant son alliance avec Mithri-
date, enfin accueillant dans son ])ort la galèi'e ([ui portait le pro-
consul romain. Un grand nombre de ces événements dont le sou-
venir est consacré par les monnaies ne sont connus ou précisés que
par elles.
tfDans l'ordre économique, nous voyons Ephèse adopter tour à
tour, pour la taille de ses espèces, suivant les avantages de son
commerce extérieur, le système phénicien, le système rhodien, le
système attique; nous constatons dos associations commerciales
dont l'histoire, sans les monnaies, n'aurait nul souvenir: alliance
d'Ephèse avec Aradus de Phénicie, avec Alexandrie d'Egypte, avec
(lyzi(|ue, Smyrnc, Mytilène, Pergame et vingt autres villes: sous
nos yeux se forment et se dénouent, au gré des intérêts ou sous la
LXTX
pression des événements, ces ligues hanséatiques dont le moyen
âge n'eut pas le secret, et dont l'histoire est encore à écrire.
tf Et quant aux annales municipales d'Éphèse , les bases essentielles
en sont constituées par la série — qui s'accroît chaque jour — des
prytanes éponymes dont les noms, au nombre de près de quatre
cents, ont été, jusqu'ici, relevés sur les monnaies.
tfEphèse, Messieurs, n'est pas une exception. Parcourez, comme
Anacharsis, toutes les contrées du monde hellénique: partout,
aussi bien qu'à Ephèse, — à Smyrne, Alexandrie, Antioche,
Corinthe, Syracuse, — enfin à Carthageet à Rome, vous trouverez
dans les monnaies le reflet des commotions politiques, de l'histoire
de l'art, de la vie municipale, de l'activité commerciale, du rayon-
nement au dehors; de cette diversité d'institutions, d'usages, de tra-
ditions locales; de cette décentralisation, en un mot, qui est pour
un peuple, — l'histoire de la Grèce le démontre avec éloquence,
— la meilleure condition du progrès social.
ftSi Ephèse nous donne le nom de ses prytanes éponymes, dans
d'autres villes, la monnaie est signée par le .stratège, le gramma-
teus, leboularque, l'éphore, le tamias, l'archie'reus , le stéphano-
phore ou surintendant des sacrifices, l'agonothète ou président des
jeux publics, le théologos ou interprète des oracles, l'archiatre ou
chef des médecins; il y a même des villes oii les monnaies nous
apprennent que les femmes pouvaient être investies des plus hautes
fonctions publiques.
ff Partout les dieux et les héros de chaque contrée vivent et s'agi-
tent en des milliers d'épisodes. Jetez un regard sur la numismatique
de la Crète : cinquante villes au moins de cette île fameuse y sont
représentées, et quelle variété de types mythologiques! La nais-
sance de Zeus dans la grotte du mont Ida; Minos, le premier légis-
lateur; Thésée, le labyrinthe, le Minotaure; le géant Talos, pre'-
curseur des modernes Cretois, qui brandit une pierre et fait trois
fois par jour le tour de lîle, pour empê'ther les vaisseaux confé-
dérés des Argonautes d'y aborder.
ff Vous parlerai-je, à présent, des monnaies de la Thessalie, de la
Béotie, de l'Argolide? Ces dernières, avec Héra et ses symboles,
Apollon Lykios, le combat de Danaos et de Gelanor pour la do-
mination du Péloponèse; la touchante histoire de Cléobis et Biton
traînant eux-mêmes le chariot sur lequel leur pieuse mère est
assise pour se rendre au temple de He'ra. En Arcadie, c'est Ulysse,
L\\
armé (riiii aviron, qui cherche rhommo mystérieux que lui a dé-
signé Tirésias; à Svracuso, c'est la nymplie de laloiilaine d'Orlygie
qui a si divinement inspiré à la l'ois les poètes et les artistes gra-
veurs des coins monétaires. A Néapolis, à Térina, à Tarente, ce
sont les sirènes Parthénopé, Ligéa et le jeune Taras sauvé par un
dauphin. Vous citerai-je enfin, à une autre extréniitci du monde
grec, le géant Ascos h Damas, les tables ambrosiennes à Tyr, les
dieux syriens aux formes si étranges, au culte si monstrueux?
ff !N'est-il pas intéressant de retrouver en images , sur hvs monnaies
d'une ville perdue de la Pa|)hlagonie, Abonotheicos, le culte du
serpent qu'un imposteur du if siècle de notre ère, Alexandre,
avait réussi, à l'aide de bons tours de magicien, à introniser dans
cette contrée? Vous vous souvenez des persécutions sanglantes que
les rois de Syrie, surtout Antiochus IV Epiphane, firent endurer
aux Juifs réfractaires, et les déportations qui s'ensuivirent. Des la-
milles juives furent ainsi transplantéesjusqu'à Apamée, en Pbrygie :
elles finirent par s'accommoder de cet exil, oij elles prospérèrent
tant et si bien que, trois cents ans plus tard, au temps de Septime
Sévère, elles y avaient acclimaté les traditions bibliques elles-
mêmes. On racontait que l'arche de Noé s'était arrêtée au plus
haut sommet des montagnes voisines, et pour que personne n'en
pût douter, des monnaies furent alors frappées, sur lesquelles on
voit Noé et sa femme dans l'arche, et donnant à la colombe son
libre essor.
ff A peu près tout ce que nous savons des tribus de la Macédoine
et de la Thrace avant Philippe — les Bisaltes,les Edones, lesOdo-
màntes, les Odryses, les Paeoniens — nous est révélé par leurs
grandes et curieuses monnaies, d'un art si rude, si vigoureux, si
expressif Ailleurs, c'est le nom d'un fleuve, comme le Rhéon, à
Hipponium, ou celui d'un port, comme ie Lacydon, à Marseille,
qui nous sont révéb's, ou bien c'est le nom même d'une ville et de
son emplacement. Une quinzaine, au moins, des rois de la liac-
triane ne nous sont connus que par leurs espèces. La chronologie
des rois de Sidon, de Byblos et des villes de file de (îhvpre n'a pu
être constituée (|ue par les monnaies. L'histoire des dynastes delà
Cilicie, de la Pamphylie, de la Lycie, de la (îarie, de la Cappa-
doce, n'a ]tas de plus solide fondement que les monnaies qui com-
plètent, éclairent le récit des auteurs et permettent de vérifier leurs
assertions plus ou moins controversées.
I.XXl
ff Vous vous rappelez que Thémisfocle, convaincu de trahison, dut
quitter la Grèce et se re'fugier sur le teri'itoire de l'empire perse.
Arta\er\ès, dit Plutarque, accueillit avec empressement le générai
athénien, et, pour le récompenser d'avoir déserté la cause hellé-
nique, il lui donna trois villes d'Asie Mineure, qui lui fournirent,
l'une son pain, l'autre son vin et la troisième sa viande. On pou-
vait attribuer à ce re'cit traditionnel un certain caractère légendaire
qu'un historien austère eût été tenté de répudier : quelle ne fut pas
la joie du numismate entre les mains duquel, il n'y a pas quarante
ans, tomba une monnaie d'argent portant le nom de Tliémistocle,
et frappée à Magnésie, l'une des villes données par le grand roi à
rillustre fugitif?
«Cent vingt-trois ans avant notre ère, le roi de Syrie Alexandre
Zebina, assiégé dans Antioche et réduit aux expédients, prit le
parti d'aliéner, pour payer les troupes qui lui restaient , le trésor
du temple de Zens, et il alla jusqu'à enlever la Victoire en or
massif que la statue colossale du dieu tenait sur sa main tendue en
avant. Il essaya même, raconte Justin, de justifier ce sacrilège par
une raillerie en disant qu'il acceptait la victoire que le dieu dai-
gnait lui offrir. Y avait-il dans ce récit quelque amplification anec-
dotique de la part de l'auteur latin? On pouvait le soupçonner
jusqu'à l'époque toute récente où il m'est parvenu un exemplaire
de la monnaie d'or que Zebina fit frapper; elle a pour type la statue
même de Zens tenant la Victoire d'or sur sa main, et le caractère
exceptionnel de cette pièce est encore mis en évidence par l'absence
de tout monnayage d'or en Syrie, avant comme après Zebina.
tr Quand Mithridate, voulant chasser les Romains de l'Orient, fil
alliance avec Ephèse, avec Athènes, avec les Italiens même, les ré-
voltés de la guerre sociale, il envoya des subsides en or à tous ses
alliés pour les aider à faire leurs préparatifs de guerre; nous pos-
sédons de rares pièces d'or d'Éphèse, d'Athènes et des insurgés ila-
lioles qui sont, dans nos médaillieis, les irréfragables témoins du
projet vaste et hardi qu'avait conçu le génie du redoutable adver-
saire de Lucullus et de Pompée.
rA qui la reine Philistis de Syracuse doit-elle sa célébrité, sinon
à ses monnaies, oij elle nous apparaît gracieuse et voilée comme
une madone de la Renaissance ? Que saurions-nous de la plupart
des villes de la Sicile et de la Grande Grèce avant Pyrrhus et les
guerres puniques? Fort peu de chose, sains ces admirables séries
LXXII
iiiont'laiies qui racontent leur fondation, leurs léjjendes, leurs an-
nales, les jeux publics (]u\'lles célébraient périodicjuement comme
nos Kxposilions uuivers(>lles ou réjjionales; leur art enfin, si l'écoud
dans ses conceptions, où toujours la grâce exquise s'allie à la no-
blesse de Texpiession, à la pureté des lignes, à récjuiiibre parfait
de la composition.
?f Comment parler dignement devant vous. Messieurs, de ces mé-
dailles que vous connaissez tous, que les (Irecs ont faites si belles
et qu'ils ont, mus par un sublime instinct d'immortalité, jetées à
poignées, comme un solennel défi aux artistes de tous les âges
futurs; de ces médailles dont le cbarme intraduisible émeut tou-
jours, soit qu'on se contente des iuq)ressions fugitives et superfi-
cielles du dilettante, soit qu'il s'agisse des études approfondies de
l'érudit. Ne vous semble-t-il pas. Messieurs, que la Grande Grèce
et la Sicile étaient alors le t'iéàtre merveilleux d'un miracle qui ne
s'est renouvelé qu'une fois dans les annales de l'bumanité: c'est à
lépoque de la Renaissance, alors que chaque ville, chaque bour-
gade de l'Italie avait ses écoles d'artistes en tous genres et ses Mé-
cènes, assistait à cette émulation d'ateliers, source du progrès, qui
a fait éclore tant de chefs-d'œuvre éternels?
rr OEuvres d'art par elles-mêmes, les monnaies antiques nous con-
servent l'image et le souvenir des autres œuvres d'art, dans le do-
maine de la sculpture ou de l'architecture. Les primitifs essais de la
sculpture grecque, ces bornes plus ou moins grossièrement équarries,
images des dieux dont on voyait encore, du temps de Pausanias,
des échantillons traditionnellement conservés dans les plus vieux
sanctuaires de la Grèce, ces brutales et curieuses images, dis-je,
nous les voyons reproduites sur les monnaies. A Byzance, Apollo-
nie, Mégare, c'est le cippe allongé, la première image de l'Apollon
des carrefours; à Pergé, à lasos, c'est Artémis sous l'aspect d'une
]joupée enfantine affublée d'ornements.
t: Voici venir, à présent, des représentants des dillérentes écoles.
Le premier sculpteur de l'école d'Egine, Smilis, avait exécuté pour
i'Héraion de Samos une statue que nous montrent les monnaies de
lile. Un tétradrachme athénien nous donne quelque idée de ce
qu'était la fameuse statue d'Apollon, érigée à Délos, par Tektaios
et Angelion. L'Athena Chalcid'cos de (jitiadas, l'Apollon Didyméen,
œuvic d(; (Janachos, le Zeus llhomatas du chef de l'école argienne,
Agcladas; le groupe des Tyranoctones, exécuté en bronze par An-
LXXIII
ténor, au lendemain de la chute des Pisistralides, figurent sur des
monnaies qui supple'ent aux descriptions des auteurs et nous aident
à restaurer et à identifier les débris de sculpture épars dans nos
musées. Vous y retrouverez pareillement les plus renommées des
œuvres de Mvron, de Polyclète, de Calamis, de Phidias, de Praxi-
tèle, de Bryaxis. On a invoqué avec profit des types mone'taires
à l'appui des restitutions qui ont été tentées de la Vénus de Milo ;
et, quand sont venus au Musée du Louvre les débris de la Vic-
toire de Samothrace, ce sont les beaux tétradrachmes de Démé-
Irius Poliorcète qui ont donné une certitude scientifique îi l'as-
semblage de cet admirable morceau et en ont fixé rigoureusement
la date.
«Que de monuments d'architecture seraient, sans les types mo-
nétaires qui les reproduisent, à la merci des restitutions fantai-
sistes de notre imagination ! Ici, nous voyons le temple d'Aphrodite
àPaphos, avec son pylône, son parvis, son vaste péribole entouré
d'un portique, et, au fond du sanctuaire, le bétyle, image de la
déesse, autour duquel voltigent les colombes sacrées; là, c'est le
temple non moins fameux du mont Garizim, rival de celui de Jé-
rusalem, sur les cendres duquel les Samaritains de nos jours vont
encore accomplir leurs pieux pèlerinages.
«Voici le temple rond de Mélicerte,à Corinthe; celui de Baal,à
Emèse; d'Astarté, à Byblos ; de Vénus, à Éryx, sur une montagne
à pic dont la base est entourée d'une muraille, comme une forte-
resse; voici une vue de l'Acropole d'Athènes, avec l'Athena Proma-
chos et la grotte de Pan; une vue des ports de Sidé, de Corinthe,
d'Ostie; tous les monuments de Rome défilent sous nos yeux : les
temples de Jupiter Capitolin et de la Concorde, avec leur toit sur-
monté de statues, les temples de Janus, de Vesta, de Vénus; les
basiliques Emilienne et Ulpienne. A Tarse, c'est le monument sin-
gulier appelé tf Tombeau de Sardanapaler ; à Lyon, c'est l'autel
de Rome et d'Auguste; à Antioche, sur le Méandre, c'est un pont
gigantesque dont les piles sont surmontées de statues; ailleurs ce
sont des théâtres, des thermes, des viaducs, des arcs de triomphe,
des forteresses. De quelque côté que nous tournions nos regards,
c'est comme un panorama gigantesque où les graveurs des coins
monétaires ont. rassemblé, pour nous en garder le souvenir, tous
ces monuments où le temps et la barbarie devaient porter la sape et
le marteau. Prenez en main la description de la Grèce par Pau-
sanias et ra[)proclioz-on, rlieniin fnisiiiil , les médailles di; cliaquc
viHo; \()us jii'fei'oz roi)il)ion la narralinn s'ôclairc et pioiul, dans
celle illuslralion, une pliysinnnoinie aniinée; coml)ieii le laii{;a{|e
des images, si petites qu'elles soient, parle mieux à notre intcUi-
fjence cpie la description littéraire la plus lidMe et la plus (hWe-
loppt^e.
ff Vouiez-vous savoir ce (prêtaient les vaisseaux des anciens ? c'est
par centaines que les monnaies grecques et romaines vous eu mon-
trent les variétés et le gréement: vous y reconnaîtrez parfois jus-
qu'au céleusle assis à la poupe et battant des mains pour donner aux
rameurs le rythme de leuis chants et la cadence de leurs mouve-
ments. Un hisfoiien militaire désire-t-il se rendre com|)to du chan-
gement de lacti(]ue préconisé par l'Athénien Cliahrias : qu'il regarde
la moniuiie de Clazomène, oi'i l'hoplite grec e^t figuré un genou
en terre, la lance en arrêt et se couvrant de son bouclier. L'archer
Cretois, le frondeur baléare, le cavalier numide, le h'gionnaii'C l'o-
main,les chiens de guerre du roi des Arvernes, lîituit, les élé-
j)hants de Pyri'hus et d'Annibal forment cent variétés de types mo-
nétaires.
ffLes modes vous intéressent-elles? Voulez-vous connaître les
transformations de la coiffure féminine en Grèce ou à Rome, et les
suivre, pour ainsi dire, à cha(|ue printemps, comme dans un jour-
nal pai'isien ? Voyez, par exemple, les monnaies de Syracuse, ou
celles des impératrices romaines, et vous serez émerveillés de l'in-
fini variété, de la science, de l'ingéniosité de ces édifices capil-
laires, toujours élégants, parfois artificiels, entremêlés de perles
et de pierreries , soutenus par des sphendonés, des résilles, des
bandelettes, des diadèmes , et (jui justifient si bien ce mot d'Ovide,
quil serait plus aisé de compter les feuilles d'un chêne ou les
abeilles de THybla que les variétés de coiffures imaginées par les
raffinements de la co(pietlerie; mais nous nous refuserons à croire
— parce que les monnaies n'en disent rien — cet autre poète latin
qui accuse des matrones romaines de fra])per jusqu'au sang de
malheureuses esclaves, pour une seule boucle mal agencée dans
l'c'cliafaudage de leur chignon.
f Citerai-je, à présent, des traits de mœurs et de caractère, des
jeux de mots, dos scènes familières? Considérez, par exemple, la
suite nombreuse des monnaies de la République romaine. Des ma-
gistrats s'exercent parfois au calembour et au rébus: AntistiusGra-
LXXV -=
gulus fait graver un geai sur ses coins monétaires ; Malleoius y
place un maillet; Furius Crassipes, un pied difforme; Voconius
Vitulus, un ^eau. C'était de l'esprit facile. Mais que dites-vous de
ces austères démagogues, de ces amis des Gracques, de Marius ou
de Brutus, qui se forgent des titres de noblesse sur les deniers
dont ils ont à surveiller l'émission , se targuent de descendre de
rois ou même de héros légendaires: Numa, Ancus Marcius, Phi-
lippe deMace'doine, Faustulus , uniquement parce que le nom qu'ils
portent semble favoriser ces prétentions aristocratiques? Tous, ils
voudraient avoir pour ami un Horace qui leur chante :
Mœcenas , atavis édite regibus ,
et nous, nous penserons avec philosophie, et envisageant notre
histoire contemporaine, que si quelque chose a changé dans le
monde depuis deux mille ans, ce n'est pas, à coup sûr, le culte
des ancêtres, même de ceux qu'on n'a pas.
rr Après Sylla et pendant tout l'empire, quelle incomparable ga-
lerie de portraits nous offrent les monnaies! Sans eux, comment
aurait-on pu donner des noms aux statues de nos musées ? Et quant
aux revers, ils constituent, par leur varie'té et leur précision chro-
nologique, les archives officielles de l'histoire. Ln règne comme
celui d'Hadrien, par exemple, ne compte pas moins de 2,5oo re-
vers monétaires différents, qui se répartissent en i,Goo pièces
latines et 900 pièces grecques. C'est donc une galerie de 9, 5oo ta-
bleaux en miniature qui déroulent à nos regards les événements
du règne, nous initient à la vie publique de l'empereur, nous le
font suivre, étape par étape, dans ses nombreux voyages, complè-
tent le récit des historiens, le rectifient au besoin ou nous aident
à le mieux comprendre.
(fTout aussi bien que l'histoire militaire, l'histoire économique,
administrative, juridique même, trouve ici son compte de rensei-
gnements. Si Nerva rend moins tyrannique la perception de la taxe
sur les Juifs, les monnaies nous l'apprennent par leur légende:
Fisci Judaki calumnia suhlata ; s'il lève l'impôt sur le transit des
marchandises en Italie: Vehkulalione Italiœ remissa , nous disent les
monnaies; s'il crée un magasin de subsistances pour le peuple,
des deniers sont frappés avec la légende Plebei itrbanœ frumenlo
constitiito. Antonin le Pieux fonde-t-il en l'honneur de sa femme
Faustine une institution d'assistance publique : Puellœ Faustmianœ,
LXXVI
portent des pièces (jui rcprésonlent Tempereur et rimpéiatrice
accueillant des fatnilics d'iiuligcnls.
ffCe serait , Messieurs, passer en revue les fastes d(î Thistoire ro-
maine, année par année, que d'énumérer tous les revers monétaires;
et combien d'entre eux sont encore inexpli(|ués et attendent de
votre perspicacité leur interpre'tation scientilique !
ffOui de vous, en sa (jualité de membre d'une société savante,
n'a pas eu à décliilTrer (iiieUpie bronze tout encrassé de rouille? Qui
n'a eu à désillusionner quelque brave laboureur qui avait ramassé
dans son sillon une vieille pièce qu'il a prise pour le trésor dont
parle La Fontaine? Ce ne sont pas toujours, loin de là, des pièces
banales qu'on vous apporte ou que vous rencontrez cbez le bijou-
tier, et il est bon d'y regarder de près.
«C'est ainsi, par exemple, que l'année dernière un expert de
Paris mettait en vente à l'bôtel Drouot un aureits romain qu'on
venait de trouver en Egypte et qui portait le nom de l'un des
tyrans du m'' siècle, Saturninus. Que nous apprenait cette pièce
nouvelle? Les bistoriens nous disent fort peu de chose sur ce per-
sonnage, et l'on a même suspecté leur véracité. Saturnin, raconte
Vopiscus, était né dans les Gaules, au sein de cette nation agitée
et toujours prête à changer ceux qui détiennent le pouvoir [geus
homimim iiiquictissima et nvida vel faciendi principis vel imperii) —
nous avions déjà cette réputation au m'' siècle. Aurélien l'envoya dé-
fendre l'Orient contre les Parthes, mais en lui interdisant expres-
sément l'accès de l'Egypte où avaient eu lieu, naguère, des troubles
dont un général ambitieux aurait pu profiter. La pièce d'or nou-
velle frappée en Egypte nous est la preuve indiscutable que Satur-
nin enfreignit la défense qui lui était faite et se fit proclamer em-
pereur à Alexandrie, — en dépit de l'assertion contraire de
Vopiscus, qui avait un intérêt personnel à venger la mémoire de
Saturnin de l'accusation de rébellion. Voilà donc une médaille (]ui
vient contrôler et rectifier un historien romain , préciser un épisode
des annales obscures du m* siècle et, du même coup, faire tomber
les objections de l'bypercritisme allemand qui allait jus(|u'à nier
l'existence du tyran Saturninus.
«La immismatique gauloise, Messieurs, est peut-être plus inté-
ressante encore, puisqu'elle se rapporte aux origines de notre pays.
Dans tous les cantons de la France, on recueille des spécimens du
monnayage de nos ancêtres. Si vos musées en possèdent une suite
LXXVII
assez nombreuse, placez-les, suivant les liouvailles, sur une carie
ge'og^raphique et vous serez e'tonnés vous-mêmes des renseignements
que comporte cette simple disposition mate'rielle. Vous constaterez,
par exemple, que les tribus de la région danubienne frappent des
monnaies qui ne sont que de grossières imitations des tétrachmes
de la Macédoine ou des statères d'or de Philippe, père d'Alexandre;
que ces imitations se propagent graduellement à travers le pays
des Helvètes, des Séquanes, des Eduens, jusqu'aux Arvernes qui
frappent les beaux statères au nom de Vercingétorix. Vous aurez
tracé ainsi avec ces monnaies, sur la carte de la Gaule, comme
une grande et large voie que je ne puis mieux comparer qu'à la
voie lactée, au milieu de la carte du ciel : c'est le chemin suivi par
le commerce, c'est la route des Gaulois au temple de Delphes, c'est
la ligne de communication de la Gaule avec la Grèce, c'est-à-dire
avec l'un des grands foyers de la civilisation antique. Et jugez de
quelle utilité scientifique peut être une pareille constatation pour
éclairer des textes plus ou moins obscurs, ou expliquer certaines
découvertes archéologiques ! D'autres monnaies gauloises vous diront
le rayonnement du commerce des colonies grecques de Massilia, de
Rhoda, d'Emporiae; elles vous donneront la plus riche nomencla-
ture de noms gaulois qui existe; elles vous montreront des Romains
s'insinuant lentement dans notre pays et s'y créant des alliés avant
d'en faire la conquête.
trVous savez de même. Messieurs, tout le parti que la philologie
et la géographie ont tiré des 1,200 noms de localités et des 2,600
noms de personnes qu'on a jusqu'ici relevés sur les monnaies mé-
rovingiennes; plusieurs d'entre vous, enfin, ont puisé les plus utiles
renseignements sur les origines de la féodalité dans la numisma-
tique de l'époque carolingienne. Sans doute, la numismatique du
moyen âge ne saurait être comparée à celle de l'antiquité, parce
que les types monétaires s'immobilisent et que les documents écrits
sont trop nombreux pour qu'on puisse espérer combler les lacunes
historiques par les monnaies. Aussi, est-ce à un autre point de vue
qu'il faut se placer pour en tirer un parti scientifique. L'histoire
monétaire a, par elle-même, son attrait et son importance; et puis
n'est-il pas nécessaire à l'historien et à l'économiste, par exemple,
de savoir exactement ce qu'étaient les variétés d'espèces monétaires
qu'ils trouvent mentionnées dans les textes : le parisis, le tournois,
l'agnel , le florin, le franc, i'esterliu , le gros, lapougeoise , le ducat,
LXXVIII
ie8e(|uiii, lii pistole, le maiaboliii, pour uecltor«|u'un petit nombre
d'espèces, comparativeinont à toutes celles qui furent en usago?
Combien de jjons s'iniajjinenl que les monnaies d'or et d'argent
de Philippe le Bel sont en molal alle'ré parce qu'il est de mode de
donner à co prince l'épithèlc de Taux nionnayeur?
tf .Mais voici , Messieurs, que nous touchons au seuil des tehips mo-
dernes : le moment est venu de clore celte causerie un peu austère.
Lorsque M. le Ministre de l'Instruction publique, par une insigne
et trop bienveillante laveur, me lit l'honneur, il y a quelques se-
maines, de me désigner pour prendre la parole dans cette solen-
nelle réunion et voulut bien m'inviter à occuper cette place oij
m'ont précédé tant d'hommes éminents ou illustres, je me suis de-
mandé, non sans in(|uiélude, de quel sujet je pourrais vous entre-
tenir. Au risque de paraître prêcher pour mon saint, j'ai pensé à
faire de la numismatique le terrain neutre sur lequel toutes les So-
ciétés savantes ne refuseraient pas de se rencontrer et de se donner
la main. Figure de second plan, la numismatique se plaît à être
l'humble servante de toutes les branches des sciences historiques
qui ont en vous leurs représentants les plus autorisés. En ce temps
de recherches précises et de sévère critique, où chacun est forcé de
s'enfoncer dans une spécialité étroite, parce (|u'il vaut mieux être
profond sur un point que superficiel en toutes choses, une col-
lection de monnaies anciennes est la source historique où chaque
spécialiste est assuré de trouver quoique élément utile à ses recher-
ches. Voilà pourquoi je souhaiterais de voir les sijries numisma-
ti(|U('s se développer dans nos musées de province; tout le monde
y trouverait son profit: artistes et historiens, érudits et dilettantes,
économistes, ge'ogra])hes, philologues, moralistes; car ce micro-
cosme des médailles — j'aurais voulu le dcMiiontrer plus ample-
ment — est bien la plus complète et la plus fidèle évocation du
passé (jue nous procurent les sciences hisioiicjiies.
ff ^'avons-nous pas, Messieurs, tous tant (jue nous sommes, pris
plaisir, dans notre jeune uge, à feuilleter maintes et maintes fois
(|uel((u'une de ces lîibles d'images ()ui, en nous bei'çant des plus
délicieux récits, nous initiait à la culture intellectuelle et morale?
Eh bien, Messieurs, je coiii|)arerais volontiers un médaillier aune
Bible d'images; et si l'Histoire . comme l'a d(;finie Michelet d'un
njot sublime, eslurie résurrection, une suite de médailles anciennes
est la résuirecliou du passé par les images.^
LXXIX
M. le Ministre a pris ensuite la parole en ces termes :
tr Monsieur le Président du Conseil,
tf Messieurs,
"Il y a cinq mois, dans celte même salle de la nouvelle Sorbonno,
nous inaugurions, en pre'sence de M. le Président de la République ,
le régime nouveau que la loi de juillet 1896 a institué pour notre
enseignement supérieur, le régime du groupement des facultés en
universités presque autonomes.
wDe même que M. le Président de la République avait voulu, de-
vant l'Université de Paris, apporter à toutes les universités fran-
çaises ffle témoignage des sympathies nationales^, je suis heureux,
en présence des membres de ce Congrès annuel, de pouvoir donner
à toutes les Sociétés de province dont vous êtes ici les délégués, Tas-
surance des sentiments de sympathie et de gratitude avec lesquels
le gouvernement de la République suit leurs utiles travaux.
wGes sentiments datent de loin. Quand M. Guizot faisait appel
aux Sociétés de province cherchant à les réunir par un efiort com-
mun, il proclamait bien haut qu'il n'avait frnul dessein de porter
rr atteinte à la liberté, à l'individualité des Sociétés savantes, ni de
trieur imposer quelque organisation générale ou quelque idée do-
tr minante 77. Vous vous souvenez de ces paroles; elles sont, pour ainsi
dire, inscrites en tête de notre charte. Tous les ministres de l'In-
struction publique, depuis plus de soixante ans, ont manifesté le
même respect pour la liberté et l'individualité de vos compagnies.
ffEn instituant le Comité des travaux historiques, on n'a point
prétendu leur imposer une tutelle, mais uniquement, suivant les
paroles mêmes de ce grand ministre, ff leur transmettre, d'un centre
ff commun, les movens de travail et de succès qui ne sauraient leur
«venir d'ailleurs, et recueillir à ce même centre les fruits de leur
tf activité, pour les répandre dans une sphère plus élevée^i. Quant à
vos réunions annuelles, elles sont restées, suivant l'expression d'un
de mes plus récents prédécesseurs, des cr fêtes de la science libre w,
ttCe régime n'a point nui à votre activité; car aux Sociétés sa-
vantes qu'avait connues M. Guizot, les unes se rattachant par leurs
origines aux académies de l'ancienne France, les autres nées de son
temps, mais qui, pour la plupart, ont déjà célébré leur cinquan-
tenaire, ne cessent de s'en ajouter chaque année de nouvelles. Celles-
ci, en général , adoptent deg titres moins compliqués que ceux qui
I.XW
sonl consacrés par un antique usage; elies se [)roposenl un but
j)his ligoureustMucnl défini (jue los anciennes; elles se vouent |)lus
evdusivenient à lélude de telle brancln; de la science ou de Tait
lïauçais.
ff L'oqjanisalion du Coniilé central, celle de vos assises annuelles
ont du se Iranslornier pour mieux répondre à cette multiplication,
à cette floraison spontanée des Sociétés savantes de province.
rLe (-oniilé des travaux historiques es! devenu let/omité des tra-
vaux WiiylovHHies et scicntijlqncs , et votre Congrès a dû se IVactionner
en sections de plus en plus nombreuses.
tf Au temps de M. Guizot, on ne connaissait que la Section d'his-
toire et de philologie et la Section d'archéologie. Puis s'est formée
!a Section des sciences. Sous le ministère de .Iules Ferry est venue
s'adjoindre à celles-là la Section des sciences économiques et sociales.
La création d'une Section de géographie a coïncidé avec la splendide
expansion de notre empire colonial. La Section des sciences, à son
tour, s'est subdivisée, et nous comptons parmi les sous-sections
celle de médecine et d'hygiène et celle de ])botographie. Toutes les
salles dans cette vaste Sorbonue sont occupées par vos séances mul-
tiples et simultanées; la durée du Congrès a dû être portée à quatre
jours, à raison de deux séances par jour. Enfin, la re'union des So-
ciétés des beaux-arts des départements, qui a dû adopter les locaux
de l'École des beaux-arts, forme une sixième section de ce grand
congrèï; vraiment national.
rSi j'invoquais tout à l'heure le souvenir d'une autre solennité
intellectuelle, celle du 19 novembre 1896, c'est que, à mon senti-
ment, ces deux grands faits, le groupement des facultés en univer-
sités régionales et l'importance croissante du Congiès formé à Paris
par les délégués des Sociétés de province sont comme les deux
manifestations d'une même évolution.
rr D'une |)art, la science olïicielle accepte une sorte de décentrali-
sation, et nous espérons bien (jue les universités nouvelles, dont
les villes et départements appelaient de la même ardeur que nous
la fondation, y deviendront des centres puissants de rayonnement,
y trouveront de cordiales et actives sympathies, y puiseront des
éléments de force et de durée, et, en revanche, sauront, comme
elles ont déjà commencé à le faire, s'adapter aux conditions de la
vie locale, aux besoins intellectuels, scientifiipies et économiques
des régions qui les ont adoplcies de si grand cœur; d'aulre part, la
lAXXI
science libre que vous représentez, en acceptant une certaine cen-
tralisation, à la fois compatible avec la liberté et Tindividu alité de
vos sociétés et nécessaire à leur développement scientirupie, devien-
dra comme les sections d'une immense atelier de travail en com-
mun et comme autant d'officines où s'élaboreront et se. renouvelle-
ront les éléments de la science nationale. Et ainsi, comme par
TefTet d'une puissante circulation, sans cesse la vie affluera au cœur
de la France pour être ensuite distribuée avec une intensité nou-
velle dans tous ses membres; universités régionales, Congrès na-
tional des Sociétés de province, c'est parce double organisme que
sera conjuré ce qu'ont tant redouté nos devanciers : la pléthore au
centre et l'anémie aux extrémités.
T Si nous espérons beaucoup des universités régionales , nous n'en
sommes plus aux espérances pour vos sociétés et pour votre Congics.
J'ai pu suivre les travaux de vos sections grâce aux comptes rendus
insérés au Journal officiel. J'admire le grand nombre des travaux vrai-
ment utiles qui ont été lus dans les séances, la variété et la fécon-
dité de vos recherches, la vive lumière qui s'est dégagée de vos
discussions.
reDans la Section d'histoire, votre éminent président constate
cries progrès de la critiquer, ft l'emploi des meilleures méthodes w,
le dévouement de tous à la science. Qu'il me soit permis, après
lui, de rendre hommage à l'œuvre de M'^" Pellechet: avec un dés-
intéressement qui n'est égalé que par sa vaste et solide érudition,
elle a consacré sa fortune et sa vie à rechercher dans toutes nos
bibliothèques les livres imprimés au xv" siècle et à en donner un
catalogue, dont Tapparilion est t saluée comme un événement no-
ff table dans l'histoire de la bibliographie des incunables t5.
'rJene puis, comme je le souhaiterais, signaler tant fie travaux
originaux, explorations des archives et dos dépôts de chartes, pu-
blications de lettres inédites de nos rois, études sur la vie intime
de nos aïeux, sur l'origine de certains chants populairos, sur les
diversités dans les cérémonies du mariage, etc.
ffll y a longtemps, Messieurs de la Section d'histoire, que vous
n'arrêtez plus vos études à la date de 1789; aussi vos travaux
promettent de renouveler de fond en comble l'histoire de la Révo-
lution. Cette histoire ne sera plus uniquement celle des grandes
séances de la Constituante et de la Convention, celle des constitu-
tions élaborées par la sagesse, souvent déçue, des hommes d'Etat;
ÂBCUÉOLOGIE. F
LXXXII
nous suivrons dt'sorniais dans les provinces, jusque dans les moin-
dres bourgades, le rclentissemcnl des paroles tombées de la tribune,
les elVels divers dos lois qui y furent proclamées; là nous retrou-
verons la Hévolulion, mais teintoe en (|uel(jue sorle de l'originalilé
de chaque re'gion. lout autre dans le Midi que dans TOuest, aux
prises avec les probli'ines locaux les plus divers, descendue en
(pu'lque sorte des souiinets fulgurants du Sinaï pour être vécue par
les ouvriers el les paysans des provinces do Franco.
r Dans votre Section d'archéologie, que de grandes découvertes
viennent dèlre révélées et comme notifiées au monde savant! Ce
sont les recherches de M.Bousrez sur les monuments mégalithiques
de Maine-et-Loire, les fouilles du P. de la Croix dans les fonda-
tions des temples de Villeret, de Tabbé Hamart dans la nécropole
de Mouy-Bury, les études de M, deNussac sur les fontaines sacrées
du Limousin.
rr Dans votre Section de géographie, le monde entier, les colonies
françaises, mais notamment celles d'Indo-Chine, ont tenu, comme
on devait s'y attendre, le premier rang, avec les récits de voyage
de M. Chanel, les études si précises de MM. Paulus et Lemire.
ffDans votre Section des sciences sociales, les grands problèmes
législatifs et économiques ont été discutés avec Une remarquable
couipétence, et vos travaux sur le droit d'association, la mutualité,
la liberté de tester, la recherche de la paternité, les marchés à
terme, l'état monétaire du monde en 1897, seront consultés avec
fruit par les hommes d'État.
"Vos sous-sections des sciences ne sont point restées inactives, et
notamment celle de photographie a trouvé les séances trop peu
nombreuses et trop courtes.
rr La Section des beaux-arts a justifié ces belles paroles de son pré-
sident :
cr Chacune de vos sociétés, dans sa sphère d'action. . . aura écrit
«un différent chapitre de l'histoire de l'art et ajouté une page nou-
ffvelleà la liste d(''jà longue des trésors d'art de la France.»
ff H vous a donné l'assurance que, de tant de recherches éparses
en aj)parence, coordonnées cependant par l'action du Comité et du
Congrès, on ff élèvera le monument dont vous aurez fourni les
ff pierres, une étude générale de l'art français, province par pro-
ff vince, avec l'accent et ie génie pro])re8 à chaque région, les carac-
-ftères()ui s(;rvent à les reconnaître, le sceau dont sont mar(|ués du
LXXXIII
rfNord au Midi, de l'Est à l'Ouest, les artistes et les œuvres qui y
front pris naissance t5.
ffCela est vrai de toutes vos sociétés, et de cliacune d'elles on
pourra dire qu'elle traura bien mérite', en glorifiant sa patrie lo-
crcale,. . . de la grande patrie Irançaiseiî.
ff Messieurs, cette grande pairie française veut garder la place
d'honneur qu'elle a toujours tenue dans le progrès universel. La
science française est partout à l'œuvre, hors de France comme en
France. Il vous sera certainement agre'able de passer avec moi une
revue rapide de ce qu'elle a re'cemment accompli. Dans notre
Afrique française, les fouilles de Timgad se poursuivent et, après
qu'ont e'te' dégagés les monuments publics, on s'est attaqué aux
parties moins brillantes de celte Pompéi algérienne, aux maisons
des simples particuliers , pour leur arracher de nouveaux détails sur
la vie privée des Romains d outre-mer. Sur le sol classique de l'Hel-
lade, vous savez quels résultats imprévus ont donnés les fouilles de
Delphes, toute une période inédite de l'art grec, la silhouette
étrange du Sphinx au regard plein de légendes, el les surprises de
l'hymne à Apollon. Nous avisons déjà aux moyens de transporter
sui- un autre point non moins fameux du monde hellénique nos
équipes de travailleurs et notre état-major d'archéologues exercés.
Si les fouilles de Chaldée, qui ont enrichi nos collections nationales
et assuré à notre musée du Louvre le premier rang pour l'archéo-
logie chaldéenne et la haute antiquité orientale, sont suspendues
pour quelques mois, une récente convention signée avec le shah,
et qui constitue en notre faveur un véritable monopole, va livrer à
nos investigations les régions encore inexplorées, non les moins
riches en trésors cachés, du territoire persan. En Egypte, l'Institut
français d'archéologie orientale aura prochainement son palais : il
se construit et sera certainement achevé pour la fin de cette année;
l'action scientifique de la France sur la terre des Pharaons va s'ac-
croître par l'adjonction d'artistes à nos égyptologues.
(f L'Extrême Orient ne reste pas en dehors de nos recherches : un
de nos compatriotes, M. Chaffanjon, vient de traverser toute l'Asie
centrale, rectifiant en chemin, sur un parcours de 2,000 kilomè-
tres, les cartes russes. Un autre, M. Courant, a recueilli, en Corée
même, les éléments d'un catalogue des manuscrits coréens quia
confondu d'admiration les plus érudits des mandarins.
tfLa France n"(*n est pas à ses premiers seivices envers la science
LXXXIV
do rOiieiil : sur presque tous les poiuts, elle en a e'te' rinitiatrice;
vous ne vous élonncz donc pas, Messieurs, que les orientalistes des
deux mondes, même ceux de l'Orient, aient lait choix de Paris pour
y tenir leur prochain congrès. Il s'ouvrira le 5 septembre 1897.
Il trouvera dans le gouvernement de la République le concours le
plus empressé.
ff Après cette énumération des conquêtes de la science , il en est une
autre, très douloureuse, mais qui s'impose à nous : c'est celle des
pertes qu'elle a subies dans le cours de cette année.
r Dans votre Section d'histoire, la mort a frappé M. de Mas Latrie,
l'éditeur des historiens des croisades, l'historien de l'ile de Chypre,
l'auteur de Timmense répertoire connu sous le nom de Trésor de
chronologie, (l'histoire et d'archéologie, et enfin d'œuvres si précieuses
pour l'histoire de l'Afrique du Nord, notamment les Traites de paix;
et M. de Rozière, érudit do race, qui a pris une part prépondérante
dans la réorganisation des archives de la France, et dont les Formu-
laires, notamment, ont renou\elé la science de l'ancien droit.
fDans la Section d'archéologie, nous avons à regretter M. Cou-
rajod, si ])assionnépour l'histoire de l'art français, si fin connaisseur
de ses productions et le créateur d'un véritable musée au sein du
Musée du Louvre, et M. de La Blanchère, dont le nom est insépa-
rable des plus belles découvertes archéologiques dans l'Afri(jue du
Nord, car c'est à lui que nous devons l'organisation scientificjue du
travail de recherches ainsi que la fondation du musée du Bardo.
tr Parmi les membres honoraires du Comité, M. Barbet de Jouy,
dont riiéroïque attitude, aux jours tragiques de 1871, a sauvé du
pillage et de l'incendie nos musées du Louvre, et qui, [)armi tant
d'œuvres remarquables, a laissé le magnifique volume des Gemmes
et joyaux de la Couronne ; M. Hauréau, l'éminent directeur de l'Im-
primerie nationale, l'historien de la Philosophie scolaslique et de
ï Inquisition albigeoise, un des collaborateurs les plus actifs à l'His-
toire littéraire de la France; M. de La Ferrière-Percy, si compétent
pour notre histoire du xvi" siècle, et qui avait été rechercher
jusque dans les azchives de la Russie les documents (jue les nôtres
avaient perdus; M. Léon Say, dont le dernier livre, conmie le der-
nier discours à la tribune de la (îhambre, furent consacrés à la dé-
fense de la société française contre de dangereuses utopies.
rrVous vous êtes déjà associés, Messieurs, à d'autres pertes qui,
en celte même année, ont allligé le pajs tout entier: celles de
LXXXV
MM. Challemel-Lacour, Jules Simon, de Rémiisat; ctelles de
MM. Resal, Daiibrée, Tisserand, d'Abbadie, Fizeau, Trécul, (jui
ont mis en deuil les sciences françaises.
«Le plus grand hommage que nous puissions'rendre à la mémoire
de ceux que nous regrettons, c'est de suivre courageusement les
voies qu'ils ont ouvertes. Et ils sont nombreux ceux qui s'empres-
sent à ressaisir l'arme tombe'e de leurs mains.
ffJe ne puis penser à nommer seulement les plus méritants. Si je
fais exception pour trois d'entre eux, Messieurs, c'est que vous-
mêmes, par les présentations arrêtées dans vos sections, vous les
avez désignés à l'attention du Gouvernement pour la plus noble
distinction qu'il puisse leur conférer.
fr Avant de pouvoir inscrire leurs noms dans un décret publié au
Journal officiel, je suis contraint d'attendre quelques semaines encore;
mais je suis autorisé par M. le Président de la République et par
M. le grand chancelier de la Légion d'honneur à proclamer dès
aujourd'hui leurs noms.
ff M. Jules Finot vous serait déjà suffisamment connu rien que par
les savants mémoires qu'il a lus dans le présent Congrès. Ancien
élève de l'École des chartes, successivement archiviste dans les dé-
partements du Jura et du Nord, lauréat, en 1878, du concours des
Antiquités nationales, correspondant du Ministère depuis 1876, il
a, tout en publiant de nombreux inventaires d'archives, trouvé le
temps de faire personnellement œuvre d'historien, et il ne s'est pas
cantonné uniquement dans les siècles écoulés, car il a écrit77ne mis-
sion mililaire en Prusse (t85i ) et la Défense nationale dans le Nord de
ijg^ à 180a.
tf M. Maxe-Werly, actuellement président de la Société des lettres,
sciences et arts de Rar-le-Duc, est ce qu'on appelle un fils de ses
œuvres. Ayant débuté dans la vie comme ouvrier tisseur et tein-
turier, il a été successivement contremaître, puis voyageur de com-
merce et enfin patron. Dans tous les états qu'il a traversés, il est
resté fidèle à la passion qu'il avait manifestée, dès l'école primaire,
pour les études historiques et archéologiques. Il n'est peut-être pas
une branche de ces études qui ne lui doive quelque précieux ré-
sultat; mais c'est peut-être dans la science dont M. Babelon faisait
tout à l'heure un éloge aussi éloquent que fortement documenté
que M. Maxe-Werly a conquis le premier rang.
rr M. Désiré André, ancien président de la Société mathématique de
LXXXVI
France, a olé plusieurs fois appolé par vous à diriger vos séances.
Trontc-trois ans d'i'rnincnls soiviccs dans le prolossoiat , d(; Iros
iuiporlants travaux scicntiliques auraient sufti pour lui mériter la
dislinction qu'il devra désormais aux présentations de volro Section
des sciences, et je suis heureux qu'il vous la doive.
ff-Kai encore un devoir à remplir: c'est de vous remercier, Monsieur
le Président du Cionseil, d'avoir bien voulu honorer de volie pré-
sence notre solennité annuelle. Vous y trouvez réunis les délégués
de toutes les provinces de France, de ces provinces que vous avez
si souvent parcourues, toujours soucieux d'assurer aux travailleurs
de la terre le bienl'ait de lois équitables et d'une administration vi-
gilante, (-'est encore la province, la province laborieuse, que vous
retrouvez ici , et si dans d'autres circonstances vous avez eu à cœur
d'encourager ceux qui de leurs peines accroissent la richesse du
pays, vous n'êtes point indifférent — votre présence ici nous en est
la meilleure preuve — aux efforts que s'imposent les membres de
nos sociétés pour accroître le patrimoine intellectuel et le glorieux
renom de la France dans le monde de la ))ensée et de la science. 15
M. de Saint-Arroman donne ensuite lecture d'arrêtés ministé-
riels décernant des palmes d'officier de l'Instruction publique et
d'officier d'Académie '^l
Sont nommés :
Officiers de finstrucùon publique :
MM.
Baratte (Gustave), collaborateur de la mission d'exploration scien-
tifique de la Tunisie.
Berthaud (Michel), photograveur, collaborateur artistique des
publications du Comité des travaux historiques et scientifiques.
Berthelé (Joscj)h), président de la Société des langues romanes.
(îuissard (Charles), membre de la Société bistoricjue et archéolo-
gique de l'Orléaiuiis et de la Société dunoise.
La Marlinière (Henri de), secrétaire général du Comité de
l'Afrique française, membre de la Commission de publication des
documents archéologiques de l'Afrique du Nord.
'■' Nous ne donnons ici que los nominations qui intéressent les Sections (i'nr-
ch(5ologio et d'Iiistoire.
LWXVIl
La Tour (Henri de), mombre de la Société française de numis-
matique et d'arche'ologie.
Leblanc de Lespinasse (René), président de la Socie'te' nivernaise
des lettres, sciences et arts.
Piette (Edouard), correspondant honoraire du Ministère de
l'Instruction publique.
Le chanoine Poltier (Fernand), pre'sident de la Société archéo-
logique de Tarn-et-Garonne.
Le chanoine Saurel, correspondant bonoraire du Ministère de
l'Instruction publique.
L'abbé Tbédenat, président de la Société nationale des anti-
quaires de France.
Wiener (Lucien), conservateur du Musée historique lorrain, à
Nancy.
Officiers d'Académie :
MM.
Arlot de Saint-Saud (Jean-Marie-Hippolyte-Aymar d'), membre
de la Société historique et archéologique du Périgord.
Auvray (Lucien), membre de la Société bistori(jue de rOrléa«-
nais.
Barrière-Flavy, membre de la Société archéologique du Midi de
la France.
L'abbé Batiffol (Pierre), lauréat de l'Institut, correspondant de
la Société nationale des antiquaires de France.
Champion (Eugène- Alfred), membre de la Société dunkerquoise
pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts.
Dorez (Léon), membre de la Société académique d'agriculture,
sciences, arts et belles-lettres du déparlement de l'Aube.
Le capitaine Dupont, commandant l'artillerie de l'arrondissement
de Sousee, collaborateur de la Commission archéologique de
l'Afrique du Nord.
Godard (Charles- Anatole), membre de la Société belfortaine
d'émulation.
Guibeaud (Jean), membre de la Société agricole, scientifique et
littéraire des Pyrénées-Orientales, archiviste de la ville de Perpi-
gnan.
Le capitaine Jacques, du 98® régiment d'infanterie, détaché au
service géographique de l'armée.
LXXXVIII
Jacqueton (Gilbert), lauréal de l'Institut, archiviste paléographe,
ancien secrétaire de la Société historique al{|érienne.
Le capitaine de Larminat, du /i' bataillon d'infanterie légère,
détaché au service géographique de Tarniée.
Labbé Laveille (Auguste-Pierre).
Le capitaine Ordioni, du h" régiment de tirailleurs, collabora-
teur de la Commission archéologique de l'Afrique du Nord.
Pichot, membre de la Société scientifique, archéologique et lit-
téraire du Vendômois.
Le capitaine Prévost, du 136" régiment d'infanterie, détaché au
service géographique de l'armée.
Le capitaine Scherdlin, de Tétat-major particulier du génie, dé-
taché au service géogiaphique de l'armée.
Spont (Alfred), archiviste paléographe, membre de la Société de
l'Ecole des Chartes.
Toulain (Ernest-Emile-Justin), membre de la Société centrale
des architectes.
Le capitaine Vauloger de Beaupré, du i A4*' ré{|iment d'infan-
terie, détaché au service géographique de l'armée.
Le capitaine Vibert, du 7 7'' régiment d'infanterie, détaché au
service géographique de larmée.
La séance est levée à 3 heures et demie.
Le Secrétaire de la Section d'archéologie,
R. DE LaSTEYRIE,
Membre du Comité.
LXXXIX
SEANCE DU 10 MAI 1897.
PRÉSIDENCE DE M. ALEXANDRE BERTRAND.
La séance ost ouverte à 3 heures.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le Secre'taire donne lecture de la correspondance.
La Socie'té archéologique de Montpellier sollicite une subvention
dans le but de publier le catalogue de son médaillier. — Renvoi à
M. Babelon.
M. Destandeau, pasteur de l'église réformée de Mouriès (Bouches-
du-Rhône), annonce la découverte d'une inscription antique dans
un verger du territoire des Baux. — Renvoi à M. Héron de Ville-
fosse.
M. de.Laigue, correspondant du Comité à Rotterdam, envoie
une note sur lé titre de Fratres et amici populi romani, attribué aux
Bataves. — Renvoi à M. Gagnât.
M. Rousset, correspondant du Comité à Uzès (Gard), envoie
une note accompagnée de dessins relative à des découvertes ar-
chéologiques faites dans les communes de Sainte-Anastasie et de
Saint-Quintin-la-Poterie (Gard). — Renvoi à M. Salomon Rei-
nach.
M. Paul Sausseau, instituteur à Antoigné, près Montreuil-Bellay
(Maine-et-Loire), envoie une notice sur un temple gallo-romain
récemment découvert dans la commune de Méron. — Renvoi à
M. de Lasteyrie.
M. Georges Tholin, correspondant du Comité à Agen, envoie
une notice sur un cadeau de mariage du roi de Navarre, plus tard
Henri IV, à la reine Marguerite. — Renvoi à M. Eugène Mùutz.
M. l'abbé Urseau, correspondant du Comité à Angers, envoie
une noie siir une inscription angevine du xviii'' siècle, gravée sur
ardoise. — Renvoi à M. Guillrey.
— xc
Sont déposés sur le bureau les ouvrajjes suivants odorls au Co-
niit(' par leurs auteurs :
Le compte leslamentaire (run doi/cii de Soignies en iÙ9,6; Archices
des hospices civils de la ville de Soignies, rollijféiîs et inventoriées par
M. Deuieuldre; Soignies, son origine, non nom, église, vieux cimetière;
Jadis : Tablettes des archéologues (t™ aunée, (juatre numéros), par
M. Anié Demeuldro, président du Ceicle arcliéolo<]ique du raulon
de Soiynics;
Une ville préhistorique à Averdon, par M. Ludovic (iuiguard;
Le Mas d'Agenais sous la domination romaine et le cimetière gallo-
romain de Saint-Martin, par M. Alexandre Nicoliï.
Ces ouvrages seront déposés à la Bibliothèque nationale et des
remerciements seront adresse's aux auteurs.
M. Babelon rend compte d'une communication de M. Adrien
Pons sur diverses trouvailles faites dans un puits gallo-romain à
Altimurium, près Murviel-lez-Montpellier (He'rault) :
tfEn 1872, des ouvriers qui creusaient les fondations de la
maison de M. Xavier Sabadel , propriétaire à Murviol-lez-Montpel-
lier, trouvèrent un puits de construction gallo-romaine, (|ui sert
actuellement à l'alimentation de cette maison. Ce puits a 1 1 mètres
de profondeur sur i3 mètres de circonférence; il est situé à
270 mètres des premiers reniparts d'Altimurium (côte du midi),
et à 160 mètres de la fontaine romaine qui existe encore.
ffOn trouva, au fond de ce puits, les margelles romaines en
pierre de taille, des poutres en bois, des ossements d'animaux,
des inscriptions qui, malheureusement, n'ont été' ni copie'es ni con-
servées; enfin deux têtes. Tune d'homme et l'autre de femme. La
tête d'homme, mal conservée, paraît être une tête de Jupiter, à
cause de l'abondance de ses cheveux et de sa barbe; le visage est
mutilé. Elle mesure o m. hk de hauteur. La tètè de femme est
diadémée et paraît voilée; ce serait donc, suivant nous et autant
qu'on en peut juger, une tête de Cérès; le visage est également
mutilé. Elle a o m. Iio de hauteur. L'état défectueux de ces dé-
bris de sculpture ne permet pas d'en donner utilement une repro-
duction."
XCI
M. GuiFFREY donne lecture du rapport suivant :
ff M. Tabbe' Bonno a résumé en six pages le texte d'un inventaire
portant la date 1789, et lui appartenaiit, qui donne la descrip-
tion du mobilier, des ornements religieux, des tableaux, du trésor
et rénumération des biens d'une église de Provins placée sous Tin-
vocation de saint Pierre, aujourd'hui détruite ^^).
cfLa date récente de l'inventaire, la nature des objets énumérés
et ie peu d'importance de l'édifice nous engageraient à demander
le dépôt de cette communication aux archives, mais le manuscrit
de M. l'abbé Bonno est de peu d'étendue, et il importe de ne pas
décourager la bonne volonté de nos correspondants, w
M. Héron de Villefosse rend compte d'une note de M. Gaston
Gauthier, instituteur, sur les fouilles qu'il a dirigées lui-même à
Champvert, près Decize ( Nièvre), au nom de la Société nivernaise.
Le résumé de M. Gauthier est sommaire, mais très intelligemment
fait; le rapporteur en propose l'insertion dans le Bullelin. Il serait
bon qu'on y pût joindre la reproduction du plan des fouilles et du
pavage en mosaïque (-*.
M. Salomon Reixach rend compte d'une communication de
M. Cazalis de Fondouce, relative à une cachette de fondeur décou-
verte à Bantarès (Hérault). Il en propose l'insertion dans le Bul-
letin ^^\
L'ordre du jour appelle la nomination d'une sous-commission
pour la rédaction du programme du Congrès des Sociétés savantes
en 1898. La commission de l'an dernier est maintenue en fonc-
tions.
La séance est IpA'ée à k heures.
Le Secrétaire de la Section d'archéologie ,
R. DE Lasteyrie,
Membre du Comité.
('5 Voir ci-après, p. 13,3, ie texte de cette communicatioD.
'^' Voir ci-après, p. 3i3, ie texte de cette communication.
^'' Voir ci-après, p. 48 , le texte de cette communication.
XCII
SEANCE DU 21 JUIN 1897.
PRÉSIDENCE DE M. ALEXANDRE RKRTRAND.
La séance est ouverte à 3 licures.
Le procès-verbal de la dernière séance esl lu ot adopté.
M. le Secrétaire donne lecture de la correspondance :
La Société historique et archéologique de la Charente demande
une subvention à TefTot de publier un travail de M. Barbier de
Montault sur un triptyque d'émail découvert à Cberves, près do
Cognac. — Renvoi à M. Saglio.
M. le Ministre des Affaires étrangères signale au Comité un con-
cours archéologique ouveit à Barcelone, en exécution d'un legs de
M. F. Martorell y Pena. — Le Comité décide que le programme
de ce concours sera imprimé en annexe au procès-verbal de la
séance.
M. de Cardaillac, correspondant du Comité à Toulouse, sollicite
une subvention pour aider aux fouilles entreprises par les Frères
d'Uzès. — Renvoi à M. Bertrand.
M. de Laigue, correspondant du Comité, à Rotterdam, envoie
une note relative à une pointe de hallebaide trouvée dans les en-
virons de Rotterdam. — Renvoi à M. Saglio.
Le même correspondant envoie une lettie au sujet des Vicani
Nei'iomagenses , dont il a précédemment entretenu le Comité. —
Renvoi à M. Longnon.
M. Auguste Nicaisc, correspondant du Comité à Châlons-sur-
Marne, envoie une note sur une sépulture gauloise à incinération
découverte à Cernon-sur-Coole (Marne). — Renvoi à M. Alexandre
Bertrand.
Sont déposés sur le bureau les ouvrages suivants offerts au (Co-
mité par leurs auteurs :
Histoire dr la Provence dans Vantiquité depuis les temps quaternaires
jusqu'au v' siècle après J.-C, (tome II), par M. Caslanier;
XCIIl
Vieilles rues et vieilles enseignes de Reims, p;ir M. Jadart;
Le Limousin préhistorique , par M. Masfi-and;
Quelques monnaies gauloises recueillies dans le nord-ouest de Seine-et-
Oise; — Les anciennes cloches d'Arthies, par M. Plancoiiai'd;
Les peintres sur verre à Lyon du xiv' au xvf siècle, par M. Natalis
Rondot;
Les satrapes Mazaïos et Bélésys, par M. le D'" Rouvier.
M. Babelon donne lecture d\in rapport sur une demande de sub-
vention forme'e par la Socie'té archéologique de Montpellier en vue
d'entreprendre la publication de son me'daillier. — La collection
numismatique dont il s'agit est une des plus importantes de pro-
vince, il y a grand inte'rêt à la faire connaître. Le Comité' e'met en
conséquence un avis favorable à cette demande.
M. Babelon rend compte d'une demande de M. Tabbe' Urseau,
correspondant du (iomité à Angers, tendant à obtenir l'autorisation
de rouvrir le tombeau de l'e'vêque Ulger, retrouvé l'an dernier dans
la cathédrale d'Angers, afin d'étudier les objets qui y sont conte-
nus. — Le Comité renvoie cette demande à l'examen de l'admi-
nistration.
M. Alexandre Bertrand rend compte d'une demande de subven-
tion formulée par M. Louis Montlahuc, en vue d'opérer des fouilles
permettant de déterminer le vrai chemin suivi par Annibal pour la
traversée des Alpes. — L'auteur de cette demande ne paraissant
pas suffisamment préparé à l'étude de la question, ni bien au cou-
rant des travaux qui pourraient l'éclaircir, le Comité estime qu'il
n'y a pas lieu d'accorder cette subvention.
M. Cagkat donne lecture du rapport suivant sur une communi-
cation de M. de Laigue, correspondant du Comité à Rotterdam :
cîM. de Laigue a envoyé une note sur trie titre de fratres et
K amici popidi romani attribué sans raisons suffisantes aux Balaves^. Il
constate que les deux inscriptions sur lesquelles on a appuyé cette
assertion sont au moins douteuses. Ces textes ne figurent pas, en
elTet, dans les ouvrages épigraphiques les plus récents où ils auraient
dû trouver place. Je propose de publier la partie de la note de
M. de Laigue relative à ce détail *'.
('' Voir ci-après, p. a3/i, le lexle de cette communication.
XCIV
rLa seconde partie de ia communication est consacrée par M, de
Laigue à délinir ce qu'étaient la cioitas des j>ataves et leur summus
magisii-atiis. Les conclusions de noire zélé correspondant ne sont,
à mon avis, ni suffisamment nouvelles, ni, ((uand elles le sont,
suffisamment ceitaines pour que nous en décidions Timpression.ii
M. Gi'iFFRKY rend compte d'une communication do M. l'abbé
Urseau relative à une insciiption sur ardoise du wiii* siècle. Le
texle en est complètement inintelligible, il conviendrait d'en de-
mander une photographie ou un bon estampage.
M. Héron de Villefosse rend compte d'une lettre de M. Deslan-
dau. Cette lettre est relative à une inscription romaine découverte
sur le territoire des Baux (Bouches-du-Kliône).
Elle est gravée sur une pierre tendre, carrée, mesurant o m. ki
de côté, et se trouve encastrée aujourd'hui dans l'un des murs de
ia remise de M. le maire des Baux :
Q^LICINIO
MENTONI
Il reste des traces d'une troisième ligne où M. Destandau a cru
voir un V, mais l'estampage ne permet pas de reconnaître claire-
ment cette lettre.
Cette pierre aurait été exhumée, il y a environ quarante ans, à
une profondeur de o m. 80, dans un verger d'oliviers appelé la
Grivetle et sis au territoire des Baux, quartier de Mouleyrol, tout
près de la roule qui va de Maussane à Saint-Reuiy.
Le gentilice Licinius est très répandu en Narbonnaisc; on le re-
trouve à Saint-Remy et dans les environs d'Arles. Quant au surnom
Mento, il n'a pas encore été rencontré dans cette province. Il est
porté par un rhéteur célèbre cité par Sénèque. On le retrouve dans
une inscription d'Aquilée et dans une inscription des environs
d'Obulco(i).
M. DE Lasteyrie rend compte d'une communication de M. Paul
Sausseau, instituteur, relative à des restes de construction de
l'époque romaine récemment découverts à Mérou, non loin de Mon-
(') Corpus inscr. lat., (,. V, n° 8329; et t. Il, n" a 1/19.
xov
treuil-Bellay. M. Saiisseau suppose que c'était un temple rond péri-
ptère; M. de Lasteyrie ne croit pas cette hypothèse vraisemblable,
mais il est impossible de déterminer avec certitude le caractère de
ces ruines sur des renseignements aussi sommaires. Le Comité pos-
sède dans la région un correspondant bien qualifié pour se pro-
noncer sur la question, c'est M. Célestin Port, archiviste de Maine-
et-Loire; il conviendrait de la renvoyer à son examen.
M. Eugène Mumz rend compte d'une communication de M.Leroy
relative à des tableaux conservés au couvent des Franciscains, à
Cimiez, près Nice, et d'une communication de M. Tholin, rela-
tive à un cadeau de mariage de Henri IV à la reine Marguerite.
La date et l'attribulion de ce dernier objet donnent lieu à une
assez vive discussion et il est décidé que M. Mûntz en fera un
nouvel examen.
M. Alexandre Bertrand rend compte, au nom de M. Salomon
Reinach, d'une demande de subvention formée par la Société bel-
fortaine d'émulation, à l'effet de publier la monographie de la sta-
tion préhistorique du Mont-Vaudois, près de Belfort. Le Comité
émet un avis favorable.
M. Eugène Muntz lit un rappoil sur une demande de souscrip-
tion.
La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire de la Section d'archéolagie ,
R. DE Lasteyrie,
Membre du Comilé.
XCVI
PROGRAMA
PARA EL CONCURSO QUE, EN CUMPLIMIEMO DEI- LEGADO QUE DON FRAN-
CISCO MARTORELL Y PENA mzo a la ciudad de barcelona,
ABRE EL ExCMO. AyUNTAMIENTO OONSTITUCION AL DE LA MISMA , BAJO
LAS BASES SIGUIENTES.
So concedoni un premio de veinte mil pesetas a la niejor obra ori-
ginal de Arqueclogia espaîîola que se présente en este concurso, si
lo nioreciere, a juicio dcl Jurado que se nombre.
El expresado premio sera adjudicado on el dia 2 3 de Abril del
aiîo 1902, festividad de San Jorge, patron de Cataluna.
Se admitiran obras irapresas 6 manuscritas y de autores espa-
noles o extranjeros; terminando cl plnzo p;irn la presentacion en la
Secretari'a de este Ayuntamiciito, el dia 28 do Octubre de 1901, a
las docc do la manana.
Podra eslar escrita la obra que se presenle en el concurso, en
los idiomas latino, castellano, catalan, francés, italiano 6 por-
tugués.
La obra dobora presentarso anoninia con un lema que corres-
ponda al sobre de un pliego cerrado que debora acoinpanarse, con-
teniondo el nombre y doniicilio del autor.
&\
Serân jueces 6 censores en este concurso cinco personas idoneas,
XCVd
(jue clegira este Avuatamiento; y sera su Présidente honora rio cl
Alcalde Présidente de la niisma Corporacion.
El dia 93 de Oclubre de 1901, a las dore de la manana, se
conslituira la Comisidn especial nombrada para lievar a cabo el
legado de D. Fra>cisco Mautoiiell y Pe\a, bajo la presidencia del
Excmo, Sr. Alcalde, y procédera desde luego a levantar acta de
lodas las obras que se hubieren presentado, y al nombramiento del
Jurado, 6 sea, do los cinco censores 6 juece? de este concnrso.
El autor de la obra, a quien se hubiese adjudicado el preniio,
debera publirarla dentro del le'rniino de dos aîios, contaderos desde
la lécha de la adjudicacion de aquél, debiendo entregar cinco ejeni-
plares a la Corporacion municipal. Si no esluvieia escrita en caslel-
lano, debera traducirla a este idionia para dicha publicacion.
En el caso de que el autor de la obra no diere cumplimiento a
las dos prescripciones que preceden, podiâ el Ayuntaniienlo publi-
carla y traducirla a costas de la niisma Corporacion, reservandose
los derechos de propiedad de la o])ra premiada , los cuales en caso
contrario corresponderan al Autor.
Barcelona 17 Mayo 1897.
P. A. del Excmo. Ayuulamienlo.
El Secretario , El Alcalde Consiitucioiud.
José Gomez del Castillo. José M'. Nadal.
AlICUtOf-OGlE.
XCVlll
SÉANCE DU 12 JUILLET 181)7.
PRÉSIDENCE DE M. ALE \ AN I) li E BEKTr.AIVD.
La séance est ouverte à 3 lie mes.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu cl adopte.
M. le Secrélaire donne lecture de la correspondance.
M. Audial, correspondant du Comité à Saintes, envoie une noie
relative ii une inscription chrétienne du iv'' siècle découverte à
Saintes, au quartier Saint-Vivien. — Renvoi à M. Cagnat.
M. Henry Corot, membre de la Société archéologique du Chà-
lillonnais, à Savoisy (Côte -d'Or), envoie, au nom de M""' veuve
Gaveau, divers objets provenant des tumulus de Magny-Lambeit.
— Le Comité décide que ces objets seront déposés au Musée de
Saint-Germain et que des remerciements seront adressés à M. Corot
et à M'"' veuve Gaveau.
M. de Laigue, correspondant du Comité à Rotterdam, envoie
une noie sur la collection Chiellini. — Renvoi à M. Salomon
Reinach.
M. Plancouard, correspondant du Comité à lîerck, envoie une
noie sur une cuiller berckoise du wif siècle. — Renvoi à M. Sa-
glio.
M. Eugène Mhntz est chargé de divers rapports sur des ouvrages
pour lesquels des souscriptions sont demandées.
• Suiil déposés sur le bureau les ouvrages suivaiils ollerts au
Comité par leurs auteurs :
Du titre de bourgeois et du litre de sieur suivi d'un nom de fief ou de
domaine, par M. Tabbé Arbellot.
Les reliques de suint Onier. — Epigraphie ancienne de la ville de
Sainl-Omer, par M. Tabbé Uled.
Un portrait inédit de Louis XIV, par M. Roucaute.
XCIX
M. Babelo.n l'ail un rapport sommairi' sur une coniniunicalion
le M. Uonvier intitule'e : Les satrapes Mazaios et Bélésis.
M. Anatole de Barthélémy fait un rapport sommaire sur une
communication de M. Labande relative à des bulles de plomb
d'évèques, de seigneurs, de consuls, etc., conserve'es au Musée
Calvet à Avignon. Il fournira un rapport plus détaillé lorsqu'il
aura pu se procurer certains renseignements complémentaires qui
lui manquent actuellement.
M. Alexandre Bertrand rend compte d'une note adressée au
Comité par M. Auguste Xicaise sur une sépulture à incinération
découverte à Cernon-sur-Goole (Marne). Il en propose Tinsertion
au Bulletin. — Adopté.
M. Saiomon Reinach rond compte d'une communication de
M. L. Roussel, d'Uzès. Il s'agit d'une dizaine de vases gallo-romains,
d'une coupe en terre rouge vernissée et d'une lampe qui ont été
découverts par un cultivateur à Saint-Quenlin-la-Poterie (Gard).
La même trouvaille comprend deux vases en verre irisé, un an-
neau ou bracelet creux en verre vert tirant sur le violet, une pin-
cette en bronze, enfin un objet en bronze indéterminé, muni de
trois anneaux non mobiles. Trois des vases, de la contenance de
3 litres chacun, contenaient des ossements. Le pavsan, auteur
de la découverte, disait avoir recueilli dans son champ un très
grand nombre de poteries. Il est probable que cet emplacement a
été occupé par une nécropole gallo-romaine.
M. Saiomon Reinach demande que les dessins, joints à la note
de M. Roussel, soient déposés au Musée de Saint-Germain. —
Adopté.
MM. DE Lasthyrie et Maspéro font des rapports sur des demandes
de souscription.
La séance est levée à /i heures 1/2.
Le Secrétaire de lu Section il'urcliéologie,
R. DE Lasteyrie,
Meinbie du Coiuilé.
SEANCb: DU 15 NOYKMHllK 1897.
l'RKSIDENCK DE M. \LEX.\KDKK ItKUTUAND.
Le procès-\oi'bal i\o la séance du i9 juillol 1897 est lu el
adoplé.
M. le Sc("i('laiie (loniic Icclurc d(î la correspondance.
iM. le Directeur de reuseiencmenl primaire infoime le Couiilé
«|ue Finscription latine conservée à Técole communale de CJjajjnon
(Loire) sera envoyée au musée archéologique fondé par la société
hi Diana, à Montbrison.
iM. Tabbé lîouno, correspondant du Comité, à Chcnoise (Seine-
et-Marne), envoie quatre communications sur :
a. L'abbatje de Saint-Jacques de Provins, ordre de Sainte-Geneviève ,
congrégation de France, d'après un manuscrit inédit de la Bibliothèque
de Provins, 1790. — Renvoi à M. de Barthélémy.
h. Monnaie gauloise des Leuques [)i° (jtà'j de IWtlas), découverte à
Chcnoise. — Renvoi à M, de Barthélémy.
c. Médaillon, poignée et clou en fer à tète de bronze, probablement
di V époque fronque, trouvés à Morteri/, près Chcnoise. — -Renvoi à
M. (le Bartliélemv.
d. Deux figurines en bronze, découvertes à la Chapelk-Véronge, près
la Ferlé-Gaucher. — Renvoi à M. Héron de Villelosse.
M. Alfred Leroux, correspondant du Comité à Limoges, com-
munique la copie d'un acte de 1^96 relatif à la reconstruction
d'une chapelle du prieuré de Valeys, en Limousin. — Renvoi à
M. GuitTrey.
M. Masscn'aii, instituteur public en retraite, à Neuvy-Saint-
Sé[»ulcre (Indre), demande une sub\ention en vue de la publication
de trois études manuscrites relatives à la commune de Neuvy-
Saint-Sé|)nlcre. — Renvoi à M. Berger.
M. I al)b(; INiiat, curé de Rois-dArcy (\onne), adresse un rap-
port sur les fouilles archéologiques entreprises dans la grotte de
INermont, située à Saint-Moré, an boni de la Cure. — Renvoi à
I\L Salomon Reinach.
t\I. Léon Plancouard, correspondant du Comilc à Bcnk, on\oie
une note intitulée : Les cloches de Vi, dit Joli- Village [Seine- et-
Oise). — Renvoi à M. Mûntz.
M. le docteur Jules Rouvier, correspondant du Comité à Bey-
routh, adresse deux communications, la première sur la réparlition
chronolojpque dos monnaies autonomes de Béryte (Phénicie); la
seconde sur les ères de Tripoli et de Phénicie. — Renvoi à M. de
Barthélémy.
M. K. Thoison, correspondant du Comité à Larchant (Seine-
et-Marne), envoie une note sur des découvertes gallo-romaines
faites à Larchant. — Renvoi à M. Cagnat.
M. Tabbé Angot, curé de Louverné (Mayenne), envoie une no-
tice sur une statue placée dans l'église de Saulges. — Renvoi à
M. Saglio.
Sont déposés sur le bureau les ouvrages suivants, oflerls au
Comité par leurs auteurs :
Kongl. Vitterhels Historié och Antiquitets Ahademiem Manadsblad :
Tjugondoandra Argangen, 1898.
Cachette de fondeur découverte à Kerhon , en Roudouallec [Morbihan) ,
par M. Aveneau de La Grancière.
Chaudron étrusque sur i-ouleltes trouvé à Skallerup. — Antiquités
prénujcéniennes , étude sur la plus ancienne civilisation de la Grèce, par
M. Chr. Rlinkenberg, traduction de M. E. Beauvois.
La vallée de lArdres, par M. l'abbé Chevallier.
Prise de Montpellier par Louis Mil, (V après une médaille rare du
temps. — Une médaille rare de Venipereur Quietus. — Ihi sceau de Ber-
trand de Cardaillac, par M. Em. Delornie.
Musée de Troijes : Numismatique , monnaies gauloises, catalogue des-
criptif' et raisonné. ■ — Musée de Troyes : Art décoratif [musée Piat);
catalogue descriptif et raisonné, par M. Le Clerl.
Jean Crignon , facteur d'orgues à Mons, et les petites orgues de f église
Aotre-Dame de Saint-Omer. — I^es dalles tumulaires de la Belgique,
par M. de Marsy.
Saint- Mathurin , enseignes , méreaux , médailles : notice iconographique ,
par M. E. Thoison.
Les fouilles archéologiques de Méron , par M. Tabbé Ch. Urseau.
(-es oinra{»os seront déposés à la Bibiiollièque nationale et des
remerciements seront adressés aux auteurs.
M. Ph. Ikur.Kii rend compte de divers envois de M. Zamavia de
Naplouse (inscriptions grecques et sémitiques, empreinte d'un cy-
lindre en a};ale). 11 lait ressortir l'intérêt de ces communicalions
*1" i' j"[)'' lj<3niu^s à l'aire paraître dans le Bulletin.
M. (IvGNAT, charge' d'examiner l'estampage d'une inscription chré-
lienue de'couverte à Saintes, que M. Audiat a envoye'e au Comih',
l'ait observer (ju'elle vient d'être publiée par M. Minier dans sa
Revue épigraphiqne , et qu'il est inutile de la publier à nouveau.
M. GiiFFREY donne lecture du rapport suivant :
tfM. l'abbé Urseau, correspondant du Comité à Angers, avait
adressé au Comité le dessin d'une inscription sur ardoise datée de
i-yGô. Ce dessin était accompagné d'une note succincte mention-
nant l'origine de l'inscription, avec un commentaire suffisant pour
indiquer ce qu'elle pouvait présenter de curieux.
AD ivf-
\ /.^ GFKICmAM. z:'-;^ 5
\ . ÂC TÂD • t ,L'.AM-XT BRC" ' '/
\yET C'-î^'B.OVSS■ET,VJC'
^l VIE JOV'XVU.AFK' .•
f Tonici'ois. comme plusituus lignes du dessin communiiiné sem-
blaient inconq)réliensibles, le Comité décida qu'on ne se conten-
cm
levait pas de la reproduction, peut-être infidèle sur certains points,
envoyée par M. i'abhé Urseau et qu'une photograpliie du texte lui
serait demandée.
rcM. Tabbe' Urseau, se coufornianl au désir du Coniile', lui
a adresse' deux pliolograpbies permettant de contrôler Texaclitude
de son dessin. C'est à peine si Ton pourrait proposer quelque recti-
fication au de'but de la deuxième ligne et au milieu de la septième.
L'inscription n'en devient pas plus claire. Aussi proposerai-je de la
publier pour soumettre les difficulle's qu'elle soulève à la sagacité de
nos correspondants de province.
trM. l'abbe' Urseau nous apprend qu'elle a été recueillie» par
M. David, pharmacien à Angers. Elle provient de l'ancien prieuré-
cure de Jumelles (ij. Elle était fixée au-dessus d'une des portes d'en-
trée. Rappellerait-elle la construction d'une cuisine, o^cmaïn? Pierre
Gigault de Targé, dont le nom se lit à la fin de l'inscription, fut
nommé curé-prieur de Jumelles en mars 1760 et mourut le 1 1 juil-
let 177^, à l'âge de A 5 ans (^l v
M. GuiFFREY donne lecture du rapport suivant :
trM. Henri Beaune, se référant à un mémoire de M. Perraull-
Dabot sur un portrait de Cliarles le Téméraire, inséré dans le Bul-
letin du Comité de 189/1, avait envoyé, il y a quelque temps déjà,
une note dans laquelle il signalait un autre portrait du dernier duc
de Bourgogne sur une des tapisseries de Berne représentant l'entrée
de Jules César à Rome.
tf D'après M. Beaune, le personnage représentant dans cette scène
Crassus offrirait une grande ressemblance avec un portrait de Dijon
portant cette inscription : Curolus Auilax. Pli. F. Dux Burgnn. Une
photographie de cette peinture, communiquée par M. le Consei-
vateur du Musée de Dijon, établit nettement que l'exécution de la
peinture est postérieure de cinquante années au moins à la mort
du personnage qu'elle représente. C'est donc la reproduction d'un
original inconnu ou un portrait fait d'imagination. Dans tous les
-•' Canl. de Longue, arr. de Bauge. Ce prieuré était à la présentation de l'abbé
de Toussaint, à Angers: la maison , aliénée à la Révolution, est occupée aujourd'hui
par un fermier.
'^' Célesfin Port, Dict. de Mai nc-el- Loire, t. II, v" Jimellcs; et tnvent. wmm.
des Ar-chives de Maine-et-Loire , E, suppl.
cas, on ne poul \o considérer comme un documcnl iconographicjue
bien sur.
frSi le raj)[)toclienienl propose' par M. Henri IJeaunc n'oftVc pas
[frand intérêt poui- la raison qui vient d'être cxpose'e, sa note mé-
riterait cependant d'être publiée, parce qu'elle pourrait provoquer
do nouvelles rechercbes et des communications curieuses sur l'icouo-
grapliic des <>rands personnages du w" siècle, et surtout parce que
l'auleur attribue à la tapisserie, conservée î» Berne depuis la journée
de (Iranson, une orij>inc (|ue personne n'avait siffualée avant lui.
rD'a[)rès iM. Beauue, la tenture dite de Jules César de'corait le
pavillon de Quanlin de la Baume, seigneur d(! Saint-Sorlin, tué à
la bataille de Granson, dont elle porte les armoiries.
ft\oici. au surplus, la noie de M. Henri Beaune :
Le IhiUelin ((rchéoloffique du Comité des lra\aux bistori(juoi et scienti-
fiques (année 189A, s'iivr. ) renterme, page 43'î , sous le litre de : Un
jiortrail de Charles le Téméraire, un mémoire de M. Perrault-Dobot qui
décrit une miniature du xv' siècle , ap|)arlenant à la Bibliothèque de Mont-
pellier, et dans laquelle l'auteur a cru, avec raison ce semble, reconnaître
la Hgure du dernier duc de Boui'gogne de la maison de Valois. M. Perrault-
Dabot lait justement reiiutr(pier (|ue les j)Oi traits de ce prince sont très
rares. Il les décrit (eus avant de repn'seutei- celui qu il a découvert, notam-
ment cflui du Miisée de Bruxelles, dans lequel on a cru voir à tort les
traits (lu grand bâtard de Bourgogne Antoine, et celui ([ui appartient au
Musée de Dijon, œuvre de seconde main, il est vrai, mais qui donne une
vi\anl(' id('e du Téméraire et est, poui' ce motif, restée populaire. Qu'il
me soit permis d'ajouter à l'énumération, d'ailleurs très conq)lèle, de
M. l'errault-J)abot et de signal(;r à son attention une autre image du duc
t.liarles, celle-ci non peinte, mais tissée, qui se trome dans une tapisserie
aujourd'hui déposée au Mus('e de Berne et qui provient du pillage du camp
bourguignon à Gianson ou à xMorat en 1676, après la défaite de Charles.
(îelle tapisserie, dite de Jules César, repn'sente l'entrée triomphale de
(iésar à Home en l'an ^17 et la constitulion du triumvirat en l'an (lo avant
J.-C. Je passe sm- sa description, (jue jai donnée minutieusement dans les
Mémoires de la Commission des antiquités de In Cjôte-d'Or, t. Vlll, année
i87'i, p. 3 10. Au milieu de la foule ipii se presse autour des triumvirs ou
aperçoit un jeune homme à cpu un variel amène s(»u <hcval el à (pii un
messager s'adresse respeclueusenuMil. ('/est Ct-assus, dit la h^gende de la
lentm-e. Or, ce prt'ieudu Grassus a tous les traits du porirail du Musée de
l)ijoii,;i cette ililTi'ieuce jirès cpTils sont plus jeunes el que la ligure est
iud»ei'be. Sauf ce détail, le pei'sounagcî est identi(|ue. Les vêtements de la
tapisserie de Berne ne permetlaut pas d'atliibiier à cette œuvre une date
antérieure à i^5o, et Cliai-les le Téméraire ayant à cette tlate 17 ans, il
ne semble |)as douteux que Tartiste ait voulu représenter l'image du jeune
comte de Chaiolais.
Ajoutons que dans le Mémoire précité j'avais émis la conjecture que la
tapisserie dite de Jules César provenait de Guy de la Baume, seigneur de
la Roche-Vaneau, \ivant en 1/I76. Depuis la rédaction de ce tiavail , j'ai
acquis la conviction qu'elle décoiait le|)avillon deQuanlindela Baume, sei-
gneur de Saint-Sorlin, tué à la bataille de Granson 'Mlu'yarieii d'élonnant
à ce qu'un seigneur bouiguignon ait placé l'image du futur héritier du
duché dans une tenture qui porte les armes de sa lamille : d'or à la bande
vivrée d'azur.
M, Héron de Villefosse entretient le Comité d'une demande de
subvention formée par la Société éduenoe des lettres, sciences et
arts en vue d'installer dans son musée une mosaïque de l'époque
romaine. Sur sa proposition, et vu l'urgence qu'il y a à sauver la
mosaïque, le Comité émet un avis favorable.
M. AIaspéro propose le dépôt aux archives d'un numéro du
Courrier français de Mexico, en date du i/i mal 1897, contenant le
texte d'une loi sur la conservation des monuments archéologiques,
votée récemment par le Congrès.
M. Salomon Reinach demande qu'on dépose à la bibliothèque du
Musée de Saint-Germain une note de M. de Laigue accompagnée
d'un album de 12 planches sur la collection Chiellini.
AI. Saglio, chargé d'examiner une cuiller trouvée à Berck-piage
et envoyée par M. Plancouard, propose de l'envoyer à un musée
voisin du lieu de la découverte, par exemple à celui de Boulogne.
— Adopté.
La séance est levée à h heures.
Le Sprrélaire de la Section d'aichéohijpe,
\\. DE LaSTEYRIE,
Membre du Comilé.
■'' riiiigin-; In S.Trrn, Dpjjp'cIu-s des nmliassadeurs milaiiois, t. F, p. 3iq.
CVl
SÉANCE DU 13 DECEMBRE 1897.
pni';sii)F.NCE DR M. A m: \ A \ I) i; !■: i! r r. t ii a mi.
Lo S(';nico osl oiivoi'lo à 3 liourcs.
Le |ir()c('s-v('ib;»l do la (l('riii(''ro seanre esl lu pI adoplô.
M. lo Piv'sidoiil ollVo à M. lîaboloii. ])rosonl à la si-ance, les fi''-
licitalions du Comité au sujol do sa récenle dloction à rAwule'niio
dos Inscriplions et belles-letlios et demande que ces félicitations
soient inscrites au procès-verbal. M. Babelon remercie M. le Pré-
sident on (|nol(|ues mots.
M. lo Secrétaire donne lecture de la correspondance :
La Socii'lé nivornaiso des lettres, sciences et arts demande une
subvention on vue do poursuivre les fouilles entreprises sur le ter-
ritoire de la commune de Cliampvei't, près Docize. — Renvoi à
M. Héron do Villofosse.
M. H. Bardy, corros[)ondant du Comité à Sainl-Dié, envoie une
note sur une piorro tombale de la cathédrale de Sainl-Dié. —
Renvoi à M. do Bartliélomy.
M. Casati, conseiller honoraire à la (iour d'ap|)(J de Paris,
adresse au Comité luio pioposilion do création d'un Comilé archéo-
logique par arrondissement. — Une commission spéciale est nommée
pour examiner collo pro|)()siti()n ; elle sera composée de MM. Héron
do \illorosso. de lîarllM'Icun, Miinlz et du bureau.
M. Mochinol de Richomond, rorrespondaul du Cioniilé à la
Itorludie. coiiimunifiuo une co|)io de ICxIrait du conhat do maiiajfc
de (iabritd Allegrain, mailro scul[)tour, [)assé à Broua'fo lo -:>'{ mars
1768. — Renvoi à M. Saglio.
S(ml déposés sui' le bureau les oiivra<]('s sui\anls, olïeris au
(^ouiih' par Icui-s aulours :
Les tnmheaux de David et des mis de Juda et le lumiel-aqueduc de
Siloi' . pai' M. Cjormoiil-rijiniîcau.
CVII
Les tumuhis de Minot : la Biige-ez-Clauscts et Dessous-le-Breuil. —
Les tumidm de Minot : la Moloise et les Vendues. — Nomenclature des
épées du type de Hallsladt, des rasoirs de bronze et de fer et des perles
trouvées dam le tunmlus de la Cole-d'Or, par M. Henry Corot.
Les origines préhistoriques de Clérij. ■ — Les anciennes cloches d' Arthies .
— Scènes et coutumes de la vie berckoise; par M. Léon Plancouard.
Notice sur la famille Sohier de Château-Porcien , par M, Paul Pellot
(en collaboration avec M. Albert Baiidon).
Notes sur les familles de Bombelles et de Toupet. — Notes sur les
familles de Bande et de Coipel, seigneurs de Macheroménil , par M. Pellol.
U7ie visite à l'ancienne abbaye du Trésor (^diocèse de Bouen). — A
travers la Normandie; notes et observations archéologupies (I. Mortain;
II. A Falaise et dans la vallée d'Auge; III. Sainte-Marguerite-sur-Mer
et le manoir d'Ango). — Stalisti<pie monumentale du canton de Cliaumonl-
en-Vexin (I. Beilly : II. Eglise de Chaumont; lll. Bachivilliers , Boissy-
le-Bois, Hardivilliei's , Chambors et Lattainville; IV. Bouconvilliers , De-
lincourt), par M. L. Piégnier.
Ces ouvi'ages seront déposés à la Bibliothèque nationale et des
remerciements seront adressés aux auteurs.
L'ordre du jour appelle la désignation de trois candidats à pré-
senter à M. le Ministre de l'Instruction publique pour une place de
membre titulaire vacante dans la Section d'archéologie du Comité,
et levamen des propositions de distinctions honorifiques qui seront
distribuées à l'occasion du prochain Congrès des Sociétés savantes.
M. DE Barthélémy rend compte de différentes communications do
M. l'abbé Bonno :
kM. l'abbé Bonno a communiqué une description de l'abbaye de
Saint- Jacques à Provins, d'après un inventaire dressé en 1790 lors
de la suppression des établissements religieux. Ce document est
conservé à la bibliothèque de Provins.
rtCet inventaire est très sommaire et ne fournit pas de détails
archéologiques sur l'abbaye elle-même, aujourd'hui complètement
détruite, non plus que sur les tableaux, tapisseries, objets d'ori'è-
vrerie, etc. Je proposerais le dépôt aux archives de la communi-
cation de M. Bonno, s'il ne semblait préférable de la mettre à la
(lisposllioii (11' (|uel({iu> publicalioii localo, comme ia Revue de Cham-
pairiw, par cxoniplo. où elle li<fuierail iililoincnt.
r\\. Tabho Honno a comnumiqiié en outre quatie objets an-
tiques : d'abord une monnaie {gauloise en |)otin (|u"il allribue au\
L'»(7 '' et ([ui me parait ap[)arleiHr plutôt aux Seiioiies^-K Cette
pièce a éle trouvée à Cbenoise (Seiue- et- Marne). — Les trois
autres objets \ienneul de iMortery, villa^je voisin; c'est : i° un clou
assez long en fer, avec tète en bronze; 9" une poi|^,Mi('e en bronze,
de travail assez grossier, formée de deux daupbins aiïrontés; ces
deux objets sont évidemment d'époque romaine; 3" enfni une petite
applique, représentant une tète humaine, avec de grandes oreilles.
Ici j'hésite sur la date et je n'ose allirmer si ce petit monument
est antique ou s'il figure une tète de fou du moyen àge.ii
]\[. DE Bvp.TiiKLKMY avait été chargé, de plus, d'examiner deux
envois de M. le D' J. llouvier, l'un sur la répartition chronologi(jue
des monnaies autonomes de Béryte (Phénicie), l'autre sur les ères
de Tripoli de Pbénicie. Ces travaux ayant déjà été communiqués à
rx\cad(Mnie des inscriptions et belles-lellres, et l'un d'eux ayant été
renvoyé à la Revue nuinisniaUque , il n'y a pas lieu de les insérer au
Bulletin.
M. Berger a examiné l'opportunité d'une demande de subvention
piésenlée par M. Massereaux en vue de la publication de trois études
manuscrites relatives à la commune de Neuvy-Saint-Sépulcre.
L'attribution d'une indemnité de cette nature étant tout à fait
contraiie aux habitudes du Comité, celui-ci décide (|u'il n'y a pas
lieu de donner suite à la demande.
^\. (iAGNVT rend compte d'une note de M. Tlioison relative à des
découvertes gallo-romaines survenues à Larchanl et en propose l'in-
sertion au Bulletin. — Adopté'^'.
M. Jules GuiFFREY rend compte d'une communication de M. Alfred
Leroux, correspondant du Comité à Limoges. Il s'agit d'un acte
de l 'loT) accordant une indulgence; de (jiiaraule jours aux fidèles qui
visiteioni la chapelle du i)rieur(' de Valeys, dépendant de l'abbaye
*') Voir II. (le La Tour, Atlas des inoiimnos jrunhiki'x , n" 91 ^17.
'*' lltid., n° 7^11 7.
(■''^ Voir ci-après, p. TiSa, le texte de celle coimiiiinicatiuii.
des Alloys, et contribueront par leurs dons à la restauration de
cette chapelle ruinée par les guerres.
La pièce communiquée par M. Leroux est peu ancienne, et Tédi-
fice auquel elle se rapporte n'a guère d'importance; toutefois, comme
le document est court et que notre correspondant a eu soin de
l'annoter suffisamment, le rapporteur en propose l'insertion au
Bulletin '^^K
M. Héron de Villefosse propose de renvoyer à M. l'abbé Bouno
deux figurines eu bronze, découvertes près de la Ferté-Gauclier,
ces deux monuments, par leur date, ne rentrant pas dans le do-
maine des études du Comité. — Adopté.
M. MûMz rend compte d'une communication de M. L. Plancouard ,
correspondant du Comité, sur les cloches de Vi, dit Joli -Village
(Seine-et-Oise), et les fondeurs lorrains.
ffLe Comité a reçu, dans ces dernières années, de MM. Berthelé
et Régnier d'intéressantes communications sur les fondeurs de
cloches. M. Plancouard, à son tour, nous apporte une contribution
à l'histoire de larf campanaire dans un village de Seine-et-Oise.
Il nous fait connaître deux fondeurs lorrains qui y ont travaillé, en
17Ù7, et ajoute quelques notes sur dautres maîtres du xvii' et du
xviii" siècle.
cfCe petit travail a sa place marquée dans notre Bulletin, à la
suite des monographies de MM. Berthelé et Régniemt-^
M. Salomon Reixach entretient brièvement le Comité du résultat
des fouilles que M. l'abbé Parât a entreprises dans la grotte de Ner-
mont, grâce à une subvention ministérielle.
ftM. l'abbé A. Parât a repris l'exploration de la grotte de Nermont,
située à Saint-Moré (Yonne), à 5o mètres au-dessus de la Cure.
M. le D"" F'icatier, qui avait seul, jusqu'à présent, fait une élude
méthodique de ce gisement, y avait reconnu trois couches icarac-
iérisées, de bas en haut, comme il suit : 1" tranchets, poterie sans
ornement ou seulement marquée à l'ongle; 2" haches en granit du
Morvan, haches polies en jadéite, pointes de Uèches en feuille de
laurier, poterie fine et assez bien ornée; 3" bronze, fer, jarres et
('^ Voir ci-après, p. /178, le te\te de celte coiiiiminlcafion.
'■'■^> Voir ci-après, p. ^72, le le\le de cette coriiDiunicalion.
ex
l'useaux en lerro cuite, poterie fuie el bien ornée. Le {jisemcnt est
donc iiéolillu(|ue.
rrLc travail de M. l'abbé Parât a consisté, jusquà présent, à
déphicer les terres remuées par ses prédécesseurs pour arriver aux
coucbes intactes. Les objets qui! a recueillis, tous néolithiques,
h'inoigneiil de la richesse de la station. H y a des molettes en
granit, des nucleus, des percuteurs, des lames et racloirs concaves
en silex, des poinçons et aijjuillos on os, des dents et des os percés.
La poterie est <>énéralement grossière, peu ornée; quel(|ues spéci-
mens sont d'une pâte noire et line, avec des lignes droites ou
courbes incisées. Citons encore des pots en ai-gile, une douzaine de
lusaïoles, un fi'agment de bracelet en schiste poli, une moitié de
vase eu serpentine. La faune est celle de fépoque actuelle; le
sanglier est très commun, le cheval très rare; on a trouvé une
molaire de fours moderne.
trM. fabbé Parât compte entreprendre, pendant f hiver 1897-
1898, f exploration de la grotte des Fées à Arcy. ii
^L Saglio, chargé d'examiner une communication de M. fabbé
Vugot sur une statue placée dans féglise de S'aulges (Mayenne),
lit le rapport suivant :
rr M. fabbé Angot a communifjué deux photographies, fune repré-
sentant dans son ensemble f autel de féglise de Saulges (Mayenne),
fautre une des statues qui ornent le retable de cet autel, stalue (|ui
est, à son avis, une image du grand Condé.
ffLe prince de Condé était seigneur de Saulges, du chel' de sa
femme Claire-Clémence de Maillé-Brezé, la nièce du cardinal de
Richelieu, et les habitants de Saulges, en faisant reconstruire leur
église, ont pu avoir la pensée d'y placer la statue du grand homme,
alors défunt. L'autel était achevé en 1O92, comme il apport d'un
reçu délivré à l'architecte, que M. fabbé Angot a transcrit; il ne
restait plus (ju'à y graver les armes, y est-ii dit. Ces armes que
fou distingue, quoique obscures dans la photographie, sont au-
dessus de la statue en (piestion, celles de lîourbou-Condi' accolées
à celles de la famille de Thévalle, les anciens seigneurs de Saulges.
Le personnage figuré dans la niche que ces armes surmontent est
velu, pardessus son armureà la romaine, d'un manteau lleuidctisé; il
porte les colliers dos ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit; de
la main droite il tient le bâton de grand maître de France, dignité
CXI
lonjjlemps héréditaire, dans la maison de Condé; la serviette qu'il
tient dans sa main gauche est aussi un attrihul du grand maître,
qui avait le commandement sur les officiers de la maison et de la
houche du roi.
tcM. Tabbé Angot arrive, on le voit, à sa conclusion par des
preuves tirées de tous les accessoires de la figure dans laquelle il
croit reconnaître Condé, en déclarant quil n'est point à même de
décider si les traits du visage sont bien ceux du prince. Or, pour
quiconque a vu quehpies-uns de ses poitraits, la ressemblance
n'est pas douteuse.
ff On peut regretter que la statue, autant qu'on en peut juger par
la photographie, ne soit pas plus intéressante au point de vue de
l'art, mais la communication me parait mériter d'être imprimée
avec la confirmation (jue lui donne l'iconographie.
«La statue, dit l'auteur de la notice, est en terre cuite et presque
de grandeur naturelle. On peut se demander si elle n'est pas
peinte; il serait intéressant de savoir, en ce cas, quelles en sont les
couleurs (^).'»
MM. DE Barthélémy, Berger, Mijntz et Prou rendent compte de
diverses publications pour lesquelles des souscriptions ont été
demandées au Ministère.
La séance est levée à 5 heures.
Le Secrétaire de la Section d'archéologie ,
R. DE LaSTEYRIE,
Membre du Gomilé.
") \<)\r ci-après, p. ^'ly, lo Icxle de celle comiiinnicalion.
RAPPORTS
ET
COMMUJNICATIOISS
AllCUfcOLOdE.
ÉTUDES D'ARCHITECTURE
EN PORTUGAL.
MAITRE HUGUET,
ET LES INFLUENCES FRANÇAISES
DANS LES CONSTRUCTIONS DE BATALHA,
PAR M. E. EUDE.
S'il est un nom qui soit cher au cœur des Portugais encore
clignes de leurs ancêtres, c'est celui de Batalha, qui rappelle le
plus glorieux souvenir de l'indépendance nationale. Pour ceux qui
ne sont pas seulement patriotes, mais amis des arts, ce nom rap-
pelle aussi le plus beau monument d'architecture du pays.
Les faits historiques sont connus. Le i/i août de l'année i385,
ie nouveau roi de Portugal, Jean P*", le roi de l'acclamation popu-
laire, qu'on de'signait souvent encore sous le titre de r mestre d'Aviz n ,
— se trouvait avec 10,000 hommes à peine en face de l'invasion
espagnole, en face d'une armée qui comptait au moins 3o,ooo com-
battants. La rencontre e'tait inévitable, auprès de la bourgade d'Al-
jubarrota.
Dom Joam, dans ces terribles circonstances, fît un vœu solennel
à ia Mère de Dieu, promettant, s'il avait la victoire, d'élever un
monastère plus beau qu'aucun autre à sa céleste Prolectrice. Dom
.loam remporta la victoire (i5 août i385), et la patrie portugaise
fut sauvée du plus grand péril qu'elle efit couru jusqu'alors. Le
vainqueur tint son vœu : sur l'emplacement même de la lutte, il se
mit en devoir d'élever le monastère promis, qu'il appela Santa-
Maria da Batalha, celui dont nous voulons nous occuper aujour-
d'hui.
Nous reviendrons sur l'historique de ce célèbre monument, dont
la oonstriulion dura plus d'un siècle; mais nous allons d'abord
l'aualyser au point tle vue archiloctoiii(jue.
A vrai dire, ou peut considérer que l'œuvre était arrivée à son
plein e'panouissenient vers i65o, et ne regarder les travaux ulté-
rieurs que comme des continuations, ou, pour mieux parler, des
altérations assez mallieureuses des projets et des constructions de
la première époipie. Hatalha se trouve donc être, suivant une ex-
j)ression souvent répétée, l'une dos plus brillantes manifestations
de la dernière période du moyen a[f(' cbrétien : c'est un ouvrage
/rotliique^^^ dans son ensemble, qui porterait la marque du xiv" siècle,
comme science et comme sécberesse, et qui cependant accuse avec
netteté des tendances nouvelles, l'origine de ce qu'on appelle dans
la péninsule le style mamiélniA'^K
Le plan de l'église comprend une nef et deux collatéraux. Les
dimensions principales sont : Longueur, 80 mètres; largeur de la
nef centrale, 7 m. 5o; largeur du transept, 33 mètres; hauteur
de la nef centrale. Sa m. 5o.
La nef est séparée des collatéraux par huit piliers, dont la base
carrée mesure 9 m. 65 de côté. Ces piliers sont trèssimples. Il n'y
a pas de triforium.
La sculpture ne reproduit que des feuillages.
Il convient de remarquer la rectitude du plan et l'harmonie par-
faite qui règne dans les propoitions de toutes ses parties. Cela n'est
pas sans importance au point de vue de l'attribution du concept et
des constructions.
Au premier regard, on est frapp(i par la singulière horizontalité
des parties supérieures des bâtiments. Cette horizontalité n'est
rompue que par les pinacles en pyramide, et par les couronne-
ments des escaliers du transept. Ni tours attirant de loin l'atten-
tion du pèlerin, ni toitures apparentes. Il résulte de la correction
même de cette architecture une sorte de raideur, que certains nom-
meront froideur; je crois, pour mon compte, que le mot le plus
exact serait étmn^reié. (Juebpies voyageurs anglais ont pi'étendu que
féglisc! de Batalha ressemblait étonnamment à la cathédrale d'York :
d'où des déductions que les faits n'appui(;nl point. On peut sans
'" Il liiiil liicti revenir à ce mot, |)uis(|iril est consacn- pnr i'iis;i|re!
'■^^ Vdir uni: ('liidi' de rinileiir : De l'iiillaciiLx J'rdiiriintv dans le sliflc tummélin
Paris, liiijir. nul., 1897).
doute rapprocher ces deux ouvrages comme caractère d'architec-
ture; mais qu'est-ce que cela prouverait? L'ordonnance de la ca-
thédrale d'York est tout autre que celle de l'abbaye portugaise :
elle offre, par exemple, deux hautes tours sur sa façade.
Nous ne nous attarderons point à décrire les grandes fenêtres
placées au-dessus du portail principal, ni la guipure des couronne-
ments, ni les pyramides à crochets, ni les escaliers en hélice, dont
les Guides vantent les cent vingt marches
Mais il faut remarquer, avec M. H. Nodet, les contreforts fré-
quemment recoupés par les bandeaux; les arcs-boutants ajourés par
des rfquatre-feuillesii; les moulures verticales rapprochées, s'épa-
nouissant en lobes superposés, comme par une réminiscence arabe,
pour donner aux corniches une grande importance décorative
Il faut encore noter une particularité qui détonne quelque peu
dans l'ensemble : c'est le caractère archaïque du transept sud, d'al-
lure toute normande. Ailleurs, on daterait sans hésitation cette
architecture, de la première moitié du xiv" siècle : ici, force est de
convenir qu'elle est beaucoup plus récente.
Le cloître, contre l'église, mesure 5o mètres de côté. Les arcades
en ont été à demi fermées par des réseaux de pierre ajourée, à
l'époque du roi Manoel. Cette adjonction fut évidemment une
faute architecturale; mais comment en vouloir au sage D. Manoel
d'avoir mutilé les baies antérieures, quand on a vu le cloître de
l'abbaye de la Bataille le soir, à la lueur des étoiles portugaises,
sous un ciel sans égal? C'est grâce aux tfajouréesr) de D. Manoel
que l'on se croit transporté dans les palais chantés par le poète :
Où l'on entend , la nuit , de magiques syllabes ,
Quand la lune , à travers les mille arceaux arabes ,
Sème les murs de trèfles blancs ! . . .
Alors on aperçoit, sur ces murs, et passant comme dans un rêve,
la grande chevauchée d'Aljubarrota, — le jeune roi criant : Sam
Jorge ! Sam Jorge ! Adelante , senhores!. . . Les soldats crdu vert estan-
dartTî, la bande des r énamourés 'i qui se fit si vaillamment tuer, et
tous les héros de la journée du Souvenir
Mais laissons le rêve et revenons à la réalité. La chapelle funé-
raire de Jean 1", dite chapelle du Fondateur, n'a plus la flèche qui
surmontait sa partie centrale, mais l'intérieur en est encore fort
remarquable : c'est là surtout qu'on peut étudier Tari de transition
vers le st\le nianueiiu dont nous aurons l'occasion de reparler.
La voûte de la salle du Chapitre couvre, sans appuis intermé-
diaires, un carre de 17 mètres de côté, ce qui nous paraît être un
assez joli tour de force. Les nervures dessinent en plan une étoile
à huit rais. Les joints de remplissage des voûtains sont concen-
Iriques : telle une coupole. Dans un angle est sculpté le portrait
d'un des maîtres de l'œuvre : on a voulu, naturellement, donner
un nom; en réalité, nul ne sait quel est l'artiste ici représenté. Le
portrait est d'ailleurs plein de caractère.
En arrière de l'église, cl communiquant avec le chevet par une
vaste baie d'une admirable richesse sculpturale, on trouve la salle
octogone appelée chapelle incomplète (^). Elle n'est en effet montée
que jusqu'à la naissance des voûtes. Telle qu'elle est et qu'elle res-
tera (car je voudrais bien savoir qui se chargerait de l'achever t'^l?)
c'est une œuvre bizarre, très critiquable, et cependant puissante.
L'ornementation manuéline y brilh^ avec tous ses défauts et toutes
ses qualités : décoration excessive, prodigieuse, désordonnée, mais
brillante et hardie. Un mot mystérieux, une devise non expliquée,
se montre partout dans la chapelle incomplète : Tanyaserei. Problème
historique au milieu du problème architectural.
Maintenant que nous avons parcouru les œuvres, bien que d'une
manière rapide, essayons de déterminer quels eu furent les cmiai-
tres», et de fixer la part qui revient à chacun d'eux parmi de si
longs et si magnifiques travaux.
Dans son Histoire de l'ordre de saint Dominifiiie (en Portugal), pu-
bliée vers les premières années du xvif siècle, Luiz de Sousa nous
dit'^', en s'appuyant sur le témoignage d'un écrivain antérieur'''), à
propos du monastère de la Bataille : ffLe roi (Jean I") appela de
pays lointains les plus célèbres architectes qu'il connût; il réunit de
tous côtés des tailleurs de pierres (sculpteurs?) habiles et instruits.
A certains il accorda des honneurs, à d'autres d(; gros salaires. Il
retint plusieurs de ces étrangers en Portugal, les comblant de dis-
tinctions et d'argent, v
"' On (lit souvent, en Portu{jal, les chapelles incouiplètcs.
'•-'' Certains arcliilectos anjjlais ont présonlé des projcls (rafli(''vemonl qui sont
simplemnnt /i;rotPS(|ues.
'^' Cap. xiii.
<*> Cacejias.
— trEn vérité! dit avec quelque humeur D. Francisco de San-
Luiz, le savant archevêque de Lisbonne, en vérité, cette œuvre
grandiose méritait bien que l'illustre chroniqueur examinât avec
plus de soin et nous rapportât en détail quels furent ces archi-
tectes et ces maîtres appelés de lointains pays pour tracer et diriger
l'ouvrage! Il aurait rencontré moins de difficultés que nous à l'aire
avec fruit cet examen -n
Ainsi parlait le patriarche dans un mémoire publié vers 1826.
Que devra-t-on dire aujourd'hui que les archives du couvent, dis-
persées au souffle des guerres civiles, sont devenues Dieu sait
quoi"?. . . Force est donc de s'en rapporter aux renseignements de
D. Francisco, puisés aux archives susdites.
rtLes paroles de Fr. Luiz de Sousa, déclare le patriarche, qui
semblent donner aux conjectures un si vaste champ, ont été cause
que l'orgueil et la présomption des étrangers se sont arrogé la
gloire de la première invention et de la direction du superbe édi-
fice, sans qu'il se soit trouvé un champion portugais pour défendre
la dignité de sa nation !u
Là-dessus, l'archevêque dresse le catalogue suivant des maîtres
des œuvres de Batalha :
Le premier dont il soit fait mention est Afîonso Dominguez,
nommé dans un document du 7 décembre 1/109. Ce document est
le mesurage d'un terrain possédé par t: Marguerite Annes, nourrice
de défunt Affonso Dominguez, maître des travaux du monument».
Ici nous citons textuellement l'archevêque : fSi nous considérons,
dit-il, que ces travaux n'avaient été commencés que depuis quinze
ou seize années ('\ et que Dominguez n'existait déjà plus à la date
du document (1/102), notre conjecture paraîtra bien fondée, qu'il
fut sans doute le premier architecte qui s'occupa de tracer le plan
de l'édifice et qu'il en dirigea l'exécution, vaste, difficile et compli-
quée. ■>; Nous ne sommes nullement d'accord; mais passons, pour le
moment.
rf2. Maître Ouguet, ou Huguet, ou Huet. — Dans le document
mêmeoiî figure le nom d'Affonso Dominguez se trouve cité, comme
témoin, maître Ouguet, qui sans doute aura été le successeur im-
médiat de Dominguez dans la direction des travaux. C'est, à ce que
nous croyons, le même artiste, qui paraît, sous les noms de maître
"' A peine, car le vœu de D. Joam est du \k août i385.
Huguet et de maître Hiiet, dans des documents des années i/i5o
et liSi, ot auquel le roi Duarte avait l'ail don de la maison habitée
par cet arcliiterte auprès du couvent. Celle maison avait élé des-
tinée, dès rorigine, à la résidence des inailres des œuvres '^l.w Ici,
nous ne ])ouv()ns (ju'aj^prouver; nous développerons d'ailleurs plus
loin nos opinions personnelles.
rr3. Maître Martini Vasquez. — Bien (pril ne soil pas possible
de déterminer le temps pendant lequel maitie Huguet présida à
la direction des travaux, nous savons cependant (|u'il était déjà
chargé de cet emi)loi en iio2, et qu'il le conservait encore sous
D. Duarte(-\ Nous savons également qu'en i^Bo-iùBi, il était
mort depuis quelques années; c'est donc immédiatement après
Huguet (|u'il tant placer Martini Vasrjuez, lecjuel est mentionné
comme déjà décédé dans un document daté de ifikS.-n II résulte de
là que Vasquez n'a fait que passer à la tête des travaux.
ff/i, Fernani d'Evora, neveu et successeur du précédent, jus-
qu'en Tannée 1/173.^7 Cela fait environ vingt-cinq ans de direc-
tion.
«5. Matheus Fernandez. — Un document de i5o3 le nomme
comme étant le maître des œuvres. Mort en i5i5.
ff6. Matheus Fernandez, fils du précédent.
cf7. Antonio Goniez, appelé maître-maçon, en i5/i8. . .
k8. Antonio Mendez, menlionné en iByS.ii
Tel est le catalogue dressé par D. Francisco. Le problème est
posé, bien posé. Cherchons maintenant à le résoudre.
D. Francisco se défend d'avoir agi par suite d'un (f patriotisme
étroit n. Tout en affirmant tju'il n'existe pas, pour nous, d'étroit
patriotisme, nous devons cependant faire remarquer: d'abord com-
bien la piirase de Luiz de Sousa, très certain écho de la tradition,
est grave et nette; ensuite — et c'est là notre thèse, — à quel
point les quelques renseignements recueillis par rarclievé(|ue de
Lisbonne confirment les origines exotiques du monastère créé par
Jean I*"".
Un archéologue portugais qui ne manquait pas de sens critique,
Barbosa, semble avoir été mieux inspir(; que le |)atriarche, lors-
qu'il écrivait : rfLe style architectural, avec sa belle ornementa-
('' Ce, devait être Vaijence.
'*' Successeur de Joan 1", son père, Duartn répnn de iA33 n i438.
— 9 —
tion , qui produisit le monument de Batalha, nous vint de Te'tranger.
Si nous l'acceptâmes en toute sa pureté et perfection, c'est (pril se
modelait exactement sur Te'tat de de'veloppement moral de la nation '').
Nous avouons n'entendre pas très bien cette dernière phrase. Qu'on
nous montre d'autres monuments gothiques, en Portugal, antérieurs
à Batailla! Nous n'en connaissons qu'un seul qui relève de ce genre
d'architecture, c'est l'église du Carmel à Lisbonne; et cette é;;lise est
absolument contemporaine des débuts de Batalha, puisqu'elle résulte
aussi d'un vœu fait le même jour que celui de D. Joam, i^ août
i385, par le connétable Nun'Alvares Pereira, l'auii du roi. La
seule différence qu'il faille noter, c'est que, le connétable semblant
avoir été plus pressé de terminer son église que le roi de terminer
son monastère, l'œuvre du Carmel fut achevée en 1^23 '-', si bien
qu'elle est d'une architecture beaucoup plus une que l'œuvre de
Batalha, qui se prolongea. . . tant et si bien qu'il y reste encore
quelque chose à faire aujourd'hui.
fcLe style ogival pur, continue Barbosa, se maintint jusque vers
le milieu du xv" siècle. Sa dégénérescence commença pendant le
règne d'Alphonse V : on troqua la pureté, la sage décoration,
contre une plus grande abondance d'ornements, distribués avec
moins de goût . . . i->
C'est très juste, mais cela ne nous fait pas trouver en Portugal
d'églises gothiques, soit antérieures, soit postérieures à Batalha!
Fatalement, le digne Barbosa se voit amené devant la question
délicate : Quel fut le premier architecte de l'abbaye de la Ba-
taille?. . . Là, le bonhomme dut tourner plusieurs fois sa plume
entre ses doigts.
tril faut s'étonner, je ne puis le nier, qu'il y eût, à cette époque,
en Portugal, un artiste assez consommé pour faire le dessin [risco)
d'un pareil monument. L'architecture se trouvait chez nous, avant
l'exécution de cette œuvre, dans un état, comment dire : de grand re-
tard? non! mais du moins elle n'était pas en avance (^). Elle était
dans un tel état, qu'aucun mémoire ou document ne nous autorise
à considérer qu'il existât une école d'où pût sortir un artiste aussi
consommé.^
") Monumentos.
''^) La première pierra avait été posée en 1889.
''' Encore une fois : montrez-nous un seul monument !
— 10 —
Voilà lo grand mol lâche! le mot juste. Sans don le, il n'existait
pas alors d'école en Porluoal, et c'est pour cela quon n'y trouve
|)as (le monuments gothiques. Depuis la mort du roi Denis (i325)
sous lei|uel on construisait encore suivant les d<mnées de l'art ro-
man ^", le pays traversait une pe'riode désastreuse : guerres civiles,
guerres éli'an<;ères malheureuses, epidéiuies, lamiues, invasions,
.ien n'y mampiv.. L'indépendance nationale y faillit rester. Durant
ces temps maudits, on détruisit prohahlemenl heaucoup, mais on
construisit peu. Cela dura soixante ans environ. Aussi lorsque Jean
le Grand voulut, en accomplissement de son vœu, faire élever ie
monastère promis à .\otre-Dame de la Victoire, dut-il ff appeler des
pays lointains, suivant la phrase incriminée de Luiz de Sousa, les
plus célèhres architectes qu'il connût, et réunir de tous côtés des
tailleurs de pierres. 11 n'y a pas de protestation qui tienne; et si
le chroniqueur s'était tu, les pierres elles-mêmes crieraient pour
prouv(>r l'origine étrangère d'une architecture apparaissant sponta-
nément sur la sol portugais.
Mais enfin, pourrait-on ohjecter, un document mentionne le
maître des œuvres Affonso Dominguez, et ce nom est essenlielle-
ment national?
C'est vrai; je vous accorderai même que ce nom, bien que très
commun ^-\ soit celui d'une dynastie d'artistes ou du moins de
praticiens portugais; car on trouve un Domingo Dominguez, archi-
tecte d'Alcobaça,. l'an i3io. Mais comment admettre que le roi
D. Joam eût appelé de l'étranger tant d'hommes capables, s'il avait
eu sous la main, chez lui, des r- maîtres:^ de force à projeter, puis
à construire l'œuvre qu'il méditait?. . . Allons au fond des choses:
Dominguez, sur qui tous nos renseignements consistent à savoir
qu'il avait encore sa nourrice lorsqu'il était d'âge à se passer de ses
soins, — Dominguez, selon nous, ne fut que le prète-nom ima-
giné par l'orgueil national, tandis (pi'un sous-ordre, et même plu-
sieurs, s'acquittaient des fonctions réelles. Qui ne sait que «M. le
directeur général des travaux 11 n'est paifois ainsi désigné que par
antiphrase? Je ne veux pas faire ici de satire; mais enhn, nous con-
naissons tous cela.
Si cette fiction s'est présentée un peu |)artoul, il faut ajouter qu'elle
f'' Nous le prouverons pont-être ailleurs.
^^'' Il sifpiiiic : Filsdo Dominique.
semble avoir élé pratiquée avec amour eu Portugai. Je ne prendrai
point mes exemples dans l'histoire contemporaine, car je neveux
chagriner personne. Mais j'ai déjà relevé'^), pour ne citer que cet
exemple, le fait suivant : A l'époque où maître Nicolas le Français
était incontestablement maître des œuvres de l'église Santa-Cruz,
à Coïmbre (iSa/i), exerçant cette charge d'une manière effective
et très personnelle, il existait dans la même ville un rr architecte
des travaux royaux ri, Jacques de Gastilho. Cet architecte se trouve
nommé conjointement avec maître Nicolas, que dis-je? avant lui,
dans un ordre du roi D. Manoel, de payer des travaux se rappor-
tant à l'église même de Santa-Cruz ('-). Résultat : si l'on n'avait pas
des preuves indubitables que l'auteur de Santa-Cruz est maître
Nicolas le Français, on pourrait faire honneur de cette admirable
construction au sieur Jacques de Castilho, qui paraît avoir joué
dans la circonstance le rôle accablant de la mouche du coche. Cet
exemple n'est pas unique. Il faudrait encore parler de Mafra,de...
Mais j'ai dit que je ne voulais froisser personne.
Ainsi, d'après Barbosa lui-même, il n'existait pas d'cr école ?i d'ar-
chitecture portugaise d'oii pût sortir l'auteur des plans de Batalha.
Mais le pauvre homme est si désolé de cet aveu compromettant,
qu'il cherche à le pallier de son mieux. rrDominguez, dit-il, dirigea
l'œuvre. w (Admettons!) — rfDonc il la fit, car pour la diriger, il
fallait autant de génie que pour la projeter. ^^ (Là, nous nous in-
scrivons en faux.) — Donc ril avait dû apprendre. . . en Angle-
terre V !
La chute en est jolie!. . . Si ie défenseur de Dominguez n'avait
pas d'argumentation plus serrée ni de documents plus probants à
présenter, il eût mieux fait sans doute de garder un silence pru-
dent. Il reconnaît en effet que maître Huguet exécuta et la partie
principale de l'œuvre». Nous citons
c Ses travaux sont , à mon avis :
T L'achèvement (?) de l'église;
ffde la chapelle du Fondateur;
f de la sacristie;
ff de la salle du Chapitre et du réfectoire ;
"' Voir, dans mes Etudes d'architecture en Portugal, celle qui regarde ie style
manuélin.
'^^ Archives royales de Lisbonne (tome de Tombo), Lettres missives, page i,
n° 395.
trEt la plus impoitiinlG ])arlio du cloître royal.
rll nuM'itc L>i(Mi le titre de (li^(pie siicrcsseur dAITouso Doniinguez
j)ar la };raude habileté (ju'il uiit à diri<jer de si dilliciles travaux...
Co l'ut le même architecte certainement qui donna le dessin primitif
des ff chapelles imparlailesii, et qui les commença, puisque le roi
D. Duarle, leur l'ondateur, mourut en l'année ii38, peu de temps
après maître Huf>uet. . . On i^j-nore la nalionalilé de cet artiste : à
juger cependant par son nom, ow pouvra lui doiinor la France ])our
patrie (^'. ■>
Arrèlons-nous; cela sullit. Uabemus (Wijltoilcin reiim. D'abord, la
dernière phrase est un chef-d'œuvre : en dehoi's des Anglais qui,
pour les besoins de leur cause, oui prétendu que le nom de Hu-
guet, si français, ('lait une corru[)liou portugaise de frllacketn, ce
qui paraît une plaisanterie un peu forte, même pour une plaisan-
terie britannique, nous ne croyons pas que personne ait jamais vu
dans Uuguet autre chose qu'un vocable français.
Si nous avons bien compris, Barbosa concède à maître Huguet à
peu près toute l'œuvre comme tf achèvements, plus les «chapelles
imparfaites w comme projet et comme début de construction.
Ici nous sommes d'accord, sauf sur le mot rr achèvements.
Remémorons les dates. Le vœu de D. Joam est de i385. Il ne
paraît guère probable que les travaux aient été mis en train avant
Tannée 1889, année où les travaux de l'église du Garmel de Lis-
bonne, lesquels marchaient beaucoup plus rapidement que ceux de
la Bataille, ont été commencés. En i/io2,Dominguez était déjà mort.
Il n"a donc été maître des œuvres, titulairement ou réellement '-^
que durant une dizaine d'années. Suppose-t-on que pendant ce
temps les travaux extérieurs, en dehors des fondations, eussent
beaucoup avancé?
Mais admettons. Est-il possible de croire que ce maître Huguet,
qu'on voit succéder immédiatement à Dominguez comme directeur
des travaux; qui, par conséquent, était architecte en second du vi-
vant du susdit, ne fût pas depuis longtemps la cheville ouvrière des
constructions de la Bataille? Il faut même penser que sa supério-
*" 1^'auleur reconnaît ailleurs que ce fut principalement du temps de Jean I",
le fondateur de Baiallia, que l'on importa les usages et modes étrangers, trsurtout
française.
'^^ On se rappelle que, d'après Barbosa, personne alors en Portugal, et Domin-
guez pas plus que les autres, n'eût été capable de dresser les projets de Balalba.
— 13 —
rite d'artiste e'tait tellement accusée, et ses services ante'rieurs tel-
lement appréciés, qu'on n'osa pas nommer un surintendant na-
tional, avant le pas sur un homme d'une pareille valeur. On passa
par-dessus sa qualité d'étranger, parce qu'on ne pouvait sans doute
faire autrement.
Il me parait donc très|probable que ce lut notre compatriote,
maître Huguet, frqui s'occupa de tracer le plan de l'édifice et qui
(d'abord sous le nom de Dominguez) en dirigea l'exécution vaste,
difficile et compliquée^-. Je reprends ici les termes de l'archevêque
de Lisbonne, mais en les appliquant à maître Huguet f^^.
Nous avons vu quelle est lajpart d'Huguet ou des Huguet dans
l'œuvre construite. De cet artiste, ou de ces artistes, date évidem-
ment une école, celle d'où sont sortis les maîtres et les ouvriers
qui durent achever les ouvrages de Batalha, malheureusement en
modifiant les principes provenant de la direction Huguet.
Vasquez ne fit que passer comme chef des travaux. H semble
d'ailleurs que pendant sa gestion , comme pendant celle de Fernam
d'Évora, les œuvres n'aient été poussées qu'avec peu d'ardeur (-).
Le rfondateun? était mort en i/j33, son fils en i/i38. Le règne
d'Alphonse V (i/i38-i^8i) fut un règne troublé. Celui de Jean II
(1^81-1/195) fut occupé par des idées nouvelles et cTes projets tout
différents. Bref ce n'est guère que sous D. Manoel qu'on se reprit à
à penser sérieusement à Batalha.
ffD. Manoel étant monté sur le trône, écrit encore Barbosa,
voulut achever les r chapelles incomplètes (^'11. 11 chargea de cette
entreprise l'architecte Matheus Fernandcz (premier du nom). Ce
fut cet artiste qui altéra le dessin primitif en donnant au monu-
ment, d'allure simple et sévère, les façons capricieuses de l'archi-
tecture qui symbolise le règne glorieux de D. Manoel (style ma-
nuélin). C'était d'ailleurs un artiste très distingué. . . ■»
Sans doute, mais il n'en est pas moins vrai que c'est là que
commence la décadence. Le temps du gothique est fini.
'^' Nous disons plus loin qu'il conviendrait, à notre avis, de dédoubler le per-
sonnage de maître fluguet; mais cela ne change rien à la thèse.
'^' Barbosa : «Vasquez dessina et commença le second cloître , dit d'Alphonse V. . .
Si l'on en juge par là, il était très inférieur on talent aux architectes qui l'avaient
précédé. Fernam d'Evora n'exécuta aucune œuvre importante de son dessin, qui
lui permit de montrer son habileté, n
'■^' Abandonnées depuis lAèiS, c'est-à-dire depuis près de soixante ans.
— l/i —
Si l'on examine les j)aities attribuées à la direction Hujjiiet, on
V (léooiivriia (je parle dos povtinns les plus récenlos) Toritjinc des
iornies nouvelles (]ui devaient piendre,à la fin du siècle, un déve-
loppement si désordonné, sous le nom de sti/le manuéliii. Mais elles
étaient alors r d'allure simple et sévère 11; c'était la grâce et pas
encore le caprice, une évolution et pas encore une révolution.
Quoi qu'il en soit, il paraît difficile de refuser aux artistes français
une iniluence sur le mouvement de rarchitecture portu|;aise vers
les formes manuélines, quand ce ne serait que pour cette raison
capitale, que les artistes poitugais de la seconde moitié du xv" siècle
sortaient, en somme, de l'école française des Huguet.
A partir de Matheus Fernandez II, on ne fait plus guère à Ba-
tailla que des choses médiocres, très médiocres. D'ailleurs D. Ma-
noel se désintéressait de ce monastère depuis qu'il avait entrepris
une œuvro qui lui tenait plus personnellement au cœur, le couvent
de Belem, souvenir de l'expédition de Vasco da Gama (1/197). Pour
activer les travaux de Belem il retira presque tous les ouvriers
occupés à l'abbaye de la Bataille.
r Antonio de Castilho prit la direction des travaux de Batailla
en i5a8. C'est lui qu'on doit, paraît-ii, accuser de la barbarie ^'^
d'avoir fait la troisième, la plus triste altération du dessin primitif,
des tr chapelles incomplètes 15 . . . Tl mêla le style de la Renaissance
à l'architecture gothique Ce fut le dernier architecte habile
employé dans les constructions du monastère — Pendant sa
direction, les travaux des «chapelles incomplètes-^ lurent complè-
tement arrêtés — Le cloître de Jean III, s'il fut dessiné par
lui, ne lui fait pas honneur.
ffLo dortoir, la bibliothèque, l'infirmerie, et les autres dépen-
daîices construites du temps et par ordre dudit Jean III '■'^^, eurent
pour auteur Antonio Gomez, qui ne s'illustra certes pas dans une
pareille œuvre.
ffOn continua, sous les règnes suivants, la charge de te maître
des œuvres de Batalhaw; mais les travaux se réduisaient à l'entre-
tien du inonunient. w
On voit, en dehors de maître Huguct et de l'énigmatique I)o-
rainguez, à quoi se réduit la part des divers architectes qui s'oc-
"^ Barhosa.
"' Do laai à io5'
— 15 —
cupèrent tle Tabbaye de la Bataille ! En somme, ce ce'lèbre monas-
tère est une ceuvre procL^dant d'artistes français et de Tari français;
et cest ici le lieu d'examiner ce que j'appellerai la question des
deux Huguet.
La direction Huguet a duré près d'un demi-siècle. Ce seiait
beaucoup pour un seul homme. Mais surtout peut-on admettre
qu'un poste pareil ait e'te' donne' de prime abord à quelque jeune
architecte? Non! il fallait que maître Huguet fut, en lùoo, un
artiste d'un certain âge, en pleine possession de son talent; qu'il
eût une cinquantaine d'anne'es. Il aurait été' bien vieux, dans ces
conditions, vers i438, e'poque de la mort de D. Du -rte, qui suivit
de près celle de maître Huguet. Et puis, rappelons-n ms le portail
du transept sud, et l'observation qu'il provoquera chez tout archi-
tecte ou tout archéologue qui le verra : son caractère archaïque est
incontestable, et porterait, chez nous, la date de la première moitié'
du xiv" siècle. Il y a donc lieu de penser que l'homme qui le conçut
et l'exe'cuta, vers l'année i/ioo, était déjà vieux, ayant appris, dans
sa jeunesse, avec des maîtres imbus des anciennes méthclos : c'est
la seule façon, croyons-nous, d'expliquer la physionomie [es par-
ticulière du transept méridional.
Dans notre hypothèse, Huguet H serait le fils ou le neveu d'Hu-
guet I". Outre qu'on trouve plus tard, de la même façon, les deux
Fernandez , le père et le fils (^', se succédant comme maîtres des
œuvres de Batalha, — quoi de plus naturel que d'admettre la sur-
vivance de l'emploi chez un artiste parent du défunt, ayant la même
« manières , possesseur des mêmes secrets , et préparé par une longue
pratique des mêmes travaux à prendre la succession de la charge,
avec ses avantages et ses dangers?. . . Ce serait à ce second maître
Huguet que reviendrait l'honneur des hardiesses de style (-) qui,
tout en restant dans la note gothique traditionnelle, préparent déjà
la Renaissance portugaise de la fin du siècle.
Résumons-nous. L'influence française, due à maître Huguet, ou
aux maîtres Huguet, semble incontestable dans les constructions de
Batalha. C'est sous cette direction française d'un demi-siècle qu'ont
été projetées et que se sont élevées presque toutes les parties impor-
tantes du monastère, d'ailleurs les plus pures de style. Enfin, c'est
('^ Et Martim Vasquez et Fernam d'Evora, l'oncle et le neveu.
'-' Entre autres, dans la chapelle du Fondateur.
— 16 —
pendant le même laps de temps que s'est formée l'école architectu-
rale de Balalha, et les artistes qui pi'olongèrent les consiruclions,
mais ne surent pas se maintenir à la hauteur des premiers maîtres
des œuvres.
Nous avons la mention du nom d'lIu<Tuet; c'est le plus important
de tous sans doute, mais non pas le seul des artistes français à qui
Batalha soit redevable de ses splendeurs. Nous n'en voulons qu'une
seule preuve : parmi les crmaîtresi7 dont parlent les documents,
nous trouvons (juilhermc Bolleu, mentionné dans des pièces des
années ikkS, lAGo et 1/173 ('', comme peintre-verrier. Le nom de
Bolleu, prononcé par des bouches porlu{>aises, se ra[)proche beau-
coup du nom Irançais crBeaulieu^; c'est pourquoi des archéologues
portugais, peu portés à donner aux étrangers des louanges exagé-
rées, ont vu dans rtmestre Guillierme^i un de nos compatriotes ap-
pelé Guillaume Beaulieu.
Le nom de Guillaume est surtout normand. Nous pourrions en
rapprocher celui d'Huguet, encore si fréquent de nos jours en Nor-
mandie. Nous avons dit combien le caractère du portail du transejit
sud rappelle les œuvres de cette province : ne faudr<tit-il pas en
conclure que mailre Huguet en était originaire? Nous serions assez
de cet avis. En somme, pai- mer, seul moyen d'aller en Portugal
dans les siècles passés, Lisbonne n'est pas très loin de Uouen. —
C'est de Rouen que devaient venir un peu plus tard les artistes ap-
pelés en Portugal par D. Manoel '-', et (jui lurent les véritables
pères du style manuéiin.
Emile Eude,
Moiiii)rc rorrcspondanl dos Anliquaiivs de l'^innce.
''' Archives de Toinl)o. Remarquons les dates ci-dessus : elles iiiontrenl que,
même ion'jlemps après les Iliijjuet, on faisait encore venir de France des arlistos
pour IJalallia.
^-> Voir réhido déjà citée : De l'i]ijliieii('p /'riniriilm' dans le xljjlv iiininichn.
LES ARTS A TOULON
AU MOYEN AGE.
^OÏES RECUEILLIES PAR M. LE CHANOINE ALBANÈS,
Correspondant du Comité, à Marseille.
11 ne serait pas facile de se procuror quelques renseignements
sur les œuvres d'art qui ont pu être exécutées à Toulon avant Tépoque
moderne, et sur les artistes par qui elles furent faites. Les écrivains,
même les plus diffus, qui se sont occupés de Thistoire de celte
ville, ne contiennent rien sur cette intéressante matière; et il n'en
saurait être autrement, parce qu'ils n'ont pas recouru aux seules
sources où ils auraient eu chance de rencontrer les documents qui
nous ont conservé le souvenir des faits qui s'y rapportent. En par-
courant les vieux registres des notaires toulonnais, pour en tirer
les nombreuses pièces concernant l'histoire ecclésiastique de ce dio-
cèse, nous en avons extrait une série assez notable d'actes qui ont
les arts pour objets et qui jettent une certaine lumière sur la vie
artistique à Toulon à la fin du xv** siècle et au xvi*. Ils sont au
nombre de vingt- cinq. Nous les avons classés par ordre chrono-
logique, malgré la diflerence des sujets et leurs divers degrés d'im-
portance. C'est l'ensemble et la variété qui font la valeur d'une col-
lection d'actes peu communs, et il ne sera pas difficile de retrouver
et de rapprocher ce qui a trait à chacun des aris en particulier.
Parmi nos documents, il y en a qui concernent l'architecture et
nous font connaître les noms de ceux qui exécutèrent à cette époque
les constructions qui furent faites à l'évêché de Toulon, à la cathé-
drale et aux Dominicains, les seules églises existant alors dans la
ville. On peut facilement croire qu'on s'adressa pour cela aux
hommes les plus renommés dans leur profession, quoiqu'on les
voie désignés sous le simple titre de lapiscides, en provençal pey-
riers, titre d'ailleurs fréquemment donné, on le sait, aux auteurs
Archéologie. g
— 18 —
d'œuvres Ibii iinpoilantes. Le promier de ces architectes lotiloii-
nais es! inaitit' Antoine de Colla, qni lut ehar,<>;é, en i4Go, de tra-
vaux considérables au palais éj)isfopal . où Jean Uuel, nouvelle-
ment sacré évéque de Toulon, se proposait de venir l'aire sa
résidence au prochain carême; le mauvais état de rédifice, dont
plusieurs ])ai"lies étaient en ruine, nécessitait de nombreuses répa-
rations et de notables chanjjcmenls, que le grand vicaire du prélat
donna à prix fait au susdit entrepreneur (pièce n° I). Maljjré les
enga{fements souscrits, l'ouvrage ne put être achevé qu'à Pâques t'I
En 1Ù83, maître Antoine Montagne fut appelé de Cuers, pour
construire dans IVolise cathédrale la chapelle de la Conception de
Notre-Dame, ou plutôt la voûte de ladite chapelle, que le prieur
de la vénérable confrérie fondée sons ce nom entreprenait de faire
faire à ses frais ^-K La chapelle en question était située sous la sa-
cristie et touchait du fond la muraille de la maison épiscopale, ce
qui fixe sa position (n° II).
Une œuvre identique fut confiée en l'année i3oo à maître Vital
Jaquini, par Bertrand Licosse, riche et pieux Toulonnais, que nous
allons voir concourir à de nombreux travaux ayant ])our objet la
de'coration des églises. Maître Jaquini fut chargé de bâtir à la ca-
thédrale de Toulon, dans la nef de Saint-Sauveur, qui ne peut être
que la nef de droite, puisqu'elle était du côté de la place publique,
une chapelle en l'honneur de saint Joseph. Il devait prendre pour
modèle la chapelle de Sainte-Anne, construite antérieurement, et
donner à celle de Saint-Joseph la largeur, la profondeur et la hau-
teur de la précédente, en mesurant pourtant l'élévation de la nou-
velle à partir du sol de l'église; car la chapelle de Sainte-Anne pa-
raît avoir été à un niveau plus élevé que le sol do la nef. 11 eut à
refaire, dans le fond, la partie correspondante du mur extérieur
de la cathédrale qui donnait sur la place, et à y pratiquer une fe-
nêtre convenable pour donner du jour à la chapelle (n° V).
Six ans après, on entreprenait un ouvrage plus considérable,
('^ Anno a nativitale Domini m" cccc" i,xi", ot die xv" i'i'bniniii. . . M. Aiillio-
niu9 de Colla, gralis et sponle promisit. . . IJcvcrciido in Chrislo pairi dimiino
J. episcopo Tliolonensi, presenli, slipiilanli elc. , periicere alqiie complere dicUiuî
prefacli liinc ad proximum l'estiim Pasce. (Arcli. du Var, E. 6a8, fol. 7/1.)
'*' Cotte confn'r-ic avait été fondée au mois de uiai-s liSo, {)ar Luc do Milan,
de l'ordre dos Frères minouis. Bertrand Ucosso avait fait faire pour ladite cliapelle
lin relablo, ipii lut plus tard peint et décoré par ses soins (n" XI).
— 19 —
pour lequel on appela de Nice maître Philippe de Carbon. C'était
la construction du presbytère ou chevet de l'église des Frères Prê-
cheurs, église établie dans l'intérieur de la ville, et qui n'était
pas achevée encore depuis plus d'un siècle que l'ordre avait reçu
de la reine Jeanne son nouveau local. Deux généreux bienfaiteurs,
le me'decin Alexandre Leonis et Bertrand Licosse, s'étaient mis en
tête de l'œuvre et tracèrent le projet du monument que l'on donna
à exe'cuter à maître Philippe. Ce projet, dont nous avons la re-
production dans le prix fait, donne de nombreux détails sur celte
partie de l'église des Dominicains de Toulon, sur la hauteur des
piliers, sur les trois fenêtres qui éclairaient le fond de l'abside, sur
les contreforts qui soutenaient les murailles par dehors, sur les
voûtes, dont les arceaux étaient en pierre d'Ollioules et les pleins
en pierre tendre ou en tuf. On emprunta, pour la bâtisse nouvelle,
des matériaux à l'ancien couvent situé hors de la ville et aban-
donné depuis longtemps (n° VIII).
PIECES JUSTIFICATIVES.
CONSTRDCTIONS AD PALAIS EPISCOPAL DE TOULON.
1^60, 3 novembre.
Prefach pro reverendo in Christo paire et domino domino Episcopo Tholonensi.
Anno a uativitate Doinini m" nu" lx° et die tercia mensis uovembris ,
sit notum etc. , quod revereudus pater domiuus Guillelinus Gaulridi , pre-
positus Tholonensis ac vicarius generalis in spiritualibus et temporahbus
totius episcopalus Tholonensis, pro reverendo iu Christo pâtre et domiuu
domino J[ohanne] Dei gratia episcopo Tholonensi, ac adminislratore per-
pétue prepositure Piniacensis, ac prioratus loci de Vaile, hnna fide etc.,
dédit , tradidit seu quasi, et concessit Anthouio de Colla, lapicide, habitatori
civitatis Tholoni , presenti , stipidanti etc. , a prefach , sive ad construendum
parieles domus episcopahs Tlioloui, videlicet tocius domus dirrupte ante
puteuni dunitaxat, quae couf'rontatur cuin patuo et coquiua ipsius domus,
cum viridario heredum Johannis Fresqueti , et cum carreria , et cum pactis
et couventionibus subscriptis, ... et in layca lingua descriptis. — Primo, es
— "20 —
(If |)alit (|iit' lo (licli iiiuNstre Aulhoni adobara a loi poiu-li las diclias pares,
el las forlillicara a s(m\ dovor, vosorvanl st^ lii avia sosliach dabas que nou
paregucs. — llcm, iiiolia las paies a nivol por Tar la laulissa. — Item, en-
irascar et enblanquir, d'ail et dabas, fm al segon sdlior. — Itom, far ios
dos soliors dcl gip, ol avor lo gip, buyar ol (Midurrc dabas ios dicbs solies.
— IUmii, doas oslras an crosiora, nncsiidas d<' la poyia blaiica de la Val.
— Item, una estra cayrada en Testudi. — Item , doas crosi[er]as degip,
nna en la sala, et l'autra en la candira, en que aya doas buyssieras hones-
tas. — Item, far fondre las doas pares dabas. — Ilem, deu aver lo mortier
que es necessari a mètre sohre las cannas de la taulissa, fasedoyra per maystre
Antboni Turrel; et lo dicb maystre Autboni, ])eyrier, deu caussar las traus
et Ios cabrions del crestenb. — Item , far far doas cbamineyas bellas et ho-
nestas, nna en la sala, et l'autra en la canjbra, de gip. — Item, que le
dicb maystre Antboni, peyrier, deia axer alracli et gip, et autras causas
necessarias; et que lo dicb mosseubor li deu donar de tôt florins cxx a
escas (?). — Item, car on ha révisai la paret de la carriera et del fort, la
qiial es necessari, en lot bo en part, |)er so que non sera sufficient, en Tes-
tainent en que es a fondre; es de patit que lo dicb maystre Antboni sara
tengut de reflar la dicha paret. Et deu aver, olra la sonuna susdicba,
XVIII gr. per canna cayrada, a estas (?). Et lo dicb mossenbor non ii es
tengut, si non de peyi-a, et de lenbame j)er far las boslagieras. — Iteui
plus, es de patit que lo dicb mossenbor lo prebost et vicari sia tengut de
pagar, o de far pagar al dicb maystre Antboni Ios dicbs cxv florins, et las
cannas cayradas ipie fara en la dicba paret, videlicet per las pagas que s'en
segon. Primo, lIorinsxL portola a(|U('sta semana,des quais florins xl lodicb
maystre Antboni confessa d'aver a{}'ut et resauput del dicb mossenbor lo
prebost florins xxvi et dimiex. Et altres florins xl en la festa de (!lalennas
proebanament venent. Et Ios autres florins xl restans, facbas las doas pars
(loi dicb obrage. — Ilem, si es cas que calba a refliu- la dicba paret, que lo
dicb mossenbor lo prebost et vicari , sia tengut de far comprar lot i'atracb
necessari, o de baylar l'argent d'aquel al dicb maystre Anloni, per aquel
aver davant que refassa la dicba paret. Et ((U(^ lo dicb Tuaystre Antoni deia
j)endre en sort lo dicb alrai-li, del pn!s qu(î dcui aver per canna cayrada. Et
la resta que poyria estre , de li pagar o far pagar lo plus lost que si poyra.
— Item plus es de patit (|ue lo dicb maystre Antoni sia lengut de aver com-
plit lo dicb prefacb d'ayssi al jorl de Caremantrant proebanament venent.
— Promittentcs etc.. Sub e\|)ressa. . . Ib-ninu-iantes etc. . . Actum Tbo-
loni, in caméra paramenli domus prepositure Tboloncnsis. . . El ego Ni-
colaus Marini, net.
(Arcli. du Var, E. Oa8, foi. 'jli. I*roloc. ilc Nicolas Marini, iiol. à Toulon.)
— 21
CONSTKUCTION DE LA CHAPELLE DE LA CONCEPTION
DANS LA CATHÉDRALE DE TOOLON.
1483, 11 juin.
Conventiones inhite inter doniinum friorem confratrie Béate Conceptionis
in Ecclesia.Tholonensi fundate , et magistrum Anthonium Montanhe.
m" iiif Lxxxiii , et die xi mensis junii. Notum sit etc. . . quod vir discretus
magister Nicliolaus Marini, notarius civitatis Tholoni, prier venerabilis con-
fratrie Béate Gonceplionis Virginis Marie in ecclesia catliedraii Tholonensi
fundate , parte ex una , et probus vir magister Anthonius Montanhe , lapis-
cida , habitator castri de Goreys , parte ex altéra , bona fide , convenerunt et
conventiones ac pacta invicem fecerunt et inhierunt que infra sequuntur. —
Et primo , convenerunt quod dictus magister Anthonius Montanhe teneatur
et debeat , et ita promisit , crotare bene et decenter de tuves bonis et suffi-
cientibus, et suis propriis sumptibus et expensis, cappeliam Béate Concep-
tionis predicte, que qnidem capeila est subtus saci-istiam dicte ecclesie
cathedralis ; et ipsam crotam facere , a pai"iete existente a parte domus epis-
copahs, usque ad arcum existentem in ingressu ipsius capelie, ad equaii-
tatem ipsius arcus et arcus existentis in medio ipsius cappelie , ipsis arcu-
bus in loco suo remanentibus. Et deinde ipsam crotam desubtus infrasquare ,
et débite apianare et emblanquire, prout paries ipsius cappelie est iiifras-
quatus et emblanquitus. Et deinde ipsam crotam desuper, ubi est sacristia,
arrasare morterio et lapidibus, ad modum soli, et desuper ipsiun solmn,
facere unimi gretum gippi débite aplanatiun. Et premissa omnia teneatur
facere et complere, suis propriis sumptibus et expensis, hinc et per totum
presentem mensem junii, a esquas. — Item, quod ipse magister Nicholaus
Marini, prior, teneatur et debeat habere et emere, suis propriis sumptibus
et expensis , gippum necessarium in dicto greto fîendo in solo dicte crote ;
et teneatur adducere et apportare, sumptibus suis, dictos tuves, calsem et
arenam , a loco in quo ipse magister Anthonius iilos habebit , ad ecclesiam
cathedralem predictam, seuiiliusplateam, et ad alia non teneatur. — Item,
quod dictus Marini, prior, teneatur dare ipsi magistro Anthonio Montanhe,
pro labore suo in premissis fîendo , florenos duodecim , et unam metretam
et mediam vini meri; solvendos ut sequitui*; videlicet, in ingressu ipsius
operis terciam partem ; in medio operis , aliam terciam ; et impleto ipso
opère , aham terciam partem . . . Actum Tholoni , in platea ecclesie cathe-
dralis. . .
(Arch. du Var, E. G/ii, fol. i8'i. Profoc. d'Honoré Pavés.)
-)0
ni
PEIWTORES A 1. OUGIE UE LA CATHEDRALE DE TOULON.
1.'i98, 9.Çj novembre.
Coiiieiitioiies fade inler dominos canonicos Tholoiieiiscs et vKigislrum
Pelrum Bovis , pictorem habltatorcm de Aquis.
m"!!!!'' lxxxxviii et (lio wix inensis novonihris. Notuin siletc. . qiiod vene-
rahiies et egrefjii doinini JohaunesBatista Cessa, arcbidiaconus , Guif'i'o Ri-
cardi. |ii'ocpnloi', GaulVidns Arnulli, Polnis Fnrnerii cl Caroius Valserre,
caiionici Tholoiionses, parle ex una, cl niagislei- l'eliiis Bovis, piclor, habi-
lator civilatis Aqucnsis, parte ex aitera, conveneriint, et convenlionem et
|)actuTii iiuicem l'ecerunt, utsequitur. — Etpriîuo, tenelnr diclus niagister
Feli'us Uovis, piclor, pingere bene et decenler, ciiin bonis et debilis pictu-
ris, portas organornm ecdesie cathedralis Tboloueiisis, ut seqiiilur: Videli-
cet l'ayre et penber dinlre saut Honorât, arcbivesque, et sant Ciprian,
evesque, vestis en pontifical, ambeia cros d'or et io pe d'argent; l'un vestit
ambe casubla d'asur, et l'allra roia en damas, et los offres d'or; et dos ar-
mas de Capitol, so es en quascun canton. — Item, io cleri,so es canonges
et bénéficias , d'un las et l'aitre , revestis ambe sobrepellis de manchas et
raeHins, aginolbas; et los evesques sien donant la bénédiction, et ayan
mitras et dyademas convenientas, ambe picturas degndas. — Item, Io re-
vers deu penber, et y mètre Dieu Io Payro, et los quatre evangelislas, ambe
Io seleslin de asur, et las vestinunitas licilas et bonestas, ambe asur et or,
corne dels evesques; et los petis pilbiers de dessus, d'or; et las clerevoyas,
de penrhnras; et las moiiu'as, d'or; la voule |coma| sera necessari, e y
penbira Io s(»lelb dauifit. — Item, defforas, penber la Niuiciada, a blanc
et noer, ambe sos appertenemens. — Item, diclus magister Petrus Bo\is
tenetur dirtnm opus conlinnare el non deserere donec complelnm fiierit; el
sibi el sofio suo facere el ministrare suiii|»liis, donec pertecluiii lueril. —
Item , dicti domini c<inonici lenenlur sibi niagistro Pelro dare . pro j)remissis,
florenos triginla, incoiilinenli dicto opère conqilelo. — Item e(piidem,
dicti domini c^Tuoniri leneiihir sibi lacère slagerias necessarias, el in illis
ipse magister Petrus tenetur jitvare. . . Acluiii Tlioloni, inira ecclesiam
callu'dralem . . .
(Arrli. du Var. K. (i'i^, fol. 9f)(). Protoc. d'IJoiiorc' Pavés.)
23
IV
RETABLE DE L'ASSOMPTIOX , AUX DOMINICAINS DE TOULON.
1500, 25 janvier.
Conventiones et pacta inhita inter videlicet discretos viros Stephannm Selhani,
civitatis Tholoni, etmngistritm Pctnini Bovis , ptctorem civitatis Aquensis.
m" iiif Lxxxxix , et die xxv januarii. Notiim sit etc. quod cum discretus
vir Steplianus Selhani, civitatis Thoioni, motus siciit dicit devotione,
intendat construere, seu construi et depingi lacère ununi retabuluni,
sive. retaule , in venerabili ecclesia Fratrum Predicatorum civitatis Tho-
loni , ad honorem Dei et gloriosissime virginis Marie , dictum de Assump-
tione ; igitur dictus Selhani , parte ex una , et discretus vir magister Petrus
Bovis, pictor civitatis Aquensis, bona fide etc., comenerunt, ac pacta
et conventiones invicem fecerunt et inhierunt, ut sequitur infra. — Et
primo, quod dictus magister Bovis teneatur et delieat, itaque facere
promisit, depingere bene, decenter ac sufficienter, ac debitis et sullîcien-
tibus coiôf ibus infrascriptis , dictum retabidum . . . , quod sit aititudinis
septem palmorum, et latitudinis sex palmorimi et medii, totum plénum.
Videlicet , in medio ipsius retabuli depingere teneatur, bene et decenter, ac
sufficienter, ymaginem gloriosisshne Virginis Marie dictam de x4ssumptione ,
cum decem angelis circum circa , videlicet quatuor ab une latere , et qua-
tuor ab altero latere , et uno ad caput , qui coronet ymaginem predictam ,
et uno alio ad pedes dicte ymaginis. Et in inferiori parte ipsius retabuli ,
depingere teneatur ymagiiies duodecim appostolorum , debitis et sufficien-
tibus coloribus. Que quidein ymagines béate Marie , angeloriun et appos-
tolorum habent et faciant modos et figuras, sive vulgariter loquendo las
contenensas a cascun de aquellos necessarias , et como lur aparten. — Item ,
quod ymago predicla Nostre Domine sit depicta, videlicet, mantellum de
asur bon et bel et.sufficient, et las lesieras et la diadema sie d'or lin. —
Item, quod dictus Bovis depingere teneatur equidem lo revers del dig re-
taule bene et decenter, ut sequitur; videlicet, in medio illius, ymaginem
de Dieu lo Payre , ambe cel de asur, estelat d'or. — Item , que lo dig Buou
sie tengut et deya penher l'escabella del dig retaule, ben et sufficientament
et degudament, so es, al mitan, la figura de la Résurrection de iNostre
Senhor, et a l'im-g l)ot , la figura et ymage de sanct Peyre , martir, repré-
sentant lo dich Selhan, et a l'autre bot, l'ymage de sanct Domenge, repré-
sentant la molher del dich Selhan. — Item, que totas las lesieras et totas
las dyademas dels dichs ymages sien et deyan esser d'or fin. — Item., que
totz los dichs ymages que seran enlos dichs retaule, revers et escabol, sien
et deian esser de colors bonas, finas et sullicientas , como a chescun. de
— 'l^ —
aquellos apprtendra. — lloiii, (jiu^ lo camp (loi dich rotaule sie et deya
esser de las colors (ju»> saj^M'Icn a la diclia isloria, Ixtiias cl sullîcionlas. —
Item, (juo (olas las molliras dcl toru dcl dicli retaulo, ivvcrs ol cscabel,
sien cl dovan esser d'or (in, dedins, dcloras et dessus. — Ilem, qnod om-
nia premissa sinl depiofa o[ perl'octa . . . hinc ad Pasca |iro\imnm, (sine
aliqno custu ipsins Selliaiii , nisi soliiiii (puni dictns Selhani, ultra prcciuni
inlrascriptum, eidem Bovis soivere ienealur, prout proniisil. uniim flore-
num pi'o vino, inconliuenli incepto opère), — ])nTi(» llorcnorum Iriginta
sex, monete Provincie nunc currentis, et cursuni nunc liahentis. . ., sol-
Aendorum ut sequitiir: videlicel, nunc ci incontincnti, llorenos duodeciin,
(pu)s diclus Bovis iuil conl'essus habuisse et récépissé. . .; ilem, llor(Mios
duodecini, fada medielate dicti operis; et alios llorenos duodecim restantes,
incontinenti perfecto diclo opère. . . Aclum Tboloni , videlicel, in conventu
pirediclo, et in caméra domini prioris, . . Et ef>o Jacobus Pavesii. no-
tarius etc.
(Arcli. du Var, E. 656, fol. a/iS. Proloc. de Jacques Pavés.)
CONSTRUCTION DE LA CIIAP.'^-LLE DE SAIXT-JOSEPH , A LA CATHEDRALE DE TOULON.
1500, -56 avril.
Conventio conatrunndi capellam Beati Joseph, p'o Bertrando Licosse
de ThoJono, et mogistro Vitale Jacquini, lapiscid/i , linbkalore Tholoni.
M°v' el die xxvi aprilis. Nolum sit elc. . . (juod discreli viri Berlraiidus
Licosse. civitalis Tholoni, et magister Vilalis Ja(piini, lapiscida, hahitator
Tholoni , fj-ratis etc. , convenerunt el convenliones et pacta invicem fecerunt,
quod diclus Ja(juini Ienealur conslruere el edillicare unam cap|)ellam heati
Joseph, in venerabili eccîesia cathediali Tholonensi, ul sequilur. — Primo,
quod diclus Jacpiini Ienealur et deheal ediUican^ el conslruere in venerabili
eccîesia cathedrali Tholonensi, el in nayi Sancli Salvatoris ejusdem ecclesie,
videhcet, in locoiii quo sunl duo croloni siq)eri()res, qiiisunla parle platée
ipsius ecclesie. Que (piidcm ca|)ell;i sit forme, lonfj-iludinis, lalitudinis et
allitudinis, quarum est capella Beale Anne, ejusdem ecclesie, el cum bona
et decenti crota, ac sulficienti; et cum bonis et decentibus parielibus iapi-
dfîis, bene, decenlei- el suÛ[îci('nl(M- semenlalis el massonalis, ac ii{jalis. Et
de omnibus cl (piibuscuiupie sibi ncn-ssariis pro conslruclione dicle capelle
sii)i pio\idere, ila quod non sil op|)us eidem Licosse aliquid apponere. —
ilem, quod crola ipsius cap<'llc sil de luveribus bonis el sullicicntibus. —
Item, quod idem Jacpiini tcnealui' el debeat in fundo dicte capelle, sive
iclra illum a |)arle |)lalee, faccre unam parvam Icncsiram de petra scissa,
ialiiudiuis duorum palmorum, el allitudinis sullicienlis juxta ipsam capel-
— 25 —
lani, et pro claritate ipsius. — Item, quod parietes ipsius capelle sinl de
lapidibus frigidis, bene et decentor fimdati , sive cum dehito fundamento.
— Item , quod idem Jaquini teneatur et debeat lacère unum ai'cum bonum
et sufficientem de lapidibus frigidis, quantum durabit spicitudo parietis
ecdesie , qui regat parietem ipsum ipsius ecclesie , et sit decens et sufTiciens
ad ilium regendnm. — Item, quod idem Jaquini teneatur et debeat edifB-
care seu construere parietes ipsius capelie a parte exteriori, videlicet platée,
bine et per totimi mensem madii proximum. — Item, quod paries ipsius
ecclesie qui erit denioliendus pro constructione dicte capelie, non demo-
liatur donec dicti parietes exteriores sint edifficati et constructi usque ad
equalitatem crote fiende, ne ipsa ecclesia remaneat aperta. — Item, decla-
rando altitudinem ipsius capelie, fuit de pacte quod altitude illius sit tanta
quanta est altitude dicte capelie Béate Anne, recipiendo altitudinem a solo
ecclesie, et non dicte capelie Béate Anne, usque ad summum ejusdem ca-
pelie.— Item, quod lapides ipsius parietis ecclesie demoliendi, et dicte-
rum duerum crotonerum , sint ipsius Jaquini , pro constructione dicte ca-
pelie; et si supersint aliqui lapides, censtructa dicta capella, sint et esse
debeant ejusdem Jaquini. — Item, quod dictus Jaquini teneatur dealbare,
sive emblanquir, bene et decenter, dictam capeliam , a parte interieri , sic-
uti est dicta capella Béate Anne. — Item, quod totum oppus dicte capelie
sit perfectum hinc ad festum Omnium Sanctorum proxime venturum. —
Item , quod dictus Licesse teneatur eidem Jaquini dai-e et solvere , pro edif-
ficatiene seu constructione dicti operis , flerenes triginta duos monete Pro-
vincie , ut sequitur : videlicet , nunc et incontinenti , flerenes decem sep-
tem . . . , restantem vere summam incontinenti perfecto opère . . . Actum
Tholeni , in vii'idario camere domini Anthenii Muratoris , et subtus arange-
ieriiun. . . Et ego Jacobus Pavesii, not. etc.
(Arch. du Var, E. 6.07, fol. i3 v". Protoc. de Jacques Pavés.)
VI
NODVELLE CONVENTION POUR LE RETABLE DE L'ASSOMPTION,
AUX nOMINICAINS DE TOULON.
1500, i5 décembre.
Anno prémisse [1 5 ooj , et die xv mensis decembris. Notum sit etc.. , quod
cum dudmn fuerit facta conventio, cum certis pactis in eadem descriptis,
iater discrètes vires Stephanum Selhani, civitatis Tholeni, et magistrimi
Petrmn Bovis, picterem civitatis Aquensis, de qxiodam retabulo quod idem
Bovis depingere tenebatur mode et ferma contentis in nota per me infra-
scriptum netarium sumpta sub anno Domini m° iiif lxxxxix , et die xxv ja-
nuai'ii, nuncque orta esset questio inter easdem partes, super eo videlicet
quod dictus Selhani pretendebat dictum Bovis sibi teneri restituere summam
— -2(5 —
hahitani in iliiiiiniilioii(> dicli ()|)(^)is. soqno |)osso facoir depingi ipsmn re-
taltiiliiin por alinin, ad siii |)la('iluiii , ol (liolain coiivoiiliononi esso infir-
iiialain, eo ipio dictiis Bo\ is non itnploveral parla; cl ipso lîovis o converso
pretcnrlebat et asserobal diclani (•(in\('nli()iiiMn (Iciicic ohscrvai'i, seijue
nnlla pacla inlVinxissc. llinc est (piotl diclc parles, hona lido t'ic. , conve-
ncniiil lit sccpiiltii'. Vidclicct, cpic lo dicli inaisli'c l'cyic lUiou sie lengut
el (leia penher lo dich rclaulc on ia Ibniia cl inaniora contonguda en ia
diclia convention; cl cpic las pcnchnras, xisajjcs, porlraclnras, colors el
daui'adnras, sien el doyan esscr bonas, bcllas et snilicicnlas |)er inr gi'al,
como son acpicllas de laular de sanol Anihoni, sive rclanlc de ia p,leysa
dcis Predicadois de aqucsla cienlalde Tholon, lach sive lajssat per lo sein-
tras Anihoni Caslellan; et que sie pench el asso\il nna l'es d'ayssi a Pascas
pi-nclianaiiient veiienl. Et que lo dich Bnon non deya far altia besonlia,
jiisipics a tant (pic acpicsia sic l'aclia. — llciii, que lolz Jos palis conlcnous
en la dicha convention, si observon per los partichis. . . AcUuu Tholoni,
\idclicel in a|)poleca douuis nobilis vii'i Jacobi Gaufri<li. Testes, M. Jaco])ns
SiKi. consindicus Tlioloni, niagisler Johaïuies liijtcili, nolai'ius Tlioioni.
Kl ego Jacobus Pavesii, nolarius, etc.
(Arcli. du Viii', E. 607, loi. 6ij. Proloc. de Jacques Paves.)
VII
RETABLE DE NOTRE-DAME, À LA CATHEDRALE DE TOULON.
1505, '>3 août.
Precivm factiim ])rn Bertrando Ucosse , mercatore cintatis Tholoni.
Anuo iiicarnalionis Doniini m v' v, et die x\iii inensis augusti . , . , dis-
crelus vil" Hcrlrandus Licosse. . . (ledit ad prcliuiM l'actiun... dis-
creto viro ina{;islro Jolianni Guiraniandi, fusierio civilalis Tljoloni, vide-
licet, ad facicndnni (juoddani rclaule, el hoc cuin ])actis et convenlionibns
seqiicnlibus.
Kl |)iiiiio, l'iiil de pacio ([uod diclus Johanncs (niiraniandi Icneatuc et
debeat dicliun rclaiile lacère de luicc, largiliidiiiis (piiiidcciiii palnioruiii,
cl alliliidiiiis niao-ni allaris convenlus !''rali'nm Prcdicalonnii diclc civilalis
Tholoni, per ipsuin Licosse ficri faclinii, cl jioc cuni yina|;inibus inl'crius
dcsci'iplis et designalis. — l'iiinn. ;i l;i banda dreclia, unum yniagc de
Noslra Dama ariibc l'angel. — ilcin. a la banda seneslra, sant .loachin el
sancla Anna, and)c ung angcl , en la nioda el maniera que venguet a la
porta (laurada. Los (pials vmagcs sian a demi bossa, andtc la massonaria
facba Cl) 1(1 dicli aiilar (Ici coiivciil. — Item, al mi(>cli de! dich aullar, sive
rchiiilc. iiii;i iibcilura de sieys pauls de large , en la(|uallaaura ung yniage
de iNosIr.i l);iiii;i. lot rricvjil. ambc iiiif;' covssiii leiieiil sola la testa; lo(pial
— -27 —
ymage aura sieys pauls de loue; io cei d'aul, ambe crosiera de nielle; et
dessota ladiclia crosiera, los aposlols et Dieu lo Payre, de la aullor de dos
paids; et ai dessus de cascuu apostol, una cauquilha; et tout sera a demi
bossa. — Item, fiiit de pacto quod niagister Jobauues Guiramandi teneatur
et debeat facere dicto retaule dos pinacles, videlicet, a cascuna part del dich
retaule ung, eu la forma et maniera rpae es fach en l'autar sive rctaule del
dich couvent. — Item, (piod debeat dictiun retaule facere completum et
perfectum infra xx menses proximos. — Item, quod teneatur et debeat
facere l'escabel dicti retauli largitudinis quindecim palmorum ; in quo sca-
beilo deu mettre los apostols en la modo et maniera que es Tescabei de
l'autar del dich couvent; et a cascun cap de l'escabel, ung angellot. —
Item, fuit de pacto quoddictus Beilrandus Licosse teneatur et debeat eidem
magistro Johanni Guiramandi dare . . , pro factura dicti retaule , videlicet
florenos ducentum. ., et duas botas vini meri boni. ., videlicet, incon-
tinenti florenos cxxiv . . , et restantem summam , videlicet medietatem ,
quant sera fach la mitât del cUch retaule , et residuum fmito dicto retaule ,
et posito in loco suo , videlicet in capella Sancte Conceptionis veuerabilis ec-
clesie cathedralis civitatis Tholoni. . . Actum Tholoni, videlicet in aula
domus veuerabilis capituh , testibus, etc.. Et ego Gabriel Fornerii, notarius.
(Arch. du Var, E. 633, fol 39. Protoc. de Gabriel Fournier.)
VIII
CONSTRUCTIOiN DD CHEVET DE L'ÉGLISE DES DOMINICAINS DE TOULON.
1506, 3i décembre.
Precium f actum 1)10 conventu Predicalonwi Tholoni et magistro Philippo
de Carbon, lapiscida, habitatore Nicie.
Anno et die premissis [ultima decembris i5o6]. Notum sit etc. ., quod
honorabiles viri magister Aiexander Leonis, phisicus''^, et Bertrandus Li-
cosse , civitatis Tholoni , et frater Johannes Marini , ordinis Predicatorum
conventus Tholoni , operarii ordiuati per reverendum dominum priorem
proviucialem dicti ordinis Predicatorum ad causam constructionis presbi-
terii dicte ecclesie conventus Predicatorum Tholoni , gratis , etc. , omnes très
simul, cum beneplacito et voluntate venerabilium et devotorum religioso-
rum fratris Johannis de Figeyroiis, prioris, magistri Berengarii de AHs,
magistri in sacra pagina, fratrum Pétri Gavoti, Bartholomei Carelli, Bo-
nigiraudi Bonigiraudi , Ferreoii Garnerii , Anthonii Aydosii , Stephani Sal-
vatoris, Jacobi Baymundi, Bartholomei Bosqueti, Johannis Barberii, tam
conventualium dicti conventus , quam assignatorum et noviciorum ejusdem,
'^' Alexandre Louis était originaire de Nazareth au diocèse de Besançon , comme
l'indique son testament en date du 18 mai i5o8 (Ibid. , E. 662, foi. 33).
— 28 —
ibidem prcsencium otc. . , (Icdcniul ad prociuin facinin niagisiro Philip|)o
<lo Carb(Mia. Ia])isci(l(', liabitalori civilatis Nicio, prosenti rtc, poi-foclionem
presbilt'rii novi diclo ecclosio, sub padis ol coiivonlionibus procioquc con-
lenlis, expressis et designatis iii quadam parcolla manu dicti magistri
Aloxandfi partini, ol pailiiii moi noiarii, in \uigari descripta, cujus ténor
ta Us est :
Jbesus. Maria. S'en sec la moda et maniera de la composicion, et fasson
du pn^sbiteri et edificacion (laquelle). El primo, de ra[u|lor tle los pilons,
de Tar que son encomensat, de j)alme videlicet \xini%de lo plan de l'egiisia
amont lin a l'encomensament de Tarco. — Ilem , mêlant tota lo boques a
plan. — Item, fasando le dicte crosiera de peira lailbada, d'aquella
d'Oliolos. a la moda el fasson de una peyra (pie es ja lailbada cou una
crose j" ; et la clau de la crosiera redonda, ambe bum san, an las armes
qiieiuy seran divisadas, como es ayssi sotas désignai. — Item, en ios sieys
boques sian en eleclion de mètre les armas d'aquello que elegiran, se es,
(tels ([uatre, a élection de mestre Alexandre Léon, et les altr(>s dos, dels
conventuals. — Item, per far très feuestras a crosiera, a la fasson d'acjuella
de la capella de la Maria Magdaleua, autas selon la largor et autas plus de
(bis palmas ou plus segon que sera raysonable. — Item, fasando bum ri-
\eiin de mellon en lo enlor del redon de la dicba crota. — Item, far la
dicba crota de mellon ou de tuve, a la volental del meslre, que sian bon et
sudiciant. — Item, lo dite mestra debia dealbare sive emblanquir, et cay-
l'onar denfra lodicli ])resbiteri, et rocar la crota et la nniraya; item, om-
liTstjuar defora lo dicb presbiteri. — Item, faiie ly acola ((ue son defora,
en la moda que son encomensadas , octo palmes monlan , et moran en la
nuirale soberayne, devant le peras en lo dicbo luego. — Item, nietant lo-
dicb meslro lo lignan que sera mestie per far la dicha crota et estagieras,
reservando aquello c|ue es de présent al covent, el des cabrions que son al
presbiteri viou, desqualx si pot ajudar lo dich mestre; et facho lo dich
obrage, restan lo lignan que [es] del covent, au dich covent. — Item, deu
dar cordailba et clavason lo dich mestre a sos propres despens. — Item,
(jue lo dich mestre sia lengut a ver caulx, arena et |)eyras, pilant ])remie-
rament las peras del presbiteri viou, et autras que si Irobei'ian ulilas al co-
vent |)er la dicha obra, et se per aventura mancavon peyias, (pie ello en
puis(jue prandre al covent viou del'oia la villa. — Ileiii, sia lengut menar
la nuiralla delpuys l'ar del presbiteri, tirant devers lo coi', jns(pie a la mu-
ral[li]a vi[(!]lla, et l'autor de! pendent de la dicha nun-alha, et pueys si re-
tiiara a l'arc amossas. — It(>m, pei* Tobra sobradiclia. nous sian lengut
luy dar florins u" lxx, et (puilre somadas de blal , el una bola de vin; cl
luy preslar las aysinas dcsqualas si sert al |)reseiil, como feiramenta,
paulas, et las autras causas desqualas ello si sai I al jiresent. — Et lo dich
obrage sia perfecy da pii a Paudecoslas prodianamenl venant. — Item,
— 29 —
que lo dich mestre sia tengut de pausai' la pe[i]ra de i'autar eu son esse, et
far lo pilon per acjno necessari; et a l'intrada del presbiteri una marcha, et
does marchas alpres del iuoc on sera i'aular, que seront marchas aquellas
•metemes dei presbiteri vielb. — Item , nous obries sian tengut iuy bailhar
ai présent, et per caparre, et en demiuicion de paga, florins quaranta; et
la resta en does pagas, i'una ai mitant de i'obrage, et i' autre en ia fin, et
perfecy que sia io dich obrage ; et altrament besonhant , secorre ii de so que
li fara besonli d'argent. — Item, es de pati, que si per aventura lo dich
mestre moria , so que Dieu garde , davant que io dich obrage fusse fact et
perfeci , que son hères non sia tengut a Io perfeci ; mais se obrage fact il
aura, sia pagat rata pro rata de I'obrage, justa lo près sobredich, et a co-
gnoysance de mestre. Et se plus avia resoput io dich mesti-e que non mon-
teria tal obrage facht , a cognossansi sobradicha de mestre , sia tengut res-
tituy son hères aquo que plus avia resauput. — Item , que los obriers sou
tengus al dich mestre li aver licencia de tirar peyras en la dicha peyriera
d'Olioias, sensa costa. — Item, que se en esta cieutat, que Dieu garde,
venia intérim pestilencia, io dicli mestre non sia tengut de perfecir son
obrage, tant quant durara la dicha pestilencia. Has autem, etc.. . Asse-
rentes etc. . . Promittentes etc. . . Actuni Tholoni, videlicet in refectorio an-
tiquo dicti conventus. . . Et ego Jacobus Pavesii, notarius, etc.. .
(Arch. du Var, E. 6Go, fol. 3i8 v°. Protoc. de Jacques Pavés ^'\)
IX
RETABLE DE LA CONCEPTION À LA CATHEDRALE DE TOULON.
1507, 11 janvier.
Conveulio super deplctiote retabuU Saiicte Conceptionis , pio Bcrlrando Licosse
et magistro Marco de Furno.
M v" VI ab Incarnatioue , et die xi jauuarii. Notum sit cjuod discretus vir
Bertrandus Licosse, civitalis Tholoni, dédit ad precium faclum magistro
''^ Il y a au fol. 26/1 v° une convention antérieure, du i5 septembre i5o6,
entre les mêmes parties pour le même objet. \ la fm, à la date du 3i décembre
i5o6, on menlionne qu'une partie du chevet est faite, et que les parties, ayant
fait une nouvelle convention, font caucellerla première et s'en déchargent. D'après
celle-ci, les ouvriers demeuraient et étaient nourris au couvent, et avaient en-
semble 25 florins par mois, le couvent domeiuant chargé des fournitures. Les tra-
vaux furent terminés en i5o8 comme le prouvent une quittance donnée le 1 1 mars
par ie couvent à Alexandre Leonis et Bertrand Licosse , ouvriers de l'œuvre du
presbytère de i'église, constatant qu'ils y avaient employé toutes les sommes reçues
et 900 florins promis par ie même Alexandre (E. 661, fol. 2o4 r"), et une quit-
tance générale donnée le 1 3 décembre i5o8 à Pliilippe de Carbona, par Alexandre
Leonis, Bertrand Licosse et le prieur et les frères dudil couvent (E. 684, fol. 189).
— 30 —
Mai'co de Fiu'uo , ioci de Envers , piclori , Tlioloui commorauti , presenl i , etc. ,
dopictionom sivp doauralionom retabuli Sancle Coiicoplionis gloriosissiine
\ ii'ijinis Mai'io, ([iiod ipsc consli'iii frcil in occlosia catlunliali Tholononsi ,
supcM' (jiio convenci'unl ul setpiitiu'.
In priniis, qnod ipse de Fnrno, jiicloi', lenoaliu- et dcbeal ditinni rota-
huluni bene et decenter depingere et deani-are fino aiu'O et debitis ac
sullicienlibus coloribns, taliter que aylanl danral sic lodicb rotaule conio
es lo relaulo dol granl aulai- de la {jleysa dels Irayres Predicadors de
Tholon, lo(pial a facb fayre lodicb Licossa; exceptât lo reyre escabel, io-
qual sera dauiat ooino bxlich aular dels fiavres. lleni, et lutc propriis
suniplibus ipsius ûv Fnino. El (piod tlictuni opiis sil peiiecUun bine ad
feslnin beati Michaeliis arcbangeli proxiniuni. — Item, quod pro toto opère
predicto diclns Licosse leueatiu" et debeat dare et solvere, itaque lacère
promisit, eideni magistro Marco llorenos (piacb'ingeulos, ul setpiilur: vi-
delicet, nunc etincontiiienli lloi-enos ducenluni, quos confessus fuit babuisse
et récépissé. . ., icliquos vero ducentum llorenos, solvere teueatiu' ut se-
cpiitur, videlicet terciani pai'teni quamprimum iuceperit dictuni opus, et
aliani terciani jiarteni circa médium operis, et residuum perfeclo opère. In
pecunia etc.. . In pace elc. . . Aclum Tboloni, \ideiicet in appoteca scrip-
torii mei notarii ... Et ego Jacobus Pavesii , notarius , elc. . .
(Arcli. du Var, K. 660, fol. 3-33 v". Proioc. de Jacques Pavés.)
GRAND CRUCIFIX DE I.'EÎSTRKE Dl CHOEUR DE LA OATHKDBALE DE TOULON.
1511.
Conventio inliita inter vrncrabilein vinim Martiumn liermundi '
et magislrinn Marcuiu de Fnriio , phictoretn.
Auuo Incarnalionis Doniini m v*" xi, et die xx meusis aprilis. Noliun sil
elc, quod \enerabilis et egregius vir dominus Marlinus Bermnnfb, cano-
nicus ecclesie cathe(b"aiis Tbolonensis, pai'te ex una, et magisler Marcus
de Furno, ))iclor, liabitalor Tboloni, gralis elc. ., ambo simul convenei-unl,
et convenlionem inviccm Iccerunt, et pacta solemuiler iuiiieruul, ut se-
(juitur infra. — In primis enim convenerunt quod ipse magister Marcbus
lenealm" et debeal depiiijjoi-o et deaui-ai-e Crucilixiim noviter construclum
iii ecclesia callicdr;ili Tliidoncnsi su|)ra [lorlaiii iugi'essus cbori illins, el
ymagine» Noslre Doniiiic, bcali .loliannis et Maiie Magdalenes, modo el
forma infrasci'i|)lis el vuljiarilci" d('scii|»lis.
Primo, penbira lo manie! de Noslia Dame ainbe azur lin, ambe de l'o-
sas d'or dessus, lanlas (|uanlas seran necessai'ias , ambe bors d'or ramezal
a l'entor de la rauba, large de dos des: el la roba solevrana sera lola d'nr,
— 31 —
el la dyadenia, dessus et desnblz, sera d'or. — Item, lo yniage de la
Magdalena aura lo mautol de vermelhou damassât, lo plus riche que si
poyra far, et la roba soteyraua sera d'or, los pels d'or, et la dyadcma d'or,
et las mauegas serau d'or damassât, ambe son bort, et la boyta d'or. —
Item , lo y mage de sanct Johan aura lo mantel dessus tôt d'or, et bort da-
massât dessus et desotas, de laça fma, et lo bort de la roba dessus, de
laça et azur sur lo purpre, damassât de fma laça, de dos des. — Item,
la roqua sera a colors finas. — Item , lo drapellet del Crucifie sera d'or,
et lo incarnament sufficient et bon, et los pels et dyadema et bai^ba seran
d'or mat. — Item, lo lenhau que sostendj-a la cros, anibe los escrichs
que seran donas, et la mai*qua, ambe altras colors que conventU'a. — Et
tôt aysso sera en los dichs yraages, tant davant que darrier, et la honte
sera necessai'i de far a oly, ho fassa a oly; et totas las colors susdichas se-
ran finas. — Item, que totas las causas susdichas seran fâchas et perfi-
cidas una fes d'ayssi a Pandecosta prochanament venent. — Item , pen-
hira lodich mestre Marc la cortina per mestre sobre lodic Grucitic, et los
bordons que la regii'an, et fara ung soieih dessobz iadicha cortina. —
Item, que per tôt iodich obrage, lodich moss. Maiiin sera tengut de ly
baylai" et pagar des escus d'or de solelh. Et confessus fuit dictus de Furno
se habuisse ab eodem domino Bermundi , in dimunitione dicti precii , duo
scuta auri cugni soiis, que ibidem realiter habuit etc. .. De quibus. . .
Actum Thoioni, in ecclesia cathedraii. Testes. . . Et ego Jacobus Pavesii,
notarius etc.
(Arch. du Var, E. 665, foi. 17. Protoc. de Jacques Pavés.)
XI
GRILLAGE EN FER DE LA CHAPELLE CONSTRUITE PAR L'ÉVEQUE DENYS BRIÇONET.
1513, 26 avTil.
Prelium factum pro nohili Bertrando Licossa, civitntis Thoioni.
Anno et die preniissis. Notum sit etc., fp.iod uobilis vh" Bertrandus Licosse,
civitatis Thoioni , gi-atis etc. . , dédit et tradidit ad pretium factum magistro
Marsallo Flaubelli, serralherio, habitatori Thoioni, presenti, opus infra-
scriptum, super (quo) convenerunt ut sequitur infra, pai'tini vulgariter
stipulantibus.
In primis, convenerunt quod dictus Flaubelli teneatur ut debeat con-
slruere unain dedam fei-ream pro capella nova quam reverendus in Christo
pater et dominus dominus Dyonisius , miseratione divina Tlioloneusis epi-
scopus , facit construi et edifficari in ecclesia catheib-ali Tholonensi , modo et
forma sequentibus; videlicet, quod ipsa cleda erit bona et sufficiens, il-
lamque bonam et sufficientem ipse Flaubelli faciet suis propriis sunq)tibus
et expeusis, grossitudinis paulo minoris iUius clede capelle Sancte Goncep-
tidiiis (liclc t'ccit'sic: t'I cril Ik'iic cl (Iccciitcr i'(iiiiii(l;i, \ idi-iicot , iiioutans
(il tra\(M'sos, cl allilndiiiis (liiodociiii palmonirn super lorrain. — Iloni,
(juod suiumilas ciijuslilx'l barre, sivp de cliascun iiionlanl, crunl a fiil-
hagos, videiicel alloruative, videlicel, una a ilor de lis, e altéra a lïielhas
do arangelior: cl los los fnlhagos seran eslanlias, heii el dcgudamenl. El
(|iioliuet iiiferior pai's cujuslihol barre sil et esse doboal ainbe sobasses. —
llem, (|ii(»d dirla eleda eril botida in (bH)l)iis capis ponendis in pfu'iele; el
iii qualibel voila de la butidiu-a orit una barra, sivc ung moulaiit. de ail
(lebas. Que quideni voila bolidure eril imius paimi franchi a pariele. —
Ilcni, quod i)()rla iiifjressus ipsius clede eril illius lorine cnjus est |)orlrac-
lura niichi notario p<'r easdein partes tradila ibidem. — lloni, quod nio-
liu'a que est supra dictarn porlani eril slaguala. — Ileni, quod supra
diclam porlani oruul arma dicli reveremli doniini opiscopi forrea, proul
coutinelur in ipsa poi'lraclura. — Ilein, quod ipso Flanixiili i|)sani cledani
j)onel in loco suo, suis propriis suniplibus: verunilainen ipso Licosse lia-
bebil plundjum neeessariuin , ol lapiscidani [)ro illani poneudo, suis pro-
priis suniplibus. — Item, quod ipse Flaubelli loluni opus prediclum por-
liciet el poi-rectum reddet, liinc et per lolum mensem jnnii proxinium. —
llem, (juod i[)so Licosse tenoalur el debeal «lare et solvore eidein Flaubelli.
pro dicta cleda, floreuos seplem, sive ad raliouom seplem florenorum pro
sinoulo quintali, ilaque facore proniisit: videlicel, nunc incoutineuli flo-
reuos Irigiula, in dinuuiitiono lolius pretii, el residuuni prelii inconli-
nonti perl'ecta et jiosita in suo loco dicta cleda. Et confessus luit diclus
magisler Mai'sallus se liabuisse el récépissé, in diminulionem tolius pretii
j)rodicli, diclos triginta floreuos a diclo Licosse; de quibus Gumdem qui-
tiavit . . . Aclum Tboloni, in ingressn aj)))otece scriptorii doinus dotalis
niei uolarii. . . El ego Jacobus Pav<>sii, nolariue elc, ..
(Arcli. du Var, E. G68, loi. 62. Protoc. de Jacques Pavés.)
xn
IIT)1»L0GE DE LA VILLE DE TOULON.
1516, î3;î novembre.
Prechim facUtm iuler unimrsitalem hom'mnm cwitntis Tholont,
et mariai) inii l)o)iiiiiicuin Crcspi, cirilnl/'s (Irassciisis.
Anno Incarnalionis Doniini m v' xvi, el di(> wii inensis noveinbris. Nolum
sil etc., quod houorabiles \iii Stephanus Selliani ci H()l)erlus de Gardiuo,
sindici cl sindicariis noininilnis univorsitalis boininniii civitalis Tboloni, ac
vice cl nomine ijjsius uni\ersilalis, in exeipilioncm oiibnalionis liodio in
consilio l'acte et commissionis cis dale, dcdcrunl, Iradiderunl cl concesse-
ruul ad precium ladum, si\c a picsl'acb, ad conslrucnduin el racienduni
— 33 -^
unum horologium pro dicta universitate, prudenti viro niagisti-n Dominico
Grespi, iiiagistro sive artifici horologiorum civilatis Grasseosis, ibidem pre-
senti, etc., super quo gratis el sponte convenerimt et pepigeruut ut se-
quitur infra.
In priinis enini comenerunl, etc., quod magister Doniiuicus Grespi le-
ueatur et debeat facere et construere unum horologium dicte imiversitati
Thoioni , bouum et sufliciens , cujus sedes , sive la gabia , sit et esse debeat
latitudinis duoruni painiorum et medii , et longitudinis trium palniorum
et medii, et altitudiuis suffîcientis juxta latitudinem et longitudiuem iHius
predictas. Et piioni, sive los piliers, illius siut et esse debeant fortes et
lirmi ad suffîcientiam juxta illius maguitudiuem. Et rote, sive las rodas,
ipsius horologii sint et esse debeant danpse sive espessas, et magne sive
grandas, bone et suQicientes ac ydonee, juxta magnitudinem ipsius sedis
sive gabie. — Et nichilominus tenebitur idem magister Dominicus facere
in eodem horologio monstrum, sive una eusenlia, de la luna, en que
termes es, el quant dea virar; et una man que monstrara per déferas
quantas horas seran ; et seran bonas et sutïicientas. Et trassai-a sive senhara
la mostra, sive las regas necessarias designans las dichas boras. Et fara la
dicha luna de la grossor que voldran los diclis sendegues : et sera de eram.
— Et omnia premissa faciet ipse dictus Dominicus, et facere tenebitur,
suis propriis sumptibus. Verumtamen dicta universitas tenebitur facere,
seu fieri facere, lignamina sive lo lenham necessari per la dicha mostra:
et la fara penhar la dicha universitat a sos propris despens: sic et taUter
quod ipse magister Dominicus non tenebitur aliquid facere in caméra,
neque en lo enfytament, ni pinctura, ni bastiment necessai'i al dich re-
loge, mays solament en las causas susdichas de la ferramenta del dich re-
loge. — Et tenobitui' ipse magister Dominicus dicluin horologium facere
et construere modo et forma predictis, bonum et sufTiciens, et perficere
ad factum et perfectum reddere, et in suo loco, in quo ipsa universitas
iilud ponere voluerit, positum sive mes et assetat, suis ipsius Grespi pro-
priis sumptibus et expensis, hinc ad festum beati Archangeli proxime
venturum. — Item, similiter convenerunt etc., quod si contingeret quod
postquani dicluni horologium erit positum perfectum in suo loco, si dis-
sarquessa, uno fes ho plusors, quod ipse magister Dominicus Grespi te-
neatur et debeat, totiens quotiens opus fuerit, et requiretur parte dicte
universitatis Thoioni, intelligendo quamdiu ipse magister Dominicus
vivet in humanis, et erit in statu quod possit hue venire ad ipsuni horo-
logium aptandum, illud venire aptatum, et aptare bene et decenter, sine
aliquo custu dicte universitatis nisi tantum quod ipsa universitas tene-
bitur, totiens quotiens requisitus ad hoc veniet, sibi dai-e et prestare
sumptus, et ejus equitatm'e et servitori, veniendo et redeundo Grassam,
el quamdiu propterea sleterit in hac civitate Thoioni. Nisi ipsum horolo-
gium iuisset voluntarie devastatum; quo casu ipse Grespi ad premissa non
Ar.rHKOLOGIE. 3
— u —
tonorotur. — Itom cfpiidoin couvenerunt qxiod dicta nniversitas ieneatur
ol (l('l)oat, suis |)i-n|)riis sumptihus, facore cl miuislrare sumplus sive vic-
liiiii cidiMii mn,o-istro Doniinicn, ol ojus o(jni(aturo el servilori, tandiu
tjiKindiii iiianscrif in liac cixilalc" Tlioioni, eu paiisanl on son iuoc lodicli
ioIdoo ol la jnoslra. — lloni oliam coiivoaoruiil (juod dicta uuivorsitas tc-
noatur et debeat eideni tnagistro Donùnico daro, tradere, solvere cl rea-
litor oxpodiro, pro lolo dicld oporo, hone et porfoctc facto et pcrfoclo,
lloi'oiios Iricontuin inoiiolo Proviucio, Icriniiiis sequcutibus; videiicet, liinc
ad primam diem mensis januai'ii proxime venturi floreno8 cenlum, ethiac
ad fosluni hoali Johannis Ba|)listo flni-onos quiiKpiajyinta, et reliques ceu-
luiu (piin(|iia<;inla lloronos inconlinonli l'ado, porlcclo et in loco suc po-
sito dicio opère. Actuni Tholoni, in aj)pothoca scriptorii nico domus do-
lalis. Testes, Jacobus Euguilranni de Valleta, Petrus Boliui de Garda,
Honoratus Bosqueli, ejusdeni castri de Garda. El ego Jacobus Pavesii,
uotarius, etc.
(Arch. du Var, K. G70 , fol. a a 6 v". Proloc. de Jacques Pavés.)
XIII
GRA1NDK CROIX DU CIMETIIÎRE DE SAI.NT-MICHEL.
1518, 29 avril.
Precmn facluin pro nohlli Rerivando Licosse et magistris Guilhelmo de Bitre
el Francisco Senelle.
Anno et die premissis. Notum sit etc., quod nobilis Berlrando Licosse,
civitatis Tholoni, gratis, etc., dédit, Iradidit et concessil ad precium fac-
tum magistris Guilhelmo de Bitre et Francisco Seuelie, j)ictoribus, nunc
Tholoni connnoraufibus, presentibus, etc., ad piugenduni et deaurandum
cruceni fusteani ciniiterii dicii Sancti Michaellis ecclesie cathedralis Tho-
lonensis, extra iimros dicte civitatis Tholoni, modo et forma infrascriptis ,
super quibus convenerunt el pej)igerunt ut sequitur infra.
In primis enim convenerunt. . . quod ipsi |)ictores leneantur et de-
beant ipsatn crucem benc el decenler depingere et deaurare de tin or
bruni et linas colors ; videhcel, l'ytnage del (Irucilic ben el degudamenl
incarnat, et las brayas, ios pels et la barba, d'or. Et Tymage de Nostra
Dama, la corona et lo mnntol d'or, et la cola, de asur, et la lampea que la
soslen, de bonas el linas colors. El lo pilier de la cros, lanl lo drech <[ne
lo travers, sera de porlire roge, el Ios bolz d'or, el dos delz a la voila.
Et Ios fulhages que si mostron seran d'or, et lo demorant, de color; et las
quatre lalhas fâchas a jorl , sive |)oyntas, seran ossi d'or. Et lo sid)assa-
iiiont do ladicha cros sera aussi d'or. El lo |)ilier que soslen ladicha cros
sera de asur; et lolas las llor de lis que lu son, seran d'or. El lo sobassa-
— 35 —
ment deldich pilier sera de porfire, et sera vernissât, la honte besonh sera.
— Et toUim dictum opus (inient et perficient. . . liinc ad très menses
proximos. — Item, qiiod pro toto dicto opère, dictus Licosse teneatur
dare, tradere et solvere eisdeiu pictoribus florenos xxi, et unani bar-
rillam vini meri . . . Actum Tholoni . . . EtegoJacobusPavesii,notariiis,etc.
(Arch. du Var, E. 672, foi. 47. Protoc. de Jacques Pavés.)
XIV
RKTABLE (dE SAINTE-CATHERINE ) PAR HONORE GDIRAMAND.
1521 , là juin.
Anno Incarnationis Domini m v" xxi, et die xiin junii. Notmn sit quod
lionoî'abiiis vi)* niagister Johannes Fassilis, mercator civitatis Tboloni,
gratis, etc., dédit ad precium factuni magistro Honorato Guiramandi, li-
gnifabro ejusdem civitatis Tholoni, presenti, etc., ad facienduiii et con-
struenduiu opus infrascriptum , super quo couvenerunt ut setpiitur. — In
primis, convenerunt quod dictus Guiramandi teneatur et debeat facere et
construere eidem Facilis uniim retabulnm bonum et suflîciens, cujus
campus sit et esse debeat de Ugno nucis. Et sera lodich retaule de la gran-
dor, modo et forma que es lo retaule de sanct Joseph de la gleysa ca-
thedi'al de Tliolou, exceptât lo pai-quet del mitau, lo quai sera infonsat de
melve (?) per hi poder mètre ung yuiage relevât. — Item, que la talha del
revers deldich retaule sera de telh, et de la faysson del parament del
grant altar de ladicha glejsa. — Item, quod ipse Guiramandi dictum opus
faciet et perficiet, et perfectum reddet, bene et decenter, suis propriis
sumptibus et expensis , hinc ad festum Nativitatis Domini proxime ventu-
rnni. — Item, quod ipse Facilis teneatur et debeat pro eodem retabulo
dare et solvere, ac realiter expedire eidem Guii'amandi florenos viginti sex
mouete Pi'ovincie. . . Actum Tholoni. . . Et ego Jacobus Pavesii, nota-
rius, etc.
• (Arch. du Var, E. 67/1, fol. 19. Protoc. de Jacques Pavés.)
XV
STATUE DE SAINTE CATHERINE, PAR L'IMAGIER MATHIED BOLLENS , D'ANVERS.
1521.
Precium factum pro magistro Johaimc Facilis et magistro Matheo BoUens.
Anno premisso [iSai] et die penultimo mensis jullii. Notum sit, etc.,
quod honorabdis vir magister Johannes Facdis, mercator civitatis Tholoni,
gratis, etc., dédit ad precium factimi opus infrascriptum magistro Matheo
Boilens, lignifabro, ymagerio loci d'Anvers, presenti, etc.. super quo con-
venerunt ut sequitur infra.
3.
— 3G —
In priniis enini convenerunl quod dictus Bollens teneatur el deheat la-
ceiT ot conslruerc unani ymafi-inem sancte Calhorinc, lig-iii nncis, boni et
sutlii'ionlis, ac ipsaiu yinaginoin bonain et suHicicnlein, allitudinis qua-
Inor palnioruni et niedii, cuni corona, lenenleni ununi ensein in una
manu, el in alia nialutinas, el sub pedibus illius unuin regeni, cum ro-
this fraclis, cum uno angelot lenentem ensem, ambe degudas conlenensas,
el ben et degudament portrachs: dicluniquc opiis p(>r(icei'e et perfectuni
reddere, bine et per toluni nieiisein sepleniltris proxinuim. — Item, quod
incontinenli , perlecto dicte opère, diclus Facilis teneatur el debeat pro
illo dare et solvere dicio Bollens lloreiios sexdecim. . . Acliim Tholoni. . .
Et ego Jacobus Pavesii, nolarius. etc.
(Arcli. (lu Var, E. 67^4, loi. .')6. i'rotoc. do Jacques l'avès. )
XVI
TABLEAU DU RADIX JE5SK, PAU DIDIEK DE LA l'OlîTE.
1525, 9/1 oclohre.
Preliuin Jaclnin in ter domiimm priorem conjratne Sancle Coiiceptionis
et magistrum Desiderium de la Porta, pi'ctorem.
Annoet diepremissis. ^otumsit etc.. quod prohus vie niajoistei'Honoi'alus
Marini, prior venerande confratcie Sancie (j()ncej)li()nis {ilorissinie Yicjjinis
Marie, gratis etc. ., dédit ad pretiunifaclum magistro Desiderio de la I*orla,
pictori, habitatori de Soleriis, presenti etc..,ad depingendum et faciendum
opus infrascripliirn, supei- ([uo con\en('iunt ul seqnilur, ul continetur in
quadaui parcella papiri in \ ulgari descripta, cujus lenor sequitur,
Segon si los patiis entre monsenhor lo prior de la Sancla Conception et
niestre Deydier de la Porta, pinlre, habitant de Solies. — i5-^o, die
•.),/i doctobre. — Primo, ([ue lodich mestre Deydier sera tengut et deura
ben et degudament lar si\e ])eiiber nng Radix .lesse, en lo tableau que es
sobre la capella de la Sancla Conception en la gleysa calhedral de Tliolon ,
en la forma et maniera que s'ensec. Videlicel. (jue lodich mestre Deydier
sera leiignt douai' bon blanc, et uer\iar et telar las joiuclas a colla forla.
Et tara lo revers deldich tableau lot daurat (Tor brunit: et lo coronament,
las moluras et Pentorn dels monlans, et desolo, sceau totz dauras d'or
brunit fin. Entre lo plat del revei's, ini<> troue d'aujjcis. so es, en cascuu
païquet uujj angel portant so (pie li sera dexisat: lo drap dels angels, de
blanc et nègre; los encai-namens de ladicha penchnra Tachas en oly, ben
degudament et sufïicientament. La Nostra Dama sera granda coma lo na-
lural, el al darrier de Nostra Dama, lo cauip d(î asiu-, aud)e petis raysses
d'or lin. Al dessus lodich yuiajje d*; Nostra Dama, aura dos angels portant
la coroiuia d'oi-. — Item, lo Jesse, plus grand que lo nalural: cl quatre
— 37 —
pi'ophetas als cjnati'e cantons, plus jOi'ans que lo naluial: el io camp de
darrier (!<> toi lodich retable sera de ajur clai-. — Iteiii , los Reys que se-
ran entorn de l'aubre, seran, las coronas d'or, el los septres ossi d'or
brunit; las dyademas que hi seran, seran profiladas d'or. Et to i'or que
sera en lodich retable sera or fin; et aussi, lot lo asur sera fin, et totas
las colors seran bonas et suiTicientas , coma si aperten. Et en lo plat dels
montans,fara ung fris a l'antiqua; et lo camp deldich fris sera de asur; et
las dichas frisas seran rousadas d'ocro: et lo traversier, dessus et dessoto,
seran de fris a l'antiqua , ho cornis rousat d'ocro como los altras fris. Et tôt
lo camp deldich retauie sera de asur fin et clar; et tota la draparia sera de
blanc el de nègre: et las lesieras roujadas de jaune. Et lot lodich obrage
fara ben et degudament, et suflîcientamenl; et l'endra fach et perfect, una
fes d'avssi al jort de la Sancta Conception prochanament venent. — Item ,
lodich monssnhor lo prior sera tengut pagar aldich meslre Deydier, pei-
lodich obrage, florins cent et vint; so es, al jort d'uey, doze escus; et altres
doze escus, quant sera fach la mitât de l'obra; et la resta, perfect lodich
obrage. — Item , lodich prior fara lar las estagieras , et aura toi lo lenhan
et cordas per aquo necessarias ; et pagara las candelas que luy faran mestier
per veser besonhar. — Promiltens etc. . . Sub expressa etc. . . Renuncian-
tes etc.. . De quibus etc.. . Aclum Tholoni, in appoteca scriplorii domus
dotalis mei notarii. Testes, magister Johannes Guiramandi, Michael Girai'di
de Tholono. El ego Jacobus Pavesii, notarius etc.
(Arch. du Var, E. 677, fol. 160 Proloc. de Jean Paves.)
XVII
RETABLE DES SS. CRÉPIN ET CRÉPINIEN AUX DOMINICAINS DE TOULON.
1525, 97 octobre.
Pretium factum vitcr dominos priores confratrte sanctorum Crespini
el Crespiniani , et magislrum Johannem Guiramandi.
Anno premisso et die xxvii mensis octobris. Notum sit etc.. quod providi
viri magister Andréas Alardi , Petrus Ferrandi et Henricus Tassilis , priores
venerande confralrie sanctorum Crespini et Crespiniani, civitatis Tholoni,
gratis etc. . , presentibus ibidem , annuentibus et consentientibus , ac ita
fieri persuadentibus probis viris magislris Marlino Grannhardi , sabbaterio ,
Johanneto Dominici, Dionisio Chartrassii, Pancrassio Audemaris, Johanne
Roque, Petro Vitrole et Petro Isnardi, sabbateriis dicte civitatis. dederunt
ad pretium factum, ad construendum et faciendum opus infrascriptum .
magistro Johanni Guiramandi, Hgnifabro el ymagerio civitatis Tholoni,
habitatori civitatis Aquensis, presenti etc., super quo convenerunt ut se-
quitur infra. — In primis convenerunt. . . quod dictus Guiramandi tene-
— ,■) n —
;i(iir et (it4)oal tarorc et (•(instriioro, hono ol doconlcr, uniiiu l'clabulum ad
honoroiu et laiulcin Dei. ot l)oal()rum Crospini cl Crespiiiiani , modo et
lorina iat'eriiis parlicularilor ol \ul{>ariler doscriplis.
Vidolicet. faia lodich Guirainanl lodich retaula a i'auli(fua, loqual aiu-a
au milan l"yma{>'e do Noslra Dama de pùMal amheson enfanl. ol un,"; ymage
de saucl .lolian, vers la lesta, el ung yiua}}0 do la Ma«;(lalena als pes,
aiulte la l)oyla: el dos ymages, so es, de sanct Grespin et sauct Crespi-
nian. loscpials vma,<{os seran sa el la de ryma^re de Noslra Dama, el auran
dall los diclis ynia{«es 1res ])als ol miecli, el seran lolz leiexas de nojjiiiei'.
El aura lodich rolaule nou palmes de large et des palmes dalt, incluses
l'oscahol et la cautpiilha. El aura aussi lodich rolaule, a cascuu costal,
nng cliandelior a Tantiqua, ambe capilel aussi a i'anliqua: el dessus, una
Irisa, el una cornissa dessus la frisa, ol dessus la cornissa, una coipiillia.
en ([ue hi sera Dieu lo Payre, a mieja bossa. El toi sera de iu)guier, bon
el sufficient; et la cayssa que sera dintre la massonaria, en qui si metran
los dichs ymages. sera de melve. El aussi fara uiias portas al dich rolaule,
lolas de melve, so es, de falquelas. — Item, quod dictus Guiramandi dic-
lutn opiis bene et decenter construet et perficiet, el in suo loco ponel,
liinc el per totum uieusuni maii proxime ventui-uni: itaque facere ])ro-
misil, suis sumplibus el expeusis. — Item, quod dicli domini prières,
pro loto' dicto opère bene el decenter fado et oonstruclo, leueanlur el
deboanl dare et solvere, uli priores predicli, eidem Guiramandi, floreuos
centum moiiete Provincie; et ipse magister Pelrus Feri-audi, nomine suo
proprio ol ex sua |)ropi'ia |)ocunia, floreno^ decem; el sic universaliler,
llorenos cenluni et decem. Itaque facere proraiserunt, ut soquilur infra:
videlicet, ipsi priores, nunc incontinenti, floreuos triuginta Ires et grosses
{[uatuor, quos ipse Guii'amandi confessus fuit se habuisse ibidem...:
residuum vero diclorum conluiu tlorenorum dicli priores, el reliques de-
cem florenos dictus Ferrandi proprio nomine, solvere promiserunt, illo
perfeclo dicto opère, el per euradem Guiramandi in suo loco posito. Re-
nunciantos etc.. Promillentes etc... Aclum Tboloni, in magno relfeclorio
conveutus Predicalorum . . . Et ego Jacobus Pavesii, nolarius etc.
(Arcli. (hi Var, E. 677, fol. ifi3 v". Proloc. do Jacques Pav^s.)
XVIII
RELIQDAIIIE EN ARGENT POUR LA FÎîTE DE SAINT CYI'RIEN.
ir)2fi, 5 janvier.
Prolium jactiim pro venerabili ('.(ipitulo Tliolonensi et confratria snncti Cipriani,
ne inafri.slro Jacobo de Moatcriis , nnrifnhro.
Anno Inrairiatioiiis Domini m v \xv cl die quinla januarii. Notum sil etc. . .
([iKtd i-cvcrcndus parle \cncral)ilosquc et egregii viri domini Gas])ar de
— 39 —
Giandeves, prepositus, Andréas Ricai-di, precentor, Johannos de la Landa,
Petrus Signerii, Philippus Facilis et Anthonius Fonierii, canonici veiie-
rande ecclesie cathedi'alis Thoionensis, niinc soii résidentes et Gapitulum
residens facientes ; necnon idem dominas Andréas Ricardi , dominus Hono-
ratns Turrelli , Anthonius Selhani , et magister Johannes Aycai'di , notarius
dicte civitatis Tholoni, uti priores venerande coufi-atrie beat! Cipriani ejus-
dem ecclesie cathedralis ; cupientes , ut dixerunt , augeri facere et in formam
subliniiorem construi facere caput argenteura ipsius beati Cipriani, pro
recondendo in eodem reliquias sive ossa capitis ipsius sancli; igitui-, omnes
simui, unanimiter et concorditer, dictis nominibus, dederunt ad pretium
factum discreto viro magistro Jacobo de Mosteriis, aurifabro civitatis Mas-
silie, ad facienduni et construendum caput ipsius sancti Cipriani ai-gen-
teum , super quo convenerunt ut sequitm-.
In primis enim , convenerunt quod dictus magister Jacobus de Mosteriis
teneatm- et debeat facere et construere dictum caput, cum suo subassa-
mento et angelis, ex argento sibi per dictos dominos de Capitulo et priores
tradendo, bene et decenter, ac probe et legaliter, juxta formam sive portrach
super hoc factum , et existens et remanens in manibus dicti domini precen-
toris, scriptum nomine ipsius de Mosieriis et ipsius manu propria, et
melius sive magis pulcruin, si voluerit et potuerit. — Item, quod idem de
l\Iosteriis teneatur et debeat facere et construere , videiicet faciem et spa-
tulas, bene et decenter prout supra, et perOcere ac perl'ectum reddere
hiuc ad Pascha proximum: et illud faciat, et facere debeat et teneatur,
infi-a hanc civitatem Tiioloni et non alibi, ex ipso ai'gento prout supra
sibi tradendo , et quod ipsi Gapituluin et priores tradere teneantur ; et ipse
de Mosteriis ipsum argentum extra presentem civitatem Tholoni extrahere
non debeat, et super hoc cavere et ydoneam cautionem prestare teneatui*.
— Item equidem, convenerunt quod idem de Mosteriis, postcpiam ipsum
Gapitulum et dicti priores , présentes aut futui-i, dicte confi-atrie, sibi tradi-
derint argentum necessarium pro dictis subassamento et angelis , teneatur et
debeat illud et illos facere et construere, juxta dictum portractum prout
supra, ex ipso argento, infra decem octo menses a die expeditionis dicti
argenti sibi fiende in antea computaudos, et hoc, in presenti civitate Tho-
loni vel Massiiie, aut alilîi, infra tamen Provinciam et non extra. — Item,
quod fiindendo dictum argentum , tam pro capite predicto , sive facie et
spatulis , quam subassamento et angelis , sibi tradendum , teneatm* et de-
beat ipse magister Jacobus de Mosteriis eidem Capitulo et prioribus tradere
lo contrapes et la tocha dicti ai'genti sibi tradendi, tam pro facie et spa-
tulis quam subassamento et angelis. — Item, quod pro factura et labo-
ribus premissorum, dicti Gapitulum et ipsi priores, présentes et futuri,
teneantur et debeant dare et solvere ipsi de Mosteriis, ad rationem quinque
florenorum cum dimidio pro qualibet mai'cha argenti, ut sequitur, vide-
iicet, quando facta erit faciès cum spatulis, pretium illius ad rationem
— /lO —
pi-Pinissaiii : (i prtMiiiiii (Ici s\ili;isstMnf'nl <'l anjjcls, eli;iin ([uaiido lactuni
l'iKM-it, et ;ul lalioiit'iu pinuissani, ju\la pondus illius. — Item, (|uo(i
etiaiu Icnealtii- et dehcal idoin do Mostoriis dicluin opiis hene cl dc-
ccntrr dcauraro: vcrumlanion ipsiim (lapitulnin cl ijisi priorcs teneanlur
pi dchcaiil cidtMU Iradcre auruni ncccssarium cl mercuriales pro ipsa fienda
doauralionc. — Itoni , quod equideni leuealur idem de Moslcriis fidejubere
vdonee, quando recipiet argeutum pro subassaniento et angelis fiendis.
Reuuncianles etc. . . AcUim Tholoni, in canicra Capilulari domus ipsius
Capituli. . , Et ego Jacolms Pavesii, nolarius etc.
(Arch. dii Vai\ K. (577, loi. ;io7 v°. Protor. de Jacques Pavés.)
XIX
PEINTURE no RETABLE DE LA CONFRERIE DE SAINT CREPIN.
1528, 08 janvier.
Pretiiim fncHtui pro cnnfratria sanctorum Cresphn et (Wcspiniani , pI magislrn
Desiderio de In Porta, pictore.
Anno premisso et die \xvin januarii. Notum sit etc. . . quod discreti viri
magisler Dionisius Chartrassi, Johannes Hermeiine alias Pelât, et Bertran-
diis Mardi, sahhaterii. priores vcnerande confi'atrie sanctorum Crespini et
(Irespiniani civitalis Tholoni, gratis cl sponle. . . dederiiiil cl tradiderunl
ad prctium factuni magistro Desiderio de la Porta, piclori, hahilalori diclc
civilalis Tholoni, presenti etc., ad faciendum opus infrascriplum, sive pin-
gendum relabulum sanctorum Crespini et Crespiniani, cjuodest in capella
eorundem sanctorum, que est in ecclesia conventus Predicatoruni diclc
civilalis Tholoni: super quo convenerunt ut sequitur inlra vulgariler scrij)-
lum.
Primo namque cou\enerunt. que lodich mestre Deydier sera tengul
penher lodich retaule, hen et degudament, andjc honas et sunicientas cl
linas colors, et daurar como s'ensec. Videlicet, en l'escabella del dich re-
laule fara sine hislorias , so es de sanct Crespin et Crespiniau , las quatre ,
cl la sinqucna sera al mitan. de la résurrection de Jhesu Christ; et las
moltuas de la dicha escahella seran dauradas d'or fm brunit. Et seran
linas las colors, ambe oly, \ostre Senhor incarnat ambe oly, et los dra-
pelles d'or brunit. — item, lo yniage de Nostra Dama, lo manlel sera de
lin azur, et las lesieras, d'or: et lo dessobz del dich niaulel sera d'or brunit:
ilcm, dessus lo mantel, aura de llorons d or mat. — It^ni, l'ymage de
sanct Johan, la rauba sera d'or brunit, et lo mante! d'argent brunit, el
glassat de rogc clar; los pels d'or mat; la corona de l'ymage de Nostre
Senhnr de vert, ambe oly, — Ileni, la Magdalena la cota d'or brunit, et
lo maille! d'argent brnnil, glassat de roge clar. — Item, l'ymage de
— âl —
sanct Crespiti, \e sayon sera de broqual d'or, relevât, et lo camp sera
glassat de lacca veniciana : et lo manlel sera de roge ciar, et las caussas
d'or brunit, glassadas de roge clar, et lo encarnament ambe oly, coma si
aperten. — Item, Tymage de sanct Crespinian aura Tauqueto de broquat
d'or relevât, et campeiat de asur; et lo mantel de asur (in, ambe florons
d'or mat, et las caussas d"or brunit. — Los marchapes dels ymages seran
de jaspis et de semblansa de porliri : et lo dorsier de darrier los ymages
seran pencbs a plala peinctura, ambe dos layrons, et lo pays del Mont
Calvari, comme si aperten, de bonas colors finas a destrempa, vernissât.
— Item, lo dessus del dorsier, que es de taula de melve, seran de rosas
a l'antiqua , et lo camp sera de asur, fach a moda de massonaria. — Item ,
los candélabres los basses et capitels seran d'or brunit, et las moluras,
et la frisaria que régna al mitan, seran d'or brunit, et lo camp de asur.
— Item, lo quitran sera d'or brunit de blanc polit: et lo creyneaux, lo
camp sera de asur. — Item, la frisa que es au dessus, sera d'or brunit, el
lo camp de asur. — Item, la cornis et altras moluras e:i aquel apertenent,
seran d'or brunit, et los creneaulx de asur. — Item, la molura que es
a l'entorn de Dieu lo Payre, sera d'or brunit, et tôt a l'entorn de Dieu
lo Payre sera un cors d'angcls ambe oly, a plata forma. — Item, Dieu lo
Payre sera tôt d'or brunit et de roge clar. — Item, lo roleaux et dalpbins
seran d'or brunit. — Item, las portas seran coment s'ensec; videlicet' de
foras, seran sanct Crespiti et sant Crespinian, ambe dos priors, dessa et
delà, aginollias, tenens cascun uug syre, en blanc et nègre, ambe masso-
naria a l'entorn, a l'antiqua. Et de dintre las dichas portas, chascuna aura
dos historias, justa las bistorias de sanct Crespin et sanct Crespinian , coma
ordonara monsenhor lo prior del dich convent, ambe finas colors ambe oly.
— Item, quod premissa omnia ipse magistei- Desiderius de la Porta faciet
seu depinget , modo et forma premissis, et perfecta reddet beue et decentei-,
videlicet, dictas ymagines hinc ad festa Pascbe proxime ventura, et totum
residuum hinc ad festum sanctorum Crespini et Crespiniani proximum.
— Item, quod pro toto dicto opère, dicti priores teneantur el debeant dare
et solvere eidem magislro Desiderio, summam florenorum cenlum monele
Provincie, ut sequitur; videlicet, nunc et inconlinenti, llorenos viginli
quatuor. . ., et residuum eidem solvere teneantur, videlicet, hinc ad dic-
lum festum beatorum Crespini et Crespiniani proximum, tantum quantum
fuerit peccunie in boyta dicte confratrie; et inde, anno quolibet in dicto
festo, tantum quantum fuerit in dicta boyta, donec et quousque fuerit
eidem magistro Desiderio de dicta summa intègre satisfactum. . . Actum
Tholoni , in parvo reffectorio dicti convenlus Predicatorum ... Et ego Ja-
cobus Pavesii, notarius etc.
(Arch. du Var, K. 679, fol. 1 '11. Protoc. de Jacques Pavé'».)
^ 'r2 —
XX
RANNIÈRE DK LA CONFUl^RIE DU CORPUS DOMFNI.
1029, '.'.3 novcnil)ro.
Prrtiinii fncliim jiro veiirrnhili cnnjrtitrin Corpnrl.s ('.lirisli ririltitis Thnhni.
Aniio Incanialionis Domiiii mv^wix c! dio, wii iiiensis noveiiihi'is. No-
lum sit elc, .. quoil lioiionibilos viri in;i{>islri Hoiioraliis Mariai et Manuel
Garnerii, civitatis Thoioni, priores et eo noiuine dévote confratrie Gorporis
Ghrisliecclesiecatliodralis civilatis Thoioni, gratis etc., dicto noniinedede-
rmit, Iradiderunt, concesseriint ail i)reliuni l'actuin, ot litullo pretii i'acli,
iiiagistvoPelro Capioni, loci doSonieyi'fi, presouti, ad construendum quam-
dani ipsius confratrie handeriani, modo et forma, ac sub pactis ol conven-
lionil)U8 inferius in sermone vidgari descriptis, de ipsarum partium con-
sensn.
Premierament, es tengiit lodich Pierres Quapion de far dous anges en
chascuna banda, lenent ung calici en leur man; d'autour de très pals de
franc, despueis la diadenia jnsipies als pies: et las allas dels diclis anges
seran ondeiadas, et de seda. — Item, l'ara lodich meslre Quajiion lo ca-
lissrd'or, et l'ostia d'argent: las diademas'"' dels anges, d'or dornien: las
lezieras de las manchas et del collet, et del fons de l'auba, d'or dormen; et
lo demourant fournida de seda, talla coîua convendva a l'obro. — Item,
fara en chascuna banda dous escussnns, videlicet, ung de las armas del
rey. et l'autre de las armas de la présent cieutat, de la grandeur do aqucllas
que son en la capella de ladicha confreria : et fara lo champ de las armas
df Indicha villa, de azur, et la croux, d'argent. -^ Item, soran (engus lous
dichs prieux de avor lo taiïelas ho danuis neccessari, als despens de ladicha
confraria, et lodich mestie Quapion pausar ladicha bandiera sua lodich
taffetas, bon et deguflanienl , a sous dospens. — ■ Item, j)romet sourtir
ladicha obra d'ayssit a Pascas |)rochanament venent, et inlorim, j)0ui'tpr a
Tholon, a sous desjiens. — El pro satisfacliotie premissorum , dictidnmini
priores, dictis nominibus, eidem solvere promiserimt scula solis sex, incon-
tin«?nli recopta ipsa banderia , modo et forma prescriptis. Promil tentes etc. . .
Acium Tiioloni in apotlieca moi notarii. . . VX ejjo Marciis Salvaloris,
notarius, etc.
(Arcli. (lu Var. K. "jhh, foi. ÎÎ79. Proloc. de Marc Siilvatoris.)
'•' Cp idoI. l'St orcit par deux fois diednmn.
— ^3 —
XXI
JOOEIR DE TAMBOURIN ET DE GALOUBET À TOULON.
1532, 8 janvier.
Conventio inter man-istrum Petrum Dioum'i , islrionem, parte ex itno, et
Nicolnum Marini , Johnnncm de Clitsa, et Stephanum Royciit, parte ex
altéra.
Anno et die preniissis. Notum sit etc. .. quotl magister Petrus Dionisii,
barbitonsor et istrio, taborin, habitator civitatis Tboloni, parte ex iina,
et magister Nicoiaus Marini, calsaterius, Jobannes de Giusa, lignilabor,
et Stepbanus Royerius, barbitonsor dicte civitatis Tboloni, omnes shnul. . . ,
parte ex altéra, gratis etc., per se et suos etc., convenerunt ut sequilur.
In priniis enim convenerunt. . . quod dictus Dionisii teneatur et debeat
sonare cum listuia et taborino, singulis diebus dominicis et festiscolibilibus,
bine ad Cai'nisprivium proximum, et etiam diebus aliis non festivis, duran-
libus quindecira diebus proxiniis dicto Garnisprivio , incluso die ullimo
ipsius Carnisprivii; scilicet, siunpto prandio et sumpta sena juxta soiitum,
in doniibus indicandis , usque ad decimam boram noctis ; et tribus diebus
ultiniis ipsius Carnisprivii, usque ad mediam uoctem, et ad inceni diei
seque.ntis, si opus sit et amorum nécessitas suadeat. •— Item, convene--
runt. . , quod dictus Dionisii teneatui" et debeat sonare cum fistulg et tabo-
rino, etiam in friscis sive moresquis fiendis per quascumque personas,
citra tamen. obmissionem dansarimi temporibus permissis saltpri solitis: et
quod dimidia consecutionis salisfactionis dictarum friscarum sit ipsorura
Marini de Glusa et Royerii, et alia dimidia ipsius Dionisii, Déclarantes
quod si ipsi, aut aliquis abus de eorum societate et trayn vellet facere
moriscas, qaod ajiis non existentibus de eorum societate preferanlur: et
quod teneantur solvere ipsi Dionisii dimicbam partem talis sonatiouis,
sive laboris, -^ Item, convenerunt quod dicti Marini, de Glusa et Royerii
teneantur eidem Dionisii dare panem , vinum et obsonia pi'o merendando ,
singulis diebus quibus sonabit, aut illorum loco, grossum ununi quolibet
die. . — Item , convenerunt quod dicti Marini , de Glusa et Royerii teneantur
et debeant eidem Dionisii dare et solvere pro laboribus preraissis, ultra pre-
missa, pro toto dicto tempore, floreaos sex, prout et ita facere promiae-
runt. ., ut sequitur, videlicet, nunc incontinenti florenos duos, rpios dic-
tus Dionisii confessus fujt se babuisse et récépissé . . ; et bine ad quiudecini
dies proxiinos, totidem, videlicet alios florenos duos: et die jo vis Garnis^
privii proximi , de mane , restantes duos florenos , iu pecuuia etc. . . — Item
etiam convenerunt quod ultra premissa, dictus Dionisii teneatur sonare
unain aubatam, singulis diebus, pro illo qui tali die faciet traynum, sive
— M\ —
l);iiii|iioliiiii , sine alia satislactione. . . Vcliiin Tlioloni, in appothoca «lonnis
moi notarii |)nl)li(i. . . Kl ego Jolianncs Pjucsii noiarins.
(Arcli. (lu Vni', E. 7-H1, fol. .'{87. IVdIoc. do Jean Pavés.)
XXII
PORTES SCL'LPTKES l'()UI\ I, \ CHANDT. KNTHKIC OI: r.A CATHKDU Vl.i: l)K TOULON.
15."5'J, 3:! avril.
Prrriimi fartum vcucmhili rapilidn Tlm/nnciisi et inagistio Ilonoralo de Clusa ,
lignifabro Tholoni.
\iHio et (lie pieniissis. Notuni sit etc., quorl congreg'ali capilulariter in
loco sul)sci-i|)to r(>\erendi venerabilesque et egregii viri dominus Anthonius
Pavesii, saci'ista. Androas Ricardi. prccenlor, Joliannes do la l^anda, Svnion
Moteti ol Anthonius Toniacii, canonici venciabilis ecclcsie calhedralis Tho-
lonensis, capitulantes et capilulum tenenles, gratis etc., dederunt ad pre-
tium factum raagistro Honorato de (liusa lignifabro Tholoni, presenti etc.,
ad construeiidum opus infrasciipluni, super quo convenerunt ut sequitur.
In priniis onini . convenerunt... quod magistor Honoratus de Glusa
teneatur et debeat construere portas do nuce in magna intrala, bene et
decenter scissas et scultas, a colombotas relevades a niiege bosse, juxta
|)orcfra(aratn in |)apiro dcpictam, videlicet, a latere dicto porfracture, in
(pio est ipsa portractura magisonusta, obragio a l'antiipie; cl in parte su-
periori earuindem portarum etiam sculpere, videlicet, in alia earumdem
la Nuntiada, et in alia Angelum , more solito, a miege bosse, prout supra;
et hoc, suis ipsius de Clusa propriis sumplibus et expensis; et dictas portas
ponere in loco suo, et suis ipsius de Glusa sumplibus. — Item, convene-
runt. . . quod prefati domini et capitulum teneantur et dobeant providero
ipsi de Clusa de omni lignamine, ac de omnibus ferramentis pro dicto
opère necessariis, suis ipsius vonerabilis Capiluli sumplibus ol expensis. —
Item, convenerunt quod diclus niagister Honoratus de Clusa teneatur et
debeat facere omnia ad dictum opus necossaria, exceptis tamen lignamine
et leiramontis predictis, ac exceplo «piod non teneatur ()onore soram nec
pallamellas dictarum portarum; ot dictum o[)us bene et derenler perfcctum
rofldere, hinc ad très nienses proximos et intérim. — Item, convenerunt. . .
(piod pro loto opère prediclo, prefati domini et Capilulum teneantur et de-
beant eidem niagistro de Clusa dare, solvere, tradere, solvere et realiter ot
cum elTectu expediro florenos quinquaginla unum nionoie Provincie etc.,
et hoc, illico perfeclo dicto oporc; in pccuuia etc.. Henunciantes etc.. .
Actum Tholoni, in platea ecclesie cathedralis. Testes, magister Petrus
Claporii de Sancto Maximino, Vincentius de dardana. Et ego Johannes
Pavesii, notarius.
( Arrl). firi Vnr, E. 7111, fol. .'{9 v°. Protoc. do Jean Pavés.)
— Zi5 —
XXIII
CONVENTION l'ASSÉE AVIX DES MÉmÎTRIERS.
1536, 1 5 janviei".
Promissio pro nohili Johanne Francisco Moteti, civitatis Tholont,
Dicta die décima quinta januarii, Notum sit etc.. quod magistri Lau-
renlius Seilhans , ville Insuie Veneyssini , Petius Ti'adieu , de Castro
Reynardo, et Antlionius Belloni , ioci de Chabeau, bona fide etc. . , per se et
suos etc.. promiserunt et convenerunt nobili Johauni Francisco Moteti, ci-
vitatis Thoioni, presenti etc., medio summe subscripte, eidem Moteti ser-
vire, bene et décanter, juxta et secunduin pacta inferius sermone vuigari. . .
descripta , hinc ad diem primam Gadi-agesime proxime.
Premierament, lous dichs Seihan, Tradieu, Bellon, menestriers , seran
tengus tous très ensemble, servir a las dansas, sive toucar, d'ayssi al pre-
mier joiu't de Caremo prochana, tant de jourt que de nuech, bonté voldra
far tocar lodicb Motet; embe lalla condition, que tutos fes que loucaran,
lodicb Motet sie tengut lous dichs menestriers defFrear, ben et degudaraent,
a sous despens. — Item, es de pati que cant lous dichs menestriers aco-
mensaran de sonnar tous lous jom's, lou dich Frances Motet lous deia nour-
rir tous lous jours, fins al dich premier jom- de Carema, non obstant que
non sonnessan sive touquessan. — Item, si durant lou dich temps, lous
dichs menesti'iers touquavan a fermadas , que non lem* sie rebatut de la
soma soutosci'icho , si non proportionablamant, temps per temps. — Item,
(p,ie toutas las adventuras que elous auran, sien dels dichs menestriers. —
Et pro satisfaclione premissa, ultraque sumptus victuum eorumdem Sel-
hans, Bellon et Tradieu, diclus Johamies Franciscus Moteti, gratis, per se
et suos, dai-e et cum effectu expedire promisit eisdem presentibus etc. .,
florenos sexaginta , quos solvere promisit in dicta die prima Gadi'agesime
proxime . . . Actuni Tholoui , in aula donius heredum Pollonie Gauffrcde.
Testes, dominus Anthonius Facilis, cannonicus, Petrus Aruulphi. Et ego
Mai'cus Salvatoris, no(arius.
(Arch. du Var, E. 7^9, loi. .35o. Protoc. de Marc Salvatoris.)
XXIV
P.ABILLEJIEXT DES OP.GUES DES DOMINICAINS DE TOULON.
1552. q5 octol):e.
Près faict pour le dévot couvant des Jaccoiipins.
Du vingt cinquiesme d'octobre. Sçaicheni tous que congregcz capitulaire-
ment au lieu que desooubz révérend et devotz religieux niestre Guilh;mme de
— /i6 —
Rosoo, dortonr on sacn'o thonlooio, prioiir modonif du rnnvnnl dos Kroros
Proschcurs de Tlioulon, IVoies Maixiinin Hiuni, Honorât Uaysson, Marin
Pauuon , Jacques Beslre, Jacques Baudon et Jacques Arligue, convenluaulx
dudicl convcnl.àson do ciocho, pour colohralinn do ce contract, et pour
evidenfo docoralion do l'oj>iis(> dudici couvant, tous unanimoment, losdicts
relifjioux avec licence dudict prieur, et icelluy prieui- avec bon plesir des-
dicls rolioioux, ont bailho à pios laict , et par lillre d'icelluy, à mestre
Piono (larnori, organiste dudicl Tlioulon, piosent et acceptant, pour luy
et les siens, assavoyr : à robilher les orgues dudict couvant , et icelluy re-
duyre et mètre bon et suffizaat; aussi kiy nielre uug Iramblant davantage,
et construire Iroys soufflés, sive bouges, en la manière moderne. Et sera
tenu ledict Garnier fournir tout ce que sera nécessaire à ces despans. Et
sera tenu ledict couvant dolTréer, durant la facture dudict près faict , icelluy
Pierre Garneri et son serviteur dans ledict convant, et par l'espace de deux
movs et domy, et luy provoyr do une chambre, kiy bailler huylle et lict,
boys et chandelles pour sauder, et cuiller pour reiïondre le plonp. Lequel
près faict sera tenu ledict Garneri sourlir bien et deueraent, et dans deux
moys et demy à compter du jour qu'il commausera dicte facture. Et sera
tenu de faire bon et valable lesdictz orgues par l'espace de ung an et trois
jours, à compter du jour que dict près faict sera parachevé. Et la et quant
par rapport demaistres experlz feust dict ladicte besongne n'estre deuement
faicte, allers sera tenu dicte facture desmonter, et à ces propres despans
habilher bien et deueinent. Et ledict près faict a promis sourtir, comme
dict est, pour et moyennant quatorze escns sol; desquelz, en déduction,
en a receu , en présences de moy notaire et tesmoingz soubz escriptz , six
escus, desquelz a quicté ledict convant, avec pache de n'en faire jamais
demande; et les huict escus de reste ont promis, eudict nom, lui Ibrnir,
incontinent parachevée dicte facture. A esté pache, que s'il esloit besoing
croislre la tribune, ou bien concaver la murailhe, pour logei- les bouges,
iedict convant sera tenu supporter ladicte déclaration. . . Faict et publié
par moy notaire soubsigné, audict Tholon, dans ie grand reffecloire dudict
convant.
(Arcli. du Var, E. 75/1, fol. l'ii. Protor. de Mar.' Salvaloris.)
XXV
RECONSTRtCTlON Dli LA CIIAPKLLE DE NOTI'.E-D A,MK D'ilUMII.ri'K.
1561 , 19 février.
Pris faicl pour les prieurs des Hntus de J^oslrc Dame de Tlioulon.
Du Mx" do febvrier. Frère Jehan Lambert, Hugues et Piones Fran-
co\s, prieur des Batus, Irères Nicolas Foi'uier, Jelian Anllioine Julian ,
Jehan Chochon et Jehan Alardon, tous enseiid)le el chascun [)our le tout.
— kl —
tant en leur nom que des autres frères Batus leurs coiDpaignous, ont
bailhé à pris faict à Salvador GeoflTroy, maçon dudict Thouion, présent, à
liaulser et faire une crotte à leur casète de Nostre Dame d'Humilité, hors
les murs dudicl Tlioulon; aux paches ensuyvoutz. C'est que ledirt Salvador
Geodroy sera tenu, du quartier de midy de ladicte quasète, asseurer les
nmrailhes de troys partz , assavoyr, du quartier de levant, acomenser le
fondement, ainsi que a ja esté cave, et du quartier de midy continuer la
murailhe ja acomensée, et de ponent, acomenser le fondement, ainsi que
a ja esté cave. Et les dictes troys murailhes haulser, de la espesseur que
sera de besoing, de la aulteur que sont les muraillies de ladicte quassete.
Sur les dictes murailhes fera une crote , de la aulteur et fasson que est la
crote faicte à la dicte quassete; et icelle croie joindra à l'ai'c de pierre qu'est
en ladicte quasète. Et lesdictes murailhe et crote fera bonnes et suffisantes,
le tout à diche et cognoissence de gens espertz. Et ladicte crotte couvrira de
teules , bien et deuemeut. — Et pour faù'e ladicte facture lesdicts prieurs
et Baslus seront tenus fornir audict Salvador Geoffroy le mortier, pierres
et tout ce que iuy sera nécessaire pour ce faire, sur le lieu, hormis de esta-
gieres et cindres, et mains hobres, que ledict Geoffroy aura et fornira a
ses despens. — Et pour ledict pris faict, ilz seront tenus payer audict
Geoffroy unzes escus d'or d'Italie, comme s'ensuyt: assavoir, dimenche pro-
chain cinq escus, et le demeurant, à la fin de ladicte facture. Et lesdictz
prieurs et frères seront tenus iuy bailler les teules, sur le heu. Et ledict
Geoffroy sera tenu avoyr achepvé ladicte facture , d'icy à la feste des Ra-
meaulx. Promettanlz etc.. Obligeantz. . . Faict à la boutique de Paulet
Roche.
(Arch. du Var, E. 7()8, loi. 7^4 v°. Protoc. de Michel Cabasson.)
CACHETTE DE FONDEUR
DE LÀGE DU BRONZE,
À BAUTARÈS, PRÈS PÉRET (HÉRAULT).
Communication de M. (iazalis de Foiidoiice.
Dans le coinanl du mois de septembre i8()5, iM\I. Jules et Jus-
tinien (lliabaud. propriétaires à Pe'rel'^', en défonçant un terrain
au quarlier de Bautarès pour y planter une vigne, rencontrèrent,
enfoui assez profondément dans le sol, un grand vase en poterie
grossière rempli d'objets de bronze qu'ils recueillirent. Informé
de cette trouvaille je me rendis sur les lieux au mois d'octobre et
je pus acquérir Ions les objets qui la composaient.
Ce dépôt est la quatrième cachette de fondeur de l'âge du bronze
trouvée dans le département de l'Hérault et la plus importante par
le nombre d'objets (pii la composaient. C'est à tort que l'on donne
le plus souvent à ces petits dépôts le nom de fonderies. Celui de
cachette de fondeur me paraît seul leur être approprié. On ne
pourrait appeler fonderie que le lieu même où était établi l'atelier
permanent ou passager du fondeur. On devrait donc trouver dans
ces gisements, en même temps que les nuitières destinées à être
fondues, les outils nécessaires à Tindustrie du fondeur, moules,
creusets, etc., ainsi que des traces de foyer.
Or il n'en est pas ainsi. On n'y trouve guère que des matières
soigneusement ensevelies en terre comme pour les y cacher et, très
accidentellement, quehjue valve de moule peut-être hors d'usage.
C'était donc bien plus sûrement des dépôts que les fondeurs ambu-
lants, trop chargés de matières pesantes, conliaient à la terre pour
les retrouve!- à une prochaine toiirni'c. Le nom de cachette est donc
bien celui (|ui leur convient.
"' (ioiiiimmr du cjhiIoii de Monlajjiiar , arrondissoiiieiil de Bt'zicrs.
— /i9 —
Le vase trouvé à Bautarès était une sorte de grande marmite en
poterie grossière de 8 millimètres d'épaisseur, noir, avec une légère
couche à peine rougie à l'extérieur, par conséquent très peu cuit. Il
tomba en morceaux entre les mains de MM. Ghabaud lorsqu'ils vou-
lurent le sortir de terre. Il était recouvert d'une pierre plate, d'une
nature tout à fait différente de celle des roches de Bautarès. C'était
une sorte de dalle qui avait dû être tirée du quartier de l'Arnède,
dans la commune de Fontes.
Le poids total des bronzes de Bautarès est de 98,835 grammes,
sur lesquels io,4oo grammes de lingots en 28 morceaux et
18, 635 grammes d'objets divers : haches, bracelets, objets d'orne-
ment, d'armement et de travail.
HACHES.
Les vestiges de cette catégorie consistent en 'y 5 haches à douille
et 9 fragments se subdivisant en plusieurs types qui se groupent
dans deux séries :
1° HACHES À DOUILLE CARREE.
8 haches à douille carrée, avec renflement en bourrelet dans le
haut, sans anneau, et 3o avec anneau. Dans quelques-unes, les
deux faces latérales affectent une tendance à être brisées sur le
milieu, de façon à donner à la section de la douille une forme
hexagonale. Sur une seule, le tranchant est très développé et élargi
des deux côtés, dans le genre du tranchant d'une hache à douille
ronde dont il sera parlé plus loin.
2 haches avec double bourrelet dans le haut, sans anneau, et 5
avec anneau.
1 hache avec triple bourrelet dans le haut, avec anneau.
1 hache avec un seul bourrelet et anneau, présentant sur les
faces deux mamelons terminant les arêtes.
1 hache avec un seul bourrelet et anneau, présentant sur une
des faces une côte longitudinale, partant du bourrelet et se termi-
nant au tiers de la hauteur de la hache par un cercle.
3 haches avec un seul bourrelet et anneau, présentant sur les
faces trois côtes partant du bourrelet et se terminant au tiers de la
hauteur par une goutte; k avec cinq côtes; 2 avec cinq côtes et
double bourrelet.
Abchéologie. a
— 50 —
Celle orueiuenlalion à côtes avec goutles su lelrouve en Bj-elagne
el dans le comte' de Suiïblk en Angleterre.
Les 9 IVaginenls de haches appartiennent tous à la classe à
douille carre'e. Ce sont deux exlre'mités supérieures à un bourrelet
et anneau el 7 tranchants.
2° IIACUES A DOUILLK RONDE.
5 haches à douille ronde, avec un bourrelet dans le haut, sans
anneau; 12 avec anneau.
1 hache semblable, avec anneau, dont le tranchant est très déve-
loppe' à droite et à gauche, de façon à doubler presque sa largeur
naturelle.
Ce sont donc 86 haches à douille qui sont représentées dans le
dépôt de Bautarès, savoir 66 à douille carre'e et 1 1 à douille ronde.
BRACELETS.
1° BRACELETS MASSIFS.
1 bracelet massif à tige ronde, dont la décoration consiste en
8k anneaux alternativement unis et striés dans le sens de la largeur
du bracelet.
1 fragment du même genre.
13 morceaux de bracelets massifs à section ronde, présentant
différents motifs de décoration linéaire, chevrons, dents de
loup, etc.
2° BRACELETS CREUX.
6 morceaux de grands bracelets, à section angulaire ouverte vers
l'intérieur, avec différents motifs d'ornementation au trait, che-
vrons, dents de loup, etc. Ces bracelets devaient offrir une certaine
analogie avec ceux de Réalon, mais leur dos était à arête vive au
lieu d'être rond.
Un fragment de bracelet, ruban à carène, offrant une grande
analogie avec un bracelet de Réalon, mais plus étroit.
51 —
ARMES.
Une douille ou extrémité inférieure d'une pointe de lance.
2 talons de lance coniques, absolument semblables à celui de
îlieux-Mérinville, qui est au musée de Narbonne (^'.
1 mancbe de couteau plat avec épaississement tout autour, oiné
de cbevrons.
APPLIQUES.
Une sorte d'applique en forme de losange, incurvée, percée aux
quatre angles de trous pour la fixer.
5 plaques en forme de trapèze, portant dans la partie étroite
deux appendices latéraux qui se repliaient pour envelopper l'objet
sur lequel elles devaient être placées.
OUTILS ET MÉTALLURGIE.
1 ciseau à douille carrée , sans anneau.
1 valve de moule en bronze. Les moules en bronze sont assez
rares. On en cite pourtant quelques-uns dans la vallée du Rhône,
en Suisse, en Allemagne, dans les Iles Britanniques, dans les pays
Scandinaves. La valve de Bautarès appartenait sans doute à un
moule à valves inégales, dont il était la moins profonde, ce qui fait
qu il ne m'a pas été possible de reconnaître au moulage de quel
objet il était affecté.
6 fragments d'une sorte de baguette demi-ronde, dont l'un pré-
sente l'épaississement et l'évasement d'un culot. La destination de
ces morceaux est assez difficile à préciser. Peut-être sont-ce de
simples lingots ou des résidus de fabrication.
Enfin, dans la catégorie des objets qui se rattachent à l'industrie
du fondeur viennent prendre place naturellement les 2 3 jnorceaux
de lingots bruts qui complètent le dépôt de Bautarès. Ces lingots
paraissent avoir été coulés simplement dans un creux, en forme de
cuvette peu profonde, fait dans la terre, de façon à donner des gâ-
teaux plus ou moins compacts et épais, amincis sur les bords.
Les bracelets et presque tous les autres objets que je viens de
mentionner après ceux-ci sont des fragments d'objets rompus ou
'') Mortiiiet, Musée préhistorique , pi. LXXXIII, ilij. 253.
f^o
(les objets hors dusagc, recueiliis pai* nolie tondeur ambulant au
cours de sa lourne'e, pour en utiliser la matière. Il n'en est pas ab-
solument ainsi des haches. La moitié seulement de celles-ci, et dans
ce nombre il faut compter les 9 fragments, sont des haches endom-
ma'jées ou hors d'usage. Toutes les autres, c'est-à-dire Uo sur 8i,
sont des haches qui sont mal venues au moulage et qui, ne pouvant
être livrées ainsi au client, devaient repasser par le creuset.
A quoi laut-il attribuer cette grande proportion de haches mal
fabriquées? On pourrait se demander si elle ne tiendrait pas à un
état encore peu avancé de l'industrie du fondeur, dans lequel les
opérateurs n'étaient pas absolument sûrs de leurs procédés et de
leur tour de main, si elle a^it été déjà signalée dans d'autres gise-
mQnt< analogues. Mais je né sache pas iju'il en ait été ainsi, et je
crois plutôt qu'il s'agit ici d'un cas particulier et que le vase de
Bautarès renfermait le dépôt d'un débutant, (uicore malhabile dans
son art. La valve de moule est elle-même empâtée et montre (|ue
l'ouvrier qui s'en est servi ne savait pas préparer son moule de façon
à empêcher les adhérences du métal qui y était coulé.
Les haches à douille carrée, très communes dans le nord et le
nord-ouest delà France, étaient presque inconnues jusqu'à ces der-
nières années dans le sud-est, à tel point que M. Chantre, rencon-
trant dans les musées quelques exemplaires de ces haches donnés
comme provenant de localités du bassin du Rhône, met en doute
ces provenances, rc Comme il n'en a jamais été observé, dit-il, dans
des stations ou des ensembles tels que les palalittes, les trésors ou
les fonderies, je crois (pie les exemi)laires ci-dessus indiqués pro-
viennent de la Bretagne et des Côles-du-Noid.'''-
La trouvaille de Bautarès ne permet plus de mettre en doute
l'origine méridionale de ces haches. Les haches à douille carrée
sont ici en grand nombre, et leur ensemble présente cette particu-
arité de fournir à la fois des exemplaires absolument carrés et
d'autres plus ou moins déformés, reliant à la série des j)remières
ces quelques haches de la vallée du llhône, dont M. Chantre dit
qu'ron en rencontre ce[)endant dans cette région dont les douilles
ne sont pas complètement circulaires, sans être carrées, w A cause
du passage insensible de la forme franchement carrée à ces formes
déformées, je crois (jue celles-ci doivent être rattachées, comme je
Tai fait, au type à douille carrée.
Cazaus dk Fondouce.
CONSIGNATION D'ARMES ITALIENNES
À LYON, EN 1561,
PAR M. J.-B. GIRALD,
Conservateur du Musée archéologique de ia ville de Lyon.
Entre deux larges voies navigables et sur la grande route de
ritalie, Lyon, par son ge'nie commercial, ses banquiers universels,
ses quatre foires annuelles célèbres dans toute la clire'tiente' , s'ëlait
maintenu place d'e'cbange de premier ordre, et surtout point de
pénétration éminemment favorable à la diffusion des produits ap-
portes par le commerce transalpin. Parmi les nombreux e'trangers
qui avaient leurs comptoirs sur la rive droite de la Saône, entre
le port Saint-Paul et le cloître emmuré des chanoines comtes de
Lyon, un certain Stefano Mucio, citoyen milanais, se livrait à
rimportation des armes italiennes. Ce commerce paraît avoir été
largement rémunérateur si nous en jugeons d'après les corselets et
les morions qui armaient les bandes de M'' de Strozzi (^).
Pour faciliter Técoulement de sa marchandise, notre intelligent
Lombard r: estimant que ledit Genoud faisant profession de vendre
armes, et qui estoit regnicole et habitant de laditte ville, auroit
plus de faveur que lui qui estoit estrangierw, lui en avait fait la
vente pour la somme de 9,18/1 livres i5 sois tournois; mais cette
vente était fictive tr et combien que laditte vente ait esté ainsi faicto,
la vérité fut que ledit Genoud n'estoit que commissaire pour vendre
lesdittes armes ; et que pour ce fère, ledit de Mussiz lui eust promis
ung sol pour livre [soit 5 0/0] de provisions de ce quil en ven-
doyt, et luy rendre et payer tous les fraiz qu'il feroit, tant pour
le nettoiage et fourbissure de ses armes que pour le rabillage et
garde d'icellesn. C'est le genre d'opération qui, sans avoir besoin
''^ Cf. Brantôme, Couro tels frarois. . . p. 6/19, éd. Buclion.
— 5^1 —
(1 altérer la vi'rilô eu recourant à une vente simulée, s'exerce cou-
ramment aujourd'hui sous le nom de consifjnalion.
D'après l'acte ])assé en lôGi ])ar le notaire Claude Marcliant,
la marchandise consignée chez l'armurier Genoud comprend un
large assortiment d'armures pour hommes de pied et cavaliers.
Avec la plus grande partie des 280 corselets garnis et les i,o5o mo-
rions, il y a de quoi équiper un joli noyau d'inlanlerie, sans ou-
blier les ollîciers qui peuvent choisir parmi les ff morions dorés d'or
de teuille, les corsellels gravés bien Ibiirnis de velours, et les ron-
delles gravées ou dorées avec leurs franges d'or et de soier).
Pour être moins considérable numériquement, le loi des harnais
et armures d'homme de cheval qui sont nécessairement d'un prix
plus élevé, constitue encore un stock bien lourni. Dans tout cela,
sauf trois hallebardes, pas une seule arme blanche, épée , dague
ou lance, preuve que malgré les désordres de nos guerres civiles,
les martinets savoisiens et dauphinois ''^ comme (pialiti' et quantité,
su (lisaient quand même à la consommation nationale et tenaient
tète à la concurrence étrangère.
Parmi les réflexions que nous suggère la rédaction de M*' Du
Troncy, nous remarquons l'expression de rrcorcellet garni n qui
s'entend de la cuirasse avec ses brassards, gantelets, cuisseaux et
harnais de tête, soit l'armure défensive complète. Il y a encore
le mot ffscarpesïï pour solerets, de l'italien scarpa r chaussure ^5, et
les rspallellesrî copiées sur l'acte de i56i, qui en io63 sont
transformées en cf espaullettesn. Dans cet arrangement pour solde,
les armes rendues à de Mussiz sont en 1res petit nombre; leur
écoulement a été facile, et cela n'a pas de quoi surprendre quand
nous aurons fait connaître les procédés de nature extra -com-
merciale employés par la plus forte clientèle de (îenoud. Sur
le peu qui reste invendu, nous devons signaler la bufîe d'homme
d'armes et les seize bavettes. Pas un seul de ces objets n'a trouvé
|)ieneur, même en échange d'un simple reçu; on peut donc dire
(juevers i56o, ces accessoires défensifs de l'homme d'armes ne sont
])lus en faveur; absolument démodées, la salade des compagnies
d'ordonnance et sa rigide bavière fixée au plastron ''^) sont définiti-
vement remplacées par l'armet et la bourguignotte.
"' Pour iiL- parler qiio de la rc'ffion du Siid-Esl.
''^ Les salades en usajje dont il jieut encore ùlre question sont très différentes
de la jolie pièce de forge du xv' siècle. Quant h notre lox!e évidemment inspiré
— 55 —
Avant de franchir le cap de sa liquidation , le capital marchan-
dise confié à notre rr commissaire regnicole75 donna en plein contre
un e'cueil qui fit une trouée brutale dans ses œuvres vives. Cet ac-
cident hypoth«Hique, notre lombard l'avait escompté : rr Prévoyant
aussi ledit de Mussiz les troubles qui se descouvioient dès lors et
qui bien tost après survinrent w. Le baron des Adrets, entré par sur-
prise à Lyon dans la nuit du i" mai 1662, avait agi comme en
pays conquis; englobée fatalement dans ce tragique e'pisode de nos
discordes, la brillante ferraille militaire des fabriques milanaises
était une proie trop attrayante pour être négligée, aussi Am. Ge-
noud eut-il le dangereux honneur d'avoir le terrible baron et ses
lieutenants pour clients obligatoires et probablement désin-
téressés, car on lui fit des billets ou ffcertifficalions^i sur le règle-
ment desquels il lui fut permis d'avoir plus que des inquiétudes.
Que cette affaire un peu risquée ait donné des mécomptes à
Etienne de Mussiz, nous l'admettrons volontiers, mais il en a cer-
tainement réussi d'autrt^s bien meilleures, et beaucoup, car sa for-
tune a marché rapidement '^). N. de JNicoIay, dans sa Desmption
écrite vers 1673 ^"-', le classe comme possédant les paroisses de
Morancé, Civrieu, Lozanne, Chazay d'Azergue et Dompmartin,
rbons pais et fertiles à bletz et vins, qui souloient estre à l'abbé
et abbaye d'Aisnay, mais à présent sont possédés par le sieur Ste-
phano Mutio qui l'a acquis dudict abbé suivant l'édict du Roy«. Enfin
en 1674, c'est-à-dire onze ans après le règlement de son marché
avec le petit armurier du quartier Saint-Paul (2), notre Estienne de
Mussiz, alias Stefano Mucio, ci-devant citoyen milanais, est deven.u
marquis de Vaulx en Velin, conseiller et maître ordinaire do Tholel
du roi Charles IX'*'. Il laisse un fils; le nom subit une nouvelle
de l'italien, nous ferons observer que depuis longtemps déjà le mot celata s'em-
ployait couramment au delà des monts pour designer l'armet, ainsi que la plu-
part des coiffures de guerre protégeant le visage.
■'' En i56/i-i565 il est parmi ceux qui ont prêté de l'argent à la ville. {Arch.
corn., CG 1118.) — En 1571, la somme de 100 livres à laquelle il est taxé le
range au nombre des gros négociants do sa nation. [Ibxd., CC, 162.)
■2) Description de la ville de Lyon et des provinces du Lyonnais et Beaujolais;
édil. par la Société de topographie historique de Lyon. Lyon 1881, p. 221.
(') Vers i555, Amy Genou, iburbisseur, est inscrit dans le personnage du Gbapeau
Rouge, rue des Habergeries ? sous le capitaine contrôleur Bonin. {Arch. corn., EE,
198 IV.)
'*^ Lettres du roi Charles IX qui érigent la terre de Vaulx en Velin . . . etc. {Inv.
— 56 —
transformation : Théritier de la terre de Vaulx en Velin qui a défî-
nitiveiueut repris le patronymique italien y ajoute la particule
française, René de Mucio; c'est ainsi du moins que nous le trou-
vons inscrit dans un acte^'' enregistré par la Chambre des Comptes
de Dauphiné.
COPIE DE L'ACTE.
Du troiziesme jour de mars mil cinq cens soixante trois. Comme ainsi
soit que le quatorziesmo jour do mars mil cinq cens soixante ung , noble
homme Estienne de Mussis, citoyen milanoys dem[eurajnt à Lyon, ayt
vendu, remis et transporté à honorable homme Ame Genou, marchant
armem" audit Lyon :
Deux cens corcelletz blancs tous gm-nis ;
Item , ung autre corcellet sans brassatz ni gantelletz ;
Item, septante huict aultres corcelletz blancs tous garniz sauf res[er]ve ,
cinquante une bourguignottes '^' et trente une paires de brassalz ;
Item, deux aultres corcelletz gravez, tous fournys de velours, l'ung de
rouge et l'aultre de verd;
Item, sept hai'uoys et armes d'homme à cheval, tous gai'nys avec grèves ^'^
et scarpes '•''^ ;
Item, douze aultres harnoys d'homme à cheval , blancz , longs de corps,
avec grèves jusques aux genoux;
Item , dix-sept armures de cheval blanches , tous gai'oies avec leurs sal-
lades «'t gollete '*' ; •
Item, ung harnoys d'homme de cheval gravé, tout fourny de ses grèves
et scarpes ;
Item , huict cent cinquante huict morrions blancz ;
Item, cent quatre vingtz dix huict morrions gravez;
Item , cincj rondelles ^"* grav('(>s , blanches avec leurs franges d'or et de
soye noyre et lem- poinsson doré ;
sommaire des archives départ, de l'Isère. Chambre des Comptes du Dauphiné, B ,
2383.
(') 1596-1688. (/6u/., B, 809/1.)
'^^ A cette époque est surtout un casque de ravalerio; tire son nom de son ori-
gine bourguijjnonne. Son timbre, surmonté d'une créle, s'abaisse par derrière en
couvre-nuque; des oreillettes défendent les joues.
*■''' Partie de l'armure couvrant la jambe au-dessous du genou jusqu'au cou de
pied.
'*' Pour soierets, de l'italien srarpa f chaussure ?5.
"^ Pour gorgerin, pièces de mailles ou de plates articulées entourant le cou.
''* (]f. Documents pour servir à l'histoire de l'armement au moyen âge, par .I.-B.
Girard, p. 22. hirpulnire d'it» foiirhissenr hjonudis m i^>f>'>.
— 57 —
Item, deux aultres rondelles dorées avec leurs franges d'or et de soye
noire et turquin, avec leur couverte ^'' de cuyr;
Item , deux bom'guignottes dorées cpii sont de la mesme façon desdictes
deux rondelles ;
Item , huit morrions dorez d'or de feuilles ^^' ;
Ilem, une salade dorée d'or molu;
Item, deux sallades blanches d'homme d'armes,
Item, sept bom*guignottes gravées;
Item, deux brassalz sans spalletes;
Item , ung aultre brassai ;
Item, une buffe d'homme d'ai-mes''^;
Item, deux paires de spaliettes petites de courselletz;
Item, deux allebardes blanches;
Item, une allebarde dorée;
Item , seize bavettes '*> de sallade blanches pour courcelletz ;
Item , six paues d'espallettes '^^ petites pour com-selletz ;
Pour le prix particulièrement mentionné au conlract de lad. vente, receu
et stipulé par M" Claude Marchant ^^\ notaire royal audit Lyon , les an et
jour que dessus, montant tout ledict prk la somme universelle de neuf
mil cent quatre vingts quatre livres quinze solz tournois , sauf touteffoys à
desduyre et rabattre sur toute ladicte somme lesdicts cinquante une bour-
guignottes et trente une paires de brassalz qui se manquent des septante
huict courselletz blancz cy dessus au troisiesme article mentionnez, que nous
ont esté délivrez par ledict de Mussiz , et que par ledict contract de vente
ont esté estimez et advalluez à raison de troys livres tournois chacune
paire brassalz et quarante solz pom- chacune bourguignotte; et combien
que ladicte vente ait esté ainsi faicte, la vérité fut que ledict Genoud
*^' Pour étui , enveloppe.
*^' Cf. J.-B. Girard, Documents . . . p. 29. Dorage des métaux.
''' Mentonnière lamée destinée à protéger la figure; elle s'ajoutait à la bourgui-
gnotte , qui devenait ainsi un casque fermé dans le genre de l'armet. Ne pas con-
fondre avec la buffe du commencement du xvi^ siècle, pièce de renfort qu'on vissait
en passe-garde sur l'épauiière gauche.
'*^ Pour bavière, pièce qui s'ajustait en haut du plastron sur la poitrine, et
montait en s'évasant rejoindre la visière de la salade; cette partie supérieure était
souvent articulée.
'^' Les spaliettes de piétons étaient bien plus petites que les spaliettes de cava-
liers : i535-j 592. nLes Chevaux-légers seront bien à cheval, et armez de hausse-
col, de hallecret avec les tassettes iusques au-dessous du genou, de gantelets,
d'avant-bras et grandes espaulettes, et d'une salade forte et bien couverte à veiie
couppée.» Langey, Discip. mil., p. 5i.
'^' Les actes du notaire Claude Marchant n'existant pas aux Arch. dép. du Rhône,
nous n'avons pu donner le texte de ce premier traité entre Et. de Mussiz et Amy
Genoud.
— i)8 —
nVsloit que coiinnissairo poui- vondi-p lesdictes armes, el qiio j)our ce l'aire,
ledicl (le Mussiz lui ousl promis ung soi pour livre de pi'ovision de ce qu'il
en vendoyt, et luy rendre et payer tous les l'raiz ([u'il leroit, tant pour le
neltoiai;e et loui-bisseiu-e de ses armes (pie pour le i'al)illa}';(' cl {yai'de d'icelles.
Prc-vovaul aussi ledicl do Mussiz les troubles (|ui se descniivroienl dès
lors, et qui bien tosl après surviurenl, eslimaul que ledicl (lenoud iaisaul
profession de vendre armes el qui estoit regnicole et habitant de ladicte
ville auroil plus de faveur (pie luy (pii estoit eslrauffier, les luy avoit re-
mises, luy avant loufedois |)romis (pie si elles luy esloienl prinses et levt^es,
la perte en tomberoit sur ledict de Mussiz , et n'y seroit tenu ledict Genoud
pouvu qu'il feist deuoment apparoir de la prinse desdictes armes, comme de
ce que dessus lesdicts de Mussis el Genoud ont dict el atlirmi^ j)ar ces pn^-
sentes estre vray, cl comme il est apparu par |)romesse dudicl de Mussis
escripte et signée de sa main, en datte dudict jour quatorsiesme de mai's,
(|ui lui a esté rendue par ledict Genoud en passant les présentes.
Or est-il que par devant Benoist du Troncy notaire et tabellion royal
(lemeiu-ant audict Lyon soubzsign(', et ])résens les témoings après nonmiez
personnellement eslablys, ledict s' Estienne de Mussiz en son nom et des
siens d'une part, et icelluy Amé Genoud pour luy et les siens d'auitre,
lesquels de leiu*s bons grez désirant londei- compte ensemblemeut de
toutes lesdictes armes , en recognoistre bonne ioy l'ung envers l'autre res-
pectivement, ont laict et l'ont entre eulx acceptant pai* mulue stipulation
des quictan[ces] , cession et transport que s'ensuy vent :
Pi'cmièrement , ledict de Mussiz a conlessé el confesse avoir receu en de-
vant, à plusieurs payemens dont il a passé plusieiu's quictances les unes
par devant notaires et tesmoings et les autres signées de sa main, dudict
Amé Genoud, la somme de six mil sept cens soixante deux livivs, seize solz
tournois; en icelle somme comprinse la somme de dix sept cens nouante
livres tournois deue audict Genoud par tpiatre cedules de Robert Nai'dy^'',
procédant de la vente de pai'tle desdictes armes, y comprinse aussi la somme
de se|)t cens cin(piaute livres tournois deue par cédule de s"' Jaques Bruui-
caj'd'^"^' et Jehan Malesieu '^', marchant dudicl Lyon, proci^danl aussi de la
vente de ses armes; lesquelles cedules ledicl de Mussiz a prinses et ac-
ceptées pour deniorer containz à ses arretz perilz et fortunes, et partie
desquelles ledict Genoud a cy devant c('d(W, remises et transportées audict
de Mussiz par li;ms|»ort i-cccii par ledicl noiaii'e les an et jour y contenus;
et lesquelles (riialxtiidant en tant ([ue besoing- scioil avec celles (jui ne sont
"' Vers i56o est inscrit dans \q pcrsonna{je de M. de la Motte, quartier de
Porte-Froc. [Arch. com., EE, 198, iv.)
'*' Est échevin en i5.56, i.'îth et i.'JôS. (/nv. dnit arch. com., BR .370 et •i']i.)
'•^' En noùt i.'jfiH, il est qnartenier dans le pcrsonnajje de Giiiliaunie Re}i;nauld;
Eslaljlics du |ionL de Safino à la rue du Garillan. {Arch. coin., EE. 198, iv.)
— 59 —
comprinses audict Iranspoii il luy transporte et remet par ces présentes
pour toujours irrévocablement , le faisant et constituant son procureur irré-
vocable pour exiger, demander et recevoù* les sommes y contenues ou qui
en sont restantes, en passer quictance, et en fère comme de son propre
faict et debte. Et néanlmoings , à la prière et requeste dudict de Mussiz,
iedict Genoud a promis, sei'a tenu et promet poursuyvant en sdu propre
el privé nom , au despens touteffoys d'icelluy de Mussiz , lesdicts débiteurs
au payement desdictes sommes lesquelles Iedict Genoud dict et afferme
estre bien loyaimient dues. Et là où il se trouveroit lesdictes sommes de
mil sept cens nonante livres tournois d'une part, et sept cens cincpiante
livres tournois d'aultre n'estre deues , Iedict Genoud sera tenu de payer ce
que s'en trouvera avoir esté par luy receu ou aultre pour luy, comprinse
aussi en ladicte somme de six mil sept cens soixante deux livres seize solz ,
la somme de soixante sept livres, quatorze solz, deux deniers tournois,
laquelle Iedict de Mussiz a entrée, vallouée audict Genoud, tant pom' le
louaige de la chambre ou magasin ''•^'> où lesdictes ai'mes ont reposé , que
pom" le nettoiage et rabillage d'icelles. De lacjuelle totalle somme de six mil
sept cens soixante deux livres, seize solz tournois, Iedict de Mussis s'est
tenu et tient pom:- content et bien payé, et en quicte et promet acquiter
et tenu' quicte Iedict Genoud et les siens envers et contre tous.
Et quant au surplus de tout le prix de ses armes mentionné au contract
receu pai' Iedict Marchant , Iedict Genoud pour en demeurer quicte et sui-
vant la promesse dudict s' de Mussis de porter et prendre en soy toute la
perte des armes qui luy seront prinses et levées ainsi que dit est , a Iedict
Genoud au lieu de rendi-e lesdictes armes , baillé et remis audict de Mussis
une certiffication du baron des Adi'ès , comme Iedict baron avoit fait prendre
en la maison dudict Genoud le nombre de soixante morrions gravez et cinq
plains pom- armer les soldatz , ladicte certiffication dattée du vingtsixiesme
jour de may mil cinq cens soixante deux;
Item, une autre certiffication signée Calandrier et Lespine dattée du
troisiesme de may i562 , qu'ilz ont prins en la maison dudict Genoud ung
corcellet gravé , salade et brassaltz et son accomplissement ;
Item, ung aultre corselet tout garny de toutes pièces, deux corcelletz
blantz tout garny s ;
Item , ung corsellet garny de veloux rouge gravé ;
Plus une aultre certiffication des sieurs de Soubize'^\ Brandamere, de
Beaujeu et Brandon, que l'on a prins pour le service des soldatz chez
iedict Genoud les armes de gens de cheval, sallades , brassalz et ganteletz
<'^ Vers i555? est inscrit dans le quartier des Habergeries. (Ihid.)
<^* Le 19 juillet 1662, il arrivait à Lyon, où il élait envoyé par le prince de
Condé pour y remplacer des Adrets dans le commandement militaire de cette ville.
Ant. Péricaud. Notes cl documents. . . r^ijjip de Charles IX, p. 33.
— GO —
moiitioniKV, on une rouille do jKipior du xxvij" soploinhi-o mil cinq cens
soixnnlo deux, le vin^rlnourviesiiie niay mil cinq cens soixante Iroys que
s'ensuyvont :
Preniièremenl . un^y coursellet rejjravé, chanfrein ''\ sallade el boui'gui-
gnotle, et tout Taullre conq)Iémenl pour unj^ homme à cheval;
Item, ung coursellet {{rave avec tout sou com|)lémout pour ung honmie
à cheval , excepté la sallade qu'est blanche ;
Item, ung aultre corseilet gravé el deux cspaullelles seulement, et gan-
lelletz et sallade hlanche;
Item, une sallade, hrassal/ et gantelletz;
Item, ung corseilet, hrassauLx, et une bouj'guignolle gravé, et ti'oys
gantelletz ;
Item, ung corps de cuirasse sans brassauK que aultre chose;
Item , ung corseilet , sallade , gantelletz et cuissaux ;
Item , ung corseilet , et brassaux et sallade ;
Item, ung corseilet, brassaux, sallade et gantelletz;
Item, ung corseilet, brassaux, sallade et gantelletz;
Item, une sallade el ung gantellet;
Item, ung corseilet, brassaux, sallade et ung ,<;anlollel;
Item, ung corseilet, brassaux, sallade;
Item, ung corseilet, brassaux el sallade;
item, ung corseilet, brassaux et gantelletz;
Item, ung corps de cuirasse seul;
Item , ung coursellet sans goulelte , brassaux , cuissa ux et sallade ;
Item, ung coursellet et sallade;
Item , ung coursellet et sallade ;
Item, quatre sallades, ungs gantelletz, plus deux corseletz et une bour-
guignotte;
Item, (jualre aultre corsellelz, plus cinq corsolelz.
Lesquelles cerliflicalious ledict Genoud a aussi cédées, remises et trans-
portées pour toujours u-révocablemenl audict siem* de Mussis pour en avoir
son recours el action à ses dospcns, périls el fortunes contre cpi'il appar-
tiendra. Et néanlmoings a pVoniis ledicl Genoud poursuyvre en son nom
aux despens touteffois, périls, fortunes dudicl de Mussis pour le recou-
vrement desdicles armes ou bien le payement du prix d'icelles, et en bailler
ce qu'il en l'oviondra audict de Mussis à sa prière volonté cl lequesle; du
pi'ix descjuelles armes pei'dues el levées ledict de Mussis s'est tenu et se
tient poiu- content el en quicte ledicl Genoud et les siens, lequel pour
s'acquiter entièrement de tout le contenu audict contract a rendu audict
de Mussis ce qui luy restoit de ses armes assavoir :
Une bourguinotte dorée;
'" Pièce ri(jiile prob'-ffoniil If ilovriiil do lii lôlc du clunal.
— 61 —
Ung morion doré;
Une sallade blanche;
Quatre boiu-guignottes gravées;
Deux brassalz;
Ung aidtre brassai ;
Deux ailebardes;
Une aultre allebarde ;
Seize bavettes ;
Six espauUetles ;
Ung corsellet gravé;
Deux corselletz biancz;
Une buffe d'homme d'ai'mes ;
Et deiLx paii-es de petites espaulleltes.
Au prix et estimation dudict contract , de manière que moyennant ce ,
ledict de Mussis a quicté et quicte pour tousjours irrévocablement ledict
Genoud et les siens dudict contract de vente et de tout le contenu en icelluy ;
promettant qu'il ne luy en sera jamais riens demandé ni querellé par qui
que ce soit, encores que les susdictes sommes payées, quictances et cer-
tiffications , avec lesdicles armes restantes rendues pai' ledict Genoud audict
de Mussis reviennent à la susdicte première somme de neuf mil cent quatre
vingtz (juatre livres, quinze solz, pai-ceque ledict de Mussis, faisant le pré-
sent ai-rest et nn de compte, luy a desduict et rabattu la tare et perte faicte
pai- ledict Genoud à la vente de ses ai-mes, parceque les courselletz qui
estoient estimez sLx escus pièce par ledit contract n'ont esté en partie par
luy venduz que cinq et deiiiy, et les morrious estimez Iroys livres n'ont
esté en partie venduz que cinquante troys solz tournoys. D'auhre pai-t aussi
ledict Genoud a confessé et confesse avoii- receu dudict sieur de Mussis la
somme de troys cens quarante livres, deiLx solz, ung denier tournois pom-
la provision dudict Genoud à raison d'ung solz pour livre des armes qu'il
a vendues, de laquelle somme provisionnelle il s'est tenu et se tient pour
content et bien payé , et en cpiicte ledict de Mussis auquel ledict Genoud a
rendu et délivré les quictances qu'il avoit en sa puissance des deniers qu'il
luy avoit payrz du prLx de ladicle vente, sauf une quictance faicte en la
ville de Ghambéry du xxv' d'apvrii dernier passé, laquelle ledict Genoud
dict avoir perdue et lacpielle il consent demeurer nulle ou de nul eiïect et
valeur, et promet la rendre comme cancellée si elle se retrouve.
Demeurant aussi par ces présentes toutes aultres quiclan[ces] par ledict
de Mussis faictes aupai^avant la présente au prouffict dudict Genoud , nidles
de nul effect et valem- et cancellées par- la présente laquelle est touteffoys
contenue en icelle.
Lesdictes pai'ties ont respectivement promis et promettent par leur sere-
ment a tousjours avoii' à gré, entretenii" et n'y contrevenir sur peyne de
rendre et payer Tung à l'aultre respectivement tous despens, dommages
— Gl> —
et iiilereslz. oh\: obligeans et soubzmettans pour ce l'ère chacun eu sou
endroict tous respect [ivemo]nl leurs biens etc., à toutes cours royaulx et
seulechaussoe], sièj>e presidial et cons[erYatiou| des privile'ges des l'oyres
dudict Lyon et auitres etc.. par lesquelles etc., reu()nc[ant] à tous droiclz
et à toutes lettres de reliefs, et avec les aullres clauses à ce nécessaires.
— Faict audict L\ou au douiicile dudict sieur de Mussis le troisiesme jour
de mars Tau mil cinq cens soixante troys prinse à Pasques ; préseus à ce
Nicolas Garlat et Jehan Baptiste Reynou, luarchanl inilanoys, demeurant
audict Lyon, tesmoings.
Ainsi signe : Stephauo Mucis, Ame Genoud, Du Tioncy.
(Arcli. dép. du Rhôue, Minutes du notaire du Troncy, 3 mars loGiJ.)
LE TEMPLE DE LA FORTUNE.
ÉTUDE SUR UN POINT INÉDIT DE LA TOPOGRAPHIE ANTIQUE
DE VESONTIO,
P\R M. JLLES GAUTHIER,
Archiviste du Doubs,
ancien président de l'Académie de Besançon.
Dès ie milieu du xvi® siècle , au moment où la Renaissance donna
à l'étude de l'antiquité un si prodigieux essor, nombre d'esprits cu-
rieux et distingués se sont efforcés d'interroger et d'interpréter à
Besançon les vestiges de la civilisation romaine.
En 1075, l'érudit Jean Matai indiquait, sur une des premières
gravures représentant la cité, l'emplacement traditionnel du forum
et du capitole(i); en lOio, Pierre DespotoLs, dans sa Chronique ^'-\
en 1618 Jean-Jacques Cliifïlet, dans son Vesontio^^\ recueillaient
et mettaient en lumière, en les assaisonnant quelquefois d'hypo-
thèses et d'étymologies risquées, les monuments, les textes, les
inscriptions, qui pouvaient ressusciter les lointains souvenirs d'un
brillant et glorieux passé.
Au xvif siècle le P. Prost et l'abbé Boisot, au wiu" Dunod de
Charnage, Perreciot et dom Berthod, au xix'' le président Clerc,
Just Vuilleret, les architectes Marnotte et Delacroix, Auguste
Castan, pour ne parler que des morts, ont continué par des écrits,
des fouilles, des travaux divers apprécie's à juste titre, l'œuvre de
'*' Vesontionis antiqvissimae celehemmaeque , . . civitatts delineatio, coloniae veio-
rum. M V Lxxv.
^^) Clivonique de Pieire Despntots, publiée dans le tome VII des Mémoires et do-
cuments inédits de l'Académie de Besançon, 217.
'•') J.-J. Chifilet, Vesontio, Civitns imperialis libéra, Lugduni (grav. sur cuivre
[358/5o2] extraite de la Cosmographie, d'Hozenberg), Cayne, 1618, in-8°.
— 6/i —
leurs devanciers. Mais les traditions s'effacent, le sol, rarement
consulté, ne rostiluo plus ni inscriptions, dont il fut toujoui's
avare, ni débris notables d'édifices jjallo-roinaius; et cependant la
topographie de Vesontio reste incomplète et bien des problèmes
dont on pourrait soulever le mystère restent encore irrésolus.
Le hasard, ce grand inventeur, vient heureusement de loin en
loin à notre secours; je n'en veux d'autre exemple que la rencontre
fortuite de deux textes du viu" siècle qui vont restituer un nom et
préciser un point entièrement inédits de la topographie ancienne
de Besançon.
I
Le nom de Champ de Mars de la capitale de la Séquanie a tra-
versé intact le moyen âge, en s'incorporant au vocable d'une des
sept bannières , c'est-à-dire d'un des sept quartiers qui partageaient
la cité. Affecté en totalité de nos jours aux exercices et aux éta-
blissements militaires, il a perdu dans le cours des âges une partie
de son ampleur, moitié environ de sa surface ayant été envahie du
11* siècle de notre ère à nos jours par tout un ensemble de con-
structions publiques ou privées, représentant environ la dixième
partie de la ville actuelle. Jadis son périmètre, d'après nos chartes
du XI* au xvi* siècle, englobait tout l'espace compris dans le qua-
drilatère formé par les rues Saint-Vincent, du Perron, Neuve et
du Lycée, outre une surface équivalente en étendue, mais à demi
couverte d'eaux et de marécages, qui le prolongeaient à l'Ouest
jusqu'aux rives du Doubs dans la partie inférieure de sa boucle.
Semblable au Champ de Mars de Rome, sur lequel il s'était natu-
rellement modelé, notre Champ de Mars comportait comme lui
une partie champêtre et verdoyante, une partie urbaine, côtoyée
ou traversée par de grandes voies, sillonnée d'édifices publics ou
dhabitations.
Au moyen âge, toute cette région, inhabitée après les désastres
des iv*, V* et x* siècles, tomba, avec le domaine public de la cité,
entre les mains des archevêques, grâce aux libéralités des rois mé-
rovingiens ou carolingiens, et fut distribuée par eux en grande
partie à des chapitres, à des abbayes, à des couvents. Le monastère
de Saint-Paul avait été bali au lovant de la j)resqu'île, sur les
ruines du Palatium, résidence du gouverneur romain; à l'Ouest,
Saint-Vincent s'éleva dans le Champ de Mars, vers 1092, et dans
— G5 —
sou voisinage les âges successifs iustalièreut des Cordcliers, des
Clarisses, des Jésuites et des Capucins, en attendant un grand sé-
minaire, un hôpital générai et un refuge (^). Epuisé par toutes ces
libéralités, le domaine archiépiscopal gardait encore en 1790 les
derniers vestiges du Champ de Mars qtl'il avait possédé naguère en
entier et qu'au xiu^ siècle il avait entouré du côté de la rivière
d'une forte ceinture de remparts.
Or en 1607, quand l'archevêque Ferdinand de Rye établit entre
les Clarisses et les Bénédictins de Saint- Vincent un couvent de Ca-
pucins, remplacé de notre temps par un arsenal, le creusage des
fondations vint se heurter à des constructions antiques: r A avancer
le bastiment de la fabrique, dit l'annaliste du couvent, se présenta
inopinément une commodité par la rencontre des fondements de
l'église que l'on treuva presque tout faits dans la terre, du reste de
quelque viel bastiment sur lesquels on ne feit point de difficulté
de dresser les murailles (^^.15
Témoin de ces découvertes, le médecin Jean-Jacques Chiffletles
consisna à son tour dans les notes du Vesontio : r Dans la construc-
O
tion I du couvent des Capucins] ou rencontra de nombreuses fon-
dit lions d'édifices, des murs souterrains posés dans tous les sens
et voûtés en forme de berceau; cà et là des conduites d'eau, des
médailles et des morceaux de marbres variés, tout cela rappelant
la splendeur insigne d'antiques édifices; mais ces découvertes
journalières à Besançon ne furent pas les seules à exciter l'admi-
ration; ce qui fut le plus merveilleux, c'est que les fondements de
l'église étaient tracés sur le sol au moyen de cordeaux; ([uand la
fouille eut atteint trois coudées de profondeur, on rencontra des
fondations parfaitement alignées et composées de matériaux excel-
lents, comme si le Ciel les eût disposés pour le saint édifice'^'. -^
Ces fondations, sur lesquelles les Capucins bâtirent de 1608 à
1620, devaient reparaître de i8/io à 1867, quand les bâtiments
d'un nouvel arsenal furent construits par l'état-majorde l'artillerie;
mais dans l'intervalle, sur un terrain voisin des Capucins, dans
C L'abbaye de Saint-Vincent date de 1092, les Cordeliers de i2d4, les Cla-
risses du xt¥° siècle, les Jésuites de 169 . . ., les Capucins de 1607; quant à l'Hô-
pital général, il est de i685, le Grand séminaire de 1670, le Refuge de 1690.
(^' Chronique des Capucins de Besançon de iSoy à i6ù3 (ms. n" i3i de la
bibliothèque de Dole ).
(^' Vesontio, pars II.
AnCHÉOLOr.ir,. r,
— 6(; —
les vi{|iu\s dont les si''[)arait une ruelle conduisant au carrelour de
rOrnie de Chaniars, d'autres antiquités étaient apparues.
Chifllet va nous le raconter encore : tLc Champ de Mars de
Besan(,'on réclame le premier rang parmi les emplacements sacrés,
enclos dans les remparts et défenses de la cité, rendu délectable
par ses prés, ses vignes, le voisinage de la rivière; beaucoup y ont
terminé leur vie par le martyre, d'après nos anciens manuscrits.
C'est là que se réunissaient les comices populaires et c'est du
temple de Mars (comme à Uome) qu'il a tiré son nom; on en a
trouvé réceinnu^nl les vestiges; les ])avés en mosaïque, les marbres,
accompagnés de monnaies inq^ériales, dans certaines vignes renfer-
mées dans les limites du Champ de Mars'^^.w
Ces vignes, l'historien Dunod, en 1785, nous en indiquera
l'emplacement d'une façon })lus précise, en s'appuyant à la fois
sur le témoignage de Chiillet, sur la tradition et sur ses propres
yeux, qui ont vu creuser les fondements du Refuge et exhumer des
mosaïques sur les terrains où il s'éleva : cfOn découvrit au com-
mencement du dernier siècle les restes d'un autre temple élevé au
dieu Mars dans le lieu oiî est à présent le couvent du Refuge, et
où je vous ai conte' que j'avais vu des pavés à la mosaïque. C'est
probablement ce temple (|ui a donné le nom au Chaniars. Sur la
fin du siècle précédent, on avait découvert dans la maison ([ui ap-
partient à présent aux Pères -lésuites, auprès du couvent des Cor-
doliers, une inscription qui prouve qu'il y avait eu en ce lieu un
temple dédié à Apollon et à Mercure '-^l ^
Laissons de côté ce second temple pour nous en tenir celte fois
exclusivement au premier, rencontré au nord du Champ de Mars,
entre la tour de Montmartin, le jardin du collège, une ruelle con-
duisant au moulin de la ville et la rue des Capucins, c'est-à-dire,
dans un langage plus moderne, sous la chapelle et les bâtiments
de l'ancien Refuge, englobés aujourd'hui dans l'hôpital de Be-
sançon.
Nous avons dit et nous répétons encore, car cela est indispen-
sable pour bien saisir noire démonstration, que le (^liamp de Mars
DU Cliamars, jusqu'aux wii'' et xviii'" siècles, époijue du nivellement
et du remblai des parties marécageuses, couveitcs j)ar d(! nouvelles
'" DiiiKid, llixliiire (les Seqniniais, I. i , i.
— (J7 —
fortifications, comporte deux sections bien distinctes : Tune ur-
baine, comprise entre ia rue Saint-Vincent et la rue Neuve; l'autre,
complètement champêtre, entre la rue Neuve et les remparts.
Par la nature même du soi, la section marécageuse voisine du
Doubs n'était utilisée cju'en prairies ou qu'en vergers. Dans l'autre
section, au contraire, peuplée, dès le xii" siècle, sur la lisière
tournée au Levant, de meix et de maisons loués ou accordés par
l'archevêque, l'abbaye Saint-Vincent, divers chapitres ou monas-
tères, à nombre de particuliers, le terrain, surhaussé par des
ruines et des déblais, irrigué par des égouts et des canaux à l'air
libre, était meuble et se prêtait à toutes les cultures; son exposi-
tion au Sud-Ouest, en plein soleil, convenait merveilleusement à
la vigne et aux arbres fruitiers; aussi, des Cordeliers à la rue du
Perron, le côté du couchant fut-il enserré de bonne heure de
vignes et de vergers. Au Nord, la totalité de ces cultures apparte-
nait aux Cordeliers et au chapitre de ia Madeleine; au Sud, dans
une proportion plus vaste encore, puisqu'elle s'étendait de la rue
du Perron, au delà de la rue de la Préfecture actuelle, aux reli-
gieux de Saint- Vincent. Entre ces deux ailes, dans le périmètre
de l'hôpital et de l'arsenal modernes, s'étageaient, fractionnées en
petites pièces, des vignes particulières, grevées de cens et de lods
au profit de l'archevêque, de ses officiers et de son clergé.
Au de'but du xiii" siècle, l'abbaye de Saint-Paul trouva moyen
d'acquérir quelques pièces de ce vignoble , dont le cru , grâce à son
heureuse exposition, devait être supérieur à la moyenne des vignes
encloses dans la cité. Au mois d'août 12 35, en présence d'Anselme,
abbé de Saint-Vincent, et du grand chantre de Sainte-Madeleine,
ratifiant et authentiquant le contrat, Girard Maltalent, du consente-
ment de sa femme Etiennette et de ses cinq enfants , fit don en pure
aumône à l'église de Saint-Paul d'une moitié de sa maison de
Chamars, outre deux deniers de cens sur une vigne sise au voisi-
nage (^l
En 1267, nouvelle acquisition d'une vigne immédiatement con-
tiguë à celle que nous venons de citer (entre les vignes d'Hugues
Maltalent et de la fille de Bourgeois du Maisel), donnée à l'abbaye
par Béatrix, fille de Gui Le Champenois (-'.
"' Pièces justificatives à la suite dii travail.
— ()8 —
Or le climat, très rcslriMiil sans doute ou (Hendiic, sur lc({uel
Saint- l'aiil ao(iuil cous ou propriété déliuitive, est ainsi désigné
dans les deux oluirtes, en 1235, «vinea do la Furtugnew,cn laiiy.
'fin teriitoiio de (îlianiars, in loco qui dicilur la Forlugna'»-).
Si Ton considère qu'au xiii'' siècle, à IJesancon, la Iradiliou an-
tique est partout vivante, ([uo le noui du Ca[)itole, dos Arènes , du
Fornni, de la Curie, du l'alaliuni, du temple de Mei'cure, de
Taciueduc antique, existent couramment, avec Ijcaucouj) d'autres,
dans le langage populaire des chartes, comme dans le latin des
diplômes ou des rituels, ce nom de la Fortune donné à un carré
lie vignes semé de ruines considérables n'a pas besoin de longs
commentaires.
Etant donné l'emplacement des vignes acquises par Saint-Paul
en 1235 et 19G7, qui s'étendent, nous le voyons par le contexte,
derrière les maisons qui bordent la rue ou le cai-refour de Cha-
mars, éteint donnée dans le même site la présence des construc-
tions d'un temple reconnu par Jean-Jacques Cbilflot et par Dunod,
nous n'hésitons pas à substituer à l'ingénieuse liyjjothèse des deux
historiens, en nous basant sur deux textes inattaquables, une vérité
désormais acquise, en appelant fde Temple de la Fortune n coque
nos devanciers avaient baptisé ce le Temple de J\lars-^.
Cette attribution nouvelle, appuyée sur deux chartes singuliè-
i-emont pi'obantos, n'étonnera personne de ceux auxquels l'étude do
l'antiquité est l'amilière. H n'était pas de culte plus populaire en
Grèce et à Rome que celui de cette fille de Jupiter, à laquelle tant
d humains sacrifient encore et que Pline l'Ancien définit cria seule
rlivinité qu'on invotjue on tout lieu et à chaque instant... et qui,
dans la comptabilité de la vie, remplit à la lois la page du doit et
celle de l'avoir '^^17.
Associée au nom de Mars, de Mercure, de la Bonne Foi, de la
Victoire, ses lemples s'élevaient par centaines de Thèbos et d'Egino
à Préneste et à Sicyone; rien qu'à Rome, la Fortune comptait
vingt-six autels. ]\'est-il pas naturel de retrouver son sanctuaire
dans le Champ de Mars do cette colonie de Vesonlio, dédiée à la
Victoire, et qui s'est modelée sur Rome dans tous les détails de sa
vie publique ?
Si les architectes (jui bàlirent le Reluge : André, Aillet et Nicole,
"' i\oiiveUe encyclopédie, v" Forluiie.
— 69 —
avaient compris Tintérêt de leurs trouvailles; si Duuod, plus sou-
cieux de la méthode critique, en eût fait relever le plan, la base de
nos observations serait moins étroite et nous pourrions donner à
notre thèse un commentaire moins succinct.
Quelque jour, espérons-le, l'administration de nos hospices,
obéissant à des nécessités nouvelles, entreprendra la reconstruc-
tion et i'agrandissemenl des bâtiments du Refuge, où, par une
singulière ironie, viennent s'abriter aujourd'hui les infirmes, les
pauvres, les orphelins, tous les déshérités du destin.
Un pareil remaniement des sous-sols ne manquera pas d'amener
d'intéressantes découvertes et de précieuses constatations. Ce sera
le moment de consacrer au temple de la Fortune une étude ar-
chéologique dont nous aurons posé le premier jalon.
PIECES JUSTIFICATIVES.
l
Jean M allaient , citoyen de Besançon'^', donne à l'abbaye de Saint-Paul de
Besançon moitié de sa maison de CImmars, outre un cens de deux deniers
sur sa vigne t^de la Furtugne-n.
(Aoûl 1235.)
Egn A[nselmus], Dei gratia abbas Sancti Vincentii, et ego G[uillelmus]
cantor Sancte Marie Magdalene Bisuntine, notum facimus omnibus presen-
tem paginam inspecturis quod domnus Gerardus Maltalanz, civis Bisun-
tinus in nostra presentia constitutus, laude et asseusu Stephanete uxoris
sue et hberorum suorum Hugonis , Humberti , Hem'ici , Gertrude et Matbiete,
dédit et concessit in perpetuani elemosiuani ecclesie Sancti Pauii Bisun-
tini medietatem donius sue de Chamai't'^' hberam et quitam ; iliam videHcet
medietateni que est contigua domui Johannis Postel cum casali medietatis
ejusdem; et duos dennrios censuales in vinea sua de la Furtugne cuni
'^' N'en déplaise à certaines opinions émises par d'éminents paléograplies ou
diftlomatistes, je traduis ici civis par citoyen et non par bourgeois; la tradition
bisontine est constante, leliqnat sans cloute de la tradition romaine; toutes les
chartes et textes français des dépôts comtois du xiii'' au xviii' siècle portent inva-
riablement «les citiensn et plus tard wles citoyens de Be=ançonn.
'-' Remarquer la terminaison du mot Cliamart tout fraicliemenl sorti de C inpus
Martis. On dira, pe:i après laSô, Chamarz , puis Champmars et Chamars. (Voir
la charte suivante.)
— 70 —
lamli' t'I justicia anmiatiiii in iiiaio pcisolvfMidos. lu liiijiis vo\ li'stiiiioiiiiiiii
et ul li(U- ralnin l'I slabilo pciiiianeal, |)iosont«'iu |)a[]iiiaiii ad |)1(H('s cl j)0-
liliimiMU |)r('(licloiuin conoboiaii fociinus uoslioruiii iimniiiiiiicsitiillofiiin.
\(liiiii aniu) Domini m° ce" x\x" quinio, monso aiigiislo.
(Orig. eu pareil, aux Arch. du Doulis, Funds Suint-Paul ,
cart. i/i, II" (3.)
II
Bèntrix, veuve de Gui Le CÀampeno'xs , donne à Jean, abbé de Saint-Paul,
une vigne située à Chamars, au lieu dit "la Forlugna ■r , .située entre
celle d'Hugues Maltalent et celle de la fille de Bourgeois du Maiscl.
(Août 19G7.)
Nos ollicialis ciirio Risuntine uotiiiii facimus univorsis prosonlos litioras
inspccluris quod, vencrabili paire Joliaime, abbale SancU Pauli Bisuiilini,
et Béatrice, relicta Vidoiiis dicli Chaniponois quondam civis Bisuntini, in
presentia noslra constilutis, dicta Boalrix virioain siiani sitam in torritorio
de Chaniai'c, in loco qui dicitur La Forlugna, juxta viiieam Hiigonis dicli
Mauitalant ex pai'te una , et vineam filie au Borgois de Macello ex altéra , in
elemosinam dédit et concessit dictis abbati et conventuiSancli Pauli Bisun-
tini ab ipsis perpeluo possidendani. Voluit insiijjcr dicta Beatrix, quod
dicti abbas et conventus siniiliter pro eleniosina deceni libras slephanien-
sium haboant super alia bona sua, nonobstante autein eo quod diclus abbas
et conventus predictam Bealricem ut redditani et canonicani debenl habere
pariter et lenere. Dicta Beatrix omnia alia bona sna iiiobilin et ininioiiilia
habita et habenda acquisita et acquirenda sibi retinuit ad danduni et dis-
tribuendura quando et ubi et quibus sibi placuerit, et ad ordinandum et fa-
ciendnm de eis liiiere et intègre jii'o sue liliito volunlafis. Laudantibus hoc,
appiobantibus et consenticntibns pi'edictis abbate et convenlu suo, et stipu-
latione interposita promiltentibus quod contra ordinationem quam dicta
Beatrix de bonis suisfecerit vel facere volneril non venient, nec contra ve-
nire volentibus consentient, sed polius conli'adicent.
In cnjus rei testinioniuni, ad instanciain predictorurn abiiatis et Beati'icis,
una cuni sigillo predicti abbatis fecinius apj)oni piesentibus sigilluni curie
Bisuntinc.
Datum anno Domini m° ce' lx" septimo, niense augusto.
(Orig. fil pareil, aux Arrli. du Doul)s, Fonils Saint -Paul,
cart. 1^1, n" 7, Iragmenl du sceau original de .lean, ahhé
d.' Saint-PMul.)
LE TRESOR
ET LES SUBSTRUCTIONS GALLO-ROMAINES
DE BERTHOUVILLE (EURE),
PAR M. LE R. P. DE LA CROL\.
Le 2 1 mars i83o, le nommé Prosper Taurin, propriétaire de
terrains situe's au Villeret, commune de Berthouville , arrondisse-
ment de Bernay, était occupé à labourer un champ, lorsque sa
charrue heurta un obstacle qu'elle ne put déplacer. Taurin, vou-
lant s'assurer de quelle nature était cet obstacle, prit son pic et
mit à jour une grosse brique plate qu'il enleva. A côté, il aperçut
aussitôt un amas de vaisselle d'argent, plats, vases, patères, sta-
tuettes, qu'il s'empressa de transportera son domicile.
Un premier examen permit d'établir que ce trésor avait appar-
tenu à un temple de Mercurius Canetus ou Kanetonensis, ainsi que
l'indiquaient les inscriptions votives inscrites sur différentes pièces.
Le nombre de ces pièces était exactement de 69.
La découverte s'ébruita elles amateurs affluèrent chez M. Liston,
huissier à Bernay, que Prosper Taurin, son parent, avait chargé
de vendre la trouvaille. — Après des incidents divers, l'Etat se
rendit acquéreur du trésor, et il figure depuis cette époque à la
Bibliothèque nationale (cabinet des médailles), où il est, à tort,
qualifié de trésor de Bernay au lieu de trésor de Berthouville. Les
sujets décoratifs des vases sont empruntés à la mythologie et à l'his-
toire grecque. L'ensemble de toutes les pièces forme un trésor in-
comparable, certainement supérieur à celui de Bosco-Béale et à
celui d'Hildesheim.
Ainsi qu'on peut le supposer, la découverte de Berthouville ne
laissa pas que d'imprimer des traces profondes dans f esprit de la
population de cette commune. Des légendes se formèrent, et les ha-
bitants du pays racontent encore aujourd'hui qu'une Vénus en or
massil", liaulf de i nii'lro, est enfouie dans un clianip du Villerel.
Sous l\iu|»ii(' de ces idées, un airliéolojfue de Bernay, M. Le
Métaver-Massclin, résolut d'enlieprendiv des fouilles dans l'espoir
de découvrir un nouveau trésor.
Malheureusement ses espérances ne se réalisèrent pas. Il trouva
des substiuctions intéressantes, mais pas le trésor (pril cherchait.
Il eu résulta qu'il n"a|)])orta plus grande attention aux travaux, qui
se prolongèrent indéliniment. Les propriétaires le mirent en de-
meure d'avoir à combler les fouilles; il ne s'exécuta pas de suite et
des procès lui furent intentés. Pendant son absence, on démolit les
murs; les ])aysans vinrent chercher dos matériaux, si bien qu'à son
retour il ne restait plus (ju'une faible partie des subslructions. Il
diossa un [)lan en toute hâte; mais dans son trouble et sa ])récipi-
tation, il commit des erreurs ([ui rendirent son travail absolument
incompréhensible, si bien que les savants de l'époque ne purent
reconnaître si l'on se trou\aiten présence d'une villa, d'un camp ou
d'un temple.
Ces dernières années, un autre archéologue normand, M. Join-
Lambert, à l'initiative duquel nous devons la reproduction photo-
typique du trésor de Berthouville, avait à plusieurs reprises porté
son attention sur le Villeret. Après d'assez longues négociations en
vue d'obtenir du locataire et du propriétaire l'autorisation de faire
pratiquer des fouilles dans une butte de terre située à ])eu de dis-
.. tance de l'emplacement des temples, il put faire ouvrir une tran-
chée qui révéla la présence de murs en blocages de silex et fit dé-
couvrir des débris et des matériaux de l'époque gallo-romaine.
De son coté, M. Duval, propriétaire actuel du champ des temples,
avait creusé assez profondément le sol et en avait extrait les mor-
ceaux d'un entablement de grande dimension. Il avait trouvé en
outre un petit pied de vase en argent, entièrement semblable à
ceux de certains canthares découverts par Taurin.
Surpris par la présence de ces grandes pierres employées en
libage pour une construction postérieure avec des matériaux moins
soignés, M. Join-Lambert en informa M. Habclon, conservateur du
cabinet des médailles à la Bibliothèque nationale, sachant que ce
dernier était dans fintention de publier une monographie du trésor
de Berlhouville.
Le 9 mai 1896, M. Babelon se rendit avec M. Join-Lambert sur
rempLiceiiicut, âo.^ fouilles. L'examen des lieux l'amena à penser
— 73 —
qu'il y aurait grand intérêt à joindre à sa publication le plan exact
du temple où la de'couverte du mois de mars i83o avait e'te' faite.
A son retour, il demanda au Comité' des travaux historiques de me
confier le soin de faire une exploration méthodique el un relevé
complet de ces substructions. Je me mis à Fœuvre le 28 septembre
1896, à l'aide de subventions fournies par le Ministère de l'Instruc-
tion publique, le Conseil général de l'Eure, la Société libre d'agri-
culture de l'Eure et la Section de Bernay.
Au bout de quelques jours de travail, je mapeiçus que j'étais
en présence de quatre édifices, dont deux d'une époque dill'érente
des deux autres. [Planche I.)
Ce ne fut pas sans peine que je parvins à débrouiller cet enche-
vêtrement de substructions; car il ne restait plus rien des murs
que o m. 10 à 0 m. 20.
Un examen très attentif m'a permis de distinguer facilement la
première époque de la seconde, grâce à la différence de profondeur
des rigoles de fondation, celles de la seconde époque étant de
om.ioàom. i5 creusées plus avant dans la terre de nature ar-
gileuse.
Le premier édifice se composait d'une grande enceinte (péribole)
enveloppant une aire de /t,6oo mètres carrés environ.
A l'Ouest de cette enceinte s'élevaient deux temples :
1° L'un composé de deux rectangles enchâssés l'un dans l'autre.
Le rectangle intérieur (cella) avait 100 mètres carrés. Un mur les
séparait en deux parties très inégales. Le rectangle extérieur {pro-
naos) couvrait à peu près h ares. Il était flanqué, au Nord et au
Sud, de deux petites chambres. Dans l'une, où était située une pe-
tite tourelle, on déposait peut-être les offrandes, parmi lesquelles
le beau trésor de Berthouville; l'usage de l'autre nous paraît bien
difficile à déterminer. Ce premier temple, dédié sans doute au
Mercure Auguste de Canetonnum, était séparé du second sanc-
tuaire par un préau de 3 ares.
2° L'autre temple, rectangle allongé, avait 2 4 mètres sur 6 mè-
tres. Un mur, formant cloison, séparait la cella du pronaos. 11 se
pourrait que c'eût été là un temple consacré à une divinité parèdre
du dieu Mercure. Le pronaos avait 12 m. 10 sur 8 m. ko et la
cella 5 m. 10.
Autour de ces édifices régnaient des galeries pavées en dalles de
pierres blanches. Dans la partie Est des bâtiments, d'autres galeries.
— y 'I —
avant pour liniilcs les inuis du péribolo, étaionl égaiouienl pavées
on pierre. C'est prohablemont sous une de ces dalles que fut cache'
le trésor de'convoi-t par Prosper Taurin. Je raj)pollo en ])assantque
lo périboh^ que je viens de décrire a une très grande similitude avec
celui du leniple d'Apollon de Sanxay.
La destruction de cet ensemble de monuments eut lieu vraisem-
blablement dans la seconde moitié du m" siècle, peut-être au mo-
ment de la première révolte des Badaudes.
A une époque qu'il est impossible de pre'ciser, on rebâtit deux
temples presque à Icndroit où étaient situés les premiers, mais
sans cependant s'appuyer sur leurs fondations.
Le second temple fut sensiblement rapproché du premier. On
reconstruisit également une tourelle dont le diamètre intérieur était
de 3 m. lo, tandis que le diamètre intéiieur de la ])remière n'était
que de o m. 60. Peut-être cette tourelle avait-elle la même attri-
bution que l'ancienne.
Le nouveau temple, élevé sur l'emplacement du premier, était de
dimensions plus petites et la cella ne comportait aucune division.
Les murs étaient inoins épais sans entes aux angles.
Le second temple fut réédifié dans l'ancien préau.
La cella carrée, à murs extrêmement épais, était entourée du
pronaos. Les pierres de corniche, dont j'ai parlé plus haut, ont été
mises à jour dans les fondations des murs de la cella de ce dernier
temple.
Au Sud et chevauchant sur les constructions de première époque,
on trouve une construction de seconde date terminée par deux
murs concentriques coupant la galerie du péribole de première
époque, ce qui prouve que ce péribole n'avait pas été reconstruit.
Il serait bien hardi de déterminer l'usage de cette construction de
forme rectangulaire, terminée à l'Ouest par deux hémicycles dont
la forme rappelle relie des basiliques. Mon plan n" h nu)nlre la dif-
férence des deux époques dajis leur ensemble.
Auprès des temples se Irouvent Ion jouis des sources ou des
[inils. L'élévation du jdateau du Villeret (171) mètres au-dessus du
niveau de la mer) ne permettant guère de croire à l'existence de
sources, je m'occupai de savoir si un j)uits n'existait pas dans le
\oisinagc des lemplcs. On m'en signala un, situé à <)o mètres des
temples, caché par des broussailles. L'ayant fait dégager, je me fis
descendre dans l'intérieur et constatai qu'il était remblayé à une
— 75 —
proiondeui' de 35 m. Go. Je décidai aussitôt de le l'aire déblayer;
mais son exploration a exigé des Iravaux fort longs et fort pénibles.
Ce puits avait été utilisé au moyen âge pour Texlraclion de la
marne. A cet eflct, des chambres furent creusées à trois époques
diffe'rentes , à ho et 43 mètres de profondeur. J'ai minutieusement
établi le plan et la coupe de ces galeries de marnière.
Les travaux de déblaiement ont été terminés à la profondeur de
70 mètres. Au milieu des vases du fond, il y avait 2 mètres cubes
et demi de bois de chêne travaillé, ce qui me fit supposer que le
puits était fermé. Une clef romaine en fer affermit mon opinion.
Le puits n'était pas à colonne et à poulies, mais à manivelle, car je
l'ai retrouvée. Il devait donc être réservé, je pense, au usages des
temples. S'il eût été public, j'y aurais rencontré, comme dans
d'autres que j'ai déjà explorés, des colonnes, des monnaies, des
vases, des pierres chargées d'inscriptions, etc.
Le puits public était situé plus loin, le long d'une voie romaine,
à 98 mètres environ des temples. Je l'ai malheureusement décou-
vert trop tard pour l'explorer. J'espère cependant qu'on me don-
nera les moyens de le fouiller afin qu'il ne manque rien à mon
étude. D'ailleurs, j'ai la conviction que son exploration nous four-
nira d'intéressants objets.
A 65 mètres des temples, et séparé d'eux par un chemin romain
allant rejoindre les grandes voies dOrbec à Rouen et de Lisieux à
Rouen, un monticule renfermait, ainsi que l'avait démontré une
première recherche faite par M, Join-Lambert, des traces de fon-
dations en blocage de silex. Qu'avaient été ces constructions? Nul
ne le savait ni ne s'en doutait.
11 me fallut plusieurs jours de travail, par des pluies torren-
tielles pour me rendre compte que je venais de découvrir un théâtre
dont il ne restait plus que de faibles substruclions.
La façade, orientée presque à l'Ouest, mesure 65 m. 5o de lon-
gueur, y compris celle du postcenium qui est de i5 m. 80. L'ouver-
ture de Vorchcstra est de 29 m. 3o. La superficie des six murs
courbes, sur lesquels se trouvaient les gradins occupés par les spec-
tateurs, est de 9,54 1 mètres carrés.
Ce théâtre offre quelques particularités intéressantes. Les murs
Nord et Sud, qui se rattachent à la façade, sont évasés en trapèze
et c'est sur eux que viennent buter et se perdre trois des murs con-
centriques. La partie centrale, qui se compose habituellement du
— IC) —
podium et de V orchestra , seinhlc èlro ici une aroiia dosliiU'O à divers
usa{|es. Knfin le fjrosccuiitin, au lieu (Tt-liH' Iciininô p;ir un mur
droit, osl adossé à dou\ <;fos niui's laisanl lace aux spoctatcurs et
foruiaut uu au«|ie obtus, couuue aux théâtres de iMilot et de Laodicée.
Ce théâtre, d'après mes ralculs, pouvait couteuir environ cinq
mille personnes. Les gradins devaient être en l)ois et suj)portés par
les murs concentriques, à rexce|)tion du mur exte'rieur et des murs
Sud et Nord se reliant avec la laçade.
Après avoir déterminé les temples, découvert les puits et le
théâtre, il restait à chercher remplacement de Canetonnum.
Je dirigeai d'ahord mes exploiations dans le lieu dit hameau du
V'dlerel. De longues tranchées et d'importants sondages, exécutés
dans des cours habitées, ne firent apparaître que des traces du
moyen âge, sans aucun vestige romain. On alla plus loin dans les
propriétés voisines (propriétés Duval), Là, une Touille fit rencon-
trer des restes d'hypocauste. (Test à (juelques mètres de ce point
qu'existe le superbe puits romain, de 2 mètres de diamètre, que
j'espère fouiller prochainement ainsi que je l'ai déjà dit.
Il était difficile, sinon impossible, d'entreprendre des fouilles en
règle dans ces terrains plantés et cultivés. Toutefois, je remarquai
sur certaines pièces des débris de tuiles à rebord.
Des trous, destinés à recevoir des plantations de pommiers,
avaient mis à jour de nombreux débris romains; un très grand
nombre de mottes de taupes avaient ramené à la suj'face des frag-
ments de terre cuite et de poterie de même époque.
Pour contrôler et ap[)uyer mes observations, je m'informai au-
près de M. Duval, depuis longtemps propriétaire ou locataire d'une
très grande partie de ces terrains, de ce que lui-même avait observé
et trouvé. Avec une obligeance parfaite, M. Duval signala chacun
des endroits où il avait rencontré des vestiges romains. Je vérifiai
à nouveau ces indications, et par l'étude des différentes natures de
terrains, je parvins à déterminer l'emplacement de Canetonnum,
emplacement que j'ai consigné sur un plan.
M. Join-Lambert et M. Duval m'avaient fortement engagé, dès
les premiers jours de mon arrivée, à visiter sur Morsant, la com-
mune voisine, des terrains connus sous le nom de « Bout -de-la -
Ville 7) et dénommés le Poteau sur le cadastre. J'examinai à plusieurs
reprises ces terrains pendant que la culture y était encore et je ne
découvris rien qui fut de nature à retenir mon attention.
/ y
L'hiver venu j'y retournai, et en ('tudiant plus attentivement en-
core les terrains mis à nu, je rencontrai de nombreux vestiges
d'habitations gallo-romaines. Je longeai ensuite un ruisseau dont
les eaux, partant de Boissy-Lamberviile à li kilomètres en amont
de cet endlroit, vont se jeter à 9 kilomètres de là dans la Risle, à
Brionne.
Suivant une cerlaine longueur de son parcours, je fus amené
devant des parties basses mises aujourd'hui en prairies, grâce à des
puits perdus et à des rigoles d'assainissement. Ces pièces, qui figu-
rent au cadastre sous los nume'ros 9^ et 187, sont entourées de
glacis composes de terre glaise et de gros silex. Ces glacis ont à
leur base U m. 5o, 2 mèlres de hauteur et sur la partie supé-
rieure k mètres. Ces talus sont actuellement boisés. Je pense que
ces deux pièces ont dû servir de viviers pouvant conserver environ
1 m. 5o de hauteur d'eau à basses-eaux. Les substruclions voisines
auraient pu être nécessitées par le service des étangs ou viviers. Ces
substructions sont attenantes à un chemin romain se reliant avec
des voies romaines, semblable à celui qui sépare le théâtre des
temples. Le tout (Bout-de-la-Ville) est à proximité de la bourgade
de Canelonnwn. J'ajouterai que toutes ces substructions forment un
ensemble, se trouvant sur la tribu des Lexoves et touchant celles des
Eburoviques et des Véliocasses.
Des descriptions qui précèdent, il résulte :
1" Que des temples de deux épocjues différentes ont existé aii
Villeret;
2° Que le théâtre date de la première époque et n'a jamais été
reconstruit après sa destruction;
3" Que le puits Ruel (celui fouillé) a servi aux deux époques;
h° Que la boui'gade de Canetonnum , occupant une superficie de
quelques hectares et longeant une voie romaine, est déterminée
par un hypocauste, un puits romain (qui reste à fouiller), de nom-
breuses substructions, des viviers ou étangs et des traces clhabita-
tions gallo-romaines qui les entourent.
Avant de clore ce travail, qu'il me soit permis de dire combien
j'ai été frappé de la similitude qui me parait exister entre Berthou-
ville et Sanxay. Ainsi lepéribok des temples de Sanxay pouvait con-
tenir neuf mille personnes, nombre égal à celui que pouvaient re-
cevoir et le préau du balnéaire et le théâtre. A Berthouville, le
— 7S —
péribole des. lempios cl le llu'àlir élaiciil chacun disposes pour ciuij
mille personnes.
Lors de ma découverte de Sanxay, j'ai avance' que nous nous
trouvions en prt'sence d'un lieu de plaisirs, de ])('lerinage et de
transactions commerciales. Je penche à croiie (jue Berthouville ('tail
un lieu identique. J'v suis daulant ])lus poi'le' que.de temps immé-
morial, l'église de la commune est un but de pèlerinage chre'tien,
suite probable du pèlerinage païen.
Du reste, je compte revenir sur ce sujet spécial dans une autre
[)ublication.
Je ne veux pas terminer celte communication sans adresser
publiquement ici des remerciements à M. Babelon, le savant con-
servateur du cabinet des médailles, qui a mis tont en œuvre; à
M. Join-Lambert, dont le concours aussi généi-eux qu'e'clairé m'a
permis de terminer mes fouilles, alors que fut épuisé le crédit mis
à ma disposition par l'Etat, la Société libre d'agriculture, la Sec-
tion de Bernay et le Conseil général de l'Eure. Et enfin je tiens aussi
à rappeler qu'au milieu de toutes mes difficultés j'ai été vaillam-
ment secondé par Auguste Gatellier, mon chef terrassier, dont de-
puis plus de vingt ans j'apprécie rintelligencc et le dévouement.
Si j'ai réussi dans ma mission, c'est au concours de toutes ces
bonnes volontés réunies que je le dois. Et c'est pourquoi j'ai tenu
à exprimer ici ma reconnaissance à ceux qui m'ont aidé à reconsti-
tuer une page de notre histoire nationale.
Camille de l\ Croix, S. J.
Membre non résidanl du (lomid' des travaux historiques.
FOUILLES
DE CHAGNON-YILLEPOUGE
( CHAREx^TE-IIV FERIE L RE ) ,
PAR M. G. MUSSET.
Depuis quelques années et notamment au Congrès des Sociétés
savantes, en 1896, des discussions sont nées sur la question de
savoir quels e'taient le but, Torigine et la destination de certains
monuments gallo-romains, sortes de pyramides, connus sous le
nom de piles ou de fanaux. Les plus connus de ces monuments
sont la pile d'Ebéon, la Pirelonge de Saint-Romain-de-Benèt, dans
la Charente-Infe'rieure , et la pile de Saint-Mars sur les bords de la
Loire.
M. Lièvre, bibliothécaire de la ville de Poitiers, reprenant une
thèse quil avait déjà soutenue précédemment, a vu dans l'existence
des piles les r simulacres w indiqués par Tacite comme des fétiches
de pierre, provenant sans doute de la transformation des menhirs.
Il les identifie avec les fana et vememets de l'époque gauloise et
gallo-romaine.
A l'occasion de cette discussion, le soussigné avait rappelé que
l'on avait parfois vu dans ces piles des monuments funéraires. Il
disait que ce problème mériterait d'être résolu et qu'il ne semblait
pas impossible de le faire , sans compromettre l'existence des piles
existantes. Il disait connaître en effet l'emplacement d'une ou deux
piles aujourd'hui détruites, et se promettait de faire faire des
fouilles qui permissent de résoudre la question.
Grâce au concours financier de la Société française d'archéologie
et de la Commission des arts et monuments historiques de la Cha-
rente-Inférieure, ces fouilles sont en partie effectuées.
L'emplacement choisi a été celui d'un ancien fanal appelé jadis
— so —
le Faiiau ou Faniaii do Villopoiigc, la ViHe ou Villa du Puy, el
situe dans une polilo roniniuno de Saintonge, noinm(''e Villc|)ouge,
au long do la voie romaine de Bordeaux à Autun par Saintes,
Aulnav, Rom, etc. 11 est ligure sur le plan ion de Chastillou, en
même temps qu'une pile voisine sous le nom des t Faniaulx, ruines
anti<pies de Varaize au pais (rAngouuïoisw.
Les premières tranchées ont mis à jour un soubassement carré
(le 10 m. ko de côté, composé' au centre d'un blocage de grosses
pierres et au pourtour d'un blocage cimenté remontant à l'époque
gallo-romaine. Le tout reposait sur le sol naturel à une profondeur
d'environ 5o centimètres du sol actuel. Le sol naturel était intact,
ne présentant la trace d'aucun affouillement, d'où l'on peut conclure
de la façon la plus positive que la pile ne s'e'levait au-dessus d'au-
cune sépulture, d'aucun ossuaire.
La question semble donc tranchée contre l'hypothèse qui voudrait
faire de ces monuments des sortes de mausolées, à moins de sup-
poser <|u'une cella destinée à recevoir des urnes ou dos corps avait
e'té ménagée à l'intérieur. Cette dernière hypothèse ne parait pas
soutenable en présence de l'examen qu'on peut faire de la pile
d'Ébéon placée à quelques kilomètres de celle de Villepouge, et
qui, à moitié éventrée par le fait du temps et des hommes, est in-
contestablement massive.
La continuation des fouilles de Villepouge a démontré qu'au-
tour de la pile centrale, il y avait là, comme à Pirelonge, un
couloir, sorte de deluhriim, et une enceinte placée à 7 mètres de
la pile centrale. Cette enceinte a aG m. 9 5 sur chaque face, dont
l'une est parallèle à la voie romaine et pres([Uo limitrophe à cette
voie. Les murs ont été rasés assez profondément avant les fouilles
pour qu'on puisse constater les traces de l'entrée (pii pouvait faire
pén(!trer de la voie romaine dans lenceinte. Aux angles de cette
façade existent toutefois des sorîos de renforcements formant sail-
lies qui di'monireraient |)onl-ètr(! (jue les angles soutenaient une
construction un peu plus élevée (jue le mur lui-même.
Dans les fondations de la pile centiale, comme dans quelques
pierres demeurées sur le terrain, nous avons rencontré un grand
nombre de fragments de pierres sculpti'os, chapiteaux corinthiens,
oves, moulures diverses, qui démontrent ([u'on avait utilisé les dé-
bi-is d'un monument antérieur pour la construction de la pile.
Rn dehors du mur d'enceinte et au long de la voie romaine, se
— 81 —
trouvaient quelques restes de sépultures par inhumation, placées
dans le sol, sans traces de cercueils.
Il semble donc y avoir analogie complète, comme disposition,
entre le fanal et la tour de Pireloiige, également massive, conique
et pourvue d'une enceinte. A sa sortie du sol, le fanal de Ville-
pouge était composé d'énormes blocs de pierre de taille, munis de
trous de louve, et conservés dans une métairie voisine, oii, après
avoir été creusés, ils servent d'auges pour abreuver les bestiaux.
D'après les récits des anciens, alors que ces blocs étaient en place,
on y aurait vu des inscriptions formées de grandes capitales romaines.
Nous n'avons pu malheureusement retrouver aucune trace de ces
inscriptions.
Nous en étions là de ces constatations quand dans l'enceinte,
presque à fleur du sol, nous avons trouvé une énorme tête de statue
féminine mesurant 60 centimètres de hauteur. Cette tête est carac-
térisés par une abondanie chevelure tombant en boucles sur les
épaules, par un rictus de la bouche
qui donne à la physionomie un aspect
presque redoutable, et par un trou
carré situé au derrière de la tête et
donnant à penser qu'elle était sur-
montée d'attributs ou d'une couronne en
matière autre que la pierre, en métal
par exemple. Mais les attributs man-
quant, il est difficile de déterminer le
personnage qu'on a voulu représenter.
Est-on en présence d'une divinité tuté-
laire, d'une Isis, d'une Cybèle ou d'une
impératrice romaine? La question est
diflicile à résoudre tant qu'on n'aura pas trouvé des fragments des
attributs qui l'accompagnaient, ou d'objets rappelant le culte qu'on
lui rendait.
Parmi les objets qui pourraient aider à l'interprétation de ce
remarquable monument, on peut signaler : 1° une petite cupule
eu bronze, sur laquelle fîfjfure un graffite sur lequel nous croyons
pouvoir lire le mot LIVIA, VANIIA ou VANIIF; 2" une plaque
triangulaire de bronze avec une feuille de lierre frappée sur une
face, et qui rappellerait peut-être un cuite dionysiaque; 3° deux
tablettes en plomb de 10 centimètres sur 8, couvertes d'un graf-
ARciiÉotoGii;. 6
— 82 -
lUo dôohlll'n'' par M. Caiiiillo JiiUian, ra|)|)('lanl les ff iiicanlaiacnla
niagica-" et conlcnant des inipircalions ul dos maigri ces, ce qui sem-
blerait établir ([ue l'on n'a pas affaire à une bonne déesse.
La suite des fouilles donn(U'a peut-être le moyen de re'soudre ce
probK-me intéressant.
Il est intéressant de noter que la tête sculptée est en pierre; du
pa\s. pro\enant soit de la carrière de Galanobat, près de Vaiaize,
soit de celle des Molors, près de Foutenet, localités voisines.
La physionomie rude et rébarbative de celte tête pourrait être
le résultat d'un manque d'art, chez le sculpteur, ou de la manifes-
tation d'un type gaulois traditionnel.
Quelques monnaies romaines ont été rencontrées dans les fouilles
eu compagnie de nombreux fragments de poteries grossières, noires
ou grises, et de poteries samiennes.
Les monnaies sont des fragments de bronze de la colonie de
Nimes, une monnaie d'Antonin au type de la Liberaiitas, et une
monnaie de Marc-Aurèle.
Une observation intéressante à faire, c'est que la commune de
Villepouge est l'une des plus petites en étendue de la Saintonge, et
quelle a une forme à peu près rectangulaire, différente en cela de
la plupart des communes de la Saintonge, ce qui laisserait croire
que c'était peut-être à l'origine une sorte de territoire sacré. Non
loin de la pile on rencontre de nombreuses substructions de l'époque
gallo-romaine. Un village porte le nom de la rrCabourne», ra])pe-
lant peut-être des réduits souterrains; un autre se nomme la cf Cro-
cbettew, rappelant vraisemblablement, comme la Crèche, dans les
Deux-Sèvres, l'existence de ruines de la même époque. Sur la com-
mune de Villepouge, on rencontre également des monuments et
des stations des époques préhistoriques.
De plus, à ([uelques mètres de Villepouge se trouvent les limites
de trois grandes seigneuries de la Saintonge : le comté de Taille-
bourg, celui d'Aulnay et celui de Matha. De ceci on pourrait con-
clure, à la rigueur, que la pile de Villepouge ('tait un lieu tradi-
tionnel et célèbre ({ui avait conservé jusqu'aux temps de la féodalité
rim|)ortance qu'il avait eue à répo(|ue païenne.
Cette pile, comme celle d'Ebéon, avait d'ailleurs été l'objet d'une
sorte de terreur superstitieuse. Les vieilles {jens racontent (jue deux
fées avaient conçu l'idée de les lidifier; chacune d'elles travaillait à
son iMoiiuuienl et elles s'envoyaient de l'une à l'autre le marteau
— 83 —
avec lequel elles travaillaient. L'une d'elles avait même conçu le
projet de couronner son œuvre avec une énorme pierre, un polis-
soir, gisant à 2 kilomètres de là dans un lieu dit îe Bois-Bellot;
mais le fardeau était trop lourd, et la fée le laissa tomber de sa
ffdorne75 dans le lieu oii il est encore. La journe'e finie, les fées
allaient se reposer au foyer des paysans voisins; mais ceux-ci, las
de ces visites terrifiantes, songèrent à s'en débarrasser. Un jour,
l'un d'eux fit chauffer à blanc les landiers, sur lesquels elles ve-
naient s'asseoir; les fées furent horriblement brûlées et ne repa-
rurent plus. C'est depuis ce temps que les fanaux commencèrent à
tomber en ruines.
Georges Musset.
6.
LE CIMETIÈRE GALLO-ROMAIN
DE SAINT-MARTIN
DL V AU III" SIÈCLE,
PAR M. .\. NIGOLAÏ,
Secrétaire général de la Société archéologique de Bordeaux.
La Maiisin Aginnensis (Masd'Agenais) a été, à l'époque de la con-
quête romaine, un poste d'occupation exfrêmemenl impoiianl au
point de vue slratégicjue. Sa ligne de coteaux commandait d'une
part à la frontière du territoire des Nitiobriges, de l'autre à la plaine
de la Garonne depuis Marmande jusque vers Aiguillon, oii ce qui
reste des anciens remparts romains est encore si intéressant ^'l A
2 kilomètres d'Aiguillon, un autre caslrum avait été établi à Saint-
Côme, relié au précédent par une chaussée sur le bord de laquelle
se trouvait une de ces piles o\i7iemets [nemelum) que l'on peut encore
voir sur la route <jui mène d'Aiguillon au port Sainte-Marie (■'. Une
autre lui fait face sur les hauteurs de Saint-Pierre de Buzet entre
Damazan et Buzel'-^', en sorte que l'on peut bien aflirmer que cette
contrée fut pendant la conquête un vaste camp retranché. Je passe
sous silence une ligne de moites dont je me suis attaché à retrouver
les points do correspondance sur les deux chaînes parallèles de col-
lines qui dominent la vallée de l'Avance depuis la huile de Mont-
pouillan et Samazan oii se trouvent les levées admirablement con-
servées d'un petit camp romain, jusque vers Montcassin [Mons Cassii)
et Casteljaloux (Caslrum gelosum). Un peu partout des tronçons de
voies romaines ont été releve's.
La Mansio Aginnensis n'a conservé de l'époque romaine que des
noms qui nous parlent de choses disparues: la porte Galiane et la
'' Le cliàteau féodal do Lunar s'est élevé au moyen àjjc sur ces remparts. Ils
50P.I flanqués de contreforts au soniuiol des([U(!ls court une série d'.ircatures. Ils
sont en petit appareil avec des filds lonjpludiiiinix de hritpies.
*'^ On l'appelle la Tourrasxe.
'•'' C'est la pile de Pcyrcloiignc.
— 85 —
fontaine du même nom , devenue lavoir public. Des substruclions
antiques ont été' fre'quenimenl reconnues dans le sous-sol de la
ville; les monnaies, les poteries ont été' trouve'es en e'norme quan-
tité' au Mas et dans les environs immédiats. Un Lalustre votil'à la
Tutela à'Ussubio que Ton voit dans l'église supportant la vasque d'un
bénitier en place du labrum dont il lut le piédestal, porte une in-
scription qui a fait couler des flots d'encre sans que la question de
l'emplacement d'Ussubium, la station de l'itinéraire d'Antonin et de
la Table de Peutinger, ait été vidée, au moins jusqu'ici, de façon
satisfaisante (^l L'église qui est du xii* siècle, dédiée à saint Vincent
martyr de l'Agenais, semble élevée sur les substructions d'une basi-
lique plus ancienne; enfin, un beau sarcophage de marbre du v' ou
du vi" siècle ("' a été trouvé, il y a une cinquantaine d'années, au-
vant de l'église sur la place actuelle '^^
Telles sont les antiquités du Mas d'Agenais. 11 importe d'ajouter
que la position de deux camps, l'un en plaine et l'autre sur la hau-
teur, a été depuis longtemps reconnue et leur nom romain s'est per-
pétué jusqu'à nous à travers les siècles, Camparome basse et Campa-
rome haute. Chose plus étrange mais non moins caractéristique, à
Camparome basse, une métairie s'appelle Calon et dans sa muraille
moderne on peut voir encastré un fragment de pierre sculpté figu-
rant une sorte de chouette, de facture incontestablement romaine; à
Camparome haute, un groupe de maisons s'appelle Crasso ou la Crasse.
Là oii est une ville, il y a forcément une nécropole, la cité des
morts à côté de celle des vivants.
•'' Voici celle inscription :
TVTELAE.AVG
VSSVBIOLABRVM
SILVINVS.SCI
PIONIS.F.AN
TISTES D
^'^ M. de Caumont Ta reproduit dans son Abécédaire d'archéologie (archéologie
religieuse) d'après le dessin de Léo Drouyn, p. 5o, fig. 3.
v3) Voir C. Juliian : Inscriptions romaines de Bordeaux, t. II, p. 391 : ffChau-
druc de Crazannes, Mémoires de la Société archéologique du midi de la France, t. I,
p. a5/i et 367. — Inde : Jouannel, Stalislique , 1. 1, p. 9/10. — Renier, Itinérares
romains de la Gaule, p. 118. — Boudon de Saint-Amans, Antiquités de Lot-et-
Garonne, pi. XVII, 2. — Casimir de Saint-Amans, Dissertation sur un autel et un
cippe votifs, p. 5. — Bal (Charles Greilet Balguerie), Les deux Eglises, pi. IV. —
Gauhan , Histoire de la Réole, p. 4i8. — Bladé, Epigraphie de la Gascogne, p. 189.7?
A. Nicolaï, Le Mas d'Agenais sous la domination romaine, p. 5, pi. I et II, 189G.
— 86 —
Celle du Mas se Irouve à un peu plus d'un kilomètre au nord, à
Rovenac, plateau de Saint-Martin, au sommet d'un coteau dont
les escarpements dominent le canal du Midi et la Garonne. Le
ileuve coulait à ses pieds dans le haut moyen âge encore. Des col-
matages successifs, l'apport des alluvions et, en dernier lieu, un
changement de lit l'en ont aujourd'hui écarte' de plusieurs centaines
de mèties.
Le cimetière de Revenac n'avait pas encore été exactement re-
connu lorsque j'y fis mes premières fouilles en août 189^1. Depuis
longtemps cependant, les archéologues de l'Agenais avaient indiqué
ce poste comme point d'occupation romaine, mais les uns y avaient
placé une ville, d'autres une villa, q»ielques-uns encore un camp.
Notre savant collègue et ami M. Tholin, avec sa perspicacité rare-
ment mise en défaut, y avait deviné un cimetière, au cours d'une
rapide visite, mais enfin personne ne l'avait fouillé.
C'est à ce travail que j'ai consacré la plus grande partie de mon
temps de vacances pendant trois années. J'ai été aidé dans ma
fouille par un ami dévoué qui ouhlia qu'il était félibre gascon de
grand talent, pour consacrer son temps à la recherche de vieux
tessons et de marques de potiers. M. le comte de Luppé, sur les
terres de qui nous avons opéré, nous a donné tous les encourage-
ments et toutes les facilités. Il est devenu, depuis, archéologue pas-
sionné, et, le premier, sur nos indications il a découvert les puits
funéraires dont il va être question.
Pour la compréhension de ce qui va suivre, un dernier détail est
nécessaire. Il y a près d'un demi-siècle que la terre du plateau de
Saint-Martin, très nourrie en potasse, très chaude et très riche, est
l'objet d'une spéculation intéressante. On la vend aux propriétaires
de terres maigres ou froides en matière d'engrais. C'est ainsi que
plus de la moitié de notre cimetière a pu être enlevée sans qu'au-
cun savant de l'Agenais ait été averti des pertes considérables qui
se sont faites pour les musées et l'archéologie. On continue à le
faire disparaître, et comme on a ouvert une grande tranèhée, que
des pans entiers de terre s'abattent chaque jour pendant les deux
mois d'août et de septembre, nous avons pu sans trop de peine en
surveillant minutieusement les travaux et en fouillant nous-même,
aniver à déterminer très exactement le mode funéraiie en usage à
Saint-Martin, tandis que toutes choses étaient bien en place.
La sépulture se faisait par l'enfouissement des urnes renfermant
— 87 —
les cendres clans une fosse, ensuite remplie de terre et d'objets com-
mémorritifs.
Je dois dire que nous n'arrivâmes à celle constatation qu'après
bien des incerlitudes, qu'après avoir épuise' bien des conjectures. Un
jour, dans la tranche'e, une fosse intacte coupée dans sa partie mé-
diane et toute remplie de son mobilier funéraire nous apparut, et
depuis, grâce aux précautions prises, nous en avons pu étudier une
soixantaine au moins. Il en a été sacrifié autant, que le défaut de
temps ne nous a pas permis d'observer.
Ces fosses étaient distantes les unes des autres de i m. ûo envi-
ron dans tous les sens, et disposées en piles parallèles en sorte
qu'on en voyait cinq, six, quelquefois davantage, mises à découvert
dans la tranchée. Leur forme comme leur dimension variait un
peu comme nous Talions voir. Pendant trois années, nous avons pu
nous rendre compte de l'uniformité du mobilier funéraire qui les
garnissait; tout en a été recueilli par nos soins, et un inventaire
minutieux en a du reste été publié d;ins les actes de la Société ar-
chéologique de Bordeaux.
Sur le mode funéraire lui-même, voici quelques observations qui
ne seront peut-être pas sans intérêt, car, bien que ma bibliogra-
phie soit assez complète, je ne les ai encore vues dégagées nulle part.
La fosse, une fois creusée, une fosse en forme de marmite neuf
fois sur dix, profonde de i m. 60 à i m. 80, et large de 1 m. 3o
environ à l'orifice supérieur, était transformée en foyer. On y allu-
mait un grand feu, sans doute activé par des matières combustibles
dans lesquelles devait entrer la résine, afin d'en durcir les parois et
de les rendre moins perméables. On sait, en effet, qu'un des pre-
miers soucis des anciens était d'assurer la perpétuilé à leurs sépul-
tures. Les terres argileuses de Saint-Martin accusent cette action
directe du feu par la couleur rougeàtre et la consistance de brique
mal cuite, qui dessine à merveille le contour des fosses et les fait dis-
cerner de loin dans la tranchée. Peut-être même, ce foyer avait-il
été utilisé à double fin pour l'opération de l'incinération du corps.
Le bois, réduit par le feu, forme tout au fond ce lit très noir de
charbons et de cendre sur lequel reposaient les urnes funéraires
j)roprement dites. C'est là que nous les avons toujours trouvées,
cassées ou écrasées par la pression des terres, mais entières quel-
quefois, si l'on en réunit les fragments. Pour chaque sépulture :
trois ou quatre oUae de dimensions diflérentes, grises ou noires; un
88 —
ou deux cruchons au bec souvent Iril'olie; autant de pichets; une
patère ou deux sigillées, de petits bols en poterie dite samienne, un
lacryniatoire de verre invariablement cassé en mille morceaux, et
la monnaie.
Au-dessus, on renconire une e'paisseur de cendres, d'abord à
peu près pures, puis inolanfrfîes de plus eu plus a\ec la terreau fur
et à mesure que Ton remonte vers
l'orifice de la marmite. C'est dans
') celle zone inleiine'diaire ([ue sont en
grande quanti lé les débiis des vais-
selles intentionnellement cassées
après les cérémonies du repas et des
libations, des ossements d'animaux:
vertèbres, côtes, màclioii'es, cornes
de bœufet de chèvre, dents de porc,
reliefs de volailles, tels d'huître,
limaçons de Bouigojjne , etc. On sent
au pêle-mêle de tous ces objets,
parmi lesquels on trouve encore des
tiges de fer, de gros clous, des épe-
rons, des fers à cheval, des houes,
des meules j\ bras, des silex taillés,
des polissoirs, des percuteurs, etc.;
que tout cela a été jeté à la pelletée pour servir de renq)lissage.
On arrive enfin à la couverture. Elle est faite au moyen d'une
couche de cailloutis très dense, analogue au pavement d'une voie,
dans le(juel il nous est fréquemment arrivé de trouver, amalgamés,
des poids de tisserand, des briques à rebords, des vestiges de
bronze, des monnaies, etc.; son épaisseur varie de o m. 2 5 à
G m. 3o.
Cet empierrement ne recouvre pas seulement la surface des sé-
pultures; il les relie toutes entre el,l(;s, donnant, à voir son cordon
dans la partie supérieure de la tranchée, l'illusion d'un chemin qui
aurait été directement construit au-dessus d'elles, et nous l'avons
cru pendant longtemps. L'impression générale des ouvriers qui ont
dû partout couper cette; ligne de pierraille, est que le cimetière for-
mail une giande place ainsi pavée ou mieux macadamisée, et c'est
aussi bi iiùtr*;. Quelques signes extéiieurs, des briques très proba-
bh'iiienl. dcvaieiil iiidiipu'ià la siiffar(! du sol l'emplacement d(; la
Fi!
— 89 —
sépulture, ne fût-ce que pour la reconnaître, y faire les cérémonies
commémoratives et aussi éviter la violation, toutes choses qui ré-
pondaienl à des préoccupations constantes des Romains. Mais si
nous suj)posons qu'un petit tertre de terre ou tel autre indice point
encore relevé devait tenir lieu d'indicaleui", nous en sommes réduits
aux hypothèses, et le sol a été trop bouleversé depuis les invasions,
ne fût-ce que par la culture superficielle, pour avoir conservé jusqu'à
nous ce point de repère quel qu'il ait été.
Les fosses funéraires ont été trouvées en assez grand nombre dans
diverses contrées des Gaules; les premières furent signalées pai'
MM. l'abbé Baudry et Ballereau, au Bernard, en Vendée; ils en
explorèrent un assez grand nombre dans d'assez bonnes conditions,
mais point toujours peut-être avec un
soin et des précisions suffisants. Nous
ne nous occupons pas pour le moment
de l'âge de nos fosses. Ce qui nous y a
frappé c'est le mélange d'ustensiles
gaulois et d'ustensiles romains d'im-
portation italienne pour le premier
siècle, puis fabriqués en Gaule pour
W^-.._ . .,M^ le II'' et le iii^ siècle, tels que les vases
•''î- de fabrication dite samietine; les po-
'''/>• '^- teries noires et grises indigènes sont
bien reconnaissables; d'auties objets symboliques sont gaulois, et
les rites gaulois et romains devaient être non moins mélangés, car
on sait que les dieux gaulois finirent par être eux aussi latinisés.
A côté de ces fosses on en trouve quelques autres, en très petit
nombre, de dimensions plus grandes, de forme cylindrique; elles
ne contenaient guère que des cendres, des ossements, très peu de
débris de poteries; en somme, elles ont été les moins intéressantes
à la fouille.
Lorsque nous publiâmes notre premier travail sur le cimetière
gallo-romain de Saint-Marlin, c'est sous toutes réserves et pour être
complet que nous crûmes devoir indiquer qu'il y avait eu des puits
funéraires, outre les fosses. Cela semblait en effet résulter des
renseignements recueillis, mais nous n'avions pas cru pouvoir ac-
cueillir de piano les dires d'ouvriers et de paysans toujours enclins à
croire au merveilleux, en tout cas peu faits à nos distinctions et sur-
tout ignorants.
00
Vax s('])t('inbro i8()(»,la (HTiitiulc nous est éjjalcnuMil VL'iuie dece
coté. Travaillant sur nos données et nos indications, notre livre en
mains, M. le comte de Luppe'. ([ne n(ïs dt-Couvoi-les avaient intéressé,
sin-xeilla de plus près son chantier. Ses ou\riors lui sijpialèrent un
jour (ju'une fosse de forme quadrangulaire dans laquelle on venait
(le ti'ouver un mobilier fiuK'raire absolunienl. inlacl, par un bien
rare effet du hasard, semblait s'enfoncer au-dessous du sol de la
tranchée; cela était facile à reconnaître, la fosse
étant emplie de cendres tassées , dont la couleur
A
iém^
Z'^'? '^/^p'<\ ^'1 1»* consistance traurliaient sur l'apparence et
\.^t ^ %.(. la dureté de la terre environnante. J'ajoute que
V R. '^_jp^i '^es fosses ordinaires (jue nous avons étudiées plus
I \#V*'vi^ i'' liant s'arrêtent dans la tranchée à o m. Go au
^/.
pi'
haut s'arrêtent dans la tranchée à o m. Go au
moins au-dessus de ce niveau. Sa curiosité fut
mise en éveil, et, avec une méthode parfaite et
des soins infinis, M. de Luppé fil creuser (fi<;. 3).
Des tessons en grand nombre, des ossements d'a-
nimauv divers furent comme à l'ordinaire ramenés
à la surface. On en sortit ainsi la valeur de deux
i ' 'Â M' ^■
€>
m
\
// j^^i brouettées. Rien ne fut négligé, et, au fur et à
mesure, M. de Luppé dressait l'inventaire, et,
sur un plan, remettait toutes choses en place à
leur hauteur. On atteignit le fond à 6 m. 9o. La
vidange de ce puits dura du o au 'îS septembre
1896.
Une particularité à signaler iiiimfMliatement :
ilans les puils du Hernud , la sépulture se trou-
vait au fond des puits uniformément; ici, on la
^ /" t \ li'ouve au contraire à la partie supérieure. En
^'"■"'oy \ voici le détail : cinq pichets entiers en terre com-
'» " ' I uiune avec anse et pinces létjèrement à la gueule,
S) I de dimensions différentes: o m. 90, o m. 19, et
r o m. 1.5 et de deux de o m. 18; deux autres pi-
-^ irf ff*^' J chets entiers de même terre à gueule circulaire
j ,^ ^ ^ I s;ins bec et sans anse, de 0 m. oq et o m. 06 de
Ll — 'ê^i — CL.i îiauteur; une petite oWa entière en tcure noire,
Fi|;. B. (lo o m. ocS (ie hauteur; un jxjlit pichet entier, de
lonue très élégante?, sans anse, avec bec, de o m. 07 de hauleui-;
un aiilrepelil \ase "ulier couleur terre cuite, sans anses, de o ui. orj
— 91 —
de haut. Do;!\ iinporlaiils IVagments de deux patères sigillées :
CATONIS et ATEI; des fragments de verre et trois moyens
bronzes dont un seul pouvait être lu; c'était un Constantin le
Grand, ce qui date notre puits. Los formes des poteries samiennes,
bien différentes de celles du i" et du ii* siècle, l'avaient daté à
nos yeux, non moins que l'absence de poteries frustes indi-
gènes.
Il y avait également une statuette de déesse tenant ses deux ju-
meaux au sein, comme on en fabriquait dans les officines de l'Allier
d'oij elle provenait sûrement, en terre cuite blanche, d'un jaune
d'ivoire, de celles que M. Tudot a attribuées au m'' siècle dans son
remarquable travail ^^K
La sépulture était protégée à l'orifice par quatre grosses briques
plates à rebord disposées en dôme, et puis par un opercule de
cailloux comme nous l'avons vu pour les fosses. Deux autres briques
semblables posées à ])lat séparaient ce premier dépôt du fond du
puits, qui s'enfonçait exactement à k mètres au-dessous de la terre.
Un inventaire de ce qui se trouvait dans cette seconde zone dépas-
serait le cadre assigné à notre mémoire. Quelques jours après,
M. de Luppé découvrait à quelques mètres de là un second puils
circulaire ayant i m. 65 de diamètre; il a donné des résultats à
peu près identiques. Notre ami M. Joret en creusait un troisième
dans les premiers jours d'octobre qui le menait à k mètres de pro-
fondeur, La sépulture en était également superficielle, mais il était
beaucoup plus riche que les précédents en poteries samiennes, toutes
d'un superbe éclat et entières. Plusieurs étaient sigillées; en voici
les marques: MALCIO, L.S.CKE. [Lucius S. Chresimus), M. AL
J'ai plus spécialement décrit ici le premier de ces puits afin de
me limiter et de n»; pas tomber dans des répétitions qui ne ten-
draient qu'à prouver l'uniformité de ce mode de sépulture.
Un détail à retenir : les uns et les autres étaient au milieu
de fosses funéraires disposées de part et d'autre, et tous sont du
iif siècle.
Il ne saurait être douteux après de telles constatations que nos
puits ne soient funéraires comme les fosses.
L'objet de notre comniunication a pour but principal de réfuter
à nouveau certaines théories qui se sont produites à leur sujet au
''^ La lêle seule manque.
— 9-2 —
cours de ces dernières années. Loixjuc MM. Baudry et Ballereau
[)ubliorent \o résultat de leurs rouilles au Bernard, on se refusa
fftMU'raletnent à les aece])ter coniuie sépultures. Etant |)our la plupart
l)àlis en pierres taillées ou en moellons, on pensa (pie celaient de
vrais puits (|ue Ion avait plus tard roniblcs, sans prendre garde que
les inventaires très complets qui en étaient donnt's et les fijjures
les accompajjnant révélaient dans tous un mobilier identique placé
au fond dans un ordre voulu et [)rotégé intentionnellement par
des briques ou des calottes de pierre qui Tavaicnt d'ailleurs admi-
rablement protégé jusqu'à nos jouis dans la plupart des cas. M. Bau-
dry défendit son attribution et M. Quicberat, après examen, la con-
sacra avec l'autorité qui s'attache à son nom vénéré des archéologues.
On en découvrit bientôt d'autres en maints endroits; ici encore. on
retrouva même mobiliei' profond, et au-dessus, même mode de
comblement; il y avait évidemment quantité d'objets partout, dis-
posés dans un même ordre voulu avec des significations etdes sym-
boles (jui nous échappent encore. Et puis, pounjuoi tant de puits
dans des espaces si restreints? D'ailleurs, n'a-t-on pas trouvé des
puits funéraires en Italie, plusieurs siècles avant Jésus-Christ?
Ceux-là ne sont pas contestés, quanta leur alïeclation; M. Quicherat
les a signalés lorsqu'il se rallia à l'opinion de M. l'abbé Baudi y,
il ajouta qu'il ne pensait pas que la Gaule en ait eu avant la lin
du i'*" siècle de notre ère. Les nôtres sont du m'" siècle.
Il semblait donc que la discussion était close.
Elle s'est rouverte en iSgk à la suite de la publication par le
savant bibliothécaire de Poitiers, M. Lièvre, d'une plaquette ayant
pour titre : Uîie méprise archéologique. — Les Piiils funéraires '^^K Par
allusion aux travaux de M. l'abbé Baudry, il y écrivait: tr ^ous nous
demandons si dans cette circonstance la sagacité de Quicherat n'a
pas été mise en défaut, et s'il n'a pas consacré de sa haute autorité
la plus lourde méprise qu'un archéologue puisse commettre. i?
Des puits fouillés à la Terne, à Mcrpins et aux Grands Maisons,
près de Jarnac, ont motivé la brochure de M. Lièvre. A côté d'eux se
trouvaient également des fosses de i à fi mètres de profondeur, sem-
blables en tous points à celles décrites par M. l'abbé Baudry et par
nous-inên:e; on ne saurait assur('ment voir en elles des puits; néan-
moins M. Lièvre ne les dilléreiicie pas et déclare au contraire toute
'■' Poilieis. I'. Hl.-iiifllicr ot V. Driiiii.nid , lil)rairos, iHy/i.
— 93 —
distJnvHion do ce genre arbitraire. Le contenu des fosses de Jarnac
était très varie', mais ce qui en formait le remplissage dans lequel
tous les objets e'taient noyés, c'était un terreau noir fortement
chargé de malières animales. M. Lièvre fait remanjuer avec in-
sistance que M. l'abbé Baudry n'a pas attaché une importance
suffisante à ce terreau sur la nature duquel il n'y avait guère à se
tromper d'après lui. Dans les fosses de Jarnac comme dans les simi-
laires , grande quantité' d'ustensiles divers : talons de hache , crochets ,
dés, vieux clous, fibules, agrafes, charnières, molettes de quartz,
fragments de vases en verre, vases brisés de toutes pâtes, de toutes
formes, de toutes dimensions. Mais, comme presque toujours, la re-
constitution des vases devient impossible ; il en manque des frag-
ments importants; M. Lièvre conclut que ces objets ont été jetés
tout brisés dans les puits. Il s'est trouvé, en effet, que les tessons
d'un même plat ou d'un même pot étaient à des niveaux différents
et la disposition d'autres fragments, quoique se complétant, était
telle qu'il est impossible d'admettre que le bris du vase ait été pro-
duit par l'effet du tassement et de la pesée des terres.
Toutes ces remarques sont très judicieuses; nous les avons déjà
faites nous-même; mais on va tout de suite apercevoir pourquoi
nous ne saurions accepter la déduction finale qu'en tirera M. Lièvre.
Il nous paraît, en effet, que la distinction à faire entre les diverses
zones des fosses et dos puits lui a totalement échappé et les ré-
sultats des fouilles l'imposent. On a vu, en effet, que les vases aux-
quels étaient confiées les cendres et le mobilier qui les accompagnait
sont les seuls qui aient été déposés entiers dans la terre, au fond
de la fosse, où nous les avons toujours retrouvés bien en place,
rarement intacts mais complétables, et cela pour une soixantaine
d'observations ayant porté sur autant de fosses. Tout le reste n'était
que remplissage, et on comprend alors que cendres, gravois d'inciné-
ration, reliefs du repas funèbre, poteries intentionnellement brisées
selon nous, y aient été jetés pêle-mêle. L'argument disparaît donc.
Nous n'avons pas à examiner toute la partie de la brochure de
M. Lièvre, où il s'applique à surprendre l'abbé Baudry en contra-
diction avec lui-même ou en flagrant délit d'erreur, n'ayant pas
pris à tâche déjouer le rôle d'arbitre ou de tenant dans cette que-
relle qui leur doit rester personnelle. Ce qu'il nous importe de
relever et combattre, c'est la conclusion. Pour M. Lièvre, les puits
funéraires sont simplement des latrines, et l'on aperçoit immédia-
— 9/1 —
tement quelle est, selon lui, la iialui(j du fauieux leireau iioir qui
emplit fosses cl puits. Dans ces latrines, on aurait jeté tous les objets
doinesti(|ues hors trusa{i[e, verres cassés, poteries brisées, ossements,
ferraille, etc.; c'est ce qui expli(]uerail que Ton ne trouve rien de
complet mais exclusivement des objets incomplets, dépareillés, re-
butés. Si ridentification faite ]>ar M. Lièvre des puits et fosses de
Jarnac avec ceux du Beinard se fait tout naturellemenl avec Ciux
de Saint-Martin, et s'il en ressort que les uns et les autres ont eu
une destination semblable, ce n'est point c(,'lle que veut bien leur
donner M. Lièvre. i\e se méprendrait-il pas à son tour?
M. Lièvre pourra avoir raison, je le crois, lorstpron se trouvera en
présence d'une fosse ou d'un puits dépendant directement dune
habitation romaine; et il a si bien senti que là seulement son attri-
bution proposée se défendait vraiment, qu'il a eu soin de prendre
le cas le plus favorable en reproduisant un plan de villa oh la latrina
se trou\e à côté de la cuisine ! Mais alors, nous en sommes assuré,
on ne retrouvera plus aucun des caractères spéciaux à nos sépultures.
M. Lièvre ne pourra plus faire triompber sa théorie lorsqu'on se
trouvera, comme sur le plateau de Saint-Martin , en rase campagne,
qu'aucune babilation, qu'aucune trace de substructions n'auront
été reconnues et que ces fosses se trouveront comme les nôtres en
files parallèles, distantes les unes des autres de i m. ko h. i m. 80
dans tous les sens, alors surtout que dans une superficie ])ar suite
restreinte nous en avons pu étudier une soixantaine, qu'autant, à
notre connaissance, ont été sacrifiées par les ouvriers, et que depuis
des années, le sous-sol du plateau de Saint-Martin ne livre pas
autre chose. Ce ne peuvent plus être des latrines.
Enfin le doute ne semble plus permis lorsqu'on se trouve en pré-
sence des puits funéraires de Saint-Martin, situés au milieu des
fosses, où, au contraire de ce qu'on a constaté au Bernard et à
Jarnac, la sépulture est à la partie supérieure au lieu de se ren-
contrer au fond. Par un bonheur extraordinaire, voilà que dans
deux observations sur trois elle est découverte absolument intacte.
Et puis, ce terreau noir et gras est chez nous un dépôt de char-
bon et de bois calciné, tassé par le poids des terres mais fort peu
dénaturé; c'est sur lui que reposent, on la vu, les vases funt-raires.
Ils sont noyés dans une couche de cendres à peu près pures, sauf
encore de nombreux fragments chaibonncux qui vont se mélan-
}feant de picriaille au fur el à mesure (|ue Ion remoiilc vei& luii-
— 95 —
fice. Tout cela témoigne d'un comblement fait en une fois; il fallait
remplir la fosse; on le faisait par-dessus les cendres au moyen des
reliefs du repas funèbre et des poteries, amphores, patcres, plais,
pichets, coupes et bols qui avaient servi auv assistants. On les avait
sans nul doute intentionnellement cassés, et c'est ce qui explique
que les fragments de l'étage supe'rieur se retrouvent ici et là dans
la terre accumulée dans la fosse. Le jet de ces objets répondait pour
nous, comme pour M. Quicherat, à un rite; ne s'est-il pas d ailleurs
conservé en partie ? Lorsque la bière de nos morts est descendue
dans le caveau, le fossoyeur présente la truelle à la famille et aux
amis et chacun envoie sur la bière quelques pincées de terre; c'est
le prélude du comblement; l'homme de peine fait le reste; il est h
supposer que les personnes du cortège antique se chargeaient de ce
dernier et pieux travail dans nos campagnes gallo-romaines. Nos
ruraux de la Gironde et du Lot-et-Garonne n'ont guère perdu l'ha-
bitude du repas après les funérailles de l'un des leurs. Encore de
nos jours , ils glissent furtivement une monnaie dans la main du mort ,
une mauvaise pièce le plus souvent; que de fois en défonçant des ci-
metières désaffectés n'a-l-on pas trouvé dans une inhumation de ce
siècle un vieux sou de Louis XVI ou de la première République?
La libation sur la tombe avec le lait et le vin ne se fait-elle pas
encore dans certaines localités de la Bretagne? Le Landais ne
boirait pas un verre de vin sans jeter machinalemenl par-dessus
son épaule gauche la dernière goutte pour conjuier le mauvais génie
comme au temps oii les Romains étaient les maîtres du monde !
La recherche des anciens usages perpétués dans nos campagnes
serait donc bien instructive.
C'est pourquoi nous avons entrepris de démontrer que les fosses
et puits funéraires ne sont pas un mythe, qu'ils existent réellement
et qu'ils étaient le mode funéraire en usage dans les campagnes au
temps de la domination romaine. Les cimetières de ce genre sont
tous des cimetières de pauvres, et le mobilier qui les garnit le dé-
montre bien; le bronze y est rare, à peine quelques statuettes et
des fibules.
Nous avons déjà déterminé l'âge du cimetière de Saint-Martin,
qui a été occupé du i" au m* siècle, aussi n'entrerons-nous pas à
nouveau dans des détails qui ne sont plus inédits.
A. NlCOLAÏ.
UNE FABRICATION PRIVEE DE DOUBLES
À ROUEN, EN 1639,
P.\n M. A. IIKHON,
C-orrrspoiulaiil du Coiiiilô.
H semblerait que la frappe des monnaies ait dû être exclusive-
ment re'serve'e sous Tauricn régime, aussi bien qu'à notre e'poquc,
aux établissements que l'Etat a institués dans ce but. Cependant,
il n'en fut pas toujours ainsi, et il arriva (jue dos particuliers ob-
tinrent du roi le privilège de fabri(|uer des pièces de monnaie, de
minime valeur sans doute, comme celles dont il va être ici question.
L'indication de ce fait m'a été fournie par la Muse normande,
alors que j'en préparais la réimpression pour la Société rouennaise
de hdd'wphdes''^\
On trouve dans la quatorzième partie de cet ouvrage, publiée en
i638, une pièce intitulée : les NoiiveUes nouvelles yeuxtraites du Bu-
riau estably sur la boise de no quartiers, proche du Plat, au bout d'en
bas de Saint Nigaize. Plusieurs commères s'y entretiennent de faits
(lui avaient intéressé le public pendant le cours de l'année.
H est d'abord question de la création à Rouen de cinquante of-
fices de charcutiers, au grand préjudice et mécontentement des
bouchers, et de l'institution d'une justice à Darnélal; puis une
commère parle en ces termes du métier de son mari :
El li son Iraliq n'est que de rondiaux de cuivre
Que no coupe et yelampe illoq prez S. Vivien.
A (juoi une autn; commère répond :
Le vêla bien plachey. Esl-t'y de sic racaille
(hn no forge des doiiljlo afin d'avor iiollc or?
''^ [jtt Mimn nor)iinii(le de David Fi'rrnnd, j)iil>lii'i' il'aprrs les Liirels orij^indux,
iGa5-i(3Ji^. cl V Iiiveulairc jjrnéral de i0o5 (iSgi-iHgrî, 5 vol. pclil iii-4°).
— 97 ^
Chez pieches là c(ui font ne valleiit pas la maille;
Qu'est che qui les voudra liquer dans son trésor?
Si plaist jamais à Dieu que z'ait une criée,
Et que no gratte un pliot le prurit des galleux ,
Biiiucoup de gens qu'o sait n'en feront la gohée;
Phebus pour un licos y rera ses queveux^''.
Plus loin, dans cette même partie, lettre d'une mère à son fils.
Après lui avoir dit qu'elle ne lui envoie pas, comme elle avait l'in-
tention de le faire,
Queuque petit baril d'excellente bechou
parce qu'on lui ferait payer en droits six fois la valeur de la chose,
la bonne mère ajoute :
Mande nou cheu qu'on dit de la guerre et des troubles,
Si no ne pale point d'aver bien tost la pais,
Et d'où vien que no vait asteure tant de doubles
Qui pour estre tous neufs sont si mal étampaiz'"^'.
Ainsi, d'après ces passages de la Muse normande, il existait à
Rouen, près de l'e'giise Saint-Vivien, un atelier où l'on découpait
des lames de cuivre en rondeaux qui étaient ensuite étampez, c'est-
à-dire frappe's d'une empreinte. Ces douhles deniers, car telle e'tait
la valeur de ces monnaies, d'ailleurs mal fabriqués, étaient répan-
dus à profusion; par leur émission, on opérait le drainage de l'or.
Le peuple en murmurait: tfS'il arrivait, disait-on, quelque émotion
populaire et qu'on appliquât ces bonnes volées de bois vert qui gué-
rissent des démangeaisons, bien des gens n'auraient lieu de se ré-
jouir; Phébus lui-même couperait volontiers sa belle chevelure
pour en faire un licol qui servirait à les pendre.»
Le texte est bien précis et bien clair; mais le fait qu'il relate ne
laisse pas d'être surprenant. Comment pouvait-il se Itiire que l'Etal
se dessaisît en faveur d'un particulier d'un droit dont il est si jaloux
et s'exposât ainsi à laissM' jeter dans la circulation des monnaies
défectueuses?
Etait-ce un conte inxenté à plaisir par l'auteur de la Muse? Il
était également bien difficile de l'admettre. Les faits consignés dans
' La Muse iKjriHiiiidi' , !•[■■■. . I. Il, p. '71.
(2'' Ibid., p. 17^.
Archkolocme. 7
— 98 —
les plaquettes dont l'ensemble constitue la Muse normande sont tou-
jours d'une rijjoureuse exactitude. C'est comme une de ces revues
de tin d'année dans lesquelles on met plaisamment en relief les
e'vénements qui ont le plus vivement frappé l'attention publique,
et le menu peuple, pour qui ces pièces avaient e'te' composées, ne
pouvait se plaire à les entendre débiter au Puy des PalinodsO et à
les relire ensuite qu'à la condition d'y trouver le tableau fidèle de
tout ce dont il avait ri ou soufl'ert. Aussi toutes les fois qu'il est pos-
sible de contrôler, à l'aide de documents empi-unlés à diverses
sources, les assertions de la Miise, les trouve-t-on toujours conformes
à la réalité; jamais, à cet égard, la Muse normande ne se trouve
prise en défaut.
La preuve de ces affirmations de la Muse relatives à une fabrica-
tion privée de doubles à Rouen devait donc se rencontrer quelque
part. On la trouve dans un passage de V Abrégé historique du Parle-
ment de Rouen par Pavyot du Bouillon , et dans quelques textes que
je tirerai des registres de ce même Parlement.
Mais à quelle cause attribuer la concession à des particuliers du
privilège dont il est question? Les hôtels des monnaies ne pou-
vaient-ils donc suffire alors à la fabrication des doubles? ou bien le
grand besoin d'argent qu'éprouvait l'Etat, engagé dans une longue
guerre contre la maison d'Autriche, et qui le forçait d'accabler le
peuple de taxes et de contributions de tout genre, l'amenait-il à
céder à des partisans, moyennant le payement immédiat d'une
somme considérable, l'exercice d'un droit dont il n'aurait dû jamais
se départir? Cette dernière raison est sans doute la meilleure.
H est vrai cependant que, ])eu de temps auparavant, il avait été
nécessaire de jeter dans la circulation une assez grande quantité de
pièces de billon, dont il y avait pénurie, et que probablement les
partisans avaient saisi cette occasion pour faire leurs offres à l'Etat.
ff Cette année [i636J, dit encore la Muse dans l'argument d'un
chant royal de la onzième partie, cette année l'on fit monter l'or
si haut et à tel prix que ceux qui en avoyent le mettoyent hors à
cause qu'ils si; doutoyent d'un prochain rabays, et ne se trouve
<') On avait coutume à cette époque de lire au Puy des Palinods, à la suite des
poésies sacrées célébrant rimmaculéc-Conccplion de la Vierge, des pièces plai-
santes écrites en langage purinique, qui étaient publiées peu après en une mince
plaquette. Les sujets de ces pièces étaient empruntés le plus souvent aux évcne-
meiils de Tannée.
— 99 —
plus aucune monnoie dans le commerce à cause qu'ils en faisoient
amas, n
La gêne apportée aux transactions les plus ordinaires avait alors
été considérable et la Muse en présente ainsi le tableau :
Qui sans monnais court à la boucherie
Peut bien disner sans chair et sans navets ;
Et qui n'en a sa pouquette gai'nie
Pour se caucher à la chavaterie
Peut bien s'atandre à queminer nu piais.
Qui perd oncor à tout ste dieblerie
Sont en un mot hostes et taverniers;
Car, lors qu'o z'a la panche bien guernie ,
La pieche d'or ossy tost o desplie , , ^
Disant : ff Tenez, rendez de la monnais. n
0 ly qui craint le crédit de su drolle,
Sur ses vezins y vretille , y nichoile ,
Qui comme ly n'ont un blanc seulement.
Que fra ty donc? Sa bechon est trinquée;
Faut qui l'acrais , modissant fermement
L'or déniché et la monnais jouquée ^^K
Mais revenons à la fabrication des doubles. Les doléances du
peuple, que la Mme nous a fait connaître, furent entendues par le
Parlement, qui décida d'intervenir dans cette affaire. Et son droit
ne pouvait être contesté, car ces pièces, comme nous le verrons
plus loin, n'étant ni du poids ni de la valeur établis par les ordon-
nances, il y avait, par la nature de la fabrication, crime de fausse
monnaie, ce qui entraînait la peine de mort, et, par les procédés
d'émission, crime de billonnage, pour lequel les ordonnances de
iBBg et de 1677 infligeaient la même peine, remplacée par la
confiscation de corps et biens aux termes de celles de 1678 et de
1629. Mais le Parlement ne pouvait le prendre de si haut à l'égard
de partisans autorisés par lettres du roi, quelque abus qu'ils eussent
fait du privilège qui leur avait été concédé. Il se borna à interdire
la fabrication des doubles et son arrêt fut cassé, à la requête des
intéressés, par un arrêt du Conseil d'Etat. Voici en quels termes
"^ La Muse normande, etc., t. II, p. 77-79.
— 100 —
Pavyot du Bouillon expose succinctement toute i'alTaire dans son
Abrégé historique du Parlement de Rouen^^^ :
ff 16.39. ï-*^ Parlement, instruit par le procureur gênerai du pré-
judice (|ue le public soulTroit ])Our le grand nombre de doubles
Louis (jui uY^oientpas de poids et se distribuoient néanmoins dans
la province, voulut y mettre quelque ordre et l'cndit à cet effet un
arrêt par lequel il donnoit entre autres choses la reforme de plu-
sieurs pièces de cuivre <[ui n'étoient point encore marquées, dont
ou avoit trouvé vingt-trois barils remplis; mais celui qui avoit en-
trepris la fabrique de cette mesnie monnoye, peu content de l'exac-
titude du Parlement, obtint un arrêt du Conseil ([ui ordonna entre
autres choses ([ue les barils de pièces de cuivre luy seroient déli-
vrés pour être transportés à Tours et y être marqués, et cependant
fit deff'enses au Parlement de connoître de la fabrication de ces
espèces et au procureur gênerai de faire aucune poursuitte sur cette
matière.^
Les arrêts du Parlement et du Conseil d'Etat vont nous en ap-
prendre davantage. Un certain Lsaac Terier avait obtenu du roi le
pouvoir d'établir en France des fabriques de doubles. Jean Forest
avait traité avec lui de la fabrication des doubles à Tours et avait
également établi des ateliers dans ce but à Rouen et au village de
Maromme. Le Parlement rendit l'arrêt suivant, le à mars 1689,
ordonnant qu'il serait fait une enquête au cours de laquelle nul ne
pourrait exposer ni recevoir aucuns doubles qui ne seraient con-
formes aux conditions déterminées par les ordonnances :
Du quatrième jour de mars mvi^xxxix. — Sur la romonstrance faicte par
le [)iocureur gênerai du Roy qu'il a receu plusieurs plaintes et advis qu'il
s'expose telle quantité de doubles de diverses matières marques et poids
que le peuple ne reçoit plus d'autres espèces, mesnie que pour une pis-
tolle Ton baille pour unze à douze livres de ses doubles, cl pour un quart
d'escu vingt quatre solz; qui sont enarrcments et moyens pour tirer l'or et
l'argent (lu royaulme ce (pii causeroit avec le temps ung notable préjudice,
n'ayant esté la |)eriiiissi()ii donnée par Sa Majesté de fabriquer des doubles
en ceste ville que du poids et metail porU; par les ordoimances et non pour
en faire couler es mains du peuple de tant de sortes qui ne soient du poids
cl valeur qu'ilz doibvent eslre, requérant ledit procureur gênerai qu'il soit
infr)rnié de s(!s abbus et expositions et à ccsie lin député deux conseillers
commissaires qui se transi^rteiont sm- les lieux où se fabriquent lesdicles
' IJiIjI. iniiiiicijialij du iJoiieu, aii(ii'ii Icinds; mis. ^ , 9 i , j). lihù.
_ 101 —
espèces pour en sa présence, appeliez aucuns des officiers de la monnoye,
estre dressé procès verbal de ladicte fabrication poids et qualité desditz
doubles, mesme du nombre qui en a esté faict et fabriqué, et ce pend;int
estre faict défenses à toutes personnes d'exposer ny recevoir aucuns doubles
qui ne soient au vray coing , de matière et poidz accoustumé aux monnoyes du
Roy, à peine de confiscation et d'amende arbitraire. La Cour a ordonné et
ordonne que par les conseillers commissaires qui seront à ce par elle com-
mis et députez sera informé de ceulx qui rongnent les espèces d'or et d'ar-
gent, mesmes de ceulx qui exposent, biilonnent, font trafficq et marchan-
dise des doubles faictz et fabriquez contre et au préjudice des ordonnances
du Roy, et à ceste fin que lesdits conseillers commissaires en présence
dudit procureur gênerai et aucuns officiers de la monnoye de ceste ville se
transporteront sur les lieux ausquelz se fabriquent lesdites doubles pour
dresser procès verbal de la fabrication poids et qualité d'iceulx mesmes du
nombre qui en peult avoir esté faict et fabriqué, et ce pendant a faict et faict
inhibitions et défenses à toutes personnes d'exposer ny recevoir aucuns
doubles qui ne soient au vrai coing de France , matières et poidz accoustumé
aux monnoyes du Roy à peine de confiscation et d'amende arbitraire.
De Faucon'^'.
Comme on le voit, ceux qui fabriquaient ces doubles en faisaient
trafic et accaparaient par ce moyen les monnaies d'or et d'argent;
ils donnaient onze à douze livres de doubles pour une pistole et la
valeur de vingt-quatre sous pour un quart d'écu, nom qu'on don-
nait alors à la pièce de vingt sous.
L'enquête eut lieu; les commissaires opérèrent la saisie de vingt-
trois barils venus de Hambourg et contenant des flans et plaques
de cuivre destinés à être frappés. Visitation de trois de ces barils
fut faite en présence du maître et des essayeurs de la monnaie. Le
conseiller Auber fit, en la présence du procureur géne'ral , le rapport
de l'information faite par les conseillers commissaires. Le procu-
reur général demanda alors que tout ce qui avait été fait par eux
lui fut communiqué, redisant ne pouvoir conclure à la confiscation
desdicts vingt trois barils arrestez puisque le caractère n'est point
empraint sur les doubles, mais soustenoit qu'ils doivent estre fondus
et employez à faire de l'artillerie pour le service du Roy'-^.w
(') Archives de la Seine-Inférieure, fonds du Parlement, Registre de» arrêts du
Conseil, juin 1689.
^'' Bibl. municipale de Rouen, ancien fonds, Y, 3i4, Recueil d'extraits des re-
gistres secrets ordinaires. . ., t. XVI, p. 369.
— 102 —
A la date du 9 juin 1639, le Parlement rendit un arrêt portant
que tous les flans ol plaipes roconmis défectueux seraient cisaillés;
il interdisait rémission et même le transport des doubles avant
(ju'ils eussent été vérifiés par les essayeurs, gardes et autres ollîoicrs
de la monnaie.
Du ix" juin MVI^\XiIX. — Veu par la Cour l'arrest d'icelie du quatorzième
jour (le mars dernier, informations faites en icelui par les conseillers commis-
saires à ce députez les xu, xiu, xnn,xix° Mai et luiicl de ce mois, procès
vcrbaidx desdiclz conseillers cojumissaires du xvn' (hulicl mois de May, vm
et ix" de ce mois sur le faict de l'exposiliou des doubles fabriquez contre les
ordonnances et vidimus de l'arrest du Conseil du septième febvrier mvi"
trente sept signiffié au procureur gênerai du Roy par Denis, buissier au
bailliage de Rouen, le huiclieme de ce mois et ouy le procm'eur gênerai
du Roy en ses conclusions.
Ladicte Cour a ordonné et ordonne que par Icdicl i^rocurour gênerai tros
hmnbles remonstrances seront faiclos au Roy des désordres connais et qui
augmentent] journellemont pai" l'exposition en nombre extraordinaire et
excessif des doubles qui ne sont du poidz et valleur requise. El ce pendant
a ordonné et ordonne que les ilaiis el placques de cuivre enfoncées dans les
trois barilz desquclz visitalion etessey a esté oejounilmy faicte, du nombre
des vingt trois aportez de Hambourg, de nouveau serout cisaillez par les
officiers de la monnoye lesquelz continueront incessamment en présence du
gênerai des monnoyesa la visitalion el essey desdiclz barilz arrosiez, et où
il se Irouveroit du defaultz au surplus il sera pareillcmeul cisaillé et la ma-
tière remise entre les mains du facteur et commissionnaire sur lequel elle
a esté saisie. Et qu'il sera fuict par ledicl gênerai des monnoyes délivrance
audit fadeur de ce qui se trouvera cslre bon suivant les r<'gleincns, les frais
qu'il conviendra faire préalablement pris. A faicl el faict inhibitions el def-
fences à toutes personnes de quelque quallité et condition qu'ilz soient de
faire apporter aucuns flanz ny placquos de cuivre sinon aux termes des or-
donnances el arrestz à peine de la vie. A ordonné el ordonne que les pré-
posez el commissionnaires employez à la fabrication des doubles tant en
ceste ville qu'au village de Maromme seront assignez à l'instance dudict pro-
cureur gênerai pom* estre ouys et interrogez sur ce qui résulte desdictes in-
formations el procès verbaulx, el leur enjoiuct de ne faire aucune délivrance
des doubles dont ilz sont saisis ny en continuer la fabrique que appeliez
lestlictz officiers de la monnoye suivant les ordonnances. Et sy a ladicte
Cour faicl défenses à toutes personnes de (piehpie cpudilé (ju'ilz soient de
faire aucun Iraffic en troc, apport et dislrihulion desdiclz doubles qu'aprez
qn'ilz auront esté visitez par lesdiclz officiers des monnoyes sur les mcsmes
peynes. Et faict défenses aux officiers de la Romaine, voicturiers el charetiers
délaisser passer el voiclnrer U's doubles jus(|ues à ce <pie au préalable visita-
— 103 —
tion en ayt esté faicte par lesdictz officiers des monnoyes à peine de dix mil
livres d'amende pour le regard des officiers de la Romaine et de punition
corporelle pour lesdictz voiluriers et charretiers. Et a ladicte Cour ordonné
qu'il sera procédé à l'exécution du présent arresl nonobstant oppositions ,
appellations, prise à partie, et autres veoyes quelconques, et sans pré-
judice d'icelles et que ledict arrest sera leu et publié par les carfourgs sur
les quays et lieux accoustumez à faire proclamations, imprimé et affiché à
ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance.
De Fahco?*. F. Acber'''.
Jean Forest en appela de cet arrêt du Parlement de Rouen au
Conseil d'État, qui fit droit à cette requête en décidant que la rr Visi-
tation w des cuivres se ferait à Tours où ils seraient transportés,
attendu qu'il n'y avait dans la ville de Rouen tr aucuns fondeurs
pour jetter en lames comme en celle de Tours 11 les cuivres rebutés.
Il était, en outre, défendu au Parlement de Rouen crde cognoistre
du faict desdicles fabriques et à son procureur gênerai de faire au-
cunes poursuittes pour raison de ce à peine de fauix et de cassation
de procédures 51. Le tout est ainsi consigné dans les registres secrets
du Parlement à la date du samedi 3o juillet lôSg.
M. le procureur gênerai a envoyé a la Cour un vidimus imprimé d'un
arrest du Conseil d'Etat du 26 de ce mois et a signifié le 2 1, à ce qu'il ait
à informer ladite Cour du contenu en iceluy duquel la teneur ensuit.
Extrait des registres du Conseil :
Sur la requeste présentée au Roy en son Conseil par Jean Forest qui a
traitté de la fabrique des doubles à Tours avec Isaac Terier ayant pouvoir
de Sa Majesté d'establir des fabriques en France , à ce qu'il fut receu oppo-
sant à l'exécution de l'arrest du 18 juin dernier en ce que entre autres
choses auroit esté par iceluy ordonné que les cuivres arrondis non mon-
noyes saisis par les sieurs commissaires députez du Parlement de Rouen ,
seroient veus et visités par le lieutenant gênerai du bailliage dudit lieu et
M" Hector Rerenger, conseiller audict bailliage, commis par Sa Majesté à la
Visitation des doubles qui se fabriquent au dit Rouen , pour connoistre de la
condition d'iceux et ce faisant ordonner qu'icelle visitation seroit faite en
la ville de Tours par qui il plaira à Sa dite Majesté, attendu qu'icelle se
faisant audit Rouen, ce ne pourroit estre qu'au grand préjudice du sn-
pliant, sa fabrique demeurant en chommageconime elle est à présent depuis
(*' Archives de la Seine-Inférieure, fonds du Parlement, Registre des arrêts du
Consei/, juillet 1689.
— lO/i —
ladilc saisie, joint que les cuivres qui seroient rebuttës luy tourneroient en
piiio nerle nv nyaiit dans la ville de Rouen aucunes fonderies comme en
celle de Tours. requtTanl outre ce ledit suplianl que itératives deflenses
soient laites audit parlement de Rouen d'en conuoistre, et du lait desdiles
fabriques, circonstances et dépendances conformément aux arrests du Con-
seil.
Veu la reciuesle , le Roy en son Conseil a receu et reçoit le supliant op-
posant à l'exécution dudit arrest du 18 juin dernier, ordonne que les cuivres
arrondis saisis de l'auctoritc du Parlement de Rouen seront conduicts et
voicturës en la ville de Tours scellés et cachetés par ledit lieutenant gênerai
de la ville de Rouen et R renger, commissaire en ladite fal)rique de Rouen,
pour estre lesditz scellés et cachets levés par le lieutenant gênerai de Tours
et par luy visités avec le juge garde geupral de la monnoye de ladite ville,
commissaire à l'exécution des arrests dudit Conseil concernant ladite fa-
brique de Tours, en la présence du procureur de Sa Majesté au presidial
dudit lieu, pour estre lesdils cuivres arrondis qui ne se trouveront estre de
la condition requise par l s ordonnances cizaillés et mis à la fonte et ceux
qui se trouveront bons délivrés audit Forest, pour estre monnoyés ainsi
qu'il appartiendra. Fait Sadite Majesté itératives deffences audit Parlement
de Rouen de connoistre desdites fabriques et à son procureur gênerai de
faire pour raison de ce aucunes poursuites à peine de crime de faux et cas-
sation de procédure.
Fait au Conseil d'Estat du Roy tenu à Paris le 16 juillet 1689. Signé :
Galland.
Après la lecture duquel arrest le lieutenant gênerai du bailliage de
Rouen a esté fait entrer et a dit que l'on venoit de mettre présentement en
ses mains un arrest du Conseil du 1 6 de ce mois à l'exécution duquel il
n'avoit voulu procéder qu'au préalable il n'en eust averty la Cour.
Et n'ayant esté sur ce dit aucune chose au dit lieutenant gênerai attendu
les deiïences portées par ledit arrest du Conseil de connoistre par ce par-
lement du fait desdites fabriques et au procureur gênerai de faire aucune
poursuite à raison de crime de faux et de cassation de procédure, s'est ledit
lieutenant gênerai retiré et la Cour levée'*'.
Le Parlement était réduit au silence, mais l'alTaire des doubles
devait avoir un fâcheux épilogue. Dans la funeste journée du di-
manche 21 août de la même année, le populaire rouennais, acca-
blé, comme toute la province, par le poids des charges sans cesse
ajrgravées qui venait de provoquer dans la Basse-Normandie la sédi-
tion des Nii-Pieds, se soulevait à son tour, mettait au pillage les
'"' BibliollW'nnp rlo la Cmir fl'njipcl (]p \\o\ion , Ro^ntreit iP.rret» , y\\\\o[ 1689.
— 105 —
maisons et les bureaux des traitants et des collecteurs d'impôts et,
dans le nombre, la maison des cf fabricateurs de doubles'^U.
On sait quel châtiment rigoureux le chancelier Séguier tira de
celle sédition. La variation fre'quente du taux des monnaies, la dé-
préciation qui frappait les pièces d'or et d'argent par suite de la
rogne, la circulation d'une foule de monnaies e'trangères, sur la
valeur desquelles il était difficile d'être exactement fixé et qui pou-
vaient porter à bien des confusions, étaient autant de causes de
malaise venant s'ajouter à celles qui résultaient de l'exagération
des droits, taxes et contributions de tout genre. Le mal n'était pas
pour cesser de sitôt, et s'il ne provoqua pas des événements aussi
funestes que l'émeute de 1689, il amena par la suite des embarras
qui ne manquèrent pas de gravité. C'est ainsi qu'une certaine agi-
tation, un 1ribouille7neHt , comme dit la Muse normande, se produisit à
Rouen en i658, par suite du décri des liards*^'.
A. Héron,
Correspondant du Comité.
(" «Mêmes troubles devant la maison d'un nommé Molant, commis à la recette
du droit des cuirs, rue de la Crosse, devant les maisons des fabricateurs de doubles
et d'un nommé Noël ... « Inventaire sommaire des Archives communales de la ville
dé Rouen, etc., rédigé par M. Ch. de Robillard de Beaurepaire, 1887, p. 5 18,
2° col. Voir aussi Mémoires du président Bigot de Monville sur la sédition des Nu-
Pieds, etc., publiés par M. le comte d'Estaintot, pour la Société de l'histoire de
Normandie, 1886 : trOn eut advis que les séditieux avaient attaqué le bureau des
doubles vers Saint-Nicaisen , p. 3A.
'■•'' Voir Normandie historique, archéologique et littéraire , 10' année, 1896,0° 9,
septembre, p. 967-266 : A. Héron rtUne émotion. populaire causée à Rouen, en
16 58, par le décri des Liards.r>
JEAN PAPIN,
MAITRE DE L'ŒUVRE DE LA CATHEDRALE DE TOURS,
1473.
Comimmication (]o M. Louis de Grandmaison.
L'acte qui suit est un contrat, passé le i" octobre lA-yB devant
le notaire Jaloignes, par Jean Papin, maître de Tœuvre de Te'glise
de Tours, et Yvonnet de Mauléon, maçon ou jdutôt arcliitecte,
avec des perriers de Saint-Aignan-sur-Cher, pour une fourniture
considérable de pierres f^'.
La qualification do maître de l'œuvre de IVgliso de Tours que
prend farchilecte bien connu Jean Papin, dont Tépitaphe subsiste
encore fort mutilée à Saint-Pierre-des-Corps ('-', permet de supposer
que cet acte se rapporte à la construction de cette catlie'drale. A la
date de 1/178 en effet, cet édifice n'était pas encore achevé; on
en bâtissait la façade, qui précisément était élevée on pierres de
Belleroche, près Saint-Aignan (-". Un autre travail important s'y
faisait également, en cette année, sous la diioctioii de Jean Papin :
férection du jubé aujourd'hui détruit C'I II n'est doiir pas téméraire
de croire que cette commande, du reste assez considérable, était
occasionnée par l'un do ces doux travaux.
Il convient de signaler dans l'acte ci-joint l'expression le faulx
"^ Sur Joan Papin, voyez cuire lo livre de mon père, Documents inrdils sur les
arts en Toitraine, p. 199, les oiivra^jes suivants : IJauclial, Nouveau dictionnaire
des architectes français, p. /i!j5-/i56; cl Giraudet, Artistes tourangeaux, p. .'îiy.
— Yvonnol de Maulcoii [nlias de Malyon et de Maiilioii) no paraît pas avoii' ja-
mais eu l'importance de Jean Papin; il s'ajjit ici d'Yvonnel II, liis d'Yvonnet ^^
Cf. sur lui : Documents inédits, p. û'jli; Nouveau dictionnaire des architectes,
p. Sg/i; et Artistes tourangeaux, p. 27g.
<') Une des éjjlisps paroissiales de Tours.
*•■'* Charles de Crandmaisou, Tours archéologique, p. ^f^(^ à 1/12.
'*' IbuL. p. l'i'i.
— 107 —
molle, qui ne paraît pas avoir été relevée jusquà pre'sent; le con-
texte semble indiquer qu'il faut la traduire par le mot épure.
Le premier jom' d'octobre l'an mil nn°LXxm personnellement establyz
Jehan Papin , maistre de l'euvî'e de l'église de Tours , et Yvonnet de Mau-
iéon, maçons, d'une part, et Pierre Delaunay et Jehan Lebeau, perriers
demom'ans à Saint-Aignen en Berry'^', d'autre paii, soubmectant, etc.,
lesquek ont confessé avoù* fait entre euk mai'ché tel que cy après s'ensuit ,
c'est assavoù- (fue lesdis perriers ont vendu et vendent ausdis Papin et de
Mauléon à ce présens , tpii desdis perriers ont acheté et achètent , la quan-
tité de huit-vings ogives , qui seront chascune de pié et demy de haidteiu" en
ung sen et en l'autre sen, selon le faulx molle que lescbs perriers dient lem*
avoir esté baillé par lesdis maçons ; item , une clef de troys piez de hault et
de la longuem- et largeur qu'est le faulx molle que lesdis perriers dient
leur avoii' esté pareillement baillé pom' ce faù-e ; item , cinq autres pierres
faictes tant en gi'osseur, haultem" et façon cpie le fauk molle à eulx pom*
ce baillé ; item , plus deiux corbeaiLX à cbemynée ; toute laquelle pierre iceulx
perriers promectent livrer ausdis Papin et Mauléon bonne et convenable,
selon lesdis molles, sm- le port de Saint-Aignen, dedans Nouel prouchain
venant, pom^ le pris et somme de vingt huit livres tournois, que lesdis
Papin et Mauléon promectent paier auscUs pei'riers , c'est assavoir : dedans le
jourduy sous , et le surplus ainsi que lesdis perriers lem- livreront sur ledit
port ladite pierre. Et à ce obligeant lesdites parties l'une à l'autre , etc . . .
Présens à ce Guillaïune Delaforest et Pierre RoiLxeau , tesmoins.
Jaloignes.
(Journal de Jean Jaloignes, notaire à Tours, prédécesseur de M" Champion.)
^'' Saint-Aignan-sur-Cher, arrond. de Blois (Loir-et-Cher).
INVENTAIRE
DES ARMES ET MUNITIONS
DE LA VILLK IVALBÏ, EN 1595.
(Coaiinuiiicalion de AI. 1« baron do Rivières.)
Le manuscrit d'où est tiré cet inventaire a été découvert, en 1896 ,
dans la boutique d'un chiffonnier d'Aibi par un chercheur, M. Nor-
jjert Doat, huissier. Ce manuscrit avait dû appartenir jadis aux ar-
chives de la ville d'Albi , où il portait le n" 6 1 ; il en avait été détourné
à une époque incertaine. M. Doat, après l'avoir acheté, en a fait don
aux archives municipales d'Albi.
C'est un gros volume in-folio de 3 80 feuillets de papier, assez
bien écrit.
Le premier feuillet porte, en lettres écrites à la main en forme
de caractères d'imprimerie minuscules romains :
ff Livre ordonné pour en icelluy mettre et descrire Testât des
emolumens et revenus annuels de la présente cité d'Alby, obliges,
arretz de comptes, et acquisitions, et aultres contraullz conceruans
la republique de ladicte cité. Commencé le seizième jour du moys de
septembre prochain dimanche après la Saincte Croix de Nostre Sei-
gneur mil cinq cens quarante huict. Au({uel jour entrarent consuls
egrège et honnorables personnes '^l'n
La première lettre L est en rouge dans une miniature peinte où
l'on voit une tige de fraisier. Un écusson avait été réservé au mi-
C Le mannscril ne donne pas le nom des consuls de l'an iS'iS-iGig. C'étaient
Jean P^abry, docteur es lois, Etienne Brunet, Giles Gnlet, Georges Clairet, Jean
Vassale et Guillaume Bartha, Claude Bourdon étant leur trésorier.
Les consuls de iSgi-iôgS avaient pour nom Jacques Magnien, licencié, de
Tafl'anel, François Denis, Jacques GorsBe, notaire et secrétaire de la commune,
Jean Artus, marchand; Jean Ferras était trésorier. (Archives municipales d'AIbi,
ce. 259 , 277.)
— 109 —
lieu; il est resté sans peinture. Le registre, commencé en i548,
se termine à Tannée 1 696.
Inventaire des araies, pièces de campagne, nious([uets, pouldi'es et mu-
nitions, meubles, libres, papiers, tiltres et documens apartenans à la ville
et cité d'Alby, faict par nous consuls de ladite cité de Tannée mil cinq cens
nonante quatre, linissant nouante cinq, et avons procédé les jours, forme
et manière :
Du vingt deuxième d'aoust Tan mil cinq cens quatre vingt quinze.
1. Premièrement, à la plus basse estaige de ladite maison consulaire et
à la chambre joignant la maison des hoirs ''^ de feu Claude de Tessier s'est
treuvé une quantité de pouldre d'arquebuze dans deux barriques , de la-
quelle M' Jean Forras, trésoriei* de ladite maison consulaire, demeure
chargé par acte retenu par M° François Gorsse notre notaire , greffier, se-
crétaire , soubsigné le ^'^K
2. Et veriffié de relief le premier septembre audit an , s'est treuvée une
barrique plaine et foncée de tous bons ensemble dans une barrique septante
deux livres pouldre , compris le poix d'une petite sacque.
3. Plus , dans l'eslaige du poix du gorrataige •'' joignant ladite chambre
s'est trouvé les thnons, balances et poix pour poizer et servir audit gora-
taige de quoy Pierre Barbes et Jean Drulhe, rentiers dudit gorataige, de-
meurent chargés par l'instrument des arrentemens receu par ledit Gorsse
notaire le. . . '•''K
4. Ung comptoir de menue soie avec armoires et tiroirs.
5. Deux pièces de canon de fer grosses, l'une montée sur quatre pettites
roues.
6. Ung tonon de bonis ^'' ayant deux canées de long.
7. Plus à ladite estaige où est la susdite pouldre s'est treuvé quatre
roues ferrées de l'autre canon susdit estant petites.
8. Une roue de charriot.
9. Deux rusqs '^^ de barriques neuves foncées d'ung bout.
''^ Claude de Teyssier, sieur de Silhac, avait épousé Jeaune Roger de Coiu-
minges (Archives de la mairie d'Albi).
'"-' En biauc,
(^' Gorrataige, gouiratage, droit de courtage sur les marchandises.
t" Point de date.
(^^ Bonis, buis, arbre {Dicl. de Mistral, t. 1, p. 3*2 1).
'*' Rusqs, cercles.
— 110 —
10. Trois baucqs à quattre pieds sans façon.
11. Cinq ays^'^ sive postes bonnes.
12. Deux moles <^> de canon.
13. Le rusq d'un barricot neuf ouitre les barriques où est la pouldre.
14. Ung nauc ^'^ rond de pierre pour faire une mezurc à mesurer le
I)1(h1.
15. Une semai ''' vieille presque plaine de salpêtre.
A l'estaige dudit poix du gorralaige.
16. Quallre moles l'er pom- tuille grosse, tuiles cannales, carreaulx et
violettes aliichees avec chaînes de fer.
17. Ung degré de boys à sept marches.
A l'estaige où se met le charbon est bons pour la garde :
18. Quatre roues, deux semais, six barricots^^' servant pour monter
falconneaulx.
A la chambrette qui est sur le degré joignant l'esglise et la grande salle
de la maison consulaire.
19. Un grand coffre vieulx à l'antienne ^'\ faict à panneaulx , ferman à
deux serm-es et par dessus un tapoys ''' vert fort uzé et rompeu.
20. Plus ung tapys deflety'^' de diverses coleurs servant au baucq de
M" les consuls, ayant les armoyr[i]es de la ville à chacun bout, double de
toylle.
21. Plus aultre trois tapis vieulx rompus ayant servi à inesme effect,
auquel tapis sont les armoiries de la ville.
22. Une poste servant de bancq.
23. Une petite langue de cinq palmes de longueur.
<'' Ays, ais, poste, planche (G. Azais, Dictionnaire des idiomes romans, t. I,
p. i57).
(■•'> Moles, nioiilo {Ibid., I. II, p. Coa).
(') Nauc, auge (K. Mislial, Dictionnaire provenral-franrnis, t. II, p. 397).
'*) Semai, comporte, tineite (G. Azais, Dictionnaire des idiomes romans, t. III,
p. ÛA8).
''' Barricot, tonneau contenant une demi-barrique, soit 110 litres environ
( Dictionnaire de Mistral, t. I, p. a35.)
'*) C'est-à-dire à l'ancienne mode.
''' Tapoijs, lapis.
(»> Defetii, défraîclii.
— 111 —
24. Lfng petit coffre de menuiserie de trois palmes de long- fermant à
clef et serure que les serviteurs desdits s" consuls ont dit leur apartenir.
25. Ung gros cable tout neuf servant pour traîner le canon.
Dans la grande salle.
26. Au bout du degré a ung grand coffre vieulx fermé de trois serrures
appartenant à la ville.
27. Plus ung aultre coffre grand neuf fermé à deux serrures que ledit
Forras trésorier a dit apartenir au diocèze.
28. Plus une grande limande ou drappier''' de menuizerie neufve
lamée de fer, fermée à trois cadenats , servant d'archivé pour tenir les pa-
piers du diocèze.
29. Ung bang long pour pourter aux esgbses pour asseoir messii'es les
consuls aux sermons.
30. Ung archibanq vieuLx sans barre au devant de la cheminée ^^\
31. Quattre aultres banqs dessubs servans pour asseoir les babitans à
la ferme des assiettes et du consul général.
32. Une petitte table estroite à quattre pieds.
33. Deux bancqs ung à chaque cousté de ladite table l'un desquels a
marchepied.
34. Une table longue avec ses treteauix.
35. Une escabelle à l'antique , rompeue.
36. Ung pair de grands iandiers de fer.
37. Une palefer.
38. Un chandelier latton à trois branches pendu à ladite salle avec une
barre fer.
39. Trois petittes pièces de fer apellées falconneauix courtes montées
de boys.
A la chambre des conseils.
40. Ung grand coffre de menuizerie faict à paneaulx , party en deux ,
servant de comptoir ou table pom* escripre , ayant deux couvercles , l'ung
'1) Limando, grande armoire à deux battants [Dictionnaire de Mistral, t. II,
p. 217); drappier, armoire {Ibid., t. I, p. 826).
(-' Archibanq, coffre servant de banquette, banc à dossier, banc d'honneur qui
est au coin de la cheminée (Dictionnaire de Mistral, t. I, p. 126).
— 11-2 —
fermé à deux serines, l'autre à une serure; (ians leijuel coffre se sont tenus
plusieurs papiers, l'inventaire desquels a e'té différé.
41. Plus par dessus ledit coffre sive comptoir a uiip; lapis verd bordé de
Janine à demy uzé.
42. Plus au dessus ledit coffre y a ung banq dossier d"un{| bout de la-
dite chandn-e à l'antre, auquel y a quatre coffres aux trois desquels a plu-
sieui's vieulx ferremeiis et à l'autre qui se ferme à clef y a plusieurs livi-es
sv dessous inventoriés.
43. Du couslé de la grand salle a ung autre banq dossier fermé avec
deux couvercles fermées à clef et un marchepied.
44. Plus ung cabinet sive armoire fermant à deux tampes ''^ avec deux
ai'moires et ung tiroir.
45. Plus une grande limande ou drappier fermé avec six cadenats et
lame de fer servant d'archifs pour la maison consulaire.
46. Ung petit coffre de menuizerie neuf de trois palmes et demy de
long fermé à clef.
47. Ung aultre vieulx et entier.
48. Une petite clochette de iaton servant pour appeiler les serviteiu's.
49. Ung orloge petit garny de roues, poix, courdaige et clochette.
50. Ung tambourin de gnivre vieulx.
51. Doutze mousquets montés de boys garnis de serpentine.
52. Doutze fourchettes ^"', doutze bandouiiières de cuii* garnies chascuue
de six charges, et un polverin.
53. Huict morions graves.
54. Deux cascous ou pots de fer pour gens de guerre.
55. Une cuirasse.
56. Deux marques fer des armoyries de la ville.
57. Une autre marque de fer à manche de boys.
58. Deux chandeliers estaing.
59. Unes mouchetles.
60. Quatorze vieilles arbalesl(?s à l'antiene.
61. Uii^r blouquier de fer à l'antiene fort petit el rond '^'.
'" Tampes, ouvrant, mot runiiin.
*" Fourdies à poser l«s nioiisqiicls.
■ fllftiiijiiifr. \)wir]\iT ( nictidiiiiiiirr di' Mislml. t. 1 p. •'lO-?.).
-^ 113 —
62. Lng limon de bojs pour la lancer garny de 1er,
63. Sept layettes ou pétilles caisses, les qiiattre avec leurs couvercles.
64. Deux vieulx arcs de boys gros à l'antiène.
65. Une lance avec son fer pour homme d'armes.
66. Ung grand limon de l'er pour poizer.
67. Quatre vieilles roumanes faulsés.
68. Ung tireau de metalle de cinq palmes''^ de long servant pour le
grifoul du bout du pont.
69. Une pièce de fonte de metalle creuse.
70. Deux grands mousquets fer montés en bois avec serpentine.
71. Item autre mousquet fer de même que ledit Fourras, trezorier, a
dit avoir baillé à s' Jean Alary duquel l'a fait reçeu et est chargé ledit s'
mètre à la tom" du Viguan.
72. Ung antre mosquet de four de metalh de quattre palmes de long
monté de boys.
73. Deux fourches de fer.
74. Un pétard de fer à crocq '"'.
75. Une masse d'armes.
76. Deux petiles pièces à feu faictes de fei- h crocq.
77. Deux barres fer rondes de dix p.ilmes ou environ de long chascune.
78. Une alebarde rompeue sans poinle.
79. Lng ager fer pour une charrette.
80. Une grosse chaîne fer d'ea\iron deux canes et demy de long.
81. Autre petite chaîne d'environ trois canes de long.
82. Ung arc de fer serAant poui' une ressegue tiradouyre.
83. Les armoyres rie France en bois et chanq) d'azur avec irois fleurs
de lis.
84. Deux mousquets appelles falconneaulx de fonte de metalh pour
mettre sur la nuu-alhe et y ont esté mis depuis.
^'^ Palme. La palme ou pnii d'Aibi avait de loiigueiii' ■2-iù uiillimèlres.
'-> Pétard, canonnière [Dictior.naire <Ies idiomes romans, t. 111, p. loi).
Archéologie. 8
lU —
Du viiiffl (roizièniP dudil mois.
Par (Icsmis la grtiudc .salle de ladite maison consulaire.
85. \ iagl-ciiuj piques ferrées.
86. Deux grandes eschelles d'avet '''.
87. Daus ung des arcbibaiiqs de la chaiidjre des consuls a esté treuvc
une carp;e*"^ fer pour faire culasses de falconneaulx.
88. Dans ung des collVes à ladite cliaud)re joignant la nnu-alhe s'est
Ireuvé, cinq ciringues de latouni '^' avec les armoiries de la ville à chas-
cime.
89. Ung molle en deux pièces pour fere des balles d'ung falconneau.
90. Dans l'autre desdits coffres ou arcbil)anq alHcbe; unjj' aultre molle
de metalb de deux pièces avec le niancbe de boys poui' fère quattre balles
de falconneaux.
91. Ung pot de fer pour gens de guère.
92. Ung autre petit molle de metalb pour fère des balles de falconneau.
Dans l'armoire du cabinet ([ui est dans ladite chambre.
93. Trois libres les fulbcts de parcberain de la tariiïe ou table pour
fère le desparlement des talbes sur tous les consulats du diocèzc d'Alby,
les deux en livres et l'autre en escus.
94. Un long escriptoire couvei't de cuyr sans eslre garny.
95. Deux calels fuilbe de fer blanc grands vieulx '■'*'.
96. Quattre pintes '■'''' d'eslaing, l'une de demy lyal , l'autre d'ung carton ,
autre de demy carton, et l'autre ardidal '"' sans couvercle servant pour es-
caudilber les mesures du vin.
97. Quattro pintes lon{|;ues avec ance de quarton et demy cbascunc.
98. Une aygadière estaing couverte "'.
'" Avet, sapin {Dicliimnaire do MistniK I. I, ]>• 7).
'-' Carge, ce devait être un inouïe.
'^' Ciringues de latoum, seringue de iailon.
'*' Caltd, lampe à queue (Dictionnaire des idiomes romans, I. I, p. XH.)
<^> Pinle. La pinte d'Aibi était d'un iilre 9012 millièmes.
'•' Ardidal. Ce devait une mesure équivalant à un (inlil de vin L\//y//7, eu 10-
man, était une pièce de monnaie v.ilaril un liaid.
'■' Ayijadière, aijjuière.
— 115 —
39. Deux anders , ung grand el l'autre moyen ^''.
L'inventaire des armes et meubles de la ville se termine ici.
Viennent ensuite diverses nomenclatures de papiers des archives
qui n'entrent point dans celte étude.
(" Andei; trépied {Dictionnaire des idioinus roman-i, l. I, p. 88).
LES PEINTUUES MUHALES
DE L'ÉGLISE DE BÉNOUVILLE
(PRÈS CAEiX),
PAU M. EL GÈNE DE BEAUREPAIRE,
Correspondaiil du Comité, à Caen.
Lorsqu'en i846 M. de Caumont publia la Sladstique monumentale
du Calvados, il consacra une notice délaiiloc à l'e'glise de Be'nou-
ville.- Il en de'crivit avec soin toutes les particularite's architec-
loniques, essaya do de'fei miner approximativemonL la date de la
conslruction du chœur et de la nef et releva môme les inscriptions
(jui existaient tant à l'inte'rieur qu'à Texte'rieur de l'édifice. L'e'glise,
à la même époque, avait été d'ailleurs étudie'e par deux excellents
observateurs, MM. Raymond Bordeaux et Georjjes Bouet, et l'on
peut même remarquer que c'est d'après la co})ie (|u'ils en avaient
prise qu'a e'ié publie'e dans la Statistique la curieuse inscription
relative à la fondation d'un obit j)ar Pierre Bénouville et sa femme
le ai août i52(). Or, comme il n'est pas question dans le volume
de M. de Caumont de peintures murales, on doit conclure de ce
silence que celles dont nous nous occupons en ce moment ne frap-
paient pas les regards, soit qu'elles fussent recouvertes d'une couche
de badigeon, ou qu'elles fussent masquées par un revêtement quel-
conque.
C'est il y a environ deux ans que, |)our la j)remièrp fois, l'exis-
tence de ces frc^fiues nous fut nivéh'e |)ai M. Cbifllet, artiste peintre,
qui s'occupait spécialement de la décoration nuirale des églises. De-
puis, un artiste distingué de l'Erole des l)oau\-;irls, M. Vasnier, les
a rchîvécs avec la lidélilé coiiscieiu^iinisi! (|u'il apporte; dans tous les
Iraviuix. L'jHpiarelle, d nue rigrouriHisc exactitude, ([u'il a bien voulu
placer sous nos yeux permet d'endjrasser, d'un seul coup d'œil,
— 117 —
l'œuvre tout entière et de déterminer les sujets qui y étaient repré-
sentés. Malheureusement ces peintures, très détériorées, ne se pré-
sentent pas à nous dans un état d'intégrité absolue ; la fin de la
composition man(|ue et dans les parties qui nous ont été conservées,
le percement de larges ouvertures, de date relativement récente,
est venu introduire de regrettables lacunes. Malgré tous ces deside-
rata, il est aisé de reconstituer les principales scènes que le pin-
ceau de Tartiste s'était chargé de représenter.
La zone la plus élevée de ces peintures, qui a été la plus mal-
traitée et dont il ne reste plus véritablement que des lambeaux,
nous offrait, avec les détails ordinaires, la reproduction de la lé-
gende célèbre des Trots morts et des trois vifs. Le petit poème, attribué
généralement à Baudoin de Gondé, dans lequel trois squelettes
apparaissent à Timproviste à trois jouvenceaux pour leur apprendre
la vanité des choses humaines et la certitude de la mort, eut une
vogue extraordinaire pendant le moyen âge et la renaissance ; on le
retrouve reproduit, avec de légères variantes, dans les monuments
du xiii** et du xiv*" siècle.
Le dit de trois mors et de trois vis.
Selon la matere vous conte
Qu'il furent si cum duc et conte
Trois nobles homes de grant arroi ^''.
Cette thèse a été, vers la même époque, exploitée avec une pré-
dilection marquée aussi bien par les imagiers ou sculpteurs que
par les peintres et les fabricants de vitraux. Le sujet est très sou-
vent traité en Norniandie. Ou le voyait peint à l'abbaye de Fontenay-
Saint-André tout à la fois dans l'église et dans le cloître'-). On le
retrouve encore dans une église de Jersey et dans l'Eure à l'église
de la Perrière Haut-Clocher (•'^); c'est encore la même histoire qui
se développait vraisemblablement à Vaux-sur-Aure dans la grande
fresque dont quelques fragments ont été signalés par M. le comte
d'Osseville '*', et nous croyons la reconnaître à la bibliothèque de
(') Bibl. nat., ms. fr. 68988. Cf. Paulin Paris, t. III, p. 1/17.
(-' Statistique monumentale du Calvados, t. II, p. i56.
^3) Annuaire normand, 1889, p. Sgo-iSo, article de M. Régnier.
'^' Les fresqaendamanoir de Saint-Clair, à Vaux-sur-Aure , par le comte d'Osse-
ville. {Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. XVII, p. 91 3.)
— 118 —
Cherbourg dans les fines sculptures de la cheminée nionunienlale
j)rovenanl de Tabbayc de \olre-Daine-des-Vœux.
La popularité d'une pareille légende n'a rien qui puisse surprendre.
La rencontre des trois S(|ueleUes surgissant dans un carrel'our de-
vant trois jeunes seigneuis au cours d'une joyeuse partie de chasse
rappelait énergicjuement aux heureux du monde l'approche de la
nioit inévitable et les forçait à son,<>er à leurs fins dernières. C'était
une |)rédicatiou saisissante (|ui, pour èlre comprise, n'avait pas
besoin de longues explications.
Dans ce qui reste des peintures de Bénouville, on aperçoit très
distinctement les trois squelettes, un cavalier (jui retourne la tète et
dont le cheval se cabre, enfin la croupe d'un autre cheval et le buste
du second cavalier, qui jette les yeux et étend la main veis sou com-
pagnon. Le troisième cavalier a complètement disparu.
Dans la zone inférieure, on voit se dérouler trois scènes diffé-
rentes rattachées ensemble j)ar un lien assez étroit de connexité :
Une vision de l'enfer avec ses supplices, la roue de fortune, l'ache-
minement des élus vers le paradis à travers l'expiation du purgatoire.
Les supplices de l'enfer forment une composition originale d'un
grand dévelop[)einent qui retient tout d'abord l'altcution. L'artiste
a placé dessous quatre groupes de réprouvés.
A gauche, on aperçoit un malheureux qu'un effroyable démon,
couleur chocolat, articulé comme un crustacé, descend dans un
puits à l'aide d'une poulie. (PI. II.)
Le second groupe nous montre un arbre dépouillé de feuilles,
portant des individus au nombre de huit, hommes^ et femmes, sus-
pendus par le cou à chacune de ses branches. Il est impossible de
ne pas voir dans cette représentation une réminiscence éloignée de
ces arbres du chant XIIP do la Divine Comédie qui étaient sans
feuilles vertes et dans les branches noueuses desquels étaient empri-
sonnées les âmes des damnés.
Tout à côté, formant le troisième groupe, se dresse un gibet dont
les trois montants sont réunis par une poutre transversal»; à leur
extrémité supérieure, tandis (|uedeux autres traverses figurant le V
partent de l'angle formé par la traverse du haut et les deux mon-
tants extérieurs et viennent joindre l'autre montant îi la moitié de
sa hauteur. A ce gibet, trois personnes sont suspendues : Tune à la
traverse supérieure, le corps appliqu'.î h; long du montant inté-
rieur, les deux autres aux petites traverses.
— 119 —
Enfin, dans une fosse environnée de flammes sont plouge's une
dizaine d'individus, hommes et femmes, clercs et laïques, en proie
aux convulsions de la douleur.
Toutes ces figures sont nues. Aux différences sexuelles, inten-
tionnellement accuse'es, on reconnaît les hommes et les femmes.
Quant aux clercs, ils se distinguent des laïques par leur large ton-
sure. Le peintre a place' au milieu d'eux, dans la chaudière infer-
nale, un individu dont la face est noircie et un dignitaire eccle'sias-
tique ayant sur la tète une mitre blanche.
Au bord du gouffre apparaît Belze'buth lui-même, large face
huileuse et bestiale surmontée de deux cornes. Il étend la main
vers les damnés, qu'il semble vouloir saisir. Un autre démon, avec
une tête d'oiseau de proie et des ailes de chauve-souris, tient à la
main une longue perche qu'il agite dans la fosse comme s'il vou-
lait frapper les malheureux qui s'y trouvent pour activer leur
marche. Ici encore on peut voir quelques analogies entre cette re-
présentation et l'abime infect dans lequel au XXIV* chant de YEnfer
le grand poète italien a précipité Judas, Brutus et Cassius. Sans
doute les détails sont profondément modifiés, mais quelques lignes
du dessin général subsistent.
Dans toutes ces peintures, l'inspiration dantesque est évidente et
nous avons l'impression d'une sorte de libre imitation de minia-
tures anciennes empruntées à quelque manuscrit du xiv" siècle et
formant l'illustration de la Divine Comédie. Des inscriptions qui
énonçaient les crimes pour lesquels ces malheureux étaient frappés
auraient pu éclairer plus complètement la question; nous y voyons
que plusieurs avaient commis des vols et des paillardises; mais les
légendes sont en partie effacées et d'une restitution fort difficile.
A côté de cette représentation de l'enfer, nous placerons immé-
diatement, bien qu'elle en soit séparée par un sujet sur le(|uel
nous reviendrons plus tard, la marche consolante d'autres défunts
vers le paradis ou tout au moins vers le purgatoire. (PI. III.) La
troupe que pousse devant lui un ange, à figure menaçante, tenant
à la main une épée flamboyante, comprend six personnes, un
religieux reconnaissable à sa tète rasée, trois séculiers et deux
femmes. Tous ces personnages sont nus ; ils ont les mains jointes
dans une attitude suppliante. Au-dessus d'eux vole un ange tenant
en main une banderole sur laquelle on lit : Gloria in excelsis Deo.
Malgré cette invocation, exaltant la gloire du Seigneur, nous ne
— 1-20 —
croyons pas que l'artiste ait voulu peindre des âmes ai'rivoes déjà à
la pleine possession du bonheur céleste, mais bien des âmes que
l'ange dirige vers le lieu de l'expiation pour qu'après leur purifica-
tion accomplie, elles puissent èiro admises dans le s('jour des élus.
Nous le croyons d'autant plus qu'au delà de la lenêtre, dont l'ou-
verture désastreuse a coupé une partie du sujet, on aperçoit un
château dont la porte est gardée pai' un ange armé. C'est proba-
blement encore dans le Purgatoire de Dante qu'il faut aller cher-
cher l'explication complète de la scène.
Le sujet qui la précède et dont nous avons réservé l'examen re-
présente la Houe de fortune. Comme on le rencontre rarement dans
les peintures et les sculptures de notre région, nous croyons utile
d'entrer dans quelques détails.
crLa Roue de la vie, lisons-nous dans le Guide de l'art chrétien, a
été sculptée au xv® siècle à la cathédrale de Bàlc, sur les églises
de Saint-Zénon à Vérone, de Saint-Etienne à Beauvais ; au xv" siècle
sur la cathédrale d'Amiens, toujours autour des roses qui s'ouvrent
sur le portail principal, comme à Bàle et à Vérone, soit sur un
portail latéral. Elle a été gravée, ciselée et incrustée sur le pavé de
la cathédrale de Sienne.
f On la rencontre dans un certain nombre de manuscrits à mi-
niatures.
rLe Guide grec de la peinture décrit, avec beaucoup de circon-
stances accessoires, le même sujet, qui se trouve reproduit sur les
peintures murales de l'église de Sophadcs (Thessalie) et du couvent
d'iveron au mont Athos (^Iw
Les éléments constitutifs de la Roue de fortune sont assez simples.
Ils comprennent une roue qu'une personjie placée au centre met
en mouvement, tandis que quatre autres personnes sont placées à
dislance égale et dans diverses postures sur cette roue. L'une monte;
l'autre, arrivée au sommet, siège sur un trône, la couronne en tête
et le sceptre en main; la troisième descend; au bas, la quatrième
est renversée sur le sol. A vrai dire, ces (|ualre |)ersonnages n'en
font qu'un symbolisant ainsi les quatre âges de rhomme, les quatre
périodes de la vie. La roue peut être réduite à un demi-cercle,
comme à Amiens; le nombre des personnes qui montent et t|ui des-
cendent à droite et à gauche peut être augmenté, la physionomie
'*' l.p i^uifln rie l'art chrétien, par Gritnoanl do Sniiit-I^aiircnl. l. III. p. ?>'\'].
— 121 —
du sujet reste la même et sa signification n est pas modifie'e. Cette
repre'sentation, dont l'enseignement moral est facile à saisir, nous
montre l'homme en route pour arriver au pouvoir, en jouissant un
instant, puis descendant tète baissée la pente fatale jusqu'au mo-
ment où, son e'volution terminée, il se trouve gisant piteusement à
terre sous la roue. Le rêve s'est évanoui et la comédie de la vie est
terminée. Pour qu'il n'y ait point d'incertitude, une miniature ita-
lienne a placé, en regard de nos quatre personnages, des légendes
explicatives. Elles sont brèves, mais pour la clarté elles ne laissent
absolument rien à désirer. Le personnage qui monte le long de la
roue dit : Je rêfrnerai : regnabo, celui qui est au sommet dans tout
l'appareil de la puissance dit : Je règne : regno, tandis que celui qui
descend dit à son tour : fai régné : regnavi, et que celui qui est au
bas s'écrie : fai tout perdu, je suis sans rotjaume : sum sine regno.
Il n'y a pas d'inscription sur la peinture de Bénouville, mais, à
celte exception près, la Roue de fortune qui s'y trouve est la copie
servile de la miniature du manuscrit de la Bibliothèque nationale'''.
On y retrouve, en eft'el, la personne placée au centre de la roue
pour en actionner le mécanisme, le personnage qui juonte, celui
qui triomphe au sommet, celui qui gît à terre. Une partie de la
peinture ayant été enlevée, nous n'avons plus le personnage qui
devait descendre, mais cette lacune est sans importance puisque
cette figure rappelait forcément celle qui a été conservée et qui lui
faisait pendant.
A première vue, on pourrait s'étonner de voir la Roue de fortune
entre les supplices des réprouvés et le groupe des élus. En y réflé-
chissant, on reconnaît bientôt que cette disposition est logique et
conforme aux idées de l'iconographie sacrée. La Roue de fortune re-
présente, en effet, la vie avec ses vicissitudes. Or la vie a])oulit à
la mort que suit le jugement dernier, séparant l'ivraie du pur fro-
ment, les bons, des méchants. Dans la fresque de Saphodès en Thes-
salie, le personnage renversé à terre au bas de la roue s'écrie : Qui
me délivrera du gouffre de la mort et de l'enfer. C'est sous l'influence
des mêmes sentiments que notre artiste anonyme a placé la Roue de
fortune comme il l'a fait, indiquant ainsi l'alternative redoutable
qui se pose pour l'homnie au moment de la mort.
Les peintures de Bénouville nous paraissent appartenir au
'•" Hemilion et crntines, supplément laliii, n" \o->. , folio 53 vnrsn.
122
xy" siècle, plutôt à la fin qu'au commeucemeut. C'est l'époque que
leur assignent Tordonnauce ge'nérale des scènes, le dessin des
figures, la précision de certains détails anatoniiques et le caractère
graphique des lambeaux d'inscriptions qui subsistent encore. On
connaît, dans notre région, des peintures murales plus anciennes
ou d'une plus grande valeur artistique, mais celles-ci, par les su-
jets qui y sont traités et par les influences que ces sujets révèlent,
nous semblent avoir un intérêt tout particulier. C'est pour cela que
nous les signalons aujourd'hui.
Eugène DK Bkaurepaire,
Secrétaire do la Société dos antiquaires do Normandie.
L'ÉGLISE SAINT-PIERRE
DE PROVINS,
D'APRÈS UlN INVENTAIRE INÉDIT DE 1782 <*\
(Communication do M. l'abbé Bonno. )
Sur la montée de la Ville-Haute de Provins, au pied du palais
des comtes de Champagne et à quelques pas du vieil Hôtel-Dieu, se
dressent quelques pierres informes que le Provinois remarque à
peine. Ce sont les derniers vestiges d'une église qui, durant plu-
sieurs siècles, servit de paroisse au quartier Nord de la Ville-Basse
de Provins. On la désignait sous le nom d'église Saint-Pierre.
Ceux qui ont prié dans cette église sont morts, leurs enfants,
s'il en est encore, sont bien vieux; quant aux petits-enfants, ils
oublient, lorsqu'ils passent devant ces ruines, de saluer ces pierres
qui, peut-être, sont le seul souvenir qui demeure de leurs aïeux.
L'église Saint-Pierre comprenait un sanctuaire, un chœur, une
nef, une tour avec horloge, des chapelles latérales et une sacristie.
LE SANCTUAIRE.
Le dallage, les degrés, la crédence, le maître-autel, le taber-
nacle," tout était en marbre. Un grand tableau, représentant saint
Pierre en croix, décorait le fond.
L'autel était garni d'une croix, de six chandeliers en cuivre et
de deux anges adorateurs; par devant se trouvaient les stalles des
chantres, un aigle en potin et un lustre en cuivre à huit branches.
LE CHOEUR.
On y voyait un autel avec trois tableaux représentant saint Mi-
chel, saint Pierre, saint Paul et des statuettes en bois do ces apôtres,
('' De notre collection.
1-2/i
Des orguos occupaiont une partie de i'einplacinnenl et. un jubé
Isait face
et lo clui'ur
faisait face à la nol. Une ;;rille en fer for{jé enlourait le sanctuaire
Le banc d'œuvre re^jardait la chaire; à {[auclie, on comptait
trente, et à droite, dix-huit bancs. Au bas de la nef se dressait
réchelle (jui donnait accès à la tour dite de f horloge ; sous cette
tour, de grands coffres en bois et des armoires renfermaient les
tentures et les élolTes des grands jours de fête; on y voyait encore
le chariot à escalier pour le tiausport des orgues, les brancards
pour les chasses. . . et les tapisseries destine'es à recouvrir les pi-
liers du sanctuaire, du chœur et de la nef.
CHAPELLE SAINT-ROCH.
Près de Tautel, une immense armoire contenait dix potences
chargées de trente-trois chapes, de vingt tuniques et de dix orne-
ments sacerdotaux; ils étaient de satin blanc, de damas à fleur, de
velours rouge à lleurs d'or et de soie, de laine blanche, de damas
rouge, de camelot vert, de camelot violet et noii'.
CHAPELLE DE LA SAINTE-TRINITÉ.
L'autel et les boiseries en chêne étaient surmontés d'un tableau
repri'sentant la Sainte-Trinité; un autre tableau rappelai! la scène
de Marie-Madeleine pleurant aux pieds de son maître expirant; un
grand Christ en ivoire dominait le tabernacle et une grille en fer
forgé fermait la chapelle.
CHAPELLE SAINT-JOSEPH.
On y voyait un tableau de saint Joseph et des statues en pierre
de saint Joseph, de la sainte Vierge et de sainte Anne. Un confes-
sionnal occupait un angle avec le dais pour le saint Saci'ement ; au-
dessus du confessionnal, une toile rej)résenlail saint Louis, roi de
France.
Une simple grille en bois fermait la chapelle.
25
CHAPELLE DITE DE «SAINT-MICHEL ET DE SAINT-ETIENNE".
L'autel était surmonlé d'un tableau repre'sentant saint Hubert et
saint Etienne; à droite et à gauche du tableau se dressaient huit
statues en bois ; un confessionnal et un grand bahut remplissaient
la chapelle.
CHAPELLE SAINT-FIRMIN.
Cette chapelle, dite aussi des fonts baptismaux, donnait asile au
matériel des pompes funèbres et à tout ce qui ne servait qu'acci-
dentellement aux usages du culte.
Chacun des autels mentionnés possédait son ornementation com-
plète : une croix, quatre chandeliers, deux coussins pour le missel,
trois canons et un devant d'autel.
L'ameublement de la sacristie comprenait :
Un grand meuble en forme d'armoire-bulTet, un coffre-fort,
une table en cbêne, une autre en bois blanc, neuf fauteuils, dont
six en tapisseries, un fauteuil pour confesser, un prie-Dieu, deux
armoires pour les croix de procession et les guidons de la confrérie
du Saint-Sacrement.
1° L'armoire-buffet, divisée en trois compartiments, renfermait :
à la partie inférieure, dix-neuf ornements sacerdotaux en damas
violet, satin fond blanc à fleurs, damas fond blanc à fleurs, damas
vert, damas fond rose pâle doublé de satin vert, satin rose, damas
à fleurs fond brun, damas noir, tapisserie fond blauc, damas blanc
à fleurs, soie fond blanc, camelot rouge avec image de saint Fir-
min, calmande noire, panne noire, satin rouge, étamine noire.
A la partie gaucbe supérieui-e, 35 aubes pour le prêtre, 17 aubes
pour les enfants de chœur, 7 surplis de chantres, ko nappes d'au-
tel, 9 nappes de communion, 53 cordons, ^7 amicts, 32 corpo-
raux, 2/16 purificatoires, i25 tours d'étoles, 6 tuvayolles, 38 es-
suie-mains et 6 serviettes.
A la partie droite supérieure, tous les papiers et titres de la
fabrique.
2° Le coffre-fort contenait l'argenterie d'un poids de G 8 marcs,
Il onces, U gros(i7 kilogrammes, i25 grammes, 28 centigrammes),
ainsi décomposée :
1° -rUn soleil d'argent doré, orné de perles dont la majeure
— 120 —
partio riiic, et garny diino bajjue h trois pierres dont celle du nn-
liou forme tablette et plusieurs autres diamants en rosette de
pierres etaïuées, à la croix, une bague à sept pierres fines et une
croix de se[it diamants fins formant [)oinles avec une couronne
ornée de perles et une autre petite couronne Irijs usée et {garnie de
perles fines ^ ;
2" Deux ciboires eu argent, un grand el uu petit;
3° Une petite boîte en argent ;
k° Une croix d'autel en argent;
5° Deux boites en argent pour les saintes huiles ;
G° Deux chandeliers en argent;
7° Deux burettes et un bassin en argent;
8° Deux encensoirs en argent;
9° Une navel te et une petite cuiller en argent;
10° Deux bras (reliquaires) garnis d'une feuille d'argent, Tun de
saint Pierre, l'autre de saint Firmin;
11° Une sainte Marguerite terrassant le dragon; la sainte, le
dragon et le piédestal en argent;
12° Une coquille pour le baptême, en argent;
1 3° Une croix de procession, en argent.
BIEISS ET REVENUS DE LA FABRIQUE.
Les papiers et les titres renfermés dans l'arnioire -buffet rela-
taient les biens et les revenus de la fabrique.
Ces biens cl revenus, appartenant en commun à la fabrique et
au curé, produisaient 219*^8 sols, 8 deniers de rente; 1 sol,
9 deniers de cens; 162 boisseaux de froment et 2 chapons.
Au nombre des débiteurs, nous voyons figurer les dames béné-
diclines de Provins pour la somme de 19^8 sols à la fabrique el
de lO^ 12 sols de rente au curé.
Les biens de la fabrique et du cun; se composaient de terres,
prés, vignes, jardins, rentes et redevances sur Rlunay, Noyen,
Boisbourdin, Ravigny, Provins et Septveille.
La fabri(pie, d'accord avec le curé, avail vendu 102 pièces de
prés sur Chambenoist pour le creusement de la Voulzie.
Les biens et revenus appartenant en propre à la fabrique pro-
duisaient annuellement i,/t()3^ i3 sols 7 deniers de rente;
53^ i3 sols de cens; 260 boisseaux, 1 bichet, 2 picotins de
— 127 —
froment; h boisseaux d'avoine; U poulets, k chapons et la moitié
(l'un chapon. Sur les 200 boisseaux de froment, 90 boisseaux,
9. picolins de froment rrsec et nctr» devaient être livre's à i'Hôtel-
Dieu de Provins.
Parmi les débiteurs, les commissaires du Conseil de Paris devaient
76 livres tournois sur les aides et gabelles; les Dames de la congre'-
gation de Provins, 10 livres tournois; l'église de Mériot, 2 livres
tournois ; le duc de Fleury, 5 livres tournois ; l'Hôtel-Dieu de Pro-
vins, 7 sols, 6 deniers; Douet, seigneur du Housset, 8 boisseaux
de froment.
Les biens et revenus de la fabrique comprenant terres, prés,
bois, vignes, jardins, maisons, loyers, rentes, cens et redevances,
s'étendaient sur Provins, Chenoise, La Brosse, Saint-Loup, Saint-
Brice, Poigny, Septveille, Rouillot, La Chapelle-Saint-Sulpice,
Ghalautre-la-Petite, La Houssié (près Les Sablières, finage du Mé-
riot), Voulton, Petit et Grand Fleigny, Pivot, Noyen, Ravigny, Le
Metz de la Madeleine, Villiers-Saint-Georges et Villegruis. — Un
lot de terre à Villegruis rapportait 168 livres tournois.
L'armoiie-buffet renfermait encore les pièces suivantes : livre
terrier de cens et censimus (i5/i8); livres de compte (1601, 1602,
1609, 1612); déclaration ou terrier faite par Abraham Quittet,
1621; inventaire des titres (t663, t66/i); titres de propriété de
20 arpents de terres sises à Saint-Loup-de-l\aud et à Courton
(1780), enfin 108 comptes de marguiiliers.
A. BojjNo.
LES DEUX CATIIEDHALES
DE BESANCON.
ÉTUDE SUH LE PLAN PIUMITIF DE L'ÉGLISE MÉTHOPOLITALNE
ET DE SES AANEXES,
PAR M. JULES GAUTHIER,
Archivisl.e du Douhs.
Au livre I des Comwvnt aires (!lésar de'})einl, on ocs Ioitikîs sobres,
mais pre'cis, Vopjndiuii (jaulois de Vesontio : rLo lleiive du Douhs,
décrivanl une courbe à peu près circulaire, Tentoure presque en-
tièrement. Au défaut de la rivière, sur une largeur de 1,600 pieds
environ, se dresse une haute montagne, dont le pied, des deux
côtés, j)longe sur les rives du Doubs; une muraille la couronne et
en fait une citadelb;, jsaitie intégrante de la ville'''. ^^
A cela près que le rocher entrevu par César n'est devenu que
(î('j)uis deux siècles, et grtice à Vauban, une citadelle ellectivc, la
dcscriplion du con(|uéranl des Gaules reste exacte après deux mille
ans. Mais entre la campagne où succomba Ariovisle et celle qui
rendit Louis XIV maître de la Franche-Comté, hi monlagne qui
domine et protège la pres(julle de Besançon joua un rôle considé-
rable dans les annales do la cilé. Les Romains l'appellent d'abord
le mont Cœlius, et sur cet acropole, que d'aulres cultes ont du
précédemment consacrer, construiseni , à coti! du chemin gaulois
qui conduit chez les Helvètes, un temple, vraisemblablement dé-
'•' ff . . . propicrc;! (jiiod fliimcn Diiliis, ni. rircino riicmiuliictiim, pacne lolum
oppidum rinpil; ndiqimm spalium (cpiod est non iimpliiis podum [M] DC, quà
lliimni inlcrmillil), nions conlinol niajjnà allilndino, ila ut radiccs ejus monlis ex
nlrâquo parlo ripa; (liiminis conlinjjant. Ilinir murus circumdatus arcem eiïicit el
nun «ipjiido («mjunfjil.Ti (Casur, fin liollu irniliru . I, '\H.)
— 129 —
dié à Jupiter, dont les colonnes mutilées survivront jusqu'à la con-
quête française'''.
A sa base imme'diate se dresse, regardant le septentrion et do-
minant la basse ville, toute une précinction d'e'difices publics, de
portiques et de temples au milieu desquels, sous la porte de Mars,
arc triomphal élevé' par Marc-Aurèle, la grande voie [vicus magnus)
se fraye un passage pour gravir, au moyen de rampes en lacet, les
flancs escarpés du mont Cœlius. (PI. IV.)
Quand, au iv** siècle, le christianisme, implanté à Vesontio de-
puis cent ans par des missionnaires venus de Lyon, triompha sous
la protection officielle des empereurs, les dieux furent chassés de
Tacropole , et les matériaux de leur temple servirent à la construc-
tion d'un oratoire, élevé un peu en contre-bas et dédié à saint
Etienne, le premier martyr.
En même temps, un plus grand édifice, consacré à la fois à
saint Etienne, à saint Jean, à la sainte Croix, comme l'église mère
de Lyon'-), s'élevait à côté de la porte de Mars, en utilisant les
bâtisses ou les marbres des temples voisins, dont les substructions
apparaissent de temps à autre; ce fut la première cathédrale de
Besançon, immédiatement contiguë, d'une part, à la demeure de
l'évêque, de l'autre, au baptistère primitif, placé au débouché d'un
aqueduc romain, ubi fons aquœ vivœ, per aquœductum. . . ab ipsis
tenœ meatibiis evisceratur^^K
Quand les invasions barbares eurent à deux reprises bouleversé
la cité romaine et renversé ses monuments, quand la puissance
impériale s'écroula et laissa les Burgondes maîtres de la Séquanie,
le pouvoir temporel des évêques de Besançon s'échafauda sur
toutes ces ruines '*'.
L'enceinte de la cité, dépeuplée et aux trois quarts détruite, était
devenue trop vaste et fort envahie par des cultures; le fossé du
Doubs et une tête de pont fortifiée, faisant face aux arènes, situées
''^ La dernière des quatre colonnes (dont deux figurent encore à présent dans
les armoiries de la ville de Besançon : une aigle tenant deux colonnes dans ses
serres) est tombée en i'i97. t-es soubassements de ce portique figurent encore
dans le plan de Vesontio de 1618 et dans le plan manuscrit de Verboom de
1669.
'^' Moréri , Diclionnairo histcriquc, v° Lyon.
'^) J.-J. Cliifflol, Vesontio, pars II, 35.
'^' Ed. Clerc, Essai sur l'histoire de F)'anchc-Coinlé , I (a'' édition, iH^o).
AncHiioLO(iii:. (i
— 130 —
sur la rive droite, suffisaient à la proté^jer. Mais des remparts llan-
qués de tours, sVHendant à droite et à {fauche de la poite de iMars,
ceignirent com])lètement la base delà montagne Saint-Etienne, en-
serrant dans un réduit solidement épaulé des abris suffisants pour
Tëvèque, son clergé et les rares survivants de la population ur-
baine ^^).
Sous la protection de ce casfrum improvisé, véritable cité ecclé-
siasti(|ue dont les bornes restèrent immuables et dont Tévêque et
son clergé demeurèrent, durant mille ans et plus, sous la protec-
tion des rois, des empereurs, des comtes, les maîtres incontestés,
Besançon survécut, se releva, se repeupla à la longue, d'abord sou-
mis, bientôt rebelle à Tautorilé épiscopale, quand, au xn* siècle,
y apparurent, pour y triompher bientôt, les premiers symptômes
des aspirations comnmnales (-1
Du v* au X* siècle, l'histoire de la ville épiscopale demeure ob-
scure, éclaircie çà et là par des légendaires, dont Tautorité demeure
incertaine, par des canons de conciles peu fréquents, par des textes
liturgi(jues, tels que le rituel de saint Prothade, compilé dans le
premier quart du \if siècle, ou ])ar quelcjnes documents émanés
de Charlemagne ou de ses successeurs, La confrontation de ces
monuments, leur rapprochement des chartes, diplômes ou bulles
des xi% xii" et xiii^ siècles, qui les éclairent et les complètent,
l'étude comparée des textes ou des vestiges archéologiques que
nous possédons encore, permet de reconstituer de toutes pièces les
annales de l'église mère de Saint-Jean, de l'église Saint-Etienne,
devenue, grâce à une relique insigne, un pèlerinage fameux dès
les temps mérovingiens, et de l'enclos capitulaire dont nous dé-
finissions tout à l'heure les limites et dont il nous reste à déterminer
à présent le développement et la distribution.
Des diverses sources énumérées résulte la série des faits sui-
vants, absti'action faite des légendes merveilleuses et apocryphes qui
prétendent entourer le berceau de nos églises de noms tels que
ceux de Constantin ou de sainte Hélène, de Galia Placidia ou de
Théodose.
A l'épiscopat de saint Hilaire {'Sili-o'.\'^) remonterait la con-
'" Mémoires et document» inédits publiés par l'Académie de Besançon, I (disser-
tations de Porreciot cl de I). licrlliod).
'*' Castaii, Origines île la commune de Besançon, i858, iu-8".
— 131 —
struction de la cathédrale Saint-Jean : Eo loco uhis fom aqtim. . .
evisceratur^^\
A saint Léonce, la restauration de cette basilique, cent ans après
sa création {h\h-hh?tY^.
A saintCélidoine ( 66^-/i 5 1), la réparation et rembellissement de
Te'giise Saint-Etienne; il avait marqué sa sépulture au chevet de la
chapelle de Saint-Agapit, derrière Tautel sous lequel il avait placé
le chef de ce saint martyr (^l
L'Ordinaire de saint Prothade, composé entre 61 3 et 62Û, nous
montre autour des deux églises de Saint-Etienne, in monte Coelio,
et de Saint-Jean, près de la porte de Mars, deux congrégations ou
couvents ayant chacun un cloître, leur réfectoire, leur dortoir, et
desservant, soit collectivement, aux grandes fêtes, soit isolément,
aux jours ordinaires, les deux grandes églises ('>. D'après nos lé-
gendes, ce serait saint Léonce qui aurait bâti ces lieux réguliers:
crDe integro dicitur excitasse ampliore forma, ejusque claustrum,
refectorium, dormitorium ac ceteras regulares officinas commodius
ad quoscumque usus restituisse . . A^^v
Au VIII* siècle , Tévêque Albon rétablit parmi ses clercs la régu-
larité compromise, d'après la règle que les disciples de saint Go-
lomban pratiquaient à Luxeuil (*').
Trente ans plus tard, sous Gédéon, l'un de ses successeurs,
un incendie anéantit la cathédrale de Saint-Jean; Gédéon eut pour
successeur immédiat l'archevêque Bernouin, parent et favori de
Charlemagne et de Charles le Chauve, qui rétablit, grâce à leurs
libéralités, et dans des proportions magnifiques, la basilique dé-
diée à l'évangéliste saint Jean C'^. Nous reviendrons tout à l'heure
sur cette reconstruction, dont le pian, caractéristique, apparaît
nettement sous la mutilation ou les réfections récentes; constatons
seulement que deux cents ans après Bernouin, l'édifice tombait de
vieillesse. Hugues le Grand, dont la générosité princière eut à suf-
fire à la fois à l'achèvement de la grande église de Saint-Etienne ,
'') Vesontio, II, 35.
(^) Ihid., II, 97.
(3) Ihid., II, 11 5.
**' Ordinarium antiquum ecclesiee Bisuntinee. Duaod, Histoire des Sequanois , 1,
Preuves, xviii-liii.
'^' Vesontio, II, 9^.
<«) Ibid., II, 171.
(" Ibid., II, 39 el 176-177.
— 13^2 —
commencée par Gauthier, son prédécesseur, à la construction des
collégiales de Sainte-Madeleine et de Saint-Paul, commença, de
io3i à 1067, la restauration de Saint-Jean*". Ce ne fut qu'en
11/18 que l'église métropolitaine, achevée par les soins des arche-
vêques Guillaume d'Ai'guel (1 io()-i 117), Anséric (1 1 17-1 i3/i) et
Humbert de La Tour Saint-Quentin, fut consacrée, le 5 mai, par le
pape Eugène III. De cette reconstruction dernière datent les trois
nefs encore debout de la cathédrale, communiquant entre elles
par une double rangée d'arcades en plein cintre, hautes de
12 mètres, surmontées d'un triforium aveugle et d'un rang de
fenêti'es à plein cintre, une haute et deux plus courtes dans chaque
travée, les bas côtés n'en comptant qu'une en regard de chacune des
arcades. Aux deux extrémités de la nef, deux absides circulaires
voûtées en cul de four et ajourées d'un double étage de fenêtres
cantonnées de colonnettes se faisaient vis-à-vis; l'édifice était cou-
vert de simples charpentes apparentes, qu'un incendie consuma
vers i9io("-). Les archevêques Amédée de Tramelay, Nicolas de
Flavigny, Guillaume de La Tour, aidés de leurs suffragants ou voi-
sins les évêques de Bàle, de Lausanne, de Belley et de Genève,
multiplièrent les quêtes et les démarches pour réparer le désastre;
les papes Innocent IV et Alexandre IV accordèrent de nombreuses
indulgences (-^^ de 1237 à 1280. L'œuvre accomplie, semble-t-il,
si l'on en juge aux profils des voûtes, aux arcatures des formerets en
forme de chevalets qui les supportent, par des ouvriers sortis des
chantiers de Lausanne, s'acheva sous le pontificat d'Eudes de Rou-
gemont. Ce qui le prouve, outre nos textes de 1237-1267, c'est
une clef de voûte voisine de l'abside Ouest, sur laquelle est
sculptée l'effigie d'Eudes de Rougemont telle qu'elle est représentée
sur un sceau de 1278, que nous avons naguère publié*'').
'" Vesontio, II, 196 et suiv.
'"•'' Ce doit èlre à Saint-Jean et non point à Snint-l^tienne qu'il faut attribuer
la lettre d'Innocent III repondant à une consultation sur le point de savoir si
l'autel des deux cathédrales ayant été brisé dans l'une de ses extrémités par la
cliute des cbarpenles incendiées devait ou non être à nouveau consacré. La ré-
ponse du pape fut né/jative. Bulle du 3 des nones d'octobre 1213, n° 3o des
bulles, Inventaire du chapitre, G lihli. (Archives du Doubs. )
'■^^ Mandenionls et huiles do la.., ia3i, iu37, i'.>J\b, 1200, 1253, 1257.
Ibiil., bulles n" 38-'i<), 101-1 1 i.
' ' J. (jaulliier, (jalalojpte des mriiii.r ilcx <irchi'vi'(iii('sdi' lien'inrun (avec planches) ,
dans hj linllilin de l'Aindéinw de llrsamiui , iS^lS- 187(1.
— 133 —
Cotto rénovation de la cathédrale Saint-Jean, dont la (olalité
subsiste, moins l'abside effondrée le 25 février 1729 et remplacée
par une abside néo-grecque, s'effectua, du xi^ au xii" siècle, dans
un style moitié bourguignon, moitié germanique, mais en tous
cas, et nous allons le démontrer, sur le plan et les fondations de
l'édifice carolingien bâti par Bernouin de 797 à 83o.
Chacun connaît le fameux plan d'abbaye dressé, dit-on, par
Eginhard pour Gozbert, abbé de Saint-Gall, en 820(^1 II est cu-
rieux de rapprocher ce pian-type du groupe de constructions que
forment l'église et les dépendances de Saint-Jean de Besançon.
Eglise à deux absides opposées, cloître latéral (sur le flanc droit
par rapport à l'abside principale) côtoyé par les lieux réguliers, dor-
toir en haut, réfectoire à droite, cave et cellier en bas; tout con-
corde à Saint-Gail comme à Besançon; à Saint-Gall, le logis de l'abbé
est rejeté sur le flanc gaucbe de l'église; à Besançon, vu l'étroitesse
de la plate-forme, le logis archiépiscopal, précédé d'un cloître à
triple couloir qui contourne le chevet, à l'ouest, et continue les bas
côtés, est rejeté derrière l'abside. Un fragment de ce second cloître
existe et révèle le xi* siècle; l'ensemble en est figuré partiellement
dans un plan de i563 que nous avons retrouvé^-); enfin une lettre
deSaint-Pierre-Damien, adressée en 1063 à l'archevêque Hugues P"",
ne laisse aucun doute sur la disposition des deux cloîtres : rr Je me
rappelle le cloître situé derrière l'abside de votre église, réservé
uniquement à votre habitation et dans lequel , éloigné de toute dis-
traction, vous pouvez, en paix, vous livrer à la prière ou à la lec-
ture, comme dans une véritable solitude. Je n'ai pas oublié non
plus l'autre cloître occupant le flanc droit de l'église où brille,
comme un chœur angélique, la blanche réunion de vos clercs . . . t^^n
Il n'est pas jusqu'aux logis secondaires, écoles, fours, infir-
merie, chapelle Saint-Michel dans la tour du clocher, demeures des
vignerons, artisans, tonneliers, etc., qui ne se retrouvent à Be-
(^' Diplôme d'Henri II, empereur, «donnant pouvoir aux cbanoines de Saint
Jean [et à ceux de Saint Etienne] de bastir des maisons dez Porte Noire jusqu'au
mur ancien qui est dans la monlagnen,et réglant la vente ou transmission desdites
maisons, 4 des calendes de janvier loia; autre du même, 5 des ides de juillet
10^9; bulle de Léon IX, 16 des calendes de décembre loiS autorisant la trans-
mission de ces maisons. Diplômes, 6 et 8; Bulles, a. (Inventaire G UUB.)
'^' Vesontio, II, 278.
(') Ibid., II, 179.
— l3/i — .
sançon, ooinmo à Saint-Gall, dans Tenceinte du conventus ou dans
le clos immédiatement adjacent {viens claiisi). Los dispositions du
plan carolingien, maintenues dans leurs lignes cssenlielles par les
reconstructeurs de i'e'glise Saint-Jean et du grand cloître aux xi*,
xii*" et xiii'" siècles, subsistent dans leur intégrité', en ce qui con-
cerne soit le logis archiépiscopal, soit le conventus, jusqu'au lende-
main de la consécration de Saint-Jean [)ar Eugène Ul, en ii/i8.
V ce moment la vie commune , déjà compromise au temps d'Hugues I"
par la sécularisation d'une partie des chanoines admis à construire
et à habiter des maisons particulières entre la Porte Noire et la
muraille antique qui ferme au Sud la montagne de Saint-Etienne*^),
cesse complètement pour ne jdus recommencer. Quand, en i953,
un légat du Saint-Siège re'unit les deux chapitres de Saint-Etienne
et de Saint-Jean en un seul corps pour faire cesser leurs longues
querelles'-), ils sont d'accord depuis longtemps déjà sur cette sécu-
larisation et abandonnent volontiers à l'archevêque Guillaume de
La Tour, pour eu faire un véritable palais à i'usagc de ses succes-
seurs, l'ancien réfectoire de Saint-Jean qui devient la salle syno-
dale, l'ancien dortoir, l'infirmerie et la plupart des dépendances
du conventus. Guillaume de La Tour abandonne au tribunal de
l'ofïicialité l'ancienne demeure d'Hugues le Grand , et au-dessus de
la grande porte du palais tournée à l'ouest il fait sculpter sa statue
avec cette inscription, aujourd'hui disparue :
GVILLERMVS ARCHIEPISCOPVS QVI FECIT HOC PALATIVM (■•'
Et désormais, sauf le cloître, où il se réunissait, soit pour des
processions, soit pour des distributions, soit pour des danses li-
turgiques, sauf la chapelle de Saint-Oyan (l'ancien baptistère), oh
il tenait chapitre, sauf l'écolàtrerie où les choriaux étaient instruits,
sauf la cave ou cellier communs de temps immémorial aux cha-
noines de Saint-Etienne et de Saint-Jean, sauf ses deux églises ca-
*" H est reproduit notamment, en réduction, dans Viollet-Ijcdur, Dirtinnnnire
d'architecture, 1, a A 3.
'" Voir le plan de i5()3 (liihl. de liesnnçon).
(•>) fTiMKio scilicet clauslrum post absidam ccclesia-, tuo dumtaxal liahitaculo
dedicalum ulii, lam privatè lam rcmolè studio polos orationis, ac lertioiiis insis-
lerf, lit eremilicà videaris solitudino mm e^ji-rt;. Allonmi cpioque rlaustnim, qiiod
dexlrum fenet latus ecriesiœ non oraisi; ubi caiididus cioricnrimi luornm rcrliis
tanquam rlmrus nitot anfjelicus. . .n Vrsmitio. II, aiQ.
— 135 —
thédrales dont rentretien lui incombait tout entier, le chapitre
métropolitain de Besançon ne conserva rien de ce qui rappelait la
vie commune et les lieux re'guliers des temps carolingiens, men-
tionnés encore çà et là dans les antiques ordinaires de Téglise de
Besançon.
Pour comple'ter cette e'tude, il est temps de revenir à Te'glise
Saint-Etienne, qui, simple oratoire au iv^ siècle, e'tait devenue un
édifice plus important, mais à nef unique et à chevet droit, quand,
au \f siècle, en présence d'une décadence très accentuée, l'arche-
vêque Gauthier tenta de la reconstruire sur le plan de Saint-Pieire
de Rome, disent nos plus anciens manuscrits (^l
Notons d'abord que Saint-Etienne, de même que Saint-Jean,
était dès l'époque de saint Prothade (voir le Rituel ou Ordinaire
déjà cité) doté d'une congrégation de clercs ou frères, vivant sub
régula, sous la direction d'un doyen ou abbé. Soumis à l'autorité du
chapitre de Saint-Jean, à raison du siège archiépiscopal qui y était
en permanence en sa qualité de mère église, Saint-Étienne tenta
maintes fois, aux xi% xif et xiii" siècles, de s'attribuer le privilège
de maternité que son rival revendiqua toujours avec succès. Mais
en fait et suivant l'échéance d'occasions favorables, Saint-Etienne
balança à certains moments le crédit de ses adversaires et tint tou-
jours dans la hiérarchie diocésaine un rang éminent et presque
équivalent au leur. La montagne de Saint-Etienne, grâce à ses re-
liques célèbres, était devenue traditionnellement le cimetière des
archevêques, des comtes de Bourgogne, d'un certain nombre de
féodaux nommés les Casati de l'église de Besançon. Les archevêques
étaient inhumés dans l'abside de Saint-Agapit, derrière le chceiir
de l'église du x'' siècle, les comtes de Bourgogne dans le parvis (ou
atrium), les chanoines enfin, pêle-mêle, avec les féodaux, dans la
nef(2).
L'archevêque Gauthier avait tracé pour la nouvelle église un
plan très vaste qu'il ne put réaliser (^). Hugues, son successeur, le
réduisit tout en donnant à l'édifice une ampleur équivalente à celle
de la cathédrale Saint-Jean. Trois nefs, celle du milieu terminée
(1* Manuscrits du cliapitre de Besançon, xvi'-xtii' siècles (Collection Hugoii).
(2' Voir n)es Inscriptions de Saint-Etienne (Bulletin de l'Académie de Besançon ,
i88o), p. 392-373.
^'' Vesontio , II, 189 et 190.
— 136 —
par une abside reclan^julairo et preVëdo'e d'un clocher, celle de
droite ayant suocedô comme cmplaccmeni à rc'glisc mérovingienne
el possédant sous son autel, soutenu de quatre colonnes d'argent,
le chef de saint Agapit^^^. Un double rang de chapelles, construit
sur chaciiio liane aux xii% xiii" et xiv'' siècles, devait encore donner
plus dampleur à la seconde de nos cathédrales. Mais, en attendant,
elle eut ii son chevet un cloître comprenant trois galeries, comme
le cloître archiépiscopal de Saint-Jean, et aboutissant, comme lui, à
rexirémité des collatéraux. Sur ses flancs s'étagèrent un dortoir et
un réfectoire au septentrion et à Test; au sud , une chapelle dédiée à
saint Martin, (pii fut primitivement la salle capitulaire des chanoines
de Saint-Etienne et deviut plus tard soit un lieu de réunion pour
les chapitres fondus en un seul, soit remplacement de confréries.
Au temps d'Hugues le Grand, quand l'église Saint-Etienne eut
été consacrée par le pape Léon IX, le 3 octobre 10/18, la vie régu-
lière subsistait dans le cloître voisin : le rituel de Saint-Prothade
interpolé à cette époque en témoigne; au xii" siècle, elle avait cessé
et des maisons particulières échelonnées sur toute la partie de la
montagne, qui constituait le district particulier de l'église d'en
haut ou Saint-Etionne, logeaient tous les chanoines. En 1210,
moitié du dortoir fut aliéné et transformé en logis pour les chape-
lains de la chapelle de Saint-Georges (-1
Dès lai'io, l'église consacrée par Léon IX tombait de caducité;
des légats pontificaux en 12/10 et 126/1, Innocent IV en 12/16, in-
vitent les fidèles à contribuer aux réparations nécessaires aux({uelles
on travaille, et accordent aux bienfaiteurs éventuels des rémissions
de pénitence t-^). En i35o, le 6 mars, la foudre tombe sur elle^*^'
<') Vesontio, II, i()6.
'^' Donation p;ir los doyen et cliapilro do Siiinl-l'llioiincà l'iorro do La Horde do
la rliapoilo Sainl-(joor[jos, de la moitié du dortoir dn cIiMpilre, à fharjje par lui
d'y lairc! Ijàlir une maison {)onr lui ol ses succos.sours. Ancien invent, dn rhnjjilrr,
G lili'i (provisoire), fol. 93.
<^' Bref d'Innocent IV, dn .3 des ides de février itihG, invitant les fidèles à
donner quelque aumône pour aider à rétablir i'éijlise Sainl-Ktienne ruinée de ca-
ducité. Mandements de léfjals de la^io et laûA, n" io5 des Bulles. Ibid.
'*^ Sur la porte de Saint-Ktienne, on voyait encore, en i()i8, une lame de
cuivre portant cette inscription commémoralive : rr Mille c ter quater x poslea très
numera ter niartii sexta luce vesj)era jamijuo duce, tune luit ecdesia sancti proto-
marlyris usta, ot noiuil cunctis Steplianistis fulniinis i[j(iis.'i V esnu lia , ^ara II ,
385 et a8G.
— 137 —
et l'incendie avec toutes les maisons canoniales qui la touchaient :
M CGC IX et XL
A vespre le vi de mais
Geste ëglise icy pre'sente
Et tous les hostels fui'eiil an.
Il lallut de longues années pour réparev les dégâts du <"eu et
rendre à Saint-Etienne la splendeur passe'e^*). Du xv*^ au xvii'' siècle,
provoque's par le prestige du bras du premier martyr ou du saint
suaire, qu'à partir de i523 on montra chaque anne'e aux fidèles,
les dons affluèrent et embellirent dans une proportion inouïe la
cathe'drale du mont Cœlius. Les tombes historiées ou armoriées
s'y comptaient par centaines; de riches mausolées de bronze ou de
marbre y couvraient les sépultures d'un certain nombre d'arche-
vêques ; des fresques garnissaient ses parois ; des statues , des tableaux
précieux, y avaient été accumulés par les C;irondelet, les Vergy, les
Granvelle. En 1668, un premier siège subi par Besançon, pris
par Condé, puis rendu de suite à l'Espagne, fit pressentir la des-
truction prochaine du sanctuaire vénéré. L'ingénieur hollandais
Verboom, appelé à fortifier la montagne sainte et à y créer une ci-
tadelle, respecta cependant l'enclos capitulaire et ses églises, et les
laissa hors de ses plans tracés ou exécutés de 1669 à 1678. En
167/1, Vauban fut moins discret; les boulets français avaient en-
dommagé Saint-Etienne, incendié par des fusées durant le second
siège de Louis XIV. Quand la ville fut prise, Saint-Etienne et toutes
les maisons, oratoires ou églises, qui s'étageaient entre les deux
cathédrales étaient condamnées et disparurent à bref délai sous la
pioche et la sape qui devaient faire du mont Coelius une citadelle
de premier ordre. Quelques débris encastrés dans les courtines, les
casemates ou les casernes, quelques œuvres d'art sauvées à temps
et conservées à Saint-Jean, une estampe gravée en 1667 par Pierre
de Loisy, un dessin de Martellange^'^^, exécuté en 1617, quelques
gravures ou peintures panoramiques datant de i5Ao, 1675,
('' Brefs de cardinaux, 7 mai i353, de Clément VII, 18 août 1878, d'Ur-
bain VI, 7 des ides de mai i38t. {Inventaire du chapitre.)
'-) Délibérations capitulaires. (Arcliives du Doubs fonds du chapitre, cole G
93-i4i.)
— i:î8 —
iGi5, i(ii8, 1 •»'?<) el 1 06 2 ('), sont aujourd'hui les derniers vestiges
d'un k'm|)le chrotien déjà célobroau temps de Grégoire de Tours*-'.
.Ius(|uà ces derniers temps ou ne connaissait aucun plan de
Saiiil-Klienne et de ses abords; aussi le croquis de Verboom, que
j'ai retrouvé en 1896 au British Muséum, prend-il un véritable in-
térèl , car sur le roc dénudé de la citadelle de Besançon il ne reste
en place aucune pierre de Saint-Ktienne.
Deux points encore à signaler dans l'enclos capitulaire dont seule
la partie inférieure a survécu; à droite de Saint-Etienne, sur une
plate-lorrae regardant le sud-ouest était bâtie, dès le xif siècle au
moins, une petite église paroissiale, à net' unique, dédiée à saint
André, où les domestiques des chanoines, peu désireux de se
mêler aux clients des paroisses urbaines, ou de descendre de leurs
sommets, venaient ouïr l'office.
Plus bas, dès le \uf siècle, un reclusage composé d'un oratoire
dédié à saint Michel, et d'un logis muré accosté d'un jardinet, abri-
tait le grand pénitencier, reclus volontaire qui absolvait certains
cas réservés et était tenu en grande estime auprès du populaire
pour sa vie solitaire non moins que pour sa piété.
Paroisse Saint- André et maison des reclus ont été balayées
comme tout le reste par les sapeurs de Vauban.
Les deux cathédrales de Besançon, Saint- Jean, qui subsiste
presque intact, Saint-Etienne, dont il ne reste plus la moindre
trace, mériteraient l'une une monographie comph''te, l'autre une
consciencieuse restitution. Depuis vingt ans j'y travaille, et, sur le
point d'aboutir, je n'ai cherché dans celte esquisse rapide qu'à tracer
le préambule nécessaire de deux études plus développées, qui in-
téresseront, j'en suis certain, l'archéologie comtoise, et, qui sait,
apporteront peut-être aux recherches d'un ordre plus élevé un mo-
deste contingent d'informations.
Jules Gauthier.
'" Les plans de i5/io, i^yj^y, 1618, sont {Tiav(''s par N. . ., Hogenberp el Spi-
rain; ceux de ifiilj, 1629 et iGGfi, soni jx'inl.s par Urnloy, JN . . . et Giiérin, et
conservés, les deux premiers, au Musi'i' arcJK'olojjiipio de Besançon, le dernier
chez mon confrère M. de SaiiUe-Ajjatlie, même ville.
'" rin'jjoire do Tours, Dn glorid marlyrmn.
FOUILLES ET DÉCOUVERTES
AU PIED DU MUR D'ENCEINTE DE PHILIPPE AUGUSTE.
(Communication de M. Charles Magne.)
Les découvertes archéologiques deviennent rares dans le sol pa-
risien. Avec la modernisation à outrance qui sévit de nos jours, on
voit successivement s'effriter, puis disparaître tous les restes du
passé que ne sauvegarde pas, au moment fatal, l'étiquette de mo-
nument historique. C'est à la science de conserver et d'entretenir,
aussi complète que possible, la tradition du vieux Paris.
Nous voulons aujourd'hui fixer le souvenir de découvertes per-
sonnelles que nous ont permis d'obtenir pendant les mois de mai,
juin, juillet et août 1896, des fouilles de construction à l'angle des
rues Clovis et du Cardinal-Lemoine.
Là s'élève majestueusement une portion de l'enceinte construite
sous le règne de Philippe Auguste. On s'était occupé déjà de cette
grande muraille, qui fit l'admiration des temps féodaux; mais on
s'était arrêté à la surface extérieure. On n'avait pas été plus avant
ni plus profond; en un mot, on n'en connaissait pas les parties in-
férieures : le bas rempart, les fossés et le chemin de ronde, que
des travaux d'excavation nous ont permis à nous-même de déter-
miner très exactement.
Le fragment du vieux rempart, construit sous le règne de Phi-
lippe Auguste, le seul apparent qui nous reste, a été heureusement
conservé après plusieurs siècles de bouleversements; il fut dé-
chaussé par le percement de la partie de la rue Clovis comprise
entre la rue Descartes et la rue des Fossés-Saint-Victor, actuellement
rue du Cardinal-Lemoine. Un décret de 1809 supprima la rue Clopin
et ordonna le prolongement de la rue Clovis sur l'emplacement de
l'ancienne église Sainte-Geneviève, laquelle, tombant en ruine, fut
démolie en 1807. La tour Sainte-Clotilde, qui lui servait de clocher,
fut conservée et employée pendant longtemps comme l'observatoire
le plus élevé de Paris.
— l/iO —
Les. dimensions, que nous avons relevées et rapporte'es sur le
plan ci-joini, donnent une élévation de lo m. 25 en contre-haut du
sol de la rue Cdovis; sa lar^jeur, cpii est do 3 mètres au pied, se
retraite avec IVuit du côté extérieur et accuse dans sa partie supé-
rieure une plate-forme de 2 m. 5o. En ik'Mi, Guillebert de Metz,
Rartie de lenceinto de Philippe AugfusUr
Mur , Bss Rempart et Fos.se
auteur d'une description de Paris, à cette époque, en parlant de
l'enceinte méridionale s'exprime ainsi : les murs de la ville «sont
moult fors et espés qu'on y menroit une charrette dessus-^.
Son mode de construclion consiste, d'après notre examen, en
— ]àl —
deux parements d'environ o m. Go d'e'paisseur chacun, faits en
pierres de moyen appareil e'quarries et iue'<>ales dans leurs dimen-
sions. Ces deux murs sont relie's entre eux par un blocage de
moellons noyés dans un maigre mortier de chaux.
Le chaperon qui formait la plate-forme et le parapet cre'nelé qui
le surmontait n'existent plus; ils paraissent remplacés aujourd'hui
par une légère clôture maçonnée, sorte de garde-fou de i mètre de
haut sur o m. 5o de large.
Ce parapet crénelé du xiii^ siècle n'était pas établi en saillie sur
des consoles avec les intervalles formant des créneaux ou mâchi-
coulis.
Cette intéressante ruine de la troisième eiiceinte de Paris sup-
porte, du côté de l'Est, un monticule formé d'après un usage fort
ancien d'entasser les immondices, les ordures ménagères et les
gravois à proximité des habitations. Ces dépôts, d'abord placés
extra-muros, se trouvèrent dans l'intérieur de Paris par suite de
l'agrandissement des enceintes.
Cette butte, sur laquelle ont poussé des arbres et des broussailles
qui lui donnent l'aspect d'une petite forêt vierge, faisait jadis partie
des dépendances de l'ancien collège de Boncourt, lequel, réuni à
celui de Navarre en 1790, devint la propriété de l'Etat pour servir
de fondation et d'aménagement à l'Ecole polytechnique.
C'est au pied de cet imposant vestige, spectateur immuable du
passage de bien des générations et de bien des événements, que
viennent d'être exécutés d'importants terrassements nécessités par
la construction d'un bâtiment.
Le terrain a été fouillé sur une surface de plus de 5oo mètres.
Les déblais supérieurs ont mis à découvert un bas rempart, le-
quel, adossé contre le mur d'enceinte, était destiné à donner un
second étage de défense et à protéger le pied du mur principal
contre les coups de bélier.
Le Comité d'études historiques et archéologiques des V^ et XIII" ar-
rondissements adressa aussitôt à l'administration préfectorale un vœu
de conservation de ce curieux vestige, en demandant qu'il fût
dégagé des constructions nouvelles et encadré dans un square, pour
la formation duquel la petite forêt, dont nous parlons plus haut
elqui appartient à l'État, pourrait être avantageusement utilisée.
La demande restant sans réponse, je m'empressai de relever et
de consigne]- sur mon plan les dimensions de ce bas rempait avant
— U2 —
<|iic les terrassiers eussent commencé leur œuvre d'irréparable des-
truction.
Cette première défense consistait dans Télévalion d'une plate-
l'orme en terre de 3 m. 35 de hauteur sur une longueur de i5 m. 5o
et une largeur de G mètres; elle était entourée d'un mur de sou-
tènement de G m. 65 d'épaisseur, qui se trouvait lui-même étayé
par (|uatre contreforts de 8o centimètres carrés.
Los fouilles de rexcavation et le forage des puits, nécessités pour
asseoir les fondations du bâtiment sur un sol résistant, me per-
mirent de déterminer les largeurs su])érieure et inférieure ainsi que
la hauteur de lanclen fossé pratiqué au devant du mur d'enceinte.
Les terres noires employées à remblayer cette partie du fossé
formaient, sur la berge de la rue Glovis, une ligne de démarcation
qui tranchait \ivementsur le sol naturel non remué et très homo-
gène; elles dessinaient ainsi, d'une laç.on bien apparente, l'incli-
naison de la contrescarpe.
Le profil de ce fossé nous présente un trapèze de 6 m. 3o de
hauteur avec une largeur de i5m.()5 à l'ouverture supérieure et
de 1 m. 3o à sa base, au milieu de laquelle et en contre-bas, nous
rencontrons une petite rigole, de o m. 5o de haut sur o m. 6o de
large, destinée à faciliter l'écoulement des eaux pluviales.
Les dimensions des fossés n'étaient pas uniformes. Sauvai dit
que, selon un procès-verbal de i665, ils avaient i^ toises de large
à la partie supérieure sur 2 4 pieds de profondeur. La largeur de la
base inférieure n'est pas relatée.
Nous savons que l'endroit oià le fossé était le plus évasé, c'est-
à-dire de 22 à 23 toises, se trouvait entre la porte Saint-Victor et
la Seine, parce (ju'en iSaS on en creusa un d(;uxième qui fut réuni
à l'ancien.
La prévôté de Paris affermait les herbages qui recouvraient les
contrescarpes des fossés et elle lirait également des revenus de la
pescherie dans la partie du fossé avoisinant la Seine et qui pouvait
en recevoir et retenir les hautes eaux au moyen d'écluses.
Il est possible ([ue les fossés, comblés vers 1^1x6, n'aient pas
été creusés à l'épocjnede la construction des fortifications terminées
en 1212. Rigord, l'historien de Philippe y\ugusLe, Guillaume le
Breton, les Chroniques de Saint-Denis , (luillauine de JNangis, nous
disent que Philippe Auguste fit élever autour de Paris des mu-
railles, mais aucun ne mentionne qu'il ait fait creuser des fossés
— U3 —
autour de ces murailles. Ce serait seulement sous le règne du roi
Jean , en 1 3 5 6 , que , pour augmenter les moyens de de'fense de Paris ,
on pratiqua des fossés, lesquels furent approfondis sous Charles V
et François l".
Entre Tarète supérieure du fossé et le pied du mur d'enceinte
nous trouvons me'nage'e une allée basse destinée à servir de chemin
de ronde, dont les dimensions, rapporte'es sur mon plan, accusent
une largeur de 9 m. ko, qui se réduit à 2 m. 76 au devant du mur
de soutènement du bas rempart.
Les fouilles ont été poursuivies pendant quatre mois; elles nous
ont fait découvrir, en outre, plusieurs objets de différentes époques.
Nous avons recueilli dans les déblais supérieurs : des sifflets
pour les enfants, des tirelires et des lampes à queue en terre des
xvii'' et xviii'' siècles, des pots pharmaceutiques du xv*^ siècle, des
fragments de carreaux émaillés du xvi" siècle, des monnaies de
Charles IX, Louis XllI, Louis XIV et Louis XV, un petit miroir en
bronze du siècle dernier et une tête d'amour Louis XV en marbre.
Les antiquités provenant des fouilles de l'excavation et des re-
prises en sous-œuvre de l'ancien mur d'enceinte appartiennent à
l'époque gallo-romaine ; elles nous offrent :
Une petite ampoule en verre irisé de 0 m. 06 de hauteur, au
col très allongé ;
Un anneau en fer très oxydé de o m. 06 de diamètre;
Un petit anneau en os poli de 0 m. o3 de diamètre ;
Un anneau en verre irisé ayant servi d'anse à un unguenlarium ;
Une épingle en bronze de 0 m. i/i de long, dont la tige est ter-
minée très gracieusement par une olive ;
Une bague en bronze avec le chaton uni ; les extrémités sont ou-
vertes et s'entre-croisent;
Une bague en bronze, d'enfant, avec chaton ornementé; les
extrémités ouvertes sont bout à bout;
Deux patères en terre rouge, avec stries sur la panse, de o m. 19
et o m. 16 de diamètre;
Un bracelet en bronze uni de o m. 06 de diamètre, dont les
deux extrémités sont aplaties et ouvertes ;
Un bracelet en bronze uni de o m. 08 de diamètre; deux tours
en spirale forment ressort;
Une applique de ceinturon en bronze, percée de deux trous et
oiiK'c (le (rois liMlcs à jour. Elle est encore inunio des tenons qui
la lixairnt au ciur ;
LU chien léviiec ^\o o ni. 0()5 de lon<f cl o ni. o3 de liant, en
os découpé à la scie ;
Une clef en bron/.o de o ni. oG de lonif a\ec iiannclon à six
dents ;
Un nianclio de ciel eu bion/e de o ni. o5 de loiijj en l'orine de
croissant;
Trois petites cuillers en os de o ni. o5, o m. 09 et o ni, 10 de
longueur ;
Une coupe en terre rouge dite de Samos, de o m. t3 de dia-
mètre, avec feuilles sur le rebord;
Une moitié de coupe semblable; sur le fond se trouve grossiè-
rement gravé à la main, avec une pointe et après la cuisson, la
marque en lettres romaines CIVILIS;
Des défenses de sanglier, non travaillées et de dimensions dif-
férentes;
Une e'pingle à cheveux en bronze de o m. ik d(> longueur, sur-
montée d'une palmctte; une ouverture étroite prati(|iiée au-dessous
servait à passer un ruban pour mieux Tassujettir;
Deux épingles à cheveux en bronze de o m. 09 de longueur,
dont Tune à tête ronde et l'autre aplatie ;
Cin(j épingles à cheveux en os terminées par une tète en forme
de poire avec des rainures concentri(jnes au-dessous;
Une fibule en bronze de o m. 07 de long;
Un grand bronze à TelTigie d'Aiitonin et au revers de Marc-
Aurèle ;
Un moyen bronze de Domitien, au revers MONETA AVGVSTI ;
Un moyen bronze de (llaude 1", au revers LIBERTAS AV-
GVSTA;"
Un goulot d'œnochoé en terre grise avec son anse;
Une pince épilatoire de o m. otS de long av(!c son anneau de
suspension;
Trois siUlets en os évidé à un et deux trous;
Un petit socle en bronze, ayant supporté une statuette; sa forme
cylindrique, amincie par le milieu (ce qui lui donne beaucoup
d'éb'ifancc), est très évasée à la base et au sommet-, sa hauteur est
de o ui. <)'>."); h; diamètre i\i\ haut est de o m. 025; celui du bas
est de, o m. o-io ;
— \àb —
Deux anses de vase en bronze de o m. lo et o m. 09 de long;
Fond de vase on terre rouge avec la marque PAT. OIVSL;
Fond de vas(! en (erre semblable avec la niarque COIVSVR. A.;
Fond de vase en (erre semblable avec la marque O. RICI.;
Un fragment de vase en terre rouge avec bordure en rais de
cœur; en relief, une femme dansant et un lion lance';
Un fragment de vase en terre semblable; en relief, une grosse
tète de lion ;
Un fragment de vase en terre semblable ; en relief, un cbeval
galopant et une palmette ;
Un pied de vase en bronze de o m. 1 1 de hauteur, dont i'extrë-
mite' est terminée par une patte à quatre griffes;
Une spatule en bronze de o m. i3 de longueur, dont la tige est
terminée en forme d'olive ;
Une spatule en os de o m. 09 de long;
Une petite urne en terre rougeâtre à col ouvert; le fond se ter-
mine en pointe; hauteur, o m. o5;
Une urne en terre noire de o m. 09 de hauteur en forme de
tulipe.
Ces trouvailles si fructueuses de tant d'objets appartenant à la
vie prive'e de l'époque gallo-romaine ou du moyen âge ont certai-
nement leur valeur; elles ne peuvent manquer d'intéresser l'ar-
chéologue, le céramiste et tous ceux que passionnent les souvenirs
d'autrefois. Mais les points que nous venons de relater, complétant
et rectifiant ce qu'on pouvait déjà savoir sur ces anciens renq)arts
oii bataillèrent nos ancêtres, ont une impoi'lance tout autre. Ils
sont acquis désormais comme des fails généi'aux ayant leur place
bien marquée dans l'histoire politique du vieux Paris.
Charles Mag.xe.
AftCHÉOLOGIE.
OENOCHOE EN BRONZE
DU MUSÉE DU BOURGES.
ICommimicalioii ilr M. (l<'s Mcloizes, correspond ai il iki C<niiUc,à l>ourjfos.)
Une œiiochoé à bec relevé, en bronze, dans un bel étal de con-
scrvalion, est entrée il y a peu de temps, par acquisition, an
nnisée de Bouqj^es. On ne connaît pas le lieu précis de la décou-
verte de ce vase; mais il ne paraît pas douteux qu'il a été trouvé
dans le département du Cher, car le marchand qui Ta cédé an
musée venait de Tacheter à des ouvriers de la campagne lorsqu'il
nie le montra encore empreint de terre et portant la marque, qui
semblait toute réconte, du coup de pioche (jui Taxait fait sortir du
sol. D'ailleurs, Ten({uète ([ue j'ai tenté de faire, pour arriver àcon-
naître les circonstances de la découverte, s'est beurlée à la crainte
manifeste qu'avaient les inventeurs, travaillant sur le terrain d'au-
trui, de se voir, s'ils fournissaient des renseignements, exposés à
une poursuite en restitution.
Dans une note intitulée : Objets du dernier âge du bronze et dupre-
mier âge du fer, la Société des antiquaires du Centre a publié eu
1890 ''' la liste des armes et ustensiles appartenant à ces deux
époques et trouvés en Berry. La quasi-certitude d'une provenance
semblable |)arait sulTisammout acquise pour ([ue le vase que je
signale aujourd hui doive j)rendre place dans la dou\ième série de
cette liste et soit compté à Tavenii' comme une nouvelle épave du
séjour des Gauloisdans nos contrées du centre, à T('|)n(|ue contem-
poraine des grandes invasions d'Italie et de Grèce.
Je crois devoir joindre à la rej)r()duclion de cet objet une
description détaillée et le relevé de quelques dimensions :
Hauteur prise à la partie dominante de l'anse, o m. 227; hau-
''' Mf'iiinireH , Wll' vol., p. ;k)r> à .'^lii.
— \àl —
leur prise à rextrémité du bec relevé', o m. 278; hauteur de la
panse, o m. 187; diamètre de la panse à sa partie la plus large
(o m. i55 au-dessus du fond), o m. i/i2; diamètre delà base,
o m. 097; diamètre du col dans sa partie cylindricjue, cm. 067.
Fiîr.
Le col s'ëpauouit en une ouverture ovale dont le grand axe, per-
pendiculaire à Tanse, mosure 0 m. 099, y compris la bordure, de
o m. 008 à o m. 012 de large, qui l'entoure. Cette bordure, plane
en dessus et ornée de trois rangs de perles se'parés par une gorge
entre deux filets, est rabattue sur son pourtour, qui forme une
tranche de 0 m. 0077 d'épaisseur, décorée d'oves.
Le bec relevé suivant un angle de 2 5 degrés, est long de o m. 076
et large de o m. oii, bordure comprise. Aux deux angles de la bor-
dure, à la naissance du bec, sont des lions assis, tournés vers Tin-
térieur du vase (voir fig. 2).
L'anse, fixée par des rivets, s'appuie sur la panse par une pal-
mette à neuf branches, surmontée de deux paires de spirales en
forme d'S horizontalement superposées, avec deux spirales latérales
— l/i8 —
obli<jiios(l()nl la volute siipori(2uiv se confond avec reiiroulcnieiit ex-
térieur (les spirales voisines. La li{je de fanse est unie en dessous et
creuse'e en dessus de trois {jorges avec rangée de petites perles sur
les arêtes exti'rieures. Elle se bifurque à aujjle droit en deux bran-
ches qui s'appli(|nent sur la bordure du goulot, où deux rivets les
fixent. L'une de ces branches a été brise'e à la place du rivet et. son
extrémité est perdue. L'autre se termine par la ligure sommaire
d'un animal couché, les p.ittes de devant allongées, la tête un peu
relevée.
Fig.
Le fond du vase est replié en dessus pour s'unir à la base en
forma ni un léger bourrelet orné de perles.
La décoration est complétée j)ar une ornementation gravée ([ui
cLitoure le col: ([uatre traits horizontaux laissent entre eux un vide
de o m. 00 1, dont l'intermédiaire est rempli de stries verticales.
Au-dessous, de petits cercles, réunis par des arcs formés de deux
traits et tournant leur convexité vers le haut, sont espacés de
o m. oi/i et s'a|)puient sur un double Irait hoii/onlal qui sert
de base, alternativement, à une sorte de gland accosié de deux
pendants, et à une palmette de sept lobes (voirlig. 3). La hauteur
de ce bandeau décoratif est de 3 centimètres.
Fig. A.
— U9 —
Celle œnochoe' est beaucoup plus ornée que celle qu'on a Irouvée
dans un lumulus à Piunel, commune de Morlhomiers (Cher), en
i8(So, ol donl j'ai fourni la même année une descriplion aux re'u-
nions de la Sorbonne.
Elle se rapproche beaucoup, dans les délails de son ornementa-
lion , de Tœnochoé d'Eygenbilsen.
Des Méloizes,
Correspondant du Comité.
Li:S 1 OrSTATNES EN LIMOUSIN,
nii/n:, nuTioiEs, lkceades,
PAR M. LOUIS DE NLSSAC.
Un troul)adonr du wf sit'clo, Gaucclin Faydit, ap[)ello son Li-
mousin : rr Pays des clairs ruisseaux et des belles fontaines.''
Le Limousin ('), en eflet, olFro une re'gion de monlajjncs très dé-
coupées qui donnent naissance à une quantité' considérable de
sources dont les eaux s'ecoulcnt dans les bassins de la Loire et de
la Dordofjne.
l n jp-and nondjrc d'entre elles sont un objet de dévotion et
uu lieu (le |)M('rluage. Elles sont, |)our la ])luparl, sous le vocable
dun sfiiut et sujettes à des ("(M-c'mouies et à uu culte ioul spécial.
àSculeuieul presijue jamais les fontaines ne sont des entités j)ar
elles-mêmes. Leur lé{>ende n'est le plus souvent ([iTun accessoire
dans tout un ensemble d'autres traditions. Nous allons voir la pai't
que riiistoire, Tbagiographie, la nnklecine, les sciences ])sycliiques,
peuvent revendi(juer dans cette complexe question de folklore et de
rites populaires.
I
Avec les légendes, nous nous trouvons en présence de deux
sortes de récits : ceux ([uc nous appellerons //(' sljile et ceux que nous
avons recueillis oralement. Les premiers \euant, en généra!, d'au-
*'' En (técrivaiit les fontaines du (Ii-parlciin'ul do la (lorrùzo, nous devons aussi
[larliT de quel(|ues autres qui so trouvent dans les départements limitrophes, tels
(jiic ri'iix du liOl , de la f)on!(if>[Ui< l't di- la llaiile-Vioniin. Il ronvieut d'eml)rasser
l'ensendilo d'une ri'-jjion , en jn-m'iai; il y aurai! des inconvéuii'nls à s'en tenir à
urK> division purenieni adniinislralivc , surtout (|uand sou ierritoiro l'ai! partie in-
lé[;ranti' du rfste d'une niOine province par sa rousiitulion pliysicpie, ses liens po-
Iili(jues ou rclifjieux et ses traditions ethniques. Les dépendances féodales du Li-
mousin débordaient en Quercy et en l'érigord et, au moyen à!|e, le diocèse actuel
de Tuile était réuni à celui de Limoges.
— 151 —
tours aian(|iiant do sons critique, sont trop souvent enjolivés; mais
à défaut d'autres on doit so conlonler d'eux, tout en se tenant on
garde contre leur pleine valeur. 11 faut bien le dire cependant :
les légendes de style ont cours et se sont accnklitées si bien qu'en
des endroits où nous avons pu les contrôler, il est bien difficile de
faire la part des choses et de discerner les origines.
Un certain nombre de sources n'ont pas de vocables et gardent
ainsi, avec des croyances superstitieuses, un caractère purement
païen. Quelques-unes possèdent même des légendes qui n'ont rien
de dévotieux : ce sont divers spécimens de dires populaires qui
n'ont que des rapports de hasard avec leur objet local. Les légendes
les plus caractéristiques et les plus nombreuses concernent des
saints et portent leurs noms, ce qui est la marque la plus impor-
tante, le trait essentiel du culte et de la tradition qui s'y rattachent.
Le nom d'un saint donné à une fontaine suffît ainsi pour lui im-
primer un caractère sacré et nous la faire compter parmi celles qui
nous intéressent.
Ce sont les saints, titulaires dos sources, qui sont parfois re-
connus les héros de leur création et toujours de leurs vertus mira-
culeuses. Le peuple veut en général qu'ils soient venus aux endroits
où elles se trouvent, qu'ils les aient fait jaillir avec leur marteau,
leur bâton , même leur pied ou celui de leur monture. S'il s'agit
de transport de reliques, la source naît également sous le pas des
bêtes qui les portent. Ailleurs ce sont les cloches qui, en tombant
de leurs campaniles, sanctifient l'eau, ou bien ce sont les ermites
qui l'ayant recueillie, pour leur usage, dans dos cavités creusées
par leurs mains, lui ont laissé des propriétés curatives. A Saint-
Viance, il a suffi au saint do mener boire à la gana les chevaux de
son maître pour la doter de pouvoirs privilégiés.
Par induction, l'on pourrait dater les vocables donnés aux fon-
taines en tenant compte de l'époque à laquelle ont vécu leurs titu-
laires ou des divoi'ses circonstances qui ont localisé les autres saints
ou leurs reliques dans la région; mais c'est très aléatoire. L'ex-
tension dos cultes a dépendu de causes multiples, et l'on s'exposerait
à do singulières méprises; aux substitutions païennes progressives
se sont ajoutées les substitutions de saint à saint par suite d'ana-
logie de noms, de transport ou d'invention do restes sacrés, de
transfert de dévotion d'un lieu dans un autre.
— 152 -
L'on doit rciiinrtiiior (iiic du l'.T ;iii \'' siècle, los saints, vonant
d'au d(>là lo UJjnne, ('van{;(''lisonl le pays; du vf au xiu", les er-
mites clicrclKMit les solitudes limousines et fondent des monastères;
c'est parmi ces deiiiiers <pu' se trouvent surtout des personnajjes
in(li<|ènes. Aux temps des troubles (\u \\'' au x*" siècle, les ravages
des Sairasins et des Normands l'ont allluer dans nos montagnes
centrales et faciles à défendre une (juanlité remar(pial)lc de re-
li(|ues. Le retour des croisades apporte des saints orientaux et
romains; î\ cette époque aussi remontent quelques souvenirs issus
des pèlerinages célèbres, tels que ceux de Sainte-Foy de Conques
et de Saint-Martin de Tours, etc. Ces différents saints ont donné
leur vocable à la plupart de nos fontaines. Ajoutons que quelques-
unes d'entre elles nous rappellent les légendes de Roland et de
Gargantua, très répandues en Limousin.
Pour déterminer Tépoifue exacte de l'existence des fontaines, on
doit surtout s'attacber à recueillir les dates fournies par les docu-
ments d'arcbives; cet élément d'informations commence même,
remarquons-le, au moment où cessent les données hagiogra-
pbiques. La plus ancienne est la font Dial , i9oi, puis celle de
Saint-Estèphe , à Altillac, i337; celle de Saint-lricis , à Lubersac,
i3G6; sept viennent enfin au xv* siècle. Beaucoup ne nous sont
connues que par la mention qui en est faite dans les papiers an-
ciens. Il en disparait bon nombre lorsqu'on cesse d'y pratiquer
les vieux rites ou qu'un pasteur trop rationaliste met le holà aux
dévotions; mais il s'en crée aussi de nouvelles et il en faut peu
pour les rendre miraculeuses : témoin celle d'Eygurande qui le
serait devenue spontanément parle lavage d'une statue, s'il fallait
s'en rapporter à un acte notarié de 1720.
II
Dans un pays aussi liuiiiide (|ue le Limousin — qui n'est, dit le
proverbe, janiais mort de la se'cheresse — il est étonnant de ren-
contrer autant de sources aiq)rès descjuelles on implore l'eau du ciel.
Rares sont celles (|ui servent à obtenir le beau temps. Deux sculemcîut
oui ci'iji'ndanl la doubli' prérogative d'ap|)eler ou d'écarter la pluie
à volonli'. On va à ces lonlaines en |)n>cessi()n et on v plonge soit
la croix processionnelle, soi*, la statue ou la cbàssc renfermant les
reli'pies des saints. Si l'on désire les nuages, ils ne tardent point,
— 153 —
paraît-il, à venir, et souvent ils ont un effet immédiat. A Ghasieaux
il faut se munir d'un parapluie, — M. le curé le recommandail au-
(reiois eu annonçant la cérémonie, — car on est sûr d'en avoir be-
soin avant la fin. Il pleut dans les trois jours à Saint-Robert quand
Ton promène en procession une meule qui recouvre Torifice de la
fontaine. A Saint-Sour de Terrasson, on peut, dit-on, en enfon-
çant plus ou moins le bâton de la croix dans Teau, proportionner ia
quantité de celle que Ton veut voir tomber sur le pays. Le culte de
l'eau pour attirer l'eau est tel dans la contre'e qu'à Saint-Geniez-
0-Merle, l'on va, près du chemin Merlin, tremper la statue de
sainte Anne, non pas dans une simple source, mais dans la livière
même, l'Eyge, et à Beaulieu on se rend à la Doidogne, à Cliam-
boulive on va à la Vézère, à /i kilomètres, à Rocamadour auprès
de la nappe d'eau de l'Ouisse, et à Chasteaux auprès d'un gouffre
dans la Couze, le Blagcur. C'est ce que l'on appeîle : (uwr charcJmr
ïaïpia c? aller chercher l'eau n.
La préoccupation d'obvier aux rigueurs du temps cède le pas à
celle de guérir les maladies en ayant recours aux fonlaines; les maux
les plus divers y trouvent leur soulagement; même les animaux ont
pour leurs infirmités celles de saint Éloi à Benayes et à Gha[)telac.
Ainsi l'on se sert de certaines sources en particulier pour obtenir
la guérison, spécialement de maintes affections, telles que la sur-
dité, les sueurs, les maux de tête, les maux d'yeux, les rbumes,
les rhumatismes, les engelures, la gale, la teigne, les maux d'en-
trailles, les relâchements de la vessie et de l'urètre pendant le som-
meil, la morsure des serpents, la paralysie, les peurs instinctives,
les refroidissements, le cancer intestinal, les fièvres, qui sont la
maladie endémique dans la contrée, le mal jovence , qui est celui des
nourrices qui ont perdu le lait, etc.
G'est encore pour les enfants que les sources sont le plus em-
ployées; leur effet salutaire se montre depuis la naissance jusqu'à
la puberté.
Voici d'abord un dépuratif pour le mal qui, après une inllam-
malion, couvre la tête de croûtes; sous le nom de ràche. vulgaire-
ment dite rabanela, ou sous celui de teigne de lait , suivant quelle
prend les cheveux ou le visage.
La fontaine de Saint-Féréol de la Ghartroule fait sortir et mûrir
l'éruption;' Gosnac, qui n'a pas de fontaine, peut l'arrêter; Saint-
— If)'! —
Xanliii (le Malcmort lail st'clicr les ci-oùlos. Si plus lard, malgré
Tàge, cette iiilînnilr revient, c'est à Saint-lMéen de Treig'nac (^"11
faut aller, ou bien à Maleuiorl. Eulin Saiiil-t^iloud de Aouars i'crnie
et cloue les clous laissés à la place des croûtes et {^uéril niéiiie les
plaies des jambes.
Les enfants qui, dans leurs berceaux, sont agités ou tracassés
par les vers sont calmés à Saint-Jean dUssac, et ceu\ qui sont en
retard de parler délieut naturellemeut la langue avec les eaux de
Senta-Caquitn du Chastang.
Le mal chestiu est encore celui qui a la plus grande abondance
de bonnes fontaines pour toutes ses varicîlés, car on entend par
tiKil chcsiiii juissi bien Ti'lat plitisique, anémique ou de consomp-
tion que les convulsions, (jue la faiblesse ou la dilToi-mité des
jambes, que la boiterie proprement dite.
Remarquons-le : plus les eaux d'une fontaine ont de spécialités
pour la guérison de maux bien spécifiés, plus la fontaine a de no-
toriété; moins leurs vertus sont définies, moins elles ont de vogue,
sauf quelques rares et notables exceptions.
Plusieurs de ces vertus semblent fondées sur des jeux de mots
faits avec les noms vulgaires des saints : In fou» I Seul-Eslropl (la
fontaine Saint-Eutrope) secourt les estropiés; la fouiil SoU-Clau
(la fontaine Saint-Cloud ) est, on l'a vu, efficace contie les clous, etc.
En retour, quelques appidlalions de fontaines j)roviennent des mé-
rites reconnus aux titulaires. Ainsi, la fount Sentfl-Caquita rla fon-
taine de la sainte qui parle^i, et, ])ar suite, (pii fait parler; la
fount Sent-Guinhe-lnu- Fort rrla fontaine du saint qui guigne le fort n,
le puissant patron.
Inutile de dire que les diverses vertus altiibuées aux sources ne
se fondent guère sur des propriétés minérales ou tbermales; les
analvses qu'on a faites de certaines d'entre elles ont donné un ré-
sultat presque insignifiant.
Les immersions, les ablutions, les frictions (jui se font aux fon-
taines recommandées relèvent certainement des moyens antisep-
tiques et j)r()[)liylacti([ues, ainsi que de riiydrolb('ia|»ie; coninic Ici,
cel emploi de l'eau — dans un milieu où Tliy^fièn*' et la propreté
du corj)s laissent tant à désirer — donne évidemment lieu à des
résultats tout à fait remar(|uables. Notons aussi que les souffrants,
atteints rie pinics, ne négligent pas de se fiullcr en même temps
— 155 —
avec des plantes qui peuvent avoir des vertus médicinales; voilà
pour le côt(' purement niat(''riel du remède.
Mais le facteiir le juoins n(3gligeable dans ces considérations,
c'est, sans coniredil, la foi; c'est elle Tévocatrice souveraine de la
sufi-gestion, plus encore que du miracle, cas exceptionnel qui n'a,
il est vrai, par essence, sa raison d'être que lorsque les moyens
humains et naturels abdiquent devant l'impossibilité absolue.
Pour la suggestion, en outre du consentement du patient, il
faut un élément extérieur, matériel, pour agir sur l'impressionna-
bilité, qui ne vibre que lorsque le corps est touché dans une cer-
taine mesure.
Bien des sources ont des eaux très fraîches et leur usage se pro-
duit généralement en saison chaude. Or la sensation par la différence
thermique impressionne les sujets suggestionnés et suffît pour par-
faire l'œuvre de la croyance.
A certains jours, aux tr votas v, la fouie se porte aux mêmes en-
droits pour 1p même objet et se livre aux mêmes pratiques et
dévotions; alors, de cette collectivité croyante, il se dégage sûre-
ment une nouvelle force qui s'ajoute aux autres et influe d'autant
sur les individus.
Ces mêmes phénomènes s'accréditent et se renouvellent de gé-
néi'ation en génération; la foi n'en devient que plus vive et les
fontaines plus vénérées, partant plus efficaces. Ainsi les idées pren-
nent de l'exagération au point que souvent il serait difficile de
tracer les limites qui séparent la religion de la superstition..
III
Lorsque les hommes de la science officielle n'arrivent pas à bout
d'un mal qui, traînant en longueur, porte, par son allure mysté-
rieuse, le patient à désespérer de jamais rrs'en sortir 17, passe une
bonne femme; pleine de commisération, elle dit, comme un oracle:
Cessez tout remède d'apothicaire, ils coûtent cher et ne feront rien;
ce sont les morts ou les saints qui trvous en veulent^. . . il faut
faire un vœu, un vot.
On sait les vertus de chaque fontaine; cependant, pour se
servir de telle ou telle, il est bon d'écouter Tâme charitable qui
vous avertit, ou bien, si vous partez de votre propre mouvement,
de consulter des personnes autorisées, qui détiennent, croit-on, le
— 150 —
sirirt (les inaladics. OïdinaiiiMiionl ce sont des inah'onos veuves;
<laiis le pays de Saint-Piivat, la SaiiUrie, ce sont les vieillards in-
dislinclenieiit; ailleurs, les sorcières; ailleurs, des praliciens sans
brevet, les mèfres, ou ceux <jui ont l'œil dans le villajfe. Us iu<>-enl,
du reste, suivant les cas, ainsi ()ue des médecins, conuneul et
(|uan(l ron doit s'ij piriidrcri.
Pour de'couvrir le saint aiu|iiol il faut vouer les enlanls, les ma-
trones allument, aux (juaire j)ieds du berceau, (juatre l)Ou|Ties au
nom (le quatre saints sup.posés favorables à la j>u('iison; la pre-
mière consumée décide la dévotion à hnjuelle il est nécessaire
d'avoir recours.
Une autre pratique nous a été lévélée à Solignac : D'oiinle vai
houjav ffoù vais-je me tourner? w dit-on aux bonnes femmes. Elles
font brûler une tige de fusain ou de noisetier en récitant une li-
tanie de noms de saints, vocables des fontaines du pays; et lorsque
le feu s'éteint ou (|ue la branche est consumée, le patron dont ie
nom est piononcé au même moment est celui auquel il faut se
vouer en allant en pèlerinage à son sanctuaire et à sa fontaine.
Dans le Haut-Limousin, il est encore d'autres procédés : les
y)ersonnes qui veulent faire la dévotion connaissent elles-mêmes
à quelles sources elles doivent aller, en biûlant quelques bouts de
baguettes de coudrier, cueillis la veille de la fêle de la Saint-Jean;
les morceaux de cbarbon qu'elles obtiennent sont jetés dans un vase
plein d'eau; et comme chaque parcelle représente une fontaine, la
première (jui tombe au fond du verre indiijue le lieu où Ton doit
se rendre. Des morceaux d'étoffe d'un vêtement de malade peuvent
remplacer les morceaux de charbon, (les pre'|)aratifs se résument
dans cette expression : se vwtlre de pat-t'^^K
Les lieux de dévotion se nonnneiit âi'Hnaiijas. nom (ju'ils portent
concuriemment avec la maladie (|u'ils soulagent, ^aujfl vient par
étvmologie de nom ou nocua, cboses nuisibles. Le double sens (|u'a
pris par extension ce terme généri(|ue (!st analnj^ue à celui que j)os-
sède l'expression courante : Es Umcat dans sentes d'à Favars, d'en
Bar, de Senl-Rnuhcrl. Non point (jue les saints du ciel, comme le
dit M. (îorse'-), entretiennent les souffrances ilu malade, mais parce
-'' A l'iiyaud, La siipemlilion en Limousin, dans Ifi Ihtllclin tic lu Socirh' des
Ainig des sciences et arts de Rochechouart , t. VI, 1896, p. :/io.
•*' Au lias pays de Limosin (Paris, l.oroiix, i8()()), p. 3oà.
— 157 —
qu'ils peuvent ie guérir. Nous avons vu cependant que les saints
«en veulentn aux humains. . . ; pour se les rendre favoraljles et
désarmer leur colère, il faut aller spécialcnienl à Saint-Germain-
ies-Belles ou à Saint- Gail, pr;'s Brive. Brol las naujas ]:ortent
soit le nom du saint invoqué, soit le nom de l'endroit où l'on va
en pèlerinage. L'on dit aussi le mal de saint Jean, le mal de saint
Eut) ope. . . pour désigner la maladie que guérit la fontaine du
même vocable ou le sanctuaire qui y est attaché. En plusieurs cas,
le saint auquel on est recommandé, voué, celui de l'église où on
va prier, ou celui de la trvotaw est différent de celui de la source.
C'est par suite de confusions, de substitutions, d'anomalies, de
bizarreries ou de mystères du culte populaire qu'il est malaisé
d'éclaircir et d'expliquer.
Pour le mal chestiu, les pratiques ordinaires, ordonnées paries
matrones, consistent, quand on ne porte pas soi-même son enfant
pour le baigner, à faire faire le pèlerinage par un veuf pour les
garçons, par une veuve pour les filles. On donne ensuite un sou
aux pauvres et l'on commande une messe à sa paroisse et une
autre à l'église du saint.
Rome étant le type ancien et le suprême lieu des pèlerinages
occidentaux, tout pèlerinage s'appellera, en tant qu'action de le
faire, un roumavialge (viatge a Rouma, voyage à Rome), et le pè-
lerin ou son messager portera le nom général de roiimiu, roumieu,
ronmiau. Les chemins par où ils passent sont dits, en maintes lo-
calités, dans chamis roumiiis , et ils les parcourent à pied.
Il y a des pèlerins attitrés, c'est-à-dire des gens qui, moyennant
finance, vont eu pèlerinage au nom de telle ou telle famille; ils en
font un métier; ceux-là ont bien vite dévidé leurs prières; à peine
arrivés à un endroit, ils ont hâte d'en repartir pour aller de nauja
en nauja, de vota en vota. Ils ne chôment guère pendant la belle
saison , époque où tous les jours il y a des dévotions qui se suivent.
En Haut-Limousin, les roumius vont aux fontaines sacrées, avec
recueillement, un chapelet à la main; ils font trois, six, neuf ou
douze fois le tour de la source suivant un parcours déterminé par
l'usage. Puis, après avoir fait fort ostensiblement le signe de la
cjoix, ils prennent de l'eau dans le creux de la main, et boivent
à trois reprises. Mais comme, les jours d'afflnence, tout le monde
ne peut s'approcher à la fois de la fontaine, on fait queue au-
dessous, tout le long de la rigole par où s'écoule l'eau miraculeuse.
— 158 —
oe (|ui M (mii|)('cIk' pas les (lorniers pèlerins de boire en aval l'eau
i|ui a ser\i aux ablutions de ceux qui sont placés au-dessus !'l Ce
inan(jiie dappreliensiou est bien ge'ne'ral dans loute la |>rovince.
IjCs professionnels qui agissent par procuration, eux, doivent se
laver la partie du corps correspondant à celle (jni fait souffiir \v
inala(U\
En la plupart des cas, c'est pendant la nuit ou avant le lever du
soleil qu'on va puiser l'eau; on laisse quelque menue monnaie au-
tour ou dans la source. Les enfants que Ton plonge sont souvent
inunis d'un sou ([u'ils tiennent à la main. A Notre-Dame de Fournol,
|»rès Saint-Merl-les-Oussines, on prétend que la Sainte Vierge
vient, elle-même, recueillir cet argent. Si l'on doit simplement
remplir des bouteilles pour emporter, on les fait bénir; on fait dire
devant soi l'ollice du saint, on commande des messes, et l'on s'en
revient aussitôt sans s'arrêter dans les auberges. Gela porterait tort
et devancerait le jour voulu, le jour de la tr vote 71.
Les messes qu'on sollicite et qui souvent sont célébrées à l'inten-
tion des morts, sont dites damandadas. La mère du petit malade se
l'ail mendiante pour l'occasion auprès des parents, auprès des voi-
sins, au|)rès des amis — ■ parfois il faut des veufs ou des veuves —
elle (juèle sou par sou la somme (|ui deviendra l'iionoraire de la
messe. Quelquefois, pour plus d'humilité, elle se met à genoux en
recevant l'obole de la charité. Et l'on apporte religieusement au
prêtre le sou même qui a été recueilli en aumônes.
C'est un vœu, un voi, qu'on a fait et il dure ainsi neuf jours, et
après toutes ces cérémonies accomplies, celui ([ui était toucat dans
sentes ou dans mortz, toucat de la nauja ou del mal de. . . ne doit plus
être malade. Le sort en est jeté; il est, dit-on, «mort ou vifn.
Les usages ne sont pas complets sans la fête votive, sortes d'ac-
tions de grâces pour les miraculés; c'est aussi un jour recherché
pour les rendez-vous des nombreux roumicns eu traitement, ou en
quête de guérison, pour ceux (|ui leur sont chers ou (jui les
[)ayent.
Tout en prenant de l'eau aux fontaines, on place encore des ex-
voto, des linges qui ont eiivclop[)é les membres soullrants, des bas,
des bonnets, des jupes, des chemisettes et des |)antalons; on jette
''' A. Payuint , Ld Hiipemlilion en lÀinoniàii , |). liO.
— 159 —
des effets et des ollVandes diverses dans Te'tang de Surjadis ; on va
même jusqu'à planter de petites croix de bois formées de deux
morceaux de branches, dépouiiie'es de leur écorce, attachées avec
des fils blancs.
Près de Payzac, au milieu de la forêt de Roufiat, dans la clai-
rière de la font Saint-Cloud , on voit suspendus aux branches des
arbres, et en grande quantité', des vêtements en tous genres; \k se
dressent des croix de bois atteignant même de grandes dimensions,
et il y a des loques de tout âge, des lambeaux de toute moisissure;
même des chandelles y brûlent sur des amas de cire e'paudue. Le
touriste e'tranger aux pratiques du pays ne pourrait, à cette vue,
s'empêcher de témoigner son étonnement; mais que dirait-il s'il
apercevait les harnais de cbevaux, les jougs et les colliers de
bestiaux qui entourent lafount Faiire de Sent-Aloi, dans la forêt de
Benaves?
La fêle votive, dite aussi la//'ene ou la vota, se distingue j)ar une
série de cérémonies religieuses qui suivent les pratiques du pèleri-
nage. Ce sont la grand'messe, l'adoration et l'exposition des re-
liques et surtout la procession que l'on fait de l'église à la fon-
taine, auprès de laquelle est du reste plantée une croix. Les places
d'honneur à ces cérémonies, avec le litre de roi et de reine (di-
gnités du reinage)., sont disputées aux enchères par les miraculés ^^K
Ceux-ci revêtent même des costumes d'une couleur particulière;
les femmes portent ordinairement une robe bleue ou violette avec
une ceinture en cordon de passementerie de laine blanche : c'est
ce que l'on appelle jMMrto?- lou vol, tfpojter le vœu 11. Leurs digni-
taires ont aussi des bouquets ou insignes de leurs rangs honori-
fiques. Les roumieus se sont même, çà et là, formés en confréries
et ont fait de la/rme leur rendez-vous régional, leurs assises an-
nuelles. Ce jour, qui est le plus souvent la fête paroissiale ou pa-
tronale du village, entraine, soit la tenue de foires fort courues,
soit des réjouissances publi([ues, avec des divertissements cham-
pêtres, des danses, et des dîners marqués par des plats spéciaux.
Le curieux et le pittoresque ne le cèdent pas aux grands jours de
pèlerinage qui font l'attrait de Lourdes ou de Montmartre. Le ca-
ractère local vaut bien le cosmopolite.
Pratiques, cérémonies, ex-voto, votes, sont loin de présenter
''' Cf. L. de Nussac, Quelques reinages en Liinosin, Brive, i8()i.
— UiO —
paildiil un (.'usoinblc ruiiiplot; mais aussi les conditions varient à
rinliui cl ahonilenl en singularités et on ne peut s'en rendre
conipte ([u'en examinant une à une les fontaines, dont nous don-
nons, en appendice, la nomenclature.
A Saiule-Fiulunade, on met un son dans la main de reniant
<|u"ou plonge dans l'eau. Si la monnaie tombe à ce moment, mau-
vais signe. S"il la garde, c'est l'espoir. A 8ain(-Geniez-0-Merle,
pendant neuf lois, on fait passer l'enTant sur le bord en pierre du
bassin d'eau et ensuite on dépose un cbapelet de noisettes et de
noix. Dans la ville de Saint-Yrieix, les rhumatisants vont pendant
Il ois lundis conséculits et à la lune vieille se promener pieds nus,
un cierge à la main, à la fontaine du saint. A ceWc da Saint-Guinhe-
lou-Fort. on doit laire deux fois de suite le tour de la croix; à celle
de Saint-Hoch, à Sainl-lbard, si l'on a les jambes lortes, il sullit,
pour les redresser, de placer les genoux dans les trous ménagés à
la chapelle qui est à côté de la source; à celle de Saint-Remy de
Varetz et à Ussac, les enfants atteints de convulsions se couchent
sur un tombeau; à Saint-Remy de Juillac, onfrolteavec un caillou
blanc les membres malades.
Jeunes gens (|ui voulez vous marier, allez mettre une épingle
au rocher de Saint-Mesmin. Ruvez à la font qui est auprès, ou à
celle de Coubjours, le lo janvier, et si la personne que le sort vous
destine en fait autant, votre union est assurée : ce sont les véri-
tables fontaines des amoureux!
Malheur à vous si vous vous moquez de ces croyances. \\ sali ce
qu'il lui en coûta, le passeur de nounoMs (nourrices et nourrissons),
qui se rendaient à Sent-.lanifar de Liourdes. Des clous, des fu-
roncles, des maux les [dus (h'sagréables l'accablèrent et ne le ([uit-
tèrent qu'après des frictions faites avec l'eau dont il avait plaisanté.
Le manque de respect pour la slaluc (jui est dans la paroi du puits
Seni-Estephc de \ icljo cause des coups de grêle terribles. Egalement
est funeste pour les animaux de les faire boire à certaines fontaines
sacrées. Si l'on Irafujue de l'eau, sauf les a\ants droit, propriétaires
ou marguilliers, malheur! Les maladies que gu('rit la source retom-
bent sur celui qui vend et celui qui achète. La simonie, ainsi ex-
piée, donne une sorte de consécration aux rites et à la liturgie
populaires du culte des fontaines, (pie nous a\ous indicpK's sans
avoir prétendu, et pour cause,' trou\er leur sigiiilication et sondei'
Icuis mvstères.
— 161
IV
Dix-neuf siècles de christianisme n'ont pas passe' sans profon-
dément imprégner le culte des fontaines d'ide'es purement spiritua-
listes; ils leur ont donné même un caractère nettement symbolique.
De là, les substitutions, complètement épurées, des saints aux déités
antérieurement titulaires des sources. Nul ne serait plus étonné
que le paysan auquel on apprendrait qu'elles ont une origine
païenne.
Pourtant, au point de vue des idées, une a persisté, au moins en
partie; c'est celle d'après laquelle il peut y avoir des divinités —
mettez aujourd'hui des saints — qu'il faut craindre sans que vous
les ayez bravées, qui vous rten veulent-'? et vous procurent du mal,
que vous devez apaiser par un rite déterminé, qu'il faut enlin neu-
traliser. Cette idée transpire çà et là, notamment dans les expres-
sions toucat del sente, lou mal de sent. . . Nous avons vu quelle tour-
nure et quelle explication étaient données à ce qui pouvait faire
admettre une dualité hétérodoxe et revenir au panthéisme qui la
possédait. Peu de chose, du reste, est à déplacer sur ce terrain, dans
la doctrine catholique, pour rester sur la limite de la vérité dog-
matique ou en sortir, quand on parle des bons et des mauvais
anges, de la Providence, de la colère divine et même du sens des
prières. . .
Si lés génies, les nymphes, les fées, chassés par l'évangélisation,
ont totalement disparu derrière les personnages canonisés, l'élé-
ment liquide n'en a pas moins gardé son évidente entité au point
de vue mythique. Nous le constatons dans le culte qui s'étend non
seulement aux sources, mais encore à toute eau courante, rivières
ou ruisseaux également vénérés. Au lieu du sncellum anti(]ue, con-
tenant la divinité protectrice du passage à bateau, à gué ou à pont,
le catholicisme a élevé des chapelles. Nous citerons '^^ sur la Vézère,
celles de Notre-Dame-du-Pout, à Treignac; sur la Corrèze, Notre-
Dame-du-Pont, à Corrèze; Notre-Dame-de-Chastres, à Bar, pèleri-
nages fort courus; sur la Doidogne, celles de Sainte-Madeleine de
Nouzenac et de Glenic, de Notre-Dame au Port-Haut et au Port-Bas de
Beaulieu, etc. Saint Pierre, le pêcheui', semble avoir été le patron
'" Remarque de M. J.-B. Cliaiiipsal, Annuaire d» la Corrèze, Tulle. Crauflon,
1888 , Variétés hi^^loriques, le Culte des Fontaines en Bas Limousiji.
Archéologie. 1 1
— l(i-J —
prôt'én' des houi'j.ules assises pivs tle ce deniier et iinpo. Lant cours
dV'au : Boit, Vrgeutal, Beaiilieii, Caireiinac, G luges, Toirac, etc.
C'est bien aussi uu lëuioignage , {|iiaiid ou considère uue person-
nalit' réelle daus Télëuient li(juide, que l'usage de l'aire dès l'aube,
le i" janvier, des étreuues aux puits pour ne pas voir baisser leur
niveau dans l'anne'e. Un vieil bomiue de notre connaissance, ie vieux
Cadet, d\[. Loriot , à Payzac, se de'solait, l'au passé, d'avoir oublie'
de jelerdaus la boucbe béante de la margelle sa couLuiiiière ollVaude,
un verre de vin et uu morceau de pain. Kt le puits de la Horie me-
naçait de tarir!
A Aleyssac, les curés avaient l'habitude de lancer une poignée
de sel dans le puits Saint-Georges, le jour de la tète du saint. Cet
usage a duré jusqu'en iS^to, époque à laquelle le doyen de la pa-
roisse a lefusé de Tacconiplir. Dirons-nous tous les rites de la
recherche des sources et la considération superstitieuse qui entoure
le chercheur spécialiste et lui confère le prestige d'un véritable
sacerdoce reconnu?
llieu ne montre tant l'ancien caractère païen du culte des eaux
et des l'ontaines que ia double politique qu'a suivie l'Eglise à son
égard. En même temps (pi'elle mettait le plus giand soin à se l'ap-
proprier, SOS ministres livraient de véritables combals contre les
abus en général et portaient des défenses contre les pratiques telles
que celles que nous avons révélées en Limousin.
Pour ces défenses, nous citei'ons aussi i)ien saint Augustin en
Afrique que le Limousin saint Eloi en France : l'un prétend que
faire des vœux aux fontaines et aux arbres, c'est |)ei'dre la grâce
du baptême ^^J; l'autre revient deux fois, daus un sermon célèbre,
contre ces vœux anathématisés (-). Conciles'^' et capilulaires s'accor-
dent également pour proscrire les sacrifices aux fontaines '*'.
^') Sermon De letnporr, ai 5 : «Si vous voyez (Micore quei(iii'un faire des vœux
soil aux fontaines, soit uu\ arljics, etc. . ., reprenez-le très foiioment de ce péclié
si grand, el dilos-Ini (jue quiconque commet ce crime perd la j;ràce du baptême.»
Le sermon ai'i, ii' deuxième De Aiiipirils, détendait déjà ces vœux.
'"•'^ Vita saiicli Eligii, cliap. XV", liv. a : «iNullus chrislianns ad fana, vel ad pc-
Iras, vel ad fontes, vcl ad arbores, vel ad relias, vel ad Uidiia luminaria facial, ant
vota reddere pncsumat.?) Et plus loin, ainsi que le traduit Barlliélemy (même vie,
p. '107) : «Ne faites pas de cérémonies diaboliques aux fontaines, aux arbres, etc.,
mais que celui qui est malade se confie en la seule miséricorde de Dieu.»
'•'' C.oncilium .Autissiod., can. III : «Non licel ad fontes vota exolvore.»
'"'' Kailoiiiaiii iirincipis cajtiliddre seciindinn. . . dans Hakue, (lapilul. iPffuiii
— 163 -^
Les pratiques aux puils, l'élreiiue ou la poigne'e de sel, comme
celles qui sont faites à l'e'tang de Surjadis, rappollenl les hon-
neurs religieux rapportés par Grégoire de Tours et rendus autrefois
en Ge'vaudan à un lac situé sur le mont Hélanus. Une multitude
s'assemblait tous les ans auprès du lac et lui faisait des offrandes
en jetant dans ses eaux du pain, de la cire, des étoffes t'I
Les chandelles et les lumières que Ton met auprès de la Font
Saint-Cloud, à Payzac, comme à celles de Saint-Antoine de Brive,
de Saint-Cial et du Roc de la Sainte sont des vestiges des dévotions
abolies. Et contre cet usage fulminent encore les mêmes saint Eloi et
saint Augustin (■-', une loi des Boïens '^^ et un capilulaire de Charle-
magne^^'.
Les Iraditions n'ont pas moins survécu aux décrets, aux sermons
el aux arrêtés, parce que, moyennant quelques concessions, elles
étaient plus fortes qu'eux. Etant autant corps qu'esprit, riiumanité
n'a pas mille moyens d'exprimer, de manifester ses sentiments re-
ligieux; des éléments limités qui sont à sa portée, elle se sert
pour ses divers besoins matériels, en leur donnant en retour une
sorte de spiritualisation. Nous ne devons pas tant crier au paga-
nisme et à la superstition : ce rationalisme porterait à faux. Ce
qui était en effet d'essence panthéiste et naturaliste devait passer au
catholicisme en se modifiant légèrement : cela suffisait pour donner
au culte une tout autre signification. L'élément n'est plus adoré
pour lui-même, mais révéré comme symbole; le point de vue est
seulement déplacé, l'objet reste le même.
NOMENCLATURE DES FONTAINES.
Dans rénumération des fontaines qui ont été autrefois ou sont
Franconim, I, i5o et i5i : n-Decrevimus quoque ut pater meus prœcipiebat, ut
qui paganas observatioiies iti atiqua re fecerit, mulcîetur et damnetur quindecim
solidis. . .V XI : De foittibiis sacrijiciorum.
''' Cité par Dupuis, Origine de tous les cultes (Paris, 177^), p. 9.3.
'^' Cf. tes précédentes citations rapportées du reste par Barthélamy , Vie de saint
Eloi, par saint Ouen, traduction (Paris, 18^7), p. holi-aob,
'*' ctArboril)us, pétris, vel fonlibiis ubi aliqui stuiti juminaria, vel alias obser-
vationes iaciuut.?: (Cb. lîartliélcim, up. cit., p. iiok.)
'^' Cité par Dupuis, p. ai.
— lO/i —
encore de nos joins soil nn objet de dévotion, soit un lieu de pèle-
rinage, nous établirons deux catégories.
La première coniprendra les fontaines qui sont sous le vocable
d'un saint;
La seconde, celles qui n'ont point de vocables.
Dans notre énumération, nous suivrons Tordre chronologique
donné par Tépoque à laquelle a vécu le saint qui est l'objet du
culte de la fontaine. '
I
FONTAINES SOUS LE VOCABLE DE SAINTS ORIGINAIRES DU PAYS.
1. La font Siiiut-Inets (de sancto Aredio), i366, à Luborsac''^; — 2. à
Sainl-Yriex-la-Percho (Haute-Vienne), sur les bords du ruisseau le Cou-
chous, a jailli sous le marteau du saint. Poui' guérir les rhumatismes, le
malade \a, pieds nus, un cierge à la main, do chez lui à la source, lave
ses mendjres souffrants, boit de l'eau et dépose di\ers objets votifs dans
une niche au-dessus de la fontaine. Ces pratiques ont lieu trois lundis con-
sécutifs au commencement de la vieille lune '^^.
3. La fount de Seiit-Feriol '■^\ li la Ghartroule, près Allassac, creux de
rocher derrièie une chapelle du même nom, fait sortir la laclie; reiuage
très pittoresque, le aS septembre, jour de la vote du \illage''''.
fi. La font Saint- Loup, (FLygurande, est \énérée le t" septembre par
une ju'ocession paroissiale, première cérémonie d'une reti-aite '•'^K
5. La J'ount Sent-Alei^^\ à Chaptelac (Haute-Vienne), près du petilchâ-
teau de Sonsi'ue, ornée d'une statue moderne du saint (iHyi), gucîrit les
maux de tête et les lièvres. Pèleiinage fréquenté toute Tannée, isolé-
ment; on y conduisait, auti-efois, même les chevaux et on laissait en sou-
") Ex msx meis , dossier I$ré. Les iocalilcs qui ne poitonl pas avec elles tic
nom de doparlonicnl, apparlieniiont à la Corrèze.
'^' I^ciisei[jiiomoiiU ioiiriiis par M. (]li. Thévenin, à Sainl-Yrieix. Saint Roiice est
un a!)bé d'Alane au vi" sièric, fêté le aS aoùl.
'^^ Saint l'^créol, évoque de Limoges, vi' siècle.
^*' Cf. Quelques reinages eu lAmousin , op. cit.
'*^ Saint Loup, évoque de IJmoges, vu" siècle, lèlé le 9fî mai.
'"^ EUiriim eu latin, Alei , Alics , Alieix, Aloi , Loi, on limousin, Eloi en français
esl le nom du saint ministre du roi Dagolieit, né à C!ia[)lelac près l>imoj>cs vers
Tan .')88. Oilèvre célèbre, il est aussi considéré connue ayant été Ibrgeron el ma-
rechfll terrant: de là, son palrona/fo de la race dievaline. CI. notre élude : Snhil
Eloi, m légpiule el son culte, dans le Bulletin de la Société nrchéolofrique de la Cor-
rèze, jSg.'j, ^r livr. Il y a deux félcs principales, le i*'décembre et le a.5 juin.
— 165 —
venir des fers volifs doués à la poiU^ de l'église. Un d'entre eux porte la
date de i633.
6. La fount Sent-Alies , à Solignac (Haute-Vienne), giiéi-it diverses mala-
dies, et en particulier les convulsions des enfants. Chaque jour et de toute
la région, lesroiiiiuus y vont chercher de l'eau qu'ils font bénir par le curé;
ils lui font aussi lire l'évangile propre du saint et allument des cierges h
l'église devant de grossières statues qui n'ont aucun rapport avec celles de
l'évêque de Noyon.
7. LafouiU Faure de Sent-Aloi dite aussi la Fount del boun Faure, mare
dans la forêt de Benayes, est le sujet d'une ballade chantée dans le pays.
Son eau est efficace dans les maladies des hommes et des animaux — nous
en avons décrit les ex-voto — ; des esquilles de bois détachées de la croix
qui s'élève auprès, et infusées en tisane sont employées contre les fièvres.
Grand pèlerinage de roumius qui y vont, le ai juin, de bonne heure,
boire , se laver et remplir des bouteilles.
Ces trois fontaines de Saint-Eloi auraient jailli sous le marteau de saint
Kloi : la première, quand, tout enfant, il le lança du puy Mirât, la colline
qui domine Sousrue; la deuxième, quand il le jeta après avoir achevé
l'église de Solignac; la troisième, quand, voyageant dans le pays.il voulut
marquer sa demeure ou sa halte à la font Faure , où il aurait dîné.
7, 8 et 9. Les /ô«ts iSrtîHi-Prtr</o«,r''', d'Affieux, connues déjà en 1 565 '^\
de Bugeat, guérissent les maux d'yeux (le saint était aveugle); la Font de
la mule de saint Pardoux , à Arnac-Pompadour, montre , dans un rocher où
elle se trouve, l'empreinte d'un pied de la nuile qui porta les reliques du
saint à l'église voisine.
10. La fan Sen Marloudon , — la font Saint-Aimar-lou-dom'^', — qui
est signalée en looo et iSi^'', donne naissance, par suite du marteau
jeté là par son titulaii'e après avoii* construit la cathédrale de Tulle, — au
ruisseau de Sent-Mar-lou-dom qui descend du puy des Echelles.
11. La fount Sent-Libral, près Brive, ainsi désignée en i^58'^\ au
"' Saint Pardoux (Perdons en liinousiu), abbé de Guéret, vu" siècle.
'^^ J.-B. Cliampeval , Le Bas Limousin seigneurial et religieux, t. 1, Arrondis-
sement do Tulle (TuHe, Mazeyrie, 1896); ouvrage auquel sont empruntées les
dates, à moins d'indications contraires.
'^' Aimar Ion doni, Adliémar le seigneur, vicomte des Echelles, bienfaiteur de
l'abbaye de Tulle (860-912), canonisé populairement pendant le moyen âge sous
le nom de saint Mcrloudam, jeu de mots signifiant d'autre part petit merle.
'■''' Terrier de la prévôté de la cathédrale de Tulle et charlrier de M. le comte
de iSainte-Fortunade au château de Sainle-Fortuuade, cité par M. J.-B. Cham-
peval , Cartulaire de Tulle, dans le Bulletin archéologique de la Corrèze.
^^^ Recoimaissance des biens dépendant de l'abbaye d'Obasine , e.r meis mss.
— IGG —
loniloirc de Salvauzon, \illa};(> iialal ou (loinaine allnbuôàsaiiil Libéral''',
«'"lait ('iu'(tr(> rononunée on 1 808 par les dévolions des fidèles envers elle
et par la \ortu parliculièro de ses eaux : ce n"(>sl jdus (jifun puils el une
serva.
i'2. La fonlaine Saintc-Esperie , à Saint-(jere (Lot), esl niiracideuse
conlre les lièvres, depuis (pic la sainte, déeapilée non loin (l<> là, la (il jaillir
pour y huer sa léle (Misan{[lan(('e. Celh; soiu'ce esl silu<'e dans un caxeau,
au milieu de li'fjlise paroissiale de Sainle-Espei-ie; le 19, oclohre, jour de
la fêle, on oum-o ce caveau à la dé\otion des fidèles |)oui' une huitaine *''.
13. Lajount Scnt-l:stei)ke''^\ près Bassignac-le-Haul , Iransl'ormëe eu un
puils, possède, dans la paroi de maçonnerie, une petite niche, avec une
statuette du saint, (pi'on ;i garde, sous peine de giêle, de mouiller quand
on puise de l'eau.
II
FONTAINES SOUS LE VOCABLK DE SAINTS QUI SE IIATTACIIENT AU PAYS
PAR QUELQUES TRAITS DIC LEUR VIE.
1/i. La font Saint Martial iVEspartiguac ^'\ iccueillie luainlenanl dans
un bassin en granit, jaillit sous le bâton du saint, ayant soil', et au([uel
une femme, rencontrée là, avait refusé de l'eau. Celte source guérit do la
gale, et elle esl réputée comme telle au moins depuis i6()0.
15. La font Saint-Martial do la Gra(foulihre^''\ commune de Mémoire,
mai-e au carrefour fie chemins, élancha la soif du sain' fatigué de la (lèvre
(piarte. Son eau est employée contre les niau\ d'yeux.
If). La foui Saint-Martial de Chasteaux , au village du Soullier, jet im-
jiortant d'eau chaude l'hiver, d'eau glacée l'été, sort du rocher calcaire
portant le bourg et tombe dans la l'ivière la Couze. Elle aurait jailli sous
(in ((Mil) de iiâton donné par le saint, pour convertir et baptiser les habi-
tants de l'endroit, (^'esl un remède employé par les fiévreux, et on a \u
son pouvoir sur le temps; il y a deux ans, nous ne savons pourcpioi , le
^" Leniovlv, Sniut-Lilwnd, |)lH(|(ielle de 8 pajjcs (Jîiive, imp. Vcrlliac, 1H90).
''' ReuseijjiK'iiienls Iduniis [)iii' AI. Noi-I Lapiaze, ilc Sainl-Coré. — Sainte
Espnrie ost pioiialili-moii! iiiio sainte dn roiiinionconionl du moyen àjjc (x° si('cl(î).
'•" Saint l">li('iino [ncnl E»(vphi' en limousin), né à \ ioljo vers i()M5, londaloiir
daljhayos, enlro autres celle d'Ohasinc
''' Sailli Martial, premier év(''q ne île l^imojjcs, m' sioclo.
'^' Cf. pour les légendes d'F"]spaiii{j!iac et de la (iraffoiilière : Bonoventure de
Saint-Amahic, Histoire de saint Martial, t. 111, p. 59; aiihé Poulbrière, Vie dex
saint» du dioche de Tulle, p. lai; Combat, Histoire d'Uzcrclie; Marvand, Uisloire
du llaH Limousin, l. I.
— ]{]! —
hiisle (lu saint ([ii'' la parnisso y porlail a élé dirigé vers le Biagmir, gouffre
situé à 800 mètres en ainonl , (Toù renaît la Couze après un long parcours
souterrain *''.
17. La fotint Sent-Ctal ^'\ au hord du chemin de Laumeuilh Saiul-Pan-
taléon de Lardie, le long de la Vezèi'e, est un endroit de passage redouté
la nuit : A Noël, dit-on, des i-eveuants s'y rendent en procession avec des
cierges allumés. Au loin, comme à Lubersac, l'usage de son eau, remède
conti'e les fièvres et autres maladies, sert aussi pour apaiser les saints qui
ffvous eu veulent 51. Après le coucher du soleil, on porte des cierges auprès
de la source, ce qui accrédite sans doute la croyance aux revenants, et la
crainte des habitants des villages voisins peu au coiu-ant de ces pratiques
suivies seulement par des étrangers,
18. Lafount Sent-Marsal, de Favars , naquit sous le pied du cheval monté
pai- le saint. Un cheval y but depuis et toml>a foudroyé; on cloua son fei- à
la porte de l'église''^*. Cette fontaine est encore attribuée à saint Marcel, c|ui
se dit aussi il/rtrsft/ en limousin, et à saint Eutrope, car elle soulage les
iniirmités del vot de Sent-Estropi. Vote et pèlerinage le premier dimanche
de mai; autrefois confrérie et reinages du Grand Saint Eutrope ***.
19. Fonl Sent-Marlial, à Corrèze''^ 169/1; bienfaisante à jeun au mois
de mai.
20. Fount Saint Jaiiifar'"', à Liom-des, née sous le pied de la mule du
saint, réputée pour guérir les enfants en retard de mai'cher ''^.
20 à 38. Fonlainte Sainl-Marim , [de Tours] : x'a Feytat; 2° au Vigean
(Haute- Vienne); 3° àSaiut-Astier; 4° Vitrac (Dordogne); 5° Reygades près
Argueyroles, i636; 6° Seilhac avec reinages, xvui' siècle; 7° Tulle, xvii'
siècle et actuellement ; 8° Mercœur; 9° Soudaine-la-Vinadière ; to° P^spar-
") Lemovix (L. N.), Essai élémentaire de spéologie du Bas Limousin. Brivo, Ver-
Ihac, 1893.
*^^ Aphérèse connue de Martial.
''' De l'ancienne, détruite et reconstruite en 1879.
■''' Cf. Melon de Pradou, Monographie de Favars (Tulle, 1882), qui opine pour
saint Martial; Béionie-Vialie, Dictionnaire du patois du Bas Limousin {'l'uWe , iS^'i);
J.-B. Poulbrière, Z)ic<. des Paroisses, et J.-B. Ghampeval, le Bas Limousin agric.
et religieux, qui veulent que ce soit saint Marcel. Voir aussi G. Ctcment-Siinon ,
notes et supplément du Poudlé de Nadaud, dans le Bulletin archéologique de la
Corrèze, 189^, art. Favai-s.
'^' Dit d'abord Sanctus Martialis prope {ou secus) jluvium Curresiae. ^
'*) Sanctus Genaljus, premier évèque de Cahors, ni"' siècle, fêté le 17 juin
au bréviaire romain; se dit aussi Sent GeniJ'ors en langue populaire.
"* D'après Bertrand de Latour {Institutio Tutelensis), ce serait le fondateur de
l'abbaye de Tulle, ni" siècle, fêlé le 1 1 novembre.
— 168 —
li}}t);ic; 1 r Nouais: i-i° Sainl- \ii;;iistiii ; \T Viiriao; \ 't" Marcillac-la-Croi-
sHle; i5° Viam; 16° Aix avec un élan}'; du même vocahle, dans lequel on
ploug-eait la statue de saint Martin pour ohteuii- la pluie ''' ; 17° à Bran-
ceilles, à laquelle on allait en |)rocession dans le même but'-'; 18° à Miers
(Lot), née sous le sabot de la mule du saint.
39. Lu font Saint-Martin, à Limo{;es, jaillit auprès du loridieau des
parents de saiul h^loi pris pour ceux de saint Martin, en r(',<rlise de l'abbaye
Saint-Martin-les--Murs. On s'y livre encore à de vëritables ablutions ^^K
/lO. La foui Sainl-Martin , à Brive, dite Font de Martin, ou des Amou-
rnt.r, peut être attribuée au saint local, disciple de celui de Tours '"^
Al. La font Saint-Sour, à Terrasson'*' (Dordogne), créée par les mains
du saint à son eruiitatje, (>tait puissante, on l'a vu, pour refaire la pinie et
le beau tem|is^. Tombée actuellement en désuétude.
M. La font Sent-Cahnine , h La^ouène, mentionnée au xvi' siècle, avait
le don, dès le xvu' siècle, au moins, (rattirer la pluie, loi'squ'on y allait
trenq)er la cbâsse des reliques du saint qui avait été ermite auprès d'elle '''^
A3. Lafounl Sent-Pretz^''^ ou Saint-Pré, pi*ès Condat.
A A. La font du bon Saint-Viance'^*\ près dubom"g du même nom, guérit
les lièvres et attire la pluie. Ex-voto : monnaies, cbemisettes , bas de laine,
bonnets , déjjosr^s la nuit. Vote le û janvier.
'1.1. La font Saint-Theau^^\ à Nedde (Haute-Vienne), dont les vertus
sur Ion clicslis ei les llé\reu\ t'ont l'objet d'un récit en 1666 *'"', serait de-
venue miraculcMise depuis que le saint, ermite en ce lieu, y aurait bu.
" Docteur Longy, Monographie du canton d'Eygurande, dans le Bulletin des
sciences, lotires et arts de la Corrèze, 1899, h" liv., p. 588.
■^^ Al)bé Poiilhrière. Dict. des Paroisses.
^^' Lecoy de la .Marche, Saint Martin de Tours, p. 5i3. Si cet auteur prenait,
comme il li^ l'ait aiiloui's, les vocables des fontaines comme ti'aces de passage du
saint, il n'Iit'sitfiait pas à ranger le Limousin parmi les pays que cet évangélisateur
n visités.
''' Lemovix, Saint Martin de Brive. Brive, Verlliac, 1890.
'*) Saint du vi" siècle.
'"' Le P. Thomas d'Aqiiin, Histoire de saint Culmine, p. 3o3-3o5 (Tulle,
Dalvy, imp. 16^6). A ce saint du vu' siècle est attribuée aussi la fondation de
l'abbaye de Tulle.
'' Sans doute, saint Projet, Projctns on Praejectus, évéque de Clermont au
vu' siècle, dit aussi sent Priesl, sent Priech , saint Prix.
*' Sanclus Vincentianus, enterré à Saint-Vianre, où il avait été serviteur du duc
Baronlus, vu* siècle.
^' Disciple de saint Kloi, abbé de Solignar, vu' siècle.
''*' Dom Dumas, Chroniqup de Sidignac , dans le Bulletin archéologique du Li-
mousin, t. \LV, p. 179-182.
— 160 —
^16 el M. Las fou ut s Sent-Gtral'^ , à la Ghapelle-Saiiit-Géraud , à Mer-
cœur, xvi* siècle.
hS. La fontaine Saint- Antoine de Padoue , aux grottes du même nom
près Brive, fut créée par les mains du saint, habitant eu ce lieu en 1296:
c'est le plus grand pèlerinage de la région, surtout le i3 juin, fête de saint
Antoine, et du i5 août au 8 septembre''^. Auprès d'elle, autrefois, on
disposait , comme ex-voto , des réductions en cire des membres guéris '-'^K
m
FONTAINES sous LE VOCABLE DE SAINTS FRANÇAIS.
\^. Lafoiint Senl-Santi , de Malemorl, très renonunée pour toutes les
affections de la tête, saignement de nez, teigne, rache; ornée d'un buste
du saint dans un édicule. Graild concours de peuple le 1" dimanche de
mai. Le culte du saint se confond avec celui de saint Cessaleur, également
patron de la paroisse'*'.
50. Font Saint-Marcel ^^\ de Malemort, au village du même nom.
51. Font Sent-Grapazi'^', aux Ghassans près Donzenac; des ruines d'an-
cienne maison religieuse se trouvent à cet endroit.
52. Font Senta-Caquita, au Ghastang, mentiounée en 1678, et en l'hon-
neur de sainte Foy d'Agen ''\ qui confessa la foi à 1 5 ans.
53-54. La font Saint-Sernin , à Davignac, dite, en 1^96, Fons Sancti
Saturnini apud Davinhacum et La font Senta Sarnina de Sioniac, 1699.
55-56. Fonts Saint-Prime '^^ à Mercœur; près Beaulieu, née sous les
pieds de la mule qui portait à cette ville les reliques du saint ; elle procure
le beau temps quand on les y reporte en procession.
57. La font Saint-MoreP\ de Forgés, connue en 17 87, mais tombée
'') Saint Geraud d'Auriliac, x' siècle, fêlé ie i3 octobre.
'^) Abbé Bonnelye, Saint-Antoine de Brive. Brive, Verihac, 1876.
''^ Collection donnée par M. Ernest Rupin au Musée de Saint-Germain.
'*' Cf. abbé J.-B. Jcffre, La fête votive de Malemort, dans VÉcho de la Corrèze,
décembre 189^ (Brive, Roche). Sent Santi, Saint Xantin du Mans, m'' siècle, l'été
le 93 septembre.
'*' Martyr d'Argentoh, ui' siècle, fêté le 29 juin.
^*' Saint Caprais, iii^ siècle, fêté le 29 octobre.
^'' Sainte-Foy de Conques, célèbre abbaye, eut un prieuré au Ghastang sous ce
vocable.
(8) Martyr d'Agen au ni' siècle.
^^' Probablement un martyr à Reims, sous Diociélien.
— 170 —
|)res([ue dans roui)!!, t'sl «IcvcniH' n'ièl)!!» on iH5/i, (l»^j)ins qu'nno vision-
naiio (?) ilt^ l'cndroil pii-londil ^oi^ auprès d'elle des tipparilions de ia
sainte ^ ierge. C'est emoïc un <;raud r(Midez-vous d'iuciu'ables.
r)8-r)9. Ld.'^ font: Seiil-I'Jstropi^^' : i" à Sainl-Cii-jjiies, pour les enfants
en retard de niaicher; -2 à Saint-Pardoux la (Iroisille, pour la» mal ciirstiii
Rvec pouvoir sur la |)luie et reiuafje le joui- de la vote; .']" à Noailles, et
li° h Payzac pour les inliruies.
00. La font Sniiil-Prical ''\ à Saint- Piivat , t/i'io, iGGo: conlrcne el
reinage; vole le 21 août.
61. La fonl Saint-Julieii^^\ à Tcrrasson, avec \ole le 97 janvier: foire
très courue. Pour faire pleuvoir, on ouvre couiplèteinrnt le unu' doù sort
la source el on y porte les lelicpu^s du saint.
62. La font Saiiite-Forliiiiade^''\ dans la chapelle de Gliabrignac , près
Sainte-Fort unade, à l'endroit où se reposèrent les l'cstes de la sainte; p;u('-
rison des chcstis et des fiévreux; vote le 2 A août.
63. La font Saiid-Doulcet'''^\ à Gliaudjeret, venue près du tombeau du
saint, est requise contre les coliques et les maux de. . . cœur. Visiff^e en
procession paroissiale, le 1" joui- des Rogations, le dimanche après Pâques,
le 1 7 octobre; ces fêtes étaient autrefois l'occasiou de la tenue de reinages et
des exercices d'une coufrëi'ie'''', notamment en i553 et 1770.
64. La font Sainte- Fausie, à Brivezac '''.
65-66. Les fonts Saint-Remy'-^^ : de Juillac, déjà nienlionnée; vole le
9.I1 juin; de Varelz , près le village du Tenqde des Monts, dont nous avons
également parlé, mais la ])ierre, sur laquelle on étendait les enfants, a été
enterrée sous une couche de sable.
67. Lafont Saînt-Clond^^\ de Nonars, fait, dit-on, la pluie el le beau
temps. Ses vei'tus ont été déjà relatées plus haut; \(tle (•('■lèbre le deuxième
dimanche de septembre.
C Saint Eufrope, le martyr dfi Saiiiles, lu' siècle.
(*' Evc^que do Monde , mort en 9 56.
'') Saint .luiion do Brioiulo.
'*> Probablenionl martyr du iv" siècle. Cf. pour la léjfotulo Bonavonlure de
Sainl-Amable , Hittoire de Saint-Martial , III, 73-g3.
'-'■''> Sanctiis Diilridius, ôvôque d'A{jpn,dont ios roliqiu-s, Irnnsporlôps on Limou-
sin, lurent (l'abord entiMit-es puis mises dans une cliàsso.
(''' Note de M. Hoiirriaix, ancien curé (\i^ Cliambr>ret.
"> Los reliques do cette mailyre lurent porlées de l'ozcuzac à Brivezac au
IX* siècle.
'"' Saint Remy, ovèque île IV-ims, v' siècle.
(*) Clodnaldus, petit-fds de Clovis, mnri le o rjDvembn- .'')8o.
— 171 —
68. La f oui Sniiti-C.hnd do Payzac a <'((' aussi décrite avec ses ex-voto;
elle aurait été rendue miraculeuse par le saint ermite à cet endroit.
69. La font Saint-Mesinin'^'' (Dordogne), déjà indiquée avec ses |)réro-
galives.
70-73. Lasfount: de Senla-Raigounda^^^ sont : i° celle de Saint-Sornin-
îa-\oips, avec une statue de la sainte, contre le mal jouvence , pei'te de lait
chez les nourrices; 2° celle de Payzac, nombreux ex-voto, près la Faye;
3° celle de Meillars, dite Goûta redounda, dans le bois châlaigner dit Costa
redounda , Arh efficace contre la paralysie, les rhumatismes, le mal chestiu
et les maiLX de reins ; reinage le 1 5 août , grand et pittoresque pèlerinage le
1" septembre.
74, 75. Fountz Seni-Mcrt'-^\ à Beyssenac, où l'on trempe un buste du
saint pour obtenir la pluie; à Bonnefont; à Saint-Germain-les-Vergnes ,
XV' siècle , auprès d'une chapelle sous le vocable du même saint.
76. Las fouiitz Sent-Gandou^''\ sources intermittentes dans de petits
creux de rochers prati(jués dans une grotte de la vallée de Planchetorte
près Brive, rappelle une ancienne maison de religieuses située auprès, et
sojet d'une vieille chanson populaire satyrique, Las Meuetas de Scnt-Gan-
dou, aujourd'hui complètement perdue. Anciennement, pèlerinage le
i5 mai, pratiqué au xvf siècle; contre les maux d'yeux.
77, 78. Las fountz. Sent-Moal '•^\ à GhanteLx, avec l'étang de Sa'moal,
et celle de Seni-Meau , h Favai's.sont mentionnés au xvi" et au xviii" siècle.
79. La founi Sent-Sî7nouii^'^\ à Laval, d\ie Saint-Sigismond en 1369, et
Sancti Simonis en i^oo; reinages au xvii' et au xviii" siècle.
80. Las fountz Sent-Meissens ^^^ (Fontes Sancti Mesmae , i486), double
soui'ce dcijis un bac de granit usé et sous un édicule en ruines , sont em-
ployées contre hs maladies telles que Timpeligo de la face et du cuir che-
velu, les ulcères vai'iqueux des jambes, le lichen des bras et des mains,
les dartres des jambes, la teigne, la rache, les ophtalmies et la morsure des
serpents. L'eau , analysée pai- Gay-Lussac et le docteur Vacher, a été re-
connue très piu-e; elle aurait jailli dans les trous faits par les cloches de
l'église voisine , échappant du clocher en flannues; mais l'incendie histori-
('^ Saint Mcsmin de Verdun, vi" siècle.
'-> Sainte Radegonde, reine de France, vi" siècle, fêtée le i.3 août.
(■^' Saint Médard, évêque de Noyon, vi" siècle, fêté le 8 juin.
'^' Sanctus Gunduli'us, ermite en Berry, vi*" siècle.
'^' Sanctus Modoaldus. Aquitain, arclievèquo de Trêves, mort en 6^)o.
t*' Saint Sigisniond, martyr, roi de Bourgogne, mort en GaO, dont Gerhert
donna les reliques à l'abbaye d'Aurillac.
^'^ Saint Méen, abbé breton, vu' siècle, fêté le 21 juin.
— 172 —
(lUt'iÉiciil coniiu ut'iil lien tjiri'i» ly/io. Le |»(''lt'riiKi};(', du n?» au •>;") juin,
attire une }|iamle loule dos environs de Brixe; on le conslale dëjà on if)o5,
où Ion \oil un malade du uinl de messirc SchI-Mpi/ssoii.s venir (](" Villac et
y. . . mourir^'. Nond)reu\ ex-voto.
81-82. Les fonts Sntnt-Roch^'^ exislonl à Sainl-Vhard, nieutionnt^es plus
haut; ot dans la cliapelle de j}la\i>;na(', paroisse de Loslanjjcs, l'uines d'un
ermitage hahité, croit-on, par le saint.
FONTAINES SOl'S ?,E VOCABI.K DE SAINTS ETRANGERS.
83. La fontaine Saint-Jtan de Derses , près les ruines d'iu) ancien prieure
do religieuses, était autrefois iréquenlé le dimanche a|)iès le ii5 juin, par
les enfants dont on lavait la tête pour la mettre à l'abri du mal dit de
Saint-Jean '•^K
8/j. La font Sainl-Jenn-des-Saullières, léfi-èromenl fei'rugin(Mise, calme
les enfants agités |)ar les vei-s, et les dévotions ([ui accompagnent ces pra-
tiques, la semaine de la Saint-Jean, se sont transportées de l'ancien prieuré ,
situé près de la source, à l'église paroissiale d'Ussac ^''K
8r)-86. Les fonts Saint-Jean, à Lagarde, i54o, à Allillac, xv' siècle.
87. La font Saint-Michel, à Saint-Sylvain.
88. La font du Christ, au Saillant d'AUassac, <lécou verte, entourée d'ex-
voto, il y a une trentaine d'années, dans les rochers.
89. La font Saint-Sauveur, une des sources de l'Ouisse, magnifique
nappe d'eau dans la vallée de Rocaniadour (Loi), recpiise contre la séche-
resse.
90. La font Sainte- Anne , à Limoges.
91-92. ÎjCS fonts Notre-Dame : i" de Saiiit-Cyr-la-Roche , vote 8 sep-
tembre; 2° d'Enval, près Brive, sous l'autel d'une chapelle, sert pour
guérir les yeux malades et obtenir la pluie; 3° d'Eygurande, déjà men-
tionnée^''^; 4° de la Tourette; 5° de la Ghabaime, à Ussel; 0° du Fournol,
à Saint-Merd-ies-Oussines.
'*' Noies de M. le docteur Vacher, maire do Treignac; Decoiix-Lagoulte, Un
coin du Limouniti en i88(i , ranlon de Trei{jnac, ch. vi (Tulle, Oaullon, 1890); et
J.-B. Champevnl, Le Hun Lim. seign. et religieux.
"' Saint Roch de Monlpellier, xiv" siècle.
^^> Lettre de M. Ernesl niipin à M. Ciément-Sirnoii, .\<itice sur le couvent de
Deriet.
'*' Abbé Marche, Echo» de la tradition dan» la paroisie d'Lxsar, 1889.
'' L'arl.r notarié, dont il a clé que.^lion, de 1720, signé par le curé et des lé-
moins, conslali' la trouvaille d'une statut' en pierre de la Vier|je, dans le pré de
Xarouas, >•{ je hivage de celle statue dans la sourn' de ce pré, reinhie ainsi mira-
— 171} —
97. La font Notre-Dame d'Abondance, à Aixe-sur-Vieune, près Limoges.
98. Fons Sanctae Mariae, à Soiu'sac, i5oo.
99. Font Sainte-Marie , de Rignac, près Lissac, lyBo.
100. La font du Roc de la Sainte, à Albussiic, j)rès de laquelle la sainte
Vierge serait venue, attire de nond>i'eu\ pèlerins qui y l'ont bi'ùler des
cierges '■^K
101. Le puits Sainte-Madeleine, à Meyssac.
102. La font de la Madeleine, dans laquelle le curé de la Bachelerie
(Dordogne) va plonger la croix processionnelle pour implorer la pluie.
103. La font Saint-Pierre, à Saint-Paul, pour lous chestis, voués au
vœu de saint Paul et atteints du mal de Saint-Pierre, est encore employée
contre les sueurs nocturnes. Pèlerinage le 39 juin.
104. La font Saint- Pierre et Saint-Paul, à Ghanteix, contre les enge-
lures; frairie le 99 juin.
105. La font Saint-Pierre , de Doulet, près Saint-Julieu-al-Boy, signalée
dès i4oo, était déjà renommée au xv° siècle pour les cas de sui'dité; fête
populaire existant encore le 2 août.
106-112. Les fonts: i" Saint-Pierre, à Troche, dans des ruines légen-
daires, las Grossas-Boinas ; 9° à Tulle, dans la rue du même nom, men-
tionnée déjà eu 1659; 3° à Eyrein, nauja de Saint-Peire, le 29 juin pour
les chestis; lx° à Moustiers-Ventadour, près Clavel, 1672; 5° à Mercœur;
6° à Peret.
113. Font Saint-Mathieu , à Gorrèze, 1700.
\Mi. Font Saint-Thomas, h Me^^sac, fjbfi.
115-116. Fountz Saint-Estephe ^'^ , à Chanieyral, xvi' siècle; à Altillac,
1337, i55i, 1777.
117. Font Saints-Côme et Damien'-^\ à Saint-Bonuet-l'Enlantier, contre
le mal d'entrailles et pour les personnes qui ne peuvent retenir Tiuine pen-
dant le ^mmeii.
118. Font Saint-Christophe'-^', à Voutezac, nauja de las paus (peurs in-
stinctives), vote le 25 juillet.
culeuse et servant au pèlerinago qui a lieu à Eygurande du 1"" au 8 seplembre.
Voir D' Longy, Monographie d'Eyijurande.
''* Abbé Poulbrière, Dict. des Parr.
(*^ Saint Etienne, proto-martyr.
f'' Médecins de Cilicle, ni' siècle.
'^^ De Lycie, ni' siècle.
— 17A —
119. Foui Saiiit-Calheviiic ^\ do la Uivièro, près Boyssac, luiiija des
iii;ui\ lit' ItMr.
1:20. La font Sdiiil-Bnùet '^ , à Soursac, i appelle un ancien priourc du
même nom situé auprès.
\'2\. Font Saint- Antoine '''*\ de Conhjouis, déjà menlioniiée.
\'2'2. l'ont Sainte-Barbe ''''\ près Parliac, lyy-"^. ;i La<|raulièr(\
1:23. Font Saint-Georg-es'^^ , h Anriac, pour les eidanls esliopiés, inter-
dite par le curé en i8i5.
12^. Piiils Snint-dcorgos, à Meyssac, d('jà menli(»niii'', anjoin-d'luii
comblé.
125. Font Saint-Georges , de Giunoul, ornée jadis d'une statue du
saint, qui, revendiquée et em|)oiiée par un habitant du (iros-("iliastan{j',
revenait toujours dans sa nicbe, malgié un oi-ijlage" .
126-1:20. Fonts Saint-Geor/j-es : i° à Chaunac, près Naves, auciennement
a\ec chapelle: •?." à Saiut-Germain-les-Ver}iiies, 1672; 3° à Tarnac, 17(11;
li° à MontAalent (Lot), belle source vaudusieuue avec {Jj-otle ''>.
129. La fou)it Scnt-Genies^^\ à Saint-Geniez-ô-Merle, remède pour le
mal chestiu , dont nous avons dit les j)]aliques. Fête le ^5 août.
130. Font Saint-Mauzcris , dans un caveau, à mi-côte du puv de Saint-
Robert , oi'uée d'une statue {ji-ossière à côté d'une croupe de cheval en-
foncée dans le mur: s'ouvre dans le cimetière de rancienue ëglise Saint-
Maurice, mend)ie de la commanderie du teiuple d'Aven. I.'aigua df Sent-
Mauzeris est souveraine pour le mal cliestiii , et l'on recommande les enfants
à Briguac. Nous avons noté le pouvoir de la meule cpii le iccouvre.
i31-132. Lasfonnt: Scnl-Lnurcnt '\ à Ségur, contre l(>s maux d'yeux;
vote le 10 août à Saint-Eloi; à Chaumeil, souvenii' dun ancien pi-ieuré du
même nom.
13'i-l 3."). Font Sainte-Agathe'^" ', àSaint-Martial-Entraif;iies, ornée d'une
"^ D'Alexandrie, ni' siècle.
<*' Baliylas d' Aiiliorho, m" siècle.
'•'•' l)'K{j)pte, uf siècle.
'*' De Mcoinèdie, m'' siècle.
^*' De Cnppadocc, ni"" siècle.
' J.-B. (^hampf'val, Le lia» Lim. teign. et yeUjr.
Martel, Erploratum du Cnuise deiiraiiiat, dans li' Hullelin ncii'nti/iifita el
hislm-iquc de la Con-èze, l. XV, /i' liv.
" Sancliis Cienosius, le coiii»klieii martyr à RrHiic, uT siècle.
Martyr ii Rome, ni"" siècle.
•'"' De l'aionne, 111' siècle.
— 175 —
pelilc sladicile que Ton plonge dans l'caii pour obtenir la pluie; à Fonl-
nierle, connue dès le xiv" siècle, est visitée dans le même but.
136-137. Fonts Saint-Vincent ^^\ à Bar, à Chaumeil, les deux aux xvi*,
xvu" et wni" siècles.
138-139. Fonts Saint- Gervais '•^\ à Lubersac (?), à ALx.
ihO. Font Saint-Clianians^^\ [wès Gorrèze.
l/il-l/i2. Fonfa Sainte-Claire^'''' : i" à Chaveroche, contre les maux
d'yeux; 9° à Pavzac, aupi-ès d'un rocher marqué d'empreintes qu'on dit
être de l'écriture de la sainte: son eau sert contre le cancer intestinal, les
membres endoloris et les yeux malades; de la monnaie est jetée par les rou-
inivs dans la som'ce.
i/l3. Founl Scnt-Guinhe-lou-fort , à Saint-PardoiLV-Gorbier, déjà men-
tionnée; pour les chestis , le provei'be dit :
Saint-Guinhe-lou-fort .
La vita ou la mort^^'.
FONTAINES SANS VOCABLES.
X'iii. La fontaine de l'Ermite, dans la foret de Blauchefort , paroisse de
Lagraulière, dut à un ermite sa propriété de guérù- des fièvTes. Des sous
sout jetés autour d'elle ])ar les roumius , qui s'y rendent puiser de l'eau
avant le jour.
\kk bis. Les fonts de Monccix , pai'oisse de Chamberet; attirent les pè-
lerins de la région; le 9 mai, fête d'une cliapelle voisine, dédiée à Saint-
]Nicolas-de-\Iyre, qui, avec saint Giles et sainte Anne, est dit avoii' tenu là
un concile '"'.
Xh'b. L'étang de Sur jadis , près des ruines de l'ancienne chapelle de
Surjadiz à Soudaine - la -Vinadière, fléjà indiquée. Pèlerinage le ^3 et le
2 4 juin , les lundis de Pâques et de la Pentecôte.
146. La font du Rieu-Tari , dans la forêt d'Escars (Haute- Vienne), est
''^ Saint Vincent, iv" siècle.
'^' De Milan, iv' siècle.
'^) Saint Amand, de Maëstricht, viii° siècle, devenu Chanmnt, par chuintement
local.
(*' D'Assises, xni° siècle.
'*^ Nous avons pu identifier ce saint avec un évèque d'Ecosse, du xii" siècle,
martyrisé en Picardie, à la Bouvaque, saint Millefort, très vénéré dans les pro-
vinces du nord de la France, sous le nom de Guignefort, et avec les mêmes attri-
buts à peu près qu'en Limousin. Cl", abbé Gorblet , Hagiographie d'Amiens.
'■''" J.-B. Ghanipeval, Le Ban Limousin seign. et relig.
— 17G —
visitée à la Saint-Fiacre et à l'KxaUatioii de la Croix. Ablutions el potions,
lavement des pieds par les fiévreux qui coupent et emportent des morceaux
de bois h la croix jilantée tout auprès. Bonne aussi pour les bestiaux ma-
lades, dont on ap[)orlo les licols avec de petits sacs remplis d'iierbe et de
sel : on suspend les ex-voto à la croix et aux branches d'arbres voisines.
On jette aussi de la monnaie, on fait trois fois le tour de la source et on
s'en revient ''^ Pour diverses aflections, telles que les engelures, d'après
M. Pougaud, l'aclion de mouiller ou d'exposer sur les bords (le la fontaine
les vêlements qui ont touché la partie malade suffit pour déterminer la
guérison.
Mil. La Font (le liciKic soulage les malades qui n'ont pu l'être à celle
d'Escars.
1^8. Les Boiines-Funlaiiies, mare, près Cussac, le -2 '4 juin, ablution
aux meniLies malades mis à nu.
149-150. La Fonl-Pinou, à Saint-Léonard, rend fou; mais une autre,
à Sainl-Victurnien, dans le canton, ramène la raison : on plonge la tête
dans celle dernière, ([ui esl un creux de rocher agrandi pai' l'usage, dit-on.
151. Le puits (le Ckampsac guérit les maux d'estomac, en échange de
morceaux de pain qu'on y jette comme ex-voto.
152-1 GO. Les fonis des Ronces [)rès le Chàlenet-en-Dogiion , |»èlerinage
le 1 1 aoiil; chi Boto-nny, comnume (rOra<lour-sur-Glane-, de Saiivagnac ,
commune de Saint-Léger-la-Monlagne, pèlerinage les 8 ei i5 septembre;
de lu Foret-Vieille , commune d'Ambazac; de CJiadieras , comiiuinede Remp-
ilai; de Sechatid, commune de (jhalus; de la Chapclle-Monthrandeix ; de
Dotirnazac; de Sainl-Jimien, etc., situées en Haute-Vienne, comme les
précédentes, n"" ili6 a iSa , ne possèdent qu'une vertu limitée à des vertus
spéciales : telle guérit du rachitisme, telle autre de la teigne, des scro-
fules, celle-ci des lièvres, celle-là de la peur, etc.'"'.
161-166. Les fonts: 1" //o;/w<fH^ à Peyrissac, xvni° siècle; 9." de^ Malades ,
à Treignac; 3" des Malades, à la Sauvezie, près Voulezac; fi" Aot^ Malades ,
^'' G. -A. Delaiiro, Description des ptincipaii.i lieu.r de France, h" partie (Paris,
Lejay, 1789), p. agi, 39.J.
^^^ Cette série de fontaines ih' la Ilaule-Vicniio osl signalée par A. PougautI, JjQ
superutilion en Liinoiiisin , dans le lliillclin des ainiH des scienccx et de» arts de lioclie-
choiuirl, I. VI, i8ç)6, p. i^io-i/i^L J'our complélor h nomcnclaliire des fontaines
(le la pi'ovincc, voii' Bomialous, Fonlainex cellupiex du départ innvnl de ta Creuse,
et LcfrendpK et croyances siipersliliruses coiiserccvn dans le département de la Crennc
(Gucret, 1867); l^aliei', Quelques léfrendes de la Creuse; L. Duval, Esquisse Mar-
c/iowe (Guérel, 1879), cliapitre de 100 pages sur le culte des eaux dans la ré-
gion, etc.
— 177 —
-à Lacombo, près La^ji-anlière; 5° des Daines, près Mercœur; 6° de Boussa-
ffuet, près Seilliac, ]('{;èrenient purgative et dout veulent boire les mori-
bonds de Tendroil a>ant leur lin.
167. La font Dial, 1206, dans le Cartulaire de Beaulieu, où sont tom-
bées les cloches de la ville disparue tout auprès, Malmarlel ^'', paroisse de
Ghaufour.
168-169. Les fonts Mercues et des Croix du Tranchât, où Roland aurait
mis le pied , guérissent les fièvres ; elles sont situées à la rencontre des com-
munes de Nonars, Puy-d'Arnac et Guremonte. Les Croix sont connues dès
1478'').
170. Lafount d'a-Ban, près Saint-Geré (Lot), aurait été formée par les
voies naturelles de Gargantua qui am-ait également produit le puy d'Em-
brieu, au bas duquel la source se trouve'^'.
171-172. Lafount del Drac, près Nonars, de la Gana del Diable, près
Lagraulière, où le Drac et le Diable vont faire la lessive'*'.
173. Lafount d'en Chanta Rana, à Troche, près les ruines d'un moulin
que le Diable reconstruit et fait tourner la nuit.
174. Lafount Rocha manha, commune de Turenne, près de laquelle se
réfugia une vicomtesse de Turenne, qui y fut nourrie par une biche.
175. La font Pompon, près GoUonges '*-, entourée de légendes.
176. La font du Pont-Richard , à Ségur, légendaire et curative.
177. La font des Grands-Roches, près Donzenac, où une jeune villa-
geoise se défendit contre un seigneur qui voulait la ravir et fut victorieuse.
178. La font de r Hôpital-Baudal , près Malemort, source principale de
la ville dispai'ue de Montfort.
179. La font des Horts , à Malemort, oii vont les processions des Roga-
tions et celles qui implorent la phùe.
*'■ Louis de Nussac, Légendes des villes disparues en Litiiottsin , en cours de pu-
blication dans Lemouzi.
(^' Louis de Nussac, Légende de Roland en Limousin , dans le Bulletin scientifique
de la Corrèze, 1892,
(3) Note de M. Noël Laplaze, de Saiut-Ceré.
'*' Le font del Drac doit écouler l'eau de la caverne jurassique, située en
amont, à la Garnie; ]a gana del Diable a été signalée dans les Légendes des villes
disparues.
'^* P. Bial, Leodunnm ou le Puy de Vezy, Monographie de Colhmges, p. 61 3.
Aughkoldgie.
INSCRIPTIONS HEiniVIQUES
EN FUANCE
DU VIP AU XV SIÈCLE.
Communication de M. Sclnvah,
Bibliothécaire à la Bibliothèque ualionaK'.
Depuis (les aimées, le programme du Congrès des Sociétés sa-
vantes porte, à la Section d'archéologie, une question, la vingtième,
ainsi libellée :
Becherchcr ks épilaphes, iuscviptions de synagogues, grattes, en
langue et en écriture hébraïque, qui n ont pas encore été signalés, ou ini-
parfaitement publiés jusqu'à présent.
Pourquoi celte question n'a-l elle pas été traitée jusqu'à ce jour?
La laute en est sans doute à Tabsence d'une bibliographie des tra-
vaux déjà publiés sur ce sujet.
On ne peut pas, il est vrai, faire de découverte sur commande;
mais on a pai l'ois la satisfaction de les susciter, d'aider le hasard,
par d'utiles indications. En tous cas, il est bon de faire connaître,
au {fraud joui" de la ])ui)licité, les pièces (jui existent et restent à
tort inédites. Certains savants, par un scrupule fort louable, mais
qui en l'espèce a ses inconvénients, hésitent à publier une in-
sciiption par crainte de répéter ce qui a déjà été dit. Il ne sera
donc pas mauvais de dresser le catalogue des inscriptions hébraïques,
de celles qui ont déjà été signalées et de celles (ju il reste à publier.
Il importe non moins de prémunir contre de fausses indications,
qui ])ourraicnt induire en erreur. Ainsi, le chapitre III du Cata-
logue du musée daichéologie et de cérami(jue, dans la ville de
Rennes, est iiilitub' pompeusement : cr Antiquités judaïques. n Or
ce chapitre se compose unicjuement d'un fflVagment de ])ierre du
tombi-au des rois à Jéi'usaleniT? (n" (j()j. inppoiié en i848 par
M. Aug. Pointeau, (|ui a légué sa succession à la ville de Rennes
en iS-^!}. Kiicorc laul-il croire le doniitcnr siif piu'(de, |)nis(|n(' ce
^ 179 ^
fragment n'est orné d'aucune inscription ('). La présence d'un mo-
nument judaïque en Bretagne serait, du reste, étonnante (-'.
Depuis F. de Guiihermy (-*', de nouvelles découvertes d'inscrip-
tions hébraïques ont été faites : elles ont passé presque inaperçues^
Peut-être n'aurions-nous pas à les enregistrer, s'il en était tenu
compte dans le travail tout récent (paru à la fin de 1896) de
M. Henri Gross, intitulé : vGallia judaïca, dictionnaire géogra-
phique de la France d'après leg sources rabbiniques. » L'auteur
n'ayant pas pensé à les faire entrer dans son ouvrage, nous croyons
nécessaire de combler cette lacune : ce sera l'objet de ce mémoire.
La nomenclature sommaire , — mais que des notes et références
continuelles permettent de compléter, — montrera l'intérêt d'une
telle publication : le philologue et l'historien y trouveront à glaner
maints renseignements utiles.
I
Les plus anciennes inscriptions de France qui contiennent des
mots hébreux sont celles d'Arles, de Narbonne, de Vienne et
d'Auch. Les unes, en latin, ne contiennent que l'expression Ulbp
VNTîy bif tfpaix sur Israël I^^; d'autres ont seulement le premier
mot : m?w\ C'est peu, il est vrai, mais cela même intéresse une
époque fort reculée : comme l'inscription de Narbonne, ainsi qu'on
va le voir, est datée, les caractères paléographiques du latin, seuls
péremptoires, permettent d'assigner à peu près le même siècle
aux inscriptions analogues.
Ainsi, à Narbonne, une épitaphe latine relate le dicès des trois
enfants d'un certain Paragorus, savoir : d'un fils, Justus mort à
l'âge de trente ans, et de deux fdies, ALitrona morte à vingt ans
et Dulciorella à neuf ans. Cette relation est suivie des mots D^b^
tNI^v'?^ et de la date ff l'an 11 du règne d'Egicaw, qui correspond
"' Catalogue raisonné, par Aug. André (Rennes, 1876, in-S"), p. 5/i.
'-' Cette province n'a jamais complé que peu de Juifs, dit M. Léon Brunscbvieg :
Revue des études juives, t. XIV, 1887, p. 80 et suiv. Le plus ancien texte qui en
parle est une quittance en latin et en hébreu, datée de Nantes la'Sù.
''' Inscriptions de la France, du / au xviii' siècle, ancien diocèse de Paris
{Documents inédits sur l'histoire de France), t. I, p. 709-71^. — Cf. l'important
mémoire consacré par Adrien de Longpérier aux inscriptions hébraïques de Paris
dans le Journal des Savants, année 187A, p. 638 et suiv.
— 180 —
à G88-()8(| (le .!.-(-. (le loxlc a ôlé n'ôdiU' plnsiours l'ois, en der-
iiiiT lien par M. Le HIaiil dans son llecueil (Fiiiscrif)tioiis chréliennes
ilv la (iiiiilc (iiiti'ricKn's (tu \Jii'' .y/V'tVf''', pnis par M. Théodore lîei-
nacli - ; ce «pii nous (lis|»ense (Tinsister.
IMus loin, un paraifraplic spécial sera consacré aux inscriptions
liéhra'ùpu's de celle \ille. (pii sont du xni" siècle.
vue H.
Dans lancien prieuré de Sainl-Orens à Aucli, on a lrou\é une
inscription latine donnant d'abord le nom du donateur, Bennid'-'^,
puis celui du [graveur, Jonas, et se terminant par le moi D1711?
frpaixn, à la gauche de la représentation de trois symboles juifs,
le chandelier à sept branches, llan([ué, dun côté, du Schofar
(corne de bélier dans laquelle on sonne au nouvel an), et, de
Tantre. du Iniilah (faisceau composé d'un cédral, (Tune palme et
d'un bou(|uet de in\rt(! et de saule, que Ton aj'ite à la fête des
Tabernacles).
Ce texte n'est |)as daté; mais l'examen paléo{|raphi(pie ])ermel
de le placer approximativeunnit dans les dernières années du
vil' siècle, ou au commencement du viii" siècle. M. Théodore Rei-
nach suj)pose que ce monument est un*' pierre funéraire, et il
ima{;ine la disparition d'une j)remière lijjne contenant U'. rci-{5Ît->i.
M. David Kaufmann, au contraire, voit dans cette pierre une plaque
flédicatoire fie synajfojrue '''^. Entre ces deuxo|)in ions contiadicloires,
M. lui. Le Hlant hésite '•'J, et il se demande, en discutant philolo-
giquement chaque expression du texte, s'il s'ajjit là d'une stèle
f'unérairt' ou d'une dédicace.
WUA'IS.
Des inscriptions constituant le Corpus inscriptionum licbraïcarnm
de M. (iliwolsou, 1(! n" 55 offre celle (pii a été trouvée aux Alis-
(') T. II, p. /176, II" ()3i, et pi. LXXXVl, fig. 5ii.
(*' Revue (Iph éludes juives, t. XIX, 1889, p. 75-83.
'•''' Soit le nom laliii Bcnediclus, soit le nom gormaiii((n(' Hoiiiiil; pcut-èlrc
même est-ce Henuid, pour Henvenit : Théod. Roin.uli, iikmiic Revue, p. 9i()-a'jr),
el t. XX, p. lia.
(*> Umi, t. XX, ]8()0, p. a().
'*' Nouveau recueil d'itiscriplioiis chrclieniie» de la Gaule (Documents inédits sur
l'hintoire dv Fraiirr'), i^f}'^-, n" ccvcn.
— ISl —
camps, et qui esl déposée maintenaiil au musée d'Arles. Il ne
subsiste qu'une ligne, la première de l'iusoriplion; la voici :
T'ND [i3]"iD bu nnpn ht
Voici la tombe de (notre) maître Mëir.
Après les deux lettres "iD du quatrième mot, il y a une lacune
par suite d'une cassure; mais il n'est pas difficile de la combler;
ce sont les lettres placées entre crochets. Le reste du texte conte-
nait évidemment la généalogie du défunt, une eulogie en sa faveur,
et la date du décès. Déjà François Lenormant a signalé cette in-
scription''', en croyant pouvoir l'attribuer au iv" siècle; mais, en
raison de l'irrégularité de l'écriture, surtout de la forme des lettres
N et D, M. Chwolson l'attribue au vu" ou même au viii^ siècle.
Le n" 9^ du même Corpus est la copie d'un texte encastré dans
le portail d'une maison de campagne sise près d'Arles, dite maison
de Greffeuille. Le voici :
"iv:n miiT' hz' ^')'2^ ht
n^nn ntyn ''D'nD i3
Voici la tombe de Juda jeune homme ,
fils de Mardochée. Que son esprit repose ,
car il n'a jamais commis de péché.
Une photographie de cette inscription avait été envoyée par
M. Hartwig Derenbourg à M. Chwolson. Le savant hébraïsant,
d'après l'examen des lettres N et b, surtout du D et du p, lui as-
signe pour date le ix*" siècle, plus ou moins arbitrairement. Pour
justifier sa conjecture , il se fonde sur cette considération historique
qu'un siècle au moins a dû s'écouler entre l'établissement de cette
pierre lumulaire et la naissance du célèbre Gerson ben Juda, de
Metz, on de Moïse Ha-Darschan, de Narbonne. Or leurs noms
évoquent un véritable épanouissement littéraire, fruit de longues
études et preuve du séjour d'une certaine durée des Juifs en ce
pays. Kn effet, aux termes d'une légende racontée en langue ara-
"' Essai sur la propagation de l'alphabet pliénicien dans l'Ancien nioude , t. I,
p. 97.3. Rien n'est dit à ce sujet dans le wRecueil de toutes les inscriptions anté-
rieures au vin" siècle» , pièce 4'\ s. I. n. d., àiaB. N., Estampes, cote GL 8^.
— 18-2 —
ineciiiK'f'^ Vespnsipil (il (Miil);n'(|iior i\v^ .luils siii- trois navires, (|iii
liiieiit ensiiilo a])an(loiinés en ])ltMn»' nier pai' leurs capitaines. Un
de oes navires arriva à Bordeaux, uu autre à Arles et le troisième à
Lyon. Accueillis (Kaboi-d avec bienveillance dans la preniièic de ces
villes, où on leur donna des champs et des vignes, les Juifs lurent
maltraités après la mort du prince qui leur avait offert un asile, et
pour l'aire cesser ces ])ersécutions, ils instituèrent des joufs de
jeûne. Quelle que soit celte légende, elle j)rouve au moins que des
Juifs se 8ont établis d'assez bonne heure dans le sud de la France.
On le sait en particulier pour la cominunaulé d'Arles, contre
bujuelle des mesures furent prises dans les Conciles dès le piemier
quart du v" siècle, en k'nh. Mais les Juifs ont continué à vivre en
Provence fort longtemps, et il serait téméraire de tirer de là une
déduction pour fixer la date d'une pierre.
VIENIVE-EN-DAUPIIIINÉ.
Une épitaphe trouvée à Vienne '-' porte ces mots :
Samuel (ils de Juslii.
M. A. Prudhomme'-'' a montré (|ue rétablissenient des Juifs dans
cette ville remonte jusqu'au temps de la domination romaine en
Gaule. De plus, M. H. Gross a découvert un document ''') qui nous
intéresse par une coïncidence de noms ; c'est un contrat du
x" siècle, en vertu duquel un juif de Vienne, nommé Asterius,
échange un ehanip lui appartenant contre celui d'un couvent; la
femme du jiropriétaire s'appelait Justa, et l'un des témoins signa-
taires de la pièce se nomme Justus. Ce nom, du j-este, apparaît de
bonne heure chez les Juifs, dès l'antiquité romaine. Il suffît de
rappeler, entie autres, Justi; do Tibériade, l'adversaire de Flavius
Josèphe et lauliuir d'une histoire de la jfuerre juive. On le ren-
<'^ D'après un manuscrit do in bibliollièquc de M. (joldschmidt ù i^^rancforl-sur-
Mein, S. Baer l'a publiée dans son édition du Hitnel journalier (Rœdellieim ,
1868), p. 119; Gross (Gnllia jndaica , p. 7/1 à 90), donne encore d'autres et
nombreuses références.
'^' Signalée par Vr. Lenormant, l'jssai sur la jimpiiiraiion de l'alphahct, K p. 37/1,
cl pnblii'o par Ciiwolsou, (jorims iiisir. Iirhr. , u" .') i , col. 179.
'■''' Les Jnift en Dnnphiné fui.r iiv"^ et xv'' sii'cles ((îreniibio, iHXIÎ, in-8°).
'*' Monattchrifl fur Wissengchaft d. Judenthums, 1878, p. 1^7; Galliajnd.,
p. 191.
— 183 —
contre sous différentes formes chez les Juifs de France et d'Es-
pagne ^'^
Dans Tépitaphe en question ici, notre mot est écrit iriw"i\ rCe
mot est pour Dinuv, dit M. Théod. Reinach^'^^, soit par une simple
erreur du lapicide, soit, comme l'a supposé M. Isidore Lœb, par
une imitation de la prononciation vulgaire où Vs final de lustus
disparaissait sous Tinlluence de l'accent tonique de la première
syllabe. •)5 Ces conjectures sont plus spécieuses que fondées. En tous
cas, elles sont inutiles.
Si l'on remonte aux plus anciens textes connus , on trouvera les
noms propres latins dépouillés de la désinence, ou de l'indice de
déclinaison, dans les transcriptions hébraïques. Dans le Talmud
de Jérusalem, on trouve tantôt la forme N'IOOr, /tis/o, tantôt la forme
"•tîDr, lusti : 1" tr. Berakiioth, VIII, 6 fin (trad., t. I, p. ±US); tr.
Schbiilh, VI, 1 fin (II. p. 383); tr. MeghiUa, I, i fin (VI, p. 202);
Baba qama, VII, h\ Baba meàa, X, 2; Sanhédrin, II, 3 (t. X,
p. 68, i53, 266; 2" Troiima^ XI, 5; Maasser scheni, V, 1 (III,
102, 2&8)-, Erouhin, VI, h (IV, 262); Schqalim, II, 1 (V, 269).
Enfin ce même Talmud, accompagné du Commentaire de Syreleio
(édit. Lehmann), donne, dès la première mention de ce nom^ les
deux orthographes combinées : ''XriDT', lustoï {a\ec un n, au lieu
de î3, comme à Vienne).
M. Louis Havet, consulté à ce sujet, a bien voulu nous commu-
niquer son avis : selon lui, r l'auteur de l'inscription avait dans
l'esprit un équivalent grec, 2ajt/ou>)X vios louai ov, ou ^a(JLOvtjA
lovaJov. C'est le génitif grec qu'il aura transcrit lustu, tout en in-
sérant son bar trfils de», tnot chaldéen».
Pour le sens, le nom lustus correspond à l'hébreu p''"i!i, Çadic,
comme Zunz en a fait l'observation t^). On serait tenté de conclure
que toutes les fois qu'un juif s'appelait Justus, il portait dans ses
rapports avec la synagogue le nom Çadic. Effectivement , encore au
xvu" siècle, un juif d'Amsterdam, Jacob Çaddiq, publia sous le
nom de Justus sa fr Chorographie de la Palestine» (i63i). Mais
cette assimilation, si séduisante qu'elle paraisse, semble n'avoir
été faite qu'à une époque tardive.
(1) Ibid:, p. 11.8.
<'' Revue des Mudes juives, t. XIX, p. 81.
''^ Nameii der Juden, dans Gesaïutute Schriften, t. II, p. 16.
18/1
WORMS lîT spiiu:.
Sans sortir dos limilos naliiroUes do raiicioniio Franco, arrélons-
nous dans quelqnes villes do la rive {jauche du Uliin. Ellos ne sont
pas en dehors de notre domaine littéraire : c'est dans un pareil
sentiment que, les 8 et (j juin iS^jG, le Congrès archéologique de
Fi-anco s'est tenu à Trêves, et les résultats en sont consignés dans
un volume imprimé la même année sur place, par les soins du se-
crétaire général d'alors, le haron Ferdinand de Roisin.
Comme le dit avec une pointe d'ironie un Viennois, M. A. Ep-
stein ''), les trois villes rhe'nanes de Mayence, Worms et Spire
sont échues à rAllemagno par le traité de Verdun f à cause du vini5.
Dans ces villes, il subsiste des inscriptions qui non seulement ren-
trent dans notre cadre, mais encore nous touchent par leur origine,
ou point de départ. Par une inscription (n" i), tracée à W^orms
sur une table en pierre adaptée au portail Nord de la synagogue,
on sait que Mar Jacob et sa femme Rachel ont érigé cet édifice
l'an io34, en vieux style roman. En 1176 et 1 186, d'autres con-
structions, telles que cour et miqweh (bain rituélique), furent
ajoutées (inscr. n" 4), et en 121 3 on y annexa le parvis des
femmes.
La plus ancienne pierre tumulairo, datée de l'an 1 100, recouvre
la tombe du «fils de R. Samuel, mort pour la foiw, martyr de la
i""" croisade. Levvysohn (60 Epitaphien, p. 90, n" 56) lui donne
])Our date 1 1 76 ; sa série commence par une Sagira rr fille du martyr
Samuel^, eu 906 ! Ce monument confirme un fait historique, que
ie premier juif ayant séjourné à Worms est un Français, le poète
liturgique Ascher ha-Lévi,de Vitry, un contemporain de la r* croi-
sade C^).
Peu de temps après la première construction, s'il fallait en
croire une légende, le Français Raschi, de Troyes, se serait trouvé
l.à. Cette légende est née |)arce (jue l'on cherchait à justifier l'exis-
tence d'une chapelle accolée à fouest de la synagogue, ([ui com-
prend une niche formée de doux pierres brutes à droite et à gauche,
<'^ Judische Alterllnimer iii Wuriiin tmd Speier [\\res\au , i8()6), p, 3; cf. Grciclz,
Getchiclile der Juden , l. VI , p. Ci.
''' Ziinz, Lilvralur{rescliichte , p. A; Monatfchnft , i87(), p. 278; Epstein,
/61V/., p. l 'A , noir* 1.
— 185 —
rormanl lui siège, avec des bancs de pierre au sud et au nord, dis-
posés pour les élèves. Toutefois, à la suite de i'e'tude criticjiie
d'une copie des premières inscriptions, qu'avait faite un certain
Eliézer b. Samuel en iBBq, et par Tétude comparée d'a''.îies in-
scriptions (n"' 5 et 6), on a acquis la conviction que cette seconde
bâtisse, assez médiocre, est de Tan m'^Z"' nja, soit 38/i de Tère
juive (= 162/i de l'ère vulgaire), érigée par David ben Josué Jo-
seph Oppenheim,
Quant à la communauté de Spire, qui est moins importante et
moins intéressante, tout en remontant à la même origine que
Worms, le fragment de la plus ancienne pierre tumulaire est daté
de 1 i/i5; en ouli'e, de la fin du xi* siècle, il reste le bain com-
munal , situé non loin de la synagogue. Les premiers immigrants
juifs étaient venus de Mayence, d'oi^i ils avaient fui pour échapper
au fer des croisés (^^
II
Jusqu'à présent, abstraction faite du midi, on n'a pas encore
trouvé en France d'inscription hébraïque antérieure au xi^ siècle.
Dans toutes celles dont la mention suit, l'écriture des inscriptions
funéraires n'offre aucun caractère plus ou moins arcliaïque, comme
cela se passe pour les autres langues durant le moyen âge. Encore
moins, dans ce grand cadre chronologique qui embrasse les xii%
xiii'' et XIV® siècles, peut-on établir une règle de paléographie par
les dates : c'est que les lettres carrées ont été transmises tradi-
tionnellement, sans changement, immuables aussi bien sur la
pierre que dans les manuscrits des livres d'office ou liturgiques.
Les spécimens tirés des manuscrits publiés par Steinschneider et
ses émules dans leurs catalogues descriptifs ont pu servir pour dé-
terminer à peu près la date de l'écriture cursive juive, laquelle a
varié selon les temps et les pays, mais non pour l'écriture carrée,
seule usitée dans les inscriptions. Il n'est pas impossible, cepen-
dant, que par la juxtaposition d'un grand nombre d'inscriptions
publiées à l'état de fac-similé, on n'arrive à établir des points de
repère.
"' A. Epslein, Das tahmulische Lexikon D^XiD ■"Dirp «. Jehuda b. Kalonimos
aus Speier, p. 8 et suiv.
— i8r> —
DIJON.
Los j)ionos tnniiilniiTs lit''l)rnïqiios, découvorlos à Dijon flopuis
i8o3 jus([irà nos joui's, dans rancicMi périinètio de la ville, pro-
viennent de divers emplacenicnts d'anciens cimetières israéliles, se
Ironvanf dcri'iore lo quartier assigne» aux Juifs durant le moyen Age.
Celui-ci comprenait rancienne rue du (Jrand-Potet (rue Bufl'on ac-
tuelle) et ia place Saint-George (^). Leur grand cimetière devait
s'étendre a?sez loin, car l'on a découvert des 9(|uelettos de cette pro-
venance dans la rue Bullon, et des pierres lumulaires, entières ou
brisées, en très grand nombre, à la place Rameau. Elles ne por-
tent aucune date; la plupart ont été mises au jour et confondues
avec les moellons de l'antique Casinim, lorsqu'on a creusé le sol
pour aménager la place Rameau actuelle, afin d'y élever des con-
structions. D'autres ont été trouvées rue Vauban, dans les caves
de l'ancien bôpital Saint-Fiacre. Les lettres sont remar(juables par
leur foruie, la beauté du ciseau et la j)rofondeur du tracé, déno-
tant la main d'ouvriers habiles comme lapicides, mais parfois in-
expérimentés en langue hébraïque.
Dans les Archives des Missions scientifiques C-^), M. Ad. Neubauer a
publié huit de ces inscriptions, transcrites par lui au musée de
Dijon. A cette courte liste, M. le rabbin Gerson a bientôt ajouté
vingt-neuf inscriptions nouvelles (•'*), dont quatorze décliilfrées à ce
même musée, deux chez le D"^ Marchant rue Barbisey, et treize
dans l'ancienne maison Baudot, rue du Vieux-Collège. D'après les
noms propres, simples prénoms, que donnent ces pierres, et sur-
tout d'après ceux des femmes ''\ il est permis d'attribuer ces in-
scriptions aux xii' et xiH* siècles, faute de date plus précise.
On sait du reste que, du xi'' au xiv" siècle, les rabbins ayant sé-
journé dans la Bourgogne ne sont pas restés indilïérents au mou-
vement intellectuel qui, après s'être produit dans la (Miampagne,
''' Coiirlf'pée, Dcxa-iptiim du duché de Hoitrfjojrur. , t. I, p. 108 cl hh'à; l. IV,
p. 911; Depping, Les Juifs dans le moyen âge, p. 369.
"^ Tome 1" de la 3" s'rio. p. 5G5.
<•') llevue des études juives , t. VI, i883, p. :! a 3-2 2 9.
'*' Tels sont : Bona, au u" 5; Ivelc, an n" 10; Marona, au n" 18; Flora, au
n" 91, sans compter ceux de Sinna et SimliH, laquelle dernière dénominalion Cor-
respond au prcnouj Jute du Xiii" siL-cie. ci-aprùs.
— 187 —
s'est étendu jusqu'à cette province; ils ont suivi i'éian donné aux
lettres par les écoles du nord-est de la France. Ils ont fourni leur
part à la culture générale du pays. C'est un hommage à leur
rendre, au moment d'exhumer leurs noms après plusieurs siècles.
MÂCON.
Au musée de la ville de Mâcon , il y a un certain nombre de
pierres tumulaiies hébraïques, qui ont été découvertes par des ou-
vriers travaillant à l'établissement du chemin de 1er de Paris à
Lyon'^'. L'emplacement OTJ elles ont été trouvées était sans doute
le cimetière des Juifs, situé au nord de la ville, en dehors des for-
tifications, au bas d'une petite colline et près d'un petit ruisseau
sur lequel a été établi un pont, appelé Pontjeu (pont des Juifs). Ce
quartier se nomme Bourg Savoureux. Près de là il y a une maison
de campagne nommée Sabbat, où, à ce que l'on prétend, se trou-
vait la synagogue, et dans le voisinage on a découvert aussi un
puits, qui, à en juger par sa construction, pourrait bien être un
miqweh (bain rituel) du genre de celui que nous venons de voir à
Worms.
Le total est de sept pierres tumulaires, plus ou moins complètes.
Le n" 1 couvrait la tombe d'une juive nommée Angélique, et les
n"' 2 , 3 et 7 sout datés, savoir : le n" 2 porte la date du dimanche
section Schmôth an xxi (= 19 décembre 1260); le n° 3 est du di-
manche section Wayera an lxv (= 1 1 octobre i3o4), et le n" 7
est du mardi section Mathoth an lxx (= 2 3 juin i3io). Ce der-
nier numéro offre comme particularité intéressante le nom de
femme nxWT' fJoavali-p, à rapprocher du prénom Joie, qui figure
dans le cfRole de la taille de Paris en 1296-129775, et que nous
retrouverons dans l'article consacré à cette dernière ville.
BÉZIERS.
Une magnifique inscription, en douze lignes de douze à quinze
mots, qui est de beaucoup la plus grande et la plus importante de
toutes celles du moyen âge juif, se trouve à Bézicrs; elle provient
^*' Elles ont été publiées par Isidore Lœb : même Revue, t. V, 188a, p. loZi-
106, avec renseignements topographiqnes par M. Lacroix, pharmacien en cette
ville.
— 188 —
de la sviiagoguo do colle vilUï. Kilo a otc* publioo ot liadiiile tour à
tour par Andotiuoon lOôo, par lahlx' Mailhol on 17C9, par Creuzé
de Lesser en 1826, par Alexandro du Mojje on i8ii, enfui par
iM. L. No'juior on 1878.
Malgré' cos nombreuses éditions, le texte restait incomplet; car
la ])iorre est malheureusement cassée à droite, du haut en bas, sur
uuo corlaiuo lonjfueur. Les ])reniiors mots des ligues, surtout en
haut, qui avaient disparu, ont ('té ingi'uieuseiuonl roslituos par feu
Isidore Lœb'^^ avec le concours de M. Joseph Derenbourg, et la
date a olo idontifiée, savoir: 1.'^ taïuouz /kjoû ( = vendredi 1 G juin
iilik). Toutclois, observait i\l. Deienbourg, en supposant que la
cassure en tète de la ligue 10 contenait le nombre (io, on peut
lire UciG'-i au lieu de ^4906; ce (|ui donnerait en oquivalonce chré-
tienne le dimanche i3 juin 120A; ou encore, en intercalant le
nombre 20, on peut lire kç^ak (= lundi A juillet 116/1).
xNÏMES.
Passant un jour dans une des vieilles rues de Nimes, la rue dos
(Iroffes, M. Jos. Simon, instituteur juif de la localité, remarqua
une longue et assez large pierre, sur laquelle sont gravés des ca-
ractères hébreux. Tout d'abord, impossible do rien déclnffrer, à
cause do la hauteur où se trouve la pierre, (jui sert de linteau à
uuo porte cochoretrès élevée, et surtout parce que les lettres se pré-
sentent retournées. Après deux ou trois essais, il arrive à lire ces
mots :
pnîi'' '"1 -i33:n ODnn i^p ht
Voici la l(tml)o du sage, le vénéré R. Isaac. . .
Los caractères des deux premiers mots ont de 3 à k centimè-
tres de hauteur; les autres do 8 à 9 centimètres. I^our fixer la
date do ce texte. M. Simon met à profit les moindres laits (jui peu-
vent f éclairer, féjxiquo de la cousiruclion de la maison, la forme
de la pierre peu ordinaiic; il la lait remonter au xi' ou au xii'' siècle,
en ajoutant (jiie le rabbin mentionné là doit èti-e ou le fils de
Haabad (H. Abr. b. David, le contiadicleur de Maïmoni), sur-
"^ L'nivers israéHlr, 1H7H, I. XWlil, |i. 7i((-7-.!/i.
— 189 —
nomme J'aveugle, ou le père d'Abba-Mari, intendant des deniers
publics à Saint-Gilies'^).
Dans la plaquette consacre'e à ce sujet'-' rauteur a aussi recon-
stitué trois inscriptions he'braïques de cette ville, j)erdues depuis le
xvi^ siècle, recueillies par Poldo d'Albenas*'*' et reproduites plus
tard par Ménard. D'après les versions de ces historiens, voici les
restitutions opérées par M. Jos. Simon :
I. '") l'ZDzn DDnn "lap rr tombe du sage, le vénéré R.i^, inscrip-
tion que d'Albenas avait mal transcrite : ~)"i2D DJnn "i3p, et iVIénard
l'avait corrigée (!) : ")3D3 I^IT»! I2p 'f tombeau de Jean de Boskeni!
II. [n]3 ros'?"!! mD bv ni2j> nî r^ voici la tombe de dame Dol-
cena(*) fdle de^. D'Albenas avait lu : 2 n:sVn mr: bvn "i3p n, et
Ménard: nJ2jj'7'n mD^î^i ^3p nî rceci est le tombeau de Salomon
de Lisbonne Ti!
m. T'ND "13 3''3n p pnî:"' '•) "i3p dî ffceci est la tombe de R.
Isaac b. Habib fils de Méin^. D'Albenas avait lu : p nn-^^2 -i3p nî
T^InDo 3"«3n, et Ménard (mieux en tète) : b'^'iDi I3p nî
T voici la tombe de de Marseille w!
TOULOUSE.
Au musée des antiquités de Toulouse, qui occupe l'ancien cou-
vent des Augustins, dans la galerie Nord du cloître, sur un frag-
ment de pierre grise, se trouve une inscription hébraïque de
quatre lignes, \oici le texte, dont nous devons une copie à M. Em.
Roschach (^> :
-)3p p'^î:
]M i3D:n
Stèle funéraire
du vénéré Don
Vidais Salomon
Nathan. Il repose au Paradis.
'" Ibid., p. 8i-88, analyse de M. le rabbin Aroo.
(-' <r Inscriptions tumiilaires hébraïques du moyen âge à Nimes, notice communi-
quée à T Académie du Gard« (N., 1877, 8°).
^'^ Discours hlst07-ial de l'antique cité de Nimes.
(*' Diminutif de Dolza ou Dolce, cité par Zunz, Namen, etc., p. 87.
'^' Il n été publié et traduit en premier lieu par M. le rabbin Oury : Archives
— 190 —
On trouve notre Vidais Nathan, laxô comme ff Juif du Roi« à
lio sols parisis. dans un des mandements de Philippe le Bel pré-
sentés au s(Mi(k'hal de Carcassonne par Bonnet du Ihury, juif de
IJeaueaire, portant maintien des privilèges des Juils et de la protec-
tion ([ui doit leur être donnée, et prescrivant la levée d'une taille,
avec le rôle de ces juifs, daté du vendredi après la Saint-Michel Tan
1291. Bien entendu, la forme Vidais, en langa{je languedocien
adouci, équivaut au latin rVitalis Natham^, tel que l'écrit le
mandement royal (•'. Donc, la stèle doit remonter au commence-
ment du xiv" siècle.
Selon une lettre que veut bien nous adresser M. Ad. Baudouin,
les catalogues imprimés de Dumège et de M. Roschach ne mention-
nent pas d'inscriptions hébraïques; mais Dumège en indique deux
sans les reproduire, dans son catalogue manuscrit. Voici ce qu'il
dit :
cf 1° Fragment d'une pierre sépulcrale, trouvée à Toulouse, con-
tenantlc reste de l'épitaphe d'un juif. Ici une ligne en hébreu ( 1^'-*
'2 ^py), c'est-à-dire cfRabbi Jacob bcnw;
cr 2° Autre épitaphc d'un juil. Elle a été découverte àNarbonne,
dans un lieu nommé Mato-Pezonls t-^^. Elle est ainsi conçue et fi-
gurée f) La notice s'arrête fâcheusement au bon moment;
mais elle ne peut se rapporter qu'aux quatre lignes transcrites ci-
dcissus.
INARBONNE.
La communauté juive de France qui au moyen âge a été ia plus
brillante de toutes, est celle de Narbonne*'^. De tant d'écrivains,
(|ui ont vécu et sont moris là, il n'y a presque plus de traces que
leurs écrits. Que sont devenues leurs stèles? On l'ignore. C'est à
peine s'il en subsiste quatre au musée de cette ville, en état plus
ou moins fragmentaire ^^\
israélilps , i8()9, p. :^o3. Depuis lors, onl «lisparii les (rois (lnnii(''ros lettres de la
Iroisif'inc lijjnc, écrile en pelils carapU'reg à cause de l'exiffnïtt' de lu pierre : Ar-
chives des missîOH.s- xcienlijiqiies , ir séi'ie, I, p. .^îj|-55a.
"' Muiuiscrils de la Hihliollx'ipic iialioiialo, l'oiids Doal, (. WWll, ï. a 18 et
8uiv.; G. Saige, Le» Juif» du Laiifriiedoc , p. uu5.
(*' Nous restituons les mots entre parenthèses.
W Occidit pediculos.
<*> Gross, ( j allia jiulaica, p. /ioi-A8i.
'*' Tournai, dnlaloi^ue du musée de iXarbonne (i80/i), p. 5i.
— 191 —
Voici d'abord une inscription dont Toriginal sur marbre est au-
jourd'hui perdu; elle a été' transcrite par un arcljéologue au
xvii'' siècle, dans un manuscrit conserve' à la Bibliothèque de la
ville, et dès lors In moitié de gauche du marbre manquait.
Milieu
du marbre
11
I
-)3TN' . . . n-iDu; nat;'? -yhi hzià
nsn . . . ]2 nD7U D\s*n nnnNS p'in
La lecture de ces trois vers, avec surchargea la troisième ligne,
est trop problématique pour donner un sens, A peine voit-on à la
fin le nom de ffyàyim(?) Salomon.. ./mèerw (compagnon d'études,
c est-à-dire homme instruit).
— 192
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— 193 —
Sous le n" 2o5, il reste une inscription de'dicatoire de syna-
gogue, datée de Tan 1260, dont voici la teneur : «La permission
de construire un temple, une arche et un enclos du coté de l'Orient
a été accordée Tan 5ooo, pendant le mois de tebet '^l Dieu nous a
fait rendre le Sabbat, et il a mis un terme à notre dispersion, n
Suivent deux versets, l'un du Deutéronome (xxx, 3), l'autre des
Psaumes (lxii, 9).
L'original hébreu de cette inscription a été imprimé (-); on peut
donc se dispenser de le reproduire, avec celte réserve qu'à la ligne Ix
donnant le verset des Psaumes, il manquait le mot oy pc peuple^:,
restitué par le conservateur du musée lapidaire, M. F. P. Thiers.
Le même savant a bien voulu nous transcrire les n"' 206 et 207 '^'.
Grâce à sa copie iidèlo , ces textes '^), dépourvus de sens jusqu'à
présent, deviennent intelligibles. De grands hébraisants y avaient
renoncé. Depuis lors, on a très heureusement lu et compris le
tout, comme suit :
n^riDj b'!i2 13^2 iVn -!C?n ni^s-on n-y mn
n2^r\:2 -{bn inVn* .i^'lîd: -^hn d-'D"' ^1^-2
arn t^iDi '2 V b^2 m^2
Ce monument, écrit avec une plume de fer (ciseau ), témoigne et dit que
David est caciié (inhumé) parmi nous '^'. Il a été caché (enseveli) 9 jom-s
après que fut enlevée sa fille (?) en bas âge. 11 a suivi son chemin, au mois
des pluies (Heschwan), le 16, à ta fin du jour
Comme la troisième ligne rime avec la première , la quatrième a
dû rimer avec la deuxième , xnn: ; il a pu y avoir les mots : N3n Db^^'b
'■'^' 11 laut noter qu'après le nombre ôooo il y a une lacune, ce qui peut nous
reporter au delà de 1260, mais non au ix" siècle indiqué par erreur.
'■^> D'abord assez mal par Dumège, Mém. des Antiquaires de France, t. VllI
(1829), p. 336-356; puis dans les Archives des missiotts scientifiques, 1878,
p. 553.
(3) Yoir page igy le fac-similé du premier numéro. Comp. Revue des études
juives, XXXV, 992-296.
'^' Les n" 206-207 ^''"'' numérotés 208-310 dans l'œuvre de M. Tournai,
Inscriptions inédites ou peu connues du musée de Narhonne (Caen, 186/1, in-S").
'*' Expression biblique : 1, Samuel, xxiii, 19, et xxvi, 1.
Archéologie. i3
— 19/i —
'•;ui monde à venir •^j bonne lin ilc j)ln'ase. Du reste, le style est
redondant, et, ponr exprimer la «petite fille ii, le terme nblî? est
bizarre. Aussi. M. le R. Abraham Danon pn'fère lire ce mot inbsy,
svnonvme poétique de a femme '^ {Juges, xiv, 18), aussi bien que
le Nautique cks cantiques (v, 9) a le terme gracieux iDiV crma co-
lombe i>, dans le même sens.
Ce sont donc quatre vers rimant deux par deux, et la dernière
ligne contient le quantième. Au quatrième mot, les deux lettres 2
et ï) ponctuées donnent le chiffre 82 ou 16 Heschwan 6082
[= 8 novembre 1821].
N° 907 : ^3p ]V!i [nij
f\lDV 13 . . .
D''"'nn "n"i[s3]. . .
]vb:! ""T'en [ny] . . .
njU3 -i^N. . .
|ii3d] inmiD. . .
[V^oici] la stèle funéraire
de . . . fils de Joseph. [Que son âme
soit dans le faijsceau de la vie
[avec] les de'vots du Très-Haut.
[Décédé] [au mois de] lyar l'an
. . . Son repos [est honorable].
Jusqu'à présent, on n'avait lu aux troisième et quatrième lignes
()ue les mots D^JDn et icb^V, ce qui ne donnait aucun sens plau-
sible, pas plus qu'à la dernière ligne les trois lettres inn.
En outre, — nous écrit le savant conservateur, M. Thiers, — il
existe au musée une pierre non cataloguée, qui parait êlre une in-
scription hébraïque. Voici le fac-similé :
d1l=) (
._ 1 n u
— 195 —
La piorro, ne contenant que deux lignes, est rognée à gauche.
Elle provient des remparls de la Renaissance et n'a pas e'té connue
de Tournai. Il n'y a rien à tirer de ce fragment.
CARPENTRAS.
Dans le Cointat Venaissin, en raison de leur dépendance du
pouvoir pontifical, les Juifs ont toujours été tolérés. Pourtant, il
ne reste d'anciens vestiges épigraphiques de leur séjour en ce pays
que dans la ville de Carpentras.
Au musée, il y a cinq fragments bien courts, sans date^^' :
1 ... mnp nsîîD
2 [n]^'D p ïiDT» . . .
3 . . .D2 n:"»"»! mD
à . . . n3 nh^''2 . . .
5 I^DD p HD^îy
1 Stèle funéraire de . . .
2 ... Joseph fils de Moïse
3 Dame Dayena fille de ...
Il ...Beila(ouBeHa) fille de ...
5 Salomon fils de Makhir.
Les noms de femmes aux n"' 3 et /i sont à retenir ('^l Au n" 5 ,
on voit un membre de la famille Makhir, célèbre au moyen âge
dans tout le midi.
III
PARIS.
Jusqu'à nos jours , on n'a guère connu que les épitaphes hébraïques
de la capitale. Dans cette ville, et pour un espace de temps qui
f'^ Archives des missions, ibid., p. 554.
'^' Le nom de femme au n" 3 peut se lire Diana ou Deina = Dinah : Zunz,
Gesam. Schriften, t. II, p. 57 et 65. Quant au nom Bella, n" 4, on le retrouve
à Paris et à Limay.
i3.
— 196 —
très probablcmciil ii"a <jUL'n' dépassé une période de soixaiiLc aus,
011 possède quarante-huit pierres tumulaires, en grande partie da-
tées, soit bien plus d'un tiers du nombre total de ces inscriptions
en France. On trouvera donc légitime de consacrer une analyse
étendue à cette série.
Lorsque Ton reconstruisit à Paris la maison de la librairie Ha-
chette, on découvrit un grand nombre de stèles et de fragments de
stèles, portant des inscriplions hébraïques'''. Ces pierres furent
transportées au musée de riiùtel de Cluny et placées en partie dans
une grande salle dos Therines de Julien, on j)artio dans le jardin
qui renionre. Dos forigino, il n\' a pas ou moins do qiiarante-cin(j
pierres qui sont restées dans ce musée; trois autres, trouvées plus
tard, ont été placées au musée municipal do riiùtol Carnavalet'-'.
C'est, par conséquent, l'ensemble d'un cimetière juif , dont les épi-
taphes datées appartiennent aux règnes de Philippe Auguste, do
saint Louis, do Philippe III le Hardi, de Philippe IV le Bel, au-
trement dit à tout le xiii" siècle, avec un léger empiétement sur le
siècle suivant. Nous no croyons pas pouvoir dépasser cette limite de
temps, ni plus haut en remontant jusqu'à Louis le Jeune, ni jilus
bas en descendant jusqu'à Philippe do Valois, comme le voulait Ad.
de Longpérior. r Quand même, dit cet archéologue, les fragments
que nous comprenons dans cette série ne contiendraient que la
date seule (les noms cités n'ayant pas de notoriété), ils n'en consti-
tueraient pas moins des documents utiles pour l'histoire du séjour
des Juifs à Paris Viennent ensuite les fragments qui ne pré-
sentent plus que des noms et qu'il ne faut pas mépriser; car les
noms mis en œuvre par une érudition industrieuse équivalent à des
faits. 7)
Grâce à lui, le nombre trop modeste de sept inscriptions, donné
par F. de Guilhcrmv d'après Pliiloxono Luzzalo'-", a été considé-
rablement agrandi. Dans co cadre élaijji, los textes ont été intégra-
lement publiés''' et non moins bien traduits, la bMiure do lettres
monumentales étant rarement douteuse. \ous avons toutefois le de
'■'' La jjfcmii'ro miTilion en ;i ('Ipliiilo par II. (locliciis, iliiiis sa iionvelli.' édition
de Lcbeuf, Histoire du diocèse de Varia, t. I, p. h[)'6-l\'',)().
'*' Ce sont les n" 5, 7 et ;îG du classement l'ail par Ail. de Longpéricr.
") F. do Guilhormy, IniicriplionH de In France, f. I, p. 709-71/1.
'*' Ad. de Longpéfier, Jour/ial des Savants, 187^, p. 6.H8 ot suiv. ; Œnves
complèles , édil. Sctilumberger, l. VI, p. io.3-î.Si.
— 197 —
voir crintervenir pour rectifier quelques dates , ou plutôt pour ré-
tablir la concordance entre les dates d'ère juive et les dates chré-
tiennes, insufïisammont établies jusqu'ici.
Si beaucoup d'inscriptions sont données exactement quant à la
date, telles que les n°' 3 à aS de la se'rie constituée par M. de
Longpérier, d'autres le sont moins. Ainsi, dans la stèle 9, il y a la
lettre finale y; il est douteux que cette lettre ait ici la valeur du
nombre 900 (comme cela arrive parfois dans des traités d'arith-
me'tique), qu'en d'autres termes ce soit l'an 6900 de l'ère juive
(^ 11^0 de J.-C). C'est, à notre avis, le nombre 90, précédé du
nombre 900, ou pnri, qui a disparu après avoir constitué la fin
de la quatrième ligne, soit 990 = laSo. Et la preuve qu'il doit en
être ainsi, c'est qu'au n° 5, dans la date ^996 (= 1286) le chiffre
900 n'est pas exprimé par un y, mais par pnn, et de même au
n" 6 ce chiffre 900 est exprimé par pnn, suivi, il est vrai, d'une
cassure, qui nous prive du complément d'année; mais cette der-
nière ne doit pas différer beaucoup de toutes celles qui l'environnent.
De même, par conséquent, la stèle n° 3, portant le nombre ND,
ki, n'est pas de l'an ^9^1, mais de 5o/n = i2>>i, et, selon
Tordre chronologique, il faut la placer plus loin.
La fixation d'année pour le n° 19, 5o/i6 = i286, est possible,
sans être certaine.
Au n° 2i, il v a une erreur formelle, qui a dû se produire par
un lapsus dans la lecture de M. de Longpérier. Le dernier chiffre
de la date après les cinq mille est écrit en toutes lettres : Q"'nu
'■deuxn (non soixante), soit 5oo2 = 19/11 (non 1299); ce savant
a dû se laisser égarer par l'homonyme arabe /vaXw fc6o". Par
suite, le quantième mensuel est également à corriger; car la date
hebdomadaire tf dimanche de la section ivayescheb -n correspond alors
au 19 Kislew 5oo9 = 9/1 novembre 12/n.
Le n° 26 est fort douteux : à la suite du nombre 5ooo, dont on
ne voit plus que la trace finale D"' (pour D''D'7N' 'n), M. de Longpérier
a lunp " rret loÔii, soit 5io5 = i3/i5. Maintes objections s'élèvent
contre cette lecture : d'abord, l'histoire nous apprend qu'il n'y
avait plus de Juifs dans Paris à ce moment t^^. Ensuite, à supposer
'^5 Voir Isidore Lœb, Les expulsions des Juifs en France au xiv' siècle. Extrait
de ia Jubelschrift de Graetz, p. i3. Cet historien remarque, à ce propos, que dans
les Actes normands de Philippe de Valois, pub'ié'i par M. Léopold Delisle (Rouen,
1871), il n'y a pas un mot sur les Juifs.
— 198 —
qu'il ait existé une exception, pourquoi la tombe de cet isolé, après
un espace de plus de cin(piante ans, se serait-elle trouvée juste à
cet emplacement? En outre, d'une comparaison faite entre cette
série d'inscrij)tions, depuis le n" 8 d'une part, et d'aulres de ce
ciineliore, n"* i à 8 d'autre part, ainsi (ju'avec celles d'auties loca-
lités, il résulte la règle qu'à partir de Tau cin(| mille, on a écrit ce
nombre en toutes lettres pendant près d'un siècle, en raison de sa
nouveauté; mais à partir du nombre loo (c'esl-à-dire l'an 5ioo),
on a toujours écrit lûiD*? tfdu [petit] computw, ou les mille sous-
entendus. Enfin, le nombre mis en question peut bien être lu DDT
fret 2677, ou nb* ffct 35^, soit 0026 ou 5o35 (= 1265 ou 1276).
De même au n° 87, le nombre 'c? f\bi< est à traduire, selon nous,
tr . . .(cinq) mille, an. . . 1:, non, comme Ta voulu A. de Longpé-
rier, et sixième millets il nous semble que l'initiale 'v est l'abrégé
de niU? ff années, tandis que notre archéologue a compris '^^''^
ff sixièmes. Là encore, on serait en présence d'une manière insolite
d'exprimer les mille, que l'on compte sans cesse dans celte série par
milliers écoulés, soit cinq mille, non par milliers en cours.
C'est en conséquence de ces réserves et, d'une façon générale,
que nous avons cru exagéré de remonter plus haut qu'au règne de
Philippe Auguste et de dépasser celui de Philippe le Bel.
Attachons aussi de l'importance aux prénoms mentionnés sur ces
stèles, en pailiculier à ceux des femmes, qui constituent également
une date dans l'histoire, au moins sous le rapport philologique. —
N" 5 : nN''Xr^^l Yoak, ou loaïa[1), Joie. D'après le rt Livre de la
taille de Paris75 pour l'an 1292, publié en 1887 sur un manu-
scrit des Archives nationales, on a pu reconstituer une longue
série de noms propres remontant à cette époque. Or, parmi ces
noms, à côté des noms de femmes tels que Bele-assez, Boue, Be-
lette, on trouve deux fois le mot de Joie : 1° .loie la fermière,
veuve; 2° Joie, femme Vivant Caro. Ce nom, transcrit nN""X1\ ainsi
que sur une autre inscription hébraïque au musée de Mâcon, pa-
raît être en quelque sorte le féminin de Joiant et loant, donné par
M. Fr. Godefroy '-^ comme un synonyme de Joconde.
N"' 1 o et 1 7 : nNmbc , Flnria selon l'orthographe de Mathieu Paris
'" Ce nom, sur la pierre, est écrit en petits caractères, peul-élre avec une
intention.
'-' Diction nnire lie l'ancienne langue française , s. v.
— 199 —
(p. 521, an 1260), rappelé par Zunz dans ses Namen der Juden^^^;
ce nom est apparenté à celui de Flora que cite Tovey {Anglia ju-
daica, p. 129). Dans des feuillets de'tache's d'un ancien manuscrit '^l,
M. L. Delisle a trouve' un grand nombre de réclamations à l'adresse
du trésor royal de saint Louis, émanant d'emprunteurs demandant
la restitution d'intérêts payés à des Juifs de Saint-Quentin vers
12^8. Or, parmi les cinquante Juifs mis en cause, on trouve
notre prénom féminin Floria à côlé de ceux de Juete et de Pré-
cieuse.
N° i3 : NP'»12:")D(?) Françoise. trEUe était peut-être, dit Longpé-
rier, née à Paris d'un père étranger, qui avait voulu lui imposer
un nom rappelant une nationalité nouvelle dans sa famille. 15 Cette
hypothèse est plausible; mais nous nous étonnons qu'A, de Long-
périer ait éprouvé de la difficulté à admettre une telle imitation
d'un usage parisien. Du moment que, dès 1289, dans les Itinera,
dona et hernesia, sous saint Louis (-^î, on trouve un François, le
même prénom au féminin a pu exister et être donné à une fille
plus tard, puisqu'elle est morte jeune en 1261. — Quant à l'or-
thographe Franroisa avec un 1 et deux ■» , elle peut servir à nous
renseigner sur la prononciation du mot qu'elle imite dans sa tran-
scription. Mais qui nous dit que ce n'est pas le mot Précieuse?
Cette hypothèse nous est suggérée par deux raisons : d'abord parce
que la transcription hébraïque répond ainsi bien mieux au susdit
prénom qu'au mot Françoise (*^; ensuite, le nom de Précieuse se
trouve justement au manuscrit de Saint-Quentin précité (après
ceux de Floria et Juete), ainsi que dans la Casuistique de Salomon
b. Simon Duran'-^l
N° 16 : . . . î"'N , mot incomplet. M. de Longpérier propose de
lire ff Isabelle 'î. Ceci ferait supposer que le mot hébreu complet
aurait été VaîW = lezabel, nom de la princesse phénicienne,
d'odieuse mémoire (I Rois,xvi), qu'aucun père juif n'aurait donné
à sa fille. Hésitant à adopter cette équivalence peu plaisante, nous
penserons plutôt au nom Estelle, que l'on retrouve en 1A09, aux
''^ Gesammelte Schriften, t. II, p. i5.
'*^ Gommunicalion faite à l'Académie des Inscriptions et belles-lettres, lo
6 septembre 1889 : Comptes rendus, p. 32 3.
•*' Recueil des lùstai-iens de France, t. XXII, p. 692 G.
■"' Pour lire Françoise, il faut supposer au mot hébrpu romission d'un ;.
'^1 N" ^03, oit, 608; Zunz, II , p. '17.
— 200 —
terino.s d un inaiiusonl du \utican n"i8/i, ou dans les Consulta-
lions de R. Nissini, n° 33 (selon Zunz , ibid.).
N"' 38 et 29 (cette dernière est, par aventure, depuis iSôO à
Saint-Germain) : Behia, fdie de R. Senior. On retrouvera ce nom
ci-après, sous la rubrique Limay.
iX" 37 : . . .''N:, autre nom incomplet. A quel mot se re'fère
celte première syllabe Na ou ISaï? En Languedoc, on le sait, de
même que la syllabe en place'e devant des noms masculins équivaut
à Don, de même na eu tête des noms féminins signifie Donna.
Peut-on songer ici à "inCN" ^ rf Donna Esthen?, indique' par Zunz
[ib'id.) ? Ou faut-il penscM' au nom de Nana, ici Néna , que Ton trouve
être celui d'une Juive en i3oi, dans Mabul, Cartulaires et Archives
lies communes de r ancien diocèse de Carcasso7ine , $ La Cirasse, t. 11,
p. 3oi, d'après un manuscrit de Baluze, f° 117 : fr Lettres d'Auger
abbé de La Grasse, par lesquelles il quitte et décharge Bonfilius
juif de La Grasse, Fine sa femme et Nina sa fille, de tous les
crimes et de'lits que ledit Bonfilius avait commis -i, m* des ides
d'avril i3oi ?
On se laisserait bien tenter de lire mN2, équivalent hébreu de
Bêle, Belle, prénom féminin bien fréquent à ce moment, si l'hypo-
thèse ne péchait par la base : il est presque de règle de convertir
un nom propre hébreu en son équivalent latin, ou français, comme
on Ta vu plus haut pour IDW = p"'"2î; mais on n'a guère d'exemple
inverse, celui d'une mutation d'un nom français en un mot hébreu.
On voit, au contraire, les noms français de femmes maintenus sur
les épitaphes. tandis que les équivalences entre les noms sacrés et
les noms profanes semblent réservées aux hommes.
LIMAY.
Le iMusée des unlicjuités nationales, à Saint-(lermain-en-Laye,
possède une pierre tombale juive, trouvée sur le territoire de la
commune de Limay, non loin de Mculan, il y a une trejitaine
d'années, dans un terrain de remblais au bord de la Seine. Cette
pierre a la forme d'un trapèze de 0 m. 5o à o m. 60 en hauteur
sur o m. h3 de large; elle est brisée à gauche.
Lors(ju'on Ta trouvée couverte de terre, une ligne au milieu
était seule visible d'abord, et le premier archéologue qui l'a vue
s'est cru en présence d'une inscription celtique 1 C'est ce qui l'a fait
— 201 —
admettre au muse'e gaUo-romain. Elle se compose des trois lignes
suivantes :
a nx"':'?2
Ceci est la stèle
deBelnia(?)
Salom.
Dans la première ligne, il est aisé de reconstituer les deux der-
nières lettres à gauche, place'esici entre crochets; malheureusement,
la fin de la deuxième ligne manque, et la troisième ligne comprend
un?eul mot, sans lacune. Si la dernière lettre de la deuxième ligne
est un 3 mal fait, initiale de n2 rc filles, on admettrait volontiers
que la troisième ligne donne le nom Salomon, moins un n; si-
non, cest le mot Dlbl^ tfpaixw, singulièrement orthographié, sans
1 ni finale.
Tout l'intérêt de cette petite inscription re'side dans le nom
propre qu elle contient. C'est un complément minime à l'onomas-
tique des Juifs en France. Elle n'est pas datée, mais comme une
pierre semblable a été trouvée dans le même territoire avec la date
12/J3, on peut attribuer celle de Saint-Germain à peu près à la
même époque.
En effet, dans cette commune de Limay, on voit maintenant,
encastrée dans le mur de l'église, au-dessus des fonts baptismaux,
une grande stèle carrée, dont on connaît désormais la date exacte :
17 mars 12/18, non 1101, comme des historiens de l'arrondisse-
ment de Mantes l'avaient supposé par erreur, ni 5ioi= i3/ii,
comme Guilhermy l'a dit à tort'^'.
Parlant de cette pierre qui a 1 m. 70 de haut. Ad. de Longj)é-
rier dit que cf ses dimensions sont extraordinaires 11. Qu'aurait-il dit
à la vue des pierres de Mantes, dont le n° 1 (comme on verra de
suite) a près de 9 mètres. 11 avait de'plore' la dégradation de la
même pierre de Limay, cfen sorte, disait-il, que la surface exfo-
liée ne laisse plus apercevoir, en divers endroits, que des traces de
'■•^' Inscriptions de la France, t. 1, p. 71Z1. Aux qiiaranle-huil pierres de Paris,
Ad. de Lon[;périer (Journal des Savants, 187^, p. (y-ja), ajoute les deux pierres
de I.itnay. Etait-ce pour avoir tui cliifTre rond de r>o? On ne sait.
— 20'i —
caractères w. Rassurons les amateurs de ces monumenls : la pierre
a été restaurée en 1886; à peine quelques lettres manquent à la
deuxième ligne du texte, heureusement publié en entier par cet
archéologue. De même, le vœu qu'il a formulé à ce propos, de
voir publier un tableau des seclions hebdomadaires du Pentateuque
en concordance avec les quantièmes mensuels, a été réalisé par
Isidore Lœb la même année (1886), dans ses Tables du Calendrier
juif: ce qui a permis de déterminer les dates des stèles en question,
comme de bien d'autres.
MANTES
(i)
En fouillant le sol pour poser les fondations d'une maison a
Mantes, M. Grave, pharmacien de cette ville, a découvert trois très
grandes dalles, couvertes d'inscriptions hébraïques ainsi conçues :
I. [NJaN'r mi2 I p n32iD DNÎ
Ceci est la stèle du tombeau de Iuet[e], fille de maître Hayyim, femme
de maître Hayyim, qui est allée au Paradis, le mai'di de la section Waya-
qhel
La pierre, cassée au milieu, rupture figurée ici par le trait ver-
tical, a une largeur totale de 1 m. 98, et la hauteur des trois lignes
du texte est de o m. 68 à cm. 70, sur une épaisseur de o m. 12
à G m. li; les lettres ont une hauteur de o m. 12 environ. Mal-
heureusement, quoique la pierre ne paraisse pas défectueuse, il
manque l'année à la suite du quantième, qui devait se trouver
dans une quatrième ligne; on peut seulement, par com])araison
avec les documents similaires, l'attribuer au xiii" siècle.
II. p n-'-imy 't
pb ii3D:ir
Ceci est la stèle de maître 'Obadia, fils de maître Élie, qui est allé an
Paradis, le lundi de la section Waijhi, l'an IX du Gomput (sous-enlendu :
petit = 6009).
'"' Coinmiinicalion lailo à l'Académie des Inscriptions et helies-Iettres , le l'i oc-
tnlirc 1H87.
— 203
La lecture hebdomadaire sabbatique rvayhi 6009 correspond au
16 Tébet, soit le lundi 11 Tébet= 28 décembre 12/18.
Cette pierre, également fendue au milieu, est un peu plus fine
que la première; elle n'a que 1 m. 76 en largeur totale; la hau-
teur de l'ensemble est de o m. 76, et les lettres n'ont que o m. 8
de haut. La gravure est très soignée.
IIL bN^n^ nsn
^1
n2!:D nxî
Ceci est la stèle de maître lehiel Menahem Halévi , qui est allé au Pa-
radis, le mercredi de la section de Schemoth, l'an LUI du Comput.
Le sabbat de Schemoth 5o53 correspond au 28 Tébet, soit, pour
la date indiquée ici, 20 Tébet == 3i décembre 1292.
La dernière lettre de la deuxième ligne est cassée : c'est la finale
^, aisée à reconstituer par l'inscription n" 2; tandis qu'au n° 1 la
même formule est encore plus abrégée. La pierre, fendue au
milieu, comme les précédentes, a une largeur de 1 m. 5o sur
o m. 75 de haut.
Si la première pierre a le défaut d'être imparfaitement datée,
elle offre par contre un nom quasi-nouveau ^^^ dans l'onomastique
juive et dans l'histoire littéraire de la France au moyen âge : celui
de la défunte inscrit à la fin de la ligne 1, [n]î3NV.
Evidemment il faut lire luete, bien que ce nom ne se trouve ni
dans le Dictionnaire historique de V ancien langage français , par La-
curne de Sainte-Palaye, ni dans l'œuvre analogue de Fréd. Gode-
froy. La dernière lettre de notre mot, sans doute un K, a disparu
par la cassure de la pierre. Dans le tr Livre de la taille de Paris r
pour 1292, on trouve frJoie, femme Vivant Caro?^. Cette dernière,
semble-t-il, porte le nom de la défunte qui figure sur la stèle
n° 1, si l'on observe que le nom hébreu Hayim a pour équivalent
français le nom Vivant, et si l'on consent à supposer que le mot
Joie a dû avoir pour diminutif le mot luete, comme Bekte est le
diminutif de Bêle, du même Livre de la taille. D'autre part,
C' On no le trouve que sur une pierre de Dijon (ci-dessus), n° 10.
— 204 —
comme la leinmo Vivant a payé encore rimpol à Paris en 1296.
c'est vers la lin du \iii'" siècle qu'elle a dû émi{>rer de Paris à
Mantes, où elle est décédée.
Toutefois, l'eu Arsène Darmesteter, à qui nous avions soumis
notre lecture, n'a pas partajjé notre avis en ce qui concerne le
mot Ï0N1\ Au lieu de la dernière lettre de ce mot que nous lisons
Î3, il avait proposé les deux lettres î1; ce qui donnerait le mot
(n)î")XT', ayant un sens fort plausible, celui de rr Joyeuse ^5.
Plus tard, reproduisant d'après une communication de M. L. De-
lisle(^), la liste de cinquante Juifs habitants de Saint-Quentin,
mis en cause par les enquêteurs de saint Louis, vers 12^8,
Isidore Lœb a retrouvé le nom luete, et il dit à ce propos: rr Voilà
donc fixées l'orthographe et la prononciation de ce nom de
femme '-'.11 C'est d'autant plus vrai (jue le nom luietc ffla fdle Merot
C()urrat77, figure au Rôle des Juifs de Paris en 1299 pour 16 sols
d'impôt, et on la retrouve au rôle analogue en 1296 en ces termes :
rHéronin, mari luiete la fille au prestic^. pour 12 sols. Désor-
mais la question est résolue.
SEININEVILLE.
Dans ce hameau, dépendant de la commune de Guerville, non
loin de Mantes, au fond dune cavité étroite, oii mue par un ruis-
seau tourne la grande roue motrice d'un moulin, il y a deux
dalles en pierre, portant chacune trois lignes d'inscriptions dé-
clarées jusqu'à présent indéchiffrables. Les pierres sont là depuis
de longues années, car on ne sait quand le moulin a été construit.
La difiiculté de lecture résidait plus dans la situation peu acces-
sible de ces textes que dans leur contenu.
Heureusement M. Reyboubet, instituteur à Guerville, ne s'est
pas laissé détourner par ces obstacles matériels, dans son désii"
d'ajouter un document inédit au travail liistoricjiK» (ju'il prépare
pour sa commune. Après être descendu sous la roue, dans un
espace d'à peine o m. 5o ou o m. Go de largeur, rampant, à
genoux, il a d'abord procédé à un nettoyage en règle, les mains
dans l'eau et sous les gouttes d'eau qui, des palettes de la roue du
"' Académie des inscriptions et bclles-lell rcs , Complrs rendus de septembre 1 889 ,
p. 3a3.
*' Hpvuc tli'x th ml ex juives , iHfjO, l. X\, p. 2(), note 1.
— 205 —
moulin, arrêtée à ce moment, lui tombaient dans le cou. Pour jiia
part, je n'ai eu qu'à le suivre dans cette voie : comme lui j'ai pris
la lanterne; ensemble nous avons dessiné les lettres, surtout la
date qui est importante pour l'histoire juive, et la lecture n'a été
difficile que pour certains noms propres, aux caractères un peu
frustes, ou moins profondément creusés que le reste.
Les deux pierres se touchent en sens inverse : la plus longue
des deux, ayant i m. 80, est orientée du Sud au ■Nord et se lit
d'Ouest en Est. L'autre, un peu plus courte, n'ayant que 1 m. -70,
est orientée du Nord au Sud et se lit d'Est en Ouest; brisée tant
au commencement qu'à la fin, elle est plus défectueuse que sa
voisine et écourtée d'une lettre ou deux à droite.
L pnîi"' 't 3-)n rQSD dnî
-iiûd:u dhisx 'in p
Voici la stèle du maître R. Isaac
fils de maître Abraham , décédé
le 6' j. section Yitkro l'an 99 du Compul.
Comme la lecture de la section biblique F^f/iro 99 correspond au
samedi 20 Schebat, la veille équivaut au 19 Schebat = 99 jan-
vier 1339. Une seule lettre, la première de la troisième ligne,
aisée à reconstituer par le contexte, a été cassée. M. de Longpé-
rier, pour plusieurs des pierres qu'il a décrites, a cru devoir mettre,
ou sous-entendre, devant les dizaines et les unités, le nombre ^,900
au lieu de 5, 000; cela donnerait pour notre pierre Tan 1239.
IL 3^-:n [nsîîD nxT]
'-)3n p DnaD [il]
pi; pb idd:u yiD ''3|"-i
[V^tici la stèle] du géuéreuv ''
(maître) Menahem fils de l'honoré maître
R. Ferez qui est allé au Paradis . . .
Après ce mot devait se trouver la date, désormais perdue, par
^'' Peut-être rrdonateur», ou fondateur d'une œuvre charitat)le. •
— -206 —
suite (le ce ([Ui' la pierre a été coupée en biais. Cette disposition
de la pierre, iorsfjue les ouvriers lonl scellée, a fait disparaître
aussi la partie sn])éiieure des premiers mots présents; mais les
traces du bas sulHscnl pour compléter le texte.
Le nom propre yiD est ré(|uivalent de Florent, nom très répandu
au moyen âge. On trouve un « Pérez et sa fanien dans le Rôle des
Juil's de Paris en 1292, ayant demeuré rue Atacherie (de la ïa-
cherie), ainsi que le tossafiste (commentateur du Talmud) Ferez
de Corbein*', mort avant Tan i3oo, etc.
Dans ces deux inscriptions, la bauteur des lettres est de o m. 12
de hauteur, et elles sont gravées profondément. Du reste, sous tous
les rapports, tant de la forme que du style, elles sont bien sem-
blables à celles des pierres tombales juives précitées. Grâce aux
deux stèles de Limay, aux trois de Mantes et aux deux de Senne-
ville, on a des textes formels relatifs à la présence des Juifs dans
ce canton au xiii" siècle, corroborée par la mention d'une Scola
des Juifs et d'une rue de la Juiverie sur un vieux plan de Mantes,
publié par M. Grave dans sa Chronique de Mantes (i883, p. 221 et
262, 263).
ORLÉANS.
Une épitaphe hébraïque ayant été trouvée il y a neuf ou dix
ans à Orléans, la photographie en a été faite et envoyée à Renan.
D'après cette copie, M. Neubauer l'a publiée ('-'. Voici les termes :
ff (Ci-gît) Rarucli, fds de notre maître Juda t/^Dl, décédé le lundi
de la section Mischpatim, l'an 5o53.w
L'éditeur de ce texte, pour identifiei- la date juive avec la date
chrétienne, dit assez vaguement : tfMai 1293.W Or le quantième
donné par l'inscription correspond au 2^ Schebat de ladite année,
= 2 février 1293, nouveau style. Quant au nom de la ville dont
ledit R. Juda était originaire, ce n'était ni Sept-Mois, ni Saint-
Moïse, comme M. Neubauer l'avait supposé par erreur, mais pro-
bablement la ville de Meaux t-^', dont le nom en vieux françaisL est
parfois Miaiis , orthogiaphe correspondant littéralement au mot
hébreu en question ici.
"' Histoire littérnirfi de la France, t. XXVII, p. ^iq-'i.^)!?.
"> lirviic (tes âlndes juives y (. XVI, 1888, p. 979-a82.
(•^i Ibid., I. XVII, p. 3 18.
— 207
IV
li nous tarde (raniver à la publication des gralïites qui, n'étant
pas profondément gravés, effleurant à peine la surface des murs,
sont plus exposés à se perdre que les inscriptions.
ISSOUDUÎS.
Dans ia Tour-Blanche d'Issoudun, qui est le principal monu-
ment historique de la ville, on trouve au premier étage, entre
autres inscriptions ou graffîtes, une dizaine de textes hébreux (^',
savoir : quatre dans l'embrasure de fenêtre ou meurtrière du Sud ,
autant à l'Ouest et deux au Nord. Des Juifs furent emprisonnés
dans cette tour, nous ne savons sous quel prétexte. Nous ignorons
également quel fut leur sort ultérieur, mais il est à présumer que
l'ordre d'incarcération eut pour but essentiel de mieux les ran-
çonner. Comme le dit fort bien un auteur local, Armand Pérémé,
dans ses Recherches historiques et archéologiques sur la ville d'Issoudun
(p. 15Î7) : «En spéculateur habile, Philippe le Bel tint les Juifs
dans les cachots, afin de leur faire rendre par les tortures et par
la terreur tout ce qu'ils pouvaient produire, w Sur les murs épais
de la tour les malheureux ont gravé, soit leurs noms, soit des in-
vocations à Dieu, ou formules de prières.
1. — Le premier et le plus grand de ces gralïites, à gauche de
la fenêtre du Sud, très bien intaillé et complet, est daté et signé.
Il se compose de huit distiques, rimant quatre par quatre, ainsi
conçus :
n"7iX3b ii3yu7D"i i-niNb h'pdnd DN"'2in mîy'? nnb n\-;"' niym
nbo |DN px
Deux frères sont prisonniers , Isaac et Hayim ; puissent-ils vivre toujours !
Que rÉternei leur soit en aide ; qu'il les tire des ténèbres à la clarté , et de
la servitude à la liberté. Amen , amen , Sela 1
"' F. de Saulcy, qui ne manquait ni d'habileté à déchifîrer les inscriptions, ni
de hardiesse, avait reculé devant la ditTiculté de lire ces menus textes et de les
traduire : Bulletin de la langue, de l'histoire et det art» de la France, t. I, p. liSlt;
t. III, p. 688.
— 208 —
Plus bas, à {fauclic. se trouve la date :
n^^T) . . .b 'i'd tp") '-)C '3 'r 1N3 cm
Ils soûl VL'Uus là le 3" jour (luurdi) de la secliou hebdouiadaire Waylii ,
Tau 6^ du [petit compul]. Ilayim.
Ce deruier uoni appartient à celui des deux livres (jui a gin\<'
Finscription, et il ivst ré|)été avec insislanc<', car il si{juilie aussi
"vie'i. Du uu)l l:~iD? on ne voit ([ue la première lettr»» V; entre
celle-ci et le mot suivant, le deruier, il v a uiu' iuilexion de la
pierre, ou creux, (|ui a jfèné fécrivain. — La date répond au ■^
du mois de Tébet, -^^ 17 décembre i3o3. Elle es! donc antérieure
de peu à l'expulsion {générale du yj juillet i3oG.
(le document n'est pas inconnu O; mais il avait été incomplète-
UHMit lu, et la date mal comprise. Déjà au mois de juill(>t i83i,
S. Calieu, traducteur de la Bible, avait reçu communication de
ce premier texte liébieu, ainsi (jin- de quelques IVaifuients des
suivants, par Pérémé, à ([ui il envoya la traduction, publiée plus
tard dans le Journal de T Indre. Dans ce travail, deux réserves
sont à faire : d'abord, le cbifFre 04 de la date juive est exprinn;
[)ar i3o/i au lieu de 17 décembre i3o3; ensuite, S. Cahen a tra-
duit :-([u'ils vivent dans VEterniiéi) l'expression □"•Ti iTi^ D'?li?'?, lil-
léralemenl : dans le monde^ hujuelle m^ dit ])as au juste s'il sajjil
du monde présent, ici-bas, ou du monde futur; or il est probable
que les malheureux prisonniers demandèi'ent à Dieu d'avoii- la vie
sauve, et qu'il s'agit pour eux de la vie terrestie.
Plus tard, ces lignes lurent soumises à un autre hébraïsant, qui
modifia légèrement la première traduction, et cette version rema-
niée fut utilisée par Louis Raynal dans son Histoire du Berrij {t. II,
p. 9 63), ([ui, par une singulière méprise, attribua la traduction
à (Juati'euu're do Quinnj, secrétaire de l'Académie des beaux-arts,
qu'il confondit avec son bomonvmc Ouatremère (loul courl), éga-
lement membre de llustiliil, professeur d'Iu'breu au (lollège de
France.
Au-dessous de ce premier gralTite, un peu à droite, b; scribe a
recommencé, |)eut-èlre par désceuvrenient, les mois fcdcuv frères
sont prisonni(!rsw.
^'' F. (le Sjiulcy, liiilli'li)! lie hi laiiy^uc, elc, l. IV, p. <)^iit.
— 209 —
2. — Sur ce même mur, en avançant au Sud, se trouvent deux
inscriptions superposées, mutilées par i'inuige dun caNalier monté,
la lance en arrêt, tf brochant sur le toutn comme on dit en langue
héraldique. Ce dessin représente sans doute un chevalier combat-
tant, et comme les chevaliers de Rhodes ont pour emblème rrun
chevalier combattant un dragons, on en a inféré que la gravure
émanait d'un Templier enfermé là, membre de l'Ordre qui fut
alors ruiné.
D'une part, on voit des mots en caractères carrés, où Ton ne
peut plus distinguer qu(! cet assemblage informe : □r'pn 3^^njN.
Il faut signaler la barre horizontale au-dessous de i'avant-dernière
lettre de chaque mot, pour éviter des hypothèses inutiles. Le pre-
mier mot signifie peut-être, mal vocalisé, «je suis condamné 77;
nous ne nous chargeons pas d'expliquer le reste. D'autre part, on
lit en caractères rabbiniques une fin de prière, nbo |^N, à la suite
des mots 'vD DmjD f enfermés depuis le jour. . . n, traces d'une
date disparue ('^.
3. — En avançant toujours dans le même sens Sud, on voit
sur une autre surface de la pierre les mots : '7Ninj ")2 Dm3N*
'c Abraham, fils de Natanielr). Immédiatement au-dessous, on lit :
"in nan Tisn fcles prisonniers de la fosse, ou fourni, puis une la-
cune. Ensuite, un grafïite en partie elfacé, où Ion peut encore
distinguer ces mots : i:N''2";"' . . ."nC*"' . . .Q'p . . .'Zmn ...'bVi")^
nbc pN pN r\bMi:b nsvî^'Dl mixS n'7END. C'est à peu près tout
ce qui reste à droite des mots français rf Vivons en paix en l'hon-
neur de Christ. Antoine Boulangier, ih^-^-n, comme le montre la
planche ci-jointe.
Tout au bas, à droite, les mots ""n '?N'iDîl' rr Samuel Hay^-'w, et
au-dessous encore le même nom bxiD^ cr Samuel n , suivi de la
formule Vs'î (défunt). Le dessin de cette partie du mur permettra
peut-être de lire mieux, un jour, le contenu.
4. — Enfin, au bout de ce côté du mur est un seul nom
pnS"* ffisaacr). Ne serait-ce pas le premier des deux frères dont il
'•' Les numéros 2 à 6 ont élé l'otijet d'une note hi-^ à l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres le 11 avril i8go.
'^' Au lieu d'être un nom propre, ce mot peut slgnilier «vivants, par opposition
à l'autre Samuel désigné comme détunl.
Archéologie. iti
— 210 —
a été (|n('sliun an ii^i. (|iii a ^()uill liansiiicttro ainsi son nom
à la |)osl(''rit(''?
"f- -à
^.
fc^
V-I?
5. — De la, à droite de cetle lenèli-e ou lueurtrii're, on passe
à celle de l'Ouest. On voit là de nouveau, à {{-auclie, deux inscrip-
tions superposées, coninn; dans un palimpseste, Tune en carac-
tères rabl)ini(jues, Taulre en caraclèrcs carr(''s. La jucmièreesl un
1>11 —
simple [fraffite à peine tracé à la pointe. Elle nous paraît former
la rouclu! inférieure, et être par conséquent antérieure en date à
a couche de lettres carrées qui lui est superposée. Les mots de ce
i4.
— 21-2 —
{jM'allilc (|iii rosli'iil à [icu j)ivs lisibles, au moins à la loupe,
suni
r\^2\ imN '^2j", . . .'('12) nrij^r r\2 . . .bn^ . . .mV^^s ")-)3-. . .
nSc pN n-nn cbn-^ ^viu.*^ . . .nci-ivS* mi'ji ipin | -tnon
Ce (|u il \ a de plus clair dans cfs li}|ues, c est le nom propre :
ffLa liHe de Menahem (dohen). une jeune lianeée.ii
Tout en liaul de ees lij|nes se li'ouNcnl cinc] l)las(>ns dont m)us
ne saxons ])as déterminer làjje, ni dire s'ils servent (ren-léle à
finscriplion en lellres ral)l)ini([ues ou à rinseri|)lion en caracfèi'es
carrés. Cependant leur importance ne lail pas de doute; car, très
probablement, les prisonniei-s relevaient des seij>neurs ainsi dési-
gnés, et ils durent se réclamer d'eux. Les nombreuses ligures qui
illustrent ÏHistoire du Beiri/, pai' Louis Raynal, pei-mettent de re-
connaître les possesseurs des arnH)iries en ((uestion, du moins
ceux de trois sur les cinq blasons. C'étaient, en commençant par
la gancbe : i" Roger de Hrosse, sire de Boussac; ■a" un écu bandé
ou hurelé, blason trop commun pour être ainsi l'cconnu; 3" un écu
chevronné (même observation); h" les aiMnes des abbés de Déols;
T)" André de (ïliauvignv, seigiu'ur de Cliàteauioux. L'examen de la
planclie publiée ci-contre mettra j)eut-être un liéraldiste sur la
bonne voie.
6. — L'inscription suivante en cajaclères carrés, (|uoi(|U(' un
peu (bdccl Meuse dans la première ligne, est lisible et inttdligible.
La voici :
\lt2V^ 'n| D\V D^]i?31N 'IJD. . .
(suit un petit ocusson) m"lï '7DC iJrijN
.Nous soiiuiK's ici cnléniics depuis 'i (^ou ^lo ) jours. Puisse
l'Élcinol nous |)n''S('r\('r de tous maux, ç>
cl nous gratiticr de toutes l(>s b(''nédiclions énoncées,
.losoph ben Yacjar ba-Golien.
■'' A noIiT, ;ui diTiiiiT mol de la troisii'ine li[;n(', i';il)sence du i [mater lectioitis)
au pluriel réminin.
— 213 —
Lf! dernier nom, saul' radjonction nouvelle de la qualification
de race sacerdotale, ffHacohenw, n'est pas inconnu. La famille
Va(|ar c^sl une des plus vieilles de la France israélite, puisque
déjà au \f siècle Jacob ben Yaqar était le maître de Raschi^^^ Puis
un Yaqar de Cliinon a vécu au xiif siècle (-', sans compter que
notre prisonnier se retrouve peut-être plus tard liors de la fron-
tière française.
7. — En face des deux dernières inscriptions qui occupent
malheureusement le même champ, à droite de la même embra-
sure de fenêtre à fOuest, on lit :
Jospjili fils (le Barucli (l'henreuse mémoire.
8. — Plus à droite, on lit d'abord le nom r]D"l"' cr Joseph -^ seul,
flanqué à sa gauche de trois des armoiries décrites au n" 5. N'est-
ce pas un indice que le prisonnier se place sous l'égide de son ou
de ses maîtres, et s'agit-il du Joseph dont le nom complet figure
au numéro précédent ? C'est possible.
On lit ensuite ces deux noms : npT 11 n^lVJ ff'Azariah fils de
Jacob •^, et n''"iîi' il 3pi*"' rr Jacob fils d'Azarialin. En raison de
fusage traditionnel qu'un père donne à son fils le nom de son
propre père, on est autorisé à dire que nous avons là le père et
le fils.
9 et 10. — Finalement, au côté Nord, sur la face intérieure
du mur, on lit d'abord : t^DV "12 D''"'n trHayim fils de Joseph^,
puis, plus haut : 3pi'"' 12 ï)Di'' "Joseph fils de Jacob -d.
Au-dessous on voit confusément deux lignes de noms propres,
en grafiîtes à peu près effacés.
Parmi tous ces textes plus ou moins écourtés, écrits non loin
de la rivière i'Arnon, qui coule près de la ville comme un sou-
venir biblique, le premier graffite est seul resté nettement daté.
Les autres révèlent la présence de nombreux Juifs en cette partie
'' Azulaï, Scheni ha-Gdolim, n° 228.
''-' HiKtoire Ultérnire de la France, t. XXVIl, p. MiCi.
— 2U —
(iu ocnivo (l(^ ia France, sans doute cncoro après IVxpnIsion de
i3o(î «M au tlclà^'l
li ('lail ;;iaii(l I(mu[)s de recueillir ces curieux vestiges du passé
pour les publier; car, luallieureuseiueut , la Tcuir-HIanclie (ainsi
uouiint'e d'après Bianclio de Casiille, mère de saint Louis) a été
trop lou'fteinps accessible à tout venant, et les visiteurs n'ont pas
toujours eu ])our les inscri[)tious le res])ecl (|ue celles-ci méritent
d'inspirer.
MOTSTREUH.-BONNIIN.
A |)eu pri's dans les coudilions (|ui \ieunenl d'être décrites,
gémissait un siècle auparavant un autre .luif au donjon de Mon-
treuil-Bonnin (Vienne). Parlant de ce château, dont tfla grosse
tour s'étale lièrenient^, Félix du Puis-Vaillant dit'-) : cr Pourquoi
t"aut-il. aux nobles souvenirs que réveille i]\\ tel monument, voir
se nuMer aussi des souvenirs d'oppression et de douleur! — A lo ki-
lomètres Sud de Vouillé sont les l'esles de ce cbàteau attribué à
Richard (iuMir-de-Liou. ([ui avait établi un atelier monétaire dans
ce manoir. 11 y a |)eu de temps, une inscription hébraïque a été
renuirquée dans l'embrasure de l'étroite et unique lenètre du pre-
mier étage. 75 Klie a été lue et expliquée par M^*" Cousseau, évêque
d'Angoulème, et plus tard il en a été pris un estampage par M. de
Longuemar. Cet estampage peut servir à reconstituer le texte sui-
vant :
(?) î"i -)-N"i rn^2 |N'22 Dicn "•n'^n
nîjpnn ctVn 'i Dyz'2
M<ii Siiiiuici , (le Uesalu ''°'\
j'ai été |)risnnnier ici dans l(; mois d'Adai- Tl. lo i-y.
Tau /l(j()S^''' (=;<7 tévr. i-iî}.")).
'' \()ii' (',liaimie;iii , llisloirp du Horrij (L\on , i560, iii-l'ol. ), j). (jg; 1^. Haynal ,
iliul.. l. It. j). -jG.'); j)niir los .Inifs de ces régions en i.'}o6 cl liiog, coinp. un
article intitulé Juif» H li-prcux , par 11. Clin'lioii, Hans la Revue dti Centre, 1887,
p. 217-931 et 1258-26/1.
■-) Mémoires de la Si)ciélé des unh(jumvcs de. /'Oucs/ , t. \\Vtil,p. ai 9; t. XXIV,
|>. ■2:iS-J!ullelin, i8(i3, :rtrim., pi. 11.
'^' On coniiail des .liiils de Hesalii eri Kspa;;iie {livinie des étudex juives, 188a,
I. V, p. ;j87-aK8); et l'un d'eux, Juda ihii Zcharra, (pii célélira Monaliein Meiri,
NJNail à Montpellier à la fin du xiu° siècle {(inlliii jud., p. 33i). Un antre Juifa
donc pu venir de là jusqu'à Montreuil-Bonnin.
' La dernière lettre est n (5) non n (8). ou /1998 = 1238. comnio on avait
— 215 —
D'où venait ce pauvre proscrit? Quel était son crime? Quel fut
son destin? 11 a passé, captif et jualheureux, ne léguant à la pos-
térité que son nom et le souvenir de son infortune.
Il est clair, toutefois, que' cette inscription, restée six siècles
ignorée, nous met en présence d'une des victimes de confiscations
opérées sur les Juifs. Dans son livre Saint Louis et Alphonse de Poi-
tiers, Ed. Boutaric a démontré tout au long que les Juifs étaient
considérés comme une source de revenus (^). En 12^9, Alphonse
promet à ses sujets, moyennant une somme importante, d'expulser
les Juifs du Poitou et de la Saintonge; mais les Juifs avant offert
davantage sont admis à rester. Ils sont ensuite soumis à des vexa-
tions, et, après des alternatives diverses d'oppression et de liberté,
on garda seulement en prison les plus riches. Le Samuel en
question ici est peut-être l'un d'eux.
ANGERS.
Mentionnons aussi les graffites de la cathédrale d'Angers, d'après
une note de l'abbé Joubert^-^. Dans les quatre voussures, placées
au-dessus du portail, se trouvent inscrits quatorze mots hébreux.
Ils ont été lus et traduits par l'abbé Delacroix : il a aisément re-
connu les termes d'Isaïe, ix, 6, que l'Eglise applique à Jésus-
Christ.
Bien entendu ce tracé n'a rien d'arche'ologique : il remonte au
xvf ou XVII*" siècle, et rappelle une médaille (n° 33) du Cabinet de
France à la Bibliothèque nationale (•'*'.
SAIINT-PAUL-TROIS-CHATEAUX.
Dans cette localité, au presbytère actuel de l'église, une fort
vieille salle passe pour avoir servi jadis de synagogue. Au-dessus
lu d'abord à tort; car Tau A998, ou l'an 1 du 264' cycle lunaire de 19 ans, est
une année commune, sans Adar II, mais l'an Aggô, ou l'an 17 du 263' cycle,
est embolismique et a ce mois.
'*' Au livre III, le cliap. v, p. 3 1 8-333, est consacré à ce sujet; mais l'auteur
parait ne pas connaître l'inscription relatée ici, pas plus queSaige, ibid., p. 19-33
'■^' Mémoires de la Société d'agriculture , sciences et arts d'Angers, 2' série, t. V,
{iHoli).
'^'' Revue numismatique , 189-2, p. 2 55.
— -ilfi —
d'une armoire, praliquc'e dans re'paissour du mur de celte salle,
ou lit une petite inscription portant ces quatre mois :
mincn nD-'Cn '■'■'' min
\a\ loi (If^ DitMi t'sl |)aiTaite, elle est pure.
Une copie avait ('té transmise au Comité de la langue, de This-
toire et arts de la France, dès le 23 juin 1866 par M. Allmer''), de
Vienne. 11 avait cru à tort, par suite d'une fausse lectuie du qua-
trième mol (lu Iia-\lii6ra), qu'il s'agissait d'un chandelier d'office.
Ces quatre mois. (]ui iudi({uenl remplacement du rouleau de la
Loi, sont j)ris au comuKMicemenl d'un verset des Psaumes (vi\, 16).
Dans bien des temples on trouve cette lormule inscrite au-dessus
de l'arche saint(\
Le dernier jiiot, à gauche, a trois lettres surmontées de points,
pour nous donner la date, l'an de l'ère \ui\g b-ioo = ihkiô de l'ère
chi'étienne. C'est ainsi qu'à Paris, au musée de Cluny, la collection
Strauss contient un meuble italien du même xv" siècle, un Aroii
ha-Qodesrh (arche sainte), armoire de même destination, daté d'un
verset^-' : n^lV*?!"! '"'■•' DN ""îl-'DJ ''i'iii «-Bénis, ô mon àme, l'Étei-nel.
Alléluias. Le premier mot, seul ponctué, nous donne (5)s!39 = 1/172
de J.--C. (■*). Par une singularité de la manière de dater, propre
aux Juils depuis le moyen âge, on exprime parfois le nombre des
années par un chronogramme, c'est-à-dire par un ou plusieurs
mots hébreux, en supputant la valeur numérale de chaque lettrequi
doit entrer en compte et qui estalors surmontée de points.
AL(iER.
Cette dernière inscri[)tion t'ait seule exception à la limite de la
fin du Mv'" siècle, qui est absolue en France. Celle-ci est dépassée,
c'est-à-dire elle englob(î le xv" siècle en Algérie.
Ainsi, à Alger'*), on voit le tombeau de w Z"*"!. Hibasch, ou
'■' Bulletin de la lanipiP. elr., I. III, p. •U)-i \ I. IV, p. 85'J ; transcription rf>c-
lifiéc, tbid. , p. 9/4.").
W Ps. rv, iif).
'•'■' Non ifjoS, comme lo (_ialalogiio de colle ((lileftion l'avait iiidicpié par une
t'iioiir (pie nous avons rectifiée dans la Gazetli' tlfn Imni.r-arls , 11S91, p. t'.gn,
noifi.
*' Is. Blocli , littcriptiiinx luinulaires d'anciens cimelièr-eii d'Alifer, p. f).
— 217 —
R. Isaac bon Schescliel Barlel f'', mort on (5)i68= 1^408, selon
une inscription funéraire en vers, composée par Aba Mari ibn
Caspi ou de TArgentière, et le tombeau de ysC'"), Racbbaç, ou
R. Simon b. CemabDuran, mort en (5)90'î = i4/ifî.
Voici, en somme, Tétat des progrès accomplis jusqu'à présent :
F. de Guilbermy n a relevé que sept inscriptions d'après Pbiloxène
Luzzato. Puis, rendant compte de cette œuvre, Ad. de Longpérier
a repris ce travail : il Ta agrandi sur de nouvelles bases et a publié
un ensemble de cin(|uante monuments, fout en se limitant à Pa-
ris, ou presque (n'ajoutant que les deux pierres de Linuiyj. Depuis
lors, ce cbiffre a presque triplé, selon notre bilan actuel : i" liant
Moyen Age jusqu'aux Croisades, 9 inscriptions; 9" en Bourgogne
et au Midi, 69 inscriptions; 3° Ile-de-France et Orle'ans, 56 in-
scriptions; k° graffites du Berry et du Daupbiné, avec deux pierres
en Algérie, 16 inscriptions. Total : 1^0 inscriptions.
C'est peu pour neuf siècles dans un pays tel que le nôtre; c'est
assez pour l'épigrapbie de vingt-trois villes.
'') Son aïeul a signé une cbart*^ d'un roi d'Araoron le h janvier 1209: .1. Dela-
ville Le Roulx, Cartulaire ffénérnl des Hospitaliers de Soint-Jedt-de-Jént.ialem,
t. II, p. 100.
LES VERRES FRANCS
À KMBLÈMES CHHÉTIKÎVS,
PAR M. PILLOY,
Mombro de la Société académique de Sainl-nuenlin (Aisne).
Au j)i'inl(Miips do 1896, on a l'ouilié dans le canlou de La Fère,
aiTondissenienl de Laon (Aisne), sur les Lords de TOise et de la
Série, aux territoires des communes de Mayot et d'Anguilcourt-le-
Sart, deux anciens cimetières, situés à 1 kilomètre environ de ces
villages, qui ont fourni des objets d'un très grand intérêt, notani-
nient des fibules d'argent et de bronze doré décorées de grenats,
dune réelle valeur artistique. .Te ne ferai cependant que les men-
tionner, car elles n'apportent à la science, malgré leur élégance
de forme et la ricbesse de leur décoration, rien qui ne soit connu.
La forme en arbalète, l'insertion sur les digitations, sur le demi-
cercle supérieur et même sur la queue très allongée et terminée
par une télé d'animal, de grenats taillés en table, apprenaient seu-
lement que les femmes qui les avaient portées avaient vécu à une
époque non éloignée de celle de l'occupation de la contrée par les
Francs, ce q'ue prouvait également l'ariiusment des bommes com-
posé de francisques, d'épées, d'angons et de boucliers.
('e ([ui mérite le plus d'ètie signali;, c est Tabondance exception-
nelle de la verrerie. Alois que dans les cimetières de cet Age on
trouve à peine un verre sur cinquante jxils de terre cuite, à IMayot,
la proportion était de liuit à dix verres |>our la même quantité de
poterie.
lin grjindc majorité, c'c'laient des cou[)es de forme ti'ès simple.
sans pied, dont le diamètre \ a riait de (Sa 12 centimètres et la pro-
— 219 —
fondeur de /i à 6 centimètres; mais on a aussi trouxé des cornets
et de ces verres de plus grande hauteur que les coupes, à panse
rentrante et à base conique terminée par un bouton. Cette forme est
bien typique, car on la rencontre dans tous les cimetières francs
de la Gaule Belgique et même dans ceux d'outre-Rhin.
Exceptionnellement, on a recueilli une bouteille à large base,
couverte d'ondulations en émail blanc. C'est une variante de celle
que M. F. Moreau a trouvée à Arcy-Sainte-Restitue'''.
Quelques morts avaient emporté du numéraire que l'on recueil-
lait aux abords de la ceinture, tout près des fermoirs de bourse.
C'étaient des pièces d'or et d'argent, d'une frappe barbare, à lé-
gendes illisibles, mais où Ton reconnaissait cependant, au droit,
la tête d'un empereur romain et, au revers, une victoire ailée ou
Rome assise.
Ces piécettes avaient été certainement frappées par les orfèvres
francs, à l'imitation des monnaies romaines et byzantines ayant
cours. L'abbé Cochet en a trouvé d'analogues à Envermeu'-l
M. F. Moreau en a trouvé une trentaine, toutes en argent, à
Arcy-Sainte-Restitue (Aisne); elles étaient presque toutes munies
de belières rapportées postérieurement à la frappe, pour élre sus-
pendues au collier composé de aao perles de verrolei'ies, recueilli
au cou d'une femme qui possédait, en outre, une superbe paire de
fibules en bronze doré. Aux pieds se trouvaient deux vases en terre
noire, sur la panse desquels on avait fait des ouvertures ronde-
pour y enchâsser des lentilles de verre blanc '-^l
M. A. de Barthélémy, qui s'est occupé de ces monnaies *), croit
qu'elles ont été frappées longtemps après la mort d'Honorius, de
Théodose et de Valentinien III, quoiqu'on ait trouvé parmi elles
plusieurs exemplaires sur lesquels on voyait l'effigie de ces empe-
reurs et leur nom, trOn se trouve, dit-il, en présence de monnaies
en argent qui ne semblent pas avoir été frappées par les agents
officiels du gouvernement de l'empereur, ^f
Pour expliquer l'origine de ces pièces trdeux hypothèses, ajoute-
t-il, se présentent : ou ce sont des imitations de la monnaie impé-
(" Album Caranda, pi. XXXVIII, n" 5.
(^^ Elles sont reproduites sur la planche XVII de la Normandie souterraine.
'"'' \ oie Album Caranda, f\. M et N. Fouilles d'Arcy-Sainte-Restilue.
''"' Bulletin de la Société des antiquaires de France, tome IX, 4° série. Année
1878.
— 220 —
rialo faites par un des [)eti[)los (|iii oiivahiroul la (iaiile ol doslinôos
à avoir cours, ou ce sont dos |)i«'ces fabri(|uoes pour servir (Torne-
iiiciil. |t(nit-t'tre de talisman n.
(iiii(| inonnaios semblables ont c^te' découvertes à Kj)raves, près
Dinanl (province de Xamiir), dans deux cimetières francs. M. Cu-
mmil ' a conslale que trois étaient des imitations de monnaies de
\alentinien III (liiô -{- fibï)), au revers de Home assise sur une
srild ninilis, tenant une victoire de la main droite; derrière, vers
la droite, existe une croix longue; légende, VIRTVS ROMANO-
RVM; à l'exergue, TRPS (marque de l'atelier- de Trêves). II ajoute
(ju'on ne peut cependant en induire (^relies ont été frap])ées dans
falelier monétaire de cette ville.
A Herpès (Cliarente), M. Delamain a recueilli dans la main
droite d'un homme onze monnaies d'argent d'une frappe barbare,
"grossièie imitation de monnaies romaines, mais ayant leur carac-
tère propre'-)*:. M. Prou, se basant sur ce ipie Tune de ces mon-
naies portait une croix ornant le buste impérial, croix qui n'ap-
paraît pour la j)remière fois (juesurles tiers de sou d'or d'Anastase
( '191 -|-.^)i3), pense qu'elle ne peut être antérieure au vf siècle.
D'un autre côté, en les rapprocbant des monnaies d'Anthémius
{ kC)'] -{- ^72), qui présentent au revers le même type de Home as-
sise, tout comme celles de Herpès, il trouve que celles-ci sont beau-
coup plus barbares et qu'il faut en faire descendre la fabrication au
moins au milieu du \f siècle.
Dans le cours des fouilles du cimetière anti(]ue d'Andrésy (Seine-
el-Oise), révélé par les travaux de construction du chemin de fer de
Mantes à Argenteuil et dont les résultats ont été ])ubliés par M. Cos-
seral, on a recueilli sur un squelette inhumé dans une tombe de
pierre el muni d'une épée en fer, plusieurs monnaies d'argent dont
trois seulement étaient entières el une petite monnaie de bronze'').
M. Fourdrignier restitue ainsi les légendes de la j)ièce la mieux
consei-vée : Dlojimms) N{ostor) IVSTINANVS- MVLTVS; revers:
^'^ Monnaies fratKjues découverlen dans le cimelièi'c tri'^jiroves. iUiixelies. Fr. Goli-
t)aerls. 1890.
('' Le» sépullurcs harbuici d'Ihvjics, par M. f*. Dflamaiii, iiisôré «tans le Bul-
leti7i de la Société archéoloifiqne el historique de la (.hnenle. Années 1890-1891.
ti' série, tome I".
'■'') CAmetière méroritifiiru d'Audrvsij (SciiiP-el-Oise), notice jiar Lucien Cesserai.
In-'i", Paris, 1 891 .
2'21
VICTORIA -AVGV; exergue: CONOBt". Mais le nom âe Justi-
niamis esl incei'tain et la nioiuiaie en quesliori peut bien être Timi-
lalion d'un Justin plutôt plutôt que d'un Jnstinien.
Je reviens aux monnaies de Mayot.
Je possède un tiers de sou d'or, deux pièces bien complètes en
argent et les débris de trois autres du même métal. M. Delvin-
court, de Crécy-sur-Serrc, a eu aussi de Mayot un tiers de sou
d'or, mais perce' pour être suspendu au collier d'une femme caro-
lingienne. Il est de l'empereur Maurice Tibère - .
Mon tiers de sou a la plus grande analogie avec ceux que Al. le
\icomtc G. de Ponton d'Amécourt attribue à un monmiyage effectué
par les Francs, sous Clovis et ses successeurs (''.
L'inscription, autant qu'on puisse en juger à cause de l'iniper-
teciion de la gravure du coin et de la mauvaise frappe, est celle-ci:
droit: )AVA — VIV; revers: VICTOI'AVGVC (rétrograde); à
l'exergue: ONO. Poids, i5 décigrammes.
Parmi les imitations des monnaies d'Anastase citées dans le tra-
vail de M. le vicomte de Ponton d'Amécourt, on en trou\e
(page 817) plusieurs dont les légendes sont tout aussi défectueuses
que celle de la mienne.
En présence de telles incorrections, on est autorisé à penser
que le tiers de sou de Mayot est de la même époque et remonte
vraisemblablement au premier tiers du vi*" siècle.
Je passe aux monnaies d'argent.
La première pèse 3 décigrammes. Au droit, on voit Teffigie, en
('^ Edouard Fourdrignier, Sur quelques utoimaies trouvées dans les sépultures
uiérovingiennes d'André sy. Notes archéologiques. Paris. Delormo. 1891.
^-> C'est la seconde fois que je constate la présence d'une monnaie de .Maurice
Tibère, suspendue au collier d'une femme, ornée de ces grandes plaques de
bronze qui ont succédé aux petites boucles à la mode au temps de l'invasion.
(Voir mes Etudes s}ir d'anciens lieux de sépulluie dans l'Aisne, t. I, p. 8. Fouilles
de Vaudcsson.)
^■■" Annuaire de la Société de nuuiismatique , 1889, pi. B et C.
99-2
profil, d'un empereur diadénu'; un rang de peries dessine le haut
du paludnmoitiim. Lt''gendo : ONOII OII; revers : Rome as-
sise de l'ace, tenant de la main droite une haste perlée terminée
par une boucle tournée à {jauclie. Le travail est un peu moins
soigné que celui des monnaies de Herpès, mais c'est évidemment
le même personnage qu'on a voulu représenter des deux côtés avec
les mêmes attributs. La légende ne se compose que de jambages
d'I ou de N; exergue : ON.
La seconde ne pèse que i décigramnie et son diamètre ne dé-
passe pas 1 centimètre. Au droit : buste diadème d'un empereur
dont les cbeveux sont figurés par des traits parallèles. Légende :
D.ONI. . . .TIII. Revers : même personnage assis que dans la mon-
naie précédente; il lient de la main droite une haste sommée d'une
croix, et de la main gauche une autre haste terminée par une pe-
tite boucle; le tout semble former un P retourné. Légende : VIC
TOAV; exergue : C.O.
Peut-on admettre que ce sont des imitations de monnaies de
l'empereur Honorius?
Quoi qu'il en soit, les tiois pièces de Mayot ont certainement
été frappées par les Francs ({ui, à défaut de types ori<;inau\ et na-
tionaux, ont imité le mieux (ju'ils ont j)u (ce mieux était souvent
loin d'être parfait ainsi qu'on peut h; voir) le numéraire émis par
les empereuis d'Orient et d'Occident.
D'après les numismates qui ont spécialement étudié les mon-
naies dites mérovingiennes, c'est Théodebert, petit-fils de Clovis (53/j
-[-5^j8) qui, le premier, plaça son nom et son effigie sur les mon-
naies nationales. Il est donc à penser que celles de Mayot sont
antérieures à son règne. L'absence des types d<' Justin et de Justi-
— 223 —
nien porterait à croire que leur émission doit être fixe'e au cours
du règne d'Anastase.
Quoique fort minces, les deux pièces d'argent ne sont pas usées;
le tiers de sou d'or non plus. C'est une preuve qu'elles ont peu cir-
culé, ce qui corrobore mon opinion. En outre, les pièces imite'es
de celles d'Honorius ne sont pas plus frustes que celles d'Anastase,
ce qui donne à penser qu'elles ont toutes e'té frappées en même
temps. Les monnayeurs de l'époque prenaient donc pour modèle la
première pièce qui leur tombait sous la main sans s'inquiéter si elle
était de l'empereur régnant ou de l'un de ses prédécesseurs.
Une autre particularité à signaler, c'est que le poids de ces
monnaies était loin d'être uniforme.
A Envermeu, ces poids sont de 16, 19 et 28 centigrammes. A
Épraves, on trouve 285, ûoo et3i3 milligrammes. Grâce à l'obli-
geance de M. Cosserat, j'ai eu entre les mains celles d'Andrésy. Je
les ai pesées très exactement et j'ai constaté pour celle qui se rap-
proche le plus de la plus grande de Mayot, un poids de 35 centi-
grammes et pour les autres 25, i5 et 12 centigrammes. Nous
avons vu que celles de Mayot pèsent 3o et 10 cenligrammes. Celte
dernière est donc la plus légère connue, bien qu'elle ne porte
pas traces d'usure.
Le cimetière de Mayot semble avoir été abandonné de bonne
heure, puisqu'on n'y a que peu ou point trouvé les plaques-boncles
et les scramasaxes qui annoncent les vu" et viii^ siècles.
La seconde nécropole antique, que j'ai énoncée à l'origine de
cette élude, est celle d'Anguilcourt-le-Sart, située à 3 kilomètres
seulement au sud de la première; elle était placée non loin de la
Serre, petit affluent de l'Oise.
Fouillée après celle de Mayot, j'y ai vu recueillir par le fouilleur
Lelaurain les mêmes bijoux en bronze et en argent doré, ornés de
grenats insérés dans des cloisons, la même poterie et la même
verrerie. Elle était néanmoins un peu plus ancienne, car dans
plusieurs tombes les plus profondes, il s'est trouvé la vaisselle de
terre rouge ornée de filets composés d'éléments cairés obtenus à la
roulette, comme les cimetières du iv*" siècle d'Homblières et de Ver-
mand en ont tant donné '^l Cela prouve surabondamment que le
pays était encore habité lors de la marche en avant de Clovis.
^^' Voir mes Etuden sur cV anciens lieux de sépulture dans l'Aisne, i"' volume,
pages l'j'y et suiv. ; 2° volume, pages 78 et suiv.
— 22 'i —
Mais si, au Sari, on n'a pas trouvi' autant de verrerie ([u'à
Mavot, en revanche, les armes étaieni plus nombreuses. Trois ou
quatre ant'ons, de nombreux uml)os de boucliers, des (''])ees, des
iVancisques en quantité.
Une sépulture entre toutes ctail r(Miiai(|ual)le |)ar le nombre el
la beauté des armes quelle renfermait. Le guerrier qui y avait été
eut(Mré possédait un angon, une lance, une francisque, une très
«jraude éj)ée dont le fourreau a\;iit été garni, dans sa partie supé-
rieure, lie deux liingles creuses (fargent. La boucle de son cein-
liirou était un riche bijou. Lauueau, Tardillon et la plaque de
bronze doré, dont la consei\alion est étonnante, sont décorés de
grenats insérés à plat dans des cloisons, et ce (|ui est à remarquer,
(•"est ([ue dans les deux loj>es centrales, ces pierres avaient été rem-
placées |)ar un émail blanc, au centre duquel on avait incrusté un
petit anneau d'émail noir. Aux angles, il y avait aussi de petites
loges remplies du mèuuî émail blanc. Dans la bouche du mort, on
trouvait un sou d'or de lemjjereur Auasiase, dont voici la descri|)-
lion :
Droit : lenipereur vu de face, casqué, tenant de la main droite
une lance et de la main gauche un bouclier sur lecjuelon distingue
lenipereur à cheval, terrassant un captif (|iril perce d'une lance.
Légende : D • N • ANASTASIVS • PERP • AVG. Revers: Victoire
à gauche teii;iiit le labarnm; légende: VICTORIA • AVGGG • I ;
exergue: CONOB; étoile à droite dans le champ.
Deux faits découlent de cette découverte: le premiei-, c'est que
liidjumation a été au moins postérieure au \'' siècle et, en second
lieu, qu'il y avait encore, en ce bas temps, des inhumations sui-
\ant le rite païen.
Ce n'est pas, du reste, la pi-eniière ibis qu'une semblable con-
statation a été faite. Dans son ou\ragc sur Le tombeau de Childéric ,
l'abbé Cochet a signalé plusieuis autres découvertes analogues (').
Je passe maintenant à la verrerie. Sa ])àle était {[énéralemenl
^'' A Lède, près d'AlosI , M. .lois siffii.iio le curieux ass('ml)i;i[;c d'un deiiirr
consulaire en argent, duiic iniilntiou Ij.irharo do la monnaie impériale et d'un
liers de sou d'or de Childclx'rl i" (.5i 1-558), encore !o[jé dans les dents d'un
sf|ueielte {Antlq. rpllo-irrrm. et ifallu-ri,in., p. i83 ef 18/1). — AI. ^amur assure,
l'ii lèle (le sou travail sur les loinltos ijallo-lranqucs de son pnvs (le l.nxendiourjj),
([u'uu tiers de sol d'or di' Justin 1" lut lrou\(!' dans un loiulicau de Kirsciniaumen
(Moselle), l'ublicalidiis du In Société (niliéiihii^ifjuc du Ltui'inhmtvjf , I. V'Ilt, p. '10.
225
bien pure et exempte des bulles et filaudies si communes dans
celle du iv" siècle. En revanche, cette dernière, dans notre contrée
surtout, était plus incolore. A Mayot, le jaune et le bleu pâles
ainsi que le verdàtre dominaient.
Si nous comparons les œuvres des verriers du iv'' siècle à celles
de leurs successeurs du \f siècle, nous voyons que ceux-ci ont
moins d'imagination ou bien que la clientèle afTectionne une demi-
douzaine de formes et n'en veut pas d'autres. Mais ce qui, au pre-
mier coup d'œil, distingue les produits des deux industiies, c'est
que l'ornementation en filets de verre ramollis par la chaleur et
fixés sur la panse ou le goulot des bouteilles, flacons, coupes et
gobelets, si commune au iv*' siècle, est presque entièrement aban-
donnée au Vf siècle. Les verriers francs savaient cependant aussi
enjoliver leurs œuvres, mais c'e'tait à l'aide d'un autre procède'
beaucoup plus facile à exécuter. Ils se servaient pour cela d'une
pfite plus ou moins liquide d'e'mail qu'ils appliquaient à froid à
l'aide du pinceau. Comme cet e'mail se fondait à une température
un peu inférieure à celle qui aurait pu déformer le verre, on voit
qu'il suffisait de faire recuire les pièces décorées pour fixer très so-
lidement l'ornementation.
Quelquefois la pâte e'tait très liquide, lépaisseur des applica-
tions est alors pres(|ue insensible et les filets sont capillaires; mais
on pouvait, à l'aide d'une sorte de bar-
botiue, obtenir de gros filets saillants
ou des rinceaux d'un charmant effet.
Les boutons blanchâtres, qui souvent
terminent les vases à fond conique et à
panse déprimée, ont parfois le diamètre
d'un gros pois.
Je possède, comme spécimen de
cette belle industrie et provenant de
Mayot, un cornet de verre bleuâtre qui
mérite une description particulière.
Près de l'ouverture évasée, de multiples
filets d'émail blanc, qui ont à peine
l'épaisseur d'un fil, forment bordure.
L'extrémité pointue reçoit une petite
boulo de laquelle paît un filet assez gros et saillant par consé-
quent, qui va, se développant en spirale, jusqu'à la naissance de
Archéologie. - ^
— '226 —
la partie cylindri(|tie; sur celte dernière partie, on a soudé six
mamelons de \erre lrans|)arenl qui simulent les points (rattache
de sortes de lambrequins qui ont rai)parence d'une draperie dont
les plis, figure's par les Glets d'émail. \out en s'élargissant des ex-
trémités au milieu.
Le guerrier du Sart, dont j ai parlé plus haut, avait été muni
d'une coupe de verre verdàtre dont toute l'étendue de la surface
extérieure avait été décorée à l'aide de rinceaux circulaires qui, en
se croisant et se recroisant, s'amincissant aux extrémités pour
s'élargir sur les bords de la coupe, ])roduisaient dans Tensemble
une fleur ornementale (|ui avait l'aspect d'une tulipe. La hardiesse
de l'exécution alliée à une entente parfaite des principes de l'art
décoratif avait fait de cette toute simple calotte de verre un objet
d'une grande valeur artistique.
Les pesons de fuseaux de cette époque ont très souvent reçu des
ornementations de cette nature.
Les ouvriers de l'époque mérovingienne ne se bornaient pas à
fabriquer des perles de colliers. Ils faisaient aussi du cloisonné et
du champlevé. Nombre de boucles franques et carolingiennes ont
été évidées sur les diverses parties qui les constituent, plaques,
anneaux et ardillons, pour recevoir nue pâte d'émail le plus sou-
vent rouge ou verte que l'on fixait à l'aide du feu. Il se trouve de
ces objets dans toutes les collections; seulement, bien souvent
l'émail est parti et l'on n'en voit plus <{ue des traces dans le fond
des caissons. Il existe au musée de Namur une goupille d'attache
de la boucle d'un Franc sur le ceinturon. Tout le champ de cette
goupille a été profondément excavé en ne laissant qu'une très
mince bordure sur les contours. Dans cette excavation, on a déposé
une ])àte d'émail d'un beau vert pomme qui possède encore aujour-
d'hui la solidité et l'éclat qu'il avait au sortiidu four. Cette attache
provient du cimetière de Pry.
Dans son livre sur l'émaillerieC^ M. Molinier cite comme la
j)ièce dont l'anticpiitc' est la jtius reculée, le reliquaire de Saiute-
Radegonde (vi*" siècle), qui se trouve dans l'abbaye de Sainte-Croix
à Poitiers. Il ajoute (page 20) ffquon ne peut dire (pi" les émail-
leurs qui travaillaient en France, en Italie et en Alleuuigne au
ix*^ siècle, étaient les héritiers des ouvriers de l'époque romaine
^'' K. Molinier, f/lùnaillrrie (Hiblinthèfiui- des }iii>rvcilles , Paris, 1891), p. 3i.
— 227 —
établis en Gaule; qu'ils n eu ont pas moins continue et développé
une tradition antique. L'étude de réniaillerie byzantine doit amener
cette conclusion w.
Cependant, je puis montrer un bijou émailb' du v*' siècle ou du
commencement du vi'' siècle. C'est une bague d'argent, à jonc plat
et à chaton cruciforme dont le centre est occupé par une cloison
circulaire. Toute la partie extérieure est remplie
d'émail vert, tandis que l'anneau central circon-
scrit un cercle d'émail blanc. Cette bague, qui
provient d'un cimetière franc de la Somme, est
la réplique d'une autre, que j'ai trouvée à l'an-
nulaire gauche d'une femme franque, dans le
cimetière de Croix-Fonsommes (Aisne). Ici, les
compartiments du chaton sont garnis de grenats taillés en tables
reposant sur des paillons gaufrés d'argent. Pour moi, toutes deux
sont franques et du commencement du vi^ siècle, peut-être même
du v*" siècle comme je viens de le dire.
Les orfèvres francs étaient donc aussi bien émailleurs que lapi-
daires, et si les bijoux émailiés ne sont pas plus communs, c'est
que les femmes préféraient aux émaux opaques l'éclat, le scintille-
ment des pierres dû à leur transparence. On sait que la découverte
des émaux translucides ne date que du xiv" siècle '"'.
Il n'y a donc pas eu d'hiatus. L'industrie de l'émail a pu se ra-
lentir dans noti'e contrée, mais les procédés n'ont pas été oubliés,
et quand le goût y revint, elle produisit de nouveau des monuments
nationaux qui n'eurent rien à envier à ceux qui provenaient de
l'étranger.
Faisons enfin remarquer que si la décoration du verre au moyen
de l'émail est commune en Picardie, elle est rare ailleurs. Le
musée de Namur, si riche en verres francs, n'en possède que
quelques-uns où cette ornementation toute spéciale existe. Sur les
bords du Rhin, elle n'apparaît pas. Dans son manuel des antiquités
des temps mérovingiens (->, Lindenschmit n'en parle pas. Les verres
de Selzen ont un fond bombé non terminé par le bouton qui ca-
'') Labarte , Histoii^e des arts industriels au moyen âge et à l'époque de la Renais-
sance, tome III, pages 90 et suivantes.
'^' Handlmchderdeutschen Alterthumskunde.Uhei-sicht der Denhnale und Gràher-
funde jyiihgeschichtlirher und vorgeschichtiiclier Zeit. Erster Tlieil. Die Alterlhinner
der Merovingischen Zeit.
i5.
ractôrise les nùlii's. (iCsl une tocliiii(|iic (|iii |)ai;iîl n'avoir élo .ul-
optoo (|uo dans le nord de la l'rancc.
(ic (pii caraclcrise aussi la vcrrcrn' lran(ju('. ce sont les dessins
[)ai' impression (|ne l'on voit (|n(d(|nerois sur le fond des coupes,
impression oblenne par Tapplication sur la pièct;, i'(M)iise au leu el
ramollie, dun moule eu relief, de terro cuilo |)robal)leuumt. C(!
n'est cependant ])as une nouveauté', car ou sait (jiu' c'est par le
même procède', (juau m' siè(de, ou inscrivait sur le fond des ba-
rillets le nom du fabricant.
M. F. Moreau en a trouvé deu\ au cours de ses fouilles. Il en a
reproduit une venant d'Armentières, arrondissement de Cliàteau-
Thierry (Aisne), recueillie dans un sarco])ba}>e en plâtre. Ce sarco-
phage contenait en outre, avec le S([uelette entier et bien en place
d'une femme, un second crâne plac(' aux pieds, à coté de deux
vases de terre noire; une fibule de bron/.e re|)osait sur la poitrine.
U est, pour moi, certain (|ue la coupe (b; verre avait appartenu an
premier occupant dont les os longs avaient ('!(' rejetc's au dehors
pour faire place au second, fait très commun dai«s nos cimelières.
Le dessin venu en relief comprend, dans la jiartie centrale, le
chrisme insère' dans un cercle. (îomnie particularité, la boucle du
P n'est pas bien venue, de soi'te que le monogramme se présente
sous la forme d'une étoile à six rais. Suivant Martigny ('), cette;
façon de chrisme, composé seulement de i'I et de l'X, est connue
même avant le règne de (lonslantin le (Irand. Autour du cei'cle
central courent les ondulations d'une tijje sarmeuteuse à laquelle
se relient, pai' de tout petits pédoncules, six foliob's cordées et j)oin-
tues dont la surface est recouverte d'imbrications à la façon des
pommes de pin. On y a vu aussi des raisins.
Il existe dans le musée de .\amui' une coupe [)resque semblable.
La seule dillV-rence à constat(!r, c'est que sur celle-ci, entre les fo-
lioles quadrillées, il se trou\e aussi des raisins bien reconnaissables
à la rotondité de leurs grains fortement bombés.
Le même musée possède deux autres coupes de cette famille.
Sur luiie d'elles, ])roveuanl d'I^^praves. mi distingue, en léger lelief,
un très grand chrisme on le V est également remplacé par II; ce
monogramme occupe, non seulement le fond dn vase tout entier.
''' DiclioniiHire des (iiiIkjhiIiJs rhyéhenuen ( Paris, tiS'j^ ), pujji; ''17S, ;iii moL Monu-
frnimme.
— 229 —
mais encore une |)arlie de la panse. La seconde, trouvée dans des
subsiructions, à Manuir même, est plus int('ressante. Le fond est
occiipi» par un clirisme o'i deux P, croises en forme d'X, sont sé-
])arés par un L Entre les jambages de ces trois lettres, on distingue
deux se'ries de trois perles saillantes, et dans un troisième compar-
timent il n'y a qu'une seule perle; le tout est entouré par un an-
neau composé de deux filets entre lesquels se trouvent quantité de
petits rectangles. Sur la panse, dans une zone limite'e par une se-
conde bordure semblable à celle qui circonscrit le chrisme, on voit
une se'rie de quadiupèdes séparés par des fleurons, d'un dessin
tout à fait rudimentaire.
Le cimetière de Sablonnières (Aisne) a aussi donné une coupe
à ornements en relief, où le fond et une partie de la panse sont
occupe's par une croix. Dans la partie centrale limitée par un filet
circulaire, quatre perles saillantes existent entre les bras de la
croix. La zone qui entoure cette sorte de médaillon central, déjà di-
visée en quatre comparliments pai' les bras de la croix, se subdi-
vise en huit, au moyen de quatre autres montants rayonnants. Ces
huit compartiments sont occupe's alternativemeni par une petite
■230 —
croix à branches égales cl par im ranioau eu ['ovmo de palme ou
d'arête de poisson. On ne peut déuiei' à cette ornomeutation un
sens symbolique chrétien.
Avant d'arriver à \à coupe de Mayol, je signalerai une autre
coupe de verre jaunâtre recueillie aux portes mêmes de Sainl-
Quentin, dans une tombe franque du cimetière de Griigies, dont
j'ai dirige les l'ouilles pour le com])te de M. Quéquignon. Snr la
panse, on voit quatre grandes palmes simulant aussi une aj'éte de
poisson.
Celle de Alavot a ii centimètres de diamètre. Sa liauleur est de
k centimètres. Le fond forme un le'ger ombilic rentrant. Dans un
cercle de 3 centimètres et demi de diamètre qui occupe la partie
centrale, on distingue le chrisme, composé de l'X
y^-^^^ et du P; cette dernière lettre est mal venue et il faut
(fh^^r^m pl'^*'<'i' l'^>bjel sous un certain jour pour la bien aper-
^^vi^ÏN; Jf cevoir. (le UKulaillon central est encadré par deux
"^^i^i^ borduies circulaires. Tune composée de traits paral-
lèles rayonnants, lautrc* par de semblables traits
inclinés. Plusieurs filets d^'inail blanc décorent les bords de la
coupe.
.lai encore à signaler une leulillo du miMue verre, vert jaunâtre,
avec lequel on a fabriqué la majeure partie delà verrerie deMayot.
Cette lentille a lU millimètres de diamètre sur 'i millimètres
d'épaisseur. Avant le complet refroidissement de la matière en fu-
sion, on y a imprimé le même monogramme que celui placé au
centre de la coupe (b'ciite ci-dessus. La con.servation est telle, qu'il
— 231 —
n\ a aucun doute à oxpiiiner. loi \e P du chrisme est très vi-
sible.
Il re'sulte de tout ce que je viens d'exposer, qu'il se trouvait dans
l'angle que forment entre elles, à leur confluent, l'Oise et la Serre,
une population assez dense, dont la civilisation était déjà avancée
au commencement du \f siècle. Celte date est fournie avec certi-
tude par l'ensemble des monnaies recueillies dans les deux cime-
tières de Mayot et d'Anguilcourt-le-Sart; que cette population e'tail
riche, ce que de'montre l'abondance des bijoux d'or et d'argent de'-
corés de pierres pre'cieuses que les hommes comme les femmes ont
emportés avec eux dans le tombeau, et, enûn, que le cbristianisme
avait déjà, à cette époque peu éloignée de celle de l'occupation du
pays par les Francs, pénétré parmi elle, ce qui résulte de la pre'-
sence d'emblèmes de la religion chrétienne sur certains objets du
mobilier funéraire.
Comment so fait-il cjue les vases à emblèmes chrétiens, obtenus
exclusivement à l'aide d'une pression exercée sur le verre ramené à
l'état plastique par une chaleur modérée, procédé qui a remplacé
celui de la gravure en faveur au iv'' siècle, se retrouvent dans la
province de Xamur à une si grande distance du Laonnois et du
Soissonnais? Il est certain que les verres de Namur, ceux de Mayot,
tout comme celui d'Armentières sont le produit d'une même in-
dustrie, emplovant des procédés d'exécution identiques. La matière
est aussi la même; les mêmes filets les agrémentent.
— 232 —
Deux liv|)(>tli«>s('s se pr(''p('iil{'iit |)Our oxpliiiiicr cctlc Iflcntilé: ou
biou ils soni sortis d'un nuMUf iilclior, cl leur rnrch'î en corlaiiis en-
droits s\'xplit|ui'iiut par les niulliples dangers auxcpu'ls (Uait exposée
une marchandise aussi IVajjile pendant de si longs voyages; on
bien les ouvriers verriers étaient nonnules et se rendaient aUerna-
livement dans des ateliers volants qu'ils abandonnaient dès (|uo la
produelion avait sulïîsaninienl approvisionné leur clientèle.
Ueinar(pions (|u"à E|)raves, où M. le baion de Loë a trouvé, pirnii
de nonibreuv verres francs, une coupe clirisnn'c, on a recueilli
les mêmes piécettes Iranques qu'à Mayot, et (jue do^ deux cotés le
style des bijoux est absolument le même, toutcomnu' à Armentières,
(|ni a aussi doinn' une coupe cbi'ismée, et à Arcy-Sainle-Uestitue, où
se trouvaient de nombreuses monnaies franciues imitées de celles
des Romains. H v a certainement eu beaucoup de relations commer-
ciales entre rEntre-Sambre-et-Meusc et le midi de la (laule Bel-
gique; ces relations s'elTectuaient tant par les voies navigables de la
Meuse et de la Sambre que par les voies romaines qui convergeaient
aux villes importantes de Reims et de Bavav. Il ne semblerait pas
imjtossible ()ue dans les environs du confluent de la vSerre et de
roise, où nous trouvons les veri'es francs en abondance et où il
existe de nombreuses carrières de sable blanc très pm*, il ait existé
dès cette ('poque reculée une verrerie locale. On sait que de nos
jours, c'est à () ou -7 kilomètres de là <jue se trouve la première gla-
corie de France, celle de Sainl-Gobain. De même, tout le Soisson-
nais renferme les sables inlericurs et les sahlcs moyens de la foi-
mation tertiaire, dont la blancheur est exceptionnelle.
Mais ce qui, d'un autre côté, est certain, c'est (|u'au iv* siècle,
il existait une verrerie dans la province de Namiu'. En effet, bien
<[ue les verres de Furfooz, de Spontin, de Samson aient des formes
identi(|ues à celles des verres (]ue nous trouvons de la même éj)oque
à Homblières et à Vermand, la matière' n'est j)as la nuMue ici que
là-has; autant chez nous elle est incolore généralement, autant en
Belgique et dans le Luxembourg elle est impure et colonie en
jaune ou en vert par les oxydes dont sont chargés les sables belges.
Puis il y a dans le travail une sorte de rudesse, d'inhabiletf' (jui
en distingue très visiblement les produits de ceux, bien plus par-
faits, de la Picardie.
11 a dvi en être de nuMue au vi* siècle, .le penche donc pour la
seconde hypothèse et j'ai la conviction, en pn'sfmce surtout de la
— 233 —
similitude des produits, quant à la forme surtout des deux pays,
que si les officines e'taient |)eiinanentes, les ouvriers verriers de-
vaient aller souvent des unes aux. autres, tout comme cela existe
encore de nos jours.
Il est, de plus, de toute probabilité' que, malgré l'opinion con-
traire des savants qui se sont occupe's de Tbistoire de TémaiLerie,
les e'mailleurs des vu" et vin" siècles e'taient les be'ritiers des ou-
vriers gaiio et belgo-romains qui, dès les ii' et m" siècles, produi-
saient en émail de si cbarniants objets. L'industrie et les procédés
se sont transmis de descendance en descendance à travers et malgré
les invasions des v*" et vi" siècles. Nous voyons, à ce dernier siècle,
sur le verre 3t les perles des colliers et même sur des bijoux, de
remarquables spécimens de cette belle industrie.
Qu'aux VII" et viii" siècles, les ouvriers se soient inspirés des ou-
vrages byzantins, cela est possible, mais nous n'avions pas besoin
de l'étranger pour en produire de semblables. Il y avait sur le Rliiu
et même chez nous des artistes qui, de longtemps, connaissaient
tous les secrets du métier et n'éprouvaient aucune difficulté pour
produire des émaux de toutes grandeurs et de toutes destinations.
Il a dû en être de même pour l'industrie de la verrerie, car, nous
le savons, le verrier et l'émailleur sont frères et peut-être bien les
ouvriers de l'époque possédaient en même temps les secrets de ces
deux arts industriels.
PiLLOY.
DU TITRi:
FnATRES ET WfCI POPULI BOMANL
ATTRIBI K AUX B\TVVES.
Commuuioalion do xM. (!«' Laijjut', coiisul «[éiK'ral do Franco, à HotloiHain.
Ouoiqu'on ne puisse pas prc'fiser l'époque exacte à laquelle les
Bâta vi ci^s»hren[ de l'aire partie de Teinpiie romain, Ton ne saurait
douter qu'ils fussent au nombre des soixante-trois cités gauloises
dont ie savant M. Longnon a donné une énumération complète (''.
Mais les érudits locaux ('^t revendiquent pour ces (lei-mains d'ori-
gine le litre de fratves et amiri romani imperii ou popiili romani. En
elîef, deux ///'/// cités par Crûler el icproduils par Orclli (^' sem-
blent jusiilier cette assertion.
En voici les textes, d'après ce derniei' auteui- ;
i" Gens II liiildroniiii II awici' pt'fratrps \\ llom- imp.
o," Fortiinae- Aiiff' suc- \\ pro- salute- itu- ne \\ rcditit ' dd • n ■» [| M- Aur-
Anlniiiiii ■ pil || Aug • el • P-Sepfiwii || Getnr- uolnlissi ■ Cars || eir • Batavi ||
fr aires • et ' am'ici -p- r |] v S'I .m.
Kt, avant tout. <|u'étail ce titre (Vamicas? n-Tale diveniva un
popolo, nous dit Hiiggiero C"), od un individuo in seguito a conces-
sione dello Stato ovveio ad un tratlato, il quale per altio non aven
uno scopo spéciale, ne teniporancM). ï j)rivati ed i popoli cosi rico-
nosciuli ([uali amiri populi romain erano isciitli in formula amicorum
"' Atlax liistorique lie la France, texte explicatif. I>ivr. I, p. 9. — l\ti:r i'époqiio
à laquelle la Batavio ccs^a do compter coininmo (itt-, voir p. iH.
■*' Voir notammoiil I'. Scriverius, Antiipuldiinu lintavicdriun lahiilanmit pia-,
p. 169 el suiv.
'^' Orelli-Henzon, n"' i-fi ol i^'y.
"" Diziniinrio epiinafirn ili (inlirhilà f]i)inone ( Rfima . I.itrolo Pa'^finaliicci , i'n
cours de pnlilicalion ). t. 1". p. ViO.
— 235 —
To Twv (^iXcov SidrotyfÀa dal questore. I documenti chc si riferivano
aW amicitia erano conservât! in Campidoglio : ma de' niolti che ve
n'erano, ora non ce ne avanzano che diie.-n
On le voit, et cela se conçoit aisément, pareil titre d'honneur
était conféré do la façon la plus solennelle et Ton avait pris toutes
les précautions possihles pour assurer la conservation rie l'instru-
ment original qui en consacrait la collation officielle.
Au cas particulier et à défaut de la tahula du (Japitole même,
laquelle a incontestahlement péri, les deux inscriptions ci-dessus
constitueraient a coup sur un précieux élément d'appréciation ou
bien plutôt une sorte de preuve authentique. Malheureusement, et
quoi que puissent penser les archéologues hollandais, il ne semble
pas devoir en aller ainsi.
Tout d'abord, sauf erreur de notre part, l'histoire garde le si-
lence, ou mieux elle dément le fait puisqu'on lit dans Tacite, au
sujet de l'admission des Eduens au jus senatonon in Urbe :
ffOrationem principis secuto palrum consulto , datum id
foederi antiquo et cpiia soli Gallorinn fraternitatis nomen cum populo
romane usurpant ('^.-9
Sans doute, on pourra dire que s'ils n'en jouissaient pas à
l'époque de Claude, les Bataves pouvaient avoir obtenu plus tard
cette distinction. A cela on doit répondre que si notre second texte
a une date approximative, le premier n'en a point. Et que si l'on
demandait le rapport qu'a notre passage de Tacite à la question
spéciale, il suffirait de rappeler que les Bataves faisaient incontes-
tablement partie de la Gaule. Or, le grand historien l'affirme nette-
ment, seuls les Eduens k fraternitatis nomen usurpante. Et
nos tituli qualifient les Bataves de Fratres et amici. Il y a donc là
une aniinomie évidente : pouriant, nous le voulons admettre, la
différence ou du moins l'incertitude des temps peut, jusqu'à certain
point, diminuer la valeur de l'argumentation. Malheureusement, il
y a d'autres éléments de doute.
Tout d'abord, encore qu il leur donne une place en son recueil,
Orelli prémunit le lecteur contre une tro[) grande confiance dans
ces inscriptions, car il écrit textuellement sous la seconde '-* : ff Sine
loco cerlo Suspectus, nec sine causa est hic titulus Maffeio,
'^ Tacite, Ami., XI, \xv.
'*' Orelii-Henzen , np. cl lor. cil.
— 236 —
Minime do oodom dubitavil BcrloH. Siispicioiioin aug(>t Heta^ nomon
liaiid crasiim. luouciilc iain iMall'oio. l'Alabal supcrioi- illo in .Miiseo
Papenhrockiaiio : ih'c tiniioi niimis caret siispicioue.v Ainsi les deux
nionuiiicnls sont <;ra\('in('nl sonpçonnés. Examinons-les l'nn et
lanlre S(''par(''menl.
Pour ce (jni est de la -leçonT) Gens Batavorum fnilirs cl amià
lonidiii intpcni, Anrelitis conl(^ (prellc serait sortie des ruines de
['Annanieiiloriiiin'^i (d'après ridentilication de M. Blok, prolessenr
dhlstoire nationale à Levdo, cet Armameiitavium ne ferai'. (|u' un avec
Liigdiatuni Ba(avnnnn^'-i, raput Germaniee) et (|u'elle était rrmaximis
scripta characterihns-^. Écoutons maintenant les explications four-
nies pai' le savant docteur Pleyte'-^^ conservateur du Musée d'anti-
(juités de Levde. \u lieu du type monumental décrit tout à 1 heure,
celui-ci j»arle d'une simple brique de '^35 millimètres auloin* de
la(|uelle rèjjne un cadre de méandres donnant Tidée de serpents
entrelacés. Voilà certes un bien mesquin appareil poui' des [)aroles
aussi lapidaires. Il est vrai, M. Pleyte émet Tavis (jue notre rec-
tangle de terre cuite est la copie de l'original perdu, ce qui revient
à dire que l'objet venu jusqu'à nous serait simplement ff d'après
l'antiqueiî, suivant la phrase chère à l'école de David. \ cela, ce
semble, il y a encore quelque difficulté.
La phrase elle-même est concise, il est vrai et ne laisse rien à
désirer sous ce ia|)port. En peut-on dire autant de la syntaxe? Nul
latiniste ne saurait le soutenir, car le génitif Batacorum qui vient
aboutir au nominatif Amici cl /'mires est de construction suspecte.
N'aurait-on pas dû lire Batnri . amici et /'mires . . ., formule encore
plus brè\e et plus noble, ce seud)l<'. en même tem|)s (jue plus cor-
rficte ?
Vainement alh'guera-i-ou (|u'il sagit de pierres exiuunées du sol
d'une province lointaine, la plus lointaine même après la Bretagne
et presque plongée dans la barbarie. Formant partie inte'grante des
<iaulcs cl fournissant de nombreux contingents aux armées impé-
riales ' . les Bataves m- sauiaienl être taxés de Barbares. En outre,
'' (iitéf |>. 1, ii"?>. (les AnlujiiilalHiii Ixilmncarinn Ifdntliiriiuu.
^^ Meiiso Altinjf tonfoncl Wirmampnlarium el io Prwtoriioti Aipipjjiiiœ. Voir
Degcriplio njrrt hnUivi cl frisii. o\i\. pars priiiia. ( ^ " \i-ni(iiiii')iliirni)ii cl Pra'-
Im-ium. )
^•'^ Lfllrc autofjraphe cIp ce savant à nous juiiessci'.
'*^ Tarile, Hisl.,el Vito Aifricold' , passiin. Voir l'ciivrajjt' (li> Scln'vi<iiavcii,
— 237 —
on ne pout, au cas particulier, se fonder sur ie lieu de la trouvaille
pour excuser la rédaction, car, on la nionli'»'. celle-ci était entourée
d'une véritable solennité, de sorte ((u<' le iapicide batave avait non
à improviser de son cru, mais à copier des lorniules dont Foriginal
était déposé aux archives du Gapitole. Lorsqu'il s'agit d'un titre
aussi honorable, on ne le laisse point estropier et Ton en surveille
religieusement la transcription littérale.
Faut-il maintenant nous rabattre sur le libellé commençant par
Fnrtunae Aug. sac pro sainte itu, etc . . . , et où se retrouvent, cette
fois, en latin normal, les termes civ. Batavi fratres et amicl P. R.?
Mais, alors que les écrivains d'autan donnaient les plus précis dé-
tails sur le temps et le lieu de 1'" invention n, un savant néerlandais
contemporain soutient à son tour que l'origine du monument serait
douteuse et qu'en outre il serait perdu î'^ D'autre pari, les criti-
ques les plus sérieux regardent les trois lignes linales comme une
interpolation.
Enfin, on y a fait allusion déjà, l'authenticité du contexte entier
est révoque'e en doute parce <[ue le nom de Géta n'y est pas mar-
telé. On re'pond que, parfois, ce nom a ete' trouvé intact dans des
pièces de valeur incontestée.
Quoi qu'il en soit, et même si l'on tient les six premières lignes
pour vraies, il faut, avec les Hollandais, constater <|ue la date manque
de certitude à cause du titre d'Auguste donné à Caracalla et de celui
de Nobilissimus Caesar dont est décoré Gela.
Si ce n'est pas ici le lieu de prendre parti en cette question de
chronologie, il demeure à peu près établi que les Bataves ne sau-
raient justifier par des documents irréfutables la fameuse appella-
tion de fratres et amici popidi romani ou romain imperil, cette der-
nière certainement inconnue au style épigraphi([ue et à ses allures
traditionnelles. Populus romanus est légitime : romainiut impcrium
exprime une idée moderne.
On ne s'explique pas bien, du reste, pourquoi dans le pays
même les spécialistes attachent tant de prix à ces titres problé-
matiques, alors que l'histoire en offre à la nation de singulièrement
intilulé : Epigraphia der baUiafsche krijsieden in de romeinsche léger, etc. (Leyde,
1881.)
"' Bijdrogen lut eingescliitlenis der Bataven, par Sclieviciiaven. (Leyde, 1875,
p. 5, loi, io5, 335.)
— 2:^8 —
plus glorieux. Témoin ces paroles de Tacite ^^l : tr Omnium harum
geiitium virtule praecipiii Balavi , . . Alanet lioiios et antiquae socie-
latis insigne : nam née tiibnlis contemnuntur, ncc publicanus
atterit : exempli oneril)ii> cl collationibus, et lantum in usum
|»raelioruin sepositi, velut (eia atque arma, beilis reservantur. ^
On ne cMoit pas (|iraiioun antre penple ait obtenu plus bel éloge
des auteurs de rantiquité.
(' De inoriliii.s Genn., X\l\.
L'ORFEVRERIE DE TOULOUSE
DANS LE PASSÉ.
DEUX STATUES-RELIQUAIRES DES X\^ ET XVIP SIECLES.
PAR M. LE CHAiNOI^E POTTIER ,
Correspondant du Comité, président de la Société archéolofjique
de Tarn-et-Garonne.
A plusieurs reprises, j'ai eu roccasion de signaler des produits
de Técole d'orfèvrerie religieuse de Toulouse. Ce lurent d'abord les
belles châsses et le reliquaire provenant du tiésor de 1 abbaye de
Grandselve, aujourd'hui conservés dans l'e'glise de Bouillac; puis
un phylactère de même provenance en l'orme de tableau à pignon,
que possède l'église d'Ardus. Une septième pièce de ce même tre'sor
a été retrouvée depuis peu et donnée également à la paroisse d'Ar-
dus; c'est aussi un reliquaire-phylactère en argent niellé avec in-
scription et figures, dont la forme peu usitée est celle d'un disque.
Il était destiné à être posé sur un pied ou porté sur une hampe,
ainsi que les deux autres '^l
Je viens de proposer le classement de ces divers objets, d'une
vraie valeur d'art, au Ministère des Beaux-arts.
En 1891, j'ai décrit un buste de saint Aventin, du \\f siècle,
appartenant à l'église de ce nom, aux environs de Ludion. Le
buste est en métal fondu, la tête en argent doré par partie. Un
nimbe mobile porte gravé le chiffre de IHS entouré de rayons
ondes; le poinçon est celui d'un orfèvre de Toulouse.
Voici aujourd'hui deux statuettes reli([uaires d'argent avant même
certificat d'origine.
Toutes les deux représentent saint Christophe de Lycée et con-
^'' Ces ctiâsses et ce reliquaire remontent au commencement du xin* siècle.
(Voir un mémoire rédigé en vue de leur classement dans le Bulletin de la Société
archéologique de Tarn-et-Garonne, t. XXIII.)
— 2/(0 —
tiennent, dans lo socle. Hos reliques du saint doul elles offrent la
raracléristi(|ue.
La d(ivoliou à saiul (iliristoplie a ote' très en honneur dans les
lemps passe's. el parlieulièreinent au w" siècle; sa légende, venue
d'Orient, est bien connue; il send)le bon toutefois de la rappeler eu
ce (jui touche les li<|ures en question, (le ne sera pas sans taire re-
iuar(|uer que, si les Bollaudisles ont établi d'une façon probante
l'existence, uiise en (piestion, de ce niartyi', ils n'ont pas accepté
avec la incine assurance les r(!cils allégoriques, et peut-être fantai-
sistes, d'une légende relativenieni récente.
Chananéen de nation et païen à l'oiigine, ce barbare de haute
taille, enrôlé de force dans la h'gion romaine, ('tait mieux doué du
coté ph\si(jue (quant à la stature du moins) que sous le rapport de
l'esprit. En quête des moyens de gagner sa vie, il échappe aux con-
seils du d(!mon pour suivre ceux d'un ermite; celui-ci indique le
passage dangereux d'un torrent, que beaucoup de gens ne peuvent
Iravei'ser sans exposer leur vie, et il ajoute : rTu prendras les pas-
sagers sur tes robustes épaules poui' leur servir de bac ou de pont,
el celui qui est mort sur la croix le tiendra compte de ta peine. ^
Ainsi fit, avec succès et générosité, le néophyte.
Une imit, ré[)ondant à l'appel d'une voix d'enfant, il chargea
celui-ci, comme [)lume h'gère, sur ses épaules; mais les eaux étaient
grosses el, au milieu du torrent, le petit enfant devint terriblement
lourd. Alors se passa la scène figurée |)ar le groupe de Lasbordes;
sa descrij)tion va continuer la légende.
Le passeur est en pleine eau, le coips est fortement cambré
pour soutenir le poids écrasant de l'enfant Jésus, qui, à cheval sur
son épaule gauche, cause fimmersion redoutable. Cependant la
jambe droite de (Christophe s'est relevée tout entière hors des flots
agités, un long bâton lleuii lui sert (fappui C.
Très surpi'is, il relève la tête el 1 interroge : «Qui es-tu donc,
petit, qui me donnes tant de mal ? — Tu portes, lui est-il répondu,
celui qui porte le mondes; et ce disant, rKnfant le regarde avec un
^'' Au momeni, dil uiio ii'jf.'nilc, "ù le pnsseiii- lui arrivt'^ à l'aulrv» rive du
lorrent, il planta dans le sol sou Ijàloii qui porta des lleurs. D'autres disent que ce
lui à la suite d'une prédicaliou, ou bien que Dieu accorda ce miracle comme
j»reuvedeia persévérance que le saint lui demandait. Le l'ère Caliier pense que l'on
pourrait voir aussi en cela le juslus ul palmn Jhirchil. C'est souvent im palmier
que tient iii main ce |)orlein' de la bonne parole.
— -2^1 —
sourire plein de bénignité', sourire qui n'exclut pas une certaine
malice; il apparaît dans son divin éclat, bénissant de la niain droite
et tenant la boule du Monde,
surmonté d'une croix, de la
main gauche.
Le visage de Christophe est
radieux, et vraiment ft c'est
merveille 11, comme auraient
dit nos pères, de lire sur ces
physionomies les pensées qui
agitent les cœurs du petit
Maître et du serviteur géant. Ce
dernier deviendra assez tort
pour accepter et subir un cruel
martyre t^'.
De fait, l'œuvre est belle,
admirablement traitée comme
art et comme métier, et il con-
vient de s'arrêter quelque peu
à la description et à la tech-
nique.
Cette statuette a toujours
appartenu à l'église de Saiiit-
Cliristophe-de-Lasbordes. Ce
village, peu distant de Castel-
naudary, a conservé des restes
de fortifications auxquelles se
reliait la tour carrée, du
\iv' siècle, d'une église anté-
rieure à celle de nos jours,
laquelle est du xv" siècle,
époque oiî le précieux reli-
quaire était coujmandc à un orfèvre de Toulouse.
Le poinçon fait foi de celte origine : il porte en lettres gothiques
toi (tolose) au-dessous d'une fleur de lys à la longue traverse an-
nelée à chaque extrémité. Sur un autre poinçon mal venu, séparé
•>" Ce qui (Hil lieu, d'apn-s Ip Martyrolo{je romain et Baronius, le •?.') juillet
de l'an a54, sous Décius.
Akchéolouik.
i(i
(lu [jifiiiitM'. ou lil, ce seuiblo, les leltics UOri- Ces poiueous soul
répétés deux fois sur le pied et ne lijfurent qu'une t'ois sur la statue.
Le poids est de 3 kilogr. 5i5, Télévalion totale de o ni. 61. Tout
est en ai'g(Mif; les vêtements, les eheveux et la barbe sont l'ortenient
dorés, de même que le socle.
(le socle, à six pans, est haut de 0 m. 067; il ollre deux mouve-
ments: la IfMi'asse supérieure, à parcMneuts droits, s'aj)puie sur un
glacis soutenu aux angles par des conli'elorts à larmiers avec arcs-
boutants à redeuts, et pinacles à crochets. La partie inférieure,
moulurée, est ajourée de quatre-feuilles sur la tranche.
Les Ilots qui couvrent le socle, réservés en argent, sont animés
par la présence de vingt et un poissons gravés sur le métal : on
distingue des anguilles, des soies, des carpes, des brochets, etc.
Les plaques de recouvrement sont soudées à l'argent, et des ri-
\ures sont aj)parentes; elles s'adaptent exactement à une àme de
bois de frêne qui traverse deux tiges taraudées à l'extrémité; elles
})artent des jambes du saint et le fixent, par-dessous le socle, à
l'aide d'écrous.
La capse rectangulaire, qui contient les reliques, est placée sur
le glacis; munie d'un couvercle uni, elle a 2 centimètres et demi
de profondeur.
Le saint est vêtu d'une courte tunique arrivant à moitié cuisses;
il est drapé dans un manteau, longue bande d'étoffe dont l'extré-
mité, du coté gauche, descend jusqu'à la cheville et, de l'autre, flotte
sur l'épaule droite; les plis sont pleins de souplesse. Les cheveux,
longs, ont trois étages de frisures: Etcapillis rulilans, disait l'hymne
du Bréviaire gothique ; la barbe descend à moitié poitrine, les traits
du visage sont réguliers et beaux, contrairement à la tradition ''l
L'enfant Jésus porte une longue robe (|ui laisse à peine à dé-
couvert ses pieds nus; le collet de la robe est bordé de fleurs à huit
pt.'tales obtenues au poinçon. Au sommet de la tête, dont la cheve-
lure est très frisée, se trouve une attaclie soudée qui a reçu un
nimbe aujourd'hui disparu.
-Nous l'avons dit, le visage est (•m[)reint d'une grâce charmante;
le geste et le mouvement de tête sont bien d'un enfant.
Cette statuette est fixée sur l'épaule de saint Christophe par deux
'" Il l'sl l'orl luid Mir un viUail de la calliédrale de Hoiiijji's, ainsi ([uc bivii
lillem-s. \oir la Caractéristique de» saints, dn Père Caliier.
— 2^'à —
tig-es d'ar^jent umiiies (ruu anneau : Tunu retenue par un e'crou,
Taulre par nu pas de vis.
Tandis que le corps et ies vêtements sont lormés de fortes
plaques repousse'es et martelées, les pieds et les mains sont fondus
et repris au burin.
A ne point conside'rer le poinçon, qui ne saurait laisser de doute,
ou serait tente' d'attribuer cette œuvre à Técole bourguignonne ou
llaniande, bien plus qu'à celle de Toulouse.
La seconde statuette, d'un faire bien différent et qui nous rap-
pelle un travail espagnol, est en tout point plus vulgaire. Elle
m'appartient aujourd'hui, achete'e à la vente, après décès, d'un col-
lectionneur toulousain, M. Pujol. Il est difficile de savoir exacte-
ment à quelle époque elle a été' enlevée à l'église de Saint-Nicolas de
Toulouse'^'; toujours est-il que cette église a dû la posséder, comme
il appert de la note suivante écrite sur papier, et trouvée enveloppée
dans de la soie jaune, avec des fragments d'ossements du saint
martyr, dans le petit reliquaire du socle.
J'ay mis dans ce buste de saint Cristofe
des reliques deunienl vérifiées
pai- i'ordi-e de Monseigneur nostre
archevesque Joseph de Montpezat '^'
le premier may 1680.
DoxAULT, curé de Saint-Nicolas.
Le groupe a o m. 55 d'élévation; il est en bois et argent. Ici la
légende du torrent est tout au moins altérée. Saint Chrislopbe est
simplement le porte- Christ ; il marche en une prairie fleurie, les
pieds recouverts par des plantes; il va droit son chemin, sans autre
souci, ce semble, que de maintenir solidement sur ses épaules
l'enfant Jésus à califourchon; il le retient par le pied de la main
gauche; la main droite fait défaut, elle devait s'appuyer sur un
bâton.
La tête est barbue, les cheveux sont épais; une tunique sans
ceinture, formée de deux plaques d'argent clouées sur les côtés,
'^) Cette église, placée sur la rive gauche de la Garonne, porte également le
ïfova de Saint-Cyprien, sous lequel on désigne le faubourg qu'elle dessert.
'-' Joseph de Montpezat de Carbon, archevêque de Toulouse de 1676 à i685.
— 244 —
est couverte de ramages el de lîeurs etanipe'es; un collet à petits
dessins borde le haut; un pointillé garni! les fonds.
La robe de rKnfant est dore'e,avec ceinture; il bénit de la main
droite et relient de l'autre main sur son genou gauche la boule du
Monde.
Le socle, carré, dans le milieu duquel est creusé le reliquaiie,
fermé par un cadre d'argent et une glace, est entièrement couvert
de plaques d'argent aussi, ollrant sur chaque face une décoration
à lige C(Milr;de d'où s'écarl(Mit symétri(|uement feuillages et fleurs;
la partie supérieure, au lieu de vagues, présente un lapis fleuri,
dette dilférence ne doit pas surprendre puisque, dans ses détails,
la vie de saint Christophe est plus légendaire qu'historique.
Ce qui est assuré, c'est le fait de la dévotion pour le martyr,
surtout au xv' et au xyi*" siècle. Son image colossale était alors
placée d'une fagon 1res apparente à l'entrée des églises oii les fidèles
étaient avides de la contempler, croyant trouver dans cette seule
vue un préser\atif contre la mort subite et d'autres maux. Ainsi
en était-il à Notre-Dame de Paris, où l'archevêque Antoine des
Essarts avait, à la suite d'un vœu, fait élever contre le second
pilier, en i/ii3, une statue haute de 28 pieds (^'. Elle avait disparu
avant la fin du siècle dernier.
Des images ont été gravées (^^ et des médailles frappées en nombre
considérable (■^'. Cette croyance en la puissante intercession de
saint Christophe a été résumée dans deux vers latins gravés sur
le piédestal d'une figure d'argent de ce saint, conservée autrefois
dans le trésor de la Sainte-Chapelle :
Cluistnphori sancti l'acieiii ifuicunupie liieliir,
llla neiiipe die, nullo iangoïc lencluf.
" La (athéclraie d'Auxerrc (ifîHç)), celle (rAiiiiens cl Iticn (l'aiilros eiueul des
statues analogues. On conserve dans i'éijlise de Loiigpié-les-Cldrps-Saiiits (Sonniie)
uni' statue reliquaire de saint Christoplie, en bois sculpté, lam('' d'argent, ayant
o m. 53. Klie a grande analo[pc avec celle de Lasbordes et paraît de la même
"•poque avec un caractère germaiii<|U('. (il. V Album archéoloirique de la Société des
antiquaires de la Picardie, i8(j'i.
•^' La plus ancienne giavure contme est datée de i/iu3. Le saint est appuyé
sur un palmier dans raltitiitlf connue.
''^ Lno médaille de cuivre, frappée à IJome, porte le saint fort peu vtHu et
qui, très courbé, tourne la télé vers l'enfant Jésus, (ielui-ri le domine de tout le
corps, posé- sur son épaidc
— 2Zi5 —
Une vieille gra\ lire siii' !)ois portail eetle variante du second vers:
lUa nempe die morte niala non morieris.
On disait aussi :
Ghristophorum videas, postea tutus eas.
Et encore, avec le proverbe : Ceux qui te voient le matin rient
la nuit.
En résumé, ne voit-on pas en ce saint, (|ui porte avec lui le
Clirist dont il enseigne la doctrine, le modèle de Tapotre et Tirnage
de l'assurance que donne la vie du chrétien resté fidèlement attaché
à son Dieu ?
Chan"* Fernand Pottier,
NOTE
SUH UN MANUSCRIT AIUBO-HEHBÈRE
DÉC()l\EnT V DJERBA,
rVR M. M0TYLI>SK1.
Un manuscrit arabo-berbère a élé récemment découvert à Djerba
et photographié par les soins de M. le Résident général en Tunisie;
il est ])résenlé sous le litro de Medaouannh du cheikh Ibn-Ghanem.
Il n*; lire pas son importance des malièros qui y sont traitées en
arabe, sous une forme assez ingrate et quelque peu désordonnée.
C'est un recueil de solutions sur les questions do détail se ratta-
chant à la prière, à la dime aumônière, au jeune, au pèlerinage,
au statut personnel et réel chez les Abadhites, plutôt qu'un traité
didactique de droit.
A côté des œuvres capitales de la bil)liothèque abadhite qui,
dans ces dernières années, ont été livrées à la publicité par Tim-
primerie spéciale El-Barounia du Caire, et qui suffisent largement
à nous éclairer sur la marche du schisme en Afrique aussi bien
(pie sur les doctrines ou la secte, la Medcioiianah dMbn-(ihanem ne
peut qu'occuper une place secondaire.
Ce livre a été probablement l'un des premioi's ouvrages apportés
d'Orient par les cinq missionnaires, disciples d'Abou-Obeïda, qui
se firent, dès le ii" siècle de l'hégire, les propagateurs de l'hérésie
ouahbite abadhite dans l'Afrique septentiionale.
Mais si, sous le rapport de la doctrine, l'ouvrage arabe d'ibn-
(îhanem n'a «piune importance restreinte, il n'en est pas de même,
au point de \uelinguistique, du manuscrit découvert à Djerba , lequel
contient, à coié de l'arabe, des dévelo|)pements et commentaires
en langue berbère, (euvre dun abadliiliî alVicain eiu'ore inconnu.
On peut (lire, // priori , (pie le manuscrit bilingue, tel qu'il s(;
pi'ésenlc, est un docuimMil pn'ci(Mix pour Tf'lude du berbère.
— 2A7 —
Les matériaux relatifs à cette langue qui ont e'té recueillis et
('Uidio's jusqu'à ce jour comprennent surtout des contes, re'cits ol
légendes populaires, des dialogues, des chants et des proverbes,
Nos bibliothèques possèdent également un certain nombre d'ou-
vrages berbères, composés par des indigènes, sous une forme plus
littéraire, tels que le Haoudh, le Bahar-Ed-Domouà, le poème de
Çabi, la relation de Sidi-Brahim de Massât; tous appartiennent à
la région du Sud marocain et sont écrits en chelha.
Jamais encore aucun ouvrage rédigé en langue berbère n'avait
été découvert dans la région Est de l'Afrique du Nord, bien que
l'existence secrète de cette nation ait été signalée dans les chroni-
(|ues abadhites qui nous sont parvenues.
De l'ensemble des indications fournies par les relations histo-
riques de la secte (Tabaqat El-Mechaïkh, El-Djaouaher, El-Mon-
taqat, Siar-Cbemmakbi, Siar-\efousa, etc.), il ressort clairement
qu'à l'époque brillante de la dynastie rostemide et même après la
chute de la Tahert abadhite, de nombreux ouvrages ont été com-
posés ou traduits en berbère dans les communautés abadhites de
l'Oued-Nizab, de l'Oued-Rir', du Nefzaoua, de Djerba et surtout
du Djebel-Nefousa, qui, pendant et après l'imamat, resta toujours
le fort de l'hérésie kharedjite.
On peut même dire que l'abadhisme ayant élé pour les popula-
tions berbères de l'Est et du Sud une hérésie nationale, le berbère
a dû être, en quelque sorte, la langue officielle de la secte et que,
malgré la différence apparente des dialectes du Djebel-Nefousa,
de Djerba et du Maghreb central, les Abadhites de ces diverses ré-
gions, toujours unis par un lien religieux et longtemps par un lien
politique, ont dû sinon parler, du moins entendre une langue com-
mune, plus raffinée, plus littéraire que celle des dialectes usuels.
C'est sous cette forme que parait se présenter la partie berbère
du manuscrit découvert à Djerba.
Un examen attentif du texte berbère permet de supposer qu'il
remonte à une époque peu éloignée de l'introduction du khared-
jisme en Afrique.
Il est facile tout d'abord de reconnaître que le berbère du ma-
nuscrit n'a pas encore été trop envahi par l'arabe. La technologie
spéciale au droit musulman et aux matières religieuses n'est pas,
comme dans les dialectes de l'Ouest, servilement reproduite sous une .
forme simplement berbérisée. Ce sont presque toujours des racines
— ns —
berbères (|ui sont t'iuployées pour ("\[)iinior los idées se ra|)[)or-
lanl à la religion et à la le'gislalion.
Kn second lieu, on trouve dans le texte berbère certains vocables
ijni inditjiient, dans Tàge de la langue, une épotjue peu éloigne'e
de celle où les Berbères e'taient païens ou cbro'tiens. On peut citer
coinine exemple le mot Aiouch signifiant ffDieu^, cju'on ne retrouve
qu'à létat de souvenir déjà lointain dans les manuscrits composés
après le iv* siècle de Thégire , et le mot Dnïmov - Diable » , qui n'existe
plus, je crois, dans aucun dialecte.
Enfin, particularité caractéristique, l'auteur berbère ne cite, en
matière musulmane, d'autre autorité que celle des tr Compagnons
de l'Orient'' ; or, à partir du iv*" ou du v" siècle, les Abadhites
d'Afrique, auteurs d'ouvrages sur la secte, se plaisent à citer comme
maîtres et modèles leurs coreligionnaires du Djebel Nelousa et du
Maghreb, devenus les conservateurs et les propagateurs des tradi-
tions de leur doctrine.
J'ai pu massurer que le berbère des manuscrits, à peu près inin-
telligibles aujourd'hui pour les Abadhites du Djerba, était mieux
compris par les indigènes originaires du Djebel-Nefousa et du M'zab.
Il semble avoir appartenu à une langue intermédiaire entre les dia-
lectes du bord de la mer et ceux de l'extrême Sahara, Tamazir't
du Djebel-\efousa, Ghaouia de l'Aurès, Zenalia des K'sours et du
M'zab.
Il ne serait pas impossible qu'il ait été écrit au Djebel-Nefousa,
oii la vie nationale et religieuse était plus intense qu'à Djerba.
L'intelligence de ce texte sera certes moins facile ijue celle des
écrits en chelha qui appartiennent à un dialecte encore en pleine vie.
Mais en supposant qu'on n'arrive pas toujours à comprendre
{)arfaitement la ])artie berbère du manuscrit, on pourra tout au
moins v faire une ample moisson de racines nouvelles et de vocables
encore inconnus et y étudier, sous sa forme écrite la plus ancienne,
une langue qui, par son anlicjuité, son origine et le domaine quelle
occupe encore dans nos possessions actuelles ou futures d'Afri(|ue,
doit nous intéresser tout particulièrement.
En résumé, le manuscrit bilingue de Djerba est le seul monu-
ment écrit de la langue berbère qui ait été découvert jusqu'ici dans
la région Est de l'Afrique du Nord,
i 11 est antérieur à toutes les compositions en berbère que nous
possédons.
— 2/i9 —
La partie berbère du texte appartient à une langue plus pure et
moins pe'nétre'e par l'arabe (jue celle des e'crifs en chellia qui nous
sont parvenus.
Ces titres sont suffisants pour assurer au manuscrit découverl
à Djerba la place d'honneur dans le fonds berbère de nos biblio-
thèques.
A.[de C. i\Iotyli\ski.
NOTICE
SUR UNE MONNAIE INÉDITE
D'HIPPO-DIARRHYTUS,
PAR M. H. RENAl LT,
AdjoinI du génio, » Tunis.
La chronologie des proconsuls d'Afrique est j)eu certaine et offre
même de nombreuses lacunes entre Tan 762 {19. ans avant J.-C),
date duTprooonsulat de L. Domitius Ahpnohnrhna . et Tan h de T^re
clire'tienne, date du proconsulal de L. (Cornélius Lentulus.
Une [monnaie entrée dans notre collection en 1899 permet de
fixer, à peu près sûrement, Tannée du proconsulat de Fabius Maxi-
mus Al'ricanus.
En voici la description :
Tète de Tibère, nue à <|auchc. Grèuelis au pourtour.
Légende : CLAVDIO NERONI HIPPONE LIBERA.
IV Tête du proconsul Fabius, nue à gauclie. (Iiènelis au pour-
loui
Légend.' : FABIO AFRIKANO.
J^. Module : 7.6 de l'échelle de Mionnet.
Poids : 10 }|r. o'i.
Trouvée au kcl'. en 1895?.
— 251 —
Jusqu'ici, le nom du proconsul Fabius Africanus n'avait paru
([ue sur une monnaie d'Hadruniète^') et sur une monnaie provin-
ciale d'Afrique ('-). Se basant sur la conformité de fabrication de ces
deux monnaies, Mûller a pu attribuer aussi celte dernière à l'atelier
d'Hadrumèle.
La monnaie que nous signalons aujourd'hui vient prendre place
dans la numismatique d'Hippo-Diarrhylus et paraît ouvrir une nou-
velle série entre les autonomes de cette ville '^' et les impériales'').
En effet, si par son module elle se rapproche du n° 377, son
poids, inférieur de près de 3 grammes au poids moven des deux
pièces cataloguées sous ce numéro, ne permet pas, vu la très belle
conservation de cette pièce, de la faire entrer dans le système pro-
posé par Mûller (^'.
Avant d'aborder la discussion de la date qui semble devoir être
attribuée à cette nouvelle monnaie, il nous a paru utile de signaler
quelques particularités intéressantes.
I
Les monnaies municipales d'Hippo-Diarrhytus de cetle époque
portent ou l'indication des magistrats urbains, ou la permission
proconsulaire, souvent même les deux à la fois. Nous ne voyons
rien de semblable ici; le droit nous donne simplement une dédi-
cace à Tibère; le revers, le nom du proconsul à l'ablatif. Ces cir-
constances paraissent devoir faire opter pour une médaille frappée
en commémoration d'un événement et en l'honneur de Tibère.
Si nous passons une revue rapide du monnayage municipal en
Afrique sous Auguste, nous constatons que, sur cinq monnaies at-
tribuées par Mûller à la ville d'Achulla'^', quatre portent le nom
du proconsul au nominatif. Lenormant^'' rapporte ce cas à la per-
(^' Mùlier, Niuiiismatiqite de V ancienne Afrique, \. II, p. 03, n° 19, fi exem-
plaires.
'-' Ibid., p. 61, n° 87, lA exemplaires.
^3) Ihid., p. 167, n°' 376-37.Ô.
''^> Ihid., p. 1,57, n°' 876 et siiivanls.
(•-) Ibid., p. 176.
■*' Ihid., p. '1/4. n"' 7 à 10.
" F. Lenormant , La mnnnnio dium r«)ili(juit<'' . t. Il, p. iCj-j.
— 252 —
mission proconsiilnire de monnayer. La ville crHadruuiète('), sur
huit types, en possède quatre dans le uunno cas. Un neuvième exem-
plaire-', précise'ment IVapp** à i'eiïî{ji<' du proconsul Fabius Afri-
canus, est classé par Mûller comme monnaie provinciale à cause de
l'absence de nom de ville. Cependant ce savant numismatisle, en
raison de la conformité de celte monnaie avec le n° 9()(-'' d'Hadru-
mète, la ci'oit sortie de Tateliei' de cette ville, darthage''' nous offre
ciii([ exemplaires sur six porteurs de la lucMition des mafjistrals
municipaux. Enliu, Clypea'^' nous fournit un exemplaire également
dans le même cas.
Sous Tibère, les s(*ries municipales de (llypea et d'Utique sont
plus complètes et plus explicites; elles portent, outre; le nom des
magistrats municipaux, l'indication de la permission proconsulaire.
On voit que, sous x^uguste et sous Tibère, non seulement les
colonies latines, mais aussi les villes libres d'Afrique, étaient auto-
risées à émettre des monnaies en bronze pour leurs besoins locaux,
sous la responsabilité de leurs magistrats municipaux et avec l'au-
torisation du proconsul C^l C'est, en somme, une situation analogue
à celle de nos communes d'aujourd'hui qui gèrent leurs finances,
empruntent, taxent, etc., avec l'autorisation du pouvoir central.
Nous n'avons pas d'exemple de monnayage municipal attribué
à Hippo-Diarrhytus offrant les caractères nettement définis que
nous venons de rappeler. Nous ne voyons apparaître les monnaies
de cette catégorie que sous Tibère et pendant le proconsulat de
L. Apronhis (771-773)'"'. Sur ces monnaies, elle proclame tou-
jours sa condition de ville libre par sa légende HIPPONE LIBERA.
Notre monnaie ne déroge pas à ce principe.
II
L^ne monnaie de Fabius Africanus, frappée à Hadrumète et dé-
crite par Mûller(^), porte la légende parfaitement conservée :
"' Millier, op. cit., t. Il, p. Tia, n°" nG-sg.
(*i Ibid., p. 61, II" 37.
(») Ibid., p. 6is.
(») Ibid., p. 1/19, n"";ia 1-326.
<'i Ibid., p. i55, n-SSo.
<*> C.-F. Lenormant, La monnaie dan» l'antiquité, l. Il, p. aof) à aai.
!'J Aluller, op. cit., t. IL p. 167, n° '.i-jH.
**^ Ibid., p. .'ia, 5/i. 55, n° 39.
— 253 —
FABIVS MAX{imus) AFRIC(a??M.s). La monnaie qui fait Vobjet de
coite notice nous l'ournit la leçon AFRIKANO. La présence inso-
lite du K dans ie nom du proconsul Fabius me'rile un examen
particulier. En elFet, à cette époque, le K avait disparu presque
entièrement de l'alphabet latin; on ne le retrouve guère que dans
quelques mots : Kalendœ, Kœso, Korthago^^\ etc., où il avait per-
sisté depuis son remplacement par le c dur dans la langue latine.
En numismatique, nous rencontrons le K sur les monnaies de
Carthage (KAR) avec les effigies de J. César et d'Auguste'"-l A une
date plus rapprochée encore de celle de notre monnaie, et à peu
près à l'époque où nous voyons les monnaies de Carthage porter
les indications C. 1. C. (Colonia Julia Garthago)(-*\ les monnaies de
la Cyrénaïque, au nom du proconsul Palicanus, nous fournissent
à leur tour les inscriptions suivantes :
IMP AVG TR POT. — R. PALIK PR
IMP AV TR PO. — IV PALIK PR
IMP AV TR P. — R' PALIK PR(^).
Ces exemples, à peine antérieurs de quelques années à l'époque
de notre monnaie, nous disent assez que le K n'avait pas encore
tellement disparu qu'on ne le retrouve de temps à autre, même sur
des documents officiels.
Ajoutons qu'ici l'objection emprunte une force particulière à celte
circonstance que les deux pièces au nom de Fabius Africanus datent
évidemment de la même année.
Après la chute de Carthage, la vie punique s'était concentrée
dans les villes voisines et y subsistait avec une grande intensité.
Peut-être aurions-nous pu songer à attribuer la présence du K sur
notre monnaie à la persistance du caf phénicien , si nous ne sa-
vions (^* que de bonne heure cette lettre s'était transformée et avait
pris une forme toute différente (^ en y). H ne paraît donc pas pos-
sible de faire intervenir, dans cette question, l'influence de la
langue punique.
Hadrumète, comme toutes les villes de la côte soumises à la do-
mination de Carthage, avait accueilli les Romains en véritables
''^ Pli. Berger, Histoire de l'écriture dans l'antiquité, p. 167.
'^^ Mùlier, op. cit., t. II , p. 1/19, n"' 3 1 9-830.
'3) Ibid., p. i53.
*"' Ibid., t. I", p. 167, n"' /i3'i-/i36-^37.
'^^ Ph. Berger, Histoire de l'écriture dans l'antiquité. TMeau comparatil. p. 18.').
— 254 —
libérateurs; elle avait scin i de point de ravitaillement aux années
romaines pendant la lonjjne lutte contre Cartilage; tout récemment
encore, son territoire avait éliî le théâtre de la jjuerre entre; Pompée
et (iésar. Iladrumète était romanisée à un plus haut de|jré que la
partie occidentale de la province dAl'rique. De bonne heure, un
atelier monétaire y a\ait été installé. Cet atelier produisait [c)k ans
avant J.-C.) les ina{jniti(]ues pièces à haut relief si<>nalées par Mill-
ier''*, dont un bel exemplaire existe dans notre collection. 11 semble
rationnel que le jjraveur, peut-éti'(^ même un graveur venu de la
monnaie de Home, ait produit, dans un latin correct, le nom du
jiroconsul.
Hi[)po-Diarrhytus, au contraire, où s'était implantée une partie
de la population punique vaincue (-\ et d'ailleurs aux [)ortes de la
turbulente Numidie, devait être restée plus barbare. De plus, elle
n'était pas encore une colonie, et, en frappant de la monnaie de
bronze, elle usait simplement de la liberté qu'elle avait conquise
aj)rès la chute de Cartilage. La ville libre d'Ilippo-Dianhytus,
n'ayant certainement pas de monétaire otficiel envoyé de Rome,
avait du fain» ap])el, comme cela était presque général à celte
époque, à un artiste grec. Le kappa grec a tout naturellement été
substitué par cet artiste au c dur latin.
Il ne faut donc voir dans Tapparition du K sur notre monnaie
(|u'un accident purement local. C'est d'ailleurs, il faut le remarquer,
la dernière fois qu'il se rencontre dans la numismatique de cette
époque.
m
Le règne d'Auguste est marqué par un développement considé-
rable du régime municipal en Afrique. Cartilage renaît oflîcielle-
meut; Uthina, Mascula, Thuburbo Majus, Sicca Veneria, reçoivent
avec elle le titre de colonie; Utique, Thabraca, Assuras, Simithu,
Thunusuda, Thuburnica, Uchi Majus et Va{ja deviennent muni-
cipes;Uzalis jouit du droit latin; Tunis, Clypea, Curubis, Neapolis,
Iladrumète, Ruspina, Leptis Minor, Thapsus, Achulla, Bulla
' Millier, oj}. ciL, I. II, |). .j;, ii' aâ; nous nous promellons do décrire ulté-
rii'uremeiil ceUe iiioniiaie, inléressante à plus d'un litre.
'" Cf. Mùller, ibid., p. iGy, au sujet des symboles puniques sur les monnaies
<riIi|tpo-Diariliylus.
— 255 —
Regia, Thvsdrus, Zama, conquièrent hmr autonomie [Oppida li-
D'autres villes, enfin, sont simplement menlionne'es par Pline^-^
sous le titre d'oppida; ce sont : Leptis Magna, Oea, Sabrala,
Thaenœ, et M. Toutain'^) fait remarquer à juste raison que les
monnaies municipales de ces villes ne portent que des le'gendes en
langue punique, alors que les monnaies d'Achulla, Thapsus, etc. ^
mentionnées comme oppida libéra par Pline, poilent des légendes
latines.
Dans cette énume'ration, nous ne voyons pas figurer Hippo-
Diarrhytus. Pline le Jeune (*', environ soixante-dix ans après la date
de notre monnaie, en parle comme d'une petite cité peu riche, et
récemment M. Toutain(^> e'crit à son sujet : c' Simple civitas sans
privilège au de'but de l'empire, elle fut peut-être, sous Tibère,
civitas libéra. . . *; Cette opinion est, en effet, cori'obore'e par les
seules monnaies d'Hippo-Diarrhytus qui nous sont parvenues (•^'.
Notre nouvelle monnaie, sur laquelle Hippo-Diarrhytus prend
le titre d'Hippone libéra, nous fait classer cette ville parmi les civi-
tates liberœ sous Auguste.
En effet, Pline a copié les textes d'Agrippa; M.Toutain'"* relève
et explique le désaccord qui existe entre le texte de l'auteur et les
documents épigraphiques et numismatiques. Il semble qu'Hippo-
Diarrhytus, simple civitas à l'e'poque d' Agrippa, a pu acque'rir le
privilège de la civitas libéra, grâce à l'intervention de'Tibère, d'où
la dédicace meutionne'e sur notre monnaie; ce serait une première
explication.
IV
La le'gende du droit, avons-nous dit, constitue une dédicace à
Tibère; quanta la légende du revers, elle date la pièce de l'époque
du proconsulat de Fabius Maximus Africanus.
^'^ M. ïoutain, Essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans le nord de
l'Afrique, p. 3i3-3ii.
^^> Pline, Hist.naL, V. , p. 3 et 4.
''' Toufain, op. cit., p. Sa*!, note i.
'*' Pline ie Jeune, Epist., IX, p. 33.
^^> Toutain, op. cit., p. 385.
'*' Millier, op. cit., p. 167, n°' 376 à 379.
''^ Toutain, op. cit., p. 32 2.
— 256 —
Mùller^'\ Boijjliesi '-' et, loul récciiiiiK'iit, \I, Clément l'alhi de
Lesseif ', ont li\é à l'anni'i' 'j'k) la date du proconsulat de Fabius
Ma\iniu> en Alriijue, en sappuyanl sur le texte de la lex Pompeia
de Tan 70a. D'après ce texte, aucun consulaire ne pouvait obtenir
le proconsulat d'Asie ou d'Arri(|ne que cinq ans après l'expiration
de son consulat. Q. Fabius Maximus, ([ui l'ut consul en 76Û, n'au-
rait donc pu entrer en tonctions (jue cinq ans après, soit en 7i().
Tissott'', après avoir mentionné ces faits, ajoute : rrMais on doit
le re])orli'r avec plus de pi-obabilite' à Tannée suivanten, et classe
le proconsulat de Fabius Alricanus à Tannée 760. sans s'expliquer,
d'ailleurs, sur les motifs de cette nouvelle attribution.
La monnaie inédile que nous avons la bonne fortune de pouvoir
faire connaître ici semble devoir reporter la date du proconsulat
de Fabianus Africanus à Tannée 7/18.
ïissot, dans l'établissement de ses fastes des provinces africaines,
parait s'être préoccupé outre mesure de l'application de la loi
Pompeia et en avoir fait une sorte de critérium de la chronologie
des proconsuls. Or, il n'est pas prouvé que cette loi ait toujours
reçu sa stricte application.
Nous savons, au contraire, par deux exemples, qu'il y a eu des
infractions à la règle de l'intervalle quinquennal établie par la loi
Pompeia :
L. Domitius Âhenobarbus, consul en 7^8, a été proconsul d'A-
frique en 7/1 "2 — date certaine donnée par le contrat d'hospitalité
passé entre ce personnage et les cités stipendiaires du Pagus Gur-
zensis^^'.
C. Asinius Gallus, consul en 7/16, a été proconsul d'Asie en ']US^^\
Sous l'empire de cette idée préconçue, Tissot intercale entre les
consulals de P. Quinctilius Varius et de L. Volusius Salurninus celui
de Sulpicius Quirinus, sous cette forme dubitative : rrSulpicius Qui-
rinus .nait été consul en 769; son proconsulat d'Afrique doit dater
"' Millier, op. cit., t. II, p. bit.
'*' Borphcsi, Décade IV, osserv. X.
'^^ (ili-nicnt l'allu de Lesserl, Faslesdex province» africaines, 1. 1" (Paris, 1896),
p. 83.
'*' Tissol , Fatlcn des provinces africaines, Bulletin des antiquités africaines,
a* fasficiilo, octohn- 1882, p. 101.
'*' Tissol, Fastes, etc., ",' fnsricule, ociobie 188;'., p. 97; et (jléiiieiit Pallii de
Lesserf, Fastes, r-lc, I. 1", p. 77; cf. Corpus intcr. ht., t. J", p. 3.'^
•' Waddiiifjinii . Fnsles des j/rorincrs asiatiques, p. cjfi.
— 257 —
par conséquent de Tannée 7/18, et a immédiatement suivi celui de
QuinctiHius Varus'^'.fl
Cette interpolation, que rien ne vient justifier, lui tait ensuite
reculer respectivement d'une année (769 et 75o) les dates précé-
demment fixées par Borghesi et Millier ('-' pour les j)roconsulafs de
L. Volusius Saturninus (7^8) et Fabius Africanus (7'^9), dates
admises encore récemment par M. Clément Pullu de Lessei-t'^l
La loi Pompeia, d'ailleurs, est loin d'être impéralive, ou, tout
au moins, était exécutée peu rigoureusement : ff Pour les deux pro-
vinces consulaires, dit M. Waddington'*', les seules sur lesquelles
on ait des renseignements certains, le tirage au sort paraît avoir
été, dès le règne d'Auguste, limité dans la pratique aux deux plus
anciens consulaires présents à Rome; il ne s'agissait que de savoir le-
quel irait en Asie et lequel en Afrique. r II n'y a donc rien d'impos-
sible ni d'invraisemblable à soutenir que Fabius Africanus, consul
en ']kli. ait pu être proconsul d'Afrique en 7^8. Ce ne serait, à
tout prendre, qu'un troisième exemple d'infraction à la loi Pom-
peia.
P. Quinctilius Varus, consul en 7^1 avec Tibère, a été proconsul
en 767. Cette date a été démontrée par Borghesi'^' et paraît de-
voir être tenue pour certaine.
Le proconsulat de l'année 768 a été dévolu par MûllerC'i à
L. Volusius Saturninus, sans autre preuve certaine que celle de
l'application de la loi Pompeia. Nous avons déjà fait voir la valeur
de cet argument. Millier lui-même en est peu certain, puisqu'il
écrit ensuite : cr On ne saurait déterminer quelle a été la durée
de sou gouvernement de cette province; il n a pu s'étendre au delà de
l'année 767, puisque la monnaie d'Antioche avec son nom porte
Tannée AE (35) d'après l'ère actiaque, 757-768 de Rome.':
Notre monnaie nous permet d'être plus affirmatif; nous avons
déjà dit que la légende du droit constituait une dédicace à Tibère.
'*' Tissot, op. cit., 2° tascicuie, p. 100.
(^^ Mùller, op. cit., t. II, p. U5 et 54.
'^' Ciément Fallu de Lessert, op. cit., l. I", p. 80-81.
'*' Waddington, Fastes des provinces asiatiques, p. î).
t^' Borghesi, Œuvres, t. I", p. 807; cf. Fallu de Lessert, Fastes, t. I", p. 81.
<«' Millier, op. cit., t. II, p. /i5: cf. Fallu de Lessert, Fastes, t. I", p. 83. Ce-
pendant Zumpl [Communicationes epigraplticae , t. II, p. 88) le placerait en l'année
7^9-
Archéologie. 17
— 258 —
L'année 7^8 voit re\eiiir Tibère à Rome, après deux années de
campagne en (iermanie.
Kn récompense de ses glorieux services, Auguste lui confère la
puissance liibiinilienne, l'associant ainsi, dans une certaine me-
sure, à la direction des affaires. Nous ne devons pas oublier, en
etVcl. (|u'Augusto. loujoui-s modeste en apparence, quoique possé-
dant en main la pb'nitude du pouvoir, respectait extérieurement
les tonnes ri^publicaines; il désignait aux suffrages et chercbait à
associer au pouvoir tous ceux que les circonstances faisaient saillir
au [)remier plan. Or Tibère, qui avait triomplié en Re'tie en 789,
en Dalmatie et en Pannonie en 7^3 , rentrait à Rome (7/18) couvert
de gloire après deux ans de campagne en Germanie {j^i^)-']^^')-
En outre, en 7^i3, il avait épousé .Tulie, la fdle d'Auguste; il
était d'ailleurs déjà entré dans la famille impériale, par le mariage
de sa mère, Livie, avec Auguste.
Auguste vieillissait; sa succession revenait aux deux jeunes fils
d'Agrippa, Gains et Lucius César; Tibère apparaissait donc aux
yeux du monde romain comme le successeur désigné, ou, tout au
moins, comme le tuteur, le régent éventuel de l'empire.
Quoi d'étonnant après cela que la ville libre d'Hippo-Diarrhytus
lui ait dédié, à l'occasion de son retour et de son élévation à la
puissance tribunitienne, la monnaie qui fait l'objet de la présente
communication?
De la même année, 7^8, date le départ de Tibère pour l'île de
Rhodes, où il reste sept ans, oublié et dans une sorte d'exil. Il est
peu probable que, pendant cette période effacée de la vie de Tibère,
une ville d'Afrique ait pu avoir l'occasion de lui décerner les hon-
neurs monétaires.
En l'année 765, Tibère revint à Rome, oi!i il vécut, au dire des
historiens, en simple particulier.
Ce n'est qu'en l'an 767 qu'une circonstance mémorable de la vie
de Tibère pourrait justifier un semblable honneur; c'est à l'occasion
de son adoption j)ar Auguste, aj)rès la mort de Caïus et de Lucius
César. Mais nous savons d'une manière à peu près certaine que
l'an 7.57 fut l'année du proconsulat de L. CorneliusLentulus, et que
celui-ci mourut l'année suivante, en 768, dans sa ])rovince(').
Si donc on veut bien admettre notre interprétation, il con-
<!' Jusiiiii.'ii , Inslil. lil>., t. II, lit. 9.5.
— n9 —
viendra de modifier ainsi ([u'il suit la chronologie des proconsuls
d'Afrique :
(rt). P. Quinclilius Sex f. Sex. n. Varus, an de Rome 7^7, 7 ans
avant J.-C.
Q. Fabius Q.J. Q. n. Maximus Africanus , an de Rome 7^8, 0 ans
avant J.-C.
P. Sulpicius P.f. Quirinus . an de Rome 7Û9, 5 ans av;int J.-C.
L. Volusius Q.J. Saturninus , an de Rome 760. k ans avant J.-C.
Ou encore :
(b). P. Quinctilius Sex f. Sex n. Varm, an de Ko me 7^17, 7 ans
avant J.-C.
Q. Fabius Q.f. (J. n. Maximus Africanus , an de Rome 7Û8, 6 ans
avant J.-C.
L. \olusius Q.f. Saturninus, an de Rome 769, 5 ans avant J.-C;
suivant qu'on adoptera le système de Tissot, qui veut que Sul-
picius Quirinus, consul ordinarius en 7^2, ait pre'cédë dans le
proconsulat L. Volusius Saturninus, consul sujfectus de la même
année, ou celui de M. Clément Fallu de Lessert qui rejette P. Sul-
picius Quirinus parmi les incertains ou parmi les proconsuls de la
province sénatoriale de Cyrénaïque'^l
H, Renault,
adjoint du génie à Tunis.
t'* CI. l'aliu de Lessert, op. cil., t. 1", p. 39G-297.
ÉTUDE DU RESEAU ROUTIER
ET i)i:s PRl^(:lPALEs ruines
DE LA RÉGION DE KHAiMlSSA, MDAOLROUCH, TIFECH,
KSAR-SBEHI,
1>\H M. LE CAPITAINE TOUSSAINT,
Cliel de la ù' brigade topographiqiie de Constantine '''.
La région le\ce par la -?." brigade topographique de Constaiitine
au cours de la campagne de 1896 pre'sente un grand intérêt au
point de vue archéologique. En dehors des ruines conside'rables de
Khamissa, Mdaourouch, Tirecli,Ksar-Sbehi, de nombreux gisements
dimportance moindre se rejicontrent de tous cotés, témoignant de
la prospérité du pays et de la densité de la population aux époques
romaine et byzantine, et des traces de voies anticjues se reti'ouvenl
sillonnant en tous sens les cantons même les plus reculés.
Nous étudierons successivement le réseau routier et les ruines
que leur étendue ou les documents épigiaphi([ues qui y ont été
trouvés signalent plus particulièrement à l'attention.
RÉSEAU ROUTIER.
Deux grandes voies traversaient la région, de Test à l'ouest,
dans toute son étendue : la voie de (iarthage à (ïirta par Siguese et
Naraggara; la voie de Carthage à Sitifis [)ar Siguese, Vatari et Tln-
gisis.
Deux autres voies couraient du sud au nord : la voie de Theveste
à Hippo Hegius j)i\r Vatari et la voie de Theveste à (lirta par iSigus.
Ue nombreuses roules annexes venaient se grellér sur ce réseau
^'^ M. le capitaine Toussaint a relevé, dans sa Iructueiise campagne archéolo-
gique de 1890, plus de deux cents inscriptions inédites. Elles ont été publiées
dans le llulleliu archéolo{rique de i8gG, p. aa6 cl sniv.
— 261 —
principal et ouvraient des débouchés aux bourgs sitiie's en dehors
des grandes voies (^'.
VOIE DE CARTHAGE À CIRTA, PAR SÏGUESE ET NARAGGARA.
Cette route péne'trait dans ie terrain levé' à peu de distance de
Taoura (Thagum); les vestiges nombreux, encore visibles aujour-
d'hui, permettent de restituer à peu près sûrement une grande
partie de son trace'. Les vestiges en sont très nets près de Taoura,
près d'Ain-Tamitmat, de la gare de Sidi-Brahim et de THenchir-
Tedjelt, sur près de k kilomètres à Test et à l'ouest du col de
Uouss-ed-Diss et aux abords de l'Oued-Tifech ; elles disparaissent
au milieu des cultures de la plaine de Tifech, mais se retrouvent
au col de Fedj-Erreba, et non loin de Sedrata, près de la koubba
de Sidi-Mabrouck-ech-Cherif. Au delà de ce dernier point, les ves-
tiges sont plus rares et moins apparents; cependant on distingue
encore quelques traces à la naissance de l'Oued-Nil, non loin du
bordj de la remonte, et dans les valle'es de TOued-Cherf etde l'Oued-
Mgaïsba. Trois bornes milliaires ont e'te' retrouve'es près de Taoura,
à Henchir-Tedjelt, et près de Rouss-ed-Diss; elles sont complète-
ment illisibles; une quatrième, mieux conservée, venant de Sidi-
Mabrouck-ech-Cherif se trouve actuellement dans la cour du bordj
de l'administration à Sedrata; elle ne porte aucune mention de
chiffre. Nul document e'pigraphique n'a permis d'identifier sûre-
ment les stations de cette route , mais le calcul des distances permet
de les placer toutes presque exactement :
Thagura, à Henchir-Taoura;
Vasidice, à Aïn-Tamitmat;
AdMolas, à Henchn-Tedjelt.
Cette ruine, encore importante, au dire des indigènes, avant la
construction du chemin de fer de Souk-Arrhas à Te'bessa, a au-
jourd'hui presque complètement disparu; elle s'e'tendait dans la
petite plaine qui entoure la koubba de Sidi-Brahim et sur une
croupe, aujourd'hui boisée, située à l'ouest du chemin de fer.
Capraria à Henchir-el-Garça, à l'extrémité Ouest de la plaine de
Tifech, au pied du Fedj-Erreba; celte ruine couvre le sommet d'un
mamelon isolé détaché de la montagne par un ravin assez profond ;
l'î Voir la carte, p. 268.
— 2G2 —
on V lotioiivo los traoos d'une enceinte rectangulaire en blocs par-
lois à peine ('(|uarris, el de nombreux tombeaux creusés dans le
roc; aux environs, beaucoup de dolmens.
Thihilis à Sidi-Mabrouch-ech-Che'rif; cette ruine, qui est très
peu elenilue, ne représente peut-être pas le bourj;, mais la station
postile. La ville se retrouverait peut-être à Ksar-el-Frigui (cité par
El-Hekri dans son Itinéraire do Kairouan à Kasr-abi-Touilj, à k ki-
lomètres au nord , ruine importante, traces d'enceinte, restes d'une
chapelle chrétienne. L'existence d'une route secondaire allant de ce
|)oint à Thihili.s (Announa), par Sidi-Yahia-ben-Hafif, l'Oued-el-
Aar et Hammani-Guerfa, expliquerait peut-être, par une répétition
erroni'C. la présence de deux Thibilis dans la table peutingérienne;
la station voisin(> de Sedrata porterait peut-être un autre nom, dont
la trace se retrouverait avec quelque vraisemblance dans le nom
arabe de Dra - Tigouesine , que porte la longue arête rocheuse do-
minant la plaine de Sidi-Mabrouk-ech-Cheril"; la liste des évêchés
(le l'Église d'Afri(|ue mentionne, en effet, une Tugutin, parmi les
sièges de Numidie, et cette localité n'a pas encore été retrouvée.
Castellum Fabatianum à Henchir-Sidi-Mach; fort byzantin com-
mandant la vallée de l'Oued-Mgaïsba; constructions peu nombreuses
aux alentours.
De nombreuses routes secondaires se greffaient sur cette voie :
De Tliagura sur Madaurc (Mdaourouch) se prolongeant sur
Theveste (Tébessa); elle est visible sur presque tout son parcours
entre Taoura et Mdaourouch,
De Ad-Molas (Henchir-Tedjelt) à Madaure, très reconnaissable aux
abords de Mdaourouch,
De Capraria à Tipasa (Tilcch), presque intacte.
Du gué de Medjez-Mohamnml-Salah sur VOued-Tifech à Tipasa, où
•'lie rejoignait la voie Theveste-Vatari-Tipasa-Thubursicum Numi-
(larum-Vicus Juliani -Hippo Hegius, dont la route précédente est
une section.
Du Fedj-Ërreba à Gadiaufala (Ksar-Sbehi), pai- la plaine de Se-
drata, le pied des pentes du Djebel-Zouabi et le sud du moulin
llochefort. C'est la route Thibilis-Gadiaulala par Lapidem Baium de
l;i table de Peulinger, La station inlernuidiaire ne peut être repré-
sentfM' que par rilenchir-Scttara , sIUk' entic le Kef-Settara et le
moulin liochcloit, à l'entrée des gorges de rOued-Cherl", Encore la
— -263 —
distance à Gadiaufala sei-ait-elle de 9 miHes et non rie 0, et la
lonjjueur totale de la voie de 91 milles environ.
Entre Sidi-Mabrouck-ech-Cherif et le Fedj-Erreha se détachait
une route passant par le vallon de TOued-Krab, au pied de la
luine de Ksar-el-Frigui, par le col et le posle militaire de Sidi-
\alîia-ben-Hafii'; de ce dernier point, elle suivait les crêtes de
Toued El-Aar, puis, passant dans la vallée de rOned-Cheniour, at-
toij]|-nait les ruines de Hammam-Guerfa, d'oii elle devait se diriger
sur TInbilis (Announa). Ses vestiges sont très peu visibles, si ce
n'est près de Sidi-Yahia-ben-Halif; elle était reliée à la route de
Cirta par Castellum Fabiatanum au moyen d'une annexe desservant
le gros bourg dont les ruines se voient à Bordj-Aïn-Soltane ; des
traces bien nettes se retrouvent entre ce dernier point et le con-
fluent de rOued-Cherf et de rOued-Mgaïsba. Deux bornes mii-
iiaires, presque illisibles, ont été retrouvées, l'une près de Sidi-
Yahia, l'autre à Bordj-Aïn-Soltane.
VOIE DE CARTHAGE À SITIFIS, PAR SIGIJESE ,
VATARI ET THIGISIS.
Cette voie est peu visible dans la plaine de l'Oued-Mellègue,
entre le Djebel-Ouenza et les montagnes de Mdaourouch, mais les
ruines et de nombreuses bornes milliaires la jalonnent. Dans la
plaine des Mahalla et jusqu'au Fedj-es-Siouda , elle devient beau-
coup plus apparente; au delà, plus de tiaces, si ce n'est des
bornes milliaires jusqu'à Ksar-Sbehi. A Ksar-Sbehi, elle quitte la
plaine des Haractas pour passer au nord de la chebka des Sellaoua,
Iraverser la plaine au sud du Djebel-Arko, et, par une longue
rampe, atteindre le col de Foum-el-Allik, d'où elle débouche dans
la Bahira-Touila et gagne Tkigisis (Aïn-el-Bordj); sous cette der-
nière section de son parcours , ses traces sont souvent très nette-
ment visibles et de nombreuses bornes milliaires ont été relevées.
En se basant sur les points connus de Thigisis (Aïn-el-Bordj) et
Cadiaufah^^'i (Ksar-Sbehi), on peut relrouver à peu près exactement
par l'examen des distances l'emplacement des autres stations de la
voie.
'' Gadiaufala semble élre ia même localité que Gazophyla, rile'e par Prontpe
(réraJtP ilpx ivfiupeu dp SoJr.mo i . 53n).
._ 26A —
1° A l'est de Gadiaufala :
Fous Potaiiiianits, Iîonrhii'-ol-0}rla; 6 milles (6 kilom.).
Mafrri, Hcnrhir-Aïn-ïétri; 3 milles (5 kilom,).
Riistici, ruine ;ui sud de Bir-bou-Haoucli; c'e'tait là probablement
la station postale, et Bir-bou-Haouch, ruine beaucoup plus impor-
tante, le bourg romain.
Ad Piscinas^ Henebir-Mechta-Aniar-ben-Ahmed, station postale,
le bourg étant à Aïn-Gourmate; 9 milles (i/i kilom.).
VeUef, Hencbir-Bir-Fedj-es-Siouda; 6 milles (9 kilom.),
Vatari, Hencliir-Amar-ben-Hamada; 3 milles [h kilom. 5oo).
Vicus Valeriani. ruine sur TOued-Berbaga au nord du petit massif
de Nza-el-Fertass; 9Â) milles (38 kilom.).
On s'accorde généralement à placer Ad Piscinas à Aïn-Gour-
mate, mais la voie est bien visible dans le vallon de Chabet-Aïn-
Snob, oi'i des milliaires ont été retrouvés, et de plus les distances
ne concorderaient plus; la rrmansiow seule devait se trouver sur la
grande voie. Une route passait bien à Aïn-Gourmate, mais c'était
une route secondaire se prolongeant au sud du Djebel-Terraguelt,
dans la plaine d'Er-Beguiba , j)Our gagner Hencbir-Cîheragrag et
Tébessa.
9° A l'ouest de Gadiaufala, si le tracé général de la voie ne doit
pas ^tre mis en doute, il est beaucoup plus difficile d'identifier
quelques-unes des stations qu'elle desservait.
Thenebreste se trouve bien à Henchir-Mjar-Allab, ruine située à
6 milles de Thigisis ; Ad Ruhras est ('gaiement bien représenté par
Henchir-el-Kerma, appelé aussi Hencbir-Messereb-el-Anech, ruine
située à 0 milles de Gadiaufala. Mais entre ces deux points la dis-
tance esta peine de 7 milles, alors que la table porte deux dis-
tances de 6 milles, soit 1 •? milles en tout; de plus, aucun gise-
ment important de ruines ne se trouve sur la voie ou aux abords,
A 3 milles d'Aïn-Kerma, au pied du Djebel-Arko , existe une pe-
tite ruine oij l'on a tiouvé une borne niilliaire, mais ce ne pouvait
être qu'une ferme isolée ou une bôtellcrie. En admettant même
une erreur de la table, le bourg de Ad Centenarium doit donc être
rocbercbé non sur la voie elle-même, mais à une certaine dis-
tance. La présence dans le centre du massil des Sellaoua, au sud
de la route, de la grande ruine appelée Henchir-Fedj-Deriass
nous donnerait à penser que la voie de la plaine devait servir aux
comnmnicalions directes, tandis (ju'un (•()tn[)endium , auquel se
— 265 —
rapportent lès chiffres de la table, s'en détachait pour péue'trer
dans la montagne et desservir Ad Centenarium, qui serait alors re-
présente' par Henchir-Fedj-Deriass. Co point important, situé au
milieu de la citadelle naturelle que forme la chebka des Sellaoua
— et d'où Ton surveille au nord la plaine d'Ain- Regada et des
Nattabutes, au sud la plaine des Haractas, à Test les forêts de
rOued-Clierf et à Touest les débouchés de la Bahira-Touila — ne
devait certainement pas avoir été laissé en dehors du réseau des
voies de communication. 11 est vraisemblable que c'était de là
qu'Althias surveillait les incursions des Maures ei qu'il partit de ce
point pour aller combattre Yaledias à Thigisis. Il est donc permis
de supposer qu'une route gagnait Henchir-Fedj-Deriass après s'être
détachée de la voie principale vers Aïn-Kerma, et qu'elle la rejoi-
gnait de nouveau aux abords de Henchir-Mjar-Allah; il n'en reste
aucun vestige, si ce n'est sur les bords de rOued-x\chour, où l'on
distingue quelques traces de chaussée. Mais il n'y a là rien de bien
étonnant, tant l'aspect du pays a changé depuis l'époque romaine;
on peut s'en rendre compte d'ailleurs en examinant les monceaux
de pierres tumulaires empilées aujourd'hui dans le lit de l'Oued-
Deriass et les nombreuses ravines courant au milieu des ruines de
la ville antique qui, jadis, devait s'étendre sur un vaste plateau
presque horizontal.
Sans pouvoir nous appuyer sur aucun texte épigraphique précis,
nous proposerons donc les identifications suivantes pour les sta-
tions de la voie comprise entre Gadiaufala et Thigisis :
AdBubras, Henchir-Aïn-Kerma (ou Henchir-Messereb-el-Ha-
nech).
Ad Centenarium, Henchir-Fedj-Deriass.
Thenebreste , Henchir-Mjar-Allah.
Plusieurs routes secondaires se greffaient sur cette voie :
a. Route de Ad-Piscinas (Aïn-Gourmate), sur le col de Dra-Sno-
beur, par la plaine d'Er-Reguiba et Henchir-Cheragrag, rejoignant
vers la Meskiana (Justi) la route de Theveste à Cirta par Macomades
et Sigus. Cette voie est visible au sud du Djebel-Tei'guelt, puis vers
Henchir-Ghabbout et aux abords de Henchir-Cheragrag; plusieurs
milliaires ont été retrouvés.
b. Route de Gadiaufala à un point de la route Cirta -Theveste,
situé dans la plaine d'Aïn-Fakroun par le pied Sud de la chebkha
des Sellaoua et le col d'Oum-el-Abeïr; elle desservait les nom-
— -266 —
breux boiiigs dont li's riiiiips so retrouvent aujourd'liiii à Ouiu-el-
AbtaiVn. Bii-oI-\lrouss, Bir-ech-Chani, Ksar-Kjlèje, etc. Plusieurs
bornes luilliaires de cette loute ont été releve'es.
c. Route intermédiaire entre les deux pre'ce'dentes se détachant de
la route n vers Henchir-el-Fatzni, et rejoijfuant la roule h vers Ksar-
Kjl^je, en j)assant par El-(iueslria, Aïn-Babboucli, Ksar-el-Hani-
mar {Salins Snrothetisls), Bir-el-Askaria [Civitas A . . .).
d. Route de Gadiaufaln h Civitas Nattnbutum (Henchir-Loulou ou
Benier), peu visibb'.
e. Route coupant la grande voie non loin de Hencbir-Mjar-Allah;
elle semble venir de la plaine de fOued-Zenati, longe le pied du
Djebel-Djala, dessert les ruines de Hencliir-Bir-bou-Amar, Hen-
cliii-el-Merrab, et gagne la plaine d'Aïu-Fakroun. Plusieurs niil-
liaires.
VOIE DE THEVESTE À CIHTA,
PAR ALTABA, JUSTI, MARCIMEINI, MACOMADES ET SIGUS.
La route d'étape de Sigus à Tébessa par Oum-el-Bouagui (Can~
robert), Aïn-Beïda, la Meskiana, Aïn-Halloufa et Aïn-Gbabro
pre'sente un développement de 167 kilom. /loo.
La table de Peutinger, entre les deux mêmes points, donne une
distance totale de 16G kilomètres; la différence, 1 kilom, /loo,
s'explique par les lacets que la route actuelle décrit à la descente
du col de THalloula vers la Meskiana; la voie romaine, suivie en-
core aujourd'hui par le chemin arabe, filait tout droit sur la gauche
de la roule actuelle, sur le flanc Nord du Djebel-Kechrid. Dans
tout le reste du parcours, les deux routes devaient très peu
s'i'carter l'une de l'autra. L'examen des distances partielles montre
qu'il n'y a aucun doute à avpir sur les anciennes stations de Maco-
mades et Marcimeni; il n'en est pas de même pour Jnsti et Altaha
que nombre d'auteuis identifient plutôt à Henchir-dberagrag et
Aïn-bel-Kfif. Il semble (ju'il serait plus logique de chercher Altaha
à lest du col dUailoura, et de l'idenlifiar avec la l'uine étendue si-
tuée à k kilom, ôoo de cp point; quant à Jnsti, ce point devait se
tiouver à peu de distance du bourg a(;tuel de la Meskiana.
Il faut torturer les distances données par les tables pour faire
passer la voie à Henchir-Cheragrag; cette localité devait rester
licaucoup au nord de la route, séparée d'elle par le Djebcl-Er-
Baïet et le massif du Hammama. De plus, après avoir paicouru le
— 267 —
terrain, on ne peut comprendre ([ue la roule, après avoir desservi
Henchir-Cheragrag, vînt repasser à Aïn-Beïda et à Onin-el-Bouagui ;
un tel trace', trop long d'ailleurs, serait inexplicable étant donni-s
les accidents naturels du sol.
Une voie secondaire devait se détacher de ia voie principale
vers Aïn-Chabro, gagner Henchir-Cheragrag, le col de Draa-Sno-
beur et la plaine des Haractas. Restant ensuite au nord des mon-
tagnes, dont elle longeait le pied, elle desservait une série de
bourgs et rejoignait la voie principale dans la plaine dWin-Fakroun,
Des bornes milliaires ont été retrouvées à Henchir-Cheragrag,
Henchir-Chabbout, Aïoun-el-Arba, sur l'Oued-Ouessah, et à Bir-el-
Askaria.
Nous proposerons donc, comme probables, les identifications
suivantes :
Altaba, ruine à /j kilom. 5oo à Test du col de rHalloufa;
Justi, la Meskiana;
Marciineni, Aïn-Beïda;
Macomades, Oumni-el-Bouagui.
VOIE DE THEVESTE À HIPPO REGIUS , PAR VATARI ET TIPAS\.
Entre Khamissa ( Thuhursicum ^lumidarum) et Tifech ( Tipasa de
Test), la voie est visible sur tout son parcours, et en certains points
elle est admirablement conservée. De Tifech à Henchir-el-Garça
(Capraria), elle est également très reconnaissable ; au delà et jus-
qu'au Dra-Friah, ses traces sont beaucoup moins apparentes; les
indigènes prétendent pourtant qu'autrefois un certain nombre de
pierres provenant dun pont sur l'Oued-Hammimine gisaient au
bord de la rivière et (|ue ces pierres ont été utilisées lors de la
construction du bordj de Tifech et de la maison du cheikh; au
point qui m'a été indiqué, il ne reste actuellement aucun vestige
ni de route, ni de pont. Au col de Dra-Fréah, la voie reparait très
indistincte, et au delà on peut suivre ses traces dans la plaine de
Mahalta; elle semble, à ce moment, se diriger directement sur les
ruines d'Aïn-Keskès et le col du Djebel-Mesloula , situé au sud de
ces ruines. Peut-être faut-il placer Flavia Marci au débouché Est
du col à la ruine appelée Henchir-el-Kebir (2/1 kilom. de Fedj-es-
Siouda, 96 milles de Vatari). Plusieurs bornes milliaires ont été
retrouvées près d'Aïn-Keskès, ainsi que des débris de plusieurs
268 —
— 269 —
autres dans la plaine de Toued Kébarit; les restes d'une culde de
pont sont également visibles sur cette rivière. La ruine d'Aïn-
Keskès repre'sente peut-être la me'tropole de Musidainii, dont le
nom semble se reirouver dans les jnots arabes Mazoïda, Mesloula.
qui se répètent fréquemment dans la région.
De Tifech (Tipasa) une route annexe, iong<;ant le pied du
Djebel-Tifech, semble se diriger vers Souk-Ahras {Thagaste)\
d'abord très visible, elle se perd rapidement dans les cultures.
Une autre route annexe joignait Henchir-Aïn-Keskès à Hencbir
Chabet-Aïn-Reças (8 kilom. au nord-est).
DESCRIPTION DES RUINES.
Les grandes ruines de Khamissa, Mdaouroucli , Titecli et Ksar-
Sbéhi ont déjà été souvent décrites; je n'ajouterai donc rien à ces
descriptions ;
1. — Ruine située près d'Aïn-Babbouch entre la source et la
maison cantonnière. A l'extrémité du contrefort du Djebel-Sidi-
Rgheiss, sur lequel se trouve la maison cantonnière d'Aïn-Bab-
bouch, se trouvent les restes d'une ferme assez vaste, rasée aujour-
d'hui au niveau du sol; les matériaux en ont été employés pour la
construction des ponceaux de la route et son empierrement. On re-
marque ensemble les mosaïques des deux chambres, mosaïques à
dessins géométriques assez élégants obtenus au moyen de cubes
blancs, rouges, noirs et verts. L'une des mosaïques est intacte,
l'autre est quelque peu dégradée.
2. — Ksar-el-Hammar. Restes de constructions peu étendues
autour d'un puits situé à 3 kilomètres au nord-ouest d'Aïn-Bab-
bouch. Poste militaire formant un rectangle de 2 5 mètres sur 3o;
ce poste est un ancien temple transformé en fortin à l'époque
byzantine. On a simplement entouré l'ancien édifice d'une chemise
en gros blocs pris dans la ruine voisine. La porte primitive existe
encore masquée par les blocs de revêtement extérieur; elle est sur-
montée d'un fronton portant dans un cadre à queue d'aronde une
inscription à Saturne, génie protecteur du SALT. SOROTHENS.
Cesaltus était inconnu jusqu'à ce jour'^'.
"' Cf. Bull. urch. (lu Comilé , 1^96, p. 328.
— '270 —
3. — Henchir-Bir-el-Askaria. Vaste ruine située à i ,5oo iiièlrcs
du bordjdu cheikh dAïii-Babhouch; vestiges de j)lusieurs bàtinienls
considérables, dun mausolée, de citernes. Borne niilliaire termi-
née par les lettres RP-C* A- Peut-être est-ce là Wiscurra ou /1m-
tiuccura d(> la liste des ('vèchés de l'église d'Alriquo.
4. — Henchir-Ksar-Ejlèje. Ruine très étendue; fort byzantin,
dont les murs atteignent encore t\ mètres de hauteur; mausolée
dont la partie supérieure est détruite et dont de nombreux blocs se
retrouvent dans les mui'S du Tort; traces de bâtiments considérables.
5. — Henchir-Bir-Cham. Fort by/antin commandant la source;
quehjues constructions aux environs.
6. — Henchir-Bir-el-Atrouss. Uuine étendue tonnant deux
groupes distincts : le premier comprend un Tort byzantin comman-
dant la source, et quelques bâtiments peu considérables; l'autre,
beaucoup plus important, se trouve à aoo mètres à Test, sur le
sommet d'un mamelon allongé. On y remarque les traces d'une
vaste enceinte et de plusieurs édifices; une maison romaine,
piesque intacte, avec ses colonnes et ses \ oui es, a été transformée
en écurie par les indigènes; les murs de la mechta voisine renfer-
ment de magnifiques pierres de taille.
7. — Henchir- Mechta -Djebabra. Vaste ruine couvrant le
sommet d'un mamelon arrondi sur la rive droite du ravin descen-
dant d'Aïn-Relfate. On ne distingue plus traces de bâtiments, mais
les pierres de taille éparses sur le sol sont nombreuses.
8. — Henchir- Aïn-Rettate. Situé à la naissance du vallon qui
débou'die de la chchLa à Bir-el-Atrouss. Source aménagée; nom-
breux \estige3 de bâtiments. Sur lu rive droite du ruisseau (|ue
forme la source, et à environ îjo mètres de celle-ci, construction
bizarre de 35 mètres de longueur sur 3 de large, formée de deux
murs extérieurs et d'un mur intermédiaire en blocs bien cimen-
tés soutenant un plafond composé de grandes et belles dalles. De
petits canaux creusés dans le roc sem'bicnt avoir amené' dans cette
construction l'eau de la source; d'autres canaux s'en échappent vers
l'aval. Et'jit-ce un lavoir, un bain, ou simplement un réservoir des-
tiné à servir do régulateur à la source? (^(îtte dernière supposition
— -271 —
est plus vraisemblable, cai' des traces de conduite seiublent se di-
riger vers Bir-el-Atrouss. Au-dessus de la source d'Aïn-er-Rettate,
sur le mamelon situé à Touest, traces de bâtiments reste's au niveau
du sol.
9. — Henchir-bou-Etmann (sur la rive gauche de la rivière du
même nom). Large ruine se développant des deux côtes d'une voie
romaine sur 200 mètres environ; traces de plusieurs bâtiments con-
sidérables.
10. — Au sud de la ruine précédente, sur le chemin d'Aïn-
Babboucli à Bir-el-Atrouss et à l'extrémité Ouest de la crête du
Djebel-Semza , restes d'un vaste bâtiment, ferme ou villa.
11. — Henchir-Oued-Chemmama (dans la plaine sur le chemin
d'Aïn-Babbouch à Fedj-Deriass). Ruine peu étendue, complète-
ment renversée; il ne reste debout que les assises inférieures d'une
tour de 1 o mètres sur 8 mètres en matériaux hétérogènes.
12. — Henchir-Ouled-Mrabett. Restes de deux grands bâti-
ments sur les deux rives d'un petit ruisseau; pierre tombale en
forme de caisson.
13. — Henchir-Ouled-Saïd. Ruines indistinctes couvrant en-
viron h hectares.
14. — Henchir-Ouled-bel-Khéir. A k kilomètres de Ksar-Ejlèje
dans l'intérieur de la chebka; reste d'une exploitation rurale.
15. — Henchir-Fedj-Dériass. Vaste ruine située au centre de
la chebka des Sellaoua et occupant, à la source de TOued-Dériass,
un plateau aujourd'hui profondément raviné. On y remarque des
traces d'une enceinte, d'une citadelle, de plusieurs édifices impor-
tants, deux mausolées, une source aménagée avec réservoir, des ci-
ternes. A l'ouest, nécropole en partie écroulée dans un ravin. Celte
ruine représente probablement Ad Centenarium des itinéraires.
16. — Henchir-Aïn-Kerma ou Messereb-el-Anech. Situé au
débouché de TOued-Messereb-el-Anech dans la plaine de Temlouka.
Deux groupes de ruines, l'un comprenant un poste militaire et
quelques habitations auprès de la source d'Aïn-Kerma; l'autre.
— 272 —
situé de l'aiido côlo' du inisscau, sur une orète rocheuse, étroite
et eleve'e, pn'-senle des traces d'enoeiiile. la base d'une tour et des
traces dhabilations. (Test piobablement Ad Ihibras des Itinéraires,
située à 6 milles d<' Gadiaiifala; cette distance répond bien à la dis-
tance de ksnr-Sbclii, 8 kiloiuèlres à vol d'oiseau.
17. — Henchir-Mjar-Allah. Située au pied du col de Founi-
el-Allik; ruine assez vaste, mais indistincte, dévastée pour la con-
struction des nombreuses tnecbtas des environs. Probablement
Tfienebreste des Itinéraires. Entre Henchir-Mjar-Allah et le col de
Foum-el-Allik (ou Fouin-(-heIlali<jue), ])lusi('urs pelil(>s ruines sans
importance. Dans lune, j'ai trouvé une inscription libyque.
18. — Henchir-Bir-bou-Amar. Ruine étendue à G kilomètres
Sud-Ouest de Mjar-AUab, à rextrémité d'un contrefort de la chebka
des Sellaoua; restes de plusieurs grands édi lices; tonlaine amé-
nagée avec bassin et réservoir.
19. — Henchir-el-Merrah. (îiande ruine à 3 kilomètres Ouest
de la précédente. (Citadelle byzantine, mausolées, citernes, restes
de vastes constructions.
20. — Henchir-Mebdoua (u" i). Poste militaire situé sur la
rive gauche de lOued-Gourn et entouré de traces de bâtiments sur
une assez grande surface, h hectares environ; les murs du poste,
bàlis en matériaux hélérogènes, ont encore une hauteur de 2 mè-
tres. Les indigènes appellent aussi cette ruine Ksai-mta-el-Cîuerza.
21. — Henchir-Mebdoua (n" a). A Ix kilomèlrcs environ du
pré'cédent et en aval sui- la rive droite de rOued-(!ourn. Traces de
nombreuses habitations, débris de colonnes, de socles et de cha-
piteaux. Pas d inscriptions.
22. — Henchir-Oum-el-Abtaïen (n° i ). Ruine située sur un
mamelon très aplati dominant la source de même nom; traces d'une
enceinte de 6o pas sur 5o. Nombreux matériaux dans le cimetière
voisin (ju'il est dilîicile d'explorer.
23. — Henchir-Oum-el-Abtaïen (n" ;?). Sur un large mamelon
à 1,000 inèires Ivsl de la ruine précédcule; peu de traces de l'an-
cienne bourgade lomaine dont les débris sont épars dans les murs
— 273 —
des gourbis et des parcs à bestiaux; restes d'un bâtiment rectangu-
laire assez vaste, auprès de la source.
24. — Henchir-Sidi-Ramdane. En tète du petit vallon qui
prend naissance au col entre le Djebel-Hamminjat et le Djebel-
Seniza et va à rOued-Gourn. Etablissement agricole.
25. — Henchir-Ouessah. Petit établissement romain sur un
mamelon, rive droite de TOued-Ouessah, en un point où un banc
de roche presque vertical l'orme barrage naturel.
26. — Ain-Berrich. Petit centre peu important; ruines rase'es
au niveau du sol.
27. — Henchir-Bir-el-Ogla. Ruine tiès indistincte et très an-
cienne. Probablement Fous Polamianus. Inscriptions libyques et pu-
niques presque illisibles.
28. — Henchir-Aïn-Tétri. Ruine peu e'tendue. Probablement
Magri.
29. — Henchir-Aïoun-Settara. Très effacé; probablement Ad
Lapidem Baium.
30. — Henchir-Bir-Houdrène et Henchir-Maklouf. Etablisse-
ments agricoles.
31. — Henchir-Bir-Bou-Haouch. Ruine peu étendue, mais
complètement bouleversée. Probablement Riistici.
32. — Henchir-Ali-bel-Hadj. Sur rOued-Trouch; ruine peu
étendue et indistincte.
33. — Henchir-Aïoun-el-Arba et Henchir-Ibrahim-ben-Gui-
doun. Ruines J)oule\ersées.
34. — Henchir-Mechta-Ali-ben-Ahmed. Etiibiissement agri-
cole.
35. — Henchir-Mechta-Amar-ben-Ahmed. Pelit établissement
romain, probablement station postale d'Aïn-Gourmate (Ad Pis-
ci u a $).
Archéologie. i8
— 'lllx —
36. — Henchir-Aïn-Gourmate. Kuitie étendue, mais boule-
xcrsée, s'étendanl aulour de la source; beaucoup de matériaux
euiployés dans le cimetière arabe ne peuvent être examinés. Pro-
bablement \il PisnndH.
37. — Henchir-El-Guesseria. Fosie uiilitaire avec enceinte de
do mètres sur 55.
38. — Ruines dans la plaine d'Er-Regxiiba. Dans la plaine
(fEr-Regiiiba ([ui s'élend au sud du Djebel-Terraguelt, ou ne trouve
les \estiges d'aucun ceiilre important, mais des traces de nombreux
établissements agricoles. Les murs des niechtas i-enl'erment beau-
coup de matériaux antiques : montants de portes, fragments de co-
lonnes, blocs bien taillés de grandes dimensions.
39. — Henchir-el-Azeli. Cette ruine, située non loin de la
source de TOued-Trouch, comprend deux groupes bien distincts.
Le premier représente une bourgade assez importante dont les
restes couvrent environ a hectares; le deuxième, à 2 5o mètres Sud,
sur une légère élévation, était un poste militaire dont Tenceinte
rectangulaire, de ko mètres sur 5 o, entourée d'un fossé, est encore
bien visible. Traces de voie romaine à peu de distance.
40. — Mechta-Sidi-Ahmed-ben-el-Fatzni. Kestes d'un établisse-
ment assez important; nombreux débris antiques dans les murs de
la mechta.
41. — Henchir-Chabboute. Ruine étendue non loin des sources
(le l'Oued-Trouch ; traces de nombreux édifices.
42. — Henchir-Bir-Fedj-es-Siouda. Poste militaire sur un éperon
(lélaclié du Djebel-Terraguelt et barrant presque complètement le
passage entre cette montagne et le Dra-Fréah''J; les uiurs de cette
(citadelle présentent encore par endroits une certaine hauteur; à
Test, sur les pentes, restes d'une petite bourgade. C'était probable-
ment Velleji, de la table de Peulinger.
43. — Henchir-Amar-ben-Hamada. Cette ruine, située à
'•' Lo bj('l)i'l-Tcri'a(jueH représente pctil-élre les Scalae Veteres de Procope
(romljal i-u^)'6-] entre les troupes do Slotzas et les Maures d'Yahdias et d'OrlIinïas).
— -275 —
U kilom. 5oo de Henchir-Fedj-es-Siouda, doit représenter l'antique
Vatari; les vestiges de ce centre couvrent environ 5 hectares. Traces
de plusieurs bâtiments considérables ; colonnes , chapiteaux , débris de
sculptui-es. Entre cette ruine et le Fedj-es-Siouda, la voie romaine
est visible en plusieurs points. Le croisement des voies Carthage-
Sitifis, Thevesle-Hippo Regius devait se trouver au pied du col du
Fréah; l'amorce de la voie de Theveste est très reconnaissable.
44. — Plaine de l'Oued-Kébarrit. Dans la plaine de TOued-
kébarrit, on trouve les ruines de plusieurs petites bourgades ap-
pelées aujourd'hui Henchir-el-Abid, Henchir-Ali-bou-Uerbel,
Henchir-Rouijel, qui jalonnent la route de Theveste. Aucune ne
semble avoir eu grande importance.
45. — Henchir-Aïn-Keskès. Ruine importante s'étendant sur
un vaste espace autour de la source d'Aïn-Keskès, au pied du Djebel-
Mesloula. Vestiges d'une citadelle, d'un mausolée et de vastes
constructions en bel appareil. C'était peut-être la métropole des
Musulamii; aux environs, nombreuses petites ruines.
46. — Henchir-Chabet-er-Ressas. Cette ruine, située à 8 kilo-
mètres Nord-Est d'Aïu-keskès à la pointe Nord du Djcbel-Mesloula,
est assez étendue; on y distingue les traces d'un fort byzantin et
de plusieurs édifices considérables.
47. — Entre Aïn-Keskès et Chabet-er-Ressas , ])lusieurs gise-
ments de ruines dont le plus importantes! Henchir-el-Kebir; vaste
ruine complètement bouleversée.
48. — Bir-Gédra. A 3 kilomètres de la gare de Mdaouroucli à
l'est du chemin de Clairfontaine et autour de la source de Bir-
Cédra, petite ruine complètement bouleversée.
49. — Entre le Djebel-Mdaourouch et l'Oued-Mellègue, nom-
breux gisements de ruines aux abords de la voie romaine. Les
plus importants sont : Henchir-el-Aniana, au débouché du Khan-
guet-Mkrechba (qui vient de Mdaourouch), Henchir-el-Amana à
9. kilomètres Sud du précédent; Henchir-Gourine, au pied du
Djebel-Gourine et sur le chemin qui vient de Mdaourouch par le
Khanguet-bou-Sessou. Henchir-Gourine est assez étendu et doit re-
présenter un centre antique d'une certaine importance.
i8.
276 —
Au pied (lu Djobel-.Mdaourouch , entre les debouche's de Klian-
jjiicl-MkrtMlilta el Bou-Sessou, un rocher isole' porte une inscription
tout à lail inh'ressante; elle indiciuc la liiuilc entre les MusM/rtwm et
le territoire de Madaure.
50. — Environs d'Aïn-Snob. Sur le vasli" j)laloau ondule' qui
s'étend entre les plaines de Tilecli et de l'Oued-Trouch et dont Aïn-
Snob occupe à peu près le centre, les gisements de ruines sont très
nombreux; mais tous ces centres antiques ne présentent plus (jue
des amas de blocs complètement bouleverses. Les principaux sont:
1 ' Henchir-el-Madjèn, restes d'une bourgade couvrant 3 bec-
lares et dune \illa ayant fourni des colonnes, des cbapileaux, des
liulcauv sculptés, aujourd'hui transportés au bordj du Cheikh-Sad-
dick:
2° Henchir-Gouraï-Hamsi , restes d'un vaste étabhssement agri-
cole ;
3° Henchir-Amar-ben-Ahmed. Amas de pierres de taille devant
représenter une ferme antique; cette ruine a servi de carrière lors
de la construction des bâtiments qui s'élèvent aux environs de la
source d*\ïn-Snob; on en a retiré, entre autres débris, ([uatre co-
lonnes milliaires actuellement indéchidrables;
/|" Henchir-Ouled-Gassem. Près du bordj du (Ibeikh-Maklouf,
au sud (lAïn-Meklialfa, nombreuses piei'res de taille rougies; à
1,200 mètres sur un dos de terrain, dolmen fouillé;
.V Henchir-el-Menéah. Petit centre sur la rive droite de l'Oued-
Snob, en amoni du moulin Bou-Diaf et au sommet d'un mamelon
rocheux; belles pierres de taille dans la koubba située au milieu
de la ruine.
51. — Plaine de Tifech. La vaste plaine de Tifech renferme un
grand nombie de ruines de villas ou de fermes qui occupent le
sommet de toutes les petites élévations; quelques-unes de ces con-
structions sont remanpiables par la dimension el la beauté des
mat(;riaux employés, mais leur étendue est généralement assez
restreinte. Klles sont très rapprochées les unes des autres sur le
clifuiin de Tifech à Hencbir-el-Garça (ancienne voie romaine de
Tijjdsa à Vatari) et aux abords d'une voie située un |)eu plus à Test,
orient('e de Tifecli sur le (loudiat-el-Alamat, el (|ui semble n'avoir
eu pour bul que de desservir les établissements de la plaine sans
se prolonger au delà de l'Oued-Hammimine. Peut-être pourtant se
— 277 —
continuait-elle jusqu'à la plaine du Mellègue. Actuellenienl, on
n'en voit plus de traces; mais, dans son Itinéraire de Kairouan à
Kalaat-Abi-Touil, El-Békri décrit une roule venant du Mellègue
à Tifech en passant par une bourgade nommée Tamedit; ce dernier
nom, qui, en dialecte chaouïa, signifie ff ville i^, ne s'applique plus à
aucune ruine de la région. Tamedil, ff situé sur la pente escarpée
d'un défilé qui sépare deux montagnes 17, peut être retrouvé soit à
Bir-Cédra, soit au Khanguet-Mougra, où l'on remarque également
une petite ruine répondant à cette description. Si Tamedit était au
Khanguet-^lourra, la route d'El-Békri devait être le prolongement
delà voie indiquée ci-dessus; elle devait traverser la route Car-
thage-Sétif ou s'en détacher, à l'est deVatari, entre ce dernier point
et VicKs Valeriani. C'est encore aujourd'hui le chemin suivi par les
Arabes pour se rendre de Tifech à Tébessa ; il n'a pu être examiné
de très près, d'ailleurs, en raison du très mauvais temps, lors de
notre passage dans la région.
Aux abords de la voie Tipasa-Thagaste que l'on distingue encore
sur un assez long parcours en quittant Tifech, les fermes et les
villas se retrouvent également très nombreuses, et les murs des
bordjs et des mechtas, jusque vers la maison du cheikh Menasseur,
fourmillent de débris antiques.
52. — Henchir-el-Garça. Ruine très étendue, située au pied et
à l'extrémité d'un contrefort du Fedj-Erreba; elle semble devoir
représenter la Capraria des Itinéraires, d'après sa distance à Taoura
[Thagiira) par Henchir-Tedjelt (AdMolas). La nature des matériaux
employés pour la construction de l'enceinte et de quelques bâti-
ments de ce centre permet de lui attribuer une antiquité beaucoup
plus reculée que celle des ruines environnantes; les énormes blocs
de l'enceinte sont presque frustes; les tombeaux de la nécropole sont
en grande partie creusés dans le l'oc, et de nombreux dolmens se
rencontrent aux alentours. Pas d'inscriptions latines; quelques
traces d'inscriptions libyques presque illisibles.
53. — Entre Henchir-el-Garça et Sidi-Mabrouk-ech-Chérif , le
long de la voie romaine, plusieurs gisements de ruines, tous sans
importance.
54. — Sidi-Mabrouk-ech-Chérif. Ruine peu étendue dont l'em-
placement est aujourd'hui occupé par un cimetière arabe, dont la
- 27S _
koiibba de Sidi-Mabrouk occupe le centre. D'après le calcul des
dislances, ce point coïncidi'rait avec romplacemcut do la Tliihilis
des labiés; mais le peu d importance de la ruine permettrait de
supposer (juil n'y avait là cpie la station postale, et que la ville an-
tique se trouvait à quelque distance en dehors de la voie.
55. — Ksar-el-Frigui. Ruine étendue (|ui doit probablement
représenter la ville de Tliihili.s do la tai)le de Peuliujjer; El-Hekri la
cite sous le nom de ff Kasr-el-lfriki^, dans son itine'raire de Kai-
rouan à Kalaat-Abi-Touil, comme une rfjrrande ville située sur
un coteau et entourée de pâturages et de champs cultivés 'i. On y
voit une chapelle chrétienne, les traces de l'enceinte d'une cita-
delle et de plusieurs édifices importants, A lest de la ruine, on
retrouve quelques traces d'une voie qui devait s'embrancher entre
Tipasa et Thuhursicum Nutii'uhiram sur la grande voie de Theveste à
Hippo Regius, uuiis (dles disparaissent dans la montagne. Dans le
vallon de l'Oued-Crab, au pied du coteau qui porte les ruines,
traces d'une autre voie se dirigeant sur le col où s'élevait le poste
militaire de Sidi-Yahia-ben-Halii", en tête de l'Oued-el-Aar.
56. — Plaine de Sédrata. Dans la plaine qui s'étend au sud de
Sédrata, nombreuses ruines d'établissements peu importants; elles
sont surtout groupées le long de la voie qui, partant du Fedj-Er-
reba, longeait la rive droite de l'Oued-Hammimine et atteignait
Ksar-Sbehi par Henchir-Settara ou Aïoun-Settara. Les vestiges de
cette voie sont surtout visibles entre l'Oued-Hammimine et le Fedj-
Erreba; dans la partie basse de la plaine, vers le moulin Rochel'orl,
ils disparaissent dans les cultures; c'était la voie Thibilis-Gadiau-
tala par \d Lapident Baïiim. (îette dernière station ne peut être re-
présentée (jue par la ruine située au pied du Kef-Seltara, ruine
aujourd'hui presque com[)lèlemeut invisible. Elle a, en elïet, servi
de carrière pour la construction des bàtiuuuits du moulin Roche-
lorl et lors de l'einpierreuient des roules d'Aïn-Beida, de Sédrata
et de celle qui rejoint la roule d Aïn-Regada.
57. Henchir-Djahel. Dans le massif du Djebel-Zouabi, situé
entre l'Oued-Cherf et la plaine de Sédrata, il existe plusieurs gi-
sements de ruines; un seul pi'ésente quehpie importance, l'Hen-
cliir-Djaliel , où \\m trouve les restes d'un Tort hy/.anlin et de pin-
— 279 —
sieurs grands bâtiments. De nombreux dolmens se rencontrent dans
ce massif.
58. — Plateau de Mdaourouch. Le vaste plateau accidenté
compris entre les crêtes du Djebel-Mdaouroucli et du Djebei-bou-
Sessou à Test, du Djebel-Zellez et du Djebel-Sraïa à Touest, n'a pu
être exploré que très rapidement. L'attention s'est surtout portée
sur les ruines qui jalonnent la voie romaine de Taoura au col de
Rouss-ed-Diss.
A Aïn-Tamitmat [Visidice), la ruine a presque complètement
disparu; les inscriptions qui y avaient été relevées ont été trans-
portées dans la cour de la maison d'école de Zarouria.
A Henchir-Tedjelt {Ad Molas), la ruine, encore considérable au
moment de l'occupation française, si l'on en juge d'après les ren-
seignements fournis par les indigènes au général Duvivier, a presque
complètement disparu. Dans le cimetière arabe qui s'étend autour
de la koubba de Sidi-Brabim , à Test de la gare de Dréah , on retrouve
encore quelques belles pierres de taille, des colonnes, quelques
débris sculptés, mais pas une inscription.
Entre Henchir-Tedjelt et Rouss-ed-Diss, on trouve quelques
traces de constructions antiques; les plus importantes sont situées
près de la source d'Aïn-Tagtag. L'une de ces constructions, Hen-
cbir-et-Tinn, semble avoir été un poste militaire.
Entre Ksar-Mdaourouch et Taoura. les ruines sont très nom-
breuses; quelques-unes présentent une certaine importance et
pourraient être fouillées avec profit,
A Aïn-bou-Sessou , au débouché de la gorge appelée Khanguet-
bou-Sessou, on remarque les ruines d'un poste militaire comman-
dant le passage; quelques bâtiments à l'entour. Il peut être intéres-
sant de signaler que l'entrée de vastes grottes que les indigènes
disent s'étendre jusque sous les ruines de Mdaourouch, se trouve
à une distance très faible de ce poste.
L'étude archéologique de cette région si intéressante n'a pu être
faite que d'une façon très superficielle; pour être réellement fruc-
tueuse, elle demanderait un temps considérable et surtout des
moyens d'action dont nous ne disposions pas.
Voici la copie des bornes milliaires relevées dans la région qui
vient d'être étudiée :
— 280 —
Henchir-Bir-el- Askaria .
lin p.Caes . D iv i Sept
I i ivi 1 o n V c IV 1
PII A R AB I C I
AD I ABEN IC I
PARTHICICIMA
XIMIBkTA^IC I
M A X I M 1 NE P
OS D I V 1 M • AV
RELLII A^TONINI
PII PARTilCIMA
XIMI BRITANICI
MAXIM! GER
M N • MAXIM]
ADIABENICI MA
XIMI fil in s m
n II r e l i n s auto
II i n u s inv i c tu s
p i n s fc I i .r a u g.
r I c.
R • P • C • A •
Ce milliaire, daté par les noms de rempereur Élagabal, est
semblable à d'autres monuments déjà publie's''^ H offre cette par-
ticularité de se terminer par des sigles nouveaux. Les trois pre-
miers signifient certainement r[es)p{iiblic(i) c(iviiaik)\ le dernier
désigne un ethnique. M. Toussaint, s'appuyant sur ia forme actuelle
du nom de la ruine, a pensé à Ascarus.
Henchir-Aïn-Kerma ou Messereb-el-Anech.
LU
('> Par exemple, Corp. mscr. laL, I. VIII, n" 10^67.
281 —
Henchir- Aïn-Kerma .
D • N •
C.IVL-VE
RO MAXI
MINO NO
BILI SSI
MO CA E
S A R E
IMP-CAES-
/aLICINIO
wALERI A
«O PIO FE
LICE AVG
pont. w< A X
t r i b. p 01
C
LI
Henchir-M j ar- Allah.
I M P • F L •
VAL-CON
STANTI O
P -F -INVI
CTO AVG-
IMP- CA
ES-AVG-
AVREL-
VALERIO
MAXIM
iano au g.
Henchir-M j ar- Allah .
IMP- CAESAR
b VI SEVERI
N E POS biVI
A N T ON I N I
/ 1 L ■ M • A V R
ELIVS SEVERVS
A l e X a n d e r
FLAVIO
C O N S
TANTIO
CAESARE
AVGVST
BILISSI
MO CES
XXXVIII
AV
Fragment de miiliaire
avec inscription
sur ses deux faces.
Mechta-Tahar-ben-Mohamed (près HcQchii-Mjar- Allah).
Dans le mur d'un gourbi.
Lettres effacées.
XL
— -282
Henchir-Bir-bou-Amar.
c n II
STANTl
NO AVG
An pied Siul-Kst du Djobel-Vrko,
D N .
VALERIO
CONSTAN
TINO P-F-
NOB ILiS •
CAES
Henchir-Mebdoua (n" i) aussi appelé Ksar-mta-el-Guerza.
IMP-CAES-
M • I VLI O
PHILIPPO
PIO FEL-
IN VI CTO
AVG
D-N-FLAV-
VAL-CONS
TANTINO
P I I S S I M O
NOBIL- Q
CAES-
Henchir-Oum-el-Abtaïen (n° i).
D.N.
PERPET
DN
FLAVIO
VO
c i 11 L
CLAVDIO
DIOCLE
? 0 tu A .r
CONSTA
TIANO
I M 1 N
NTIO NO
AVG
O AVG-
B ■ C A E S
Henchir-Ouessah, ilaus un silo.
G VAL
DIOCLETI
ANO INVI
CTO AVGV
STO
— 283 —
Sur l'Oued-Trouch près Aïoun-el-Arba. — Copie de M. le lieuto-
nant Louis.
IMP • CAES- M • AVRELIVS
S E V E R V S a l n .X a n
iJ or PIVS FELIX-A
vg-pont • max -trib
vnIpot-cos-pp D
ivi severi ne
posdivimagni
antonini pii fi
LIVS
Fedj-es-Siouda (à la source).
I M P •
CAES-DIVI SEP
TIMI SEVERI PII
ARABICI ADIA
BENICI PARTHI
CI MAXIMI BRIT
TANICI MXIMI
NEPOS DIVI M
A V R E L I AN
TONINI PII PAR
THICI MXIMI
BRITTA NICI
MXIMI G E R
MANICI MXIMI
ADIA BENICI
A 1,800 mètres de Fedj-es-Siouda, sur le chemin de Clairefon-
taine. — Demi-cylindre de o m. S'y de diamètre. Lettre'^ de o m. 06
mal gravées.
IMP- GAES
CVALERI
O DIOCLE
T I A N O
P-F- AVG-
— 28/t —
Henchir- Ali-bou-D erb el .
DI O CLET I
ANO PIO FE
LICE I N V
I C T O A V
G V S T O
Henchir- Aïn-Keskès .
1 M P • C AE
SARE M-AV
RE VALE MA
XI M I A N O
A V G PIO
F E L I C E
Henchir- Aïn-Keskès.
1 M P • C A
ESARE M
AVRELIO
MAXIMIA
NO AVG-
PIO FELICE
Ain-Snob. — Co|)ie de M. le lieutenant Louis.
D- N^»
iNT lo IN
iAVG
Fedj-Mzaoui. — A 3 kilomètres Ouest de Ksar-Sbehi , à Lextrc'-
mité Ouest de la crête i-ocheuse qui ])orto le inonunient appelé
Er-Reha (le moulin).
PERPETVO
IMPCESL DO
MITIO AVRE
LIANO PIO IN
VICTO FELICI
AVG- NOSTRO
L I II I
Ksar-Sbehi (^'.
Tifech.
— 285 —
P E R P E /
VObOCLE
t A N O
A G {sic)
jJlOC
LETIANO
PIO FEL
AVG-A
Henchir-Cheragrag .
IMPER •
C AES • M-
IVL- PHILI
PO INVIC
TO PIO FE
LICE AVG
Henchir-Cheragrag .
I M P • C A E S '
D I V I SE PT IM I
S E V E R I PII
ARABICIADIAB
PA RTI C I MAX
BRITANNICI MAX
H e p 0 s D I V I M
Près d'Aïn-Snob, sur la voie de Sigus. —
tenant Louis.
IMP-CAES-
DIVI • SEPtMI
SEVERI PII
ADIAB-ARAB
MAX BRIT M
ax, etc.
^'' C'est probablement le même miiliaire que j'ai publié autrefois dans les
Inscriptions inédites d'Afrique extraites des papiers de L. Renier, p. 89, n° 565. La
copie de M. le capitaine Toussaint est plus complète. [R. C]
Copie de iVJ. le lieu-
Henchir-Cheragrag.
— 28(i — ^1
D-N-
FLAVIO
VALERIO
CLAVDIO
CESARE
Henchir-Cheragrag .
DIO CONS
TANTINO
NOB-CES-
l'. Toussaint.
LN FRAGMElM
DE LAMPE CHRÉTIEiMSE,
PAR LE K. P. DELATTRE,
Membre non résidanl du Comité.
11 est peu d'anciennes villes ruinées dont l'emplacement ren-
l'erme autant de de'bris de poteries chrétiennes que Carthage. Sur
certains points, le sol est parsemé de nombreux tessons de terre
rouge, provenant de plats, de coupes et surtout de lampes chré-
lieimes. Si, eu ces endroits, il arrive de pratiquer des fouilles, on
ne tarde pas à reconnaître la présence de ces menus fragments
jusqu'à une assez grande profondeur. Le plus souvent on est tenté
de négliger ces modestes morceaux de poteries parce qu'ils ne pa-
raissent offrir aucun intérêt.
Pour mon compte, je crois, au contraire, que ces fragments mé-
ritent d'être au moins examinés avant de les rendre, s'il y a lieu, à
la terre d'où il sortent. Aussi m'est-il arrivé maintes fois de ren-
contrer parmi ces débris des morceaux offrant des particularités ou
des motifs qui manquaient à notre série, cependant si riche, de
lampes chrétiennes. Notre collection renferme ainsi plusieurs cen-
— 288 —
laines de rragnients intéressants qui attendent que le hasard ou une
fouille lieureuse amène la découverte de Tobjet entier.
(Test sur un de ces Iraginenis que je désire attirer rattenlion. 11
a été trouvé dans le flanc Sud-Est de la colline de Saint-Louis, non
loin d'une chapelle souterraine, au pied d'un grand mur de cita-
delle que nous avons commencé à déblayer.
Lintérèt particulier qui s'attache à notre fragment, c'est qu'il
appartient à une lampe où la zone circulaire qui entoure d'ordi-
naire le sujet pi'iucipal. au lieu d'être remplie ])ar des motifs con-
nus, tels que ligures géométriques, croix, monogrammes, cœurs,
calices, poissons, colombes ou agneaux, était ornée de médaillons
circulaires reproduisant alternativement la face et le revers d'une
monnaie romaine.
Il est facile de reconnaître sur la face de cette pièce l'elligie de
Théodose H-, buste casqué et armé d'une lance, avec cette légende :
DNTHEODOSIVSPFAVG.
Le revers montie la victoire ailée, tournée à {jaucbe et tenant de
la main droite une longue croix, avec cette b'gende :
VOTXXMVLTXXXI.
Ici, la dernière lettre (I) doit être distinguée du nombre XXX.
Sabatier, qui donne la description de cette monnaie ('■, ajoute à ce
numéro d'atelier les variantes F, G, H et Z.
Celte monnaie imprimée en relief sur la lampe de Carthage a
dii y être reproduite ])ar le potier à l'aide d'un moule de terre cuite
que la monnaie elle-même avait servi à façonner. On ne peut, en
effet, s'arrêter à la pensée que le potier aurait eu en main le coin
diin atelier monétaire.
L'original de celte monnaie a été assurément frappé dans la pre-
mière moitié du v° siècle. On pourrait même préciser davantage,
puisque le revers porte; VOTXXMVLTXXX et que l'on sait que
Théodose II célébi-a ses qumqut'nnalesi pour la huitième foisen639.
La monnaie ici reproduit;' était donc ant(;rieure à c(!tte dale.
L'âge de celte monnaie nous permettra de déterminer l'àge delà
'' Ifencnpl. gèiér. tics inonnuies byzattliiies , l. 1, p. iitj, 1*1. \, 5.
._ -289 — •
lampe. Collo-ci doit avoir elé fabriquée vois le milieu du v'' siècde,
et c'est re'poque approximative que l'on peut, avecraisou, allrihuer
à la plupart des lampes chrétieuiies de même terre, de luèniestvlc
et de même cuisson que l'on trouve en si ^rrand nombre dans le sol
de Carthage.
R. P. DELVTTUt;.
AlUiHKOLOGlt. ) ()
NOTKS AIICHKOLOGIOUKS
SUR LEMTA {Leplmùms)
(TUÎNISIE),
l'Mi MM. M:S CM'ITAIM-IS (i. IIAWKZO KT I.. MOMNS
i;t m. lk lieutkwnt montvcnon.
Les ruines de Leiiil;i sont situées à la kilonièlres environ au
sud-sud-esl de Monasiir cl à 35 kiloinètres au sud-esl de Sousse.
Depuis longtemps déjà on y avait reconnu les restes de l'ancienne
cilé de Leptis ininor ou Leptis minus, Lepfis la |)etite, lors(|u'une
rérente dé'couverte épigrapln(|uc a ronfirmt' les conrlusions que
Ton avait au [)aravant, tirées de Te'tude des itine'raires et des auteurs
qui mentionnaient cette ville.
Leptis minoi- l'ut d'abord un des princij)aux etiiporùi pluMiiciens
de la cote des Syrtes. Elle eut beaucoup à soulFrir, comme plusieurs
autres cite's voisines, Ruspina (Monastii'), Thapsus (Ras Dimas),
Tliysdrus (El Djeni), etc., de la lutte que se livrèrent dans cette
réjrion César et les Pompéiens. Sous l'empire romain, elle se releva
rapidement. Pline TAncicn la cite comme ville libre; elle est figure'e
>ur la Table de Peutin{fer comme une agglomération importante.
A r(;po(|ue byzantine, elle lui une résidence du dux ou comman-
dant militaire de la Byzacène.
i':tk>dliî et limites des UUIAES.
Les ruines de la ville anti([ue l'orment un triangle presque équi-
laléral, dont les côle's ont, en movenne, 1,000 à 1,900 mètres de
longueur. L(! col(' du nord est formé par la mer depuis la pointe
l'"sl du \illaj|e de Lemia jus([u'à IVuihoiicliure des ou(!(ls Rou-lladjar
et Bennan. Le deuxième cote', orienii' Nord-Sud, (!st formé par
— -291 —
i'Oued-Bou-lladjar, depuis son emboucliiae jusqu'à l'endroil où
commencent ses premiers ravinements; enfin, le troisième côté, de
ce deinier point au village de Lemta, est formé, d'abord ])ar les
restes de l'enceinte, au sud-est, et par la conduite antique des
eaux, puis par un chemin encaisse qui, se dirigeant vers Test,
aboutit au village.
Hors de ces limites, on ue trouve, outre Tamphithéàtre dont
les ruines sont visibles sui- la rive gauche de l'Oued-Bou-Hadjar et
la citadelle byzantine, autour de laquelle s'est groupe le village
arabe de Lemta, que quelques constructions isolées sans impor-
tance et plusieurs nécropoles : la nécropole phéniciejme, à louest;
la nécropole punico-romaine, nu sud-ouest; la nécropole romaine
propremeul dite au sud-esl.
ETUDES DES MONUMENTS ET PLACES.
TRAVAUX D'UTILITÉ PUBLIQUE.
Les monuments et places dont l'identification est à peu près
certaine sont : le théâtre, l'amphithéâtre, le forum, la citadelle
byzantine, l'église chrétienne, les quais, la conduite d'eau de la
ville.
Théâtre. — Le théâtre est adossé au sommet du mamelon sur
lequel s'étagent les ruines. Les gradins avaient été en partie taillés
dans le roc même; par suite, la scène faisait face au sommet du
])lateau. De ce monument, il ne reste plus que Texcavation circu-
laire de la cavea, encombrée de blocs de maçonnerie écroulée. Ses
dimensions étaient assez faibles. L'orchestre mesure environ 6 mètres
de rayon, et l'ensemble du monument ne devait pas avoir plus de
3o à .35 mètres de longueur sur i9 à i .^ de largeui-.
Amphithéâtre. — L'amphithéâtre est, ainsi que nous l'avons dit
plus haut, situé sur la rive gauche de l'Oued-Bou-Hadjai-, à
'ioo mètres environ du ravin. Son grand axe est oriente' Nord-Esl-
Sud-Ouest. L'arène mesure environ .55 mètres sur sou grand axe
et 3o sur le petit. On distingue nettement encore les différentes
travées de gradins et l'emplacement de seize escaliers de dégage-
ment ou vomitoria. Les gradins euv-mémes sont visibles sur une
longueur d'une dizaine de mètres du côté Est.
19-
— '2\)'l —
Laliault'ui' (If CCS <;ra(lins est (reiniion o m. .")o. Les murs étaioni
en bloca«;e, dune épaissoiir de i T) à -H) mètres. Aucune picrie do
'M-aiid appareil n'a été rclroiivée eu place.
l-'(tiiiin. — Au nord-ouest et ù 900 mètres enviion du tluiàtre,
M.M. Cajjual et Saladin, au cours de leur e\j)loralion en Tunisie,
avaient cru reconnaître reniplaceineut du forum. En cet endroit, et
d'aprf's leur désir, des fouilles ont été exécutées eu i8y5 jusqu'à
plus de h nu'lres de protondeur; elles ont amené d'assez belles
découvertes, nolaniiuenl celle de quatre piédestaux portant des in-
scriptions bien gravées et assez bien conservées'^*; au même endroit
oui été liouvés ([uebiues débris de sculpture, |>armi lesijuels la
main droite et la jambe gauche (Tune statue d'empereur en costume
militaire, ainsi que plusieurs Iragments de colonnes cannelées.
Enlin, Ton a reconnu sur ce point Texisteuce d'un pavage en dalles
de grès, qui se prolonge assez loin sous la terie.
Quelques fouilles exécutées autour de ce même point ont fait
découvrir une mosaïque à dessins géométrie] ues, composée de cubes
de nuances variées et quelques fragments de [)eintiu'es murales.
Citadelle bi/zantinc. — La citadelle byzantine est située au nord-
ouest du village de Lemta et dans fangle formé par la grandroute
et le chemin qui va à la mer eu tiaversant une partie du village.
C'est une construction carrée de la à i5 mètres de côté, bâtie en
piei'res de gtand aj)pareil et dominée [)ar une tour ronde de A mè-
tres environ de diamètre. Klle est aujourdhui occupée par des
Vrabes, principalement par des tisserands, qui y ont installe' leurs
métiers, \nssi r('X|)loration (hUaillée en est-elle à peu près im[)os-
sible.
Eglise chrétienne ['/) —- Les indigèiws de; Lemta désignent sous ce
nom, suivant la tradition, des ruines inqsortantes situées au sud-est
du pont de l'Oued-Hou-lladjai' et au \hh(\ (h; la route. Ou r(!mar(|ue
là des monceaux considér«ibles de décombres, de gros blocs de ma-
çonnerie «'t enfin, ce (|ui semble confir'uer la tradition ai-abe, de
belles colonnes eu marbre dun blanc veiné de gris vert, au nombre
''' Ces inscriplioiis <iiil l'-li' |mi1)H(''cv pin \i. I'. (i.-iucklri , Itcnio liuiisicinic . iiSj)"!,
1». -.■.U-'ÙVi.
— -293 —
(Je quatre ou ciu(|, le fout gisaul pêle-iuèle sur le sol ou à demi
recouvert de sable, (l'est dans les (iuvirous iniiuédiats de ccis ruines
(|ue MM. Gagnât et Saladin ont découvert Timportanle ni'crojjole
chrétienne qui a déjà fourni ])lusieurs dalles de tombes en mo-
saïque ('l
Quais ihi poti. — Les quais du port auti<[ue sont encore visibles
en deux points différents : d'abord, tout près du village actuel, sur
une longueur de too mètres environ; là, ils forment un an{fle très
obtus dont le sommet est tourné vers la mer; puis, au nord-est de
Bir-el-Klila, tout près delà pointe.
D'après le Péri|)ie de la mer Intéi'ieure, à INîpoque l'omaine,
l'abordage [»rès de la ville présentait des difTicullés. A l'aspect des
lieux, on peut même se demander s'il a jamais été possible à des
bâtiments deifuelque tirant d'eau d'atteindre le rivage. 11 faut donc
ou bien admettre qu'au cours des temps préhistoriques le littoral s'est
exhaussé dans cette partie de la Méditerranée, hypothèse invoquée
déjà bien des fois pour expliquer plusieurs particularités de la côte
tunisienne et d'ailleurs tout à fait compatible avec de nombreux
phénomènes constatés par la science, ou bien encore supposer que
les bâtiments étaient déchargés en rade même à dos d'homme.
Le fond du golfe est conslitu»' pai' de grands bancs de roebers
plats ayant avec l'horizon une inclinaison insignifiante. C'est seule-
menl loin du rivage qu'ils s'inclinent brusquement pour donner
y)resque de suite à la mer une protoudeur assez considérable.
Conduite d'eau. — Alimentation en eau. — La ville anti(|ue de Leptis
minus paraît avoir eu son alimentation en eau assurée de diverses
manières :
i" Par la conduite d'eau ou petit aqueduc encore visible;
9° Par les citernes de la ville;
3" Par les puits creusés à l'intérieur de la ville et dans les jai-
dins.
La conduited'eau est visible et bien conservée à partir de 200 mè-
tres avant le moment où elle atteint la ligne présumée des rem-
parts. Au delà elle s'engage dans les cactus et il n'est plus possible
de la suivre. A l'arrivée aux remparts, la conduite les suit sous uue
■' H. Saladin, Bapport rie luixsioit, p. iU, li;{. iH el sniv.
• — 29/i —
(liroclion sciisiblMiiuMil Esl-Oiiost. i)uis les (|iiitl(> |)()\ir se l'approcher
(lu rluMiiin dont nous axousclL'jà pail(' et i[ui liiuile los ruinos au
sud cl au sud -est. Elle suit ce clieniiu; on la retrouve dans ies
lobias (|iii le bordent [>endant 900 mètres environ; puis elle tourne
l»rus(|uenu'iif au nord, en ispousant ainsi les loimes du terrain; à
i.'jo métros |)lus loin, elle repi"end sa direction Ouest-Est et se di-
rige à peu près en droite ligne vers la citadelle byzantine, en tra-
versant le cimetière musulman et la route qui mène au village. De
nombreuses citernes son! éclii'lonnées le lonj" de son parcours;
(|uelqnes-unes même sont, à Flieure actuelle, utilisées par les indi-
L'iu' conduite secondaire se de'tachait de l'aqueduc j)iincipal au
point où celui-ci quitte le chemin pour tourner vers le nord; l'em-
hranchemenl est visible sur une longueur de 5o mètres et, dans
son j)rolongement, MM. Gagnât et Saladin ont retiouve', au nord-
est du l'orum, un reste de conduite d'eau.-
D'où venait Teau qui était ainsi amene'e et distribuée dans la cité
de Leptis minus? Il n'y a aucune source dans les environs de
Lemta, et il semble qu'il n'y en ait jamais en, car on n'a retrouvé
nulle part les traces d'un vaste système de citernes, comme à Car-
lliajve ou dans d'autres villes qui étaient certainement alimentées
(Teau potable par une ou plusieurs sources.
A dél'aut d'eau de source, les habitants de la ville avaient ulilisi-
les eaux de ruissellement dont rOued-Bou-Hadjar était le principal
(•missaire. Le bassin supérieur de ce torrent était sans doute terme
par un grand bariage, qui arrêtait une partie des eaux tombées sur
les pentes supérieures et qui les dirigeait vers l'origine de l'aqueduc.
IMus bas, le lit de la rivière est coupé par de iH)nibreux barrages
encore très visibles; près de chacun de ces l)anages existait une
citerm; alimentée directement par lui. Les eaux recueillies dans ces
citernes constituaient sans doule une i-éservc ])Our les périodes de
sécheresse, pendant, lesquelles l'acpK'duc n'aurait pas conduit en
ville une quantit»'; deau suffisante.
Si d'ailleurs on en juge par l'érosion du lit de Toned, h^s eaux
'!•• pluie ont du ètit; abondantes à toutes les époques. Il y a deux
an>. le jiont de la route, en piei're cependant, a ('!•' emporté à la
suite dune pluie dhiver.
o" (Jtcnirs. Outre le- uonibreuses cilei'ues alinieulées direc-
— 295 —
tement par la conduite d'eau et ies barrages partiels de l'Oued-bou-
Hadjar, toutes les maisons de la ville possédaifMit encore des réci-
pients couverts servant à recueillir Teau tombant sur les teirasses
ou toitures; on en retrouve les ruines à chaque pas. Quelques-unes
de ces citernes sont encore en parfait e'tat de conservation et re-
tiennent l'eau de pluie, que les indigènes utilisent pour les besoins
domestiques.
3° Puits. — A tous les moyens d'approvisionnement que nous
venons d'énumérer, il convient d'ajouter les nombreux puits creusés
le long du rivage et dans la partie Nord. Ces puits, dont quelques-
uns subsistent encore, mais dont la majeure partie est comblée,
donnent une eau sinon douce, du moins suffisamment bonne pour
servir à quelques usages domestiques et surtout pour abreuver les
animaux. Il est à remarquer d'ailleurs que dans toute la région
côtière, entre Sfax et Sousse, les puits fournissant l'eau potable sont
à une très petite distance du rivage, à cause de l'inclinaison des
couches géologiques du sol.
RUINES DIVERSES.
D'autres ruines émergeni encore au-dessus du sol. Nous signale-
rons surtout :
i" Une vaste construction rectangulaire, située dans la partie
Nord-Est des ruines, à loo mètres environ de la grand'route;
9" Une maison à sous-sol orné de peintures murales.
i" Construction rectangulaire. — Cette construction rectangulaire
mesure près de 9oo mètres de long sur loo mètres de large.
L'épaisseur des murs est de i m. 8o à 9 mètres. Les murailles dont
elle est formée offrent une particularité bizarre dans leur construc-
tion, particularité que nous avons retrouvée à Sallacta, dans la ruine
nommée rEl Bordjn par les indigènes et qui n'est autre que l'an-
cienne citadelle de la ville. On dirait que la muraille, commencée
à la fois sur tout le pourtour, a été élevée à plusieurs reprises dif-
férentes sans que les ouvriers prissent soin de lier entre eux les
divers étages de blocage. En outre, le blocage est interrompu de
distance en distance par des pierres taillées qui traversent alterna-
tivement la moitié du mur du côté extérieur et du côté intérieur.
Dans l'espace circonscrit pai* cette enceinte rectangulaire, on dis-
linifue (|iit'l(iu('s drluis de iiiiiis cl im IVajfiiKMil de coloime en grès
ItMldlV.
Viiriiii indice lie jiciiiiol de lecoiuuiitre la destination de ce vaste
(Mlilicc. Le hlocajje en est liop iinilonno pour que Ton y puisse re-
coniiaitre une iniiie byzauliiie. Peut être laul-il y voir un monu-
nienl conslruit à l'épcxpie romaine, sur reniplacomenl de Tacropole
(II" raiicieiiiie colonie pliiMiicieiuio. Eu effet, ces j-uines couvrent
une partie du plaleau loclieuv dKI-Klefa, (pii domine le port an-
ti(|ue et qui s'axauce dans la mer comme un ('jitnon.
g° Maison aux pcintuies mtivales. — Celte maison, dont le pre-
mier «'ta{|e a disparu, est silne'e à loo mètres environ an sud de
la (irand'route, à hauteur de la horne kilométrique i3. On entre
d'abord dans une j)ièce voûl('e revêtue sur toutes ses laces d'un en-
duit très lin. (let enduit est orné de peintures (pii repr('senlent, dans
la partie inli'rieure fies murs, des plinthes en marbre, et plus haut
des «rnirlandes de fleurs et d'entrelacs, oi-nées de cartouches, dans
lesquels étaient peut-être dessinés des portraits, autant que Ton
peut en juger dansTélat actuel des peintures. Cette première couche,
la plus ancienne, fut ensuite recouverte par un deuxième enduit de
o m. 009 d'(*paisseur, sur le(juel on pci{»nit des arabesques, des
rosaces et des figures géométriques. De la première pièce on pénètre
dans la seconde par une |)orte basse; puis, en tournant à gauche,
dans une troisième pièce non dégagée. Dans chacune de ces
chambres, on remarque les deux couches de peinture superposées.
Le sol de ces chambres était pavé de mosaïques, aujourd'hui pres(|ue
entièrement détruites. Beaucoup de briques cylindriques creuses,
terminées en pointe et s'eniboîtant les unes dans les autres, avaient
été employées pour la construction des murs et des voûtes de celte
maison. On en a reliouvé quelques-unes dans les décombres, ainsi
(ju"un petit nombre de lampes plus ou moins bien conservées.
Eiirctiitc forl'tfirc. — (Juant à renceinle forlilii-e de la ville, c'est
à dessein q^Telle n"a pas él(i encore mentiouui'e dans c(>lle élude.
D'après Daiix, dont les idées ont f'té exposi-es par Ch. Tissot, la
cit(' aurait été enloui'ée, conune plusieurs auli'es cmim-ia de la
uièiiie ri'gion, d'une triple enceinte. L"exaMien (\rs ruines n'a eiu-on^
révélé ni l'existence ni remplacenuMit d'aucun de ces trois rem-
parts. Le> seuls vestiges qui pourraient se lapporler à une loitilica-
lioii se trouvent au sud de la grand'route (|iii traverse les ruines.
— 207 —
entre riiqiiediic el la ri\e dioile de r()iied-!)Oii-ll;idjiir. l'^ii rel en-
droit existe une dillérence d(? niveau du terrain, (jui n'est, pas
moindre de i m. 5o et qui se prolonjje en ligne di'oite peiulanl
près de 3oo mètres; elle est soutenue, en qneUjue sorte, par un
mur continu. 11 n'est pas impossible que re soit là une partie de
rempart, puisque ce mur ne se l'attache à aucune autre construc-
tion. Ce qui corrobore en outie celte opinion, c'est que les fouilles
exécutées aux environs de ce mui- ont montré qu'à l'intérieur du
mur il y avait eu autrefois des bâtiments, tandis qu'à l'extérieur de
ce même mur on n'a trouve' que des débris insignifiants.
A chaque extrémité de ce i-empart, deux édifices carrés étaient
peut-être deux bastions.
Les nécropoles. — Les fouilles et les recherches poursuivies jus-
qu'à ce jour ont permis de reconnaître l'emplacement de plusieurs
nécropoles d époques diverses : d'une nécropole phénicienne, d'une
nécropole où le mobilier funéraire est à la fois punique et romain,
d'une nécropole exclusivement romaine, et enfin d'un cimetière
chrétien.
Nécropole phénicienne. — La nécropole phénicienne, la plus an-
cienne en date, se trouve à l'ouest de l'Oued-Bennan. Elle ren-
ferme deux types de sépultures difterents. Les unes sont creusées
dans la paroi verticale d'une niasse rocheuse, qui paraît avoir été
aussi utilisée comme carrière de pierre; elles présentent, autour
d'une sorte d'antichambre, plusieurs salles. Ces sépultures sont
nombreuses; malheureusement elles ont tontes été violées. La hau-
teur des caveaux est variable; beaucoup d'entre eux ont été en partie
comblés.
Le second type de tombeaux reconnu dans cette nécropole est
également creusé dans le banc rocheux de calcaire tendre, qui
affleure en cet endroit à la surface du sol. La forme générale est
la suivante : par quelques marches taillées dans le roc vif on des-
cend au fond d'un caveau rectangulaire, à ciel ouvert, sur lequel
s'ouvrent une ou plusieurs portes, dont chacune donne accès dans
une chambre funéraire. Le plus souvent, il y a quatre portes; dans
ce cas, elles sont exactement orientées vers les quatre points cardi-
naux. Lorsqu'il n'y a qu'une porte, elle s'ouvre vers l'est. Parfois
la tombe se compose uniquement d'un caveau, au fond duquel
avaient été dépo-^és les restes du défunt.
— 298 —
Les IdiiilM'iiiix (If celle lu'ciopole, (rori{(ine phëiiicienne , pa-
raissonl avoir t'Ic violés dès ranli(|iiil('', puis iililisi'S à Topoque ro-
maine. Dans l'un des caveaux piécedeninienl signalés, a e'te' en elTel
trouvée une lampe romaine. Un autre avait conservé quelques
traces de peinture.
Tout le mamelon qui porle aujourd'liui la koubba de Sidi-el-
Morarh est parsemé de tombeaux plu'niciens.
\rrinpnl(' piniiro-romaiiic. — Une seconde nécropole, très impor-
lanlc par ses dispositions mêmes et par son caractère mixte, a été
explorée sui' la rive gauche de rOued-bou-Hadjar. On y peut obser-
ver la sup('rj)()silion de plusieui's couches de lombes ap|)artenant
à des époques différentes. En certains endi-oils, en particulier au
souHuel de la pente qu'occupe cette nécropole, on a rencontré
([uali'e éta{[(!s superposés de londjes.
La couche inférieure se compose de caveaux creusés dans le tuf.
Chacun de ces tombeaux est constitué par une chambre carrée ou
rectangulaire, précédée d'une autre chambre à ciel ouvert, au fond
de laquelle on descendait par un petit escalier. La porle, ])ar la-
quelle on accédai! à la chambre funéraire proprement dite, était
fermée au moyen de grosses pierres, inégalement taillées, entre
lesquelles les interstices avaient été comblés avec du sable. Plu-
sieurs de ces caveaux ont été explorés : ils étaient intacts. Les ca-
davres y étaient inhumés, la tête en général au nord; quelques
fragments de bois trouvés sur le sol permettent d'affirmer Texis-
lence de cercueils. Chaque caveau contenait en outre deux grandes
amphores placées chacune dans un des angles de la paroi, l'une à
la lèti'. fautre aux pieds du cadavre, de nombreux vases en pote-
iie,el, dans des niches creusées, en nombre variable, à i m. 9.n
environ du sol, d'autres vases avec une ou deux lampes. L'un des
tombeaux a fourni un coffret avec ornements, ferrures et système
en bronze, en très mauvais étal; dans une amphore ont été re-
cueillies des rondelles d'os scul])t(', ayant servi à l'ornementation
d'un iiiimclie de poignard. Lnlin,dans un tond^eau de femme, on a
trouvé une mèche de cheveux brun roux assez bien conservés. Au-
cun des vases que contenaient ces caveaux ne portait de marque ni
de signature de potier. Les fouilles et les recherches qui ont pro-
duit ces résultats ont, d'autre part, confirmé une observation, déjà
faite dans la iif'cropole jdiénicienne de Mahedia, à savoir (jue les
— -j^u —
déblais provenant de la cliambio iïnK'raii'e servaient à combler la
fosse à ciel ouvert; celte coutume a sans doiil(! [)rol<''}j(' les tombeaux
contre les violations.
Au-dessus de ces caveaux creusés dans le tul" se succèdent trois
étages de tombes, que nous désignerons par les chiffres 3,2, i, le
troisième e'tage étant Tétage inférieur, et le premier étage étant
le plus voisin du sol. Les étages 3 et 2 ap|)arfiennenl à Tépoque
païenne; dans les sépultures de l'étage 1 apparaissent déjà des
influences cbrétiennes, surtout en ce qui concerne le mobilier funé-
raire. Le Jiiode d'ensevelissement le plus fréquent est l'incinération;
cependant des ossements retrouvés çà et là, surtout dans les étages
3 et 1, prouvent que l'inhumation était aussi pratiquée. L'élage 2
renferme des tombes maçonnées et d'autres tombes constituées ])ai'
de grandes tuiles plates, le plus souvent sans marque.
Les divers objets qui composent le mobilier funéraire sont géné-
ralement les mêmes dans les divers étages. Chaque tombeau con-
tient : deux lampes, un vase avec couvercle en poterie ou en métal,
plusieurs plats en terre cuite, deux ou plusieurs iinguentaria , à
une ou deux pointes, en poterie ou en verre; une ou deux mon-
naies en bronze , placées le plus souvent sur la ou les lampes ou
encore dans un des petits plats en terre cuite; enfin divers objets,
dont on ne retrouve que de menus débris, poignards, coffrets,
chaînettes, perles en biscuits, masques en bronze ou en terre cuite,
statuettes, etc.; signalons particulièrement une statuette en os qui
paraît représenter un hermaphrodite, et deux épingles à cheveux
également en os dont la tête est ornée d'une figurine minuscule,
sans doute Vénus.
Parmi les monnaies, les mieux conservées ont été recueillies
dans l'étage 3; elles sont au type de Perséphone, au type des Dios-
cures; deux présentent l'effigie de Massinissa ou de Micipsa; plu-
sieurs sont des monnaies d'Utique. Quant aux médailles retrouvées
dans les étages 2 et 1, elles sont frustes.
Le mobilier funéraire ne varie d'un étage à l'autre que par la
forme plus ou moins élégante des objets qui le composent. L'étage 3
n'a fourni que des objets très ordinaires. A l'étage 2 , le mobilier
est peut-être moins abondant; mais les poteries y sont en général
d'une terre très fine et d'une forme gracieuse. Citons spécialement
des urnes ornées de reliefs qui représentent des chasses au cerf,
au sanglier ou au lièvre, et dont l'exécution est d'un fini vraiment
— ;u)o —
ri'iii;iiijii;il)li'. (iVst djins !(■> loiiihcaux de ccl «''I;i;m' (|ii(' Ton li'oinc
l(" plus {fiaud nombre dohjols «mi vimtc.
Dans l't'Iatft' i, (|ui n'ost }>n('re qu'à o m. 95 ou o m. 3n au
plus de la surface du sol, la puroh^ de l'ormos no sVsl jfuri'e luain-
It'uuc i|U(' pour les liolcs à |)aiiiiiiis ou iinp-HCHiunn: les lampes, au
ronlraire, v sont plus lourdes (^1 plus «riossières. Aux uiues el plais
des épo(]ues |U'eci''deules. s" ajoutent ilejjiandes tasses eu terre rouge
niunio (lune ans(>, et des onijiKlhi' avec anse, col di(»it et panse
très \entiue. A sif|naler en outre, connue trouvés dans cet étage:
un coll'ret. lornie' de |)la(|ues de plouil) de o m, ooiû «ré])ais-
seur, et UM'surant o m. Do de long, o m. '?o de large et o ni. i T)
de hauteui-; un gi'and plat rectangulaire aux angles arrondis, ayant
o m. ôo (le long, o lu. 3o de laige et o ni. ii de hauteur.
("est dans celte nécro])ole punico-rouiaine qu'ont Mé faites les
fouilles les plus importantes et les plus fructueuses ("'.
Autour de cette nécropole, les pentes du mamelon, vers l'ouest,
sont, pour ainsi dire, criblées de trous, qui semblent avoir été
produits par rellondrement de voûtes souterraines. La nature géo-
logi(jue du sous-sol ne permet pas de conclure à l'existence d'exca-
vations naturelles. FI est donc vraisemblable (}ue des hypogées exis-
taient dans cette partie du cimetière. Mais aucuui; fouille n'a été
dirigée de ce côté. On a seulement trouvé, eu cet endroit, à la sur-
face du sol, plusieurs fragments de pla([ues de mai'bre très minces,
provenant, suivant toute apparence, d'une ou de plusieurs inscrip-
tions funéraires.
La nkropoU romaine projjn'menl dtlv. — La nécropole romaine
proprement dite se trouve au sud-ouest du village arabe, au lieu
dit rDara-Slema'^ elle est très vaste et s'entend surtout au sud des
ruines vers le " Rled-Heleïbn. Le ])lus souvent, la partie exti'rieure
des tombeaux est constihun! pai' un demi-cvliudre en blocage,
reposant sur une base à un ou plusieurs («lages superposi's égale-
menl en blocage, le tout recouvert d'un eudiiil d'uiu' dureté extrèuu'.
Vu-dessous, les corps, habituellemeul inhumés, étaient déposés
soit dans des coffrages nuiconnés, soit dans des auges creusées dans
le s(d UMMue, soit dans de grandes jarres ou amphores eu poterie,
>oil enfin directement sur le sol.
\oir [ilii>. loin le dipiilili' ciihilujriKMlrs (ilijt'K liiiiivi's . an cours (te ci'S fouilles,
|i;ii \l\i. li;inii.>/o. Mcilins ,1 Moiiliijjiion.
— 301 —
Dans les coHVaj>es (;ii inaronncrie, le cadavre, couché sur ledos.
était {je'ne'ralement étendu sous un toil de tuiles, la tète |)res(jue
toujours à l'est.
Les auges creusées dans le tul' (Paient l'ermées par des dalles eu
grès tendre ou par des briques en terre cuite; elles avaient Toiien-
tation Est-Ouest.
Les jarres ou amphores funéraires étaient de dimensions variables,
suivant la taille des corps qu'elles contenaient.
Enfin les corps déposés directement sur le sol étaient recouverts
de matériaux divers, pierres, fragments de dalles ou de tuiles, etc.
Le mobilier funéraire recueilli dans ces divers types de tombeaux
se compose uniquement de lampes et de fioles à parfums {mifruen-
tavia).
La nécropole chvétienne. — La U(''cropole clirélieuuc, df'couverlc
par M. Irisson et déjà décrite en partie par MM. Cagnat et Saladin,
se trouve presque au milieu des ruines de la ville romaine, autour
d'un point où, d'après une légende ai-abe. existait encore, il v a
peu d'années, une très ancienne église chrétienne.
Dans cette nécropole, deux tombeaux seulement ont été fouillés
par nous. L'un avait été violé; l'autre était intact. Construit en ma-
çonnerie, à 1 m. 9 0 au-dessous du sol actuel, il était recouvert de
dalles plates, en forme de tuiles à rebords, engagées par leurs ex-
trémités dans la maçonnerie des parois latérales. Sous ce toit de
dalles, les ossements s'étaient bien conservés; le corps était déposé
sur un lit de béton et oiienté du nord au sud, la tète face au uord;
aucun objet funéraire u a ét(^ trouvé. La tombe n'était pas recou-
verte d'une dalle en mosaïque.
APPENDICE 1.
CATALOGLE DES POTERIES ET OBJETS DIVERS
DÉCOLVERT!? PAU M. LE LIEUTENANT MONTAGXO , DANS LA .NECROPOLE
PLMCO-ROMAIXE.
I mes.
Les vases trouvés dans celte uétropole seul presque tous eu terre cuite ,
grise, rouge ou jauuàlre, plus ou moins fine, veruissée ou non. Les formes
en sont banales el ne rlonaenl lieu à aucune reinanpic nouvelle. Les plus
— -M)'} —
;iii(icii> Miiil ci'iiv (iiii nul de icciicillis dans les caNfaiix |)lit'nici('ns criMisrs
dans lt> lui iiii'iiu' cl dans les loinlH's de l'élajjc ',): les plus icrcnls soiil
(•fii\ (iiia lomuis l"(''la};'(' i, le plus voisin du sol aciMcl.
Il n'a t'tr drcoincil (|ii(' driix pctils \as('s en iiiclal. I Un en plondt r|
lauli'i' (Ml lifoii/c: Ions deux pro\ iiMun-nl de lonilics de I clajjc l. Ils sont
di' lonnc Itanalo. sans oi'ncincnlalion ni jMar(|uo d'aïu-uno sorlc.
D'assez noniltrciiv un,<>iicntnri(i (M1 vorroonl (■l('' ('\liinn(''s.l>(' wvvo csl iris(\
proi)aidiMiii'nl par siiilo de son Ion;»; se'joMr dans rinlc'ricuf du sol. Bien [»<'ii
--iimI sortis inlacis de Icrrr: (pichpics-iins onl i''\v li'oii\('s conhxn'nc's, l)os-
sflf's pour ainsi dire, connue si le verre s'i'lait amolli sons l'aclion de la
(lialenr.
Trois \ascs en Icrre ciiile porlaieni des niaripics.
.Sous un plal en lerrc noire \eruiss('e noire 7W\: peiM-êlre ces carac-
leres sonl-ils des letlres pnni<pies.
An loud dnn plal orni' exIiVicnreineul de rosaces cl de doubles \olules
si)rinoid(>es, dans une euipreinle de pied, rnai'ipie peu lisiltle.
An fond d'un anire plal sans ornenieni, l'sl eslanipill('e en reliel la
nianiue connue RASINI; en oiilre, au revers A\\ même plal, la lellre N
a clé {|ra\eo à la |)ointe sèche après la cuisson.
Lampes.
1. Lampe en lerre noire non vernissée, de loi-nie ronde; bec en loi'nie
flo goulot cylindi'ique; orifice central très laj-ge.
•>-3. Lampes de l'orme ronfle, sans anse, à bec allongé el aplati; orifice
central; une oreillelle. L'une des lampes esl rMi leire noire non vernissée;
I aiilre en lerre roiijj-e recou\erle «l'im vernis noii- brillanl.
'i-ô. Lam|)es sans anse, en lei-re noire non vi'rnissf'c. forme ronfle, à
corne peu prr)nf)nc('e: bec allonge' el aplali; orifice central.
G. Même l'orme; anloinde rorilicecenti"d . ravons convei'jj-enls en reliel'.
sur le flanc. Martpie en reiit'l: S.
■7-19.. Lampes à anse aplatie et canneli'c; ber alloujn-. mais élar'gi à son
<!\lrénnl('; lUie corne pointue, sfiuveiil très pi'oiioncée . orilice central. Teri'e
noirâtre nftn vernissée.
i3. Même forme, avec deux cornes an lien d inie.
i^i,i5,l(i. Même for-me, lUie seule corne, \nlonr i\\\ discpie, orne-
menlalifui cf)mpf)S(''e de feuilles fie vigne, fie lierre fin d'acanthe; des ujou-
lin-es encadrent le bec. L'une île ces lampes porte an revers, en l'elief, la
marfjue A.
(Toute^> les lampes (jui pifci'dent onl lîtfi troiiVf'es flans les caveaux phé-
niciens ou dans les londx-s île Ifilage o; elles floi\eul ilouc être altribnces
— :m\ —
k 1 é|iocjiM' |)uuiqu(' <tii ;i la péi'icidc de liansilictii rnlic (-ellf <'po(jiii' cl les
premiers siècles de l'ère chi'('licnnc. |
17. Lampe i-oiiuiiiie; anse l'orëe, bec arrondi, TeiTc jaiiiic. ;i coiivciclr
l>rnn clair. Auloiir, untt zone de stries convergentes. 1^ iVlarcpu- : MVNI-
REST.
18. J^anipe sans anse; l)ec brisé. Teri'e rouge 1res fine. Un berger,
sans doute Enflvniion, endormi sur un roclier, près de lui, le pediim ; der-
rière lui, à queitpie dislance, un bélier ou une chèvi'e.
19. Lampe sans anse; bec orné de volules. Teri'e pi-ise non vernisser.
Sanglier courant à droite. IV Marque: L MVN SVC.
•jo. Lampe sans anse, bec orné de volules. Terj-e jaune non \erniss(''e.
Busle d'un personnage tenant dans sa main gauche un l'iiiil (pomme?) el
dans sa main droite une colojnbe. I^ Marque : VICTOR.
91. Fragment d'une lampe sans anse, à bec orné de volutes, en lerre
rouge non vernissée. Gladiateur debout, tom-né à droite, la lète ornée d'un
casque à panache, le bras gauche armé d'un bouclier cari-é, la main droite
tenant tuje courte épée très large.
'2-2. Fragment de lampe. Lion tom-né vers la gauche, la patte gauche
de devant levée el posée sur le bord d'un vase à deitx anses.
*î3. Lampe sans anse, à bec orné de volutes, en terre jaune, à couvercle
brun clah'. Victoire ailée , vue de face , debout sur une sphère , tenant de la
main gauche une palme, et de la main droite tendue une com-onne. R'
Marque, dans deux empreintes de pied : RVF
RVF
■j/i. Lampe sans anse; bec orné de volules. en lerre jaune, à couvercle
brun claii'. Aigle les ailes éployées. la tète tom'née à droite, lenanl dans ses
serres un lapin (ou un lièvre) ?Il': Marque illisible, dans une enipreinle
«le pied.
95. Lampe sans anse; bec élargi à son extrémité, orné à sa base de
volutes très allongées, dont l'extrémité supérieure se détache du (Hsque.
Rayons convergents. Terre ti-ès fine, à couverte brun rouge.
26. Même forme, avec bec arrondi. Terre jaune très line, à couvercle
brun clair. Au centre , double rosace : autour, décoration d'oves , puis mou-
lures concentriques.
Ces deux lampes reproduisent sans doute des modèles eu bronze d'un
travail délicat.
37. Lampe à anse forée; bec ari-ondi. Terre jaune, à couverte brun
rouge. Dansem- nu, agitant de ses deux mains des crotales ? ï^ Mai-que :
MNOVIVSTI; au-dessous, un fer à cheval.
98. Lampe à anse forée; bec arrondi avec ornementation corditbrme.
— 30^1 —
It'iTc jjimii' ;i ((tiiMM'cli' Itniii i'nii<|t'. Giriiclis sur (jualrc ccitIcs coiiocii-
lri(|ii»'s jniloiii- du (lis(|ii('. milice ((miIi;!!. IV Mar(|ii(' : LDOMITIF.
•j(). Krajjiiit'iil (If hmipc, aiis(> cl \hh: hrisi-s; dciiv orcillclli's ;i didilc
»4 à {yauclui du (lis(|iii'. \ii cciilri'. casiitu' roiiiaiii ;i\('c ciniicr, aij^rcitc cl
}un\l(m\\U'vcs {(r(ilra). Iv Mai'(|iic illisildc Tcnc idujrc. à (•(nixcrlc jaiiiic
Im'iiii.
3(1. Lam|)(' sans anse, à [wr anoiidi. Terre jaune, il coiivcrlc liniii
roux, iîosace aiiloiir de I Onlice ceiiiiai. IV : Mar(|iic B.
l'J 1 . J^aiiipc h anse loree; l»ec arrondi, deux lar<|es oi'cijlelles à droite cl
à »;anelic. Terre jainie h coiiNcrle brini roujjc. Vv Marcjne indislindc :
Sa. Lampe sans anse; hec oinc de \olules cl ('laijji à son cxlrcinilé;
rosace. R' Mar(|ne : VICTOR. Terre rouge à coiiNeilc hrnnc.
P
.')o. Lampe à anse forée; l)ec arrondi, orn(' à sa l>asc de deux [lelilcs
volutes. Tei're jaune il couverte bnui rouge. Bacchiis j)orlanl de longs clie-
\(MI\ l)oiiclés(?).
oh. Lampe à aiisc^ l'ori'îc; bec ai'roiidi. Tci-re rouge ii couxeric brun
rouge. \jn fil nditor (soldat armé de la Iroiide). R' Manpic : LMADIEC.
35. Lampe il anse forée; bec arrondi, a\ec oineiiienlalioii cordilornie.
Terre jaune ii couxerle brun rouge. Au centre, àne galo[)anl ; autour,
stries reclilignes c()n\ergenles.
30. Lampe sans anse; bec aj'rondi. Terre grise ii con\eile brun foncé.
.'îy. Lampe ii anse foi-('e. bec arrondi; aux deux exlréniit(''s (U\ (liam<Mre
liansxersal. deux peiiles pvramides ii base rectanjinlaiic, piésentani sur
deux de leurs faces des trous en forme d^eils (en \iie de la susjx'iision). Au
centre, autour de l'orilice central , rosace. Il' Manpie : C'ATILVEST.
3S. liaiiipe il anse f(ir('e. a[)lalie el canneli-e. bec ('lar;;i ii son exlr(''niil(',
\ii ceiilic. auliiiii- de rorilice. (h'coralion en Idiiiie de c(i{piille circulaire.
r»' Maiipie: CD. Terre jjrise il couserte brun clan'.
.')(). Lampe il anse foi'ée: bec liés alloiijjc . oiik' ii sa base de deux \o-
hiles. Terre jaune ii c(iu\erle brun clair. Iv Mai(pie. dans une double om-
|)reinle de pied : NNA
NNA
'lo. Lampe il anse lor('e, bec arrondi. Terre ;;iise. a couverte bi'un
clair. Tête de Méduse. R Manpie : LDOMITIF.
Al. F^mpe il anse forée; bec arrondi. Terre gii.sc à convertie brun rouge.
Il' Manpi.-: C-OPPI-RES.
f\-2. l..am|>e .sans anse, bec orm- de \olules. brisc". Terj-e gi-iso à couvcrle
brune. 1res Une. A droite, le spliinx accroupi sur une (■niinence: ;i jjanclie.
— 305 —
deux personnages, l'un à pied, qui semble uii et dans l'attitude d'un sup-
pliant, l'autre à cheval (?).
43. Lanipe à anse non forée; bec brisé. Rosace.
hh. Lampe à anse brisée; bec arrondi. Ane au galop (?). Trouvée sur
le rivage méridional de la Sebka Sidi-el-Hani.
lib. Fragment de lampe sans anse; bec orné de volutes, brisé; à gauche,
un amour debout.
46. Lanipe à anse brisée; bec élai'gi à son extrémité, deux oreillettes à
droite et à gauche du disque. Deux dauphins.
li']. Lampe en partie brisée; bec élargi à son extrémité, orné de volutes
à sa base. Terre grise très fine à couverte brun clair. Déesse lunaire, la
tête siu-montée du croissant.
48. Fragment de lampe à anse forée; bec brisé. Autour, grènetis sur
trois cercles concentriques. IV Marque : LDOMITIF.
hçj. Lampe à anse forée; bec arrondi. Terre grise non vernissée. Cava-
lier au galop , passant à gauche , tenant de sa main droite les rênes et de
sa main gauche une enseigne romaine.
5o. Lampe à anse forée; bec brisé. Terre grise à couverte rouge. San-
glier fuyant à gauche, poursuivi par un chien qui va le coiffer.
Masques et statuettes en terre cuite, bronze ou métal; objets divers.
Dans un tombeau du deuxième étage , nous avons trouvé une petite sta-
tuette en terre cuite représentant une Vénus dévêtue et mesurant, y com-
pris le socle, environ o m. 17 de hauteur. Le même type a été maintes et
maintes fois recueilli dans les nécropoles de Sousse et sur plusieurs autres
points de la Tunisie.
Nous avons aussi découvert un débris de mascpie en terre cuite. Tel
qu'il est , ce débris laisse voir la paiiie droite du front , l'origine du nez ,
une partie de l'œil gauche et presque tout l'œil droit. Une ride profonde
coupe le miheu du front dans le sens horizontal. La chevehue, très longue,
est bouclée et rejetée en deux parties de chaque côté du milieu du front.
Ce masque est en argile rouge non vernissée. Le fragment mesure
0 m. 07 de hauteur de l'origine du nez au sommet de la têle; l'écai-te-
ment des yeiLX, de centre à centre, est de o m. 35, soit un peu plus de
1 demi de grandeur naturelle.
L'exécution en est très soignée; la chevehu'e surtout est très bien traitée.
H ne nous a pas été possible de retrouver les autres fragments.
Ce masque représentait peut-être Apollon.
Un autre masque presque complet a été découvert presque à fleur du sol , au
sud-ouest du forum. Ce masque en terre cuite , vernissée en rouge , figure une
Archéologie. 20
— 300 —
tt'to (11' tniiivaii. l,i's (limtMisiiins son! rtMluili's. mais lorelief est bien conservé.
Le dessin laisse à désirer, el il nous seiidtlr- ((iron |>eiit atli'iliner ce petit iiio-
miiueiil à une é|)o(iue relativement récente, peut-être à l'époque chrétienne.
A signaler également nu autre petit masque en bronze trouvé dans un
tombeau du lroisiènu> étage. ()ar cons(''(pi(^nt assez ancien; il est très dété-
rior»'. mais non brisé. Il devait servir à rornementation de colTrets sent-
blables à ceux dont nous avons retrouvé les restes, de mème([ue plusieurs
clous el deux rragments d'un système de fennetiu'e également en bronze.
Ces derniers sont ornés, l'un dans tonte sa longueur, d'un rameau d'oli-
vier sans fruits, fi'juré au moyen de petits trous ciirulaires j)i'ati<piés au
movtMi d'une pointe, sur l'extirmité de laipielle on a l'i'appé avec un mar-
teau; l'autre, d'iuie sorte de palme laite au burin, mais assez grossière.
Ni (US signalerons aussi : Anw ])oignées de colFrel en bronze, d'nne fa-
brication liés iinie;
Des cercles en bronze auxquels s'accrochaient des chaînettes de même
métal; ces chaînettes, du genre dii gourmette , avaient une section rectan-
gulaire. L'ensemble était probablement employé pour suspendre des lampes
en teiTC cuite.
Une poignée de miroir en bronze, tordue el très détériorée. L'une des
faces de ce miroir porte une série de circonférences concentriques en creux
et relief, et le pourtour est percé de petits trous régulièrement espacés.
L autre face, celle qui sans doute était polie el l'élléclussait la lumière,
ne porte d'autre ornement qu'un seul lilet en creux au-dessous des trous
qui ornent le pourtour de l'objet.
Le manche, d'assez jolie forme, se lixait au disque au moyen d'un petit
rivet, el sa solidité était maintenue par la rainure en forme d'arc de cercle
sur laquelle le boni du miroir venait prendre un point d'appui et s'emboîter
exactement. Ces miroirs offraient des dimensions variables; celui que nous
figurons ici a o m. 16 de diamètre.
Divers objets en fer, en os ou ivoire, recueillis partie dans des caveaux
phéniciens, partie dans des urnes h incinération de l'étage inférieur. Parmi
ces objets, les uns (k'coraient des coffrets; ce sont des frngrnents de mou-
lures en ivoire, dont quel(pies-uns portent encore les petits clous en bronze
ser\'ant à l'assemblage.
Un autre de ces fragments |)rovient du manche d'un poignard; on peut
encore y remanjuer des débris en os, formant des stries longitudinales, et
la base de la lame, rompue et ])rol'on(léinent rongée par la rouille. La partie
intérieure du juanche ainsi que la base de la lame portent un renflement
en forme de rondelle servant à maintenir en j)lace les dixeis disques d'os ou
d'ivoire (pii décoraient le manche.
Avant de terminer celte élude par la description des monnaies trouvées
à Lemta, il nous faut encore signaler une sorte, d'écusson ou de cachet
trouvé dans un tombeau du deuxième étage.
— 307 —
Ce petit bronze est muni au revers de cinq appendices permettant de le
fixer, probablement sm- la paroi extérieure d'un coffret.
Monnaies.
Les monnaies trouvées à Lemta sont toutes en bronze d'un module assez
grand: mais la plupart, très maltraitées par le temps, sont trop frustes
poiu" permettre d'y reconnaître les elEgies et les inscriptions. Les meilleures
sont celles qui étaient le plus profondément enterrées.
1° La plus ancienne monnaie recueillie est une pièce en bronze de
o m. 097 de diamètre. Tête de Perséphone couronnée d'épis. I^ Cheval
galopant à droite devant un palmier. Il est possible qu'il y ait également
une légende de ce côté.
2° Autre type en bronze, diamètre o m. 028, moins épaisse que la pré-
cédente. Tête de Perséphone com'onnée d'épis. I^ Cheval levant le pied
antérieur gauche.
3° Monnaie en bronze d'Utique. diamètre 0 m. 028. Têtes des Dios-
cures avec deux chevaits marchant à droite au-dessus des chevaux ; légende
punique : n4ij^.
Il" Monnaie en bronze de Gai'thage, diamètre o m. 028; face : tête im-
berbe avec une légende où l'on ne peut lire que le mot AVG. IV Livie
assise. Dans le champ F • P • D • D.
5° Autre type, diamètre o m. 029. Tête de Tibère avec la légende : TI
C/tSAR IMP AVG F AVG, le reste est illisible. IV Longue légende
à |)eu j)rès Ulisible et Livie assise.
6° Monnaie en bronze du type de Massinissa, diamètre o m. 028. ï^
Cheval galopant à gauche et la légende suivante frappée en relief dans
un espace rectangulaire en creux :
RAK
APPENDICE IL
CATAIO6DE DES POTERIES ET OBJETS DIVERS TROUVES PAR MM. HAiNNEZO ET 3I0LINS
DANS LES RUINES ET LES NECROPOLES DE LE.MTA.
h POTERIES.
Plats avec marque de potier.
Ces plats sont en terre cuite rouge vernissée à grain très fin ; ils doivent
être de fabrication étrangère au pays ; ils rappellent beaucoup les poteries
en terre samienne :
1. p^Ni ^ El 3. C-ARVI
— 308 —
'i.
ZOILI E
Dans uno cini)!-!'!!!!
0 (lo pied :
1.
TRESIA.
11. R-A-S-IN.
a.
C-AMMII.
i'2. ZOILI.
3.
AMVR.
13. SERTO.
II.
Q-SER.
i/i. A^<r-B.
5.
[•AVIL.
K). C-N-A-M.
6.
•CM.
i6. C-AR-V.
7*
L-AVIL.
17. M-ANNE.
8.
L-VM-H.
18. P-SABID.
9-
C-CLO-SAB.
19. ^L-Cy.'v.
ic
>. M^PONI.
20. ITVC.
5.
P-AVI
PRVA
au CWAL.
â2. ER---
9,3. CM\RI.
9.11. MPvRI.
ZOIL cl palme,
PRNCE.'
^S-TIT.
PEIIL.
I-N-A.
•i'O.
•J7.
0.8.
a(). Clirisme accosté de A et (t).
3o. DN • A. Quatre branches de palmier, (juatre chieus toiiranL à gauche
cl trois masques de théâtre.
Vases en terre cuite.
I. Petit vase, fragment. Mai'que de potier, dans un rectangle : ClVRPv.
9. Petit vase, fi-agment. Mai-que de potier; dans un rectangle: GIVEM.
3. Fragments d'amphore; partie inférieure. Masque: dans un lectangl':
A^E.
II. LAMPES.
Lampes puniques.
1. Avec anse. Appendice; feuilles de lierre et deux caducées.
2. Avec anse. Sans appendice; ti-aits convergents vers le centre.
3. Sans anse. Apj)endice on forme de S.
ù. Sans anse. Appendice sans ornement.
5. Sans anse. Appendice terre vernie (vert foncé).
6. Sans anse. Deux appendices teiT'c vernie (verl foncé) avec trou cen-
tral occupant presque loul lo diamètre du disque (o m. oAS); diamètre
de la lampe, o m. 07.
7. Sans anse, sans appendice, sans ornement; Irou central de cm. 020;
diamètre de la lampe, o m. o/i5.
8. Sans anse. Sans appendice; bords rabattus et formant deux becs.
9. Sans anse. Ornementations et appendice h gauche avec S.
1 0. Avec anse. Deux apj)endices.
I I. Avec anse. Or-nemeulalions cl ;ipp(ii(lic(' à gauche.
12. Avec anse. Sans orncmenlalion; lui ap|)endic(! à gauche.
i3. Sans anse. Ornementation et caducée; appendice à gauche.
— 309 —
lA. Avec anse. Rosaces.
10. Avec anse. Ornée à la pai'tie supërieiu-e d'une tête de femme.
1 6. Avec anse. Grèuetis et appendke à gauche.
17. Sans anse. Ornementations et deux amours se donnant la main.
18. Avec anse. Ornementations et deux palmes; appendice à gauche.
19. Avec anse. Feuillage, appendice à gauche.
20. Sans anse. Caducée; rainm-es convergeant vers le milieu du disrpje;
appendice à gauche.
21. Sans anse. Ornementations; grecques; feuillage; appendice avec S.
22. Sans anse; sans appendice; de petite dimension.
28. Sans anse. Appendice; marque de potier : N.
Lampes romaines.
1. Avec anse. Deux appencUces; sans ornement. Mai'que de potier :
IVLICON.
2. Sans anse. Deux appendices et à volutes. Marque : CARINIA.
3. Avec anse. Sans ornement. Marque : (V .
II. Sans anse. Bélier à gauche; berger endormi (Endymion?).
5. Sans anse. Victoire ailée. Marque : VVF
VVF
6. Sans anse. Sans ornement. Marque : C*OPPl-RES.
7. Sans anse. Lion mettant la patte dans un vase. (Ces quatre dernières
lampes sont également décrites dans le catalogue du heutenant Montagnon. )
8. Sans anse. Lion en position d'attaque.
9. Sans anse. .Amoiu* assis.
10. Sans anse. Guerrier casqué tenant de la main droite un bouclier et
de la gauche une épée.
1 1 . Sans anse. Sans ornement.
1 2. Sans anse. Lion terrassant un âne. Mai-que VICTOR.
1 3. Sans anse. Sangher et grand lézard.
tli. Sans anse. Donqiteur luttant contre un animal féroce.
1 5 . Sans anse. Victoii-e ailée tenant de la main di'oite un globe.
16. Avec anse. Rosace (petite lampe; diamètre, 0 m. oh5).
17. Avec anse. Sans ornement. Marque C-ATIL-REST.
1 8. Avec anse. Cheval au galop. Mai-que O.
1 9. Avec anse. Aigle devant un personnage bai-bu. Marque C • OPPI •
RES.
20. Avec anse. Sans ornement. Marque MVNI-RESTI.
2 1 . Avec anse. Amour sm' un autel à droite ; à gauche , personnage de-
bout , derrière un deuxième personnage sur im cheval.
99. Avec anse. Goiu-onne de lauriers. Marque : la croix avec M -NO
VIVSTL
— 310 —
9 3. Avec anse. Amour tenant un masque de théâtre de la main flroite
et un voile «le la main f>-auche. Mai-qne : trois branches de palmier.
ùli. Avec anse, lîacchanle avec croissant, Manjue : une branche de pal-
mier.
ah. Avec auso. Quatre palmes eu croix. iMarcpie : IVNlALEXi.
q6. Avec anse. Sans ornement : Marque : IVNIALEXI.
QT. Avec anse. Sans ornemtMit. Martpie : M-NOVIVSTI.
a8. Avec anse. Sans orneiuenl. Maiipie : M • NOV- GERM.
99. Avec anse. Coquille. Mai'que : C • OPPI • RES.
3o. Avec anse. Sans orneiuont. Mar(i.iie : IVNA.
IVNA.
3i. Avec anse. Buste de liMiinic. de lace, en cheveux: une corne d'abon-
dance à sa gauche.
3a. Avec anse. Dieu marin à gauche. Manpie de policr : L CORVICT.
33. Avec anse. Poisson (sorte de gymnol»^).
36. Sans anse. Pallas del)oiil, àjjauche tenant une |)i([iie el un bouclier.
35. Sans anse. Amour à droite, jouant avec un petit diien dressé sur ses
pattes de derrière.
36. Sans anse. Ornementation.
37. Sans anse. Cercles concentriques.
38. Sans anse. FeuUlage et fleurs de lys.
39. Sans anse. Deux poissons, dont un crabe.
lio. Sans anse. Deux lutteurs castpiés pr(^ts à combattre, celui de gauche
debout avec un boucliei' ovale et nn poignai'd , celui de di'oite avec un bou-
clier presque rectangulaire , le genou choit en terre , le genou gauche plié.
Marque de potier T, en relief.
4 1 . Amour (>t chien.
69. Oiseau sur une branche à droite.
43. Sanglier courant à droite.
hh. Guerrier avec arc, à droite.
fi5. Avec anse. Buste de femme à droite. Marque peu lisible.
66. Chien h gauche.
67. Avec anse. Renard accroupi sous une branche de i-aisins. Marque
MNOVIVST.
/(8. Trois personnages, dont un à jjcnoux enli-c les deux autres et sup-
pliant le personnage de droite, qui lèxc le. bras droit. Marque : VICTOR.
h(). Griiïon ailé cornant ;> gauche; au-drssus de lui, <;az(^ll(^ }>alopaal à
droite.
.5o. Deux Victoù'es ailées supportant un bouclii'i'.
5 1 . Ccnlaïu^e à droite. -
59,. Deux personnages se faisant face el conversant de\ant un aulel (pii
est placé enlr<( eux deux.
53. Ornementations. Maiiinc: LMADIEC.
— 311 —
5/i. Coq h gauche.
55. Sanglier à gauche.
56. Chien courant à di'oite.
57. Avec anse. Grènetis,
58. Sans anse. Chien attarpiant un cerf à rh-oite.
59. Fragment de lampe; personnage assis à droite devant une colon-
nette portant un masque de the'âtre (?).
60. Avec anse. Ornementation. Marque : U.
61. Sans anse. Victoire aile'e de face tenant de la main (h-oite une cou-
ronne et de la main gauche une palme.
62. Sans anse. Petite dimension; deux appendices sur les côt(^s.
63. Sans anse. Cavalier à cheval au galop, à gauche tenant dans chaque
main un objet inde'termine'.
64. Fragment. Sujet erotique.
65- Avec anse. Ornementations et cercles concentriques. Marque de po-
tier : LvM -REST.
66. Fragment, Deux lutteiu"s.
67. Avec anse, Corne d'abondance. Mai'que : A\[IF.
68. Cavalier à cheval au galop, à gauche attaquant avec une pique.
69. Fragment. Deux lutteurs prêts à combattre, avec bouclier et cou-
teaux, tous deiLx debout en face l'un de l'autre.
70. Fragment. Quadrige avec son condiicleur:
7 1 . Cei'cles concentriques. Marque : M • NOVI VST.
79. Avec anse. Sans sujet. Marque : COPPIRES.
78. Paon regardant à gauche.
7/1. Sans anse. Chien allant à gauche. Marque : VICTOR.
75. Sans anse. Cercles concentriques. Mai'que : VICTOR.
76. Sans anse. Sujet fi^uste. Marque : X en relief.
77. Avec anse. Buste de femme coiiïée, de face. Marque : FRONI.
78. Fragment. Croissant et deux étoiles.
79. Avec anse. Deux dauphins.
80. Sans anse. Coquille marine.
8 1 . Centaure à droite , luttant avec un personnage debout à droite.
8 '2. Sans anse. Femme à gauche (Bacchante), tenant de la main gauche
une branche de pin ou un fuseau et ayant un doigt de sa main droite di-
rige' vers sa bouche. Marque : VICTOR.
83. Fragment. Marque: OIOVVOVCI.
8k. Avec anse. Buste de femme, de face, en cheveux. Marque de potier :
DOMIT.
85. Avec anse. Musicien assis à gauche, soufflant dans un insliument à
deux tuyaiLx qu'il tient des deux mains.
86. Buste de femme dans un croissant.
— 312g—
87. A\oe anse. Cavalior à clioval , marchanl à gauche, lonanl iiuo bandc-
lotlo ou <juii'laii(lo qui couvro sa tôle.
88, Aiiso. Corrooni-anl à |0;ui(ho.
8(). Sans aiist'.CiOinhal de di'ux <;la(lial('nrs. Marque de polier: VICTOR
P
90. Avec anse. Europe enlevëe par un taureau.
Objets divers.
1. En os. — i'jiinglps en os (nous cn'nnlis). Deux de ces tiges ont leur
léte ornée dune ligure de Vénus nue, arrangeant sa chevelure.
Statuette d'Hennaphi-odite couché , les bras allongés ; les pieds manquent.
2. En mclal. — Clous en Ici' et en cuivre de diverses grandeurs: fi*ag-
ments de miroir en cuivre; anneaux à tiges recourbées.
3. Monnaies. — Cinquante monnaies en bronze de l'époque carthagi-
noise et romaine. La j)lus grande partie de ces pièces sont tellement frustes,
qu'il est impossible d'y reconnaître les moindres vestiges d'un tjqie ou d'une
légende. Il en est trois ou quatre pom-tant qui se laissent classer, ce sont
les suivantes :
A. Deux monnaies de Massinissa ou Micipsa. Tête barbue et laurée, à
gauche. — Vy Cheval galopant. Bronze ^'^ L'une de ces pièces porte une
contremarque, probablement de l'époque romaine.
n. Monnaies de Carthage. — Frappées environ vei's l'an 900 avant notre
ère. Tête de Perséphone couronnée d'épis. — ï^ Ch(!val au galop devant
un ])almier. Type conmuui; il y a parfois une lettre punique dans le champ
du revers.
D'autres monnaies de Carthage de l'époque romaine sont à l'effigie de
Tibère et au type de Livie assise.
C. Monnaies d'Utique. — Tètes accolées fies Dioscures. — Vy ^t»-^ nom
de la ville dUtiquc en légende punique. Les d(;ux chevaux des Dioscures
au pas , à droite. Bronze '^>.
Deux monnaies d'Utique à l'effigie de Tibère, et au revers de Livie
assise; l'une au nom des duumvirs C. Vibius Marso et M. Tullius Judex''^^
Ces monnaies nous permettent de préciser la date des tombeaux dans
lesquels on les a découvertes.
^'^ Muilcr, Nnmism. de l'ancienne Afrique, t. III. p. iS-iç).
t*) Muilcr, Op. cit., \. II, p. 159, n° .3/ii.
<^' Muilcr, Op. cit., t. II, p. i'yt) à iCt\.
RAPPORT
SUR
LES FOUILLES GALLO-ROMAiNES
DE GHAMPYERT (NIÉVRE),
PAR M. GASTON GAUTHIER,
Instituteur,
Membre de la Société Nivernaise des lettres, sciences et arts.
La Société Nivernaise des lettres, sciences et arts, m'a fait l'hon-
neur de me désigner pour surveiller les fouilles récemment entre-
prises par ses soins sur le territoire de Champvert'^'.
Je résume ici les cinq rapports que je lui ai successivement pré-
sentés sur la mission qui m'avait été confiée.
Les travaux ont mis au jour quelques substructions, dont deux
parties — contiguës à l'est et à l'ouest — avaient été retrouvées,
mais détruites il y a quelques années ("-^l
Ces diverses découvertes semblent indiquer qu'on se trouve en
présence de l'habitation d'un riche Romain , ayant choisi agréable-
ment son site en édifiant sa villa au midi, sur le flanc d'une colline
dominant la vallée de l'Avron et à proximité de Decize, qui semble
être la plus ancienne ville du Nivernais.
Voici les remarques générales faites pendant le cours des tra-
vaux :
Murs. — Les murs, qui mesurent ordinairement o m. 60 d'épais-
seur, n'offrent rien de particulier au point de vue de la construc-
^^) Ce pays est traversé au sud-est par la voie romaine de Decize à Saint-Honoré-
les-Bains, et à l'ouest par celle de Decize à Alluy.
'^^ Les renseignements recueillis sur ce point sont assez précis pour permettre
de reconstituer approximativement la disposition des appartements (voir pi. VI).
— 31A —
tion. Les matériaux employés (pierre et grès) sont ceux du pays.
Leur abondanco dans le voisinage de la villa, la quantité de moel-
lons recueillis parmi les débris, les nombreuses pierres trouvées
sous les pavages des appartements, tout semble indiquer que les
murs étaient entièrement en maçonnerie et non partie en clayon-
nage, malgré le niveau à peu près constant des portions restées
debout. On a dû, en elïet, abattre ce qui gênait ])Our la mise en
culture du terrain; mais celui-ci s'est aftaissc' en divers endroits en
raison de sa pente, et les mui's — qui s'élèvent en moyenne à
o m. /io au-dessus du niveau des appartements — sont tantôt en
atlleurement, tantôt recouverts d'une coucbe de terre qui dépasse
rarement o m. 50, mais dont l'épaisseur est souvent moindret'l
Enduit. — L'enduit des murs se composait d'une coucbe de
mortier plus ou moins épaisse, atteignant parfois o m. lo, ainsi
qu'en témoignent des Iragmenls encore adbérents à la base. Les
parties supérieiiivs des murs étalent recouvertes de peintures à
fresque, dont on a recueilli de nombreux débris enfouis dans le
sous-sol et même sous le pavé de quelques appartements. Ces pein-
tures étaient de nuances diverses : noir, blanc, gris, jaune, violet,
vert; mais la couleur dominante était le rouge. La teinte est quel-
quefois uniforme; on voit aussi des bandes ou des filets de nuances
différentes séparant des panneaux ou formant bordure; on a re-
connu ('galemonl (juelques marbrures noires sur fond gris.
Pavages. — Plusieurs pièces sont sans pavage; celui des autres
est généralement formé d'un béton plus ou moins grossier, recou-
vert ou non d'une mince coucbe de peintui-e louge.
Un sondage a fait découvrir en D [)lusieurs dalles de marbre
blanc mesurant o m. Uo de long, o m. 3o de large et o m. o3
d'i'paissinir.
En maint endroit, le pava{>(' d(!s a])parlemcni'- repose sur un
amas d'anciens matériaux servant de remplissage et m(^langés au
sous-sol. Dans ces décond)res, on a même recueilli des fragments
de mai'bre, de mosaïque, de j)eintures à fresque et d'autres débris
'" La fl(;molition do plusieurs murs ;i fait dôcouvrir deux couslrurlions super-
posées, dilTiiraiil alisolinncnl ])ar la uiacouncrio ni l'épaisseur des murs. tJue fouilte
faite en iHçjo à 3 mètres de jjrolondeur a fait roronnatlrc trois murs Ijâlis à <les
époque» diflTéreutos. Le plus auciou mesurait plus de i mètre d'épaisseur.
— 315 —
provenant certainement de constructions plus anciennes. On a éga-
lement trouve' en F deux bétons superposés et séparés par un amas
de moellons de o m. 3o d'épaisseur.
Des traces d'incendie se révèlent dans toute l'étendue des fouilles,
ot sur tous les pavages on a rencontré — plus ou moins fréquem-
ment et au milieu de nombreux débris de tuiles à rebords — une
couche de terre noire, souvent mélangée de cendres durcies et de
fragments de charbon.
Mosaïques. — Les mosaïques découvertes il y a (|uc]ques années,
mais détruites presque aussitôt, étaient blanches ou de couleur; à
en juger par de petits fragments conservés, elles formaient des ro-
saces et des étoiles. Les dernières fouilles ont mis au jour une salle
pavée en mosaïque dont la surlace, au lieu d'être horizontale, in-
cline vers le centre. Les cubes qui la composent sont de six couleurs :
blanc, noir, rouge, rose, jaune et bleuâtre. Ils sont en calcaire
blanc et noir, en grès rouge, en pierre bleuâtre et reposent sur un
mortier de o m. 08 d'épaisseur formé de sable, de cbaux et de
brique pilée. Après avoir recouvert ce béton d'une mince couche
de peinture rouge, on y a coulé un mortier plus fin de chaux et
sable ayant 0 m. 01 d'épaisseur, dans lequel on a fixé les cubes
formant la mosaïque (voir pi. VII).
Le dessin général produit par ces couleurs est intéressant et assez
varié. D'abord, une large bande blanclie formant une ligne brisée,
composée de trente rangs divisés en trois parties égales ; viennent
ensuite une bande noire de o m. o3 , puis une torsade noire, jaune,
blanche et rouge, encadrée de deux lignes blanches formées de cinq
rangs chacune; entre deux bandes noires de 0 m. o3, on a placé
une suite de cœurs à une ou deux pointes, renversés de deux en
deux et séparés par d'élégantes grecques (^). Une seconde torsade,
semblable à la première , sépare un dessin composé de carrés et
losanges, entourant un motif d'ornement demi-circulaire formé de
courbes symétriques aux couleurs noires et rouges inversement dis-
posées.
Au centre existait une rosace à quatre pointes, aux contours élé-
gants et de nuances bien variées; elle fut renfermée dans deux
carrés, l'un perpendiculaire aux murs, l'autre incliné et tous deux
'" Ces eœurs se terminent par des croix noires et rouges.
— 316 —
bien entrelacés. Cette rosace ôlait entoiM'ée de qnalre autres sem-
blables, séparées entre elles par liuit losanges convergents au même
centre; des triangles remplissent les vides des cai-rés et des lo-
sanges. Aux extrémités de ceux-ci, des carrés, en cubes noirs, en
encadrent d'autres en mosa'Kpie rouge, qui, à leur tour, renferment
des carrés noirs inclinés, au centre desquels se voit en mosaïque
blanche une petite croix. Ce signe, qui se retrouve aux pointes des
rosaces, des cœurs et des autres ornements, permet de supposer
que ce travail date des premiers siècles de l'ère cbrétienne.
Marbres. — Les marbres sont nombreux, variés de formes, de
nuances et de dimensions. Les uns, ayant o m. 02 et o m. o3 d'épais-
seur, sont bianc, noir et blanc, rose veiné de blanc. Un autre, vert
pâle légèrement teinté de blanc, est moins épais; mais le vert an-
tique est plus rare encore et divisé en minces appliques.
Ces marbres étaient employés comme ornement, comme revê-
tement ou comme plinthes. En effet, certains fragments sont polis;
les autres, portant des moulures variées, doivent provenir de pan-
neaux , de bordures, de corniches ou d'entablements.
Les plinthes sont diversement composées : celles de la vaste
salle 3 étaient en marbre gris noir, ayant o m. o3 d'éj^aisseur et
0 m. 20 de largeur, et fixées à une tuile striée, adhérente à un épais
mortier rouge de 0 m. 10. Une seconde plinthe, rencontrée à
o m. 3o au-dessous de la première, était fait;' de minces bandes
de mar])re blanc appliquées directement sur un moriier rougeâtre
beaucoup moins épais que le précédent.
Colonnes. — Plusieifrs bases, fuis et chapiteaux de colonnes, ont
été trouvés couchés en terre. L'un des fuis est en marbre blanc veiné
de rose et mesure 0 m. 98 de tour; un morceau plus petit, qui semble
être un chapiteau , est en pierre tendre et porte encore la ])hipart
de ses moulures; d'autres fûts en grès rouge et de grandes dinien-
sions sont grossièrement ti-availlés et présentent latéralement des
rugosités destinées probablement à maintenir le stuc qu'on a dû y
aj)pliquer, mais dont il ne reste toutefois aucune trace. De nombreux
débris en grès, paraissant a\oir appartenu à d'aulrcs fûts et bases
de tolonnes, se trouvaient dans les (bfcombres.
Meules. — Les meules de moulins à bras abondent dans le sol
— 317 —
fouillé. L'une d'elles, absolument intacte, mesure o m. 6-7 de dia-
mètre; les autres, en moins bon e'tai, ont des dimensions plus
petites; elles sont en grès jaune ou rouge, la plupart de l'orme
convexe, les autres concaves.
Poteries. — Les fragments de poterie recueillis (on trouve en
effet peu de vases entiers) accusent une très grande varie'te' de pâtes,
de couleurs, de formes et de dimensions. On y voit depuis la gros-
sière amphore jusqu'au pelit vase à parfums; les poteries noires,
bronzées, micacées, sont mélangées aux terres rougeàtres, grises,
brunes, blanchâtres, et aux brillantes couleurs rouges, les unes na-
turelles, les autres artiflcielles. Parmi ces morceaux, les uns sont
finement moulés, d'autres grossièrement travaillés; quelques débris
portent la trace de i'ébauchoir ou du tour; certains ont des dessins
variés, mais aucun ne porte de trace d'inscription.
Monnaies. — On a recueilli plus de cinquante monnaies, dont
sept en argent: cinq des empereurs Hadrien, Antonin le Pieux,
Marc-Aurèle, Lucius Vérus, (Jommode et deux Faustine, la mère
et la fille.
Les bronzes sont de petites dimensions; quelques-uns ont les
parois usées et ne révèlent aucune inscription; d'autres sont oxydés
ou complètement frustes. Les pièces dont l'attribution a pu être
faite sont de Numérien et des empereurs Constantin; les Tétricus
père et fils sont nombreux. Une autre de Valentinien ou de Va-
lence porte au revers le labarum.
Ces monnaies étaient éparses dans le sol et surtout dans la couche
noirâtre des décombres.
Objets divers. — Indépendamment des objets décrits ou cités, on
a trouvé plusieurs dalles en grès à larges rainures; quelques tuiles
à rebords entières et des imbrices en bon état, des boucles en
cuivre, un fragment de bracelet en jaïet, un éperon du pied droit
à pointe quadrangulaire ; deux outils ressemblant l'un à une serpe,
l'autre à un couteau de table non emmanchés; un stylet en os, une
pince à épiler, de nombreux ferrements, beaucoup de longs clous
à tète ronde ou aplatie, deux bois de cerf au naturel, des frag-
ments de verre très mince et légèrement bleuâtre; enfin, une quan-
tité d'os, dont quelques-uns calcinés.
— 318 —
\()ioi la (lescriplion soiumairo des ap[!ai"U'iuciils découverts; ces
détails compléteront ceux indiqués au plan (voir pi. VI).
La salle 1, mesurant environ 3o mètres carrés, a été détruite
dans sa partie Sud-Est; le béton, qui est à o m. 35 du niveau su-
périeur actuel dos murs, est assez jjrossier; son épaisseur est de
0 m. 10.11 repose sur un amas d'anciens matériaux.
Au nord est la pièce '2, ])avée d'une ])elle mosaïque précédem-
ment décrite et qu'on retrouve à o m. Ao de prolondeur. Sa super-
ficie dépassait ho mètres carrés, mais elle a été enlevée dans la
partie Est; néanmoius ce (|ui en reste permet d'en reconstituer en-
tièrement le dessin.
A l'ouest de ces deux salles se voit un vaste appartement carré,
mesurant plus de lo mètres de côté. Le |)avage était en béton peu
grossier; aux murs était encore adliérente en maints endroits la
plinthe de marbre avec tuile striée précédemment déci'ite, laquelle
était maintenue au niveau du béton par un épais bourrelet de ciment
rougeàtre fait de chaux, de sable et de brique pilée.
Cette grande pièce dut être réduite ensuite, car, à 2 m. 70 du
mur Sud et parallèlement à ce dernier, on avait ])lacé sur le béton
plusieurs blocs de <;rès formant séparation et dont l'un, avec en-
taille, parait èlrc un seuil.
Au milieu du mur Aord de celte même salle ((tait adossé un massif
demi-circulaire (5) de a m. 20 de diamètre, soutenu, à o m. Go de
profondeur, par un contrefort de même forme, dont l'épaisseur va-
riait de o m. i5 à 0 m. 26.
Au nord de ce dernier altenait une partie bétonnée de 0 m. 5o
de largeur, reliant au massif un foyer rectangulaire 6, mesurant
1 m. 10 de longueur et 0 m. gS de largeur extérieures. Il se com-
posait (le cinq tuiles à rebords, renversées et placées deux en long
et trois en large, le tout soutenu par une bordure en pierre très
saillante, dont il restait quelques morceaux.
Au centre de cette grande salle, on a creusé un bassin octogonal
mesurant o m. 70 de profondeur et avant une jpande analogie avec
le compluvium des Romains. 11 est à deux niveaux en retrait; sa lar-
geur, ([ui, au fond, est de o m. (So, atteint 1 m. ;?o à l'ouverture.
Ses parois, faites de moellons r(!('()uverls d'un solide enduit rouge,
étaient entièrenicnl revêtues d'un niarl)r(! blanc de o m. o3 d'épais-
seur, dont certains rraj^ments sont rest('s en place. L'ouverture était
encadrée d(! trois bandes de marbre blanc de larjjeurs dilférenles et
— 319 —
formant saillie au-dessus les unes des autres; divers morceaux sont
encore adhe'rents au mortier. On a même utilisé comme remplis-
sage en quelques endroits, des débris de marbre blanc semblables
à ceux des plinlbes retrouve'es sous le be'lon de la même pièce.
Les parois verticales, mesurant chacune o m. 35 de hauteur,
e'taient e'gaiement revêtues de marbre blanc, ainsi que le fond, où
se voit une ouverture ronde, profonde de o m. ko, aboutissant à un
conduit rectangulaire fait en maçonnerie régulière sur ses deux faces
late'rales et bétonné au fond, duquel on a retiré des débris sur une
longueur de 6 mètres.
Le mauvais état du bassin à l'origine du conduit n'a pas permis
de constater si ce dernier était recouvert, ce qui est supposable;
toutefois on a remarqué que les deux étages du bassin étaient des-
servis au départ des eaux par deux conduits dilférents qui se ré-
unissaient ensuite.
En continuant les travaux, on a découvert, au nord des premiers
murs, de nouvelles substructions. Un mur Sud-Nord, visible sur
une longueur de ao mètres, formait Textrémité de plusieurs chambres
qui se prolongent dans un terrain cultivé et dont les diuiensions,
quant à présent, restent indéterminées.
C'est dans celte partie des fouilles qu'on a recueilli les monnaies,
meules, fûts de colonne, ferrements, le plus grand nombre d'échan-
tillons de poterie et d'objets divers, le tout couché pêle-mêle au
milieu d'une épaisse couche de terre noirâtre et d'une quantité
considérable de morceaux de tuiles et de démolitions.
Les murs, en cet endroit, étaient recouverts d'une mince couche
de terre, et les appartements n'avaient aucun pavage, ainsi qu'il
résulte de fouilles pratiquées à plus de i mètre de profondeur.
Sur le flanc de la colline qui porte ces substructions et à l'ouest
de celles-ci on a retrouvé, en bêchant, des pans de murailles ayant
des directions différentes, un fût de colonne, des fragments de
meules et de poteries. De récents sondages ont fait rencontrer, à peu
de profondeur, des nuirs dont on a pu également suivre l'emplace-
ment.
Une petite fouille faite à l'est des premiers travaux dans le pro-
longement de la salle pavée en mosaïque a fait retrouver en C de
nombreux cubes en calcaire noir, blanc et rouge, disséminés dans
le sous-sol à o m. 6o de profondeur.
— 320 —
L'aspect général de la colline tend d'ailleurs à prouver que la
partie Sud, voisine de la rivière d'Aron, e'tait couverte de construc-
tions; dans le Ibssé de la route, un mur en affleurement M rentre
dans le champ ibuillé.
11 serait donc à désirer qu'on pv'it reprendre les travaux à Tau-
lonine, après renlèvemenl des récoltes; on aurait ainsi le plan
d'ensemble de la villa élevée jadis en cel endroit.
G. Gautuieiî.
LE CHATEAU DU PIN,
PAR M. L'ABBK BRLNK,
CoiTospondanl du Comité.
La Franche-Comté a toujours été une province éminemment
guerrière. Son sol accidenté, dans sa plus grande partie dominé
par de hautes montagnes, se prêtait au développement de l'esprit
féodal. Aussi, pendant tout le moyen âge et plus peut-être qu'en
aucune autre province, son lerriloire a été hérissé de châteaux forts
et de donjons, où \ivait une noblesse dont les goûts belliqueux
trouvèrent un ample aliment soit dans des démêlés continuels entre
voisins, soit dans les lutles plus meurtrières des deux branches de
la maison de Bourgogne, puis, sous le règne des quatre grands
ducs, dans les guerres de France et des Pays-Bas.
Les origines territoriales de nos grandes baronnies n'ont pas en-
core été l'objet d'une étude approfondie. 11 est vrai que les sources
écrites en sont des plus rares. A peine trouve-t-on à glaner de ci
de là quelque maigre renseignement échappé comme à regret à la
plume des chroniqueurs primitifs. Nos historiens s'en sont contentés
et n'ont pu que restei- dans les généralités. Gela ne suffit pas; il
faut faire parler le sol lui-même. La topographie historique et l'ar-
chéologie donneront sûrement une moisson plus abondante.
J'en suis convaincu: nos principaux fiefs, en tant qu'unités ou
entités territoriales, se sont constitués dès l'époque romaine, ou
au plus tard pendant la période burgonde, aux dépens des domaines
du fisc romain, hérités par les rois barbares. Je crois aussi que leur
principale raison d'être se trouve dans la configuration du sol : lon-
gues vallées faciles à fermer et à défendre, voies romaines traver-
sant ces vallées et protégées par des tours ou même des camps re-
tranchés, établis sur les hauteurs qui les dominaient. A ces tours
ou vigies, à ces camps ont succédé les donjons et les forteresses
Archéologie. .ai
— :)'2'l —
téodalcs, bâties dans le même but j>ar dos comtes, d'aboiti simples
oflicieis révocables, devenus ensuite b(Tédilaires, soit à la faveur
de l'anarchie qui désola la Haute- Bourgogne pendant les ix" et
x" siècles, soit aussi par les concessions gracieuses ou forcées des
nombreux compétiteurs qui se disputaient alors les dt'bris du royaume
de Bour;;ogne.
Il est impossible de n'être pas frappé de la fréquence, dans nos
anciennes chartes, des termes de val, cluse et autres analogues, pris
dans le sens de fief, de territoire formant un tout homogène. Je
citerai, comme les exemples les plus anciens, le Val de Salins, le
l al de Mièges, le Val des Usiers, ions trois donnés à l'abbaye d'Agaune
par le roi de Bourgogne, sain! Sigismond , tous trois demeurés
identiques pendant tout le moyen âge, même après que ces sei-
gneuries eurent été inféodées par la puissante abbaye à la famille
d'où sortirent nos comtes des maisons de Salins et de Chalon. Nous
pouvons remonter plus haut encore; car le Val des Usiers, que je
viens de citer, se trouve mentionné dans la carte de Peutinger, sous
le nom de Filum Usiaeum, qui a donné tant de peine aux savants,
par suite de sa transcription défectueuse (^'.
Je pourrais multiplier les exemples; mais ceux-ci suffiront, je
l'espère, à attirer l'attention des chercheurs. Si nos érudits pre-
naient la peine d'étudier chacun»^ de nos vieilles baronnies dans ses
limites historiques, puis de reporlei' ces limites sur le sol et de
vérifier en même temps le passage des voies aniicjues et des forte-
resses (jui les dominaient, nul doute (pie de cette enquête ne jaillit
une vive lumière sur nos origines féodales. Du même coup serait
faite riiistoirc de notre architecture militaire, toujours intéressante
et instructive dans une province aussi belliqueuse et jalouse de son
indépendance que le fut la Franche-Comté.
Le présent travail apporte une contribution modeste à la solu-
tion de ces intéressants problèmes; son unique mérite sera d'ouvrir
la voie et i)eut-être de [)rovoquer des recherches plus étendues.
Parmi les vieux manoirs qui entourent la ville de Lons-le-Sau-
nier, le château du Pin est celui qui attire le plus les yeux par son
heureux état de conservation. Assis sur une colline de forme allongée,
i\ flomine de gras pàlin-ages et de riches vignobles. Son origine est
'^ Ce fail a ôté signalé dôjà au siècle Honnir pnr C.ltcvaliiv ( Hixlnivr de h vill''
cf. s.r'>fr;icm-ir tic IViiginj , 1767, t. 1", ijv).
— :\-2:] —
inconnue. VJais le nom de Garde-Chemin, sous lequel il t;lail dé-
signé au xi*^ siècle f^', indique assez sa destination. En effet, des
deux côtés de la colline sui' laquelle il s'élève passaient deux voies
romaines, dont les traces subsistent encore: Tune, venant de Lyon,
conduisait à Dole en traversant Lons-le- Saunier et ses salines;
l'autre descendait des montagnes du Jura méridional et se dirigeait
sur Besançon '"-^ Il ne me parait point téméraire de conclure de
cette situation à l'existence, sur la colline, d'une vigie romaine, à
laquelle aurait succédé pour le même emploi le donjon de Garde-
Chemin. Ce lieu, du reste, était habité dès l'époque romaine. Le long
de la voie de Dole et proche le village actuel du Pin, on a trouvé
des restes d'édifices avec des monnaies de Trajan, de Posthume et
de Gordien (■''. Tout dernièrement, en 1896, l'ouverture d'une car-
rière a amené la découverte de sépultures mérovingiennes sur le
penchant de la colline et près de la seconde voie. Voilà donc des
origines assez bien établies et qui viennent confirmer ce que nous
avons dit ci-dessus.
Tout porte à croire que le château du Pin et son territoire fai-
saient partie des domaines du comte saint Bernon, restaurateur de
l'abbave de Baume-les-Moines. Bernon possédait une partie des
salines de Lons-le-Saunier et de grands domaines aux alentours,
qu'il partagea entre ses abbayes de Baume, Gigny et Cluny ^*^. La
belle seigneurie du Pin, qui comprenait dix villages et de vastes
forêts, était trop voisine du bourg de Lons-le-Saunier et du châ-
teau d'Arlay pour ne pas exciter les convoitises du comte de Bour-
gogne, Jean de Chalon l'Antique. Pour arriver à ses fins, en
gardien peu scrupuleux de l'abbaye, il se mit simplement à re-
construire l'antique donjon de Garde-Chemin. C'était sa manière
habituelle de trancher les diificultés, et son père lui en avait appris
le succès. Puis, sur les réclamations bien naturelles de l'abbé, il
consentit à une honnête composition. 11 convint donc de céder au
monastère la moitié du château et lui laissa la jouissance des dîmes
avec la moitié des droits utiles. La justice serait exercée par deux pré-
"J Dans un tr;ii(é de l'année io53, passé entre l'abbé Odon II et le comte de
Bourgogne Etienne l".
'^^ Ed. Clerc, La Franche-Comté à l'époque romaine, p. io3; D. Monnier, An-
nuaire du Jura, 1868, p. 333.
(3) Ibid.
(^' Voir !c Testament de saint Bernon, djms la Rihl. Chminci^nsis , roi. 9-11.
— 3-2'i —
vols nomiiii'S pjir le cointc ot Tahl)!', Jivcc iiicidiclioii sur leurs sujets
lespeclitsC .
Los successeurs de Jean de Cilialon no se firenl pas faute de
violei' ce coiilral, (ju()i(|u"il eut él(; plusieurs ("ois renouvelé. (]e-
pendant on connaît plusieurs actes d'Iioinmajre pour le château du
Pin, émanés entre autres de la reine Jeanne, comtesse de Bour-
{fOgne(i3i9), et de Philippe le iion( i/jati). Au cours du xiv^siècle,
la terre du Pin entra par un mariajje dans la maison de Vienne.
En ilxh'-i, (îuillauïne do Vienne, soijjnour d(» Saiut-Oeorjj'es et de
Sainte-Croix, la \cndit à (iuillaumo de; Vaudrey, pour le j)rix de
i,8oo saints d'or. Celui-ci obtint plus lard (iù5i) de Philippe le
Bon Tautorisalion d'eu prendre [)ossossion. Crest à lui ou à son fils,
Lancolot de Vaudrey (i /i8o), qu'on doit atlrihuoi- la construction du
château actuel. Sur la lin du wi*" siècle (i 5()(j), à la mort de (ilaude,
marquis de Bay, mari d'Anne de Vaudrey, la terre du Pin fut vendue
à Benoît (-liai'relon de Chassoy. Elle passa ensuite dans la famille
Froissard de Broissia (i-yOi). puis dans la famille Ahriot de (Crusse,
(pii la possédait au moniont de la B('volulion.
Cet aperçu do l'histoire dt,' la soijrnein'iiulu Pin siillit au but que
je me propose. Ou |)eut en lire ledi'tail dans les ouvrages locaux ('"'.
Passons mainlenaut à la (lescri])lion des li(Mi\, (|iii ne nous arrê-
tera pas longtemps.
Lo cluiloau du Pin, ainsi que nous l'avons dit, occupe le point
culminant d'une colline allongée; à son extrémité. Son plan est celui
des forteresses du moyen âge : donjon massif, saillant en dehors
d'une enceinte rectangulaire garnie de tours et renfermant les bâti-
ments d'habitation otlcs connnuns; fossé large et |)io("ond entourant
l'ensemble. Le donjon est la pièce capitale. Il s'élève au sud-oues*
sur le point le j)lus expos(', du coté de la colline. C'est une mass(
sensiblement carr(;e, aux angles arrondis, de 18 mètres de côté e'.
dont les murs, de moyen appar<'il, ont 9 m. 5.") d'épaisseur. Il
roniporle (|iialre ('tajfes, dessor\is par un bel escalier de |)ierre en
\iorl)e, qui occupe le milieu de la laçad((Esl; à demi engagé dans
réjiaisseur du uiiii', cet (!scalier Joi-nn» tourelle à pans coupés à l'in-
térieur; à clia(pie élag(! il donne accès aux apparlements par trois
porles, et une série de potiles fenêtres l'iM-laire juscju'aux combles
'' Traili' |ias<i' rnlrc Oiimi, aMic di' liaiinn' "1 Jean de (llialon (février lafiS
M. si.). Irrh. (lu Jiirii, IdikIs de Haiillic, iiiecc iioii cdli'O.
^ \<iir' llmissi I , hiiiioiniiiin' ilcn ciuiiniiiiipn du .Inia , t. V, p. H-j.
— 325 —
Le rez-de-chaussée, voûté et sans aucune ouverture, sert aujour-
d'hui de cave. Le premier étage ('' renferme la grande salle, qui en
occupe la moitié, tandis que l'autre partie est partagée en Irois
chamhres. Cette disposition se répète identiquement aux deux
étages supérieurs.
La grande salie est très simple; elle a pour unique ornement une
grande cheminée à pieds-droits ornés de moulures prismatiques
et manteau plat, sur lequel un des seigneurs a fait peindre, au
xvi^ siècle, les armes de ses quartiers. Les plafonds sont formés de
rangs serrés de poutrelles. Deux fenêtres, très éhrasées à l'intérieur,
s'ouvrent au sud et une troisième à l'ouest. Du côté du levant, un
arc gothique sépare la salle d'une chapelle voûtée, on partie prise
sur l'épaisseur du mur et éclairée par une petite fenêtre t reliée. La
clef de voûle de cette chapelle offre une indication précieuse: c'est
un écusson aux armes de la famille de Vaudrey '-), qui prit pos-
session de la seigneurie dans la seconde moitié du xv'^ siècle. Au
reste, nous pourrions nous passer de cette date, car la forme de
la cheminée, les fenêtres à meneaux et angles chanfreinés, les ac-
colades qui surmontent les portes, tout concourt à indiquer nette-
ment le style de la lin du xv" siècle.
La corniche est formée d'un double rang tic corbeaux, qui ont
dû servir de mâchicoulis avant l'établissement de la toiture; d'élé-
gantes tourelles rondes formant échauguettes ornent les quatre
angles à la naissance du toit. Celui-ci est soutenu par une belle
charpente, en excellent état et bien combinée pour laisser beau-
coup d'espace aux greniers'-*'.
A l'angle de la façade Est du donjon conimence le rempart,
dans lequel s'ouvre la porte d'entrée du château. Elle consiste en
une arcade gothique, surmontée d'un écusson piqué; deux rainures
supérieures servaient à la manœuvre du pont-levis, qui venait s en-
castrer dans un encadrement réservé autour de l'ouverture; de
") La porte aclueile du dnnpn a été établie au xviii" siècle, lorsque le iossé
comblé permit d'élever un escalier extérieur. L'entrée primitive était dans la cour
intérieure.
'^) De gueules à deux emmanchures d'arge.it , une éloilc en ihej (brisure de la
branche cadette de Vaudrey).
'^> On y voit encore un vieux moulin à bras, monté sur \mc charpente, avec
des rouages de bois. Un inventairo d^' i7(i'i l'eslimail au prix dn lo livras. {Airh.
(Jii Jura . E. ■jo.)
— :viij —
cluiquc côtô un réduit percé d'une canonnière détiie l'avenue d'en-
trée. Au-dessus, un chemin de ronde, élargi intérieurement par
une {paierie de bois, conduisait du premier étage du donjon à une
lour (]iii défendait l'autre angle de la porte. L'enceinte se continue
sur les trois autres côtés par des courtines fortifiées de quatre tours
rondos et saillantes, dont les couronnements ont été lemplacés par
(les toils. Des embrasures (^^ en occupent le rez-de-chaussée, et les
('lages su|)<'rieurs sont garnis do meurtrières étroites. Il existe un
puits dans l'angle iNord-Ouesl, mais je le crois postérieur à la con-
struction du château, car les courtines semblent avoir été coupées
à cet endroit pour en permettre rétablissement.
Un grand bâtiment, orné dune élégante tourelle octogone sur
sa façade, est adossé au nord-ouest et au donjon; il contenait les
celliers et les granges. En face se trouvent les écuries et remises, en
partie contemporaines du rempart.
Le fossé n'existe plus; il a été nivelé et sert de chemin. Il for-
mait un ovale irrégulier, et sa cuvette était en partie taillée dans le
vif du roc. Autour de l'enceinte étaient des jardins et des vergers.
Dans la basse-cour du donjon, un passage voûté communiquait
avec le bourg fortifié appelé Porte-Joye, qui couvrait le reste de la
colline ^-\
O Un inventaire de ibSg signale, dans la basse-coin' du château : rr Trois
pièces de basterie fort petites de fonto, taxées 30 francs. Dans les appartements
se trouvaient les armes suivantes :
ffHuicts petites pièces de fert en forme de basions (arquebuses?) à croc, taxés
<) francs;
ff Trois basions à croc de matière de fonte, taxt's 26 francs;
«Une vieille altebarde à l'anticque, taxée 3 grammes;
ffCinq petites pièces de fonte en forme de mousquet à l'anticque, taxées 20 fr. ;
ffUne aultre plus grande, taxée 6 francs.»
(Archives du marquis de Froissard, à BersaiHin.)
(-' Un ancien acte décrit ainsi le château et ses dépendances : tr Premièrement
le chasleau du Pin consistant en une belle tour grande et spacieuse où il y a plu-
sieurs chambres et un bel escalier en visorbe; au joignant du costé de bize de
ladite tour sont des bastimens sous lesquels sont des caves et cuveries et gran-
geages et remises; ensuite une cour devant Icsdilz bastimens, les escniries du costé.
de bize de ladicte cour et sur le derrière, une place où il y a un puy, le tout entouré
de murailles et anciens fossés, une partie détruite en certains endroits; et au rnidy
de la grande Tour, est une cour qui estoit l'ancienne Basse-Cour dudict château,
où il y a une porte du costé du village du Pin.
f Touchant le tout du matin l'ancienne vigne du château, du soir le verger du
rtinloau. im rlinnin mlro deux qui seii seulement pour Indicl château , de
— 327 —
Tel ('tait Je château du Pin. Construit veis la fui du xv* siècle,
probable uienl après les de'sastres de notre première guerre contre
la France sous Louis XI, il a conservé Tordonnance gént^rale de la
forteresse à laquelle il succédait. Trop faible pour résister à une
attaque régulière, il'a vu passer les armées d'Henri IV, de Riche-
lieu, de Louis XIV, et c'est merveille qu'il soit resté debout au mi-
lieu de la ruine sysle'malique de tous les ouvrages militaires qui
couvraient la Franche-Comté au moment de la conquête française.
vent le cliemiii du Bourg et enirée de la Basse-Court, certaines masures et le
jardin dudict seigneur provenant du s"^ de la Chanée: et de bize une vigne dudict
seigneur. . . Dans laquelle enceinte il y avoil six lours, Tune apellée la grande
Tour dont on vient de parler, une autre apelée la tour de la grand Sale, une autre
dicte la tour du receveur, une autre apelée la tour des escuiries, laulre la (our
des prisons , et enfin l'autre tour apellée du colombier. . . »
Dénombrement des fonds dépendants de la terre et baronnie du Pin. 1773
( Ardi. du Jura, E. 70.)
i;OR]NEMEMATION
DU FOYER
DEPUIS L'ÉPOQUE DE LA UEISALSSANCEC^,
P\H M. LKON MAXK-WKRLY,
.Mpiiihti' lion n''si(l;iiit du (ioinito ;'i Har-lc-Diic.
PLAQUES 1)K FOVKH
AUX ARMES DES FAMILLES DU HARROIS.
La décoi'ation du foyer domestique oflre à ceux qui se livrent à
des travaux ge'néalogiques ou à Tétude de l'art héraldique, de
nombreux renseignements. Tout comme les sceaux, les pierres tu-
mulaires et les anciennes verrières de nos églises, les plaques de
foyer, considére'es dans leur ensemble, sont une mine précieuse
d'informations, dont les filons n'ont pas encore été exploités. Les
armoiries dont elles sont ornées fournissent d'utiles indications
sur les modifications survenues dans la représentation des armes
des familles, soit dans la forme de l'écu, du casque, de la cou-
ronne, du cimier, soit dans les supports et autres accessoires.
Forcé de limiter mes recherches à la région dont je m'occupe
tout particulièrement, je laisserai de côté les plaques aux armes
des familles étrangères à ma province; je me bornerai donc à
signaler les seules laques barroises rencontrées dans les anciennes
granges aux dîmes, les fermes, les anciens fiefs, les antiques de-
meures seigneuriales, les vieilles habitations où il m'a été permis
de pénétrer.
J'ai déjà réuni une riche collection de photographies, de dessins,
de rr(M|uis; l'avenir m'en procurera d'autres et je ne désespère
' \nii lliillrliii iirchpiil. (In doiiiili'. iH(fï), [). 'l.')K.
— 329 —
nullement, quand i\ m'aura e'té permis de ronlinuer mes re-
cherches dans ma re'gion, de rendre un jour plus complète la liste
des plaques aux armes des familles nohlesdu Barrois, dont j'aborde
aujourd'hui la description ('.
Avant de décrire les plaques appartenant aux familles nobles
du Barrois, je dois signaler les suivantes aux armes des dignitaires
de rarchevèche' de Trêves, des diocèses de Toul et de Verdun, du
clergé et des établissements religieux de la région; j'invite mes
lecteurs à me faire connaître les taques aux armoiries des abbayes,
couvents, prieurés, dont ils auraient connaissance, et à relever, à
mon intention, les chiffres ou emblèmes des diffe'rents ordres ou
communautés : prémontrés, antonistes, dominicains, franciscains,
minimes, etc., qu'ils pourraient découvrir.
Philippe Coristophe, archevêque de Trêves (iG2 3-i65'j). Ecus-
son aux armes de l'archevêque, accosté de la sainte Vierge et de
saint Pierre.
Philippl's Christophorl's D. g. archiep. trevir. prixceps
elect. episcopds spirensis. adîiinist. prdmien. pr. epc. ^^ eissenb.
Anno 1G23. Die 21 septemb.
( Ijigny-cn-B;irrois. )
"' Je reproduis les armoiries telles que je les rencontre sans y rien changer,
même quand je crois reconnaître une inexactitude provenant de l'inadvertance ou
de l'ignorance du mouleur. J'emprunte au Nobiliaire de Lorraine el Barrois du
clievalier de Villers, à Dom Pelletier, à Jean Cayon, au Journal de Gabriel le Mar-
lorat, la description des armes données aux familles dont je cite les noms, sans
prétendre aucunement en donner la lecture la plus satisfaisante. Il me suffit de
procurer un document de plus aux persoimes qui, versées dans l'étude de la science
héraldique, s'occupent tout particulièrement de l'histoire des familles et de leurs
blasons; elles relèveront facilement les erreurs produites soit dans la représentation
des écussons sur les plaques de foyer, soit dans la description que j'en donne
d'après les auteurs cités ci-dessus, tels que l'écusson de Fiorainville sans la bordure
engrêlée de gueules, celui de Maillet à trois émanches au lieu de quatre, la des-
cription des armoiries de Cachedenier de \assimont, qui sont celles de la lamille
de Combles : r Écartelé au premier d'or, au deuxième de gueules à une étoile d'or,
au troisième d'azur, au quatrième d'argent, à la croix de sinople brochant sur le
loul partagée d'un filet d'orn suivant le chevalier de Villers, quand dans Riestap
il esi dit : rrà la croix de sinople bordée de sable brochant sur le toutv; puis dans
le journal de (jabriei Le Marlorat : rd'une croix au niitan de nnople vei'l , croisée
d'une croix d'or au milieux.
330 —
HippoLYTK DE Bf.tiiuise. cvèquc de Verdun
(1681-1720), rd'arijont à la fasce de gueules 15
1681. (Musée de Bar.)
François Blouet de Camilly, e'vêque de Toui
(170/1-1721), cf d'azur au lion d'or armé et lam-
passé de gueules, au chef cousu du même chargé
d\in cœur d'or entre deux croissanls d'argent?).
Musée de Toul.)
SciPiON Jérôme BÉ(;on, évéque de Toul (1721-
i 753), r d'azur au chevron accompagné en chef de
deux roses et en pointe d'un lion, le toul d'om.
(Musée de Toul.)
Claude Drouas de Boussev, évèque de Toul
(175/1-1773), tf d'azur au chevron d'or, accom-
[lagné de trois fers de lance 2 el 1, an chef d'or,
chargé de trois molettes de sabler. (Collection
E. Pierre.)
LÉONMiD V\ M,Tiii\, iMdlonolaiic .•i|t(»slf)li(|U(', tif ;i Senon (Meuse)
.Ul)
'' \ oir I il il ici p lie M. |,c(Mi < iiiiiKiin , fliiiiH if's C.iiiiniiinirK liiriniil'niirijroiac.^
I. <illji|). -j'uy-^'o'A.
— 331
Jea.n-Françuis Savauv, chanoine de i'église H
doyen du Parlement de Melz, r'écartele' au i et au
'-1 dai-jOent à ia croix engrêlée de gueules».
"Au 2 et au 3, e'cartelé d'or et de sable au
liunbcl de gueules en chef brochant sur les deux
premiers (juarliers.
(Collection Ponsifirnon.)
,JK^ ^y 1 J. Lepage, cure' de Aant-le-Grand, mort en
Sur une plaque que possède M. (lliarov, ancien
hii \^ maire, on lit :
M. LEPAGE PRETRE ET CVRE DE NANT
LE G" MA FAICT FAIRE LAN 1676.
Au centre est un ecusson, entoure' de lambrequins, portant un
chevron accompagné de deux étoiles en chef et d'un cœur enflammé
en pointe, dont on m'a donné l'explication suivante : Mon cœur
enflammé monte vers le ciel.
Abbaye d'Évaux-en-Orxois. Ecusson surmonté
d'une couronne de France fermée, accosté d'une
mitre et d'une crosse rfdazur semé de fleurs de
lis, à la bande de... chargée de trois roses =
17877..
Abbaye de Sainte-Marie Majeure de Pont-à-Mousso.v.
Taque encore en place dans la cuisine, voûtée en plein cintre,
avec arceaux reposant sur des colonnes, de la demeure des anciens
maîtres de forge de (>ousances.
— 332
4. 4. 4*
fflVli-parlie de gueule à Irois bar-
beaux d'arjjent; au 9 de gueule,
semé d'étoiles d'argent; à la fasce
d'or cliargée de trois croix pattées
d'argent; à la pointe de sinople,
à la merlelte d'argent; et pour
timbre, une mitre posée de front
à sénestre , la crosse en pal tournée
en debors, derrière l'f'cu à dexlre'''.^
Ces armoiries sont dc'crites différemment par M. Beaupré : ff Ecu
tiercé en l'ace, au 1 d'azur semé d'étoiles d'argent; au 2 d'or à
trois croix d'argent; au 3 de sino])le au faucon essorant d'argent.
Parti d'azur à trois barbeaux d'argent posés deux et un, le 2 con-
tourné ('■^'.ri
Les Luxembourg, princes souverains du conjté de Ligny-en-Bar-
rois.
'* Victor (le Civrv, Lps nnncH hirranws, Saiiilp-Mnric-au.i-ltois. Najiry, 18^16,
p. 86.
'' Mciiiotien fie 1(1 Sficirir d'arilirolojne lannuic, iHfi'y, p. 189.
wi" siÈcLK. Plaqiu' à fronton triangulairo offrant deux écussons
couronnés, mi-partie Luxembourg et Savoie, entoure's de lacs; dans
le champ, des fleurs de lis en fers de lance; au bas, des mono-
grammes Ibrme's des lettres A. M. : Antoine de Luxembourg et Mar-
guerite de Savoie.
(Musée deTroyes, ii" BçjS.)
xv!*" SIÈCLE. Plaque de grande dimension, présentant au centre
l'empreinte, d'une plaque plus petite, aux noms et aux armes de
Jean de Luxembourg.
(Musée de Bar, n" i i/ii; cl. HaUplin nrch. du (Jomitti,
i8().^),p. /i88.)
wii'' SIÈCLE. Ecusson aux armes d(! Luxembourg
'rau lion rampant, la queue fourchée et passée en
sa u toi n: sans lesburelles, qui n'apparaissent point
non plus sur les plaques précédentes.
(Menaucourt.)
xvii^ SIÈCLE. Ecusson aux armes de François-Henri de Montmo-
rency-Luxembourg, maréchal de France (1661-169.5), surmonté
d'une couronne ayant pour cimier une Mélusine sortant à mi-corps
de sa cuve. — 1699.
(Ligny, ancienne maison canoniale.)
\à0:
'4-;^-
\
i
^;4
f i
'Mé
m
.iiiiijii
4W
1^:4-
ul J,
'i^^
xvii" SIÈCLE. Armoiries de Pierre-Henri Thibault
de Montmorency-Luxembourg, abbé de Saint-
Mihiel, grand maître de l'Ordre du Saint-Esprit
de Montpellier. — 1690.
(Château de Guerpont. )
Les Nettancourt, très ancienne maison originaire de Cham
pagne.
xvii" SIÈCLK. Grande plaque failc de (juatre panneaux de mém
— XW —
(liuien>ioii; sur le- tlciix du haut, aux aiinoirio> de Ncllaiicouil el
(le Saiul-Blaisc. on lit riiihcription :
CLAVDE DE NETTANCOVRT
ET CATHERINE DE S' BLAISE MONT FAICT
FAIRE LAN 1639.
Les Nettancoiirt jxirtaicnt «do
guoulcs au chevron* d'om; les
Saiiit-Blaisp r- d'azur au pied d'ar-
gent •n.
'Cliâtoou de Nodaiicoui't.
La dalc it'it est cellede le
xvm' SIÈCLE. Ècussons aecoiés
de Joseph de \ettanrourt, sei-
<>neur de Fains et de Anne Ma-
<f()l, issue d'une ancienne famille
bourgeoise de Bar'" qui portait
'rd'or à nne lasce de gueules ac-
compagnée de trois têtes de nègre,
denx en chef et une en pointer.
ur niai'iacre, célèbre'
luyi
le l 'y juin.
( Variipy. )
I>es Stvinvillk, très noble et très anli(pje maison oi-iginaire du
Barrois.dont les armes étaient frd'orà la croix ancrée de gueules 'i.
xviT siÈcLi:. Grande plaque de fabrication
barroise, oflrant au centre lécussou des Stain-
ville supporte' par deux grillons et dans les
(juatre angles un monogramme lait des lettres
VA entrelacées.
( Vassincourt.)
'•' Au wii' Mi'-cle, If coriimerfo, très florissatil à Bar, avait fait la fortune (in
t|uanlilf'' fie m'^jocianls '-marchands publics très riclifs "t piiis';anlsn. Rof[éville.
Dintioiinmic fies ordonna nrex, 1. 1", p. '>9G.
H3r) —
wiii'' siKCLK. Sous une coii-
ronue de duc, les écussons accolés
de François de (llioiseiil, marquis
do Slainvilic, cl de Louise de Bas-
sompierre, son (;pouse, puis la
date 1717.
Les Bassonipiorrc portaient
ff d'argent à trois chevrons de
gueules 11. En considération du mariage de Louise de Bassom-
pierre, fille d'honneur de la duchesse de Lorraine, Léopold avait
cédé, le 20 octobre 1717, à Joseph-François, tous ses droits sur
la terre de Stainville.
((Jollection Kmilc-PieiTC de Honclelaincourt.)
Les BvuFFi'.EMONT, Ifès ancienne et très illustre maison.
xvi" SIÈCLE. Giand (îcusson sans date, ni
ornements, aux armes de celte lamille, qui
étaient :-contrevairées d'or et de gueules w.
(Hôte! de î^aulTremonf à Paris.")
Les Dessales, famille originaire de Béarn, établie en Lorraine,
au temps de Bené IL [)ortaient -d'argent à la tour d'azur donjon-
née desabie, maçonnée d'ai'gent et terrassée de sinoplen. et avaient
pour devise rda tour du Seigneur est ma forteresse':.
wiii" SIÈCLE. Plaque aux armes
de Fi-ançois des Salles de Borté,
marquis de Buignéviile, accolées
à celles de Catherine de Ficquel-
mont, dame de Mars -la -Tour,
"d'or à trois pals abaissés au pied
fiché de gueules surmontés d'un
loup passant de sable n et la date
171G.
(Mnsôo de Bar.)
WM] —
Le modMf de ci'llc plaqiio a été utilisé pour la rcpioducliou de
taquos de plus i;randes dimensions aux initiales FB-MH. ly^G,
l'll-.\l». 171(1; DI'-CC. 177.3.
Plaque aux armes accolées d'Alexandre -Louis
des Salles, comte, baron de Rorté, seijpieur de
Bertliéleville, et de Marie-Louise de Beauvau (|ui
portait ff d'argent à quatre lionceaux de gueules;
armés, lampassés et couronnés d'or^?.
Ce modèle a également servi pour d'autres
plaques aux initiales FT-FIL 1 7/18; CF-MM. 1755.
J'ai inutilement cherché à découvrir les noms des personnes
qui firent l'ondre ces dernières plaques, sans doute au fourneau de
la Vieille-Forge établie sur femplacement du moulin de Hay, près
Gondrecourt, avec les matériaux des portes et d'une tour de cette
ville, que le duc Léopold donna, le -y.o avril 1709, à Louis, comte
Des Salles.
Les DucuÀTELKT, seigneurs deCirey, de Loisey, de Pierrefitle, de
Sorcv, etc., anciens souverains de Vauvillers.
x\f SIÈCLE. Grande phujue de haut style, aux
armes de celle maison, ([ui étaient rd'or à la
bande de gueules chargée de trois fleurs de lii-
d'argent 11.
(Collc'ctioiis (Ircau et Cii. Royer de Cirey.)
Les Du Hautov, famille originaire du Luxembourg, devenue, au
XVI* siècle, propriétaire de la seigneurie de Nubecourt.
Grau(l(! [)l;t(pie aux armes des Du llautoy,
qui étaient tf d'argent au lion de gueules, la
(jiKuie lourchée et [)assée en sautoir, armé, lam-
passé et couronné d'om, accolées à celles de
h'rancoise de Touineboulle, fille de Jean Phi-
lippe, seigneur d<î iiussy, et de .leanne de Met-
lancoiirl, lesquelles étaient k d'argent à trois
^ 337 -^
rencontres de vache de sable, deux et unn. Au-dessus, se lit l'in-
scription en trois lignes :
FEDRIC NICOLAS HYACINTHE DU HAUTOY
CHEVALLIER
SEIGNEUR DE NUBECOVRT
ET FRAMSOISE DE TVRNEBVLE
SON EPOUSE MON FAIT FAIRE LAN 16H7 M M M
Les Rarégourt de la Vallée-Pjmodan, très ancienne famille du
pays d'Argonne, originaire du bailliage de Vitry-en-Perthois.
XVII® SIÈCLE. Plaque aux armes de Christophe
(de Rarécourt) de la Valle'e, évêque et comte de
Toul, prince du Saint -Empire, mort en 1607,
aux armes des Rarécourt, qui étaient rr d'argent à
cinq annelels de gueules mis en sautoir, accom-
pagnés de quatre mouchetures d'hermines w,
(Châtpaii de Vraincourt. )
Plaque aux armes de Charles Hervé (de Rarécourt), de la Valle'e
Pimodan, comte des Chenets (d'Échenay), baron de Montreuil,
Bois-le-Comte, etc., ne' le li lévrier 1671. Grand bailli d'épée des
villes et pays de Toul. Mêmes armoiries.
(Ancien hôtel de Fimodaa à Toul.)
xviii'' SIÈCLE. Plaque aux armes de Charles-Joseph (de Raré-
court) de la Vallée-Pimodan, comte des Chenets et de Pimodan,
baron de Montreuil, Bois-le-Comte, etc., ne' le 18 octobre 170'j,
lieutenant général, grand bailli d'épée des ville et pays de Toul.
Mêmes armoiries avec la devise : POTIVS MORI QVAM FOE-
DARI, et la date 1786.
(Hôtel do Pimodan à Paris; Musée de Nancy.)
Les Florainville, très ancienne famille du Barrois, originaire
du Luxembourg, qui possédait la seigneurie de Fains et avait pour
armoiries rr d'argent à trois bandes d'azur au lion rampant bro-
chant sur le tout"»'.
AnciiÉoLOGiE. a 2
— 388 —
XVI" SIÈCLE. Plaque à l'éoii en losange aux
aruies de Jeanne de Florainville, surmonté d'une
crosse et acconipajpK' de rinsciiplion en deux
lignes : lANNE DE FLORENVILLE-ABECE
DE SANLESAVL pour SAINT HOVL (Saint-
lloilde).
Au haut de celte plaque, dans les cartouches
placés à gauche et à droite, on lit : DE COV-
SANCE DE IVLET ii)83.
Selon Doui Calmet, Jeanne de Florainville aurait été élue en
1590.
(Musée de Bar.)
it^puaj
Les d'Aprkmont aux Merlettes, seigneurs de
Marcheville, de Vatronville, quoique d'origine
ancienne, n'appartenaient pas à la famille d A-
premont du bailliage de Saint-Mihiel; ils avaient
pour armoiries rrde sable au chef d'argent, paré
de trois corbins ou corbeaux de gueules, membres
et becqués de sable ou d'azun\
Grande plaque à l'écusson des d'Apremont. chargé d'un casque
ayant [)Our cimier une inerlelte. Dans le haut, la date 1718.
(Ancerville.)
Les Savigny-Lavmont, maison très ancienne,
<|ui portait trde gueules à trois lions rampants d'or,
deux en chef et un en pointe n. De cette famille
sont sortis Warin de Savigny, seigneur de Lai-
mont, de (ihardogue, de Naix, de Sainl-Amand
et de Bonnet, gouverneur de Bar, dès l'année
iB-yB, et François, bailli et gouverneur de Cler-
mont en tG39, lieutenant général des troupes
lorraines de (Charles IV.
C'est sans doute à l'un de ces personnages ([u'il convient d'attri-
buer la plaque aux armes des Savigny (jui m'est signalée au n" 25
de la Rue des Ducs-de-Bar.
— 339 —
Viennent ensuite les plaques aux armes des familles barroises :
Drouyn, dit DK RouYx, originaire de Bourgogne, reconnu noble
le 19 septembre iBSg, en la personne de Jacques Drouyn, avocat
fiscal à Bar, auditeur en la Chambre des comptes.
Grande plaque, à la croix de Lorraine hausse'e sur un globe,
accostée de deux pentalpha ou sceaux de Salomon, dont l'emploi
se rencontre fre'quemment sur les plaques barroises du xvi* siècle.
A gauche, un e'cusson aux armes des Rouyn qui étaient rr tiercé en
fasce, le chef de gueules chargé
d'une jambe humaine d'argent, la
fasce d'or chargée de trois chevrons
d'azur et la pointe d'argent à la
bande de gueules chargée de trois
besants d'or^n
A droite, un autre écusson lo-
sange aux armes des Boudet, qui
étaient 'fde gueules à la fasce dentelée d'or accompagnée de trois
étoiles de même, deux et une 17.
Louise Boudet, fille de René Boudet, président de la Chambre
des comptes, avait épousé Jacques de Rouyn (^'.
(Rue des Ducs-de-Bar, n" 53, maison Forget. )
Michel Bouvet, dit le Jeune, d'une famille établie à Bar, au
xv' siècle, et anoblie par le duc René en iSoi^^', avait quitté son
pays natal pour s'établir en Lorraine, où il devint secrétaire
d'Etat et président de la Chambre des comptes.
ïaque aux armes accolées de Michel Bouvet qui étaient r d'azur
au bœuf passant d'or à trois étoiles de même en chef 17 et d'Agnès
de Beaufort, sa femme, qui portait rr d'azur au léopard de gueules ii ;
au-dessous, la date i6oi.
(Musée de Nancy, n° loia.)
''^ Dans son Armoriai des écuijers de Bar, M. L. Germain décrit ainsi les armes
des Rouyn : tr coupé tiercé au premier de gueules à une gerbe d'argent, au deuxième
de mesme, à trois chevrous d'azur au (roisièmew.
'^' Sur une épitaphe placée dans l'église Saint-Maxe, il était dit que AHcliel
Bouvet était issu des anciens comtes de Bouvel d'Asl, en Piémont.
— 3-'i0 -^
PouPART (Jean), conseillei' on la Chambre des comptes de Bar,
reçu le a/i janvier 1628, apparicnail à une famille nol)lo hvs au-
ci(>nno, reconnue comme telle dès le milieu du \\f siècle, tein[)S
auijuel vivait François Pouparl, demeurant à Bar, rr lequel avait en
tous actes aullienti(|ues a|»rèsjus(|u'à sa mori, arrivée en i55(), les
qualités attribue'es à la noblesses (Cli. do. Villers).
s..'illei
iGb3.
Ecusson aux armes des Poupart, qui portaient
r: d'azur à trois grelots d'or, deux et un^i, sur une
plaque de la maison des Sœurs de Saint-Charles,
place Saint-lMerre.
Caghedemrr de V.vssimont, qui, par suite de let-
tres de reprise maternelle obtenues en 1682, avait
pour armoiries celles de la maison de Combles,
trécartele' au 1 d'or, au 2 de gueules à une e'toile
d'or, au 3 d'azur et au U d'argent, à la croix de
sinople brochant sur le tout, partagée d'un filet
d'orr).
Taque aux armes d'Abraham François, con-
auditciii- en la Chambre des couiples de Bar, dès l'année
(Collection Ponsignon.)
Fleury, Camille originaire du comté
de T^iguy, anoblie en laaS, en la
personne de Simonet Fleury, rece-
veur des domaines du comté de
Ligny; noblesse reprise par Didier
Fleury de Ligny, en 160G; par
Charles Massu ou Massier de Ligny,
conseiller secrétaire du duc, en
1G27; puis, par Jacques Cuny, lieutenant de la prévôté de Ligny,
en 1699. Tous trois portaient rrd'azur à une étoile d'or, mise en
cœur, entre trois croix au pied fiché de mêmew.
Pla(jue offrant sous une couionne de comte deux écus accolés,
l'un aux armes des Fleury, l'autre «de , au chevron d ,
u\
accompagné de trois oiseaux (?) de. ,
déterminer le nom de cette famille (').
". Diite i';/i5. Je ne puis
(Grand, V^os|Tes.)
LA'^lBERT i)K liAf.LYHiER, famille d'oiigine irlan-
d lise, reconnue noble en la personne de Gilbert
Lambert, aïeul de Jean Adam Lambert, receveur
de l'Hôtel de Ville de Ligny, maintenu et réhabi-
lité dans sa noblesse, le ih mai 1769.
Plaque offrant sous une couronne de comte les
a.moiries des Lambert, qui portaient «d'argent
à la bande de gueules chargée de trois annelets
d'or, accompagnée de deux lions de sable armés et lampassés de
(Menaucourt.)
gueules V
Ces armoiries étaient également celles des fils de Jeanne Lambert,
dont l'un, François Erigeât, était receveur des finances à Ligny, et
l'autre, Jean, directeur de la poste aux lettres dans la même ville.
MoNTARLOT, famille originaire de Champagne,
établie dans le Barrois, vers le milieu du xyi*" siè-
cle, et qui avait pour armoiries ff d'argent à trois
fascesde gueules surmontées d'un croissant d'orTî.
(Ancienne maison de Mengeol, place de la
Fontaine.)
Le dernier descendant mâle de cette famille était Alexandre de
Aiontariot, époux d'Anne CoUiquet.
Trêves, famille d'origine peut-être angevine,
anoblie le i/i octobre 1609, en la personne de
Pierre de Tryeves, tailleur et valet de chambre
de son altesse le duc Antoine, qui lui donna pour
armoiries "d'argent au triangle de gueules accom-
pagné de trois croissants montant d'azur, deux et
unv.
"' Al xvm' siècle-, il n'est point rare de rencontrer sur les laques de loyer des
couronnas de comio. de marquis, de duc, furmontanl ks armoiries des nou-
veaux anoblis.
— 342 —
Plaque île petite dimension aux armes de Gilles de Trêves, fils
de Pienv de Trêves, doyen de la collégiale de Saint-Maxe, fonda-
teur du vieux collège de Bar, en ib'jh.
(Ancien collège.)
Bf.urces, ancienne famille du Barrois, anoblie
en ikijh, en la personne de Jean Beurges, clerc
d'office de Thôlel du roi René', qui reçut pour ar-
moiries r d'azur au chevron d'or accompagné de
deux co([uilles d'argent en chef et d'un cygne de
même en pointe tenant en son bec une vipère de
sable-".
Plaque aux écussons accolés de Gaspard de
Beurges, seigneur de Remicourt, et de Marie de Trêves, sœur de
Gilles de Trêves, doyen de Saint-Maxe. J'en ai relevé le dessin, il
y a (|uelques années, à Brabant-le-Roi, dans la maison Bonhomme,
aujourd'hui détruite par un incendie.
L'Église, l'amiHe barroise, dont la noblesse était
réputée ancienne dès le xv" siècle, au temps où
Jean de TEglisn, procureur général de Lorraine,
vint s'allier, en la ville de Bar, avec la lille de
Pierresson Bruslé, premier président delà Chambre
des comptes.
Grande plaque portant au centre un écusson
'd'azur aune église d'argent maçonnée de sable w,
provenant de la maison Forget, n" (î^, rue des Ducs-de-Bar.
(Musée lie Bar.)
zff^ifp:^
^ U
La Cour, famille d'origine messine, qui portait
rf d'argent à la fleur de lis de gueules accostée à
dcxtre d'une étoile d'azui', à séiicstrc d'un crois-
sant de même, le tout surmonté d'un lambel à
trois pendants de gueules w.
Plaque aux armes de cette famille et la date
(dlii'itcau (le iMcMitliéron.)
— 3Zi3
RoDoiJAN, l'amille originaire de Fains, anoblie en i/i65, en la
personne de Jean Rodouan, clerc jure' de la gruerie de Bar.
Plaque d'un fort relief, offrant, sous un casque
à cimier el dans un entourage de lambrequins,
un e'cusson penché mi-parti Radouan, qui est rrde
gueules chape d'or à deux quintefeuilles percées
de sable en chefn, et de Jacquemot, qui portait
fcde gueules à une voile de navire d'argent sur-
montée de deux étoiles d'oi"».
Les filles de François Jacquemot, avocat à Bar,
ayant été mariées l'une avec Simon Rodouan de Blécourt, l'autre
avec Jérôme Rodouan, son beau-frère, il est bien difficile de dé-
terminer auquel des Rodouan peut être accordée cette plaque de
haut style, d'une exécution fort remarquable.
(Coileclion Maronnier.)
Les armoiries des Rodouan se voient encore sur la corniche de
la maison Forget, rue des Ducs-de-Bar, 67; Dom Pelletier les dé-
crit ainsi : rrd'or à une pointe de gueules, accompagnée en chef de
deux quintefeuilles de sabler. Dans le Journal de Gabriel le M ar-
lorat, elles sont indiquées «d'or, à une pointe de gueule et aux
deux chefs, deux quintefeuilles de sable ou d'or^^ (n" 65).
Maillet, famille barroise, anoblie en i5i2, en la personne de
Jean Maillet, dit de Neuville, sommelier en chef d'échansonnerie du
duc Antoine.
xvf SIÈCLE. Grande plaque aux écussons accolés
de Jean Maillet, receveur général des domaines
du Barrois, rr d'azur au chevron d'or, au chef de
gueules, chargé de quatre émanches d'orr, et
de sa femme, Marie Psaulme, sœur de Nicolas
Psaulme, évêque de Verdun, qui portait tt d'azur
à la fasce d'argent, accompagnée de deux étoiles
en chef et d'une gerbe de même en pointe 'i.
(Maison Forgel, 67, rue des Dacs-de-Bar.)
xvif SIÈCLE. Fragment d'une grande plaque offrant au centre
les armoiries de Lorraine, accostées h gauche d'un écusson aux
— 3/iA —
armes de Jean Maillet, président de la Chambre des comptes de
Bar (i6-.M-iG36). et de la lettre initiale M.
(Musée de Bar.)
(irande plaque aux armes de Jean Maillet le
Jeune, président de la Chambre des comptes, et
de son épouse, Marguerite de Mangeot, qui por-
tail cr d'azur à un chevron d'or, accompagné de
deux étoiles de même et d'un croissant en pointe».
(Viliollo-devaiil-Louppy, ancienne demeure de la
famille Maillet, aujourd'hui à M. de I/Escalo.)
BussY, famille originaire de Champagne, re-
connue noble en 1668, en la personne de Fran-
çois Antoine, seigneur de la Villeneuve, qui reçut
pour armoiries rrd'orà trois écrevissesde gueules tî.
Plaque aux armes de Pierre Antoine, lieute-
nant général de louveterie en la gruerie de Bar,
offrant, sous une couronne de duc, un écusson
aux armes des Bussy, ayant deux chiens pour
supports; au bas de Técusson est suspendue une croix de Saint-
Louis.
(Briiion.)
Oriot, famille d'origine barroise, anoblie dès
Tannée 1601, en la personne de Nicolas Oriot,
conseiller, maître-auditeur des comptes à Bar,
docteur en droit, et qui reçut pour armoiries «de
gueules à trois croissants montant d'or, deux et
unri.
Son fils, François Oriot, lui succéda dans sa
charge en 1611.
Écusson aux armes de cette famille, sur une plaque de la maison
des sœurs de Saint-Charles.
(Place Saitil-Picrre. )
— 345
Lespron, famille originaire de Champagne,
anoblie en 1710, par le roi d'Espagne, en la
personne de Jean-Baptiste Lespron, directeur du
Bureau des postes aux lettres de Bar, qui reçut
pour armoiries tr d'azur, au chevron d'or, accom-
pagné de trois molettes d'éperon d'argent, deux
en chef et une en pointei^.
De son mariage avec Catherine Deffaumont, il
eut deux flls, Jean-Baptiste de Lespron, directeur dudit bureau,
marié à Madeleine Vyart, et Charles de Lespron de la Palize.
Taque à ces armes et la date 1677.
(Brillon et Tronville.)
Lescamoussier, famille qui tenait sa noblesse
des lettres de reprise maternelle obtenues, en
l'année 1621, par Jacques Lescamoussier, fils de
Catherine Guyot, d'extraction noble.
Ecnsson aux armes des Lescamoussier-Guyot,
qui portaient rrde gueules à un croissant d'argent
surmonté d'une étoile à cinq raies w, sur une
plaque de la maison des sœurs de Saint-Charles.
( Place Saint-Pierre. )
Vassart, famille d'origine barroise, anoblie le
17 avril 162Ù, en la personne de Nicolas Vas-
sart, avocat à Bar, gendre de Jean Levrechon,
médecin du duc Henri II.
Une plaque de la collection Ponsignon porte
au centre les armoiries de cette famille, qui sont
ffde gueules à un chevron d'or, accompagné de
trois fleurs de lis d'argent, deux en chef et une
en pointe??. Au bas, entre deux VV, la date 1626.
Nicolas de Vassart est l'auteur d'un petit livre de morale com-
posé en français pour l'instruction de ses enfants, imprimé en
162/1, avec ce titre latin, Ethica Vassartina, où l'on voit en tête
son portrait gravé par M. Lasne.
— :\/i6
M ASSENBACH, seigneur d'Oiirches.
Pla(jiie offrant deux e'cu.ssons ac-
cole's , Tun t: de à deux fasces
de •", lautre « de à une
colombe •-.
Au-dessus, les initiales N.D.M.
(1710) FDH qui sont celles des
noms de Nicolas de Massenbach,
seigneur d'Ourclies en 1700, et de Françoise de Helmstal, sou
épouse, ainsi que le prouve un document conserve aux Archives
nationales, série Q, carton 750'').
Vallée (Claude).
Anobli le 7 janvier 1579, })ortait trd'azur à la
fasce d'or accompagnée en cbef de (rois lionceaux
de même et de trois bandes ondées d'or en
pointer.
La Chambre des comptes entérina les lettres
patentes le 98 décembre 157G, sous finance de
1.000 francs'-'.
M. Bounabelle, dans ses Notes sur Sorheij, rap-
j)orle que l'on voit dans la cuisine du château
une plaque aux armes de la famille de La Fon-
tayne, ffd'or à deux bourdous d'azur en sautoir,
sommés d'une coquille de gueules (•''t?.
Louis de la Fontayne, seigneur de Sorbey,
bailli de l'évêché et comté de Verdun, mourut en
1669.
Nous citerons (;nfin les pla(|ues suivantes, dont les armoiries
sont décrites diversement par les auteurs (]ue iu)us avons consultés.
''* Le Musée do Bai' possi'dc le marine fiini-rniio de AI. do Massembacli et do
F. d'Helmstall.
'■^' En t5a7, traiiî^uclion outre IIussoii, aiji»' de llaiilo-Seille, seigneur deLezey,
Claude de Valhey, seigneur voué audit Lezey, les habitants et .Marin Hannomann,
aldié de Salivai, colluteur, curé dudit LoZ''y, ot Claude lloslonant do Morvillo, curé
audit lien. (Lr'|)a/je, Cotmtmnon de la Meurtltc , t. I'', p. r)88.)
''' Diflior Bicliior, Livre de la resorclic et du recueil des noblen de» durhéx de Lor-
raine el de liar. jinldié par M. W. dos (iodins <lo Sonliosmes, iHg'i.
ZM
A Jouy-sous-les-Côtes, canton de Commorcy, M. Du mont signale
une grande plaque aux armes de la famille de Saint-Vincent unies à
celles des Goummj.
En 162G, Jacques de Saint-
Vincent et Philibert, son frère,
baron de Narcy, font vérifier
leurs dénombrements à la Cour
des comptes de Bar. Les armes
de cette maison d'ancienne che-
valerie étaient rrd'or au taureau
de gueules, au canton sénestre
d'argent chargé d'une croix palte'e de gueules, e'cartelé d'or à une
cloche bataillée de gueules -fl, suivant Dom Pelletier.
Selon d'autres auteurs, ffd'or aux bœufs effarés de gueules, à
queue fourchue, au franc eau Ion dexlre d'azur, à une croix po-
tencée d'or, e'carlele'e aux 2 et 3, d'or aux beffrois de gueules ba-
tailles d'or'''. Riestap les décrit ainsi : ftécartelé au 1 et au h d'or
an bœuf passant de gueules clarine' de même, au canton sénestre
chargé d'une croix potencée et alésée d'or; au 9 et 3 d'azur à une
cloche de gueules n.
Je reproduis les armoiries telles cjue les donne Jean Cayon.
Quant aux Gournay, très illustre maison d'origine messine, ils
portaient rde gueules à trois (ours d'argent, maçonnées de sable
mises en bander?, selon les uns; rrde gueules à trois tours d'or, ma-
çonnées de sable, rangées en bande 1^, selon Riestap.
Une plaque de la collection de M. le docteur
Coliez, de Longwy, offre sui' un listel l'inscription
CHARLES ET NICOLAS DE SAINCT-BAVS-
SAN, avec la date 1669 dans le champ, puis au-
dessous les armoiries de cette ancienne famille
du bailliage de Saint-Mihiel, décrites ainsi par
Husson l'Ecossais etDom Pelletier : k tiercé en pal,
au 1 de sable à trois besans d'or, 2-1; au 9
d'argent à trois bandes de gueules; au 3 d'azur à trois hermines
d'argent w.
Riestap les indique ainsi, en les renversant : rr Tiercé en pal, au
1 d'azur à (rois mouchetures d'hermines de sable rangées en pal;
— 3/i8 —
au fî de gueules à trois bandes d'argent; au 3 d'azur à trois anne-
lets d'or. ^
Ni Tune ni l'autre de ces deux descriptions ne sont d'accord
avec les armoiries reproduites sur la plaque de M. le docteur Cioliez.
Les plaijues de foyer offrent rarenKMit Tindication du lieu de
leur fabrication et plus rarement encore le nom du propriétaire du
fourneau où elles ont été' fondues. Cependant, (juelques contre-
cœurs rencontrés dans la région ])ortent les inscriptions ;
ORVAL (ancienne abbaye).
A LONGVION (17^ M.
FAIT A CHAVUANCY (i77i,Cbauvency-Saint-Hubert).
COVSANCE (aujourd'hui Cousances-aux-Forges),
grands centres de production, auxquels viennent s'adjoindre les
noms d'autres grands fourneaux que font connaître les archives.
Sur quelques taques sont parfois inscrits les noms des établisse-
ments auquels elles étaient destinées :
HOTEL DE VILLE DE LONGWY (17/12).
POUR LES CASERNES DE LONGWY (1817).
CASERNES DE VERDVN.
AV CHATEAV DE PLANCY,
puis les noms ou armoiries des villes pour lesquelles elles avaient
été faites.
VINCENNES.
Ecusson de Marville, mi-parti Bar et Luxembourg.
Cliaidon nanci'ion.
Armoiries du cliapitre de Keims.
Le dépouillement des comptes des bâtiments royaux et des ar-
chives du BaiTois m'a permis de dresser une première liste des
maîtres de forces dont les usines produisaient des contre-cœurs aux
K\f et xvif siècles :
Nicolas Clergé, de Saint-Dizier (iSoq).
Claude Vasse' (i5G-y).
Prévost et Picard (1669).
Duval (1669).
Jean Tessier (1G71).
De Suzemont, maître de forges en Champagne (1687).
Boileau(i683).
Blondet(i668).
Noiret (1673).
Laisné (1671).
Vallée (167^).
Bocquet (1G81).
Le Maire (168^).
Mes recherches chez les collectionneurs et les marchands de
matériaux de démolitions m'ont procuré les noms suivants de
maîtres de forges ou de propriétaires d'immeubles pour lesquels
ces plaques avaient été fondues :
P. VAVLTRIN (1G0-2), Toul.
VALLE(iG78), Carnavalet.
T. DELVIENNE, Heilfz-le-Maurupl.
JEAN PETIT, collection Pellier.
M-MAVRE-C-LE ROY, colle 'lion E. Peyre.
CLAVDE-V"-M''-DE p-D-V (1 709), collection Ponsignon.
D^^-A-C-HVSSON-MA^= DE- FORGE-DE- VILRY (1G88),
collection Coliez.
(Villerup!, près Longwy, Aleurllie-ot-MosclIo.)
PHILIPS - SORG • HVTTENMEISTER - ZV • WELMINSTER,
collection Ponsi ;non.
(Wolmùaster, près Bilche, Alsace-Lorraine.)
— 350 —
Dans les Mémoires de Jean Mailjert , l)ourgoois de Reims, M. Ja-
(lart rapporte (]uo ce personnajj^e avait fait faire une plaque à son
nom lEAN MAILFERT, itiôi.
MONOGRAMMES.
Je sijj-nale les monogrammes et groupes de lettres initiales re-
levés sur dilliM-ents contre-cœurs; peut-être sera-t-il permis de les
e\pli(|uer.
N D L (i(ii3), musée de Troyes, n" 778.
N G PLVS PENCER QVE DIRE, musée de Troyes, n° 779.
D C , musée de Bar.
A V, collection Peltier, de Toul.
R C M. (i658), collection Peltier, de Toul.
R C M. Aux quatre coins, puis C M au centre dans une cou-
lonne, musée de Bar.
D R - E R (i58i),Toul.
A R — F R (1G08), muse'e de Bar.
LETTRES INITIALES.
C B, musée Carnavalet.
E D. musée de Troyes, n° 798.
F A, village de Rupt.
L B. (iG3o), collection de Rivières.
N C. collection Peltier.
IV — PC. village de Rosnes.
H DV C. (xv!*" siècle), musée de Bar.
Les giou])es suivants relevés au village de Bonnet (Meuse), sur
des taques dont la partie centrale est la reproduction d'une plaque
aux armes de la famille Dessalles, offrent, à n'en pas douter, les
initiales des personnes qui les avaient commandées, peut-être à
l'époque de leur mariage :
FB — 1730 — MH
— 351 —
Florentin Bertrand, e'cuyer, seigneur en partie de Bonnet et de
Tourailles, époux de Marguerite Hannel de Ligny.
PH — 1716 — AP DF — 1773 — ce
CF — 1755 — MM FT — 1758 — FR
N'ayant point le relevé de tous les actes de mariage inscrits sur
les registres de la paroisse de Bonnet, au xviii" siècle, je n'ai pu de'-
couvrir à quels personnages dos familles nobles ou aise'es de ce vil-
lage pouvaient appartenir les quatre plaques ci-dessus.
Précédemment, nous avons donné l'explication des initiales (jui
se voient sur les contre-cœurs de grandeurs différentes encore en
place dans les cheminées du château d'Ourches :
N-D-M — 1710 — F-D-H,
Nicolas de Massembach et Françoise de Helmstat.
On nous fait connaître les suivantes FDM, qui se remarquent sur
une plaque du château d'Etufs (Haute- Marne), provenant de l'ab-
baye de Longuay, dont François Dauvet, seigneur de Marelz, était
abbé en 1618.
Je ne puis préciser la date à laquelle commença dans les forges
et fourneaux du Barrois la fabrication des nombreuses plaques que
l'on rencontre dans toute cette région , où l'industrie métallurgique
était déjà très florissante antérieurement au xiii'' siècle. Les masses
de scories vitrifiées rencontrées en divers cantons de son territoire
sont une preuve qu'à une époque très reculée beaucoup de four-
neaux à travailler le fer avaient été établis dans les vallées de
l'Ornain, de la Saulx et de la Cousance ; les noms des lieux-dits
conservés sur le cadastre, qui se trouvent être d'accord avec la com-
position géologique du sud du Barrois, révèlent, les uns l'existence
de mines de fer'^', d'autres l'emplacement d'anciennes forges pour
les exploiter. Enfin, les archives fournissent de précieux renseigne-
ments sur l'antiquité et l'importance des forges à fer et des minières
de la région, ainsi que sur les diverses autorisations données parle
Domaine pour l'exploitation des bois nécessaires à l'alimentation de
ces nombreuses usines.
En 1 188, Simon de Broyés, seigneur de Commercy, donne aux
'' Dans la donalioii de la forge de Vassy à l'abbaye des Trois-Fontaines, en
1171, par Henri, comte de Champagne, il est dit : trCum integro ciini usagio suo
tam in iiemore quam in minea sua.?'
— 352 —
moines de Tabbayo d'Ecuivy la lene de Frolois avec le droit de
conslruire une l'orge et de prendre sur cette terre le minerai de fer
(|u"ils jiourraienl v rencontrer: ff Donum inquam hoc l'eci tam libère
et absolule quod Iratres terram illam sicutproprium alodium suum
pro libiiu suo potoriint vel essartare, aut lateres inibi conficere,
seu labricani lerrariain construere, et inde quid(juid voluerint po-
Icrunt vendero. Eisi in omni alodio de Morle possunt invenire
minam ferrariaiu, vel lenam ad ronliciendos lateres convenientcm,
de bis auiodo vel in reliquum (juanliini voluerint liberalitatem ac-
cipiant^^). fl
En iqGo, Tliioriv, sire de llayanges, donne au comte de Bar la
mine ffdu ban de llaienges pour tous ses fevres qui forgent en ses
fores de Briés^i.
En 1829, un litre d'Edouard de Bar cite les forges deMoyeuvre,
de Neuchef et de Ranguevaux.
L'examen des comptes du Barrois fait connaître l'existence des
forges de Bruant, près Moutiers, en lûo/i; de Burey, de Laiinoy au
pays de Longwy, ante'rieurement à i/i25;de Fouchères froij soûlait
être une forge w, en 1662; de Tréveray et d'Ormenson, en i5oo;
d'Evaux, en i5i6; de Vouthon, en 1629; de Renesson, de Tre-
mont, de Beuroy, de Robert-Espagne, en 1529; de La Ncuveville,
de Moutblaiiiville, en i55o; des fourneaux de Rénoy-lès-Ligny, de
Dainvillc, du Boiuiion, de Remescourt, de Saint-Arnaud, de Jean-
dlieurs, ([ui apparaissent vers le milieu du xvi" siècle; celui de Cou-
sances n'est pas antérieur à l'anne'e i553.
USIISE DE COLSANCES.
Ainsi qu'il résulte de l'examen des titres de propriété que pos-
sède M. André fils, maître de forges, possesseur actuel de cette
importante usine, crdaspart Buiges, escuyer, demeurant à Bar, et
Daiuoiselle Marie Triesves sa feuime •"-'« vendent le 25 avril 1 552 îi
Claude de Florainville, écuyer, seigneur de Cousance et bailli de
Bar, ffle buictième part indivis au viel nu)liii de Cousance. . . , le
sixième m une place assise audict lieu a[)pelé le Cornesoni' qui
leur venaient par acquisition crd'Antlioiue de Stainville, écuyer,
^'' Arrli. do la Meuse : Ecurcy.
--'■ Sœiir (le Gilles de Trêves, cloyiîii de Saiiil-Mnxc, romlalcur du coilèjie de
IJar.
— 353 —
seigneur de QuevongesTî, le tout pour la somme de 260 francs bar-
rois.
Le 99 avril i553, Claude de Fioraiuville et Jacqueline de Roucy
sa feninîe cèdent à bail, pour vingt années, à noble liomme Jeban
Barisien, demeurant à Cousance(^5,ies deux moulins qui lui appar-
tenaient au finage de Cousance, au lieu dit Fontaine à Dieu, consis-
tant en frmaisonnenients, meules, rouz,rouiers, cordaiges, marteaux
et tous aultres hostils dépendans desdits moulins ri, sous la condi-
tion de les entretenir de toutes choses ne'cessaires, ainsi que les che-
mins et les chausse'es. En outre, ils lui accordent de rr pouvoir faire
et construire ung fourneau à fondre le fer sur certains prez appar-
tenant à ycelui Barisien contigu et à l'endroict des byés desdits
moulins pour la comodite' dudit fourneau par aultant qu'il en sera
besoing pour y faire fondre . . . n
Par suite d'acquisitions faites en i565, en 1675, de certaines
parts indivises du vieux moulin, cet établissement prit dès lors une
grande extension qui s'accrut encore, en 1616, par la cession de
trdeux cinquièmes à un quart et demy à la moitié du vieux moul-
lins de Cousance siz sur le ruisseau dudict lieu, vulgairement appelé'
le moulin à Dheu, moyennant 600 francs monnoie barroiseï^.
C'est durant cette période que les plaques de foyer sorties de
l'usine de Cousimces se distinguent entre toutes par l'élégance de
leurs formes, la beauté de leur dessin, la richesse de leur compo-
sition; bon nombre de taques provenant de ce fourneau portent
l'inscription: DE COVSANCE, puis l'indication du jour, du mois
et de l'année de leur fabrication. J'ai remarqué sur l'une d'elles,
au-dessous des deux lévriers, les lettres ND — NO, en mono-
gramme, surmontées d'une étoile, qui sont peut-être les initiales
du maître fondeur ou de l'artiste auteur du modèle en bois ayant
servi à la reproduction de cette plaque.
Lors même que les produits de cette fabrication ne présenteraient
point ces inscriptions, preuves indiscutables de leur provenance,
les archivoltes, la l'orme des oves et des raies de cœur de l'enca-
drement, leur faire eu général seraient autant d'indices suffisants
pour en indiquer l'origine '-1
^'^ Les armes de Jelian Barisien, procureur fiscal à Ancerville, anobli le ai mai
i5fio, étaient trd'azur à une rose d'argent liée d'un lac d'or au chef papelomié
d'argent de trois pièces n.
'^^ Il ne paraît point que les anciens seigneurs possesseur., de l'usine de Cou-
Arcuiîologik. -20
— 354 —
Je regrette de ne pouvoir suivre le développement de cette usine
pendant le cours du xvii" siècle et la première moitié du xvui"; il
eût été intéressant, pour l'élude des plaques de loyer sorties du
fourneau de Gousances, de connaître les noms des propriétaires et
des fermiers (jui en dirigèrent Texploitation jusqu'au jour où Pierre-
Joseph de Viard, comte de CousancesO, à qui il appartenait, fut
confirmé le 27 janvier 1-753 par le roi Stanislas, dans son droit
rtde faire ouvrir et à tirer des mines de fer sur le ban et finage de
Cousance pour consommation de son fourneau dudit lieu, à charge
d'indemniser les propriétaires des terrains qu'il fera ouvrir ('-U.
A la mort de P.-J. de Viard, cette usine étant passée entre les
mains de son gendre Ch.-Fr. Xavier, comte de Gondrecourl et de
Gousances, le sieur Moulins, qui en était le fermier dès l'année
1763 et possédait déjà à cette époque les minières d'Ancerville et
de NarcN , continua d'exploiter ce fourneau pour le compte de M. de
Gondrecourt.
Le 19 ventôse an xii de la République (10 mars i8o/i), l'usine
de Gousances rraver ses halles et hangards, bocards, place à mines
et tous les bâtiments et aisances en dépendantes, le moulin à eau,
toutes les terres, vignes, chenevières et prés, fut vendue au sieur
Bernard Véry, moyennant la somme de cent vingt-cinq mille quatre
cent douze francs cinquante centimes ti.
On doit regretter que la riche collection des anciens modèles en
bois, employés depuis plusieurs siècles au moulage des plaques de
sances aient jamais placé leurs armoiries sur les plaques de cheminée, comme ie
taisait le marquis de Montalembert sur les produits de la fonderie de Forge Neuve,
qu'il vendit, en 1776, au comte d'Artois, devenu ainsi maître de forges. Nous
ne voyons pas non plus, dans le Rarrois, les propriétaires de classe roturière, en-
richis par rindnstrie niélalliirgique, se créer un blason industriel, sorte d'enseigne
héraldique et commerciale ([ui se remarque sur certaines plaques coulées dans des
usines du Périjjord , où l'on fondait également des mortiers, des boulets et des
canons. Voir dans la Revue des Sociétés savantes, t. VI, 7° série, l'article de M. le
baron de Vcrneilh sur une Plaque de cheminée ornée d'un blason industriel repro-
duite p. 496. {Bulletin du Comité, 189.5.)
'') La baronnie de Gousances fut érigée on comté par Léopold le 1" mars 1715,
en faveur de Pierre- Joseph de Vyart, major de cuirassiers, crd'azur à troix croix
potencées d'or, deux et une, au chef d'argent écartelé d'azur à trois boulets dé-
gradés d'argent mis en pal».
^^' Ce droit était déjà établi en )Gi3 par une sentence rendue au bailliage de
Bar.
— 355 —
foyer sorties de celte usine, n'ait pas été' conservée; quelques spé-
cimens seulement, choisis parmi ceux dont ia délicatesse des orne-
ments et le mérite artistique faisaient de véritables œuvres d'art,
ont été utilisés par le piopriétaire actuel comme panneaux décora-
tifs dans les diverses pièces de son habitation. Il y a quelques an-
nées, le nombre de ces modèles était encore considérable; mais
l'usine de Cousances ayant abandonné peu à peu la fabrication des
taques de cheminée, on ne prit plus garde à ces pièces que l'usage
et le temps avaient déjà fortement endommagées; quantité furent
détruites, d'autres furent envoyées au fourneau de Bayart (Haute-
Marne), oii elles se trouvent encore.
J'ai rencontré, dans mes excursions autour de Bar-le-Duc, beau-
coup de plaques de foyer sorties du fourneau de Cousances et ap-
partenant aux dernières années du xvi^ siècle; toutes sortent d'un
moule unique dont la pièce du centre, entourée d'une couronne, et
l'intérieur des cartouches, rendus mobiles, permettaient de modi-
fier à volonté le sujet principal et la date de la fabrication.
J'emprunte à mon confrère M. Léon Germain la description qu'il
a donnée de ce modèle omnibus dans son étude de la plaque aux
armes de Christophe de Bassompierre et de Louise de Radeval son
épouse. fcLa forme est un rectangle dont les angles supérieurs sont
coupés en biais; la hauteur mesure o m. 89 et la largeur o m. 90.
Dans le centre, une grande couronne de feuillage, entremêlée de
volutes, a pour destination d'entourer le sujet spécial au destina-
taire; des lévriers colletés, la tête contournée, dressés sur leurs
pattes de derrière, soutiennent cette couronne; au-dessus d'elle,
un masque humain, dans le goût du teuqjs, est, sauf le visage, en-
veloppé de bandeaux; sa bouche tient l'extrémité de deux cornes
d'abondance desquelles sortent des fruits de diiïérentes espèces. Une
triple arcade — dont la partie centrale, beaucoup plus importante
que les autres, environne ce masque — repose sur deux corbeaux
formés d'un chapiteau et d'un cul-de-lampe et sur deux pilastres
plats cannelés; les archivoltes sont garnies de besants égaux renflés
au centre et amincis dans la partie intermédiaire, disposés en
écaille; dans les tympans, deux cartouches très simples ont pour
objet de recevoir les inscriptions. La bordure générale est formée,
dans le haut et sur les côtés, d'enroulements dessinant des sortes
doves; dans le bas, de sept compartiments inégaux, encadrés de
filets et meublés de bossages. «
— 356 ~
Los variétés suivantes diffèrent entre elles par les armoiries, les
jcndos in
l'abrication.
légrcndos inscrites dans le centre do la couronne et la date de leur
DE COVSANCE=^-CE 3^ AP 1581.
Armoiries de Bassompierre cl de Uadeval (Musée de Nancy).
Armoiries de France ((lolloction Torri).
Double écusson aux trois lis (Ligiiy).
DE COVSANCE=CE 5^ AP 1581.
Armoiries de Lorraine (Bar).
Armoiries de Jeanne d'Arc (Musée do Saint-Diziei).
David et Betlisaboe; quatre tètes j)lacées 2 et 2 (Collection (îlai-
rier frères).
DE COVSANCE = CE 15 AP 1581.
IHS MARIA-PIERRE BOVCHER
FAICTE EN LAN 1581. (Bar.)
DE COVSANCE = DE IVLET 1583.
Armes de France (Collection Torri).
Armes de France et de Navarre; écusson en losange dosFlorain-
ville (Musée de Bar).
Ecusson aux armes pleines de Lorraine, accosté de deux doubles
C entrelacés.
DE C0VSANCE=i5 AP 1591.
Armoiries des Contet, seigneurs d'Aunay-sur-Marne, «d'azur à
trois moulinets d'argents (Cbàlons-sur-Marnc).
Armoiries d'Ancervillo : une oie (Ancerville).
•le n'ai point rencontré de plaques à ce modèle portant l'indica-
tion d'une date postérieure à l'année i59i, mais j'ai pu constater
qu'avant celte époque ce type omnibus avait déjà subi quelques lé-
gères modifications.
Sur une plaque de la collection Ponsignon, on remarque un
changement notable dans la reproduction du type primitif; le des-
sin est plus lourd, les lévriers sont diiïéremuient disposés, les ar-
cades sont moins élégantes et de la bouche du masque à figure
hnmnine sort un cordon auquel semble suspendue la couronne cen-
trale renfermant un écusson aux armes pleines de Lorraine, accos-
— 357 —
tëes de deux doubles C entrelaces; en face, des cliimèros bizarre-
ment exécutées occupent la place de deux cartouches.
Des taques à ce même modèle offrent les particularités sui-
vantes : sur Tune d'elles, représentant le jugement de Saiomon, le
nom de Cousance a dit^paru; ii ne reste plus que DE ; à
droite, on lit : LAN 1588; une autre, aux armes de France, nous
montre d'une part les lettres DM et de l'autre la date i586; une
troisième, aux écussons accolés de France et de Navarre, offre à
gauche le nom de P- VAVLTRIN, qui peut être celui du fermier
de l'usine de Cousances, et à droite la date 1602 (^).
Sur d'autres d'une facture plus mauvaise, aux armes de la mai-
son de France, les lévriers sont remplacés par de lourds léopards,
les pilastres cannelés ont disparu, le masque est complètement
transformé et de chaque côté , dans des cartouches à queue d'aronde,
est inscrite la date iGio(-l
Enfin, une taque du presbytère de Lisle-en-Rigault présente une
complète déformation du type originel, avec des lis semés dans la
triple arcade, des petits chiens au lieu et place des chimères, puis
un coq au centre d'une couronne déforme grêle, circonscrite elle-
même dans une bordure de feuillage.
Je n'ose affirmer que ces dernières plaques soient sorties de l'usine
de Cousances; le type si remarquable qui caractérise les produits
de ce fourneau peut avoir été imité dans certains établissements de
la région, puis dénaturé dans d'autres. Sur des taques du xvif siècle
où ne figurent point les trois arcades, ne retrouve-t-on pas fréquem-
ment les vestiges du masque à figure humaine, puis la couronne
centrale soutenue par deux lions qui semblent empruntés aux
plaques à la devise DOMINVS MIHI ADIVTOR et aux armes
de la maison d'Espagne.
MODE DE FABRICATIOtV.
Dans la grande Encyclopédie de Diderot, au recueil des planches,
on \oit un ouvrier occupé à imprimer dans le sable battu un mo-
dèle en bois qui, une fois retiré, laissera une empreinte en creux
nettement délimitée dans laquelle on versera du métal en fusion^-^),
''' «Les forges et fourneaux de Moriey sont données à bail à Pierre Vautrin avec
ho arpents de bois, moyennant 1800 francs par an.n B. 9770.
■-' M. Léon (îermain cile une laqiie de Wittel aven la date 16^7.
'-^; T. IV, pi. V. fig. /4.
— 358 —
Ce procédé, par lequel on obtient des plaques dites sur couche ou à
découvert, est le plus ancien; aujourd'hui, pour obtenir une e'pais-
seur demandée et bien régulière, on coule le métal entre deux
sables, c'est-à-dire dans un moule l'ait de deux pièces, la face et le
revers.
Mais pour produire les taques ornées dun encadrement, d'ar-
moiries, d'inscriptions en relief, on n'a pas toujours employé dans
l'origine des modèles faits d'une seule pièce; au xyf siècle, surtout
dans le Barrois, quelques plaques très anciennes paraissent avoir
été obtenues par l'impression directe dans le sable qui devait four-
nir le moule, de pièces détachées d'un relief assez fort, telles que
croix simple haussée sur un cercle, croix dite de Lorraine, croix
potcncée de Jérusalem, écussons armoriés, étoile à huit pointes
dite pentalpha ou sceau de Salomon, têtes de satyres, masques gri-
maçants, petits bustes, fleurs de lis, quadrupèdes et dauphins, que
l'on disposait isolément avec plus ou moins (hî symétrie. C'est du
moins ce que permet de supposer l'examen de certaines plaques de
l'orme pentagonale, de fabrication primitive, dont les ornements
irn'gulièrement placés laissent nppaïaître, en relief, les contours
de la base de l'estampille avec laquelle on les a imprimés dans le
moule.
Ce proc(;dé peu pratique, eiîi[)ioyé au début d une fabrication
dans son enfance, ne paraît point avoir survécu aux premiers essais;
on se servit ensuite de modèles consistant en un tableau dont les
reliefs étaient sculptés en plein bois ou obtenus à l'aide de pièces
rapportées; les produits étaient ainsi plus décoratifs et de forme
— 359 —
plus régulière. Dans certains centres, aux premiers jours de l'appa-
rition des contre-cœurs en fonte de fer, quelques modèles ont été
Type dalé à la croix de Lorraine, à l'éciisson de France
et anx fleurs do lis dans le champ.
(Collection Clairier, propriétaire, à Toul.)
exécute's par de véritables artistes. Tel est, à mon avis, celui de la
grande plaque du château d'Amboise.
J'ai précédemment cité les noms de Caffiéri, de Regnauldiu, de
Houtzeau qui, dans les années i666-i683, exécutèrent pour l'or-
nemenlation des cheminées des bâtiments royaux plusieurs modèles
de plaques, payés un haut prix; je regrette de ne pouvoir faire
connaître les sculpteurs de mérite du xviii^ siècle auxquels on doit,
en ce genre, de véritables petits chefs-d'œuvre de composition et
d'exécution. Tels sont, entre autres, les modèles suivants encore
conservés à l'usine de Conches et qui, exécutés en bronze, pou-
vaient supporter un tirage d'épreuves considérable'^) :
Thémis, bas-relief en bronze appliqué sur une table do chêne.
Offrande à l'Amour. (Fragonard. )
Sacrifice aux trois Grâces.
^'' Je dois la connaissance de ces modèles de l'usine de Conches à l'obligeance
de M. le comte de Marsy, qui, en ce moment, prépare une étude sur les nombreux
modèles conservés dans cet établissement.
— 3G0 —
Porti(|U(' romain. (Hubert Robert.)
Le VcMTOU. ( Fraifonard.)
Le mareilial des logis (iillet. (Horel.)
Si (juaiilile de sujets reproduits sur les coutre-cœurs du xvi" siècle
sont emprunte's aux images grave'es sur bois qui, alors, ornaient
les Heures, les Ofiices, les Bibles anciennes, plus lard, à leur tour,
les tableaux des peintres en faveur, les gravures des livres illustres
par des artistes en renom ont, on le voit, inspire les dessinateurs
et les ouvriers habiles chargés de la decoialion des taques du
xviii'' siècle.
Le modèle d'une très curieuse plaque de fourneau du Musée de
Nancy me parait avoir été produit avec le panneau d'un ancien
meuble orné d'une double arcade <>olhi(|ue supporte'e par un long
meneau. Pour orner le fond du tableau divisé ainsi en deux parties,
le modeleur a pris au hasard, comme poinçons, des statuettes, des
écussons de faible relief qui se trouvaient à sa portée, plaçant à la
droite la sainte Vierge tenant Tenfant Jésus représentée les pieds
sur un croissant renversé, sainte Anne bien reconnaissable au grand
voile qui lui couvre une partie du front et au livre quelle tient
devant elle, puis, au-dessous, sainte Catherine et sainte Barbe.
Dans le champ se voient deux larges olfrautTune un personnage
armé d'un bâton, l'autre un quadrupède peu facile à déterminer;
puis deux écussons armoriés, dont l'un est chargé de deux bour-
dons en sautoir, accompagnés de trois coquilles.
Les statuettes de sainte Catherine, de sainte Anne et de sainte
Barbe se trouvent reproduites, ainsi que l'écusson aruiorié, sur une
laque de la collection de M. le docteur Coliez, de Longwy, en com-
pagnie de quantité d'autres poinçons de même nature.
Quand on avait à couvrii' une grande surface, telle (ju'en offraient
autrefois les immenses cheminées du Barrois, on utilisait fréquem-
ment l'orncmenlalion dos plaques de foyer de dimensions moindres.
C'est ainsi (ju'au village de Bonnet des taques, aux armes de la fii-
mille Dessalles, ont servi de modèles et se trouvent reproduites au
centre de pièces de dimensions plus considéiables. Ce procédé éco-
nomique était autrefois très en usage dans la région du Barrois.
Parfois, autour du motif emprunté, on imprimait, pour garnir les
vides, une date, quelques lettres, des écussons, des croix de Lor-
raine, (les Heurs de lis.
— 361 —
Les dates qu'ofFrenl certaines plaques ne sont pas toujours celles
de leur fabrication; elles peuvent avoir e'té ajoutées ou modifiées
lors de l'emploi à une e'poque postérieure d'un ancien modèle. C'est
ainsi que sur une pièce du temps de Henri II , utilisée un siècle plus
tard, apparaît dans l'intérieur de la couronne royale la date de
16A9. Par contre, des plaques du style le plus pur de la Renais-
sance peuvent être toutes modernes ; tel est le grand contre-cœur
au type de la Salamandre couronnée, exécutée en i88t pour le
château de Saint-Germain par M. Rouget, sculpteur, sur le dessin
de M. LafoUye, architecte'^'.
Au xv!*^ siècle, les inscriptions paraissent avoir été faites par l'im-
pression de petits tableaux, sortes de règles portant tout ou partie
de la légende que l'on voulait reproduire sur le moule. C'est ce (|ue
démontrent : 1" deux exemplaires delà taque de Ligny (Collections
Clairier frères et Ponsignon) offrant, retournée, la fin de la se-
conde ligne HID-IVH lAd'ÔDVl HISHD; 2° une plaque de
Melchior de La Vallée, autrefois dans l'ancienne demeure de la fa-
mille de Vendières''-^), sur laquelle on lisait le mot VIVE placé en
sens inverse HAIA-
Léon Maxe-Werly.
'*' Matériaux et documents d' arrhitecture de Eaguenet, x'iof livraison (André
Daly fils et G'").
'-' Rue des Ducs-de-Bar, maison Henriot.
RAPPORT EPÎGRAPHIQIJR
SUR LES DÉCOUVERTES F/VITES EN TUNISIE
PAR LE SERVICE DES ANTIQI ITES
DANS LE COURS DES CIlNQ DERNIERES ANNÉES,
PAR M. GAUCkLER,
Moiiihre non rôsidant du Comit»'.
I
INSCRIPTIONS SUR PIERRE OU MARRRE.
1. — Oudna [Ulhhia). Plaqup do marbre blanc, découverte
j)ar moi dans les fouilles du mois de novembre i8()G, La plaque,
retournc'e à Tenvors, e'tail encastre'e dans la maçonnerie d'un mur
de basse e'poque et servait de seuil à nn(i chambre pave'e de mo-
saïques sur tuile, répli(jues de Vasarnlos oecos. de Sosos de Per-
game. La pierre, brisée à gauche, est haute de o m. ^5, large de
o m. ù/i, épaisse de o m. o3; elle était casse'e en dix fragments
se rajustant exactement. L'inscription était encadrée d'un large ban-
deau; les caractères, bien alignés et gravés avec soin, sont hauts
de o m. 1 1 à in première ligne, de o m. 09 aux deux suivantes :
j) . Il r I II i (I (■ n r 11 <• l i a .s « L O N I N O
nob . caes . dcdicante . . .0 proCOS rC^V
c. o 1.0 II i a I II I i a */ / H 1 N A <ï>
Cette dédicace semble avoir et*; adressée au César Salonin, fils
de l'eujpereur Callien, parles soins d'un proconsul d'Afrique, dont
le nom manque, et aux frais de la coNniie d'Utbina. Malgn^ son
mauvais état de conservation, ce texte a une réelle importance;
— 363 —
c'est la première inscription retirée des ruines d'Oudna, qui pre'-
senfe le nom de la ville antique Uthina, d'ailleurs identifie'e déjà
d'une manière certaine, par la synonymie avec le nom moderne
tfOudnaw et parle calcul des distances routières.
2. — Oudna. Stèle votive, découverte en construisant l'écurie
du bordj Ducroquet. Plaque rectangulaire en calcaire gris, sur la-
quelle est figuré au sommet un fronton triangulaire, avec le crois-
sant montant dans le tympan, accosté dans les écoinçons de deux
cercles enfermant une croix. Au-dessous, dans un cadre, haut de
o m. 18 et large de o m. t6, l'inscription suivante en caractères
hauts de o m. 01 5 :
S • D • S
D • INSTEIV
S-MERIAN
VS-SACER
V-S-L-A
S(otnriw) d(omino) siacrum). D{ecirmts) Insteius Meinanus sacer{dos)
viptum) s(olvk) liihens) a{iiimo).
C'est la première stèle à Saturne découverte à Oudna.
3. — Oudna. Piédestal en kedel, brisé en haut, découvert par
M. Ducroquet, dans les travaux de déblaiement du premier étage
de la citadelle. Hauteur, 1 mètre; largeur, o m. 58; épaisseur,
o m. /i5.
Lettres hautes de o m. 06 :
«O N A 1 AE ■ C
HONOKATae
Q_- CASSl • FRONTON îs
IVSTIANI • PL • P-VXOR?'
D ■ D • P • P
. . . onaliae [Ciaii) filiaef\ Honorat[ae] , Q[uinti) Cassi{i) Fronton[{s]
Jiistiani fl{(iminis) p[erpettii) vxor\i\ : d{emrîomim) d(ecreto) plecunia)
p(îtblica).
4. — Oudna. Plaque lumulaire, en marbre blanc, découverte
par M. Ducroquet, entre le grand puits et le bordj. La pierre est
— 36/i —
brisée à droite, mais j"ai pu reconstituer complètement Tinscription
à laide de quehjues fragments. Hauteur de la pierre, o m. 55;
épaisseur, o m. o,"{ ; hauteur des lettres, o m. i3 à la première ligne,
o m. 1-2 à la deuxième, o m. o'À à la dernière.
VINCENt- OPTaTI
IN PAGE
RED-PR-KAL-NOVE
VincenU[ï) Optati in pace; red{dklit) pr(idie) kal{endas) Nove{inhres).
L'expression rcd{(Udit. . . animam ou deintiim nalurae) comme sy-
nonyme de decessil est rare, quoiqu'on en trouve (juchjiies exemples
en Arri([ue.
L'épitaphe paraît être de la fin du iv*" siècle. Elle est gravée au
revers d'une plaque de marbre oinée de mouluies, <]ui semble
avoir d'abord servi de placage dans un édiiice public.
5 à 9. — Oudna. Fragments divers trouvés au cours de mes
touilles, dans la maison et les thermes privés des Laberii.
Fragment d'une dédicace à Hadrien ou à Antonin. Lf>tfres grêles
(M allongées, hautes de o m. o5.
pro saillie iMV ■ caes.
trajan ou arll'HAdriam
Marbre blanc. Hauteur des lellres, o m. 39.
caesaKlS
pertiNAcis?
6. — Marbre gris. Hauteur des lellres, o m. o'ÀU.
LA
P
7. — Marbre banc. Hauteur des lettres, o m. otx.
O R
AVI
8. — (lalcairc du pays. Hauteur des lettres, o m. oi5.
VLI
— 365 —
9. — Marbre bianc. Hauteur des iettres, o ni. oi.
VAC
/ECERVNT
10 à 15. — Inscriptions sur mosaïque, découverles au cours de
mes fouilles.
Maison des Laberii. Seuil de Toecus. Chasse à courre avec deux
cavaliers; un valet de chiens et deux le'vriers poursuivant un lièvre
et un renard. Au-dessus de la tête de chacun des chiens est indiqué
son nom, en iettres dessinées en émail bleu sur fond blanc :
EDERATVS MVSTELA
11. — Maison d'Industrius. Mosaïque d'atrium représentant une
mer poissonneuse : au bas, un canot de pêche, avec un pêcheur
brandissant un trident; au centre, Neptune monté sur un monstre
marin; au sommet, deux pêcheurs à la ligne assis sur les rochers
du rivage. Au-dessous de la mosaïque, dans un cartouche à queues
d'aronde est indiqué le nom du mosaïste, héistrius , en lettres
bleues sur fond blanc.
INDVSTRI
12. — Même maison. Autre atrium; mosaïque représentant, dans
une mer poissonneuse, Vénus Anadyomène entre deux nymphes
tenant des vasques. Au-dessous, même signature, en caractères
bleus sur fond blanc.
13. — Même maison. Seuil. Mosaïque figurant une sorte de po-
teau à banderoles ('', avec l'inscription suivante, tracée en cubes
d'émail vert et bleu sur fond blanc, dans un cartouche à queues
d'aronde.
OESy 1 AESv
(') Celte figure est à rapproclier de celle qui est dessinée à la pointe sur un
bord du trottoir du Forum deTimgad (cf. Gagnât et Boeswillwald, Timgad, p. 3i,
fig. i6); et des dessins analogues, assez fréquemment représentés sur des cippes
ou stèles funéraires africains, notamment à Tebessa. Peut-être faut-il y voir une
sorte defascinum, de préservatif contre le mauvais œil.
— 366 —
14. — Maison do Fructus. Seuil. Mosaïque de'converte par le
colonel Abria. Au centre, un personnajje velu d'une dalmatique se
lait servir à boire par un esclave placé à gaucbe; à droite, un
autre eschnc sapprocbe, portant une jarre pleine sur son épaule
•jaucbe. Au-dessus des trois personnages sont indiques leurs noms,
en caractères bleus sur tond blanc.
MYHO FRVCTVS VICTOR
15. — Tbernies privés des Laherii. Salle centrale. Au-dessus
d'une grande mosaïque représentant, en dimensions colossales,
Orpliée charmant les animaux; inscriptions en caractères faits de
cubes calcaires noirs, sur l'ond blanc, dans un long bandeau avec
deux sortes de queues d'aronde circulaires, à droite et à gauche.
MASVRl-IN PRAEDIS LABERIORVM LABERIANI ET PAVLINI • MASVRl
Masuri{i). — In prncdi[i)s Labeiioi-uin Laherinni cl Pniiliiil. — Masuri(i).
L'inscription nous l'ait connaître à la fois le nom des proprié-
taires du domaine, Laberius Laberianus et Laberius PauUnm, et celui
du mosaïste qui a exécuté le pavement, Masurius.
Dans b'S tiavaux de construction du bordj !)ucr(t(|uet, près de
la citadelle, ont été de'couverls d'assez nombreux débris de sculp-
ture et d'architecture, insignifiants pour la plupart. Je n'en signa-
lerai ici que deux, une tête de Baccbus couronnée de rinceaux,
très endommagée, et un fragment de statue d'empereur, en costume
militaire, cisel* avec soin dans un beau marbre blanc, à grain
très fin, analogue au pentélique. Il ne subsiste malheureusement
que l'épaule gauche, recouverte du manteau, et un morceau de la
cuirasse; celle-ci est ornée de rinceaux à fleurettes, d'un art de'-
licat, et d'une figure de centaure cambré en arrière et élevant des
deux mains, au-dessus de sa tête, une cuirasse et un casque.
16. — Bordj Mrira, ])rès de hi Mobiimedia.
J'ai revu la dédicace à Saturne que j'ai publie'e pi'écédemment '^).
L'inscription est surmonte'e du croissant montant et de l'astre. A
peu de dislance de cette dédicace ont été découvertes deux stèles
votives allongées, à fronton triangulaire, du type bien connu, si
<■' liull. iirclieol. du Co)iiUé, i8yi, p. agi, u" ^3.
— 367 —
fréquent à Carthage et à Utique, mais d'un travail infiniment plus
soigné et plus précis. Elles représentent toutes deux, dans une
niche, une figure féminine voilée, tenant de la main gauche sur
sa poitrine une pomme et une feuille d'eau ; deux auties feuilles
sont figurées plus bas sur la tunique, ce qui donne à la sculpture
un aspect original. Le travail est certainement romain, bien que
les stèles soient copiées sur un modèle punique. Hauteur de la
première stèle, i mètre; de la deuxième, o m. 65.
17. — Bou-Rebia, sur la route de Tunis à Zaghouan. Inscrip-
tion découverte dans les travaux du chemin de fer de Zaghouan, à
1 kilomètre à droite de la borne kilométrique 28 de la route.
Brisée en bas. Largeur totale, 0 m. 62; hauteur du fragment,
o m. 67. Hauteur des lettres, 0 m. o5.
IM P ■ CA ES-M-AVRELIO-AN
TONINO-AVG • PARTH • MAX •
PRINC-IVVENT-TRIB- POTESTATe
IMP-II-IMP -CAES-L-SEPTIM^'
(sic) SEVERI • Pll-PERTENAC ■ A V G ■
ADIAB • PART • MAX • FILI • DIVI • ANTON//*/
GERM • SARM • NEP- DIVI- ANTONIN/ pii pro
NEP • DIVI • HADRIANI • ADNEP • DIVI • Trajani
PARTH • ET- DIVI • NERVAE • «/./tey^oa"
wMMWMmmmmmN s
ImpÇeratori) Caes(ari) M{arco) Aurelio Anlonino Aug{usto) Parth{ico) Maxijmo)
priïic{ipi) juvenl(utis) trib{tmicia) polestal[e\ . . . impieralori) II , hnp{era-
toris) Caesiaris) L[ucii) Septimiiï) Severi Pii Perliimc(is) Aiig{iisti) Adia-
b{enici), Part(Jiici) Max[imi) jili[p) , Divi Anto)i[iiii] Germ[amci) Sarm{atici)
nep(plî), Divi Anlonin[i pii pro\nep[oli) ^ Divi Hadriani adnep{oti), Divi
T\rajani\ Parth[ici) et Divi Nervae [abnepoti\ . . . tis.
Dédicace à l'empereur Caracalla qui ne peut être antérieure à
l'année 107.
18. — Sidi-Khalifa , près de la station d'Aïa-Hallouf.
— 308
Chapiteau de basso époque lailié clans un linleau portant une
dédicace on lettres hautes de o m. oh à o m. o35, très usées.
•>^ N A V 1 A N O A
N lO W IVS GEM
^^^SiEAEVS SATv
m.E D\sm,ATi^mN
cmK w^s WMm n g
J'ai l'ai! enli'er ce chapiteau au musée du Bardo.
19. — Rdir-es-Soltan , au pied de hi citadelle byzantine d'Aïn-
el-Asker [Sutunurni). Propriété lloude. Grande base calcaire, lettres
étroites et grêles, hautes de o m. oG à o ni. 02, suivant les lignes.
Estampage de M. V. Machuel.
L-AELIO AVRELIOVEROCAESA
r i
iIvîP-CAES-T-AELIHADR-ANTONINI-AVGiI
PONTIF • MAX ■ TRIB • POTEST • VlnT
C O S • ÏHI • P • P • F I L I O
WMAVFlDlVSmtWJmMmClONlSVAUS ■ F ■ SVTVN VRtr
CVKntorr ci vit a lis SVAE • FLAM • PERP
\y^nrimmmmmmmmmmms • pancrati • f • ne
poTis WMmïùmmmmmmmmmMA i a v i t c o n
iJmNSTVLIT • E X • H • S"^VTTi
%mW£mC • N • SVMMA • DEC • EIVS D
mmê-M?,mm^: ADIECTIS -A -SE
m OB DEDICATIONEM- VISCE-
l>oj) Il l 0 DEDIT
!.. Aelio Aiirelio Vero Caesa[ri] , hnp[eratoris) Caes[aris) T. AcU[i) Hadiiiuni)
Aiiloiiiiii Au(r(^u.sli)Pi\i] poiittf(ici.s) m(i:v(iini), lril>[iiniciti) potcsl[iilc) VIIII,
co()i).s{ulifi) IIU , p[alris) p{iilriap) filio , [(Tiliis) ou I\ubliiis)] Aiijidius. . .
iciouispatis /(ilius)^ Sutunurc[eiisis\, cur[ator cimtnt\is stine , Jlam{cn)
j)erp(eluus), (lcc{iirio) \)iomiiie suo e/...]/."?, Pancrnli f{ilii), )iepoti[s
sui. . .] avit coiiseiiu. . .[lra\iisliilit ex s[eslc)iiiii>i) VIII ui[ilil)iif:) \ii[iim-
muni) . . . ] C n(iiiiii)iinii) siuhuki dcc{unoiiatiis) ejii,sd[ciii) . . . adjeclis a se
[sesterlium . . . piil{ibus) n[ummum) ... el] ob dedicaiionem viscc[valioucm
populo?] dédit.
— 3(19 —
Dédicace à L. Verus, fils adoptil' d'Anlonin le Pieux. Dale'e de
l'année ii6 ^^\
20. — Ain-Faouar, à 2 0 kilomètres à Touest d'Enfidaville.
Fragment calcaire. Lettres hautes de o m. o9, très nettes. Estam-
page de i\I. Sadoux.
NI-SAC-DOMINI
ni sac{cr(lotis) Douiini Sdlurni.
21. — Sidi-Aouidat , près d'Oum-el-Abouab. Architrave, haute
de 0 ni. i8. Hauteur des lettres, o m. o8.
TELLVRI-AVG-SACR
22. — Henchir-Dedech , près d'Oum-el-Abouah. Fragment d'ar-
chitrave. Hauteur des lettres, o m. la.
SAECVLOiR.^1
PORTICVS
23. — Oum-el-Abouab [Serisska). Stèle lunéraire, brisée au
bas, avec bas-relief et inscription. Le bas-rcliel', sculpte' à la partie
supérieure, représente, entre deux colonnes torses à chapiteaux
corinthiens soutenant un entablement droit, un personnage vctu
comme un légionnaire, debout sur un piédestal où sont gravées les
trois lettres D*M*S. Au-dessous, dans un cartouche à queues
d'aronde, Tinscription sui\ante :
D • M • S
Q • CALICIVS PV
f/ENS • MIL • VX
H -S- E-
D{is) m[anibus) s(flcru)n). Q{uiiitm) CaliciuH Pu\dy.ns, m'd[cs), viœ{it)
[atmis . . .]; h{ic) s[itus) e(st).
24. — Ain-Ghechil, sur la rive gauche de TOued El-Kebir, qui
devient en aval TOued-Milian. J'ai véritié sur un estampage qu'a
"^ Cf. Cagiuil, Bull, iircl'rol. du domUv, i8c).j, p. oaô, li-iQ.
AnCHKOLOOlE. * :>/l
— 'MO —
bien \oiilii m .idicsseï- M. Bordier la dédicace à Frugifcr ^Ufrnslu.s
(jiir j;ii |tiil)lit't' en iSçj'i''^ Les Icltres sont hautes do o m. o() à
(t ni. o"), étroik's ot grèiei:. Lo nom de Vailserlor publirus doit se lire
ainsi :
C{aii) M,itili{i) l-rllci.s ANNAELANI
Kt non
ANNAFONI
25. — Ain-Ghechil. Sur une base calcaire, dans la source.
Dans un cadre large de o m. 35 et liaiil de o m. ■yo, dédicace en
lettres j;rèlcs et allongées, hautes de o ni. o(» :
DIVO ANTONI
NO PIO DIVI HA
DRIANI-FILI-DIVI • TRA
lANlPARTlCI «EPOTl-DI [sic)
V I • N E RV A E i>roN E POT 1 • PONT
MAXIMO • TRIB • POTEST • XXIII
IMP • II! • COS • IIII • PAREN
T 1 • P A T R I A E
D D P P
Divo AiUoiiino Pio, Diri Ihidriani Jili[o), Divi Trajani Pnrt[li)ici[n]epoli , Divi
Nervae [pro]nepoh, pont{ijici) iiuiximo, lnb[u)nc'm) potcst{ate) XXIII, im-
p{eratori) HT, co{ii)s{iill] I\ , paveiiù patrlae; d(eciirioniim) d[ecrelo) p{c-
CKiiiti) j){iiblica).
Dédicace à Antonin le Pieux, divinisé; elle esl donc postérieure
au mois de mars tGi. Le chilïre des puissances tribunitiennes de-
vrait être XXIV et non XXIII. La troisième salutation impériale
apparaît très rarement sur les dédicaces à Antonin.
26 à 56. — Battaria [Bija). Les stèles suivantes, au nombre de
3i, ont été trouvées par hasard, en piochant le sol dans un en-
droit que rien ne signalait à l'attention : aucune trace de con-
struction de quehjuc importance, aucun vestige de maçonnerie.
Klles étaient enfermées pêle-mêle dans une sorte de cacbette,
'" Hull. iirchéol. du (Miiiilii. i 8()/i , [i. î!<)1, ii" 03.
— 371 —
une J'avissa , analogue à celles où oui été de'couverles les stèles
punico-romaines de Tubeniuc ^^\ les monuments votifs que le doc-
teur Carton croit avoir appartenu à un sanctuaire primitif bâti sur
remplacement du temple romain, de Saturne à Dougga^-', et ceux
qui ont e'té déterre's tout lécemment par M. Timon au cap Mati-
fou, près des ruines de l'antique Rusguniae.
Elles n'étaient certainement pas en place, et nous n'avons aucune
indication sur leur provenance, \-t-on voulu, en les jetant sans
ordre dans un trou, en de'barrasser un sanctuaire trop encombré,
l'omme c'était l'usage en Grèce et à Rome. A-t-on eu l'intenticui de
les soustraire aux atteintes des iconoclastes chre'tiens, dans les der-
niers temps du paganisme africain? La première liypotbèse me
paraît plus probable, sans que je puisse rien alïîrmer.
Les stèles de Battaria sont toutes du même style et présenl,eiit
entre elles des caractères communs qui prouvent leur étroite pa •
rente.
Elles sont d'un travail absolument barbare, aussi gi'ossières
d'exécution que les plus grossières de Tubernuc et de Dougga. Il
lie faudrait pas d'ailleurs en conclure que tous les monuments votifs
remontent à une haute antiquité : au contraire, ceux de Battaria
sont certainement de l'époque romaine, puisque six d'entre eux
portent des inscriptions latines; je ne les crois même pas anté-
rieurs au if siècle de notre ère. Ce sont des ex-voto de pauvres cam-
()agnards, sculptés dans la pierre du pays par un artiste indigène
dn cru.
Ils ont presque toujours la même forme : dalles épaisses de
o m. 08 à o m. 01 5, allongées et terminées en pointe au sommet.
La pierre, un calcaire de mauvaise qualité qui s'écaille et se fend
en tous sens, est à peine dégrossie; elle semble taillée à coups de
hache. Les inscriptions et les attributs symboliques sont gravés au
Irait avec une incroyable naïveté. C'est le comble de la laideur et
de l'inexpérience.
L'inscription se borne à indiquer le nom du dédicant, au génitif
ou au nominatif. Sur six noms, quatre se rapportent à des person-
nages de la même famille, les Avianii, deux d'entre eux ayant le
même prénom.
■'^ Gauclflor, Note sur In décvuverte d'uu nouveau sanctuaire punico-romalti , à
Tubernuc (Bull, archéol. du Cvinilé, i8gA, p. y()j et suiv.).
'^^ Carton, Le mnctuaire de Baal'Saturne à Oouijgii , p. 3.5 el suiv.
— 37-2 —
[!ion (|m' |i<)il;ml Ions, muiI un, des noms loiiiaiiis, les dcdi-
caJils M'iiihlciil hicii èli'c des iiuli<>('iH's. Aucmi d dix n'a les </•/«
nomittd.
(JiiJiiil aux altribiils lit'urcs sur les slclcs, ils iiOnt rien do ro-
main. La plnparl sont de ceux que l'on rencontre le plus IVécjueni-
nienl sur les uionumenls volifs du culte punique. Ce sont: la palme
(7 lois) ou les palmes |>éminecs (10 lois); le croissant, toujours
iiionlaiil (lô fois); le trian{»lo (8 l'ois); le disque simple {U fois);
le dis(|ne rayé en croix (5 fois); le disque à cercles concentriques
(8 fois). L'image symbolicjue divine ap[)arait sur ijuatre stèles,
chaque fois sous une forme dillérenle. Le de'dicant est ligure deux
fois''); sur Irois aulres ex-volo, l'on trouve un visage humain qui
peut aussi bieu représenter le dédicaut que la dixinilé sous sa
forme aulliropomorj)liique. — Deux stèles offrent des évidements
en forme de uiche, ])arlicnlarilé assez rare, déjà observée cepen-
dant sur quelques monuments votifs de Tubernuc et de Dougga.
Le seul symbole qui apparaisse pour la première fois, à ma con-
naissance, sur une stèle punico-romaine est une sorte de fer à
cliexal, fermé en bas et surmonté au sommet de cinq rayons
(stèle 38). Je ne sais quelle signification lui attribuer.
26. — Battaria. Stèle grossièrement «'(puirrie, brisée en haut
et en bas; caractères liants de o m. 01 5 :
DAVIANll.F
Diccinii'), Arifiiiii /[ilii).
27. — Battaria. Stèle grossièrement éqiuuiie, brisée au som-
riicl ; lettres hautes de o m. 0/1 :
C-AVIANI
28. — Battaria. Sièlc I rianjjulairc liante de o m. 035. En haut,
nu (lis(jue sinijde, puis un dis(pie à Irois circonlV-rences concen-
"' (!f. la slùlt' rjp 'ruitcriiiir [lUill. archrol. , 189'), p. -it);), n° (i , cl p. 3o3),
qui r«'pr'''sfiilo li- di-dicaiit lonaiil une palme devaiil riiiia<;e du Tanil. I^'hypotlièse
d'une rfpiém'iilalion de la déesse inèie, (pie j'axais éiuisi' Irès (lid)ilalivoinent , e.st
di'liiiilivcnii'iil ;'i rpjelcr.
— 373 —
ti'*qiios; im trianglo roprésentant sans don te le cône sacré, et 1" in-
scription sui\anle en lettres de o m. o35 :
C.AVIANI
29. — Battaria. Stèle rectanjjulaire à fronton triangulaire. Brisée
en haut et en bas; hauteur du fragment, o m. 98. — Triangle
enfermant un disque à trois circonférences concentriques. Au-des-
sous, en caractèies hauts d<' o m. o^ :
M-AVIANI
30. — Battaria. Stèle ti'iangulaire, brise'e au sommet, hauteur
o m. 3o. Au sommet, croissant montant. Au-dessous, deux palmes,
puis rinsci'iption en caractères onciaux, difficiles à lire, hauts de
o m. 01 à o m. of>!î :
'«•CADIRIISS I
Gndiressi.
Nom indigène, à rap[)rocher du nom Gaddir. déjà connu f^'.
31. — Battaria. Stèle à sommet arrondi. Hauteur, o m. 60. Au
sommet, un triangle; au-dessous, de gauche à droite, un triangle,
avec un point au centre, un disque avec un point au centre, un
croissant montant; au-dessous, l'inscription suivante, en caractères
hauts de o m. c^B :
FELICISSI
MV
/•V//r/.v.s7'///(/(.S').
32. — Battaria. Stèle triangulaire. Hauteur, o m. Gg; largeur à
la base, 0 m. 35. En haut, l'image de Tanit, sans tète; au-des-
sous, dans un encadrement formé d'un simple trait, le dédicant
levant les deu\ bras avec le geste de l'orant, et tenant à droite
une bandelette ou un gâteau; à gauche, une palme. Pas d'inscrip-
tion.
33. — Battaria. Stèle à fronton triangulaire. Hauteur, o m. ^9.
Au sommet, une figure ressemblant à un fer à cheval radié avec six
rayons. Au-dessous, le dédicant debout, la main gauche levée, les
^" CI. flp \il, Onotiiaxtlciiii . s. v.
cinq doiuls ohmiIs, la inaiii droite tenant imc palme. A {>auo]io.
un rroissaii! moiilaiihà dioitc. inn; palme.
34. — Battaria. SiMe }>iossièremenl éqnarrie, arrondie au sonj-
nit'I. Hauteur, o m. 70. Kn haut, le croissant montant; au-dessous,
rima{je de Tau il ou le buste du dédicanl, sans bras, entre deux
palmes; le lout encadri' duu Irait ipii suit le boid de la stèle et resie
ou voit en bas.
35. — Battaria. Stèle triangulaire, brisée en haut. Hauteur,
0 m. 5o. Croissant montant. Tète du dcdicant ou de la divinité
entre deux j)almes. Au-dessous, deux disques à trois circonlé-
rences concentriques.
36. — Battaria. Stèle prismatique arrondie au sommet, brisée
en bas. Hauleur, o m. 39..En haut, unetote (Tanit ou le dédicant).
Au-dessous, une grande palme.
37. — Battaria. Stèle grossièrement équariie. Hauteur, o m. 53.
En haut, un disque à huit rayons. Au-dessous, rimajie divine
entre deux palmes, le tout souligné par une barre horizontale,
38. — Battaria. Fragment brise' de partout; hauteur, o m. 5i,
En haut, le croissant montant, avec trois étoiles. Au-dessous, de
gauche à droite, fer à cheval radie à cinq rayons; l'image divine
sans tête; une palme.
39. — Battaria. Stèle allonge'e, à Fronton triangulaire. Hauteur,
o m. (io. Sur une ligne horizontale, à gauche, un trapèze figurant
peul-èlre un autel; à droite, une palmcî.
40. — Battaria. Sièle grossièrement éqnarrie, arrondie au som-
met, brisée en bas. Hauteur, o m. 35. En haut, deux triangles
isocèles, Tun intérieur à Tautre; au centre, un |)oinl. Au-dessus,
deux ligiu's de points |»arallèles, aux côtés égaux du triangle. Au-
dessous, autre triangle plus grand, avec point sur la bissectrice du
sommet.
41. — Battaria. Stèle à sommet arroiuli. Hauteur, o m. ^5. Au
sommet, (111 triangle isocèle. La bissectrice, j>artant de Tangle du
— 375 —
somir il, est prolongée jusqu'à sa rencontre avec une barre horizon-
tale, après avoir e'te' coupée par une sécante oblique. De part et
d'autre de cette ligne sont deux disques à trois circoufe'rences con-
centriques.
42. — Battaria. Stèle triangulaire brisée au sommet. Hauteur,
o m. /i5. En haut, un triangle représentant le cône sacré. Au-
dessous, disque à quatre circonférences concentriques, avec un
point au centre.
43. — Battaria. Stèle à fronton triangulaire. Hauteur, o m. 2 5.
En haut, le triangle; au-dessous, disque à quatre circonférences
concentriques.
44. — Battaria. Stèle triangulaire. Hauteur, o m. 65. En haut,
Tastre, cercle rayé par deux diamètres se coupant à angles droits,
puis le croissant montant. Au-dessous, grand disque à six circon-
férences concentriques entre deux palmes. Au bas, ligne brisée
courant entre deux barres horizontales.
45. — Battaria. Stèle grossièrement triangulaire, brisée en haut.
Hauteur, o m. 65. Encadrement formé d'un trapèze surmonté d'un
triangle. Dans le triangle, un croissant montant. Dans le trapèze,
un croissant montant, deux disques à trois (circonférences concen-
triques. Deux palmes.
46. — Battaria. Stèle à fronton triangulaire, brisée en bas.
Croissant montant. Disque à trois circonférences concentriques.
Deux palmes.
47. — Battaria. Stèle rectangulaire brisée en haut et en bas.
Hauteur, o m, /i5. En haut, croissant montant. Au-dessous, petit
disque. A droite et à gauche, deux palmes.
48. — Battaria. Stèle rectangulaire, brisée au sommet. Hauteur,
o m. 3o. Disque avec un point au centre et deux circonférences
concentriques entre deux palmes.
49. — Battaria. Fragment brisé de partout. Hauteur, o m, 3o.
En haut, le croissant montant. Au-dessous, deux palmes.
50. — Battaria. Stèle rectangulaire à fronton triangulaire. En
— :'»7(; —
liiiul, croissant iiKuilanl. Au-dessous, palme entre deux barres ver-
licalt's.
51. — Battaria. SlMc Iriaiigulaire. [îauleur, o ni. ^lo. Croissant
luoiitaiil. larj^e |>alnu' ('nl'('rrn('(' dans un lra|)è/,e.
52. — Battaria. SiMc lriaii<;ulair(' Ires eflile'e. Haiileiir, o ni. 5o.
Lai'ijeur à la base, o ni. iT). Va\ haut, une palme. Au-dessous, un
(|ua(liilla<fe on iosaii};»' liniit(' jiar deux barres liori/.onlales.
53. — Battaria. Fragment brisé departonl. (iroissant nionlanl.
Deux ciiTonlereuces roiiociilriipies ciicoiiscrixanl uik; croix.
54. — -Battaria. Frajfineiil i)iis('' de j)ai'tou(. Deux circonrérences
conrenlriques circonscrivant une croix.
55. — Battaria. Fragineiil brisé de parloul. (iroissant nioutant.
56. — Battaria. Stèle de forme pyi'amidale. Hauteur, o m. /j5.
Au sommet est ménagée une niclie triangulaire évidée, profonde
de o m. 0 9.^).
57 à 63. El Djem (Tbysdrus).
57. — Mosaïque découverte au mois de juin 1896, sur la route
de Sfa\, à 1 kilomètre de rampliithéàtre; le pavement, dont il ne
subsistait (ju'un coin très endommagé, se composait d'une série de
médaillons renfermant des quadru|)èdes et des oiseaux. Le plus in-
téressant figurait Europe debout, à côté du taureau. Près de la
bordure, sous un nM'daillon r(;[)résentant un lion, était dessinée
liiix-riplion sui\anle, en l'aiaclères hauts de o m. 10 :
ACOMENA
(le mol iiTest inconnu, (l'est peut-être le nom du mosaïste. Le
mau\ais i-lal de conservation de la iiiosaï(|ue n'a pas permis de
l'enleNci .
— .')//
58. — El-Djem. Plaque do marbre brisée de paiioul. Lettres
irrégulières et néglijjées, hautes de o ui. o3 :
M N
PREREGRINVS
CVLDEVS RE
ERIGER
IT
Au revers de cette inscription est figuré au Irait Jouas sortant
de la gueule du monstre marin.
59. — ^ El-Djem. Pierre provenant du podium de rampliilliéàtre,
découverte dans les travaux de déblaienient entrepris par le Ser-
vice des travaux publics (iSi).")), d'accord avec le Service des anti-
quités. Longueur, i m. 80. Hauleui' des lettres, o m. 19 ;
I V L P
— 378 —
60. - El-Djem. h'ia{;inoiil hiisi' de pailoiil. IJelk's lollros lijiiilcs
(le 0 ni. o() :
CLAVdius
SATVKiiiiuis
61. — El-Djem. Fi'a}>iiionl l)ris('' do pailoiil. l^'tlrcs mal jji'avées
ol iii(''<fiili('it's, liaiilcs (le o Ml. o'i à o m. o."). l*]|»o(ni(' cliréliciiiie :
E IT NODKA
VIX • ANS
62. — El-Djem. Fragment biisi' de partout. Lettres irrégulières,
hautes de o m. ()3 à o m. o!S. Époque chrétienne :
PAT
rerpi iesC I T • I N pace
rl.vit aniiiS XÇ
S -M
Ligne 3 : vixit onnls VIT.
63. — El-Djem. Fragment biisé de partout. Hauteur des lettres,
o m. 09 à o m. o3 :
HIC E
R Q_y I V
ACE AN
VIII P M
Hic e\sl (Irpositus . . .] r{e)gui(e)v[il iii p]acc an[noruin. . .] VIII
p{lus) m{inus) ?
Tous ces fragments ont été recueillis par M. Ramonel, institu-
teur et conservateur du petit musée local installé par le Service des
antiquités à Técole d'El-Djem.
Parmi les autres débris antiques rassemblés dans cette collec-
tion, je lie signalerai que quelques fragments très intéressants d'un
sarcopliagc chrélien à bas-reliefs. L'un d'eux , (pii occupait l'une des
exlrémilés arrondies du lomhcau. ligure uu«' oiante doni il ne
— 379 -^
reste que la télé voilée et les deux mains dressées, o,\\\\v doux
vicillnids bai'htis, à têtes d'apôtres.
64, — Henchir-Tina (Thenae), près de Sfax. Inscriptions dé-
couvertes au cours des travaux de construction du phare (1895).
Fragment de colonne engagée, en marbre rose, utilisé à une
très basse époque, pour une dédicace. Les lettres sont gravées sur
la surface convexe, les lignes étant parallèles à l'axe. Les caractères
sont de belle hauteur, o m, 06 à o m. 07, mais de forme très ir-
régulière. Epoque byzantine (?).
A EC C I M
praes? IDE AN T^
ON FCIND
I^N ADIC\
Drm\ icis
65. — Henchir-Tina. Fragment de plaque calcaire, brisée en
haut; large de o m. iG, épaisse de o m, 12. Hauteui' des lettres,
o m, 0^5.
E B E M V
VIX-ANN-
LX
ebenm. . .? v{x{it) (mn{is) LX'-^K
Lexnta [Leptis minor).
Nous avons revu ensemble, M. Gagnât et moi, les inscriptions
découvertes par M. le capitaine Molins, que nous avions précé-
demment publiées ^^\ M. Gagnât a fait paraître dans la Revue arcJiéo-
logique ^^^ deux de ces textes corrigés. Dans les deux autres, le nom
de Tun des dédicauts doit se lire ainsi : P. Postumius MiiRIANVS
''' C'est à Tina qu'onl été découvertes les quatre épitaplies données par le com-
mandant Servonnet, au musée de Marseille, et pidjliées par M. Gagnât {Bull.
urchéoL, 1894, p. .857, n"' 6/1-67), t*^ ignorait leur provenance exacte.
^-' Gagnât, Bull, archéol., i8i)5, p. 69 et suiv. 3. /i , ."ï, 6. — Gauckler, Bévue
tunisienne, 1895, p. 281 suiv. et p. 893.
(3) Hejjufi archéolo^itiue , 1896, Il , p. i36, n°' Sa et 33.
— :î80 —
Marianns ou Moriaiius, coinino dans rinscci])tion H'Oiidna, pul)!!^!^
[)liis Jiaul.
66. Lemta. Inscriptions drcouvortcs à peu de distance dos
jn'omiL'ies, dans la nécro])ole d'Hcncliir-Mcskrai. IMaquc de marbre
Idanc, brisée à {»auche ot en bas. Dimensions du fragment,
0 m. kb X 0 m. /j5; épaisseur, o m. o3. Dans un encadrement
mouluré, dédicace }>rav('e en belles lettres hautes de o m. o(l5 à
la |)ieuiière ligne; o m. oT) à la seconde; o m. oA8 el o m. o'i.)
aux suivantes :
PLOTI N AE
A V G
1 m p • c a e s a r i s
nervae-TraiaN
P/oliiitir Aii^(>\iislne), liiip(era loris) Cnesm^is Ncrvac Trajniii
\Aiti>iis{i . . . c()njui>isj.
C'est, à uïa connaissance, la première de'dicace à Plotine que
Ton découvre eu Afrique : Tinscription est déposée au musée local
de Sousse.
67. — Lemta. Plaquette de marbre blanc, carrée, de o m. 3o
X o m. 3o, retaillée au revers; elle devait èlre appliquée contre
la face antérieure d'un tombeau, en forme (fautel, analogue à ceux
de la nécropole des offiriales, à Carthage. L'inscription, gravée en
jolies lettres hautes de o m. oi5 seulement, lappelle tout à fait,
pour l'aspect et le style, les épitaplies des esclaves ou afîrancbis de
l'empereur, découvertes dans cette néci'0])()l('.
L • SILICIO • L • F • CLAVD • SATVR
NINO-MILLEG-llI-AVG' )
ivli • ligvris • vixit- an • xl
militavit • an • xviiii • de
fvnctvs • in • pvgna-svb • lv
cilio-cenTvrioneinter
ARAS • ET VATARl ^
RERRICHE-RVSTICI • ROMANI • F
SILICIVS-L- FIL • FELIX • MATRI-ET
FRATRI • DE ■ SVA • INP • FECIT
L(iin'o) SHicio l.{iicii) JiHin), (]laiid[ia) [irihii), Saliiriiitio, itill[ili) lefr(i'om's)
— 381 —
tertiae Aug(ustae), ceuturia Juti(i) Liguris , vixk an\nis) \L, miliuwit
aii[iiis) W IIII; (Icfiiiictiis in piigna siib Lncilio cciitiirioiie inlev Aras et Va-
tari. B('iricli[(i]e Riisliciiî) Romani J\iliac)\ Silicin-s, L[iicii)Jil[ius), Félix,
nialri el fmUi de sua ini.p{ensa)fecil''^\
L'iiisci'iptioii esL déposée au imise'e local de Soussc.
68. — Sousse. Collection Gandolphe. Kiagment do plaque de
marbre biauc, (''[)aisse de o m. o3. Belles lettres hautes de
G ni. o/i5.
ALASE
feMPLVM
69. — Sousse. Épitaplie chrétienne, {jnivée on lellios hautes de
o m. o3 sur une plaque de marbre blanc, épaisse de o m. 02.
Brisée îi droite et en bas,
ROSARIVS
DORMIT IN PAGE
BIXIT ANISSi^P (sic)
XXVllI • M • X
VII
flosariiis doniiil in pacc; hixit a[n\uis bLvit (bille) .1.11 7// niicnsibus)
\ [d{icbus) . . . o{vas)] VU.
70. — Sousse. Colloclion municipale. Muse'o local de Sousse.
Fragment (rarcliilra\o. Ilauleiir dos lettres, o m. 07. Au-dessus,
rangée de feuilles dVau; au-dessous, rangée (Toves et de perles.
IVS vo
71. — El-Aala, au nord-ouest de Kairouan. Stèle calcaire,
haute de o m. hi) , large de o m. 3^, épaisse de o m. 16; déposée
au contrôle civil de Kairouan. L'insciiption est gravée en caractères
'•' CI. Hoiiijjlex rendus de l'Acad. îles iimcr. , tS()G, |). •!-j() el suiv.
— 38-2 —
p^olonH^. liants de o m. o'i. dans un cncadrenienl lai;[0 de
o m. 2-» el liaul do o m. -îS.
D M S
A N N O SAC
E R D O S HIC
S 1 T VS EST
V!X • AN • LXV
VXOR-P-FECIT
/)(/-s') Miuiilhiis^ s{^(icriiiii). Aiiiio. siicntlos , hic siliis csl ; vi,i\il) aii{^iiis) L\\\
LLï-or p[iit) fecil.
\inw . nom dorijfino |tuni(jn('. coninu' Unnno;]^' ne connais pas
dantiv e\(M»i|)lo de cp nom. ortliO{>;ia[)irn' sans aspiration initiale.
Du même cndroil |)i"oviont une autre sti-lc en calcaire jau-
nâtre, anépigraphe, liante de cm. 8o el large de o m. ho. Elle esl
termine'e au sommet [)ai- un ironton tiùangnlaiic. J)ans le tym-
pan, un béliei'. Au-dessous, dans un registre rectangulaire, le
croissant montant; puis, dans une niche ariondie, un personnage
debout. [)rès d'un autel, sacrifiant. Kufiu. en bas. ("sl un re<jislre
meiuigé pour rinscriplion el resté vide.
72. — Nefidhet-el-Mecid , entre Aïn-Selsela et ket-Madja , sur
la rive droite dn ra\in du menu; nom, dans le territoire des Ma-
jeu)-.
l'hujue calcaiie. haute de o m. y8; large de o m. 'i3; ('paisse
de o rn. 'it). Hauteur des iellres, o m. o5. Copie de M. Poivre.
D O M / // O DE
O NEPTVNO
ET DIS DINVS
Q_yAl NVIMI
IVN lAN • VO
TVM REDDiDI
Doiiiino l)eo Neptiiito el diis \ilcahuHijup iiiiicevsis?j.
./«//(ms) Jan[uariu.s) raliim rcdd\i]di.
La lecture des lignes 3 et /i me parait très doulensc. L'inscrip-
tion est à revoir.
— 383 —
73. — Hadjeb-el-Aioun.
Stèle votive, ornée de has- reliefs, découverte en 189^ par
MM. Hannezo et Moiins, et publiée par M. Toutain'^'. L'inscription
doit se lire ainsi :
PRO • SALVTE • IMPERATORVM • CAES •
La stèle est conservée au musée du Bardo.
74 à 77. — Environs de Sbeitla.
A '4 kilomètres à Test de Sbeitla, MM. Dubiez et Duversiu,
géomètres du Service topographique, ont découvert quatre bornes
limites, portant sur leurs deux faces des inscriptions, toujours les
mêmes. Ces bornes décrivent un arc de cercle au nord de la piste
de Djilnia; elles sont distantes respectivement de 398, 3^8 et
180 mètres. Toutes sont encore fichées en terre. Elles ont 1 m. 5o
de haut, o m. 5o de large, o m. 1 2 ou o m. 90 d'épaisseur. Hau-
teur des lettres, o m. o^ -.
j j Est P • M • S ■ M • ( Sud P • M • S • M •
i Ouest M-I-R-S-O-V- j Nord M • I • R • s- • 0 • ,^
y. i Sud jj . m . s . m . .. i Sud P ■ M • S • M •
( Nord M • I • /• • S • O V • j Nord /// ■ i ■ r ■ s ■ 0 • a •
78. — Sbeitla (Siifetula). Dédicace honorifique, mal publiée
par Guërin -'. Hauteur des lettres, o m. ok à o m. o(ï, dans un
double encadrement rectangulaire. Estampage de M. Bordier.
L • TVRRANiO
GRATIANO
C R ISPINO
P AT RONO
SEPTIMINVS
LIB
Liucio) Turran[i\o Gratiano Crispino Luci[ano?] patrono ,
Septiminus lih[erlus).
^^' Note sur un bas-relief africain trouvé à Hadjeb-el-Aioun {Revue archéologique,
1895, II, p. 298 et suiv.).
'*' Ci. Bull, de la Société des Antiquaires, 189.5, p. 229.
'^^ Voyage archéologique en Tuninie, I,p. 379: cf. C. L L., a4() = Sup. 1 1 89.1
maie lecta eut, qui la donne comme épitaplie.
— ;i8A —
79. — Henchir-el-Oust, à t,r)00 mtMrcsà 10. N. 0. des temples
de Sbeitla. Le clieiiiiu (\m conduit à Kasseriiie traverse les l'uines.
tf Cette loealite' ne doit pas être confondue, m'écrit M. Bordier, avec
le «Ti-ou[)e de ruines placé plus au nord, de Pautre cùlé de TOued-
Keniel, et que MM. Cagnat et Saladin dési{]nciil à lort sous le
même nom''' : celui-ci porte le nom d'Henchir-Hridj. Le nom
dHencliir-Cliell, que lui donne M. Saladin (-', est aussi erroné. La
partie la plus considéiabie des ruines est au sud de la roule, eu
l'ace du poteau téléjjjrapliique 3i3. Au centre se trou\e un lortin
( arré de 20 mètres de côté. Débris d'une vingtaine de pressoirs à
huile, corniclies et soffites élégants, nombr(!uses colonnes, puits
presque comblé. 'i
Cippe funéraire, découvert par M. Rordier. Lettics hautes de
o m. o3 à o ni. oh, gravées dans un encadrement haut de i mètre
el large de o m. Go. Les quatre premières lignes sont à peu près
illisibles.
iSE
TRIOvi^^lPAREN
TES PRO TERMl
NO DOLORIS
ARVLAM DEDE
RE SACRIS ANIS
XIII VIXIT
jifirciilcs pio Ivtiiniio dotons andaiu ilcdcre sdciLs. Àiiin.s Mil vi.ril.
80, — Koudiat-Roumad. A 2,5()0 mètres au stid de Sbeitla.
(^•s iiiines iroiii jamais été sijfualées el ne soûl pas indiijuées sur
la carte de rÉtal-Major au i/-ioo,ooo'. Hestes d'un lortin construit
à la hâte, avec les débris les plus divers, fûts de colonnes, chapi-
lf;iii\. moireaux de corniche, délicatement ciselés. Di'bris de pres-
"^ Carie de la réjjioii siluce un sud el ii l'ouest de Kairouati, Tdid- tin Monde,
i885,p. 380.
'^' Mnniou iii rliroldjriijiir ni Tiiinxii', I, p. (j'i, l'I lij;. iCii ;i i (iO.
— 385 —
soirs à huile. Sur un cipj)i', en forme de caisson encastre dans un
mur, M. Bordier a relevé Tinscription suivante, que je transcris,
d'après sa copie. Encadrement de o m. .ju sur o m. 5u. Hauteur
des lettres, o m. o^.
D-M-S
CECILIA- M-
VICTORIA
VIXIT-ANNIS
D(is) M{nnibus) .s(«crMw«). C[a\ecilia l/(arc«) [Jili(i\ Victoria,
viœit «[h]h/s L\X.
8i. — Kobbeur-el-Khadem, près de la piste de Sbeïtla à
Maktar, au S. E. de Sbiba.
Sur un linteau de pression*, ancienne base honorifique retaille'e;
lettres en relief de o m. i .") à o m. 20, disposées départ et d'autre
d'une croix pattée, avec Y 00 et l'a, inscrite dans un cercle. Palme
ou rameau d'olivier à gauche.
Photographie de M. Sadoux.
D D I [^^J H B O
82. — Henchir-Gouma , au nord de Henchir-Khadem.
Linteau de pressoir, encore en place, orné, ainsi ({ue les deux
montants, de stries en relief figurant des carrés, des triangles et
des losanges. Au milieu du linteau, dans un carré ménagé en
relief, chrisme inscrit dans un cercle, avec l'a et r&>, au-dessus de
la barre horizontale de la croix.
Henchir-Hemad , piès d'Henchir-Gouma.
Nombreux moulins à huile, avec cuves intactes et montants de
pressoirs encore en place; quelques-uns ornés du chrisme.
Environs de Sbeïtla.
M. Diibiez, géomètre du Service des domaines, chargé d'établir
le plan à grande échelle de 9 5, 000 hectares de terres icquis par
l'État autour de Sbeïtla. a relevé avec le plus grand soin toutes
les ruines existant à la surface du sol dans cette région.
Archéologie. 30
— 386 —
Dans les 50,000 heclaros qui environnent les ruines, au nord,
à Touesl et au sud. il a relevé les (races de s()i\aute-di\ ruines,
pouvant se classer ainsi: 3 villes, 1 5 centres importants, /i(i hour-
ffades. () huileries, l^e principal intérêt de ses observations, qui ne
(loixenl d'ailleurs être prises ici iju'à titre d'indioations, est de
démontrer Texlension et la prospérité de la culture de l'olivier,
dans toute la région de Sbeïtla, à l'époque chn'tienne. M. Dubiez
a relevé' les traces de plus d'un millier de pressoirs. Pour alimen-
ter tous ces moulins à buile. il fallait que le sol lût [)r<'sque entiè-
rement couq)lanlé d'oliviers, qui composaient la |)rincipale, sinon
l'unique richesse agricole de la Byzacène centrale. Il est à remar-
([uer, d'autre part, que le nombre des tiavaux hydrauli([ues signalés
par M. Dubiez est extrêmement resli'eint, cl ([ue la plupart d'entre
eux sont des citernes circulaires ou majens servant uniquement à
Talimentation des hommes et des bestiaux. On peut aflGrmer que
dans toute la régioii de Sbeïtla, il n'y a jamais eu d'irrigations
sérieuses des terres de culture. C est un pays de terres sèches, où
Ion ne cultivait guère que l'olivier à l'époque romaine.
83. — Sbiba [Sufe.s). Cippe carré, très mutilé à la partie su-
périeure, présentant sur la face principale une figure de femme
drapée; sur les deux côtés, deux Amours funèbics appuyés sur des
torches, et sur la face postérieure rinsciiption ■suivante, en lettres
hautes de o m. o55. Copie de M. Sadoux.
E R.0
GATAE LV
ClSCl FILiA
VXORI FIDE
Ll SSIMAE
V-ALX
... e Uofjfilac Liicisci Jiliae, ii.rori Jidclissimne c{ixil) (i{niiïs) LX.
84. — Sbiba. l'raguu'ut d'architrave. Lettres hautes de o m. t 1 .
l'iinijle \. 0. (le la basilicjue.
G I O
TRC
— 387 —
Ce iVajfmt'iit est peul-èire le même que celui (|ui est publié an
Corpus, sous le n" i i,4'2Ô a.
85. — Sbiba. Fragment d'aiciiitrave. Lettres hautes de o m. 20.
■ CENA
86. — Sbiba. Dans la muraille du sud de la basilique; hau-
teur des lettres, o m. 08. Copie de M. Sadoux.
C O N
O
S-S-P-F
. . . |P/o.^J con{sulc) . . . s s[Ha) piiicunia) f{ecit).
87. — Henchir-Meded. {Mididi, entre Sbiba et Maktar. ) Pié-
destal haut de 2 mètres. Hauteur des lettres, o m. 10.
D E O
MARTI
PATRIO
AVG-
Deo Marti Patrio Aug{usto).
88. — Ksour-Ouerrah. Dans le Bled-Echei'ia, à (Jo kilomètres
au N. E. de Gal'sa.
Mausolée en forme de temple, découxert par M. le lieutenant
Labbé, du Service des renseignements. L'inscription dédicatoirc,
place'e sur rentablement de la façade, devait se composer de trois
lignes gravées sur trois pierres différentes, longues chacune de
1 m. 5o environ. Les deux premières gisent à terre, ainsi (pie le
commencement de la troisième; la lin de la troisième est restée en
place sur la coiniche du mausolée. Les lettres, de belle hauteur
(o m. 10), sont très effacées, et ma lecture n'est pas ceitaijje.
m/^DlAE SECVNDILLAE HONESTAE
FF. MINA E MARITAE KAn'ssiniae
AFRN FORTVMTINVS MARIT«s
. . . diae Secundillae, honestac feminae , maritae rarissimae ,
Afran(ins) Fo)itniatiaiiii.s iiiiint[i(s].
— 388 —
(IfOiiuis cl t'slanipage de M. le lieutenant Labbé.
\ l'intérieur du niausole'e se trouvent trois blocs stijx'rpose's,
avec sculptures on bas-relief. Le premier est un cbapileau de pi-
lastre corinlhieu qui devait orner la façade. Les deux autres sont
des mensae, la première pre'sentant simplement deu\ cairés unis
pai" un de leurs auf^les. la seconde une jjalèrc^ à ([ueue, deux pa-
((■res simjdes et trois coupes.
89. — Route de Gafsa à Tozeur.
I)()ru(' milliaire du lû' mille de la \oie romaine, de Capsa à
Tuzurus et .\eple, soit à 99 kilom. 900 de (lafsa. L'inscrij)li<)n
a e't(' inexaciemeul publiée par ïissol ''l Wilmauns prétend avoir
vu la colonne sans pouvoir y trouver trace d'inscription, ce <jui
est impossible. Peut-être a-t-il vu la colonne précédente (jui ne
portait (pie (jnelques traces de lettres, au moment où elle l'ut étu-
diée par Beibrujjjjer. Ses débiis subsistaient encore, il y a quel-
ques années, sur les liords de l'Oued -(^liereïa, rive gauche,
rr C'i'laient, m'écrit M. Tellier, inspecteur des forets de Gafsa, deux
tronçons de colonne que j'ai maudits assez souvent, car les aiaba-
tiers, après avoir gravi la berge de l'oued, s'en servaient pour
caler les roues de leurs cliarrelles pendant que les bêtes repre-
naient haleine, et repartaient ensuite en les laissant en travers de
la route. Je les ai roulées plusieurs fois moi-même, et je n'y ai
rcmanjué aucune trace d'inscription, (^es débris n'existent même
plus. La portion de la berge où ils se trouvaient a été emportée
par la crue de novembre 189^, et ils ont disparu avec elle, w
(hiant à la borne milliaire i5, en voici h; texte d'après un bon
eshunpage <[ue je dois à l'amitié d<' M. Tellier. Les lettres sont
hautes de o jn. 07 aux deux piemièies lignes, de o m. 06 aux
sui\anles. Le chilfie des milles est haut de: o m. oç),
IMP-CAES-C-VALEU
lO-DIOCLETIANO />/o frll
ri 1 N V • A V G • P • M • T R I B
POT • XVllIMMP • XVII
COS-VIl-P-P-PROCOS ET
C • GALERIO • VALERIO-MA
XIMIANO • NOBILIS
SIMO • CAESARl
XIIIII
'" Hrviii; fifriiaiiw, 111, p. Kj (cl. ('.«vjins , n" kkioi !■! p. 1)77).
— 389 —
Iittp(cmtort) Cac>i{(in) C{aio) Valeiio Diocletiiiiio [pio/elki] iiit{jcto) Augiusto)
pipntificï) m((iximo) ttibÇiinicia) pot{estaté) X\ llll , imp[eralorï) XVII
co(ii)suli VII , p[atri) p[alriae) proco[n)s{idi) . et C[aln) Gnlerio \ nlerio
Mnœhniano nobilissimo Cacsari. (Milin pf(ssuiu)i) \ V.
La dédicace est de l'annôe 3o^î.
90. — Sidi-bou-Teffaha. Dans la valle'e de rOiied-Tiiie, sur la
rive droite de la rivière. Stèle calcaire; dans un encadrement rec-
tangulaire, haut de o m. 70 et large de o m. 38, en lettres hantes
de o m. o5 à o m. o35. '
D-M-S
MINERVALIS
H O N O R A T I
A D M I C A R I S
\- I X I T A N N I S
FIL-PATRI • FECER'Ï'
D{is) Miatiibiis) s{ac)'U)ii). Mhiervalis Honorati Adinicnris f{ilii(s) l'i.rit
ntnih \CA\ mienaibus) JV. Fil(n) pfttrifecer(iiiil).
Epilaphe (\\\n indigène Admicar, variante du nom déjà connu
Ammicar.
91. — Béja. Stèle trouvée dans des travaux de \oiri(î et déposée
dans la cour du contrôle. Forme grossièrement triangulaire, avec
sommet arrondi. Hauteur, o m. gS; largeur, o m. 2 5 à o m. 5o;
épaisseur, o m. i5; hauteur des lettres, o m. okî^ à o m. oh. Au
sommet de la stèle, bas- relief barbare représentant un buste
d'homme. Au-dessous, l'inscription suivante :
D- M-S-MA
IVS LERD
VBIS-VIX-A
N • L XXX
Dits) M(fttn'bii.<t) siacmw). Mains Ccrdiibis (Jîlias) vi.r{il] niiiina) LX\X.
— :m)0 —
92. — Ain-Fodda, pivs de Béja. Stèie l'unéraiio, à bas-relief
fi{,nirant une renuiie debout, tenant un iniguentorium sur sa poi-
trine; au-dessous, dans un cartouche à queues d'aronde, haut de
o ru. i>o et lar<je de o ni. 3o, l'inscription suivante, en lettres
hautes de o ni. ohh :
CAECILIAL
F • FAVSTA
CASTA-PIA-V
A-XXXIII-H-S
Cnecilia L. j\ilin?) Fnmta ; cnsfn, pia v({.vit) a(ninii) XXIfl, li[ic) s{{ta).
La stèle a été' donne'e au musée du Hardo, par Si Mohamed-bcn-
.loudan.
93. - Medjez-el-Bab. Stèle Funéraire en pierre calcaire, à fron-
ton tiian^julaire, brisée en bas. Largeur, o m. 3o; épaisseur,
o m. lo; hauteur des lettres, o m. o4 à o m. o3. Déposée au
contrôle civil.
D M S
MARCVS OL
LIVS- M ARCI
ANVS • P-VIX
AN-LV-H-S- E
D[is) Miambioi) .sîucnim). Maicus Ollius Mnrcianus , p{insyvùc{ii) an[nis) LV
h{ic) sijluii) ei^st).
94. — Medjez-el-Bab. J'ai revu au contrôle civil l'inscription
de Toukabeur, publiée au Cor/Jus liiscr. lai., n" i/i,86o. A la pre-
mière ligne, il y a bien DM- S- et non DM- seulement.
95. — Sidi-Salah-el-Balthi. — A ik kilomètres au nord de
Souk-el-Khemis. Ruines importantes''^ dans lesquelles a été décou-
vert, par M. Chenel, alors contrôleur civil de Souk-el-Arba, un
important bas-relief militaire que j'ai fait entrer au musée du
BardoC-i).
*'' (A. liitll. iii-clii'ol. du Comité, 1H96, |). ili() et ,sui\., e( |)l. XIII.
W Cf. M,V/., i8K(,, ri^366.
- 391 —
(îrande frise brisée à la partie supérieure, ayant i m. 90 de
longueur et 0 m. 55 dans sa plus grande hauteur. L'inscription,
qui devait avoir quatre lignes, est gravée en belles lettres hautes
de o m. oG, mais assez efface'es. Estampage de M. Sadoux.
mwm.
EXCEPTARM • EX • SOLO -ERECTA^^^^J^^^^CVR-R
FECTO • CVR. • EIVSD • REIP • PERFECTA KEStituiTmClT ETi
P • DESIGNAT AE»^^^«
D-D-S-P-FECIT ET dedicavit
Les mutilations de ce texte important sont d'autant plus regret-
tables que, dans la première partie de l'inscription, aujourd'hui
de'truite, se trouvait certainement e'noncé le nom de la ville an-
tique, encore inconnu actuellement.
96. — Sidi-Salah-el-Balthi. Fragment de frise, avec corniche
attenante, haute de o m. 3o, large de o m. 96; hauteur des
lettres, o m. 12. Estampage de M. Sadoux.
M-FILI SVI X XXV-AIYFI
EIVS • AVRELIANVS OR
97. — Sidi-Salah-el-Balthi. Huit fragments d'une grande frise
d'entablement. Hauteur des lettres, o m. i5.
S NOVISŒT STRATVRA LA
d e f
i 1 ]
FER AN NORVM i
iERIEM
8 h
1 i (
DEDICANTE HERENNIo
^ \ / •
— :v)i —
98. — Sidi-Salah-el-Balthi. StMo l'iiuéraii-p, blisiu' à {rauchc.
Hauteur, o ni. 38; plus [fiaiiilc lai{>vur, o m. /lo; liauloiir des
lelli«'s. o m. ()3, aii\ preiiiic'rps lijjncs et o m. oi aux dernières.
<l M S
1 VS ■ VICTOR ■ MANILIA^V^S
VIR MEMORIAE PIAE
ANNIS LX
NCIT NATVRAE-DEbTwI
VO-NVNC-VIVIT-OPTIMA
.^;NE QVIA TVLT BONvfe?i
iSESTO ET TERRA LEVIS
//. .S-. E • O • T • B • Q
[/)(/.v)] M{anll>iis) s(i(C)'init) . . . ius ] iclnr Mmiilimnis . . . rir mcworlne pior
[ri.nl] niiiils L\ . . . cil naUirae debllimi . . . iiiiiir tiiHl optiina... nr
(lit in iiilit 1)011 uni . . . eslo et terra levis [H{ic) siitus)] e{st) o(ssa) t{ua) b[e)ie)
fj[>iiescniit).
99. — Henchir-Dougouana, près de Souk-el-Kheniis.
Cippe funéraire à bas-reliefs, haut de i m. 65. Sur la face prin-
cipale, deux personnages drape's sont figure's debout, sous une
arcade soutenue par deux pilastres corinthiens. Adroite, un homme
vêtu de la toge, tenant de la main gauche ramene'e sur la poitrine
une couronne, et posant sa main droite sur l'e'paule droite de la
femme qui se trouve placée à coté de lui; celle-ci est vêtue d'une
louj'ue luiii((ue fixée à la taille par une ceinture, et d'un manteau
tombant de lépaule gauche, dont elle relève les plis de la main
droite. Sur les faces latérales du cippe sont deux génies funèbres,
lim màlc, lantre de sexe féminin, s'appuyant sur des torches ren-
\ ersées.
L'inscription est gravée en caractères hauts de o m. 09.5, dans
un cadre rectangulaire, haut de o m. 29, placé sous le bas-relief
de la face principale. En voici la transcription, d"a[)rès la lecture
et la photographier de M. Sadoux. Un estampage peimettrait cer-
tainement de liie linscription en entier.
D M S
T KONfM/jm//.M->:'„FEUX
MONICMANVS PIVS VI
X ANIS XXV ;,S
. r^îONlA HONORATA
— 393 —
100. — Aïn-el-Henchir, près de Souk-el-Khemis. Plaque tu-
inulaire; hauteur des lettres, o m. où. Lecture de M. Sadoux. Triple
épitaphe.
SVLLIAPRIMA
SliC I FILI A PIA
VlXt ANIS XXXV
D • M • S D- M-S-
ABVIAZ ABi^ilAS
BASicv wmmjp-^
■fmETK
101. — Aïn-Kasr-el-Hadid , près de Souk-ei-Klieinis. Fragment
d'e'pilaphe double. Hauteur des lettres, o m. oh.
N
DV
V • PI I
VIXIT DO
rt N N I S V I X / f an ni s
LXX-O-T- LX
B-Q^T-T-L-S-
VICTOR
Lecture de M. Sadoux.
102. — Tabarka. Sarcophage en marbre blanc, décoré sur sa
face antérieure d'une série de strigiles, disposés de part et d'autre
d'un cartouche à queues d'aronde et présentant l'inscription sui-
vante, en caractères de o m. où à o m. o3 de hauteur:
D . M . S
L-VIBIVS RECEPTVS
PLOTINIANVS • VIX
ANN- XII • M- IIII -H-S-E
Les moulures supérieures du cartouche ont été retaillées après
coup, et sur la surface plane ainsi obtenue a été gravée une se-
conde épitaphe, chrétienne celle-là, tandis que la première semble
— 39A —
liaïeniit'. Les ijuactères sont plus petits {hauteur, oui.oîî) et graves
avec moins de soin.
AVRELIVS HONO
RATVS IN PAGE
VIX-ANN-XXXIII -M-II-H-S-E
Bien que le commencement de la première ligne soit un peu en-
dommagi', je crois pouvoir affirmer que le prénom manque; la
lettre le représentant se serait trouvée d'ailleurs en marge de l'in-
scription, dont les caractères sont bien alignés.
Enfin, au bas du sarcophage, au-dessous du cartouche central,
mais un peu à gauche, se trouve la signature du marbrier qui a
sculpté le tombeau, suivant un usage dont j'ai déjà signalé un
exemple à Cherche! (sarcophage signé ALOGI ) ; hauteur des lettres ,
o m. o3.
MAC A Kl
Ainsi ce tombeau , dû au ciseau du sculpteur Macarius, avait été
utilisé deux fois et avait renfermé successivement la dépouille du
païen Lucius Vibius Receptus Plotinianus et celle du chrétien Au-
relius Honoratus'^'.
Un autre sarcophage en marbre blanc, à peu près intact, a
été découvert au mois de décembre iSgti par M. le curé Cassaigne.
H est décoré sur sa face antérieure d'une série de strigiles, atec
deux génies funèbres, aux deux extrémités du tombeau. J'ai fait
transporter ce sarcophage au musée du Bardo.
103. — Ksar-Tir (Colonia Vallis). Fouilles du giand temple
dirigées par M. Sadoux en 1896. Sur un fiagmeni de frise avec
astragale, en lettres hautes de o m. 08, à la première ligne, et
o m. 07, à la seconde :
RVMO-V-E-NOSTRORVM
proCONSVLE PROVINCIAE A¥Kicae
. . . rinno v{iro) e(gregio), nostrormn. . . [pro] consule provinciae Afr[{cae].
'" es. Dull. nrrlipol. du Comité, iSç)h, p. 71 et suiv.
— 395 —
104. — Ksar-Tir. Monument aux grands piliers, à Touest dts
ruines, vers la rivière. Fragments nouveaux de ia grande dédicace
gravée sur Tentabloment de l'édifice, et dont neuf fragments sont
déjà publiés au Corpus n" 1978 a-k.
a PR.OSALVTE Imp.
h R T H I C I L i
ft /( T O N I N I • P 1 1 • A V G
a. Hauteur des lettres, o m. i/i; la seconde ligne manque.
h. Hauteur des lettres, o m. i4; o m. laS.
105 à 112. — Ksar-Tir. Inscriptions découvertes en 1896.
dans le voisinage du grand puits carré.
Colonne calcaire brisée en bas. Lettres hautes de o m. 08.
IMP • CAES
M-ANTONINVS
GORDIANVS • DIVI
GORDIANI • NEPOS
f^ I V I • G O R D I A N I
•s 0 >■ O R I S • F I L I V S
pins FELIX A VG
j/ on t.i ¥ Eyi
m a œ i M n s
Imp{eratof) Caesttr M((ti'cus) Antoninus Gordiamts , Divi Gordiani nepos ,
Divi Gordùaii [sor]oris JiHus [ plus] feliv Ai(g(ustus) [poitU\/e.r [inaxi\m[us]...
106. — Ksar-Tir. Fragment. Lettres hautes de o m. oG.
AVRELI-ANTONINI
AVG-FILIO-
VTRIVSQVE ORDINIS
107. — Ksar-Tir. Fragment de colonne calcaire. Lettres hautes
de 0 m. 06.
IMPERATORI
DOMITIO
«VRELIANO
— 396 —
108. - Ksar-Tir. Giaiulo colonne, liante de i m. 12, ayant
0 m. (io (le (liamèlie. brisée eu bas. Lettres hautes de 0 m. 10,
très bien {fravées; à droile et à gaucho de rinscriplion , au milieu de
la colonne, deux palmes.
PEKPETVO
1 M I' • C A E S •
L ■ D OM 1 T 1
0 • A VREL 1
/ ANO • IN \
1 VICTO É
T PIO-FELI X
CI -AVG-eS ÏÏI
Y î
Pfrjwliio hiii)îemtori) Cnes(ar{) L(ucio) Bomitio Anreliano vwicto pin fplici
Aug(iis{o) co(n),<t(iih') III \ milita p^ffs-siiiiiii)]. . .XI. . .
Dédicace à rempercui- Aurélien, datée de Tannée de sa mort,
37.'). Le cliiiïic des milles n'est pas certain, la colonne étant brisée
à cet endroit.
109. — Ksar-Tir. Colonne calcaire. Hauteur des lettres, o m. 1 o.
Brisée en ha s.
T-FLAVIO W
LERIO CONS
TANTIO NO
B I L I S S 1 M ^>
CAESARI
■» r -^.r vr
T[ilo) Flatin i nterio doiistaiitio iiobili.s-siiii\()\ (lnosari. (Milin ptissinini)
...\T.VV...
Le chillVe des milles n'est pas certain, la colonne étant brisée à
cet endroit.
Dédicace à Constance Chlore, entre nç)*? et !)0."). \ remar(|ue?' le
|H('iiom erroné, 'l'ilns, nu lien de Mfirrvs.
— 397 —
no. — Ksar-Tir. Colonne calcaire. Hauteur des letlres, o m. oo.
D D N N CONSTANTIO
MAXIMO AVG-ET
CONSTANTIO
NOBILISSIMO
C AESS
D[oiuiiiis) Jiiostria) (lonstanlio inaximo Atig{nslo) et Coitstantiu nobilissimo
Caes{(ire).
Dédicace à Conslance II et à Gallus, leruontant à la période qui
s'étend entre 35 1 et 35^.
111. — Ksar-Tir. Fragment de colonne calcaire. Hauteur des
lettres, o m. 07.
P O T yM- O
COS I
XX
112. — Ksar-Tir. Fra<>inent brisé en haut et à droile. Hauteur
des lettres, o m. o3.
ÊWmAD fines pro
VINCIAE LONGA Incuria
C O R R V T AM Ac (U
LABSAM RESTI/«/t
. . . ad fines [. . . pro\vmctae , longa i[iicin'ia\ cormptam a\c di\
hipsaiu )'€sti\tint].
113. — Henchir-Debbik, près de Ksar-Tir. Base calcaire, très
endonmiage'e à la partie supérieure. Les dernières lignes de Fin-
scription, au contraire, sont intactes. Hauteur des lettres, o m. 07.
t\ vir-aedili-im vir
m-TeTtivs-gallicvs
clodia-nvs-eq^rom-
fl-perp-tï-vir-aedilic-
filivs • eorvm •
. . . Teiti [0 . . . ] // vir{p) aedili e[grcgiae) iii[ei)ioriae) vir((}) , M(arcus) Tet-
tius Gallicus Clodianus, eq{ucs) rom{aims), Jl[amen) perp(eluHs), II vir,
aedilic[ùis) , filius eormii.
— 398 —
114 à 116. - Ksar-Tir. Kragmcnls découverts au cours des
IbuHIes (Ijiiis les ruiiit's du Iciiiple de Vallis.
Fra<fiiient de colonne, llaiileur di^i^ lefires, o m. o8.
rONSTA?T
Fragnienl d'airluliaxe. Ilaiilciir des Icllres, o m. x-i,
Aiilre frafjment. Hauteur des lettres, o m. o().
i^MMA
117, - Ksar-Tir. FiajjinenI de dédicace, découvert en iSgÔ,
aux environs de Ksar-Tir et transporté au contrôle civil de Medjez-
el-Bab. Hlocde tnarl)rc, épais de o m. ko, brisé à droite, à gauche
et en bas. Hauttnir des lellres, o m. o8,
pyo sainte iiuj). C AES'DIVI'M' ANTON b// /«7 ftertnaniri , aiirinatici f[illi)
l.ScpImi Scveri />// PFRTÎMACIS- AVG-ARAR
Dédicace à Septinie Sévère prol)al)icnient, postérieure à igS.
118. — Mechta-el-Haouam. — Hencliir domanial Kliouiridj,
teiritoire du (ioubellat, caïdaL de Medjcz-el-Bab.
Stèle votive à bas-reliet", découverte par M. Girod, géomètre du
Service des domaines, et qui m'a été communiquée par M. Hugon,.
directeur de ce service. La stèle est brisée en deux moiceaux, se
raccordant presque exactement. Le monument est haut de o m. 5o
environ. A la partie supéiieure, sous un fronton triangulaire, est
figuré Mercure tenant le caducée. A sa droite, un bélier; à sa
gauche, un co(j. Au-dessous, l'inscription suivante :
MERCVRIO AVG • SACR •
PRO SALVTE IMP-CAES
AP.VM • M • AVRELl • ANTON!
NI ET L- AVRELl • VERl
AIVS-ARINIS-OCCONIS
FECIT ET DEDICAVIT-S-P-
L • A •
Mcrcnritj Aii>>\nsl()) sacrum; firi) sainte liii/)[cralorniii) (',(ies[arum) \l{arci)
— 399 —
Aurcli{i) AiUonini et L{ncii) Aureli{i) Veri. Aius{Jilius) AnHis{f,l{i) Occo-
nis fecit et dedicavit s{ua) piecunia) l{ibens) a{ntmo).
119. — Bou-Ftis {Avitta Bibha). Cippe en forme d'autel, e'coiné
à droite. Lettres hautes de o m. 07 à la première ligue, et de
o m. 00 aux deux suivantes. Copie de M. Sadoux.
AZRVBAL ^ BAISILLIS
CHI AN • F • SATVRNINV s
V • A • XXXX • SATVRNIN
Az^mbal, ijilius) Baisillis {filn) Chian , S(aummu[s\ v[ixil\ ainnis) XL
Saturnin. . .
Noms indigènes
(1).
121. — Tlil-bou-Eukka. Site très pittores(|ue , à une heure et
demie de cheval, auN. E. de Medjez-es-Sfa,aucœur du Bou-Arada.
Pays boisé et bien arrose'. Vestiges de nombreuses fermes romaines.
M. le lieutenant Hilaire a relevé' à cet endroit plusieurs inscriptions
funéraires intéressantes, dont il a bien voulu me communiquer
les copies, avec dessins ou photographies à fappui.
Stèle plate d'un très beau calcaire blanc, engagée dans un des
murs extérieurs du gourbi en ruines de feu Mohamed-ben-Amor.
Elle était recouverte d'une épaisse couche de chaux qui a assuré sa
parfaite conservation.
Le monument, haut de 1 mètre, se compose d'un fronton trian-
gulaire au sommet, d'un bas-relief et d'une épitaphe. Dans le
fronton est figurée une roue à huit rais, entre deux pahnettes ou
fleurs de lotus qui remplissent les écoinçons. Une rangée d'oves
souligne le fronton. Le bas-relief représente un banquet funèbre
avec trois personnages : le mari, couché sur le lit, devant lequel
est un guéridon à trois pieds, lève une coupe de la main droite et
lient un autre vase dans la main gauche; la femme, assise sur le
bord du lit, tenant de la main droite une bouteille sur ses genoux
et de la main gauche une coupe ou un fruit; l'enfant, debout de-
<" Comparez le nom Baisillis, ou peut-être Baisillis, aux noms déjà connus,
Balsille (Cm-pus , t. VIII. 6687), Bal.silech{lbid., 16), Basillec{lhid. , 0057), Bal-
sillec{lbid., 13Ù9), etc.; le nom CHIAN à Chia {Ihid., 8128 el peut-être 56oi),
et aux noms indigènes commençant par le même radical, Chinidial (Ihid.t 5a 17)
et Chinitus {Ihid., 4807).
— 'lOU
vaut le lil. à cùlv du lii'jiicd. Vii-dossous, l'opitaphe est gravée
dans les deux comparlimeuts d'un cartouche à queues d'aronde
ornées d'un bouton. Lettres hautes de o ui. ok, bien gravées, mais
de loiiiie peu n'gulière.
D-M-S
FAVSTA BA
R 1 B G A L 1 S
F l L 1 A P I A
VIXIT ANIS M
V
D-M-S
L • F 1 L I T E R I
T A E-P 1 -V I X 1 T
ANIS L X X
f LIBERIE PI VIX
.m
^f ANIS II MESES VI
D[is) M[((iiiljiis\ N(^(u-riiin). lùtiista llnribguliii Jilia pia civit «[«J///,v LWV.
D{is) Mininbua) ii(acri(m). Liucii) Flliteritac ? jn{us) vixit u\ii\ins LXX ;
ÏÂhcvi\<iy ; pi[a) vix[ii) a[n)nis II me{n)ses VI.
\ remarquer la forme indigène Baribgal au lieu de Bangbal. Le
nom Filiterita , probablement indigène, m'est inconnu.
122. — Tlil-bou-Eukka. — Cippe haut de i m. 3o, à 3oo mètres
du gourbi en ruines de Mohammed-ben-Ahmor, dans un bois de
pins.
Fronton triangulaire accosté de deux acrotères; dans le tympan,
le croissant montant. Au-dessous, quatre épitaphes groupées par
couples dans deux registres. Le premier registre a la forme d'un
cartouche à larges queues d'aronde. Le second a un encadrement
rectangulaire uni.
D M
S
C • AV R E L I V S
B
ERE
B
N AMPHAMO
G
A L • P 1
A
NEBRIDIANVS
V
I X I T • A
N
PIVS-VIXIT AN
N
I S N
N I S • N L X
H • S • E
C A R I N I V S
PALADI ANVS
PIVS -VIXIT AN
N IS N - XXV I
H - S • E
C- AVRELIVS
PALADIVS-PI
VS VIXIT AN
N I S N VII
H - S • E
0[i'i) M^dinhii.s) s[ncn(iii). (Aniu-s) Aurelius JSauijtlmiiio [\i'bri(Uani(,sitius, l'iii
— fiOl —
(uniis ii[umero) LÀ. — Beicbgal pia viiil aiiiii.s n[iiniero). . . h{ic) s{iln)
e[st). — C(ams) Arinius Pcdudianus [jius vixit aiiins n{umero) XXVI ; li(ic)
s{Uus) e{si). — C{aius) Aurelius Paladins pius cixit amm n[innew) I II ;
h{ic) s[ihts) e(st).
Sur la deuxième épitaphe, le nombre des anne'es manque.
A remarquer les noms de'rive's du grec Paladins, Palndianus,
Nebridiamis , accolés à des noms indigènes, Namphamo , BerebgaL Be-
rebgal, nom de femme, est Te'quivalent de Baribgal de Tinscription
préce'dente, et dérive comme lui par corruption du mot compose'
connu Barkbal rdon de Baal^. La forme Nebridtanus, dérive'e de
Nebridius, m'était inconnue.
122. — Tlib-bou-Eukha. A côté de la préce'dente.
Stèle à bas-relief, en marbre gris, brisé en liaut. La partie su-
périeure, qui devait contenir Tépitaphe, n'a pu être retrouvée. Dans
une niche rectangulaire, dont l'entablement, aujourd'hui brisé,
était soutenu par deux pilastres, un homme à demi couché et ac-
coudé sur un lit funèbre, devant lequel est un trépied, tient de la
main droite un Jlabellum CI). Les pilastres sont creusés de deux can-
nelures ; la baguette qui les sépare se termine en bas par un fer de
lance.
124. — Au douar même de Tlib-bou-Eukh£x, formant le mon-
tant droit de la porte de la cour intérieure, dans la maison de
Mohammed-bel-Hadj-Messaoud.
Gippe rectangulaire. En haut, une niche à entablement droil,
soutenu par deux colonnes corinthiennes; dans la niche, trois per-
sonnages debout; à gauche, un honnne; à droite, une femme te-
nant un fruit dans sa main droite levée; au milieu, un petit gar-
çon. Sur la frise d'entablement, une épitaphe, assez difïicile à
déchitfrer; au-dessous de la niche, une autre épitaphe.
1
M • CAECILIVS • PERPETVS
mmmmmm
PAPIA • SVLPICIA- V- A • XXXV
Q:C AECILIVS ■ PERPETVS • V • A
cm- Q_:C AECILIVS-PAT
CONIVGI • OPTIMIS
P 1 : S • F E C 1 T
Ai;CHlî<JL<H,lE. 2(j
— àO'2 —
Monumenl élevé par un certain Q. Caecilins à sou père (J. Ciie-
cHitm Perpelii{u)s, un centenaire, à sa femme Paitia Sulpicia, et pro-
l)al)leuu'nt à son lits .1/. Caerilius Peri)etu[as), dont répilaplie semble
avoir été rajoutée après coup dans renlablement.
A 200 mètres, au S. 0. de ce {|ourbi, M. Ililaire sijfuale un
cippe haut de i m. 5o, arrondi à la pailie supérieuie, et sur le-
quel est très grossièrement sculptée, dans un évidement en l'orme
de nielle, un personnage couvert de ia paeii nia.
Au-dessous, dans un petit cartouclie, une inscription latine de-
venue indéchiffrable.
125. — Dougga. (Teni[)le d(! Caeleslis.) Le déblaiement de ce
monument a été commencé en 189A, à l'aide d'une subvention
accordée par l'Académie des inscriptions à l'eu La Hlanchère. Les
travaux, dirigés |)ar M. Pradère, conservaleiir du musée du Baido.
ont été arrêtés avant le complet dégagement du temple. Je les ai
fait reprendre en 1896, pour arriver à nettoyer entièrement le
porlique demi-circulaire qui entourait le sanctuaire et à reirouver
les fragments qui manquaient encore de la dédicace courant le long
de l'entablement de ce portique. M. Hilaire, lieutenant au U" ba-
taillon d'Afrique, a bien voulu se charger de diriger ces recherches
et de faire le relevé exact de tous les fragments épigraphiques
existant actuellement dans l'enceinte du temple de Caelestis et se
rapportant à la dédicace du portique. J'ai vérifié moi-même sur
place ses lectures. Je donne ici la liste conq)lète de tous ces
fragments''', en indiquant pour chacun d'eux l'cqxxiuc de sa dé(;ou-
verte. Il est à remarquer que, daus la première partie de l'inscrip-
tion, à gauche de l'hémicycle, les T ne dépassent pas le niveau
des autres lettres, tandis (jue dans la seconde partie, au contraire,
ils sortent sensiblement de la ligne, les deux bras de la barre ho-
rizontale sétendant à dioite et à gauche au-dessus de la lettre qui
prt'cède et de celle qui suit. Cette anomalie me semble devoir
s'expliquer ainsi : le lapicide avait mal calculé l'espace (|u'il lui
failail pour graver la dédicace entière sur le porti(|ue. Arrivé au
milieu de son travail et s'apercevant de son (n'reur, il a usé de
sidjterfuge pour regagner un peu de la place qui lui manquait et a
'" La copio dos riajjinoiils ili'coiivci'ls en i^()^f ''vail iHé remise pai' La lilaii-
rlim; î'i M. '.a/fnal , (|ui me los a coiiiimmiinir's.
— â03 —
remplacé les T ordinaires , très élale's, par des T sorlanl de la ligne
et occupant un moindre espace; d'ailleurs le l'ait n'est pas constant;
ainsi le fragment ^ a des T ordinaires, bien qu'il fasse suite au
fragment s qui a déjà des T sortant de la ligne.
189/i RIS EX
189/1 VLIALGAB
1894 TAE MAT.
189/1 M PARENTNM SV
1896 ITEMQX
189/i CATION
1896 ob honOKEiii
1894 flAMO
189/J NII-PERPe////
1896 IS • Q^Q^REIP«/»//me
1896 THVGG
189/1 ENSIVMANTE
1894 DE AE ■ C A elestis
1894 POLLICITAT
1896 VM EST INLATi
1896" IS HS XXX MIL
1896 IS LX MIL N COEPT
1896 AT DEAS CAELESTES ARGENTE
189/1 AS FABRICANDA.s
189/1 RATIS EX TESTAMENTO AVILLI
1894 ENVSTAE EX QVORVM RED.
1896 Qè DIEM DEDIf
1896 ^ATIONIS REIPNkéî/ME
S dort), inscr. lai., ) . .^ __„_ . ^^
( VIII, 1 50../.! ^^^ TESTAM
Ihid., i5o2«. ENTO SVO AB HERE
Ihid., i5o-W>. DIBVS SVIS PRAESTARI VOLVIT
Ihid., i.5o'?c. mn,j,TW SPORTVLAE ET LVDI PRAES
189/1 AE SVA LIBERALITaTE CONSTI TV 1 IS
I ^'Till'TBoÎ''./.' I ^^^^ Q^GABINIVS RVFVS FELIX B
JUd., i5oi a. EATIANVS MVL
Ibid., i5oift. TIPLICATA A SE PEC««/«
Ibid., i5oi //. ER FEClT EX COLViT ET CNM S i A 1 VIS CE 1 E
Ihid., 1.5016-. RISQ^SOLO PRIVATO DEDICAT/.v
_ ll{)k —
Ibid., l'ooid. W/ccTlS sporTvlis eT epvlo eT gymnasio
189/1 DED
i8()/i A LAii.:,)VRNIVS AVILLIVS
Je 11 iu pu lelroinor le dernier rray;iueiil À; je n ai pu m'assurer
uon plus si le Iragmeul publie' dans le Corpus (i5o5^^iuio) ap-
parlienl à la même inscription. Cela me paraît probable.
125 à 130. — - Dougga. Au-dessus de la Irise d'enlablenicnt du
purli(|ue sur la(|uelle était gravée la dédicace l'égnait une élégante
corniche denlelée, dont on a retrouvé de nombreux Iragmenls. Sur
un certain nombre d'cnire eux sont gravés bien en évidence, en
caractères un peu grêles, variant de o m. o35 à o m. o5 de liati-
teur, des noms de [)rovinces ou de \illes.
i6i)li IVDAEA
Hauteur des lettres, o m. o5 ^^'.
189O DALMATIA
Hauteur des lettres, o m. oh.
i8()/i iiid'OPOT AMI A
Hauteur des lettres, o m. o35 -'.
1896 .vYRIA
Hauteur des lettres, 0 m. 06.
189/» THVGGA
Hauteur des lellies, o m. 0/1 f-^'
1S9/1 /AODICIA
Hauleur des lettres, o m. 06 (').
J'ignore la signification (|u il liuit attribuer à ces inscriptions.
Peut-être so rapportent-elles à des bustes allégoriques de cités et
de piovincos de Pemjjiie romain qui auraient couronné la corniche
'" Ci. Ca;;naL Uiill. arclœol., iHf)'i,p. :):>'■'>, u" f\8 h.
'^) Cf. (;aj;iiaf,/6(f/., '18 c.
(^> Cf. Cannai, Ihid., /i8 d.
<*) Cf. Ca;;t)al, Ibul.. '18 h.
— /i05 —
du portique et relevé de distance en distance la monotonie des
lio^nes horizontales de l'entablement.
131. — Dougga. Temple de Saturne. Sur une des bases de co-
lonne en marbre blanc du vestibule, marque de tailleur de pierres
en caractères hauts de o m. o5.
FOS
133. — Henchir-Mest(MH.9fî'). Inscriptions découvertes au cours
des travaux de la roule de Tunis au Kef.
Borne milliaire découverte en place, encore encastrée dans sa
base, entre les deux arcs de triomphe.
I M P • C A E S •
M- AV R E L LI V S
ANTONINVS PIVS
FELIX • AVGVSTVS
PARTHICMAXBRI
M A X- GE R M A
TRIBVNIC-POTES
XVIIII • COS III
PATER PATRIAE
R E S T I T V I T
LXXXX
Colonne milliaire dédiée à Caracalla, érigée la même année que
celle de la mosquée d'El-Houa à Tunis, en 916, et présentant la
même erreur pour le chiffre des consulats qui devrait être IIII et
non m.
135 à 136. — Henchir-Mest. Autel en pierre calcaire, haut de
o m. 78; dimensions de la base et de la table, 0 m. 35 X o m. 3o;
du de', o m. 28 X o m. 9 5. Les deux faces les plus larges de Tautel
'^ Cf. Carton, Le sanctuaire de Baaî-Satunie à Dougga, p. i4, n° i.
— m\ —
porloiil doux iiis(iij)ti()ns bien giavées, en tellres liaiilesdc o m. o/i
à o 111. oi);").
a. NVTRICI FRVGI
FERO-AVGSA
CRVM
\iilii(i. I''iii.<>ifcrn \ii<y(^iisln) s/ici-iilil.
h. MANI • PATRl-AVG (sic)
SACRVM PRO
SALVTE • DOMI
NORVM' N -N • N-
AVGGG- P-IVNIV
S • SOLVTORIVS
S-V-RELIGIONIS
■f^mciT
ET D-
Jtini (sic) polri Auff(iislo) sacrum. Pro saluto (lominoruni iinstrornni Au[>-[ns-
rnritm) Iriiiui , P[i(blins) Jiiiii'ks Sohitorius, s(j}hito) v[oln) religionis [./''|^'/
et d(ed{cavit).
L'inscription semble avoir été gravée au commencement rlu
iii* siècle, sous le l'ègne simultané rie So])tiiiio Sévère et de ses
deux fds, Caracalla et (îeta.
137. - Henchir-Mest. A peu de dislance de cet autel votif a
été découverte une petite stèle à lïonton triangulaire, terminée à
la base par une queue à peine dégrossie qui devait s'encastrer
verticalement dans une dalle horizontale servant de base.
Le monument est en |)ierre calcaire du ])ays, haut de o m. Go,
large de o m. 90, épais de o m. 10. Anépigraphe, il présente plu-
sieurs figures en bas-relief, sculpté(!s avec soin et bien conservées :
dans le tympan, une couronne à hMiniisques, (fue becquetaient deux
coloiiibes; snr la slMe proprement dilc, à la partie inférieure, un
bélier broutant un ])almi('i' microscopique, bien caractérisé par ses
régimes de dattes. Au-d(!ssus, une pomme de pin et une sorte de
ciste(?)à couvercle arrondi; plus haut encore, un gâteau de forme
ovale, et un attribut indéterminé ayant l'apparence d'une lyre, dont
h's cordes seraient remplacées ])ar un simple (|nadrillage.
(>es deux monuments votifs, que j'ai lait entrer an mns(''e du
— ^(07 —
Bardo, grâce à l'obligeant concours de M. Vellard, colon à Bordj-
Messaoudi, me paraissent se rapporter tous deux au culte des trois
divinite's agricoles par excellence, Nutrix, Satnrnus Frugifer et Janus
pater. Nous savons, par un fragment de dédicace gravée sur une
architrave de temple'^), qu'il existait à Musti un sanctuaiic cou-
sacré certainement à l'une d'elles et probablement aux Irois, si l'on
admet la restitution suivante, à laquelle le texte nouvellement dé-
couvert donne une grande vraisemblance.
[nvtrici-frvgifero] avg-et Iano-paTri-avg-|
C'est probablement dans le temple de Janus, de Saturne et de
Nutrix qu'avaient été déposés l'autel et la stèle. Le culte de Nutrix
apparaît ici encore, de même que sur les inscriptions de Fedj-
Meyala'-', comme étroitement associé à celui de Saturne, qui
semble bien avoir été considéré comme son filst'^'.
138. — Henchir-Mest. Fragments de dédicace sur un linleau
de pierre calcaire. Hauteur des leltres, o m. 07.
T I T I S
VS SPORTVLAS-POPVLO EPVLVM ET GYMNASIVw
139. — Entre Bordj-Messaoudi et l'Oued-Tessaa.
Linteau retaillé pour servir de seuil.
INSISV M ■ S ■ P • F • ITEMQ_ »e dedlcavit
'') Corp. viser, lat., t. VIll, 11° 15577.
(« Cf. ibid., n"' 89^6, 89/17 et surtout 8a/i5.
'^' Cf. ibid.^ n" 966/1, avec bas-reiief représentant une déesse-mère (Gagnât,
Musée de Lamhèse, p. 45, pi. 111, 9) el une dédicace do Fedj-Mzala , récemment
publiée par M. Gsell, dans le Bull, archéol. du Comité, 189O, p. 309, n° 161 •
« Nu Irici Sa In ni i v .
— /i08 —
140 et 141. — Henchir-Mest. fliscriplions fiinoraircs docoii-
M'itos dans les liavaiix de la rotilo, avanl (raniver à Miisli,
D-M-S
M • V A L E II 1
VS-M-LIB-SAL
VIVS-P-VIXIT
A N • L V I I 1
H-S-E
Z)(/.v) M(a»H)us) s(acrum) M{arcm) Vnlerius, M(firci) Uh(('rliis), Sohiiis ,
p(iiis] ri.vil (iii(ii/s) ÏAlll , li{ic) x{/liis) e(sl).
141. ^ Henchir-Mest.
D-M-S
VALERIVS
INGENVS
P-VA-CV
HS-E
D(is) M{(i)iihiis) .s(oe)'vi>i). Valcriua hiifC)\ii\iî\>i pins (^ri.ril) '/(m;/?v) C\ ;
h{ic) s{ttii>t) r{sl).
Kpilaj)lio d'un cenlcnaiio.
• 142. — Ain-el-Gharsa, onlie Henchir-Mest et Bordj-Messaoudi.
Colonne niilliaire. Ilauteui- des lettres, o m. oT). Copii^ de
MM. liilaire et Vellard.
PACATISSIMO
1 MP • L- DOMl
TIO AVRELIA
NO • INVICTO
P 1 O • F E L ■
A V G • N
L X X X X I I 1 1
(Ictlo inscriplion est peut-être la même ((uc celle qui a été pu-
Itliéc par M. Poinssol'*', avec une errcMu* dans le ciiillVe des milles.
' r,(iil. ili'x (iiilKjii'ilv.^ iifrii'iiini"! . iXS."), |i. luO, n" iS-!().
-- /i09 —
VA\o confirme ia dislance indiquée pour les mines d'Ain-el-Gharsa
par un texte publie' par M. Cagnat'').
143. — Henchir-Douameu3 {Iklii Majus). Fragment de linteau
de porte, avec dédicace. Hauteur des lettres, o m. 07, découvert
par M. Hilaire.
theodOSU-? -P Ei
AONOREM ET MM^
cpido (ImirioniBVS BIS ET POPVLO DATO
. . . T[lieod\om i){nt)'is) p[(itrine). . . [h]onorom rt m. . . [epido dpniriniii\biis
bis et poimlo dnto.
144. — Henchir-Douameus. Linteau de porte ou architrave.
Hauteur des lettres, o m. 08.
Sll OyADRAfl FILIVS EOy-ownimsi
duum WlRALlCIVS IN HONOReL
145. — Henchir-Aoud-ben-Dhaou. Ruines agricoles situées à
G kilomètres au N. 0. du Kef, entre le Dir-el-kef et le Djebel-bou-
Ali.
Pierre découverte par M. le lieutenant Hilaire, à Tangle d'une
construction romaine, encore reconnaissable sui' tout son péri-
mètre. La pierre mesure o m. 80 de hauteur, o m. 55 de largeur
et o m. 3o d'épaisseur. La partie supérieure est taillée de manière
à former deux demi-cylindres se coupant à angles droits. La pierre
porte sur ses deux faces extérieures, en caractères hauts de o m. o5 ,
les indications suivantes :
D'un côté, P XXX P{edes) XXX;
De l'autre, P XL P{edes) XL
M. Hilaire, remarquant que les deux murs attenants aux deux
faces de la pierre ont respectivement 9 et 1 2 mètres de longueur,
c'est-à-dire 3o et ko pieds romains environ, s'est demandé si ce
n'était pas ces deux mesures que concernent les deux inscriptions.
'" Archives des missions, 1888, XIV, p. 91, n" 63,
'ilO —
.le croirais |)lulùl qu'il s'aj^il ici dtino simple bonic-liniile (|iii lut
plus lard iililiséo coinine pienc anjjulairc dans une consiructiou
de basse époque.
146 à 155. — Le Kef [Sirai Vciin-'ia).
Déblaiement d<^ la jjasilique de Dar-el-kouss. dirijje par M. Tabbe
Giudicelli, aumônier militaire, avec Taide et une subvention du
Service des antiquités (^'.
146. — Le Kef. Fragment d'une architrave (frise et soffite),
provenant de la façade d'un temple païen et servant de linteau à la
porte qui termine le bas côté Sud de la nef.
Longueur, 2 m. 3o; épaisseur (largeur du. solïite) - o m. 39.
Hauteur de l'architrave proprement dite, o m. 5^9; la frise qui la
surmonte et sur laquelle» est gravée l'inscription est brisée à sa
|)arlie supérieure.
Le soffite représente, entre deux rangées de gousses, des pal-
metles et des bouquets dacanthe d'un joli style, quoi([ue un peu
lourd. L architrave comporte un chapelet d'oves et de perles et une
rangée de feuilles d'eau. Voici l'insci-iption de la frise; il ne sub-
siste du \o\[o que la deruière ligne et quelques traces des lettres
de la ligne piécédenle. Hauteur des lettres, o m. 09.
.;> \J iN U
LIO FLAVIANO AMPLISSIMO PROCONW^
Les plans et les relevés de la basilique; de Dar-cl-kouss exécutés
par la DirectioQ des antiquités seront publiés dans l'ouvrage qu'elle
pré})are sur les Moimmetits historiques de la Tunisie.
Le proconsul d'Alrique mentionné sur cette inscription. . . lius
Flavianus est inconnu. Car il ne p(Mil être (juestion ici du Flavianns
([ui gouvernait l'Africpie au milieu du iv'^ siècle (3.")7)(''. La foruje
des caractères el le style de l'oriiementalion ne jx'nnellent pas d«'
daler le monumenl d'une ('poqut; postérieure au leuips des Sévères. Il
faut renoncer d'ailleurs à l'espoir de ])ouvoir jamais compléter cette
inscription. Presque tous les autres liagments de l'architrave dont
elle faisait partie ont été retrouvés dans la basiliipu' elle-même ou
'" FouUkx prulùjUKes ilmis lu basiliijne île Ikir-cl-Kaims. Tunis, iiiipi'iiiKM'io ra-
pi»le, 1897, in-8", '.Ui pages.
•'* Ti'^'int, Fnnlpx (h la pr'tvîncp romniiir iV \fvi/iiir, |). i^n.
— ^(11 —
dans ses annexes. C'est d'abord un soffite repn'sentant des dau-
phins entrelacés, alternant avec des coquilles et des palmettes. Ce
soffite est brise' en deux fragments : l'un est encastré dans le coin
du mur Sud de la basilique attenant à la porte ci-dessus mention-
née. L'autre a été retrouvé dans une maison arabe contiguë à la
basilique; je l'ai fait transporter dans la basilique. J'ai dérouvert
moi-même deux autres soffites appartenant au même ensemble,
en faisant démolir un mur remanié qui bouchait la porte du mur
Nord de la basilique, la plus rapprochée du chœur. Les deux sof-
fites juxtaposés formaient le linteau de la porte. Le premier figure
des imbrications encadrant au centre une tête de Méduse; le second,
un canthare d'où s'échappent, à droite et à gauche, deux ceps de
vigne formant d'élégants rinceaux. Tous ces fragments d'architrave
ont été retaillés pour être adaptés à leur nouvelle destination, et
l'inscription de la frise a été entièrement détruite.
Ln autre fragment d'architrave, avec soffite représentant un
cratère entre deux griflbus et, sur la frise, l'inscription suivante :
PIETA. avait été découvert autrefois par M. Roy, dans le voisinage
fie la basilique, et décrit par MM. Gagnât (^^ et Saladin^"-'. 11 est
lout à fait du même style et du même travail que les précédents;
j'avais cru d'abord qu'il se rapportait au même ensemble; je l'ai fait
transporter dans la basilique. Vérification faite, il n'en est rien, car
les mesures ne coïncident pas exactement. L'inscription est formée
d'une seule ligne, en lettres hautes de o m. 19; le soffite a o m. k^
de largeur, au lieu de 0 m. 89; l'architrave, o m. 99 au lieu de
o m. 28. Ce n'est donc pas avec les débris dun temple de la Piété
Auguste que fut construite la basilique de Dar-el-Kouss, ainsi que
je l'avais pensé tout d'abord, mais avec ceux d'un édifice religieux
analogue, voisin et certainement contemporain du premier.
Il est à noter que les fragments d'architrave que je viens de dé-
crire n'ont aucun rapport avec ceux qui sont encastrés un peu par-
tout dans les murs de la basilique, notamment au-dessus des
portes, dont ils forment les linteaux. Ces derniers sont très posté-
rieurs en date, et les inscriptions qu'ils présentent semblent avoir
été rajoutées après coup. Ils appartiennent eux-mêmes à deux séries
distinctes ^^'.
1^ Rapport II, n° 76 ; et Corp. inscr. lat. , t. VIII , n° i ôSig.
<-) Rapport II, fig. 167.
(3) Cf. Corp. inscr. Int., I. VIII, 1687=%. i583fî et iG38=%;. i585r,.
— M-2 —
Lo mur Sud do la basilique est percé de cinq portes comniuni-
qnanl avec Texh'rieur et rebouclie'es après coup, à l'exception d'une
seule. La première donne dans le uartliex; les trois suivantes, dans
le bas cùli' Sin\ (le la nef; la dernière, la seule l'esti'e ouvei'l»', dans
la chambretle (pii termine ce bas cote'.
Le linteau de la ciiupiiènu; porte est orm* à Textérieur, en son
milieu, d nm' croix grecque, inscrite dans une couronne et enca-
drée d'un rameau d'olivier et d'one brandie de l'cuillajje épineux.
(|ui a déjà été signalée par M. Gagnât ('.
La quatrième porte n'a pas d'ornements.
Le linteau de la troisième poite présente en son milieu une croix
grecque, enfermée dans une couronne et encadrée de deux ra-
meaux d'olivier.
Dimensions de la croix, o m. iS x o m. i<S. Diamètre de la
couronne, o m. 26.
Le linteau de la deuxième présente une croix grecque simple,
de o m. 90 sur o m. 20, sans ornements accessoires.
.l'ai découvert ces deux dernières croix, le 26 octobre iSgB,
en faisant gratter l'épaisse couche de chaux qui les dissimulait
entièrement; les deux portes qu'elles ornent donnent, à l'heure
aclnelle, dans l'écurie d'une maison arabe, on l'on ne pénètre pas
sans difficulté.
La clef de voûte de l'abside et celle de l'arceau central qui donne
])assage de la nef dans le narthex étaient toutes deux ornées éga-
lement de croix en relief, qui présentent un intérêt tout particu-
lier, en raison des sigles qui les accompagnent.
147. — Le Kef. La clef de voûte de l'abside est encore en place;
le relief est assez endommagé, mais l'estampage que j'en ai fait
prendre laisse cependant reconnaître toutes les lignes. En voici la
reproduction.
Lu haut, eu caractères byzantins, les quatre lettres suivantes :
DMNS = D(o)m{i)n(u)s. Au milieu, dans un trapèze reproduisant
la forme de la clef de voûte est inscrite une couronne; dans la cou-
ronne, une croix grecque, dont les quatre branches portent les
lettres suivantes : PTRS = P(c)?r(M)s , dans les cpiatre coins du tra-
'' HfipporI I, (j.iiis les /bxA. misx., t\, p. 108, avoc une fi{|ure qui ne i-epro-
(luit pas très exnclemeiil. la sculpliiro.
'I I o
pèze sont figures des S droits à gauche, retourne's à droite
S[anctm).
En6n, à la partie inférieure et très effacée, est une petite croix
grecque qui e'tait peut-être munie du chrisme. Il faudrait donc in-
terpréter ainsi les sigles de ce bas-relief :
D{o)iu(i)ii(u)s Chr{tslun), S[aiictus) y^(e)î/'(»)s.
148. — Le Kef. La clef de voûte de Tare du nartliex a été
retrouvée dans les déblais. Elle présente un bas-relief disposé d'une
manière un peu différente.
La clef de voûte est haute de o m. 5o, large au sommet de
o m. /lo, à la base de o m. 2 5 et épaisse de i m. 12. La croix
grecque, en relief de 0 m. 01 5, est inscrite dans une circonié-
rence à double lilel. La branche supérieure présente le'< lettres
— tiXfx —
suivantes : SC^ -^S[any[tù)s. La hranclie jjauclic un P, la brauclic
di'oltc un R. la braudio iut'érieure un S.
S[((ii)c[fii)s P[c)li\ii).s.
De la prdsouce du nom de saiut Pierre sur les deux princi-
pales clers do \oùle de la basilique, j'ai cru pouvoii- conclure que
cet imporlaut monument cbrétien était de'dié à ce saint. C'est la
première fois ([uc Ton arrive à idcnlilicr ainsi une basili(|ue alVi-
149. Le Kef. Pierre de taille encastrée à l'angle et au niveau
(In seuil de la porte qui termuie le bas côté Sud de la nel', du
coté du cbo'ur. Caractères grossièrement gravés, sans profondeur,
hauts de o m. iG.
I addiTocvlT»
150. — Le Kef. Fragment brise- de partout, sauf à gauche.
Lettres de basse époque, de forme très irrégulière, de hauteur très
variable (o m. o3 à o m. oG).
vTABi
OyE NVLLVM K
TVNC LAPSAs D
«ONTArTAEiM
«OMNIPO
AC
Ce IVagnieiil semble relatif à la construclion do la biisili(jue de
i)ar-el-Kouss, sur les restes d'un édifice en ruines. Il est malheu-
rousomout troj) nuitilé pour que l'on puisse en tiicr aucun rensei-
gnement précis.
151. — Le Kef. Inscriptions funéraires trouvées dans les déblais.
l'Iaijue calcaiic on forme de stèlo. Hauteur d(!s lettres, o m. o35.
CORNELIA
MARCELLA
VIXIT ANIS [sic)
LXXV
H • S • E
— /rlÔ —
152. — Le Kef. Plaque calcaire. Hauteur des lettres, u m. oA.
D M S
C • IVLIVS
LVPERCVS
VIX • AN
XX III
H • S • E
153. — Le Kef. Stèle à Ironton triangulaire. Hauteur des lettres,
0 m. où.
BERECT- V-AN-
LXIII
D • M • S
Berect, nom indigène connu sous les l'ormes voisines : Baric,
Barih; Bmicca, Berec, Berectinm , Bevetùna, Btjrijdh, Bir'uhi, Ba-
ricio, Barkioluiy , etc.
A remarquer la place insolite assignée au\ sigles : D{is) M[aid-
biis) s{acruni).
154. - — Le Kef. Dans la cour de la mosque'e Sidi-Baccouch,
fragment en lettres hautes de o m. 1 1.
ECANTE M
155. — Le Kef. Fragment trouvé dans un des tombeaux du
sous-sol de la basilique, en même temps que d'autres débris épi-
graphiques absolument insignifiants et un assez joli torse de lau-
nisque.
\> a C E
c/XIT
«nn;.
H • ,
156. — Le Kef. Inscription encastrée dans le mur d'une maison
arabe, près de la fontaine romaine. Longueur, i m. lo; hauteur,
o m. 3o ; hauteur des lettres : o m. o8 à la première ligne , et o m. o6
à la seconde.
si Deus pro HobiS QVIS CONTRA NOS
FVNDATA LABORE
[Si Deus 1)10 nobi\H (fuis contra nos. . . fundata labore.
— MO —
Eslampajjc de M. Tiibb»' (iiiulict'lli.
L'inscription est couik'c en sou milioii par une cioix latine
pallee, aux branches de laquelle sont suspeiulus l'a et l'o). Hau-
teur, o m. 2,'i; largeur, o m. i3.
157. — Le Kef. luscri[)tion communiquée pai.M. b' lieutenant
Hilaiie.
("-ij)[)e à tète pbile, découvert en décembre: i8<)(), dans des tra-
vaux de terrassement.
D M S
ZOSIMA P-VIXIT
A N N I S V 1 I 1
EVRYCLl A VI
XIT A N NIS III
VNA DIE ELA
T A E S V N T
M • S • S
D[is) M[(iiiibii.s) s[acriuii)\ Zosima i)(ia) vixil niinis Vlll ;
Einyclia tixii auitis 111 ; una die clatue mut; li{ic) s[iuie) s[uiit).
158-159. — Le Kef. Pierres turaulaires provenant de deux
tombes voisines, découvertes par M. liilaire dans un ravin, à Tex-
lérieur des remparts, entre les deux poites dv. la route de Souk-
el-Arba. Les lombes contenaient (Quelques vases en verre [unguen-
laria) et d élégantes poteries.
P-CLODIVS-PI
PHILETVSVIX-
AN • L VII
HSE-
P[u(jliiis) CÂudius, P^ublii) J[il{us) , Plàlelun oi.i\it) aii[iii>>) LUI :
h{ic) sijtus) e(st).
DM-S
L- CLODIVS
MARCELLVS
P • V • A • X L I
L{uciiis) Qodius Mnrcellus p{nis) v(ivit) n{inn.s) Xi A.
i>|•l(|(•.^ (Mijolivées de boucles et de l'ourches.
— /il 7 —
160 et 161. — Douar des Ouled-bou-Khaëli , pirs (lu kel^''.
iSur la lace anléiieure trun cippe hexagonal, dans un encadrement
large de o m. 17, et liaul de o m. kk, surmonté d'une sorte de
\ase; epitaphe en lettres, pour la plupart onciales, hautes de
o m. o'i. Estampage de M. le lieutenant Hilaire.
d m S
S AT V R N I
NA-seooiT-
C-IULI-ROGA
Ti-CALVIFl
LIA-PAREN
TIbUS ET A
miciseoR
NimiAe KA (sic)
RA-PIA-V-A
UllII-0)-Id-U
<i7 h -ï? S ^9 e -^
D(is) M(anibus) .s{acrum)\ Saliiniiiia Semit{a) C(nii) jHli[i) Rognti Cnlvijilia,
imreittibiis cl andc'm eoriiin nimiekava, pia, v{Kvtl) a{iiiiis) \ III iii{rnsc) l
diehu.s I . H{ic) s(ita) e{sl).
161. — Epitaphe du père de la pre'cédente. Hauteur des lettres,
o m. o3. Estampage de M. Hilaire.
D M S
C-IVLIVS
ROG AT
VS CAL
VVS DO
MESTIC
I FILIVS
V I X I T
A N N ! S
L I I I
H ■ S • E
D{is) Mianibiis) s^acrmn); C(((lus) Jiilliis Ihgnlus Qdcas , Domcslici JUius ,
oixil amiis LUI lt[ic) .s(/<K-s) e(s<).
^'' Cl. Ciirp. iiiscr. lat., I. VIII. 11" iGuCS.
Archéologie. :!7
— ^18 —
162 à 164. Henchir-Zaairan, |trt's (lu Kcl. Propiic'lé Laiiiciil
(llii'iii.». HiiiiiL's ii>s('/. iiiiporlaules. i\ombreu\ pressoirs à huile, à
un ou (lt'ii\ n'cipiciils : aiijfcs el sarcophaifes. Citonios. Inscrijilioiis
(•ominiiiiit|iif('S par M. HeiiauU, adjoinl du ge'uic niililairt'.
IM;i(|ur hiMiulairc. Iiaulc do i uiî'lre cl iarjjc de o m. h-. Sur
la piiMif t'sl lij|urt'(' uue sli'le à Ironlou ti'iau<julaij'('. Dans le lyni-
pan. U; croissaMl luonlaut; au-dessous, l'épilaphc en Ictlres hautes
(le () ui. oi) à o ui. o-'i.
D M S
FVRIVS-MARTISPIVS
VIXIT ANNOS LUI
H • E • D
l'urius Miiilis pins vi.vil miiios IJII ; h[ic) c[si) (([t'iio.silusy
163\ — Henchir-Zaafran. Stèle fujiéraire. Hauleur des lettres,
o m. 00. Brisée à droite.
D M .s
C • APINtVS
MANARILIVS riw
IT ANIS N-XX
H-S-E
D(is) M[aiiihus) s{ncrii m) ; ('.(ftius) Ainiiins Maiiaiiliits [r/.j.-j// niii)iii.s
niiiinero) XX ; h{ic) s{ilus) c{sl).
164. — Henchir-Zaafran. Pla([ue tuniulairc haute de o m. 5o;
large de o lu. 55. llauteui' des lettres, o ni. oG.
D-M-^-
L • AELI V S
S A T V R N 1
NVS VOCONIA
NVS-PIVS-Vl
XIT- AN • XII
USE
/)(».v) Myiinihus) s{ncrmii)\ L(uciiis) Aciiiis Siiliiniiniis \ oiiinidiiiis iiiiis
virit fi)t(iit.s) Xfl : li(ir) s(iliis] r{sl).
— hW) —
165. — Nebeur. IMacjiio luiiiiiliiiic. llaulcur des Icllius, o m. u6.
D-M-S
L-MVNATl
VS • H ON O
RATVS-VA-
LXVII
H • S -E
166. — Aïn-Zouarin. Plaque tumulaire, en piiMie calcaire, en-
castrée dans le moutaul d'une porte du bordj Mouraiid. Hauteur,
o m. (jo; largeur, o m. 5o; brisée en bas. Au sommet, grand crois-
sant montant; au-dessous, l'épitaphe en lettres hautes de o m. o5.
Croissant.
D-MS
P • C R E P I V S
PAP-RVSTICIA
NVS- VIX- ANNS
D{is) J[l{ftmbm) s(cicrum). P(iihlim) Crepius, Papijria Iribu)
Rnsliciniius ^ v'hx{il) a nuis X\.
167. — Aïn-Barchouch , près de Ksour. Les fouilles que j'ai fait
pratiquer en cet endroit, en 189.5, par un agent indigène du Ser-
vice des antiquités, Si-Abd-el-Hack , ont amené la découverte
d'une canalisation romaine, s'enfonçant en tunnel dans la mon-
tagne, pour chercher les eaux d'une source captée à l'époque ro-
maine (période chrétienne). Le conduit était formé de grandes
dalles placées de champ sur les deux côtés , et horizontalement sur
le dessus; ces dalles étaient presque toutes des stèles punico-ro-
maines, qui feront l'objet d'une étude spéciale. Seules, deux d'entre
elles portaient des caractères romains.
Plaque tumulaire en calcaire jaunâtre, large de o m. 3o, épaisse
de o m. 18, brisée en haut. Hauteur des lettres, o m. o35.
RIS
BA R I H I S
FILIVS • VIXIT
ANNIS-XXXV
H-E-S
. . . ris, liarihiti films, vi.vit (iiini.s 3Ô h(ic) e(s7) s^iltis).
li'irili. ;; 'II. Ildiiliis: nom iiidijjt'iic Irt'S l'cpiiiulii dans la j)r()-
\ iiicc (I \liii|ii(' ' .
168. Aïn-Barchouch. lMa<;inciil clirrlioii , avec le clirisnicj,
l'I \'x cl 1'*'.
X
(ilu'isiiic. E
L
IT
A
Le |)riiuipal intércl de ce riagmcnl est de nous rouruir une iii-
dicaliou, (|uelqu(' vague qu'elle puisse être, sur la date de la cana-
lisai ion d'oii on Ta relire; celle-ci ne j)eut guère être antérieure à
la lin du iii*" siècle.
Les stèles d'Aïn-Barclioucli les plus remai'(|uables ont été trans-
portées au musée du Bardo; les autres sont actnellenient déposées
au conlrôie civil du Kel.
169. — Medeina {Alllilhiiriin). Fouilles de MM. Ordioni et (Juo-
niani, lieutenants au 3"" bataillon d'Afrique, en 1895. Dans un
sondage prati({ué en avant du temple, a été découvert un IVagnienl
de Irise d'entablinnent, brisé à gauche, se raccordant exactement à
droite aux deux autres Iragments déjà connus'-', et présentant une
inscription de quatre lignes, en lettres hautes de o m. ii5 à la
première ligne, o m. oqG à la seconde, o m. 08 aux deux sui-
vantes.
M ]
'^m^ M V N 1 C 1 F I
DLIVM A SOLO EX
1 T^
Ma lectuie.
Ce l'raifnienl a une; très giande im()ortajn'('; il ma permis, en le
ra|)jnocliant des deux aulres fragments auxquels il se raccorde, cl
(I lin autre débris déjà connu, mais mai interprété juscju'ici''', de
reconstituer d'une façon ajiproxiniative rinscriptioii gravée sur la
"* (jf. plus haut Hvrect.
"' Cori>. iiiHcr.luL, I. VIII, i«2() ol iHlU — 10/170.
— VJl —
friso crentableuient de ia façade du teniplo ol de pi-ouvcr que ce
momiMicnl religieux ('tail un Capilole.
I VNo«/ M Ij N E R (V A E
'w^wmmmm. mm vn icip1ivmae(l ivm
rt/THIB/nITANVM PEC. />*//>/. (7//;//OLIVM A SOLO EX-T R V c/t V M
D'D'Po.smH et de d ic a vlT Ç^
[Jovi optimo viaa'mo], Jiin[oHi Reg'inae], M'inerime. \Pro sainte Impieva loris)
[Carsrms. . .] mmiklpium Aclium . . . [Al]lhib\nr]if(inm)i pec(it)U(i) [pub[ll.cti)
(l(q>ii\olii(iii a solo p-Tlructum . . . d{ocuriomn)i) d(eereto) p(osia'l) [et dedi-
cfuAii.
Le temple de Medeina a donc été de'dié à la Triade capitoline,
pour le salut d'un empereur dont le nom a été soigneusement
martelé, par le muiiicipium AeUum. . . AUhihurUanum.
A mon avis, l'empereur dont le nom a été martelé ici, comme
dans l'inscription du théâtre que je publierai plus loin est Com-
mode; les principaux monuments de Medeina me paraissent avoir
tous été construits dans le courant du ii'' siècle.
170. — Medeina. Piédestal trouvé dans un sondage pratiqué au
pied du portique, en avant du temple. Lettres hautes de o m. o55;
la pierre est brisée en bas; hauteur, o m. 8n; largeur, o m. T),").
IVLIAE AVG-CONIVG/"
IMP-CAES-L-IVL-M-ANTONI
NI-PII • GERM- SARM • FIL • DIVi
COMMODI ■ FRATRIS • DIVI- AN
TONMNI-NEPOTIS-DIVI HADRI
ANI • PRO NEPOTIS • DIVI • TRAIANI
PARTHICI-AB NEPOTIS • DIVI ■ NER
VAE AD NEPOTIS
L • SEPTIMI • SEVERI • PII • PERTINA
CIS • AVG ■ ARABICI • ADIABENICI
TRIB • POT • XII • IMP • XIII • COS • In
SANCTISSIMI
JnUae Augiiislaé)^ conjug\i\ hnp^cmtons) (jiemris , [Divi\ M[arci) Aiitouiin
pu Crcrm{nmci) Sarm{atici) fili{t). D'an Commodi fratris , iJiin Anlouiin
iippolis, Diri lhid)i(ini p}V)icpolis , Divi Tnijaiii Prn-lhici ahiirpnlis. ])iri
\errti(' inhii'polts , l.i^iiciljSrjiliiiii(i) Sci'rri Pii l^crliiuuis Aui>\iiiiti) Av/thici
Aditihniiri liil>(iiiiiri(i) /jo/(c.s7«/(') \//, iiiij){i;niloris] \]ll ro{ii)s[iiiis] III...
suiictissiiii . . .
Dédicace à liilin Doiiiii.i. roinmc de Scpliine Sévcic, datée de
5o'i.
171. — Medeina. h'ia<[itieiit de Irise (Tenta hleiiituil découver! ù
.") m. 80 de proloiideui'. dans un sondage fait snr reinplacenient de
la scène du the'àtre. Ce sondage a permis de reconnailre que la
scène avait (>'!(; profonde'meut remaniée et transformée en réduit
lorlilié à I'épo(|ue byzantine. DinuMisions de la pierre : longueur.
1 m. 10; hauteur', o m. Go; largeur, o m. 60. Hauteur- des lettres,
o m. i5 à la première ligne; o m. r 3 à la seconde; o m. l'î à la
troisième; la qualriènre ligne a pres(|ue disparu.
pii felicl S G E R M S Armai ici
«eTervcia
isportvlaset
oc 1 1 1 rwTTi I
(le fragmeni apparterrait à uni^ inscri|)tion (jui semble avoir été
dédiée à l'empereur Commode; la pierre, martelée, a é'ié relailb'e
après coup, pour recevoir le nom d'un autre empereur.
172. — Medeina. Fragmeni d'é})itaplie, près du lein|)le.
Q_:VlBIV.v
i^MERE//a'
rl.ril, AN«/«
173 à 177. — Medeina. Kpita()lr('s de la nécropole au sud du
théàlre; d'après les copies de IMM. Ordicuri (;t Quoniam.
173. 174.
D-M-S D-M-S
P-VALERIVS ARSIMA
SVRVS- PI PIVS
VS -Viril aiuiis VIXIT AN
LXXXX NIS XXXX
H • S • E H ■ S-E
—
kn —
-
175.
176.
SECVNDINVS
A POR
PI VS VIXIT
viœYT • Annis
ANNIS-LXXXXI
X <^
H-S-E
J'omets plusieurs autres épitaplies qui me paraissent de lecture
très douteuse, et dont je n\ii pu vérifier les copies pendant mon
séjour à Medeina.
177. — Medeina. Stèle néo-punique calcaire, trouvée entre le
temple et le théâtre. Brisée en bas. Le sommet est arrondi. La stèle
présente de nombreuses figures en bas-relief. En haut, le crois-
sant montant, surmonté d'une hampe verticale terminée par un
anneau, ce qui donne à l'ensemble de la figure l'aspect d'une
ancre. Au-dessous, l'image symbolique divine, entre deux cadu-
cées; puis, dans un médaillon circulaire, le buste du dédicant; à
droite et à gauche, deux cornes d'abondance; au-dessous, un re-
gistre rectangulaire, avec six rosaces. Enfin, à la partie inférieure,
subsiste le sommet arrondi d'une niche, où devait être figurée
l'image du dédicant lui-même, comme dans les stèles d'Ain- Bar-
chouch, auxquelles ce monument votif ressemble beaucoup. Dans
les écoinçons, à droite et à gauche de la niche, sont dessinées deux
palmes.
Sui" un autre fragment de stèle est aussi figuré un croissant
montant, surmonté d'une hampe à anneau, en forme d'anci-e.
Je signalerai enfin, parmi les trouvailles intéressantes de MM. Or-
dioni et Quoniam, la découverte faite dans le théâtre de deux
blocs de pierre sur lesquels sont figurés en bas -relief deux élé-
phants affrontés, représentés avec une grande exactitude et, cer-
tainement, d'après nature. 11 est probable que lorsqu'on entre-
prendra dans le théâtre une fouille méthodique, l'on découvrira
toute une série de i)as-reliefs analogues qui devaient former une
frise régnant au pourtour de l'édifice.
Maktar {Maciaris).
178. — Autel en pierre calcaire blanche, à grain (rès fin. dé-
— /ll>'l —
comi'il h mit' ct'iilainc t\r iiK^'Iros, ;ui nord de FaiT, do Trajan et
dans laxo dé ce niomiincnl, sur le li'ajcl de la voit» foniaino, au
cours des liavaux do la nouvello route de Vlaklai" à la kesra, (|ui
suivra |)r('S(|ue cxacteuieut le Iract' de la «{rande voie anti([U(' de
Mtirtaris à ('Jinsivo. hlslampage de M. Poi\re.
Hauteur, i m. 3o; dimensions de la lable et de la base,
o m. 52 X 0 m. 5:^; du (!(', o ni. 'lo X o ni. 'lo. La dédicace est
placée dans un cadre moulure', laige de o m. 28 et haut de o m. G7.
Elle est intacte. Les noms des empereurs ont été marlele's, mais
demeurent néanmoins en partie lisibles. Hauteur des lettres, om.o9,
sauf à la première ligne, o m. o'i; à la seconde, o m. o"); à la
dernière, o m. oT).
M • D • M • I • AVG . SAC •
PRO SALVTE IMPP-CAESS-
C-VALERI-DIOCLE«/«NI-PII-FEL-
AVG -ET- M -AVRELI -VALERI Mrt.W
sir wirnii P II • PII • FE L • AVG • TOTIVS Q_
DIVINAE-DOMVS-EORVM-
QjMINTHONIVS-FORTVNA
TVSSACERDOS-PERFECTI5
sir RITAE SACRIS-CERNORVM
CRIOBOLI ET TAVRO-BOLI
SVFFRAGIO ORDINIS COL
SVAE-MACT-COMPROBATVS
ANTISTES-SVMTIBVS-SV
IS-TRADENTE-CL.AVDIO BO
NO SACERDOTE VNA CVM
VNIVERSIS DENDRO
sic F O R 1 I S ET S A C R A T I S
V T R I V S Q_ V E S E X V S
V • S • L • A •
\l[(iln) l)(f'iiiii) M(iijniiir) l((lrar) \ii<>{iisl(ic) Niic[riiiii). Pio stiliilr Inipicraln-
rinn) ('.(irs[iiniin) (l(iili] \'iilrri[i) l)iorlr\lin\iii jni frliris Aiiffiisli , el M[frrci)
Aiirdiu) Vidrri{i] M\iixiiiiitiiii\ jiH •Cim')- frllris \ii.(>iiHli, loliiisi/iie doiims
(l'wviao eoriim , 0(«?/////s) Miiillioiiiiis ForluiKiltia , s/icn-dns, pcifcrtis ril(^ri/e
sdcris ceritnrum, criohoIJil) cl laiirobolt(i), siiffi-a^lo o)xl.iiiis roli^Ditific)
siinc M(ict[(i7'is) comprohtiUis antislr^i, sinii[i)\tihus suis, iradciite ('Ânudin
Boiio sacerdole, uiin ru m utiivcrsis dendrnforiCiys cl sacnilis iilriiist/ur
sr.riis, v(oluiii) s{ohit) l{ibens) a{iihii()).
C'est la troisième de'dicaco à la grande mère des dieux que l'on
découvre à Maktar.
178 à 204. — Maktar. Toules les inscriptions qui suivent ont
été découvertes, saul" mention contraire, par M. Bordier, contrôleur
civil de Maktar, et transportées par ses soins au musée local du
contrôle,
178. — Maktar. Linteau de porte, haut de o m. '?o; larjje de
o m. 6o. Lettres bien tracées, mais un peu mairies, liantes de
o m. 07 à la première ligne, el de o m. oh à la seconde. Estam-
page de M. Bordier.
NEPTVNO • AVG • SACR
DD P-P
J'ai déjà publié cette inscription, mais d'une façon incomplète'').
179. — Maktar. Autel en pierre calcaire, découvert le 17 avril
iSgiî, par M. Masson, conducteur des ponts et chaussées. Letires
hautes de o m. o^ à la première et à la deuxième ligne, et de
o m. 0 9.5 à o m. 02 aux suivantes (-'.
G E N I O • V I G I ^
VICINALIBVS
EX PROMISSO-SEMPRo
NI-SATVRNINI-CVRAT
:^ P-GEMINIO -MARTIAL! ET CRI TVQ
P • GEMINI VS ■ S ATVRNINVS
Estampage de M. Bordier. Le dernier mot de la cinquième ligne
est à peu près indéchiffrable.
180. — Maktar. Borne milliaire découverte dans les travaux
'" Cf. Buli. archéol. du Comilv , iHg!\, p. a55, n" .ti.
'•-'' Cf. liiillelin de la Société des Antiquaires de France, i8i)5, p.
— V2(i —
des prestataires, à 3 kiloiîK'tres au S. 0. de Maktar. Colonno de
inarbre blanc, caimele'e, retaillée en partie ])onr ménajjer une sur-
laoe plane destinée à Tiiiseription. La colonne a i m. 32 de hauteur
et o ni. 3() de diamètre. L'inscription est gravée dans un encadre-
ment biiiit (le o m. 82 et large de o m. 35. en caractères hauts de
o m. oT).") à o m. 06. Los premières lignes sont illisibles; elles
seniblenl avoir été martelées.
G A L ER I O
VA L ER 10
M A X I M ; rt
NO NOBB
CAESs
I
•D'après un estampage de I\l. Poivre. Le cliifFre I n'est pas cer-
tain : c'est peut-être un L.
181. — Maktar, Base en pierre calcaire. Fragment déî'oiiverl
dans la basilique de Rntilius, à 20 mètres du mur où fui'ent trou-
vées en 1889 six dédicaces impe'riales. (iO fragment complète la
dédicace dont la fin a déjà été publiée dans le sup])lément du
Cory^Mst'-; il a été trouvé à côté de la dédicace à Constantin datée
de 3oG-3o8C^).
Lettres grossièrement tracées et irrégulières, liantes de 0 m. o(i
à o m. 08,
D
N
D
0
COSTAT I
-J?^
I c
^^ 1 uj -
AVG
COL
MAC
T
A
R 1
S
D
N
M
E
l){i)iiiiin)) ii(()Nlro) D(omi)i)o Co[n)sta(ti)li pi(i)s(siw()) \ii{/ni)'<(li>)
r()l(oiii(i) M(ic{laris) d(cvo(ii) n(^iitniiii) iii{(ijcslati(jnr) e{jns).
'" OiriJ. hixrv. l(tt., I. VIII, n" 1 1 S(i().
" M»/.. Il" 1 1S0/1.
— 'iTi —
182. — Maktar. h>a|riiieiils (l'architrave découverts isolément
aux abords de Tare de Trajaii. Bell(fs lettres hautes de o m. ih.
a. Deux fragments se raccordant exactement; hauteur, o m. 5o;
largeur, o m. 70.
«. pro salnle et viclor'û? jS • IMP * CAES • L • SEPp'»// So^eii
h. JerTINACIS ■ AVG- ARABICI • AD\ahc>,in
INVIŒ
183. — Maktar. Fragment d'architrave brisée à droite et à
gauche; caractères hauts de o m. 08 à la première ligne, et de
o m. 06 à la seconde. Copie de M. Sadoux.
S A C R V M
fuii DAMENmm
184. — Maktar. Petit Iragment trouvé près de l'arc de Trajan.
Copie de M. Bordier.
\ CAEO
INO- P
VCIO
185. — - Maktar. Coioiiue eu pierre calcaire trouvée dans la ba-
silique de Rutilius. Brisée en haut; hauteur du fragment, 1 m. a*?;
diamètre à la base, o m. /i/i; au sommet, 0 m. 87. L'inscription
est gravée dans un cartouche à queues d'aronde, en caractères très
nets, hauts de o m. 022 à o m. 02. Leur forme indique une assez
ba.sse époque. Les lignes sont soulignées d'un trait'''. Estampage
de M. Boi'dier.
PER
GARDELVM
N 0 V V M
• S A
G E R
DOTEM ARZVGIV
GANT
V ET
CET V
TEMP
Ppr (lardelum, novum sacerdotem , Arzugiu{ïn)'l .
^'^ Cf. /)«//. des Anluj., i«9.ô, p. aabi.
V28 —
l/iiil('rpn'l;ili()ii de l;i dcniit'iv lijrne rosto mi prohirmo.
186. — Maktar. Liiilcau calcaire lai'jjo dii i ni. 9.1), liaul do
o m. 1 'i. Lt'Itros bien gravées ol do jolie l'ornio, liaulos de o m. n^i
ci de o m. 01 à la seconde. Estampage de M. Boidier.
QjVIBIVS-C-FIL-SALAGA-CONLATIS-OMNIBVS-IMPENSIS-IN.IIVNC
IDVRIONE M MENSAM MIHI ET MEIS POSVI
Li<|iio 1 : Sdlaiid ol non S(iiai>(i. coiiimo j avais lu d'abord (').
187. — Maktar. Fragment i\o linteau, large de i m. 55-, haut do
o m. 9.2. Lettres hautes de o m. l'j à o m. lu.
honoraTif-
188. — Maktar. StMo lunt'rairo à souimol airondi, liante do
o m. ■jf), large do o m. 3(). L'inscription est grav('o en caractères
hauts de o m. o3, dans un cartouche à (|ueues darondo,
CECILIA • QV
^^ S O L V T A
PI A VIXIT
AN-LXV
H • S • E
Ligne 1-2 : Oii(i))ri) f{ilia).
189. — Maktar. Stolo liinorairo hris(!e oti liant et on hns, larjje do
o m. .3/i à la haso ol de o m. 9) au sonimol. Hauteur d<»s lettres,
o m. o3.
d . m . s .
L-COELIVS
PI VS -VIX
ANNIS-LXXV
H-S-E-
' Pour riiili'i|>n'-l;ilinii do ce loxlc cl niil.-iiiiiiii'iil du mol IDVRIO, Ci", linll.
r/cs \iiliij.. iXc)."), |i. 'l;i|S l'I siliv.; lS()(), [>. ■ïôl ri •i'.)[\ : (!iiiiijil('H rriillllx i!i'
l'.lniil. ilrs iiixrr. . lS(),"). |). •}()'.].
— V2«.) —
190. — Maktar. Stèle calcaire arrondie au soiniuel, brisée eu
bas; large de o m. /lo, haute de o m. 70. En haut, des tenailles
et une niasse de sacrifice, en bas-relief. Au-dessous, dans un
cadre rectangulaire, en lettres hautes de 0 m. o5, est gravée f in-
scription suivanle, dont il ne reste que les deux premières lignes :
D ■ M • SAC
GRANIA-PAV
191. — Maktar. Plaque tumulaire de 0 m. k^ sur o m. 63.
Hauteur des lettres, cm. 08 à o m. 06. Estampage de M. Bordier.
D-M-S
IVLIVS-SYIRVS s/6-
TITTALVS • VIXIT
ANNIS ZV .«c
MvIyDvXI
Ligne -2 : Julius Si/rm.
Ligne k : annis LXV?
192. — Maktar. Stèle calcaire brisée en haut, large de o m. .3o ,
haut de o m. 60. Dans un cadre rectangulaire, Finscripliou sui-
vanle en lettres hautes de 0 ui. o3 :
N A R S I D I V S
MVRR.ACIVS
PIE -VIXIT -ANNIS
• X X V - H - S • E
193. — Maktar. Stèle à sommet arrondi, haute de o m. 55,
large de o m. 27; hauteur des lettres, o m. 09.
D M S
RAMIVS CICERO
V IX IT A N N I S
L X I I I
RAMIVS VICTOR
PATRI COLOCAVIT
S - T • T • L
'(.)(
194. — Maktar. SlMc luiiiTairo, l)riséc an soiimiol cl à la base;
liaiilc (le () ni. .")8; lar{;e de o m. 37. Kii liaut, deux peisonnajjes
liguiés eu bas-ieliel, un homme et une l'emme. Au-dessous, en
lettres bien jjravees, hautes de o n). 039, l'inscriptiou suivante :
VLPIA VICTORIA
M • VLPIVS • PI
P1A*V1X1T*AN
R*R1C*PIVS
N 1 S * L X • H ■ S •
VIXIT* ANN
IS*LXX*H*S
L*BLOSSlVS LVPERCVS^OB
F-EOR-HM-L-D-S- IN REM
Lij'ues 1 et 2 de la seconde épitaphe : M[arcm) Ulpms Pinic.
Li(|ne 0 : les quatre premières lettres n'ap|)artiennent pas au texte
primilir. Elles ont été iutercale'es postérieurement. Peut-être faulil
lire : L(^uc{tis) Bloss'ms Lupercus Jlilim) eor(îim) oh k(orum) m[enla)
ou oh h(onor('w) imrilo I(ihp)is) d{rj .s(no) in rem. Mais, de toute l'aeou,
le texte est mal rédigé.
195. — Maktar. Fragment brise de |)artuul, liaul de o m. /|j,
large de o m. 26; hauteur des lettres, o m. 0Ô&.
ivs Vie
s VIXIT
(iiiiiks L X V 1 1
/ORTVNA/M.s-
nXIT
196. — Maktar. Inscription funéraire, découverte pai- !\I. Poivre,
à 900 mètres de lare de Trajan , dans le piolougeuienl de Taxe du
monument, et déposée; au contrôle civil. Cippe en l'orme d'autel .
Iiaiil de 1 mètre; large et épais de o m. 3(). liauteui- des lettres,
o m. o.), I» m. o/i, o m. o.*]; hrisé eu deux morceaux (jui ne se
raccordent pas exactement.
— ^i:n —
D M s
Q_y Ll CINIVS
AVRENTIVS
VICTOIINVS
RVS
C O N ...'.. .
ANTISS . . . .
VS VIXIT AN
XLVIIII -M-X-
D • III
D{ts) M{ttnibus) s[((c}nm); (}(«//////*) Liciiiius Aureiillus Viclorinas . . .rus. . .
con[Jux (iin\aiitlss[l)ii\us vi.vit an{iiis) XLIX , iii[eii-sibus) \ , (l[icbns) îll.
197. — Maktar. Inscriptions chrétiennes. Plaque tumulaire,
haute de o m. a8; large de o m. ko. Hauteur des lettres, o m. o3.
En haut, le chrisme surmonté de la et de Fw, et au-dessous le
D(is) M[anibus) s{iicrum).
■f-
D M S
IN PAGE VICSIT SO
RIG ANIS QVATVOK '~^^ll
MENSES XI DIES
VII • ORAS • V
198. — Maktar. Stèle funéraire à sommet arrondi, haut de
1 mètre et large de cm. 55, ayant été utilisée après coup pour
servir de seuil. La trace de la porte coupe de haut en has l'inscrip-
tion gravée en caractères très irréguliers et mal alignés, de o ui. oaS.
-^ A3!2 —
Au-dcssiis, le clirisiiic. atcostt' de la cl de l'<w, cl ciirenne dans un
CLTiK' l'iilic deux (•(dombes.
\^N^K\ANlMmâ bxit
ANaL vp;iiifpsxxii
REM L EZ\T2WMm I T V ci
I Y a E I u ^^;i^J»
Janitnvia. . . I)[i).ril iiii[iii)s IA\ |(/(/e/^H)|.v .l'A//; ir(i[ii)ic!<{c)il
s. . . il II s iijs ejii.s?
199. — Maktar. Plaqn(! tumulaii't' de o m. 5o sur o m. 35.
Ilaulour des lettres, oni. oi. Au sommet, la croix palte'e inscrite
dans un cercle.
IVLIVS rORTVN
ATVS VidrllS VIX
IT IN ?ACc>niNis
ScjiYENmiDl-X
.Inlius lùirhniiilii.s , f\idcl\is ri.ril in j)nr\e iin]ii\is\ >>'\cj)\iein [meus . . \di(ehu.s) \.
200. — Maktar. Pla((ue tuniulairc de o m. Tx) sur o m. 3'J.
Hauteur des lettres, o m. o3. Au sonnnel. la croix [)allec inscrile
dans un cercle.
V A B A N A FI
dellS VIXIT
I H /> A C E A N
mS ^ M EN S ES
1 1 • H • 1 1
liihiiiKi Ji\d(d\is vi.ril. \iii /;|^<«; r«//[««|.s I /, viciiscs 11, /((o/m) //.
201. — Maktar. Pla(|Mc liimulaire, liante de o m. r)r);lai|fe de
— A33 —
o m. 35. Au sommet, le chrisme inscrit clans un cercle, accosté de
J'Aetde rn. Hauteur des lettres, o ni. okb.
D M S
V O N I F A
TZI A V IX
IT ANN IS
LXX MENSES
V
A remarquer, le /)(2a) M{anibus) !i[acnim), accompagnant le
chrisme.
Ligne 3 : la seconde lettre estbarre'e, Bonifatia.
202. — Maktar. Plaque tumulaire. Fermant Touverture d\ui
puits romain à proximité de Tare de Trajan. Hauteur, o m. 8o;
largeur, o m. k8. Hauteur des lettres, o m. où5. Estampage de
M. Poivre.
0)
D M s
TYRANVS FI
DELIS IN P A
CE REQ_yiEVI
T A N N I S ^^
G I N T A Q_V I N
QVE • MEN • IIII
DIES-XIII-OR-XV
D[is) M{(mibus) s{acniiii); Tyranus jidelis iii pace requievit , aiiitis . .
ginta qiiinque incn[sibu.s) IIII , (lies XIII , or(is) XV.
203. — Maktar. Fragments trouvés dans le voisinage de Tare de
Trajan. Hauteur des lelties, o m. i3.
RIS TR
X TRI
AllCHÉOLOOlE. 28
— !xV\ —
204. " Maktar. Ilauleiir des lellres, o m. 18.
S R I P V O
205. — Ksour-Abd-el-Melek (Tcff/^/w), à 12 kHomètros au N. E.
(le Makiar. Fiagmeiil crcntal)leii)('iit dccouvorl par M. l*()i\re, à
ao mètres environ au N. 0. de la porte Iriomphale ([ui fermait Ja
ville au sud, et dans Taxe même de ce monument, sur le dallage
de la voie romaine. Long^ueur, 3 m. 5o; hauteur, o m. 80; épais-
seur, o m. 60. Ce fragment représente le premier tiers de farchi-
trave d'un temple tétrastyie. L'inscription est gravée sur la frise,
en lettres hautes de o m. 11 à la ])remière et à la deuxième ligne,
et o m. 08 à la Iroisième, sépaiée des deux premières par une
bande moulurée de o m. o3 et gravée sur l'architrave proprement
dite.
PRO SALVTE Q^ IMP ^ CAES 0 DIVI ^ ANTomw/ /«V /
AVG-GERMANICI^SARMATICl!
VZAPPA TEMPLVM LIBERI P aLs
Pro sainte linp^cmtoris) Caesiaris) , Diri Antioiiinï) [Pli J{i/iP), M. Aureli{i)
An(oiiiiii\ Au^^Hsti) Gcrmanici Sarinalici . . . Uuippa leiiiplum Libcri
jia[iris . . . ]
Les titres de rem])ereur descendant d'Antonin, auquel s'adresse
cette dédicace, ne peuvent convenir qu'à Marc Aurèle, après l'an-
née 175, époque à laquelle il prit le titre de Sannatirns, landis
qu'il avait abandonné, à la mort de son frère, les titres d'Ariiienia-
cus, de Parthicus maximus et de Medicus, qu'il porte jusqu'en 169.
Le monument est donc daté avec une approximation très suiFisante
de la période de temps qui s'étend entre 176 et 180, année de la
mort de l'empereur.
Les recherches de M. Poivre, subventionnées parle Service des
antiquités, ont amené la découverte, à côté de l'inscription, de l'une
des colonnes qui la soutenaient et de divers fragments d'archi-
tecture, provenant du sanctuaire dont elle ornait la façade. Des
fouilles m('lliodi(|ues permettraient de retiouver le temple lui-
iiièine. aciucllciiieul enterré à 3 mètres de profondeur.
Il est à remarquer (fue l'inscription retrouvée |)ar M. Poivre,
l)i(!n qu'iurdilo, avait dn être signah'e à Tissol . (|iii la inenlioune.
— /i35 —
1res inexaclement du reste, dans sa Géographie de lu pnommc rnmaine
d\\friqHe''>, sans indiquer d'où il ia connaissait.
206. — Bou-Maharez , dans les Ouied-Ayar-Dahara. Inscription
de'couvorte par M. Poivre, le 28 juin i8g6. Le texte est en deux
morceaux qui ne se raccordent pas. Les lettres du premier fragment
soiil hautes de o m. o.5; la pierre, brisée en haut, eu bas et à
droite, a o m. ^tj de liauleur et o ni. 85 de largeur.
MIIIPERPETVAM ïMVLO-OL
ADDITA • EVASI • MORTE ■ NS • DVRISSIM
VITAE- MVNERA-POSSIDEO • ORQ-CVM
TIIVIO ■ TENVS • VNA • CVM • CONIVGI • CAKUsinme
Q (f' M A I A. Q r ' n
Second fragment; lettres très effacées, hautes de o m. 07 à la
première ligne et de o m. 08 à la seconde. Ma lecture, d'après un
estampage de M. Poivre.
HOC MO r--' il ment II m
Les deux fragments semblent avoir appartenu à l'inscription fu-
néraire d'un mausolée.
207. — Henchir-Ghaïadha , tribu des Ouled-Aoun, territoire
des Assakra, au N. E. de la Hamada des Ouled-Ayar.
Fragment d'architrave, large de 1 m. .3o et haute de o m. 69.
Hauteur des lettres, o m. 08.
divi • m • antonini • pii • germanici • sarmatici
/em templvm-deae tellvris • vetvstate
]
\Pio .sainte Imp{eratoris) Caesans L{iicu) Septim{(i) Severi etc. . .] Divi
M. Antouiiii pii Genuauici Saiinatici [/(ilif)...] cm templiiiii dcoe TeUuria
vetustate [co//rt^^s <///<] . . .
''^ (ji'Ogr(ij)tiie (h l' Afrique. II. |j. .j'y;).
— \'M') —
Hslainpiijje de M. IV»i\r('.
La secoiidc moitié de («'tic iiis(ii|)rKm ;i déjà rU' publiée par
M. Cii'fiiat ' .
208. Djama [/ama major). lMa(|ii(' liiinulaire brisée en haiil,
à dioite et eu bas; ^baute de o m, ?,o et lai"{>e de o m. /li. L'iii-
srii[)tioii est {jravée eu caractères anjfulciix et inéfjulieis, de très
basse e'poque, hauts de o m. 02 5 à o 111. oW. Les L oui l;i lonue
du lauibda jjrec; b's D sout des liiaugles leclau'fles. La boucle
iuléiieure du B est aussi un triangle. Les ligues sout séi)arées par
de doubles bandes horizontales,
! AOMVS
MERVAVS INNOtmv
FIAEAIS BIXIT iN PAcc
ANNIS Iq SP AIE X K ¥ebri
lA INDICTIO SEPT/w
Domtis . . . Merulus iniio\cens] jtdclis vî.rit in pn[cc\ aiiiiis Vil.
S[e)p{idtus) die décima ladcinlns f\cbnif(r\ia[s) imliclio[nc\ sei>l[im(i\.
Ligne U. Je lis annis VII, avec un episéma et une petite liasle
\eiticaie; sur la pierre, l'episéma est suivi d'un petit cercle. Le
sigle SP pour s[e)p(jdlm) est très rare. Je ne crois pas cependant
(ju'il puisse y avoir doute sur son inlerprétatiou.
209. — Tunis. Sur une grande colonne calcaire, placée à
gauche de la porte d'entrée intérieure de la mosquée d'EI-Houa,
place du \larché-aux-Moutons. Lettres bien gravées, hautes de
o ni. 1 o.
IMPCAESAR
MAVRELIVS
ANTONINVS
PIVS-FELIX-AVG.
BRiTT-MAX-GER
MANICVS- MAX-
T R I BVN 1 C I AE
POT-XVIIll-COS-IIl
RESTlTVIT
XVIIII
"' lliiiipori IV, 11° 7)1). (Jf. (^orp. inscr. lai., I. \ III, u' i i 08(3.
— /i37 —
Colonne milliairc, de provenance inconnue, datée du règne de
Caracalla en a 16. A remarquer le chiffre inexact des consulats,
m au lieu de IV.
210. — Tunis. Dans une maison de la rue Vbd-es-Selam, frag-
nienl d'entablement encastré dans un mur et servant de banc. On
ne peut lire qu'nne partie de l'inscription, gravée au-dessus d'une
bande d'oves et de rais de cœur, en beaux caractères hauts de
o m. 0.55.
via-ii aNN ■ XXIII • MENS ■ VIIII • DIEB • XXIIII
Cette épitaphe surmontait sans doute la porte d'un mausolée.
211. — Carthage. Fouilles du Service du génie pour l'établis-
sement du fort de Bord-Djedid. Stèle funéraire en calcaire jaune,
grossièrement arrondie au sommet. Lettres de basse époque el de
forme irrégulière, hautes de o m. 06 à o m. 10,
D I MA N
E S S A C R
IS VICTOR
VICXIT AN
NIS XVIII
Di Mânes sac ris ; Victor vicxil aiinis XVIII.
212. — Carthage. Dans un champ, entre Bordj-Djedid et Da-
mous-ol-Karita. Base de colonne corinthienne, en marbre blanc,
écornée à droite. Au revers, l'épitaphe suivante, en lettres négli-
gées et gravées au trait, hautes de o m. 07 :
2ECVNDV2
MARITVS
Secuiulus , ninrilits.
213. — Bordj-Djedid. Fouilles du Service de l'artillerie. Fz'ag-
nîenl d'épitaphe. Lettres hautes de o m. o3 o m. o/i.
VIX-ANN- XVIII
H S-E
— /i38 —
214 à 217. — Douar-ech-Chott. Travaiiv do la roule exécutés
au mois de mars 189G par les prestataires du Service des Iravaux
publics. Deux épitajdies se rapportant à des personnajfes de la
même fa mille.
214. — Douar-ech-Chott. lUa(|ue de marbre blanc, vciué de gris,
liauti' de 0 m. 2'i, laqje de o m. 3(), épaisse de o m. o35. Lettres
liaiilcs de o m. oof). Ija lorme des lellres est à deuii ciirsixe.
DISMANIB-SACR-
HERENNIAE FAVSTILLAE
CONI VGI OPTIM AE
M -TYRRANlVS • AMPLI
ATVS SIBI ET SVIS
H-S-E
Dis l/rtH(Y»((/,s) saciiiDn). Ileirnninc Fniistillae , coiijufp nplimnr,
M. Tinraiium Ain j)U(il as sibi et .suis; h{ic) sÇitiis) e{si^.
215. — Douar-ech-Chott. Pla(|ue de marbre blanc, liante de
o m. 59, larjje de o m. -jA, épaisse de o m. 01. Lettres hautes de
o m. 01.
Dv M Sv
M-TVRRAyNIVS
TVRANNVS PIVS
VWXlTvANNIS
rXXXIlv
D{is) Mianibus) s{ac)'um). M((ircirs) Turranius- Timiniius, pins
viœit anms XXXII.
J'ai fait entrer ces deux inscriptions au musée du Bardo.
216. — Douar-ech-Chott. Fragment de marbre gris, épais de
o ni. o85, termin(; au sommet par ime moulure arrondie. Ce frag-
ment présente bss restes d(; trois insciiptions diiïérenles : la plus
ancienne, gravée eu lettres hautes de o m. i(l, et dont il ne reste
(|iie d(!ux hdtres, LI; u?ie siîconde inscription, gravée perpeiulicu-
lairemcut à la première, en lettres hautes de o m. 10, TA; enhn,
au revcis, un autre tcîxte en lettres hautes de o ui. o() à la première
ii;;M<', cl o m. 10 à la seconde.
RI B A
C-C
— /i39 —
217. — Douar-el-Chott. Fragment décoiiveiL dans le jardin de
Hadj-Fredj. Fouilles du Service en mars 1896. Calcaire rou-
geâtre, e'pais de o m. 10. Lettres hautes de o m. ofib.
SOLVIT
218. — La Malga. Fragment calcaire, brisé de partout, sauf à
gauche. Lettres élégantes, hautes de o m. 026.
FRA
LIS
219 à 269. — Fouilles du Service des antiquités, dans un terrain
situé immédiatement au sud de Damous-el-Karita , et où se trou-
vait une nécropole chrétienne, très bouleversée, des v'' et vi'' siècles
de notre ère. Les inscriptions qu'on y découvre sont réduites à
l'état de fragments très mutilés; je ne publie ici cette poussière
épigraphique que pour suivre l'exemple du R. P. Delattre, qui a
recueilli dans cette même région, et fait paraître dans divers re-
cueils, plusieurs milliers de débris analogues. Tous les textes qui
suivent sont aujourd'hui conservés au musée du Bardo.
219. — Plaque de marbre, brisée de partout, sauf à gauche,
opistographe. Au droit, en lettres hautes de o m. 02 à o m. 012,
fragment d'une dédicace à Telliis.
TELLVRI aug
SOMA
FELIX
Au revers, en lettres hautes de o m. o3.
R-LOCIII
0-COS-
220. — Pla([ue tumulaire, brisée à gauche; haute de o m. 3o,
large de o m. 16, épaisse de om. o5. Lettres bien gravées, hautes
de o m. 02 5 à o m. 01, suivant les lignes (f ou 11* siècle).
A ■ P V E L L «
A • O M N I B V S
PROPTER. MORES
TEM • ANNOSv
H • S • E
— ViO —
221. — VI.Kjii»' (le niarhic hlaiic, bris(''0 on liaiil ol on bas;
Iftircs Itioii «fiavôes, mais do lormos irrô<julioros, indi(|iianl une
li-i's basse o'|»(»(Hio (vT siooh'?); bailles do o mk o3 à o m. oT).
_ N L I B 1
M • R A T I N O
4EM SVA PROGEN
. lES ■ RESTVTl FRMAAE sic
PIN\ lOREM^ATR
222. — (irande dalle de ralcairo, haiilo de o ni. 3o, large do
o m. r)o, épaisse do o m. 0.3; ornée d'abord de palmes e1 do [«-nir-
land(>s; uliliso'e après coup pour recevoir une (>pila})he {rrerque.
La dalle est brisée à droite; il manque la moitié de chaque ligne
do l'inscription, facile à restituer d'ailleurs. Lettres bautos de
o m. 10 à la j)roinière ligne, o m. 07 à la deuxième, o m. 08 à
la lroisièm(!.
I UJ A N N H C I I I C T/05 èv sipvvv
A K A k)os
B 0 N I <D A T I A Ujifflà èv eîpjii'j;
Jnhaiiiies /kIpUs in pace iiinocens ; Bonifatin, f.dclis in pncp.
223. ^ Aîarbre blanc. Hauteur des lettres, o ni. o.3.
screRINVS INNCV<"«.s' /// /wrc
224. — (ialcairo. Hauteur des lollros, 0 m. 07. Kpitaplio d'nn
sous-diacre.
.sVBDIAC«/(«.s-
225. — (ialcairc. Hauteur des letli'os. o ni. o('>. Kpitaplic! d'un
i'vè([uo.
cPISCOP«.s-
226. — (ialcaiic. Ilanlcnr dos lettres, o ni. o-. hlpitajibo d'un
pré lie.
TIVS PRESB.///fT
— A/il —
227. — Calcaire. Epaisseur, o m. o3. Hauteur des lettres, o m. o-.
?N PAGE
ITTVS
228. — Calcaire. Épaisseur, o m. O.S. Hauteur des lettres, o m. 08.
in pACE VlXii
229. — Calcaire. Epaisseur, o m. o,3. Hauteur des lettres, o m. o.^).
N VEL Fldelis
rî'XIT Annîs
230. — Marbre blanc. Epaisseur, o m. o(i. Hauteur des lettres,
o m. 08.
S FIDEL/s
231. — Marbre blanc. Épaisseur, o m. 09. Hauteur des lettres,
o m. 07.
OSA Fldelis
232. — Marbre blanc. Épaisseur, 0 m. o3. Hauteur des lettres,
o m. o5.
/AELIS IN PAce
233. — Plaque de marbre de Chemtou, épaisse de o m. o5.
Hauteur des lettres, 0 m. 01 5. Brisée à droite et en haut.
234. — Marbre gris. Hauteur des lettres, o m. 06.
FIDe//.s in pace eT ' VR_B •
DECessit FECERVN ■ T
?AKeiili?
235. — Marbre gris. Fragment brise' à gauclie. Dans un car-
touclie à queues d'aronde, lettres liautes de o m. 01 à o m. 02.
d m \
S
T I T I N I A
C A S • V I X I
MESIB • VIII
/
/
\
h
[D(î.s) M{anibus)\ s{acrum) . . .Titinia. . . cas? viri \nnius.
v>e[n]sib{ns) \ III. S{itf() e{sl) h(ic).
H oncial en deliors de l'encadrement.
— '\!rl —
236. — Calcaire. Haiitour des lettres, o m. 07.
ARl
237. - Marbre blanc. Epaisseur, o ni, 02. Hauteur des lettres,
0 m. o\\.
VIXITANhw
238. — Marbre blanc. Épaisseur, 0 ni. oh. lïauleur des lettres,
o ni. 11.
î$
AIESl
r N
239. — Mai'bre blanc. Epaisseur, o m. o.'}. Hauteur des lettres,
o m. I o.
rt«NIS
240. — Calcaire. Hauteur des lettres, o m. 08.
FVTA
VIB
241. — Calcaire. Lettres très grossières, hautes de o m. 10.
i F V
S E
242. — Marbre blanc. Epaisseur, o in. of). Hauteur des lettres,
o m. 09.
AN.V
243. — Calcaire. Epaisseur, 0 m. o35. Hauteur des lettres,
o ni. 08.
REST
TESIS
244. — Fi'ajjnient de cornicln! en marbre blanc, lïauleur des
lettres, (» m. o'i.
O V A
245. — h^rajfinenl (rarcliilrave en marbre blanc, llanlenr des
lettres, (t m. i>A.
RC
P CK
— /i/i3 —
246. — Piaque do marbre blanc, re(aill(Mi an revers. Hauteur
des lettres, o ni. 08.
RI
I P
247. — Calcaire. Hauteur des lettres, o 111. o-y.
A C
248. — Marbre blanc. Epaisseur, 0 m. oA. Hauteur des lettres,
o m. 0 9.
vixit. (inN- XLIII
249. — Epaisseur, o m. 09. Hauteur des lettres, o m. 09.^).
rlX- ANnis
250. - — Epaisseur, o m. o3. Hauteur des lettres, o lu. 09.
DIS • Manibus
251. — Epaisseur, 0 m. 02. Hauteui' dos lettres, o m. 01.
M An/0
Plissimo
252. — Epaisseur, o m. o3. Hauteur des lettres, o m. 09.
XXXXVII
FECIT •
253. — Épaisseur, o m. 09. Hauteur des lettres, o m. o3.
VS
IN VS
XXV
254. — Épaisseur, o m. 02. Hauteur des lettres, o m. 08.
AVR
VI
255. — Tuf coquiilior. Hauteur des lettres, 0 m. 83.
RE
TA
256. — Fragment de plaquette de marbre blanc opislograpbe.
Hauteur des lettres, o m. o3 et o m. 0/1.
- VVi —
\ii (li'oil :
.\ CD
riclOK\^
\ti levers :
K
NI
257. — Marbio {|iis. Kpaisseiir, o m. oo. II.uihHir dos loUrcs.
(» 111. o'i.
B V
ND
258. — (lalcjtirc. l'i|)iiissour. o m. of). Ilaiilciir des lettres,
o m. 0-.
DA
I R
259. — Marbre blanc opistographe. Hauleiirdes lellres. o m. 02
el 0 111. o3.
An droit :
S V
TITV
Au revers :
CIO
260. — Marbre blanc. Epaisseur, 0 m. oT). Hanloiu- des lellres,
o m. o.").
IlDP
261. — Marbre blanc. Epaisseur, 0 ni. o/j. jjellies de forme
(>iij;iiiaie, liantes de o 111. 08.
ORFIE
TI
262. — Marbre blanc. Epaisseur, o m. ()?>. Himleiir des lettres,
o m. o'i.
DOLO
RAS
263. — Marbre j)laiic. Ihuileur des lellres, o m. ()(S.
.SI L
— ^^h —
264. — Mail)!'»' blanc, llauleur des iettres, o m 06.
(I l S ■ M (lui bus
265. — Calcaire, llauleur dos lellres, o 111. 02.
VlXIT-AN/t/.s-
266. — Marijie blanc. Hauteur des letlres, o ni. orio.
IN PACe
m-
267. — Marbre blanc. Hauteur des lettres, o m. 00.
S QVI MELi
/VS-DEDIC
J'omets une trentaine d'autres fragments encore plus insigni-
lianls.
268. — Plaque de marbre blanc, épaisse de 0 m. o/i, brisée de
partout, sauf en haut. Hauteur des lettres, 0 m. 08.
S PATRIE TECE
269. — Fragment appartenant probablement à la nienie in-
scription que le n" 261. Plaque de marbre gris, épaisse de o m. oZi.
Lettres hautes de o m. 08.
N S I 1
VIGRATI
270. — La Soukra, près de Carthage. Stèle votive à bas-reliefs,
haute de o m. 36, large de o m. 18, épaisse de o m. o3. A la
partie supérieure est figuré, dans un fronton triangulaire, le buste
de Saturne voilé, entre la liarpè à droite et une patère à ombilic à
gauche. Dans les écoinçons, au-dessus du fronton, sont représentés
Hélios avec le fouet, et Séléiié avec la torche.
\ii-floss()us do CCS rt'licls (3sl gravée la dédicace, en taraclères
Imiils (le () m. oq5 :
SATVRNO PAL
M E N S I • A Q_V E N
SI • A VG • SA CR-
L- IVLIVS-RVFI
67V ANVS • SACERDOS
V • L • A • F EC IT
Sat.ii)-iin Pdhiiciisi [iiiiciisi \ii^(iisl()j si(ci-[uiii].
L(iiciii.s) .lidiii\ Ihi/ianu.s sticerdos v[olinii) l{iibem) a[iiliii(>) fecil.
J'ai déjà publié celte dédicace'''. Il m'avail été impossible à ce
inomenl de savoir la pro\eiiance (exacte de la stèle <pie je venais de
l'aire entrer au musée. J'avais conjectui'é, d'après sa ressemblance
avec les nionuiiieuts votifs découveris au Hou-Kourneïn parM. Tou-
tain, qu'elle piovenait du temple de iSV(/»/j'?i?/.v Boalcdrmmmii. Il n'eu
est rien. J'ai acquis la preuve que la stèle a été trouvée à la Soukra
même, avec divers morceaux d'architecture, colonnes ou chapi-
teaux, dans les ruines d'un j)etit édifice (jui était situé près du ri-
\a{je de la Sebkha-er-Riana. Tout à côté se trouve l'orif^ine d'une
importante installation hydrauli(jue romaine, récemment décou-
verte et dont je ferai l'objet d'une étude spéciale : celle-ci drai-
nait les eaux douces de toute la plaine sablonneuse de la Soukra,
et les diii;;eait sur Cartha};e par deux larges canaux percés de
nombreux puits et regards, <|ui devaient servir surtout à l'irrlgaliou
des jardins. Il me pai'aît ])robahle (fue cette conduite d'eau avait
contribué, autant que le \oisinajje de la Sehkha, à faire donnej- au
village qui s'élevait, à l'époque romaine, sur rem[)lacement de la
Soiikia <'t qui portait le nom de Pahiuir. l'i'iiithète dArincn.scs.
Km tous cas, il ne me sendile pins possible de douter (pi'il ne
laillc placei le bourg romain de Palmoc Aqueuses à la Soukra.
272-273. — Utique.
Deux fragments iiisigjiifianls d'épilapbes, trouvés dans la uécro-
'' liiill. lie In Surir l/' (Icn ^nlùjndwvs . l.Sf)(), |). i S'y cl sili\.
— V^i7 —
pôle de la vigoc, voisine de ranipliillieàlre. Hauteur des lellres,
o m. 02 el 9 m. 02 5.
M S
ARA
V Y
R I S
amiiS XXXW
274. — Fouilles du mois de mars lî^^y. dans la ii(''ci"0|iol(' rlii(''-
licnne situe'e au \. 0. de Damous-el-Kaiila.
Mosaïque tombale en cubes d'émail, de brique de marbre et de
pierre calcaire. Mutile'e au sommet et à droite. A la piemirrc
ligne, les lettres sont dessinées en cubes d'émail noir sur lond
blanc; à la seconde, en cubes de brique sur calcaiie jaune; à
la troisième, en cubes veidâtres calcaires sur marbre blam^; à la
quatrième, en cubes rouges sur calcaire jaune. La dernière ligne
est terminée par une palme en cubes d'émail vert. Au-dessous,
Tencadrement de la mosaïque est formé d'une torsade; puis vient
une colombe figurée dans un encadrement formé d'une série de
cai'reaux soulignée d'une rangée d'oves. Les lignes sont toutes sou-
lignées d'un trait brun.
sm§
W/W/
IGERNAE/zV/c'/
IS IN
PAGE VIXIT
ANN
XS
K
FEBRV
ARIA
S -^
6. . . geniae [. . .Jideljis in pacc oixit ann[is . . . deposila die\ X\^l
K{alendas) Fehruarias.
275. — Mosaïque carrée; le centre est occupé par un grand
cercle blanc, avec l'inscription suivante :
FLAVIVS
VALENS SENIOR
SODALICI M E MO
R I A H A C F E CIT
SIC SEM P ER
Flnmut VaJeiis aenior, sodalicii inemnrin[m\ ha[n\c fecll. Sk seinjifr!
— V48 —
L"ii)S(ii|tli()ii est (.'iitoiin'c d une lourde couroune de Icuillcs.
Les ecoinrons soul oiik'S de llouroiis.
276. - Fiajjiiicnl de sièle \ olive [)Uiii(|ue, trouvée [)èle-nièle
ii\ec \r> débris loniains el hvzanliiis.
277 à 279. Aïn-el-Ouarghi. Inscriptions découvertes au mois
d'axril 1897, [>ar M. le lieutenant Hilaire, à 5 kiloniètrcs au nord
du Kel, au pied des pentes occidentales du Djebei-Semch.
Petite source, aujourd'hui tarie, où Ton voit des traces de cap-
lation romaine, sur la rive gauche de TOued Kel-Ralnui, à i,5oo
mètres à l'ouest du douar Hou-Baker. Cippe à double cartouche :
D I S M D- M-S
ANTRV M-MV
S IVLIA NATIV
P V S Ti S -SAT
A V I X V R N
T A N 1 I N V S
S L X V VIXIT
COPOTI ANNI
S LU
Copie de M. Hilaire.
Il Tant lire sans doute
lïiH \l((iiH)us Jiiliii Pusliii!'' lù.ril n\ii\nis L.W; Cojioli.
D{is) M{aiiil)i(s) s{(icnim). M[atcus) Muiiaiiu.s Saturnlnus vLvil aiiiiis Ll . . .
Capoli , sobriquet au génitif, à comparer à rajjnomcn Ciuwri.
place de la même manière sur une inscription de (Jherchel"'. 11
faut sans doute sous-entcndre {'figuo) Copoti, comme sui' une autre
insciiplion de même provenance '-' sifftio Thaumanli. Cv, nom m'est
d'ailleurs inconnu.
'' Corii. niurr. hit., l. Vlll, n" 9/1 .")i.
'-' Ihid., Il" O.")!0.
— fià[) —
278. — Au iiièiiie cadioil, aiilie cippe.
D-M-S
TRERIA
SATVRN
INA VIXI
T-ANNIS
LXX I II
H • S • E
D[ii>) M{anilju-s) -siacruiii); Trerin? Satuiiiina vixil aniiis LWÎll ;
h(ic) s(ita) e(st).
279. — Dans un autre ravin, à 200 m^•tres au S. 0. du précé-
dent, cippe à double cartouche.
D-M-S D-M-S
CALPVR C-GALLIVS
NINVS FELIXVI
CVLA-VI X I T AN
XIT-ANIS NIS LXXXVII
XXXV H-S-E
H-L-S-E-
/)(«) M{imibus) s{(icniin). Calpuininiiscula'/ vixil an\ii\is XXXV ;
h(oc) l(oco) sÇepulta) e{st).
D{is) Mianibm) siucrum). Cinius) Gallius Félix, vixil annis LXXXVII.
H{ic] s{itm) c{sl).
Lectures de M. Hilaire.
II
INSCRIPTIONS SLR I>TA1LLES, POTERIES, LAMPES, ETC.
280. — Carthage. Cornaline ovale, à Lords en biseau; grand
diamètre à la base, o m. oi3; petit diamètre, o m. 09. Epaisseur,
o lu. ooi. Hauteur des lettres, o m. 002.
jvq
Ifl3 V
Pulvcri.
AiîiiUÉoLooiK. ay
— /»r)0 —
281. — Carthage. IntaiHo sur agate à veinos, noires el hlaiiches,
(le loriiie ovale, à bords en biseau. Grand dianièlre à la base,
t) ni. o-->."); pelit dianièire, o m. 018. Kpaisseni-, o ni. ooo.
Diane-Seléne debout, l;i tète nindjée d un croissant, vèluc d'une
longue tunique relevée à la taille par une ceinture; la de'esse lient
à la main une lon;;ue torelu^ allumée. Tout autour, les (|iuifre
lettres grecques suivantes, disposées en croix et retournées; hau-
teur, o m. oo-j.
A
1 A / \
0
àyab\i] tt;;^^);].
Ces deux inîailles ont été tiouvées, Tune à Sidi-bou-Saïd, I autre
dans mes louilles de Damous-el-karita. .le les ai lait entrei' au
muse'e du Haido.
282 à 285. — Carthage. Amphore à deux anses, intacte, de
l'orme élégante, trouve'e dans la mer, près de la iMarsa, pai- des pé-
cheurs italiens. Sur le col de l'amphore, estauipille rectangulaire à
lettres en relief; longueur, cm. 07; hauteur, 0 m. 01 5.
C ASSI • LVCR
Caesati{t) Lttcr{iani ou ctinui).
Cacsati(i), sans doute pour Caeseli{j).
283. — Anse d'amphore, trouvée dans lues fouilles de Douar-
ech-Chott (avril 1896). Estampille avec lettres en relief, hautes de
o m. 007.
C • P R O
C{aii) Pro[culi\.
284. — Anse d'amphore en terre grise, h^stauipille de o m. o'i
sur o m. 09 1, avec caractères grecs en relief hauts de o ui. o3.
E
n
î K
A S A 1
K
P A
TSiY Z
K
A
P N
E 1 0 Y
£7rt Ka[A^]t ■KpàT\o\oi Kapr£/|olt/.
— A51 —
285. — Tesson. Fond de patère avec restan)|>illc
C-NA -A
Cn(eii) Atei Ar. . . ''^.
Au revers, graffite.
I I V P
En jnênic temps que ce fragment, a été de'couvort un de' à jouer,
en ivoire, parfaitement conserve'. Le cube est imparfait; deux faces
sont carrées, ayant o m. oi'j de côté; les quatre autres rectangu-
laires, o m. 012 sur o m. 016. Ce sont naturellement celles qui
sortent le plus souvent.
286 et 287. — Carthage. Tuiles à estampilles circulaires. Fouilles
de Douar-ech-Chott, 1896 (jardin de Hadj-Fredj).
Tuile épaisse de o m. ok. Fragment d'estampille, en forme de
croissant.
FIG
Q:AB
Fig(linae). . . Q^utnti) Ah. . .
287. — Tuile épaisse de o m. 082. Estampille circulaire, en
forme de croissant à bouton central et trois circonférences concen-
triques ayant respectivement pour diamètre 0 m. 100, o m. o53,
0 m. o3. Inscription assez effacée, sur trois lignes concentriques (-^.
ex prrèD FAVSTINVES-AVGOP-
DOL-EX-FICL^
\^Ex lyr^aedijis) Faustinaes AiigÇustae) op(us) dol(iare) e.r liirl\iim . . .]
288. — Ksar-Tir. Fouilles du temple de Vallis (M. Sadoux).
Estampille circulaire à bouton centrât et trois circonférejices con-
centriques, coupées toutes les trois par une quatrième circonférence
'^^ Cf. Deiattre, Mélanges de Rome, liiQ'i, p lit, n" i(j.
'-^ C{. Corp. inscr. lut., t. XV, 1, n" 723 el Desceniel, Marques doliatres,
note CXXX, n° 168.
langcnlc à la circoiilrience cxtc^iieure'. Diamèlrcs des liuis pn;-
iiiii'ics, () m. o-[>. o m. ooo, o m. oa; diaiiirlrc de la (jualiicnK',
o 111. (»•!. I. iiisciiptioii l'sl disposée sur deux lijjiu's circiilaii'es coti-
ceiiliiques.
Caractères hès iiels.
EX • PR • FLAVI • APRI • FIG • PVBLIL
OP-RVSTIFELIC
L-r inyicdiis) Flavi{i) Apri ou Apri{lis) fi^{linac) Publil[iac\
.()p[i(s) \(Iolia)r] lîiistiicil) FclicÇts).
.lai l'ail cnlier ces dois estampilles au musée du Bardo'^l
289. — La Malga. Lampe à queue l'oree, ornée d'une {•uirlandc
(le laurier sur le disque. Au revers :
AVGENDl
(ietle lampe a été achetée par un marchand delà rue de TEglisc,
Chadli-hen-Mourad, en même temps qu'une autre de grandes di-
mensions (diamètre, o m. lo) et de l'orme élégante, sans queue, en
lene jaune, représentant un écuyer dehout devant un cheval qui
se diesse sur ses jambes de derrière.
290. — Chez Ben-l\yss, marchand du souk du Dai-el-JBey.
Lanijie à queue forée, sans ornements.
R'. GralRle aux lettres hautes de o m. oi.
FELl
CIS
l'clicis.
29. — Bou-Kournein. Lampe acquise par ^L Boucher, mini.stre
du Commerce.
Terre grise, lourde; (jueue [jleinc. Sur U: disijue, en loit icliel',
"' (A. iiiin aulrc i-slampilh; Mif liriquc, Irouvcc iIîiiis ic radici' des ciliMiii's de
niirdj-l)ji'(Ji(l à (lurlliajjo, l't se rapporlaiil au tiiciix: |)i()j)rii'tair(' l'iariiis Ajut. —
iJf'Iattrc, Marqua de vaiscs grecs vl romains {Mclungcs du l'Ecole de Home, \! ,
p. ô'i, n" 5).
— ^153 —
tèle de Cérès à gaurlie, couronnée d'e'pis, avec un flambeau allumé
à côté d'elle. Au pourtour, fjuirlande de pampres.
Au revers, graffite dans un cercle, avec deux palmettes au-des-
sous de la signature.
D N V N sic
I N .,, I
#
Nundini.
292. — Kelibia. Lampe appartenant à M. Mouline, inspecteur
de Tagricullure. Disque à ombilic central, situé au centre et au
pourtour. Au revers, dans un cercle :
SEM
EX-OFI-0-
E.x of{f)i\cina] O(uinti) Sem\pro»i{i)\.
293. — Le Kef. Lampe analogue à la précédente, trouvée par
Al. Renault, adjoint du Service du génie dans la nécropolo de Ben-
Smida. La lampe était placée dans une urne cinéraire à Tinléi-ieur
d'une tombe maçonnée, recouverte d'un cippe en forme de caisson
avec autel encastré, anépigrapbo.
Terre grise, queue forée. Boulon contrai sur le disque, stries et
strigiles au pourtour.
R/. EM
EX OFI
E.r qf{f){\ciiw] \S]em\pronii].
L'S manque.
294. — Musti. Lampe chrétienne, découverte dans les travaux
de la nouvelle route du Kof et envoyée par M. Yellard au musée
du Bardo.
Le Christ, accosté de doux anges et tonani la croix, foulo aux
pieds le basilic et l'aspic, le lion et le draj;on : super napitlnn H ha-
siliscum amhiilnm et conculrrnis hovcm et drnconem^^ .
('^ Psaumes, .XI i 3.
\n |)(»iirl()iii', (|uat()i/e discjucs altemativeinenl lornK's d'un an-
lu'ItM ])t'ilt'', ciiTonsciivant le chrisme constantiiiirn , et d'un anne-
Icl uni cnlouiaul (|uatr(' cioissaiits opposo's, séparcis par des glo-
bules el surnioiiU's chacun dun aulrc globule.
I.e ujusée Saint-Lonis de Carlhage possède un petit IVagmenl
d"nm^ lain[)e sortie du même rnoule'^^
295 à 304. Oudna. b'ormcs, moules, cachets, plais el lampes
trouvés dans un atelier de potier chrétien qui sMtait installé, au
v"" sièch^ de noire ère, dans les Thermes des Laberii abandonnés.
295. — (lachet conique en terre cuite. Longueur, o ni. ot)ïy. A
la base, reslampille, en forme d'amande, représente une sorte de
bec de canard souligné par un pointillé. Largeur, o m. 09 5. Sur le
coté du cachet, graflllle de trois lettres, hautes de o m. oi.
PEU
Autre cachet conique, de même longueur, mais un peu plus ar-
rondi. A la base, l'estampille, large de o m. oaS, représente le
dessin ci-dessous. Pas d'inscription sur le côté.
296. — l''ormes de jiolier. Outils ovales, en terre cuile, de di-
'" M. Di.'lallro, Laiitiivs ci jiliilx rlirélii-ita de (Mr(li(ij;(>, n" t)0.'5, |). I.'JH.
— 455 —
monsions el de calibre varii-s, dont on ignorail jusqu'ici la desti-
nation; arrondis sur. le côte', ils sont aplatis sur les deux faces, or-
dinairement concaves, parfois avec des godets marquant la place
du pouce et des doigts de l'ouvrier qui tenait l'outil, et s'en ser-
vait pour donner une forme à la motte d'argile entraînée par le
tour. La plupart de ces formes ne présentent ni inscription ni
ornements. L'une d'elles, longue de o m. 08 et large de o m. o5,
offre sur une face un chrisme en graffite; sur l'autre, une pal-
mette et trois traits en triangle à la base.
297. — Forme à demi brisée; largeur, o m. 06; longueur du
fragment, 0 m. okb, soit 0 m. 09 pour la longueur totale, (iraflile
cursif.
Ex of[fcina\ Ahis . . .
I
Cf. l'inscription d'un outil analogue conservé au musée Saint-
Louis, de Carthage : Ex oficina Abedonis^^i.
■'' Corp. itiscr. Int., t. VIII. n" 1 0^175 . h.
298. — Aiilit' loiiiio .iiroiidio sui-les bords. Longuour, o m. o()5;
lai'jTeiir. o m. o'iT). Sur une face, }>raffite représentant une barre
striée; siii- l';ui(ie, lo j^ratlite suivant assez eflacé.
ne
J'ai lait entrer huit outils semblables, mais de calibres dilï'e'rents,
au mnsj'e du Bardo.
299. — Fragment de tuile en terre grise. Inscription cursive,
dilîiiile à décliiUrer.
300. — Fj-agment de plat en terre rouge. Sur le marbre, graf-
fiti' de trois lettres hautes de o m. 02 à o m. oab.
Deo
J'ai recueilli dans les déblais des Thermes, plus de 3oo estam-
pilles entières, sur fonds de plats et de paleres, sans compter
d'innombrables tessons plus ou moins endommagés, (les estampilles
ont un caractère chrétien nettement accusé. Elles représentent le
chrisme avec la boucle tournée tantôt à droite, tiinlùt à gauche,
et plus ou moins orné, accompagne ou non de Va et de !'&>; les
diverses formes de la croix, surtout la croix latine et la croix
grecque, simple, gemmée, divisée en triangles et en losanges, ornée
de palmelles, puis la croix gammée ou swasiika inscrite dans un
carré; dix types diflerents do colombes, plusieurs coqs, trois types
différents do Tagneau, deux du lièvre courant, des rosaces à six ou
à huit |)élah's, des llcurons et des ])alni('ll('s variées, des calices
seul- 011 réunis. (|iialn' par <|uali'('. aiiloui' diiu ('(mvIc cciilral.
l'.ulin. d;lllll■(•^ lll,•||•(|Ml'^ de Ijinl/iisn' , plus (iiilicilcs à (•.'ii'achM'isrr :
^ /j57 —
l'unfi d'elles, pivsenlanl dans im cœur une sorle de bec de canard,
rappelle le dessin du cachet que j\ii de'crit plus haut. (n° agS).
D'autres plats, sans estampille au centre, sont ornés, sur le
marli, de rosaces, de quadrillages et de divers autres motifs.
Parmi les autres objets en terre cuite de même provenance, je
citerai d'abord une intéressante figurine en terre cuite, dont la tête
n'a malheureusement pu être retrouvée. Elle est d'un style très
barbare et représente une femme debout, velue d'une longue tu-
nique tombant jusqu'aux pieds et ornée de deux longues bandes
brodées, traversant verticalement la robe. La femme applicjue sa
main gauche sur la poitrine, et sa main droite sur son ventre,
gonflé de telle sorte qu'on est amené à se demander si le coroplaste
n'a pas voulu représenter une femme enceinte; la statuette aurait
alors le caractère d'un ex-voto. A l'appui de cette hypothèse, je
signalerai au musée Saint-Louis, de Carthage, l'existence de plu-
sieurs statuettes chrétiennes analogues, où la saillie du ventre est
aussi nettement accusée.
Plaquette de terre cuite hexagonale, brisée en bas; largeur,
o m. 08; épaisseur, o m. 007. Sorte de patène, ou peut-être tout
simplement garde-main de lampe chrétienne. Elle représente dans
un cercle deux croix grecques en relief, séparées par un fer de
lance.
Deux moules de lampes chrétiennes, en plâtre, de grandes di-
mensions; longueur du premier, o m. 026; épaisseur, o m. 08.
Le second est brisé: longueur du fragment, o m. 17.
Parmi les nombreuses lampes chi'étiennes que j'ai trouvées dans
- ^i58 —
les Ti;('iiiH'> (lt'> Laherii, ji' ne iiiciil loiiiiciiii ici (jue les j)liis rcmar-
(juablos par loiir sujet ou leur conservation.
Sur le disque, clerc (?) tenant des deux mains un calice; au
pourtour, douze l'ers de lance.
lN'r>(}nna{je dcluiul, |iorliinl nu lièvre dans ses bras (le Christ
et rame fidèle?); au |tourt()ui', ornements divers, disques formel
d'annelels concentriques, colombes, carreaux gemmés, disques for-
m«\s dun annelet coupe' d'une croix, et séparé d'un second annelet
qui l'envcdoppe par une rangée de globules.
Vu revers :
A
Le Christ accosté de deux anges,
Saint-Michel (?), arnii' d'une lance et d'un bouclier rond, trans-
perce le dragon. Au pourtour, cinq tigres courant, séparés par des
l'ers de lance.
Carrés inscrits l'un dans l'autre; le second incliné à ^5 degrés
sur le premier; au pourtour, dix Heui-ons de deux sortes.
Chrisme gemmé, avec la boucle du P à gauche, et l'a (it fw au-
dessus de la branche horizontale de la croix. Au [>ourlour, six
octogones alternant avec huit fleurons étoiles.
Chrisme gemmé, avec la boucle à gauche, chargé de deux dis-
<|ues à l'agneau, l'un au centre, l'autre en bas, séparés par un car-
reau cantonné de quatre globules. Sur les trois autres branches de
la cioix, dis(|ues à globule central entouré de huit annelets. Au
pouitour, disques à l'agneau, masque; humain, cœui', disque plein,
anneaux concentriques accostés de quatre globules, trèfles.
Au revers, cinq globules en croix:
Tigre courant à droite; au (xtuilour, carré, rosace à quatre pé-
tales, disque, colombe, rosac(! et disque, de chaque coté de la
(|ueue pleine de la lampe.
Kosace à seize pétales. Au pouitoui-, six l'ers de lance alternant
avec six fleurons.
— ^ir>9 —
301. — Croix grecque gemmée. Au pourtoui-, quatre cœurs el
deux colombes.
IV A
L'agneau. Au pourtour, douze trèfles à quatre feuilles.
Quatre lampes en forme de tasses, munies d'un couvercle fixe
avec goulot central, et un second trou pour la mèche.
D'autres lampes, païennes celles-là, ont ('té trouvées sur divers
points dans les fouilles d'Oudna.
Dans les Thermes des Laberii, trois lampes représentant, Tune
Caelestis assise sur un lion, les deux autres Diane chevauchant à
califourchon sur un cerf lancé au galop.
302. — Dans la maison d' Industrhis , lampe figurant un sphinx
ailé, sur un rocher.
IV R-A-S
303. — Lampe à queue forée; dauphin d'un joli style.
IV PVLLAENI
304. — Lampe à queue forée, terre rouge lourde, type de transi-
tion.
IV C-HEL.
305. — Zaghouan. Lampe acquise par M. Sadoux, pour le
musée du Bardo.
Terre lourde, forme inélégante, queue pleine. Sur le disque,
percé d'un trou au centre; Jonas couché à côté du monstre marin
qui vient de le vomir. Au-dessus du groupe, une guirlande; au
pourtour, rinceaux de vigne. Au revers, grafiSte assez effacé. Letti'es
grecques? disséminées sans ordre et entourées d'une torsade, d'un
dessin enfantin.
Enfida ville.
La découverte la plus importante faite dans ces dernières années
à Enfidaville est celle d'une tète féminine, en pierre calcaire,
trouvée dans la vigne. Elle mesure, avec le cou, o m. '^7 de hau-
teur. Le nez a été martelé. La tête est d'un bon travail; elle lap-
— 'i(;o —
polit' b('au('()ii|» pour la disposilion do la clioNoiiiro, la sol-disani
Matidie, du niiisôe du lîardo. Les choveux. aplalis sur le cràno,
disj)araissont , sauf" (juolquos niochos, |)ros dos tempes, sous une
lon{;uo vitia, une handolollo ({ui fait (pialre lois lo tour do la loto,
(|u ciio (('lut ôtroilcinonl. Un voilo recouvre l'occiput. Cette coiffure
est analojfuo à collo des Voslales, dont les statues ont été rctrou-
M'V^ dans IWlriuiii \esl(i(\ à Homo.
Do la \i|;no pi'o\ ionnoiit ('<;aloinonl un linteau de porto chrétien ,
avec une croix «jroctpio inscrite dans une circonférence de o m. fj
de diamètre, et ({uelquos lanij)es.
306. - Lanipo ol)lon|>ue, en terre rouffo, j)résontant. à sa partie
supérieure, lappaionco d'une coijuillo d'oursin débarrassée de ses
picpiants; elle était munie d'un acus en bronze, bien conservé.
IV L-DOMITIA
Fer à cheval retourné, au-dessous de la signature.
307. — Lampe sans ornement.
IV L-M-ADIEC
Lampe grise à queue forée. Cerf.
0)U])e avec ornements d(»licats en pastillago : dauphins, lan-
gouste, deux amours dans un canot de pèche (dou\ fois); Hercule
domptant le taureau de Crète.
Belle statuette; de Vénus à la co([uille, parfaitement conservée,
avec des traces très visibles de peintui'o bleue, blanche, jaune et
rouge. Trouvée aux environs de Monasiir.
Masse d'armes vandale vu bronze.
Deux bagues en bronze, avec larges chatons rej)r('soutant , l'un
d('ii\ lutteurs, l'autre un scorpion.
308 à 311. — Sousse.
Colloclion Doclii/ollo. Ho||<' lauipo circiilairo sans (|uouo. ('w
toirc rouge légèi-e.
Ciandos dimensions; diamètre, o m. i9.ï). Chasseur ou berger
a>si^ an |ii('mi('i- plan et dormant adoss('' à son, rocher, dans une
j)osu abaiiduiiiiec; il est velu d'un jusLauourps en cuii', (iosccndaul
au ^^enou, de jambières el de brodequins prolejjeauL les jamboîs
nues. Dans le fond, un cerf passant à gauche, se retourne el semble
narguer le dormeur. Le dessin est d'un excellent style.
a H
309. — Petite lampe circulaire, sans queue.
IV L-MVN-AVG
310. — Lampe à queue fore'e. Chevreuil agenouillé. Gralîitc in-
certain.
311. — Laïupe à queue fore'e, en terre rouge assez louide. Coq
en gros relief. Trouve'e dans un hypoge'e ouvert au camp Sabatier,
par M. le capitaine Choppard.
I^. Deux épis grossièrement tigurés.
Parmi les autres objets intéressants de cette collection, je signa-
lerai encore un acrotère en terre rouge, à mufle de lion, trouvé à
Sfax; une tête de statuette du dieu Bès, avec la langue pendante,
un ungiientarium en os ou en ivoire; une remarquable statuette de
Vénus avec deux amours, trouvée à Sousse, dans un hypogée du
camp Sabatier (et ayant fait partie autrefois de la collection Bal-
zan).
La collection municipale s'est enrichie d'un assez grand nombre
de statuettes intactes ou brisées très intéressantes, découvertes au
cours des travaux de voirie.
- Près du nouveau cimetière catholique, fragments représentant
le taureau de Dircé maintenu à grand'peinc par deux liommes et
foulant aux pieds un troisième personnage gisant à terre.
Fragment; hauteur, o m. lo. Vieillard assis, le visage ridé, la
barbe et les cheveux ras. Il est vêtu d'une courte tunique , relevée à
la taille par une ceinture el laissant à nu l'épaule droite. Les yeux
et les sourcils sont indiqués par quelques touches de peinture
noire.
'i(rJ —
T('k' (le l)('s ctiilVc (lu cdltillios. avec (Icii.v itriicus dressés cl dar-
dant K'iir tète t'ii avaiil. llaiilcur. o m. 08.
Ti'ouvos prt's do l'aballoir (don do M. IJordj). Staino de Vénus
iliadt'nieo se déponiiianl de son nianloaii et lonani la pomme d;ins
JH main «jaurlie.
Mricaiii niontr >nr un fjianioau, ri'plique de la statuette coii-
ser\('e an musi'o dn liardo.
Jeuue {j'aroon \ôlu ilime courte tunique et monte sur un cheval.
Vioillo fonimo assise, avec deux enlanis à côlé d'elle (Iragmeiit).
lîusle de Bacclius, la tôle poncho'e en avant, le hras droit relevé
en arrière. Joli style. Provenance, Lemla. Don de M. J. Marino.
Statuette de Vénus dans nue niche cintrée, soutenue par deux
colonnes torses. La déesse nue, debout sur un piédestal, abaisse
la main droite et tient son manteau sur le bras gauche. Même
provenance.
Statuette en terre grise, grossièrement modelée en quelques
coups de pouce, lappelant, par son as])ect barbare, les figurines
trouvées à Chypre (Alambra), les terres cuites archaïques de la
Béotie et de TAttique; assez analogue à la statuette de la collection
Schmitter, au musée de Cherchel'^l
Moule à estampille, avec deux matrices. Hauteur, o m. 0/48;
l une circulaire Ggurant une rosace (diamètre, 0 m. 0-76); l'autre
rectangulaire (dimensions, o m. o3 X o m. o35); des objets ana-
logues sont conservés au musée Saint-Louis, de Carthage.
312. — Lampes trouvées à Sousse. Lampe à queu(; l'orée, sans
sujet.
ÏV MVN-TREPT-
Lampe circulaire à queue forée. Sujet obscène.
Pv L-MVNA-MAR-
Lemla. — Collection municipale de Sousse.
Lièvre courant à droite; au revers, inscription sur deux lignes,
illisible.
' (jmickicr, A/i(xeV' (/e CliprclieL \t. 7<) <'l figure.
— M)3 —
Fragments : (îoryJ)anl(' caiiiioplioro.
(ïladiateur conibaltaiil.
Dauphin; au revers, rosace à six pétales.
Bige à droite.
Lampe circulaire sans ([ueue. Amour tenant, d'une main, une
bourse; de l'autre, une coquille.
Trois lampes circulaires, en terre légère, très élégantes, don-
nées par M. Petit.
Griffon ailé.
Sujet obscène.
Dircé attachée aux cornes du taureau que maintiennent Amphion
et Zéthus. Très beau style et conservation parfaite.
En même temps ([ue ces lampes, M. Petit a donné au musée
une petite tète-applique en terre rouge vernissée, haute de o m. o65,
un ungiientarium en verre bleu et plusieurs pastilles de verre.
Trois lampes à queue l'orée , don de M. Gaudioz.
313. — Esclave soulevant une jarre de vin,
ÏV C-IVN-ALE
314. — Tête de l'Afrique, coiffée d'une peau d'éléphant.
IV C-IVNALE
Il existe dans la collection de M. le capitaine de Bray une lanqje
sortie du même moule, trouvée à Sousse.
315. — Centaure soufflant dans une conque marine.
IV MNHI
316. — Lampes chrétiennes provenant également de Lemta,
l'une avec une croix pattée sur le disque, l'autre avec un calice à
une anse.
317. — Sousse. Collection de M. le colonel Goiran, à Tunis.
Lampe à queue forée, ornée, sur le disque, d'une rosace à huit
pétales.
IV IVNI-ALEIfl
(.(illrclMiii «le M. le rdloiici ( i laiidjciiii . à Tunis. Liiiii|)('(?) iles-
liiu'i' à ('lie aicrochée contre un mui'. Kllc csl munie au sonnuct
d'un anneau de suspension, la lace posléiieuic est aplatie et sans
(uiieruenis. La lace antérieure re])résente une tête de lion, la
«|U(iil(' oinerle et proéminente, formant bec. Terre grise. Hauteur,
o m. otS. Provenance, emplacement du nouvel arsenal. Une lampe
analogue, trouvée autrefois sur le même emplacement, fait partie
de la collection Galea et Balzan , à Sousse.
318 à 321. — Sidi-el-Hani.
318. — Lamjte à queue l'orée, donn('e au musée du Bardo, par
M. le capitaine d'artillerie Dupont. Terre grise à couverte noirâtre.
Sur le (liscjue, archer barbare nu, sauf un manteau jeté sur Tépaule
gauche, tenant de la main gauche un an- et de la main droite un
faisceau de llèches.
IV. Estampille ; lettres en relief.
|l-capr.1
I I
319. — Collection de M. le colonel Grandjean.
Deux cornes d'abondance.
■Rr M-NOV-IVSTI
320. — Lion dévorant un crocodile.
IV M-NOV-lVSTI
321. — Forme ciiculaiie aplatie, avec petit hec peu proémi-
nent, et deux boutons en relief, au pourtour. Trois petits mascjues
de théâtre.
tV L-MVADIEC
El-Alia [AcIiuUa). AI. Dominique \o\ak, de Mahdia, a dé-
c()n\(;rl, en i^^G, à Kl-\lia, une nécroj)ole j)hénicienne inédite,
(lu iiiénie l\ [)(■ ([lie celles de Mahdia, de [>eiuta et de Salakta, mais
|iaiai>sant cependant plus ancienne. Voici les renseignements ([u'il
a bien \oulu me donner sur les résultats des fouilles qu'il a prali-
«piées en 1895-1896, dans cette nécropole.
Le> loiuheaux phéniciens (rKl-\lia sont (-niusés en plein loc; ils
se cumposcnt dini puits (Taccès et d'une chambre.
— m) —
Le puits est souvent uuini d'un escalier, de liauteur et de l'orme
variées: parfois, l'escalier manque. Le tonds du puits est ordinai-
rement horizontal et ])iaiî, parfois le'gèrement incliné vers la
chambre.
Dans certains cas, le sol de la chambre est de niveau avec celui
du puits; la chambre est alors précédée d'un petit corridor. Géné-
ralement, elle est plus basse que le puits.
La porte est fermée par un mur de moellons et d'argile, ou sim-
plement de pierres sèches qui ont laissé la terre filtrer par leurs
interstices. Deux portes seulement étaient fermées par de grandes
dalles, appliquées contre la paroi extérieure.
Les chambres sont de simples caveaux rectangulaires, ayant les
dimensions habituelles, larges de i m. 80 à 2 mètres, profondes
de 9 mètres à 9 m. 90, hautes de 1 m. 60 environ. Une seule
chambre présente une niche pour la lampe.
Les squelettes sont déposés sur le sol; les os des bras et des
jambes sont réunis quatre par quatre. Beaucoup sont teints en
rouge. 11 en est de même d'un crâne assez bien conservé, recueilli
par M. Novak. Il semble donc qu'il y ait eu incinération, ou tout
au moins décharnement, avant la mise au tombeau.
Le mobilier funéraire est généralement très pauvre. Les poteries
présentent des formes archaïques; elles se rapprochent beaucoup,
comme façon et comme couleur, des poteries trouvées dans les lu-
muli qui abondent aux environs d'El-Alia. Les lampes sont du type
protopunique, écuelle à bords relevés, ou du type rhodien, en
terre grise, à couverte noire, vernissée, sans ornements, narmi ces
Arcukologii;. ".Ui
— 'iG(i — '
(loi'iiiiTcs. il t'ii l'sl ([iii allri^jiu'iil de 1res jfrantlc^ dimciLsioiis. Uiu;
tlouzainc (rainplioivs proseiiteiit des estampilles ou niai"(|ucs de
raljri(|iu'; les plus simples se composent de un ou plusieurs cercles
ou rectan[fles; d'aulres oflrent une ou deux jctlres puniques en
ri'licl; les estampilles les ])lus curieuses, dont je donne ci-dessus
les dessins calqués sur les originaux, reproduisent chacune en petit
la lorme du ne jarre. C- est là une série unique, dont je ne connais
pas jus(|u'ici d'analogue en Afrique.
D'autres ampliores cinéraires découvertes dans des caveaux por-
tent, sur le col et sur l'épaule, les marques suivantes tracées au
])inceau :
i" col : F ; <'|);ud(' : A.
3" col : I <D.
M. ]\o\ak a découvert, en outre, dans la nécropole (pi'il a
iouillée, quatre stèles puni(]U(>s sur tuf, du type le plus barbare,
ornées de dessins qui figurent :
1° Dans un encadrement rectangulaire, un homme nu, les bras
abaissés, en relief sur le fond évidé,
9° Une femme figurée dans la même altitude, vêtue d'une
longue tunique tombant jusqu'aux pieds;
3" La figure symbolique divine eiilre un caducée à droite et
une haclie(?) à gauche; au-dessus, le croissant montant. Largeur
du fragment, o m. i8; hauteur, o m. 20;
^i" La figure divine, entre un caducée et une haste verticale.
La tête de l'image est un disque radié, ce qui prouve bien son ca-
ractère de pur symbole.
Enfin, dans un tombeau assez riche, dont le mobilier complet
est exposé aujourd'hui dans une vitrine du musée du Bardo,
M. Novak a découvert une curieuse idole en tuf, haute de cm. tf).
C'est une piei-re conique représentant un buste de divinité fénii-
nino, sans les bras, dont les traits grossièrement figurc's sont ce-
|H'n(bnil très reconnaissables.
M. .\ovak a d('couverl aussi à Kl-Alia un grand souterrain creusé
dans lo rocher et qui semble aller de la mer à la citadelle. La coupe
(le ce couduit est, à peu près, celle d'une caralc. La hauleur à la
voùlc est de 1 m. (i.'j, la largeur à la base, de 1 m. ()5 égalc-
ineul. 11 t'sl érlairé de f) en T) mètres, par des regards perc('S à !ra-
— ^i67 —
vers la couche supeiieure dérocher, qui a uue épaisseur de i m. 20
environ.
322. — Henchir-Zouaouda , près d'EI-Alia. Inscriptions tracées
au pinceau, sur des tessons d'amphores funéraires. Ces fragments
sont conservés au musée du Bardo (don de M. Novak).
Hauteur des lettres, o m. otT).
A N N O N I S A r^ N O
NIS MINTHONIS LVP
ANNOFLVM-LXXV-
Ânnoins , (Jiiii) Aiinonis (JUii) Miiithonis L}i-p{î)'] aiiiiorinn LXXV.
Anno, Mintho, noms indigènes. Pour le premier, cf. plus haut
n° 71, dédicace d'El-Aala. Pour le second, comparez au Minllio-
nitis de la dédicace de Maktar, n" i-j-j.
323. — Henchir-Zouaouda. Hauteur des lettres, o m. 02.
MVRENAE
A-XXVII
Murenae [v{ixit)] ainnis) XWII.
Lemta [Leplimimis). — La nécropole la plus intéressante et la
plus riche de Lemta est celle qui est située au sud de l'amphi-
théâtre, au lieu dit tr Henchir-Meskral^i.
Elle a été découverte en 1895, par MM. les capitaines Hannezo
et Molins, du k^ tirailleurs, qui ont donné la liste des trouvailles
qu'ils ont laites à cet endroit, dans le compte rendu de leurs
fouilles à Lemta (^'.
La nécropole d'Henchir-Meskral remonte aux premiers temps de
Toccupation romaine; aucun indice extérieur, pierres ou pans de
murs maçonnés, ne dévoile son existence dans les champs parsemés
d'oliviers qui entourent le village de Lemta. Il n'y a pas de tombes,
mais des couches superposées de cendres et d'ossements, auxquels
est mélangé le mobilier funéraire; les objets recueillis dans cette
nécropole sont tous d'une très bonne époque : ce sont des plats,
coupes et tasses, en terre rouge foncée vernissée, avec estampille
î' Bull, (irrliéol. du Cntnilc , 1897. p. îjcjn el siiiv.
— AG8 —
au l'oiul; (lc'^ unies à ossements, en terre cuite ou eu plomb. Quel-
ques objets de métal, miroirs ou annelels de plomb a[)lati, tels
que ceux que Ton a découverts en grand nombre, au Kefetà BuUa
Regia; une extraordinaire abondance de fioles à parfums, en terre
ordinaire, souvent teintées de couleur rose ou bleu clair, (juelques
figurines, représentant Vénus ôlant son manteau on tenant la
pomme; enfin, des lampes rhodienncs et romaines.
Les lampes rhodiennes, en terre calcinée noire ou grisâtre à
couverte vernissée noire, présentent des formes variées, souvent
très ornées, s'éloignant plus ou moins du type habituel aux né-
cropoles punico-romaines d'Afrique,
Les lam{)es romaines remontent presque toutes aux premiers
siècles avant et après notre ère. Elles se rattachent au type parfai-
tement circulaire, sans queue, le plus souvent. La terre, fine et
légère, est grise jj couverte brune, parfois noirâtre, ou rouge si
couverte vernissée. Les sujets représentés sur le disque sont d'un
joli style et sortent de la banalité des séries que l'on rencontre
dans toute les nécropoles africaines.
A coté des spécimens découverts par MM. îiannczo et Molins, el
qui ont été décrits par eux<^>, j'en citerai quelques autres trouvés
depuis leurs fouilles et que j'ai fait entrer au musée du Bardo.
324. — Lampe à queue forée. L'Amour chargé des dépouilles
d'Hercide, la lance, la massue et la peau de lion.
R CCLO-SVC
Au-dessus el au-dessous, un annelet.
325. — Queue fon'c. Sans orneinenis.
R' CALIVSTl
Au-dessous, nnpreinle de pied,
326. OiuMic foriM'. Dauphin devant un gouvernail.
IV L-DOMIT'A
327. Sans ornemenis. Même signature.
' //(///. firrlii'iil . du (Inmilv, lue. ni.
— /469 —
328. — Queue l'orée. Dionysos appuyé sur le Ihyrsc et leaanL le
canthare.
?y IVSTI
329. — Sans queue. Gladiateur assis, armé de Tépée; à droite,
un bouclier arrondi.
I^ L-M-AD-
330. — Queue forée. Autel dans un liicus.
R, MVN-TREPT-
331. — Queue forée. Circulaire avec deux boutons en relief sur
le marli. Même signature.
332. — Queue forée. Tète de l'Afrique.
I^ M-NOV-IVS-
333. — Queue forée. Masque de théâtre.
f^ M-NOV-IVSTI
334. — Queue forée. Bélier. Même signature. Trois aunelets.
335. — Lampe en terre calcinée, sans queue, très élégante.
Rinceaux, palmettes et fleurons de style grec.
VICTOR
I
Victori{{).
336. — Disques concentriques, et zone de globules au pourtour.
Py VICTOR.
Centaure et Lapithe. IV. Même signature. Lampe acquise par
M. Boucher.
Lampes du i" siècle, sans queue, sans signature.
Centaure tenant une amphore sur l'épaule gauche et tendant une
coupe de la main droite.
Centaure jouant de la flûte double.
Silène sur son âne.
Le supplice de Marsyas.
— .'i70 —
OKdipo t'I le sphinx.
(lavolior loiuaiu tout armé, lancé au jjalop.
(ionihat (le «fladialours.
Chasseur armé d'uno hince, courant avec un niohissc à côté de
hii. llé[)li(|uo d'une hinipe du musée de donstantinc"^.
IV'cheur à hi li{fne.
('ihouctle.
(Jueue forée. Terre h)urde. (lanthare.
Uosacc à sept pétales; deux houtons en relief au pourtour et
rangée d'oves sur le bord.
Uosacc à quatre pétales bien détachés.
Disque de lampe, orné d'une rangée d'oves très élégante au
pourtour; au centre, Ulysse et Polyphème,
Ce cyclope, nu, est assis à droite, tenant un des compagnons
dX'lvsse, affaissé à ses pieds cl qu'il s'apprête à dévorer. Le roi
d'Ithaque, vêtu d'une courte tunique et coiffé du bonnet pointu
traditionnel, s'approche avec précaution à gauche, tenant des deux
mains une large coupe remplie de vin qu'il offre à Polyphème'-'.
Ce sujet est assez rare sur les lampes, je n'en connais pas d'autre
exemplaire en Afrique.
Figurines en terre cuite.
337, — Chat en terre cuite rouge, long de o m. '.>.j et haut de
o ni. 1."), la bouche ouverte. Trou d'évenl en ariièi'e.
Tv VICTORIVS
Collection Padovani à Sfax.
Vieillard ventru, à demi nu, avec un sim[)le pugue autour des
reins, la main droite posée sur la tête; la main gauche tendue en
avant man(|ue; hauteur, o m. i/i. En arrière et au-dessous, trous
d'évenl. La figurine repose sur un petit piédestal.
"' (A. Doulticl ol Gaijcklor, Mnsco de Conslanlinv , |il. \I, T).
"' (;f. OvfTl)Oclc, GiiUeric licrolsclicr lllldwcrhc , XX.\t, uj, p. 7G.'), 11. 17, avec
Im lti[)lio<ji'a[(liie «lu sujol. — (Jar! Holjcit, Die anliLen Sarhophajfeureliejx , II,
jil. i-lll, |). ijK et suiv. — lli'Ii)i;;, Mitsrex du Ihmte , |i. 70 cl siiiv., n" ly'i, cl
p. ag'i cl suiv., lifj. X. - l'nrlrizi'l. I*()!v|iln'iii(' . Urnii' (irrhênl., i8()7, \\\l,
1». 3.') cl suiv.
— Mi —
Collection de M. H. Boiiclior.
338. — Patère plate à bords droits; ornements en pastilla[}e,
palmelte, griffon, chèvre retournant la tête, empreinte de pied.
339. — Patère abords droits. Estampille tréfle'e dans un cercle.
Dans le lobe supérieur, une palmctte; à droite et à gauche, la
signature.
Cn[eii) Ate[i).
340. — Patère à bords droits. Estampille tre'de'e.
ZOlLI
Zoili.
341. — Même signature dans une estampille rectangulaire. Très
fréquente à Lemta.
ZOILI
342. — El-Djem. Lampe, terre grise, queue forée. Avant-corps
de panthère enchaînée.
Collection Dybowski.
LVC
I^ MiVH
ICI
Liic{h) M[(i]inici . . .
P. Gauckleu.
Li:s CLOciii:s
DK VI, DIT joly-\illa(;e
(SEINE-ET-OISE).
('.oiniminiciilioii tlo M. L. Plancou;iril, cnnospoiidaiil du Miiiisli-re.
Los récents travaux de nos confrères MM. BorthclëC^ et Louis
Régnier'-' sur les cloches sont uue révélation. Le champ de Tar-
chéologie campaiiaire est vaste; comme toute la récolle n'a pas été,
tant s'en faut, terminée, nous apportons, au Couiité des travaux
historiques, notre hunihle moisson.
r- C'est le vent de galermet''' qui amenait chez nous (Cléry-en-
Vexin) les fondeurs de cloches ^5, écrivait, il y a trente ans, Henri
Runssel fds^''. Par induction et d'après cette observation de notre
arrière-grand-père, nous en concluons au passage et au travail
des fondeurs lorrains, dans la paroisse de Cléry-en-Vexin, pour la
cloche de 17/17 (^', jetée ''^ creuset en 1798, et qui serait alors
r(euvre de J.-B. Brocard. Nous venons de découvrir une trace posi-
tive (lu passage, dans le Vexin français, de deux fondeurs lorrains
([ui ne sont ])as mentionnés dans le classement par ordre chrono-
logique de M. Régnier. On va le voir plus loin, ces fondeurs étaient
bien amenés, selon l'expression aussi vieille que pittoresque, par
le vcvl de gaîennr.
Le procès-verbal par t?moy Dejardins, doyen de Magny des
paroisses de notre doyenné, en vertu de l'ordre de M^' l'illustris-
^') Essai sur l'art campanaive e:i Poitou du xiii' au ,1/1' sii'cle, par J. Berlliclo.
{lîuUelin nrchéolojfifjiif , annôc 1889, p. 3oo cl sniv.)
'^' CUirhes d fondeurs de cloches, noies recueillies par Louis I^égnier. {Bulletin
nrchéolofjique du Comité, année i8()5, p. .'jgg et suiv. )
''^ Le venl de rfralernie" se dit, dans le Vexin, pour le vent de N.-R comme
le venl du Sud est dit rrde France >7.
<*' Notes maniiscrilos sur Cléry.
■■' Cf. piililii-e par I-i'on t^laiironard (htii'; Spinrcl-Oisr iHiistrti.
— /473 —
siine et lleligiosissime coadjuteur do Rouoii, en date du 4 mars
1G86, donné à Gaillon '^) . . . •«, en ce qui concerne la paroisse de
Vi dite Joli-Village, porte : ff Vuy, 339 communiants, église
T ruinée par la chute du clocher qui abattit le chœur, une moitié
frde la nef et trois chapelles. . . w. Le doyen rural aurait ])u ajouter
à son procès-verbal de visite que, des quatre cloches logées à l'in-
térieur de la cage du clocher ('-', la grosse et une petite furent
brisées. Après cet accident, dîi à un feu marchef, la fabrique de
\i songea à reconstruire son église. Elle fffit venir tout exj)rèsT7 des
fondeurs pour la refonte de ses cloches. Ce furent les Lorrains
Pierre Brocard et Jean de la Paix qui acceptèrent de refondre sur
place les cloches et s'installèrent dans trie clos Saint-Romain (■'^n
près de la route de Guiry. Six années après l'accident, :' l'église
Nostre Dame de Vuy et Sainct-Romain du grand vicariat de Pon-
toise^ se trouvait en mesure de faire installer une cloche dans son
clocher neuf, mais non encore terminé (*'. Cette cloche reçut la bé-
nédiction liturgique du curé de Vi : trMessire Robert Botty, curé
de ladicte paroisse et, en cette qualité, chapelain honoraire de
féglise primatiale de Rouen et de Messire Pierre Clément, grand
vicaire et officiai de M^"^ l'archevesquew.
L'acte de bénédiction est à lire; comme il est inédit, nous ne
pouvons faire mieux que de l'insérer ici en entier.
Bénédiction de la (roisiènie cloche. — Du dixiesme jour d'août 1699,
bénédiction de la troisième cloche de cette paroisse faicte par moy, curé de
Vuy, laquelle cloche pesant i,4oo livres ou environ a été faicte d'un métal
d'une petite qui fut brisée quand le clocher ruina cette église, il y a environ
neuf ou dix années, la nuict précédente la feste saint Thomas apostre, ainsy
que d'une partie d'un métal de la grosse qui fut descendue et a été fondue
par Pierre Brocard et Jean de la Paix lorrains , et bénitte par moy Robert
Botty presbtre curé, a esté appelée Romain (sic) par Jean Lauvaul, bour-
geois de Rouen, et Marie-Madeleine Vicque, fille de delfunct Charles Vicque
et de Marie Bossu. Ledict Lauvaul ayant nommé au lieu et place de Mes-
sire Nicolas Garel, seigneur en partie de celte paroisse, chanoine en la
cathédrale de Rouen, et ladicte Vicque au lieu et place de Madame la
''^ Archives de la Seine-Inférieure, G. 1830, liasse, 17 feuilles, papier.
'"-' La plus ancienne mention de la paroisse de Vuy que nous ayons pu décou-
vrir est de 1025; le clocher détruit au xvii" siècle datait du xii" siècle.
'^^ Tradition locale.
''"' Mairie de Vi : registres de catholicité, année ifiga, '.\° pago.
Archéologie. 3i
— A7/I —
vt'uve Thi'iouldc, iiiôrc de Messire David François Tliérouldo, aussi sci-
{jneiir en partie de coUo. paroisse, à cause de son canonical de la calliiklralc
de Rouen.
(!el ado esl signé do : Hol)ort Bolly, Joan Lauvaul, Mario-Made-
loine Vicquo; la signature de Brocard est à la suite, on ronde hien
lisible. "^ '''
L'importante l'amille dos De la Paix, dont on retrouve les œuvres
dans toutes nos provinces soptontrionaics, a travaillé, dans notre
région, à trois reprises dilVorontos :
1° Avec Antoine, Ednie et Etienne de la Paix, troisième du
nom, de 1660 à iC'yy, aux environs de (Uermont en Beauvaisis,
eu iGG5 à Amhlainvillc, on iG-yç) à Hérouville;
3" Avec Jean de la Paix, on 1692, à Vi dit Joli-Viilage;
3" Avec Antoine de la Paix, deuxième ou troisième du noju;
cosi le dernier fondeur de co nom rencontré en Vexin; nous disons
le deuxième ou troisième du nom, car les filiations de ces artistes
mau([uont absolument. Aux environs de Vi, Antoine de ia Paix
s'est associé avec .J.-B. Brocard et Antoine Drouot pour ia cloche
do Moussy, 17K.); avec J. Brocard, pour la fonte de deux cloches
à Villolte; on lo trouve, le 3 juin i72(), passant contrat pour
l.i lonlo dos trois cloches dAvernes. ("est principalement au
xviii'' siècle (|ue lou trouve eu abondance les célèbres Brocard aux-
quels on doit le bourdon do la cathédrale de i'oitiers (1736), et
qui oui travaillé à Saint-Lô, Bayeux, Bennes. Ils apparaissent
maintenant, pour la première fois, dans le Vexin, en tCi)?!, à Vi;
comme les Do la Paix, ils habitaient Breuvannes en Lorraine. Pierre
Brocard est mentionne' comme fondeur de cloches dans les anciens
registres paroissiaux do Breuvannes (Haute-Marne), en 1680 et
i6()i. C'est on 17-? a que Claude Brocard ])rond place dans l'his-
toire de l'art caiiq)anaire en Vexin; il travailla à six œuvres do
fonte; à lui seul, Jean-Baptiste IJrocard, mentionné pour la pre-
mière fois en 1731, en a treize; on outre, il coo[)éra avec Xicolas
Simonol, Breusson, Drouot, (Juoutin, Bollet, N. et J. Silva et
Antoine de la Paix à la refonte de treize autres cloches. Joan do la
Paix se trouve maintenant connu pour avoir doux cloches : celles do
Vi, et pour avoir travaillé pour Cérosdot (Aube) en i656. En
i(i.)(), un Pierre Brocard (;lail maître d'hôtel du maréchal Fabort;
en 1669, T Pierre liiocanh^ a Iravailb' pour le coinent des IJrsn-
— /i75 —
liiies do Vendôme; ces détails nous ont été rc'vélés par M. Joseph
Berthelé*^'. En attendant ia publication, relativement prochaine,
du livre de M. Berthelé sur l'histoire de Tart canipanaire, nos notes
permettront d'ajouter une page aux contrats d'association entre les
maîtres, car il y en a plus d'un entre les Brocard et les De la Paix;
l'état civil de ces maîtres commence à être mieux connu; notre
article pourra servir à la reconstitution de leurs itinéraires.
Ceci dit des artistes, parlons de l'œuvre de Vi, dont malheureu-
sement la façon des lettres et la décoration de la cloche sont per-
dues; nous en savons le poids : environ i,ioo li\res. On sait que
les formules d'inscriptions campanaires offraient aux xvT et xvii'^
siècles une très «jrande variété; l'inscription de la cloche de Vi
retrouvée par nous en septembre dernier mérite, au point de vue
de la tournure originale et naïve, d'être conservée :
Au NOM DU SEIGNEUR SouVERAIN,
De Marie et de saint RgiMAin,
Pour qui m'a brisée , réédifiée
Et de Vuv bastie le clocher.
De grosse devenue petitte,
Mon caBÉ Botty m'a benitte,
Nicolas Carré, David Théroulde,
Deux seuls seigneurs de Vuv sans doute "',
Prestres de Rouen, nobles chanoines^'''
M'ont donné le nom de Romaine.
Pierre Brocard, Jean de la Paix
Furent mes fondeurs tout exprès
En charge estoit le Marguillier
Jean de Guiry cabarlier'''.
*'' M. Beillielé vient rie rencontrer les Voitier à Boiirmont, les Gouvenot, les
Farnies, Beaudouin et Jaussaml à Bomain-sm-^Ieiise.
^^'> Allusion à l'arrêt rendu contre «le sieur de Laiuville, le comte de Senne-
terre, qui se prétendait seigneur de Vuy et être le parraina. (Archives de ia mairie
deVi.)
'^^ Pihan de la Forest, dans ses notes manuscrites intitulées : Détails du Vexin,
érril reibo Vi : trMM. du cliapilre Notre Dame de Bouen en sont seigneurs selon
les pouilliés, les deux chanoines de la cathédrale de Rouen dont les préheiides
portent le nom de Vuy présenfeut à la cure. Il y aurait apparence que les seigneuis
de Vuy auraient fondé cette prébende, lui auraient donné celte terre qui, par la
suite, aura été remise au chapitre.» (Bibl. de Fontoise.)
'*' Ce margnillier cabaretier Jean, troisième du nom, bâtard de Guiry, était
sieur de ia Barre et de Beaurogard. (Voir l\egislres de Vuy, au aa avril 1677.)
3i.
— /i7(i —
l'.ii jiiillcl i(m)8, une (jiialrièmi' cloche, d'accord avec la précé-
dente, a élé installée à son côh'; voici l'acte de sa bénédiction :
A la j)lus giaiide gloire de la Très Sainte Trinité, de la Vierge et de
saint Romain, né en cette paroisse, et deuxième patron d'icclle, ce don-
ziesnie d'août tt)()8 après la sainte messe célébrée solennellement par
Messire Louis Carré prêtre, une (piatrième cloche Inndni^ par les lorrains
et les soins de Messire Robert Botty, prêtre curé de Notre-Dame de Saincl-
Roinain de Vu\ , faln-icpié de même métal provenant de la grosse cloche (pn
fui hrisée avec le clocher et ('glise el qui lond)a sni- le |)oiiail , à la prière du-
dict curé de Vuy a esté henisie par Messire Jean-HaplisleCanu, chanoine ré-
gulier et prêtre prieur de Saint-I Aician d'Avernes, et dénommée Maiie-Louise
par Louis (^anu preslre et demoiselle Marie Ganu sa sœur, pour vc-nérable
eldisciète personne Jonas le Liè\re, prêtre curédeGniry, pour noble honnne
Messire Pieire. . . docteur en Sorbonne, ofîicicr et grand vicaire de l'archi-
diacre de Rouen, et Nicolas Garré, aussi chanoine de Notre-Dame de
Rouen, en cette cpialité seigneurs indivis de Vuy, Jean Solier, mai'guillier
en charge, et Gille Le[)hnr, marguillier de la paroisse.
Nos recherches nous ont permis de dc'Ierminer la date des autres
cloches de l'église de .loli-Village : la moyenne, nommée (diarlolte-
Marie, a élé fondue avec la petite ])ar Pierre Cartenct en i8i-y; la
grosse vient de Dreux de chez Mahuet; elle a été nommée Emélie-
Augustine en i 807.
Nous terminerons par la publication de deux documents que les
aichéologues vexinois nous sauront gré, croyons-nous, de publier,
car ils donnent, outre quelques prix, les noms des entrepreneurs
chargés de cf rebâtir^ l'église de Vi :
\u nom de Dieu, de la Sainte Vierge, patronne de celte église, et de
saint Romain, archevêque de Rouen, primat de Normandie, issu et sei-
gneur patron de Vuy. les deux principaux chanoines el patrons de Vuy ont
nommé la personne d'iiouorablc lionnue Sébastien Le Noir bieid'aileur de
celte église i-eceveur cy -devant pour en notre nom placer la première
pierre de la chapelle Saint-Jean-Bapliste, maintenani du Rosaire et du
clofher qui sera bâti sur icelle, h' loul an nom de 1 archidiacre et en celte
(pialilé, en son vivant, seigneui-el patron de V^uy, qui laissa 5oo livres pour
reconstruire ou rebastir ceste dicte église, 10 à 12 livres pour le clocher,
/l livres pour les cloches qui sont brisées, Icsrjuels sols seront remis à
M(!ssire PiobcrI Rosiry préire, chapelain de ladite ('glise, |)our Icdict curé
enqdoNcrii rebastir Icdirt oiivra;;f par .lacijui's (îuillaiiiiic Toussaux, père
f'I lils aiiii'. Kii pi-ésonce t\o (lix-liiii(l li;diil;inls de \'ii\(lonl Jean de Guiry,
— Ml —
Michel Hoiissel, David Vauvniy. Charles Vie, ledil syndic, Lefeviv François,
Jean-Micliel Lecocq,toiis lal)oureiii's ou uiarjjiiilliers de la pai'oisse de Vuy,
Jean Bellauger, ancien marguiHier, iG(j5.
La ff Visite do l'église de Vuy en 1710^ est une donnée fort
ulile pour l'histoire locale, et complète ce que nous avons dit pour
les cloches. Le dimanche ç) novembre, à 2 heures après midi, le
li. et .1. Claude Maur d'Aubi<]ny visite cette e'glise Notre Dame de
Vuy. De sa visile, il a lait reconnaissance des sommes reçues par
messire Robei't Botlry, prêtre ({ui a eu soin depuis vingt ans d'avoir
rebasti l'église, enseigner luy-mème; prêcher la vérité et combatti-e
le vice.
Léon Plancouard.
lM)LL(ii:\Ci: DE QUARANTE JOURS
ACCOUDÉE PAR L'ÉVKQl K 1)K LIM()(JES
AlA FIDÈLES QUI VISITKHONT LA CHAPELLE SAINTE-MADELEINE DU
I'HIEUHK de VALEYS DÉPENDAIST de L'AimAYE DES ALLOIX, ET
QUI COMIUBUERONT À SA RESTAURATION ('20 JUILLET 1495).
(Communication do M. Allred Leroux.)
L'intérêt de ce document est mulliple.
En pieniier lieu, il fait mention do la destruction d'une cha-
pelle par des gens de «fuerre à une date que les intéresse'? avaienl
déjà oubliée, mais qui ne saurait descendre plus bas que i/t38,
qui est celle de la dernière incursion de Rodrigues de Villandandro
on Limousin.
Il témoigne aussi d'un projet de reconstruction en un temps où,
par toute la France, les ruines do la guerre de Cent Ans étaient
déjà réparées.
Ce même document fournit le plus ancien rr mandement épi-
scopalw, au sens moderne du mot, qui ait été signalé jusqu'ici dans
le diocèse de Limoges.
Enfin, il est d'une langue très étudiée, d'un style très travaillé,
qui annoncent la renaissance littéraire.
Il y a donc, pour toutes ces raisons, quelque utilité à le repro-
duire ici. A. L.
Johaniies''', Dei et saïu-le sedis aposlolice gracia episcopns [jcnioviceiisis,
univorsis et singniis Chi'isli fidolibiis lu civitalo et dyocosi iKtsIiis ubililicl
coiisliliilis, sjilultMU. In (M>(|ni osl orniiiurn christ ijuioruni s;i!us, ."Mile tronuni
divine ni;ijcslaiis lidolos sancloruin ol; sanclaruni ])iis adducti suH'ragiis,
ail eoruin lestiva solciinia co dchcnt loivonliMs incilari, (pio talinin |talro-
(') .l<-nii II ,\r l'.iirllioii.
— /i79 — •
nornm .^nfllalti prosidiis, potiora relributionnm premia valeant proinorori.
Uiule nos, inoro ))astopis vip,ilis, Chrisli fidèles precipue nostro repimini
conimissos, qiios cii[)iiiiiis in siiperaa palria collocari, ad ipsornm sanc-
lornm et sanctarum trahamus libentcr obsequia ut in conspectu Dornini
eos devota veneralione coHaudanl. Giim, prout accepimus, capella nionialis
\n\gnnlp.v deii Kft/^^ç ^'', parrocbie de Roserio'"' propc Mansum-Leonem '"''
noslre dyocesis, nunciipala, sub noinine béale Marie Magdalenes fundala et
a monasterio beale Marie de AHodiis^^\ ordinis sancti Benedicti, prodicte
noslre dyocesis deppendens , propler giierrarnni lurljines , gentiiun armornm
incursus, pestes, niortalilates et alios siuistros eventus, [qui], proh dolor!
in partibus [istis] , retroaclis temporibus, viguerunl, tam in structuris quam
jocalibus et ornanienlis ecclesiasticis , magnis egeat reparationibus, et, iicet
venerabilis abbatissa dicte abbacie de AHodiis'^^ eandeni capellam relevare
ceperit, tanieii sine popidi lidelis aii\iiio plene ilhid perticere non valeret,
sit igitur opporlunum, qiiiu ymo necessarium, Christi fideliuni super his
nunc (?) elemosinas impiorare. Ea propter, considérantes quod tune digne
crodimus peragere dum Chi'isti lideles antedictos ad iila caritalis o[)era
adimplenda incitanius, per (|ue salus acquirilur animaruni, et (juod par-
ticeps bonorum operum efficitur qui eorunideni se constituit adjutorem,
vos omnes et singulos antedictos in Domino nostro Jhesu Cbristo exortamur
et caritative monenuis quathinus , pro restauratione et relevaniento ac joca-
bum munitione capelle antedicte, inanus vestras dignemini porrigere adju-
trices: et ut circa premissa procliviores existatis quanto aiiquo dono ceiestis
gratie noveritis vos fore reffectos, vobis Christi iîdelibus, corde contritis,
vere penitentibus et ore confessis, qui die festivitatis ejusdein béate Marie
Magdalenes, annis singuUs, a primis vesperis usque ad secundas vesperas
ipsius diei, causa devotionis [antedictani capellam] visitaveritis et de bonis
vestris, tam die ipsa quam aliis diebus, elargiti fueritis, quotiens id fece-
ritis, auctoritate ordinaria, nierito sacratissinie Passionis Domini nostri
Jhesu Christi ac intercessionibus sanctorum et sanctarum Dei confisi, fpia-
draginta dies de injunctis vobis penitenciis misericorditer in Domino re-
'•' Le Valeix , auj. hameau de la commune de Rosiers-Sainl-Georges , canton
lie Châteauneut , arr. de Limoges. — Ce petit prieuré comptait alors six religieuses.
Daprès Roy-Pierrelitte, cilé plus loin, il n'en subsiste plus la moindre trace.
'-' Rosiers-Saint-Cieorgeset Alasléon, auj. communes du canton do Ghàleauneuf,
arrondissement de Limoges.
'■') Les Alloix, village de la commune de la Geneytouse, canton de Saint-Léo-
nard, arrondissement de Limoges. — Le monastère de femmes qui s'y trouvait
alors fut transféré à Limoges en 1700.
*' C'était alors, depuis i /i85, dame Marguerite de Marbolieyras {al. Nabolières
et Lebolières), d'après Roy-Pierrefitle , Monastères du Limousin : XIV, abbaye des
Alloix. Son véritable nom semble avoir été De las Roulyeras [Gallia christ., t. H,
coL 618).
- /i80 —
l;i\;i\iiijtis cl It'iutif |»rt'Sfntium lelaxaimis, prcsciililnis |)osl decennium et
iiiiiiiiiie valilmis. Kl inlfriin ul sacenlolcs iii eadeni ca|M^lla ciim allari
\iatin) t'I |)orlalili iiiissas, dont'c allare consocraliim extilcrit, ccleltrare \a-
loanl ol possiiil, eisdoni hariiiii scrie licenciain coiiccdimus, siiio pivjudicio
laiiitMJ jurium parrocliialiiiiii loci |H"edicli, (juibus, (pioad oMalioiios et alia
jura silti doliila, non iiilendiiims doio};ai'o cl diiin aliud, non liiei'il cauoni-
iiiiii iin|»edinientimi ((iiod ohsislal. Datuni sul) si};illo noslro roluiido (|U()
in lalil>ns ntiiniir, dio vicesiina niensits julii , aiiiio Doniini niillesimo eccc"'"
nonayesinid (juinio ' .
De inandalo dctinini : De Fonto'"'.
^'^ Cellt' dali' rerlilii' cellt» de lAçjS doniM'i' |iar IJoy-PiiM-n-lilIc, (jiii <il(^ rel acle
dans la notice susdilo.
'-) (Original en parclicmiii avec sceau piMidaiil, aux Archives di-paileinenlalfis do
'a Hanlt'-Vipnin', lùmdn dv rahhoije lU's Alloix, n° |>rov. !57()"..)
LES DERMERS ARECOMIOUES.
TRACES
• DE LA CIVILISATION CELTIQUE
DANS LA RÉGION DU BAS-R1I0\'E, SPECIALEMENT DANS LE GARD,
PAU M. J. DK SAINT-VKNAINT.
Beaucoup d'auteurs out parle' avec détail des Volkes Aréconiiques,
qui peuplaient une partie de la région du Bas-Rhône (juand appa-
rurent les légions romaines. Pourtant celui qui, plus curieux, se
donne la peine de remonter aux sources, constate qu'on n'en a pas
l)ien long à dire de certain snr lenr compte et qn'on ne connaît
guère ces peuples que parles récits trop concis, et souvent osbcurs,
de quelques anciens auteurs ou par des exemplaires de leurs primi-
tives monnaies parvenues jusqu'à nous.
Les archéologues du Gard et des régions voisines ont peut-être
été trop intluencés et tent^^^s par les si nombreux et intéressants
restes de monuments architecturaux et épigraphiques qu'y a
laissés la civilisation romaine; aussi semblent-ils avoir concentré
tous leurs efforts, et cela avec un succès incontesté, sur l'étude de
l'unique et brillante époque qui les a produits et qui, dès lors,
commence à être bien connue.
Pour être juste, il faut toutefois reconnaître que les temps pré-
historiques ont inspiré quelques spécialistes, comme MM. Charvet,
Jeanjean, 0. de Marichard , Lombard-Dumas, Nicolas, Marignan,
Rocbetin, G. Carrière et, plus modestement aussi, nous-mênie.
Mais les époques intermédiaires, qu'on peut appeler celti-
ques (^), sont demeurées en réalité fort obscures, et si elles
'') On s'accorde à les diviser en ancienne ou Halhtatienne et récente ou Mar-
uIdiiii' ponr nous, de la Thio pour l'élranffer.
._ /,82 —
(inl (lomit' lien à (|iiolqiies découvortes l'oi-luilcs, olles n'ont a
|)(Mi |»i('s toiilr aucun autour. Nous ne connaissons guî-re en oITet
sur celle question que deux articles d'Ed. Flouesl (^) et une
étude de M, Folliier sur des trouvailles laites près de Nimes ('-'.
Suroris de cette pauvreli' d(^ renseignements dans une contrée où
nous savions (lu'un [)eu[)le celti({ue avait du jouer un <>rand
rôle, et désireux de savoir s'il iallail [attribuer à la pénurie des
reliques ou à celle des clierclieurs, nous coniuiençàHies à passer
en revue, pour nous fixer nu peu, les collections ai'('li(''olo{fi(jues lo-
cales publiques et privées. Nous y reconnûmes bientôt des anti-
quités de types niarniens bien caractérisés, mais classées comme
romaines ou franquesou, plus souvent encore, aucunement classées
et à peu près dépourvues de tout renseignement sur leur prove-
nance; nous en airivions à nous demander ce qu'elles pourraient
nous apprendre et renoncions déjà à en l'aire jaillir les éclaircisse-
ments cherchés quand le hasaid a bien voulu nous servir en venant
à notre rencontre. C'est la sépulture par incinération n° i, avec
mobilier marnien, dont nous donnons ci-après le détail, qui nous
a rendu ce service.
Elle lut comme un trait de lumière (jui nous éclaira, orienta
nos recberches et nous permit de les développer.
Ces recherches, plus fructueuses (|ue nous n'eussions osé i'espérer,
f" i" L'oppidum de Naifos {Mémoires de l'Académie de Aimes, 1870, p. n/i'i;
9° Caxque» enfer et houterolcs d'épées [Reviie archéologique , mai 1880).
'^^ Sépultures préromaines des environs de Nimes {Mémoires de l'Académie de
Nimes, 1890, 1. XII, p. 1).
l/autour, pf»ii liiiniliarisé alors avec les caractères de la civilisation spéciale qui
se iiiaiiifeslail à lui, n'a peut-être pas sufTisamnienl saisi l'importance (les décou-
vertes fortuites qu'il a eu l'heureuse idée d'étudier et n'en a pas tiré toutes les
conclusions qu'elles appelaient. Il ne s'est pas rendu compte, entre autres, de ce
que pouvaient être certains restes, comme ceux dos umhns qu'il n'a pas remarqués,
ou (|u'il a il peiiio cités comme ganlelels à main; il n'a donné des épées que des
figures scliémali(jucs, rendant ••omple incxactenicnl de leurs vraies formes, no-
lainriMîul en ce qui concerne louis petites e\tréinifés, (ju'il a repiésonlées connne
pointues et triangulaires, et il n'a pas figuré les conrI)es do raccordement de la
soie avec la lame, disposition pourtant aussi constante que caractéristique. — Son
travail n'en est pas moins consciencieux cl précieux en ce qu'il constitue l'unique
monument écrit sur ces reliques, qu'il a, à bon droit, qualifiées de préro-
maines, sans préciser davantage. Il n'a pasétaMi un ra|)procliemenl qui s'im|)0sait
entre les originaux et les objets mobiliers recueillis depuis peu d'années dans la
Marne , à Alise , à la Tène , etc.
— /i83 —
poursuivies à la fois dans le Gard, dans la rë'jion OnesL des
Bouches-du-Rliône et en Vaucluse, furent interrompues à la fin
de Tanne'e 1896 par notre de'part du Languedoc.
Nous regardons ne'anmoins nos raate'riaux comme suffisants pour
être mis en œuvre avec quelque profit et nous en dressons le pre'-
sent inventaire.
Quelque incomplet qu'il soit, il aura le mérite de ])orter sur des
découvertes et des objets pour la plus grande part absolument
inédits et dont plusieurs seraient difficilement retrouve's s'ils n'é-
taient notés.
Il présentera aussi l'avantage de permettre des comparaisons
intéressantes et peut-être aussi d'attirer l'attention de quelques
bonnes volontés en quête d'objectifs pour se dépenser, (lelles-ci
peuvent être assurées de faire œuvre utile et rémunératrice en
poursuivant ces investigations sur une phase de l'histoire de la ci-
vilisation dont l'étude ne date ailleurs que d'hier, mais qui n'a été
que trop négligée dans la contrée, curieuse à tant de titres, qui
nous a servi de champ d'expériences t''.
A. — SEPLLTLRES.
N° 1. Sépultire de Saint-Siffret, près Uzès.
(Planclio I.)
A 5 kilomètres au nord-ouest d' Uzès, un pou avant de sortir du
(') De sérieux écrivains locaux reconnaissent qu'il y a un vide archéxilojriquo à
combler à propos des Volkes Arécoiniques. L'un d'eux, M. Bazin, dans une bonne
étude sur Nimes gallo-romain , parue en 189J, constate la pénurie des renseigne-
ments sur ce peuple : ffH faut espérer, dit-il à la page 3, que les découvertes ar-
chéologiques et notamment l'observation des sépultures, en apportant des documents
nouveaux, permettront d'éclairer ce point d'histoire actuellement très ténébreux. 1
•Ces vérités n'ont pas empêché des auteurs d'une autre catégorie de ne pas s'em-
barrasser pour si peu et de donner non pas l'histoire des Arécomiques, mais des
histoires sur eux. Quoiqu'ils négUgent de renvoyer à des sources, on ne devine
que trop celles où ils ont puisé : quand ce n'est pas dans leur propre et fertile
imagination, c'est dans celles de leurs pareils, dont ils reproduisent les dires fan-
taisistes.
— /uS/i —
leniloiic d»' la (•umimiiic do Saiiil-SilTret et au lion dil le Grand-
Camp, roiiverturc de la roule do l{o<|U('Miaure à Flauv a donné iieu
à des IcrrassiMuoiils (jui ont pioduit, sur le côte Sud, un talus 1res
raide de -?. m. Ôo de hauteui', où les j)luies comme les {jclées ont
cause plusieurs éboulements successifs.
En popteinlu'e 1 8()3 , nu de ces accidents mil au jour une face d'un
grand vase, ([uo MM. (Jormain (andet et Joseph lloudier, menuisiers,
qui passaient par celte route, remarquèrent et aclievèrenl de de-
gaj'er avec leurs oulils; mais ce vase leur échappa et tomba sur la
route en se réduisant en miettes et entraînant plusieurs morceaux
de fer rouilles, qu'ils nous apportèrent.
Le plus grand, qui fut ])ris d'abord pour un vieux ressort de voi-
ture, et qui en avait en elfet un peu la forme, n'était auti'e qu'une
épée marmonne ou gauloise de forme bien typi<[ue, pliée en deux
et présentant encore de nombreux morceaux de tôle adhérents par
la rouille. (PI. X, fig. i.)
Les autres ferrailles se composaient surtout de plaques de tôle,
plusieurs bombées, que nous complétâmes suffisamment, en allant
visiter les lieux, pour arriver, non sans de patients tâtonnements,
à reconstituer un grand umboàe bouclier, d'une forme gauloise non
moins classi(jue que l'épée. (PI. X, fig. a.)
Cette visite des lieux, bien qu'effectuée le plus tôt que nous
pûmes, fut encore tro|) tardive, car le passage des voitures et des
piétons avait achevé de mutiler et de disperser la plupart des dé-
bris tombés sur la cliausséc.
Nous n'en ramassâmes pas moins tous les petits tessons de po-
terie, mais ils furi'ut insulîisants pour reconstituer dans son entier
l'urne funéraire, cai' c'est ainsi qu'il faut définir le vase.
L me funéraire. — (le vase avait laissé dans le talus une em-
preinte assez nette j)Our nous permettre de reconnaître (ju'il
avait la forme d'une amj)liore trapue, avec une panse rétrécie infé-
rieurement en un petit cylindre plein, non pointu, mais patte; le
bord ourlé, épais et largement ouvert, était réuni à la panse par
deux anses; nous avons retrouvé des morceaux de ces anses et de
l'ourlet, ainsi que la pointe mousse.
Tomme signe |)articnlier de cette amphore, un sillon circulaire
régnait tout autour de sa panse, disposition à signaler, car nousre-
tr(iii\crons cfl oniemiMit d'une manière à peu [»rès constante dans
— /i85 —
toutes les autres amphores funéraires de cette éj)Of|ne (jue nous a
livre'es la re'gion qui nous occupe.
Les formes et surtout les proportions varieront, mais la matière
constitutive en sera assez fixe pour que nous ne laissions pas e'chapper
l'occasion d'en donner les caractères à propos de cette première
découverte.
C'est une terre rosàtro, tirant un peu sur le brun jnunâtre, mais
tout à fait de couleur jaune ocrcusedims la couche superlicielle, qui
a subi le contact de l'air ou mieux l'influence de l'humidité incon-
stante de la terre calcaire ('l La pâte en est très friable et liomo-
{jène, sans traces très ^isibles de ces matières graveleuses ou de
spath calcaire concassé qui sont mélangées aux grosses poteries
gallo-romaines de la contrée, bien plus épaisses, plus dures et
d'un rose vif.
L'épaisseur assez uniforme de ces vieilles amphores, dernières
demeures des guerriers arécomiques, ne dépasse pas généralement
G m. 007 à o m. 01.
Celle de Saint-SilTret ne semblait contenir, avec les objets de fer,
qu'un peu de terreau noirâtre, et nos recherches ne nous ont fait
découvrir dans son voisinage immédiat que quelques pierres dissé-
minées.
Epée (pi. X, fig. 1). — - L'épée, qui était repliée dans l'urne, a
une longueur de lame de o m. ^U avec o m. lù de soie, au total
om. 88 (et 0 m. 90 avec le fourreau). Cette soie, ténue, à section
rectangulaire et terminée par un très léger bouton irrégulier réduit
par la rouille, se raccorde avec la lame par deux arcs équivalant
chacun à i/5 d'une circonférence régulière de o m. o3 de rayon. Les
deux bords, également coupants, sont rectilignes et très légèrement
convergents, la largeur décroissant insensiblement de o m. o55
0 m. 0^0. Après le point où la lame arrive à cette dernière largeur,
les deux bords convergent en formant une parabole, au lieu de
constituer une pointe comme la plupart des épées; cette ;irme était
faite pour la taille, et sa très faible épaisseur, que renlorce à peine
une légère arèle médiane, la rendait bien certainement /«Mssfl«/e.
C' Nous avons remarqué ailleurs de la poterie identique piovenanl de milieux
gaulois, comme des morceaux d'anqjhoro de l'oppidum de Alurcens (Loi); un
vase rappelant un peu une amphore, mais avec pied large, de Alercey-sur-Saône
(Haute-Saône), au Musée de Saint-Germain, etc.
— â86 —
Dans la moitié supérieure il y a, nous l'avons remarque, (juel-
(|uos plaques de tolo adhérentes : ce sont les restes d'un mince lour-
leau m('lalli((iie, (|iii se iiionlre pres(pie complet sur les deux faces
de lamoilio iuliMieure. Sur tout le tiers de sa lonjjueur, à partir de
la pointe, la lame est renforcée par deux légers bourrelets latéraux
en }|Ou(tière, réunissant les valves du fourreau, en les emboîtant.
Sur une des faces, Torle se replie d'équerre pour traverser la lai-
{jeur de la lame et réunir les tringles latérales en les consolidant;
sur Taulre face, cette barre transversale n'existe pas, mais est rem-
placée par deux grosses têtes rondes de rivets de o m. oi5 de
diamètre, oint's de plusieurs cercles concentri<[ues. L'extrémité du
fourreau, qui n'a pas ici de bouterole bien distincte, était encore
renforcée par quatre paires de crochets de o m, ot de saillie, dis-
|)osilion assez spéciale dont le dessin rend mieux compte que les
descriptions (^*.
O tvpe d'ép('e, sur le(iuel nous nous sommes assez longuement
étendu parce que, avec de légères variantes, il est celui des autres
glaives que nous mentionnerons dans ce travail, est bien de la fa-
mille de ceux des autres stations gauloises classiques, comme Alise,
la Tène, Tiffenau, etc., mais il a aussi (|uelques caractères spéciaux.
Nous n'insisterons donc dans la description des autres (jue sur
leurs particularités, telles que les formes spéciales des bouteroles et
des belières porte-agiafes.
(lomme nous l'avons reniar(|ué, cette arme présentait des traces
de son passage dans un feu violent, qui avait permis de la ployer
complètement sans la rompre.
Umbo de fer (pi. X, fig. 2). — Cet appendice de bouclier, en
forme de pont ou d'oméga majuscule, a 0 m. 35 de longueur et
o m. ih de largeur aux ailes, (|ui sont à bords parallèles; sa co-
quille, eu forme de demi-ellipsoïde à bouts coupés, a o m. 13.) de
petit axe et environ o m. o05 de hauteur au milieu. Les deux ou-
vertures latéiales sont bordées par un bourrelet de renlorcemenl.
Les ailes, à o m. o/iG de leurs «'xtrémités, sont percées, sur
leurs axes, chacune d'un trou de o m. oo4 de4in(' au passage
des clous qui fixaient lObjet au bois du bouclier.
Les îuorceaux de fer iidbrmes (|ui n'ont pu entrer dans sa res-
*" .Nous n'avons jiis(|iriii i('m;ir(|n('' dans aucun antre lourivaii d "épéo une l)Oii-
leroii' afliprlanl alisoliMmul cfltc tlisposilion.
— A87 —
tauralion ne nous romnissenl aucune indication assez sûre pour en
[)ailer, et la trouvaille se trouve réduite à trois objets, dont deux
sont bien caractéristiques etpeuvent dater le troisième, Tamphore,
qu'on est un peu surpris tout d'abord de trouver en leur société
aussi intime ^^'.
Dans le cbamp dominant la route, on rencontre des tombes de
plusieurs époques et des poteries anciennes de tout âge, un cer-
tain nombre nettement gallo-romaines, mais plusieurs aussi rap-
pelant la matière de notre amphore; ce champ pourrait donc bien
renlermer, à l'état encore latent, des sépultures analogues à celle
qui nous occupe et qui s>st fortuitement offerte à notre étude.
]\° 2. Sépulture d'Uzès, au château Bérard.
Un peu en amont du Chàteau-Bérard (château situé dans une
position pittoresque au fond du vallon rocheux si encaissé de la
fontaine d'Eure et immédiatement dominé par la ville d'Uzès) se
trouve un petit champ bordant en contre-bas les restes de l'aqueduc
romain qui conduisait à Mmes les eaux de l'abondante et limpide
fontaine.
En 1887, en faisant défoncer ce champ, dit de Préville, pour le
planter en vigne, M. Clément, régisseur de M. Bérard, vit exluimer,
d'une profondeur de o m. 60 environ, plusieurs objets antiques
(ju'il recueillit. Ils consistaient en une grande amphore de près de
1 mètre, en un morceau de corne de cerf, une petite soucoupe en
terre noirâtre faite au tour, servant sans doute de couvercle à l'am-
phore, une douille de lance en fer et une jolie fibule de bronze,
présentement dans notre collection.
La nature de la culture du champ nous a interdit de reprendre
les fouilles qui, probablement, fourniraient des objets en fer que
les ouvriers ont dédaignés ; néanmoins, nous croyons être autorisés
fi voir là les restes d'une sépulture contemporaine de celle de Saint-
Siffret.
Fibule. — La fibule (fig. 1) est l'objet récolté le plus intéres-
sant. Elle est du type à arc aplati, d'une seule pièce, avec aiguille
adhérente et ressort en double spirale. Après s'être recourbée et
') On citera, à la fui du travail, d'autres sépultures jjauloises qui ont égale-
ment fourni des amphores. On en a trouvé également au Beuvray, à Murcens et
dans d'autres stations de la même époque. .
— 'i88 —
cious'Je CM {[oullicre pour l'orincr l"a<fral'o, la tige so redresse vn cou
de cvjjMC (|ui. av.nil do s'ainoiiir eu }|racieux Ijoulon Icrininal,
s'e'panouil eu petit plateau rcsseuihlaut à un chapi'au aplati et
avant pour a\es o m. 0'2'^ et o ni. oai. Tout le centre de ce pla-
teau est, en eflet, repoussé en calotte sphérique, de o m. o i 3 de
liiijjeur, pert"or('e d'un trou central et de sept trous p(M'ij)lu'ri(|ue^;
deux de ces trous sont encore occupés chacun par une paire de très
minces tils de bronze et deux autres traversés par des épingles assez
grosses fixant de petits coins triangulaires (Tun blanc mat et sale,
de o m. 00- de lon{|ueur, o m. ooG de largeur, et o m. 002 de bau-
leur; le pourtour devait èlio enlièienieut garni par sept morceaux
semblables, ([ue nous avons reconnus être du corail.
Ki{f. 1.
Cette forme gracieuse de fibule, sans être commune, a été ren-
contrée dans nombre de milieux marniens et elle caractérise assez
cette épo(|ue ; la Marne, lAisne, même le lîeuvray, en ont livré un
certain nombre d'analogues, dont on peut voir des exemplaires au
Musée de Saint-Gerinaiii comme dans la collection Frédéric Moreau
et d'aulics. Mais c'est en Suisse, ou dans la ri'gion IVançaise voisine,
(|n"il l'aul aller pour en voir d'absolument identiques et en nombre
relativement imj)ortaul ; nous avons pu nous en convaincre en visi-
tant les musées de. Zuricli, de Berne, de Lucerue, de Scbaiïbouse et
de Hàle. . . Le Valais semble particulièrement en avoir fourni'''.
''' M. (le Trôelscli en i-i|;iial(', non spuieinoiil en Snisso, iniu's on Alsace, dans
— hS9 —
Nous savions, par un auteur latin, que les Gaulois prisaient
fort le corail comme matière ornementale; Tarche'ologie nous le
prouve donc et nous a montré ailleurs qu'ils savaient l'employer
avec art, non seulement pour décorer leurs fibules, mais aussi
leurs casques, leurs boucliers, couteaux et pendeloques, ainsi que
l'attestent les belles re'coltes de la Gorge- Meillet, de Somme-
Tourbe, etc.
N" 3. Sépulture de Campagnac, commune de Sai.nte-Anast.vsie,
CANTON et arrondissement d'UzÈs.
Le fond obscur d'un layon inférieur de vitrine, dans la Maison
Carrée de Nimes, recelait (^1, lors de nos visites, de vieux objets en
fer peu propres à attirer l'attention du public et dans un état de
lamentable promiscuité avec nombre d'autres de toutes époipies
comme de toutes provenances et surtout de provenance inconnue.
Nous découvrîmes qu'heureusement plusieurs, qui étaient de
nature à nous intéresser plus spécialement, portaient des éti-
quettes dont nous copiâmes les mentions, après avoir pris des
mensurations et croquis des objets. Parmi ceux-ci, il en est un fort
extraordinaire qui provient de Gampagnac, hameau de la com-
mune de Sainte-Anastasie, près Uzès, et fut trouvé avec une urne
contenant des restes brûlés, en compagnie d'autres objets. Nous
pûmes, après quelques recherches, retrouver ces derniers dans le
cabinet du conservateur à la mairie, pêle-mêle avec des monceaux
de débris, la plupart romains.
Ces objets supplémentaires consistent en une épée et un fer de
lance.
Epée. — L'épée, passée au feu et pliée en quatre pour entrer
dans l'urne, est tout à fait du type de Saint-Siffi-et ; elle mesure,
plusieurs Etats de rAllemagne (Bavière, Wiirtemljerg, Bade, Hesse, West-
pliaiie), en Tyrol et en Ilaiie [Fund-Statistik der Vovromischen Metalheit in Rhein-
gehiete, i884, p. 8).
('' Nous employons l'imparfait parce que cette situation regrettalîle va cesser
d'être mie vérité; nous avons attiré sur cet état de choses l'attention du nouveau,
jeune et intelligent conservateur du musée, qui est en voie de réorganiser l'inté-
rieur de la IMaison Carrée. Plus qu'aucun autre, M. Gabriel Carrière sait appré-
cier la valeur de ces débris, peu flatteurs pour l'œil, ot il nous a promis de les
traiter avec tout le respect qu'ils méritent, et surtoiil d'enrayer l'œuvre destructive
de la rouille qui les ferait bioiilôt disparaiire.
VncriKOLociK. l'fii
— ^i90 —
developpéo, environ i ni. o5, donl o m. i3 pour la soie cl o m. Q'î
pour la liunc, avec une largeur variant de o m. ok à o m. o5. Sa
p(»inle est caniarde et de nond)reu\ morceaux de fourreau adhèrent
enc(ue à la lame. LVxtrémilé sujunieure d'une des valves de ce
fourreau brisé a conservé sa boucle de suspension cari"ëe et verti-
raiemenl disposer, comme c'est le cas ordinaire, ])our i-ecevoir le
croobel de la cliainc-baudrier.
Lance (fij;-. a). — La lance, en forme de losange, est très aiguë,
a\ec une douille (|ui se prolonge sur toute la longueur sous forme
do ner\ure saillante pour venir mourir près do la poinle, qu'elle
renforce; elle a o m. /ii d(! longueur et a subi, comme IMpe'e, l'ac-
tion du feu.
imbo (flg. 3). — La pièce capitale de cette découverte est celle
(|ui se trouve à la Maison Carrée. C'est un demi-elli[»80ïde en tôle
Fi,.. 3.
de 1er, très (b'Iérioré, Jiyani o m. •:}> et o jii. iG pour axes et
"' m. uiii de liaiilcnr, avec uu(^ bordure plaie de o m. o;},(|ui
~ à\)\ —
n'existe plus que sur un quart du pourtour. Ce rebord, avant de
s'interrompre aux extrémités du grand axe, s'épanouit en espèces
de virgules ou de becs de perroquet, qui devaient servir à fixer
cette calotte sur un corps plat.
Le long de son épine dorsale règne une gouttière arquée ren-
versée et fixée par des rivets, qui donne à fovoïde l'aspect caréné.
C'est certainement ce curieux objet que le général Pothier, dans
son intéressante étude, avait remarqué en passant et ha^ûsé gan-
telet à main.
En réalité, c'est un umbo, ou au moins une garniture de bou-
clier accompagnant un umbo. Les exemplaires de cette forme sont
extrêmement rares et nous n'en connaissons même pas de tout à
fait identiques.
On ne peut s'empêcher de regarder la nervure dorsale creuse
comme destinée à loger le milieu d'une longue tige de fer renfor-
çant un bouclier de bois dans sa longueur, comme on en voit sur
le bouclier ovale de la célèbre statue du guerrier gaulois de Mon-
dragon, au Musée Calvet à Avignon (^l
On remarque nettement sur cette statue qu'une garniture cen-
trale carénée, qui porte une tringle arquée dirigée suivant le grand
axe, est enveloppée par un umbo de type identique à celui de
Saint-Siffret ou autres que nous signalerons dans cette étude et
qui sont fort constants de forme.
Le Musée de Saint-Germain nous offre une pièce très analogue
à notre ovoïde, sous le n" 18742 et indiquée comme trouvée dans
une sépulture gauloise des environs du camp de Chàlons; elle est
en bronze et les quatre becs de perroquet y sont représentés par
les extrémités arrondies et débordantes de deux bandes métalliques
distinctes, qui enserrent et assujettissent la pièce, au moyen de
clous terminaux.
Un objet du même genre rappelle encore davantage celui de
Campagnac; il est en fer, provient de Saint-Rémy, dans la Marne,
et figure sous le n" Z188/1 dans la même vitrine des umbos gaulois
du même musée. Sa longueur est de o m. i55 et sa forme celle
d'un demi-œuf caréné; il est inédit, veut bien nous écrire M. Sa-
lomon Reinach.
On a de cette sépulture également un morceau d'urne ornée de
''' Moulage au Musée de Saint-Germain.
39.
- 'j92 —
stiit's j)tMipliiTi([ues sur la panse et. l'ermée (run couvercle, ainsi
(HMiue jtliiqiu; de bronze carre'e de o m. ii de rùle, qiron croirait
avoir servi de miroir (^)?
N" II. Sépulture DorBLE de i/octroi dk IJeuic.mue À Nîmes.
Eu 1^*91. M. Vijjiic, capilaiue eu retraite, voulut construire
une uiaisou à Muies, juste à Tanifle i'orini' par la rencontre des
deux l'ues de Nient et de lîeaucaire avec le boulevard du Viaduc,
luut eu lace du I)ureau d'octroi dit de Beaucahr . Sou terrain en cet
endroit etîiit précis(Mueut élevé de a mètres au-dessus du sol voi-
sin, et le nivellement lun-essita d'assez importants terrassements.
Ceux-ci mirent au jour, dans le milieu de réminence, une sé-
pulture, par incinération, fort riche et d'autant plus intéressante
qu'elle a été bien étudiée par le propiiétaire et que les objets
trouvés ont été tous pieusement recueillis et classés avec soin,
(juaud nous lûmes appelés, en 189^^, à aller les voir, nous n'hé-
sitâmes pas un instant à y reconnaître des
restes de l'époque marnienne,
M. le capilaimi Vi{>ne, qui est un érudit et
un curieux de science, a mis toute la bonne
glace possible [)0ur nous faciliter l'étude
de ces reliques, tombées en si heureuses
mains, et pour nous fournir les renseigne-
ments les plus détaillés, que nous résumons
ci-après :
A o m. 70 environ au-dessous de la })Iate-
Ibrme du tumulus, on rencontra une grande
dalle de pierre, sous laquelle gisaient, cou-
clu'es cote à cote, deux grandes amphores
eu terre jaune à la surface, rose pâle inté-
rieurement, c'est-à-dire de matière ideu-
li(|ue à celle de Saiiit-Sillret, avec la rainure
caractéristique sous l'arête de la panse; in-
lérieui'ement, elles se terminent en pointe
mousse patlée (fig. /i ); elles ne contenaient
<|ue de la terre line d'inliltralion. Elles ont
'" (>i'lli; |il;i(|iii' se Iniiivc acIiR'lIcmoiit iivi'C iuriic ciiiétairc, au nouveau Musée
éj)ij;ra|iliii|iif' de Nitncs.
— /»93 —
respectivement o in. 75 et 0 m. 78 de hauteui' totale, des diamètres
de 0 m. 3o et des oritices de o m. i5.
Au-dessous de ces grands vaisseaux et à environ 1 m. 3o de
profondeur, on rencontra des vases entiers et des armes ou débris
de toutes sortes en fer, la plupart ayant dû subir l'action du feu ;
entre autres, une grande e'pée pioyée en quatre, deux umbos en
oméga détériorés, des boucles, anneaux, crochets, clous et sur-
tout deux très intéressants fers de lance, bien conservés.
Lances (fig. .5). — Les tranchants des deux lances, qui ont res-
pectivement o m. 3/1 et o m. 39 de longueui' totale, avec de
courtes douilles de 0 m. 07 et o m. 08, sont ondulés, avec des
Fig. 5.
sinus alternant avec des lobes, autrement dil flamboyants ; nous ne
connaissons de cette époque de perluisanes analogues, qu'on dirait
des ancêtres de celles de la Renaissance, c[ue certains fers prove-
nant d'Alise-Sainte-Reine (^) et de la Tène, mais très rares.
On trouva à côté le talon de la hampe de l'une d'elles.
Epée (fig. 6). — L'épée est également des plus intéressantes,
d'abord par sa longueur, la plus grande à nous connue et bien digne
de ces Gaulois aux prœlongi gladii de l'auteur latin : telle qu'elle
est, cette longueur développée mesure, en effet, 1 m. 19, soie
comprise pour o m. i5 : il reste donc o m. 97 pour la lame. 11
est vrai de dire que tout le bout de celle-ci est masqué par l'extré-
mité du fourreau, qu'on n'a pu en séparer. En admettant o m. o3,
o m. o5 même, d'espace vide à l'extrémité (ce qui est excessif),
(') De RefTye, Les amies d'AUse, clans la Rei'ne archéologique, i86i.
— h\)h —
ii n'en reste pas moins une arme de i m. ofj à i m. 07 de longueur;
sa largeur n'esl guère (jue de o m. o5.
Fiff. 6.
IMg. 7.
La soie, large à la base de 0 m. 01 5, s'amincit presque en
pointe et se termine ])ar des traces de rivure. On ne peut s'empê-
cher de penser qu'il a dû y avoii" des rapports intimes entre cette
extrémité efiilée et un massif morceau cylindrique de fer, qui fait
partie du lot recueilli (fig. 7). Il a o m. o3 de diamètre, o m. 05
de hauteur et est percé en son milieu d'un trou un peu tronco-
nique qui n'a que o m. oo3 ou 0 m. 00^ quand il affleure une
des hases, qui est convexe. N'est-il pas bien probable que nous
avons là un pommeau appartenant à l'épée? La soie, fait unique
dans tous nos relevés, porte, encore adhérents en liant, des mor-
ceaux fibreux très sensibles, épaves de la poignée de bois en partie
pourrie.
Le fourreau est brisé en plusieurs morceaux, dont un nombre
assez important est soudé par la rouille sur la lame; les autres ont
été i-ecueillis h côté. Ce fourreau se termine en bouterole élargie
en espèces de lobes late'raux; la rouille ne permet pas de mieux
préciser sa forme.
Siipéiif'iiif'iiK'nl , il poite sa bolière de suspension, à orifice rec-
— Zi95 —
tangulaire vertical, rivé à uno assez longue tige de fer en l'orme de
cniller, modèle rencontré ailleurs et dont nous aurons Tocoasion
de signaler un autre spécimen.
Ce n'est pas tout ce que l'épe'e a livre' d'accessoires.
On remarque, entre autres, deux espèces de crochets en crosse,
l'un libre, l'autre. collé par la rouille sur un umbo. Faut-il y voir
un quillon en V renversé, brisé en deux, annexe de la base de la
poignée dans nombre de glaives de celle époque?
Puis des morceaux, patiemment rapprochés par le capitaine
Vigne, ont reconstitué un véritable crochet à belière, qu'on appel-
lerait volontiers un porte-mousqueton.
Un autre crochet en crosse tout boursouflé de rouille, se ter-
mine inférieurement par une tige cylindrique; nous en ignorons
la destination exacte. Probablement la tige droite était terminée
par un anneau et nous aurions alors encore affaire à un crochet de
chaîne '^^K
Umbos.. — Il y en a deux de forme marnienne presque iden-
tiques, avec des ouvertures de voûtes de o m. 1 3 et de o m. 1 1 et
des ailes de o m. 4 et o m. 5 de longueur seulement* portant des
clous rivés dans des trous.
Sauf l'épée, tous les objets figurent par paires et nous sommes
vraisemblablement en présence d'une sépulture double.
Céramique. — Comme autres poteries trouvées dans la couche
inférieure, on peut signaler une cruche en terre grise foncée et
lissée, à panse turbinée, de o m. 87 de hauteur et 0 m. 20 de dia-
mètre maximum.
En outre, un plat assez soigné de o m. ko de diamètre et
o m. 08 de hauteur, en même terre que les amphores, mais en-
duite d'une couverte noire lissée P>.
"' Ce crochet rappellerait des crochets en bronze représentés sur la planche
des chaînes d'épées, sous les ligures 2 (fouille Le Laurain) et li (fouille Bertrand)
du supplément du Dictionnaire archéologique de la Gaule, Epoque celtique [i" fas-
cicule du tome II, seul paru), et dont les originaux sont au Musée de Saint-Germain.
*^) 11 en a été trouvé un tout à fait semblable près Dun-le-Roy en Berry par
M. A. de La Chaussée, dans un (uniulus authentiquement marnien, mais à inhu-
mation : ce plat était également perforé de trous de suspension ( Mémoires de la
Société des antiquaires du Centre, t. IV, 1870-1872, p. 5i.)
— - ,v.)(; —
Le luiul (le son itih'iii'ur porte quatre empreintes sijfille'es, re-
présentant (les rameaux, avec des leiiilles opposées deux à deux,
inscrils dans des ovales.
Le pied en est j)ercé de deux trous pour la suspension d(^ mémo
(pie roiirlel ([ui horde le pourtour romnie nos plats artistiques mo-
dernes '').
\° 5. P0NT-J)1\1S DE LA IlOLTi: DK MoNTPKLLlKU , l'IlKS NlMES.
ihxc: étiquette acoompa}>nant une ('pée niarnienne et une lance à
douille, trouvées avec une urne à Calvisson (toutes trois dans la
collection E. Dumas, à Sommièrcs, et que nous signalerons plus
loin, indique qu'une épée et une lance semblables se trouvaient,
en i856, chez M. Maillet, notaire à Tai'asron, et (ju'elles auraient
été trouvées au Pont-Biais de la route de Montpellier, tout près de
Nimes^-'. Cette étiquette, dont M. Lombard-Dumas a bien voulu
nous donner une copie textuelle, étant écrite de la main même
(rÉmilien Dumas, nous ne pouvons considérer les renseignements
qu'elle contient que comme rigoureusement exacts.
Nous avouons cependant que nous n'avons pu voir ces objets et
nous ignorons s'ils se trouvent encore à Tarascon. Avec l'épée de
''^ La surface du luinulus et ses environs immédiats cnt lourni un nombre
énorme de restes antiques d'un tout autre caractère, la plupart gallo-romains,
surtout d'abondants tessons de poteries variées. Tout contre, il a été exlinmé,
entre autres, une riebe sépulture romaine, avec mobilier contenu dans unejfrande
pierre (larallétépipédiquo creuse. La pièce principale était un 1res l)eau vase en fonne
(le soupière d'albàtn^ avec son couvercle, tout rempli d'objets variés et curieux,
notamment cinq oi)jels sculptés en ambre rouge (miroir, lièvre, chien, scor-
pion, etc.) et autour deux vases en bronze dont un à anse mobile, une toupie
d'albâtre, des vases de terre. Une autre sépulture voisine renfermait aussi des
urnes de terre, du verre, un rasoir à manche d'ivoire, un couteau rappelant nos
couteaux à papier, un charmant petit inodèl(! de berceau d'eutant en os, des
épingles, de petits lionloiis en bnnize analogues à ceux de nos dc\anls de che-
mise, etc.
On a trouvé également rtes cercueils antiques en plomi). Cet ensemble, que nous
nous contentons de signaler, mérite une élude spéciale que fera, nous l'espérons,
le capiUiine Vigne.
'*' L'endroit a pris son nom d'un pont siu" lequel la ligne de chemin de fer de
Nimes à (jette travers»; la route de Montpellier et qui est liiais on elTet; il se trou\e
à 300 mètres au sud de l'extrémifédu (lours-.Nenf ou boulevard de la Iti^pubrupie.
Il est proltable que c'est en conslruisant ce pont ipi ou aura d(;lruil un luinulus el
mis au jmu' les armes signalées,
— Zi97 —
Ponl-Ambrois •'), ce sont les seuls signales dans ce (l'avail que nous
n'ayons pas personnellement étudiés sur nature.
N° 6. Sépulture de Gomplanier, près Nîmes.
Nous avons visite' à Ni mes, chez M. Goulet, vérificateur des mar-
chés de la ville, de nombreux objets en métal et terre cuite qui
rentrent dans les types déjà décrits.
G'est en 1887 et 1889, en détruisant un tumulus de pierres
dans sa propriété de Gomplanier, aux portes de Nimes, et proche
de la route d'Âlais, (jue M. Goulet mit au jour deux coffres funéraires
construits en grosses dalles brutes, et contenant ce mobilier, sans
traces d'ossements humains autres que quelques résidus calcinés (^).
La plus grande sépulture, de l'orme parallélépipédique, dirigée
Est-Ouest, avait pour dimensions 1 m. 96 sur o m. 65 de large
et o m. 5o de hauteur.
La plus petite, destinée sans doute à un enfant, et située à
3 mètres de la précédente , contenait cinq vases en terre grise ou
jaune et des ossements de porc.
Urne. — La grande a livré une belle urne funéraire ventrue de
0 m. 35, ornée de lignes incisées droites ou dentelées par poin-
tillé, en cette même terre rose jaunâtre assez fine et friable précitée
pour Saint-Siffret et semblant décidément la matière recherchée
pour les vases cinéraires de cette époque, dans la r('gion. Elle con-
tenait des cendres et des restes d'ossements brûlés. Les armes, en-
core calcinées, étaient :
Epée{fig. 8). — 1° Une épée niarnienne relativement assez poin-
tue avec son fourreau de fer, réduit en morceaux, dont plusieurs
restés adhérents à la lame par le fait de la rouille, et d'une lon-
gueur totale de 0 m. 87 dont o m. 7/i pour la lame et o m. i3
"' Voir plus loin, p. 5o6.
'-' Le générai Pothier a signalé ces sépultures [Sépultures préroinaines des envi-
rons de Nimes. Mémoires de l'Académie de Nimes, t. XII, 1890, p. 1). On peut
consulter ce bon travail pour certains détails et notamment pour y voir les pote-
ries qui y sont dessinées au trait. Nous reproduisons, d'après lui, les numéros 9
à 19 du tableau VI, en faisant remarquer de nouveau que ces figures sont un peu
théoriques.
— Zi98 —
])our la soio à l)oiilon. Elle rtait ployôc en demi-cercle. La boute-
roUe (lu loiureau osl assez spéciale et rappelle celle de nos sabres;
Fig. 8.
le lia ut a conservé son lenon verlioal à ouverture en carré long fai-
sant belière.
Umbo (fig. 9). — 9° Un umbo à pont de forme typique, dont
une aile a élé brisée; entier il avait o m. 2 5 de longueur, o m. 1 9
(le largeur et o m. ok de bauteur.
L(mce (fig. 10). — 3° Un fer de lance à douille, d(; o lu. 9.9. de
long, brûlé et dégradé intentionnellement.
Viir. 10
Six rruclios de Ibrnies et diinousions vai'iables, deux plats creux,
six bols accompagnaient la grande urne et contenaient divers autres
objcis. ("litre autres : des liisaïoles, des pendeloques- amulettes en
— 699 —
dents cranimaux, deux bracelets filiformes en argent de om. o55
et o m. o/i5 de diamètre et o m. ooi5 d'épaisseur, Tun à bouts
simplement rapproche's; trois grosses perles, Tune en pâte de verre
grise veinée de bleu et deux de couleur bleue très foncée de o m. o3o
de diamètre, avec des ouvertures de trous de o m. ooio à
o m. 001 5; elles étaient en forme de tore.
Trois petites perles trapues en verre, lisses ou cannelées, avec
cercle d'émail Ijlanc opaque à Téquateur, de o m. 012 de diamètre
et o m. 00 3 pour les orifices.
Deux médailles en bronze, que nous n'avons pu voir, mais qui
auraient été reconnues bien gauloises par M. Maruéjols , de Nimes!^-.
Une petite rouelle de bronze h quatre rais, de o m. 020 de
diamètre.
Une espèce de fléau de petite balance en bronze d'un travail
soigné.
N" 7. Sépulture de Pissevi.\, près Nîmes.
Parmi les ferrailles, corrodées par la rouille, signalées comme
n'occupant rien moins qu'une place d'bonneur dans la Maison Carrée ,
et au milieu desquelles nous avons déjà trié celles provenant de la
sépulture de Campagnac, plusieurs armes, de types bien marniens
également, portent écrit qu'elles proviennent de Pissevin et quelques
autres renseignements.
Pissevin est un quartier de Nimes, près du Cadereau ; c'est là,
proche le chemin partant de l'abattoir pour se diriger au sud-ouest,
que le creusement d'un fossé a entrouvert un gw/^a/ de pierrailles,
qui renfermait encore une sépulture avec deux grandes urnes funé-
raires. On en a exhumé deux épées et deux fers de lance brûlés,
repliés ou tordus.
Epées. — Les épées sont toujours du même modèle plat et mince,
à pointes camardes. L'une, pliée en trois, ne s'écarte du type de
toutes les autres que par ce fait que sa soie, au lieu d'être étroite,
à section rectangulaire, est aplatie et relativement large ("-); cette
t'^ Nous croyons nous souvenir que M. Alaruéjols n'était pas du tout convaincu
que ces médailles vinssent de la sépulture même : en tout cas ses souvenirs ne
lui ont malheureusement pas permis de nous préciser leurs caractères.
<-' M. Morel a signalé dans la sépulture gauloise de Montfercaut, à Marson
(Marne), une soie d'épée marnienne qui était plate comme celle qui nous occupe
— :)00 —
soie est incomjtlt'lc : ollo n'a que o m. oG el la lame o m. 85 de
longueur; ia pointe est, comparée aux autres, assez aiguë. L'autre,
légèronienl courhéc en arc, a o ni. 9.") de lame et seulement o m. 10
de soie, celle-ci étant également privée de son extrémité.
La lame de cette dernière est poinlillée sur les deux faces de
petits creux régulièrement disséminés, coniTue produits par le dé-
part de légères écailles somi-lenticulaii-es de métal. Ce juétal est-il
d'une nature uu peu dillérente de celui des autres armes rencon-
trt'es, ou bien l'épée en question s'est-elle trouvée dans des condi-
tions spéciales (pii l'ont amenée à cet état? ou encoie faut-il y voir
le résultat d'un travail particulier en vue de l'orner? Nous ne ré-
pondrons pas à ces questions (jue nous nous contentons de poser,
nous bornant à constater ([ue nous n'avons pas remarqué ces signes
sur d'autres exemplaiies.
Quant aux lances, l'une a environ o m. 3^ et est toute ftuissée
el repliée; l'autre, intacte et à ailes arrondies à leur base, a o m. /lo
dont o m. 10 de douille. Cette sépulture devait être double, comme
plusieurs autres (^'.
N° 8. Sépulture de Calvisson , près Sommières.
(l>lanriie XL)
Nous avons remarqué, entre autres, dans la collection d'Emilien
Dumas, à Sommières (mise plusieurs lois à contribution j)our ce
travail, grâce à la complaisance désintéressée de M. Lombard-Du-
mas, qui en est le possesseur actuel), une série d'objets en fer,
grouj)és et fort bien classés. Une éti(juette annexée, qui en fait
un véritable inventaire, indique qu'ils ont été trouvés dans une
tombe près de Calvisson avec une urne en terre commune, et les
(Locliin.' à la Si)rboim(; du /i avril 187/1 *'^ lapporl à la Société delà Marne,
p. 181, pt i>l. I, lig. :>)•
'•'' M. Carrière nous sipnalo nu jioul d'uuilio qu'il vicnl do découvrir dans sou
cabinot de la mairie, où nous avons déjà reconnu, au milieu do tas de débris
pêle-mêle, des lances et des épées qui complétaient des déconvcries représentées
partiellement à la Maison Carrée : celte pièce nous avait écliiippé. Klie porto sur son
étiquette de simples initiales où on dis(in[fuo uu P ; ue provieut-oll(> pas de Pis-
sevin et ne compielerail-ello pas ainsi l'épéf! el la lauce de celte provenance,
que nous avons relevée à la Maison (larrée? Nous aurions encore là une sépulture
avec les trois armes. En loul cas cel objet est inaruieu el vient certainement des
environs de Nimes. 11 a élé aussi bnîlé et tordu.
— 501 —
classe comme Francs, en raison de ce que l'épëe en rappelle une
autre du Musée d'artillerie ainsi désigne'e. Ils sont ne'anmoins bien
re'ellemeut marniens; en voici le détail :
1° Une très belle e'pée (pi. XI, fig, i et i") pliée en deux et pa-
reille à celle de Sainl-Siffret, ayant juste i mètre de longueur
totale : o m. Sh pour la lame, o m. 16 pour la soie.
Cette soie, entière et terminée par un bouton d'arrêt polyé-
drique, encore assez important (car l'objet est bien conservé),
traverse une petite bague mobile repliée et contournée en profil de
cloche, qu'on peut comparer à un chapeau de commissaire ^^^ ou un V
renversé, accessoire que présentent ordinairement les épées les plus
typiques de cette époque quand elles sont complètes ; cette gaine
servait d'amortissement à la poignée, en bois ou autre matière,
et suivait le contour des arcs de cercle qui raccordent la lame à la
soie, ainsi que le haut du fourreau, qui d'ordinaire a , lui aussi,
cette forme.
•1° et 3" Deux lances à douilles (pi. XI, fig. 2 et 3), toutes tor-
dues au feu et si mutilées intentionnellement qu'on ne peut qu'ap-
proximativement fixer leurs dimensions à o m. 2 5 et o m. 3o.
li° Un coutelas (pi. XI, fig. k) privé de sa pointe, tout en fer,
manche compris; ce manche est terminé par un anneau de om. 02
d'ouverture, disposition rare : le tour de cet anneau est à section
carré .
Nous n'avons remarqué au Musée de Saint- Germain (|u'un exem-
plaire ayant cette particularité : il provient de Bavay; nous en pou-
vons citer un autre récolté au Beuvray; un troisième assez analogue
au Musée Calvetà Avignon, mentionné plus loin; plus un tout à fait
identique trouvé à la Tène ^-\
5° La pièce la plus curieuse, parce qu'elle est unique dans les
trouvailles que nous avons à signaler, est un outil de fer avec
^^^ Nous avons \u donner ce nom par des ouvriers de l'Ariège, faisant des
fouilles sous nos yeux dans des tas d'ossements quaternaires de la tameuse ca-
verne de Lherm, près Foix, à la première vertèbre cervicale du grand ours, ver-
tèbre qui a ta forme d'un chapeau de gendarme; il convient encore mieux à la
petite pièce accessoire des épées marniennes, qui a une forme plus aplatie, et nous
n'en voyons pas qui rende mieux compte de sa figure.
^"^^ De la collection Al. Darde!. (Vouga, Les Helvètes à la Tène, pi. XI, fig. 8..
Le rasoir représenté pi. XIII, iig. i5, el dont l'original est au Musée de Neuf-
cbàtel montre aussi celte disposition.)
— 502 —
manche du même méUiL cl normaleinent iiisëré dans son milieu,
a\anl o m. i<) do longueur, o m. 9 de largeur et o m. oo5 d'é-
paisseur (j)l. XI, lîg. .')).
Comme le coutelas, -cet outil est terminé en anneau, à boids
arrondis, de o m. 02 d'évidement.
Dans son ensemble il rappelle nos marteaux de maçon, mais la
pointe eu est bilurquée et le tranchant a son profil en arc de cercle
ramené inférieurement vers le manche; était-ce une liacbette com-
binée avec ce que nous appellerions une serfouette? Etait-ce une
arme, malgré la brièveté du manchet^)?
iV 9. Sai.nt-Diomsy, canton de Sommières.
Nous avons remarqué, dans le musée épigraphique de Nimes,
une épée de fer recourbée de l'orme bien marnienne et ra{)pelanl
toutes les précédentes. Une éli(juetle indique qu'elle a été trouvée
eu 1886, à 1 m. 5o de prolondeui- dans le sol, en creusant la
Irancbée du chemin de fer du Vigan, en face du village de Saint-
Dionisy. Sa longueur est de o m. 86, dont 0 m, oG pour la soie
(jui est brisée.
La pointe en est ogivale et la largeur, à peu près constante de la
lame, ne décroit que de 0 m. o5 à o m. oAS.
L'épée est accompagnée, dans la vitrine, d'une très longue lance
recourbée de la même manière, toujours du type constant des
auti'es décrites; elle a o m. 62 de longueur (dont o m. 10 pour la
douille), ce qui en fait la plus grande de celles (jue nous avons re-
levées ^-l
"^ Nous ne ronnaîssons d'oulil ancien ainsi ommauché en fer, qn'une espèce
de houe étroite, de o m. ih de iou{j[ueur sur o m. o55 de larye, normalement
traversée, non plus au milieu, mais à son exlréiuité opposée au tranchant par
une tige en fer qui est brisée et dont il ne reste qu'un court tronçon; nous
l'avons remarquée au musée de la Société archéologique d'Autun, sans pouvoir
îiflirmcr si elle a été trouvée dans un milieu gaulois. En tout cas, elle n'rsL pas
dans la salie spécialement consacrée aux découvcrles du Bi'uvray.
'-' De nouveaux renseignements qui nous anivciit au moment d'expédier ce
Iravail, il semble résulter que celle lance ne [irovieiil peut-être pas de la même
trouvaille et pi'ul se rapporter à une autre sépulture.
Une vitrine voisine du même nmsée reiilerine une autre 1res belle épée mar-
nienne inédile, qui ne provient pas du Gard, mais d'un dragage de la Saône,
fait à h kilomètres eu a\al de (l!i;iloii-sur-Sa(M)e en 1 iSS(i. \(His ne la inenlion-
— 503 —
C'est tout ce que uous savons de cette découverte; 1 état de ces
armes, leur aspect, la situation de leur gisement rappellent trop les
autres trouvailles pour que nous ne croyions pas être bien osé en
supposant qu'elles proviennent d'une sépulture de même nature.
N" 10. Sépulture de Lafoux, près Remoolins.
Epée. — Dans un bas de vitrine du Musée Calvet, à Avignon,
nous avons aperçu, fixés sur une planche, une série de vieux objets
en fer rappelant absolument ceux déjà plusieurs fois signalés. Parmi
eux se faisait remarquer une belle épée, toujours du type de
Saint-Siffret, un peu tordue, mais à peu près intacte et mesurant
o m. 97, dont o m. 80 pour la lame et o m. 10 pour la soie.
L'extrémité ténue de cette soie traverse un petit bouton discoïde
quelle maintient parrivure, disposition que nous n'avons constatée
que pour l'épée décrite au numéro h. On ne peut en conclure que
cette disposition constituait une exception, car on sait avec quelle
facilité peuvent disparaître les petites pièces rajoutées dans les ob-
jets en fer que la vétusté a rouilles.
Lance. ■ — Les autres morceaux en fer, fort détériorés ( et cela sû-
rement encore avec intention), appartiennent au fourreau, à un
umbo et à un fer de lance; ce fer a la pointe ployée et tordue, la
douille dégradée; il a o m. 27 de longueur, dont o m. 20 pour la
Ume.
Les morceaux du fourreau sont assez nombreux; sa bouterolle,
rappellant celle de Saint-Siffret, est parabolique, avec deux paires
de tenons symétriques arrondis, plus large que pour l'épée décrite
au numéro 1. La belière, carrée, est bien conservée.
Umbo. — L'umbo, toujours en oméga majuscule, est représenté
par ses ailettes, portant seulement les amorces du pont dont
presque toute la voûte manque. Quatre trous en ligne droite, dont
un conserve encore son clou à tête discoïde et tige carrée, perforent
ces ailes.
Ces objets sont étiquetés sous le numéro /169 D, comme venant
non? qu'à cause de son extrême longueur, qui atteint 1 ni. lo. Le bout de son
fourreau est arrondi et garni fl'une Irinjjle creuse ainpleclive sur 0 m. lA de
longueur.
— bOh —
de Lafonx, petite station halneairc en face Remoulins, sur les bords
du Gardon cl non loin du Pont du Gard.
Cotte localit(' est juste au [)i(Kl d'un mamelon à peu près isolé
où nous a\ons ronian|ué des restes de vieilles murailles en pierres
sèches éboulées et des débris d'anciennes poteries.
C'est de cette petite enceinte, appelée quelquefois le Mardieiil
ou Sainte-Colombe, que provieuueut des restes ayant le caractère
gaulois et même grec, <]ue nous avons vus dans la collection de
M. Cazalis de Fotulouce, à iMontpidlier '''.
Elle doit donc dater de la période qui a pnîcédé la conquête ro-
maine, comme nous le constaterons pour plusieurs semblables, et
il n'y a rien de surprenant dans la rencontre de la série d'armes
qui servaient à un guerrier gaulois, juste au pied de cette hau-
teur.
Néanmoins nous devons ajouter, })our ne jien affirmer que de
certain, que M. Deloye, ancien conservateur du Musée Calvet, re-
garde comme erronée la provenance consignée à l'inventaire du
Musée et croit que cet ensemble d'armes provient d'une sépulture
à Rus, commune de Sainte-Cécile (Vaucluse).
Quoi qu'il en soit et même en admettant que les souvenirs de
M. Deloye doivent prévaloir sur les renseignements du catalogue,
cette découverte, faite non loin d'Orange, n'en devrait pas moins
trouver encore place à côté de celles d'objets si identiques re-
cueillis de l'autre côté du Rhône; en attendant des renseignements
nouveaux, nous nuiintenons l'attribution à Lafoux donnée par le
catalogue, sans y attacher autrement d'importance.
N" 11. SÉPULTURE DE LA CaTALANE AUX BaUX,
CANTON DE SaINT-RÉMY, AURONDISSEMEINT d'ArLES (BoUGHES-DU-RhÔne).
Un jeune habitant de la curieuse et fameuse petite ville des
'') Il y a recueilli aussi des liaches de pierre et des médailles (janloises. (Mofé-
riuux , 1. VII, 1872, p. 28:?.) La Irancliéc du clieuiin de fer qui passe au pied
de renceinte n fourni, en i883, d'autres objols {jaulois que nous avons relevés
au Musée c[)i/jraptiique de Nimes, coninie une tibule de t)ronze à arc, identique
à colle dr-s B.'iux ti-apros décrite, el un fer de lance à douille rappelant des ty|»es
de la ï»''ne (Vouga, loc. tiV.,pl. IX, fijf. 2, 9 et surtout 10); autant de laits don-
nant à penser que les armes niarnieune» du musée d'Avi{jnon peuvent bien réelle-
iiK'ul ptDvciiir di' Lîifonx.
— 505 —
Baux, près Ailos, Louis Faure, (jui a déployé un grand zèle à en
fouiller les abords, nous y attira un jour pour nous montrer le
petit musée où il avait rangé le produit de ses recherclies. L'intérêt
de cette collection réside moins dans la beauté des objets réunis,
que dans leur scrupuleux et bonuête classement (opograpbique, et
surtout dans ce fait qu'ils proviennent Ions de la vieille cilé ou de
ses environs immédiats.
Nous y découvrîmes avec satisfaction d'assez nombreux restes
gaulois, en fort mauvais état, il est vrai, mais tous récoltés dans un
même endroit appelé le quartier de la Catalane, à (juelques cen-
taines de mètres à l'est du village; Louis Faure nous en céda
plusieurs provenant à peu près tous d'une même sépulture.
C'est à une certaine profondeur que le sol de la Catalane lui
montra des tonil)es en pierres plates contenant des vases pansus, et
cbacune fournit avec constance une ou deux grandes amphores à
pointe paftée, toujours de même pâte que celles déjà décrites dans
ce travail. Ces amphores, généralement étêtées, renfermaient des
objets en métal; ceux en fer étaient brûlés et tout détériorés par la
rouille.
Pour la sépulture dont nous avons spécialement étudié le mo-
bilier, elle contenait les deux côtés du haut d'un fourreau à bord
rectiligne, portant encore l'attache carrée \ei'ticale du crochet, lixée
sur un long appendice en cuiller; des coutelas de forme mar-
nienne, une fibule de bronze à arc et à ressort double, qu'on di-
rait une échappée de la station de la Tène (fig. i i).
ig. 11.
Puis des boutons en bronze ornés de cercles saillants concen-
triques (fig. 12 et i3), une pendeloque triangulaire décorée de
trois triangles à périmètres saillants, inscrits les uns dans les autres
Archéologie. .33
— 506 —
(lijf. i-'i); une polilc Jainpe eu mèiiR' leiic, (jue les am|»lu)ies et
liouvéo dans l'une délies.
Fiîï. ilx.
La sépulture (jiii coiilcnail ces reliques a livré deux amphores
semblables, toujours ornées d'une lione périphéi'iiiuc gravée en
creux un peu avant la naissance du col, et un vase sphérique.
Kllc a l'ourni aussi un objet (|U(' rinventeur a recueilli intact,
mais tombe' bientôt quasi eu poussière et où il a cru reconnaître
un casque; nous avons estimé que ces débris informes et ténus
provenaient plutôt d'un umbo.
Toutes les civilisations, depuis celle des âges de la pierre jus-
qu'au moyen -dgQ, ont laiss(' des traces dans ce sauvage et juélan-
coli(|ue petit coin de la Provence, et nous sommes heureux d'avoir
pu découxrir, entre autres, (ju'il n'y a pas de lacune pour celle (|ui
a j)r('cé(lé immédiatement la grande conquête.
B. — ENCEIINTES.
N" 12. l'oiM-AMunois, i'iti:s G.vllauguics, canton' j)K Sommikhes.
Cet endroit lii-e son nom d'un vieux pont ([ui franchit IcVidourle,
rivière séparant les départements du (lard et de l'ib-rault. Ce poni,
en ruine, se trouve sur le tracé de laucienne Voie domilieune <|ui,
aussitôt apiès l'avoir IVancbi. coulournr une hauteur porlani uue
très vieille enceinle aux muraille, éboulées, mais ((Miqjlèles.
Celle eucfinle csl d(''jà dans 1 Hérault, commune de Saturargues,
— 507 —
mais touche au territoire de; (iall;ii',ou('s, dans le (iard; nul doute
qu'elle ne corresponde à Tanlique Amhrussum ou Ambrusium de la
Table tliéodosienne et d'autres itinéraires : notre lever lui donne
5 hectaies.
Nous avons rencontré des tessons de poleiies préroniaines et des
morceaux de meules anciennes, en roche caverneuse éruptive, ta-
pissant le sol de la vieille forteresse; mais d'autres y ont recueilli
des reliques plus caractéristiques (^'.
C'est encore dans la colleclion JEmilien Dumas que son gendre
nous a montré une fd)ule en bronze très intéressante qui y a été
recueillie. Elle est du type à arc et à large disque, avec agrafe ser-
pentiforme, rappelant des formes italiennes, et dont le Gard n'a
pas fourni d'autres exemplaires, au moins à nous connus; on peut
la rapporter à l'époque cellique ancienne ou hallstattieime.
On doit en rapprocher des armes marniennes, représentées sur
un dessin coté d'Emilien Dumas, et accompagnées d'une note
écrite de sa main indiquant qu'elles ont été trouvées par M. Runcl
(vers i85o), à la tète du pont d'Ambrussum, rive droite, c'est-à-
dire au pied même de l'escarpement que couronne l'enceinte.
On y voit une lance à douille de o m. 28 et une épée, toujours
du type de Saiut-SilTret, indiquée comme ayant 1 m. 09 de lon-
gueur, dont o m. lA pour la soie.
Les extrémités supérieures des deux valves du fourreau sont re-
présentées et montrent le V renversé terminal, ainsi que la belière
d'attache ornée. Un semis de petits cercles dans cette région du
fourreau semble rappeler un mode d'ornementation signalé, entre
autres, dans la Marne, au cimetière gaulois des Varilles (^) et aussi
à la Tène.
N" 13. Enceinte du Castellas ou des Castels, à Nages,
CANTOIN DE SoMMIÈRES, ARRONDISSEMENT DE NlMES.
Quoiqu'il ait déjà paru une très bonne notice d'Edouard Flouest
sur cette importante et extraordinaire enceinte (■*', elle offre matière à
''î Nous tenons de M. Tliomas Meilierot, bibliothécaire de Liinei, que M. Dan-
drea, ferblantier, aurait vendu une épée avec deux fers de lance provenant de
cette enceinte et peut-être d'autres objets aussi intéressants.
^-^ Nicaise , Epoque gauloise dam la Mur ne , 188/1, page 'il), el pi. IV', fig. 3.
'■'*' Oppidum de Aages, loc. cit.
33.
— 508 —
(les «''IikIcs siipplc'nicnlaires; notaminciit oUo niôrilo (|iriiii plan
exact m soit Icvi- et publié a\ant qii<' les {[laiuls travaux de déga-
jM'meiil (le ses murailles doubles arcob'es, travaux non terminés
ioisiiiie l'eludla Flouesl , acIieNent de se comblei'.
Flouest a publie les dessins de i\{'UK libules de bronze rencontrées
près des remparts, et d'une pendelocpie trianjjulaire trouvée à
loo mètres en debors, an llo(|ue-de-Viou, où se trouvent enraie-
ment amoncelées des débris de poteries gauloises.
Nous ne pouvons donc ne'gliger de faire figurer celte enceinte
dans notre relevé.
I ne des libules que nous avons admirées dans la collection
E. Dumas, à Sommières, et dont nous reproduisons le dessin un
peu rectifié, est du type à plateau perforé, identique à l'écbantillon
de Cbàteau-lîérard décrit ci-dessns, (juoique de dimensions plus
grandes; il n'y manque que les petits coraux blanchis, ([xii certai-
nement devaient Torner aussi.
On a recueilli également des médailles gaHo-grec(jues el colo-
niales de Ninics; [)lusieurs libules marnienues brisées en Ter, que
nous avons vues dans une vitrine plate de la Maison Carrée, avec
nombre d'autres objets piovenant pour la plu[)art des louilles laites
l)Ostéi'ieuremeul à la publication de Flouest.
II y a surtout des restes de poteries fort abondants dont nous
avons personnellement recueilli nombre de débris dans l'enceinle
même; elles ont à peu près toutes des caractères préromains, grecs
ou gaulois, beaucoup à couverte noire lissée ou lustrée.
Leurs ornements sont géométriques: traits parallèles souvent en
faisceaux faits au peigne dans tous les sens; deuts ou chevrons in-
cisés ou pointillés, impressions digitales sur le col, quelquefois
sur les hords, etc.
Le musée de la Maison Carrée exhibe, dans la vitrine plate, une
nondjrcuse séi'ie de ces morceaux et quelques beaux j)etits vases
entiers en leri-e rosâtre noircie, iaj)pelant par leur galbe, plus que
les poteries fournies par les séjmltuies, la poterie marnienne
<lu nord de la France; des anses en mamelons horizontaux, ver-
licidement p(;rlbrés, d'un modèle ;iucien; des fiisaïoles, l'une
délies orn'''e (riiicisions cuiviligues divergentes; un morceau de
cIiîiIim; de b.iiulrier eu broii/.e, comme ou en voil uu eutiei' à côté,
pinvciiani p<iil-è|re aussi de la même enceinte, mais on n'en a pas
dr pi t'incs . de.
— 509 —
N" 14. Enceinte de Vié-Cioltat,
COMMUNE DE MoNS , CANTON d'AlAIS.
A quelques kilomètres au sud-esl d'Alais, en un poinl où se
renconirent les territoires des (rois communes de Mous, de Saint-
Hilaiio-de-Bretlnnas et de Monteils, on voit, sur une colline isole'e,
les restes d un mur d'enceinte continu de forme polygonale qui
suit la limite du plateau et dos pontes. Cette muraille de pierres
sèches est aujourd'luii en partie comme noyée sous les énormes
rejets provenant de Tépierrement des champs, mais, par places,
on voit émerger des pans de murs cyclopéens.
En en levant le plan, qui a iixé à 2 hect. 80 sa contenance, nous
avons reconnu , parmi une grande quantité de morceaux de pote-
ries romaines, des tessons plus anciens.
Nous n'en parlerions pas néanmoins si ce n'était de son intérieur
qu'a été exhumé un casque de fer que nous avons vu encore dans
la collection E. Dumas et que Flouest a décrit comme gaulois*').
Ceci nous engage à réunir Vié-Cioutat aux autres localités qui ont
foui'ni des épaves marniennos.
Ce casque, fabriqué d'une seule pièce en tôle, de 0 m. 002,
se compose d'une calotte sph('rique de 220/187/1 3G millimètres,
terminée par un couvre-nuque et offrant, sur la région frontale, des
nervures en saillie au repoussé avec bouton métallique à leur nais-
sance. La même enceinte aurait fourni des débris d'un autre casque
semblable d'après Flouest, qui regarde leur forme comme inspirée
aux Arécomiques par l'art grec.
N° 15. Camp de César de Laudun,
CANTON DE BaGNOLS, ARRONDISSEMENT D'Uzi;S.
A 4oo mètres au nord du village de Laudun, près Bagnols-sur-
Cèze, émerge de la plaine un plateau calcaire fort élevé et limité
par des crêtes escarpées d'un aspect imposant.
Deux tronçons de murailles rectilignes, faites d'énormes blocs
posés sur leur lit sans mortier, barrent les parties les plus acces-
sibles, com])létant ainsi l'œuvre de la nature pour constituer une
enceinte qu'on appelle le Camp de César; notre lever lui assigne en-
viron 3o hectares.
'•') Casques de fer et houlemlles d'epées ( Reçue archéologique, mai 1880).
— 510 —
.Nous V avons \ii do noiiibimix tessons do poteries préromaines
et des débris de vieilles meules jonchant le sol, surtout dans une
espèce di' rt-duil se'paré au nord-est pai' une combe secondaire lor-
uïanl un puissant losse' naturel.
l lie lar|jo tache centrale de ce réduit montre aussi, il est vrai,
d'abondants débris l'omaius : poteries samiennes, mosaïques, restes do
construction. Mais rien n'indi(jue un séjour militaire des llomains :
ces lestes sont tous de nature très {)aci[i([ue et peuvent fort bien
être simplement ceux d'un temple, comme il en a été lixliunu' un au
sommet du Puy-de-Douie C.
Feu Léon AUèore, de Bagnols, v a recueilli des haches de pierre,
des objets en bronze ^^^ et en verre, ainsi (|u"uii };rand nombre de
monnaies des Volkes Arécomiques, voire Tectosages "'J.
La collection E. Dumas en possède une tige de fibule à air de
l'orme préromaiiie.
Le Musée d'Avignon a aussi du Camp de César une flèche eu ler
de type très ancien (n" 962°).
i\ous connaissons de la même provenance une l'usaïole en terre
de forme bitronconique.
Nous avons toute raison de penser (pic cette enceinte est d'ori-
gine préromaine, que les Romains y ont édifié un temple, et les
chrétiens du moyen âge un château fort et une chapelle : plusieurs
des reliques qu elle a livrées semblent faire remonter son établis-
sement premier à la même époque que celle de Nages.
N° 16. Enceinte de la forêt de Ghusolan, canton de Bagnols.
Au nord-est de Bagnols, le massif montagneux de Gicon s'avance
comme un ('perou entre le Rhône et la Cè/,e, près de réunir leurs
"^ Oïl y r-cmarquo ''^{jaieinciil d'importants restes de niurailles et d'une tour
revèUies d'apjiaml leclaiifjiiliiirf! avec morlier, ainsi qu'une cliapelle ruinée r.on-
slruile on mômes moellons et qui doit dalt^r du xii° siAcle. On a recueilli près de
ces dernières l'ortitications une épée ol> une pendeloque de bronze ([uadrilribéo,
avec des rais (leurdolisés, sans doute du xiii" siècle; mais tout ceci se rapporte à
(les temps hion poslérii-urs aux conslnirlinns primiliveb, les murailles cyclo-
pôcnni's.
"' Parmi ceux-ci di-s libules à arc, comuiic iclli' des Hau\, d'autres à disques
Iravei-sés ( Mus('f' de Bafjnols).
■^' M. I.unean, pliarmacien et numismatiste de Pont Saiut-Kspril, possède aussi
des monnnii's de ces peuples ainsi que de Marsi-illn, qui on! èlc' n'cueillies ilans
la mènifl enceinte.
— 511 —
eaux. Iiiunédiateiiieiit au-dossiis du viliage de Cliusclan se dresse
le point culminant dit la Dent de Marcoidc, qui baigne presque son
pied dans le Rhône. Toute celte partie est couverte par Te'paisse
vége'talion de la forêt communale de Chusclan. Le plateau ([ui
aboutit à la Dent de Marcoule est brusquement limité, tout le long
de sa partie Sud, par une crête rocheuse continue et abrupte,
comme au Camp de César; mais au nord il se raccorde avec la
vallée par une pente assez douce sans ressaut. La ligne sinueuse
par laquelle cette pente recoupe la plate-forme est toute dissimulée
sous les énormes éboulis d'une vaste muraille artificiellement con-
struite, pour compléter les escarpements du sud, de manière à
former une enceinte fortifiée allongée dont nous avons dressé le
plan.
Toute la partie Est du plateau ainsi délimitée a une surface de
ho hectares environ, mais plus à l'ouest on retrouve encore d'im-
portants tronçons de murailles effondrées, et de ce coté il est mal-
aisé de fixer quelle était la limite de ce que nous ne craignons
point d'appeler un oppidum; peut-être allait-il jusqu'au piton pro-
chain, qu'on nomme le Roc ou le Mourre de la Folle? En ce point, en
effet, on voit émerger des sables de nouveaux pans de murailles
sèches analogues.
A l'intérieur de cette enceinte, on remarque quelques galgals iso-
lés et d'énormes étendues couvertes de pierres éboulées, où des
buttes alternent avec des cavités coniques, épaves probables d'ag-
glomérations de huttes, de hameaux. Cette vaste forteresse semble
n'avoir jamais attiré d'autre attention que celle de l'érudit archi-
prêtre d'Uzès, fabbé de Laville, qui en avait remarqué quelques
parties émergeant des halliers touffus, lesquels masquent presque
la totalité des retranchements, mais il ne se doutait pas de son im-
portance.
Nous n'avons trouvé aucune relique à signaler dans son intérieur
même; il faut aller jusqu'au Roc de la Folle pour que des clairières
permettent d'en bien étudier le sol.
Au sud de cette deuxième éminence s'étend un terrain dénudé,
repeuplé en partie en pins et appelé Sablas de Peijrou, où se voient
les dernières traces de murailles signalées, qui sont appelées à dis-
paraître ensablées, d'ici peu.
E. Dumas aurait recueilli en ce point, en 188;"), de la poterie
grossière et des débris d'objets en bronze.
— 512 —
Nous avons vu dans la collection de M. Allard, professeur à Avi-
jfnon, une fil)iile brisée en bronze, de forme préromaine, qui en
provient aussi.
Nous avons é{>aleuieiil .ulniin'' cbez M. Léonce Granet, à Uoque-
uiiiiire. MOU seulenu'ul de nombreux et beaux objets de pierre ou-
vrée (|ui \ ont été recueillis, mais aussi dos morceaux de (!l)ulos à
arc en bronze et uii anneau perlé de fer ia[)i»elant des modèles
fournis par des tumulus de TEst; une flèche de fer à douille rappe-
lant celle dWlise; une fusaïole ré,<|ulière, certainement plus l'écente
<jue le néolithique; et surtout nombre de lessons de poteri(! assez
caractéristiques. Ils sont de pâle rose, no'ivo on jaune, et plusieurs
ont cette apparence rose sale des amphores de nos lombes. Un
morceau est curieusement oj-né superficiellement d'un réseau de
carrés creux réguliers, séparés par des boudins décorés de stries
obliques faites avec Tongle.
Comme autres ornemenis de celle cérami<pie, on \oitdos séries
d empreintes digitales, ou autres, sur des bourrelets et des inci-
sions obliques sur les bords, etc. Les anses, dont un échantilhm
doit avoir appartenu à une amphore, ne sont le plus souvent ([ue
des mamelons perforés ou non; bref une partie de celle céra-
mique, certainement préromaine, serait prise pour néolithi{|ue
n'étaient sa substance plus dure et sa couleur.
Friffouhl. — A l'autre extrémité de l'enceinte, au pied de la
Dent de Marcoule, non loin du Uhùne, h; sieur Basset, de Clms-
rjan, a trouvé des sépultures et des objets mis à d(;('ou\ei't par I'cm'o-
sion des eaux; ces objets consistaient en nombreux et minces bra-
celets de bronze fermés, à section rectangulaire ou semi-circulaire,
ornés de séries variées de stries incisées, normales ou obli(|ues,
ainsi qu'en morceaux de poterie, le tout disséminé pr('sent.ement
dans le musée d(î Hagnols et diverses collections, dont la nôtre.
-M. Granet possède de cet endroit huit petits bracelets, des bouts
(le libules et des tètes d'épingles en forme de cônes, sur tiges brus-
(|uement courbées d'('(piei're ou l'eli'oiissi'es (comme en ont fourni
(les stations de fKsl), et autres objets de bronze de types sem-
bhsnt iulerm('(liaires eulre ceux de làjje du bronze et les romains.
On \oi! (pie ce! oppidum ((lu'on baptiserait volontiers row/rt/c, vu
sa siliiatiou) doil reiiionter aussi aux ('po(|îies celliques.
— 513 —
RESUME.
Nous, venons de de'crire au toial seize de'couvertes faites par
nous ou par d'autres sur iesL{uelies nous avons pu rooueillir assez
de détails précis pour les dater suffisamment.
En réalilé, nos recherches hjcales se sont élenduos bien davan-
tage et nous ont fait relever d'autres objets mobiliers, voire des
monuments probablement des mêmes époques; mais ces derniers
ne nous sont pas encore apparus comme suifisaniment caracté-
risés et pour les autres nous n'avons pu reconsliluer la nature
des gisements qui les ont fournis, ni les circonstances de leurs
découvertes, ni parfois leur provenance exacte.
Nous avons consigné dans nos notes tous ceux qui nous ont paru
provenir certainement de la région du Bas-Rhône et nous croyons
devoir les faire figurer dans celte étude pour qu'elle soit aussi com-
plète que possible, mais non dans le corps même de ce mémoire
déjà trop long. Nous avons rejeté tous ces renseignements supplé-
mentaires en appendice.
Résumons donc et discutons les seules données consignées ci-
dessus qui se réfèrent, comme on voit, à onze sépultures prouvées
ou très probables et à cinq enceintes; cela nous permettra d'en
tirer des conclusions au moins- provisoires, car il serait téméraire
de demander plus à des observations encore trop peu nombreuses.
Sépultures. — Aucune des sépultures ne nous a montré la moindre
trace de corps inhumés; au contraire, toutes les fois que nous avons
pu vérifier le mode d'ensevelissement, et c'est un cas fréquent, nous
avons eu des preuves de crémation. Ces tombes ont entre elles un
réel lien de parenté et ont montré une conslance dans les disposi-
tions et la nature du mobilier qui n'échappera à aucun de ceux qui
auront suivi nos descriptions.
Le type principal semble comporter des tumulus de pierres brutes
amoncelées, dont le centre est occupé par de grossières dalles for-
mant un coffre sommairement construit.
Les trouvailles ont fourni huit fois des urnes, généralement eu
forme d'amphores et parfois irrégulièrement brisées au sommet,
comme pour en agrandir l'entrée.
Amphores. — I^e type le plus répandu des amphoies cinéraires
— 51/1 —
est à jx'ii |»i('s ct'liii (jiic nous rojjai'dons coiiiiiio roitiain du l(Mn[)s
(le la lu'[)ul)li(|uo, ol srul un oxaiiieii |iliis allciilil' poriucl de dé-
couviii' ([uclquc diverifciicc : j)oiiil(' ('paléc, sillon ciiculaiicniont
cronsé un pou au-dessous du liaul de la panse, loric rosaire, jaunie
à la surlace, dépourvue de grosses matières dégraissantes et rela-
livenient peu épaisse, peu l'ésislanle. Plusieurs fois des sépultures
ipii semblent avoir éft' doubles ont fourni deux de ces ainpbores.
Armes. — Toutes ont livié des aimes de fer : ciiw] fois au moins
('pées, boucliers et lances réunies, six fois deux de ces trois armes,
une fois une seule arme (deux fois peut-être au plus). On peut
ajouter que quand il a été permis de bien observer la tombe et
dVn recueillir le mobilier, la collection était complète.
Lances. — " y a douze (ou treize (')) fers de lance rencontrés
dans neuf (ou dix'^') sépultures. Ces armes sont de rnéme type,
en forme de feuilles allonf>ées avec des douilles se prolongeanl
dans la lame; deux exemplaires seuls ont la forme flamboyante.
Ihnbos. — Dans au moins six des sépultures on a recueilli au
moins sept^-^ umbos, dont n\\ a une figure de demi-ovoïde caréné,
les autres en forme d'omégas majuscules, (ju'on peut regarder
comme le type habituel de fépoque; il en est de grandes dimen-
sions, allant jusqu'à o m. '.^'^ de longueur et o m. \lx de largeur,
dimensions que nous n'avons encoie observées nulle part ailleurs.
Epées. — Des épées se sont rencontrées j)artoul, sauf dans un
cas; une tombe en ayant fourni deux, nos éludes ont porti; sur
onze exemplaires, sans compter un douzième trouvé près d'une
enceinte, dans des conditions que nous ignorons, mais sans doute
j'ncore dans une sépulture.
A peu près toutes ces é[)é('s semblent avoir été rougies dajis un
feu violent; les neuf échantillons ([ue nous avons pu examiner sont
plus ou moins [)loyés en arc ou en V, en S ou en quatre.
Soies. — Les soies sont en forme de prismes rectangulaires dé-
'^' En rijinplanl fclui du n" 9, Saiiil- Dioiiisy, (loiil la pfdvciianco n'osi pcul-
<"lie pas siiirisaiiimoni corlaino.
'■' Il y a, en oiilrc, celui «lntil il osl (picstidn au 11° 7, lioini' aii\ ciivinMis do
Mimes, mais dmil l'altrihiilion à 11110 ilc nos séjuiltiiros ni-sl ipic piolialik.
— 515 —
liés, saut' une aplatie. Toutes ont dû (comme deux l'ois le l'ait est
apparu manifeste) se terminer supérieurement par un pommeau
rive' et inférieurement par un chapeau de commûsaire mobile qui
maintenait la poigne'e.
Une fois, des restes importants d'une poignée de bois ont sub-
sisté et il a fallu des circonstances bien spéciales pour qu'une ma-
tière aussi putrescible ait résisté aux agents de destruction.
Toutes les soies se raccordent avec les lames par deux arcs de
eercle.
; Lames. — Quant à ces lames elles-mêmes, elles sont à bords
presque parallèles, minces et renforcées seulement d'une très légère
arête centrale, souvent peu sensible.
Pointes. — - Les pointes, non ou à peine acérées, sont généralement
paraboliques. Les armes étaient destinées à frapper de taille et, vu
leur peu d'épaisseur de o m. oo3 à o m. ooh au plus, devaient se
déformer par l'effet d'un cboc tant soit peu violent.
Dimensions. — La moyenne des largeurs maxima, mesurées au
début de la lame, est de o m. 627; celle des minima, correspon-
dant aux points oi!i les bords cessent d'être rectilignes, est d'un
peu plus de o m. 0/11.
Voici du reste un tableau indiquant les largeurs ainsi que les
longueurs des épées dont nous avons pu mesurer ou nous procurer
les dimensions.
(Les chiffres entre parenthèses concernent des épées à soies l)risées et incom-
plètes, ils n'ont pas complé pour les moyennes.)
PROVENANCES.
Saint-Siffret.
Canipagnac. .
Octroi de Beaucaire.
LONGUEURS.
SOIES.
7Z.
cent.
ik
1.3
i5
100
109
LARGEURS.
millim.
5.")
/18
MIMMUM.
millim.
ho
ho
(') J5out du fourreau vide étant iWalué à o m. o3 sur la longueur totale de i m. 12.
— 5i(;
5' =
H
()
7
7 bis
8
9
10
12
PROVEN.WCES.
LONGUEURS.
LARGEURS.
LAMES.
SOIES.
TOTALES.
MAXIMIM.
MINIMUM.
ComjilaiiitM
Pisseviii 1"
Pisseviii a' ■
(lalvisson
Saiiit-Dionisy
ceiil.
7/.
85
85
8'-.
78
80
80
l'Ont.
(10)
16
(^)
17
1^1
.eiil.
86
(;)^>)
100
(80)
"97
iiiillini.
5o
/i5
a
53
5o
55
05
millim.
35
/lO
//
/i5
A3
/i5
//
Ponl-Ainbrois
ToTAlX. . . .
MOVKNNES
83^
101
087
h:ii
rî88
83,/i
16/1
98,'!
53,8
/n,!
JIoïBXSB DES LONGUEURS : Laiiies (lo (jpées), 83'i Qiilliniiities. — Soies (7 ép;'os), ii4""",4. —
Tolales(7 t'iicSes). 981""", 4. — Épéo la plus longue, i m. oy. — Kpre la pliiscourte, 0 m. 86.
On voit donc que ces épe'es sont Ibit grandes, bien plus que les
semblables à nous connues, renconlreos dans d'autres pays, ainsi
que semble le piouver le i-elevé ci-dessous des dimensions dont
nous avons les éb'inenls sous la main :
RKC.IO.NS.
LONGUI
LAMES.
:tJRS MOY
SOIES.
E.^^ES.
TOTALES.
N 0 M B n E
D'EXEMl'LUnES.
KÉFÉHENCES.
ceut.
oenl.
cent.
La Tènc. . .
7^'
1/1
88
très nombreuses.
G ross ( Oppidum de La
Tène).
\ . r.ociiol ( Tcmhfau de
a<WfnV,n°68(").
Quicheral ( Armes d'A-
lise, i8ii5).
Xormaiulie .
Aliso
78
1;?
9"
5(?)
Il
77
Clier
1 1
1 1
77
h l'jx'os.
Mémoires de lu Société
des «iitiijuaires du
Centre, pi. 111, IV
ol XIII (sépultures
de Dun-le-Hoy et
(le Maubranchc),
dard
S 3, 4
1 /l,/|
98/1 A
1 0 ('|)<''(>S.
(7 pour le '.)lal.)
Présent mémoire.
'1 Les /'pëes
que nous uvods utilisées ici sont
lûcritcs comme franq
les , mais nous semblent
bien (;auloi«Mi
iar Iriirs formes.
— 517 —
Fourreaux. — La {dupart dos fourreaux oui été reirouvés, mais
par morcoaiix. Ils étaient constitués par de minces lames de [o\e
légèrement incurvées on gouttières et réunies par des ouiiots mé-
talliques, que consolident deux fois de courts tenons, et une fois
une traverse.
Sept fois la boucle ou bolière porte-crochets a été consei'vée;
deux fois elle était fixée sur une tige assez épaisse à section bombée
et à plan en foinie de cuiller.
On a retrouvé également des crochets de baudrier en forme de
porte-mousqueton ou autre (^l
Couteaux. — Deux fois seulement il a été recueilli des couteaux
ou coutelas bien marnions de forme. Ils n'ont pas de soie à ri\ets,
mais le manche en fer; Tun de ces manches débute par un anneau
flxe.
Divers. — Des perles de verre coloré ont été constatées dans un
cas et des amulettes dans deux au moins. Ces petits objets ne
peuvent être du reste reirouvés que lorsque la fouille est conduite
avec soin et la terre tamisée. Une seule fois, on a ramassé des
monnaies qui étaient préromaines : on peut faire la même remarque
sur ce genre de reliques.
Fibules et bracelets. — On n'a recueilli de même que deux fois
bien constatées une fibule et une seule fois des bracelets en ar-
gent, aucun en bronze et pas le moindre torque.
Poteries. — La céramique usuelle, en ny comprenant pas les
grandes urnes et amphores cinéraires, se compose de cruches et
d'ollae en terre peu foncée, de coupes, souvent avec des anses, et
de plats à engobe noirâtre lissée; une seule fois, une petite lampe
en terre s'est rencontrée : elle est en même pâte que les am-
phores.
Cette céramique ne rappelle guère celle trouvée dans les autres
^*) Il n'a été retrouvé qu'une fois bien autlienliquenient une chaîne haudriei';
elle était en bronze et brisée, mais c'est clans une enceinte, à Nages.
Une entière et fort belle a été trouvée à Mimes, mais nous n'avons pas la preuve
qu'elle provienne d'une de nos sépultures (ancienne collection Canongo, à Mimes),
(|uoique ce soil probable. Lue autre entière peu! en provenir é^faleniciil (Maison
Carrée).
— 518 —
nécropoles jfauloises, saul [(ciiL-ùlrc p(uir qiicl(|iics ])elilcs pièces.
Les jiiiscs iloiibles, très rares ailleurs, eembleni ici assez Iré-
([iieiilcs pour les coupes. La jiluparL de ces vases auraient plulol
la loriiie des types yrt'co-roniains, mais leur pàt(! est dordi-
naire |)lus claire, plus tendre, moins bien cuite. Les galbes sont
larciucnt (degants.
ENCEINTES FORTIFIÉES.
Parmi les enceintes du Gard, à peu près toutes inconnues, dont
nous sommes en Irain de tenter une étude un peu généi'ale, nous
n'en avons retenu ici que cin(j. En eiïet, si beaucoup ont fourni
une poterie qui nous semble contem[)oraine des sépultures décrites,
celte nature de reliques ne nous a pas semblé susceptible à elle seule
de les caractériser suffisamment. Mais les enceintes que nous avons
ainsi triées ont fourni, non seulement des débris de semblables po-
teries, mais des objets en fer ou en bronze caractéristiques de la
civilisation marnienne, et même une fois au moins de celle qui l'a
pi'écédée.
Trois d'entre elles (n"' la , i3 et i4) ont seules donné des armes
en métal (^', quatre des fibules; celles-ci sont à ressort double spi-
rale (({uelquefois allongé, presque en arbalète, comme à Nages),
avec des tiges en arc aplati, (jue terminent dans un écliantillon
d'élégants plateaux discoïdes convexes, destinés à recevoir des ma-
tières ornementales; une seub; parmi ces libules trancbe par son
ressort simple , son gros arc transversalement cannelé, son agrafe
('' N° la (Ponl-Ambrois), épée do fer ol lance; n" i3 (Nages), cliahies do bau-
driers; n°i^i (Vié-Cioulat), a casques.
M. Granet, à Roquemaure, nous a bien uionlré une épée de fer 1res poinlue,
à un seul trancbant et avec une soie plaie perforée de trous de rivets alignés qu'il
a récoltée dans l'eiiceinlc du Camp de César do baiidun (n°i.5): nous ne savons
au juste à quelle époque l'atlribuer, mais sHn-mcnt elle n'i'sl ni gauloise ni mémo
romaine, et doit remonter tout au ])lus au moyen à'je, quoique sa forme nous
semble assez diflicile à classer.
iNous ne parlons pas des haches en pierre polie ramassées dans plusieurs de ces
enceintes (Lafoux, n" lo; Camp de César, n°i5; Nages, n' i3), car elles ne nous
apprennent ici riciu de bien net; on en rencontre, en efTet, non seulement dans
des milieux néolilhiques, mais souvent dans de plus récents, mêlées à des instru-
ments de nielal dont elles oui dû èlre souveiil bvs compagnes entre les mains des
ancir-nne?, pdpu lai ions.
— 519 —
serpenlilorine et son large (lis(|uc aphili : elle esl de type liallslat-
ticn el rappelle les fibules italiques.
La |)olerie recueillie n est plus ne'olitliique et n'a pas encore les
caractères, au moins tous les caractères de la céramique romaine.
Une seule enceinte a fourni des casques.
Du reste, il est bon de taire une remarque générale, c'est que,
sauf pour Nages, on n'a pratiqué de véritables fouilles dans aucune :
ce qui explique la pauvreté du mobilier qu'on y a recueilli jusqu'ici.
CONCLUSION.
Le rapprochement s'impose entre ces épées, ces umbos, ces cou-
teaux, ces fibules, et ceux découverts dans le Nord et l'Est, en Cham-
pagne, etc.
Mais si la comparaison nous conduit à conclure à la contempo-
ranéité relative des objets et aussi à la parenté des populations qui
les ont laissés, on ne peut les attribuer absolument aux mêmes
époques et au même peuple; il se manifeste, en effet, dans les
deux industries des divergences de détail trop constantes pour ne
pas mériter quelque attention.
Dans le département de la Marne, ce centre si riche que les
archéologues français appellent marnienne l'époque que caractérise le
mobilier funéraire trouvé dans les tombes de ce pays, les inciné-
rations sont tout à fait l'exception : pas d'urnes cinéraires, mais des
corps sous le sol, qu'aucun tumulus ne décèle généralement à fexté-
rieur.
C'est tout au plus si quelques-unes de ces tombes, tout à fait
exceptionnelles, portent la marque de la crémation'^).
On a trouvé dans les cimetières du Nord quelques sépultures h
char; mais dans toutes les autres presque exclusivement des objets
de parure, des torques, des bracelets et très peu d'armes relative-
ment.
Dans notre Gallia braccata, aucune trace de chars, pas de torques
^'> Comme celle de Sainl-Audebert (Aisne), qui a fourni des amphores à
M. Fréd. Moreau {Album Carnnda) \ celle de Sainl-Élienne-dii- Temple (Marne);
celles de l'Eslette, près Rouen (Cochet). . .
fl on [»('ul dire pas do l)iac('lcls mariiiens ''*, mais, au cdiiliaire,
loiilcs les séjmlluios y ont lourni dos armes.
Les épe'es se dislii)[(ii('iil par leur };iand(' l()n|;uem\ pïiis(nie plus
(le ")(> p. loo de celles qui y ont été trouvées entières atteiijnenl
ou dépassent i nièlre.
.\os loniTeanx ne semblent point avoir été pourvus, autant (juc
leur état de dégradation permet de juger, de ces multiples tringles
transversales de renfort, rencontrées si souvent ailleurs. Aucun ne
semble s'élre terminé en têtes de vipère plus ou moins ajourées,
ou munies de tiges détachées; toutes nos bouterolles sont, au con-
traire, adhérentes et fort simples, épousant la l'orme de la pointe.
Les épées, comme du reste les autres armes de fer, ont été, par
suite d'un rite passant pour rare eu Fiance, rougiesau l'eu el |)loyées
ou tordues de manière à en diminuer les longueurs et à les mettre
hors d'usage, comme si on avait voulu qu'elles ne survécussent pas
îi leur maître.
Outre les amphores et grandes urnes cinéraires assez typi<|ues,
nos tombes ont livré des échantillons de poteries usuelles (jui ne
rappellent pas ou bien peu les types marniens et semblent plutôt
avoir été influencés par des modèles romains ou grecs.
Ici pas de galbes à contours si l)rus(|uement anguleux, absence à
peu près complète de ces ornements géométriques, fréquents dans
le Xord : losanges, clievrons ou méandres.
Seuls, les plus petits vases les rappelleraient j)eut-ètre davantage
en raison de leur engobe noirâtre et quelque peu aussi par leurs
formes.
Si donc nous n'avions eu à notre service? que de la poterie pour
dater nos sépultures et enceintes, nous les eussions probablement
classées comme gallo-romaines, au moins à première vue, bien que
la seule poterie bien réellement typi(jue, la samienne ou lustrée
coubuir corail, man(|ue absolument : du reste, nous avons vu tou-
jours classer cette céramique comme romaine dans les musées et
collections du pa]^s.
Faut-il en conclure que, maigri; la piésence d'objets en métal
si caractéristiques, nos sépultures, nos enceintes sont postérieures
'' On ii'iîii a sigiiali- que iI(mi\ en ar;j('iil <laiis les IoiiiIh's, ii" 0. (]cu\ re-
cnt.'iiliN dans on [iiès des euceinlfs, ou isoli-niful aiiiuuis, soni plulùl de types de
récolo prt'fédente.
— 521 —
à la conquête? Sommes-nous en pre'sence des restes de vaincu»
qui auraient adopte' seulement une partie de l'industrie et des
usages de leurs conque'rants, ontie autres le mode de Tincinéralion,
ainsi que leurs amphores et leur poterie courante, tout en conser-
vant intacts les modèles de leui's galgals ancestraux et de leurs
armes personnelles?
Rien ne semble tout d'abord contrecarier celle explication.
Les Arécomiques de la cite' de Nimes n'ont pas été conquis après
lutte comme les autres peuples de la Gaule ; ils se sont soumis à la
République romaine, qui les a traités en amis, en alliés et, comme
plus lard les premiers empereurs, leur laissa une certaine indé-
pendance, leurs lois, leurs coutumes, leurs croyances : aussi on a
remarqué que celte cité, bien que devenue de bonne heure pro-
vince consulaire, resta plus longtemps gauloise en conservant de
nombreux caractères de sa nationalité, tout en s'initiant graduelle-
ment aux arts romains.
Nos sépultures pourraient donc, à la rigueur, remonter à cette
période de transition pendant laquelle les pays du Bas Rhône por-
taient déjà le nom de province romaine, mais pas encore celui de
Narbonnaise, qui lui fut attribué quand le reste de la Gaule cessa
d'être indépendant.
Mais cette première explication semble assez difficilement conci-
liable avec la présence d'armes indigènes dans nos monuments,
d'armes n'ayant rien emprunté aux Romains. Si ces défunts avaient
été de simples auxiliaires, ne devrait-on pas les trouver en com-
pagnie d'épées, de boucliers rappelant davantage ceux des légions?
Quand un peuple en a conquis un autre, même pacifiquement,
son premier soin est ordinairement de le désarmer : que s'il y re-
crute des auxiliaires, il les munit de ses propres armes, qu'il re-
garde comme d'autant meilleures qu'elles ont triomphé des autres.
Il paraîtrait peut-être plus logique d'admettre que ces tombes,
ces forteresses, ont précédé de peu la conquête et datent du ii*' siècle
avant J.-C. ; qu'elles seraient l'œuvre de populations indigènes qui
ont dû, plus que leurs compatriotes moins rapprochés de l'Ilalie
et de l'Espagne, subir l'influence du voisinage de la grande répu-
blique, comme ils subissaient davantage aussi celle de Marseille.
Au Beuvray, le vieux Bibracte des Eduens (peuple plus tôt ro-
nianisé à cause de ses relations pacifiques avec l'Italie), on a con-
staté des laits analogues : une population encore gauloise, mais
AfiCHtOLOblE. 3/1
522
indiisIriolIcnuMit iiioiiis pure, conimo ayant, boaucoup cnipiuiilu aux
Romains. M. Hiilliol ny a-l-U [)as roconuii claircnicnl cet élal de
choses el enlic autres (|ue les sépultures, bien gauloises, compor-
taient à la lois (les restes incinérés el des amphores, comme dans
noire midi?
(le uest pas à tort que M. de Mortiilet, qui fait volontiers des
classilications qu'il base sur l'étude des mobiliers et baptise de
iu)ms de localités typi([ues, a proposé de créer une époque avec
cette étape spéciale dans révolution industrielle, intermédiaire
entix3 ses époques marnienne et lugdunienne (ou gallo-romaine an-
ciennes^').
Ce serait sans doute à cette épo([ue breuvraysiomc , ou au moins
à ce degré de civilisation de transformation pour la région qui de-
vait bientôt être la Proohice, que se rapporteraient la plupart des
découvertes signalées : elles remonteraient à la lin du pratohisio-
rique.
Ou a déjà remar([ué ({ue les poteries fournies par les oppidums
de presque toute la France (nous entendons ceux incontestablement
gaulois et caractérisés nettement par le triple emploi de la pierre,
de la terre et de pièces de bois, réunis par des brochettes de fer
dans la muraille) semblent, en général, plus récentes que celles
des tombes des mêmes régions ; on est conduit à admettre que ces
oppidums ont précédé d'assez peu la conquête qui devait les laisser
sans raison d'être.
Nous croyons que la plupart des enceintes releve'es par nous
dans le Gard peuvent bien en être contemporaines.
Si on n'y a constaté nulle part le caractère si net, qui seul
puisse permettre une assimilation com|)lète, cela doit moins tenir
à des différences d'habitudes qu'à ce que les matériaux locaux ne
se |)rètaieut, à ces époques lointaines pas plus qu'aujourd'hui, à
ces constructions spéciales et compliquées.
Quoi qu'on en ait dit, notre conviction est que, du temps où les
Arécomiques foulaient encore en hommes libres le sol du Lan-
guedoc, ringratii surface des hauteurs, toujoiM's choisies par eux
pour recevoii- leurs travaux de déiénse, n'offrait guèn; plus de terre
(pracluellcmenl , ni la conhvM' plus de grands bois de construction.
Km it'vanclic. bi nature loiirnissail sponlanémeni , sur les crêtes
''' L'rlal (lu hvohzc an (Àiucase.
— bn —
abruptes qui couronnent ces masses calcaires, non seuiemeni; une
grande partie de la ligne d'obstacle elle-même, mais avec profu-
sion de bons moellons de formes immédiatement utilisables pour
les défenses aHifîcielles. Les constructeurs obviaient aux désavan-
tages que présentent les murs en pierres sèches pour résister aux
chocs du bélier, d'abord en employant d'énormes blocs allongés et
parfois aussi en construisant deux murailles juxtaposées absolu-
ment distinctes, disposition que nous avons constatée plusieurs fois
et qui ne s'explique guère que de cette manière.
Ainsi la presque totalité des découvertes signab'es remonterait
vraisemblablement à l'époque beuvraysienne, ou si l'on aime mieux
à Yétat beiwraysien , comme dirait M. J. de Morgan (^), et seraient des
souvenirs laissés aux générations actuelles par les batailleuses po-
pulations Yolkes du n" siècle avant notre ère.
Mais ces considérations sont oiseuses et notre très modeste savoir
nous oblige à limiter notre rôle à la recherche, à l'observation et
au groupement de renseignements que nous pensons pouvoir être
utiles aux érudits.
Nous espérons néanmoins que nos longues descriptions, trop
arides pour être lues, pourront être consultées avec fruit par quel-
ques-uns de ces derniers. Nous ne pouvons en dire que deux choses :
c'est d'abord qu'elles ont la prétention d'être honnêtes et que les
erreurs qui ont dû s'y glisser ne témoignent que de notre incom-
pétence et de l'insufEsance des données que nous avons pu recueil-
lir; c'est en outre que ces descriptions portent uniquement, sauf
dans deux cas'-), sur des objets que nous avons vus et personnelle-
ment maniés.
'') Bulletin de la Société d' anthropologie , 189^-1895.
'^) Les épées et lances du Pont-Biais de Mmes (n" 5) et de renceinle du I^ont-
Ambrois (n" 12).
3/1
— 52/1 —
APPEADICE.
OI'JI'TS JSOLKS DES KPOQLIÎS CKLTIQliKS.
Oiilic los (ihjcis icnconlit's jjroiijx'.s par Iroiivaillc cl drcrils dans
celle eliide, nous eu avons lelcvé d'aulies piovenanl de la même
re'{jioii cl (|ui nous ont scml)lé a\oir semblable orijjlne ou remonler
aux mêmes c|)0(|ucs; nous allons en signaler (|uelques-uns comme
complément de notre tiavail.
MLSKE I)K LA MVISON CMU'.KK, À MMES.
Oulrc les objets provenant aulbcntiquemcnt de sc'pullures mac-
jiicnncs ou d\)j)pidums, une vitrine plate contient, entre autres,
les objets suivants, qu'on nous a dit provenir des environs de
Nimes'^); ils ont ëte' offerts par M. Blanc, curé.
Bracelets de bronze, ronds, de o m. lo de diamètre, stiics ou
lisses, à extrémités simplement lapprochées, d'autres cre'nelés ou
bien perlés cxtcrieurement; l'un d'eux n'est qu'une suite de perles
en l'orme d'olives alternant avec d'autres petites hémisphériques.
Longue chaîne-baudrier de bronze, bien entière, rappelant les
beaux types de la Marne.
Une autre idenli([ue est sijjnalée par Flouest comme trouvée aux
environs imm(''dials de Ximes dans une sépulture. Serait-ce une des
sépullui'cs que nous avons dé.-rites, dont les objets mobiliers en fer
ornent la Maison (larrée? C'est fort probable. Elle était en 1870
dans ia collcclion de M. Canonges, en compagnie d'une amulette
triangulaire trouvi-c également à Ninn»s et semblable à celle de
\ages et des Baux, ^()us n'avons pu savoir ce qu'est devenue cette
collection depuis la mort de son propriétaire'"^'.
Le musée de la Maison Carrée |)Ossède aussi une belle et longue
fibule triangulaire à ressort double et porle-agrafe j)rolongé, élé-
gamment ajouré, dont la [)rovenance n'es! j)as in(li(piée, mais <|u"(m
croit locale.
"' 0|nniuii ()<' Ifii \l. ilstèvc, prccédonl. citnscrvateur du Musée.
**' Au MusiMj cil' \;ir!iimii<^ nous ir.'Huns retihir(|wr^ ([iic les pièces rériiniiijucs
(II- fctle coliccliuii.
— 525 —
Ce type, qui se rapproche de certains classes parfois comme ro-
mains, rappelle encore davantage des exemplaires Irouve's à Alise
ou dans le tiimulus de la Tour de Saxy('> (Doubs) et aussi plusieurs
autres en fer des sépultures oauloises à char d'Armeutières et de
Saint-Audebert (collection Caranda) ou des enceintes du Beuvray,
de Saint-Pierre-la-Châtre, etc.
MUSÉE DE BAGNOLS-SUR-CÈZE (gaRd),
Ce muse'e, forme' par les soins de feu M. Léon Allègre, avec des
objets à peu près uniquement recueillis dans la contrée, renferme,
entre autres, des gaines de fibules à prolongements coudés d'équerre
et terminés par des boutons coniques; une fibule entière du type
de la Tène; une autre à arc ressort en spirale ("-'.
Un lot d'objets réunis trouvés au Mas-de-Favre près Bagnols en
1868, et composé de douze minces bracelets ronds et fermés, de
formes semblables, mais variés quant aux fins ornements qui déco-
rent leurs pourtours externes (groupes d'incisions, dents de loup ha-
churées, etc.), comprend également une calotte hémisphérique en
bronze mince, ornée d'un rang de mamelons repoussés, qui peut,
comme les précédents objets, être d'un type hallstattien (n" 671).
MUSÉE CALVET, À AVIGNON.
Un grand nombre d'objets en bronze et en fer ballstattiens ou
marniens se voient dans ce musée, mais généralement sans indica-
tion précise de provenance. Beaucoup sont inscrits comme achetés,
il y a en moyenne une vingtaine d'années, à un marchand (jui
battait le département de Vaucluse et les limitrophes en y fai-
sant d'amples récoltes; plusieurs de ces objets, torques, bracelets,
fibules à arc ou plateau, etc., sont fort beaux, mais leur état civil
est trop peu net pour qu'ils méritent autre chose qu'une simple
mention en bloc.
Le catalogue, peu aisé à consulter, nous a permis, non sans
^'' Musée de Besançon.
'^' Nous avons appris récemment de la bouclie même de M"" Garidel-Aliègre .
fille du fondateur du Musée, et vérifié dans des notes qu'elles nous a communi-
quées, que ces fibules uiarniennes proviennent du Camp de César.
— 52(> —
[teiiio, do trouver les provenances de plusieurs autres (|ue nous cite-
rons par couiniuues :
Apt. — Anneau de veiTC bleu, etc.
Aviipioii. — Vnueau de verre l)leu, etc.
Bunu.r. — Biacelets et j)endelo(]ues de bronze.
Carpmiras. — Deux llbules de bron/e.
.louquieres. — Belle épée à cran et soie plaie en bronze avec sa
bouteroUe à lon<jnics ailes liori/.ontales présenlant. o ni. r>35 d'ecar-
lement. Ce modèle, qu'on peut rapporter à Te'poque de [lallslati,
ne li'iure ([u'à réial de moula^je au musée, mais Torij^inal est dans
la coll(>('tion Morel en (iliampagne (''.
, Menerhe. — Pendeloque triangulaire de bronze à belière ornée
de cercles concentriques.
Mnndra^on. — Bracelets d'apparence hallstattienne, lancé en fer
à douille en lornie de feuille et brisée à la pointe (n" /iG8 C), de
0 m. 20 de largeur, dont o m. 07 de douille, recueillie à iMondra-
gon près de l'endroit où lut découverte la célèbre statue du Gaulois
au bouclier et au paludamentuni du même Musée (ïalvet.
A côté, dans la vitrine, se trouve un autre objet de fer (A 68 A)
qui, tout porte à le croire, provient de la même trouvaille; c'est un
coutelas courbe de o m. 33 de longueur, dont o m. 12 constituent
un manche terminé en anneau de 0 m. o3 d'ouverture, comme
celui décrit ci-dessus au n° 8 et trouvé à Galvison dans une sépul-
ture incontestablement gauloise.
Mornns. — Fibule privée de son aiguille , avec traces d'émail.
Orange. — Anneau de verre bleu et quelques autres objets d'ap-
parence préromaine.
Sainte-Cécile. — Les armes bien marnicnnes, désignées sur les
étiquettes comme trouvées à Laloux ((lard) et décrites au n" 10,
proviennent peut-être de Sainte-( décile.
Vaisnn. — Grosse fibule à panse iMMillée moulurée, trois croc liets
niarnicns, don! deux très minces; nn torcpic terminé aux deux bouts
par des enroulenicnis. Bracelet à crocliet-fermoir comme en ont sou-
v(!nt les torques et proveruiut d une sépulture.
''' Voir (lunjrrrs (trchéoliifr'ujue de France en 1S82.
— 527 —
COLLECTION ROUSSET, A UZES.
Visan. — Rasoir double à lame demi-circulaire en bronze de type
ballstattien.
MUSÉE D'ARLES.
Nous n'y avons vu de niarnien qu'une fibule de bronze à ressort
en spirale et dont la tige aplatie porte quatre cannelures; on la
croit des environs d'Arles.
COLLECTION E. DUMAS, À SOMMIERES (gaRd).
Bracelets minces en bronze, identiques à ceux trouvés près Ba-
gnois et Chusclan, et ornés également de traits, de chevrons gra-
vés, etc. Ils proviennent de la plaine de la Cadouillère, à Barron
près Uzès.
Fibule de bronze de forme celtique, à arc aplati, orné d'une
paire de nervures saillantes à ressort double boudin et à petit dis-
que traversé. — Elle provient du Jonffe, hauteur dominant le vieux
village de Montmirat (canton de Saint-Mamert), où a pu exister
une vieille enceinte et où se montrent de très vieux tessons de po-
terie.
'TUMULUS.
COLLECTION CAZALIS DE FONDOUCE, À MONTPELLIER.
Nous y avons vu des objets que leur propriétaire a trouvés dans
des tumulus près du Vigan, entre autres un poignard de fer à an-
tennes de o m. 87 de longueur, un rasoir en arc de cercle et une
calotte hémisphérique de bronze ornée de perles repoussées et
toute perforée de petits trous à la périphérie.
COLLECTION GAIIOUS , À LA SALLE (gARd).
Nous avons pu examiner chez M. Lombard-Dumas une épée du
même type et plus intéressante encore.
Elle a o m. 60 de longueur; sa poignée, terminée par deux an-
tennes divergentes et renflée en boule au milieu, embrasse une
— 5-28 —
lame (U' Ici' à iiciviiic ccnliiili' sauct'o avec du hronzc, <[ui osl en
parlio dôtaclu! par ('cailk'S.
D'après M. Loinbard-Durnas, (|iii a hiPii \(»iilii mous donner ces
rensoignoments avoc hcaucouj) d'aulrcs, colle arrue a éli' trouve'e
veis 1880 avec un bracelol de IVr ovale ouvert et orne' de pro-
fondes stries transveisales, près de la {jare de Saint-Hippolytc-du-
Fort. très prol)ablenu'nl dans un luniulus, par M. Durand, de (|ui
la tient M. le pasteur (lahous.
Les tuuudus proprement dits, j'entends les buttes funéraires ar-
tificielles qui n'ont rien de commun avec les éminences de pierre
qui accompagnent ou ont accompagne tous les nombreux dolmens
du Gaid, sont rares dans ces pays.
Dans un intéressant relevé des monuments nu^galitlii(jues du
(iard''*, M. Lombard-Dumas n'en cite cju'un très petit nond^re, tous
cantonnés dans la région montagneuse du Vigan.
Comme ceux cités plus liant, ils semblent appartenir à la période
de llallstatt et contiennent des sé|>ultures par inbnmation; plusieurs
sont, du reste, encore à fouiller.
Nous ne parlerons pas de deux groupes de tuimdus, les seuls
situés en dehors de cette région montagneuse, à Caivisson près
Nimes (2) et à Cavillargues près Uzès'-^^, parce que leurs mobiliers
étaient franclienient néoliliru|ues, bien qu'aucun dolmen ne les ait
accompagnés; les sépultures [)résentaient ce caractère aussi tranché
(|u'exceptionnel d'être des incinérations, ce qui les différencie de
celles des dolmens comme des ballstattiennes, et même de celles
fie l'époque du bronze dans la contré»; (|iii nous intéi-esse'''.
ENCEINTES.
Nos recherches, encore inconq)lèles, nous ouf lait découvi'ir ou
' Méttwire.i de l'Académie de l\imes, iHi)/|.
'•^^ D' Marignan, Tnimilus de CalvisBOu {AssucKtllcii Jinucdisp iioiir l'uvauaniient
des sciences, Con^jrès de Marseille, 1891).
•'' J. (le Saiiil-Venaiil , Tuiniilus iié(ilillii(jiivn pur iiicinn-iilioii , pri'x L'zès [Mé-
moirc» de l'Acadi'itiie de \wies , i.S()'i). (le sciiit li's seules l'ois qu'il nous a ('■lé donné
de rencontrer un nioliilicr de réj)0(|ue pur de la piern- polif accoinpajjnanl des
cendres de défntils déposées dans des vas(>s.
'■'" Les sfndcs que nous connaissions de celte époque ont été éludii-cs par noiis
fl sonl cnrofc inédites,
— 529 —
au moins relever plus de vingt anciennes enceintes dans le Gard,
entre le Rhône et les Cévennes. Ces enceintes, assez varie'es de Tonne
et d'étendue, présentent comme caractères communs d'èlre limitées
par des murailles en pierres brutes ou à peine di'grossies, super-
posées et assemblées sans mortier, et d'occuper toujours des hau-
teurs naturelles plus ou moins isolées. Ces murailles artificielles,
d'apparence ge'néralement cyclope'enne, ne font que comple'ler l'œuvre
de la nature et continuent des escarpements rocheux infranchis-
sables, en renforçant les points faibles, les cols, les isthmes.
Les tracés sont des courbes irrégulières, plus souvent des poly-
gones épousant à pou près les contours des plateaux. Des murailles
doubles accolées et complètement distinctes s'y sont montrées par-
fois, comme on en a signalé déjà à Murviel et à \ages.
Si nous mentionnons ici ce genre d'antiquités languedociennes ,
que nous comptons étudier spécialement un jour, c'est que la plu-
pari nous semblent dater des mêmes périodes préromaines qui ont
inspiré ce mémoire.
Nous en avons déjà cité cinq qui ont fourni des objets en métal de
formes marniennes ou au moins hallstattiennes; la plupart des
autres ont montré sur leurs plates-formes ou dans leurs murailles
des débris de poteries préromaines, quelques-unes même des mon-
naies gauloises.
Nous citerons sommairement les suivantes, en indiquant les sur-
faces occupées par celles dont nous avons déjà levé les plans.
A. Enceintes ayant fourni des débris d'anciennes poteries d'ap-
parence néolithique ou de l'époque du bronze :
1. Paradas du Clustre, à Collias (i hect. 83).
2. Goutte-Frache , à Bouquet (i hect. 6o).
3. Forêt de Saint-Laurent de Carnols (o hect. 2 5).
à. Bosquet d'Auzigue, à Cavillargues (i hecL lo).
B. Enceintes ayant fourni des poteries d'apparence gauloise se
rapprochant de celles citées dans ce travail et que le mélange avec
des objets métalliques nous a permis de dater :
1. Paradas Ray monde, à Sanilhac (a hect. 8i).
2. Forêt d' Euzet-les-Bains (5 hectares).
3. Dame de Bmeys, commune d'Aygalliers (o hect. 88).
A. Castel-Viel de Russan, commune de Sainte-Anastasie.
— 530 —
(li'llc dcniièi^', sitiioc dans la iikmhc comimino que Campagnac,
qui nous a fourni l'intéressante sépullure gauloise décrito au n" 3,
a livn' aussi uno pendeloque de bronze à belière et de nombreuses
nu'dailles préroinaines '^).
Le voisinage de ia petite enceinte de Castel de la Fontaine-anx-
Loupn (o hect. 80) près Bagnols, a fourni à M. (Iranet des frag-
ments de minces bracelets de bronze et fer el aussi, croyons-nous,
un morceau de fibule à arc.
Jusqu'ici, quatorze de nos enceintes ont donc livré de vieux restes
et, dans ce nombre, au moins dix seinbleul avoir servi à des po|)ula-
tions celtiques. Plusieurs renfermcînl des buttes de pierre, dont un
certain nombre peuvent bien ne représenter que des huttes effon-
drées; il y aurait lieu de les fouiller.
Dans tout ce travail, nous n'avons pas séparé des objets franche-
ment marniens ceux présentant plutôt des caractères hallstattiens;
c'est parce que d'abord ces deux industries se rapportent à des
épo(jues relativement voisines et sans doute aussi à des po})ulations
])eu différentes; et puis certains types ne sont pas toujours si tran-
chés (|u'on puisse avec certitude les attribuer à telle ou telle sul)-
(livislon.
La civilisation franchement hallstattienne paraît, du reste, fort
peu représentée dans le Gard, et ses reliques les plus typiques,
comme les armes à antennes, les rasoirs. . . semblent cantonnées
dans la région montagneuse du Vigan, comme on l'a remarqué plus
haut; or nous n'avons entendu parler d'aucune découverte mar-
nienne qui aurait été faite dans cette même région, et pourtant
nous y connaissons de vrais chercheurs auxquels rien d'important
n'a dû échapper.
A première vue, tout semblerait donc s'être passé comme si les
Arécomiques de la plaine, fixés sur les routes d'Italie en F^spagne
el sidjissant davantage la double iniluencc? de Home et de Mar-
seille, avaient eu une industrie plus modernisée que leurs frères de
la montagne, habitant des conti'ées éloignées des grands passages
commerciaux ou autres, contrées ingrates et sans attrait pour l'é-
tranger.
"' Itoclioiin, Uullelin de la Sorirté xciiuiti/iqua el lillrrain; d'Alais, l. XI, 1S79,
p. 2'j8; tri's nomlireuses momiiiios aulonoiiios (K; Niiues, <Jos AnîcoiiiiqiH's ou
grecques de Marseille.
— 531 -
Mais, poiii' ([lie cette remarque piU être moins hypothétique, il
nous faudrait être moins pauvres en renseignements sur cette région
occiflentale rlu Gard. Dans l'état actuel des découvertes, on ne peut
nier pourtant que les restes quon y exhume rappellent plus (jiie
ceux des plaines la région du Gers si hien étudiée par le général
Pothier, avec le nom duquel nous avons commencé ce tra\ail et
que nous sommes heureux d'inscrire de nouveau en le terminant.
J. DE Saint-Venant.
DÉCOUVERTES GALLO-ROMAÏNES
À LARCHANT (SEINE-ET-MARNE).
(Cominiinicatioii de M. Kiijfèiie Tlioison.)
tfLaichant, dit VAlmauach de Sens''^\ osi un bourg 1res ancien,
dont la tradition du pays (ait remonter l'origino jusqu'au iT siècle»
On s'est longtemps contente' de cette tradition sans chercher à la
vérifier, et, le premier peut-être, nous avons montré dans notre
Saint Mathurin^'-^ qu'elle devait être fondée. Elle vient de recevoir,
de[)nis quelques anne'es, une conlirmation éclatante d'une se'rie
de petites découvertes, dont je voudrais indiquer au moins les ré-
sultats au Comité,
On est même aujourd'hui, contrairement à ce qui arrive le plus
souvent, porté à trouver cette tradition trop modeste et à reculer
d'un siècle l'origine de Larchant, en tant <|ue centre de popula-
tion.
Je passerai sur les haches de pierre ([ue, les connaissant main-
tenant, on ramasse un |)eu ])art()ut dans la plaine (|ui domine le
bourg; je ne nrarièletai pas davanta{;e au squelette trouvé, en
mais i(S8i, dans la fouille d'une cave, au centre du village : couché
sur une grande dalle de grès, il portail au bras et au poignet des
bracelets de bronze, dont l'un fondu autour d'une tige de fer et
dont je n'ai pu malheureusement recueillir que des fragments.
Au mois d'avril 1896, des terrassements exécutés dans une mai-
son voisme de la première mettaient au jour plusieurs squelettes
accompagnés chacun, vers les pieds, d'un vase de terre cuite. Le
plus caractéristique et le seul conijdel de ces vases est un petit b(d
'■' Almauach de Sens /lour i ySô, p;ijjos :>,« el siiiv.
W Un volume in-8", Paris, iHHH.
— 533 —
de moins de i3 centimètres de diamètre intérieur, en terre louge
improprement dite samienne. li porte sur la panse trois rangées
d'ornements géométriques varie's et alternés. Son origine gallo-
romaine ne peut faire doute.
J'arrive au plus intéressant et plus probant ensemble de trou-
vailles. Il a été fait, et se poursuit, dans un canton bien délimité
situé au nord de l'agglomération, à droite du chemin de Larchant
à Fontainebleau par Recioses, et dit la Haie-Fleurion ou la Croix
(toi: Il est impossible d'y remuer la teri-e sans y ramasser en abon-
dance des fragments de poterie et même d'assez nombreuses mon-
naies impériales romaines. Toutes celles que j'ai examinées sont
des bronzes, d'ailleurs communs, s'e'cbelonnant du f au iv'' siècle;
Constantin et ses successeurs immédiats y dominent.
Encouragé par ces trouvailles et guidé par certaines défaillances
ou certaines exagérations de végétation, un des propriétaires du
canton, M. Billard, entreprit des sondages qui lui révélèrent
l'existence de substructions d'aspect barbare et composées de grosses
pierres et de blocs de grès placés sans ciment. Ces sondages isolés
et de peu d'étendue ne fournirent d'abord que des quantités de
tuiles à rebords, presque toutes brisées, de faîtières, de caniveaux
et de morceaux de poteries très variées comme forme, comme ma-
tière et comme coloration, allant des plus grossières aux plus fines
et aux plus élégantes.
Il faut cependant noter à part une sorte de puits (?) assez mal
construit et de petit diamètre. Fouillé jusqu'à près de k mètres de
profondeur, il n"a rien donné d'intéressant, si ce n'est une ou deux
monnaies romaines; mais le déblaiement, interrompu par les tra-
vaux des champs, en doit être repris l'hiver prochain, et peut-être
des surprises nous sont-elles réservées, car il semble que l'on se
trouve plutôt en présence d'un puits funéraire que d'un puits à eau.
S'il y a lieu, j'y reviendrai.
Pour le moment, j'insisterai seulement sur les plus productives
de ces fouilles. C'est surtout par des fragments de belles poteries
ornées que la première doit attirer l'attention.
Ces poteries sont décorées de personnages, d'animaux et d'at-
tributs avec un goût et un soin qui indiquent une bonne époque
de l'art. Elles alfectent la forme connue de terrines à peu près
cyiindri(jues et mesurent en général 18 à 19 centimètres de dia-
mètre extérieur. Elles sont pétries d'une terre très fine, d'un rouge
— 53/i —
brun pour <iiu'l(iiios-imcs, d'un beau noir pour les autres, e( recou-
vcrlcs (11111 ciuliiit biilhinl.
Klli's ont toutes subi l'action (Fuii fou violent, et leurs IVajpnents
{jisaicnt au milieu tlune couche de cendres et de suie, avec une
niasse de débris d'autres objets de terre; un mur en pierres sèches
semblait, d'un côté, limiter le dépôt.
A (]uelquos mètres de ce dépôt, il a été trouvé des fondations
solides et dont l'épaisseur atteint jusqu'à 6 pieds; elles ne sont pas
complètement déblayées, mais on a déjà recueilli dans les terres
<[ui les couvraient une ])ortion presque informe d'un socle de statue
et d'assez nombreux i'rajjHienls de mortier couvert de peinture unie
de divers tons.
On ne doit pas omettre dans ce rajjide inventaire :
i" Un poinçon de bronze d'aspect éb'gant, décoré à sa partie
supérieure de rinceaux et d'une petite frise en hachures obliques.
La tête, qui manque en partie, était en forme d'anneau assez gra-
cieusement contourné. Il a (^té ramassé dans le voisinaj^e du champ
fouillé ;
2° Deux fragments de couvercles en poterie noire avec marque
de potier; sur l'un : A^IO; sur l'autre : MAR M.
Il semble que l'on soit en droit de conclure des faits que je
viens de rapporter qu'au i"' siècle de notre ère Larchant était déjà
la résidence d'une po])ulation stable, parmi laquelle figurait au
moins une famille assez riche pour posséder des objets do luxe et
habiter une maison de quelque importance. Il y avait donc là
autre chose qu'une station de nomades, et la carte de la Gaule
l'omaine doit s'augmenter d'une localité dont malheureusement
aucun document épigraphique ne nous a encore révélé le nom
ancien. Ni l'une ni l'autre des deux formes latines de Larchant :
fjj/ncnnlîis et Larpus campus, ne paraissent remonter à l'époque
romaine.
Très incideiuiuent, je signalerai (|ue la légende de saint Mathurin
le fait naître à L;iirhanl, de parents occupant une liante siliialion;
or saint Mathurin n a ])U vivre plus taid qu'au m" siècle.
J'ajouterai enfin que les traces d'un autre lieu anciennement
habité ont été relevées, il v a peu de temps, à i y kilomètres N.O.
— 535 —
de Larcliant, sur le terriloire du Vaudoue'(^'. Tni pu sauver de la
destruction une belle tuile à rebords et les deux meules d'un moulin
à bras ni^allo-roniain. Plusieurs monnaies impériales de bronze ac-
conipajfiiaient ces objets,
Eujj. Thoison,
Correspondant du (jnmilé,
à Larclianl (Seino- et- .Manie).
") Canton de la Cliapulle-la-Rfine (Seine-el-Marnc)
INVEM VlKlvS
l)i:S MO.NAAIKS GAULOISES
ni I ONT lÎTK IIKCI KILLIKS
DAi\S L'AnnO.M)ISSFJIENÏ 1)K SOISSONS ",
l'Ai; M. OCTAVK VAL VILLE.
Le duinitc' a imité ses coi'i'espoiulants à dresser la slalislique des
lionvailles de monnaies {gauloises faites dans les n'jjions (ju'ils ha-
bitent.
Ce n'est, en efTet,que par des Iravanx de ce genre ([ue Ion [)eiil
arriver à déterminer raltribiilion des nombi'enses pièces snr les-
quelles manque Tindication du peuple qui les a émises.
Déférant au vœu du Comité, nous avons dressé Tinvenlaire de
toutes les découvertes de monnaies {gauloises faites à notre connais-
sance dans rarrondissement de Soissons, et nous donnons ici le
résumé de nos recheiches.
!"■ P\nTiK.
Oualre-vinjrts monnaies déterminées, provenant des fouilles de
M. Fiéd(''ric Moreau, sur les conimunes suivantes : Arcy-Saintc-
llestitue, \illers-\îrron (Aijjuisy), Artnenlières, Breny, (jierjjes
(Caranda), Chouy, Ciry-Salso^jne, Chassemy, Fère-(;n-Tardenoisf-)
(Sabloniiif'rc), Maast-cl-Violaine, Nanleuil-sous-Murct el HruNeres
(Tru{r,n).
Kn voici la description :
ABVDOS, ri" A 1 .Vi (1(1 Ctiliiloiruf (le la lïihi. nul., i cn. ; <>('nro r)'>'Ô7,
|iol. I ex.; r)/joi . |tol. 1 ('\.; 7A17, pol. '? e\.; 7^3.'), po(. 1 ex.; 7/1.')/!,
''' Les niiiiK'ros (|(ii smil iii(li(|iiés sans ineiition sp(3ci;ilo se i'ap[)or'lent à l'Atlas
publié par M. II. de la Tour.
'^ Villers-Afjron, Araieiili('M'e,s, Cierjjcs, Brcuy, Clioiiy cl l'èie Cd-Tardeiiols
sont rie 1 arrondissement de Ciiàleaii-Tliierry.
— 537 —
|)0t. 1 ox.; aïKilofj-ue à yiiy, pot. i ex.; 7/i58,pot. 6 ex.; yAgS, br.
i ex.; yOiy. EPENOS, l)r. 9 ex.; 786a, pot. 3 ex.; 7870, pot.
3 ex. ; 7870, pot. Q ex.; 7905, pol. 2 ex.; CRICIR.V, bi-. 7981, 1 1 ex.:
léle (leJanus,!^. lion courant, 8106, U ex. ; tête de Janus,IV. lion bar-
bare, 6 ex.; 8i!?^j, pol. 1 1 ex.; 81 33 (?), pot. 1 ex.; 81 65, |)o(. 2 ex.;
83Ô1 , |)ot. 1 ex.; 8569 (?), 1)1'. 1 ex.; 858/r, br. 1 ex.; 9078 à 9167,
pol. 8 ex.; 9180. pot. 2 ex.: 9196, pol. 1 ex.; ROVECA (?), br.
1 ex.; Revue arehéologique , 1881, pi. VII, n° kh, j^ot. 2 ex.: 8GG1,
pot. 1 ex.
La proportion de 11 CRICIRV sur 80 ])ièces est de 13.76
p. 100 près du territoire des Renies.
Celle des tètes de Janus au lion au revers (6 -|- G) est de 1 2.5o
p. 100.
Il" Partie.
(t8 COMMUNES DISSÉWIXÉi;S. j
Tète
de Janus.
CRICIRV. ToTiL.
.Arcy-Sainte-Restilue : 81 2/1, pot. 1 ex.;
type de l'oiseau, br. 1 ex. [Dictionnaire
archéologique de la Gaule); chimère, IV.
sanglier, 1 ex. ( Bulletin de la Société archéo-
logique de Soissons, t. IV, i85o, p. 85.). // ;/ 3
Bazoches : 80/10, br. 1 ex.; TVRONOS,
br. 7005 1 ex. Deux chèvres dressées,
R. sanglier et autre animal, pot. 1 ex.
{Bulletin de la Société archéologique de
Soissons, t. XVII, i8G3, p. 226.) u u 3
Ambleny : Revue de numismatique , 1886 et
1893 (137 monnaies dont 53 CRICIRV). 1 53 107
Guisy-en-Almont : guerrier au tonpies,
pot. 812/1, 1 ex. (Notre collection.). ... // // i
Chassemy : REMOS-ATISIOS , br. 1 ex.
(Collection de M. Choron.) u u 1
Bieuxy: 7859, pot. 1 ex. (Noire collection.) // // 1
Breuil (Saconin et Breuil) : slatère d'or.
(Musée de Soissons.) // // 1
ARciiiîoi.of.iK. ;i,'»
— r>38 —
Bn/.au(\ ; liMc l'hcM'Iuc. Iv. clu'Nal. [liulleliii
de la Société arclù'olo(riquc de Soissoiis ,
I. I\, -i' sôlit», 187a. (). :>o().)
Fèic-'Mi-Taiilfndis : CKICIRV ciihi'. {iJic-
lloiiiiaiir arcliéoloffif/ue de la (1 finie.) ....
Fonlonov : CRICIRV .mi br. (M. D.liii de
\ ii-siii-Aisiic. "l
Grand-Uozoy : CRICIRV <>n oi' (M. Cho-
ron); sUtlôrcs d'or, ^i o\. (Collcclioii de
M. Brunchaul.)
Haramonl : 8()()0, or. 1 o\. (A. Michaiiv.
hjSf,ai sur la iiumisiiialifinc snissonimlsc.) .
Molli i{jin-l'Eii,<;rain : 7A08, pol. (M. Wal-
tf'lct). 1 o\.; 786-3, pol. 1 ex. (Musée
des ai(lii\(^s déparlenuMilales de l'Aisue);
CRICIRV en \n:{\. Michaux , Esmt sur
la iiuiiiisinaliquc soissoHuaisc , p. a3.). . . .
MiiiliTonlaine : 85()3, or, 1 ex,; 86o3, or,
1 e\. (M. Denioury de Vaubéron.)
Parcv-Tifiny : stalère d'or. (Collection de
M. de Laprairie.)
l'Ieissicr-lluieu : .'Jo monnaies dont 8 CRI-
CIRV. (/)(///('/(» de 1(1 Sociclc arclicologi/juc
de (Jiàlctni -Thierri/, i8()5, (). loG.)
(Colleclion de M. Minouflei.)
Soissons : 780-'. , pot. 1 ex. (Colleclion de
M. de Laprairie, Dnllcùu de la Société ar-
chéolnfiiqup de Soissons, l. Il, 18^8,
p. 38); 8()90, 1 e\. (Musée des archi\es
(h'parlenienlales de TAisue); ROVECA
en l)r. 78O0, 1 ex. (A. Michaux, l'essai
de xiniiisinaliqiic soisso)iiiaise , \). •1-2);
8(Jo3, or, 1 ex. (Ihdlctin de la Société
archéologique de Soissons, t. IV, i85o.
l>-«^-)
T<iT\i. di's liioiinaics ih's 18 cnnuiiiMirs
1 '.l'.l
itj() pièces dont 65 de CRICIRV, soit 32.6<i p. 100 ascr cotte
■fjende.
539
IIP J
ABÏIE.
MONNAIES TI'.OUVKKS ISOLEMI.NT DANS L'ENCEINTK UE POMMIERS.
Tete CRICIRV. Total.
de Janus.
i" Monnaies recueillies par nous :
i" iu\onlaire. (Bulletin dr la Société archéo-
logique de Soissoihs, 1882, p. 80.) (i[) 68 176
2' inventaire. {Revue de numismatique , 1 886,
p. 193.) 21 270 366
3" in\onlaii'e. [Revue de nuvmmatiquc , 1 890 ,
p. oo5.) 92 162 /13i
Non publie'es par nous (^) :
Massilia, arg. h ex.; 2677, br. 1 ex.; Tec-
tosages, arg. 1 ex.; TOGIRIX, 555o,
arg. 2 ex.; 56i 1, pol. 1 ex.; 6088, br.
1 ex.; KONAT, 6137, br. 1 ex.; PIX-
TILOS, 7078, br. 1 ex.; 7137, br. 1 ex.;
CALEDV,7i77,arg..iex.:ATEVLA,
arg. 1 ex.; 7A58, pot. 1 ex.; 7^93, br.
1 ex.: ROVECA, 7660, br. 3 ex.;
DIVITIAC, br. 2 ex.; 8o3o, électr.
1 ex.; REMOS-ATISIOS, 8082, br.
3 ex.; NIDE.arg. 1 ex.; A-IIDIACI-
R-HIR-IMP. 8o36, br. 1 ex.; 812/i,
pot. 3 ex.; 8/1^1, br. 1 ex.; VIIRICIV,
85/iî et 855/i, br. 2 ex.; 8620, pol.
2 ex.; ANDOBRV, 8671, br. 1 ex.;
9099, pot. 1 ex.; 91^7, 1 ex.; 9180,
pot. 1 ex.; Revue archéologique, 1881,
|)1. Vil, n" hh , pot. 2 ex.; monnaies jadis
attiibuees à Galba, br. 5 ex.; tète de Ja-
(" Une dc.scri[jlion plus complète de ces monnaies sera doniiee ulléniHiremenl
dans la lieviie de numismatique.
35.
lias. Iv. lion coiiiiint . S 106. hv. h ex.;
têlc (le Jjiniis. Iv. lion l)arl)ar('. /io ex.;
CRICIRV-CRICIRONIS- CRICIR
ND <'ii 1)1'. (V'i <'\.; monnait's iiu'dilcs cl
non indiciiKM's, ■.>•> o\ ''O 61 177
ToTM, (les piôcos ([iii' nous a\ons
i-ociioillios
9" Collection de M. Louis IJnin-
oiianl '1^ :
Massilia. n" GHi à (hjcj. arg'. () ex.; 1070,
l.r. 1 (>\.; :!-j-.>8, 1)1-. 1 e\.; NEM COL,
■i-joô. l.r. ■? e\.; DVRAT, /1A78,
;m>{v. 1 ON.: ANORBO, '1971?, arg-.
0 (-\.; Q_DOCL 5'io5, aif»-. 1 «^^-î
DVBNOREX. 5o-2G, ar^;. k o\.; TO-
GIRIX. 5500. arj;-. o ex.; Se([uani non
{jra\ée. arg. 2 ex.; CAM . /uA.'). ar;;'.
1 ex.; 6088, l.r. 5 ex.: PIXTILOS,
7080, l.r. Il ex.: CISIAMBOS. 7169,
br. 1 ex. : ATEVLA , 7191, aq;. 3 ex. ;
EIVICIAC. 7t?07, \n: 1 ex.; homme
courant, 7i.")'i. l.r. y ex.; mènic .«jcnro
nongiav.'. l.r. t ex. ; RATVMACOS,
737-.>. . l.r. 1 ex.; 74Ô8, pol. hG\.\']h']\-
"jh']-}., pot. 1 ex.; SENV. 7Ô52. l.r.
a ex.; SOSO . 7G0G, br. -2 ex.; 7G08,
hr. 1 ex.; RO VECA , 76/13-76/16, br.
1 ex.; ROVECA, 76G0, l)r. 3 ex.;
ROVECA. 7691, hr. 1 ex.; 7716, hr.
1 ex.; DEIVICAC. 7729, hr. •}. ex.:
|)i('r(!S prir.'demmenl atlrihnres à Galha,
7739. l.r. 8 ex.; 78-^0, pot. 1 ex.; 78^9,
pol. 1 ex.; 786-2, pot. 1 ex.; 7870, p(. t.
3 e\.; 7 900, p(.i. 1 ex.; };eiu'e 8o3o,
çleclr. 5 ex.: REMOS - ATISIOS,
8o.yi, hr. :^ ex.; NIDE ALABR. . . .
texte 8 100, arj;. 1 ex.; 819./1, pol. 5 ex. ;
"' Mfimr rr'iiiar(|iH; (jn':. In i.oli' di> la pnjfo préccdonle ,
Ô6A
— 5/il —
81 45, pol. 1 ex.; 8819, pol. 1 ex.;
8.']99,pot. 2 ex.; 835 1, pol. 2 ex. ; 8/12/1 ,
br. 9 ex.; 8/1A9, br. 1 ex.; 8/»56, br.
1 ex. ; 8/487, br. 2 ex.; S/lg/i, br. 2 ex.;
8/198, br. 1 ex.; VIIRICIV, 85G9, br.
1 ex.; 8577, br. 1 ex.; 8584, br. 1 ex.;
8620, pol. 7 ex.; texte 686/i, 1 ex.;
ANDOBRV, 8673 , br. 1 ex. ; AVAV-
CIA. genre 888 1-8885, br. 1 ex.;
HIRTIVS, 9235, br. 1 e\. ; Bévue ar-
chéologique, 1881, pb VII, n" /j/i, pot.
4 ex. ; monnaies à la tête de Janus et lion
au revers, br. 78 ex.; pièces de CRI-
CIRV : 223, dont 3 eu or, 6 en arg. et
•21 h en br. ; monnaies inédites et indéter-
minées, 3/1 78 228 456
3" Musée de Soissons :
DIASVLOS, arg. 6871, 1 ex.; monnaies
à la tète de Jauus au lion au revers, br.
20 ex.; CRICIRV en br. to-i ex.; in-
déterminées, 7 ex 20 102 180
(1° Collection de M. ïoulouze
(4 7 monnaies détermine'es) :
Massilia , arg. 1 ex. ; Tectosages , arg. 1 ex. ;
555o, arg. 4 ex.; SOSO, 7606, br.
2 ex.; ROVECA, br. 2 ex.; tète de
bœuf de face. pot. 1 ex.; guerrier avec
lance et torques, pot. 2 ex.; REMOS-
ATISIOS, 8o54, br. 2 ex.; GALIA-
CIIS (?), 9 ex.; br. ATEVLA, arg.
1 ex.; PIXTILOS (1 au temple), br.
4 ex.; ANDOBRV, br. 1 ex. et une
autre pièce des Ambiani ; tète dégénérée ,
pot. 1 ex.; sanglier à droite, I^. lisse,
br. 1 ex.; petite monnaie eu électrum,
1 ex. ; pièce jadis attribuée à Galba , br.
1 ex.; tête de Janus. lion au revers, br.
7 ex. ; CRICIRV en br. 1 2 ex 7 12 47
— 5â2 —
5° Ancicnno coUcclion de M. E. Pi-
card (probahlonient au général de
Cliauvonet actuollcinciil) :
COIOS. /i8i<). br. 1 o\.: TOGIRIX,
arg. Q ox.; DVBNOREX, 5oo.6, arg.
k p\.;TVRONOS. 7005, arg. 1 ex.;
PIXTILOS, 7()()5, br. 1 ox.; monnaies
iii(l('loriiiiii('os, 16 ex.; tête de Jamis au
lion barbare, br. 5 ex.; CRICIRV,
n ex. eu br. cl 1 e\. en arg 5 8 38
Total des monnaies délerminées de
IVnceiule de Pommiers 807 gog 1891
Sur i8ai monnaies, il y a 909 pièces de CRICIRV, soil la
proportion de /49.80 p. 100, et 807 monnaies à la tète de Janus
avec lion au revers, ou i6.85 p. 100.
On peut estimer au moins à 600 pièces celles qui ont été' re-
cueillies par diverses personnes et non comprises dans les inven-
taires qui précèdent, ce qui donne 2/121 monnaies gauloises ayant
été recueillies dans loppidum de Pommiers.
IV' P.«
ARTIE.
Monnaies {gauloises du département de l'Oise ayant fait partie
de l'ancien diocèse de Soissons, et de l'ancien territoire des Sues-
siones '^) :
Tètf.
do Jaiius.
CRICIRV. ToTiL.
Atlicby : REMOS-ATISIOS, br. 1 ex.;
PIXTILOS, 700 '1 et 7081, br. 2 ex.;
CRICIRV. br. 3 ex.; bronze de Nimes,
y 778. 1 ex.: 1 monnaie indi'lermiaée.
( lUtlleliii de (a Socièli- archéolofrique de
Soissons, l. II! . 1 8'i() , |>. 1 1 5.)
"* Ko niisfiii di's In's iidiiiltrcusos niotinaios do CRICIRV ot de n-llos à la IcUe
di' Janus, trouvées dans t'arrondissenienl de Soissons, il nous a paru inléressaut
do roclierclior si les nji'mes pièces sont couiniunes dans le dcpurlcinenl do l'Oiso,
ayant fait partie du pays des Suessiones, et ensuite de voir si cllos se rcnconlrcnl
fr('(picmriii'iit iliins l'ancien pnvs (](•<! Fîcllovari,
— 5/i3 —
Berneuil-sui'-Aisue : 8^196, br. 1 ex. (Biblin-
ihèque nalioiiaie.) // // 1
Chelles : statère d'or, genre 8698. (Xote de
M. A. de Barthélémy.) // // 1
Morienval: tête ddgénére'e, 8818, pot. (Bi-
bliothèque nationale); statère d'or des
Trévii'es. (Note de M. A. de Barthélémy.). // // 'î
Orrouy (Ghamplieu) : 89 monnaies dont
7 têtes de Jauus et 7 CRICIRV eu br.
(Collection particulière.) 7 7 ■>()
Pierrefonds : 89 monnaies, dont 6 CRI-
CIRV [Bulletin de la Société archéologique
de Soissons, t. XIV, 1860, p. 116.).... // 0 89
Monnaies de la forêt de Comj)iègne (M. H. de
La Tour); Revue de numismatique , 189^,
209 pièces, dont i5 à la tête de Janus,
lion au revers; 9 4 de CRICIRV, dont
1 en arg. , les autres en bi-onze 10 'îh 209
ToTAi ai lio 099
ho CRICIRV sur 999 donnent i3.37 j). 100.
22 têtes de Janus sur 299 donnenl 7.35 j). 100.
RECAPITULATION
DES MOMNAIES DE L'ANCIEN TERHITOIHE DES SUESSIONES.
1° Fouilles de M. Frédéric Moreau.
2° Sur 18 communes disséminées.
3" De l'oppidum de Pommiers. . . .
h" Du département de l'Oise
Total généi-al
La proportion de CRICIRV est de ^2.79 p. 100.
La proportion de têtes de Janus est do 16.18 p. 100.
Tète
(le Janus.
CRICIRV.
ToUL.
10
1 1
80
1
65
199
807
909
1H21
92
ho
•^99
34o
1025
2^99
.>'l'l
Mo.wviKs <;ai:loisi;s ui: l'oisk, dk i/ancikn tkiuutoiue des bellovaci.
(Ancien diocôse do IJennvais.)
CRICIRV. Total,
ndliiv : <;-('nn' de yyS-j . or. i o\ // i
IIciiii.'s : CmCIRV. hv. 1 ox.; TOGIRIX, 1 ox.;
SciioïK^s, |)()l. 1 ex.; Kduons, br. li ex., arg. i ex.;
Bdiovaci, pot. i ex.; Carmiles à Taig-Io, 3 ex.;
Calelps, co(j sur tête humaine, i ex.; Leiici, a ex.;
Calalaiini, i ex.; i//i slatère d'or. Veliocasses, hr.
() ex 1 l'î
Lnngiieil-Saiule-Maiic : slatère li('ll()\a(|ii(\ i ex // i
Mello : hronzt' des (lanmles, i ex '/ i
Ponl-Sainle-Maxencc : bronze des Veliocasses, i ex. . . // i
Sainl-.[Msl-rn-(llianss('(' : deini-slalère, i ex // i
Vcndcnil-Caplv : TOVTOBOCCIO, br. i ex.; RA-
TVMACÔS, 1 ex.; Marseilie, 2 ex.; ECCAIOS,
1 ex. ^'* // 5
15ailleul-sin--'rii(''i'ain : (Etude sur les monnaies gauloises
(lu Monl-dcsar, \n\r M. A. de Barlhélcniv.) 1 'i'i^ô
IJeanvais : ()2o6, br. 1 ex.; 791^^, pol. 1 ex.; VIIRI-
CIV. B.'iG;'), br. 1 ex.; 8G18, pol. 1 ex. (Biblio-
Uièqne nationale.) * A
Calenoy : ECCAIOS, 7^7.3 et 7A83, br. 9. ex. (Bi-
blioliiècpje nationale.) // -j
(llaii'oy : 7688, br. 1 ex. (BibIiolliè([n(> nationale.) ... // 1
Conipiqrne : 7868, pot. 1 ex.; GERMANVS-INDV-
TILII, 9953, l)r. 1 ex. (Bibliotbè(]ue nationale.). . . 1/ -j
\ eud<'uil-(iaply : 1)700, pol. 1 ex.; ()!>. 10, bi". i ex.;
7y().'j, 7-^73, 797G, 7-1.83, 7987, 7999, 7998,
7813, br. 8 ex.; EPENOS, 7095, br. 1 ex.; 7999 ,
pol. 1 .-x.; NIREIMVTINVS, 797G, br. 1 ex.;
AOIIDIAC. . .. 8oH(j r[ 8090, l')r. 9. ex.; 8^177,
br. 1 ex.; 8017, br. 1 ex.; 8,")o.8, br. 1 ex.; 853 1,
'■'' Les rens(Mjjnonionts sur ces sept prcinièn^s cotiiinimes nous viennent du
M. A. de Barihéiemy.
— 5^5 —
br. 1 ex.; VIIRICIV, 855^1, br. i ox.; 803 1, i>ol.
1 f'x. ; 8654, pot. 1 ox.; 8669, pot. 1 ex.; SO-
LIMA, 9028, ai'o-. 1 ex.; 909 A. pot. 1 ex.; 9121,
pol. 1 ex.; 9180, pol. 1 e\.; 9i8'i, pot. 1 ex.;
9190, pol. j ex.; ioo64, 1 ex. (Bibliotbèqiie natio-
nale.) * 3o
ToTAr
'-'OT
2 CRICIRV sur 297 donnent une proportion de 0.G7 p. 100.
CONCLUSIONS.
L'examen et la comparaison des inventaires qui précèdent per-
mettent de conclure que :
1° Les monnaies en bronze à la double tète confrontée, ou tête de Janus.
au lion au revers , doivent être attribuées aux Suessions.
Cette monnaie, qui a été attribuée aux Rèmes, se trouve assez
rarement sur le territoire de cette peuplade. Au contraire, dans
le pays des Suessions, elle est relativement commune, puisque sur
l'ensemble de 2,399 monnaies elle est de 3/io, ou dans la propor-
tion de plus de 1^.18 p. 100.
Dans l'enceinte de Pommiers, sur 1,821 pièces on en a constaté
807 avec la double tête, ce qui donne une proportion de plus de
16. 85 p. 100.
Ce fait permet donc d'attribuer avec certitude cette monnaie
aux Suessions, attendu que dans les pièces provenant des fouilles
faites par M. Frédéric Moreau, près du territoire des Rèmes, la pro-
portion n'est que de 12. 5o p. 100.
2" Les monnaies de CRICIRV sont des Suessiotis.
Comme on l'a vu, les 2,899 nionnaies comprises dans les quatre
inventaires des monnaies gauloises déterminées, recueillies sur le
territoire des Suessions, ont fourni 1,026 pièces à la légende CRI-
CIRV (67 en or, 19 en argent et 9/19 en bronze). On constate
par nos divers inventaires que :
1° Les monnaies trouvées par M. Frédéric Moreau sur 12 com-
munes qui se trouvent généralement près du pays des Rèmes,
donnent 18.75 p. 100 de CRICIRV;
2° Les pièces trouvées dans le département de l'Oise ayant fait
— 5^6 —
parlio (le la cih'' dos Siiessions, ont loiirni iS.Sy p. loo de iiion-
naios à la luèiiie léffciido sur 299;
3" 199 monnaies trouvées sur 18 communes, p'ioignées les unes
des autres, mais plus au centre du ])ays des Suessions que les
deux groupes pivoédents, ont donné ()5 pièces de CRICIR.V, sort
la proportion assez élevée de 3 9. G G p. 100;
li" Enfin l'enceinte de Pommiers a fourni 1,821 monnaies gau-
loises délerminées, dont 909 de CRICIRV, soil la proportion
énorme de /49.80 p. 100.
(le lait très concluant prouve évidemment que Tenceinle de
Pommiers élail bien le cenire de circulalion, on peut même dire
d'émission, des monnaies à la légende CRICIRV.
3" Uenceinle de Pommiers est bien remplacement du Novioduimm des
iSuessions.
Les résultats des ibuilles que nous avons laites, de concert avec
le général de La Noë, avant 1887, nous avaient permis de con-
clure, avec preuves à l'appui, que la belle enceinte de Pommiers,
d'une superficie de do hectares, était bien l'ancien Nnoiodunmn des
Suessions (''.
Les résultats de cette élude donnent donc une nouvelle preuve
de nos conclusions précédentes. En effet, le numéraire relative-
ment conside'rable qui a été recueilli isolément dans l'enceinte de
l'oiiimicrs, prouve évidemment ([ue c'était bien là le centre des
p(»]>ulations ayant émis les monnaies à la légende de CRICIRV;
de plus que les bronzes à la double tète, assez communs à Pom-
miers, mais moins nombreux que les monnaies de CRICIRV,
doivent appartenir à la cité des Suessions.
H reste à déterminer auquel des onze autres oppidum, men-
tionnés par César, ces bronzes peuvent être rattacli(>s.
Les nombreuses monnaies gauloises étrangères au pays, telles
(jue celles des Massilii, Avenio, Segimavi , Tectosages, Arveimi, Bilii-
riges, Aedui, Scquani, Canmtes, Hhurnvices, Lexovii , Caletes, Velin-
casses, Senones, Meldi, Silvanecles, Beîlovaci, Catalauni, Amhiani,
Alrchales, Nervii, Treviri , Adiialiri, Leuci, etc., prouvenl aussi <jue
les babitants de No\iodunum avaieni des relations assez impor-
tantes avec toutes ces peuplades bien avant la concpiête romaine.
C). VAUVn.LÉ.
''' Compte rendu r/ts Cuni'rvt tircliéoln^iqui's ilv l'ruuve , Soihsoiis cl Laoïi, i!^S7.
NOTE
SUR
UNE STATUE DU GRAND CONDÉ
CONSERVÉE DA\S L'ÉGLISE DE SAULGES (MAYENNE),
PAR M. L'ABBÉ ANGOT.
La statue dont j'ai l'honneur d'adresser au Comité des travaux
liistoriques la photographie (PI. XII), avec celle du retable où elle
est placée, n'est autre, à mon avis, que la statue du grand Coudé.
Voici, très sèchement, les preuves que je donnerai de cette attri-
bution :
L'autel est celui de Saulges (département delà Mayenne, canton
de Meslay).
Saulges, par acquisition laite en i558, dépendait de la sei-
gneurie de The'valle , dont le château est sur la commune de Che-
meré-le-Roi, mais à moins de a kilomètres du bourg de Saulges,
Le dernier représentant de la famille de Thevaile, Jean de T...,
capitaine de renom, neveu du maréchal de la Vieilleville, chevalier
des deux ordres du Roi, ne laissa qu'une fille, mariée en 1697 à
Charles de Maille', père du maréchal de Maillé-Brezé.
Ce dernier épousa la sœur du cardinal de Richelieu, et le célèbre
ministre eut l'ambitieuse et malencontreuse idée de marier sa nièce
(i64i) Claire-Clémence de Maillé-Brezé à Louis II de Bourbon,
prince de Condé, qui remportait l'année suivante la victoire de
Rocroy.
Ce mariage fut aussi malheureux pour Condé que pour la prin-
cesse Claire-Clémence, victime plutôt que complice des visées de
son oncle. Mais il n'en résulta pas moins que l'illustre capitaine fut
seigneur, du chef de sa femme, de Thévalie et de Saulges. Ces
terres furent données à ferme le 1 U janvier i655 cf par Jean Doujal,
Nicolas Chevalier, Michel Perraut, commissaires députés pour la
direction des biens qui ont appartenu au sieur prince de Condé , en
— 5A8 —
oxpc'dilioii (le l'anèt do la (loiir du 27 mars dornier oonlrc ledit
princen, lit-on dans nn dossier de la lamillo aux Archives natio-
nales (R. 3, 89).
L'église et le prieure' de Saulges formaient deux bénéfices à la
présentation de ral)bé de la Couture du Mans, et le titulaire de cette
abbave bénédictine était, en 1057-1690, Louis-Henri de Bourbon,
bâtard légitimé, qui avait fait pourvoir de la cure de Saulges son
propre aumônier André Cbéiiotly, prêtre du diocèse de Carpentras
(1 ()78-i7o2).
En iG()o, les habitants de Saulges firent reconstruire le maître-
autel de leur églis(>, et le travail, sauf les armoiries, était achevé en
i()()2, comme ra[)prend le récit suivant que je transcris :
"Je soubsigné , procureur de la iabrice de Sauge, tiens quitte et
décharge M. Langlois, m' architecte, de ia façon de notre autel
au moyen qu'il parachève de graver les armes audit autel qui! a
encommence',et reconnois à ce moyen qu'il est conforme au dessain
sur l('(juol nous avions marchandé, sans préjudice de mes préten-
tions et à me faire rembourser du nomme Lemesle, aussi archi-
tecte, ouvrier dudil Langlois, de ce qu'il a reçu plus que je ne
[dejbvois audit Langlois, ainsi que je voire Tavoir alfairc, dontil y
a instance enconiniencée au siège de Sainte-Suzanne, qui demeure
lésorvée contre ledit Lemesle. Fait ce dix septembre mil six cent
quatre-vingt-douze.^ (Pas de signature.)
La date i6()"J se lit en ellct au-dessous de la statue.
Langlois et Lcmerle sont deux architectes de Laval.
Il n'y a plus, ce me semble, qu'à examiner la statue pour recon-
naître ({u'elle est celle non d'un saint, mais d'un grand officier de
la cour. Le ])àton tenu dans la main droite est non le bâton de ma-
réchal , mais celui de grand maître de France ; l'objet qu'on distingue
dans la main gauche, une serviette;, no convient pas moins à la
dignit(' longtemps iK'rédilaire dans la maison do (londé : ffLe grand
maître, dit Moréri, a le commandement sur les olliciers do la
maison ot de la bouche du Roi, qui lui prolont leur serment de
lidélité (!t dont il dispose dune [)arlie des charges.-' Condé avait
droit au bâton do {jrand maître ot non à celui do maréchal de
France. Le manteau lleurdelisé, les colliers des ordres do Saint-
Michel et du Saiul-hvsprit et tous les autres détails de l'habillement
conviennent également au giaud dignitaire que lut Condé.
— 5/i9 —
Au-dessus de sa slalue on voit son e'cusson chargé des Irois fleurs
de lys et. du bâton, accolé à celui de The'vaile dont les meubles
sont trois annelets. On se demandera sans doute pourquoi on fait
revivre ici les armoiries d'une famille e'teinte depuis cent ans pour
la substituer à celles de Maillé-Brezé (d'or à 3 fasces onde'es de
gueules), qui seraient celles de la femme de Coudé. On verra, si
l'on veut, dans ce fait un nouveau témoignage de laversion insur-
montable que Condé et les siens eurent toujours pour l'alliance
qui leur avait été' imposée. Plus simplement on peut dire aussi que
si le nom de Thévalle était éteint, le souvenir en était encore par-
tout dans le pays et sur les murs mêmes de l'église dont les Condé
étaient maintenant les patrons temporels, et qu'il était naturel
d'unir les armes glorieuses de la maison de France à celles qu'on
voyait sans doute sur l'autel remplacé par le nouveau retable. Quel
que soit d'ailleurs le motif de ce choix, il est bien certain qu'il n'y
eut jamais d'alliance directe des Thévalle aux Bourbons d'aucune
branche.
La seule objection qu'on puisse faire contre ma thèse est que les
insignes de la statue peuvent aussi bien convenir au fils du grand
Condé, Henri de Bourbon, qu'à lui-même. Mais le fils vivait en-
core, et quoique les vivants comptent plus que les morts, la gloire
ne l'avait pas tellement consacré qu'on pût avoir l'idée de le placer
sur l'autel. La hardiesse est bien déjà un peu grande d'y installer
le héros de la famille, mais enfin cela se comprend mieux pourtant,
surtout avec l'ensemble des circonstances qui entourent la con-
struction de celte œuvre d'architecture. Il faut remarquer en outre
que du côté opposé se voient les armes de Bourbon-Condé encore,
avec les deux colliers d'ordre qui conviennent bien à Henri de
Bourbon.
Je ne suis point à même de juger si les traits donnés à la statue
sont ceux de Condé. Le type est bourbonnien, je crois, mais un
artiste de province peut bien n'avoir approché qu'imparfaitement
de la ressemblance désirée sans que pour cela son intention soit
douteuse.
La statue est en terre cuite et presque de grandeur naturelle.
A. AXGOT.
RAPPORT SUR LES FOUILLES
EXÉCUTÉES PAR LE LIEUTENVÎNT HILAIRE
DANS LES TIIKiniES DE NUMLLLI (IIEIVCHIK-MA\TRI\)
(TUNISIE).
L'enccinto byzanline d'IIcncliir-Maàtria, Ji son saillant Sud-Ouest,
contourne, on la serrant de près, une ruine rectangulaire mesurant
35 mètres sur ao mètres environ.
Le docteur Carton (^' y a reconnu les ruines des thermes de Maâ-
tria.
Avant la fouille, une pile de maçonnerie de petits moellons se
dressait au-dessus d'une quantité d'énormes frafjments de blocage,
011 l'on pouvait reconnaître facilement les débris de voûtes et ceux
de piles semblables dessinant sensiblement les quatre faces d'un
carré de lo mètres environ de côté. C'est là qu'il fallait probable-
ment cliercber la salle principale de l'édifice. Une pile encore de-
bout conserve le bandeau mouluré qui recevait la retombée des
voûtes dont les enduits sont encore reconnaissables au-dessus de ce
bandeau.. Par consé(|uent, la salle située au milieu de ces quatre
piliers était voûtée, probablement en voûtes d'arête. Néanmoins,
des fouilles étaient nécessaires pour que l'on pût être fixé exacte-
ment sur les dispositions de cet édifice.
A -2 mètres de la pile, vers l'intérieur du monument, un fût
de colonne émergeait de quelques centimètres au-dessus du sol. Un
sondage de h mètres de profondeur démontra que cette colonne
était (Micore en [)lace et qu'elle reposait sur un sol de mosaïque. —
Des fouilles furent alors entreprises pour dégager cette mosaïque,
fouilles dans lesquelles nous avons rencontré de nombreux blocs
"' Dérourprlcx Âpiirvdji'nnjiinx l't archcolofroiiic Juitis en Tiinisif. — ï\éi>wii do
Dougija.
— 551 —
de maçonnerie, de'biis de voûtes écroulées. Une tranchée large de
5 mètres fut pousse'e dans la direction de la salle centrale. Au bout
de vingt jours, le re'sultat atteint était le suivant:
Une première salle avait e'ié mise à jour, renfermant de nom-
breux petits piliers d'hypocauste. Elle mesurait 5 m. 5o sur U mètres.
On a trouvé dans celle fouille un grand nombre de tubes en poterie
provenant des voûtes, des fragments de placage en marbre blanc,
des restes de pavage en mosaïque blanche connu. L'hypocauste
communiquait avec deux salles latérales par des portes cinire'es.
On découvrit ensuite deux compartiments de dimensions plus
restreintes, Tun profond de i mètre dans lequel on descendait par
deux degre's {Valveus)^ mesurant 2 mètres sur i m. 5o. L'eau de
ce bassin était évacuée par un petit canal souterrain. Nous croyons
avoir découvert un labrum; on y a retrouvé en effet des fragments
de vasque en marbre gris. Cette partie était dallée d'un pavage en
mosaïque orné de compartiments géométriques (carrés posés sur
leur diagonale).
La mosaïque qu'avait révélée le sondage effectué en premier
pour retrouver le sol antique, fut alors atteinte. Elle constitue le
pavage d'une sorte de dégagement long de U mètres et large de
1 m. 5o, communiquant par deux portes avec des salles latérales
et s'ouvrant en plein enire deux colonnes sur la grande salle cen-
trale. Cette mosaïque est d'une grande richesse de composition et
de couleurs; elle se compose de cercles reliés entre eux par une
suite d'entrelacs.
Les bases des colonnes reposent directement sur les mosaïques.
Entre ces deux colonnes se trouvent deux marches de o m. 35 par
lesquelles on descend dans la salle centrale (probablement le tepi-
darium).
Cette salle est également pavée de mosaïque. Cette mosaïque
en couleurs présente des dispositions plus riches que la précédente.
Ce sont des étoiles circonscrites à des cercles; ces éloiles sont for-
mées de bandes ornées de tresses comme celles de la mosaïque pré-
cédente. Les motifs circulaires sont composés d'un fleuron à plu-
sieurs pétales entouré de rubans concentriques décorés l'un de
triangles, l'autre de grecques allongées. Là se sont bornées mes
fouilles. Le lepidar'mm était très probablement identique sur ses
quatre faces.
Un premier bassin a été découvert le long de la façade.
— 552 —
Reprises noriil)r('usi.'s en cubes blancs des parties de musaïquc
abîmées, siuv'b^alion (b's niiiis en bloca{}C au moyen de pierres
îfrossièrcs lorniaul parajx'ls. un chapileau el une base d'époque
cbrélienne. Les travaux (b' (b'blaienient ont mis à jour deux in-
scriplions, plusieurs fragments de colonnes el de colonneltes, trois
(•ba])iteaux, une base, un petit fragment de statue, des fragments
de vasque en marbre gris, des débris de placage en marbre, des
lampes en terre cuite dont une émaillée en vert; de nombreux
objets en cuivre très oxyde's, des tubes en poteries, de nombreux
coquillages et notamment deux conques.
LA SEPULTURE GAULOISE
A mCINÉRATlOIV,
DE CERNON-Sl R-COOLE (MVRîVE),
PAR M. AUGUSTE MCAISE.
Au commencement d'avril 1897, M. Brisson, cultivateur à Cer-
uoii (Marne), qui labourait une pièce de terre au lieu dit le Mouliti
Brûlé, sur les hauteurs qui dominent la rive droite de la rivière la
Coole, à un kilomètre environ, au nord du village, remarqua que
le pied de son cheval s'enfonçait à un certain endroit de ce terrain.
Il creusa le sol avec le coutre de sa charrue, et de'couvrit une
excavation circulaire, profonde de 60 centimètres, renfermant un
vase de grande dimension en terre cuite, mesurant Ù2 centimètres
de hauteur, i™io dans sa plus grande largeur, et 1" i3 à l'orifice.
Ce vase contenait des ossements humains incinére's.
De chaque côte', et appuyées extérieurement contre ses parois à
deux points diamétralement opposés, étaient placées, la pointe en
has, une longue épée, mesurant 78 centimètres, et une grande
lance longue de 5o centimètres, et mesurant 8 centimètres et demi
dans sa plus grande largeur.
Au pied du vase étaient aussi placés les deux morceaux d'une
chaîne en fer, à mailles en forme de gourmette, et qui servait sans
doute à suspendre l'épée.
Cette chaîne mesurait li'] centimètres.
Cette sépulture, de l'époque gauloise, offre un triple intérêt :
1° Par le mode de sépulture, ï incinération très rare dans notre
région ;
a° Par la présence des armes et leur arrangement autour des
parois extérieures du vase;
3" Enfin par les ornements que présente le fourreau en bronze
de l'épée.
Archéologie. 36
— 55A —
On a, en elTol, jusqu'à présoni rencontra pou d'incinérations
gauloises dans le dt'parleiuent de la Marne cl dans 1 Aisne. Elles y
sont en infime proportion avec les inhumations de la même époque.
Les inciucn-alionsdéjà de'couverles n"()iit[)()inl,si nolie nii-nioire est
lidèle, donné d'armes, mais seulement quelques parures, bracelets
ou fibules, placés dans le vase, sur les ossements ou au milieu d'eux.
Ajoutons que celte découverte a[t[)orle un nouvel éle'nienl à
létude de l'art gaulois, nous \oulons parler des ornements gravés
sur le lourrcau de l'épée.
Ce fourreau est en bronze des deux côtés, tandis que le plus
sou\ent la partie non visible du fourreau, (juand la lame est sus-
pendue à la ceinture, est seulement en fer, afin de ménager l'em-
ploi (In l)foii/j', inétiti j)bis pr('ci('u.\.
— 555 —
L'cpc'c de (îeniou est bien i'épée gauloise marnienne avec sa
boutcroHe caracte'ristiqne.
L'ornementation du fourreau a])parait d'abord sur le passant ou
anneau aplati placé à Textréinité supérieure et qui sert ji attacher
l'arme au ceinturon. Elle consiste en quatre S entrelacés, combi-
naison familière à l'art gaulois. Ils sont en relief.
Les autres ornements du foun-eau sont gravés.
Ils sont fort élégants et en forme d'enroulements foliacés qui rap-
pellent aussi rS très allongé.
Ils se rapprochent de certains ornements tracés sur des vases et
sur quelques torques; mais combinés et évoluant sur une large sur-
face, comme celle que présente un fourreau d'épée, ils offrent un
aspect encore plus élégant.
Le vase et les autres objets de cette découverte sont enlre's dans
la collection de M. Schmitt, à Cliâlons-sur-Marne.
En apprenant cette découverte, je me suis rendu avec lui au lieu
où elle a été faite et je me suis livré à un minutieux examen de
l'excavation dans laquelle ces objets étaient placés et de la partie
des ossements trouvés dans le vase et laissés sur ou dans le terrain;
ce dernier a été sondé dans un piMimètre de 5o à 60 mètres;
mais cette exploration n'a révélé aucune autre sépulture, inciné-
ration ou inhumation.
Cette découverte s'est rencontrée sur la ligne de coteaux crétacés
surmontant à pic le cours de la (loole, sur la rive droite; j'ai dé-
couvert sur cette même ligne de hauteurs le cimetière mérovingien
de Y Académie, commune de Saint-()uentin, et le cimetière gaulois
du Mont-Coutanlt , commune de Fontaine-sur-Coole.
Depuis Breuvery et Saint-Quentin-sur-Coole jusqu'il Vésigneul,
c'est-à-dire sur une étendue de 16 kilomètres, la Cooleest dominée,
sur la rive droite, par une ligne de faite, qui recèle certaine-
ment plusieurs cimetières mérovingiens ou gaulois, mais surtout
gaulois. J'ai exploré depuis vingt ans la plus grande partie de
cette ligne; je n'y ai rencontré de sépultures gallo-romaines que
sur le côté gauche de la rivière, dans la vallée, autour des villages.
De ces crêtes élevées on découvre sur tous les points un vaste
horizon convenant certainement aux rites funéraires de ces époques.
36.
L\S(:iUl>TlONS INÉDITES
DE L'ALGÉRIE,
PAR M. S. GSELL,
Professeur à l'École des leUres d'Alger.
1. — Tébessa. Autel, liouvé à mi kiloiuètro au uord-oucsl de
la ville; maintenant dans la cour de rt'glise.
D • M • S
T • AELIO • AVG-
LIB • PRINC^1
V- A • LX X V I I
H • S • E
M A R T I A T 1 t; ,
D(is) M{an{bu^) s{acrum). T{tto) Aelio, Aug(usti) lih(erto), Principi;
v(ùv{t) a{nms) LX\ VII. H{ic) s{itus) e{st). Martialis . . .
2. — Tébessa. Caisson, dans la cour de l'ëglise.
D M S
ADAVCTA<Ï'
V • A • XXI •
" XV
D(is) M{anibus) s{(icrum). Adaucta v(ixit) n[nnis) XXI , \h(onsj\ XV.
3. — Tébessa. Caisson , dans la cour do l'église.
D M S
L APIVS MAX
I M V S S ATVR
NINVS VIXIT
A N NIS XXXC
L APIVS SATVR
NINVS FRATRI
CARISSIMO
FECIT
H S E
/)(t.s) M{ambu>i) s{(icrniii). L{iicin.s) Ap[\))im Ma-viums Saturninus vixit
anim LXX. L(ucms) ApÇp)ius Saluvninm fratri carisstmo fecit. H(tc) s(itus)
— 557 —
4. — Tébessa. Stèle, dans ia cour de l'église. Au-dessus de
i'iuscription, buste de femme.
D • M • S •
CAECILI A CINI
TIA- VIX- ANN -Il
CAECiLivs vm
TVNATVS LIB
ET VXORI CARIS
SIMAE MONIMn^
TVM • FEC • H • S-E
i)(«s) M{fmibus) s(acrum). Cnecilia Cinit[h)ia vtx{ti) ann(is) [L]I, Caecilius
F\or]tunatus Ub{ertaé) et uxori carissimae moniine[n]tum fcc(il). H(ic) s{{ta)
e{st).
Le cognomen de cette femme est le nom d'une importante tribu
africaine : KCinithios, haud spernendam nationem^^^ n ,
5. — Tébessa. Caisson, dans la cour de l'e'glise.
, D ^ M <> S ^
FLA ^ AEREGIA
V ^ A 'ï' XXXI Qi»
C<ï'CAE(îi>CINNAS
D({s) M{ambus) s{ncnim). Fla[via) Aeregia v{ixU) a{nnts) XXXI, m{ensibus
VIII. H(ic) s(ita) e[st). C(aius) Cae{cilius) Cinnas cioniugi) k{anssimae)
s{epulcrum ?) fiectt).
6. — Tébessa. Caisson, dans la cour de l'église.
MINO
P IVLA
N A VI sic omnia
XII ANNNO
Mino[r) Iul{t)ana vixi{i) ann<nyo.
''^ Tacite, Annale», II, .oa. D'après Plolémée. celle tribu habitait sur le littoral
de la Petite Svrte.
— 558 —
7. — Tébessa. Caisson, dans la ronr de i'éjjliso.
D • M ■ 6
(sic) AVLIVS • OCTA
VS • VIXIT • AN 1
S QVADRAGINTA
TEVESTINA COIV
X D E D 1 C AVI T
D{ts) M[anibus) s(àcnim). L{uciusf) Iulius (?) Ocla(i')ns viril
an[n)ts quadraginta. T{h)evesliiia co{n)iux dedicaolt.
8. — Tébessa. Fragment de caisson, dans la cour de Te'glise.
L'inscription est brisée à gauche et en bas.
D • M • S
(•VABERIVS- Vie-
D(is) M{nnibns) s{ncrum) . . . Vaberivs Vic[tor] . . .
9. — Tébessa. Autel, trouve' au nord-esl de la ville, maintenant
dans la cour (h' IN-glise.
D • M • S
VMBRIA ■ Vie
TORINAV-A-
XXXV • H • S • E
V M B R I V S •
ADVENTVS •
M AT R ! • C A
R 1 S S I M A E •
FEC
D(ts) M[ainbii.<i) ii(ucriivi). (Jmbria Vkioiitin p(i.ril) a(iiim) XXXV.
Uijc) s^ila) e[fil). iinhiius Advcnius iiialri curiasimde Jec{t().
— 559 —
10. — Tébessa. Fragment de dalle, tioiive au ma relié, main-
lenant dans la cour de Téglise.
)i< HIC REÇj
M E M O R I E
CE FIDELIX
Hic req[uiebit bon{a)e] metnori{a)e , [in pa]cc Jideliu[ni\. . .
11. — Le Kouif. Borne miiliaire, haute de 2 m. 70, découverte
près du Kouif. Copie qui a été prise par M. Jacobsen, directeur
de la Compagnie des phosphates du Kouif et qui m'a été remise
par M. l'abbé Delapard, curé de Tébessa.
IMP CAES
M AVRELIVS
ANTONINVS
PIVS AVGVSTVS
5 PARTHICVS MA
XIMVS BRITANNI
CV S MAX I MV S
GERMANICVS
MAXIMVS TRI
10 BVNICIAE POiEi
TATIS XVIIl CON
■»JL IIII PATER PA
»AE RE^TITVIT
CIXXX^^)
[l]mp(eralor) Caes{ar) M{arcus) Aurelius Antoninus Pins Augustus, Parthicus
mnximus, Britannicus viaximvs , Gertnanicus maximus, tnbuniciae po-
'1) Ligne to : la copie de M. Jacobsen donne POE. Ligne 18 : eiie donne
MAERETIIVIT.
— 560 —
jfje[s]frt//.s XVIII. ro>i\su\l IIII ., patcr i)a\lri\(ic n'\s\htiiil. [Millia jxis-
s,nim)(:[I.]\\\.
lîorne luilliaiir de la jjrande voie de Carlhajjc à ïliovosli', indi-
quant le cent quatre-vingliènie juille à partir de Carlliage. Elle
date de Tannée 216. On a trouvé fréquemment sur celte route des
colonnes milliaires remontant ;\ la même année et présentant la
même rédaction ''.
12. — Aïn-Ghabrou. Boinc milliaire trouvée par M. Cambon
et transportée par ses soins dans une de ses propriétés à Téhessa,
en dehors de la porte de Constanline. Hauteur de ce qui reste,
i m. 3o (le bas manque); hauteur des lettres, o m. 06.
DD NN
M AX S
IMINO
NOBILI
SSIMO
CESAR
ET
D(ommis) iiioatris) MaaXsyimino. nobilissmo C(fi)esav{i) et. . .
Le second nom a été martelé. (Tel ait probablem<M)t celui de
Flavius Severus, ([uoiqu'en règle le nom de Sévère doive précéder
celui de Maximin.
^'* Ciirp. insci-. lai.. I. )1II. ii"' loioa, ioio5, 10107, i'"'-^) "^'c — On
doit romarquer que los indicalions lopojfriq)liiqu('s données an (Corpus, an sujet
dos bornes miHiaires déconverli's entre la Ironlière lunisionne et Téltessa, ne sont
pas toutes exactes. Les numéros loio^i, ioio5, loioG, (|ui portent les cliiiTres
de milles CLXXVl, CLXWll, (ilAXVIII, ne j)euvenl pas avoir été découverts
dans le voisinage de Ksar-Oourai. (]o, lieu est à moins de 10 kilomètres do Té-
hessa, et Le Kouil, où a été trouvée notre borne, portant le chillre CLXXX, en
est distant de 1 8. Ksar-Gourai correspond au cent quatre-vingt-cinquième mille
de la voie : voir le Corpus, n"" 10107-10108 et aussi 101 lA (on Tlieveste est
indiquée au cent quaire-vingt-onzièmc niilli").
1
— 561 —
13. — Canrobert '^'. Epitaphe dont l'estampage m'a été envoyé
par M. Dubouloz, ancien administrateur de la commune mixte
d'Onm-el-Bouaghi.
D M S
F L AV I S I N FA
NTIB REPEN
TINE VA VIIII PEQ_
VARIVS VA III
D[ts) M{anibus) s{acrurn). Flavi{î)s infantih[us) : Bei)cntiii(a)e ,
v[txit) aiiinis) VIIII; Pe(q)îiarms v[ixit) a(nnis) III.
f
14. — Sigus. Image et inscription gravées sur un rocher, à
3oo mèti-es environ au sud du village, en face de la maison can-
tonnière. Le personnage, enfermé dans un édicule, tient une
fiance et, autant qu'il semble, une couronne. Hauteur des lettres,
o m. o35.
lOVI AVG SACRM
C AAAAAIVS Am
R.ICANVS LO
CNM QVOD ASI
N AR CoLVNT de
SVO FECt D D
lovi Aug{usto) sacrum. C{aius) Mmnmius A[f]ricanus
îocum quod (sic) asinar{ii) colunt de suo fecit d{e)d{icavit).
Cet endroit était donc consacré à .lupiter et les âniers venaient en
particulier y faire leurs dévotions. Il est à remarquer que la petite
plaine qui s'étend au pied du rocher sert de pré communal : on v
voit paître, comme jadis, les ânes de Sigus.
('' Lieu appelé précédemment Onm-el-Bouaghi.
— 502 —
15. — Sigus. K[)i(a])lie {>rav('o sur un rocher, prt's do la dédi-
cace préci'dculc. (aite inscripliou osL (Miferniëo dans un cerclo el
accostée à droite dune patère : peut-être y avait-il une aiguière
à gauche, mais à cet endroit le rocher est fruste.
D M
C IVLI FABIA
NI VA XXX
V
D(Av) M(nnibus) (\iiii) Jtili(i) Fahmiii; v(i.vil) n{nni's) XXXV.
16. — Sigus. Nécropole méridionale. Stèle.
C <^ IVLIVS <^ FVS
CVS ^ V ^ A <^
XLVIl çi» H ç:> S ^ï» E Qf»
MAGNIAE ^
MAGNI ^ ¥ <^>
W <^ A <^ XXVII ^
H Q!' S 0
P ^ SITTIVS ^ FVSCVS ^
V^A^ LXXV Çî» H <J& S 0 E ^
C{inus) Jnlius Fuscun vi^iojit) a^ituis) XLVIL H(ic) fi(i(u.s) e(sl). — (D/.s
]îanibii.s) Maguine, Mngni /(iliae): v{ixit) a(imis XXV IL //(/r) .<?( /<//). —
l\nblius) Sittius Fuscus v(iw{t) a{iuiis) LXXV. H{ic) s(itus) (-(ftt).
17. — Sigus. Près du cimetière français. Stèle.
DIS c^ M A N
IB VS ^ IVLI
A ^ S ATV R
NINA «> VIX
ITQ!5 ANOSOi-LX
Dis Manibus. Julia Satumina riait (iii[n)ns LX.
'.
— 563 —
18. — Sigus. Nécropole méridionale. Stèle
C • LO LLI V S • FE
LIX • V- A • LXXXXV
H • S • E •
P LOLLIVS- FELIX- VA
LV- H • S • E •
D • M • S
ALFIA • LAETA
VAXLVHSE
C{aius) LoUius Félix v[ixit) a(nnis) LXXKXV. H{ic) s(itus) c[sl). — Pu(bliH.s)
LoUhis Félix r(ixit) a[nnis) LV. H(ic) s(^itus) e(st). — D{is) M[anibus)
s(acnim). Alfia Laeta vi{xit) (i{imis) XLV. H{ic) s(it(i) e{st).
19. — Sigus. A Test du village, près du chouiin de fer. Grande
stèle, haute de i m. k6.
SALLVSTIA
OPTATINA ^V<li>A^X^nXH^S^E
C • SALLVSTIVS • ANTE
ROSV- A-LXX
D^M<2'CAELIA- OPTATA
V ^ A^ LXXX ^
H S E
C-SALLVSTIVS
ADARBALÇi'
V- A- LX
H-S-E
L • SALLVSTIVS • F AV
STINVS • V • A
L ■ H • S • E
C SALLVSTIVS
CRISPVS-V-A-
LX-H- S • E
D{is) M{anibus). Sallustia Oplatina v{ixit) a[nms) XVIII. H{ic) s{ita) e[st). —
C{aius) Sallustius AiHeivs viixil) a[nnis) LXX. — ■D(«) M{(inibu>i). Caelia
Optnta v[ixit) n[nnis) LXXX. H{ic) s{ita) e{st). — ('(fiiiis) Salbislius
Adarbal v{ixit) a{imis) LX. H[ic) s{{lns) e(st). — Lu{cius) Sdlliistiiis Faus-
tinus v{ixit) a(nnis) L. H{ic) s[itus) e(st). — C{aius) Sallustim Crispm
v(ixil) ainnis) LX. E(ic) s{itus) c{st).
— 56A —
20. — Sigus. Grande stèle, haute de i in. 3o, à côte de la
précédente.
C-SALLVSTiVS-VR
BANVS-V- A-XIIX-
H • S • E-
M SALLVSTIVS VA
LENS V A XVI H S-
O T B Q_
LVCILI A ^ M AXI
MINA-V-A-L H-S-E
CECILIA • M • F-
VRBANILLA • V •
•À-LXXXI-H-S-E^
D M
M • SALLVSTIVS
QVADRATVS
FIL V A XVIII
H S E
C(aius) Salliistius Urhaiius v{l.vil) n{niiis) XVIIl. H{ic) s[itus) fi(st). —
M{arcus) Salluiftius Valens i\ixit) a{iin'ts) XVI . H{ic) .sÇitus). 0{ssa) /(««)
b{ene) q[uiescnnt). — Lucilia Maxima v{ixit) a{nn{s) L. H[ic) sita eisl).
— C{a)ecilia, M{arcî) f{ilia), Vrhanilla v{ixit) a[nnis) LXXXI. H{ic)
s{ita) e[st). — D{k) M[auibus). M(arcHs) SaUiistius Quadratus , Jilms ,
v{ixit) a{_nni.s) XVIII. H{ic) s({tus) c{st).
21. — Sigus. Près du cimetière français. Stèle, d'une mauvaise
j^raviiie.
DIS M
Q^VALERIV
S Q^F QJR {sic)
CLARVS
V A L I I
H S
Dis \l(aiiihus). Q(uiiihis) \(ilcrli(s, (){iniili) f{iliiis), Q(iiyr(ina) .
Clariis if{i.i-itj «(//y/î'.v) LU. U{ir) s[iliis).
— 565 —
22. — Sigus. Au iiord du village, conlie la ligne de cheuiiu de
k'i\ Caisson.
D < M < S <
L <J^ VLPIVS
lANVARIVS "^
SEVIVOFECIT
IVLIA- PRIMOSA ^
CONIVGI-CARISSIME
D(ts) M(anibus) s(acrum). Li^ucius) Vlpius lamiarius se invofeck;
Iulia Priinosa, conjugi carissim{a)e.
On voit que la rédaction de cette épitaphe est défectueuse; il
Faudrait : sihi el Inhale) Prhnosa[e), conjugi carissim{a)e.
23. — Ksar-MahidjibaC). Petite Stèle.
C • OC CI V
S • M • F • Q_-
B A S I L E V S
V • A • X XI
HS-O-T-B-Q^
C[aius) Occius, M(arci) J[tlius), QÇuirinn), Basileus v[ixit) a(nnis) XXL
0[ssa) t(ua) b(eue) qiiiiescant).
24. — Autel trouvé à lo kilomètres environ du Kroub, contre
la route d'El-Aria; maintenant devant fliôtel Victoria, près de la
gare du Kliroub.
DM»
A N T O N
A M A XI
M A V A »
HSEOTBQ_.
Diis) Mianibus) \s{(icnim)\. Aniom\a\ Maxima v{ixit) (((unis) . . .
H(ic) s[ita) e[st). 0{ssa) t{ua) h(ene) q{uiescantj . . .
25. — Kheneg [Tiddis). Petite stèle ("-> (hauteur, o m. b"]), à
"' Sur celle ruine, eonf. Corp. inscr. lat. , p. iSaS.
'-' Je l'ai copiée, au cours d'une visile que j'ai faite à Tiddis, avec M. Vars,
professeur au lycée de Gonstantine.
— 566 —
Toiicsl (1(> la ville .iiiliciiu». Vu-tlcssus de rinscriptioii , bas-reliefs
tirs friisles : dans une niche snpporte'e par des piliers corinthiens,
denx pers()nna[fes dehont , dont l'un tient nn hélier et un vase (?),
et laulre une couronne.
C<:^I Q^ VICTOR- V • S • L ■ A
Cîdiits) hiiliii-s) I irtor t\olU)n) s(oloit) li^iln'it.s) ai^nimo).
26. — Collo (CIiiiIIk). Inscription oravée sur un pi('douche, dé-
hris dun huste en marbre, (jui se trouve dans la collection niuni-
ci[)ale. Hauteur des lettres, o ni. o55.
M-DOMITI
O MARTI
ALIA-MIL-
l/(^//ro) l)o)itilio M(iiii(ilia(no) , init(ili).
27. Collo. Petite stèle en nuiibre, à la collection municipale.
D Q^M Ç3 ^
SEIA
CATERVARIA
V^ A ^ XXXV
H 05' S '^ E
/>(/.vj \l{(uiil)iis) .s\ncnim). Scia Catervaria i\i,fil) n{imis) XXXV.
H(ic) s({tn) e{st).
28. — Mens. Borne milliaire trouvée, en 1897, près des ruines
(h; Mons, par M. Isuard , instituteur à Sillè{>ue. La pierre est
casse'e à gauche et en bas. Ma copie, d'après l'estampage de M. ïs-
nard :
IMPERATOR CA
ESAR L SEPTIMI
VS SEVERVS PE
TINAX AVG PP
NTIFEX MAX
S TRIBVNIC
DTEST III- IMP
OR IIII COS
ONSVL MIL
hnperalor Cncsar L{ucius) Scptimim ScvcruH Pe[r\lmax Xuginslus) , p{ater)
— 367 —
p(atriaé), p[o]ntifc.r maœ\imu]s, lnbumc[iac p\otesl(ntis) III, iini)[erat\or
III, co(;n)s{ul) [II, proc]onsiii , mil[iaria restituit per (jn{emin) Nuuiiiiun
Martiakin, i)roc{uratorem) suuin. A Silijl in(ilia) pinssuum) . . . |.
Celle borne appartienl sans doule à la voie de Sitifis à Cirta par
Mons Cuicul et Mileu. Elle peut être restilue'e à l'aide d'une autre
borne de la même voie, trouvée à i,5oo mètres de Sélif et appar-
tenant à la même anmio, iç|5 do notre ère.
29. — Ouled-Agla. Grande plaque de "grès trouvée en Taisant
une route qui passe contre les restes de la basilique clirélienne.
Longueur, 2 m. 65; hauteur, o m. 62. L'inscription est dans un
cadre à queues d'aronde; les lettres mesurent o m. oh et o m. o3.
Ce texte important m'a e'té signale' par M. Dubouloz, administra-
teur de la commune mixte de Maadid. Ma copie :
SALVO-ET-PROPITIO- WMmm^mM.lN O ■ N • IMP • C AES ARE
WMMMyMmmmm£:m^w^MMmmwmmmMmm p i o • F e l :'^;'; e • a v G • e t •
FORTiiSLMO • Ac • N mmmmmmm ssimo-invicto-et-
5 SEN A V \w^mmmm^^mmmN'c. • domo ■ 1 1 vs • d i v i n a • r e s • p •
MVNICIPI:^¥«:^^^^D QVOD M VLP ■ DIOSCORVS • OB • HONO
REM DVv'«^^««sr^««T^^W»ENTI-EiVS-VSVRIS ADDI
TA • ETi AM • }mimmmmm^mmmm&^' ore-petroni-resti
TVTl-V-E-PROC- AVG-PI^P«^»m'^^^'" DEDICANTIBVS
10 Q_-AEMILIO-SATVRNI«SATRIO-S/ "^l^O- D V V M V I R I S
^aim et propkio [doiH\ino niosliv) ]mi){eraloré) Caesnve [M[(irco) Aurelio 6'e-
veio Alexaiidro], Pio Fel[ic]c Aug{usto) etfo}'t{[s]simo ne n[obi[i\ssiino, in-
cicto et [Iulia Mamaea Aug{usta) , matre Aug{nsti) et caslrorum] et scnal[us
ci patriae, totaq]ue domo \e\ins dwiiia, res p{iibUca) immicipi{i)
[opus{?)'\ n\d qiiod M[arcHs) Ulp[iits) Dioscorus , oh honorem duu[in-
viralus (sestertiiim) . . . m(ilia) n{uinmiiiii) promtsemt[f) , e.v t[csl(tm\enti
e[i\us usuris, addita etiam , [Ja]vore Petroniii) Rcstituti, v{iri
e{gregiî), proc[uratoris) Au(gusti), p[r{aesidi) prov{mciae) Maur{etaniae)
Caesar[iemis) (?), peyfecit , dcdicanlibus Qi^uinlo) AeinIHo Satunii[uo et.. .]
Satrio S .... .0, duunwiris.
f'' Cmp. insci: laL, t. VIII, n" io35i.
— 568 —
\u\ li{|ii('s -j e[ U , les noms de rciiiporeui' cl de sa iiùtc ont elé
martelés. Le gouverneur Potronius Reslilutus, nomme' lignes 8-9,
ne figure ])as dans les Fastes de la Maiirélanic, dressés par M. Pallu
do Lesscil. Il esl bien regieltable (luà la ligne (i le nom du muni-
cipo ail disparu, d'autant plus que la ville romaine qui s'ëlevait
aux Ouled-Agla semble avoir ('te' la |)lus ini|)ortante et la plus
riche de toute la plaine de la Medjana. Peut-être ee municipc
s'appelait-il Eqmzctum. Une borne milliaire^^' trouvée à El-Guenia,
à 3 kilomètres à l'ouest de la Medjana, indique une distance de
i5 milles depuis le municipe d'Equizetum. Une autre borne ('-\ dé-
couverte 3 milles plus loin, dans la direction de Test'-'', porte le
chiffre XII. En reportant ces distances sur la carte, on constate
qu'il est possible qu'Equizetum ait correspondu au village actuel
des Ouled-Agla. Mais il (aul avouer que cette identification est bien
pre'caire ('*'.
30. — Bougie [Saldac). Petite stèle, déposée à la mairie.
D M S
S I T I I A {sic)
I A N V A
RI A VIX
IT ANIS LXIII
l){ifî) M{anibus) s^acrum). Sii{t)ia lanunria vixh (in{n)l-'i LXllI.
31. — Tiklat [Tupusuctu). A la ferme Buticar.
<ï' D (:^ m\
A VICTOR Q^
VIX ANIS ^
XXV H S E0
D{is) .]'l{anihiis). \ félins) Victor vi.T(il) an{it)is \XV. U[ic) .s•(//y^s•) e{st).
'" Qirp. iuscr. Inl., l. VllI , ii" io3^io.
'^' Idem, n" loAag.
'■'' On |)iutôl (lu sud-esl : "Sur li' rôté du clictuin ar;il)(' (|ni roiutuil i'i liou-
Aréridjn, dil I'a\eii.
'*' Voir Cl' f|U(! j'ai dil piémli-uiuu'ul sui' la [Moilioii d'E([uizeluiii, daiis mes
Hcrlierchm nrcliédlogifjiit's en .IZ/rcVic, p. ;i)S.S-:!iS.").
— 569 —
32. — Tiklat. Cippe eu l'ornie d(3 base de colonne. Acluellemeul
sur la place du vilia<je d"El-kseur.
D (Ï>M
P • CORNELI
VS-C-F-HoW
R A T V S«^
X I T • A • X'#^
H e- S Q^ E
D[ts) M{ambus). P[uhlms) Conieims, C(aii) J[ilius) , Ho[no])atUfi ,
[vijxit n{nnis) X . . . H(ic) s{itiis) [("(-s'O]
33. — Tiklat. Cippe, dans le jardin de la ferme Glaylon.
D-M-S^
O • P A M
P V L I V S
A R. N E N
C A E C I
L I A N V S
V-A-XLV<Ï'
Ç5H S E
D(/s) Miunibus) s(acriim). Q(uintus) Pampulius , Arnen(sis), C.necilinuiis,
v{{.vit) a{nuis) XL V. H{ic) s({tii>i) e{st).
34. — Tigzirt. Ma copie, d'après un estampage (jue m'a adressé
M. Leiialle, colon à Tigzirt.
D M S
F L A V I A E IV
L VICTORINE-
FQ:FILVAIIMVI
D XX P CLXXXV
W-X K D
D[ts) M[anibus) s{acrum). Flaviae hd{i(fe) Victorin{(i)e Jil{{ae); vixit
a{imis) II, m{ensibiis) VI, dtebus XX. (Anno) p{rovinciae) CLXXXV
(994 après J.-C). (Mortua) (?) X k{alendas) D(ecembres).
35. — Cap Matifou. [Busgumae). Colonne milliaire, trouvée
AncHKfii.or.iE. '^n
— âTO —
|)i('s (les riiinos dv Hiisjj'iiniao. dans le iioiivcau villajjc de Lapé-
roiise. l'^llo l'st aciiu'llcim'iil dcNaiil le fori lurc^''.
DD NN
V A L E N
T I N I A N O
ET VALENTI
5 PUS FELICIBVS
SEMPER AVGG
R N
vmo
B R P N
D[oiniins) n[ostris) Valentiniano cl ValeiUi,
Piis Felicibufi sempei- Aiig[tintis) , b(ono) v[ei) j)(iihlicac) ii^alis).
.le 110 vois pas ce (jue signilienl ics lettres R N à la ligue 7. Cette
iuscripliou, qui date de 36/i-3(j7, a été «{ravéc sur une autre in-
scription, dont il reste des vestiges, au-dessus et au-dessous de la
ligne 7. Notre borne appartenait probablement à la grande route
du littoral.
36. — Cap Matifou. Fragment d'une plaque de marbre, con-
servé au fort luic. Hauteur des lettres, o m. 02.
ianvariaeJ
AVRELI\|
37. — Hammam-Righa [Aqiuie). Caissoii à /loo mètres environ
à l'est de l'Iiopital mililalrc.
D-M-S-
CL • S P E S •
VIXIT • A ' XVI
MEN-II-D-VIII
S • T • 7" • L
D[is) M(ambns) s{ncrum). Cl{audia) Spes vi.vll aÇniiis) XVI , incii(sibus) Il ,
d{iebus) VÎIJ. S{u) l[lbi) l[crru) l{cvis).
"' Cotic lioriKï a <jli'' iiifiilioiiiit'c \>in- M. Wailli', Heriic tijricaiiir , \LI. ii>;)7,
|). 2X7.
— ôrl —
38. — Amourah [Sufasarj^^K Table.
MESA • CVCCATI
S-QVOT-FECIT- IV
LIA-MARITA-EIIVS
Me{)i)sa Cuccatis quoi [=qtiaiii) fecil lulia marila ci-ùyus.
39. — Amourah. Stèle.
D M S
T • PL • YiilLIS
VIXi-ANIS LXXII
TL- SOiSIAN\^
MAIOR NATVS
PATRI FLENS
FECIT
D(ts) M{anibus) s{acrum). T{itus) Fl{aviuii) Vi[r]{lis via;i[t] nn(u)is LXXII.
T{ttus) Fl(avim) Sos[s]{anus , maior nalus, palri fUns fccil.
40. — Amourah. Partie supe'rieure d'un caisson.
D • M • S
M • IVLIVS ■ SA
D[is) M[unmts) s{acrum). M[arcus) lulms Sa\luruinm?\
41. — Amourah. Table.
MIMOSA M D
AïO FILIO SVVO
DILEITISSIMO ^icomuia
MESAM PRO
SVVIT ^ ^
Mimosa M{arco?) Da\l\o fiho sm<w>o dileitissimo me(ji)sam yK»'>osM<M>j7.
'*' Les inscriptions siiivaulcs que j'ai vues à Amourali (DoUInsvilte) uni été ré-
unies par les soins de ^I. Costo, dirocleur du doinaine de la Compagnie algérienne.
37.
42.
— 572 —
Amourah. Table.
M E Écuolle S A
T V T I
TAS F
F
ECI ,, „ T SEV
ERI ANVS
Me{u)sa Tutit(isJ[iliae?). Fecit Sevcrtanus.
L<'s lijjues '2 et 3 soiil enrernices dans im plal de forme allongée.
43. — ■ Amourah. Table.
MESA
S O R I C A S
FECIT- Mi
MORIA ANNA
Me{n)sa Soricns. Fecit m[e]moria(m) Anna.
44. — Amourah. (lippe. L'inscription est brisée en haut, à droite
et à gauche.
oco
/I A RT I A L 1 s
N • kXXXV-M III
VOCONIVS C
3IOSVS QVI ET CA
I IN N O CEN TI
. . . I r]ofo[»/M.s'] Murtialis Y>}{i,xu) (i\n(nis) LXXX.\V, m(eii.s{hitsj III. . .
\ocoiiius [(j(tu\diosu.s- , qui et (la. . . [j)aii'\i iniiocciiti[>isiino\.
45.
Amourah. Bas d'un caisson.
CISSIMO FLENS
lECIT ET D VIIII
iD NOV A P CCEXII {.sic)
[ni\ari(o (Idlcissiuio Jlcns \f\('ril et (([rdicooit), 17/// [/|rf(M*) !Sov{cinbres)
u[tin<>) p[rovinciae) (](1{L)\U (— .'Joi do iiolie ère).
— 573 —
46. — Duperré {Oppidum Novuin). Caisson, à la ferme Hiard.
Il est brise' en bas.
D M S
AELIVS VIBIVS
femme homme yiCXIT- AN XLV
MESES-IIDIES-V
AELIA SATVRNI
NA-VIXIT- AN
^^ ■ MESES
D{ts) M{anihus) s[acnnn). Aelius Vibius vi<^cyxU an{nos) XLV,
me[n)se<t II, (lies V. — \elia Satumina vixit aH(iî)[os] XX, me{iî)ses
47. — Duperré. 1
berme Hiard. Petite tabl(
m. 0^,
FIORAS
VI TA
KcueUe L I O Éctiellp
NIS
TIPASI MAR
CIAE ET CESALIAE
Floras , Vitalionis , Tipasiij) , Marciae et C{a)esel[l)iae.
11 est vraisemblable que cette table, d'apparence grossière, re-
couvrait des reliques de saints. Nous avons la liste de ces saints.
Le martyrologe dit de saint Jémme donne, pour l'Afrique, le nom
de Marcia au 8 des ides de mai, au i6 des calendes de juillet et
au i8 des calendes de janvier. Tipasius est sans doute le martyr
maurétanien Typasius, dont les Actes ont été publiés récemment
])ar les Bollandistes'^h il fut décapité dans la \ille voisine de Ti-
gava, au temps de Dioclétien.
Stéphane Gsell.
('^ Analecta HoUa>idiana,l\ , \^. ii6.
TABLE ALPHABET] OU E.
\i\7.u: (,1V). De la siir\iv>inci' ilos dol-
mens en Limousin, p. xlii-xuii.
Aï\-B\nciioucH (Tunisie). Inscription
clirétienne, p. iao. — Inscription ro-
maine, p. 419.
AïN-CiiARROi (Algérie). Borne inilliaire,
p. 56n.
Aïn-ei.-Ghaiisa (Tiiiiisic). Inscription ro-
maine, p. /io8.
Aïn-el-Henchir (Tunisie). Inscription
romaine, p. 3 98.
Aï\-el-Ol'Arghi (Tunisie). Inscriptions
romaines, p. ^^8-^19.
Aïn-Faouar (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. 369.
Aïn-Fodda (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. 890.
Aïn-Gheciiil (Tunisie). Inscriptions ro-
maines, p. 370.
Aïn-Kasii-el-Hai)1d (Tunisie). Inscription
romaine, p. 398.
Aïn-Snob (Tunisie). Inscriptions ro-
maines, p. 38^, î?8.j.
AïN-ZoïABiN (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. '1 ) 9.
Aïoij\-el-Arba (Tnnisif). InscriprKm
romaine, p. 'iHH.
Ai.BA>Ès (Le chanoine). Les aris à Ton-
Ion au mo\en àjje, p. 17 à /17.
Ai.Ri (Tarn). Inventaire des armes et
nnniitions de celle ville en iBgS,
p. 108 à 1 15.
Ai.r.Eit (Algérie). Ins< ripiion ln-braïque,
|). mC)-'?. 17.
Ai.i.ÉK COUVERTE, (lécouvi-rli- aii\ Bon-
lards, p, XXIII-XXIV.
Ai.TiMinniM. — Voir MiiRViEL.
A M BOISE (Indre-et-Loire). Comptes du
cliàteau, p. xi.vi.
Amolrah (Algérie). Inscriptions ro-
maines, p. .^71-579.
André (Désiré), nommi' chevalier de la
Légion d'honneur, p. iaxxv.
Angers (JNlaine-et-Loii'e). Inscriplion hé-
hraïque, p. 91 5.
Angot (L'abbé). Statue du Grand Condé
conservée dans l'église de Saulges,
p. CI, cx-cxi, et 5/17 à 5/19.
Angijilcodrt-le-Saiit (Oise). Cimetière
franc , p. 218, 9 a 3 à 9 3 1 .
Antibes (Var). Démolition des murs an-
tiques, p. uv,
Apremont (Maison d'). Plaque de che-
minée à ses armes, p. 338.
Arabo -BERBÈRE (Mauuscrit), p. ai G à
2 A 9.
Arbellot (L'althé) oH'rc un ouvrage au
Comité, p. wviii, wxiii, xcviii.
Arécomiques (Les derniers), p. /181 à
53i.
Arles (Bouches-du-niiônc). Inscriptions
hébraïques, p. 179, 180 à 189.
Arlot de Saiivt-Saud (AL), nommé offi-
cier d'Académie, p. i.xxxvii.
Armes de l'époque marnienne d(''COu-
verles dans le midi de la France ,
p. /i8i à 098. Armes et muni-
tions de la ville d'Alhi en iSgB,
p. 108 à iiô. — Armes italiennes
consigiK'cs à Lyon en i5()i,p. .")3
à 69. — Armi's icciicillies dans la
Loire, p. xxv.
57;"^
AucH (G(M'.s), fiiscn'plidns li(''lir€iifnies,
p. 180.
Aiidiat(M.) envole une corniiumicatioii,
p. XCVIII, CM.
Ai'MALK (Seine-Infôriniu'e). Inscription
de dédicace du cimetière, p. xxix.
Al VR-W (Lucien), iioinniéollicier d'Aca-
démie, p. LXXXVll.
AvENEAii DELA Gbancière (M.) ofTie un
ouvrage au Comité, p. ci.
Avraga (Ténériffe). Inscription libyque,
p. xxiv-xxv.
B
Babelon (Ernest), chargé d'un rapport,
Lxxxix, xcix; — élu membre de
l'Institut, p. cvi.
Discours au Congrès de la Sor-
bonne, p. lxiu à lxxviii. — Rapports
sur une bague trouvée à Thérouanne ,
p. xxii-xxiii; — sur une demande de
subvention , p. xciii ; — • sur les fouilles
de Bortbouville, p. xxii.
Bague du xvii' siècle trouvée à Thé-
rouanne, p. XXII-XXIII.
Bantarès (Hérault). Cachette de fon-
deur, p. XXXIII, et 48 à 59.
Baratte (Gustave), nommé officier de
l'Instruction publique, p. lxxxvi.
Barbier de Montallt (L'abbé) ofl're un
ouvrage au Comité, p. xxviii.
Barcelone (Espagne). Annonce d'un
concours, p. xcvi-xcvii.
Bardy (H.), auteur d'une communica-
tion, p. cvi.
Barrière-Flavy (M.), nommé officier
d'Académie, p. lxxxvii.
Barthélémy (Anatole de), chargé de di-
vers rapports, p. xxxiii, c, ci, cvi;
— nommé membre d'une commis-
sion, p. cvî; — présente une obser-
vation, p. Liv; — présente divers
rapports, p. xxiii, xxix, xcix, cvii-
CVIII, CXI.
Bualha (Portugal). Construction de
l'abbaye, p. xlix, et 1 à 16.
Bataves (Les) ont-ils reçu le titre de
fratres et amicipopuli Bomani,Tp. 9.34
à 3.38.
Batiffol (L'abbé), nommé officier d'Aca-
démie , p. LXXXVII.
Battaria (Tunisie). Stèles puniques,
p. 870 à 876.
Bauffremont (Maison de). Plaque de
foyer à ses armes, p. 335.
Baux (Les) [Bouches-du-Rhône]. In-
scriptions antiques, p. LXXXIX, xciv. — -
Sépulture gauloise, p. 5o4 à 5o6.
Béatrix, veuve de Gui le Champenois,
fait une donation à l'abbaye de Saint-
Paul de Besançon, p. 70.
Beaune (Henri). Tapisserie représenlant
Charles le Téméraire, p. ciii-civ.
Beaurei'aire (M. de). Observations sur
les puits funéraires, p. xlviii. — Les
peintures murales de Benouville, p. c,
et 1 1 6 à 139.
Beauvois(E.) offre un ouvrage au Co-
mité, p. Cl.
Bégon (Scipion- Jérôme), évêque de
Toul, Plaque de foyer à ses armes,
p. 33o.
Béja (Tunisie). Inscription romaine,
p. 389.
Belleperche (Abbaye de). Inscription du
xui" siècle, p. xlviii.
Belligdat (Ain). Découverte d'nne sé-
pulture gauloise, p. xliii.
Be\ou VILLE (Calvados). Peintures mu-
rales, p. L, et 1 16 à 199.
Berger (Philippe), chargé de divers
rapports, p. c; — lit divers rapports,
p. en, cviii, CXI. ■ — Note sur l'in-
scription d'Avraga, p. xxiv-xxv.
Bermundi (Martin), chanoine de Toulon,
fait peindre un crucifix à la cathédrale
de Toulon, p. 3o-3i.
Besançon (Doubs). Abbaye de Saint-
Paul, p. 69-70. — Les deux cathé-
drales, p. Lviii-Lix, et 128 a i38. —
Le temple de la Fortune, p. l, et 63
à 70.
570
Rkbthaid (Miclu'h, uoiiiiué ollicier do
riiislniclion piiltliqiio, p. i.xxwi.
IU:nTHEi.K (Joseph), autour d'niu' ooni-
nuMiicaliou, p. xxi ; - iiouiuié ollicior
de l'Iiistruclion publique, p. lxxxvi.
Beiitiioi VILLE (Eui'e). Ruines romaines,
p. XXII, XL-XLi, et 7t à 78.
Bertiuxd (Alexandre), chargé d'un r;;p-
port, p. xcii; — l'ait diverses obser-
vations, p. XLi, XLiii; — l'ait di\ers
rapports, p. xciu, xcv, xcix.
Scpullure préhistorique décou-
verte aux Routards, p. xxiu à xxiv.
lÎKTiuiNE (Hippolyte de), évèque de
Verdun. Plaque de cheminéo à ses
armes, p. USo.
BErvnAY (Mont). Fouilles, p. lv.
Hkziers (Aude). Inscriptions hébraïques,
p. 187-188.
BiJA. — Voir Battaria.
BiTRE ((îuillaunie de), peintre, p. 3/i.
Bi.ANZ Y - SUR - Bresle ( Seine - Inférieure ).
Inscription du moyen àj^e, p. xxx.
Bled (L'abbé). Bajjue trouvée à Thé-
rnuanne, p. xxii-xxiii. — OfTre un
ouvrage au Comité, p. xxxiii, xcviii.
Bléville (Seine-Inférieure). Sépulture
gallo-romaine, p. l-li.
Blois (Loir-et-Cher). Chapelle du châ-
teau, p. Lx. — Notre-Dame de Bourg-
moyen, p. LX.
Bloiet de Gamillï, évèque de Toul.
Plaque de foyer à ses armes, p. 33o.
BoLLENs (Mathieu), imagier, p. 35-30.
Boi\No (L'abbé), auteur de diverses com-
munications, p.xci, c,cvii, cix. — Les
"légères de la forètde Chenoise,]). Lvn.
— • L'église Saint-Pierre de Provins
d'après un inventaire de 1789,
p. XXXIII, et 193 à 137.
BoRDiER (M.) envoie une note sur
l'inscription d'Avraga, p. xxiv-xxv; —
envoie descopies d'inscriptions, p. 383,
38/i, 385, iaa, ti-i^.
BonDi-DjKDih (Tunisie). Inscription ro-
inaine, p. '137.
Boriij-Mkssaoudi (Tunisie). Inscription
romaine, p. /107.
Bordj-Mhira (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. 3(){).
Bosco (Guillaume de), prieur dos Do-
minicains de Toulon, p. A6.
Bosseboeuf (L'abbé). Comptes du châ-
teau d'Amboise, p. xlvi. — L't'lole
de Saint-Pol-de-Léon, p. xlvi. — Ob-
servation sur les piles romaines,
p. \lv-xlvi.
Bol-Ftis (Tunisie). Inscription romaine,
p. 399.
BoLciiE (Algérie). Inscription romaine,
p. 568.
Bou-KoiRNEiN (Tunisie). Inscription ro-
maine sur une lampe, p. /i53.
Bou-Maharez (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. A35.
Bou-Reuia (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. 367.
BociRGEs (Gaspard de). Plaipie de foyer
à ses armes, p. 3/ia.
Bourges (Musée de). OEnochoé de
bronze, p. xxvi, i46 à l'ig.
BousREz (M.). Etude sur les monuments
mégalithiques de Maine - et - Loire ,
p. XL.
BocTARDs (Les) [Seine-et-Oise]. Décou-
verte d'une sépulture préhistorique,
p. XXIU-\X1V.
Rovis (Pcliiis), peintre d'Aix, p. 39,
93, ai , a5, 96.
Brassemi'ocï (Aisne). Statuette préhisto-
rique, p. XLVU.
BHlço^ET (Denys), évèque de Toulon,
fait construire une chapelle à la ca-
thédrale, p. 3i -3"..
Brocard (Les), fonilenrs de cloches,
p. h']k-!i']î).
Brune (L'abbé). Lo ciiâleau du Pin,
p. LIA, et 39 1 à 397.
Bulliot(iM.). Fouilles du mont Beiivray,
p. LV.
Bijssv (Pierre-Auloino). Placjue de loyer
à ses armes, p. 3'i'i.
— 577
C
(;ACHEDKNiEn DE Aassimont (Famille).
Plaque de foyer à ses armes, p. 3Ao.
(Iachette de fondeur, à Bantarès, p. f\S
à 53.
(i'AGNAT (R.), chargé de divers rapports,
p. Lxxxix, \cviii, CI. — Rapports di-
vers, p. xcui-xciv, cii, cviii; — sur
une inscription trouvée à Castillo de
Gibalbin, p. xxv.
C.ALVissoN (Gard). Sépulture gauloise,
p. 5oo à 002.
Gambrai (Nord). Démolition des rem-
parts, p. LVIII.
(iAKi'AGNAc (Gard). Sépulture gauloise,
p. 489 à /192.
Ganetonum. Fouilles, p. xxii.
GA^ ROBERT (Algérie). Inscription ro-
maine, p. 56i.
Cap Matifou (Algérie). Inscriptions ro-
maines, p. 569-.570.
(iAPios (Pierre), peintre ou brodeur,
p. liz.
Cabbon ( Philippe de), architecte à Tou-
lon, p. 19, 98.
(]arpEi\tras (\aucluse). Inscriptions hé-
braïques, p. 1 95.
Cardaillac (M.), demande une subven-
tion, p. xcii.
(^ARTHAGE (Tunisic). Inscriptions chré-
tiennes, p. Uho , Mii-liàô, hli'j; —
puniques, p. 448; — romaines,
p. 437, 439 à 445, 447, 449 à 4oi.
— Lampe chrétienne, p. 987 à 289.
(ÎASATi (^I. ), auteur d'une romniiinicn-
tion, p. cvi.
Castaaiier (M.) oll're un ouvrage au Co-
milé, p. xcii.
(iASTELLOs (Le) [Gard]. Enceinte gau-
loise, p. 507-008.
Gastilho (Antonio de), architecte de
Batalha, p. 1 4.
Castillo de Gibalbin (Espagne). In-
scription romaine , p. xvv.
(iÀTELIER de CrIQLEBEUF (Lc), p. LVH.
Cazalis de Fo.^docce (M.). Cachette de
fonde in- à Banlarès, p. xwiii, \u , et
48 à 59.
Chagnox (Loire). Inscription romaine,
p. c.
Chagnon-Villepouge (Charente -Infé-
rieure). Pile romaine, p. 79 à 8.3.
Champion (Eug.-Alf.), nommé ofTicier
d'Académie, p. lxxxvii.
Champvert (Nièvre). Découverte d'une
villa romaine, p. xxxiii, et 3i3 à
390.
Charles le Téméraire (Portraits de).
p. ciii-cv.
Cheminées (Plaques de), p. 398 à 3Gi.
Chenel (M.) découvre un bas-relief,
p. 390.
Chenoise (Les aggeres de la forèl de),
p. LVII.
Chexoise (Seine-et7_AIarne). Découverte
d'une monnaie gauloise, p. cviii.
(Chevallier (L'abbé) offre un ouvrage
au Comité, p. ci.
Christophe (Saint). Statuette d'argent
à Saint - (yhristophe - de - Lasbordes ,
p. XLViii, 94 0 à 9 43; — provenant
de Saint-Nicolas de Toulouse, p. 9^3
à 2 45.
Chusclan (Gard). Enceinte gauloise,
p. 5io-5i9.
Chypre (lie de). Mission de M. Enlart,
p. XXVIII-XXIX.
Cimetière (;allo-romai>' à Saint-JMarliu
ilu Mas-d'Agenais, p. 84 à gô.
(i'iMiEZ ( Vlpes-Maritimes). OEuvres d'art
conservées au couvent des Francis-
cains, p. XXXIII.
Clermont-Gainneau (M.) oHre un ou-
vrage au (Comité, p. cvi.
CLiiVEs (François de), abbe du Tréport,
p. XXX.
Cloches de Blangy-sur-Bresle, p. \xx;
— de Vi, p. 472 à 477.
Cluse (Honoré de), imagier, p. 44.
Colla (Antoine de), architecte toulon-
nais, p. 18, 19, 20.
— :)78 —
(ioLni ^Aljjt'i it'j. Iiiscripliiins rDiiiuiiios,
|). 56r).
(ioMlTÉ DES TnAVAi:X IIISTORIOUES.
Demandos de sousrripljons,
p. XWIl, XXXI, XXXIV, XCV , XOIX, CM.
Domandes de subventions, p. xxi,
XXVi, XXXII, LXXXIX, XCII, XClll, XCV,
c, cv, cvi , CVIll.
Liste des membres, p. i à xvii.
Ouvrages offerts, p. xxi-xxii,
XXMIl, WXI, XXXIII, XXXIV, XCII-XRIH,
XCVIll, CI, cvi-cvii.
Préseulaiion de candidats, p. cvii.
Projet do publiralion, p. xxiii.
Séances du (,'oinite : du 1 1 janvier
1897, p. I à \xvii; — du 8 février,
p. xxviii à XXX ; — du i 5 mars , p. xxxi-
xxxii; — du I :i avril, p. \xxiii-xx\iv;
— du 10 mai, p. Lxxxix à xci; — du
ai juin, p. XCII à xcv; — du 1 a juil-
let, p. xcviii à xcix; — du i5 no-
vembre, p. c à cv; — du \'.\ dé-
cemltre , p. cvi à cxi.
(If. CONGRKS DK lA SoRIiOMNIi.
(ioMPHNiER (Gard). Sépulture gauloise,
p. /u)7 à /199.
CoNDÉ (Statue (h), dans Téfflise de
Saulges, p. cx-cxi , et 5/17 à r)A9.
<ioN(iRh;s DK \A SoRBl)^.^E. Séauci! d'ou-
vertuif, |). XXXV à xxxix; — du ao avril
soir, p. XL à XLUi; — du fîi avril
malin, p. xi-iv à xlvi; — du ai avril
soir, p. XLVji à 1.1; — du aa avril
malin, p. tu à lv; — du 9 a avril
soir, p. Lvi à LXi; — du 9A avril,
p. lAII à LXXXVIII.
Corot (Henri), auteur d'une comiiuini-
calion, p. xcvni; — oITre un ouvrage
au Comité, p. cvii.
CosTE (M.) recueille des inscriptions,
p. 571.
CocRNAULT (Charles). Les enseignes de
métiers sur les bas- reliefs gallo-ro-
mains, p. tiv.
(^orsANCEs ( Fonderie de), p. .35fîà .')57.
CouTii. (Léon) adresse une demande de
subvention, p. xxxii; — ■ signale une
sépulture romaine trouvée à Bléville,
p. L-LI.
Criquebeuf (Le (îàtelier de), p. lvii.
Cuissard (Charles), nommé officier de
rinsiruction publique, p. i-xxxvi.
Cure (Crottes préhistoriques de la),
p. XXVI.
CuzoRN (Bertrand j)e). Son épitaphe à
l'abbaye de Belleperche, p. xlviii.
D
|)i;i.\i'viii) (L'abbé) envoie copie d'une
inscription, p. TjSg.
Dei.attrk (Le P.). h'ragment de lampe
chrétienne, p. 287 à 989.
Demsle (Léopold). Discours à l'ouver-
lure du Congrès des sociétés savantes,
p. xxxvi à xxxix.
Dei.ormk (Km.j ollre un ouvrage au
(iomité, p. CI.
Dki.ort (^L). Découverte d'une sé^piil-
ture gauloise à Belligiuil , p. xi.ni.
Demellore (Anié) ollie divers ouvrages
au Comité, p. xc.
Dews (l'ierre), ménétrier à Toulon, p. ^liL
Deugnï (M.). Liscriptions du moyen âge
de la .Seine-Inférieure, p. vxix-x\x.
— Projet de publication, p. xxiii.
Des Mëloizes (Albert). OEnochoé de
bronze du musée de Hourges, p. xwi,
\h& à 1^19. — Oilre i\\\ ouvrage au
Comité, p. XXXI.
l)Ks^ovERs (L'abbé) oll're un ouvrage
au (Comité, p. xxviii.
I)kst\m)E\i: (M.), auteur d'une cnunnu-
uication, p. iaxxix, xciv.
DiCT DES TROIS MOUTS ET DES TROIS VIKS
(Le), peint dans l'église de Benoii-
ville, p. 117.
Dijon ((iùte-d'Or). Inscriptions hé-
braiipies, p. 1 8(i-i 87.
Djama (Tunisie). Inscription chré'tienne,
p. /i ;{(•).
D.iKRi!\ (Tunisie). ALinuscril Mrabo-l)er-
bète, p. '>'i() à a'iy.
— 579 —
DoMiNGiJK/, (All'onso), .irrhiteclo de Ba-
tailla, p. 7, 1 0, 12.
Dorez (Léon), nommé officier d'Acadë-
mie, p. Lxxxvii.
Douar-ech-Chott (Tunisie). Inscriplion
romaine, p. i 3 8-4 3 9.
DoDRLEs (Falirication de), à Rouen,
p. XLix, et 96 à loô.
DouGGA (Tunisie). Inscriptions romaines,
p. Ii0'2 à Ao5.
Drohas de Bousseï ((jlaude), évêque de
Toul. Plaque de foyor à ses armes,
p. 33o.
Ddhouloz (M.) envoie copie d'une in-
scription, p. 56i, .567.
DccHÂTELET (Famille). Plaque do foyor
à ses armes, p. 336.
DucROQUET (M.) découvre des insciij)-
tions romaines, p. 363,
Du Hautoy (Famille). Plaque de foyer à
ses armes, p. 336-337.
DuPERRÉ (Alj^érie). Inscription chrétienne,
p. 573. — Inscription romaine,
p. 573.
Dupont (Le capitaine), nommé officier
d'Académie, p. lxxxvm.
E
El-Alia (Tunisie). Aécropole phéni-
cienne, p. liQli à /167.
El-Ania (Tunisie). Inscription romaine,
p. 382.
El-D.iem (Tunisie). Inscriptions ro-
maines, p. 076 à 378. — Lampe an-
tique avec inscription, p. /J71. —
Mosaïque romaine, p. 376.
Enceintes GAULOISES, p. 5o6 à5i2 , 5l8-
.5l9,.528-53o; — du Castellos, p. 507-
.5o8; — de Chusclan, p. .5io-.oia;
— de Laudun , .oog-.^ 1 0 ; — de Pont-
Amliroix, p. .'')n6-.")07; — de Vié-Ciou-
tat, p. 509.
ExFER (L'), peint dans l'é^jlise de Be-
nonvillo, p. 118 à 1 90.
E.NriDAvnj,E (Tunisie). Statue de femme,
p. 'i.^)9-A()0. — Lampes antiques,
p. /i6o.
ExLART (Camille). Mission en (,'hypre,
p. xxvin-xxix.
Enseignes de métiers figurées sur des
bas-reliefs gallo-romains, p. liv.
Epraves (Belgique). Coupe de verre orné,
p. 228.
Eu (Abbaye d'), p. xxx.
EuDE (Emile). Maître Huguet et les in-
fluences françaises dans les construc-
tions de i'abbaye de Batallia , p. xi.ix-l,
et 1 à 16.
Évaux-en-Ornois (Abbaye de). Plaque
de foyer à ses armes, p. 33 1.
F
Farius Maximus Afrioanus, proconsul d'A-
frique. Monnaie inédite, p. aSo à 2.5f).
Fage (René) offre un ouvrage an Co-
mité, p. XXXI, XXXIV.
Fassius (Jean) fait faire un retable,
p. 35; — une statue, p. 35-36.
Fedj~es-Siouda (Tunisie). Inscriptions
romaines, p. a 83.
Fedj-Mzaoui (Tunisie). — Inscription
romaine, p. 38/1.
Fernaxdez (Malbeus), nrcliilerle de
Balalha, p. 8, i3, l'i.
FERTK-(r\ucHER (La). Découverle de figu-
rines en bronze, p. ci\.
Fêtes VOTIVES ( Les) en Limousin, p. i58
à 160.
FiGEVROLis (Johannes de), prieur des
Dominicains de Toulon, p. 27.
FiNOT (Jules), nommé chevalier de la
Légion d'honneur, p. lxxxv.
- 580
Flaliiklli ( \lar.sj(llii>), sorriirier ;i Tou-
lon, p. 3i-;^!.
Fi,Eii\ï (Famille). Phicjue tk- loyer ù ses
armes, p. 34o.
Fi.oiiAiwiLLE (Maison di'). lMa(|ues de
elieniinées, p. 337-33^.
Fontaines (Les) on Limousin, p. i5o
à 177; — en Vexin, p. xi>iii-XLiv.
Fo.vTEViiAULT (Alibaye «le), p. li\-ia.
FoREST (Jean), fabricant de doubles à
Rouen, p. 100 à 1 o'i.
Formule MAiiionE trou\ee à Villepoujfe,
p. XLV.
FoïER (L'oruemenlalion du), p. 3'î8 à
36 1.
FtJRNo (Marcus de), peinli'e,p. 3o, 3i.
G
(i\iiNKiii (Pierre), orj[am"sle à Toulon,
p. '16.
Gauiiklkr (P.). llappoit épi);ra|ilii(pie
sui' les déconverles faites en Tunisie,
p. 3G3 à /17 1.
riAiTiiiER (Gaston). Les fouilles de
Cbampvert, p. xwiii, xci, et 3i3 à
3;îO.
riMjTHiEiî (Jules). Les deux calliédrales
«]<■ Besançon, p. lviu, lix, et i>8 à
]38; — Le Temple de la Fortune à
Besançon, p. l, et 03 à 70.
Gaveal (M'""^), donne divers objets
au Comité, p. xcviii.
Genoud (Aîné), marcliaud d'aiiues à
Lyon, p. 53 à Os.
(^EOKKROV (Salvador), maître niaron à
Toidon, p. '17.
GiRAUD (J.-B.). Cousiyualion d'armes
italiennes à L\oii eu i5(Ji, p. 03 à
69.
GiRoi» (M.) di''(i)u\re nue inscription,
^ p. 3ç)«.
Gi.\M)KVKs (Gas|)ard de), pi'(''vol du 1 iia-
pilce de Toulon , p. 3K-IU).
GoDAiiD (Cil. -A.), nounui' ollicii'r d'Aca-
démie, p. LXXWIl.
GoME/. (Antoine), arcbitecle «le I5atalli,i,
p. 8, 1/1.
Grvndmaiso.x (Louis de). Jean Papin,
maître de Treuvre de la cathédrale de
Tours, p. xxv-xxvi, et p. 106-107.
Gr.ANDSELVK (Abliave de). Son trésor,
p. XI.V111 et 339.
GsKLL. Inscriptions inédites de l'Algérie,
p. .'iSO à 573.
GniiEAuu (Jean), nommé ollicier d'Aca-
démie, p. LXXXVII.
GimiERT (Louis) offre \\n ouvrajje an
(Comité, p. xxviii.
Glikkrev (Jules), chargé de divers rap-
ports, p. Lxxxix, c; — lit divois rap-
ports, p. XXVII, xci, xciv, cil, cm à
cv, cviii.
GuKJXAiiu (Ludovic). \ ille ])iéliistori«pie
lrouv«''c près d'Averdon, p. i,\i.
GiiiiAMAMii (Joliannos) , imagiei à Tou-
lon, p. 9.Q-'i'], 35, 37-38.
(icvoT (M.). Notice sur les rniiies (Je La
iMotlie, p. i.iv-i,v.
H
Hachettes de mktai, ornées de lijfures,
p. \LIII.
1(\ii.ieii-ei,-Aïoi;n (Tunisie), p. 383.
H iMMib (L'abbé). Nécropole de Mouy-
Biiry, p. Lv.
11 \MMAM-HiGHA (Alfféric). [nscriplioii
romaine, p. 570.
II^^^Ei!o (Le capitaine) découvre une
inscription, ji. 383. — Notes ar-
cliéoloyiqnes sur Lemla, p. 990
à 3i:î. — Sceau de François 1*"',
p. XXIX.
IFardel (L'abbé). Noie sur la chapelle
du château de Blois, p. i.x. — Noie
581
sur l'église de Notre-Dame de Hoiir};-
moyen à Blois, p. lx.
HE^CHIR-AïIv-KERMA (Tuiiisie). Inscrip-
tion romaine, p. 380-381.
Hekchib-Aïn-Keskes (Tunisie). Inscrip-
tions romaines, p. aB'i.
Henchir-Ali-bou-Derbel (Tunisie). In-
scription romaine, p. -iS/i.
Henchir-Aodd-ben-Dhaoi (Tunisie). In-
scription romaine, p. A09.
Henchir-Bir-bou-Amar (Tunisie). In-
scriptions romaines, p. 383.
Henchir-Bir-el-Askaria (Tunisie). In-
scription romaine, p. 380.
Henchib-Cheragrag (Tunisie). Inscrip-
tions romaines, p. 380, 386.
Henchir-Dkbbik (Tunisie). Inscription
romaine, p. 897.
Henchir-Dedech (Tunisie). Inscription
romaine, p. 369.
He>chir-Doiamei s (Tunisie ). Inscription
romaine, p. ^109.
Henchir-Dougoda\a (Tunisie). Inscrip-
tion romaine, p. 893.
Henchir-el-Odst (Tunisie). Inscription
romaine, p. 38^.
Henchir-Ghaïadha (Tunisie). Inscription
romaine, p. i35.
Hencuir-Maàtria. — Voir iXimllli.
Henchir-Mebdoua (Tunisie). Inscrip-
tions romaines, p. 282.
Heivchir-Meded (Tunisie). Inscription
romaine, p. 887.
Hknchir-Mest (Tunisie). Inscriptions
romaines, p. 6o5 à Z107, A08.
Henchir-Mjar-Allah (Tunisie). Inscrip-
tions romaines, p. 381.
Henchir-Ouessah (Tunisie). Inscription
romaine, p. sSs.
He.nchir-Ulm-el-Abtaie> (Tunisie). In-
scriptions romaines, p. 383.
Henchir-Tina (Tunisie). Inscriptions ro-
maines, p. 379.
Henchir-Zaafra.n (Tunisie). Inscriptions
romaines, p. ^1 18.
He\chir-Zoi AOLDA (Tunisie). Inscrip-
tions romaines, p. /167.
Hermès (Oise). Découverte d'une statue
équestre, p. lv.
Hermet (L'abbé) demande une subven-
tion, p. wxn. — Recherches entre-
prises à l'Hospitalet , p. xxvi.
Héron (A.). Une fabrication privée de
doubles à Rouen, en iGSg, p. xlix,
et 96 à io5.
Héron de Villefosse (A.), chargé do
rapports, p. xxxiii, lxxxix, c, cvi; —
nommé d'une commission, p. cvi; —
présente une observation, p. lv; —
présente divers rapports , p. xci , cv, cix.
Inscription romaine découverte
aux Baux, p. xciv.
HiLAiRE (Le lieutenant) communique des
inscriptions, p. Aog, /(16, ^«17,^ 68,
— — Fouilles de Numluli , p. 55o à 553.
Hippo-DiARRHïTcs. Monnaie inédite,
p. 3.^0 à 35g.
Hosi'iTALET (L') [Aveyron]. Recherches
de M. l'abbé Hermet, p. xxvi.
HuET (Jean), évéque de Toulon, l'ail
réparer son palais épiscopal , p. 1 9-2 0 .
Hijgon(M.) communique une inscrip-
tion, p. 398.
Hlguet (Maître), constructeur de Ca-
laiha, p. 1 à 1 0.
Hurlus (Marne). Sépultin'e gauloise,
p. LU.
1
Imbert (Martial). Observations diverses,
p. XLII, LVII.
Inscriptions CHRÉTIENNES à xVin-Barcouch ,
p. /430; — Carthage, p. l\ho, hlw,
hhh, hh']\ ~ Djama, p. h'^f»; —
Duperie, p. 070; — El-Djem, p. 877,
378; — au Kef, p. 6i3; — à Mak-
tar, p. Ù3i-i33; — ■ Sousse, p. 38i;
— Tabarka, p. 89 1; — Tébessa,
p. 559.
:)S"2 —
h.sciiiiMioxs i.iiEc.oiiE^ à Cailliagi-,
|l. 'too.
hsciiiPTioNs iiÉnnAïniiEs en France du
vn' an w" siècle, p. i.ii, et i7Hàai7.
Irouvôos à Arles, p. t8i; — (!ar-
pt'iifras.p. ijjT): — Issoiulun, p. •Î07
à 3i3; — Liniay, p. aoi; --
Mantes, p. ;!0'.>, ao3; — Monlreuil-
Honnin , p. 3 1 /i ; — Narbonne , p. 1 9 1 ,
193, 193, 196; — Nimes, p. 188,
189; — Sainl-Paul-Trois-Oliàleaiix,
p. a 16: — Scnnoville, p. 9o5; —
Toiiloust', p. 189; — ^ Vienne, p. 18a.
hscRiPTioNS LiBvnrEs aux Canaries,
p. xxiv-xxv.
Inscriptio> m(idki;nk Irouvéeà Juinelies,
p. c.wi.
I.NSCIÎIPTIONS MODEIINKS SOI' (los phupiOS
de lover, p. ii;u), 33i, 334, 387,
33S,"3/i7, -m à 35i, 350, 357,
:um.
l.vscnii'TioNS i)U MOVE.N âgk, à Aninale,
p. xxix; — Relleperclie, p. xlviii;
— Besançon, p. i^lt, i36; —
Blanzy-sur-BresIe, p. \xx; - - Saint-
Martin- Gaillard, p. xxv.
Insciuptions pimqi;es à (larthagCjp. A/|S.
l.xscMiPTioNS no.MAiNKS à Aïn-Ran'lioiicli ,
p. A 19; — Aïn-Cliabrou, p. 5Go :
— Ain-el-Gharsa, p. /108; — Aiii-
el-Henchii-, p. 393 ; — Aïn-el-Oiiarglii,
p. UliH, 4^19; — Aïn-Faonar, p, 869;
— Ain-Fodda, p. 390; - Aïn-Glie-
rltil, p. 370; — Aïn-Hasr-ei-IIadid,
p. 393; - Ani-Snob, [p. :?8/i, aH.'):
— Ain-Zonarin, p. '119; — Aïonn-
<;1-Arba , p. 388 ; — Anionrah , p. ^7 1 -
572; — Batlariu, p. 872, 37;?;
— aux Baux, p. xciv; — à Béja,
|i. 389; — Bnrdj-lJjedid, p. /137;
— Boidj-Messaoïidi , p. '107 ; — ■ Bou-
Flis, p. 899: Bougie, p. 56^;
- Bou-kouniriii , p. ^103; — Bou-
Maliarez, p. li'.\b; — Bou-Rcbia,
p. 367; — (lamoliort , p. 56i; —
an Cap .Matilon, p. r)69-57o; — à
Carllia/fo, p. 637, ^189 à ^if), f\[i'j,
'i'h) à Ziôi; — (iaslillo de Gibalbin,
p. \\v ; (jollo. p. r)tU); - au Douar
des Ouled-bou-Khaëli, ji. /117: —
an Douar-ech-rbott, p, 438-/i39;
à Dongga . p. /io3-6o5; — Dn-
porré, p. 573; — El-Ania, p. 883;
— El-Djem, p. 37(1 à 878, 471;
— Fed)-es-Siouda, p. 388; —
Fedj-Mzaoui, p. 38/1; — Hadjeb-el-
Aioun, p. 883; — Haniniam-Riglia,
p. 570; — Henihir-Aïn-Kernia ,
380-381 ; — Hencbir-Aïn-Kcskès ,
38A; — Hencbir-Ali-bon-Derbel,
38/i ; — Heiiiliii-Aoud-ben-Diiaon ,
A09; — Ilencliir-Bir-bou-Aniar,
383; — Ilenchir-Bir-el-Askaria,
380; — Hencbir-Cherajfrajf,
285, 38G; — llenchir-Debbik,
p. 897; — Heiîchir-Dedecb , p. 869;
— Henc1iir-Douami?ns, p. A09; —
Ilenclnr-Dougonana , p. 899; —
Tlencliir-el-Oust , p. 384 ; — • ITencliir-
Gliaiadlia, p. 435; — Henchir-Meb-
dnua, p. 383; — llencbir-Meded,
p. 887; — Hencbir-Mesl, p. 405 à
407, 4o8; — Hencbir-Mjar-Allali,
p. 381 ;■ — Henc]n'r-Ouessali,p. 382;
— Henchir-Ouni-i'l-Ablaïen, p. 383;
Ilencbir-Tina, p. 879; — Hencliir-
Zaafran, p. 4i8; - Henchir-Zoua-
ouda, p. 467; — au Kef, p. 4io,
'11 4, 41.5, 4 16, 453; — à Keiibia,
p. 458; — Kbeneff, p. 565; —
kobbeur-el-Kliadeiii, p. 885; —
Koudial-Ronniad, p. 385; — au
Konif, p. 559; — à Ksar-el-Hanimar,
p. 3(59; — Ksar-Maiiidjiba, p. 565;
— Ksar-Sbehi, p. 385; — Ksar-Tir,
894 à 897, 898, 459; — Ksour-
Abd-el-Melek, 484; - Ksour-Ouer-
rab, p. 88']
r>a Maljja, p. 453;
— La Soukra, p. 44G; — Lenita,
p. 880, 468 à 471; — au Mas-d' Ame-
nais, p. 85 : — à Makiar, p. 433 , 438,
434 à 48n; — Mecbla-el-Haouani,
p. 898; — Mechla-Tabar-bcn-Mo-
lionied, p. 381 ; — Medeina, p. 43o
à 4->;{: — Medjez-el-Bab, p. 890;
— Alons,p. 5(iO; - ^eb('nr, |). 4 19 :
:)83 —
— i\eli(llict-el-Mecitl, p. 38r>; —
Oiidiia, p. 36'! H 366, ^i5c); —
Ouled-Ajjla, p. 667; — Oum-cl-
Abouab, p. 869; — Rdir-es-SoIlan,
p. 368; — Saint-Martin, p. 91; —
Sbeitia, p. 383; — Sbiba, p. 386-
387; — Sidi-Aouidat, p. 869; —
Sidi-l)ou-Teffaha , p. 389; — Sidi-
ei-Hani, p. '16/1; — Sidi-Khalii'a ,
p. 368; — Sidi-Salah-el-Ba![lii,
p. 391, 39'j; — Sigiis, p. 56i-565:
— Sousso, p. 38o, 38 1: — Ta-
barka, p. 898; — ïébossa, p. r)56
à 558; — Tifecli; p. 380; — Tiffzid,
p. 069; — Tikiat, p. 568 à SGg ; —
Tlib-bou-Eukka , p. /ioo, Aoi; —
Tunis, p. /i36, ^137; — Ulique,
p. 4/17; — Viiiepouge, p. 81.
IsNARD (M.) découvre iino inscription
romaine, p. 563.
IssouDUN (Indro). Inscriptiun^ iiébrai-
ques, p. 307 à -ji'i.
JAcoBSEft (M.) estampe une inscription,
p. 556.
Jacques (Le capitaine), nommé oflicier
d'xVcadéniic, p. lxwvii.
J YCQUETo.N (Gilbert), nommé oliicier
d'Académie, p. lxxxviii.
Jadart (M.) 0 tire un ouvrage au Comité
p. xcni.
Jacoijkm (Vital), arfliitecle à Toulon,
p. 18, 2^-25.
JoiG>'Y (\onne). Tableau du xvi'' siècle,
p. XXXI-XXXIl, XXXIV.
Jonas sortant du ventre du monstre,
P- 377-
Jumelles (Maine-et-Loire). Inscripliou
du xvin" siècle, p. cii-ciii.
K
Kek (Le) [Tunisie]. Basilique chré-
tienne, p. ^110 à hih. — Inscriptions
chrétiennes, p. A i3. — Inscriptions ro-
maines, p. â 1 0 , i 1 A , A 1 5. ^ — Lampe
romaine avec inscription, p. /i53.
Kelieia (Tunisie). Lampe romaine avec
inscription, p. 453.
Kuekeg (Algérie). Inscription romaine,
p. 565-566.
Kobbeur-el-Khadem (Tunisie). Inscrip-
tion romaine, p. 385.
kouDiAT-RoDMAD (Tuuisie). Inscription
romaine, p. 385.
KouiF (Le) [Algérie]. Inscription ro-
maine, p. 559.
Ksar-el-Hammar (Tunisie). Ruines ro-
maines, p. 369.
Ksar-Mahidjiba (Algérie). Inscriptions
romaines, p. 565.
KsAR-MTA-EL-GiJERRA (Tuuisie). — \ oir
Henchir-Mebdoua.
Ksar-Sbeui (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. 380.
KsAR-Tiu (Tunisie). Inscriptions romaines
p. 39/1 à 897, 898, 453.
Ksocr-Abd-bl-Melek (Tunisie). Inscrip-
tion romaine, p. 43/).
KsoLR-OuERRAH ( Tuuisie ). Inscription
romaine, p. 887.
LabaM)E (M.) communique des sceaux,
p. XXXIII, xcix.
Labbé (Le lieutenant) découvre \inii
inscription, p. 887, 388.
La Cour (Famille). Plaque de Imer à
ses armes, p. 8/13.
La Croix (P. de). Fouilles de Bertliou-
ville, p. xsii, XL-XLi, 71 à 78.
— r)(S'i
La Koma\.\k (Fainille). IMacnu' di' ïoyv
à ses armes, p. 3'it).
Lakoux (Gard). St'itnltmc ;[aiiIoise,
p. 5oH à 5o'i.
Laujik (M. de), aiilfnr de diverses <omi-
numications, p. x\v. i.\\\i\, xcii,
\cviii, cv. Note sur \o^ fratres et
niiiiri populi HoiiKini. p. vciii, et ;>.36
à -Ï^H.
La Mauu. — Voir Malga(L\).
La Mautimèhk (H(Miri de), nomme oi-
licier do rinslriiction |)nl)li(|ne.
p. I.WXM.
Lamhkrt dk Ballyuikii (Famille). l'Iaque
de foyer à ses armes, p. 3'ii.
L\ MoTiiK (Haule-Marne). TS'ole sur ses
ruines, p. lh-lv.
Lampes antiques découvertes à Bou-
Kourneïn, p. ^5'^-'i58; — El-Djem
p. A71; — EnfidaviHe, p. /160; —
Kelebia, p. /i53; — Lemta, p. 3oi
à 3i3, iOa, /i63, ^168 à /170; —
à la Malga, p. Aôo; — à Oudna,
j). -'iSg; — Sidi-El-llani, p. A6'i ; ■ —
Sousse, p. 'i(io à 'iB'i; — Zaghouan,
p. 459.
Lampes ciirétiknnks Ironvées à Cartliajfc,
•p. 287 à îîSg; — à Lcmia, p. ^63 ;
— àMusli,p. ^53-^i5A ; — à Oudna
La Paix (De), fondeur de cloclies,
p. 67^1-^75.
La l'oMTK (Didier dk), peintre, j). 36-
37, '10-61.
LAni:iiAM(Seine-ol-Mariie). Dérou\ cries
j;allo-romaines, p. 53a à .j35.
LAiiGKMiKitE (Hautes-Alpes). Kjjlise,
p. \F,IV.
J.AiniiNAT (De), nommé oilicifr d'Aca-
di'mic, p. txxxviii.
Lasbordes (Tarn-el-riaronne). Slalue de
saint (liirisfophe, p. xi.viii.
liA>Ti.ïBiK (Robert dk), cliarijc d'un l'ap-
port, p. Lxxxix. Uapports divers,
p. XXV, XXVIII-XXIX, XXXI-XXXII, xciv-
XCV, XCIX.
La ToLii (Hemi dcj, nommc' olliricr de
l'Instruction publique, p. i.wwii.
l.uiiiN ((iard). Knceinle gauloise ,
p. 5o()-.') 10.
LvvKiLLE (L'alilié) , nommé ollicier d'Aca-
démie, p. LXXXVIII.
Lkim, iixc DK Lkspinasse (Ren(''), nonnné
oHîcier de riiisiruction |)ul>lique,
p. LXXXVII.
Lk Clkut (M.) ollVe un ouvrage au (jO-
mili', p. (,i.
Lkc.lise (Famille), Plaque de foyer à
ses armes, p. 3^9.
Lkuvklk (M.) envoie une inscription,
p. ."iGG.
Lkmta (Tunisie). Inscriptions romaines,
p. 37<)-;<So. — Lampes auli(|ues,
p. 66;?-'i63, 'i()S à '170. ~ Lampes
rhrétiennes, p. /iG3. — ]\écropole
antique, p. /167. — Poteries an-
tiques, p. A70-A71. — Ruines an-
li(jues, p. 9()0 à 3i 9.
Leoms (Alexandre) fait faire des tra-
vaux à l'église des Dominicains de
Toulon , j). •!7-'î9.
Lepa(;e (.1.), curé de Nant-le-Grand.
Plaque de foyer à ses armes,
p. o'.\i.
Leptis MiNis. — Voyez Lemta.
Leuolx (Alfred). Acte relatif au prieuré
deValeyscn Limousin, p. c, cviii, et
/178 à A80.
Leiîoy (G.), auteur d'une ccwmnunica-
tioii, p. xxMii; • - offre un (inM'aj;e,
au Comité, p. xxi.
Lescaaioussier (Famille). Phupie de
foyer à ses armes, p. 36.").
Lespinasse. — V. Leklaac de Lespinasse.
Lespron (Jean-Baptiste). Plaque de
foyer à ses armes, p. 365.
LicossE (Bertrand), fait faire une cha-
pelle aux Dominicains de Toulon,
p. 2'i-'î5; — fait faire un retable à
la cathédrale de Toulon, p. !!6-n7,
!>()-3o; — fait construire le chevet
des Dominicains de Toulon, p. 97-39;
fait laire mie grille à la cathédrale
de Toulon, p. 3i-3t!; - fait faire
ime croix au cimetièi'e Saiul-Micliel,
p. 3 '1-3 5.
— 585 —
LiÈvuE (M.). Observations sur les piles
romaines, p. xlvi.
LiMAY (Seine-el-Oise). Inscriplions hc-
hraïqiKis, p. aoo à f>0'?.
L'IsLK (Pilrc de). Découvertes faites
dans le lit de la Loire, p. xxv.
LouiE (Armes recueillies dans la),
p. xxv.
LoNGNON (Auguste), chargé d'uu rapport
p. XCII.
Louis ( Le lieutenant ) copie une in-
scription, p. 286.
Llcas (Charles) présente une observation
au Congrès de la Sorbonne, p. lviii.
LtJGUET ( M. ). H.ncbetles ornées de figures
p. XLIII.
Luxembourg (Maison de). Placjue de
foyer à ses armes, p. 3H 2-333.
Lyon (Rhône). Consignation d'armes
italiennes, p. 58 à 62.
M
Machuel (V.) envoie un estampage,
p. 368.
Mâcon (Saône-et- Loire). Inscriplions
hébraïques, p. 187.
Magne (Charles). Etude sur le mur de
Philippe Auguste à Paris, p. lx-lxi,
et 1 89 à 1 A5.
Magny-Lambert (ïumulus de), p. xcviii.
Maillet (Jean). Plaques de foyer à ses
armes, p. 3i3-3/i^i.
Maine-et-Loire. Monuments mégali-
thiques, p. XL.
Maktar (Tunisie). Inscriptions romaines
p. Z122 à 43o, 43A. — Inscriptions
chrétiennes, p. /i3i-/i33.
Malga (La) [Tunisie]. Inscription
romaine, p. '139. — Lampes avec
inscriptions, p. 4.^)2.
Maltalent (Jean) fait une donation à
l'abbaye de Sainl-Paul de Besançon,
p. 69-70.
Mantes (Seine-et-Oise). Inscriptions hé-
braïques, p. aoa à 2oâ.
Manuscrit arabo-berbère , p. 2/16 à 24g.
Marini (Honoré) commande un arbre
de Jessé, p. 36-87.
Mauini (Nicolas) fait faire des travaux
à la cathédrale de Toulon , p. 21.
Marques de potiers trouvées à Lenila,
p. 3oa à 3o5, 807 à 3i9.
Marsy (A. de). Démolition des murs
d'Aiitibes, p. Liv; — offre un ouvrage
au Comité, p. xxi, ci; — présente
une observation, p. lvii.
Ar(;iiéol(ii;ik.
Martres -ToLOSANEs (Haute -Garonne).
Fouilles, p. XXI, xxxii.
Marville (Famille de). Plaque de foyer
à ses armes, p. 848.
Mas-d'Agenais (Le) [Lot-et-Garonne].
Inscriplions romaines, p. 85. — Puits
funéraire.s, p. xlvu-xlviii, et 84-85,
Masfrand (M.) offre un ouvrage au
Comité, p. XGiii.
^Iaspéro (M.). Rapports divers, p. xxvii,
XCIX, cv.
Massenbach (Nicolas de). Plaque de foyer
à ses armes, p. 8^16.
Massereau (M.) demande une subven-
tion, p. c, cvni.
Maudemain (M.). Fouilles aux Routards,
p. XXIII-XXIV.
Madléon (Yvonnet de), maître maçon,
p. XXVI, 106-107.
Maxe-Werlv (Léon), noiiuné chevalier
de la Légion d'honneur, p. lxxxv;
— offre un ouvrage au Comité,
p. XXXI. — L'ornementation du foyer
depuis la Renaissance, p. lxi, 828
à 36i .
Mavot (Aisne). Cimetière franc, p. 218
à 228, 225, 200, 281. — Coupe
de verre à emblème chrétien, p. 280.
— Tiers de sou d'or du temps de
Clovis, p. 221.
Mechta-el-Haol'AM (Tunisie). Inscrip-
tion romaine, p. 898.
Mechta-Tahar-ben-Mohamed (Tunisie).
Inscription romaine, p. 281.
88
58G —
M KDBiNA (Tunisie), liiscriplioiis nimaino:^
p. /i!io à .'lïî.T. — Sièlos pimi(|iios,
p. /i-i3.
MBDJKZ-Ki.-Bvn (Ttinisit'l. IiisriMiilioiis
rom.iiiios, p. •U)0.
MKM)K/.(\nloiiu'),arcliilocto(loBiilIinllia,
p. S.
MtMCTKiKns (Conlrals avec dos), p, h'.\ ,
li'i, lib.
MicnoN (MaiiK'-el-Loiro). Découvcilo do
ruines ai)li(|H('s, p. xr.iiixciv.
Mks(-.iiiim:t dk IJichemo.'sd (M.), uiiUnir
d'une ciinniiunicalion, p. cvi.
AIksskrkiî kl-Ani;cu. — Voir Hicnciiiu-
Aïs-Keuma.
Mktieus (Enseijjnos do) dans les Iias-
reliefs {jallo-ioninins. p. liv.
iMiciiAUD (G.). Tajjloau du \\\° siècle
dans l'église de Joijjny, p. xxxi-xxxii,
xxxiv.
jA[oli>s (L.). Notes arcuéologiqnes sur
Lenita, p. 390 à Hia; — envoie co-
pie d'une inscription, ]>. 'À^'À.
Monnaies gauloises Iroiivécs à Chonoise,
p. cviii; — dans l'arrondissoniont de
Soissons, p. 53 5 à r)'i().
Irouvées dans dos lomhos iraïKjuos,
p. 'M 8 à 'Ti-ih.
Monnaies pumoues Irouvées à Ijonila,
p. 307, 3)9.
Mo!ss (Algérie). Borne niiliiairo,
p. 5Ô6.
Montagne (Antoine), architecte, p. 18,
91.
MoNTACNON (Lioulenanl). Notes arcliéo-
logi(pios sur Lenila, p. ago à 3i:?.
MoNTARi.oT (Famille), iliaque de foyer à
SOS amies, p. 3'i 1 .
MovTLAiiLC (Lom's) (l'iiiando uno. suh-
vonlion, p. xciii.
MoNTPEM.K (.loan dk), alilx' d'Ku,
p. XXX.
MoNTPBLLiEit (La Société anliéolojjiquo
do ) demande uno subvention ,
p. LXXXIX, XCllJ.
MoNTRKiiL-BoMN (Vienne). Iiiscriplion
liéliraïqne, p. 'n^-aiT).
MoM MKNTs MÉGAi.rriiioiiEs (le Maino-cl-
Loiro, p. XL.
MoM MENTs pRÉiiisToniouEs à Pouzaugos ,
p. XI. ni.
Morel(M.). Sculplures gauloises trou-
vées à [lurlus et à Sainl-Jeaii-sur-
Tourl)e, p. LU.
MonïKUY (Seine-et-Marne). Objols an-
tiques, p. CVIII.
Mosaïques romaines trouvées à Champ-
vert, p. 3i5-3i6; — à El-Djem,
p. 3 7 G.
MoTVLiNSKi (M.). Note sur un manii-
scril araho-berbère, p. 9/16 à ;i/i().
MousTiERS (Jacques de), orfèvre à Mar-
seille, p. 39.
MouY-BuRY (Oise). Nécropole gallo-ro-
maine, p. LV.
Mucio (Stefano), marchand d'armes,
p. 53-69.
MuLLER (L'abbé). Nomonclature dcsmo-
numonls anciens de rarrondissomeiit
do Senlis, p. lvi.
M iiiNTZ (Eugène), chargé de rapports di-
vers, p. XXVI, XXXII, XXXIII, LXXXIX,
xcviii, ci; — • nommé d'une commis-
sion, p. cvi; — présente une obser-
vation, p. XXI ; — présente divers
rapports, p. xxv-xxvi, xxxiv, xcv, oix,
CXI.
MuRviEL (Hérault). Pulls gallo-romain,
p. xc.
Musset (Georges). Fouilles de la pile de
Glia;;iion-Villi'p!)ugo, ]). XLV, et 79 à
H.'i.
Mussi/ (Élienno de). — Voir Miicio
(Stelano).
MiisTi (Tunisie). Lanipc chrétionno,
p. /i .53-/1 5/1.
IN
Nami R (B('lgi(|ue). Goiipe de verre ornée
du ( hrisnio, p. .'.^iff.
Naruonne (Aud(!). Inscriptions hélxaï-
quos, p. I 79, 190 à 19/1.
587
Nebeur (Tunisie). Inscription romaine,
p. /il 9.
NÉcnopftLK {jallo-romaino de Bnry, p. lv.
NÉcnopoLE iMiÉ.MciKNXE de El-Aiio , p. tiQh
à li6'j.
Nefidhet-kl-Mecid (Tunisie). Inscrip-
tion romaine, p. 882.
NE^lMo^T (GroHe do) [Yonne], p. cix.
Nettancourt (Maison de). Plaque de
foyer à ses armes, p. 333-33').
Névache (Hautes-Alpes). Église, p. xliv.
NicAisE (Auguste), auteur d'une com-
nninicaiion, p. xcii.
NicQ-DoiJTRELioE (M.). Les vieux rem-
parts de Cambrai, p. LVin,
NicoLAï (Alexandre) offre divers ou-
vrages au Comité, p. xc; — présente
diverses observation^, p. xlv, xr.vii,
Lvii. Le cimetière gallo-romain de
Saint-Martin près du Mas-d'Ageuais,
p, 8h à t)b.
NiMKS (Gard). lusciiptions hébrai(pies,
p. 188-189. — Sépulture gauloise,
p. /J99 à ^197.
JNovAK (Dominitpie) découvre une né-
cropole phénicienne, p. /i6/i; — re-
cueille des inscriptions, p. /167.
Ndmismatique. Son utilité pour l'étude
de l'histoire, p. lxiii à lxxviii.
NuMLCLi (Fouilles de), p. 550 à Sâa.
NussAc (M. de). Elude sur les fontaines
en Limousin, p. xlii, et i5o à 177.
0
OEnochoé de bronze trouvée dans le dé-
partement du Cher, p. xxvi, et 1/16 à
Ordioni (Le capitaine), nommé officier
d'Académie , p. lxxxviii ; — relève des
inscriptions, p. i 20, 622,/! 2 3.
Orfèvrerie toulousaine, p. 289 à 945.
Oriot (Famille). Plaque de foyer à ses
armes, p. 3 6 à.
Orléans (Loiret). Inscriptions hébraïques,
p. 306.
OssuNA (Manuel de). L'inscription d'A-
vraga , p. xxiv-xxv.
Oudna (Tunisie). Estampilles de potiers,
p. /i54 à libf). — ^Inscriptions romaines
p. 362 à 366.
Ouled-Agla (Algérie). Inscription ro-
maine, p. 567-568.
Ocled-bou-Khaeli (Douar des) [Tuni-
sie]. Inscriptions romaines, p. /117.
Olm-el-Abouad (Tunisie). Inscription
romaine, p. 369.
Papin (Jean), maître de l'œuvre de la
cathédrale de Tours, p. 106-107.
Parât (L'abl)é). Exploration des grottes
de la Cure, p. xxvi, xxxii, c, cix-cx.
Paris (Seine). Enceinte de Philippe Au-
guste, p. lx-lxi, et 139 à ih5. —
Inscriptions hébraïques, p. 195 à 200.
Peintures murales à Benouville, p. l.
Pellot (Paul) offre un ouvrage au Co-
mité, p. cvii.
Perrot (Georges), chargé d'un rapport,
p. XXXI.
Philippe -Christophe . arch«vè([ui' de
Trêves. — Plaque de cheminée à ses
armes, p. 829.
PunoT, nommé officier» d'Académie,
p. LXXXVIII.
PiETTE (Edouard), nommé officier de
rinstruction publique, p. lxxxvii. — •
Statuette trouvée à Brassempouy,
p. XLVII.
Pile romaine de Villepouge, p. xuv, et
79 à 83.
Pilloy (Jules). Les verres francs à em-
blèmes chrétiens, p. lu, et 218 à
2 33.
38.
— 588 —
Pin (Le) [.Iiirn]. Cliàloau, p.Lix, el3ai
PiREuiMiE (Charente- Inférieure). Pile
loiiiiiini'. ji. -Ç), 80 , 81.
PissKviN (Gard). Sépnlluii' ;j;inloise,
p. /199-500.
PiTBES (Eure). Fonillos projetées, p. li.
Plancouaud (Léon), auteur de diverses
communications, p. xliv, xcviii, ci,
cv; — olïre un ouvrage au Comité,
p. xciii, cvii. — Note sur ies cloches
de Vi, dit Joly-Villaj;e, p. cix, et /'J72
à .'.77.
Plaques de cheminées, p. 828 à 36i-
Poivre (M.) envoie un estampage,
p. /iaû, /196, /I97, /i33 à Zi36.
PoL DE Lkon (Saint). Son élole à Batz,
p. XLVI.
Pons (Adrien). Fouille d'un puits gallo-
romain à Murviel , p. xc.
Pom-Ambrois (Gard). Enceinte gauloise,
p. 506-.507.
PoRT-X-MoussoN (Abbaye de Saiiite-
Marie-Majeure de). Plaque de foyer à
ses armes, p. 33i-333.
Port (Gélestin), chargé d'un rapport,
p. xcv,
PoRTCGAL (Eludes d'architecture en),
p. 1 à 16.
Poteries découvertes à Lemta, p. 3oi
à 3i9.
PoTTiER (Le chanoine) , nommé otTicier
de riiistruclidu pul)li(|iie, p. iaxwii.
— Inscription de [k'iieperche, p. XLViii-
XLix, — L'orfèvrorie toulousaine dans
lepassé,p. 289 à 2/(5. — Reliquaires
de Granselvo, p. xlviii.
PoupART (Jean). Plaque de foyer à fcs
armes, p. 3^o,
PouzAUGEs (Vendée). Monuments pré-
historiques, p. XLIII.
Préhistorioies (Monuments), p. xl,
XLIII, — Statuette trouvée à Bras-
sempouy, p. xlvii.
Prévost (Le capitaine), nommé olFicier
d'Académie, p. lxxxviii.
PuiMEL (Cher). Puits funéraire, p. xlviii.
Prou (Maurice), nommé membre du
Comité, p. XXXI ; ■ — chargé d'un rap-
port, p. XXX ; — rapports divers,
p. XXXIX, CXI.
PR0VI^s (Seine-et-Marne). Eglise Saint-
Jacques , p. cvn-cviii. — Eglise Saint-
Pierre, p. XXXIII, et 133 à 127.
Puits funéraires du Mas-d'Agenais,
p. XLvii-XLViii ; — de Primel , p. xlviii;
— de Saint-Martin du Mas-d'Age-
nais, p. 87 à 96.
Q
QuESNÉ (M.). Monnaies découvertes au
râtelier de Criquebeuf , p. lvii.
QuoNiAM (M.) relève des inscriptions,
p. /12O, ^2 2, /l2 3.
R
RwTiAUT) (M.). Discours au Congrès de
la Sorbonne, p. lxxix à lxxxvi.
Rai'i.n (Jean), maître de l'œuvre de la
cathédrale de Tours, p. xxvi.
Rahkcolut de lv Vallée-Pimodan (Fa-
mille). Plaques de clirmiiiée à ses
armes, p. 337.
Rdiii- Es-.SoLTA.N (Tuiiisie). Insiriplion
romaine, p. 3(J8.
Régnier (Louis) olVre divers ouvrages
au (lomilé, p. cvii.
Rkinacii (Salonion), cli;irgé de divers
rapports, j). x\xiii, iaxvix, xcviii,
c. — Rapport divers, p. xxvi, xxxii,
xci, xcv, \cix, cv, cix.
Renault (II.) comnnini((ue des inscrip-
toiis, p. /iiS. — Monnaie inédite
d'Ilippo-Oiarrhytus, p. aùo à 259.
I
589
Revenac (Lot-et-Garonne). Cimetière
gallo-romain, p. 86 à 95.
RiDEL (M.). Notice sur l'abbaye de Fon-
tevrault, p. lix-lx.
RiviÈHES (Raron de). Inventaire des
armes et munitions de la ville d'Albi
en 1095, p. 108 à 1 15.
RoDouAN (Famille). Plaqua de foyer à
ses armes, p. 343.
Roman (Joseph). Eglises des Hautes-
Alpes, p. XLIV.
Ro.NDOT (Nalalis) ofl're un ouvrage au
Comité, p. xcni,
RoucAUTE (M.) offre un ouvrage au
Comité, p. XXXIV, xcviii.
Roue de fortune (La), peinte dans
l'église de Renouviiie, p. 120-121.
Rouen (Seine -Inférieure). Fabrication
de doubles, p. 96 à 10 5.
RoL'iLLAc (Tarn-ot-Garonne). Reliquaire
provenant de l'abbaye de Graiidselve,
p. XLVIII.
RouvET (Michel). Plaque de foyer à ses
armes, p. 889.
RoussET (M.). Vases antiques trouvés à
Saint-Quentin-la- Poterie, p. lxxxix,
xcix.
RouviER (Le docteur), auleur d'une
communication, p. xcix, ci, cviii; — •
ofl're un ouvrage au Comité, p. xciii.
RouYN (Famille de). Plaque de clieminéo
à ses armes, p. 33 9.
Sablonmères (Aisne). Coupe de verre
de l'époque franque, p. 93o.
SvDoux (M.) envoie des estampages,
p. 369, 385, 386, 387, 391, 392,
898, 89^, ^37, 45o.
Saglio ( m. ), nommé membre du Comité ,
p. XXXI ; — chargé de divers rapports,
p. xcii, xcviii, CI, cvi. — Rapports
divers, p. cv; — sur une statue de
Condé conservée à Saulges , p. cx-
cvi.
Saint-Raussan (Famille de). Plaque de
foyer à ses armes, p. 867.
Saint-Christophe de Lasbordes (Aude).
Statuette de saint Christophe , p. 2 /i 1 .
Saint-Dionisy (Gard). Sépulture gau-
loise, p. 5o2-5o3.
Saint-Jeak-sur-Tourbe (Marne). Sé-
pulture gauloise, p. lu.
Saint-Germain (Musée de). Don d'objets
provenant des tumulus de Magny-
Lambert, p. xcviii.
Saint-Martin du Mas-d'Agenais (Lot-et-
Garonne). Cimetière gailo- romain,
p. 8^ à gS. — Marques de potiers,
p. 91.
Saint - Martin - Gaillard ( Seine- Infé-
rieure). Inscription du moyen âge,
p. XXX.
Saint-Mori (Yonne). Grottes préhisto-
riques, p. cix.
Saint-Siffret (Gard). Sépulture gau-
loise, p. 483 à 487.
Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drônie).
Inscription hébraïque, p. 2i5-3iG.
Saint-Quintin-la-Poterie (Gard). Dé-
couverte de vases antiques, p. xcix.
Saint -Venant (J. de). Les derniers
Arécomiques, p. xli-xlii, et 48 1 à
58i.
Saint-Vincent (Famille de). Plaque de
foyer à ses armes, p. 8/17.
Salles (Maison des). Plaque de foyer à
ses armes, p. 335-336.
Saulges (Mayenne). Statue du Grand
Condé, p. cx-cxi, et 547 à 549.
Saurel (Le chanoine), nommé officier
de l'Instruction publique, p. lxxxvii.
Saussead (Paul). Découvertes à Méron,
p. LXXXIX, xciv-xcv.
Savary (Jean-François). Plaque de foyer
à ses armes, p. 38 1.
Savigny-Laymont (Famille de). Plaque
de cheminée à ses armes, p. 838.
Sbeitla (Tunisie). Inscription romaine,
p. 383.
Sbiba (Tunisie). Inscriptions romaines,
p. 386-887.
59(1
ScuKRDLn (Le rapilaiiic). nomme olli-
rier d'Académie, p. lwxviii.
SciiLLMDEnoEn (Giista\e). Rapport sur
une ronimuniralion, p. x\ix.
ScinvAB (M.)- Inscriplions hébraïques en
Franco du vu" an w' siècle, p. lu, et
178 à 917.
Sklham (Élicnno) fiiit peindre un ro-
lable aux Dominicains de Toulon,
p. al^-a'i, •3r>-<î(i: — fait fairo une
horloge pour la ville de Toulon,
p. 3a-34.
Skmjlle (François), peintre, p. 'Mt.
Se>m:ville (Seiiie-et-Oisc). Inscriplions
hébraïques, p. aoZi ù 906.
SÉPULTURES GALLOISES aux Baux, p. 5o4-
5o6; — à Cnlvisson, p. 5oo-5oâ;
— à Campagnac, p. /iSg-Ziga: —
à Complanier, p. 'igy-'iQQ; — à La-
foux, p. r)o3-5o^; — à Mimes,
p. /i99-i97; — à Pissevin, p. ^99-
5oo ; — à Saint-Dioiiisy, p. 5o9-5o3;
— à Saint-Siffret, p. ^88487; — à
Uzès, /187-/189.
Séplltcbks préhistoriques aux Bou-
tards (Seine- et - Oise), p. xxiu-
XXIV.
Srrissita. — Voir Olm-el-Abouab.
SiDi-AociDAT (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. 369.
Sidi-bol-Teffaha (Tunisie). Inscription
romaine, p, 889.
Sidi-el-Ham (Tunisie). Lam.pes avec
estampilles, p. AG'i.
SiDi-KiiALiFA (Tunisie). Inscription ro-
maine, p. 367-368.
Sidi-Salah-kl-Baltih (Tunisie). In-
scriptions romaines, p. 890 à 893.
SiGus (Algérie). Inscriplions romaines,
p. .")6i à 56.").
Société arciikologiouk du .Midi de la
France (La) demande une subven-
tion , p. XXI , \v\ii.
Société archéologique de Mo>tpellii:r
(La) demande une subvention.
p. LXXXIX, XCIII.
Société belfortai.ve d'éhulatiox (La)
demande une subvenlion, p. xcv.
Société ÉDIIE^.^E (La) demande une
subvention, p. cv.
Société historique et abcuéoi.ogiqur de
LA Chare.me (La) demande une
subvention , p. xcii.
Société rivernaise des scie.xces, lettres
ET arts (La) demande une subven-
tion, p. cvi.
SoissoNs (Monnaies gauloises recueillies
dans rarrondissemenl de), p. 536 à
5'iG.
SouKRA (La) [Tunisie]. Inscription ro-
maine, p. !ili6.
Sousse (Tunisie). Inscriptions chré-
tiennes, p. 38 1: — Inscriptioios ro-
maines, p. 38o, 38 1; — Lampes
antiques, p. /160 à /163, /»63, tidh.
Spire (Allemagne). Inscriplions hé-
braïques, p. 18A-185.
Spo.nt (Alfred), nommé olllcier d'Aca-
démie, p. LXXXVIII.
Stain ville (Maison de). Plaque de foyer
à ses armes, p. 33 i, 335.
Stèles pumques trouvées à Baltaria,
p. 370 à 3-6; — à Medeinah,
p. ^a3.
Supes. — Voir Sbiba.
Sufetula. — Voir Sbkitla.
Tabarka (Tunisie). Inscription chré-
tienne, p. 39/1: — Inscription ro-
maine, p. 398.
Tabi.kau du xvi' siècle à loigny, p. xx\i-
XXXII, xxxi?.
Tambouri> (Joueurs de), p. /i3-4/j, ^5.
Tapisserie, du musée de Berne, avec
lo portrait de Charles le Téméraire,
p. civ.
Tavoiulot (E.). Sépulture préhistorique
découvcrie aux Boutards, p. xxiii-
XXIV.
— 501
Tébessa ( Algérie j.lnscriplioiuhretienni',
p. oog. — Inscriptions romaines,
p. 556 à 558.
Telliec (M.) envoie un estampage,
p. .388.
Ti!ÉDE>AT (L'abbé), nommé officier de
l'Instruction publique, p. lsxxvii.
Thexae. — ^ oir He.ncbir-Tina.
Thermes de Xumluli, p. 55o à 55a.
Thérocaxne (Pas-de-Calais). Découverte
d'une bague, p. xxii-xxiii.
Thoiso> (Eugène). Découvertes gallo-
romaines à Larchant, p. ci, cviii, cl
532 à 5.35. — Offre un ouvrage au
Comité, p. CI.
Tholis (Georges), auteur d'une com-
muuicalion, p. lxxxix, xcv.
TuïSDRLS. — \ oir El-Djem.
TiFECH (Tunisie). Inscription romaine,
p. 285.
TiGZiRT (Algérie). Inscription romaine,
p. 569.
TiKLAT (Algérie). Inscriptions romaines,
p. 568-56g.
Tlib-boc-Eukka (Tunisie). Inscriptions
romaines, p. 899 à ioa.
Toulon (Var). Les arts à Toulon au
moyen âge, p. 17 a /17.
Cathédrale de Toulon : Bannière
de la Confrérie du Saint-Sacrement,
p. ^2. — Confréries de la Concep-
tion, p. 36-87; ^'^ Sainl-Cyprien,
p. 89; du Saint-Sacrement , p. ia.
— Construction de la chapelle de
la Conception, p. ai; de la cha-
pelle Saint-Joseph, p. 9/1-25. — Croix
du cimetière Saint-Michel, p. 34-35.
— Grille de la chapelle Briçonnet,
p. 3i-3a. — Peinture du crucifix,
p. 3o-.3i; du retable de la Concep-
tion, p. 29-80; de l'orgue, p. 93.
— Portes sculptées, p. hd. — Re-
table de Notre-Dame, p. 96-27.
ToLLON (Var). Chapitre, p. 88 à /io , li!i.
Chapelle Notre-Dame-dHumililé,
p. liG-fi--. — Confrérie des Battus,
p. i 6-/1 7.
Dominicains de Toulon : Con-
struction du chevet, p. 27-29. —
Conirérie de Saint- Crépi n et Saint-
Crépinien, p. 37-88 et lio-lii. — ■
Peinture d'un retable, p. aS-a/i,
25-26. — Orgues, p. Aô-Aô. — Rf>
table de Sainte-Catherine, p. 83; —
de Saint-Crépin, p. 'lo-'ii. — Statue
de Sainte-Catherine, p. 35-86.
Palais épiscopal, p. 18-90.
ToLXOiSE (Haute-Garonne). Inscriptions
hébraïques, p. 189-190. — Eglise
Saint - Nicolas : Statuette de Saint-
Christophe, p. 9-'i3 à 2^5.
ToLRS (Indre-et-Loire). Document rela-
lif à la construction de la cathédrale,
p. x\v-xxTi, et 106-107.
Toussaint (Le capitaine). Etude du ré-
seau routier et des principales ruines
de la région de Khami^sa, Mdaou-
rouch, Tifech, Ksar-Sbelii, p. 260 à
286.
TouTAn (M.)» nommé officier d'Aca-
démie, p. LXXXVIII.
Travers (Emile) offre un ouvrage au
Comité, p. XXVIII.
Treport (Abbaye du), p. xxx.
Trêves (Famille de). Plaque de foyer à
ses armes, p. 34i, 3^9.
Tusis. Inscription romaine, p. 'i36-
/137.
u
Urseau (L'abbé), auteur d'une coinmu- ; Uthina. — Voir Oidna
nication , p. lxxxix , xciv ; — demande
à rouvrir le tombeau d'Llger, p. xciii;
— offre un ouvrage au Comité,
p. CI. — Note sur une inscription du
xviii' siècle, p. en.
Utique (Tunisie). Inscriptions romaine-,
p. h'^-j.
UzÈs(Gard). Sépulture gauloise, p. /187-
489.
r>*)2 —
Valkys (lM(liil{jonco acconléo on ravour
du prieuré de), ji. 'i-S à /i(So.
Vallée ((llaude). lMa<iiii' do cliomiiiôo à
ses armes, p. '.\'i(\.
Vasqi;ez (Martin), arcliitoclo de l?a-
lailia, p. 8.
Vassart (Famille de). Pliniiie de ioyor
à ses aimes, p. 'Mih.
Vallogek de Beaupré (Le capitaine),
nomméofTicierd'Académie, p. lwxvui.
Vauvillé (Octave). Inventaire des mon-
naies {jauioises recueillies dans l'ar-
rondissement de Soissons, p. i,iii-liv,
et yM") à 5 '16.
Verres francs à emblèmes chrétiens,
p. Lin, et 318 à 233.
Vesly (De). Fouilles du càtelior de Cri-
quebeuf, p. lvii.
Vi (Seine-et-Oise). Cloches, p. h'^^ à
^'77-
Virert (Le capitaine), nommé officier
d'Académie, p. lwwim.
ViÉ-CioirrvT (Gard). Kn(<'inle (jauloise,
p. r)o<).
VlEN^E (Isère). Inscriptions liébrajqncs,
]). 183 à 18 3.
Vii,LEPOi!GE(Charenli^dni(''rieure). Fouil-
les, p. XIV.
Villevallouisk (Hantes-Alpes). Église,
p. xliv.
Voies romaines de Garihage à Girta,
p. 261 à sGS; — de Gaithage à Si-
lifis, p. rî63 à 966; — de Gafsa à
Tozeur, p. 388; — do Thévesto à
Girla, p. ;iGO à iî()7. — de Théveste
à Hippo-Rogins, p. 9.C)'] h 269.
Voies romaines de la région do Kha-
missa, Mdaourouch, Tifech, Ksar-
Sbohi, p. 260 à 286.
VOLKES ARÉCOMIQIES, p. XLI-XLII.
w
Wiener (Lucien), nommé oITicior de
l'Instruction publique, p. lxwvii.
WoRMs (Allemagne). Inscriptions hé-
braïques, p. i8'i-i 8i>.
Zaoiioiian (Tnnisii
p. 'I.'X).
Lampe cliriMienno ,
ZxMAViA (M.), anieur d'une communi-
cation, |). cil.
593
LISTE DES PLANCHES.
Planche 1. Temples et ihéàlre de Berlliouville (Eure), p. 7^^.
Planche II. Peintures murales de l'église de Bénouvllle (Calvados), [). 118.
Planche III. Peintures murales de l'é^flise de Bénouville (Calvados), p. 119.
Planche IV. L'enrlos capitulaire et les deux cathédrales de Besancon, p. laç).
Planche V. Plan des dépendances de Saint-Jean de Besançon (i563), p. i33.
Planche M. Pian des fouilles de Champverl (Nièvre), p. 3i3.
Planche VII. Mosaïque de Champvert (Nièvre), p. 3i5.
Planche VlII. Estampilles de poiiers recueillies à Ondna, p. /i56.
Planche IX. Estampilles de potiers recueillies à Oudna, p. /i56.
Planche X. Armes recueillies dans la sépulture gauloise de Saint -Siffret,
p. ^85.
Planche XI. Armes recueillies dans la sépulture gauloise de Calvisson, p. 5oi.
Planche XII. Statue du Grand Coudé, conservée dans l'église de Saulges
(Mayenne), p. 0^7.
LISTE DES VIGiSETTES.
Inscription de 1766 trouvée à Jumelles (Maine-et-Loire), p. on.
Tète de déesse trouvée à Villepougo, p. 81.
Fosse funéraire à Saint-Martin du Mas-d'Agenais, p. 88.
Fosse funéraire à Saint-Martin du Mas-d'Agenais, p. 89.
Puits funéraire à Saint-Martin du Mas-d'Agenais, p. yo.
Plan d'une parli^ de l'enceinte de Philippe Auguste à Paris, p. 1/10.
OEnochoé de bronze conservée au Musée de Bourges, p. 1A7.
Détails d'ornementation de l'œnochoé du Musée de Bourges, p. i48.
Fac-similé d'une inscription hébraïque trouvée à Narbonne, p. 191.
Fac-similé d'une autre inscription hébraïque de Narbonne, p. 193.
Fragment d'inscription hébraïque au Musée de Narbonne, p. 193.
GrafTites en langue hébraïque, relevés dans la tour dlssoudun, p. 3 10.
Autres graffites hébraïques de même provenance, p. 211.
Tiers de sou d'or trouvé dans le cimetière franc de Mayet, p. 221.
Monnaies d'argenî. trouvées dans le cimetière franc de Mayet, p. 222.
Cornet de verre trouvé dans le cimetière franc de Mayet, p. 9 95.
Bague d'argent trouvée dans un cimetière franc, p. 227.
Coupe de verre de l'époque chrétienne trouvée à Namur, p. 229.
Coupe de verre de répo(jue chiélienne trouvée à Sablonnières, p. 280.
Lentille de verre ornée du chrisme, p. 280.
Coupe de verre de l'époque chrétienne trouvée à Mayet, p. 281 .
Statuette de saint Christophe provenant de Lasbordes, p. 2 '11.
Monnaie inédile d'Hippo-Diarrliylus, p. 260.
Voies romaines entre Sigus et Khamissa, p. 268.
Fragment de lampe chrétienne trouvée à Carihaje, p. 287.
— 59/j —
Anuoiries rolevéos sur des plaques de loyer, p. \M\o à 'MiH.
Plaque de foyer conservée au musée do Troyes, p. 3o-.!.
Ornements pour la labricalion des plaques de foyer, p. 333.
Plaque de foyer de la collection Clairier, p. Sog.
Jonas sortant du ventre du monstre, marbre trouvé à Kl-Djem, j). 377.
Clef de voûte do l'absido à la basilique du Kof, p. Ai 3.
Clef do l'arc du norlhex à la basilique du Kef, p. /ii3.
Estamjtillos de potier provenant d'Oudua, p. /i5A.
Formes de potier provenant d'Oudna, p. /i55-456.
Phujuo do terre cuite trouvée à OucLia, p. I\i!>'].
Estampilles relevées sur des poteries puniques provenant d'El-Alia , p. AGf).
Fibule gauloise recueillie au Château Bérard, près Uzès, p. /187.
Lance et umbo trouvés dans une sépulture gauloise à Campagnac, p. /190.
Amphore trouvée dans une sépulture gauloise à Nimes, p. /193.
Lancos trouvées dans une sépulture gauloise à Nimes, p. AgS.
Épée trouvée dans une sépulture gauloise à Nimos, p. A9A.
Épée trouvée dans une sépulture gauloise à Complanier, p. /iy8.
Umbo et lance trouvés dans une sépulture gauloise à Complanier, p. A 98.
Fibule trouvée dans une sépulture gauloise aux Baux, p. 5o5.
Boutons et pendeloques trouvés dans une sépulture gauloise aux Baux, p. 5o6.
Ornementation d'une épée gauloise trouvée à Ccrnon-sur-Coole, p. 55^,
TABLE DES MATIEKES.
Liste des membres fie la Scclioii (rarclicoiogie , des niemhros non résidauls du
Comité, des correspondants lioiioraiies el des correspoiidanls du Ministère poul-
ies travaux liisloriques, p. i à xvii.
PROCÈS-VERBAUX.
Séakce du 1 1 janvier 1897.
Rapport de M. Babelon sur les fouilles du R. P. de La Croix, à Berlliouvillo (Eure),
p. XXH.
Rapport de M. Babelon .sur une bague en bi'onze dorée communiquée par M. l'abljé
Bled, p. XXH.
Rapport de M. de Barthélémy sur les inscriptions gotbiques de Grandcourl (Seine-
Inférieure), p. xxui.
Rapport de M. Alexandre Bertrand sur une sépulture préhistorique des Boulards
(Scine-el-Oise), p. xxni.
Riipport de M. Berger sur la traduction d'un travail de Don Manuel de Ossuna relatif
à l'inscription de A\raja (Ténériffe), p. xxiv.
Rapport de M. Gagnât sur une inscription deGibaii^in, p. xxv.
Rapport de M. MiJNTZ sur un contrat relatif à la calliédrale de Tours, en 1^73 , p. xxvi.
Rapports de M. Salomon Reinacu sur une œnochoé du Musée de Bourges el .sur trois
grottes préhistoriques de la vallée de la Cure, p. xxvi.
Séance du 8 février 1897.
Rapport de M. Schlcmberger sur un sceau de François I"', p. xxix.
Rapport de M. de Barthélémy sur des inscriptions du moyen âge communi([uées par
M. Dergny, p. XXIX à XXX.
Séance du i5 mars 1897.
Rapport de M. de Lastevrie sur un tableau conserve dans l'église Saint-Jean à Joigny,
p. XXXI.
Séance du 19 avril 1897.
Rapport de M. Muntz sur un tableau du xvf siècle conservé dans l'église Saint-Jean à
Joigny, p. XXXIV.
Réunion annuelle des Sociétés savantes à la Sorbonne, p. xxxv à lxkxviii.
Séance générale d'ouverture, p. xxxv à xxxix.
Discours de M. Lcopold Delisle , p. xxxvi à xxxix.
Séance du 20 avril 1897.
Communication de M. Bousrez sur les monuments mégalithiques de Maine-et-Loire,
p. XL.
Communication du R. P. de la Croix sur les fouilles de Berthouvillc , p. xli.
Communication de M. de Saint-Venant sur les Volkes Arécomiques, p. xli et xlii.
— r)i)() —
(îoiuiDuiiicatidii do M. dk \iss\('. sur les tbiitaiiics du MiiKiusiii, p. xi.u.
Noie de M. d'Abz\c sur la survivance des dolmens eu Liuiousin, p. xi.ii.
ConunuuicalioM de M. PELonT sur une sépulture gauloise de 15elli(;uat , j). xi.iii.
Coiumuiiication de M. LtGi'F.r sur des liaclicitcs en fer el en hioiize el sur un monu-
menl piéliislorinue de la Vendée, p. inu.
Séanck du ni avril «897, malin.
Communication de M. Homan sur trois églises des Hautes-Alpes, p. xliv.
Communication de M. PuNcomno sur les Ibnlaincs sacrées, les pèlerinajjes et les su-
porstilions du Vexin, p. xliv.
Couimunicalion de M. Misset sur les fouilles exécutées autour de la pile romaine do
Villepou(fc, p- XLV.
Notes de .M. l'abbé Bosseboedf sur l'étole de saint Pol de Léon, conservée dans l'Ile de
Batz, et sur des fra|[meiils inédits des comptes du château d'Amboise, p. xlvi.
Séance du 31 avril 1897, soir.
Coumiunicatioii de M. Piette sur une sintuelle en ivoire découverte à Rrasscmpouy,
!>. XLVII.
Communication de M. Nicolai sur les puits funéraires du Mas-d'Agenais, p. xlvii.
Communication de M. le chanoine Pottier sur le trésor do Grauselve, à Rouillac, et sur
une inscription du xiii' siècle provenant de l'abbaye de Belleperche, p. xlvii.
Note do M. HÉBON sur une fabrication privée de doubles à Rouen, en i03(), p. xlix.
Communication de M. Eudes sur maître lluguet et les influences françaises dans les
constructions de Batailla, en Portugal, p. xlix.
Conununications de M. Eug, de BEAi'aEPAïuE sur les pointures murales de l'église de
Bénouville, p. l.
Communication de M. J. Gacthier sur le temple de la Fortune à Besançon , p. l.
Note de M. L. Coutil sur une sépulture gallo-romaine de BléviUe, p. l.
Séance du ai avril 1897, "i^ti"-
Communication de M. Schwab sur les épitaphes hébraïques de France, p. lu.
Communication de M. Morel sur deux sépultures gauloises, p. lu.
Communication de M. Pilloy sur les verres francs à emblèmes chrétiens, p. lui.
Inventaire des monnaies gauloises de l'airondissement de Soissons, p. Lin.
Communication de M. Colrnault sur les enseignes de métiers dans les stèles funéraires
et les bas-reliefs gallo-romains, p. liv.
Communication de M. Guvot sur les ruines de La Mothe, p. liv et lv.
Communication de M. l'abbé Hamard sur la nécropole gallo-iom linc de Mo'iy-Bury,
p. LV.
Séance du a6 avril 1897, soir.
Communication de M. le chanoine Mùller sur les autels, fonts ba[)tismaux, pierres
tombales, statues, verrières de l'arrondissement de Senlis, p. lvi et lvii.
Communication de M. de Vesly sur les fouilles entreprises au càtelier de Criquebœuf ,
]). LVII.
Note de M. l'abbé Bond sur les agifercs de la forêt de Chenoise, p. lvii.
Communication de M. Nicq-I)oi;tri;ligne sur les \ieux remparts de Cambrai, p. lviii.
Coiiimuniration de \I. .1. Galtmier sur les deux cathédrales de Besançon , p. lviii et lix.
Cominiinication de M. l'abbé Brune sur le château du Pin, p. lix.
Communication de !\L Hidel sur l'histoire de l'abbaye de Fonlevrnult, ]>. lix el lx.
Communication de M. l'abbé Hardel sur la Sainte-Chapelle du château de Blois el sur
les fondations de l'ancienne église de l'abbaye de Notre-Dame de Boiirgiiioyen , à
Blois, p. LX.
Communication de M. Cli. Magne sur les fouiih's faites, en iScjC), au picil du mur d'en-
ceiiile de Philippe Auguste, à Paris, p. lx.
I
— 597 —
Communication de M. Maxe-Werly sur l'ornementation du foyer depuis la Renaissance^
p. LXI.
Conununicalion de M. Gcignard sur une ville préiiistorique découverte près d'Averdon,
p. LXI.
Séance géniîrale du 26 avril 1897, p. lxii à lxxwiii.
Discours de M. Babelon, p. xxiii à lxxviii.
Discours de M. Rambacd, ministre de l'Instruction publique, p. lxxix à lxxxi.
Séance du 10 mai 1897.
Rapport de M. Babelon sur des trouvailles faites dans un puits gallo-romain à Alli-
murium , p. xc.
Rapport de M. Guiffrey sur un inventaire de 1782, p. xci.
Rapport de M. Héron de Villefosse sur les fouilles de Champvert, p. xci.
Rapport de M. Salomon Reinach sur une cachette de fondeur découverte à Bantarès,
p. xci.
SÉANCE du ai juin 1897.
Rapport de M. Cagnat sur une communication de M. de Laigue relative aux Batavcs ,
p. xciii etxciv.
Rapport de M. Gciffrey sur une inscription du xvni" siècle gravée sur ardoise, p. xciv.
Rai)port de M. Héron de Villefosse sur une inscription romaine des Baux, p. xciv.
Rapport de M. de Lasteyrie sur des restes romains découverts à Méron , p. xciv.
Rapport de M. Muntz sur des tableaux conservés au couvent des franciscains de Cimiez,
p. xcv.
Programme d'un concours ouvert à Barcelone, en 1901, sur un ouvrage relatif à l'ar-
chéologie espagnole , p. xcvi.
Séahce du 19 juillet 1897, p. xcïih à xcix.
Rapport de M. Salomon Reinach sur une communication de M. Rousset, relative à des
vases gallo-romains découverts à Saint-Quenlin-la-Poterie (Gard), p. xcix.
Séance du i5 novembre 1897, p. c à cv.
Rapport de M. Guiffrey sur une inscription du xviii" siècle communiquée par M. l'abbé
Ursead, p. cii-cin.
Rapport de M. Gciffrey sur une communication de M. Henri Bealne, relative à un
portrait de Charles le Téméraire , p. cm à cv.
Séance du i3 décembre 1897, p. cvi à cxi.
Rapport de M. Saglio sur une communication de AI. l'abbé Angot relative à une statue
du Grand Condé, conservée à Saulges (Mayenne), p. cx-cxi.
RAPPORTS ET COMMUIVICATlOiNS.
Eludes d'architecture en Portu{jal. Jlailre Huguet et les influences françaises dans
les constructions de Balalba, par M. E. Eudes, p. 3 à 16.
Les arts à Toulon au moyen âge, notes recueUlies par M. le chanoine Albanès,
p. 17 à li'].
Cachette de fondeur de l'âge de bronze, communication de M. Cazalis de Fon-
douce, p. 48 à 5a.
Consignation d'armes italiennes à Lyon, en i56i, communication de M. J.-B. Gi-
raud, p. 53 à 6a.
Le temple de la Fortune à Vesonlio, par AI. J. Gautuier, p. 63 à 70.
— 598 —
Lo liTSor L'I les siilislntclions <jallo-i'omaiiios de l{<Tlii()iivillt> (Kuiv), par le H. l*.
DE LA Cnoix, p. 71 à ■]S.{Planclic /.)
Fouilles (le Gliofjnon-Villepoujje, par M. (i. Musskt, p. 79 à S3.
Le cimelière jîallo-romaiu de Saint-Marlin du 1" au m'' siècle, par M. Nici)laï,
p. 8'i à 95.
Une fabrication privée de doubles à Rouen, en i(V.i(}, par M. Hiîron, p. 9() à lof).
Jean Papin, mailrc de l'œuvre de la calliédrale rie Tours, roununiiicaliou de
M. Louis i)K (juandmaisox, p. i oO à 107.
Inventaire des armes et munitions de la ville d'Albi, en iHyo, communication de
M. le baron de Rivières, p. 108 à 1 15.
Les peintures murales de Té^îlise de Bénouville (Calvados), par M. Ku;;. de Bkvu-
RKPMRE, p. 116 à 137. {Planches II et III.)
Les deux cathédrales de Besançon, par M. ,1. GAUTniEn, |). 128 à )38.
(Plnin-hps IV et V.)
Fouilles et découvertes au pied du uuu' d'enceinte de Philippe Aujjusle, par
M. Ch. Magne, p. 189 à lAo.
OEnoclioc en bronze du Musée de Bourses, par M. des Méloizes, p. i/iG à 1/19.
Les fontaines en Limousin; culte, pratiques, légendes, par M. Louis de Ncssac,
p. i5o à 177.
Inscriptions hébraïques en France du vu" au xv" siècle, par M. Schwab, p. 178
à 217.
Les verres francs à emblèmes chrétiens, par M. Pilloy, p. 918 à 233.
Du titre de Fratres et atnici popiiîi romnni attribué aux Bataves, par M. de Laigue,
p. 93/1 à 288.
L'orfèvrerie de Toulouse dans'le passé, par M. le chanoine PoTTiEn, p. 289 à 2^5.
Note sur un manuscrit arabo-berbcre découvert à Djerha, par M. Motylinski,
p. !>./i6 à 2/19.
Monnaie iué<lite d'llip|jo-Diarrhytus, par M. H. Renault, p. aSo à 259.
Le réseau routier et les principales ruines de la rép,ion de Khamissa , Mdaourouch ,
Tifecli, Ksar-Sbebi, par IM. le capitaine Toussaint, p. 260 à 286.
Fragment de lampe chrétienne, par le R. P. Delattre, p. 987 à 989.
Notes archéologiques sur Lemla, par MM. les capitaines G. Hannezo et L. Molins
et M. le lieutenant Montagnon , p. 990 à 3i2.
Fouilles gallo-romaines de Champvert (Nièvre), par M. G. Gautuieb, p. 3i3 à
32 0. {Planches VI et VII.)
Le Château du Pin, par M. l'abbé Brune, p. 82 1 à 827.
L'ornementation du foyer depuis l'époque de la Renaissance, par M. L. Mvxb-Werlï,
p. 828 à 36i .
Découvertes faites en Tunisie dans le cours des cinq dernières années, par
M. Gauckler, p. 36i à /171. {Planches VIII et IX.)
Les cloches de Vi , dit Joly-Village (Seine-et-Oise), couunuuii'atioii de M. Pi.an-
coiARii, p. 679 à /J77.
Iiidiilgence accordée par l'évi'que de Liniojjes (mi laveur du p^ieun'' de Valeys,
communication de M. Alfred Leroux, p. '178 à /nSo.
Les di'rniers A récomiques, par M. J. de Saint-Vena\t, p. '181 à .^)3i. {Plaiiches X
et XL)
Déconvcrtos gallo-romaines à Larchaul (Seine-et-Mar'ne), conuniniicatiou de
M. Kugènc Tiioiso.N , p. 539 à 53.;.
— 51)9 —
Inventaire des monnaies gauloises qui ont été recueillies dans rarrondissemcut de
Soissons, par M. Octave Vauvillé, p. 536 à 5^6.
Note sur une statue du Grand Condé, conservée dans l'église de Saulges
(Mayenne), par M. l'abbé Angot, p. 5^17 à S'ig. {Planche XII.)
Rapport sur les fouilles exécutées par le lieutenant Hilauie dans les thermes de
Numluli, p. 55o à 559.
La sépulture gauloise à incinération de Gornon-sur-Goolc (Marne), par M. Nioaise,
p. 553 à 555.
Inscriptions inédites de l'Algérie par M. Gsell, p. 55G à 578.
Table alphabétique, p. 57/1 à 599.
Table DES planches, p. 593.
Table des VIG^ETTEs, p. 590-59^1.
Table GÉ^ÉBALE des matières, p. 095 à 599.
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TEMPLES ET THEATRE DE BERTHOUVILLE (Eure)
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fîuLLBTlN ARClIKOUOr.IQUK, 1897.
PI. V, p. i:^:i.
PLAN DES DÉPENDANCES
DE SAINT-JEAN DE BESANÇON (1563).
fLAN DES FOUILLES DE CHAMPVEBT (NIÈVRE
BULLKTIN
PI. VII, p. :5iy.
- ;â^ -"^SSSse^' JJ^^^^'--^
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mosaïque de CHAMPVERT (NIÈVRE].
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BULLETIX AnClIKOLOGIyllE, 1897.
iM. Vin, p. /i5G.
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ESTAMPILLES SUR POTERIES TROUVEES A OUDNA.
Bci-LETIX ARCHÉOLOGIQIIK, 1897.
PI. IX, p. /i5r..
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ESTAMPILLES SUR- POTERIES TROUVÉES A OUDNA.
Bulletin vr.cuiiOLOGiQui:, 1897.
FI. X, p. /i8'i.
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jfrTOifSTT^
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^g I
SÉPULTURE DE SAINT-SIFPRET PRÈS UZÈS (GARD).
Bulletin arciiéologioue, i8()7.
IM. XI, p. 5oo.
,r,y,.^
SÉPULTURE DE CALVISSON PRÈS SOMMIÈRES (GARD).
Bulletin Archéologique, 1897.
PI. XII. p. 547.
STATUE DU GRAND CONDÉ
DANS L'ÉGLISE DE SaULGES CMaYENNE)
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